Le Quartier Des Pretres Dans Le Temple D'amon a Karnak (Orientalia Lovaniensia Analecta, 300) (French Edition) 9042938102, 9789042938106

French description: Le quartier des pretres est un quartier residentiel situe dans le sanctuaire d'Amon a Karnak, a

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French Pages 791 [801] Year 2021

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Table of contents :
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE
LES PLANTES ET LES ANIMAUX
LES ARTEFACTS
SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ
CONCLUSION
ABRÉVIATIONS DES PÉRIODIQUES ET DES COLLECTIONS*
INDICES
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Le Quartier Des Pretres Dans Le Temple D'amon a Karnak (Orientalia Lovaniensia Analecta, 300) (French Edition)
 9042938102, 9789042938106

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O R I E N TA L I A L OVA N I E N S I A A N A L E C TA Le quartier des prêtres dans le temple d’Amon à Karnak par AURÉLIA MASSON-BERGHOFF

PEET ERS

LE QUARTIER DES PRÊTRES DANS LE TEMPLE D’AMON À KARNAK

Les maisons des prêtres sur la rive orientale du lac Sacré – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

ORIENTALIA LOVANIENSIA ANALECTA ————— 300 —————

TRAVAUX DU CENTRE FRANCO-ÉGYPTIEN D’ÉTUDE DES TEMPLES DE KARNAK

LE QUARTIER DES PRÊTRES DANS LE TEMPLE D’AMON À KARNAK

par

AURÉLIA MASSON-BERGHOFF avec les contributions de

LOUIS CHAIX, DIDIER DEVAUCHELLE, SAMUEL GUÉRIN, CLAIRE NEWTON et GHISLAINE WIDMER

PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2021

Ouvrage publié avec le soutien du LabEx Archimede dans le cadre du programme «Investissement d’Avenir» ANR-11-LABX-0032-01.

C F E E T K U S R

3 1 7 2

A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2021, Peeters Publishers, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven/Louvain (Belgium) All rights reserved, including the rights to translate or to reproduce this book or parts thereof in any form. ISBN 978-90-429-3810-6 eISBN 978-90-429-3811-3 D/2021/0602/98

À ma famille À la mémoire de Robert

« En somme je ne vois de raison d’être à l’extrême épaisseur des enceintes de Karnak que dans la loi religieuse qui interdisait au public, non seulement la vue de certaines cérémonies sacrées, mais encore l’accès en temps ordinaire des temples et de leurs alentours. […] Au surplus des prêtres d’un certain ordre auraient logé à l’intérieur des enceintes ou des fouilles feraient retrouver des restes d’habitations privées, que le caractère d’impénétrabilité des temples dans les circonstances ordinaires de leur existence, ne serait point atteint. » Auguste Mariette, Karnak  : Étude topographique et archéologique, Leipzig, 1875, p. 6.

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS

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XXI

INTRODUCTION .

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1

Historique des recherches sur le quartier des prêtres . . . . . . . . . . . . . . . Intérêts de la reprise des recherches archéologiques . . . . . . . . . . . . . . . Les nouvelles fouilles et méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Bibliographie de l’introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1 7 8 13

CHAPITRE I

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE 1.

AVANT

LA CONSTRUCTION D’UN QUARTIER DE PRÊTRES

LA PHASE

2.

11 (NOUVEL EMPIRE) .

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:

LA PHASE

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10 (ANTÉRIEURE AU REMPART) . . . . . . . . . .

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16 16 16 20 20 20 25 25

1.2.

Stratigraphie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1. Sondage mené dans la maison VII : l’épais remblai de nivellement . . . . . . 1.2.2. Sondages menés dans la rue : l’incendie . . . . . . . . . . . . . . .

25 25 31

1.3.

Comparaison avec les fouilles précédentes .

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PREMIÈRE ATTESTATION DES PRÊTRES À LA TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE : . . . . . . . .

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LA PHASE

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16

Architecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1.1. Sondage mené dans la maison VII . . . . . . . . 1.1.1.1. Éléments architecturaux antérieurs au rempart . 1.1.1.2. Élément architectural appartenant à la phase 11 1.1.2. Sondages menés dans la rue . . . . . . . . . . 1.1.2.1. Le grand mur M55’ (au nord-ouest) . . . . 1.1.2.2. Éléments architecturaux M99 et ST24 . . . 1.1.2.3. Le grand mur M86’ (au sud-ouest) . . . .

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1.1.

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ET

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34

12 .

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35

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2.1.

Architecture . . . . . . . . . . . . . . 2.1.1. Les bâtiments de la phase 12 . . . . . . 2.1.1.1. Le bâtiment 1 . . . . . . . 2.1.1.2. Le bâtiment 2 . . . . . . . 2.1.1.3. Le bâtiment 3 . . . . . . . 2.1.2. Les grands murs ouest à la phase 12 . . . 2.1.2.1. Le grand mur M55 (au nord-ouest) 2.1.2.2. Le grand mur M86 (au sud-ouest) .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

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35 35 35 35 39 39 39 43

2.2.

Stratigraphie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1. Les tranchées de fondation . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1.1. Les tranchées de fondation des bâtiments de la phase 12 . . . 2.2.1.2. Les tranchées de fondation des grands murs ouest de la phase 12 . 2.2.2. Les fosses de dépotoir cendreuses : un hiatus entre les phases 12 et 13 . .

. . . . .

. . . . .

. . . . .

43 43 43 45 45

TABLE DES MATIÈRES

X

3.

2.3.

L’organisation du quartier à la phase 12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.1. L’agencement entre les différents éléments architecturaux de la phase 12 . . . . 2.3.2. La circulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

47 47 47

2.4.

Comparaison avec les fouilles précédentes . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.4.1. Éléments architecturaux appartenant probablement à la phase 12 . . . . . . . 2.4.2. L’installation n°5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

48 48 51

LE

: LA PHASE 13.

QUARTIER DES PRÊTRES À LA BASSE ÉPOQUE

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52

3.1.

La maison VII . . . . . . . . . . . . . . . 3.1.1. Architecture de la maison VII . . . . . . . 3.1.1.1. Observations générales sur la maison VII 3.1.1.2. Économie intérieure de la maison VII . 3.1.1.3. Études des fondations de la maison VII . 3.1.2. Stratigraphie de la maison VII . . . . . . . 3.1.2.1. Corps principal du logis de la maison VII 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII . . .

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52 52 52 57 59 62 62 67

3.2.

La maison VIII . . . . . . . . . . . . . . . 3.2.1. Architecture de la maison VIII . . . . . . . 3.2.1.1. Observations générales sur la maison VIII 3.2.1.2. Économie intérieure de la maison VIII . 3.2.2. Stratigraphie de la maison VIII . . . . . . . . 3.2.2.1. Corps principal du logis de la maison VIII 3.2.2.2. Espace arrière de la maison VIII . . .

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87 87 87 89 89 89 96

3.3.

La maison IX (?) . . . . . . . 3.3.1. Architecture de la maison IX 3.3.2. Stratigraphie de la maison IX

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

100 100 100

3.4.

La rue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.4.1. Observations générales sur la rue . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.4.2. Étude stratigraphique de la rue à la phase 13. . . . . . . . . . . . . . 3.4.2.1. Le premier niveau de rue : SOL24 . . . . . . . . . . . . . 3.4.2.2. Le deuxième niveau de rue : SOL23 . . . . . . . . . . . . . 3.4.2.3. Le troisième niveau de rue : SOL22 . . . . . . . . . . . . . 3.4.2.4. SOL21 : quatrième niveau de rue ou aménagement secondaire de SOL22 ? 3.4.2.5. L’axe est-ouest : tentative d’équivalences avec les niveaux de la rue nord-sud

103 103 103 106 107 107 109 109

3.5.

La « place » . . . . . . . . . . . . . . 3.5.1. Premier aménagement de la « place » . . . 3.5.2. Réaménagement de la « place ». . . . . 3.5.2.1. Description des aménagements . . 3.5.2.2. Stratigraphie . . . . . . . . 3.5.3. Le statut de la « place » vis-à-vis du quartier

. . . . . .

. . . . . .

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112 112 113 113 113 114

3.6.

Les grands murs ouest. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.6.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest) . . . . . . . . . . . . . . 3.6.1.1. Description du grand mur M53 . . . . . . . . . . . . 3.6.1.2. À l’intérieur du grand mur M53 : deux états de batteries de fours 3.6.2. Le grand mur M85 et sa reconstruction M78 (au sud-ouest) . . . . . . 3.6.2.1. Premier état : M85 . . . . . . . . . . . . . . . 3.6.2.2. Deuxième état : M78 . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .

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. . . . . . .

116 116 116 118 120 120 120

. . . . . des

. . . . . . . . . . . . . . . prêtres .

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

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. . . . . .

XI

TABLE DES MATIÈRES

3.7.

4.

5.

Étude comparative des maisons des prêtres . . . . . . . . . . . . . . . . 3.7.1. Sur l’architecture des maisons de prêtres . . . . . . . . . . . . . . 3.7.1.1. Comparaison architecturale avec les autres maisons du quartier . . . 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites . . . . . . . . . . . . . 3.7.2. Les données stratigraphiques des anciennes fouilles du quartier des prêtres à Karnak 3.7.2.1. Sur les espaces arrières . . . . . . . . . . . . . . . . 3.7.2.2. Sur le déclin du quartier . . . . . . . . . . . . . . . . 3.7.2.3. Sur l’incendie final . . . . . . . . . . . . . . . . .

UN NOUVEL HABITAT

DE PRÊTRES À L’ÉPOQUE GRÉCO-ROMAINE

?: . . . . . . .

LA PHASE

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120 121 121 125 141 141 142 146

14 .

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147

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4.1.

Architecture . . . . . . . . . . . . . . 4.1.1. Les bâtiments de la phase 14 . . . . . . 4.1.1.1. Sous-phase 14a . . . . . . . 4.1.1.2. Sous-phase 14b . . . . . . . 4.1.2. Les grands murs ouest à la phase 14 . . . 4.1.2.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest) 4.1.2.2. Le mur M84 (au sud-ouest) . . .

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. . . . . . .

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147 147 147 153 156 156 156

4.2.

Stratigraphie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.1. Stratigraphie des bâtiments . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.1.1. Stratigraphie du bâtiment I . . . . . . . . . . . . . . 4.2.1.2. Stratigraphie du bâtiment J . . . . . . . . . . . . . . 4.2.2. Étude stratigraphique de la rue à la phase 14 . . . . . . . . . . . 4.2.2.1. Première conversion en dépotoir : Rue 1. . . . . . . . . . 4.2.2.2. Premier niveau de démolition-remblaiement : Rue 2 . . . . . . 4.2.2.3. Seconde conversion en dépotoir : Rue 3 . . . . . . . . . . 4.2.2.4. Second niveau de démolition-remblaiement et murs séparateurs : Rue 4.2.2.5. Niveaux de circulation : Rue 5 . . . . . . . . . . . . . 4.2.2.6. Troisième conversion en dépotoir : Rue 6 . . . . . . . . .

. . . . . . . . 4 . .

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156 157 157 157 160 160 161 163 167 168 170

4.3.

L’organisation du quartier à la phase 14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3.1. L’agencement entre les différents éléments architecturaux de la phase 14 . . . . 4.3.2. La circulation à la phase 14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

171 171 172

4.4.

Étude comparative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4.1. L’architecture des bâtiments de la phase 14 . . . . . . . . . . . . . 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque . 4.4.1.2. Une phase représentée dans le secteur dégagé en 1970 mais négligée . 4.4.1.3. Comparaison avec d’autres sites . . . . . . . . . . . . . 4.4.2. Les données stratigraphiques des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque . . 4.4.2.1. Les fosses de dépotoir. . . . . . . . . . . . . . . . . 4.4.2.2. Sur les éventuelles réfections des bâtiments . . . . . . . . . .

. . . . . . . .

173 173 173 178 179 183 184 184

ÉLÉMENTS POSTÉRIEURS À LA PRÉSENCE DES PRÊTRES DANS LE SECTEUR : LA PHASE 15 ET LES INTERVEN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

184

TIONS MODERNES .

5.1.

La phase 15 . . . . . . . . . . . . . 5.1.1. Le dernier « niveau de rue » . . . . . 5.1.2. Les fosses de dépotoir de la phase 15 . . 5.1.3. Comparaison avec les fouilles précédentes

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

185 185 185 187

TABLE DES MATIÈRES

XII 5.2.

Les remblais : indices d’interventions modernes . . . . . . . . . . . . . . . 5.2.1. Le « remblai » de limon rubéfié. . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.2.2. Les grosses buttes de remblai . . . . . . . . . . . . . . . . . .

190 190 190

Tableau synthétique des grandes phases (Zone 7) . . . . . . . . . . . . . . . . . Schéma stratigraphique de la rue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Bibliographie du chapitre I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

190 192 192

CHAPITRE II

LES PLANTES ET LES ANIMAUX 1.

2.

ÉCONOMIE VÉGÉTALE, par Claire NEWTON .

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198

1.1.

Méthodes .

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198

1.2.

Quelques contextes archéologiques particuliers . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1. Des agglomérats de grains de céréales : dépotoirs (fin XXVe-début XXVIe dynastie) maison VIII (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) . . . . . . . . . . . . 1.2.2. Maison IX : le petit foyer à gesse (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) . . . . . 1.2.3. Maison VII : le sol incendié de la réserve (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) . . .

. et . . .

200 200 200 201

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1.3.

Approvisionnement et alimentation végétale . . . . . . . . . . . . . 1.3.1. Céréales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.1.1. Blé et orge, les deux mamelles de la céréaliculture égyptienne . . 1.3.1.2. Approvisionnement et offrandes aux temples . . . . . . . 1.3.1.3. Mangez du blé ! Mangez de l’orge ! Oui mais sous quelle forme ? 1.3.2. Gesse commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.3. Oléagineux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.4. Fruits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

. . . . . . . .

205 205 205 206 207 208 208 208

1.4.

Le bois comme combustible et comme matériau . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.1. Combustible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.2. Bois travaillé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

212 212 214

Bibliographie de l’étude archéobotanique.

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215

LE

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217

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217

2.1.

Étude de la faune par phase . . . . . . . . . . . . . . 2.1.1. La phase 12 (TPI-début de la Basse Époque) . . . . . 2.1.2. La phase 13 (XXVIe-début XXVIIe dynastie) . . . . . . 2.1.3. La phase 14 (fin Basse Époque-début Haut-Empire romain) . 2.1.4. La phase 15 (éléments postérieurs) . . . . . . . . .

. . . . .

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219 219 220 223 225

2.2.

Les espèces et leur exploitation . . . 2.2.1. Le bœuf . . . . . . . 2.2.2. Les Caprinés . . . . . . 2.2.3. Les oiseaux domestiques . . 2.2.4. Le porc . . . . . . . 2.2.5. Les poissons . . . . . . 2.2.6. Animaux domestiques divers 2.2.7. La faune sauvage . . . .

. . . . . . . .

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225 225 228 230 230 232 232 233

MONDE ANIMAL,

par Louis CHAIX .

Considérations générales .

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XIII

TABLE DES MATIÈRES

2.3.

Analyse diachronique .

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233

2.4.

De rares comparaisons

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235

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236

Bibliographie de l’étude archéozoologique .

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240

Sur la documentation des artefacts découverts dans les années 1970 .

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243

CÉRAMIQUE .

Conclusion .

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CHAPITRE III

LES ARTEFACTS

1.

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244

Remarques générales .

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244

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1.1.

Description des fabriques. . 1.1.1. Les pâtes alluviales . 1.1.2. Les pâtes marneuses 1.1.3. Les pâtes des Oasis . 1.1.4. Une pâte assouanaise 1.1.5. Les pâtes importées .

. . . . . .

246 246 248 250 251 251

1.2.

Céramique de la phase 12 (TPI-début Basse Époque) . . . . . . . . . . . . . 1.2.1. La production égyptienne de la phase 12 . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 12. . . . . . . . . . . 1.2.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 12 . . . . . . . . . . . 1.2.1.3. Productions en pâte des Oasis de la phase 12 . . . . . . . . . . 1.2.2. Les importations de la phase 12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.2.1. Récipients assimilés au courant syro-palestinien de la phase 12 . . . . 1.2.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 12

255 256 256 268 277 281 281 282

1.3.

Céramique de la phase 13 (XXVIe-début XXVIIe dynastie) . . . . . . . . 1.3.1. La production égyptienne de la phase 13 . . . . . . . . . . 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13 . . . . . 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13 . . . . . . 1.3.1.3. Productions des Oasis de la phase 13 . . . . . . . . 1.3.2. Les importations et copies d’importation de la phase 13 . . . . . 1.3.2.1. Récipients assimilés au courant égéen de la phase 13. . . 1.3.2.2. Récipients assimilés au courant chypriote de la phase 13 . 1.3.2.3. Récipients assimilés au courant attique de la phase 13 . . 1.3.2.4. Récipient corinthien de la phase 13 . . . . . . . . 1.3.2.5. Récipients syro-palestiniens de la phase 13 . . . . . . 1.3.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir

284 285 285 300 316 319 319 321 322 322 324 326

1.4.

Céramique de la phase 14 (fin Basse Époque-début Haut-Empire romain) . 1.4.1. La production égyptienne de la phase 14 . . . . . . . . . 1.4.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 14 . . . . 1.4.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 14 . . . . . 1.4.1.3. Remarques sur la vaisselle peinte avec des motifs floraux 1.4.1.4. Productions des Oasis de la phase 14 . . . . . . . 1.4.1.5. Une production assouanaise . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à la phase 13 .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à la phase 14 . . . . . . . . . . .

. . . . . . .

330 331 331 347 359 361 361

TABLE DES MATIÈRES

XIV 1.4.2.

1.4.3.

2.

3.

Les importations et copies d’importation de la phase 14 . . . . . . . . . . 1.4.2.1. Récipients assimilés au courant égéen de la phase 14. . . . . . . . 1.4.2.2. Récipients assimilés au courant attique de la phase 14 . . . . . . . 1.4.2.3. Récipients assimilés au courant chypriote de la phase 14 . . . . . . 1.4.2.4. Récipients assimilés au courant syro-palestinien de la phase 14 . . . . 1.4.2.5. Récipient d’origine indéterminée de la phase 14 . . . . . . . . . Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 14 . 1.4.3.1. Formes ouvertes et ustensiles . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.3.2. Formes fermées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4.3.3. Remarques sur la céramique du Haut-Empire romain . . . . . . . 1.4.3.4. Importations ou copies d’importation . . . . . . . . . . . . .

363 363 366 366 368 370 371 372 376 383 383

Bibliographie de l’étude de la céramique .

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386

MATÉRIEL SIGILLAIRE .

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393

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sceau d’un contexte fin XXVe-début XXVIe dynastie (phase 12) . . . . Sceaux de contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie (phase 13) . . . . . Sceaux de contextes ptolémaïques (phase 14) . . . . . . . . . Sceaux provenant des fouilles anciennes . . . . . . . . . . . 2.1.4.1. Sceaux provenant des fouilles du quartier des prêtres en 1970 . 2.1.4.2. Sceaux provenant des fouilles du quartier ptolémaïque en 1971

. . . . . . .

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393 393 393 395 397 397 399

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . romain) . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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399 399 399 401 402 404 405 405 412 412 414 414 430 434 435 435 448 451 452 452 454

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2.1.

Sceaux 2.1.1. 2.1.2. 2.1.3. 2.1.4.

2.2.

Scellés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1. Considérations générales . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1.1. Présentation du corpus . . . . . . . . . . . . 2.2.1.2. Les objets scellés . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1.3. Quels parallèles pour cette documentation ? . . . . . 2.2.1.4. À propos du catalogue . . . . . . . . . . . . 2.2.2. Scellés de la phase 12 (contextes TPI-début Basse Époque) . . . . 2.2.2.1. Catalogue des scellés de la phase 12 . . . . . . . . 2.2.2.2. Observations générales sur les scellés de la phase 12 . . . 2.2.2.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 12 . . . 2.2.3. Scellés de la phase 13 (contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie) . . . 2.2.3.1. Catalogue des scellés de la phase 13 . . . . . . . . 2.2.3.2. Observations générales sur les scellés de la phase 13 . . . 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13 . . . 2.2.4. Scellés de la phase 14 (contextes fin Basse Époque-début Haut-Empire 2.2.4.1. Catalogue des scellés de la phase 14 . . . . . . . . 2.2.4.2. Observations générales sur les scellés de la phase 14 . . . 2.2.4.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 14 . . . 2.2.5. Autres scellés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.5.1. Catalogue des scellés hors contexte ou autre contexte . . 2.2.5.2. Scellés provenant des anciennes fouilles . . . . . . .

Bibliographie de l’étude du matériel sigillaire .

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454

MOBILIER LITHIQUE .

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459

Étude de l’industrie lithique, par Samuel GUÉRIN . . . . . . . . . . . . . . 3.1.1. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1.2. Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

459 459 459

3.1.

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XV

TABLE DES MATIÈRES

3.1.3. 3.1.4.

3.1.5.

3.1.6.

3.1.7. Bibliographie

Les matières premières . . . . . . . Les produits de débitage et nucléi . . . . 3.1.4.1. Les éclats . . . . . . . . 3.1.4.2. Les lames . . . . . . . . 3.1.4.3. Les lamelles . . . . . . . . 3.1.4.4. Les débris . . . . . . . . 3.1.4.5. Les nucléi . . . . . . . . Les outils . . . . . . . . . . . . 3.1.5.1. Les outils employés pour couper des 3.1.5.2. Les outils servant à percer . . . 3.1.5.3. Outil utilisé pour piqueter et débiter 3.1.5.4. Les outils « opportuns » . . . . Varia . . . . . . . . . . . . . 3.1.6.1. Percuteur . . . . . . . . 3.1.6.2. Ébauche de perle . . . . . . 3.1.6.3. Galets . . . . . . . . . . Conclusion sur l’industrie lithique . . . . de l’étude de l’industrie lithique . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . végétaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3.2.

Étude du macro-outillage, par Samuel GUÉRIN . . . . . . 3.2.1. Le matériel de broyage . . . . . . . . . . . 3.2.1.1. Les répercutants : meules et mortiers . . . . 3.2.1.2. Les percutants : des broyeurs . . . . . . 3.2.1.3. Catégories fonctionnelles du matériel de broyage 3.2.2. Autres outils répertoriés . . . . . . . . . . . 3.2.2.1. Les plans horizontaux . . . . . . . . . 3.2.2.2. Les percuteurs . . . . . . . . . . . 3.2.2.3. Les pierres abrasives/polissoirs . . . . . . 3.2.2.4. Outils composites ou à usage indéterminé . . Bibliographie de l’étude du macro-outillage . . . . . . . . . 3.3.

Vaisselle de pierre, par Aurélia MASSON-BERGHOFF . 3.3.1. Plats à saillies . . . . . . . . . . . 3.3.2. Alabastra . . . . . . . . . . . . . 3.3.3. Autres vaisselles en pierre . . . . . . . Bibliographie de l’étude de la vaisselle de pierre . . . . .

4.

4.2.

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459 461 461 463 463 464 464 465 465 467 469 469 471 471 471 471 471 472

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473 473 473 479 483 484 484 485 486 486 488

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496 496 498 502 503

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504

Catalogue des figurines en terre cuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.1. Figurines en terre cuite de la phase 13 (contextes XXVIe- début XXVIIe dynastie) . . 4.1.2. Figurines en terre cuite de la phase 14 (contextes fin Basse Époque-époque ptolémaïque) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.3. Figurines provenant des anciennes fouilles . . . . . . . . . . . . . . 4.1.4. Figurines provenant d’autres contextes . . . . . . . . . . . . . . .

504 504

Commentaires sur les figurines du secteur des prêtres . . . . . . . . . . . . . 4.2.1. Figurines zoomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.2. Rareté des figurines anthropomorphes : une explication contextuelle ? . . . . .

511 511 513

FIGURINES EN 4.1.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

TERRE CUITE

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Bibliographie de l’étude des figurines en terre cuite .

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506 508 511

514

TABLE DES MATIÈRES

XVI 5.

6.

SCULPTURES ET MODÈLES DE SCULPTEURS .

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516

5.1.

Catalogue . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.1.1. Éléments de sculpture provenant de la Zone 7 . . . 5.1.1.1. Ronde bosse . . . . . . . . . . 5.1.1.2. Bas-relief et décor incisé . . . . . . . 5.1.2. Éléments de sculpture provenant des anciennes fouilles 5.1.2.1. Ronde bosse . . . . . . . . . . 5.1.2.2. Bas-relief et relief en creux . . . . . .

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516 516 516 522 525 527 530

5.2.

Datation et interprétation de ces éléments de sculpture .

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532

Bibliographie de l’étude des sculptures et modèles de sculpteurs .

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533

AMULETTES .

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535

6.1.

Catalogue des amulettes . . . . . . . . . . 6.1.1. Divinités . . . . . . . . . . . . 6.1.1.1. Thouéris . . . . . . . . . 6.1.1.2. Bès . . . . . . . . . . 6.1.1.3. Thot . . . . . . . . . . 6.1.1.4. Shou . . . . . . . . . . 6.1.1.5. Isis lactans . . . . . . . . 6.1.1.6. Bès-Patèque . . . . . . . . 6.1.1.7. Indéterminé . . . . . . . . 6.1.2. Monde animal . . . . . . . . . . 6.1.2.1. Scarabée anépigraphe . . . . . 6.1.2.2. Taureau . . . . . . . . . 6.1.2.3. Lion . . . . . . . . . . 6.1.2.4. Cobra . . . . . . . . . . 6.1.2.5. Bélier . . . . . . . . . . 6.1.2.6. Chat . . . . . . . . . . 6.1.3. Symboles prophylactiques . . . . . . 6.1.3.1. Colonne ouadj . . . . . . . 6.1.3.2. Œil oudjat . . . . . . . . 6.1.3.3. Couronne blanche . . . . . . 6.1.3.4. Couronne d’Amon (?) . . . . 6.1.4. Parties du corps humain . . . . . . . 6.1.4.1. Yeux humains . . . . . . . 6.1.4.2. Amulette de cœur . . . . . . 6.1.5 Autres types d’amulettes . . . . . . . 6.1.5.1. Cauris . . . . . . . . . . 6.1.5.2. Pierres semi-précieuses « brutes » .

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535 535 535 536 538 538 539 539 539 541 541 541 541 543 543 543 544 544 546 549 549 551 551 551 553 553 553

6.2.

Catalogue des moules . 6.2.1.

6.2.2.

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Divinités . . . . 6.2.1.1. Amon . . 6.2.1.2. Indéterminé Monde animal . . 6.2.2.1. Mouche . 6.2.2.2. Canidé . 6.2.2.3. Poisson .

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553

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555 555 555 555 555 555 555

XVII

TABLE DES MATIÈRES

6.2.3. 6.2.4.

8.

9.

Commentaires .

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556

Bibliographie de l’étude des amulettes

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558

MOBILIER EN FAÏENCE .

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560

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555 556

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6.3.

7.

Symboles prophylactiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Autres types de moules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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7.1.

Vaisselle en faïence . . . . . . . . . 7.1.1. Formes fermées . . . . . . . . 7.1.1.1. Gourdes du Nouvel An . . 7.1.1.2. Autres formes fermées . . 7.1.2. Formes ouvertes . . . . . . . 7.1.3. Couvercles . . . . . . . . . 7.1.4. Production locale de vaisselle en faïence

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560 560 560 564 564 567 569

7.2.

Objets en faïence . . . . . . 7.2.1. Sistre . . . . . . . 7.2.2. Figurines en faïence . . 7.2.2.1. Ouchebtis . . 7.2.2.2. Figurines diverses

. . . . . . . . . . . . faïence

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571 571 573 573 576

Bibliographie de l’étude du mobilier en faïence

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577

MOBILIER MÉTALLIQUE .

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579

8.1.

Monnaies et lingots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.1.1. Trésor d’argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.1.2. Trésors de « bronze » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.1.3. Monnaies ptolémaïques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

579 579 581 584

8.2.

Statuettes en métal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2.1. Divinités anthropomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2.2. Statuette thériomorphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2.3. Couronnes et éléments divers . . . . . . . . . . . . . . . . . .

586 586 589 589

8.3.

Varia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.3.1. Éléments provenant de contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie . . . . . . . . 8.3.2. Éléments provenant de contextes fin Basse Époque et ptolémaïques . . . . . .

591 591 593

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. . . . en

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Bibliographie de l’étude du mobilier métallique

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BLOCS ÉPIGRAPHIÉS ET DÉCORÉS .

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599

9.1.

Les indices d’une occupation dès la Troisième Période Intermédiaire

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599

9.2.

Matériel inscrit du quartier ptolémaïque .

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609

9.3.

Tables d’offrandes .

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9.4.

Graffiti

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9.5.

Varia .

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617

Bibliographie de l’étude des blocs épigraphiés et décorés

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621

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TABLE DES MATIÈRES

XVIII 10.

OSTRACA, par Didier DEVAUCHELLE, Ghislaine WIDMER et Aurélia MASSON-BERGHOFF .

623

10.1. Les ostraca provenant des nouvelles fouilles . . . . . . . . . 10.1.1. Ostraca de la phase 13 (Basse Époque) . . . . . . . . 10.1.2. Ostraca de la phase 14 (fin Basse Époque-époque ptolémaïque) 10.1.3. Ostraca mis au jour dans les remblais modernes . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

623 623 623 630

10.2. Quelques notes sur les ostraca provenant des anciennes fouilles .

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633

Bibliographie de l’étude des ostraca .

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634

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635

1.1.

Histoire du quartier des prêtres . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1.1. Les témoignages les plus anciens . . . . . . . . . . . . 1.1.1.1. Les sources écrites . . . . . . . . . . . . . . 1.1.1.2. Les données de l’archéologie . . . . . . . . . . 1.1.2. Le quartier au cours des XXVIe-XXVIIe dynasties : un enjeu politique ? 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes . . . . . . . . . . . . 1.1.2.2. Sous les rois perses . . . . . . . . . . . . . 1.1.3. Ledit quartier ptolémaïque . . . . . . . . . . . . . . 1.1.3.1. Renouveau du quartier : reflet d’une transformation sociale 1.1.3.2. D’une ultime rénovation au déclin . . . . . . . . .

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635 635 635 639 644 644 648 653 653 657

1.2.

Le personnel sacerdotal vivant dans le quartier . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1. Les titres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1.1. Répartition des titres par phase . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1.2. Étude des titres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1.3. Les divinités évoquées dans les titres . . . . . . . . . . . . . 1.2.1.4. Sur le rang des prêtres et l’évolution du personnel sacerdotal présent dans le quartier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.2. Identifier les prêtres mentionnés sur les scellés . . . . . . . . . . . . . 1.2.2.1. Le prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.2.2. Le prophète d’Amon-Rê roi des dieux et d’Osiris Naref, Chéchanq . . . 1.2.2.3. Tentatives et limites d’identification . . . . . . . . . . . . .

660 660 661 661 668

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CHAPITRE IV

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ 1.

LES

1.3.

PRÊTRES SUR LA RIVE EST DU LAC SACRÉ

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Nature et fonctions des maisons des prêtres . . . . . . . . . . . . . . 1.3.1. Le statut des maisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.1.1. Une intrusion profane dans le domaine sacré ? . . . . . . 1.3.1.2. Des maisons de service . . . . . . . . . . . . . . 1.3.2. Caractère résidentiel des maisons . . . . . . . . . . . . . . 1.3.2.1. Dormir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.2.2. Ranger et stocker . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.2.3. Cuisiner et consommer . . . . . . . . . . . . . . 1.3.2.4. Dépendance, partage et approvisionnement : quelques réflexions équipements du quartier . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sur les . . .

671 672 672 673 674 675 676 676 677 682 682 683 684 689

XIX

TABLE DES MATIÈRES

Pratiques rituelles . . . . . . . . . . . . . . 1.3.3.1. Aménagements d’ordre cultuel au sein des maisons 1.3.3.2. Mobilier à connotation religieuse . . . . . . 1.3.3.3. Destinataires et raisons d’être de ces pratiques . . Des bureaux ? . . . . . . . . . . . . . . .

1.3.3.

1.3.4. 2.

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691 692 697 700 701

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705

2.1.

Destinations de la rive sud . . . . . . . . 2.1.1. Monuments occidentaux . . . . . . 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis . . 2.1.1.2. La porte de Masaharta . . . 2.1.1.3. La chapelle de Thot et d’Amon 2.1.2. Partie orientale de la rive sud du lac sacré 2.1.2.1. La chapelle de Chabataka . . 2.1.2.2. Un grand complexe économique

. . . . . . . .

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705 705 705 713 713 715 715 720

2.2.

Des domaines qui se complètent et se chevauchent ? . . . . . . . . . . . . 2.2.1. Offrandes des dieux, nourriture des prêtres . . . . . . . . . . . . 2.2.1.1. Espèces animales : préférences et tabous religieux dans le sacrifice consommation des prêtres . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1.2. Espèces végétales : préparation et consommation . . . . . . . 2.2.2. Quartier des prêtres et secteur économique au fil des phases. . . . . . . 2.2.2.1. Succession des grands murs périmétraux . . . . . . . . . 2.2.2.2. Relations stratigraphiques et architecturales entre les rives est et sud

. . et . . . . .

. . la . . . . .

727 727

LA RIVE SUD DU LAC SACRÉ

ET LE QUARTIER DES PRÊTRES

728 732 734 735 736

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746

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759

Tableau synthétique des phases de la rive est du lac sacré (Zones 7 et 8) .

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763

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765

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767 767 767 768

Bibliographie du chapitre IV CONCLUSION

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Abréviations des périodiques et des collections INDICES . . . . . . . . . Index des noms royaux . . Index des noms de particuliers Index des titres . . . . .

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REMERCIEMENTS

Le présent ouvrage constitue la version remaniée et augmentée d’une thèse de doctorat soutenue le 12 mars 2008, à l’université de Paris IV-Sorbonne. Le jury était présidé par le Professeur Nicolas Grimal et composé de David A. Aston, du Professeur Charles Bonnet et la Professeure Dominique Valbelle, auxquels j’adresse mes sincères remerciements pour leurs commentaires avisés. Toute exploration archéologique constitue un travail d’équipe et c’est un plaisir de remercier ici tous ceux qui ont aidé et participé à ce projet, mené dès 2001 au sein du Centre Franco-Égyptien d’Étude des Temples de Karnak. En premier lieu, je tiens exprimer ma gratitude envers les autorités du ministère des Antiquités égyptiennes, particulièrement les membres du bureau de l’inspectorat de Karnak, pour leur efficacité et les facilités qu’ils ont accordées à l’accomplissement de cette recherche. À l’époque des fouilles, nous avons bénéficié de la prévenance d’Holeil Ghali puis de Mansour Boraïek, directeurs successifs des antiquités de Haute Égypte, d’Ibrahim Soleiman, directeur des Temples de Karnak, et d’Hamdi Ahmed Abd el-Jalil, chef des inspecteurs. C’est à l’initiative du Professeur Nicolas Grimal et de François Larché, alors directeurs du Cfeetk, que l’on doit ce programme de recherche à l’est du lac Sacré. Je les remercie profondément pour leur confiance, leurs encouragements et leur soutien dans mes travaux. Avec Marie Millet, ma collègue durant sept années à Karnak, nous avons partagé les joies et parfois les difficultés de l’archéologie. Un grand merci pour ce travail d’équipe où son amitié et son aide n’ont jamais fait défaut. Les prix décernés à nos travaux par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres (prix Jacques Vandier et Paule Dumesnil) et par la fondation Michela Schiff Giorgini ont été une contribution essentielle pour financer les fouilles et l’étude du mobilier. Je voudrais leur adresser mes plus vifs remerciements. Je remercie la Professeure Dominique Valbelle et Emmanuel Laroze qui m’ont permis de poursuivre ce projet dans de bonnes conditions sous leur co-direction du Cfeetk. Je sais bon gré à Christophe Thiers, directeur du Cfeetk de 2008 à 2018, d’avoir autorisé mes missions d’étude et suivi avec engouement la préparation du manuscrit, ainsi que de son concours pour accéder à un financement du Laboratoire d’Excellence LabEx ARCHIMEDE à l’Université Montpellier 3, pour la publication. Le regretté Professeur Jean Leclant et le Professeur Charles Bonnet ont toujours montré bienveillance et intérêt pour ces recherches, ce dont je leur suis reconnaissante. Sur le terrain, j’ai bénéficié du soutien d’une équipe franco-égyptienne à laquelle je voudrais témoigner toute mon estime et ma reconnaissance. Ont participé aux fouilles archéologiques Marie Millet, Élise Allaoua, Jean-François Jet, Grégory Marouard, Marie-Delphine Martellière, Ophélie de Peretti, Laurent Vallières et Isabelle Venturini, ainsi qu’une équipe formidable d’ouvriers du temple de Karnak dirigée par le reis Mohammed Sorayar dont je n’oublierai jamais l’enthousiasme et la convivialité. Il m’est agréable de remercier chaleureusement tous les membres du Cfeetk pour leur collaboration dans ce projet, chacun dans leur domaine de compétence : Laurent Baqué, Audrey Caparros, Louis Eléia et Emmanuel Laroze pour leur assistance dans les relevés topographiques, Antoine Chéné et Jean-François Gout, ainsi que leurs assistants Clément Apffel, Gauthier Bancel, Karima el-Dowi, Nathalie Gambier, Gaël Pollin et Yohann Stoëckel qui ont réalisés les photographies, Héléna Zacharias et ses assistants Mamdouh Abd el Ghassoul, Gabrielle Caron, Anna Guillou et Éva Sommerlatte, pour

XXII

REMERCIEMENTS

le dessin des petits objets, Pascal Maritaux, Agnès Oboussier, et leurs assistants Agnès Asperti, Émilie Blanc, Fanny Chauvet, Fulbert Dubois, Gilles Mantoux, Emmanuelle Paris, Cécilia Sagouis et Mohamed Zaki Massoud, pour leur interventions et leurs recommandations en matière de conservation-restauration d’architecture, céramiques et petits objets. Toute ma reconnaissance à l’équipe de la documentation composée d’Alain Arnaudiès, Kristophe Chalimon, Magdi Luiz et Mikhaïl William. Je suis aussi redevable à Anne Debray-Décory, Elen Fouad et Maryvonne Hubert pour leur aide logistique. Au cours de ce programme de recherche sont intervenus plusieurs collègues et éminents spécialistes dont j’ai pu apprécier les compétences et la gentillesse : Louis Chaix en archéozoologie, Didier Devauchelle rejoint par Ghislaine Widmer pour l’analyse des ostraca, Samuel Guérin pour l’examen du matériel lithique et Claire Newton pour l’étude archéobotanique. Merci pour vos précieuses expertises et contributions à ce volume. Ma gratitude va également à Catherine Defernez, Sylvie Marchand et regrettée Hélène Jacquet-Gordon pour leurs conseils avertis en céramologie, ainsi qu’à Laurent Coulon pour ses recommandations éclairées en égyptologie. Lors de la préparation de ce manuscrit, j’ai bénéficié d’échanges stimulants avec mes collègues du British Museum, qui ont contribué à alimenter ma réflexion. Je souhaiterais spécialement remercier Neal Spencer, Ilona Regulski, Ross Thomas, Marie Vandenbeusch et Alexandra Villing. Je voudrais pareillement remercier l’équipe de chez Peeters pour leur professionnalisme et leur flexibilité, tout particulièrement Bert Verrept. Merci enfin à ma famille à laquelle je dédie ce volume, surtout mes parents et mon mari Tobias, pour leur soutien indéfectible à cette entreprise de publication.

INTRODUCTION

Historique des recherches sur le quartier des prêtres Les recherches archéologiques menées au sud-est du lac Sacré du temple d’Amon de Karnak, commencées en octobre 2001, avaient pour principal objectif de compléter, affiner, voire rectifier, les résultats d’anciennes fouilles. Elles s’inscrivaient dans le souhait du Cfeetk (Centre Franco-Égyptien d’Étude des Temples de Karnak) de rouvrir le dossier des fouilles de sauvetage menées à l’est du lac Sacré en 1970-1975. À cette époque, le Service des Antiquités Égyptiennes avait décidé d’y construire une tribune pour un spectacle « Son et Lumière »1. L’équipe dirigée par J. Lauffray, directeur du Cfeetk, dut explorer en toute urgence une grande partie de ce secteur du temple, jusqu’alors très peu connu (fig. 1). De celui-ci on ne connaissait en effet qu’un rempart, attribué alors au pharaon de la XVIIIe dynastie Thoutmosis III (1479-1425 av. J.-C.) : il avait été mis au jour, en 1960, lors de la construction d’une cafétéria2 (fig. 2). J. Lauffray s’enthousiasmait de ce que « nos connaissances sur l’urbanisation du secteur, au cours des périodes précédant et suivant le Nouvel Empire, allaient être renouvelées »3 grâce à ces fouilles. L’aire située entre le rempart et la rive orientale du lac Sacré occupa la première phase de ce programme de sauvetage. Les archéologues chargés de cette mission, P. Anus et R. Sa’ad, eurent à peine deux mois, du 5 juin au 28 juillet 19704, pour la fouiller (fig. 3). Ils déterminèrent trois secteurs5 (fig. 4). Le premier, situé au sud-ouest, révéla la présence d’un bâtiment entouré d’une « enceinte », dont seul l’angle nord-est fut dégagé. Tout au sud, apparurent les deux piédroits d’une porte, inscrits au nom d’Amasis (570-527 av. J.-C.). Cependant, c’est sur un niveau romain tardif que s’arrêta la fouille. Au nord-ouest, des constructions en briques

crues, très détériorées6 par la construction en 1960 de l’escalier menant à la cafétéria, constituaient le second secteur. Quant au troisième, à l’est, il s’agissait d’un groupe de six maisons, adossées au parement ouest du rempart. Elles ont été numérotées de I à VI, en partant du nord. Quelques stèles et éléments de chambranles, retrouvés au sein de certaines maisons, déterminèrent que les occupants étaient des prêtres. Le quartier reçut dès lors le nom de « quartier des prêtres ». En 1971, la fouille s’étendit vers le nord (fig. 5-7). Elle mit au jour un nouveau quartier d’habitations, dont huit maisons furent dégagées, désignées par les lettres A à H. Installé en partie sur l’arase du rempart, il appartient au temenos agrandi, circonscrit par l’enceinte de Nectanébo (XXXe dynastie), et a été daté des époques ptolémaïque et romaine7. Ce quartier fut considéré comme un réaménagement tardif du quartier des prêtres8. Les éléments ptolémaïques étant largement majoritaires, on le dénomma « quartier ptolémaïque ». Quant aux fouilles menées à l’est du rempart, elles ont révélé plusieurs phases architecturales, avant tout antérieures au Nouvel Empire9. Ce secteur ne nous intéressera que sporadiquement dans le cadre de cette étude. D’après J. Lauffray10, les habitations du quartier dégagé en 1970 ont connu deux phases à peu près identiques d’un point de vue architectural. Il estimait que leur premier état datait des XXIIIe-XXVe dynasties. À l’issue d’un examen rapide de la documentation épigraphique et de la céramique, P. Anus et R. Sa’ad

6

7 8 1 2 3 4 5

LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1971, p. 71. MUHAMMAD 1966, p. 152-153. LAUFFRAY 1979, p. 198. ANUS, SA’AD 1971, p. 217 et fig. 1. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1971, p. 71-72.

9

10

Il est possible que les travaux d’aménagement des berges du lac Sacré en 1955 aient également partiellement détruit ce secteur. En effet, S. Adam et F. El-Shaboury notent que « d’anciennes structures en briques crues ont été atteintes à l’est du Lac Sacré » à cette occasion (ADAM, EL-SHABOURY 1959, p. 47-48 et pl. XIV). Sur ce quartier : LAUFFRAY 1995. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 27-28 ; LAUFFRAY 1979, p. 198. DEBONO 1982 ; DEBONO 1987. La reprise de l’étude de ces installations a été confiée à ma collègue Marie Millet : MILLET 2007. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1971, p. 72.

INTRODUCTION

2

N

Hatchepsout

LAC SACRÉ

8

8

Plan de J.-F. Carlotti, numérisé par P. Rieth

0

50

100 m

Légende fouilles de sauvetage (1970-1975) fouilles de la Zone 7 (2001-200)

Fig. 1. Plan général du temple d’Amon de Karnak

INTRODUCTION

Fig. 2. La cafétéria et sa rampe d’accès construites sur le tertre dominant l’angle sud-est du lac Sacré, en 1960 – © Cnrs-Cfeetk/cliché n°4544

Fig. 3. Vue générale des fouilles de sauvetage menées au cours de l’été 1970, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5243

3

INTRODUCTION

4

N

I

II

REMPART

III

IV

V

VI

Légende secteur sud-ouest secteur nord-ouest maisons des prêtres

0

5

10

20

Fig. 4. La zone fouillée en 1970 par P. Anus et R. Sa’ad

50 m

INTRODUCTION

Fig. 5. Vue de la zone avant les fouilles de J. Lauffray, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6264

Fig. 6. Les maisons ptolémaïques dégagées en 1971, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6907

5

INTRODUCTION

6

N H

E

D

F

C

LAC SACRÉ B

A REMPART

G

Fig. 7. La quartier ptolémaïque dégagé par J. Lauffray en 1971 – Éch. : 1/500

INTRODUCTION

datèrent ces maisons des IXe-VIIIe siècles av. J.-C.11. Ils espéraient que la suite des travaux fournirait plus de précision. C. Traunecker, à qui fut confiée l’étude épigraphique, rapprocha un linteau et un jambage, découverts lors des travaux de la cafétéria, du jambage droit de la porte d’entrée de la maison I (la plus au nord du quartier)12. L’inscription de ce chambranle fournissait le nom d’un prêtre, Ankhefenkhonsou, ses divers titres sacerdotaux ainsi que son ascendance. Au terme de son analyse, il parvint à déterminer que ce personnage avait vécu aux alentours de l’an 1000 et remonta alors la datation de l’ensemble du quartier à la XXIe dynastie13. La présence de prêtres dans la zone située entre le lac Sacré et le rempart servira de fil conducteur à notre présentation. Ainsi qu’il sera démontré par la suite, cette zone a connu de nombreuses modifications architecturales et d’autres classes de résidents ont vécu parmi les prêtres, notamment à partir de l’époque ptolémaïque. Par souci de cohérence avec les anciens travaux archéologiques, nous avons conservé les anciennes dénominations de ces secteurs, à savoir le quartier des prêtres et le quartier ptolémaïque. Intérêts de la reprise des recherches archéologiques Les nouvelles recherches devaient tout d’abord permettre d’améliorer notre connaissance de la stratigraphie du quartier, de l’architecture des maisons ou encore du mobilier mis au jour dans les années 1970 dans des conditions d’urgence. La plupart des données anciennes restaient par ailleurs inédites et méritaient d’être à nouveau exploitées. Un effort pour mener un travail comparatif avec les résultats des anciennes fouilles nous semblait nécessaire. L’intérêt de la reprise des recherches concernant ce quartier est souligné par N. Grimal dans son Histoire de l’Égypte ancienne14, lorsqu’il évoque les prêtres qui prirent le pouvoir sous Ramsès XI : « Eux-mêmes ont construit et décoré dans le temple, relativement peu au regard des pharaons. Mais ils sont tout de même très présents, ne serait-ce que par les maisons qu’ils occupaient, localisées à l’est du lac sacré, et dont le dégagement permettra certainement de mieux comprendre un jour une période qui est encore assez trouble ».

Cependant, l’occupation de ce secteur ne se limite pas au seul début de la Troisième Période Intermédiaire (TPI)15. La stratigraphie du quartier des prêtres a été peu exploitée si l’on en croit l’égyptologue et céramologue D. Aston16. Il avait reconnu que les céramiques publiées, provenant des maisons du premier quartier dégagé, dataient clairement d’une période postérieure à la XXIe dynastie. Il laissait entendre que ces maisons auraient été habitées pendant près de cinq cents ans. Si l’on ajoute le « quartier ptolémaïque », la rive est du lac aurait accueilli des logements pour des prêtres pendant près de mille ans. Il n’est pas non plus exclu que des maisons de prêtres aient été construites sur cette rive avant la TPI. La réorganisation du temple avec la construction du lac Sacré et du rempart, attribuée à Thoutmosis III, avait peut-être déjà prévu l’aménagement d’un secteur affecté aux logements des prêtres, contre l’enceinte nouvellement créée. La rive est du lac Sacré a-t-elle toujours été destinée à abriter des logements de prêtres, depuis la construction du rempart jusqu’à celle du quartier ptolémaïque et romain ? Comprendre l’évolution de ce secteur, à partir de la construction du rempart au Nouvel Empire, est un des enjeux de cette étude. Sachant combien le statut des prêtres de Karnak a évolué pendant cette longue période, il semblait intéressant de voir si l’on pouvait mesurer cette évolution à travers les vestiges archéologiques de leurs maisons. L’étude de ces maisons, leurs installations et leurs équipements pourrait également apporter de nouvelles informations sur le traitement de la classe des prêtres. Peut-on déceler une quelconque transformation sociale chez les habitants du quartier ? Plus que l’éventuelle portée historique et sociale d’un tel sujet, il se dégage surtout une problématique archéologique de l’habitat. P. Anus et R. Sa’ad soulignaient que leurs fouilles avaient « pour la première fois révélé l’existence d’habitations privées dans l’enceinte du temple d’Amon »17. Ainsi que B. Kemp semble le regretter, les habitations situées à l’intérieur des enceintes des temples n’ont pas fait l’objet d’investigations suffisantes : « It would be valuable to seek archaeological evidence for social and economic distinctions between those who lived inside and those who lived outside the 15

11 12 13 14

ANUS, SA’AD 1971, p. 238. TRAUNECKER 1993, p. 83. Ibid., p. 92. GRIMAL 1988, p. 374.

7

16 17

Les égyptologues ne s’entendent pas sur la longueur à donner à la TPI, selon qu’on inclut ou non la XXVe dynastie. Dans notre étude, la TPI s’étend de la XXIe à la XXVe dynastie comprise. Sur cette période : KITCHEN 1995 ; PAYRAUDEAU 2020, p. 45-223. ASTON 1996, p. 56. ANUS, SA’AD 1971, p. 238.

INTRODUCTION

8

enclosure wall, but as yet the serious study of these sites has barely begun »18. Les nouvelles recherches pourraient contribuer à mieux connaître ces prêtres qui bénéficiaient d’un logement au sein du temple de Karnak. En outre, les maisons des prêtres constituent des témoins privilégiés de la vie quotidienne des desservants du culte. L’étude de l’architecture de ces maisons et de leur équipement peut se révéler pertinente pour déterminer la nature et les fonctions de ces maisons, et au-delà évaluer les conditions de vie des prêtres. L’architecture de ce quartier a été analysée à travers une comparaison avec l’habitat égyptien contemporain au quartier des prêtres et d’autres habitats aux fonctions similaires. Cela permet de mettre en exergue les caractéristiques architecturales propres à ce quartier. Dans un autre registre, les analyses archéobotanique et archéozoologique permettent d’apporter des données sur le régime des habitants du quartier, et informent sur le système d’approvisionnement du personnel du temple. S’il est vrai que l’on dispose de sources écrites sur l’alimentation des prêtres, il est rare de les confronter aux données archéologiques. Il nous semble enfin indispensable de replacer le quartier des prêtres dans son environnement. Ce quartier est voisin d’un immense secteur, la rive sud du lac Sacré. D. Berg écrit à son propos : « it is still pretty much terra incognita »19. Et pour cause, l’architecture en briques crues20 au sein des sanctuaires a rarement attiré l’intérêt des chercheurs. D’une part, les structures de briques crues ne sont pas toujours faciles à fouiller, et, une fois dégagées, la dégradation est souvent inéluctable et rapide : il suffit de voir ce qu’est devenu le quartier des prêtres à Karnak en quelques dizaines d’années. D’autre part, l’architecture religieuse, généralement en pierre, a bien souvent la priorité de toute recherche dans les temples. C’est encore plus vrai à Karnak, où l’aura prestigieuse du temple d’Amon et des autres monuments cultuels a accaparé l’attention des chercheurs et des aménagements touristiques, laissant de grandes zones, comme le sud du lac Sacré, quasiment vierges de recherches. Reprendre les investigations archéologiques dans cette zone limitrophe qu’est le quartier des prêtres est aussi une occasion d’améliorer nos connaissances sur la rive sud du lac Sacré, et, de comprendre les interactions éventuelles entre rives méridionale et orientale du lac Sacré. 18 19 20

KEMP 2006, p. 359. BERG 1987, p. 47. Sur ce type d’architecture, voir SPENCER 1979.

Les nouvelles fouilles et méthodologie La datation de ce quartier et de ses différentes phases passe nécessairement par une étude stratigraphique. Reprendre les fouilles dans les maisons anciennement dégagées ne nous aurait pas fourni la stratigraphie complète. La décision de mener une « fouille stratigraphique » a été prise en cherchant à prolonger le système documentaire mis en place par J. Lauffray, P. Anus et R. Sa’ad de 1970 à 1975. Nous avons hérité la méthodologie de nos prédécesseurs ainsi que l’organisation planimétrique générale du temple. Nous avons néanmoins tenu compte des méthodes actuelles de fouilles pratiquées en France et avons utilisé un système d’enregistrement et d’exploitation documentaire des données de fouille proche de Syslat. Le nouveau secteur de fouille, appelé Zone 7, se situe pour l’essentiel au sud de la maison VI du quartier des prêtres (fig. 1 et fig. 8). Un plan indique la position des différents sondages (fig. 11). La Zone 7 forme un rectangle d’environ 30 m sur 17,50 m. Trois sondages sont localisés en deçà de ce rectangle : S3D et S3E se situent plus au nord, dans une partie de la rue du quartier des prêtres explorée en 1970 ; S6, non représenté sur le plan de situation des sondages, correspond à la fouille d’un monument sis au sud du lac Sacré, la chapelle de Chabataka21. Dans un premier temps, nous avons fouillé une surface approximativement équivalente à celle d’une maison, en partant de la dernière dégagée au sud (sondage S1). Les deux premières sessions archéologiques, entre 2001 et 2003, ont ainsi mis au jour la maison VII, située au sud du quartier fouillé par P. Anus et R. Sa’ad (fig. 9). Les résultats de ces campagnes ont fait l’objet d’un rapport préliminaire publié22. Nous reprendrons ces données en grande partie dans cet ouvrage même si elles ont été bien complétées et révisées par les nouvelles campagnes de fouille. Lors des campagnes de fouilles menées entre 2003 et 2006, nous avons pu affiner notre compréhension de l’évolution de ce secteur (fig. 10). Elles ont été suivies de missions de relevés et d’étude de matériel entre 2007 et 2012. La réalisation de plusieurs sondages profonds a tenté de préciser la nature et la datation des niveaux architecturaux antérieurs au quartier des prêtres conservé en

21

22

Une présentation préliminaire de cette chapelle et du complexe auquel elle appartient a été publiée dans MASSON 2014. MASSON 2007.

INTRODUCTION

Fig. 8. La Zone 7 avant les fouilles, depuis l’ouest et le nord-est – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°59668-59669

Fig. 9. Le quartier des prêtres en 2003, depuis le sud-ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67324

Fig. 10. Vue aérienne du quartier des prêtres en 2006 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°102709

9

INTRODUCTION

x=944

10

y=3314

IV S3E

V

VI

S3D S3B

S3A

REMPART

S1 S5

S3C S2

S3F

N

S4

S3G Légende anciennes fouilles y=3264

x=944

x=966

y=3264

Fig. 11. Position des sondages dans la Zone 7 - Ech: 1/200

Fig. 11. Position des sondages dans la Zone 7 – Éch. : 1/200

INTRODUCTION

élévation. Ils ont été conduits dans la maison VII (S5) et dans la rue (S3A, S3D, S3E, S3G) afin de mieux percevoir l’organisation interne des phases les plus anciennes. De nouvelles maisons de prêtres, la maison VIII et peut-être la maison IX, ont été fouillées (S2). La rue desservant le quartier des prêtres a été intégralement fouillée, mais en plusieurs fois. Sept sondages ont été implantés (S3A, S3B, S3C, S3D, S3E, S3F, S3G), y compris dans les zones déjà explorées en 1970. L’analyse du comblement de la rue (ses niveaux d’occupation, de remblaiement et de dépotoir) a ainsi pu être réalisée sur une longueur assez conséquente, plus de 32 m entre les sondages S3D au nord et S3G au sud. Ce travail n’avait pas été effectué lors des fouilles de sauvetage des années 1970. L’étude de sa stratigraphie et de son matériel s’est révélée primordiale pour comprendre l’histoire de ce secteur. Au début de nos recherches, le quartier d’habitation des époques ptolémaïque et romaine ne devait pas être considéré, puisque c’est dans le prolongement du quartier plus ancien que nous avons fouillé. Mais au cours des fouilles, des strates correspondant au « quartier ptolémaïque » ont été mises en évidence. Et la découverte d’éléments en rapport avec les prêtres pour ces niveaux plus récents a obligé à élargir l’étendue chronologique de notre enquête. L’extension des fouilles du quartier des prêtres vers le sud et l’ouest a permis d’avoir une idée sur les relations stratigraphique, architecturale et historique que le quartier des prêtres entretenait avec le secteur sud du lac Sacré. La fouille de la rue et le dégagement de surface de « l’enceinte », enserrant les bâtiments situés à l’ouest des maisons des prêtres, se sont révélés en effet instructifs. L’ampleur de la documentation des anciennes fouilles à reprendre était telle que nous avons préféré fouiller une surface raisonnable, mais ce avec minutie en employant le tamisage de manière pratiquement systématique. Si l’on ajoute à nos fouilles celles de P. Anus, R. Sa’ad et de J. Lauffray, le quartier des prêtres – ajouté au quartier ptolémaïque considéré comme une modification ultérieure – a en effet été dégagé sur près de 140 m de longueur. En outre, alors que les fouilles de 1970 et celles de 1971 s’étaient à chaque fois limitées à une seule grande phase architecturale, nous avons tenté de connaître la stratigraphie complète de ce quartier et son évolution.

11

Pour chaque phase d’occupation, un plan brique à brique a été dessiné et les niveaux de sol identifiés ont été relevés. En plus des coupes des différents sondages, plusieurs coupes virtuelles longitudinales et transversales quadrillent la surface fouillée (fig. 12). Chaque objet a reçu un numéro d’enregistrement associé à la couche dont il provient. L’étude de la céramique, en particulier, comprend une liste de fabriques et une brève typologie. Le tamisage systématique des niveaux de sols, mais aussi de certaines couches de remblai et de dépotoir, a permis de découvrir un ensemble d’empreintes de sceaux, matériel absent des fouilles précédentes. Il constitue un corpus assez étendu, qui s’est montré de première importance pour identifier les résidents des maisons des prêtres. Enfin, les fiches d’enregistrement des unités stratigraphiques (US), des faits et des objets, ont été saisies sur informatique (logiciel 4D). Cette base de données archéologiques permet d’établir de nombreux liens entre ces différents éléments, notamment d’associer le mobilier avec son contexte précis de découverte. La fonction d’un objet peut être précisée par son contexte, et, inversement, la destination d’une pièce, d’un bâtiment voire d’un secteur, peut être éclairée par le mobilier découvert. Dans le présent ouvrage, nous avons tenté d’inclure au maximum les données architecturales, stratigraphiques ainsi que le matériel provenant des anciennes fouilles. Contrairement aux fouilles exécutées à l’est du rempart pour lesquelles le Centre possède de nombreux « carnets » de fouille, les investigations menées dans le quartier des prêtres en 1970 et 1971 n’ont laissé aucune note manuscrite par les fouilleurs, du moins aucune n’est conservée23. Nous avons dû nous contenter des articles décrivant les deux opérations et les divers clichés plus ou moins légendés conservés aux archives. Nous avions toutefois à notre disposition plusieurs centaines de fiches suiveuses d’objet. Elles enregistrent des découvertes, parfois encore inédites, réalisées lors des fouilles de sauvetage.

23

J’ai eu l’occasion de rencontrer le fils de Jean Lauffray qui m’a permis de consulter les nombreux dossiers de son père. Concernant les fouilles menées à l’est du lac Sacré, il n’y avait rien que le Centre ne possédait déjà. Je tiens à remercier Monsieur Lauffray de son accueil et de sa disponibilité.

N

x=966

Petite coupe nord-sud n°1

Grande coupe nord-sud n°2

N

Grande coupe nord-sud n°1

INTRODUCTION

12

y=3298

N

N

O

O

E

y=3266

Grande coupe est-ouest n°1

E

Grande coupe est-ouest n°2

S

S x=946

S

0

5

10 m

Légende phase 10

phase 13

phase 14a

phase 11

Place 1 + M85 (phase 13)

phase 14b

phase 12

Place 2 + M78 (phase 13)

parement ouest du Rempart

Fig. 12. Phases et sous-phases de la Zone 7 (excepté sondage S3E)

INTRODUCTION

Les grandes phases d’occupation repérées pour la Zone 7 sont présentées dans une première partie. Elles sont systématiquement confrontées avec les données des recherches précédentes. Lorsque cela est pertinent, les vestiges sont comparés avec divers exemples d’architecture égyptienne, particulièrement des cas d’habitats situés dans l’enceinte des temples, habitats généralement identifiés comme des demeures de prêtres. La deuxième partie est consacrée à la présentation et l’analyse des restes végétaux et animaux, qui, grâce au tamisage systématique, permet de renseigner de manière complète sur l’économie du secteur. Suit dans une troisième partie la description et l’étude du mobilier mis au jour dans la Zone 7 et lors des dégagements anciens. Notre étude portant plus spécifiquement sur le quartier des prêtres, nous avons choisi de traiter plus brièvement les phases et les éléments qui ne se rapportent pas à ce sujet. L’analyse architecturale et stratigraphique et le traitement du matériel nous amènent, dans un essai de synthèse, à des réflexions sur l’histoire de ce quartier de prêtres, ses habitants, sa nature et ses fonctions. Ils permettent enfin de définir la place et les relations de ce quartier avec le vaste ensemble que constitue la rive sud du lac Sacré.

Bibliographie de l’introduction ADAM, EL-SHABOURY 1959 : S. ADAM, F. EL-SHABOURY, « Report on the work of Karnak during the seasons 1954-55 and 1955-56 », ASAE 56, 1959, p. 35-52. ANUS, SA’AD 1971 : P. ANUS, R. SA’AD, « Habitations de prêtres dans le temple d’Amon de Karnak », Kêmi 21, 1971, p. 217-238. ASTON 1996 : D.A. ASTON, Egyptian Pottery of the Late New Kingdom and Third Intermediate Period (Twelfth Seventh Centuries B.C.) – Tentative Footsteps in a Forbidding Terrain, SAGA 13, Heidelberg, 1996. BERG 1987 : D. BERG, « The 29th Dynasty Storehouse at Karnak », JARCE 24, 1987, p. 47-52. DEBONO 1982 : F. DEBONO, « Rapport préliminaire sur les résultats de l’étude des objets de la fouille des installations du Moyen Empire et « Hyksos » à l’est du Lac Sacré de Karnak », Karnak 7, 1982, p. 377-383.

13

DEBONO 1987 : F. DEBONO, « Rapport de clôture sur les résultats et les études des objets du sondage à l’est du lac Sacré de Karnak », Karnak 8, 1987, p. 121-131. GRIMAL 1988 : N. GRIMAL, Histoire de l’Égypte ancienne, Paris, 1988. KEMP 2006 : B.J. KEMP, Ancient Egypt. Anatomy of a Civilisation, Londres, 2006 (2e éd.). KITCHEN 1995 : K.A. KITCHEN, The Third Intermediate Period in Egypt (1100-650 BC), Warminster, 1995 (3e éd.). LAUFFRAY 1979 : J. LAUFFRAY, Karnak d’Égypte, Domaine du divin, Paris, 1979. LAUFFRAY 1995 : J. LAUFFRAY, « Maisons et ostraca ptolémaïques à l’est du Lac Sacré », Karnak 10, 1995, p. 301-348. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1971 : J. LAUFFRAY, R. SA’AD, S. SAUNERON, « Rapport sur les travaux de Karnak, Activités du Centre franco-égyptien », Kêmi 21, 1971, p. 53-76. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975 : J. LAUFFRAY, R. SA’AD, S. SAUNERON, « Rapport sur les travaux de Karnak, Activités du Centre franco-égyptien en 1970-1972 », Karnak 5, 1975, p. 1-42. MASSON 2007 : A. MASSON, « Le quartier des prêtres du temple de Karnak : rapport préliminaire de la fouille de la Maison VII, 2001-2003 », Karnak 12, 2007, p. 593655. MASSON 2014 : A. MASSON, « Offering Magazines on the Southern Bank of the Sacred Lake in Karnak: The Oriental Complex of the Twenty-fifth–Twenty-sixth Dynasty », in E. PISCHIKOVA, J. BUDKA, K. GRIFFIN (éds.), Thebes in the First Millennium BC, Cambridge, 2014, p. 587-602. MILLET 2007 : M. MILLET, « Architecture civile antérieure au Nouvel Empire : rapport préliminaire des fouilles archéologiques à l’est du lac Sacré, 2001-2003 », Karnak 12, 2007, p. 681-743. MUHAMMAD 1966 : A.Q. MUHAMMAD, « Recent Finds », ASAE 59, 1966, p. 152-153. PAYRAUDEAU 2020 : F. PAYRAUDEAU, L’Égypte et la Vallée du Nil. Tome 3: les époques tardives (1069-332 av. J.-C.), Paris, 2020. SPENCER 1979 : A.J. SPENCER, Brick architecture, Warminster, 1979. TRAUNECKER 1993 : C. TRAUNECKER, « Les résidents des rives du Lac Sacré : le cas d’Ankhefenkhonsou », CRIPEL 15, 1993, p. 83-93.

CHAPITRE I

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

La fouille de la maison VII, effectuée entre 2001 et 2003, avait seulement fourni une idée liminaire de la stratigraphie du quartier des prêtres1. Par la suite, l’agrandissement de la zone explorée a permis d’affiner notre compréhension de la chronologie du secteur situé entre le rempart du Nouvel Empire et la rive est du lac Sacré. Au fur et à mesure de la fouille du quartier et de l’analyse du mobilier nous avons mieux compris son histoire générale. Ainsi la stratigraphie proposée dans notre article a été d’une part complétée, puisque nous avons atteint des niveaux antérieurs à la maison VII, et d’autre part révisée en regroupant les niveaux d’occupation de la maison VII et ses divers réaménagements en une seule grande phase. Les diverses phases rencontrées lors de la fouille de la Zone 7 constituent les phases les plus récentes des nouvelles fouilles menées à l’est du lac Sacré. Les recherches archéologiques menées à l’est du rempart du Nouvel Empire (Zone 8) ont dégagé une succession de onze phases antérieures à la construction du rempart, phases 0 à 102. Six grandes phases ont été repérées dans la Zone 7 (fig. 12). Divers aménagements architecturaux ou autres évènements de second ordre nous ont souvent amené à les subdiviser en sous-phases, ou encore en états3. Les états désignent toutes modifications architecturales mineures apportées à un bâtiment, un espace ou une structure au cours d’une phase ou d’une sous-phase. La plus ancienne phase regroupe les divers éléments mis au jour dans la Zone 7 qui sont antérieurs à la construction du rempart du Nouvel Empire et correspond probablement à la phase la plus récente de la Zone 8. Les niveaux antérieurs à la construction du rempart seront abordés de manière très brève et occasionnelle dans ce volume. Vient ensuite la phase 11. Il s’agit d’une

1

2

3

Ainsi que nous l’avions noté dans la conclusion de notre article sur la maison VII : MASSON 2007a, p. 619. Un volume détaillant les phases anciennes du secteur est en préparation par ma collègue Marie Millet. Voir le tableau synthétique des phases (Zones 7 et 8) à la fin du volume. Les différents états des espaces situés à l’arrière des maisons des prêtres (phase 13) n’apparaissent pas sur le plan général pour de simples problèmes de lisibilité. Mais ils sont tous détaillés avec des plans individuels.

phase difficile à saisir parce qu’elle présente très peu d’éléments architecturaux et aucun niveau archéologique contemporain à son occupation n’a été fouillé. Le seul matériel que l’on pourrait peut-être lui associer provient d’un remblai de nivellement sur lequel s’est élevé le quartier de la phase 12. Ni l’architecture, ni le mobilier de ce remblai ne semblent présenter de lien direct avec un quelconque quartier des prêtres, du moins dans la Zone 7. La phase 12, en revanche, pourrait constituer le premier quartier de prêtres du secteur. Ses vestiges architecturaux ne sont conservés qu’en fondation. Ils ont été entamés par des fosses de dépotoir scellées par des niveaux de la phase 13. Le matériel de ces fosses indique la présence de prêtres dans cet endroit dès la phase 12. Il fournit également un terminus pour l’occupation de la phase 12 et la construction de la phase 13. Cette dernière correspond au quartier des prêtres conservé en élévation, celui qui a été mis au jour en 1970. C’est la phase la plus riche et la mieux conservée de la Zone 7. Les divers éléments constituant le quartier à la phase 13 ont connu plusieurs réaménagements architecturaux et niveaux d’occupation. Les liens stratigraphiques et physiques entre eux ont été détruits par des fosses ou bien des murs plus récents. Aussi avons-nous choisi de présenter l’architecture et la stratigraphie de chacun de ces éléments séparément. Avec la phase 14, la zone voit son visage se modifier complètement, avec l’installation de grands bâtiments (essentiellement un pour la Zone 7) dont l’architecture ne rappelle en rien les maisons des prêtres de la phase 12. Malgré leur état partiel de conservation, il nous semble avoir relevé au moins deux sous-phases architecturales. La présence des prêtres est encore attestée durant la phase 14. Néanmoins, interpréter cette installation comme un nouveau quartier de prêtres paraît réducteur du fait de la présence d’un riche mobilier et d’installations à caractère artisanal. La dernière phase, phase 15, n’a laissé que peu de témoignages, si ce n’est des fosses de dépotoir qui ont largement entamé les phases précédentes. À ce moment, les prêtres avaient quitté depuis longtemps la rive orientale du lac Sacré. Enfin, divers niveaux de remblai modernes recouvraient l’ensemble de la Zone 7.

16

CHAPITRE I

Par souci d’établir la stratigraphie complète du secteur4, nous présenterons chacune des phases susmentionnées. Le cadre de notre sujet nous oblige toutefois à porter l’essentiel de notre attention sur les phases susceptibles d’être en relation avec les demeures des prêtres. Les phases 10 et 11 seront traitées ensemble, dans le chapitre concernant les phases antérieures à la création d’un quartier de prêtres dans la Zone 7. Viendront ensuite les études séparées des phases 12, 13 et 14, phases pendant lesquelles la présence de prêtres est manifeste. Enfin, seront abordés brièvement la phase postérieure à l’occupation des prêtres dans ce secteur, c’est-à-dire la phase 15, ainsi que les remblais modernes qui recouvraient la surface de la Zone 7 avant le début des fouilles.

1. AVANT LA CONSTRUCTION D’UN QUARTIER DE PRÊTRES : LA PHASE 10 (ANTÉRIEURE AU REMPART) ET LA PHASE 11 (NOUVEL EMPIRE) Divers sondages profonds ont été menés dans la Zone 7. Dans la maison VII, le sondage S5 se présente sous la forme d’une tranchée est-ouest d’environ 11,5 m de longueur, depuis le parement ouest du rempart jusqu’à la façade ouest de la maison VII (fig. 13-15). Plusieurs sondages menés dans la rue desservant le quartier des prêtres ont été approfondis au-delà des niveaux de rue (sondages S3A/S3D/S3E/S3G). D’une manière générale, ces sondages devaient étayer notre connaissance de la chronologie de ce secteur du temple. Mais leur objectif principal était de savoir s’il existait une ou plusieurs phases architecturales antérieures au quartier des prêtres conservé en élévation et que l’on pourrait déjà identifier comme un secteur résidentiel pour les prêtres. Il semblait particulièrement essentiel de savoir si l’aménagement d’un tel quartier avait été prévu dès la construction du rempart au Nouvel Empire. Ces sondages ont été l’occasion de mettre au jour quelques éléments qui sont antérieurs à la mise en place d’un « quartier de prêtres ». Ils nous ont fixé une limite stratigraphique dans notre enquête sur les origines de l’établissement d’un quartier de prêtres à cet endroit.

4

Nous parlons ici uniquement des phases mises au jour pour la Zone 7. Les études sur les installations antérieures au rempart, menées par ma collègue Marie Millet, ajoutent de nombreuses phases anciennes au secteur sud-est du lac Sacré.

Ces différents éléments sont présentés brièvement ci-dessous. 1.1. ARCHITECTURE 1.1.1. Sondage mené dans la maison VII Les phases les plus anciennes dégagées dans la Zone 7 ont été tout d’abord repérées dans le sondage profond S5, mené à l’intérieur de la maison VII (fig. 13-15). 1.1.1.1. Éléments architecturaux antérieurs au rempart Une phase architecturale antérieure au rempart a été atteinte (fig. 16-18). Dans l’espace situé entre l’arrière de la maison VII et le rempart (espace G), un épais mur (ou une structure ?) rubéfié jusqu’au coeur, a été mis au jour à une altitude assez haute, entre 78,095-78,20 m. Ce « mur » M45 est coupé, d’une part, par la tranchée de fondation du rempart et, d’autre part, par la tranchée de fondation du mur arrière de la maison VII (M5) (fig. 19-20). Son altitude inférieure se situe entre 77,67 et 77,71 m. Les briques sont orientées différemment vis-à-vis du rempart. Un reste de structure ou de mur composé de briques crues rubéfiées et présentant la même orientation que les briques de M45, a été dégagé à l’intérieur de la maison VII, dans l’espace F. Ce « mur » M108 a été endommagé de tout côté, par les tranchées de fondation de murs des phases postérieures, et, par des fosses de dépotoir de la phase 13. Il est conservé au plus haut à 77,87 m. Vu l’étroitesse du sondage entre les murs de la maison VII, nous n’avons pas pu atteindre la base de ce « mur ». Mais à 77,45 m, soit au-delà de la base de M45, M108 se poursuivait. Malgré cette différence d’altitude inférieure, nous associons M45 et M108 à la même phase architecturale antérieure à la construction du rempart, la phase 10. S’il s’agissait du même élément architectural, il serait repéré sur près de 3,30 m de largeur, sans que l’on connaisse son parement est, ni son parement ouest. Aucun élément architectural rubéfié n’a été trouvé à l’ouest de l’espace F. Par contre, quelques briques rubéfiées, présentant une orientation similaire, ont été découvertes à l’arrière de la maison VIII. Leur niveau d’arase, 78,16 m, est sensiblement le même qu’à l’arrière de la maison VII. Les modules de ces briques sont très variables : 36-37 × 15-17 cm pour les plus gros modules,

17 x=966

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

y=3296

VII D

E

A SOL12

Rempart

G C

B

M108 F

M45

x=954

y=3288

Légende :

N

Phase 10 (briques crues rubéfiées) Phase 11 Phase 13

limite du sondage S5

limite du sondage S1

0

1

2m

Fig. 13. Les phases 10 et 11 dans le sondage profond S5 – Éch. : 1/100

Fig. 14. Vue du sondage S5 dans la maison VII, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°76485

Fig. 15. Vue du sondage S5 dans la maison VII, depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°76498

CHAPITRE I x=966

18

y=3292

VII

77,43 tr. fond. de M9 et du seuil de P3

78,095

77,55

G

77,87 77,67

tr. fond. de M5

78,20

tr. fond. du Rempart

Rempart

M108 78,16

F M45

N Légende : Phase 10 (briques crues rubéfiées)

Phase 13

Rempart du Nouvel Empire

limite du sondage S5

0

1

2m

Fig. 16. La phase 10 dans le sondage profond S5 – Éch. : 1/50

Fig. 17. Vue de M108, coupé par divers murs de la maison VII (espace F), depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/M. Millet n°76477

Fig. 18. Vue de M45, coupé par le rempart et le mur arrière de la maison VII (espace G), depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/M. Millet n°76418

19

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

tr. de fondation de M5

78,50

W M9

E M42

M5

M21

espace G

78,00

tr. de fondation du rempart

M45 remblai de nivellement

77,50

78,50

78,26

7382/7382a (charbons + terre marron)

78,00

Rempart

espace F

77,50

M108

77,00

77,00

Fig. 19. Coupe Nord des espaces F et G dans le sondage S5 – Éch. : 1/50

78,50

tr. de fondation de M5

espace G

E

espace F

W

78,00

Rempart

ST12 tr. de fondation du rempart

M9 M5

M45

7383

7558

78,00

7394/7466/7466a M108

7557

77,50

78,50

77,50

7529a briques, couche marron et rubéfiée

77,00

77,00

Fig. 20. Coupe Sud des espaces F et G dans le sondage S5 – Éch. : 1/50

Légende : briques crues

briques crues rubéfiées

céramique

limite de fouille

20

CHAPITRE I

23-25 × 9-12 cm pour les plus petits (pour les briques découvertes à l’arrière de la maison VIII). Quant à l’appareil, il est identique à chaque fois : uniquement des briques disposées en panneresses. Il s’agit d’un appareil que l’on rencontre dans les gros murs épais de type enceinte, mais aussi pour de simples dallages de briques. Un indice va, cependant, à l’encontre de la contemporanéité de M45 et M108. En effet, ainsi qu’on peut le voir sur les coupes est-ouest (fig. 19-20), l’arase supérieure de M108 correspond plus ou moins à la base de M45, suggérant l’antériorité de M108. Néanmoins, comme ils n’ont été dégagés que sur une faible surface, que M108 était particulièrement endommagé et que le lien physique entre eux a été coupé par la construction du mur arrière de la maison VII, il semble plus raisonnable de ne pas trancher pour l’instant sur cette question. Il faudrait élargir la zone explorée pour éclaircir ce point ainsi que pour comprendre la nature de ces éléments architecturaux. 1.1.1.2. Élément architectural appartenant à la phase 11 Une autre structure a été découverte dans l’espace C de la maison VII (fig. 21). Perçue au départ comme un dallage de briques crues (SOL12), l’identification de cette structure ne nous semble plus certaine. Cette structure, dont aucune limite n’a pu être découverte, a été repérée sur 3,70 m de longueur et 2 m de largeur. Elle a été coupée par les installations suivantes et a été très abîmée par diverses fosses de la phase 13 (F15 et F17). Elle est constituée de briques à dégraissant végétal, disposées en panneresse. Leur module est assez irrégulier : entre 32 et 40 cm de long pour 14-16 cm de large. Son altitude supérieure se situe entre 77,70 m et 77,75 m, soit le même niveau d’arasement que la structure appartenant à la phase 10 (M108). Nous n’avons pas atteint sa base. Le lien physique entre les deux structures n’a pas pu être observé puisqu’elles ont été coupées par des éléments architecturaux de la maison VII ainsi que par diverses fosses. Néanmoins, SOL12 ne présente aucune rubéfaction et ses briques possèdent une orientation tout à fait différente. Cette dernière correspond à celle du rempart. Dans ce cas, elle nous semble correspondre à une phase architecturale contemporaine ou postérieure à la construction du rempart (phase 11). La fouille de l’espace A, dans la partie ouest de la maison VII, n’a révélé aucune structure susceptible d’être contemporaine de M45, M108, ni de SOL12.

Jusqu’à une altitude de 77,08 m, altitude de fin de fouille dans cet espace, il n’y avait qu’un épais remblai de couleur orangée, coupé par des murs appartenant aux deux phases architecturales suivantes. 1.1.2. Sondages menés dans la rue Les sondages menés dans la rue ont livré quelques éléments architecturaux anciens. Ils sont susceptibles d’appartenir à la phase 11 mise au jour dans la maison VII, mais comme aucun lien stratigraphique ne les relie directement au rempart, leur relation chronologique vis-à-vis de ce dernier demeure incertaine. 1.1.2.1. Le grand mur M55’ (au nord-ouest) Un mur orienté nord-sud, M55’, a été repéré dans les sondages S3A et S3D (fig. 22). Le sondage S3E a révélé l’angle nord-est d’un second mur, M100. M100 n’est pas tout à fait situé dans prolongement de M55’, aussi avons-nous préféré les dissocier. Ils semblent néanmoins appartenir à la même phase architecturale. M55’ a été très endommagé par le creusement de fosses au cours des phases suivantes ainsi que par le mur M55 qui le remplace à la phase 12. Sa longueur est inconnue, mais on suit son parement est sur 8 m, entre S3A et S3D, et, si le mur repéré dans S3E appartient au même mur, il mesurait au moins 19 m. Sa largeur complète est également inconnue car le mur M55 coupe son parement ouest. M55’ atteint presque 1,20 m de large dans le fond du sondage S3D. Son orientation est perpendiculaire à l’axe est-ouest du Temple d’Amon. M55’ apparaît à une altitude située entre 77,07 et 77,32 m dans S3A (fig. 23), et, entre 76,68 et 76,74 m dans S3D (fig. 24). Quant à M100, il a été profondément arasé par l’installation de M55, entre 75,68 et 75,75 m (fig. 25-27). Bien que M100 ait été entamé par une fosse tardive (F43), le dégagement du comblement de cette fosse profonde nous a permis de l’observer un peu en arrière de la coupe. M100 pourrait être considéré comme lié à la fondation de M55, dont il formerait une sorte d’excroissance, une semelle débordante. Mais la découverte d’autres éléments architecturaux au même niveau d’arase dans S3E5 nous a amené à l’envisager comme appartenant à une phase antérieure. L’altitude inférieure de M100 a été atteinte à 75,14 m. La base de M55, qui s’étend de 2,40 m de plus au nord de M100, atteint, au plus bas, 75,35 m environ. 5

Voir ci-dessous.

21

x=962

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

y=3294

D

tr. fond. de M41

77,73

E

VII

77,70

77,755

SOL12

F15

tr. fond. de M36

tr. fond. de M9 et seuil de P3

F17

77,97

F C

N

Légende : Phase 11

Phase 13 limite du sondage S5

0

1

Fig. 21. La phase 11 dans le sondage profond S5 – Éch. : 1/50

2m

CHAPITRE I

ST24 S3E M99

x=954

22

N

y=3314

75,19 75,68

75,42

Maison IV Bâtiment 1

M100

75,68

M55 75,10

F43

Maison V

M53

Maison VI

76,74

76,68

S3D Bâtiment 2 Légende : Phase 11

Phase 12

Phase 13 M55’ fosses

77,07

S3A 77,28 y=3292

Maison VII

limite des sondages

x=950

77,32

0

2

Fig. 22. La phase 11 dans les sondages profonds S3A/S3D/S3E – Éch. : 1/100

4m

23

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Bâtiment 2

Maison VII

N 77,07

M55’

M55

77,28

Maison VII

M53

M55’

M55

y=3292 x=950

77,32

Fig. 23. La phase 11 dans le sondage S3A : plan éch. 1/50 ; vue depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73518

M55

76,74

M53

M55

76,68

M55’

Bâtiment 2

N

M55’ y=3298 x=950

Fig. 24. La phase 11 dans le sondage S3D : plan éch. 1/50 ; vue depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73535

Légende des plans: Phase 11

fosses

Phase 12

limite des sondages 0

Phase 13

1

2m

CHAPITRE I

24

x=954

ST24

M99

75,19

y=3314

75,68

Maison IV

N

tr. de fondation de la Maison IV

75,42

Légende: Bâtiment 1 M55

Phase 11

S3E Phase 12

Phase 13

M100 75,68

fosses 75,10

limite des sondages 0

F43

1

2m

Fig. 25. La phase 11 dans le sondage S3E : plan éch. 1/50

Maison IV Bâtiment 1 M55 M100

ST24

Fig. 26. Vue de M100 et ST24 au fond du sondage S3E depuis le nord-ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°88768

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

À première vue, M55 et M55’ semblaient former un seul et même mur, profondément coupé, surtout à l’est, par de grandes fosses de dépotoir datant de la toute fin de la phase 12. Le parement est au fond des fosses et le parement ouest ont la même orientation. M55’ et M55 sont constitués de briques aux modules quasiidentiques : 37-40 × 17-20 × 9-9,5 cm pour M55’ ; 38-40 × 18-20 × 11,5-12 cm pour M55. Mais les briques sont de nature différente : briques limoneuses, denses, dures, à dégraissant sableux, de couleur grise pour M55’ ; briques à dégraissant végétal et sableux, plus grossières, moins denses, moins dures, de couleur gris jaune clair pour M55. L’appareil, alternant carreaux et boutisses, est moins soigné dans le cas de M55 : les joints de M55’ sont très difficiles à lire parce qu’ils sont très fins, contrairement à M55 qui présente des joints de 6 à 7 cm d’épaisseur. Une section pratiquée dans le sondage S3A a confirmé la présence de deux états distincts (fig. 28). Un dernier argument enfin en faveur d’une distinction entre M55’ et M55 : la largeur des deux murs conjugués atteindrait 1,76 m dans les sondages S3A et S3D ; dans S3G, les deux parements de M55 sont pratiquement intacts du niveau d’arase à la base et M55 ne fait qu’1 m environ de large. Si notre distinction est juste, M55 atteint 96 cm de largeur dans les sondages S3A et S3D. Il semble en fait que M55 soit une reconstruction de M55’ et qu’on ait voulu décaler ce mur vers l’ouest6, en conservant la même orientation. 1.1.2.2. Éléments architecturaux M99 et ST24 Tout au nord de la Zone 7, dans S3E, deux autres éléments architecturaux méritent d’être signalés pour cette phase ancienne. La lecture en plan et en coupe des différents éléments mis au jour dans ce sondage a été gênée par la présence de trois fosses de dépotoir récentes (F41, F42 et F43). Elle n’a pas non plus été facilitée par la concentration importante de murs et de structures en briques crues appartenant à différentes phases. L’espace trop étroit entre ceux-ci ne nous a pas permis de descendre aussi profondément que nous le souhaitions, ni de bien comprendre toutes les relations stratigraphiques entre eux. La petite coupe ouest de S3E indique que le grand mur M55 s’installe, en le coupant légèrement, sur

6

Ce phénomène de reconstruction vers l’ouest est encore plus clair à la phase 13, où le mur M55 se voit remplacer par M53, voir infra, Chapitre I, § 3.6.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest). Voir aussi la matrice retraçant la succession de ces murs : infra, Chapitre I, § Schéma stratigraphique de la rue (fig. 206).

25

un mur (ou une structure) antérieur, M99 (fig. 29). Cet élément architectural en briques crues était visible exclusivement dans la berme nord de S3E, à l’ouest. La dimension des briques est très variable (? × 13 × 8 cm ; ? × 17 × 10 cm…). Cette structure de briques apparaît entre 75,68 et 75,70 m. Or, c’est également à cette altitude (entre 75,68 et 75,75 m) qu’apparaît l’arase de M100 (fig. 25-27). Une partie du fond du sondage était occupée par un dernier élément en briques crues organisées, ST24 (fig. 25-26 et 30). Le module des briques est de 30 × 15-16 × 9-10 cm. Cette structure ne présente pas de surface arasée plane. Son altitude d’apparition varie de 75,95 m (dans la coupe nord, à l’est) à 75,19 m, mais en moyenne entre 75,68 et 75,70 m (comme M99 et M100). M99 et ST24 ont dû être arasés lors de la construction de M55. Ils se poursuivent au-delà de la base de M55 : à 75,19 m (arrêt des fouilles), leur base n’était toujours pas atteinte. 1.1.2.3. Le grand mur M86’ (au sud-ouest) Enfin, le sondage S3G, au sud de la Zone 7, a permis de mettre au jour le mur M86’ qui, tel M55’, a connu une reconstruction, à savoir M86. M86’ est un mur en partie rubéfié sur lequel s’est élevé directement le mur postérieur M86 (fig. 31). M86’ a été arasé entre 77,5677,58 m. Son parement est correspond à celui de M86. Ces observations ont pu être réalisées après avoir fouillé les deux fosses de dépotoir qui ont profondément entaillé M86 et le mur M86’sur lequel il s’installe. L’orientation de M86’ et M86 ne suit ni l’axe du Temple d’Amon, ni celui du rempart. Le module de M86’est plus petit que celui M55’ : 29 × 15 × ? cm. La base de M86’ n’a pas été mise au jour. 1.2. STRATIGRAPHIE 1.2.1. Sondage mené dans la maison VII : l’épais remblai de nivellement Aucune couche contemporaine des phases 10 et 11 n’a été découverte : l’étroitesse des sondages et la présence de fosses ou de murs postérieurs coupant en tous sens M45, M108 et SOL12 peut l’expliquer aisément. Des niveaux antérieurs à M45 ont été atteints, suite au démontage de sa partie sud, mais il serait hors de propos de les décrire ici7. Ci-dessous est décrit un épais 7

Le matériel issu de ces niveaux sera traité par Marie Millet, responsable des phases antérieures à l’installation du rempart.

CHAPITRE I

26 E

O 77,50

77,50

2

77,00

77,00

1

Bâtiment 1

F43

5 6

76,50

M55

3

4

Légende :

76,50 7

76,00

briques crues

75,50 9

briques crues en retrait vis-à-vis de la coupe

76,00

8

restitution

75,50

M100

céramique 75,00

75,00

limite de fouille

F43 (fosse de dépotoir de la phase 14): 1. Magloub très compact (très peu de céramique) 2. Magloub assez compact, avec charbons et céramiques 3. Couche meuble, hétérogène, avec céramiques (beaucoup) charbons, sable 4. Couche plus compacte, limono-argileuse (pas de céramique) 5. Couche compacte, argilo-limoneuse, avec charbon et céramiques 6. Couche plus compacte, limono-argileuse, avec céramique, charbons, sable et grès

Démolition ou remblais 7. Magloub plus ou moins compacte, avec quelques petits morceaux de briques crues, peu de charbons, céramique 8. Magloub très compact, avec de gros moceaux de briques crues céramiques (poches où concentration de céramiques) et peu de charbons 9. Magloub très compact, contenant très peu de céramique

Fig. 27. Coupe Sud du sondage S3E – Éch. : 1/50

E

O

78,00

78,00 Base de la maison VII

77,50

77,50

Radier sous maison VII

M55' M55 77,00

77,22

77,00 Limite peu nette entre le radier et le magloub

Légende :

briques crues

céramique

briques crues rubéfiées

limite de fouille

Fig. 28. Section sud des murs M55 et M55’ dans le sondage S3A – Éch. : 1/20

27

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N

S

base de M53 Phase 13

77,00

1

76,50

M55 Phase 12

Description des US de la coupe Ouest: 1. Remblai (?). Magloub très compact, contenant de gros morceaux de briques crues (7545/a - 7569) 2. Remblai ou niveau de démolition. Couche moyennement homogène, plus ou moins compacte, avec quelques moceaux de briques crues et un peu de céramiques (7605) 3. Remblai ou niveau de démolition. Couche hétérogène, plus ou moins compacte, contenant des fragments de briques crues, charbon, os et un peu de céramique (7606) 4. Remblai ou niveau de démolition. Couche très compacte, contenant quelques morceaux de briques crues, très peu de céramique et des charbons (7623)

76,32

2

?

3 76,00

4

M99 Phase 11

75,50

Légende pour fig. 29 et 30 :

briques crues

Fig. 29. Coupe Ouest du sondage S3E – Éch. : 1/20 N

briques crues en retrait céramique

S

os

77,50

tranchée de fondation

limite de fouille 77,05 77,00

fondation du mur de façade de la Maison IV Phase 13

76,50

1

base du Bâtiment 1 non visible en coupe Phase 12

76,00

Description des US de la coupe Est: 1. Remblai ou niveau de démolition. Couche assez compacte, assez hétérogène, argileuse, contenant quelques fragments de briques crues, ainsi que de la céramique et des charbons (7595/a). 2. Remblai ou niveau de démolition. Couche très hétérogène, compacte, contenant de la céramique, os, pas mal de charbons et de briques crues (7623-7647b)

2

75,50

ST24 Phase 11

Fig. 30. Coupe Est du sondage S3E – Éch. : 1/20

CHAPITRE I

28

S3G S 80,00

79,50 remblais modernes (7001) remblais

79,00 remblais

démolition/remblais (7794)

remblais

M78

78,50

M53

Sols 3 remblais

M85

Sols 2 remblais

78,00

Sols 1

77,50

fosse de dépotoir non fouillée

F73

M86

?

M86'

S3F N 80,00 Nombreux petits fragments de céramique Fosse de dépotoir non fouillée

ST8

79,50 M101

Remblai/démolition (magloub) Fours état 2

ST19

79,00

Fours état 1

78,50

M53

78,00

77,50 Légende : briques crues

céramique

charbons

briques/terre rubéfiées

grès

limite de fouille

tranchée de fondation

mouna

restitution

terrier de renard

cendres

Phase 11 : M86' Phase 12: M86 Phase 13 - M53; M85; M101; succession 1 de sols (7843, 7838, 7828, 7780, 7779); succession 2 de sols (7816, 7702, 7695/b/c/d, 7691/a); four ST19 - M78; succession 3 de sols (7635/a/b/c/d, 7838, 7828, 7780, 7779) Phase 14: F73; F60; "bac à mouna" ST8

Fig. 31. Coupe Ouest des sondages S3F et S3G – Éch. : 1/50

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

remblai présent partout à l’intérieur de la maison VII. Il recouvrait les structures des phases 10 et 11 et a été coupé par l’installation de la phase 12, puis celle de la phase 13. Il a servi de remblai de nivellement à la construction du quartier des prêtres et semble avoir été formé à partir de la destruction des niveaux archéologiques des phases antérieures, plus particulièrement de la phase 11. Ce remblai est composé de plusieurs couches de terre dont la caractéristique principale est la présence d’éléments rubéfiés. Ces couches sont généralement hétérogènes, argilo-limono-sableuses, plus ou moins compactes, de couleur brun orangé, contenant de nombreux morceaux de briques crues, surtout des briques crues rubéfiées. Elles contiennent des fragments de céramique, plutôt de petite taille, quelques petits fragments de grès et de calcaire. Parmi les objets, doivent être signalés quelques dizaines de scellés et des perles, dont des ébauches de perles et des déchets de perles en agathe8. La présence de ce remblai a été mise en évidence dans tous les espaces de la maison VII. Dans l’espace A (fig. 32-33)9, seul endroit où il n’a pas été perturbé par les fosses de dépotoir de la phase 13, il apparaît à une altitude de 78,05-78,07 m. À 77,08 m, altitude de fin de fouille dans cet espace, nous n’avions pas atteint sa base. Dans l’espace C, ce remblai a été fortement perturbé par des fosses de la phase 13 (F15 et F17)10. Lorsqu’il n’est pas coupé par ces fosses, il apparaît entre 77,97 et 78,07 m. Il recouvrait SOL12 à 77,70-77,75 m. Dans l’espace F, le remblai orangé11 est apparu sous un niveau de dépotoir appartenant à la phase 13 entre 77,98 et 78,09 m et recouvrait M108 à 77,87 m au plus haut (fig. 19). Au vu des différences entre ses altitudes inférieures suivant les espaces, il semble que ce remblai ait servi à « rattraper » les irrégularités du terrain. Il présente une surface relativement plane entre 77,97 et 78,09 m. La céramique issue de ce remblai est plutôt hétérogène : à côté de tessons du Moyen Empire et d’autres qui ne peuvent être antérieurs à la Troisième Période

8

9

10

11

L’activité de la fabrication de perles a été révélée par l’analyse du matériel lithique effectuée par Samuel Guérin. Dans l’espace A, le remblai est composé des couches suivantes : US 7418=7419, 7418a=7445, 7446, 7460 et 7556=7556a. Dans l’espace C, le remblai est composé des couches suivantes : US 7168=7176=7191=7195=7208, 7395=7434=7461=7472= 7474=7478 ? et 7404=7435=7435a=7468. Dans l’espace F, le remblai est composé des couches suivantes : US 7394=7466a=7466b.

29

Intermédiaire, voire à la Basse Époque, la céramique du Nouvel Empire semble majoritaire12. Les éléments tardifs doivent-ils être perçus comme des éléments intrusifs provenant des niveaux supérieurs ? L’hypothèse de contamination des niveaux supérieurs se trouve confortée par le fait qu’elles ont le plus souvent été trouvées au début de la fouille de ce remblai : plus la fouille se poursuivait dans le remblai, plus les éléments récents devenaient rares jusqu’à disparaître dans les couches les plus basses. Les structures dégagées dans le secteur nord-ouest du temple de Karnak, détruites par un incendie à l’époque saïte13, fournissent un parallèle intéressant à ce remblai. Un sondage réalisé au sud du bâtiment principal a révélé la présence d’un épais remblai (1,70 m d’épaisseur environ) sous les niveaux d’occupation. Celui-ci était riche en fragments de briques crues rubéfiées ou non et en céramique typique de la XXVIe dynastie14. Les tranchées de fondation des murs du bâtiment recoupaient ce remblai. Les archéologues l’ont interprété comme une couche provenant de la destruction d’un édifice antérieur qui aurait subi lui aussi un incendie et elle aurait été déposée « volontairement à cet emplacement, peu avant les premiers travaux, pour constituer un soubassement épais et élevé »15. Aucune trace de cet édifice antérieur n’a été retrouvée dans les fouilles16. Mais le remblai orangé recouvrait des structures en briques crues, très arasées, « attestant au moins de deux phases successives d’occupation, vraisemblablement très rapprochées dans le temps, comme le révèle la céramique associée, relativement homogène, datant des XXVe-XXVIe dynasties »17. Le mobilier du remblai de la Zone 7 est en général nettement plus ancien. Néanmoins, la nature du remblai est similaire, il est également coupé par les tranchées de fondation des phases suivantes et recouvre des structures antérieures bien arasées. Cet épais remblai pourrait donc utiliser des éléments, murs et couches rubéfiés, provenant d’une phase incendiée antérieure, phase qui a aussi été relevée dans les sondages de la rue. 12

13

14 15 16 17

Ce matériel n’est pas présenté dans ce mémoire, mais il sera traité dans une étude sur le Nouvel Empire dans ce secteur. Sur ce bâtiment : BÉOUT, GABOLDE, GRATALOUP, JAUBERT 1993 ; LECLÈRE, MARCHAND 1995. LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 351-352. Ibid., p. 352. Ibid., p. 356. Ibidem.

CHAPITRE I

30

N

S 78,50

78,50

M38

7403 78,00

78,00

77,965 M43

1

77,50

2 3

7538 cbt tranchée de M41

77,50

1

77,00

77,00 Légende : briques crues

céramique

briques crues en retrait

tranchée de fondation

briques rubéfiées

limite de fouille

Remblai de nivellement: 1. Couche de couleur marron, contenant des fragments de briques crues 2. Couche brun orangé contenant de nombreux fragments de briques crues rubéfiées 3. Couche brune contenant plusieurs fragments de briques crues, parfois entières et quelques petits fragments de briques crues rubéfiées

Fig. 32. Coupe Ouest de l’espace A dans le sondage S5 – Éch. : 1/20

Fig. 33. Vue générale du sondage profond S5 dans l’espace A, depuis le nord-est – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°76538

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

1.2.2. Sondages menés dans la rue : l’incendie Peu de contextes en connexion avec les murs et structures de la phase la plus ancienne dégagée dans la rue ont pu être fouillés. La présence, dans tous les sondages, de fosses profondes et/ou de murs postérieurs empêchait d’avoir une bonne stratigraphie. Le sondage profond S3E s’est révélé peu fructueux, car une structure appartenant à la phase 12 (ST9) occupait une bonne partie du sondage. Implanter un sondage profond au niveau du mur M86’, au sud de la Zone 7, n’a pas pu être possible du fait du temps limité dont nous disposions pour la fouille de ces niveaux anciens et il aurait fallu démonter plusieurs éléments architecturaux postérieurs situés à l’est de M86’ avant d’avoir une surface de fouille convenable. Diverses observations ont cependant pu être effectuées. Au sud, dans le sondage S3E, des couches de démolition et de remblais recouvraient M99 et ST24 (fig. 29-30). Ce sont des couches de magloub (briques crues fondues) très compactes, contenant de gros morceaux de briques crues et très peu de céramique18. Elles sont probablement liées à la destruction de murs et de structures appartenant à la phase 11 de la rue au moment de l’installation de la phase 12. La couche supérieure s’en différencie parce qu’elle est moins compacte, assez hétérogène et contient un peu plus de matériel. Le sondage S3D a révélé la présence de couches de remblai tout à fait similaires à celles observées dans la maison VII et venant contre le parement est de M55’ (fig. 34). La coupe est de S3D montre bien les deux couches de remblai, qui se différencient par la proportion de fragments de briques crues rubéfiées (fig. 35). L’US 7452 est une couche plutôt homogène de magloub, composée d’une matrice de limon gras, de couleur brun foncé à brun rouge foncé, avec de très nombreux fragments de briques crues rubéfiées et un peu de céramique. L’US 7452a est une couche de même nature, excepté qu’elle concentre plutôt des fragments de briques crues non rubéfiées. Il s’agit de nouveau de l’épais remblai de nivellement préparatoire à la construction de la phase architecturale 12 : un mur appartenant à la phase 12 (M54) repose sur ces couches de remblai. La relation entre ce remblai et M55 n’est pas visible parce qu’une fosse (F32) recoupe profondément et largement ce mur (fig. 36-37).

La relation entre M55’ et le remblai est légèrement différente dans le sondage S3A. Le remblai ne vient pas directement contre M55’. La limite ouest du remblai orangé se situe plus à l’est, ainsi qu’on peut le voir sur la section transversale pratiquée dans les murs M55’ et M55 (fig. 28). Elle vient contre, ou encore entaille, une couche de démolition très compacte qui vient contre le parement est de M55’. Enfin, le sondage S3G semble nous fournir une explication sur la provenance des matériaux constituant le remblai. Une couche orangée (US 7822) vient contre le parement est de M86’ (fig. 38). Ce niveau est coupé par la tranchée de fondation de M86. Ce niveau rubéfié n’a pas été fouillé car il aurait fallu démonter les structures et les murs des phases 12 et 13 qui le recouvrent à l’est. C’est une couche d’aspect compacte et homogène. Sa couleur uniformément rouge-orangé et les nombreux éléments rubéfiés qu’elle contient font penser à une couche d’incendie, différente donc du remblai. Or, M86’ porte des traces de rubéfaction, contrairement à M55’. Ces niveaux incendiés semblent avoir été récupérés pour créer un remblai de nivellement. Au cours de la fouille de la Zone 7, nous avons noté à divers endroits la présence d’éléments rubéfiés à la suite d’un incendie : c’est le cas par exemple de M45, un mur ou une structure, entamé par la tranchée de fondation du rempart. Serions-nous en présence d’une phase architecturale antérieure à la construction du rempart ? La phase ancienne de la rue doit-elle alors être rattachée à la phase 10, et non à la phase 11 du sondage S5 ? Toutefois cette phase incendiée n’a pas été identifiée dans la Zone 8, à l’est du rempart. Ou bien faut-il considérer les phases 10 et 11 comme une seule et même phase ? Cela nous paraît peu probable : l’orientation des briques crues entre M45/M108 et SOL12 est différente, les briques crues de SOL12 respectant l’orientation du rempart19. La seule chose que l’on puisse dire, c’est que le remblai de nivellement recouvre M108 et semble donc postérieur à l’aménagement du rempart. L’élargissement des sondages profonds et la création de nouveaux pourraient étoffer notre connaissance sur ces phases anciennes de la Zone 7. En l’absence de données suffisantes concernant les phases anciennes, il serait audacieux d’aller trop loin dans nos interprétations. Aussi avons-nous préféré créer deux phases au lieu d’une. Il est certain que M45 19

18

US 7623 et US 7647/a/b/c.

31

Supra, Chapitre I, § 1.1.1.2. Élément architectural appartenant à la phase 11 (SOL12).

E

W

78,00

SOL24 Phase 13

mur ouest M54 du Bâtiment 2 Phase 12

radier 7469

77,575

M55 Phase 12

B

A C

77,50

D E

F32

F G

7452

I

F J

H K

L

7452a M

77,00

N O P

M55’ Phase 11 76,50

Fig. 34. Coupe Sud du sondage S3D – Éch. : 1/20

N 78,00

SOL24 Phase 13

S Légende : mur ouest M54 du Bâtiment 2 Phase 12

77,575 77,50 7452

briques crues

briques rubéfiées

mouna

céramique 77,00

7452a calcaire

os limite de fouille

76,50

Fig. 35. Coupe Est du sondage S3D – Éch. : 1/20 Remblai de nivellement: - 7452: couche homogène de magloub, composée d'une matrice de limon gras, de couleur brun foncé à brun rouge foncé, avec de très nombreux fragments de briques crues rubéfiées; un peu de céramique - 7452a: couche de même nature que 7452, mais elle concentre plutôt des fragments de briques crues non rubéfiées Comblement de la fosse F32: A=B: niveau meuble homogène, cendres grises, petits charbons de bois, petits fragments de briques crues et quelques fragments de céramique C: niveau moyennement compact, homogène, limon brun jaune, fragments moyens de briques crues, rares petits charbons, beaucoup de céramique D: niveau meuble homogène, cendres grises à blanches pulvérulantes, petits et moyens charbons de bois et quelques fragments de briques crues E: niveau meuble homogène, cendres grises foncées, quelques petits charbons de bois et quelques fragments de céramique F: niveau peu compact homogène, limon brun clair à brun jaune pulvérant, quelques fragments de briques crues et de céramique G: niveau meuble homogène, cendres grises et blanches pulvérulantes, moyens fragments de charbon de bois et de briques rubéfiées H: niveau moyennement compact homogène, limon brun clair, moyens fragments de briques crues I: niveau meuble homogène, cendres grises claires et blanches, petits charbons de bois, beaucoup de céramique et fragments de briques rubéfiées J: niveau assez meuble homogène, cendres brunes grises mélangées à un limon brun clair et petits charbons de bois K: niveau assez meuble homogène, cendres grises claires mélangées à un limon brun clair, petits charbons de bois et pas mal de céramique L: niveau meuble homogène, cendres grises foncées, limon brun clair, sable grossier, petits charbons de bois et pas mal de céramique M: niveau meuble homogène, cendres grises foncées pulvérulantes, nombreux petits charbons de bois et pas mal de céramique N: fin niveau de limon brun jaune pulvérulant homogène O: niveau meuble homogène, cendres brunes foncées, petits charbons de bois et pas mal de céramique P: niveau moyennement compact homogène, cendres brunes foncées mélangées à du limon brun, petits charbons de bois et beaucoup de céramique

33

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

M54

SOL24

M55

F32

M55’ Fig. 36. Vue du sondage S3D depuis le nord : SOL24 (phase 13) recouvrant des faits antérieurs, M55’, remblai de nivellement, M55, M54 (bâtiment 2), F32 – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°74297

F32

Remblai

Fig. 37. Vue du remblai de nivellement coupé par F32, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73531

US 7822

M86

M86’

Fig. 38. Vue du sondage S3D depuis le nord : M86 sur l’arase du mur rubéfié M86’, coupant la couche d’incendie US 7822 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106959

34

CHAPITRE I

appartient à une phase antérieure à la construction du rempart puisqu’il est coupé par sa tranchée de fondation. M45 repose sur une couche dont le matériel pourrait être daté de la fin du Moyen Empire20. Ses briques présentent une orientation éloignée de celles du rempart. Quant aux divers murs et structures mis au jour au fond des sondages de la rue, les liens stratigraphiques et physiques qui permettraient de nous dire s’ils sont antérieurs, contemporains ou postérieurs au rempart, nous manquent. À première vue, le matériel provenant du comblement de la tranchée de fondation est plus ancien que celui du remblai de nivellement et des couches venant contre les murs M99 et M100. Mais il ne faut pas négliger l’hypothèse qu’un remblai ancien ait été utilisé pour combler la profonde tranchée du rempart qui recoupe de nombreuses installations antérieures. Il ne faut pas omettre non plus le fait que c’est à la suite d’un incendie que le mur M86’ a été reconstruit. Or M45 et M108 présentent une rubéfaction très avancée et le radier de fondation sur lequel a été élevé le quartier contient moult fragments de briques crues rubéfiées. Le traitement complet du matériel apportera peut-être des éclaircissements à ce sujet. Que nous apprennent les fouilles menées dans les années 1970 sur ces phases anciennes ? 1.3. COMPARAISON AVEC LES FOUILLES PRÉCÉDENTES Des sondages pratiqués dans les maisons III et IV, en 1970, ont révélé la présence de structures arasées plus anciennes. Leur orientation différait de celle du rempart et les auteurs émettaient l’hypothèse qu’elles se développaient « sous l’emplacement de l’enceinte »21. Aucune coupe précise n’est conservée sur ces deux sondages. Cette phase architecturale était perçue par les archéologues comme un quartier des prêtres antérieur au Nouvel Empire22. Il s’agissait d’une spéculation, sans véritable argument qu’aurait pu fournir la fouille. Les phases 10 et 11 dans la Zone 7 n’ont rien révélé qui pourrait aller dans ce sens. En outre, les fouilles menées

par M. Millet dans la Zone 8, très proche de la Zone 7, mais située de l’autre côté du rempart, ont plutôt mis en évidence des occupations artisanales qui n’ont rien en commun avec le monde des prêtres. Bien entendu, les vestiges découverts au nord de la Zone 7 pour ces niveaux antérieurs ont pu avoir une vocation toute autre23. Nous reviendrons sur ces structures arasées car il semble probable qu’elles soient en fait plutôt postérieures au rempart et contemporaines de la phase 12 de la Zone 7. D’autres sondages ont été menés dans les maisons C et D du quartier ptolémaïque. Sous un remblai de 90 cm d’épaisseur sur lequel le rempart est fondé, un mur épais de 2,20 m a été mis au jour à la cote moyenne de 75,75 m. J. Lauffray le date du Moyen Empire24. Les fouilles antérieures font enfin écho à une couche incendiée antérieure au rempart. Les archéologues ont noté, au sud de leur fouille, des édifices dont « les parois portent les traces d’un violent incendie » et dont les pièces étaient « remplies de détritus et de cendres »25. Ils avaient relevé de la céramique caractéristique des XVIIIe-XIXe dynasties26. Ils affirment ensuite qu’après cet incendie, le secteur avait été abandonné et converti en dépotoir. Le rempart est fondé en partie sur cette couche cendreuse riche en matériel27. La datation de la céramique de cet incendie correspond à celle d’une grande partie du matériel issu du remblai de nivellement de la Zone 7. Certes, aucun niveau de dépotoir n’était associé à nos phases les plus anciennes. Mais, d’une part, nous avons très peu de contextes conservés pour ces périodes, et, d’autre part, le secteur n’a pas forcément subi d’abandon prolongé. La reconstruction, presque sur le même plan, de M55’ et M86’ est un indice qui va dans ce sens. La congruence entre ces deux incendies est une hypothèse qui supposerait que les niveaux incendiés relevés au sud de la Zone 7 (US 7822) soient antérieurs au rempart. De nouvelles investigations seraient nécessaires pour mieux comprendre les relations stratigraphiques entre l’incendie relevé au sud de la Zone 7 et le rempart.

23

24 20

21 22

Je dois cette information à M. Millet qui a regardé le matériel céramique. ANUS, SA’AD 1971, p. 236. Ibid., p. 237.

25 26

27

Pour une discussion concernant le quartier des prêtres du Moyen Empire et de son association avec les vestiges mis au jour sous les maisons des prêtres, cf. infra, Chapitre IV, § 1.1.1.2. Les données de l’archéologie. LAUFFRAY 1995b, p. 318. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 28. Ils citaient des poteries rouge polies au brunissoir et des tessons à peinture bleue : ibidem. Ibidem.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

2. PREMIÈRE ATTESTATION DES PRÊTRES À LA TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE : LA PHASE 12 Le quartier des prêtres conservé en élévation (phase 13) s’est élevé directement sur les vestiges de la phase 12 (fig. 39-41). Celle-ci pourrait constituer le premier quartier de prêtres attesté à l’est du lac Sacré, du moins dans la Zone 7. Alors qu’il nous est difficile de savoir à quand remonte exactement la phase 12, un faisceau d’indices, notamment le mobilier céramique, nous permet de déterminer que cette phase s’est achevée aux alentours de la fin de la XXVe dynastie-début de la XXVIe dynastie28. L’interprétation de cette phase est délicate du fait de l’état de conservation assez médiocre des structures et de la plupart des contextes, ainsi que de notre vision très partielle de ses éléments architecturaux. Nous nous attacherons tout d’abord à la description de ces derniers, puis présenterons les quelques éléments stratigraphiques associés à la phase 12. L’organisation du quartier à cette phase, avec notamment ses circulations et ses limites, sera discutée à la suite. Enfin, les observations concernant les sondages de la Zone 7 seront comparées avec les niveaux trouvés sous les maisons dégagées en 1970. 2.1. ARCHITECTURE 2.1.1. Les bâtiments de la phase 12 La présence d’édifices, conservés uniquement en fondation, a été repérée dans les sondages profonds. Ceux-ci se développaient sous les maisons des prêtres de la phase 13. Leurs limites ouest occupaient en partie ce qui deviendra la rue du quartier des prêtres à la phase 13.

35

Ses fondations sont assez puissantes et hétérogènes. Elles sont composées de deux « massifs », au sud ST9 et au nord ST25. ST9 et ST25 appartiennent au même édifice, mais certaines différences nous ont poussés à créer deux numéros de structure. Les briques de ST9 sont moyennement bien organisées. Elles sont surtout disposées en boutisses et sur la tranche ; leur module fait 31 × 16 × 10 cm en moyenne. ST9 est conservé sur cinq assises et est arasé à 77,26 m et sa base se situe à 76,36 m. La construction de ST25 est moyennement soignée. L’appareil alterne panneresses et boutisses. Le module de l’assise supérieure, très peu conservée, mesure 35 × 20 × 15 cm et celui des autres assises 30 × 15 × 10 cm (quasi-identique au module de ST9). L’assise supérieure constituait peut-être la première assise d’élévation, mais aucune tranchée de fondation n’a été repérée pour ce bâtiment. ST25 est conservé sur dix assises. Arasée au plus haut à 77,34 m, sa base atteint 76,15-76,19 m. Cette légère différence d’altitude inférieure avec ST9 peut s’expliquer facilement par la pente naturellement descendante vers le lac, qui est situé au nord-ouest du bâtiment. Cette pente a été observée aux différentes phases du secteur. La tranchée de fondation du mur de façade de la maison IV (phase 13) coupe très visiblement ST25 (fig. 42). Le parement nord de ST25 est perpendiculaire au mur M55 qui lui fait face. Les petites différences entre ST25 et ST9 (appareillage et base) nous poussent à les considérer non pas comme un seul massif plein, mais peut-être plutôt comme deux murs. ST9 constituerait le mur de façade ouest du bâtiment 1 et ST25 sa limite nord. Ces murs seraient cependant très épais, plus de 1,70 m pour ST9 dont le parement est passe sous la maison V (phase 13). La façade ouest devait faire entre 6 et 8 m de longueur. Il faudrait vider les fosses coupant l’angle sud-ouest du bâtiment 1 et l’angle nord-ouest du bâtiment 2 pour connaître cette mesure.

2.1.1.1. Le bâtiment 1 L’élément architectural le plus au nord, appelé « bâtiment 1 », a été mis en évidence dans les niveaux antérieurs à la rue desservant le quartier des prêtres de la phase 13, notamment dans le sondage S3E (fig. 40 et 42). Seuls ce qui semblent être la façade ouest et l’angle nord-ouest de ce bâtiment ont été découverts, le reste passant sous les maisons IV et V de la phase 13.

28

Voir notamment l’étude du mobilier céramique : infra, Chapitre III, § 1.2. Céramique de la phase 12.

2.1.1.2. Le bâtiment 2 Le « bâtiment 2 » est situé directement au sud du bâtiment précédemment décrit. Un premier mur de ce bâtiment a été découvert dans le sondage profond S5. Il s’agit du mur M41 (fig. 40). Ce mur orienté est-ouest représente la limite sud du bâtiment. Il est orthogonal au rempart. Sa tranchée de fondation (F14), visible dans les espaces A et C, passait sous la façade de la maison VII (fig. 33). Elle coupait l’épais remblai orangé qui lui servait de radier. Elle apparaît entre 77,81 et 77,90 m dans l’espace A et entre

CHAPITRE I

36

I

II

III

M55

IV

Bâtiment 1 V

REMPART

N

VI M54

Bâtiment 2 B Légende :

VII

Phase 12

Phase 12 et 13?

VIII Phase 13

IX? limite des sondages

M86

Bâtiment n 3

0

5

10

20

Fig. 39. Plan général du secteur est du lac Sacré à la phase 12

50 m

x=960

IV ST25

y=3312

Bâtiment 1

S3E ST9

V

?

N

Légende : F32

Phase 12

S3D

VI Phase 13

M54

fosses

limite des sondages

Bâtiment 2

0

2m

tr. fond. de ST1/ST12

F34 tr. fond. de M53

1

M41

S3A F33

F14 (tr. fond. de M41) A

S5

F14 (tr. fond. de M41)

F36 C

VII y=3290 x=950

M53

tr. fond. de M36

M55

Fig. 40. La phase 12 dans la partie nord de la Zone 7 (sondages S3A/D/E et S5) – Éch. : 1/100

CHAPITRE I

38

x=954 y=3274

78,20

M53 78,23

77,59

78,09

77,92 77,25 77,94

Fosse de dépotoir non fouillée

F67 77,51

M86

M80 78,12

F73 77,95

Bâtiment 3

78,17

tr. fond. de M86

78,18

F66

M78

M85

78,14

y=3268 x=948

Légende :

Phase 12

N Phase 13

fosses

limite des sondages

0

1

2m

Fig. 41. La phase 12 dans la partie sud de la Zone 7 (sondage S3G) – Éch. : 1/50

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

77,71 et 77,895 m dans l’espace C. Il s’agit du même niveau d’arasement que celui des structures des phases 10 et 11 du sondage S5. Mais sa postériorité est assurée par le fait que la tranchée coupe la structure en briques crues appartenant à la phase 11, SOL12 (fig. 21). L’altitude inférieure de la tranchée se situe à 77,35577,395 m. Dans l’espace C, le mur M41 est construit exactement à l’aplomb d’un mur de refend de la maison VII (M26), ce dernier n’étant alors visible qu’en coupe (fig. 46). Toutefois, il ne constitue pas la fondation de ce mur puisque M41 se poursuit à l’ouest, dans l’espace A, où il a été en grande partie recouvert par la fondation débordante de l’escalier de la maison VII (ST12). Il apparaît distinctement dans le petit espace entre l’escalier et le mur de façade de la maison VII. À l’ouest de cette même façade, il est visible de nouveau, formant un angle avec le mur M54. À cet endroit, il a été bien arasé par la construction de la façade de la maison VII, à une altitude de 77,48 m. Le mur M54 constitue la limite ouest du bâtiment 2 (fig. 40 et 43-44). Il est visible directement sous les niveaux de la rue. Ce mur, orienté nord-sud, est parallèle au rempart. Il a été reconnu sur le côté est de la rue de la phase 13, dans les sondages S3A et S3D, et, plus au nord, dans la zone anciennement dégagée par P. Anus et R. Sa’ad. M54 supporte le mur de façade de la maison VI et aussi une partie de celle de la maison VII. La surface d’arasement de M54 est assez régulière, en pente douce vers le nord, de 77,98 à 77,49 m. Elle a été recouverte par le premier niveau de rue de la phase 13 (SOL24). La base de M54 se situe entre 77,24 et 77,46 m. M41 mesure 63 cm de large et se suit sur près de 7,65 m de longueur. La largeur de M54 est supérieure à 1,08 m, sa longueur est reconnue sur près de 10,50 m (dont 8,10 m en continue). La façade ouest du bâtiment 2 n’excédait pas 13 m. Ces murs sont composés de briques à dégraissant sableux. Leur appareil n’est pas d’une grande régularité, associant boutisses, panneresses et briques disposées sur la tranche. Le module des briques de M41 est de 26-30 cm × 12-14 cm × 8-10 cm. M54 est formé de briques aux modules assez disparates : 30-32 × 16-17 × 11 cm et 36-38 × 13-16 cm × 8-10 cm. D’autres briques plus minces, d’une épaisseur de 6,5-7 cm, se rencontrent aussi. Les joints, parfois épais de 2 cm, sont remplis d’une terre contenant des petits nodules de briques crues rubéfiés. M41 scelle le niveau rubéfié US 7502 dans S3A (fig. 47) et US 7452 dans S3D (fig. 34-35). Peut-être coupait-il ce niveau29 mais

la présence de fosses, recoupant le parement ouest de M54, ne nous permet pas d’en être certain. 2.1.1.3. Le bâtiment 3 Un dernier bâtiment appartenant à cette phase a été découvert très partiellement à l’est du sondage S3G (fig. 41 et fig. 45). Le mur M80 constitue la limite ouest de ce bâtiment que nous avons nommé « bâtiment 3 », malgré la forte probabilité d’existence d’autres constructions entre cet édifice et le bâtiment 230. Quelques briques appartenant à des murs perpendiculaires à M80 ont aussi pu être mises au jour. Entamés par des fosses récentes et passant sous des éléments architecturaux de la phase 13, ces murs n’ont pas pu être bien cernés. M80 est parallèle à M86, un grand mur orienté nordsud présenté ci-après. Les briques de M80 mesurent 29 × 13-14 cm. M80 fait au moins 60 cm de largeur. Il repose sur la couche d’incendie US 7822 (fig. 48). Sa tranchée de fondation coupe un remblai orangé qui vient contre le parement est de M86. Elle a été repérée entre une altitude de 78,11 à 77,81 m (fig. 49). Cependant, légèrement recoupée par des fosses postérieures (F66 et F67), elle devait commencer à une altitude plus élevée. Le premier niveau de circulation de rue (SOL24) recouvrait la surface de M80, arasée à 78,18-78,21 m, tout comme le mur ouest du bâtiment 2 (M54). 2.1.2. Les grands murs ouest à la phase 12 Deux grands murs, M55 et M86, marquaient une limite ouest nette pour ce quartier à la phase 12. Ils semblent en effet avoir fonctionné avec les bâtiments décrits ci-dessus. Ils ont été découverts dans l’espace qui deviendra plus tard la rue du quartier des prêtres. Leur construction a contribué à l’arasement des murs M55’ et M86’ présentés dans la phase précédente, et ils se sont substitués à eux. 2.1.2.1. Le grand mur M55 (au nord-ouest) Contrairement au mur M55’ visible uniquement au fond des sondages, le grand mur M55 peut être suivi sur au moins 23 m, depuis son angle nord-est dans le sondage S3E jusqu’au sud du sondage S3A (fig. 41-44). Son parement est était parfaitement lisible sous les niveaux de rue, tandis que son parement ouest a été 30

29

Dans le sondage S5, on a pu observer que M41 coupait le radier.

39

Nous n’avons pas eu le temps de pratiquer des sondages profonds dans la maison VIII ni d’atteindre les niveaux de la phase 12 dans le grand sondage de la rue S3C.

CHAPITRE I

40

M55

Bâtiment 1 tr. de fondation (Maison IV)

Fig. 42. Vue générale des niveaux antérieurs à la rue au nord de la Zone 7, avec le bâtiment 1 et le grand mur M55 au premier plan, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°88763

Bâtiment 2 (M54)

M54 M54

M55

M55

Fig. 43. Bâtiment 2 et M55 dans le sondage S3D, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°73523

M78

Fig. 44. Bâtiment 2 et M55 dans le sondage S3A, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°73519

M53 F67

M80

M86 M78

M85

Fig. 45. Vue générale du sondage S3G : le grand mur M86 coupé par la fosse F67, passant sous les grands murs M53 et M85/M78, et parallèle au bâtiment 3 (M80), depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108588

41

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

espace A 78,50

W

espace C

M24

77,50

M26

7403

78,00 tr. de fondation de la façade de la Maison VII

E

mortier

en retrait

SOL11

M40

ST12 fondation de l’escalier ST1

M41

P4

M36

M41

M41

cbt tr. de fondation de M41 cbt tranchée remblai 7556a

remblai 7556a

77,00

Fig. 46. Coupe Nord des espaces A et C dans le sondage S5 – Éch. : 1/50

E

W jambage de la porte P6 tranchée de M53

M53

SOL24 (mouna 7450)

ST6

78,00

radier pour SOL24 (7469)

magloub 7501

77,60 77,50

7455 + 7853b

F33

Bâtiment 2 fosse différente détectée en coupe

7853c

?

F34

M55 77,00

remblai orangé 7502

M55'

Fig. 47. Coupe Nord du sondage S3A – Éch. : 1/20

Légende des figures 46-47 : briques crues

os

mouna

briques rubéfiées

céramique

limite de fouille

tranchée de fondation

grès

restitution

tr. de fondation quasi-illisible

façade ouest de la Maison VII

78,50

CHAPITRE I

42 E 79,50

79,00

remblais modernes (7001)

Rempart

7380 (remblais-passe)

7601a

7628

ST16

78,50

M69

7632 + 7657

SOL28

7624 7633a

F62

7633

F74 Niveau ST22

Muret

78,00

77,50

W 79,50

79,00

remblais modernes (7001)

F62

remblais

SOL22 7808

SOL23

Sols 3

SOL24

F61

remblais

F72

F74

remblais

M80 remblai orangé niveau incendié 7822

fosse de dépotoir non fouillée

M86

78,50

Sols 2 Sols 1

78,00

77,50

M86'

Fig. 48. Grande coupe Est-Ouest n°1 de la Zone 7 (« place » et accès à la rive sud du lac Sacré) – Éch. : 1/50

E

W 79,00

78,50

M53

F61

premier niveau de sol (7843) 7711

78,00 77,93

fosse de dépotoir non fouillée sous mouna et coupant le parement ouest de M86

F67 7711a

M86

7711c

77,50

Fig. 49. Coupe Nord du sondage S3G – Éch. : 1/30

Légende des figures 48-49 : briques crues

fragments de calcaire

céramique

grès

tranchée de fondation

limite de fouille

M80 7718 7822

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

complètement détruit, presque tout du long, par des fosses de dépotoir. Le grand mur M55 fait environ 1 m d’épaisseur. Il est arasé selon une pente descendante vers le nord, de 78,07 à 77,13 m. M55 était conservé sur près de 2 m de hauteur, d’après le sondage S3E où nous avons pu atteindre la base de M55, situé au plus bas à 75,35 m (fig. 27 et 29). Le grand mur M55 est constitué de briques utilisant dégraissants minéral et végétal. Leur module est de grande taille (38-40 × 18-20 × 11,5-12 cm). L’appareil associe deux boutisses à une panneresse dont l’emplacement varie d’une assise à l’autre. Les joints entre les briques atteignent parfois 6 à 7 cm d’épaisseur. Ces dernières sont moins compactes, moins sableuses que celles de M55’ et leur module est légèrement différent. Toutefois, M55 garde la même orientation, perpendiculaire à l’axe est-ouest du temple d’Amon. M55 semble techniquement moins soigné que M55’, dont il est une reconstruction décalée vers l’ouest (fig. 28 et 50). 2.1.2.2. Le grand mur M86 (au sud-ouest) Le sondage S3G, au sud de la Zone 7, a permis de mettre au jour un second grand mur, le grand mur M86 (fig. 41 et 45). C’est un mur en briques crues épais d’au moins 3 m d’épaisseur. Cette fois-ci, c’est le parement ouest qui était recoupé par une fosse. Contrairement au grand mur M55, M86 n’est pas construit selon l’axe nord-sud du temple. Il ne suit pas non plus l’axe du rempart. Le module des briques, assez irrégulier, varie entre 34-42 cm de long, 16-19 cm de large et 10-12 cm d’épaisseur. Les briques sont disposées en boutisse, parfois sur la tranche ou en panneresse. M86 a été repéré sur 5,5 m de longueur mais il se prolonge au-delà des marges nord et sud de S3G. Il est apparu entre 77,94 et 78,17 m, sa base se situant à 77,56-77,58 m. Il repose sur M86’, un mur épais en partie rubéfié que nous avons précédemment décrit (fig. 31 et 48). Toute cette phase architecturale a été arasée au moment de l’installation de la phase 13, entre 77,13 et 77,61 m pour le mur M55 au nord, et, entre 77,94 et 78,17 m pour le mur M86 au sud. Cet arasement se fait avec une pente descendante vers le nord d’1 m sur 50 m. La pente de l’éminence sur laquelle s’élève cette phase architecturale descend assez rapidement vers le lac Sacré31. 31

L’existence de cette « butte » à l’est du lac Sacré est bien démontrée par les travaux de M. Millet dans la Zone 8.

43

2.2. STRATIGRAPHIE Aucun niveau d’occupation n’a été détecté en connexion avec les bâtiments ni avec les grands murs ouest de la phase 12. Quelques relations stratigraphiques et contextes dignes d’intérêt méritent néanmoins d’être soulignés.

2.2.1. Les tranchées de fondation 2.2.1.1. Les tranchées de fondation des bâtiments de la phase 12 Aucune tranchée de fondation n’était visible pour le bâtiment 1. Des niveaux de remblai ou de démolition, assez compacts, argilo-limoneux et contenant des fragments de briques crues, semblaient venir directement contre le parement nord du bâtiment 1. La présence de fosses le long du parement ouest de ce bâtiment ne nous permettait pas de mettre en évidence l’existence ou non d’une tranchée de fondation (fig. 27). Quelques indices pourtant indiquent que ce bâtiment est conservé en grande partie en fondation, à savoir la différence de module entre l’assise supérieure conservée de ST25 et les autres assises, l’utilisation de briques sur la tranche pour ST9, ou encore la construction assez peu soignée de ST9 et ST25. Concernant le bâtiment 2, l’existence d’une tranchée de fondation pour le mur M54 n’a pu être démontrée du fait d’une fosse recoupant son parement ouest (fig. 34). En revanche, la tranchée du mur M41 (F14) est bien visible. Elle coupe l’élément architectural SOL12 de la phase 11, ainsi que l’épais remblai de nivellement (fig. 21 et 33). Cette tranchée est assez large (60 cm environ au sud de M41) et régulière. Son comblement est constitué de diverses couches essentiellement limono-argileuses, compactes et hétérogènes, contenant des fragments de briques crues rubéfiées ou non en quantité moyenne. Leur couleur brun orangée, avec des zones jaune-brun, rappelle fortement la couleur du remblai de nivellement que M41 recoupe. Il est donc raisonnable de penser que les tranchées de fondation du bâtiment 2 ont été comblées avec la terre de ce remblai. La céramique recueillie dans cette tranchée n’est pas abondante et peu caractéristique. Elle semble contenir peu de matériel postérieur au Nouvel Empire. Les éléments récents concernent notamment une douzaine de fragments de panses à stries plates en pâte calcaire M1, une fabrique qui devient particulièrement importante dans la région thébaine à partir de

CHAPITRE I

44

E

W niveau supérieur de SOL16 restitué avec la jarre 7300.1

80,00 7001

radier SOL16

SOL17

SOL18 7316? 7327

F23 F24

79,50

SOL19

SOL20

façade ouest de la Maison VII

7338 (magloub)

79,00

78,50

élévation (M38)

hiatus

M53 7345 (magloub)

78,53

SOL22 78,18

SOL23

SOL24 F29

78,00

F31

fondation (M43)

Radier 7469

F36 77,50

tranchée M53

Radier orangé 7502 et magloub limite peu clair entre les deux

F33

M55'?

M55

77,00

Légende : briques crues

cendres

charbons

briques crues en retrait

céramique

limite de fouille

tranchée de fondation

grès

restitution

terrier de renard

terre rubéfiée

Fig. 50. Coupe Sud du sondage S3A – Éch. : 1/25

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

la fin de la Troisième Période Intermédiaire32. Doiventils être considérés comme des intrusions provenant des niveaux supérieurs de la maison VII ou comme de véritables indices chronologiques ? Leur présence, plutôt ténue, ne nous permet pas de répondre avec assurance33. Les motifs des scellés mis au jour dans ces tranchées ne sont pas suffisamment caractéristiques34. La plupart ne peuvent être antérieurs au Nouvel Empire. En revanche, certains motifs se sont perpétués assez tard, tels ceux mentionnant le nom Menkhéperrê. La tranchée de fondation du mur M80, associée au bâtiment 3, est très fine entre 3 et 4 cm. Elle a surtout été repérée dans la coupe nord de S3G (fig. 49). Elle est en partie entamée par une fosse (F67). Elle recoupe des niveaux rubéfiés (remblais), mais pas la couche d’incendie US 7822 sur laquelle s’élève le mur M80. Son comblement est une couche argilo-limoneuse marron orangé, moyennement compacte et homogène. La céramique peu abondante et très fragmentaire ne permet pas de fournir de datation précise. 2.2.1.2. Les tranchées de fondation des grands murs ouest de la phase 12 La tranchée de fondation du grand mur M55 est difficilement lisible du fait qu’elle remploie en comblement les niveaux de démolition (magloub) qu’elle recoupe (fig. 29). Elle a été observée à partir de 75,69 m dans le sondage S3E. La relation entre le grand mur M55 et le bâtiment 1 n’est pas certaine puisqu’une fosse récente (F41) coupe la relation physique entre ces deux éléments architecturaux. Néanmoins, l’altitude d’apparition de la tranchée de fondation du mur M55 est plus basse que la base du bâtiment 1 (base de ST25 à 76,1576,19 m), ce qui suggère une antériorité de M55. La même relation stratigraphique peut être observée entre le bâtiment 3 et le mur M86. À 77,75 m, la tranchée de fondation du mur M86 recoupe la couche rubéfiée US 7822, sur laquelle s’élève le mur M80, limite ouest du bâtiment 3 (fig. 48). La tranchée de fondation

32

33

34

Infra, Chapitre III, § 1.2.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 12. Nous rencontrons le même problème avec la céramique provenant du remblai de nivellement qui semble constitué des murs détruits et des niveaux archéologiques des phases antérieures : supra, Chapitre I, § 1.2.1. Sondage mené dans la maison VII : l’épais remblai de nivellement. Voir les matrices 1 à 6 : infra, Chapitre III, § 2.2.2.1. Catalogue des scellés de la phase 12.

