Histoire - Géographie 4e - Livre professeur 2012406866, 9782012406865

Livre du professeur.

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French Pages 192 [188] Year 2016

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Table of contents :
Som­maire
Organisation du manuel de 4e
Thème 1. Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions
Présentation du thème
Chapitre 1. Bourgeoisies marchandes, négoces internationaux et traites négrières au xviiie siècle
Présentation du chapitre
Chapitre 2. L’Europe des Lumières : circulation des idées, despotisme éclairé et contestation de l’absolutisme
Présentation du chapitre
Chapitre 3. La Révolution française et l’Empire : nouvel ordre politique et société révolutionnée en France et en Europe
Présentation du chapitre
Parcours Citoyen. Parcours CitoyenComment le Code civil définit-il les responsabilités dans la famille ?
PEAC. PEACDavid : des portraits au service de la Révolution
Accompagnement personnalisé. Accompagnement personnaliséCoopérer et mutualiser (étudier l’histoire du sucre)
Enseignement Pratique Interdisciplinaire . Enseignement Pratique Interdisciplinaire Les sciences au service du progrès – 1) Les poids et mesures
DNB. DNBHistoire, Géographie et Enseignement moral et civique
Thème 2. L’Europe et le monde au xixe siècle
Présentation du thème
Chapitre 4. L’Europe de la « révolution industrielle »
Présentation du chapitre
Chapitre 5. Conquêtes et sociétés coloniales
Présentation du chapitre
PEAC. PEACLa Tour de M. Eiffel, symbole français
Parcours Avenir. Parcours AvenirSaint-Gobain : de la fabrication des miroirs à l'industrie chimique
Parcours Citoyen. Parcours CitoyenLa Bible relue par la science
Accompagnement personnalisé. Accompagnement personnaliséRaisonner, justifier une démarche et les choix effectués
Enseignement Pratique Interdisciplinaire. Enseignement Pratique InterdisciplinaireSciences, technologies et sociétés : les sciences au service du progrès 2) Les sources d'énergie et la vitesse L’égalité hommes-femmes en Europe
DNB. DNBHistoire, Géographie et Enseignement moral et civique
Thème 3. Société, culture et politique dans la France du xixe siècle
Présentation du thème
Chapitre 6. Une difficile conquête : voter, de 1815 à 1870
Présentation du chapitre
Chapitre 7. La Troisième République
Présentation du chapitre
Chapitre 8. Conditions féminines dans une société en mutation
Présentation du chapitre
Parcours Citoyen. Parcours CitoyenTous à la caserne ! 1905 : l’égalité masculine devant la conscription
PEAC. PEACDes femmes de toutes conditions
DNB. DNBHistoire, Géographie et Enseignement moral et civique
Thème 1. L'urbanisation du monde
Présentation du thème
Chapitre 9. Espaces et paysages de l’urbanisation : géographie des centres et des périphéries
Présentation du chapitre
Chapitre 10. Des villes inégalement connectées aux réseaux de la mondialisation
Présentation du chapitre
PEAC. PEACLa représentation de la ville de New York dans West Side Story
Parcours Avenir. Parcours AvenirComment aménager la ville ?
AP. APPratiquer différents langages en géographie
EPI. EPINew York, hier, aujourd’hui et demain
DNB. DNBHistoire, Géographie et Enseignement moral et civique
Thème 2. Les mobilités humaines transnationales
Présentation du thème
Chapitre 11. Un monde de migrants
Présentation du chapitre
Chapitre 12. Le tourisme et ses espaces
Présentation du chapitre
DNB. DNBHistoire, Géographie et Enseignement moral et civique
Thème 3. Des espaces transformés par la mondialisation
Présentation du thème
Chapitre 13. Mers et océans : un monde maritimisé
Présentation du chapitre
Chapitre 14. L’adaptation du territoire des États-Unis aux nouvelles conditions de la mondialisation
Présentation du chapitre
Chapitre 15. Les dynamiques d’un grand ensemble géographique africain
Présentation du chapitre
PEAC. PEACLe cinéma : une industrie mondialisée
Parcours Avenir. Parcours AvenirLes métiers liés à la mer
AP. APS’informer dans le monde du numérique
EPI. EPIPréserver les ressources des mers et des océans
DNB. DNBHistoire, Géographie et Enseignement moral et civique
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© Hachette Livre 2016 58, rue Jean-Bleuzen – 92178 Vanves Cedex

0,7000 kg éq. CO2

ISBN : 978-2-01-240686-5

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ». Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Histoire et Géographie 4e - Livre du professeur

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Sommaire HISTOIRE

 

Thème 1 – Le XVIIIe siècle. Expansions, Lumières et révolutions .

13

Présentation du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

13

Chapitre 1 – Bourgeoisies marchandes, négoces internationaux et traites négrières au XVIIIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

15

Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – La propriété Desbassyns, une plantation sur l’île Bourbon . . Sujet d’étude 2 – Olaudah Equiano, un esclave en lutte pour la liberté . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

15 17 18 19 20

Chapitre 2 – L’Europe des Lumières : circulation des idées, despotisme éclairé et contestation de l’absolutisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

21

Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – L’Encyclopédie, un succès de publication . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 2 – Condorcet, un homme des Lumières . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22 24 26 28 28

Chapitre 3 – La Révolution française et l’Empire : nouvel ordre politique et société révolutionnée en France et en Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

30

Cours 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cours 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – Le 10 août 1792, la chute de la royauté . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 2 – Waterloo, 1815, une bataille de légende . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 3 – Germaine de Staël, écrivaine, romantique et politique avertie Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Parcours Citoyen – Comment le Code civil définit-il les responsabilités dans la famille ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

32 33 34 36 37 38 39 40

Parcours d’éducation artistique et culturelle – David : des portraits au service de la Révolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

42

Accompagnement personnalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

43

Enseignement Pratique Interdisciplinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

44 SOMMAIRE

3

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Diplôme National du Brevet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

45

Thème 2 –L’Europe et le monde au XIXe siècle . . . . . . . . . . . . . . .

47

Présentation du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pages Regards . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

47 47

Chapitre 4 – L’Europe de la « révolution industrielle » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

49

Cours 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cours 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – Manchester, dite « Cottonopolis », une ville. . . . . . . . . . . . à l’âge industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 2 – Norbert Truquin, un ouvrier au XIXe siècle . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 3 – 1848, le Printemps des peuples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 4 – L’Italie, terre d’émigration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

50 52 54 56 58 62 63 64

Chapitre 5 – Conquêtes et sociétés coloniales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

66

Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – Alger, une ville coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 2 – 1848, l’abolition de l’esclavage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Parcours d’éducation artistique et culturelle – La Tour de M. Eiffel, symbole français

66 67 69 70 71

Parcours Avenir – Saint-Gobain : de la fabrication des miroirs à l'industrie chimique

73

Parcours Citoyen – La Bible relue par la science . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

75

Accompagnement personnalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

77

Enseignement Pratique Interdisciplinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

79

Diplôme National du Brevet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

81

Thème 3 – Société, culture et politique dans la France du XIXe siècle .................................................

83

Présentation du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pages Regards . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

83 84

Chapitre 6 – Une difficile conquête : voter, de 1815 à 1870 . . . . . . . . . . . . . . . .

85

Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – Avril 1848 : on vote au village ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 2 – Le Palais-Bourbon au temps du député Hugo . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4

72

86 87 89 91 91

Chapitre 7 – La Troisième République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

92

Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – La salle de classe, lieu d’apprentissage républicain . . . . . . .

93 95

SOMMAIRE

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Sujet d’étude 2 – Le 9 décembre 1905 : la loi de séparation des Églises et de l’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

     

98 100 100

Chapitre 8 – Conditions féminines dans une société en mutation . . . . . . . . . . .

101

Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sujet d’étude 1 – Hubertine Auclert, une militante féministe du XIXe siècle . . Sujet d’étude 2 – Au Bon Marché, un « temple pour la femme » . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Parcours Citoyen – Tous à la caserne ! 1905 : l’égalité masculine devant la conscription . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

102 102 104 105 105 106

Parcours d’éducation artistique et culturelle – Des femmes de toutes conditions .

109

Diplôme National du Brevet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

111

GÉOGRAPHIE

 

Thème 1 – L'urbanisation du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

113

Présentation du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

113

Chapitre 9 – Espaces et paysages de l’urbanisation : géographie des centres et des périphéries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

115

Étude de cas 1 – Moscou, une agglomération en couronnes . . . . . . . . . . . . . Étude de cas 2 – Mexico, une urbanisation géante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Étude de cas 3 – Auckland, du port à l’étalement des banlieues . . . . . . . . . . . Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

116 117 119 121 122 122

Chapitre 10 – Des villes inégalement connectées aux réseaux de la mondialisation ........................................................... 123 Étude de cas 1 – Londres, une ville mondiale intégrée et connectée . . . . . . . Étude de cas 2 – Mumbai, une ville émergente qui se connecte aux réseaux de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Étude de cas 3 – Detroit, une ville en déclin à l’écart des réseaux de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cours Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Parcours d’éducation artistique et culturelle –La représentation de la ville de New York dans West Side Story . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

124

131

Parcours Avenir – Comment aménager la ville ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

133

Accompagnement Personnalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

135

125 126 128 129 130

SOMMAIRE

5

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Enseignement Pratique Interdisciplinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

136

Diplôme National du Brevet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

137

Thème 2 – Les mobilités humaines transnationales . . . . . . . . . . . . 139 Présentation du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pages Regards . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 11 – Un monde de migrants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

139 140 141

Étude de cas 1 – Moyen-Orient–Europe : des flux migratoires qui explosent . Étude de cas 2 – Migrer des Philippines au golfe Arabo-Persique . . . . . . . . . . Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

142 143 144 145 146

Chapitre 12 – Le tourisme et ses espaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

147

Étude de cas – Cancún, haut lieu du tourisme balnéaire . . . . . . . . . . . . . . . . Dossier – Le tourisme de croisière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Diplôme National du Brevet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

148 149 151 152 153 154

Thème 3 – Des espaces transformés par la mondialisation . . . . . .

157

Présentation du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pages Regards . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

157 157

Chapitre 13 – Mers et océans : un monde maritimisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

159

Étude de cas – Shanghai, un grand port dans la mondialisation . . . . . . . . . . . Dossier – Des territoires maritimes parcourus, exploités mais fragiles . . . . . . . Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

160 162 163 165 165

Chapitre 14 – L’adaptation du territoire des États-Unis aux nouvelles conditions de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

167

Étude de cas 1 – La Mégalopolis atlantique, centre d’impulsion de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Étude de cas 2 – La Californie : un État attractif dans la mondialisation . . . . . Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

168 169 172 173 174

Chapitre 15 – Les dynamiques d’un grand ensemble géographique africain . . .

175

Étude de cas 1 – Pétrole et gaz dans le delta du Niger . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Étude de cas 2 – La culture des roses dans la région touristique du lac Naivasha (Kenya) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

6

SOMMAIRE

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Étude de cas 3 – Un pôle émergent de la mondialisation : la province du Gauteng (Afrique du Sud) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vérifier ses connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercer ses compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Parcours d’éducation artistique et culturelle – Le cinéma : une industrie mondialisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Parcours Avenir – Les métiers liés à la mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Accompagnement Personnalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Enseignement Pratique Interdisciplinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Diplôme National du Brevet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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SOMMAIRE

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Organisation du manuel de 4e • La maquette du manuel est conçue de manière à répondre aux nouveaux programmes et aux dispositifs qui leur sont associés. Des démarches pédagogiques fondées sur les recherches en neurosciences et en psychologie cognitive sont au cœur des choix opérés. • Le manuel propose systématiquement des entrées par les thèmes, à l’instar des fiches éduscol d’accompagnement des nouveaux programmes, et décline ensuite les sous-thèmes (ou chapitres) qui ont pour rôle d’éclairer les thèmes. Le manuel s’attache à aider le professeur à construire les compétences du Socle au travers des compétences propres à ses disciplines appuyées sur les déclinaisons annuelles de contenus. Il lui permet aussi de s’inscrire dans les différents dispositifs transversaux, parcours, API, AP tout en traitant ses programmes tant en termes de compétences que de contenus. • Le manuel propose des démarches d’histoire des arts (répondant au programme d’histoire des arts du cycle 4) qui s’articulent au travail des documents, soit dans le cadre du cours d’HistoireGéographie par le choix de nombreuses œuvres d’art dans les documents retenus, soit dans le cadre d’un parcours ou d’un EPI à thématique artistique et culturelle. • Le manuel crée de la cohérence avec les programmes d’EMC, certaines valeurs peuvent être travaillées à partir des cours d’histoire comme l’égalité dans le cadre de la culture de l’engagement avec l’exemple de la conscription (thème 3). Mais aussi à partir des cours de géographie comme l’aménagement d’un lieu de mémoire en espace culturel (thème 2). Enfin, il inscrit l’HistoireGéographie dans l’Éducation aux médias et à l’information (EMI) et donne toute son importance à l’éducation « au et par » le numérique.   Les pages du manuel peuvent être regroupées en quelques catégories à but divers.

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A. Travailler des contenus 1. Les pages d’ouverture de thème et de chapitre Elles proposent des présentations des objets abordés et des problématiques qui guident la réflexion. 2. Les pages de cours Elles ciblent l’essentiel et sont écrites de manière simple et accessible aux élèves. Elles permettent donc aux professeurs de pratiquer une démarche de pédagogie inversée. 3. Les sujets d’étude en histoire ou les études de cas et dossiers en géographie Ils présentent des corpus documentaires cohérents qui conduisent les élèves à construire des savoirs.

B. Favoriser l’appropriation des compétences disciplinaires et transversales 1. La diversité du statut des documents • Le document d’accroche : il est destiné à susciter la curiosité des élèves, à les conduire à se poser des questions, à donner sens au thème ou au chapitre : – La double page d’entrée de découverte du thème propose un document visuel unique, emblématique de l’ensemble du thème. Il est accompagné d’une aide pour lire l’image que l’on retrouve sous forme interactive dans le manuel numérique et de l’indication par un flash code d’un document vidéo. Celui-ci permet d’approfondir l’image d’ouverture ou lui fait écho. – La double page d’ouverture des chapitres comporte deux documents. En histoire, au moins l’un des deux constitue un « incontournable » ayant pour objectif la construction d’une culture commune de base, l’autre pouvant attirer l’attention sur des points forts à développer dans le chapitre. En géographie, les deux documents visent à rendre concret le propos du chapitre. • Le document illustratif : les pages de cours proposent des documents de nature la plus variée possible. Ceux-ci permettent au professeur d’illustrer son propos, soit pour l’observer et le questionner afin d’en tirer un exemple, une idée, soit pour y reconnaitre un objet, une notion que le professeur a présentée. • L’indice récupérateur : les vignettes des pages révision ou des pages « changer d’échelle » en géographie sont autant d’indices permettant de mobiliser des connaissances. • Le document de construction des savoirs : les documents proposés dans les sujets d’étude, les études de cas, les dossiers, les parcours et les EPI sont destinés à l’élaboration de savoirs par les élèves qui mobilisent des compétences transversales et disciplinaires pour analyser et comprendre des documents dans l’esprit de l’exercice 1 du DNB. 2. L’apport d’outils • Les pages « Regards » qui regroupent les outils de base de chaque thème : cartes, frises chronologiques, vocabulaire, biographies d’acteurs. • Dates clés, chiffres clés, notions dans les pages « révision ». • Biographies plus complètes et lexique en fin de volume. 3. L’entrée par les compétences pour les activités proposées • Diversifier les compétences travaillées. • Choisir des items déjà travaillés en cycle 3 et des items nouveaux dans un souci de progressivité. 4. Le choix de situations problèmes dans les pages Accompagnement personnalisé (AP), EPI et Parcours 10

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Il y a une page AP et une page EPI par thème, soit 6 dans le manuel. Le type et le nombre des parcours est variable, la cohérence entre contenus des thèmes et parcours a guidé les auteurs dans le choix des parcours présentés. Quatorze parcours en tout sont développés : éducation artistique et culturelle, citoyen et avenir. 5. L’apprentissage par l’exemple dans les pages « exercer ses compétences » Trois parties permettent de comprendre la méthode, de saisir ce qui est attendu au travers d’un exemple corrigé et d’appliquer ensuite la méthode à un autre objet.

C. Aller vers une école inclusive 1. Favoriser l’implication des élèves dans leurs apprentissages On présente des situations mettant en jeu son rapport au sensible, en proposant des solutions aux problèmes posés selon le point de vue d’acteurs divers. Par exemple, dans le manuel de 3e, le parcours citoyen du thème 1 d’histoire pose la question du point de vue et s’appuie pour le travail proposé en cours d’histoire sur une question qui reste d’actualité et n’est pas résolue : faut-il réhabiliter tous les fusillés de la Grande Guerre ? Le point de vue d’un soldat, d’un général ou d’une famille de fusillé ne peut être le même car les arguments retenus sont d’ordre individuel et affectif, collectif et normatif. Une des démarches préconisées en EMC est le dilemme moral ; elle peut servir de base à un travail oral sur ce sujet. 2. Faciliter l’apprentissage par le biais de production de formes diverses se fondant sur l’expression d’intelligences diverses Par exemple, le PEAC Les arts à l’ère de la consommation de masse propose une production qui stimule plutôt l’intelligence visuelle/spatiale puisque les élèves doivent créer un recueil personnel d’œuvres d’art. Le sujet d’étude « Le Quartier latin en mai 68 » suggère de monter des interviews d’anciens acteurs ; il s’appuie surtout sur l’intelligence interpersonnelle et l’intelligence verbale linguistique. 3. Différencier en systématisant • Les consignes ou questions constituant des tâches simples dans les pages cours. • L’accompagnement plus guidé qui constitue une tâche de niveau intermédiaire (dans les sujets d’étude, études de cas, dossiers, EPI…). • La consigne ouverte constituant une tâche complexe pour chaque activité.

D. Réussir l’examen du DNB 1. Une page « Vérifier ses connaissances » par chapitre L’élève fait le point sur ce qu’il sait au travers de questions simples, à choix multiples, à réponse courte, avec un guidage clair et par la réalisation d’une synthèse personnelle. 2. Une double page « Pour réviser le thème » par thème stimulant des intelligences diverses • L’intelligence verbale linguistique : de courts résumés des cours. • L’intelligence visuelle spatiale : des vignettes reprenant des documents des pages d’ouverture des chapitres pour faciliter la mobilisation des ressources cognitives. • L’intelligence logico-mathématique : des schémas, des cartes mentales, etc. 3. Une double page « DNB » par thème d’histoire et de géographie Elle propose les deux types d’exercices, 1) Analyser et comprendre des documents, 2) Maîtriser différents langages pour raisonner et se repérer en histoire ou en géographie et un exercice d’EMC

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qui a un lien avec les contenus du thème. Par exemple pour le thème 1 de géographie, l’exercice d’EMC porte sur les inégalités territoriales, ici concernant de garde d’enfants, qui sont bien présentes dans les programmes d’EMC. 4. Un cahier « Objectif brevet » Situé en début de manuel, il s’adresse plutôt aux élèves qui veulent s’entraîner au DNB car il propose 6 sujets complets (histoire, géographie et EMC) assortis d’aide méthodologiques, coups de pouce et conseils divers. Ils portent sur tous les thèmes des programmes.

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THÈME 1

Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions Présentation du thème Le thème « Le XVIIIe siècle : Expansions, Lumières et révolutions » introduit le programme d’histoire de 4e dont il constitue le tiers du volume. L’objectif du programme,consiste en l’analyse des changements politiques, économiques, sociaux et culturels qu’ont connus la France et l’Europe durant le XVIIIe siècle et qui ont servi de socle aux évolutions ultérieures. Le thème s’articule ainsi autour de trois chapitres : « Bourgeoisies marchandes, négoces internationaux, traites négrières et esclavage au XVIIIe siècle. », « L'Europe des Lumières : circulation des idées, despotisme éclairé et contestation de l'absolutisme. » et « La Révolution française et l'Empire : nouvel ordre politique et société révolutionnée en France et en Europe. » Les trois chapitres sont de poids inégal : il est possible de considérer que les deux premiers chapitres représentent environ la moitié du thème et le troisième l’autre moitié.

Présentation des pages d’ouverture

(p. 10-11) 

1 Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de vaisseau La Pérouse • Le document choisi en ouverture du thème est le tableau de Nicolas André Monsiau (1754-1837) Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de vaisseau La Pérouse. Exécuté en 1817, cette œuvre est une commande à l’artiste de Louis XVIII, frère de Louis XVI, durant la Restauration (1815-1830). Il s’agit de mettre en valeur une expédition scientifique de l’Ancien Régime mais aussi le roi qui l’a permise et soutenue et, que le tableau entend réhabiliter. Louis XVI est montré donnant des instructions à Jean-François de Galaup de La Pérouse (1741-1788) pour son voyage autour du monde. Le roi est accompagné du maréchal de Castries, ministre de la Marine, tenant à la

main les objectifs de la mission rédigés par les bureaux de la Marine et annotés par Louis XVI. À l’arrière-plan, deux navigateurs Laborde de Marchainville et Laborde de Boutervilliers, semblent seconder La Pérouse. Lancée en 1785, l’entreprise rassemble 200 personnes dont 17 scientifiques et doit explorer l’océan Pacifique (« Grand Océan »). Elle disparaît corps et biens en 1788 et on prête à Louis XVI montant sur l’échafaud le 21 janvier 1793 les paroles suivantes : « A-t-on des nouvelles de M. de La Pérouse ? », témoignage de son vif intérêt pour le projet. • Ce document synthétise les grands axes du premier thème du programme. En effet, il aborde directement les progrès scientifiques du XVIIIe siècle (chapitre 2) permettant l’exploration du monde et qui sont permis par cette dernière. L’expansion du monde est ainsi liée à l’expansion économique et aux négoces internationaux de l’époque, prémices de la mondialisation (chapitre 1). Enfin, l’histoire de ce tableau, commande du frère de Louis XVI, permet d’aborder les bouleversements issus de la période révolutionnaire (chapitre 3).

2 Pour découvrir le thème

Réponse à la question Les objectifs scientifiques sont l’exploration du monde (présence du globe terrestre en arrièreplan) et sa cartographie. À cela s’ajoutent des objectifs économiques – essayer d’implanter de nouveaux comptoirs commerciaux – mais aussi ethnologiques – aller à la rencontre de nouvelles populations – et politiques – assurer la présence française dans le monde face à la concurrence anglaise (cf. expéditions de James Cook entre 1768 et 1779).

THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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Pages Regards

(p. 12-15) 

Construire des repères historiques 1. Le commerce triangulaire concerne l’Europe qui, grâce à ses produits manufacturés (armes, bijoux et textiles), achète des esclaves en Afrique. Elle les transfère en Amérique où ils sont utilisés comme main d’œuvre dans les plantations de canne à sucre, de café, de tabac ou de coton, produits exportés vers l’Europe. 2. La Révolution française dure 10 ans (1789-1799) et le pouvoir napoléonien s’étend de 1799 à 1815 soit 16 ans. 3. Les ennemis intérieurs de la République française sont les villes et les régions qui se sont insurgées contre la Convention montagnarde (royalistes ou républicains modérés) mais aussi les contre-révolutionnaires français qui ont

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HISTOIRE

émigré et combattent les armées révolutionnaires. Les ennemis extérieurs sont les monarchies européennes coalisées contre la France révolutionnaire (Anglais, Espagnols, Sardes, Prussiens et Autrichiens). 4. La France a conquis sous la Révolution puis perdu à l’issue de l’épisode napoléonien les espaces suivants : la région de Nice, une partie du département de Mont Terrible, la Savoie et les Pays-Bas autrichiens (Belgique, Luxembourg et rive gauche du Rhin). 5. Les principaux pays vainqueurs de l’empire napoléonien sont les pays qui ont connu une extension territoriale en 1815 : le RoyaumeUni, l’empire d’Autriche, le royaume de Prusse, l’empire de Russie, le royaume des Pays-Bas. On peut aussi considérer que c’est le cas du royaume de Piémont-Sardaigne.

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CHAPITRE

1

Bourgeoisies marchandes, négoces internationaux et traites négrières au xviiie siècle

Présentation du chapitre • Le chapitre évoque le développement du commerce transatlantique au XVIIIe siècle ainsi que l’essor de l’économie de plantation et de la traite. La problématique annoncée indique qu’il s’agit sans doute d’un changement majeur dans la place de l’Europe dans le monde : par son contrôle des mers et océans, par ses réseaux commerciaux, l’Europe acquiert une domination indéniable mais qui est encore partielle. • Les deux documents choisis sont volontairement très différents : ils représentent deux points de vue sur le phénomène de l’expansion commerciale européenne : le point de vue des Européens et celui des Africains.

Présentation des documents Doc. 1 – Plantation de coton aux États-Unis Le document est légèrement décalé par rapport à la période puisqu’il a été réalisé au XIXe siècle, mais il est la reprise d’une gravure de la fin du XVIIIe siècle. Il met en évidence la répartition des tâches dans une plantation, fondée sur des critères de statut personnel (libres et esclaves) qui recoupent des critères ethniques (Blancs et Noirs). Il montre aussi une avancée technique qui permet d’évoquer la recherche d’une meilleure productivité et de profit, les plantations s’insérant dans un système capitaliste. Doc. 2 – Plaque ornant le palais de l’Oba du Bénin (actuel Nigéria), XVIe siècle, British Museum, Londres Le document expose la vision des Africains sur la présence et le commerce européen en Afrique de l’Ouest. Il est issu des plaques décoratives du palais d’un roi africain : l’Oba du Bénin (actuel Nigéria). Ce roi pratiquait la traite et commerçait avec les Européens, principalement avec des navigateurs portugais très présents sur les côtes du golfe de Guinée depuis le milieu du XVe siècle. La plaque est exposée,

parmi d’autres plaques de ce type, au British Museum de Londres qui donne à voir ainsi un rare témoignage de la vision royale africaine précoloniale.

Réponses aux questions 1. Les personnages au premier plan, tous Noirs et sans doute esclaves, apportent le coton qui a été récolté et l’introduisent dans la machine à trier la graine des fibres. Ces travailleurs sont habillés simplement. Au second plan, deux personnages, des Blancs, bien habillés, semblent contrôler le travail et la qualité des fibres. 2. La plaque montre deux personnages de taille différente : le plus grand porte une longue barbe, de longs cheveux, des armes, un casque et sans doute une courte armure. Le second, beaucoup plus petit, porte aussi un casque, une épée et une sorte de fusil. La barbe et les cheveux peuvent laisser penser qu’il s’agit d’Européens. 3. La représentation d’un marchand européen armé peut être due au fait que l’Oba commerce avec ce personnage qui lui apporte des produits d’Europe qui sont rares en Afrique et permettent à ce roi de montrer sa puissance à son peuple.

Cours

(p. 18-19) 

Les documents ont été choisis dans le souci de varier la forme (schéma, textes, photographie, vignette) et les points de vue : pouvoir royal, critique des Lumières, regard contemporain, patrimoine. Les documents sont patrimoniaux tant du point de vue historique (le célèbre Code noir) que littéraire (Candide) ou architectural (les hôtels particuliers des villes portuaires). Ils sollicitent aussi une vision plus contemporaine (schéma et bande dessinée) nourrie de la critique et de l’historiographie de la traite transatlantique.

THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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Présentation des documents Doc. 1 – Le commerce triangulaire Il s’agit d’un schéma classique et simplifié du commerce triangulaire. Doc. 2 – Extrait du Code noir Le Code noir régit à partir de 1685 le droit des maîtres et des esclaves dans les colonies du roi de France. C’est en réalité un ensemble assez disparate de textes juridiques rédigés par les conseillers de Louis XIV qui ne seront réunis sous forme de « code » qu’en 1685, regroupant les ordonnances et édits royaux relatifs aux colonies d’Amérique. L’édit de 1723 sur les Mascareignes (îles de France et Bourbon, c’est à dire les actuelles îles Maurice et Réunion, ainsi que les comptoirs malgaches) le complète. Ces textes fixent le statut civil des esclaves, les droits des maîtres et entérinent les esclaves comme biens patrimoniaux. Doc. 3 – La traversée de l’Atlantique dans les navires négriers Cette bande dessinée de François Bourgeon fait partie de la série Les passagers du vent, composée de sept albums, qui traite en grande partie du commerce triangulaire et de l’essor des bourgeoisies marchandes au XVIIIe siècle. Elle peut s’avérer, dans son ensemble, un support utile pour compléter l’étude de ce chapitre. Doc. 4 – L’hôtel Durbé à Nantes Nantes est, avec Bordeaux, la ville qui a le plus développé le commerce triangulaire au XVIIIe siècle. Les quais de la ville attestent encore aujourd’hui de la réussite de certaines familles d’armateurs. Il est à noter que le commerce des esclaves ne constituait pas l’activité exclusive de ces familles, d’une part parce que le commerce triangulaire était très varié, mais aussi parce qu’en fonction des bénéfices réalisés ou escomptés sur chaque « marchandise », l’activité se trouvait modifiée, les armateurs faisant preuve d’une grande capacité d’adaptation aux circonstances. L’hôtel a été édifié en 1756, par la famille Durbé, le chef de famille étant un capitaine de navire enrichi dans le commerce triangulaire et bénéficiant de parts dans diverses expéditions maritimes. Le terrain sur lequel l’hôtel a été construit appartenait à la Compagnie des Indes, sur le quai récem16

HISTOIRE

ment loti du port, avant que la famille Durbé ne l’acquière. L’architecture est caractéristique du milieu du XVIIIe siècle, assez semblable à celle d’autres hôtels particuliers de Nantes, Bordeaux ou Paris : frontons, blasons, macarons, imitation de l'antiquité. Doc. 5 – Candide et le nègre du Surinam Candide est le conte philosophique le plus célèbre de Voltaire, œuvre que les élèves étudieront sans doute au lycée. Il sera sans doute utile de présenter aux élèves le procédé narratif et la dimension de critique sociale du conte. Une entrée accessible peut être l’étude des noms du héros, Candide, et du maître, Vanderdendur. Le « déplacement » vers le Surinam, colonie hollandaise, d’une critique des colonies françaises est aussi à noter. Ce document pourra servir à mieux comprendre les contradictions évoquées dans la partie « exercer ses compétences » p. 25 du manuel.

Réponses aux questions 1. Les navires quittent l’Europe (étape 1), arrivent sur les côtes africaines (étape 2) puis se dirigent vers l’Amérique (étape 3) et de là, retournent en Europe (étape 4). 2. La durée du trajet vers l’Afrique doit être d’un mois, puis un mois de commerce sur place, puis deux mois de traversée vers l’Amérique, à nouveau un mois de transactions sur place et enfin deux mois de retour vers l’Europe donc le voyage durait au moins sept mois. 3. Les maîtres sont propriétaires des esclaves et de leurs enfants, ils peuvent faire exécuter les esclaves qui les frappent ou qui s’enfuient et donner des punitions corporelles aux esclaves qui désobéissent, les enfants des maîtres héritent les esclaves comme n’importe quel bien. Les esclaves ont quelques droits : ils reçoivent un enseignement religieux, ils doivent être convenablement nourris par le maître. 4. Les propos du marin européen sont méprisants, voire racistes. 5. Le cadrage de l’image est large et l’angle de vue correspond au fond de la cale du navire : le dessinateur veut ainsi montrer le point de vue d’un esclave enfermé au fond du navire. L’angle adopté met en valeur l’étroitesse du

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lieu et la promiscuité forcée des captifs. Le lecteur est ainsi amené à adopter le point de vue de l’esclave. 6. La façade en pierres de taille comporte des balcons avec des balustrades en fer forgé, une grande porte, des macarons, de grandes fenêtres rectangulaires et un fronton triangulaire au sommet. La date de construction de la maison apparaît au-dessus de la porte centrale. Tous ces signes de richesse sont exposés vers la rue afin d’affirmer la réussite de cette famille. 7. L’esclave a été mutilé par son maître car la meule lui a coupé le doigt, ce que le maître considère comme une faute. Il a également tenté de s’enfuir ce qui est considéré comme un crime et peut être puni de mort : article 38 du Code noir. 8. L’auteur met en parallèle le plaisir qu’ont les Européens à manger du sucre et les conditions dans lequel ce sucre est produit : dans des plantations où les esclaves sont très mal traités. Il montre ainsi l’indifférence de la plupart des Européens à l’égard de la question de l’esclavage qui est au centre du commerce triangulaire.

Sujet d’étude 1

(p. 20-21) 

La propriété Desbassyns, une plantation sur l’île Bourbon La plantation Desbassyns se situe dans la commune de Saint-Gilles dans le nord-ouest de la Réunion, elle a été choisie car elle est une des rares plantations à être encore en partie visible et visitable aujourd’hui. Le choix de la Réunion rappelle que le commerce triangulaire et les plantations esclavagistes ne se limitaient pas au seul continent américain et que l’océan Indien en porte encore aujourd’hui la marque.

Présentation des documents Doc. 1 – La maison Villèle, propriété des Desbassyns, vue extérieure et intérieure Vue extérieure et intérieure de la maison Villèle : il s’agit aujourd’hui du principal bâtiment du musée Villèle, qui constituait l’habitation des maîtres de la plantation, la famille Desbassyns-Villèle. L’ameublement que l’on peut observer date du milieu du XIXe siècle. Au fond, derrière la façade de la maison (photographie 1) on peut voir la cheminée de l’an-

cienne usine à sucre, appelée « sucrerie » dans le document 3. Doc. 2 – Extraits du testament de Mme Desbassyns : un grand domaine… Mme Desbassyns fut la dernière grande propriétaire esclavagiste, avant l’abolition de 1848. Elle a laissé le souvenir d’une femme très pieuse mas aussi très dure avec ses esclaves et elle est aujourd’hui encore une figure controversée de l’histoire locale. Elle a longtemps dirigé la plantation car son mari est mort assez jeune, la laissant avec de nombreux enfants. Son testament comporte tous ses biens et a été déposé aux archives départementales de la Réunion. Doc. 3 – La transformation de la canne en sucre et en rhum Le texte de trois historiens contemporains donne une idée de l’activité agricole et manufacturière d’une plantation de canne à sucre comme celle de Madame Desbassyns. Doc. 4 – Lorsque les esclaves s’enfuient : le marronnage Le document est une gravure datant de 1805. Elle montre un esclave en fuite tentant de se cacher dans la mangrove, il est à l’affût des chasseurs d’esclaves, fortement récompensés et souvent accompagnés de chiens. Doc. 5 – Une propriété regroupant des centaines d’esclaves Un autre extrait du testament de Madame Desbassyns montre l’importance du nombre d’esclaves sur la plantation mais aussi la variété de leur origine et de leur condition. A la Réunion, la plupart des esclaves viennent des côtes d’Afrique de l’est (essentiellement du Mozambique actuel où les Portugais sont alors très présents) et de Madagascar ou des Comores. Le prix estimé des esclaves varie en fonction de leur capacité de travail.

Réponses aux questions 1. La maison de Mme Desbassyns montre la richesse de cette propriétaire : elle a deux niveaux avec un étage, est construite en pierre, avec une véranda extérieure au rez-dechaussée et un grand balcon à l’étage, ornés de colonnes. À l’intérieur, le mobilier est luxueux (fauteuils recouverts de tissus, table de marbre) et la décoration (grand miroir, THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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tableaux, statuette, rideaux, lustre) ainsi que le service en porcelaine posé sur la table et le parquet en marqueterie montrent la fortune de la famille. 2. La canne est récoltée (1), broyée (2), le liquide obtenu est chauffé et transformé en sirop (3) et par évaporation et séchage en sucre (4). 3. Cf. Tableau en bas de page. De plus Mme Desbassyns possède une prison et un hôpital ainsi que des bâtiments pour abriter les animaux d’élevage (poulailler) et les chevaux (écurie). 4. La valeur marchande d’un esclave dépend de sa capacité de travail : ainsi un enfant et une femme (ex : Aimée et son enfant) valent beaucoup moins qu’un homme et une femme adultes (ex : Gustave et sa femme), mais le type de travail exercé compte aussi : l’esclave qui travaille aux champs (ex : Philogène : 1 750 francs) vaut beaucoup moins que le commandeur (Dominique, qui avec sa femme et ses enfants vaut 14 500 francs). Les infirmes, ne pouvant plus beaucoup travailler, ont peu de valeur (ex : Célestin : 1 000 francs et Pompée et sa femme : 1 500 francs). 5. Les esclaves en fuite sont pourchassés par des chasseurs d’esclaves qui les tuent pour une récompense et les laissent sans sépulture, se contentant de leur couper une main pour preuve de leur exécution. Ceci explique la peur bien perceptible de l’esclave en fuite sur la gravure : il semble traqué. De plus, comme il n’a nulle part où aller et il s’est caché dans la mangrove, ses vêtements sont déchirés et il est probablement affamé.

Activité L’activité fait appel aux connaissances acquises sur la réalité matérielle d’une plantation mais aussi à l’intelligence spatiale des élèves, souBâtiments d’habitation Une maison de maître, deux pavillons en bois, un hôpital, deux cuisines, un logement en pierres pour le régisseur 18

HISTOIRE

vent peu sollicitée. Il s’agit de transférer sur un croquis les informations données par les documents 1 et 2. L’élève pourra considérer que l’esclave est retenu prisonnier dans le « bâtiment servant de prison » cité dans le document 2. On pourra chercher à valoriser la clarté graphique, la bonne lecture du document 2 et le réalisme du croquis qui devra comporter une légende.

(p. 22-23) 

Sujet d’étude 2

Olaudah Equiano, un esclave en lutte pour la liberté La vie exceptionnelle d’Olaudah Equiano et son récit tout aussi exceptionnel font de ce personnage une icône du mouvement abolitionniste anglais à la fin du XVIIIe siècle et plus récemment une source d’inspiration de la vulgarisation de l’histoire de la traite. Le témoignage est remarquable par sa qualité : Equiano, à la fin de sa vie, atteint une maîtrise de l’anglais très rare chez un esclave, même affranchi. Son ambition est littéraire, sa culture acquise à force de lectures et de rencontres est celle d’un homme des Lumières. En cela, il faudra bien faire remarquer aux élèves qu’Equiano n’est nullement représentatif d’une masse servile largement analphabète, s’exprimant plus en créole que dans la langue de la métropole et restant attaché plus longtemps, voire à vie, à une plantation et à un maître.

Présentation des documents Doc. 1 – Parcours d’une vie mouvementée La carte permet de situer les différents lieux de vie d’Equiano, au parcours très atypique. À l’exception du Groenland, on peut noter que celui-ci a parcouru tout l’espace du commerce

Bâtiments d’exploitation

Terres

Une sucrerie, un bâtiment Terrains pour le vesou (guildeverie), (champs une purgerie, trois magasins de canne) en pierre, un magasin à sucre et un dépôt près de la mer

Esclaves 295 esclaves : hommes, femmes et enfants

Animaux 16 mulets, 39 bœufs de charroi

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triangulaire transatlantique (Europe, Afrique et Amérique). Doc. 2, 5 et 6 – Les Mémoires d’Olaudah Equiano Il s’agit d’extraits des mémoires d’Equiano, un ouvrage qui ne peut pas être conseillé à tous les élèves en raison de sa longueur et de son niveau de langue, mais qui pourra être lu ou parcouru par certains. La lecture d’un ou deux albums de la série Les Passagers du vent, bande dessinée de François Bourgeon, est d’un accès plus facile. Les extraits ont été choisis en fonction des trois étapes décrites : traversée, vente, arrivée dans la plantation. Doc. 3 – Le rôle d’Olaudah Equiano dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage Olivier Grenouilleau est un historien spécialiste des traites nègrières. Dans cet extrait il insiste sur le caractère exceptionnel du parcours d’Equiano qui ne peut être assimilé à la vie de n’importe quel esclave. Doc. 4 – Les marchands européens achètent des esclaves aux rois africains La vignette extraite des Passagers du vent a pour but de montrer la participation des Africains au commerce triangulaire : dirigeants et commerçants ont été impliqués dans ces échanges.

Réponses aux questions 1. Olaudah Equiano a beaucoup voyagé dans sa vie (Caraïbes, Amérique continentale, Afrique et même Groenland) alors que la plupart des esclaves étaient convoyés de l’Afrique vers l’Amérique puis restaient toute leur vie dans la même plantation. De plus il a eu la chance d’être affranchi et de retourner vers la fin de sa vie en Afrique pour aider les esclaves libérés à s’établir au Sierra Leone. 2. Les produits échangés sont des tissus et des armes, sans doute contre des esclaves. Les acteurs du commerce sont des marchands européens (des hommes en habit européen assis sur des tabourets) et un roi africain (assis sur une sorte de trône). 3. Les esclaves doivent subir la chaleur extrême, le manque d’espace, les chaînes et l’absence totale d’hygiène (doc. 2) durant la traversée. Lorsqu’ils sont vendus (doc. 5), ils sont à nouveaux « parqués comme des mou-

tons » et on ne tient pas compte des liens familiaux (« on sépara des familles et des amis »). La peur, la maladie ou le chagrin d’être séparés de leur famille peuvent les pousser au suicide comme on en trouve un exemple dans le document 2. Ils n’ont aucune perspective et comprennent vite que leur vie future sera extrêmement dure, presque inhumaine. 4. Equiano évoque cet épisode de sa vie pour montrer à nouveau un exemple de mauvais traitement des esclaves par leur maître. Dans tout son récit il veut démontrer que l’esclavage est inhumain et doit être aboli.

Activité L’activité proposée vise à travailler et évaluer les capacités argumentatives des élèves. Il s’agit d’aider les élèves à comprendre qu’un discours s’articule autour d’arguments ordonnés et s’appuyant sur des exemples précis. La forme du discours implique l’oralité et donc des tournures courtes mais imagées, frappantes. Les deux situations proposées permettent de préparer l’activité qui pourra ainsi être scindée en deux temps et ainsi de pratiquer une pédagogie différenciée en fonction du niveau des élèves.

Vérifier ses connaissances

(p. 24) 

1. Les deux outils facilitant le commerce triangulaire sont les Compagnies de commerce et les compagnies d’assurance maritime. 2. Villes portuaires : Lisbonne, Venise, Bordeaux, Nantes, Plymouth, Liverpool, Barcelone. Villes ayant participé au commerce atlantique : Lisbonne, Bordeaux, Nantes, Plymouth, Liverpool. 3. L’affirmation la plus pertinente est la b : Le commerce triangulaire permet aux Européens de s’enrichir en achetant des esclaves en Afrique, en les revendant en Amérique ou dans l’océan Indien où ils achètent du sucre ou du café qu’ils revendent en Europe. 4. a. Les esclaves en fuite sont appelés « marrons ». b. S’ils sont rattrapés, ils peuvent être mutilés ou même exécutés. 5. b. Les Européens parviennent à s’installer dans les îles des Caraïbes et de l’océan Indien

THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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et y cultivent du sucre et du café dans des plantations. e. Dans les plantations, la main-d’œuvre esclave remplace rapidement les Européens ou les Indiens. a. La traite négrière prend une grande importance au XVIIIe siècle. c. La production de sucre et de café augmente et est exportée vers l’Europe. d. Les bourgeoisies marchandes de la façade atlantique s’enrichissent.

Exercer ses compétences

(p. 25) 

Les documents ont été choisis en raison de l’unité de lieu (la Maison de l’armateur du Havre) et dans le souci que l’élève prenne conscience des contradictions de la bourgeoise marchande impliquée dans la traite : celle-ci est favorable au progrès et soutient les idées des Lumières, ce qui ne l’empêche pas de s’enrichir aux dépens des esclaves. En ce sens, l’exercice peut aussi être fait après l’étude du chapitre suivant sur les Lumières.

Appliquer la méthode Réponses aux questions 1. Les propriétaires de la maison de l’armateur sont la famille Foache, une famille de riches commerçants du Havre, impliquée dans le commerce triangulaire. Leur demeure est construite sur les quais de la ville, à proximité du port, elle est somptueuse pour l’époque :

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HISTOIRE

sur plusieurs étages, avec une architecture originale (puits de lumière central), de nombreuses pièces, un mobilier de prix, une bibliothèque. 2. Un armateur équipe des bateaux pour faire du commerce. Le commerce triangulaire est un échange entre trois continents (l’Europe, l’Afrique et Amérique) qui permet d’acheter et de vendre diverses « marchandises » (y compris les esclaves considérés comme une marchandise) et de maximiser les profits puisque les bateaux ne circulent jamais à vide. 3. La demeure de la famille Foache est représentative de la bourgeoisie marchande : comme à Bordeaux ou à Nantes, les familles d’armateurs enrichies ont fait construire à proximité de leur lieu de travail (le port) des demeures qui montrent leur richesse et leur réussite. L’intérêt pour les mondes lointains se manifeste par la présence d’une mappemonde : par leurs activités commerciales, les Foache sont évidemment avides de culture géographique. Mais cette bourgeoisie présente aussi des contradictions : elle est cultivée et soutient les idées nouvelles de liberté exprimées par des auteurs comme Voltaire ou les Encyclopédistes. Or ces auteurs sont abolitionnistes et condamnent l’esclavage… tout en détenant parfois des titres des compagnies de commerce impliquées dans la traite. Les Foache ont sans doute lus les écrivains des Lumières puisqu’ils ont leurs livres.

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CHAPITRE

2

L’Europe des Lumières : circulation des idées, despotisme éclairé et contestation de l’absolutisme

Présentation du chapitre • Le XVIIIe siècle est marqué par la poursuite et l’accélération des progrès des sciences et de l’esprit scientifique accomplis lors des siècles précédents. À l’ouverture sur le monde correspond une ouverture des esprits. Des idées nouvelles se diffusent, donnent naissance à une opinion publique et questionnent les bases politiques, religieuses et sociales de l’Europe absolutiste. • La problématique retenue pour le chapitre est donc : Comment les idées des Lumières remettent-elles en cause le pouvoir absolu en Europe ? On assiste à la naissance d’un nouvel esprit, conséquence de l’essor de la raison et des progrès des sciences. On envisage ensuite par quels moyens et avec quelles limites les Lumières ont pu se diffuser en Europe et on montre en quoi les idées nouvelles ont remis en cause la monarchie qui se veut absolue.

Présentation des documents Les deux documents sont représentatifs de deux caractéristiques majeures des Lumières : l’essor de l’esprit scientifique et le foisonnement intellectuel autour de gens de lettres et de sciences. Ces deux éléments, qui connaissent un essor concomitant tout au long du XVIIIe siècle, conduisent à une réflexion politique contestant le pouvoir absolu. Doc. 1 – Un intérêt nouveau pour les sciences et leur diffusion Joseph Wright, dit Joseph Wright of Derby (1734-1797) est un peintre paysagiste et portraitiste britannique célèbre pour ses œuvres représentant des scènes scientifiques utilisant la technique du clair-obscur qui accentue les contrastes entre les parties claires du tableau (souvent éclairées à la bougie) et les parties sombres et inspirées des réunions de la Lunar Society. Ce groupe de philosophes, scientifiques et industriels anglais entendait faire du développement des sciences une arme contre les principes religieux et l’obscurantisme.

L’œuvre ici présentée peut être rapprochée de deux autres tableaux du même peintre, Expérience avec un oiseau dans une pompe à air (An Experiment on a Bird in the Air Pump, 1768) et L’Alchimiste découvrant le phosphore (The Alchemist Discovering Phosphorus, 1771). Elle a la particularité de mettre en avant un sujet scientifique mais aussi une scène de genre au grand format d’un tableau d’histoire. Le peintre entend montrer que les découvertes scientifiques sont aussi dignes d’intérêt et de respect que les scènes historiques, religieuses ou mythologiques. Le philosophe est ici aidé d’un planétaire, outil mécanique mobile figurant le système solaire et dans lequel les astres peuvent être animés. Le public, montré dans sa diversité, est composé de sept personnes. L’éclairage plus ou moins fort de leurs visages peut être considéré comme une représentation des différentes phases de la lune – nouvelle lune, quartier de lune, lune gibbeuse et pleine lune. Doc. 2 – Un salon littéraire au XVIIIe siècle Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1743-1824), est un peintre français contemporain et ami de Jacques-Louis David. Ce tableau est une commande de l’impératrice Joséphine en 1812 et est destiné à orner son château de Malmaison. Il représente le salon de Marie-Thérèse Rodet Geoffrin (1699-1777), célèbre salonnière du milieu du XVIIIe siècle et épouse du directeur de la manufacture des glaces (Saint-Gobain) dont les tapis et les tableaux témoignent de la richesse. Le salon littéraire est une forme de société qui rassemble intellectuels, scientifiques, amateurs de beaux-arts et de bel esprit pour le plaisir de la conversation, des lectures publiques, des concerts mais aussi de la bonne chère. Il s’agit de s’y montrer et s’y faire connaître à l’occasion de discussions et d’échanges qui, lorsqu’ils deviennent houleux, sont clos par l’hôte qui change de sujet de conversation. Le peintre, qui a fréquenté le salon de Madame Geoffrin dans sa jeunesse, réunit à l’occasion de la THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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lecture d’un extrait de L’Orphelin de la Chine de Voltaire, un public divers. L’auteur de la tragédie, alors en exil, est représenté par un buste autour duquel tous les personnages sont disposés. De l’actrice Claire-Josèphe Léris, dite Mademoiselle Clairon (1723-1803), célèbre pour avoir lutté contre l’excommunication des acteurs, au prince Louis-François de BourbonConti (1717-1776), opposant à la politique absolutiste de son cousin Louis XV, en passant par Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788), auteur de L’Histoire Naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roi, c’est toute l’élite éclairée du royaume qu’on retrouve sur le tableau. Il s’agit d’une scène imaginaire, montrant un salon idéal mais plus globalement une époque, le XVIIIe siècle, et un mouvement intellectuel, les Lumières.

Réponse aux questions 1. Le tableau représente une leçon d’astronomie donnée par un philosophe à un public de sept personnes. Le scientifique, plus âgé et au centre de la scène, s’appuie sur un planétaire, destiné à illustrer son propos et rendre ses explications plus évidentes. Le public est composé de sept personnes, hommes, femmes et enfants que Wright of Derby peint interrogatifs, admiratifs ou en pleine réflexion. Il écoute, regarde, cherche à comprendre et prend en notes les explications du scientifique. Malgré leur diversité de sexes et d’âges, les personnes qui composent le public appartiennent toutes à un milieu social aisé, comme l’indiquent leurs vêtements. 2. Le thème de l’exposé est le mouvement des planètes et leurs orbites autour du soleil. Celuici, astre lumineux, a été remplacé par une bougie dont on ne perçoit que la lueur éclairant le tableau et reflétée par les visages. 3. On peut distinguer cinq catégories de personnes : les philosophes (Rousseau, Voltaire, Diderot et Montesquieu), les hommes et femmes de lettres et d’arts (Marivaux, Rameau, Lespinasse, Clairon et Lekain), les scientifiques (Buffon et D’Alembert), les hommes d’État (Choiseul et Turgot) et les grands du royaume (Richelieu et Conti) avec au cœur de cette société, leur hôtesse, Madame Geoffrin. Ainsi, ce sont des milieux différents qui sont repré22

HISTOIRE

sentés mais tous appartiennent à une élite culturelle. 4. Le salon littéraire est ici un lieu de rencontre d’esprits brillants et de spécialités diverses. Leur réunion apparemment harmonieuse laisse envisager des discussions et des échanges d’idées, des débats constructifs et une émulation enrichissante pour la pensée. Le salon littéraire apparaît ainsi comme un moyen de diffusion des Lumières.

Cours

(p. 28-29) 

Les cinq documents qui accompagnent le cours permettent d’approcher les différents thèmes abordés par le chapitre. L’illustration de l’ouvrage de l’abbé Nollet permet d’envisager les progrès scientifiques par l’expérimentation et l’attrait du public pour les découvertes. La gravure représentant le café Procope propose un éclairage sur un lieu de sociabilité vecteur de diffusion des Lumières. Ces deux documents peuvent être mis en perspective avec les documents de la page d’ouverture qu’ils complètent. Les textes de Montesquieu et de Rousseau donnent la possibilité d’analyser deux idées majeures défendues par les philosophes des Lumières : la séparation des pouvoirs et l’égalité. Enfin, le tableau de Menzel, seule œuvre artistique du corpus, aborde la notion du despotisme éclairé.

Présentation des documents Doc. 1 – Illustration de l’Essai sur l’électricité des corps de l’abbé Nollet, 1746 Jean-Antoine Nollet (1700-1770) est un physicien. D’extraction modeste, il se passionne pour l’électricité parallèlement à ses études de théologie. Repéré par le comte de Clermont, il est associé aux travaux de du Fay et de Réaumur, ayant une capacité à créer (électroscope) ou perfectionner (thermomètre) les instruments qu’il utilise pour ses expériences. Il entretient une relation épistolaire avec plusieurs physiciens européens comme le Britannique John Theophilus Desaguliers ou les Néerlandais Pieter van Musschenbroek et Willem Jacob’s Gravesande. Son nom est autant célèbre pour ses travaux scientifiques que pour les expériences publiques qu’il a multipliées et qui ont connu un grand succès, l’abbé Nollet

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ayant un véritable souci de pédagogie et un sens de la mise en scène. Sa renommée lui assure d’entrer à l’Académie royale des sciences en 1757 et, l’année suivante, d’être nommé maître de physique des enfants de France, ce qui lui permet d’étendre à la cour ses expériences spectacles. Dans l’Essai sur l’électricité des corps, publié en 1746, Nollet explique le phénomène des attractions et répulsions électrostatiques par la présence de deux courants de fluides antagonistes. Il avance également que ces fluides sont souvent invisibles mais qu’ils deviennent étincelles dès lors que leur force est grande. Doc. 2 – Montesquieu et la séparation des pouvoirs Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755), est un philosophe mais aussi un écrivain et un passionné de sciences, c’est-à-dire un véritable homme des Lumières. En 1721, il publie de manière anonyme les Lettres persanes dans lesquelles il critique la société française, puis voyage en Europe, en Angleterre notamment qui lui donne un modèle de monarchie parlementaire, dans laquelle le parlement tempère l’autorité royale. Publié en 1748, De l’Esprit des Lois lui permet d’approfondir sa réflexion politique. Après avoir distingué et décrit trois différentes formes de gouvernement, la monarchie, la république (aristocratique ou démocratique) et le despotisme, Montesquieu fait de la séparation des pouvoirs une condition nécessaire de la liberté puisque « c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser [...]. Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » (livre XI, chapitre IV). Parmi les idées que Montesquieu a défendues, la séparation des pouvoirs est certainement celle qui lui est le plus identifiée. Doc. 3 – Le despotisme éclairé : Voltaire à la cour de Frédéric II de Prusse • Adolph von Menzel (1815-1905) est un peintre et illustrateur prussien (puis allemand). Rendu célèbre par ses illustrations de l’ouvrage de Franz Kugler Histoire de Frédéric le Grand, Menzel réalise plusieurs tableaux consacrés à Frédéric II de Prusse parmi lesquels Die Tafel-

runde (La table ronde, 1850) ou le Concert de flûtes de Frédéric II à Sans-Souci (1852). Roi de Prusse de 1740 à 1786, Frédéric II est un admirateur de la France, de la culture et des Lumières françaises. Amateur d’art, musicien et poète, il se veut roi philosophe, défendant la liberté de pensée, notamment religieuse, mais exigeant une totale obéissance pour garantir l’ordre social. Il a fait venir dans son château de Sans-Souci à Potsdam plusieurs écrivains parmi lesquels Voltaire entre 1750 et 1753. Si leurs rencontres ont été peu fructueuses, les deux hommes se décevant mutuellement, cette relation est devenue un des symboles du despotisme éclairé. • Œuvre postérieure aux Lumières, Die Tafelrunde est pourtant une évocation très soucieuse d’historicité. Il s’agit de représenter le roi de Prusse dans une scène intime, celle d’un repas dans son château de Sans-Souci, loin des préoccupations politiques ou militaires. Alors que plusieurs convives conversent avec leur voisin, le roi s’entretient avec Voltaire, de l’autre côté de la table, chacun étant penché vers l’autre. Ce tableau a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale et il n’en reste que des copies. Doc. 4 – Rousseau et l’égalité Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), écrivain et philosophe genevois publie Émile ou De l’éducation en 1762. Il s’agit d’un véritable traité d’éducation construit en cinq livres, abordant de manière chronologique, de la naissance à l’âge adulte, l’éducation d’un personnage fictif, Émile. Rousseau y développe ses conceptions de l’homme. Il part de l’idée que l’homme naît bon dans l’état de nature : « Posons pour maxime incontestable que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain ; il ne s’y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et par où il y est entré » (livre II). Il serait ensuite perverti par la société. La méfiance vis-à-vis des religions ou l’égalité, autres thèmes chers à Rousseau, sont également largement développées dans cet ouvrage. Celui-ci est condamné par la censure aussi bien par le royaume de France que par le gouvernement de Genève dès 1762 car Rousseau y conteste la Révélation et y critique l’institution ecclésiale. THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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Doc. 5 – Un lieu de sociabilité : le café Procope, à Paris, au XVIIIe siècle Le café Procope est un des plus célèbres et des plus anciens cafés de Paris. Il a été fondé par un Sicilien, Francesco Procopio dei Coltelli en 1689, à qui il donne son nom au début du XVIIIe siècle. Le Procope s’affirme rapidement comme un des cafés littéraires à succès de Paris que Voltaire, Diderot, Rousseau, D’Alembert mais aussi Benjamin Franklin fréquentent. Outre le café qu’on y déguste, on vient au Procope pour discuter, pratiquer des jeux de tables ou lire les nouvelles que l’on commente ensuite. À l’instar du salon littéraire, le café littéraire est un lieu de sociabilité diffusant les Lumières où naît une véritable opinion publique. Fréquenté par des membres du club des Cordeliers et de celui des Jacobins, il devient un foyer révolutionnaire après 1789.

Réponses aux questions 1. L’expérience de l’abbé Nollet implique un jeune homme sans contact avec le sol (donc suspendu) et chargé en électricité. Son corps attire alors des matériaux légers (poudre de sa main droite et page d’un livre de sa main gauche). Une femme, assise au premier plan, crée des étincelles de son visage. Cette expérience illustre un intérêt nouveau pour les sciences par l’importance et la variété du public présent, fasciné par les expériences spectaculaires d’électrostatique. 2. La séparation des pouvoirs est nécessaire parce qu’elle garantit la liberté. Toute confusion des pouvoirs aboutit, selon Montesquieu, à une tyrannie, quel que soit le détenteur du pouvoir (roi, nobles ou peuple). 3. Les deux personnages principaux sont le roi Frédéric II de Prusse qui se tient sur la droite du tableau et Voltaire, de dos, attablé en face du roi avec lequel il converse. Ils sont au milieu des autres convives et seule leur position penchée l’un vers l’autre permet de les distinguer. Le roi bénéficie de l’exposé des idées du philosophe, de ses conseils pour un meilleur gouvernement. Le philosophe obtient du roi une protection, un soutien financier et la possibilité de voir ses principes appliqués. 4. Les arguments par lesquels Rousseau justifie l’égalité des hommes sont :

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HISTOIRE

– une égalité naturelle ou physiologique (mêmes organes, même taille, mêmes besoins) ; – une instabilité de l’ordre social à l’origine de revers de fortune (le puissant d’aujourd’hui peut devenir le petit de demain). 5. La phrase en italique annonce la Révolution française et les révolutions qui l’ont suivie, que Rousseau n’a pas vécues mais qu’il annonce comme probable. 6. Le café Procope est un lieu de diffusion des Lumières car il rassemble des philosophes tels ceux présentés en médaillon autour de la gravure. Par ailleurs, l’image centrale montre la variété des occupations auxquelles les clients, tous aisés, peuvent s’adonner : déguster une boisson (à droite), jouer ou regarder des joueurs (à gauche), converser (au centre). Chacune est l’occasion d’échanger des idées et donc de diffuser les Lumières.

Sujet d’étude 1

(p. 30-31) 

L’Encyclopédie, un succès de publication La publication de l’Encyclopédie est une aventure exceptionnelle à tous égards. Elle est devenue un symbole de la production intellectuelle des Lumières, un véritable monument, par son ambition, son ampleur, les difficultés qu’elle a dû surmonter, sa diffusion mais surtout son contenu novateur contestant l’absolutisme. Le sujet d’étude envisage une approche de tous ces éléments au travers des six documents proposés.

Présentation des documents Doc. 1 – L’Encyclopédie en quelques dates La publication de l’Encyclopédie a été chaotique, de sa genèse en 1746 (l’éditeur Le Breton obtient une autorisation royale pour publier le Dictionnaire universel des arts et des sciences, traduction de la Cyclopaedia or an Universal Dictionnary of Arts and Sciences du Britannique Ephraïm Chambers) à la sortie des derniers volumes en 1772. Face à la censure royale ou religieuse mais aussi aux dissensions internes, Diderot a dû faire preuve de persévérance, de détermination et de souplesse (en 1765 les dix derniers volumes de textes sont imprimés secrètement sans privilège royal sous une fausse adresse). C’est ce parcours

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mouvementé que retrace le document sous la forme d’une chronologie simplifiée. Seules les dates essentielles ont été retenues par souci de clarté mais les élèves peuvent aisément prendre la mesure de la difficulté de cette entreprise. Doc. 2 – La diffusion européenne de l’Encyclopédie L’objectif de ce document est double. Il s’agit d’abord de montrer que de l’Encyclopédie a connu un réel succès en France mais aussi dans une large partie du continent. On pourra remarquer que les plus fortes ventes hors de France se trouvent dans sa périphérie immédiate (Pays-Bas autrichiens, actuelle Belgique, Provinces-Unies, actuels Pays-Bas, Suisse et nord de l’Italie). À l’inverse, la Péninsule ibérique, l’Europe orientale et les Balkans ottomans, territoires où le pouvoir est le plus autocratique sont en retrait. Le nombre de volumes vendus peut paraître faible en comparaison des publications actuelles, on n’oubliera pas que la population est moins lettrée (souvent analphabète) et que l’Encyclopédie coûte très cher avec ses 17 volumes de textes et 11 de planches illustrées. En effet, le prix de souscription s’élève à 980 livres soit plus d’un an et demi de salaire d’un artisan moyen. Doc. 3 – Des objectifs ambitieux Le document proposé est un extrait du Prospectus rédigé par Diderot en 1750 et destiné à solliciter les souscriptions de l’Encyclopédie. Diderot y présente les origines, les principes, la méthode, les participants mais aussi les contenus de ce que sera l’Encyclopédie. « L’ouvrage que nous annonçons n’est plus un ouvrage à faire. Le manuscrit et les dessins en sont complets. Nous pouvons assurer qu’il n’y aura pas moins de huit volumes et de six cents planches, et que les volumes se succéderont sans interruption », prévient Diderot dès le début du Prospectus. Il s’agit pour lui de rassurer les souscripteurs sur la solidité et la fiabilité de l’investissement que constitue l’Encyclopédie. Doc. 4 – Les principes de l’Encyclopédie Le frontispice du premier volume de l’Encyclopédie donne une approche visuelle de ce qu’est l’ouvrage. On pourra attirer l’attention des élèves sur le nom complet, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des

métiers, attestant de la variété du contenu (sciences, arts et métiers) mais aussi de sa méthode (raisonnée). Par ailleurs, si les auteurs sont d’abord présentés collectivement au travers de l’expression « par une société de gens de lettres », seuls Diderot et D’Alembert sont ensuite nommés avec leurs références académiques. On pourra également commenter la citation extraite de l’Art poétique d’Horace (v. 242) : « Tantum series juncturaque pollet, Tantum de medio sumptis accedit honoris ! » (Tant la conduite et l’ensemble des idées font d’effet dans un ouvrage, tant il en résulte d’agrément et d’éclat sur des choses qui semblent communes). Enfin, la dernière ligne précise « avec approbation et privilège du roy », car tout ouvrage doit obtenir l’approbation royale pour être imprimé, le privilège conférant à l’éditeur un monopole sur un texte pour une durée limitée. Approbation et privilège sont obligatoirement présents dans le livre (souvent au début). Doc. 5 – Un savoir à la portée de tous Seconde approche visuelle avec l’Encyclopédie, ce document témoigne de ce qu’elle est un ouvrage autant de textes (17 volumes) que d’illustrations (11 volumes). Les planches et les dessins illustrent les articles et en donnent une image concrète. Diderot a recruté un grand nombre de dessinateurs et graveurs, restés pour la plupart inconnus. Louis-Jacques Goussier, est une exception, fournissant plus de 900 planches (l’Encyclopédie en compte 2 885), accompagnées de leurs légendes. Ici, l’extrait de la planche « Cuisinier, pâtissier, traiteur, rôtisseur – Tour à pâte, bassines, mortiers etc. » répertorie en haut une cuisine où chacun est à l’ouvrage avec les gestes et les outils appropriés et en bas les ustensiles, chacun étant légendé. Doc. 6 – Extrait de l’article « Autorité publique » Le corpus documentaire se clôt avec un extrait d’un article de l’Encyclopédie. Les plus de 60 000 articles ont pour ambition de rassembler les connaissances de l’époque mais aussi de critiquer la société et le pouvoir et donc de contester le pouvoir absolu. L’article « Autorité publique » est évidemment un article important et délicat puisqu’il s’agit de franchir la

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censure. Selon Diderot, l’autorité n’est pas naturelle, il en existe deux sortes selon son origine : celle qui émane de la force et celle qui émane du consentement. C’est cette dernière qui a la faveur de Diderot, façon de critiquer l’absolutisme français.

Réponses aux questions 1. La publication de l’Encyclopédie peut être qualifiée de mouvementée pour plusieurs raisons : il a fallu 25 ans pour que le projet soit achevé ; elle a été interdite à deux reprises et les volumes de textes ont dû être publiés clandestinement ; D’Alembert s’est fâché avec Diderot et a abandonné le projet qu’il avait contribué à lancer. 2. Il s’agit pourtant d’un réel succès car toutes les villes importantes de France répondent massivement à la souscription ; par-delà les frontières du royaume, le succès est également européen puisqu’on retrouve l’Encyclopédie de Lisbonne à Saint-Pétersbourg et de Dublin à Naples. 3. Ce succès peut s’expliquer de plusieurs manières. L’Encyclopédie est un projet novateur qui vise tout d’abord à rassembler toutes les connaissances de son époque afin de les transmettre à ses contemporains mais aussi aux générations qui suivront. Par ailleurs, la réalisation est attrayante grâce aux planches illustrées qui montrent, expliquent et rendent les savoirs plus accessibles. Enfin, la souscription permet de rentabiliser un projet d’édition si important. 4. Les idées qui contestent le pouvoir absolu sont : – la volonté de brasser tous les champs de connaissance sans limite, « renverser les barrières », « rendre aux sciences et aux arts une liberté si précieuse » ce qui implique également les champs politique et religieux ; – la remise en cause du pouvoir de droit divin : « aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres » ; « la puissance qui s’acquiert par la force n’est qu’une usurpation » ; – l’idée que les hommes disposent de droits naturels : « la liberté est un présent du ciel » ; « si la nature a établi quelque autorité, c’est la puissance paternelle ; mais la puissance paternelle a ses bornes » ; 26

HISTOIRE

– l’idée du consentement des sujets aux pouvoir du prince : « le prince tient de ses sujets mêmes l’autorité qu’il a sur eux ».

Activité L’activité proposée invite l’élève à se mettre à la place de Diderot face à la censure royale dont l’Encyclopédie est la cible. La situation en elle-même n’est pas imaginaire puisque l’ouvrage a été interdit à plusieurs reprises, totalement ou partiellement, et que Diderot a pu bénéficier du soutien de Malesherbes, directeur de la Librairie, en charge des publications et donc de la censure. Il s’agira pour l’élève de montrer sa capacité à adopter le point de vue d’un personnage historique qu’il aura approché par le chapitre et le sujet d’étude mais aussi à argumenter pour convaincre. Il faudra au préalable bien mesurer l’enjeu de la lettre à rédiger pour Diderot, puisque la survie de son colossal projet est menacée.

Sujet d’étude 2

(p. 32-33) 

Condorcet, un homme des Lumières Parmi les hommes des Lumières, Condorcet a une place particulière. Mathématicien, philosophe, homme politique, il s’est engagé dans de nombreuses causes en faveur d’une plus grande d’égalité. Acteur de la Révolution française, il tente de faire appliquer ses principes avant d’être broyé par la Terreur. Ce parcours exceptionnel est retracé par les cinq documents du corpus qui insiste sur la variété de ses combats.

Présentation des documents Doc. 1 – Un homme polyvalent La courte biographie de Condorcet permet de mettre l’accent sur plusieurs éléments : l’origine aristocratique de cet homme des Lumières ; sa formation de mathématicien auprès de D’Alembert, autre homme des Lumières à l’origine de l’Encyclopédie ; ses combats en faveur des droits de l’Homme ou encore son engagement après 1789 pour une révolution démocratique et modérée. Doc. 2 – Un adversaire de l’esclavage Le document est le début de l’Épître dédicatoire aux nègres esclaves publiée dans Réflexions sur l’esclavage des nègres. Il illustre les combats

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menés par Condorcet contre l’esclavage des Noirs au nom de l’égalité avec les Blancs (qui est le mot qui continue le texte à la deuxième page de cette épître) et des droits naturels dont dispose chaque homme. Condorcet considère l’esclavage comme un crime et milite pour son abolition progressive. Admettant les intérêts économiques de l’esclavage, il oppose que « l’intérêt de puissance et de richesse d’une nation doit disparaître devant le droit d’un seul homme ». La Convention n’abolit pourtant (temporairement) l’esclavage qu’en 1794, année de la mort de Condorcet. On pourra faire appel aux connaissances des élèves issues du chapitre précédent. Doc. 3 – Un admirateur de la démocratie américaine Les colonies anglaises d’Amérique ont proclamé leur indépendance en 1776, officiellement reconnue en 1783 à l’issue d’une guerre d’Indépendance qui a donné naissance aux États-Unis. Le royaume de France a soutenu militairement et politiquement le nouvel État, dont Benjamin Franklin, scientifique et homme des Lumières, était l’ambassadeur. Comme beaucoup d’autres philosophes français, Condorcet se passionne pour la jeune démocratie américaine. Entre l’indépendance officielle des États-Unis et le début de la Révolution française, il publie De l’influence de la révolution d’Amérique sur l’Europe. Doc. 4 – Un mathématicien engagé Le document proposé permet d’envisager deux aspects majeurs de la personnalité de Condorcet, sa formation de mathématicien ici mise au service de son engagement politique. Dans plusieurs ouvrages, Condorcet montre de l’intérêt pour la représentativité des systèmes de votes, dans les domaines politique et judiciaire. L’Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix, publié en 1785, concerne essentiellement les délibérés des jurys et, par une série de calculs, Condorcet démontre qu’un jury nombreux, donc populaire, a moins de risques de se tromper que des magistrats individuels. Condorcet montre ainsi que les mathématiques peuvent être utilisées pour tenter de résoudre les problèmes sociaux et politiques.

Doc. 5 – Un partisan de l’instruction des femmes L’instruction est une des préoccupations majeures des hommes des Lumières et des révolutionnaires (« Ceux qui veulent que le paysan ne sache ni lire ni écrire se sont fait sans doute un patrimoine de son ignorance », Mirabeau). Pourtant peu nombreux sont ceux qui s’attachent à étendre l’instruction aux femmes. Auteur en 1791 de Cinq mémoires sur l’instruction publique, Condorcet accomplit une mission qui lui est chère, penser l’institution scolaire en relation avec la démocratie. La connaissance est, selon lui, fondamentalement liée à la liberté et l’excellence à l’égalité. Il défend le principe d’une instruction publique indépendante des volontés particulières et de l’utilité immédiate. Encore faut-il qu’elle soit prodiguée à tous et à toutes car Condorcet insiste sur la nécessité de l’instruction des femmes. Député à l’Assemblée législative, il propose un projet d’organisation générale de l’instruction publique le 20 avril 1792 qui reprend les grandes lignes de ses Cinq mémoires sur l’instruction publique. Il y défend l'égalité des âges et des sexes devant l'instruction, l'universalité et la gratuité de l'enseignement élémentaire et la liberté d'ouverture des écoles. Son projet est interrompu par la déclaration de guerre au roi de Bohême et de Hongrie, jugée prioritaire. Pourtant, les lois scolaires de Jules Ferry (1881-1882) se sont inspirées de la réflexion de Condorcet, près d’un siècle plus tôt.