45

du mur M80 commence plus de 30 cm plus haut. À l’évidence, le bâtiment 3 et le grand mur M86 ne sont pas des constructions strictement contemporaines. La construction des murs ouest M55 et M86 a donc précédé celle des bâtiments 1 à 3. 2.2.2. Les fosses de dépotoir cendreuses : un hiatus entre les phases 12 et 13 Les contextes d’abandon et de dépotoir marquant la fin de la phase 12 et antérieurs à l’installation de la phase 13 ont particulièrement attiré notre attention. En effet, le matériel riche et homogène issu de ces contextes permet de fournir, d’une part, un terminus aux phases 12 et 13, et d’autre part, quelques éléments d’interprétation au sujet de la vocation du secteur au cours de la phase 12. Avant que ne soit entreprise la construction de la phase architecturale suivante, les murs ouest M55 et M86, les bâtiments situés à l’est, ainsi que le remblai de nivellement et la couche d’incendie susmentionnés, ont été recoupés par plusieurs grandes fosses. Elles sont toutes scellées par la mise en place de la rue du quartier des prêtres à la phase 13. Aucune de ces fosses n’a été découverte sous les maisons des prêtres. Elles constituent un phénomène récurrent : elles sont visibles en surface sur l’ensemble de la rue, du sud du sondage S3E35 jusqu’au sud de la Zone 7 (fig. 40-41). Description des cinq fosses fouillées : – La fosse F32, dans le sondage S3D (fig. 36-37 et 40), recoupe essentiellement le mur M55, légèrement la façade ouest du bâtiment 2 (M54), ainsi que les couches de remblai sur lesquelles s’élève le bâtiment (US 7452-7452a). Cette fosse mesure 2 m de large environ et 1,04 m de profondeur maximale. Sa longueur totale est méconnue, mais F32 a été observée sur 2 m de long. Son comblement (US 7453) est très hétérogène et relativement meuble (fig. 34). Il se présente comme un feuilleté, composé de nombreux lits cendreux gris clair ou blancs comportant de nombreux petits charbons de bois et beaucoup de céramiques (notamment des gros fragments). Ces couches alternent avec de nombreuses couches de

35

Dans S3E et au nord de ce sondage, nous n’avons rien noté de tel. Il faut souligner cependant qu’au nord de S3E, les contextes archéologiques sont extrêmement perturbés par des tranchées, effectuées pour l’installation de canalisations modernes.

46









CHAPITRE I

sable fin brun jaune, moins riches en céramiques36. F32 apparaît entre 77,68 et 77,80 m et son altitude inférieure est à 76,67 m au plus bas. La fosse F33 a été reconnue sur 1,20 m de longueur (longueur totale méconnue) dans le sondage S3A (fig. 40). Elle mesure de 0,58 à 0,71 m de large. Son creusement entaille largement les murs M55 et M55’. La nature du comblement (US 7470) est semblable à celle de la fosse F32, avec une succession rapide de différentes couches au matériel céramique abondant (fig. 47). F33 apparaît à 77,875-77,61 m, tandis que son altitude inférieure est à 77,27-77,31 m. Le comblement de la fosse F34, fouillé dans le sondage S3A (fig. 41), est compact et homogène. Il est constitué d’une matrice de limon brun foncé et contient de nombreux fragments de briques crues, ainsi que de nombreux petits charbons de bois. La céramique est abondante (fig. 47). F34 apparaît à 77,61-77,695 m et son altitude inférieure est à 77,0777,19 m. La fosse F36 est localisée dans le sondage S3A (fig. 50). Son comblement est constitué de différents niveaux cendreux, peu épais. Partiellement fouillée, cette fosse a été essentiellement reconnue dans la coupe sud du sondage S3A. Le comblement cendreux contient de nombreux petits éclats de calcaire et de grès. De même que les fosses F32, F33 et F34, le creusement de F36 recoupe profondément les murs M55 et M55’, mais il recoupe aussi F33. F36 apparaît à 77,88 m environ et se termine à 77,30 m (d’après la coupe). La fosse F67, dans le sondage S3G, est une grande fosse de 2,2 m de large et observée sur 3,3 m de longueur (fig. 41). Elle se poursuit au-delà de la marge nord du sondage S3G (fig. 45). Son creusement recoupe les murs M86 et M86’, partiellement la façade ouest du bâtiment 3 (M80), le remblai orangé US 7718 et la couche d’incendie US 7822 (fig. 49). Ses niveaux de comblement (US 7704 + 7711/a/b/c/d) se différencient par leur nature, cendreuse ou sablocendreuse, et par la quantité variable de matériel qu’ils contenaient.

Le comblement de toutes ces fosses est très hétérogène, de nature avant tout cendreuse. Il englobe un ensemble de plusieurs couches de comblement. Il 36

F32 est la fosse dont le comblement est le plus diversifié. Un descriptif détaillé de ces couches est donné sur la figure 34 (A à P).

procède d’une action contemporaine et brève dans le temps puisque de nombreux tessons issus de différentes couches au sein d’une même fosse recollent ensemble. Par ailleurs, ces fosses semblent également synchrones puisque des fragments de poterie, provenant de certaines d’entre elles, appartiennent au même vase. Par exemple, plusieurs fragments d’une grande coupe carénée (7453.1) ont été recueillis dans les fosses F32, F33 et F3437. Les fosses creusent presque exclusivement les murs M55 et M86, et n’entament que légèrement les façades ouest des bâtiments 2 et 3 (M54 et M80). Les maisons des prêtres de la phase 13 s’installant sur l’arase des bâtiments de la phase 12, on n’a probablement pas voulu affaiblir leurs fondations avec ces niveaux de dépotoirs particulièrement meubles. Entre le parement ouest du mur M55 et le parement est du mur lui succédant à la phase 13, M53, nous avons pu fouiller un espace large d’à peine 70 cm dans le sondage S3A (fig. 47 et 50). Un feuilleté de couches plus ou moins cendreuses, très riches en matériel, venait contre le parement ouest du mur M55 (US 7420). Ces couches étaient coupées par la tranchée de fondation du mur M53. La nature de ces couches est très proche de celle des fosses de dépotoir. Entre 77,80 m, niveau d’apparition de ces couches de dépotoir, et 77,04 m, niveau d’arrêt de la fouille, aucun niveau de sol n’a été détecté. D’un point de vue chronologique, le matériel céramique est bien homogène, excepté quelques formes plus anciennes, et doit être daté entre la fin de la XXVe et le début de la XXVIe dynastie38. Ces niveaux de dépotoirs constituent un très bon terminus pour la phase 13 puisqu’ils sont tous scellés par le premier niveau de rue de la phase 13 (SOL24). Ils marquent aussi la fin de la phase 12. Ils représentent donc un hiatus dans l’histoire de ce secteur. Ils sont postérieurs à l’occupation de la phase 12 dont ils recoupent les installations, et, antérieurs à la construction de la phase 13. Outre la quantité notable de gros tessons de céramique, ces niveaux contenaient divers objets, notamment des scellés39 et au moins un modèle de sculpteur40. Parmi les scellés, un 37

38

39

40

Sur cette coupe : infra, Chapitre III, § 1.2.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 12. Voir l’analyse de la céramique de ces niveaux de dépotoir : infra, Chapitre III, § 1.2. Céramique de la phase 12 (TPI-début Basse Époque). Infra, Chapitre III, § 2.2.2. Scellés de la phase 12 (contextes TPI-début Basse Époque). Infra, Chapitre III, § 5.1.1.2. Bas-relief et décor incisé.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

type qui deviendra majoritaire dans le corpus sigillaire de la phase 13 fait son apparition ; il s’agit de scellés portant un titre de prêtre, accompagné ou non de son nom. Étant donné que les bâtiments de la phase 12 sont uniquement conservés en fondation, nous n’avons trouvé aucun matériel en association. Il est alors tentant de penser que le matériel des fosses de dépotoir provient de ces bâtiments arasés. Cela permettrait de dater leur dernière occupation aux environs du VIIe siècle. La présence des scellés avec des titres de prêtre suggère que ces bâtiments étaient déjà des maisons de prêtres. Même si une telle assertion ne peut être confirmée avec certitude, cette hypothèse sera discutée plus en détail dans la synthèse de l’étude, où elle trouve des arguments en sa faveur. 2.3. L’ORGANISATION DU QUARTIER À LA PHASE 12 Bien que seules quelques fenêtres aient été dégagées, nous souhaiterions proposer quelques hypothèses de travail sur l’organisation de ce quartier à la phase 12. 2.3.1. L’agencement entre les différents éléments architecturaux de la phase 12 Chacun des bâtiments de la phase 12 a été construit en fonction de son environnement et ce de manière peu homogène (fig. 40-41). Le bâtiment 1 suivait apparemment l’orientation du mur ouest M55, le bâtiment 2 celle du rempart et le bâtiment 3 celle du mur ouest M86. Les murs ouest tout comme le rempart précédaient donc la construction de ces bâtiments, ainsi que nous l’avions noté auparavant, mais ils ont néanmoins fonctionné ensemble. La distance entre les murs ouest et ces bâtiments est minime, comme si l’on avait voulu occuper le terrain au maximum. 50 cm sépare le mur ouest M55 et le bâtiment 1. L’espace, large de près de 2 m entre le mur ouest M55 et le bâtiment 2 au nord, se rétrécie de plus en plus pour atteindre à peine 1 m au sud. On compte seulement 70 cm entre le mur ouest M86 et le bâtiment 3. Cet agencement peu régulier d’un bâtiment à l’autre donne l’impression qu’ils ont été ajoutés entre le rempart et les murs ouest, comme si rien de tel n’existait auparavant à cet endroit. Cette observation se limite au nord au bâtiment 1, situé juste en face de l’angle nord-ouest du mur ouest M55. Les éventuels bâtiments qui ont pu exister plus au nord ne devaient pas être gênés par d’anciens éléments architecturaux, puisqu’ils faisaient face au lac Sacré. Il s’agit là d’une simple hypothèse en l’absence de nouvelles investigations dans ce secteur, lequel est malheureusement très altéré.

47

2.3.2. La circulation Ce qui deviendra la rue à la phase 13 était occupé en grande partie à la phase 12 par les murs M55 et M86, ainsi que par les façades ouest des bâtiments, l’espace entre eux étant trop restreint pour imaginer une quelconque ruelle. Se pose dès lors le problème de la circulation dans ce quartier à la phase 12. L’hypothèse la plus probable serait de restituer une circulation entre le rempart et les bâtiments, donc à l’est des bâtiments. On ne connaît pas la longueur des murs est-ouest de ces bâtiments, mais ils ne devaient pas être collés au parement ouest du rempart. Dans le sondage profond S5, sous les niveaux fonctionnant avec la phase 13, on tombait directement sur une structure antérieure à la construction du rempart (M45) (fig. 19-20). Puisque les bâtiments de la phase 12 ont été arasés au niveau de leur fondation, une telle circulation n’a laissé aucune trace. De plus, l’existence de ce couloir semble confirmée par les divers aménagements de la phase 13. Un espace d’environ 2 m de large est toujours conservé entre les maisons des prêtres de la phase 13 et le rempart 41. Le caractère « primaire » du quartier à la phase 12 se mesure particulièrement lorsqu’il est comparé aux transformations qui interviennent à la phase 13. Le quartier est alors remanié avec un côté plus ordonné, plus régulier dans la construction des maisons des prêtres, toutes perpendiculaires au rempart et la création d’une large rue nord-sud desservant les maisons à l’ouest. Les murs M55 et M86 sont remplacés par de nouveaux grands murs, décalés plus à l’ouest et délimitant des zones probablement elles aussi réorganisées. Par ailleurs, il n’est pas impossible que l’aménagement de cette rue ait été un des motifs de la réorganisation du secteur à la phase 13. Ces réflexions sur l’organisation architecturale de la phase 12 sont limitées du fait que cette phase a été très peu dégagée. Afin de mieux l’appréhender (et en filigrane celle de la phase 11), il faudrait poursuivre la fouille sous les niveaux de rue. Vider les fosses cendreuses permettrait d’établir le plan complet des grands murs M55 et M86, et surtout de connaître leur articulation. Étaient-ils accolés ? Existait-il un troisième grand mur entre les deux ou bien existait-il un large espace entre eux ce qui restituerait une circulation ? Multiplier les sondages profonds à l’ouest de la rue, sous les maisons des prêtres, permettrait de compléter le plan de ce quartier dont, 41

Infra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII.

48

CHAPITRE I

pour l’instant, de trop rares édifices ont été exhumés. Toutes ces données se révèlent primordiales pour la compréhension de l’organisation du secteur à la phase 13 dont les divers éléments sont mieux connus. En plus d’éclairer sur l’organisation du quartier à la phase 12, ces investigations complémentaires apporteraient de précieux renseignements sur l’aménagement des secteurs situés à l’ouest de ce quartier, délimités par les murs M55 et M86, (M55’ et M86’ pour la phase 11). 2.4. COMPARAISONS AVEC LES FOUILLES PRÉCÉDENTES La phase 12 a-t-elle été reconnue sous le quartier dégagé en 1970 ? À quoi correspondent ces « restes plus anciens »42 sur lesquels se serait fondé le quartier des prêtres conservé en élévation ? D’après une coupe générale est-ouest publiée par J. Lauffray43, les fouilles n’ont révélé que trois niveaux postérieurs à la construction du rempart (fig. 51) : les installations 5 et 6 correspondent à deux phases architecturales pour le quartier des prêtres dégagé en 1970 et l’installation 7 concerne les maisons d’époques ptolémaïque et romaine dégagées en 197144. Quant aux structures antérieures à l’installation 5, les auteurs parlent d’un changement d’orientation vis-à-vis du rempart et pensent, de ce fait, qu’elles lui seraient antérieures. Nous venons de voir que les bâtiments 1 et 3, ainsi que les murs ouest présentent une orientation différente de celle du rempart, contrairement au bâtiment 2. Il n’y a pas de « règle » pour la phase 12. P. Anus et R. Sa’ad ont peut-être découvert des éléments de la phase 12 qu’ils ont interprétés comme des vestiges antérieurs au rempart. Dans quelle mesure leur installation 5 peut être comparée à notre phase 12 ? 2.4.1. Éléments architecturaux appartenant probablement à la phase 12 Certains éléments de la phase 12 que nous venons de présenter avaient déjà été découverts et relevés en 1970, au cours des fouilles de P. Anus et R. Sa’ad. Tout d’abord, le mur ouest M55 avait été reconnu au nord de notre sondage S3D. Il est représenté sur leur plan45,

42 43 44

45

ANUS, SA’AD 1971, p. 237. LAUFFRAY 1995a, fig. 3. Le niveau romain tardif trouvé dans le secteur sud-ouest n’apparaît pas sur cette coupe. ANUS, SA’AD 1971, fig. 2.

quand bien même son parement est et son angle nord-ouest n’étaient pas complètement dégagés à cette époque. On devine aussi sur ce plan le mur ouest du bâtiment 2 (M54), mais celui-ci n’est pas relevé brique à brique. Seul son parement ouest est souligné. Il n’existe aucun commentaire sur ces murs dans leur article. Le mur M55 apparaît également sur des plans simplifiés et inédits de leurs installations n°5 et 6, et ce de manière concomitante avec le grand mur lui succédant (M53) et les maisons des prêtres de la phase 13 (fig. 51a-b). Or le mur M53 ainsi que les maisons IV à VI, au moins, sont clairement postérieurs à ces éléments de la phase 12. D’autres éléments encore, mais autour desquels nous n’avons pas repris de fouille, sont susceptibles d’appartenir à la phase 12. Dans les sondages profonds effectués dans les maisons III et IV, P. Anus et R. Sa’ad ont dégagé des « superstructures de constructions plus anciennes ». Selon eux, celles-ci témoignent de l’existence de maisons plus anciennes, arasées par l’installation des maisons des prêtres46. Ils ajoutent qu’elles se développent peut-être sous le rempart47. Un cliché inédit (fig. 52) présente un sondage profond mené dans la maison III, au nord-est. Un mur très arasé orienté estouest est associé à une grosse poterie enterrée ainsi qu’à une petite jarre qu’on aperçoit dans le fond. Ses parements sont indiqués sur le plan brique à brique de l’ensemble des fouilles de sauvetage48. Deux grandes bases de colonnes en grès et deux murs perpendiculaires appartiennent aussi au niveau sur lequel s’élève la maison III (fig. 53-54). Ces éléments architecturaux sont représentés sur le même plan détaillé de la zone49. Les colonnes présentent un diamètre d’1 m environ. Le mur orienté nord-sud mesure près d’1 m de large. Celui-ci est arasé à une altitude de 77,10 m. La légende d’une photographie archivée au Cfeetk précise qu’il existe un « deuxième niveau » associant les deux bases de colonnes à un vase en place (fig. 54). Les trois vases des deux clichés ont pu être identifiés grâce à d’autres vues rapprochées ; ils appartiennent à une période clairement postérieure au Nouvel Empire et se rapprochent de la céramique mise au jour dans les

46 47 48 49

Ibid., p. 235-236. Ibid., p. 236. LAUFFRAY 1995a, fig. 2b. Ibid., fig. 2b.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Fig. 51. Les trois phases architecturales postérieures au rempart repérées lors des anciennes fouilles

49

CHAPITRE I

50

Fig. 52. Sondage profond dans la maison III – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod, n°5505

Fig. 53. Sondage profond dans la maison III – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod, n°5506

Fig. 54. Sondage profond de la maison III – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod, n°5511

Fig. 55. Coupe du sondage profond de la maison H (d’après LAUFFRAY 1995b, fig. 32)

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

fosses cendreuses susmentionnées50. De plus, le niveau d’arase des murs dégagés dans ces sondages profonds est similaire à celui du bâtiment 151. Enfin, les archéologues avaient relevé que les maisons conservées en élévation (notre phase 13) reposaient sur un ancien niveau architectural assez proche. P. Anus et R. Sa’ad ont noté qu’à la suite d’un incendie52, la maison I a été reconstruite, réemployant en fondation les arases de l’ancienne maison. Les archéologues ajoutent que « partout une couche de charbon de bois et de tessons sépare, à peu de profondeur sous le sol de l’époque d’Ankhefenkhonsou, les murs des fondations ». Nous n’avons malheureusement pas de plan, ni coupe ni dessin du matériel concernant cet état antérieur de la maison I. Aucune trace d’incendie n’a été relevée dans notre secteur pour la phase 12. La forte teneur en cendres des couches de dépotoirs sous la rue pourrait néanmoins être significative. Mais si incendie il y a bien eu avant la construction du quartier des prêtres, il ne semble pas avoir été général. Il n’en est pas question ailleurs dans les descriptions des niveaux antérieurs aux autres maisons53. 2.4.2. L’installation n°5 Les recherches précédentes ont permis de recenser deux installations pour le quartier des prêtres, les installations n°5 et n°6, avant sa totale réorganisation à l’époque ptolémaïque (installation n°7). Selon P. Anus et R. Sa’ad, la seule différence entre les deux ne concerne que l’espace situé entre l’arrière des maisons et le rempart (fig. 51a-b). L’installation n°5 concerne un état de la maison avec l’espace arrière dépourvu de murs de séparation, tandis que l’installation n°6 introduit la présence de murets dans ce couloir arrière54. Le postulat selon lequel le quartier aurait été desservi dans un premier temps par une ruelle à l’est des maisons s’en trouverait ici conforté. Cependant, les chercheurs estiment que le corps du logis demeure identique pendant ces

50

51 52 53

54

Infra, Chapitre III, § 1.2.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 12. Supra, Chapitre I, § 2.1.1.1. Le bâtiment 1. ANUS, SA’AD 1971, p. 228. Rappelons qu’un autre incendie a été noté dans les fouilles anciennes mais il est antérieur à la construction du rempart : supra, Chapitre I, § 1.3. Comparaison avec les fouilles précédentes. Les installations n°5 et n°6 sont représentées sur une grande coupe est-ouest, publiée dans LAUFFRAY 1995a, fig. 3.

51

deux installations. Celles-ci correspondent donc davantage à deux sous-phases, voire deux états, du même quartier, plutôt qu’à deux grandes phases architecturales voyant le quartier changer de configuration et d’organisation. Aussi, il ne paraît pas pertinent de faire correspondre exactement leur installation n°5 avec notre phase 12. Lorsque J. Lauffray prend la direction des fouilles en 1971, il semble revoir la définition de l’installation n°5. Un sondage mené à l’arrière de la maison H, appartenant au quartier ptolémaïque, a permis de mettre au jour un mur appartenant à cette phase plus ancienne. Une coupe de ce sondage55, reproduite ici (fig. 55), présente une succession de trois murs. J. Lauffray explique tout d’abord que le mur est de la maison H, le mur III (installation n°7), repose sur un mur contemporain du quartier des prêtres dégagé par P. Anus, le mur II (installation n°6). Ce mur repose sur un niveau de remblai qui recouvre un autre mur, le mur I. Il s’agirait d’un mur appartenant à l’installation n°5 pour J. Lauffray. En effet, même s’il est fondé légèrement plus bas que le rempart, « cette installation ne peut être antérieure au rempart, car elle lui est perpendiculaire »56. C’est le seul endroit dans les articles abordant les fouilles anciennes où l’installation n°5 concerne une phase architecturale complète et non un simple état de l’espace situé à l’arrière des maisons des prêtres. Ainsi, P. Anus et R. Sa’ad ont noté à divers endroits (plan, description des niveaux antérieurs des maisons des prêtres) l’existence de ce que nous avons appelé la phase 12, mais ils ne l’ont pas vraiment pris en compte dans la succession des phases architecturales du secteur. L’installation n°5, telle qu’ils la conçoivent, ne coïncide pas à strictement parler à notre phase 12. En effet, s’il semble très probable que l’espace arrière des maisons ait bien connu plusieurs états (dont le premier dénué de mur), les maisons elles-mêmes ont connu d’autres phases architecturales, ce dont témoigne la phase 12. Plus tard, avec J. Lauffray et son travail sur les installations antérieures au quartier ptolémaïque, l’installation n°5 incarne une phase à part entière du quartier et non un aménagement particulier de l’espace arrière. Les nouvelles investigations permettent de confirmer son existence sur l’ensemble du quartier et de cerner plus ou moins son organisation. Elles démontrent que cette phase ancienne concerne également les secteurs 55 56

LAUFFRAY 1995b, fig. 32. Ibid., p. 336.

52

CHAPITRE I

situés à l’ouest du quartier dont les murs M55 et M86 constituent les limites. Il serait bien entendu nécessaire de multiplier et d’agrandir les sondages profonds afin de mieux saisir l’organisation des bâtiments et leur articulation avec les secteurs environnants à la phase 12. Les phases 13 et 14, pour lesquelles des ensembles architecturaux assez conséquents ont été mis au jour, sont l’occasion de comparaisons architecturales avec d’autres sites. Mais la phase 12 n’a livré que trop peu de vestiges pour que des parallèles puissent être réalisés de façon pertinente. En effet, les quelques murs et structures dégagés sous les maisons de la phase 13 ne permettent pas d’appréhender le plan de ces anciens bâtiments, ni leur organisation spatiale interne. La seule remarque que l’on puisse faire, c’est qu’il s’agit d’une architecture assez puissante (fondations importantes et présence de grandes bases de colonnes). La phase 12 paraît former une phase ancienne du quartier des prêtres. Peu d’éléments pourtant permettent d’affirmer avec certitude la destination précise de ces quelques bâtiments mis au jour. La vocation de ce secteur à la phase 12 est discutée plus amplement dans la synthèse de l’étude. Nous voudrions maintenant aborder ce qui constitue le cœur de notre étude, tant par l’importance de ses vestiges que par leur destination, à savoir le quartier des prêtres à proprement parler, lequel correspond à la phase 13.

3. LE QUARTIER DES PRÊTRES À LA BASSE ÉPOQUE : LA PHASE 13 Les nouvelles investigations menées dans ce secteur depuis 2001 ont permis de compléter le plan de ce qui est communément appelé le quartier des prêtres (fig. 56-58). Aux maisons I à VI, mises au jour en 1970, sont venues s’ajouter les maisons VII, VIII, et peut-être une maison IX. Mais concernant cette phase du quartier, nos efforts ont surtout porté sur son organisation architecturale générale et ses relations avec les secteurs environnants. La fouille a ainsi fourni de nouvelles informations sur ce qui, jusqu’ici, n’avaient pas trop attiré l’attention des chercheurs, à savoir : la rue desservant les maisons ; les secteurs situés directement à l’ouest du quartier, secteurs dont la limite orientale est apparue à travers deux grands murs. Tout au sud de la Zone 7, un élément inédit a été découvert : une « place », marquant soit la limite sud du quartier résidentiel des prêtres, soit un carrefour entre différents secteurs.

Plusieurs réaménagements architecturaux ont été relevés. Mais il est très difficile d’associer les différents états des maisons et des autres éléments architecturaux entre eux. En effet, tout d’abord, les nouvelles maisons dégagées ont des états de conservation très divers : les sous-phases les plus récentes ont pu disparaître pour certaines (fig. 59). Ensuite, des fosses postérieures ont bien souvent détruit les liens physiques et stratigraphiques, notamment entre les maisons et la « place, ainsi qu’entre la « place », la rue et les grands murs. Enfin, il est possible que les diverses transformations architecturales aient été réalisées indépendamment les unes des autres. En conséquence nous avons choisi de présenter séparément l’architecture et la stratigraphie de chaque maison et élément de la Zone 7. Comme nous l’avons fait pour les phases précédentes, les observations concernant la Zone 7 sont par la suite comparées avec les éléments trouvés dans la partie du quartier dégagée en 1970. 3.1. LA MAISON VII L’architecture de la maison VII et sa stratigraphie ont été présentées dans le cadre d’un rapport préliminaire sur les recherches menées en 2001-2003 dans le secteur57. Les données de ce rapport sont reprises ici, complétées et affinées par les recherches menées après 2003. 3.1.1. Architecture de la maison VII 3.1.1.1. Observations générales sur la maison VII Située au sud des habitations contiguës dégagées par P. Anus et R. Sa’ad, cette maison constitue la septième de ce quartier des prêtres (fig. 60-61 et fig. 63). Dans la moitié nord-est, la maison VII est séparée de la maison VI par une venelle d’environ 65 cm de large, tandis qu’au nord-ouest, un mur (M17) vient s’accoler au mur latéral sud de la maison VI (M1). On avait déjà remarqué que ces habitations n’étaient pas mitoyennes58 et que cette particularité aidait à reconnaître facilement les limites de chaque maison. Comme les précédentes, la maison VII a été construite perpendiculairement au rempart. Le côté perpendiculaire au rempart mesure environ 10,25 m (12,50 m, si l’on inclut l’espace situé entre le rempart et le corps principal du logis). Le côté 57 58

MASSON 2007a. ANUS, SA’AD 1971, p. 217.

53

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N

I

II

III

IV

V

REMPART

VI

Rue

VII

VIII

M53

IX?

Accès Place M78

0

5

10

20 m

Fig. 56. Plan général du quartier des prêtres (phase 13)

x=964

N

M53

y=3296

VII

Rue

VIII

Rempart

IX?

Légende :

Place

Accès

briques crues pierre (surtout grès) terre cuite

M78

limite de fouille

y=3266 x=946

0

5

Fig. 57. La phase 13 dans la Zone 7

10 m

restitution

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

55

Fig. 58. Vue générale de la Zone 7, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106965

Fig. 59. La Zone 7, depuis le nord-est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106937

Fig. 61. Vue de la maison VII, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°71049

Fig. 60. Les maisons VII et VIII, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106992

Fig. 62. Vue de la maison VIII, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106969

CHAPITRE I

56

N

x=964

Maison VI 78,82

y=3296

78,50

M17

M1

78,76

78,92

M39

78,58 78,63

78,15

78,75

78,10

P6 78,43

78,96

ST1

78,73

78,81

M2

78,14

80,00

D

78,58

F28

79,79

79,75

M9

78,60 78,38

M26

79,15

P4

79,17

Maison VII

A

P2

E

79,65

M24 ST3

ST4 79,14

M38

F15

79,29 79,57

78,99

78,74

M33

M21 78,69

78,74

78,35

M5

F17 P3

B C P7

78,96

F

M9

79,02

78,83 y=3288 x=954

M20

78,21

Légende : briques crues

grès boulin

négatif d'élément en bois

fosse

restitution

0

Fig. 63. Maison VII : plan du corps du logis

1

2m

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

parallèle – la largeur de la maison – est de 7,40 m. Par ses dimensions, elle se rapproche de la maison VI, les maisons I à III étant plus grandes et les maisons IV et V plus petites59. Le niveau d’arase conservé varie entre 80,00 m à 78,21 m. L’érosion des murs suit une pente naturelle vers le sud-ouest ; ceux-ci ont, de plus, été arasés et coupés par les installations postérieures (fig. 59). La maçonnerie est en briques crues, excepté les chambranles des portes et le seuil d’une porte qui sont en grès. Les modules les plus fréquemment employés pour les briques oscillent entre 28-29 cm de longueur, 13-14 cm de largeur et 8-9 cm de hauteur. Les briques sont à dégraissant végétal, excepté quelques inclusions de briques sableuses à la base de la façade ouest. Les divers murs de refend et le mur latéral nord (M2) mesurent entre 45 et 50 cm de large. Le mur de façade (M38) et le mur arrière (M5) sont légèrement plus épais, 60 cm. Ils devaient porter sans doute plus de charge. L’appareil est régulier. Panneresses et boutisses alternent leur position à chaque assise pour les murs les moins épais. Quant aux autres, deux rangées de boutisses alternent avec une rangée de boutisses encadrée de deux rangées de panneresses. 3.1.1.2. Économie intérieure de la maison VII La maison VII possède six pièces. La porte d’entrée (P6), située au nord-ouest de la pièce A, donne sur la rue orientée nord-sud qui desservait toutes les maisons à l’ouest60. Seule une partie du jambage sud est en place. Le tableau et l’ébrasement sont constitués de dalles en grès, jointes au mortier. Une fosse (F27) se trouvait à l’emplacement présumé du deuxième jambage. Une autre fosse (F28) entourait le jambage sud encore en partie en place (fig. 64-65). Ces fosses ont été réalisées à la phase 14 du secteur61. Même si le jambage nord n’existe plus, une ouverture de 80 cm peut être restituée. En effet, la trace en négatif du seuil, probablement en bois, fait cette longueur. Elle vient, en outre, buter contre un muret de la largeur d’une brique (M39) qui devait se situer dans le prolongement du jambage nord. La pièce A, sur laquelle donne la porte d’entrée, est de forme carrée (3,70 m de côté environ). Son angle

nord-est est occupé par une structure arasée (ST1), identifiée comme un escalier. Quatre murets, formant un rectangle de 1,75 × 2 m, en composent le noyau. De la première volée, il reste trois marches, implantées entre le noyau et un mur de refend (M24). Des nez de marche62, sans doute en bois, empêchaient qu’elles ne s’abîment trop vite, la brique crue étant un matériau qui s’use facilement. On suppose que l’escalier faisait un retour à gauche et que le mur (M17) qui s’adosse au mur latéral sud de la maison VI, devait soutenir la deuxième volée de marches. C’est la seule interprétation que nous ayons trouvée pour ce mur un peu isolé dans le plan de la maison. Existait-il un étage ou une simple terrasse ? Aucun élément d’étage n’est conservé ni dans la maison VII, ni dans les autres demeures63. L’épaisseur des murs est cependant tout à fait suffisante pour supporter un deuxième niveau64. Il peut paraître étrange que l’escalier se soit dressé à un mètre de l’entrée. Dans la maison I, l’escalier, à noyau central comme celui de la maison VII, se trouvait à droite de l’entrée ; mais une colonne s’élevait juste en face, empêchant une vue directe dans la maison. On retrouve dans notre cas ce « jeu de chicane assurant une certaine intimité » dont parlent les fouilleurs à propos de la maison I65. L’accès aux pièces B et C est difficile à localiser du fait d’une grande fosse (F17) venue postérieurement couper les extrémités de deux murs (M24 et M33). Cependant, puisque aucune porte n’a été décelée ailleurs, il semble logique de supposer qu’elle se trouvait à l’angle sud-est de la pièce A. La pièce B mesure 2 × 3,5 m. L’existence d’une porte (P7) entre les pièces B et C nous fait penser qu’il pouvait ne pas y avoir d’accès entre les pièces A et C. Dans ce cas, ce qui se passait au cœur de la maison était totalement à l’abri des regards indiscrets. Cette porte est dotée d’un seuil en pierre, constitué de deux dalles en grès. Une de ces dalles passe sous le retour du mur M24. La pièce C, la plus grande de la maison (4,85 × 2,5 m), commande l’accès à trois petites pièces, D, E et F. La pièce D est tout en largeur et très exiguë (1 × 2,5 m), tandis que les pièces E (3 × 1,5 m) et F (2,9 × 1,5 m) sont tout en longueur. 62 63

59 60 61

Ibid., p. 235. Ibid., p. 219. La fouille de la rue nous a permis de trouver les éléments appartenant à P6, au fond de la fosse F27. Voir infra, Chapitre I, § 4.2.2.3. Seconde conversion en dépotoir : Rue 3.

57

64

65

Les négatifs de deux nez de marches ont été repérés. Les maisons I, II, V et VI conservent elles aussi les vestiges d’un escalier intérieur, ANUS, SA’AD 1971, p. 219. À l’intérieur du castrum de Douch, dans l’oasis de Kharga, des bâtiments en briques crues sont conservés parfois jusqu’à trois étages voûtés. J’ai pu vérifier sur place que les murs porteurs ne font pas plus de 56 cm de large. ANUS, SA’AD 1971, p. 220.

CHAPITRE I

58 Élévation de la façade Nord-Sud

79,00

P6

M38 78,50

F28 sape 2

sape 1

78,00

M43

US 7502

77,50

Bâtiment 2

Section de la façade Ouest-Est

79,00

Légende : brique à dégraissant végétal

M38

brique à dégraissant sableux 78,50

briques/terre rubéfiées sape 2

brique en retrait

sape 1 creusement de F29

US 7501 creusement de F33 US 7502

?

creusement tr. fondation M43

fondation façade (M43)

base de P6

78,00

céramique grès

boulin 77,50

mortier limite de fouille

Fig. 64. Façade ouest de la maison VII (sondage S3A) – Éch. : 1/20

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

3.1.1.3. Études des fondations de la maison VII La réalisation de sondages profonds, à l’intérieur de la maison VII (S5) et à l’extérieur au niveau de sa façade ouest (S3A), a été l’occasion d’observer les fondations de cette demeure et les réfections de certains murs. Les recherches précédentes ne donnaient aucune indication précise à leur sujet. P. Anus et R. Sa’ad ont juste écrit avoir observé « les réparations et les reconstructions successives » de ces maisons66. Il est difficile de savoir si les reconstructions qu’ils mentionnent se réfèrent à des phases antérieures du quartier, telle la phase 12, ou à des réaménagements secondaires au sein de la même phase du quartier67. La dernière assise de fondation apparaît souvent abîmée, comme arasée. Parfois un remblai, peu épais, la sépare de la première assise d’élévation. Aussi, au départ, avions-nous pensé à une phase antérieure à la phase 13. Nous avons donné des numéros de faits différents de ceux des élévations pour bien les distinguer. Ainsi M43 sert de fondation au mur de façade ouest M38 (fig. 33, 64-65), M36 au mur de refend M24 et ST12 à l’escalier ST1 (fig. 46). Mais le plan de ces fondations reproduit fidèlement celui de l’élévation : il respecte l’emplacement et l’orientation des élévations. De plus la connexion entre l’élévation et les fondations est souvent marquée par une sape. Le remblai que nous observons entre l’élévation et la fondation semble n’être qu’un comblement de la sape. La base des murs est un des points faibles les plus connus dans l’architecture de briques crues. Ce phénomène est bien visible sur le mur de la façade ouest (fig. 64-65). Nous considérons désormais ces murs comme de simples fondations de la phase 13. La possibilité de réfections ou de reprises de certains murs de la maison VII n’est pas écartée non plus. On compte seulement entre trois et cinq assises de fondation pour les murs. La première assise de l’élévation oscille entre 78,08 et 78,19 m. La première assise de fondations se situe à 77,54-77,65 m. Le soubassement de la maison VII déborde souvent vis-à-vis de l’élévation (20 cm de surplomb au maximum). Les fondations des murs sont moyennement homogènes. 66 67

Ibid., p. 217. Les nouvelles investigations ont prouvé l’existence d’une phase antérieure au quartier des prêtres conservé en élévation et elle possède une architecture et une organisation distinctes : supra, Chapitre I, § 2. Première attestation des prêtres à la Troisième Période Intermédiaire : la phase 12.

59

Elles utilisent des briques crues de nature et de module différents. Les briques peuvent être à dégraissant sableux ou végétal. Le module généralement utilisé est sensiblement identique aux modules de l’élévation : 28-31 × 12-14 × 9-11 cm (M102, M43). Mais on rencontre des modules plus gros : 34 × ? × 10 cm (M102) ; 36 × 10 × ? cm (M43) ; 30-34 × 14-16 × 8-12 cm (M36). L’appareil est assez régulier, alternant le plus souvent panneresses et boutisses. Mais celui de M36 est un peu particulier puisqu’il alterne panneresses et carreaux. Le mur de refend M26 constitue un cas à part (fig. 46). Tout d’abord, il a probablement connu une réfection. Une couche de terre d’une épaisseur maximale de 10 cm sépare la base du mur M26 (située à 78,17-78,19 m) de l’arase du mur M40 (située à 78,0878,11 m). Seule une assise de briques crues de M40 est conservée. Disposées en panneresses, ces briques mesurent entre 24 et 29 cm de long sur 7-8 cm de hauteur. M40 se situe exactement à l’aplomb de M26 qui semble constituer une restauration de cet ancien mur. Ensuite, M26/M40 utilise en fondation un mur appartenant au bâtiment 2 de la phase 12, (M41). Il se situe en effet juste à son aplomb. Mais l’antériorité de M41 est assurée, entre autres du fait que la tranchée de M36 (fondation du mur de refend M24) le coupe. La fondation (ST12) de l’escalier (ST1), forme une semelle qui déborde entre 12 et 19 cm vis-à-vis de l’élévation (fig. 46 et 66). La première des quatre assises de fondation est arasée ou simplement abîmée. Elle apparaît entre 78,12 et 78,19 cm. La base de l’escalier a été atteinte à 77,71-77,75 m. L’appareil alterne assise de panneresses et assise de boutisses de manière à peu près homogène. Le module des briques est légèrement plus petit que celui des fondations des murs : 25-28 × 11-13 × 9-10 cm. Les fondations de la maison VII coupent divers faits des phases antérieures, tels le mur M41 appartenant au bâtiment 2 de la phase 12, le niveau de briques organisées SOL12 appartenant à la phase 11 et le mur M45 de la phase 10. Elles coupent l’épais remblai orangé, qui sert de remblai de nivellement aux bâtiments de la phase 12, ainsi que des niveaux recouvrant ce remblai. Parmi ces derniers, un niveau mérite d’être signalé ici. Il s’agit d’un très fin feuilletage de petites couches de limon brun clair à brun gris pulvérulent mais compact (US 7402), mis au jour dans l’espace A (fig. 69). D’après sa nature, il correspond au niveau SOL11 dans l’espace C. Néanmoins, dans l’espace A, on voit clairement ce niveau coupé par la tranchée de fondation

CHAPITRE I

60

F28

M38 sape 2 sape 1 M43

Bâtiment 2

M41/M54

remblai

Fig. 65. Façade de la maison VII, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°74417

Fig. 66. Fondations de l’escalier (ST1/ST12), depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°76549

Fig. 67. US 7402 coupé par la fondation de l’escalier, depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°74222

Fig. 68. Niveau de sol SOL7 depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°71031

61

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N 80,50 remblais modernes (7001)

80,00 79,50 7009 + 7010

79,00

7010a

78,50

M17

M22

7048

M27

M12

M29

7019 = 7054

M1

7471 M33

SOL8 SOL14

M20

ST1

78,00

7351 + 7354

7379

M30

M23

7389

M59

M63

SOL9

7403

ST12

SOL7

SOL32

SOL15

7402

SOL26

remblai orangé

77,50 F14/ tr. de M41

80,50 remblais modernes (7001)

80,00 79,50 79,00

limon rubéfié 7344 7351

7351 + 7354 F45

78,50

7389 7471 SOL42

M48

7351

remblais 7384 + 7392 M61

F54

78,00

remblais 7571 + 7585 7665

M65 M67

SOL25

SOL30

77,50

S 79,50 79,00 78,50 78,00

remblais modernes (7001) 7380 F48

7785/a

M68 7789 M977806

7772 7805

SOL42

remblai orangé

7786

F62 F74

ST32

77,50

Légende : briques crues

grès

tranchée de fondation

limite de fouille

Fig. 69. Grande coupe Nord-Sud n°1 de la Zone 7 – Éch. : 1/75

F48

SOL30

CHAPITRE I

62

de l’escalier (fig. 67), alors que dans l’espace C, on avait plutôt l’impression qu’il recouvrait les fondations (fig. 46). Cette succession de six à sept feuilles de limon, de quelques centimètres d’épaisseur en tout, apparaît vers 78,17 m dans l’espace A et 78,065-78,175 m dans l’espace C. Ce limon semble avoir été tassé par piétinement. SOL11 peut être interprété de deux manières. On pourrait tout d’abord l’envisager comme un niveau de travail. Cette microstratigraphie de feuilles de terre pourrait en effet être la trace d’une phase de travail, en relation avec la construction des murs de la maison VII, du limon traîné par les constructeurs et les travaux de gros œuvre. Il n’a pas fourni beaucoup de mobilier archéologique. SOL11 pourrait aussi correspondre à une première occupation de la maison, sans structure d’escalier ni espace de vie aménagé sur le toit ou à l’étage68. Les fondations de la maison VII ne sont donc pas très puissantes, entre 40 et 50 cm d’épaisseur. Mais il ne semble pas que cela était la règle pour toutes les maisons du quartier. Les fondations de la maison IV en effet, révélées dans le sondage S3E, font plus d’un mètre d’épaisseur, avec pas moins de neuf assises (fig. 30). 3.1.2. Stratigraphie de la maison VII La stratigraphie de la maison VII s’est révélée particulièrement riche, notamment celle de l’espace situé entre l’arrière de la maison VII et le rempart. Nous verrons que le corps du logis et cet espace arrière n’ont pas toujours été occupés de manière concomitante. C’est pourquoi nous avons choisi de présenter leur stratigraphie de manière séparée. 3.1.2.1. Corps principal du logis de la maison VII Occupation du corps du logis Le niveau de sol le plus important, associé au corps principal de la maison VII, se situe entre les altitudes 78,25 m et 78,30 m (fig. 69). Il est assez difficile d’établir des parallèles avec les niveaux d’occupation des maisons anciennement fouillées, étant donné l’incompatibilité entre les altitudes indiquées sur les différents

plans et coupes69. Le nettoyage des décombres qui s’étaient accumulés, depuis la fouille, dans la pièce sud-est de la maison VI, nous a pourtant permis de retrouver le niveau de sol sur lequel s’étaient arrêtés nos prédécesseurs : il se situe à 78,26 m. Le sol de la maison VII était conservé uniquement dans les pièces A et B, ainsi que dans une petite partie de la pièce C. Ailleurs, tous les sols ont été détruits à un moment où la maison, ayant été abandonnée, servit de dépotoir. L’absence de mobilier en place dans les parties centrales et orientales de la maison rend difficile la détermination de la destination des différentes pièces. Le sol est en terre battue. Le matériel associé aux sols SOL7 (pièce B), SOL8 (pièce A) et SOL13 (pièce C) est composé avant tout de céramiques. Si les pièces A et C n’ont fourni que de rares tessons, plusieurs céramiques presque entières étaient dispersées sur le sol de la pièce B (fig. 68 et 70) : divers bols et jarres, plusieurs « coupes à encens », des supports de jarre, une marmite et un bouchon de jarre en terre crue. En plus de ces céramiques, deux broyeurs en granit ont été découverts au sud de la pièce B. Quelques objets concentrés dans l’angle sud-ouest de la pièce A (fig. 71a) méritent notre attention : il s’agit d’un fragment d’amulette en faïence bleue, probablement en forme de colonne ouadj70, 7256.1 (fig. 71b) et d’une anse en céramique, 7256.2 (fig. 71c). Cette dernière est d’un intérêt particulier. Le morceau de panse, sur lequel s’accroche l’anse, a été travaillé de manière à obtenir une forme ovale. La surface interne a été polie et a reçu le début d’une inscription, gravée grossièrement à la main : on peut y lire le nom d’Amon, ỉmn. Cet objet doit être rapproché d’un fragment de bague-sceau en faïence71, 7221.1 (fig. 71d), trouvé dans le tamisage de la terre entre l’entrée et l’escalier. 7256.2 semble constituer une sorte de pendant grossier au sceau de fonction 7221.1. Le matériel de ce niveau de sol allie donc la vie quotidienne au domaine religieux.

69

70

68

Pour une analyse plus approfondie de cette interprétation, voir le parallèle avec les maisons des ouvriers à Amarna : infra, Chapitre I, § 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites.

71

Par exemple, le niveau d’occupation de la maison II varie plusieurs fois. Sur un plan d’ensemble des zones fouillées, le seuil de la maison II est à 77,13 m, cf. LAUFFRAY 1980, fig. 16. La coupe est-ouest de cette même maison indique plutôt un sol à 77,50 m : ANUS, SA’AD 1971, fig. 3 et fig. 15. Sur la coupe rappelant les différentes installations de part et d’autre de l’enceinte, le sol de la maison II, reconnaissable aux deux colonnes, est à presque à 78,00 m : LAUFFRAY 1995a, fig. 3. Des amulettes complètes de ce type ont été découvertes lors des fouilles, dans les niveaux d’abandon et de dépotoir. Pour une étude de cette bague-sceau, cf. infra, Chapitre III, § 2.1.2. Sceaux de la phase 13 (contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie).

63

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

7147.3

7147.6

7147.5

7147.1

7308.5 7308.8

VII M33

M38

F17 78,30 78,26

7308.12

7147.4

7308.10

M24

B 7308.11 78,35

7308.16

7308.7 7308.7

SOL7

7308.4

78,31

P7

7308.6

78,28

7308.1 7147.7

M20

y=3288 x=954

7308.13

7308.2

7308.14

7308.3

N 7308.9

Légende : briques/terre crues

calcaire

grès

céramique

granit

fosses

vignettes: céramique: échelle: 1/10

0

Fig. 70. Niveau de sol SOL7 dans l’espace B de la maison VII

1

2m

CHAPITRE I

64

7256.2 772 2566..22

7256.1 h: 2,3 cm

a. Détail du SOL8 depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°67469

b. Amulette en faïence 7256.1 – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias n°121155

7221.1 h: 2,9 cm

7256.2 h: 6,5 cm

c. Anse en céramique 7256.2, inscrite au nom d’Amon – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias n°78244

d. Sceau 7221.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°78244, cliché A. Chéné n°67770

Fig. 71. Niveau de sol SOL8 dans l’espace A de la maison VII

ST3/ST4

Fig. 72. Niveau de sol SOL15 dans l’espace A de la maison VII et les structures ST3-ST4, depuis le nord-est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°71088

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

La pièce A a fourni deux autres niveaux de sol, alors que la fouille des autres pièces n’en a révélé aucun autre. Le sol SOL14 se situe entre 78,19 et 78,21 m et le sol SOL15, entre 78,15 et 78,18 m (fig. 69). Quelques rares tessons de peu d’intérêt, trouvés à plat, ont signalé leur existence. Une petite structure construite à l’angle sud-est de la pièce, arasée puis reconstruite quasi au même emplacement au niveau d’occupation suivant (fig. 72), est associée à ces deux niveaux de sol : la structure ST3 avec le sol SOL14 et la structure ST4 avec le sol SOL15. Il s’agit de quelques briques disposées de manière perpendiculaire vis-à-vis du mur M33. Le sol SOL15 correspond à la base du jambage sud de la porte d’entrée (78,16 m) et à la trace en négatif de son seuil (altitude supérieure à 78,15 m) : cela fait de lui le premier niveau de sol de cette pièce. Comment expliquer le fait qu’à ces mêmes altitudes, aucun sol n’ait été mis au jour dans les autres pièces ? L’accumulation des niveaux de sols étant plus importante dans un espace à ciel ouvert, la pièce A pourrait alors peut-être être considérée comme une cour de ce type. Les structures ST3 et ST4 prévenaient peut-être l’infiltration de la poussière dans le reste de la maison. Abandon du corps du logis Au-dessus des niveaux de sol se succèdent plusieurs couches de terre contenant des fragments de briques crues, particulièrement nombreux à proximité des murs. La céramique est moyennement représentée (peu de formes sont entières ou quasi complètes). Elle est même presque inexistante dans la fine couche située immédiatement au-dessus du sol SOL8 (US 7254)72 ; cette strate en revanche a livré plusieurs scellés73, dont la majorité présente la même inscription. La nature de ces niveaux fait penser que nous sommes en présence de couches d’abandon et de démolition : les murs se sont écroulés et divers remblais et déchets ont peu à peu comblé les pièces. Conversion en dépotoir du corps du logis Les pièces C, D, E et F voient leurs niveaux de sol et d’abandon entamés.

72

73

Il est difficile de déterminer si l’US 7254 appartient à un niveau d’occupation ou à un niveau d’abandon. Voir dans le catalogue des scellés, les matrices n°45, 46, 78 et 99.

65

Une première fosse F15 (fig. 63) a été mise en évidence dans le sondage profond S5 dans l’espace C. Elle coupe le possible niveau de travail décrit précédemment (SOL11)74, et les couches antérieures. Sa largeur est d’environ 0,90 cm. Elle est repérée sur une longueur de 2,70 m mais passe sous la berme sud du sondage S5. Son altitude supérieure est à 77,97-78,045 m et son altitude inférieure n’a pas été atteinte. Son comblement est constitué de plusieurs couches argilo-limoneuses compactes plus ou moins homogènes, contenant des nodules d’argile et des fragments de briques rubéfiées. Plusieurs formes céramiques rappellent le répertoire du Nouvel Empire mais ce matériel ancien est mélangé à des formes plus récentes de la Basse Époque. On peut penser que la fosse a dû être en partie comblée avec le remblai orangé qu’elle coupe. Il faut signaler enfin dans le matériel de cette fosse F15 la présence de plusieurs scellés, portant surtout des titres de prêtres. Une succession de niveaux peu compacts, hétérogènes et riches en matériel recouvrait directement cette fosse. Ils étaient présents dans les pièces C, D, E et F. Les premières couches étaient les plus chargées en mobilier (fig. 73 et 74) ; elles étaient très meubles, contenaient quelques briques, quelques os et un mobilier varié. Cette fois le matériel semble plus homogène d’un point de vue chronologique (Basse Époque). Divers recollages entre des fragments de poteries provenant des différents espaces démontrent que cette conversion de la maison VII en un dépotoir (surtout pour les premiers niveaux de dépotoir chargés en matériel) a été une opération qui a pris un temps limité. Une deuxième fosse F17 est venue ensuite entamer les murs M24 et M33, ainsi que les couches successives d’occupation et d’abandon (fig. 63 et fig. 75). Cette fosse, placée au cœur de la pièce C, coupait également en son centre la fosse F15, qui lui est perpendiculaire, et les niveaux de dépotoir susmentionnés. Elle était remplie de plusieurs couches très fournies en matériel (céramiques, pierres, os…). Elle n’a pas été repérée dès le départ (seulement à 78,24-78,38 m) parce qu’elle coupait des niveaux tout aussi chargés de matériel. Sa forme est oblongue. Elle mesurait au minimum 2,50 m de long et 0,70 m de large. Son altitude inférieure a été atteinte à 77,81-77,88 m. Un fragment de meule naviforme (7293.1) provenant de cette fosse recollait avec un autre trouvé dans le niveau de dépotoir de l’espace D (7290.3). 74

Supra, Chapitre I, § 3.1.1.3. Études des fondations de la maison VII.

CHAPITRE I

66

S

N 80,50 7001 80,00 7004 7021

79,50

7022

M2

7008

M7

7007 7016

79,00 7064 78,50

78,00

7014

M10

7065a

M12

M30

7025 = 7262 7065 7065b

7111

M21

7026 = 7264

M89 M20

7051 = 7267 = 7274a 7077 = 7280 = 7297

Phase 13 Murs de la maison VII: M2, M20, M21 Dépotoir de l’espace E: 7111, 7065b, 7065a, 7065, 7064 Dépotoir de l’espace F: 7077 = 7280 = 7297, 7051 = 7267 = 7274a, 7026 = 7264, 7025 = 7262 Phase 14a Murs du bâtiment I: M10, M12 Murs du bâtiment J: M30, M89 Remblais : 7016, 7022

Phase 14b Mur M7 Abandon/remblais (?) : 7021, 7014

Remblais modernes 7001, 7004, 7007, 7008

Fig. 73. Petite coupe Nord-Sud dans le sondage S1 – Éch. : 1/50

mesureur de capacité 7111.8 Éch.: 1/8

Fig. 74. Dépotoir en cours de fouille (US 7111) dans l’espace E et mesureur de capacité en grès – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°66556

Fig. 75. Fosse de dépotoir F17 dans l’espace C, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°72609

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Le mobilier archéologique issu des niveaux de dépotoir consiste avant tout en céramiques. Les couches inférieures, surtout, contiennent de la céramique en grande quantité. Ce sont souvent les mêmes catégories qui sont représentées : amphores, jarres, « coupes à encens », vaisselle de table diverse, moules à pain, dokka, bassins, etc. Outre la vaisselle en céramique, on note la présence de fragments de vaisselle en grès et en calcaire. Un mesureur de capacité en grès, du même genre que ceux que l’on peut voir aux alentours des magasins d’offrandes de Psammouthis sis au sud du lac Sacré, a été trouvé, cassé en deux fragments, dans l’angle sud-est de la pièce E (fig. 74). Mis à part ces gros éléments, ces couches de dépotoir ont fourni quelques amulettes en faïence et plusieurs scellés, dont la plupart portent des titres de prêtres. 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII La stratigraphie de l’espace situé entre le mur arrière de la maison VII et le rempart est différente et plus complexe que celle du corps principal du logis (fig. 76). Alors que nous n’avons repéré aucune modification intérieure tout du long de l’occupation de la maison VII, ce « couloir », de 2,25 m de large environ, orienté nord-sud, semble avoir connu plusieurs remaniements architecturaux et fonctionnels. Bien qu’aucun accès sûr n’ait été trouvé entre la maison et cet espace, ce dernier a certainement été en relation avec d’autres parties du quartier des prêtres. La succession des états75 reconnus pour cet espace pourrait ainsi correspondre à la stratigraphie de maisons qui auraient continué d’être occupées, alors même que d’autres étaient abandonnées et transformées en dépotoir : la présentation de la stratigraphie de cet espace permettrait, en quelque sorte, de retracer une version différente des occupations du quartier à la phase 13. Premier état de l’espace arrière : circulation/cour ? Dans un premier temps, aucun muret ne semblait subdiviser l’espace arrière, ou, du moins, aucun n’a été préservé (fig. 77). Un morceau de sol atteste l’existence de cet état. Le sol SOL10 apparaît à 78,185-78,22 m et n’est conservé qu’au nord de l’espace (fig. 78). Ce niveau homogène, assez compact, présentait plusieurs fragments de céramique à plat (surtout des panses à 75

Nous parlons d’états et non de phases, parce que ces états peuvent se regrouper dans la seule grande phase 13.

67

stries plates en M1). Le fond d’une large jarre en pâte alluviale a été trouvé in situ, installé dans le sol. Ce sol n’apparaît pas plus au sud où il a été coupé par l’état suivant. Une dernière chose intéressante à noter pour cet état : le parement ouest du rempart a conservé son enduit originel, un enduit blanc. De très rares traces nous sont parvenues, seulement quelques centimètres au-dessus de la tranchée du rempart 76. Si notre hypothèse de restitution est correcte, il semble que dans un premier temps l’espace situé entre l’arrière de la maison et le rempart ait été un espace libre. Sa fonction à ce moment est difficile à déterminer. Était-ce une cour ouverte ou servait-il de circulation secondaire, la rue ouest constituant la circulation principale à la phase 13 ? Nous avons vu précédemment qu’à la phase 12, ce couloir aurait même très bien pu servir de circulation principale, la rue ouest n’étant pas encore aménagée. En tout cas, le sol SOL10 fonctionne bien avec la phase 13 puisqu’il n’a pas été coupé par la construction de la maison VII : il vient contre le parement est de son mur arrière (M5). Deuxième état de l’espace arrière : les papyri L’aménagement du second état de l’espace arrière a détruit le sol SOL10 au sud. Des niveaux de remblai ont légèrement exhaussé le niveau, recouvrant ce qui restait du sol SOL10, du mur M45 de la phase 10 et la tranchée de fondation du rempart. L’introduction de murs divise l’espace arrière en trois petites pièces dénommées G, H et I (fig. 79). Ces structures nous sont parvenues très arasées (fig. 80). Le niveau d’arase conservé va de 78,36 m à 78,47 m. Leur base se situe entre 78,31 m et 78,33 m pour les murs M35 et M34, entre 78,18 et 78,24 pour le mur M42 et 78,15 m pour le mur M104. Le mur M42 est un peu à part du fait de son module77, plus petit, et de son orientation. Il semble cependant appartenir au même état. Le parement nord de M35 est perpendiculaire au mur arrière de la maison VII (M5), mais son parement sud est parallèle au mur M42. Malgré cette particularité, le mur M35 constitue un seul et même mur puisque sa base est la même des deux

76

77

La même remarque a pu être faite avec le premier état de l’espace arrière de la maison VIII. Lorsque cet espace connaît son second état, on a des preuves que l’enduit du rempart a été refait : infra, Chapitre I, § 3.2.2.2. Espace arrière de la maison VIII. M34 : 32 × 15 cm (hauteur inconnue car M34 n’est conservé que sur une arase) ; M35 : 32 × 15 × 9 cm ; M42 : 28 × 14 × 10-11 cm.

CHAPITRE I

68

Espace arrière Maison VII

80,50

N

80,00 79,50

7001 + 7008 + 7014

7001 + 7008 + 7014

F2

M3 SOL1 7015

79,00 7062

78,50

7084 7089 7099

Fo1

7139 7210 SOL4

F16

78,00

M35

M16 7092

SOL2

SOL3 7133 7225

SOL37 SOL10

M19 7098

7140 7226

M42

M34

7181

7142

7382 + 7382a

SOL5

SOL6

M104

SOL38

Espace arrière Maison VIII et Bâtiment J

80,50 80,00 remblais modernes (7001)

79,50 79,00

ST36

7390 7463 M103

78,50

7776

7765/a 7787/a + 7836

M104

78,00

7870

ST26

7875

F70

M90

ST11 7874

7791/a

SOL35

Grande fosse F48 et "Place"

S

80,50 80,00 79,50 79,00

remblais modernes (7001)

7463

78,50

F48

7791/a

7601a ST16

7607.3

7380 M79

78,00

Légende : briques crues

grès

limite de fouille

terre cuite

calcaire

restitution

Fig. 76. Grande coupe Nord-Sud n°2 de la Zone 7 – Éch. : 1/75

F59

69

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

x=966

N y=3294

SOL10 78,185 78,19

7249.1 78,31

Maison VII

Rempart

0

1

2m

Légende : céramique fosse

limite des murs de l'état 2 vignette: céramique: échelle: 1/10

F13

Fig. 77. État 1 de l’espace arrière de la maison VII – Plan éch. 1/50

Fig. 78. Vue depuis le nord de l’état 1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°65683

CHAPITRE I

70

x=966 7153.5

y=3294

F16

7153.3

I charbon

7153.2

78,39

7153.1

78,47 7153.4

M35

78,39

78,47

7154.16

7154.1

M42 78,38

Maison VII

Rempart

7154.15

1

0

7154.17

2m

H Légende : M34 78,42

N

céramique

calcaire

78,38

grès

G ST2 78,38

petit objet

F13 vignettes: céramique: échelle: 1/10 vignettes: grès: échelle: 1/20

Fig. 79. État 2 de l’espace arrière de la maison VII – Plan éch. 1/50

Fig. 80. Vue depuis le sud de l’état 2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°65327

fosse

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

côtés du parement. Comme il est conservé au-delà du niveau de sol, il ne s’agit pas de fondations ; nous pouvons supposer dès lors qu’aucune porte ne faisait communiquer les pièces H et I. L’accès entre les pièces G et H est assuré par une ouverture de 60 cm. La limite nord de la pièce I n’est pas connue ; une fosse appartenant à l’état suivant (F16) est venue couper la partie nord de cette pièce. À l’ouest de la pièce G, une structure en « L » (ST2) venait buter contre le parement est du mur arrière de la maison VII (M5). Son altitude supérieure correspond à celui du niveau de sol principal, soit 78,38 m. Elle est constituée de briques crues et d’un élément en grès présentant deux petites dépressions. Il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’un seuil de porte avec un élément de crapaudine. Jusqu’à présent, nous n’avons pas réussi à déterminer sur quoi pourrait donner cet accès. Sur l’arrière de la maison VII ? Peut-être, mais aucun élément de bouchage de porte n’a été repéré. Il faut dire que le mur arrière de la maison VII a été perturbé à cet endroit par une fosse postérieure (F13) ce qui rend difficile la lecture. Si une porte existait entre la pièce arrière et la maison, cela permettrait de réunir l’occupation du corps du logis avec cet état de l’espace arrière. Cependant, les éléments architecturaux appartenant à cet état ont été conçus dans un deuxième temps. Ils viennent contre le parement du mur du fond M5, ce qui prouve qu’ils ne sont pas contemporains à la construction du corps du logis. Plusieurs niveaux de sol ont été relevés pour cet état. Deux possibles niveaux de sol ont pu fonctionner avec l’espace arrière sans le mur M34 : le sol SOL38 dans la pièce sud et le sol SOL37 dans la pièce centrale (fig. 76). Leur altitude se situe à 78,27-78,305 m. Ils n’ont fourni qu’un matériel archéologique très pauvre : quelques tessons à plat sans grand intérêt et une lamelle de silex. La pièce nord n’a livré aucun sol contemporain. Le niveau d’occupation principal associé au second état de l’espace arrière se situe entre 78,38 m et 78,39 m (fig. 79-80). Divers éléments en grès étaient dispersés sur le sol. La majorité s’assemble et forme un bassin rectangulaire (7154.1). Ils proviennent des sols SOL5 (pièce H) et SOL6 (pièce G). Deux fragments d’une vasque (7153.3) ont été trouvés sur les sols SOL4 (pièce I) et SOL5 (pièce H). Il est possible que l’emplacement initial de ces objets ait été bouleversé, probablement lors de l’arasement des murs. Dans chaque maison de prêtre a été trouvé un bassin en grès, semi-circulaire

71

ou rectangulaire. D’après P. Anus, ce type de bassin « devait recevoir les gargoulettes »78. Mais leurs fonctions pouvaient être variées. Une meule en calcaire a été découverte, retournée, entre les murets M34 et M42 (fig. 81a). Sa surface de travail est particulièrement concave. S. Guérin l’a identifiée comme une base de colonne, réemployée en meule à condiments79. Outre ces éléments en pierre, deux petits éléments travaillés en os ont été découverts dans la pièce H (fig. 81b). Quelques céramiques ont été relevées sur le sol SOL4 (fig. 79). À l’angle sud-ouest de la pièce I, un bol très fragmentaire jouxtait une coupe. Ce type de coupe est parfois appelé coupe à encens. La découverte d’un charbon à l’intérieur s’accorde avec cette interprétation80. Près du mur M35, une amphore piriforme était entière avec son couvercle encore en place. La fouille de l’amphore a révélé la présence de deux rouleaux de papyrus et de deux empreintes de sceaux (fig. 81c et d). Des papyri, il ne restait malheureusement que le négatif dans la terre limoneuse qui comblait la céramique et quelques fragments inexploitables. Les empreintes de sceaux, en revanche, ont pu livrer quelques informations intéressantes. Ce sont les scellés n°73 et 85 du catalogue. Le n°73 porte le titre d’un prêtre important81. Architecture et matériel n’apportent pas d’indices suffisants pour connaître la ou les fonctions précises de l’espace arrière durant son second état. La meule à condiments, la vasque et le bassin en grès pourraient indiquer un espace aménagé en cuisine, mais la jarre aux papyri ne supporte pas cette interprétation. Troisième état de l’espace arrière : le four et les lingots Les murs M34, M35, M42, M104 et la structure ST282 ont été arasés (entre 78,36 m et 78,47 m). Excepté le mur M104, une couche de remblai, épaisse de 6 à 8 cm, les recouvrait. Les murs M19 et M103 (altitude supérieure : 79,33 m ; altitude inférieure : 78,38 m)

78

79

80

81

82

À propos du bassin trouvé sur le sol de la cour de la maison I : ANUS, SA’AD 1971, p. 222. Infra, Chapitre III, 3.2.1.3. Catégories fonctionnelles du matériel de broyage. D’après C. Newton, le charbon provenant de la coupe est de l’Acacia. Plusieurs coupes de ce type ont été découvertes à Deir el-Bahari avec de nombreux morceaux de charbons encore conservés à l’intérieur : RZEUSKA 2001, p. 322-323 et fig. 16-17. Voir l’analyse du titre « celui qui ouvre les deux vantaux du ciel » : infra, Chapitre IV, 1.2.1.2. Étude des titres. Si ST2 constitue un seuil de porte, la structure n’a pas été arasée, mais se trouve naturellement au niveau du sol.

CHAPITRE I

72

7154.15 L: 2,3 cm

7154.16 L: 2,8 cm

a. Meule en calcaire 7154.17 – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°67995

b. Éléments en os – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67761 et 67759

c. La jarre aux papyri – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°65353

7165.1 L: 2,1 cm

7165.2 L: 1,6 cm

d. Scellés des papyri trouvés dans la jarre – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67786 et 67788 Fig. 81. Éléments provenant de l’état 2 de l’espace arrière de la maison VII

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

remplacent le mur M104 au même emplacement, démarquant désormais la limite entre les espaces arrière des maisons VII et VIII (fig. 76). À cet état, l’espace arrière correspond à une grande pièce J rectangulaire de 7,25 m sur 2,25 m (fig. 82). À l’angle nord-est de la pièce, une structure (Fo1) a été aménagée (fig. 83). Son installation a coupé plusieurs niveaux antérieurs. Elle est constituée d’un lit de briques, dessinant grossièrement un cercle dont la base se situe à 78,17 m. Par-dessus vient se poser une structure en terre cuite (pâte grossière à nombreux dégraissants végétaux), épaisse de 4 cm, de forme ronde et de profil concave. Son diamètre extérieur est de 80 cm au niveau de l’arasement et de 65 cm à la base. Aucun fond n’est conservé. Cette structure est entourée d’une gangue de terre assez compacte d’environ 15 cm d’épaisseur, excepté à l’est où l’on rencontre un muret (M32). Un trou de forme rectangulaire, de 19 cm sur 17 cm, est visible à la base de la structure, côté sud. Divers indices permettent d’identifier l’ensemble à un four : les briques constituant le lit inférieur sont complètement rubéfiées ; la terre, encerclant la structure en céramique, est brûlée sur une épaisseur de trois à cinq centimètres83 ; toute la partie inférieure de la structure (US 7099) ainsi que le petit espace situé entre le muret M32 et le rempart étaient remplis d’une couche meuble et homogène, composée de cendres mélangées à quelques petits charbons. Toutefois, il n’y a pas de traces importantes de rubéfaction sur les parois en terre cuite, ce qui signifierait que le four n’a pas été beaucoup utilisé, ou qu’il l’a été à basse température. Comme son fonctionnement a généré plusieurs dépôts cendreux assez importants, nous pencherions pour la deuxième interprétation. Ce type de four trouve de nombreux parallèles, tels les fours découverts à Karnak-Nord dans les niveaux de la XXe dynastie et de la Basse Époque84. La plupart d’entre eux étaient placés dans un espace à ciel ouvert, au pied du mur d’enceinte85, comme le four de la maison VII. Il s’agit avant tout de fours circulaires destinés à la cuisson du pain, mais aussi à d’autres préparations culinaires. Ces fours ont été utilisés en Égypte de

83

84

85

Les fours se reconnaissent souvent au fait que la terre qui les entoure est calcinée sur une certaine épaisseur : JACQUET 1994, p. 94. Pour une description de ces fours, voir : ibid., p. 141-143 ; MARCHI 2014a, p. 63-66 (fours cylindriques de Tell el-Herr). JACQUET 1994, p. 94.

73

l’Ancien Empire à l’époque chrétienne86. Ouverts sur le dessus, ils étaient recouverts d’un large couvercle87. Les pains, que l’on introduisait par le dessus, étaient très probablement placés sur la paroi interne du four, préalablement chauffée88. Cette technique de cuisson est toujours en usage en Égypte et au Moyen Orient. Le trou présent à la base de la structure Fo1 servait de trou de tirage et non à alimenter le four en combustible. Ce dernier était chargé par le haut. Pour garder le feu en action, il fallait apporter de l’air à travers le trou de tirage, en soufflant ou en agitant un éventail devant. Une ouverture, large de 65 cm, a été aménagée juste en face du four Fo1 : la feuillure dans laquelle s’insérait le pivot de la porte (P5) est encore visible sur toute la hauteur de l’angle nord-est du mur arrière de la maison VII (M5). Elle ouvrait sur un étroit passage de 60 à 70 cm de large, aménagé dans l’espace situé entre les maisons VI et VII. Il donnait sur la rue ouest. Sur le plan général de la maison VII (fig. 63), on devine que l’espace a été volontairement agrandi au passage de l’escalier : le mur nord de la maison VII (M2) n’est épais à cet endroit que d’une rangée de panneresses ; la relation entre l’escalier et le mur qui soutenait sans doute la seconde volée de marches (M17) a dû être coupée. Ces modifications semblent avoir été apportées au moment de la création de cette circulation. La fouille d’une partie de ce passage a permis de montrer qu’il a servi postérieurement de dépotoir (US 7048), tout comme la maison. Puisque l’escalier n’était sans doute plus en service avec la création de la circulation entre les maisons VI et VII, il est vraisemblable que la maison était abandonnée au moment de ce troisième état de l’espace arrière. A priori, deux niveaux de sols ont été relevés pour cet état, les sols SOL3 et SOL2. Le sol SOL3 (fig. 82) se situe à 78,52 m. C’est une surface en terre battue. À l’angle nord-ouest de la pièce, a été découvert un agrégat d’éléments en alliage cuivreux, 7129.1 (fig. 84). Une fosse (F6) a été creusée à 13 cm du mur du fond de la maison. À la surface, elle forme un cercle de 38 cm, qui se rétrécit dans sa partie

86

87 88

Ibid., p. 142. Voir aussi l’étude sur les fours à pain de l’époque ptolémaïque à l’époque byzantine : DEPRAETERE 2002. DEPRAETERE 2002, p. 123-124. Pour une discussion sur le fonctionnement de ces fours à pain et à propos du processus de cuisson du pain : ibid., p. 134-141.

CHAPITRE I

74

x=966

Maison VI

N

Couloir est-ouest

y=3296

7129.178,75

Porte P5

Fo1

78,74

78,17

78,52

78,68

M32

F8 78,43

Maison VII

J

Rempart 78,52 78,52

F6 78,12

F13 M19 79,33

0

1

2m

Légende : cendres et charbons

sol légèrement rubéfié

US 7129 = limon

fosse

alliage cuivreux

limite des murs de la phase 14

Fig. 82. Niveau de sol SOL3 à l’état 3 de l’espace arrière de la maison VII – Éch. : 1/50

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

75

inférieure ; elle recevait peut-être un vase de fond conique. Une deuxième fosse ronde (F8), de 64 cm de diamètre, a été creusée non loin du four. Peu profonde, elle contenait de la cendre et des petits charbons, des rejets du four probablement. Le sol SOL2 (fig. 87) se situe entre 78,64 et 78,68 m. La petite fosse F6 a été comblée avec du sable gris, contenant plusieurs fragments de céramique, de calcaire et de grès. Le sol SOL2 ne présentait pas une surface aussi compacte et régulière que le sol SOL3 et il a livré plus d’éléments que ce dernier. Plusieurs fragments de céramiques étaient dispersés sur le sol. On a pu reconstituer un profil quasi complet d’une jarre (7097.13). Six agrégats d’éléments en alliage cuivreux, comparables à ceux recueillis sur le sol SOL3, étaient concentrés au milieu de la pièce (fig. 85). Ils suscitent quelques interrogations et commentaires. Il est peu probable qu’ils doivent être mis en relation avec une activité métallurgique. La taille du four, trop importante pour ce genre d’activité, ainsi que l’absence de scories ou d’autres traces laissées par ce type d’activité, indiquent que ce four n’a pas servi pour la métallurgie. De plus, les éléments en alliage cuivreux semblent ne pas avoir subi de transformations thermiques. Le négatif d’un tissu est visible par intermittence sur la surface corrodée de ces lingots. Leur découverte très concentrée sur le sol et le négatif du tissu suggèrent que ces agrégats étaient contenus dans une bourse, dont le matériau périssable (lin ?) aurait disparu. Des agrégats en alliage cuivreux similaires ont été mis au jour lors du décapage de la surface du rempart. Ils portaient aussi en négatif la trace d’un tissu. On pourrait les comparer à trois petits sacs enfermés dans une jarre et qui contenaient des petits fragments d’argent, mis au jour à Éléphantine. Le poids total n’était que de 39,45 gr, soit beaucoup moins que nos agrégats, et il s’agit aussi d’un métal plus précieux89. Ces éléments peuvent aussi être rapprochés avec un trésor inédit découvert dans la maison V du quartier des prêtres90. L’ensemble comprenait soixante-quatorze fragments d’argent, d’un poids total de 1,224 kg, ainsi que deux monnaies frappées en argent. Les « lingots » d’argent, de forme et de poids divers, revêtent la même

apparence que nos éléments en alliage cuivreux. On pourrait donc considérer que ces derniers constituent une sorte de trésor et non pas une réserve de fondeur91. Quatre scellés, dont un très fragmentaire, ont été découverts, pour la majorité au milieu de ces agrégats. Il s’agit des n°48 (7097.3 et 7097.4, même matrice), 54 (7097.10) et 82 (7097.2) de notre corpus (fig. 86). Trois portent un titre de prêtre, tandis que le quatrième est inscrit avec ce qui est communément appelé la « formule saïto-perse »92. Ils scellaient peut-être le sac de lingots, quoique leurs revers, peu explicites, n’apportent pas de confirmation à cette hypothèse. Enfin, le matériel lithique est représenté par quatre éléments93. Le premier (7097.14), un gros fragment en granit rose présentant une face travaillée et polie, ne serait qu’un bloc architectural. Un élément taillé dans un granit rose-rouge très dense (7097.15) a une forme quasi-cylindrique (16 cm de diamètre). L’objet, dont le pourtour est assez bien poli, possède une face plane, plus polie, présentant une légère dépression, tandis que la face opposée est laissée brute ; compte tenu des traces d’usure, la face polie a dû servir à broyer. D’après S. Guérin, le bloc en grès (7097.16) a été réutilisé en table de travail avec des traces de découpe plus ou moins parallèles marquant la surface concave active du bloc. Le dernier élément (7097.17) est un fragment de granit gris, à la forme trapézoïdale, qui aurait pu servir de broyeur. Ainsi l’espace J a dû servir (entre autres ?) de cuisine : le four Fo1 appartient plutôt à la catégorie des fours culinaires ; la table de travail et le ou les broyeurs découverts sur le sol SOL3 révèlent aussi des activités culinaires. Considérer les divers éléments en alliage cuivreux, trouvés sur les deux niveaux de sol, comme un trésor permet d’écarter l’interprétation de l’atelier impliquant une activité métallurgique.

89

91

90

Ce trésor a été daté des XXVe-début XXVIe dynasties, soit à une époque où on ne frappait pas encore monnaie en Égypte : NOESKE 1993, p. 204. Infra pour son étude, Chapitre III, § 8.1.1. Trésor d’argent. Voir aussi MASSON 2016.

Quatrième état : une réserve ? L’espace arrière est à nouveau remanié d’un point de vue architectural (fig. 88). Le four Fo1, qui a été abandonné, est condamné et arasé (fig. 76). En effet, au-dessus de la couche de cendres liée au fonctionnement du four (US 7099), une couche, toujours cendreuse

92

93

Sur les types de lingots utilisés avant que l’Égypte ne soit monétarisée : VARGYAS 2002. À propos de cette formule : infra, Chapitre III, § 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13. Infra, Chapitre III, 3.2. Étude du macro-outillage.

CHAPITRE I

76

7129.1 L: 12,6 cm

Fig. 83. Four Fo1, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65156

Fig. 84. Agrégat d’éléments en alliage cuivreux 7129.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67746-67748

Fig. 85. Ensemble d’éléments en alliage cuivreux et de scellés sur SOL2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°65090

7097.3 L: 1,8 cm

7097.10 L: 2,3 cm

7097.2 L: 1,7 cm

Fig. 86. Scellés découverts sur SOL2 parmi les « lingots » – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°65733, 67828 et 65732

x=966

Maison VI

N

Couloir est-ouest

y=3296

78,75

Porte P5

Fo1

78,74

78,17

M32

78,68

78,64

7097.17

Maison VII

7097.13 7097.16 78,68 78,67 7097.10 7097.4 7097.3 7097.15 7097.2

Rempart

78,64

J 7097.14

F13

78,67

M19 79,33

1

0

2m

Légende : céramique

petit objet

grès

fosse

granit alliage cuivreux (70.97.1/5-9)

limite des murs de la phase 14 vignettes: céramique: échelle: 1/10

Fig. 87. Niveau de sol SOL2 à l’état 3 de l’espace arrière de la maison VII – Éch. : 1/50

CHAPITRE I

78

N Mur est 1 Maison VI

Mur est 2 Maison VI x=966

Maison VI

y=3296

79,47 78,55

W

80,00

M3

P1

E

Bouchage de la porte P5

78,78 79,40

Fo1 78,72

Élévation au niveau de la porte P1 W

E 79,75

79,77

M14

M3

Mur est 1 Maison VI

Rempart

Four Fo1

Maison VII

+78,47

L

79,57

M15

Rempart 0

M16

79,02

79,00 79,54

1

2m

Légende : fosse

bois brûlé 79,33

K

limite des murs de la phase 14

F13 M19 79,33

Fig. 88. État 4 de l’espace arrière de la maison VII – Plan et élévation éch. 1/50

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

avec quelques charbons, comporte de gros fragments de poteries et une grosse pierre en grès (US 7089) : elle peut être interprétée comme une couche d’abandon ou de dépotoir. Enfin, la dernière couche de comblement du four est compacte, argileuse et contient plusieurs fragments de briques crues : c’est sans doute un remblai amené pour condamner le four (US 7084). La maçonnerie d’un mur (M3) s’appuie sur l’arase de la gangue en terre qui entourait le four. Ce mur est perpendiculaire au rempart. Un second mur perpendiculaire au rempart (M16) divise l’espace arrière en deux pièces inégales K et L. Deux « piles » en briques crues s’adossent au parement ouest de l’enceinte. Ils sont de tailles légèrement différentes et de plan rectangulaire (pour M14) ou carré (pour M15). L’altitude inférieure des piles et du mur M16 est similaire, entre 78,86 m et 78,87 m. Le mur M3, lui, a été fondé plus bas : 78,76 m pour la partie qui s’appuie sur la gangue argileuse du four et 78,68 m pour la partie située entre le four et le rempart. La fonction de ces piles n’est pas certaine, mais il est possible qu’elles aient servi de support pour une étagère94 ou bien pour une couverture légère. La porte qui, dans l’état précédent, permettait d’accéder à la rue (P5) a été condamnée par un bouchage de briques crues. Une nouvelle circulation (P1) fut créée, cette fois-ci entre les espaces arrière des maisons VI et VII. La concomitance de ces réalisations est confirmée par la similitude des altitudes inférieures du bouchage de la porte P5 et du seuil de la nouvelle porte P1. Il semble qu’à cette occasion, le mur arrière de la maison VI ait été doublé d’un placage de 40 cm d’épaisseur. En effet, sur le terrain, on voit que le mur arrière de la maison VI n’est pas homogène et qu’un mur de renforcement a été construit exactement dans le prolongement du jambage ouest de la porte P1 (mur est 2 maison VI sur le plan) (fig. 89). Nous n’avons pas de niveau de sol conservé pour cet état. Toutefois, la deuxième couche du comblement du four a livré du matériel céramique digne d’intérêt : une jarre quasi-complète95 et un gros fragment de panse dont la surface extérieure engobée de blanc a reçu un décor de lignes à l’ocre rouge (7089.2). Le tesson

94

95

Hypothèse aimablement transmise par Aude Gräzer. Pour une interprétation similaire à propos de pilettes en briques crues à Tanis : BOVOT, LEDAIN, ROUSSEL 2000. Infra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13.

79

appartient à une amphore de Chios96 dont les fragments étaient dispersés dans maints endroits de la fouille : un petit fragment de panse trouvé dans un contexte situé entre les sols SOL3 et SOL2 (US 7133) ; plusieurs morceaux dans les toutes premières couches du dépotoir de la maison VII (dans les pièces C, D et E). Puisque tous ces fragments s’assemblent, on peut en déduire que la maison servait déjà de dépotoir lorsque l’espace arrière connut son quatrième état. L’hypothèse suivante peut aussi être formulée : avant de transformer l’espace arrière, les divers éléments qui encombraient la pièce J ont été jetés dans la maison abandonnée, ce qui expliquerait que le sol SOL3 ait été si pauvre en matériel. Cette dernière hypothèse, ainsi que la présence du fragment de l’amphore chiote dans la couche 7133, reviendrait à dire que le four Fo1 était déjà abandonné au moment de fonctionnement du sol SOL2. Les indices sont cependant trop ténus pour confirmer quoi que ce soit. L’absence de sol conservé pour cet état rend difficile l’interprétation de la vocation des pièces K et L. Étaient-elles déjà utilisées comme réserve comme ce sera le cas pour l’état suivant ? Cinquième état : la réserve incendiée L’agencement de l’espace reste quasiment le même si ce n’est que l’espace ne forme plus qu’une grande pièce rectangulaire M située entre les murs M19 et M3 (fig. 93). Le mur M16 a été coupé et prend l’apparence d’une « pile » de section carrée, à la manière des deux autres « piles » précédemment décrites (M14 et M15). Ces trois « piles » rythment l’espace à intervalle plus ou moins régulier. Associé à cet état, le niveau de sol en terre battue SOL1 a été bien conservé, avec son abondant matériel, grâce à un incendie (fig. 90-91). Sa pente descendante du nord au sud est visible sur le parement est du mur arrière de la maison VII (M5) qui a conservé les traces de l’incendie (fig. 92). Une épaisse couche d’incendie (US 7015), contenant de nombreux fragments de briques rubéfiées, recouvrait le sol SOL1. Ce niveau incendié a été perturbé à deux endroits. Tout d’abord, divers murs appartenant à la phase architecturale suivante

96

Infra, Chapitre III, § 1.3.2.1. Récipients assimilés au courant égéen de la phase 13. Cette amphore a été publiée, avec une autre provenant de l’état suivant de l’espace arrière : MASSON 2007b.

CHAPITRE I

80

Fig. 89. Vue de la maison VI, depuis le nord-est – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°64219

Fig. 90. Vue du sol incendié SOL1, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°60766

Fig. 91. Vue du sol incendié SOL1, depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°60764

P5 SOL1

Fig. 92. Vue du mur arrière de la maison VII, depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°67323

peson 7066.13

amulette 7066.11

peson 7066.14

polissoir 7066.16

coquillage 7024.19

x=966

objets en os 7066.19 7066.20 7066.21

Maison VI

y=3296

N 79,47

78,55

80,00

M3

P1

Bouchage de la porte P5

clou 7024.32 78,78

79,40

peson 7066.12

78,69

perle en or 7066.5

Fo1

Etagère meule 7015.2

éclat de silex 7024.11

coquillage 7066.7 amulette 7024.14

78,93

peson 7024.12

79,77

78,90

alabastron 7024.5

sculpture 7015.7

alabastron 7024.33

alabastron 7015.1

M14

amulette 7024.16

M

amulette 7015.10

79,00

Maison VII

peson 7024.10 78,900 79,10

pierre taillée 7024.17

M15

gourde 7024.1

79,57

Rempart 79,18 améthyste 7024.31

M16 79,54

F13 79,21

M19 79,33

1

0

2m

Légende : céramique

amulettes et perles

grès

autres objets

fosse

bois brûlé

limite des murs de la phase 14

Fig. 93. Niveau de sol incendié SOL1 à l’état 5 de l’espace arrière de la maison VII – Éch. : 1/50

82

CHAPITRE I

(M10, M11, M12 et M13) sont venus couper l’épaisse couche d’incendie dans l’angle sud-ouest de l’espace. Ensuite, une fosse (F2) située près du parement ouest du rempart a coupé la couche d’incendie jusqu’au niveau du sol SOL1. Néanmoins, nous sommes en mesure de restituer ce qui se trouvait à cet endroit grâce à un cliché inédit de la documentation du Cfeetk97, ainsi qu’à l’un des plans des fouilles de J. Lauffray98. Ces documents nous apprennent qu’en 1974, le rempart a été dégagé plus au sud, au-delà de la maison VI, non seulement sur l’arasement, mais aussi sur son côté ouest. À l’occasion du « nettoyage de la partie sud du rempart », les fouilleurs ont découvert une « grande poterie à pâte blanche » in situ, LS 1086 (fig. 94a)99. Sa position a été notée sur le plan général100 et correspond exactement à la fosse. Un nombre important de céramiques a été découvert à ce niveau (fig. 95). Il y a tout d’abord de grandes amphores de transport ou de stockage similaires à LS 1086. Elles sont toutes en pâte calcaire, moins poreuse que la pâte alluviale, et ont pu contenir des liquides101. Elles étaient produites en série. Le profil complet de cinq de ces amphores a pu être remonté, mais on a dénombré par ailleurs quatre autres bords complets du même type, ce qui donne avec LS 1086 au moins dix exemplaires. La plupart des fragments ont été découverts entre les « piles » de briques crues102. Une grande amphore d’un type différent a été retrouvée, ses fragments éparpillés sur le sol incendié. Elle est munie de deux lourdes anses verticales, caractéristiques des amphores dites à « anses de panier »103. À côté de ces grandes amphores, des céramiques plus fines étaient 97 98 99 100

101

102

103

Négatif n°13027 ; ce cliché date de novembre 1974. C’est le plan KTA, carré IX.M.(d). Annotations de la fiche suiveuse d’objet LS 1086. Elle est bien visible sur un extrait du plan d’ensemble dans LAUFFRAY 1995a, fig. 18. Le tamisage a révélé la présence de plusieurs dizaines de graines brûlées sur le sol, mais elles ne sont pas particulièrement en grand nombre près des amphores. Pour une analyse des graines mises au jour sur le sol incendié : infra, Chapitre II, § 1.2.3. Maison VII : le sol incendié de la réserve (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie). Entre les « piles » M15 et M16 ont été trouvées in situ les fonds, arrondis et non scellés dans le sol, de deux grandes amphores, 7024.3 et 7024.4. De nombreux fragments d’amphores semblables se trouvaient entre M16 et M19. Enfin, la corrélation entre l’endroit où apparaît l’amphore LS 1086 sur le plan de J. Lauffray et la fosse F2 permet de replacer cette amphore à l’angle formé par la face nord de M15 et le parement ouest du rempart. Cette amphore a été publiée, avec l’amphore chiote susmentionnée : MASSON 2007b.

disposées, pour la plupart, le long du parement est du mur arrière de la maison VII. Chacune d’elles, en pâte calcaire, constitue un exemplaire unique. Les céramiques en pâtes autres que calcaire sont moins nombreuses. Parmi celles-ci, on peut noter les suivantes : une siga, production des Oasis bien répertoriée ; une jarre de stockage dont la surface extérieure porte un décor de larges bandes blanches ; divers fragments appartenant à une jarre à col droit, présentant plusieurs ressauts, et engobée de rouge. Ce niveau d’incendie a livré également de nombreux objets, parfois assez luxueux (fig. 93). Une gourde du Nouvel An104 en faïence verte a été trouvée contre le mur arrière de la maison. Deux vases en calcite étaient superposés près du parement sud de la « pile » M14 ; un troisième vase en calcite, aux parois plus épaisses que les précédentes, jouxtait la gourde du Nouvel An105 (fig. 94b). Le caractère raffiné des objets trouvés sur ce sol se reconnaît également à un hippopotame taillé dans un grès de bonne qualité et qui conserve des traces d’une bichromie rouge et bleue (fig. 94c), ainsi qu’à un groupe de trois objets en os trouvés dans l’angle nordouest de la pièce, à savoir deux cuillères d’offrande représentant une main tenant un coquillage106 et « un bâton à khôl » de forme cylindrique et surmonté d’un quadrupède (fig. 94d). Un nombre important d’amulettes et de perles (fig. 96 et fig. 98) a été retrouvé un peu partout sur le niveau de sol de la pièce, mais plus particulièrement dans la moitié nord. En simple faïence de toutes les couleurs107, en pierres semi-précieuses (cornaline, amazonite, lapis-lazuli, améthyste…) ou en or, elles arborent des formes variées : diverses formes géométriques, œil oudjat simple ou multiple, grenade, etc. Plusieurs types de pesons en pierre (calcaire, calcite, diorite) étaient associés à ces objets, toujours au nord de la pièce (fig. 97). Divers éléments en bois, carbonisés ont été trouvés dans cette salle. Une planche de bois était insérée en partie dans le parement ouest du rempart, probablement les restes d’une étagère. Plusieurs gros morceaux de poutre jonchaient sur le sol : ces restes indiquent que l’espace était couvert. Le bois de la planche ainsi que deux morceaux de poutre ont été analysés et identifiés

104 105 106 107

Infra, Chapitre III, § 7.1.1.1. Gourdes du Nouvel An. Infra, Chapitre III, § 3.3.2. Alabastra. Sur ce type d’objet : BULTÉ 2008, p. 1-32 ; MASSON 2014. Plusieurs fragments de résilles, réalisées à l’aide de ces petites perles en faïence de couleur, nous sont parvenus.

83

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

7024.5

a. Grande jarre LS 1086 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod, n°13027

h: 11 cm

7015.5

h: 9,3 cm

7024.2

h: 11,2 cm

b. Alabastra – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65697-65699

7015.7 L: 23,5 cm

c. Sculpture représentant un hippopotame – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67734

7066.21 h "a": 5,5 cm h "b": 5,4 cm

7066.19

L: 9,8 cm

7066.20

L "a": 4,9 cm L "b": 3,7 cm

d. Bâton à khôl et cuillères d’offrande en os – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65726-65730 Fig. 94. Céramique et objets divers provenant du sol incendié SOL1

CHAPITRE I

84

x=966

N Maison VI

y=3296

7066.10

Maison VII 7015.4

7024.27 7015.6

M

7024.7

7024.21

Rempart 7024.23

7024.24

F13

1

0

2m

Légende : céramique

bois brûlé

fosse

vignettes: - vaisselle de table et petits conteneurs: éch. 1/10 - amphore et grandes jarres: éch. 1/20

limite des murs de la phase 14

Fig. 95. Distribution de la céramique sur le sol incendié SOL1 (état 5 de l’espace arrière de la maison VII) – Éch. : 1/50

85

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

7024.14 h: 3,2 cm

7024.16 h: 1,1 cm

7066.11 h: 3,8 cm

7024.9 h: 2,6 cm

a. Amulettes représentant Bès, Thouéris, le pieu sacré d’Amon (?) et Thot – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65744-65747

7015.10 L: 5,8 cm

7066.5 L: 1,3 cm

b. Amulette représentant un quintuple œil oudjat – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65714

7024.31 h: 2,4 cm

c. Perle en or, en forme de grenade – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65739

7024.19 h: 1,7 cm

7066.7 h: 1,6 cm

7024.50 h: 1,8 cm

e. Coquillages-amulettes – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65741

d. Améthyste brute montée en perle – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67785

Fig. 96. Amulettes et perles provenant du sol incendié SOL1

7066.14 L: 5,1 cm

7066.12 L: 4,6 cm

7024.12 L: 3,8 cm

7024.10 L: 2,7 cm

7024.52 L: 1,6 cm

7024.38 L: 0,9 cm

Fig. 97. Exemples de pesons trouvés sur SOL1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65713

CHAPITRE I

86 7024.43: lot de perles en pierres semi-précieuses

pierre noire mouchetée gris-blanc

amazonite pierre vert-bleu assez cristaline

cornaline

lapis

hémathite pierre noire

agathe

cristal de roche transparent moucheté de noir

7015.15

7024.45

faïence brûlée

oeil oudjat en faïence

pierre blanche

calcite

pierre verte

pierre blanche mouchetée noire

7024.44: lot de quadruple oeil oudjat en faïence verte

7024.42: oeil oudjat en pierres semi-précieuses

amazonite

améthyste

pierre noire ?

agathe

quartz fumé

7066.2: lot de perles diverses

cornaline

lapis lazuli

amazonite

galène ?

pierre blanche

7015.3

7066.18: lot de perles diverses

amazonite

lapis lazuli

scarabée en lapis lazuli

cornaline

calcaire

galène?

Fig. 98. Perles provenant du sol incendié SOL1 – Éch. : 1/1

lapis lazuli

7066.4

amazonite

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

par C. Newton, comme étant de l’Acacia nilotique, une essence régulièrement utilisée comme bois d’œuvre108. La nature, la disparité et la multitude du matériel caractérisent l’espace arrière à cet état comme une salle de stockage. Celle-ci semble bien organisée avec, en général, les grands conteneurs au sud de la pièce, la vaisselle fine contre le mur arrière de la maison et les petits objets raffinés surtout au nord. Il est possible que, dès l’état précédent, cet espace ait servi de réserve, l’architecture et les circulations étant quasi-identiques entre les deux états : la porte P5 aurait été condamnée, sans doute par volonté de cloisonner cet espace par rapport à la rue ouest qui desservait les maisons. À qui profitait cette réserve, la maison VII étant inhabitée ? La porte P1 donne sur la salle arrière de la maison VI. Le seuil de la porte P1 est certes surélevé en regard du niveau de sol incendié de l’arrière de la maison VI, mais le sol SOL1 descend vers le nord et l’incendie de la réserve s’est visiblement propagé dans la maison VI109. Un matériel assez abondant a été découvert à l’arrière de la maison VI ; P. Anus et R. Sa’ad affirment qu’il provient aussi d’un niveau d’incendie110. Le propriétaire de la maison attenante a sans doute récupéré l’espace arrière de la maison VII, alors abandonnée. 3.2. LA MAISON VIII Tout comme pour la maison VII, nous commencerons par présenter l’architecture de la maison VIII pour ensuite décrire les différents états que nous avons pu relever. 3.2.1. Architecture de la maison VIII 3.2.1.1. Observations générales sur la maison VIII La maison VIII est accolée au mur latéral sud de la maison VII (fig. 60, 62 et 99). Il n’y a pas de venelle comme entre les maisons VI et VII. Ses limites sont néanmoins bien définies puisqu’elle n’est pas mitoyenne avec la maison VII. Son orientation demeure celle de toutes les maisons du quartier, à savoir perpendiculaire au rempart. Le côté perpendiculaire au rempart mesure 9,60 m, sans compter l’espace arrière de la maison qui, lui, fait 2,20 m de large. Le côté parallèle de la maison 108 109

110

Infra, Chapitre II, § 1.4.2. Bois travaillé. Les murs de la maison VI sont rubéfiés à maints endroits et pas uniquement dans la pièce arrière ; de plus, il subsiste sur le terrain un témoin de la stratigraphie de la maison VI qui atteste l’existence d’une très épaisse couche d’incendie. ANUS, SA’AD 1971, p. 235.

87

fait un peu plus de 6 m. Avec sa surface d’occupation de 57,60 m2, elle constitue la maison la plus petite qui ait été dégagée jusqu’ici dans le quartier des prêtres. L’altitude supérieure de la maison VIII va de 78,97 m à 78,01 m. L’érosion naturelle des murs vers le sud-ouest se poursuit obligeant les installations postérieures à se fonder toujours plus bas (fig. 69 et 100-101). La maison VIII est donc moins bien conservée que la maison VII. Bien que n’ayant pas réalisé de sondage profond dans la maison VIII, nous pensons avoir atteint la base de l’élévation de cette demeure. En effet, là où le premier niveau de sol était abîmé, nous avons noté la présence des fondations, légèrement débordantes comme pour la maison VII. Elles apparaissent entre 78,11 et 78,16 m. L’altitude inférieure des élévations de la maison VIII correspond à celle de la maison VII. La maçonnerie est en briques crues à dégraissant végétal. Les modules les plus utilisés varient entre 28-29 cm de longueur, 13-14 cm de largeur et 8-9 cm de hauteur. Ils sont similaires à ceux de la maison VII. Les encadrements des portes devaient être, comme pour les autres maisons, en grès. Aucun élément important de la sorte n’a été conservé in situ, mais de nombreux fragments de grès taillés jonchaient le sol à proximité des portes. Tous sont anépigraphes. Les divers murs de refend (M63, M72 et M81) ainsi que les murs latéraux nord et sud (M59 et M65) mesurent entre 45 et 50 cm de large. Plus larges, le mur de façade (M62) et le mur arrière (M71) mesurent respectivement 70 cm et 80 cm. Les murs les moins épais sont constitués d’une panneresse et d’une boutisse alternant leur position à chaque assise. Pour le mur de façade (M62), deux rangées de boutisses alternent avec une rangée de boutisse encadrée de deux rangées de panneresse. Enfin, le mur arrière (M71) associe deux rangées de boutisse et une de panneresse. Les négatifs de deux boulins ont été observés pour le mur latéral nord (M59) à une altitude de 78,95 m environ. C’est la même altitude d’apparition pour les divers négatifs de boulins mis au jour dans la maison VII, au niveau du mur de façade (M38) et du mur latéral sud (M20). Concernant les boulins de ce dernier, ils se situaient dans l’exact prolongement de ceux du mur latéral nord de la maison VIII (M59). Cet indice constitue une preuve de la contemporanéité de la construction de ces deux demeures. Si les matériaux (module et nature des briques, encadrement de porte en grès) et leur mise en œuvre (taille et l’appareillage des murs) sont très similaires à ceux de la maison VII, la distribution des espaces, en revanche, en est assez éloignée.

CHAPITRE I

88

N

x=962 y=3288

78,81

M59 78,97

78,93

ST13 78,47

78,26

78,24

A

78,26

7802.1

SOL32

P8

78,15

78,14

78,56

P12

78,16

78,34

78,91

ST23

78,24

B

78,11

F13

SOL36

P13

78,14 78,16

78,44

ST31

78,62

M63 P9 M62

7774.2

VIII

7774.3

78,76

78,16

M107

7774.14

78,19 78,42

78,48

C

78,11 Fondation

78,10

78,30

M81

78,01

7774.1

78,13

fondation M65

78,13

78,125 7774.12

F54

D

78,05

SOL34

7856.4

78,48

7856.2

M71 78,03

P11

78,05

7856.7

78,22 y=3282

7856.1

M81 78,32

F77

78,19

M72

SOL30 78,14

7877.1

F69

7856.3

78,68

M65

78,16

fondation

x=954

78,52

Légende : briques crues

grès

fosse

boulin

calcaire

charbons

céramique

restitution

mouna négatif d'élément en bois

objet

0

1

Fig. 99. Maison VIII : plan du corps du logis et premier niveau d’occupation

2m

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

3.2.1.2. Économie intérieure de la maison VIII Le corps principal de la maison VIII comprend seulement quatre pièces. On entre dans la maison par une porte située au nord-ouest de la maison et donnant sur la rue (P8). Même s’il reste peu d’éléments de jambage in situ, la trace des deux états du seuil permet de restituer une ouverture de 1,10 m environ. La première pièce, A, de forme rectangulaire, fait 4,80 m de long pour 2 m de large. Une petite structure rectangulaire en briques crues (ST13) se trouve immédiatement à gauche de l’entrée (fig. 99 et 101). Elle mesure 90 cm de long pour 75 cm de large et est préservée sur 30 cm de hauteur. Elle est peu profonde, d’à peine 10 cm. Elle a peut-être été arasée par l’installation de la phase architecturale suivante ; mais cela est peu probable puisque le mur contre lequel s’adosse la structure est arasé presque 30 cm plus haut. Le fond de la structure est tapissé de briques crues, recouvertes d’une croûte de sel dure111. Une deuxième structure en briques crues (ST23) faisait face à la première. Très basse et environ en forme de ‘L’, elle mesure 90 cm de long pour 70 cm de large. Elle est située devant la porte d’entrée. Elle permettait peut-être de retenir la poussière provenant de la rue112. Le passage est étroit entre les deux structures. À l’est de la pièce A, on passe à la pièce B par la porte P12. Le négatif du seuil de cette porte mesure 1,10 m, comme la porte d’entrée P8. Cette pièce, de 3,60 sur 2 m, est occupée en grande partie par une structure située au sud-est (ST31). Trois murets, formant un rectangle de 2,60 × 1,40 m, viennent contre le mur de refend M72. La structure a été très arasée par la phase architecturale suivante. Mais son apparence fait songer à un escalier à noyau, tel l’escalier de la maison VII. Bien qu’aucune marche ne soit conservée, il semble probable que la première volée de marches se situait entre le noyau et le muret attenant à l’ouest (M107). Une fosse très tardive, qui se trouvait à cet endroit, a pu détruire les vestiges de ces marches. Un accès à l’espace arrière de la maison VIII était vraisemblablement aménagé tout à l’est de la pièce B (P13). Il devait donner directement sur une structure de four et ce dans les deux états que nous avons relevés pour

111

112

Une interprétation de sa fonction est discutée plus bas : infra, Chapitre I, § 3.2.2.1. Corps principal du logis de la maison VIII. Des structures assez similaires ont été découvertes dans la maison VII : supra, Chapitre I, § 3.1.2.1. Corps principal du logis de la maison VII.

89

cet espace113. Une fosse récente (F13) et les fondations d’un bâtiment de la phase 14 étaient profondes à l’emplacement supposé de cet accès, jusqu’au premier niveau de sol de la maison VIII. Néanmoins, l’absence du mur arrière de la maison VIII (M71) à ce niveau suggère une ouverture à cet endroit. Un accès de 95 cm peut être restitué entre le mur latéral nord (M59) et le noyau de l’escalier (ST31). La pièce A donnait aussi accès, par la porte P9 au sud-est, à la pièce principale de la maison. Cette pièce, C, mesure 5,10 sur 2,55 m. Aucun vestige de structure particulière n’a été conservé pour cette pièce. Dans l’angle sud-est, une porte P11 permet d’accéder à la dernière pièce, D. Cette pièce est environ carrée, 2,40 m de long pour au moins 2,20 m de large. Le mur latéral sud de la maison VIII (M65) n’est pas conservé au sud de la pièce D : un mur appartenant à la phase architecturale suivante l’a profondément coupé. Seule sa première assise de fondation est apparue sous le premier niveau de sol de la pièce D. 3.2.2. Stratigraphie de la maison VIII Les niveaux de sol de la maison VIII ont été mieux conservés que dans la maison VII, car elle n’a pas été convertie en dépotoir après son abandon. Cependant la phase architecturale postérieure et des fosses récentes ont parfois largement entamé les niveaux en place de la maison VIII, particulièrement son espace arrière. Nous présentons ci-dessous de manière séparée la stratigraphie de la maison VIII et celle de son espace arrière. 3.2.2.1. Corps principal du logis de la maison VIII Occupation du corps du logis La fouille de la maison VIII a livré deux grands niveaux d’occupation dans chacune des pièces (fig. 69 et 105). Le seuil de la porte d’entrée P8 connaît deux états correspondant à ces deux niveaux d’occupation. La jonction entre ces seuils et les niveaux de la rue était bien visible114. La rue s’étant sensiblement exhaussée, notamment entre le premier et deuxième niveau de circulation, le seuil a dû être surélevé.

113 114

Infra, Chapitre I, § 3.2.2.2. Espace arrière de la maison VIII. Infra, Chapitre I, § 3.4.2.1. Le premier niveau de rue : SOL24 et § 3.4.2.2. Le deuxième niveau de rue : SOL23.

90

CHAPITRE I

Le premier niveau d’occupation varie suivant les pièces de la maison, entre 78,03 et 78,25 m (fig. 99). Le sol était aménagé avec une couche de mouna, mélange de terre, de paille et d’eau. De nombreux restes de mouna étaient visibles, surtout dans les pièces A et C. Le premier seuil de la porte d’entrée P8, fonctionnant avec ce niveau, se trouvait à une altitude de 78,235-78,24 m. Quelques morceaux carbonisés de ce premier seuil en bois nous sont parvenus. La planche était installée sur un radier composé de plusieurs fragments de calcaire (fig. 101). Ces derniers appartenaient tous à une même grande vasque circulaire115. Le négatif du seuil de la porte P12 a été mis au jour à une altitude supérieure de 78,11-78,14 m. Les seuils des autres portes ne semblaient pas aménagés. Les sols des deux premières pièces étaient plutôt pauvres. On notera, parmi le mobilier recueilli sur le sol SOL32 de la pièce A (78,10-78,25 m), un petit peson circulaire en grano-diorite de 49 gr. (7802.1). Le sol SOL36 de la pièce B (78,14-78,24 m) n’a fourni que quelques tessons et une petite coupelle complète (7877.1). Cette dernière a dû servir de lampe puisque des traces de feu étaient visibles sur son bord. De nombreux éléments en grès jonchaient le niveau de sol de la maison VIII, particulièrement dans la pièce C. Certains pourraient être identifiés comme des fragments de jambage. Un fragment, situé au niveau de la porte P9, appartenait au fond d’un bassin quadrangulaire (fig. 102). Il venait contre le parement ouest du muret M107. Une installation similaire était aménagée dans le fond de la cour de la maison I116. Non loin de ce bassin a été mise au jour une grande cuillère, ou une petite louche, en métal et complète (7774.3). Les restaurateurs ont identifié le métal comme étant du plomb. Mais les exemplaires connus qui se rapprochent par leur forme à notre ustensile sont généralement en bronze117. Outre les nombreux fragments de blocs taillés en grès, plusieurs tessons étaient disposés à plat sur le sol SOL30 de la pièce C (78,09-78,17 m). La plupart recollaient avec des fragments issus des couches de

remblais supérieures. Une jarre en pâte calcaire presque complète (7707.6) a pu ainsi être remontée118. Nous pensons qu’elle provient du sol SOL30 plutôt que des couches de terre recouvrant ce sol. Ce dernier a également livré divers menus objets : un œil oudjat en faïence bleue dont la pupille est marquée en noir et qui est monté en perle (7774.1) ; un polissoir en céramique (7774.13) ; un petit peson circulaire en grano-diorite de 5 gr. (7774.2). Contre le parement du mur sud de la pièce C, nous avons trouvé quatre rondelles en céramique (fig. 103). Ce type de matériel, régulièrement mis au jour au cours des fouilles, est rarement découvert in situ. Un de nos ouvriers y a reconnu un jeu populaire appelé « zatitèh ». C’est un jeu d’agilité qui ressemble un peu au jeu d’osselets. Les femmes égyptiennes y jouent encore de nos jours. Ce jeu utilise cinq rondelles normalement. Divers sites de la Basse Époque ont mis au jour de tels éléments119. À Tanis où ces rondelles de céramique sont présentes des premières occupations humaines jusqu’à l’époque ptolémaïque, on propose aussi d’y voir des éléments de jeux120 et l’hypothèse qu’ils pourraient être l’équivalent des jeux d’osselets, a déjà été soulevée121. Enfin, le matériel provenant du sol de la pièce D, SOL34, est exclusivement formé de fragments de blocs dressés en grès et de poteries (fig. 104 et fig. 106). On dénombre parmi ces dernières : deux fragments de plat à pain ou dokka (7856.2 et 7856.7) ; un bol-jatte complet en pâte calcaire (7856.4) ; un bol complet contenant de nombreux charbons (7853.6). Les charbons ont été identifiés comme de l’Acacia par C. Newton. Malgré la richesse, certes relative, de ce premier niveau d’occupation, il est ardu d’établir la destination de chacune des pièces. Le bol-jatte servant à la préparation des aliments et les dokka à la confection de pain, on pourrait sans doute voir dans la pièce D un espace lié à l’activité culinaire. Néanmoins l’espace arrière servant clairement de cuisine, ainsi que nous le verrons ultérieurement, cette pièce a pu être utilisée comme une salle à manger.

118

115 116

117

Infra, Chapitre III, § 3.3.1. Plats à saillies. Infra, Chapitre IV, § 1.3.3.1. Aménagements d’ordre cultuel au sein des maisons. À Tell el-Defenneh : PETRIE 1888, pl. XXXIX n°6-7; LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 51-52, pl. 15. Voir infra, Chapitre III, § 8.3. Varia.

119

120 121

Infra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. L.A. Heidorn en dénombre quelques-uns : HEIDORN 1991, p. 214, note 14. Voir aussi : MARCHI 2014a, p. 96 ; PETRIE 1886, pl. XXII, n 93, 95, 97-98 ; WILSON 1982, pl. XXXIV, n°1. BRISSAUD, COTELLE 1987, p. 101-106. ZIVIE-COCHE 2000a, p. 113 et p. 134, pl. V, E-H.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Fig. 100. La maison VIII, depuis le nord-est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106947

Fig. 101. La maison VIII avec, à l’entrée, les structures ST13, ST23 et le radier de calcaire, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°107001

Fig. 102. Objets sur SOL30, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/É. Allaoua n°108092

Fig. 103. Jeu (?) sur SOL30, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108644

Fig. 104. Vue de SOL34, depuis le nord-ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108567

91

CHAPITRE I

92 E 80,50

80,00 remblais modernes (7001)

79,50 7344

ST36

79,00

7351? 7447 + 7465

7463

Rempart 78,50

7765

M49

7351

F39

7526 + 7527 + 7568

7765a 7787/a 7836

SOL40

7584

7839

7651

M71 78,00

M81

7708a + 7708b

ST28

SOL35 7870

7354 + 7379 7389 7471 M47 7552 7552a + 7638/a + 7675 7707a/b

fondation de M81

7874

SOL42 SOL30

SOL34

W

80,50

80,00

remblais modernes (7001)

79,50 7351

7344

7362

F37

M51

79,00 7354 + 7379 7389

M46

F45 7471

7552

M53

F44

7730

SOL22

SOL42

7552a + 7638/a + 7675

78,50

7733

M62

7734/a

7707a/b

SOL23

78,00

SOL24 SOL30

Fig. 105. Grande coupe Est-Ouest n°2 de la Zone 7 (maison VIII, bâtiment J et rue) – Éch. : 1/50 N

7856.1 M72

fondation

78,11

7856.2

78,05

D

78,16

7856.4

M81 7856.5 78,17

7856.7

P11

VIII

7856.6

M71

78,05

78,03

7856.3 78,16

fondation

Fig. 106. Niveau de sol SOL34 dans la pièce D de la maison VIII – Éch. : 1/50 Légende des figures 105-106 : briques crues

cendres

céramique

charbons

grès

restitution

limite de fouille

vignettes: céramique: échelle: 1/10

0

1

2m

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Ce premier grand niveau d’occupation a été recouvert par des couches de terre d’une épaisseur variable, entre 5 et 25 cm. Ce sont des couches hétérogènes, comportant des zones meubles et d’autres compactes, et, contenant beaucoup de fragments de briques crues. Le matériel de ces couches était constitué majoritairement de céramiques (des petits fragments et en quantité assez faible), quelques fragments de grès taillés, mais aussi de rares éléments en faïence (ouchebti, amulettes, perles) et un fragment de meule en granit rose. La maison VIII aurait-elle connu un moment d’abandon avant le deuxième grand niveau d’occupation ou s’agit-il d’un simple remblai ? S’il s’agit d’un « remblaiement » général du niveau de la maison, il pourrait être dû à l’exhaussement du niveau de circulation de la rue. La maison VIII était en effet de plain-pied avec la rue122. Le « remblaiement » le plus épais intervient toutefois dans des pièces qui n’étaient pas en relation directe avec la rue, les pièces C et D. Entre les deux grands niveaux d’occupation, il ne semble pas y avoir de modification architecturale notable (fig. 107 et 113). Il est néanmoins difficile d’en juger à l’est du corps du logis, où la phase architecturale suivante a coupé totalement le deuxième niveau. Le seuil de la porte d’entrée P8 a été surélevé de 10 cm, à 78,34-78,35 m (fig. 108). Le négatif d’une planche en bois était bien visible (a). Une très fine couche de mouna recouvrait cette planche ainsi que le deuxième niveau de la rue SOL23 (b). Les autres portes de la maison VIII n’ont pas fourni deux états de seuil. Avec le deuxième grand niveau d’occupation, il règne environ un même niveau entre les pièces, entre 78,30 et 78,38 m. Les sols sont à peu près homogènes et assez compacts. Le sol SOL33 dans la pièce B conservait encore des restes de mouna. Mais ce sont les fragments de céramique à plat, découverts à une même altitude environ, et le deuxième seuil de P8 qui ont permis de noter ce niveau d’occupation. Ce niveau n’a fourni qu’un mobilier très pauvre : des fragments de céramique, quelques blocs de grès surtout près des portes P8, P9 et P12 (éléments de jambage probablement). On notera aussi un fragment de figurine zoomorphe en terre cuite (7707.1) sur le sol SOL42 de la pièce C (fig. 109) et un petit bloc en calcaire sculpté (7708.1) sur le sol SOL40 de la pièce D (fig. 110). Une dernière chose intéressante à signaler et 122

Ce n’était pas le cas de la maison VII, pour laquelle le niveau de rue était plus bas que la porte d’entrée.

93

qui va peut-être de pair avec ce niveau, concerne le contenu de la structure rectangulaire ST13, située au nord de l’entrée de la maison (fig. 111). Elle était comblée d’une couche argilo-limoneuse très compacte et contenait divers ossements ainsi qu’un gros fragment en grès, appartenant probablement à un bassin. Les ossements ont été identifiés par l’archéozoologue Louis Chaix : un crâne humain, celui d’un adulte ; des vertèbres de mouton présentant des traces de boucherie ; un os appartenant à un jeune chien. Cet ensemble d’ossements, à première vue incongru, est attesté dans des tombes aménagées dans le complexe cultuel de Qasr ῾Allam, après que celui-ci fut abandonné123. Le tamisage de toutes les couches de démolition-abandon recouvrant le sol de cette pièce n’a livré qu’un nombre très limité d’ossements dont un petit fragment d’ossement humain. La concentration des ossements au sein de la structure ST13 laisse donc supposer qu’ils y ont été déposés volontairement et non apportés par un quelconque remblai. Il semble pourtant plus vraisemblable que ces ossements aient été assemblés là après l’abandon partiel ou total du quartier des prêtres, comme dans le cas de Qasr ῾Allam, et que leur sépulture ait été en partie perturbée lors de la construction du bâtiment J. La vocation première de la structure demeure énigmatique. L’épaisse croûte de sel qui recouvrait les briques crues à l’intérieur de la structure laisse supposer qu’on y versait régulièrement un liquide. Elle servait peut-être de socle pour un bassin puisqu’un fragment de bassin a été trouvé dans son comblement. Aucune structure équivalente n’a été réellement mise au jour dans le quartier des prêtres, mais la présence de bassins en grès a souvent été notée dans les maisons des prêtres. Une vocation rituelle (libation, purification ?) est tout à fait envisageable124. Abandon du corps du logis Le niveau de sol est recouvert de couches de terre assez compacte, plus ou moins homogène, contenant de nombreux fragments de briques crues (fig. 112). Ces couches pourraient être identifiées comme des niveaux d’abandon ou encore de remblai. Le mobilier 123

124

Les squelettes d’humains (adultes, adolescents et enfants) et d’animaux (surtout des canidés mais aussi d’ovicapridés et autres animaux) y ont été déposés dans le cadre de rituels funéraires, vers la fin de la Basse Époque-début de l’époque ptolémaïque : COLIN, ADAM, PRANJIC 2014. Infra, Chapitre IV, § 1.3.3.1. Aménagements d’ordre cultuel au sein des maisons.

CHAPITRE I

94

P8

RUE SOL23

a Fig. 107. Deuxième niveau d’occupation de la maison VIII, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°79730

0

b

Fig. 108. Seuil 2 de la porte P8, depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/É. Allaoua n°108331 et 108324

5 cm

Fig. 109. Figurine zoomorphe 7707.1 trouvée sur SOL42 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111589

Fig. 110. Sculpture en calcaire 7708.1 provenant de SOL40 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121180 – éch. 1/2

Fig. 111. Ossements trouvés dans ST13 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°76355 et N. Gambier n°76998

Fig. 112. La maison VIII remblayée ou abandonnée, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°78307

95

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N

x=962 y=3288

ST13

M59

ossements divers

F13 78,34

A

78,30

P12

SOL26

P8

B

P13 SOL41

78,35

78,27

ST23 M63

F69

P9

M107

M62

VIII

M72

SOL42

7707.1

78,30 78,33

78,37

C

78,32

D M81

SOL40

M71

P11

F54

78,34

F77 y=3282

7708.1

78,38

M65 x=954

Légende : briques crues

grès

restitution

boulin

os

murs de la phase 14

fosse

céramique

négatif d'élément en bois

objet

0

1

Fig. 113. Maison VIII : deuxième niveau d’occupation du corps du logis

2m

96

CHAPITRE I

archéologique est très limité, des fragments de céramique et de grès, surtout de petite taille, en quantité plutôt faible. Quelques scellés, dont un avec un titre de prêtre, et de rares objets (amulette, perles, boucle d’oreille, sceau) ont aussi été mis au jour. Nous n’avons observé aucun niveau de dépotoir pour la maison VIII. Les seules fosses de dépotoir que nous ayons relevées appartiennent clairement aux phases postérieures, de par la datation du matériel et la situation de certaines fosses (elles coupent murs de façade et murs latéraux de la maison VIII ainsi que les niveaux de rue). Il est difficile de savoir si cette maison a été habitée jusqu’à la fin de l’occupation de cette phase du quartier des prêtres ou bien si elle a été abandonnée en même temps que la maison VII. L’existence de deux niveaux de seuil, à chaque fois de plain-pied avec le niveau de rue, suggère que la maison VIII fonctionnait au moins avec les deux premiers niveaux de circulation de rue (SOL24 et SOL23). Il semble par contre qu’elle était abandonnée au moment du troisième niveau de rue (SOL22). L’incendie, marquant la fin de l’occupation de la phase 13 dans l’espace arrière de la maison VII, n’a pas été relevé dans la maison VIII. Mais cette absence s’explique facilement par l’état fort arasé de la maison VIII, tout particulièrement son espace arrière. 3.2.2.2. Espace arrière de la maison VIII La porte P13 permettait un accès entre la maison VIII et l’espace ménagé entre le rempart et l’arrière de la maison. La stratigraphie de cet espace n’est pas aussi riche que celui de la maison VII (fig. 76 et 105). D’une part, la phase postérieure a coupé plus profondément les niveaux de la maison VIII : si le niveau incendié se poursuivait bien au sud, il n’a pas été préservé. D’autre part, les deux états que nous avons repérés pour l’espace arrière sont très arasés : un seul niveau de sol nous est partiellement parvenu, celui du second état.

parement ouest du rempart conserve à cet état un peu de son enduit originel, un enduit blanc125. Un niveau de briques crues organisées est présent dans la partie sud de la pièce E. Il s’agit peut-être d’un dallage. Une structure a été aménagée dans la partie nord de la pièce (ST30). Très arasée par des murs de la phase 14 (M49 et M83) ainsi que par l’état suivant de l’espace arrière, sa partie enterrée était cependant préservée (fig. 116). Il s’agit d’un four de forme circulaire. Une paroi en terre cuite assez grossière, de 4 cm d’épaisseur, repose sur un lit de briques très rubéfiées, disposées sur la tranche ; le fond est pavé de briques rubéfiées. Le four est entouré de briques crues. Le trou de tirage, situé à la base du four, est particulièrement bien aménagé. En pente douce descendante vers le four, il a été rétréci à proximité du four à l’aide de deux briques disposées en boutisse. Il est ensuite délimité par un col de jarre réutilisé comme canalisation, installé entre la paroi en terre cuite et le lit de briques du four126. L’installation du four a coupé quelques briques rubéfiées organisées qui présentent une orientation différente de celle du rempart. Elles apparaissent à une altitude de 78,16 m. Ces briques sont très vraisemblablement à mettre en relation avec la structure ou mur en briques rubéfiées M45, découvert à l’arrière de la maison VII et coupé par la tranchée de fondation du rempart127. Si jamais un état de l’espace arrière sans mur de séparation existait pour l’arrière de la maison VIII, celui-ci a été complètement détruit. Sous ce premier état conservé de l’espace arrière de la maison VIII, nous avons directement atteint des niveaux antérieurs au rempart. Une petite fosse circulaire de 28 cm de diamètre (F70) a été creusée à l’est du four. Profonde de 25 cm, elle a pu recevoir une céramique de fond conique. Une deuxième petite fosse (F71) a été réalisée dans la structure ou le sol de briques crues au sud de l’espace. Elle est circulaire, de 26 à 28 cm de diamètre et peu profonde (mais probablement arasée par l’état suivant de l’espace arrière). On y plaçait peut-être une céramique de fond arrondi.

Premier état de l’espace arrière : la cuisine L’espace arrière dans son premier état forme une seule pièce E, de 4,90 m de long et 2 m de large (fig. 114-115), limitée au nord par le mur M104 et au sud par le mur M90. Ces deux murs ont été profondément entaillés par la phase 14. M104 a en outre été arasé par l’état suivant de l’espace arrière et à l’ouest il a été coupé par une fosse (F13) jusqu’à sa base. Le

125

126

127

C’était aussi le cas pour pour le premier état de l’espace arrière de la maison VII : supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. L’utilisation de col de jarre ou d’amphore pour le trou de tirage des fours est assez commune : DEPRAETERE 2002, p. 123 ; MARCHI 2014a, p. 63-64, fig. 96. Supra, Chapitre I, § 1.1.1.1. Éléments architecturaux antérieurs au rempart.

97

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Plan espace arrière (état 1)

Céramiques provenant du comblement de ST30

7878.15

7883.1

7878.14

N 7878.13

7878.10

M104 antérieur au rempart (= M45?)

7878.16

7878.12

7878.18

x=966

P13 (porte?)

y=3286

ST30 7878.11 78,16 78,28

78,18

7878.9

Enduit 1 du rempart 78,28

7878.19

7878.8

7878.17

Maison VIII F70

77,80

M71

77,94

Section nord-sud du four ST30 N

78,17

S

78,50

Rempart

E 78,00 78,27

0

2m

Légende :

78,22

y=3282 x=962

78,17

1

briques crues

grès

briques rubéfiées

céramique - terre cuite

F71 M90 78,71

vignettes: céramique: échelle: 1/10

limite de l’état 2 de l’espace arrière

Fig. 114. État 1 de l’espace arrière de la maison VIII – Plan et section éch. 1/50

Fig. 115. Vue générale de l’état 1 de l’espace arrière de la maison VIII, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106944

Fig. 116. Four ST30, depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson n°108747

98

CHAPITRE I

Il n’y a pas de niveau de sol conservé qui soit associé à cet état très arasé (fig. 76 et 105). Le matériel provenant du comblement du four ST30 est néanmoins digne d’intérêt. Plusieurs couches de comblement ont été repérées. Le premier niveau (US 7878c), le plus ancien, est une couche de cendres propre, homogène, assez fine, contenant quelques charbons : elle est sans doute liée au fonctionnement du four. Puis plusieurs couches hétérogènes (US 7878, 7878a et 7878b), très cendreuses et un peu charbonneuses, contenaient de nombreux fragments de poteries ainsi que onze scellés. Ces derniers portent tous des titres de prêtres. Il s’agit des matrices n°49, 50, 61, 67, 68 et 79 du catalogue. Des ossements calcinés ont également été trouvés lors de la fouille de ce four. Ces dernières couches de comblement sont probablement liées à l’abandon du four, avant le réaménagement de l’espace arrière. Après l’abandon du four, le trou de tirage a été obstrué. Un gros bouchon d’argile condamnait l’entrée de la canalisation en céramique. Second état de l’espace arrière : la cuisine réaménagée Le premier état a été arasé entre 78,16 et 78,28 m. Un remblai recouvre le tout, sorte de radier préparatoire à la construction du second état. La pièce F conserve les mêmes dimensions que la pièce E et M90 lui sert aussi de limite sud (fig. 117-118). M104, en revanche, a été arasé et remplacé par le mur M103. Ce mur est perpendiculaire au rempart et sa partie ouest a été complètement coupée par la phase architecturale suivante. L’enduit recouvrant le parement ouest du rempart a été refait : le parement a été « raboté » sur quelques centimètres, à partir de l’altitude 78,28 m128 et un nouvel enduit blanc a été appliqué sur la surface, désormais un peu irrégulière, du parement (fig. 119). Cet enduit n’est conservé qu’au nord de la pièce F. Une structure ST26 a été aménagée dans l’angle nord-est de la pièce, contre le parement sud du mur M103 (fig. 119). Elle a été coupée par un mur appartenant à la phase 14. Elle est constituée de briques complètement rubéfiées installées sur des dalles en grès. La structure en briques était probablement de forme rectangulaire. Sa longueur est de 54 cm; sa largeur n’est préservée que sur 30 cm. La structure était comblée d’une couche meuble, homogène, cendreuse, de couleur gris-blanc, sans doute liée au fonctionnement 128

Le premier état de l’enduit a été noté environ à cette altitude à l’arrière de la maison VII.

de la structure. Trois autres structures sont alignées le long du mur arrière de la maison VIII (M71). Elles ont peut-être été coupées légèrement par la phase 14. La structure la plus au sud, ST27, est de forme rectangulaire ; elle est constituée de briques et de terre crues. Elle mesure 76 cm sur 58 cm et fait 30 cm environ de profondeur (z+ : 78,55-78,58 m ; z- : 78,21-78,30 m). Elle semble couper, ou bien avoir été aménagée, dans le mur arrière de la maison VIII. Les deux couches de comblement (US 7620 et US 7620a) étaient composées de cendres meubles et homogènes129. Elles contenaient quelques fragments de céramique, surtout US 7620 ce qui laisse suggérer que cette couche constitue une couche d’abandon de la structure. Le tamisage a révélé la présence d’ossements en quantité moyenne et de nombreuses graines dans 7620a. D’après C. Newton, il s’agit avant tout de blé amidonnier et de rachis de blé. Il y avait également quelques graines et rachis d’orge ainsi que des grains de céréales agglomérés, restes de préparation alimentaire (peut-être une bouillie de grains)130. Directement au nord se trouve la structure ST28. De forme rectangulaire, elle mesure 37 cm sur 44 cm. Son comblement est cendreux, meuble et homogène. Enfin, la structure rectangulaire ST29, de 48 cm de longueur pour 46 cm de large, termine cet ensemble. Elle est encadrée de briques crues portant quelques traces de rubéfaction. Le module des briques complètes est de 28-32 × 10 × ? cm. De gros fragments de céramique grossière ont été mis au jour dans cette structure. À côté des fours cylindriques plus communs dans le quartier des prêtres, il existait donc des structures de foyers de forme rectangulaire, destinées aussi à des préparations culinaires. Ce type de foyers a été découvert à Karnak-Nord. J. Jacquet suppose qu’ils servaient peut-être à cuire des pains dans des moules131. Un niveau de sol SOL35 était associé à cet état de l’espace arrière (fig. 117-118). Son altitude supérieure se situe entre 78,285 et 78,37 m. Même si le niveau marqué par le dallage de ST26 est plus élevé (78,43 m), ce sol fonctionne bien avec le second état de l’espace

129

130

131

Une structure assez proche de ST27 a été trouvée dans le quartier gréco-romain dégagé au nord des maisons des prêtres : il s’agit d’un foyer carré rempli de cendres, aménagé dans un mur de refend de la maison B (LAUFFRAY 1995b, p. 316). Infra, Chapitre II, § 1.2.1. Des agglomérats de grains de céréales : dépotoirs (contexte fin XXVe-début XXVIe dynastie) et maison VIII (contexte fin XXVIe-début XXVIIe dynastie). JACQUET 1994, p. 143. Une utilisation expérimentale de ce type de four a été tentée : NICHOLSON 1989.

99

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N 79,32

P13

ST26

78,43 78,75

x=966

M103

7792.1

y=3286

78,34

Maison VIII

0

SOL35

1

2m

M71 78,31

Rempart

F

Légende :

7865.2

ST29

briques crues

ST28

briques rubéfiées grès

ST27

78,325

céramique

cendres

M90 78,71

7865.3

limite de la phase 14 vignettes céramique: échelle: 1/10

7865.1

Fig. 117. État 2 de l’espace arrière de la maison VIII – Éch. : 1/50

Fig. 118. Vue générale de l’état 2 et du sol SOL35, depuis le sud-ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108641

Fig. 119. Deuxième enduit du rempart et ST26, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108636

100

CHAPITRE I

arrière et non avec le premier qu’il recouvre. Il a été entamé, en plein milieu, par la construction d’un mur de la phase 14. Ce sol en terre battue présentait plusieurs fragments de céramiques à plat et quelques spécimens plus complets. Un bol-jatte complet (7792.1) a été découvert sur le dallage en grès de la structure ST26. Sur le sol en terre, au sud de la pièce F, un ensemble de céramiques a été recueilli : une coupe dite à encens (7865.1) et un bol-jatte (7865.2) complets, avec un fragment de bol-jatte présentant une tranche très usée (7865.3). Ce fragment servait peut-être de petite pelle pour récupérer des cendres ou des charbons provenant des diverses structures de foyers aménagées dans cet espace. Ainsi, il semble que l’espace arrière de la maison VIII était utilisé comme cuisine, et ce dans les deux états préservés. Les structures de four et de foyer, les restes alimentaires (graines et os) témoignent de cette activité. Même s’il y a de fortes présomptions, on ne peut confirmer avec certitude que le premier état correspond au premier niveau d’occupation du corps du logis, et le second état à son deuxième niveau d’occupation. En effet, une fosse et un mur appartenant à la phase suivante ont coupé toute relation physique entre le corps du logis et l’espace arrière, au niveau de la porte P13. 3.3. LA MAISON IX (?) Peu d’éléments nous sont parvenus de cette éventuelle neuvième maison (fig. 120). L’érosion naturelle vers le sud-ouest, notée précédemment, se poursuit et la phase architecturale suivante132 ainsi que diverses fosses tardives ont terminé d’endommager cette partie de la Zone 7. Étant donné l’état fort détérioré de la « maison IX », nous n’avons pas souhaité démonter les vestiges de la phase 14, mieux préservés à cet endroit. 3.3.1. Architecture de la maison IX Venant contre la limite sud de la maison VIII, le mur M67 correspond à la limite nord de la maison IX : il mesure entre 45 et 50 cm de large et est conservé sur 9,50 m de long. Le mur M82 constitue la façade occidentale. Ce mur a été entamé par une fosse et il n’en reste plus que les fondations ; on le suit sur au moins 5 m de long et il fait 80 cm de large. D’autres éléments 132

Les fondations des bâtiments de la phase 14 sont très profondes à cet endroit.

architecturaux qui pourraient appartenir à la maison IX sont apparus de manière sporadique dans le fond de la fosse tardive F48 : quelques briques organisées et des dalles en grès. Divers modules de briques crues sont apparus : 28-30 × 13-14 × 9-11 cm ; 32-34 × 16 × ? cm. Des briques à dégraissant végétal et d’autres à dégraissant sableux ont été relevées. Aucune porte n’était conservée, mais il faut prendre en considération que les murs de la maison IX ne sont parfois conservés qu’en fondation. Si l’on tente de restituer les dimensions de cette maison, le côté perpendiculaire au rempart, connu par le mur latéral nord M67, devait mesurer 10 m environ. Elle ne devait pas excéder 7,50 m de large parce qu’audelà on rencontre un ensemble architectural différent, la « place ». La longueur de 10 m et la largeur supposée de 7,50 m environ se rapprochent des dimensions de la maison VII. L’espace arrière est en revanche plus étroit. Il y aurait donc a priori un espace suffisant pour une maison entre la maison VIII et la « place ». Depuis la maison I dégagée tout au nord à la maison VIII, il y a une succession ininterrompue de maisons, sans mur mitoyen ce qui facilite leur distinction ; les murs M65 et M67 devraient constituer les limites nord et sud des maisons VIII et IX. Cependant de trop nombreux éléments architecturaux nous échappent pour en être sûr. La mise au jour au sud de la maison IX d’un ensemble architectural très différent nous fait douter : cet ensemble, que nous avons appelé la « place » pourrait commencer plus au nord. 3.3.2. Stratigraphie de la maison IX La fouille, incomplète, de la maison IX a fourni un niveau de sol, SOL25 (fig. 121-122). Il a été mis au jour dans la partie nord-ouest de la « maison ». L’existence de ce sol, moyennement homogène, a été signalée par la présence de deux petits foyers, foyer 1 et foyer 2, et, d’une zone rubéfiée en surface près du foyer 1. Son altitude supérieure se situe entre 78,33 et 78,37 m, ce qui correspond au dernier niveau d’occupation de la maison VIII. Ce sol est coupé par les tranchées de fondation de murs appartenant à la phase architecturale suivante, et, par une fosse tardive (F48). Le foyer 1, de forme environ circulaire, mesure entre 30 et 32 cm de diamètre. Son comblement est une couche homogène, meuble, cendreuse, de couleur grise et blanche, contenant beaucoup de charbons et

N

x=964

y=3282

78,31

M67 78,36

F54

78,42

78,145 tranchées de fondation de murs de la phase 14

78,12 78,34

78,37

78,25

IX?