Réponses aux questions 1. Les recherches mathématiques et les combats politiques de Condorcet sont liés : – partisan de l’égalité, il défend le système métrique ; – ses travaux sur les probabilités l’amènent à déterminer la manière la plus juste de prendre des décisions collectives, notamment en matière judiciaire. 2. Condorcet s’oppose à l’esclavage des Noirs au nom de deux principes : l’égalité (« même esprit », « même raison », « mêmes vertus ») et la fraternité (« je vous ai toujours regardé(s) comme mes frères »). 3. Les États-Unis constituent un « asile » pour les Européens car :

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– ils respectent les droits de l’Homme : égalité, liberté religieuse ou d’opinion ; – ils permettent à quiconque de s’enrichir au prix de son travail. Pour Condorcet, la première raison est la principale car : « l’opprimé seul peut avoir la volonté de franchir cet obstacle [l’océan Atlantique] ». 4. Condorcet défend l’instruction des femmes : – car une mère doit être instruite pour veiller sur l’instruction de ses enfants ; – au nom de l’égalité au sein des familles, facteur de bonheur ; – au nom de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Activité L’activité proposée invite l’élève à incarner un député de la Convention chargé de défendre Condorcet après son arrestation. Comme le chapitre consacré à la Révolution française et expliquant la Terreur est postérieur à cette activité, on pourra évoquer brièvement le rôle essentiel qu’aura à jouer le député dont la vie d’un homme peut dépendre. Il s’agira, pour l’élève, de montrer sa capacité à résumer l’œuvre de Condorcet en revenant sur ses engagements multiples (liberté, égalité et instruction) mais aussi d’argumenter sur leur importance pour l’établissement d’une démocratie réelle. La forme du discours permet également à l’élève d’exercer ses aptitudes à la lecture à voix haute (travail de diction, choix du juste ton et du volume approprié…).

Vérifier ses connaissances

(p. 34) 

1. Choisissez la ou les bonne(s) réponse(s) parmi celles proposées : Les Lumières sont : a. un mouvement philosophique et scientifique Les Lumières se déroulent : c. au XVIIIe siècle Les Lumières contestent : a. le pouvoir de l’Église c. l’esclavage Les Lumières défendent : a. la liberté b. l’égalité

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HISTOIRE

c. la séparation des pouvoirs 2. Citez : • Un philosophe des Lumières : Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Condorcet, etc. • Un savant des Lumières : l’abbé Nollet, Buffon, D’Alembert, Condorcet, etc. • Un moyen de diffusion des Lumières : les expériences scientifiques publiques, le salon littéraire, le café littéraire ou l’Encyclopédie, etc. • Une œuvre écrite à l’époque des Lumières : l’Encyclopédie, etc. • Une idée nouvelle défendue par les Lumières : liberté, égalité, instruction, fraternité, séparation des pouvoirs, tolérance, critique de l’esclavage, etc. • Un despote éclairé : le roi Frédéric II de Prusse, Catherine II de Russie, Joseph II en Autriche, etc. 3. 1-c ; 2-e ; 3-a ; 4-b ; 5-d. 4. a. Droits naturels b. Raison c. Despote éclairé d. Salon littéraire

Exercer ses compétences

(p. 35) 

Appliquer la méthode Réponses aux questions 1. Les Lumières sont un mouvement européen car : – les idées nouvelles ont surgi dans l’Europe tout entière ; – des exemples de philosophes de différentes nationalités sont donnés : Diderot (France) mais aussi Kant (Prusse) ; – la citation de Rousseau le confirme : « Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Européens ». Les Lumières se nomment Aufklärung en allemand, Illuminismo en italien ou Enlightenment en anglais. 2. Les Lumières sont un mouvement universel car les philosophes pensent que tous les hommes participent d’une même nature, leurs différences n’étant expliquées que par l’histoire et la géographie. Cela suscite des explorations dans le monde entier (cf. Cook) et fait prendre conscience aux philosophes que la civilisation peut prendre diverses formes. La

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confrontation avec les autres les rend plus critiques avec eux-mêmes (cf. les Lettres persanes de Montesquieu). La rédaction des droits de l’Homme, universels et sacrés, est la conséquence de ces réflexions. 3. Les idées défendues par les Lumières sont la justice, l’égalité, la liberté, l’État au service du

peuple et la séparation des pouvoirs. Certains philosophes réclament plus de droit aux femmes, dont l’instruction, ainsi que l’abolition de l’esclavage. Ces principes s’incarnent dans la démocratie.

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CHAPITRE

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La Révolution française et l’Empire : nouvel ordre politique et société révolutionnée en France et en Europe

Présentation du chapitre • « Nouvel ordre politique et société révolutionnée » : la Révolution française est donnée à étudier dans ses dimensions de changements profonds, sociaux, politiques et culturels. Le fil directeur choisi est donc de s’intéresser à toutes les modifications apportées par la Révolution. Les deux chapitres précédents abordent une forme de maïeutique essentielle : la Révolution française n’est pas un mouvement né ex nihilo. Les événements fondateurs et les principaux acteurs sont proposés et travaillés dans une perspective et une première complexité intellectuelle adaptées à des élèves du cycle 4. • Il s’agit donc bien de prendre appui sur ce qui constitue des nouveautés et de comprendre les mouvements qui les accompagnent. Ce chapitre permet ainsi de travailler la compétence d’identification des continuités et des ruptures. Les événements permettant de construire la chronologie ont été travaillés au cycle 3 et peuvent être rapidement rappelés par le biais d’une frise chronologique par exemple. Ils sont alors abordés non pas comme des « stabiles » mais bien comme des réalités politiques et sociales vivantes, en construction. La possibilité d’établir des liens avec des situations actuelles est offerte et des pistes de travail en Enseignement moral et civique sont proposées. Il a ainsi été choisi de rendre cette France nouvelle la plus concrète possible aux élèves : elle les concerne dans leur quotidien encore, tant par les référents culturels qu’ils apprennent ici à reconnaître que par les valeurs civiques qui se construisent alors.

Présentation des documents Les deux documents de la double page d’ouverture, le Serment du jeu de Paume et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen sont des événements fondateurs du nouvel ordre politique et ont été découverts au cycle 3.

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HISTOIRE

Doc. 1 – Le serment du jeu de Paume le 20 juin 1789 • Lorsque Louis XVI refuse le doublement du Tiers, ses représentants se proclament Assemblée Nationale, ouverte aux députés des deux ordres privilégiés. Cette décision est majeure car elle met fin à l’exercice absolu du pouvoir royal et impose une représentation parlementaire au roi. Louis XVI empêche donc la poursuite des débats en fermant les salles de réunion du Tiers. Comme la salle du jeu de paume est assez grande pour les accueillir, le 20 juin 1789, les députés du Tiers et quelques membres des deux autres ordres y prêtent serment et garantissent une vie démocratique puisqu’ils ne s’attribuent pas les pouvoirs qu’ils s’engagent à définir légalement. • Jacques-Louis David dessine la scène in situ : le premier grand dessin est exposé en 1791. Le tableau proposé ici est une réalisation postérieure au dessin. Sa petite taille surprend souvent lorsque l’œuvre est vue au musée Carnavalet. La relation de surprise entre la taille de l’œuvre et sa charge événementielle symbolique montre bien la force politique de l’acte révolutionnaire que constitue le serment. Il est donc essentiel d’indiquer la taille de l’œuvre aux élèves puisque peinture d’histoire est en général synonyme de grand format. • Sylvain Bailly est le doyen du Tiers et il trône au centre de la pièce immense. Il déclare à destination du roi : « Je crois que la nation assemblée ne peut pas recevoir d’ordres. » Il est surélevé, sa posture est roide, son portrait est précis ainsi que celui des quelques autres députés (beaucoup plus d’ailleurs sur cette peinture que sur le premier grand dessin qui est resté inachevé). Le costume clair de Bailly, son geste solennel, sa hauteur de vue et de décision donne à la scène une première émotion : le spectateur comprend l’importance du moment, et a envie de l’écouter. Les bras tendus dans sa direction ainsi que les regards convergents et dynamiques vers le centre de la scène donnent l’effet d’un mouvement national partagé et d’une grande unité.

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Les hésitants sont rares et l’enthousiasme domine largement. Les balcons couronnent le tout : diffusion d’une lumière forte qui allie la raison à la déclaration de Bailly, effusion spontanée des femmes et des hommes qui assistent à la scène dont un sentiment de joie partagée et d’unité émane. Doc. 2 – Un texte fondateur, La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 26 août 1789 • Le tableau du document 1 est mis en parallèle avec un des panneaux présentant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) du 26 août 1789. Les deux moments révolutionnaires sont en effet liés puisqu’une constitution s’accompagne d’un préambule. La DDHC forme ce premier préambule de la première constitution de la France et il est rédigé en 1789, avant même que la constitution elle-même ne soit finalisée. La déclaration fixe les grands principes et les valeurs de cette France nouvelle. Durant l’été 1789, plusieurs textes sont soumis à l’Assemblée nationale établie le 5 mai dont celui de La Fayette qui s’inspire largement de la Déclaration américaine de 1776. • Globalement, le travail d’écriture est très efficace puisque l’Assemblée débat entre le 20 et le 26 août et adopte une déclaration très vive et ramassée, en 17 articles. Louis XVI promulgue le texte après les journées d’octobre 1789, le travail d’acceptation par le roi est donc plus long que la rédaction. La publication de la Déclaration prend des formes variées (impression, gravure, peintures). Sa diffusion en France et en Europe est extrêmement rapide. Elle résonne encore partout dans le monde aujourd’hui. La représentation choisie dans le manuel est célèbre, le peuple français a brisé ses chaînes concrètement et ce texte en constitue à la fois la preuve, l’appui, elle souligne la force réelle d’une nation qui se construit sur des valeurs fondatrices et fondamentales. • Ce grand panneau de bois date bien de 1789 (ce sont parfois des représentations de la DDHC de 1793 qui sont éditées). Il est à l’origine de représentations iconographiques des droits fondamentaux de l’homme qui sont aujourd’hui iconiques. Il est le résultat de projets discutés par l’Assemblée nationale : cha-

cun des 17 articles est un résumé des procèsverbaux de celle-ci. • Le texte est encadré. Les éléments du cadre attirent le regard et valorisent la portée majeure des droits institués. La raison éclaire, accueille, protège de sa lumière englobante les droits énoncés. Le pouvoir a changé de mains et le sceptre par exemple n’est plus la propriété d’un monarque. La nation a brisé ses chaînes. La loi est définie comme l’expression de la volonté générale et elle accompagne à égalité tous les membres de la nation.

Réponses aux questions 1. Parmi les indices qui montrent le mouvement et l’émotion dans cette œuvre, on peut citer l’abbé Grégoire, au centre du tableau, qui fait faire l’accolade à 2 participants : un moine chartreux et un pasteur protestant. Au centre de la foule, sur la gauche, on voit un autre homme, les bras en l’air ; le fait que la lumière semble se poser sur lui fait ressentir une certaine émotion et le mouvement s’exprime avec les personnages au fond de la foule qui secouent leurs chapeaux dans les airs. On peut aussi citer les rideaux qui sont secoués par des bourrasques de vent. 2. Le peintre David est un partisan de la Révolution française et ce tableau nous le montre. Ce tableau-manifeste deviendra un modèle pour la peinture de son temps : un tableau d’histoire à la composition exemplaire et rigoureuse, une leçon de patriotisme radical et inspiré. L’unanimité, l’absence de violence, la tolérance, la joie exprimée par de nombreux visages doivent témoigner de l’unanimité et de l’unité nationale. L’engagement est absolu, le serment ayant une valeur sacrée au XVIIIe siècle. 3. L’article 1 est un repère pour la planète entière encore aujourd’hui. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » La liberté et l’Egalité sont des valeurs essentielles à la garantie du bonheur des hommes. L’article 13 explique que les principes sont garantis s’il est possible d’entretenir les hommes qui veillent à la sécurité de chacun et à l’exercice de la justice. Il s’agit donc d’instituer l’impôt également réparti entre tous pour

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que la nation puisse être vivante, réelle. L’article 10 reconnaît la liberté des cultes : c’est un des points fondateurs de la laïcité. Quant à l’article 17, il impose le droit de propriété. La dynamique économique est soutenue par des députés convaincus de la nécessité d’ouvrir la France à toutes les formes d’échange. La nation est définie comme unie, dynamique, entrepreneuse. Les droits fondamentaux de l’homme sont imprescriptibles et garantissent les échanges, l’ouverture des esprits et de la vie économique. La liberté économique est donc une mise en action concrète de la valeur première de Liberté.

Cours 1

(p. 38-39) 

La rédaction des deux cours est chronologique ainsi que la présentation des documents. Au cycle 4, il s’agit bien de « se repérer en histoire. Les œuvres picturales sont toutefois dominantes ici. En effet, elles retracent sur le moment de l’événement révolutionnaire et permettent d’en comprendre les enchaînements et la vivacité, de saisir les violences politiques. Elles revêtent souvent une très forte valeur symbolique. Présentation des documents Doc. 1 – Travail préparatoire au nouveau découpage de la Nation : les départements Les départements sont créés le 22 décembre 1789. Ils remplacent les « provinces de France » jugées par les Révolutionnaires impropres à la bonne maitrise du territoire par le pouvoir central. L’objectif est de rationaliser l’organisation du territoire en une entité administrative unique en lieu et place des diverses divisions du royaume, extrêmement différentes par leur taille, se chevauchant les unes les autres et s’enchevêtrant par de multiples enclaves et dessins tortueux. Doc. 2 – La Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 La fête de la Fédération du 14 juillet 1790 a été peinte ou gravée de très nombreuses fois. L’unité de la Nation, de la Loi et du Roi, devise de la première constitution du royaume est omniprésente ici. Les scènes multiples de fraternité sont très positives et les couleurs de la cocarde fonctionnent comme une unité englobante. La cérémonie principale se déroule au Champs de Mars ce qui a là encore 32

HISTOIRE

une grande valeur symbolique d’unité et de force d’un pays rassemblé. Si le roi se fait attendre, il est acclamé par la foule lorsque La Fayette et Bailly lui remettent la cocarde. Doc. 3 – La Marseillaise (extraits) Les élèves pourront lire quelques couplets d’un hymne qu’ils ne connaissent qu’imparfaitement. Cette lecture s’appuie sur une écoute de l’hymne national dans son entier, à ce titre, il est envisageable de faire référence à la date du 14 juillet. La dimension militaire de la Défense armée de la France apparaît clairement aujourd’hui et aide à comprendre que ce chant est un chant guerrier dans un contexte offensif et défensif. Doc. 4 – 1793 : les décisions du gouvernement de la Terreur Ce tableau est volontairement simple d’approche. Au cycle 4, les engrenages politiques des années de Terreur ne sont pas l’enjeu essentiel du programme. Ils seront étudiés en classe de seconde. L’objectif est donc d’appréhender l’exercice du pouvoir confisqué par quelquesuns dans un contexte de guerres intérieure et extérieure.

Réponses aux questions 1. L’événement fêté est la prise de la Bastille du 14 juillet 1789. Un an plus tard, Louis XVI a accepté la constitution qui est en cours de rédaction. 3. La foule est joyeuse car elle pense que l’alliance du roi Louis XVI avec l’Assemblée est possible. C’est la fête de la première monarchie constitutionnelle. 4. Le chant dit que tous les citoyens doivent défendre leur patrie. Ils savent, quel que soit leur âge, qu’ils risquent leur vie pour elle et qu’ils auront peut-être à donner la mort à leurs ennemis. Ce sont des paroles violentes et autoritaires. 5. C’est un gouvernement de Terreur car il est effrayant. Tout est sous contrôle : la distribution de la nourriture (le blé), les choix individuels, la justice. Tous les citoyens sont obligés de s’engager pour le gouvernement de Terreur, sinon ils se rendent suspects et risquent d’être condamnés à mort.

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Cours 2

(p. 40-41) 

• Comme pour le précédent cours, l’approche est chronologique et plutôt iconographique. Les cartes sont étudiées dans la présentation du thème en cohérence avec le programme d’enseignement de cette année du cycle 4. Les textes sont proposés lors des sujets d’étude. • Napoléon Bonaparte est un acteur majeur dont la singularité et la puissance politique sont clairement valorisées. L’œuvre majeure de F. Goya proposée ici encourage les enseignants à travailler la légende noire aussi dans les dimensions universelles de la série de l’artiste « les malheurs de la guerres » : la guerre y est fermement dénoncée.

Présentation des documents Doc. 1 – Le Code civil • Le Code civil est un texte fondamental du Consulat. Il est la publication et l’exercice juridique de la loi appliquée pour tous. Ce texte est toujours d’actualité et un sujet d’étude permet d’en aborder les dimensions constructivistes. • Le Code civil est un marqueur repère. En effet, il clôt l’épisode révolutionnaire en reconnaissant les acquis des droits de l’Homme. Il renforce l’autorité paternelle qu’exerce Bonaparte pour la Nation. C’est un des textes fondateurs d’une France nouvelle, née de la Révolution. Doc. 2 – Le Général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud, lors de son coup d’État, les 18 et 19 brumaire (9 et 10 novembre 1799) Le tableau de François Bouchot représente le coup d’état des 18 et 19 Brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799). Bonaparte y a été encouragé par son frère Lucien, par Talleyrand et Sieyès entre autres. Il a également le soutien d’une des deux assemblées adoptées par la Convention Thermidorienne en 1795 : le Conseil des Anciens dans sa quasi-totalité. Le Conseil des Cinq-Cents lui est très opposé et réclame même sa destitution durant le Directoire.

Doc. 3 – Le Sacre de Napoléon Ier et le couronnement de l’impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804 Le choix est de se remémorer une œuvre que les élèves ont rencontrée au cycle 3 et généralement étudiée. Cette peinture monumentale de Jacques-Louis David est peinte après la cérémonie. David est nommé premier peintre le 18 décembre 1805, et doit réaliser un ensemble d’œuvres de propagande pour le régime. Il légitime le pouvoir impérial et célèbre une dynastie naissante. Cette œuvre en forme de frise des portraits du temps (y compris des absents comme Laëtitia, la mère de Napoléon) immortalise le couronnement de l’impératrice. L’œuvre est exposée au Salon de 1808. Napoléon a pleinement conscience de la dimension d’une célébration historique qui se joue à travers elle puisqu’il déclare alors au peintre : « Je vous salue, David. » Doc. 4 – Tres de Mayo (1808), Francico de Goya Le Tres de Mayo est une peinture de Francisco Goya de 1814. Selon l’historien de l'art Kenneth Clark, c’est « la première grande toile qui peut être qualifiée de révolutionnaire dans tous les sens du terme : par son style, son sujet et son intention. ». Le frère de Napoléon, Joseph, est devenu roi d’Espagne en 1808 et les habitants de Madrid se sont révoltés, encouragés par le clergé : c’est le « soulèvement du Dos de Mayo » (2 mai) que Goya a également peint dans un tableau. Le Tres de Mayo forme donc une série avec ce dernier. Dans ce tableau, Goya dépeint la répression subie par les révoltés qui apparaissent comme des figures christiques au moment de leur supplice. Ils sont fusillés par l’armée napoléonienne, froide, massive, inhumaine, ou plutôt anonyme.

Réponses aux questions 1. Le Code civil est utile car il permet de vivre en société. Il règle par la loi des questions qui se posent dans la vie quotidienne et les relations entre les personnes. « Civil » signifie « de la société », pour tous donc. 2. L’attitude de Bonaparte est hautaine. Il repousse les hommes qui semblent vouloir le

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maintenir et se fraie un chemin d’une main de fer, très décidé, la tête haute. 3. C’est très probablement Bonaparte qui a commandé ce tableau, pour valoriser sa puissance politique et sa capacité à dompter des hommes qui poussent des cris pour s’opposer à lui. Ils sont d’ailleurs un peu ridicules par rapport à Bonaparte si sérieux et assuré. 4. Le tableau a dû lui plaire ainsi qu’à ses partisans. Ce n’est probablement pas la même réception chez ses opposants. 5. C’est le moment où Napoléon – qui vient de se couronner lui-même malgré le désir du pape – couronne l’impératrice Joséphine. Le pape Pie VII est assis, spectateur comme les autres de la scène majestueuse. Il se contente de tendre la main en signe de bénédiction de la couronne. 6. Différents signes indiquent que ce n’est pas le sacre d’un roi : il n’y a pas de trace des dynasties royales précédentes (ni les Capétiens, ni les Bourbons). De plus les rois de France sont habituellement sacrés par l’évêque de Reims en sa cathédrale. Napoléon se sacre lui-même, dans la cathédrale de Paris, en présence du pape. 7. Goya valorise ceux qui sont en train de mourir et dénonce ainsi les guerres napoléoniennes. En effet les victimes sont représentées comme innocentes, sans arme à feu. Elles semblent plutôt pauvres et, regroupées, elles affrontent la mort à la fois avec peur et courage. C’est la lumière et le blanc qui leur donnent cette force.

Sujet d’étude 1

(p. 42-43) 

Le 10 août 1792, la chute de la royauté L’ensemble documentaire présent une variété de documents qui mettent en valeur la dimension politique extraordinaire de cette journée révolutionnaire. L’enjeu est également de faire comprendre ce qu’est un événement : les raisons du déclenchement, les actions, les résonnances de la journée. Ainsi, la densité des documents est en cohérence avec l’activité proposée aux élèves.

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HISTOIRE

Présentation des documents Doc. 1 – Le manifeste dit de Brunswick, 25 juillet 1792 Le manifeste de Brunswick est un texte dont l’histoire est complexe. C’est un faux, rédigé par des émigrés royalistes. Le but était d’intimider les Parisiens pour protéger la famille royale car, à la mi-juillet, l’Assemblée a décrété la « patrie en danger ». La stratégie royaliste vise à attribuer le texte au chef de guerre des armées ennemies de la révolution, particulièrement au chef de l’armée prussienne, le duc de Brunswick. Le texte est daté du 25 juillet 1792. Cette déclaration aiguise les aspirations républicaines et la violence des révolutionnaires. Les Parisiens réagissent en prenant les armes, l’effet est ainsi contraire à celui visé. Selon certains historiens, le Manifeste est un déclencheur de la journée du 10 août. On peut penser qu’il appartient plutôt à un ensemble d’éléments politiques et sociaux qui inquiètent le peuple de Paris : la menace des armées étrangères, l’usage du veto par Louis XVI qui contredit le travail législatif des députés ou la peur des accapareurs. Doc. 2 – Médaille en bronze fondue pour honorer la journée du 10 août 1792 Le musée Carnavalet regorge de documents commémoratifs. Les élèves connaissent les médailles souvenir (celles éditées par les monuments nationaux). La tradition est ancienne et les assemblées révolutionnaires sont friandes de ce mode d’expression qui véhicule des idéaux et fait œuvre d’histoire. Le commanditaire est ici la commune de Paris. Le texte est direct, de compréhension simple : la tyrannie est identifiée par le lieu d’où elle a été définitivement délogée. Doc. 3 – François Gérard, Le 10 août 1792 • La scène esquissée par Gérard est une réponse au concours organisé par le Comité de Salut public : le concours de l’an II vise en effet à illustrer les temps forts de la Révolution et à en échafauder une trame glorieuse. François Gérard est un élève de David. Il remporte le concours avec ce dessin préparatoire qui ne sera jamais achevé : « Le Peuple français demandant la destitution du tyran à la journée du 10 août » en était le titre initial.

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• Le 10 août 1792, la majorité des sections sansculottes de Paris ainsi que des fédérés mènent le siège du palais des Tuileries, résidence royale devenue siège de l’Assemblée. L’insurrection devient un massacre : celui des gardes royaux (les Suisses) et le Palais est pris d’assaut. La famille royale est contrainte de demander sa protection à l’Assemblée. Le peintre, deux ans plus tard, fait donc une proposition très républicaine. En effet, la fureur de la foule, à gauche, contraste avec l’accablement des députés, à droite. La famille royale est déjà « en prison », sous protection certes, mais surtout sous surveillance étroite de l’Assemblée (la famille royale est ensuite emprisonnée dans le donjon de la prison du Temple). L’œuvre fonctionne ainsi en deux parties qui se font face : les députés de l’Assemblée semblent cernés, pris en étau entre les royalistes d’une part et les sansculottes d’autre part, et leur volonté enragée d’aller plus loin dans la révolution. Doc. 4 – Assiette avec les paroles de la Carmagnole • L’assiette est un objet du quotidien devenu vecteur de valeur, d’idées, de rappel commémoratif. Ainsi fonctionne la mise en mémoire et en actes de la révolution en marche. L’engagement sans-culotte est très clair contre la monarchie absolue, en particulier très cru et violent contre la reine ainsi que contre tous les ennemis de la Révolution. Créée au moment de la prise des Tuileries, la chanson serait originaire du Piémont et aurait été transmise par les Fédérés, son air populaire et sa ritournelle est d’accès facile. Son auteur reste inconnu. • Mme Veto désigne la reine Marie-Antoinette et à travers l’usage du veto par son mari, usage qui bloque les effets des travaux de l’Assemblée et donc ralentit le processus révolutionnaire. La carmagnole est cette veste que portaient les sans-culottes. La peur d’une attaque des armées étrangères à la demande de la famille royale est également énoncée : « avait promis de faire égorger tout Paris ». La chanson connaît un franc succès aussi parce qu’elle désigne les armées fédérées et les sans-culottes comme les sauveurs de Paris « grâce à nos canonniers ».

Doc. 5 – La réception de la journée du 10 août 1792 dans le département du Cher Partout dans le royaume, les représentants de l’Assemblée reçoivent la nouvelle de la chute de la monarchie et sont dans l’obligation de la faire connaître. Ici, on comprend la prudence exprimée. Chaque enseignant peut, bien entendu, prendre en charge cette dimension de la résonnance de l’événement à partir des archives départementales de son département d’exercice. Il est intéressant d’observer la rapidité d’information dans un département situé à 200 km environ au sud de Paris. L’attachement des représentants de la Nation aux choix de l’Assemblée est clair, mais la réception reste ici assez neutre et prudente : les représentants du Cher prennent acte de la chute de la monarchie. L’absence de commentaires peut laisser penser, en creux, que tous ne sont pas enthousiastes. Doc. 6 – Jacques Bertaux, La Prise du palais des Tuileries, cours du Carrousel, 10 août 1792 Le tableau de Bertaux a été présenté au Salon en 1793. Ce peintre habitué à la peinture militaire travaille donc a posteriori. Bertaux ne fait aucune concession à la violence sanglante et les morts, vaincus, des gardes Suisses, sont représentés dans leur humanité. La scène du premier plan est ainsi très dure, on y voit deux sans-culottes passant un Suisse par la baïonnette. Dans la cour, les cadavres jonchent le sol. Cette scène macabre baigne dans le sang et dans les trois couleurs de l’étendard révolutionnaire.

Réponses aux questions 1. La mobilisation semble rapide car les Parisiens se croient en danger de mort immédiat. La patrie a été déclarée en danger et les ennemis extérieurs menacent d’anéantir Paris si la famille royale subissait le moindre tort. Les sansculottes et des Fédérés décident donc de prendre le roi et son palais. 2. La préparation est rapide. Chaque révolutionnaire vérifie son matériel : une cocarde accrochée à sa veste (la carmagnole), un fusil à baïonnette pour assurer les combats rapprochés et ne pas dépenser trop de poudre. Les combattants révolutionnaires se regroupent avant de partir ensemble aux Tuileries, en THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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chantant des chants révolutionnaires à la mode, la Carmagnole par exemple. 3. Les combats du 10 août sont très violents. Les gardes royaux sont assassinés dans la cour et le château. Le sang coule. La famille royale se réfugie à l’Assemblée mais les sans culottes la poursuivent et demandent la mort du tyran. Les députés semblent dépassés par la violence du peuple. 4. Les conséquences sont doubles : le peuple de Paris a pris une nouvelle fois la main sur l’Assemblée et a obtenu ce qu’il souhaitait : la destitution du monarque. Partout en France, la nouvelle est annoncée : suite au 10 août, Louis XVI ne règne plus. L’Assemblée gouverne et doit tenir compte du peuple de Paris.

Activité L’activité est conçue pour établir un récit, écrit ou oral. En développant cette forme de langage, plutôt individuellement, l’élève incarne un sans-culotte parisien et en adopte le point de vue. Il est donc attaché à un point de vue. Néanmoins, il a la possibilité le nuancer : – il peut soutenir la violence (en chantant et appliquant les paroles de la Carmagnole) ; – il peut se montrer réservé, prudent ; – il peut même manifester un dégoût pour la violence à laquelle il a d’abord assisté, enthousiaste. Pour les élèves qui ont besoin de passer par les questions pour conduire leur travail, son écriture est plus encadrée puisqu’elle est chronologique sur un schéma « causes/ conséquences » de la journée révolutionnaire du 10 août.

Sujet d’étude 2

(p. 44-45) 

Waterloo, 1815, une bataille de légende Le choix du sujet d’étude, la défaite majeure et symbolique de Napoléon Ier, peut surprendre. Il est en rupture avec des propositions téléologiques attachées à un « Roman national » (Suzanne Citron). Il est néanmoins éclairant sur les enjeux de la période révolutionnaire et impériale. La capacité de mobilisation des forces européennes est sans précédent, des figures majeures combattent à Waterloo, devenu aujourd’hui un lieu de mémoire européen.

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HISTOIRE

Présentation des documents Doc. 1 – Les chefs des armées de la bataille de Waterloo Les portraits sont des formes artistiques habituelles depuis le XVIe siècle. Il est intéressant de comprendre quel pan de leur personnalité est véhiculé lors de ce conflit européen. Napoléon, représenté dans son âge et sa prise de poids, reste déterminé et pugnace. Les portraits de ses ennemis restent plus conventionnels. Doc. 2 – Les mouvements de chaque armée à Waterloo Thierry Lentz est un des grands spécialistes de l’histoire napoléonienne actuellement. Alors que Napoléon Ier a combattu d’Egypte en Russie, Waterloo est un terrain de bataille quasi frontalier, entre la France et la Belgique. Le mouvement des troupes est surprenant et révèle une inventivité militaire des belligérants hors du commun. Sans obstacle naturel majeur, les troupes prussiennes et anglaises entraînent l’armée napoléonienne en la suivant. Le combat n’est frontal que lorsque qu’une partie des troupes françaises est prise en étau à Waterloo. Doc. 3 – Victor Hugo évoque la fin de la bataille de Waterloo Victor Hugo a œuvré à la légende napoléonienne. Il a pourtant grandi auprès de sa mère, Sophie, fervente royaliste ultra. À partir de 1823, Hugo écrit sur la magnificence de l’Empereur. Dans cet extrait des Châtiments, l’admiration d’Hugo est nette en faveur de l’Empereur et l’auteur aborde également le déroulement de la bataille. Napoléon apparaît tel un héros antique, abandonné par les dieux. Doc. 4 – Reconstitution de la bataille de Waterloo, juin 2015 Le bicentenaire de la bataille, en juin 2015, a été l’occasion de spectaculaires reconstitutions. Des hommes et des femmes venus de toute l’Europe y ont directement participé : les associations de reconstitutions historiques et en particulier militaires sont très nombreuses, elles regroupent des passionnés et le succès de l’événement est garanti. En Wallonie, le site de Waterloo est un lieu de mémoire avec un centre mémorial très dynamique et moderne. Le

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visiteur choisit sa visite virtuelle accompagné d’un soldat de l’armée de son choix. Doc. 5 – Waterloo et après ? L’art de la gravure politique et satirique se développe en Angleterre durant les Lumières. Les estampes sont des armes politiques très efficaces durant les guerres révolutionnaire et impériale. Reproductibles à bas coût, elles se diffusent rapidement et sont un langage partagé des Européens. Le thème du nanisme de la famille impériale est classique bien que faux puisque Napoléon était légèrement plus grand que la moyenne des hommes de son époque. Ce handicap est efficace du point de vue du message. Le coup de balai fait référence à une expression langagière populaire : il suffit de nettoyer l’Europe de l’Empereur.

Réponses aux questions 1. Waterloo est situé dans la grande plaine nord européenne. Le site est donc plat, sans embuche, sauf les constructions agricoles. 2. Les forces en présence sont essentiellement les Anglais et les Prussiens, face à la Grande Armée de Napoléon Ier. Chaque belligérant se bat donc dans un espace frontalier. 3. La Grande Armée est très bien équipée. Elle bénéficie d’une cavalerie, de canons, de vêtements militaires pratiques et d’un barda peu encombrant, adapté à la rapidité des offensives. Elle est habituée tant aux sièges qu’aux mouvements. La photographie du document 4 a été choisie pour contraster avec l’issue finale. Les fantassins anglais semblent statiques et piégés. 4. En deux jours pourtant, l’alliance angloprussienne est victorieuse. Napoléon Ier a pris part pour la dernière fois à une bataille : il abdique quatre jours plus tard et est alors conduit à Sainte-Hélène. C’est la fin des Cent-Jours. A l’échelle européenne, la réorganisation territoriale et politique est entérinée à la fin du Congrès de Vienne, en septembre 1815.

Activité Les jeux de reconstitution historique sont célèbres et connus des élèves. Certains pratiquent ces jeux ou bien sont eux-mêmes rédacteurs de micro scenarii sur des chaînes en ligne. Parce qu’elle propose des personnages héroïques, du mouvement et de la stratégie inven-

tive, Waterloo est un support dynamique pour aborder les enjeux européens.

Sujet d’étude 3

(p. 46-47) 

Germaine de Staël, écrivaine, romantique et politique avertie Germaine de Staël (1766-1817) est une figure majeure de la période. Si elle a longtemps été une référence littéraire classique, son œuvre et son engagement sont un peu oubliés aujourd’hui. C’est pourtant une figure européenne majeure. Jean-Denis Bredin ou encore Michel Winock ont écrit sa biographie.

Présentation des documents Doc. 1 – Le salon de Mme Necker Issue d’une famille protestante de la grande bourgeoisie intellectuelle, Germaine de Staël est fille unique, choyée par ses deux parents. Elle reçoit une éducation soignée et participe très jeune au Salon de sa mère. Necker, son père, est renvoyé par Louis XI qui n’accepte pas ses conseils d’un impôt pour tous les ordres de la société. Elle garde néanmoins des liens avec les milieux d’affaires et ne désarme pas pour récupérer l’argent paternel qui lui est dû. C’est bien ici la petite fille aimée et cultivée que l’estampe valorise. Doc. 2 – Le château de Coppet Le château de Coppet, en Suisse près du lac Léman et de Genève, est un héritage familial. Il appartient toujours à ses descendants et est, aujourd’hui, à la fois une résidence d’artistes et un musée. Mme de Staël est enterrée dans son jardin. Cette résidence est à la fois son refuge politique concret lorsqu’elle subit l’exil et aussi un Salon littéraire et artistique moderne à l’orée du XIXe siècle. La fortune de Mme de Staël lui permet, en effet, d’accueillir des artistes venus de toute l’Europe. Doc. 3 – Une opposante à Napoléon Bonaparte Intellectuelle et écrivaine, Germaine de Staël est également très engagée politiquement. Proche de Benjamin Constant, elle conduit une réflexion sur l’organisation de la vie sociale et actualise les idées des Lumières. Sa cible est sans conteste Napoléon Bonaparte. Il représente à ses yeux un condensé des violences

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révolutionnaires qui ont déchiré l’Europe. La citation proposée est un véritable plaidoyer européen. Quant à Napoléon Ier, son propos est haineux. Au-delà d’une menace, il attaque et condamne l’auteure. Doc. 4 – Un violoniste et compositeur fait le portrait de Mme de Staël Reichardt (1752-1814) est un célèbre compositeur et violoniste de la période. Il appartient au mouvement romantique allemand, proche de Schiller et de Goethe et compose des lieder sur des textes de ce dernier. Il séjourne à Coppet et est un proche de Mme de Staël. Son témoignage permet de comprendre l’importance et l’influence de cette femme dans son temps. Doc. 5 – La censure contre une œuvre majeure de la littérature romantique Mme de Staël écrit énormément. En plus d’œuvres littéraires majeures, son journal et sa correspondance sont des sources importantes. Elle souligne à quel point Germaine fut un ennemi à abattre aux yeux de Napoléon. Elle subit la censure et est contrainte à l’exil à Coppet. Il lui est en fait impossible de vivre à Paris. Doc. 6 – Une amie sincère Germaine de Staël anime tout un réseau intellectuel et artistique en Europe et en France. Proche de Chateaubriand, elle est une des plus proches amies de Juliette Récamier ; leur correspondance et leurs rencontres en témoignent. Considérée comme « la plus belle femme de son époque », Juliette Récamier est une femme de lettres, érudite, qui tient un Salon très célèbre à Paris sous la Restauration et la Monarchie de Juillet (jusqu’à sa mort en 1849).

Réponses aux questions 1. Germaine de Staël a grandi à Paris et a participé au salon de sa mère. Elle a aussi beaucoup appris de son père, Necker, ministre des Finances de Louis XVI. Mme de Staël s’oppose à Napoléon car elle critique sa violence et ses choix politiques. Elle doit s’exiler et elle anime un Salon littéraire et intellectuel dans son château en Suisse. 2. Mme de Staël partage ses valeurs dans ses romans, sa correspondance et son activité artistique dans le Salon qu’elle anime et 38

HISTOIRE

finance à Coppet. C’est aussi une Européenne convaincue : elle défend l’idée que les Européens partagent des idées éclairées et savent faire vivre les écrits des philosophes des Lumières. Elle est une cible systématique de Napoléon Ier. 3. Germaine de Staël appartient au mouvement artistique appelé le romantisme. Ses romans ont beaucoup de succès et certains racontent des parcours compliqués de femmes, à la fois engagées dans la vie et emportées par des passions amoureuses. Les émotions, les passions et leur relation à la Raison l’intéressent particulièrement. Le Salon qu’elle entretien est une véritable résidence d’artistes. Elle est un mécène pour de nombreux poètes, musiciens, peintres, romanciers du romantisme.

Activité L’activité est construite de manière spiralaire. La forme d’écriture choisie, la lettre, joue en miroir avec les pratiques d’échanges de Mme de Staël elle-même. De plus, elle permet une grande liberté d’écriture aux élèves et les accompagne dans une première découverte de l’histoire culturelle et politique de l’Europe. C’est aussi pourquoi chaque point peut être le sujet d’une lettre ou bien l’ensemble former une lettre. Cette stratégie pédagogique permet donc d’organiser un travail de groupe pour partager le travail.

Vérifier ses connaissances

(p. 48) 

1. 14 juillet 1789 : Prise de la Bastille 10 août 1792 : Prise des Tuileries, chute de la monarchie 18 brumaire an VIII (1799) : Coup d’État de Bonaparte 1793 : Terreur 26 août 1789 : Déclaration de droits de l’Homme et du citoyen (proclamation) 5 mai1789 : Ouverture des États généraux 2. Les affirmations qui décrivent des bouleversements révolutionnaires sont les suivantes : a. Il n’y a plus de roi en France ; e. Les départements sont créés ; f. Les hommes naissent libres et égaux en droit ; g. Tout citoyen est libre de son opinion, même religieuse. 3. Les symboles de la République française sont : b. le 14 juillet, fête nationale ; c. le drapeau tricolore ; d. La Marseillaise.

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4. c. La Terreur est une période révolutionnaire durant laquelle les Montagnards condamnent et éliminent tous leurs opposants. 5. Exemples de réalisations concrètes de la Révolution changeant la vie des Français : – la conscription obligatoire (loi Jourdan 1798) ; – l’organisation de la vie économique et politique par département ; – les unités des poids et des mesures ; – les impôts. 6. La République est un régime dans lequel le peuple choisit ses représentants par élection.

Exercer ses compétences

(p. 49) 

Appliquer la méthode 1. Le calendrier républicain uniformise le temps. Il annule toutes les divisions religieuses du temps voire les fêtes locales. Ainsi la Répu-

blique unit la Nation et unifie le temps : il est partagé par tous les Français, tous vivent au même rythme. L’an I du calendrier révolutionnaire (21 septembre 1792, proclamation de la République suite à la victoire des Fédérés à Valmy) est donc l’an un d’une ère nouvelle. 2. Les républicains symbolisent ainsi leur force car ils prouvent qu’ils sont démiurges : ils créent une société nouvelle donc un temps nouveau. Pour les opposants à la Révolution, le temps est chrétien, rythmé par l’Eglise, car ils sont attachés au roi de France, Louis XVI, monarque absolu de droit divin. 3. Contrôler le temps est un enjeu fondateur. Le temps partagé par tous les habitants d’un pays est celui de la vie politique, de la vie économique, de la vie judiciaire. Par exemple, un procès a une durée, un marché en ville a des horaires d’ouverture et de ventes.

THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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PARCOURS CITOYEN

Comment le Code civil définit-il les responsabilités dans la famille ?

Accompagnement pédagogique • Pour ce parcours, le défi à relever est double. Il s’agit à la fois d’accompagner les élèves dans la lecture de textes juridiques – apprentissage de lecture singulier –, et aussi de mettre en place une démarche préconisée en EMC : le dilemme moral. • La lecture des articles du Code civil se fait en amont de l’activité proposée. Les élèves sont d’abord conduits à identifier ce qui est compliqué dans la vie de famille, à comprendre que le règlement d’un conflit ne peut pas rester de l’ordre individuel et que la Loi décide aussi de régulations qui concernent la sphère privée tout en respectant l’intimité de chacun. C’est pourquoi le travail concerne un domaine qui concerne chaque adolescent, l’autorité parentale, à un âge du développement psychologique de l’enfant durant lequel les démarches de recherche d’autonomie sont de plus en plus saillantes. Le lien avec l’Enseignement moral et civique est affirmé par une démarche concrète, inscrite dans la vie quotidienne. • Le dilemme moral est une seconde difficulté. En effet, s’il nécessite la recherche d’arguments et le développement préalable d’exemples argumentatifs, comme le débat réglé, un dilemme moral mobilise parce qu’il est insoluble. Une situation familiale de déchirement ou de séparation n’est jamais totalement satisfaisante, tant pour les enfants que pour les adultes. C’est cette reconnaissance de la difficulté qui peut permettre un travail approfondi de maîtrise intellectuelle d’un conflit juridique et accompagner un travail écrit organisé qui identifie le dilemme moral. • La possibilité d’une différenciation est offerte : par exemple développer un ou plusieurs arguments, choisir ou non la solution juridique possible, écrire pour dire ou bien écrire pour rédiger, etc. • Enfin, la rencontre avec une personnalité juridique est exceptionnelle à l’école. Portalis, par sa carrière et son engagement au service de la

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HISTOIRE

Nation, est un grand homme d’État. Dans le cadre du parcours Avenir, son travail permet d’aborder ce que sont des études juridiques. • Lors de cette activité, l’enseignant est attentif aux compétences de compréhension des documents en histoire et à l’expression écrite argumentée des élèves. La prise de parole pour expliquer un dilemme moral se prépare : identification des sources, contextualisation, reconnaissance des destinataires de la loi. • L’enseignant s’attache à valoriser l’élève qui situe les faits et les problèmes dans un contexte historique donné. Il est attentif aux propositions de mise en comparaison et de mise en perspective de situations contemporaines que les élèves peuvent vivre.

Démarche • Au XIXe siècle, ce sont les pères et les maris qui exercent l’autorité parentale. Les femmes sont considérées comme des mineures juridiques. Elles passent de l’autorité paternelle à celle de leur époux. Au XXIe siècle en revanche, la descendante de Portalis peut exercer seule l’autorité parentale. • Le juriste Portalis pourrait être surpris par l’exercice actuel de l’autorité parentale. Ainsi, lorsqu’un enfant travaille (s’il touche des revenus liés à une chaîne Youtube, à sa participation à un film en tant qu’acteur), ses parents ne peuvent pas disposer des revenus qu’il a gagnés. Egalement, les deux parents sont responsables de l’éducation de leur enfant et de son insertion dans un parcours de formation jusqu’à sa majorité. Portalis serait surpris de constater que la justice pourrait se retourner contre un parent dont l’enfant de plus de 16 ans n’a aucun suivi de formation ou d’insertion professionnel. Un autre exemple encore pourrait concerner le choix du partenaire de vie. Le juriste du XIXe siècle ne comprendrait pas qu’un(e) jeune majeur(e) est le choix libre de ses relations amoureuses. • Ce parcours permet donc de comprendre que le droit est contextuel et culturel. Il est une construction sociale et répond à des constats

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établis au sein de la société. De plus, le droit s’adapte, c’est ce que l’on nomme la jurisprudence. Les parlementaires sont des élus de la Nation, ils représentent les citoyens. À ce titre, leur responsabilité est de répondre aux besoins de la société pour assurer un mieux vivre

ensemble. Les réalités démographiques et sociales ainsi que l’augmentation du niveau de formation intellectuelle des citoyens conduit à des choix libres et raisonnés. La loi accompagne, protège et garantit l’exercice de ces libertés.

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PEAC

David : des portraits au service de la Révolution

• Jacques-Louis David (1748-1825) est un peintre et un conventionnel. Il peint des sujets moraux et ses premières œuvres sont exposées au musée du Louvre (Le Serment des Horace, présenté au Salon, en 1785). Il embrasse le mouvement révolutionnaire et devient l’un des peintres les plus demandés. À ce titre, il réalise de nombreux portraits. Les portraits de David sont très riches. Ils sont proches de la réalité physique de la personne. Ils revêtent aussi une dimension politique et David crée des héros de la Révolution française. • L’objet de ce parcours est bien historique car les œuvres de David constituent une frise chronologique des événements révolutionnaires et des acteurs qui les portent. C’est également un apprentissage des différents langages artistiques et une mise en problématique du poids des portraits. Les héros peints par David sont rendus vivants même lorsqu’ils sont peints morts. Le peintre se concentre sur eux, le portrait les incarne. David rend vivant ces personnes. Il les magnifie et leur donne une résonnance. Les élèves sont donc amenés à comprendre la résonnance d’une œuvre d’art et comment elle construit des images partagées dans notre culture commune. Enfin, l’écriture descriptive est un exercice de rédaction exigeant et précis. • Les élèves exercent leur compétence de lecture d’un document iconographique. Ils situ-

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HISTOIRE

ent dans le temps le personnage et ses actions. Ils travaillent les résonnances d’une œuvre et, à ce titre, s’approprient progressivement les dimensions de l’événement en histoire. • L’enseignant valorise les élèves qui s’interrogent sur le destinataire de l’œuvre et les raisons de l’engagement du peintre : pourquoi choisir cette personne, quelle est l’idée portée par cet acteur de l’histoire.

Démarche 4. Jean-Paul Marat est né en 1743 en Suisse. Il fait des études de médecine et se fixe à Paris où il exerce. Il rédige de la philosophie et tente des expériences de physique sur la lumière, le feu et l’électricité : c’est un intellectuel de l’époque des Lumières. Avec la révolution, il devient journaliste et rédige des pamphlets. Il fonde et anime un journal, L’ami du peuple, et s’engage pleinement dans le mouvement révolutionnaire. Il est proche des sans-culottes et des Montagnards. Il est assassiné par une jeune femme liée aux Girondins le 13 juillet 1793 alors qu’il prenait son bain. 5. De son vivant, Marat est considéré comme une personne engagée et courageuse, audacieuse et fraternelle. Mort, Marat semble calme : il est assassiné en plein travail pour son journal. 6. Marat semble innocent. David en fait un martyr de la Révolution.

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AP

Coopérer et mutualiser (étudier l’histoire du sucre)

• L’activité a pour objectif de faire réfléchir les élèves sur un changement fondamental d’histoire « matérielle » au XVIIIe siècle : la banalisation du sucre dans l’alimentation européenne. Elle comporte plusieurs niveaux qui pourront être adaptés à l’hétérogénéité de la classe. • Activité 1 : il s’agit d’inciter les élèves à effectuer de la recherche documentaire en utilisant notamment les sites ressources mentionnés et de les guider dans la mise au point d’un diaporama qui pourra prendre la forme d’un Powerpoint classique ou d’un « Prezi ». L’importation d’images ou de graphique est aussi une compétence à travailler, en particulier la pertinence du choix du document importé. Les élèves peuvent travailler en binôme en salle informatique, chaque binôme produisant une diapositive. • Activité 2 : cette activité peut être interdisciplinaire car elle fait appel à des notions de chi-

mie, de physique et de biologie. L’activité peut être répartie entre plusieurs binômes qui effectueront des recherches sur un aspect particulier. Un binôme travaillera par exemple sur l’aspect « produit transformé » tandis qu’un autre étudiera l’« acclimatation de la canne ». • Activité 3 : elle comporte une partie rédactionnelle réduite, ce qui permet aux élèves de se concentrer sur la recherche documentaire. Par leur participation à l’activité collective, ces élèves, peut-être plus en difficulté, prennent conscience de l’extension de la culture du sucre au XVIIIe siècle et sont conduits à mieux comprendre les éléments abordés dans le chapitre sur les négoces internationaux et les traites négrières au XVIIIe siècle.

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EPI

Les sciences au service du progrès – 1) Les poids et mesures

• Le projet transdisciplinaire est ici novateur et néanmoins essentiel. L’histoire des sciences possède un lieu majeur en France, créé durant la Révolution française : le Conservatoire des Arts et Métiers : « Il faut éclairer l’ignorance qui ne connaît pas, et la pauvreté qui n’a pas le moyen de connaître. » (Rapport sur l’établissement d’un Conservatoire des arts et métiers, 1794). L’évolution des savoirs scientifiques et des progrès techniques est à mettre à la portée de chaque élève, tant dans le cadre du parcours Avenir et de l’effort qui est à mener pour que les filles à s’engagent dans des carrières scientifiques et permettre à tous les élèves d’accéder à une culture scientifique citoyenne. • La démarche est donc concrète et prend appui sur des instruments de la vie quotidienne. Les mesures (du temps, des valeurs, des longueurs, des masses…) appartiennent à tous et leur unification est rendue possible par la conjonction des progrès scientifiques et d’une volonté politique ainsi que d’une appropriation rapide dans les usages de la vie quotidienne. À partir de 1791, le mètre est la base

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HISTOIRE

du nouveau système métrique. Il est théoriquement défini comme égal à la dixmillionième partie du quart du méridien terrestre. Il fallait alors connaître dans la pratique la longueur de ce dernier. L’académie des Sciences en est chargée. Elle publie un « rapport sur le choix des unités de mesure » et prévoie les étapes de ces travaux : la longueur du méridien serait déterminée à partir d’un arc de 9 degrés et demi entre Dunkerque et Barcelone, la méthode employée serait la triangulation. La transférabilité d’une avancée scientifique est un enjeu. Les élèves peuvent donc déjà appréhender le rôle des inventeurs, l’intérêt des innovations et leurs différentes mises en application dans les industries (l’industrialisation de l’Europe). • Les horloges de la période révolutionnaire condensent toutes ces caractéristiques. Les symboles républicains sont présents et ils forment le décor des objets. Leurs usages sont concrets et la technicité des rouages peut être abordée en relation avec les sciences mécaniques.

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DNB

Histoire, Géographie et Enseignement moral et civique

Exercice 2 – Maîtriser différents langages pour raisonner et se repérer (avec aide à la démarche) Les trois axes suggérés par la consigne permettent de conduire le travail de rédaction : – Des transformations politiques en lien la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, le droit de réunion, la liberté de la presse. On peut également réfléchir au fonctionnement des nouveaux régimes qui reposent sur la souveraineté, la répartition des pouvoirs, le suffrage… – Des transformations économiques à mettre en relation avec les transformations sociales qui reposent sur le principe de la liberté d’entreprendre, sur la plus grande accessibilité à des emplois jusqu’alors réservés à la noblesse. – Pour les questions de société, le travail peut être conduit sur la disparition des privilèges, la place des femmes ou la question de l’esclavage Exercice 2 – Maîtriser différents langages pour raisonner et se repérer (application de la démarche) Le développement de l’économie de plantation dans les colonies contribue au développement des échanges de diverses natures : produits agricoles (sucre, tabac, café…), produits manufacturés en lien avec le développement de la traite négrière. Les grands marchands, les négociants, les marins transitent au sein de cet espace atlantique et apparaissent comme des « passeurs de rives ». Par ces flux permanents, les deux rives de l’atlantique sont informées des idées et des agitations révolutionnaires. L’élargissement des horizons conduit les gens de lettres et de sciences à questionner, interroger les fondements politiques, sociaux et religieux du monde. Les révolutionnaires américains sont « nourris » de l’esprit des Lumières, La Fayette ou le comte de Ségur combattent aux côtés des « Insurgés » alors que Benjamin Franklin, lui qui « a ravi au ciel la foudre et le sceptre aux tyrans », ainsi que Thomas Jefferson, ambassadeur, se rendent en France et instruisent les révolutionnaires français sur les théories constitutionnelles.

Ces brassages d’hommes, l’expérience des armes constituent de puissants facteurs de politisation au sein du monde atlantique. Exercice 3 – Enseignement moral et civique 1. Le texte est rédigé par les députés du Tiers Etat rejoint par certains des deux autres ordres qui ont fait le serment du jeu de Paume (20 juin) et qui se sont proclamés Assemblée Nationale Constituante (9 juillet). Ce sont des hommes qui ont vécu les événements de l’été : prise de la Bastille, Grande Peur, Nuit du 4 Août. Avec ce texte, l’Assemblée nationale affirme tout à la fois la reconnaissance des droits naturels et l’exercice de la citoyenneté dans le cadre de la nation. Les 17 articles constituent ainsi l’alphabet politique d’un monde nouveau. 2. La liberté : possibilité de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. La propriété : droit de posséder et d'user un bien totalement et en exclusivité. La sûreté : la protection. La résistance à l’oppression : la possibilité de se soulever contre une menace extérieure mais aussi intérieure (se soulever contre l’arbitraire). L’égalité n’est donc pas un droit naturel, c’est un droit défini par la loi. Mettre en avant la propriété interdit d’en faire autant avec l’égalité car placer l’égalité au-dessus de l’organisation sociale constitue en soi une menace pour la propriété. Inaliénables : qui n’est pas négociable, que l’on ne peut ôter. Sacré : qui est digne d’un respect absolu. Imprescriptibles : qui n’a pas de limite dans le temps, une valeur éternelle. Naturels : issu de la nature humaine, que l’on obtient dès la naissance quelle que soit sa condition. 3. La notion la plus présente est celle de la Loi. Il s’agit de l’expression de la volonté générale. La loi est là pour punir (infractions commises) et pour protéger et en somme assurer l’égalité où la seule distinction porte sur les vertus et les talents. La loi n’est pas rétroactive et ce qu’elle n’interdit pas est autorisé.

THEME 1 > Le xviiie siècle. Expansions, Lumières et révolutions

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THÈME 2

L’Europe et le monde au xixe siècle Présentation du thème Au XIXe siècle, l’Europe connaît une double expansion. La première essentiellement économique fait du continent l’aire de la « révolution industrielle » : les transformations ne sont pas qu’industrielles, elles concernent toute l’économie (agriculture, commerce, finance, etc.), la démographie, la politique et les idéologies, les organisations sociales, la culture… En partie liée à la première par l’émigration et les échanges, la seconde expansion de l’Europe est celle de la nouvelle phase de colonisation, la première ayant été étudiée dans le thème 1. Après les indépendances américaines et les abolitions de l’esclavage, les Européens se tournent vers l’Afrique et poursuivent leurs conquêtes en Asie.

Présentation des pages d’ouverture

(p. 60-61) 

1 Édouard Riou, L’Inauguration du canal de Suez, 17 novembre 1869, huile sur toile (300 x 204 cm), musée national du château de Compiègne • La peinture d’Édouard Riou (1833-1900) est une œuvre de commande de Ferdinand de Lesseps (1805-1894) représentant la manifestation d’inauguration du canal de Suez le 17 novembre 1869. Elle permet de présenter le thème intitulé « L’Europe et le monde » et de s’interroger sur la nature de la relation entre les deux entités : contact, présence, domination. Le décor de lagune et la foule des populations « orientales » au premier plan fournissent le cadre du sujet développé : les Égyptiens ont formé l’abondante main d’œuvre qui a creusé les 160 km du canal pendant les dix ans de travaux. Au second plan l’Europe est présente sous toutes ses formes : politique, culturelle, économique, technique. • On peut ainsi distinguer la tribune officielle où siègent les délégations européennes – et égyptienne – prêtes à écouter l’opéra commandé à Verdi, Aïda (l’Égypte certes, mais

ancienne et quasiment mythique) ; les drapeaux tricolores de la France détenant la majorité des capitaux ; les navires européens prêts engager la traversée inaugurale : le canal a été pensé dès sa conception pour des navires à vapeur ; le phare électrifié édifié grâce aux nouvelles technologies occidentales.

2 Pour découvrir le thème Dans la peinture réalisée pour célébrer l’inauguration du canal de sujet, la présence et la puissance de l’Europe sont politiques (présence de personnalités et de navires des pays majoritairement européens), économiques (financement surtout français, mobilisation d’une très nombreuse main-d’œuvre, développement du commerce international), techniques (creusement du canal, utilisation de la machine à vapeur et de l’électricité).

Pages Regards

(p. 62-65) 

Construire des repères historiques 1. Les foyers de la première industrialisation (avant 1880) sont concentrés dans le NordOuest de l’Europe : Grande-Bretagne (Midlands, Yorkshire…), France et Belgique (Flandres, Borinage), Allemagne (Ruhr, Saxe, Silésie). Dans ces régions, des innovations techniques (machine à vapeur, chemin de fer) exploitent des ressources (charbon) et développent des activités industrielles (métallurgie, industrie textile). 2. L’industrialisation s’est accompagnée de la croissance de grandes villes d’Europe (plus de 500 000 habitants en 1910). Ces dernières sont plus nombreuses et leur croissance est plus forte dans l’Europe du Nord-Ouest et en Europe centrale. L’émigration rurale vers les villes y est aussi plus forte. 3. En Allemagne, Grande Bretagne et en France, les premières lois sociales d’avant 1850 concernent surtout l’interdiction du travail des enfants dont l’âge est progressivement relevé par la suite. Les droits des salariés (liberté

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syndicale, droit de grève) sont reconnus principalement entre 1850 à 1880. La protection des salariés (accident, maladie, vieillesse) est instaurée à partir des années 1880. 4. L’Afrique est progressivement explorée et conquise par les puissances européennes au

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HISTOIRE

XIXe

siècle : France (Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Afrique équatoriale), Royaume-Uni (Afrique de l’Est), Portugal, Allemagne, Belgique. Le congrès de Berlin reconnaît ce partage de l’Afrique entre elles.

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CHAPITRE

4

L’Europe de la « révolution industrielle »

Présentation du chapitre • Le XIXe siècle se caractérise par un processus d’industrialisation qui bouleverse l’organisation de la production comme l’organisation sociale. De nouvelles idéologies répondant de diverses manières à la question sociale naissent et se développent. • La problématique retenue pour le chapitre est donc : Comment le processus d’industrialisation de l’Europe marque-t-il les espaces et les hommes qui y vivent ? Il s’agit de montrer les bouleversements divers liés à des changements techniques et leur impact sur la vie des hommes au travers de deux cours dont les problématiques se complètent pour répondre à celle du chapitre. Pour le cours 1 : Comment les innovations influent-elles sur la vie des hommes ? Il s’agit de faire le lien entre les dimensions économiques et sociales. Pour le cours 2 : Comment la misère des ouvriers de l’industrie conduit-elle à des réponses politiques ? On part des conditions de vie des ouvriers pour analyser les diverses idéologies naissantes.

Présentation des documents Doc. 1 – Carte postale : le viaduc de Garabit • Le support lui-même, la carte postale est un élément de modernité puisqu’il met en avant le développement de la photographie. Elle constitue un moyen de promotion de l’Auvergne, mise en valeur par la construction d’une voie ferrée qui la relie à d’autres régions. L’auteur de la carte postale a conscience de l’importance que revêt le chemin de fer pour le développement de sa région. On peut considérer que la calèche est « l’aujourd’hui » des habitants des Causses et que le chemin de fer est leur « demain », constituant une modernité acceptée et même admirée. Le passage de la force animale, celle du cheval à la force mécanique, celle du cheval vapeur est mis en avant par le photographe. • En 1878, Léon Boyer, ingénieur chez Eiffel est responsable des études de la ligne de chemin de fer de Marvejols (Lozère) à Neussargues

(Cantal). Pour résoudre le problème que pose le franchissement des gorges de la Truyère, il s’inspire de la réalisation du viaduc Maria Pia de Porto achevé un an plus tôt par l’entreprise Eiffel. Il impose ainsi l’idée d’un tracé direct de la voie ferrée sur les plateaux et un franchissement de la Truyère à grande hauteur. Ce pont ferroviaire se compose d’un tablier métallique long de 554,69 m supportant une voie ferrée unique qui repose sur sept piles en fer puddlé de hauteur variable. L’arc au-dessus de la rivière a une portée de 165 m et une hauteur de 52 m comme le précise l’inscription sur la carte postale ; c’est dire comme cela paraît extraordinaire à l’époque de la construction du viaduc. • Le viaduc fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 1965. Doc. 2 - Hippolyte Lety, L’usine électrique du Nord à Croix-Wasquehal • Hippolyte Lety (1878-1959), est peintre aux Beaux-Arts de Tourcoing de 1911 à 1938. Sa formation est solide, ses maîtres nombreux. La peinture d’Hippolyte Lety évolue de l’académisme de Galathée et Polyphème, primé au Salon de 1908 pour laisser la place à une peinture aux accents impressionnistes puis plus figurative comme l’usine électrique du Nord. Le choix de ce sujet souligne l’intérêt qu’il porte aux nouveautés industrielles. • Le tableau de Lety propose sa vision de l’usine : un site avec un accès à des matières premières et qui dispose de moyens de transport modernes. Le travail manuel peu qualifié est représenté ainsi que des bâtiments de grande taille qui montrent que l’usine moderne est dévoreuse d’espace. De la fumée et du brouillard noient les bâtiments, créant une ambiance qui est typique du Nord pour le peintre. • Louis Loucheur, polytechnicien et homme politique, (« loi Loucheur » sur le logement social- habitations à bon marché (HBM) de 1928) est à l’origine de la création de cette usine électrique en 1907 sur un site propice ; la construction de l’usine est terminée en 1912. Le tableau de Lety témoigne de THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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l’aboutissement du processus d’industrialisation à la fin d’un long XIXe siècle. Lorsque la création de cette usine est décidée, l’agglomération de Lille Roubaix Tourcoing ne dispose d’aucune alimentation en électricité, le besoin est donc énorme.

Réponses aux questions 1. Le photographe a fait le choix de faire poser une famille, manifestement endimanchée, qui se promène en calèche devant le viaduc de Garabit. Les habitants ont conscience de l’importance du rail. Les innovations dans le secteur de la métallurgie, la production importante de l’acier ont permis la prouesse technique que représente ce viaduc. 2. Au premier plan de l’œuvre, on voit les matières premières : charbon en tas (des ouvriers pellettent le charbon tandis que d’autres poussent les wagonnets remplis de celui-ci) et eau du canal. La place des moyens de transport est importante : canal, pont métallique en arrière-plan. La majeure partie de l’œuvre est occupée par les bâtiments massifs de l’usine, en bois, métal (passerelles entre les bâtiments) et béton. Les cheminées, caractéristiques de la représentation industrielle tout au long du XIXe siècle, fument, montrant ainsi la prospérité de l’entreprise. Au centre de l’œuvre se trouve le pylône électrique qui permet de comprendre la fonction de l’usine, il prend d’autant plus de place que son reflet dans l’eau le prolonge.

Cours 1

(p. 68-69) 

Quatre documents ont été retenus pour ce cours qui s’intéresse aux innovations et notamment à leurs conséquences sociales. Ce sont, à part la Locomotion, des représentations artistiques. Les artistes sont des observateurs de leur temps qu’ils traduisent par leur art. Dans le document 1, le photographe Thomas Annan répond à une commande, pour autant, ses angles de vue, son œil, font de ses photos des œuvres d’art qui soulignent la précarité de l’habitat ouvrier. L’œuvre de Menzel traduit sa fascination pour l’industrialisation comme sa vision de l’ouvrier étranger à son monde ; enfin Zola s’intéresse à l’argent, à la finance comme moteur de l’industrialisation. Ce corpus permet donc de relier l’innovation au tra50

HISTOIRE

vail ouvrier, à son mode de vie et au financement du progrès technique.

Présentation des documents Doc. 1 - Un quartier populaire à Glasgow, Ecosse, 1866 • Thomas Annan est né en 1829 à Dairsie, Fife ; il quitte à 16 ans la ferme de son enfance pour être apprenti dans l’imprimerie du journal local. Après sa formation, il se rend à Glasgow où il travaille dans la lithographie. T Annan se convertit à la photographie qui prend son essor depuis le milieu des années 1850 et se fait connaitre en tant que photographe. Il obtient en 1868 une commande de la ville de Glasgow pour garder la mémoire des taudis qui doivent être détruits. La ville connaît alors un boom démographique : la population a quadruplé entre 1800 et 1850 ; elle quadruple de nouveau entre 1850 et 1925. • L’accès aux logements se fait par des venelles en impasse, « close » en anglais. Ils donnent souvent sur des cours intérieures. L’équipement sanitaire est inexistant : une simple pompe à eau dans la cour ou la rue, le plus fréquemment pour plusieurs centaines d’habitants. Ces logements rapportent beaucoup à leurs propriétaires qui exploitent littéralement les classes populaires. Les conditions de vie sont désastreuses : humidité et manque de lumière favorisent les épidémies. Doc. 2 - La Locomotion de George Stephenson, 1825 • Les premières locomotives sont des locomotives routières. Pour mémoire, Joseph Cugnot, construit un fardier à vapeur en 1770, que l’on peut voir au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris. À la même époque que Stephenson, en mars 1822, l’anglais Julius Griffith fait breveter une voiture à vapeur pour le transport des voyageurs sur les routes, mais cette machine n’a guère de succès. En 1814, George Stephenson construit une locomotive pour le transport de la houille du charbonnage de Killingworth jusqu’à Helton. En 1825, quatre locomotives Stephenson circulent sur le chemin de fer de Stockton à Darlington, près de Newcastle. • Sorte de remorque sur un essieu bas qui sert à transporter des pondéreux, celui de Cugnot

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est un fardier d’artillerie, c’est le premier véhicule automobile ; il roule encore ! Doc. 3 - Adolf von Menzel, La Forge, 1875, Nationalgalerie, Berlin • Menzel déclare ; « la chaleur, la fatigue, le bruit, l’agitation jaillissent littéralement du tableau sur l’observateur. » Alors que l’Allemagne subit la crise économique mondiale de 1873, le peintre réaliste allemand Adolf von Menzel entreprend une large composition représentant le travail dans les aciéries de Haute-Silésie ; il est le porte-drapeau du réalisme en Allemagne. Menzel a choisi lui-même de peindre la vie des travailleurs à l’usine en suggérant ce thème à un banquier berlinois, Adolf Liebermann. Son tableau représente une aciérie où le travail en équipe s’effectue dans des conditions de travail éprouvantes et dangereuses. Le manque d’air, la saleté et la chaleur caractérisent le lieu. Les ouvriers sont rivés symboliquement à leur machine par les barres métalliques verticales qui rappellent des barreaux de prison. Ils apparaissent prématurément usés, et en quelque sorte déshumanisés par la machine, les rythmes de travail, la longueur des journées, la massification et la répétitivité des tâches. • Plusieurs degrés de lecture peuvent être mis en œuvre : von Menzel valorise davantage l’épopée industrielle qu’il ne dénonce les conditions de travail des ouvriers, de ces hommes prométhéens, ce que laisse entendre le soustitre : Les Cyclopes modernes. La représentation de l’ouvrier peut être qualifiée de bourgeoise : c’est un type social, marqué par un corps puissant, presque animal. Ce corps « fort » de l’ouvrier le rendrait insensible aux mauvaises conditions de travail qui deviennent ainsi, en quelque sorte, acceptables. L’organisation du travail dans les usines modernes du XIXe siècle est à mi-chemin entre l’usine et l’atelier, tâtonnante plus que rationnalisée ; ici pas de travail à la chaîne. Cette absence d’organisation rationnalisée renvoie aussi à une certaine autonomie des ouvriers qui maîtrisent un savoirfaire empirique. Ceci est rendu par le groupe d’ouvriers qui mange à côté de la fonderie. Cette partie de l’œuvre permet aussi de souligner les héritages de l’atelier ou des champs, mais rappelle surtout que les ouvriers s’appro-

prient par leurs luttes leur temps et leur lieu de travail et que les horaires démentiels (de 10 à 14 heures par jour dans les deux premiers tiers du XIXe siècle) s’accompagnent d’accommodements. Ces difficiles conditions de travail sont sans doute le prix à payer pour la formidable révolution industrielle allemande, que Menzel célèbre. Doc. 4 - Émile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883 Au Bonheur des Dames est le 11e tome des Rougon-Macquart. Un des thèmes principaux du roman concerne la lutte entre le petit commerce et les grands magasins ; elle est racontée par le biais de l’histoire de Denise Baudu, jeune Normande de vingt ans qui arrive à Paris avec ses deux petits frères Jean et Pépé. Elle découvre place Gaillon le magasin Au Bonheur des Dames qui la fascine d’emblée. Lui faisant face se trouve la boutique Au Vieil Elbeuf, propriété de son oncle chez qui elle se rend. Il ne peut l’embaucher car son commerce périclite du fait de la concurrence du grand magasin. Denise travaille alors Au Bonheur des Dames, dirigé par Octave Mouret. Il est devenu propriétaire grâce à son mariage (raconté dans Pot-bouille), d’une boutique peu à peu agrandie et modernisée. Son succès est immense et arrive le jour où une recette record est enregistrée.

Réponses aux questions 1. Les bâtiments sont hauts et étroits, avec 3 à 4 étages en moyenne. Ils mêlent pierre et bois, et comportent de raides escaliers extérieurs, ils sont serrés les uns contre les autres, laissant peu de lumière pénétrer dans les pièces. Les habitants, massés au pied de l’escalier, sont pauvrement vêtus : pantalons et vestes de travail ; ils ont des casquettes (seuls les ouvriers en portent), les fillettes portent des tabliers. 2. Les matériaux qui constituent la Locomotion sont le métal (fer, fonte, acier) et le bois. 3. Le bâtiment représenté est une grande halle de verre et de fer, les larges baies vitrées permettent à la lumière du jour d’entrer. La charpente métallique de cette halle est triangulaire, et élevée. Cette hauteur sous plafond est rendue nécessaire car les machines comme le laminoir central sont énormes. Les roues,

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engrenages, barres de transmission, ou chéneau du laminoir sont tous en métal : fer, fonte et acier. 4. Certains ouvriers sont massés autour du laminoir, ils travaillent le métal en fusion avec des tenailles à long manche. Des ouvriers sont auprès de toutes les machines, ils les servent, se déplacent entre les machines, tous semblent affairés. Certains sont assis à même le sol et déjeunent. 5. Les mots qui désignent l’argent apporté sont de différents types : – mots qui désignent le gain : recette, un million, deux cent quarante-sept francs, quatrevingt-quinze centimes, million répété plusieurs fois ; – mots qui désignent la matière : cuivre, argent, billets, or ; – mots qui désignent les moyens de porter l’argent au bureau de Mouret : sacs, portefeuilles, sacoches.

Cours 2

(p. 70-71) 

Les quatre documents retenus soulignent des engagements politiques divers qui ont des conséquences sur le mode d’action des auteurs ou acteurs des lieux montrés. Karl Marx est l’incontournable penseur politique pour réfléchir aux changements dans le monde du travail au XIXe siècle ; Victor Hugo est moins attendu mais son engagement politico-social souligne encore une fois qu’un artiste peut mettre son art au service de ses idées. Les deux empires industriels traduisent des choix idéologiques différents tout en présentant des aspects matériels communs et qui sont dans une forme de réflexion caractéristique de la période. L’ensemble du corpus répond donc bien à la problématique du constat de la misère ouvrière et des types de réponses apportées sur le plan de la pensée politique.

Présentation des documents Doc. 1 - Le complexe industriel du Creusot en 1847 • L’histoire des Schneider au Creusot est détaillée sur le site www.lecreusot.com (Découvrir > Histoire > Les Schneider > Dynastie). On y trouve des renseignements divers : histoire de la famille, stratégies de l’entreprise, mais aussi

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HISTOIRE

des descriptions d’innovations comme le marteau pilon de François Bourdon qui est essentiel pour le succès des forges. La fabrication de l’acier est bien décrite comme le travail des puddleurs au travers d’un extrait littéraire de Jules Verne. Une vidéo de 2’50’’ peut aider à faire comprendre le fonctionnement de l’entreprise (Découvrir > Vidéos du Creusot). • L’historien Gérard Noiriel distingue le patronage du paternalisme ; ce sont deux types de rapports d’ouvriers à patron qui se substituent l’un à l’autre, la rupture chronologique se situant à la fin du XIXe siècle, dans les années 1880-1890. Il reprend le terme de patronage qui concerne les patrons de la grande industrie naissante, en particulier dans l’industrie lourde. L’action du patron est acceptée par les ouvriers et s’inscrit dans le cadre de rapports sociaux traditionnels du monde rural où les notables dominent. Le paternalisme est un système plus abouti, plus complexe. La main d’œuvre est plus encadrée, l’autorité du patron plus brutale, mais sa contestation plus fréquente (grandes vagues de grèves en 1870, 1899 au Creusot qui ont entraîné un durcissement du paternalisme par l’accroissement du contrôle sur tous les secteurs de l’activité des ouvriers). Les entrepreneurs souhaiteraient une société sans lutte de classes et reposant sur des bases cordiales. Le paternalisme comme chez les Schneider place les ouvriers dans une communauté imprégnée par un modèle familial ; cela passe par le contrôle de l’espace de vie et du temps des hommes (travail et loisirs). Ce choix de managérat comporte un volet social avec ses écoles, ses services d’assistance et de soin… • Au Creusot, les principes de base se développent : instruire et soigner ; loger et moraliser. Sur la gravure on peut repérer les bâtiments de travail, les hauts fourneaux caractérisés par les cheminées qui fument et les grandes halles à charpente triangulaire. En matière d’habitat on distingue la demeure des Schneider à l’arrière-plan (bâtiment classique à deux ailes), à gauche de l’église qui est au centre de l’image, les casernes ouvrières au 1er plan à droite de l’image entourées de jardins et auxquelles sont associées les bâtiments tels que l’école et l’hôpital. Les maisons individuelles de la cité ouvrière sont massées au second

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plan à droite de l’image, avec des jardins ouvriers. Doc. 2 – Karl Marx, extrait du Manifeste du Parti communiste, 1847 Le Manifeste du Parti communiste est un essai politico-philosophique rédigé par le philosophe allemand Karl Marx en 1847 ; il affirme les idées d’un mouvement en plein essor. Marx énonce quelques idées fortes : la lutte des classes qui oppose dans un antagonisme simple bourgeois et prolétaires ; la formation d’un marché mondial qui induit le capitalisme comme mode de fonctionnement de ce marché et l’existence du salariat qui permet la formation et l’accroissement du capital. Doc. 3 – Victor Hugo, « Melancholia » (extrait), Les Contemplations, Livre III, 1856 En 1856, Victor Hugo publie « Melancholia », poème en alexandrins. Il y a un lien fort entre la forme poétique et le contenu qu’elle sert ; le domaine 1 du socle peut ainsi être travaillé en réinvestissant des outils du cours de français. Hugo emploie une modalité interrogative dès le 1er vers afin de susciter l’intérêt du lecteur. Il l’interpelle par le registre pathétique qu’il choisit ; l’antithèse « tous » et « pas un seul » insiste sur ce qui serait normal : que les enfants rient, soient insouciants. Aux vers 2 et 3, Hugo utilise une anaphore, par la répétition de « ces » en début de phrase accompagné d’une caractérisation des enfants qui lui permet ensuite de souligner leur servitude. L’adverbe « sous » qui revient à plusieurs reprises renforce cet effet. Les enfants ne sont plus que des outils (dernier vers) utilisés pour le profit : « travailler quinze heures sous les meules, de l’aube au soir ». Pour Victor Hugo, le monde de l’usine est comparable à l’enfer, il emploie à différents moments des métaphores pour personnifier les machines, « les dents d’une machine sombre », « Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre ». Les allitérations sont utilisées pour reproduire le mouvement de la machine qui mâche. Hugo oppose la faiblesse des enfants (« doux êtres pensifs », « accroupis sous les dents d’une machine sombre », « Innocents dans un bagne ») à la puissance des machines. Son choix lexical fait monter dans l’horreur « prison, bagne, enfer », il incite le lecteur à pren-

dre parti contre ce monde d’oppression des innocents. Les phrases nominales et les modalités exclamatives – par exemple au vers 14 l’adverbe « hélas » –renforcent le pathétique et nourrissent son point de vue. « Melancholia » est un texte à visée argumentative. Hugo y dénonce l’injustice sociale : améliorer le sort des pauvres est le combat de sa vie, il le poursuit dans Les Misérables. Doc. 4 – Le Familistère de Jean-Baptiste Godin à Guise : le théâtre et l’école • Le site http://www.familistere.com/ présente des photos du Familistère ainsi qu’une biographie détaillée de Jean-Baptiste Godin (1817-1888). Il y est rappelé que Godin a conçu son entreprise comme la réalisation d’une utopie : il a en effet appliqué les préceptes de Charles Fourier pour la penser. Le groupe de bâtiments, est achevé en 1870, il est en face du pavillon central, de l’autre côté de la place centrale ; sa situation signifiant son importance pour Godin. Les écoles flanquent le théâtre ; à sa gauche, c’est l’école des garçons, à droite, celle des filles. Des photos de ce groupe de bâtiments sont disponibles sur le site du Familistère. • La dimension éducative est essentielle dans la pensée de Godin ; l’éducation est la condition de l’émancipation des classes populaires. Tous les enfants vont à l’école jusqu’à 14 ans (lois Ferry : jusqu’à 13 ans seulement), elle est gratuite et laïque. Pour les tout-petits, il crée la nourricerie-pouponnat ; pour les enfants de 4 à 6 ans, l’asile ou bambinat et l’école primaire pour les plus grands. L’éducation est intégrale ; elle est aussi permanente. Le théâtre propose un programme de conférences et de spectacles, les écoliers peuvent y accéder directement des préaux couverts sur lesquels donnent les portails des écoles. Une bibliothèque publique est aménagée à côté des écoles, elle est ouverte le soir. Les ouvriers peuvent se divertir en s’instruisant.

Réponses aux questions 1. Les bâtiments liés au travail occupent une place importante sur la gravure, au centre et au 1er plan à gauche ; ce sont de grandes halles à la charpente triangulaire associées à des hauts fourneaux dont les cheminées fument. Les plus anciens hauts fourneaux sont THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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conservés à l’arrière-plan et à gauche de l’image. L’habitat est divers : hôtel particulier des patrons à l’arrière-plan et à gauche de l’église, maisons des ouvriers : habitat collectif ou « casernes » au 1er plan à droite, habitat individuel ou « cité ouvrière » à l’arrière-plan à droite. L’église est au centre de l’image. Des jardins sont représentés : au 1er plan à droite, des jardins collectifs pour le loisir, autour de la demeure des patrons un parc privatif, on devine dans la cité ouvrière des jardins ouvriers. 2. Selon Marx, la société bourgeoise a fondé l’industrie moderne dans laquelle les ouvriers subissent une organisation militaire, un véritable esclavage (vis-à-vis de la classe bourgeoise, l’État bourgeois). Ils sont rivés à la machine et dépendent totalement de leur patron. Comme les ouvriers sont nombreux au sein des usines modernes, ils peuvent s’organiser pour lutter. Ils prendront d’abord conscience de leur condition de prolétaires puis de la force liée à leur nombre. On peut imaginer que Marx attend qu’ils fassent des grèves, et même une révolution. 3. Victor Hugo condamne le travail des enfants par son choix lexical : – Description des enfants : tristesse : « pas un seul ne rit », la mauvaise santé : « la fièvre maigrit » « pâleur » « bien las », « rachitisme », ce sont « des innocents dans un bagne, des anges dans un enfer ». – La servitude des enfants : « travailler quinze heures », « la même prison le même mouvement », « jamais on ne s’arrête, jamais on ne joue » « servitude infâme », « Travail mauvais… Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil ». – La machine personnifiée : « les dents d’une machine sombre », « monstre hideux qui mâche », « tout est d’airain, tout est de fer ». 4. Une grande esplanade est située devant les trois bâtiments. Le théâtre est le bâtiment le plus monumental, il est au centre ; de part et d’autre on voit les deux écoles. Les matériaux de construction sont essentiellement les briques pour les murs (on est dans l’Aisne), les tuiles pour les toits et le bois pour les fenêtres. Le style des trois bâtiments est le même, la symétrie est très présente : partage des fenêtres de part et d’autre de l’entrée du théâtre, nombre de fenêtres à l’étage identique au 54

HISTOIRE

nombre de fenêtres de la façade des écoles ; entrées de celles-ci jouxtant à droite et à gauche le théâtre. Les décors sont les mêmes sur les trois bâtiments : jeux de briques, pots à feu surmontant les colonnes décoratives et le faîte du toit, linteaux ornementés. 5. Charles Fourier a imaginé un mode de vie communautaire et humaniste permettant à tous les hommes de bénéficier de bonnes conditions de vie. Godin enrichit le projet de Fourier car il veut apporter le savoir à ses ouvriers ; le progrès social est lié à l’instruction : les écoles et le théâtre sont des lieux d’apprentissage.

Sujet d’étude 1

(p. 72-73) 

Manchester, dite « Cottonopolis », une ville à l’âge industriel Le choix de Manchester pour présenter une ville industrielle au XIXe siècle se réfère à différents éléments. La ville dispose d’une bourse de commerce depuis 1729. Son développement lié à l’industrie cotonnière est précoce ; par exemple c’est à Manchester qu’en 1780 Richard Arkwright construit la première filature de coton. Au XIXe siècle, l’urbanisation est aussi rapide que désordonnée et incontrôlée. Elle répond à l’installation en ville de nombreuses usines textile et d’industries qui les servent (machines-outils, chimie) ; ces usines bénéficient pour leur approvisionnement et leurs débouchés d’infrastructures de transport diverses (canal, voie ferrée). Le premier Trades Union Congress a eu lieu à Manchester (au Mechanics Institute, dans David Street) du 2 au 6 juin 1868.

Présentation des documents Doc. 1 – Manchester au cœur de sa zone d’influence L’intérêt de cette carte est de montrer la situation de Manchester par rapport aux villes voisines et le trajet que fait le jeune rural dans la ville en suivant l’ordre des autres documents. Doc. 2 – Manchester from Kersal Moor, William Wyld La famille de William Wyld (1806-1889) était aisée, son père marchand souhaitait que son fils marche sur ses pas, mais ce dernier a été attiré très tôt par le dessin. Il a exercé divers

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métiers, beaucoup voyagé, notamment en France et Italie mais aussi en Orient, et s’est peu à peu affirmé comme aquarelliste. Ses paysages italiens l’ont conduit au succès. Rentré en Angleterre, il est commissionné au titre de membre de la « New Society of Painters in Water Colours » par la reine Victoria pour célébrer ses visites de Manchester et Liverpool (octobre 1851). Le journal de celle-ci mentionne ses impressions ; elle décrit les ouvriers des filatures comme « a very intelligent, but painfully unhealthy-looking population they all were, men as well as women ». La vision que propose Wyld de Manchester est essentiellement romantique ; les cheminées qui fument accentuent la lumière dorée du soleil couchant ; la présence des bergers et chèvres au premier plan constitue une réminiscence des paysages italiens produits en grand nombre par les aquarellistes anglais. Et pourtant, Wyld ne peint pas non plus une vue idéale de Manchester, ses séjours en France lui ont fait prendre conscience des enjeux de la révolution de 1848. Cette aquarelle est devenue un symbole de Cottonopolis ; la lande de Kersal constituant une frontière mouvante entre l’espace industriel et la ruralité préservée. Doc. 3 – Description de Manchester par Alexis de Tocqueville, 1835 Lors de son second voyage en Angleterre, Tocqueville découvre les comtés industriels du Nord et de l’Ouest ; il y va pour comprendre les aspects politiques du pays et pour rencontrer la famille de sa fiancée, Marie Mottley. En France comme en Angleterre, Tocqueville est accueilli dans tous les salons avec estime et respect depuis qu’il a publié le premier tome de La Démocratie en Amérique. Il décrit ses impressions au comte de Molé, dans un courrier du 19 mai 1835 : « En face d’une minorité qui possède, se trouve une immense majorité qui ne possède pas ; et nulle part la question n’est posée d’une manière plus redoutable entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien. » Il pose ainsi les bases d’une réflexion sur des conflits sociaux à venir. À la fin du mois de juin 1835, il quitte Londres et visite successivement Coventry, Birmingham, Manchester et Liverpool. Tocqueville est à la fois fasciné et effrayé par les paysages industriels qu’il découvre : parallèlement à l’émergence d’une nouvelle

aristocratie fondée sur le capital apparaît celle d’une féodalité industrielle portant en germe les ingrédients d’une révolution prolétarienne. Doc. 4 – Manchester vue du quai de l’Irwell, gravure anonyme du milieu du XIXe siècle L’intérêt de cette gravure anonyme est d’opposer la modernité des bâtiments sur le quai de l’Irwell à la vétusté de ceux qui sont en contrebas, soulignant que la ville industrielle se transforme peu à peu dans une croissance désordonnée et incontrôlée mais au milieu de laquelle des édifices monumentaux émergent. Doc. 5 – Le Mechanics’ Institute in Manchester, Cooper Street Des membres de la Société de littérature et de philosophie de Manchester, William Fairburn, Richard Roberts, tous deux ingénieurs (Roberts a même contribué à l’amélioration de la spinning mule ou mule-Jenny) et Thomas Hopkins, journaliste, sont à l’origine du Mechanics’ Institute en 1825. Il est créé afin de former les jeunes gens aux sciences et techniques. Cet institut est géré par la classe des entrepreneurs de Manchester ; l’instruction qui y est donnée est détachée de tout fondement religieux. En 1857, un nouveau bâtiment est construit dans la future David Street, celui d’origine et représenté sur la gravure est devenu trop petit (alors appelée Princess Street), il est l’œuvre de John Edward Gregan pour une somme de 20 000 livres sterling. En juin, 1868, il reçoit le premier congrès des trade unions (et la tradition s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui). Doc. 6 – Les filatures McConnel & Kennedy, vers 1820 À partir de 1800, les industriels du coton se sont rassemblés à Manchester. Parmi eux, James McConnel et John Kennedy ont été les pionniers de la filature mécanisée au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Ils disposaient de solides connaissances de mécanique appliquée ; l’enseignement des sciences appliquées en Grande-Bretagne s’est fait dans les universités dissidentes du XVIIIe siècle, où les entrepreneurs non-anglicans envoyaient leurs enfants.  Ils installent leur premier moteur à vapeur en 1797. En 1810, un système d’éclairage au gaz équipe leurs filatures. Eux aussi

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sont membres de la Société de littérature et de philosophie.

Réponses aux questions 1. En arrivant à Manchester par Kersal Moor, la ville offre au regard ses nombreuses usines et leurs cheminées au-delà du marais qui forme une limite entre une nature encore bucolique et la ville industrielle. Le voyageur est surpris de découvrir un tel contraste entre la campagne et la ville, il peut aussi être émerveillé par le progrès moderne ou effrayé par une ville si différente de ce qu’il connaît. 2. La vue des usines plaide en faveur de la modernité (doc. 2) mais quand le voyageur longe le quai de l’Irwell (doc. 4), il découvre que les masures sont nombreuses en contrebas de celui-ci, qu’elles logent de très nombreux ateliers et leurs artisans alors que par ailleurs, les constructions monumentales abondent comme la cathédrale ou de beaux bâtiments d’habitation ou destinés à la formation des artisans et ouvriers (docs. 4 et 5). 3. La filature Mc Donnel et Kennedy est située dans ce que l’on peut appeler une banlieue industrielle, il a fallu traverser toute la ville pour y arriver en venant de Kersal Moor ; elle est au bord d’un canal. Les bâtiments sont immenses : massifs et hauts de 7 et 8 étages, encore dépassés par les cheminées. Ils sont troués de nombreuses fenêtres mais ne présentent pas de décorations. Le jeune rural peut avoir peur de se retrouver perdu dans une telle usine ou être content car il fera de très nombreuses connaissances… Si l’on croit ce que dit Tocqueville, Manchester est une ville de contrastes, « De cet égout immonde, l’or pur s’écoule ». Cela veut dire que tout est possible à Manchester, le génie des hommes peut la transformer et même si elle est alors sale, que l’on y trouve des taudis, de la misère, l’industrie peut la rendre plus prospère et les ouvriers en bénéficier. D’ailleurs les ouvriers luttent pour que leurs conditions de vie s’améliorent puisqu’ils s’organisent en syndicats, les trade unions, dont le premier congrès s’est tenu à Manchester en 1868.

Activité L’activité proposée met en jeu des compétences diverses, il s’agit de produire un écrit d’un 56

HISTOIRE

type particulier : une lettre qui rendra compte d’un trajet au travers de la ville de Manchester (il faut situer des lieux les uns par rapport aux autres, le cheminement dans la ville se fait dans l’ordre des documents), tout en expliquant le ressenti du jeune rural qui arrive en ville. La situation correspond à un exode rural massif en Angleterre à cette période ; elle envisage aussi le fait que le jeune peut être illettré, il va donc voir un écrivain public qui devra argumenter pour présenter la ville. Plusieurs documents sont des images, il faut les lire pour prélever des informations.

Sujet d’étude 2

(p. 74-75) 

Norbert Truquin, un ouvrier au XIXe siècle • Les programmes indiquent de présenter « l’essor du salariat, la condition ouvrière, les crises périodiques et leurs effets sur le travail qui suscitent une « question sociale » et des formes nouvelles de contestation politique ». S’attacher au parcours d’un prolétaire ayant acquis une conscience de classe et qui a été au cœur de certains événements politiques du XIXe siècle constitue un levier d’explication du thème 2. • Norbert Truquin, né en juin 1833 à Rozières dans la Somme, est un « cas » idéal à étudier : il reste toute sa vie un prolétaire qui a conscience de son appartenance de classe, d’ailleurs, il apprend à lire et écrire vers l’âge de 30 ans dans le but d’écrire ses mémoires. C’est l’histoire ouvrière racontée par un ouvrier dont la vie est riche d’expériences parfois douloureuses mais triviales en son temps : expériences d’oppression, d’inégalité toujours combattues. Norbert Truquin fait de ses mémoires un ouvrage de propagande pour la « Révolution Sociale ». Il veut « initier les simples et les ignorants aux choses du socialisme ». Son dernier acte militant est de prendre la plume : « II est urgent que tous ceux qui travaillent et souffrent des vices de l’organisation sociale ne comptent que sur eux-mêmes pour se tirer d’affaire et se créer un présent et un avenir meilleur par la solidarité. Il importe donc que chacun d’entre eux apporte sa pierre à l’édifice commun, en publiant ses notes, ses cahiers, ses mémoires, en un mot tous les documents qui peuvent contribuer à détruire

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les iniquités du vieux monde et à hâter l’avènement de la révolution sociale. » Il est probablement mort au Paraguay, après 1887, lieu et date de fin de son manuscrit. Le sujet d’étude s’appuie sur plusieurs extraits de cet ouvrage. La frise chronologique a été réalisée à partir du texte de Norbert Truquin.

Présentation des documents Doc. 1 – Atelier de canut La gravure présentée est une version colorisée de celle qui est parue dans Le Monde illustré du 3 mars 1877, elle a été réalisée pour faire connaître la crise très grave qui sévit alors à Lyon. Tout y donne une impression de tristesse et de pauvreté. Lorsque Norbert Truquin vit à Lyon, les ateliers des canuts sont aménagés comme celui-ci. Doc. 2 – Le travail d’un apprenti peigneur de laine • Cet extrait présente un double intérêt : faire comprendre aux élèves la dureté inhumaine que subit un enfant de 7 ans, séparé de sa famille et soumis à un patron qui le fait travailler au point qu’il dorme debout, et découvrir en quoi consiste le métier de peigneur de laine. • Le texte est à mettre en parallèle avec la loi du 22 mars 1841 sur le travail des enfants qui est la première loi réglementant le travail des mineurs en France. Les dispositions ne concernent que les entreprises ayant plus de 20 salariés ; le patron du jeune Norbert n’est donc pas concerné. Elle interdit le travail des enfants de moins de 8 ans et pour les autres fixe un maximum de durée journalière, à savoir 8 heures jusqu’à 12 ans et 12 heures jusqu’à 16 ans, ainsi que le travail de nuit pour les moins de 13 ans. Norbert ne se repose vraiment que lorsque l’ouvrage manque. Le peignage de la laine est une activité très développée dans le Nord de la France, en particulier à Tourcoing. Les grandes fabriques et les petits ateliers coexistent lorsque Norbert commence à travailler. Les laines longues sont préparées pour être filées. Les laines sont d’abord lavées avec de l’eau de mares ou de pluie, séchées sur l’herbe et portées dans les ateliers. Là, les ouvriers coupent la pointe des mèches qui restent collées par le crottin et le suint, trient les laines, mèche par mèche, et en font des tas de qualités différentes. Elles sont lavées une seconde fois

dans des lessives alcalines chaudes puis tordues en cordons pour les égoutter. Le peigneur s’en saisit lorsque les cordons sont encore humides, les ouvrent, les passent dans les dents d’un peigne successivement présenté sur un brasier ardent et trempé dans une jatte pleine de beurre. Il enlève les flocons de laine, les nœuds, la poussière et tous les corps étrangers. L’apprenti passe ensuite pour finir d’enlever les impuretés. Doc. 3 – La Barricade, rue de la Mortellerie, juin 1848 Ernest Meissonier, en tant que capitaine d’artillerie dans la garde nationale est favorable au gouvernement en place, aussi son œuvre, réalisée d’après une aquarelle prise sur le vif, surprend. Néanmoins, sa touche, à la fois réaliste et neutre a fait dire que son impassibilité face à la violence de l’attaque constituait un avertissement à de futurs rebelles. Doc. 4 – Les journées de juin 1848 à Paris L’extrait proposé place Norbert Truquin du côté des insurgés. Après avoir travaillé dans une filature de laine à côté d’Amiens, il est de nouveau au chômage et part pour Paris, à la recherche de son père, avec un groupe de travailleurs italiens. Il a quinze ans et vit intensément la Révolution de février 1848 à laquelle il participe spontanément… Il trouve un emploi de paveur pour remettre en état les rues de Paris transformées par les barricades. Il travaille ensuite dans un atelier national et, lors de la fermeture des ateliers nationaux, il subit la répression de l’émeute ouvrière qui s’ensuit ; cela lui vaut un premier séjour en prison. Doc. 5 – Tisseur à Lyon en 1859 Après son incarcération de 1848, Norbet Truquin cède à la propagande faite par le gouvernement pour la colonisation en Algérie. Il décide son père à partir avec lui pour cette « terre promise » dans une petite ville algérienne. Il vit à Arzeu, mais toujours difficilement et revient en France en 1855. Il exerce alors toutes sortes de métiers, puisatier, terrassier puis tisseur de 1857 à 1859 à Lyon. Il se met « en ménage » avec une jeune tisseuse de soie, mais sa situation ne s’améliore pas, le couple vit pauvrement. Norbert se rend à des réunions politiques qui obligent les patrons à accepter une augmentation du tarif. Il THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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dénonce l’exploitation par les marchands fabricants des jeunes rurales qui se ruinent la santé en quelques années dans les ateliers de la Croix-Rousse. Dans L’Écho de la Fabrique, le journal des tisseurs, en 1832, on lit : « Et cet homme, jeune encore, mais pâle et décharné, qui lève sur vous des yeux éteints par l’agonie de la misère ? Il est malade ; que ne va-t-il à l’hôpital ? Sans doute il y serait à sa place. Chez lui un travail de dix-huit heures augmente, il est vrai, ses souffrances ; mais il lui faut gagner de vingt-huit à trente-deux sous pour acheter quelques aliments grossiers que ses enfants s’arrachent entre eux et dont il se passe, parce qu’il aime mieux endurer la faim que de voir souffrir les innocentes créatures auxquelles il donna le jour. » Norbert Truquin n’est donc pas le seul à s’offusquer de cette exploitation. L’atmosphère confinée, les poussières de soie, l’humidité, tout contribue à ce que la phtisie touche les ouvriers de la soie.

Réponses aux questions Le tract doit aborder trois points : 1. Le travail des enfants : – âge ; – maltraitance et durée du travail. 2. Les conditions de travail des ouvriers : – le chômage ; – le travail qui « tue », maladies liées aux mauvaises conditions de travail : confinement, humidité, poussière… 3. Le salaire des ouvriers : salaire faible ; pauvreté, insécurité.

Activité • Norbert Truquin se caractérise par sa conscience de classe, sa volonté de témoigner et combattre l’injustice. La rédaction d’un tract constitue ainsi un medium qui peut lui permettre de s’exprimer dans le but d’entraîner d’autres ouvriers dans sa lutte. L’élève se met dans la peau d’un ouvrier qui revendique des améliorations de la condition ouvrière à la fin du XIXe siècle. • Le tract présente une forme d’écriture spécifique : consignes verbales, phrases nominales, exemples synthétiques et arguments coups de poing. L’élève peut utiliser des images, dessins, photos, pour illustrer les idées et alléger la présentation. 58

HISTOIRE

• Le tract est un moyen de communication écrite d’information de masse ; il s’adresse à tous les salariés afin d’exprimer leurs besoins. Il alerte, interroge, réplique, polémique, sensibilise, dénonce, appelle à l’action… Il développe une analyse, présente des positions et des propositions. Pour qu’il soit efficace on pourra conseiller de le dater, de viser l’originalité pour donner envie de le lire et de faire court.

Sujet d’étude 3

(p. 76-77) 

1848, le Printemps des peuples • Le corpus documentaire a été construit pour aider le professeur à aborder un événement complexe, multiforme, large spatialement mais circonscrit dans le temps, ce qui lui donne d’ailleurs une unité et valeur d’événement. En février 1848, la France est le foyer de la révolution européenne. En mars 1848, le continent européen s’embrase en une explosion simultanée de populations privées de nation et de droits politiques, de Vienne à Venise en passant par Prague et Berlin. Les révolutions de 1848 ont en commun, outre les barricades, un style romantique qu’incarnent les chants ou les habits et appelé « quarante-huitard ». Comme en 1789 et plus encore en 1830, les soulèvements qui ont éclaté à Paris ont mis en branle la contestation violente dans les capitales des États voisins, tout en influençant les modes de révolte et le contenu des revendications : libertés privées et publiques garanties, démocratisation du pouvoir, reconnaissance des nationalités. L’objectif commun à tous les mouvements révolutionnaires de 1848 est bien la recherche de la liberté mais avec une acception de la notion fort diverse. En effet, la liberté peut se limiter à celle des élites ou être une revendication de masse. • Une carte du Printemps des peuples s’imposait donc pour comprendre la spatialité de l’événement et repérer ses phases comme certaines conséquences. Un extrait du tract de Marx et Engels sur « la révolution permanente » et un autre tiré de la « Proclamation des douze points » en Hongrie soulignent l’écriture politique des revendications. Les trois autres documents sont des œuvres d’artistes qui soutiennent les mouvements révolutionnaires, montrant ainsi la place de l’art dans

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l’analyse d’une société à un moment de son histoire.

Présentation des documents Doc. 1 – La République, Janet-Lange • Une démarche d’histoire des arts peut être envisagée autour de cette œuvre de commande qui montre comment un régime politique peut solliciter les arts pour porter ses idées. Une observation puis une description précise de l’œuvre permettront d’en comprendre la signification grâce aux apports du professeur la contextualisant et la décryptant symboliquement. • Ange-Louis Janet dit Janet-lange est admis en 1833 à l’École des Beaux-Arts de Paris ; il est l’élève d’Ingres et d’Horace Vernet. Il expose au Salon de 1836 à 1870. Il peint des scènes de chasse, des costumes militaires, des portraits mais aussi des scènes comme la guerre de Crimée de 1853-1856, la campagne d’Italie de 1859 ou l’expédition du Mexique de 1861 à 1867. Il fournit des illustrations pour des journaux comme L’Illustration, Le Tour du monde, etc. Ce n’est donc pas surprenant qu’il ait participé, comme 700 autres peintres, au concours que le gouvernement français lance pour qu’une allégorie de la République remplace le portrait du roi dans les édifices publics. L’intention de l’artiste est de fédérer les Français autour de la République. • L’œuvre de Janet-Lange est hautement symbolique : l’allégorie de la République occupe le centre de l’œuvre, c’est une femme représentée en majesté. Elle est vêtue à l’antique, soulignant ainsi l’académisme du peintre qui satisfait à la tradition. Sa tête est couronnée de laurier, elle lève du bras gauche un flambeau, et tient dans la main droite une balance ; un sceptre se dresse à sa droite. La République victorieuse (les lauriers) règne (le sceptre), éclaire le monde (le flambeau des Lumières) et lui apporte la justice (la balance). Son trône de granit (solidité) porte des signes cabalistiques sur le socle qui illustrent la Liberté, l’Égalité, la Fraternité (bonnet phrygien, triangle maçonnique et mains enlacées). Un livre relié de pourpre sur lequel repose son pied nu (foulerait-elle au pied la pourpre impériale indiquant ainsi que la République a pris la place de l’Empire ? ou son pied reposerait il sur

une constitution écrite ?) est sur la base du trône. Le coq gaulois présent aussi aux pieds de la République symbolise une France éternelle : la République est fille du passé mais d’un passé qui peut être associé aux révolutions antérieures car il est perché sur le drapeau tricolore. De part et d’autre du trône, l’artiste a mis en avant les points forts de la France. • À gauche de la composition, on voit la France agricole, la France traditionnelle : des outils de travail du paysan sont représentés comme le râteau, l’arrosoir, la faucille, la faux, la charrue, mais aussi les fruits de celui-ci, la gerbe de blé, la corbeille de fruits (symbolisant de manière évidente la prospérité, cependant le raisin peut aussi rappeler le sang du Christ), ou des objets qui sont associés à des productions comme le tonneau, ou la ruche. Ce dernier objet peut avoir une symbolique chrétienne car les abeilles rassemblées sont reliées entre elles pour ne former qu’un seul corps, le corps mystique du Christ. C’est une allégorie de l’Eglise qui, selon l’enseignement de saint Paul, possède à sa tête le Christ-Roi. La communauté des abeilles est donc un symbole de retour à l’unité et de réunification, la ruche symbolise aussi le travail, et la persévérance ; pour les francs-maçons, elle rappelle le compagnonnage, l’activité organisée. On retrouve des figures maçonniques en bas à droite : une équerre et un compas inscrits dans le sceau de Salomon. • À droite de l’œuvre, c’est la France de la modernité, de l’innovation qui est représentée : on voit les instruments des Arts et des Sciences. La république s’appuie sur le monde de la pensée, par les arts : la palette, la comédie masquée, l’architecture avec les outils du bâtisseur, la pioche, la massue, le chapiteau mais aussi ce qui permet la découverte du monde, la mappemonde du géographe ains que les cartes et plans, les livres, tout ce qui rappelle la connaissance. Les rouages de la machine à engrenage honorent le processus industriel dans lequel la France est engagée. Ce processus est aussi mis en évidence par le fait que Janet-Lange peint, un paysage industriel (à l’arrière-plan gauche) caractérisé par l’usine dont la cheminée fume, il illustre la modernité de manière inversée par rapport au premier plan. A droite, il donne une image de THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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la France éternelle marquée par une église en chantier, immédiatement identifiable à la croix qui la surmonte mais aussi à son architecture néogothique. Au centre, la puissance de la France dans le monde est traduite par le bateau et le phare. Doc. 2 – Les Cinq Journées de Milan, Baldassare Verazzi • Le tableau de Verazzi met en scène l’un des premiers épisodes des Révolutions de 1848 qui sont considérées comme faisant partie de la Première guerre d’indépendance d’Italie. Les éléments de contextualisation de l’œuvre qui suivent peuvent aider le professeur à la faire vivre, sa description précise se trouvant dans la page « exercer ses compétences » où elle est exploitée de nouveau. • La population milanaise s’insurge contre l’occupation autrichienne de Josef Radetzky dont l’armée assure l’ordre public. La scène se passe devant le Palais Litta. Milan est alors la capitale du royaume lombard vénitien créé par le congrès de Vienne. L’abdication de Napoléon Ier en 1814 rend inévitable la reddition dans la péninsule italienne alors que son armée d’Italie tenait bon. L’Autriche devient pour cinquante ans la puissance dominante de l’Italie alors que la diffusion de la pensée des Lumières dans son espace avait donné à cette dernière l’espoir d’une indépendance et d’une unification politique. Dès janvier 1848, les incidents se multiplient à Milan mais aussi à Palerme, Naples, Venise. Les flambées révolutionnaires de Paris, Vienne et Budapest confortent les républicains et patriotes italiens dans la conviction que le moment est favorable pour lancer une grande offensive à Milan : ce sont les cinq journées du 18 au 22 mars 1848. Le 18 mars, une échauffourée a lieu au palais du gouverneur ; les soldats autrichiens occupent des points stratégiques et arrêtent une centaine de membres des élites locales. Des milices révolutionnaires se forment ; 1 600 barricades couvrent la ville le 19 mars au matin. Elles sont tenues par des ouvriers, des artisans, des jeunes. Les enfants des orphelinats assurent la liaison entre elles. Radetsky, abandonne le centre pour mieux défendre le château et les bastions. Un gouvernement provisoire est formé par les insurgés et la municipalité le 21 mars. L’administration autrichienne quitte la ville et le 22 60

HISTOIRE

mars le général en chef autrichien ordonne la retraite de ses troupes vers les forteresses du quadrilatère lombard (Peschiera, Mantoue, Legnago et Vérone). Les révolutionnaires milanais ont provisoirement gagné. Doc. 3 – Marx et Engels, Adresse du Comité central à la Ligue des communistes, fin mars 1850, « La révolution en permanence ! » • En février 1848, Marx quitte la Belgique pour Paris où la révolution a lieu. Il part ensuite pour Cologne lorsque celle-ci gagne l’Allemagne. Il y est rédacteur en chef de la Neue Rheinische Zeitung (la « Nouvelle Gazette rhénane ») publiée du 1er juin 1848 au 19 mai 1849. La contre-révolution victorieuse voit la poursuite de Marx devant les tribunaux car il a publié une proclamation du révolutionnaire en exil Friedrich Hecker dans la Gazette. Il est acquitté le 9 février 1849, mais expulsé le 16 mai et retourne alors à Paris dont il est de nouveau chassé après la manifestation du 13 juin 1849. Il part ensuite pour Londres où il finit ses jours. • En 1850, Frédéric Engels, qui a été témoin et acteur de cette vague révolutionnaire européenne, commente : « le mode de lutte de 1848 est périmé aujourd’hui sous tous les rapports ». Pour ce qui est du prolétariat, 1848 est un échec. L’heure n’est pas à la prise du pouvoir par les ouvriers. L’heure est à l’industrialisation, à l’expansion de la grande industrie. Mais la classe ouvrière en formation reprendra forcément le combat lorsque la conscience de classe sera assez solide, c’est ce qu’annoncent Marx et Engels dans leur Adresse du Comité central à la Ligue des communistes, en mars 1850, et ils concluent par : les ouvriers allemands « contribueront eux-mêmes à leur victoire définitive bien plus par le fait qu’ils prendront conscience de leurs intérêts de classe, se poseront dès que possible en parti indépendant et ne se laisseront pas un instant détourner – par les phrases hypocrites des petits bourgeois démocratiques – de l’organisation autonome du parti du prolétariat. Leur cri de guerre doit être : la révolution en permanence ! ».

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Doc. 4 – « Proclamation des 12 points », les objectifs de la révolution hongroise de 1848, rédigés par l’écrivain Jókai Mór En Hongrie, l’oppression est ancienne. Depuis 1526, le pays est occupé et divisé: la région de Buda est occupée par les Turcs, la Transylvanie conserve son autonomie. La Slovaquie et la Croatie passent sous le contrôle des Habsbourg, en 1711, lorsque les Autrichiens font reculer les armées ottomanes. La petite noblesse hongroise catholique soutient les Habsbourg qu’elle préfère aux Turcs qui ont trop souvent écrasé les révoltes nationalistes qu’elle dirigeait. Quelques droits politiques subsistent, il y a un Parlement, la Diète, dont la convocation est décidée par Vienne. Le mouvement libéral est dominé par une fraction de la noblesse, mais les paysans euxmêmes se soulèvent contre le régime seigneurial (il reste plus de 800 000 serfs en Hongrie au milieu du XIXe siècle). Lorsque Metternich chute, le poète Sandor Petöfi (on remarquera la place des intellectuels dans ce mouvement puisque le texte des revendications est rédigé par l’écrivain, Jókai Mór), porteparole de la jeunesse estudiantine de Pest, lance un appel à la révolte qui est relayé à la Diète par un groupe formé autour de Lajos Kossuth, partisan de la réforme antiféodale. Kossuth se prononce pour la création d’une Hongrie indépendante, contre la Vienne de Metternich. À Pest, on écoute Petöfi, et au banquet du 15 mars, organisé à la manière française, sont proclamées les douze revendications de la réforme dont le texte complet est : « Que souhaite la nation hongroise ? Paix, liberté et égalité ! 1. Nous souhaitons la liberté de la presse et l’abolition de la censure. 2. Un ministère responsable à Pest-Buda. 3. La convocation annuelle de l’assemblée nationale à Pest. 4. L’égalité civique et confessionnelle devant la loi. 5. Une armée nationale. 6. La participation égale aux charges publiques. 7. La suppression des rapports censiers. 8. L’élection des juges et des députés selon les principes de l’égalité.

9. Une banque nationale. 10. Les soldats ont à prêter serment sur la Constitution, les Hongrois ne doivent pas faire leur service à l’étranger, les militaires étrangers sont tenus de quitter le pays 11. Les prisonniers politiques doivent être libérés. 12. L’union avec la Transylvanie. Liberté, égalité, fraternité ! ». Dans tout le pays, les minorités nationales soutiennent dans un premier temps la révolution qui accorde leur liberté aux serfs, mais elles constatent qu’elles n’auront pas de nouveaux droits en tant que minorités. Tout comme les paysans pauvres déplorent les redevances maintenues (dans les vignobles notamment) et qu’ils ne pourront racheter. Doc. 5 – 1848, le Printemps des peuples La carte résume simplement les mouvements liés au Printemps des peuples. Doc. 6 – Heinrich Heine, « Michel après mars », Romancero, 1851 Heinrich Heine (1797-1856) est un poète romantique. Le langage usuel devient avec lui poétique : en tant que journaliste, il fait de la rubrique culturelle une vraie tribune littéraire et le récit de voyage est élevé au rang de genre artistique Il est engagé politiquement, se fait connaître aussi comme essayiste et polémiste. Il a été en butte à beaucoup d’hostilité à cause de ses origines juives et de ses choix politiques. En 1843, ses vers, dans Allemagne. Un Conte d’Hiver, critiquent la situation de l’État, de l’Église et de la société en Allemagne. Les idées de Marx l’imprègnent ; il l’a rencontré à cette époque et il collabore aux revues de Marx, le Vorwärts ! et les Deutsch-Französische Jahrbücher. Il est parmi les premiers poètes allemands qui s’emparent de la question sociale dans leurs œuvres : Les Tisserands Silésiens, poème de juin 1844, s’inspire par exemple de la révolte des tisserands. Il suit de près le Printemps des peuples ; selon lui, il faut créer en Allemagne un État national, avec une constitution démocratique, objectif affiché par les libéraux durant la Révolution de Mars dans les États de la Confédération germanique. Mais les défenseurs d’un régime républicain et démocratique sont minoritaires. Heine, déçu, ne voit dans la tentative du premier parlement

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élu en Allemagne de créer une monarchie impériale héréditaire, que le rêve romantique de la résurrection du Saint-Empire romain germanique. Le Romancero constitue un genre nouveau selon Heine : la poésie lyrique allemande, conçue comme une série de plaintes ; l’œuvre a été rarement traduite et pas dans son intégralité. Il exprime sa déception politique dans le poème (quatrain) Michel après mars : dès les premiers vers il associe les couleurs noirrouge-or du drapeau brandi lors des journées révolutionnaires au passé, « le bric-à-brac de la vieille Allemagne » ; pour lui ce drapeau n’apporte pas la liberté mais au contraire se réfère au passé, il évoque d’ailleurs les figures d’Arndt et du père Jahn qui rappellent l’allégeance à l’empereur du Saint-Empire romain germanique, leur « teutomanie » lui semble dépassée et contraire aux aspirations démocratiques. Il transcende le pathétique de ce poème par un zeste d’humour, montrant ainsi la distance prise par rapport à l’événement.

Réponses aux questions 1. Le drapeau : patriotisme et nationalisme (vu de manière positive, contrairement à ce que fait passer Heine dans son poème). 2. Ce qui évoque la nation (question de départ du tract), le national, le nationalisme (points 3 et 5), mais aussi la fraternité à la fin du manifeste. 3. Le tableau de Janet-Lange montre une république triomphante qui prend appui sur les forces vives de la société dont l’aspiration à la liberté mais aussi à l’égalité est manifeste. Dans l’extrait de Marx et Engels, l’accent est mis sur l’échec de l’action du prolétariat qui n’obtient ni liberté, il reste asservi à la classe bourgeoise dans le contexte de l’industrialisation, ni égalité sociale. 4. Le schéma commenté peut être fait d’après les indications données pour décrire le document 1 ou 2 selon les démarches engagées par le professeur.

Activité • L’activité proposée décentre le regard car le/ la journaliste américain-e, qui parcourt l’Europe au printemps 1848, a sa propre expérience d’un État qui s’est fondé autour d’une constitution qui organise les pouvoirs dans une 62

HISTOIRE

république. De plus, il/elle n’a pas de parti pris pour un camp ou un autre, on peut donc attendre un récit objectif, dans le sens où il est fondé sur les faits. Il s’agit pour l’élève de repérer des points communs, dans les aspirations des acteurs de ces mouvements, dans les modes d’action et les objets qui servent à les rassembler. • L’accompagnement aide les élèves moins à l’aise avec l’écrit à sélectionner et ordonner les informations, pour les autres la seule consigne suffit. La forme de la production attendue est un article de journal ; il doit comporter un titre, un corps de texte relatant les faits de manière ordonnée, une illustration et sa légende. Il doit être daté et signé.

Sujet d’étude 4

(p. 78-79) 

L’Italie, terre d’émigration L’Europe en croissance démographique au XXe siècle devient un vaste espace de migration et l’Italie est l’exemple les plus caractéristiques d’émigration massive. Les documents permettent d’en étudier les différents aspects : régions de départ, évolution du nombre, région d’arrivée, motifs, caractères socioéconomiques.

Présentation des documents Doc. 1 – Les régions d’émigration, entre 1904 et 1913 L’émigration italienne est un phénomène massif mais pas uniforme. La carte met en évidence ces terres d’émigration que sont les régions alpines du Piémont au Frioul et le Sud de l’Italie. Cette émigration alimentée par une croissance démographique rapide provient essentiellement des régions rurales les plus pauvres. Doc. 2 – L’émigration italienne, par grandes destinations La statistique italienne est restée très rudimentaire jusque dans les années 1920 où les premières études ont été réalisées avec des données plus fournies à partir de l’unification italienne. Les Italiens émigrent vers des pays proches (Suisse, France, Allemagne et AutricheHongrie) et de plus en plus vers des pays lointains, principalement en Amérique (Argentine, Brésil, États-Unis).

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Doc. 3 – De Gênes à Buenos Aires, en Argentine Edmondo De Amicis (1846-1908), officier au temps des guerres de l’unité italienne, devient écrivain et journaliste après 1870. Son œuvre est constituée d’ouvrages patriotiques et socialistes, et de récits de voyages parmi lesquels Sur l’océan rédigé à la suite d’un séjour en Amérique du Sud. L’extrait, situé au début de l’ouvrage, dresse un tableau de ces émigrés, ruraux, majoritairement des hommes (80 % d’hommes en 1913 encore), des familles certes mais surtout des célibataires hommes et femmes prêts à commencer une vie nouvelle. Doc. 4 – Les émigrants, Rafaello Gambogi, 1895 Le peintre toscan Gambogi (1874-1943) appartient au courant pictural post-tachiste, contemporain du postimpressionnisme et du divisionnisme en France. Les émigrants sont une de ses premières et plus célèbres œuvres, réalisée dans sa ville natale. Dans le port de Livourne où se trouvent les navires à voile croisent ceux à vapeur, des émigrants attendent d’embarquer tandis qu’une famille fait ses adieux à celui qu’on peut considérer comme le père. Le voyage sera lointain et le retour n’aura pas lieu avant des mois ou plus certainement des années. Doc. 5 – Extrait du Petit Journal, 3 septembre 1893 Le massacre des saliniers italiens à AiguesMortes est l’épisode le plus violent de la xénophobie anti-italienne qui a causé plus de trente morts depuis les émeutes de Lyon en 1881, sur fond de crise diplomatique franco-italienne. D’autres auront lieu en Isère et dans la région parisienne au cours des années suivantes. Doc. 6 – Du travail pour les migrants italiens À la différence de la plupart des pays européens, la France a un solde migratoire négatif et devient une des destinations des migrants du continent, et plus particulièrement de ceux de Belgique et d’Italie. La motivation économique est primordiale tant pour les émigrants que pour les employeurs, au risque d’exacerber la concurrence des ouvriers saisonniers ou permanents sur le marché du travail : métallurgie, textile, bâtiment et travaux publics.

L’émeute d’Aigues Mortes (doc. 5) est en grande partie causée par cette tension.

Réponses aux questions 1. Les émigrants italiens proviennent principalement des campagnes de l’Italie du Nord (des Alpes) et de la moitié sud de l’Italie. Ceux qui partent par la mer embarquent dans les grands ports comme celui de Gênes. 2. Ce sont surtout des populations rurales qui émigrent à la recherche d’un emploi d’ouvrier ou de domestique. Dans l’agriculture, ce sont surtout des travailleurs saisonniers. Ceux qui partent outre-mer, en Afrique du Nord ou en Amérique, sont à la recherche d’une nouvelle vie. 3. L’émigration vers les pays d’Europe (en France en particulier) a toujours été importante (en moyenne près de 100 000 émigrants par an entre 1875 et 1895). Elle se tourne également vers les colonies européennes d’Afrique du Nord. L’Amérique du Sud (Argentine et Brésil) attire de plus en plus d’Italiens à partir des années 1880, puis l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) surtout à partir des années 1900. 4. Les migrants italiens cherchent du travail dans leur profession mais, d’après De Amicis, beaucoup n’ont pas de métier et sont donc prêts accepter tout emploi. Ils travaillent comme ouvriers agricoles saisonniers, ouvriers d’usines ; les femmes également comme domestiques. Ils acceptent des salaires inférieurs ce qui crée des tensions avec la population locale.

Activité  À partir de cet extrait de récit riche en informations sur les origines, les motifs et les destinations des migrants, l’activité consiste à contextualiser et généraliser.

Vérifier ses connaissances

(p. 80) 

1. George Stephenson est un ingénieur anglais qui utilise la machine à vapeur pour inventer une locomotive, la Locomotion, dont la première est fabriquée en 1814, et qu’il perfectionne sans cesse dans les années qui suivent. 2. a. Prolétariat ; b. Mécanisation ; c. Marxisme ; d. Capital

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3. Métier à tisser fabriqué en bois, il est composé d’un châssis sur lequel sont fixés les fils de chaîne et de trame, il s’agit d’un grand métier conçu pour tisser des pièces de grande taille ; il fallait deux tisseurs pour cela jusqu’à ce que de John Kay, en 1733, invente la « navette volante », il perfectionne ainsi le métier à tisser : un seul ouvrier est désormais nécessaire pour tisser de larges étoffes. 4. a. Le métier mécanique sert à la fabrication du textile. b. La machine à vapeur crée l’énergie qui fait fonctionner des machines. c. L’acier permet la construction de machines diverses, rails de chemin de fer, pièces de locomotive… d. Le moteur à explosion est un système à l’origine du moteur des automobiles. 5. La réponse la plus fine est la c. car les avantages sociaux accordés aux ouvriers sont assortis d’un contrôle majeur sur tous les segments de leur vie ; temps de travail, loisirs, logement… Si des élèves justifient correctement une autre réponse en se fondant sur un point de vue, c’est acceptable. 6. Les villes changent très vite au xixe siècle ; elles sont marquées par l’industrialisation. Les usines s’y multiplient, surtout dans leur périphérie ; les banlieues ouvrières se développent comme à Manchester où Ancoats est qualifiée de première banlieue industrielle du monde. Ces usines façonnent le paysage urbain, les hautes cheminées qui surmontent des bâtiments se voient de loin, elles obscurcissent le ciel de leurs fumées. Ces bâtiments sont imposants, les matériaux de construction sont de plus en plus fréquemment le fer et le verre. L’exode rural répond aux besoins en main d’œuvre des usines. La population des villes s’accroît alors très vite, posant de gros problèmes de logement pour tous ces nouveaux urbains le plus souvent miséreux. Les logements ouvriers sont insalubres comme ceux de Glasgow, tout comme la ville dans son ensemble, par exemple Tocqueville décrit Manchester comme un « cloaque infect ». 7. Les mots suivants peuvent être retenus : Bruit, vapeurs nocives, 12 à 15 h de travail par jour, accident, tâche répétitive, prolétaire, main d’œuvre, usine. 64

HISTOIRE

Exemple : L’ouvrier d’usine au xixe siècle travaille dans des conditions difficiles. Il est devant sa machine de 12 à 15 h par jour, le bruit, les vapeurs nocives comme sa fatigue peuvent occasionner des accidents contre lesquels il ne bénéficie d’aucune protection. La main d’œuvre effectue des tâches répétitives ; elle est mal payée, elle constitue le prolétariat.

Exercer ses compétences

(p. 81) 

La compétence retenue pour ce chapitre est « Connaître les caractéristiques des récits historiques et des descriptions employées en histoire et en réaliser » ; il s’agit de conduire l’élève à opérer un changement de langage : de la lecture d’une œuvre picturale à un récit historique. Quelle que soit la forme prise par la restitution, les éléments qui font du récit un récit historique sont identiques, c’est ce qui est décrit en cinq points dans la « méthode ». Le mode de restitution est laissé au choix de l’élève ou du professeur qui propose aux élèves un mode de restitution plutôt qu’un autre en fonction de leurs intelligences propres : l’article de journal privilégie l’intelligence linguistique ; l’exposé oral l’intelligence interpersonnelle et le schéma commenté, l’intelligence logique comme l’intelligence visuelle. Bien sûr, à aucun moment, un type d’intelligence n’entre seul en jeu, il se combine toujours avec d’autres.

Exemple corrigé Une description plus précise que celle qui est dans le manuel, de l’œuvre de Verazzi peut être faite : – Le paysage urbain : centre de la ville de Milan (bâtiments assez hauts en pierre claire, colonne monumentale au premier plan). Barricade sous les arcades (colonnade) du palais Litta : morceaux de bois, sacs de paille, volet. – De gauche à droite au 1er plan les insurgés : un bourgeois en habit et cape, chemise blanche à col cassé et lavallière, pantalon à carreaux ; un homme du peuple en veste et coiffé d’un chapeau à larges bords, un étudiant en uniforme noir et chapeau à plumet et un enfant qui pourrait être un orphelin de la ville puisque beaucoup ont servi de messagers entre les insurgés. Autres combattants : place

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et toit de la maison située à l’arrière-plan de l’œuvre. Combattants de tous âge et conditions sociales : aspiration à plus d’égalité sociale. – Armes : sabre, fusil à baïonnette. Pierres pouvant servir de projectiles. Drapeau italien rouge blanc vert, fiché dans la barricade et sur le toit du bâtiment le plus haut : volonté d’indépendance par rapport à l’Autriche.

Appliquer la méthode • Le document retenu est aussi une œuvre picturale, Poste de garde des étudiants de la Légion universitaire de la vieille université en 1848, de Franz Xaver Shams (1824-1883. Elle peut aussi servir dans le sujet d’étude car l’Autriche n’y est pas évoquée. La monarchie impériale des Habsbourg doit faire face à deux adversaires principaux lors du Printemps des peuples : d’abord, les démocrates viennois lorsque l’agitation commence à Vienne devant la Diète le 13 mars 1848 ; ensuite les Magyars. La troupe tire alors sur les manifestants. Metternich doit quitter le pouvoir et l’empereur proclame une « constitution provisoire » en avril. Le 22 juillet, l’Assemblée constituante (Kremsier) se réunit à Vienne. Élue au suffrage universel, elle comprend beaucoup de députés, représentant les paysans d’origine slave. La gauche viennoise et les Slaves coalisés emportent une décision capitale : l’abolition du servage et des corvées ainsi que le rachat des redevances seigneuriales. Mais les émeutes se poursuivent et la cohésion populaire s’effrite peu à peu ; l’empereur fuit Vienne où la répression abat l’insurrection fin octobre 1848 dans un bain de sang (plus de 2 000 morts). La

défaite de l’insurrection viennoise marque la fin de la Révolution de 1848 en Autriche. • Organiser ses connaissances selon un plan : – L’insurrection viennoise s’inscrit dans le Printemps des peuples. – Une insurrection soutenue par la population et d’abord victorieuse. – Une répression sanglante.

Réponse à la question L’insurrection autrichienne qui se manifeste par des journées révolutionnaires à Vienne s’inscrit dans le mouvement général du Printemps des peuples. Comme d’autres peuples, les Autrichiens aspirent à plus de liberté et veulent des droits politiques. Ils se rallient au drapeau qui symbolise la nation comme les Français ou les Italiens. En mars 1848, des émeutes se déroulent dans Vienne ; avant leur offensive, les insurgés se rassemblent dans les locaux de l’université. Bon nombre d’entre eux sont des étudiants, des bourgeois aussi rejoints par quelques militaires, ce n’est pas une émeute ouvrière. Ils s’arment et se préparent à la lutte par la discussion, l’élaboration de leurs revendications. La population voit celles-ci d’un bon œil ; les Autrichiens sont satisfaits de la constitution provisoire que l’empereur leur accorde en juillet et l’assemblée élue alors obtient des avancées sociales. Mais l’empereur qui a d’abord fui Vienne entreprend une répression sanglante qui abat l’insurrection fin octobre 1848 dans un bain de sang (plus de 2 000 morts). La défaite de l’insurrection viennoise marque la fin de la Révolution de 1848 en Autriche.

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CHAPITRE

5

Conquêtes et sociétés coloniales

Présentation du chapitre • Le chapitre se situe d’abord dans le double prolongement du chapitre 1, décrivant la formation des économies monde, et du chapitre 4, étudiant le développement économique de l’Europe. La croissance des échanges, la recherche de matières premières et de débouchés, l’affirmation des puissances rivales stimulent les conquêtes coloniales et génèrent des rivalités pour le contrôle des routes maritimes, des points d’appui stratégiques et des territoires coloniaux. • Le chapitre s’intéresse également aux sociétés coloniales, aux nouveaux rapports de domination, après les abolitions de l’esclavage, aux contacts, aux transferts et aux résistances.

Pages d’ouverture

(p. 82-83) 

Doc. 2 – « Les colonies françaises », couverture de cahier scolaire, 1901 La culture coloniale est diffusée par une large propagande : récits de voyage, conférences, expositions, monuments publics… La jeunesse en est particulièrement la cible et l’école son média privilégié, bien que le parti colonial déplore fréquemment l’indifférence voire la réserve des maîtres. Dans cette propagande, c’est moins la population colonisée qui est mise en valeur que l’œuvre civilisatrice de la « plus grande France » et le patriotisme. Sur cette question, les républicains intègrent sans réserve l’héritage monarchique de la première colonisation dans le récit national.

Présentation des documents

Réponses aux questions

Les deux documents présentent deux regards complémentaires sur la colonisation. Si le document 2 apparaît d’emblée comme un document de propagande (graphisme, composition, thématique), le second plus réaliste par la photographie vante plus concrètement l’œuvre coloniale. Elle révèle les conditions de travail de la main d’œuvre coloniale, mais elle n’a pas dû choquer les contemporains car les outils et le travail des terrassiers européens ne sont alors guère différents.

1. Les ressources coloniales sont d’abord celles de la main d’œuvre africaine utilisée pour construire la ligne de chemin de fer. Ce seront par la suite celles des ressources agricoles et minières transportées par le chemin de fer jusqu’au port maritime et à destination de la métropole. 2. A gauche, les navires (avec le drapeau fleurdelisé), les marins et les populations (des Antilles, du Sénégal, d’Algérie) représentent l’ancienneté des colonies françaises, conquises du XVIIe siècle à 1830. Les colonies françaises se sont étendues dans plusieurs autres parties du monde depuis les années 1860 : Asie, dont l’Indochine (mais les comptoirs de l’Inde sont déjà français depuis l’Ancien Régime), Afrique occidentale et équatoriale, Madagascar.

Doc. 1 – La construction d’une voie de chemin de fer au Dahomey (actuel Bénin) vers 1900 La construction des chemins de fer est jugée nécessaire par les colonisateurs pour permettre l’exploitation économique et la mise en valeur de l’intérieur de l’Afrique. Les autorités coloniales utilisent pour cela une main d’œuvre indigène encadrée par des ingénieurs blancs. Cette main d’œuvre est constituée soit de populations locales assujetties à la corvée, soit de travailleurs recrutés dans des régions plus éloignées. Commencée en 1900, la ligne doit relier le port de Cotonou à Parakou (440 km), en traversant les palmeraies d’Allada et 66

d’Abomey. La colonie finance les infrastructures, une compagnie privée assure l’exploitation de la ligne et bénéficie d’une concession de 3 000 km².

HISTOIRE

Cours

(p. 84-85) 

Les documents abordent différents points de la seconde phase de colonisation en illustrant les nouvelles dynamiques : les combats pour l’abolition de l’esclavage (doc. 1), les nouvelles conquêtes et les rivalités coloniales (doc. 2),

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les nouvelles idéologies coloniales (doc. 3) et les formes de la présence européenne dans les sociétés coloniales (doc. 4).

Présentation des documents Doc. 1 – Rébellion d’un esclave sur un navire négrier L’image permet d’articuler l’idée d’une abolition qui résulte d’une part d’un courant abolitionniste formé au XVIIIe siècle et qui se développement dans la première moitié du XIXe, d’autre part de la multiplication des révoltes. La peinture de Renard (1802-1857) présente l’esclave révolté dans une posture héroïque ; la chaîne brisée, le geôlier mort, la cale ouverte annoncent la libération à venir. Doc. 2 – « A l’assaut de l’Asie », couverture de livre, 1901 Géographe et archéologue, Georges SaintYves publie un livre de justification de la colonisation bienfaisante d’une Europe civilisatrice. Il n’en évoque pas moins les rivalités coloniales et les tensions. Sur la couverture, il est fait allusion aux compromis territoriaux notamment au Laos, trouvés entre la France et le roi Chulalongkorn du Siam (Rama V) qui réussit à maintenir la paix et l’indépendance de son royaume. Doc. 3 – Jules Ferry devant la Chambre des députés, le 28 juillet 1885 (extraits) Dans ce fameux discours prononcé par Jules Ferry, alors député de Paris, justifie la politique coloniale menée par la France à l’occasion d’un débat parlementaire sur le vote de crédits exceptionnel pour financer une expédition à Madagascar. Devant ses adversaires, Clemenceau en particulier, il défend les bienfaits économiques, humanitaires et stratégiques du colonialisme. Doc. 4 – Des médecins coloniaux français en mission d’étude de la trypanosomiase (maladie du sommeil) au Congo français en 1907 Véhiculée par la glossine ou mouche tsé-tsé, le trypanosome provoque une maladie endémique dans les régions tropicales. Au tournant des années 1900 une grande épidémie touche le bassin du Congo provoquant la mort de centaines de milliers de personnes. La photographie présente une mission d’étude menée

par les médecins militaires Martin et Lebœuf, aidé du naturaliste Roubaud, et placée sous la direction scientifique de l'Institut Pasteur dans le but de comprendre la géographie de la maladie du sommeil et son mode de propagation, établir son diagnostic microscopique et son traitement. Le premier mis au point, à base d’arsenic, l’est en 1910 en Allemagne par Paul Ehrlich et Sahachiro Hata.

Réponses aux questions 1. Pour exprimer son opinion abolitionniste, le peintre représente l’esclave victorieux, libéré de sa chaine et ayant éliminé son gardien. 2. La France affronte le roi du Siam qui défend son pays contre les ambitions territoriales étrangères. 3. D’autres puissances européennes que la France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie, ont l’ambition de conquérir des territoires en Asie ou d’exercer leur influence en Chine (cf. carte p. 64). 4. Dans ces extraits, Jules Ferry justifie la colonisation par trois arguments : économique (les colonies apportent des débouchés à l’industrie français), humanitaire et culturel (apport de la civilisation française considérée comme supérieure), politique (présence de la France dans le monde). 5. La colonisation apporte la science et la médecine occidentales aux populations africaines. En déplaçant les habitants, elle facilite aussi la diffusion des épidémies.

Sujet d’étude 1

(p. 86-87) 

Alger, une ville coloniale

Présentation des documents Doc. 1 – Extensions de la ville d’Alger de la conquête française en 1830 à 1914 Place forte et port en eau profonde, Alger est la capitale administrative et militaire de la régence d’Alger jusqu’en 1830. La présence française transforme la ville musulmane en partie éventrée pour permettre la circulation des voitures à cheval et ériger les lieux de pouvoirs des nouvelles autorités (palais du gouvernement, cathédrale…).

THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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Doc. 2 – Alger, vue prise de l’Amirauté La photo datée de 1900 environ permet de voir d’une part les aménagements portuaires développés depuis le vieux port et son extension militaire au premier plan jusqu’aux extensions réalisée avant 1870. Les quais et le bord de mer est aménagé à la manière européenne, avec des bâtiments à arcades. Au-delà, sur la pente, s’étale la ville musulmane (casbah, la citadelle au sens étymologique, ou médina, la ville). Doc. 3 – La population d’Alger Jusqu’en 1870, l’administration militaire de l’Algérie est chargée de l’état civil des Européens, ce qui donne des statistiques fiables. Si le premier recensement général des populations européenne et musulmane a lieu en 1856, les statistiques ne deviennent complètes qu’après 1872. La croissance de la population européenne est alimentée par une immigration continue en provenance de France mais aussi d’Italie (quartier de la Marine), d’Espagne (Bab el-Oued), de Malte… La croissance naturelle devient positive à partir du milieu des années 1850. Jusqu’en 1870, le déclin de la population algérienne – dont celle d’Alger – résulte de trois facteurs : la mortalité causée par la guerre, l’émigration et la mortalité provoquée par les famines et épidémies (choléra – propagé par les militaires français - en 1867, famine en 1868, typhus et variole de 1869 à 1872) (Kamel Kateb, 2001). Doc. 4 – Alger, place du Gouvernement : statue du duc d’Orléans (1845) et mosquée Jamaa al-Jdid (1660) La photographie permet de décrire les contrastes architecturaux et la superposition des cultures dans l’espace public. La mosquée construite à l’époque ottomane est située à proximité de la mer dans la partie basse de la casbah profondément réaménagée par les Français. C’est là qu’est édifié l’ensemble monumental de la place du gouvernement (place des Martyrs depuis 1962), bordée de cafés, d’hôtels et de commerces. Malgré l’avènement des Républiques la statue du duc d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe mort accidentellement en 1842, est restée en place jusqu’en 1962 avant d’être transportée à Neuilly.

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HISTOIRE

Doc. 6 – Un récit de voyage de Guy de Maupassant Le voyage en Orient des écrivains (doc. 6), des peintres et des photographes (doc. 5) a, selon Edward Saïd (1978), contribué à créer un Orient imaginaire. En évoquant plus l’indigène que le colonisé, les deux documents rendent comptent d’une vision de l’Autre, qu’il s’agisse de saisir le pittoresque ou de repérer l’étrange.

Réponses aux questions 1. Entre 1830 à 1870 environ, la population européenne croit rapidement après la conquête française puis se stabilise (30 000 personnes) ; la population algérienne diminue au contraire (divisée par 3). De 1870 à 1900 environ, la population européenne croit fortement (multipliée par 4) tandis que la population algérienne augment également (multipliée par 3). 2. La ville musulmane de 1830 est fermée par des remparts et dominée par la citadelle. Après 1830, elle est transformée par les Français qui la transforment construction de la cathédrale, aménagement de la place du gouvernement), développent le port, construisent une ligne de chemin de fer et des gares. La ville d’étend au nord (Arsenal, Bab el Oued) et au Sud (Bab Azoun, Agha, Mustapha) ; le port s’agrandit encore. 3. La population musulmane vit principalement dans la ville ancienne, la Casbah (doc. 1 et 5), que Maupassant décrit comme la « ville arabe, amoncellement de petites maisons blanches… » (doc. 6). La population européenne vit et se réunit séparée d’elle ; les deux sociétés semblent juxtaposées (doc. 2 et 4). 4. et 5. Une photographie pour illustrer ces propos : – Vue d’ensemble d’Alger (doc. 2). La ville et le port modernes, aménagés par les Français, au pied de la ville traditionnelle musulmane. – La place du gouvernement et la mosquée Jamma al-Jdid (doc. 4). Les deux aspects d’Alger après la conquête française.

Activité Les modalités d’écriture permettent différentes productions qui pourront souligner l’évolution et les contrastes de la ville transformée

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par la colonisation, la séparation des populations qui y cohabitent.

Sujet d’étude 2

(p. 88-89) 

1848, l’abolition de l’esclavage La question posée ici est de savoir non seulement comment l’esclavage a été aboli, selon quels principes et quelles modalités (doc. 3), mais aussi de se demander comment passer d’une société esclavagiste à une société d’hommes libres (doc. 2). Le délai prévu de deux mois pour l’application du décret suscite l’insurrection en Martinique et fait craindre sa propagation en Guadeloupe (doc. 1). Mais en Guyane, au Sénégal et à la Réunion les proclamations sont plus tardives sous la pression des propriétaires (doc. 4). Les nouveaux libres – dont le nombre est connu par les demandes d’indemnisation – bénéficieront certes des droits civils et civiques, mais la question de leurs moyens de subsistance et de leur contrôle les maintient dans la dépendance de leurs anciens maîtres (doc. 5 et 6).

Présentation des documents 1. L’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848 Désormais partisan d’une abolition immédiate, Victor Schœlcher (cf. p. 65) est nommé sous-secrétaire d’État à la Marine et aux Colonies dans le gouvernement provisoire et préside la commission d’abolition de l’esclavage. Le décret adopté le 27 avril n’est que progressivement promulgué dans les différentes vieilles colonies (dont le Sénégal : 10 000 nouveaux libres). Le tableau chronologique permet de lire les étapes difficiles de la mise en œuvre de l’abolition dans les colonies françaises. 2. L’Abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, François-Auguste Biard, 1849 Cette commande officielle célèbre l’œuvre de la République libératrice représentée – très officiellement à gauche par Schoelcher et des marins (les colonies étaient alors administrées par le ministère de la Marine). Les figures allégoriques des chaînes brisées complètent la scène idéalisée où se multiplient les gestes de

joie et de reconnaissance des nouveaux libres, signe de réconciliation de la société coloniale. 3. Extraits du décret d’abolition de l’esclavage, 27 avril 1848 Seuls quelques extraits du décret ont été retenus ici. D’une part les motifs du décret sont fixés selon les principes de la République et des Droits de l’homme : dignité humaine, principe naturel du droit et du devoir, dogme républicain. D’autres part quelques décisions : délai de promulgation, suppression des châtiments corporels (restreints par la loi Mackau, 1845), indemnisation des propriétaires (loi du 30 avril 1849), droit de vote des nouveaux libres. 4. L’Émancipation à la Réunion. Alphonse Garreau, 1848 Le tableau de facture plus simple et plus naïve que celui de Biard est aussi plus riche d’allégories et prometteur d’un avenir radieux. Au centre, Joseph Sarda-Garriga, commissaire de la République arrivé dans l’île le 13 octobre 1848, proclame l’abolition devant une assemblée de Noirs (au premier plan, l’image de la mère nourricière) regroupés par un autre représentant de l’autorité républicaine. Le passage de gauche à droite de l’image est celui de l’état de servitude à celui de la liberté nouvelle illustrée par les allégories de la République (buste de Marianne, inscription de la Liberté, balance de l’Egalité, faisceau de la nation), du travail (outils) et de la prospérité (usine, ruche). 5. Où les anciens esclaves vont-ils aller travailler ? Les nouveaux libres, pour la majorité d’entre eux « nègres de maison » (domestiques) ou « nègres des champs » n’ont guère de possibilité de trouver de quoi vivre en dehors des plantations de leurs anciens maîtres et sont contraints d’en devenir les salariés ou les associés (cf. doc. 6). C’est le sens du discours du commissaire de la République de Guyane, car la loi ne prévoit ni indemnisation ni compensation matérielle ou financière pour les anciens esclaves. 6. Des droits fragiles Victor Schœlcher, élu député de la Martinique en août 1848, est battu lors de l’élection législative de juin 1849, mais il est élu en Guadeloupe. Il accuse ses adversaires (Bissette et Pécoul) d’une campagne calomnieuse et THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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justifie son action pour l’abolition par cet écrit. L’extrait décrit la manière dont les colons aidés des autorités publiques restreignent les droits des nouveaux libres.

Réponses aux questions 1. Un représentant officiel, texte à la main, devant des symboles de la République, annonce l’abolition à une assemblée d’esclaves : dans le document 2, la joie et la réconciliation de la société coloniale sont décrites, dans le document 4, l’avenir prospère assuré par le travail est présenté aux nouveaux libres. Dans les deux documents, la scène est très idéalisée et enrichie d’allégories. 2. La proclamation des indépendances est prévue deux mois après la promulgation du décret dans chaque colonie. En Martinique, l’insurrection des esclaves (22 mai) précipite l’abolition ; en Guadeloupe, la crainte d’une insurrection accélère la décision (27 mai, soit un mois après l’adoption du décret à Paris). Mais en Guyane et plus encore à la Réunion, l’abolition est plus tardive et respecte strictement le délai. 3. Les nouveaux libres ne peuvent plus être soumis aux châtiments corporels, ni être vendus. Ils pourront élire leurs représentants. Ils peuvent en principe librement choisir leur résidence et leur travail. Les anciens maîtres, les « colons », recevront une indemnité en compensation de la perte de propriété de leurs anciens esclaves. 4. Les anciens esclaves sont libres mais ils se trouvent sans propriété personnelle pour se loger, sans véritables possibilités d’emploi. Ils

n’ont pas vraiment d’autre choix que de vivre et travailler en tant que salarié ou qu’associé dans les plantations de leurs anciens maîtres.

Activité L’activité consiste à s’interroger sur les conditions possibles d’existence dans les colonies pour les nouveaux libres et sur la nature des nouveaux rapports sociaux que l’abolition a sinon instaurés, du moins maintenus.

Vérifier ses connaissances

(p. 90) 

1. Cf. tableau en bas de page. 2. a. 1848 b. 1815 c. 1833 3. Conquête, administration et exploitation d’un territoire et de ses habitants par une métropole 4. a. L’administration des colonies est assurée par les Européens. b. La minorité des Européens et la masse des populations indigènes cohabitent sans se fondre. c. La main d’œuvre indigène travaille dans les domaines agricoles et forestiers aux mains des colons. 5. Recherche de ressources et de débouchés économiques ; contrôle des routes, des points stratégiques, des territoires ; diffusion de la civilisation européenne.

Colonies héritées des XVIIe et Empire colonial

Empire britannique

Empire français 70

HISTOIRE

XVIIIe

siècles (régions, exemples de territoires) • Amérique du Nord : Canada • Antilles : Bahamas, Jamaïque et Guyane • Asie : Indes • Antilles : Martinique, Guadeloupe, Guyane • Asie : comptoirs des Indes

Expansion coloniale au XIXe siècle (régions, exemples de territoires) • Afrique : Afrique orientale (Egypte, Soudan, Kenya), Afrique australe (Rhodésie, Afrique du Sud) • Péninsule arabique (Arabie du Sud) • Asie : Birmanie, Malaisie • Océanie : Australie, Nouvelle-Zélande • Afrique : Afrique du Nord, AOF, AEF, Madagascar • Asie : Indochine

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Exercer ses compétences

(p. 91) 

Appliquer la méthode Présentation du document Le Petit Colon algérien est un journal publié à Alger au début des années 1890, avec un supplément illustré hebdomadaire ; il publiait également un almanach. L’illustration donne une image valorisante et moderne de la mise en valeur d’une agriculture intégrée dans une économie commerciale.

Réponses aux questions 1. L’Almanach du Petit Colon est une publication annuelle destinée aux colons européens d’Algérie. Sur l’illustration, la présence colo-

niale française et européenne est marquée par des éléments comme le drapeau français, les maisons au toit à double pente, le clocher d’une église. Le blé (gerbes) et le vin (vigne, barrique) sont destinés aux Européens ; le chemin de fer et le port d’Alger en arrière-plan en permettent l’exportation vers la métropole. 2. Le berger, avec son troupeau et devant un gourbi (maison rurale avec une couverture végétale), représentent l’Algérien colonisé. La publication étant destinée aux colons, elle valorise la mise en valeur agricole coloniale de l’Algérie, soulignant le contraste entre deux types d’agricultures, pastorale (traditionnelle, indigène) et sédentaire (commerciale, européenne).

THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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PEAC

La Tour de M. Eiffel, symbole français

Introduction • La tour Eiffel est le « clou » de l’Exposition universelle de 1889 comme l’indique Pascal Ory dans L’Expo universelle, Paris, 1989. Le choix de cette « carcasse métallique » (selon l’expression de Maupassant) pour traiter de la notion d’espace patrimonial s’impose puisque la tour Eiffel est devenue une métonymie de Paris, capitale de la France. • La situation proposée permet aux élèves d’acquérir des connaissances liées au programme d’histoire (industrialisation, nouveautés techniques, figure de l’ingénieur, affermissement de la IIIe République) tout en mettant en œuvre une démarche d’histoire des arts. La question qui se pose est : Comment la Tour Eiffel, prouesse technique, devient-elle une œuvre, symbole de la France ? • On est là au cœur de ce qui fait sens en histoire des arts : qu’est-ce qui fait œuvre ? Comment une construction dénigrée qui avait vocation à ne rester que le temps d’une exposition a-t-elle été conservée et est devenue un symbole ? Peut-on considérer que l’ingénieur Eiffel est aussi un artiste ? Comment de nouvelles techniques peuvent-elles participer de la réalisation d’œuvres sans elles impossibles ? • La production envisagée lie la pratique numérique – réaliser un diaporama incluant texte et images – à sa présentation orale ce qui permet d’envisager qu’il soit utilisé dans le cadre de l’épreuve orale du DNB puisque celleci peut s’appuyer sur un parcours. Le PEAC se construit tout au long du cycle 4, il opère du lien entre différentes disciplines qui le nourrissent. Le cours d’histoire qui introduit aussi des connaissances et pratiques du programme d’histoire des arts y participe tout comme d’autres disciplines peuvent le faire tel que suggéré ci-dessous. • Le choix est laissé à l’élève de développer un commentaire sur l’aspect technique de la construction de la tour, sur l’impact social de celle-ci ou encore sur la manière dont elle a inspiré les artistes. Puisque l’aspect patrimonial de cette tour est central, il est possible – toujours de manière pluridisciplinaire – d’aborder 72

HISTOIRE

le fait que la tour Eiffel a inspiré des artistes dans la durée : dans les années 1920, elle devient un symbole de modernité et d’avantgarde.

Présentation des documents • Les documents proposés dans la double page se réfèrent à des domaines artistiques différents : architecture, littérature, poésie, photographie et peinture. Ils peuvent tous être étudiés dans le cadre du programme d’histoire, cependant, certains peuvent aussi être éclairés par des études en cours de français, d’arts plastiques, voire de langues vivantes (n’oublions pas qu’Eiffel a construit dans le monde entier et que l’ossature métallique de la statue de la Liberté lui revient). La construction de la tour dans son aspect le plus technique peut sans doute être abordée dans les cours de technologie ou de physique. • Pour leur production, les élèves devront organiser leur propos en réutilisant les documents fournis, mais aussi d’autres documents qu’ils pourront avoir travaillé avec d’autres professeurs ou qu’ils auront trouvé dans le cadre du CDI par exemple.

Compétences et pistes d’évaluation • Les compétences visées par cette proposition de PEAC sont diverses : – Communication orale : construire un exposé de quelques minutes sur un petit ensemble d’œuvre ou une problématique artistique. – Proposer une analyse critique simple et une interprétation d’une œuvre. – Éducation « au et par » le numérique. • L’élève peut choisir ce qui correspond le mieux à son mode d’apprentissage : analyse de texte (intelligence linguistique), d’œuvres d’art (intelligence visuelle), description technique (intelligence logique). • Le groupe classe peut participer à l’évaluation des exposés oraux, en pratiquant une écoute active. Chacun complète une grille qui prend en compte la qualité formelle de l’oral et les contenus abordés.

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PARCOURS AVENIR

Saint-Gobain : de la fabrication des miroirs à l'industrie chimique

Ce sujet associé au parcours Avenir a pour objectif de faire découvrir le monde économique et professionnel à travers l'histoire de la société Saint-Gobain durant l'industrialisation de l'Europe au xixe siècle. Les élèves pourront prolonger cette étude en effectuant des recherches sur les activités actuelles de l'entreprise. La découverte des métiers de la verrerie et de l'industrie chimique confrontée aux représentations des élèves pourrait contribuer à l'élaboration de leur projet d'orientation scolaire ou professionnelle : par exemple, quels atouts et contraintes des métiers évoqués ou souhaités par les élèves ?

Présentation des documents Les documents 1 et 2 apportent une vision de la lente introduction de la mécanisation dans des activités héritant d'un savoir-faire traditionnel, la production de glace de verre. La chronologie (doc. 3) ainsi que l'affiche publicitaire (doc. 4) pourront illustrer les choix d'une entreprise contrainte de s'adapter à la concurrence et de se développer pour se renforcer. Doc. 1 – La fabrication de la glace, un savoir -faire pour un produit de luxe en 1824 La fabrication de la glace découle d'un savoirfaire artisanal comprenant plusieurs activités parmi lesquelles : le déchargement des « billettes » de bois pour chauffer les fours, l'épluchage des terres d'argile, le façonnage de pots et cuvettes pour fondre le verre par les potiers, la « salinerie » (fabrication de la soude) avant l'adoption de la soude chimique, l'alimentation des fours par la « danse des tiseurs » pour entretenir le feu intense, la fonte des pots et cuvette dans le four. Puis l'écrémage, le coulage et le doucissage des glaces s'effectuent comme le montre le document. La mécanisation transforme le polissage. Enfin, l'emballage des glaces en panier se fait à la main, pour éviter casse et rayures (dans caisse en bois et papier remplies de paille).

Doc. 2 – Introduction de la mécanisation dans les ateliers de polissage Lorsque l’empereur Napoléon III visite l’atelier de Chauny en 1858, il découvre une grande galerie remplie de machines et occupée par de jeunes adolescents chargés de leur surveillance et de leur entretien. Il faut ajouter le travail des femmes, « les raccommodeuses », qui corrigent les derniers défauts des glaces. Doc. 3 – Saint-Gobain en quelques dates La manufacture des glaces de Saint-Gobain, village de Picardie au XVIIe siècle, devient tout au long du XIXe siècle une entreprise spécialisée dans la production, la transformation et la distribution de matériaux. Dans les années 30, poussée par la concurrence des matières plastiques transparentes, Saint-Gobain développe ses recherches sur le PVC. En 1971, SaintGobain se détache de ses activités chimiques en fusionnant avec le groupe de fabrication de fonte « Pont-à-Mousson » puis diversifie ses activités à partir de 1975. En 1986, SaintGobain fait partie des groupes privatisés. En 1996, le groupe se consacre à la distribution de matériaux de construction. Doc. 4 – Saint-Gobain, premier producteur d'engrais chimiques pour l'agriculture La production de Saint-Gobain se diversifie au XIXe siècle, de la verrerie aux sulfates puis à la poudre de canon durant la Première Guerre mondiale. En 1914, la compagnie possède 38 usines dont 12 pour la fabrication des glaces et 26 pour la production de produits chimiques dont à Chauny et à Saint-Fons.

Réponses aux questions 1. La fusion de Saint-Gobain avec la compagnie Saint-Quirin en 1857 a pour but de vendre plus de produits aux États-Unis. La fusion avec la maison Perret-Ollivier en 1872 permet d'obtenir plus de soude pour fondre le verre. Les deux fusions permettent de diversifier les activités.

THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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2. Les ateliers se transforment grâce à l'emploi d'un four chauffé à haute température, de l'usage de nouveaux matériaux comme la plaque de cuivre et le cylindre en laiton. 3. Les employés à la fabrication du verre au XIXe siècle travaillent manuellement dans la chaleur et sans être bien protégés des brûlures, y compris pour les enfants. Le travail dans les ateliers de polissage est monotone et consiste à surveiller les machines de polissage. 4. Le nouveau marché pour la soude est l'engrais chimique pour l'agriculture, ce qui suppose une augmentation de la production en augmentant le nombre d'usines d'engrais chimiques. 5. Les produits vendus par Saint-Gobain sont les miroirs, la production de soude sulfurique et d'engrais chimique. En cas d'augmentation des activités de l'entreprise, les salariés risquent de changer de métier, de travailler plus ou d'être embauchés davantage. Pour les actionnaires, le capital pourrait augmenter et les bénéfices aussi. Mais il peut y avoir plus de ris-

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HISTOIRE

ques avec la concurrence de la soude à l'ammoniaque.

Aide pour la situation Le travail des élèves peut être différencié pour la rédaction de leur intervention à l'aide du tableau suivant : L'évolution de Saint-Gobain

Réponses aux questions 1, 2 et 3. Doc. 1, 2 et 3 : de la fabrique des miroirs à la production industrielle de soude.

Les choix de développement de l'entreprise

Réponses aux questions 4 et 5. Doc. 3 et 4 : renforcement face à la concurrence et diversification des activités de l'entreprise par les fusions.

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PARCOURS

La Bible relue par la science

CITOYEN Problématique Cette étude inscrite dans le cadre du parcours Citoyen présente un intérêt pour le travail en EMC autour du jugement (1c. La laïcité comme liberté de penser et de croire ou de ne pas croire, la distinction entre opinion et croyance). L'objectif étant de s'exprimer à l'oral pour distinguer la pensée scientifique de la vision religieuse du monde, on évitera toute dérive vers un débat contradictoire sur les croyances religieuses.

Présentation des documents La caricature de Darwin sous les traits d'un singe dans un arbre, par André Gill en 1878 est tirée de la couverture de la « Petite Lune », hebdomadaire anticlérical. Elle illustre le document 1 sur l'hypothèse de l'origine de l'homme selon Darwin. Elle peut être mise en parallèle avec l'affiche publicitaire, document 2, qui permet de montrer la diffusion des découvertes scientifiques dans les journaux et les ouvrages de vulgarisation scientifique. Les documents 3 et 4 offrent deux points de vue pour éviter que l'objectif dérive en un débat entre scientiste et croyant. D'une part, il permet de montrer les limites du scientisme et d'autre part, que la science n'est pas rejetée par tous les hommes d'Eglise au XIXe siècle. Doc. 1 - L'origine de l'homme selon Darwin Charles Darwin formule sa théorie à partir d'une théorie déjà discutée depuis le XVIIIe siècle : le transformisme. Des savants comme le Français Tournefort pour la botanique (1694), le Suédois Linné avec le Systema naturae (1735) ou Buffon qui commence à rédiger en 1739 son Histoire naturelle essaient de classifier et de comparer les différents êtres vivants, avec l'idée que les espèces puissent dériver d'ancêtres communs. Mais c'est en 1809 que le français Jean-Baptiste de Lamarck expose pour la première fois une théorie cohérente de l'évolution dans sa Philosophie zoologique. Charles Darwin, médecin, botaniste et entomologiste, a pu connaître cette théorie par son grandpère, Erasmus Darwin, lui-même homme de

science autodidacte. Mais c'est lors de son voyage autour du monde à bord du Beagle, de 1831 à 1836, que Charles Darwin, par ses observations de naturaliste de terrain, a pu pencher en faveur du transformisme. Il lui faut vingt ans de réflexion pour mûrir sa théorie et publier en 1859, L'Origine des espèces. Doc. 2 - La découverte de la préhistoire La théorie fixiste (immuabilité des espèces) est jusqu'au XVIIIe siècle généralement admise par les savants d'autant plus qu'elle concorde avec le récit biblique de la Création. Reprenant les idées du naturaliste français Georges Cuvier (1769-1832), les créationnistes interprètent les premiers fossiles découverts comme la preuve que Dieu aurait effectué plusieurs cycles d'extinctions d'espèces et de recréations du monde. Mais plusieurs éléments remettent en question cette théorie au cours du XIXe siècle : le développement de la paléontologie, les progrès de l'anatomie comparée, les observations de mutations d'espèces végétales et les classifications. Doc. 3 - À l'école laïque, le point de vue des « scientistes » s'exprime Les scientistes s'appuient sur l'idée de progrès apporté par les sciences dites positives formulées par Auguste Comte (1798-1857) comme étant le troisième état de connaissance de l'humanité, après l'état théologique et métaphysique. Les sciences positives mettent en avant le primat de la raison organisant le monde, contrairement aux Églises, débat qui se retrouve entre instituteurs « laïcards » et religieux à propos de l'enseignement sous la IIIe République. Mais le scientisme qui se base sur une démarche inductive, dégageant des observations des règles générales, réduit la science à sa dimension pratique et omet sa dimension théorique : la science permet de vérifier la validité ou non des hypothèses qu'elle est en droit de formuler par sa démarche hypothético-déductive. Doc. 4 - Le point de vue des hommes de foi sur l'interprétation religieuse de la Bible Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938) est à l'origine de la création de l'École pratique THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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d'études bibliques en 1890. Il cite le cardinal Juan Gonzalez Arintero pour justifier la création d'une revue d'exégèse selon la méthode historique et critique apparue dans les sciences humaines, ce qui lui vaut la désapprobation des milieux catholiques au début du XXe siècle. Ernest Renan (1823-1892), philosophe et historien français, avait déjà fait scandale en remettant en cause le caractère divin de Jésus, par sa méthode de critique historique des textes.

Réponses aux questions 1. Selon Darwin, le plus ancien ancêtre de l'Homme serait un poisson puis un reptile ou un amphibien devenant un marsupial (à quatre mains) puis un mammifère velu et pourvu d'une queue et d'oreilles pointues. 2. Les nouvelles découvertes dans les sciences naturelles au XIXe siècle sont l'évolution des espèces permettant de comprendre l'origine de l'Homme et la découverte des fossiles préhistoriques et des roches. 3. L'auteur critique les récits bibliques expliquant la création du monde à partir de rien, ferait l'homme adulte tout de suite et la femme, conçue à partir d'un simple morceau de côte pour la seule distraction de l'homme. 4. L'auteur exprime son point de vue de la science car celle-ci est repose avant tout sur les

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HISTOIRE

hypothèses plutôt que sur des principes certains. 5. La science ne remet pas en question l'interprétation religieuse de la Bible car elle permet d'apporter une méthode pour mieux l'approcher.

Aide pour la situation Le travail des élèves pourrait être différencié pour la préparation de leur exposé à l'aide du tableau suivant : Les découvertes scientifiques de l'époque

Réponses aux questions 1 et 2. Doc. 1 et 2 : l'évolution des espèces à travers le naturalisme, la géologie, la paléontologie.

Une opinion sur les différentes interprétations de la Bible

Réponses aux questions 3, 4 et 5. Doc. 3 et 4 : une opinion qui réfute la vérité littérale de la Bible opposée à une opinion qui accepte son interprétation symbolique.

L'évaluation peut être demandée sous forme d'un compte-rendu rédigé ou bien un corrigé sur lequel les élèves prélèvent les informations permettant de répondre aux deux grandes parties de la situation.

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AP

Raisonner, justifier une démarche et les choix effectués

Il s'agit de permettre à l'élève de se poser des questions à partir d'un document associé à une situation historique. L'affiche choisie propose des éléments iconographiques et textuels permettant de relever des transformations liées au transport ferroviaire (progrès industriel, consommation, répercussions sur d'autres activités et métiers), ce qui nécessite de relier la compétence travaillée avec celle de la pratique de plusieurs langages (image-texte).

Présentation du document Doc. 1 – Les chemins de fer, un nouveau moyen de transport né de la révolution industrielle • L'affiche publicitaire de la « Compagnie des chemins de fer de l'ouest et de Brighton » (Sussex, sud-est de l'Angleterre) de 1890 s'adresse à des professionnels pour proposer un transport de produits délicats (fleurs, légumes, fruits) de la gare Saint-Lazare à Paris jusqu'à Londres. La durée du transport depuis Paris comprenait la traversée de la Manche par bateau à partir de Dieppe pour se rendre au port de Newhaven avant de parvenir jusqu'à Londres, d'où la durée du trajet de 11 heures. • La ligne Dieppe-Fécamp fut exploitée par la compagnie des chemins de fer de l'ouest née en 1855 de la fusion de plusieurs compagnies de chemin de fer de Normandie avec l'essor des stations balnéaires de la Manche. À la fin du XIXe siècle, elle fit un partenariat avec la compagnie ferroviaire anglaise la « London Brighton and South Coast Railway » desservant les stations balnéaires du sud-est de l'Angleterre et une compagnie maritime pour desservir la ligne Paris-Londres.. Mais la ligne subit la concurrence de la « Compagnie des chemins de fer du Nord » qui proposa un transport plus rapide avec le progrès de la vitesse des trains et la traversée de la Manche par bateau depuis Calais-Douvres, plus courte.

Travailler autrement • Situation 1 La notice du document 1 peut se présenter sous la forme d'une carte mentale en suivant le « pas à pas » : – Qui ? La compagnie des chemins de fer de l'ouest et de Brighton. – Quoi ? Le transport de « fleurs, de primeurs et de légumes à destination de Londres » comme on le voit au 1er plan avec un cheminot et la gare et le train au second plan. – Quand ? A la fin du XIXe siècle (1890). – Où ? De la gare Saint-Lazare depuis Paris, France jusqu'à l'arrivée à Londres, RoyaumeUni. – Pourquoi un bouleversement ? Par le développement du chemin-de-fer qui relie des villes malgré la distance et par la durée de moins en moins longue (marchandise au départ en fin d'après-midi, arrivée à la première heure du matin). – Comment transforme-t-elle l’économie ? Les paysans peuvent cultiver des fruits, des légumes et des fleurs pour être vendu jusqu'à Londres. – Comment transforme-t-elle la société ? Il y a de nouveaux métiers comme les cheminots ou les porteurs de marchandises dans les gares. Des hommes d'affaires peuvent être intéressés par l'achat ou la vente de ces produits transportés. • Situation 2 Il s'agit de formuler un paragraphe organisé autour des causes et des conséquences du chemin de fer en tant que bouleversement industriel au XIXe siècle. « La ligne Paris-Londres permet de comprendre l’histoire du développement du chemin de fer car on y retrouve des explications à sa mise en place : l'innovation technologique de la locomotive à vapeur, le développement des industries pour extraire du charbon ou pour transformer le fer en métal afin de fabriquer des rails, des locomotives, des wagons, et de nouveaux moyens de financement tels que les sociétés anonymes par actions. THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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D'autre part, la ligne ferroviaire Paris-Londres montre des conséquences générales sur le développement des échanges grâce à la diminution du coût de transport. Le chemin de fer transforme les villes avec la construction des gares peintes par les artistes impressionnistes comme Claude Monet et change la vie des gens par de nouveaux métiers (cheminots) et de nouveaux besoins (voyageurs, hommes d'affaires). »

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HISTOIRE

• Situation 3 Le choix pourrait être un autre moyen de transport (bateau à vapeur traversant le canal de Suez achevé en 1869) ou un tout autre exemple pour réutiliser les questions du « pas à pas ». Le critère de différenciation pour ce travail serait de rédiger un autre paragraphe organisé selon un plan causes/ conséquences afin de montrer en quoi l'exemple choisi montre un bouleversement industriel au XIXe siècle.

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EPI

Sciences, technologies et sociétés : les sciences au service du progrès 2) Les sources d'énergie et la vitesse L’égalité hommesfemmes en Europe

Introduction • Il s'agit de poursuivre l'enseignement pratique interdisciplinaire proposé dans le domaine des sciences, des technologies et des sociétés et pouvant intégrer le thème 2 pour la partie sur l'Europe et l'âge industriel. Cet enseignement peut s'effectuer avec d'autres disciplines, plus particulièrement la technologie et la physique-chimie. Le personnage fictif de la professeure Technè permettra d'introduire un jeu de rôle pour évaluer le travail collaboratif des élèves. • Le travail commence au préalable par la découverte des enjeux à partir des questions de l'étape 1 du manuel. Les élèves se mettent ensuite à mener des recherches selon l'attribution des heures avec les autres disciplines, afin de répondre à l'étape 2 de cet EPI.

Présentation des documents Doc. 1 – Le fonctionnement de la machine à vapeur de James Watt (maquette) La machine de l'écossais James Watt (1736-1819), brevetée en 1769, améliore celle du français Denis Papin (1642-1712), des anglais Thomas Savory (1650-1715) et Thomas Newcomen (1664-1729), par la recherche d'un double effet apportant plus d'efficacité. Cette invention introduit cinq nouveautés : le volant et le régulateur pour régler la vitesse, le balancier pour transformer l'action mécanique, le condenseur et le tiroir de distribution pour alimenter la machine en eau. Doc. 2 – Les impacts d'une innovation industrielle dans les transports ferroviaires L'invention de James Watt se diffuse grâce au soutien financier de son associé Matthew Boulton (1728-1809), riche entrepreneur de Birmingham et par les échanges dans les cercles de savants et intellectuels comme le « Lunar society » : ce duo inventeur-entrepreneur per-

met d'expliquer ensuite la « grappe d'innovations » qui en découle et parmi lesquelles figure la locomotive à vapeur de Georges Stephenson (1781-1848) selon la logique de l'économiste autrichien Joseph Schumpeter.

Réponses aux questions Étape 1 1. Le schéma doit comprendre les éléments suivants : le cylindre, le balancier, le volant, la chaudière, le condenseur et la pompe d'alimentation. 2. La locomotive à vapeur fonctionne à partir de la combustion du charbon dans la chaudière permettant de chauffer l'eau et la transformer en force par la vapeur. 3. Le temps de trajet ne comprend pas les haltes.   Durée en Durée en diligence chemin de fer en 1814 en 1893 Paris-Lille 200 km/ 34 h = 5,88 km/h

200 km/225 mn= 0,88 soit 0,88 x 60mn = 53,33 km/h

ParisMarseille

663 km/ 112 h = 5,9 km/h

663 km/847 mn = 0,78 soit 0,78 x 60mn = 46,9 km/h

ParisBrest

510 km/ 87 h = 5,86 km/h

510 km/801 mn = 0,62 soit 0,62 x 60 mn = 37,7 km/h

4. La locomotive à vapeur permet de se déplacer plus rapidement mais elle nécessite un développement des infrastructures (rails, viaducs, ponts) et l'emploi de source d'énergie (charbon) et de matières premières (eau, fer).

THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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Étape 2 1. Les élèves peuvent choisir des inventions dans les transports ou dans le domaine des voies de communication. À titre nonexhaustif : cf. tableau ci-dessous. 2. Les sources d'énergie renouvelables seront choisies parmi le solaire (solaire photovoltaï-

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que, solaire thermique), l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse, la géothermie. Voir les animations pédagogiques sur les énergies renouvelables le site : www.cea.fr.

Transports mécanisés sur l'eau

Transports mécanisés sur terre et sur air

• 1er bateau à vapeur en France par Jouffroy d'Abbans en 1783 • Propulsion par la roue à aube de l'américain Fulton en 1807 • Voilier à vapeur en 1819 • Propulsion par l'hélice en 1837

• Rocket de Stephenson, (1829) • Locomotive de Crampton (1850) • Montgolfière de 1783 • L'automobile à la fin du XIXe siècle • Avion début du XXe siècle

HISTOIRE

Voies de communication et infrastructures • Navigables : ex. du canal de Suez en 1869 • Aménagement des ports de transport de marchandises (Londres, Liverpool, Le Havre, Marseille, Saint-Nazaire, Hambourg) • Voies ferrées : ex. du transsibérien en 1904

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DNB

Histoire, Géographie et Enseignement moral et civique

Exercice 1– Analyser et comprendre des documents 1. Les espaces colonisés concernent essentiellement les continents africain et asiatique qui sont sous la domination européenne, en particulier la Grande-Bretagne et la France qui disposent des deux plus grands empires coloniaux. 2. La quasi-totalité du territoire africain est sous le contrôle des européens. L’Afrique ressemble à un puzzle (différents pays prennent possession du continent). À la conférence de Berlin (novembre 1884-février 1885), 14 pays définissent les zones d’influence en Afrique. 3. La domination européenne s’exprime également par les courants migratoires (500 000 européens en Algérie) : les populations transportent également leurs modes de vie et leurs cultures. Les européens contrôlent également le trafic maritime en occupant des points de passages stratégiques (canaux et détroits) et des routes commerciales. Enfin, les européens investissent dans ces territoires (mines, exploitations agricoles). 4. Des tensions apparaissent entre les puissances européennes qui ont des appétits de territoires afin de s’affirmer face à leurs concurrents. Les tensions sont également le fait des résistances des populations locales qui s’opposent à cette domination.

Exercice 3 - Enseignement moral et civique 1. Deux types de droits sont mentionnés : le droit au travail afin d’assurer la subsistance de chacun (droit ancien déjà affirmé en 1793 par la loi du 19 mars et dans l’article 21 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen) et le droit du travail qui garantit chaque travailleur d’un salaire équitable afin d’assurer une existence conforme à la dignité humaine (on peut élargir la réflexion avec le salaire vital élaborée par la coalition Asia Floor Wage). 2. Le fret d’Air France est confronté aux difficultés conjoncturelles (faible demande et hausse du prix du carburant) mais également à une concurrence du transport maritime ainsi qu’aux avions gros porteurs disposant de grandes soutes. Air France réduit donc ses avions cargo et transfert une partie des marchandises dans les soutes des avions de passagers. 3. Les mesures prises par Air France ont des effets sur les personnels qui ont dû renoncer à des jours de TT, ont vu leurs effectifs chuter. La sous-traitance a fait son apparition. Les syndicats ont pour rôle de défendre les droits et les conditions de travail des salariés en cherchant à mettre en place un dialogue avec les chefs d’entreprise afin d’aboutir à des accords « satisfaisants » pour les deux parties.

THEME 2 > L’Europe et le monde au xixe siècle

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THÈME 3

Société, culture et politique dans la France du xixe siècle Présentation du thème • Le programme de 4e doit permettre de saisir les transformations que connaissent l’Europe et la France dans les domaines politiques, sociaux, économique et culturels entre le XVIIIe siècle et 1914. • Le dernier thème de l’année interroge sur ces changements mais en optant pour une échelle plus spécifiquement française alors que les deux précédents intégraient l’échelle européenne. Ce dernier thème clôt ce long XIXe siècle marquée par une Europe conquérante qui connaît un processus d’industrialisation et fait l’apprentissage de la démocratie. Ce dernier thème ouvre sur un court XXe siècle, celui de « l’âge des extrêmes », abordé en classe de 3e.

Présentation des pages d’ouverture (p. 104-105)  Présentation du document • Alfred Bramtot est un peintre de l’école réaliste, spécialisé dans les sujets mythologiques. Après avoir remporté le prix de Rome en 1879, il débute une carrière de peintre et de décorateur. Il concourt, sans succès, pour le décor de la mairie d’Arcueil-Cachan mais il remporte celui de la mairie des Lilas. Le suffrage universel, réalisée en 1891, occupe la totalité d’un mur de la salle du conseil municipal (largeur : 5,75m ; hauteur : 4,30 m) et présente l’acte électoral dans une grande simplicité. • Par sa nature et son contenu, l’œuvre apporte à la compréhension du thème en permettant d’aborder les trois leçons : – L’acte électoral présenté dans la toile permet d’aborder la question de la lutte, de la conquête longue et difficile pour mettre en œuvre un droit de vote universel masculin. La mise en avant du suffrage universel (masculin) s’inscrit dans la construction politique républicaine débutée avec la révolution française (thème 1).

– Au moment de la réalisation de la toile marouflée, la III e République est encore menacée par les monarchistes et les bonapartistes, les anarchistes ou encore la crise boulangiste. La toile présente donc un caractère propagandiste, pédagogique qui vise à construire une culture républicaine à travers des valeurs et des symboles bien identifiables : buste de Marianne, drapeau tricolore. Il s’agit de convaincre les français que l’acte électoral est indissociable de la république, une évidence. – Dans ce monde d’hommes, reflet d’un suffrage masculin, deux figures féminines sont néanmoins présentes aux deux extrémités de la pièce : – Un buste de Marianne, allégorie féminine d’une République d’hommes ; – Une petite fille avec son cerceau qui accompagne son père (?) qui permet de souligner une nouvelle fois l’absence des femmes mais aussi de lancer la réflexion sur les combats des femmes.

Réponse à la question La souveraineté du peuple est mise en avant par : – le lieu : la mairie qui est imposée à toutes les communes par la loi du 5 avril 1884 ; – le temps : un dimanche pour que chacun puisse participer au vote ; – l’action : l’acte électoral, le sujet de la scène représentée. Un homme, seul, libre de ses choix ; – le caractère solennel de l’acte électoral avec les représentants de la République : le Président du bureau, debout avec une tenue stricte ; ses deux assesseurs ; les scrutateurs qui veillent au bon déroulement des opérations ; un autre homme, devant la fenêtre, chargé des cartes électorales ; – les acteurs : la diversité de la population représentée par les tenues vestimentaires souligne l’égalité en droit : THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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– – – –

le paysan qui tend son bulletin ; un employé (col blanc chargé de papiers) ; un commerçant (long tablier de boucher) ; des bourgeois (cane et chapeau melon).

Le vote du simple paysan, placé au centre de la composition, est aussi important que celui d’une catégorie sociale supérieure. Les femmes sont encore exclues. Malgré la présence de deux figures féminines, le suffrage est masculin. Des combats sont encore à mener pour garantir une égalité des droits.

Pages Regards

(p. 106-109) 

Construire des repères historiques 1. Les opposants à la République sont essentiellement situés dans les terres de l’Ouest qui s’étendent du Nord-Pas-de-Calais jusqu’aux Pyrénées en passant par les terres bretonnes et vendéennes. On trouve quelques départements opposés dans le Massif central, en Bourgogne et dans le Nivernais. 2. Le comptage des ordinations réalisé par départements en 1876 permet de mesurer le degré d’attachement à la religion mais également d’établir un lien avec la pratique politique, le vote. Les régions qui comptent le plus grand nombre vocations correspondent aux régions qui restent attachés à la monarchie ou au bonapartisme. Toutefois, si le vote catholi-

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HISTOIRE

que a pu exercer de puissants effets politiques, il existe des régions avec une forte pratique religieuse et un vote républicain (Sud-Est de la France). 3. Trois types de régimes se succèdent : monarchie censitaire, république, empire et à nouveau république. Les différences entre ces régimes portent sur l’origine et l’exercice de la souveraineté, l’égalité des droits. Les changements sont liés à des soulèvements, des révolutions (1830, 1848), un coup d’État (1851), une défaite militaire (1870). Les constructions politiques sont le fruit d’affrontements violents. 4. Les changements de régime ont permis d’étendre le droit de vote à un plus grand nombre d’électeurs : le suffrage censitaire, établi en 1815, est élargi en 1830 pour ensuite devenir un suffrage universel masculin qui connaît certaines restrictions (conditions de domiciliation en 1850, très fort encadrement du droit de vote sous le Second Empire). 5. Les femmes parviennent difficilement à se faire une place dans une société masculine : elles accèdent à l’éducation ce qui permet à quelques-unes de rayonner dans les sciences, elles militent pour des droits politiques et sociaux. 6. La crise boulangiste ou l’Affaire Dreyfus témoigne des oppositions à la République

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CHAPITRE

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Une difficile conquête : voter, de 1815 à 1870

Présentation du chapitre Les soubresauts de la période révolutionnaire et de l’Empire perdurent dans la France du XIXe siècle. La question du vote fait l’objet de débats politiques et illustre les nombreux bouleversements politiques en France, de 1815 à 1870, dans une période de « révolution inachevée » (Sylvie Aprile, 2010). Les Français font l’apprentissage du « suffrage universel » à partir de 1848. Celui-ci est instrumentalisé sous le Second Empire au profit de Napoléon III. Mais sa pratique se pérennise.

Présentation des documents Doc. 1 – Le Suffrage universel • Dans le Suffrage universel, la République est d'abord représentée par son allégorie, la Marianne avec son bonnet et sa tunique rouges marquant son ancrage à gauche et accordant ses faveurs au peuple. Ensuite, elle est associée à tous les progrès qu'elle peut apporter: – les libertés issues de la révolution française (arbre de la liberté décoré de drapeaux tricolores et les tables de la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen) ; – le flambeau allumé, symbolisant Les idées nouvelles des Lumières ; – les nombreux progrès qui en découlent durant la première moitié de XIXe siècle: progrès industriel (trains, navires à vapeur, gare de chemin de fer), progrès social par la fumée des usines (en arrière-plan des trains) avec une référence peut-être aux ateliers nationaux qui ont embauché des chômeurs parisiens, financés par l’État, prospérité générale, symbolisée par la corne d'abondance déversant ses fruits. • La présence d'Alphonse de Lamartine en arrière-plan, rappelle son rôle politique majeur dans le gouvernement provisoire suite à l'émeute parisienne de février 1848. C’est lui qui imposa le drapeau tricolore face aux manifestants socialistes qui réclamaient un drapeau rouge. « Citoyens, le drapeau rouge n’a jamais fait que le tour du Champs de Mars, traîné dans le sang du peuple ; le drapeau tricolore a fait le

tour du monde avec le nom, la gloire et le liberté de la patrie ! ». Si son éloquence a été utile, elle s'est accompagnée aussi d'une promesse faite aux émeutiers : l'adoption du suffrage universel. • Les partisans du suffrage universel sont représentés à gauche de l'urne électorale, par une foule nombreuse et fraternelle composée de soldats, de paysans, d'ouvriers venus de toute la France grâce aux nouveaux moyens de transport nés de l'âge industriel (chemins de fer et bateaux à vapeur). Tandis que les opposants au suffrage universel se tiennent à droite de l'urne, moins nombreux, posant un regard sceptique sur la foule comme Adolphe Thiers, ancien ministre de Louis-Philippe et député orléaniste, regard apeuré des hommes du clergé, regard hostile des officiers se méfiant du peuple. Doc. 2 – Le Vote ou le Fusil La lithographie Le Vote ou le Fusil de Louis Marie Bosredon fait désormais partie des images les plus évocatrices de la mémoire des révolutions et des changements de régimes politiques en France au XIXe siècle. Elle oppose l'élargissement du droit de vote et la violence des barricades armées. Le suffrage universel est représenté ici de manière allégorique par une urne de modèle antique, très éloignée de l'époque du dessinateur. L'ouvrier déposant son fusil illustre l'interprétation que les Républicains ont voulu rapidement imposer de l'insurrection de février 1848: le suffrage universel est une conquête populaire justifiant la fin de la violence révolutionnaire, même si ce ne fut pas une revendication demandée par tous les insurgés parisiens. Cette injonction à cesser l'exercice d'une violence non-légitimée trouve sa limite en juin 1848 avec de nouvelles révoltes populaires à Paris suite à la fermeture des ateliers nationaux et leur répression par les troupes du général Cavaignac.

Réponses aux questions 1. Les symboles républicains figurant dans le tableau sont la Marianne, le drapeau tricolore (l’image est tronquée mais l’on peut en THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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apercevoir un sur l’arbre) et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. 2. Les bienfaits à repérer sont les progrès (les chemins de fer, les bateaux, les usines), les idées des Lumières (la flamme), la richesse (la corne d’abondance), le commerce (les bateaux), la fraternité (les foules et leur diversité sociale). 3. Les éléments qui symbolisent le passage vers une société plus démocratique sont le vote dans l’urne que le suffrage universel rend possible et l’abandon de la violence armée révolutionnaire.

Cours

(p. 112-113) 

Les documents sont choisis pour la diversité de leur nature (deux images, un tableau de chiffres, deux textes) et pour l'éclairage qu'ils apportent en complément au cours. Il s'agit de donner chair à l'évolution du droit de vote de 1815 à 1870 par l'évocation de quelques personnages politiques majeurs ( les monarques comme Louis XVIII et Louis-Philippe ou bien le républicain Alphonse de Lamartine) mais aussi à travers un plus grand nombre d'électeurs et leurs difficultés à s'approprier ce nouveau droit. Le suffrage universel masculin à partir de 1848, excluant d'évidence de son champ d'application, les femmes, les « indigènes » des colonies et les mineurs, la problématique du cours insiste davantage sur l'élargissement et le lent apprentissage du droit de vote, ainsi que son instrumentalisation par le pouvoir.

Présentation des documents Doc. 1 – Louis-Philippe Ier, roi des Français, prête serment sur la Charte, François Gérard Huile sur toile peinte par le baron Gérard, portraitiste royal de Louis XVIII et de Charles X, réalisée trois ans après la révolution des « Trois Glorieuses » journées de juillet 1830. LouisPhilippe qui n’a pas été sacré à Reims, a l’intention de se rendre légitime en prêtant serment sur la charte constitutionnelle le 9 août 1830 et en adoptant l’uniforme de général de la Garde nationale le 29 août 1830.

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HISTOIRE

Doc. 2 – Évolution du droit de votre de 1817 à 1850 Complément pour expliquer aux élèves qui sont les électeurs, les conditions pour être élus et la manière de voter de 1815 à 1870 : cf. tableau page suivante. Doc. 3 – Extraits de la Charte de Louis XVIII, 1814 La charte constitutionnelle du 4 juin 1814 comprend 76 articles de loi. Louis Stanislas Xavier, comte de Provence, roi sous le nom de Louis XVIII l’octroie après qu’il a refusé une constitution proposée par le Sénat. C’est un texte de compromis car il conserve des acquis de la Révolution et rétablit sur le trône la dynastie des Capétiens-Bourbons. En ce sens, c’est la restauration d’une monarchie limitée et non d’une monarchie parlementaire. La charte est appliquée en 1815 après les Cent jours de Napoléon de son retour d’exil de l’île d’Elbe. Louis XVIII n’a jamais été sacré, considérant qu’il était monarque de droit divin depuis 1795 à la mort présumée de son neveu, Louis XVII, en prison. Doc. 4 – Le suffrage universel sous la IIe République Alphonse de Lamartine (1790-1869), « prince des poètes » sous la Restauration, « prince des orateurs » sous la Monarchie de Juillet est aussi un des hommes forts du gouvernement provisoire de la Deuxième République, partisan de l’instauration du suffrage universel et de l’abolition de l’esclavage. En 1850, Lamartine est député de Saône-et-Loire à l’Assemblée législative. Dans la deuxième partie de son ouvrage (livre IV, chapitre II), il revient sur sa conception du suffrage universel, principe qu’il estime indissociable de la Démocratie et de la République (p. 188). Doc. 5 – Le plébiscite expliqué aux gens du peuple À la parution de cette lithographie, Honoré Daumier (1808-1879) est déjà célèbre pour ses caricatures de Louis-Philippe sous la Monarchie de Juillet parues dans les journaux satiriques La Silhouette et le Charivari. Sous le Second Empire il est renvoyé du Charivari (1860) avant d’être réintégré trois ans plus tard. Le plébiscite du 8 mai 1870 est le dernier sous Napoléon III. Il porte sur une modification

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Régimes politiques

Qui sont les électeurs ?

Qui sont les élus ?

Comment ?

1815-1830

– Les citoyens électeurs de plus de 30 ans – 300 Fr de cens

Les citoyens éligibles de plus de 40 ans et de 1 000 francs de cens = 459 députés de la Chambre basse pour 5 ans

– Bulletin de vote écrit à la main – Déposé au chef-lieu du canton

1830-1848

– Les citoyens électeurs de plus de 25 ans – 200 Fr de cens

Les citoyens éligibles de plus de 30 ans et de 500 francs de cens = 459 députés de la chambre basse pour 5 ans

– Bulletin de vote écrit à la main – Déposé au chef-lieu de canton

1848-1852

Tous les citoyens de plus de 21 ans avec une restriction en 1850 pour ceux qui ne réside pas 3 ans dans un même domicile

– Les citoyens éligibles de plus de 25 ans = les 900 députés de l’Assemblée constituante puis les 750 députés de l'Assemblée législative pour 4 ans – Le président pour 4 ans

– Bulletin de vote imprimé et secret – Déposé à la commune

1852-1870

Tous les citoyens de plus – Les quelques 280 députés du de 21 ans sans corps législatif pour 6 ans restriction – Les 5 Plébiscites de l’empereur Napoléon III

de la constitution pour conforter la dynastie impériale.

Réponses aux questions 1. Les symboles de la monarchie constitutionnelle sont la personne du roi Louis-Philippe en uniforme tricolore de général de la Garde nationale ainsi que la Charte constitutionnelle sur laquelle il a prêté serment. 2. De 1817 à 1850, le nombre d’électeurs en France augmente de 110 000 à 6 millions à cause de l’élargissement du corps électoral sous la monarchie de Juillet et du suffrage universel après la révolution de 1848. 3. Les pouvoirs du roi sont exécutifs (art. 13), législatif (art. 15 et 16) et judiciaire (contrôle des lois, art. 22). 4. Ceux qui votent la loi sont les députés et les nobles de la chambre des Pairs (art. 15). Ceux qui élisent les députés sont les électeurs âgés de plus de trente ans et payant 300 francs d’impôts (art. 40). 5. La démocratie apporte aux citoyens l’égalité. 6. Le rôle des représentants du peuple selon Lamartine est d’exercer la souveraineté au

– Bulletin imprimé et secret – Déposé au chef-lieu de canton

nom du peuple à travers le « vote des lois et le gouvernement de la Nation ». 7. La caricature dénonce le plébiscite car elle fait dire à deux paysans leur ignorance de sa signification ainsi que la manipulation du maire qui tente d’influencer pour un vote en faveur du « oui ».

Sujet d’étude 1

(p. 114-115) 

Avril 1848 : on vote au village ! L'intérêt de ce sujet d'étude est de faire réfléchir les élèves sur ce moment de progrès démocratique pour un grand nombre d'électeurs ruraux, exclus du droit de vote avant 1848 et de leurs difficultés associées à cet apprentissage civique. Le temps à y consacrer pourrait être de deux heures, une en histoire sur la difficile conquête du droit de vote, et une autre associée à l'EMC. En effet, l'axe avec lequel étudier ce sujet pourrait être de développer le jugement des élèves sur ce qui nous permet ou nous empêche d'exercer nos libertés (opinion et expression), ainsi que de questionner la forme d'engagement personnel et collectif que suppose le droit de vote et son usage.

THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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Présentation des documents Doc. 1 – Les nombreuses élections au suffrage universel masculin de l’année 1848 L’année 1848 voit une succession d’élections au suffrage universel auxquelles peuvent participer tous les citoyens de plus de 21 ans, quel que soit leur cens : élections des conseillers généraux, des représentants de l’assemblée constituante pour le sujet d’étude, des conseillers municipaux, du président de la République, puis des députés de l’assemblée législative en mai 1849. Doc. 2 – Le vote des paysans du village de Laffite (Haute-Garonne) en 1848 Charles de Rémusat (1797-1875), député conservateur, a connu plusieurs mandats sous la monarchie de Juillet (leur détail est consultable sur le site www.assemblee-nationale.fr > Histoire > Base de données des députés français depuis 1789). Élu le 24 avril 1848 député de la Haute-Garonne à l’assemblée constituante puis à l’assemblée législative, il eut un rôle plutôt effacé sous la Deuxième République, aucun sous le Second Empire puis un dernier mandat sous la Troisième République d’Adolphe Thiers duquel il était proche. Dans ses « mémoires de ma vie » en 5 tomes, Charles de Rémusat nous offre un précieux témoignage sur tout le XIXe siècle, de sa « jeunesse sous la restauration libérale » (t. 1) en passant par la « révolution de juillet » (t. 2) jusqu'à la fin de son ministère aux affaires étrangères en 1875 (t. 5). Doc. 3 – Le Vote au village Gustave Gostiaux (1838-1894) est un lithographe du Second Empire comme le suggère le buste de Napoléon III hors-champ. Son dessin illustre la couverture de l’ouvrage de Pierre Rosenvallon intitulé Le Sacre du citoyen, (Gallimard, 2001). Le suffrage universel émancipe les individus socialement défavorisés. Cependant, le droit de vote des paysans n’était pas totalement une nouveauté en avril 1848. Certains pouvaient déjà élire les conseillers municipaux par la loi du 21 mars 1831 à la proportion de 10 % des électeurs dans les communes rurales les plus importantes et une large majorité dans les communes plus petites. On notera l'absence d'isoloir et d'enveloppe avant 1913, ce qui peut être une source d'in-

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HISTOIRE

fluence du vote de la part des notables présents. Doc. 4 – Proclamation officielle de la Deuxième République La scène de cette lithographie en aquarelle est idéalisée : les représentants de l’Assemblée constituante, réunis pour la première fois dans la salle des séances, proclament solennellement l’avènement de la Deuxième république le 4 mai 1848. Puis ces mêmes députés se rendent sur les marches du péristyle du PalaisBourbon, façade nord, à la rencontre de la Nation représentée par les soldats et de la foule en liesse agitant des drapeaux tricolores aux cris de : « Vive la République, vive la Nation, vive l'armée ! ». Doc. 5 – La composition de la Chambre des députés au Palais-Bourbon, à Paris Une majorité de 700 députés du « parti de l’ordre » est élue à l’Assemblée constituante en avril 1848 (royalistes et républicains modérés), ce qui permet de rassurer les milieux conservateurs qui pouvaient douter de l’usage du suffrage universel. Doc. 6 – L’urne électorale : un objet d’une utilité nouvelle La nouveauté réside dans l’aspect de l’urne électorale, ses dimensions fixées par la circulaire d’Alexandre Ledru-Rollin, ministre de l’Intérieur et la nouveauté de son emploi: elle doit pouvoir répondre au suffrage universel masculin, c'est-à-dire recueillir un plus grand nombre de bulletins de vote. Mais dans beaucoup de communes, on pouvait réutiliser des urnes servant aux élections des conseils municipaux par la loi du 21 mars 1831. Doc. 7 – Le vote d’un paysan analysé par un historien Alain Corbin n’a pas de certitude sur l’exercice du droit de vote du sabotier Louis-François Pinagot en avril 1848 – personnage auquel il consacre son livre – bien que son nom figure sur la liste électorale d’Origny-le-Butin (61130) dans l'Orne. À cette probable abstention, Alain Corbin émet l’hypothèse – outre les difficultés évoquées dans le texte (analphabétisme et manque d’intérêt) d’une forte réticence des ruraux à se déplacer au chef-lieu de canton pour aller voter.

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Réponses aux questions 1. L’événement se situe après la révolution de février 1848 à Paris et la proclamation de la Deuxième République. 2. Pour voter ce jour-là, il faut se rendre au lieu du scrutin (doc. 2). À l’appel de son nom, l’électeur doit remettre au maire du chef-lieu de canton (doc. 3) un bulletin sur lequel est écrit le nom (doc. 7) du candidat choisi. Le maire glisse le bulletin dans l’urne électorale (doc. 6). 3. Les personnes qui encadrent toute la journée de vote sont le maire du village et du cheflieu de canton, ainsi que le curé de la paroisse. 4. Les votants, ne connaissent pas bien les enjeux des élections (doc. 2 et 7). Pour la plupart analphabètes, ils doivent faire confiance à d’autres pour écrire le nom de leur candidat sur leur bulletin (doc. 7). 5. La scène se situe devant le Palais-Bourbon à Paris. La République est mise en valeur par les drapeaux tricolores, la garde nationale, la foule saluant les députés sur les marches. 6. Les électeurs du comte de Rémusat ont peur que le peuple parisien ne le jette dans la Seine (doc. 2) tandis qu’une partie des députés élus, monarchistes, ont l’espoir de restaurer un roi en France (doc. 5).

Activité L'intérêt de ce sujet pour les élèves est de s'approprier la mise en scène de « la première fois » : de l'enthousiasme ou du difficile apprentissage du droit de vote que pouvaient représenter ces élections d'avril 1848 pour le paysan ; de la crainte du vote populaire et des soucis d'organisation des élections pour le

 

notable. Pour l'étape de recherche des arguments en individuel, les élèves répondent aux questions à l'aide des documents proposés. Il s'agit d'alimenter le point de vue de chaque acteur historique. Un critère de différenciation du travail serait d'aider les élèves par le tableau en bas de page .  Ensuite, le travail en binôme pourrait être enrichi de la relecture de la page de cours pour le contexte de 1848 (+ doc. 2 p. 113) ou de la page « exercer ses compétences » (p. 119) pour approfondir par le facteur « rumeur », les difficultés d'encadrement du vote pour les notables ou les menaces d'hostilité des électeurs, dans d'autres communes. Enfin, la rédaction du dialogue en commun nécessiterait une mise en commun et une reformulation des arguments.

Sujet d’étude 2

(p. 116-117) 

Le Palais-Bourbon au temps du député Hugo Les élèves découvrent le Palais-Bourbon, un lieu majeur de la vie politique d'aujourd'hui mais aussi un « lieu de mémoire » (Pierre Nora), avec son riche patrimoine artistique. Pour donner un fil conducteur, le choix de Victor Hugo, par son œuvre, par son engagement en faveur des libertés et par sa dimension d'homme illustre, célébré par la IIIè République, lors de funérailles nationales au Panthéon en 1885 se prête bien à une étude pouvant être approfondi dans le cadre d'un parcours en éducation artistique et culturelle.

Le paysan qui vote…

Le notable (bourgeois ou noble)…

Déroulement du vote (doc. 1, 2, 3, 6 et 7)

... décrit les étapes du vote et son ... décrit l’encadrement du vote contexte. et son contexte.

Nouveauté du vote (doc. 6 et 7)

... raconte la nouveauté du vote ... raconte la nouveauté du vote et évoque ses espoirs de et évoque ses craintes. changement.

Résultats du vote et ... espère un résultat donnant interprétation (doc. 4 et 5) une majorité favorable à ses espoirs de changement.

... espère un résultat donnant une majorité favorable pour le rassurer.

THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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Présentation des documents Doc. 1 – Chronologie comparée : le PalaisBourbon et le député Victor Hugo La chronologie proposée permet de situer le contexte de la transformation du palais appartenant à la famille princière des Bourbon en un palais républicain sous la Révolution française. Elle rappelle aux élèves les changements de régimes politiques vécus par Victor Hugo au XIXe siècle et l’implication de cet écrivain majeur dans la vie politique de son époque. Doc. 2 – Discours de Victor Hugo sur la liberté de la presse, le 11 septembre 1848 Victor Hugo, élu député de la Seine lors des élections complémentaires de juin 1848, prend part à la discussion d'un projet de décret sur l'état de siège ayant pour objet de transmettre au pouvoir judiciaire le droit de suspendre les journaux. Jugeant la mesure peu efficace pour éviter les dérives d'un pouvoir exécutif autoritaire, il dénonce surtout la censure des journaux, en tant qu'ardent défenseur des libertés. Le discours est disponible dans son intégralité sur le site de l’Assemblée nationale (« Victor Hugo : la liberté de la presse (11 septembre 1848) », rubrique Histoire > Grands moments d’éloquence). Doc. 3 – L’hémicycle de la salle des séances en 1843 La salle des séances date de 1834. Elle ne conserve du conseil des Cinq-Cents sous le Directoire que le bas-relief en marbre à l'Antique de François-Frédéric Lemot situé devant la tribune et représentant L’Histoire et la Renommée, ainsi que le fauteuil du président sur « son perchoir », qui appartenait autrefois à Lucien Bonaparte, frère de Napoléon Ier et ancien président de la chambre des Cinq-Cents sous le Directoire (1798). Victor Hugo n’a probablement pas prononcé son discours dans cet hémicycle mais dans une « salle de carton » construite dans la cour d’honneur pour abriter les 900 députés de l’Assemblée constituante, trop nombreux pour la salle des séances. Cette salle a été détruite après le coup d’État de LouisNapoléon en 1851 et les députés du corps législatif ont alors réintégré la salle des séances actuelle.

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HISTOIRE

Doc. 4 – La bibliothèque Delacroix La bibliothèque Delacroix s’accroît dès la Révolution française des dépôts littéraires constitués des bibliothèques de religieux et d’émigrés. Après l'acquisition par l’État du Palais-Bourbon en 1827, l'architecte Jules de Joly y conçoit sa disposition et commence à installer le fonds de la bibliothèque avant la fin des travaux en 1834. Elle mesure 42 mètres de long, 10 mètres de large et 15 mètres de haut, terminée par deux hémicycles et divisée en cinq travées coiffées par des coupoles. Elle est décorée de peintures d’Eugène Delacroix ayant pour thème les progrès de l’humanité durant l’Antiquité, à travers la poésie, la théologie, la législation et l’éloquence, l’histoire et la poésie, la science. Chaque thème servait pour classer les livres et ouvrages de la bibliothèque. Ses archives se trouvent dans les soussols de la cour d’honneur sur 18 km de rayonnages. La bibliothèque et les archives contiennent aujourd'hui entre 600 000 et 800 000 livres et revues, par l'accumulation du travail parlementaire au fil des années. Doc. 5 – Proclamation de la déchéance de l’Empire, le 4 septembre 1870 Le tableau permet de montrer la colonnade du Palais-Bourbon datant de l’Empire. Le fronton de 1831-1834 représente l’allégorie de la France, drapée à l’Antique, debout devant son trône, accompagnée de la Force et de la Justice, appelant l’élite à l’élaboration des lois. On peut aussi remarquer six statues : quatre des ministres sous l’Ancien Régime symbolisant de grands législateurs (Maximilien de Sully, JeanBaptiste Colbert, Henri François d’Haguessian et Michel de l’Hospital) ainsi que les déesses grecques Athéna (sagesse) et Thémis (justice). C’est derrière cette façade que se situe l’hémicycle. L'entrée du Palais-Bourbon se trouve de l'autre côté sur la façade sud, rue de l'Université. Le 4 septembre 1870, dans l'après-midi, les députés du corps législatif votèrent la constitution d'un gouvernement de Défense nationale suite à la défaite militaire à Sedan et la capture de Napoléon III le 2 septembre par l'armée prussienne.

Réponses aux questions 1. La France est sous le régime politique de la Deuxième République depuis février 1848 au

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moment du discours prononcé par Victor Hugo. Le suffrage universel a été mis en place en mars. 2. D’après le texte, le rôle des députés est de discuter puis de voter les lois. 3. Le discours de Victor Hugo aurait pu être prononcé dans l’hémicycle de la salle des séances car elle réunit tous les députés élus par le suffrage universel , présents lors des débats pour discuter et voter les lois. 4. En tant que député, Victor Hugo a pu se rendre à la bibliothèque Delacroix pour consulter des ouvrages, des revues et des textes de loi et ainsi préparer son discours sur la liberté de la presse. 5. Après la proclamation de la Troisième République en 1870, Victor Hugo peut revenir d’exil puisque les libertés ne sont plus limitées comme elles l’étaient par Napoléon III. Victor Hugo, ancien député, pourrait être salué par la foule rassemblée à la façade nord du PalaisBourbon.

Activité Le travail de rédaction peut s'effectuer sous la forme d'un dépliant ou d'un document multimédia composé d'images et d'un commentaire écrit/sonore à réaliser par un travail numérique. L'élève peut suivre les étapes proposées par l'accompagnement : – situer V. Hugo et le Palais-Bourbon dans leur époque (Q.1) ; – extraire des informations pertinentes pour répondre à une question portant sur un ou plusieurs documents pour décrire et expliquer 3 parties du palais-Bourbon : la colonnade de la façade nord, la bibliothèque Delacroix, la salle des séances d'aujourd'hui (Q. 2 et 3) ; – se poser des questions sur une situation historique : qu'est-ce que le travail d'un parlementaire, hier et aujourd'hui, dans une République (Q.4) ; – confronter un document, la proclamation de la IIIe République, avec une situation historique, le contexte du Second Empire et l'hostilité de V. Hugo envers la politique autoritaire de Napoléon III (Q.5), à l'aide du cours.

(p. 118) 

Vérifier ses connaissances 1.  

Nom du régime politique et dates

Personnages ou événements

A

Monarchie restaurée Le sacre de Charles (1815-1830) X (doc. 3)

Monarchie B constitutionnelle (1830-1848)

La révolution de 1830 (doc.2)

Deuxième C République (1848-1852)

La révolution de 1848 (doc. 4)

Second Empire D (1852-1870)

Le sacre de Napoléon III (doc. 1)

2. c. Le suffrage universel masculin concerne tous les citoyens de plus de 21ans quelle que soit leur fortune. 3. a. Ils votent le budget de l’État ; c. Ils discutent et votent des lois. 4. 1re étape : la marche jusqu’au village du chef-lieu de canton ; 2e étape : l’appel par ordre alphabétique des électeurs ; 3e étape : la remise du dépôt du bulletin de vote manuscrit au maire du chef-lieu et son dépôt dans l’urne.

Exercer ses compétences

(p. 119) 

Appliquer la méthode Réponses à la question D’autres difficultés sont liées à la bonne tenue des élections : – le manque d’instruction et d’autorité des maires (lignes 1-3) ; – les problèmes d’organisation du vote (lignes 4-6) ; – la réaction hostile des électeurs face à l’influence du clergé (lignes 7-13) et des citoyens notables (lignes 14-17).

THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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CHAPITRE

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La Troisième République

Présentation du chapitre • De 1789 à 1870, la France expérimente plusieurs régimes politiques : monarchie, république, monarchie censitaire, empire… Après les événements de 1870-1871, la France met en place une nouvelle République ayant comme enjeu de rassembler, de réaliser l'unité nationale. Cette République doit rassurer (souvenir d'une Ière République violente avec la Terreur, souvenir d'une république marquée par l'agitation sociale en 1848), séduire et faire face à une opposition encore très forte. • La problématique retenue est donc la suivante : Comment la république parvient-elle à s’enraciner tout en demeurant confrontée à des oppositions, des contestations ? L'objectif de la leçon est de revenir sur la difficile naissance de la République, sur les moyens d'enracinement et enfin sur les oppositions et débats qui persistent, demeurent.

Présentation des documents Doc. 1 – « La dynamite à la Chambre », Le Petit Journal, une du supplément illustré du 23 décembre 1893, BNF, Paris • La Une est extraite du Petit Journal supplément illustré. Le Petit Journal a paru de 1863 à 1944. Le journal, fondé par Moïse Polydore Millaud, tire son nom sans doute de son format pratique (43 x 30 cm). C’est au tournant du XIXeXXe

siècle que le journal connaît son apogée (entre 500 000 et près de 2 millions de tirage entre 1878 et 1895). • Son faible coût, le traitement de l’information nationale et internationale mais également des faits divers sont à l’origine de son succès (l’affaire Troppmann en 1869). Le Supplément illustré naît en 1884 et apporte une nouveauté en 1889 : l’illustration couleur qui rencontre un nouveau succès (tirage de 1 000 000 d’exemplaires en 1895). • Le sujet de la Une porte sur un attentat perpétré dans la chambre à une période où la France est frappée par la violence anarchiste qui reflète un malaise dans la société illustrée par le scandale de Panama et crise boulangiste

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HISTOIRE

Doc. 2 –Le Triomphe de la République, affiche, 1875, musée Carnavalet, Paris L’estampe, dont l’auteur est inconnu, présente le Triomphe de la République en 1875. À cette date, les lois constitutionnelles viennent d’être votées : elles marquent une étape vers la République (mais pas le triomphe). Les incertitudes sont encore grandes sur la destinée de ce régime politique (rôle de MacMahon, espoir d’une restauration de la monarchie). L’affiche est ainsi une œuvre de propagande pro-républicaine qui met en image, en scène l’idéologie qu’elle souhaite appliquer. L’estampe a donc une mission éducative mais également incitative : il s’agit de s’adresser aux français afin de les faire voter pour la République à l’occasion des élections législatives de 1876. Il faut attendre la crise du 16 mai 1877 et la démission de Mac Mahon en 1879 pour voir triompher la république. Avec l’élection de Jules Grévy, président de la Chambre en 1879, se termine la grande période d’incertitude qui voit alterner la République avec les empires et les royautés.

Réponses aux questions 1. Les principes démocratiques mis en place sont : la souveraineté nationale (élection de représentants), le débat afin de voter les lois dans un lieu, l’hémicycle de l’Assemblée nationale. La contestation est ici violente : « la dynamite à la chambre ». L’attentat est commis par Auguste Vaillant, âgé de 33 ans, un marginal qui accumule les petits métiers dans une société transformée par l’industrialisation avant de se lancer dans la lutte politique. Il agit pour faire entendre « le cri de toute une classe qui revendique ses droits ». Toutefois, l’activité démocratique reprend ses droits puisque le président Charles Dupuy déclare : « Messieurs, la séance continue ! […] Il est de la dignité de la Chambre et de la République que de pareils attentats, d'où qu'ils viennent et dont, d'ailleurs, nous ne connaissons pas la cause, ne troublent pas les législateurs ».

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2. La figure de Marianne occupe la partie centrale de l'affiche. Elle porte les attributs de la République : bonnet phrygien, drapeau tricolore dans la main gauche. Elle est encadrée par deux angelots qui portent une banderole sur laquelle est inscrit suffrage universel et des tables où est gravée la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen. Un personnage ailé, portant une torche, représente le génie de la Liberté. Derrière, une foule, le peuple, les français sont rassemblés (symbole de fraternité). Au premier plan, des hommes (empereur, monarchistes et prussiens) sont couchés, un genou à terre, les bras levés pour se protéger. 3. La République est triomphante pour plusieurs raisons : – elle est en marche et écrase du pied une couronne et la main de justice ; – elle est en arme avec le glaive à la main (symbole de la force, du pouvoir exécutif) afin de défendre ses valeurs (Liberté, suffrage universel, Droits de l'homme) ; – elle est soutenue par toute la population : on peut ainsi identifier un paysan, un forgeron, un bourgeois, un soldat, un enfant avec un livre (rôle de l'école dans la diffusion du message républicain) ; – les forces du passé sont terrassées par cette marche de la République.

Cours

(p. 122-123) 

Les documents retenus pour le cours permettent de construire les différents temps de la leçon. Les graphes des résultats électoraux rendent compte de la progression du vote républicain et de l’effacement du vote conservateur. Le buste de Marianne et l’image populaire des bataillons scolaires livrent des explications sur les moyens d’enracinement de la République. Cette république est cependant sujette à contestation lors de sa difficile installation (Manifeste du Comité central de la Commune) ou lorsqu’elle est enracinée (dessin de Caran d’Ache sur l’affaire Dreyfus).

Présentation des documents Doc. 1 – Résultats des élections législatives Les trois graphes présentent les résultats électoraux aux élections législatives à trois moments importants de la mise en place de la

Troisième République : en 1871 après la défaite de Napoléon III à Sedan et l’épisode de la Commune, en 1876 après le vote des lois constitutionnelles l’année précédente, enfin en 1889 après la mise en œuvre des grandes lois républicaines et dans une période d’agitation nationaliste (boulangisme). Doc. 2 – Manifeste du Comité central de la Commune, 26 mars 1871 • Le Comité central est un organe parisien créé le 13 septembre 1870, quelques jours après la proclamation de la République, et appelle, dès le 14, à la formation d’une Commune de Paris. Ce comité entre dès lors en conflit avec le gouvernement de la Défense nationale en demandant des mesures politiques et sociales en faveur des couches populaires. • Le Comité, ne parvenant pas à rassembler autour de lui, se met en sommeil jusqu’au mois de janvier 1871 où il réapparait sous le nom de Délégation des vingt arrondissements, appelant une nouvelle fois à la formation de la Commune de Paris. Après le soulèvement du 18 mars, le Comité central reprend son nom et publie son Manifeste le 26. De nombreux membres du comité seront élus au Conseil de la Commune le 26 mars. Doc. 3 – « Un dîner en famille », Caran d’Ache, Le Figaro, 14 février 1898 Caran d’Ache, qui signifie crayon en russe, est le pseudonyme d’Emmanuel Poiré, l’un des plus grands dessinateurs de l’époque, l’un des plus recherchés par les journaux et l’un des mieux rétribués. Né en 1858 en Russie, il choisit de migrer en France pour obtenir la nationalité française qui avait été perdue par son père (le grand père, venu avec les armées napoléoniennes, était resté en Russie). A partir de 1886, il publie des dessins humoristiques dans plusieurs journaux. En 1898, alors qu’il fonde le journal satirique antidreyfusard Psst, il publie, le 14 février 1898 (un mois après le « J’accuse… ! » de Zola paru dans L’Aurore) dans le journal Le Figaro le dessin « Un dîner en famille ». Doc. 4 – La Marianne de Théodore Doriot (1871) • La Convention, en 1792, décide de représenter la République sous les traits d'une femme coiffée du bonnet phrygien, emblème THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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de la Liberté. Le surnom familier de Marianne lui a été donné à la même époque (dans le Sud de la France au départ), sans doute parce que ce prénom, formé du nom de la Vierge et de sa mère, était très répandu dans le petit peuple, au XVIIIe siècle. • La coutume d'installer un buste de Marianne dans les mairies remonte aux premières années de la Troisième République. Mais en 1871, pour donner au nouveau régime une image plus sage (faire oublier la Terreur, l’agitation sociale de 1848 et l’épisode de la Commune), le président Adolphe Thiers interdit la représentation du bonnet révolutionnaire, considéré comme un « emblème séditieux ». C'est pourquoi les plus anciennes Mariannes sont simplement coiffées d'une couronne végétale composée d'épis de blé, de feuilles de chêne ou de rameaux d'olivier, parfois surmontée de l'étoile, symbole des Lumières. Le bonnet phrygien ne réapparaîtra qu'en 1879. • Il n'y a jamais eu de buste officiel de la République. Chaque sculpteur est libre de représenter Marianne à sa façon (le modèle est souvent leur compagne) et chaque maire est libre de choisir son modèle. Le buste a été réalisé par Théodore Doriot, un élève de Rude, qui s’est spécialisé dans ces œuvres patriotiques. Il a été acquis en 1875 (mais le modèle date de 1871) et exposé dans la salle des séances du Conseil municipal. Doc. 5 – Le défilé des collégiens en costume militaire, le 14 juillet 1883, place de la République La défaite militaire de 1871 a été ressentie comme une humiliation nationale et reste très présente dans les esprits. C’est pourquoi les leçons de morale et de patriotisme développent un esprit de revanche dans l’école républicaine mise en place en 1881-1882. Le bataillon scolaire s’inscrit dans cette logique. C’est une institution mise en place dans le cadre de l’instruction publique par le décret du 6 juillet1882. Elle a pour but d’initier les enfants à la pratique militaire et d’être un supplétif au service militaire qui est écourté pour des raisons économiques. Les activités (gymnastique, marche au pas, maniement de fusil en bois, exercice de tir avec des fusils disposant de cartouches de tir

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HISTOIRE

réduit…) sont assurées par un instructeur militaire (souvent l’instituteur souvent peu compétent n’ayant pas effectué de service militaire) le jeudi ou le dimanche. Des uniformes, des bérets de marins et des fusils en bois sont fournis pour assurer cet apprentissage. Les bataillons sont également initiés aux chants patriotiques, aux défilés et participent au défilé militaire du 14 juillet. A partir de 1890, l’engouement pour les bataillons s’essouffle. Les oppositions grandissent : baisse de la ferveur nationaliste, réticences du corps enseignant, opposition des milieux catholiques qui voient dans les bataillons un moyen de lutter contre l’instruction religieuse, difficultés des communes pour lesquelles les bataillons ont un coût. L’activité des bataillons scolaires disparaît en 1892. L’image populaire présente le défilé des bataillons du 14 juillet 1883 soit un an après leur mise en place. L’image renvoie, d’une part à la célébration de la fête nationale et, d’autre part à l’inauguration de la statue consacrée à la République et réalisée par les frères Morice qui avaient remporté le concours en 1879. Une première inauguration avait eu lieu avec un modèle en plâtre en 1880.

Réponses aux questions 1. L’enracinement républicain est perceptible par la hausse du vote républicain alors que le vote conservateur s’efface. Même dans un contexte agité en 1889, le vote républicain est encore très largement majoritaire (63,5 % des sièges). 2. Le Manifeste porte des revendications politiques républicaines en s’appuyant sur la souveraineté nationale (le suffrage universel), la Liberté. Le Manifeste met également en avant des revendications sociales révolutionnaires en faveur des plus démunis (assurances contres les risques sociaux dont le chômage, en finir avec le salariat en redistribuant les outils de production) et s’élèvent ainsi contre la société capitaliste de l’époque. 3. Le dessin est composé de deux dessins superposés. Le premier présente une famille de bonne société (tenue vestimentaire, lustre, vaisselle, domestique) attablée pour le dîner avec le texte « Surtout ! Ne parlons pas de l’affaire Dreyfus ». Le second dessin présente un

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désordre épouvantable : chaises renversées, coups, étranglements, la nappe à terre, fourchette dans le derrière du petit chien… avec le commentaire « ils en ont parlé ». Le dessin d’une querelle familiale au sujet de l’affaire Dreyfus est une illustration de la profonde division, discorde de la société française au tournant des XIXe-XXe siècles. 4. Parmi les symboles de la République, on peut citer : – une couronne végétale (épis de blé et feuilles de chêne) symbole d’invincibilité ; – une étoile à cinq branches, symbole des Lumières chargées de guider le peuple ; – une cuirasse guerrière, symbole du pouvoir ; – un collier avec des médaillons représentants les secteurs d’intervention du gouvernement (agriculture, commerce, beaux-arts, instruction, justice, sciences, marine et industrie) ;  - une devise sur le front « Honneur et patrie » (devise de la Légion d’honneur instaurée par Napoléon Bonaparte en 1802, et devenue ensuite celle des armées) ; – non visible sur l’image : sur le pied, le sigle RF encadre les faisceaux des licteurs (pouvoir exécutif) et une balance (justice). 5. L’école délivre un enseignement républicain par la présence : – des bataillons lors de la fête nationale sur la place de la République où l’on inaugure la statue ; – des drapeaux et écharpes tricolores ; – du bonnet phrygien sur la tête de la petite fille à gauche. Le caractère patriotique de l’enseignement est perceptible par le défilé, les uniformes, les bérets de marins, les fusils (en bois).

Sujet d’étude 1

(p. 124-125) 

La salle de classe, lieu d’apprentissage républicain • Le ministère de l’instruction publique, créé en 1828, devient un ministère à part entière (jusqu’alors rattaché à l’université et aux affaires ecclésiastiques) et commence à prendre de l’importance sous la monarchie de Juillet. Ce ministère intervient sous différentes formes : créations d’établissements et formation des enseignants (loi Guizot de 1833 qui oblige chaque commune, de plus de 500 habitants,

à entretenir une école et un instituteur et chaque département une école normale), définition des programmes, certification des diplômes. • Le dispositif est renforcé avec les lois Ferry : l’école est gratuite et devient obligatoire pour tous les enfants, les programmes sont étoffés afin de « rendre la patrie visible et vivante aux écoliers ». Cette école est également laïque et lutte contre l’influence de l’Eglise catholique. Par ailleurs, selon l’idée courante que c’est le maître d’école prussien qui a vaincu à Sedan, l’école doit préparer les futurs citoyens (désormais tous électeurs) et les futurs soldats. • Le dossier de documents, de natures variées, permet d’identifier certains objectifs mis en place par l’école de la République afin de sensibiliser des générations d’écoliers au sentiment d’unité nationale, d’acquérir des connaissances de la nation, de la république et de constituer une « communauté de rêves » (Ernest Renan). Le corpus documentaire s’interroge ainsi sur l’organisation, le rôle de la salle de classe dans la formation des citoyens.

Présentation des documents Doc. 1 – École de garçons, 2e classe, Orbigny (Indre-et-Loire), 2 mars 1909 • La photographie, prise à Orbigny (Indre-etLoire) après la loi de séparation des Églises et de l’État, présente une salle de classe « ordinaire » voulue par les dirigeants de la IIIe République. • La salle, contrairement à d’autres que l’on peut consulter sur le site https://www.reseaucanope.fr/musee//collections/, n’est pas vide : élèves et enseignants sont présents. Le professeur, debout, circule et surveille le travail effectué par des élèves appliqués alors qu’un autre groupe, à droite, procède à des exercices de calcul. Cette partition des tâches répond à une gestion d’élèves d’âge différent : les enfants devant le tableau sont à la même hauteur que ceux assis. Dans ce cas (classe à plusieurs niveaux), le nombre maximum d’élèves était fixé à 40. • Spacieuse et confortable, local neuf, clarté répondent aux règles de la loi du 17 juin 1880 : hauteur de 5 mètres sous plafond (sans colonne de soutènement), trois rangées de tables par classe (avec un couloir de 50 cm THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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entre chaque rangée) de façon à ce que chaque élève dispose d’un espace suffisant (1,25m²). La lumière vient de la droite mais également de la gauche afin de répondre aux prescriptions des hygiénistes (lutter contre la myopie). • Sur le mur, on retrouve les « outils » : carte murale, images de monuments, de lieux, de personnages historiques, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, tableau noir avec leçon de morale, classement des élèves. Non visible sur la photographie, la salle devait contenir des armoires dans lesquelles étaient rangées manuels et outils de mesure. Doc. 2 – Extrait du discours de Jules Ferry au Congrès pédagogique, 19 avril 1881 Le court extrait du discours s’adresse à la mission dévolue aux instituteurs : transmettre un message républicain, un message issu de la Révolution française. Le discours est prononcé avant que les lois scolaires ne soient votées. Jules ferry annonce ici en quelque sorte ce que sera l’école de la République : une école qui a une mission civique, républicaine. Doc. 3 – Extrait de la loi 28 mars 1882 sur l’enseignement primaire, obligatoire et laïque Le document est un extrait de la loi du 28 mars 1882 qui vise deux objectifs : rendre l’instruction gratuite, obligatoire et laïque. En ce qui concerne l’obligation, le texte poursuit une série d’efforts qui a déjà porté ses fruits (même si 600 000 enfants demeurent non scolarisés en 1878). C’est sur la question de laïcité que le texte est plus innove. La loi définit le programme dans l’article 1 et place en premier une « instruction morale et civique » alors que l’enseignement de la morale religieuse est supprimé. Il s’agit d’affirmer la neutralité de l’État dans le domaine religieux et de séparer la sphère publique de la sphère privée, dans lequel la religion peut trouver sa place. Les autres enseignements témoignent de la volonté d’enraciner et faire aimer la République, faire aimer la nation en consacrant une place importante à la France (en histoire et en géographie) au détriment de l’Europe et du monde.