78,20

M82

foyer 1

78,32

foyer 2

78,355

78,29

SOL25 78,305 Rempart

78,37 78,38 78,22

F48 (fosse romaine tardive)

78,35 78,26

F76 78,30 78,31

y=3274 x=954

0

1

2m

7908.2

Légende : briques crues

fosse postérieure à la phase 13

grès

murs de la phase 14

céramique

vignettes céramique: échelle: 1/10

cendres

Fig. 120. Plan de la maison IX (?) et éléments in situ (SOL25 et F76)

7908.1

102

CHAPITRE I

foyer 1

Fig. 121. Le sol SOL25 coupé par les fondations du bâtiment J de la phase 14 depuis le sud-ouest, et le foyer 1 depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné et A. Masson-Berghoff n°79738 et 89484

foyer 2

Fig. 122. Le sol SOL25 coupé par les fondations du bâtiment J de la phase 14 depuis le nord-est, et le foyer 2 depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné et A. Masson-Berghoff n°79771 et 89614

Fig. 123. Deux céramiques in situ, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°125048

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

de nombreuses graines. C. Newton les a identifiées comme un mélange d’orge, de blé et surtout de légumineuses (gesse)133. Le foyer 2 est composé de diverses couches de comblements cendreux et charbonneux. Ces derniers étaient contenus dans la partie inférieure d’une céramique (7693.1). Il s’agit d’une jarre en pâte calcaire, réutilisée pour l’aménagement de ce petit foyer. Son fond n’est pas conservé. Le tamisage du comblement de ce foyer n’a livré que de rares graines, dont une graine de blé amidonnier et une de gesse cultivée, ainsi qu’une belle tête d’équidé en terre cuite. Au sud-est de la maison IX, dans le fond de la grande fosse tardive F48, une petite fosse F76, de forme grossièrement rectangulaire, contenait deux céramiques (7908.1 et 7908.2) (fig. 120 et 123). Le fond de ces deux céramiques contenait de la cendre, peut-être des restes de cuisine ou un foyer. Elle est associée à quelques briques crues organisées et à des dalles en grès. Leur altitude supérieure est celle du sol SOL25. Le creusement de la fosse F76 coupe un niveau compact de type magloub et une couche rubéfiée (épais remblai de nivellement ou niveau d’incendie ?). Les rares niveaux en place qui aient été préservés et fouillés semblent donc être en relation avec l’activité culinaire (restes d’une préparation culinaire et divers foyers). 3.4. LA RUE La grande rue desservant le quartier des prêtres n’apparaît qu’à la phase 13. À la phase précédente en effet, cette surface était occupée par les grands murs ouest M55 et M86, la circulation s’effectuant probablement dans un couloir ménagé entre le rempart et les bâtiments134. Cette rue a également servi, comme nous le verrons par la suite, à la phase suivante. Il nous semblait essentiel de travailler sur sa stratigraphie, aspect négligé dans les fouilles précédentes du quartier des prêtres, voire en général dans l’étude de l’habitat. Parfois ce n’est qu’à travers la stratigraphie de la rue que l’on a compris celle du quartier dans son ensemble. La rue a été dégagée sur l’ensemble de la Zone 7, mais en plusieurs fois, ce qui a permis de réaliser des coupes perpendiculaires à l’axe de la rue précises. Nous avons également pu rejoindre les fouilles précédentes.

Sur presque toute l’aire dégagée en 1970, les différentes fosses coupant le grand mur ouest M55, appartenant au niveau antérieur à la rue, apparaissaient en surface. Il est possible que les archéologues s’étaient arrêtés sur le premier niveau de circulation de la rue et que, depuis 1970, son état se soit dégradé laissant apparaître la phase antérieure à la création de la rue. Néanmoins nous avons vu que certains éléments antérieurs à la création de la rue apparaissaient sur leur plan135. Après une description générale de la rue, nous présenterons ses différents niveaux de circulation et ses aménagements à la phase 13. 3.4.1. Observations générales sur la rue La rue est orientée nord-sud (fig. 56). Elle est limitée à l’ouest par les grands murs M53 et M85/M78, et, à l’est par les maisons et la « place ». Elle fait entre 3 et 4 m de largeur en général dans la Zone 7 (fig. 124). Elle n’atteint que 2 m tout au sud de la Zone 7 (fig. 125). Mais cela n’est vrai que pour les deux premiers niveaux de rue. Avec le troisième niveau, elle s’agrandit à cet endroit et mesure au minimum 3,75 m (fig. 126). En face de la « place », entre les grands murs M53 et M85/ M78, elle rejoint une artère qui formait un axe est-ouest de 3,60 m de largeur environ. Ce dernier dessert, ou du moins délimite, deux secteurs sis au sud du lac. Tous les niveaux de rue présentent une pente descendante vers le nord, c’est-à-dire vers le lac. Il semble qu’à l’occasion de la construction de la phase 13, on ait cherché à adoucir cette pente déjà notée avec les constructions de la phase 12. Entre la base du grand mur M55 et celle du grand mur M86, il existe un dénivelé de plus de 2 m sur 50 m136 ; après l’arasement de ces murs et la création de la rue, ce dénivelé est réduit à tout juste 1 m. 3.4.2. Étude stratigraphique de la rue à la phase 13 La lisibilité des différents niveaux de rue a été fortement altérée par la présence de nombreuses fosses (surtout de la phase 14). Il n’a pas toujours été évident 135

136

133

134

Infra, Chapitre II, § 1.2.2. Maison IX : le petit foyer à gesse (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie). Supra, Chapitre I, § 2.3.2. La circulation.

103

Supra, Chapitre I, § 2.4.1. Éléments architecturaux appartenant probablement à la phase 12. C’est ce même dénivelé de 2 m que M. Millet observe pour les différences de niveau entre sa fouille à l’est du rempart (Zone 8) et les fouilles récemment menées dans la Zone centrale du temple par G. Charloux, J.-F. Jet, R. Le Bohec et R. Mensan (communication personnelle de Marie Millet).

x=954

77,77

77,85

y=3298

S3D

77,83

77,92

S3B

78,07

F35

ST6

P6

77,995 78,02

S3A 77,955

Maison VII

78,00

F31

F29

M53

S3C SOL24

78,34

78,24

F61

P8

Maison VIII

78,36

F77

y=3282 x=948

Maison IX

N

2

0

4m

Légende : briques crues

négatif d'élément en bois

grès

mouna

fosse

Fig. 124. Premier niveau de circulation de rue SOL24 dans les sondages S3A/B/C/D – Éch. : 1/100

x=956

78,555

Légende pour les figures 125-126 :

y=3274 78,91

S3C

M53

78,915 77,94

F48

briques crues terre crue

77,93

M97 78,28

F72

Sol 7843

77,97

77,93

pierre (grès surtout)

78,215

77,93

accès aux secteurs sud du lac Sacré

S4

zone perturbée

S3G

78,09 78,25

78,19 78,52

ST32

78,205

F61

fosse

ST33

céramique terre cuite

F73 F74 78,26

M85

78,23

F66

78,34

F60

SOL24 78,36 78,195

mouna

zone perturbée 78,41 78,445 78,17

objet ST34

78,24

limite de l’état suivant limite des sondages

Fig. 125. Premier niveau de circulation de rue SOL24 et premier état de la « place » dans les sondages S3G/S4 – Éch. : 1/100

x=964

78,555

y=3274 78,91

F48 M53

78,915

78,29

78,58

F62

78,73

M68 78,685

78,33

Sol 7635

F72 accès aux secteurs sud du lac Sacré

78,61

zone perturbée

S3G

78,39

SOL 7785

B

ST22 78,58

78,335

78,555

M69

F74

SOL22

78,47

78,56 78,68

F60

F66

zone perturbée

78,38

78,41

S4

ST16

fragments de dokka 7715.1

78,715 78,455 78,475

78,685

78,69

Rempart

78,65

M70 78,71

78,36 7818.1

F65

78,86

78,66

SOL28

78,405

F61

F73

A

78,725

78,425

78,30

78,70

78,705

ST21

78,445

78,695

78,61

78,775 M79

M98

78,74

7818.2 78,47

F59

ST35

F68 M78 F75

N

0

2

4m

Fig. 126. Troisième niveau de circulation de rue SOL22 et deuxième état de la « place » dans les sondages S3G/S4 – Éch. : 1/100

106

CHAPITRE I

d’établir les égalités entre les niveaux de rue des différents sondages. De très grandes fosses, aussi larges que la rue elle-même, ont coupé toute relation physique entre le sondage sud de la rue (S3G) et les sondages au nord (S3A, S3B, S3C en partie et S3D) (fig. 124). D’autres fosses encore ont coupé complètement la relation entre la rue nord-sud et l’accès aux secteurs sud du lac, accès situé entre les grands murs M53 et M85/M78 (fig. 125-126). Du nord au sud de la Zone 7, trois grands niveaux de circulation de rue ont été repérés. Un éventuel quatrième niveau n’était visible qu’au nord. Chacun de ces niveaux sera décrit séparément. Nous essaierons enfin de faire concorder ces niveaux et ceux mis au jour dans l’accès aux secteurs sud du lac. 3.4.2.1. Le premier niveau de rue : SOL24137 Le premier niveau de rue recouvre un certain nombre de faits de la phase antérieure (fig. 48-50) : les grands murs ouest M55 et M86 ; à l’est, des murs appartenant aux bâtiments 2 et 3 ; les fosses de dépotoir cendreuses coupant ces différents murs. Dans les sondages nord, on a observé que la mouna du premier niveau de rue SOL24 recouvrait également la tranchée de fondation du grand mur M53, tandis que le radier (US 7469) recouvert par la mouna, est, lui, coupé par sa tranchée. Cela n’est pas le cas dans le sondage S3G où la tranchée coupe tous les niveaux de rue (fig. 31). On suppose que la tranchée dans ce sondage témoigne d’une reprise du grand mur M53 au moment de la phase 14. Ce niveau de circulation fonctionne avec les grands murs ouest M53 et M85, et, le premier état de la « place » (fig. 124-125). La pente du sol SOL24 est généralement montante vers le sud et le sol est plus élevé sur les côtés qu’au centre. Il apparaît à une altitude de 77,77-77,955 m au nord de la Zone 7, et à 78,185-78,21 m tout au sud. Mais dans le sondage S3C, il atteint 78,22-78,34 m. À partir de la maison VIII, le niveau était donc à peu près plat, voire légèrement descendant. Sa surface concave s’explique par une circulation plus intense au centre de la rue, aggravée par un tassement du comblement meuble des fosses cendreuses centrales sur lesquelles s’installe le niveau de rue SOL24. En outre, l’accroche de la mouna sur les côtés est toujours plus haute. 137

Le niveau SOL24 est constitué des US 7450 (=7703=7844=7851) et 7469.

Ce sol a été bien aménagé avec tout d’abord un niveau de radier (US 7469) puis une couche de mouna (US 7450) (fig. 34 et 50). Le radier est une couche compacte et très homogène, composée de limon brun jaune et de nombreux fragments de briques crues ; les fragments de céramique sont abondants et se présentent souvent à plat à l’interface avec la couche de mouna. Cette couche constitue un nivellement assez grossier, avant l’implantation du tout premier niveau de rue. La mouna, déposée sur ce remblai de nivellement, est un niveau très homogène et très compact. Elle est très « propre », mêlant un limon gris très clair et de la paille hachée dont les négatifs apparaissent par endroits. Parfois quelques petits morceaux de céramique et petits charbons apparaissent en surface. Puisque la surface est propre, il semble raisonnable de penser que la rue était régulièrement nettoyée durant l’utilisation de ce niveau. L’épaisseur de la mouna varie de 3 à 5 cm en moyenne lorsqu’elle est bien conservée. Mais dans le sondage S3A, la surface de la mouna n’a été préservée que par taches très localisées, laissant apparaître les nombreux tessons à plat marquant la surface du radier. Cette usure est sans doute liée à la circulation (fig. 127). Le premier niveau de rue fonctionne avec une structure ST6 située devant la porte d’entrée de la maison VII (fig. 47 et 128). Cette structure est composée d’un alignement de briques crues sur une seule assise (z+ : 78,05-78,08 ; z- : 77,95-77,98). Sa surface supérieure a sans doute été endommagée par une fosse de la phase 14. Sept briques étaient disposées en panneresse, et, à l’extrémité nord, une huitième brique en boutisse marque un retour. Ces briques, assez sableuses et compactes, ont un module de 30-32 × 12-14 × 10 cm. Localisée devant la porte d’entrée de la maison VII, cet élément pourrait être en relation avec une structure d’accès, comme une large marche d’escalier (peut-être en pierre) dont la structure en briques serait le support. Cette hypothèse expliquerait les différences de niveaux entre le sol de la rue (77,92-77,94 m en face de la porte) et celui de la maison VII (entre 78,15 et 78,18 m pour le premier niveau de la pièce A, SOL15). La structure ST6 ne fonctionne plus avec le deuxième niveau de circulation qui le recouvre. Pour la maison VIII, la situation était différente puisqu’elle était de plain-pied avec la rue. Le premier état du seuil de la porte d’entrée de la maison VIII se trouvait en effet à la même altitude que le sol SOL24 à cet endroit, soit 78,235-78,24 m (fig. 129).

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

107

3.4.2.2. Le deuxième niveau de rue : SOL23138

3.4.2.3. Le troisième niveau de rue : SOL22139

Le fait que le premier niveau de rue se soit beaucoup abîmé, notamment au niveau du sondage S3A, explique sans doute la nécessité d’une recharge de sol. Le deuxième niveau de rue SOL23 fonctionne encore avec les grands murs ouest M53 et M85 ainsi que le premier état de la « place ». Il suit la même pente montante du nord au sud que le niveau de rue précédent, avec un aplanissement ou une très légère pente descendante à partir du sondage S3C. Au nord il apparaît à 77,94578,035 m, dans le sondage S3C, il se situe entre 78,1778,365 m et tout au sud à 78,195-78,26 m. Le sol SOL23 présente les mêmes caractéristiques qu’un « magloub ». C’est un niveau très homogène et bien compacté, avec une matrice de limon brun jaune contenant de très nombreux fragments de briques crues, et des petits fragments de céramique. Un fin niveau de mouna le recouvrait (fig. 130). La surface est propre avec très peu de tessons à plat et de matériel témoignant d’une activité. Cela suppose un nettoyage régulier de la rue. Une fosse F35 était visible dans le niveau de rue SOL23 (fig. 132). Elle est de forme grossièrement ovale, de 2 m sur 1,90 m. Elle coupe les niveaux SOL23 et SOL24, mais est recouvert par le niveau suivant SOL22 (fig. 124). D’après son comblement relativement homogène et peu chargé en matériel, il ne s’agit pas d’une fosse de dépotoir. On la considère plutôt comme un affaissement de sol ou une usure liée au tassement des niveaux de cendres situées sous le premier niveau SOL24. Cet affaissement aurait été comblé pour récupérer le niveau avant l’implantation du troisième niveau de circulation SOL22. Si l’on regarde la relation avec l’accès aux maisons des prêtres, on note quelques différences vis-à-vis du premier niveau de rue SOL24. Le niveau SOL23 recouvrait la structure ST6 située à l’entrée de la maison VII. Le seuil de la maison VIII a été surélevé à 78,3478,35 m, toujours pour rester de plain-pied avec le niveau de la rue (fig. 108a). Un fin niveau de mouna couvrait le niveau SOL23 et l’élément du seuil dont on n’a plus que le négatif (une planche en bois sans doute) (fig. 108b).

Un dernier grand niveau de rue, SOL22, a été mis au jour dans tous les sondages de la rue. Ce niveau accompagne plusieurs changements dans le secteur, comme le réaménagement de la « place » et la construction du grand mur M78 qui remplace le grand mur M85 (fig. 126). Le niveau SOL22 recouvrait l’arasement du grand mur M85 ainsi que le four ST34. La pente est montante du nord (78,02-78,23 m) au sud (78,3578,47 m). Dans le sondage S3C, il a été mis au jour à 78,29-78,46 m. Le niveau SOL22 est concave, avec des accroches murales bien nettes sur le mur de façade de la maison VIII et le grand mur M53 (fig. 105). Ce niveau, très compact et homogène, est composé d’un mélange de sable, de limon fin brun-jaune clair bien compact avec de nombreux fragments de briques crues, de plus ou moins grande taille. C’est une sorte de magloub tassé pour faire une recharge de rue. La céramique est moyennement importante. Bien qu’elle ne soit pas toujours bien conservée, de nombreuses traces de mouna bien compacte étaient visibles en surface. Celle-ci présente des fragments de céramique à plat, en faible quantité. La base d’un fragment de jambage (7735.1) se trouvait sur le sol (fig. 131). On a donc, une fois de plus, peu de traces matérielles de l’utilisation de cette rue, probablement régulièrement nettoyée. Une couche de sable fin, sans doute d’origine éolienne, marquait l’interface avec le niveau suivant. Le niveau SOL22 scelle la fosse F35 précédemment décrite (fig. 132). Mais ce niveau, comme les niveaux antérieurs, est coupé par plusieurs fosses de dépotoir qui fonctionnent avec l’abandon de cette circulation (fig. 50, 124, 126 et 131). Lorsque le niveau de circulation SOL22 était utilisé, il semble que les maisons VII et VIII étaient abandonnées. Un fragment de bol-jatte provenant du niveau SOL22 recolle avec plusieurs autres fragments provenant des niveaux de dépotoir de la maison VII. Et à l’altitude d’apparition du niveau SOL22 en face de la maison VIII, la pièce A est encombrée, quoique légèrement, de niveaux de démolition-abandon.

138

Le niveau SOL23 est constitué de l’US 7296 (=7790=7796= 7811=7840).

139

Le niveau SOL22 est constitué de l’US 7295 (=7735=7818).

108

CHAPITRE I

Fig. 127. Premier niveau de circulation de rue, SOL24 : mouna et surface du radier (sondages S3A/B/D), depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°74326

Fig. 128. ST6 à l’entrée de la maison VII, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°74261

Fig. 129. La maison VIII de plain-pied avec SOL24, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108526

Fig. 130. Deuxième niveau de circulation de rue, SOL23 (sondage S3C), depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108385

Fig. 131. Troisième niveau de circulation de rue, SOL22, coupé par diverses fosses (sondage S3C), depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°102332

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

3.4.2.4. SOL21140 : quatrième niveau de rue ou aménagement secondaire de SOL22 ? Un possible dernier niveau de rue a été repéré au nord de la Zone 7, en face de la maison VI à 78,1978,37 m. Le niveau SOL21 semble être un niveau de circulation, de moindre importance, entre le niveau SOL22 et les phases d’abandon/remblaiement de la rue. Il n’était en effet visible que dans la fouille du sondage S3D (fig. 134-135). Il n’est apparu nulle part ailleurs, ni en plan, ni en coupe pour les autres sondages (fig. 133)141. Peut-être fonctionnait-il avec le niveau SOL22 et ne constituait qu’un réaménagement local et secondaire de SOL22. L’existence du niveau SOL21 nous a été signalée par deux structures, ST5 et ST7. SOL21 est un niveau de magloub compact, moyennement homogène, composé de limon gris, contenant de très nombreux fragments de briques crues et de la céramique en quantité assez importante. Il est coupé au nord par les fouilles anciennes. Quelques tessons étaient disposés à plat en surface, avec de très fines et ponctuelles zones de cendres accompagnées de charbons. Ces dernières sont très probablement à mettre en rapport avec le fonctionnement de la structure ST5. Il n’y avait aucune trace de mouna. Ce sol recouvrait la fosse F30, dont le creusement a été effectué au centre de la rue et coupait le niveau SOL22 (fig. 133). Cette fosse, de forme grossièrement ovale, mesurait 1,5-1,55 m de largeur (longueur inconnue) et ne faisait que 25 cm de profondeur (z+ : 77,995-78,025 m ; z- : 77,7877,83 m). On considère cette fosse comme une simple recharge du sol SOL21, comme la fosse F35. Une structure ST5 était associée au niveau SOL21. C’est une structure circulaire de 83 cm de diamètre, en terre cuite grossière. Elle est conservée sur 10 à 15 cm de hauteur. Un bloc en grès se trouvait juste au sud de la structure ; ils fonctionnaient peut-être ensemble. Le premier niveau de comblement de la structure est une couche homogène cendreuse (US 7370a). Il contenait de nombreux petits charbons de bois, un peu de céramique, quelques os et des éléments de collier. Quelques fragments de la structure en céramique ont aussi été mis au jour dans ce comblement. Cela suggère que cette couche témoigne non seulement de la dernière utilisation de la structure (cendres, charbons) mais aussi de son abandon (perles,

éléments de la structure elle-même). Cette structure a pu servir de foyer aménagé. L’aménagement du niveau SOL21 est synchrone à l’implantation de la structure ST7. Il s’agit de deux dalles en grès dressées perpendiculairement et protégeant l’angle nord-ouest de la maison VII. La base de la dalle nord se situe à 78,39 m et celle de la dalle ouest à 78,27 m. À quoi correspondrait le niveau SOL21 dans la stratigraphie de la maison VII, puisqu’il semble que dès le troisième niveau de rue celle-ci était convertie en dépotoir ? Il nous semble qu’il pourrait fonctionner avec le troisième état de l’espace arrière lorsque celui-ci est aménagé en une cuisine avec four. En effet, rappelons qu’un couloir a été ménagé à cette occasion entre les maisons VI et VII, et, donnait directement dans la rue142. 3.4.2.5. L’axe est-ouest : tentative d’équivalences avec les niveaux de la rue nord-sud Entre les grands murs ouest M53 et M85/M78, c’està-dire dans l’axe est-ouest que croise la rue nord-sud, nous avons également pu identifier une succession de niveaux de circulation. Ils ont été entaillés sur toute leur hauteur par les fosses F72 et F73 (fig. 125-126). Et il ne nous restait qu’une petite surface pour les fouiller : 2 m de long sur 80 cm au départ et un carré de 2 m de côté environ lorsque le fond de la fosse F72 a été atteint. La succession des niveaux de sol, bien visible sur la coupe ouest du sondage S3G (fig. 31), est beaucoup plus dense que dans la rue nord-sud. Cet accès aux secteurs sud du lac Sacré présente en effet un feuilleté très serré de niveaux de sols. On dénombre trois grandes successions de niveaux de sols143 séparés par des remblais (fig. 48). La relation entre les deux axes a malheureusement été coupée par des fosses de dépotoir de la phase 14. Mais la suite stratigraphique de ces trois grandes successions de sol semble s’accorder avec les trois niveaux dégagés dans la rue nord-sud. Dans l’absolu, nous pourrions donc faire correspondre le premier niveau SOL24 avec le groupe de sols 1, le second niveau SOL23 avec le groupe de sols 2, et le troisième niveau SOL22 avec le groupe de sols 3. Le seul bémol est la différence d’altitudes entre les deux axes. Le tout premier niveau

142 143 140 141

Le niveau SOL21 est constitué de l’US 7399. Nous l’avons noté en pointillé sur la coupe nord de S3B.

109

Supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. Succession 1 de sols : US 7843, 7838, 7828, 7780 et 7779. Succession 2 de sols : US 7816, 7702, 7695/b/c/d et 7691/a. Succession 3 de sols : US 7635/a/b/c/d, 7838, 7828, 7780 et 7779.

CHAPITRE I

110

W

E 80,00

F20

F22

7301a

79,50

F20 7301b

F20 79,00

7301c

78,805 effondrement du parement de M53 ou comblement de fosse?

F26

M53

F26

78,50

7285 7287

F27 SOL22

7291

F21 78,00 F35

SOL23

SOL23

Fig. 132. Coupe Sud du sondage S3B – Éch. : 1/25

E

W 79,00 arasement de ST7 et du mur attenant au moment de la phase 14

limite des fouilles de 1970 en face de la maison VI

78,50

7283

ST7

7285

F21

SOL21(?)

7287

SOL22

M53

SOL22

7291

78,00 F30

SOL23

SOL23

Fig. 133. Coupe Nord du sondage S3B – Éch. : 1/25

Légende des figures 132 et 133: briques crues

os

charbons

céramique

“peson”

limite de fouille

grès

terrier de renard

restitution

terre rubéfiée

cendres

111

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N x=954

Légende : briques crues (phase 13)

y=3300

grès

fosse

terre cuite

SOL24 F21

mouna (SOL24)

S3D

M53

78,44 78,32

78,19

78,25

SOL21

78,26

ST5

Maison VI

cendres

78,37 78,21

78,28

niv. inf. 78,27

limite de la phase 12 (Bâtiment 2 et M55)

niv. inf. 78,39

limite de fouille

ST7

S3B y=3296

1

x=950

0

2m

Fig. 134. Quatrième (?) niveau de circulation de rue SOL21 recouvrant SOL24 dans le sondage S3D – Éch. : 1/50

ST7

ST5

SOL21

limite des fouilles en 1970

F21

Fig. 135. Quatrième (?) niveau de circulation de rue, SOL21, entamé par les fouilles de 1970, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°74181

112

CHAPITRE I

des sols 1 (US 7843) est plus bas : il a été dégagé à 77,93-77,97 m, alors que SOL24, dégagé à l’est des grands murs, atteint 78,185-78,21 m. Le premier niveau des sols 2 (US 7702) qui est à 78,17-78,21 m correspondrait mieux à SOL24. Le dernier des sols 3 (US 7635) est, quant à lui, plus haut : il apparaît entre 78,59 et 78,61 m, alors que SOL 22 au sud se situe à 78,3578,47 m. Néanmoins, si l’on se fie plus à la stratigraphie qu’aux altitudes, on doit prendre en compte que le groupe de sols 1 recouvre le grand mur M86 et la fosse qui le coupe à l’ouest. Ils seraient donc a priori l’équivalent du premier niveau SOL24 recouvrant le grand mur M86 et la fosse de dépotoir F67 qui le coupe à l’est. Pour les niveaux suivants, la différence d’altitude peut s’expliquer par une accumulation plus rapide des niveaux de rue (avec une épaisseur de 65 cm pour les niveaux de sol réunis dans l’axe est-ouest contre une épaisseur entre 16 et 26 cm dans l’axe nord-sud). Cette circulation semble donc avoir été très empruntée. Les relations entre les maisons des prêtres et les niveaux de circulation de rue ne sont donc pas toujours aisées à établir. Les sols de la maison VII, tout d’abord, se situent à des niveaux assez hauts vis-à-vis de la rue, mais nous avons vu qu’une structure (ST6) devait faciliter l’accès. La rue étant montante vers le sud, nous observons un phénomène différent avec la maison VIII : les niveaux de seuil de la porte d’entrée semblent correspondre avec les deux premiers niveaux de la rue. La description des relations entre les maisons et les niveaux de rue nous suggère qu’au troisième niveau de rue, les maisons VII et VIII n’étaient probablement plus occupées. Néanmoins l’espace arrière de la maison VII, lui, devait encore être utilisé, ainsi que nous l’avons supposé avec le niveau de rue SOL21. Les niveaux de rue, bien que généralement nettoyés, ont fourni un matériel digne d’intérêt. La céramique était dans un état très fragmentaire et un seul profil complet a pu être reconstitué, le bol 7695.2144. Plusieurs scellés ont été mis au jour et la plupart portaient des titres de prêtres. Ce matériel constitue un indice appréciable de la présence des prêtres dans ce quartier. De menus objets, telles des perles et des amulettes, faisaient aussi parti du mobilier recueilli.

144

Infra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13.

3.5. LA « PLACE » Tout au sud de la Zone 7, la succession des maisons est interrompue par une installation particulière, la « place » (fig. 57-58). Cette dénomination suppose un espace à l’air libre : la présence de fours et la faible épaisseur de certains murs suggèrent qu’il n’était sans doute pas couvert, ou alors légèrement. Cette « place », de par sa situation, correspond à une sorte de nœud entre les maisons et les secteurs situés à l’ouest du quartier des prêtres. Elle connaît deux états architecturaux qui fonctionnent avec la grande phase 13 du secteur. Ceux-ci peuvent être difficilement reliés au reste du quartier. La présence de fosses, à l’ouest et au nord, l’a en effet isolée et de la rue et des maisons. Cependant par les altitudes des sols des différents états, il est possible de fournir quelques rapprochements. Chacun des états de cette « place » est tout d’abord présenté. Puis, par une description des rares éléments dégagés au sud de cette « place » et une reprise de ceux dégagés au nord (maison IX), est débattu ce que marque cette installation : un aménagement particulier intégré dans le quartier des prêtres ou un changement de secteur radicalement différent de ce quartier ?

3.5.1. Premier aménagement de la « place » Son premier état n’est pas facile à déterminer puisque, d’une part, il a été très arasé par l’aménagement postérieure, et, d’autre part, il n’a été dégagé que sur une petite surface (fig. 125 et 136). Le manque de temps, mais surtout le souhait de ne pas démonter l’état postérieur bien conservé, nous a poussé à ne dégager que la partie ouest de la place. À une altitude de 78,17-78,19 m, nous avons dégagé quelques dalles en grès, ST33. Cette altitude correspond à l’arasement du grand mur ouest M86 et à celui du bâtiment 3 (mur M80), ainsi qu’au premier niveau de circulation de la rue, SOL24, les recouvrant. Pour cette raison, nous n’associons pas la « place » à la phase 12 du quartier, mais au premier niveau de la rue. Ces dalles sont associées à une structure circulaire très arasée, ST32. Elle mesure 1,10 m de diamètre. Le pourtour de la structure fait entre 8 et 12 cm d’épaisseur. Il est constitué de terre crue, plutôt que de briques crues, aucun joint n’étant visible. Le fond de ST32 est tapissé de manière irrégulière de quelques briques crues, parfois fragmentaires. Cette structure accueillait peut-être un

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

four : la paroi en céramique des fours de la Zone 7 est souvent entourée d’un boudin de terre ou de briques crues ; on pourrait reconstituer un four de 90 cm, diamètre répertorié pour les fours de la Zone 7. Néanmoins aucune trace de rubéfaction n’est visible sur le pourtour, ni sur les briques crues du fond. Il pourrait donc s’agir d’un petit silo ou tout autre structure de stockage. L’espace est clos au nord par un mur (M97) dont seul le parement sud a été dégagé. La présence de fosses tardives au sud et à l’ouest, ainsi que la limite est de notre sondage, ne permet pas de mieux délimiter cet ensemble ni d’en comprendre l’organisation. La compréhension de cette « place » peut cependant être améliorée si on la compare à son deuxième état, mieux conservé et fouillé sur une plus grande surface. 3.5.2. Réaménagement de la « place » Les divers éléments du premier état de la place ont été arasés à une altitude de 78,22-78,28 m. Un remblai, composé de plusieurs niveaux très disparates, a recouvert l’ensemble. Le second état de la « place » repose sur ce nivellement. À cet état, la « place » est connue sur une surface plus grande (fig. 126 et 137). Elle est organisée en deux espaces, A et B. 3.5.2.1. Description des aménagements L’altitude d’apparition des murs de la « place » réaménagée varie entre 78,775 et 78,48 m. Nous n’avons pas atteint leur base. L’espace A mesure environ 6 m sur un peu moins de 4 m. Il est limité au sud par les murs M70 et M79, à l’est par le rempart, au nord par le mur M68 et à l’ouest par le muret M69 qui le sépare de l’espace B. Un dallage ST16 en compose la partie orientale. Il est situé à 64 cm à l’ouest du parement est du rempart. Il mesure 2,60 m de long sur 1,20 m de large. Son altitude supérieure est de 78,63-78,715 m et son altitude inférieure de 78,595 m. Ce dallage est composé d’une assise de blocs dressés, de toute taille et en grès. Certains de ces blocs semblent être des remplois. Leur surface est parfois piquetée. Les joints entre les blocs sont en terre. Dans l’angle nord-ouest de l’espace B, contre les murs M68 et M69, une structure ST21 a été grossièrement aménagée. Elle a été réalisée en terre et briques crues. Elle mesure 2,20 m sur 1,20 m. L’intérieur semble divisé en deux (voire trois ?) espaces de taille différente, à l’aide de briques crues. Cette structure présente des traces de brûlé, surtout à l’intérieur. Son

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comblement étant de nature très cendreuse, il est raisonnable l’identifier comme un four. Mais ce serait le seul four de ce type mis au jour dans la Zone 7. Le tamisage de la cendre a livré de nombreuses graines et des os calcinés. Les graines sont constituées, selon C. Newton, d’une majorité de céréales, surtout du blé amidonnier. Les murs M68 et M69 ainsi que le four ST21 sont faits dans le même type de briques crues, à dégraissant végétal, très friables, de mauvaise qualité. Deux types de module sont principalement utilisés : 27-28 × 14-15 cm et 36-37 × 17-18 cm. Elles sont brûlées, de couleur brun-gris très foncée. Le mur M70, mur latéral sud de la « place », est lui constitué de briques crues moins friables, de couleur brun-jaune très claire et de module de 27-29 × 13-15 cm. L’espace B, situé à l’ouest de l’espace A, mesure 3,20 m de large sur au moins 3,40 m de long. Il est limité au sud par le mur M70, à l’est par le mur M69 et au nord par le mur M68. Sa limite ouest n’est pas connue, car elle a été coupée par des fosses récentes (F62 et F74). Sa partie orientale est occupée par un dallage, ST22. Ce dernier est formé de dalles en grès de formes et de tailles diverses. Il est plus petit que le dallage ST16 : 1,70 m sur 1,10 m. Trois briques (module : 35-36 × 12-13 cm) encadrent au sud ce dallage. Une petite ouverture, de 65 cm, a été aménagé entre le mur M70 et ces quelques briques ; elle permettait d’accéder à l’espace A. 3.5.2.2. Stratigraphie Occupation Aucun sol n’a été repéré à la même altitude que le dallage ST16 dans le reste de l’espace A (fig. 48). À l’altitude d’apparition du dallage, nous n’avions qu’un niveau de démolition ou de remblai à l’ouest. Le seul niveau de sol découvert pour cet espace n’apparaît qu’à 78,39-78,475 m. SOL28 est un niveau de sol de terre, environ homogène, présentant des fragments de poterie à plat. Il a une légère pente montante vers le sud. De nombreux fragments de plats à pain, dokka, jonchaient le sol près du four ST21. Ils appartiennent aux deux grandes catégories de dokka que l’on a pour la phase 13, à savoir les profils de lèvre haute et adoucie145. Parmi le mobilier de ce sol, on doit noter une petite meule en quartzite violet (7715.1). Elle a été 145

Infra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13.

114

CHAPITRE I

recueillie parmi les fragments de dokka. Ce sol n’a pas été prélevé : il a constitué notre limite de fouille. Dans l’espace B, deux niveaux de sol en terre étaient associés au dallage ST22. Ils ont été largement endommagés par diverses fosses récentes. Le premier se situe à une altitude de 78,3-78,335 m, le deuxième à 78,2678,29 m. Ces sols passent au-dessus des éléments du premier état de la « place » (ST32 et M97). Ils n’ont livré aucun mobilier archéologique intéressant. Directement au nord du mur M68, bien qu’une seule petite bande de terre ait été épargnée par la fosse F48, nous avons pu y relever un niveau de sol en terre battue, entre 78,29 et 78,34 m. Il règne donc sensiblement le même niveau d’occupation pour ces différents espaces. Le troisième grand niveau de circulation de rue, SOL22, fonctionnait très probablement avec cet état de la « place ». Abandon La « place » est ensuite abandonnée. Des couches de démolition, plus ou moins homogène, contenant beaucoup de fragments de briques crues, de la céramique en quantité moyenne et quelques fragments de pierres, comblent les espaces A et B. Toute la partie nord de l’espace B est occupée par un dépotoir, particulièrement riche en céramiques. Il a fourni, entre autres, plusieurs fragments appartenant à une amphore attique de type « SOS » à la brosse146. 3.5.3. Le statut de la « place » vis-à-vis du quartier des prêtres La « place », dans ses deux états, se situe exactement dans le prolongement est de l’accès aux secteurs sud du lac, circulation située entre les grands murs ouest M53 et M78/M85 (fig. 138). La zone de nos fouilles ne se prolonge pas beaucoup plus au sud de cette « place ». Cela laisse quelques questions en suspens. La succession des maisons des prêtres reprendelle au-delà de cette « place » ou bien, à partir de cette « place », entrons-nous dans un secteur fort différent du quartier résidentiel ? Et même, est-ce que cette « place » ne pourrait pas commencer plus au nord avec la « maison » IX ?

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Infra, Chapitre III, § 1.3.2.3. Récipients assimilés au courant attique de la phase 13.

En premier lieu, il nous semble que ce secteur associant dallages et fours se poursuit au sud, mais avec une unité indépendante (fig. 126). En effet un mur parallèle au mur M70, M98, délimite un autre espace dans lequel nous avons mis au jour probablement une structure de dallage. Le mur M98 apparaît à une altitude supérieure de 78,695-78,74 m. Quelques blocs, en partie aménagés dans le mur M98, semblent former une partie de dallage, ST35. Les blocs dégagés sont de taille, forme et nature diverses : deux blocs en grès, dont un remploi de bassin rectangulaire, et un bloc en calcaire. L’altitude supérieure du dallage ST35, située entre 78,59 et 78,615 m, n’est pas éloignée de celle du dallage ST16 (78,63-78,715 m). Ils semblent former des aménagements contemporains. Juste en face du mur M85, nous avons dégagé une autre structure, ST34 (fig. 125 et 139). Il s’agit d’un four, très semblable à celui qui a été découvert à l’arrière de la maison VII (Fo1). La structure en céramique fait 80 cm de diamètre. La paroi mesure 4 cm d’épaisseur. Elle est entourée d’une gangue de terre et de fragments de briques crues. Un muret, de la largeur d’une brique disposée en boutisse (module : 31-32 × 15-16 cm), limite le four à l’ouest. La structure a été recouverte par le troisième niveau de circulation SOL24, en même temps que le grand mur ouest M85. Il devait donc fonctionner avec le premier état de la « place » et non le second. Il paraît ainsi raisonnable de penser que ces aménagements associant fours et dallages se poursuivent plus au sud, et ce pour les deux états que nous avons repérés pour la « place ». En deuxième lieu, si l’on reprend les quelques éléments mis au jour au nord de la « place », on se rend compte qu’ils pourraient être considérés, non pas comme appartenant à une neuvième maison de prêtres, mais à une unité similaire à la « place ». En effet, dans le fond de F48, fosse coupant les relations entre les maisons au nord et la « place » au sud, les quelques blocs en grès organisés découverts se situent dans le prolongement du dallage ST16 (fig. 57 et 120). Leur altitude supérieure (78,30-78,35 m) est plus basse, mais correspond à celle du dallage ST22. En outre, le comblement de la fosse F48 contenait de nombreux fragments de blocs en grès, souvent des dalles : aurait-elle partiellement détruit un dallage en grès à cet endroit ? Il serait fort intéressant à l’avenir de fouiller plus en profondeur l’espace situé entre la maison VIII et la « place » afin de savoir si celui-ci était occupé par une maison ou bien par un aménagement similaire à la « place ».

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Fig. 136. Premier état de la « place », depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108407

Fig. 137. Deuxième état de la « place », depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°79718

Fig. 138. La « place » en face de l’accès aux secteurs sis au sud du lac, depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°88749

Fig. 139. Four ST34, depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/M. Millet n°108454

115

116

CHAPITRE I

Toute cette partie sud de la Zone 7 nécessiterait donc de nouvelles investigations archéologiques afin de mieux délimiter et de mieux saisir l’organisation et la fonctionnalité de ce secteur. Il semble en tout cas marquer une césure ou un nœud dans l’organisation du quartier des prêtres. Son emplacement, en face de l’accès menant aux secteurs sud du lac Sacré, ne nous parait pas anodin, quand bien même il commencerait un peu plus au nord et qu’il se poursuive effectivement au sud. Dans un essai d’interprétation plus générale de ce secteur, nous y reviendrons. Quant à la vocation de cet espace, la présence d’un four, contenant graines et os calcinés, implique une activité culinaire. Les nombreux fragments de dokka et la meule découverts sur le sol SOL28 tendent à confirmer cette assertion. Enfin, les dallages sont des éléments plutôt rares dans le quartier des prêtres : seuls les espaces arrière des maisons I et III ont été dallés147 et ces espaces étaient surtout considérés comme des cuisines148. 3.6. LES GRANDS MURS OUEST Dès la phase 11, des murs épais occupaient l’ouest de la Zone 7. Ils marquaient à la phase 12 la limite occidentale du premier quartier. Ils ont été reconstruits à la phase 13, légèrement décalés vers l’ouest, permettant la création d’une rue assez large pour desservir à l’ouest les maisons des prêtres. Malgré ce changement d’emplacement, le maintien de ces larges murs à la phase 13 indique une volonté de conserver un même schéma général pour l’organisation architecturale des rives est et sud du lac Sacré. Comme pour les phases 11 et 12, deux grands murs ont été repérés à l’ouest du quartier des prêtres (fig. 56 et 140). Le premier, M53, a été complètement dégagé : il a servi de limite occidentale à notre secteur de fouille sur presque toute la longueur de la Zone 7 (fig. 141). Le second, M85/M78, est apparu tout au sud de la Zone 7 (fig. 142). 3.6.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest) En 1970, P. Anus et R. Sa’ad avaient dégagé au sudouest de leur zone de fouille « un grand ensemble, clos d’un mur d’enceinte épais »149. Dans notre souci de

mieux comprendre l’organisation du quartier des prêtres et ses relations avec les secteurs avoisinants, notamment le secteur situé directement à l’ouest, nous avons poursuivi le dégagement de ce mur. Il s’agit du grand mur M53 sur les plans. Cette « enceinte » interne du secteur nord-ouest semble délimiter un vaste ensemble situé sur la rive sud du lac Sacré150. 3.6.1.1. Description du grand mur M53 Le grand mur M53 mesure 46 m de long depuis son angle nord-est à son angle sud-est. C’est un mur épais, de 2,26 m environ de largeur. Ce mur est bien conservé, sur 3 m de hauteur parfois, sauf au sud où il a été coupé par une fosse romaine tardive (F58). Son altitude supérieure varie de 80,20 à 78,555 m. Sa base a été atteinte dans le sondage S3E à une altitude de 77,04-77,055 m (fig. 29) et, plus au sud, dans le sondage S3A à 77,20-77,25 m (fig. 47 et 50). Sa tranchée de fondation apparaît dans le sondage S3A à 78 m ; de profil concave et large de 17 à 29 cm, elle coupe les niveaux cendreux venant contre le parement ouest du grand mur M55 (dans le sondage S3A) et un peu ce dernier (dans le sondage S3E) ; elle est recouverte par la mouna du premier niveau de rue SOL24. Tout au sud, on a observé une autre tranchée de fondation, beaucoup plus haute, à 78,70 m, coupant tous les niveaux de rue de la phase 13. Elle était visible dans la coupe ouest du sondage S3G (fig. 31) et un peu aussi dans la fouille de ce sondage. Mais elle n’était pas perceptible ailleurs dans les sondages S3A-B-CD-E. Cette tranchée témoigne peut-être d’une restauration, au cours de laquelle on aurait refondé une partie du mur, sans doute à la phase 14151. L’orientation du grand mur M53 est légèrement divergente vis-à-vis du grand mur M55 et ne suit pas celle du rempart. Plus l’on se dirige vers le sud, plus les parcelles des maisons rapetissent. Le grand mur M53 est construit en briques crues à dégraissant végétal, mais la fondation présente des briques sableuses152. Le module des briques oscille entre 36 et 40 cm de

150

151

147

148 149

ANUS, SA’AD 1971, fig. 2, p. 226 et 232. Ces dallages sont composés de pierres irrégulières, en grès, et rappellent ceux de la « place ». Ibid., p. 219. Ibid., p. 217.

152

Sur la vocation de ce secteur, infra, Chapitre IV, § 2.1.2. Partie orientale de la rive sud du lac Sacré. À cette phase, on a pu noter par endroit, une restauration de son parement est : infra, Chapitre I, § 4.1.2.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest). La même remarque a été faite à propos des fondations de la maison VII qui présentaient souvent des briques à dégraissant sableux : supra, Chapitre I, § 3.1.1.3. Études des fondations de la maison VII.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

117

Fig. 140. Les grands murs ouest M53 et M78, depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°106983

Fig. 141. Le grand mur M53, depuis le sud-est – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108381

Fig. 142. Le grand mur M78 coupé par diverses fosses, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°108368

118

CHAPITRE I

longueur pour 17 à 19 cm de large et 12 à 14 cm d’épaisseur. L’appareil est assez régulier : le cœur est généralement constitué de plusieurs rangs de briques disposées en boutisse et les côtés alternent boutisse et panneresse à chaque assise. Mais le cœur peut aussi présenter des briques sur la tranche, parfois obliques vis-à-vis de l’orientation du mur. Les assises sont légèrement courbes, sans être toutefois aussi courbes que les assises de l’enceinte de Nectanébo. D’après les dernières recherches menées sur ce type d’architecture, cette technique de construction n’apparaît pas avant le début de la XXVIe dynastie153. 3.6.1.2. À l’intérieur du grand mur M53 : deux états de batteries de fours Un mur de refend perpendiculaire au grand mur M53, M101, a été légèrement dégagé. Il mesure environ 1,40 m de largeur ; il utilise des briques de nature et de module similaires au grand mur M53. Il délimite un espace avec le retour du grand mur M53 au sud. Cet espace fait 3,70 m de long et a été dégagé sur 1 m de large environ. Il contenait une batterie de fours, qui a connu au moins deux états (fig. 31). Nous n’avons pas démonté l’état le plus ancien dégagé et il est possible qu’il existe d’autres niveaux de fours encore en dessous. Ces fours sont constitués d’une structure en terre cuite grossière de forme circulaire. Elle est entourée d’une gangue de terre parfois rubéfiée, avec des inclusions de fragments de briques crues. Deux structures ont été relevées pour l’état le plus ancien dégagé des fours, ST19 et ST20 (fig. 143). Le plus complet, le four ST19, atteint 78 cm de diamètre. Un trou de tirage est aménagé à la base de la structure. Le comblement du four était constitué tout d’abord d’une couche homogène, assez compacte, cendreuse, qui était en relation avec son dernier fonctionnement. La couche suivante était rubéfiée, assez compacte, hétérogène, argilo-limoneuse et cendreuse, contenant de gros fragments de céramiques et des charbons ; elle doit être mise en relation avec l’abandon de la structure.

153

F. Leclère met en doute la thèse de A.J. Spencer qui datait l’apparition des murs à assises courbes dès le Nouvel Empire. Ce type de construction, qui ne sera vraiment populaire qu’à partir de la XXXe dynastie, semble apparaître dès la XXVIe dynastie, notamment à Diospolis en Basse Égypte : LECLÈRE 2008, p. 297, p. 633 et note 26.

Le comblement du four ST20, dont la structure céramique est moins bien conservée, semble perturbé dès le début. La première couche de comblement était assez compacte, limoneuse et hétérogène. Elle contenait d’assez gros fragments de céramique en quantité moyenne, beaucoup de charbons et quelques graines de céréales (2 graines identifiées comme de l’orge et 2 autres comme du blé amidonnier par C. Newton). Le deuxième comblement était une couche meuble, cendreuse, grise, contenant beaucoup de charbons. Le premier état a été arasé par l’installation de la nouvelle batterie de fours aux alentours de 78,7378,875 m. Quatre fours ont été mis au jour dans le second état : ST14, ST15, ST17 et ST18 (fig. 144). De format plus petit, ils devaient s’adosser contre le parement ouest du grand mur M53, comme les fours du premier état. Mais une fosse d’époque romaine tardive (F58) est venue couper cette relation. Le four le plus au sud, ST15, était le plus abîmé. Sa structure en céramique était entourée d’une gangue de terre rubéfiée. Ce qui restait de son comblement était une couche rubéfiée, meuble et homogène. Sous le comblement, on tombait directement sur le four arasé ST19. ST14 était le four le mieux conservé des quatre. Il ne mesurait que 53 cm de diamètre. Son fond, conservé, était plat. Le four a d’abord été comblé par une couche argileuse, assez compacte, homogène et rubéfiée, contenant des charbons et peu de céramique. Une couche formée par l’accumulation de déchets, après abandon de la structure a terminé de combler le four ST14 : c’était une couche assez meuble, homogène, argilo-limoneuse contenant pas mal de céramiques. Le premier comblement du four ST17 était une couche cendreuse homogène qui semblait liée au fonctionnement de la structure. Il contenait une vingtaine de graines de céréales (19 graines d’orge et 3 de blé amidonnier). Le comblement suivant était une couche postérieure à l’utilisation du four puisqu’il contenait de nombreux gros fragments de céramiques. Trois comblements différents ont été repérés pour ST18, le four le plus au nord. Le premier était une couche de cendres grises, homogène, meuble, contenant des charbons. Le deuxième comblement était une couche homogène, assez meuble, rubéfiée et contenant peu de céramique. Le dernier était une couche plus ou moins meuble, hétérogène, contenant plusieurs fragments de céramiques et des charbons. Les deux premiers comblements ont fourni plusieurs graines de

119

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

x=950

N

y=3280 M101 79,84

79,07

ST20

78,78 78,86 78,73

78,58

ST19

F58 78,875 78,855 78,555 78,91

M53

78,915

2

0

4m

Fig. 143. Première batterie de fours aménagée au sein du complexe entouré du grand mur M53 – Plan éch. 1/100 – vue depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°88814 x=950

N

y=3280 M101 79,84

79,07

ST18

78,78

79,19

ST17 79,295

ST14 ST15

79,24

78,58

78,905 78,90

F58

78,555 78,91

M53

78,915

0

2

4m

Fig. 144. Deuxième batterie de fours aménagée au sein du complexe entouré du grand mur M53 – Plan éch. 1/100 – vue depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/M. Millet n°89326 Légende des plans: brique crue

terre cuite

fosse limite des sondages

120

CHAPITRE I

céréales, dont de l’orge et du blé en quantité environ égale. Ces deux couches paraissent liées au fonctionnement du four ST18. Le type auquel appartiennent ces structures et la découverte régulière de céréales carbonisées, uniquement dans les couches liées au fonctionnement de ces structures, nous permettent d’identifier ces structures comme des fours à pain. La découverte de ces batteries de fours est précieuse pour comprendre la vocation de ce secteur situé directement à l’ouest du quartier des prêtres154. 3.6.2. Le grand mur M85 et sa reconstruction M78 (au sud-ouest) Du deuxième grand mur, nous n’avons que son angle nord-est. Il se situe à environ 3,50 m au sud du grand mur M53 et, comme lui, devait délimiter un grand ensemble architectural sis au sud du lac. Il a connu deux états qui ont fonctionné avec la phase 13. 3.6.2.1. Premier état : M85 Le grand mur M85 est assez peu visible car il est presque complètement recouvert par le grand mur postérieur M78 (fig. 125). Il est néanmoins apparu au fond des fosses de dépotoir qui ont percé de toute part ces deux murs. Surtout, le grand mur M85 se situe plus à l’est que le grand mur postérieur. Le grand mur M85 est apparu à 78,21-78,36 m. Il s’installe directement sur l’arase du grand mur M86 (phase 12), à 78,14-78,17 m (fig. 31). Son orientation semble la même que celle du grand mur M53 mais il faudrait le dégager plus pour en être sûr. Sa largeur nous est inconnue. Les briques, à dégraissant végétal, ont un module de 30-33 × 13-15 cm. Nous avons déjà pu observer précédemment que le grand mur M85 fonctionnait avec les deux premiers niveaux de rue, SOL24 et SOL23, avec le premier état de la « place » et avec le four ST34. 3.6.2.2. Deuxième état : M78 Le grand mur M85 a été arasé à 78,34-78,36 m et a été remplacé par le grand mur M78 (z+ : 78,68-78,86 m). Ce dernier conserve presque le même emplacement : son parement est est repoussé vers l’ouest (fig. 126). 154

Infra, Chapitre IV, § 2.1.2.2. Un grand complexe économique.

L’orientation paraît légèrement différente, plus proche de celle du rempart. Elle devait permettre de conserver un espace suffisamment large entre le rempart et le grand mur M78, alors qu’avec l’orientation du grand mur M85, calquée semble-t-il sur celle du grand mur M53, cet espace avait tendance à rétrécir rapidement. Nous avons essayé de suivre ce mur en agrandissant le sondage S3G au sud, mais le grand mur M78 a été complètement entamé par plusieurs fosses. Il fut tout de même possible d’établir qu’il avait une largeur d’environ 2,15 m, soit très proche de celle du grand mur M53. Les modules des briques sont assez variables, avec une longueur entre 29 et 35 cm et une largeur entre 13 et 16 cm. Elles sont à dégraissant végétal. Le troisième niveau de rue, SOL22, couvrait en partie l’arase du grand mur M85 et venait contre le grand mur M78. Ce dernier fonctionne avec le deuxième état de la « place » et le dallage ST35. Le si peu que nous ayons fouillé de l’espace qu’encerclait le grand mur M78 n’était guère pertinent : une simple couche de démolition, largement perturbée par des fosses de dépotoir. Ces « enceintes » internes doivent fort probablement être mises en relation avec les grands murs ouest des phases 11 (M55’ et M86’) et 12 (M55 et M86). Certes les grands murs M53 et M85/M78 ne constituent pas des reconstructions à l’identique des grands murs précédents. Ils ne reprennent pas en effet leur emplacement originel, que l’on tente de décaler toujours plus vers l’ouest, créant un espace de plus en plus « confortable » entre le rempart et ces grands murs. Il serait aventureux sans doute de faire coïncider l’installation d’une nouvelle batterie de fours dans l’ensemble que clôt le grand mur M53 avec la reconstruction du grand mur M85 : la stratigraphie de cet ensemble demeure inconnue. Nous avons cependant pu démontrer que le remplacement du grand mur M85 par M78 correspond avec la création d’un nouveau niveau de rue, SOL24, et avec le réaménagement de la « place ». 3.7. ÉTUDE COMPARATIVE DES MAISONS DES PRÊTRES Il est nécessaire, dans un premier temps, de brièvement reprendre les grandes caractéristiques architecturales des maisons du quartier des prêtres, afin de juger dans quelle mesure les nouvelles maisons dégagées s’apparentent aux maisons mises au jour en 1970, ou s’en distinguent. Ce sera l’occasion de comparer cette architecture avec d’autres sites, notamment ceux où des maisons de prêtres ont été identifiées.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Ensuite, la stratigraphie du quartier des prêtres, telle qu’on a pu la percevoir à travers les nouvelles recherches archéologiques, est apparue riche et compliquée. Cette complexité est liée au fait que certains éléments du quartier des prêtres étaient laissés à l’abandon, alors même que d’autres continuaient d’être utilisés. Les données stratigraphiques provenant des anciennes fouilles pourraient-elles aussi être interprétées dans ce sens ? Ou bien retracent-elles une histoire différente du quartier des prêtres ? 3.7.1. Sur l’architecture des maisons de prêtres Il n’est pas question ici de reprendre la description de chacune des maisons anciennement dégagées. Ce travail a déjà été réalisé à travers l’article de P. Anus et R. Sa’ad, même si certaines maisons mériteraient quelques compléments et corrections155. Il s’agit surtout de replacer les nouvelles maisons dans l’architecture générale des maisons des prêtres. Cet examen permettra de mettre en évidence les composantes qui demeurent d’une maison à l’autre comme les variantes. Il semble également opportun de voir dans quelle mesure cette architecture est typique des maisons des prêtres en général et si elle se retrouve dans d’autres types d’habitat ou d’autres types d’édifice. 3.7.1.1. Comparaison architecturale avec les autres maisons du quartier Nous replacerons tout d’abord les maisons VII et VIII156 dans l’organisation générale du quartier des prêtres avant de comparer leur architecture à travers une analyse des matériaux de construction et de l’économie intérieure. Organisation générale du quartier des prêtres Les maisons VII et VIII respectent le schéma général des maisons des prêtres tel qu’il a été décrit par P. Anus et R. Sa’ad157. Elles ont été construites perpendiculairement au rempart qui servait de limite au sanctuaire d’Amon à l’époque de l’occupation du quartier (fig. 51b 155

156

157

Pour une explication des incohérences des plans de certaines maisons, voir infra, Chapitre I, § 4.4.1.2. Une phase représentée dans le secteur dégagé en 1970 mais négligée. Nous ne tenons pas compte ici de l’éventuelle maison IX, son plan étant trop partiellement dégagé et sa destination étant sujette à caution : supra, Chapitre I, § 3.3. La maison IX (?). ANUS, SA’AD 1971, p. 217-219.

121

et 145). Elles ne s’adossent pas directement au parement ouest du rempart : un espace de 2 m de large en moyenne sépare le mur arrière des maisons du rempart (fig. 146). Les maisons n’ont pas de murs mitoyens ce qui facilite la distinction entre elles. Les portes d’entrée, situées à l’ouest, donnent sur une rue orientée nord-sud qui desservait toutes les maisons. Une couverture, plutôt légère que voûtée, devait couvrir ces maisons. Mais la pièce d’entrée était a priori complètement ou partiellement à ciel ouvert (voir ci-dessous). Par ses dimensions, la maison VII se rapproche de la maison VI, les maisons I à III étant plus grandes et les maisons IV et V plus petites158. Avec sa surface d’occupation de 57,60 m2, la maison VIII constitue la maison la plus petite qui ait été dégagée jusqu’ici dans le quartier des prêtres. Il semble qu’il n’y ait aucune règle quant à la dimension de ces maisons qui peut aller jusqu’à 176 m2 de surface au sol159. L’espace disponible pour ces maisons, « coincées » entre le rempart et le grand mur M53 à partir de la maison IV, va en se réduisant vers le sud. La construction des dernières maisons devait forcément tenir compte de ce paramètre. Les matériaux de construction Le gros œuvre est en briques crues. Dans l’article sur le quartier des prêtres, les auteurs signalent des modules plus gros que celui que nous avons relevé pour les maisons VII et VIII : 33 × 14 × 9 cm pour les briques les plus usuelles160. Cependant, après vérification sur le terrain, des modules de briques identiques aux nôtres (28-29 × 13-14 × 8-9 cm) sont utilisés, notamment dans les maisons IV, V et VI. Nous avons pu observer, lors des nouvelles fouilles, que les briques des fondations des maisons utilisaient souvent des briques sableuses en fondation alors que les élévations étaient presque exclusivement en briques à dégraissant végétal. Les parements étaient recouverts d’enduit blanc161. Mais les maisons VII et VIII n’en présentaient aucune trace. Nous avons uniquement relevé deux états d’enduit blanc sur le parement ouest du rempart. Quelques éléments architecturaux emploient le grès. C’est le cas des encadrements de porte. Certaines portes de la maison VII ont conservé des éléments de jambage in situ. Mais, concernant la maison VIII, ils gisaient sur

158 159 160 161

Ibid., p. 235. Ibidem. Ibid., p. 219. Ibidem.

122

CHAPITRE I

le sol. Un seuil en pierre a été relevé dans la maison VII. Les chambranles des nouvelles maisons dégagées ne portent pas d’inscription. Seules les portes d’entrée des maisons I et II ont conservé in situ des éléments épigraphiés. De nos jours, ce qui reste de la porte de la maison III sont des fragments en grès anépigraphes. Quant aux portes d’entrée des trois dernières maisons, elles posent problèmes. En effet, elles n’ont pas été localisées correctement, leur plan étant peu discernable d’après P. Anus et R. Sa’ad162. De gros fragments de grès dressés, sans inscription, appartenant probablement à la porte de la maison V, sont restés encastrés dans ce qui était considérée comme la façade pleine de cette maison (fig. 147)163. Un autre fragment de jambage épigraphié a été mis au jour dans le quartier des prêtres164. Les autres fragments repérés sur le terrain sont anépigraphes. Mises à part les portes, les maisons I et II étaient dotées de colonnes en grès (fig. 148), et, les maisons V et VI, d’un escalier dont les marches étaient en grès. Le bois était également utilisé comme matériau de construction. Aucun élément en bois n’a été mis au jour dans les maisons anciennement dégagées mais son utilisation était attestée « par les mortaises où s’encastraient les gonds et les verrous »165. P. Anus et R. Sa’ad supposaient des « couvertures légères de bois et de roseaux »166. Leur présence expliquerait que l’incendie qui a atteint plusieurs maisons du quartier ait cuit « les briques des murs aussi profondément qu’elles le sont »167. C’est par une toiture de palmier qu’ils ont restitué le plafond de la maison II. L’escalier de la maison II semblait complètement en bois : les traces d’encastrement des marches étaient encore visibles168. La fouille des nouvelles maisons a apporté quelques données nouvelles. Le bois était certainement employé pour les seuils de certaines portes de la maison VII

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164

165 166 167 168

Ibid., p. 232. Cette erreur trouve une explication dans la présence de la phase architecturale postérieure au quartier des prêtres. P. Anus et R. Sa’ad ne l’ont pas bien repéré dans le secteur, très perturbé par les travaux de la cafétéria : voir infra, Chapitre I, § 4.4.1.2. Une phase représentée dans le secteur dégagé en 1970 mais négligée. Jambage de porte LS 369 : voir infra, Chapitre III, § 9.1. Les indices d’une occupation dès la Troisième Période Intermédiaire. ANUS, SA’AD 1971, p. 219. Ibid., p. 228. Ibidem. Ibid., p. 230.

(P1 et P6) et de la maison VIII (P8 et P12)169. Les nez des marches de l’escalier de la maison VII (ST1) semblaient aussi présenter un placage de bois. Des morceaux de poutres ont été retrouvés sur le sol incendié de la réserve, à l’arrière de la maison VII. Et quelques morceaux d’une petite étagère encastrée dans le parement ouest du rempart ont aussi été conservés par l’incendie de cette réserve170. C. Newton a identifié le bois de l’étagère et celui des poutres comme de l’Acacia nilotique. Cette essence, souvent utilisée comme bois d’œuvre171, est réputée très résistante aux insectes xylophages et aux termites172. L’économie intérieure La répartition et le nombre des pièces étaient très divergents d’une maison de prêtre à l’autre (fig. 56). Les comparaisons ne sont donc pas toujours pertinentes. On peut néanmoins détecter des éléments communs à plusieurs de ces maisons et, de ce fait, avancer quelques hypothèses concernant la fonction de certaines pièces ou espaces. Pour identifier la possible fonction des espaces d’une maison, on peut utiliser plusieurs indices : la place de l’espace dans la distribution interne des espaces de la maison ; les caractéristiques architecturales de l’espace ; le matériel archéologique et les équipements qui y ont été découverts. Une telle approche présente certes des limites et écueils certains qu’il faut garder à l’esprit173. De plus, il ne faut pas croire qu’une fois le plan du quartier établi, celui-ci demeura figé. Tout au long de son histoire, le quartier a subi diverses transformations mineures faisant évoluer la fonction de certaines pièces, condamnant certains accès ou en ouvrant de nouveaux. Si nous avons pu étudier de près l’évolution architecturale des maisons VII et VIII, peu de données nous sont parvenues sur celles des autres maisons. En outre, les archéologues ont dressé des plans peu intelligibles pour les maisons III à VI du fait de leur état de conservation, mais aussi des modifications et altérations apportées par la phase architecturale suivante

169

170 171

172 173

Sur l’utilisation de bois comme dormant inférieur des portes dans l’architecture domestique perse : MARCHI 2014a, p. 50 ; Nogara dans DEFERNEZ, NOGARA, VALBELLE 2016, p. 49. Supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. L’Acacia a été reconnu comme matériau de construction des toits des maisons des ouvriers d’Amarna : KEMP 1987, p. 25. Infra, Chapitre II, § 1.4.2. Bois travaillé. Sur les limites de l’interprétation d’un espace par la distribution du matériel découvert en son sein : PFÄLZNER 2015.

123

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Fig. 145. Vue générale du quartier des prêtres et du rempart, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°104467

fragments de grès (porte?)

Fig. 146. Couloir aménagé entre le rempart et les maisons, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6377

Fig. 147. Façade de la maison V, depuis le sud-ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5422

Fig. 148. Salle aux colonnes de la maison II, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6430

124

CHAPITRE I

et diverses fosses174. Leur état de délabrement, très avancé de nos jours, ne nous a pas permis d’améliorer notre connaissance de ces maisons. Les remarques que nous faisons ci-dessous doivent tenir compte de ces désavantages. L’entrée donnant sur la rue constitue une caractéristique architecturale présente dans toutes les habitations. Par comparaison avec l’architecture récente en briques crues de Haute Égypte, elle a été interprétée comme une cour partiellement ou totalement à ciel ouvert175. Or, selon A. Badawy, « l’attribution de la description “cour” à un élément du plan d’habitation égyptienne est très souvent aléatoire, lorsque ses dimensions permettent une couverture »176. Les nouvelles fouilles du quartier ont apporté quelques arguments supplémentaires à la présence d’une cour d’entrée, du moins dans la maison VII. Tout d’abord, l’accumulation des niveaux de sols dans la pièce d’entrée de la maison VII semble plus rapide que dans le reste de la maison. Ensuite des petites structures très peu élevées, en briques crues, sont présentes dans les pièces d’entrées des maisons VII et VIII. On les considère comme des éléments empêchant la poussière de rentrer à l’intérieur des maisons. Située juste devant la porte d’entrée de la maison VIII, la structure ST23 n’a de sens que si la première pièce est couverte. Mais située au fond de la pièce d’entrée de la maison VII, la structure ST3, et celle qui la remplace par la suite ST4, s’explique si cette pièce est à ciel ouvert, ou au moins partiellement. La plupart des maisons possédaient, en plus d’une cour ou pièce d’entrée, une pièce plus spacieuse qu’il serait tentant d’interpréter comme une salle de réception ou encore une salle à manger. C’est ainsi que nous aurions tendance à interpréter la pièce C des maisons VII et VIII, mais aussi la pièce sud-ouest de la maison VI. Pour la maison II au plan tripartite, il s’agirait de la pièce centrale, la salle à colonnes. Comme nous le verrons par la suite, cette interprétation s’appuie également sur de nombreux exemples d’habitats égyptiens177. Les deux pièces contiguës du fond de la maison VII se retrouvent également dans les plans des maisons I, II et VI. De par leur position, tout au fond de la maison, dans la partie la plus intime, nous pourrions les considérer comme des chambres ou/et des bureaux.

174

175 176 177

Infra, Chapitre I, § 4.4.1.2. Une phase représentée dans le secteur dégagé en 1970 mais négligée. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1971, p. 72. BADAWY 1953, p. 20. Infra, Chapitre I, § 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites.

L’espace arrière avait bien souvent son propre accès, un accès direct depuis la rue, comme si l’on souhaitait que les personnes qui ont affaire à cet espace ne circulent pas dans le reste de la maison. Il peut s’agir d’un long couloir situé sur un des côtés de la maison, totalement coupé du reste de la maison. C’est le cas du couloir aménagé entre les maisons VI et VII. Lorsque la maison est trop petite pour la création d’un tel couloir d’accès, comme pour la maison VIII, on passe par l’entrée et l’espace contenant l’escalier pour l’atteindre. Les maisons II, III et VI présentent aussi cet accès ou couloir direct menant à l’espace arrière. Cette circulation isole ce dernier du reste de la maison, sans doute occupé par des espaces plus privés tels la salle de réception/salle à manger, les chambres/bureaux. Cet isolement n’est pas surprenant étant donné que cet espace arrière était le plus souvent destiné aux activités culinaires. L’existence d’un étage est soulevée par la présence d’un escalier attestée dans toutes les maisons du quartier. Les maisons VII et VIII ne dérogent pas à cette règle avec les escaliers ST1 et ST31 identifiés comme des escaliers à noyau. L’emplacement de cet escalier est assez variable selon les maisons : dans la pièce d’entrée, que ce soit à côté ou en face de la porte d’entrée (maisons I, V, VII, et peut-être VI), au fond de la maison (maisons II, III, VIII, et peut-être IV). L’épaisseur des murs et la profondeur des fondations semblent suffisantes pour supporter un étage. Mais l’escalier pouvait ne mener qu’à une simple terrasse. Aucun vestige archéologique que nous pourrions associer à une terrasse ou à un étage ne nous permet d’identifier leurs éventuels aménagements. Dans certaines maisons modernes en Égypte, la terrasse aménagée sur le toit constitue un espace de vie supplémentaire. Lors de la saison chaude, il est souvent préférable de dormir à l’air libre plutôt qu’entre les murs de la maison. L’architecture domestique égyptienne ancienne fournit divers exemples où l’étage d’une maison, ou sa terrasse, peut être utilisé pour maintes activités et aménagé de diverses manières178. Ainsi, l’architecture de ces maisons présente moult similitudes mais aussi distinctions les unes par rapport aux autres, dans leur plan et matériaux de construction. Toutefois, il nous semble qu’il existe des différences plus appuyées entre les trois premières maisons au

178

Voir notamment les exemples d’habitats à Amarna : KEMP 1987, p. 25-27, fig. 2 ; SPENCE 2004.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

nord (surtout les deux premières) et les suivantes. Les modules des briques employées sont plus gros. Elles occupent une surface plus grande. Elles présentent des vestiges de colonnes, contrairement aux autres179. Les chambranles des portes d’entrée des premières maisons portent une inscription donnant le nom et les titres du prêtre ayant vécu dans ces maisons. Les autres maisons ne semblaient pas présenter de tels chambranles inscrits. Les maisons IV, V et VI sont plus proches de nos maisons VII et VIII. Ainsi que nous le montrerons dans la synthèse de cette étude, divers postulats pourraient expliquer ces divergences avec les premières maisons. 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites Ce quartier des prêtres possède des parallèles assez nombreux d’un point de vue architectural, tant dans l’architecture ancienne (maisons de prêtres ou de divers officiels, maisons d’ouvriers…) que dans l’architecture domestique actuelle180. Sans établir de liste exhaustive, nous avons sélectionné divers exemples en privilégiant les sites thébains et les cas d’architecture en briques crues mis au jour au sein ou dans l’entourage de lieux de culte. La plupart ont été identifiés, au moins en hypothèse, comme des maisons destinées au personnel sacerdotal. Même si certains exemples sont largement antérieurs au quartier des prêtres de Karnak, l’intérêt est de mettre en exergue certaines particularités de l’architecture ou encore de l’organisation générale des secteurs résidentiels dévolus aux desservants du culte. Le rapprochement avec l’architecture mitoyenne, pour certains de ses aspects, nous permettra également de voir dans le quartier des prêtres un programme d’architecture officielle. Pour faciliter la comparaison, nous avons reproduit plusieurs plans à la même échelle que celui des maisons I, II, VII et VIII (fig. 149a-b)181.

179

180

181

La cour/pièce d’entrée de la maison I est munie d’une colonne. On en compte deux dans la pièce située à l’est de la cour, pour la maison II. Le bâtiment situé sous la maison III, donc antérieur à celle-ci, était aussi muni de deux bases de colonnes, de taille sensiblement supérieure ; mais rien n’indique qu’un tel arrangement s’est perpétué à la phase du quartier des prêtres pour cette maison. La comparaison avec l’architecture actuelle égyptienne a déjà été soulignée par P. Anus et R. Sa’ad. Il s’agit des maisons dont le plan est le plus assuré alors que le plan des maisons III à VI présente divers problèmes d’interprétation.

125

Exemples d’architecture en briques crues postérieurs au Nouvel Empire à Karnak Karnak, tout d’abord, fournit quelques pendants intéressants avec des bâtiments datés de la Basse Époque. Mais la comparaison se limite au type de construction et de mise en œuvre. L’architecture des dernières maisons des prêtres (à partir de la maison IV) rappelle d’assez près celle de bâtiments dégagés dans le secteur nord-ouest du temple de Karnak, bâtiments qui ont été ravagés par un incendie à l’époque saïte182 (fig. 149c). Les modules des briques, l’épaisseur et l’appareil des murs sont identiques. Ces bâtiments sont accolés les uns aux autres sans mur mitoyen. La taille même du bâtiment principal (environ 11,7 × 7 m) se rapproche de la taille moyenne des maisons des prêtres183. Les chambranles des portes sont aussi en pierre et anépigraphes. Cependant les fondations de ces bâtiments sont plus importantes et l’économie intérieure n’a rien à voir. Nous n’avons pas à faire à un habitat mais plutôt à des magasins, des lieux de stockage184. Ces points communs avaient déjà été observés185. La révision de la datation du quartier des prêtres de la phase 13 rend ce parallèle encore plus pertinent. C. Defernez, dans un article sur la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak, a comparé l’architecture du quartier des prêtres avec un grand bâtiment en briques crues surplombant la chapelle186. Ce bâtiment, qui semble avoir fonctionné tout au long de la Basse Époque, évoque en effet un type de construction proche. Les encadrements de porte en pierre suggérant un caractère officiel ou administratif, l’appareillage des murs et les modules des briques, et, la présence d’un escalier à noyau central, aménagé dans l’angle d’une pièce187, sont autant d’éléments similaires entre ce bâtiment et les maisons des prêtres. Cependant, comme pour les édifices incendiés susmentionnés, l’agencement des pièces diffèrent largement : les maisons des prêtres ne présentent pas le « caractère cellulaire » de ces édifices pour lesquels la fonction de magasin

182

183 184 185 186 187

Sur ce bâtiment : BÉOUT, GABOLDE, GRATALOUP, JAUBERT 1993 ; LECLÈRE, MARCHAND 1995. BÉOUT, GABOLDE, GRATALOUP, JAUBERT 1993, p. 187, fig. 9. Ibid., p. 176. LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 357. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 188. C. Defernez cite plusieurs références à propos de l’escalier, souvent aménagé dans les angles des pièces : ibid., p. 164, note 92.

CHAPITRE I

126 bassin stèle

I

N N

VII

rue

rue

II

VIII

a. Plan restitué des maisons I et II du quartier des prêtres (d’après ANUS, SA’AD 1971, fig. 5)

b. Maisons VII et VIII du quartier des prêtres

1

Maison 8

5

3

N

2

N

4

Aire C Allée nord

c. Structures rubéfiées situées au nord-ouest du sanctuaire d’Amon de Karnak (d’après BÉOUT et al. 1993, fig. 9)

1

Maison 7

5

3 2

4

1

Maison 6

5

3 2

espace arrière

N

entrée pièce principale

vestibule

couloir de séparation avec le palais

Aire B

4

cuisine (?) chambre salle de réception

salle de bain (?)

d. Maisons 6 à 8 dans le quartier des villas ouest à Malkata (d’après KOLTSINDA 2007, fig. 2a)

e. Une des maisons situées à l’arrière du « palais » du Ramesseum (d’après HÖLSCHER 1941, fig. 53)

structure surélevée

N chambre

rue

entrée

pièce principale

cuisine

Légende: porte murée

0

5

10 m

f. Maison du village des artisans à Deir el-Médineh (d’après BRUYÈRE 1939, pl. 15)

Fig. 149. Les maisons I, II, VII et VIII du quartier des prêtres de Karnak comparées à divers exemples d’architecture thébaine

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

a été proposée. Si la technique de construction est proche, l’usage des maisons des prêtres suppose un plan différent. Les recherches menées à l’est du temple de Karnak par D.B. Redford ont mis au jour plusieurs phases architecturales postérieures au Nouvel Empire. Ces dernières apportent de rares éléments de comparaison. La Phase D, dont l’occupation est datée de la fin du VIIe-début du VIe siècle, est caractérisée par des habitats et des ateliers188. L’usage de briques crues sableuses en fondation est une des particularités architecturales de cette phase189. Cette technique a également été utilisée pour les fondations des maisons des prêtres. La phase suivante (Phase C), de type résidentiel et attribuée aux XXVIe-XXVIIe dynasties, ne fournit pas vraiment de parallèles aux maisons des prêtres190 : les bâtiments possèdent des fondations puissantes, permettant probablement de soutenir plusieurs étages, et ils présentent une structure compartimentée en cellules rectangulaires qui rappellent plutôt l’architecture des bâtiments rubéfiés découverts à Karnak191. Il faut quitter Karnak pour trouver des parallèles à l’économie intérieure des maisons des prêtres et/ou à leur organisation si particulière au sein du sanctuaire192. Nous commencerons par divers exemples de la rive ouest de Thèbes et d’Amarna datés du Nouvel Empire ou d’une période postérieure, pour terminer par quelques cas de « maisons de prêtres » remontant au Moyen et à l’Ancien Empire. Par ces exemples, nous tenterons de montrer dans quelle mesure les maisons des prêtres de Karnak s’inscrivent dans une tradition architecturale ancienne et de définir ses particularités. Les « villas ouest » dans le palais d’Amenhotep III à Malkata La « cité-palais » qu’Amenhotep III construit à Malkata, dans la zone désertique situé au sud de Médinet Habou, représente un exemple exceptionnel d’urbanisme. En plus d’un temple dédié à Amon, il inclut dans son enceinte toute sorte d’architecture domestique 188 189 190 191 192

REDFORD et al. 1991, p. 75. Ibid., p. 77. Ibid., p. 77-80, fig. 5 et 7. REDFORD 1981a, p. 16 ; REDFORD et al. 1991, p. 75 note 3. Le cas des maisons du domaine d’Aton à Karnak-Est, connues par l’iconographie et non des vestiges, est débattu dans la synthèse : infra, Chapitre IV, § 1.3.1.2. Des maisons de service.

127

en briques crues : des palais, des villas associées à de plus modestes maisons et un village qui aurait servi d’aire résidentielle de support pour le palais193. L’ensemble appelé « villas ouest », tout à l’ouest de Malkata, constitue un intéressant parallèle au quartier des prêtres194. L’aire des « villas ouest » couvre une surface de 123 sur 62 m. Elle est entourée d’une enceinte propre195 et son accès principal se situe au sud. Le plan de l’ensemble est assez rigide. Il a été conçu selon une grille orthogonale, avec des rues étroites se coupant à angle droit. Les maisons, dont la construction suit l’axe donné par l’enceinte, se divisent en deux grands types. Les villas situées à l’est du secteur sont des plus spacieuses et de forme carrée. Elles présentent un plan analogue aux grandes villas amarniennes, fort différentes des maisons de Karnak. Les neuf maisons situées à l’ouest de ce secteur sont toutes de plan tripartite et réparties par groupe de trois de part et d’autre de ruelles (fig. 149d). Elles ont une surface de presque 100 m2. L’agencement des pièces rappelle l’économie intérieure de certaines maisons du quartier des prêtres. La partie avant de ces neuf maisons est divisée en deux pièces (1 et 2). La partie centrale et principale est une pièce carrée (3). Enfin, l’arrière présente deux pièces (4 et 5), comme à l’avant. Bien que l’état des maisons soit déplorable, on a pu reconnaître qu’une des pièces arrière servait a priori de cuisine et l’autre de chambre196. Les vestiges d’une plate-forme pour un lit sont encore visibles dans la pièce 4 de la maison 6. À Karnak, la cuisine est aménagée à l’extérieur du corps du logis, dans l’espace arrière. Toutefois, la présence d’une ou deux chambres dans les pièces arrière est tout à fait envisageable. La pièce principale des maisons de Malkata devait jouer le rôle de salle de réception ou salle à manger. D’après des notes inédites de Winlock, une salle de bain était aménagée dans une des pièces avant, mais il ne détaille pas plus les installations qui l’ont mené à cette interprétation197. Des bassins en pierre ont été mis au jour dans certaines maisons des prêtres, notamment dans les entrées des maisons I et VIII. S’ils ont pu servir pour la toilette, ils pouvaient aussi être associés à des rites de purification

193 194

195 196 197

Pour un plan général de Malkata : KEMP 2006, fig. 101. Sur l’habitat à Malkata et particulièrement les villas ouest : KOLTSIDA 2007. Ibid., fig. 1b. Ibid., p. 1013. Ibid., p. 1015.

128

CHAPITRE I

avant d’entrer plus avant dans la maison198. L’espace donnant sur la porte d’entrée à Malkata aurait pu être interprétée comme une cour. Néanmoins, chaque groupe de trois maisons est dotée de deux larges cours sur le côté (aires B et C). Aucune de ces maisons ne possèdent d’escaliers. Comme ces maisons sont assez grandes et qu’elles ont de grandes cours sur le côté pour les activités en plein air, elles n’avaient sans doute pas besoin d’espace de vie supplémentaire. La situation est différente à Karnak où la surface disponible pour les maisons semblait limitée et où il fallait tenir compte de structures antérieures. Aussi la présence d’un étage ou d’une terrasse aménagée était sans doute nécessaire. Il est difficile de savoir qui occupaient ces maisons à Malkata et si celles-ci étaient occupées de manière permanente ou bien si elles n’ont été occupées que lors des jubilés royaux d’Amenhotep III. Selon A. Koltsida199, les maisons tripartites étaient occupées de manière permanente et probablement par des ouvriers et artisans d’un certain statut, employés par le palais. Ils devaient s’occuper de la maintenance de la cité. Les grandes villas, elles, auraient été occupées, peut-être de manière temporaire, par des officiels de haut rang. Les maisons attenantes au palais dans le Ramesseum Au sud-est du Ramesseum, se trouve le palais où résidait peut-être Ramsès II lors de sa venue sur le site. Une rangée de quatre demeures, côte à côte, a été aménagée à l’arrière du palais. La résidence la plus à l’ouest a été complètement dégagée par U. Hölscher (fig. 149e)200. Ce groupe de maisons est desservi par une entrée à l’ouest, différente des entrées du palais. Un couloir sépare les maisons du gros mur encerclant le palais. Il est intéressant de noter que ces maisons ne sont pas directement accessibles depuis la circulation séparant ce groupe de maisons au palais. Les résidents devaient emprunter d’abord un étroit passage. Chaque maison a son propre passage, ce qui permet d’une part de préserver l’intimité du résident, mais aussi sans doute de créer une barrière supplémentaire entre l’espace sacré du temple et l’espace plus profane de l’habitation. Ce passage mène également directement à un étroit couloir ménagé entre l’arrière des maisons et l’enceinte du

temenos. Ce détail n’est pas sans rappeler l’espace arrière entre le rempart et les maisons des prêtres à Karnak. En l’absence de description de vestige ou de matériel mis au jour dans l’espace arrière des maisons du Ramesseum, on ne peut connaître son usage : simple circulation secondaire, cuisine, espace de stockage, ou autre. Le plan semble uniforme d’une maison à l’autre et se rapproche de certaines maisons de Karnak. Un long vestibule d’entrée, auquel on accède par une porte située sur le côté, mène à une pièce rectangulaire et une salle centrale et principale de forme carrée. La salle centrale donne accès à deux petites pièces contiguës à l’arrière et une dernière pièce rectangulaire sur le côté. Ces maisons devaient être indépendantes et privées, même si elles appartenaient au complexe palatial. Elles ont dû être occupées par quelques officiels201. Le village des artisans à Deir el-Médineh Le village des artisans de Deir el-Médineh, fondé au début de la XVIIIe dynastie, est agrandi et réorganisé sans doute dès le règne d’Horemheb, avant d’être abandonné à la fin du Nouvel Empire202. Il est entouré d’une haute enceinte203. Les maisons, mitoyennes, se répartissent de part et d’autre d’une rue centrale et s’adossent directement à l’enceinte. Elles sont construites en briques crues sur des fondations de pierre. Leur plan étiré en longueur présente quelques similarités avec celui des maisons des prêtres. Les maisons des artisans comprennent trois à quatre pièces en général (fig. 149f). Même si l’agencement interne varie plus ou moins d’une maison à l’autre, on observe certaines constantes. La porte d’entrée donnant sur la rue centrale, s’ouvre sur une pièce dotée d’une structure surélevée à la fonction rituelle. Cet aménagement cultuel trouve un écho, sans doute lointain, dans les installations mises au jour dans les entrées des maisons I et VIII de Karnak204. De là, on passe dans la pièce principale de la maison, appelée la « salle du divan »205. Son plafond, surélevé vis-à-vis du reste de la maison, est soutenu par une à deux colonnes. Cette hauteur dégagée permet d’aménager quelques petites ouvertures pour laisser passer la 201 202

198

199 200

Sur le rôle rituel des installations sanitaires dans l’habitat pharaonique : GRÄZER 2009. Voir aussi : infra, Chapitre IV, § 1.3.3.1. Pratiques rituelles. KOLTSIDA 2007, p. 1020-1021. HÖLSCHER 1941, p. 77-79, fig. 52-53.

203 204

205

Ibid., p. 78. BRUYERE 1939 ; BONNET, VALBELLE 1975 ; BONNET, VALBELLE 1976. BRUYERE 1939, pl. 15. Infra, Chapitre IV, § 1.3.3.1. Aménagements d’ordre cultuel au sein des maisons. BRUYERE 1939, p. 69.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

lumière. La « salle du divan » s’apparente quelque peu avec la seconde pièce de la maison II du quartier des prêtres. L’arrière de la maison était occupé par une ou deux pièces dont une chambre probablement. La cuisine, installée à l’arrière, est équipée d’un four. Un escalier permettait de rejoindre une terrasse aménagée. Malgré sa longue occupation et pas moins de douze phases d’aménagement repérées pour ce village206, les niveaux des maisons et de la rue centrale les desservant n’ont pas beaucoup augmenté après sa réorganisation vers la fin de la XVIIIe-début de la XIXe dynastie. Cela laisse présager un nettoyage régulier des détritus qui généralement envahissent la rue207. Nous rencontrons un phénomène similaire dans le quartier des prêtres, mais il concerne avant tout la rue (les maisons, elles, étant laissées à l’abandon et transformées parfois en dépotoir). Les modifications, mineures et majeures, apportées au plan initial des maisons des ouvriers sont fort nombreuses, compliquant la compréhension de l’évolution du village dans son ensemble. Aussi, pour C. Bonnet et D. Valbelle, « plutôt que de penser à un système d’urbanisation bien défini, il est préférable de considérer qu’une identité de besoins présidait à la conception de ces habitations »208. S’il est vrai que les aménagements secondaires sont multiples dans le quartier des prêtres, rien qu’au cours de la grande phase 13, on ne peut néanmoins nier qu’une certaine cohérence dans le plan et l’organisation générale du quartier étaient respectées. Le « quartier des prêtres » dans le château de millions d’années de Thoutmosis III Le château de millions d’années de Thoutmosis III à Thèbes aurait été détruit par Akhénaton et après le retour à l’ancien culte, M.G. Daressy suppose que les descendants des prêtres attachés au culte de Thoutmosis III, auraient élevé des maisons dans l’enclos sacré (fig. 150)209. Toutefois, aucun indice direct prouvant qu’elles ont servi au logement des prêtres n’est donné par l’auteur. M.G. Daressy réalisa un plan des maisons dégagées en 1888 et 1889 par M. Grébaut dont il reste peu aujourd’hui210. Le plan indique une organisation relativement proche de celle du quartier

206 207 208 209 210

BONNET, VALBELLE 1975, p. 442. BADAWY 1968, p. 63. BONNET, VALBELLE 1975, p. 443. DARESSY 1926, p. 15. Ibid., p. 13-16 ; SECO ÁLVAREZ 2017, p. 582.

129

des prêtres de Karnak : ces maisons mitoyennes, en briques crues, ont été élevées perpendiculairement à l’enceinte du temenos et s’adossent contre elle211. Les bâtiments situés aux extrémités de l’ensemble sont plus spacieux et ont un plan plus complexe que les autres édifices, suggérant une fonction distincte d’un habitat. Par comparaison avec Médinet Habou dont nous détaillerons le cas ci-dessous, il est tentant d’y voir des bâtiments administratifs. Le reste est occupé par des bâtiments peu larges, étirés en longueur comme les maisons des prêtres de Karnak. L’agencement interne varie plus ou moins d’un bâtiment à l’autre, même s’il est difficile d’en juger avec certitude au vu de leur état de conservation. Les deux petites pièces arrière représentent un élément assez commun de leur plan, peut-être des chambres ou des bureaux. Comme pour les maisons de prêtres à Karnak, les circulations internes, de même que les limites entre les différentes unités, ont fluctué au cours de l’occupation de ce quartier, ainsi qu’en témoignent les divers bouchages de porte mis au jour. Exemples d’architecture domestique à Médinet Habou Médinet Habou a accueilli de nombreux habitats au sein du sanctuaire ou à ses abords. Ce site offre plusieurs éléments de comparaison au quartier des prêtres de Karnak. Deux rangées de maisons mitoyennes ont été aménagées, dès le règne de Ramsès III, entre les deux enceintes du temenos212 (fig. 151a). Une étroite allée d’1,60m les séparait. Celles de la rangée la plus proche du sanctuaire mesuraient chacune environ 16,5 m de large et 6,2 m de profondeur213. Elles étaient au nombre de six depuis 211 212

213

DARESSY 1926, p. 14. Pour U. Hölscher, ces maisons n’ont été entourées d’une enceinte que dans un deuxième temps. « Le plan original du complexe de Ramsès III contenait seulement les bâtiments encerclés par le mur intérieur. Les habitations des prêtres, serviteurs et ouvriers, tout comme les jardins, les étables et autres bâtiments de « ferme » devaient se trouver à l’extérieur, dans un espace à part. Lorsque, dans la deuxième moitié de son règne, Ramsès construit la grande enceinte avec la porte fortifiée, il a pu insérer tous ces bâtiments de service et l’administration dans cette ceinture protectrice » : HÖLSCHER 1931, p. 60-61. Mais selon B. Kemp, le temple de millions d’années de Ramsès III était entouré de deux grandes enceintes concentriques dès sa phase initiale : KEMP 2006, p. 351 et fig. 122. HÖLSCHER 1951, fig. 15 et p. 14-15.

CHAPITRE I

130

bâtiment administratif (?)

bâtiment administratif (?)

Légende: porte murée

seuils en pierre

0

5

10 m

Fig. 150. « Quartier des prêtres » dans l’enceinte du temple de millions d’années de Thoutmosis III – Époque post-amarnienne (d’après DARESSY 1926, p. 14)

131

A'

A

Enceinte interne

E Rue

E'

B

Allée

Pomoerium

Grande enceinte

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

C D'

N

D

a. Maisons situées entre les deux enceintes du temple de Médinet Habou construites dès le règne de Ramsès III (d’après HÖLSCHER 1951, fig. 15) I

II

dais

dais

dais

Rue

N

N

Maisons mitoyennes I et II des carrées G12-G13

Maison du carré F6

b. Maisons remontant aux XXIIe-XXIVe dynasties (d’après HÖLSCHER 1954, fig. 4-5) N Ib

Ia

II III

IV

c. Maisons des carrés G-H 13, datées des XXVe-XXVIe dynasties (d’après HÖLSCHER 1954, fig. 19) 0 Fig. 151. Comparaison avec divers habitats de Médinet Habou

5

10 m

132

CHAPITRE I

l’angle est de l’enceinte interne. La taille des maisons et certains détails architecturaux très soignés suggèrent à U. Hölscher que ces maisons étaient destinées à des employés ou des officiels d’un certain rang214. Il ne s’agissait pas forcément du personnel cultuel le plus élevé. En effet, d’après B. Kemp, vers la fin de la XXe et début de la XXIe dynastie, les prêtres importants auraient résidé dans le palais royal lui-même, transformé à cette fin215. L’agencement des espaces se distingue de celui de nos maisons des prêtres, notamment parce que ces maisons mitoyennes s’étirent dans la largeur et non en profondeur comme à Karnak. Cet agencement particulier s’explique par l’espace relativement restreint disponible entre les deux enceintes pour construire les deux rangées de bâtiments et aménager les circulations les desservant, soit 22 m216. L’entrée, située presqu’au centre de la façade nord, donnait sur une rue orientée est-ouest longeant l’enceinte interne. Elle s’ouvrait sur une petite cour (A) et un hall (A’), séparés par deux colonnes et des dalles en pierre posées sur la tranche. Les espaces de vie étaient accessibles sur un des côtés de la cour. Ils consistaient en une première pièce étroite (B), puis une grande pièce qui faisait sans doute office de salle de réception ou salle à manger (C), et enfin deux petites pièces adjacentes dans le fond (D et D’). Cette première succession de pièces fait écho à l’organisation de la plupart des maisons de Karnak. Les pièces situées de l’autre côté de la cour sont composées d’une pièce presque carrée (E), qui aurait pu servir d’atelier ou d’étable selon U. Hölscher. Cette pièce donnait sur le côté et à l’arrière, sur deux pièces étroites. Celle située tout au fond de la maison abritait un escalier. La deuxième volée de marches tournait au-dessus de la seconde pièce étroite (E’). Au vu des fondations assez profondes, l’escalier devait mener au moins à une terrasse habitable. Le toit devait être plat et non voûté. Aucune porte n’a été mise au jour à l’arrière des maisons. Aussi elles ne peuvent être associées avec l’étroite allée centrale et la seconde rangée de bâtiments, plus proche de la grande enceinte. Cette seconde rangée compte huit maisons de plan cellulaire. La plupart des pièces était voûtée et supportait un étage. U. Hölscher suggérait que ces bâtiments

Les maisons datant de la TPI et de la Basse Époque, situées à l’intérieur de l’enceinte du Temple de Ramsès III ou encore dans la périphérie du temenos, constituent aussi un parallèle appréciable aux maisons des prêtres de Karnak219. L’économie intérieure d’édifices datant des XXIIeXXIVe dynasties se rapproche de nos maisons I et II. Nous reproduisons seulement le plan de la maison située dans le carré F6 et de deux maisons mitoyennes similaires situées dans les carrées G12-G13 (fig. 151b)220. La maison du carré F6 représente le plan de base tandis que les maisons I et II dans les carrées G12-G13 présente un plan plus développé. Les deux dernières maisons sont connectées par une porte, qui n’était sans doute pas présente originellement. Leur plan se répartit en général ainsi : une antichambre, avec ou sans colonnes ; une pièce centrale présentant deux colonnes et un dais ; sur le côté, un escalier conduisant à une terrasse ou à un étage ; une petite pièce sous l’escalier ; deux petites pièces ou placards contigus à l’arrière de la pièce centrale. L’organisation générale de ce quartier résidentiel semble arbitraire, ne suivre aucun plan préétabli, au contraire des rangées de maisons mitoyennes susmentionnées et du quartier des prêtres de Karnak. Les ruelles et allées étroites qui les desservent sont enchevêtrées, avec parfois quelques marches chevauchant des amas de dépotoir. La mise en œuvre est aussi plutôt médiocre et remploie des éléments en pierre provenant de bâtisses plus anciennes. Ces maisons n’étaient

214

217

215

216

Ibid., p. 15. Il s’agit d’une nouvelle interprétation de cette phase, antérieurement datée du règne de Ramsès III tout comme la première phase. La présence de noms de grands prêtres tels Ramsèsnakht et Pinedjem I sur des éléments architecturaux de la phase II du palais invitait à cette conclusion : KEMP 2006, p. 351, note 17. UPHILL 1972, p. 727-728 ; UPHILL 2001, p. 44-46.

servaient peut-être de baraques pour des soldats ou de simples serviteurs217. Leur fonction d’habitat, du moins dans leur dernière occupation, semble confortée par le matériel et les installations découverts lors de leur fouille. Ce deuxième type de bâtiments est très éloigné des maisons de la première rangée et de celles de Karnak. Les rangées se terminaient à l’est, de chaque côté, par un bâtiment plus grand et à l’économie intérieure fort différente218. Les deux édifices ont été interprétés comme des bâtiments administratifs, une identification que nous avons reprise en hypothèse pour les bâtiments situés aux extrémités du « quartier des prêtres » dans le temple de Thoutmosis III.

218 219 220

HÖLSCHER 1951, p. 16. Hypothèse reprise par E. Uphill : UPHILL 1972, p. 728. HÖLSCHER 1951, p. 16, fig. 17. HÖLSCHER 1954, p. 5-7 et 14-16. Maison dans le carré F6 : ibid., p. 6-7, fig. 4, pl. 9-10. Deux maisons similaires, mitoyennes, dans les carrés G12-G13 : ibid., fig. 5.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

pas construites pour durer, aussi elles étaient régulièrement remplacées ou en partie reconstruite selon les besoins et l’espace disponible. Un groupe de maisons élevées à la périphérie du temple au cours des XXVe-XXVIe dynasties présente aussi quelques similarités (fig. 151c)221. Il se compose d’une série de maisons mitoyennes, construites perpendiculairement vis-à-vis de l’enceinte. Elles sont de plan tripartite, peu larges et profondes, et toutes munies d’un escalier. Elles partagent en général la même économie intérieure alors que les maisons de Karnak présentent toutes une économie intérieure différenciée. Néanmoins ce groupe de maisons s’en rapproche de par l’organisation générale du quartier et le plan de certaines maisons. Cas d’architecture mitoyenne à Amarna Sans donner l’impression d’un plan conçu de manière totalement artificielle, stricte et uniforme, le quartier des prêtres de Karnak n’est pas non plus le résultat d’un développement organique. Or, le plan régulier et standardisé de maisons situées dans l’enceinte des temples est généralement considéré comme un élément caractéristique des maisons du personnel du temple222. Ces habitations en série utilisent souvent l’architecture des maisons mitoyennes223. C’est le cas par exemple des maisons des prêtres associées au Petit Temple d’Aton à Amarna (fig. 152a)224. Elles se situent dans la seconde cour du Temple, au sud-ouest du temenos. Ces trois maisons, très similaires en plan, sont petites. Elles font environ 45 m2 de surface chacune, sans compter l’avantcorps venant protéger l’intimité des résidents et créant une barrière avec l’espace sacré du temple. De plan tripartite, elles sont constituées d’un vestibule d’entrée donnant sur une pièce principale (salle de réception ?) ouvrant sur deux petites pièces à l’arrière (chambres ?). Les maisons sont équipées de dais en briques crues et de « dalles de lustration ». Des traces d’un escalier ont été repérées dans chaque maison, aussi peut-on restituer une terrasse aménagée, voire un étage225. À Karnak, les maisons ne sont pas mitoyennes, mais elles sont toutes accolées les unes aux autres et répondent à d’autres critères qui régissent souvent l’architecture des maisons

221 222 223 224 225

Ibid., p. 14, fig. 19. BADAWY 1953, p. 13. Ibid., p. 2. PENDLEBURY 1951, vol. II, pl. VII-VIII. Ibid., vol. I, p. 100.

133

mitoyennes226. C’est une architecture fonctionnelle et économique que l’on observe dans maints programmes architecturaux officiels. Toujours à Amarna, c’est ce type d’architecture qui est utilisé dans le « village central » (fig. 152b), et dans le village des ouvriers de la nécropole (fig. 152c)227. Le « village central » occupait l’espace situé à l’est du petit temple d’Aton, dans le centre-ville. Aucune enceinte ne le délimite. Il s’agit d’un bloc de huit rangées de bâtiments contigus, construits dos à dos228. Il y en avait peut-être 150 à l’origine, desservis par six ruelles orientées est-ouest. Leur plan est uniforme. Les bâtiments varient en largeur mais pas en profondeur. Des escaliers menaient à une terrasse ou à un étage. Au départ, ce secteur a été interprété comme le quartier résidentiel des employés de bureaux (Clerks houses). Mais, l’absence de fours et autres éléments pratiques pour la vie quotidienne fait penser qu’il s’agit plus de bureaux que de véritables maisons. La comparaison avec le village des ouvriers d’Amarna229 apporte des éléments d’interprétation intéressants pour le quartier de prêtres. Il se situe dans le désert, à environ 1 km à l’extrémité est de la capitale et à proximité de la nécropole sud. Ce village, appelé également le village Est, constitue donc un habitat isolé. Le village n’a été habité que trente ans environ. Du fait de cette courte période d’occupation, on considère souvent qu’il n’a pas connu de changements architecturaux trop importants ni nombreux. Dans son stade final, le village était inscrit dans un carré délimité par un mur de 69 m de côté. Tout comme le village des ouvriers à Deir el-Médineh, il était entouré d’un mur d’enceinte percé d’une seule porte. Mais à la différence de l’exemple thébain, le village des artisans d’Amarna a été conçu sur un plan urbanistique bien déterminé, selon une grille stricte. Il enferme un habitat de plan uniforme comprenant 72 maisons partageant le même plan tripartite. Les maisons, construites côte à côte, sont disposées sur plusieurs rangées. Elles sont desservies par des rues parallèles d’un mètre de large, orientées nord-sud et se coupant à angle droit.

226 227 228 229

Sur ces critères : BADAWY 1953, p. 5-7. BADAWY 1968, p. 152. Ibid., fig. 74. Sur le village des ouvriers à Amarna : PEET, WOOLLEY 1923, chapters III-IV. KEMP 1987, p. 21-50.

Ruelle

N N

36

b. Maison 36 dans le « village central » à Amarna (d’après BADAWY 1968, fig. 74)

a. Maisons des prêtres dans le Petit Temple d’Aton à Amarna (d’après PENDLEBURY 1951, pl. VIII)

Long Wall Street

West Street

N 22

c. Maison West Street 22 dans le village des ouvriers d’Amarna (d’après PEET, WOOLLEY 1923, pl. XVI et SPENCE 2004, fig. 6) N

6

N

Circulation 2

Circulation 1

5

g f a

4

b

j d c

e

Circulation 3

i

h

f. Maison A associée à la pyramide de Khentkaoues à Gizeh (d’après HASSAN 1943, fig. 1)

3

N d. Maisons de prêtre (?) dans le temple de Médamoud (d’après ROBICHON, VARILLE 1939, fig. 2)

Avenue

C

B

N

A

g. Maison de prêtre associée à la pyramide d’Amenemhat III à Dahchour (d’après ARNOLD 1987, pl. 36)

e. Bloc ouest dans le temple de Sésostris III à Abydos (d’après WEGNER 2000, fig. 6)

0

Fig. 152. Divers exemples d’architecture mitoyenne (surtout de maisons de prêtres)

5

10 m

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

135

Ces maisons ont des proportions standardisées : chaque maison occupe un terrain de 5 m sur 10 m. Elles comprennent quatre pièces au confort spartiate, consistant en une cour d’entrée ou un hall d’entrée, une salle à manger, une chambre et une cuisine. Les salles à manger sont des espaces plus ou moins carrés, avec un poteau ou une colonne centrale pour supporter le toit. Les résidents y partageaient leurs repas. Une banquette en briques occupait un ou deux côtés de la pièce. Elle était couverte de nattes et était utilisée comme divan. De tels aménagements n’ont pas été mis au jour dans les maisons des prêtres. La section arrière des maisons des ouvriers était divisée en deux petites pièces. Dans une des pièces arrière, on trouve parfois des murs bas permettant probablement de supporter un lit : la pièce a dès lors été identifiée comme une chambre. La cuisine, à peu près de la même taille que la chambre, était adjacente à celle-ci. Les cuisines contenaient assez souvent un foyer ouvert et un four cylindrique pour le pain. Il semble que les résidents n’ont arrangé les espaces et les installations à leur convenance que dans une petite mesure. Si la capitale d’Amarna avait survécu plus longtemps, on aurait probablement trouvé plus de diversité dans l’organisation spatiale du village des ouvriers. Les maisons sont généralement dotées d’un escalier placé soit dans la cuisine soit dans la pièce d’entrée. Divers indices suggèrent qu’il menait à un étage aménagé sur une bonne partie de la surface de la demeure ; le reste de la surface était occupé par une terrasse aménagée, notamment pour des activités culinaires en plein air230. La base des escaliers était construite en briques crues et au-delà, les marches étaient posées sur des poteaux fixés dans les murs de côté. Il y avait souvent une armoire aménagée sous l’escalier. Ce trait, que l’on retrouve dans la maison I du quartier des prêtres, indique qu’aucune place n’était négligée. K. Spence considère ces escaliers, et les espaces de vie auxquels ils menaient, comme des ajouts ultérieurs au plan initial conçu par l’état231. Elle base son interprétation notamment sur les variations dans la position de l’escalier. Pourrait-on supposer qu’il en était de même dans le quartier des prêtres ? Non seulement, la position des escaliers varie dans les maisons des prêtres, mais ils sont en plus de plan disparate et utilisent des matériaux de construction divers232. La maison VII fournit un indice supplémentaire : un feuilleté de niveaux de sol, SOL11, est coupé

par la tranchée de fondation de l’escalier de la maison VII, alors que SOL11 recouvre par ailleurs les fondations des murs de cette maison233. Certes, le quartier des prêtres dès le début de la phase 13 ne présente pas un plan totalement uniforme et standardisé. Aussi les variations dans la position et la mise en œuvre des escaliers dans les maisons des prêtres ressortent-elles moins que dans le cas du village des ouvriers d’Amarna. Des fenêtres étaient généralement aménagées haut dans les murs du hall d’entrée et de la chambre. Une claire-voie était aménagée pour la salle à manger. D’après les restes de toitures mis au jour, on sait que la couverture du toit consistait en poutres de bois avec des branches en travers. Ils étaient couverts d’une couche de mouna et de brindilles. Parfois des nattes et des broussailles remplaçaient ce type de couverture. À Karnak les murs ne sont pas conservés suffisamment hauts pour restituer les ouvertures et rares étaient les vestiges de couverture234. On peut néanmoins supposer une mise en œuvre similaire aux maisons des ouvriers.

230

233

231 232

SPENCE 2004, p. 125, p. 137-139. Ibid., p. 138-139. Les maisons V et VI possèdent des structures d’escalier en pierre et non en briques crues comme dans les autres maisons.

Le « village central » et le village des ouvriers, de même que les maisons des prêtres dans le sanctuaire d’Aton, appartiennent aux rares parties réellement préconçues, c’est-à-dire caractérisées par une planification stricte, à Amarna. Les aires résidentielles de la capitale ne suivent en effet pas de grille stricte. Le quartier des prêtres de Karnak ne s’est pas installé sur un terrain vierge de toute construction. Aussi le plan n’est-il pas aussi régulier que dans le cas des maisons mitoyennes d’Amarna. À partir de la maison IV, il devait se caler dans l’espace de plus en plus restreint entre le rempart et le grand mur ouest M53. La diversité de l’agencement des pièces d’une maison à l’autre est également une caractéristique du quartier des prêtres de Karnak qui l’éloigne de la plupart des cas d’architecture mitoyenne que nous avons présentés jusqu’ici. Ainsi que le démontre l’exemple d’Amarna, l’architecture mitoyenne était utilisée à des fins très diverses et pouvait être associée à des personnes aux statuts et fonctions fort différents. L’emplacement des maisons/ bâtiments mitoyens ainsi que l’étude du matériel et de l’équipement trouvés en leur sein ou leurs abords permettent d’identifier leurs occupants, ou du moins d’avancer une hypothèse sur leur identité.

234

Supra, Chapitre I, § 3.1.1.3. Études des fondations de la maison VII. Cf. les poutres en Acacia tombés sur le sol incendié de la réserve de la maison VII : infra, Chapitre II, § 1.4.2. Bois travaillé.

136

CHAPITRE I

« Maisons de prêtres » du Moyen Empire à Médamoud et Abydos Selon C. Robichon et A. Varille, le site de Médamoud, situé à 5 km au nord-est de Karnak, aurait livré également des vestiges de maisons de prêtres. Le temple de Médamoud au Moyen Empire englobait en son enceinte, au sud, diverses dépendances identifiées comme des « magasins, greniers, étables et habitations »235. Six édifices ont été considérés comme des maisons de prêtres236. Ils étaient répartis sur deux rangées : deux édifices mitoyens (édifices 1 et 2) adjacents à une série de magasins ; quatre autres tout au sud (édifices 3 à 6). Ce sont ces derniers qui sont reproduits ici (fig. 152d). Leur plan étiré en longueur et leur emplacement au sein du temenos sont en effet des caractéristiques que l’on attribue généralement aux maisons de prêtres. Néanmoins l’absence totale de description des équipements et du matériel mis au jour dans ces bâtiments, ajoutée à certains éléments de leur plan, ne permet pas de s’assurer de cette identification. L’organisation de ces édifices, ou unités, au sein du sanctuaire est très claire et leur plan régulier suit une grille stricte. La nature officielle de la planification du sanctuaire est ici bien soulignée, sans doute autant pour des raisons d’esthétique architecturale que pour des raisons de rapidité et d’économie dans la construction. Les édifices 1 et 2 proches de la série de magasins, à l’écart des quatre autres, mesurent environ 18 m sur 6,5 m. Ils s’ouvrent au nord sur une allée qui dessert les magasins. Il n’y a aucun accès direct avec les édifices 3 à 6. Les édifices 1 et 2 possèdent le même plan. La porte d’entrée donne sur un large espace, probablement une cour d’entrée au fond de laquelle deux colonnes devaient soutenir un portique ombragé. Une porte, située au sud-ouest, ouvre sur un vestibule rectangulaire doté de deux colonnes. Le vestibule mène à un escalier au sud et un espace rectangulaire à l’est, encore plus étroit que le vestibule. Cet espace donne enfin au sud sur une petite pièce presque carrée, d’à peine 2 m de côté. Si pièces de vie il y avait, elles devaient se situer à l’étage. L’édifice 2, le plus à l’est, partage son mur oriental avec les magasins. Cette non séparation avec les magasins apporte, à notre avis, une restriction quant à l’interprétation des bâtiments comme des maisons de prêtre. Leur plan ne s’apparente pas non plus à un simple habitat. Il pourrait plutôt s’agir de 235 236

ROBICHON, VARILLE 1939, p. 86, fig. 2-3. ROBICHON, VARILLE 1940, p. IX ; ROIK 1988, p. 10, fig. 12.

bâtiments en charge de la gestion des magasins, des bâtiments administratifs. Les édifices 3 à 6 (fig. 152d) forment ensemble un bloc d’un peu plus de 21 m de long. Les édifices 3 et 4 font environ 7 m de large chacun, tandis que les édifices 5 et 6 n’atteignent que 5 m de large. L’allée les desservant au nord était équipée d’un drain en pierre. Les édifices 3 et 4 présentent un plan composé de trois modules presque carrés. Le premier module consiste en une cour d’entrée au fond de laquelle était aménagé un portique soutenu par deux colonnes. Un mur médian sépare le second module en deux pièces rectangulaires étirées en longueur. Le troisième répète le même schéma si ce n’est que la partie orientale du module est divisée en deux petites pièces carrées par un autre mur médian. Il n’y avait pas de vestiges d’escalier. Ce découpage interne, strict et rationnel, est caractéristique de l’architecture du Moyen Empire237. Les édifices 5 et 6 présentent un agencement interne distinct même si le principe du module à mur médian a été de nouveau appliqué. Les deux premiers modules sont en partie combinés dans leur moitié ouest par un long corridor tandis une pièce rectangulaire étirée en longueur occupe chaque moitié est. La première pièce, au nord-est, est dotée d’un escalier. Un mur médian orienté est-ouest divise le troisième module en deux pièces communiquant entre elles et reliées au long corridor. Comme pour les édifices 1 et 2, il est difficile d’assimiler les édifices 5 et 6 à un simple habitat, sauf si des pièces de vie étaient aménagées à l’étage. Le manque d’information relatif aux installations et au mobilier archéologique mis au jour dans tous ces édifices ne permet pas d’identifier avec certitude leur fonction au sein du sanctuaire. B. Kemp suggère que les unités 3 à 6 forment un seul et même édifice. Il l’interprète comme une résidence pour le représentant de l’autorité locale, cumulant peut-être les fonctions de maire de la ville et grand prêtre du temple de Médamoud238. Certes, le plan laissé par C. Robichon et A. Varille est sans doute plus une reconstruction du plan du complexe qu’une représentation exacte des vestiges archéologiques. Néanmoins, par une comparaison avec le temple funéraire de Sésostris III à Abydos239, nous aurions tendance à

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Il existe de nombreux exemples d’architecture au Moyen Empire appliquant le module à mur médian, notamment les forteresses nubiennes de Mirgissa et de Bouhen : VERCOUTTER 1970, fig. 36 ; EMERY 1979, pl. 14. KEMP 2006, p. 133, fig. 46. WEGNER 2000, p. 83-125, part. p. 90-101, fig. 5-6.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

y voir plusieurs bâtiments mitoyens plutôt qu’un seul. Ce complexe, où un culte en l’honneur de Sésostris III était célébré au cours des XIIe et XIIIe dynasties, forme un ensemble contemporain avec celui de Médamoud. Il a livré des habitations (bloc ouest) et des magasins (bloc est) associés à un lieu de culte funéraire. Les habitations du bloc ouest consistaient en trois unités de maisons, les unités A, B et C (fig. 152e). Elles étaient très probablement utilisées par le personnel du temple et l’administration. En effet, la fouille des niveaux de dépotoir associés aux maisons a livré plus de 6500 empreintes de sceaux, parmi lesquels plusieurs exemplaires mentionnent des titres du personnel attaché au temple240. Ces trois unités variaient en plan et en taille, allant de 44 m2 pour l’unité B à 64 m2 pour l’unité A. Un drain en calcaire était aménagé dans l’allée desservant les maisons à l’ouest comme à Médamoud. La présence de foyers et de céramiques culinaires sur les niveaux de sol d’occupation confirme leur statut d’habitations241. J. Wegner cite les édifices de Médamoud en comparaison aux unités du bloc ouest242. Si le statut de maisons de prêtres est assez convaincant dans le cas d’Abydos au vue des découvertes archéologiques, le cas de Médamoud reste à méditer. Les édifices 1 à 6 n’avaient sans doute pas tous le même statut si l’on considère leur agencement interne différencié. Il nous semble que seuls les édifices 3 et 4 peuvent s’apparenter à des maisons. Quant à identifier leurs occupants comme des prêtres, en l’absence de toute mention épigraphique, il s’agit là d’une simple supposition. Les maisons des prêtres dans les « villes » de pyramide : l’exemple du complexe de la reine Khentkaoues I à Gizeh Les « villes » des pyramides désignent un ensemble de bâtiments et de structures annexes à la pyramide. Ce sont des espaces urbains, élevés sur des terrains vierges de construction, créés par la volonté de l’état, pour le culte funéraire d’un membre éminent de la famille royale. Des maisons de prêtres ont régulièrement été identifiées dans les « villes » des pyramides

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Les titres de prêtres sont particulièrement rares alors qu’ils forment la moitié des occurrences parmi les scellés mis au jour dans le secteur des magasins (bloc est). J. Wegner explique que l’activité principale de scellement des prêtres se déroulait dans les magasins où ils étaient responsables de l’utilisation du matériel stocké : ibid., p. 96-99. Ibid., p. 91, 93. Ibid., p. 100-101.

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de l’Ancien et du Moyen Empire243. Des prêtres étaient chargés du culte royal, et ce même longtemps après la mort du bénéficiaire. La découverte de scellés mentionnant des titres de prêtres confirme la présence du personnel sacerdotal dans certaines de ces maisons244. Certes, ces ensembles architecturaux concernent le culte funéraire royal et appartiennent à une période bien antérieure au quartier des prêtres de Karnak. La comparaison avec ces « maisons de prêtres » nous semble néanmoins utile du fait de l’identité de leurs occupants – même si elle est plus souvent supposée que confirmée – et de leur situation dans l’enceinte du complexe funéraire. Nous détaillons ci-dessous la « ville » attachée à la pyramide de la reine Khentkaoues I à Gizeh. Son organisation est connue dans son entier et a récemment fait l’objet d’une nouvelle fouille méticuleuse qui permet de mieux comprendre son évolution architecturale au cours de sa longue occupation. La reine Khentkaoues I occupa une place importante à la charnière des IVe et Ve dynasties. Elle était a priori une des filles de Mykérinos et l’épouse, ou une parente, de Chepseskaf. Elle serait à l’origine de la Ve dynastie en tant que mère d’au moins deux souverains, Sahourê et Néferirkarê. Sa pyramide se situe dans le prolongement de l’axe du complexe funéraire de Mykérinos à Gizeh. L’ensemble a été fouillé et identifié par S. Hassan pendant les années 1932 et 1933245. L’équipe dirigée par M. Lehner a récemment entrepris un nouveau dégagement de certaines structures au sein du complexe246. Ces recherches remettent en cause de nombreuses allégations sur l’organisation spatiale et le fonctionnement des maisons des prêtres.

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Sur les « villes » attachées aux pyramides en général : ROIK 1988, p. 5-8. fig. 5-7 ; UPHILL 2001, p. 39-43 ; KEMP 2006, p. 201-211, 222-223 ; LUPO 2007, p. 1211-1221. Exemples de « maisons de prêtres » identifiées ou supposées dans les complexes de pyramide : DE MORGAN 1903, p. 100, p. 102, fig. 145 ; BORCHARDT 1909, p. 36-37, fig. 63, pl. 10 ; JÉQUIER 1928, p. 25, pl. I ; REISNER 1931, chap. III, pl. VIII-IX ; HASSAN 1943, p. 35-42, p. 59-61, fig. 1 ; FAKHRY 1961, fig. 4 ; ARNOLD, STADELMANN 1977, p. 17-18, fig. 2 ; VALLOGIA, BAUD 2007, p. 258-260. Le cas de la ville de Kahun, attachée à la pyramide de Sésostris II, est à part du fait de sa taille exceptionnelle (presque 13 ha.) ; elle accueillait bien plus que la communauté sacerdotale : KEMP 2006, p. 211-213, fig. 76. Scellés provenant du complexe funéraire de la reine Khentkaoues II à Abousir : VERNER 1995, p. 130-132. HASSAN 1943. AERA Annual Report 2008-2009, p. 11-19 (http://www.aeraweb.org/PDFs/AERA-AR2009.pdf) ; LEHNER 2011 ; TAVARES 2012.

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CHAPITRE I

Le complexe associe la tombe de la reine et une « ville » située directement à l’est de la tombe247. La ville, construite à la Ve dynastie, continue d’être occupée jusqu’à la fin de la VIe dynastie248, mais pas de manière continuelle249. Elle est incluse dans les enceintes de la tombe ce que S. Hassan considère comme une preuve de la contemporanéité avec la tombe250. La situation de cette « ville » entre la tombe et le Temple de la Vallée suggère à S. Hassan qu’elle était habitée par des prêtres et des serviteurs de la tombe251. Elle est très bien organisée : « all tend to prove that it was not the haphazard growth of years »252. L’enceinte qui entoure la ville part de l’entrée du temple funéraire et mesure 150 m d’ouest en est. Elle devait atteindre 5 m de haut originellement, isolant totalement la ville de l’extérieur253. Cette ville était aménagée tout le long de la chaussée, directement à l’est de la tombe, et s’étendait jusqu’aux abords des terres cultivées. L’agglomération s’étire d’est en ouest et se prolonge à angle droit vers le sud, vers le temple de Mykérinos. Aussi prend-elle la forme très atypique d’un « L » inversé. La ville comprend donc deux grands secteurs, chacun bâti sur un axe. Le premier secteur orienté est-ouest est relié à la pyramide de la reine. Le deuxième secteur, ou annexe sud, commence à l’angle nord-est du premier secteur et se développe vers le sud, sur un axe nord-sud. La ville surplombe à l’est un important aménagement récemment mis au jour254. Ce dernier associe terrasses, rampes, escaliers et un très profond bassin. Il était connecté à la chaussée montant à la pyramide de la reine. Les archéologues y voient une partie du temple de la vallée et un port destinés au complexe de la reine. La forme en « L » inversé de la ville s’expliquerait par la présence proche des quais et des bassins de réception pour les matériaux de constructions. Ils empêchaient tout développement supplémentaire de la ville vers l’est. 247 248 249

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HASSAN 1943, fig. 1. Ibid., p. 49. AERA Annual Report 2008-2009, p. 13. D’après les nouvelles recherches, la ville n’a pas été continuellement occupée, mais a connu un long hiatus avant d’être réoccupée. Il reste encore beaucoup d’inconnus à ce sujet. Mais il semblerait qu’une exemption de taxe, ou une nouvelle dotation pour le culte funéraire de la reine, ait encouragé une réoccupation de la ville abandonnée. C’est ce qui est arrivé par exemple au temple de la vallée de Mykérinos pendant le règne de Pépi II, à la VIe dynastie. HASSAN 1943, p. 35. Ibid., p. 38 et fig. 1. Ibid., p. 35. UPHILL 2001, p. 39. AERA Annual Report 2008-2009, p. 14-16.

Au sein de la ville, un soin particulier a été apporté dans la hiérarchisation des circulations (fig. 152f). On compte quatre circulations différentes, dont trois orientés est-ouest. Sur le côté sud, tout d’abord, il y a une double-circulation est-ouest (circulations 1 et 2). Des murs sont conservés sur toute la longueur de la rue principale de la ville, la divisant ainsi en deux couloirs de circulation. L’un, situé au sud des murs (circulation 1), permet un accès direct depuis la tombe de la reine à l’annexe sud, interprétée comme un complexe « économique ». Le deuxième dessert une série de bâtiments dont la plupart ont été identifiés comme les maisons des desservants du culte (circulation 2). Il ne s’agit pas d’un seul mur mais d’une série de murets avec des accès ménagés de manière régulière, pour chaque maison. La voie sud, probablement réservée aux cérémonies du culte, mène à l’entrée de la chapelle du mastaba de la reine. Sur le côté nord, une troisième circulation est-ouest (circulation 3) permettait de desservir l’ensemble des maisons. La circulation 2 était si importante que l’on a évité de la couper par la rue transversale qui dessert l’annexe sud de la ville. En effet, une quatrième circulation (non-représentée sur le plan), orientée nordsud, passe en fait sous la rue principale est-ouest, grâce à un tunnel. L’axe dominant est-ouest est composé d’une série de bâtiments mitoyens, construits côte à côte255. Tout à l’ouest, et donc proche de la pyramide, un bâtiment de grande dimension et doté de murs épais avait sans doute une fonction liée au rituel d’embaumement. Suivent huit « maisons de prêtres » mitoyennes, désignées par les lettres A à H depuis l’ouest. Elles ont deux entrées, une au nord, l’autre au sud donnant sur la voie menant à la tombe de la reine. L’ensemble se termine par quatre entités architecturales séparées (I à L), qui se situent à la croisée des deux secteurs. Elles n’ont pas accès à la circulation principale 2. Il s’agit peut-être de résidences ou de bureaux liés à l’administration du complexe. Les huit maisons ont été divisées en deux groupes, selon leur taille. Les plus grandes situées à l’ouest (A à F) présentent une architecture sensiblement identique d’une maison à l’autre256. Les variations mineures concernent généralement des changements apportés ultérieurement vis-à-vis du plan initial. La maison A est donnée en exemple (fig. 152f). Chaque maison mesure 255 256

AERA Annual Report 2008-2009, p. 10. HASSAN 1943, p. 38.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

environ 12 m sur 15 m et possède deux entrées, une au nord et une au sud. D’après l’analyse de F. Arnold257, tout est contrôlé dans leur plan. La conception spatiale des bâtiments suit une grille utilisant la coudée égyptienne comme unité de base (une coudée = 52,5 cm)258. Les proportions extrêmement allongées des pièces individuelles sont une des caractéristiques du plan au sol. F. Arnold259 compare cette architecture avec une série de maisons considérées comme des maisons de prêtres dans la ville associée à la pyramide d’Amenemhat III à Dahchour260 (fig. 152g). Ces maisons longeaient le côté nord de la large « avenue » (18,45 m) menant à la pyramide. Elles en étaient néanmoins séparées par des murs de 2 m d’épaisseur environ. Avec leurs pièces très étirées en longueur, la plupart probablement voûtées, ces maisons se rapprochent des maisons associées à la pyramide de Khentkaoues. Leur plan est également basé sur la coudée égyptienne, mais l’espace est très segmenté et hiérarchisé261. Leur agencement intérieur et leur taille diffèrent des maisons de la ville de Khentkaoues à Gizeh. Les circulations dans ces dernières mènent à une pièce centrale g qui généralement dessert trois autres pièces. Il existe, d’après ce jeu de circulations, trois groupes de pièces : celles auxquelles on a accès par la voie nord, celles auxquelles on a accès par le sud et celles auxquelles on a accès par les deux262. Le plan présente un aspect labyrinthique. Les couloirs et vestibules se multiplient, notamment au niveau de la porte d’entrée ouvrant sur la circulation sud. Cette circulation a en plus été doublée avec une série de murets (circulations 1 et 2), probablement afin de préserver l’intimité dans les maisons et aussi pour ne pas embarrasser le chemin des offrandes et des cérémonies. Pour rentrer dans la maison par le sud, il faut donc passer par divers « sas », les pièces a, b et c. Le prêtre vient de la voie rituelle vers la pyramide. Ce couloir d’entrée très élaboré et de forme serpentine permet, selon F. Arnold, de passer d’un milieu sacré à un milieu profane263. Au bout du serpentin à l’ouest, l’espace d était souvent pourvu de récipients pour le stockage de l’eau, peut-être pour des rituels de purification. Au bout du serpentin au nord, l’espace e était une cour à ciel ouvert, alors que la pièce f était une salle voûtée. S. Hassan a trouvé en 257 258 259 260 261 262 263

ARNOLD 1998, p. 1-18. Ibid., p. 5-6, fig. 2-4. Ibid., p. 6-9, fig. 6. ARNOLD, STADELMANN 1977, p. 17-18 ; ARNOLD 1987, pl. 36. ARNOLD 1998, p. 6-8, fig. 6. Ibid., p. 9, fig. 5. Ibid., p. 10.

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f des fours et des cendres suggérant que cette pièce servait de cuisine. La présence de la cuisine dans le groupe des espaces desservis par l’entrée sud semble appropriée. En effet, c’était par la voie sud que les offrandes qui empruntaient la voie processionnelle vers la pyramide étaient en partie reversées aux prêtres comme paiement264. Au nord, l’entrée était plus directe, s’ouvrant sur une cour j et faisant directement face à la pièce centrale principale de la maison, la pièce voûtée g. Les deux pilastres qui terminent le passage de la pièce centrale donnaient, d’après F. Arnold, de la dignité à cet espace et il considère que c’était peut-être un lieu où se rencontraient l’hôte de la maison et ses visiteurs265. Sa position centrale était accentuée du fait qu’elle était desservie par les deux circulations nord et sud. Enfin, cette pièce desservait les deux dernières pièces de la maison h et i, les pièces les plus intimes de la maison qui, d’après S. Hassan et F. Arnold, étaient probablement utilisées comme chambres266. De nouvelles investigations archéologiques ont remis en cause certaines assertions sur ces maisons de prêtres267. La maison E a été à nouveau dégagée. Cette maison possède un plan tout à fait similaire à la maison A que nous venons de décrire. Plusieurs phases d’occupation et de modifications structurelles ont été relevées. Au départ (phase 5a), deux entrées étaient aménagées dans la façade au nord de la maison. Plus tard (phase 5b), ces deux entrées sont bouchées et la cour j est divisée en deux espaces. C’est à ce moment que la circulation venant de la pyramide a été doublée à l’aide de murets (circulations 1 et 2). Le résident de la maison E devait partager dans un premier temps sa cour d’entrée au nord j avec celui de la maison F, puisqu’un accès entre les deux maisons était aménagé. Dans une phase postérieure, cet espace reçoit quatre silos. S’il a été confirmé que la pièce f (= pièce 73 dans le rapport d’AERA) servait bien de cuisine, la pièce i (= pièce 69 dans le rapport d’AERA) n’était pas une chambre. Des activités culinaires – attestées par la découverte de céramiques, foyers, ossements – se tenaient à cet endroit. La maison E partageait avec la maison D ces aménagements pour la cuisine. La pièce h (= pièce 68 dans le rapport d’AERA), elle, servait bien de chambre puisqu’elle contenait une plateforme pour un lit à l’intérieur d’une niche aménagée à l’est

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Ibid., p. 10-12. Ibid., p. 13. HASSAN 1943, p. 38 ; ARNOLD 1998, p. 16. AERA Annual Report 2008-2009, p. 11-13.

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CHAPITRE I

de la pièce. C’était probablement aussi le cas de la pièce g (= pièce 71 dans le rapport d’AERA), puisque les deux pilastres définissaient une niche destinée à recevoir un lit. Cette interprétation réfute l’hypothèse d’une pièce de réception développée par F. Arnold. Ces révisions changent totalement notre compréhension des maisons des prêtres, que l’on pensait indépendantes les unes des autres. Puisque divers espaces étaient partagés par les maisons voisines, on ne peut plus percevoir ces maisons comme des entités totalement séparées. Certains espaces étaient même plus facilement accessibles par les maisons adjacentes. C’est le cas de la pièce i à laquelle la maison D avait accès par deux entrées à la phase 5a. Aux phases 5c et 6, la pièce aux silos j n’était accessible que par la maison F. On a donc des maisons qui s’interpénètrent268. Le plan de S. Hassan ne signalait aucun de ces passages latéraux entre les maisons. Pourtant d’après les nouvelles observations, il en existait entre les maisons D, E, F et même G. Aussi, ces quatre entités architecturales ont pu n’en former qu’une seule à une certaine période. Le parallèle avec la « ville » de la reine Khentkaoues nous paraît des plus pertinents non seulement du fait de l’identité de leurs résidents mais aussi dans l’évolution architecturale subtile que les recherches récentes ont su mettre en évidence : le jeu des circulations, le regroupement de certaines maisons pour ne former qu’une entité ou juste la récupération d’un seul espace d’une maison pour le bénéfice d’un occupant de la maison voisine. Tout cela rappelle la situation du quartier des prêtres de Karnak. Lorsque la maison VII était abandonnée, la maison VI encore occupée a récupéré l’espace arrière de la maison VII. Les limites entre les maisons qui semblaient si nettes à la création du quartier à la phase 13 ont évolué selon les besoins et les disponibilités. Le caractère « malléable » de l’architecture en briques crues permet de réaliser assez facilement ce type de modifications. Il est possible que les diverses transformations mineures que le quartier a pu connaître au cours de la phase 13 expliquent certaines incongruités du plan des maisons dégagées par P. Anus et R. Sa’ad. Les limites entre les maisons III et IV sont particulièrement mal définies. Par la présence d’un corridor central dans la maison III menant à l’espace arrière et d’un possible accès entre les maisons III et IV, on devine que certains espaces de ces maisons ont 268

Une analyse de ce développement est fournie dans LEHNER 2011, p. 40-41.

dû être regroupés à un moment donné et à d’autres séparés. Du fait de leur état de conservation, il est cependant aujourd’hui impossible de retracer les diverses étapes architecturales qu’ont connues ces maisons. Le parallèle avec Gizeh met également en garde contre toute interprétation définitive des fonctions des différents espaces d’une maison. Ces fonctions ont en effet très bien pu évoluer au gré des modifications des relations entre les maisons. Les « villes » de pyramide présentent une organisation spatiale très bien conçue et pensée dès la fondation, et ce malgré les nuances intéressantes qui ont été apportées dernièrement dans le cas de la ville de la pyramide de Khentkaoues à Gizeh. Les Égyptiens ne recherchaient pas forcément le plan idéal mais tout simplement à fonder le plus rapidement et le plus économiquement possible un nouvel habitat dans un secteur qui était autrefois vierge de construction. La situation était différente à Karnak où le quartier des prêtres a été construit en tenant compte d’ensembles architecturaux antérieurs. Cela explique sans doute en partie l’irrégularité des plans des maisons de Karnak lorsqu’on les compare aux maisons des villes des pyramides qui, elles, suivent presque toutes le même plan au sein d’un même complexe. Limites dans l’identification de maisons de prêtres Nous avons vu à travers ces divers exemples combien les maisons dites de prêtres peuvent varier en taille et agencement intérieur. Leur plan est plus ou moins régulier, parfois similaire, parfois différent d’une maison à l’autre. Dans de rares occasions, il est possible de voir l’évolution structurelle de ces quartiers résidentiels, avec les problèmes de maintenance que l’on peut supposer lorsque l’occupation est particulièrement longue269. Leur point commun est d’être toutes situées dans le temenos. Elles forment généralement une série d’unités mitoyennes, ou au moins construites côte à côte dans le cas de Karnak270. Elles 269

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Voir à ce propos les observations pertinentes de B. Kemp concernant les « maisons de prêtres » dans complexes funéraires de Néferirkarê à Abousir, de Mykérinos à Gizeh et Snéfrou à Dahchour : KEMP 2006, p. 203-205, 207-211, fig. 72 et 74-75. Il arrive parfois aussi qu’un bâtiment isolé, mais situé à l’intérieur de l’enceinte d’un sanctuaire, soit considéré comme une maison de prêtres. C’est le cas par exemple d’un bâtiment mis au jour dans le complexe de Merenptah sur la rive ouest de Thèbes (ASTON 2008, p. 20-23) ou encore à Touna el-Gebel (NUR ED-DIN, KESSLER 1996, p. 263-293). Mais ces parallèles

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

suivent l’orientation de l’enceinte délimitant le sanctuaire. Les chercheurs se basent bien souvent sur ces quelques critères pour identifier certains bâtiments au sein de sanctuaire comme des maisons de prêtres. Ils usent parfois d’autres indices pour appuyer leur démonstration. Par exemple, des habitations datées de la Basse Époque mises au jour à proximité d’un temple à Tell el-Mashkuteh ont été considérées comme des maisons de prêtres271. Cet habitat, partiellement dégagé, paraît planifié dans une aire restreinte. Il a été plusieurs fois reconstruit au même endroit et semble n’avoir souffert d’aucune destruction majeure au cours du VIe siècle av. J.-C., contrairement au reste du site. Aussi J.S. Holladay suppose qu’elles avaient le statut particulier de maisons de prêtres. Des éléments épigraphiés ou des scellés mentionnant des titres de prêtres représentent des indices déterminants dans l’identification de maisons de prêtres. Mais nous avons vu qu’un tel matériel faisait défaut dans nombre de cas. Aussi certaines déductions qui ne se basaient que sur des critères architecturaux ne se sont pas toujours révélées pertinentes. Dans le Temple de Séthi Ier à Gourna a été dégagé un bâtiment qui dans un premier temps a été appelé Priesterhaus272. Il était situé au sud de la seconde cour du temple. Il mesurait 20 × 12 m273 et l’espace intérieur était organisé en cinq sections, avec trois pièces par section. Il a été daté une première fois de la Basse Époque274. « La taille spacieuse de ce complexe, la claire répartition des pièces et le caractère soigné de la construction » ont suffi pour que les archéologues assimilent ce bâtiment à une maison de prêtres de la Basse Époque275. Le résultat de l’analyse de la céramique provenant de ce bâtiment a obligé à réviser cette identification puisqu’elle date d’environ 500 ap. J.-C.276. L’assimilation entre des maisons mises au jour dans les sanctuaires avec des maisons de fonction pour les prêtres est donc parfois trop rapide. Dans le cas du quartier des prêtres de Karnak, les diverses inscriptions

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sont trop éloignés de l’organisation du quartier des prêtres de Karnak pour les prendre en considération ici. HOLLADAY 1982, p. 23, fig. 24, pl. 36-37. STADELMANN 1972, p. 296. Ibid., pl. LXVIIIb. Le module des briques, plus petit que celui des briques d’époque ramesside, faisait appartenir ce bâtiment à une période postérieure et une première estimation de la céramique provenant de ce bâtiment semblait confirmer la datation Basse Époque : ibid., p. 296. Ibid., p. 296. STADELMANN 1976, p. 354, note 5.