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HISTOIRE

Doc. 4 – Illustration d’un protège-cahier vers 1905 La couverture de cahier n’a d’autre fonction que de protéger le cahier dans lequel l’élève fait ses exercices, prend les leçons… Néanmoins, cette couverture renseigne sur la diffusion d’un idéal républicain, patriotique. Les couvertures renvoient à des conquêtes et la Grande France (période de la colonisation), des planches de botaniques mais également à des personnages. Le document, datant de 1905, présente l’entrée de Jeanne d’Arc à Orléans. La figure de Jeanne d’Arc a été reprise par de nombreux courants, de nombreuses sensibilités politiques. Chrétienne défendant sa foi pour les catholiques, elle est devenue pour les politiques (de la droite à la gauche) une fille du peuple défendant la nation en particulier au cours de la guerre de 1870. La couverture permet, par la figure de Jeanne d’Arc « une sainte laïque » (Michelet), de construire le roman national, de rassembler les français. Doc. 5 – Le Tour de la France par deux enfants, G. Bruno, Belin, 1904 • Publié en 1877, Le Tour de la France par deux enfants est un manuel écrit par Augustine Fouillée sous le pseudonyme de G. Bruno. L’ouvrage connaît un succès immédiat et plusieurs centaines d’éditions. « Livre de lecture courante », pourtant l’ouvrage dépasse le cadre de la « simple » lecture. • Le Tour de la France par deux enfants est un ouvrage patriotique qui permet, à la semelle des souliers d’André et Julien, de s’approprier le territoire de la France (au même titre que la carte murale), de prendre la mesure des différences régionales tout en prenant conscience qu’elles forment un tout, qu’elles sont un don pour la France. Le Tour de la France par deux enfants offre également une mémoire du temps en proposant non pas de l’histoire mais de l’héroïcité française. Ce livre offre également l’image d’une France tronquée : les deux enfants quittent seuls (le père est mort) l’Alsace-Lorraine annexée par les Prussiens. L’esprit de revanche est alors nourri par le travail et le progrès moral d’où l’importance de l’école pour transmettre ces valeurs. • 121 chapitres et 200 gravures permettent de suivre les deux héros, auxquels les enfants peuvent s’identifier, et donnent à voir la France

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dans toute sa richesse (agriculture, industrie, commerce, monuments, etc.) toute en prônant une morale républicaine (l’édition de 1877 apparaît comme tournée vers un avènement : le terme « République » est absent mais l’idée est présente). • En 1906, une nouvelle édition révisée est publiée. Suite à la loi de 1905, de nombreux retranchements ont été faits au détriment de la religion catholique : le vocabulaire devient laïque (« Hélas » pour « mon Dieu », « l’élan fraternel » au lieu de « l’élan religieux », le « serment » remplace « la prière »), les personnages trop « religieux » disparaissent (Saint Bernard et Bossuet) alors que Vauban reste. En 1877 le destin des deux enfants était de faire de bons laboureurs ou de bons soldats. 30 ans plus tard, c’est l’entrée à polytechnique qui marque ainsi le triomphe de la route de l’école sur l’école de la route. • Le document est extrait de l’édition remaniée de 1877 et publiée en 1904. La carte présente les territoires perdus et le texte qui l’accompagne énumère les richesses de ce territoire. Ce passage, au début du livre, nourrit les sentiments d’empathie et patriotique

Réponses aux questions 1. Les enseignants sont les héritiers de la Révolution française : la société a été libérée par la Révolution française (fin de la société d’ordres, égalité). Les enseignants ont donc pour mission de transmettre les valeurs de la Révolution, les valeurs de la République : ce sont les « hussards noirs de la république » (Charles Peguy). 2. L’extrait du programme permet de saisir que la salle de classe est le cadre de tous les apprentissages : hygiène, politesse, histoire, géographie, calcul, dessin, gymnastique et exercices militaires ou couture… Les enseignements religieux sont absents : la IIIe République promeut une « morale simplement humaine ». L’école est ainsi laïque : elle cherche à garantir la liberté de croyances (qui relève d’un enseignement assuré par l’Église et les familles) et la neutralité tout en diffusant une morale républicaine. Elle est également patriotique en cherchant à construire une « communauté de rêves ». 3. Les valeurs républicaines sont diffusées.

Dans la salle de classe, on trouve : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, une leçon de morale qui remplace la morale religieuse, un classement des élèves ayant pour objet de promouvoir les élèves (méritocratie républicaine) par l’acquisition de connaissances (leçon de calcul). L’école veut faire aimer la République, la nation. L’école veut construire une communauté de citoyens rassemblés autour de la connaissance de la nation. Le matériel pédagogique présent dans la salle de classe contribue à apporter une perception sensible de la nation et de la République : – La carte murale donne une perception des reliefs, des cours d’eau, des frontières afin de se situer. Voir la carte revient à voir le territoire, le monde, le réel. – La carte est un outil géopolitique au même titre que le récit du Tour de la France par deux enfants : ils développent un attachement aux territoires perdus en 1871 perçus comme une blessure inguérissable. – Les manuels (Tour de la France par deux enfants) livrent un récit national où les élèves sont appelés à prendre place, à s’identifier aux deux personnages qui quittent une terre dorénavant prussienne. Le protège cahier remplit le même rôle en identifiant des grandes figures de l’histoire de France. – Les images sur les murs de la salle ainsi que le manuel permettent de découvrir et aimer des paysages, des monuments historiques. – Le manuel permet de saisir également la richesse (agriculture, mines, industries…) ainsi que la diversité (paysage, relief…) d’un territoire contribuant ainsi à tisser un lien entre le proche/familier et le lointain/l’inconnu. La transmission des savoirs est ainsi liée à la célébration de la nation, de la République, à la construction d’une communauté forte et valeureuse.

Activité Situation 1 Le travail peut être envisagé selon deux démarches que l’on peut adapter en fonction des compétences des élèves. Démarche 1 - Le travail s’organise selon les deux axes suggérés par la consigne en distinguant l’organisation de la classe (cartes THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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murales, exercices en petit groupe, rôle du professeur…) et les activités des élèves (travail sur l’histoire, sur les mathématiques, la gymnastique…). Démarche 2 – Les informations à recueillir sont les mêmes mais il s’agit de les classer de façon thématique en cherchant à démontrer que l’école veut faire aimer la nation, la patrie, la République. On peut synthétiser sous la forme d’un tableau afin que chaque élève, quelle que soit la démarche suivie, ait acquis l’essentiel :  

L’organisation de la classe

Faire aimer la nation Faire aimer la patrie Faire aimer la République

 

Les activités des élèves  

 

 

 

 

Situation 2 Le travail répond aux mêmes objectifs que le précédent. S’agissant d’une enquête, on pourra faire réfléchir les élèves, en lien avec le professeur de lettres, à la façon de construire un article de presse. Par ailleurs, une comparaison avec l’enseignement aujourd’hui permettra de saisir permanences et mutations depuis un siècle.

Sujet d’étude 2

(p. 126-127) 

Le 9 décembre 1905 : la loi de séparation des Églises et de l’État • La loi de séparation des Églises et de l’État est un aboutissement d’une politique en germe dès 1801 avec le Concordat qui déclare le catholicisme seulement « religion de la grande majorité des Français ». • La loi intervient alors que la IIIe République est installée depuis un tiers de siècle. Elle a surmonté des crises (Boulangisme, Dreyfus, anarchiste…) et devrait être apaisée. Mais ce n’est pas le cas. Le mouvement républicain est tiraillé par différentes formes d’anticléricalisme : anticléricalisme politique contre les cléricaux qui font un usage politique de la religion pour faire chuter la République, contre les mauvais patriotes (les cléricaux sont au service 98

HISTOIRE

d’un prince étranger) ; anticléricalisme religieux qui met en avant un combat entre deux modèles de société, entre deux conceptions de l’Homme. Ces combats anciens prennent ainsi le caractère de guerre de religion. Dans ce contexte de quasi guerre civile, la loi de séparation peut être perçue comme une nouvelle « persécution » contre les catholiques ou comme la seule issue pour deux pouvoirs qui ne dialoguent plus et n’ont que des relations basées sur la force, l’intimidation, la violence. • La problématique retenue revient sur ce débat : la loi de séparation est-elle source de tensions ou d’apaisement ? Le dossier documentaire propose des documents de sources et de natures variées afin de confronter les points de vue et de constater que le débat ne se réduit pas à une opposition entre croyants et non-croyants, à un combat de l’État contre les religions.

Présentation des documents Doc. 1 – Un abbé, élu de la République, prend la parole • L’abbé Lemire est un ecclésiastique et un député du Nord de 1893 à 1928. Il commence par suivre le prétendant au trône, le comte de Chambord, pour ensuite se rapprocher des classes populaires selon les principes du catholicisme social. Il est une des figures importantes de la démocratie chrétienne, et suit la doctrine officielle de l’Église qui enjoint les catholiques à reconnaître la République naissante. • Dans ce document, il s’exprime alors que la loi a déjà été votée. La teneur du propos montre à quel point les débats ne sont pas apaisés. La loi de 1905 pose les enjeux de la rupture du système concordataire, des biens ecclésiastiques (querelle des inventaires), des associations cultuelles qui vont à l’encontre de la hiérarchie canonique catholique. L’abbé Lemire se déclare favorable à la loi alors que le Pape Pie X la condamne violemment dans l’encyclique du 11 février 1906. Le document est un texte d’apaisement et d’espoir qui permet de saisir la diversité des opinions sur cette question de la séparation. Doc. 2 – Le curé de Cominac lit sa protestation contre l’inventaire • Le document est une carte postale faisant partie d’une série de 7, ici il s’agit de la dernière,

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montrant l’opposition d’un village à l’inventaire de l’église. Suivant les encycliques de Pie X, les catholiques ne forment pas les associations cultuelles. • La photographie (reconstitution de l’évènement) montre le curé lisant sa protestation, un homme derrière lui brandissant un prie dieu (signifiant que ce bien ne sera pas rendu ou qu’il peut être projeté ?), l’entrée de l’église défendu par des fidèles « armés » d’ours. La foule ainsi que la présence des femmes et des enfants indiquent que la communauté est rassemblée, soudée autour de l’église. • Faute d’associations cultuelles, les biens de l’Église sont confisqués. Cette « spoliation » non voulue par la loi rappelle chez les catholiques la situation de 1789. Toutefois, l’usage des églises et les cérémonies étant conservés, le conflit s’apaise. Doc. 3 – Lundi 10 avril 1905 à la chambre de députés : le débat fait rage • Le 10 avril 1905, la Commission fait une proposition plus accommodante afin de s’adapter aux réalités des Français (si une minorité se rend à la messe, baptêmes et mariages restent la norme). Cette proposition est combattue par Maurice Allard, député socialiste, qui estime qu’il y a un renoncement, une rupture avec la politique menée par le parti républicain depuis plus de trente ans. Allard s’étonne, alors que le temps est venu de mettre à terre l’Église catholique perçu comme un « danger politique et social », on demande de « déposer les armes et d’offrir un projet dit libéral, tel qu’ellemême n’aurait jamais osé le souhaiter ». • Briand se présente comme un modéré alors qu’il pointe le caractère excessif de Maurice Allard (« loi de suppression »). Faire de la loi une loi anticléricale serait une arme aux mains des ennemis de la République. Avant il fallait prendre des mesures répressives pour parer aux « dangers » encourus par la République ; maintenant ce serait la poursuite de telles mesures qui, indirectement, mettrait la République en danger. Les débats permettent de saisir que les prises de position sont tranchées au sein des républicains. Doc. 4 – La Séparation • La politique anticléricale conduite par par Émile Combes et l’intransigeance du nou-

veau pape Pie X conduisent à une rupture des relations diplomatiques. La voie est ainsi ouverte à la séparation. • Quatre personnages sont présents sur cette caricature : – Emile Combes s’apprête à trancher le lien entre l’Eglise catholique et la France (nœud gordien né de 1400 ans d’histoire) ; – Voltaire dans les cieux, apporte son aide : le progrès, la science, l’éducation doivent faire reculer l’ignorance, l’obscurantisme et la superstition ; – Marianne est consentante ; – L’Église (aveuglée, impuissante) est encore surveillée par Emile Combes. • L’anticléricalisme de la caricature est très accentué : – Au premier plan, à terre, un moine grassouillet au nez rouge (un chartreux ?) cuve son vin, une bouteille pleine dans les bras, une croix dans la main (croix sur laquelle un verre est gravé…). – Les détails de la tenue du Pape qui relèvent de la moquerie : la croix à la ceinture en forme de tire-bouchon, l’Esprit Saint enfermé dans une cage, un âne vénéré, des clous représentés sur les chaussures… • Le document permet de saisir les oppositions fortes entre cléricaux et anticléricaux au tournant du siècle et accorde une place importante à Émile Combes. La loi est cependant promulguée après la chute de son gouvernement. Doc. 5 – Extraits de la loi du 9 décembre 1905 Émile Combes, président du Conseil (Juin 1902-Janvier 1905) conçoit la loi comme une arme contre l’Église. Après la chute de son gouvernement, la loi est reprise dans un esprit de conciliation, d’apaisement. Aristide Briand, rapporteur de la loi, défend l’idée d’une loi équilibrée assurant la liberté de conscience et de culte (article 1) et la neutralité de l’État (article 2). Le retrait financier de l’État n’est pas total : les aumôneries reçoivent toujours des fonds publics (art. 2). La loi prévoit un inventaire des biens mobiliers et immobiliers (art. 3). Les établissements de cultes sont propriétés de l’États, des départements et des communes (art. 12). Les cultes gardent la jouissance de ces édifices mis à disposition par l’État ou les communes (art. 13). THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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Réponses aux questions 1. Les deux principes sont la liberté de conscience ainsi que le libre exercice des cultes (art. 1), et la neutralité de l’Etat (art. 2). L’État ne finance plus mais il conserve les services d’aumônerie. Les édifices cultuels sont propriétés de l’État, des départements, des communes mais ils sont à la disposition des établissements publics du culte. 2. Le point de vue est profondément anticlérical : – le pape (aveuglé) et sa tenue ainsi que le moine à terre ; – Voltaire et l’esprit des Lumières, source d’inspiration pour Émile Combes ; – Émile Combes, encore méfiant, prêt à trancher dans un geste violent ; – Marianne, tournant le dos, prête à être libérée. 3. On peut construire un tableau afin de comprendre que la loi est discutée au sein de chaque groupe :

Exercer ses compétences

(p. 129) 

 

Pour

Contre

Appliquer la méthode

Républicains

 

 

Réponses aux questions

Catholiques

 

 

Selon les trois axes de la consigne, il s’agit de montrer que : – l’affaire est conduite au nom de la liberté, en particulier celle de s’exprimer afin de réhabiliter un homme condamné injustement ; – l’affaire permet de poser la question de l’égalité : les Juifs ont, depuis 1791, la possibilité d’accéder à tous les emplois. La IIIe République ouvre la très haute fonction publique (parlementaires, généraux, magistrats, préfets) aux personnalités juives alors que le décret Crémieux fait des Juifs d’Algérie des citoyens français. Pourtant la France est traversé par la haine antisémite à la fin du XIXe siècle (Édouard Drumont, Maurice Barrés) ; – l’affaire est conduite au nom de la vérité, de la justice, des droits de l’individu contre les défenseurs de la raison d’État et de l’autorité de la chose jugée. L’affaire est un combat pour la défense de la République et de ses valeurs.

Activité S’agissant d’un discours, on pourra faire réfléchir les élèves, en lien avec le professeur de lettres, à la façon de construire le texte afin de le rendre dynamique. Les arguments sont à prendre dans le travail effectué avec le questionnement en veillant à rendre compte des objectifs du législateur (apaisement), de la réception de la loi (crispations, tensions, satisfactions), de la pérennité de la loi (situation actuelle et nouveaux débats).

Vérifier ses connaissances

(p. 128) 

1. Le faisceau : l’autorité de l’État ; la cotte de maille : le pouvoir ; l’étoile : l’esprit des Lumières, chargé d’éclairer le peuple (non présent sur le buste) ; la balance : la justice ; la couronne végétale : l’invincibilité. 2. a. Séparation des Églises et de l’État : 1905 ; b. Proclamation de la République : 1870 ; c. Lois scolaires de Jules Ferry : 1881-1882.

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3. a. La carte de France est présente dans la salle de classe. c. Les enseignants sont les « fils de 1789 ». d. La loi oblige les communes à entretenir une école et un instituteur. e. Les programmes insistent sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie de la France. 4. Toutes les réponses sont recevables mais la deuxième manque de précision. 5. L’enracinement de la République dans les années 1880 prend plusieurs formes : – le vote républicain est en hausse ; – les lois scolaires sont votées ; – le service militaire est instauré ; – la Marseillaise devient l’hymne national ; – le 14 juillet est fête national à partir de 1880. 6. La laïcité est un principe politique qui garantit la liberté de conscience, la liberté religieuse et la neutralité de l’État.

HISTOIRE

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CHAPITRE

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Conditions féminines dans une société en mutation

Présentation du chapitre La place des femmes au XIXe siècle relève du paradoxe. Alors que leurs conditions socioéconomiques évoluent en même temps que celles de la société française dans son ensemble, elle est toujours marquée par leur exclusion de la sphère politique alors que le droit de vote progresse pour les hommes. Arrivant en fin d’année, ce chapitre peut ainsi servir de bilan nuancé, non seulement à l’histoire politique de la France exposé dans le troisième thème, mais également aux transformations de la société industrielle abordé dans le deuxième.

Présentation des documents Doc. 1 – Des femmes de conditions différentes • Les métiers ouverts aux femmes ne sont pas rangés ici selon leur importance numérique dans la société française, mais selon une hiérarchie liée aux valeurs qu’ils véhiculent. Les cartouches sous les vignettes sont révélateurs de la mentalité dominante de l’époque et offrent une liste des valeurs attachées à la femme, soit de gauche à droite : charité, dévouement, vertu, beauté, travail, application et foi. • L’importance du secteur primaire, numériquement premier secteur d’emploi pour les femmes en France même au début du XXe siècle, apparaît, en sus de la paysanne de l’angle inférieur droit, au travers du cœur de la pyramide : il lie la femme à la fonction nourricière. Le côté gauche est tout entier dédié à une seconde fonction « féminine » : l’assistance aux plus faibles : malades, miséreux ou enfants. À droite, l’ouvrière présentée travaille dans le textile, qui occupe effectivement la majeure partie des femmes du secteur secondaire. La servante illustre le poids croissant du secteur tertiaire d’abord visible au travers des « bonnes » dont s’entoure la bourgeoisie. Au sommet de la pyramide, donc de la hiérarchie, la marchande est la plus indépendante (c’est la seule à regarder le lecteur), et elle occupe la

position la plus stable (bras gauche appuyé sur le comptoir). Noter qu’une pyramide équivalente existe, présentant le travail masculin. Doc. 2 – Des revendications féministes dans une société en mutation Le Petit journal, un des principaux journaux français au début du XXe siècle, doit son succès d’une part à son faible coût (« 5 centimes »), d’autre part à ses comptes rendus de faits divers. Il se positionne comme antidreyfusard et nationaliste depuis la fin du XIXe siècle. Depuis 1890, son « Supplément du dimanche » comporte une gravure en six couleurs, en une et en dernière page ; elles sont expliquées sur la seconde page. L’édition du 17 mai 1908 oppose d’une part « l’action féministe » en une, à « l’action féminine » (des infirmières françaises au Maroc) en dernière page. L’ensemble est consultable sur gallica.bnf.fr (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/ bpt6k716800s.item) Il illustre l’apparition des « suffragettes », féministes qui réclament l’égalité politique entre hommes et femmes par l’action et non plus seulement par le discours, à la suite des militantes britanniques du Women’s Social and Political Union fondé par Emmeline Pankhurst en 1903.

Réponses aux questions 1. Les métiers sont représentés sous forme pyramidale. À la base, la religieuse est entièrement soumise à l’Église ; la paysanne, elle, l’est à la nature. Au sommet par contre, la marchande domine la pyramide. À la tête de sa boutique, elle organise davantage son activité à sa guise et, par ses revenus, dispose de davantage d’indépendance. 2. Les féministes représentées ici réclament le droit de vote pour les femmes. 3. Cette une n’est pas favorable au combat féministe : les femmes sont représentées comme violentes, avec des yeux fous. Les visages des hommes expriment leur désapprobation.

THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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Cours

(p. 132-133) 

Présentation des documents Doc. 1 – Les femmes ont toujours travaillé Les chiffres de ce document sont extraits de l’ouvrage, pratique et complet de Sylvie Schweitzer, Les femmes ont toujours travaillé, Odile Jacob, 2002. Doc. 2 – Extraits du Code civil (1804) Le Code civil, ou « Code Napoléon », organise les relations entre les individus. Il fait partie des « masses de granit » qui doivent stabiliser la société française après la Révolution. Il donne aux femmes, du moins mariées, un statut de mineurs qu’elles conserveront pour l’essentiel tout au long du XIXe siècle. Le paradoxe est là : la mère de famille est honorée mais mineure ; la femme sans mari ni enfant est mal considérée, mais majeure. Doc. 3 – La participation des femmes à la vie politique Ce document traduit un paradoxe : des clubs de femmes ont été montés à chaque épisode révolutionnaire (1789, 1830, 1848, 1871) et ont joué un rôle actif, mais ils ont été systématiquement tournés en ridicules ou dénoncés pour leur violence. Ce goût du sang est d’abord reproché aux « Tricoteuses » pendant la Terreur, ensuite aux « Vésuviennes » de 1848, enfin aux « Pétroleuses » durant la Commune. Doc. 4 – L’enseignement s’ouvre progressivement aux filles Cette chronologie cherche à présenter trois axes. D’abord l’enseignement s’ouvre aux filles, mais avec un décalage chronologique ; la loi Ferry est donc une exception particulièrement notable. Ensuite l’enseignement secondaire demeure lui très limité et ne débouche pas encore sur la préparation du baccalauréat, même sous la Troisième République. Enfin, malgré tout, la réussite individuelle est possible (Julie-Victoire Daubié, Madeleine Brès, Marie Curie…), mais demeure l’exception.

Réponses aux questions 1. La place de l’agriculture dans l’emploi des femmes diminue fortement au cours du XIXe siècle. La place de l’industrie et du bâtiment se

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HISTOIRE

maintient, alors que le secteur tertiaire devient de plus en plus important. 2. Les Droits des hommes et des femmes les uns envers les autres sont déséquilibrés : la femme doit obéir à son mari (art. 213), le divorce est plus facile pour les hommes que pour les femmes (art. 229-230), la famille est sous l’autorité du père seul (art. 373), et la femme mariée ne peut gérer ses biens (art. 217). Son statut n’est donc guère différent de celui de ses enfants mineurs. 3. Cette caricature n’est pas favorable aux droits des femmes : celles qui les réclament sont représentées laides et excitées. 4. Exemples : 1833, 1867 et 1881-82.

Sujet d’étude 1

(p. 134-135) 

Hubertine Auclert, une militante féministe du XIXe siècle Ce sujet d’étude propose la réalisation d’un article de journal suivant une interview fictive d’Hubertine Auclert. L’exemple de cette féministe est particulièrement intéressant. D’abord parce que, contrairement à beaucoup de ses contemporaines, elle ne se contente pas de revendications sociales, mais y mêle des revendications politiques, permettant de dresser un panorama complet des inégalités entre hommes et femmes à la fin du XIXe siècle. Ensuite parce qu’elle permet une vision nuancée des avancées et des limites des droits des femmes sous la IIIe République.

Présentation des documents Doc. 1 – L’inégalité des hommes et des femmes est culturelle Les documents 1 et 5 sont extraits du discours d’H. Auclert au congrès ouvrier socialiste de Marseille en 1879 : déçu par la tiédeur des Républicains vis-à-vis des droits des femmes, H. Auclert se rapproche alors des mouvements socialistes pour faire progresser ses idées. Or même dans ces milieux, le combat qu’elle doit mener est difficile : il faut attendre 1914 pour que la CGT défende le travail des femmes. Elles sont auparavant considérées comme incapable d’acquérir une « morale prolétarienne », et soupçonnées de s’emparer du travail des hommes, favorisant le chômage. Le discours complet d’H. Auclert, dont d’autres passages sont

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également exploitables, est disponible sur gallica.bnf.fr Doc. 2 – Hubertine Auclert à l’assaut de la « bastille des droits de l’homme » Ce document témoigne des manifestations de femmes organisées par H. Auclert, pour faire progresser leurs droits. L’ambivalence du sentiment de beaucoup d’hommes de la fin du XIXe s. transparait ici : H. Auclert est représentée en Don Quichotte moderne, comme lui sympathique, mais se battant contre des moulins à vent ; le texte qui commente la caricature transmet le même message. Doc. 3 – La femme doit voter Cette image est la une du journal féministe La Citoyenne, bimensuel fondé par H. Auclert en 1881. Il cesse de paraître en 1891 faute d’argent. Doc. 4 – Hubertine Auclert à son bureau en 1910 Photographie d’H. Auclert à la fin de sa vie, nous la présente à sa table de travaille. Il témoigne bien de son engagement : la mise sobre, la coiffure légèrement défaite, le visage sans fard regardant franchement le photographe, le buste discrètement en avant et le poing gauche fermé, symbole de ses combats ; la plume dans la main droite comme moyen d’action, la loupe sur le texte comme pour une analyse méticuleuse des faits ; le décor est celui d’un intérieur de bureau qui la place parmi les intellectuels.

Réponses aux questions 1. Bref résumé de la vie d’Hubertine Auclert (les éléments qui apparaissent dans le manuel sont indiqués ; d’autres ont été ajoutés à l’usage du professeur) : Hubertine Auclert nait en 1848 [introduction] dans une famille de paysans républicains aisés. Elle est placée enfant dans une pension religieuse. À la chute du Second empire, montée à Paris, Hubertine Auclert rejoint la Ligue française pour le droit des femmes dont Victor Hugo est le président d'honneur, et devient l’une des premières militantes françaises à se déclarer « féministe » [doc. 4]. À partir de 1879 elle place ses espoirs dans le mouvement socialiste [doc. 1] et milite tant pour l’égalité politique que pour l’égalité sociale entre hommes et

femmes [doc. 1 et 5]. En 1880 par exemple, elle refuse de payer l’impôt puisqu’elle ne le vote pas. Elle propose aussi l’institution d’un contrat de mariage avec séparation de biens, ou réclame la féminisation du vocabulaire (prud’femme, avocate, députée …). Pour soutenir ses idées, elle lance en 1881 le journal La Citoyenne [doc. 3], multiplie les manifestations [doc. 2] et les pétitions [doc. 4]. Aux élections municipales de 1908, elle brise symboliquement une urne électorale à Paris [cf. doc. 2 p. 131]. Elle décède en 1914 et est enterrée au cimetière du Père Lachaise. 2. À la fin du XIXe siècle, malgré leur participation active aux différentes révolutions, malgré la mise en place d’un régime républicain, les femmes n’ont toujours pas le droit de vote. L’expression « Bastille des droits de l’Homme » semble contradictoire : c’est la chute de la Bastille le 14 juillet qui a entrainée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789. Pour les femmes, il s’agit pourtant encore de renverser une forteresse de traditions si elles veulent, comme Olympe de Gouges, que les droits de l’homme deviennent les droits de l’Homme. 3. D’après H. Auclert l’inégalité entre les hommes et les femmes est due à l’éducation (l’acquis) et non à la nature humaine (l’inné). 4. Puisque le Code civil donne les mêmes obligations aux hommes et aux femmes, H. Auclert milite pour qu’ils aient les mêmes droits. D’une part, elle exige des droits politiques : le droit de vote — ce qui assurerait la paix et le bonheur de la société. D’autre part, elle demande également des droits économiques et sociaux : des revenus pour les femmes, même au foyer, afin de leur donner leur indépendance financière — ce qui assurerait plus d’harmonie dans le couple. 5. H. Auclert revendique des droits tant par la plume (articles de journaux, pétitions…) que par les discours (animation de clubs de femmes, discours au congrès socialiste de 1879…).

Activité Au delà de l’exercice consistant à analyser des documents pour en extraire des informations, il peut être intéressant de travailler sur la formulation d’un titre, d’une manchette, et la réalisation d’une illustration, caricature ou THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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dessin de presse, en s’inspirant des documents 2 et 3. Le travail pourrait ainsi être replacé dans le contexte de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 et la floraison des titres qui s’en suit depuis les années 1890. Le travail ainsi présenté peut être inscrit en parallèle dans le programme d’EMC du cycle 4 « Le jugement : penser par soi-même et avec les autres », « 1/a Expliquer les différentes dimensions de l’égalité ».

Sujet d’étude 2

(p.136-137) 

Au Bon Marché, un « temple pour la femme » La difficulté de ce sujet d’étude consiste sans doute pour le professeur à faire prendre conscience aux élèves que l’expression « temple pour la femme » est problématique : est-ce la femme que l’on adore comme le laisse penser le premier document, ou est-ce elle qui adore les objets qui y sont proposés ? C’est sur l’ambivalence de cette expression que pourra jouer la publicité demandée aux élèves.

Présentation des documents Doc. 1, 4 et 6 – Extraits de Au bonheur des Dames, d’Émile Zola Ce sont des extraits du roman d’Emile Zola, Au bonheur des Dames, onzième roman du cycle des Rougon-Macquart, paru en 1883. Une présentation plus détaillée peut être consultée ce livre du professeur. Pour rédiger l’ouvrage, Zola avait d’une part réuni un ensemble d’articles de journaux, d’autre part passé deux mois d’enquête sur le terrain, principalement au Bon Marché et aux Grands magasins du Louvre ; au total, c’est une centaine de pages de notes qu’il avait assemblées. Doc. 2 – La Femme dans la publicité Ce document est une publicité pour LefèvreUtile par Alfons Mucha, l’un des principaux affichistes du style Art Nouveau. L’Art Nouveau se fonde sur une esthétique des courbes et la présence courante, comme ici, des végétaux. Le costume-trotteur féminin est ici caractéristique de l’élégance des années 1900 : torsion en « S » grâce à une poitrine redressée, finesse de la taille marquée par un corset, une ceinture contrastante et une tournure, reins cambrés, jupe cloche enfin, qui s’évase et dissimule les 104

HISTOIRE

pieds. On se rapportera utilement pour en savoir plus, par exemple à : Catherine Örmen, Comment regarder la mode, éd. Hazan, 2009. Doc. 3 – Une entreprise paternaliste Ce texte est un extrait d’une brochure apologétique sur l’œuvre du couple Boucicaut, préfacée par Jules Simon. Il permet de replacer la notion de paternalisme étudié dans le chapitre sur la révolution industrielle. Doc. 5 – Vue générale extérieure du Bon Marché, vers 1880 Cette image est l’illustration d’une carte servant de publicité pour Le Bon Marché. Par delà la représentation du bâtiment qui abrite le magasin, la mise en abime est intéressante puisque c’est une publicité qui met en avant la publicité que les Boucicaut s’offrent sur les voitures qui circulent dans Paris. Doc. 7 – Vue intérieure du Bon Marché Ce document est une gravure du début des années 1880, telle que les grands magasins en utilisaient pour se représenter dans leurs publicités. L’intérêt est ici double : mettre en avant l’architecture métallique des intérieurs, et présenter la clientèle, à 90 % féminine dans les années 1880.

Réponses aux questions 1. La richesse du magasin s’expose d’abord dans son architecture extérieure de type haussmannien (doc. 5), comme dans son architecture intérieure métallique (doc. 7). Mais elle s’expose aussi par les services proposées par le magasin (doc. 1 : ascenseurs, buffets…) et surtout par la variété et le choix des articles proposés (doc. 1 et inscriptions sur les façades, lisibles au doc. 5). 2. Travailler au Bon Marché, c’est d’abord être employé par la « cathédrale du commerce moderne », être au cœur de la modernité. C’est aussi bénéficier du paternalisme des patrons. Il est pourtant indispensable que les élèves prennent conscience que derrière l’abondance du luxe de façade, les conditions de travail sont particulièrement difficiles : on rappellera qu’avant la « loi des chaises » de 1900, les employées n’ont pas le droit de s’asseoir sur leur lieu de travail (cf. cours). 3. Les grands magasins emploient des techniques de vente modernes qui font entrer la

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société française dans la consommation de masse. La publicité, d’abord (doc. 5), doit être omniprésente : sur les voitures, circulant dans Paris, sur des cartes largement distribuées… Mais cette publicité doit aussi transformer l’acte d’achat, même le plus banal, en convoitise : ainsi l’achat de biscuits (doc. 2) est associé à l’élégance bourgeoise et à des relations affectives («  flirt »)… Les prix bas, ensuite, élargissent la clientèle (doc. 6). Associés à la diversité des produits proposés (doc. 1 et 5) ils doivent donner l’impression de réaliser une « bonne affaire » (les « soldes » du doc. 1) et pousser aux achats compulsifs (il est possible pour cela de choisir d’autres extraits du Bonheur des Dames en s’attachant à Madame Marty). L’organisation du magasin, enfin, doit donner une impression d’activité incessante (doc. 6) comme preuve qu’on est bien là au cœur de la modernité. 4. Les clientes à servir appartiennent à toutes les catégories sociales (doc. 6 : « dames vêtues de soie […] filles en cheveux ») : les grands magasins sont un véritable lieu de brassage social. Cela étant, ils s’adressent de plus en plus à la classe moyenne (« petites bourgeoises à robes pauvres ») qui se développe et singe les catégories sociales supérieures données en exemple par l’imagerie populaire (doc. 7).

Activité La mise en activité proposée ici ne peut aboutir qu’après avoir dégagé les principales innovations apportées par les grands magasins. Après en avoir établi la liste, on pourra demander aux élèves par un travail de groupe de les répartir entre les trois éléments attendus : slogan, illustration et texte bref. Par exemple, le slogan pourra mettre en avant la modernité du Bon marché et l’illustration mettre en valeur l’opulence du magasin. Quant au texte, il pourra présenter la diversité de la clientèle et développer sur le paternalisme de la famille Boucicaut dont peut bénéficier une employée de milieu modeste. Chaque groupe devra ensuite réaliser une publicité répondant à sa trame ; la comparaison des réalisations permettra enfin de confronter les éléments les plus pertinents de chacune.

Vérifier ses connaissances

(p. 138) 

1. a et c. 2. a et d. 3. a. 1802 : création des lycées par Napoléon. Ils sont réservés aux seuls garçons. b. 1881-82 : Lois Ferry : l’enseignement primaire devient obligatoire, gratuit et laïc de 6 à 13 ans pour les filles comme pour les garçons. 4. b. 5. c. 6. Les femmes mariées sont, comme leurs enfants, sous la dépendance de leur mari. Elles doivent lui obéir, n’exercent pas l’autorité paternelle et ne peuvent gérer librement leur fortune. 7. Féminisme : Courant de pensée et d’actions qui milite pour l’égalité des droits entre hommes et femmes.

Exercer ses compétences

(p. 139) 

Appliquer la méthode Réponses aux questions 1. Ce document est une gravure en couleur, réalisée par un journaliste du Petit journal. Il s’adresse donc à de très nombreux lecteurs, hommes et femmes, de toutes conditions sociales, à Paris comme en Province. Il a été publié le 17 mai 1908 alors que, malgré les revendications des suffragettes, les femmes n’ont toujours pas obtenu le droit de vote. 2. Description du document : 1. Le gendarme au premier plan. Ainsi placé, le lecteur peut s’identifier à un second gendarme arrivant sur les lieux. 2. Les femmes, d’abord en veste jaune (visage colérique, bras levé, parapluie tenu comme un bâton), puis verte (même physionomie, même bras droit, mais le bras gauche s’est abattu pour renverser l’urne) : le regard est conduit par l’horizontale légèrement descendante de la table vers la femme en veste violette (de dos, poing serré). 3. L’œil est enfin entrainé par la ligne de l’urne et des papiers renversés. 3. Ce document n’est pas favorable au vote des femmes : ici aussi les femmes sont accusées de violence non contrôlée. Les visages des hommes, choqués, désapprouvent leur action, alors que le buste de Marianne semble se détourner pour ne pas les regarder. THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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PARCOURS CITOYEN

Tous à la caserne ! 1905 : l’égalité masculine devant la conscription

• Ce sujet propose aux élèves de s'interroger sur le lien entre les chapitres du thème 3 : la conscription militaire pour défendre la Patrie (« le fusil ») tend à devenir un moyen aussi égalitaire que le droit de vote (« l'urne ») pour diffuser les valeurs de la IIIe République, tout en rappelant à la fois, l'exclusion des femmes de ces pratiques mais aussi leur présence dans la construction d'un imaginaire masculin virile. • La conscription apparue dès 1798 pour les besoins militaires ne mobilisait pas toute une classe d'âge. À partir de la loi de 1905, le service militaire était devenu universel pour tous les hommes de 20 ans, « bons pour le service ». En 1971, le service devenu national pouvait prendre plusieurs formes : militaire, technique ou civique jusqu'à sa suspension en 1997, par le président Jacques Chirac, désirant moderniser l'armée et la rendre plus efficace. Mais « l'appel sous les drapeaux [peut être] rétabli à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la Nation l'exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent» (article L. 112-2 du Code du service national d'après la loi de 1997). • Par conséquent, la loi de 1905 se prête bien à cette situation de jeux de rôle épistolaire en rapport avec le programme d'enseignement moral civique : questionner le sentiment (pour s'exprimer à la place du conscrit ou d'un officier supérieur), la règle (pour comprendre le sens des symboles de la République et ses valeurs), le jugement (pour réfléchir sur l'intérêt individuel et général dans cette situation historique de 1905) et l'engagement puisque le travail de réflexion pourrait se prolonger par un débat sur le rétablissement du service national ( sous quelle forme ? Pour qui ? Pourquoi ? Qui en seraient exclu-e-s?) ? ou bien sur les relations entre hommes et femmes dans la société française au temps de la conscription de 1905 (quelles difficultés, quels espoirs, quelles expériences pour les conscrits, pour leurs fiancées ? Quelles discriminations ?).

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HISTOIRE

Présentation des documents Doc. 1 – Refrain d’une chanson populaire de 1869 Cette chanson populaire de 1869 reflète le rite de passage que représente pour tout conscrit la vie de caserne. La notion de virilité étudiée par Georges Vigarello s’illustre dès le conseil de révision qui a lieu dans les chefs-lieux de canton. Tenu par un officier et un médecin militaire et assistés par les conseillers municipaux, ce conseil détermine si les jeunes de 20 ans sont aptes au service militaire ou réformés selon des critères physiques (taille, poids, tour de poitrine). Les jeunes gens redoutent cette épreuve et craignent que leur virilité ne soit remise en question, bien plus que de devoir quitter leur famille et leur village. Le texte original de la chanson est disponible dans son intégralité sur www.gallica.bnf.fr, « le départ du conscrit – Le retour ». Doc. 2 – Saluer ses supérieurs : montrer du respect à sa hiérarchie « La Ramée » est probablement un auteur chrétien qui se cache derrière un pseudonyme. Son ouvrage contient une mine de conseils avant le départ pour la caserne et à l’arrivée du conscrit, notamment la liste des prêtres aumôniers militaires. Et l'auteur de témoigner sa foi chrétienne en conclusion : « Rappelez la devise de vos aïeux : Dieu protège la France ! Malgré les coups du sort, la France doit reconquérir sa place à la tête des nations du monde. Et sa destinée glorieuse, au jour que Dieu connaît, c'est par vous qu'elle l'accomplira, jeune et vaillante armée, soldats d'hier et soldats de demain ! » (pp. 67-68). Doc. 3 – Un service militaire de plus en plus égalitaire L’expression « service militaire » ne doit pas être comprise comme une période pendant laquelle un homme est à la caserne mais comme l’ensemble des obligations militaires d’un citoyen en vertu d’une loi de recrutement. Ce service dure plus de 20 ans et se divise en quatre étapes : armée d’active qui intervient

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directement dans une action militaire, réserve de l’armée d’active, armée territoriale composée d'hommes âgés de plus de 34 ans, réserve de l’armée territoriale jusqu'à 49 ans. La conscription permet de commencer ce service militaire. Il est apparu injuste à cause du tirage au sort ou du remplacement possible du tiré par un exempt moins fortuné qui partait à sa place, ainsi que par la durée inégale de la conscription (1 à 5 ans) jusqu’à la loi de 1905. Doc. 4 – Devenir conscrit, un honneur civique Le conscrit porte un habit de fête et un chapeau sur lequel il accroche cet insigne qui l’identifie. Ainsi habillé, il peut participer à une sorte de charivari dans une ambiance de joyeux désordre social. Pendant cette fête, les « classards » achètent leurs képis, leurs cocardes et autres insignes, mangent, boivent, chantent et font mille farces aux filles, aux commerçants et aux bourgeois qu’ils croisent. Un bal est donné le dimanche suivant, précédé par un serment des conscrits devant le monument aux morts de 1870. Le charivari des conscrits est à la fois une fête civico-militaire, un rite de passage et une fête de la jeunesse où l’on noue des solidarités nouvelles hors de sa classe sociale. Doc. 5 – L’inspection de la chambrée Édouard Detaille (1848-1912) a connu une grande célébrité de son vivant, en tant qu’artiste, spécialiste de la peinture militaire. Dans ce volume réunissant 390 aquarelles et dessins, il montre son intérêt pour la nouvelle armée française et ses réformes dans les années 1880. La vie de caserne est centrée sur la discipline. Odile Roynette (Bons pour le service, Belin, 2000) a bien décrit cette pédagogie de la violence à travers ses formes physiques et verbales imposées aux conscrits : poids réel du

paquetage, exercices, répétition des gestes spécifiques du subordonné, service de garde, corvées et punitions.

Réponses aux questions 1. La loi sur la conscription de 1905 est plus équitable car elle supprime le tirage au sort qui pouvait être injuste et oblige à un service militaire de deux ans pour tous. 2. Les valeurs républicaines s’illustrent à travers la défense de la République, identifiée par ses symboles (extrait de la Marseillaise, la Marianne, le drapeau tricolore) et par le patriotisme (la défense de la Patrie et fraternité entre les générations de soldats prêtes à la défendre). 3. Le lieu de repos collectif des conscrits est bien rangé (lit, affaires pliées). Les officiers en tenue rouge et bleu et képi sur la tête inspectent les conscrits, immobiles, en tenue blanche. 4. Durant leur vie de garnison, les conscrits doivent se séparer de leurs proches (doc. 1), obéir et bien respecter la hiérarchie militaire (doc. 2 et 5), vivre en communauté selon les règles de la vie de caserne (doc. 5). Les officiers doivent se méfier des permissions des soldats qui les rendent bagarreurs, joueurs et fumeurs (doc. 1), se faire obéir des conscrits (doc. 2) et leur enseigner la discipline militaire (doc. 5).

Activité • L’activité peut être faite conjointement en français sur la compétence de rédaction épistolaire. On s’adressera différemment à « ses chers parents ou chère amie » qu’à son supérieur (« Mon général »). • Pour le contenu, on se reportera aux documents et à la correction des documents et on pourra aider les élèves en leur indiquant les critères de différenciation suivants :

Scénario 1: Lettre d’un jeune conscrit à ses proches. Difficultés de la vie de caserne.

Q. 4 : doc.1, 2 et 5. Le respect de la hiérarchie et de la discipline, la peur des sanctions et des corvées.

Les efforts pour devenir un bon citoyen soldat.

Q. 2 et 3 : doc. 4 et 5. Un bon citoyen-soldat défendant la patrie.

Scénario 2 : Lettre d’un commandant de garnison à son général.

THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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Enthousiasme pour la loi de 1905. Q. 1 et 2 : doc. 3 et 4. Le nombre de conscrits qui augmente sur un même temps de 2 ans de service militaire. Les difficultés pour former les futurs Q. 4 : doc.1, 2 et 5. Les problèmes d’obéissance à la soldats. hiérarchie et de discipline, surtout aux retours des permissions.

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HISTOIRE

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PEAC

Des femmes de toutes conditions

L’activité présentée ici cherche à répondre aux trois piliers du PEAC présentés par l’arrêté du 1er juillet 2015. Il est en effet parfois plus facile de rencontrer « un professionnel de l’art et de la culture » que des artistes eux-mêmes (Pilier 1 : « Fréquenter ») ; il est généralement plus abordable à un professeur d’histoiregéographie de « concevoir et réaliser la présentation d’une production », que de mettre en œuvre un processus de création (Pilier 2 : « Pratiquer »). Il semble quoiqu’il en soit indispensable non seulement de faire acquérir un « vocabulaire approprié » mais aussi d’« exprimer une émotion esthétique et un jugement critique » (Pilier 3 : « S’approprier »).

Démarche Réponses aux questions 1. Les œuvres présentées sont les suivantes : – Doc. 1 : Jean-François Millet, Les glaneuses, 1857, huile sur toile, 83,5x110 cm, Paris : Musée d’Orsay. – Doc. 2 : Franz Xaver [ou Xavier] Winterhalter, L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneurs, 1855, huile sur toile, 300x420 cm, Compiègne : Musée national du château de Compiègne.

– Doc. 3 : Edgar Degas, Les Repasseuses, 1884, huile sur toile, 76x81,5 cm, Paris : Musée d’Orsay. – Doc. 4 : Jules Adler, La Grève du Creusot, 1899, huile sur toile, 231x302 cm, Pau : Musée des Beaux-Arts. 2. Cf. tableau ci-dessous. 3. Extraits possibles : – Françoise, dans La Terre, 1887, chapitre 1, p. 3-5 : « Jean descendait pour la dernière fois… Oh ! je vous connais, vous êtes Caporal, le menuisier qui est resté comme valet chez M. Hourdequin. » – Renée, dans La Curée, 1871, chapitre 3, p. 165-167 : « Ce fut vers l’époque de leur installation au parc Monceau […] C’était, pour elle, la note aiguë de sa vie. » – Gervaise, dans L’Assomoir, 1877, chapitre 1, p.36-38 : « Mais la jeune femme voulait s’en aller. […] comme si la vie, désormais, allait tenir là, entre un abattoir et un hôpital. » – Catherine, dans Germinal, 1885, chapitre 2 p.13-16 : « Quatre heures sonnèrent… que le dandinement léger des hanches. »

Document

Contexte

Description

1

– Le monde paysan – IInd Empire

– Pour une description et une analyse, on peut se reporter à la fiche du Musée d’Orsay : http://www.musee-orsay.fr/fr/ collections/oeuvres-commentees/recherche/ commentaire_id/des-glaneuses-341.html – Ecole de Barbizon - Atmosphère dorée dont émergent les bonnets des glaneuses traités en couleurs primaires. Importance du trait.

2.

– L’aristocratie – IInd empire

– Pour une description et une analyse, on peut se reporter à la fiche d’Alain Galoin sur l’Histoire par l’image : www.histoireimage.org/etudes/imperatrice-eugenie-entouree-ses-dameshonneur. - Peinture académique. - Couleurs chatoyantes. Importance du trait.

3.

– Le secteur tertiaire - Pour une description et une analyse, on peut se reporter à la urbain fiche sur le site Internet du Musée d’Orsay.

THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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4.

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HISTOIRE

– IIIe république

- Peinture impressionniste. - Peinture aux pastels sur une toile non apprêtée, par touches rapides. Importance de la couleur.

– Le secteur secondaire – IIIe république

- Pour une description et une analyse, on peut se reporter à la fiche de Pierre Sesmat sur l’Histoire par l’image : www.histoireimage.org/etudes/greve-creusot-1899-0. - Peinture naturaliste. - Importance des contrastes clairs/foncés, rouges/noirs. Importance de la couleur.

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DNB

Histoire, Géographie et Enseignement moral et civique

Exercice 1 – Analyser et comprendre des documents (avec aide à la démarche) 1. Afin d’identifier un document, il faut se poser plusieurs questions simples : Quand ? (date) Qui ? (Auteur) Quoi ? (nature) Pour qui ? (destinataire) Quel sujet ? (thème ou scène décrite). Ici, l’accent doit être mis sur la nature du document (un extrait de roman avec une théâtralité), son auteur et la scène décrite (ici un sujet banal). Faites une recherche sur Balzac, sur le roman réaliste. 2. Jacquotte a été la servante du curé et elle exerce dorénavant son activité au sein du ménage de Benassis. Elle est une « maîtresse de maison » qui prend en charge tous les aspects domestiques du foyer : lessive, ménage, achat et gestion des personnels. Relevez les informations qui montrent que Jacquotte est au cœur de l’organisation du foyer ? 3. La réponse doit s’appuyer sur les éléments de réponse fournis précédemment mais il faut également s’attacher au style de l’auteur. Deux axes peuvent être étudiés : Relever les verbes qui définissent les actions de Jacquotte afin de montrer qu’elle est souveraine ; acheter, vendre, placer, déplacer, administrer, décider, gronder. Porter une attention à la construction des phrases en italique : quel est l’effet recherché ? Quelle est l’impression donnée au lecteur ? Jacquotte est au cœur d’un tourbillon. Tous les éléments et les personnels semblent virevolter au tour d’elle. Le rythme est haletant et rend compte ainsi de l’activité voire de l’hyperactivité de Jacquotte. A la fin de l’extrait, l’action est dépeinte sous le signe de l’exagération puisque Jacquotte fait des allers-retours incessants. 4. Le récit fait par Balzac présente la volonté de puissance d’une ancienne servante (« souveraine », « disait-nous », multiples actions et prises de décisions) et l’acceptation/démission d’un homme. La condition féminine est plus difficile : les femmes n’ont pas de droits politiques et les inégalités sociales sont importantes : considérées comme mineures, les femmes sont confinées à la sphère privée (maternité,

foyer). Parvenant à entrer dans le monde du travail, leurs rémunérations sont faibles quel que soit le secteur d’activité (agriculture, industrie, commerce…). Quelques progrès sont perceptibles notamment en matière d’éducation avec les lois scolaires de 1881-1882. Exercice 1 – Analyser et comprendre des documents (application de la démarche) 1. Afin de présenter le document, on s’intéressera à la date de réalisation ainsi qu’à la nature du document. Le document a été réalisé en 1850, durant la Seconde république qui a instauré le suffrage universel masculin. À cette date, alors que les évènements de juin 1848 ont inquiété les milieux aisés, une loi (31 mai 1850) restreint le suffrage universel : les travailleurs itinérants (« classes laborieuses, classes dangereuses ») sont exclus du droit de vote de fait puisqu’une obligation de résidence depuis trois ans dans une commune est requise. Le document est une estampe parue dans Le Charivari le 12 juin 1850, journal satirique fondée par Charles Philipon en 1832. Journal républicain et donc politique à sa fondation, il prend une forme plus distractive et en vient même à critiquer les révolutionnaires de 1848 dans un dessein « conservateur, mais sincèrement libéral ». Le document a donc vocation à faire sourire, à susciter une réflexion et livre une critique d’un gouvernement conservateur qui met fin à un acquis encore récent et donc fragile. 2. Au centre de l’image se trouve l’urne renversée qui renvoie au suffrage universel masculin désormais limité par la loi du 31 mai 1850. Les personnages au premier plan font une farandole, dansent de joie. On peut reconnaître à droite louis-napoléon Bonaparte, président depuis décembre 1848, et Adolphe Thiers, alors l’un des chefs de la majorité à l’Assemblée et membre de la commission chargée d’élaborer la loi. Cette farandole vient de l’Assemblée nationale que l’on distingue à l’arrière-plan. Entre les deux, les députés exécutent la même danse.

THEME 3 > Société, culture et politique dans la France du xixe siècle

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3. Le document livre ainsi un critique de la loi du 31 mai 1850 et montre un parti conservateur tout à sa joie alors que la République et ses principes ne sont pas encore enracinés. 4. La conquête du suffrage universel est un parcours tumultueux. De 1815 à 1848, le suffrage est censitaire tout en connaissant un élargissement de sa base. A partir de 1848, le suffrage est universel mais les conservateurs parviennent à le restreindre en 1851. Après son coup d’état, le 2 décembre 1851, Napoléon III, par la mise en place des candidatures officielles, ôte toute substance au suffrage universel masculin. Exercice 2 – Maîtriser différents langages pour raisonner et utiliser des repères historiques 1. Le travail peut être ici conduit selon trois axes ayant pour objet de montrer des progrès mais également que les combats sont encore à mener : – Femmes et société : lancer la réflexion sur le code civil et la place accordée aux femmes. Considérées comme mineures, les femmes sont reléguées à des tâches familiales, domestiques et ménagères. Toutefois, des progrès sont perceptibles dans l’enseignement en 1881-1882. Mais les femmes n’accèdent pas encore aux études secondaires et au baccalauréat. – Femmes et travail : les femmes ont toujours travaillé mais elles n’étaient pas nécessaire-

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HISTOIRE

ment rémunérées (épouses aidant leurs maris). L’industrialisation et la tertiarisation leur ouvrent les portes du salariat mais celui-ci demeure très inégalitaire (une rémunération inférieure d’un tiers à celle des hommes). – Femmes et politiques : la femme, en raison de sa condition de « mineure », est exclue du vote malgré sa participation aux mouvements politiques (révolution de 1848, Commune de paris). Cependant, des femmes font entendre leurs voix pour revendiquer des droits politiques (Hubertine Auclerc). La seule figure féminine politique, et ce jusqu’en 1944, reste Marianne, allégorie de la République 2. a. Marie Curie est la première femme à recevoir un prix Nobel, celui de physique pour la découverte de la radioactivité : 1903. b. Mise en place du suffrage universel masculin : 1848. c. Les communes de plus de 500 habitants doivent ouvrir une école de filles : 1867. d. Louise Michel, membre du Comité de vigilance de Montmartre : 1871. e. Le Code civil maintient la femme dans une situation d’infériorité : 1804. f. Création du journal La Citoyenne par Hubertine Auclert : 1881. g. Lois Ferry mettant en place l’enseignement primaire gratuit, obligatoire et laïc pour les filles et garçons de 6 à 13 ans : 1881-1882.

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THÈME 1

L'urbanisation du monde Présentation du thème Ce premier thème de 4e est centré sur la question de l’urbanisation. Ce processus, fortement lié à la mondialisation, constitue le thème directeur du programme de l’année. Dans le monde, les urbains devrait avoisiner les 2/3 de la population mondiale en 2050. Aujourd'hui, il est facile de montrer aux élèves que les villes, en particulier mondiales, connaissent un renforcement de leur poids tant démographique, qu'économique et politique, accompagné d'une forte extension spatiale. Cette accélération spectaculaire depuis plus de cinquante ans se généralise à l’ensemble du monde. Elle modifie en profondeur les espaces, les territoires et les sociétés, en particulier du fait de l’essor des très grandes villes que sont les métropoles. Les recommandations pédagogiques de la fiche Eduscol précisent bien que ce thème est l'occasion de mobiliser principalement deux échelles : celle de la métropole ellemême, où les paysages et les espaces traduisent son degré d’insertion dans la mondialisation. Trois études de cas différentes permettent au professeur un large choix typologique : une ville européenne (Moscou), une ville des pays émergents (Mexico) et une ville, certes de type nord-américaine, mais peu étudiée (Auckland en Nouvelle Zélande). Selon le temps qu'il décide de consacrer à ce chapitre 9 (dans le manuel), le professeur peut proposer une confrontation de deux espaces urbains en analysant plus spécifiquement la géographie des centres et des périphéries. La seconde échelle préconisée dans ce thème est celle du monde dans laquelle les villes jouent un rôle structurant, même si elles sont inégalement connectées aux réseaux de la mondialisation. Cette inégale connexion aux réseaux planétaires est représentée par trois études de cas : Londres, une métropole de rang mondial très intégrée et bien connectée au monde ; Mumbai, dont la position de métropole d'un pays émergent induit une connectivité de plus

en plus efficace. Enfin, il conviendrait d'étudier certaines villes qui connaissent un phénomène de déclin urbain, désigné dans le programme par l’expression de « shrinking cities », que l’on peut traduire par « rétrécissement » pour caractériser des formes de décroissance. On a choisi l'étudier la ville américaine de Detroit. La problématique générale du thème pourrait se formuler ainsi : en quoi les différentes formes de l’urbanisation (et les espaces et les paysages qui en résultent, notamment ceux des métropoles) sont-elles révélatrices de la mondialisation et d’une insertion différenciée à ses réseaux ?

Présentation des pages d’ouverture ( p. 150-151)  1 Aéroport international Kingsford Smith et CBD de Sydney (Australie) • Cette photographie a été choisie pour illustrée les deux volets de ce thème 1 : les paysages et espaces de l'urbanisation avec en arrièreplan le Central Business District de la plus grande ville australienne, Sydney. Peuplée de 4,5 millions d'habitants, cette grande métropole située au Sud-est du pays-continent australien est la capitale économique de l'Australie. Le professeur pourrait juste rappeler en quoi l'Australie fut au départ une colonie de peuplement. Le 13 mai 1787, la flotte anglaise, sous le commandement du capitaine Arthur Philip (1738-1814), partit de Portsmouth en Angleterre. Sur ces navires, on embarqua près de 750 détenus (2/3 hommes - 1/3 de femmes) dont beaucoup avaient été condamnés à 7 ans de déportation pour de simples petits larcins. Des marins, des officiers et leurs épouses, des membres d’équipages accompagnaient la flotte. Le premier navire atteignit Botany Bay le 18 janvier 1788. James Cook jugeant le site peu propice, remonta plus au nord et choisit finalement une petite anse (Sydney Cove dans Port Jackson) pour accoster. Le 26 janvier 1788, la colonie du New South Wales était fondée à l’emplacement du quartier actuel des Rocks.

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Ce jour est aujourd’hui célébré en Australie comme celui de la Fête Nationale. • Le second axe à partir duquel on peut faire réfléchir les élèves à propos de la photographie est la notion de connexion au monde, comme le sujet l'aéroport international de Kingsford Smith. C'est avec Melbourne et Brisbane, un aéroport qui relie l'Australie au reste du monde. Il porte le nom d'un grand pionnier de l'aviation australienne qui, le premier, réalisa la liaison trans-Pacifique entre l'Australie et les ÉtatsUnis.

2 Pour découvrir le thème • Le paysage décrit en arrière-plan est classique des villes nord-américaines : le CBD a d'abord qualifié les espaces urbains centraux des ÉtatsUnis. On distingue ainsi le bâti vertical abritant le plus souvent des sièges sociaux d'entreprises

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GÉOGRAPHIE

nationales ou internationales. La construction la plus élevée est la Sydney Tower Eye, où les visiteurs peuvent avoir une vue imprenable à 360° sur l'agglomération. Elle culmine à 250 m au-dessus du sol. Ces éléments, que l'élève doit être capable d'observer, préparent l'étude du chapitre 9, centrée autour des espaces et des paysages de l'urbanisation. • Au premier plan de la photo un Boeing 747 de la compagnie nationale australienne Qantas illustre le second aspect de ce thème, à savoir les éléments développés dans le chapitre 10 consacré aux villes inégalement connectées aux réseaux de la mondialisation. En effet, les villes mondiales sont souvent bien reliées entre elles car elles disposent d'un ou plusieurs aéroports internationaux. Celui de Sydney accueille annuellement 39 millions de passagers et dessert tous les continents.

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CHAPITRE

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Espaces et paysages de l’urbanisation : géographie des centres et des périphéries

Présentation du chapitre • Ce chapitre a pour objectif de présenter aux élèves le vocabulaire de base concernant l’espace urbain. L’accent est mis sur l’organisation classique de l’espace urbain en centres et périphéries tout en montrant la diversité des paysages urbains et leurs principales dynamiques à travers le monde. • La problématique du chapitre interroge « comment s’organisent les espaces urbains » ce qui aboutit logiquement à le structurer autour de la géographie des centres et des périphéries. Le chapitre entend souligner qu’outre l’intérêt pédagogique et le caractère classique du dualisme centre-périphéries dont il est important de comprendre les logiques de structuration et de fonctionnement, ce dualisme se décline de manière variée selon les villes mais également selon le niveau de développement et le pays. Outre les notions basiques de la géographie urbaine, le chapitre vise à introduire des notions plus récentes afin de montrer le caractère très contemporain et dynamique des évolutions des espaces et des paysages de l’urbanisation.

Présentation des documents La page d’ouverture du chapitre oppose d’une part « un quartier sécurisé dans la banlieue de Yichang (Chine) » et d’autre part le quartier très actif de Shibuya au centre de Tokyo. Dans les deux cas, il s’agit d’espaces urbains d’agglomérations asiatiques (Chine et Japon) ce qui permet de signaler leur importance numérique dans la hiérarchie mondiale des agglomérations et des populations urbaines. Ces deux documents opposent un quartier de banlieue à fonction résidentielle (1) et un quartier de centre-ville (2) aux multiples fonctions (commerciales en premier lieu mais aussi directionnelles, ludiques, etc.). Les deux paysages urbains sont nettement contrastés : le quartier résidentiel est logiquement constitué d’habitats, en l’occurrence des villas plutôt luxueuses dans un espace paisible, tandis que

le quartier du centre de Tokyo exhibe ses immeubles de plusieurs étages surchargés d’enseignes et de publicités. Doc. 1 – Un quartier sécurisé dans la banlieue de Yichang (Chine) Ce document illustre à la fois un espace de banlieue dont la fonction est avant tout résidentielle et il illustre également le mouvement de repli et de l’entre soi qui se diffuse dans de nombreuses périphéries urbaines du monde. En effet, la multiplication des « gated communities » que l’on peut traduire par ensembles résidentiels fermés et sécurisés est une des dynamiques contemporaine de fragmentation et de diversification des espaces urbains. La fermeture de cet ensemble résidentiel – ici avec mur, barrières et vigiles – souligne le besoin d’isolement et l’aspiration à l’entre soi qui caractérise les ménages les plus aisés. Cet exemple en République populaire de Chine montre que le mouvement s’est généralisé sur l’ensemble des continents y compris dans des pays où la puissance publique demeure efficace.

Réponses aux questions 1. À cette question très ouverte, on peut attendre plusieurs réponses qui toutes aboutissent à l’idée que les habitants de ce type de quartiers veulent s’isoler, se protéger, se retrouver entre eux ce qui se traduit par le contrôle et la fermeture physique de l’espace. Ainsi, l’accès est fermé à ceux qui n’y résident pas afin de se protéger de dangers potentiels ou supposés mais aussi afin de se retrouver entre personnes ayant les mêmes niveaux de vie et aspirations. 2. De nombreux éléments signalent qu’il s’agit d’un espace urbain central. La forte fréquentation par les piétons et les automobiles est une manifestation très caractéristique. De même, le gabarit de la voirie, les grands passages piétons ou les feux tricolores montrent le rôle de carrefour. Enfin, les immeubles de plusieurs étages, les enseignes et les publicités lumineuses et criardes sont également des

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marques du paysage urbain qui dénotent la centralité.

Étude de cas 1

(p. 156-157) 

Moscou, une agglomération en couronnes • Cette étude de cas vise à présenter un exemple d’espaces et de paysages d’une ville européenne tout en montrant la structuration (doc. 1) et le contraste entre des espaces centraux (doc. 2) et des quartiers de la périphérie urbaine (doc. 5). • Le caractère ancien et le patrimoine architectural de la plupart des espaces centraux des villes européennes (doc. 2 et 3) se traduisent parfois par leur labellisation (Patrimoine mondial de l’Humanité comme ici le Kremlin et la Place Rouge) mais aussi leur remise en état ou leur rénovation (doc. 4). Le cas moscovite permet également d’introduire la notion d’organisation de l’espace urbain en montrant que les couronnes correspondent à différentes étapes et époques d’extension de l’agglomération (doc. 1). Enfin, Moscou illustre l’importance des problématiques de déplacement dans les plus grandes agglomérations (doc. 6 et 7) ainsi que les logiques de localisation résidentielle et la manière dont certains Moscovites vivent la vie banlieusarde (doc. 6).

Présentation des documents Doc. 1 – Les espaces urbains de l’agglomération moscovite Ce croquis indique que l’on peut diviser l’espace urbanisé d’une grande agglomération en plusieurs parties. Il permet notamment de voir que l’expansion de la ville s’est réalisée en couronnes successives depuis le cœur historique du Kremlin jusqu’aux banlieues les plus récentes et donc les plus lointaines, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres du centre. Ces couronnes se matérialisent par des grandes voies de circulations circulaires ou semicirculaires comme les Boulevards, les Boulevards des Jardins ou la grande rocade autoroutière (MKAD). Le plan radioconcentrique de Moscou illustre le fait que les espaces urbains sont organisés selon différents modes. Le croquis montre également la diversité des espaces centraux (enceinte du Kremlin, quartiers centraux entourés par les Boulevards ou

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GÉOGRAPHIE

par les Boulevards des Jardins) comme les banlieues (anciennes et récentes). Doc. 2 – Le Kremlin, centre historique de Moscou Ce document permet de symboliser le caractère historique des centres urbains européens et le patrimoine architectural et historique qu’ils renferment, trait qui les distingue par exemple des centres urbains américains ou de l’Afrique sub-saharienne. Doc. 3 – Une station du métro de Moscou (Komsomolskaya) Le métro de Moscou est internationalement connu pour sa qualité esthétique. Le document illustre la nécessité de transports en commun à gros débit afin d’assurer les déplacements des habitants des grandes agglomérations. L’extension du métro de Moscou a accompagné depuis 1935 la croissance urbaine même s’il ne dessert pas l’ensemble des banlieues contemporaines (certaines stations récentes se situent néanmoins au-delà de la rocade autoroutière ou MKAD). Le métro de Moscou est complété par des lignes de tramway et de bus ainsi que des trains de banlieues. Doc. 4 – La rénovation du centre Ce texte illustre que les espaces centraux sont soumis à des évolutions parfois radicales : les rénovations peuvent se traduire par la destruction des anciens bâtiments dégradés et la construction de bâtiments plus modernes et mieux adaptés à la demande actuelle. Dans le cas de Moscou, cette évolution s’est réalisée suite à la fin du communisme et à l’expansion de l’économie de marché : boutiques de luxe, réseau de supérettes à l’occidentale, centre commerciaux. Doc. 5 – Une banlieue de Moscou Ce document illustre un paysage urbain de banlieue typique des quartiers de grands ensembles d’habitat collectif comme on en trouve dans d’autres villes d’Europe. Ce type de banlieue est très répandu à Moscou mais comme dans les autres villes européennes d’autres espaces et paysages de banlieues existent. La fonction résidentielle est la première fonction de la périphérie urbaine.

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Doc. 6 – Les banlieusards moscovites Ce document sous forme de témoignage permet de comprendre les logiques qui poussent les habitants à s’installer dans la périphérie urbaine (prix plus bas des loyers et de l’immobilier en général, proximité du travail, glissement des activités du centre vers la périphérie…) ainsi que les contraintes (médiocrité du paysage urbain, faible appropriation des lieux, médiocrité des services sur place, longueur des temps de transports vers le cœur de Moscou). Doc. 7 – Les déplacements domicile-travail à l’origine des énormes embouteillages de Moscou Dans la suite du précédent document, ce graphique permet de constater que Moscou est championne du temps perdu dans les embouteillages qui quotidiennement saturent les axes de transports pourtant à grand gabarit comme le MKAD et alors même que le système de transports en commun est plutôt performant

Réponses aux questions 1. L’agglomération de Moscou s’organise en couronnes. Au centre, on trouve le cœur historique de la ville avec le Kremlin d’où partent de grandes voies de communications (ou radiales). Les espaces centraux correspondent à trois couronnes emboîtées (l’enceinte du Kremlin, la couronne des Boulevard et celle des Boulevards des Jardins) tandis que les périphéries urbaines se divisent en une couronne de banlieues anciennes et une immense couronne de banlieues plus récentes. 2. Le Kremlin qui borde la Moscova est le cœur historique de Moscou. À l’intérieur du mur d’enceinte fortifié par des tours, on trouve des bâtiments religieux anciens (cathédrales orthodoxes) et des bâtiments symbolisant le pouvoir politique (le Grand Palais). 3. Certains quartiers du centre de Moscou se sont transformés par rénovation, c’est-à-dire par destruction des immeubles dégradés et construction d’immeubles commerciaux et de bureaux ce qui fait diminuer la population. 4. L’extension des banlieues de Moscou oblige les banlieusards qui travaillent dans le centre à de très longs trajets en voiture, en métro ou encore en marchoutka (taxi collectif, voir doc.

6). Les transports en commun ne peuvent empêcher la formation quotidienne de nombreux embouteillages, Moscou étant la ville la plus affectée par ce phénomène en Europe.

(p. 158-159) 

Étude de cas 2

Mexico, une urbanisation géante L’étude du cas de Mexico permet de considérer un exemple d’agglomération géante du Sud et de suggérer quelques-unes des problématiques qui s’y posent. La croissance urbaine s’est accélérée surtout à partir des années 1940-1950 (doc. 1 et 2) au point que l’on peut distinguer la ville de Mexico (le District fédéral ou municipalité de Mexico) du reste de l’agglomération (Grand Mexico ou aire métropolitaine) qui compte autour de 21 millions d’habitants sur une très grande superficie (doc. 3). Le centre de la ville s’est constitué sur les vestiges de l’ancienne ville aztèque de Tenochtitlan. Les Espagnols ont comblé les parties lacustres et bâti la nouvelle ville selon un plan en damier et une place centrale très caractéristiques des créations urbaines coloniales (doc. 4). Mexico est aux prises avec de graves problèmes et notamment la misère urbaine qui se matérialise par la présence de taudis et de bidonvilles dont certains sont de très grande taille (doc. 5). Les inégalités sociales très fortes et les problèmes d’insécurité poussent des habitants à se regrouper en quartiers résidentiels fermés et sécurisés ou gated communities afin de cultiver « l’entre soi » (doc. 6).

Présentation des documents Doc. 1 – L’urbanisation de l’agglomération de Mexico Ce croquis vise à montrer les étapes de la croissance spatiale de l’agglomération de Mexico depuis les années 1940 jusqu’aux années 2010. Comme dans toutes les grandes agglomérations du monde, le centre-ville n’occupe désormais qu’une très faible partie de la superficie globale de l’agglomération. Les vagues d’urbanisation les plus récentes sont à la fois celles qui ont générés les espaces urbanisés les plus lointains du centre, les plus vastes et les plus éclatés. Le document montre également qu’il faut distinguer la « ville » de Mexico au

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sens de « centre-ville », de la « ville » de Mexico au sens administratif (District Fédéral) et enfin, dans une troisième acceptation de la « ville », au sens de l’agglomération tout entière (ou Grand Mexico). Doc. 2 – La croissance démographique de Mexico depuis le début du XXe siècle • L’essentiel de la croissance démographique de l’agglomération de Mexico s’est réalisée durant le XXe siècle et plus précisément même depuis les années 1940. • On peut remarquer quatre phases sur ce graphique présentant une courbe d’évolution. La première phase de 1900 à 1940 correspond à une époque de croissance démographique soutenue mais relativement modérée comparée aux phases suivantes. La deuxième phase de 1940 à 1960 correspond au début de « l’explosion démographique », la ville va atteindre 5 millions d’habitants. À partir des années 1960, la troisième phase dure jusqu’aux années 1980 et Mexico enregistre le taux maximal d’accroissement démographique (le nombre d’habitants triple quasiment en 20 ans). La dernière phase depuis 1980, correspond à une croissance toujours très forte en valeur absolue mais un plus modérée que la précédente pour le taux d’accroissement. Avec 21 millions d’habitants (les sources ne s’accordent pas), Mexico est un exemple d’agglomération géante, une super-mégapole comme peuvent l’être Tokyo, Guangzhou, Séoul ou Mumbay. Elle représente probablement la première agglomération non-asiatique du monde par le nombre d’habitants. Doc. 3 – Du centre de Mexico à l’aire métropolitaine Ce tableau montre qu’une agglomération doit se considérer à plusieurs échelles et que les espaces centraux ne constituent qu’une petite partie de l’agglomération de Mexico. Le centreville n’occupe que 4 arrondissements (soit seulement 1,7 million d’habitants). La cité ou municipalité de Mexico (dans les limites du District Fédéral) rassemble 9 arrondissements mais, aujourd’hui, il concentre moins de la moitié des habitants de l’agglomération métropolitaine du Grand Mexico. Celle-ci s’étale sur 60 municipalités dont celle de Mexico. 118

GÉOGRAPHIE

Doc. 4 – Le centre de Mexico, emplacement de l’ancienne ville aztèque Là où se situait une île au milieu du Lac Texaco sur laquelle se tenait Tenochtitlan, les conquistadors espagnols ont fondé Mexico en édifiant une cathédrale et une place en lieu et place des anciens temples aztèques et palais de Moctezuma. À partir de la place centrale, la Place du Zocalo, la ville s’est développée selon un plan en damier très classique. Doc. 5 – Un bidonville de Mexico Ce document illustre la notion de bidonville qui est utile pour décrire certaines périphéries de Mexico mais qui s’applique à de très nombreuses autres agglomérations des pays du Sud. Mexico compte plusieurs très grands bidonvilles dont certains compteraient plusieurs centaines de milliers d’habitants voire plusieurs millions. Notons que certains bidonvilles de Mexico se sont progressivement « durcis » et sont mieux intégrés que d’autres qui ont conservé leur caractère spontané et précaire. Doc. 6 – La multiplication de quartiers résidentiels sécurisés à Mexico Mexico est une agglomération où la violence est relativement présente tandis que la puissance publique a du mal à faire respecter la loi. Il n’est donc pas étonnant que les ensembles résidentiels fermés et sécurisés ou « gated communities » se sont développées.