141

mises au jour (encadrements de porte, stèles, scellés portant des titres de prêtres) ôtent tout doute quant à l’identification des habitants. 3.7.2. Les données stratigraphiques des anciennes fouilles du quartier des prêtres à Karnak Très peu de données sur la stratigraphie des maisons dégagées en 1970 nous sont parvenues. Quelques observations faites par les anciens chercheurs méritent néanmoins un commentaire plus développé. 3.7.2.1. Sur les espaces arrières Les divers aménagements de l’espace arrière L’espace aménagé entre le rempart et le corps principal du logis connaît plusieurs occupations et remaniements architecturaux. Les maisons elles-mêmes n’ont parfois connu aucun changement significatif durant leur occupation – du moins aucun préservé – et ont pu même être plus rapidement abandonnées vis-à-vis de l’espace arrière, comme pour la maison VII. P. Anus et R. Sa’ad avaient eux aussi démontré que l’espace arrière avait connu une « phase » supplémentaire à celle de la maison proprement dite277. À leur installation n°5, l’espace arrière forme un long couloir sans mur de séparation. À leur installation n°6, il est segmenté en plusieurs espaces, grâce à des murets perpendiculaires au rempart, et un petit espace est affecté à chaque maison. Mais nous avons vu comment cette installation n°5 pouvait être perçue différemment278. Pour P. Anus et R. Sa’ad, il s’agit d’un simple aménagement particulier de l’espace arrière : dans ce cas, il correspond au premier état de l’espace arrière repéré au niveau de la maison VII279. Selon J. Lauffray, il s’agit d’une phase à part entière du quartier : dans ce cas, il correspond à la phase 12 de la Zone 7. Quoi qu’il en soit, les nouvelles recherches ont livré des états plus nombreux et variés de cet espace. Il a été noté également que ces « réduits comblés par les éboulements de l’enceinte furent abandonnés et que seules les maisons III et VI y avaient encore accès ».

277

278 279

Les installations n°5 et n°6 sont représentées sur une grande coupe est-ouest, publiée par J. Lauffray : LAUFFRAY 1995a, fig. 3. Supra, Chapitre I, § 2.4.2. L’installation n°5. La maison VIII n’a rien livré de tel. L’état médiocre de conservation de l’espace arrière de la maison VIII peut sans doute l’expliquer.

142

CHAPITRE I

L’arrière de la maison VII, en étroite relation avec celui de la maison VI, connaît cette même réutilisation. Mais, tandis que la maison VI aurait été encore en fonction, la maison VII était abandonnée, et ce au moins dès le quatrième état de son espace arrière, voire son troisième280. L’arasement plus important de la maison VIII par la phase 14 ne permettait pas de savoir si son espace arrière a continué d’être occupé après l’abandon du corps du logis. Les vocations de l’espace arrière Concernant la destination de l’espace arrière des maisons, les chercheurs précisent qu’à un moment donné, il « a pu servir de débarras ou de cuisine »281. Cette interprétation correspond bien à ce que nous avons trouvé, surtout pour la fonction de cuisine : elle a été clairement identifiée pour les deux états de l’espace arrière de la maison VIII et le troisième état de celui de la maison VII (sans doute le deuxième également). La fonction de réserve a également été relevée au moins avec le dernier état de l’espace arrière de la maison VII. La réserve était reliée à l’arrière de la maison VI par un accès (porte P1). Les fouilleurs ont défini l’espace arrière de la maison VI comme une « assez vaste cuisine » dans laquelle ont été mis au jour un fourneau, une meule dormante, une sorte de petit silo rempli de grains de blé calcinés282. Grâce à des clichés inédits, il nous a été possible de reconnaître les objets et céramiques qui jonchaient sur son sol (fig. 153-154). Or cet espace a fourni un matériel plus diversifié que celui strictement lié à l’activité culinaire (fig. 155-161) : plusieurs céramiques, dont de la vaisselle de table fine et des miniatures d’amphores ; de la vaisselle en pierre ; divers menus objets dont des bijoux (une bague avec un œil oudjat, un bracelet de coquillages et un collier de perles), des amulettes (œil oudjat multiple et un scarabée anépigraphe en améthyste) et une « palette à fard » (cuillère d’offrande) en forme de poisson en grauwacke283. Ce mobilier aux fonctions disparates se rapproche de celui mis au jour sur le sol incendié SOL1, même si l’on doit noter l’absence de grands conteneurs, si nombreux sur SOL1.

280 281 282 283

Supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. ANUS, SA’AD 1971, p. 219. Ibid., p. 235. Pour un parallèle précis et diverses références bibliographiques sur ce type d’objet : GRAEFE 2003, 1. Text, p. 168, 2. Tafeln, pl. 85, p. 331, Kat. 328.

Les fonctions de cuisine et de réserve pouvaient donc être contemporaines pour les espaces arrière. 3.7.2.2. Sur le déclin du quartier Bien que leurs allusions à la stratigraphie soient rares, P. Anus et R. Sa’ad ont noté que, lors de l’abandon de la maison II, « des pillards ont dû emporter tout ce qui était utilisable et peu à peu les déchets des voisins ont comblé les ruines »284. Cette description correspond relativement bien à la stratigraphie des nouvelles maisons dégagées, notamment à celle de la maison VII convertie en dépotoir. Cette phrase indique de plus que les fouilleurs ont dû observer l’abandon de certaines maisons alors que d’autres continuaient d’être occupées. Certes, il est difficile de prouver qu’il s’agit bien des déchets des voisins : le mesureur de capacité retrouvé dans une des couches de dépotoir de la maison VII est plus approprié au matériel d’un magasin d’offrandes qu’à celui d’une habitation. Mais les couches d’abandon ont fourni par ailleurs de nombreuses empreintes de sceaux portant des titres de prêtres. En tout cas, avant que les couches de dépotoir ne remplissent les pièces, il est possible, et même probable, que ces dernières aient été vidées de leur mobilier (pas forcément par des pillards). Il nous semble d’ailleurs avoir repéré quelques traces de cette action. Les tableaux de l’ébrasement de la porte P3, menant à la pièce F de la maison VII, ont été creusés à une certaine hauteur de manière à élargir l’ouverture à 1,50 m et, éventuellement, à faciliter la récupération de quelque chose de volumineux285. La forme en arc de cercle indique bien une action humaine et non pas une simple érosion naturelle. Les nouvelles fouilles ont établi que l’espace arrière d’une maison pouvait continuer d’être occupé alors que le corps du logis était abandonné. Les anciennes fouilles ont démontré que le contraire pouvait aussi arriver. Les espaces arrière des maisons I et II ont été condamnés à la suite d’éboulis du rempart, et ce, dès l’époque d’Ameneminet pour la maison II d’après les archéologues286. Ces deux maisons semblent en plus avoir connu plusieurs remaniements architecturaux pendant le temps de leur occupation287, alors que nous n’en avons repérés que pour les espaces arrière des maisons

284 285 286 287

ANUS, SA’AD 1971, p. 232. MASSON 2007a, p. 599, pl. Ve. ANUS, SA’AD 1971, p. 231. Ibid., p. 226-228 (maison I) et p. 231 (maison II).

143

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Fig. 153. Vue du sol incendié à l’arrière de la maison VI, vers le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5551 5 6 8 1

9

10

2

11 amphore miniature

12

3

4

7

Fig. 154. Détail du sol incendié à l’arrière de la maison VI, vers l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5550

144

CHAPITRE I

Fig. 155. Céramiques et divers objets provenant de la réserve de la maison VI (d’après ANUS, SA’AD 1971, fig. 18-19)

Fig. 156. Cuillère d’offrande en schiste (?) en forme de poisson, LS 322 – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias n°73577

Fig. 157. Multiple œil oudjat, LS 320 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121176

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Fig. 158. Détail du sol incendié à l’arrière de la maison VI – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5552

Fig. 159. Céramiques provenant de la réserve de la maison VI (d’après ANUS, SA’AD 1971, fig. 18)

Fig. 160. Collier de perles LS 345 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6134

Fig. 161. Bracelet de coquillages LS 346 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6133

145

146

CHAPITRE I

VII et VIII. Cela traduit-il une occupation plus longue de ces maisons vis-à-vis des autres ? Grâce à l’attention portée sur la stratigraphie de la rue, nous avons pu voir que la rue connaît au moins un dernier grand niveau de circulation lorsque les corps de logis des maisons VII et VIII sont abandonnés. Nous avons également observé que le secteur connaît au même moment plusieurs réaménagements comme celui de la « place » et la reconstruction du grand mur ouest M85/M78. Le déclin du quartier des prêtres était donc relatif, même si certain, dans ce dernier état de la phase 13. 3.7.2.3. Sur l’incendie final Les chercheurs précédents ont écrit que les maisons I, V et VI ont été incendiées et que cet incendie aurait marqué la fin de l’occupation du quartier des prêtres288. Le sol incendié SOL1 de la réserve de la maison VII constitue lui aussi le dernier niveau d’occupation de la phase 13 dans la Zone 7. Cet incendie paraît localisé, aussi bien dans la partie du quartier dégagée en 1970, que dans la Zone 7 (seule la réserve de la maison VII porte les traces de l’incendie). Si les maisons VII et VIII étaient abandonnées depuis longtemps, il est possible que ce qui aurait permis au feu de prendre à l’intérieur de ces maisons, comme les toitures ou des éléments de mobilier en bois, avaient disparu. La rue et sans doute la « place » constituaient des éléments à ciel ouvert, donc peu propices à la propagation de l’incendie. Ce dernier a donc eu une ampleur assez limitée. Il semble avoir été un élément déclencheur de l’abandon total des maisons alors que le quartier connaissait un déclin réel depuis un certain temps déjà. L’analyse architecturale étaye l’idée selon laquelle les maisons III à VIII sont des maisons de prêtres, et ce malgré l’absence de chambranles inscrits au nom de prêtres. L’architecture et la situation de ces demeures, au sein du temple et à la suite de maisons de prêtres attestées (maisons I et II), sont des indices qui vont dans le sens d’une telle identification. De plus, la découverte régulière de scellés avec des titres de prêtres, dans différents niveaux de la phase 13, confirment que les prêtres habitaient ce quartier ou du moins le fréquentait.

288

Ibid., p. 228.

Les limites de ce quartier ont été un peu mieux définies grâce aux nouvelles recherches. La limite est était bien connue et correspond au rempart. À l’ouest deux secteurs sont séparés du quartier par des grands murs les encerclant, M53 et M85/M78 ; le quartier n’en est cependant pas complètement isolé puisque la rue desservant les maisons rejoint, au sud de la Zone 7, un axe est-ouest délimitant et/ou desservant ces deux secteurs. La « place », dévoilée au sud de la Zone 7, pourrait constituer la limite sud du quartier ; cet aménagement particulier associant dallages et fours interrompt tout du moins le rythme continu des maisons jusqu’ici dégagées. La limite nord demeure inconnue. Les maisons dégagées ne forment qu’une partie de l’ensemble du quartier qui semble se poursuive au nord, d’après les observations de P. Anus et R. Sa’ad : « par le dégagement des parties supérieures d’une zone située au nord du secteur fouillé, nous savons que l’alignement des maisons s’y poursuit et qu’elles furent toutes remplacées par d’autres qui les recouvriraient. L’habitat débordait alors sur l’arase du mur d’enceinte »289. L’étude stratigraphique de ce secteur a montré la concomitance de la construction de plusieurs faits au début de la phase 13 : la rue desservant à l’ouest les maisons des prêtres ; les grands murs ouest M53 et M85 entourant les secteurs situés à l’ouest du quartier des prêtres ; les maisons IV à VIII ; la « place ». Nous mettons à part les maisons I à III dont rien ne prouve qu’elles aient été construites au même moment. Les nouvelles fouilles ont enfin démontré qu’une partie du quartier étaient déjà abandonnée lorsqu’est survenu l’incendie marquant la fin de l’occupation de la phase 13. Il semble que les prêtres vivaient encore dans le quartier en déclin puisque les niveaux d’abandon des maisons VII et VIII ainsi que le dernier niveau de rue ont fourni plusieurs empreintes de sceaux avec des titres de prêtres. Avec la phase 14 de la Zone 7, l’organisation du secteur est complètement revue. Sa destination s’en trouve-t-elle changée pour autant ?

289

Ibid., p. 235.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

4. UN NOUVEL HABITAT DE PRÊTRES À L’ÉPOQUE GRÉCO-ROMAINE ? : LA PHASE 14 Après l’incendie de certaines maisons du quartier des prêtres, le secteur est complètement remblayé, jusqu’à un niveau assez élevé. Établir si le secteur a connu un temps d’abandon avant la construction de la phase 14 est une question décisive. Aussi tenterons-nous ci-dessous de déterminer si le remblaiement a été réalisé en vue de la construction de la grande phase architecturale suivante, la phase 14, ou, s’il est lié à un abandon total du secteur, peu à peu comblé jusqu’à ce que survienne une nouvelle occupation d’envergure. De la phase 14, seules les fondations de grands bâtiments nous sont parvenues. Au moins une reprise de leur construction a pu être observée (sous-phase 14b). Aucun bon niveau d’occupation ne leur était associé. Le seul matériel qui pourrait éventuellement donner une idée de la destination de ces bâtiments n’a été trouvé que dans des niveaux directement antérieurs ou postérieurs à l’occupation de ces bâtiments. Le type d’architecture et l’organisation du secteur en tout cas se démarquent vis-à-vis de la phase précédente, bien que la rue et le secteur entouré par le grand mur ouest M53 soient encore en fonction (fig. 162). Les fouilles de sauvetage menées sur la rive est du lac Sacré fournissent quelques clés pour la compréhension de cette phase de la Zone 7. Nous commencerons l’étude de la phase 14 par une présentation des différents éléments architecturaux découverts. Ensuite sa stratigraphie sera analysée à travers celle des bâtiments puis celle de la rue. Suivront des propositions sur l’organisation de ce quartier à la phase 14. Une étude comparative portant sur l’architecture des bâtiments et les données stratigraphiques laissées par nos prédécesseurs terminera la présentation de cette phase. 4.1. ARCHITECTURE La phase 14, dernière phase importante de la Zone 7, concerne surtout un grand bâtiment en briques crues, le bâtiment J (fig. 163-164). Il est conservé presque exclusivement en fondation mais son plan est quasi complet. Un second bâtiment très partiellement conservé, bâtiment I, lui était accolé290. Ces deux bâtiments 290

L’appellation de ces bâtiments a été choisie à la suite des bâtiments A à H dégagés au nord du quartier des prêtres par

147

ont été reconstruits dans un deuxième temps, à la sousphase 14b. Les sous-phases 14a et 14b seront d’abord présentés à travers l’architecture de ces deux bâtiments. Puis nous voudrions exposer ce qu’il est advenu des grands murs ouest de la phase 13, M53 et M85/M78. 4.1.1. Les bâtiments de la phase 14 L’architecture des bâtiments I et J est connue surtout à la sous-phase 14a. Malgré l’état de conservation extrêmement partiel de l’architecture à la sous-phase 14b, il nous semble qu’elle respecte le schéma général des bâtiments dans leur sous-phase 14a et de ce fait correspondrait à une reconstruction de ces bâtiments. 4.1.1.1. Sous-phase 14a Le bâtiment I Le bâtiment I a été mis au jour dans le sondage S1, au nord de la Zone 7 (fig. 168). Son orientation générale suit le rempart. Les murs appartenant à ce bâtiment ne sont conservés que sur une à deux, voire trois assises. Ils se sont installés contre ou sur les murs appartenant à la maison VII (fig. 69 et 73). À l’occasion de la construction de ce bâtiment, les portes P2 et P3 de la maison VII ont été bouchées par quelques assises de briques, installées directement sur les niveaux d’abandon de la maison. Le côté perpendiculaire au rempart devait atteindre 11 m, si on prend la distance qui sépare le mur arrière (M11) et le mur de façade (M25) ; le mur latéral nord (M12) n’est conservé que sur 10 m. Aucune largeur complète de l’édifice ne peut être donnée. L’ensemble des murs conservés forme une suite de pièces toutes en longueur, difficile à interpréter. Le mur M18, situé au nord-ouest du sondage S1, appartient peut-être au bâtiment I, en tout cas à la même phase architecturale. Le mur M18 se poursuivait vers le nord, sur les restes de la maison VI. L’épaisseur des murs est variable : 70 cm pour le plus large (M11), 45 cm pour les moins larges (M10, M12 et M29). Pour les murs les moins épais, l’appareillage alterne la position d’une boutisse et d’une panneresse à chaque assise. Pour les plus épais, une boutisse était encadrée de deux panneresses.

J. Lauffray. Les bâtiments I et J appartiennent en effet très certainement à la même phase architecturale : infra, Chapitre I, § 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque.

N H

E

D

F

C

LAC SACRÉ

B

REMPART

A

G

I Rue

J

Accès ?

Fig. 162. Plan général du quartier ptolémaïque (phase 14) – Éch. : 1/500

x=966

M53 N

y=3296

I

Rue

J

Rempart

ST8

0

1

2m

Légende : briques crues

Accès ?

pierre M84 mouna y=3266 x=946

limite de fouille restitution

Fig. 163. La phase 14a dans la Zone 7

150

CHAPITRE I

La maçonnerie est en briques crues à dégraissant végétal, avec quelques inclusions de briques rubéfiées (pour le mur M23). Le module des briques est très disparate de 28 à 35 cm de longueur, pour une largeur comprise entre 13 et 18 cm. Le module le plus employé semble de 30 × 15 × 10-11 cm. Aucune porte n’a été décelée ce qui suggère qu’il ne subsiste que les fondations du bâtiment. Les tranchées de fondation des murs du bâtiment I ne sont pas toujours lisibles. Certains des murs de la maison VII (particulièrement son mur arrière) et plusieurs couches antérieures (niveau d’incendie de la réserve et différentes couches de dépotoir et d’abandon) ont été coupés par cette installation. Les murs de ce bâtiment sont apparus entre 78,72 et 79,50 m. Le niveau de la base des murs varie beaucoup, de 78,49 m à 79,15 m. Plus on va vers le sud et l’ouest, plus leur base est profonde. Cependant ceux-ci forment ensemble un plan cohérent. Les différences dans les altitudes inférieures peuvent s’expliquer par l’érosion naturelle des murs de la maison VII vers le sud-ouest, murs sur lesquels le bâtiment I s’est appuyé. Le bâtiment J Le bâtiment J, mieux conservé, est de plan presque quadrangulaire (fig. 165 et 168). Il est quasiment perpendiculaire au rempart. Un très étroit couloir (9), de 80 cm de largeur environ, le sépare de son parement ouest. Il s’est installé sur l’arase des maisons VII, VIII et IX, et, a coupé, parfois très profondément, les niveaux associés à ces maisons (fig. 69 et 105). Le bâtiment mesure 13,20 m sur 10,50 m. La limite nord du bâtiment J vient contre la limite sud du bâtiment I. L’épaisseur des murs est variable. Le plus épais, le mur latéral nord (M30) atteint 1,50 m, tandis que le mur latéral sud (M106), très détruit par une fosse tardive, fait à peine 65 cm. Le mur de façade (M46) mesure 1,25 m et le mur arrière (M49), 80 cm. Les murs de refend les mieux conservés (M47, M48, M50, M61 et M64) font entre 60 et 80 cm. L’appareil est assez régulier. Pour les murs les moins épais, deux rangs de boutisses alternent avec un rang de boutisses encadré de deux de panneresses. D’autres, un peu plus épais, sont composés de deux rangs de boutisses associés à un rang de panneresses changeant de place à chaque assise ; le plus épais est constitué de trois rangs de boutisses associés à un de panneresses (M30). Quant à l’appareil du mur de façade (M46), son appareil se compose de deux rangs de boutisses associés à trois de

panneresses alternant avec trois rangs de boutisses associés à deux de panneresses ; les briques sont parfois fragmentaires. Le gros œuvre est en briques crues à dégraissant végétal. Les modules des briques du bâtiment sont assez variés, mais le module le plus employé est très proche de celui du bâtiment I : 30-32 × 14-15 × 10-11 cm. On rencontre aussi des modules plus petits, 27-29 × 14 × 10 cm (M49), et d’autres plus gros, 32-34 × 14-19 × 10,5 cm (M46). Les seuls éléments en pierre mis au jour sont des petits dallages, ST10 et ST11 (fig. 166). Les dallages ST10 et ST11 sont situés respectivement dans la pièce 2 et le couloir arrière 9. Le dallage ST10 s’appuie contre le parement nord du mur M50 et le parement ouest de M49 ; il recouvre une des structures remplies de cendres découvertes à l’arrière de la maison VIII (ST27). Le dallage ST11 se situe entre le rempart et le mur M49 ; il vient contre l’arase de M90, limite sud de l’espace arrière de la maison VIII. Il se situe dans le prolongement est du dallage ST10. Ils sont tous deux composés de pierres de différentes tailles, en grès (excepté une en schiste pour ST11), souvent des remplois. La surface ainsi dallée est plutôt petite : ST10 mesure 1,50 × 0,90 m, mais elle a été probablement coupée par la fosse tardive F39 ; ST11 mesure 1,20 × 0,70 m. Bien que ST11 apparaisse à une altitude plus basse, 78,745 m, contre 78,87-78,95 m pour ST10, ces deux constructions sont contemporaines. Leur fonction est difficile à déterminer. Aucune porte n’étant conservée, l’économie intérieure ne peut être analysée de manière fine. On suppose que la porte d’entrée devait se situer à l’ouest du bâtiment et donner sur la rue orientée nord-sud. La pièce 1 est une grande pièce située au nord-ouest du bâtiment, d’environ 5,80 sur 3,25 m. L’espace situé à l’est de la pièce 1 a été organisé en quatre pièces de taille inégale. Il est coupé tout d’abord en son milieu par le mur M83, créant au sud la pièce 2 (4,30 × 2,85 m). L’espace délimité au nord du mur M83 est divisé ensuite en deux par le mur M89, créant à l’ouest la pièce 3 (2,90 × 2 m). Enfin l’espace délimité à l’est du mur M89 est divisé à son tour en deux petites pièces 4 (2 × 1,50 m environ) et 5 (2 × 1,20 m), par le mur M105. Tous les murs de ces pièces ont été fortement entamés par diverses fosses postérieures (F13, F51 et F39) qui ont dégradé la lecture du plan. Au sud de la pièce 1, la pièce 6, de 4 m de long pour 2 m de large, pourrait être interprétée comme un couloir menant à la pièce 7. Cette dernière n’est pas aisée à déterminer. Un mur M73 et des restes de briques organisées très

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

151

Fig. 164. Vue de la Zone 7 à la phase 14, depuis le nord-ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73489

Fig. 165. Le bâtiment J (sous-phase 14a), depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73496

Fig. 166. Les dallages ST10 et ST11, depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73498

Fig. 167. La structure ST8, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/M. Millet n°72742

x=966

M18

N

y=3296

78,74

I

Rue

Rempart

M25

bouchage de P2

78,72 78,83

M23 79,04 79,06

M29 79,02

79,34

79,50

M10 bouchage de P3

79,14

M11

79,18 79,17

M12

M30

79,42

79,03

79,41

F13

79,03

M46

4

M89 79,21

3

J

78,88 79,13

79,20

5 M47

F51

1

F44

78,445

M83

79,22

2

ST10

M48 F38

9 M49

79,01

78,80 79,07

78,645

F39

7354.5 7354.7

M105

78,745

78,87 78,95

7354.6

78,54

6

M50 78,91

78,83

couloir?

ST11

7354.16

79,035

78,82

M61

7

78,725

F49 M64

8

F46 78,74

78,48

US 7586

78,395

M73 78,46

autre(s) pièce(s) ou structure?

78,52 78,39

M106

F48 Légende : briques crues

granit

grès

fosse

schiste

0

restitution

Fig. 168. Les bâtiments I et J (sous-phase 14a) – Plan éch. 1/100

2

4m

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

arasées (US 7586) soulignent, au sud de la pièce 7, la présence d’une ou deux petites pièces, ou encore celle d’une structure (un escalier ?). Enfin, la dernière pièce, pièce 8, au sud-ouest du bâtiment, devait être de 3,35 m 2,60 m ; c’est la dimension que l’on obtient en prolongeant l’alignement des murs M46 et M106, coupés par des fosses récentes. Il reste très peu d’élévation de ce bâtiment, même si nous avons très rarement pu repérer les tranchées de fondation. Les tranchées des murs M61 et M64 étaient par exemple nettement visibles, coupant les niveaux de la « maison IX » (fig. 121). Les murs du bâtiment J ont une altitude supérieure comprise entre 78,39 et 79,41 m. La base des murs est généralement plus profonde au fur et à mesure que l’on va vers le sud, tout comme pour le bâtiment I. L’altitude inférieure varie donc beaucoup, de 78,20 à 78,91 m. La base des murs les plus profonds n’a pas été atteinte. 4.1.1.2. Sous-phase 14b De très maigres vestiges, parfois conservés sur une seule assise et coupés par des fosses tardives, sont apparus directement sous les remblais modernes (fig. 169). Les éléments conservés sont trop succincts pour interpréter avec certitude l’ensemble de ces murs et structures. À la vue de leur emplacement néanmoins, ils semblent constituer plus une reconstruction des bâtiments I et J qu’une phase architecturale à part entière (fig. 170). Le bâtiment I Concernant le bâtiment I, seuls les murs M6 et M7 nous sont parvenus pour la sous-phase 14b. Les restes d’un mur M6, orienté nord-sud, ont été mis au jour au nord-ouest du sondage S1, entre 79,845 m et 79,105 m. Son altitude inférieure varie de 79,06 m au nord à 79,36 m au sud. Une rangée unique de briques, disposée en panneresse et boutisse a été conservée. Le mur M6 se situe juste au-dessus du mur de façade M25. Il conserve à peu de chose près le même emplacement et la même orientation. Le mur M7, orienté est-ouest, mesure en moyenne 75 cm de large et est conservé sur 4,50 m de long. Son appareil est composé de deux rangées de boutisses, séparées par un joint épais et irrégulier. Ce dernier est comblé de morceaux de briques plus ou moins gros. Le module des briques est particulier : 30 cm de long pour 10 cm de largeur et de hauteur, dans la majorité des cas. Il suit une pente descendante

153

vers l’ouest291 : il apparaît à une altitude de 79,72 m à l’est et 79,35 m à l’ouest ; il est conservé sur deux assises à l’est et une à l’ouest ; son altitude inférieure va de 79,50 m à l’est à 79,25 m à l’ouest. Il coupe le mur arrière de la maison VII ainsi qu’une partie du parement nord du mur M10 ; il a été coupé par une fosse moderne (F2) dans sa partie est. On est sûr qu’il n’est pas contemporain de la première construction du bâtiment I parce qu’une couche de remblai (US 7014) venait s’adosser contre le parement sud du mur M7 et passait sur le mur M10 (fig. 73). Le bâtiment J Le bâtiment J semble aussi avoir été remanié dans un deuxième temps. Le mur M60 est postérieur à la première sous-phase du bâtiment J. Ce mur, orienté estouest, n’est conservé qu’en fondation, sur une à deux assises. On le suit sur 4 m de long et 1,5 m de large. Il devait être encore plus épais car la fosse F48 le coupe au sud. Le mur M60 est en briques crues avec quelques incrustations de briques crues rubéfiées. Le module de ces briques est varié : 30 × 15 × ? ; 33 × ? × 12 cm ; 34 × 15 × ? cm ; 37 × 18 × ?. L’appareillage n’est pas régulier : il associe plusieurs rangs de boutisses et de panneresses, et, présente des briques disposées sur la tranche. Le mur M60 s’installe sur un niveau de magloub (US 7564) et en partie sur le mur M61. Toute la partie sud de la pièce 7 est recouverte par le mur M60. Son altitude d’apparition est de 78,86-78,90 m et sa base à 78,71-78,88 m. Le mur M60 fonctionne avec un ensemble de briques crues organisées, ST36. Cette construction vient contre le rempart. Elle a été repérée sur 4,25 m de longueur et 2 m de largeur maximum. Elle n’est conservée que sur une assise. Les mêmes modules variés se retrouve dans cette construction. Les briques sont disposées sur la tranche, en boutisses et en panneresses. Cette construction s’installe sur le mur arrière du bâtiment J (M49) et des niveaux de remblai recouvrant les dallages ST10 et ST11 (fig. 105). Son altitude supérieure (79,14-79,21 m) et son altitude inférieure (79,01-79,065 m) sont légèrement plus hautes que celles du mur M60. Les quelques briques situées au nord de la construction ST36 ressemblent fort à un bouchage de porte, comme si on avait voulu condamner un accès au petit couloir arrière du bâtiment J292. 291

292

Cette érosion des murs vers le sud-ouest a déjà été notée auparavant. Cet accès n’était pas visible à la sous-phase 14a du bâtiment J.

x=966

N

y=3296

rue à double-couloir de circulation ?

I

79,84

M52 79,42

79,74

M53

M51 79,47

J restauration du parement ouest de M53

Rempart M58 79,34

ST8

7583.1 79,31

79,21 7583.5

0

78,91

1

2m

Accès ? Légende : sous-phase 14b

sous-phase 14a

pierre y=3266 x=946

mouna limite de fouille

Fig. 169. La phase 14b dans la Zone 7

x=966

N

y=3296

M6

I (?)

79,10

M7 79,72 79,35

79,57

F39

J (?)

Rempart

bouchage de porte? 79,15

ST36 79,17

M60

F49

78,90

F48

79,14

y=3276 x=954

Légende : sous-phase 14b

fosse

sous-phase 14a

restitution

0

Fig. 170. Les bâtiments I et J (sous-phase 14b) – Plan éch. 1/100

2

4m

156

CHAPITRE I

Le mur M60 et la construction ST36 paraissent former un « renforcement » ou une reconstruction de l’angle sud-est du bâtiment J. Les divers murs et structures de ce deuxième état architectural des bâtiments I et J conservent la même orientation, calquée sur celle du rempart. Plusieurs changements ont pu être notés pour le bâtiment J : les petits dallages ST10 et ST11 ne sont plus utilisés, le couloir arrière est condamné ainsi que la partie sud de la pièce 7.

des remplois, en grès, de forme très irrégulière. Le comblement, très compact et argileux, a un aspect très feuilleté (différents dépôts de mouna) ; il contient quelques tessons et beaucoup d’inclusions de petite taille. Cette structure servait peut-être d’auge, ou de bassin à décantation pour l’argile ou la mouna. Elle est apparue à 79,325-79,655 m et sa base était à 79,2179,25 m. La structure ST8 a été en partie abîmée par une fosse de la phase 15 et plusieurs fragments de grès qui devaient lui appartenir ont été retrouvés dans le comblement de la fosse.

4.1.2. Les grands murs ouest à la phase 14

4.1.2.2. Le mur M84 (au sud-ouest)

Depuis la phase 11, deux grands murs occupaient la partie ouest de la Zone 7. Nous avons vu qu’ils ont toujours été reconstruits de phase en phase, même si leur emplacement variait quelque peu à chaque fois.

Le grand mur M78 n’existe plus. Il a été arasé et recouvert d’un remblai. Des fosses de dépotoir (F60, F65 et F75) l’avaient préalablement coupé (fig. 126). Une dernière fosse viendra le couper à la phase 15 (F68). À la phase 14, un mur en briques crues, orienté nord-sud, M84, a été construit à l’endroit du grand mur M78 (fig. 163). Son altitude supérieure est située entre 79,00-79,09 m et son altitude inférieure entre 78,725 et 78,75 m. Ce mur mesure 46 cm de large et a été repéré sur près de 2 m de longueur. Il se poursuit sous la berme sud de la Zone 7. L’appareil est constitué d’une boutisse et d’une panneresse alternant leur position à chaque assise. Le module des briques est de 29-31 × 15-16 × 10 cm. Étant donné sa faible épaisseur, le mur M84 ne constitue pas une reconstruction du grand mur M78. Il n’est relié à aucun autre mur dans ce secteur où seuls des remblais et des fosses de dépotoir ont subsisté294. Un agrandissement des fouilles pourrait dire si le grand mur a été une nouvelle fois repoussé vers l’ouest – en dehors de la Zone 7 – ou bien si le secteur qu’il entourait disparaît définitivement à la phase 14.

4.1.2.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest) Le grand mur M53 n’a pas été remplacé à la phase 14 et semble toujours en fonction (fig. 163). Il est possible que la tranchée de fondation apparue au sud du grand mur M53 témoigne d’une reconstruction partielle à cette phase (fig. 31). Cette tranchée de fondation est apparue à 78,70 m dans la coupe ouest du sondage S3G293. Elle coupe tous les niveaux de rue de la phase 13, alors que la tranchée initiale était recouverte par eux. On a noté également une restauration de son parement est, abîmé par diverses fosses. Cette restauration n’intervient qu’à la sous-phase 14b (fig. 169). Le parement ouest du grand mur M53 a été préalablement raboté entre 79,40 et 79,50 m, puis de nouvelles briques, généralement fragmentaires, ont été insérées. Le résultat final est assez grossier. L’altitude d’apparition de cette restauration est de 79,705-79,84 m. Les fours, qui se trouvaient dans l’espace déterminé par le mur M101 et le retour du grand mur M53 au sud, ont été arasés. Une structure y a été installée à leur place, dans l’angle nord-ouest de l’espace (fig. 31 et 167). La structure ST8 est constituée de plusieurs fragments de grès disposés environ en ovale et d’un comblement de mouna ou d’argile damée. Elle mesure 1,80 m de longueur et au moins 0,85 m de large ; elle passe sous la berme ouest de la Zone 7. Les blocs sont 293

Il n’y a que dans le sondage S3G qu’on a mis au jour cette deuxième tranchée de fondation : supra, Chapitre I, § 3.6.1.1. Description du grand mur M53.

Il est bien évidemment difficile d’évaluer les transformations des secteurs sis au sud du lac à la phase 14, sans les fouiller. Néanmoins, le si peu qui en a été dégagé dans la Zone 7 montre qu’ils ont connu plusieurs modifications. 4.2. STRATIGRAPHIE Puisqu’il ne restait quasiment que des fondations, les bâtiments I et J présentent une stratigraphie relativement pauvre, et ce pour les deux sous-phases 14a et 294

Pour une interprétation de ce mur : infra, Chapitre I, § 4.3.2. La circulation.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

14b. Quant à la rue, après le dernier grand niveau de circulation fonctionnant avec la phase 13, SOL22, elle n’a fourni que des lambeaux de sols. Sa stratigraphie n’en est pas moins instructive. Ce qui nous est parvenu tout d’abord, ce sont les couches antérieures à la construction des bâtiments I et J : nous avons vu, dans l’introduction de la phase 14, que le secteur avait été « remblayé » à un niveau assez haut avant leur construction. Ce « remblaiement » concerne avant tout la rue : les maisons VII et VIII étaient déjà en partie comblées par des niveaux d’abandon alors que d’autres maisons du quartier continuaient d’être occupées. Nous tenterons d’identifier ces niveaux antérieurs. Constituent-ils un véritable remblaiement du secteur, préparatoire à l’installation de la phase architecturale 14 ? Ou sont-t-ils composés de couches traduisant un abandon complet du secteur avant une nouvelle occupation ? Le deuxième type de fait que nous rencontrons ensuite est un ensemble de fosses de dépotoir postérieures à l’occupation des bâtiments I et J dans leur sous-phase 14a. Bien qu’ils ne constituent pas des contextes en relation directe avec l’occupation de la sous-phase 14a, le matériel assez abondant qui a été recueilli dans ces différents contextes a soulevé notre intérêt. Il semble en effet donner quelques indices quant à l’identité des personnes occupant ou fréquentant ce secteur après la phase 13. La sous-phase 14b semble reproduire un schéma similaire avec tout d’abord un remblaiement de la rue, scellant les fosses susmentionnées et antérieures à la reconstruction des bâtiments I et J. Quelques niveaux contemporains à l’occupation de la sous-phase 14b ont été relevés dans la rue mais d’une part, ils ont été détruits par des fosses postérieures, et, d’autre part, ils ne sont apparus que dans le sondage S3A, là où le terrain était conservé le plus haut. 4.2.1. Stratigraphie des bâtiments 4.2.1.1. Stratigraphie du bâtiment I

157

réserve de la maison VII ont été trouvés entre les murs M12 et M29 (US 7093) et entre les murs M10 et M12 (US 7016). On a noté également à la base du mur M23, la présence de briques rubéfiées isolées parmi les briques crues. Elles sont peut-être des remplois de briques appartenant à la couche d’incendie de la réserve. Niveaux en relation avec la sous-phase 14b Quelques niveaux pourraient être associés au deuxième état du bâtiment I (fig. 73). Ils semblent être néanmoins uniquement liés à son abandon, et non son occupation. Les couches US 7018 et 7021 venaient contre le parement nord du mur M7 et la couche US 7014 contre son parement sud. L’US 7014, de plus, recouvrait les murs arasés du premier état. Ces trois couches, meubles et homogènes, contenaient un nombre assez important de céramiques. Des formes typiques du Haut-Empire romain295 côtoyaient des formes plus anciennes. Ces dernières proviennent probablement des niveaux inférieurs que l’installation du mur M7 a perturbés. La plupart des formes rappellent des types connus à Karnak pour cette période296. 4.2.1.2. Stratigraphie du bâtiment J Niveaux antérieurs à sa construction Les fondations du bâtiment J ont entamé les murs et les niveaux antérieurs appartenant aux maisons VII, VIII et IX (fig. 69 et 105). Le bâtiment J s’élevait en grande partie sur un niveau de démolition, comprenant des fragments de briques crues du même module que celui des maisons (US 7471). Cette couche était liée à l’arasement de la phase 13 du quartier des prêtres avant la construction du bâtiment J et recouvrait en partie la maison VIII. Les murs M46 et M48 recouvraient également une fosse de dépotoir F54 (fig. 69). Cette dernière, assez importante (3 m sur 2 m environ) et de forme irrégulière, coupait l’angle sud-ouest de la maison VIII (fig. 99 et 113) et l’angle nord-ouest de la maison IX

Niveaux en relation avec la sous-phase 14a Le bâtiment I ne semble avoir été conservé qu’en fondation, même si les tranchées n’étaient pas toujours très claires. Nous n’avons donc aucun niveau associé à son occupation. La terre qui a été enlevée pour installer les fondations semble avoir été réutilisée comme comblement de tranchée (fig. 69 et 73). En effet, plusieurs fragments d’amphores de stockage appartenant à la

295

296

S. Marchand, à laquelle j’avais montré plusieurs dessins des céramiques issues de ces niveaux, les estimaient plutôt des Ier-IIe s. ap. J.-C. Je la remercie sincèrement de cette information. Voir par exemple le matériel publié dans LAUFFRAY 1971, fig. 26-27. Voir aussi infra, Chapitre III, § 1.4.3.3. Remarques sur la céramique du Haut-Empire romain.

158

CHAPITRE I

(fig. 120). Son comblement consistait en une couche assez homogène très cendreuse, contenant des fragments de briques rubéfiées, des charbons, du grès et beaucoup de céramiques (US 7518=7518a). Avec d’autres faits que nous verrons dans la stratigraphie de la rue, la fosse F54 témoigne de la conversion en dépotoir du secteur avant la construction des bâtiments.

semble-t-il, peu de temps après l’occupation du bâtiment J à la sous-phase 14a. Avant sa reconstruction à la sous-phase 14b, on a sans doute voulu débarrasser les pièces de leur matériel en le jetant dans ces fosses.

le –

Niveaux en relation avec la sous-phase 14a Le bâtiment J, très arasé, n’a fourni aucun bon niveau de sol. Bien que nous n’ayons pas toujours pu observer les tranchées de fondation, il n’était surtout conservé qu’en fondation. Les deux dallages ST10 et ST11 (fig. 166 et 168) indiquaient le niveau de sol qui devait régner dans ce bâtiment. Le premier est apparu dans la pièce 2 à 78,87-78,95 m, et, le second dans le couloir arrière 9 à 78,745 m. Dans la pièce 8, où les murs M61 et M64 étaient parmi les mieux conservés du bâtiment, aucun sol n’a été détecté (fig. 69). Entre l’apparition de leur tranchée de fondation à 78,43-78,48 m et l’arase de ces murs à 78,74-78,89 m, il n’y avait que des niveaux de remblai (US 7571 et 7585). Il s’agissait probablement d’un remblai de nivellement avant l’installation d’un niveau de sol cohérent dans le bâtiment J. D’ailleurs, si on compare l’arase de ces murs et les altitudes données par les dallages, le niveau de sol était sans doute proche. Ces remblais ont fourni un peu de matériel, dont une empreinte de sceau avec inscription hiéroglyphique 7585.1 (fig. 171)297. Au nord de la pièce 7, le niveau US 7475, épargné par les fosses, a pu fonctionner avec l’occupation du bâtiment J. Son altitude (z+ : 78,935-78,945 m ; z- : 78,895-78,905 m) correspond à celle du dallage ST10. Cette couche homogène, meuble et limoneuse, contenait de très nombreux fragments de calcaire, probablement des petits déchets de taille. Niveaux postérieurs à la sous-phase 14a, antérieurs à la sous-phase 14b







Les niveaux dans les pièces du bâtiment J, ainsi que certains murs, ont été coupés par des fosses postérieures à l’occupation du bâtiment. La fosse F39 appartient à la phase 15, tout comme les fosses F48 et F49 au sud du bâtiment J. Mais les autres ont été réalisés, 297

N°183 : infra, Chapitre III, § 2.2.4.1. Catalogue des scellés de la phase 14.

298

Ci-dessous, nous décrivons rapidement les fosses et matériel qu’elles contenaient : La fosse F13 occupait toute la surface de la pièce 4 et entamait même en partie les murs qui la délimitaient. Assez profonde (z+ : 78,86-79 m ; z- : 78,15578,40 m), elle coupait fortement l’angle sud-est de la maison VII et l’angle nord-est de la maison VIII. Son comblement (surtout US 7430), très hétérogène, contenait assez peu de céramique mais le mobilier recueilli était particulièrement riche : trois modèles de sculpteur, un broyeur en granit rose, un peson (ou une table de travail ?) en calcaire, un fragment de vaisselle en schiste. La fosse F51 occupait la pièce adjacente, la pièce 5. Elle coupait les parements des murs M49, M83 et M89, mais épargnait M105. Elle était assez profonde (z+ : 79,055-79,07 m ; z- : 78,30 m). Son comblement (US 7476/a et 7619/a) était constitué de plusieurs couches plus ou moins hétérogènes, contenant beaucoup de céramiques (dont de gros fragments et plusieurs « coupelles à encens » à pied) et quelques gros fragments en pierre (calcaire, schiste…). On peut citer parmi le mobilier archéologique de F51, un broyeur en diorite, un peson (ou une table de travail ?) en calcaire et un vase globulaire en faïence bleue très abîmé (7619.1)298. La fosse F46, de forme très irrégulière, était située dans la pièce 8 (fig. 172). Elle est apparue au même niveau que l’arase des murs M61 et M64 (z+ : 78,70-78,81 m). Elle abîmait très légèrement le parement ouest du mur M64 et coupait en grande partie les niveaux de remblai de la pièce 8. Son comblement (US 7405) contenait plusieurs fragments de grès de toute taille et beaucoup de céramique (dont de nombreux fragments de grands conteneurs, genre pithoi). La fosse F45 se situait dans l’angle sud-ouest de la grande pièce 1 (fig. 69). Elle suivait, sans les couper, les parements des murs M46 et M48. Elle était peu profonde (z+ : 78,83-79,02 m ; z- : 78,67-78,80 m). Son comblement (US 7387), assez meuble et hétérogène, ne contenait qu’un peu de céramique. Sur ce vase : infra, Chapitre III, § 7.1.1.2. Autres formes fermées.

159

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

7585.1 L: 2,1 cm

Fig. 171. Scellé 7585.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91010

Fig. 172. Fosse de dépotoir F46 depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°74001

Fig. 173. 7363.3, sceau inachevé, en calcaire – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121182

Fig. 174. 7363.4, bas-relief avec deux registres de perles lancéolées, en calcaire – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121180

7463.1 L: 7,7 cm

Fig. 175. Double-pic 7664.5 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119090

Fig. 176. Ostracon 7463.1 – © Cnrs-Cfeetk/Y. Stoeckel n°103948

160

CHAPITRE I

– La fosse F38 était juste au-dessus de la fosse F45. Ses limites n’étaient pas claires. Au moment de la fouille, elle semblait occuper toute la pièce 1 ainsi qu’une bonne partie de la pièce 6. Peu profonde (z+ :79,0179,22 m ; z- : 78,86-79,05 m), elle coupait le mur M48 et M61. Son comblement (US 7354) était une couche assez peu compacte et peu homogène. Il a livré quelques fragments de céramiques, deux ostraca d’époque ptolémaïque (7354.1 et 7354.2)299 et de très nombreux fragments de pierre de toute taille. La nature de ces pierres est diverse, surtout du grès jaune, mais aussi du granit, du calcaire et du schiste. Parmi ces pierres, on a recensé, entre autres, plusieurs fragments d’architecture (jambage ?), des broyeurs, un fragment d’un bassin et un possible modèle de sculpteur (7354.8). Ces fosses de dépotoir contenaient donc un matériel résiduel d’occupation assez riche. Les nombreux fragments de pierre qu’elles ont fournis provenaient peutêtre en partie d’éléments d’architecture (encadrements de porte, dallage…) du bâtiment J. Ils auraient été démontés avant la construction de la sous-phase 14b. Quant aux modèles de sculpteur300, nous pensons qu’ils étaient reliés à une activité de sculpture qui se déroulait dans ce bâtiment. Des indices supplémentaires viennent alimenter cette hypothèse : des petits fragments sculptés en calcaire ont été découverts sur les bords de la fosse tardive F39, dont un sceau inachevé et un fragment de bas-relief représentant deux registres concentriques de perles lancéolées (fig. 173-174) ; l’US 7475, signalé dans les niveaux contemporains à l’occupation du bâtiment J, contenait moult petits déchets de taille de calcaire ; enfin parmi les objets découverts dans le bâtiment J figurait un outil que Samuel Guérin a identifié comme un double-pic, outil très souvent utilisé par les sculpteurs et les tailleurs de pierre (fig. 175)301. L’hypothèse de la présence de sculpteurs dans ce bâtiment, ou du moins ses environs, trouvera d’autres arguments dans l’étude du comblement de la rue.

299

300

301

Voir infra, Chapitre III § 10.1.2. Ostraca de la phase 14 (époque ptolémaïque). Pour une étude de ces artefacts : infra, Chapitre III, § 5. Sculptures et modèles de sculpteurs. Il provient d’un contexte malheureusement perturbé de la pièce 8. Ce même contexte a fourni un modèle de sculpteur 7664.2. Pour une analyse du double-pic : infra, Chapitre III, § 3.1.5.3. Outil utilisé pour piqueter et débiter.

Une couche de remblai a dû niveler la surface avant la reconstruction du bâtiment. Il nous en reste un petit témoignage : le remblai US 7463, situé entre le dallage ST11 et la construction en briques crues ST36, dans le couloir arrière du bâtiment J (fig. 76 et 105). C’est une couche peu homogène, argilo-limoneuse, contenant quelques charbons, des fragments de briques rubéfiées, et de la céramique en quantité moyenne. Ce remblai a fourni un ostracon fragmentaire avec une belle inscription hiéroglyphique, 7463.1 (fig. 176). 4.2.2. Étude stratigraphique de la rue à la phase 14 L’histoire de la rue devient plus complexe après son dernier grand niveau de circulation SOL22. Fosses de dépotoir, niveaux d’abandon et remblai se succèdent dans un ordre que nous décrirons ci-dessous. Il est parfois délicat d’associer la stratigraphie de la rue avec celle des édifices. Contrairement à la phase 13, aucun niveau de circulation n’a été découvert en connexion directe avec les bâtiments à l’est. De même que ces derniers n’ont fourni aucun bon niveau de sol, de même la rue a livré des niveaux de circulation très mal préservés. Nous indiquerons néanmoins, au fur et à mesure, les relations stratigraphiques supposées entre ces états de rue et les sous-phases 14a et 14b relevées pour les bâtiments I et J302. 4.2.2.1. Première conversion en dépotoir : Rue 1 Tout d’abord, la rue a été convertie en dépotoir. Plusieurs fosses ont percé le dernier grand niveau de circulation SOL22. Elles n’entamaient jamais les élévations des façades des maisons VII et VIII, ni le grand mur ouest M53. Mais elles coupaient différents faits antérieurs : les niveaux de circulation fonctionnant avec les maisons des prêtres (SOL22, SOL23, SOL24) ; le four ST34 qui fonctionnait avec le premier état de la « place » ; les fondations de la maison VII et la tranchée de fondation du grand mur M53 ; les fosses et niveaux de dépotoir cendreux (F32, F33, F36) ainsi que l’arase du grand mur M55 appartenant à la phase 12 ; le radier sur lequel se sont élevés les bâtiments des phases 12 (US 7501 et 7502). Ce premier temps de comblement, que nous appelons Rue 1, a surtout été repéré au nord de

302

Voir aussi, au terme de la description des différents états de la rue, le tableau résumant les équivalences entre stratigraphie de la rue et celle des bâtiments (tableau 1).

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

la Zone 7. Mais une fosse a aussi été relevée pour cet état au sud (sondage S3G). – La fosse F29 était une fosse orientée nord-sud, parallèle à la façade ouest de la maison VII (fig. 50, 124 et 130). De forme grossièrement ovale et allongée, cette fosse était moyennement profonde (z+ : 78,1178,31 m ; z- : 77,71-77,78 m). Son comblement (US 7355 dans S3A=US 7737 dans S3C) était peu homogène et moyennement compact. Il contenait de nombreux fragments de briques crues, parfois rubéfiées, de nombreux petits charbons de bois concentrés en petites strates et une quantité moyenne de céramique. – La fosse F31 se situait à l’ouest de la fosse F29 et était parallèle au grand mur M53. Sa profondeur atteignait 0,70 m au maximum (z+ : 78,27-78,31 m ; z- : 77,605-77,75 m). La nature du comblement l’apparentait à une fosse de dépotoir, assez riche en céramiques. Son comblement, assez hétérogène, a été effectué en plusieurs fois. Les premières couches (US 7736a/b) sont plus compactes et moins riches en céramiques que la dernière (US 7736). Le comblement contenait également d’assez nombreux fragments de briques crues et un peu de charbon. – La fosse F66 était située au sud de la Zone 7 (fig. 125-126). Elle coupait ST34, four qui fonctionnait avec le premier état de la « place ». Elle n’a pas été fouillée complètement (z+ : 78,38-78,445 m ; z- : non atteint à 78,115 m). Son comblement (US 7698, 7813, 7835) était une couche moyennement homogène contenant des morceaux de briques crues et beaucoup de céramiques. Plusieurs scellés ont été découverts dans ces fosses et la plupart portent des titres de prêtres. Ainsi que nous verrons dans l’analyse des scellés, les matrices de certains scellés se retrouvent sur des exemplaires mis au jour dans des contextes postérieurs à Rue 1. Peut-on y voir un indice de la rapidité relative du comblement de la rue, au moins dans les premières étapes ? 4.2.2.2. Premier niveau de démolition-remblaiement : Rue 2 Dans un deuxième temps, des couches de terre, plus ou moins riches en matériel, ont recouvert le dernier grand niveau de circulation SOL22 et son aménagement secondaire SOL21, ainsi que les premières fosses de dépotoir de la Rue 1.

161

Ce niveau présentait l’aspect général d’un magloub. Il était composé d’une matrice de limon brun foncé plus ou moins compact et uniforme, avec de très nombreux fragments de briques crues de toute taille plus ou moins concentrés et de la céramique moyennement abondante. Il comportait aussi des zones avec de nombreux charbons de bois et des cendres, surtout à l’interface avec un autre niveau de magloub (US 7338). Il était assez peu homogène dans l’ensemble. Ce niveau était composé des US suivantes : dans S3A, US 7345 (fig. 50) ; dans S3B, US 7283, 7285, 7287 et en partie 7291 (fig. 132-133) ; dans S3C, US 7375=7730, 7733 et 7734/a (fig. 105) ; dans S3D : US 7368 et 7433 ; dans S3G, US 7598a, 7781/a/b/c, 7794 et 7808 (fig. 31). L’épaisseur de ce niveau était assez variable. Dans le sondage S3A, le magloub atteignait 55 à 60 cm d’épaisseur (z+ : 78,62-78,77 m ; z- : 78,02-78,23 m). Dans le sondage S3C, l’épaisseur était de 80-85 cm (z+ : 79,15-79,19 m ; z- : 78,32-78,385 m). Au nord du sondage S3A, le magloub a été entamé par les fouilles de P. Anus et R. Sa’ad ; il n’était préservé que sur 40 cm au maximum. Enfin, il était moins épais, ou peut-être moins bien conservé, tout au sud, dans le sondage S3G : il mesurait seulement 20-25 cm (z+ : 78,52-78,73 m ; z- : 78,31-78,47 m) et était recouvert directement par le remblai moderne 7001. Le remblai qui recouvrait le grand mur M78 ne mesurait que de 25 cm d’épaisseur (z+ : 78,87-78,97 m ; z- : 78,62-78,735 m). Les premières couches étaient plus riches en matériel. Dans le sondage S3D, le niveau recouvrant le foyer aménagé ST5303, préalablement arasé, a ainsi fourni un matériel digne d’intérêt. Dans le comblement de la structure (US 7370 et 7370a) et dans le niveau de magloub qui la recouvrait (US 7368) ont été découverts des éléments de collier : quatre amulettes en faïence (deux yeux oudjat, Isis lactans et Shou : fig. 177), ainsi que près de 350 perles circulaires, plates, en faïence bleue, verte, rouge, jaune et noire. Dans le sondage S3C ensuite, les couches 7734 et 7734a ont livré un multiple œil oudjat en amazonite, deux moules à amulette en terre cuite et un bel ostracon. Une inscription hiéroglyphique a été gravée très finement sur la surface extérieure de cet ostracon en céramique (fig. 178). L’inscription, très incomplète, se lit « prophète de [Mout ?] ». Le matériel recueilli dans les couches supérieures s’est révélé également intéressant. Nous citerons pour 303

Cette structure fonctionnait avec le sol SOL21, probable réaménagement de SOL22 : supra, Chapitre I, §3.4.2.4. SOL21 : quatrième niveau de rue ou aménagement secondaire de SOL22 ?.

CHAPITRE I

162

0

7368.2 / L: 1,3 cm

5 cm

Fig. 178. Ostracon 7734.4 – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°119533-119534

Fig. 177. Amulette de Shou 7368.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75652

Fig. 179. Brique décorée de motifs hiéroglyphiques 7730.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°102312

0

5 cm

0

5 cm

Fig. 180. Fond de vase réutilisé 7339.6 – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°119547-119548

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

exemple une brique crue enduite et peinte avec des signes hiéroglyphiques (fig. 179). Enfin, des scellés portant des titres de prêtres ont été mis au jour dans toutes ces couches de remblai, certains similaires à ceux découverts dans les contextes de Rue 1. On identifie ces niveaux comme des remblais ou des niveaux de démolition, même si la composition des premières couches, plus riches en matériel, les apparenterait plus à des niveaux d’abandon. Ce niveau constitue une phase importante de remblayage (et de démolition ?) du quartier des prêtres de la phase 13. Il peut être considéré comme un nivellement de la zone, préparatoire à la construction des bâtiments. 4.2.2.3. Seconde conversion en dépotoir : Rue 3 Le troisième temps du comblement de la rue est représenté par de nombreuses fosses de dépotoir. Elles coupaient le remblaiement Rue 2 et divers faits antérieurs. Elles entamaient franchement certains murs appartenant à la phase 13, comme les murs de façade des maisons des prêtres et le grand mur M78, ce qui suggère que ces éléments architecturaux n’étaient plus visibles. Mais elles épargnaient le grand mur M53 qui continuait de servir à la phase 14. Elles se situaient la plupart du temps le long des bâtiments I et J, ou le long du grand mur M53. Ces fosses n’étaient pas toutes synchrones et se coupaient souvent entre elles ce qui a rendu parfois difficile l’appréciation de leurs limites. Nous décrivons succinctement ci-dessous ces fosses du nord au sud et indiquons les découvertes remarquables issues de leur comblement. Ces dernières évoquent probablement les vocations de ce secteur à la phase 14. – Au nord de la Zone 7, une première fosse F21 a été creusée le long du parement est du grand mur M53 (fig. 132-133 et 181). Le creusement entaillait très légèrement ce dernier. Son altitude supérieure ne peut être connue car elle a été arasée par les fouilles antérieures. Elle a été repérée à partir de 78,4478,48 m et son fond a été atteint à 78,03-78,05 m. Son comblement (US 7284 et 7284a) contenait une quantité assez importante de céramique et plusieurs scellés. – La fosse F26 était une grande fosse reconnue à moitié environ dans le quart nord-ouest de S3A et observée dans la stratigraphie sud du sondage S3B (fig. 132 et 181). Elle coupait la fosse F21. Le com-

163

blement (US 7339), très cendreux et assez hétérogène, mêlait de nombreux fragments de briques crues, de très nombreux charbons de bois et de nombreux déchets de taille de grès et de calcaire. Le matériel céramique est très important et comporte de très nombreux fragments de dokka et de pithoi. Une céramique en pâte alluviale grossière (7339.6) a été utilisée comme un petit four pour faire fondre du cuivre (fig. 180). Seule la base est conservée. La surface interne, complètement brûlée, présente de nombreuses boulettes de cuivre et le début d’une vitrification. Il pourrait donc s’agir d’un élément artisanal utilisé pour le travail d’un alliage cuivreux. La surface externe ne présentant pas de trace de feu, on peut difficilement parler de creuset. Il s’agissait sans doute déjà d’un métal réduit, raffiné ou alors travaillé avec cette céramique. Une dernière découverte à signaler pour cette fosse : il s’agit d’un buste masculin en calcaire (7339.1), un modèle de sculpteur, qui rappelle un de ceux mis au jour dans la fosse F13 du bâtiment J304. Le matériel issu de cette fosse évoque donc des activités domestiques et artisanales. – Les fosses F27 et F28 coupaient le mur de façade de la maison VII. La première était située au niveau du jambage nord de sa porte d’entrée P6 et la seconde au niveau du jambage sud. Elles étaient probablement destinées à récupérer des éléments de chambranle de cette porte (fig. 132 et 181). Elles longeaient les restes de la façade ouest du bâtiment I. La fosse F27 coupait la fosse F26 et lui était donc postérieure. Elle a été comblée en vrac par des déblais et des blocs de la porte retaillés ou non, et divers déchets de taille (fig. 182). Un bloc pourrait correspondre à un élément de jambage de P6. Un autre présente un carroyage avec une croix dans une case. Il pourrait s’agir d’un plateau de jeu305. La fosse F28 a dû être abandonnée en cours de réalisation puisque la base du jambage sud de P6 est encore en place (fig. 64-65). La fouille partielle de son comblement (US 7228=7352) a livré une ébauche de sculpture représentant un hippopotame, en calcaire tendre (7352.1) (fig. 183).

304

305

Pour une étude de ces artefacts : infra, Chapitre III, § 5. Sculptures et modèles de sculpteurs. Voir en comparaison un plateau de jeu trouvé dans le comblement supérieur de la descenderie menant à la tombe de Sésostris III à Abydos : AYRTON et al. 1904, p. 53, pl. XL, n°17.

CHAPITRE I

164 x=956

y=3300

N

Limite des fouilles de 1970

F21 M18

M53

F27

VII F26 y=3294 x=950

F28 M25

Bâtiment I 2

0

4m

Légende : sous-phase 14a

phase 13

fosse

grès

céramique restitution

Fig. 181. Fosses de dépotoir Rue 3 (sondages S3A/B/D) – Plan éch. 1/100

Fig. 182. Fosse F27 à l’entrée de la maison VII, depuis le nord – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°72725

Fig. 183. Ébauche d’hippopotame en calcaire 7352.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89721

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

165

Trois fosses F44, F61 et F77, appartenant à cette troisième étape du comblement de la rue, occupaient toute la largeur de la rue dans le sondage S3C (fig. 184) : – La fosse F77, la plus petite, entamait les murs de façade des maisons VIII et IX, mais suivait le parement ouest du mur de façade du bâtiment J. Elle a elle-même été coupée par les fosses F61 et F44. Son comblement (US 7705a) a fourni pas mal de céramiques, un modèle de sculpteur et des scellés avec titres de prêtres. – La plus grande fosse, F61, longeait le parement est du grand mur M53. Elle se poursuivait encore plus au sud dans le sondage S3G où elle coupait l’angle nord-est des grands murs M85/M78. Elle mesurait plus de 15 m de long pour 1 à 1,30 m de largeur. Elle était assez profonde (z+ : 78,75-78,84 m ; z- : 77,97-78,26 m). Le comblement était constitué de plusieurs couches hétérogènes (US 7609, 7615, 7732/a/b, 7812). Il comportait beaucoup de céramiques et des fragments de pierre en quantité moyenne (granit, grès, calcaire). Parmi le mobilier riche de cette fosse, on peut citer plusieurs fragments de modèles de sculpteur, quelques outils lithiques (meule, broyeur, polissoir, aiguisoir), quelques scellés (certains mentionnant des titres de prêtres) et de rares amulettes. – La fosse F44 occupait la largeur de la rue entre le grand mur M53 et la façade du bâtiment J, dont elle coupait légèrement les parements (fig. 105). Cette fosse, longue de 10 m, coupait au sud les fosses F61 et F77. Les limites entre ces différentes fosses n’étaient pas aisées à déterminer. Son creusement a franchement entaillé les façades des maisons VII et VIII. La surface de cette fosse correspondait à l’arasement du bâtiment J (z+ : 79,14-79,22 m). Au plus bas, elle atteignait 78,15-78,24 m. Son comblement (US 7373, 7731/a) était une couche assez hétérogène, contenant énormément de céramiques (dont beaucoup de fragments de gros conteneurs), et pas mal de fragments de grès et de calcaire, souvent gros (éclats de taille, débitage ?). Un fragment de grès inscrit (7373.22) portant le titre de premier prophète d’Amon306, des fragments de modèles de sculpteur et quelques outils lithiques (meule, broyeur, polissoir…) figuraient au nombre des découvertes issues de cette fosse.

Tout au sud de la Zone 7, pas moins de six fosses de dépotoir correspondent à la troisième étape du comblement de la rue (fig. 184) : – La fosse F74 était située entre la « place » et la rue (fig. 48). Sa limite était difficile à déterminer car elle coupait des niveaux de dépotoir-abandon de la « place ». De plus F74 a été coupée par une fosse tardive F62 (pollution observée). La fouille partielle de son comblement (US 7671, 7768/a et 7793) a fourni céramiques, pierres et plusieurs scellés. – La fosse F72, était assez profonde puisqu’elle entaillait le grand mur M86 de la phase 12 (fig. 48). Elle longeait au nord le retour du grand mur M53. On ne connaît pas toutes ses limites, car elle a été coupée au sud par la fosse F73 et à l’est par la fosse F61. Le riche matériel de son comblement (US 7637, 7669, 7676, 7679, 7700, 7766) comprenait beaucoup de céramiques, des morceaux de grès de petites et moyennes tailles, quelques petits fragments de bas-reliefs en calcaire et des scellés avec titre de prêtre. – La fosse F73, coupant la fosse F72, était encore plus profonde, entamant la surface arasée du grand mur M86’ de la phase 11 (fig. 31). Son comblement, constitué de plusieurs couches hétérogènes (US 7598b, 7673, 7769, 7782, 7847), contenait beaucoup de céramiques et des fragments de pierres, dont un petit fragment de bas-relief en calcaire. – Les trois dernières fosses, F60, F65 et F75, coupaient en tous sens le grand mur M78, mais épargnaient le mur M84. La fosse F60, de forme grossièrement circulaire, était moyennement profonde (z+ : 78,625-78,71. z- : 78,21). Beaucoup de céramiques, de très nombreux fragments de pierres (déchets de taille en calcaire, un morceau de granit, quelques fragments de nucléus en silex, fragments de carroyage incisés sur une plaque en calcaire) ont été mis au jour dans son comblement (US 7598/c). La fosse F65 a livré de nombreux et gros morceaux de céramique ainsi que des fragments de grès. Un bloc en grès, 7692.1, portait un décor représentant la triade thébaine307. La fosse F75, au sud des fosses précédentes, a été reconnue sur 1,70 m de longueur. Elle se poursuivait au-delà de la limite sud du sondage. Elle a été coupée par une fosse de dépotoir de la phase 15 (F68). Son comblement (7783) contenait beaucoup de gros fragments de céramique et

306

307

Infra, Chapitre III, § 9.2. Matériel inscrit du quartier ptolémaïque.

Infra, Chapitre III, § 9.2. Matériel inscrit du quartier ptolémaïque.

x=954

N

y=3290

M53

F44

Bâtiment J

F77

ST8

F61

Légende : sous-phase 14a

phase 13 F72 fosse F44

autres fosses

F73 F74

grès F60 limite des fouilles F65

M84 restitution

y=3266 x=946

F75

0

2

4m

Fig. 184. Fosses de dépotoir Rue 3 (sondages S3C/G) – Plan éch. 1/100

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

des morceaux de grès. De nombreux scellés ont été trouvés dans les comblements de ces fosses et ils portent surtout des titres de prêtres. Parmi le mobilier découvert dans ces fosses de dépotoir, on note donc la découverte de scellés avec des titres de prêtre et d’éléments qui dénotent une activité artisanale. Ainsi que nous l’avons souligné auparavant, les matrices de certains scellés se retrouvent sur des spécimens découverts dans des étapes précédentes du comblement de la rue (Rue 1 et Rue 2), mais aussi postérieures (Rue 4 et Rue 5). La pollution entre ces différents états qui généralement s’entrecoupent est très probable, surtout s’agissant des dernières étapes du comblement de la rue. Le matériel artisanal issu de ces fosses est particulièrement proéminent. Les modèles de sculpteur, associés à de nombreux éclats de taille, sont le témoin d’une activité de sculpture, voire d’apprentissage de la sculpture. Les quelques moules à amulettes ainsi que le petit four avec les résidus d’alliage cuivreux pourraient attester de la présence d’autres types d’ateliers. Le troisième état de la rue paraît contemporain avec les fosses coupant les diverses pièces du bâtiment J. Il est par conséquent postérieur à l’occupation des bâtiments à la sous-phase 14a et antérieur à leur reconstruction à la sous-phase 14b. Les modèles de sculpteurs, les nombreux déchets de taille issus des fosses de Rue 3 rappellent le matériel trouvé dans les fosses du bâtiment J. Aurait-on débarrassé le matériel des bâtiments de la sous-phase 14a dans ces fosses de dépotoir, avant leur reconstruction à la sous-phase 14b ? Si ce postulat est juste, ces fosses pallieraient le manque d’information résultant d’une phase architecturale conservée en fondation. Il est vrai que le comblement de ces fosses pourrait provenir d’un secteur complètement différent. Mais notre hypothèse se trouve confortée par le type de matériel issu des bâtiments dégagés en 1971, bâtiments contemporains bien mieux conservés que les bâtiments I et J308. 4.2.2.4. Second niveau de démolition-remblaiement et murs séparateurs : Rue 4 Le niveau de remblai-démolition constituant le quatrième moment du comblement de la rue a été surtout

observé dans le sondage S3A. Les niveaux au sud étaient en effet très érodés et ne présentaient que peu ou pas ce remblai. Au nord ils ont été entamés par les fouilles anciennes. Recouvrant également directement les fosses de Rue 3, plusieurs murets ont été installés en plein milieu de la rue. Le niveau de remblai-démolition prenait la forme d’un magloub peu différent de celui de la Rue 2. Mais puisqu’il scellait les nombreuses fosses de dépotoir qui perçaient le magloub de la Rue 2, il lui était forcément postérieur. De plus, une strate contenant de nombreux charbons de bois et des cendres marquait l’interface entre ces deux niveaux de magloub (fig. 50). Ce hiatus dans la succession des couches de remblai-démolition peut être perçu comme une limite entre les sous-phases 14a et 14b. Ce nouveau magloub était un niveau peu homogène, composé d’une matrice de limon assez compact avec de très nombreux fragments de briques crues de toute taille et de plusieurs petits charbons de bois. La céramique était moyennement importante. Des fragments de grès, parfois de très grandes tailles (restes d’éléments d’architecture détruits avant l’installation de la sous-phase 14b ?) étaient particulièrement nombreux au sud (fig. 169). Dans le sondage S3A où il était le mieux conservé, il atteignait au maximum 1 m d’épaisseur (z+ : 79,63-79,645 m ; z- : 78,62-78,77 m). Ce niveau était composé des US suivantes : dans S3A, US 7338 ; dans S3C, US 7362, 7381, 7385 et 7583 ; dans S3G/S4, US 7380309. Parmi les découvertes issues de ce niveau, on doit signaler des scellés, dont certains portent des titres de prêtres, des ouchebtis fragmentaires en faïence bleu turquoise ainsi qu’un ostracon en démotique. Le magloub venait contre, ou était coupé par310, des murets en briques crues, occupant le centre de la rue (fig. 169 et 185). Ces murets s’installaient directement sur des fosses de dépotoir de la Rue 3 (F44 et F61), ou parfois les entamaient légèrement. Ils étaient visibles uniquement dans le sondage S3C. Ils divisaient la rue en deux couloirs de circulation nord-sud. Il s’agit, du nord au sud, des murets M52, M51 et M58. Ils étaient peu conservés, entre 0,80 et 3 m de longueur et 20 et 40 cm de hauteur. Ils mesuraient environ 55 cm de

309

308

Infra, Chapitre IV, § 1.1.3.1. Renouveau du quartier à l’époque ptolémaïque : reflet d’une transformation sociale.

167

310

Pour l’US 7380, il s’agit plus d’une passe. Les limites des différentes fosses qui occupaient la partie sud de la Zone 7 étaient difficiles à distinguer. Aucune tranchée de fondation n’était visible sur le terrain.

168

CHAPITRE I

large. L’appareil, peu soigné, était constitué généralement d’une panneresse associée à une boutisse. Le module des briques différait beaucoup avec la longueur comprise entre 27 et 40 cm, la largeur entre 15 et 18 cm et une hauteur entre 10 et 11 cm. Ces « moignons » de murs, très détériorés, n’étaient pas reliés entre eux. Peut-être M52 et M51 formaient le même mur car leurs parements étaient dans le même alignement. Ce n’était pas le cas de M58, situé un peu plus à l’ouest. Leur base se situait à 78,975 m pour M52, 79,19-79,23 m pour M51 et 78,79 m pour M58. Leur niveau d’arase était compris entre 79,22 et 79,47 m. Les niveaux de circulation qui devaient fonctionner avec ces murets ne sont pas préservés dans le sondage S3C. 4.2.2.5. Niveaux de circulation : Rue 5 Un ensemble de niveaux de circulation vint ensuite sceller le magloub de Rue 4 (fig. 50). Quatre sols se succédaient rapidement, SOL20, SOL19, SOL18 et SOL17. Environ 1,40 à 1,60 m sépare le dernier niveau de circulation de la rue de la phase 13 et ces niveaux de circulation de la phase 14311. Ces niveaux étaient très lacunaires, car, d’une part, ils ont été coupés en tous sens par des fosses, et, d’autre part, ils n’ont pu être repérés que dans le sondage S3A, partie la plus haute conservée de la Zone 7. – Le premier sol, SOL20, est apparu à 79,65-79,67 m (fig. 186). Il était très compact et homogène. Sa surface était horizontale. Il était composé de limon (mouna ?) avec de nombreux petits et moyens fragments de briques crues, associé à du sable très grossier et d’abondants petits galets de rivière. Ce sol a été reconnu sur une surface de 2,60 m du nord au sud par 1,70 m d’est en ouest. Quelques tessons étaient à plat sur sa surface. Deux fragments d’un même ostracon (7328.1 et 7328.2) et un scarabée (7328.4) faisaient partie du mobilier recueilli sur ce sol. Plusieurs structures ont laissé quelques traces en surface de SOL20 : un foyer (US 7332) et le négatif d’un élément circulaire (US 7333-7334). Le creusement de ce dernier, réalisé dans SOL20, était de plan circulaire ; son diamètre était de 23 cm et sa profondeur de 7 cm environ. Il s’agissait probable-

311

À Éléphantine, dans la partie nord de la ville, les rues sont toujours utilisées aux XXVe-XXVIe dynasties même si elles ont été élevées d’environ d’1,50 m environ vis-à-vis de la phase antérieure. KAISER 1993, p. 175.

ment plus du négatif d’un pot à fond ovoïde (pot à cuisson, jarre…) que d’un négatif de poteau. Ces aménagements, probablement domestiques, ont été perturbés par la fosse F25 au nord-ouest et lors de l’implantation du sol SOL19. F25 était une petite fosse de forme très irrégulière. Sa profondeur maximale était de 32 cm (z+ : 79,575-79,62 m ; z- : 79,26-79,40 m). F25 était coupée à l’ouest par la fosse F23, sur environ la moitié ouest, et, au nord par les fosses F20 et F22. Le matériel moyennement abondant issu de son comblement (US 7330) était constitué de céramiques, trois ostraca en démotique et de divers scellés. – Le sol SOL19, situé à 79,66-79,70 m, scelle la fosse F25. C’est un fin niveau de limon très compact (mouna ou terre battue), associé à du sable en faible proportion. Ce sol était très lacunaire parce que coupé par de nombreuses fosses. De nombreux petits tessons, parmi lesquels un ostracon en démotique (7319.1), reposaient à plat sur la surface. – Le sol suivant, SOL18, est apparu à 79,70-79,725 m. Ce fin niveau de sol était très compact et très homogène. Il était composé d’une matrice de limon compacté, associée à du sable très grossier de rivière et à de nombreux petits galets de quartz. Comme SOL17, SOL18 n’est conservé que sur une langue de terre (2,50 m environ par 60 à 80 cm de large). Le matériel issu de SOL18 est peu abondant, quelques tessons en surface et un scellé (matrice n°172). – Le dernier sol conservé fonctionnant avec la phase 14, SOL17, est apparu à 79,75-79,84 m (fig. 187). Il était très compact et homogène, mêlant limon compacté, gros sable de rivière compacté et de nombreux très petits galets. Quelques tessons à plat étaient inclus dans le sol. Ce niveau de circulation a un léger pendage, une pente descendante du nord au sud (environ 9 cm sur 2,5 m). Il est conservé de manière très partielle (2,40-2,50 m de long sur 40 à 65 cm de large). Ces différents niveaux de sol ont été coupés par différentes fosses ainsi que par l’installation du dernier niveau de rue préservé SOL16 (phase 15 probablement). Il ne nous reste donc très peu de témoignages de ces niveaux de circulation récents. Du fait de la présence de ces fosses et que l’arase et/ou l’érosion est plus forte vers les bâtiments situés à l’est, aucun lien physique n’était conservé entre ces niveaux de circulation et les bâtiments I et J. Par l’analyse stratigraphique, on suppose que ces niveaux ne fonctionnaient qu’avec la

169

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Fig. 185. Murets divisant la rue en deux couloirs (?), depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°74169

Fig. 186. Niveau de rue SOL20 (sondage S3A), depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°71101 x=954

N

y=3296

F22

F20

M53

Légende : 79,81 brique crue

SOL17 79,76

7327

F24

F23

limoneux compact

79,73 fosse

0

2

4m

Fig. 187. Niveau de rue SOL17 coupé par diverses fosses (sondage S3A) – Plan éch. 1/50

Fig. 188. « Peson » en terre crue – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121160

170

CHAPITRE I

sous-phase 14b de ces bâtiments. Ces restes de sol devaient venir aussi contre le parement restauré du grand mur M53 (z+ de la restauration : 79,705-79,84 m)312, mais la fosse F23 a coupé la relation physique entre eux. 4.2.2.6. Troisième conversion en dépotoir : Rue 6 Différentes fosses coupent les niveaux de sol précédemment décrits ainsi que d’autres faits antérieurs comme le remblaiement Rue 4 et les fosses de dépotoir Rue 3. Elles constituent le sixième temps de la rue à la phase 14. Elles ont surtout été repérées dans le sondage S3A, mais une fosse du sondage S3C pourrait également appartenir à ce moment de la rue. On dénombre quatre fosses dans le sondage S3A. Elles n’étaient pas synchrones : – La première fosse, F23, n’était profonde que de 22 à 25 cm (z+ : 79,705-79,855 m ; z- : 79,56-79,465 m) (fig. 187). Elle coupait le parement est du grand mur M53 (sur 20 à 30 cm de profondeur), les quatre sols de la Rue 5, la fosse F25 et le magloub de la Rue 4 (fig. 50). Elle a été coupée par l’installation de SOL16 (probablement Phase 15), et au sud par la fosse F22. Son comblement (US 7306), très homogène et meuble, contenant quelques fragments de briques crues (écroulement du grand mur M53 ?) et un matériel céramique très fragmentaire et peu abondant, n’est pas caractéristique d’une fosse de dépotoir. – La fosse F20 était une fosse de très grande taille. Reconnue dans tout le quart nord du sondage S3A (fig. 187), elle a été très largement coupée par les fouilles anciennes et la fosse F22 (fig. 132). Elle se situait le long du grand mur M53 dont elle a entamé légèrement le parement est. En plus des niveaux de sols de la Rue 5, elle coupait les fosses F23 et F25 au sud, F26 au nord et F27 à l’est, ainsi que les niveaux de magloub Rue 4 (US 7338) et Rue 2 (US 7345). Son comblement (US 7301a/b/c) était assez meuble et moyennement homogène. Il contenait de très nombreux fragments de briques crues de toute taille et quelques briques crues entières, plusieurs fragments de grès plus ou moins gros et de nombreux éclats de calcaire. Excepté quelques poches riches en matériel, la céramique était moyennement importante. Parmi

312

Supra, Chapitre I, § 4.1.2.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest).

les découvertes, on dénombre un scellé avec un titre de prêtre et deux ostraca démotiques (époque ptolémaïque d’après l’expertise de D. Devauchelle). Il faut aussi noter la présence d’un lot important de « pesons » en terre crue, une vingtaine, la plupart complets (fig. 188). De formes circulaires, ils présentent deux types de modules : 11-13 cm de diamètre et 4-5 cm de hauteur pour les plus gros ; 7 cm de diamètre et 5 cm de hauteur pour les plus petits. Tous présentent une face plane à l’arrière. Un trou les transperce dans chaque cas : il est de 2,5 à 3 cm pour le gros module et 1,2 cm pour le petit. Sur plusieurs éléments, on observe un enduit blanc et sableux. De nombreux objets similaires ont été mis au jour en Égypte – par exemple à Abydos, Mendès, Tell el-Ghaba et à Tell el-Herr – et ils sont systématiquement interprétés comme des pesons de tisserands, plus particulièrement pour des métiers à tisser verticaux313. – La fosse F24 était une fosse grossièrement ovale (fig. 50 et 187). Elle a coupé le mur de façade de la maison VII, les différents niveaux de sols de la Rue 5 et le magloub Rue 4 (US 7338). Son comblement (US 7316) contenait de très nombreux fragments de briques crues, de toute taille, plusieurs gros fragments de grès en fond de fosse ainsi qu’une quantité abondante de céramique. – La fosse F22, coupée à moitié au nord par les fouilles anciennes, a été localisée dans l’angle nord-ouest de S3A (fig. 187). Elle a été presque exclusivement creusée dans la fosse F20 (fig. 132). Elle coupait au sud les fosses F25 et F23. Son comblement (US 7309), peu compact et relativement homogène, a livré du matériel céramique en quantité moyenne, dont un fragment portant une inscription démotique (ptolémaïque d’après D. Devauchelle). – Enfin, dans le sondage S3C, une fosse F37 appartenait aussi sans doute à Rue 6. Elle coupait la grande fosse F44, le parement est du grand mur M53 ainsi que sa restauration, et, le parement ouest du muret M51 (fig. 105). Le comblement (US 7357) contenait des fragments de grès et de calcaire en quantité moyenne. La céramique, très abondante, était assez mélangée avec des formes ptolémaïques et d’autres datées du Haut-Empire romain. On n’a noté aucun

313

REDFORD 2004, p. 67, fig. 74, n°746-747 ; FUSCALO, LUPO 2005, p. 54, pl. VIII ; SANDIFORD 2013, p. 10 ; MARCHI 2014a, p. 104105, fig. 142-143. Une expérimentation archéologique a été conduite sur ce type d’objet : SHEFFER 1981.

171

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

élément intrusif de l’époque romaine tardive si bien que nous considérons cette fosse comme n’appartenant pas à la phase 15. Il nous est très difficile de savoir si ces fosses marquaient la fin réelle de la phase 14. Le sol recouvrant la fosse F23 (la relation physique avec les autres fosses n’est pas aussi sure) semble appartenir à une période bien postérieure (phase 15). Des niveaux intermédiaires ont très bien pu disparaître par érosion ou encore arasement. La phase 14 n’a donc fourni que des niveaux de sol très lacunaires fonctionnant avec les bâtiments, et uniquement pour la sous-phase 14b. Cependant, l’attention portée sur les niveaux antérieurs et directement postérieurs à ces rares sols a dévoilé une stratigraphie assez riche. L’étude du comblement de la rue, qui s’est réalisé en plusieurs étapes, s’est révélée particulièrement instructive. D’après la description de ces niveaux, la rue ne semble pas avoir connu un moment important d’abandon entre les phases 13 et 14 : le

Bâtiments I et J Antérieur à leur construction, sous-phase 14a Préparatoire à leur construction, sous-phase 14a Postérieur à leur occupation à la sous-phase 14a Antérieur à leur reconstruction à la sous-phase 14b Préparatoire à leur reconstruction, sous-phase 14b Contemporain à l’occupation, sous-phase 14b Niveaux non préservés

remblai préparatoire à la construction des bâtiments I et J vient presque directement recouvrir le dernier niveau de circulation de la phase 13 SOL22. Le traitement du mobilier, néanmoins, montrera qu’il existe une différence réelle entre les derniers niveaux de la phase 13 et les premiers niveaux de la phase 14. Cela suppose que la circulation aurait continué d’être utilisée, alors que les maisons des prêtres étaient abandonnées. La présence des prêtres à la phase 14 est attestée par les nombreux scellés découverts dans presque tous les types de contextes associés à cette phase. Elle est associée à celle d’artisans. En effet la découverte de modèles de sculpteurs et la quantité très importante de déchets de taille dans certaines fosses de dépotoir réalisées dans le bâtiment J et dans la rue (Rue 3) indiquent une activité artisanale dans ce secteur, probablement dans le bâtiment J lui-même. Le tableau suivant résume les équivalences que nous suggérons entre les différents états des bâtiments I et J, et, ceux de la rue.

Comblement de la rue Rue 1, fosses de dépotoir Rue 2, remblai de nivellement Rue 3, fosses de dépotoir Rue 4, remblai de nivellement Rue 5, niveaux de sol Rue 6, fosses de dépotoir

Tableau 1. Tableau des équivalences entre les différents états des bâtiments I et J et ceux de la rue

4.3. L’ORGANISATION DU QUARTIER À LA PHASE 14 L’organisation du secteur à la phase 14, dans la Zone 7, n’est pas facile à saisir. Tout d’abord, de très nombreuses fosses de dépotoir ont coupé bien des relations stratigraphiques entre les différentes structures architecturales (fig. 181 et 184). Ensuite, cette phase est très inégalement conservée (fig. 163 et 169) : les niveaux de la phase 14 sont peu nombreux dans le sondage S1 ; ils sont préservés de manière très inégale dans les différents sondages de la rue ; dans le sondage S4, à l’endroit de la « place », il nous semble qu’il n’en restait presque rien. L’architecture de la phase 14 occupe essentiellement le sondage S2 avec

le bâtiment J. Nous sommes ainsi contraints à émettre des hypothèses, et ce encore plus pour toute la partie sud de la Zone 7 ainsi qu’au moment de la sousphase 14b. 4.3.1. L’agencement entre les différents éléments architecturaux de la phase 14 Les bâtiments I et J sont construits perpendiculairement vis-à-vis du rempart. Ce dernier continue donc à jouer un rôle structurant à la phase 14. Pourtant, il n’est plus à cette phase la limite du sanctuaire d’Amon, rôle désormais joué par l’enceinte de Nectanébo. Le rempart est devenu en quelque sorte une enceinte interne.

172

CHAPITRE I

Le grand mur ouest M53 et le rempart ont des orientations différentes : l’espace entre les deux rapetisse vers le sud. Même si les bâtiments I et J longent de plus près le rempart que ne le faisaient les maisons des prêtres, la largeur de la rue diminue rapidement : près de 4 m au nord des restes du bâtiment I, 3 m au sud du bâtiment J. Or, il fallait une largeur de rue suffisante pour la création d’un double-couloir de circulation tel qu’on le voit apparaître à la sous-phase 14b. Cela pourrait expliquer que l’on n’ait pas remplacé le grand mur ouest M78 à la phase 14, ou alors bien plus à l’ouest de la Zone 7 : l’architecture de ces grands bâtiments quadrangulaires demandent beaucoup d’espace. Il est incertain si l’architecture de ces grands bâtiments se poursuivait plus au sud, puisque aucun vestige de la sorte n’était conservé directement au sud du bâtiment J. Pas un élément architectural susceptible d’appartenir à la phase 14 n’a été mis au jour dans le sondage S4 et nous ne pouvons formuler que des propositions : soit les fosses tardives et l’érosion ont fait disparaître de tels édifices, soit la succession des bâtiments était interrompue à l’endroit de la « place », comme nous l’avons vu pour la phase 13. Les dégagements opérés par É. Allaoua, afin de faire apparaître la surface du rempart depuis la Zone 7 jusqu’à l’enceinte de Nectanébo, ont en tout cas démontré l’existence de cette strate tout au sud. Cette phase est en effet encore présente presque à l’aplomb du mur sud de l’enceinte de Nectanébo314. 4.3.2. La circulation à la phase 14 Bien que nous n’ayons pas trouvé de bons niveaux de circulation pour la phase 14, l’existence d’une rue orientée nord-sud, située entre les bâtiments et le grand mur M53 est certaine. Sa largeur, entre 3 et 4 m, a permis la création d’un double couloir de circulation que l’on a observé dans le sondage S3C315. Les murets M52, M51 et M58 séparaient la rue en deux circulations nord-sud de largeur variable. Les murets semblent avoir été construits au même moment que la réfection des bâtiments à la sous-phase 14b. Les niveaux de circulation mis au jour dans le sondage S3A (Rue 5) fonctionnaient sans doute avec les murets centraux de la rue très arasés. Peut-être des murets séparateurs similaires étaient déjà installés dès la sous-phase 14a. Nous n’en 314

315

La publication des résultats de ces dégagements se fera dans un volume consacré au rempart et au Nouvel Empire. Supra, Chapitre I, § 4.2.2.4. Second niveau de démolitionremblaiement et murs séparateurs : Rue 4.

avons aucune trace dans le sondage S3C mais cela pourrait être une explication plausible pour le muret M84 découvert dans le sondage S3G. Ce muret appartient à la sous-phase 14a. Il se situait à l’endroit du grand mur ouest de la phase 13 M78, sans pour autant revêtir la même fonction. Sa faible épaisseur (46 cm) en regard de celle de M78 (plus de 2 m), et le fait qu’il ne soit relié à aucun autre mur, le fait ressembler aux murets séparateurs de la sous-phase 14b. La présence de ces murets en plein milieu d’une rue peut sembler assez étrange. Une comparaison avec le complexe de la reine Khentkaoues à Gizeh (Ve et VIe dynasties) offre une possibilité d’interprétation. Des murs sont conservés sur toute la longueur de la rue principale de la ville316, la divisant ainsi en deux couloirs de circulation (fig. 152f, circulations 1 et 2)317 : le premier, situé au sud des murs, permettait un accès direct depuis la tombe de la reine à tout un complexe « économique » et servait de voie processionnelle ; le deuxième desservait une série de maisons identifiées comme les maisons des desservants du culte. Il ne s’agit pas d’un seul mur mais d’une série de murets avec des accès ménagés de manière régulière, pour chaque maison318. Les murets de la Zone 7 avaient peut-être un rôle similaire : l’axe à l’est de ces murets desservirait les bâtiments et l’axe à l’ouest mènerait directement à un secteur, non pas résidentiel, mais en rapport avec le fonctionnement du temple. Au vu de l’état altéré de ces murets et de notre connaissance partielle des aménagements adjacents au quartier sur la rive sud du lac Sacré319, il ne s’agit évidemment que d’une proposition. De plus, l’état très délabré des niveaux de la phase 14 au sud de la Zone 7 ne permet pas d’être certain que l’accès aux secteurs sud du lac Sacré, tel qu’il existait à la phase 13, était toujours utilisé. Néanmoins, puisque le grand mur M53 a continué d’exister tout au long de la phase 14, il est raisonnable de penser qu’une circulation est-ouest se situait à l’arrière du secteur entouré par ce mur et rejoignait la rue orientée nord-sud de la Zone 7.

316

317 318

319

Pour une description de la ville attachée à la pyramide de Khentkaoues à Gizeh : supra, Chapitre I, § 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites. HASSAN 1943, fig. 1 et H. La voie sud mène à l’entrée de la chapelle du mastaba de la reine et était réservée aux cérémonies du culte. Cette voie était si importante que l’on a évité de la couper par la rue transversale qui dessert l’agglomération des maisons du sud, en aménageant un passage souterrain. BADAWY 1953, p. 11-12. Sur ce secteur, infra, Chapitre IV, § 2.1.2. Partie orientale de la rive sud du lac Sacré.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

4.4 ÉTUDE COMPARATIVE La phase 14 a été plus ou moins bien repérée au nord de la Zone 7 lors des fouilles anciennes. Plusieurs bâtiments bien conservés, situés au nord du quartier des prêtres et appartenant à une phase architecturale postérieure à ce dernier, ont été mis au jour par J. Lauffray en 1971. Il s’agit de l’installation n°7 (fig. 51c). Une comparaison de leurs caractéristiques architecturales avec les bâtiments I et J commencera cette étude comparative. Nous essaierons ensuite d’examiner si des bâtiments susceptibles d’appartenir à cette phase se trouvaient dans le secteur dégagé par P. Anus et R. Sa’ad en 1970. Puis, nous comparerons l’architecture de ces bâtiments avec celle d’autres sites afin de savoir si elle est spécifique d’une période ou d’une destination particulière. Nous terminerons par l’analyse des données stratigraphiques des bâtiments anciennement dégagés. 4.4.1. L’architecture des bâtiments de la phase 14 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque L’architecture des bâtiments I et J, conservés en fondation, trouve une comparaison essentielle avec les édifices dégagés au nord du quartier des prêtres, dans le quartier dit ptolémaïque (fig. 162). Les fouilleurs ont noté que ceux-ci s’élevaient sur le quartier des prêtres antérieur320. Huit maisons, désignées par les lettres A à H, appartiennent à cette phase architecturale (installation n°7). Quelques-unes n’ont été que partiellement fouillées. Ce niveau correspond à notre phase 14, ainsi que nous le verrons à travers l’analyse architecturale de ces maisons. Nous ne reprenons pas ici la description détaillée que J. Lauffray en a réalisée dans son article paru en 1995321. Nous avons tenté de dégager les grandes lignes de l’architecture et de l’organisation du quartier ptolémaïque.

de 13,20 × 10,50 m, se rapproche ainsi des maisons A et E. Les murs de ces maisons sont dans l’ensemble assez larges, comme ceux des bâtiments I et J : 1,30 à 1,40 m pour les murs de façade et 0,80 à 1 m pour les murs de refend de la maison A322 ; 70 à 75 cm pour les murs de façade et 55 cm en moyenne pour les murs de refend de la maison B323 ; 1,07 m pour les murs extérieurs, entre 0,60 et 0,70 m pour les refends de la maison D324 ; 1 m à 1 m15 selon la hauteur de l’arasement pour les murs extérieurs et entre 0,60 et 0,70 m pour les refends de la maison E325 ; 1,20 m à 1,25 m pour les murs extérieurs de la maison F326 ; la largeur des murs extérieurs de la maison H oscille aux arases entre 0,75 et 0,80 m327. À l’époque de l’occupation de ces maisons, la limite du sanctuaire d’Amon donné par le rempart était caduque. La nouvelle enceinte attribuée à Nectanébo Ier agrandit l’espace sacré, vers l’est notamment. Toutes les maisons sont cependant orthogonales au rempart et non à l’enceinte. Les rapports entre les maisons et le rempart varient d’une maison à l’autre. Au nord du quartier ptolémaïque, les bâtiments sont légèrement installés sur l’arase du rempart. D’autres maisons sont fondées sur une partie écroulée du parement ouest du rempart 328. Pour la maison A, un passage a été aménagé entre l’arrière de la maison et le rempart, et, à cette occasion, le rempart a été consolidé329. Un couloir a aussi été réservé entre l’arrière de la maison D et le rempart et, en plus, un escalier menait à son arase330. Le couloir de 1,25 m, ménagé entre la maison G et le rempart, était accessible par une porte331, ce qui indique que cet espace était utilisé. Les bâtiments I et J ne s’installent pas sur le rempart. Un petit passage, de 80 cm de large, était aménagé à l’arrière du bâtiment J et la présence du dallage ST11 indique que ce couloir était utilisé. Cette phase appartient donc au temenos agrandi, circonscrit par l’enceinte de Nectanébo. Cependant, nous n’avons relevé au sud aucune occupation datant de cette époque au-delà de la limite du rempart. Excepté

Organisation générale du quartier ptolémaïque

322

Tous les bâtiments sont de forme quadrangulaire. Voici les dimensions des maisons dont le plan est complet : maison A, 14 × 15 m ; maison B, 8,4 × 8,2 m ; maison C, 8 × 8 m ; maison D, 10,75 × 8,8 m ; maison E, 12 × 9,60 m. Le bâtiment J, avec ses dimensions

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LAUFFRAY 1995b, p. 318. Ibid., p. 301-348.

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Ibid., p. 311. Ibid., p. 315-316. Ibid., p. 322. Ibid., p. 326. Ibid., p. 330. Ibid., p. 334. C’est le cas des maisons B et C : ibid., p. 313, 317, et fig. 34 p. 338. Le parement ouest a été restauré afin d’éviter « les chutes de briques dans le passage » situé à l’arrière de la maison A : ibid., p. 311. Ibid., p. 322, pl. IIIa. Ibid., p. 334.

174

CHAPITRE I

des fosses de dépotoir plus ou moins récentes, ce sont des structures antérieures à la construction du rempart qui ont été mis au jour lors des fouilles menées dans la Zone 8, à l’est du rempart et de la Zone 7. Tout au nord, par contre, des vestiges probablement contemporains au quartier ptolémaïque ont été découverts à l’est du rempart. Il s’agit des « ensembles » G et H. Ils ont été dégagés au cours de l’été 1971 sous la surveillance de R. Sa’ad et en l’absence de l’équipe française. Au printemps 1971, seules les maisons A, B, C, D, E et F avaient été partiellement mises au jour par P. Anus : leur fouille fut plus tard complétée sous la direction de J. Lauffray. Les maisons G et H n’étaient pas encore dégagées. Les ensembles G et H ont été démontés avant qu’un relevé précis n’ait pu être effectué. Aussi leur découverte n’a pas été signalée dans l’article sur le quartier ptolémaïque. Nous ne possédons sur ces structures que des clichés, parfois cotés, et quelques précieux croquis dont un réalisé par C. Traunecker. Ce dernier avait également pu prendre quelques notes qui ont permis de resituer ces vestiges sur le plan d’ensemble. En combinant les données des croquis, les clichés et le relevé des ensembles G et H qui apparaît sur les plans généraux publiés par J. Lauffray332, on peut se faire une idée approximative de ces ensembles (fig. 189-190). L’ensemble G avait probablement un caractère artisanal (fig. 191). Quatre pièces perpendiculaires au rempart, s’étendaient sur plus de 20 m ; la pièce la plus à l’est comportait six « grands bassins en terre cuite » (fig. 192), aménagés sur une banquette (peut-être des fours ou silos ?)333. Les murs de l’ensemble G ne font qu’une brique d’épaisseur, en boutisse pour les uns, en panneresse pour d’autres. Selon C. Grataloup, ces structures seraient liées « probablement aux besoins des prêtres et du temple »334. L’ensemble H représente un état antérieur à l’ensemble G (fig. 189-190). Plus de 2 m séparaient les deux ensembles. Très peu de données nous sont parvenus sur l’ensemble H. D’après le croquis, il comporte au moins un grand bâtiment quadrangulaire du même type que ceux mis au jour à l’ouest du rempart. Dans l’étude des artefacts, je propose d’y voir une chapelle du fait de la nature religieuse de certains objets découverts dans et aux alentours de l’ensemble H. Un cliché indique qu’il existait au moins un état architectural

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333 334

LAUFFRAY 1995a, fig. 2. Noter que l’orientation de l’ensemble H diffère quelque peu de celle du croquis de C. Traunecker. Voir aussi LAUFFRAY 1995b, fig. 2. Ibid., p. 336. GRATALOUP 1989, p. 67.

intermédiaire entre les ensembles G et H, mais il est impossible d’en déterminer la nature (fig. 193). Ces structures, qu’elles se situent à l’est ou à l’ouest, sont perpendiculaires au rempart. Il semble donc que la limite du rempart ait conservé un caractère fort, du moins pour le secteur sud du temple335. Et les récents dégagements du rempart, opérés par É. Allaoua au sud de la Zone 7, tendent à confirmer que l’on a respecté la limite du rempart à l’époque ptolémaïque336. On se demande même si le rempart au sud n’était pas encore un peu conservé en élévation. L’enceinte de Nectanébo pour la partie est du temple aurait donc surtout servi à encercler et protéger le secteur osirien situé au nord des quartiers que nous étudions ici337. Les maisons du quartier ptolémaïque étaient indépendantes les unes des autres. Deux rangées de maisons, encadrées par des ruelles, ont été dégagées entre le rempart et le lac Sacré. Une troisième rangée devait encore exister, près du lac Sacré. L’espace était suffisant et quelques murs appartenant à la partie nord d’une maison ont été dégagés près de l’angle nord-est du lac Sacré (fig. 162)338. Dans la Zone 7, l’espace limité entre le grand mur M53 et le rempart ne permettait que l’implantation d’une rangée de bâtiments et d’une rue ; aucune ruelle n’a été ménagée entre les bâtiments I et J, qui étaient accolés mais non mitoyens (fig. 163). J. Lauffray339 a noté que le mur de façade ouest de la maison A s’implantait « sur le prolongement et à l’aplomb de la rive est de l’ancienne rue des maisons des prêtres ». Il ajouta que « la permanence des tracés des rues d’un état à l’autre est fréquente ». Les fouilles de la Zone 7 ont confirmé que cette rue était bien restée en usage dans cette phase postérieure au « quartier des prêtres ». Cependant, au nord de la maison A, on rencontrait au bout de la rue la maison F. Cette rue se poursuivait donc au maximum jusqu’à la maison F.

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Ce phénomène a été noté plusieurs fois à propos d’anciennes enceintes de sanctuaires : LECLÈRE 2008, p. 624. Bien que remplacées par des enceintes qui agrandissaient l’espace sacré, les enceintes précédentes continuaient de jouer un rôle structurant au sein du sanctuaire et devenait une sorte d’enceinte interne. Supra, Chapitre I, § 4.3.1. L’agencement entre les différents éléments architecturaux de la phase 14. F. Leclère a observé une réfection locale du rempart à l’époque ptolémaïque dans le secteur osirien, ce qui signifie que, même à cet endroit, le rempart continue de jouer un rôle structurant important : LECLÈRE 2008, p. 643, note 49. Cette maison, très peu dégagée, n’est pas désignée par une lettre mais appartient clairement au quartier ptolémaïque : LAUFFRAY 1995b, fig. 1 et 2. Ibid., p. 313.

175

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N

fours

Légende : quartier ptolémaïque

mur postérieur à l'ensemble G

H

ensemble G Rempart

ensemble H

D limite des fouilles restitution

Fig. 189. Les ensembles G et H à l’est du rempart (plan restitué et approximatif basé sur le croquis de C. Traunecker) – Éch. : 1/500

Fig. 190. Les ensembles G et H à l’est du rempart, depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6689

Fig. 191. L’ensemble G à l’est du rempart, depuis le sud – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6652

CHAPITRE I

176

Fig. 192. « Bassins » en terre cuite de l’ensemble G, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6497 sommet du rempart (alt sup: 80,88 m) ensemble G (alt. sup: 79,66 m)

état intermédiaire entre les ensembles G et H (alt sup: 78,31 m)

redans (alt sup: 77,18 m)

orthostates à la base du rempart (alt inf: 76,91 m)

ensemble H

Fig. 193. Niveaux architecturaux postérieurs au rempart à l’est de celui-ci, depuis le sud-est – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6685

phase ptolémaïque (?)

porte maison V

Fig. 194. Dallage et orthostates dans la maison F, depuis le nord-ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°15770

Fig. 195. Mur recouvrant l’arase de la maison V, depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

177

Les sols des ruelles et les seuils des maisons ont des altitudes supérieures très inégales : elles sont environ à 78,00 m à l’ouest, à 78,60 m au nord-est, à 80,15 m au sud-est340. Le niveau de sol dans le bâtiment J pour la sous-phase 14a est indiqué par les dallages ST10 et ST11 ; il devait régner aux environs de 78,87-78,95 m dans le corps du logis et de 78,745 m dans le couloir arrière. Les niveaux de rue à la phase 14b se situent à 79,65-79,67 m pour le premier niveau (SOL20) et 79,75-79,84 m pour le dernier niveau (SOL17). Grâce aux indications des altitudes supérieures des sols régnant dans les maisons et des altitudes inférieures des murs, on peut connaître l’épaisseur des fondations de certaines maisons : celles de la maison A étaient les plus puissantes, avec 1,79 m ; celles de la maison D faisaient 1,15 m ; celles de la maison H étaient moins importantes, seulement 62 cm. Les maisons devaient parfois suivre la déclivité du terrain. La maison E par exemple suivait la forte pente descendante vers le lac Sacré : elle était fondée à 79,58 m à l’est et à 78,38 m à l’ouest341. Cette maison a été arasée selon cette même pente342. Rappelons que les bases des murs des bâtiments I et J variaient beaucoup également : ils suivaient la pente des maisons de la phase 13 sur lesquelles ils étaient installés et dont l’érosion augmentait vers le sud.

parfois les parements extérieurs étaient grésés347. Les vestiges mis au jour dans la Zone 7 ne présentaient ni de fruit ni d’enduit, mais ils n’étaient conservés qu’en fondation et sur peu de hauteur. Certains éléments architecturaux étaient en pierre : jambages, seuils de portes et base des murs pour la maison C348, éléments de dallage, placage des murs pour deux angles de la pièce 3 de la maison D349, orthostates à la base des murs dans certaines pièces de la maison F350. Les deux petits dallages ST10 et ST11, composées de pierre de tailles de formes diverses, souvent des remplois, ne trouvent pas de parallèle exact (fig. 166). Les parties dallées mises au jour dans certaines maisons étaient réalisées avec plus de soin (fig. 194)351. Divers éléments en bois ont été observés dans l’architecture des maisons ptolémaïques. Les maçonneries sont chaînées généralement tous les 60 cm par des pièces de bois, traversant les murs de part en part et se croisant dans les angles352. Le seuil de la porte d’entrée de la maison C est fondé sur des pièces de bois encadrant des briques353. Les marches des escaliers reposaient sur des boulins en bois dans la maison B354. De tels éléments étaient absents des bâtiments I et J, mais leur état partiel de conservation peut aisément l’expliquer.

Matériaux et mise en œuvre

Le nombre et la distribution des pièces variaient d’une maison à l’autre (fig. 162). L’économie intérieure des maisons A355 et E356 était problématique du fait de l’absence de porte. Sa taille et l’épaisseur importante de certains de ses murs mises à part, le bâtiment J était assez éloigné de la maison A. La répartition et la taille des pièces de cette dernière étaient en effet fort différentes de celles du bâtiment J. Les pièces 2, 3, 4 et 5 du bâtiment J ressemblaient à la disposition de la partie ouest de la maison E ; mais cette comparaison demeure

La maçonnerie de ces bâtiments était en briques crues à dégraissant végétal comme pour les bâtiments I et J. Les modules des briques, excepté pour la maison A qui semble avoir récupéré des briques du rempart, étaient généralement proches d’une maison à l’autre : 30-32 × 15-16 × 12 cm pour la maison B343, 33 × 16 × 8-10 cm pour la maison C344 et 33 × 16 × 10 cm pour la maison F345. Ces modules sont sensiblement similaires aux modules des briques employées dans les bâtiments I et J : 30-32 × 14-15 × 10-11 cm pour le module le plus courant. Les murs présentaient un fruit ; leur parement était enduit, blanchi à la chaux346, et

L’économie intérieure

347 348 349 350 351

340 341 342 343 344 345 346

Ibid., p. 304. Ibid., p. 326. Ibidem. Ibid., p. 304, p. 313 et 322. Ibid., p. 318. Ibid., p. 330. Pour la maison C par exemple : ibid., p. 318 et 330.

352

353 354 355 356

Pour la maison D par exemple : ibid., p. 322. Ibid., p. 318. Ibid., p. 326-327. Ibid., p. 330 et pl. VI. Voir l’exemple de la maison D et de sa « table d’offrande » (ibid., p. 326-327, pl. IVb), ainsi que celui de la maison F et de son « oratoire » (ibid., p. 330-334). Cela a été observé pour maintes maisons, mais la mise en œuvre était particulièrement soignée dans la maison D : ibid., p. 322. Ibid., p. 318 et pl. IIb. Ibid., p. 316. Ibid., p. 313. Cette maison de plus n’a pas été complètement dégagée : ibid., p. 326.

178

CHAPITRE I

hypothétique dans la mesure où cette partie n’était pas complètement dégagée. Le bâtiment J s’apparentait assez à la maison B, et dans une moindre mesure à la maison C357. Les portes d’entrée donnaient généralement sur une courette rectangulaire. La grande pièce rectangulaire 1 du bâtiment J se retrouve dans le plan de la maison B (pièce 3) ; elle a été interprétée comme un magasin358. Chaque maison était dotée d’un escalier (restitué pour la maison A), ce qui suppose l’existence d’un étage (ou d’étages ?), ou moins probablement d’une simple terrasse aménagée. La cage d’escalier était généralement rectangulaire à deux volées (maison B), ou trois volées (maisons C et D), et noyau médian359. La maison F était peut-être dotée d’un escalier droit360. On pourrait sans doute restituer un escalier dans le bâtiment J361, peut-être dans son angle sud-est ou alors dans son angle nord-est362. Selon J. Lauffray, les pièces d’habitation de la maison B se situaient probablement à l’étage, laissant le rez-de-chaussée pour une activité artisanale363. L’architecture du bâtiment J (et du bâtiment I probablement) se révèle assez proche de celle des bâtiments mis au jour au nord du quartier des prêtres. Ces bâtiments, bien mieux conservés, ont permis de faire des remarques sur l’architecture, la distribution des pièces, et même l’organisation du secteur. Ils fournissent de bons éléments de comparaison et de compréhension pour la phase 14 de la Zone 7. 4.4.1.2. Une phase représentée dans le secteur dégagé en 1970 mais négligée Le quartier ptolémaïque se prolongeait au sud jusqu’au moins la Zone 7, si ce n’est jusqu’au mur sud de l’enceinte de Nectanébo. Il n’avait pas été relevé, ou plutôt peu, par P. Anus et R. Sa’ad au-dessus du quartier des prêtres. Entre le quartier ptolémaïque dégagé par J. Lauffray au nord et la Zone 7 au sud, cette phase postérieure avait été, en effet, largement entamée par

357 358 359 360 361

362

363

Ibid., fig. 8 et 12. Ibid., p. 316. Ibid., p. 314, 321-322. Ibid., p. 334. Cet escalier se rapprocherait de celui de la maison B : ibid., p. 314, fig. 8. Dans le cas d’un escalier situé à l’angle nord-est du bâtiment J, on devrait reconsidérer le nombre de pièces. LAUFFRAY 1995b, p. 316.

la construction d’une cafétéria en 1960364. De plus, nous avons observé combien les structures sont érodées, arasées vers le sud : il est tout à fait probable que cette phase architecturale était peu préservée au-dessus des maisons I à VI. Les archéologues précédents avaient néanmoins noté par endroit sa présence. Tout d’abord, P. Anus pensait qu’au-dessus de l’arase de la maison V, quelques assises devaient appartenir à cette phase ptolémaïque365. Elles sont encore visibles de nos jours : elles recouvrent le mur est et la porte arrière de la maison V ainsi que des niveaux de démolition et d’incendie (fig. 195). Puis dans l’espace situé le long du rempart à l’arrière des maisons I et II366, les archéologues ont remarqué un élément appartenant probablement à la phase ptolémaïque. Cet espace avait été condamné à la suite d’éboulis du rempart et un escalier a été construit sur cette démolition : ils parlent de « témoins d’un autre état indistinct »367. Nous avons vu précédemment que, dans le couloir entre l’arrière de la maison C et le rempart, un escalier était aménagé et menait à l’arase du rempart. Il s’agit sûrement d’un escalier semblable. La phase 14 dans la Zone 7 a nettement compliqué la fouille, les phases 13 et 14 s’entremêlant (fig. 12). On ne pouvait se fier au niveau d’arase, puisque plus on allait vers le sud moins la phase 13 était conservée, plus la phase 14 était fondée bas (fig. 73). Souvent ce n’est qu’en descendant assez bas sous la base des murs que nous pouvions constater qu’ils appartenaient à la phase 14 et non à la phase 13. La lecture des joints verticaux368 n’est pas évidente du fait de la ressemblance entre un mur et un niveau de démolition de murs (même texture et même couleur). Elle est rendue plus difficile encore par les nombreux négatifs d’halfas, ces herbes hautes qui occupent le paysage de toute la zone sud du lac Sacré et dont les racines prennent parfois l’aspect de joints verticaux. Or, pour l’établissement des différentes phases, l’altitude inférieure des murs est un des meilleurs indices. De même que l’on peut croire qu’un mur se poursuit alors que ce n’est pas le cas, de même on peut très bien passer à travers un mur de briques, surtout s’il n’est conservé que sur une assise,

364 365 366 367 368

Ibid., p. 321. Ibid., p. 336. ANUS, SA’AD 1971, p. 231. Ibidem. Sur la difficulté à lire les joints verticaux dans l’architecture de briques crues, LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 354.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

sans s’en rendre compte. Cet aparté sur les difficultés rencontrées dans la fouille de structures en briques crues nous semblait nécessaire dans la mesure où elle peut attirer l’attention sur quelques incohérences du plan général du quartier dégagé en 1970. Seules quelques lignes, parfois une seule, sont consacrées au plan des maisons IV, V et VI. Du fait de l’aménagement de la cafétéria en 1960, celles-ci avaient été « très malmenées et arasées » et les archéologues avaient trouvé les murs « difficiles à suivre et les plans peu clairs »369. Cette difficulté de lecture pourrait aussi être due à la présence de structures ou de perturbations non identifiées, postérieures à ces maisons. Parmi les erreurs de plan, les plus évidentes, ou du moins celles qui sont encore visibles sur le terrain, concernent les portes. Aucune porte d’entrée donnant sur la rue nord-sud n’a été trouvée par nos prédécesseurs pour la maison VI370. Or le mur M18, trouvé à l’angle nord-ouest du sondage S1 semble se poursuivre le long du mur de façade de la maison VI (fig. 162 et fig. 168). La superposition du plan des maisons VII et VIII avec le plan des bâtiments I et J montre bien que les façades des maisons sont plus à l’ouest (fig. 12). Était-ce aussi le cas de la maison VI ? Serait-on passé en partie à travers le véritable mur de façade, prenant un mur plus récent pour la limite ouest de la maison VI ? En observant le plan brique à brique371, on note que le mur de façade de la maison VI est plus large dans sa partie sud que dans sa partie nord. Un joint épais visible sur la partie sud semble indiquer l’existence de deux murs : le plus à l’est est dans la continuité du mur M18. Des bouchages de porte, similaires à ceux que nous avons notés pour la phase 14372, ont pu également tromper les fouilleurs. C’est ainsi qu’un bouchage de porte, installé directement sur une épaisse couche d’incendie, permet de restituer une ouverture dans le mur nord de la pièce arrière nord-est de la maison VI (fig. 89). La porte de la maison V, indiquée sur divers plans373, ne mesure en fait que 35 cm de large. Dans le massif de la façade ouest de la maison, plusieurs fragments de jambages dépassaient de la façade (fig. 147). Ils sont

369 370

371 372 373

ANUS, SA’AD 1971, p. 232. La porte qui figure sur le plan de la maison VI n’existe pas : ibid., fig. 5. Ibid., fig. 2. Supra, Chapitre I, § 4.1.1.1. Sous-phase 14a. ANUS, SA’AD 1971, fig. 2 et 5.

179

recouverts par plusieurs assises d’un mur qui devait appartenir à la phase 14. Quant à la porte de la maison IV, elle n’a pas été repérée non plus. Rappelons que pour la maison VII, la porte d’entrée a été en partie perturbée par une fosse postérieure (Rue 3)374. La récupération des encadrements en pierre des portes a pu se faire à d’autres endroits du quartier. La phase 14 (=installation n°7) était donc présente au-dessus du quartier des prêtres dégagé en 1970. Mais mal conservée et fort abîmée par la construction de la cafétéria, elle n’a pas toujours été bien repérée et elle a clairement embrouillé la lecture du plan du quartier des prêtres correspondant à notre phase 13. Elle explique le fait qu’aucune porte donnant sur la rue n’ait été trouvée pour les maisons IV, V et VI et que le plan de la maison V soit « totalement indiscernable »375. 4.4.1.3. Comparaison avec d’autres sites Le plan des bâtiments ainsi que l’organisation de ce quartier (fig. 196a) trouvent de nombreux éléments de comparaison en Égypte depuis la Basse Époque jusqu’à l’époque romaine. Nous commencerons de nouveau par des cas d’architecture thébaine, même si ce type d’architecture est particulièrement commun en Basse Égypte. Ce dernier est employé dans divers contextes. Les exemples situés dans l’enceinte d’un sanctuaire ou dans sa proximité seront toutefois privilégiés. Exemples thébains La région thébaine offre quelques éléments de comparaison à l’architecture du quartier ptolémaïque. Divers bâtiments à caractère résidentiel ont été dégagés à l’est du temple d’Amon par l’équipe canadienne dirigée par D.B. Redford376. Ils possèdent des fondations puissantes, permettant probablement de soutenir plusieurs étages. Ils présentent une structure compartimentée en cellules rectangulaires377 qui n’est pas sans

374

375 376 377

Supra, Chapitre I, § 4.2.2.3. Seconde conversion en dépotoir : Rue 3. ANUS, SA’AD 1971, p. 235. REDFORD, OREL, REDFORD, SCHUBERT 1991, p. 77-80, fig. 5 et 7. REDFORD 1981a, p. 16 ; REDFORD, OREL, REDFORD, SCHUBERT 1991, p. 75 note 3.

180

CHAPITRE I

rappeler le plan de la maison A du quartier ptolémaïque. Ils sont attribués aux XXVIe-XXVIIe dynasties (Phase C). L’occupation s’est poursuivie jusqu’à la XXXe dynastie au moins : à cette phase (Phase B) on a reconstruit et effectué quelques modifications tout en respectant le bâti ancien378. Toujours à l’est du temple, proche de l’angle sud-est de l’enceinte de Nectanébo, le bâtiment appelé Kom el-Ahmar présente également un plan cellulaire, mais est de taille plus imposante (fig. 196b)379. Il mesure 22,5 m de côté. Il est doté de murs puissants : le mur extérieur est épais de 3,5 m. Il s’élève à plusieurs mètres au-dessus du sol. Aucune rampe, aucun escalier d’accès ni aucune porte n’ont été mis au jour jusqu’ici. L’agencement interne consiste en treize pièces rectangulaires de taille différente et ne communiquant pas entre elles. Selon D.B. Redford, le bâtiment a été élevé à l’époque perse, au Ve siècle, et a été occupé jusqu’au IIIe siècle av. J.-C.380. Un quartier d’habitations, remontant à la fin du IIIe siècle av. J.-C., entourait la Chapelle d’Achôris, chapelle située aux abords occidentaux du temple de Karnak381. Ce quartier a été plusieurs fois reconstruit, jusqu’au IVe siècle ap. J.-C.382. Les murs des installations successives se superposent avec des tracés voisins. L’appareil varie suivant la largeur des murs et l’époque. L’épaisseur des murs et certains appareils font penser aux bâtiments de la phase 14383. L’état le plus récent du quartier présente néanmoins des caractéristiques absentes des bâtiments I et J, à savoir un appareil en chevrons384 et des murs en briques crues encadrées de briques cuites385. Sur la rive ouest de Thèbes, Médinet Habou offre un parallèle intéressant au quartier ptolémaïque. Il s’agit d’un quartier résidentiel occupé à la Basse Époque, situé à l’intérieur de l’enceinte du sanctuaire386. Il est constitué d’habitations plutôt spacieuses, souvent détachées les unes des autres (fig. 196c)387. Le bâtiment n°1, le mieux préservé de ce groupe, était doté d’un

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385 386 387

REDFORD, OREL, REDFORD, SCHUBERT 1991, p. 80-83. REDFORD 1981b, p. 243-247 ; REDFORD 1994, p. 1-11. REDFORD 1994, p. 9. LAUFFRAY 1995c, p. 69. Ibid., p. 86. Ibid., fig. 37-39. Cet appareil est surtout utilisé à l’époque romaine : ibid., p. 68, note 105. Ibid., p. 75. HÖLSCHER 1954, p. 14-16, fig. 20 et pl. 13-14. Ibid., fig. 20.

escalier à deux volées dans l’angle nord-est. On suppose l’existence de plusieurs étages à cause des fondations solides de ces bâtiments. Le plan – petites pièces rectangulaires disposées autour d’une pièce plus large – fait plus penser aux bâtiments rubéfiés dégagés au nordouest de Karnak, probablement utilisés comme magasins de stockage388. Mais, selon U. Hölscher, ce quartier serait de nature plus résidentiel qu’économique. Une architecture commune dans les villes de Basse Égypte L’architecture du quartier ptolémaïque évoque celle de nombreuses villes situées dans les régions du Delta, du Fayoum et du Sinaï, depuis la Basse Époque jusqu’à l’époque romaine389. Elle a aussi été identifiée en Moyenne Égypte. Nous avons sélectionné divers exemples ci-dessous. La ville de Tell el-Nebesheh dans le Delta oriental compte de nombreux édifices similaires, aux époques perse et ptolémaïque390. La ville, conservée en fondation seulement, est située non loin du sanctuaire. Les murs de certains édifices sont suffisamment épais pour supporter plusieurs étages. Ces maisons, dites maisons-tours, sont bien séparées les unes des autres par des rues et ruelles qui ne suivent pas la même direction sur une longueur importante391. Naucratis, cité portuaire fondée à la fin du VIIe siècle av. J.-C. sur les bords de la branche canopique du Nil, présente le même type d’architecture : murs épais et fondations très profondes permettent de supporter des étages, situés bien au-dessus des rues attenantes. En l’absence de sols d’occupation et de matériel associé, B. Kemp explique qu’il est difficile de comprendre comment fonctionnaient ces maisons392. Un des exemples les mieux conservés de cette architecture est celui de la ville gréco-romaine de Karanis dans le Fayoum393. Les plans détaillés des demeures

388 389

390 391 392

393

Supra, Chapitre I, § 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites. Voir les différentes études de cas pour ce type d’architecture publiées dans le récent ouvrage : MARCHI 2014b. PETRIE 1888, pl. XVII. KEMP 2006, p. 354 fig. 123 et p. 355. KEMP 2006, p. 355 et p. 368. Voir aussi les résultats de la récente prospection géophysique révélant la présence de nombreuses maisons-tours dans la ville de Naucratis : THOMAS 2015, 256-257, fig. 13.2. Sur cette ville, voir surtout : BOAK 1931 ; BOAK 1933 ; HUSSELMAN 1979.

181

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

N

J B

A

D

a. Plan des bâtiments A, B, D et J du quartier ptolémaïque de Karnak (plan des bâtiments A, B et D d’après LAUFFRAY 1995b, fig. 2)

cour

N

A

puits

A

N b. Bâtiment dit Kom el-Ahmar à Karnak (d’après REDFORD 1994, pl. CXV)

c. Bâtiment n°1 au sud du sanctuaire de Médinet Habou (d’après HÖLSCHER 1954, fig. 20)

C49

N

C50

N

C51

d. Plan du rez-de-chaussée de la maison C50/C51 à Karanis (d’après HUSSELMAN 1979, plan 31)

e. Plan du sous-sol de la maison 2400-III à Tebtynis (d’après HADJI-MINAGLOU 2007, fig. 68)

0

5

10 m

Fig. 196. Les bâtiments du quartier ptolémaïque de Karnak comparées à des exemples d’architecture de la Basse Époque et de l’époque gréco-romaine

182

CHAPITRE I

du Haut-Empire romain C50/C51 (fig. 196d) et C57 correspondent particulièrement bien au type d’architecture développé à la phase 14394. La mise en œuvre est par contre différente puisque ces demeures utilisent, en plus de la brique crue, la pierre pour les fondations et/ ou l’élévation395. Ces maisons quadrangulaires étaient encore préservées sur plusieurs étages. Les maisons du quartier ptolémaïque étaient, elles aussi, probablement nanties d’au moins un étage, si ce n’est plus : les escaliers, l’épaisseur des murs et de certaines fondations sont des indices. Le site de Tebtynis, au sud du Fayoum, possède également une agglomération dont les caractéristiques architecturales se rapprochent du quartier ptolémaïque. À l’est du temple de Soknebtynis, tout un quartier d’habitations s’est développé du début du IIIe siècle av. J.-C. à la fin du IIe siècle apr. J.-C. L’étude architecturale de G. Hadji-Minaglou396 apporte des éclaircissements sur l’architecture de la maison A du quartier ptolémaïque. Plusieurs maisons de Tebtynis offrent en effet des parallèles intéressants (maison 2400-III de l’époque augustéenne illustrée : fig. 196e)397. Elles prennent l’apparence d’un pyrgos, un édifice fortifié qui comporte une tour. Les pyrgoi se distinguent par l’épaisseur de leurs murs, ce qui implique qu’il y avait plusieurs étages mais aussi l’existence de plusieurs caves. Ces caves étaient généralement accessibles par des trappes ou plus rarement un escalier. L’architecture des bâtiments perses, hellénistiques et du Haut-Empire romain de Tell el-Herr398, dans le Nord Sinaï, présente de nombreux points communs avec celle du quartier ptolémaïque de Karnak. La cave d’une maison-tour située au nord-ouest de la porte orientale de la forteresse399 fait aussi écho à l’architecture de la maison A du quartier ptolémaïque : de puissantes fondations, la quasi-absence de porte (aucune ne donnant sur l’extérieur) et le plan presque carré et cellulaire sont autant d’éléments en commun avec cette maison particulière du quartier ptolémaïque. La maison A présente néanmoins un plan plus complexe avec onze pièces tandis que la cave de la maison-tour de Tell el-Herr n’en présente que quatre. L’organisation 394 395 396 397

398 399

HUSSELMAN 1979, Plan 31 à 37 et Plan 42-43. Ibid., p. 70 et 73. HADJI-MINAGLOU 2007; HADJI-MINAGLOU 2014. HADJI-MINAGLOU 2007, fig. 68 (pyrgos 2400-III); HADJIMINAGLOU 2014, fig. 2, 6-7, 10-1, 13 (pyrgoi 2400-III, 2800, B1100, 7500 et 7600). VALBELLE 2007; MARCHI 2014a. VALBELLE 2007, p. 40-47.

générale du quartier rappelle également, quoique de manière limitée, l’organisation de l’habitat au sein de la forteresse de Tell el-Herr : les habitations sont « collées les unes aux autres de manière à former des îlots allongés, séparés entre eux par un réseau de rues et de venelles […] »400. Soulignons néanmoins que la strate ptolémaïque à Karnak n’est pas dégagée sur une surface suffisante pour confirmer ce parallèle. En outre, l’implantation de ces maisons est limitée par la surface disponible entre le rempart du Nouvel Empire et la rive est du lac Sacré dans sa partie septentrionale, et, entre le même rempart et le grand mur ouest M53 dans sa partie méridionale. Il est important ici de noter à nouveau que le rempart ne correspondait plus à la limite du sanctuaire et que le quartier aurait pu se développer plus à l’est vers l’enceinte de Nectanébo. La maison C, et la maison B dans une moindre mesure, rappellent également l’architecture de certains bâtiments appartenant à l’agglomération de Tell el-Herr401. À Touna el-Gebel en Moyenne Égypte, des bâtiments ptolémaïques longent toute la longueur de la voie processionnelle menant à un petit temple édifié sous Alexandre le Grand402. Ils sont rangés perpendiculairement vis-à-vis de l’axe processionnel, aussi bien au nord qu’au sud. Ceux situées au nord présentent un plan plutôt quadrangulaire, proche de celui des maisons du quartier ptolémaïque de Karnak, alors que ceux au sud se démarquent par un plan plus oblong. D’après l’étude récemment conduite par Flossmann, ils s’organisent en complexes formés d’une à deux maisons-tours et de maisons annexes ainsi que de locaux de productions et de parcage (fours, silos, étables…). Le matériel recueilli dans ces complexes supporte leur fonction d’habitation et de stockage. Les habitants ont été identifiés comme les prêtres et autre personnel responsables de la nécropole animale adjacente, ainsi que leur famille. Ces complexes étaient équipés non seulement pour leur subsistance quotidienne, mais aussi pour la production d’offrandes alimentaires pour les dieux locaux révérés dans le cimetière d’animaux voisin. Les maisons du quartier ptolémaïque à Karnak ne forment pas d’ilots composés de plusieurs édifices comme à Touna el-Gebel, mais sont des édifices isolés. De plus, aucune installation de taille liée au stockage (silos) n’a été découverte, ce qui suggère une organisation bien différente. 400 401 402

Ibid., p. 16. FAVRY 2007, p. 128-145. FLOSSMANN 2014.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

Les « maisons-tours » sont bien connues à travers divers modèles de maisons à quatre étages typiques de l’époque gréco-romaine403. Selon B. Kemp, ces maisons hautes étaient construites pour durer. Lorsque le rez-de-chaussée se trouvait à un niveau inférieur à celui de la rue, niveau qui a augmenté du fait de l’accumulation progressive des déchets, il devait se transformer en une cave souterraine404. Dans le cas de la stratigraphie de la rue de la Zone 7, il ne s’agit pas vraiment d’accumulation de déchets. En effet, on se débarrasse de matériel divers et varié en créant des fosses de dépotoir qui percent d’anciens niveaux de circulation ; puis on les recouvre d’un niveau de magloub, remblaiement préliminaire à la construction (sous-phase 14a) ou à la réfection (sous-phase 14b) des bâtiments. Nous avons vu qu’à la phase 13 les rues étaient régulièrement entretenues. Il semble probable qu’à la phase 14, le nettoyage des rues était également fréquent. Un type de bâtiment aux fonctions multiples De nombreux parallèles sont enfin connus à l’intérieur-même des enceintes des temples. B. Kemp cite les exemples de Tanis, Tell el-Maskhuta, Mendès et Tell el-Balamun405. Il semble que cette architecture était utilisée à des fins diverses : « temples themselves, fortresses, houses and probably administrative and storage buildings »406. L’architecture et les fonctions des bâtiments quadrangulaires, construits sur plate-forme surélevée au sein des temples, ont été décrites et commentées en détail par F. Leclère. L’auteur évoque plusieurs possibilités de destination suivant la taille des édifices407. Pour les plus petits, entre 10 et 20 m de côté, il propose diverses hypothèses : « magasins, chapelles de consécration d’offrandes, habitats de prêtres, édifices à caractère administratif ou économique »408. Parmi ces exemples, le Bâtiment aux papyrus de Tanis est un parallèle de choix409. Il a été mis au jour dans l’enceinte du temple d’Amon. Il a livré un matériel en relation avec le monde des prêtres : un scellé mentionnant un titre de prêtre a été trouvé dans une fosse de ce bâtiment410. Cela pourrait être un indice, ténu néan-

moins, en faveur de l’interprétation de ce bâtiment comme d’un bureau ou d’une maison de prêtre411. Ce bâtiment daté de la XXXe dynastie a connu plusieurs réaménagements jusqu’à l’époque romaine412. L’état XXXe dynastie respecte l’orientation de l’enceinte de Psousennès et de la tombe de Chéchanq III413. Il n’était conservé qu’en fondation. Des fosses de dépotoir ont été creusées dans chacune des pièces, avant la réfection du bâtiment à une époque postérieure : elles illustrent bien le phénomène observé avec le bâtiment J, avant son réaménagement à la sous-phase 14b414. Cette architecture n’est donc pas spécifique au contexte religieux puisqu’elle se présente aussi bien en dehors qu’à l’intérieur des sanctuaires. Nous avons vu aussi que pour les exemples connus au sein des sanctuaires, la vocation des bâtiments est sujette à de nombreuses spéculations. On les interprète parfois comme des maisons des prêtres, mais cette interprétation rejoint d’autres possibilités d’identification (magasins, chapelles, bâtiments administratifs…)415. Ce n’est que par le matériel trouvé au sein des bâtiments que l’on pourrait préciser leur(s) destination(s). 4.4.2. Les données stratigraphiques des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque Peu de données stratigraphiques précises nous sont parvenues pour le quartier ptolémaïque. Le phénomène des fosses de dépotoir que nous avons observé maintes fois à l’intérieur des bâtiments et dans la rue nous intéressera en premier lieu. Puis, nous tenterons de savoir 411

412 413 414

415 403 404 405 406 407 408 409 410

KEMP 2006, p. 354, fig. 123 ; THOMAS, MASSON 2018, p. 9. KEMP 2006, p. 356. Ibid., p. 355-356, fig. 124. Ibid., p. 356. LECLÈRE 2008, p. 656-669. Ibid., p. 666. BOVOT, LEDAIN, ROUSSEL 2000. ZIVIE-COCHE 2000b.

183

C’est une des identifications que propose F. Leclère : LECLÈRE 2008, p. 667. BOVOT, LEDAIN, ROUSSEL 2000, p. 245. Ibid., p. 248. « Nous n’avons ici affaire ni à un dépôt organisé, ni au témoin d’une couche de destruction laissée en place, mais plutôt à des fosses-poubelles. À la suite d’un violent incendie, qui a dû ravager le bâtiment […], des petits tas de déchets ont été constitués et jetés dans des fosses dont il est difficile de savoir si elles furent expressément creusées sur place pour contribuer à enfouir les débris, au moment de la réfection du bâtiment » : ibid., p. 248. À Touna el-Gebel, par exemple, se trouve un édifice communément désigné sous le nom de « maison des prêtres » : NUR ED-DIN, KESSLER 1996: KESSLER 2011, p. 133-187. Il est situé au sud du sanctuaire dédié à l’Osiris-Ibis et l’Osiris-babouin – les déités principales révérées à Touna el-Gebel – et daté du règne d’Alexandre le Grand. Cette « maison des prêtres » de l’époque ptolémaïque présente un plan bien différent de celui des maisons de Karnak : il s’agit d’un bâtiment de forme rectangulaire avec une enfilade de cinq grandes pièces.

184

CHAPITRE I

si J. Lauffray avait noté l’existence de plusieurs sousphases architecturales. Les niveaux archéologiques qu’il a dégagés étaient bien mieux préservés que ceux de la Zone 7 à cette phase. Par conséquent, ils pouvaient présenter de meilleurs indices de remaniements architecturaux successifs. 4.4.2.1. Les fosses de dépotoir Une petite place située entre les maisons C, E et F a servi de dépotoir : « les habitants se débarrassaient de leur vaisselle brisée et de leurs vieilles archives comptables sur les ostraca dans des favissae creusées dans la chaussée »416. Cela a eu pour conséquence l’exhaussement des sols et des seuils de certaines maisons. Le bâtiment B, par exemple, connaît deux niveaux de seuil, le premier à 80,14 m et le second à 80,24 m417. La présence de fosses de dépotoir creusées dans les niveaux de rue avait donc déjà été bien notée. Les fosses de dépotoir de la Zone 7 ne contenaient que très peu d’ostraca. Mais les fosses du quartier dégagé au nord ont livré également, entre autres, une empreinte de sceau avec un titre de prêtre, un modèle de sculpteur en plâtre, des amulettes, et une grande quantité de céramiques418, matériel que l’on trouve régulièrement dans les fosses de la phase 14. Nous reviendrons sur ces objets dans l’étude du mobilier et dans la synthèse. 4.4.2.2. Sur les éventuelles réfections des bâtiments J. Lauffray dit que les murs de la maison G, recouvrent « des vestiges de constructions qui ne peuvent avoir été contemporains de la maison I » du quartier des prêtres419. Aussi nous émettons de sérieux doutes quant à l’homogénéité chronologique de la phase architecturale ptolémaïque au nord420. Il y a pu avoir arasement et reprise du plan de certaines maisons à une époque postérieure, ainsi que nous l’avons noté pour les bâtiments I et J de la Zone 7 avec les deux sous-phases 14a et 14b. On ne peut néanmoins écarter totalement la possibilité d’une autre grande phase architecturale différente entre le quartier des prêtres (maison I) et le quartier ptolémaïque (maison G). Les nouvelles fouilles ne démontrent pas l’existence d’une

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LAUFFRAY 1995b, p. 305. Ibid., p. 316. Ibid., p. 306-310. Ibid., p. 334. C’est aussi le cas pour le plan du quartier des prêtres.

telle phase, mais la zone est du lac Sacré n’a pas forcément connu une stratigraphie totalement homogène du nord au sud. Malheureusement les fortes dégradations subies par le quartier ptolémaïque au nord et ses restaurations, ainsi que sa préservation limitée au sud dans la Zone 7 ne nous permettent pas d’aller très loin dans notre étude stratigraphique des phases récentes du secteur. Il n’est pas possible, vu l’état médiocre de conservation des niveaux de la phase 14, de bien comprendre l’organisation du secteur sud-est du lac Sacré à cette époque, ni sa stratigraphie précise. On ne peut non plus déterminer avec assurance si la fonction de ce secteur demeure la même qu’à la phase 13. Associé à cette phase, nous n’avons quasiment que des fosses de dépotoir et des remblais. Le matériel mis au jour dans ces contextes nous apporte toutefois quelques indices. Nous continuons à avoir des empreintes de sceau avec des titres de prêtres, ce qui suggère que les prêtres continuaient à vivre dans ce secteur, ou du moins à le fréquenter. Les diverses fosses de dépotoir et autres niveaux du bâtiment J n’ont pas livré de tels scellés, uniquement les niveaux de rue. Nous ne pouvons donc pas en déduire que ces grands bâtiments formaient un nouveau quartier d’habitations de prêtres. De plus un autre type de matériel assez récurrent, trouvé dans les niveaux de la rue et du bâtiment J, laisse entrevoir la présence d’artisans, notamment celle de sculpteurs421. L’analyse de ce matériel conjuguée à celle du mobilier issu des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque nous permettra d’avancer quelques hypothèses sur les habitants de ces maisons dans la synthèse de notre étude.

5. ÉLÉMENTS POSTÉRIEURS À LA PRÉSENCE DES PRÊTRES DANS LE SECTEUR : LA PHASE 15 ET LES INTERVENTIONS MODERNES Il nous reste à décrire la dernière phase de ce secteur et les remblais modernes qui le recouvraient. Nous les présentons conjointement au vu de la pauvreté des vestiges associés à la phase 15, et, de manière brève parce qu’ils n’ont plus rien à voir avec la présence des prêtres dans ce secteur.

421

Infra, Chapitre III, § 5. Sculptures et modèles de sculpteurs.

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

5.1. LA PHASE 15 La phase 15 de la Zone 7 n’a livré aucun élément architectural. C’est la présence d’un matériel bien plus récent que celui issu des phases précédentes qui nous a suggéré son existence. Ce matériel provient en grande partie de fosses de dépotoir, et aussi peut-être d’un niveau de sol mal préservé. Les fouilles anciennes avaient repéré une phase récente du secteur sans lui avoir attribué de numéro d’installation ; pourtant, des structures, situées au nord de la Zone 7, lui étaient associées d’après les archéologues P. Anus et R. Sa’ad. 5.1.1. Le dernier « niveau de rue » Au-dessus du dernier niveau de rue de la phase 14 SOL17 et directement sous un épais remblai moderne (US 7001), le niveau d’occupation SOL16 a été mis au jour (fig. 89). L’installation de SOL16 semble avoir arasé les niveaux précédents. SOL16 est situé entre 79,80-80,03 m pour l’altitude supérieure et 79,7579,84 m pour l’altitude inférieure. Il n’est que partiellement conservé. De SOL16, seule la recharge, c’est-àdire le radier préparatoire pour le sol proprement dit, a été préservé. Ce sol lacunaire scelle le comblement de la fosse F23 (Rue 6). Il est difficile de savoir s’il scellait également les fosses F20 et F22 au nord, et, F24 à l’est. Ce niveau est moyennement compact, très homogène. Il est composé d’une matrice de limon brun clair, mêlé à du sable grossier et de nombreux fragments de briques crues. La céramique relevée sur ce sol est assez peu abondante et fragmentaire, exceptée une jarre fichée dans SOL16, 7300.1 (z+ : 80,09 m ; z- : 79,78 m). Cette jarre complète – de capacité d’environ 10,5 litres – constitue la seule céramique in situ mise au jour pour la phase 15 (fig. 197). Son profil général rappelle les amphores Late Roman 5/6, appelées encore Late Bag-shaped amphoras (fig. 198)422. Ces amphores apparaissent au Levant-sud au cours du IVe siècle ap. J.-C. et persistent au moins jusqu’au XIIe, mais ne sont pas attestées en Égypte avant la seconde moitié du VIe423. À Éléphantine, ces jarres ont été trouvées dans des maisons datées de la fin du VIe-début du VIIe siècle ap. J.-C.424. On a attribué récemment un lieu de production dans le Delta occidental, à Abou Mina et Kôm

Abou Billou425. La fabrique, néanmoins, n’est pas celle généralement utilisée pour ce type d’amphores426. Elle semble locale et particulièrement proche de la pâte calcaire M1427, bien que légèrement plus sableuse. M1 correspond à la fabrique Marl A4 variant 2 de D. Aston428. C’est une fabrique qui n’apparaît pas avant la fin du VIIIe-début VIIe siècle av. J.-C.429 et serait utilisée à Thèbes jusqu’à l’époque ptolémaïque430. À Karnak-Nord, plusieurs jarres très similaires à 7300.1, en pâte calcaire Marl A5, l’équivalent de notre pâte M1, ont été considérées comme datant de l’époque ptolémaïque431. Bien qu’aucune forme complète n’ait été mise au jour, leur col se rapproche tout à fait du profil de notre jarre et surtout elles présentent deux petites anses en oreille situées sur le dessus de l’épaule, élément généralement très caractéristique des Late Roman 5/6. Nous préférons pour l’instant dater cette céramique de l’époque byzantine. Cette jarre pourrait constituer une simple intrusion tardive, et, dans ce cas, il faudrait considérer SOL16 comme appartenant à la sousphase 14b. Pourtant, à la fouille, elle semblait bien in situ. Au vu du caractère très résiduel de ce contexte, il nous semble difficile de trancher en faveur de l’une ou l’autre interprétation. 5.1.2. Les fosses de dépotoir de la phase 15 Diverses fosses de dépotoir ont coupé murs et niveaux des phases précédemment décrites. Leur comblement est très hétérogène. Parfois des éléments anciens étaient mélangés avec de la céramique ou des objets typiques de l’époque romaine tardive. Nous donnons ci-dessous une brève description de ces fosses. La fosse F39 est une fosse assez profonde et irrégulière, coupant murs et niveaux de la pièce 2 du bâtiment J (fig. 105 et 168). La céramique de cette fosse, plutôt abondante, mélange des types caractéristiques de l’époque romaine à d’autres spécifiques à la Basse Époque et/ou à l’époque ptolémaïque. Il faut noter la présence de quelques fragments de calcaire décorés,

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PIERI 2005, p. 114 sq. MARCHAND 2007, fig. 1; DIX-NEUF 2011, p. 142-153, fig. 131144 (amphores AE 5/6). GEMPELER 1992, p. 199-200, fig. 129, 3, pl. 40, 5, n°K766 ; ASTON 2007, Marl Clay group XI, fig. 7, n°K767-K768.

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DIX-NEUF 2011, p. 144-145. Je remercie D. Dix-Neuf pour ce renseignement. Pour une description de la fabrique M1, voir infra, Chapitre III, § 1.1.2. Les pâtes marneuses. ASTON 1996, p. 21 et 30. FRENCH 1992, p. 83-84. Ibid., p. 84 ; MASSON 2011. JACQUET-GORDON 2012, fig. 126g (K.N.P. 47), 126h (K.N.P. 48) et 126j (K.N.P. 691).

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CHAPITRE I

Fig. 197. Jarre 7300.1 in situ, fichée dans SOL16 – © Cnrs-Cfeetk/G. Marouard n°72666 et 72672

Éch. : 1/4 Fig. 198. Jarre 7300.1 en pâte calcaire (copie locale d’une LRA 5/6?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119576

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

découverts en bord de fosse et qui pourraient appartenir aux niveaux associés au bâtiment J432. Plusieurs fragments de grès ont été découverts dans le comblement de F39 : ils sont peut-être à mettre en relation avec le dallage ST10 que la fosse coupe en partie. F48 est une grande fosse qui a coupé toute relation stratigraphique entre les sondages S2 et S4, entre la maison IX et la « place » (fig. 69 et 76). Elle coupe aussi bien les niveaux de la phase 14 que ceux de la phase 13 ; ces derniers apparaissent par endroit au fond de F48433. Elle entame également le parement ouest du rempart. Cette fosse allongée, de profil concave, a été repérée sur au moins 11 m de long. Mais il est possible qu’elle soit plus grande : il était très difficile de déterminer ses limites au niveau de la rue où elle coupait des fosses de dépotoir de nature similaire. La céramique provenant de son comblement paraît surtout dater de l’époque romaine tardive mais elle présente plusieurs pollutions anciennes. Des fragments de pierre, surtout en grès et souvent de taille assez grande, ont été trouvés en quantité importante dans le comblement de F48. Certains semblent être des éléments d’encadrements de porte ou bien de dallage : ils appartenaient peut-être à des restes de structures des phases 13 ou 14. On comptait également des fragments de meule, des broyeurs et même des fragments de sculpture. Une possible ébauche de sculpture en calcaire de mauvaise qualité, 7607.3, faisait partie de ces découvertes, au fond de la fosse (fig. 76 et 199). F49 est une fosse de taille moyenne. Elle coupe l’angle sud-ouest du bâtiment J (fig. 168). Elle semble rejoindre la fosse F48. Son comblement contient du matériel céramique assez mélangée, mais la céramique romaine tardive prédomine. F58 coupe toute la partie sud du grand mur M53 (fig. 143-144). Cela suggère que l’ensemble que ce grand mur entoure n’était plus en fonction à la phase 15. Il est fort probable que cette fosse rejoignait F48 plus à l’est. On n’aurait dans ce cas qu’une seule grande fosse de 17 m de long, depuis le rempart jusqu’à M53. Cette fosse entamait légèrement les deux installations de fours434 et la structure ST8435, qui se trouvaient à l’ouest de M53. Son comblement contenait beaucoup

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Infra, Chapitre III, § 5. Sculptures et modèles de sculpteurs. Des éléments appartenant à ce que nous avons appelé la maison IX étaient visibles au fond de la fosse. Supra, Chapitre I, § 3.6.1.2. À l’intérieur du grand mur M53 : deux états de batteries de fours. Supra, Chapitre I, § 4.1.2.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest).

187

de céramiques romaines tardives et un objet caractéristique de cette période, une lampe en terre cuite de type frog-lamp (fig. 200). Quelques blocs en grès découverts dans cette fosse semblent appartenir à ST8. F62 est une fosse située à l’ouest de la « place » (fig. 48 et 126). Son comblement contenait beaucoup de gros fragments de céramiques ainsi que quelques morceaux de grès. La céramique date de l’époque romaine tardive. Ses limites n’étaient pas aisées à déterminer puisqu’elle coupait d’autres niveaux riches en céramiques, la fosse de dépotoir F74 et le niveau d’abandon de la « place ». Cette fosse est peut-être égale ou synchrone avec la grande fosse F48 qu’elle rejoint au nord. Enfin, la fosse F68 coupe le grand mur M78 et la fosse F75 (fig. 126). De nombreux gros fragments de céramiques et de briques cuites mises au jour dans cette fosse la caractérisent comme une fosse de dépotoir. La céramique ainsi qu’une pièce de monnaie portant le nom de l’empereur Constantin, 7767.6 (fig. 201), ont permis de la dater de l’époque romaine tardive. 5.1.3. Comparaison avec les fouilles précédentes La présence d’un niveau romain tardif dans ce secteur n’est pas étonnante. La rive sud du lac Sacré est jonchée de matériel de cette époque et plusieurs structures romaines tardives ont été trouvées à Karnak436. Une occupation « copte », sous le sol moderne, avait été mise au jour en 1970437. Elle était située dans le secteur sud-ouest de l’aire dégagée par P. Anus et R. Sa’ad, soit dans l’aire entourée par le grand mur ouest M53 (fig. 202-205). Il s’agissait d’un « bâtiment carré de 8 m de côté en terre crue », dans lequel avait été découverte une série de jarres disposées autour d’un bassin (fig. 203) ; les auteurs parlent de « silo à grains », voire de « grenier ». La cote indiquée pour le sol de briques cuites associé à ce niveau est de 79,19 m438. Ce niveau est supérieur à la base des jambages inscrits au nom d’Amasis (fig. 205), encore visibles de nos jours in situ à l’intérieur du complexe délimité par M53. D’après C. Grataloup, ces structures de caractère artisanal peuvent appartenir à une simple maison comme à un complexe important439. En tout cas aucun niveau de la sorte, avec structures et bâtiments, n’a été dégagé dans le secteur est, au-dessus des maisons des prêtres.

436 437 438 439

ANUS, SA’AD 1969. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1971, p. 71-72. ANUS, SA’AD 1971, fig. 1. GRATALOUP 1989, p. 67.

CHAPITRE I

188

Fig. 199. Ébauche (?) de buste en calcaire 7607.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°78220-78228

7367.1 L: 7,5 cm

Fig. 200. Frog-lamp 7367.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75586

Fig. 201. Monnaie frappée au nom de Constantin 7767.6 – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°115323-115324

ARCHITECTURE ET STRATIGRAPHIE

189

Fig. 202. Partie nord du secteur entouré par le grand mur M53, réoccupée à l’époque romaine tardive (d’après ANUS, SA’AD 1971, fig. 5)

Fig. 203. Le « bassin », depuis le sud-est – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5240

sol de briques cuites jambage d’Amasis

Fig. 204. Vue depuis l’est du secteur entouré par M53 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5231

Fig. 205. Vue depuis le sud du secteur entouré par M53 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5440

CHAPITRE I

190

Nous avons vu avec la Zone 7 que seules des fosses de dépotoir étaient susceptibles d’être contemporaines de cette occupation. Le mur M53, dans sa partie sud du moins, était complètement coupé par une fosse tardive. Aucune structure associée à du matériel de l’époque romaine tardive n’a été mise au jour à l’intérieur de M53 dans la Zone 7. 5.2. LES REMBLAIS : INDICES D’INTERVENTIONS MODERNES

Les remblais qui recouvraient les phases précédemment décrites doivent probablement être datés de l’époque moderne et être liés à des dégagements menés dans le secteur. 5.2.1. Le « remblai » de limon rubéfié Un premier « remblai », US 7344, a été observé essentiellement dans le sondage S2 de la Zone 7 (fig. 69 et 105). Ce remblai s’étendait sur une surface de 12 m de long (nord-est sud-ouest) pour une largeur maximale de 5,80 m. Son épaisseur maximale est de 40 cm (z+ : 79-79,60 m ; z- : 78,89-79,26 m). Cette grosse couche de remblai est caractérisée par un limon pulvérulent rubéfié, de couleur rouge-orangé. Elle est plutôt hétérogène, assez meuble. Elle contient de nombreux nodules argileux, des fragments de briques rubéfiées en quantité moyenne et pas mal de céramiques. Prise au départ pour une couche d’incendie, la fouille a déterminé qu’il ne s’agissait que d’un remblai. La céramique date principalement de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque, mais on note quelques intrusions plus tardives. Ce remblai, qui recouvrait même les fosses contenant du matériel romain tardif (F39), pourrait être moderne. Il est probable qu’il soit consécutif à une fouille ancienne menée dans les environs, et plus particulièrement la fouille d’un niveau incendié. 5.2.2. Les grosses buttes de remblai Avant la fouille du premier sondage (S1) en 2001, le terrain se présentait comme une surface assez plane se terminant au sud et à l’ouest par une masse de terre formant deux talus (fig. 8). L’agrandissement de la fouille vers le sud nous a obligé à retirer complètement la grosse butte sud, qui atteignait entre 1,60 et 1,80 m d’épaisseur moyenne dans le sondage S2 (altitude supérieure maximale 81,11 m) ; tout au sud, dans le

sondage S4, elle ne faisait plus que 30 cm d’épaisseur en moyenne (fig. 31, 48, 69, 76 et 105). La fouille a révélé qu’il s’agissait d’un amoncellement de plusieurs couches de remblai plus ou moins chargées en matériel, que nous avons regroupées dans l’US 7001. Ces couches sont généralement meubles, limoneuses, de couleur brun-gris clair. Elles contenaient des cailloutis et des fragments de pierre en quantité moyenne, plusieurs fragments de briques crues et beaucoup de céramiques. Ce niveau a fourni des ensembles totalement hétérogènes, depuis des formes caractéristiques du Moyen Empire, comme de nombreux moules à pain à fond percé440, jusqu’à d’autres d’époque romaine tardive. Les deux talus (sud et ouest), ainsi qu’un troisième situé à la limite sud des fouilles de J. Lauffray à l’est de l’enceinte, étaient souvent perçus comme la masse des remblais des fouilles menées dans les années 1970. Or, non seulement les trois talus apparaissent déjà sur les relevés de l’IGN datant de 1964, mais encore ils sont visibles sur plusieurs photographies archivées au Cfeetk, datant de l’époque où la direction des travaux à Karnak était assurée par M. Pillet (1920-1925)441. Les plans du temple de Karnak de K. Lepsius442 et d’A. Mariette443 signalent des structures conservées au sud-est du lac Sacré. Elles sont désormais en partie dissimulées par le talus ouest. Les talus correspondraient donc à des remblais consécutifs à des dégagements opérés au sud, sud-est du lac Sacré, entre la deuxième moitié du XIXe et le début du XXe siècle. Ces dégagements ont peut-être été menés sous la direction de G. Legrain.

TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES GRANDES PHASES (ZONE 7) Le tableau ci-dessous résume de manière extrêmement schématique la stratigraphie de ce secteur du temple, à travers les fouilles de la Zone 7 et l’analyse des données des anciennes fouilles. Il montre également les doutes qui subsistent dans sa compréhension. Les correspondances entre les phases de la Zone 7 et les installations des fouilles anciennes ne sont pas toutes certaines. L’équivalence des phases 12 et 13

440 441 442 443

JACQUET-GORDON 1981, p. 16 et fig. 4. Négatifs n°s95219 et 97482. LEPSIUS 1900, Pl. 75, n°8-9. MARIETTE 1875, Pl. 2.

Phases

Rue: principaux faits et états

Édifices (Zone 7) Remblais modernes

Moderne

Phase 15

Phase 14 ou 15

SOL16

Rue 6 (fosses de dépotoir F20 + F22 + F23 + F24 + F37)

Rue 5 (niveaux de sol SOL20 + SOL19 + SOL18 + SOL17)

Bâtiments I et J occupés (sous-phase 14b)

Rue 4 (remblai de nivellement)

Phase 14

Remblai de nivellement pour reconstruction des Bâtiments I et J

Rue 3 (fosses de dépotoir F21 + F26 + F27 + F28 + F44 + F60 + F61 + F 65 + F72 + F73 + F74 + F75 + F77) Bâtiments I et J occupés (sous-phase 14a)

Rue 2 (remblai de nivellement)

Remblai de nivellement pour Bâtiments I et J

Rue 1 (fosses de dépotoir F29 + F31 +F66)

Maisons VII et VIII abandonnées + Place 2

Troisième niveau de rue SOL22

F35

Second niveau de rue SOL23

Phase 13 Maisons VII et VIII occupées + Place 1

Premier niveau de rue SOL24

Grand mur M53

Radier (US 7469)

Hiatus entre Phases 12 et 13

Niveau (US 7420) et fosses (F32 + F33 + F34 + F36 + F67) de dépotoir cendreux Fosses coupant Grands murs M55 et M86 + façades des Bâtiments 1, 2 et 3

Grand mur M55

Grand mur M86

Remblai de nivellement

Niveau rubéfié (incendie?)

Bâtiments 1, 2 et 3 construits après M55 et M86

Phase 12

Phase 11

Grand mur M55'

M100

ST24

M99

Remblai de nivellement pour Bâtiments 1, 2 et 3

Grand mur M86'

Fig. 206. Matrice simplifiée des principaux faits et états reconnus dans les sondages de la rue et leur associations aux phases et édifices mis au jour dans la Zone 7

CHAPITRE I

192

avec les installations n°5 et 6 n’est pas assurée : l’installation n°6 peut ne correspondre qu’à une sous-phase de fonctionnement de l’espace arrière des maisons des prêtres, et non à une grande phase architecturale444. D’autres phases ensuite, comme la phase 11, ne sont pas représentées dans les recherches précédentes. Nous présentons en outre dans ce tableau les relations que les N° phases Zone 7 phase phase phase phase phase phase

10 11 12 13 14 15

N° installations Fouilles 1970-1971 installation n°4 ? non repéré installation n°5 (?) ou non repéré installations n°5 (?) et n°6 installation n°7 seulement repéré

grandes phases architecturales entretenaient avec le rempart du Nouvel Empire et l’enceinte de Nectanébo, ainsi que les désignations particulières données aux phases les plus importantes du secteur. Les différentes sous-phases (ou états) reconnues lors de la fouille de la Zone 7 ne sont pas indiquées.

Rapports rempart / enceinte antérieur au rempart fonctionne avec le rempart fonctionne avec le rempart fonctionne avec le rempart fonctionne avec l’enceinte fonctionne avec l’enceinte

Désignation particulière Quartier des prêtres Quartier ptolémaïque -

Tableau 2. Tableau synthétique des grandes phases

SCHÉMA STRATIGRAPHIQUE DE LA RUE Au vu de la complexité des niveaux de rue et de l’attention particulière dont elle a été l’objet lors des nouvelles fouilles, il semble opportun de résumer les transformations de la rue à travers une matrice (fig. 206). Il ne s’agit que d’une version synthétique et simplifiée associant les états de la rue avec les différentes phases ainsi que les constructions et reconstructions successives des bâtiments et grands murs ouest mis au jour dans la Zone 7.

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CHAPITRE II

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Les données archéologiques intégrant les vestiges animaux et végétaux provenant de fouilles d’habitats égyptiens dans la vallée du Nil ne sont pas légion ; en témoigne dans ce chapitre le nombre limité de comparaisons possibles sur ce territoire. Dans l’enceinte du temple de Karnak, nous sommes donc privilégiés d’avoir accès à ce matériel qui éclaire des aspects peu abordés des pratiques alimentaires, de l’approvisionnement en denrées alimentaires, et des autres usages des matières végétales et des animaux, et cela sur une durée d’environ un millénaire. Ces fouilles du quartier des prêtres ayant eu lieu en conjonction avec celles d’un quartier adjacent occupé par des artisans au Moyen Empire1 et quelques contextes datés du Nouvel Empire (notamment la grande tranchée de fondation du rempart du Nouvel Empire)2, la comparaison possible avec ces contextes antérieurs et aux fonctions distinctes est également précieuse. D’un point de vue méthodologique, la pratique du tamisage sur maille fine quasiment systématique du sédiment archéologique a été essentielle, non seulement pour la récupération d’artefacts de petite taille3, mais aussi pour assurer la représentativité des études bioarchéologiques. Pour les ossements, une telle pratique est indispensable car la qualité des observations et des interprétations repose sur cette représentativité. Les os de petits vertébrés comme les poissons ou même certains oiseaux ne sont en effet très peu (ou pas) détectés sans tamisage, ce qui implique leur sous-évaluation dans le matériel, notamment dans les pratiques alimentaires. Pour les restes végétaux macroscopiques, elle n’est pas suffisante, mais permet déjà des observations générales à l’échelle du site qui sont à compléter par des prélèvements de sédiments à traiter séparément (maille de tamisage plus fine, tri à la loupe). Aussi encourageons-nous la pratique du tamisage systématique sur les sites archéologiques égyptiens, ainsi que

1 2 3

Fouilles dirigées par Marie Millet. La publication est à paraître. Ouvrage collectif à paraître. Voir particulièrement le corpus conséquent de scellés qui a pu être formé.

la formation nécessaire des personnes chargées de trier les refus de tamis, gage de l’efficacité de la technique ; en effet, si les restes les plus grands ou caractéristiques sont faciles à repérer, ce n’est pas le cas des éléments de petite taille ou fragmentés. Ce quartier de l’aire sacrée de Karnak est évidemment bien particulier, car il représente un contexte para-religieux ; si les habitants furent pendant un temps des prêtres, on ne peut alors étendre nos observations sur ce site à d’autres populations, même à l’échelle de la région thébaine. D’où l’importance de sites de référence dans la vallée du Nil à différentes périodes, afin de discuter des variations entre sites, notamment du point de vue fonctionnel. Ici, nos sites de comparaison pour la Basse Époque et/ou l’époque ptolémaïque (différents pour l’archéozoologie et l’archéobotanique) sont Éléphantine en Haute-Égypte, Tell el-Herr dans le Delta oriental et le sud de l’oasis de Kharga4. Nous invitons ainsi nos lecteurs, d’une part à mesurer l’étendue du travail à accomplir si l’on souhaite comprendre les économies végétales et animales au regard des données textuelles et iconographiques, et à prendre connaissance de l’intérêt pour l’archéologie égyptienne des résultats des études archéozoologique et archéobotanique, d’autre part. Enfin, on peut noter que des recherches pluridisciplinaires de ce type sont encore trop rares en Égypte pour les périodes pharaoniques et postérieures, mais ce travail, ainsi que quelques autres, témoignent d’un changement irréversible des mentalités et de la vision de l’archéologie envisagée comme une étude de l’homme du passé dans sa globalité. Dans ce chapitre sont présentées les méthodes d’études, les principaux résultats, ainsi que de premières pistes d’interprétation. Des interprétations plus poussées sont intégrées aux discussions archéologiques mêlant diverses sources d’information dans la synthèse de cet ouvrage (chapitre IV) selon plusieurs thématiques.

4

Notez que depuis l’écriture de ce chapitre, de nouvelles études sont venues enrichir nos connaissances sur ce sujet.

198 1. ÉCONOMIE VÉGÉTALE

CHAPITRE II

Claire NEWTON

L’étude des restes végétaux macroscopiques issus des fouilles récentes du quartier des prêtres avait pour fonction de caractériser les activités ayant trait aux plantes et ainsi contribuer à la connaissance de l’économie du quartier. Des aspects particuliers portent sur l’alimentation et l’approvisionnement en denrées ; quelles activités culinaires peut-on identifier sur place, sous quelle forme les denrées arrivaient-elles, que peut-on dire de la gestion des denrées à l’échelle locale ? Mis à part les denrées alimentaires, quels autres usages des plantes peut-on mettre en évidence sur le site ? Enfin, quels types de combustible étaient utilisés et sous quelle forme l’approvisionnement se faisait-il ? Nous présentons ici les résultats de l’étude des restes végétaux macroscopiques en distinguant l’étude anthracologique (analyse et interprétation des charbons de bois) de celle des autres vestiges. Ces premières interprétations suggérées ici sont reprises et placées dans un contexte archéologique plus large dans le chapitre IV. 1.1. MÉTHODES Le matériel étudié : échantillonnage et traitement des échantillons Au cours de la fouille, presque l’intégralité du sédiment archéologique a été tamisée à sec à la maille de 1 mm, après séchage à l’air libre du sédiment. Lors de ce tamisage, effectué par les ouvriers, les restes macroscopiques de plantes repérés à l’œil nu dans les refus de tamis ont été mis de côté. Ce type de matériel constitue la majorité du matériel examiné ; il ne comprend que les éléments les plus gros et les plus facilement identifiables à l’œil nu, mais il est représentatif de l’ensemble de la fouille, et permet donc des comparaisons diachroniques et entre secteurs. Un deuxième type d’échantillonnage a été effectué : des prélèvements de sédiment ont été mis de côté, après tamisage ou avant tamisage (cendres). Une partie de ce matériel a été (re-)tamisée aux mailles de 2 mm et 1 mm, et les refus de tamis ont été triés. Ce tri a été effectué par l’auteur, à l’œil nu pour la plus grosse fraction, sous loupe binoculaire pour la plus fine. L’identification de l’ensemble de ce matériel a été fait à l’œil nu et sous loupe binoculaire5. 5

La loupe binoculaire était mise à disposition par le Laboratoire d’Étude des Matériaux de l’Ifao. Ces tris et identifications, ainsi

Les résultats sont présentés dans des tableaux récapitulatifs à la fin de la section 1.3, en séparant ceux issus du tamisage systématique de ceux issus du second tamisage et tri ; par défaut dans ces tableaux, les types de restes sont des semences (graines, fruits, endocarpes) (tableaux 3 à 7). Ces restes végétaux sont conservés sous forme carbonisée, à l’exclusion de quelques éléments minéralisés – une graine de pastèque et des fruits de vipérine. La comparaison entre les assemblages issus des tris systématiques à l’œil nu et ceux issus de (re-)tamisage et tri sous loupe binoculaire (tableaux 3 et 4 ; 5 et 6), montre que les restes végétaux de petite taille, et ceux qui ne ressemblent pas à des fruits ou des graines, ne sont pas repérés à l’œil nu. Ainsi, quel que soit le contexte, les fragments de rachis d’épis des céréales ne sont pas repérés à l’œil nu. Les restes de matière transformée, à part dans un cas (US 7453), ne sont pas reconnus ; les graines d’acacia, les semences de mauvaises herbes qui n’ont pas la même taille et/ou morphologie que les grains de céréales (Alpiste, composées, Oseille sauvage, Vipérine, Enarthrocarpus), ne sont pas non plus repérés. Il en est de même des restes fragmentés, qui ne sont pas facilement reconnaissables au premier coup d’œil. La comparaison entre les deux types de tri ne peut être effectuée précisément, car les volumes initiaux de sédiment ne sont pas connus. Les observations tirées de ce matériel seront donc d’ordre général, et concerneront les restes végétaux de grande taille. Quelques observations supplémentaires pourront être faites à partir des échantillons retriés. Aucune discussion détaillée ne pourra être effectuée basée sur les semences d’herbacées sauvages, par exemple concernant les pratiques agricoles, car les assemblages ne peuvent pas être considérés comme représentatifs. L’étude anthracologique avait pour objectif d’évaluer la nature du combustible ligneux utilisé dans le quartier pour les activités quotidiennes pendant la phase 13 (Basse Époque). Afin d’avoir un échantillon représentatif d’une durée d’activité et non d’un nombre limité d’événements discrets, le matériel choisi correspond à des charbons de bois dispersé dans le premier niveau de la rue attenante aux habitations des prêtres et au secteur économique (US 7695). Leur provenance est probablement liée au fonctionnement des foyers et que l’anthraco-analyse, ont été effectués sur place dans une salle de travail, grâce au Cfeetk.

199

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

2 7 7 19

24 42 1 3 4 1 84

Total

55 8

Occurrence

Lolium

1

agglomérat de grains de céréale + m.o.

Herbacées sauvages

Total

Fruits

Cordia

2 3

7453 7470 7506 7606 7629 & 7629b 7634 7711, 7711a&b

Légumineuse

6 1

Latthyrus sativus

13 2

Vicia/Pisum

7206 & 7208 7479

Légumineuses

Cerealia

échantillons (US)

Hordeum vulgare

Triticum turgidum subsp. dicoccum

Céréales

20 3 26 46 1 5 16 9 114

1

2

3

9

1 1

166

11

2

1

1

1

3

240

9

2

2

1

1

1

1

9

1

Contexte archéologique

Tranchée de fondation du mur M41 Tranchée de fondation du mur M41 Fosse dépotoir F32 (S3D) (agglomérat de grains de céréales) Fosse dépotoir F33 (S3A) Démolition (S3E) Démolition/remblai (S3E) Démolition/remblai (S3E) Comblement d’une fosse ? (S3E) Fosse dépotoir F67 (S3G)

xx

Tableau 3. Résultats des identifications de matériel trié à l’œil nu, contextes de la phase 12 (Troisième Période Intermédiaire-début Basse Époque)

7453** 7711 7711b 7711a 7711a**

12 1 6 12

8 32 52 29

120

470

20 8 1 25

3

1

1 1 2

1

3

1

35

4

26

xx

152 xxx 53 1 60 582 xx

matière organique transformée bulleuse

agglomérat de grains de céréale + m.o.

Phalaris

Lolium

cf. Bromus

Echium cf. rauwolfii

Asteraceae

Acacia, graine/testa

Légumineuse

Vicia/Pisum

Cerealia

24

Triticum turgidum subsp. dicoccum rachis éq. grains

2

Légumineuses Fruits Herbacées sauvages

Total

7453

Triticum turgidum subsp. dicoccum

échantillons (US)

Hordeum vulgare

Céréales

Contexte archéologique

Fosse dépotoir F32 (S3D) (agglomérat de grains de céréales)

Fosse dépotoir F67 (S3G) xx

Tableau 4. Résultats des identifications de matériel trié à l’œil nu, et dont 1,5 l de refus de tamis a été retamisé et retrié (**), pour deux contextes de la phase 12 (contextes fin Troisième Période Intermédiaire-début Basse Époque)

CHAPITRE II

200

fours du quartier, dont les résidus de combustion, sous forme de fragments de charbons, ont été foulés et dispersés de manière aléatoire. L’identification des charbons de bois se fait par observation des trois plans anatomiques après fracture sous microscope optique aux grossissements de 50 à 8006 et comparaison avec des référentiels d’anatomie du bois7. Les résultats sont présentés ci-dessous (§ 1.4.). 1.2. QUELQUES CONTEXTES ARCHÉOLOGIQUES PARTICULIERS

1.2.1. Des agglomérats de grains de céréales : dépotoirs (fin XXVe-début XXVIe dynastie) et maison VIII (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) Des cendres jetées dans une fosse de dépotoir de la phase 12 (fosse F32, comblement US 7453) comprennent des esquilles d’os, des restes de balle de blé amidonnier avec des semences de mauvaises herbes associées, mais également des grains de céréales agglomérés (fig. 207) et des fragments de matière organique transformée de texture bulleuse (tableau 4). Les grains de céréales ‘libres’ sont cassés ou érodés, dans l’ensemble mal conservés, et semblent être issus de l’émiettement de l’agglomérat. Ces types de vestiges, mêlés à des restes osseux, ne sont pas uniques sur le site. On les trouve typiquement dans les concentrations cendreuses qui ont fait l’objet d’un tamisage et d’un tri fins, dans des contextes primaires – comblements cendreux de fours et foyers de la Basse Époque (ST17 et ST21) – ou secondaires – dépotoirs datés fin XXVe-début XXVIe dynastie situés sous la rue et comblement cendreux d’un foyer de la Basse Époque (ST27) (tableau 6). Ils représentent des résidus de préparations alimentaires cuites dans les fours ou foyers, brûlés accidentellement, et témoignent directement des activités culinaires du quartier. Les grains de céréales sont souvent déformés – aplatis comme s’ils avaient été percutés – et/ ou cassés avant carbonisation. Cela rend leur identification problématique, mais donne des indications sur la préparation des grains. Ils n’étaient pas exclusivement 6

7

Le microscope était mis à disposition gracieusement par le Centre de Bio-Archéologie et d’Écologie (UMR 5059) de Montpellier. Collection de référence personnelle et atlas; principalement NEUMANN et al. 2001.

utilisés sous forme de farine (pour la préparation des pains) mais également concassés pour être consommés sous forme de bouillie, de pâte, ou peut-être même de soupe. Cette pâte qui semble pouvoir avoir été assez épaisse (fig. 207), pourrait même correspondre à un type de pain à texture grossière. 1.2.2. Maison IX : le petit foyer à gesse (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) Le petit foyer creusé peu profondément dans le sol de la maison IX (foyer 1) est un cas de vestige d’activité culinaire particulier8. Bien qu’il comprenne, parmi ses cendres et charbons de bois, des restes de céréales y compris sous forme transformée (voir ci-dessus), les restes les plus nombreux sont des graines d’une légumineuse alimentaire (fig. 208). Les graines sont anguleuses, de profil latéral trapézoïdal à arrondi, de profil transversal triangulaire. Le tégument externe n’est pas conservé. Le hile, lorsqu’il est conservé, est ovale, deux fois plus long que large. Leur taille est variable au sein de ce seul contexte, les plus grandes mesurant 4,5 × 5 × 7 mm. Ces caractéristiques permettent de proposer qu’il s’agit de gesse cultivée (Lathyrus sativus L.). La gesse, comme la lentille, le petit pois ou la fève, est une légumineuse à graines de grande taille, qui peut être conservée longtemps, comme légume sec, et qui est riche en protéines. Une particularité de la gesse est qu’elle contient aussi un acide aminé neurotoxique qui peut conduire à une paralysie partielle si elle constitue l’aliment exclusif, chez les hommes comme chez les animaux. Cela a pu être observé, car la gesse est également tolérante à la sécheresse, reste productive lorsque d’autres cultures échouent, et donc sert ou a historiquement servi d’aliment préférentiel en cas de pénurie alimentaire liée à un manque d’eau dans les régions où elle est encore cultivée9. La teneur en toxine peut être réduite par traitement, car elle est soluble dans l’eau : trempage puis séchage, ou bien ébullition. Leur cuisson à la manière d’autres légumes secs, donc, devrait réduire leur toxicité10. La présence d’une grande quantité de graines, entières et cassées, associées à des céréales transformées, pourrait représenter un accident de préparation alimentaire, un mélange de blé amidonnier, orge et gesse, qui aurait

8 9 10

Supra, Chapitre I, § 3.3.2. Stratigraphie de la maison IX. KEARNEY, SMARTT 1995, cité par ZOHARY, HOPF 2000, p. 119-120. KAY 1979, p. 120, cité par CAPPERS 2006, p. 95-96.

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

201

versé dans le feu de bois. La préparation de bouillies à base de gesse est connue historiquement dans la péninsule ibérique, où sa place dans l’alimentation était prépondérante encore récemment11. 1.2.3. Maison VII : le sol incendié de la réserve (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) Le tamisage systématique du sédiment issu des fouilles a livré, pour le sol incendié d’un espace de stockage à l’arrière de la maison VII (SOL1), essentiellement des grains de céréales. Ces grains consistent en trois quarts d’orge et un quart de blé amidonnier (tableau 5). Étant donné la nature du matériel archéologique associé à cet espace, il est probable qu’il s’agit d’une réserve de grains, à usage plus probablement domestique que cultuel. Il ne semble pas y avoir d’espace ou de matériel de stockage spécialisé pour ces céréales, aussi est-il possible qu’elles étaient gardées dans un/des contenant(s) en matériau périssable (qui n’aurait pas survécu à l’incendie), de type sac ou panier. Il semble s’agir d’une petite réserve à l’échelle de l’habitation et suffisante uniquement pour une durée limitée, ce qui est compatible avec ce que l’on sait de l’approvisionnement du quartier des prêtres. Il n’est pas évident de préciser si ce stockage était sous forme de grains nettoyés, prêts à l’emploi, ou de grains vêtus (orge) et d’épillets (blé) ; l’absence de balle pourrait être liée à la méthode d’obtention du matériel. Cependant, on peut supposer que si cette couche est en place, les épillets d’amidonnier auraient dû être conservés tels quels et résister au tamisage, et les grains d’orge auraient dû conserver au moins en partie leurs glumelles. Or ce n’est pas le cas (fig. 209). On peut donc envisager sans certitude que cette réserve d’une petite quantité de grains était sous forme de grains déjà décortiqués. Ce décorticage se faisait certainement régulièrement sur place, à l’échelle de la maison ou d’un groupe de maisons12. Outre les céréales, une graine, et peut-être des fragments supplémentaires, de Moringa a été trouvée sur ce sol (fig. 210). Cette trouvaille est exceptionnelle13 et son interprétation incertaine. Les graines de Moringa sont riches en matières grasses, et peuvent être croquées crues, ou leur huile utilisée dans la cuisine ou

11 12

13

PEÑA-CHOCARRO, ZAPATA PEÑA 1999. Voir infra, Chapitre II, § 1.3.1. Approvisionnement et offrandes aux temples. Voir infra, Chapitre II, § 1.3.3. Oléagineux.

Fig. 207. Grains de céréales agglomérés (Phase 12, US 7453) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

Fig. 208. Graines de Lathyrus sativus (Phase 13, US 7687) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

Fig. 209. Grains d’orge (Phase 13, US 7024bis) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

Fig. 210. Graine carbonisée de Moringa (Moringa peregrina) (Phase 13, US 7024bis) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

CHAPITRE II

Contexte archéologique Total

Moringa peregrina

Cordia

Phoenix dactylifera

5

indéterminé

Herbacées sauvages

Fruits

Vitis vinifera

Latthyrus sativus

Lathyrus

15

Légumineuses

Cerealia

7000

Triticum turgidum subsp. dicoccum

échantillons (US)

Hordeum vulgare

Céréales

Lolium

202

20 Tamisage déblais de fouille (=7024?) Maison VII

7024

245

7098

1

7139

2

7172 7210 7225 7226 7382 & 7382a

80

1

1 327 1

5

7

4

4

8 2 7 2

9 4 3 2

7111

11

14

7126

1

1

1

3

7131

1

1

1

3

7137

4

1 1

1

1

7179

6

7209

1

17

3

8

34

2

1

1

4

3

4

7250.2

1

3

1

7252 7253

1 4

3 4

1

7276

2

3

7383

3

7 5 1

6 8 5 3

3 2

3 1

7216

7403

23 9 11 5 27

2

7169

7412

2 3 1

1

3 1

4

SOL1, sol incendié salle de stockage (espace arrière Maison VII) Niveau d’abandon (espace arrière Maison VII) Remblai/abandon (espace arrière Maison VII) Remblai sous SOL6 (espace arrière Maison VII) Remblai (espace arrière Maison VII) Remblai (espace arrière Maison VII) Remblai (espace arrière Maison VII) Remblai (espace arrière Maison VII) Niveau dépotoir (corps du logis Maison VII) Niveau d’abandon (corps du logis Maison VII) Niveau dépotoir (corps du logis Maison VII) Niveau d’abandon (corps du logis Maison VII) Niveau abandon (corps du logis Maison VII) Remblai (corps du logis Maison VII) Démolition/abandon (corps du logis Maison VII) Démolition/abandon (corps du logis Maison VII) Comblement fosse F17 (corps du logis Maison VII) Démolition (corps du logis Maison VII) Démolition (corps du logis Maison VII) Démolition/abandon (corps du logis Maison VII) Niveau dépotoir (corps du logis Maison VII) Remblai sur radier (corps du logis Maison VII) Remblai sur radier (corps du logis Maison VII)

203

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Contexte archéologique Total

indéterminé

Moringa peregrina

Cordia

Phoenix dactylifera

Lolium

Herbacées sauvages

Fruits

Vitis vinifera

Latthyrus sativus

Lathyrus

Légumineuses

Cerealia

Triticum turgidum subsp. dicoccum

échantillons (US)

Hordeum vulgare

Céréales

Maison VIII 7620a

28

28

7513

1

1

7513a

1

7706b

2

7820 7830

1 2

4

2

2

1

1

Comblement du foyer ST27 (espace arrière Maison VIII) Démolition/abandon (corps du logis Maison VIII) Démolition/abandon (corps du logis Maison VIII) Démolition/abandon (corps du logis Maison VIII) Démolition-remblai (corps du logis Maison VIII) Démolition-remblai (corps du logis Maison VIII), égal 7820 Maison IX

7687

5

7694

15

189

1

Foyer 1, Petit foyer creusé dans SOL25 (Maison IX) Foyer 2, Petit foyer dans céramique, dans 3 SOL25 (Maison IX)

209

1

1

Place 7630

1

7635b 7688a 7695a

1 9

28

2

31

4 4 6

Comblement cendreux du four ST21 (« place »)

Espaces de circulation 5 Niveau de sol de rue (S3G) 14 Remblai? (S3G) 6 Niveau de sol de rue (S3G)

1

Secteur économique 7610a

19

7612b

Comblement cendreux du four ST17 (secteur économique) Comblement du four ST18 2 (secteur économique) Comblement du four ST18 4 (secteur économique) Comblement du four ST20 4 (secteur économique)

3

22

2

7617

1

3

7654a

2

2

Total

358

269

14

1

190

1

2

1

1

17

Occurrence

29

34

8

1

2

1

2

1

1

7

2

39

Ubiquité ( %)

71

83

20

2

5

2

5

2

2

17

5

95

2 856

Tableau 5. Résultats des identifications de matériel trié à l’œil nu, contextes de la phase 13 (Basse Époque)

CHAPITRE II

7620a 4 1

7687

5

7630 7630** 7610a 7610a**

matière organique transformée bulleuse

agglomérat de grains de céréale + m.o.

Total

Crotte d’oiseau ?

indéterminé

paroi indéterniée

Phalaris

Lolium

Echium cf. rauwolfii

Acacia, graine/testa

Légumineuse

Latthyrus sativus

Lathyrus

Cerealia

Triticum turgidum subsp. dicoccum rachis éq. grains

28

7620a**

7687**

Herbacées sauvages

Légumineuses Fruits

Triticum turgidum subsp. dicoccum

Hordeum vulgare nœuds rachis

échantillons (US)

Hordeum vulgare

Céréales

cf. Bromus

204

Contexte archéologique

28

4

90

2

1

15

1

1

189

14 2 53 28 2 14 19 3 18 6 7

19

x

77

2 13

1

112 215

3

3 1

30

3

1

1 3

2

5

Comblement du foyer ST27 (espace arrière 104 xx xx Maison VIII) 209 Foyer 1, petit foyer creusé dans SOL25 426 (Maison IX) 31 Comblement du four 3 114 xx ST21 (« place ») 22 Comblement du four ST17 (secteur économique) 67 xx xx

Hordeum sauvage

4

31 2 1 1 4 44

Total

24

89

8

1

4

7

9

2

1

4

Occurrence

5 2

Cerealia

10 3

Contexte archéologique Total

Lolium

1

7052 7339 7518 7525a & 7525b 7568 7598 7601 7666 7671 & 7671a 7705a 7731a 7732a 7734a

échantillons (US)

indéterminé

Herbacées sauvages

Triticum turgidum subsp. dicoccum

Fruits

Hordeum vulgare

Céréales

Citrullus lanatus (minéralisée)

Tableau 6. Résultats des identifications de matériel trié à l’œil nu, et dont 1,5 l de refus de tamis a été retamisé et retrié (**), pour quatre contextes de la phase 13 (Basse Époque)

4 1

50 6 1 6 7 46 6 1 3 1 1 2 2

1

5

132

2

2

13

1 2 6

1 3 1 1 2 2

Mur M23 (Bâtiment I) Comblement fosse dépotoir F26 (S3A) Comblement fosse dépotoir F54 (S2-S3C) Démolition/abandon (Bâtiment J) Abandon/dépotoir (Bâtiment J) Comblement fosse dépotoir F60 (S3G) Démolition/remblai (S4) Comblement tranchée de fondation de M64 (Bâtiment J) Niveau d’abandon (S3G) Comblement fosse dépotoir (S3C) Comblement fosse dépotoir (S3C) Comblement fosse dépotoir (S3C) Démolition/abandon (S3C)

Tableau 7. Résultats des identifications de matériel trié à l’œil nu, contextes de la phase 14 (époque ptolémaïque)

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

dans la fabrication de cosmétiques. Dans ce contexte particulier, les deux sont envisageables, puisque le matériel associé comporte des denrées alimentaires (grains de céréales), du matériel de stockage de liquides, de la vaisselle fine, mais également un bâton à kôhl et des alabastra (fig. 94). Le fait que le Moringa est un arbre du désert oriental, et la rareté de ses graines en contexte archéologique en général, laissent à penser qu’il ne s’agit pas d’une oléagineuse communément utilisée en cuisine, mais que son usage devait être réservé, soit à certains contextes (rituels ?) soit à la confection de cosmétiques. Si l’usage d’huile de ben est connu dans les temples pour le Nouvel Empire14, il est surprenant de trouver une trace de la graine, à moins qu’à la Basse Époque l’approvisionnement ne se fît sous forme de matière première. Il pourrait aussi s’agir d’une impureté, d’un résidu dans une livraison d’huile. 1.3. APPROVISIONNEMENT ET ALIMENTATION VÉGÉTALE 1.3.1. Céréales 1.3.1.1. Blé et orge, les deux mamelles de la céréaliculture égyptienne Les grains de céréales représentent la grande majorité des restes triés à l’œil nu pour toutes les périodes (de 75 à 97 %) (tableaux 3, 5 et 7). La nature de ces céréales est identique à toutes les périodes, en continuité avec les occupations précédentes, et en accord avec nos connaissances sur l’agriculture égyptienne jusqu’à l’époque ptolémaïque. Il s’agit de l’orge vêtue et du blé amidonnier. Dans le quartier des prêtres, les grains de blé amidonnier sont dans l’ensemble dominants, tant en nombre de restes, qu’en termes d’ubiquité dans les échantillons : ils sont présents dans un plus grand nombre d’échantillons que les grains d’orge. Une exception vient du sol incendié de la salle de stockage à l’arrière de la maison VII à la Basse Époque (SOL1), dont les trois quarts sont des grains d’orge15 (fig. 209). Pour cette phase dans son ensemble, même si l’on exclut ce contexte des comptages, la proportion d’orge dans les céréales est la plus élevée des trois phases : 38 % contre 25 % à la phase 12 et 21 % pour la phase 14. Les contextes de la maison VII, y compris la salle de stockage mais pas uniquement, sont respon14 15

Voir infra, Chapitre II, § 1.3.3. Oléagineux. Voir supra, Chapitre II, § 1.2.3. Maison VII : le sol incendié de la réserve (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie).

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sables de cette différence de proportion. Ce sont également les contextes ayant livré des restes de fruits. Le plus grand volume de sédiment fouillé pour cette maison, et le fait qu’elle ait été incendiée, peuvent expliquer cette plus grande richesse en termes de diversité de types de vestiges. Une autre exception, bien que moins significative car basée sur un nombre restreint de grains (47), provient d’un four du secteur économique (ST17)16 de la Basse Époque (tableau 6). Parmi les contextes de fours/foyers retriés, c’est le seul cas où les grains d’orge sont plus nombreux que ceux d’amidonnier. Peut-être sa localisation dans le secteur économique est-elle explicative, liée à la production de différents types de pains ou préparations à base de céréales. Blé amidonnier et orge vêtue formaient le socle de l’agriculture égyptienne depuis le Néolithique. Du point de vue alimentaire, ces céréales constituaient certainement aussi la base des repas, que ce soit sous forme de pains, de bouillies ou de bière. Les céréales avaient également une importance culturelle, reflétée dans sa place dans l’approvisionnement des temples pour les offrandes cultuelles quotidiennes17. Blé amidonnier (Triticum turgidum subsp. dicoccum) et blé dur (Triticum turgidum subsp. durum)18 : implications pratiques et résilience Le blé amidonnier est le blé cultivé en Égypte depuis le Néolithique. C’est un blé vêtu, c’est-à-dire qu’après récolte et dépiquage, le produit obtenu, qui est en général la forme sous laquelle les grains sont entreposés dans les greniers ou silos, est l’épillet ; les grains ne sont pas nus, ils sont encore groupés par deux, enveloppés dans des glumes (fig. 218-219, 220a et 221a). Avant consommation, le premier travail consiste donc au décorticage de ces épillets, afin d’obtenir les grains nus. 16

17

18

Supra, Chapitre I, § 3.6.1.2. À l’intérieur du grand mur M53 : deux états de batteries de fours. Au Nouvel Empire, les céréales destinées à l’approvisionnement des temples pour les cultes sont désignées par un terme générique équivalent de « grains » šs(r), ou bien le nom de l’orge ỉt, qui peut également avoir une valeur générique, ou bien le nom du blé amidonnier bdt (GRANDET 2005 vol. 2, Commentaire philologique note 139, p. 35 note 246, p. 68 note 459, p. 113). Pour l’approvisionnement des agents du temple d’Osiris-Iw à ‘Ayn-Manâwir à l’époque perse, les comptes de blé amidonnier bdt et d’orge ỉt sont distincts. AGUT-LABORDÈRE, NEWTON 2013. Voir ZOHARY, HOPF 2000.

206

CHAPITRE II

Le blé dur est un type de blé nu, c’est-à-dire que le produit obtenu après dépiquage donne directement les grains nus, débarrassés de leurs enveloppes (fig. 220b et 221b). Le travail de décorticage n’est pas nécessaire. Il aurait été présent en Égypte pendant la période pharaonique de manière très minoritaire, peut-être sous forme d’adventice (mauvaise herbe), puis introduit comme culture à part entière sous influence du monde grec à l’époque ptolémaïque, pour graduellement remplacer le blé amidonnier dans le système agricole ainsi que dans l’alimentation19. Aucun reste de blé nu n’a été repéré ici, même dans les contextes d’époque ptolémaïque (fig. 211). On se situe donc avant la phase de remplacement du blé amidonnier par le blé dur, qui aurait eu lieu entre l’époque ptolémaïque et le Haut-Empire romain20. Ailleurs en Égypte, le blé dur apparaît plus tôt. À Elkab, sa balle est utilisée à l’exclusion de celle de blé amidonnier comme dégraissant des briques de terre crue ayant servi dans la construction du grand mur d’enceinte, probablement à la Basse Époque, sous les règnes de Nectanébo I et II (IVe siècle av. J.-C.)21. À ‘Ayn-Manâwir, dans le sud de l’oasis de Kharga, le blé amidonnier est encore prédominant à l’époque perse (Ve siècle av. J.-C.), mais le blé dur est déjà présent en petites quantités ; les deux blés sont attestés à l’époque ptolémaïque et ce n’est que dans les contextes du Haut-Empire romain que le blé amidonnier a disparu au profit du blé dur22. Ces quelques observations mettent en relief une variabilité régionale dans l’adoption de la nouvelle céréale. Son absence totale dans ce quartier du temple de Karnak, à la Basse Époque comme à l’époque ptolémaïque, pourrait illustrer le conservatisme des pratiques cultuelles en comparaison avec les activités économiques, au moins localement. Il semble en avoir été de même à el-Hibeh en Moyenne Égypte, où pour les contextes de la XXIe dynastie et d’époque perse, la balle de blé amidonnier domine23. La valeur cultuelle du blé amidonnier comme offrande n’avait alors pas (encore ?) été transférée au nouveau blé nu, dont nombre de caractéristiques le distinguent du blé « traditionnel ». Outre des différences agronomiques, en termes de préparation, il est beaucoup plus facile d’obtenir des grains prêts à

19 20 21 22 23

BOWMAN 1986, p. 101; THOMPSON 1999, p. 128 ; MURRAY 2000a. BOWMAN 1986, p. 101; THOMPSON 1999, p. 128 ; MURRAY 2000a. HENDRICKX et al. 2010. NEWTON 2002, p. 364-366, NEWTON et al. 2013. WETTERSTROM 1984.

la consommation, ne requérant pas de phase de décorticage. Il permet la confection de différentes préparations alimentaires, et en termes de goût est très différent. On peut donc imaginer que les sphères aux pratiques les plus codifiées, comme les temples, furent les moins rapides à adopter cette nouvelle céréale associée à de nouvelles pratiques alimentaires. 1.3.1.2. Approvisionnement et offrandes aux temples Les types de restes de céréales trouvés sont en grande majorité des grains, ce qui est dû au type de traitement des échantillons de sédiment – les restes de balle sont petits et difficilement repérables à l’œil nu. Dans les échantillons tamisés et triés une seconde fois, des fragments de balle ont été trouvés. On peut noter cependant l’absence de chaume (paille), qui est significative car les nœuds de chaume sont de grande taille et sont fréquemment conservés sous forme carbonisée dans les assemblages archéologiques. Dans les contextes de la phase 12, les restes de balle n’appartiennent qu’au blé amidonnier (tableau 4 et fig. 212), tandis qu’à la phase 13, une petite quantité de balle d’orge est également présente dans tous les échantillons (tableau 6 et fig. 213). La présence de balle de blé amidonnier (fig. 212) suggère l’approvisionnement du temple sous forme d’épillets, c’est-à-dire le produit du battage suivant la récolte (fig. 221a). La phase de décorticage devait se faire dans l’enceinte du temple, que ce soit pour usage alimentaire ou pour les offrandes cultuelles. Ces sous-produits peuvent avoir plusieurs usages, notamment pour l’alimentation des animaux domestiques ou comme dégraissant dans les constructions en terre crue, mais aussi comme combustible léger pour démarrer les feux. On retrouve ici les sous-produits de ce décorticage (bases d’épillets, bases de glumes) parmi les restes carbonisés ; ils ont certainement été utilisés comme combustible. L’absence ou la présence en petite quantité de balle d’orge suggère l’approvisionnement sous forme de grains vêtus, également produits du battage suivant la récolte (fig. 221c). Dans le cas de l’orge, le rachis est séparé des grains à cette étape du traitement, ce qui limite ses chances d’arriver jusqu’au temple et d’être incorporé dans le type d’assemblage trouvé dans le quartier des prêtres.

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Fig. 211. Grains de céréales (blé amidonnier et orge vêtue) d’époque ptolémaïque (Phase 14, US 7598) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

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Dans les sacs ou paniers de céréales se trouvaient aussi des semences des adventices (mauvaises herbes poussant dans les champs cultivés) récoltées avec les céréales. Parmi les mauvaises herbes aux semences de grande taille, on trouve des Poacées sauvages – l’ivraie (Lolium) fréquemment, l’orge sauvage, le brome, l’alpiste (Phalaris) – une Vipérine (famille de la bourrache) (Echium cf. rauwolfii) et une Astéracée indéterminée. Ce sont des mauvaises herbes fréquemment trouvées dans les contextes égyptiens. Les autres sont invisibles probablement car la maille de tamisage est trop grande pour permettre de les repérer. Les mêmes ont été trouvés dans les contextes voisins antérieurs au Nouvel Empire24. 1.3.1.3. Mangez du blé ! Mangez de l’orge ! Oui mais sous quelle forme ?

Fig. 212. Balle de blé amidonnier : bases d’épillets et bases de glumes (Phase 12, US 7711a) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

Dans le quartier, les préparations des céréales devaient donc comprendre le décorticage des grains de blé et d’orge, puis éventuellement le concassage voire le broyage des grains, pour obtenir des grains cassés ou de la farine plus ou moins fine. Les restes de préparations comprennent des grains agglomérés plus ou moins nettoyés et concassés, des grains cassés avant carbonisation, et de la matière organique transformée qui pourrait s’apparenter à du pain ou une bouillie de grains, sur la base d’observations morphologiques uniquement. Celle-ci est notée comme « matière organique transformée bulleuse » dans les tableaux25. Des documents d’époque ptolémaïque datés des années 150 av. J.-C. attestent de la préparation en grande quantité, au Sérapéum de Memphis, d’un gruau (athèra) confectionné à base de farine de blé (amidonnier : olyra en grec) et d’eau26. Il semble donc que divers types d’aliments étaient préparés dans le quartier des prêtres. Les maisons étaient équipées pour ces différentes étapes : meules et broyeurs, plats à pain (dokka) et moules à pain, autres céramiques de cuisson, structures pour la cuisson27. Cependant, aucun équipement indiquant la pratique de la brasserie ne nous est parvenu. Ces installations devaient se trouver en dehors de ce quartier de type résidentiel. 24 25

26

Fig. 213. Fragments de rachis d’orge (Phase 13, US 7610a) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

27

NEWTON à paraître. Voir supra dans cette partie, la section 1.2.1. Des agglomérats de grains de céréales. AGUT-LABORDÈRE 2011, p. 286. Voir dans cet ouvrage particulièrement les chapitres III § 3.2. Macro-outillage et IV § 1.3.2. Caractère résidentiel des maisons.

208

CHAPITRE II

1.3.2. Gesse commune

1.3.3. Oléagineux

La gesse cultivée, aussi connue sous les noms de lentille d’Espagne, pois carré, gesse blanche, gesse chichi ou gessette, est une légumineuse cultivée aujourd’hui en Europe méditerranéenne28, en Éthiopie, au Soudan et dans le sud de l’Égypte, au Proche-Orient, et surtout en Asie du Sud29. Elle est utilisée à la fois comme fourrage pour les animaux domestiques (parties vertes et graines) et pour l’alimentation humaine (parties vertes jeunes et graines). Les graines sont consommées sous différentes formes : farine dans diverses préparations, notamment du pain, sauce, mais aussi simplement comme graines bouillies ou grillées30. Elle fait partie des premières plantes cultivées au Néolithique au Proche-Orient, et est attestée en Égypte depuis le Néolithique et le Prédynastique jusqu’à l’époque romaine, voire byzantine31. Elle n’est cependant pas considérée comme un aliment important pour la période pharaonique32. Cela est dû en partie au fait que les graines de légumineuses alimentaires ne sont pas fréquentes dans les assemblages archéobotaniques de manière générale, et que leur identification est problématique car il manque souvent sur les vestiges carbonisés les caractères distinctifs. La gesse est trouvée encore moins fréquemment que la lentille ou le pois par exemple. L’habitat associé à la construction des pyramides de Giza à l’Ancien Empire, qui était approvisionné de l’extérieur en denrées alimentaires comme le quartier des prêtres de Karnak33, constitue une exception notable. À Karnak, elle est trouvée dans des contextes de la Troisième Période Intermédiaire et de la Basse Époque, ainsi que dans les contextes antérieurs au Nouvel Empire, toujours en très petit nombre et pas toujours bien identifiée. Aussi, la trouvaille d’une concentration de graines dans un petit foyer de la maison IX est significative : elle permet d’affirmer qu’elle contribuait effectivement à l’alimentation humaine dans le quartier des prêtres à la Basse Époque34.

Dans le quartier des prêtres, l’unique graine de Moringa est le seul reste d’une potentielle plante oléagineuse (fig. 210). Le Moringa (Moringa peregrina (Forssk.) Fiori) est un arbre qui croît actuellement plutôt dans les oueds du Désert oriental et dans le Sinaï35. Sa graine est comestible crue. Elle est riche en matière grasse qui peut être extraite après ébullition et être utilisée comme huile végétale. Cette huile peut être utilisée comme cosmétique et dans l’alimentation humaine pour la cuisson36. Une autre espèce de Moringa (Moringa oleifera), asiatique, est aujourd’hui cultivée pour ces graines oléagineuses, l’huile étant utilisée dans l’industrie cosmétique (huile ben). En Égypte, l’huile de Moringa a parfois été identifiée comme le produit baq, mais cette identification est remise en cause37. La trouvaille archéobotanique la plus ancienne en Égypte est isolée et provient de la tombe de Toutankhamon38, puis les attestations restent rares et datées de l’époque romaine39. La présence d’une graine de cet arbre sur le sol incendié d’une salle de stockage (SOL1) pourrait signifier son utilisation dans l’enceinte du temple à la Basse Époque. Cette interprétation est confortée par des informations sur des pratiques antérieures : pour le Nouvel Empire, le Papyrus Harris mentionne deux qualités d’huile de moringa (« rouge » et « douce ») dans l’approvisionnement du domaine d’Amon à Thèbes pour des usages cultuels40.

28 29 30 31 32 33 34

PEÑA-CHOCARRO, ZAPATA PEÑA 1999. CAMPBELL 1997, p. 18-19. CAMPBELL 1997, p. 18-19 ; PEÑA-CHOCARRO, ZAPATA PEÑA 1999. DE VARTAVAN, ASENSI AMORÓS 1997, p. 149-150. MURRAY 2000b, p. 637-638. MURRAY 2005. Voir supra dans cette partie, la section 1.2.2. Maison IX : le petit foyer à gesse (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie).

1.3.4. Fruits Les restes de fruits sont rares, ce qui est le cas en général dans les contextes archéologiques où la conservation n’est possible que sous forme carbonisée. En effet, il y a moins de chance qu’un pépin de raisin soit mis au feu et résiste à la carbonisation, que des grains de céréales qui sont communément cuits, donc en contact quotidien avec le feu dans des foyers ou des fours. Les fruits attestés ici sont le raisin (Vitis vinifera), la datte (Phoenix dactylifera), la sébeste (Cordia cf.

35 36 37 38 39

40

BOULOS 1999, p. 238. PALMER 2002 ; HOBBS 1989, p. 40 et 52 ; CAPPERS 2006, p. 100. MEEKS 1993. DE VARTAVAN, ASENSI AMORÓS 1997, p. 177. À Hawara : KEIMER 1984. À Berenike, aux Ier-IIe et IVe-Ve siècles de notre ère : CAPPERS 2006, p. 100. GRANDET 2005 vol. 1, liste E, p. 248, vol. 2, notes du Commentaire philologique 354 et 356.

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209

sinensis) et la pastèque (Citrullus lanatus). Chacun n’est représenté que par un ou deux vestiges pour l’ensemble des phases d’occupation du quartier des prêtres. L’espèce de sébestier représentée par un unique endocarpe (noyau) de la phase 12 (fig. 214) est probablement Cordia sinensis Lam41, qui appartient à la flore égyptienne42. Elle croît spontanément uniquement dans le Gebel Elba, et est également cultivée dans l’oasis de Kharga. Une seconde espèce est actuellement cultivée en Égypte sans y être native, Cordia myxa L. ; elle est d’origine asiatique, et l’ancienneté de son introduction en Égypte n’est pas connue avec précision43. La consommation des sébestes, fruits particulièrement riches en vitamine C, est attestée en Égypte à partir de l’Ancien Empire44, mais les restes archéologiques ne sont pas fréquents. À ‘Ayn-Manâwir dans le sud de l’oasis de Kharga, des noyaux carbonisés ont été trouvés dans des contextes de première domination perse45, où les arbres étaient certainement cultivés. Pour la Basse Époque, ils sont également attestés à Éléphantine46. Deux fragments de graines de dattes ont été trouvés dans des remblais à l’arrière de la maison VII, datant de la Basse Époque (fig. 215). L’origine du palmier dattier et son ancienneté en Égypte sont encore débattues aujourd’hui47. Archéologiquement et historiquement sa présence n’est attestée à une échelle d’importance économique qu’à partir du Nouvel Empire. Son rôle central dans l’agriculture et l’économie oasiennes au Ve siècle av. J.-C. est reflété par les milliers de vestiges sous diverses formes trouvés à ‘Ayn-Manâwir48. Dans la vallée du Nil, de nombreuses graines desséchées ont été trouvées à el-Hibeh49, tandis qu’à Éléphantine, il est présent sous forme de résidus de consommation 41

42 43 44 45

46

47 48 49

René Cappers (2006, p. 83-84) mentionne que l’espèce C. sinensis Lam. a récemment été divisée en deux espèces : C. sinensis Lam. croissant sur sol humide et C. nevillii Alston plutôt adaptée aux milieux arides. Celles-ci ne se distinguent pas à partir de l’endocarpe et sont toutes deux attestées dans le Gebel Elba. J’ai conservé ici l’ancienne dénomination. BOULOS 2000, p. 270. CAPPERS 2006, p. 83. À Abousir, Ve dynastie : GERMER 1988, p. 41. Secteur MMA, NEWTON et al. 2013 ; TERRAL, NEWTON et al. 2012. Datation large du premier millénaire, TPI à époque romaine : WILLERDING, WOLF 1990. Pour une synthèse des arguments, voir MURRAY 2000b. Secteur MMA, NEWTON et al. 2013. WETTERSTROM 1984.

Fig. 214. Endocarpe / noyau de sébeste (Cordia cf. sinensis) (Phase 13, US 7252) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

Fig. 215. Graine / noyau de datte (Phoenix dactylifera) (Phase 13, US 7382a) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

Fig. 216. Graine / pépin de raisin (Vitis vinifera) (Phase 13, US 7111) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

Fig. 217. Graine minéralisée de pastèque (Citrullus lanatus) (Phase 14, US 7052) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

CHAPITRE II

210

Fig. 218. Schéma d’organisation d’un épi de céréale. Les épillets sont portés par un axe central, le rachis

Fig. 219. Schéma d’organisation d’un épillet de céréale. Ici, épillet à quatre grains. Chaque épillet comporte deux glumes. Chaque grain, ou caryopse, est entouré de deux glumelles. Glumes et glumelles sont les enveloppes des grains

Fig. 220. Schéma montrant les effets du traitement sur les céréales vêtues, Blé amidonnier et Orge vêtue : décomposition des épis (d’après CHARLES 1989, fig. 4, p. 24)

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Fig. 221. Schéma de traitement post-récolte par type de céréale, simplifié (d’après MURRAY 2000a et SAMUEL 2000). À gauche, blés vêtus (par exemple blé amidonnier) et orges vêtues, à droite, blés nus.

211

212

CHAPITRE II

mais aussi comme combustible et matériau (vannerie)50, ce qui indique sa culture sur place. Les fruits représentés ici peuvent avoir été produits localement, comme ils ont pu être importés des oasis51. Une seule graine de raisin a été trouvée dans un dépotoir de la Basse Époque (fig. 216). La viticulture est pratiquée dans le Delta du Nil depuis le Prédynastique52 ; les sols de la Haute Égypte ne sont pas réputés favorables à la viticulture, qui semble avoir été traditionnellement concentrée dans le Delta et les oasis. Cela n’empêche pas que des treilles aient été entretenues dans les jardins de la Haute Égypte, comme l’atteste l’iconographie53. La graine de pastèque identifiée a été conservée sous forme minéralisée, dans un mur construit à l’époque ptolémaïque (mur M23 du bâtiment I) (fig. 217), ce qui est un contexte étonnant. Le dégraissant végétal des briques de terre crue est en général constitué de sous-produits de traitement des récoltes, en particulier des céréales ; cependant, toutes sortes de produits, notamment de déchets domestiques comme cette graine de pastèque, peuvent s’y retrouver, comme l’attestent nombre d’observations54. La pastèque est cultivée en Égypte depuis le Prédynastique55. Le petit nombre de restes de fruits retrouvés, étant donnée la faible probabilité de conservation en contexte urbain où le combustible ligneux était semble-t-il abondant56 et où les denrées alimentaires provenant de l’extérieur de l’enceinte du temple faisaient certainement l’objet d’une gestion rapprochée limitant les pertes sous forme de déchets, tend à montrer que les habitants du quartier bénéficiaient d’une diversité de fruits dans leur alimentation. Cela est sans doute également à lier à l’approvisionnement du temple en fruits pour les usages cultuels. 50

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54 55 56

Datation large du premier millénaire, TPI à époque romaine : WILLERDING, WOLF 1990. NEWTON, CLAPHAM à paraître. Sur la présence de productions oasiennes dans le quartier des prêtres, voir infra, Chapitre III : § 1.2.1.3. Productions en pâte des Oasis de la phase 12, § 1.3.1.3. Productions des Oasis de la phase 13, § 1.4.1.4. Productions des Oasis de la phase 14. Pour une synthèse voir MURRAY et al. 2000. Des grappes de raisin sont régulièrement représentées dans des tombes thébaines datées des XXVe et XXVIe dynasties, notamment dans l’Assassif : MASSON 2011, p. 663, notes 98 à 100. Par exemple HENDRICKX et al. 2010. DE VARTAVAN, ASENSI AMORÓS 1997, p. 78. Voir infra dans cette partie, la section 1.4. Le bois comme combustible et comme matériau.

1.4. LE BOIS COMME COMBUSTIBLE ET COMME MATÉRIAU

1.4.1. Combustible Il est remarquable qu’aucun reste identifiable comme du fumier animal n’ait été trouvé ; le combustible semble être composé uniquement de bois. Cela est sans doute un reflet de l’approvisionnement du quartier des prêtres. Il est possible que des livraisons de bois de feu fussent effectuées, dans le contexte d’un système plus vaste d’approvisionnement du temple. Les restes osseux d’animaux suggèrent une activité de boucherie sur place, avec arrivée des bêtes entières, bœufs et chèvres surtout, peut-être sur pied57. La situation est différente à Giza à l’Ancien Empire, où la viande n’était pas produite sur place, et où le combustible ligneux était utilisé à l’exclusion de fumier animal58. Ici, l’économie du combustible ne correspond donc ni au schéma classique des villages égyptiens de toutes périodes, où le fumier animal produit localement par le bétail est utilisé comme combustible complémentaire du bois59, ni au schéma d’approvisionnement de Giza où la viande et le combustible ligneux étaient importés prêts à l’emploi. Soit les animaux ne restaient que peu de temps dans l’enceinte du temple avant leur mise à mort, et produisaient donc peu de fumier, soit ce fumier était volontairement écarté comme source de combustible dans le quartier des prêtres. L’échantillon analysé provient du plus ancien niveau de circulation dans la rue (US 7695)60, daté très probablement du début de la XXVIe dynastie. À cette époque, le secteur était localisé à l’intérieur de l’enceinte du temple de Karnak. Le combustible utilisé pour les activités domestiques peut avoir deux provenances : l’intérieur de l’enceinte du temple ou un approvisionnement extérieur, des dépendances administratives du temple. Il faudrait se pencher sur les sources textuelles pour obtenir des informations plus précises quant à l’approvisionnement en combustible. Dans un premier temps, il semble plus probable que le combustible provienne de terrains extérieurs au temple.

57 58 59

60

Voir infra, Chapitre II, § 2. Le monde animal. MURRAY 2005. Comme c’est le cas dans les contextes d’occupation antérieurs au Nouvel Empire, voir le volume dirigé par Marie Millet. Supra, Chapitre I, § 3.4.2.1. Le premier niveau de rue : SOL24.

213

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Taxons

Nombre de fragments

Acacia Acacia cf. nilotica Acacia cf. seyal Faidherbia albida Tamarix Ziziphus spina-christi Calotropis procera cf. Balanites aegytpiaca cf. Diospyros mespiliformis Dicotylédone (nœud/brindille) Dicotylédone (écorce) Dicotylédone (vitrifié) indéterminable (conservation)

210 8 3 4 10 7 1 2 1 1 9 3 17

Total

276

Total identifiable

246

Tableau 8. Spectre anthracologique : résultats de l’identification des charbons de bois dispersés de l’US 7695, premier niveau de circulation de la rue appartenant à la phase 13 (probablement début XXVIe dynastie)

L’ensemble des Acacia représente 90 % des charbons de bois, et le Faidherbier 2 %. Les autres essences représentées par plus de 1 % des charbons sont le Tamaris et le Jujubier (Ziziphus spina-christi) (tableau 8). Les essences présentes ponctuellement (moins de 1 %) sont le Calotrope, le Balanite et l’Ébène. La prédominance des Acacias dans le spectre est remarquable. Cette essence étant particulièrement réputée pour le charbonnage61, il est possible que l’approvisionnement se soit fait sous forme de charbon de

bois. Dans des listes d’offrandes aux temples pour les cérémonies des cultes du Nouvel Empire, « bois à brûler » compté en morceaux et « charbon de bois » compté en sacs, sont tous deux mentionnés62. L’utilisation de charbon de bois d’Acacia est également suggérée par la présence de ces charbons retrouvés en place dans une coupe dite à encens dans la maison VII (coupe 7153.4, découverte sur le sol SOL4) (tableau 9). La maison VIII a également fourni un bol complet contenant de nombreux charbons d’Acacia (bol 7853.6, mis au jour sur le sol SOL34)63. Dans ces cas, l’usage de charbon de bois d’Acacia plutôt que de bois est vraisemblable, et c’est alors sans doute le type de combustible (charbon) plutôt que l’essence (Acacia) qui fut déterminante pour ce choix. Néanmoins, le fait que des graines d’acacia aient également été trouvées dans un contexte domestique et des contextes du « secteur économique » (tableau 6) tendraient à montrer que le combustible était probablement au moins en partie importé sous forme de bois. Les deux formes d’approvisionnement, bois et charbon de bois, coexistaient certainement. Les autres essences identifiées sont des arbres et arbustes fréquents dans la végétation de la vallée du Nil ou à ses marges (Balanites aegyptiaca)64. Les proportions observées dans ce spectre ne reflètent sans doute pas la composition réelle de la végétation ligneuse aux abords du temple. Elles représentent un choix délibéré, avec une préférence pour les acacias. Il est envisageable que des « bois » aient été entretenus, gérés spécifiquement pour l’approvisionnement du temple en bois de feu et en charbon de bois.

US

Échantillon

Datation

Taxon

7711 7024 7032

charbon travaillé poutres ? étagère dans mur dans coupelle à encens et sur sol maison VII sol maison VII dans bol et sur sol maison VIII

fin XXVe–début XXVIe d. fin XXVIe–début XXVIIe d. sans doute Basse Époque

Acacia Acacia cf. nilotica Acacia cf. nilotica

1 2 1

fin XXVIe–début

XXVIIe

d.

Acacia

3

fin XXVIe–début fin XXVIe–début

XXVIIe

d. d.

Acacia Acacia

30 10

7153.4 7308 7853, 7856.3

XXVIIe

Nombre de fragments

Tableau 9. Identification de fragments de bois carbonisé isolés 62

63

61

HOBBS 1989.

64

Listes E, Papyrus Harris : GRANDET 2005, vol. 1, p. 74, 273, 279 et 330, vol. 2 note du Commentaire philologique 592, p. 143. Supra, Chapitre I, § 3.2.2.1. Corps principal du logis de la maison VIII. ZAHRAN, WILLIS 1994.

214

CHAPITRE II

Sur d’autres sites à d’autres périodes65, et même pour les contextes antérieurs au Nouvel Empire à l’est du lac Sacré66, les proportions des essences secondaires sont supérieures à ce qui a été trouvé dans ce contexte. Dans des contextes similaires d’approvisionnement à partir de la vallée du Nil à Amarna (carrière de Hatnub à l’Ancien Empire et occupation liée au temple de période amarnienne Kom el-Nana)67 et à Giza68, la prépondérance de l’Acacia dans les charbons de bois pourrait également traduire un choix dans l’approvisionnement en bois/charbon de bois de cette essence. Ainsi, la prédominance de charbon d’Acacia pourrait être typique des sites urbains ou religieux pour lesquels l’approvisionnement en bois de feu n’était pas effectué par les habitants eux-mêmes, mais contrôlé par l’administration69. 1.4.2. Bois travaillé D’autres échantillons de bois carbonisé ont été analysés pour cette période (tableau 9) qui peuvent être comparés à ce spectre. L’identification de bois d’Acacia dans tous les cas renforce la prédominance de ce type de bois dans l’économie végétale du quartier ; il n’est pas seulement utilisé comme combustible domestique, mais aussi probablement comme combustible spécialisé pour brûler de l’encens. Les vestiges d’éléments d’architecture ou de mobilier (une étagère, peut-être des poutres ou autres éléments d’architecture) ont été carbonisés lors d’une phase d’incendie de la maison VII. Ils sont également en Acacia, plus précisément en Acacia du Nil, espèce la plus fréquente dans la vallée même. L’Acacia nilotique est une essence utilisée comme bois d’œuvre, réputée imputrescible et très résistante aux insectes xylophages et aux termites70 ; à ce titre, elle est utilisée dans la construction des bateaux aux côtés du cèdre et

65

66 67 68 69

70

Adaïma et Elkab aux périodes Pré- et Protodynastiques (NEWTON 2005 ; NEWTON, MIDANT-REYNES 2007), Nag el-Qarmila à l’époque Prédynastique (GATTO et al. 2009) et données inédites sur Dendara à la Première Période Intermédiaire. NEWTON à paraître. GERISCH 2004. MURRAY 2005. Cela rappelle aussi le cas des artisans de Deir el-Médineh, dont les besoins journaliers étaient couverts par l’état, y compris l’approvisionnement en combustible : infra, Chapitre IV, § 1.3.2.3. Cuisiner. SIDIYENE 1996.

Fig. 222. Bois travaillé, Acacia (Phase 12, US 7711) – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné

du chêne71, et c’est en fait, avec le bois de cèdre, une des essences les mieux préservées dans les contextes archéologiques où le bois n’est pas carbonisé72. L’acacia est encore utilisé dans la confection de plus petits objets (fig. 222). C’est un bois très dense et difficile à travailler ; il semble que de manière générale, pour les objets domestiques le tamaris aurait été favorisé73. Un seul fragment de charbon d’ébène a été identifié dans un contexte début XXVIe dynastie (US 7695). Notre identification est basée sur la description de Neumann et al.74. L’identification de l’espèce n’est pas certaine, par manque de références actuelles. L’espèce Diospyros mespiliformis Hochst. ex A.DC. est soudanienne ; on la trouve au Soudan, dans la Corne de l’Afrique, dans la péninsule arabique (Yémen), dans les zones de végétation soudanienne jusqu’en Afrique du sud-est (Zambie). Du bois d’ébène (Diospyros sp.) a été identifié sur deux flèches d’époque protodynastique à Abydos75 et sur un cercueil du Nouvel Empire76. Diospyros ebenum, une espèce asiatique, serait attestée à partir de l’Ancien Empire77. La plupart des espèces d’ébène dont le bois est commercialisé aujourd’hui provient d’Asie (D. ebenum, D. melanoxylon, D. kaki, D. blancoi, etc.) ou d’Amérique centrale (D. digyna). D. crassifolia est originaire d’Afrique tropicale (Gabon, Cameroun). Dans le cas présent, la présence de bois d’ébène, qu’il s’agisse de D. ebenum ou D. mespiliformis, représente

71

72 73

74 75 76 77

Par exemple à Mersa Gawasis, identifications par Rainer Gerisch (WARD, ZAZZARO 2010), et à ‘Ayn Soukhna, données inédites (C. Newton 2006). Voir par exemple NEWTON 2009. Communication personnelle d’un ébéniste, Hagaza, Haute Égypte. NEUMANN et al. 2001. WESTERN, MCLEOD 1995. DAVIES 1995. ASENSI AMORÓS 2001 ; ASENSI AMORÓS 2003.

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

une importation de matériau précieux, voire d’un objet en bois. Son identification dans le niveau de circulation de la rue n’indique pas en soit qu’il s’agit de combustible au sens strict ; il pourrait s’agir, soit d’un sousproduit de travail du bois sur place, soit d’un fragment d’un objet cassé, dont on se serait débarrassé en le mettant au feu.

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CHAPITRE II

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LES PLANTES ET LES ANIMAUX

2. LE MONDE ANIMAL

Louis CHAIX

Considérations générales La fouille du quartier des prêtres a livré un nombre total de 20.755 ossements animaux pour un poids de 29,5 kg. Dans ce décompte, nous avons exclu les restes humains ainsi que les mollusques. Les divers niveaux et ensembles ont fait l’objet d’un tamisage systématique ce qui nous a permis de récupérer des os de petite taille qui auraient passé inaperçus lors de la fouille. Nous insistons ici sur l’importance de cette procédure car elle peut changer de manière significative l’image que nous nous faisons de l’économie, comme l’ont montré divers auteurs78. Dans les spectres, nous présentons tout d’abord une quantification basée sur le nombre de restes (NR). Elle est complétée par une mesure du poids (P). Cette dernière permet d’éliminer le problème des cassures, récentes ou anciennes et d’obtenir une image plus juste des pourcentages relatifs des diverses catégories79. Le nombre minimal d’individus (NMI) représentés dans un échantillon est un paramètre assez peu fiable et qui connaît une multitude d’approches, rarement satisfaisantes80. Nous utiliserons ici le NMI de fréquence, basé sur l’élément le mieux représenté par espèce et par phase. Les phases 10 et 11 ne sont pas intégrées dans cette étude et feront partie du volume consacré au Nouvel Empire. Les phases présentées ici sont d’inégale richesse au niveau des restes de faune (fig. 223). Les niveaux Troisième Période Intermédiaire-début Basse Époque (Phase 12) ont livré un nombre de restes de 2117 pour un poids de 2555.94 g. Le quartier des prêtres à la Basse Époque (Phase 13) quant à lui, fournit un total de 7849 ossements pour un poids de 13788.33 g. Enfin, la période gréco-romaine (Phase 14) livre 7433 vestiges représentant un poids de 9734 g. Si l’on considère l’état de conservation du matériel osseux, on peut noter sa très forte fragmentation qui entraîne des pourcentages élevés d’os qui n’ont pu être attribués à une espèce. Nous avons classé les restes indéterminés en quatre catégories, à savoir T1 qui correspondent à des fragments osseux provenant de grands

78

79 80

PAYNE 1972, p. 49-64 ; CASTEEL 1976, p. 192-196 ; JONES 1982, p. 79-85. CASTEEL 1978, p. 71-77. POPLIN 1976, p. 61-74.

217

animaux (bœuf, cheval), T2, issus d’espèces de taille moyenne (mouton, chèvre, porc), T3 qui proviennent de petites espèces de la taille du chat ou du lièvre, puis les esquilles, d’une taille trop petite pour permettre un classement dans les catégories précédentes. Les faibles taux de détermination, 7.18 % pour la phase 12, 15.75 % pour la phase 13 et 8.21 % pour la phase 14 témoignent de la forte fragmentation des ossements, due surtout aux techniques de boucherie. Un histogramme (fig. 224) illustre ces pourcentages. Cette fragmentation varie cependant d’une phase à l’autre, si l’on estime le poids moyen des restes osseux. On note une augmentation continue du poids moyen des restes déterminés de la phase 12 à la phase 14 alors que le poids moyen des indéterminés est le plus haut pour la phase 13 (fig. 225). Du fait de la forte fragmentation des ossements, peu de mesures ont pu être prises. Elles l’ont été en suivant la nomenclature adoptée par la communauté des archéozoologues81. L’état de la matière osseuse est bon et les surfaces sont peu altérées, ce qui permet une bonne lecture d’éventuelles traces anthropiques. Les os sont de couleur jaune-beige à brun clair. Sur l’ensemble des ossements, peu portent des traces de feu : 7.8 % pour la phase 12, 0.3 % pour la phase 13 et 2.5 % pour la phase 14. La majorité des ossements sont carbonisés alors que quelques-uns témoignent, par leur couleur blanche, de températures plus élevées. Les morsures de carnivores et les traces de rongeurs sont exceptionnelles. Un tableau (tableau 10) résume ces divers paramètres. Notre analyse a suivi les étapes classiques de l’archéozoologie82. Les ossements ont été déterminés et attribués soit à une espèce, soit à une famille, soit à une classe de taille, allant de T1 pour les grands mammifères, à T2 pour les animaux de taille moyenne pour finir à T3 pour les petites espèces. Enfin, les fragments trop petits sont qualifiés d’esquilles. Tous les restes ont été pesés et décomptés. Lorsque cela était possible, l’âge et le sexe des animaux ont été estimés. La distribution des éléments du squelette a été effectuée en les répartissant en segments : tête, rachis, membre antérieur, membre postérieur et bas de pattes. Les os bien conservés ont été mesurés. Enfin, l’observation des traces diverses aussi bien naturelles (morsures, digestion) qu’anthropiques (brûlures, traces de découpe) a été faite à la loupe. 81 82

DRIESCH 1976. CHAIX, MENIEL 2001. VON DEN

CHAPITRE II

218

Fig. 224. Histogramme illustrant les forts pourcentages d’ossements indéterminés (calculés sur le nombre de restes)

Fig. 223. Histogramme montrant la répartition de la faune (nombres de restes et poids) par phase

NR total NR déterminés NR indéterminés Poids total Poids déterminés Poids indéterminés Poids moyen déterminés Poids moyen indéterminés NR carbonisés NR calcinés traces de boucherie morsures de carnivores traces de rongeurs

Fig. 225. Graphique illustrant le poids moyen (en g) par phase des os déterminés et indéterminés

Phase 12

Phase 13

Phase 14

Phase 15

2117 152 1965 2555.94 576.55 1979.39 3.79 1 92 73 1

7849 1236 6613 13788.33 5542.93 8245.4 4.48 1.24 297 177 22 1 1

7435 612 6823 9735.1 3110.6 6624.5 5.08 0.97 381 8 8

263 50 213 645.9 394.3 251.6 7.88 1.18 2 2 1 1

Tableau 10. Données statistiques générales sur la faune

2

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

219

2.1. ÉTUDE DE LA FAUNE PAR PHASE

Le bœuf

2.1.1. La phase 12 (TPI-début de la Basse Époque)

Les 58 restes sont attribuables à 4 individus au minimum. Nous avons décelé la présence d’un veau de moins de 10 mois, d’un veau de 20 à 24 mois, d’un adulte d’environ 3 ans et d’un individu de plus de 4 ans. Les restes sont trop peu nombreux pour permettre de discuter de ces âges plus en détail ; signalons simplement que ces bovins ont été consommés jeunes mais également âgés. La répartition des éléments squelettiques, calculée ici sur le poids des os, témoigne, par rapport aux valeurs théoriques utilisées83, d’une surreprésentation des éléments crâniens ainsi que des bas de pattes (fig. 226). Les parties riches en viande (rachis, membres antérieur et postérieur) sont en net déficit. Cela tient probablement à la forte fragmentation des principaux os longs, réduits à des fragments difficilement attribuables. Seize os montrent des traces de carbonisation. Des traces de découpe s’observent sur la partie distale d’un métapode juvénile (fig. 243 n°1). Deux mesures ont été prises. Elles figurent dans l’annexe ostéométrique (annexe A).

Les unités stratigraphiques attribuables à cette phase ont livré un nombre total de 2117 restes osseux, pour un poids de 2.5 kg. Sur ce nombre, seuls 152 vestiges ont pu être attribués à une espèce, ce qui représente seulement 7.18 %. Les résultats figurent sur le tableau suivant (tableau 11). Espèce

NR

% NR

Poids

% Poids

58

38.16

425.6

73.82

chèvre

1

0.66

3.8

0.66

capriné

25

16.45

43.1

7.48

8

5.26

9.8

1.70

porc

14

9.21

72.6

12.59

chien

2

1.32

4.8

0.83

chat

2

1.32

0.5

0.09

bœuf

petit ruminant

rongeur

6

3.95

0.35

0.06

oie

6

3.95

4.7

0.82

autres oiseaux

7

4.61

2

0.35

poisson

23

15.13

9.3

152

100.00

576.55

T1

127

480.5

T2

59

73

T3

2

esquilles

déterminés indéterminés

0.59

1777

1425.3

1965

1979.39

152

1.61 100.00

7.18

576.55

22.56

1965

92.82

1979.39

77.44

2117

100.00

2555.94

100.00

Tableau 11. Spectre de la phase 12

Comme on peut le voir, le bœuf domine tant en nombre de restes qu’en poids. Il est suivi par les caprinés (chèvre et mouton), puis par le porc. Les oiseaux sont bien présents ainsi que les poissons. Ils livrent des restes relativement nombreux mais leur poids est très faible. Si l’on considère les fragments par classe de taille, on peut voir que les gros morceaux (T1) sont les plus abondants et qu’ils proviennent sans doute du bœuf, alors que les fragments de taille moyenne (T2) suivent et sont probablement issus des caprinés. Nous passerons brièvement les diverses espèces en revue en indiquant au passage des éléments caractéristiques.

Fig. 226. Phase 12, distribution des divers segments du squelette de bœuf

Les Caprinés Ils viennent ensuite avec 26 restes. Il est probable qu’on puisse y ajouter les huit os attribuables à de petits ruminants. Parmi ces vestiges, un talus indique la présence de la chèvre. Rappelons ici que la discrimination entre chèvre et mouton n’est possible que sur certains os et qu’avec une forte fragmentation, cette 83

JACOMET, LEUZINGER, SCHIBLER 2004.

220

CHAPITRE II

diagnose est souvent impossible ; ce qui explique que la majorité des os de petits ruminants n’ont pu être attribués spécifiquement et reste dans la sous-famille des Caprinés. Nous avons constaté la présence d’une chèvre adulte. Pour les autres, on note un animal de 2 à 3 ans et un capriné de plus de 4 ans. Un fragment de bassin indique la présence d’une femelle. La distribution des éléments squelettiques regroupant Caprinés et petits ruminants (fig. 227), malgré les effectifs réduits, témoigne d’un déficit en éléments de la tête et du membre postérieur, alors que rachis et membre antérieur sont en léger surnombre ainsi que les bas de pattes, les plus abondants. À part deux traces de brûlures, aucune marque anthropique n’a été observée.

Les poissons Les poissons sont présents avec 23 restes. Il s’agit essentiellement de fragments de toit crânien, de vertèbres et d’aiguillons de poissons-chats. D’après quelques éléments, il s’agit essentiellement de poissons du genre Clarias, espèce de plaine inondable ainsi que de quelques perches du Nil (Lates niloticus). Tous les individus sont de taille petite à moyenne. La majorité des ossements de poissons proviennent de la démolition des murs 41 et 55 ainsi que du sondage profond S3E. Seuls 3 éléments (2 aiguillons et une côte) sont issus des dépotoirs cendreux. Autres Le chien est présent avec deux vertèbres thoraciques appartenant à un animal de plus de 2 ans alors qu’un radius et un talus témoignent de la présence du chat domestique (fig. 243 n°2). Cet animal est âgé de plus de 9 mois. Six ossements sont attribuables à de petits rongeurs, parmi lesquels nous avons décelé la présence de la souris domestique. Les oiseaux sont attestés, avec les restes de trois oies au minimum et d’un pigeon. Une trace de découpe se trouve sur la partie proximale d’un coracoïde d’oie, témoignant de la découpe de l’aile (fig. 243 n°3).

Fig. 227. Phase 12, distribution des divers segments du squelette des Caprinés et des petits ruminants

L’interphase 12-13 (US 7529a) : cet ensemble a livré 1 tibiotarse de passereau, 1 fragment crânien de silure et 54 esquilles osseuses.

Le porc Le porc est attesté par 14 restes. Ils appartiennent à deux individus adultes de 3 à 4 ans. Tous ces ossements proviennent de la démolition des murs M41 et M55 ainsi que du sondage profond de la rue S3E. Ces localisations sont importantes à signaler car seuls les vestiges provenant des fosses cendreuses sont clairement liés à l’alimentation des prêtres84. Tête, rachis et bas de pattes sont présents alors que les membres sont absents. Une côte et une seconde phalange montrent des traces de feu. Les rares mesures figurent dans l’annexe ostéométrique (annexe A).

84

Sur ces contextes : supra, Chapitre I, § 2.2.2. Les fosses de dépotoir cendreuses : un hiatus entre les phases 12 et 13.

2.1.2. La phase 13 (XXVIe-début XXVIIe dynastie) Cette phase est la plus riche avec 7849 ossements pour un poids total de 13.7 kg. Le pourcentage d’ossements déterminés est également assez élevé, avec 15.7 % et le poids moyen des éléments attribués est aussi relativement élevé (4.48 g) (fig. 224, tableau 10). Le spectre faunique est présenté sur le tableau 12 (tableau 12). Le bœuf Le bœuf vient en tête avec 726 restes (58.7 %) pour un poids de 4988.5 g (90 %). Nous avons dénombré un fœtus (ou neo-natus), un veau de 15 à 18 mois, deux individus de 20 à 24 mois, deux animaux de 3 ans à 3.5 ans et un bovin âgé de

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Espèce

NR

% NR

Poids

% Poids

bœuf capriné petit ruminant ruminant porc chien antilope gazelle rongeur oie autres oiseaux varan poisson

726 384 31 5 10 4 1 1 8 19 34 1 12 1236

58.74 31.07 2.51 0.40 0.81 0.32 0.08 0.08 0.65 1.54 2.75 0.08 0.97 100.00

4988.5 442.4 27 2.6 13.3 28.4 2.7 2.8 0.63 19.9 12.9 0.5 1.3 5542.93

90.00 7.98 0.49 0.05 0.24 0.51 0.05 0.05 0.01 0.36 0.23 0.01 0.02 100.00

T1 T2 T3 esquilles

1150 84 3 5376 6613

déterminés indéterminés

1236 6613 7849

homme

7

4518.7 159.9 2 3564.8 8245.4 15.75 84.25 100.00

5542.93 8245.4 13788.33

40.20 59.80 100.00

35.5

Tableau 12. Spectre de la phase 13

plus de 5 ans. Cette distribution indique que l’exploitation des bovins s’est concentrée surtout sur des animaux subadultes au mieux de leur poids. La distribution des divers segments squelettiques (fig. 228) montre un net déficit en éléments de la tête et

Fig. 228. Phase 13, distribution des divers segments du squelette de bœuf

221

du rachis et une très forte sur-représentation des bas de pattes, en particulier des phalanges. Les membres antérieurs et postérieurs correspondent aux valeurs théoriques attendues. Cette distribution suggère une préparation dissociée des carcasses (absence des têtes et du rachis) et un rejet des parties pauvres en viande (bas de pattes). Plusieurs os portent des traces de feu : 9 ont été carbonisés alors que 6 sont calcinés. Une trace de morsure, probablement de chien, affecte la partie distale d’un fémur. Plusieurs traces de découpe ont été observées. Le condyle d’une mandibule porte une marque sans doute liée à la désarticulation de cet élément. Une diaphyse d’humérus et une de radius montrent des stries transverses, stigmates de la décarnisation (fig. 243 n°4). Un distum de fémur porte une marque liée également à la désarticulation de la jambe alors qu’une diaphyse tibiale a reçu un coup tranchant (probablement d’un outil lourd, comme une feuille de boucher). Diverses traces sur un tarsien et sur deux métapodes sont attribuables à leur séparation d’avec la jambe. Deux premières phalanges exhibent des stries liées au dépouillement de l’animal (fig. 243 n°5). Les Caprinés Les Caprinés viennent ensuite avec 384 ossements (31.07 %) pour un poids de 442.4 g (7.98 %). Nous pouvons probablement y ajouter les 31 restes attribués aux petits ruminants sensu lato car les autres espèces (antilope et gazelle) sont rarissimes. Nous avons noté la présence d’une chèvre (Capra hircus) grâce à une phalange caractéristique. Le reste des Caprinés n’a pu être attribué spécifiquement. En regroupant les restes de petits ruminants, nous obtenons un nombre minimum de trois individus dont un jeune adulte de moins de 3.5 ans et deux adultes de plus de 4 ans. Si l’on regarde la distribution des segments du squelette (fig. 229), on note immédiatement la très forte représentation des éléments du rachis (vertèbres et côtes) alors que tous les autres segments sont en déficit. Si l’on regarde plus en détail, on voit que les restes de côtelettes (fragments de vertèbres thoraciques et parties articulaires des côtes) sont très nombreux, en particulier dans l’US 7370 – comblement de la structure ST585, riche en cendres et charbons, en os et en éléments de colliers qui en a livré 292 – ainsi que dans

85

Sur la structure ST5 : supra, Chapitre I, § 3.4.2.4. SOL21 : quatrième niveau de rue ou aménagement secondaire de SOL22 ?

222

CHAPITRE II

mais leur état de fragmentation ne permet pas de le dire. Nous avons noté la présence d’une sarcelle (Anas cf crecca). Des ossements de cette espèce migratrice affectant les zones humides, ont été trouvés plusieurs fois dans l’Ancienne Égypte89. Enfin, plusieurs petits passereaux sont attestés. Le porc

Fig. 229. Phase 13, distribution des divers segments du squelette des Caprinés et des petits ruminants

l’US 7516 – comblement de la structure ST1386 – avec des déchets caractéristiques (fig. 243 n°6). La structure ST5 correspond probablement à un foyer aménagé pour des préparations culinaires. Sept ossements sont carbonisés et une côte est calcinée. À part les traces de découpe sur la partie proximale des côtes, nous avons relevé une strie transverse sur l’apophyse épineuse d’une vertèbre thoracique, correspondant à la levée des filets ainsi qu’une strie sur un corps vertébral, stigmate de la section transversale du rachis. Deux incisives inférieures ont été attribuées à un ruminant indéterminé. Il est possible qu’elles appartiennent à une antilope mise au jour dans l’US 7628. Les oiseaux 54 restes d’oiseaux proviennent de cette phase. Parmi eux, 19 sont attribuables à l’oie domestique (Anser domesticus). Les restes mis au jour appartiennent à un minimum de 5 individus, tous adultes. Ils ne sont représentés que par des éléments de l’aile (coracoïde, humérus, radius et ulna) et des pattes (tibio-tarse, tarso-métatarse et phalanges). D’après Hérodote, les oies font partie du régime alimentaire de base des prêtres. Elles étaient élevées au sein des sanctuaires87 et font aussi partie des offrandes faites au dieu Amon et à d’autres divinités88. Parmi les 34 autres ossements d’oiseaux, il est possible que certains os longs soient attribuables à l’oie

86

87 88

Sur la structure ST13 : supra, Chapitre I, § 3.2.1.2. Économie intérieure de la maison VIII ; infra, Chapitre IV, § 1.3.3.1. Aménagements d’ordre cultuel au sein des maisons. DARBY et al. 1977. BARGUET 1962 ; DARBY et al. 1977.

Le porc n’est attesté que par 10 restes, pour un poids de 13.3 g. Ces vestiges proviennent des US 7065c, 7111, 7172, 7253, 7297, 7386, 7488 et 7708b. Il s’agit essentiellement de 6 fragments de molaires et de deux astragales. L’un d’eux indique la présence d’un foetus alors que les dents sont attribuables à un animal adulte. Le talus de ce dernier a été digéré par un carnivore, un chien probablement. Ces restes sont rares ce qui peut s’expliquer par le statut particulier de cet animal, considéré comme impur, en tous cas pour les prêtres bien qu’il ne soit pas totalement proscrit dans l’Égypte ancienne90. Les poissons 12 ossements de poissons proviennent de cette phase. Il s’agit de poissons-chats du genre Clarias. Les deux fragments crâniens, les 5 vertèbres et 3 aiguillons ne représentent que deux individus de petite taille et sont donc anecdotiques. On peut rappeler ici que pour les prêtres, la consommation du poisson était bien souvent interdite91. Autres Parmi les mammifères domestiques, le chien est attesté par 4 ossements, attribuables à un individu de plus de 10 mois. Une antilope et une gazelle, chacune représentée par un reste, complètent ce tableau. L’antilope est juvénile comme l’indique une seconde phalange au proximum non soudé ; son espèce n’a pu être déterminée. La gazelle est attestée par une première phalange. Ses dimensions nous font penser à un mâle de dorcade (Gazella dorcas) ou éventuellement une gazelle à front roux (Gazella rufifrons). La gazelle dorcas a été trouvée momifiée dans plusieurs sites égyptiens, en particulier

89 90 91

HOULIHAN 1986, p. 67-69. DARBY et al. 1977, p. 180-194. HÉRODOTE, Histoires II, 37 ; PORPHYRE, De l’abstinence, IV, 7.

223

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Kom Ombo, Kom Méréh et Touna92 ainsi que sur plusieurs figurations de la période dynastique93. Huit restes osseux appartiennent à de petits rongeurs de la famille des Muridés (souris). La contemporanéité de ces animaux fouisseurs avec cette phase n’est pas assurée. Un fragment de dentaire indique la présence d’un varan (Varanus niloticus). Ce reptile, probablement lié aux croyances populaires a été trouvé, associé à des lézards dans des jarres du site de Licht ainsi que dans un dépôt en grotte de la Vallée des Reines94.

Espèce

NR

% NR

Poids

% Poids

boeuf chèvre capriné petit ruminant porc cheval âne chien chat carnivore indét. rongeur oie autres oiseaux poisson

Parmi les trois classes de fragments indéterminés, au nombre de 1237, les éléments de la taille du bœuf (T1) sont dominants (NR : 1150) et reflètent bien l’importance de cet animal dans la phase 13.

309 10 140 26 10 3 25 2 1 4 1 27 37 15 610

50.66 1.64 22.95 4.26 1.64 0.49 4.10 0.33 0.16 0.66 0.16 4.43 6.07 2.46 100.00

2566 36.8 242.6 29.7 53.5 51.7 86 3.1 1.3 2.5 0.1 22.6 9.4 4.2 3109.5

82.52 1.18 7.80 0.96 1.72 1.66 2.77 0.10 0.04 0.08 0.00 0.73 0.30 0.14 100.00

homme

27 637

125.9 3235.4

L’interphase 13-14 (US 7551 et 7683) : un fragment de scapula gauche de bœuf, et 8 esquilles proviennent de cet ensemble.

T1 T2 T3 esquilles

489 35 4 6295 6823

1793.7 79.8 1.3 4749.7 6624.5

Total dét. Total indét.

610 6823 7433

Il faut signaler enfin la présence de restes humains qui proviennent des US 7370a, 7509 et 7510. Trois fragments crâniens et une phalange sont attribuables à un adulte de sexe indéterminé.

2.1.3. La phase 14 (fin Basse Époque-début Haut-Empire romain) Comme le montre le tableau 13, cette phase est riche, aussi bien en nombre de restes qu’en variété d’espèces (tableau 13). Sur un total de 7435 ossements, pour un poids de 9735.1 g, 612 éléments (soit 8.2 %) ont pu être attribués spécifiquement. Ce faible pourcentage témoigne, là encore, de la forte fragmentation du matériel osseux, avec un poids moyen des os déterminés de 5.08 g, légèrement supérieur aux valeurs de la phase 12. Les os brûlés sont assez nombreux (NR : 389) représentant 5.2 % du total alors que les traces anthropiques sont rares (NR : 8) soit 0.1 % du total. Le bœuf Le bœuf occupe toujours la première place, avec 309 restes osseux pour un poids de 2566 g. Ses restes sont attribuables à 12 individus au minimum : 1 fœtus (ou neonatus), 2 jeunes veaux de 6 à 7 mois, 7 subadultes, entre 24 et 28 mois, un adulte de 3.5 ans et un individu 92 93 94

LORTET, GAILLARD 1903, p. 82-84. OSBORN, OSBORNOVA 1998, p. 175-177. VERNUS, YOYOTTE 2005, p. 338.

8.21 91.79 100.00

3110.6 6624.5 9735.1

31.95 68.05 100.00

Tableau 13. Spectre de la phase 14

âgé, de plus de 4 ans. Cette distribution des âges, avec une majorité de bovins très jeunes ou subadultes, évoque clairement un élevage centré sur la production de viande tendre. Par contre, la distribution des segments squelettiques (fig. 230) montre un déficit important de la tête, du rachis et des membres alors que les bas de pattes, éléments pauvres en viande, sont clairement surreprésentés. Ce fait pourrait indiquer que l’abattage et la consommation du bœuf s’est faite ailleurs et que les os présents sont issus d’une zone de rebut. Quelques mesures figurent en annexe (annexe A). Quatorze os de bœuf portent des traces de brûlure. Deux os, une vertèbre et une seconde phalange ont été rongés. Cinq éléments montrent des stries d’origine anthropique : une seconde phalange porte des marques attribuables au dépouillage alors qu’un carpien (capitatotrapézoide) et un tarsien (calcaneum) montrent des stries de désarticulation. Enfin, une côte porte, sur sa face externe, des marques de décarnisation.

224

CHAPITRE II

antérieur. Des traces de découpe sont visibles sur la partie distale d’un humérus (fig. 243 n°7). Elles correspondent à la désarticulation de l’aile. Quelques mesures ont pu être prises (annexe A). Parmi les autres oiseaux, nous avons décelé la présence d’une sarcelle (Anas cf crecca), d’un pigeon (Columba sp.) et de quelques petits passereaux indéterminés. Le porc

Fig. 230. Phase 14, distribution des divers segments du squelette de bœuf

Les Caprinés Les Caprinés viennent ensuite avec, si l’on y ajoute les petits ruminants indéterminés, 176 restes pour un poids de 309.1 g. La chèvre est représentée par 10 ossements pour un poids de 36.8 g. Seuls les bas de pattes, métapodes et phalanges, sont présents. Ils correspondent au minimum à une chèvre adulte de plus de 3 ans. Deux mesures ont pu être prises (annexe A). Aucune trace anthropique n’a été observée. Les Caprinés indéterminés spécifiquement sont attestés par 140 restes pesant 242.6 g. Nous avons dénombré 1 animal de moins de 7 mois, 3 individus entre 10 et 15 mois, un capriné de 2 à 3 ans et un individu âgé de plus de 4 ans. Parmi les ossements, deux fragments de bassin indiquent au moins la présence d’un mâle et d’une femelle. La distribution des segments squelettiques (non illustrée) qui prend également en compte les petits ruminants indéterminés montre une surreprésentation des éléments de la colonne vertébrale (côtes et vertèbres) ainsi que des bas de pattes, les autres segments étant déficitaires. Seuls 4 ossements portent des traces de feu alors que les marques de découpe sont inexistantes. Les oiseaux 64 ossements d’oiseaux ont été mis au jour. 27 d’entre eux, soit 34.4 %, appartiennent à l’oie domestique. Les restes de cet anatidé domestique sont dominés par les os des pattes (tarsométatarses et phalanges) mais on trouve également de rares éléments du membre

Comme dans la phase 13, dix ossements sont attribuables au porc. Ils proviennent des US 7237, 7301a, 7338, 7550a, 7705a et 7736b. Ils représentent au minimum un verrat adulte et un jeune porc de moins de 2 ans. La plupart des éléments du squelette sont présents et aucune trace n’a été observée. Les poissons Quinze os de poissons ont été dénombrés. Ce sont essentiellement des éléments du rachis (aiguillons et vertèbres) ainsi que de rares restes crâniens. Ils sont tous attribuables à de petits poissons-chats (Clarias sp.). Une vertèbre a été brûlée à haute température comme l’indique sa couleur blanche. Les équidés Par rapport aux phases précédentes, on note l’apparition des équidés attestés par 25 ossements d’âne (Equus asinus) et 3 attribuables au cheval (Equus caballus). Les restes asiniens consistent essentiellement en fragments dentaires (prémolaires et molaires), appartenant à un individu adulte. Le cheval est attesté par une dent incomplète, un fragment distal de métapode (fig. 243 n°8) ainsi qu’une portion proximale de première phalange. Les traces anthropiques sont absentes. Autres Deux restes osseux témoignent de la présence d’un chien adulte de plus de 2 ans alors qu’un fragment d’hémi-mandibule droite est attribuable à un jeune chat (fig. 243 n°9). Un bassin provient d’un rongeur de la taille d’une souris. Enfin, il faut signaler la présence de 27 restes humains, attribuables à deux individus au moins, un

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

homme adulte et un jeune de moins de 19 ans. Les ossements proviennent de plusieurs US différentes (7052, 7284a, 7368, 7370a, 7518, 7583, 7766, 7781b, 7782). La distribution des fragments indéterminés confirme la dominance du bœuf avec 489 éléments de grande taille (T1) et seulement 42 de taille moyenne (T2). Interphases 14-15 (US 7367b) et 13-15 (US 7772) : ces niveaux mélangés ont livré 14 fragments osseux indéterminés.

2.1.4. La phase 15 (éléments postérieurs) Cette phase se situe à l’époque romaine tardivebyzantine et n’a plus rien à voir avec la présence de prêtres sur le site. 263 restes osseux proviennent de cette phase, pour un poids de 645.9 g. 50 os ont été attribués spécifiquement, soit 19 %. La composition du spectre (tableau 14) montre, comme pour la phase 14, une bonne représentation des caprinés, en nombre de restes alors qu’en poids, le bœuf l’emporte. Espèce

NR

% NR

Poids

% Poids

bœuf chèvre mouton capriné oiseau

21 5 2 22 1 51

41.18 9.80 3.92 43.14 1.96 100.00

254.7 79.4 13 52.9 0.3 400.3

63.63 19.84 3.25 13.22 0.07 100.00

20 52 141 213

0

123 55.3 73.3 251.6

51 213 264

19.32 80.68 100.00

400.3 251.6 651.9

T1 T2 Esquilles

Total dét. Total indét.

225

sont brûlés alors qu’un atlas montre de fines traces transverses (fig. 243 n°10). Ces traces, fréquentes sur les atlas de petits ruminants, sont liées à l’égorgement de l’animal. Dans le cas du bœuf, il semble qu’il s’agisse plutôt des stigmates de la décapitation. Les Caprinés La chèvre (Capra hircus) est représentée par 5 ossements. On peut y voir un minimum de deux individus, dont un bouc, attesté par un atlas95. Les autres ossements sont des métapodes et une première phalange. Les mesures sont données en annexe (annexe A). Le mouton (Ovis aries) est présent, avec une partie proximale de métatarsien. Parmi les 22 ossements de Caprinés, nous avons distingué 2 individus au minimum, tous deux âgés de moins de 3.5 ans. Une partie proximale d’ulna a été mordue par un carnivore, mais aucune trace de découpe n’a été décelée. Les oiseaux Enfin, un fragment médian de coracoide appartient à un oiseau indéterminé. 2.2. LES ESPÈCES ET LEUR EXPLOITATION Nous aborderons brièvement quelques données qui nous permettent une description des diverses espèces et de leur exploitation. On remarquera à nouveau que les os mesurables sont rares, du fait de la forte fragmentation du matériel. 2.2.1. Le bœuf

61.41 38.59 100.00

Tableau 14. Spectre de la phase 15

Le bœuf Cette espèce, avec 21 os pour un poids de 254.7 g, est représentée par 3 individus au minimum, un jeune de moins de 20 mois, un animal de moins de 3.5 ans et un adulte de plus de 3.5 ans. Un fragment de cheville osseuse atteste la présence d’un individu cornu. La plupart des segments squelettiques sont représentés. 3 os

Les mesures figurent sur le tableau 15 (tableau 15). Seules les secondes phalanges, antérieures et postérieures sont suffisamment nombreuses pour permettre de les comparer à d’autres corpus. Nous nous sommes limités à celui des bovins domestiques de Kerma, au Soudan, dont la richesse assure une validité certaine96. Les bovins de Kerma sont des animaux de robuste constitution, d’une taille moyenne au garrot de 1.27 m, avec une marge de variation entre 1 m et 1.4 m. Les dimensions des phalanges et de quelques autres os de Karnak s’intègrent parfaitement dans le corpus de 95 96

BOESSNECK et al. 1964, p. 37-41. CHAIX 2007a, p. 170-249.

CHAPITRE II

226 Bœuf Scapula GLP SLC LG BG

13/14 72.9 48.5 62 52.2

Humérus Dttro

14 67.5

Scaphoïde DAP

12 50

Semi-lunaire DAP

14 40

Pyramidal DAP

12 42

Os crochu GB DAP

13 25.6 29.3

Capitatotrapézoide GB

14 34.5

Phalange 1 ant. GLpe Bp SD Bd

13 63.6 30.1 25.3 29.5

34.5

Phalange 2 ant. GL Bp SD Bd

13 41.1 29.6 23.8 26.3

13 42.3 29.3 22.5 25.5

Fémur DC

13 48.8

15 47.4

Os malléolaire GL

14 31

Talus Le Bd

13 45.1

Cubonaviculaire GB

13 50.2

Grand cunéiforme DAP

14 32.5

13 35.6

13 42.1

13 44.2

14 43

13 36.7

13 33.5

13 42

14 38.5

14 42.1

13 43 31.6 26 29

14 41.2 33.3 28.4 28.9

14 39.9 29 24 24.8

moderne 44.6 31.4 27.7

14

14

14 66.2

14 76.8 48.2

14

13 72.5

50.1

41

14 40.5

227

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Bœuf Métatarsien Bp Dp

45 39.2

Phalange 1 post. Glpe Bp SD BD

13 66.1 29.5 26 29

Phalange 2 post. GL Bp SD Bd Phalange 2 indét. GL Bp SD Bd

13 30.3

14 66.9 21.8 24.1 26.4

13

13

13

13

13

13

moderne

moderne

45.8 18.7 23.9 24.1

41.2 27.1 21.2 24.1

43.2 29 27.8 24.3

43.8 29.6 22.2 24.8

44.9 29 24.5 24.2

46.8 27.4 23.1 24

38.8 25 21 22.3

47.9 30.8 25.6 25.1

13 30.4

Phalange 3 Lds Ld

13

13

13

85 67.5

90 67.9

Tableau 15. Bœuf : données métriques

Fig. 231. Bœuf : comparaison des mesures des secondes phalanges de Karnak avec celles des bovins de Kerma

228

CHAPITRE II

Fig. 232. Bœuf : distribution des traces de boucherie

Kerma comme on peut le voir (fig. 231). On peut donc dire que les bovins du quartier des prêtres sont des animaux robustes et de bonne taille. Si l’on considère les rares traces de boucherie visibles (fig. 232), on peut voir que certaines sont liées au dépouillement de l’animal, en particulier sur les métapodes et les phalanges. D’autres sont attribuables à la découpe de la carcasse, comme les traces aux jointures du bras et de l’avant-bras ainsi qu’entre la jambe et la patte arrière. On peut aussi y joindre les sections de la tête de l’humérus et des condyles distaux du fémur opérées à l’aide d’un outil lourd et coupant. D’autres traces, plus fines, sur les diaphyses des os longs (radius et tibia) sont les stigmates de la décarnisation. Enfin des marques sur la région articulaire de la mandibule indiquent sa séparation d’avec le crâne. 2.2.2. Les Caprinés Parmi les petits ruminants, la chèvre semble clairement dominer parmi les restes spécifiquement attribuables. Ce fait semble constant dans l’alimentation des prêtres comme le signale Hérodote à propos du temple d’Amon à Thèbes97, mais aussi dans le temple de Khnoum à Éléphantine98. Quelques mesures 97 98

HÉRODOTE, Histoire II, 42. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 189-201 ; KAISER et al. 1993, p. 175.

attestent de la présence de femelles et de mâles (tableau 16). Un métacarpien complet est attribuable à une petite femelle d’une taille au garrot de 67 cm, plus petite que les chèvres découvertes dans le temple de Khnoum à Éléphantine99. Ces dernières ont une taille moyenne de 72 cm pour les femelles et de 76 cm pour les boucs. La figure 233 (fig. 233) montre la chèvre de Karnak par rapport à ses congénères d’Éléphantine. Par contre, une portion proximale de métatarsien se place clairement parmi les boucs du temple de Khnoum. Le mouton n’est présent que dans la phase 15. Il est attesté par une portion articulaire de scapula et la partie proximale d’un métatarsien. Les dimensions de ces ossements (tableau 16) indiquent un individu de petite taille. Les mesures prises sur les Caprinés indéterminés spécifiquement s’intègrent bien dans le corpus des chèvres de Tell el-Dab’a VII, entre le deuxième millénaire et l’époque ptolémaïque100. La découpe des Caprinés ne peut être décrite en détail car les traces anthropiques sont fort rares. Elles se concentrent essentiellement sur le rachis (vertèbres et côtes) et visent à la préparation de côtelettes, comme cela est visible sur deux figures (fig. 234 et 243 n°6).

99 100

BOESSNECK, BOESSNECK,

VON DEN VON DEN

DRIESCH 1993, p. 85. DRIESCH 1992, p. 113-117.

229

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Chèvre Atlas BFcd Métacarpien Long. Bp Dp SD Dd Bd Dd

Mouton 15 54.7 15 119.6 24.9 17.8 14.2 11.1 25.4 17.1

Talus Le Bd

12 25 16

Métatarsien Bp Dp

14 23.6 20.1

Phalange 1 GL Bp

13 42.9 13.9

Phalange 3 Lds

14 25.8

Capriné

Scapula GLP LG BG

15 28.7 25 18

Métatarsien Bp Dp

15 22 23.3

15 20.8 20.6

Axis BFcd

14 20.2

Radius Bd

14 34.4

Scaphoide DAP

13 18.1

Os crochu GB

13 11.8

Talus GLl GLm Bd

13 26.7 16.4

Cubonaviculaire GB

13 23.3

Phalange 2 GL Bp SD Bd

13 21 8.9 6.8 7.8

Phalange 3 Lds Ld

14 32 30.1

14 21

14

15 31.8

26 20.5

Tableau 16. Chèvre, mouton et Caprinés indéterminés : données métriques

Fig. 233. Chèvre : comparaison entre le métacarpien de Karnak et les chèvres du temple de Khnoum à Eléphantine

Fig. 234. Schéma montrant les traces de découpe observées sur les Caprinés, chèvre essentiellement

CHAPITRE II

230 2.2.3. Les oiseaux domestiques

Un certain nombre d’oies domestiques (Anser domesticus) sont attestées durant les phases 12, 13 et 14. Les ossements découverts appartiennent essentiellement aux ailes et aux parties pauvres en viande des pattes (fig. 235). Les mesures indiquent des oies de bonne taille, dans la marge supérieure de variation des oies domestiques (tableau 17 et fig. 236)101. Il ne semble pas cependant que ces oies soient aussi grandes que celles provenant du site ptolémaïque de Tell el-Maskhuta, près d’Ismaïlia102. La présence de grosses oies dans le quartier des prêtres est intéressante car d’après Hérodote, elles font partie du régime alimentaire de ces derniers103. Elles sont souvent offertes en sacrifice à Amon ou à d’autres divinités révérées à Karnak104. Il semble aussi qu’une basse-cour ait existé, dès le Nouvel Empire dans le temple d’Amon, au sud du lac Sacré105. Parmi les oiseaux domestiques, il faut citer encore deux os de pigeon domestique (Columba livia f. domestica) découverts dans un dépotoir de la phase 12. Rappelons ici que l’élevage des pigeons fut très développé dans l’Égypte ancienne et que durant le Nouvel Empire, Ramsès III en offrit 57810 au dieu Amon106.

Fig. 235. Eléments squelettiques représentés chez les oies du Quartier des Prêtres

Oie

2.2.4. Le porc

Humérus Bd

14 22

Carpométacarpe Bp DP

14 12.9 26.3

Tibiotarse Bd

14 18.9

14 21

Phalange 1 Long. Bd

12 23.8 5.2

14

Phalange 2 Long. Bd

14 23 5.1

14 16.8

14 23.2

14 20.6

7

Tableau 17. Oie : données métriques 101 102 103 104 105 106

BACHER 1967 ; BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1992, p. 126-128. BOESSNECK 1991, p. 105-110. HÉRODOTE, Histoires II, 37. BARGUET 1962 ; COULON, GABOLDE 2004, p. 2-4. DARBY et al. 1977. PETERS-DESTÉRACT 2005, p. 79.

Cet animal est rare, ce qui peut s’expliquer par le contexte archéologique. Il est attesté par 14 restes dans la phase 12, 10 éléments dans la phase 13 ainsi que dans la phase 14 et absent dans la phase 15. Ses restes proviennent le plus souvent d’éléments architecturaux ou de niveaux de démolition des murs et ne semblent donc pas liés au régime alimentaire des prêtres. Bien que n’étant pas l’objet d’une aversion radicale, il est fort rare dans les quartiers religieux. En contexte domestique, surtout ancien (Néolithique, Prédynastique et Ancien Empire), cet animal est fréquent et souvent abondant107 avec des pourcentages allant de 10 à 20 % des animaux domestiques. À Karnak, dans les niveaux du Moyen Empire, à l’est du lac Sacré, le porc représente 38.6 % des animaux domestiques. Il en va de même pour le Nouvel Empire où cet animal représente 21.2 % du cheptel.

107

HECKER 1982, p. 59-71.

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Fig. 236. Données métriques des oies de Karnak comparées à celles de diverses espèces d’oies

231

232

CHAPITRE II

Nil (Lates niloticus). Les poissons mis au jour sont de taille moyenne à petite. Ce sont les aiguillons, pectoraux et dorsaux qui sont les plus nombreux (38 %), suivis des vertèbres (36 %) et enfin des fragments crâniens (26 %). Sachant qu’un silure possède un nombre d’environ 70 vertèbres et que nous n’en avons trouvé que 18 pour toutes les phases, on voit que le nombre d’individus représentés dans le quartier des prêtres est infime.

2.2.6. Animaux domestiques divers Le chien Fig. 237. Porc : diagramme montrant la position du troisième métacarpien de Karnak parmi des os similaires de sites néolithiques, prédynastiques et plus tardifs

Il est probable qu’à la Basse Époque, la consommation de porc n’était pas interdite bien que clairement minoritaire et probablement l’objet d’un tabou fort108. À Karnak, dans le quartier des prêtres, la phase 12 livre deux porcs adultes. Dans la phase 13, on dénombre un fœtus et un individu subadulte alors que dans la phase 14, on compte un jeune de moins de 20 mois et un verrat adulte. De rares mesures indiquent que les porcs de Karnak sont de taille moyenne à petite (fig. 237). La taille d’une première phalange adulte est très inférieure à celle notée sur d’autres sites égyptiens néolithique et prédynastique comme Merimde et Maadi109. À part de rares traces de feu et un talus digéré par un chien, nous n’avons pas observé de traces de découpe.

Le chien est présent, mais en faible nombre, dans les phases 12 (1 individu adulte), 13 (2 individus adultes) et 14 (1 individu adulte). Il s’agit d’animaux robustes, comme en témoignent certaines mesures de l’humérus et du fémur (tableau 18 et fig. 238). On peut voir que les mesures des chiens de Karnak se distinguent de celles des chiens de l’Égypte pharaonique, plus petits alors qu’elles s’intègrent bien parmi celles des chiens inhumés dans la nécropole de Kerma110. Aucune trace de découpe n’a été observée. Les Équidés Les Équidés sont présents uniquement dans la phase 14, soit à l’époque gréco-romaine, avec un cheval de plus d’un an (US 7284, 7671 et 7671a) et un âne âgé (US 7464 et 7671b) (fig. 243 n°8). La mesure prise sur un métapode de cheval (tableau 18) indique un animal gracile, proche des chevaux européens de l’Âge du Fer, dont la taille au garrot varie entre 1.1 et 1.3m111. Aucune trace anthropique n’a été observée.

2.2.5. Les poissons

Le chat

Les phases 12 (dépotoir cendreux, mur M86 et sondage S3E), 13 (US 7089, 7138, 7225, 7253, 7687, 7708b, 7811b, 7833, 7870 et 7875) et 14 (US 7052, 7284a, 7550a, 7585, 7598, 7732, 7734, 7736a, 7737 7765, 7768a, 7781) ont livré un total de 50 ossements de poissons. La plupart des restes appartiennent aux poissons-chats, essentiellement du genre Clarias. De rares vertèbres indiquent la présence de la perche du

Parmi les mammifères domestiques, il faut encore citer le chat, présent dans les phases 12, 14 et 15. D’après de rares mesures, il s’agit d’individus de petite taille, dans la portion inférieure des plus petits individus africains et européens (tableau 18).

108 109

DARBY et al. 1977. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH, ZIEGLER 1989, p. 100-103; VON DEN DRIESCH, BOESSNECK 1985, p. 23-29.

110 111

CHAIX 1999, p. 109-126. BOESSNECK et al. 1971, p. 200-201.

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

Chien 14 10.2

Thoracique DAP corps

12 22.6

Cheval Métapode Bd

2.2.7. La faune sauvage

Chat

Métatarsien 3 Bd

14 41.5

Talus Long. 14 15.8

12 13.5

Pigeon Tarsométatarse Long.

12 28.1

Gazelle Phalange 1 Bp SD

233

13 10.6 7.8

Tableau 18. Données métriques : chien, cheval, chat et pigeon

La faune sauvage, comme on peut le voir sur les divers spectres, est fort rare. La phase 13 a livré deux ossements d’une antilope et d’une gazelle (US 7253). Une seconde phalange mal conservée pourrait appartenir au bubale (Alcelaphus buselaphus) alors qu’une première phalange (US 7628), par ses dimensions, se rapproche de la gazelle dorcas (Gazella dorcas) ou éventuellement de la gazelle à front roux (Gazella rufifrons). Ces deux espèces ont été trouvées dans quelques sites égyptiens112. Dans les phases 12 (murs M41 et M55, démolition du mur M55 et niveaux du sondage S3E), 13 (US 7216, 7610a 7628, 7635 et 7706b) et 14 (US 7846), quelques restes de rongeurs ont été mis au jour. Ils appartiennent à la famille des Muridés (souris) mais leur contemporanéité avec les niveaux archéologiques n’est pas assurée. Les oiseaux sauvages sont rares. Dans la phase 13 (US 7659), la sarcelle d’été est attestée par un coracoïde alors que la phase 14 (US 7598b) livre un fragment de fémur de la même espèce. Signalons que la sarcelle d’été a été identifiée dans plusieurs dépôts funéraires de l’Égypte ancienne ainsi que sur des figurations113. D’autre part, les restes de quelques petits passereaux ont été découverts dans les phases 13 et 14. 2.3. ANALYSE DIACHRONIQUE Il nous a paru intéressant de voir l’évolution diachronique des spectres d’une phase à l’autre. Nous avons tout d’abord comparé la taille des échantillons en nombre de restes et en poids (fig. 239). Les surfaces

Fig. 239. Comparaison des spectres par phase Fig. 238. Diagramme en boîtes montrant la position du chien de Karnak par rapport aux chiens de l’Égypte ancienne et de Kerma au Soudan

112 113

OSBORN, OSBORNOVA 1998, p. 175-178. HOULIHAN 1986, p. 67-69.

CHAPITRE II

234

fouillées sont différentes en particulier la phase 12, uniquement représentée par quelques sondages profonds alors que les phases 13 et 14 sont comparables, avec une surface fouillée d’environ 525 m2. Les spectres simplifiés par phase figurent sur le tableau 19 (tableau 19). Nous avons regroupé avec les caprinés les petits ruminants indéterminés ; dans la catégorie « divers » figurent des espèces anecdotiques (porc, équidés, chien, chat, rongeurs, oiseaux divers, poissons). La phase 12 livre 9 espèces déterminées, alors que les phases 13 et 14 en comportent 12. La phase 15 n’en donne que 4. Il est probable que ces différences soient dues en partie à la taille de l’échantillon114. Dans toutes les phases, bœufs et caprinés dominent les spectres. En ne considérant que les catégories importantes, on peut tenter de suivre leur évolution diachronique (fig. 240). On note tout d’abord que le bœuf connaît sa représentation la plus forte durant la phase 13 alors que les caprinés, toujours inférieurs en nombre et en poids sont relativement stables durant les phases 12, 13 et 14 et connaissent une augmentation nette dans la phase 15. La richesse du spectre est plus grande durant la phase 12 pour retomber ensuite au-dessous des 20 %. Enfin, les oies sont peu nombreuses mais toujours présentes sauf dans la phase 15.

Fig. 240. Évolution par phase des espèces domestiques principales

Phase 12 NR bœuf caprinés oie divers

Phase 13 %

58 34 6 60 158

36.71 21.52 3.80 37.97 100.00 Phase 12

bœuf caprinés oie divers

NR

Phase 14 %

726 415 19 76 1236

NR

58.74 33.58 1.54 6.15 100.00 Phase 13

309 176 27 96 608

Phase 15 %

50.82 28.95 4.44 15.79 100.00

NR 21 29 0 1 51

Phase 14

% 41.18 56.86 0.00 1.96 100.00

Phase 15

Poids

%

Poids

%

Poids

%

Poids

%

425.6 56.7 4.7 89.55 576.55

73.82 9.83 0.82 15.53 100.00

4988.5 469.4 19.9 53.13 5530.93

90.19 8.49 0.36 0.96 100.00

2566 309.1 22.6 211.8 3109.5

82.52 9.94 0.73 6.81 100.00

254.7 145.3 0 0.3 400.3

63.63 36.30 0.00 0.07 100.00

Tableau 19. Spectres détaillés par phase (en nombres de restes)

114

CHAIX, MÉNIEL 2001, p. 138.

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

2.4. DE RARES COMPARAISONS La phase 13 a livré un matériel bien conservé et abondant, clairement lié à la présence des prêtres dans ce quartier. Les autres phases, surtout 12 et 14 sont moins cohérentes et témoignent soit de mélanges (phase 12) soit d’une occupation mixte, prêtres et artisans (phase 14). Nous utiliserons donc uniquement les données de la phase 13 pour les rares comparaisons qui suivent.