Réponses aux questions 1. L’agglomération géante de Mexico a connu une très forte croissance durant le XXe siècle passant de moins de 1 million d’habitants en 1900 à 21 millions en 2015. Après une croissance modérée jusqu’aux années 1940, il y a eu un très fort accroissement démographique jusqu’à aujourd’hui. 2. L’agglomération de Mexico se déploie à plusieurs échelles. Les espaces du centre-ville, n’occupent que 4 arrondissements et représentent qu’une faible partie de la population (1,7 million d’habitants sur les 21 millions). La municipalité de Mexico (Mexico city) compte 16 arrondissements mais elle ne constitue même plus la moitié de l’agglomération aussi bien en nombre d’habitants (9 millions) qu’en superficie urbanisée.

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3. Sur les ruines de la capitale aztèque Tenochtitlan, le centre-ville de Mexico s’est développé selon un plan en damier ou quadrillé (ou hippodamique) et à partir d’un centre géographique qui correspond à la place centrale du Zocalo. 4. L’habitat des bidonvilles se caractérise par ses matériaux de construction issus de la récupération (planches, tôles, barres métalliques…). Il s’agit d’un habitat très pauvre et précaire qui s’est installé spontanément, le plus souvent sans autorisation, ce qui explique que plusieurs infrastructures sont médiocres ou inexistantes. Ainsi, dans ces quartiers, la voirie est généralement elle aussi spontanée (les rues sont étroites et encombrées) et il n’y a pas d’adduction d’eau ou d’assainissement bien organisés. Les bouteilles de gaz montrent également l’absence d’un réseau de distribution du gaz de ville. 5. La multiplication des quartiers résidentiels sécurisés dans les périphéries de Mexico vise à une « quête de sécurité » de la part des classes moyennes et aisés mais aussi à se regrouper entre ménages de même niveau social afin d’avoir un « bon voisinage » et partager un même « style de vie » à l’écart de groupes sociaux différents. Il s’agit d’une sorte de « bulle » dans le sens où ces quartiers sont des isolats, des enclaves, qui se coupent volontairement du reste de l’agglomération.

Étude de cas 3

(p. 160-161) 

Auckland, du port à l’étalement des banlieues • Auckland introduit un troisième type d’agglomération qui n’est ni une ville européenne ni une ville du Sud mais une ville dont plusieurs caractéristiques la rapproche des villes nordaméricaines (fondation au XIXe siècle, CBD, étalement des banlieues, prédominance de l’habitat individuel, etc.). Auckland sans être une mégapole offre tout de même une physionomie originale et permet de donner un exemple sur la variation centre-périphéries. • Fondé par la colonisation britannique dans un espace déjà investi par les Maoris (qui avaient installés des ensembles fortifiés ou Pā), Auckland est d’abord un port particulièrement précieux et protégé. En effet, le site de l’ag-

glomération initiale est un isthme qui permet de passer d’une mer à une autre sur seulement quelques centaines de mètres (de la rade de Waitemata à celle de Manukau) (doc. 1 et 2). Le centre-ville ou CBD se compose de gratteciel de taille modeste mise à part la Sky Tower (328 mètres soit le plus haut bâtiment de l’hémisphère sud comme aime à le signaler les Aucklanders) et regroupe de nombre fonctions commerciales et directionnelles bien qu’Auckland ne soit pas la capitale politique de la Nouvelle-Zélande (doc. 3). La majorité des Aucklanders vit dans les très vastes banlieues, parfois très loin du centre-ville et notamment tout autour des rades et des baies de l’isthme (doc. 4). Avec moins d’un million et demi d’habitants Auckland est proportionnellement l’une de villes les plus étalées du monde (doc. 5 et doc. 6).

Présentation des documents Doc. 1 – La croissance spatiale de l’agglomération d’Auckland Ce croquis présente l’espace urbanisé à différentes dates depuis 1871 jusqu’en 2015. Le site de la ville est particulièrement original car il s’agit d’un isthme très découpé que l’agglomération a progressivement totalement occupé. Depuis la rade de Waitemata et le port d’Auckland, la ville s’est étendue en arrière du port en direction du sud principalement mais aussi un peu vers l’Ouest et de l’autre côté de la rade au nord (Devonport, North Shore, Albany,…). Après 1945, l’agglomération a connu une expansion très importante de la périphérie urbaine dans toutes les directions (y compris sur l’île de Waiheke par exemple) sur des dizaines de kilomètres. Doc. 2 – Le port d’Auckland Le port d’Auckland jouxte le CBD et il est le point de départ de la fondation de la ville en 1840. Il reste aujourd’hui très actif même si ses activités ont connu un glissement sur d’autres sites plus propices. Ainsi, une partie du trafic de conteneurs continue de s’effectuer au pied des gratte-ciel du CBD (Fergusson Container Terminal) tandis qu’une partie des installations (Queen’s Wharf, Hobson Wharf) est désormais dédiée au trafic de voyageurs des ferrys et des paquebots (des ferrys transportent les THEME 1 > L'urbanisation du monde

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Aucklanders du CBD à plusieurs point dans la rade de Waitemata et au-delà). Les « docks », gagnés pour l’essentiel sur la mer par des remblais successifs depuis 1870, ont fait l’objet d’un réaménagement à partir surtout de la seconde moitié des années 1990. Cette reconquête du front de mer ou « waterfront », très classique dans les villes portuaires, qui devrait se poursuivre dans les années à venir. Cette stratégie du « from ship to shop » a permis de convertir les anciens quais peu attractifs en des espaces ludiques, résidentiels ou commerciaux et de redonner un accès au littoral en plein cœur de l’espace central de l’agglomération. Doc. 3 – Victoria Street, une rue commerçante du centre d’Auckland Le CBD d’Auckland offre l’image classique d’un plan en damier avec ses rues larges qui se recoupent à angles droits avec des feux tricolores pour gérer le trafic. Commerces, hôtels, restaurants et bureaux sont les principales activités du CBD qui concentre également des appartements qui sont souvent peu prisés par les Aucklanders. Doc. 4 – La banlieue d’Auckland et le CBD De l’autre côté de la rade de Waitemata, la banlieue de Devonport se compose de maisons individuelles assez aisées et symbolise bien la mise à distance du CBD par les Aucklanders attachés à un habitat horizontal même modeste. Doc. 5 – La croissance d’Auckland par l’étalement des banlieues La croissance des banlieues d’Auckland n’est pas récente et a suivi l’augmentation du nombre d’habitants même si les dernières décennies ont accentué l’étalement des banlieues. Cet étalement a été favorisé il est vrai par le site d’isthme qui impose de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour accéder à de nouveaux lotissements. Doc. 6 – Faut-il limiter l’étalement des banlieues ? Ce texte montre que la stratégie prospective d’aménagement de l’agglomération a pour objectif une ville « compacte » à l’opposé de l’étalement des banlieues qui caractérise les périphéries urbaines d’Auckland depuis de nombreuses décennies. Néanmoins, si l’objectif paraît légitime, il va à l’encontre de la cul120

GÉOGRAPHIE

ture des Aucklanders et n’est pas adapté à leur manière de vivre. Ils ne veulent pas renoncer aux espaces verts et à une conception assez rurale de la ville.

Réponses aux questions 1. Le site de la ville d’Auckland correspond à un isthme, c’est-à-dire à une bande de terre étroite entre deux rades, celle de Waitemata et de Manukau. Le littoral est très découpé et marqué par de nombreuses îles et presqu’îles. 2. Le port d’Auckland se situe en bordure des espaces centraux, le CDB, car il était à l’origine de la ville. Aujourd’hui, une partie de ses activités ont été déplacées sur d’autres sites tandis qu’une partie des quais a été réaménagée. 3. Le centre-ville d’Auckland est un CBD assez classique « à l’américaine ». Il est organisé selon un plan en damier et se compose d’immeubles à plusieurs étages et de gratte-ciel dont la fameuse Sky Tower (hôtel, casino et télécommunications) qui n’est parfois pas considérée comme pouvant entrer dans la catégorie des gratte-ciel. Les fonctions commerciales et directionnelles y sont majoritaires tandis que la fonction résidentielle n’est pas absente sans être dominante. 4. L’agglomération s’étale sur 30 à 40 km d’Est en Ouest et plus de 50 km du Nord au Sud. 5. Les banlieues d’Auckland se sont étalées dès avant la diffusion de l’automobile. Aujourd’hui les Aucklanders sont très attachés au modèle de la maison individuelle de banlieue et ne veulent pas habiter dans des appartements. Pour cette raison, Auckland a connu une forte croissance de ses banlieues

Changer d’échelle

(p. 162-163) 

Réponses aux questions Études de cas 1 a. Le mur d’enceinte (fortification) et les édifices religieux soulignent le caractère historique du Kremlin. b. Moscou possède également des gratte-ciel car il s’agit d’une très grande agglomération et que ces espaces centraux ont connu des rénovations. Étude de cas 2 a. Les matériaux utilisés pour la construction des habitations de ce bidonville sont des

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matériaux de récupération comme des planches, des tôles ou des barres métalliques. b. Les bidonvilles sont nombreux dans les régions en développement et plus particulièrement en Asie de l’Est, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Étude de cas 3 a. L’Océanie est représentée dans les 100 gratte-ciel les plus élevés à travers les agglomérations de Sydney et Melbourne. Auckland n’est pas représenté sans doute parce que la Sky Tower n’est pas comptabilisée comme un gratte-ciel. b. Les parties du monde où la concentration de gratte-ciel est la plus importante sont l’Asie de l’Est (Chine, Japon, Corée), le MoyenOrient (Arabie Saoudite, Dubaï…) et l’Amérique du Nord.

Cours

(p. 164-165) 

Présentation des documents Doc. 1 – Le centre de Naples (Italie) et son quartier d’affaires Centro Direzionale Comme de nombreuses autres villes européennes, Naples a mené une opération de rénovation afin d’édifier un quartier des affaires où se concentrent les activités directionnelles : sièges sociaux d’entreprises régionales ou nationales, grandes administrations, finances. Doc. 2 – Marché de Jankara dans le centre de Lagos (Nigéria) Cette photo de marché illustre la grande pauvreté et médiocrité de l’aménagement urbain dans les villes africaines et dans de nombreuses villes des pays du Sud. Même dans les espaces centraux des agglomérations, l’état des réseaux (routes, réseau électrique, adduction et assainissement…) est de très mauvaise qualité. Le mobilier urbain est inexistant ou très dégradé tandis que la majorité des bâtiments privés sont d’assez mauvaise facture. Doc. 3 – Réhabilitation et gentrification dans le centre de Berlin (Allemagne) La réhabilitation permet de réaménager des portions d’espaces centraux dont on veut conserver certains éléments. Cette modernisation et cet embellissement se traduit le plus souvent par un embourgeoisement ou gentrification

des habitants dans la mesure où l’appréciation du quartier et des loyers sélectionnent les résidents et renouvelle donc la composition socioprofessionnelle du quartier. Le texte montre que la participation des habitants au projet d’aménagement comme moyen de prévenir et limiter le phénomène de gentrification n’a pas résisté au renouvellement de la population riveraine de la place Helmholtzplatz. Doc. 4 – Banlieue de Los Angeles Cette photo d’une banlieue résidentielle de Los Angeles symbolise une grande partie des quartiers des périphéries urbaines des villes nord-américaines et plus globalement des banlieues résidentielles des pays développés. La préférence majoritaire pour la maison individuelle se constate dans la plupart des pays et explique la problématique de l’étalement urbain contemporain.

Réponses aux questions 1. Le quartier d’affaires se distingue nettement des quartiers historiques par son architecture et la hauteur des immeubles tandis que le reste des espaces centraux de Naples se compose de constructions plus basses et plus anciennes. 2. Contrairement à un centre-ville français, celui-ci paraît particulièrement misérable. Les trottoirs ne sont pas bitumés ou bétonnés, il n’y a pas de caniveaux, les canalisations apparaissent au grand jour et le bâtiment en arrièreplan (une partie couverte du marché) est sans fenêtre et sans porte et semble surtout de mauvaise qualité. Les stands des marchands se composent d’une tablette bricolée. 3. La réhabilitation des quartiers centraux dégradés se traduit par le remplacement des habitants des catégories modestes jusque-là présents par des habitants plus aisés. Il semble difficile de lutter contre la gentrification comme le montre l’échec de la démarche participative pour le projet d’aménagement de la Helmholtzplatz. 4. Une maison individuelle offre souvent davantage d’espace pour habiter : aussi bien à l’intérieur le plus souvent, qu’à l’extérieur puisque chaque maison peut disposer d’un jardin. Contrairement à des immeubles à étages et à des appartements, il n’y a pas de parties communes et les logements ne sont pas mitoyens

THEME 1 > L'urbanisation du monde

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ou les uns sur les autres ce qui est souvent considéré comme un confort par les ménages.

Vérifier ses connaissances

(p. 166) 

1. a. Le centre-ville (downtown) se situe au premier plan, en bordure de la mer (baie de Biscayne parsemée d’îles). Il se distingue par ses tours et gratte-ciel. b. Ce type de centre-ville est appelé le CBD. c. La banlieue se situe en arrière-plan et se caractérise par des constructions basses contrairement au CBD. d. Le plan qui prédomine est le plan en damier comme on le voit avec les principaux axes de communication en arrière-plan du centre. 2. a. Vrai. b. Faux, les périphéries accueillent aussi des logements collectifs par exemple. c. Faux, cette fonction y est inexistante désormais ou seulement de manière exceptionnelle. d. Vrai. e. Vrai. d. Vrai. 3. • Augmentation des prix de l’immobilier dans le centre Installation des ménages et des activités dans les banlieues. • Pauvreté urbaine dans les grandes agglomérations des pays en développement Bidonvilles. • Rénovation des quartiers dégradés dans les centres Gentrification. • Croissance des banlieues Accroissement du trafic routier et embouteillages. • Partie de l’agglomération la plus ancienne et la plus fréquentée Centre de la ville.

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GÉOGRAPHIE

• CBD Présence de gratte-ciel. 4. Rénovation : modernisation d’un espace urbain avec reconstruction de bâtiments. Bidonville : quartier défavorisé composé d’un habitat précaire. 5. Les villes européennes sont héritières d’un passé beaucoup plus ancien que les villes américaines et leurs espaces centraux sont marqués par la présence d’un patrimoine architectural historique et de rues parfois étroites. Les immeubles ne sont pas très élevés. Plus récentes, les villes américaines ont moins de bâtiments anciens et se sont construites avec de larges voies de communication. Les espaces centraux des villes américaines se résument pour l’essentiel au Central Business District (CBD) qui se caractérise par la présence de gratte-ciel. Les banlieues américaines sont marquées pas la prédominance de la maison individuelle tandis que les logements des périphéries européennes demeurent plus variées.

Exercer ses compétences

(p. 167) 

Appliquer la méthode Réponse à la question a. Centre urbain saturé et prix élevé de l’immobilier (point de départ) → d. Installation de ménages et d’activités en banlieues → c. Croissance démographique et spatiale des banlieues → b. Intensification du trafic entre les périphéries urbaines et le centre.

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CHAPITRE

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Des villes inégalement connectées aux réseaux de la mondialisation

Présentation du chapitre • Ce chapitre s’inscrit dans le thème 1 du programme de géographie intitulé « L’urbanisation du monde ». L’objectif ici est de montrer comment les villes se connectent aux grands réseaux de la mondialisation et de différencier les villes bien connectées de celles plus à l’écart. La problématique interrogent à la fois sur les moyens utilisés par les villes pour se connecter aux grands réseaux de la mondialisation mais aussi sur les conséquences, notamment spatiales, que cela entraîne sur leur développement. En ce sens, ce chapitre est évidemment à mettre en relation avec le premier chapitre du thème intitulé « Espaces et paysages de l’urbanisation ». • Le traitement du chapitre se fait au travers de trois études de cas illustrant l’inégale connexion des villes aux réseaux de la mondialisation : Londres offre l’exemple d’une ville mondiale bien intégrée et bien connectée, Mumbai est une ville émergente qui tente de renforcer sa connexion et Detroit est une ville à l’écart de la mondialisation.

Présentation des documents • Les deux documents proposés, une carte et une photographie, permettent d’illustrer deux types de connexion aux réseaux de la mondialisation, le réseau aéroportuaire et le réseau de télécommunication. • La comparaison des deux documents peut porter sur une région en particulier. Si le document 1 souligne la mise à l’écart de l’Afrique subsaharienne par les réseaux aéroportuaires, le document 2 montre que les populations ne sont pas totalement à l’écart et qu’elles se connectent au monde grâce au réseau Internet. Doc. 1 – Le trafic aérien dans le monde Cette image permet de prendre la mesure de l’inégale connexion des territoires à la mondialisation. En classe, il est possible de prolonger l’analyse en se rendant sur le site www.flightradar24.com : on utilisera le zoom

afin de montrer la localisation préférentielle des aéroports à proximité des principaux pôles urbains. Il est également possible, en sélectionnant un avion, d’obtenir des informations sur le vol : compagnie aérienne, position, altitude, vitesse, etc. Doc. 2 – Deux enfants connectés (Liberia) Cette photographie vise à illustrer la connexion au réseau internet en particulier en Afrique subsaharienne. Malgré les progrès réalisés, la banque mondiale rappelle que cette partie du monde est au premier rang des zones les plus mal desservies par l’Internet fixe, c’est-àdire à partir d’un ordinateur et d’une ligne de téléphone fixe. Cette situation pousse les populations à s’équiper en tablettes ou en smartphones afin de se connecter à internet via la téléphonie mobile.

Réponses aux questions 1. L’image montre la très forte concentration d’avion en vol dans les pays du Nord. L’Amérique du nord, l’Europe du nord et l’Asie orientale sont des zones très bien connectées aux réseaux aéroportuaires. Les pays du Sud sont en général moins bien desservis. Ainsi, l’Afrique subsaharienne apparaît être particulièrement à l’écart de ces flux. 2. Il existe une inégale connexion des territoires aux réseaux aéroportuaires. Il est possible de mettre en parallèle le niveau de développement des pays et le niveau de connexion au réseau aéroportuaire. 3. Ces deux enfants se connectent au réseau de la mondialisation grâce à une tablette. En effet, le développement de nouvelles technologies de communication permet de se connecter à Internet de plus en plus facilement. Internet est donc un moyen utilisé par les populations pour se connecter et participer à la mondialisation.

THEME 1 > L'urbanisation du monde

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Étude de cas 1

(p. 170-171) 

Londres, une ville mondiale intégrée et connectée Londres, ville mondiale, est un bon exemple pour illustrer l’hyper connexion aux réseaux de la mondialisation et la très forte concentration des pouvoirs de commandement. Les documents proposés permettent d’apprécier la position de Londres au cœur des principaux réseaux de la mondialisation mais aussi son rôle moteur pour l’économie mondiale.

Doc. 5 – City Airport, un aéroport au cœur de Londres Situé à l’est de Londres dans les Docklands, l’aéroport de London City est le plus petit de la ville. Il a été conçu uniquement pour recevoir les petits avions à décollage et atterrissage courts. Il permet de relier assez rapidement la City, et est donc très fréquenté par les hommes d’affaires. On repère aussi en arrière-plan la skyline de la City.

Présentation des documents

Réponses aux questions

Doc. 1 – Une ville connectée et intégrée La carte proposée met en avant l’intégration et la connexion de Londres à travers une légende divisée en deux parties. D’une part, on recense et localise les différents modes de transports permettant à la ville de se connecter aux principaux réseaux. Il est possible d’identifier une connexion au niveau régional, national, européen et international. D’autre part, on identifie les principales activités permettant à la ville de s’intégrer à la mondialisation.

1. Londres est une ville très bien connectée aux réseaux de la mondialisation. On dénombre ainsi cinq aéroports reliant Londres au reste du monde, le port de Londres, à proximité de la Northern Range, une connexion à Paris, Bruxelles et aux grandes métropoles européennes via l’Eurostar et enfin une autoroute assurant la connexion avec le reste du pays. 2. Londres est un carrefour aéroportuaire international comme en témoigne la multiplicité des destinations de l’aéroport d’Heathrow. Au total, près 145 millions de passagers ont transité à Londres via les cinq aéroports de la ville. Londres joue le rôle d’un hub international. 3. Trois éléments attestent que Londres est une capitale économique et financière d’envergure mondiale. D’abord, l’activité financière est impulsée par la bourse de Londres (London Stock Exchange), première bourse au niveau mondial pour l’activité bancaire. Londres accueille également plus de 240 banques étrangères. Enfin, de nombreuses firmes internationales ont choisi d’installer leur siège social à Londres. 4. Différents éléments permettent d’expliquer la forte attractivité de Londres au niveau des affaires. D’abord, le quartier de la City permet une mise en relation directe entre les professionnels de la finance. La City est un lieu où les hommes d’affaires sont en contact avec les banquiers, les entrepreneurs, les traders, etc. Ensuite, la présence d’un aéroport au cœur de la City favorise la connexion du centre d’affaire avec le reste du monde. Cet aéroport est spécialement conçu pour recevoir des jets privés. Enfin, la proximité de grandes universités et de lieux culturels est un atout important.

Doc. 2 – Londres, capitale économique et financière Cet extrait de L’Atlas de Londres présente le poids économique et financier de la ville au niveau mondial. L’auteur rappelle au travers de différents exemples que Londres est « la salle des machines du capitalisme mondial ». Ce pouvoir économique et financier se concentre dans la City qui rassemble la bourse de Londres (le London Stock Exchange), des établissements bancaires internationaux et le siège de grandes firmes. Doc. 3 – Pause déjeuner à la City de Londres L’intérêt de l’image est de montrer que Londres, et en particulier la City, est un lieu où les hommes d’affaires, les banquiers, les chefs d’entreprises entrent en contact, se rencontrent, construisent et entretiennent leurs réseaux sociaux. Doc. 4 – L’aéroport d’Heathrow, un carrefour aéroportuaire mondial Cette carte représente les principales destinations de l’aéroport d’Heathrow. En 2014, près de 73,4 millions de passagers ont transité par

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cet aéroport. Londres est ainsi un gigantesque carrefour aéroportuaire.

GÉOGRAPHIE

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5. Une ville mondiale est un pôle de la mondialisation, un centre de commandement de l’économie mondiale, très bien intégré et bénéficiant d’une très bonne connexion aux réseaux de la mondialisation. C’est aussi un lieu favorable à l’interaction entre les individus.

Activité • L’activité proposée vise à travailler trois compétences centrales : s’exprimer à l’oral, extraire des informations de documents et argumenter. L’élève joue le rôle d’un entrepreneur annonçant l’ouverture de nouveaux bureaux à Londres à ses collaborateurs. Il va devoir prélever des arguments dans les documents afin de défendre ses choix. • Le travail peut être réalisé de façon individuelle mais aussi par groupe. L’activité est proposée sous la forme d’une tâche complexe. Les élèves les plus avancées travaillent directement à partir de la consigne proposée. Il est possible de guider les élèves plus en difficulté en leur proposant de répondre aux questions. La restitution et éventuellement l’évaluation se fait à l’oral.

Étude de cas 2

(p. 172-173) 

Mumbai, une ville émergente qui se connecte aux réseaux de la mondialisation Mumbai offre l’exemple d’une ville incarnant la modernité et le dynamisme économique de l’Inde. Cette ville émergente multiplie les projets d’aménagements afin de renforcer sa connexion et son intégration à la mondialisation. D’autres villes des pays du Sud, comme Lagos ou Johannesburg, tentent, de la même manière, de renforcer leur attractivité en investissant dans de nouvelles infrastructures de transports.

Présentation des documents Doc. 1 – Mumbai, une ville connectée aux réseaux de la mondialisation Cette carte de Mumbai présente les différents modes de connexion de la ville aux réseaux de la mondialisation ainsi que les éléments indiquant son intégration croissante.

Doc. 2 – Bandra Kurla, un centre financier symbole de l’intégration de Mumbai à la mondialisation Cet extrait d’article tiré du journal Les Échos du 17 août 2014 porte sur l’aménagement d’un nouveau centre des affaires dans le quartier de Bandra Kurla. La proximité de l’aéroport international Chhatrapati-Shivaji rappelle l’importance d’une bonne connexion aéroportuaire qui doit permettre de renforcer l’attractivité de la ville auprès des grands groupes internationaux. Doc. 3 – Le port de Jawaharlal Nehru, une porte d’entrée en Inde On repère au premier plan la zone de stockage des conteneurs du port de Jawaharlal Nehru et au fond les immenses grues permettant de charger et de décharger les caisses. Premier port à conteneur d’Inde, il est souvent congestionné et est de plus en plus soumis à la concurrence des autres ports asiatiques, notamment chinois. Afin de rester compétitif, le gouvernement indien a lancé un grand projet de réaménagement du port. Le port pourra ainsi accueillir de plus gros navires ainsi que des entreprises. Doc. 4 – Mumbai, un point d’entrée majeur des câbles sous-marins Cette carte permet de montrer la place centrale de Mumbai comme porte d’entrée des télécommunications en Inde. Les câbles sousmarins représentent un enjeu crucial, ils assurent en effet prêt de 95 % des télécommunications mondiales. L’Inde, en particulier Mumbai bénéficiant d’une situation littorale, souhaite être un carrefour centralisant ces câbles provenant du monde et les redistribuer en Asie. Doc. 5 – Extension de l’ancien aéroport de Mumbai Inauguré en 2014, le nouveau terminal de l’aéroport Chhatrapati-Shivaji devrait être en mesure d’accueillir davantage d’avions, notamment des A380. Le projet vise à inscrire l’aéroport de Mumbai dans la compétition des plus grands aéroports mondiaux. L’Inde avait accumulé en la matière un retard important ces dernières années, notamment par rapport à la Chine. Située au cœur de Mumbai, à proximité du nouveau centre des affaires de Bandra THEME 1 > L'urbanisation du monde

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Kurla, cette infrastructure symbolise la volonté des autorités de la ville de faire de Mumbai une métropole d’envergure en Asie.

Réponses aux questions 1. Le quartier de Bandra kurla illustre l’intégration croissante de Mumbai à la mondialisation et son insertion dans les réseaux financiers. En effet, ce quartier est le nouveau centre des affaires de Mumbai. Il accueille les sièges d’entreprises internationales, des banques, la bourse aux diamants. Aussi, ce quartier, comme tous les centres des affaires des grandes métropoles est constitué de grandes tours et est à proximité d’un aéroport international. 2. Mumbai dispose d’une bonne connexion aux réseaux de transports et aux réseaux de télécommunications. Elle dispose de deux ports dont un à conteneur, mais ces infrastructures sont insuffisantes pour capter les flux croissants dans l’océan Indien et lutter contre la concurrence des ports chinois. L’aéroport international Chhatrapati-Shivaji est localisé en centre-ville à proximité du centre d’affaire Bandra Kurla. Mumbai est par ailleurs une porte d’entrée majeur des câbles sous-marins ce qui lui permet une bonne connexion aux réseaux de télécommunications comme Internet. 3. Afin de renforcer la connexion et l’intégration de Mumbai, les autorités de la ville développent de grands projets d’extension ou de création d’infrastructures de transports. Ainsi, la ville investit dans l’agrandissement du port de JNPT, ou dans l’extension de l’aéroport international Chatrapati-Shivaji. Elle développe aussi le projet d’un nouvel aéroport à Navi Mumbai. Les autorités de la ville investissent également beaucoup pour renforcer la connexion de la ville au reste du monde grâce aux câbles sous-marins. 4. Les différents projets mis en œuvre par la ville ont pour objectif de renforcer l’attractivité de la ville, de capter davantage de flux portuaires et aéroportuaires, de stimuler l’activité économique. Mumbai est aussi perçue comme un moyen d’ancrer l’Inde à la mondialisation et d’affirmer le statut de puissance émergente du pays. Cette politique menée par les autorités depuis plusieurs années visent donc à embellir la ville, 126

GÉOGRAPHIE

à renforcer sa connexion et son attractivité auprès d’investisseurs étrangers. Elle pose également la question des bidonvilles, très présents à Mumbai : ils offrent une image négative de la ville et occupent des terrains en centre-ville dont la valeur ne cesse d’augmenter.

Activité • L’activité proposée peut prendre la forme d’une tâche complexe. Les élèves, en groupe de 3 ou 4, doivent collaborer pour produire un rapport sur la connexion de Mumbai aux réseaux de la mondialisation. Il est possible de proposer aux élèves plus en difficulté de répondre d’abord aux questions. • L’activité s’appuie sur les documents proposés mais il est envisageable de permettre aux élèves de compléter leur rapport en recherchant des informations sur Internet.

Étude de cas 3

(p. 174-175) 

Detroit, une ville en déclin à l’écart des réseaux de la mondialisation Detroit incarne le modèle de la ville à l’écart des réseaux de la mondialisation. Après une période de prospérité et de développement engendrée par l’activité automobile, Detroit est touchée par une crise économique importante qui a eu pour conséquence un rétrécissement de la ville.

Présentation des documents Doc. 1 – Detroit dans les grands réseaux de transport nord-américains On repère sur cette carte le réseau routier, le trafic conteneurs des ports et le trafic passagers des aéroports en 2014. Detroit apparaît être relativement à l’écart de ces réseaux. Doc. 2 – Detroit, une ville en crise Cet extrait d’article paru dans le journal en ligne de Libération le 23 septembre 2015 décrit la situation actuelle de crise de Detroit. Le 18 juillet 2013, la ville a été déclarée en faillite avec une dette de 18,5 milliards de dollars. Le taux de chômage est deux fois plus important que la moyenne nationale, il atteignait près de 18 % en 2014. Le niveau de criminalité important contribue également à donner une mauvaise image de la ville.

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Doc. 3 – Une friche industrielle au cœur de la ville Cette photographie d’une friche industrielle symbolise la fin de l’âge d’or de l’industrie automobile à Detroit. En effet, les grandes firmes automobiles comme General Motors, Ford ou Chrysler, qui avaient été à l’origine de la richesse de la ville, ont peu à peu délocalisé leurs unités de production vers des pays où la main d’œuvre est meilleur marché. Au côté de ces gigantesques ruines industrielles, on trouve des gares, des théâtres, des écoles abandonnés qui valent à Detroit le surnom de « ville fantôme ». Doc. 4 – La faillite de l’industrie automobile Cet article paru dans le journal Le Monde du 18 septembre 2015 explique le processus ayant conduit la ville à la crise puis à son rétrécissement. Le déclin de la ville remonte à plusieurs dizaines d’années, puisque le processus de désindustrialisation débute dès les années 1970. L’émergence de nouveaux pays concurrents comme la Chine a renforcé les délocalisations au début des années 2000. La crise des subprimes en 2008 a porté un coup fatal à la ville en renforçant l’endettement des familles déjà fortement touchées par le chômage. Doc. 5 – Detroit, de l’automobile a numérique Cet extrait d’article offre un regard plus positif sur la ville. En effet, certains quartiers connaissent un renouveau urbain ces dernières années grâce à l’implantation de start-up. Ce regain d’activité a aussi été confirmé par l’attractivité du salon de l’automobile de Detroit en 2014. Le nouveau slogan de la ville « Made in Detroit », est aussi un signe de cette renaissance. L’objectif est d’attirer de nouveaux investisseurs et entrepreneurs qui pourraient enclencher un retour de la richesse. Doc. 6 – Detroit et ses « prairies urbaines » Cette photographie de Detroit illustre les évolutions spatiales récentes de la ville. L’arrièreplan offre un paysage classique de la ville américaine, la skyline du centre des affaires. Au premier plan on observe en revanche des paysages plus atypiques : de vastes prairies urbaines, conséquences de la destruction des bâtiments laissés à l’abandon. L’idée de rétré-

cissement de la ville est donc directement observable.

Réponses aux questions 1. Detroit est au cœur d’une région bien connectée aux réseaux de transport mais la ville est relativement à l’écart. Le trafic aéroportuaire est en effet surtout capté par Chicago, en outre Detroit ne dispose pas d’un accès à la mer. 2. Différents éléments attestent que Detroit connaît une crise : au niveau démographique, la population de la ville est passée de près de 2 millions d’habitants en 1950 à 700 000 en 2010. La ville rencontre aussi une crise économique : son activité industrielle a fortement baissé et la ville a fait faillite en 2013. Enfin, Detroit connaît une crise sociale avec un chômage important, un accroissement de la pauvreté et un taux de criminalité élevé. 3. À la différence de la majorité des villes dans le monde connaissant une croissance urbaine, Detroit « rétrécit ». Ainsi, depuis quelques années, les friches industrielles se multiplient (doc. 3), beaucoup de maisons et de bâtiments publics (gare, école…) ont été abandonnés et sont aujourd’hui en ruine. Les habitants au chômage, n’ayant plus les moyens de rembourser les prêts immobiliers contractés, abandonnent leur maison et quittent la ville (doc. 5). Les autorités de Detroit ont décidé de détruire ces bâtiments, ce qui entraîne une réduction de la surface bâtie et une transformation des paysages urbains de certains quartiers avec par exemple l’apparition de « prairies urbaines » (doc. 6). 4. Le déclin de la ville peut s’expliquer par la crise de l’activité automobile suite aux nombreuses délocalisations dans le sud des ÉtatsUnis ou vers les pays émergents. Il s’explique aussi par la crise bancaire des années 2007-2008. 5. Différents éléments semblent attester d’un renouveau urbain à Detroit : d’abord, un renouveau économique avec l’installation dans certains quartiers de la ville de sociétés de technologies, de start-up et d’entreprises liées à la cyberéconomie. Enfin, le redéploiement de l’activité automobile centré sur la production de voiture intelligente, connectée à Internet semble annoncer THEME 1 > L'urbanisation du monde

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une réorientation du secteur automobile vers la haute-technologie et la connexion aux réseaux de communication.

Activité L’activité proposée met l’élève dans la situation d’un journaliste chargé d’enquêter et de rédiger un article sur le rétrécissement urbain à Detroit. Il peut pour se faire prendre appui sur les documents proposés. Les questions du manuel peuvent guider l’élève dans sa démarche. Le travail peut être compléter par une recherche internet sur le sujet. De nombreux sites proposent des ressources variées sur ce thème.

Changer d’échelle

(p. 176-177) 

Étude de cas 1 a. Ces cartes montrent la dimension mondiale de Londres en mettant en avant la place et le rôle de la ville au niveau du transport aérien et de la finance. L’aéroport de Londres a accueilli plus de 90 millions de passagers en 2014 ce qui en fait un des premiers aéroports au niveau mondial. Le London Stock Exchange fait partie des principaux pôles boursiers du monde et est très bien connecté à la bourse de New-York. b. La bonne desserte de Londres au niveau aérien renforce son rôle au niveau financier car si les principales opérations boursières se réalisent désormais via le réseau de télécommunication, les contacts directs entre hommes d’affaires, banquiers, traders, chef d’entreprise stimulent les échanges.

Étude de cas 2 a. Mumbai est située sur la côte ouest de l’Inde, c’est la capitale de l’État indien du Maharashtra. b. Mumbai est une ville émergente qui renforce sa connexion aux réseaux de la mondialisation : elle abrite deux pôles boursiers d’envergure internationale, rivalisant avec les autres bourses asiatiques. De plus son aéroport est classé à la 42e position en 2014, légèrement en retrait par rapport à celui de New Delhi.

128

GÉOGRAPHIE

Étude de cas 3 a. Detroit est une ville à l’écart des principaux réseaux aéroportuaire et portuaire de la mondialisation, c’est la raison pour laquelle elle n’apparaît pas sur ces cartes. b. Ces cartes illustrent l’inégale connexion des villes et des territoires à la mondialisation : on peut en effet observer que les villes du continent africain ou d’Amérique du sud sont moins bien connectées au réseau aérien ou au réseau financier que les villes d’Europe ou d’Asie. Il faut y voir une conséquence des fortes inégalités de richesse et de développement dans le monde.

Cours

(p. 178-179) 

L’enjeu global du chapitre est d’identifier trois types de villes en fonction de leur connexion aux grands réseaux de la mondialisation. On identifie d’abord celles bien intégrées, ce sont les villes mondiales et les principales métropoles de la planète. Puis, les villes émergentes, essentiellement localisées dans les pays du Sud. Elles tentent de renforcer leur intégration en multipliant les grands projets d’aménagements, notamment des infrastructures de transport. Enfin, certaines villes, du Sud comme du Nord, sont plus à l’écart de la mondialisation.

Présentation des documents Doc. 1 – Twitter : des villes inégalement connectées au réseau Internet Cette image est extraite d’une carte mondiale des tweets réalisées par Éric Fischer, spécialiste des gestions de données et développeur pour le site www.mapobox.fr. Chaque tweet a été représenté par un point vert. La carte dans son intégralité est accessible sur Internet (mots clés : carte, tweets, Éric Fischer). Elle réunit près de 6 milliards de tweets géolocalisés et il est possible de zoomer. Les points verts se répartissent en fonction de la densité de population, du niveau de richesse et du niveau de connexion à Internet. Cette carte offre une représentation originale de l’inégale connexion des différentes régions du monde.

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Doc. 2 – L’archipel mégalopolitain mondial : des villes mondiales connectées Cette carte de l’archipel mégalopolitain mondial permet de distinguer trois types de villes : les villes mondiales, les métropoles mondiales et les villes émergentes. Ces villes sont connectées entre elles par un ensemble de flux. Elles sont aussi des nœuds stratégiques des réseaux, elles concentrent par ailleurs les principaux pouvoirs de commandement au niveau politique, économique, financier et culturel. Doc. 3 – Lagos, une ville émergente Lagos fait partie des métropoles émergentes du continent africain. C’est un pôle de développement important permettant la connexion de l’Afrique de l’ouest aux grands réseaux de la mondialisation. Doc. 4 – Une favela à Rio de Janeiro Cette image permet de saisir les inégalités socio-spatiales de la ville de Rio de Janeiro. La connexion croissante des villes du Sud à la mondialisation a comme conséquence le renforcement des inégalités. Les populations les pauvres sont rejetées en marge de la ville.

Réponses aux questions 1. Cette carte illustre l’inégale connexion des villes aux réseaux de la mondialisation. En effet, l’on constate que l’on tweete plus dans certaines villes que d’autres. Ainsi, l’on repère les principales villes mondiales (Paris, Londres), des grandes métropoles (Madrid, Milan, Istanbul…). Par contre, les grandes villes d’Afrique du Nord sont absentes (Rabat, Casablanca, Alger…). 2. Les villes de l’archipel mégalopolitain mondial sont reliées par des flux de marchandises, de capitaux, d’informations et de personnes. 3. Lagos est la capitale du Nigeria, elle est située en Afrique de l’ouest, et est bordée par l’océan Atlantique. 4. Lagos dispose de différents aménagements lui permettant de s’intégrer dans les réseaux de la mondialisation. Comme on peut l’observer sur la photographie, le réseau routier permet d’acheminer les marchandises vers le port. La ville est un carrefour routier à l’échelle régionale. 5. Cette photographie de Rio de Janeiro permet d’identifier deux types de quartiers illus-

trant l’importance des inégalités dans la ville. On repère au premier plan une favela. Ce quartier construit sur les hauteurs de la ville est parsemé de petites maisons en brique avec des toits en taule. Le réseau électrique est anarchique et est un signe de précarité. Au deuxième plan on identifie un quartier moderne constitué d’immeubles et de building.

Vérifier ses connaissances

(p. 180) 

1. Les villes suivantes doivent apparaître sur la carte et dans la légende : – Métropole mondiale : Londres, Paris, NewYork, Tokyo. – Métropole émergente : Mexico, Sao Paulo, Le Caire, Lagos, Johannesburg, Mumbai. 2. a. Les villes mondiales sont les nœuds principaux des grands réseaux de la mondialisation. Elles concentrent les grandes infrastructures de transports, de communication mais aussi les pôles de commandements. Par exemple, Londres est un carrefour aéroportuaire international ayant accueilli près de 145 millions de voyageurs en 2014. b. Afin de renforcer leur connexion aux réseaux, les villes aménagent et transforment leur espace urbain pour le rendre plus attractif. Par exemple, Mumbai s’est engagé dans différents projets d’envergure, son port et son aéroport ont été agrandis et un nouvel aéroport est en projet à Navy Mumbai. c. Les villes à l’écart des grands réseaux de la mondialisation connaissent des évolutions spatiales originales. Ainsi, Detroit connaît un phénomène de rétrécissement urbain qui se traduit par un déclin démographique, une paupérisation de la population et un ralentissement de l’activité économique. 3. b. Le réseau est l’ensemble des infrastructures permettant la circulation des flux. 4. Cette photographie contient deux éléments qui symbolisent l’intégration de Paris à la mondialisation : le quartier des affaires de la Défense et une avenue mondialement connue, les Champs-Élysées. 5. L’archipel mégalopolitain mondial est constitué de l’ensemble des villes bien connectées entre elles.

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Exercer ses compétences

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• Google Earth est un outil simple et très riche particulièrement adapté au chapitre consacré à la connexion des villes. • Différents usages pédagogiques sont possibles. Le logiciel peut d’abord être utilisé par le professeur en classe afin de localiser les villes étudiées. La fonction zoom permet en effet de changer d’échelle très facilement. Le professeur peut également s’appuyer sur cet outil

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GÉOGRAPHIE

pour identifier les éléments organisationnels du territoire étudié. • Enfin, il est possible de prolonger les études de cas proposés dans le manuel en faisant réaliser aux élèves des schémas simplifiés à partir des outils dessins de Google Earth. Ils peuvent ainsi repérer dans les villes étudiées les différentes infrastructures de transports mais aussi les transformations urbaines visant à renforcer l’intégration des villes.

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PEAC

La représentation de la ville de New York dans West Side Story

• De nombreuses œuvres artistiques utilisent la ville comme sujet. West Side Story va plus loin puisque la ville peut être considérée comme un personnage de l’histoire. Le quartier du West Side, dans lequel le film a été tourné, est utilisé par les réalisateurs pour toutes les scènes comme un marqueur du territoire des deux clans. À tout moment, les éléments urbains du quartier sont autant de frontières à franchir entre les deux territoires. • Cette œuvre est l’occasion d’étudier l’architecture et l’organisation d’un ghetto d’une ville des États-Unis. Elle permet aussi de faire le lien avec l’évolution de l’agglomération newyorkaise puisque ce quartier est de nos jours un symbole de la gentrification des villes des pays riches. • À travers l’activité proposée l’élève pourra aussi s’exercer à l’oral (et donc se préparer à l’épreuve orale du brevet). Il travaillera plus particulièrement l’argumentation et abordera le vocabulaire du cinéma dans le cadre du PEAC et du programme d’Histoire des Arts.

Accompagnement pédagogique 1. New York dans le générique et le prologue • La ville de New York peut être considérée comme un personnage du film West Side Story. En effet dès le générique, on distingue des petits signes graphiques noirs, sur un fond de couleur changeant au rythme de la musique. Ces signes se confondent progressivement pour former les gratte-ciels de Manhattan. Ensuite, la vue aérienne nous guide vers le quartier du West Side où se déroule le film (au nord-ouest de Central Park). À ce moment du film débute le prologue : il est l’occasion de présenter le décor du West Side des années 1950 et de mettre le téléspectateur dans l’ambiance du film, à savoir l’opposition entre les deux clans. • Le prologue ne comporte que très peu de dialogues. Tout est suggéré par la danse des personnages et par les lieux dans lesquels ils se trouvent : un terrain de basket grillagé, des impasses, des ruelles, un terrain vague, une

décharge, des lieux peu éclairés, plutôt sales et tagués aux insignes des Jets ou des Sharks. On a ici la vision très nette d’un ghetto dans lesquels les jeunes errent, désœuvrés. Le bâti de la ville est aussi utilisé pour créer l’opposition entre les deux clans : à chaque moment des affrontements du prologue, les personnages traversent la frontière entre le quartier de chaque clan (grillage, escalier, échafaudage, rues, murs, etc.). • La présence de populations d’origine étrangère (Portoricains ou Polonais) est au cœur de la construction de la ville de New York et de son lien avec le monde. La ville de New York est la ville des États Unis qui a accueilli le plus de migrants et qui été longtemps été « La » porte d’entrée vers le pays avec Ellis Island. Au dernier recensement de la ville (2012), 48,8 % de la population de la ville ne parle pas anglais chez elle et plus de 170 langues différentes sont parlées dans la ville.

2. L’Upper West Side • Dans les années 1950, le quartier abrite une forte population hispano-américaine et afroaméricaine. À partir des années 1960, il est l’objet de nombreuses réhabilitations et rénovations. Le quartier de l’Upper West Side dans lequel a été tourné le film ne ressemble plus de nos jours à ce qu’il était. Il a été rasé (peu de temps après le tournage du film) et reconstruit. Il constitue de nos jours l’un des quartiers les plus chics de New York. • La confrontation entre l’image de New York dans le film et l’image actuelle de la ville peut être l’occasion de montrer des exemples de rénovation urbaine, mais aussi de gentrification des centres des grandes métropoles mondiales.

Mise en œuvre pratique du projet • Le travail proposé peut être réalisé en salle informatique. Chaque élève peut ainsi avoir accès à l’extrait du film, ce qui lui permet de revoir les séquences qui l’intéressent, indépendamment du travail de ces camarades. Les documents proposés permettent de mettre en THEME 1 > L'urbanisation du monde

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place une vision globale du film et du prologue, ils présentent aussi quelques notions de bases de vocabulaire de cinéma. La démarche proposée permet à l’élève de travailler en autonomie. Il peut ainsi se préparer individuellement et même s’enregistrer. • Le travail peut aussi être réalisé en classe entière. L’analyse de l’œuvre (partie 2 dans la démarche) peut être réalisée avec toute la classe. On demande ensuite aux élèves de choisir leur point de vue et de préparer individuellement leur chronique. • La présentation orale peut avoir lieu devant la classe ou être enregistrée.

Compétences travaillées • Raisonner, justifier une démarche et les choix effectués : justifier son point de vue sur le film. • Analyser et comprendre un document : une œuvre artistique. • Pratiquer différents langages : s’exprimer à l’oral.

Critères d’évaluation proposés • La présentation orale de l’élève peut faire l’objet de deux évaluations : une évaluation sur le fond (l’analyse et la compréhension de l’œuvre, l’argumentation) et une évaluation sur la forme (l’expression orale). Les critères d’évaluation peuvent être les suivants : - Pour l’analyse et la compréhension de l’œuvre : présentation et description de l’œuvre en utilisant le vocabulaire adapté du cinéma, interprétation de l’œuvre en lien avec le cours de géographie et le vocabulaire de la géographie urbaine. - Pour l’argumentation : pertinence des arguments choisis, expression d’un point de vue critique justifié sur l’œuvre. - Pour l’expression orale : audibilité de la voix, regard vers l’audience, enchaînement des idées, référence à l’œuvre.

Démarche Réponses aux questions 2. b. Les espaces de la ville présents dans le prologue sont centrés autour du terrain de basket où les deux gangs reviennent systématiquement. Les personnages empruntent ensuite des rues bordées de commerces divers

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(magasins de proximité, garage) et d’immeubles d’habitations. Puis on note des espaces plus dégradés : ruelles, voie sans issue, terrains vagues. • À chaque moment de l’affrontement entre les deux gangs, des éléments urbains sont utilisés pour délimiter les territoires et symboliser leur opposition : de nombreux tags aux insignes des deux clans, des grillages, des murs, des planches, un échafaudage. • Quand l’un des clans est en surnombre, il est représenté sur un mur et pris en contreplongée pour montrer la domination sur l’autre clan. Les ruelles sombres et les impasses sont utilisées pour montrer la peur ou la surprise. • L’image de New York donnée dans le film est celle d’un quartier délabré, tagué, pauvre (un ghetto d’une ville nord-américaine) où les jeunes n’ont aucune occupation. • À l’époque, les ghettos sont le signe de l’incapacité du pays à intégrer les immigrés (qu’ils soient d’Europe ou d’Amérique Latine). Le rêve américain est inaccessible pour beaucoup d’entre eux. C’est l’époque où les industries quittent la ville et le début de la périurbanisation. De nos jours le quartier du West Side est l’un des plus riches de la ville, il est le symbole de la gentrification du centre de New York. Les quartiers considérés comme des ghettos sont à l’extérieur du centre.

Suggestions de pistes complémentaires • Le travail proposé peut être réalisé en interdisciplinarité avec l’EPS autour de la danse. Les élèves peuvent créer une danse qui aurait pour contexte le quartier du collège et utiliser l’espace urbain environnant pour montrer sa singularité. • Un travail similaire peut avoir lieu sur le prologue du film Manhattan de Woody Allen. Le prologue présente une succession de vues de Manhattan (de jour comme de nuit, été comme hiver), des scènes de la vie quotidienne (marché, terrasse de café, manifestation, embouteillage, sortie d’écoles, etc.). Le film a été tourné en 1979 et propose une vision très vivante (malgré le noir et blanc) du cœur de la métropole de New York. Il permet de donner des images de la vie urbaine aux ÉtatsUnis.

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PARCOURS

Comment aménager la ville ?

AVENIR Accompagnement pédagogique Aménager un espace urbain Le projet de piétonisation des voies sur berges permet de présenter un projet d’aménagement urbain dans lequel l’élève peut prendre toute sa place. Il s’agit d’un projet qui exclut les véhicules de la ville et rend les berges aux piétons. Il s’inscrit pleinement dans les objectifs de la ville de réduire l’impact de la circulation automobile dans le centre de la ville et de la pollution atmosphérique. Il est au cœur des politiques de développement durable des métropoles mondiales.

Un volet citoyenneté • En proposant à l’élève de se mettre à la place de la municipalité en rédigeant une annonce, on le met à la place d’un acteur qui doit agir pour la collectivité et non pour lui-même. C’est une action citoyenne que l’élève doit mettre en œuvre. • La précision des règles de rédaction des annonces selon la loi française (doc. 4) permet de replacer le travail dans le cadre des luttes contre les discriminations et peut être fait en lien avec l’EMC.

Travailler sur des métiers liés à l’aménagement urbain Dans le cadre du parcours avenir, le travail permet de se renseigner sur quelques métiers liés à l’aménagement urbain. En consultant le site de l’Onisep qui présente ces métiers (notamment à l’aide de fiches métier et de vidéos), l’élève peut donc prendre la mesure des différents aspects d’un métier en lien possible avec son orientation.

Explications sur la mise en œuvre pratique du projet • En salle informatique, chaque élève (ou binôme d’élève) choisit le métier sur lequel il veut travailler. Les informations figurent sur les sites proposés et des conseils sur la rédaction d‘une annonce sont proposés. Une fiche guide plus détaillée sur la démarche à suivre peut être

proposée aux élèves les plus en difficulté (notamment en détaillant les types de formations possibles et les conditions d’exercices du métier : horaires, rythme de travail, déplacement, compétences nécessaires). L’enseignant peut aussi intervenir uniquement comme personne ressource pendant les étapes 1 et 2. Avant la rédaction au propre de l’annonce, une phase de co-correction peut être proposée aux élèves. • Le travail proposé peut aussi être envisagé en classe inversée. Les élèves réalisent l’étape 1 chez eux. Ils font leur recherche et viennent en classe avec les éléments nécessaires à la rédaction de leur annonce. De retour en classe, les élèves réalisent l’étape 2 en préparant leur annonce au brouillon à l’aide du document 4. Ceux qui ont choisi les mêmes métiers, peuvent se regroupent et compléter éventuellement leur travail. Ils peuvent faire appel à l’enseignant en cas de difficulté. Une fois les corrections nécessaires réalisées, la rédaction de l’annonce peut être réalisée en salle informatique.

Compétences travaillées • S’informer dans le monde du numérique : sélectionner des informations pertinentes sur le métier sélectionné et sur le projet de la ville de Paris. • Pratiquer différents langages : rédiger une offre d’emploi.

Critères d’évaluation proposés La rédaction de l’offre d’emploi permet d’évaluer la pertinence des recherches effectuées et le respect de la mise en forme proposée. L’évaluation peut porter sur ces deux aspects que l’on peut décliner en principaux critères à observer : – Pour s’informer dans le monde du numérique : pertinence et intérêts des informations sélectionnées sur le métier et sur le projet. – Pour pratiquer différents langages : respect des règles de rédaction d’une offre d’emploi, rédaction (maîtrise de la langue française), mise en forme du texte (attractivité de l’offre).

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Suggestions de pistes complémentaires • D’autres métiers peuvent être proposés sur ce même thème : architecte, ingénieur du génie civil, acousticien (en lien avec la limitation de la pollution sonore), tailleur de pierre (dans le cas de secteur pavé)… • Le travail peut être poursuivi dans le cadre de la géographie prospective. Les élèves peuvent

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GÉOGRAPHIE

prolonger leur réflexion en proposant des idées d’aménagements à réaliser sur les voies sur berges. En lien avec les arts plastiques, ils peuvent réaliser une œuvre artistique montrant le projet aux usagers comme dans le document 2.

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AP

Pratiquer différents langages en géographie

Accompagnement pédagogique La vue aérienne de Botany Bay (un des ports de Sydney) permet aux élèves de s’entraîner à la production d’une trace écrite cartographique. Botany Bay est un port en eau profonde qui est régulièrement agrandi pour accueillir des bateaux de plus en plus grands (la dernière extension date de 2013 et peut accueillir des bateaux de 270 mètres de longs). Le port de Botany Bay est le 2e port à conteneurs d’Australie. C’est aussi un espace très riche en faune et flore maritime. De nombreuses plongées ont lieu dans l’ensemble de la baie (la superficie de celle-ci est de 55 km²).

Utilisation de la pédagogie différenciée Le travail présenté permet de proposer 3 niveaux de difficultés aux élèves. • La situation 1 correspond à un niveau de maîtrise insuffisante à fragile. On propose aux élèves de suivre la méthode de la rubrique « Pas à pas » pour créer le croquis. Les différents éléments devant figurer dans la légende sont identifiés et un plan de légende est donné. Une fois le croquis réalisé et la légende rédigée, l’élève doit l’insérer dans un cadre plus large en ajoutant un slogan et un texte argumenté qui permet de justifier le choix de Sydney comme métropole attractive de la mondialisation. Un lien peut être fait avec le cours de deux manières : Sydney est une ville mondiale qui propose une plateforme multimodale d’échanges (port, aéroport, lien avec l’arrière-pays et le cœur économique de l’Australie). On peut aussi utiliser ce travail pour montrer comment la mondialisation est visible dans le paysage urbain.

• La situation 2 correspond à un niveau de maîtrise satisfaisant. On propose aux élèves de suivre la méthode de la rubrique « Pas à pas », non pas pour rédiger la légende telle qu’elle est proposée, mais pour la modifier et l’orienter vers une critique du développement de Botany Bay. Il s’agit pour l’élève d’aller plus loin en montrant comment le développement économique des villes et les extensions portuaires sont au cœur des problématiques du développement durable. En effet, la présence dans un même espace de zones résidentielles, d’un aéroport et d’un port peut être envisagée en termes de risques pour la population. Le plan de la légende pourrait être le suivant : 1. Un espace de fort développement économique (aéroport, port, zones industrielles). 2. Qui entraîne des risques pour les populations (espace maritime menacé de pollution, zones résidentielles importantes). • La situation 3 correspond à un niveau de très bonne maîtrise. On propose aux élèves de créer de toute pièce un exercice en s’inspirant du travail proposé. Il s’agit pour eux de prendre une photographie du manuel et de réaliser des consignes pas à pas pour produire le croquis et sa légende. Plusieurs choix sont possibles dans le manuel, mais on doit privilégier la vue aérienne, plus pratique pour la réalisation d’un croquis. Suggestions : le doc. 4 p. 161 sur Auckland (sur la visibilité de la mondialisation dans le paysage urbain) ; le doc. 5 p. 171 sur l’aéroport de Londres au cœur de la ville (le travail peut être axé sur les risques d’un tel aménagement dans la ville) ou le doc. 3 p. 179 sur Lagos pour montrer le développement des villes des pays émergents.

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EPI

New York, hier, aujourd’hui et demain

Accompagnement pédagogique • L’EPI proposé permet de travailler sur l’évolution du paysage urbain d’une métropole mondiale de sa création à nos jours et d’y inclure de la géographie prospective en imaginant à quoi pourrait ressembler New York en 2050 ou en 2100. L’EPI permet de croiser plusieurs approches, il peut être suivi sur un semestre et concerner les programmes d’histoire, de géographie, d’anglais et d’arts plastiques. • Trois moments de la ville de New York sont proposés : - Un New York historique avec un choix laissé aux élèves sur le moment à présenter. Cette partie du travail peut être mise en relation avec le programme d’histoire. En 1624 à la création de la ville par les Néerlandais, l’accent peut être mis sur le développement des échanges à l’époque (bois, fourrure et tabac en provenance des Antilles ; le tout à destination de la métropole). La ville passe ensuite à la fin du XVIIe siècle sous domination britannique (à partir de 1664). De 1785 à 1790, New York est la capitale provisoire des États-Unis, pendant la période révolutionnaire. Les marchands new yorkais ont joué un rôle important dans la lutte pour l’indépendance en organisant le boycott des produits britanniques. L’élève pourra donc insister sur les origines de la Révolution américaine. Le XIXe siècle peut être l’occasion de montrer le développement d’une ville industrielle américaine. On peut aussi présenter son rôle dans l’immigration du pays de la fin du XIXe au milieu du XXe (entre 1882 et 1954, 12 millions de migrants sont passés par Ellis Island). – Un New York actuel en lien direct avec le cours de géographie. New York est une ville monde au cœur des échanges mondiaux. – Un New York du futur dans le cadre d’une démarche de géographie prospective. Plu-

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GÉOGRAPHIE

sieurs études de 2013 par des scientifiques américains ou des associations écologistes (« 90 by 50 » par le Urban Green Concil) envisagent une ville fonctionnant avec 100 % d’énergies renouvelables. Un bureau d’étude spécialisé en projet architecturaux urbains a même lancé une consultation mondiale pour imaginer le New York en 2050 (http://doggerel.arup.com/new-york-city-in-2050/). L’article du Huffington Post propose aussi des visions de ce que pourrait être New York.

Mise en œuvre pratique du projet • On peut proposer lors du programme d’histoire quelques vues (peinture, photographie ou autres) de New York à différents âges. Ce travail sur le New York historique peut être fait en lien avec l’anglais (notamment sur le thème voyage et migration). • Avec le programme de géographie, on insiste sur l’aspect actuel de New York et sur les possibilités futures des villes (aménagement, rénovation, lien avec le changement global). En anglais, on travaille sur le thème « rencontre avec d’autres cultures » qui permet de donner des repères géographiques et patrimoniaux de la ville de New York. • Les arts plastiques peuvent s’insérer de deux manières : d’une part dans le cadre de l’histoire des arts sur la représentation de New York chez les artistes et d’autre part en termes de production d‘une œuvre artistique présentant le New York du futur. • L’ensemble des diapositives réalisées par les élèves peut être regroupé en un seul diaporama organisé de manière chronologique. Il est conseillé de donner des dates variées aux élèves concernant le New York historique pour avoir le panel le plus large possible.

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DNB

Histoire, Géographie et Enseignement moral et civique

Exercice 1 – Analyser et comprendre des documents 1. On peut relever plusieurs espaces : les espaces de circulation, les espaces avec des bâtiments, les espaces de stationnement, l’espace urbanisé/habité et quelques « traces » d’un espace rural. 2. L’extension urbaine est perceptible par les réseaux de transport, par le développement de la zone d’activité commerciale (3500 salariés et 12 millions de visiteurs par an). La zone accueille, des restaurants (31), des salles de spectacle (Zénith), des multiplexes, 151 enseignes de magasins. Le territoire périurbain désigne le territoire à proximité immédiate de la ville. Le terme désigne également un processus d’étalement d’une ville centre sur les communes voisines (périurbanisation).

3. La zone d’Atlantis est connectée par des axes routiers pénétrant dans le centre, par le périphérique qui permet de contourner la ville de Nantes et de choisir son entrée, par le tramway (transport doux). Exercice 3 – Enseignement moral et civique (mise en œuvre d’une démarche) 1. La ville est soumise à une forte pollution et à un climat subtropical. 2. Taïwan est l’illustration de la mise en place d’une « architecture du climat » : on prend en adapte les formes et les matériaux utilisés (végétation, brumisateurs, puits géothermiques) aux contraintes météorologiques (vent, chaleurs). 3. On peut réfléchir à la façon de mettre en place des transports « doux » mais également à la façon de limiter les déplacements.

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THÈME 2

Les mobilités humaines transnationales Présentation du thème • Les mobilités humaines transnationales correspondent au deuxième thème du programme de géographie de 4e qui s’intéresse aux transformations d’un monde interconnecté. Après avoir abordé la question de l’urbanisation du monde, l’étude des migrations permet de montrer les différences qui existent entre les populations et les territoires. • Avec la mondialisation, les migrations sont en forte croissance : cause et conséquence du processus d’interdépendance de nos sociétés, les migrants et les touristes bouleversent l’organisation des sociétés et des territoires. L’étude de ce phénomène doit être envisagée à plusieurs échelles et surtout à partir du vécu des individus concernés. Cette étude est divisée en deux sous-parties d’importance égale, la première consacrée aux migrations, qu’elles soient économiques ou politiques et la seconde consacrée au tourisme et ses conséquences. Il est envisageable de consacrer environ une douzaine d’heures à ce thème. • Plusieurs thématiques centrales sont à aborder : montrer les migrations transnationales, aborder la condition de vie des migrants, expliquer les différentes raisons poussant au départ et enfin aborder le phénomène du tourisme et ces conséquences sur les sociétés et les territoires. • La question sur les migrants peut débuter par l’analyse d’un flux migratoire représentatif des réalités actuelles : l’itinéraire d’un migrant est pertinent. Cet itinéraire peut relier un pays du Sud à un pays du Nord comme ici avec le cas des migrants provenant du Moyen-Orient, ou également représenté un flux Sud-Sud comme des Philippines vers les pays du Golfe persique. • La question sur le tourisme peut débuter par l’étude d’un espace transformé par ce phénomène : une région ou une station touristique majeure ou encore l’étude d’une métropole très visitée sont des possibilités. L’étude de

Cancún et du tourisme de croisière proposés ici permettent de montrer les enjeux principaux de ce processus.

Présentation des pages d’ouverture (p. 192-193)  1 Le golf de Melilla, espace touristique européen aux portes du Maroc • La photographie présentée en pages d’ouverture du thème reprend les deux problématiques à étudier : celle des migrations transnationales et celle du tourisme. Cette image prise par José Palazon en octobre 2014 a été très commentée à l’époque car montrant le choc de deux mondes : une Europe privilégiée et des migrants africains fuyant la misère. • L’enclave de Melilla est, avec Ceuta, un des territoires espagnols, et donc appartenant à l’Union européenne, située sur le littoral marocain. Espagnol depuis 1497, la ville compte aujourd’hui environ 80 000 habitants et est un passage privilégié des migrants vers le territoire européen. C’est pourquoi, dans les années 1990, une double barrière de protection a été construite pour empêcher les passages de migrants. Ceux-ci tentent néanmoins encore le passage de manière groupée comme en 2005 où 700 migrants ont essayé de franchir la frontière. Ces aspects n’empêchent pas la ville d’attirer des touristes, de par son climat et son patrimoine, dont la majorité provient d’Espagne et des pays d’Europe du Nord.

2 Melilla, une porte vers l’Europe Plusieurs raisons expliquent l’augmentation des déplacements de population, temporaires ou permanents. Des facteurs favorisent les mobilités : accélération et baisse du coût des transports permettent un changement d’échelle des déplacements. Le tourisme devient international et les migrations pour motifs économiques et politiques s’amplifient. Les besoins de main d’œuvre de certains pays et la volonté de beaucoup de migrants de

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trouver une vie meilleure expliquent aussi cette augmentation. Enfin, il faut ajouter la multiplication récente de conflits (MoyenOrient) qui pousse au départ des populations nombreuses.

Pages Regards

(p. 194-195) 

Construire des repères géographiques 1. Les principales zones de départ des migrants correspondent à des pays du Sud : Afrique subsaharienne, Maghreb, Asie du Sud et du SudEst et quelques pays d’Amérique latine. Les zones d’arrivées sont pour leur part souvent situées au Nord : États-Unis, Canada, Europe, Japon mais aussi au Sud comme les États du golfe Persique, l’Afrique du golfe de Guinée ou enfin l’Argentine et le Chili. 2. La fuite des cerveaux correspond au départ de population qualifiée attirée par les conditions de vie et les perspectives meilleures dans d’autres pays souvent plus riches. On voit par exemple ici le départ de populations des Caraïbes pour les États-Unis ou d’Inde vers les pays du golfe persique. 3. Les principaux flux de migrants peu ou pas qualifiés partent d’Afrique et du Moyen-Orient vers l’Europe, du Mexique vers les États-Unis et enfin d’Asie du Sud et du Sud-Est vers le golfe Persique. 4. Les dix pays les plus visités au monde se situent globalement au Nord : Europe, Améri-

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GÉOGRAPHIE

que du Nord et Russie. Seuls la Chine et le Mexique sont situés au Sud. Au final, les pays les plus visités sont aussi ceux d’où partent la plupart des touristes. 5. La majorité des touristes appartient à des pays développés comme par exemple les ÉtatsUnis ou l’Allemagne. Toutefois, des pays émergents comme la Chine sont aussi des foyers émetteurs de touristes aujourd’hui. 6. Les flux migratoires importants et les flux touristiques présentent des différences : les flux touristiques partent le plus souvent de pays du Nord pour d’autres pays du Nord même si certaines destinations touristiques dans des pays du Sud se développent. Au contraire, les flux migratoires partent souvent de pays du Sud pour aller vers des pays du Nord même si aujourd’hui les migrations Sud/Sud se développent. Toutefois, on peut également noter que les espaces touristiques majeurs comme l’Europe ou les États-Unis sont aussi les destinations les plus prisées des migrants. 7. On peut constater que les zones restées à l’écart du tourisme (une partie de l’Afrique, de l’Asie centrale ou quelques pays d’Amérique latine) correspondent aux zones de départ d’une partie des migrants. Cette concordance s’explique par des problèmes de développement qui empêchent l’apparition d’activités touristiques et incitent les populations locales à partir.

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CHAPITRE

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Un monde de migrants

Présentation du chapitre • Ce sous-thème permet d’aborder à travers l’étude de parcours les enjeux des déplacements de la population dans la mondialisation. L’analyse de cartes et de quelques statistiques permet de montrer la dimension mondiale du phénomène. La problématique retenue est la suivante : « En quoi les migrations internationales sont-elles le reflet de la mondialisation et des inégalités de développement ? ». • L’objectif principal du chapitre est ainsi de comprendre comment la mondialisation accélère et se nourrit des migrations et comment celles-ci impactent aussi bien les territoires d’arrivée que les zones de départ. • Les migrations transnationales s’expliquent par les différences de développement entre les pays et tendent souvent à la maintenir (fuite des cerveaux), parfois à les atténuer (retour de devise). La circulation accrue des hommes est donc à étudier comme cause et conséquence de ce processus de mondialisation.

Présentation des documents Doc. 1 – Le camp de réfugiés de Dadaab, à l’est du Kenya • Ce premier document est une photographie du plus grand camp de réfugiés au monde : celui de Dadaab à l’est du Kenya qui accueille des personnes fuyant les conflits de la Somalie voisine. Ce document permet d’aborder une migration particulière : celle des réfugiés fuyant les conflits et de montrer les impacts d’abord sur les pays voisins (le Kenya) et la logistique nécessaire à l’accueil de ces personnes (rôle du HCR). • Cette photographie révèle les conséquences d’une migration formation : la construction d’énormes camps de réfugiés proche de la frontière de la Somalie. En effet, cet état est défaillant depuis la fin des années 1980 et doit affronter la présence des islamistes. Ces multiples conflits ont entraîné le déplacement de plus d’1,5 million de personnes d’abord à l’intérieur de leurs pays puis vers les pays voisins comme ici le Kenya. Le camp de Dadaab serait

le plus grand centre de réfugiés du monde avec environ 500 000 personnes. Le HautCommissariat pour les réfugiés (HCR) qui le gère est un programme de l’ONU qui applique la convention de Genève signée en 1951 qui prévoit la prise en charge des réfugiés de conflits. En 2015, le monde compterait environ 60 millions de réfugiés. Doc. 2 – Immigrer au Canada • Le second document est une Une d’un numéro spécial de L’Express datant de l’été 2014 traitant d’une autre forme de migration, voulue et réalisée pour motifs économiques : l’installation au Canada de nombreux Français attirés par les perspectives offertes par le pays. • Le Canada est un pays d’immigration : plus de 250 000 personnes s’y installent chaque année et 2/3 d’entre eux finissent par avoir la nationalité canadienne après quelques années. Le pays est ouvert entre autres aux immigrés francophones. Ils trouvent ainsi une main d’œuvre nécessaire au dynamisme de son économie. Plus de 150 000 Français vivent au Canada et cette migration est en forte hausse depuis les années 2000.

Réponses aux questions 1. La présence de nombreux réfugiés somaliens dans ce camp du Kenya s’explique par la guerre civile et les multiples conflits qui secouent la Somalie voisine. L’insécurité et le danger poussent de nombreuses familles au départ. 2. La prise en charge de ces populations dans le besoin est effectuée par le HCR, le HautCommissariat aux réfugiés qui est un organisme de l’ONU. C’est cet organisme qui construit et administre le camp de réfugiés. 3. Le Canada est un pays attractif pour plusieurs raisons : le pays est encore peu peuplé, son économie est dynamique (innovation, chômage faible) et le français est parlé dans une partie de son territoire (Québec).

THEME 2 > Les mobilités humaines transnationales

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Étude de cas 1

(p. 198-199) 

Moyen-Orient–Europe : des flux migratoires qui explosent • Depuis la déstabilisation de l’Irak après 2003 et de la Syrie en 2010, les flux de migrants en provenance du Moyen-Orient et à destination de l’Europe ont explosé, bouleversant le paysage migratoire de cette zone. • Les documents de cette étude de cas, en partant de parcours et de témoignages doivent permettent de comprendre les raisons et les difficultés de cette migration de réfugiés. Le document 4 (le parcours d’une famille irakienne) peut être vu comme un document central permettant d’articuler les différentes étapes de la migration jusqu’à l’Europe.

Présentation des documents Doc. 1 – Réfugiés et migrants entrant en Europe • Les chiffres pour l’année 2015 proviennent de l’Union européenne et des programmes gérant le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne (Frontex). Néanmoins, du fait du caractère illégal de la plupart des arrivées, ces chiffres comportent une marge d’erreur. • L’explosion des flux en 2015 est notable et à mettre en parallèle avec la provenance des migrants : Syrie, Afghanistan et Irak, trois pays en guerres civiles. Enfin, le nombre de mort en mer pourra être mis en parallèle avec le document 2 tandis que la réparation par sexe montre une domination du nombre d’hommes même si les familles sont nombreuses. Doc. 2 – Une embarcation de réfugiés en mer Égée arrive sur l’île grecque de Lesbos (janvier 2016) Cette photographie parlante permet de prendre conscience des dangers de la traversée. Danger que l’on retrouve dans les documents 1 et 4 et l’intervention d’autres acteurs comme les passeurs ou les forces de secours côté européen. Doc. 3 – Les raisons du départ de Goora, réfugié syrien en Allemagne Ce texte permet de comprendre ce qui pousse au départ ces réfugiés : la guerre, l’insécurité

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GÉOGRAPHIE

rendent le quotidien invivable et l’émigration est la seule alternative envisageable. Doc. 4 – Le périple d’une famille demigrants irakiens en 2015 Cette carte, dont le modèle a été réalisé par l’AFP, permet de comprendre la complexité du parcours des migrants qui utilisent plusieurs moyens de transports (aérien, terrestre et maritime) et la difficulté des passages de frontières (traversée de la mer avec les passeurs). Doc. 5 – Caricature de Plantu, Le Monde, 15 septembre 2015 Cette caricature insiste sur l’une des réactions possibles des pays et des sociétés face à l’afflux massifs de migrants : la fermeture. Les frontières internes à l’Europe réapparaissent et la frontière externe de l’Union européenne se ferme. Doc. 6 – Les réfugiés : un atout pour les pays d’accueil ? Graffiti de Banksy à Calais, 12décembre 2015 Ce document original permet d’insister sur les aspects positifs des migrations : apport d’une main d’œuvre compétente illustré ici par le fondateur de la compagnie Apple. La réalisation de ce graffiti à Calais, barrière pour de nombreux migrants souhaitant se rendre en Grande-Bretagne est à relever.

Réponses aux questions 1. La grande majorité des migrants qui arrivent en Europe en 2015 proviennent de pays en guerre : il s’agit de réfugiés. Ils fuient la guerre et les persécutions qui se déroulent en Syrie, en Irak (présence de l’État Islamique) et en Afghanistan. La vague actuelle est d’une ampleur inédite car ce sont plus d’un million de personnes qui sont arrivées dans l’Union Européenne en 2015. 2. Les principales raisons qui poussent ces personnes au départ sont la situation chaotique des pays du Moyen-Orient dont la Syrie, en guerre civile depuis 2011, est le meilleur exemple : l’insécurité, les dangers et la présence de groupes terroristes ont bouleversé le quotidien et poussé de nombreuses personnes au départ. 3. Plusieurs étapes existent entre le MoyenOrient et l’Allemagne pour cette famille d’Irak. La première partie conduit la famille d’Irak aux portes de l’Europe en passant par la Turquie

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par voie aérienne. La deuxième étape plus difficile consiste au passage en Europe, de manière illégale, en utilisant le service de passeurs qui permettent de rejoindre la Grèce par voie maritime. Enfin, les étapes suivantes consistent à traverser des pays n’appartenant pas à l’Union européenne (Macédoine, Serbie) pour ensuite revenir dans celle-ci (Hongrie, Autriche, Allemagne), le tout par voie terrestre. 4. Les principales activités illégales liées à ces migrations sont la présence de passeurs permettant d’aller de Turquie en Grèce en utilisant des embarcations de fortune. 5. Les réactions des pays et des opinions européennes divergent : beaucoup de pays cherchent à fermer leur frontière, comme le montre la caricature, pour empêcher le passage de réfugiés. D’autres acceptent plus volontiers cette arrivée (Allemagne) car ces migrants représentent aussi une main d’œuvre intéressante pour certains pays dynamiques.

Activité La note finale à rédiger sur le sujet des migrants arrivant vers l’Europe pourra reprendre l’ordre des questions pour présenter une synthèse logique : présentation des faits (chiffres, provenance), détail du parcours et de ses dangers et enfin réactions des sociétés face à cette vague migratoire. L’objectif est de montrer le caractère inédit de cette vague migratoire, les parcours personnels des migrants donnent du sens aux chiffres. Enfin, cette vague migratoire, par la diversité des réactions, interrogent l’identité et la solidarité européenne.

Étude de cas 2

(p. 200-201) 

Migrer des Philippines au golfe AraboPersique Avec le développement des pétromonarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Qatar et Koweït principalement), un nouveau flux migratoire massif est apparu à partir des années 1960. En effet, le développement de la zone a nécessité une main d’œuvre importante. Originaires du Proche-Orient et du souscontinent indien, de nombreux migrants aujourd’hui viennent également des Philippines. Il s’agit souvent là d’une migration à motifs économiques limitée dans le temps.

Présentation des documents Doc. 1 – Carte de la diaspora philippine et de la population immigrée dans les pays du Golfe Cette carte permet de localiser la diaspora philippine dans la région et de prendre conscience de l’importance de la population immigrée en particulier dans les E.A.U et au Qatar. Doc. 2 – Philippines/Émirats arabes unis : deux États aux niveaux de développement différents Ces statistiques permettent de comprendre que la migration entre ces deux zones s’explique par un différentiel de développement amenant d’un côté une aspiration à une vie meilleure (Philippines) et de l’autre un besoin de main d’œuvre, entre autres dans le domaine des services (E.A.U). Doc. 3 – Les mauvais traitements des employés domestiques des Émirats arabes unis Ce texte de l’observatoire des droits de l’homme (ONG américaine) insiste sur les mauvais traitements des employés domestiques et du peu de protection des travailleurs qui existent. On pourra réfléchir à l’absence de syndicat ou du droit de grève dans cette région. Doc. 4 – Famille de Philippins dans le quartier de Satwa, à Dubaï Les conditions de logements des travailleurs immigrés laissent souvent à désirer : maisons occupées par plusieurs familles ou camp de travailleur (labor camp) pour les hommes venant travailler dans la région sans leur famille. Le quartier de Satwa, proche du centre d’affaire de Dubaï, héberge une population d’origine indienne et philippine. Il est aujourd’hui en cours de transformation, les populations les plus pauvres étant expulsées vers les périphéries. Doc. 5 – Site Internet proposant l’emploi de femmes de service Dans les pays du Golfe, à chaque nationalité de migrant correspond souvent un secteur d’activités comme ici les métiers de service pour les Philippins. Le salaire moyen de ces

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employés est d’environ 250 à 350 euros mensuels avec le logement et les repas pris en charge par l’employeur. Doc. 6 – Construire les Philippines du futur avec l’argent de la diaspora Ce texte permet de comprendre les raisons qui poussent au départ ces Philippins : l’espoir de revenus meilleurs et la possibilité de faire vivre la famille au pays. Ainsi, le retour de devises des Émirats vers les Philippines peut aussi participer au développement de ce pays.

Réponses aux questions 1. L’émigration des Philippins vers l’étranger s’explique par des motifs économiques : espoir d’une vie meilleur et de revenus plus importants. 2. Les Philippins sont très nombreux en Arabie (environ un million) mais aussi au Qatar et aux Émirats arabes unis. Dans ces deux derniers pays en particulier les besoins de main d’œuvre sont élevés. 3. Les Philippins sont nombreux à travailler dans le secteur des services : employés de maisons, nourrice ou femmes de ménages par exemple. 4. Les conditions de travail de ces travailleurs sont globalement mauvaises malgré le logement et les repas fournis par l’employeur. On peut relever les mauvais traitements, les horaires de travail important, les mauvaises conditions de logement et le peu de protection des travailleurs. 5. La diaspora philippine peut participer au développement du pays principalement par le retour de devises. L’argent renvoyé par les travailleurs émigrés permet le développement de projets et facilite la vie quotidienne de la famille restée au pays.

Activité • Le portrait imaginaire réalisé devra reprendre les éléments suggérés par les questions : présenter le personnage, évoquer les raisons du départ. S’interroger sur le pays d’arrivée et ses besoins de main d’œuvre. Développer les conditions de vie une fois arrivée (travail, logement…) et enfin terminer par les liens conservés avec le pays d’origine pour montrer que cette migration ne se veut pas définitive.

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GÉOGRAPHIE

• La réalisation du panneau pourra se faire selon ces axes et on pourra y intégrer une carte montrant la migration entre les deux zones ainsi que des photos du pays d’arrivée pour illustrer le portrait.

Changer d’échelle

(p. 202-203) 

Réponses aux questions Étude de cas 1 a. Les réfugiés proviennent de Syrie, au Moyen-Orient, pays qui connait une forge émigration (taux d’accroissement migratoire dépassant les - 4 %) pour se rendre en Europe ou le taux peut à l’inverse dépasser les + 2 % (Suède, France, Danemark par exemple). b. Les grandes zones de départ des migrants correspondent à des pays connaissant des problèmes de développement : pays du MoyenOrient, d’Asie centrale et d’Afrique par exemple. Les zones d’arrivées correspondent en revanche à des pays plus développés à l’échelle mondiale (Europe, Amérique du Nord, Australie) ou régionale (Argentine, Malaisie). Étude de cas 2 a. Ce sont environ 30 milliards de dollars qui sont entrés aux Philippines en 2013 avec les retours de devises de la diaspora. b. Les pays recevant le plus de devises des diasporas présentes à l’étranger sont des pays à la population importante et au solde migratoire négatif : Chine, Inde, Mexique ou Philippines. En effet, ils possèdent des diasporas importantes à l’étranger.

Cours

(p. 204-205) 

La question des flux migratoires transnationaux est une question complexe à aborder car ces derniers se sont complexifier avec l’accélération de la mondialisation. Pour faciliter la compréhension de ces processus, le plan du cours s’intéresse d’abord aux différents types de migrations, entre autres déjà abordés dans les études de cas, puis aux parcours réalisés. Enfin, la question de l’impact de la question migratoire sur les territoires et les sociétés montre que ces flux transforment et interrogent nos sociétés. Les documents qui accompagnent la page de cours permettent d’aborder d’autres formes

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de migrations (étudiante, climatique) et montrent ainsi la complexité des migrations transnationales.

Présentation des documents Doc. 1 – Étrangers et immigrés en France en 2013 Ce document permet d’insister, en prenant l’exemple français, sur la différence entre le statut d’immigré (lieu de naissance) et celui d’étranger (nationalité) et d’aborder le passage de l’un à l’autre (naturalisation). Doc. 2 – Le programme Erasmus : le succès de la mobilité étudiante Ce document montre un autre type de migration, celle des étudiants, temporaire, ici organisée par l’Union européenne dans le but de favoriser les échanges et la connaissance mutuelle. Ce programme a été lancé en 1987 et a permis à 3 millions d’étudiants d’obtenir des bourses pour étudier dans un pays européen. L’Espagne est le pays qui reçoit le plus d’étudiants de ce programme. Doc. 3 – Une agence Western Union à Freetown (Sierra Leone) Les transferts de devise des migrants se font par l’intermédiaire d’acteurs privés comme ici l’entreprise Western Union. Cet entreprise américaine crée en 1851 a permis le transfert d’environ 70 milliards de dollars à travers le monde en 2014. Doc. 4 – Rentrer ou rester, le dilemme des « cerveaux » africains diplômés des grandes écoles françaises Cet article paru dans le journal Le Monde en 2015 insiste, après la fuite des cerveaux traditionnelle, sur une nouvelle tendance observable aussi bien en Afrique qu’en Inde : le retour des personnes formées à l’étranger. La France attire plus de 100 000 étudiants chaque année soit environ 1/3 des étudiants sortant du continent pour aller étudier à l’étranger. Doc. 5 – L’importance des réfugiés climatiques Ce graphique permet d’aborder un autre type de migration difficile à quantifier, celui des réfugiés climatiques (sécheresse, hausse du niveau de la mer, etc.). La comparaison avec le nombre de réfugiés de guerre permet de comprendre l’importance d’un phénomène moins

médiatisé. Au-delà des grandes catastrophes, ce sont surtout les sécheresses (Corne de l’Afrique) ou la montée des eaux (Bangladesh) qui accélèrent les migrations.

Réponses aux questions 1. L’étranger est une personne qui ne possède pas la nationalité française (3 980 000 personnes), qu’elle soit ou non née en France alors que l’immigré, né à l’étranger, est arrivé en France (5,8 millions de personnes), pays dont il possède parfois la nationalité (2 440 000 en 2013). 2. Les pays qui reçoivent le plus d’étudiants avec le programme Erasmus sont des pays d’Europe de l’Ouest : Espagne, Allemagne et France. 3. Ce programme d’échange peut avoir pour but de favoriser la connaissance des autres pays d’Europe et de leurs habitants tout en permettant d’approfondir une langue européenne. 4. L’argent envoyé par les migrants participe au développement du pays de départ en permettant la réalisation de projets et une vie meilleure pour les personnes restées dans le pays. 5. Le retour des étudiants africains bien formés permet aux pays de disposer d’une main d’œuvre compétente pour participer au développement du pays. Les États africains cherchent donc à faire revenir ces personnes. 6. Entre 2011 et 2014 ce sont près de 85 millions de personnes qui ont quitté leur pays suite à des problèmes climatiques. On peut penser que le changement climatique et certains de ses effets (hausse du niveau de la mer, sécheresse accrue ou cyclones plus nombreux) participent à ces flux en augmentation.

Vérifier ses connaissances

(p. 206) 

1. a. L’Europe est un espace très attractif pour les migrants, l’arrivée de nombreux réfugiés syriens depuis 2011 en témoigne. b. L’émigration de personnes peut être un atout pour le pays de départ car les migrants renvoient souvent une partie de leurs revenus vers leur pays d’origine, permettant ainsi en partie son développement. Ainsi, un travailleur

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philippin à Dubaï pourra financer la création d’un magasin dans son pays d’origine. c. L’émigration peut aussi être un inconvénient pour les pays de départ car elle prive le pays d’une partie de sa main d’œuvre, parfois la plus formée (fuite des cerveaux), ce qui peut ralentir le développement du pays. Ainsi, 9 médecins formés en Jamaïque sur 10 travaillent en dehors de leur pays. d. Le contexte politique peut être déterminant pour expliquer les départs de migrants. Ainsi, le régime dictatorial de certains pays comme l’Erythrée par exemple, peut pousser les jeunes au départ. e. La plupart des migrations ont un motif économique comme la venue de Philippins à Dubaï ou celle de Mexicains aux États-Unis. 2. a. Les deux pays concernés sont situés en Amérique du Sud. Le Venezuela et la Colombie sont des pays en développement, le flux montré ici est un flux Sud/Sud. b. Les Colombiens ont pu précédemment migrer au Venezuela car ce pays était, à l’échelle régionale, davantage développé que ses voisins et attirait donc les populations alentours. 3. Étranger : Personne n’ayant pas la nationalité du pays dans lequel il se trouve Émigré : Personne qui quitte son pays Clandestin : Personne migrant de manière illégale Immigré : Personne qui arrive dans un pays Réfugié : Personne ayant quitté son pays pour éviter un danger 4.  

Pays de départ Pays d’arrivée

Conséquence – Départ d’une négative main d’œuvre formée, utile au développement du pays

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GÉOGRAPHIE

– Concurrence d’une main d’œuvre immigrée sur le marché local

Conséquence – Retour de positive devise important

– Apport de compétences sans avoir à financer la formation

5. La description doit faire ressortir les différentes étapes du voyage. Par exemple : départ de la Syrie et traversée de la Turquie, passage en Grèce, voyage à travers l’Europe (pays de l’UE et hors UE) et arrivée en Allemagne. Il faudra insister sur les passages important (passage de frontière et traversée de la mer méditerranée).

Exercer ses compétences

(p. 207) 

• L’exemple proposé ici fait écho à l’étude de cas qui étudie le flux migratoire entre les Philippines et le Golfe arabo-persique. On essayera de retrouver les mêmes questionnements qui permettent d’apporter une dimension géographique au témoignage : quels territoires (pays de départ, pays d’arrivée), quelles conditions de vie ou de travail, quels impacts sur ces dernier le flux migratoire entraîne-t-il ? • Le témoignage permet d’ancrer la géographie comme science sociale et de donner corps à un flux mondial parfois abstrait. Montrer que la réalité étudiée dans une zone est valable ailleurs est une bonne approche pour aborder la complexité des mobilités.

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CHAPITRE

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Le tourisme et ses espaces

Présentation du chapitre Le développement des activités touristiques constitue une des évolutions marquante des sociétés du XXe siècle, corollaire de l’augmentation du niveau de vie, de la mobilité croissante des hommes et de la mondialisation. Les effets sociaux, économiques et spatiaux du tourisme sont remarquables. En effet, le tourisme crée des comportements nouveaux et influence fortement les sociétés émettrices et réceptrices des flux de vacanciers. De même, les enjeux économiques liés au tourisme sont devenus colossaux. Depuis le milieu des années 1990, le tourisme serait devenu la première activité économique de la planète en pourcentage des exportations (30 % des exportations mondiales de services selon l’OMT). En France, le tourisme rapporte chaque année entre 10 et 15 milliards d’euros (soit autant que les produits agroalimentaires ou le secteur automobile) et concerne entre 800 000 et 2 millions d’emplois directs et induits. Des états et des régions entières vivent du tourisme, comme les Bahamas (40 % du RNB) ou les Maldives (85 % du RNB). Dans beaucoup de territoires, le tourisme est perçu comme l’unique voie tangible de développement. Il est également créateur de lieux et modifie l’organisation spatiale des régions et des pays récepteurs. Des stations balnéaires ou de montagne, créées ex-nihilo, sont devenues aujourd’hui des lieux de vie très animés. Grâce au tourisme, des régions autrefois répulsives sont devenues attractives. L’environnement des espaces touristiques est transformé par le tourisme, de la préservation (par la création d’espaces naturels protégés) à la dégradation ou la destruction par les aménagements et pollutions diverses.

Présentation des documents Doc. 1 – La station de Benidorm (Espagne) Ce document présente le front de mer de la station de Benidorm, au sud-est de l'Espagne, qui a connu une croissance impressionnante depuis les années 1950. La station est devenue

célèbre pour ses constructions d'immeubles toujours plus hauts et proches du rivage, symbolisant la compétition pour l'espace et la spéculation foncière, à tel point que l'on a pu parler de « bénidormisation » pour désigner un paysage littoral occupé par un « mur de béton ». Benidorm, avec son rivage bétonné, ses plages bondées en été, interroge sur les conséquences du tourisme de masse sur l'espace, ainsi que la durabilité d'un tel modèle. Il est intéressant de noter que, contrairement à ce qui a été souvent prédit depuis plus de trente ans, une telle station surpeuplée et polluée, continue de voir sa fréquentation augmenter. Loin de devenir répulsive, la ville continue d'attirer toujours plus de jeunes touristes originaires d'Europe du Nord. Dans ce type de station, la majorité des touristes vient plus pour faire des rencontres et faire la fête que pour se ressourcer dans un cadre préservé. Doc. 2 – Touriste dansant avec des habitants d’un village Karo (Éthiopie) Cette photographie montrant des touristes dansant avec des villageois du pays Karo, au sud-ouest de l'Éthiopie, fait référence à la diffusion du tourisme à l'échelle mondiale, ainsi qu'à la grande diversité des pratiques touristiques actuelles. Même si 80 % des flux touristiques internationaux sont concentrés dans trois grands bassins (Europe-Méditerranée, Amérique du Nord-Caraïbes et Asie du sudest), et particulièrement dans de grandes métropoles ou des stations renommées, certains touristes choisissent des destinations originales et difficilement accessibles. Très peu d'espaces sur la planète sont fermés au tourisme international (la Corée du Nord ou des zones en guerre reçoivent des flux touristiques, même minimes). Aux antipodes du tourisme de masse, les visiteurs se rendant dans ce village Karo recherchent la découverte d'une culture menacée par le gouvernement central et les conflits régionaux (Sud-Soudan notamment). Dans ce cas le touriste recherche l'isolement, l'authenticité validée par la quasiabsence d'autres touristes. Mais les effets de ce tourisme sont ambigus, dans la mesure où il THEME 2 > Les mobilités humaines transnationales

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peut renforcer la culture locale ou la folkloriser et l'affaiblir par l'irruption brutale de devises.

Réponses aux questions 1. Le tourisme a totalement transformé le paysage de Benidorm. Des dizaines de tours d'immeubles ont été construites directement sur la plage. C'est un paysage urbain et bétonné (on peut toutefois distinguer une promenade plantée de palmiers). 2. La principale conséquence est la pollution des eaux de baignade provenant des déchets laissés par les touristes te des rejets des hôtels. L'épuisement de la ressource en eau potable est également une conséquence du tourisme de masse. 3. Les touristes cherchent le dépaysement, la rencontre avec une population dont la culture est restée authentique, loin des lieux touristiques très fréquentés. L'argent laissé par les touristes peut améliorer le niveau de vie des Karos, mais également déstabiliser leur société.

Étude de cas

(p. 210-211) 

Cancún, haut lieu du tourisme balnéaire

Présentation des documents Doc. 1 – Une situation exceptionnelle Cette carte montre la situation exceptionnelle de Cancún, idéalement située à moins de 5 heures de vol de la plupart des grandes métropoles des États-Unis et du Canada, dont la station vise directement la clientèle. Il faut noter que la localisation de cette station créée ex nihilo a été décidée à la fin des années 1960 suite à des calculs informatiques, combinant de multiples données telles que la distance aux marchés émetteurs de touristes américains ou les éléments climatiques. Signe de la volonté de se « rapprocher » toujours plus du marché des grandes villes du nord-est des États-Unis, l'État du Quintana Roo, où se trouve Cancún, vient d'adopter le même fuseau horaire que la façade est nord-américaine. Doc. 2 – Une station balnéaire créée ex nihilo (photos aériennes 1970/2015) Ces deux photographies aériennes prises montrent l'ampleur des changements qui se sont produits à Cancún en un peu plus de 40 ans. D'une flèche sableuse inhabitée (en fait une île148

GÉOGRAPHIE

barrière séparée du continent par des marais à mangrove), est née une station balnéaire caractérisée par une concentration impressionnante d'édifices hôteliers massifs collés les uns aux autres. Doc. 3 – Spring breakers participant à une pool party La clientèle majoritaire de Cancún est constituée de jeunes américains - notamment les étudiants au cours du spring break - venus festoyer et oublier leurs études l'espace de quelques jours. La rupture avec le quotidien, favorisée par le cadre idyllique et les animations constantes, autorise tous les excès, illustrant à merveille le fait que ces stations touristiques fonctionnent comme des espaces d'exutoires dans lesquels les visiteurs abandonnent momentanément leurs retenues et convenances habituelles. Doc. 4 – Employés mexicains dans un hôtel de Cancún La photographie aborde la question des limites économiques et sociales du développement du tourisme de masse à Cancún. Si les emplois créés dans les complexes hôteliers détenus par des grands groupes internationaux ont été nombreux, la plupart des postes occupés par la population locale restent peu qualifiés, peu rémunérés et précaires. Les espoirs d'amélioration du niveau de vie et de condition de vie des habitants de la région - très pauvre du reste - ont été globalement déçus. Des études récentes montrent que Cancún présente le plus fort taux de suicide du pays, et que les inégalités de développement y sont toujours plus importantes. Le cas de Cancún tempère l'idée souvent avancée que le tourisme est un facteur quasi automatique de développement, dans la mesure où une grande partie des revenus générés ne profitent pas à la population locale. Doc. 5 – Une ville organisée pour le tourisme Il est fréquent que les stations balnéaires présentent une structure bipolaire, caractérisée par la présence d’un noyau pré-touristique et un quartier voué au tourisme. Dans le cas de Cancún, la bipolarité se double d’une dualité remarquable entre la zone touristique fréquentée par la clientèle internationale et la ville

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mexicaine aux quartiers populaires, ignorée par les touristes. Le tourisme a ici forgé une ville de plus de 700 000 habitants, fragmentée en deux parties se tournant littéralement le dos du fait de la lagune, et seulement reliées par les migrations pendulaires de Mexicains travaillant dans les hôtels. Doc. 6 – Les limites environnementales • Pendant longtemps les effets du tourisme sur l’environnement n’ont que peu retenu l’attention des pouvoirs publics et de l’opinion publique mexicaine. Ceci pouvait s’expliquer par la priorité absolue donnée au développement économique dans une région particulièrement pauvre d’un pays en voie de développement, mais aussi par le très faible peuplement des environs de Cancún. • Les limites environnementales du développement touristique ont été particulièrement médiatisées lors de la tenue dans la ville de la conférence sur le climat (COP 16) en 2010.

Réponses aux questions 1. Cancún est située au Mexique, dans la péninsule du Yucatan, qui s’avance dans la mer des Caraïbes, vers Cuba et les États-Unis. La situation de Cancún est idéale pour le tourisme car la majorité des grandes villes d’Amérique du Nord sont à moins de 4 h 30 de vol. 2. La majorité des touristes internationaux vient d’abord des États-Unis, puis du Canada. La clientèle européenne est très minoritaire. Les touristes viennent surtout à Cancún pour profiter de la plage, faire des rencontres et faire la fête. 3. En 1970, le site de Cancún était une bande de sable inhabitée. Depuis, l’espace a été rempli par des hôtels, serrés les uns contre les autres. La ville de Cancún est séparée en deux parties : la zone touristique sur la flèche de sable où se concentrent les hôtels et le centreville et les quartiers populaires, de l’autre côté de la lagune. 4. Les conséquences sur l’environnement sont la destruction des mangroves et de la végétation, la pollution des sols par les engrais chimiques utilisés dans les espaces verts des hôtels et la pollution issue des déchets produits. Les réserves de poissons ont diminué. 5. Le tourisme a créé des emplois pour la population mexicaine, mais surtout dans les hôtels

de la zone touristique. Du fait des forfaits tout inclus, les touristes ne dépensent pas ou peu en dehors des hôtels. L’environnement a été fortement dégradé. Le tourisme ne profite donc qu’assez peu à l’ensemble de la population.

(p. 212-213) 

Dossier Le tourisme de croisière

Si les premières croisières modernes se situent sur le Nil en 1869 (à l'initiative du Britannique Thomas Cook) et dans la mer Baltique vers 1900 (lancement du Sunniva, premier paquebot dédié uniquement à la croisière), le bassin Caraïbe va devenir la principale zone de croisière à partir des années 1920.

Présentation des documents Doc. 1 – Le tourisme de croisière dans le monde Cette carte en diagrammes circulaires présente la capacité d'accueil de croisiéristes au début de l'année 2016, calculée selon le nombre de lits disponibles par régions dans les compagnies maritimes. Si la domination des Caraïbes reste toujours évidente, avec un tiers de la capacité totale, d'autres marchés se développent tels que la Méditerranée (1/6 de la capacité), l'Europe du Nord, et surtout l'Asie orientale et l'Océanie. Il est intéressant de noter l'absence ou la faiblesse des activités de croisière loin des grands foyers de richesse, ou dans des régions instables. Le coût moyen assez élevé - de cette forme de tourisme explique la logique de l'localisation des 4 premières régions d'accueil, situées dans où à proximité immédiate des régions les plus riches de la planète. Doc. 2 – Une industrie en pleine croissance Ces graphiques montrent la forte croissance du nombre de croisiéristes dans le monde depuis le début des années 1990 (4 millions) à 2015 (23 millions), leur nombre ayant été multiplié quasiment par 6 en 25 ans, les plus fortes progressions s'étant produites autour de l'an 2000 et depuis 2010. Le document indique également l'évolution de l'origine des passagers, qui jusqu'en 2000 proviennent quasiment tous des États-Unis et du Canada. Depuis, le poids des Nord-américains a THEME 2 > Les mobilités humaines transnationales

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considérablement diminué (54 % des passagers en 2014), et les pays européens sont devenus les deuxièmes émetteurs de croisiéristes (23,5 %), tandis que les marchés australien et chinois sont en train d'exploser. Le nombre de passagers australiens est en effet passé de 158 000 en 2005 à près d'un million en 2015, et certaines estimations font état de 25 millions de croisiéristes chinois dans les 20 prochaines années. Doc. 3 – Des navires toujours plus grands et luxueux Si le commerce maritime a connu une croissance extraordinaire depuis les années 1950, c'est en grande partie lié à la mutation profonde des navires de marchandises, de plus en plus grands et spécialisés. Les paquebots de croisière ont connu depuis les années 1990 les mêmes types d'évolution, si bien que les navires les plus récents sont bien éloignés de la célèbre série télévisée américaine des années 1970-1980 « La Croisière s'amuse ». La recherche du gigantisme et de la diversité des activités à bord a fait des plus grands paquebots de croisière de véritables villes flottantes comprenant des salles de spectacle et des galeries marchandes, dans le but d'occuper et surtout de faire consommer les passagers. La multiplication de ces géants des mers pose cependant la question de la sécurité de près de 8 000 personnes embarquées dans un espace confiné, mais aussi celle de la capacité des ports à accueillir de tels navires. Doc. 4 – La transformation du port de Barcelone Beaucoup de villes portuaires ont connu une migration des activités portuaires des quartiers centraux vers des espaces périphériques en mesure d'accueillir un trafic toujours plus important et des bateaux de plus en plus grands. Il en a souvent résulté un délaissement des quartiers portuaires anciens. La photographie du port de Barcelone montre comment l'industrie de la croisière peut contribuer à remettre en valeur ces fronts de mer par lesquels les passagers embarquent et débarquent. Les effets d'entraînement peuvent se faire sentir dans l'ensemble du centre-ville de Barcelone, comme cela a pu être visible à Miami ou encore à Marseille.

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GÉOGRAPHIE

Doc. 5 – Les effets du tourisme de croisière à l’île des Pins (Nouvelle-Calédonie) Le tourisme de croisière a connu un développement rapide dans le Pacifique sud-ouest depuis la fin des années 1990. Au départ des grandes villes Australiennes (Sydney et Brisbane en particulier), un nombre croissant de passagers se rendent en Nouvelle-Calédonie ainsi qu'au Vanuatu. En Nouvelle-Calédonie le nombre de croisiéristes est passé de 48 000 en 2000 à 444 124 en 2015, devenant la première destination de l'outre-mer français. Située au sud de la Grande Terre calédonienne, l'île des Pins reçoit des paquebots depuis 1985 et demeure une des escales les plus prisées des croisiéristes, à tel point que leur nombre a doublé depuis 2010, de 100 000 par an à plus de 200 000 aujourd'hui. À raison de 2 à 4 touchers par semaine, l'activité rapporte des sommes non négligeables, qui peuvent déstabiliser les équilibres de cette île composée dans laquelle l'organisation coutumière reste prépondérante. Nombreux sont ceux à s'interroger sur la durabilité d'une activité basée sur l'irruption régulière de paquebots dont le nombre de passagers dépasse souvent le nombre des habitants de l'île. Les autorités coutumières ont fixé à 100 le nombre maximal de touchers annuels, tandis que les habitants de certaines tribus rendent l'accès à certains sites payants afin de limiter les flux et les nuisances sur l'environnement.

Réponses aux questions 1. Les trois principales régions d'accueil de croisières sont les Caraïbes, la Méditerranée et l'Europe du Nord. 2. Le nombre de croisiéristes a fortement augmenté depuis 1990, il a été presque multiplié par 6. La majorité des passagers viennent des États-Unis, du Canada et d'Europe. 3. Les croisières attirent toujours plus de passagers car les paquebots sont de plus en plus confortables et proposent une multitude d'activités très différentes. Les passagers peuvent faire du sport, assister à des spectacles, ou encore faire du shopping. 4. Le port de Barcelone a été rénové et embelli pour accueillir et satisfaire les croisiéristes. Des terminaux d'accueil, des promenades plantées

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de palmiers et un centre de congrès ont été aménagés. 5. Le tourisme de croisière peut rapporter des revenus importants pour les sociétés d'accueil, mais toute la population n'en profite pas forcément. Un grand nombre de paquebots et de passager peut également bouleverser le mode de vie des habitants, et dégrader l'environnement.

Changer d'échelle

(p. 214-215) 

Étude de cas a. Cancún se situe au Mexique, dans la région très touristique des Caraïbes. b. Les littoraux touristiques les plus attractifs sont les rivages de Méditerranée (Costa del Sol et Baléares en Espagne, Côte d'Azur en France, Grèce et Turquie), de Floride (Miami) et des Caraïbes, de Californie, d'Hawaii et de Thaïlande.

Dossier a. Barcelone se trouve en Espagne, sur les rivages de la Méditerranée. b. Les principaux ports de croisière se trouvent en Floride (Miami, Port Everglades, Port Canaveral) et dans les Caraïbes (Nassau), ainsi qu'en Méditerranée (Barcelone, Civitavecchia, Marseille, Venise).

Cours

(p. 216-217) 

Présentation des documents Doc. 1 – Nombre de touristes internationaux depuis 1995 (en millions) Ce graphique présente la croissance impressionnante des flux de touristes internationaux au cours des vingt dernières années, passant d'environ 500 millions en 1995 à plus d'un milliard en 2015. Il faut garder à l'esprit que ces chiffres, publiés par l'OMT (Organisation mondiale du tourisme, dont le siège est à Madrid), ne comptabilisent que les personnes se déplaçant en dehors de leur pays de résidence, pour des motifs essentiellement liés à l'agrément, et pour une durée comprise entre 1 jour et 1 an. Ces chiffres ne rendent donc pas compte du tourisme national (parfois appelé intérieur ou domestique), dont le volume est très compliqué à évaluer, ni des excursionnis-

tes (appelés « visiteurs de la journée » par l'OMT) qui ne passent pas une nuit à l'étranger, excluant ainsi une partie des croisiéristes en escale. Par ailleurs, l'OMT considère comme touristes des voyageurs se déplaçant pour des motifs autres que l'agrément, comme les voyages d'affaires (le tourisme d'affaires) ou des raisons de santé (tourisme médical). Enfin, parmi ces 1,18 milliard de touristes enregistrés en 2015, certaines personnes sont comptabilisées plusieurs fois au cours d'une année ; le nombre de touristes internationaux ayant voyagé au moins une fois à l'étranger s'avère donc inférieur. Doc. 2 – La station de sports d’hiver de Davos (Suisse) Avec les rivages de la Manche, de la Mer du Nord et la Côte d'Azur, les Alpes font partie des espaces fréquentés par les touristes dès le XVIIIe siècle. Beaucoup de stations alpines ont été lancées par des médecins ou aristocrates britanniques, vantant la contemplation de la montagne et les bienfaits du climat sur la santé. Dans le cas de Davos, c'est un médecin allemand qui, au cours des années 1850, contribua au premier développement touristique du village de Davos en y implantant un sanatorium. Au cours de l'entre-deux-guerres, la pratique des sports d'hivers (ski de fond et alpin en particulier) commence à dépasser les pratiques médicales. C'est également à cette époque que la station accueille régulièrement des congrès universitaires, préfigurant le futur forum économique mondial qui y tient sa réunion annuelle depuis 1971. La station vit aujourd'hui aussi bien des sports d'hiver que de l'organisation de congrès. Comme beaucoup de stations alpines développées dès les XVIIIe et XIXe siècles (Chamonix, Megève, Zermatt…), Davos est fréquentée par une clientèle aisée, voire jetset. Elle se distingue donc des stations intégrées créées à partir des années 1960, à haute altitude et isolées des villages préexistants (Les Arcs, Avoriaz…). Doc. 3 – Port El-Kantaoui (Tunisie) Cette photographie aérienne oblique de Port El-Kantaoui permet d'apprécier les effets spatiaux du tourisme sur le littoral. A l'instar de Cancún, Port El-Kantaoui est une station créée ex nihilo en 1979 par le gouvernement THEME 2 > Les mobilités humaines transnationales

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tunisien, sur le modèle des stations du Languedoc-Roussillon telles que la GrandeMotte. L'espace est centré sur une marina, dont le creusement et l'aménagement ont duré plusieurs années. L'architecture se caractérise par de petits immeubles collectifs et un style mauresque censé plonger les touristes dans une atmosphère authentique. Des années 1980 à aujourd'hui, un golf 18 trous et plusieurs hôtels de luxe sont sortis de terre. Port El-Kantaoui est assez caractéristique du tourisme de comptoir développé par la volonté étatique dans les années 1960-1970 dans beaucoup d'états souhaitant attirer des touristes étrangers et leur proposer un maximum d'activités dans les complexes hôteliers. La station de Yasmine Hammamet, un peu plus au nord et aménagée à la fin des années 1990, relève également de ce type de tourisme souvent critiqué pour les retombées modestes qu'il génère pour la population locale. Doc. 4 – Régate historique sur le Grand Canal de Venise Venise illustre parfaitement les conséquences ambivalentes du tourisme sur les populations locales et les espaces d'accueil. La ville, une des plus puissantes du monde au cours du Moyen Âge et pendant la Renaissance, est aujourd'hui tellement visitée qu'elle en a été totalement bouleversée. Si une partie des résidents a pu profiter des sommes versées chaque année par les touristes, la majorité des habitants n'est plus en mesure d'habiter les quartiers centraux, littéralement confisqués par l'activité touristique. Le succès de Venise rappelle que contrairement aux idées reçues, les espaces les plus visités dans le monde ne sont pas les stations balnéaires ou montagnardes, mais les grandes villes présentant un patrimoine historique, architectural et culturel remarquable : Paris, Londres, Rome ou New York reçoivent plus de 15 millions de visiteurs par an.

Réponses aux questions 1. Le nombre de touristes internationaux a plus que doublé depuis 1995, passant d'environ 500 millions à 1,18 milliard en 2015. L'augmentation est continue, sauf entre 2001 et 2003 et en 2009. 2. La stagnation du nombre de touristes en 2001 s'explique par les attentats du 11 sep152

GÉOGRAPHIE

tembre à New York. De nombreux touristes ont alors eu peur de prendre l'avion. Le recul de 2009 s'explique par la crise financière de 2007-2008, qui ruina un certain nombre de touristes potentiels. 3. Davos est une petite ville située dans une vallée entourée de forêts. On peut voir le centre de l'ancien village à gauche de la photographie (église), et de nombreux immeubles destinés à accueillir les touristes. On distingue une remontée mécanique à l'arrière-plan, et des pistes de ski en haut des versants. 4. Au centre de Port El-Kantaoui se trouve une marina, entourée de petits immeubles et de grands complexes hôteliers. En arrière-plan se trouve un golf et de l'habitat pavillonnaire. Il s'agit d'un comptoir touristique car la station est assez isolée des villages et villes environnantes, ce qui limite les contacts entre les touristes et la population locale.

Vérifier ses connaissances

(p. 218) 

1. • Trois grandes régions d'accueil des touristes internationaux : l'Europe/Méditerranée, la Floride/Caraïbes, et l'Asie du sud-est. • Deux grands ports de croisière : Miami et Barcelone. • Deux littoraux touristiques : Côte d'Azur et Floride. 2. a. L'Europe est la principale région d'accueil des touristes internationaux car près de la moitié s'y rendent aujourd'hui. Elle compte des villes et stations très renommées et visitées, comme Paris, Venise, Benidorm ou Davos. L'Europe est également la deuxième région d'accueil de croisiéristes. b. De nos jours, les grandes métropoles sont les lieux les plus visités car elles sont de grands hubs aéroportuaires, et constituent un passage obligé pour la majorité des touristes internationaux. Paris, Londres, New York ou Venise reçoivent plus de 15 millions de visiteurs par an. c. Le tourisme n'est pas toujours bénéfique pour les populations locales, car l'environnement peut être fortement dégradé, comme à Cancún ou Benidorm. Les habitants doivent parfois quitter les lieux du fait de la spéculation foncière (Venise), ou ne reçoivent que peu de retombées financières du tourisme (Cancún). Le tourisme peut également bouleverser les

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habitudes de vie de la population locale (Ethiopie, île des Pins). d. Le tourisme international est en plein essor depuis les années 1990 car le nombre de touristes a doublé ces 20 dernières années, et continue d'augmenter. La croisière connaît une croissance encore plus rapide, avec 23 millions de passagers en 2015 contre 4 millions en 1995. 3. a. La croisière se passe en Antarctique. b. Ces croisiéristes recherchent l'aventure et la découverte d'un espace inhabité et non fréquenté par les touristes. c. Le navire est beaucoup moins grand que les paquebots de croisières actuels. La forme de sa coque est plus adaptée aux mers glacées. Il ne semble pas y avoir autant d'activités que sur les grands paquebots de croisière. 4. b. Lieu touristique dans lequel les touristes n'ont que peu de contact avec les populations locales.

5. « Tourisme durable » : tourisme garantissant le respect de l'environnement et les intérêts des populations locales.

Exercer ses compétences

(p. 219) 

Appliquer la méthode Réponse à la question Espace étudié : la station de Port El-Kantaoui. Prise de vue : prise de vue aérienne oblique. Principales unités paysagères à dessiner : plage (jaune) ; comptoir touristique (rouge) ; marina (bleu) ; immeubles jouxtant la marina (mauve) ; principale route d'accès (gris) ; golf et espaces verts (vert) ; habitat pavillonnaire (orange).

THEME 2 > Les mobilités humaines transnationales

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DNB

Histoire, Géographie et Enseignement moral et civique

Exercice 1 – Analyser et comprendre des documents 1. On peut distinguer : – au premier plan, une « plage » (qui semble être en dur promenade ou terrasse d’un hôtel) avec des transats, des palmiers et un promontoire ; – ensuite la mer d’un bleu turquoise et transparente ainsi qu’une plage formant une baie, avec des transats ; – des bâtiments à quelques mètres de la plage forment une ligne d’horizon ; – enfin, la montagne au-dessus de ces bâtiments. 2. Les touristes viennent chercher le soleil, la mer, le sable et mais également les activités touristiques tels que restaurants, cafés… 3. Les logements au bord du littoral sont de grands complexes hôteliers en forme de tours ou de barres. Les logements à flanc de colline sont des maisons individuelles, des villas. On recherche les plaisirs de cet espace littoral tout en veillant à s’isoler, à se préserver. Ces logements sont destinés à une clientèle aisée. 4. Cette « carte postale » de Majorque se retrouve dans d’autres stations méditerranéennes en France, en Turquie ou encore en Tunisie. Par ailleurs, les stations touristiques en mer des Caraïbes (la « méditerranée américaine ») offrent le même paysage : on parle alors de baléarisation du littoral. Ces espaces entrent en concurrence et font peser des menaces sur leur environnement (bétonisation et pollution) : le cadre attractif devient ainsi répulsif et pousse les touristes vers d’autres destinations. Exercice 2 – Maîtriser différents langages pour raisonner et se repérer (mise en œuvre d’une démarche) Le tourisme international constitue le mouvement de population le plus massif que le monde ait jamais connu (près de 1,2 milliard de touristes en 2015). Le tourisme transforme les espaces où il se développe. Des espaces autrefois délaissés sont devenus attractif. Il en va ainsi de Cancún. Le littoral, qui a été « redessiné », a fait l’objet d’une grande politique d’aménagement : 154

GÉOGRAPHIE

construction de complexes hôteliers, infrastructures routières, aéroport, golf… Cette littoralisation, ce développement des stations balnéaires est un phénomène que l’on retrouve à la fois dans les pays du « Nord » et dans les pays du « Sud ». Le développement touristique fait ressentir ses effets dans le domaine économique. Les régions délaissées deviennent prospères comme c’est le cas à Cancun ou sur les littoraux du Languedoc et en Espagne. Le tourisme crée des emplois (restauration, hôtels, sociétés de transport…) mais également des formations en lien avec l’activité touristique. Les retombées économiques sont réelles pour un pays, une région. Ce fort développement du tourisme pose de nouveaux enjeux : faire en sorte que le tourisme soit durable et qu’il profite davantage aux populations locales. Exercice 3 - Enseignement moral et civique (mise en œuvre d’une démarche) 1. Deux organisations humanitaires (médecins du monde et SOS Méditerranée), le centre européen de formation continue maritime (CECEM). 2. La mission se déroule en Méditerranée qui a vu, au cours de l’année 2015, une hausse du nombre de migrants. Au sud de la méditerranée, les pays sont en proie à des conflits (Libye) et d’autres sont frappés par le terrorisme (Proche-Orient). 3. L’action de ces organisations est de sillonner la mer afin de venir en aide aux réfugiés et de les ramener en vie sur terre. Les médecins prodiguent les premiers soins : rassurer, réchauffer, soigner les brûlures… 4. • Un tract doit interroger, soulever un problème et proposer des solutions ; il doit faire passer une idée. • Un tract doit être direct : il faut transmettre un message clair et lisible. Il faut donc sélectionner et classer les arguments. Le tract est un document court qui doit être vite lu, vite compris. • Un tract peut être sous différentes formes : photo, dessin accompagné de quelques

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phrases posant les enjeux et solutions afin de sensibiliser et de mobiliser l’opinion. • Afin de sensibiliser le lecteur, variez les styles de phrases : phrase « classique » (sujet, verbe,

complément), phrase courte, phrase sans verbe, phrase interrogative…

THEME 2 > Les mobilités humaines transnationales

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THÈME 3

Des espaces transformés par la mondialisation Présentation du thème Ce troisième thème de 4e est centré sur les enjeux spatiaux liés à la mondialisation. Trois chapitres composent ce thème : les mers et les océans (chapitre 13) seront étudiés comme des espaces particulièrement emblématiques de ces enjeux. Ils sont d'abord des espaces parcourus de manière intensive par les transports maritimes. La conteneurisation est à ce titre un progrès essentiel depuis plus de 50 ans (l'invention date de 1956, Malcom Mac Lean). La maritimisation de l'économie est aujourd'hui une des composantes majeures du fonctionnement économique du monde alors que les littoraux concentrent les populations et les activités. Les deuxième et troisième sousthèmes permettent une présentation à grands traits des dynamiques spatiales que la mondialisation impulse dans deux grands ensembles géographiques, étudiés séparément, mais sans oublier de les mettre en lien autant que de besoin. Le territoire des États-Unis correspond au chapitre 14. On mettra l’accent sur l'adaptation de la première (ou deuxième) puissance mondiale aux nouvelles conditions économiques et sociales issues de la mondialisation. Enfin, le chapitre 15 a pour sujet le continent africain, qui est la partie du monde où la mondialisation produit des effets contrastés qui hiérarchisent les territoires africains. Dans certains d'entre eux, les potentiels de développement sont forts alors que dans d'autres les handicaps restent importants.

Présentation des pages d’ouverture (p. 230-231)  1 Miami, une ville ouverte sur le monde Il s’agit d’une photographie aérienne oblique de Miami, la plus grande ville de Floride, et une des villes les plus importantes des États-Unis (5 millions d'habitants). Elle est située au sud de l’état surnommé le « Sunshine State ». Elle est

aussi une des capitales touristiques américaines et mondiales, en particulier pour son port de croisières. Son climat subtropical permet d’accueillir des visiteurs toute l'année, entre autres sur les plages de Miami Beach. On fera travailler les élèves sur ce paysage portuaire avec ses différentes composantes (croisières, conteneurs) ainsi que sur le paysage urbain au second plan.

2 Mondialisation : le tour du monde d’un jeans Miami est incontestablement un bon exemple des enjeux liés à la mondialisation. C'est tout d'abord un espace portuaire : l'on sait que 80 % des échanges de marchandises sont réalisés par voie maritime. Par ailleurs, Miami un port sur l'océan Atlantique et la proximité du canal de Panama peut être pour Miami un atout déterminant. En effet, avec les nouvelles écluses (voir page 235 du livre élèves), les produits asiatiques devraient pouvoir desservir plus facilement les ports de la façade orientale des États-Unis, mais aussi les Caraïbes et l'Amérique latine. Enfin, il faut signaler que Miami est le premier port de croisière du monde avec comme zone privilégiée la mer Caraïbe.

Pages Regards

(p. 232-233) 

Construire des repères géographiques 1. Les principales façades littorales où les activités sont importantes sont celles de l'Europe du Nord-Ouest, de la côte Nord-Est des ÉtatsUnis et les littoraux du Japon. 2. Sur cette carte, un certain nombre d'éléments montrent que les mers et les océans sont des milieux fragiles : il y a tout d'abord la pression anthropique qui est très forte, en particulier à proximité des littoraux en Europe du Nord-Ouest et de la façade Pacifique asiatique. Par ailleurs, la carte fait état des accidents liés au transport ou à l'extraction du pétrole : sont THEME 3 > Des espaces transformés par la mondialisation

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indiqués en outre les naufrages de pétroliers qui, par le passé ont occasionné des marées noires catastrophiques : Prestige, Erika, Exxon Valdez… Quant aux accidents de plate-forme, on peut citer celui de Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique en 2010. 3. Les grandes régions des États-Unis sont : – le Nord-Est Atlantique qui demeure le cœur décisionnel du pays et un des principaux « centres » du monde ; – le croissant périphérique (en vert) correspond à une vaste zone qui s'étend des États du Nord-Ouest du pays (Washington) jusqu'à la Virginie ; – en jaune, les régions agricoles et peu peuplées sont moins dynamiques et constituent des espaces en réserve.

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GÉOGRAPHIE

4. La Mégalopolis Atlantique correspond à une vaste région urbaine au Nord-Est des ÉtatsUnis qui s'étend de Boston à Washington et qui représente un espace urbanisé continu de plus de 800 km de long. 5. La « Sun blet » signifie « ceinture du soleil » : on dit aussi « croissant périphérique » car les régions qui le constituent sont géographiquement « en périphérie » par rapport au cœur décisionnel du Nord-Est. Toutefois ce sont essentiellement des régions dynamiques, le terme « périphérique » ne signifiant pas là « marginalisées ».

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CHAPITRE

13

Mers et océans : un monde maritimisé

Présentation du chapitre Le chapitre 13 correspond au premier sousthème du programme : il traite des mers et des océans. On mettra en évidence plusieurs caractéristiques géographiques de ces milieux qui couvrent 71 % de la surface terrestre. Ce sont des espaces emblématiques des enjeux actuels, dans le cadre d'une économie et d'échanges mondialisés. Près de 50 000 navires transportant 10 milliards de tonnes sillonnent les grandes routes océaniques. Outre les transports maritimes dont on mesure l'importance économique, on étudiera les littoraux qui concentrent les populations et les activités à travers l'étude de cas de Shanghai. L'autre double page du chapitre sera consacrée à la fragilité des milieux maritimes : les mers et les océans sont des régulateurs climatiques, ce sont des zones exploitées pour de multiples ressources comme la pêche, le pétrole ou les nodules polymétalliques. Le problème majeur aujourd'hui est donc la préservation des espaces maritimes.

Pages d’ouverture

(p. 234-235) 

Le but assigné à cette double page d'ouverture du chapitre est sensibiliser les élèves plus spécifiquement à la problématique des transports par mer. Les deux documents ont été choisis pour illustrer le vieillissement des flottes et les passages stratégiques.

Présentation des documents Doc. 1 – Démantèlement des navires en fin de vie dans les chantiers de Chittagong (Bangladesh) Il s'agit d'une photographie qui montre le chantier de démantèlement des navires à Chittagong (Bangladesh), située au fond du golfe du Bengale. Dans la deuxième ville du Bangladesh qui est le premier port du pays, on accueille les bateaux qui viennent « mourir » quand personne ne sait plus quoi en faire. Sur plus de 13 kilomètres, les carcasses désossées d'acier sont entreposées avant d'être démontées. Ces navires en fin de vie proviennent d'Al-

lemagne, de Singapour et même de France. La tonne d'acier est vendue 400 dollars au Bangladesh. Les acheteurs sont des hommes d'affaires qui vont tout recycler à bas coût. Au Bangladesh, 60 % de l'acier consommé vient des chantiers de Chittagong. Pourtant de nombreux opposants dénoncent les conséquences écologiques et humaines de ces chantiers qui sont les premiers du monde avec plus d'un million de tonnes de métaux traités par an. Le coût de la main d’œuvre, un des plus bas de la planète, explique en grande partie cette position dominante. Sur les plages de Sitakundu, dans le plus grand cimetière de bateaux du monde, les explosions meurtrières sont fréquentes, et les conditions de travail extrêmement difficiles. Ces navires sont remplis de produits et substances dangereuses, tels l’amiante, la peinture au plomb, des métaux lourds comme le cadmium et l’arsenic, et parfois même des substances radioactives. Ce cimetière à bateaux de Chittagong est donc la poubelle des pays riches, et notamment de l’Europe qui ferment les yeux sur des conditions écologiques et sociales désastreuses dans un des pays le plus pauvres du monde. Doc. 2 – Le doublement du canal de Panama • Il s'agit d'une photographie aérienne oblique du canal de Panama, l'un des passages stratégiques importants de la planète. Il se trouve que le canal fait l'objet d'aménagements importants qui visent à améliorer son accessibilité. • Le canal de Panama est donc un chenal maritime, qui traverse l'isthme de Panama, reliant l'océan Pacifique à l'océan Atlantique. Sa construction (1880) a été l'un des projets les plus difficiles jamais entrepris. Il permet aujourd'hui aux navires de ne pas faire route par le détroit de Magellan. Chaque année, il est emprunté par plus de 14 000 navires transportant plus de 200 millions de tonnes de cargaison. Des travaux d'élargissement du canal ont été lancés en septembre 2007 et seront terminés en 2016-2017, pour livrer passage à des navires de plus gros tonnages transportant jusqu'à 12 000 conteneurs, soit plus du double de la THEME 3 > Des espaces transformés par la mondialisation

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charge actuellement autorisée à emprunter cette voie navigable. Les travaux des nouvelles écluses ont été confiés à une entreprise italienne : Impregilo.

Réponses aux questions 1. Les pays qui possèdent les navires en fin de vie s'en débarrassent dans un pays pauvre, comme le Bangladesh, parce que la main d’œuvre est d'une part bon marché. De plus, les ouvriers acceptent de travailler dans des conditions déplorables où ils mettent en péril leur santé, à cause des produits dangereux manipulés. 2. Les canaux transocéaniques sont des passages stratégiques par ce qu'ils permettent de raccourcir les distances parcourues. Par exemple, il faut 8 à 10 heures pour parcourir les 80 km du canal alors, il faudrait 21 jours de plus en passant par le cap Horn, au sud de l'Amérique latine. 3. L’État de Panama retire des bénéfices considérables des passages de navires : en effet, le droit de passage pour un porte-conteneurs ou un navire de croisière s'élève en moyenne à 300 000 dollars. On estime que le canal de Panama voit passer chaque année environ 14 000 navires.

Étude de cas

(p. 236-237) 

Shanghai, un grand port dans la mondialisation Cette étude de cas est centrée sur l'un des plus grands ports du monde : celui de Shanghai. Cela traduit ainsi la suprématie de la façade Pacifique chinoise qui rassemble 8 des 10 premiers ports mondiaux. Le port de Shanghai se caractérise par la multiplicité des sites qui s'égrènent depuis le port fluvial sur le Yangzi jusqu'au nouveau port gigantesque en eaux profondes de Yangshan. En effet, le port historique de Shanghai, coincé en plein centreville était incapable de recevoir les navires les plus modernes et à fort tirant d'eau. Il s'est donc dédoublé vers l'aval du fleuve avec le port de Waigaoqiao qui s'étend désormais tout au long de l'estuaire, y compris sur une île centrale du Yangzi. Cependant, l'évolution du trafic est telle que, dès 2005, la construction d'un nouveau port en eau profonde est envisagée.

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GÉOGRAPHIE

Les îles Yangshan, au sud de l'estuaire, sont alors aménagées et donnent naissance à un port à fort tirant d'eau, capable d'accueillir les plus gros tankers ou les porte-conteneurs les plus imposants. Le port de Yangshan est relié au continent par le pont du Donghai, long de 32,5 km.

Présentation des documents Doc. 1 – L’évolution du trafic portuaire de Shanghai Ce document présente l'évolution du trafic de Shanghai depuis 1972. On peut commencer par montrer aux élèves la progression exponentielle du trafic des ports de Shanghai : en 42 ans le trafic portuaire a été multiplié par 17. Mais attention, la lecture du graphique en colonnes ne doit pas faire penser que la progression est régulière. Il faut bien faire observer aux élèves les dates retenues et les écarts. Doc. 2 – Le port en eaux profondes de Yangshan Il s'agit pour le professeur de faire décrire cet espace portuaire hors normes et ses équipements. La première phase du projet a été construite à l'extrémité ouest (2005) et comprend dix portiques Post Panamax (c'est-à-dire des navires qui sont supérieurs en taille à ceux qui peuvent emprunter le canal de Panama). Une deuxième phase a été ensuite construite (2006), d'une surface de 72 hectares, desservie par quinze portiques Post-Panamax. La suite du projet est de construire une troisième puis une quatrième phase, portant la longueur des quais pour porte-conteneurs à 10 km. Le tirant d'eau du port est de 15 m, ce qui permet d’accueillir les plus gros navires. Doc. 3 – Le port de Waigaoqiao, au cœur de Shanghai Cette photographie montre le port de Waigaoqiao, pour lequel on fera une analyse de paysage. Les numéros inscrits sur le cliché permettent de repérer l'environnement urbain et le contexte fluvial de manière à faire comprendre à la classe les contraintes de cet espace portuaire dans le cadre de la mondialisation. Doc. 4 – Le port de Yangshan, grand comme 476 terrains de football ! On mettra bien évidemment en rapport ce texte tiré d'un reportage effectué en 2015 et

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la photographie (doc. 2). On fera par exemple relever aux élèves les chiffres les plus caractéristiques qui illustrent le gigantisme et l'efficacité de ce port chinois. Doc. 5 – Les différentes installations portuaires de Shanghai Il s'agit bien évidemment de situer les différentes zones portuaires les unes par rapport aux autres et de montrer l'environnement urbain, avec en particulier les quartiers anciens de Puxi et le nouveau quartier d'affaires de Pudong. On fera relever aussi la spécialisation des différents ports. Doc. 6 – La zone pilote de libre-échange de Shanghai Ce dernier document est consacré à la zone pilote de libre-échange de Shanghai. Rappelons quelle est sa vocation : cette zone libreéchange (ZLE) a été mise en place en 2013 ; couvrant une superficie de 28 km², elle regroupe quatre zones franches existantes, à savoir la zone franche de Waigaoqiao, la zone franche du parc de logistique de Waigaoqiao, la zone franche du port de Yangshan et la zone franche de l’aéroport international de Pudong. L’établissement de cette zone est essentiel pour permettre au pays de s’adapter au développement économique et commercial mondial et de promouvoir une stratégie d’ouverture. La zone a été créée pour aider à renforcer la compétitivité de la Chine dans le monde, et constitue une nouvelle plate-forme de coopération entre la Chine et d’autres pays. Au sein de la zone pilote de Shanghai, les services financiers, commerciaux, culturels, éducatifs et de santé, qui étaient auparavant confrontés à de nombreuses restrictions, devraient désormais bénéficier de davantage d’opportunités de développement. L’objectif de ces transformations est de supprimer les procédures administratives superflues, de faciliter l’implantation de sociétés étrangères dans la zone et de développer le secteur des services.

Réponses aux questions 1. Le trafic du port de Shanghai est en constante augmentation. Il est passé de 45 millions de tonnes en 1972 à 755 millions en 2014. Cette progression est surtout visible depuis les

années 2000 (triplement du trafic entre 2000 et 2010). 2. Le port de Waigaoqiao est un port situé sur les rives du Yangzi et donc le tirant d'eau réduit ne permet pas d'accueillir les plus gros navires. De plus, le Yangzi est un fleuve qui dépose beaucoup d'alluvions et le port a tendance à s'ensabler. En revanche, les terminaux de Yangshan sont en eaux profondes (15,5 m de tirant d'eau) : les gros gros porte-conteneurs du monde peuvent être chargés et déchargés grâce à des équipements de pointe (grues et portiques). 3. On peut faire correspondre les numéros de cette image avec les équipements portuaires : par exemple : le numéro 4 représente les grues et portiques nécessaires au chargement et au déchargement des conteneurs. Ces derniers sont entreposés sur le quai (3), alors que d'autres marchandises trouvent leur place dans les entrepôts (5). 4. On peut distinguer sur ce plan : – la zone industrialo-portuaire de Waigaoqiao ; – les chantiers navals, sur une île au milieu du fleuve Yangzi ; – les zones industrielles qui sont disséminées dans l'île de Chongming, mais aussi au sud et au sud-est de la ville ; – le port en eau profonde de Yangshan, relié au continent par le pont de Donghai. 5. La ZLE pilote de Shanghai est destinée à relancer l'attractivité de la ville pour les investissements étrangers. Il s'agit d'attirer de nouvelles entreprises étrangères (ou chinoises) en offrant des conditions, en particulier fiscales, intéressantes.

Activité L'objectif de cette activité est de réaliser un diaporama. Vous disposez pour cela de nombreux logiciel plus ou moins perfectionnés. Powerpoint permet un travail déjà élaboré, avec utilisation de photos, voire de vidéos ou d'un commentaire-son. Le travail demandé porte pour plus de facilités sur Shanghai, mais rien ne vous empêchede proposer aux élèves de choisir un autre grand port mondial (Singapour, Rotterdam, ou si vous préférez la Chine, Hong Kong).

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Dossier

(p. 236-237) 

Des territoires maritimes parcourus, exploités mais fragiles Il est apparu opportun de proposer un dossier après l'étude de cas du port de Shanghai, symbolisant les espaces géographiques littoraux dynamisés par la mondialisation. Dans ce dossier, plusieurs axes seront mis en valeur et exprimés par les trois qualificatifs du titre du dossier : « parcourus, exploités, fragiles. » Doc. 1 – Le réseau mondial du transport maritime Cette carte permet aux élèves de s'informer sur le réseau de transports maritimes avec plusieurs informations indispensables : les grandes routes maritimes et les passages stratégiques empruntés, les principaux ports mondiaux ainsi que les zones de piraterie. Doc. 2 – Pêche maritime : les dix premiers pays producteurs mondiaux (en millions de tonnes) Le thème de ce tableau concerne les prises mondiales de la pêche maritime. On peut y retrouver les dix premiers pays producteurs au monde. Doc. 3 – « Quand la mer Jaune devient verte » Ce document illustre la thématique de la pollution des mers et des océans. Le phénomène des algues vertes est connu sur les plages de Bretagne. Ces algues sont néfastes pour l'environnement : l'épaisseur de la couche en surface peut ainsi modifier radicalement la composition de l'écosystème sous-marin, en empêchant les rayons du soleil de pénétrer dans l'océan et en absorbant l'oxygène de l'eau nécessaire à la vie marine. Celles qui ont envahi les plages de Qingdao en 2013 ont nécessité l'envoi de centaines de bateaux et de bulldozers pour nettoyer les eaux proches du rivage : 20 000 tonnes d'algues ont été transformées en nourriture pour animaux. Doc. 4 – Les zones de production de pétrole et de gaz offshore (en mer) dans le monde Cette carte met l'accent sur les zones de production de pétrole et de gaz offshore. Il faudra repérer avec précision les espaces maritimes concernés et les faire mémoriser aux élèves.

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GÉOGRAPHIE

Doc. 5 – La pollution des océans Ce document traite également de la pollution de la mer. C'est un texte de géographes spécialistes des espaces maritimes, Antoine Frémont et Anne Frémont Vanacore. On fera repérer aux élèves l'importance des chiffres et les diverses formes de pollution. Doc. 6 – Le lagon de Nouvelle-Calédonie Le lagon de Nouvelle-Calédonie illustre l'idée de protection des mers et océans. Ces sites exceptionnels sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. La photographie montre un des sites emblématiques du tourisme calédonien : c'est le phare Amédée qui balise l'entrée du port par l'une des rares passes accessibles pour les navires de fort tonnage qui veulent accéder au port de Nouméa. Les lagons protégés constituent six zones marines représentant l’ensemble de la diversité des récifs et écosystèmes de l'archipel, un des trois systèmes récifaux les plus vastes du monde. Ces sites, d’une beauté extraordinaire, abrite une diversité exceptionnelle d’espèces de coraux et de poissons. Les lagons et récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie abritent de grands prédateurs (requins) et un nombre considérable de différents poissons de grande taille. Ils offrent un habitat pour plusieurs espèces marines en danger, comme les tortues, les baleines ou les dugongs.

Réponses aux questions 1. Les principales routes maritimes relient les trois pôles mondiaux de puissance. On peut citer par exemple, la grande route maritime mondiale qui part d'Asie, passe en mer de Chine, franchit le détroit de Malacca et gagne l'océan Indien. Le parcours se poursuit par le Canal de Suez, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar pour atteindre l'Europe. 2. La carte indique aussi les autres routes maritimes : les routes de l'Arctique (1 et 2) raccourcissent les distances entre l'Asie, l'Europe et l'Amérique, mais celles-ci ne sont accessibles que pendant quelques mois l'été. Quant à la route maritime 3, elle emprunte le canal de Panama dont les travaux et les nouvelles écluses permettront le passage de navires plus volumineux (12 000 EVP) pour joindre l'Asie aux côtes Atlantique des États-Unis et d'Amérique du Sud (Brésil).

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3. Le contient le plus représenté pour la pêche est l'Asie : 7 des 10 pays producteurs mondiaux de pêche sont asiatiques. La Chine représente trois fois la production du pays classé second, l'Indonésie. 4. Comme le montrent les documents 2 et 4, les mers et océans sont des espaces fortement exploités. On peut ainsi repérer les prises de la pêche (les pays producteurs) et les zones géographiques concernant les ressources en hydrocarbures ; pour ces dernières, on peut ainsi noter l'importance des gisements offshore à proximité de tous les continents : en Mer du Nord (Europe), au large du Golfe de Guinée (Afrique), du Golfe persique (Moyen Orient), du Golfe du Mexique (Amérique), et de la mer de Chine (Asie). 5. Le document 3 évoque une pollution particulièrement spectaculaire : les algues vertes. Quant au texte 5, il cite d'autres types de pollution. Il convient de noter que 80 % de la pollution des océans proviennent de la terre. Les mers sont parcourues par 269 000 tonnes de débris de toutes tailles qui flottent à la surface (ex : plastique dont la décomposition est très lente). En plus des activités humaines (tourisme, navigation), la pollution peut être accidentelle : (marée noire, déchets radioactifs comme à Fukushima). 6. Les moyens pour lutter contre les pollutions des mers et des océans sont : la création de zones préservées (lagon de NouvelleCalédonie, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco) ; des campagnes de sensibilisation, orchestrées par des associations de protection des milieux maritimes comme Greenpeace ou Sea Sheperd.

Activité • L'exercice demandé est l'écriture d'un article de presse ayant pour sujet l'impact de la mondialisation des espaces maritimes. Le plan est indiqué : introduction, trois paragraphes (transport, ressources et protection), illustrés par des images appropriées, une conclusion. • En plus des documents fournis dans cette double page, les élèves peuvent procéder à une recherche documentaire au CDI ou sur Internet.

Changer d’échelle

(p. 240-241) 

Étude ce cas a. La zone géographique dominante dans le classement des ports mondiaux est l'Asie Pacifique. Les ports asiatiques occupent par exemple les 5 premières places. b. Cette domination des ports asiatiques traduit la domination de ce continent considéré comme « l'atelier du monde ». Les produits chinois transportés par voie maritime inondent tous les continents.

Dossier a. Les principales zones de pêche intensive dans le monde sont : l'Asie du Nord-Est et de l'Est ; les côtes occidentales de l'Afrique, la mer du Nord, l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et du Sud. On remarque que la plupart des zones de pêche intensive sont situées dans l'hémisphère Nord, en particulier les eaux froides septentrionales. b. Il est important de préserver les ressources des mers et des océans car elles participent pour l'essentiel de la biodiversité. En effet, l’exploitation des ressources marines s’est intensifiée au cours du XXe siècle. Représentant cinq millions de tonnes par an à la fin du XIXe siècle, les prélèvements halieutiques ont été multipliés par vingt, avec une estimation sur l’ensemble des océans de 80 à 100 millions de tonnes par an. Les réserves s’amenuisent à proximité des côtes, les pêcheurs explorent des zones de plus en plus profondes. Même si les proportions de prises plafonnent aujourd'hui ces pratiques ont de lourdes conséquences pour le fonctionnement des écosystèmes marins.

Cours

(p. 242-243) 

Présentation des documents Doc. 1 – Le vraquier Pierre LD (170 000 tonnes) de la compagnie Louis Dreyfus Armateurs Ce type de document illustre le transport maritime : rappelons aux élèves ce qu'est un vraquier (ou vracquier) : c'est un navire de charge destiné au transport de marchandises solides en vrac. Il peut s'agir de sable, de granulats, de

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céréales mais aussi de matériaux denses comme les minéraux ou minerais (bauxite, nickel, phosphate…). La société Louis Dreyfus Armateurs (LDA) est, depuis plus de 160 ans, un groupe familial français de services et de transports maritimes. Il est spécialisé dans le transport maritime de vrac sec et représente l’un des principaux acteurs mondiaux du transport et de la logistique. À noter que les bateaux du groupe LDA naviguent sous pavillons français. Cette société emploie près de 1 600 collaborateurs navigants et sédentaires et dispose d'une soixantaine de navires. L'une des spécialités du groupe est aussi la pose et la réparation de câbles sous-marins, le transport de colis lourds et spéciaux par exemple pour le compte d'Airbus. Doc. 2 – Les câbles sous-marins parcourent la planète Cette carte met en évidence le réseau des câbles sous-marins. On peut préciser qu’elle remet en cause une idée reçue sur l'importance des satellites dans le transport de données Internet. En effet il existe près de 300 câbles sous-marins et pour les communications internationales, plus de 99 % du trafic passe par les câbles sous-marins. Le transfert des données par câbles est beaucoup moins cher. Il existe toutefois encore des inégalités selon les pays. Par exemple, les câbles sousmarins qui relient l'Europe aux États-Unis ne sont utilisés qu'à 20 % de leur capacité. Doc. 3 – Les fermes d'éoliennes offshore en Europe Une éolienne offshore, c'est à dire installée en mer, permet de convertir la force du vent en électricité. Le terme anglais « offshore » signifie littéralement « hors côtes », par opposition aux éoliennes terrestres ou « onshore ». Les éoliennes offshores fonctionnent selon le même principe que les modèles terrestres traditionnels : elles utilisent l’énergie cinétique du vent pour la transformer en électricité. Lorsqu’une éolienne produit de l’électricité, on peut également la qualifier d’aérogénérateur. Le vent fait tourner des pales, généralement trois. Celles-ci entraînent un générateur qui transforme l’énergie mécanique créée en énergie électrique, suivant le principe d’une dynamo. La différence entre un modèle marin

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GÉOGRAPHIE

et terrestre d’éolienne tient à la nature des fondations, qui lui permettent d’être fixée dans le sol ou ancrée au fond de la mer. Les éoliennes offshores doivent également être très robustes afin de résister aux conditions marines difficiles. Elles sont le plus souvent rassemblées dans un « parc éolien » ou « ferme éolienne » comportant généralement entre 20 et 50 éoliennes de 2 à 5 MW. Doc. 4 – Explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, avril 2010 Ce document présente l'une des catastrophes les plus graves concernant les plates-formes pétrolières : il s'agit de la plate-forme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique en 2010. Le 22 avril 2010, la plate-forme d'exploration « Deepwater Horizon », exploitée par la compagnie British Petroleum (BP), sombrait au large de la Louisiane suite à une série d'explosions. Ce naufrage a entraîné la pire marée noire de l'histoire des États-Unis : pendant plus de 5 mois, du pétrole et du gaz se sont échappés des puits de forage de la plate-forme sinistrée. On estime qu'en moyenne 11 130 tonnes de gaz et pétrole se sont répandus chaque jour dans l'environnement marin et ce pendant 150 jours. BP, la compagnie pétrolière impliquée, a dû payer une amende record.

Réponses aux questions 1. Ce type de navire illustre bien la mondialisation du transport maritime car ces navires transportent du vrac sec et sont de grandes tailles « capesize » (ils dépassent les tailles Panamax et Suezmax). La plupart d'entre eux ne peuvent donc emprunter les canaux transocéaniques mais font « le tour » par le sud de l'Afrique ou de l'Amérique du Sud. 2. Les principaux pôles reliés par les câbles sous-marins sont l'Europe, les États-Unis et l'Asie. Mais il existe aussi des relations efficaces entre Amérique du Nord et du Sud, Europe et Afrique, ainsi que les différentes parties de l'Asie (Asie de l'Est, du Sud-Est et du Sud). L'Océanie (Australie et Nouvelle Zélande) est également bien reliée au reste du monde. 3. Les câbles sous-marins sont nécessaires à l'économie mondialisée pour le transfert rapide de données. Internet est aujourd'hui un outil indispensable (rapide et fiable) au fonctionnement de la mondialisation.

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4. Si le Royaume-Uni est en tête des pays pour les éoliennes « offshore », suivi de pays d'Europe du Nord (Danemark, Suède, Allemagne…), la France est très en retard : on en est au stade des projets en particulier sur les côtes de l'Ouest du pays. Les mises en services ne sont programmées que pour 2027. 5. L’une des menaces qui pèse sur les mers et océans et qu’illustre ce document est la marée noire : ce peut-être, comme ici l'explosion d’une plate-forme, mais aussi le naufrage de pétroliers. On peut renvoyer à la carte 1 page 232.