235

Comme nous l’avons dit plus haut, il faut relativiser les estimations faites en nombre de restes. Si l’on considère le rendement en viande des deux groupes, il est utile d’estimer le nombre minimal d’individus ainsi que la quantité de viande qu’ils peuvent fournir. En fonction de ce que nous avons montré plus haut, on peut estimer que les bœufs de Karnak mesuraient en moyenne 120 cm au garrot. Grâce à une formule utili-

Les sites contemporains dont la faune a été étudiée sont rares. Nous présenterons brièvement les résultats provenant d’un bâtiment dans l’enceinte du temple de Khnoum à Éléphantine, daté de la XXVe ou XXVIe dynastie115, et ceux issus des complexes civils ptolémaïques et du Haut-Empire de Tell el-Herr dans le Sinaï116. Nous avons simplifié les spectres en regroupant les caprinés (chèvres et moutons) avec les petits ruminants. Nous n’avons pas décompté des espèces anecdotiques ou intrusives comme les rongeurs et les reptiles. La figure 241 illustre la composition des spectres des trois sites (fig. 241). Un premier constat, c’est la dominance, dans les trois cas, du bœuf et des Caprinés, mais dans des proportions variables. Nous avons comparé les données de la phase 13 de Karnak avec celles de Khnoum, car les deux ensembles ont été quantifiés en nombre de restes mais également en poids. Ce paramètre permet de corriger quelque peu l’image donnée par le seul nombre de restes. La figure 242 présente ces résultats (fig. 242). On peut voir qu’à Karnak, le bœuf l’emporte tant en nombre de restes qu’en poids alors qu’à Khnoum, c’est l’inverse. Parmi les Caprinés, nous n’avons déterminé qu’une seule chèvre, à cause des difficultés bien connues pour séparer chèvre et mouton117, mais il est fort probable qu’une bonne partie des Caprinés indéterminés appartienne à cette espèce. Dans les autres phases du quartier des prêtres, les restes de chèvres semblent plus abondants que ceux de moutons. Par contre à Khnoum, les chèvres sont très abondantes (NR : 940) alors que les Caprinés indéterminés ne sont représentés que par 76 restes. Il est possible que la viande de mouton ait été l’objet d’un tabou pour les prêtres118.

115 116 117 118

BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 189-201. VALBELLE 2007 ; CHAIX 2007b, p. 284-289. BOESSNECK et al. 1964, p. 1-129 ; FERNANDEZ 2001. KAISER et al. 1993, p. 175.

Fig. 241. Comparaison du spectre de la phase 13 du quartier des prêtres à Karnak avec les spectres du temple de Khnoum (Éléphantine) et des niveaux ptolémaïques et Haut-Empire de Tell el-Herr (Nord Sinaï)

CHAPITRE II

236

1620 120 1740

5 47

1350 1410 2760

% poids de viande

93.1 6.9

Poids de viande

NMI

6 4

Khnoum

% poids de viande

bœuf caprinés

Poids de viande

NMI

Karnak Phase 13

48.9 51.1

Tableau 20. Données sur les poids de viande fournis par le bœuf et les Caprinés à Karnak et à Khnoum

sée en archéozoologie119, on peut estimer que le poids sur pied (PP) de nos bœufs était de 450 kg. Le rendement brut de boucherie est estimé à 60 % pour les bovins120 ce qui donne un poids de viande disponible de 270 kg par bœuf. Pour les caprins, avec un poids sur pied moyen de 50 kg, nous obtenons un rendement en viande de 30 kg par individu. En calculant les poids de viande disponibles dans les deux ensembles (tableau 20, fig. 242), on voit qu’à Karnak, le bœuf est vraiment la source principale de protéines pour les prêtres. À Khnoum, malgré le grand nombre de chèvres (NMI : 47) et les 5 bœufs décomptés, le rendement en viande s’équilibre, le bœuf avec seulement 5 individus livrant à peu près la même quantité de viande que les caprins. À côté du bœuf et des caprins, les autres espèces montrent des pourcentages très faibles. L’oie n’est attestée qu’à Karnak alors qu’elle manque sur les deux autres sites. À Khnoum, la présence de poissons (poissons-chats et perches du Nil) est à signaler alors qu’ils sont rarissimes à Karnak et absents à Tell el-Herr. Conclusion L’analyse de la faune issue de la fouille du quartier des prêtres permet d’approcher l’alimentation de ces derniers. Basée surtout sur la viande de bœuf et de chèvre, elle est complétée par des oies de bonne taille. Le bœuf représente l’essentiel des ressources carnées. Les autres espèces sont rares et certaines, comme le porc ou les poissons proviennent de démolition de murs ou d’autres contextes peu sûrs. Ces espèces ne sont donc pas liées à l’alimentation des prêtres, ou de manière très anecdotique. Concernant les niveaux d’ateliers et d’habitats antérieurs au Nouvel Empire, mis au jour dans le même secteur du temple d’Amon (cf. vol. « Installations antérieures au Nouvel Empire ») les données sur l’alimentation sont bien différentes121.

Fig. 242. Comparaisons des poids de viande fournis par le bœuf et les caprinés dans la phase 13 du quartier des prêtres à Karnak et dans le complexe 17805A du temple de Khnoum à Éléphantine

119 120 121

VIGNE 1988, p. 206 DÉTERVILLE 1979. Pour une analyse mettant en parallèle le régime des prêtres, les tabous religieux et le système de distribution alimentaire dans le sanctuaire : infra, Chapitre IV, § 2.2.1.1. Espèces animales : préférences et tabous religieux dans le sacrifice et la consommation des prêtres.

237

LES PLANTES ET LES ANIMAUX

1 cm

5 mm

1 cm

5 mm 1 cm

1 cm

1 cm

1 cm

5 mm

1 cm

Fig. 243. Traces et ossements remarquables – © L. Chaix

12 13 13 13 14 14 14

13

Phalange 3

14

Lds 25.8

25

GLl

Talus

GL 45.8 41.2 43.2 43.8 44.9 46.8 38.8 47.9

Atlas 15

12

72.9

Bp 29.6 29.3 31.6 33.3 29 31.4

Os crochu 13

GLP

Bd

BFcd

Bp

16

54.7

18.7 27.1 29 29.6 29 27.4 25 30.8

GB Grand cunéiforme 50.2 14

GL 41.1 42.3 43 41.2 39.9 44.6

42 36.7 33.5 42 38.5 42.1 40.5

GL

13/14

Scapula

Chèvre

13 13 13 13 13 13 moderne moderne

Phalange 2 post.

Cubonaviculaire

13 13 13 14 14 moderne

Phalange 2 ant.

Pyramidal

Bœuf

Métatarsien 14 15

15

23.9 21.2 27.8 22.2 24.5 23.1 21 25.6

32.5

23.8 22.5 26 28.4 24 27.7

25.6

48.5

Métacarpien

SD

DAP

SD

GB

SLC

26.3 25.5 29 28.9 24.8

29.3

62

Bp

GL

Bd

23.6 20.8

119.6

24.1 24.1 24.3 24.8 24.2 24 22.3 25.1

Métatarsien 13

Bd

GL

LG 52.2

45

13 15

Dp

Bp

20.1 20.6

24.9

Phalange 2 indét. 13

Bp

Fémur

Capitatotrapézoide 14

BG

Annexe A

Dp

Bp

Dp

DC

GB

14

17.8

30.4

39.2

48.8 47.4

34.5

Humérus 67.5

13

14.2 Phalange 1

SD

Phalange 3 13 13

Phalange 1 post 13 13 14

Os malléolaire 14

Phalange 1 ant 13 14

BT

GL

Dd

Lds

Glpe

GD

GLpe

12 13 13 13 14

42.9

11.1

Bd

Ld 85 67.5 90 67.9

Bp 66.1 29.5 30.3 66.9 21.8

Talus 31 13 13 14 14 14 14

63.6 30.1 34.5

Scaphoïde

Bp

Bp

GL

13.9

25.4

50 35.6 42.1 44.2 43

Dd

SD

GLl

SD

26.4

24.1

17.1

Bd 29

48.2

50.1 41

Bd 45.1

Bd 29.5

40

GL

26

66.2 76.8

72.5

25.3

14

Semi-lunaire

14

13 14 15

14

Phalange 1

Oie

14 14

32

Scapula moderne

Lds

31.8

GLl 26.7

Axis

GL 12 23.8 13 13 14 13 29.2 14 14 38.6 24

Humérus 14 22

Phalange 2 centrale GL 12 22.7

Porc

Phalange 3

Talus

Caprinés

Bp

Bd

GLP

Ld

GLm

BFcd

7 7.6

31.8

30.1

26

20.2 21

20.8

20.5

16.4

14

Bd

4.5

5.2 5.2

Carpométacarpe 14

SLC

Bd

Radius 34.4

13 13 14 14

26.3

27.1

Phalange 2

Bp

LG

Cubonaviculaire 13

Bd

GL

Dd

BG

GB

Scaphoide

19.1 23 16.8

12.9

20.5

23.3

13

Bp 6.3

Tibiotarse 13 14 14 14 14

Métacarpien 3 14

13

18.1

Phalange 2

GL

Bd

Bd

GL

GL 21

13

9.1 5.1

20.1 18.9 21 23.2 20.6

74.1

Os crochu

17

8.9

11.8

Tarsométatarse 13

Bd

Bp

GB

6.8

Bd 17.2

Phalange 1 centrale 12

SD

GL

Bd

23

7.8

Bp 15.1

239

240

CHAPITRE II

Bibliographie de l’étude archéozoologique BACHER 1967 : A. BACHER, Vergleichend morphologische Untersuchungen an Einzelknochen des postkranialen Skeletts in Mitteleuropa vorkommender Schwäne und Gänse. Inaugural Dissertation zur Erlangung der veterinärmedizinischer Doktorwürde der Tierärtztlichen Fakultät, Universität München, Munich, 1967. BARGUET 1962 : P. BARGUET, Le temple d’Amon-Rê à Karnak, RAPH 21, Le Caire, 1962. BOESSNECK 1991 : J. BOESSNECK, « Riesige Hausgänse aus der Spätzeit des Alten Ägypten », Arch. Geflügelk 55(3), 1991, p. 105-110. BOESSNECK et al. 1964 : J. BOESSNECK, H.H. MÜLLER, M. TEICHERT, « Osteologische Unterscheidungsmerkmale zwischen Schaf (Ovis aries Linne) und Ziege (Capra hircus Linne) », Kühn-Archiv 78, 1964, p. 1-129. BOESSNECK et al. 1971 : J. BOESSNECK, A. VON DEN DRIESCH, U. MEYER-LEMPPENAU, E. WECHSLER-VON OHLEN, « Die Tierknochenfunde aus dem Oppidum von Manching », in W. KRÄMER (éd.), Die Ausgrabungen in Manching, Römisch-Germanische Kommission des Deutschen Archäologischen Instituts zu Frankfurt am Main 6, Wiesbaden, 1971. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH, ZIEGLER 1989 : J. BOESSNECK, A. VON DEN DRIESCH, B. ZIEGLER, « Die Tierreste von Maadi und Wadi Digla », in I. RIZKANA, J. SEEHER (éds), Maadi III. The non-lithic small finds and the structural remains of the Predynastic settlement, Mayence, 1989, p. 87-128. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1992 : L. BOESSNECK, A. VON DEN DRIESCH, Tell el-Dab’a VII. Tiere und historische Umwelt im Nordost-Delta im 2. Jahrtausend v. Chr. Anhand der Knochenfunde der Ausgrabungen 19751986, Österreichische Akademie der Wissenschaften, Denkschriften der Gesamtakademie 11, Vienne, 1992. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993 : L. BOESSNECK, A. VON DEN DRIESCH, « Eine aussergewöhnliche Tierknochendeponie in einem Gebäude der 25./26. Dynastie im Stadtgebiet nordwestlich des späten Chnumtempels auf Elephantine », MDAIK 49, 1993, p. 189-201. CASTEEL 1976 : R.W. CASTEEL, « Comparison of column and whole unit samples for recovering fish remains », World Archaeology 8(2), 1976, p. 192-196. CASTEEL 1978 : R.W. CASTEEL, « Faunal assemblages and the “Wiegemethode” or weight method », Journal of Field Archaeology 5, 1978, p. 71-77. CHAIX 1999 : L. CHAIX, « The dogs from Kerma (Sudan) 2700 to 1500 BC », in C. BECKER, H. MANHART, J. PETERS, J. SCHIBLER (éds), Historia Animalium ex Ossibus. Beiträge zu Paläoanatomie, Archäologie, Ägyptologie, Ethnologie und Geschichte der Tiermedizin. Festschrift für Angela von den Driesch zum 65. Geburtstag, Rahden, 1999, p. 109-126.

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LES PLANTES ET LES ANIMAUX

OSBORN, OSBORNOVA 1998 : D.J. OSBORN, J. OSBORNOVA, The mammals of Ancient Egypt, Warminster, 1998. PAYNE 1972 : S. PAYNE, « Partial Recovery and Sample Bias: The result of some sieving experiments », in E.S. HIGGS (éd.), Papers in Economic Prehistory, Cambridge, 1972, p. 49-64. PETERS-DESTÉRACT 2005 : M. PETERS-DESTÉRACT, Pain, bière et toutes bonnes choses… L’alimentation dans l’Égypte ancienne, Paris, 2005. POPLIN 1976 : F. POPLIN, « À propos du nombre de restes et du nombre d’individus dans les échantillons d’osse-

241

ments », Cahiers du Centre de Recherches Préhistoriques 5, 1976, p. 61-74. VALBELLE 2007 : D. VALBELLE (éd.), Tell el-Herr, les niveaux hellénistiques et du Haut-Empire, Paris, 2007. VERNUS, YOYOTTE 2005 : P. VERNUS, J. YOYOTTE, Bestiaire des Pharaons, Paris, 2005. VIGNE 1988 : J.D. VIGNE, Les mammifères post-glaciaires de Corse. Étude archéozoologique, 26e Supplément à « Gallia Préhistoire », Paris, 1988.

CHAPITRE III

LES ARTEFACTS

La datation des différentes phases reconnues dans le secteur passe par l’étude des artefacts découverts. Le matériel inscrit et certaines catégories d’objets peuvent aussi se montrer essentiels pour déterminer la fonction des bâtiments, les destinations de ce secteur depuis la construction du rempart. Seul le mobilier des phases ayant un lien avec les prêtres (phases 12 à 14) est traité dans le cadre de cette publication1. Ce sont également les phases qui ont fourni le plus de matériel. L’analyse du mobilier issu des fouilles de la Zone 7 forme l’essentiel et la base de cette étude. Le matériel des fouilles précédentes, partiellement publié et analysé, est intégré dans la mesure du possible. L’exploitation de la documentation ancienne présente néanmoins de nombreux défis, détaillés ci-après. La céramique qui constitue une part majoritaire du mobilier est traitée dans un premier temps. Ensuite, étant donné la richesse et la particularité de cette documentation, le matériel sigillaire (sceaux et scellés) est examiné à la suite. Enfin, l’étude de diverses catégories d’objets complète le tableau de la culture matérielle de ce secteur du temple de Karnak : elles incluent le mobilier lithique, les figurines en terre cuite, des sculptures et modèles de sculpteurs, les amulettes, les mobiliers en faïence et en métal, les blocs inscrits et décorés, et les ostraca. Sur la documentation des artefacts découverts dans les années 1970 Les archives du Cfeetk conservent des fiches d’enregistrement de céramiques et d’objets divers provenant des anciennes fouilles du lac Sacré. Le matériel enregistré porte l’épithète LS (Lac Sacré) suivi de son numéro de 1 à x2. En tout 819 numéros LS sont conservés 1

2

La céramique, les scellés et autres objets, mis au jour dans la tranchée de fondation du rempart côté Zone 7 ainsi que dans l’épais radier préparatoire à la construction du quartier, seront traités dans une étude générale sur le Nouvel Empire dans la zone sud-est du lac Sacré (volume en préparation). Les fiches SLS se rapportent à un sondage réalisé par Fernand Debono à l’est du rempart et concernent des niveaux antérieurs aux quartiers d’habitations que nous étudions.

aux archives du Centre. Chaque fiche enregistre un ou plusieurs objets. De nombreuses fiches semblent avoir disparu ou bien ne jamais avoir été créées. Le dernier numéro enregistré et conservé est LS 1224, soit 405 numéros de fiches problématiques (plus d’un tiers). Parmi ces objets, quelques-uns ont pu être identifiés comme provenant des fouilles du lac Sacré. La même désignation LS a été utilisée pour les fouilles menées à l’est du rempart, si bien qu’il n’est pas toujours évident de distinguer à quel secteur appartiennent les objets. Certes, ces fiches portent souvent, mais pas toujours, la mention du carré où a été trouvé l’objet, mais ce carré peut chevaucher les zones situées de part et d’autre du rempart. Par ailleurs, les fouilles de la rampe de la tribune ont mis au jour, parfois pour des altitudes équivalentes, des objets dont la datation va du Moyen Empire à l’époque ptolémaïque. Nous avons dénombré 146 fiches enregistrant des objets provenant de ces contextes ambigus ou pollués. Aussi, à moins qu’ils apportent des renseignements utiles et datent à coup sûr de nos périodes, nous avons préféré les exclure. 83 fiches ont été comptées pour le quartier des prêtres fouillé durant l’été 1970. Seuls 28 numéros n’ont pas été publiés. On doit ajouter neuf éléments dont le numéro LS a disparu mais dont la provenance est assurée, soit par une publication, soit par une photographie indiquant leur origine. 269 fiches concernent le « quartier ptolémaïque ». Peuvent être ajoutés les ostraca LS 1 à LS 5 qui ont été publiés, mais dont les fiches ont disparu de la documentation du Centre3. Le matériel provenant de ce quartier a été publié en partie. Mais, ainsi que nous le verrons au fur et à mesure, il y a quelques problèmes de numéro d’inventaire et parfois des problèmes d’identification. Enfin six photographies d’objets, dont le numéro LS n’est pas connu, rendent

3

L’ostracon historique LS 1 a été notamment publié par E. Bresciani et M. Chauveau, tandis que les ostraca LS 2 à 5 ont été étudiés par D. Devauchelle : voir infra, Chapitre III, § 10.2. Quelques notes sur les ostraca provenant des anciennes fouilles. La première fiche conservée par le Cfeetk commence par LS 24.

244

CHAPITRE III

compte de découvertes d’un des deux quartiers. Sur les 321 fiches concernant le secteur est du rempart, nous avons remarqué quelques objets d’époque tardive. Nous savons qu’une occupation ptolémaïque a été mise au jour de ce côté4. Ils seront parfois mentionnés dans notre analyse. Ces fiches sont parfois renseignées de manière très vague : les dimensions des objets et leur matériau peuvent être omis ; les croquis peuvent être plus ou moins précis, voire absents ; les photographies ne sont pas systématiques ou bien ont disparu. La provenance exacte n’est pas non plus toujours indiquée. L’étude d’un matériel, presque toujours sans référence à un contexte stratifié, peut sembler d’une pertinence relative. La prudence est de mise quant aux conclusions que l’on peut en tirer. Il ne s’agit pas de reprendre la totalité de l’analyse de ce matériel. Cela nécessiterait une étude à part et le matériel issu des nouvelles fouilles est déjà suffisamment riche. Seuls les éléments pouvant fournir des indices chronologiques ou fonctionnels intéressants ont été sélectionnés. Parmi eux, les objets inédits ont été prioritairement étudiés. Néanmoins, certains objets déjà publiés méritaient quelques commentaires supplémentaires, ou encore, fournissaient des pendants pertinents, et parfois mieux préservés, au matériel de la Zone 7.

1. CÉRAMIQUE Au vu du nombre très élevé de céramiques mises au jour dans la Zone 7, nous avons été tenus de faire un choix dans le dessin5 et l’examen de ce matériel. Tout d’abord, la céramique provenant du radier préparatoire à la construction du quartier de la phase 12 ne sera pas présentée ci-dessous : elle rend compte de l’existence d’une phase antérieure, datée du Nouvel Empire, mais aucun rapport clair avec un éventuel quartier de prêtres contemporain n’a pu être établi. Ensuite, concernant les phases 12 à 14, n’ont été prises en compte dans ce corpus que les formes les plus complètes, celles que l’on retrouve de manière récurrente et enfin celles que nous avons jugées les plus pertinentes pour la data-

tion des contextes. Enfin, pour la phase postérieure à l’occupation des bâtiments I et J, il semble qu’il n’y ait plus aucun lien avec une quelconque présence des prêtres dans la Zone 7 à cette période ; en outre, cette phase très tardive n’est représentée que par des fosses de dépotoir d’un intérêt relatif. La majorité des céramiques provenant des fouilles anciennes demeure inédite6. De nombreuses fichesobjets, parfois associées à des clichés et/ou dessins – respectivement réalisés par Alain Bellod et Rachid Megalla – sont conservés au Cfeetk7. Plusieurs centaines de céramiques ont également été retrouvées au Cheik Labib A, une des réserves de Karnak, et ont été étudiées lors de courtes missions en 2008, 2009 et 2012. Plus de 300 céramiques ne sont connues par aucune fiche-objet. Il n’est pas question ici de présenter la totalité de ce matériel dont le contexte archéologique est rarement précisé et dont on ne peut spécifier précisément la fabrique8, d’autant que la typologie du matériel céramique de la Zone 7 rend compte de la majorité du matériel issu des fouilles anciennes. Nous intégrerons néanmoins des commentaires sur ce matériel dans une comparaison avec les formes des phases 12, 13 et 14 de la Zone 7. Nous tenterons, en même temps, de redéfinir ou préciser certains contextes de découverte, et d’analyser quelques céramiques inédites qui n’apparaissent pas dans la typologie de la Zone 7. Remarques générales Le volume récemment paru sur les céramiques ptolémaïques de la région thébaine démontre combien notre connaissance des productions céramiques de cette période s’est fortement améliorée ces dernières années9. Les périodes précédentes n’ont pour l’instant pas de telles références, mais cela ne saurait tarder grâce aux nouvelles fouilles qui se sont multipliées ces deux dernières décennies sur les contextes TPI et Basse Époque.

6 7

8

4

5

Supra, Chapitre I, § 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque. Le dessin (excepté quelques céramiques que nous indiquons dans la liste des planches) et leur mise au propre ont été effectués par A. Masson-Berghoff.

9

À peine une centaine de dessins a été publiée. 145 dessins, avant tout ceux qui n’avaient jamais fait l’objet de publication, ont été mis au propre. Certaines céramiques ne sont connues que par des photographies ou des dessins et les commentaires sur la fabrique sont généralement très maigres voire inexistants sur les fiches-objets. Quant aux céramiques conservées au Cheik Labib A, il était rarement possible de réaliser une cassure fraîche pour examiner correctement la pâte. DAVID 2016.

LES ARTEFACTS

Les études de D. Aston sur la céramique de la TPI10 et sur le site d’Éléphantine11 divisent en plusieurs phases le matériel céramique égyptien. Ces phases correspondent assez bien avec nos propres observations du matériel de la Zone 7, même si les deux premières phases de D. Aston sont presque totalement absentes de notre répertoire formel. En effet, les phases I (XIIe-Xe siècle) et II (Xe-VIIIe siècle) ne sont représentées qu’à travers quelques formes de la Zone 7, toutes issues de la phase 12 et associées à du matériel définitivement plus récent. Notre répertoire appartient à un tout autre registre. À la XXIe dynastie, les formes et pâtes du Nouvel Empire se perpétuent en grande partie, alors qu’à partir de la XXIIe dynastie et surtout de la XXVe dynastie, on assiste à l’apparition de nouvelles formes, qui ont tendance à se standardiser, et, à une homogénéisation des fabriques12. On doit ce changement typologique notamment à l’utilisation du tour rapide ou « kick-weel »13. Ce dernier permet de réaliser des bords moulurés, des profils assez complexes et d’obtenir des parois fines et régulières. Les stries plates régulièrement disposées sur le corps de la céramique sont un bon indicateur de l’utilisation de ce type de tour. Or toutes les couches provenant des phases 12 à 13 contiennent nombre de céramiques portant ces marques. La standardisation et la pérennité des types rendent difficile la précision chronologique dans les sites de la Basse Époque14. Cette difficulté semble accrue dans la région thébaine où « l’évolution des productions thébaines à l’intérieur du cadre large de la Basse Époque est peu sensible »15. En outre, les grands progrès qui ont été réalisés ces dernières années sur le matériel de cette période concernent avant tout le matériel de la Basse Égypte, si l’on excepte les phases céramiques que D. Aston a pu identifier à Éléphantine. Bien que nous retrouvions certains types d’une phase à l’autre du quartier, l’évolution de leur profil, l’apparition de nouvelles formes, associée à l’abandon de certaines, nous permet de bien distinguer les grandes phases chronologiques du quartier des prêtres. Face à une production locale plus ou moins standardisée et pérenne, les importations (ou copies d’importation)

constituent des critères chronologiques précieux, même si la fouille de la Zone 7 n’en a livré que de rares exemplaires. Ainsi que nous venons de le noter, la majorité du matériel bien datable pour la Basse Époque provient du Delta et du Sinaï, où le matériel céramique diffère de celui de la Haute Égypte16. Ceci est surtout vrai pour les productions en pâte calcaire, peu abondantes en Basse Égypte, mais fort bien représentées dans notre matériel, à la phase 13 notamment. À chaque fois que cela est possible, les comparaisons avec les sites de Haute Égypte et de Nubie sont privilégiées, et en priorité ceux qui offrent soit des datations exactes comme les tombeaux royaux de Nubie et les dépôts de fondation, soit une bonne stratigraphie. Parmi ces derniers, Éléphantine constitue un parallèle de prédilection : l’occupation dense et continue de ce site a fourni une documentation céramique bien datée. Quelques chantiers archéologiques, parfois en cours, menés à Karnak et sur la rive ouest de Thèbes offrent également très régulièrement des pendants à la céramique de la Zone 7. Il faut garder à l’esprit que souvent les dates d’apparition des types sont données, mais que l’on néglige leur permanence. Dans la mesure du possible et en fonction de nos connaissances, nous indiquons les deux. Une étude céramologique exhaustive ne trouve pas sa place dans le présent ouvrage17. Le commentaire ci-dessous ne concerne que les formes les plus complètes, les plus caractéristiques ou les mieux datées des trois grandes phases qui concernent plus directement le quartier des prêtres. On trouvera ci-dessous une présentation des fabriques suivie d’une étude typologique phase par phase, examinant, d’une part, la céramique locale et, d’autre part, les importations (ou copies d’importation). Le matériel céramique est présenté par grande famille de pâte pour la production locale (pâte alluviale, pâte calcaire, pâte des Oasis, pâte d’Assouan). Chaque famille est ensuite subdivisée en formes fermées et ouvertes. Enfin une dernière distinction regroupe les types en fonction de la vocation

16

10 11 12 13 14 15

ASTON 1996a. ASTON 1999. BOURRIAU 1981, p. 80. DEFERNEZ 2003, p. 436. BOURRIAU 1981, p. 80. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 171.

245

17

BOURRIAU 1981, p. 80. Dans son analyse sur le matériel céramique de la Chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak, C. Defernez partage aussi cet avis : « […] les productions égyptiennes du Nord se démarquent nettement de celles du Sud. Pendant la Basse Époque, deux industries céramiques semblent s’être développées » (COULON, DEFERNEZ 2004, p. 180). Des analyses plus spécifiques ont été menées sur le matériel céramique du quartier des prêtres : MASSON 2011 ; 2013 ; 2016a ; 2016b.

246

CHAPITRE III

supposée de la céramique18. Cette dernière subdivision peut être discutable quand on sait combien certaines céramiques égyptiennes peuvent être multifonctionnelles et c’est ce que nous avons pu aussi observer dans le cadre de cette étude19. Aussi, signalons-nous au maximum les autres usages possibles pour certains types. Pour les importations (ou copies d’importation), nous avons préféré un découpage par région géographique puis, à l’intérieur de chaque région, par type de pâte. Il est évident qu’en l’absence d’analyse physicochimique des pâtes, nous ne pouvons prouver l’appartenance précise de ces productions. Aussi parleronsnous plus volontiers de productions assimilées à telle région géographique. La description des céramiques a été incluse en bas de chaque planche, de manière à ne pas trop surcharger le texte. En outre, lorsque la céramique fait l’objet d’un commentaire dans notre étude, une datation relative est proposée entre parenthèse, à la suite de la description de la céramique. 1.1. DESCRIPTION DES FABRIQUES Les types de fabriques se divisent en deux groupes de base : pâte alluviale ou limoneuse, Nile silt (N) ; pâte calcaire ou marneuse, Marl clay (M). Un troisième concerne quelques pâtes particulières à certaines oasis égyptiennes (O). Un quatrième correspond probablement à une pâte d’Assouan (A). Le cinquième, enfin, regroupe les pâtes susceptibles d’être des importations (I). Outre la description de la pâte, nous indiquons, lorsqu’il y a lieu, les différents traitements de surface20. Le système mis en place pour l’étude de la céramique du quartier des prêtres n’est pas basé sur le système de Vienne qui n’inclut initialement pas les fabriques postérieures au Nouvel Empire21. Cependant, dans la mesure du possible, des parallèles ont été faits entre nos trois premiers groupes et les listes établies pour Karnak par les céramologues C. Grataloup22, S. Marchand23 et C. Defernez24. Les deux premières listes avaient été réalisées lors de l’étude de la céramique provenant de

18

19 20

21 22 23 24

Cette distinction s’inspire de la typologie établie à Tanis : DEFERNEZ, ISNARD 2000. Problématique discutée dans MASSON 2013. Une voire plusieurs références à la charte de Munsell (Munsell Soil Color Charts, 2000, Revised Washable Edition, New Windsor, NY: GretagMacbeth) suivent les identifications de couleurs. NORDSTRÖM, BOURRIAU 1993. Voir aussi BADER et al. 2016. BÉOUT et al. 1993, p. 164-165 et p. 169-175. LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 358-359. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 171-173.

structures en briques crues rubéfiées du Musée de plein air de Karnak. La troisième vient de l’étude de la céramique issue des fouilles de la Chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou, non loin du temple de Ptah. Les initiales C. G. feront référence à la liste de C. Grataloup, S. M. à celle de S. Marchand et C. D. à celle de C. Defernez25. Notre dernier groupe est aussi comparé aux descriptions de certaines pâtes importées. Aussi avons-nous opté pour une description relativement brève des pâtes, associée à des macrophotographies (fig. 244-247). Toutes les pâtes repérées sur le matériel de la Zone 7 ne sont pas présentées ci-dessous : il en va ainsi pour les pâtes repérées uniquement dans l’examen des panses, et pour le matériel datant du Nouvel Empire26 et de l’époque romaine tardive. 1.1.1. Les pâtes alluviales Dans les huit familles de pâte reconnues, N1, N3 et N4 sont majoritaires, N1 et N3 étant deux pâtes très proches. N6, N20 et N22 n’apparaissent qu’à la phase 14 de la Zone 7. • N1 (= C. G., pâte 1 ; S. M., pâte B ; C. D., pâte BE 5) Cassure brune orangée (10YR 6/4 ou 5YR 5/6) à bandeau interne rouge orangé (10R 5/6 ou 10R 5/8) à violet ; fins dégraissants végétaux et inclusions minérales (quartz et micas) en bon nombre ; pâte moyennement grossière et moyennement dense. La surface est d’aspect « chamois » (7.5YR 5/4 ou 10YR 6/4 ou 5YR 6/6 pour la surface extérieure ; 5YR 6/6 ou 7.5YR 5/4 pour la surface intérieure). Elle reçoit parfois un engobe rouge (10R 5/6), plus ou moins épais et lissé. De très nombreux récipients sont confectionnés dans cette pâte : jarres de transport et de stockage, supports de jarres, jattes, vaisselles de cuisson, plats, assiettes, bols, coupes et coupelles. • N2 Cassure marron (7.5YR 6/6 ou 7.5YR 5/6 ou 10YR 6/4) à bandeau interne rouge (10R 6/6) à gris noir (2.5Y 4/1) ; à dégraissant végétal et inclusions minérales (quartz) ; souvent particules blanches et noires de proportion et de tailles variées ; nombreuses vacuoles de toutes tailles ; pâte moyennement dense, assez aérée et assez grossière. La surface est d’aspect chamois (2.5 YR 6/4 ou 7.5 YR 6/6), sans engobe.

25

26

Pour les fabriques de l’époque ptolémaïque dans la région thébaine, des correspondances supplémentaires sont proposées dans DAVID et al. 2016. Une étude à part lui sera consacrée.

LES ARTEFACTS

Fig. 244. Fabrique-1

247

248

CHAPITRE III

Cette fabrique, proche de N1, est utilisée pour quelques jarres de transport et de stockage, et coupes/coupelles à fond plat. • N3 (= C. D., pâte BE 6) Cassure beige-rouge (2.5YR 5/8 vers l’extérieur) à rougeviolet grisâtre (2.5YR 5/1 vers l’intérieur) ; à dégraissant végétal et à inclusions minérales (quartz et rares micas) ; petits nodules jaunes. C’est une pâte très proche de N1 dans sa composition, si ce n’est la présence assez caractéristique de nodules jaunes. Elle est aussi plus sonore, plus dense, moins poreuse et mieux cuite que N1. Il s’agit surtout d’une différence dans la cuisson de la pâte. La surface extérieure est le plus souvent orange clair (10R 6/8), parfois beige (7.5YR 6/4), tandis que la surface intérieure est généralement de couleur grisâtre (2.5YR 4/1) ou brun grisâtre (5YR 5/3). Elle reçoit parfois un engobe rouge extérieur plus ou moins épais. On retrouve plus ou moins les mêmes catégories de récipients que pour N1. • N4 (= C. G., pâte 7 ; S. M., pâte C ; C. D., pâte BE 4) Cassure de couleur orange à rouge (5YR 5/6 ou 2.5YR 5/8), ou parfois dégradé du rouge au noir en passant par le violet ; nombreux dégraissants végétaux ; inclusions minérales (quartz) ; nombreuses vacuoles de toutes tailles ; pâte grossière, poreuse. La surface est d’aspect chamois (7.5YR 7/4 ou 7.5YR 6/2). Elle reçoit parfois un engobe de couleur crème. C’est dans cette pâte que sont confectionnés les plats à pains, les structures et couvercles de four ainsi que divers bassins ou jattes en pâte grossière. • N5 Cassure rouge-orangé à brun foncé (7.5YR 4/6 ou 10YR 5/4) à bandeau interne (10R 5/6 ou 10YR 5/4) ; nombreux dégraissants végétaux ; nombreuses vacuoles de toutes tailles ; pâte moyennement dense, moyennement cuite et assez grossière. La surface extérieure assez irrégulière et grisâtre (10YR 7/2 ou 10YR 6/1) est grossièrement lissée, alors que l’intérieure (7.5YR 6/3 ou 10 YR 6/3) est parfois bien lissée, avec un badigeon. Cette fabrique est exclusivement utilisée pour les moules à pain. • N6 Cassure allant de brun très foncé à noir, à bandeau interne rouge-marron ou gris foncé (2.5Y 5/2 à bandeau interne 7.5YR 4/3 ou 2.5Y 3/1 à bandeau interne 2.5Y 5/1) ; à dégraissant végétal (un peu) et à inclusions minérales (quelques quartz et nodules blancs ou jaune, plus ou moins gros) ; plusieurs petites vacuoles ; pâte friable, peu dense, peu dure, quoique bien cuite, moyennement fine.

Les surfaces extérieure et intérieure sont polies, lustrées, avec souvent des stries de tournassage, de couleur noire assez brillante (5YR 5/1 ou 2.5Y 3/1). Il s’agit d’une pâte assez proche de N1 mais cuite dans une atmosphère réductrice et présentant un traitement de surface particulier. Cette fabrique, connue sous le nom de Black Silt Ware, n’apparaît qu’à la phase 14 et est principalement utilisée pour la vaisselle de table imitant le répertoire grecque. • N20 Cassure orange (5YR 5/8) à bandeau interne rose (10R 5/6) ; pâte proche de N3, mais plus fine, plus dure, plus homogène, présentant moins de vacuoles ; quelques inclusions minérales : rares quartz, quelques micas, quelques nodules gris et rares nodules jaunes. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur rougebrun (10R 5/6), sans traitement particulier. Cette fabrique n’a été reconnue que pour des pots de cuissons de la phase 14. • N22 Cassure brune à cœur gris ; inclusions assez importantes : quelques quartz, nombreux nodules blancs et plusieurs nodules rouges, dont certains de près d’1 mm (chamotte ?) ; pâte assez dure, homogène, plutôt dense, peu fine. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur brunorangé. Cette fabrique n’a été repérée que pour une imitation d’amphore syro-palestinienne en pâte alluviale, provenant de la phase 14.

1.1.2. Les pâtes marneuses La première fabrique, M1, est la pâte calcaire la plus présente dans notre corpus et ce à toutes les phases du quartier (12, 13 et 14). Comme pour les pâtes alluviales, on assiste avec la phase 14 à l’apparition de nouvelles fabriques (M4, M7 et M18). • M1 (= C. G., pâte 2 ; S. M., pâte A ; C. D., pâte BE 1) Cassure orangée (10R 6/8), avec ou sans bandeau interne verdâtre (2.5Y 6/3) ; inclusions minérales (quartz et micas), occasionnelles et fines généralement sauf pour les grandes jarres où les quartz sont plus nombreux et de taille plus importante ; quelques nodules blancs (calcaire) et rouges très fins ; pâte dure, assez serrée, bien cuite et plutôt fine. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur rose (10R 6/6) ; mais la surface extérieure peut aussi présenter un auto-engobe crème (10YR 7/3) ou verdâtre. Quelques bols carénés et assiettes à marli ainsi que de rares jarres et bouteilles présentent une surface entièrement ou partiellement brunie (traitement essentiellement attesté à la phase 13). M1 est utilisée pour un grand nombre de jarres de stockage et de transport, de toute taille et à la surface annelée, ainsi

LES ARTEFACTS

Fig. 245. Fabrique-2

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CHAPITRE III

que pour quelques bouteilles, flacons et couvercles. De nombreuses formes ouvertes sont également confectionnées dans cette pâte, surtout des bols, bols-jattes et assiettes, mais aussi des gobelets. • M2 (= C. G., pâte 3 ? ; C. D., pâte BE 2) Cassure jaune-vert (5Y 7/4 ou 5Y 6/3) ; à dégraissant minéral ; quelques nodules blancs (calcaire) et petites inclusions noires dans une proportion variable ; quelques vacuoles de petites tailles ; pâte fine, dense et dure, voire très dure. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur verdâtre (5Y 7/3 ou 5Y 7/2). La surface extérieure peut présenter un auto-engobe jaune crème. Cette fabrique se retrouve occasionnellement pour des formes fermées principalement de petite taille (jarres ou de flacons). • M3 (= C. D., pâte BE 3 ?) Cassure aux couleurs assez variées selon la cuisson de la pâte : verte (5Y 7/4), mauve (10R 6/2), brun clair (7.5YR 7/4) à brun foncé (7.5YR 6/3), avec parfois un coeur rose ; à dégraissant minéral, mais aussi présence caractéristique de négatifs de dégraissant végétal ; parfois nodules rouges ; nombreuses vacuoles de petite et moyenne tailles ; pâte à l’aspect sableux, moyennement dense, aérée. La surface est verte ou jaune crème (5Y 8/3 ou 5Y 8/2), sans traitement particulier. Cette fabrique est régulièrement attestée aux phases 12, 13 et 14. Elle est utilisée pour diverses formes : des formes fermées, telles que des jarres, bouteilles, cruches et flacons, surtout de petite taille, mais aussi des bols et gobelets. Il nous semble enfin avoir identifié cette même fabrique pour des copies d’importations à la phase 14 : un mortier et une amphore de type syro-palestinien. Néanmoins seules des analyses pourraient confirmer ces observations réalisées jusqu’ici à l’aide d’un compte-fil (lentilles × 10 et × 20). • M4 (= C. D., pâte BE 8 ?) Cassure rose orangée (2.5YR 6/4 ou 2.5 YR 6/6) à bandeau interne gris, légèrement verdâtre (2.5Y 5/1 ou 5Y 5/1) ; à dégraissant minéral ; inclusions moyennement nombreuses : grains de sable (petite et moyenne tailles), petits nodules blancs (calcaire) ; pâte assez dure, moyennement fine. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur rose orangée (2.5YR 6/4 ou 2.5YR 6/6). La surface extérieure n’est pas lissée et a tendance à se desquamer. Cette fabrique semble essentiellement limitée à des jarres de la phase 14. • M7 Cassure rose clair à beige (5YR 6/4) à bandeau interne (10YR 7/4 ou 7.5YR 6/6) ; pâte dure, sableuse, moyennement dense ; quelques vacuoles ; assez nombreuses inclusions minérales parfois importantes : petits nodules blancs, nodules gris, quartz, micas.

Les surfaces intérieure et extérieure sont de couleur rose clair (5YR 7/4) ; la surface intérieure est bien polie et la surface extérieure peut revêtir un engobe rouge clair. M7, exclusivement utilisée pour un bol convexe à base annulaire, se rapproche de la description de la pâte calcaire de la région de Maréotide au nord-ouest du Delta27. En l’absence d’analyse physico-chimique, on ne doit considérer ce rapprochement que comme une hypothèse. • M18 Cassure rose orangée ; inclusions minérales diverses : rares gros nodules rouges et gris (jusqu’à 2 mm), nombreux petits nodules blancs, rares quartz ; dégraissant minéral fin ; quelques vacuoles de tailles moyenne et petite ; pâte dure, dense, sableuse. La surface extérieure porte un auto-engobe de couleur jaune clair et la surface intérieure est de couleur rose-orangé. Aucun traitement de surface particulier n’a été noté. La seule occurrence de cette pâte correspond à une copie d’amphore de courant cnidien (phase 14).

1.1.3. Les pâtes des Oasis Quelques conteneurs fabriqués dans des pâtes caractéristiques des Oasis ont été mis au jour dans les contextes des phases 12, 13 et 14. • O1 (= C. G., pâte 4 ; S. M., pâte D ; C. D., pâte BE 9) O1a28 : cassure rose, rouge clair (2.5YR 6/8) ; nombreuses inclusions de dimensions variables, tels des nodules rouges, des nodules blancs et des quartz ; pâte très dure, sonore, dense, bien cuite, lourde et grossière. La surface extérieure, très rugueuse et irrégulière, est de couleur rouge (10R 5/4), brune ou noire. Les traces d’un lissage grossier, sous forme de demi-cercles, sont souvent visibles sur la surface extérieure. La surface intérieure est de couleur rose orangée (2.5YR 6/6). O1b : même composition que O1a, mais pâte moins dure et moins dense (uniquement attestée à la phase 14). O1 est essentiellement utilisée pour une grande flasque/ gourde de la phase 12 et plusieurs sigas issus des contextes des phases 13 et 14. • O2 Cassure jaune (10YR 8/4) à bandeau interne rosé (10R 7/4) et bleu-gris (5Y 7/1) ; nombreuses inclusions : quelques nodules blancs (calcaire ? dont certains > 1 mm), quelques nodules rouges (< 1 mm), quelques éléments minéraux

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ÉLAIGNE 2000, p. 101-102 (Alexandrian Hellenistic Fabric 1). Cette pâte très particulière proviendrait des Oasis de Kharga et Dakhla : ASTON 1999, p. 7. Elle pourrait correspondre à la fabrique A29 de C. Hope : HOPE 2000, p. 194.

LES ARTEFACTS

(quartz ?), rares micas et rares nodules noirs ; quelques vacuoles ; pâte dure, moyennement fine, sableuse. La surface extérieure porte un engobe rouge (2.5YR 5/4) peu épais, mal lissé et qui a tendance à se desquamer. La surface intérieure est de couleur jaune rosé (10YR 8/4), sans traitement particulier. Seule une jarre provenant d’un contexte de la phase 12 était confectionnée dans cette pâte, a priori originaire de Bahariya. Les couleurs visibles en section ont donné à cette pâte le nom de rainbow fabric. • O3 (= C. G., pâte 5) Cassure bicolore, rouge vers l’extérieure (2.5YR 5/8) et noire vers l’intérieur (2.5YR 3/2) ; inclusions plutôt nombreuses : nodules blancs et surtout jaunes, beaucoup de dégraissant minéral ; pâte sonore, très cuite, dure. Les surfaces sont de couleur orange foncé/rouge clair (10R 6/4 à l’extérieur, 2.5YR 6/3 à l’intérieur), rugueuses, irrégulières et recouvertes d’un « vernis » rouge. Cette pâte est essentiellement attestée pour des sigas et une petite jarre à base annulaire provenant de la phase 13.

1.1.4. Une pâte assouanaise Une pâte, qui n’apparaît qu’à partir de la phase 14, a été assimilée à la pâte rose fine d’Assouan. C’est une pâte avant tout typique de l’époque romaine, mais elle est déjà connue à partir de la fin de l’époque ptolémaïque29. • A Cassure rose clair (5YR 7/6) ; inclusions en nombre assez important : quelques fins nodules blancs (calcaire), quelques nodules rouges et noirs (certains pouvant atteindre 1 mm), quelques éléments minéraux (quartz ?), rares micas ; quelques petites vacuoles ; pâte moyennement dure, moyennement dense, plutôt fine. Les surfaces extérieure et intérieure, non lissées, sont de couleur jaune clair, blanchâtre (5YR 7/4 à l’extérieur, 5YR 7/6 à l’intérieur). Cette pâte a uniquement été identifiée pour des petits flacons à parfum (unguentaria).

1.1.5. Les pâtes importées Chacune des phases du quartier a apporté son lot de conteneurs vraisemblablement importés, bien que ces derniers ne forment qu’une faible proportion de la totalité du matériel. Certes, en l’absence d’analyses physico-chimiques, on ne peut assurer qu’il s’agit de 29

RODZIEWICZ 1992 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 328.

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réelles importations. L’observation de la pâte au compte-fil, sur une section fraîche et au soleil, constitue une première indication, que l’on peut utilement comparer avec les descriptions des pâtes importées par des céramologues. Mais ce sont surtout les profils et/ou les décors associés à ces pâtes qui sont pris en compte. Exceptées I1, I2 et I3, les autres pâtes ne sont attestées que par un seul élément diagnostic. • I1 I1a : cassure orange (5YR 6/6) à cœur légèrement gris (5YR 6/2) ; diverses inclusions minérales (micas, nodules blancs, grains de sable assez nombreux, rares nodules rouges) ; petites vacuoles peu nombreuses ; pâte homogène, assez fine, dense. La surface reçoit un engobe blanc (10YR 8/2) épais et un décor peint à l’ocre rouge. Les exemplaires plus récents ne présentent qu’un léger engobe crème lissé (5YR 8/4). I1b : pâte plus fine avec une couleur orange très proche (5YR 6/4) en cassure, avec les mêmes inclusions mais ces dernières sont plus fines que dans I1a. La surface extérieure ne porte pas d’engobe. Les surfaces sont de couleur légèrement orangée (5YR 7/4). I1 se rapproche des descriptions de la pâte et des décors des amphores vinaires de Chios30. • I2 Cassure rose à saumon (2.5YR 6/6 ou 5YR 6/6), homogène ; diverses inclusions minérales (nodules blancs, inclusions rouges, quelques grains plus ou moins émoussés) ; pâte bien cuite, assez dense, dure, non sonore. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur rose ou saumonée (2.5YR 6/6 ou 5YR 7/6). La surface extérieure est assez grossièrement lissée. I2 correspond à une des fabriques les plus communes pour les amphores « torpedo » d’origine syro-palestiniennes31. Nous avons noté une évolution dans la pâte et le traitement de surface de ces amphores à travers les exemplaires découverts dans la Zone 7. Le nombre des inclusions semble plus important dans les exemplaires récents des amphores « torpedo » (phases 13 et 14), et, le lissage est plus soigné pour les exemplaires les plus anciens (phase 12). • I3 I3a : cassure jaune à verte (2.5Y 8/4) ; à inclusions minérales, dont des micas, des petits nodules gris/noirs et quelques nodules rouges parfois assez gros (chamotte) ; petites 30

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BOARDMAN et al. 1954, p. 170 ; BOARDMAN 1967, p. 102 ; ASTON 1999, p. 9 ; BOURRIAU 2003, p. 230, fig. 9, n°1-2 (Fabric 10 = I1a ; Fabric 56 = I1b) ; DEFERNEZ 2003, p. 200. Des analyses ont révélé la provenance de ces amphores dans la région de Sarepta au Liban : BETTLES 2003. Voir aussi : GRATIEN 1996, p. 57 ; BOURRIAU 2003, p. 227, fig. 8, n°4-6 (Fabric 1 = I2) ; DEFERNEZ 2003, p. 37 et 369 (I P1 = I2a).

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CHAPITRE III

Fig. 246. Fabrique-3

LES ARTEFACTS

vacuoles ; pâte assez fine, très dense, dure, bien cuite. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur verte ou jaune (2.5Y 8/3). La surface extérieure est lissée assez grossièrement. I3b : cassure rose-orangée (5YR 7/6) ; à inclusions minérales dont quelques micas, des petites inclusions blanches moyennement nombreuses, quelques grosses inclusions (> 1 mm) de couleur jaunâtre ; quelques petites vacuoles ; pâte très dure, très dense, sableuse. La surface intérieure, grossièrement lissée, est de couleur rose clair (5YR 7/4) et la surface extérieure jaune verdâtre très clair (2.5Y 8/3). I3b est très proche de I3a (simple différence de cuisson ou d’exposition au feu ?). I3 est attestée uniquement dans le cas d’amphores à anses de panier, probablement d’origine chypriote32. • I4 Cassure saumonée (7.5YR 7/4) à bandeau interne rose (2.5YR 6/8) ; nombreuses inclusions minérales différentes, dont quelques très fins nodules blancs (calcaire), quelques petits quartz, de fins et petits nodules jaunes, des moyens à gros nodules rougeâtres, noirs et grisâtres ; fins dégraissants végétaux ; pâte dure, sonore. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur rosesaumon pâle (5YR 7/4 à l’extérieur, 7.5YR 7/4 à l’intérieur), sans traitement particulier. On ne compte qu’une seule occurrence pour I4, un haut d’amphore provenant d’un contexte tardif de la phase 13. Les nodules gris et noirs qui entrent dans la composition de la pâte semblent être de la roche volcanique, élément caractéristique des pâtes du monde égéen33. • I5 Cassure de couleur saumonée (5YR 7/6) ; plusieurs petites inclusions, dont des nodules blancs et grisâtres (surtout < 1 mm), des micas ; pâte dure, fine et homogène. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur saumon (5YR 7/4 à l’extérieur, 5YR 7/6 à l’intérieur), sans traitement particulier. Un haut d’amphore appartenant au groupe de Nikandros en I5 a été découvert dans un contexte de la phase 14. • I6 Cassure de couleur saumonée (2.5YR 6/6) ; quelques inclusions minérales, dont des nodules jaunes (< 1 mm), des micas ; pâte très fine, dure, sableuse, très homogène, bien cuite.

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Information personnelle de Sylvie Marchand et d’Antigone Marangou. Catherine Defernez, qui a vu l’amphore, confirme cette provenance. Pour ce type de pâte, cf. : DE PAEPE, GRATIEN 1995, p. 65 et 67. Information aimablement transmise par Antigone Marangou à qui j’ai pu montrer les photographies macro de cette pâte.

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La surface extérieure porte un vernis rouge brun (10R 5/6), sorte de badigeon appliqué assez grossièrement, à l’aide d’un large pinceau ; la surface intérieure, sans traitement particulier, est de couleur rose clair (5YR 7/4). Plusieurs fragments (base, anse, bord) d’une amphore attique de type « SOS » à la brosse en I6 ont été découverts dans le même contexte tardif de la phase 13. • I7 Cassure rose orangée (2.5YR 6/6) ; nombreuses petites inclusions minérales, dont des micas assez nombreux, quelques inclusions blanches et quelques quartz ; pâte dure, homogène, dense, sableuse. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur roseorangé (7.5YR 7/4 à l’extérieur, 2.5YR 7/6 à l’intérieur) ; la surface extérieure est bien lissée. Un bord d’amphore à lèvre « champignon », provenant d’un contexte de la phase 14, était confectionné dans cette pâte, sans doute originaire du sud-est égéen. • I8 Cassure orangé (2.5YR 6/8) à bandeau interne rose et gris (2.5YR 5/1) ; pâte extrêmement dure, plutôt dense et fine ; très nombreuses inclusions minérales, dont de nombreux micas, de très nombreuses inclusions de quartz (inclusions anguleuses, souvent > 1 mm) et quelques petits nodules rouge (chamotte ?). La surface extérieure porte un très fin engobe beige brun clair (peut-être simple lissage) et un décor peint à l’ocre rouge (2.5YR 5/4). La surface interne est de couleur roseorangé (2.5YR 6/6). Seul un fragment d’anse en I8 a été découvert dans la phase 13 (contexte tardif) du quartier des prêtres. Il semble appartenir à une amphore de Clazomènes34. • I9 Cassure rose clair à beige clair (5YR 7/4) ; très nombreuses inclusions minérales, dont quelques micas, de très nombreux grains de sable anguleux, translucides et opaques, (parfois > 1 mm) et quelques nodules jaunes ; pâte peu dense, moyennement compacte, sableuse. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur beige rosé clair (5YR 7/4) et sont d’aspect assez rugueux. Un haut d’amphore à lèvre en bourrelet en I9 a été recueilli dans un niveau de la phase 14. D’après le profil de la lèvre, une provenance thasienne est proposée (Égée du Nord).

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La pâte présente quelque peu les couleurs d’une pâte alluviale mais se distingue par une forte proportion de quartz anguleux : BOURRIAU 2003, p. 231, pl. 41g (Fabric 27). Sur ces amphores : COOK, DUPONT 1998, p. 151-156.

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CHAPITRE III

Fig. 247. Fabrique-4

LES ARTEFACTS

• I10 Cassure beige clair légèrement verdâtre (10YR 8/4) tirant sur le beige rosé en bandeau interne ; très nombreuses inclusions minérales, dont des grains de quartz et d’assez nombreux petits nodules rouges (grains de chamottes ?) ; pâte assez dense, assez compacte, très granuleuse. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur beige clair verdâtre (10YR 8/4). La surface intérieure est d’aspect très granuleux. La surface externe est grossièrement lissée. I10 est attestée pour un bord d’amphore à lèvre triangulaire mis au jour dans un contexte de la phase 14. Son origine reste à déterminer. • I11 Cassure jaune vert clair (2.5Y 8/3) tirant vers le rose orangé à l’intérieur (5YR 7/6) ; assez peu d’inclusions, dont des nodules rouges assez rares et très petits, de rares gros nodules jaune (environ 1 mm) et de rares très fins nodules blancs ; quelques vacuoles ; pâte dure, dense et homogène. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur jaune verdâtre clair (2.5YR 8/3 à l’extérieur, 7.5YR 8/3 à l’intérieur). Cette pâte a été utilisée pour une amphore à anses de panier (phase 14). Elle est fort différente de la pâte I3, elle-même utilisée pour des amphores à anses de panier d’origine probablement chypriote. I11 pourrait, elle, avoir des origines palestiniennes35. • I12 Cassure rose ; pâte fine, homogène, dure et plutôt dense ; nombreuses petites inclusions : plusieurs quartz ; nodules blancs en assez grande quantité ; micas. La surface extérieure, lissée, de couleur beige rose clair, porte un décor de lignes peintes en rouge. Une anse bifide (phase 14), très caractéristique des amphores de Cos, a été réalisée dans cette pâte. • I13 Cassure rose à orange clair (5YR 7/6) ; nombreuses inclusions, plus ou moins anguleuses, réparties de façon homogène, dont quelques grosses inclusions (petits cailloux), des nodules rouges ferriques, des nodules blancs (calcaire) et des grains de sable de taille moyenne, gris, noirs, blancs, plus ou moins émoussés ; pâte plutôt dense et dure. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur brun clair-rose (5YR 7/6), sans traitement particulier. I13 correspond à une fabrique syro-palestienne36, moins commune que I2 et essentiellement attestée par un haut d’amphore découvert dans un contexte de la phase 12.

• I14 Cassure beige-brun (2.5YR 5/6 tirant vers 2.5YR 6/1 à l’intérieur) ; nombreuses inclusions minérales, dont de nombreux petits nodules blancs (calcaire), quelques nodules jaunes (taille moyenne), pas mal de grains de sable et des micas assez nombreux ; vacuoles de petite et moyenne tailles ; pâte moyennement dure, moyennement dense, sableuse, assez grossière. Les surfaces extérieure et intérieure, non lissées, sont de couleur rose orangée (2.5YR 6/6 à l’extérieur, 2.5YR 6/4 à l’intérieur). Cette pâte se rapproche de la description de la pâte utilisée pour des amphores rhodiennes (ou copies) découvertes à Tôd37. • I15 Cassure saumon (2.5YR 6/8) ; inclusions minérales assez nombreuses, dont des nodules rouges (atteignant régulièrement 1 mm), quelques petits nodules jaunes et blancs (< 1 mm), de rares nodules gris, de rares quartz et de rares micas ; pâte fine, dure et homogène. Les surfaces extérieure et intérieure sont de couleur saumon (2.5YR 7/8) et sont bien lissées. La pâte I15 s’apparente assez à la description de la pâte des amphores cnidiennes38.

1.2. CÉRAMIQUE DE LA PHASE 12 (TPI-DÉBUT BASSE ÉPOQUE) La céramique de la phase 12 est surtout connue à travers les fosses de dépotoir cendreuses, coupant profondément les parements est des grands murs M55 et M86 ainsi que par les niveaux de dépotoir venant contre le parement ouest de M5539. Bien que ces niveaux ont parfois été coupés par des fosses plus récentes, ils forment le plus souvent des contextes bien fermés, recouverts par le premier niveau de circulation de la rue desservant le quartier des prêtres de la phase 13. Ces contextes nous renseignent donc avant tout sur la fin de la phase 12, juste avant la réorganisation du secteur à la phase 13. Par la présence de scellés avec des titres de prêtres dans les mêmes contextes, la phase 12 atteste d’une vraisemblable occupation ancienne en rapport avec les prêtres, avant la construction du quartier des prêtres conservé en élévation. A-t-on voulu se débarrasser du matériel encombrant les bâtiments de la phase 12 sur lesquels ont été bâties les maisons des prêtres de la phase 13 ? 37

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MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 252. Cette pâte semble correspondre à la Fabric 3 de Bouto : BOURRIAU 2003, p. 227.

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PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 312. MARCHAND 2007a, p. 181. Le parement est du grand mur M86 est coupé par une fosse de dépotoir qui n’a pas été fouillée (fig. 41).

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CHAPITRE III

1.2.1. La production égyptienne de la phase 12 1.2.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 12 Formes fermées : Les jarres de stockage et/ou de transport de grande taille avec anses • Haute jarre de stockage à col divergent, munie d’anses, en N3 (fig. 248 n°1) Une seule jarre de ce type a été mise au jour pour toute la Zone 7 (7420.5). Elle provient d’une couche de cendre venant contre le parement ouest du grand mur M55. Un premier parallèle a été trouvé dans la tombe de Psousennès à Tanis40. Mais, selon D. Aston, la tombe ayant été perturbée, on doit plus raisonnablement dater cette céramique entre la mort de Psousennès et celle de Chéchanq II, aux alentours de 981-890 av. J.-C.41. À Qantir, une jarre similaire a été utilisée comme tombe et a été datée des Xe-IXe siècles du fait du parallèle de Tanis42. Enfin, une jarre de même type, mais dont la lèvre présente un bourrelet interne, provient de Memphis, dans un contexte daté de la XXIIe dynastie43. Ces divers parallèles indiquent donc une datation plutôt ancienne, aux environs des Xe-IXe siècles.

Les jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne, sans anse • Jarre globulaire à col en N1 (fig. 248 n°2) Un spécimen incomplet a été mis au jour dans le même contexte que la jarre décrite ci-dessus (7420.6). Ce type de jarre avec col légèrement divergent et lèvre à bourrelet interne trouve des parallèles dans des contextes datant de la TPI, surtout du début de la période44. • Jarre sans col à lèvre haute en N3 (fig. 249 n°1-3) Quelques exemplaires proviennent uniquement de la couche cendreuse venant contre le grand mur M55 (7420.32, 7455.7 et 7455.10). À Amarna, des jarres de ce type ont été mises au jour dans des contextes de la XXVe dynastie45.

• Jarre engobée blanc en N3 (fig. 249 n°9) Ce même contexte a livré un exemplaire de jarre portant un engobe blanc sur sa surface extérieure (7455.21). Ces jarres, dont on connaît des parallèles assez proches sur de nombreux sites (Hermopolis46, Éléphantine47, Thèbes48 et Amarna49 entre autres), sont plutôt caractéristiques de la TPI, particulièrement des VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. À propos d’un exemplaire découvert dans une tombe à Nuri, datée du milieu du Ve siècle av. J.-C., D. Aston propose d’y voir « an old survivor »50. • « Jarre saucisse » en N3 (fig. 250) Parmi les jarres sans col, des jarres d’un type particulier, appelées « jarre-saucisse » ont été découvertes dans diverses fosses de dépotoir de la phase 12. Cette forme est attestée dès la fin de la XXVe, mais elle est surtout représentative de la XXVIe dynastie51. Elle semble être une production particulièrement commune dans la région thébaine à cette période. Leur capacité varie entre moins de 10 litres et 20 litres d’après les profils complets connus52. Deux jarres (7711.46 et 7453.23) ont attiré notre attention du fait d’une marque gravée après cuisson au niveau de l’épaule (fig. 250 n°1-2). Le motif gravé du deuxième exemplaire est incomplet à cause du caractère fragmentaire de la jarre. Une autre marque gravée a également été notée sur une autre « jarre saucisse », mais moins bien conservée (fig. 250 n°3). La même marque, au même endroit, se retrouve sur des jarres similaires mises au jour sur la rive ouest de Thèbes, jarres qui sont exclusivement associées à des contextes funéraires53, et notamment à du matériel d’embaumement : dans le Temple de Millions d’Années de Séthi Ier54, dont l’assemblage céramique a été réévalué au VIe siècle55 ; dans une tombe de Dra‘ Abu

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44

45

MONTET 1951, p. 56-57, fig. 19, n°295. ASTON 1998, p. 694. Ibid., p. 694-695, n°2820. ANTHES 1959, p. 20, n°16 ; ASTON 1996a, p. 33-34, fig. 63, n°16. À Qantir, contexte XXe-XXIe dynastie : ASTON 1998, p. 560-561, n°2291. À Tell el Dab’a, un exemplaire, portant un engobe blanc sur la surface extérieure, a été estimé, par D. Aston, de la XXIe dynastie : ASTON 1996a, p. 26, fig. 41, n°8. À Memphis, contexte XXIIe dynastie : ibid., p. 33, fig. 62, n°411. À Amarna, contexte fin VIIIe-début VIIe s. av. J.-C. : FRENCH 1986, p. 174, fig. 9.8, n°SJ1.1.1. À Karnak-Nord, niveau XXIe-XXVe dynastie : JACQUET-GORDON 2012, p. 245, fig. 95l, P.1170 (engobe rouge sur la surface extérieure). FRENCH 1986, p. 177, fig. 9.11, n°SJ4.8.3.

49 50 51

52

53 54 55

ASTON 1996a, fig. 102, n°61. Sa datation a été revue par D. Aston aux alentours de 700-600 av. J.-C. Un haut de jarre, trouvé dans la phase III d’Éléphantine, se rapproche de notre exemplaire par l’engobe blanc extérieur, mais s’en distingue par son col légèrement divergent : ASTON 1999, p. 190, pl. 57, n°1710. Il s’agit du Group I des conteneurs en pâte alluviale d’Éléphantine : ASTON 2007, p. 420-421. PETRIE 1909, pl. LI, n°800. FRENCH 1986, p. 156 et 175, fig. 9.9, n°SJ2.6.1. ASTON 1999, p. 190. D. Aston l’estime caractéristique de sa phase III S (fin VIIIeVIIe s.) : ASTON 1996a, p. 76, fig. 221a-b, type n°29. Contexte daté de la fin de la TPI : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 166, p. 207, pl. IX, groupe 10. On en connaît des exemples dans des tombes de Nubie, comme celle du roi Anlamani (ca. 623-593) : DUNHAM 1955, p. 61, fig. 39, n°18-4-424. La capacité de ces jarres a été calculée à partir d’un outil développé à l’Université Libre de Bruxelles : ENGELS, BAVAY, TSINGARIDA 2009. Le dessin d’un profil complet de céramique est suffisant pour ce calcul. SCHREIBER 2015, p. 308-310, fig. 1. PETRIE 1909, pl. LI, n°808. ASTON 1996a, p. 48.

257

LES ARTEFACTS

Jarre de stockage et/ou de transport de grande taille avec anses en pâte alluviale

7420.5

7420.5

0

20 cm

Éch. dessin :

0

10 cm

1

1. Grande jarre au col concave se terminant par une lèvre simple, munie de deux anses verticales attachées sous l’épaule, au corps tubulaire, en N3 ; léger wash crème sur la surface extérieure ; monté au tour (Xe-IXe s. av. J.-C. environ) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119584

Jarre de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

7420.6

2 Éch. dessin :

0

5 cm

2. Haut d’une jarre, probablement globulaire, à col légèrement concave, terminé par une lèvre rentrante, en N1 ; monté au tour (plutôt début TPI)

Fig. 248. Céramique de la phase 12-1

CHAPITRE III

258

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

7420.32

1

7455.7

2

7455.10

3

7420.31

4

7455.9

5

7420.29

7455.8

7

6

7455.21

7455.11

9

8

Éch. dessin :

1-7. Haut de jarre sans col, en N3 ; monté au tour (ca. XXVe dynastie pour 1-3) 8. Bord de jarre en N1 ; monté au tour 9. Bord de jarre en N3 ; engobe blanc sur la surface extérieure (TPI, notamment VIIIe-vIIe s. av. J.-C.)

Fig. 249. Céramique de la phase 12-2

0

5 cm

259

LES ARTEFACTS

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

7711.46

0

5 cm

7711.46

1

7453.23 7711

0

5 cm

2 3

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Jarre sans col dite “jarre-saucisse”, en N3 ; marque gravée au niveau de l’épaule, après cuisson ; monté au tour (fin XXVe-XXVIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119581 2. Haut de jarre sans col dite “jarre-saucisse”, en N3 ; marque gravée au niveau de l’épaule, après cuisson ; monté au tour (fin XXVe-XXVIe dynastie) 3. Marque gravée sur une “jarre-saucisse” – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119582

Fig. 250. Céramique de la phase 12-3

260

CHAPITRE III

el-Naga datée de la XXVIe dynastie56 ; dans l’Assassif57 et el-Khokha58. Le site de Deir el Bahari a fourni également une céramique marquée, mais la triple incision diffère dans sa disposition ; cette céramique a été estimée de la fin de la XXVe-début XXVIe dynastie59. T. Rzeuska suggère que ces jarres proviennent du même atelier et que la triple incision constitue une marque de potier60. • Jarre cylindrique, engobée rouge en N1 (fig. 251 n°1-2) De rares exemplaires de jarre cylindrique, à col droit terminé par un bourrelet extérieur et à engobe rouge sur la surface extérieure, ont été mis au jour dans les fosses cendreuses. Si les céramologues s’accordent pour dire qu’il s’agit d’une production typique de la Basse Époque, ils ne sont pas sûrs de la date précise de son apparition61. C. Defernez émet de nombreuses réserves concernant l’apparition de ces jarres dès le milieu du VIIe siècle, puisque, d’une part, l’apogée de cette production date avant tout de la deuxième moitié du VIe et du Ve siècle, et que, d’autre part, la datation des spécimens du VIIe siècle doit souvent être revue à la baisse62. Elle admet néanmoins que les jarres au col plus court découvertes à Tell Defenneh datent bien de Psammétique Ier et de Nékao II63. L’exemplaire 7480.4 possède un col plus court que ceux issus des contextes de la phase 13 ; il pourrait donc être attribué au plus tôt au VIIe siècle. • Jarre, support ou canalisation (?), au corps tubulaire en N1 (fig. 252 n°6) Une seule forme de ce type a été mise au jour pour la Zone 7 (7711.45). Elle provient de la fosse cendreuse F61. À notre connaissance, il n’existe pas de parallèle direct à cette céramique dont l’usage semble assez énigmatique. On trouve un pendant possible à Héliopolis que Petrie considérait de la XXIIIe dynastie64, mais que D. Aston date plutôt de l’époque perse65. Cette forme tubulaire peut être utilement comparée avec une céramique découverte à Karnak, dans un contexte fermé daté de l’époque saïte : la forme, qui n’a pas été

56 57

58 59 60 61

62 63 64 65

SEILER 2003, p. 364-366, fig. 19, n°2. Contextes fin XXVe-XXVIe dynastie : BUDKA 2006, p. 92, fig. 6a. Tombe B : SCHREIBER 2008, p. 73, pl. LXVII n°24-25. RZEUSKA 2001, p. 319-320, fig. 14, n°27. Ibid., p. 327. D’après J. Bourriau, plutôt XXVIe dynastie : BOURRIAU 1981, p. 81 ; d’après C. Defernez, VIe et Ve s. : DEFERNEZ 2003, p. 123127. D’après P. French, ces jarres apparaissent à la fin du Ve-début IVe s., mais il admet qu’elles pourraient être produites un siècle plus tôt : FRENCH, GHALY 1991, p. 118, n°83 ; FRENCH 1992, p. 89, fig. 22-23. Le profil de jarres mises au jour dans la tombe G de la nécropole thébaine El-Khokha, dont le matériel homogène peut être daté du VIIe-début VIe s. av. J.-C., est très proche de nos spécimens : SCHREIBER 2008, p. 81, pl. LXXVII n°33-35. Plutôt VIe et Ve s. av. J.-C. : DEFERNEZ 2003, p. 124-125. Ibid., p. 125, note 100 ; PETRIE 1888, pl. XXXIV n°23-24. PETRIE, MACKAY 1915, p. 7, pl. X, n°11. ASTON 1996a, p. 31, fig. 58 n°11.

retrouvée complète, a été interprétée comme un possible support de vase cylindrique haut66. Nous proposons qu’il pourrait aussi s’agir d’une canalisation.

Formes ouvertes : Les récipients de table • Bol ovoïde en N1 et N3 (fig. 253 n°1-5) La lèvre de ces bols est généralement modelée. Ils font partie du matériel fréquemment mis au jour dans les fosses et dans les couches de dépotoir venant contre le parement ouest du grand mur M55. Ils sont sans engobe, sans traitement particulier de surface. On note juste des stries de tournassage. Ces formes sont quasi-inexistantes dans les phases suivantes de la Zone 7. Elles ne forment pas vraiment un bon critère chronologique, car elles existent dans le répertoire égyptien depuis au moins le Nouvel Empire et se poursuivent, semble-t-il, jusqu’au début de la XXVIe dynastie67. Cependant le fait qu’aucune n’ait de traitement de surface particulier nous rapproche de la TPI68, voire du début de la Basse Époque69. Il a été noté par ailleurs que les exemplaires « à la lèvre ourlée ou marquée par un infléchissement externe semblent plus fréquentes dans les phases tardives »70. Or ces bords légèrement déversés ont été régulièrement notés dans cette catégorie. Parmi les très nombreux parallèles, nous pouvons citer les exemples d’Éléphantine71, de Karnak72, d’Amarna73, de Tanis74 et de Qasr Allam dans l’oasis de Bahariya75. 66 67 68

69

70 71

72

73 74

75

BÉOUT et al. 1993, p. 170, fig. 17, n°12. ASTON 1996b, p. 22. Des bols identiques proviennent d’un ensemble daté du règne de Chéchanq V : ASTON 1999, p. 155, pl. 47. Les mêmes formes se poursuivent dans divers contextes de la phase III d’Éléphantine (750-600). Voir par exemple : ibid., p. 190, pl. 57, n°1706, n°1713-1715 et p. 192, pl. 58, n°1744, 1746-1747. L’analyse de la céramique issue des fouilles d’un secteur domestique/industriel situé dans l’enceinte de Mout à Karnak a démontré l’évolution de ces bols : les niveaux TPI fournissent régulièrement des bols recouverts d’un léger engobe rouge ou présentant des bords engobés rouge, alors que ceux-ci disparaissent des niveaux Basse Époque : SULLIVAN 2011, p. 539. DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 175. Ensemble daté de Chéchanq V à Éléphantine : ASTON 1999, p. 155-157, pl. 47, n°1473-1484. Contexte daté de 750-600 : ibid., p. 163-164, pl. 48, n°1501-1513 ; p. 173-174, pl. 51, n°1599-1603 ; p. 178-179, pl. 53, n°1643-1646 ; p. 188-190, pl. 57, n°1705-1708 ; p. 192-193, pl. 58, n°1744-1747. En plus des exemplaires susmentionnés provenant de Mout : JACQUET-GORDON 2012, p. 228, fig. 87c, P.142 (Karnak-Nord, possible dépôt de fondation daté du règne de Pinedjem Ier ; en pâte alluviale avec le bord engobé rouge) ; REDFORD 1994, p. 63-64, p. 66-68 (Kom el-Ahmar, phases TPI et Basse Époque). XXVe dynastie : FRENCH 1986, p. 181, fig. 9.15, type SB1.3.1. Contexte daté de la fin de la TPI : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 175-176, p. 214, pl. XVI, groupe 24. La documentation céramique de Qasr Allam, inédite, m’a été aimablement transmise par S. Marchand.

261

LES ARTEFACTS

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

7480.4

1

7711.36

7711.47

2

3

7711.44

7911.2

5

4

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Haut de jarre, au col terminé par un bourrelet extérieur, en N1 ; engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour (ca. de mi-VIIe au Ve s. av. J.-C.) 2. Bas d’une jarre, à fond plutôt conique, en N1 ; engobe rouge abîmé sur la surface extérieure ; monté au tour (ca. de mi-VIIe au Ve s. av. J.-C.) 3. Jarre sans col à bord à double lèvre haute, en N3 ; surface extérieure assez abîmée, brûlée, avec négatifs de cordelettes ; monté au tour 4. Bord de jarre à double lèvre convexe, en N1 (avec dégraissant végétal important sur les surfaces extérieure et intérieure) ; engobe jaune rosé sur la surface extérieure ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque, voire au-delà) 5. Haut de jarre au col terminé par un bord souligné, en N1 ; engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour (TPI, plutôt fin TPI-Basse Époque)

Fig. 251. Céramique de la phase 12-4

CHAPITRE III

262

Les petits conteneurs avec ou sans anse en pâte alluviale

7470.33

7470.19

7470.31

2

1

3

7453.22

7455.6

5

4

Varia: forme fermée en pâte alluviale

7711.45 0

10 cm

6 Éch. dessin :

0

1. Goulot à bord convexe rentrant, en N3 ; monté au tour 2. Haut d’une jarre miniature à col étroit, en N3 ; monté au tour 3. Bord de miniature de gourde, munie de très petites anses verticales en N1 ; monté au tour 4. Fond ovoïde, légèrement pointu, en N1 ; monté au tour 5. Fond arrondi, en N3 ; engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour 6. Haut de jarre, de support ou canalisation (?), au corps tubulaire, aux parois épaisses et à la lèvre légèrement déversée, en N1 ; monté au tour (TPI ou Basse Époque ?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119580

Fig. 252. Céramique de la phase 12-5

5 cm

263

LES ARTEFACTS

Les récipients de table en pâte alluviale

Les bols ovoïdes

7711.32

1 7711.32 0

7711.52

5 cm

7711.43

2

3

7853.3

7420.9

5

4

7453.33

7455.3

6

7

Les bols/gobelets coniques

7853.5

7420.11

9

8

Éch. dessin :

0

5 cm

1-3. Bol ovoïde, en N1 ; monté au tour (TPI) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119574 4-5. Bol ovoïde, en N3 ; monté au tour (TPI) 6. Bol/plat à bord éversé et base plate, en N1 ; monté au tour (fin TPI-début Basse Époque ?) 7. Bord d’un plat à lèvre éversée, en N3 ; monté au tour 8. Bol/gobelet conique, de forme plus ovale que ronde, aux parois assez fines et à la lèvre légèrement biseautée, en N3 ; monté au tour (plutôt TPI) 9. Bord de bol/gobelet conique, aux parois fines et à la lèvre légèrement biseautée, en N3 ; monté au tour (plutôt TPI)

Fig. 253. Céramique de la phase 12-6

264

CHAPITRE III

• Bol ou plat à bord éversé et base plate, en N1 (fig. 253 n°6) Cette forme rare de la phase 12 trouve un parallèle à Éléphantine, dans un contexte daté entre 750 et 600 av. J.-C.76. • Bol/gobelet conique en N3 (fig. 253 n°8-9) Ces gobelets, aux parois souvent très fines, trouvent des parallèles abondants dans des ensembles datés de la TPI77. Mais ils apparaissent dès la fin du Nouvel Empire78 et semblent se poursuivre à l’époque saïte79. Selon C. Defernez et F. Isnard, ces bols connaissent une évolution morphologique qui permettrait de préciser leur datation. La finesse de la paroi et la lèvre légèrement biseautée, que présente la majorité de nos exemplaires, seraient les indices d’une production sans doute postérieure à la fin de la XXIIe dynastie80. Un exemplaire a été trouvé en pâte calcaire (fig. 263 n°2)81. Les phases suivantes de la Zone 7 n’ont pas fourni de telles formes.

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation et la cuisson des aliments • Pot de cuisson, à paroi convexe à bord rentrant, engobé rouge extérieur, en N3 (fig. 254 n°1) Cette forme a été découverte en un seul exemplaire à la phase 12 (7480.5). La surface extérieure, vers le fond du récipient, révèle de nombreuses traces de feu, ce qui laisse supposer son utilisation comme pot de cuisson. Elle s’apparente à des récipients mis au jour à Karnak dans des contextes datés du début de l’époque saïte82. Un bol à panse profonde,

76 77

78 79

80 81

82

Phase III à Éléphantine : ASTON 1999, p. 164, pl. 48, n°1514. Nous n’en citons que quelques-uns. Ensemble daté de Chéchanq V à Éléphantine : ASTON 1999, p. 155, pl. 47, n°1467. Contexte daté de 750-600 à Éléphantine : ibid., p. 166-168, pl. 49, n°1552-1556. XXVe dynastie à Amarna : FRENCH 1986, p. 181, fig. 9.15, type SB3.1.1. Contextes datés de la TPI à Tanis : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 177, p. 215, pl. XVII, groupe 26C et 26C’. À Tell el-Balamun, dans divers contextes datés de la TPI : SPENCER 1996, p. 90, pl. 63, types B1 ; SPENCER 2003, p. 16, pl. 16, n°2. À Karnak-Nord, niveau XXIe-XXVe dynastie : JACQUET-GORDON 2012, p. 238, fig. 92w, P.408. Tombe B de la nécropole thébaine El-Khokha : SCHREIBER 2008, p. 72, pl. LXVI n°14. ASTON 1999, p. 33 et 35, pl. 6, n°124. FRENCH 1988, p. 80, 83 et 87, n°12. Exemplaire mis au jour dans la cachette du Temple de Séthi Ier, datée de 650-550 : MYŚLIWIEC 1987, p. 58-59, n°381, pl. X, fig. 8. Contextes de la XXVIe dynastie : THOMAS 2014, p. 180, fig. 126. DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 177. Des formes similaires dans la même pâte calcaire ont été notées à Thèbes (LECUYOT 1993-4, p. 108, fig. 3h) et à Éléphantine dans des niveaux de la phase III (ASTON 1999, p. 181, pl. 49, n°1669-1670 et p. 191, pl. 58, n°1730). D’après Aston, il s’agit de copies de prototypes en pâte alluviale (ibid., p. 181). BÉOUT et al. 1993, p. 170, fig. 15, n°5/332 ; MASSON 2015, p. 196, fig. 6.1-3. Voir aussi la phase XXVIe-XXXe dynastie à

provenant de la chapelle d’Osiris Neb-Djefaou de Karnak, fournit un deuxième élément de comparaison, quoique plus lointain83. • Dokka en N4 (fig. 254 n°3-4) Les plats à pain, appelés aussi dokka, constituent un type très commun dans les contextes du quartier des prêtres. Ils ressemblent aux dokka modernes, plats modelés à la main, dans lesquels on place de la pâte à pain qu’on laisse lever au soleil (d’où l’appellation de pain shamsi, littéralement « pain soleil »)84. Ces plats apparaissent tôt, dès le Moyen Empire85. Deux types de plat à pain ont été identifiés pour la phase 12. L’un adopte un profil de lèvre bas (7711.54). L’autre est doté d’une lèvre haute (7480.13). Ces deux types, bien repérés auparavant à Karnak86, sont très communs et sont produits sur une longue période. Les deux formes sont attestées à partir de la XXIe dynastie et perdurent jusqu’à la XXVe dynastie87, voire au-delà, jusqu’à la fin du Ve siècle av. J.-C.88. À Éléphantine, des dokka à lèvre haute ont été trouvées dans des contextes datés de la XXIIe dynastie, plus précisément du règne de Chéchanq V89, et cette forme est même attestée dès la XIXe dynastie et le tout début de la TPI90. Toujours à Éléphantine, des dokka à lèvre douce91 et à lèvre haute92 proviennent de niveaux de la Phase III. Ces formes ne constituent donc pas un bon critère chronologique93. Cependant leur présence quantitative importante dans les phases 12 à 14 du quartier mérite d’être signalée94. Des dokka estampillées découvertes à ‘Ayn Manâwîr ont été mises en relation avec les offrandes de pain dans le temple95. Bien qu’aucun de

83 84 85 86 87

88

89 90

91

92 93

94

95

Karnak-Nord (bien qu’il soit peu probable que cette forme ait persisté si tard à la Basse Époque) : JACQUET-GORDON 2012, p. 271, fig. 107w, P.1317. Les divers exemplaires de NKF35 semblent aussi avoir servi de pots à cuisson, mais il est possible qu’une telle forme ait pu servir à d’autres usages. Contexte de la Basse Époque : DEFERNEZ 2004, fig. 16. ASTON 1996b, p. 28. Ibid., p. 28. LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 362, pl. XI. À Karnak-Nord, les deux types de dokka ont été repérés dans des niveaux allant de la XXVIe à la XXXe dynastie : JACQUETGORDON 2012, p. 282, fig. 114b-c. À Amarna, le type à lèvre haute est attesté dès la XXVe dynastie : FRENCH 1986, p. 182, fig. 9.16, type SP1.1.1. SPENCER 1993, pl. 74, n°61 et 68; SPENCER 1996, pl. 61, n°18 et 19. ASTON 1996a, fig. 24. ASTON 1999, p. 19-21, pl. 2, n°29 et p. 36-38, pl. 7, n°152-155, n°163-164. Elles sont parfois dotées d’un engobe blanc sur la surface intérieure : ibid., p. 178, pl. 53, n°1637. Ibid., p. 196, pl. 59, n°1779. Pour D. Aston, c’est le contexte qui permet de dater ces productions : ibid., p. 196. Leur présence est même majoritaire dans toutes les phases de la Chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou et du grand bâtiment adjacent à Karnak : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 174. MARCHAND 1996, p. 431.

265

LES ARTEFACTS

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte alluviale

Les marmites

7453.35

7480.5

2

1

Les plats à pain ou dokka

7711.54

3

7480.13

4

Éch. dessin :

1. Marmite/grand bol, convexe, à bord rentrnat, en N3 ; engobe rouge extérieur ; traces de feu sur la surface extérieure au niveau du fond ; monté au tour (Basse Époque ?) 2. Bord de marmite/grand bol en N1 ; monté au tour 3. Dokka, en N4 ; brûlé ; modelé à la main (surtout TPI et Basse Époque, voire au-delà) 4. Dokka à lèvre haute, en N4 ; modelé à la main (surtout TPI et Basse Époque, voire au-delà)

Fig. 254. Céramique de la phase 12-7

0

5 cm

266

CHAPITRE III

nos exemplaires ne présente de telles estampilles, ces dokka étaient peut-être en relation avec la fabrication de pains consacrés. Néanmoins, il semble plus probable qu’ils revêtaient une simple fonction domestique, servant à la fabrication de pains pour les personnes occupant le quartier. Un autre type, commenté ci-dessous, paraît plus indiqué pour la fabrication de pains sacrés, de par sa forme, son décor et sa relative rareté au sein du quartier.

La vaisselle « cultuelle » Dans cette catégorie, il s’agit de présenter des récipients dont l’usage cultuel est bien attesté sur d’autres sites que Karnak. Il faut cependant garder à l’esprit qu’ils pouvaient être associés à de simples activités domestiques. Leur contexte de découverte n’est pas assez explicite pour déterminer à chaque fois leur destination précise. • Moule à pain en N5 (fig. 255 n°1-7) Les pains fabriqués à l’aide de moules composent une offrande ordinaire dans les temples. Aussi, ces moules, qui ne devaient servir qu’une fois, constituent généralement un des types les plus représentés dans le matériel céramique des temples. Ils sont attestés en Égypte dès l’époque prédynastique et leur production reste soutenue jusqu’au début de la TPI96. Même s’ils ne représentent qu’une faible proportion de la totalité du matériel (environ 1 % du matériel des niveaux cendreux de la phase 12), ils sont régulièrement présents dans nos contextes et ce jusqu’à la phase 14. Plusieurs types de moules à pain ont été mis au jour dans les fosses cendreuses. Le premier type (n°1-4) possède un décor de pincements de doigts au niveau de la lèvre et du fond. D’après le profil complet de moules similaires mis au jour à la phase suivante, ils seraient de forme conique et de petite taille (10 cm maximum). Le fond du deuxième type (n°5) est marqué en son centre d’une petite protubérance. Le troisième (n°6-7), enfin, est de forme tubulaire et son fond est légèrement arrondi. Ils sont tous modelés à la main et leur surface extérieure est plus ou moins lissée. La surface intérieure par contre reçoit un traitement qui diffère d’un moule à l’autre : certains sont lissés, d’autres reçoivent un badigeon, d’autres enfin ne présentent aucun traitement. Le premier type de moule à pain est inédit à notre connaissance97. Des moules à pain provenant du temple de la XXVe dynastie à Tabo, au Soudan, sont de taille similaire, mais la forme conique se termine par un fond pointu et nul décor 96 97

JACQUET-GORDON 1981. Pour une analyse plus détaillée de ces moules : MASSON 2013, p. 144-145.

digité n’a été relevé98. Le second type se rapproche du type D de classification des moules à pain d’H. Jacquet-Gordon, un type qu’elle date du Nouvel Empire à la période libyenne99. Cette forme semble néanmoins se poursuivre : elle fait partie du matériel récurrent de toute la TPI à Tanis100 et un exemplaire a été découvert dans un contexte de la XXVe dynastie à Éléphantine101. Le troisième type enfin correspond à une variante du type D, mais nous n’avons pas trouvé de parallèles plus récents que le Nouvel Empire. Peut-être s’agit-il de pollutions anciennes. Cependant, ainsi que le remarquait D. Aston, la classification des moules à pain par H. Jacquet-Gordon ne tient pas compte des types postérieurs au Nouvel Empire, puisqu’elle ne possédait pas de matériel plus récent dans cette étude102. G. Schreiber a récemment publié un ensemble de moules à pain (type E de la typologie d’H. Jacquet-Gordon) provenant de la tombe G de la nécropole thébaine d’El-Khokha, dont le matériel homogène peut être daté du VIIe-début VIe siècle103. • Coupe dite à encens en N1 et N3 (fig. 255 n°8-11) Parmi les coupes aux parois évasées, l’une est particulièrement digne d’intérêt car son profil ne se retrouve pas aux phases suivantes. Il s’agit d’une coupe à base très saillante (n°10, 7420.10), provenant du niveau de dépotoir US 7420. Ce type connaît de nombreux parallèles tous datés de la TPI104. Avant tout découvertes dans des contextes d’ordre cultuel (tombes et temples), ces coupes auraient souvent servi à brûler de l’encens105. Elles semblent constituer une sorte de prototype aux très nombreuses « coupes à encens » mises au jour dans le quartier des prêtres aux phases 13 et 14. Le fond de ces coupes plus récentes n’est que légèrement dégagé. Elles sont déjà présentes à la phase 12 (n°8-9), mais en assez petite quantité.

98

99 100

101 102 103 104

105

Helen Jacquet-Gordon m’avait aimablement montré ses dessins inédits. JACQUET-GORDON 1981, p. 21, fig. 5, n°13-14. DEFERNEZ, ISNARD 1998, p. 26-27. Pour des exemplaires provenant d’un contexte homogène daté de la fin de la TPI : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 182-183, p. 217, pl. XIX, groupe 35. ASTON 1999, p. 194. Ibid., p. 194. SCHREIBER 2008, p. 79, pl. LXXVI n°20-23. À Tanis, contexte daté de la fin de la TPI : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 181, p. 216, pl. XVIII, groupe 32. À Éléphantine où D. Aston les définit comme typique de sa phase III, entre 750 et 600 av. J.-C. : ASTON 1999, p. 168-169, pl. 50, n°1571. À Qasr Allam dans les contextes fin TPI (documentation inédite étudiée par S. Marchand). À Hermopolis dans des contextes du Niveau 2, datés plutôt de la fin du VIIIe s. av. J.-C. : SPENCER, BAILEY 1986, fig. 17, n°45-46. Concernant ce dernier site, la datation proposée au départ était fin Nouvel Empire-début de la TPI, mais elle a été révisée en faveur de la XXVe dynastie : ASTON 1996a, p. 42. DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 181.

267

LES ARTEFACTS

Les ustensiles « cultuels » en pâte alluviale

Les moules à pain

7711.24

7470.24

1

7711.25

7470.25

4

3

2

7470.26

7711.41

7453.32

5

7

6

Les coupes dites à encens

7420.13

8

7711.53

9

7420.10

10

7453.21

11

Éch. dessin :

0

5 cm

1-2. Bord d’un moule à pain, à la lèvre décorée de pincements de doigts, en N5 ; intérieur non lissé ; modelé à la main (fin TPI-Basse Époque ?) 3-4. Fond de moule à pain, marqué par une légère dépression et par un décor digité, en N5 ; surface intérieure lisse, sans badigeon ; modelé à la main (fin TPI-Basse Époque ?) 5. Fond de moule à pain « à goutte », en N5 ; badigeon lisse sur la surface intérieure ; modelé à la main (Nouvel Empire à TPI ?) 6. Fond arrondi de moule à pain en N5 ; surface intérieure lisse, sans badigeon ; modelé à la main (pollution ancienne ?) 7. Fond de moule à pain, légèrement arrondi, en N5 ; modelé à la main (pollution ancienne ?) 8. Coupe à fond plat, aux parois évasées, au bord irrégulier, en N3 ; monté au tour 9. Coupe à fond plat peu dégagé et percé, et, aux parois évasées, en N1 ; monté au tour 10. Coupe aux parois assez fines et évasées, au fond très dégagé (dit « saturnien »), en N3 ; monté au tour (TPI) 11. Base d’une grosse coupe à fond plat en N3 ; monté au tour

Fig. 255. Céramique de la phase 12-8

268

CHAPITRE III

Les ustensiles divers • Coupelle/couvercle, en N1 et N3 (fig. 256 n°1-4) Ces petits récipients, dont l’usage pouvait être multiple (coupelle, couvercle, lampe), revêtent des formes très diversifiées. Les coupelles peu profondes, au fond plat légèrement dégagé et aux parois plus ou moins évasées, constituent le type le plus important quantitativement. Elles trouvent de nombreux parallèles, et notamment pour la TPI et le début de la Basse Époque106. Elles ne semblent pas apparaître avant le VIIIe siècle av. J.-C.107. • Support de jarre en N3 (fig. 256 n°5) Un support de jarre a été mis au jour dans le niveau de dépotoir venant contre le parement ouest de M55 (7420.17). Son profil rappelle un support de jarre découvert à Tell el Retabeh, que D. Aston estime être probablement plus récent que le Nouvel Empire108, un support trouvé à Hermopolis dans un contexte de la TPI109 ainsi qu’une forme mise au jour à Abu ‘Id, datée de 750-650 av. J.-C.110.

1.2.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 12 Les productions en pâte calcaire forment une large part du mobilier céramique des niveaux de dépotoir de la phase 12, au moins tout aussi importante que les productions en pâte alluviale. M1, qui correspond à la fabrique Marl A4 variant 2 de D. Aston111, en constitue la fabrique dominante112. Considérée comme un marqueur chronologique des plus pertinents, elle n’apparaît pas avant la fin du VIIIe siècle. Elle connaît une très large distribution puisque les productions réalisées dans cette fabrique se retrouvent de la Basse Égypte à la Nubie113. D. Aston considère qu’elle perdure à Éléphantine au moins jusqu’à l’époque perse114. Mais elle est encore attestée à l’époque ptolémaïque dans la région thébaine (au moins jusqu’au IIIe siècle av. J.-C.),

ce qui suggère une production locale115. Cette hypothèse est désormais confirmée par la découverte à Médamoud d’un atelier de potiers utilisant exclusivement des pâtes calcaires pour ses productions116. Ses caractéristiques principales sont sa dureté et la finesse des parois des céramiques obtenues avec cette fabrique117. Formes fermées : Les jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne, avec ou sans anse • Jarre sans col, à bord mouluré, à la panse marquée de stries plates en M1 (fig. 257 et 258) Ces jarres forment une catégorie très commune à la phase 12. Elles sont munies de petites anses verticales et présentent des profils de lèvres des plus variés. La diversité des bords a déjà été répertoriée à Karnak118. Même si cette production se poursuit dans les phases postérieures de la Zone 7, on a noté une évolution certaine dans la forme des lèvres, la place des anses et le profil volontiers globulaire des corps de certaines jarres à la phase 12. Les jarres piriformes à bord à double-lèvre convexe (fig. 257 n°5) sont présentes à toutes les phases du quartier. Néanmoins la position des anses attachées assez bas sous l’épaule constitue une caractéristique des exemplaires de la phase 12119. Cette forme semble apparaître dès la XXVe dynastie : diverses tombes nubiennes, allant de la XXVe au début de la XXVIIe dynastie, ont livré cette forme120, et, à Qasr Allam, ce type de bord est bien attesté dans les contextes datant de la fin de la TPI121. Les parallèles sont particulièrement nombreux pour la Basse Époque122. Ce profil de jarre connaît de rares contreparties en pâte alluviale à la phase 12 (fig. 247 n°4) ;

115 116 117 118 119

106

107 108 109

110

111 112

113 114

Nous ne citons ici que quelques références. Phase III à Éléphantine (750-600) : ASTON 1999, p. 165, pl. 48, n°1515-1537. Contexte daté de la fin de la TPI : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 179, p. 216, pl. XVIII, groupe 29. Des spécimens ont été recueillis au Ramesseum dans un contexte funéraire de la TPI : LECUYOT 1993-4, p. 106, fig. 2j et l. Phase III S : ASTON 1996a, p. 73, fig. 216 l-n, Group 4. Ibid., fig. 42a, n°10. Niveau 2 : SPENCER, BAILEY 1986, fig. 25, n°115. Noter que cet exemplaire est percé. ASTON 1996b, p. 26, n°48. La forme étant incomplète, l’auteur hésitait entre un bord de jarre ou un bord de support de jarre. ASTON 1996b, p. 21 et 30. C’est le cas pour d’autres sites plus ou moins contemporains à Karnak : MASSON 2015, p. 191. MASSON 2011, p. 272-273. ASTON 1999, p. 181.

120

121 122

FRENCH 1992, p. 84. Thèse inédite de Z. Barahona-Mendieta. FRENCH 1992, p. 83 et 85. BÉOUT et al. 1993, p. 171-172, n°33. Caractéristique notée sur plusieurs exemplaires. Il a déjà été remarqué par les céramologues que les anses avec le temps ont tendance à migrer plus près du bord, pour différents types de production : ASTON 1996a, p. 76. Tombe VH 111, à Qustul, datée de la XXVe dynastie : WILLIAMS 1990, fig. 30e. Voir aussi : HEIDORN 1994, p. 118-120, fig. 1j, notes 18-20. Documentation inédite de S. Marchand. Nous n’indiquons que quelques références. Karnak pour commencer : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-179, fig. 19 n°12 ; MASSON 2015, p. 193, fig. 1-3. Cachette de Gourna (650-550 av. J.-C.) : MYŚLIWIEC 1987, p. 60-61, n°399, pl. XI, fig. 1 et 2. La nécropole thébaine a livré des exemplaires bien datés, par exemple : SCHREIBER 2008, p. 75, pl. LXXI n°71, 73-75 (tombe B, XXVe dynastie) et p. 81, pl. LXXVIII-LXXIX n°45, 48-49 (tombe G, VIIe-début VIe siècle). Éléphantine dans les niveaux de la phase V (550-400 av. J.-C.) : ASTON 1999, p. 231, pl. 71, n°2037. Cette jarre appartient au Group V des conteneurs en pâte calcaire d’Éléphantine : ASTON 2007, p. 427.

269

LES ARTEFACTS

Les ustensiles divers en pâte alluviale

Les coupelles-couvercles

7711.33

7455.17

1

2

7455.4

7453.27

4

3

Support de jarre

7420.17

5

Bassin

7853.9

6

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Coupelle/couvercle aux parois évasées, au fond plat légèrement dégagé, en N1 ; monté au tour (TPI-Basse Époque) 2. Bord de coupelle/couvercle, à fond plat, en N3 ; monté au tour 3. Coupelle/couvercle en N3 ; engobe rouge sur les surfaces extérieure et intérieure ; bord brûlé sur tout le pourtour (lampe ?) ; surface extérieure assez abîmée ; monté au tour 4. Couvercle (ou fond de coupelle ?) avec bouton de préhension, en N3 ; monté au tour 5. Support de jarre en N3 ; monté au tour (TPI ?) 6. Bord de bassin de forme grossièrement ovale, en N4 ; modelé à la main

Fig. 256. Céramique de la phase 12-9

CHAPITRE III

270

Jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne avec ou sans anse en pâte calcaire

7455.24

7455.23

2

1

7453.31

7453.19

3

4

7355.11 0

10 cm

5 Éch. dessin :

0

5 cm

1-3. Bord de grande jarre en M1 ; monté au tour 4. Haut de jarre à bord à bourrelet interne, munie d’anses verticales, en M1 ; monté au tour (ca. Basse Époque) 5. Jarre piriforme quasi-complète, à bord à double lèvre convexe, au fond arrondi et au corps marqué par de fines stries plates, en M1 ; monté au tour (surtout fin TPI-Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119578

Fig. 257. Céramique de la phase 12-10

271

LES ARTEFACTS

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne avec ou sans anse en pâte calcaire

7420.25

7453.20

1

2

7420.28

7470.16

4

3

7420.24

7853.7

6

5

7420.28 BIS

7

7453.17

8

7853.4

9

7470.17

7711.35

11

10

Éch. dessin :

1-4. Haut de jarre en M1 ; monté au tour 5-7. Haut de jarre en M1 ; monté au tour (dès mi-VIIIe s. av. J.-C. et probablement jusqu’à l’époque ptolémaïque) 8. Bord de jarre muni d’anses verticales, en M1 ; monté au tour 9. Bord de jarre en M1 (?) ; brûlé ; monté au tour 10. Haut de jarre munie d’anses verticales, en M1 ; monté au tour (fin TPI et Basse Époque) 11. Bord de jarre à la lèvre soulignée, en M1 ; monté au tour

Fig. 258. Céramique de la phase 12-11

0

5 cm

272

CHAPITRE III

mais la présence d’un engobe jaune rosé sur la surface extérieure évoque le souci d’imiter les jarres en pâte calcaire123. Le haut de la jarre 7453.19 (fig. 257 n°4), avec son bord à bourrelet interne, trouve un parallèle assez tardif, daté de l’époque perse, à ‘Ayn Manâwîr124. Les jarres 7420.24 et 7853.7 (fig. 258 n°5-6) sont connues dans des niveaux datés entre 750-600 av. J.-C. à Éléphantine125, à Abu ‘Id126, à Amarna127, à Hermopolis128 et à Thèbes129, entre autres. Il est néanmoins possible que leur production ait persisté jusqu’à l’époque ptolémaïque130. Quant à la jarre globulaire 7470.17 (fig. 258 n°10), elle trouve des parallèles surtout datés entre la XXVe et le début de la XXVIe dynastie à Karnak131, à Éléphantine132, à Amarna133, tandis qu’en Nubie, elle apparaît dans des niveaux saïto-perses134. • Jarre à col droit, court, terminé par un bord rainuré, à l’épaule arrondie, en M1 (fig. 259 n°1-2) Des jarres à col et au bord souligné d’une rainure ont été régulièrement découvertes dans les niveaux de dépotoir de la phase 12. Avant tout confectionnées en pâte calcaire, on dénombre aussi un exemplaire en pâte alluviale, recouvert d’un engobe rouge (fig. 251 n°5). Thèbes135, Amarna136 Hermopolis137, Éléphantine138 et Abu ‘Id139, entre autres,

123

124

125

126 127 128 129

130 131

132 133

134 135

136 137

138

139

P. French a noté que l’engobe crème sur les céramiques en pâte alluviale est devenu très populaire lorsque ces productions en pâte calcaire ont fait leur apparition ; il émet l’hypothèse que cet engobe permettait d’imiter ces productions (FRENCH 1992, p. 85). Ve et début du IVe s. : MARCHAND 1996, p. 422-423, groupe n°10, n°38. ASTON 1999, p. 192, pl. 59, n°1755, p. 196, pl. 60, n°17851786. Cette production s’apparente au Group III des conteneurs en pâte calcaire d’Éléphantine : ASTON 2007, p. 426-427. ASTON 1996b, p. 31, n° 61-67. FRENCH 1986, p. 183, type M.J.3.2.1. Contexte TPI : SPENCER 1996, pl. 66, n°82-87. MYŚLIWIEC 1987, 65-66, n°497-498 ; SCHREIBER 2008, p. 81, pl. LXXIX n°47 (contexte VIIe-début VIe siècle). Phase VIb (IIIe siècle) : ASTON 1999, p. 302, pl. 100, n°2618. REDFORD 1994, pl. LXVI, n°5a (exemplaire complet) ; MASSON 2015, p. 194, fig. 1.4. Niveaux de la phase III : ASTON 1999, p. 184, pl. 55, n°1689. Contextes de la XXVe dynastie : FRENCH 1986, p. 183, fig. 9.17, MJ3.2.2. HEIDORN 1991, p. 210, fig. 3d. Sur la rive ouest : PETRIE 1909, pl. L, n°796 ; NAGEL 1938, p. 38, fig. 25, n°129 ; MYŚLIWIEC 1987, p. 63-64, n°415-416 et p. 66-67, n°522-525. À Karnak : BÉOUT et al. 1993, p. 172, fig. 20, n°34 (exemplaire en pâte calcaire) et p. 170, fig. 16, n°7 (exemplaire en pâte alluviale) ; COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-179, fig. 19, n°15 ; MASSON 2015, p. 193, fig. 1.2. FRENCH 1986, p. 183, fig. 9.17, type MJ2.1.2. Phase TPI : SPENCER, BAILEY 1986, fig. 22, n°92 ; SPENCER 1996, pl. 65, n°42. Contexte XXVe-XXVIe dynastie : KAISER 1990, p. 234, fig. 13, n°17805A:19. ASTON 1999, p. 186, pl. 56, n°1698, p. 191, pl. 58, n°1736-1743 et p. 192, pl. 59, n°1757-1759. Ce type de jarre constitue la production la plus fréquente des conteneurs en pâte calcaire (Group II) d’Éléphantine pour la période fin XXVe-début XXVIe dynastie : ASTON 2007, p. 426-427. ASTON 1996b, p. 32, n°77-85.

offrent des parallèles pour cette catégorie de jarre. Elle est particulièrement commune à la XXVe et au début de la XXVIe dynastie même si sa production couvre une période plus large. D’après D. Aston, les jarres présentant de telles rainures, contrairement à celles qui n’en présentent pas, arrivent un peu plus tardivement dans la TPI et sont produites plus longtemps140. • Jarres à lèvre à bandeau simple en M1 et M3 (fig. 259 n°4-5) Les jarres à lèvre à bandeau simple (7470.18 et 7455.18) sont surtout bien répertoriées dans les niveaux fin TPI et début de la Basse Époque141. Mais elles perdurent plus tard à la Basse Époque : des jarres comparables ont été mises au jour à Éléphantine dans des contextes datés des VIe-Ve siècles142. • Jarre sans col, à lèvre éversée en M1 (fig. 260 n°1-5) Ce profil de jarre a été régulièrement trouvé dans la Zone 7, mais uniquement à la phase 12. Karnak fournit divers pendants datés des XXVe-début XXVIe dynasties143. 7455.13 se rapproche de formes mises au jour à Amarna dans des contextes datés de la XXVe dynastie144. D’autres éléments de comparaison, mais en pâte alluviale, sont présents par exemple sur les sites d’Éléphantine145, de Tanis146 et de Qasr Allam147.

Les petits contenants avec ou sans anse • Vase au bord biseauté et muni d’un goulot, en M1 (fig. 260 n°6) La phase 12 n’en a fourni qu’un seul exemplaire dans la couche venant contre M55 (7420.8). Un premier élément de comparaison est fourni par le site de Matmar148 ; D. Aston a revu sa datation aux VIIIe-VIIe siècles149. Un conteneur

140 141

142

143 144

145

146

147

148 149

ASTON 1999, p. 186. Par exemple, à Karnak (MASSON 2015, p. 194, fig. 1-5) et à Qasr Allam (documentation inédite de S. Marchand). Voir aussi le matériel XXVe dynastie provenant de la tombe B de la nécropole thébaine El-Khokha : SCHREIBER 2008, p. 74, pl. LXX n°65. ASTON 1999, p. 231, pl. 71, n°2035-2036. Ces deux exemplaires sont en pâte Marl A4 variant 2, l’équivalent de notre pâte M1. MASSON 2015, p. 194, fig. 1.11. FRENCH 1986, p. 178, fig. 9. 12, n°SJ5.9.2, p. 183, fig. 9.17, n°MJ4.1.1-3. Phase III (mi VIIIe-VIIe s.) : ASTON 1999, p. 199 et 201, pl. 61, n°1818. Céramique provenant de l’aire des tombes royales, que Ph. Brissaud date entre le IXe et le début du VIIIe s. : ASTON 1996a, p. 24, fig. 30, n°215. Contexte daté de la fin de la TPI : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 165, p. 207, pl. IX, groupe 9B. Plusieurs exemplaires similaires ont été mis au jour dans les niveaux fin TPI de Qasr Allam (documentation inédite de S. Marchand). BRUNTON 1948, pl. LVII, n°84M. ASTON 1996c, p. 9.

273

LES ARTEFACTS

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte calcaire

1

3

2

7470.18

7455.16

7455.18

4

5

7711.50

6

7453.26

7470.28

7

9

8

7455.12

7911.3

10

7711.48

7455.20

7853.2

7420.26

12

11

Éch. dessin :

1-2. Bord de jarre en M1 (plus sableux, évolution de M1 ? pour 1) ; monté au tour (TPI, plutôt fin TPI-Basse Époque) 3. Haut de jarre à col court, à bord à double lèvre, en M3 ; monté au tour 4. Bord de jarre à bord convexe souligné, en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 5. Bord de jarre en M3 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 6. Bord de jarre en M3 ; monté au tour 7. Bord de jarre à lèvre triangulaire, en M2 ; monté au tour 8. Bord de jarre à lèvre à bourrelet externe, avec deux lignes incisées à la base du col, en M3 ; monté au tour 9. Haut de jarre en M3 ; monté au tour 10. Haut de jarre sans col, en M1 ; monté au tour 11. Bord de jarre sans col, en M2 ; monté au tour 12. Haut d’une jarre en M1 ; monté au tour

Fig. 259. Céramique de la phase 12-12

0

5 cm

CHAPITRE III

274

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte calcaire

7911.4

7453.25

1

2

7455.15

7455.13

7455.19

4

3

5

Les petits contenants avec ou sans anse en pâte calcaire

6

7711.51

7470.29

7420.8

7

7420.14

9

8

Varia (divers fonds de vase en pâte calcaire)

7455.5

10

7453.29

11

7453.18

7480.6

12

7470.15

13

14

Éch. dessin :

0

5 cm

1-5. Haut de jarre sans col, à lèvre éversée, en M1 (le n°3 porte des traces de feu) ; monté au tour (surtout fin TPI) 6. Haut d’un vase, au bord biseauté et muni d’un goulot, en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 7. Bord à double ressaut, légèrement évasé, en M3 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 8. Bord de goulot, au col droit terminé par une lévre légèrement éversée, en M2 ? (cassure gris-vert ; micas, nodules noires et rouges ; pâte fine, assez dense, assez dure, sableuse ; surface jaune claire) ; monté au tour 9. Goulot d’une gourde, muni de deux anses verticales, en M1 ; traces d’engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour (TPI) 10. Fond plat en M2 ; monté au tour 11. Fond cylindrique, à base annulaire, en M1 ; monté au tour 12-13. Fond pointu en M3 ; monté au tour 14. Fond arrondi légèrement pointu, en M3 ; monté au tour

Fig. 260. Céramique de la phase 12-13

LES ARTEFACTS

complet similaire a été mis au jour dans une tombe du cimetière V de Qustul au Soudan, daté de la XXVe dynastie150. Un dernier parallèle provient d’un contexte daté de la Basse Époque à Gourna, dans le temple de Séthi Ier151. • Bouteille (?) en M3 (fig. 260 n°7) Seul un fragment de bord nous est parvenu (7470.29), aussi est-il difficile d’identifier avec précision sa catégorie, bouteille, jarre ou cruche. D’après J. Bourriau, des cruches présentant un profil de bord proche apparaissent à la XXVIe dynastie et se perpétuent jusqu’à la XXXe dynastie152. Sans doute de manière plus pertinente, cette forme peut aussi être comparée à des bouteilles dont la production a commencé dès la XXVe dynastie. Un parallèle exact en pâte calcaire provient de l’ensemble fermé daté de la XXVe dynastie, mis au jour à Abydos153. Un deuxième est originaire du cimetière de Matmar154 que D. Aston date des VIIIe-VIIe siècles 155. Un troisième, de profil plus éloigné et en pâte alluviale, a été découvert à Hermopolis/Ashmunein, exemplaire daté de la fin de la TPI156. Enfin, Karnak-Nord fournit un exemplaire similaire en pâte calcaire mais est daté de manière très large des XXIe-XXVe dynasties157. • Gourde en M1 (fig. 260 n°9) Le haut d’une gourde (7420.14) trouve un parallèle à Éléphantine dans un ensemble daté de Chéchanq V (XXIIe dynastie)158.

275

TPI, voire avant160. Des bols carénés similaires en « terre cuite gris-blanc » (pâte calcaire ?) ont été mis au jour dans des tombes sur la rive ouest de Thèbes, à Gournet Mar’eï161. La datation de ces tombes a été estimée de la fin du VIIIe ou du VIIe siècle av. J.-C.162. À Médinet Habou, des jattes semblables ont été datées de la XXVe dynastie163. À Karnak enfin, divers contextes allant de la fin de la TPI à la Basse Époque ont livré cette forme164. • Bol-jatte à carène haute, à lèvre déversée/modelée, en M1 (fig. 261 n°8-10) De telles formes ont été trouvées de manière récurrente dans le matériel céramique des XXVe-XXVIe dynasties en Haute et Moyenne Égypte165. D’après P. French, il s’agit d’une forme typique de sa phase 1 pour la céramique de la Basse Époque166. L’exemplaire 7420.12 (n°8) présente un fond plat alors que les exemplaires d’Éléphantine, de Gourna et d’autres de Karnak-Nord sont à fine base annulaire167 ou à fond arrondi168. • Bol à carène haute, à lèvre évasée et épaissie, en M1 (fig. 261 n°11) Ces formes sont produites au moins dès la fin de la TPI169. Elles sont communes à la Basse Époque170.

Formes ouvertes : Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments • Bol-jatte à carène haute, au bord plus ou moins droit et à fond arrondi en M1 (fig. 261 n°1-7) Ces bols-jattes, plus ou moins profonds et au diamètre plus ou moins large, sont surtout représentatifs de l’époque saïtoperse159. Leur production remonte néanmoins à la fin de la

150 151 152 153 154 155 156 157 158

159

WILLIAMS 1990, fig. 27, pl. 8c. MYŚLIWIEC 1987, p. 66 et 68, n°546. BOURRIAU 1981, p. 81. ASTON 1996c, p. 7, type 13, fig. 3d. BRUNTON 1948, pl. LVII, n°83M. ASTON 1996c, p. 9. SPENCER 1996, p. 46, pl. 68, type H1, n°29 et 35. JACQUET-GORDON 2012, p. 231, fig. 89ll, P.635. ASTON 1999, p. 158, pl. 48, n°1498 (gourde en pâte assouanaise et sans engobe). Phase V à Éléphantine : ibid., p. 230. H. Gordon-Jacquet, cité par D. Aston, a noté l’introduction de ce type assez tard dans les productions en M1 (idem). Ensemble daté de la Basse Époque à Gourna : MYŚLIWIEC 1987, p. 66, 69-70, n°597-598 et n°622-624. Contextes saïtes à Karnak : BÉOUT et al. 1993, p. 171, fig. 19, n°32 ; COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-178, fig. 19, n°7. À Nouri, tombe Nu.23 (623-593 av. J.-C.) : DUNHAM 1955, p. 73, fig. 48, n°17-3-512.

160

161 162 163 164 165

166 167

168 169

170

Contexte XXIIe-XXIVe dynastie : KAISER 1990, p. 238, fig. 14, n°3. Mais la forme présente des négatifs de cordelettes et est en pâte alluviale. XXVe dynastie : CASTEL, MEEKS 1980, p. 35, pl. XVIIIb, n°3-5. ASTON 1996c, p. 9-10. HÖLSCHER 1954, pl. 47, n°W.6. Par exemple, MASSON 2015, p. 197-198, fig. 7.1-2. À Karnak même : ibid., p. 197-198, fig. 7.3-4 ; à Gourna, dans la cachette du Temple de Séthi Ier datée de 650-550 av. J.-C. et dans divers contextes saïtes : MYŚLIWIEC 1987, p. 62, n°408410, 414, pl. XI, fig. 9-10, et p. 72-73, n°611-613 ; à Éléphantine : ASTON 1999, p. 182, pl. 54, n°1674-1678 et p. 202, pl. 63, n°1856-1863 ; à Amarna, contexte XXVe dynastie : FRENCH 1986, p. 184, fig. 9.18, type MB2.2.1, MB2.3.1 ; à Hermopolis : SPENCER, BAILEY 1986, fig. 15, n°33-34 et SPENCER 1996, pl. 54 type A4 n°53-54 ; à Abu ‘Id, contexte daté de 750-650 av. J.-C. : ASTON 1996b, p. 30, n°56-58. FRENCH 1992, p. 85, n°8. MYŚLIWIEC 1987, p. 70, n°611 ; ASTON 1996b, p. 30 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 252, fig. 98e, P.487. MYŚLIWIEC 1987, p. 62, n°408 et 414, pl. XI, fig. 9-10. À Hermopolis : SPENCER 1996, pl. 51 type A4 n°17-19. À Héracléopolis, contexte fin VIIIe-première moitié du VIIe s. av. J.-C. : LOPEZ GRANDE et al. 1995, p. 193, pl. LIX d-e (type IIIC.3). À Éléphantine, phase III : ASTON 1999, p. 204-205, pl. 63, n°1864. À Thèbes, dans des contextes funéraires datés de la TPI au Ramesseum : LECUYOT 1993-4, p. 108, fig. 3 e-f. À Karnak et ses environs notamment : BÉOUT et al. 1993, p. 185, fig. 7, n°6-7 ; COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-178, fig. 19, n°8-9 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 253, fig. 99c, P.80.

CHAPITRE III

276

Les ustensiles d’usage domestique: les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte calcaire

7711.38 0

5 cm

1

7480.12

7420.22

7470.27

2

3

4

7711.34

7711.40

7480.7

5

6

7

7420.18

9

7420.12 7711.42

8

10

7420.27

7711.55

12

11

Éch. dessin :

0

5 cm

1-4. Bol-jatte profond à carène haute et à fond arrondi, en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119572 5-6. Bord de bol caréné en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 7. Petit bol caréné peu profond, à bord légèrement rentrant et fond arrondi, en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 8. Bol-jatte à carène haute, à lèvre éversée et à fond plat, en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 9-10. Bol-jatte à carène haute et lèvre éversée, en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 11. Bol à carène haute en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 12. Plat à bord éversé en M1 ; monté au tour

Fig. 261. Céramique de la phase 12-14

LES ARTEFACTS

Les récipients de table • Bol à bord à bourrelet interne, en M1 (fig. 262 n°2-4) Plusieurs exemplaires ont été découverts dans les contextes de la phase 12. Le bourrelet interne est moins prononcé dans l’exemplaire provenant de la couche de dépotoir 7455 (n°2) que dans les spécimens des fosses cendreuses (n°3-4). Ces formes trouvent de nombreux parallèles à Karnak, dans des contextes avant tout datés de la fin de la TPI et du début de la Basse Époque171. Éléphantine a livré un exemplaire similaire issu de niveaux fin XXVe-début XXVIe dynastie172. On ne trouve plus de formes comparables dans les phases suivantes de la Zone 7. • Bol-jatte en M3 (fig. 262 n°5) Une forme similaire, plus complète, a été découverte à Éléphantine dans des niveaux mi-VIIIe et VIIe siècle173. • Bol convexe à lèvre soulignée en M1 (fig. 262 n°7) Ces bols, très répandus à la phase 13, apparaissent dès la phase 12 à travers de rares exemplaires. On trouve de très nombreux éléments de comparaisons pour la Haute Égypte essentiellement, à Éléphantine174 et à Thèbes175. Cette production couvre une large période entre l’époque saïte et l’époque ptolémaïque, mais elle semble surtout caractéristique des VIe-Ve siècles av. J.-C. • Grand gobelet caréné en M3 (fig. 263 n°1) Les divers fragments d’un gobelet (7453.1) proviennent de diverses fosses cendreuses, indice de leur contemporanéité. Un exemplaire provenant des niveaux XXIe-XXVe dynastie à Karnak-Nord forme un bon parallèle176. Si le type apparaît sans doute à la fin de la TPI, il se poursuit à la Basse Époque. Un gobelet, dont la panse est marquée d’un ressaut similaire et dont la paroi présente des stries très fines au-dessus de la carène, a été trouvé à Karnak dans un bâtiment incendié au

début de la XXVIe dynastie177. C’est ce type, plus petit, que l’on retrouve de manière occasionnelle à la phase 13. La grandeur du format et la paroi légèrement convergente au-dessus de la carène sont peut-être les indices d’une production antérieure. La carène de cette coupe pourrait faire penser à certaines vaisselles achéménides, à l’origine en métal178. Mais, les transpositions en céramique de ces formes apparaissent surtout à partir de l’époque perse179 et le profil de ce gobelet en est assez éloigné.

1.2.1.3. Productions en pâte des Oasis de la phase 12 Formes fermées : • Jarre à col légèrement convergent, munie d’anses verticales en O2 (fig. 264 n°1) Un seul exemplaire a été découvert dans la Zone 7. Il provient de la fosse cendreuse F61. Le profil associé à une pâte de type « rainbow fabric » l’identifie comme une jarre de Bahariya : de tels conteneurs y ont été mis au jour dans des contextes datés de la fin de la TPI180. À notre connaissance, c’est la première fois que cette forme est documentée à Karnak, même si la fabrique en soi est attestée ailleurs181. • Grande flasque lenticulaire en O1a (fig. 264 n°2) La fouille de la fosse F32 a fourni une flasque de forme lenticulaire (7453.15). Cet exemplaire, de grande taille et nanti d’anses très peu dégagées, est à rattacher à la catégorie A3 de C. Hope182. On peut lui restituer un haut col. Sa pâte O1a, très dure, pourrait correspondre à la fabrique A29 de C. Hope, que l’auteur suppose être caractéristique de la Basse Époque183. D’après D. Aston, les gourdes en pâte des Oasis apparaissent dès les VIIIe-VIIe siècles av. J.-C.184. Leur taille semble constituer un critère chronologique. Les

177 178 171

172 173

174

175

176

MASSON 2015, p. 198, fig. 7 n°7-8. Le spécimen issu d’un ensemble daté entre les VIe et IVe siècles pourrait être considéré comme du matériel résiduel : BÉOUT et al. 1993, p. 164, fig. 7, n°5. À Karnak-Nord, ce type est daté de manière trop large, nous semble-t-il, entre les XXVIe et XXXe dynasties : JACQUETGORDON 2012, p. 254, fig. 99h, P.276. ASTON 1999, p. 191, pl. 58, n°1731 et p. 202, pl. 63, n°1855. La pâte de ce bol correspond cependant à notre fabrique M1 et pas M3 : ASTON 1999, p. 190, pl. 57, n°1712. Depuis des niveaux saïtes jusqu’à des contextes de la fin des IIIe et IIe s. : ibid., pl. 65, n°1905-1909, pl. 71, n°2027, pl. 76, n°2110 et pl. 115, n°3033-3044. Contextes de la Basse Époque : REDFORD 1981, fig. 7a et 7b ; BALLET 1994, p. 208-209, n°56. XXVIe dynastie-époque ptolémaïque : JACQUET-GORDON 2012, p. 253, fig. 98l, P.472 ; MYŚLIWIEC 1987, p. 70 et 72, n°717. À Karnak phase 1 de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou (fin VIIe-début VIe s. av. J.-C.) : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-178, fig. 19, n°10-11. JACQUET-GORDON 2012, p. 229, fig. 89s, P.806.

277

179

180

181

182

183 184

BÉOUT et al. 1993, p. 172, fig. 21, n°41. Sur l’imitation de formes perses pour des bols réalisés en métal en Égypte : COONEY 1965, p. 40-42, pl. XXIII, fig. 3. Pour un exemple de transposition en céramique, mais très éloigné de notre exemplaire, voir à ‘Ayn Manâwîr, dans un contexte Ve-début IVe siècle : MARCHAND 1996, p. 417, groupe n°1. Plus récemment sur l’influence de la vaisselle en métal achéménide dans certaines productions céramiques perses en Égypte : DEFERNEZ 2011. Ces exemplaires sont encore inédits. Je remercie S. Marchand pour l’identification de cette jarre. MASSON 2015, p. 199, fig. 9. Après avoir vu un cliché d’une « rainbow fabric » provenant du sanctuaire de Mout, il ne nous semble pas que cette fabrique soit similaire à O2 : SULLIVAN 2011, p. 538. Je remercie sincèrement Elaine Sullivan de m’avoir montré ses photographies de pâtes. HOPE 2000, p. 198, fig. 2l. C. Hope précise que la plupart des anses des gourdes appartenant à cette catégorie sont « vestigial » (ibidem). Ibid., p. 194. ASTON 1999, p. 186.

CHAPITRE III

278

Les récipients de table en pâte calcaire Bols et plats

7420.20

1

7455.22

7470.22

7711.31

3

2

7453.28

4

7420.19

7853.6

6

5

7

7420.16

7470.21

9

8

7420.15

10

Éch. dessin :

1. Bol-jatte, à bord à double lèvre, en M1 ; monté au tour 2. Bol convexe, au bord à léger renflement interne, en M1 ; monté au tour (surtout fin XXVe-début XXVIe dynastie) 3-4. Bord de bol-jatte, à lèvre à bourrelet interne, en M1 ; monté au tour (surtout fin XXVe-début XXVIe dynastie) 5. Bord de bol-jatte, à la lèvre légèrement soulignée, en M3 ; monté au tour (TPI) 6. Bord de bol en M1 (dégraissant sableux assez important) ; monté au tour 7. Bol convexe à bord souligné en M1 ; monté au tour (Basse Époque-époque ptolémaïque) 8-9. Plat en M1 ; monté au tour 10. Plat avec négatif de cordelette marquant le bord, en M1 ; monté au tour

Fig. 262. Céramique de la phase 12-15

0

5 cm

279

LES ARTEFACTS

Les récipients de table en pâte calcaire

Gobelets

7453.1

0

5 cm

7453.1

1

7455.14

7470.14

3

2

Les ustensiles divers en pâte calcaire

Les coupelles-couvercles

7480.10

7470.32

4

7480.8

6

5

Éch. dessin :

0

1. Grand gobelet caréné à bord droit légèrement rentrant, au corps marqué par de fines stries plates et au fond arrondi, en M3 ; monté au tour (fin XXVe ?- XXVIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119575 2. Bord de gobelet conique, aux parois fines et à lèvre simple, en M1 ; monté au tour 3. Gobelet au bord légèrement incurvé, au haut du corps marqué par de très fines stries plates et au fond arrondi et pointu, en M3 ; monté au tour 4. Bord de coupelle/couvercle en M1 ; monté au tour 5. Coupelle/couvercle en M1 ; traces de brûlé sur le bord (utilisé comme lampe ?) ; monté au tour 6. Couvercle complet en M1 ; monté au tour

Fig. 263. Céramique de la phase 12-16

5 cm

CHAPITRE III

280

Productions des Oasis Grande gourde

Grande jarre

7711.23

7453.15

2

1

Éch. dessin :

0

10 cm

Amphores assimilées au courant syro-palestinien

7420.7

3

7453.13

4

7453.14

5

Éch. dessin :

0

1. Haut d’une grande jarre, provenant de Bahariya (?), à col court terminé par un bourrelet extérieur, munie d’anses verticales, en O2 ; engobe rouge abîmé sur la surface extérieure ; monté au tour (fin TPI) 2. Grande flasque lenticulaire en O1a ; surface assez irrégulière de couleur rouge-brun ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 3. Haut d’amphore « torpedo », à col droit court, aux épaules larges et tombantes, en I13 ; monté au tour (surtout fin XXVe-XXVIe dynastie) 4. Haut d’amphore « torpedo », à lèvre haute, aux épaules larges et bien marquées, munie de petites anses verticales, en I2 ; monté au tour (surtout fin XXVe-XXVIe dynastie) 5. Fond pointu d’amphore « torpedo », en I2 ; monté au tour

Fig. 264. Céramique de la phase 12-17

5 cm

LES ARTEFACTS

larges flasques ne seraient pas antérieures à la XXVIe dynastie185. Les gourdes de taille inférieure et munies d’anses verticales sont généralement attribuées à une époque légèrement antérieure186. Les deux tailles ont néanmoins coexisté, comme l’indique un ensemble clos daté du début de la XXVIe dynastie, dans lequel plusieurs gourdes de toute taille ont été découvertes187. La prospection menée sur les routes du désert thébain a livré plusieurs exemplaires de ces gourdes188.

1.2.2. Les importations de la phase 12 Les productions importées sont généralement considérées comme de bons indices chronologiques. Malheureusement, alors que les sites du Delta regorgent de céramiques importées189, la fouille ne nous en a livré que de rares exemplaires. La phase 12 notamment n’a livré que deux types identifiés comme des importations. À cette phase relativement ancienne du secteur, il est presque certain que nous soyons en présence de véritables importations puisque les imitations d’importations ne se développent en Égypte qu’à partir du IVe s. av. J.-C.190. 1.2.2.1. Récipients assimilés au courant syro-palestinien de la phase 12 • Amphore « torpedo » à col droit court en I13 (fig. 264 n°3) Le haut d’amphore dite « torpedo » 7420.7 provient d’un niveau de dépotoir venant contre le parement ouest de M55. D’origine levantine (Syrie, Palestine, Phénicie), le début de sa production est à placer aux alentours du VIIIe siècle et son apogée aux VIe et Ve siècles191. La largeur de ses épaules et son col droit court l’apparente au sous-type 7c de la classification des amphores levantines de A.G. Sagona192. Ce dernier lui donne une large fourchette chronologique, entre

1200 et 450 av. J.-C.193. Selon C. Defernez, le groupe 7 est en général bien représentatif de l’époque saïte en Égypte, et particulièrement du VIe siècle, même s’il apparaît légèrement avant et se poursuit jusqu’à la fin du Ve siècle194. On a retrouvé des exemplaires du sous-type 7c, et dans une pâte semble-t-il similaire, dans des contextes datés de la TPI en Basse Égypte195 et en Moyenne Égypte196. La Haute Égypte a également fourni plusieurs spécimens. À Karnak quatre exemplaires ont été mis au jour dans un bâtiment incendié à l’époque saïte197. Enfin, une amphore semblable a été mise au jour dans la cachette de Gourna datée de 650-550198. • Amphore « torpedo » en I2 (fig. 264 n°4-5) Plusieurs fragments appartenant à au moins deux amphores ont été mis au jour dans la fosse cendreuse F32. Réalisées dans une pâte couleur saumon, très différente de la précédente amphore, elles peuvent cependant aussi être identifiées à une amphore « torpedo ». D’après des analyses physicochimiques, ces amphores en pâte saumonée seraient originaires du Liban ou de la Phénicie199. C’est une production dont « la forme et la composition varie lentement »200, entre les VIe et IVe siècles201. On les rencontre en Égypte surtout à partir de la fin du VIe siècle et elles sont considérées comme des « produits permanents du matériel perse »202. Mais, ainsi que nous venons de le voir, cette production est déjà bien connue et attestée en Égypte pour des niveaux de la TPI203. Nos exemplaires avec leur lèvre haute, les épaules assez larges et un traitement de surface plutôt soigné s’apparentent à un type ancien des « torpedo »204. De même les anses assez petites, comparées aux anses imposantes des « torpedo »

193 194

195

196

197 185

186

187 188 189

190 191 192

Exemple provenant de Karnak-Nord : HOPE 2000, p. 193 ; JACQUET-GORDON 2011, p. 524, fig. 2 n°6b (XXVIe dynastie). Exemplaire issu d’un contexte daté du VIe siècle à Éléphantine : VON PILGRIM 1999, p. 128 et 138, fig. 22, n°49. Une gourde de petite taille provenant également de KarnakNord a été découverte dans un niveau des XXIIIe-XXVe dynasties : ASTON 1996a, fig. 177, n°493. D. Aston estime ce type caractéristique de sa phase III S : ibid., p. 77, Group 38. BÉOUT et al. 1993, p. 173, fig. 22, n°45. DARNELL 2000, p. 231, part. fig. 6-8 (vestigial handles). C’est l’analyse précise du matériel exogène qui a permis d’établir plusieurs phases céramique en Basse Égypte : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 180. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 73. ZEMER 1977, p. 18-21, fig. V et 5, n°13. SAGONA 1982, p. 83, fig. 2, n°7.

281

198 199

200 201 202 203

204

Ibid., p. 85. Sur les amphores « torpedo » du type 7 rencontrées en Égypte, voir : DEFERNEZ 2003, p. 373-375. À l’époque perse, ce groupe est supplanté par le type 6 dans la classification de A.G. Sagona (SAGONA 1982, p. 375-379). À Bouto, dans un contexte daté de 750-725 av. J.-C. : BOURRIAU 2003, pl. 8, n°2. À Amarna, dans un contexte de la XXVe dynastie : FRENCH 1986, p. 154 et 157, fig. 9.18, MJ6.1.1-3. BÉOUT et al. 1993, p. 174, fig. 23, n°49. MYŚLIWIEC 1987, p. 60-62, n°396, pl. XII, fig. 5. DEFERNEZ 2003, p. 371-372. Cette production proviendrait de la région de Sarepta au sud du Liban : BETTLES 2003. GRATIEN 1996, p. 57. Ibid., p. 61. DEFERNEZ 2003, p. 376. À Memphis, Saqqarah et Bouto par exemple : BOURRIAU 2003, p. 225, note 85 et p. 227-228, pl. 8, n°8. À Tell el-Balamun, dans un contexte daté du milieu du VIIe s. av. J.-C. : SPENCER 1996, p. 94, pl. 70, E.2.15. À Qasr Allam dans des contextes fin TPI (documentation inédite de S. Marchand). Des amphores présentant des caractéristiques morphologiques proches (lèvre haute avec petit bourrelet interne, surface extérieure assez bien lissée) ont été mises au jour à Bouto dans toutes les phases du site (de mi-VIIIe à fin VIe s.) : BOURRIAU 2003, p. 228, pl. 8, n°8.

282

CHAPITRE III

plus récentes, sont un indice de son ancienneté205. On peut identifier nos amphores au sous-type 7d ou e de A.G. Sagona, bien attesté en Basse Égypte206 mais aussi en Haute Égypte207.

La céramique provenant de la phase 12 est surtout constituée de récipients de stockage (nombreuses jarres en pâte de tout type) et de vaisselle de table (bols, gobelets, plats). D’autres récipients attestent d’une activité domestique voire cultuelle (pots de cuisson, dokka, moules à pain, coupes dites à encens). Nous observons une assez grande homogénéité pour le matériel provenant des fosses coupant les grands murs M55 et M86. Il correspond surtout à la phase III S de D. Aston, phase qu’il place du milieu du VIIIe au VIIe siècle à Eléphantine, ou, entre ca. 775/725 et 650/625 dans son étude sur la céramique TPI. Cette phase fait se chevaucher la fin de la XXVe et le début de la XXVIe dynastie. Il semble que le matériel issu de la couche venant contre le parement ouest du mur M55 soit plus mélangé, avec quelques spécimens plus anciens, datables du début de la TPI. Cependant, par la présence de céramiques des VIIIe-VIIe siècles et par la similarité de nature entre les deux couches de dépotoir, il est possible que ces deux contextes soient à peu près contemporains. Il serait bien téméraire d’affirmer que ces quelques exemplaires témoignent d’une occupation du début de la TPI dans ce secteur. Nous ne devons néanmoins pas négliger leur existence. Si l’on prend en compte les formes les plus récentes du répertoire de la phase 12, il est tentant de dater ces contextes de dépotoir du début de la XXVIe dynastie. Quelques types, tels les jarres cylindriques engobées rouge et les bols convexes en pâte calcaire, sont en effet plutôt caractéristiques de la Basse Époque. Mais cette assertion demande à être confrontée à d’autres données. Cette datation, rappelons-le, ne vaut que pour la toute fin de la phase 12 : les contextes étudiés ci-dessus sont postérieurs à la construction et à l’occupation de la phase 12. Ils marquent son abandon et sont directement antérieurs à la construction de la phase 13. Aucun niveau de 205

206

207

PAICE 1986/1987, p. 98, fig. 1. P. Paice rencontre ces formes à Tell El-Maskhouta dans des contextes datés de la fin du VIIe et du VIe s. Nous ne donnons que quelques exemples. À Tell Defenneh : LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 112, pl. 41, n°22346. À Tell el-Maskhouta : HOLLADAY 1982, p. 85, pl. 4, n°7-8 et p. 95, pl. 9, n°2-5. À Kédoua : OREN 1984, p. 18, fig. 21, n°7, p. 24, fig. 27 ; HAMZA 1997, p. 84 et p. 95, fig. 9. À Kom Firin : THOMAS 2014, p. 180-181, fig. 219 (c2210 et c3151). Dans la région thébaine, sur la rive ouest par exemple : PETRIE 1909, pl. L, n°795 ; BUDKA 2006, p. 93, fig. 6i.

fonctionnement ne semble avoir été préservé pour la phase 12, du moins dans la Zone 7. Quant au radier préparatoire à la construction des bâtiments de la phase 12, il contenait de nombreux tessons typiques du Nouvel Empire. Mais il ne constitue pas un contexte bien fermé : à ces tessons se trouvaient mêlés maints fragments datables de la fin de la TPI ou de la XXVIe dynastie, ainsi que quelques éléments plus anciens datés du Moyen Empire. Concernant les tessons les plus récents de ce radier, deux interprétations semblent possibles : sont-ils de simples contaminations provenant des niveaux supérieurs, ou, l’indice d’une construction postérieure à la XXIe dynastie ? 1.2.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 12 Les fosses cendreuses, situées sous la rue du quartier des prêtres, constituent les seuls contextes vraiment riches en matériel mis au jour pour la phase 12. Et encore, correspondent-elles à un moment postérieur à l’occupation des bâtiments et directement antérieur à la construction de la phase 13. P. Anus et R. Sa’ad n’ont pas noté l’existence de ces fosses dans leur article : faute de temps, ils ont porté l’essentiel de leur attention sur les maisons des prêtres et non la rue les desservant. À travers deux sondages profonds menés dans les maisons III et IV, ils ont pu atteindre un niveau qu’ils ont jugé comme probablement antérieur à la construction du rempart208. Les quelques céramiques associées à ce niveau suggèrent plutôt qu’il correspond à notre phase 12. Dans le sondage profond de la maison III, les archéologues ont dégagé deux grandes bases de colonnes et un mur qui appartiennent à l’état directement antérieur à la construction de la maison III. La légende d’un cliché inédit précise qu’il existe un « deuxième niveau » associant les deux bases de colonnes à un vase en place (fig. 54). Une prise de vue rapprochée de ce vase nous a permis d’y reconnaître la céramique n°295 publiée dans l’article de P. Anus et R. Sa’ad (fig. 265 n°1)209. C’est une jarre munie de quatre anses horizontales placées sous l’épaule (seules deux sont préservées), à fond ovoïde et lèvre triangulaire. Sur la photographie, on voit que la panse est couverte de stries plates. Une 208

209

Supra, Chapitre I, § 2.4.1. Éléments architecturaux appartenant probablement à la phase 12. ANUS, SA’AD 1971, fig. 19.

&pUDPLTXHVSURYHQDQWGHVDQFLHQQHVIRXLOOHVGXTXDUWLHUGHVSUrWUHV

LS 295 0

10 cm

1. Jarre associée au niveau antérieur à la maison III – © Cnrs-Cfeetk/clichés A. Bellod n°5512, L. Moraillon n°125021 ; dessin d’après ANUS, SA’AD¿J

LS 244-61 0

10 cm

2. Jarre probablement associée au niveau antérieur à la maison III – © Cnrs-Cfeetk/clichés A. Bellod n°5509, L. Moraillon n°125021 ; dessin d’après ANUS, SA’AD¿J

0

20 cm

LS 243

3. Jarre associée au niveau antérieur à la maison III – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5508, L. Moraillon n°126149

Fig. 265. Céramique de la phase 12-18

284

CHAPITRE III

jarre très semblable a été trouvée dans le temple de Séthi Ier210, jarre que Petrie date de la XXIIe dynastie, date confirmée par D. Aston211. Nous avons vu cependant que la production de ce type de jarre se poursuit jusqu’à la Basse Époque. La jarre publiée LS 244-61212 provient également de la maison III, et très probablement du sondage profond (fig. 265 n°2). Cette jarre sans col, à lèvre à bandeau simple, possède une panse marquée de stries plates. Elle est dotée d’anses placées assez bas sur le corps. Elle rappelle le profil de jarres découvertes dans les fosses cendreuses de la phase 12 (fig. 259 n°4-5). Ces jarres sont communes dès la XXVe dynastie213 et leur production se poursuit jusqu’à la Basse Époque214. Mais nous avons vu précédemment que les anses placées à cette hauteur étaient une caractéristique de la phase 12, les anses des jarres migrant plus près du bord avec le temps215. Sur un cliché du sondage profond pratiqué dans la maison III, on voit une céramique enterrée, associée à un mur arasé (fig. 52). Une photographie de détail permet de l’identifier à la jarre non publiée LS 243 (fig. 265 n°3). La fiche-objet indique qu’elle a été trouvée à « 3,20 m de profondeur ». Cette jarre à large encolure, munie d’anses horizontales placées sous une lèvre en amande, se termine par un fond arrondi et légèrement pointu. Cette forme est attestée à Thèbes dans des contextes XXVe et début XXVIe dynastie216, à Éléphantine du VIe au IVe siècle av. J.-C.217, et dans le Delta dès la fin du VIIIe siècle av. J.-C.218. P. Anus et R. Sa’ad affirmaient avoir dégagé dans ces sondages profonds des « superstructures de constructions plus anciennes » qui se développaient peut-être sous le rempart219. Cette phase architecturale

210 211 212 213

214

215 216 217

218 219

PETRIE 1909, pl. LIV, n°778. ASTON 1996a, p. 48. ANUS, SA’AD 1971, fig. 19. À Qasr Allam, par exemple (documentation inédite de S. Marchand). Voir aussi l’exemplaire complet provenant de la tombe W46 du cimetière W de Qustul : WILLIAMS 1990, fig. 13b, pl. 9a. À Karnak, XXVIe dynastie : BÉOUT et al. 1993, p. 171-172, fig. 19, n°33/19 ; SULLIVAN 2011, fig. 32-34. À Éléphantine dans des contextes datés des VIe-Ve s. : ASTON 1999, p. 231, pl. 71, n°2035-2036. ASTON 1996a, p. 76. BÉOUT et al. 1993, p. 174, note n°70, fig. 23, n°50. Ces productions appartiennent au Group III des conteneurs en pâte alluviale d’Éléphantine : ASTON 2007, fig. 1, p. 421-422. THOMAS 2014, p. 180, fig. 115-117. ANUS, SA’AD 1971, p. 235-236.

était perçue par les archéologues comme un quartier des prêtres antérieur au Nouvel Empire220. Pourtant les céramiques associées susmentionnées n’appartiennent pas au répertoire formel du Nouvel Empire ni même du tout début de la TPI. Nous les associons plus volontiers à notre phase 12, dont la fin de l’occupation peut être placée aux alentours de la fin de la XXVe-début de la XXVIe dynastie. Ces céramiques exceptées, nous n’avons pas trouvé de matériel appartenant explicitement à la phase directement antérieure aux maisons des prêtres. Par conséquent, très rares sont les formes datables de la TPI mises au jour dans les anciennes fouilles. 1.3. CÉRAMIQUE DE LA PHASE 13 (XXVIe-DÉBUT XXVIIe DYNASTIE) Le matériel céramique de la phase 13 présente un répertoire formel plus riche et plus varié que celui de la phase 12. Il provient souvent de contextes bien fermés et homogènes. Il englobe les divers niveaux d’occupation des maisons VII, VIII et IX, quelques contextes de la rue desservant le quartier, les niveaux d’abandon et de dépotoir de la maison VII et de la « place », jusqu’à l’incendie de la réserve située à l’arrière de la maison VII. Cet incendie semble en effet marquer l’arrêt de l’occupation des maisons des prêtres de la phase 13, au moins dans la Zone 7. La typologie de ces sous-phases d’occupation et d’abandon partiel se recoupe souvent. Aussi avons-nous préféré présenter leur matériel concomitamment. Nous avons néanmoins pu observer une certaine évolution, des nuances dans le profil de certaines formes, l’apparition de types nouveaux (surtout pour les céramiques recueillies sur le sol incendié de la réserve et celles de la fosse de dépotoir F17, contextes les plus récents de la phase 13). Nous le noterons à chaque fois que cela est le cas au fil de la présentation des types. Le parallèle le plus évoqué précédemment, à savoir Éléphantine, possède peu de contextes datés du VIe siècle (Phase IV), les niveaux de l’époque saïte ayant probablement été détruits par l’installation perse221. Or, pour la Zone 7, même les premiers niveaux d’occupation de la phase 13 offrent peu d’éléments que l’on pourrait juger typiques de la première moitié du VIe siècle. En revanche, de nombreux points de comparaison ont pu être établis avec la Phase V d’Éléphantine, datée de 550-400 av. J.-C. Cette phase est, d’après 220 221

Ibid., p. 237. ASTON 1999, p. 208.

LES ARTEFACTS

D. Aston, « marked by a distinct break in the pottery repertoire » : les formes et les techniques de façonnage ont évolué222. Le matériel de cette phase est surtout connu en Basse Égypte223, avec des chrono-typologies plus complètes auxquelles nous nous réfèrerons régulièrement, bien qu’elles n’offrent pas toujours des pendants précis pour le matériel de la région thébaine. 1.3.1. La production égyptienne de la phase 13 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13 Formes fermées : Les jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne avec ou sans anse • Large jarre de stockage en N1, N2 ou N3 Les jarres de stockage de ce type, très peu présentes dans la phase 12, ont été repérées dans de nombreux contextes de la phase 13. Elles présentent des formes de bords très variées. On peut les diviser en deux groupes, suivant la présence ou non de décors. Le premier groupe, majoritaire, (fig. 266) est sans décor et souvent muni de deux anses. Il est particulièrement commun à la Basse Époque224, mais apparaît dès la fin du VIIIe siècle av. J.-C.225. Les jarres du second groupe sont décorées de bandes horizontales et de dégoulinures blanches226. Les spécimens complets sont dotés de quatre anses (fig. 267). Le spécimen fragmentaire 7249.1 (n°1) a été découvert in situ dans l’espace arrière de la maison VII, sur le sol SOL10, le niveau d’occupation le plus ancien de cet espace227. Un parallèle peut être fait avec une grande jarre trouvée à Abydos dans un contexte daté de la XXVe dynastie228. 7065.54 et 7065.69 (n°2-3) sont, eux, issus d’un niveau de dépotoir de la maison VII. Le traitement de surface est similaire mais la forme du fond diffère sensiblement de l’exemplaire plus ancien. D. Aston fait du type décoré d’une spirale blanche, une production caractéristique de sa phase 3 (fin du VIIIe-VIIe siècle), mais il admet qu’elle se poursuit jusqu’à l’époque saïto-perse : avec le temps, les anses se réduiraient en taille et auraient tendance

à migrer près du col229, ce qui est le cas pour nos exemplaires. Des décors équivalents se retrouvent dans divers contextes de la fin de la TPI et de la Basse Époque en Haute Égypte230, bien qu’on ait avancé qu’il serait typique d’une production du Delta231. À Bouto, il est surtout spécifique des niveaux du début de l’époque saïte et est absent des niveaux postérieurs232. À Éléphantine, toutefois, le même décor a été trouvé sur une jarre provenant d’un contexte datable de la fin du IIIe-IIe siècle av. J.-C.233. Le fond et la surface extérieure de ces grandes jarres (groupe 1 et 2) portent très souvent des traces de feu ou des coulures noires (ni collantes ni brillantes).

Les jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne, sans anse • Jarre cylindrique à haut col, engobée rouge en N1, plus rarement en N3 (fig. 268) Des exemplaires assez nombreux ont été mis au jour dans les divers contextes de la phase 13. D’après les spécimens recueillis dans la Zone 7, les jarres au col moyennement haut, terminé par un bourrelet externe plutôt proéminent, semblent plus anciennes dans la chrono-typologie de cette famille de jarres. En effet ce type, déjà présent à la phase 12 du quartier (fig. 251 n°1-2), n’a été relevé que sur le sol SOL7 de la maison VII (fig. 268 n°5) et dans le comblement du four ST30 à l’arrière de la maison VIII. Pour les contextes plus récents, il est remplacé par des jarres au col plus haut terminé par un très léger bourrelet souligné (n°1-3). Enfin, de très rares jarres au col à multiples ressauts apparaissent dans les contextes les plus récents de la phase 13 (n°6-7). Les jarres à bourrelet simple portent un engobe rouge, peu épais et non poli (n°1-5), un traitement de surface caractéristique de la Phase V d’Éléphantine234. Les fragments de cols à multiples ressauts sont recouverts d’un engobe plus épais et bien poli (n°6-7), un traitement plus typique de l’époque perse, particulièrement à partir de la fin du Ve siècle235.

229 230 222 223 224 225

226

227 228

Ibid., p. 215. Ibidem. THOMAS 2014, p. 180, fig. 117. Par exemple, un contexte daté de la fin de la TPI à Tanis a livré une quantité non négligeable de ces jarres : DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 160-161, p. 201-202, pl. III-IV, groupe 3. Quelques panses en pâte alluviale présentant un décor de bandes blanches ont été recueillies à la phase 12. Elles semblent néanmoins appartenir à de plus petits conteneurs et les bandes sont plus fines, le décor mieux exécuté. Pour des parallèles à cette production : SULLIVAN 2011, fig. 54-56. Supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. ASTON 1996c, p. 3, type 4, fig. 2b.

285

231 232 233 234 235

ASTON 1996a, p. 76. Fin VIIIe-VIIe s. : CASTEL, MEEKS 1980, pl. XIXb, n°51. Tombe de la fin de la TPI au Ramesseum : LECUYOT 2003, p. 108, fig. 11d. Tombes B (XXVe dynastie) et G (VIIe-début VIe s.) de la nécropole thébaine El-Khokha : SCHREIBER 2008, p. 73, pl. LXVIII n°29-32 et p. 78, pl. LXXVI n°30-32. XXVIe dynastie : BÉOUT et al. 1993, p. 173, fig. 22, n°47. À Karnak-Nord : JACQUET-GORDON 2012, p. 246, fig. 96a (niveau XXIe-XXVe dynastie), p. 275, fig. 110q-r, p. 278, fig. 112a (niveau XXVIeXXXe dynastie). FRENCH 1992, p. 85. ASTON 1996a, p. 52. ASTON 1999, p. 352, pl. 120, n°3120. Ibid., p. 215. DEFERNEZ 2003, p. 437.

Jarres de stockage et/ou de transport de taille large en pâte alluviale

7111.60

7111.59

1

2

7074.9

7111.61

3

4

7111.62

5 Éch. dessin :

0

1. Haut de jarre munie d’anses verticales, en N3 ; empreintes d’une cordelette ; monté au tour (fin TPI - Basse Époque) 2. Haut de jarre (anses non préservées) en N3 ; empreintes de cordelettes ; traces noires « dégoulinantes » sur la surface extérieure ; surface intérieure abîmée ; monté au tour (fin TPI - Basse Époque) 3. Jarre munie de deux anses verticales, à panse convexe terminée par un bourrelet, en N2 ; surface intérieure usée ; monté au tour (fin TPI - Basse Époque) 4. Haut de jarre munie d’anses verticales, en N1 ; empreintes de cordelettes ; monté au tour (fin TPI - Basse Époque) 5. Haut de jarre munie d’anses verticales, en N3 ; monté au tour (fin TPI - Basse Époque)

Fig. 266. Céramique de la phase 13-1

5 cm

Jarres de stockage et/ou de transport de taille large avec anse en pâte alluviale

7249.1

7065.69

1

2

7065.54

h : 40 cm d : 20 cm

7065.54

3 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Fond d’une grande jarre en N3 ; fortes traces de feu à l’intérieur ; surface extérieure décorée d’une bande blanche horizontale et de dégoulinures verticales ; monté au tour ( XXVe dynastie, peut-être au-delà) 2. Jarre de stockage et/ou de transport, munie de quatre anses verticales, placées sous un bord à lèvre triangulaire, en N3 ; décor de bandes horizontales et de dégoulinures verticales blanches sur la surface extérieure ; empreintes de cordelettes ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 3. Jarre de stockage et/ou de transport, munie de quatre anses verticales, placées sous un bord à double lèvre, à fond légèrement pointu, en N3 ; décor de bandes horizontales et de dégoulinures verticales blanches sur la surface extérieure ; empreintes de cordelettes ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°67984

Fig. 267. Céramique de la phase 13-2

CHAPITRE III

288

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

h : 25,5 cm d : 10,2 cm

7074.11

7074.12

7074.11

2

1

7708.9

7048.1

4

3

7308.15

5

7094.4 + 7237

7024.30

6

7 Éch. dessin :

0

5 cm

1-5. Jarre au corps cylindrique parfois marqué par des stries plates, aux épaules peu marquées, à col droit terminé par un bourrelet externe souligné, à fond arrondi ; engobe rouge peu épais sur la surface extérieure, en N1 ; monté au tour ( XXVIe-XXVIIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°67986 6. Bord de jarre à col mouluré, en N1 ? (pâte brûlée) ; engobe rouge épais et bien poli sur la surface extérieure ; monté au tour (Basse Époque, pas avant la fin de la XXVIe, voire la XXVIIe dynastie) 7. Bord de jarre au col marqué par des ressauts, en N3 ; engobe rouge très poli sur la surface extérieure ; monté au tour (Basse Époque, pas avant la fin de la XXVIe, voire la XXVIIe dynastie)

Fig. 268. Céramique de la phase 13-3

LES ARTEFACTS

Ces jarres engobées rouge, avec multiples ressauts236, ou sans237, sont une production typique de l’époque saïtoperse238. Elles ont connu une large diffusion puisqu’on les retrouve de la Nubie au Delta, avec une concentration quantitative plus importante cependant dans cette dernière région239. Les jarres à col mouluré semblent apparaître plus tardivement dans le répertoire saïto-perse240. • Jarre en N3, très rarement en N1 (fig. 269 et 270) La morphologie de ces jarres rappelle, même si de façon éloignée, les « jarres-saucisses » de la phase 12. Le rétrécissement médian du corps est plus prononcé (parfois très marqué), le col est resserré, les bords, au lieu d’être à lèvre haute, présentent un bourrelet interne. Les parois sont généralement plus fines. Quoi qu’il en soit, le type des « jarres-saucisses » de la phase 12 ne se rencontre guère à la phase 13, si ce n’est essentiellement en format miniature

236

237

238

239

240

À Kafr Ammar, XXVIe dynastie d’après D. Aston (ASTON 1996a, p. 35-36) : PETRIE, MACKAY 1915, pl. XXXIV, n°56. À Saqqarah, contextes 500-350 av. J.-C. : FRENCH 1988, p. 82, n°2 ; FRENCH, GHALY 1991, p. 118, n°83. Cachettes de matériel d’embaumeurs à Saqqarah : ASTON 2011, fig. 1 n°4 (fin VIedébut Ve s.) et fig. 3 n°12 (fin Ve s.). Dans divers contextes rituels et funéraires de la nécropole d’Abousir, datés fin XXVIedébut XXVIIe dynastie : SMOLÁRIKOVÁ 2016, p. 548-551, fig. 2.1, 3.3 et 4.1. On retrouve cette forme dans des dépôts de fondation datés du règne d’Amasis à Tell el-Rub‘a et Tell el-Nebesheh : HANSEN 1967, pl. X ; PETRIE 1888, pl. V n°29 (format réduit). À Éléphantine, dans des contextes fin saïte-perse : ASTON 1999, p. 224 et pl. 69, n°1996 ; VON PILGRIM 1999, p. 126, p. 132133, fig. 19, n°18. À Tell El-Maskhouta, dans des niveaux saïtes : PAICE 1986/1987, p. 101, fig. 7. À Saqqarah, dans de nombreuses cachettes de matériel d’embaumeurs datées fin VIe– début Ve s. : ASTON 2011, fig. 1 n°3, fig. 5 n°9. À Tell Defenneh dans des contextes saïtes : LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 93-94, pl. 35. Jarres de profil assez similaire mais à engobe rouge poli, provenant de la nécropole d’Abousir : SMOLÁRIKOVÁ 2016, p. 552, fig. 4.3. D’après J. Bourriau, plutôt XXVIe dynastie : BOURRIAU 1981, p. 81 ; d’après C. Defernez, VIe et Ve s. av. J.-C. : DEFERNEZ 2003, p. 123-127. D’après P. French, ces jarres apparaissent à la fin du Ve-début IVe s., mais il admet qu’elles pourraient être produites un siècle plus tôt : FRENCH 1992, p. 89, fig. 22-23 ; voir aussi, FRENCH, GHALY 1991, p. 118, n°83. À Dra‘ Abu el-Naga, ensemble daté de la deuxième moitié du VIIe et du VIe s. av. J.-C. : SEILER 2003, p. 366-367, fig. 20, n°2. Cette famille de jarre a pu être produite dans le Delta : DEFERNEZ 2003, p. 122. « Ce modèle apparaît peut-être vers la fin du VIe siècle, soit au début de la première domination perse […], il paraît peu probable que son introduction remonte à la première moitié du VIe siècle » (DEFERNEZ 2003, p. 128-129). P. French considère que les jarres au col mouluré et revêtues d’un engobe rouge, épais et poli, sont caractéristiques des formes introduites dans le répertoire égyptien à la première moitié du VIe s. : FRENCH 2004, p. 92, pl. I, type 1. D’après nos propres observations sur le matériel de Karnak, nous avons tendance à rejoindre l’avis de C. Defernez.

289

(fig. 270 n°4). Peut-être a-t-il été remplacé par cette nouvelle forme. Cette dernière a été trouvée en assez grande quantité dans divers contextes d’occupation, mais aussi dans des niveaux d’abandon et de dépotoir des maisons. Cette catégorie est attestée dans un contexte du VIe siècle sur la rive ouest de Thèbes241. Ces récipients devaient surtout servir au stockage et au transport de denrées. Néanmoins, au vu des fortes traces de feu observées sur un exemplaire (fig. 269 n°2), ils pouvaient peut-être aussi servir à la cuisson des aliments. • Jarre à large ouverture en N1 et N2 (fig. 271 n°1-2) Ce type de jarre, bien représenté à la phase 13 mais uniquement à l’état très fragmentaire, possède une variété de bords assez importante. Certains de ces bords doivent peut-être être rattachés aux pots à pigeon commentés plus bas. D’après A.J. Spencer, ces jarres sont caractéristiques de la période allant de l’époque saïte à la fin du Ve siècle av. J.-C.242. L’auteur ne note aucune évolution particulière du bord au cours du temps, puisque tous les profils de bord se retrouvent dans les contextes de la Basse Époque243.

La vaisselle de cuisson • Petite jarre-marmite munie de deux anses en N1 ou surtout N3 (fig. 271 n°4-6) Un seul exemplaire de jarre-marmite munie de deux anses attachées au niveau de l’épaule a été mis au jour dans le comblement du four ST30 (n°4). Son engobe jaune crème semble vouloir imiter les jarres de stockage en pâte calcaire M1. Les jarres dont les anses sont attachées au niveau de la lèvre apparaissent exclusivement dans des contextes postérieurs à la transformation de la maison VII en dépotoir (n°5-6). Des éléments de comparaison relativement proches ont été trouvés à Éléphantine dans des niveaux allant de la fin de l’époque saïte à l’époque ptolémaïque244. Ces jarres revêtent dans de rares cas un décor de bande blanche enspiralée. La jarre 7065.28 (n°6) trouve un pendant exact dans un contexte de la phase 2 de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak, contexte daté de la toute fin de la Basse Époque245. D’autres éléments de comparaison peuvent être trouvés à Gourna246 ou encore à Éléphantine dans des contextes aussi

241

242 243 244

245 246

Dans le Temple de Millions d’Années de Séthi Ier : PETRIE 1909, pl. LI, n°805-806. L’ensemble d’où proviennent ces jarres a été daté du VIe s. (ASTON 1996a, p. 48). À Tell el-Balamun : SPENCER 1996, p. 91, pl. 64-65, type C4. Ibid., p. 91. Contexte daté entre 550 et 400 : ASTON 1999, p. 246, pl. 78, n°2142. Contexte du IVe s. : ibid., p. 254-255, pl. 80, n°2215. Contexte du IIIe s. : ibid., p. 306, pl. 101, n°2661. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 181 et 185, fig. 24. MYŚLIWIEC 1987, p. 140-141, n°1691, pl. XXVII, fig. 8.

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

h : 39,2 cm d : 12 cm

7089.1

7089.1 1

7308.20 3

7308.22 4

7908.1

7878.11 5

2

Éch. dessin :

1. Jarre à bord à bourrelet interne, au corps piriforme, en N3 ; monté au tour (ca. VIe s.) – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°67969 2. Jarre au corps piriforme, en N3 ; fortes traces de feu sur les surfaces extérieure et intérieure ; monté au tour (ca. VIe s.) 3. Haut de jarre, à bord à bourrelet interne, en N1 ; monté au tour (ca. VIe s.) 4. Haut de jarre, à bord souligné d’une rainure et à bourrelet interne, en N3 ; monté au tour (ca. VIe s.) 5. Haut de jarre sans col à bord triangulaire, en N1 ; monté au tour

Fig. 269. Céramique de la phase 13-4

0

5 cm

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

7147.1

7074.4

2

1

3

7107.1

7111.53

7308.8

4

5

Éch. dessin :

1. Bas de jarre, au corps piriforme, marqué de stries plates, en N3 ; monté au tour (ca. VIe s.) 2. Bas de jarre, au corps piriforme, en N3 ; monté au tour (ca. VIe s.) 3. Jarre en N3 ; monté au tour 4. Bas d’une miniature de « jarre-saucisse », en N1 ; monté au tour 5. Bas d’une miniature de jarre au corps piriforme, en N1 ; monté au tour

Fig. 270. Céramique de la phase 13-5

0

5 cm

Jarres de stockage et/ou de transport ou « pot à pigeon » en pâte alluviale

7147.10

1

7308.21

7048.18

2

3

Jarres-marmites en pâte alluviale

7064.5

5

4

7065.57

7065.28

7878.19

7

6

Éch. dessin :

0

1. Bord de « pot de pigeon » ou de jarre à large ouverture, en N2 ; monté au tour (fin TPI-début époque ptolémaïque) 2. Bord de « pot de pigeon » ou de jarre à large ouverture, à double-lèvre, en N1 ; monté au tour (fin TPI- début époque ptolémaïque) 3. « Pot à pigeon », à bord à double-lèvre, à fond présentant une ouverture étroite ; en N3 ; monté au tour (fin TPI-début époque ptolémaïque) 4. Jarre sans col utilisée comme jarre marmite, en N1 ; engobe jaune crème sur la surface extérieure imitant les jarres en M1 ; bas du corps et surtout fond brûlé ; monté au tour 5. Vase de cuisson muni de deux petites anses verticales attachées au niveau de la lèvre, en N3 ; monté au tour (fin XXVIe dynastie-époque ptolémaïque) 6. Jarre-marmite sphérico-ovoïde, munie de deux petites anses verticales attachées au niveau de la lèvre, en N3 ; décor de bandes blanches enspiralées sur la surface extérieure ; monté au tour (Basse Époque-époque ptolémaïque) 7. Petite jarre sphérico-ovoïde (pour la cuisson ou le stockage ?) en N1 ; monté au tour

Fig. 271. Céramique de la phase 13-6

5 cm

LES ARTEFACTS

tardifs que le IVe siècle av. J.-C.247 et la fin du IIIe-début du IIe siècle av. J.-C.248. Ce type semble constituer l’élément le plus récent mis au jour dans les niveaux de dépotoir de la maison VII.

Les ustensiles divers • « Pot à pigeon » en N3 (fig. 271 n°3) Nous en avons trouvé quelques fragments, dont un profil complet dans les couches de dépotoir de la maison VII. La même forme a été mise au jour dans des contextes de la phase 14 (fig. 293 n°3-4), toujours en très faible quantité. Cette céramique est appelée ainsi parce que sa forme se rapproche de celle des pots à pigeon actuels249, mais elle a aussi été interprétée comme un entonnoir250. À Tanis, on a trouvé des fonds de ces céramiques dans les niveaux d’occupation de la TPI251. Tell el-Defenneh252, Tell el-Balamun253, Bouto254 et Kom Firin255 ont fourni plusieurs exemplaires dans des niveaux de la Basse Époque. Des fonds similaires ont été découverts à Karnak-Nord dans des niveaux allant de la XXVIe dynastie à l’époque ptolémaïque256. Enfin une forme complète très proche de notre exemplaire provient de la tombe 654 de Lahun, tombe datée entre le milieu du VIIe et la fin du VIe siècle257.

Formes ouvertes : Les récipients de table • Petit plat à carène basse en N1 et N3 (fig. 272 n°1-2) Deux exemplaires de type différent ont été mis au jour dans la fosse F17 de la maison VII, contexte le plus récent semblet-il de la phase 13. 7250.6, aux parois droites, porte un épais engobe blanc-crème sur les surfaces extérieure et intérieure (n°1). Des plats similaires recouverts du même épais engobe blanc proviennent de niveaux datés des VIe258 et Ve259 siècles. Selon les récents travaux de S. Marchand à Tebtynis, leur 247

248 249 250 251 252

253 254 255

256

257 258 259

ASTON 1999, p. 254 et 257, pl. 81, n°2220. Elle appartient au Group VIII des conteneurs en pâte alluviale d’Éléphantine : ASTON 2007, p. 422-423. ASTON 1999, p. 351-352, pl. 120, n°3120. DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 183-184. ASTON 1996a, p. 61. DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 183-184, p. 217, pl. XIX, groupe 36. LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 94 et 107, pl. 36 et 61, n°22347 (mais interprété comme un entonnoir). SPENCER 1996, pl. 66, n°61. FRENCH 2004, p. 93-94, pl. I type 7. Ils étaient produits localement : THOMAS 2014, p. 182, fig. 122, pl. 405. JACQUET-GORDON 2012, p. 279, fig. 112c, P.733 (Basse Époque ; en pâte alluviale, Nile B2 grossière), p. 309, fig. 128g, P.495 (époque ptolémaïque ; en pâte calcaire, Marl A5 var. 2). ASTON 1996a, p. 74, note 389, fig. 218g, Group 13. À Tell Migdol : OREN 1984, p. 16, fig. 20, n°15. Matériel non publié de Saqqarah : ASTON 1999, p. 216.

293

production se prolongerait même jusqu’à la fin du IVe siècle260. 7288.26 possède un engobe rouge sur les surfaces extérieure et intérieure (n°2). Des plats de ce type sont attestés sur de nombreux sites, par exemple à Éléphantine261, à Tanis262, à Mendès263 ou encore dans le Sinaï, à Qedua264 et à Tell el-Herr265. Il s’agit d’une des productions les plus typiques de la fin de la Basse Époque266. Elle apparaît à l’époque perse et perdure au moins au début de l’époque hellénistique267. B. von Pilgrim note cependant que, pour le site d’Éléphantine, ces plats ne sont présents que dans les niveaux datés de la fin de la XXVIe-début de la XXVIIe dynastie et qu’ils diffèrent des plats datés du Ve siècle de par leur taille, plus petite268. Nos plats sont aussi de petite taille, entre 16 et 18 cm de diamètre. P. French remonte aussi leur apparition à la deuxième moitié de la XXVIe dynastie269. La vocation de ce récipient n’est pas très bien déterminée. Il semble même qu’il ait pu servir à diverses fonctions : assiette, mais aussi plat de cuisson ou encore couvercle270. Ni trace de feu, ni élément de préhension n’ont été notés sur les rares exemplaires découverts dans la Zone 7. • Gobelet à carène basse en N1 et N3 (fig. 272 n°3-5) Les contextes de la phase 13 ont régulièrement livré ces gobelets au profil distinctif. Deux exemplaires complets ont été recueillis sur le sol SOL7 de la maison VII, l’un engobé rouge (n°3), l’autre jaune crème (n°4). Ils étaient associés à des supports annulaires de couleur relativement similaire (fig. 70 et 272 n°5). Ces formes sont parfois réalisées en pâte calcaire (fig. 284 n°4). Bien que de taille plus petite, leur profil rappelle un grand bol de la phase 12 (fig. 263 n°1). Leur dimension et la paroi verticale au-dessus de la carène les rapprochent d’exemplaires mis au jour à Karnak dans un contexte fermé daté du début de la XXVIe dynastie271. Un pendant relativement proche (la paroi au-dessus de la carène est légèrement évasée et moins haute) a été mis au jour dans un contexte de la Basse Époque à Gourna272. Un dernier élément de comparaison provient d’Éléphantine : la paroi

260 261 262

263 264 265

266

267

268 269 270 271 272

Communication personnelle. Phase V (550-400) : ASTON 1999, p. 222, pl. 69, n°1979-1981. P. BRISSAUD et al. 1987, p. 82, fig. 4, n°43. XXXe dynastie : ROUSSEL, MARCHAND 1994, pl. I n°7. ALLEN 1982, pl. XIV, n°10. Contexte saïto-perse : HAMZA 1997, fig. 2, n°12. Seconde moitié de la période perse : GRATIEN 1997, p. 72, fig. 5a, n°89-845 et 5-207. CHAUVET, MARCHAND 1998, p. 342. Contexte XXXe dynastie à Tanis : ROUSSEL, MARCHAND 1994, pl. I, n°6. Contexte fin Ve s. : GRATIEN 1996, p. 58, fig. 2b. Des exemplaires ont été mis au jour à Alexandrie : HARLAUT 2002, p. 266, fig. 1a-c. VON PILGRIM 1999, p. 125, p. 130-131, fig. 18, n°3. FRENCH 2004, p. 92-93, pl. I type 6. DEFERNEZ 2003, p. 78. BÉOUT et al. 1993, p. 172, fig. 21, n°41. MYŚLIWIEC 1987, p. 66 et 69, n°594.

CHAPITRE III

294

Les récipients de table en pâte alluviale

Plat/assiette à carène basse

7250.6

7288.26

2

1

Gobelet à carène basse

7308.13

3

7308.2

4

5

Coupes/bols divers

7878.9

7878.8

7

6

Éch. dessin :

0

1. Petit plat à carène basse, aux parois épaisses et verticales au-dessus de la carène et au bord souligné, en N3 ; engobe blanc-crème épais sur les surfaces extérieure et intérieure ; monté au tour ( VIe-fin IVe s. av. J.-C.) 2. Petit plat à carène basse, aux parois d’épaisseur moyenne et évasées au-dessus de la carène, en N1 ; engobe rouge sur les surfaces extérieure et intérieure ; monté au tour (Basse Époque, pas avant la fin de la XXVIe dynastie - début époque ptolémaïque) 3. Gobelet à carène basse, au corps marqué de stries plates très fines, à fond arrondi et à bord droit, en N1 ; engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour (surtout XXVIe dynastie) 4. Gobelet à carène basse, au corps marqué de stries plates très fines, à fond arrondi et à bord droit, en N3 ; engobe jaune crème sur la surface extérieure ; monté au tour (surtout XXVIe dynastie) 5. Gobelets 7308.2 et 7308.13 sur leur support respectif 7308.3 et 7308.14 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff 6. Haut de coupe à bord à bourrelet interne, en N1 ; monté au tour 7. Haut de bol à lèvre convexe soulignée, en N1 ; monté au tour

Fig. 272. Céramique de la phase 13-7

5 cm

LES ARTEFACTS

verticale n’est cependant pas marquée par de fines stries plates et elle se termine, en outre, par un petit bourrelet externe273.

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation et la cuisson des aliments • Bol-jatte à la panse biconique ou hémisphérique en N1 et N3 (fig. 273 n°1-4) Ces bols font partie des récipients communs à la phase 13. Ils portent souvent des traces de feu : leur fond notamment peut être complètement brûlé ou bien recouvert d’une croûte de terre carbonisée, indiquant qu’ils ont servi de pot de cuisson. Un exemplaire était rempli de charbons (n°2)274. On considère généralement que ces bols apparaissent à la fin de l’époque saïte et que leur production se poursuit jusqu’à l’époque ptolémaïque275. Mais ils sont surtout caractéristiques de l’époque perse276. Les parallèles pour ces bols sont très nombreux277. Ces récipients sont normalement engobés rouge : seul un exemplaire porte un engobe rouge sur la surface extérieure (n°4). On note une réelle évolution entre les bols découverts sur les niveaux d’occupation des maisons VII et VIII, et, ceux trouvés dans les niveaux de dépotoir de la maison VII. La différence morphologique est ainsi nette entre un bol recueilli sur le SOL7 de la maison VII et un

273

274

275

276 277

Contexte daté de la fin de la XXVIe-début de la XXVIIe dynastie : VON PILGRIM 1999, p. 130-131, fig. 18, n°5. Supra, Chapitre I, § 3.2.2.1. Corps principal du logis de la maison VIII. Sur les utilisations diverses de cette forme : DEFERNEZ 2003, p. 64. CHAUVET, MARCHAND 1998, p. 343. Il faut cependant noter quelques exemplaires dans les niveaux de la phase III à Éléphantine (VIIe s. av. J.-C.), notamment un spécimen engobé rouge : ASTON 1999, p. 197-198, pl. 60, n°1793. Pour C. Defernez, leur production ne s’étale que du VIe au milieu du IVe s. av. J.-C. : DEFERNEZ 2003, p. 64. ASTON 1999, p. 222 ; DEFERNEZ 2003, p. 62-76, 281-288. Phase 1 de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak (fin VIIe-début VIe s. av. J.-C.) : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 174-176, fig. 18, n°2. C. Defernez affirme cependant que la datation de ces bols « ne devrait pas se situer en deçà de 550 av. J.-C. (ibid., p. 176). Sur la rive ouest de Thèbes : PETRIE 1909, pl. LIV, n°817-820 ; ASSMANN 1991, p. 225, n°70. À Éléphantine, dans divers contextes datés de la fin de la XXVIe et de la XXVIIe dynastie : VON PILGRIM 1999, p. 126 et 130-131, fig. 18, n°11-14 ; ASTON 1999, p. 224, pl. 69, n°1984-1988. Ce bol constitue un récipient des plus communs dans les cachettes de matériel d’embaumeurs à Saqqarah : ASTON 2011 ; RAVEN 2011. Dans ce contexte, le type biconique profond est essentiellement recueilli dans les contextes fin VIe-début Ve s. (ASTON 2011, fig. 1 n°5 et fig. 5 n°5-6), tandis que le type hémisphérique se limite aux caches de la fin du Ve s. (ibid., fig. 3 n°6). À Tanis, dans un contexte pré-ptolémaïque : CHAUVET, MARCHAND 1998, fig. 10. À Tell el-Migdol, exemplaire daté de l’époque saïte : OREN 1984, p. 16, fig. 20, n°5. À Tell el-Herr dans des contextes perses : GRATIEN 1997, p. 72, fig. 5a, n°8-409 ; DEFERNEZ 2003, pl. VII-VIII, LXII.

295

autre provenant d’un dépotoir de cette maison. Le premier (n°1) se caractérise par une panse biconique, une lèvre plutôt plate. Le deuxième (n°4) diffère du précédent par son fond légèrement pointu, sa panse plus arrondie et sa petite lèvre convexe. Il est également plus large, plus ouvert. D’après l’étude chrono-typologique effectuée par C. Defernez sur ces formes, il s’agit là d’indices d’un bol plus récent278. Ce bol ne daterait pas avant le milieu du Ve siècle279. Le premier bol, typique du modèle ancien, peut remonter au moins à la fin de la XXVIe dynastie280. • Jatte à bord horizontal en bourrelet, muni de deux paires d’anses verticales s’attachant sous le bord, en N3 (fig. 273 n°5) Une jatte de ce type a été découverte dans un niveau d’abandon-dépotoir de la maison VII. Cette série de jattes apparaît aux XXVe-XXVIe dynasties281 et est produite jusqu’au début de l’époque ptolémaïque282. Un exemplaire a été mis au jour à Karnak dans un ensemble daté entre les VIe et IVe siècles283. Les anses de notre jatte diffèrent par leur taille plus importante. • Dokka en N4 (fig. 274) Les deux formes principales que nous avons observées dès la phase 12, le type bas (n°1) et le type haut (n°2-8), se poursuivent à la phase 13. Ces types font partie du matériel récurrent dans toutes nos phases. Comme observé auparavant, ils ne constituent pas un bon critère chronologique284. Par contre nous notons l’introduction d’une nouvelle forme dans la catégorie des plats à pain, attestée uniquement dans la fosse de dépotoir F17 de la maison VII, et, qui deviendra très présente à la phase 14 : il s’agit d’une forme pleine, légèrement oblongue, 7093.10 (n°9). Des formes similaires ont été mises au jour sur un niveau de sol du grand bâtiment situé à l’arrière de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou, sol daté de la toute fin de la Basse Époque285. D’après l’analyse du matériel que C. Defernez a réalisée à Tell el-Herr, ces formes ne sont produites en quantité qu’à partir du début

278 279 280

281

282

283 284

285

DEFERNEZ 2003, p. 64-65. Ibid., p. 74-75, n°22c-22d. Ibid., p. 65, fig. 1, p. 71. Voir aussi les nombreux exemplaires provenant de dépôts fin XXVIe-début XXVIIe dynastie à Abousir : SMOLÁRIKOVÁ 2016, p. 549-552, fig. 3.7 et 4.5 (bols desheret souvent recouverts d’un engobe rouge épais et poli). HÖLSCHER 1954, pl. 47, n°A3, A4, A5 ; BÉOUT et al. 1993, p. 165, note 23. Phase VIa (IVe s.) : ASTON 1999, p. 252, pl. 79, n°2186. Pour cet exemplaire, les anses sont attachées au niveau de la lèvre et pas sous la lèvre. Phase VIb (IIIe s.) : ibid., p. 284, pl. 92, n°2461. Ibid., p. 165, fig. 7, n°19. Voir les ustensiles d’usage domestique dans supra, Chapitre III, § 1.2.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 12. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 187.

CHAPITRE III

296

Les ustensiles d’usage domestique: les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte alluviale

Bol-jatte à la panse biconique ou hémisphérique, sans anse

7308.5 d.: 14,5 cm

7308.5

1

7856.3

2

7396.6

7288.23

4

3

Jatte avec ou sans anse

5

7057.33

7633.4

6

Éch. dessin :

0

1. Bol-jatte à la panse biconique et lèvre plate, en N3 (dès mi-VIe s. av. J.-C.) ; fortes traces de brûlé sur les surfaces extérieure et intérieure – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff 2. Bol-jatte à fond arrondi et bord triangulaire, en N1 ; fond extérieur et bord intérieur brûlés ; déformé par le feu ; monté au tour 3. Bol-jatte à fond arrondi et bord souligné, en N3 ; monté au tour 4. Bol-jatte hémisphérique en N3 ; engobe rouge sur la surface extérieure ; un peu déformé ; monté au tour (pas avant mi-Ve s. av. J.-C.) 5. Jatte de cuisson (?), munie probablement de deux paires d’anses verticales (une seule paire est conservée), en N3 ; monté au tour (fin TPI-début époque ptolémaïque) 6. Jatte en N1 ; monté au tour

Fig. 273. Céramique de la phase 13-8

5 cm

297

LES ARTEFACTS

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte alluviale

Les plats à pain ou dokka

7093.9

1

7856.7

7111.11

2

3

7856.2

7308.23

4

5

7708.12

6

7708.11

7

7263.1

8 7263.1 0

5 cm

7093.10

9 Éch. dessin : 1. Plat à pain à lèvre basse, en N4 ; modelé à la main 2. Plat à pain à lèvre haute, en N4 ; engobe crème à l'intérieur ; modelé à la main 3-8. Plat à pain à lèvre haute, en N4 ; modelé à la main – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°119555 9. Plat à pain de forme ovale et de profil bombé, en N4 ; modelé à la main (fin Basse Époque-époque ptolémaïque)

Fig. 274. Céramique de la phase 13-9

0

5 cm

298

CHAPITRE III

du IVe siècle av. J.-C.286. L’usage simplement domestique de ces céramiques dans la préparation du pain pour les habitants des maisons est fort probable. On ne doit pas occulter néanmoins d’autres usages pour ces formes287.

La vaisselle « cultuelle » • Moule à pain en N5 (fig. 275 n°1-7) Ces moules servaient à la fabrication et à la cuisson des pains, qui constituaient une des offrandes les plus communes dans les temples288. Le type à la décoration digitée, reconnu à la phase 12, perdure à la phase 13. Outre les formes complètes présentées ici (n°1-4), plusieurs fragments ont été notés dans diverses couches de la phase 13. Dans les niveaux de dépotoir de la maison VII, ils forment 2,5 % de la totalité des productions céramiques. Reconnaissables à leur pâte aérée, peu cuite, et à leur forme conique, ils appartiennent néanmoins à un type qui ne semble pas avoir été répertorié jusqu’ici. Les moules à pain mesurent entre 9 et 10 cm de hauteur et leur diamètre varie entre 6 et 7 cm. Ils sont façonnés à la main. Les parois épaisses, très légèrement évasées, se terminent par une lèvre généralement plate à son extrémité. Les bords systématiquement, et les fonds parfois, ont été pincés sur leur pourtour ce qui crée un effet de décor d’empreintes de doigts. Les fonds sont marqués d’une légère dépression. Le badigeon interne, si caractéristique des moules à pain et qui aidait à démouler les pains plus facilement289, n’est pas systématiquement présent. Vu la petitesse de notre type, il se révélait probablement inutile. La phase 13 a fourni un deuxième type de moule à pain dont aucun exemplaire complet ne nous est parvenu. Il est de forme tubulaire et présente un fond marqué en son centre par une petite protubérance (n°5-6). Ainsi que nous l’avons vu, ce type est également présent à la phase 12 et est répertorié sur d’autres sites égyptiens jusqu’à la XXVe dynastie. Au vu de la rareté des exemplaires, on pourrait croire qu’il ne s’agit que de pollutions. À Tell el-Herr, néanmoins, C. Defernez a relevé quelques « fonds en tétine » dans des niveaux d’époque perse : elle les identifie comme d’éventuels fonds de moules à pain290.

• Coupe dite à encens, surtout en N1 et N3 (fig. 275 n°8-16) Les coupes dites à encens constituent une des productions majeures recueillies dans les contextes de la phase 13, et il en est de même avec la phase suivante. Elles peuvent être à fond plat saillant (n°8-11) ou à fond plat légèrement dégagé coupé la ficelle (n°12-16). Certains exemplaires présentent un fond percé. Elles sont en majorité à parois évasées terminées par un bord droit. De rares coupes présentent un bord convexe rentrant (n°12), un type qui ne semble apparaître qu’à la fin de la phase 13. Que leur fond soit saillant ou non, ces coupes connaissent de très nombreux parallèles en Égypte. À Karnak, elles font partie d’un dépôt de fondation de Taharqa291 et d’un ensemble homogène daté de l’époque saïte292. À ‘Ayn Manâwîr, on les trouve dans des contextes des Ve et IVe siècles293 et à Éléphantine elles sont présentes depuis la fin de l’époque saïte jusqu’au IIIe siècle294. D’après G. Lecuyot, ces coupes apparaissent dès la XXIIe dynastie et se perpétuent durant toute la Basse Époque295. En fait, elles semblent produites de la TPI à l’époque ptolémaïque comprise296. T. Rzeuska dit à leur propos : « these vessels were probably closely connected with some cultual activities in temples and tombs, where they were used as censers »297. Bien que ces coupes aient été trouvées ailleurs que dans des contextes religieux, leur présence massive au sein du quartier des prêtres pourrait s’expliquer par leur utilisation cultuelle298. Cependant, seule une minorité de coupes présentent des traces de feu299, suggérant que la plupart avaient un usage plus domestique. Comme ce type n’est pas aussi prolixe dans d’autres habitats plus ou moins contemporains à Karnak, une explication pourrait se trouver du côté de l’approvisionnement particulier du quartier, dépendant du temple300.

291 292

293 294 286 287

288

289 290

Ibid., p. 187, note 188. L’utilisation des dokka pour la réalisation de pains consacrés dans les temples a été notée à ‘Ayn Manâwîr : MARCHAND 1996, p. 431. Lorsqu’ils sont de grand format, ils pouvaient servir de couvercles de four. Pour plus de références bibliographiques, voir les ustensiles cultuels dans supra, Chapitre III, § 1.2.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 12. JACQUET-GORDON 1981, p. 11. DEFERNEZ 2003, p. 157, pl. XXVIII, n°75a-b.

295 296 297 298

299

300

BARGUET, LECLANT 1954, p. 38 et pl. XXXIX B. BÉOUT et al. 1993, p. 169, fig. 15, n°1 et 3. La phase XXVIeXXXe dynastie à Karnak-Nord a fourni une coupe similaire : JACQUET-GORDON 2012, p. 266, fig. 106d, P.145. MARCHAND 1996, p. 419-420, groupe 6, n°25. ASTON 1999, p. 218, pl. 66, n°1937 et p. 283, pl. 92, n°2448. LECUYOT 1996, p. 153. BÉOUT et al. 1993, p. 169, note 48. RZEUSKA 2001, p. 327. Une coupe a été trouvée avec un charbon encore à l’intérieur sur le sol SOL4, à l’arrière de la maison VII : supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. À ‘Ayn Manâwîr toutes les céramiques de ce groupe présentent des traces de feu ainsi que, dans certains cas, un résidu noir et brillant au fond de la coupe : MARCHAND 1996, p. 419. Ce point est développé dans MASSON 2013.

Les ustensiles « cultuels » en pâte alluviale Les moules à pain

7267.3

5

7098.3 h : 10 cm d : 6,8 cm

7111.38 h : 9 cm d : 6,5 cm

7111.39 h : 9,2 cm d : 6 cm

7111.3 9

7111.3 8

7098.3

2

1

7111.40 h : 8,9 cm d : 6 cm

7289.3

6

7111.4 0

7513.10

7

4

3

Les coupes dites à encens

7147.3

7115.1

7308.17

10

9

8

7308.7

11

7147.6

14

13

7290.8

12

7865.1

7308.18

15

7153.4

16

Éch. dessin :

0

5 cm

1-4. Moules à pain, aux parois épaisses, très légèrement évasées, à lèvre plate ou légèrement arrondie à son extrémité, à fond marqué par une dépression, en N5 ; décor d’empreintes de doigts sous la lèvre et parfois sur le pourtour de la base ; modelé à la main (probablement XXVe-XXVIe dynastie) 5. Fond de moule à pain à goutte, en N5 ; lissé assez grossièrement à l’intérieur ; très fin badigeon intérieur grisâtre ; modelé à la main (TPI et probablement Basse Époque) 6. Fond de moule à pain à goutte, en N5 ; lissé assez finement à l’intérieur ; très fin badigeon intérieur orangé ; modelé à la main (TPI et probablement Basse Époque) 7. Bord de moule à pain, légèrement évasé, en N5 ; lissage intérieur grossier ; pas de badigeon ; modelé à la main 8-11. Coupe aux parois évasées, au bord droit, au fond plat débordant, en N1 (n°8-9) ou en N3 (n°10-11) ; monté au tour (fin TPI-époque ptolémaïque) 12. Coupe à bord rentrant, au fond plat légèrement dégagé, en N2 ; monté au tour (Basse Époque ?) 13-16. Coupe aux parois évasées, à bord droit, à fond plat à peine dégagé, en N1 ; monté au tour (fin TPI-époque ptolémaïque)

Fig. 275. Céramique de la phase 13-10

300

CHAPITRE III

Les ustensiles divers • Coupelle-couvercle à parois évasées en N1 et en N3 (fig. 276 n°1-3) Ce type, que l’on observe déjà à la phase 12 en faible quantité, fait partie du matériel récurrent de la phase 13. Il se maintient dans d’importantes quantités à la phase 14. Son caractère bien souvent asymétrique indique qu’il devait plutôt servir de couvercle et moins probablement de coupelle. Quant à l’exemplaire 7708.10 (n°1), il a sans aucun doute servi de lampe : des traces bien distinctes de feu sont visibles à un endroit précis du bord ; ce dernier a été pincé de manière à y disposer une mèche. Les fonctions de couvercle et de lampe pour ces formes ont déjà été notées à Éléphantine301. Ils ne constituent pas de bons indices chronologiques. À Éléphantine, on les observe dans les contextes du milieu du VIIIe siècle à l’époque perse302 et même jusqu’au IIIe siècle303. • Support annulaire en N1 et N3 (fig. 276 n°6-9) De nombreux petits supports (pour jarres mais aussi d’autres formes à fond arrondi, tels les gobelets décrits plus haut) ont été trouvés dans la phase 13 du quartier des prêtres. Nous ne présentons ici que l’ensemble des quatre supports complets mis au jour sur le sol SOL7 de la maison VII. D’après les nombreux éléments de comparaison, il s’agit d’un profil de support avant tout typique de la période perse304. À Éléphantine, quelques spécimens proviennent de contextes datés fin XXVIe-XXVIIe dynastie305, et, à Karnak, un exemplaire proche est issu de la phase 2 de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou (fin Ve-mi IVe siècle av. J.-C.)306. • Fire-dog en N4 (fig. 276 n°10) Les fire-dogs sont des formes très particulières que S. Marchand décrit ainsi : ce sont des « cônes évidés munis de deux supports en forme d’« ailettes » ; la panse est généralement percée d’un trou circulaire ; une « queue » en forme de bouton, située entre les « ailettes », peut servir de troisième support ; la partie supérieure du cône est la plupart du temps ouverte »307. Une « ailette » de fire-dog a été découverte dans le comblement du four ST30 à l’arrière de la maison VIII. La phase 14 en a fourni plusieurs exemplaires dont certains assez bien préservés (fig. 301 n°6-7). Les fire-dogs sont très communs sur les sites du Nouvel

Empire et de la TPI308 mais ils apparaissent dès le Moyen Empire et demeurent présents jusqu’à l’époque ptolémaïque309. Ces céramiques servaient peut-être de support à la vaisselle de cuisson au-dessus d’un feu310. Il est possible qu’ils soient en relation avec la cuisson du pain car on en a trouvé de nombreux spécimens à Hermopolis auprès de fours en terre, voire à l’intérieur311. Bien que notre exemplaire ait été trouvé dans un four à pain, il ne portait aucune trace de feu312. À Éléphantine, ces céramiques sont attestées de la fin de l’époque saïte jusqu’au IIIe siècle313. À Karnak, la présence de fire-dogs, dont des exemplaires miniatures, a été signalée dans un contexte daté de la XXVIe dynastie314.

1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13 Les céramiques en pâte calcaire abondent dans le corpus de la Zone 7 à la phase 13, encore plus qu’à la phase 12315. Cette particularité est apparemment propre à la région thébaine pendant la Basse Époque316. L’atelier de Médamoud spécialisé dans la production de céramiques en pâte calcaire depuis le Nouvel Empire n’était sans doute pas le seul dans la région. La fabrique M1 prédomine toujours. Formes fermées : Les productions en pâte M1 pour les formes fermées, présentes dès la phase 12 du quartier, se poursuivent à la phase 13. La forme des lèvres a cependant évolué317 et de nouveaux types apparaissent. À cette phase qui a produit maintes formes ou profils complets, on relève trois grands types de contenance pour les

308

309 310 311 312

313

314

301 302 303 304 305

306 307

ASTON 1999, p. 304. Ibid., p. 208. IIIe s. : ibid., p. 304, n°2638-2639. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 186. ASTON 1999, p. 219 et 221, pl. 67, n°1955-1956, p. 220 et 223, pl. 68, n°1971. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 183 et 186, fig. 20, n°21. LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 363.

315

316 317

ASTON 1998, p. 580-581, n°2384 ; BUDKA 2017, p. 138-139, fig. 64. ASTON 1989, p. 28 ; ASTON 1999, p. 228. SPENCER 1993 ; ASTON 1998, p. 580. SPENCER 1993 ; SPENCER 1999, p. 51. C’est aussi le cas des nombreux spécimens découverts à Hermopolis si bien qu’A.J. Spencer remet en cause l’interprétation de D.A. Aston : SPENCER 1993, p. 48. Les exemplaires provenant des niveaux ptolémaïques de la Zone 7 ne présentent pas non plus de trace de feu. Phases V et VIb : ASTON 1999, p. 228, pl. 71, n°2015-2016, et p. 294, pl. 97, n°2544. LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 363, pl. XII. Voir aussi à KarnakNord : JACQUET-GORDON 2011, p. 525, fig. 3 n°9a-9b, pl. 1b ; JACQUET-GORDON 2012, p. 281-282, fig. 113s, P.2481 (phase XXVIe-XXXe dynastie). Sur le sol incendié de la réserve à l’arrière de la maison VII, elles forment les ¾ de la totalité du matériel céramique. BALLET 1994, p. 207 ; MASSON 2015, p. 191-192. D. Aston a noté que les bords des formes fermées ont tendance à être plus détaillés dans ses phases IV/V (VIe-Ve s.) que dans sa phase III (mi-VIIIe-VIIe s.) : ASTON 1999, p. 230.

301

LES ARTEFACTS

Ustensiles divers

Les coupelles-couvercles

7708.10

7324.3

2

1

7238.1

7238.1

h : 2,6 cm d : 8,5 cm

3

7396.9

7216.3

4

5

Les supports de jarre

7308.14

7147.4

6

9

8

7

Fire dog

7308.6

7308.3

Les bouchons de jarre

7078.2

10

7147.7

11

12

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Coupelle complète utilisée comme lampe, en pâte alluviale N ? (non cassée) ; fond plat coupé à la ficelle ; pincement de doigts au niveau de la lèvre, présentant des traces de brûlé (la mèche se situait à l’endroit du pincement) ; monté au tour (mi- VIIIe-IIIe s. av. J.-C.) 2-3. Coupelle/couvercle au fond plat coupé à la ficelle, en N1 ; monté au tour (mi- VIIIe-IIIe s. av. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°67987 4. Plat-couvercle, aux parois très évasées et au bord marqué d’une légère gorge interne, en N1 ; monté au tour 5. Coupelle/couvercle au fond percé, en N1 ; monté au tour 6-9. Support de jarre annulaire, en N1 (n°6-7) ou N3 (n°8-9) ; monté au tour (Basse Époque) 10. “Ailette” de fire dog en N4 ; modelé à la main – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff 11. Bouchon de jarre, de forme environ conique, en terre crue, légèrement rubéfié ; modelé à la main 12. Bouchon de jarre en terre crue ; modelé à la main

Fig. 276. Céramique de la phase 13-11

302

CHAPITRE III

jarres de transport et/ou de stockage318 : une petite de 11,5 l à 12,5 l319 ; une de plus grande capacité de 18 l environ320 ; enfin une de très grande capacité de 62 l321. Les jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne avec anse • Jarre sans col, piriforme, à fond arrondi, en M1 (très rarement en M2) Les jarres sans col, présentant une lèvre moulurée plus ou moins complexe, un corps recouvert de stries plates ou légèrement arrondies, à fond arrondi ou légèrement pointu, et souvent munies d’anses verticales, sont présentes abondamment à la phase 13. Cette production est typique de la Haute Égypte, et en particulier de Thèbes322. Elle apparaît aux environs de la seconde moitié du VIIe, voire dès la fin du VIIIe siècle, et perdure au moins jusqu’au début de l’époque ptolémaïque dans la région thébaine323. Il est néanmoins possible de dater plus précisément cette production suivant le profil de ces jarres. Entre les jarres de cette famille découvertes à la phase 12 et celles de la phase 13, on note certes la persistance de certaines formes de bords. C’est le cas des jarres piriformes à bord à double lèvre convexe, dont la phase 12 a fourni quelques exemplaires (fig. 257 n°5) et la phase 13 maints spécimens (fig. 277 n°1-3). Mais les anses de ces derniers sont placées plus près du bord, ce qui leur confère une datation plus récente semble-t-il. Les parallèles pour ce type de jarre sont très nombreux324. Un fragment de bord à double

318

319 320

321

322

323

324

À ‘Ayn Manâwîr, Sylvie Marchand a pu clairement démontrer que la taille des récipients était standardisée : il s’agit d’un conteneur de grande taille aisément transportable dans le cas de la majorité des jarres. Par exemple, la jarre 7153.1 à 11,45 l (fig. 279 n°1). Par exemple, la jarre 7308.9 à 17,75 l (fig. 278 n°2) et la jarre 7707.6 à 18 l (fig. 279 n°7). Cette dernière capacité a été uniquement relevée pour les grandes jarres de stockage trouvées dans la réserve à l’arrière de la maison VII, dont la grande jarre 7024.55 à 61,975 l (fig. 278 n°1). À Karnak, contexte saïte : BÉOUT et al. 1993, p. 171-172, fig. 19 et 20. À Karnak-Nord : BARGUET, LECLANT 1954, p. 38 et pl. XXXIX B (dépôt de fondation de Taharqa). À Gourna, contexte daté aux environs de 650-550 av. J.-C. (d’après une réévaluation de D. Aston : ASTON 1996a, p. 48) : MYŚLIWIEC 1987, p. 60, n°398-399. À Eléphantine, contexte perse : ASTON 1999, p. 231, pl. 71, n°2037-2041 (Group V des conteneurs en pâte calcaire : ASTON 2007, p. 427). À ‘Ayn Manâwîr, Ve-début IVe s. : MARCHAND 1996, p. 422-423, groupe n°10 (etc.). Pour des considérations générales sur ce type de jarres, voir REDFORD 1981, p. 17 ; FRENCH, GHALY 1991, p. 83-85 ; ASTON 1996a, p. 17 ; MASSON 2011, p. 273. Nous ne présentons que quelques exemples. À Karnak, divers contextes allant de la fin de la XXVe dynastie à l’époque ptolémaïque : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-179, fig. 19, n°12 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 258, fig. 101l-m, P.516, P.724.

lèvre convexe a été mis au jour dans la tranchée de fondation du mur de façade ouest de la maison IV325. Celui-ci était associé à divers fragments de panses à stries plates en M1. Cette forme, qui n’apparaît pas avant la XXVe dynastie, fournit un bon terminus pour la construction de la maison IV326. Certains types de bord ont disparu, d’autres sont apparus ou encore ont franchement évolué. Les jarres munies d’un bord à double lèvre légèrement convexe et bourrelet interne (fig. 277 n°4-5) représentent le deuxième type de jarre le plus répandu dans cette catégorie à la phase 13. Elles trouvent de nombreux parallèles dans des contextes datés des XXVIe et XXVIIe dynasties327. C. Defernez a noté que les bords des spécimens de l’époque perse se distinguent de leur modèle ancien soit « par un renflement interne de la lèvre moins prononcé, soit par l’absence d’une gorge interne ou rainure d’encastrement pour couvercle »328. L’exemplaire 7097.13 (n°4), mis au jour sur le sol SOL2, présente ce renflement et serait donc attribuable à l’époque saïte329. Le renflement interne de 7297.6 (n°5), qui provient d’un niveau de dépotoir de la maison VII, semble plus faible, mais il est encore présent. Les jarres à lèvre à bourrelet interne (ou triangulaire), aux épaules assez larges et plus ou moins marquées (fig. 278), constituent également un type très commun dans cette famille de jarres pour la phase 13 : on en a trouvé un exemplaire sur le sol SOL7 (n°2), un autre dans le comblement du four ST30 (n°3), de nombreux spécimens de plus ou moins grande taille sur le sol SOL1 (n°1 et 4), et moult exemples dans les niveaux de dépotoir de la maison VII (n°5-6). 7308.9, l’exemplaire le plus ancien d’après la stratigraphie, présente des épaules moins marquées, plus arrondies (indice de son ancienneté ?) alors que ceux issus des niveaux de dépotoir possèdent un profil plus angulaire. Il semble que ce type apparaisse dès la XXVe dynastie, mais il s’apparente

325

326

327

328 329

À Éléphantine, contexte fin saïte-perse : ASTON 1999, pl. 71, n°2037. À Qustul, dans une tombe de la XXVe dynastie : WILLIAMS 1990, p. 81, fig. 30e. La tranchée de fondation du mur de façade de la maison IV coupe une structure ou un mur en briques crues ST25, appartenant à la phase 12 du quartier des prêtres : supra, Chapitre I, § 2.1.1.1. Le bâtiment 1. Nous n’avons malheureusement pas pu faire ce type de vérification pour les maisons situées au nord de la maison IV, soit du fait de leur délabrement très avancé pour la maison III, soit à cause des restaurations complètes des maisons I et II. À Karnak, phase 1 de la chapelle d’Osiris Ounnefer NebDjefaou (XXVIe dynastie) : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-179, fig. 19, n°13. À Karnak-Nord : JACQUET-GORDON 2012, p. 260261, fig. 103e-g (phase XXVIe-XXXe dynastie). À Gourna, contexte Basse Époque : MYŚLIWIEC 1987, p. 63-64, n°431-435. À Éléphantine, contexte fin saïte-perse : ASTON 1999, pl. 72, n°2041. À ‘Ayn Manâwîr, contexte Ve-début IVe s. : MARCHAND 1996, p. 422-423, groupe n°10, n°39 et 40. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 179. Il en va de même pour de nombreux autres exemplaires mis au jour dans les couches de dépotoir de la maison VII.

303

LES ARTEFACTS

Jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne, avec anse en pâte calcaire

7308.19

2

7878.15

7111.54

3

1

7297.6

0

3

6 cm

5

7883.1

6 7097.13

4 Éch. dessin :

0

5 cm

1-2. Jarre munie de deux anses, au bord à double-lèvre convexe, au corps couvert de stries fines et plates, en M1 monté au tour (Basse Époque-début époque ptolémaïque) 3. Bord de jarre à double-lèvre en M1 ? (brûlé) ; monté au tour (Basse Époque-début époque ptolémaïque) 4. Jarre munie de deux anses placées sous un bord à double lèvre et bourrelet interne, en M1 ; monté au tour (Basse Époque) 5. Haut de jarre, au bord à double-lèvre et bourrelet interne, au corps couvert de stries plates, en M1 ; graffito incisé sous la lèvre, après cuisson ; monté au tour (Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°115356 6. Haut de jarre à bord en bandeau, en M1 ; monté au tour

Fig. 277. Céramique de la phase 13-12

CHAPITRE III

304

Jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne, avec anses en pâte calcaire

7024.55

0

10 cm

1

7024.25

7878.14

4

3

7054.8

7308.9

2

7054.9

5

6

Éch. dessin :

0

10 cm

1. Grande jarre de transport ou stockage, munie de deux anses verticales placées sous une épaule assez marquée, à lèvre à bourrelet interne, au corps piriforme couvert de stries plates, assez marquées, en M1 (assez nombreux quartz) ; monté au tour (Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119583 2. Jarre au corps piriforme marqué de stries plates, munie de deux anses verticales placées sous une épaule peu marquée, à lèvre à bourrelet interne, en M1 ; monté au tour (surtout Basse Époque, plus probablement XXVIe dynastie) 3-4. Haut de jarre à lèvre à bourrelet interne, aux épaules assez marquées, en M1 ; monté au tour (Basse Époque) 5-6. Jarre, munie de deux anses verticales, à lèvre triangulaire, au corps marqué de stries plates, aux épaules bien marquées, en M1 ; monté au tour (Basse Époque)

Fig. 278. Céramique de la phase 13-13

LES ARTEFACTS

surtout à du matériel trouvé en Haute Égypte dans divers contextes saïto-perses330. La jarre 7153.1, à lèvre triangulaire, munie de quatre anses (fig. 279 n°1), a été trouvée, complète, sur le sol SOL4, dans l’espace arrière de la maison VII. Un parallèle très proche a été trouvé à Nuri en Nubie, dans la tombe du roi Aman-NeteYerike (ca. 418-398)331. On peut aussi comparer cette forme avec des jarres au profil plus ou moins similaire mises au jour à Thèbes où elles sont datées de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque332, ainsi qu’à ‘Ayn Manâwîr, dans un contexte de la période perse333. • Jarre à large encolure en M1 (fig. 279 n°6) 7111.63 est d’un genre très différent des jarres que nous venons de décrire, mais appartient à la catégorie des grandes jarres en pâte calcaire avec anses. Ce type connaît une durée de production assez longue, de la Basse Époque au début de l’époque ptolémaïque334.

305

sont datées de la XXVIe dynastie. Une jarre assez similaire appartient à la phase XXVIe-XXXe dynastie de Karnak-Nord337. • Jarre piriforme à col en M1 (fig. 279 n°7) La jarre piriforme, à col court légèrement évasé et à bord rainuré 7707.6 provient du niveau de démolition-abandon recouvrant le premier niveau de sol de la maison VIII, SOL30. Cette jarre se rapproche des jarres à col terminé par un bord rainuré, fréquentes à la phase 12 et que l’on retrouve en nombre plus limité à la phase 13 (fig. 279 n°4-5). La production de ces jarres apparaît dès la TPI et se prolonge à la Basse Époque338, voire jusqu’à l’époque ptolémaïque339. Le profil du bord de 7707.6 est toutefois assez atypique et son épaule est marquée et non arrondie. Elle trouve peu d’éléments de comparaison à notre connaissance. Un parallèle assez éloigné provient de caches de matériel d’embaumeurs à Saqqarah, datées fin du VIe-début du Ve siècle340.

Les conteneurs de taille moyenne, à la surface brunie Les petites jarres de stockage et/ou de transport avec ou sans anse • Jarre sans col, à panse ovoïde, à bord mouluré et bourrelet interne, en M1 (fig. 280 n°1) Découverte en un seul exemplaire pour la phase 13, la jarre 7242.1 provient du comblement de la tranchée de fondation du mur M3335. Elle peut être comparée à des jarres découvertes à Karnak-même et à Tanis336. Dans les deux cas, elles

330

331 332

333

334

335

336

Contextes saïtes à Karnak : BÉOUT et al. 1993, p. 172, fig. 20, n°35 ; COULON, DEFERNEZ 2004, p. 175-176, fig. 18, n°5. Niveaux XXVIe-XXXe dynastie (datation large) à Karnak-Nord : JACQUET-GORDON 2012, p. 263, fig. 104k, P.279. À Médinet Habou : HÖLSCHER 1954, pl. 47, n°C5. À Gourna, contexte datable de la Basse Époque : MYŚLIWIEC 1987, p. 63-65, n°440441, 477-478 et 493-494. À Eléphantine, contexte fin saïteperse : ASTON 1999, pl. 72, n°2040 ; il s’agit du Group IV des conteneurs en pâte calcaire d’Éléphantine (ASTON 2007, p. 427). À ‘Ayn Manâwîr, contexte Ve-début IVe s. : MARCHAND 1996, p. 423, groupe 10, n°42. Milieu du VIIe s. : FRENCH 1992, p. 85, n°7. DUNHAM 1955, fig. 165, n°18-4-271. BALLET 1994, p. 211-212, n°61 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 260, fig. 103d, P.123 (phase XXVIe-XXXe dynastie). La chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak a livré un vase de profil approchant, utilisé lors d’un rituel osirien : BOULET 2015, p. 68-69 et 75, fig. 3 ; COULON 2016, p. 30-35, fig. 9-10. Contexte Ve-début IVe s. : MARCHAND 1996, p. 422-423, groupe n°10, n°38. BALLET 1994, p. 210-211, n°60 ; MYŚLIWIEC 1987, p. 63-64, n°443. Voir le quatrième état de l’espace arrière de la maison VII dans supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. BÉOUT et al. 1993, p. 171-172, famille 33, fig. 19-20. CHAUVET, MARCHAND 1998, p. 346, fig. 20. L’exemplaire de Tanis est en pâte alluviale avec un engobe orangé épais bien lissé sur la surface extérieure.

Cette famille de conteneurs n’est représentée que par de rares exemplaires. Vaisselle très fine, aux formes élégantes, elle provient avant tout de contextes récents de la phase 13, tels le niveau de sol incendié SOL1 et les niveaux de dépotoir de la maison VII. Leurs caractéristiques techniques sont proches : les jarres sont toutes en pâte M1 (la fabrique est ici très fine) et présentent un brunissage de la surface extérieure très soigné. La technique de brunissage confère un aspect brillant à la céramique. D’après les observations menées sur le matériel de Basse Égypte, il s’agit d’un effet recherché à l’époque perse341. Les parallèles avec les productions du nord de l’Égypte se confirment dans l’analyse de certaines formes. • Jarre à bord à triple incision en M1 (fig. 281 n°1) Le seul exemplaire provient du sol SOL1. Il s’apparente fortement à des jarres mises au jour sur la rive ouest de Thèbes, jarres que P. Ballet estime être caractéristiques de la Basse Époque342. D’après les observations d’H. JacquetGordon sur la céramique de Karnak-Nord, les deux rainures situées au niveau de l’épaule sont assez spécifiques de

337 338

339 340 341 342

JACQUET-GORDON 2012, p. 260, fig. 103c, P.1374. MYŚLIWIEC 1987, p. 66-67, n°522-525 ; SPENCER 1993, pl. 64, n°22 et Pl. 65, n°26. JACQUET-GORDON 2012, p. 257, fig. 101e, P.725. ASTON 2011, fig. 2 n°12. DEFERNEZ 2003, p. 453. BALLET 1994, p. 211-212, n°62. Voir aussi : MYŚLIWIEC 1987, p. 65-66, n°502 et 510 ; SCHREIBER 2016b, p. 271, fig. 34 (exemplaire assez proche).

CHAPITRE III

306

Jarres de stockage et/ou de transport de grande taille, avec anses en pâte calcaire

7147.9

4

7907.1

2 7054.10

5

7153.1 (amphore) 7153.5 (couvercle)

7153.1

d : 16 cm d : 19,5 cm

7065.30

7908.2

1

3

7707.6

0

6

7111.63

10 cm

7

8

Éch. dessin :

0

10 cm

1. Jarre au corps piriforme marqué de fines stries arrondies, munie de quatre anses verticales placées sous une lèvre triangulaire et marquée, en M1 ; monté au tour (Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67991 2. Bord de jarre trouvé dans la jarre 7908.2 (n°3) en M1 ; monté au tour (Basse Époque) 3. Bas de jarre en M1 ; le fond porte des traces de feu sur les surfaces intérieure et extérieure ; monté au tour 4-5. Bord de jarre, à lèvre soulignée, en M1 ; monté au tour (fin TPI-Basse Époque) 6. Jarre munie de deux anses verticales, au corps piriforme, couvert de fines stries arrondies, en M1 ; monté au tour 7. Jarre au corps piriforme marqué de stries plates, munie d’anses verticales attachées au niveau des épaules, au fond arrondi et au bord à double ressaut, en M1 ; monté au tour (probablement finXXVIe-début XXVIIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119579 8. Haut de jarre à large encolure, munie d’anses verticales, à la lèvre marquée d’un bourrelet, en M1 ; monté au tour (Basse Époque-début époque ptolémaïque)

Fig. 279. Céramique de la phase 13-14

307

LES ARTEFACTS

Petites jarres de stockage et/ou de transport, avec ou sans anse en pâte calcaire

7242.1

0

5 cm

1

7015.4

7015.4

7878.18

h : 13,4 cm

3

2

7281.14

5

7024.21

7024.21

d : 5,3 cm

7852.1

6

4

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Jarre à panse ovoïde, à bord à double lèvre convexe et bourrelet interne, munie de deux anses verticales placées au niveau de l’épaule, en M1 ; monté au tour (XXVIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Appfel n°119577 2. Miniature de jarre entière, à bord à double lèvre et bourrelet interne, munie de deux anses et à fond arrondi ; pas de prélèvement de pâte mais semble en pâte calcaire fine ; monté au tour – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°65701 3. Bas de jarre à fond arrondi légèrement pointu, en M3 ; départ d’une anse visible ; stries plates fines visibles sur le corps (pas avant la fin de la XXVIe-début XXVIIe dynastie) ; monté au tour 4. Petite jarre, au bord un peu déformé, souligné d’une rainure, à fond pointu, en M3 ; monté au tour (Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Bancel n°67968 5. Bord de vase au col court, en M2 ; monté au tour 6. Bord de jarre au col évasé et mouluré, en M1 ; monté au tour

Fig. 280. Céramique de la phase 13-15

308

CHAPITRE III

Les conteneurs de taille moyenne, à la surface brunie, en pâte calcaire : les jarres

7024.28

1

7024.23

7024.23

d : 11,4 cm

2

7024.27

7024.27

d : 7,8 cm

3 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Jarre munie de quatre anses, à bord marqué de trois incisions et à fond à fine base annulaire, en M1 ; surface extérieure rosée, brunie ; monté au tour (Basse Époque, pas avant seconde moitié du VIe s. av. J.-C.) 2. Jarre munie de quatre anses, à bord à bourrelet interne, au fond arrondi et à base annulaire, en M1 ; surface extérieure de couleur jaune, brunie ; monté au tour (Basse Époque, pas avant seconde moitié du VIe s. av. J.-C. - début époque ptolémaïque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67966 3. Jarre globulaire, à col assez court terminé par un bord mouluré, en M1 ; surface extérieure de couleur jaune brunie ; monté au tour (seconde moitié du VIe-Ve s. av. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67967

Fig. 281. Céramique de la phase 13-16

LES ARTEFACTS

l’époque ptolémaïque343. Cependant on trouve cette caractéristique morphologique dès la XXVIe dynastie à Tell Defenneh344 et à la XXVIIe dynastie à Tell el-Herr345. Concernant la Zone 7, on rencontre ces lignes horizontales assez rarement à la phase 13, alors qu’à la phase 14, elles sont attestées sur de plus nombreux récipients. • Jarre sans col, piriforme, munie de quatre anses et d’une base annulaire haute, en M1 (fig. 281 n°2) Un seul spécimen de ce type de jarre a été retrouvé sur le sol incendié SOL1. L’utilisation d’un anneau de base est exceptionnelle pour une forme fermée de la phase 13346. Ce type de fond est en faveur à partir du Ve siècle347 et remplacera petit à petit les fonds arrondis, notamment à la phase 14. Le site d’Éléphantine nous fournit une fois de plus des éléments de comparaison, dans des contextes récents des IIIe et IIe siècles. Ces jarres diffèrent cependant dans leur pâte348, et, elles ne présentent que deux anses349. À Tôd, un type approchant, en pâte calcaire rosée, provient d’un contexte daté entre 222 et 51 av. J.-C.350. On ne dénombre que deux anses, plus grossières, le profil est plus arrondi et le bord présente un bourrelet interne nettement moins marqué. Quelques exemplaires de jarres en pâte calcaire très fine et à la surface extérieure brunie, présentant une base annulaire mais pour le reste un profil différent, proviennent de contextes saïtes à Tell Defenneh351. D’après l’assemblage céramique et les objets variés découverts sur le sol incendié SOL1 (dont un scellé portant le cartouche d’Amasis), nous devrions plutôt attribuer cette jarre à la transition entre les époques saïte et perse. Le profil de cette jarre se rapproche de manière convaincante de situles de tradition achéménide, confectionnées en métaux précieux352. Des exemplaires de cette vaisselle précieuse ont été découverts en Égypte même353. Leur influence sur les productions céramiques a notamment été démontrée à propos de vases Bès atypiques mis au jour à 343 344

345 346

347 348

349

350 351

352 353

Communication personnelle. Notamment sur des gobelets : LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 103, pl. 34, n°23704. DEFERNEZ 2003, p. 103-104, pl. XV. Un autre exemple de jarre à base annulaire a été trouvé dans un niveau de dépotoir de la maison VII. Il s’agit d’une production des Oasis : infra, Chapitre III, § 1.3.1.3. Productions des Oasis de la phase 13. DEFERNEZ 2003, p. 436. Il s’agit de la pâte K200, pâte correspondant probablement à notre fabrique M4, qui n’apparaît qu’à la phase 14 du quartier des prêtres : supra, Chapitre III, § 1.1.2. Les pâtes marneuses. ASTON 1999, p. 295-296, pl. 97, n°2552 (contexte IIIe s.), p. 352-353, pl. 121, n°3129 (contexte fin IIIe-début IIe s.). Ce type correspond au Group IX des conteneurs en pâte calcaire d’Éléphantine : ASTON 2007, p. 428. LECUYOT, PIERRAT-BONNEFOIS 2004, p. 175, pl. 9 n°121. LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 91-92 et 106, pl. 36 et 59, n°5078450785. DEFERNEZ 2011, fig. 15. Ibid., p. 293-294.

309

Tell el-Herr354. Ces vases Bès présentent des caractéristiques techniques similaires à notre exemplaire : la majorité est en pâte calcaire fine et leur surface est « méticuleusement brunie »355. C. Defernez explique que d’autres productions céramiques singulières du répertoire perse, particulièrement du Nord de l’Égypte, semblent correspondre à des transpositions en céramique de la vaisselle achéménide en métal ou en pierre356. Une telle influence semble avoir gagné la Haute Égypte, au moins de manière indirecte à travers des productions de la Basse Égypte. • Jarre globulaire à col en M1 (fig. 281 n°3) Un exemplaire complet a été découvert sur le sol SOL1. Sa lèvre à double ressaut est typique de ces effets décoratifs que permet le façonnage au tour rapide357. Les parallèles les plus proches que nous avons pu trouver concernent surtout des jarres sphériques à col plus court et plus large, terminé par les mêmes ressauts358. Leur présence est surtout attestée dans le Delta359, dès l’époque saïte360. Ces parallèles sont cependant avant tout en pâte alluviale à engobe rouge poli, alors que notre exemplaire est en pâte calcaire, avec la surface extérieure brunie : on remarque des formes proches, un effet de brillance recherché dans les deux cas. Selon P. French, ces jarres sont typiques des productions du VIe siècle361. Mais, au terme de son analyse sur le groupe des jarres globulaires, C. Defernez conclut qu’il apparaît plutôt dans la seconde moitié du VIe siècle et perdure jusqu’au Ve siècle362. À Éléphantine, une forme relativement proche apparaît dans un contexte daté de la fin de la XXVIe début de la XXVIIe dynastie363. • Bouteille en M1 (fig. 282 n°1-3) La bouteille 7111.33 (n°1) se rapproche du type précédent par son bord à double ressaut. Cet exemplaire complet provient de la première couche de dépotoir de la maison VII.

354 355 356 357 358

359

360 361 362 363

Ibid., p. 287-323. Ibid., p. 289. DEFERNEZ 2003, p. 436. DEFERNEZ 2011, p. 306. DEFERNEZ 2003, p. 436. À Mendès : WILSON 1982, p. 19-20 et pl. XVI, n°4. À Tell el-Herr dans des contextes de la période perse : GRATIEN 1997, p. 72 et fig. 5a, n°8-381 ; DEFERNEZ 2003, p. 132-135, pl. XXXXI, p. 320-328, pl. LXXI. À Tell el-Migdol, contexte saïte : OREN 1984, p. 16, fig. 20, n°3. À Tell el-Maskhouta, contexte saïte du VIIe s.: HOLLADAY 1982, pl. 7, n°2-3. Mais, concernant Tell el-Maskhouta, C. Defernez discute la datation saïte de ce contexte, datation qu’elle juge trop haute (DEFERNEZ 2003, p. 138 et 140). On n’en connaissait aucun parallèle jusqu’à présent à Karnak, même si quelques exemplaires ont été relevés en Haute Égypte : DEFERNEZ 2003, p. 135-136. PAICE 1986/1987, p. 100, fig. 5, surtout n°5. FRENCH 1992, p. 87-88, n°17. Il s’agit des types 57b, 57c et 57d : DEFERNEZ 2003, p. 140. VON PILGRIM 1999, p. 126 et 132-133, fig. 19, n°16.

Les conteneurs de taille moyenne, à la surface brunie, en pâte calcaire : les bouteilles

7878.10

2

7111.33

7111.33

7024.29

d : 8 cm

3 1

Autre type de bouteille en pâte calcaire

7075.1

4 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bouteille au col droit terminé par un bord mouluré, au corps cylindrique et au fond arrondi légèrement pointu, en M1 ; surface extérieure de couleur jaune, brunie ; monté au tour (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67985 2. Haut de bouteille ou de jarre au col légèrement évasé, en M1 ? (brûlé) ; bord souligné de deux rainures très peu marquées ; surface extérieure brunie ; monté au tour (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) 3. Fond légèrement pointu, en M1 ; surface extérieure de couleur jaune, brunie ; monté au tour (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie) 4. Bouteille à panse allongée, dont le haut du corps est marqué par des stries très fines, au fond arrondi légèrement pointu, et probablement nanti d’un goulot étroit, en M3 ; monté au tour (XXVIe dynastie)

Fig. 282. Céramique de la phase 13-17

LES ARTEFACTS

La même remarque peut être faite à propos du bord de bouteille ou de jarre 7878.10 provenant du comblement du four ST30 (n°2). Le fond d’une autre bouteille au corps cylindrique a été recueilli parmi le matériel du sol incendié SOL1, 7024.29 (n°3). Nous n’avons pas trouvé de parallèle exact à ce type de bouteille, mais le double ressaut du bord est une marque de l’époque perse364, peut-être dès la fin de l’époque saïte365. Les rainures que l’on note sur nos exemplaires sont doubles et peu marquées. Elles ont tendance à se multiplier et à être plus marquées à partir de l’époque perse, grâce à la maîtrise du tour rapide366. Il est difficile pour autant de considérer ces types comme étant plus anciens que la fin de l’époque saïte-début de l’époque perse.

Autre type de bouteille • Bouteille à panse allongée et goulot étroit en M3 (fig. 282 n°4) Des fragments de panses marquées de stries très fines, différentes des stries plates ou légèrement arrondies des jarres décrites précédemment, ont été régulièrement mis au jour dans les contextes de la phase 13. Une forme presque complète (7075.1) provenant d’un niveau d’abandon de la maison VII donne une idée du type de récipient auquel ils appartenaient. Elle trouve des éléments de comparaison très proches avec des vases découverts dans la région thébaine : par exemple à Karnak, dans un ensemble bien homogène, daté de la XXVIe dynastie367 et à Médinet Habou dans un niveau d’occupation également daté de l’époque saïte368.

Formes ouvertes : Excepté les coupes dites à encens et les dokka qui sont en pâte alluviale et ont été recueillis en grande quantité, les formes ouvertes, à cette phase, sont le plus souvent en pâte calcaire369. Concernant les formes ouvertes de la Phase V d’Éléphantine, datée entre 550 et 400 av. J.-C., D. Aston note une préférence pour les bases plates ou annulaires, plutôt que les fonds arrondis des phases antérieures370. Cette caractéristique morphologique a aussi été observée pour la plupart des formes ouvertes en pâte calcaire de la phase 13.

Les récipients de table • Coupe/assiette carénée à marli, à base annulaire très fine en M1 (fig. 283 n°1-4) Présent à la phase 12 avec un seul exemplaire – probablement une contamination, ce type est particulièrement commun à la phase 13. Nous présentons ici quatre individus au profil différent. Les surfaces intérieures sont souvent brunies. Ces assiettes apparaissent à l’époque saïte, semblent surtout prolixes à la période perse et sont encore produites à l’époque ptolémaïque en Haute Égypte371. Durant cette longue production, il semble que le profil de ces assiettes ait évolué. P. Paice372 et C. Defernez373 remarquent que la lèvre connaît une évolution : à l’époque saïte, la lèvre s’oriente vers le bas alors qu’à l’époque perse, elle tend à l’horizontale voire à remonter légèrement. On ne peut confirmer une telle évolution avec les exemplaires du quartier des prêtres, car les mêmes contextes fournissent des assiettes aux profils variés374. Quoi qu’il en soit, il paraît légitime de s’interroger sur la pertinence de ces parallèles provenant surtout du Delta : lorsque leur fond n’est pas plat, leur base annulaire est plus haute, plus imposante ; les parois sont plus épaisses ; ils sont en majorité en pâte alluviale. Il a été observé que les exemplaires les plus anciens portent un engobe clair, de couleur crème ou jaunâtre, parfois bruni375. Pourrait-on les considérer comme des copies de la vaisselle en pâte calcaire de la Vallée ? Il faut noter l’existence d’assiette similaire, toujours en pâte alluviale avec engobe crème, à Éléphantine, dans la phase V (550-400)376, dans la phase VIa (IVe siècle)377 et dans la phase VIb (IIIe siècle)378. • Petit plat caréné en M1 (fig. 283 n°5) Un exemplaire complet de petit plat caréné, au bord souligné et à très fine base annulaire, a été trouvé sur le sol SOL1 (7024.7). De même, un exemplaire identique presque complet a été mis au jour dans la couche de remblai ou d’abandon 371

372 364 365 366 367 368

369

370

Début de l’époque perse : HOLLADAY 1982, p. 127, n°10-14. Communication personnelle de C. Defernez. DEFERNEZ 2003, p. 436. BÉOUT et al. 1993, p. 172, famille 38, fig. 21. HÖLSCHER 1954, pl. 47, n°T2 ; ASTON 1996a, p. 54, fig. 174, n°T2. Cette remarque rejoint celle de P. Ballet sur les formes ouvertes à la Basse Époque : BALLET 1994, p. 207. ASTON 1999, p. 215.

311

373 374

375 376 377 378

Une étude générale de ce type est disponible dans DEFERNEZ 2003, p. 93-99. Quelques exemples : MYŚLIWIEC 1987, p. 66 et 69, n°616 (Basse Époque, Gourna) ; BALLET 1994, p. 207-208, n°52 (Basse Époque, Thèbes ouest) ; JACQUET-GORDON 2012, p. 254, fig. 99f, P.481, p. 298, fig. 122v, P.2532 (respectivement Basse Époque et époque ptolémaïque, Karnak-Nord) ; ASTON 1999, p. 222-223, pl. 68, n°1965 (fin saïte-perse, Éléphantine) ; MARCHAND 1996, p. 417, groupe n°2 (Ve-début du IVe s., ‘Ayn Manâwîr). En Basse Égypte, cette production disparaît dès la fin du Ve s. : DEFERNEZ 2003, p. 99. PAICE 1986/1987, p. 99 et fig. 3. DEFERNEZ 2003, p. 95. À Éléphantine, les assiettes présentant les deux orientations de lèvres étaient présentes dans le même contexte fin XXVIedébut XXVIIe dynastie : VON PILGRIM 1999, p. 125 et 130-131, fig. 18, n°1-2. PAICE 1986/1987, p. 99 ; DEFERNEZ 2003, p. 95. ASTON 1999, p. 224, pl. 70, n°2000 et p. 241, pl. 76, n°2106. Ibid., p. 258, pl. 82, n°2245-2248. Ibid., p. 282-283, pl. 91, n°2438.

CHAPITRE III

312

Les récipients de table en pâte calcaire Assiettes

7400.1

2

7065.19

3

d : 24 cm

7024.20 7065.20

1

4

Coupe carénée

7024.7

d : 13,5 cm

5

Éch. dessin :

0

1. Coupe carénée, à bord à marli et lèvre horizontale remontant légèrement, à base annulaire fine, en M1 ; surface intérieure de couleur jaune, brunie ; monté au tour (Basse Époque-époque ptolémaïque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67973-4 2. Bord de coupe carénée, à bord éversé et à lèvre oblique vers le bas, en M1 ; monté au tour (Basse Époque-début époque ptolémaïque) 3. Bord de coupe carénée, à bord à marli et à lèvre horizontale, en M1 ; surface intérieure lissée ; monté au tour (Basse Époque-début époque ptolémaïque) 4. Bord de coupe carénée, à bord éversé et à lèvre en « S », en M1 ; surface intérieure lissée ; monté au tour (Basse Époque-début époque ptolémaïque) 5. Coupelle à carène basse, au bord souligné d’une rainure, au fond muni d’une très fine base annulaire, en M1 ; surface intérieure rosée, brunie ; monté au tour (Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67971

Fig. 283. Céramique de la phase 13-18

5 cm

LES ARTEFACTS

US 7707a, non loin du sol SOL30 (pièce C de la maison VIII). Cette forme se retrouve dans divers contextes de la rive ouest de Thèbes379. L’exemplaire trouvé à Gourna, dans le Temple de Millions d’Années de Séthi Ier provient d’un contexte datable de l’époque saïte380. Saqqarah381 et Tell el-Balamun382 fournissent également des parallèles proches. • Bol/gobelet en M1 et en M3 (fig. 284 n°1-4) Les gobelets en pâte calcaire peuvent revêtir plusieurs formes. La première, d’assez grand format, est de corps cylindrique terminé par un bord convexe rentrant et possède un fond arrondi légèrement pointu. Un exemplaire presque complet a pu être remonté à partir de fragments recueillis sur un niveau de rue (fig. 284 n°1). Ce type se rapproche fortement d’un bol de la phase 12 (Fig. 263 n°3) : les seules différences résident dans la finesse de la paroi, plus régulière dans l’exemplaire ancien, et dans les stries plates, plus nombreuses dans l’exemplaire récent. Le deuxième type, à bord droit et à fond arrondi, légèrement pointu, est représenté par deux bols, découverts sur des niveaux de sol de la maison VII, l’un sur le sol SOL7 (fig. 284 n°2) et l’autre sur le sol SOL4 (n°3). Ces deux formes seraient connues dès la XXVe dynastie383. Néanmoins, le deuxième type semble surtout produit à partir de la XXVIe dynastie, plus précisément au VIe siècle384. Il persiste au Ve siècle, voire au-delà385. Quant à la troisième forme (n°4), il s’agit d’une transposition en pâte calcaire d’un type que nous avons précédemment décrit dans la catégorie des bols en pâte alluviale (Fig. 272 n°3-4).

sont plus rares et surtout issus des niveaux récents de la phase 13 ; ils figurent parmi le matériel récurrent des sites durant la Basse Époque387. Les deux formes sont présentes dans un même contexte à Éléphantine, daté de la fin de la XXVIe-début de la XXVIIe dynastie388.

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments • Jatte à bord à marli/modelé en M1 (fig. 285 n°1) Cette forme fait partie des formes communes des XXVeXXVIe dynasties en Haute et Moyenne Égypte389. • Bol-jatte profond à carène haute, à bord vertical et à fond arrondi en M1 (fig. 285 n°2-5) Attestés à la phase 12, ces bols-jattes ont très régulièrement été recueillis dans les niveaux d’occupation, d’abandon et de dépotoir du quartier des prêtres de la phase 13. Ils connaissent de nombreux parallèles en Haute Égypte, surtout dans des contextes des XXVIe-XXVIIe dynasties390, même si le type remonte facilement à la XXVe dynastie391. Un fragment d’un de ces bols-jattes (7865.3) a été probablement utilisé comme petite pelle dans un deuxième temps (n°3)392.

387

• Bol convexe en M1 (fig. 284 n°5-7) Il s’agit d’un groupe courant à la phase 13, même s’il apparaît dès la phase 12 et persiste à la phase 14. Les bols convexes à bord souligné et à fond dégagé légèrement arrondi (n°5-6) trouvent de nombreux parallèles en Haute Égypte et en Nubie386. Ceux à double lèvre convexe, munis de deux anses horizontales, et, à fond dégagé et arrondi (n°7) 388 379 380 381

382 383

384 385 386

PETRIE 1909, pl. LIV ; BALLET 1994, p. 209-210, n°57. ASTON 1996a, p. 48. FRENCH, GHALY 1991, p. 116, n°75 (contexte de la première moitié du IVe s.). SPENCER 2003, pl. 17, n°2. Contexte des XXVe-XXVIe dynasties à Éléphantine : ASTON 1996a, p. 57 et fig. 184. Contexte mélangé : LECUYOT 1993-4, p. 107 et fig. 3h. Divers contextes datés de la XXVe dynastie en Nubie et dans l’Assasif (tombes nubiennes) ont livré des gobelets au profil assez similaire, mais confectionnés dans une fabrique différente : BUDKA 2010a, p. 507, p. 510, fig. 3. DEFERNEZ 2003, p. 103-107, pl. XV. Ibid., p. 106-107. Contextes de la Basse Époque à Thèbes : REDFORD 1981, fig. 7a et 7b ; MYŚLIWIEC 1987, p. 70 et 72, n°717 ; BALLET 1994, p. 208-209, n°56 ; COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-178, fig. 19, n°10-11 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 253, fig. 98l, P.472. Depuis des niveaux saïtes jusqu’à des contextes de la fin

313

389

390

391 392

des IIIe et IIe s. à Éléphantine : ASTON 1999, pl. 65, n°19051909, pl. 71, n°2027, pl. 76, n°2110 et pl. 115, n°3033-3044. Dans des contextes saïte et perse : ASTON 1999, p. 210-212, pl. 65, n°1910 et p. 230, pl. 71, n°2029-2031 ; HEIDORN 1991, p. 206, fig. 3f. À Karnak-Nord, XXVIe-XXXe dynastie : JACQUETGORDON 2012, p. 253, fig. 98m, P.154, p. 270, fig. 107s, P.492 (P.154 en pâte calcaire et P.492 en pâte alluviale avec engobe rouge et bord blanc). Sur la rive ouest de Thèbes, Basse Époque : MYŚLIWIEC 1987, p. 70-71, n°642 ; BALLET 1994, p. 208-209, n°54. LECUYOT 1996, pl. IIIb (daté trop tôt d’après D. Aston : ASTON 1999, p. 230, note 121) ; à Karnak dans un ensemble daté entre les VIe et IVe s. : BÉOUT et al. 1993, p. 165, fig. 7, n°16. VON PILGRIM 1999, p. 127, p. 138-139, fig. 22, n°41-43. À Éléphantine : ASTON 1999, p. 182, pl. 54, n°1674-1678 et p. 202, pl. 63, n°1856-1863. À Thèbes : MYŚLIWIEC 1987, p. 69-70, n°612 ; MASSON 2015, p. 198, fig. 7.5-6. À Amarna : FRENCH 1986, p. 184 type MB2. À Hermopolis : SPENCER, BAILEY 1986, fig. 15, n°33-34 ; SPENCER 1993, pl. 54 type A4 n°52-54. Voir aussi à Karnak-Nord, phase XXVIe-XXXe dynastie : JACQUET-GORDON 2012, p. 254, fig. 99j, P.75. Contextes XXVIe dynastie à Karnak : BÉOUT et al. 1993, p. 171, fig. 19 n°32 ; COULON, DEFERNEZ 2004, p. 177-178, fig. 19 n°7. Karnak-Nord fournit divers exemplaires similaires : JACQUETGORDON 2012, p. 253, fig. 99c-e (phase XXVIe-XXXe dynastie). Le site du temple de Séthi Ier à Gourna offre des parallèles datés de la Basse Époque : MYŚLIWIEC 1987, p. 70 et 72, n°701-703. Dans des contextes fin saïtes et perses à Éléphantine : ASTON 1999, p. 230, pl. 71, n°2028. MASSON 2015, p. 197, fig. 7.1-2. Sur la transformation de céramiques du quartier des prêtres pour une utilisation secondaire : MASSON 2013.

CHAPITRE III

314

Les récipients de table en pâte calcaire Petits bols ou gobelets

7153.2

3 d : 9,8 cm

7147.5

7695.2

7054.13

2

1

4

Bols convexes

7209.6

7064.1

5

7066.10

7

7748.2

d : 17,4 cm

6

8

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bol ou gobelet à fond cylindrique, à la paroi très légèrement convexe marquée par de fines stries plates et au bord aminci, en M3 ; monté au tour (probablement XXVe-XXVIe dynastie) 2. Bol ou gobelet, au fond légèrement pointu, à panse droite couverte de fines stries arrondies, à bord droit souligné par une strie, en M1 ; monté au tour (XXVe-XXVIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67976 3. Bol à bord droit, à fond arrondi, au corps marqué de stries plates très fines, en M3 ; monté au tour ( XXVe-XXVIe dynastie) 4. Petit bol à carène basse, au corps marqué de stries plates très fines, en M3 ; surfaces extérieure et intérieure jaune crème ; monté au tour (XXVIe-début XXVIIe dynastie) 5. Bol convexe, au bord souligné, au fond arrondi ; en M1 ; monté au tour (surtout Basse Époque) 6. Bol convexe, au bord souligné, au fond arrondi, en M1 ; « auto-engobe » crème sur la surface extérieure du bord ; monté au tour (surtout Basse Époque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67972 7. Bol convexe, muni de deux petites anses verticales attachées à la lèvre, à bord à double-lèvre convexe et à fine base annulaire ; en M1 ; monté au tour (surtout Basse Époque, pas avant deuxième moitié du VIe s. av. J.-C.) 8. Bol convexe, à la lèvre marquée par une double rainure, en M3 ; monté au tour

Fig. 284. Céramique de la phase 13-19

315

LES ARTEFACTS

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte calcaire Jatte à marli

7054.4

1

Bols-jattes profonds à carène haute

7865.3

0

5 cm 0

5 cm

7865.3

7865.2

3

2

7054.3

4

7153.6

5

Éch. dessin :

0

1. Haut de jatte, à bord à marli, en M1 ; auto-engobe beige sur la surface extérieure ; monté au tour ( XXVe-XXVIe dynastie) 2. Bol-jatte à carène haute et à fond arrondi, en M1 ; auto-engone jaune-crème sur le bord extérieur ; monté au tour ( XXVe-XXVIIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119551 3. Fragment réutilisé de bol-jatte à carène haute, en M1 ; tranche très usée au bout ; monté en tour ( XXVe-XXVIIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/ cliché C. Apffel n°119550 4. Bol-jatte à carène haute, en M1 ; monté au tour ( XXVe-XXVIIe dynastie) 5. Bol-jatte, à carène haute, à l’encolure légèrement rentrante et terminée par une lèvre plate, aux parois convexes et ondulées sous la carène, en M1 ; monté au tour ( XXVe-XXVIIe dynastie)

Fig. 285. Céramique de la phase 13-20

5 cm

316

CHAPITRE III

• Bol-jatte caréné, moyennement profond, en M1 (fig. 286 n°1-6) La carène est moins haute et la profondeur moins importante que pour la catégorie précédente. Le bord peut être simplement souligné (n°1 et 3), à double lèvre convexe (n°2) ou à double ressaut marqué (n°4-6) ; le fond, dégagé, est soit légèrement arrondi (n°3 et 5), soit muni d’une fine base annulaire (n°1 et 2). Leur surface porte très souvent des traces de brunissage. Des exemplaires complets ont été recueillis dans la maison VIII – sur le sol SOL35 de l’espace arrière (n°1), le sol SOL34 dans la pièce D (n°2), et le niveau d’abandon recouvrant le sol SOL30 de la pièce C (n°3) – et parmi le matériel des niveaux d’abandon et de dépotoir de la maison VII (n°4 et 5). Un autre spécimen provient du niveau de dépotoir qui recouvrait le dallage de pierre ST22 de la « place » (n°6). Ces bols se rapprochent quelque peu de formes connues dans le Delta pour l’époque saïto-perse393. Mais la finesse de leur paroi394 et le fait qu’ils ne présentent pas de carène haute tendent à les dater de la XXVIe dynastie395. Les exemplaires provenant des contextes plus récents (n°4-6) diffèrent légèrement de par leur carène et une mouluration du bord plus marquées, plus anguleuses. Cela leur confère une allure plus « perse »396. Cette assertion est basée surtout sur la comparaison avec les chrono-typologies bien établies concernant la céramique de la Basse Époque dans le Nord de l’Égypte. Elle demande bien sûr à être étayée par des études sur le matériel de cette époque dans la région thébaine.

Les ustensiles divers • Cuvette, « mortier » ou mesureur de capacité en M1 (fig. 286 n°9) Le fond de ce type est légèrement arrondi et dégagé, à la manière de certains bols-jattes étudiés précédemment ; leur panse, très évasée, se termine par une large lèvre droite épaissie à l’extérieur. Plusieurs exemplaires, dont un complet, ont été mis au jour dans les niveaux de dépotoir des maisons des prêtres. Des bords semblables ont été trouvés dans plusieurs sites, à Thèbes397, Tell el-Balamun398 et Mendès399. D’après ces

parallèles, ce type apparaît à la XXVIe dynastie et persiste à l’époque ptolémaïque (du moins dans la région thébaine). À Éléphantine, plusieurs spécimens en pâte alluviale et présentant un fond plat et un profil légèrement moins évasé ont été recueillis dans des contextes fin saïte et perse400. C. Defernez suggère que ce groupe pourrait imiter les mortiers chypriotes401. Ce groupe aurait été copié dès le VIe siècle, soit deux siècles avant la démultiplication des copies des conteneurs et autres récipients importés402. Le profil de nos cuvettes est assez éloigné de celui des « mortiers » chypriotes. Il pourrait s’agir d’une production égyptienne légèrement influencée par un modèle chypriote, mais rien n’est moins sûr. La fonction alléguée de « mortier » ne semble guère pertinente non plus. La paroi du fond arrondi est trop fine pour que le vase ait pu servir de mortier. Des réserves ont été également émises concernant l’appellation « mortier » à propos des formes munies d’un pied403. Plus récemment on a interprété ce groupe comme un instrument de mesure pour le gruau de blé404. Cette interprétation semble plus satisfaisante et il nous paraît intéressant de noter que l’exemplaire complet 7111.24 a été mis au jour dans le même niveau qu’un mesureur de capacité en grès 7111.8 (fig. 74).

1.3.1.3. Productions des Oasis de la phase 13 • Siga en O1 (fig. 287 n°1) et O3 Outre la siga provenant du sol SOL1, un exemplaire identique quasi-complet et plusieurs fragments de siga ont été découverts dans les couches de dépotoir de la maison VII. Les pâtes O1 et O3 ainsi que le profil de ce conteneur sont typiques de cette production bien connue des Oasis405. Les sigas à col haut terminé par un bourrelet extérieur abondent dans la période ancienne d’‘Ayn Manâwîr, soit 460-400 av. J.-C., et disparaissent totalement des niveaux post-perses de la fin de la Basse Époque (vers 380-370 av. J.-C.)406.

400

401 393 394

395 396 397

398 399

PAICE 1986/1987, p. 100 et fig. 4. L’usage de la pâte calcaire, seule, pourrait aussi expliquer cette finesse, puisque les exemplaires de la Basse Égypte sont surtout en pâte alluviale. PAICE 1986/1987, p. 100. DEFERNEZ 2003, p. 436. À Karnak : DEFERNEZ 2004, fig. 1 (contexte de la Basse Époque) ; JACQUET-GORDON 2012, p. 264, fig. 105e, P.440 (niveaux couvrant la période XXVIe-XXXe dynastie, forme présentée comme un couvercle). À Gourna : MYŚLIWIEC 1987, p. 69-70, n°628 (contexte saïte). SPENCER 1996, pl. 62, n°58. ALLEN 1982, pl. XIV, n°1.

402 403 404

405

406

ASTON 1999, p. 216-217, pl. 66, n°1922 ; VON PILGRIM 1999, p. 126-127, p. 136-137, fig. 21, n°33-34. Un bord à lèvre épaissie en pâte calcaire provient d’un contexte daté de la fin de la XXVIe-début de la XXVIIe dynastie : id., p. 127, p. 138-139, fig. 22, n°39. DEFERNEZ 2004, p. 44, note 2 ; DEFERNEZ 2016, p. 58, fig. 10. Ces formes auraient été produites ailleurs qu’à Chypre : DE PAEPE, GRATIEN 1995, p. 68. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 75. DE PAEPE, GRATIEN 1995, p. 69. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 64. E. Oren avait déjà écrit que les mortiers devaient servir de « measuring bowl » et les associait à des amphores de stockage pour le grain et l’huile (OREN 1984, p. 17). Un article fait le point sur ces productions : HOPE 2000. Les sigas sont encore produites de nos jours dans l’Oasis de Dakhla : HENEIN 1997, p. 162-166. MARCHAND 1996, p. 425-426, groupe n°14, n°50 ; MARCHAND, in HOPE 2000, p. 222 (type 1).

317

LES ARTEFACTS

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte calcaire

0

0

5 cm

5 cm

7792.1

7707.7

7856.4

1

3

2

7054.5

7048.4

4

7659.2

6

5

Les ustensiles divers en pâte calcaire

7153.5

7

7877.1

7111.24

9

8

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bol-jatte caréné, à fond arrondi muni d’une fine base annulaire haute, au bord marqué, en M1 ; surface intérieure brunie ; monté au tour (Basse Époque, plutôt XXVIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119552 2. Bol-jatte caréné, à fond arrondi, muni d’une fine base annulaire haute, à bord à double lèvre convexe, en M1 ; surface intérieure brunie ; monté au tour (Basse Époque, plutôt XXVIe dynastie) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119553 3. Bol-jatte caréné, au bord marqué, au fond légèrement arrondi, en M1 ; la surface intérieure porte des marques concentriques brunies ; monté au tour (Basse Époque, plutôt XXVIe dynastie) 4. Haut de bol-jatte, à bord souligné par une double incision, en M1 ; surface extérieure brunie ; monté au tour (Basse Époque, plutôt XXVIIe dynastie) 5. Bol-jatte caréné au bord mouluré et au fond dégagé, très légèrement arrondi, en M1 ; surface brunie sous la carène (cercles concentriques brunies) ; monté au tour (Basse Époque, plutôt XXVIIe dynastie) 6. Bol-jatte caréné, au bord mouluré, en M1 (Basse Époque, plutôt XXVIIe dynastie) 7. Couvercle, munie d’une petite anse de préhension sur le dessus, en M1 ; monté au tour 8. Coupelle/couvercle en M1 ; traces de feu sur le bord (encens, lampe...) ; monté au tour 9. Cuvette, “mortier” ou mesureur de capacité, à large lèvre droite épaissie à l’extérieur, à fond arrondi et dégagé, en M1 ; surface intérieure lissée ; monté au tour (Basse Époque, voire au-delà)

Fig. 286. Céramique de la phase 13-21

CHAPITRE III

318

Productions des Oasis

Siga

h : 22,5 cm d : 6 cm

7024.54

1

Petite jarre

7065.68

2

Éch. dessin :

0

1. Siga à col droit assez haut, terminé par un bourrelet externe, placé au centre d’un corps allongé aux deux extrémités arrondies, en O1a ; surface extérieure de couleur brun foncé, très irrégulière et rugueuse, marquée par des traces de lissage formant des arcs de cercle (dès le VIe s., mais surtout Ve-début IVe s. av. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°67970 2. Petite jarre piriforme, au bord mouluré, à base annulaire, munie d’anses verticales, en O3 ; surfaces intérieure et extérieure de couleur rouge, moyennement régulières et rugueuses ; monté au tour ( V-IVe s. av. J.-C.)

Fig. 287. Céramique de la phase 13-22

5 cm

LES ARTEFACTS

Ce type est déjà attesté à la XXVe dynastie dans l’Oasis de Bahariya407. En dehors des Oasis, il semble répertorié dès la XXVIe dynastie à Karnak-Nord408. À Éléphantine, des fragments de siga à col haut ont été mis au jour dans une fosse de dépotoir datée du VIe siècle409 mais ce sont des niveaux perses qui ont fourni des exemplaires complets410. Les fonctions de la siga pouvaient être multiples : transport et/ou stockage de liquides et de denrées (probablement vin, blé, orge, dattes, huile d’olive pour la consommation, huile de rincin pour l’éclairage) ; collecte de l’eau ; baratte pour le beurre…411. • Petite jarre en O3 (fig. 287 n°2) Il s’agit d’un exemplaire unique, découvert dans un niveau de dépotoir de la maison VII. La pâte dans laquelle elle a été confectionnée a été plusieurs fois observée dans la famille des sigas mises au jour dans le quartier des prêtres. Cela nous permet de supposer une origine oasienne à cette forme. Son profil piriforme et son bord mouluré rappellent la production très commune des jarres en pâte calcaire ; mais sa base en anneau est atypique412 et l’éloigne des productions saïtes413. La forme du bord, à double lèvre convexe et bourrelet interne peu prononcé, dénote également son appartenance à un répertoire plus récent que la XXVIe dynastie. En effet, ainsi qu’il a été observé pour les jarres en pâte calcaire414, l’absence de gorge interne ou le renflement interne de la lèvre peu marqué sont caractéristiques de l’époque perse. Dans le matériel d’‘Ayn Manâwîr, S. Marchand a relevé des formes très proches, issues des niveaux fin Ve-IVe siècle415.

niveaux de la phase 12. Enfin un petit aryballe de style et probablement d’origine corinthiens, vient compléter ce tableau des importations. Il n’est pas inutile de rappeler ici que, sans analyse physico-chimique de leur pâte, il est imprudent d’attribuer définitivement telle céramique à tel centre de production étranger. Aussi, les récipients sont désignés « assimilés » à tel courant de production et les fabriques de nos exemplaires sont comparées dans la mesure du possible avec les descriptions des fabriques d’importations provenant d’autres sites. 1.3.2.1. Récipients assimilés au courant égéen de la phase 13 • Amphore de Chios en I1a (fig. 288 n°1)416 Par sa pâte, son profil et son décor, on peut identifier l’amphore comme une amphore vinaire de Chios417. Cette catégorie d’amphore commerciale a connu une large diffusion dans le monde antique : la réputation du vin de Chios était fameuse dans l’Antiquité418. Bien que la majorité des occurrences en Égypte se concentrent dans le Nord de l’Égypte419 et le Sinaï420, des exemplaires ont été mis au jour en Haute Égypte421, notamment à Karnak422. L’engobe blanc épais, le décor de bandes larges à l’ocre rouge et la forme générale de l’amphore, la font appartenir à la catégorie ancienne des amphores de Chios423. Cette série d’amphores 416

1.3.2. Les importations et copies d’importation de la phase 13 Le nombre des importations reste toujours limité à la phase 13 du quartier des prêtres. Cependant, même si l’on ne compte que de rares individus, on note une diversification des importations. Diverses amphores d’origines égéenne, chypriote et attique s’ajoutent aux amphores syro-palestiniennes déjà présentes dans les 407 408

409 410 411 412

413

414 415

Matérial inédit mais voir MARCHAND 2007b, note 6. Sigas à col haut : CHRISTOPHE 1951, p. 66-68 et fig. 6 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 289, fig. 119f-g (phase XXVIeXXXe dynastie). VON PILGRIM 1999, p. 128 et 138, fig. 22, n°50. ASTON 1999, pl. 75, n°2089-2090 et pl. 76, n°2091. MARCHAND 2007b, p. 491. Sur une jarre à base en anneau en pâte calcaire, cf. supra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. Une jarre très proche, munie d’un anneau a été datée des XXIIIeXXVIe dynasties par Petrie, datation un peu haute nous semblet-il : PETRIE 1909, pl. LIV, n°825. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 179. Communication personnelle.

319

417

418

419

420

421

422

423

MASSON 2007, p. 362, fig. 1, n°1 ; MASSON 2016a, p. 29-30, fig. 5. BOARDMAN et al. 1954, p. 170 ; ASTON 1999, p. 9 ; DEFERNEZ 2003, p. 200 ; BOURRIAU 2003, p. 227 (Fabric 1). Sur ces amphores et le commerce du vin entre Chios et l’Égypte, voir : BOARDMAN 1995, p. 157 ; MARANGOU 2016, p. 81. Quelques exemples : PETRIE 1886, pl. XVI, n°4 ; LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 112, pl. 43 ; ALLEN 1982, pl. XIX n°3-4 ; BOURRIAU, FRENCH 2007, p. 119, fig. 1, n°6 ; GANTÈS 2007, p. 144-146, fig. 1 n°1, 11-14 ; SMOLÁRIKOVÁ 2007, p. 191-192, fig. 4. LECUYOT 2007, p. 199, fig. 1 n°10 ; THOMAS 2014, p. 181, fig. 120 (C2307, C2260, C2378, C2545 et C2558). Voir notamment : OREN 1984, fig. 22, n°1-4 ; HAMZA 1997, p. 85, fig. 14 ; DEFERNEZ 2003, p. 206-208, pl. XXXVIXXXVIII, p. 271-273, pl. LVIII-LIX, p. 359-361, pl. LXXVIIILXXIX ; DEFERNEZ 2007a, p. 558-559, fig. 3. MYŚLIWIEC 1987, p. 75-77, pl. XIII n°804-821 (excepté n°810811); l’identification de ces amphores a été reprise : DUPONT, GOYON 1992, p. 153-154, fig. 1 n°1-2. Voir aussi : BALLET 1994, p. 215-218, n°68 et 73 ; ASTON 1999, p. 212 et pl. 65, n°1911-1913 ; ASTON 2007, fig. 14 ; SCHREIBER 2008, p. 83, pl. LXXI ; BUDKA 2010b, p. 415, fig. 174, p. 787, pl. 37c-d. Dans le temenos d’Amon-Rê de Karnak : DUPONT, GOYON 1992, p. 157 et note n°65 ; DEFERNEZ 2016, p. 50-51, fig. 4-5 ; MARANGOU 2016, p. 73-76, pl. I, n°A51, A60-68. À KarnakNord : MARANGOU 2009a, p. 123, fig. 7a ; MARANGOU in JACQUET-GORDON 2012, p. 377-378, fig. 155e-j (un type plus ancien et d’autres plus récents que notre exemplaire). C’est le type A défini par OREN 1984, p. 24 sq.

Récipients assimilés au courant égéen

7057.32

2

7089.2

7288.22

3

1

Amphore assimilée au courant chypriote

Amphore attique

7624.2

7024.24

5

4

Éch. dessin :

0

10 cm

1. Amphore chiote munie de deux anses verticales de section ovale, attachées sous la lèvre, à col long et droit terminé par un bourrelet externe, à panse ovoïde renflée et au pied en anneau marqué d’une dépression, en I1a ; surface extérieure portant un décor élaboré de bandes peintes à l’ocre rouge apposé sur un engobe blanc épais ; deux graffiti incisés à la base du col ; monté au tour (ca. 575-525 av. J.-C.) 2. Anse verticale d’amphore de Clazomènes, de section ovale, en I8 ; très fin engobe beige-brun clair et décor de bandes de couleur ocre rouge sur la surface extérieure (deuxième moitié du VIe et Ve s. av. J.-C.) 3. Haut d’amphore importée d’origine indéterminée, provenant peut-être de la sphère égéenne d’après la pâte, munie d’un col assez haut et d’anses (départ d’anses seulement), en I4 ; montée au tour (datation indéterminée, Basse Époque selon le contexte) 4. Amphore dite à anses de panier, munie de lourdes et hautes anses en panier, à bord triangulaire, en I3a ; monté au tour (fin VIIe-mi Ve s. av. J.-C., mais surtout VIe s.) 5. Bord, anse et fond d’une amphore attique de type « SOS » à la brosse, en I6 ; vernis rouge brun appliquée à la brosse sur la surface extérieure, au niveau de la lèvre et du fond ; monté au tour (surtout seconde moitié du VIe s. av. J.-C.)

Fig. 288. Céramique de la phase 13-23

LES ARTEFACTS

commencerait à la fin du VIIe siècle et d’après J.K. Anderson, l’engobe blanc disparaîtrait des exemplaires dès la première moitié du VIe siècle424. Cependant, à Tell Defenneh, une de ces amphores engobées blanc était scellée avec le cartouche d’Amasis425. Les céramologues ont désormais tendance à repousser la production de cette série jusqu’au troisième quart du VIe siècle et son introduction en Égypte au début du règne d’Amasis426. Notre amphore se placerait dans ce cas entre le second et le troisième quart du VIe siècle. Les deux graffiti situés à la base du col, réalisés après cuisson, s’apparentent à des graffiti laissés sur divers conteneurs importés découverts dans la région thébaine et datés de la Basse Époque427. • Amphore de Clazomènes en I8 (fig. 288 n°2)428 Un fragment d’anse verticale portant un décor de lignes peintes à l’ocre rouge, appliqué sur un très fin engobe beige, a été mis au jour dans un niveau de dépotoir de la maison VII. Bien que ce décor rappelle celui des amphores chiotes429, sa pâte très riche en quartz anguleux l’apparente à une amphore originaire de Clazomènes430. Ces amphores vinaires de Grèce de l’Est sont produites à partir de la fin du VIIe siècle jusqu’au début du Ve siècle431. Elles sont régulièrement attestées en Égypte432, notamment dans la région thébaine433, surtout entre le troisième quart du VIe et le début du Ve siècle434.

• Amphore de type indéterminé en I4 (fig. 288 n°3)435 Le col, légèrement convergent et assez court, est terminé par une lèvre large mais peu épaisse. Le départ d’anses a été noté sous la lèvre. La fabrique I4 apparente cette amphore à la sphère égéenne436 mais, à notre connaissance, son origine et sa datation restent indéterminées. Son contexte de découverte – la fosse de dépotoir F17, la plus récente de la maison VII – date a priori de l’époque perse.

1.3.2.2. Récipients assimilés au courant chypriote de la phase 13 • Amphore à anses de panier en I3 (fig. 288 n°4)437 L’amphore à anses de panier trouvée sur le sol incendié de la réserve SOL1 est un type d’amphores provenant du Levant, mais aussi produit à Chypre438. Elle a connu une bonne diffusion en Égypte439. À Mendès, l’imitation de ces amphores a été mise en relief par des analyses chimiques440 et D. Aston a émis l’hypothèse de la présence de telles imitations à Éléphantine441. Mais, l’existence de ces imitations a été remise en doute442, et, l’observation au compte-fil indiquerait plutôt une pâte proche de celle décrite pour les amphores à anses de panier produites à Chypre443. Notre exemplaire appartient à une catégorie d’amphores dont on connaît assez bien l’évolution depuis son apparition au milieu du VIIe à sa disparition au milieu du IVe siècle444.

435 436 424 425 426

427 428 429

430

431 432

433

434

BOARDMAN et al. 1954, p. 169. LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 112, pl. 64. Une discussion synthétique sur les problèmes de datation du type A est proposée par C. Defernez dans DEFERNEZ 2003, p. 204-206. Dans la publication des amphores de Bouto, les amphores chiotes proviennent de contextes datés entre 675 et 500 av. J.-C. : BOURRIAU, FRENCH 2007, p. 119. SCHREIBER 2015, p. 310, note 23. MASSON 2016a, p. 30, fig. 6. Les bandes sont plus larges sur les amphores de Clazomènes : DUPONT, GOYON 1992, p. 154. La pâte présente quelque peu les couleurs d’une pâte alluviale mais se distingue par une forte proportion de quartz anguleux : BOURRIAU 2003, p. 231 (Fabric 27). Sur ces amphores : COOK, DUPONT 1998, p. 151-156. OREN 1984, p. 19, fig. 22/6, p. 21, fig. 24/1, p. 24-26, fig. 33-34 et p. 33, fig. 53 (identification corrigée comme amphore de Clazomènes dans DUPONT, GOYON 1992, note 36) ; HAMZA 1997, p. 85, fig. 12 n°1-2 (identifiées comme amphores « samiennes ») ; BOURRIAU 2003, 231, pl. 41g ; GANTÈS 2007, p. 145, fig. 1.3-4 ; SMOLÁRIKOVÁ 2007, p. 191-192 ; MARCHAND 2007b, p. 490, fig. 1. Gourna : PETRIE 1909, pl. LV n°851 ; MYŚLIWIEC 1987, pl. XIII n°810-811, pl. XIV n°833-841 (identification de ces amphores reprise dans DUPONT, GOYON 1992, p. 154-155, fig. 1 n°3-4). À Karnak : MARANGOU 2009a, p. 121 ; MARANGOU in JACQUETGORDON 2012, p. 378, fig. 155k ; MARANGOU 2016, p. 73 et 76, pl. I-II, n°A69-71. COOK, DUPONT 1998, p. 154-155.

321

437

438

439

440

441

442

443 444

MASSON 2016a, p. 30, fig. 7. Les nodules gris et noirs qui entrent dans la composition de la pâte semblent être de la roche volcanique, élément caractéristique des pâtes du monde égéen : je dois cette information à A. Marangou à qui j’ai pu montrer les photographies macro de cette pâte. MASSON 2007, p. 364, fig. 1, n°2 ; MASSON 2016a, p. 30, fig. 10. CALVET 1986, p. 507. Pour les plus anciens modèles (de fin VIIIe au Ve s. av. J.-C.), l’origine serait plutôt chypriote : MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 252. Dans le Delta et le Sinaï surtout : HUMMEL, SCHUBERT 1994, p. 5-6, fig. 1 ; GRATIEN 1997, p. 71, fig. 1, n°5-70 ; DEFERNEZ 2007a, p. 593, fig. 8. Mais aussi en Haute Égypte, à Éléphantine : ASTON 1999, p. 9, p. 263-264, n°2290 ; ASTON 2007, p. 436-437. Des analyses chimiques réalisées sur plus de deux cents exemplaires d’amphores à anses de panier montrent que l’argile employée semble provenir d’Égypte, de la région d’Alexandrie, et que la comparaison avec les exemplaires rhodiens, chypriotes et syro-palestiniens conduit à les en distinguer : DE RODRIGO 1998 ; DE RODRIGO 2004, p. 214. Il s’agit d’exemplaires datés des Ve-IVe s. Sa pâte L1 aurait été utilisée pour réaliser des copies de conteneurs égéens et chypriotes, dont des amphores à anses de panier : ASTON 1999, p. 9 et 263-264, n°2290. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 67, notes 40 et 41. C. Defernez note par ailleurs que si les imitations sont réelles, elles ne le sont qu’à partir du IVe s. : ibid., p. 68. Pour ce type de pâte, cf. : DE PAEPE, GRATIEN 1995, p. 65 et 67. CALVET 1986, p. 507.

322

CHAPITRE III

D’après la typologie établie par Stern445, le corps biconique, l’absence de col et les deux hautes anses verticales s’attachant sur des épaules très basses, non marquées, tendent à dater cette amphore de la fin du VIIe siècle au milieu du Ve siècle. Il s’agit de son type I1. Stern compare son type I1 aux amphores à anses de panier du même type provenant de Chypre : elles correspondent aux amphores du Plain White V, que Gjerstad situe entre 600 et 475 av. J.-C.446. Enfin, une étude de J.-B. Humbert, qui fait le point sur l’évolution morphologique de ce type d’amphores trouvé en Palestine, le classe aux alentours de 600 av. J.-C.447. Ce type, assez ancien448, est attesté en Égypte, surtout dans le Delta et le Sinaï449. À Naucratis, Petrie dit rencontrer de nombreux fragments de ce type d’amphores jusque dans les niveaux datant 530 av. J.-C.450. Les types suivants, adoptant un profil plus fuselé, des anses plus légères, des épaules plus marquées, apparaissent au tournant du Ve siècle, dès 475 av. J.-C. Un exemplaire appartenant à notre catégorie, probablement réutilisé, a été découvert à Tell el-Herr dans un contexte du milieu du Ve siècle451. Les avis sur la fonction de ce type d’amphores sont divergents : pour la plupart, ces amphores transportaient de l’huile452 mais J.-B. Humbert pense plutôt qu’elles transportaient du vin chypriote453. Dans un deuxième temps, elles servaient au stockage de denrées solides ou liquides454.

445 446 447

448

449

450 451

452 453 454

STERN 1982, p. 111. Ibidem. C’est le type E : HUMBERT 1991, p. 583-585, fig. 6. Il faut néanmoins noter que le type E présente un col, contrairement à notre exemplaire. Dans un précédent article, je repousse la fin de la production de ce type ancien au début de l’époque perse, à cause du matériel local associé : MASSON 2007, p. 363-365, fig. 1 n°2. L’hypothèse d’un ancien conteneur réutilisé pendant une longue période ne peut bien sûr pas être occultée. Quelques exemples. À Tanis : PETRIE 1888, pl. XXXIII, n°6. À Tell el-Migdol, plusieurs individus fragmentaires, datés de l’époque saïte : OREN 1984, p. 18, fig. 21, n°1, 3, 5, 11 et fig. 28. Le bord n°1 et le profil biconique du corps n°11 sont semblables à notre exemplaire. Nombreux exemplaires à Tell Defenneh : LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 95 et 113, pl. 44, n°18676. À Tell el-Herr : GRATIEN 1996, fig. 8. Les fouilles du trésor de Thoutmosis Ier ont fourni quelques spécimens de ces amphores (type daté du VIIe s.) : A. MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 372, fig. 153. PETRIE 1886, p. 64; GANTÈS 2007, p. 148. Il appartient à la phase VI du site : DEFERNEZ 2003, p. 394-396, pl. LXXXIX, n°249. DE RODRIGO 2004, p. 214-216. HUMBERT 1991, p. 575-576. Des exemplaires complets ont été découverts semi-enterrés dans le sol de cuisines : DEFERNEZ 2003, p. 392 ; HUMBERT 1991, p. 576.

1.3.2.3. Récipients assimilés au courant attique de la phase 13 • Amphore attique « SOS », à la brosse en I6 (fig. 288 n°5)455 Plusieurs fragments appartenant, apparemment, à une même amphore ont été découverts dans les niveaux d’abandon et de dépotoir de la « place ». Le « vernis » brun-rouge appliqué à la brosse sur la surface extérieure est très caractéristique des amphores à huile attiques « SOS ». Ce type d’amphores a été mis au jour, entre autres, à Migdol parmi d’autres amphores commerciales de provenances diverses456. La Haute Égypte a également fourni quelques exemplaires : à Éléphantine457, Gourna458 et Karnak459. Cette amphore est généralement datée de la seconde moitié du VIe siècle460, même si certains exemplaires ont été trouvés dans des contextes légèrement antérieurs461. Elle aurait transporté de l’huile d’olive462, mais cet usage a été récemment remis en question463.

1.3.2.4. Récipient corinthien de la phase 13 • Aryballe corinthien (fig. 289 n°1)464 Une dernière importation identifiée pour le courant grec, recueillie dans une couche de dépotoir de la maison VII (US 7048), mérite d’être signalée. Il s’agit d’un fragment d’aryballe corinthien, typique de l’époque archaïque grecque465. Ce vase globulaire décoré, en pâte calcaire rose très fine466, est généralement destiné aux huiles parfumées. Un soldat, portant casque, lance et bouclier suit de près un de ses compagnons dont on aperçoit un bout du bouclier et de la lance. Cet armement est caractéristique des hoplites

455 456 457

458

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460 461

462 463 464 465

466

MASSON 2016a, p. 30, fig. 8. OREN 1984, p. 19, fig. 22, n°2-3 ; DEFERNEZ 2003, p. 205. Exemplaires datés de la deuxième moitié du VIe s. : VON PILGRIM 1999, p. 129 et 141-142, fig. 23, n°56 ; ASTON 1999, p. 212, pl. 65, n°1914-1915 ; ASTON 2007, p. 438-439. MYŚLIWIEC 1987, p. 80-81, n°850-851, pl. XIII/6 et pl. XIII/7. L’auteur y voyait des productions égyptiennes provenant d’ateliers ptolémaïques d’Alexandrie (ibid., p. 81) ; mais cette interprétation a été démentie (DUPONT, GOYON 1992, p. 154 et 166). Trésor de Chabaka : MARANGOU 2016, p. 75, pl. II, n°A57-59. À Karnak-Nord : MARANGOU 2009a, p. 120-121, fig. 5 ; MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 372-374, fig. 154a-b. DUPONT, GOYON 1992, p. 155. À Bouto, une base a été mise au jour dans un contexte datant de la première moitié du VIe siècle : BOURRIAU 2003, p. 231 et 233, pl. 41F. DUPONT, GOYON 1992, p. 154 ; MARANGOU 2016, p. 79. GARLAN 2000, p. 84-85 ; GANTÈS 2007, p. 148. MASSON 2016a, p. 28, fig. 3. BOARDMAN 2001, p. 32. Sur la céramique corinthienne peinte trouvée en Égypte : VENIT 1984, p. 17-120. Nous n’avons pas pu faire de prélèvement de pâte pour ce vase qui est conservé au Cheikh Labib B.