Vérifier ses connaissances

(p. 244) 

1. 1. Océan Atlantique ; 2. Océan Indien ; 3. Mer Méditerranée ; 4. Océan Pacifique. A. Détroit de Gibraltar ; B. Canal de Suez ; C. Canal de Paname ; D. Détroit de Malacca. 2. a. « Les principales routes maritimes relient des zones de production et des zones de consommation. » L'Asie (et la Chine) sont des zones de productions de produits manufacturés et de biens d'équipement. L'Europe est une des principales zones de consommation. On peut citer en exemple, la principale route mondiale des conteneurs qui part d'Asie, traverse la mer de Chine du Sud et rejoint l'océan Indien par le détroit de Malacca. Puis les porteconteneurs franchissent le canal de Suez, empruntent la Méditerranée et arrivent dans l'océan Atlantique par le détroit de Gibraltar. b. « La hiérarchie des façades maritimes reflète l’organisation économique du monde actuel. » Les principales façades maritimes sont l'Asie Pacifique, la Northern Range en Europe et les façades Atlantique et Pacifique des États-Unis. Cela correspond aux espaces les plus dynamiques de la mondialisation (ce qu'on appelait la « Triade »), aujourd'hui on parle plutôt des trois grands pôles de puissance mondiaux. c. « Les littoraux sont aussi devenus des espaces de tourisme. » L'une des activités humaines liées aux littoraux est le tourisme balnéaire. Il génère des équipements spécifiques comme les stations de bord de mer, les marinas et ports de plaisance. Certains grands ports (Barcelone en Europe, Miami aux États-Unis) sont essentiels pour le tourisme de croisière. Cela néces-

site également des aménagements portuaires spécifiques (les terminaux « croisière »). d. « L’océan glacial arctique attire les convoitises des pays riverains. » C'est une zone qui est convoitée essentiellement pour deux raisons : les ressources minières et hydrocarbures qu'elle recèle et les routes maritimes du NordEst et du Nord-Ouest qui pourraient réduire notablement les distances entre l'Asie, l'Europe et les États-Unis. Toutefois, il existe un handicap majeur : ces routes du grand Nord ne sont praticables que pendant quelques mois en été. 3. a. Part de plus en plus importante prise par les littoraux dans l’économie des pays riverains des mers et des océans. 4. Le terme anglais « offshore » signifie littéralement « hors côtes », par opposition aux énergies terrestres ou « onshore ». Les éoliennes « offshores », sont donc installées en mer et utilisent l’énergie cinétique du vent pour la transformer en électricité. Les autres énergies « offshore » sont par exemple les usines marémotrices qui se servent de la force des marées (ex : l'usine marémotrice de la Rance dans l'Ouest de la France). Il existe aussi d'autres formes d'énergie « offshore » par exemple, les centrales houlomotrices. 5. L'un des enjeux majeurs qui concernent les mers et les océans aujourd'hui est la préservation de ces espaces qui sont en danger. La photographie illustre le nettoyage des littoraux, comme ici sur la plage de Tipasa en Algérie. En effet, les mers et les océans, constituent un patrimoine précieux pour l’humanité. Mais les activités humaines mettent en danger les milieux maritimes. On sait que 80 % des déchets que l'on trouve en mer viennent de la terre, les 20 % restant étant le fait du tourisme de croisière ou de plaisance et naturellement des autres navires commerciaux qui sillonnent les milieux maritimes.

Exercer ses compétences

(p. 245) 

Appliquer la méthode Réponse à la question • Tout d'abord, la première route emprunte le détroit de Malacca, le canal de Suez et le détroit de Gibraltar. Elle joint Tianjin (en Chine) à Rotterdam (aux Pays-Bas) ; le voyage

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s'effectue en 48 jours. En revanche, ce trajet ne dure que 33 jours (donc 15 jours de moins) en passant par l'océan glacial Arctique. • Toutefois, l'élève devra bien comprendre que cette carte présente un point de vue subjectif

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GÉOGRAPHIE

puisque la route du Nord-Est qui longe les côtes russes n'est ouverte que quelques mois durant l'été.

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CHAPITRE

14

L’adaptation du territoire des États-Unis aux nouvelles conditions de la mondialisation

Présentation du chapitre Le chapitre 14 est l'un des sous-thèmes qui permettent de présenter les dynamiques spatiales que la mondialisation impulse dans un grand ensemble géographique : les États-Unis. Le territoire des États-Unis est un exemple révélateur des adaptations d'une grande puissance attractive qui, en outre, accueille des flux migratoires importants, surtout hispaniques. La mondialisation impose donc de nouvelles conditions économiques, sociales et spatiales. Une précision sur la puissance économique des États-Unis : elle est mesurée en termes de « parité de pouvoir d’achat » (PPA), ce qui permet de mieux prendre en compte ce que peuvent acheter localement les devises de chaque pays. Le produit intérieur brut (PIB) chinois dépasse légèrement celui des États-Unis, en revanche, les États-Unis conserveront en 2016 leur première place si l'on considère le PIB en dollars courants (autour de 18 000 milliards de dollars. Selon les prévisions du FMI, ils conserveront aussi en 2016 leur avance sur la Chine, deuxième du classement avec un PIB d'environ 12 000 milliards de dollars. Les principales mutations territoriales aux États-Unis s'expriment par une littoralisation des activités : les deux études de cas concernent en effet : – la Mégalopolis Atlantique, cœur décisionnel du pays et du monde ; – la Californie, dont l'ouverture sur le Pacifique et le monde asiatique est un avantage certain dans le cadre de la mondialisation.

Pages d’ouverture

(p. 246-247) 

Présentation des documents Le but assigné à cette double page d'ouverture du chapitre est de présenter les contrastes spatiaux de la première puissance mondiale, en l'occurrence des espaces vides et des concentrations urbaines gigantesques.

Doc. 1 Un espace peu intégré dans la mondialisation : la route 190 traversant la vallée de la Mort, en Californie La route 190 traverse l’un des paysages les plus désertiques des États-Unis : la Death Valley ou vallée de la Mort. D’une superficie de 13 354 km², c’est le point le plus chaud et le plus aride de tous les États-Unis : un désert où la température, en été, dépasse constamment 40 °C à l’ombre. C’est dans la vallée de la Mort que fut enregistrée la température la plus élevée à la surface du globe : 56,7 °C en 1913. C'est aussi un des endroits les plus secs de la planète : certaines années, aucune goutte d’eau ne tombe. Doc. 2 – New York, une ville mondiale bien intégrée dans la mondialisation Cette photographie de New York et particulièrement de la pointe sud de Manhattan illustre l’une des grandes métropoles mondiales. New York est un des centres de pouvoir du monde. Premier pôle financier avec Wall Street, lieu du siège mondial de l’ONU, New York est l’un des principaux espaces de décision de la planète. La rubrique « Pour lire l'image » permettra d'aider les élèves à identifier les différentes composantes du paysage (cours d'eau, gratteciel, ponts, etc.).

Réponses aux questions 1. Le document 1 présente un certain nombre de différences par rapport à la photographie de la page 247. Il s'agit d'un paysage désertique parcouru par une route quasiment rectiligne. Cela permet de souligner les contrastes paysagers du territoire américain, les oppositions entre villes et espaces ruraux. 2. On peut retrouver sur cette photographie les éléments représentatifs d'une grande métropole mondiale, avec les gratte-ciel du CBD, le centre financier (Wall Street) et le siège d'une grande organisation internationale (Organisation des Nations unies).

THEME 3 > Des espaces transformés par la mondialisation

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Étude de cas 1

(p. 248-249) 

La Mégalopolis atlantique, centre d’impulsion de la mondialisation Cette étude de cas est centrée sur l'une des régions motrices des États-Unis et un des centres d'impulsion de la planète. Ce terme de Mégalopolis, inventé par Jean Gottmann en 1961 désigne l’ensemble urbain compris entre Boston et Washington sur la côte Est des ÉtatsUnis. Cet espace présente plusieurs caractéristiques : – un centre d’impulsion américain avec New York (capitale financière du pays) et Washington (capitale politique). Boston est la capitale universitaire (Harvard et MIT) et Philadelphie est l’une des capitales historiques des ÉtatsUnis ; – à l'échelle du monde, la Mégalopolis Atlantique est un pôle d’influence. L'Organisation des Nations unies siège à New York ; la politique mondiale est souvent décidée à la Maison Blanche à Washington.

Présentation des documents Doc. 1 – La Mégalopolis Cette carte qui décrit l'espace mégalopolitain est le document de référence de la double page. Elle permet de situer les centres urbains les uns par rapport aux autres et les différentes dynamiques (économiques, commerciales, logistiques) de ce territoire allongé sur plus de 800 km. Doc. 2 – Boston, la ville campus Il s'agit pour le professeur de montrer aux élèves l'importance de Boston sur le plan des universités et de la Recherche. À l'heure où l'économie est dominée par les Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), Boston est une pièce maîtresse de la supériorité des États-Unis en la matière. Le texte, tiré de la revue « L'Étudiant » met l'accent sur le dynamisme de l'innovation, ce qu'ont bien compris de grandes sociétés qui se sont implantées à proximité des grands centres universitaires. Doc. 3 – Washington, un rôle mondial Après Boston, il convient de s'intéresser à Washington. On fera identifier, grâce aux numéros, deux des sites essentiels qui symbo-

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GÉOGRAPHIE

lisent la puissance des États-Unis. La ville de Washington DC a été fondée en 1791, elle est coupée en diagonale par la rivière Potomac. La ville a hérité son nom du premier président des États-Unis, George Washington, tandis que le District of Colombia a été nommé ainsi en hommage à Christophe Colomb. Les principales institutions qu'abrite la ville sont la Maison Blanche, le Pentagone, reconstruit après les attaques du 11 septembre, le siège de la Federal Reserve Bank ou encore le Lincoln Memorial construit en hommage au seizième président des États-Unis qui fut assassiné. Doc. 4 – New York : les fonctions d’une ville mondiale Le cœur de cet espace mégalopolitain est bien évidemment New York. L’hyper centre de Manhattan est ainsi l'espace urbain le plus dynamique : on trouve dans ce quartier une forte concentration de sièges sociaux de FTN, une bourse qui est la première du monde avec le New York Stock Exchange et le Nasdaq (bourse des entreprises de hautes technologies), des activités liées à la presse comme le Wall Street Journal. On peut remarquer aussi plusieurs universités (Columbia et NY University), plusieurs ports et trois aéroports. Le port de Newark Elizabeth est le premier de la façade atlantique alors que les deux aéroports internationaux de Kennedy Airport et de Newark Liberty permettent à New York d’être bien relié au monde. New York est une ville mondiale car elle rassemble des fonctions de haut niveau qui lui permettent d’avoir une influence majeure sur la totalité de la planète. Ainsi, les fonctions de commandement (bourse, finance), de même que les sièges sociaux d’entreprises sont présents à Manhattan, comme les grandes universités ou une technopole. Doc. 5 – New York, haut lieu culturel mondial Ce texte est tiré d'un ouvrage universitaire collectif (Cynthia Ghorra-Gobin, Alain Musset). Il met en exergue plus particulièrement la fonction culturelle de la mégapole étasunienne. Les auteurs présentent les différents aspects de cette capitale culturelle : théâtres, spectacles, musées, universités, presse et média. Au niveau des universités, on peut citer par exemple : New York University ou Columbia.

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Réponses aux questions 1. Les grandes villes composant la Mégalopolis sont du Nord au Sud : Boston, New York, Philadelphie, Baltimore et Washington. 2. Cet espace joue un rôle majeur aux ÉtatsUnis et dans le monde car les grandes villes de la Mégalopolis concentrent des fonctions décisionnelles dominantes : Washington est la capitale politique, New York, la capitale financière, Boston, un pôle universitaire et de recherche majeur. C'est un espace densément peuplé (60 millions de personnes) avec une interface maritime avec l'Europe, des infrastructures portuaires de première importance et des aéroports internationaux qui desservent toute la planète. 3. Boston et Washington renforcent l'influence de la Mégalopolis dans deux domaines majeurs : la recherche et l'innovation de haut niveau pour Boston avec Harvard et le Massachusetts Institute of Technology ; les fonctions politiques et diplomatiques pour Washington (Maison Blanche, le FMI et la Banque Mondiale). 4. New York est bien reliée aux réseaux économiques et financiers mondiaux : Les trois ports de Newark Elisabeth, de Port Jersey et de Red Hook sont des infrastructures importantes dans le cadre du commerce maritime. Les deux bourses (New York Stock Exchange et Nasdaq) sont deux pôles majeurs pour les circuits financiers. 5. Les fonctions urbaines de New York sont incontestablement celles d'une grande métropole mondiale : La ville est bien reliée aux réseaux d'échanges (ports et aéroports internationaux). New York est également bien intégrée à la mondialisation économique et financière (bourses et sièges sociaux de grandes sociétés internationales). Enfin, la cité new yorkaise est dotée d'universités prestigieuses et d'une technopole.

Activité Cette activité présente plusieurs pistes possibles. Il s'agit de réaliser une brochure illustrée caractérisant l'une des trois grandes villes de la Mégalopole Atlantique de manière à préparer un voyage scolaire. Les documents de la double page ne suffiront pas à étayer toutes les fonctions urbaines de la ville choisie. Une

recherche sur Internet est donc requise pour cet exercice que le professeur doit organiser de manière méthodique.

Étude de cas 2

(p. 250-251) 

La Californie : un État attractif dans la mondialisation Il est apparu opportun de compléter l'étude de la Mégalopolis Atlantique par une étude de cas sur la Californie. Cet État de l'Ouest américain incarne en effet l'Amérique dynamique. Cette double page propose de réfléchir avec les élèves sur un pôle de puissance en devenir. Avec des atouts très différents de ceux du Nord-Est, la Californie est en train de devenir une nouvelle aire de puissance, concurrençant en cela les atouts historiques de la Mégalopolis Atlantique. La Californie, c’est l’image de l’Amérique du XXIe siècle avec ses populations hispaniques en forte croissance, ses entreprises de nouvelles technologies dans la Silicon Valley, ses studios de cinéma et ses stars hollywoodiennes, ses plages de Santa Barbara ou de Malibu. La Californie, c’est l’image de l’Amérique qui gagne. Doc. 1 – L’organisation de l’espace californien Comme dans beaucoup d'études de cas de ce manuel, le document 1 constitue la carte de référence de la double page. Celle-ci montre en quoi la Californie est devenue un État moteur et attractif du territoire des États-Unis. Le professeur fera étudier de manière méthodique la légende pour faire émerger les atouts de cet espace ouvert sur le Pacifique et les façades chinoises et japonaises particulièrement. Les nouvelles technologies, mais aussi l'agriculture constituent des points forts, de même que les divers flux de population et les espaces urbanisés. Los Angeles est, de ce point de vue, une métropole étendue et dynamique. Doc. 2 – La Californie : un État pluriethnique Le document 2 est composé de deux graphiques en secteurs. Ils s'intéressent plus particulièrement à la composition de la population avec les différents groupes ethniques. La comparaison de la population californienne avec celle de l'ensemble des États-Unis est très parlante. On fera observer aux élèves la

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surreprésentation des Hispaniques (la proximité de la frontière étant une explication certaine mais non exclusive). Les Asiatiques sont, dans ce cas aussi, plus nombreux en Californie que sur la totalité du territoire. Doc. 3 – Le parc scientifique de la Silicon Valley • Cette photographie aérienne oblique présente un paysage de parc scientifique emblématique, la Silicon Valley. Celle-ci désigne le pôle des industries de pointe situé dans la partie sud de la Région de la baie de San Francisco en Californie, sur la côte ouest aux États-Unis. Même si cette région n’est pas vraiment une vallée, (au sens géographique), cette expression désigne souvent l’industrie des hautes technologies. La ville de San José est la ville principale de la Silicon Valley. Cette région compte environ 2 millions d'habitants et 6 000 entreprises high tech. Son PIB équivaut à celui d'un pays comme le Chili. Un grand nombre de sociétés spécialisées dans le logiciel ou les services Internet sont en effet présentes, mais on trouve aussi un pôle de biotechnologies. D'autres entreprises sont situées dans l'est de la baie, comme les studios Pixar (cinéma). Le nom de Silicon Valley, a été créé en 1971 par un journaliste local, Don Hoefler, qui fut inspiré par la concentration d'entreprises d'informatique dans la vallée de Santa Clara. « Silicon » est le mot anglais pour silicium, l'un des matériaux de base des composants électroniques, pour les industries de l'électronique et de l'informatique. On y trouve les géants technologiques et industriels comme Apple ou Intel. Les atouts de la Silicon Valley sont nombreux : un environnement universitaire de qualité; et des sources de financement (capital risque) facilement disponibles. • Cette région reste le centre technologique principal de la Californie, offrant les plus hauts salaires et employant le plus de salariés et de « cerveaux » du secteur. Car la Silicon Valley est attractive : 55 % des employés dans les domaines des sciences et des technologies sont nés en dehors des États-Unis (l'Inde et la Chine représentant les viviers de cerveaux les plus importants).

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GÉOGRAPHIE

Doc. 4 – Le vignoble de la Napa Valley La Californie est une grande région agricole, la première des États-Unis. Avec les fruits et les légumes, la viticulture assure des revenus conséquents grâce à une qualité des vins produits qui s’affirme. L'activité viticole représente donc une activité motrice : le commentaire de la photographie est à ce titre particulièrement éloquent. Doc. 5 – Surveillance de la frontière américano-mexicaine au sud de la Californie • La frontière américano-mexicaine, qui est représentée ici, et la limite interétatique entre les deux États. C’est aussi une zone de discontinuité à la fois économique (puisque le niveau de vie des deux pays est différent), sociale et culturelle dans le sens où la culture d’un pays du Sud, de culture latine et assez pauvre s'oppose à un pays industrialisé du Nord. La frontière américano-mexicaine est ce qu'on appelle une interface c'est-à-dire un lieu de contact entre des espaces aux caractéristiques fortement différenciées. Au niveau géographique, la frontière mesure environ 3 200 kilomètres, et va de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique. De part et d’autre de la frontière on distingue des zones urbaines jumelles plus communément appelées « twin cities » comme Tijuana et San Diego. La frontière est matérialisée par un mur difficilement franchissable. Même si la photo ne le montre qu'imparfaitement, les deux pays offrent un environnement très contrasté de part et d'autre du mur-frontière. • Au niveau économique; on peut dire que les flux de marchandises sont considérables entre les deux voisins puisque 80 % des échanges du Mexique se font avec les États-Unis. Les flux concernent principalement des matières premières, du minerai, des produits agricoles, des biens d’équipements et des services financiers/ culturels. Les flux financiers sont matérialisés par des aides au Mexique, des IDE américains (délocalisations par les firmes américaines de certaines productions). Bien que l’ALENA ait permis de renforcer et de simplifier les échanges économiques entre les deux pays et donc de favoriser les exportations et importations de biens et de services, il n’en est pas de même pour les flux migratoires. Il est important de noter que les flux des Mexicains qui veulent se

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rendre aux États-Unis poussés par l’attrait économique du pays, sont contrôlés. Les traversées clandestines sont toutefois nombreuses, on estime que des centaines de milliers de Mexicains cherchent tous les ans à passer la frontière au péril de leur vie pour passer aux États-Unis, pour un avenir meilleur. Doc. 6 – Los Angeles : grande métropole californienne Le Ce texte évoque l’immensité du Grand Los Angeles dont on dit qu’elle n’a pas de véritable centre à part les tours de Downtown. Los Angeles, ce sont ces banlieues infinies, ségrégées, où les populations ne se mélangent pas, où les banlieues riches sont souvent constituées de gated communities, protégés 24 heures sur 24. Mais on trouve aussi une population pauvre, comme des sans-abris, chiffrés aux alentours de 10 000 dans le quartier de Skidrow. On évoque aussi l’image résolument moderne de cette cité qui est « la Mecque » du cinéma avec Hollywood et ses stars. Le problème majeur semble bien être les réseaux de transport notoirement insuffisants.

Réponses aux questions 1. La Californie présente de nombreux atouts : c'est tout d'abord une région attractive, tant pour l'immigration étrangère (Latinos et Asiatiques) que pour les Américains eux-mêmes (voir les flux internes). Mais la Californie est aussi un espace économique dynamique dans bien des domaines : l'agriculture, (exemple, les vins californiens), mais surtout les nouvelles technologies avec le parc technologique de la Silicon Valley. Par ailleurs, la Californie est bien reliée au monde (ports et aéroports) ; c'est une interface vers les pôles asiatiques chinois et japonais. Enfin, deux grandes métropoles concentrent activités et population (Los Angeles et San Francisco). 2. La composition ethnique de la Californie est différente de celle des États-Unis en général. Les deux principales différences sont le nombre important d'Hispaniques et Asiatiques. Les explications que l'on peut donner à ce phénomène est d'une part la proximité de la frontière mexicaine qui n'est pas si imperméable qu'on veut bien le dire et l'interface asiatique (Chine, Japon, voire Inde).

3. Les documents 3 et 4 présentent deux activités importantes du territoire californien : la Silicon Valley est l'exemple emblématique de la supériorité des États-Unis dans le domaine des hautes technologies. Ce parc d'innovation abrite les plus grandes sociétés du monde du secteur (Google, Apple, Facebook, Intel, Instagram, Microsoft, etc.). Le document 4 évoque l'activité viticole de la Californie. La carte 1 permet d'ailleurs de situer les vignobles (exemple, Napa Valley ou la vallée de Sonoma). 4. Comme le montrent les documents de la double page, la Californie dispose de nombreux facteurs d'attractivité : La position littorale et l'interface avec l'Asie, la proximité de la frontière mexicaine (main d’œuvre bon marché), la présence de secteurs économiques de pointe (le high tech), le dynamisme de ses deux centres urbains (Los Angeles et San Francisco). Notons enfin que la Californie est le premier État agricole du pays (vins, fruits, légumes) et qu'il dispose d'atouts culturels, en particulier dans le domaine du cinéma (Hollywood). 5. Le document 2 montre la forte proportion de Latino-américains en Californie. Le document 5 est un cliché représentant la frontière américano-mexicaine. On peut penser que la proximité des pays d'Amérique latine influe sur la composition ethnique de la Californie.

Activité L'exercice demandé peut être particulièrement attrayant. Il est demandé aux élèves de réaliser un diaporama (illustré et commenté) pour présenter la Californie, dans la perspective d'un voyage d'étude. On peut tout naturellement prendre appui sur les documents de la double page, mais, on peut développer d'autres aspects montrant l'attractivité de la Californie, son ouverture au monde et peut-être ses modes de vie caractéristiques d'une Amérique dynamique et innovante.

Changer d’échelle

(p. 252-253) 

Réponses aux questions Étude ce cas 1 a. La Mégalopolis Atlantique joue un rôle dominant aux États-Unis et dans le monde : Cette suprématie s'exprime tout d'abord dans

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le domaine politique avec Washington, capitale fédérale (Maison Blanche, Pentagone). Le domaine diplomatique est aussi très présent (ONU à New York, FMI et Banque mondiale à Washington). Par ailleurs, New York constitue une capitale économique et financière (Bourses NYSE et NASDAQ), sièges sociaux de FTN ; c'est aussi une capitale culturelle avec le MOMA, le Musée Guggenheim, chaînes TV, presse… Quant à Boston, elle constitue un pôle universitaire de renom avec Harvard et le MIT. b. Les autres territoires en voie d'affirmation sont la Californie polarisée par Los Angeles et San Francisco, la région de Chicago et du lac Michigan ainsi que la Géorgie dont le hub aérien d'Atlanta constitue un atout majeur de développement régional.

Étude de cas 2 a. Les principaux partenaires commerciaux des États-Unis sont les deux autres centres d'impulsion de la planète que sont l'Europe (en particulier occidentale) et l'Asie Pacifique avec Chine et Japon. On note par exemple que 19,8 % des flux de marchandises importées par les États-Unis viennent de Chine et 17 % de l'Union européenne. A l'inverse les ÉtatsUnis exportent surtout vers les pays de l'ALENA (Canada et Mexique) mais aussi vers l'UE. b. Il est important de noter que les flux commerciaux présentés sur la carte 2 page 253 traduisent parfaitement le fonctionnement de la mondialisation. En effet ce sont les trois centres mondiaux de puissance (on disait Triade) qui sont les pôles majeurs du commerce international.

Cours

(p. 254-255) 

Présentation des documents Doc. 1 – Wall Street, à New York Wall Street est à la fois une rue et le centre de la finance mondiale avec la bourse de New York. Traversant le Financial District, Wall Street débute à l’Est de Broadway et s’arrête à South Street, non loin de l’East river. Wall Street signifie en Anglais « rue du mur », en référence au mur d’enceinte construit au XVIIe siècle par les colons hollandais pour protéger la Nouvelle Amsterdam (New York) des indiens 172

GÉOGRAPHIE

et des troupes britanniques. À l’angle de Broad Street et de Wall Street, le New York Stock Exchange, la bourse de New York domine les marchés financiers du monde entier. Doc. 2 – Les dix plus importantes firmes transnationales (FTN) des États-Unis en 2015 (classement par chiffre d’affaires) Le classement est exprimé en fonction du chiffre d'affaires des plus grandes entreprises américaines. Les dix entreprises qui dominent la liste font partie des 27 FTN les plus puissantes de la planète. Doc 3 – L’organisation spatiale de Chicago Chicago représente le modèle des villes des États-Unis avec sa structure radioconcentrique. Cette ville de l'Illinois comptant près de 10 millions d'habitants est située en bordure du lac Michigan. L'espace urbain s'organise autour du centre-ville (CBD) en direction des périphéries. Doc. 4 – Les États-Unis, premier producteur mondial de pétrole Rappelons que les hydrocarbures de schiste sont devenus aujourd'hui incontournables dans le domaine des énergies. Qu’est-ce qu’un hydrocarbure de schiste ? C’est un gaz ou un pétrole qui, contrairement aux hydrocarbures dits « conventionnels », est resté coincé dans la roche mère où il a été « fabriqué », parce que cette roche est imperméable. L’hydrocarbure conventionnel, lui, « remonte » vers la surface pour se retrouver à un moment prisonnier dans des poches. Il est très généralement plus aisé à extraire. Mais l’extraction de ces hydrocarbures de schiste n’est pas aussi simple. Dans le cas du gaz de schiste, comme la roche emprisonne par petites quantités l’énergie, on doit la « casser », la « fracturer » pour le récupérer. Pour bien fissurer la roche et libérer l’hydrocarbure, on va ensuite injecter à haute pression et en plusieurs fois une quantité de l’ordre de 10 à 20 millions de litres d’eau, une eau mélangée à du sable et à des produits chimiques. La roche va se fissurer sur une centaine de mètres tout autour du drain horizontal. Le gaz va remonter vers la surface par le puit, avec une partie de l’eau transformée en boue, éventuellement radioactive, la radioactivité existant elle aussi à l’état naturel… Il arrive également que l’on fissure la roche avec des

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charges explosives ou encore par « acidification ». Les foreurs travaillent en plus sur les possibilités d’envoyer à la place de l’eau dans les drains du puits, des décharges électriques (fracturation électrique), de l’air comprimé (fracturation pneumatique), du gaz (propane), etc. On cherche par ailleurs à remplacer les produits chimiques par des produits plus « bio », issus de l’agroalimentaire. Bien sûr, les risques écologiques immédiatement visibles liés à de telles extractions sont d’abord dus à la technique utilisée : dégradation des paysages par la mise en œuvre du procédé, pression supplémentaire sur les ressources en eau, contamination des sols, voire tremblements de terre comme à Youngstown dans l’Ohio (en 2011). Doc. 5 – L’agrobusiness : culture irriguée de salades biologiques dans l'Imperial Valley (Californie) L'agriculture est une activité importante de l'économie californienne : elle est surtout présente dans la vallée centrale de Californie parcourue par deux rivières, le Sacramento au Nord et le San Joaquin au Sud et dans l'Imperial Valley, à l'extrême Sud, à proximité de la frontière mexicaine. Les vignobles californiens les plus importants se trouvent dans la Napa Valley et la Sonoma Valley. L’agriculture californienne est en général fortement intégrée à l’agrobusiness.

Réponses aux questions 1. Le type d'activité que l'on peut observer sur cette photographie concerne la bourse. On peut relever le sigle NYSE (New York Stock Exchange) ainsi que les écrans d'ordinateurs sur lesquels sont indiquées les cotations des actions. 2. Les différents secteurs économiques représentés dans ce tableau sont les suivants : – la grande distribution (Walmart 1er de la liste) ; – les produits pétroliers : Exxon/Mobil, Chevron et Phillips 66 ; – l'automobile avec Ford et General Motors ; – la finance avec Berkshire Hathaway ; – l'informatique avec Apple ; – la pharmacie avec Mc Kesson ; – l'électricité avec General Electric.

3. On peut identifier sur cette carte différents types de quartiers urbains : le Central Business District avec ses gratte-ciel abrite le quartier des affaires ; il est entouré par le ghetto noir et les quartiers dégradés qui sont en cours de gentrification ; puis, s'étendent les banlieues ; les populations riches vivent souvent dans des quartiers protégés (gated communities), séparés des populations plus pauvres. On notera enfin la naissance de quartiers d'affaires périphériques que l'on nomme les edge cities. Ces nouveaux espaces urbains accueillent des sièges sociaux d'entreprise qui souhaitent s'éloigner du CBD mais aussi des centres commerciaux (les malls). 4. La journaliste, Anne Feitz explique comment les hydrocarbures de schiste permettent aux États-Unis de pourvoir à leur consommation de pétrole et de gaz, en étant de moins en moins dépendants des importations en provenance du Moyen-Orient. Ils sont devenus en outre les premiers producteurs mondiaux de pétrole devant l'Arabie Saoudite et la Russie. Cette embellie de la production de pétrole de schiste a aussi entraîné une baisse des cours du pétrole par une augmentation conséquente de l'offre. 5. Cette photographie montre une agriculture mécanisée avec des machines adaptées à la récolte des salades. La main d’œuvre reste toutefois assez nombreuse ; elle est souvent constituée de salariés latinos, employés parfois de manière inégale. On notera enfin la volonté de développer une filière respectueuse de l’environnement, montrant que le « bio » et l'agrobusiness sont compatibles.

Vérifier ses connaissances

(p. 256) 

1. a. 1) le Nord-Est, cœur décisionnel des ÉtatsUnis et du monde ; 2) Croissant périphérique ou « sun belt » : espaces dynamiques ; 3) L'intérieur : région agricole et espace peu peuplé. A) New York ; B) Los Angeles ; C) Washington. b. Pays au Nord : Canada ; pays au Sud : Mexique. 2. a. Les États-Unis sont un pays fortement urbanisé avec de grandes métropoles qui jouent un rôle mondial : on peut citer à titre d'exemple New York, Washington, Los Angeles. b. La mondialisation repose principalement sur les échanges. Aussi les espaces littoraux THEME 3 > Des espaces transformés par la mondialisation

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sont-ils très importants et constituent des interfaces en directions des autres pôles mondiaux de puissance. La Californie est ainsi tournée vers le Pacifique et les pays ateliers asiatiques, alors que la façade Atlantique avec ses nombreux ports sont tournés davantage vers l'Europe. c. Le soft power (ou pouvoir doux) se définit comme la capacité des États-Unis de persuader d'autres pays sans utiliser la force. Le soft power prend souvent appui sur des éléments « culturels » au sens large. Ainsi les modes de consommation alimentaire (McDonald's, Coca Cola), les séries télévisées ou les films diffusent le mode de vie américain partout à travers le monde. d. Tout d'abord, la Californie est le premier État agricole du pays. L'agriculture est une activité dominante de l'économie californienne qui est surtout localisée dans la vallée centrale de Californie là où coulent le Sacramento au Nord et le San Joaquin au Sud. L'Imperial Valley, à l'extrême Sud, à proximité de la frontière mexicaine est un vaste espace irrigué propice aux cultures des fruits et légumes. Par ailleurs les vignobles californiens ont progressé (Napa Valley et la Sonoma Valley). Dans le domaine des hautes technologies, c'est surtout la Silicon Valley qui constitue le fleuron des activités d'innovation. 3. a. Il se trouve au Mexique. b. Les Etats-Unis sont représentés par les villes avec leur CBD et par ses FTN, comme ici McDonald's. c. Le dessinateur dénonce tout d'abord le mur qui sépare le Mexique des États-Unis. Il est représenté comme une entrave à la libre circulation (les barbelés et l'inscription sur le panneau). Par ailleurs, Chapatte montre les inégalités sociales et spatiales entre les deux pays, le Mexicain n'a rien et son environnement est peu favorable (désert, pas de routes…). Son panier montre qu'il dispose de peu. De l'autre côté de la frontière, les États-Unis sont un pays aux grandes villes riches, bien irriguées par un réseau routier et autoroutier où se développe les FTN. Le dessinateur montre le cynisme des Américains avec la petite fenêtre, car McDonald's accepte de vendre ses produits, y compris aux Mexicains.

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GÉOGRAPHIE

4. La bonne proposition est la c. 5. Une hyperpuissance (terme inventé par le diplomate français Hubert Védrine) est applicable aux États-Unis. Celui-ci dispose de tous les attributs de la puissance (politique, diplomatique, militaire, économique et culturelle…) qui font que l'autorité des États-Unis ne peut pas être contestée par aucun autre pays.

Exercer ses compétences

(p. 257) 

Appliquer la méthode Présentation du document Il s'agit du port de Long Beach en Californie. Ces infrastructures portuaires sont classées au 4e rang aux États-Uni se mais seulement au 52e rang mondial. Pourtant, le trafic du port de Long Beach s'accroît régulièrement, en lien avec les flux de marchandises en provenance des pays asiatiques. En outre, certains produits venant des ateliers chinois sont débarqués à Long Beach ou Los Angeles et sont acheminés par trains ver la côte Est du pays. On peut se demander si l'agrandissement des écluses du canal de Panama va modifier cette situation ?

Réponse à la question 1. Observer le paysage à décrire • Le document est à l'échelle locale : il s'agit du port et de la zone industrialo-portuaire de Long Beach, port situé à proximité de Los Angeles. • C'est une photographie aérienne oblique.

2. Détailler l’observation On peut identifier principalement les bassins où peuvent circuler les navires et les différents types de terminaux où accostent ces navires.

3. Décrire les différentes composantes du paysage • Un port conteneur qui arrive au port. • Les grues et portiques destinés à charger et décharger les conteneurs. • Les quais de stockage des conteneurs. • Les zones industrialo-portuaires avec ici les réservoirs de stockage des produits pétroliers.

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CHAPITRE

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Les dynamiques d’un grand ensemble géographique africain

Présentation du chapitre • Dans les programmes précédents, l’Afrique était étudiée soit à l’échelle continentale dans une perspective de géographie régionale (« unité et diversité »), soit comme continent emblématique pour s’intéresser au cas des Pays les moins avancés. Le nouveau programme réoriente ces deux perspectives : – en proposant une vision qui reste régionale mais s’intéresse à des sous-ensembles continentaux ; – en nuançant l’image d’un continent « où la mondialisation produit les effets les plus importants et où les potentiels de développement, mais aussi les fragilités sont manifestes » (nouveau B.O.). • Le choix a été fait de proposer trois études de cas, prises chacune dans un des grands ensembles géographiques du programme. La partie « Changement d’échelle » permet ensuite de mettre en perspective l’exemple étudié avec le reste de l’aire géographique de référence voire avec l’ensemble du continent africain. Comme le précisent les documents d’accompagnement (fiches Eduscol), « il n’est pas attendu que le professeur s’engage dans un propos général sur le continent africain […] entre dans une étude détaillée des aires régionales, encore moins dans l’étude des différents États qui la constituent ».

Présentation des documents Doc. 1 – Le port charbonnier de Richards Bay (Afrique du Sud) L’Afrique du Sud est le troisième pays exportateur de charbon au monde. Les principaux gisements se localisent dans la région du Transvaal. Le charbon sud-africain est donc d’abord exporté par voie ferroviaire pour rejoindre la côte. La photographie du port de Richards Bay permet d’expliquer qu’il ne s’agit pas ici d’un gisement de houille mais bien d’un port de commerce spécialisé dans l’exportation de vrac solide. La notion de « terminal charbonnier » peut être utilement employée

pour montrer cette position d’interface entre un hinterland producteur de minerai et un foreland lointain, acheteur et importateur (Chine, Corée du Sud et Japon pour leurs centrales thermiques). On peut aussi s’intéresser au cas du bateau vraquier et à sa structure de navire de charge. L’automatisation du chargement de marchandise peut être soulignée : il n’y a pas d’hommes visibles sur la photographie. On peut donc poser la question des retombées économiques pour la population : à qui profitent ces exportations massives ? Quels emplois sont générés par ce circuit d’extraction et de commerce charbonniers ? Doc. 2 – Eko Atlantic City (Nigeria) La seconde image n’est pas une photographie ; il convient d’insister sur ce point avec les élèves. Il s’agit de la maquette d’un projet urbanistique pour la ville futuriste d’Eko Atlantic City. La situation littorale est visible à travers les yachts qui naviguent sur les canaux ou stationnent dans les marinas. Le nom même de la ville montre la volonté d’en faire une ville de bord de mer jumelle de Lagos (Eko est le nom de Lagos en langue yoruba). On peut montrer aux élèves que, sans la légende, il serait bien difficile de savoir à quel endroit de la planète on se trouve. La mondialisation tend aussi à uniformiser les paysages, surtout ses centres de décisions et de loisirs.

Réponses aux questions 1. Le charbon sud-africain est d’abord exporté jusqu’à la côte avant d’être envoyé par vraquier vers les pays importateurs. 2. Les ports sont donc un des lieux privilégiés de la mondialisation pour des pays dont l’économie est extravertie (tournée vers l’extérieur) et dépend en partie de la vente des produits du sous-sol. 3. Le Nigeria veut s’inspirer ici de la réussite de Dubaï en développant un pôle touristique et financier ultramoderne sur des espaces gagnés sur la mer. On peut poursuivre le parallèle en expliquant rapidement que les sources de

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financement proviennent aussi en partie du commerce des hydrocarbures. 4. L’analyse de l’image permet ensuite de préciser quelle population est concernée par le projet : les quelques personnes visibles sur la photographie semblent être des touristes étrangers. Toutes les constructions correspondent à des hôtels de luxe ou des immeubles dédiés aux grandes entreprises.

Étude de cas 1

(p. 260-261) 

Pétrole et gaz dans le delta du Niger • Pour l’Afrique de l’Ouest, le choix est fait d’axer l’étude sur le pétrole et le gaz dans le delta du Niger. Ce cas permet de réfléchir à l’enjeu des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest. L’exploitation des hydrocarbures fournit des revenus élevés au Nigeria et aux compagnies étrangères. Des infrastructures majeures se développent : oléoducs, raffineries, terminaux tankers off-shore. Parmi les ethnies du delta, certaines (comme les Ogonis) subissent de plein fouet les effets répétés des marées noires (déclin de la pêche). Si la lutte armée du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger a pris fin, le crime organisé a pris le relais et le vol de brut nourrit un important trafic vers les pays voisins. La région reste donc une « zone grise » que l’État nigérian a du mal à contrôler. • Les élèves pourront identifier de grands ports (terminal gazier de l’île de Bonny) ainsi que la présence de réseaux de communication qui permettent les exportations des matières premières, dans une région aujourd’hui largement inscrite dans la mondialisation. Les questions de sécurité (piraterie) et de risque de pollution peuvent illustrer les faiblesses qui subsistent au sein de cette aire ouest-africaine.

Présentation des documents Doc. 1 – Exploitation du pétrole et zone de tensions dans le delta du Niger La carte permet de localiser les éléments cités ensuite dans le reste du corpus (villes, ports, ethnies). On peut ajouter que les Ijaws vivent au cœur du delta, entre Warri et Port Harcourt. C’est ce peuple qui a été directement concerné par les premières installations des infrastructures terrestres d’hydrocarbures et par les

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GÉOGRAPHIE

violences qui ont accompagné la mise en place de ces immenses constructions (chronologie 1998-2009). Doc. 3 – Le terminal NLNG (gaz naturel liquéfié nigérian) de l’île de Bonny Ces aménagements sont visibles sur la photographie du terminal gazier, tout comme l’est le contraste entre la modernité de ces constructions et l’aspect rudimentaire des habitations des villageois qui côtoient le port. Doc. 4 – Affiche d’Amnesty International (2013) Ce document vise à faire réfléchir les élèves à ces contrastes de richesse et à la question des retombées économiques et écologiques de ce type d’activités. L’affiche d’Amnesty International (2013) dénonce l’ampleur des fuites d’hydrocarbures survenues fin 2008 dans le delta du Niger. La destruction de l’écosystème suite à cette pollution a fortement perturbé l’activité des villageois « vivant essentiellement de la pêche ». Une grande partie de leurs ressources proviennent en effet de la mangrove (poissons, crustacés). Doc. 5 – Le pétrole, un cadeau empoisonné Les fuites massives sur un pipeline en pays Ogoni en 2008 ont détruit une partie de la mangrove et privé les pêcheurs de leur unique source de revenus. Sous la pression de plusieurs ONG, la compagnie Shell a fini par dédommager les victimes de cette catastrophe. Mais certains problèmes ne sont pas résolus.

Réponses aux questions 1. Les deux principales ethnies qui vivent dans le delta du Niger sont les Ogonis et les Ibos ou Igbos (l’élève peut aussi évoquer les Ijaws mentionnés dans la chronologie). 2. Entre la fin des années 1990 et le milieu des années 2000, l’État nigérian a sévèrement réprimé les manifestations des populations du delta hostiles aux installations pétrolières. Le massacre d’Odi en est un terrible exemple (2 483 morts). On peut aussi citer les violences perpétrées à Egbema en juillet 2004 (plus de 500 maisons rasées et 200 morts). 3. Le terminal NLNG (gaz naturel liquéfié nigérian) de l’île de Bonny a été financé par un groupe formé par les compagnies Shell, Total, ExxonMobil et Agip. On voit sur la

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photographie les installations caractéristiques d’un port méthanier en eau profonde : réservoirs de stockage (cryogéniques) et gazoducs. Les gaz d’évaporation qui ne peuvent plus être récupérés sont brûlés par la torche (flamme visible sur la photographie) ; il est préférable de brûler le méthane plutôt que de le libérer dans l’atmosphère (moins de contribution à l’effet de serre). Il convient de rappeler aux élèves que le gaz naturel liquéfié (GNL) est du gaz naturel rendu liquide par refroidissement ( 160 °C) ; pour une même quantité de gaz naturel, le volume du GNL est environ 600 fois inférieur à celui de son état gazeux. Le transport du gaz naturel sous forme liquide permet aux navires d’acheminer des quantités importantes d’énergie. Deux tankers sont amarrés au quai de chargement. 4. L’affiche d’Amnesty International (2013) dénonce l’ampleur des fuites d’hydrocarbures survenues fin 2008 dans le delta du Niger. La destruction de l’écosystème suite à cette pollution a fortement perturbé l’activité des villageois « vivant essentiellement de la pêche ». Une grande partie de leurs ressources proviennent en effet de la mangrove (poissons, crustacés). 5. L’affiche essaie de sensibiliser la population française à la gravité de cet accident en comparant l’étendue de la pollution à la surface du Portugal, un pays que connaissent bien les habitants de l’hexagone. La carte permet de visualiser la superficie et le pot de pétrole qui finit de se répandre sur tout le pays permet de marquer les esprits. 6. Six années après la pollution, la compagnie Shell a fini par accepter de dédommager les victimes « à hauteur de 70 millions d’euros » et d’« entamer le nettoyage de la région ». Mais, même si ces promesses sont toutes tenues, des problèmes subsistent : la pollution continue du fait « (d)es vols de pétrole et (du) raffinage clandestin ». Les oléoducs sont en effet percés pour détourner une partie du brut et une extraction illégale continue de se développer, malgré les interventions de la marine nigériane.

Activité • L’activité proposée, comme pour l’ensemble des exercices de ce type dans le manuel, met

l’élève en situation de réalisation d’une tâche complexe. Il doit jouer le rôle d’un avocat chargé de défendre une communauté de pêcheurs du delta du Niger victime d’une fuite de pétrole sur un oléoduc géré par une compagnie française d’hydrocarbures. Ce jeu de rôle permet de mobiliser l’ensemble des informations du corpus documentaire, en centrant le propos sur les effets d’activités mondialisées sur les habitants d’une région. Les élèves doivent ainsi rédiger un argumentaire pour que la société pétrolière dédommage les habitants. • Celui-ci doit intégrer une présentation géographique de l’activité pétrolière et gazière dans le delta, un rappel historique des tensions qui ont existé pour l’installation des structures extractives, industrielles et commerciales, une description d’une catastrophe environnementale et les revendications légitimes des victimes de la pollution. • La consigne suggère que l’élève fait partie d’un cabinet d’avocats, ce qui permet de mettre en place un travail en sous-groupes (par exemple à partir de plusieurs des thèmes évoqués ci-dessus). De la même façon, une présentation orale sous la forme d’une plaidoirie ou d’un réquisitoire peut être envisagée, en lien avec le programme d’EMC.

Étude de cas 2

(p. 262-263) 

La culture des roses dans la région touristique du lac Naivasha (Kenya) Pour l’Afrique orientale, le choix est fait d’axer l’étude sur la culture des roses dans la région touristique du lac Naivasha (Kenya). D’autres exemples auraient pu être développés (notamment la production de haricots verts frais, au Kenya toujours). Le cas des roses permet de réfléchir à l’enjeu d’une monoculture d’exportation (la floriculture) dans une région marquée aussi par le tourisme animalier (safaris). Soixante fermes horticoles sont installées autour du lac Naivasha, qui bénéficie d’une eau douce, d’un climat très favorable et d’une bonne liaison avec l’aéroport de Nairobi. Notons toutefois que dans certaines fermes un éclairage artificiel permanent s’est développé à des fins productivistes. Au final, ce sont plusieurs avions cargos remplis de fleurs (roses notamment) qui quittent chaque soir le sol

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kényan pour rejoindre l’Europe, les États-Unis, l’Australie et le Japon. Si des progrès ont été réalisés concernant l’emploi massif de pesticides et d’engrais ou encore le gaspillage d’eau, les milliers d’ouvriers des fermes sont relégués dans des bidonvilles comme celui de Karagita. Ajoutons que les femmes qui cueillent et qui manipulent les tiges sont parfois victimes d’intoxications liées aux produits chimiques utilisés pour la conservation des végétaux. La concentration humaine est aussi synonyme de pollution et entraîne une surpêche dans le lac. Cette réduction du nombre de poissons a un impact négatif sur la biodiversité du parc national, qui attire des touristes participant à des circuits safari dans toute la vallée du Rift.

Présentation des documents Doc. 1 – Les serres de la ferme Osarian La photographie aérienne de l’immense ferme Osarian, fondée par un Hollandais en 1982, permet de visualiser la localisation de l’activité floricole en bordure du lac et de poser la question de la nécessité de la serriculture ou culture sous serre. Doc. 2 – Une main-d’œuvre surtout féminine La photographie de l’intérieur d’une ferme permet de mesurer encore la dimension à grande échelle de la rosiculture, avec des hangars de mise en bouquets standardisés mais pas automatisés : une main-d’œuvre nombreuse est donc indispensable. Doc. 3 – Les effets de la surpopulation Beaucoup de salariés vivent dans des conditions très précaires : le reportage de la journaliste du Monde met en évidence la multiplication des bidonvilles autour de la cité de Naivasha. La pauvreté induit des comportements de prédation sur l’environnement (braconnage). Doc. 4 – Touristes observant des oiseaux La photographie montre des touristes étrangers venus observer des flamants roses ; le braconnage ne peut avoir qu’un effet négatif sur la biodiversité et la richesse de la faune aquatique notamment.

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GÉOGRAPHIE

Doc. 5 – La compétition mondiale entre producteurs de roses Le texte extrait d’un site de commerce équitable belge donne à réfléchir aux raisons du succès de la production de fleurs au Kenya. Doc. 6 – Le programme d’une agence de voyage suisse Le programme des agences de voyage intègre souvent un arrêt d’un ou deux jours à Naivasha pour les amateurs d’ornithologie. Le texte permet de souligner la dimension internationale de ce tourisme, qui allie ici « découverte de la faune et des plages de l’océan Indien ».

Réponses aux questions 1. Les conditions naturelles permettent d’expliquer la concentration de l’activité horticole autour du lac Naivasha : fort ensoleillement mais aussi importants écarts thermiques entre le jour et la nuit, d’où l’omniprésence des serres pour veiller à protéger des produits fragiles (notamment face au vent et à la pluie). Le lac fournit aussi l’eau nécessaire au fonctionnement des installations. 2. Le texte permet de comprendre « pourquoi il est économiquement rentable de cueillir aujourd’hui des fleurs dans une ferme kenyane, puis de les vendre après-demain chez un fleuriste situé à 7 000 km » : la maind’œuvre des fermes est composée surtout de femmes payées à moindre coût (environ 70 euros par mois). Le développement des infrastructures de transport, notamment du fait d’un tourisme ancien, permet d’acheminer très rapidement la production par route puis par voie aérienne : coupée le lundi à Naivasha, la rose débarque à Amsterdam à J + 3, puis à Rungis (J + 5), et se retrouve sur l’étal du fleuriste le week-end. 3. Beaucoup de salariés des fermes horticoles vivent et travaillent dans des conditions difficiles. Si l’on calcule ce qui est mentionné dans le document, la durée de travail atteint les 48 h par semaine (8 heures par jour, 6 jours sur 7). De plus, les salaires ne permettent pas toujours de se loger dans des habitations disposant « d’arrivée d’eau ou d’égouts ». Mais il est bon de souligner que, dans un pays marqué par le mal-développement et le chômage, la venue à Naivasha offre aux migrants la possibilité de

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bénéficier des soins dans un hôpital et d’une éducation pour les enfants. 4. L’afflux de main-d’œuvre peut représenter une menace pour les espèces qui vivent dans le lac et à ses abords : poissons et oiseaux sont capturés illégalement pour servir de nourriture aux habitants. C’est donc tout l’écosystème qui souffre de ce braconnage croissant. On peut se demander aussi jusqu’à quel point le rejet de produits chimiques et le pompage massif affectent la faune et la flore. 5. L’activité touristique se développe en parallèle avec cette concentration humaine et agricole. La cohabitation des activités n’est pas facile mais les producteurs de fleurs ont compris l’intérêt d’offrir aux visiteurs étrangers une image convenable, équitable et durable de la production de fleurs vendues ensuite sur les marchés d’Europe, des États-Unis, d’Australie et du Japon.

Activité • L’activité proposée met l’élève en situation de réalisation d’une tâche complexe. Il doit faire un exposé oral sur les roses du Kenya en tant que produit vendu en France et fabriqué ou exploité à plusieurs milliers de kilomètres. • L’exposé attendu doit d’abord poser la question des raisons qui ont amené les Européens à se fournir en roses kényanes et non plus seulement hollandaises. La présentation des conditions de production doit aussi mettre en évidence les paradoxes et les limites de cette forme de développement économique : la création d’emplois entraîne globalement une amélioration des conditions de vie des populations mais parfois au détriment de l’environnement et donc d’autres activités comme le tourisme animalier.

Étude de cas 3

(p. 264-265) 

Un pôle émergent de la mondialisation : la province du Gauteng (Afrique du Sud) Pour l’Afrique australe, l’objectif est de « montrer comment une puissance régionale, l’Afrique du Sud, s’intègre à la mondialisation comme puissance émergente, par l’exploitation maîtrisée de ses ressources naturelles, le développement d’infrastructures et une société multiraciale très fragmentée » (fiche

Eduscol). L’étude porte sur la province du Gauteng, plus petite province d’Afrique du Sud mais aussi la plus riche (plus du tiers du PIB) avec ses mines d’or, ses installations industrielles et ses centres d’affaires et de finances.

Présentation des documents Doc. 1 – Une province très urbanisée et bien desservie Une carte introduit les principales localisations et témoigne du degré élevé d’urbanisation et de la présence de nombreux équipements de transport. Doc. 2 – Les violences contre les immigrés La mention de l’existence de grandes poches de pauvreté apparaît dans un texte sur les violences qui ont visé les migrants en avril 2015. L’article rappelle d’ailleurs que le pays avait déjà connu une vague d’attaques xénophobes en 2008 (62 morts). Doc. 3 à 5 Trois photographies illustrent ensuite des espaces révélateurs de la forte intégration du pays à la mondialisation : train rapide Gautrain, skyline de Johannesburg et une chaîne de montage d’une usine BMW. Doc. 6 – Collecte de bois dans le township de Soweto La quatrième photographie introduit une opposition dans le paysage entre le ghetto noir de Soweto et le stade d’Orlando utilisé comme terrain d’entraînement pendant la Coupe du monde de football 2010.

Réponses aux questions 1. La mégalopole en formation relie la capitale du pays (Pretoria) et la principale ville relais de la mondialisation en Afrique (Johannesburg). La province du Gauteng est très urbanisée, avec de nombreuses agglomérations et bien desservie par les autoroutes, l’avion et le train rapide régional (Gautrain). 2. De nombreuses infrastructures de transport desservent la région : un aéroport international, des gares pour le train express régional, un viaduc, etc. 3. Plusieurs activités économiques sont mentionnées dans les documents : commerce et finances dans l’ancien CBD de Johannesburg, industrie automobile dans l’usine BMW de THEME 3 > Des espaces transformés par la mondialisation

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Rosslyn, près de Pretoria. Le Gauteng est une des régions les plus développées du continent : il accueille le premier train rapide d’Afrique, le gratte-ciel le plus élevé (Carlton Centre à Johannesburg, avec ses 223 mètres de haut), la seule usine de production BMW en Afrique et a organisé la Coupe du monde de football en juin 2010. 4. Ce développement ne concerne pas tous les habitants du Gauteng : toute une population pauvre se concentre dans des bidonvilles ou townships. Ce sont essentiellement des populations noires et immigrées. De nombreux migrants sont d’ailleurs victimes de vagues de violence.

Activité L’activité finale consiste en un dossier journalistique qui peut donc prendre des formes diverses et reposer par exemple sur une présentation numérique et/ou orale de type reportage. On peut imaginer un enregistrement vidéo à l’aide de smartphones. Il s’agit de montrer à la fois les performances économiques exceptionnelles du Gauteng et les problèmes sociaux qui marquent la région. Le dossier final à réaliser doit ainsi reposer sur une présentation des réussites économiques (autour de la notion de pays émergent) et des limites de ces succès en termes notamment d’inégalités socio-spatiales.

Changer d’échelle

(p. 266-267) 

Les trois études de cas sont mises en perspective à l’aide de deux cartes. La première carte intitulée « Ressources et tourisme en Afrique » permet d’élargir les questionnements soulevés par les deux premières études de cas. La seconde carte présente « La desserte régionale par la compagnie aérienne sud-africaine Airlink ». On pourrait toutefois relativiser le rayonnement de l’Afrique du Sud en montrant, comme le rappelle la fiche Eduscol, que « son hégémonie est aujourd’hui remise en cause par la montée en puissance de nouveaux acteurs régionaux disposant de ressources (Angola, Mozambique) valorisés par des IDE non sud-africains ».

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GÉOGRAPHIE

Réponses aux questions Étude de cas 1 a. L’Afrique subsaharienne compte plusieurs États pétroliers parmi les 50 plus grands producteurs de la planète : Nigeria, Angola, Guinée équatoriale, République du Congo, Soudan et Soudan du Sud, Gabon. b. Le commerce pétrolier est perturbé par les trafics et les actes de piraterie.

Étude de cas 2 a. L’Afrique subsaharienne compte aussi plusieurs États dont l’économie repose en partie sur le tourisme : Afrique du Sud, Seychelles, Maurice, Kenya b. À côté des États qui promeuvent un tourisme animalier de type safari (Kenya, Afrique du Sud), il y a ceux qui développent un tourisme balnéaire, notamment dans l’océan Indien (Seychelles, Maurice). Mais là encore l’instabilité politique reste un frein pour le tourisme. Étude de cas 3 a. L’aéroport de Johannesburg est le hub central de la compagnie Airlink. b. La carte des lignes aériennes montre le fort rayonnement de l’Afrique du Sud dans toute l’Afrique australe et jusque dans l’océan Indien.

Cours

(p. 268-369) 

• La première partie du cours porte sur l’ouverture croissante de nombre d’États d’Afrique subsaharienne. La carte du doc. 1 permet de repérer les deux grands pays émergents du continent (Afrique du Sud, Nigeria) et les « lions africains ». La question vise à souligner le rôle particulier de l’Afrique du Sud, seul pays à faire partie des BRICS. La caricature du doc. 2 soulève un problème peu évoqué dans les études de cas, à savoir les investissements étrangers sur le continent africain : on voit une Chine en train de traire la vache à lait africaine sous le regard interloqué des États-Unis (oncle Sam). • La seconde partie du cours porte sur les défis humains du développement. La photographie du doc. 3 montre l’interception d’une embarcation de pirates au large du golfe de Guinée en 2014 par la force navale

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européenne (EUNAVFOR) ; la question oblige les élèves à réfléchir à la nature de la coopération militaire entre l’Europe et l’Afrique et aussi au poids des compagnies pétrolières européennes en Afrique (la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell, la compagnie anglaise BP, la compagnie française Total). Le texte du doc. 4 traite des tentatives d’organisation régionale et notamment du projet d’un Marché commun africain (MCA). L’article évoque les avantages en termes de croissance économique mais revient sur les obstacles qui subsistent, particulièrement « au vu des crises et guerres civiles qui secouent le continent ». Enfin, le texte du doc. 5 revient sur les violences faites aux migrants dans la plus riche province d’Afrique du Sud, le Gauteng et notamment dans la grande métropole de Joburg. Les violences contre les immigrés qui vivent dans les bidonvilles sont commises par des habitants pauvres de ces mêmes townships qui perçoivent les travailleurs étrangers comme des rivaux venus s’emparer de leurs emplois en acceptant des conditions de travail et de salaire encore plus faibles que celles proposées aux nationaux.

Vérifier ses connaissances

(p. 270) 

1. Les « lions africains » sont en vert clair : 1. Ghana, 3. Soudan, 4. Éthiopie, 5. Angola et 6. Mozambique. Les pays émergents sont en vert foncé : 2. Nigeria et 7. Afrique du Sud. 2. a. « Une part importante de l’essor économique de l’Afrique repose sur l’exploitation de son sous-sol » : exemples des hydrocarbures au Nigeria, des mines d’or d’Afrique du Sud, etc. b. « La place considérable tenue par le secteur informel dans l’économie ne permet pas de mesurer précisément l’ampleur de l’insertion africaine dans la mondialisation » : exemples de la revente à l’unité dans la rue des produits achetés en gros, des trafics issus de la vente de produits volés ou de produits illicites, etc. c. « La répartition des richesses reste très inégale en Afrique » : exemples au niveau national entre régions (Gauteng à comparer aux provinces voisines du nord en Afrique du Sud) et au niveau local entre quartiers riches et quartiers pauvres (à Joburg, les banlieues de

Sandton et Randburg à comparer à la banlieue de Soweto). d. « La surexploitation de certaines ressources entraîne des risques environnementaux élevés » : exemples des fuites de pétrole dans le delta du Niger, de la raréfaction et de la pollution de l’eau du lac Naivasha pour la floriculture. 3. Parmi les propositions, celle qui correspond le mieux à la définition de « commerce équitable » est la c. Système commercial dont l’objectif est d’assurer un revenu correct aux producteurs des pays du Sud. 4. Le quartier de Freetown (Sierra Leone) qui est représenté sur la photographie est un slum, un quartier sous-équipé composé d’habitations précaires nommé Kroo Bay. Le cargo visible au large est un gros porte-conteneur de la compagnie Grimaldi Lines. On voit donc bien ici à la fois l’ouverture de l’Afrique avec cet imposant navire marchand mais aussi les défis humains du développement avec ce bidonville au cœur de la capitale et de la plus grande ville de Sierra Leone. 5. Les matières premières représentent à la fois une chance et un danger pour l’Afrique. Une chance d’abord parce qu’elles fournissent d’importants revenus à de nombreux États africains et sont parfois à la base de leur décollage économique. Cela leur permet notamment d’investir dans des projets de grande envergure. Mais c’est aussi un danger car plusieurs États n’hésitent pas à concéder une partie de leurs terres cultivables aux pays émergents comme la Chine. Dans de nombreux pays, la vente du sol ou du sous-sol représente de l’argent facile qui ne profite qu’à une minorité et ne permet pas de résoudre les problèmes de mal-développement.

Exercer ses compétences

(p. 271) 

Appliquer la méthode Réponse à la question • L’auteur de la caricature du document 2 p.269 est Paresh Nath, dessinateur pour le journal Khaleej Times, un quotidien publié en anglais aux Émirats Arabes Unis depuis 2005. Ses dessins sont publiés dans de nombreuses publications à travers le monde dont le New

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York times, International Herald Tribune (Paris), Los Angeles Times, World Press Review, The Guardian, Ouest France, Time, Courrier International, etc. • Ce dessin est daté de 2012 et s’intitule simplement « La Chine et l’Afrique ». Il montre un agriculteur en train de traire le lait d’une vache qui broute. Une carte est peinte sur la peau de l’animal. Un autre personnage observe la scène avec étonnement. • Le sens que l’auteur veut donner à son dessin est probablement le suivant : grâce à ses inves-

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GÉOGRAPHIE

tissements importants en Afrique (12 milliards de dollars d’IDE), la Chine peut s’accaparer une partie du continent et profiter de ses principales richesses. Cette stratégie pour mettre la main sur les ressources africaines semble surprendre les Américains, soit parce qu’ils répugnent à utiliser ce type de méthode soit parce qu’ils n’avaient pas pensé que des concurrents pourraient l’utiliser.

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PEAC

Le cinéma : une industrie mondialisée

• Le parcours d'éducation artistique et culturelle (PEAC) est inscrit dans le projet global de formation de l'élève et peut être entrepris facilement en classe de 4e. Les textes le définissent comme « l'ensemble des connaissances acquises par l'élève, des pratiques expérimentées et des rencontres faites dans les domaines des arts et du patrimoine, que ce soit dans le cadre des enseignements, de projets spécifiques, d'actions éducatives, dans une complémentarité entre les temps scolaire, périscolaire et extrascolaire. » • Dans ce parcours sur le « ciné-club collège », on va privilégier l'un des axes proposés par les textes officiels : « rencontres, directes et indirectes, avec des œuvres artistiques ». • Dans cette perspective, le projet « cinéclub » doit permettre d'une part de rendre les élèves acteurs, voire décideurs, tout en leur proposant une vision du cinéma en lien avec la mondialisation de la culture. La question qui sous-tend tout ce travail peut ainsi se formuler ainsi : y-a-t-il uniformisation de la culture cinématographique ou peut-on parler de maintien de particularismes nationaux.

Présentation des documents Pour engager ce travail, il a paru opportun de proposer quelques documents aux élèves. Doc. 1 – Les films produits dans le monde en 2014 Cette carte propose une évaluation de productions cinématographiques à travers le monde, par continent. Il faut préciser d'emblée qu'il s'agit d'estimations à partir de sources différentes. L'Asie domine avec l'Inde et la Chine. Le Nigeria est également un producteur important de films, mais il s'agit de conditions différentes, comme en atteste le doc. 5. Doc. 2 – Affiche chinoise du film de sciencefiction Jurassic World, juin 2015 Les blockbusters américains sont diffusés dans de multiples pays du monde et cumulent les recettes. Il s'agit ici d'une affiche de Jurassic World, produit par les studios Universal, l'un des majors du cinéma américain.

Doc. 3 – Les films qui ont rapporté le plus d'argent depuis 20 ans Ce tableau présente l'intérêt de présenter le classement des films ayant rapporté le plus d'argent, mais sur la longue durée : 20 ans. Tout naturellement, cela consacre la supériorité des productions américaines qui « trustent » les premières places. Doc. 4 – Bollywood, l'usine à rêve indienne Ce texte extrait d'un article paru dans la version Internet du Figaro rappelle les spécificités du cinéma indien, tout en remettant en cause certaines idées reçues. Bollywood est le nom donné à l'industrie du cinéma indien, basée à Mumbai (anciennement Bombay), dont les films sont réalisés le plus souvent en langue hindi. Bollywood, contraction de Bombay et d'Hollywood est l'une des industries cinématographiques les plus importantes du monde en volume de films produits (voir doc. 1). Ces films sont d'abord diffusés dans la plus grande partie de l'Inde mais ils s’exportent dans le monde entier. Souvent décriés pour leur médiocre qualité (films « à l'eau de rose », comédie musicales, chantées ou dansées), les films de Bollywood se diversifient aujourd'hui pour gagner un autre public. Doc. 5 – Nollywood, un cinéma populaire à petit budget au Nigeria (Afrique de l'Ouest) Nollywood, l'industrie cinématographique en plein essor du Nigeria, est le troisième producteur mondial de longs métrages. Contrairement à Hollywood et Bollywood, les films de Nollywood sont réalisés avec des petits budgets. Pourtant, en un peu plus d'une dizaine d'années Nollywood est parti de zéro pour représenter aujourd'hui un chiffre d'affaires de 250 millions de dollars. Cette industrie emploie des milliers de personnes. À l'heure actuelle, 300 producteurs réalisent entre 500 et 1 000 films par an. Trente nouveaux titres sont livrés dans les magasins ou marchés nigérians chaque semaine. Le cinéma est devenu au Nigeria une activité non négligeable pour une économie reposant surtout sur la vente du pétrole et les produits de l'agriculture.

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Démarche Dans la démarche proposée en page 272, on peut insister sur certains points : – prendre toutes les garanties pour que le projet soit soutenu et même promu par l'administration ; – proposer des programmes variés de manière à intéresser le maximum d'élèves du collège ;

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GÉOGRAPHIE

– vérifier que les films proposés soient classés « tous publics ».

Critères de réussites 1. La qualité de la présentation du projet. 2. La qualité des arguments pour convaincre l'auditoire.

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PARCOURS

Les métiers liés à la mer

AVENIR Dans le cadre du Parcours Avenir, il s'agit pour le professeur de permettre à ses élèves de mieux comprendre le monde économique et professionnel ainsi que la diversité des métiers et des formations qui lui sont offertes et de s'interroger voire de préparer son projet d'orientation scolaire et professionnelle. On s'attachera à rendre les élèves acteurs dans la construction de leur projet d'orientation afin qu'ils aient une meilleure visibilité des filières de formation et des choix possibles. Le secteur des métiers liés à la mer est incontestablement porteur d'activités très variées. La double page invite à faire réaliser aux élèves un diaporama sur un ou plusieurs métiers au choix. Ils seront amenés ainsi à mieux connaître le tissu économique du milieu marin et de son environnement.

Démarche Étape 1 : Préparer le travail Il s'agit en premier lieu pour les élèves de faire un choix de métier en fonction de leurs affinités. Plusieurs exemples sont donnés (voir documents) dans des domaines variés.

Présentation des documents Doc. 1 – Skipper sur un navire de plaisance à voile Le premier métier de la mer est celui de skipper. Être skipper professionnel consiste à transporter des passagers ou encore à convoyer un navire de plaisance sur différents océans. Ce métier exige de nombreuses qualités : une excellente connaissance de la mer et du droit maritime ainsi qu’une grande expérience de la pratique de la voile et de la gestion de l’équipage. Doc. 2 – Aquaculteur ou aquacultrice Le métier évoqué dans ce document est celui d’aquaculteur. Comme nous le montre l'exemple donné, ce métier peut être exercé facilement par une femme. Celle-ci élève des poissons, veille à leur reproduction et s’occupe de leur commercialisation. On se prépare à ce métier en obtenant un BTS aquaculture ou une licence pro en aquaculture à bac + 3.

Étape 2 : Réaliser le diaporama

Doc. 3 – Biologiste marin Le métier de biologiste marin est une spécialité scientifique de haut niveau qui nécessite des études longues. Le travail est varié et s'effectue en milieu marin comme en laboratoire.

La partie technique demande des compétences que les élèves maîtrisent pour la plupart d'entre eux. Les logiciels de diaporama (ex : Powerpoint) demandent une rapide prise en main. Un guidage précis doit permettre d'illustrer par des images et commenter celles-ci par des textes courts mais adaptés.

Doc. 4 – Électricien(ne) dans la marine marchande Les professions liées à la mer peuvent aussi être des métiers techniques dans des domaines aussi divers que l'électricité, la mécanique ou la maintenance… Le niveau d'étude requis est moindre.

Étape 3 : Présenter le diaporama lors d'un exposé oral

Critères de réussites :

Si les diapositives sont le plus souvent composées d'une image et d'un texte, l'élève doit accompagner son travail d'un commentaire personnel.

1. La qualité visuelle des diaporamas. 2. La maîtrise de la communication à l’oral. 3. La qualité des commentaires. 4. La réussite technique des diaporamas.

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AP

S’informer dans le monde du numérique

Présentation du document Il s'agit d'une vue aérienne oblique du port de Dunkerque. C'est ce port et son site internet qui font l'objet de cette page d'AP.

Travailler autrement Pour respecter l'esprit de l'AP, les trois situations ont été conçues pour proposer une gradation des difficultés. La situation de départ est la même : étudier le port de Dunkerque à travers diverses activités

Situation 1 Il s'agit pour les élèves de décrire les ensembles portuaires et en particulier de situer les différents terminaux (conteneurs, ferries, céréaliers, méthaniers, vracs) les uns par rapport aux autres. La description devra prendre en compte successivement l'avant-port Ouest et l'avant-port Est.

Situation 2 Cette situation présente un niveau de difficulté plus important. Il s'agit de réaliser un diapo-

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GÉOGRAPHIE

rama à partir des clichés de la photothèque du site consacré au port de Dunkerque. Il existe un grand nombre de diapositives disponibles, ce qui permet aux élèves de choisir des axes de présentation différents.

Situation 3 • Les trois compagnies qui assurent la liaison Dunkerque-Abidjan sont : MSC, Maersk Lines et Sealogis. La fréquence des liaisons vers l'Afrique de ces porte-conteneurs est hebdomadaire. • À titre d'exemple, la flotte de la compagnie Maersk Line compte actuellement 500 navires dont 188 appartiennent à la compagnie. Huit font partie de la classe Triple E (les plus gros porte-conteneurs), comme le Emma Maersk, qui peut transporter jusqu’à 14 500 EVP (équivalent vingt pieds). Cette compagnie maritime a fait un profit d’environ 1,5 milliard de dollars en 2015.

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EPI

Préserver les ressources des mers et des océans

Cet EPI s'inscrit dans la dominante « Transition écologique et développement durable ». Il permet ainsi de croiser essentiellement l'enseignement Moral et Civique avec les Sciences et Vie de la Terre. L'idée de cette page est de rendre les élèves acteurs, de ce qui se passe dans le monde à travers la réalisation d'une affiche destinée à la préservation de la faune marine. Les élèves sont invités à analyser les deux documents proposés : – doc. 1 : Texte sur la chasse à la baleine par les Japonais, sous le couvert d'exploration scientifique ; – doc. 2 : les méfaits de la surpêche : rejet à la mer des poissons trop petits.

Suggestion SVT • « Caractériser quelques-uns des principaux enjeux de l’exploitation d’une ressource naturelle par l’être humain, en lien avec quelques grandes questions de société. » L’exploitation de quelques ressources naturelles par l’être humain (eau, sol, pétrole, charbon, bois, ressources minérales, ressources halieutiques…) pour ses besoins en nourriture et ses activités quotidiennes.

• Comprendre et expliquer les choix en matière de gestion de ressources naturelles à différentes échelles. Expliquer comment une activité humaine peut modifier l’organisation et le fonctionnement des écosystèmes en lien avec quelques questions environnementales globales.

Suggestion EMC • Prendre en charge des aspects de la vie collective et de l'environnement et développer une conscience citoyenne, sociale et surtout écologique. • Responsabiliser les élèves dans un contexte de développement durable.

Critères de réussites 1. La qualité de votre présentation de l'affiche. 2. La qualité de l’argumentation : image et texte. 3. Le degré de conviction pour défendre le milieu marin : argumenter. 4. S'inscrire dans une démarche citoyenne (EMC).

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DNB

Histoire, Géographie et Enseignement moral et civique

Exercice 1 – Analyser et comprendre des documents 1. Les espaces maritimes procurent des ressources halieutiques (exploitation des ressources vivantes aquatiques), des hydrocarbures, des minerais. 2. L’expression montre que les routes maritimes sont nombreuses et fréquentées par une importante flotte. On peut remarquer des routes majeures entre les principaux pôles de l’économie mondiale (Amérique du Nord, Europe, Asie et Moyen-Orient). 3. Canaux et détroits sont les points de passage obligés pour relier les différents pôles : – détroits d’Ormuz et de Bab-el-Mandeb, canal de Suez, détroits du Bosphore et de Gibraltar, pour relier le Moyen-Orient à l’Europe ; – canal de Panama évitant de contourner l’Amérique du Sud ; – détroit de Malacca. 4. Les espaces maritimes sont appropriés par les routes maritimes, les infrastructures portuaires et un partage des eaux suite à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDEM) conclu à Montego bay en 1982 qui définit différents espaces maritimes. Les tensions apparaissent au sujet des délimitations des zones maritimes, des revendications de souveraineté sur îles, des actes de piraterie.

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GÉOGRAPHIE

Exercice 2 – Maîtriser différents langages pour raisonner et se repérer 1. Afin de construire le développement, trois axes sont privilégiés. Il s’agit de traiter des processus, des mutations en cours, en lien avec la mondialisation : – Au préalable, on revient sur la notion de mondialisation : processus de mise en relation, d’interdépendances des territoires par le biais de flux croissants et multiples qui fait ressentir ses effets sur l’organisation de ces mêmes territoires. On peut ainsi s’appuyer sur les flux migratoires qui concernent les Etats-Unis (flux externes en provenance de l’Amérique du Sud et d’Asie et flux internes du Nord-Est vers les états du croissant périphérique). – La métropolisation : concentration des hommes, des activités, des centres décisionnels, des richesses dans des espaces urbains qui deviennent des espaces de commandement (métropoles). – La littoralisation : répondant aux logiques de flux (marchandises, population…) les littoraux occupent une place essentielle. Aménagés, connectés ils deviennent des nœuds, des points de passage, des interfaces. – L’intégration frontalière : les flux divers créent des espaces originaux au niveau des frontières : le cas de la frontière américano mexicaine (Mexamérique) est le plus significatif.