323

LES ARTEFACTS

Aryballe corinthien

7048.10

1 Éch. dessin :

0

5 cm

Amphores syro-palestiniennes

7092.1

7415.1

3

2

h : 10 cm

7015.6

4 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Aryballe corinthien: petit vase globulaire en pâte calcaire rose très fine (pas de prélèvement de pâte) ; décor sur la surface extérieure représentant des hoplites, avec des éléments rehaussés d’un vernis noir ou rouge et des détails incisés ; monté au tour (ca. 625 à 550 av. J.-C., surtout premier quart du VIe s.) – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, cliché G. Bancel n°65716 2. Amphore « torpedo », aux anses arrondies et épaules très marquées, en I2 ; surface extérieure grossièrement lissée ; monté au tour (VIe-Ve s. av. J.-C., probablement deuxième moitié du VIe s.) 3. Bord d’amphore « torpedo », à lèvre haute, aux épaules larges et tombantes, en I2 ; monté au tour (VIe-Ve s. av. J.-C., probablement deuxième moitié du VIe s.) 4. Miniature d’amphore entière, à bord à lèvre triangulaire, munie de deux anses attachées au niveau d’une épaule large et tombante, au corps conique terminé par un fond pointu ; pas de prélèvement de pâte mais probablement copie locale d’amphore « torpedo » ; monté au tour (ca. deuxième moitié du e VI s.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Bancel n°65777

Fig. 289. Céramique de la phase 13-24

324

CHAPITRE III

grecs. Cette thématique, de même que la technique du décor (détails incisés et rehauts aux vernis noir et rouge), est assez commune dans la production corinthienne. Par exemple, la célèbre olpé Chigi467, datant du milieu du VIIe siècle, est décorée d’une frise d’hoplites dans sa partie supérieure. D’après J. Boardman, la décoration figurative sur la céramique corinthienne s’arrête brusquement vers le milieu du VIe siècle468. Le décor d’hoplites est connu sur les aryballes des Early, Middle et Late Corinthian, soit de 625 à 550 av. J.-C. environ, et, ces trois périodes sont représentées en Égypte469. Mais le remplissage de points autour de la figure est typique du Middle Corinthian, c’est-à-dire du premier quart du VIe siècle470. Des aryballes corinthiens avec ce décor précis ont été mis au jour à Naucratis et ont été datés entre 595 et 570 av. J.-C.471. En général, ces formes ont été très rarement mises au jour en Haute Égypte et elles proviennent rarement de bons contextes de fouilles472. Si l’identification du Middle Corinthian convient bien à notre exemplaire, celui-ci constituerait l’élément le plus ancien bien daté du dépotoir de la maison VII, et même pour la plupart des contextes de la phase 13. Il est évident qu’il existe un laps de temps entre l’acquisition de cet objet et son rejet, mais le moment de son rejet n’est pas aisé à évaluer473.

1.3.2.5. Récipients syro-palestiniens de la phase 13 • Amphore « torpedo » en I2 (fig. 289 n°2-3) Plusieurs fragments d’amphore en pâte I2, pâte de couleur saumonée caractéristique des amphores « torpedo »474, ont été mis au jour dans divers contextes de la phase 13. Cette

467 468 469 470 471

472

473

474

Rome, Villa Giulia 22679. BOARDMAN 2001, p. 48. VENIT 1984, p. 23. Ibid., p. 24. Ibid., p. 60-62, pl. XLVI-XLVII, A31-36 ; BERGERON 2015, p. 10 (catalogue associé, voir par exemple British Museum 1886,0401.1298). Pour la région thébaine, on relève trois aryballes globulaires corinthiens – en plus du spécimen du quartier des prêtres – et un aryballe en forme de casque d’hoplite, produis entre 620/610 et 550 av. J.-C. : GANTÈS 2016, p. 96. Il faut noter dans le même contexte la présence d’une jarre-marmite décorée de bandes blanches, production qui ne semble apparaître qu’à partir de la fin de la Basse Époque : supra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13. On pourrait sans doute remonter légèrement l’apparition de cette production, puisque la majorité des éléments, issus des premiers niveaux de dépotoir de la maison VII, date de la fin de l’époque saïte et du début de l’époque perse (plus probablement début de l’époque perse). Les amphores « torpedo » à pâte blanche, et non saumonée, n’apparaissent pas avant la fin du Ve-début IVe siècle. À Tell el-Herr, les deux pâtes (pâte saumonée I P1 = I2 et pâte blanche I P2) sont attestées pour des amphores « torpedo » datées de la fin du Ve-IVe s. av. J.-C. : GRATIEN 1997, p. 71, fig. 1, n°8-406, 8-425, 8-207, 5-103 ; DEFERNEZ 2003, p. 37-38 et 369-370.

production était largement répandue en Égypte475, surtout aux Ve et IVe siècles av. J.-C.476. Mais elle est bien attestée auparavant, ainsi que nous l’avons vu pour les exemples de « torpedo » anciens mis au jour à la phase 12477. Si on compare l’exemplaire 7092.1 (n°2) aux exemplaires antérieurs (fig. 264 n°4-5), on note des changements morphologiques et techniques certains. L’anse est plus grosse et plus ronde, le corps s’évase légèrement après une épaule bien marquée et le lissage de la surface extérieure est peu soigné. La pâte, quoique très proche, présente plus d’inclusions. Ces caractéristiques indiqueraient une datation plus récente pour ce fragment d’amphore. Cependant l’angle de l’épaule ne tend pas à horizontal, comme ce sera le cas pour la majorité des amphores « torpedo » produites dès le début du Ve siècle478. En outre, le diamètre au niveau de l’épaule demeure assez important alors qu’il a tendance à beaucoup rétrécir dans les exemplaires à partir du Ve siècle479 : le diamètre à l’épaule de 7092.1 fait 22 cm480, alors que celui des exemplaires datés du Ve siècle oscillent entre 17 et 19 cm environ, d’après les dessins montrant l’évolution de ces amphores découvertes à Tell el-Maskhouta481, et, entre 18 et 20 cm d’après les amphores de Tell el-Herr482. Vers la fin du Ve siècle, il dépasse rarement 17 cm483. Quant à l’exemplaire 7415.1 (n°3), l’épaule est encore large (plus de 21 cm) et légèrement tombante, ce qui le classe probablement dans le même type que 7092.1. D’après ces comparaisons, leur datation ne devrait donc pas dépasser la fin du VIe siècle. Bien entendu au vu de leur caractère très fragmentaire, il serait sans doute plus prudent d’élargir cette fourchette chronologique. Un exemplaire complet d’amphore « torpedo », aux épaules larges, a été mis au jour à Éléphantine dans un contexte daté entre 550 et 400 av. J.-C.484.

475

476 477

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479 480

481 482 483 484

Par exemple à Tell el-Balamun : SPENCER 1996, p. 94, pl. 70, types E1-E2. À Tanis : P. BRISSAUD et al. 1987, p. 91, fig. 13, n°155. À Mendès : ALLEN 1982, pl. XIX.1-2. À Tell el-Maskhouta : HOLLADAY 1982, pl. 9, n°3-5. À Éléphantine : ASTON 1999, p. 232, pl. 72, n°2044 ; ASTON 2007, p. 434-435. À Karnak-Nord, une centaine de fragments d’amphores « torpedo » ont été mis au jour à la phase XXVIe-XXXe dynastie : JACQUET-GORDON 2012, p. 284-286, fig. 117. ASTON 1999, p. 232. Supra, Chapitre III, § 1.2.2.1. Récipients assimilés au courant syro-palestinien de la phase 12. Pour une étude complète de ces amphores à la Basse Époque et la période pré-hellénistique (notamment leur chrono-typologie) voir DEFERNEZ 2003, p. 367-391. PAICE 1986/1987, p. 98. Les exemplaires de la phase 12 font entre 24 et 25 cm au niveau de l’épaule. PAICE 1986/1987, fig. 1 et 2. DEFERNEZ 2003, p. 377. Ibidem. ASTON 1999, p. 232, pl. 72, n°2045 ; ASTON 2007, p. 434-435. Cette amphore appartient au sous-type 7e de A.G. Sagona (SAGONA 1982, p. 83-85, fig. 2, n°8). D’autres exemplaires pro-

LES ARTEFACTS

• Amphore « torpedo » miniature : une copie ? (fig. 289 n°4) Concernant le phénomène d’imitation des amphores dès la deuxième moitié du VIe siècle, nous avons vu que la littérature céramologique émettait, avec raison, de sérieux doutes. L’amphore miniature 7015.6, découverte dans la couche d’incendie à l’arrière de la maison VII, pourrait peut-être illustrer les débuts de ces imitations485. Son profil s’apparente assez aux amphores « torpedo » du sous-type 7e de Sagona486. L’existence d’imitations locales de « torpedo » de petite taille est bien attestée en Égypte487, et ce dès la XXVIe dynastie488. Nous n’avons malheureusement pas été autorisée à effectuer de prélèvement de pâte du fait de son caractère complet. Néanmoins, la découverte dans le même contexte d’un autre récipient miniature (fig. 280 n°2), imitant cette fois une forme locale, permet sans doute de qualifier cette amphore d’imitation locale489.

Bien que la phase 13 n’ait fourni que de rares importations, il est intéressant de noter la diversité de leur provenance. Certaines sont considérées comme les témoins principaux des « courants commerciaux les plus importants aux époques saïte et perse »490. Excepté

485

486

487

488

489

490

venant aussi de contextes datés entre 550 et 400 av. J.-C. présentent des épaules plus courtes et droites : ASTON 1999, p. 234-236, pl. 73-74, n°2049-2061, et p. 238, pl. 75, n°20782080. Elles s’apparentent au groupe 6 de Sagona (SAGONA 1982, p. 83-85, fig. 2, n°1-4). Les deux formes semblent donc avoir coexisté un temps. Le processus d’imitation commence souvent par des formats miniatures : DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 69 ; DIX-NEUF 2011, p. 77. SAGONA 1982, p. 83-85, fig. 2, n°8. L’auteur place sa production entre 700 et 400 av. J.-C. (ibid., p. 85). À Bouto, cette forme est attestée dès 750 jusqu’à 500 av. J.-C. : BOURRIAU, FRENCH 2007, p. 118, fig. 1, n°3. Il s’agit d’un des profils anciens de cette amphore. DEFERNEZ 2003, p. 374. Pour une liste exhaustive de ces sites datés des époques saïte et perse, voir : DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 69. Ces miniatures sont généralement réalisées en pâte alluviale et portent un engobe de couleur crème (ibidem). Un exemple provenant de Tell el-Herr présente ces caractéristiques techniques, mais il est daté de l’époque ptolémaïque : DIX-NEUF 2007, p. 58-59, fig. 34, n°50. Dépôt de fondation daté d’Amasis à Tanis : PETRIE 1888, pl. V, n°35. C. Defernez remarque, à propos de ce spécimen, que « la forme rappelle étroitement celle des amphores cananéennes diffusées aux époques antérieures » (DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 69). Une amphore miniature d’un type non-identifié gisait parmi les objets et céramiques sur le sol incendié, à l’arrière de la maison VI : voir infra, Chapitre III, § 1.3.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 13. Karnak-Nord a également fourni une amphore miniature imitant probablement une amphore cnidienne et datant de l’époque ptolémaïque : JACQUET-GORDON 2011, p. 524, fig. 2 n°7a. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 64.

325

l’aryballe corinthien, il semble qu’elles appartiennent plutôt à la seconde moitié du VIe siècle, même si l’on ne doit pas négliger la permanence de certains types au-delà. Par leur présence dans les niveaux les plus récents de la phase 13 (premières couches de dépotoir de la maison VII et de la « place », niveau de sol incendié SOL1), ils témoignent d’une occupation du quartier des prêtres allant au moins jusqu’à la fin de l’époque saïte et au début de l’époque perse. Ils attestent également une certaine qualité de vie pour les résidents de ce quartier. En effet, concernant les amphores commerciales mises au jour à Gourna, P. Dupont et J.-C. Goyon pensaient que « les acheteurs potentiels n’auraient pu être que des résidents hellènes, aucun tombeau de dignitaire égyptien, aucune demeure indigène n’ayant encore livré de telles importations de luxe pour l’époque considérée »491, c’est-à-dire sous le règne d’Amasis. Les quelques exemplaires découverts dans le quartier des prêtres démontrent que la classe sacerdotale pouvait cependant goûter un tel luxe492. La phase 13 du quartier des prêtres semble ainsi avant tout correspondre à la phase V d’Éléphantine que D. Aston place entre 550 et 400 av. J.-C. Certaines céramiques sont clairement des productions saïtes et d’autres présentent des traits caractéristiques de la période perse. Lorsque l’on regarde le matériel importé, on est surtout confronté à du matériel de la seconde moitié du VIe siècle. Nous avons noté une certaine évolution des productions locales entre les contextes les plus anciens de la phase 13 et les plus récents493. Dire que les premiers dateraient de la fin de l’époque saïte et les derniers de l’époque perse serait imprudent pour le moment. En effet, d’une part, nous manquons d’éléments précis de comparaison pour la Haute Égypte, surtout pour la région thébaine. D’autre part, les céramologues, tel D. Aston à Éléphantine, ne distinguent guère le matériel de la seconde moitié du VIe siècle et celui du Ve siècle, tant ils présentent de nombreux points de similitudes. L’analyse du reste du mobilier apporte néanmoins quelques précisions chronologiques.

491 492

493

DUPONT, GOYON 1992, p. 158-159. La découverte d’importations dans divers habitats à Karnak remet en cause la façon dont on interprétait la présence d’importations dans la région thébaine : MASSON 2016a. Aucun élément « importé » n’a été identifié dans les contextes les plus anciens de la phase 13.

326

CHAPITRE III

1.3.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 13 Les céramiques publiées dont le contexte archéologique est précisé proviennent principalement des maisons I et VI, et notamment de leurs niveaux incendiés. Nous avons vu que ces derniers pouvaient être rapprochés du sol incendié de la réserve SOL1, située à l’arrière de la maison VII494. Elles se rapportent donc à la fin de l’occupation de cette phase. Quant aux céramiques inédites, dont la trace a été retrouvée au Cheikh Labib A, elles sont généralement assez peu dignes d’intérêt495 et leur contexte de découverte est le plus souvent inconnu. Celles qui ont pu être rattachées au moins à un carré de fouille semblent provenir des deux mêmes maisons : les céramiques associées aux carrés IX N 73 et 74 proviennent vraisemblablement de l’espace arrière de la maison I, un espace dallé qui a pu servir de cuisine ou de réserve ; celles associées au carré IX N 60 pourraient provenir de l’espace arrière de la maison VI qui a livré tant de matériel, mais ce carré chevauche également l’arrière de la maison V. Les figures 10 et 13 de l’article de P. Anus et R. Sa’ad présentent une partie du matériel céramique de la maison I. Dans la « chambre » C, une amphore à anses de panier (LS 159)496 a été retrouvée écrasée sur le sol (fig. 290 n°1). L’amphore a été datée par D. Aston des VIIe-VIe siècles, à « une époque où ces amphores étaient les plus communes » ; mais il ajoute que cette production se poursuit sporadiquement jusqu’en 330 av. J.-C.497. D’après l’étude de J.-B. Humbert sur l’évolution de la forme de ce type d’amphore, celle de la maison I appartiendrait bien au type de la fin du VIIe-VIe siècle498. La découverte d’un exemplaire à Tell el-Herr dans un contexte du milieu du Ve siècle pourrait repousser un peu les limites de sa production499. Son corps biconique et ses anses hautes l’apparentent à l’amphore à anses de panier découverte sur le sol SOL1 (fig. 288 n°4). La pâte ressemble d’ailleurs

494 495

496 497 498 499

Supra, Chapitre I, § 3.7.2.3. Sur l’incendie final. Les formes principales consistent en « coupes à encens » et coupelles-couvercles en pâte alluviale. On compte également plusieurs jarres saucisses miniatures en pâte alluviale. Ces formes ont déjà été commentées : supra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13. ANUS, SA’AD 1971, p. 222 et fig. 10. ASTON 1996a, p. 56. HUMBERT 1991, p. 583-585. Il appartient à la phase VI du site : DEFERNEZ 2003, p. 394-396, pl. LXXXIX, n°249.

extérieurement à cet exemplaire, mais sans cassure fraîche il est difficile de le confirmer500. Les autres céramiques publiées de cette maison trouvent aussi des parallèles dans les contextes les plus récents de la phase 13 dans la Zone 7. Une petite jarre à bord souligné (LS 167, fig. 290 n°2) ressemble à une jarre mise au jour sur le sol SOL1 (7024.21, fig. 280 n°4). Les coupelles à pied (LS 277 et LS 283) n’apparaissent qu’à partir de la phase d’abandon du quartier pour la Zone 7 et deviendront surtout communes à la phase 14501. L’amphore à anses de panier exceptée, il n’est malheureusement pas précisé si ces poteries provenaient du sol de la maison I ou bien des divers niveaux de remblai ou de dépotoir qui la comblaient. Parmi les céramiques inédites provenant de l’arrière de la maison I (sans précision sur la nature du contexte archéologique), on retrouve des catégories très communes dans la Zone 7, comme un bol convexe (fig. 290 n°4) et un bol caréné (fig. 290 n°5) en pâte calcaire M1502. L’espace arrière de la maison VI a été incendié au même titre que l’espace arrière de la maison VII. Il a livré un matériel assez abondant, varié et chronologiquement homogène qui a été en grande partie publié503. Des photographies montrent l’ensemble in situ (fig. 153-154 et 158). Il a été possible de reconnaître nombre des céramiques provenant de ce contexte incendié, visible sur ces clichés ou non (fig. 155 n°1-7 et 159 n°13-16 ; fig. 290 n°6-7 et 291 n°1-8). La majorité des formes publiées appartiennent à des types que nous avons vus auparavant, tels une assiette à bord à marli (LS 303, fig. 155 n°1 et 290 n°6), un « mortier » (LS 302, fig. 155 n°7 et 290 n°7), un bol-jatte biconique (LS 305, fig. 159 n°13 et 291 n°1), un bol-jatte muni d’anses (LS 328-60, fig. 291 n°2), des jarres (LS 314-60, fig. 155 n°5 et LS 304, fig. 159 n°14), et une « coupe à encens » (LS 307, fig. 159 n°15). Elles sont datables des XXVIe-XXVIIe dynasties, particulièrement après 550 av. J.-C. Une jarre cylindrique à haut col terminé par un petit bourrelet 500

501

502

503

Nous avons pu voir l’amphore dans la réserve du Caracol à Karnak, avant que celle-ci ne soit transférée dans une nouvelle réserve. Infra, Chapitre III, § 1.4.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 14. On dénombre aussi des coupes à encens, soit à fond plat dégagé (LS 263-73), soit à pied (LS 360-74, LS 364-73), ainsi que plusieurs coupelles-couvercles en N1 (LS 354-73, LS 357-74, LS 359-74, LS 363-74) et une jarre miniature en pâte alluviale (LS 352-73). ANUS, SA’AD 1971, fig. 18.

Céramiques provenant des anciennes fouilles du quartier des prêtres

LS 159

1. Amphore à anses de panier découverte sur le sol de la maison I – © Cnrs-Cfeetk/clichés A. Bellod n°5213, C. Apffel n°114833

0

50 cm

LS 355-73

4. Bol-jatte convexe à bord souligné ; en M1 ; complètement brûlé

LS 362-74

LS 356-73

LS 167

5. Bol-jatte caréné à fine base annulaire ; en M1 ; surface intérieure brunie ; complètement brûlé

3. Petite jarre munie d’anses ; en M1 ; surface extérieure lissé, un peu brûlée ; surface intérieure totalement noire

2. Petite jarre à col – © Cnrs-Cfeetk/ cliché A. Bellod n°5355

LS 303 0

LS 302

10 cm

6. Assiette à bord à marli ; en M1 (?) – © Cnrs-Cfeetk/ cliché L. Moraillon n°124992

0

10 cm

7. « Mortier » ; en M1 (?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°124991 Éch. dessin :

Fig. 290. Céramique de la phase 13-25

0

5 cm

328

CHAPITRE III

(LS 310-60, fig. 159 n°16) est une des productions les plus typiques de la Basse Époque ; maints exemplaires ont été découverts dans divers contextes de la phase 13 dans la Zone 7504. Son fond présente toutefois une protubérance assez marquée, absente du matériel de la Zone 7. Cette « goutte » est considérée comme très caractéristique de la période saïto-perse505. Une petite jarre fragmentaire en pâte calcaire fine et totalement brûlée (LS 315-60, fig. 155 n°3) présente une surface extérieure minutieusement brunie qui rappelle les conteneurs de qualité découverts sur le sol incendié SOL1506. Le col d’une bouteille présente trois anneaux successifs (LS 327-60, fig. 291 n°3). Les cols moulurés sont généralement considérés comme une marque de l’époque perse507 ; les ressauts sont cependant très peu marqués, indice d’une datation haute, peut-être appartenant à la transition saïto-perse. Les formes LS 301 (fig. 155 n°2 et 291 n°8) et LS 313-60 (fig. 155 n°6) sont par contre plus atypiques. P. French estime, dans une communication personnelle à D. Aston, que LS 313-60 serait d’époque romaine et D. Aston lui-même suggère de dater la bouteille LS 301 de la période copte508. Les deux poteries sont cependant reconnaissables au milieu du mobilier sur le sol incendié à l’arrière de la maison VI sur un cliché du Cfeetk (fig. 154 n°2 et 6)509. D’après nos observations, la bouteille au corps mouluré LS 301 est confectionnée en pâte calcaire (M3 ?)510 et présente un auto-engobe jaune crème sur la surface extérieure. Elle ne possède pas de parallèle connu à notre connaissance. Quant à LS 313-60, il est désigné de manière erronée comme un petit pot à khôl en faïence sur la fiche-objet. Il nous a été possible de le retrouver au Caracol avant son transfert dans une nouvelle réserve de Karnak. Il s’agit d’une céramique recouverte d’un engobe rouge lustré épais, excepté sur le col où l’engobe rouge était non poli. Il s’apparente quelque peu à une cruche cypro-phénicienne. Les cruches Cypro Black on Red ware, produites environ de 850 à 600 av. J.-C., sont

bien attestées en Égypte511. La hauteur de ce vase, 12,5 cm, correspond à la taille des cruches Cypro Black on Red ware mais le vase est nanti de deux petites anses, et non une seule, et présente en plus des parois trop épaisses. Enfin, les bandes noires caractéristiques qui ornent normalement le col et le corps de ces cruches512 sont ici absentes. De par son engobe rouge poli, sa lèvre champignon et sa fine base annulaire, LS 313-60 pourrait plutôt être identifié comme une cruche d’origine levantine (Palestinian decanter) dont la production s’étale du IXe au Ve siècle513. Divers contextes égyptiens datés de la fin de la XXVe et XXVIe dynastie ont livré ces petits conteneurs514. Avec ses deux petites anses, notre spécimen se rapproche particulièrement d’une cruche levantine découverte à Shaganbeh515. Parmi les poteries présentes sur le sol incendié de la maison VI, il faut signaler une amphore miniature visible sur un ancien cliché (fig. 154). Cette miniature ne semble pas avoir été enregistrée, et, nous n’en possédons ni dessin ni photographie de détail. Le sol incendié de la réserve SOL1 avait fourni une miniature d’amphore « torpedo »516. Cette amphore est d’un genre différent. L’imitation d’amphore est un phénomène bien connu à partir de l’époque ptolémaïque, même si des copies d’amphores ont été répertoriées dès la deuxième moitié du VIe siècle av. J.-C. Or, le processus d’imitation commence souvent par des formats miniatures517. La mention du carré de fouille « 60 » à la suite du numéro d’inventaire LS nous permet d’associer de nouvelles céramiques à ce sol incendié. On dénombre des formes déjà bien attestées dans le répertoire de la Zone 7, telles une « coupe à encens » (LS 375-60) et des coupelles-couvercles (LS 330-60, fig. 291 n°7 ; LS 343-60) en pâte alluviale. Bien que LS 329-60 ne soit pas totalement inédit, il semblait opportun de publier à nouveau ce petit conteneur afin de mieux définir sa nature (fig. 291 n°6). Il s’agit en fait d’un

511 504

505 506

507 508 509 510

Supra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13. ASTON 1996a, p. 76. Supra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. Plusieurs fragments de panses et un début de fond en pâte calcaire fine à la surface extérieure brunie, conservés sous le numéro LS 338-60 (non publié), proviennent probablement aussi de l’espace arrière de la maison VI. DEFERNEZ 2003, p. 128-129. Ibid., p. 56. Négatif n°5550. Observation réalisée à partir d’une vieille cassure.

512 513 514

515 516

517

Par exemple, à Hermopolis : SPENCER 1993, p. 41-42, pl. 42, n°278-279 (contexte fin TPI). À Thèbes également, dans le temple de Séthi Ier : ASTON 1996a, p. 48, fig. 150 n°375 (contexte XXVIe dynastie). ASTON 1996a, p. 42 et note 248, fig. 91 n°4. Sur ces vaisselles : A. LOHWASSER 2002, p. 229-230, fig. 8-9. À Shaganbeh : ASTON 1996a, p. 29, p. 156, fig. 54, n°30-32 (contexte XXVIe dynastie). À Tell Defenneh, Illahun, Kafr Ammar et Saqqarah : MAEIR 2002, p. 237-238 (contexte VIIe-VIe s.). ASTON 1996a, p. 29, p. 156, fig. 54, n°32 (daté des VIIe-VIe s.). Supra, Chapitre III, § 1.3.2.5. Récipients assimilés au courant syro-palestinien. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 69.

Céramiques provenant des anciennes fouilles du quartier des prêtres

LS 328

LS 305 10 cm

0

1. Bol-jatte biconique – © CnrsCfeetk/cliché L. Moraillon n°125015

0

LS 327-60 5 cm

0

10 cm

2. Bol convexe muni d’anses – © CnrsCfeetk/cliché L. Moraillon n°125018

3. Bouteille au col mouluré – © CnrsCfeetk/cliché A. Bellod n°15164

LS 329-60

LS 342-60 LS 339-60 0

5 cm

4. Petite jarre munie d’anses ; en N1 (?) ; engobée rouge – © CnrsCfeetk/cliché L. Moraillon n°125028

5. Petite jarre avec tenons de préhension ; en pâte alluviale (N1 ?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125022

6. Vase Bès LS 329-60 en pâte alluviale fine ; surface extérieure engobée rouge – © CnrsCfeetk/cliché L. Moraillon n°126188

LS 330-60

LS 344-60

7. Jarre et son (?) couvercle ; en pâte alluviale ; engobe rouge fugitif sur la surface extérieure de la jarre

LS 163

LS 301 0

5 cm

8. Bouteille (?) au corps mouluré – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125035

0

9. Jarre munie de quatre anses ; en M1 (?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125030

Éch. dessin :

Fig. 291. Céramique de la phase 13-26

10 cm

0

5 cm

330

CHAPITRE III

vase Bès, un type de vase bien attesté à la TPI et à la Basse Époque518. Les vases Bès sont souvent mis au jour dans des contextes funéraires ou cultuels, même si leur présence dans divers habitats est également attestée519. Notre exemplaire est confectionné dans une pâte alluviale fine avec un engobe rouge sur la surface extérieure520. Quant au reste du matériel enregistré, publié521 ou non, il est difficile de l’associer à un contexte archéologique précis. Sans indiquer s’ils proviennent d’un niveau de sol, les fouilleurs notent la présence de « débris de vaisselle de terre cuite assez grossière » un peu partout dans la maison I. Cette vaisselle serait semblable à celle qu’ils ont trouvée sur « tout le site »522, c’est-à-dire l’ensemble du quartier. Ils la comparent aux céramiques des « strates de basse époque des divers fouilles et sondages effectués au cours des dernières années ». D. Aston estime que ces céramiques datent plutôt de l’époque perse523. Parmi celles qui ont été publiées, on note plusieurs céramiques semblables à celles étudiées pour la phase 13 de la Zone 7, tels des coupelles-couvercles (LS 334-62) et des supports de jarre annulaires (LS 120). La cruche publiée LS 58 est absente du répertoire formel de la Zone 7. Elle trouve de nombreux parallèles à Illahun524, à Kafr Ammar525 et dans divers contextes datés des XXVIeXXXe dynasties526. Parmi les formes inédites, une grande jarre en pâte calcaire munie de quatre anses (LS 163, fig. 291 n°9) n’est pas sans rappeler une jarre mise au jour sur un niveau de sol de la maison VII (7153.1, fig. 279 n°1). Enfin, d’autres céramiques découvertes par P. Anus et R. Sa’ad pourraient être plutôt caractéristiques de l’époque ptolémaïque et témoigner de la strate ptolémaïque (phase 14) recouvrant les maisons des prêtres de la Basse Époque. Elles seront traitées ci-dessous. 518

519 520

521 522 523 524 525 526

Sur les vases Bès de la Basse Époque : GUIDOTTI 1983 ; D.A. ASTON, B. ASTON 2003 ; DEFERNEZ 2009. MASSON 2013, p. 147. Des vases Bès en pâte alluviale et engobés rouge ont été découverts dans un contexte saïte à Karnak : BÉOUT et al. 1993, p. 170, forme 6, fig. 15 et 24; LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 362, pl. XIV, n°1001.5. Leur décor est néanmoins beaucoup plus détaillé que celui de LS 329-60. ANUS, SA’AD 1971, fig. 13 et 19. Ibid., p. 225-226. ASTON 1996a, p. 56. PETRIE 1890, pl. XXIV, n°20 et 23. PETRIE, MACKAY 1915, pl. XXXIV, n°60. HAMADA 1937, pl. III, n°7 (tombe datée de l’époque saïte) ; BOURRIAU 1981, p. 81.

Si on regarde l’ensemble des céramiques issues des sols incendiés des maisons I et VI, on a tendance à dater l’incendie de la fin de la XXVIe-début de la XXVIIe dynastie. Cela correspond à la datation du matériel recueilli sur SOL1, niveau incendié contemporain de la Zone 7. Quand au reste du matériel, l’étude typologique menée dans la Zone 7 permet de l’associer le plus souvent à la phase 13 du secteur. Nous rejoignons donc l’avis de D. Aston qui s’était prononcé en faveur d’une datation saïto-perse pour la céramique publiée. 1.4. CÉRAMIQUE DE LA PHASE 14 (FIN BASSE ÉPOQUEDÉBUT HAUT-EMPIRE ROMAIN) Le mobilier de la phase 14 provient essentiellement de fosses de dépotoir et de niveaux de remblai ou démolition, surtout dans la rue. Une première observation générale : la céramique issue de la majorité de ces contextes, notamment les fosses de dépotoir, n’est pas d’un indice fragmentaire très élevé. Il s’agit la plupart du temps d’assez gros fragments, voire de formes entières, signe caractérisant un matériel résiduel d’occupation. Ensuite, contrairement aux fosses de dépotoir de la phase 12, ces contextes sont rarement scellés par un bon niveau de sol qui garantirait leur caractère fermé. De nombreuses fosses de dépotoir plus récentes, pas toujours faciles à circonscrire, ont coupé et, par là même, perturbé maints niveaux de la phase 14. La majorité de ces niveaux se situe entre le dernier niveau de rue fonctionnant avec le quartier de la phase 13, SOL21, et le dernier niveau de rue fonctionnant avec le quartier de la phase 14, SOL17 : en tout plus d’1,60 m de stratigraphie dans la partie la mieux conservée de la rue. L’étude stratigraphique a démontré que le comblement de la rue était assez complexe et s’était opéré en plusieurs temps527. L’analyse stratigraphique montre que Rue 1 et Rue 2 sont antérieures au premier état des bâtiments I et J (sous-phase 14a) ; Rue 3 marque, semble-t-il, la fin de la sous-phase 14a ; Rue 4 consiste en un remblaiement du secteur avant la construction du deuxième état des bâtiments I et J (sous-phase 14b) ; Rue 5 paraît fonctionner avec ce deuxième état, tandis que Rue 6 lui serait postérieure. Le traitement du matériel tentera de dater ces diverses étapes du comblement de la rue et de donner ainsi une chronologie relative de l’occupation de ce quartier à la phase 14. 527

Supra, Chapitre I, § 4.2.2. Étude stratigraphique de la rue à la phase 14 et fig. 206.

LES ARTEFACTS

Parmi la grande variété des céramiques de la phase 14, plusieurs types repérés à la phase 13 se poursuivent528. Néanmoins, on note l’apparition de formes et de décors différents, associés à des fabriques et des traitements de surface nouveaux, et ce dès Rue 1. Ces éléments nous permettent de situer la phase 14 dans le cadre large de la fin de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque, avec la majorité des formes non postérieure au IIe siècle av. J.-C. Quelques formes de l’époque romaine font leur apparition dans les niveaux les plus récents de cette phase. Il semble néanmoins que l’occupation romaine soit très peu préservée et qu’aucun contexte homogène de cette période ne nous soit parvenu dans la Zone 7. Notre connaissance de la céramique de ces époques dans la région thébaine s’est améliorée ces dernières années, notamment avec diverses études récemment recueillies dans un volume consacré à son étude et comprenant l’analyse préliminaire d’un site de production à Médamoud529. La récente publication d’H. Jacquet-Gordon sur le matériel de Karnak-Nord présente un lot important de formes ptolémaïques530, au profil souvent complet, mais provenant essentiellement de contextes de dépotoir et de remblai. L’étude inédite de C. Grataloup sur la céramique tardive à Karnak531 et celle de G. Pierrat-Bonnefois sur le site de Tôd532 demeurent des références utiles pour la région, mais il n’existe pas de réelle chrono-typologie. Éléphantine continue de servir de référence pour les productions de Haute Égypte et divers sites de la Basse Égypte viendront étoffer nos parallèles bibliographiques. 1.4.1. La production égyptienne de la phase 14 1.4.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 14 Les fabriques ont évolué en comparaison avec les phases précédentes. Une pâte alluviale grisâtre (N6) présentant des surfaces de couleur noire, plus ou moins grossièrement brunies, fait une apparition remarquée, car elle est associée à un répertoire céramique nouveau. Souvent appelée Black Silt Ware533, cette pâte est parti-

culièrement caractéristique de l’époque ptolémaïque même si elle apparaît auparavant de manière anecdotique534. Elle est encore utilisée au Haut-Empire romain535 mais disparaît complètement au Bas-Empire536. L’origine des spécimens mis au jour à Thèbes537 est pour l’instant incertaine538. Ces céramiques, ainsi que d’autres en pâte alluviale avec un engobe rouge, reproduisent le plus souvent des formes issues de modèles méditerranéens539. Formes fermées : Les jarres et bouteille de stockage et/ou de transport de taille moyenne, sans anse • Jarre à base annulaire en N3 (fig. 292 n°1) Bien que la tradition des jarres à fond rond se poursuive à la phase 14, on observe l’utilisation bien marquée de fonds annulaires pour les jarres en pâte alluviale (par exemple 7808.2 provenant d’un contexte de Rue 2)540. Les pieds en anneau assez haut se multiplient également pour les formes ouvertes. Ce type de fond est récurrent dans les couches attribuées aux IIIe et IIe siècles av. J.-C. de Tôd et d’Éléphantine541. • Jarre à col court et resserré, à lèvre en bourrelet, en N3 (fig. 292 n°2) La grande fosse F46 (postérieure à l’occupation du bâtiment J à la sous-phase 14a) a fourni un récipient décoré de bandes blanches horizontales. Le même décor a été observé sur une jarre-marmite munie d’anses à Éléphantine dans un contexte du IVe siècle542 et un autre daté fin IIIe-IIe siècle av. J.-C.543. La forme, sans décor, est attestée à Tôd dans un contexte des IIIe-IIe siècles544. Il n’est pas aisé d’identifier la fonction de ce récipient : jarre de stockage et/ou de transport, ou

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Sur la pérennité de certaines formes de la Basse Époque durant l’époque ptolémaïque et notamment au IIIe s. : MARCHAND 2002 ; MASSON 2011 ; MASSON 2016b. DAVID 2016. JACQUET-GORDON 2012, p. 293-342, fig. 121-141. GRATALOUP 1989. PIERRAT et al. 1995 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2000 ; PIERRATBONNEFOIS 2002. Sur cette fabrique : JACQUET-GORDON 1997 ; DAVID et al. 2016.

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À Kharga, elle apparaît dès les niveaux perses et il est possible que son utilisation remonte au moins à la TPI dans le Delta pour les gourdes : MARCHAND 2002, p. 249. Sur un atelier produisant entre autres des céramiques fines noires au Haut-Empire romain à Bouto voir BALLET et al. 2003. BALLET 2002, p. 91. Quelques spécimens mis au jour à Karnak et Karnak-Nord : GRATALOUP 1989, p. 85-86 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 335340, fig. 139-140. D’après P. Ballet, peut-être du Delta intérieur : BALLET 1997, p. 48 ; BALLET 2002, p. 91. FRENCH 1992, p. 90-93 ; BALLET et al. 2003, p. 234 ; MASSON 2011, p. 281-282. Les exemplaires de jarres à base annulaire mis au jour parmi le mobilier de la phase 13 sont très rares. PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 304, fig. 51 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 177 et 183, fig. 5. Phase VIa : ASTON 1999, p. 254, pl. 81, n°2220 ; ASTON 2007, p. 422-423 (Group VIII des conteneurs en pâte alluviale). Phase VII : ASTON 1999, p. 351-352, pl. 120, n°3120. PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 179 et 186, fig. 17.

CHAPITRE III

332

Jarres et bouteille de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte alluviale

7808.2

7405.11

2

1

3

7362.23

7732.44

7609.3

6

5

4

7731.8

7345.8

7

7598.29

7430.11

9

8

Éch. dessin :

0

1. Bas d’une jarre, à base annulaire, en N3 ; monté au tour (époque ptolémaïque) 2. Haut de jarre, à lèvre en bourrelet, en N3 ; décor de bandes blanches sur le corps ; monté au tour (IVe-IIe s. av. J.-C.) 3. Petite jarre, à bord à bourrelet interne et à fond arrondi, en N1 ; monté au tour 4. Bord de jarre en N3 ? (dégraissants végétaux assez nombreux en surface) ; engobe blanc sur la surface extérieure ; monté au tour 5. Bord de jarre ou de bouteille, au col droit marqué par une double rainure, en N6 ; surface extérieure brunie ; monté au tour (probablement époque ptolémaïque) 6. Bord de jarre (?) en N3 ; engobe blanc sur la surface extérieure ; monté au tour (XXVIIe dynastie voire au-delà) 7. Jarre en N3 ; engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour 8. Vase au col terminé par un bourrelet externe et aux épaules arrondies, en N3 ; traces de feu ; monté au tour 9. Bord de jarre en N3 ; monté au tour

Fig. 292. Céramique de la phase 14-1

5 cm

LES ARTEFACTS

encore, jarre-marmite. Notre exemplaire ne porte aucune trace de feu. Ce décor était déjà présent sur des jarresmarmites de la phase 13, mais elles étaient dotées d’un profil différent (fig. 271 n°6). • Jarre ou bouteille à col droit et rainuré en N6 (fig. 292 n°5) Ce haut de conteneur, provenant d’un contexte de la Rue 4, est manufacturé en Black Silt Ware, une pâte plus souvent associée à la vaisselle de table. Comme pour la majorité des céramiques en N6 mises au jour dans la Zone 7, la pâte est moyennement fine et la brillance de la surface est de qualité moyenne545. Les rainures sur le col figurent régulièrement dans le répertoire ptolémaïque546, quoique ce trait apparaisse déjà sur quelques céramiques de la Basse Époque547. • Jarre à bord mouluré, avec engobe blanc sur la surface extérieure, en N3 (fig. 292 n°6) Un spécimen a été recueilli dans la grande fosse F61 (Rue 3). Il trouve un parallèle assez proche à Heboua ; mais la céramique, datée de l’époque perse, est recouverte d’un engobe brun rougeâtre lissé548. Un autre parallèle mis au jour à ‘Ayn Manâwîr (Kharga) a été daté de l’époque ptolémaïque, plus précisément des IIIe-début IIe siècles av. J.-C.549.

Les récipients de cuisson • Vase de cuisson (ou jarre?) à bord à double lèvre et muni d’anses verticales en N3 (fig. 294 n°1) À Éléphantine, on trouve des formes approchantes dans des contextes du IIIe siècle550. Ce type de récipient a aussi été transposé en pâte calcaire (fig. 304 n°1-2) et divers niveaux ptolémaïques à Karnak ont fourni ces versions marneuses551. • Jarre-marmite à anses verticales en N1 (fig. 294 n°2) Un exemple en pâte alluviale a été découvert dans la fosse F46 (postérieure à l’occupation du bâtiment J à la sous-phase 14a). Ce type est surtout associé à l’époque ptolémaïque,

comme à Karnak552, Éléphantine553 et Edfou554. Il existe une version plus petite et unique en pâte calcaire (fig. 304 n°4). • Vase ou marmite, à panse convexe et à lèvre légèrement évasée en N3 (fig. 294 n°3) Le récipient, issu de la fosse F61 (Rue 3), trouve un élément de comparaison précis à Karnak, dans un contexte fermé de la fin du IIIe-début du IIe siècle av. J.-C.555. • Marmite dite caccabè en N1 (fig. 294 n°4) Une marmite munie d’anses horizontales, à lèvre arrondie, au col légèrement évasé et dont la face interne présente un ressaut pour le couvercle a été découverte dans la fosse F61 (Rue 3). Elle appartient à une famille bien répertoriée en Égypte, appelée caccabè. Notre exemplaire trouve de nombreux parallèles, notamment : à Éléphantine dans un contexte du IIIe siècle av. J.-C.556 ; à Tell el-Herr dans des niveaux ptolémaïques557 ; à Tell Al-Moufarig dans un contexte daté des IIIe-Ier siècles av. J.-C.558 ; à Tebtynis où des caccabai à anses horizontales ont été datés de la seconde moitié du IIIe à la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C.559 ; à Karnak même dans des contextes ptolémaïques560. Ces récipients sont produits entre la fin du IVe et le IIe siècle av. J.-C. Ils connaissent une évolution qui a été démontrée à Alexandrie561. Les premières copies de caccabè semblent fidèles aux modèles grecs562. Au IIe siècle, les caccabai possèdent une lèvre droite, finement moulurée vers l’intérieur ; ils portent souvent un engobe rouge ou rouge-orangé assez vif, parfois rehaussé d’un polissage. Notre exemplaire appartiendrait peut-être plutôt à un modèle ancien du IIIe siècle563. Le bord évasé présentant un ressaut interne à la base et les anses placées horizontalement sont des caractéristiques morphologiques qui respectent la forme initiale de cette marmite. Les caccabai étaient couramment utilisées « pour la cuisson

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P. Ballet note un éventail de pâtes assez large pour les céramiques imitant les vernis noirs grecs : BALLET 2002, p. 95. De nombreuses formes fermées ptolémaïques présentent une ou deux lignes incisées autour de la panse ou du col sous le bord : JACQUET-GORDON 2012, p. 300, fig. 124g-l, 124n, p. 303, fig. 125h-l, p. 304-305, fig. 126a-k, p. 308, fig. 128a-c, p. 311312, fig. 129r, 129t-v, p. 319-320, fig. 132h, 132m, 132p, p. 321, fig. 133f. Voir supra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. DEFERNEZ 1997b, p. 37, n°6. MARCHAND 1998, p. 438, fig. 59c. Phase VIb : ASTON 1999, p. 284, pl. 93, n°2477, p. 288, pl. 93, n°2498. Par exemple : JACQUET-GORDON 2012, p. 305, fig. 126g-h ; DAVID, DURAND 2016, p. 55, fig. 8 n°37-38.

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Niveau ptolémaïque : LAUFFRAY 1995a, p. 99, fig. 48, n°185. Contextes de la phase VIb, soit du IIIe s. : ASTON 1999, p. 286, pl. 93, n°2481, p. 300, pl. 99, n°2598, p. 306, pl. 101, n°26612663 et p. 328, pl. 110, n°2919. MICHALOWSKI 1938, p. 83, fig. 120, n°349. LAUFFRAY 1995a, fig. 54, n°117. Phase VIb : ASTON 1999, p. 312, pl. 104, n°2734. GRATIEN 1997, p. 72, fig. 6, n°9-423, 8-172, 5-192 et 9-393 ; DEFERNEZ 2007b, p. 157, fig. 110 n°20. L’exemplaire à anses horizontales est assez proche du nôtre : BALLET 1997, p. 50, pl. I, n°9. BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 77, pl. 23, n°257-260. LAUFFRAY 1995a, fig. 49, n°196. GRATALOUP 1989, p. 94, pl. 122 n°120 (exemplaire en pâte calcaire) ; JACQUET-GORDON 2012, p. 325, fig. 135m ; MARCHAND 2016, p. 106-107, fig. 9d. HARLAUT 2002, p. 266-269, fig. 4a. DEFERNEZ 2007b, p. 157. Ce modèle se poursuit encore, semble-t-il, dans les premières décennies du IIe s. : DEFERNEZ 2007b, p. 158.

Jarres de stockage et/ou de transport de taille petite et moyenne avec ou sans anse en pâte alluviale

7730.10

1

7380.33

2

Jarres de stockage et/ou de transport ou « pot à pigeon » en pâte alluviale

7737.6

3

7732.45

4 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Haut de jarre à large encolure et à lèvre plate repliée sur l’extérieur, munie d’anses verticales, en N1 ; engoge rouge sur les surfaces extérieure et intérieure avec un engobe blanc au niveau de la lèvre ; monté au tour (surtout IIIe-IIe s. av. J.-C.) 2. Haut de jarre à large encolure et à lèvre plate repliée sur l’extérieur, en N4 ; engobe blanc sur les surfaces extérieure et intérieure ; monté au tour (surtout IIIe-IIe s. av. J.-C.) 3. « Pot à pigeon » ou jarre à large encolure (?) en N3 ; monté au tour (surtout VIe-IVe s. av. J.-C.) 4. Fond de pot à pigeon en N1 ; monté au tour (surtout VIe-IVe s. av. J.-C.)

Fig. 293. Céramique de la phase 14-2

Vaisselle de cuisson avec ou sans anse en pâte alluviale

7505.3

7405.11

1

2

7732.43

7732.39

3

4

7301.24

7732.34

5

6

Les récipients de table en pâte alluviale Assiettes à base annulaire

7734.23

7732.38

8

7

7357.11

7781.6 0

5 cm

10

9

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Vase de cuisson (?) à bord à double-lèvre, muni d’anses verticales, en N3 ; léger engobe blanc sur la surface extérieure ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C.) 2. Vase de cuisson/marmite muni d’anses verticales en N1 ; monté au tour (surtout époque ptolémaïque) 3. Vase ou marmite, à lèvre légèrement évasée, en N3 ; monté au tour (époque ptolémaïque) 4. Haut de caccabè, au col légèrement évasé, à lèvre arrondie et à ressaut interne, muni de petites anses horizontales, en N1 ; monté au tour (fin IVe-IIe s. av. J.-C.) 5. Haut de marmite « à collerette », muni d’anses verticales attachées à une lèvre moulurée, en N1 ; monté au tour (ca. IIe s. av. J.-C.-Ier s. ap. J.-C.) 6. Haut d’un pot en N1 (très fin) ; engobe crème rosé extérieur et sur le bord intérieur ; monté au tour 7. Assiette aux parois évasées, à lèvre ourlée, marquée à l’intérieur par une gorge assez prononcée et à base annulaire, en N6 ; monté au tour (mi-IVe-IIe s. av. J.-C.) 8. Bord d’assiette aux parois évasées et à lèvre ourlée, marquée à l’intérieur par une gorge assez prononcée, en N1 ; engobe rouge sur les surfaces intérieure et extérieure ; monté au tour (mi- IVe-IIe s. av. J.-C.) 9. Assiette à base annulaire, au fond percé (?), à lèvre ourlée, légèrement applatie sur le dessus en N3 ; engobe rouge sur la surface intérieure ; monté au tour (mi-IVe-IIe s. av. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119569 10. Assiette à base annulaire et à lèvre arrondie, marquée à l’intérieur par une gorge moyennement prononcée en N3 ; engobe rouge sur la surface intérieure ; monté au tour (mi- IVe-IIe s. av. J.-C.)

Fig. 294. Céramique de la phase 14-3

336

CHAPITRE III

des braisés et celle des rôtis »564. Les caccabai sont toujours associées aux lopadès, formes ouvertes présentes aussi dans la Zone 7 et commentées ci-dessous. Lopas et caccabè sont des récipients très caractéristiques de l’époque hellénistique565. • Marmite à bord « à collerette » en N1 (fig. 294 n°5) L’exemplaire provenant aussi de la fosse F61 (Rue 3) revêt une forme avant tout attestée en Basse Égypte, mais aussi en Haute Égypte566. Ce type n’apparaît pas avant l’époque ptolémaïque567 et se poursuit à l’époque romaine568. Il s’agit d’une forme hybride, dont les caractéristiques morphologiques associent des traits typiques des marmites à collerette et les anciennes chytrai569.

Formes ouvertes : Les récipients de table Parmi la vaisselle de table de la phase 14, les assiettes à parois évasées, les bols convexes et les bols carénés comptent pour les plus caractéristiques de l’époque ptolémaïque570. • Assiette à parois évasées, à base annulaire et à lèvre ourlée vers l’intérieur en N1, N3 et N6 (fig. 294 n°7-10) À cette phase apparaît un type d’assiette basse présentant une lèvre interne assez marquée et une base annulaire. Elle fait partie du mobilier recueilli dans le premier niveau de remblaiement de la rue (Rue 2) (n°7) et on la trouve encore dans les derniers niveaux de la phase 14 (Rue 6) (n°10). Excepté un individu manufacturé en Black Silt Ware (n°7), un engobe rouge mat recouvre les surfaces extérieure et/ou intérieure. Ces traitements de surface associés à cette forme sont bien répertoriés571, et ce à partir de l’époque ptolémaïque572. Cette forme est surtout documentée aux IIIe et IIe siècles573, et persiste jusqu’à la fin du Haut-Empire romain574. Bien que ces assiettes soient surtout présentes en Basse Égypte575, des exemplaires ont été découverts en Haute Égypte576.

D’après la chrono-typologie établie par S. Marchand sur des formes similaires trouvées à Tebtynis, le bord semble connaître une évolution : la lèvre ancienne est arrondie et marquée par une gorge interne bien prononcée ; avec le temps, cette dernière est moins distincte ; enfin, le profil de la lèvre s’aplatit577. Ces trois profils de lèvre sont attestés dans la Zone 7. La chrono-typologie de ces assiettes diffère à Alexandrie. Dans les exemplaires du IIIe siècle, la lèvre est de forme triangulaire, les parois sont presque horizontales et leur base est plutôt large578. Elles sont surtout à engobe noir même si l’engobe rouge est possible dès le début de l’époque ptolémaïque. Pour les spécimens du IIe siècle, la lèvre s’arrondit et la taille des assiettes engobées rouge s’accroît un peu579. Une évolution comparable apparait dans le matériel du quartier ptolémaïque. L’exemplaire le plus ancien d’après la stratigraphie de la rue (n°7) daterait plutôt de la fin du IVe-IIIe siècle : les assiettes en Black Silt Ware au IIe ont un diamètre bien plus important, des parois plus épaisses, leur conférant une allure plus « massive », moins élégante que les assiettes antérieures580. L’exemplaire (n°10) a des parois plus épaisses et un bord plus arrondi comparé aux assiettes provenant de contextes antérieurs de la rue, comme pour les exemplaires du IIe siècle à Alexandrie. Mais sa taille rétrécit vis-à-vis des exemplaires antérieurs. En l’état de nos connaissances, il est impossible de savoir si ces productions en pâte alluviale sont produites localement ou sont importées d’une autre région de l’Égypte, voire de diverses régions de l’Égypte. • Bol convexe à bord rentrant et à base annulaire en N1 (fig. 295 n°1-3) Le bol echinus forme une production assez commune de la phase 14, et ce dès Rue 1. Il est particulièrement caractéristique de l’époque ptolémaïque, même s’il apparaît dans le répertoire égyptien dès la fin de la Basse Époque581 et se

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BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 76. MARCHAND 2002, p. 249. À Tôd : PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 320, fig. 199-200 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 177 et 182, fig. 2. PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 320. Au tournant du IIe s. : DEFERNEZ 2007b, p. 160. Information personnelle de S. Marchand. DEFERNEZ 2007b, p. 160. MASSON 2016b, p. 151-152, fig. 5-6. Pour l’engobe rouge : BALLET 2002, p. 90 et 95, fig. 3. BALLET 1997, p. 49, n°4. ASTON 1999, p. 331. À Tebtynis : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 59. MOSTAFA 1988, p. 14-15, fig. 7. À Tell el-Herr dans des niveaux ptolémaïques : GRATIEN 1997, p. 72, fig. 6, n°5-192 ; DIX-NEUF 2007, p. 76, fig. 44, cat. 145-147 et p. 76-78, fig. 45, cat. 156-

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157. À Tell el-Balamun, dans divers contextes d’époque ptolémaïque : SPENCER 1996, p. 73, pl. 51, n°1-3 ; SPENCER 2003, p. 50, pl. 34, n°1. À Bouto, dans un contexte des IIe-Ier s. av. J.-C. : BALLET et al. 2003, p. 248, fig. 17, n°4. À Tebtynis : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 58-63, pl. 13-14. À Karnak : GRATALOUP 1989, p. 85, pl. 101 n°1 (exemples datés entre les IIe s. av. J.-C. et Ier s. ap. J.-C.) ; MARCHAND 2016, p. 107, fig. 7 ; DAVID, DURAND 2016, p. 58-59, fig. 15 n°89-91 et 18 n°99-100 ; LICITRA, DAVID 2016, p. 82, fig. 9 n°49-51 et p. 86, fig. 21 n°119 (divers contextes couvrant la période mi-IIIe-début Ier s. av. J.-C.) ; NAGUIB REDA 2016, p. 170, fig. 11-12 (contexte ptolémaïque). À Karnak-Nord, exemples datés de l’époque ptolémaïque : JACQUET-GORDON 1997, fig. 3a-d ; JACQUET-GORDON 2012, p. 336, fig. 139k-n. À Tôd, elles sont datées du IIe s. : PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 177 et 182, fig. 4. Phase VII à Éléphantine (fin IIIe-IIe s. av. J.-C.) : ASTON 1999, p. 331, pl. 111, n°2928. MARCHAND à paraître. HARLAUT 2002, p. 270, fig. 8f. Ibid., p. 271, fig. 9e-f. Ibid., p. 271, fig. 10d-e. LAUFFRAY 1995a, p. 91 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178.

LES ARTEFACTS

poursuit au Haut-Empire romain582. Ces bols sont bien connus en Basse Égypte583 mais aussi en Haute Égypte, comme à Éléphantine584, à Edfou585, à Tôd586 et à Thèbes587. Ils sont généralement recouverts (partiellement ou totalement) d’un engobe noir, mais parfois d’un engobe rouge588 (n°2 et n°3). Ils peuvent aussi être transposés en pâte calcaire (fig. 305 n°6)589. Les trois exemplaires en pâte alluviale présentés ici dans l’ordre stratigraphique montrent des différences morphologiques certaines. Les formes plus arrondies, plus fermées avec une base annulaire bien dégagée, tel l’exemplaire provenant de la fosse F23 (Rue 6) (fig. 295 n°2), sont plus typiques de l’époque ptolémaïque. Un bol provenant de la fosse F29 (Rue 1) (n°1) adopte un profil plus ancien avec son bord moins rentrant et sa base annulaire moins haute. D’après la chrono-typologie du bol convexe à l’époque ptolémaïque à Alexandrie, les exemplaires à vasque assez profonde, telle la majorité de nos spécimens, datent du IIIe siècle. Bien que ce type évolue peu au IIe siècle, C. Harlaut note que leur taille s’est accrue avec le temps. L’exemplaire provenant d’un des contextes les plus récents de la phase 14 (n°2) est néanmoins plus petit que les autres exemplaires. Aussi soit cette observation ne peut être appliquée pour toutes les régions, soit il s’agit d’un reliquat ancien. Il provient pourtant d’un niveau scellé par un niveau de sol (SOL16).

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587

588 589

GRATALOUP 1989, p. 88, pl. 104 ; BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 25. Dans le Sinaï, à Tell Al-Moufarig, dans des contextes datés des IIIe-Ier s. av. J.-C., surtout fin des IIIe et IIe s. : BALLET 1997, p. 48-49, n°1-3. À Tell el-Herr dans des niveaux ptolémaïques : GRATIEN 1997, p. 72, fig. 6, n°9-1 ; DIX-NEUF 2007, p. 76, fig. 43-44, cat. 137-142 et fig. 45, cat. 153-155. À Tell el-Balamun, dans divers contextes d’époque ptolémaïque : SPENCER 1996, p. 73, pl. 51, n°27-30 ; SPENCER 2003, p. 51, pl. 35, n°7. À Tebtynis : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 28-32, pl. 1-3, n°5-39. On trouve ces formes dès le début de l’époque perse. Phase V (fin VIe-Ve s. av. J.-C.) : ASTON 1999, p. 222, pl. 69, n°1983, p. 226, pl. 70, 2008 ; Phase VIb (IIIe s. av. J.-C.) : ibid., p. 283, pl. 92, n°2454 et p. 294, pl. 97, n°2546-2547. L’exemplaire 2454 est de petite taille. Phase VII (fin IIIe-IIe s. av. J.-C.) : ibid., p. 331, pl. 111, n°2931. MICHALOWSKI 1938, p. 85, fig. 124-126, n°359. Contexte ptolémaïque : PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 304, fig. 64-67 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178 et 184, fig. 11. Quelques exemples : FEUCHT 1985, pl. LIII, n°46 ; LAUFFRAY 1995a, p. 91, fig. 42, n°345 et p. 378, fig. 43, n°189 et 403 ; MARCHAND 2016, p. 107, fig. 4 ; LICITRA, DAVID 2016, p. 82, fig. 9 n°43-46, p. 86, fig. 21 n°115-158, p. 91, fig. 32 n°165166 et p. 95, fig. 44 n°194 (divers contextes couvrant la période mi-IIIe s. av. J.-C.-IIe s. ap. J.-C.). HARLAUT 2002, p. 270, fig. 8c. Voir infra, Chapitre III, § 1.4.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 14.

337

• Bol caréné en N1 et N6 (fig. 295 n°4-5) Deux types sont représentés, quoique très faiblement, dans la Zone 7 (tous deux issus de contextes de la Rue 4). L’un (n°4) est confectionné en Black Silt Ware tandis que l’autre (n°5) porte un engobe rouge bien poli et épais sur les surfaces extérieure et intérieure. Cette production bien attestée en Basse Égypte est typique de l’époque ptolémaïque590, ou gréco-romaine591. La pâte Black Silt Ware est très souvent associée à cette forme qui appartient au répertoire hellénistique592 et imite la forme des bols à vernis noir apparaissant à la fin du IVe-début du IIIe siècle593. Les bols carénés du IIIe siècle semblent façonnés surtout dans ce type de pâte594. Ils se modifieraient au courant du IIe siècle, avec une taille agrandie, des parois épaissies et un bord qui se déverse595 (tel n°4). La morphologie des bols carénés engobés rouge, par contre, ne semble guère évoluer entre les IIIe et IIe siècles596. • Grande coupe carénée profonde, à lèvre en bourrelet, en N6 (fig. 295 n°6) Une seule forme de ce type a été découverte dans la Zone 7. Elle provient de la fosse F20 (Rue 6). Elle se distingue quelque peu du type précédent par sa profondeur et peut être comparée à des formes complètes mises au jour à Karnak597 et à Karnak-Nord598. Il s’agit d’une grande coupe à carène basse et à base annulaire. Des exemplaires découverts à Bouto, dans un contexte daté des IIe-Ier siècles av. J.-C., présentent soit des lèvres à bourrelet, tel notre spécimen, soit des lèvres rondes599.

590

591 592

593 594 595 596 597

598

599

Les contextes datés des IIIe-Ier s. av. J.-C. à Tell Al-Moufarig en ont fourni des spécimens : BALLET 1997, p. 50, n°8. Quelques exemplaires sont apparus parmi le matériel d’époque hellénistique de la cave d’une maison-tour à Tell el-Herr : DIX-NEUF 2007, p. 76, fig. 44, cat. 143-144. À Tell el-Balamun, dans divers contextes d’époque ptolémaïque : SPENCER 1996, p. 73, pl. 51, n°20-23 ; SPENCER 2003, p. 50, pl. 34, n°5. À Bouto, dans un contexte des IIe-Ier s. av. J.-C. : BALLET et al. 2003, p. 248, fig. 17, n°3. À Karnak-Nord, spécimens datés de l’époque ptolémaïque : JACQUET-GORDON 1997, fig. 1d-e ; JACQUET-GORDON 2012, p. 337, fig. 139cc-dd. MOSTAFA 1988, p. 14-15, fig. 6. BALLET 2002, p. 91, fig. 4. À Tebtynis, la majorité de ces bols sont en Black Silt Ware (FIV) : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 46, pl. 8, n°101-107. BALLET 1997, p. 50. HARLAUT 2002, p. 270, fig. 8e. Ibid., p. 271, fig. 10d. Ibid., p. 271, fig. 9c-d. GRATALOUP 1989, p. 85-86, pl. 101 n°4 (daté entre le IIe s. av. J.-C. et le Ier s. ap. J.-C.). JACQUET-GORDON 1997, fig. 1c ; JACQUET-GORDON 2012, p. 337, fig. 139bb (époque ptolémaïque). BALLET et al. 2003, p. 246, fig. 16, n°II/IIA et p. 248, fig. 17, n°2.

Les récipients de table en pâte alluviale Bols convexes à base annulaire

7736.9

0

5 cm

1

7362.13

7306.4

2

0

5 cm

3

Bols carénés

7362.14

0

7380.32

5 cm

5

4

Cratérisque (?) Grande coupe à carène basse et profonde Fish plate

7301.21

6

7808.1

7366.11

7

8

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bol convexe, au bord légèrement rentrant et à base annulaire, en N1 (pâte assez grossière) ; monté au tour (plutôt fin Basse Époque-début époque ptolémaïque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119567 2. Bol convexe, à bord rentrant et à base annulaire assez haute, en N1 ; traces d’un léger engobe rouge sur le bord extérieur ; monté au tour (époque ptolémaïque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119560 3. Bol convexe à base annulaire, en N1 ; engobe rouge sur les surfaces intérieure et extérieure ; monté au tour (époque ptolémaïque) 4. Bol caréné, à bord à bourrelet externe et à base annulaire, en N6 ; surfaces extérieure et intérieure brunies ; monté au tour (époque ptolémaïque) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119558 5. Bord de bol caréné en N1 (très fin) ; engobe rouge bien poli et épais sur les surfaces extérieure et intérieure ; monté au tour (époque ptolémaïque) 6. Haut de grande coupe, à lèvre en bourrelet, en N6 ; monté au tour (ca. IIe av. J.-C.-Ier ap. J.-C.) 7. Haut de coupelle, dite fish plate, en N6 ; décor de palmettes imprimées sur la surface intérieure ; monté au tour ( IIIe-Ier s. av. J.-C., probablement seulement à partir du IIe s.) 8. Haut de cratéristique (?), au bord présentant un léger renflement externe, en N6 ; monté au tour (fin Basse Époque-époque ptolémaïque)

Fig. 295. Céramique de la phase 14-4

LES ARTEFACTS

• Fish plate en N6 (fig. 295 n°7) Un seul exemplaire a été découvert dans une passe réalisée dans la rue, sous la base du mur M51 (Rue 3). Cette catégorie qui apparaît au IIIe siècle, continue à être produite jusqu’à la fin de l’époque ptolémaïque600. Forme et décor de palmette sont caractéristiques pour les productions en Black Silt Ware601. Les décors de ce type n’ont pas été relevés dans les contextes du IIIe siècle à Alexandrie, seulement au IIe siècle602. Ils tentent clairement d’imiter le répertoire grec603. Un exemplaire fragmentaire a été mis au jour dans un niveau ptolémaïque de Karnak-Nord604. • Haut de cratérisque (?) en N6 (fig. 295 n°8) L’unique spécimen a été recueilli dans un remblai recouvrant le niveau de rue SOL22 (Rue 2). Il rappelle un cratérisque, une céramique fine généralement noire605 : c’est un modèle réduit de cratère normalement muni de deux anses verticales. Des exemplaires similaires en Black Silt Ware, mais identifiés comme des jarres au col évasé, ont été découverts à Karnak-Nord dans des niveaux d’époque ptolémaïque606. • Bol convexe engobé rouge, à lèvre rentrante et rainurée (fig. 296 n°1) Il s’agit d’un exemplaire unique issu de la fosse F20 (Rue 6). Une forme similaire a été mise au jour dans le Temple de Millions d’Années d’Amenhotep II, associé à des amphores du IIe-Ier siècle av. J.-C.607. Un autre élément de comparaison, plus lointain, provient de Bouto : il est en Black Silt Ware et ne présente pas de bourrelet interne marqué608. La fabrique de notre exemplaire est une pâte alluviale fine, assez compacte et présente un engobe rouge très bien poli. Elle s’apparente aux céramiques fines rouges, attestées en Basse Égypte, notamment à Bouto et à Tebtynis, qui tentent d’imiter des importations à vernis grésé609. Elles apparaissent en Égypte à la fin du IIe-début Ier siècle av. J.-C., et, à Tebtynis, elles sont surtout populaires du Ier av. J.-C. au Ier ap. J.-C.610.

600

601 602 603

604

605

606

607 608

609 610

À Bouto, dans un contexte des IIe-Ier s. av. J.-C. : ibid., p. 246, fig. 16, n°V. Mais à Tebtynis, les fish plates ne sont attestés qu’aux IIIe-IIe s. av. J.-C. : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 63-64, pl. 15, n°196-201. FRENCH 1992, p. 93 ; BALLET 2002, p. 91-92. HARLAUT 2002, p. 271. Le décor de palmette est aussi issu du « répertoire décoratif de tradition grecque » : MARCHAND 2002, p. 249. JACQUET-GORDON 1997, fig. 3k ; JACQUET-GORDON 2012, p. 339, fig. 140n. Un véritable cratérisque importé et une copie de cratérisque à poucier ont été trouvés à Tell el-Herr dans les niveaux hellénistiques d’une cave : DIX-NEUF 2007, p. 54, fig. 33, cat. 38, p. 76, fig. 43, cat. 134. JACQUET-GORDON 1997, fig. 4b ; JACQUET-GORDON 2012, p. 338, fig. 140b-c. CONSONNI 2016, p. 197, fig. 8 n°19. Contexte des IIe-Ier s. av. J.-C. : BALLET et al. 2003, p. 246, fig. 16, n°IA. Ibid., p. 234 ; BALLET 2002, p. 91. Ibidem.

339

• Plat à fond plat et lèvre modelée en N4 (fig. 296 n°3) Un exemplaire a été trouvé dans la fosse F44 (Rue 3). Cette forme peut être rapprochée de plats découverts à Éléphantine, dans un contexte du IVe siècle (Phase VIa)611 et dans un contexte du IIIe siècle (Phase VIb)612. • Plat décoré au bord à marli et panse légèrement convexe en N3 (fig. 296 n°6) Le plat a été mis au jour dans une fosse de dépotoir de Rue 3. Le jeu assez élaboré sur les différentes couleurs d’engobes associé à un décor de rectangles bichromes sur le dessus de la lèvre ne trouve pas de parallèle direct. Un élément de comparaison lointain est offert par un plat en pâte alluviale daté fin IVe-IIIe siècle av. J.-C., provenant de la tombe de Djehoutymes sur la rive ouest de Thèbes613. Un engobe orange est appliqué sur sa surface intérieure tandis que la surface extérieure est engobée rouge et le bord peint en noir. • Bol caréné engobé rouge, à bord à double-lèvre souligné par une bande brune, en N1 (fig. 296 n°7)614 Le bol a été découvert dans la couche venant contre le mur M58 (Rue 4). Même si l’on ne possède qu’un seul exemplaire en pâte alluviale, plusieurs variantes en pâte calcaire ont été recueillies dans les niveaux de la phase 14 (fig. 307 n°1-2). La région thébaine offre plusieurs éléments de comparaison, tels Karnak615, Karnak-Nord616, la rive ouest de Thèbes617 et Tôd618. Des bols similaires confectionnés en pâte alluviale, portant un engobe crème-rosé sur la surface extérieure et à la lèvre peinte en noir, ont été mis au jour à Éléphantine : la forme existe dès les Ve-IVe siècles619 et devient fréquente surtout au IIIe siècle620. Des bols-jattes au profil similaire sans bande peinte apparaissent à Tebtynis dès la deuxième moitié du IIIe et sont surtout caractéristiques du IIe siècle av. J.-C.621.

611 612 613 614 615

616 617

618

619 620 621

ASTON 1999, p. 249, pl. 78, n°2162-2163. Ibid., p. 286, pl. 93, n°2483-2485. SCHREIBER 2003, p. 73, pl. 1 n°2. MASSON 2016b, p. 151, fig. 4. Par exemple: LICITRA, DAVID 2016, p. 82, fig. 9 n°37 (contexte mi-IIIe-mi-IIe s. av. J.-C.). JACQUET-GORDON 2012, p. 316, fig. 131e, P.436. FEUCHT 1985, pl. LII, n°58 ; MYŚLIWIEC 1987, p. 77-79, n°822829 ; SCHREIBER 2003, p. 73, pl. 1 n°8-10 (datés des IVe-IIIe s.) ; SCHREIBER 2016b, p. 274, fig. 62-63. Les spécimens de Tôd présentent souvent cette bande noire, et, leur bord est souligné d’une rainure simple ou multiple. Ils proviennent de contextes datés des IIIe-IIe s. : PIERRATBONNEFOIS 2002, p. 178 et 184, fig. 12. ASTON 1999, p. 244, pl. 77, n°2128. Ibid., p. 290, pl. 94, n°2512-2515 et p. 328, pl. 110, n°2922. MARCHAND 2002, p. 249, fig. 7e.

Les récipients de table en pâte alluviale Bol convexe à lèvre rainurée

7301.25

1 Grande coupe à base annulaire

Plat à fond plat

7732.26

7373.35

2

3 Gobelet

Plat caréné

7380.25

7598.26

4

5

Plat peint (décor autre que floral) Bol caréné à lèvre rainurée et peinte

7732.46

7375.4

7

6

Blanc

Rouge

Blanc et noir

Noir

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bord de bol convexe à lèvre rentrante et rainuré, en N1 (très fin) ; engobe rouge lissé sur les surfaces extérieure et intérieure ; monté au tour (probablement fin IIe s. av. J.-C.-Ier s. ap. J.-C.) 2. Bol à base annulaire en N3 ; engobe rouge sur les surfaces intérieure et extérieure ; monté au tour 3. Plat au bord éversé et au fond plat coupé à la ficelle, en N4 ; monté au tour (IVe-IIIe s. av. J.-C.) 4. Bord de plat aux parois évasées et à la carène basse, en N1 ? (dégraissant végétal très abondant) ; monté au tour 5. Gobelet à fond ovoïde en N1 ; monté en tour 6. Bord de plat, à la lèvre éversée, en N3 ; surface extérieure engobée blanc et surface intérieure engobée rouge ; sur le dessus de la lèvre, décor de rectangles blancs alternant avec des rectangles rouges, encadrés de bandes noires ; bord intérieur noir ; bord extérieur engobé blanc mélangé au noir ; monté au tour 7. Haut de bol carénée, au bord marqué par des rainures, en N1 ; engobe rouge sur les surfaces extérieure et intérieure ; une bande brune souligne la lèvre ; monté au tour (surtout époque ptolémaïque)

Fig. 296. Céramique de la phase 14-5

LES ARTEFACTS

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation et la cuisson des aliments622 • Jatte profonde à base annulaire assez haute, en N3 (fig. 297 n°1-2) Deux jattes quasi-similaires ont été trouvées dans la fosse F46 (postérieure à l’occupation du bâtiment J à la sous-phase 14a). Une transposition en pâte calcaire M1 a été mise au jour dans la fosse F13 (fin de l’occupation de la sous-phase 14a, dans le bâtiment J) (fig. 308 n°3). Cette catégorie de jatte qui apparaît dès la fin de la TPI est encore produite à l’époque ptolémaïque623. Des exemplaires approchants, avec624 ou sans anse625, ont été trouvés à Éléphantine dans des contextes des IVe-IIIe siècles. On peut également les comparer avec les jattes d’époque ptolémaïque découvertes à ‘Ayn Manâwîr (Kharga) même si leur profil est relativement éloigné626, et avec celles provenant de niveaux ptolémaïques dans la région thébaine627. • Lopas en N1 (fig. 297 n°3-5) Plusieurs exemplaires de lopadès ont été mis au jour dans la Zone 7, notamment dans les fosses F44 et F61 (Rue 3). Ces pots de cuisson peuvent être nantis d’anses verticales (n°4). Les lèvres diffèrent : arrondies, à biseau oblique vers l’intérieur ou l’extérieur628. Tout comme les caccabai, les formes des lopadès évoluent entre les IIIe et IIe siècles. D’après la chrono-typologie de ces récipients à Alexandrie, la lopas du IIIe siècle est d’assez petite taille, de corps droit ou convexe, à fond bombé, et aux parois assez fines ; la présence d’engobe est plutôt rare ; dans l’ensemble, le modèle ancien demeure assez fidèle au modèle grec629. Les lopadès du IIe siècle sont de plusieurs types. L’un présente un flanc droit et un simple bord oblique ; ce type est le plus souvent confectionné en pâte calcaire, argile claire de Maréotide630, mais il est attesté en pâte alluviale à Tebtynis631. Un autre type présente un flanc évasé nettement séparé du fond par une carène, et, un bord soit à marli court et lèvre arrondie,

622 623

624

625

626

627

628 629 630 631

MASSON 2016b, p. 150-151, fig. 2-3. Supra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13. Phase VIa (IVe s.) : ASTON 1999, p. 252, pl. 79, n°2186. Pour cet exemplaire, les anses sont attachées au niveau de la lèvre et pas sous la lèvre. Phase VIb (IIIe s.) : ibid., p. 284, pl. 92, n°2461. Phase VIa (IVe s.) : ibid., p. 260, pl. 84, n°2275. Phase VIb (IIIe s.) : ibid., p. 314-316, pl. 105, n°2762 et 2772. Les profils des bords sont variés : MARCHAND 1998, p. 437438, fig. 59d-e, fig. 60a-c. JACQUET-GORDON 2012, p. 308, fig. 128c-d ; CONSONNI 2016, p. 199, fig. 11 n°38 ; LECUYOT 2016, p. 220, fig. 1.1-12. HARLAUT 2002, p. 267, fig. 4b-e. Ibid., p. 267. Ibid., p. 268, fig. 6c-d. Lopades en pâte alluviale FV : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 68-69, pl. 17, n°209-211.

341

soit à marli plus large et mouluré. Ils font entre 30 et 40 cm de diamètre (plus large que les types précédents) et sont systématiquement engobés rouge vif632. Les céramiques culinaires du IIe siècle – caccabè comme lopas – s’éloignent donc du modèle grec : elles sont en général de taille plus importante et leurs parois sont plus épaisses ; elles sont revêtues d’un engobe rouge épais, souvent poli633. Par l’absence d’engobe et leur taille petite ou moyenne, nos récipients se rattacheraient plus volontiers à la catégorie ancienne, celle du IIIe siècle634. La présence d’anses verticales, et non horizontales comme sur les prototypes, pourrait placer l’exemplaire 7732.41 (n°4) dans la deuxième moitié du IIIe siècle. C’est cette date qui a été proposée pour un spécimen similaire découvert à Tell el-Herr635. Cependant, de telles chrono-typologies n’ayant pas été réalisées dans la région thébaine, il faut rester prudent. Par ailleurs, à propos de lopadès trouvés à Karnak dans des contextes ptolémaïques636, C. Grataloup considère que ce groupe se poursuit jusqu’au Ier siècle ap. J.-C.637. D’après M. Bats, de tels récipients étaient essentiellement utilisés pour la cuisson des poissons638. Il est néanmoins fort probable que son usage était tout d’autre dans notre cas étant donné la rareté extrême des restes de poissons dans toutes les phases d’occupation du quartier639. • Marmite carénée, à bord horizontal mouluré, en N20 (fig. 297 n°6) L’exemplaire provient d’une passe (Rue 4 probablement). Le bord présente un décrochement interne pour recevoir un couvercle. Ce vase culinaire est très commun en Égypte à partir du IIe av. J.-C. jusqu’au Ier voire IIe siècle ap. J.-C.640. • Plats à pain en N4 (fig. 298 n°1-7) Les trois formes de plats à pain évoquées à la phase 13 se poursuivent à la phase 14. Leur quantité est toujours très importante et on les rencontre tout le long de cette phase. La persistance des dokka à lèvre haute et basse est bien documentée par divers contextes ptolémaïques à Karnak641.

632 633 634 635

636

637 638 639 640

641

HARLAUT 2002, p. 269, fig. 7c-d. Ibid., p. 269. Pour le caccabè : ibid., p. 266-267, fig. 4a. DEFERNEZ 2007b, p. 161, fig. 111 n°27. Le diamètre, anormalement petit de notre lopas, s’éloigne cependant de celui de Tell el-Herr. GRATALOUP 1989, p. 89-91, pl. 108. Voir aussi les lopadès de Karnak-Nord : JACQUET-GORDON 2012, p. 324, fig. 135e-f. GRATALOUP 1989, p. 91. BATS 1988, p. 49-50. Supra, Chapitre II, § 2.1.2.5. Les poissons. BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 72, pl. 19, n°225 (parallèle proche du Ier s. ap. J.-C.) ; LAUFFRAY 1995a, p. 91, fig. 42, n°296, p. 95, fig. 44, n°343 et 347, fig. 46, n°159 et 160. LAUFFRAY 1995a, fig. 55, n°189 (couche incendiée fin IIIe-début IIe s. av. J.-C.) ; LICITRA, DAVID 2016, p. 84, fig. 15 n°80, p. 87, fig. 26 n°141-142 et p. 92, fig. 37 n°180 (divers contextes

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte alluviale

7405.8

7405.9

2

1

Vaisselle de cuisson avec ou sans anse en pâte alluviale

7732.36

3

7732.41

4

7380.28

7731.7

6

5

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Jatte profonde à base annulaire assez haute, en N3 ; monté au tour (fin Basse Époque-début époque ptolémaïque) 2. Jatte profonde munie d’anses verticales, en N3 ; monté au tour (fin TPI-début époque ptolémaïque) 3. Haut de lopas, au bord à lèvre en biseau incliné vers l’intérieur et à ressaut interne, en N1 ; traces de brûlé ; monté au tour (époque ptolémaïque) 4. Haut de lopas, à bord éversé et muni d’anses verticales, en N1 ; monté au tour (époque ptolémaïque) 5. Haut de lopas à lèvre arrondie, en N1 ; engobe rouge sur les surfaces intérieure et extérieure ; traces de feu à l’extérieur ; monté au tour (époque ptolémaïque) 6. Bord de bol en N20 ; monté au tour (surtout du IIe s. av. J.-C. au Ier ap. J.-C.)

Fig. 297. Céramique de la phase 14-6

Les ustensiles d’usage domestique : les plats à pain et couvercles de four

7731.11

1

7737.5

7676.2

2

3

7368.10

7463.2

4

5

7813.5

7768.8

0

10 cm

7

6

Les ustensiles « cultuels » en pâte alluviale Les moules à pain

7775.1

7737.4

7373.37

9

8

7505.4

11

10

7405.6

7405.7

7339.18

13 12

14

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Couvercle de four en N4 ; traces de feu assez nombreuses ; modelé à la main (au moins jusqu’au IIe s. av. J.-C.) 2. Dokka à lèvre basse en N4 ; modelé à la main (au moins jusqu’au IIe s. av. J.-C.) 3-4. Dokka à lèvre haute, en N4 ; modelé à la main (au moins jusqu’au IIe s. av. J.-C.) 5. Dokka à lèvre haute, en N4 ; engobe blanc sur la surface extérieure ; modelé à la main (au moins jusqu’au IIe s. av. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Masson-Berghoff 6-7. Plat à pain oblongue en N4 ; modelé à la main (pas avant la fin de la Basse Époque, surtout époque ptolémaïque) 8. Bord de moule à pain, avec décor de pincement de doigts sur le pourtour de la lèvre, en N5 ; pas de lissage, ni de badigeon intérieur ; modelé à la main (pollution ancienne ?) 9. Fond de moule à pain, avec décor de pincement de doigts à la base, en N5 ; lissage grossier intérieur et pas de badigeon ; modelé à la main (pollution ancienne ?) 10. Fond de moule à pain à goutte, en N5 ; lissage et badigeon intérieur ; modelé à la main (pollution ancienne ?) 11. Bord de moule à pain en N5 ; lissage intérieur et traces infimes de badigeon ; modelé à la main (pollution ancienne ?) 12-14. Fond de moule à pain en N5 ; intérieur peu lissé, sans badigeon ; modelé à la main (pollution ancienne ?)

Fig. 298. Céramique de la phase 14-7

344

CHAPITRE III

Seul le type à bord adouci est attesté dans les niveaux récents à Éléphantine642, alors qu’à Tebtynis, ce sont les dokka à bord légèrement surélevé que l’on retrouve dans des contextes IIIe-IIe siècle av. J.-C.643. Les formes ovales et bombées (n°6-7) sont devenues majoritaires. Ainsi que nous l’avons vu précédemment, ces formes semblent apparaître au cours du IVe siècle644.

La vaisselle « cultuelle » • « Moule à pain » en N5 (fig. 298 n°8-14) De nouveau, plusieurs types ont été découverts dans cette catégorie. Mais leur présence semble tellement anecdotique à la phase 14 que nous pourrions être en présence de pollutions anciennes. Outre les deux types répertoriés pour les phases 12 et 13 (celui avec le décor de pincements de doigts, n°8-9, et celui au fond marqué d’une protubérance, n°10), un dernier présente une forme tubulaire et un fond aplati (n°12-14). Cette forme se raccorde au type C de la classification des moules à pain d’H. Jacquet-Gordon645. Elle est surtout connue dans les niveaux du Moyen Empire, mais s’est poursuivie jusqu’au début du Nouvel Empire646. Au vu de l’absence de parallèles pour les époques tardives, la présence de ces moules pourrait être perçue comme une pollution. • Coupe dite à encens en N1 et N3 (fig. 299 n°1-9)647 Quasiment tous les contextes de la phase 14 contiennent des exemplaires de ces coupes et parfois en fort grand nombre. Elles peuvent appartenir à différents types : à fond plat plus ou moins saillant et aux parois évasées (n°1-2) ; à fond plat à peine dégagé et à bord légèrement rentrant (n°4-5) ; à pied (n°6-9). Les deux premiers types sont déjà présents en grande quantité dans la phase précédente. Le troisième type, en revanche, n’apparaît que de manière anecdotique à la fin de la phase 13. Il domine à partir de la phase 14. Ces coupes à pied trouvent des parallèles dans les niveaux du IIIe siècle d’Éléphantine648, dans ceux de l’époque ptolémaïque à Tôd649 et sur la rive ouest de Thèbes650. Karnak fournit de

nombreux éléments de comparaison dans des contextes datés de l’époque saïte à l’époque ptolémaïque651. Rares sont les exemplaires présentant des traces de feu ce qui laisse supposer un tout autre usage. • Coupe à bord convexe et base plate en N3 (fig. 299 n°10-11) Ces coupes sont plus rares que les coupes susmentionnées. Quelques-unes ont été mises au jour dans les fosses F26 et F61 (Rue 3). C’est un type qui apparaît dès le IVe siècle av. J.-C. à Éléphantine652. Néanmoins la courbure assez accentuée de leur bord rattache ces bols aux spécimens connus à partir du IIIe siècle653. Dans le Fayoum, à Tebtynis, de telles formes sont attestées seulement entre les IIe et Ier siècles av. J.-C.654. Un des deux exemplaires présentés ici (n°11) portent des traces de brûlé à l’intérieur. Il a pu éventuellement servir de lampe ou à faire brûler de l’encens.

Les ustensiles divers • Coupelle-couvercle en N1 (fig. 300 n°6-9) Les coupelles-couvercles aux parois évasées et au fond plat à peine dégagé, plus ou moins bien confectionnées, font partie du matériel récurrent de la phase 14. Leur usage était probablement très divers. Ce sont des formes communes à la XXXe dynastie655. • Support haut (fig. 301 n°1) Ce type de support est déjà attesté dans la région thébaine à la TPI, mais il persiste encore à l’époque ptolémaïque656. • Support de jarre à base annulaire haute en N4 (fig. 301 n°3-4) Ces supports apparaissent uniquement à partir de la phase 14, mais ils trouvent des parallèles à Éléphantine depuis la TPI657

651

642

643 644 645 646 647 648 649 650

couvrant la période IIIe-Ier s. av. J.-C.) ; NAGUIB REDA 2016, p. 169, fig. 9-10 (surtout à lèvre haute et décorés d’une croix sur la surface intérieure, provenant d’une cuisine ptolémaïque). Phase VIa (IVe s.) : ASTON 1999, p. 260, pl. 83, n°2269-2270, p. 280, pl. 91, n°2433. Phase VII (fin IIIe-IIe s. av. J.-C.) : ibid., p. 351-352, pl. 120, n°3123. BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 200, pl. 102, n°873-874. COULON, DEFERNEZ 2004, p. 187, note 188. JACQUET-GORDON 1997, fig. 4, n°3-14. Ibid., p. 16 et 19. MASSON 2016b, p. 153, fig. 8. ASTON 1999, p. 283, pl. 92, n°2450. PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 304, fig. 60-63. FEUCHT 1985, pl. LV ; LAEMMEL, CONSONNI 2016, p. 246, fig. 12 ; SCHREIBER 2016b, p. 269, fig. 1-2.

652 653

654 655 656

657

BÉOUT et al. 1993 ; GRATALOUP 1989, p. 86, pl. 102, n°10a ; LAUFFRAY 1995b, p. 310, fig. 5, p. 312, fig. 7 et p. 315, fig. 10 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 266, fig. 106a-e (niveaux couvrant la période XXVIe-XXXe dynastie) ; LICITRA, DAVID 2016, p. 83, fig. 11 n°61-62. ASTON 1999, p. 260, pl. 84, n°2272. Phase VIb (IIIe s. av. J.-C.) : ibid., p. 283, pl. 92, n°2453 et p. 312, pl. 104, n°2742-2743. À Karnak, niveaux ptolémaïque et romain : LAUFFRAY 1995a, fig. 42, n°299, fig. 48, n°250. À Tôd, contextes des IIIe-IIe s. : PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178 et 184, fig. 13. BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 36-37, pl. 4-5, n°58-64. ROUSSEL, MARCHAND 1994, pl. II n°19. Voir l’exemplaire mis au jour dans une cuisine ptolémaïque située sur le parvis du temple de Karnak : NAGUIB REDA 2016, p. 168, fig. 6 PI-99. ASTON 1999, p. 79, pl. 20, n°583 (engobe rosé sur la surface intérieure).

345

LES ARTEFACTS

Les ustensiles « cultuels » en pâte alluviale Les coupes dites à encens

7768.4

7598.20

7768.5

1

3

2

7380.17

7380.31

4

5

7362.15

7598.27

7768.6

7

6

9

8

7339.14

10

7598.28

7732.30

11

7284.12

12

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Coupe à fond plat, dégagé, et aux parois évasées, en N1 ; monté au tour (jusqu’à l’époque ptolémaïque) 2. Coupe à fond plat, très peu dégagé, coupé à la ficelle et aux parois évasées, en N1 ; monté au tour (jusqu’à l’époque ptolémaïque) 3. Miniature complète de coupelle en N ? (non cassée) ; modelé à la main 4. Fond de coupe en N3 ; monté au tour (Basse Époque-époque ptolémaïque) 5. Coupe à fond plat, coupé à la ficelle et à bord incurvé, en N1 ; monté au tour (Basse Époque-époque ptolémaïque) 6-7. Coupe à pied, à fond plat, coupé à la ficelle, en N3 ; monté au tour (surtout époque ptolémaïque) 8-9. Coupes à pied en N1 ; monté au tour (surtout époque ptolémaïque) 10-11. Petit bol, à bord convexe légèrement rentrant et au fond plat coupé à la ficelle, en N3 ; traces de brûlé à l'intérieur ; monté au tour (pas avant le IVe, voire le IIIe s. av. J.-C.) 12. Coupelle au fond plat, en N3 (pâte plus sableuse, plus aérée) ; monté au tour

Fig. 299. Céramique de la phase 14-8

CHAPITRE III

346

Les ustensiles divers en pâte alluviale Les coupelles-couvercles

7341.8

7808.3

7732.28

2

1

3

7813.4

7731.6

5

4

7430.14

0

7430.13

5 cm

6

0

7

9

8

7362.12

10

7730.9

7671.6

5 cm

7362.11

11

7736.1

7339.13

12

13

Éch. dessin :

0

1. Couvercle muni d’un bouton de préhension, en N1 ; monté au tour 2. Couvercle muni d’un bouton de préhension, à bord à ressaut interne, en N1 ; monté au tour 3. Couvercle complet en N3 ; monté au tour 4. Coupelle/couvercle, au fond plat coupé à la ficelle, en N2 ; engobe rouge sur la surface intérieure ; monté au tour 5. Coupelle/couvercle, au fond plat coupé à la ficelle, en N3 ; monté au tour 6-8. Coupelle/couvercle en N1 ; monté au tour (à partir de la fin de la Basse Époque) 9. Couvercle, très abîmé par la présence de sels, en N1 ? (beaucoup d’inclusions) ; monté au tour (à partir de la fin de la Basse Époque) 10. Coupelle à fond plat non dégagé, en N1 ? (dégraissant végétal très abondant) ; monté au tour 11. Coupelle à fond plat, non dégagé, aux parois évasées en N1 ; monté au tour 12. Coupelle/couvercle, au fond plat coupé à la ficelle, en N1 ; monté au tour 13. Coupelle/couvercle, au fond plat coupé à la ficelle, en N1 ; monté au tour

Fig. 300. Céramique de la phase 14-9

5 cm

LES ARTEFACTS

jusqu’aux périodes perse658 et ptolémaïque659. À Karnak, ils sont datés entre la XXVIe dynastie et l’époque ptolémaïque660. • Fire-dog en N1 (fig. 301 n°6-7) Deux exemplaires quasi-complets, dont une miniature, et plusieurs fragments ont été mis au jour à la phase 14, alors qu’un seul fragment a été mis au jour pour la phase 13 (fig. 276 n°10). Bien que leur utilisation soit sujette à débat, ils sont néanmoins généralement associés à un usage purement domestique661. Des fire-dogs figuraient parmi les vaisselles utilisées dans une cuisine ptolémaïque, datée du IIe-début Ier siècle et aménagée sur le parvis du temple d’Amon-Rê de Karnak662.

1.4.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 14 La proportion des productions en pâte calcaire diminue fortement comparée à la phase précédente. Ainsi que nous l’avons observé dans l’analyse de certaines catégories ci-dessus, il n’est pas rare d’avoir les mêmes formes en pâte alluviale et en pâte calcaire. La pâte dominante est toujours M1. Apparaît une nouvelle pâte, M4, qui est souvent utilisée pour des formes généralement confectionnées en M1. Cette pâte, plus dure que M1, de section rose à cœur gris verdâtre, correspond probablement à la pâte K200 de D. Aston ; cette dernière apparaît à Éléphantine au cours du IVe siècle av. J.-C. et son usage se développe au IIIe siècle663. Formes fermées : Les jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne avec ou sans anse664 • Jarre piriforme, au corps marqué de stries plates, en M1 (fig. 302 n°1-5) La production de ces jarres, extrêmement commune à la phase 13, se poursuit à la phase 14. Elles font aussi partie du matériel récurrent de cette dernière, et ce dans tous les contextes même les plus tardifs. Elles sont produites dans la région thébaine très tard, puisqu’elles sont attestées encore

dans des niveaux ptolémaïques à Tôd665. Mais, d’après les observations de G. Pierrat-Bonnefois, il semble que cette catégorie de jarre, encore bien présente au IIIe siècle, disparaisse des contextes du IIe siècle av. J.-C.666. On note une évolution dans le profil de ces jarres. Les jarres à double-bord convexe et bourrelet interne (n°1, contexte Rue 3) étaient déjà présentes dans la phase 13. Cependant, le bourrelet interne est nettement moins marqué que dans les exemplaires antérieurs, indice d’une datation plus récente667. Le bord à double lèvre très incliné vers l’intérieur est nouveau à la phase 14 (n°2, contexte Rue 3). Il trouve divers parallèles, dont un précis à Éléphantine dans un contexte daté de Nectanébo II668 et un autre au Temple de Millions d’Années de Séthi Ier dans un contexte de la Basse Époque669. Ces jarres se différencient aussi un peu des précédentes par une épaule parfois quasiinexistante, la panse commençant presque sous le bord (n°3, contexte Rue 4)670. La forme du bord 7732.33 (n°4, contexte Rue 3) n’a pas été rencontrée à la phase 13. Ce profil de bord est considéré comme plus tardif dans la production de ces jarres, puisqu’il ne semble pas apparaître avant l’époque perse671. Enfin, la jarre à bourrelet interne (n°5, contexte de la Rue 2) trouve un parallèle pour les périodes perses672. Tous nos exemplaires ont donc pu être produits entre les Ve et IIIe siècles av. J.-C. D’après le reste du matériel associé (autres céramiques et objets), il s’agirait plutôt de spécimens des IVe et IIIe siècles. • Jarre sans col, à bord à bourrelet externe en M1 et M4 (fig. 302 n°6-9) De nombreux exemplaires de ces jarres ont été trouvés à la phase 14, et ce dès les premiers niveaux. Ils sont aussi bien en pâte M1 (n°6-7), que dans la nouvelle fabrique M4 (n°8-9). Ces formes apparaissent plutôt aux Ve-IVe siècles et continuent d’être produites au IIIe siècle ; elles sont connues

665

666

667

658

659

660 661

662 663 664

Ibid., p. 220 et 223, pl. 68, n°1967 (pâle engobe rouge) ; SPENCER 1996, pl. 83, n°2 et pl. 85, n°10. Phase VII (fin IIIe-IIe s. av. J.-C.) : ASTON 1999, p. 351-352, pl. 120, n°3119 (engobe blanc). GRATALOUP 1989, p. 88, pl. 106, n°39. Supra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13. NAGUIB REDA 2016, p. 168, fig. 6 PI-2 et PI-9. ASTON 1999, p. 6 et 282. MASSON 2016b, p. 153-154, fig. 9 et 10 n°5-8.

347

668

669 670

671 672

PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 179 et 187, fig. 19 ; PIERRATBONNEFOIS 2000, p. 322, fig. 231-235 (voir note 122 pour les références bibliographiques). Il semble que seule la région thébaine fournisse encore cette production à l’époque ptolémaïque. À Éléphantine et dans l’Oasis de Kharga, elle a totalement disparu à cette époque : ASTON 1999, p. 181 ; MARCHAND 2007b, p. 490. Époque perse : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 179. C’est la même datation qui est proposée par D. Aston : ASTON 1999, p. 231, pl. 72, n°2041. Voir aussi un exemplaire daté des IVe-IIIe s. : MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 130, fig. 9-10. ASTON 1999, p. 270-272, pl. 88, n°2339 ; ASTON 2007, p. 427 (Group V des conteneurs en pâte calcaire). MYŚLIWIEC 1987, p. 63-64, n°429. Cette évolution morphologique a été notée par G. PierratBonnefois (in 2000, p. 322). ASTON 1999, p. 231, Pl. 72, n°2039. À ‘Ayn Manâwîr, Ve-début IVe s. : MARCHAND 1996, p. 422-423, groupe n°10, n°38.

Les ustensiles divers en pâte alluviale Les supports

7354.20

7362.6

2

1

0

Éch. dessin :

7413.3

10 cm

7518.6

7430.12

3

5

4

Les fire-dogs

Les bassins

7380.35

8

7562.1 0

5 cm

6

7354.24 0

2 cm

7

7405.10

9

Éch. dessin :

1. Large support/foyer ? en N3 ; petit trou circulaire percé dans le corps, avant cuisson ; monté au tour 2. Support de jarre de grande taille, en N4 ; monté au tour 3-4. Support de jarre, à base annulaire haute, en N4 ; monté au tour (surtout Basse Époque-époque ptolémaïque) 5. Support de jarre annulaire en N1 ; monté au tour 6. Fire-dog en N1 ; modelé à la main – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119541 7. Miniature de fire-dog en N1 ; modelé à la main – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119539 8. Bassin (rectangulaire ?) en N4 ; modelé à la main 9. Profil quasi complet d’un bassin, peut-être de forme rectangulaire, en N4 ; modelé à la main

Fig. 301. Céramique de la phase 14-10

0

5 cm

Jarres de stockage et/ou de transport de taille large à moyenne, avec ou sans anse en pâte calcaire

7373.38

7732.33

4

2

7362.8

7731.9

7345.9

3

1

7405.5

5

7354.23

7373.39

6

7

8

7731.10

7405.7

9

10

Éch. dessin :

0

1. Haut d’une jarre, au bord à double-lèvre et léger bourrelet interne, au corps marqué de stries plates et munie de deux anses, en M1 ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C.) 2. Haut de jarre, à bord à double lèvre, en M1 ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C.) 3. Haut de jarre à bord à double-lèvre convexe, muni de quatre (?) anses (seules deux anses côte à côte sont conservées), en M1 ; monté au tour (plutôt époque ptolémaïque, au moins jusqu’au IIIe s. av. J.-C.) 4. Bord de jarre en M1 ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C.) 5. Haut de jarre, à bord à bourrelet interne, munie d’anses, au corps marqué de stries plates, en M1 ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C.) 6-7. Haut de jarre à bord à bourrelet externe munie d’anses verticales, en M1 ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C.) 8-9. Haut de jarre à bord à bourrelet externe, en M4 ; monté au tour (ca. IVe-IIIe s. av. J.-C.) 10. Haut de jarre, à bord à double lèvre convexe, en M1 ; monté au tour (ca. IVe-IIIe s. av. J.-C.)

Fig. 302. Céramique de la phase 14-11

5 cm

CHAPITRE III

350

en Basse Égypte673, comme en Haute Égypte674. Les exemplaires réalisés en pâte M4 ne devraient pas être antérieurs au IVe siècle675. • Jarre sans col, à bord à double bourrelet externe en M1 (fig. 302 n°10) Une jarre qui s’apparente au type décrit ci-dessus, provenant de la fosse F44 (Rue 3), trouve des parallèles à Éléphantine, mais en pâte alluviale. Ils proviennent de niveaux datés du IIIe siècle676. D’après D. Aston, cette production peut remonter néanmoins au IVe siècle 677. • Jarre à large encolure et à lèvre plate repliée sur l’extérieur, en M1 (fig. 303 n°1-3) La phase 14 a fourni maints exemplaires de ces jarres (contextes allant de la Rue 2 à la Rue 6). Elles sont confectionnées avant tout en pâte calcaire. De rares exemplaires en pâte alluviale (N1 et N4) nous sont aussi parvenus (fig. 293 n°1-2). Des petites anses sont souvent placées sous la lèvre. Cette forme est très répandue dans des contextes des IIIeIIe siècles et semble typique de la période ptolémaïque dans la région thébaine678. Mais il est possible qu’elle se poursuive au Haut-Empire romain679.

• Jarre à col droit, court, terminé par un bord rainuré, à l’épaule arrondie, en M1 (fig. 302 n°8-9) Quelques fragments de ces jarres ont été mis au jour à la phase 14. Les exemplaires présentés ici proviennent d’un contexte de la Rue 4. À moins que nous soyons en présence de matériel résiduel, ces jarres, déjà présentes à la phase 12 du secteur (fig. 259 n°1-2), semblent se poursuivre à la phase 14.

Les petits contenants avec ou sans anse • Cruche en M3 (fig. 304 n°6) L’exemplaire 7284.11 (Rue 3) appartient à une catégorie de cruche qui a eu une longue production. D’après J. Bourriau, les cruches présentant ce profil apparaissent à la XXVIe dynastie et se perpétuent jusqu’à la XXXe dynastie680. • Vase au col terminé par un bord à modénature carrée et muni d’anses verticales en M3 (fig. 304 n°8) Ce type, découvert en un exemplaire dans la fosse F38 (postérieur à l’occupation du bâtiment J à la sous-phase 14a), trouve un pendant très proche à Tôd, daté de l’époque ptolémaïque (IIIe-IIe siècles)681.

Formes ouvertes : 673

674

675 676

677

678

Parallèle dans un contexte daté de la XXX dynastie : ROUSSEL, MARCHAND 1994, pl. III n°31. Ve-début IVe s. à ‘Ayn Manâwîr : MARCHAND 1996, p. 422-423, groupe 10, n°41. À Éléphantine, ces formes (Group VIII des conteneurs en pâte calcaire) sont courantes pour les IVe et IIIe s. av. J.-C. (ASTON 2007, p. 428). Par exemple, à la Phase VIa (IVe siècle) : ASTON 1999, p. 262, pl. 84, n°2283 (en K200 = M4). Autre exemple provenant d’un contexte daté de Nectanébo II : ibid., p. 277, pl. 90, n°2396. Phase VIb (IIIe siècle) : ibid., p. 306, pl. 102, n°2669. Voir aussi l’exemplaire publié pour Karnak-Nord : JACQUET-GORDON 2012, p. 258-259, fig. 102c, P.278 (phase XXVIe-XXXe dynastie). ASTON 1999, p. 6 (K200 = M4). Ibid., p. 300, pl. 99, n°2605 : cet exemplaire en pâte alluviale couvert d’un engobe crème rosé pourrait être une copie de ces productions de la région thébaine. Ibid., p. 328, pl. 110, n°2920 : celui-ci, également en pâte alluviale, est recouvert d’un engobe rouge pâle. ASTON 2007, p. 422-423 (Group IX des conteneurs en pâte alluviale). Voici une liste non-exhaustive. À Karnak, dans un niveau incendié daté de la fin du IIIe-début IIe s. av. J.-C. : LAUFFRAY 1995a, fig. 55, n°190. Dans le temple de Ptah à Karnak : DAVID, DURAND 2016, p. 54-55, fig. 7 n°29-32. Dans une maison sur le site du Trésor de Chabaka : LICITRA, DAVID 2016, p. 81, fig. 6 n°19-22, p. 85, fig. 17 n°89-91 et p. 89, fig. 28 n°149 (divers contextes couvrant la période IIIe-Ier s. av. J.-C.). Dans une cuisine située en face des temples de Karnak : NAGUIB REDA 2016, p. 166, fig. 3 PI.78-83. À Karnak-Nord, phase ptolémaïque : JACQUET-GORDON 2012, p. 301-302, fig. 124l-n. À Gourna, dans le Temple de Millions d’Années de Séthi Ier : MYŚLIWIEC 1987, p. 65-66, n°500. Au Ramesseum : LECUYOT 2016, p. 225, fig. 5.44-47. À Tôd : PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 308, fig. 98-99 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178 et 184, fig. 14. e

On note un certain conservatisme pour une partie des formes ouvertes en pâte calcaire. Des types semblables sont en effet bien souvent présents dès la phase 13, voire dès la phase 12, et ce, sans grand changement morphologique. De nouvelles formes, notamment celles nanties de base annulaire plus ou moins haute, apparaissent tout de même à cette phase. Elles ont, la plupart du temps, leur contrepartie en pâte alluviale à la phase 14. Enfin, on observe parfois la présence d’engobe rouge et de bandeaux ou de motifs géométriques absents aux périodes précédentes. Nous n’analysons que quelques-unes de ces formes ci-dessous. Les récipients de table • Coupe/assiette carénée à marli, à base annulaire fine en M1 (fig. 305 n°1-2) Ces formes ont été régulièrement découvertes à la phase 14, même si en moindre quantité comparé à la phase 13. Les exemplaires que nous présentons, tous deux issus de contextes de la Rue 3, présentent des lèvres à marli, horizontales.

679

680 681

À Karnak, niveaux datés du Haut-Empire romain : LAUFFRAY 1995a, fig. 44, n°344. BOURRIAU 1981, p. 81. PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178 et 183, fig. 9.

Jarres de stockage et/ou de transport de taille moyenne avec ou sans anse en pâte calcaire

7362.21

1

7301.27

7732.37

3

2

Jarres et bouteilles de stockage et/ou de transport de taille moyenne sans anse en pâte calcaire

7366.12

7301.23

5

4

7732.40

7362.20

7362.17

9

8

7

6

7362.18

7339.17

7362.19

10

11

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Haut de jarre à large encolure et à lèvre plate repliée sur l’extérieur, en M1 ; monté au tour (surtout époque ptolémaïque) 2-3. Haut de jarre à large encolure et à lèvre plate repliée sur l’extérieur, munie d’anses verticales, en M1 ; monté au tour (surtout époque ptolémaïque) 4. Haut de jarre en M1 ; monté au tour 5. Vase au col très légèrement évasé, à bord biseauté, en M1 ? (brûlé) ; monté au tour 6. Bord de jarre, au corps marqué par de fines stries plates, en M1 ; monté au tour 7. Haut de jarre, à bord à bourrelet interne, en M4 ; monté au tour 8-9. Bord de jarre à lèvre soulignée, en M1 ; monté au tour 10. Bord de jarre/bouteille à col droit, en M1 ; monté au tour 11. Haut de jarre/bouteille, au col droit marqué par des ressauts, en M3 ; surface extérieure brunie ; monté au tour

Fig. 303. Céramique de la phase 14-12

CHAPITRE III

352

Vaisselle de cuisson avec ou sans anse en pâte calcaire

7373.36

7768.7

1

2

3

7380.24

7732.47

7380.34

5

4

Les petits contenants avec ou sans anse en pâte calcaire

7284.11

6

7

7339.15

9

7354.22

7380.36

8

7368.11

7637.5

10

11

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Haut de jarre ou de vase de cuisson, à bord à double lèvre, munie d’anses verticales, en M1 ; monté au tour 2. Bord de jarre ou de vase de cuisson, en M1 ; monté au tour 3. Haut de pot muni d’anses verticales, en M1 ; monté au tour 4. Haut d’un petit pot (jarre-marmite ?), muni d’anses verticales attachées à la lèvre, en M2 ? (pâte plus sableuse, plus aérée, moins dure) ; monté au tour 5. Haut de pot muni d’anses verticales, en M3 ; engobe blanc sur la surface extérieure, très abîmé ; monté au tour 6. Bord complet de cruche, muni d’une seule anse verticale (juste départ de l’anse), en M3 ; monté au tour (XXVIe-XXXe dynastie) 7. Goulot complet, muni de deux anses verticales, en M3 ; monté au tour 8. Haut de cruchon (?), muni d’une ou de deux anses verticales, en M3 ; auto-engobe jaune clair extérieur ; monté au tour (ca. IIIe-IIe s. av. J.-C.) 9. Bord de bouteille en M2 ; surface extérieure brunie, de couleur vert clair ; monté au tour 10. Goulot en M3 ; monté au tour 11. Goulot en M1 ; monté au tour

Fig. 304. Céramique de la phase 14-12

LES ARTEFACTS

Cela pourrait être un indice d’une production plutôt postérieure à l’époque saïte ; mais nous avons nuancé auparavant la valeur de cette évolution typologique, surtout reconnue pour les productions de Basse Égypte682. Pour C. Grataloup cette production se poursuivrait jusqu’à l’époque ptolémaïque683. • Coupe à carène basse, à base annulaire et à lèvre droite en M1 (fig. 305 n°3) Ces formes sont très rares. Une forme quasi-complète vient de la fosse F61 (Rue 3). Un bol en pâte alluviale engobée rouge (fig. 296 n°2), provenant du même contexte, forme un pendant grand format. Un exemplaire assez proche mais à la base annulaire plus fine, à la carène plus anguleuse et la paroi légèrement convergente au-dessus de la carène, a été mis au jour à Karnak dans un contexte daté du Haut-Empire romain684. On pourra également trouver des éléments de comparaison datés de la fin de l’époque ptolémaïque-début du Haut-Empire romain à Tebtynis685 et à Tôd686. • Bol caréné, à base annulaire et à lèvre épaissi en M1 (fig. 305 n°5) Un exemplaire de cette forme a été mis au jour dans la fosse F74 (Rue 3). Des formes similaires proviennent de niveaux ptolémaïques à Karnak-Nord687 et du Haut-Empire romain à Karnak688. Elles existent aussi en pâte alluviale et leur surface est soit non traitée, soit engobée rouge avec des bandes noires autour de la panse. • Bol-jatte convexe, à bord rentrant et à base annulaire en M7 (fig. 305 n°6) Un profil complet provient de la fosse F61 (Rue 3). La pâte M7 n’a été observée que dans cette catégorie de forme. Avec son bord engobé rouge effectué par trempage689, il appartient au courant des « colour-coated »690. S’agit-il d’une réelle importation ou bien d’une pâte calcaire de la région de Maréotide au nord-ouest du Delta ? Cette dernière apparaît dans les productions alexandrines à partir de la fin du IIIe siècle et notamment dans la catégorie des bols convexes691. N’ayant

682

683 684 685

686 687

688 689

690

691

Supra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. GRATALOUP 1989, p. 94, pl. 121, n°115. LAUFFRAY 1995a, fig. 44, n°132. Ces bols, imitant des importations à vernis grésé rouge, proviennent de contextes datés des IIe s. av. J.-C. au Ier s. ap. J.-C. : BALLET 2002, p. 91 et 96, fig. 7. PIERRAT-BONNEFOIS 2002, n°12. JACQUET-GORDON 2012, p. 296, fig. 122e, P.42 (base annulaire moins haute que notre spécimen). LICITRA, DAVID 2016, p. 93, fig 40 n°183. Cette technique qui apparaît vers la fin du IIIe s. av. J.-C. perdure longtemps, jusqu’au Haut-Empire romain : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 27 (contexte tardif des IIe et IIIe s. ap. J.-C). Sur les « colour-coated » et leurs imitations en Égypte : ÉLAIGNE 2000. HARLAUT 2002, p. 271 et 273.

353

pas eu la possibilité de comparer notre pâte avec des échantillons de pâte calcaire de cette région, la provenance de ce bol ne peut être identifiée avec certitude. Néanmoins, en comparant les descriptions des pâtes utilisées pour les « colourcoated », qu’elles soient importées ou imitées en Égypte, la pâte M7 se rapprocherait plutôt des fabriques du nord-ouest du Delta692. Notre exemplaire présente une paroi plus oblique qu’arrondie et une base annulaire moins large que les spécimens en pâte alluviale693. Un fragment de bord de bol convexe en pâte calcaire, dont nous ne présentons pas le dessin, a été mis au jour dans la fosse F31 (Rue 1). Ses surfaces extérieure et intérieure sont revêtues d’un engobe rouge. Un spécimen de bol convexe en pâte calcaire dont le bord extérieur présente le même type d’engobe a été mis au jour dans un niveau ptolémaïque de Tôd694. Un autre bol en pâte calcaire au bord orné d’une bande brune provient de la tombe d’Amenhotep (TT 61) et a été daté fin IIIe-IIe siècle695. Enfin, plusieurs exemplaires de bols convexes, mais aussi de bols et plats carénés, présentant la même technique d’engobage, ont été mis au jour à Karnak-Nord ; ils sont cependant façonnés en pâte kaolinique d’Assouan d’après H. Jacquet-Gordon696. • Récipients carénés divers en M1 (fig. 306 n°1-5) De nombreux récipients au profil caréné ont été découverts dans divers contextes de la phase 14. Il s’agit principalement de bols, bols-jattes et petits plats, qui pourraient aussi bien avoir servi de vaisselles de table que d’ustensiles à la préparation des aliments697. S. Marchand a noté que les profils des bols-jattes carénés à Tebtynis étaient assez arrondis au début de l’époque ptolémaïque et tendaient à devenir plus anguleux vers le milieu du IIIe et surtout au IIe siècle698. Un bol-jatte au bord droit légèrement rentrant (n°1, contexte Rue 3) devrait être attribué plutôt au IIe siècle. Néanmoins, seule une fine chrono-typologie établie pour la région thébaine pourrait confirmer ce parallèle avec celle de Tebtynis. Les exemplaires à la paroi évasée au-dessus de la carène (n°3-4, contexte Rue 4) connaissent des parallèles en pâte alluviale à partir du Ve siècle à Éléphantine699 et d’autres datés de l’époque ptolémaïque à Tôd700. Ils sont généralement datés de la fin du IVe-début IIIe siècle av. J.-C.

692 693

694 695 696

697

698 699 700

ÉLAIGNE 2000, p. 101-102 (Alexandrian Hellenistic Fabric 1). Ces observations rejoignent celles effectuées sur les bols convexes en pâte calcaire découverts à Alexandrie et provenant vraisemblablement de la Maréotide : HARLAUT 2002, p. 271, fig. 11a-b. PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 308, fig. 95. SCHREIBER 2003, p. 74, pl. 2 n°36. JACQUET-GORDON 2012, p. 329-330, fig. 138a-c, e, k-l (niveaux ptolémaïques). De tels récipients ont été découverts dans les niveaux ptolémaïques de Karnak-Nord : JACQUET-GORDON 2012, p. 294-295, fig. 121f-k. MARCHAND 2002, p. 249 et 258, fig. 7. ASTON 1999, p. 226, pl. 70, n°2003-2004. PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 304, fig. 71-72.

CHAPITRE III

354

Les récipients de table en pâte calcaire Coupe carénée

7732.29

7284.10

2

1

Bol à carène basse

7732.25

7380.18

4

3

Bols convexes à base annulaire Bol à base annulaire haute

7671.5

7732.27

5

6

Bols

7380.30

7

7732.32

7380.27

8

9

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Coupe à carène haute, à bord à marli et à fine base annulaire, en M1 ; monté au tour (surtout Basse Époque-époque ptolémaïque ?) 2. Coupe à carène haute et à bord à marli, en M1 (plus sableux) ; surface intérieure brunie ; monté au tour (surtout Basse Époque-époque ptolémaïque ?) 3. Bol à carène basse et à base annulaire en M1 ; monté au tour (ca. IIe av. J.-C.-Ier ap. J.-C.) 4. Bol caréné à fine base annulaire, en M1 ; monté au tour 5. Bol, à base annulaire, en M3 ; monté au tour 6. Bol convexe, à base annulaire, en M7 ; bord extérieur engobé rouge clair ; surface intérieure lissée ; monté au tour (époque ptolémaïque, probablement à partir du IIIe s. av. J.-C.) 7. Haut de bol, à bord à bourrelet externe, en M1 ; monté au tour 8. Haut de bol convexe, à bord en bourrelet, en M1 ; monté au tour 9. Haut de bol, au bord à double lèvre et léger renflement interne, et, au corps marqué de fines stries plates, en M1 (pâte plus sableuse) ; monté au tour

Fig. 305. Céramique de la phase 14-14

LES ARTEFACTS

Les ustensiles d’usage domestique : les récipients destinés à la préparation des aliments • Bol-jatte convexe avec ou sans anse, en M1 (fig. 306 n°6-8) Cette production se poursuit sans évolution morphologique notable à la phase 14, et ce quelque soit le contexte. Nous avons souligné précédemment qu’elle persiste jusqu’au IIIe siècle à Éléphantine701. Parmi les rares graffiti réalisés sur les céramiques de la Zone 7, on pourra noter celui figurant un oiseau (canard ?) (n°8, contexte Rue 4). Le bol-jatte avec deux petites anses directement attachées à un bord à double lèvre convexe très peu marquée (n°7) trouve un pendant assez proche à Éléphantine, confectionné en pâte alluviale engobée rouge et issu d’un contexte du IVe siècle702. À la fin du IIIe-IIe siècle, cette production semble se perpétuer quelque peu à Éléphantine, mais elle a nettement évolué dans son profil et son traitement de surface703. • Jatte à bord à marli en M1 (fig. 306 n°9-10) Cette forme, déjà présente dans les contextes antérieurs à la phase 14, semble persister à travers quelques exemplaires (tout niveau). Elle est généralement attestée dans des contextes de la fin de la TPI et de la Basse Époque704. Se poursuit-elle au début de l’époque ptolémaïque, à l’instar d’autres nombreuses productions en M1, ou s’agit-il de pollutions anciennes ? • Bol-jatte à carène haute en M1 (fig. 306 n°11) Cette production que l’on rencontre dès la phase 12 du secteur se poursuit dans maints niveaux de la phase 14. Éléphantine fournit, une fois de plus, un parallèle tardif, puisque cette forme est encore attestée dans des niveaux du IIIe siècle705. • Bol caréné, à la lèvre soulignée et peinte en brun, en M1 et M3 (fig. 307 n°1-2) Cette catégorie, présente uniquement à partir de la fin de la sous-phase 14a, trouve de nombreux éléments de comparaison en Haute Égypte et particulièrement à Thèbes706. Cette production s’étale de la fin de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque707. Un premier exemplaire (n°1) se rapproche

particulièrement d’un bol caréné en pâte alluviale provenant de la tombe d’Amenhotep (TT 61) et daté des IVe-IIe siècles708. Les nombreux bols en pâte calcaire découverts dans le temple de Millions d’Années de Séthi Ier offrent des parallèles précis au second spécimen (n°2) et sont datés des IVe-IIIe siècles709. • Cratère en M3 (fig. 307 n°4) Un exemplaire a été mis au jour dans la passe US 7380. Cette forme, nouvelle à la phase 14, ne constitue pas un critère chronologique précis puisqu’elle apparaît dès l’époque hellénistique et persiste à l’époque romaine710.

Les ustensiles divers • Cuvette ou « mortier » en M1 et M3 (fig. 308 n°4-6) Deux formes principales de « mortier » ont été mises à jour dans la Zone 7. Le premier type est attesté dans divers contextes de la phase 14 (Rue 2 et Rue 3) et est toujours confectionné en M1. Il correspond à une forme que nous avons déjà rencontrée à la phase 13. Il se poursuit à la phase 14 avec parfois un diamètre plus important (n°4) ou une lèvre moins épaisse (n°5). Aucun fond n’est conservé mais, s’il poursuit le modèle précédent, il devrait être légèrement arrondi, dégagé et de fine épaisseur. Nous émettons des réserves concernant sa fonction de mortier et quant au fait qu’il s’agisse de copie d’un modèle chypriote711. On n’a relevé qu’un seul spécimen du second type (n°6). Il provient malheureusement d’un contexte plutôt mélangé de la phase 14 (passe US 7380). Il est confectionné dans une pâte marneuse plus grossière, M3 (présence de dégraissant végétal sur la surface extérieure). Plus massif et pourvu d’un fond plat et épais, il pourrait avoir réellement servi de mortier. Sa forme rappelle un peu celle des spécimens en pâte alluviale mis au jour à Éléphantine, dans des contextes fin saïte et perse712. Ce sont surtout les sites du Delta qui fournissent le plus de parallèles, et parmi ceux-ci, des versions en pâte calcaire moyennement fine correspondant sensiblement

708 709 701

702 703

704

705 706

707

ASTON 1999, p. 300, pl. 99, n°2608, p. 302, pl. 100, n°2625 et p. 304, pl. 100, n°2633. Phase VIa : ibid., p. 256, pl. 81, n°2228. Phase VII : ibid., p. 348, pl. 119, n°3104. Cet exemplaire, en pâte alluviale avec engobe de couleur crème, est muni de quatre anses, d’une base annulaire et sa lèvre est peinte en noir. Supra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. ASTON 1999, p. 298, pl. 98, n°2582. Sa version en pâte alluviale, plus rare dans la Zone 7, a déjà été commentée : supra, Chapitre III, § 1.4.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 14. SCHREIBER 2003, p. 73.

355

710

711

712

Ibid., pl. 1 n°6. MYŚLIWIEC 1987, p. 77-79, n°822-829 ; SCHREIBER 2003, p. 73, pl. 1 n°15. À Karnak, exemplaire provenant d’un niveau Haut-Empire romain : LAUFFRAY 1995a, p. 95, fig. 45, n°327 ; LICITRA, DAVID 2016, p. 96, fig 41 n°187. À Médamoud, exemplaires décorés de l’époque ptolémaïque : BARAHONA-MENDIETA 2016, p. 31-32, fig. 7-8. Sur l’analyse de cette forme, voir supra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. ASTON 1999, p. 216-217, pl. 66, n°1922 ; VON PILGRIM 1999, p. 126-127, p. 136-137, fig. 21, n°33-34. Un bord à lèvre épaissie en pâte calcaire provient d’un contexte daté de la fin de la XXVIe-début de la XXVIIe dynastie : ibid., p. 127 et 138139, fig. 22, n°39.

Les récipients de table ou ustensiles d’usage domestique en pâte calcaire Récipients carénés

7284.9

7505.2

1

2

7338.12

7338.13

3

7380.21

4

5

Bols-jattes convexes

7345.6

7338.3

7405.12

6

8

7

Bols-jattes à marli

7671.7

7301.26

9

10

Bol-jatte à carène haute

7345.7

11

Éch. dessin :

0

1. Haut de bol-jatte à carène basse, au bord mouluré, en M1 ; monté au tour (plutôt IIe s. av. J.-C. ?) 2. Haut de bol-jatte caréné, à lèvre soulignée, en M1 ; partie supérieure extérieure porte un « auto-engobe » jaune crème ; la partie inférieure intérieure présente des cercles concentriques de brunissage ; monté au tour (plutôt IIe s. av. J.-C. ?) 3. Haut de petit plat caréné, avec parois évasées au-dessus de la carène, en M1 (pâte plus aérée, plus sableuse) ; monté au tour (plutôt e e V -début III s. av. J.-C. ?) 4. Haut de petit plat caréné, avec parois évasées au-dessus de la carène et lèvre soulignée, en M1 (pâte plus sableuse) ; monté au tour (plutôt e e V -début III s. av. J.-C. ?) 5. Bol caréné, à lèvre soulignée, en M1 ; monté au tour 6. Bord de bol-jatte convexe, à lèvre en bourrelet souligné, en M1 ; monté au tour (surtout Basse Époque, mais aussi époque ptolémaïque) 7. Bol-jatte convexe à bord à double lèvre, mais peu marqué (comme raclé), muni de petites anses verticales attachées à la lèvre, en M1 ; monté au tour (surtout Basse Époque, mais aussi époque ptolémaïque) 8. Haut de bol convexe, à lèvre en bourrelet souligné, en M1 ; décor gravé sur la panse, après cuisson, représentant un canard ou un échassier stylisé ; monté au tour (surtout Basse Époque, mais aussi époque ptolémaïque) 9-10. Jatte, à bord à marli, en M1 ; monté au tour (surtout Basse Époque-époque ptolémaïque ?) 11. Haut de jatte carénée en M1 ; monté au tour (dès fin TPI-époque ptolémaïque)

Fig. 306. Céramique de la phase 14-15

5 cm

Les récipients de tables et ustensiles d’usage domestique en pâte calcaire Bols ou bols-jattes carénés à lèvre peinte

7354.21

7373.33

1

2 Cratère

Bol ou bol-jatte peint

7671.8

7380.29

3

4

Bols-jattes évasés

7362.22

7362.16

6

5

7732.31

7

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bol au bord marqué, en M1 (un peu sableux) ; une bande brune souligne la lèvre ; « auto-engobe » jaune clair sur la partie inférieure du bol ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C., surtout IIIe s.) 2. Bol-jatte caréné, au bord marqué, en M3 ; engobe rouge sur la surface extérieure et lèvre soulignée sur le dessus par une bande brune ; monté au tour (ca. Ve-IIIe s. av. J.-C., surtout IIIe s.) 3. Bord de bol-jatte en M1 (pâte assez sableuse) ; surface intérieure engobée rouge ; bord intérieur décoré de bandes noires verticales ; monté au tour 4. Bord de cratère au bord mouluré et à la panse marquée de stries, en M3 ; monté au tour (dès l’époque ptolémaïque) 5. Bord de jatte, à lèvre épaissie à l’intérieur, en M1 ; monté au tour 6. Bord de jatte à lèvre éversée en M1 ; monté au tour 7. Bord de jatte ou couvercle, à lèvre épaissie à l’extérieur, en M1 ; monté au tour

Fig. 307. Céramique de la phase 14-16

CHAPITRE III

358

Les ustensiles d’usage domestique: les récipients destinés à la préparation des aliments en pâte calcaire

Bols-jattes évasés

7288.27

7339.12

2

1

7430.10

3

“Mortiers”

7345.5

7339.11

4

5

7380.23

6 “Pot de fleurs”

7373.34

7 Éch. dessin :

1. Haut de jatte en M3 ; monté au tour 2. Haut de jatte, au bord mouluré, en M1 ; monté au tour 3. Bord de jatte profonde, en M1 ; monté au tour 4-5. Cuvette, mortier ou mesureur de capacité, à lèvre épaissie, en M1 ; monté au tour (Basse Époque-époque ptolémaïque ?) 6. Cuvette ou mortier, au fond plat coupé à la ficelle, en M3 ; monté au tour (ca. VIe-IVe s. av. J.-C.) 7. Pot au fond plat coupé à la ficelle et percé, en M3 ; monté au tour

Fig. 308. Céramique de la phase 14-17

0

5 cm

LES ARTEFACTS

à notre pâte M3713. Cette série, produite dès le VIe siècle, disparaît au cours du IVe siècle714. D’après C. Defernez, elle suit fidèlement l’évolution des mortiers chypriotes, à base plate à l’époque saïte et à base annulaire haute à l’époque perse715. Dans ce cas, notre spécimen constituerait probablement une pollution ancienne.

1.4.1.3. Remarques sur la vaisselle peinte avec des motifs floraux à la phase 14 De rares spécimens décorés de motifs floraux, souvent associés à des bandes ou des motifs géométriques, de couleur brun foncé, ont été mis au jour à la phase 14 (fig. 309). Ils sont présents depuis les contextes de la Rue 2 jusqu’à ceux de la Rue 6. Cette production décorée716 concerne aussi bien les formes fermées (large jarre et cruchon) que les formes ouvertes (jatte), les pâtes calcaires que les alluviales, bien que les exemplaires en pâte alluviale soient plus nombreux. La surface de ces céramiques est traitée avec soit un auto-engobe, soit un engobe717. Le décor végétal que l’on observe sur ces exemples est particulièrement caractéristique de l’époque ptolémaïque718, même s’il apparaît dès la fin de la Basse Époque719 et persiste jusqu’au milieu du IIe siècle ap. J.-C.720. Selon G. Pierrat-Bonnefois, « cette production peinte, sans doute d’origine thébaine, se fonde sur le nouveau modèle grec, tout en développant un caractère bien distinct »721. Elle est en effet bien attestée en Haute Égypte, surtout dans les contextes des IIIe et IIe siècles722. Mais on la retrouve sur d’autres sites en Égypte, démontrant une assez large diffusion de ce style. G. Schreiber distingue deux grands styles de vaisselle peinte pour cette époque : en Haute Égypte (ateliers à Assouan, Thèbes et l’Oasis de Kharga), le style est proche de la tradition pharaonique, alors

qu’en Basse Égypte (atelier à Athribis surtout), on trouve des compositions plus complexes et « flamboyantes », bien marquées par l’influence hellénistique723. Les motifs floraux semblent tous s’inspirer de la flore égyptienne724. G. Schreiber dénote que l’art décoratif d’Alexandrie a eu une certaine influence sur les vases peints de Thèbes725, mais il signale que cette influence n’est pas perceptible dans les productions thébaines antérieures au milieu du IIIe siècle et que la base de leur répertoire iconographique demeure égyptienne726. Au caractère indéniablement décoratif de ces motifs floraux, s’ajoute sans doute une valeur symbolique, religieuse (choix de plantes « evergreen », donc en relation avec l’éternité, la survie dans l’audelà)727. Le motif le plus fréquent dans notre corpus figure la fleur de lotus728. La plupart des spécimens peints de la Zone 7 emploient des formes de tradition pharaonique, telle une jarre (n°2) dont la forme rappelle des jarres de la Basse Époque729. Néanmoins, et dans une moindre mesure, ces décors floraux ont été repérés à Thèbes sur des formes largement influencées par le répertoire grec730. • Jatte à large lèvre éversée en N3 (fig. 309 n°1) Elle rappelle une jatte au décor floral mis au jour à Éléphantine, dans un contexte du IIIe siècle731. Un décor similaire, mais appliqué sur d’autres formes datées des IIIe-IIe siècles, est documenté à Thèbes732. Quelques exemplaires de jattes profondes sont attestés à Karnak-Est avec un décor différent733. R. Hummel et S.B. Schubert suggèrent que la forme serait influencée par le répertoire grec, bien qu’elles concèdent que le décor et la forme-même sont associés à la vaisselle peinte de tradition thébaine des IVe-Ier siècles av. J.-C.734.

723 713

714 715 716 717

718 719 720 721 722

DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 65. Pour des informations générales sur cette production, voir DEFERNEZ 2003, p. 402-411. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 65. Ibidem. Sur ce type de vaisselle décorée, voir SCHREIBER 2003. On rencontre rarement des céramiques peintes sans engobe, et ce avant tout entre la fin de la Basse Époque et le début de l’époque ptolémaïque : SCHREIBER 2003, p. 21. À Karnak, niveau ptolémaïque : LAUFFRAY 1995a, fig. 50, n°76. MARCHAND 1996, p. 428. SCHREIBER 2016a, p. 536-537. PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 177. À Dendera et à Karnak : MARCHAND 2002, p. 251. À Tôd : PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178 et 183, fig. 6. À Éléphantine : ASTON 1999, pl. 94, n°2517, pl. 95, n°2525, 2530, pl. 96, n°2540, pl. 97, n°2553…

359

724 725 726 727 728 729 730 731 732

733 734

SCHREIBER 2003, p. 12. Ibid., p. 38. Ibid., p. 43. SCHREIBER 2016a, p. 532. SCHREIBER 2003, p. 43. Ibid., p. 41. SCHREIBER 2016a, p. 527-529 (Floral Style A). SCHREIBER 2003, p. 25. Phase VIb : ASTON 1999, p. 290, pl. 94, n°2517. SCHREIBER 2003, p. 75, pl. 3 n°39-41. Les décors sont appliqués sur des dinoi (n°39 provenant de la chapelle d’Achôris de Karnak ; n°40 provenant de la tombe de Djehoutymes) ou des cratères (n°41 provenant de la tombe de Djehoutymes). SCHREIBER 2016a, p. 529 (Simple Floral Style, dérivé du Floral Style A). SCHREIBER 2003, p. 74, pl. 2 n°37-38. REDFORD 1994, p. 68-69, pl. LXXVIII n°5-6 (datés fin IIIe-IIe s.).

Vaisselle peinte avec motifs floraux

7734.24

7343.2

1

2

7373.13

0

5 cm

0

5 cm

3

7373.40

4

7732.46

7357.12

5

6

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bord de plat en N3 ; décor de triangles et de feuilles de couleur noire sur le bord et la surface intérieure ; engobe rouge sur la surface extérieure (et intérieure ?) ; monté au tour (fin Basse Époque-époque ptolémaïque, surtout IIIe-IIe av. J.-C.) 2. Jarre de stockage en N1 ; décor de feuilles et de bandes horizontales de couleur brun foncé et engobe blanc mal appliqué sur la surface extérieure ; monté au tour (fin Basse Époque-époque ptolémaïque, surtout IIIe-IIe av. J.-C.) 3. Cruchon ou pichet en M1 ? (brûlé ; plus sableux) ; engobe jaune clair et décor peint sur la surface extérieure, de couleur brun foncé ; monté au tour (fin Basse Époque-époque ptolémaïque, surtout IIIe-IIe av. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119570-119571 4-5. Panses portant un décor de feuilles et de bandes horizontales de couleur noire, en N3 ; engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour (fin Basse Époque-époque ptolémaïque, surtout IIIe-IIe av. J.-C.) 6. Panse portant un décor de feuilles et d’une bande horizontale de couleur brun foncé, en N1 ; engobe blanc sur la surface extérieure ; monté au tour (fin Basse Époque-époque ptolémaïque, surtout IIIe-IIe av. J.-C.)

Fig. 309. Céramique de la phase 14-18

LES ARTEFACTS

361

• Cruchon en pâte calcaire fine (M1?) (fig. 309 n°3) Le haut du cruchon est décoré d’une fleur de lotus représentée seule, émergeant de lignes horizontales, reproduisant le motif d’une fleur flottant sur l’eau. Ce décor est généralement appliqué sur des oinochoai, tel un exemplaire fin IIIeIIe siècle mis au jour dans une tombe de l’Assasif sur la rive ouest de Thèbes735. On retrouve également ce motif sur des hydries d’Athribis736.

aussi de celle des exemplaires anciens, car elle est moins dure, ainsi que nous venons de le souligner avec le type précédent. Un pendant exact à nos exemplaires provient d’un niveau daté du IIIe siècle à Éléphantine743. Autrement ce type est régulièrement apparu au cours de la prospection des routes du désert thébain744.

1.4.1.4. Productions des Oasis de la phase 14737

Une dernière pâte locale apparaît à la phase 14, plus précisément à partir des contextes de Rue 3. Elle s’apparente à une argile provenant de la région d’Assouan745. Les productions confectionnées dans cette pâte rose de matrice assez fine sont surtout bien attestées à partir de l’époque romaine. Assouan, Karnak et Tôd offrent néanmoins quelques exemples provenant de contextes ptolémaïques746. Le répertoire des formes réalisées dans cette pâte est toutefois limité à un type de vaisselle dans le quartier des prêtres747.

Les pâtes oasiennes utilisées à l’époque ptolémaïque sont en général similaires à celles utilisées durant la période perse738. Deux variantes de la pâte O1 existent. Elles partagent la même composition, mais diffèrent dans leur dureté : O1a est une pâte très dure déjà notée dans les productions oasiennes des phases précédentes ; O1b, moins dure, n’apparaît qu’à la phase 14. La seule production confectionnée en pâte des Oasis consiste en sigas, une production déjà discutée auparavant739. Elle présente à la phase 14 deux types de profil. • Siga à col long, en O1a et O1b (fig. 310 n°1-2) Le premier exemplaire (n°1) s’apparente au type 1 des sigas répertoriées par S. Marchand. Caractérisée par un long col terminé par un bourrelet externe, cette forme est très présente dans les niveaux perses d’‘Ayn Manâwîr (460-400 av. J.-C.) et semble disparaître aux alentours de 380-370 av. J.-C.740. C’est ce type ancien que nous avons mis au jour à la phase 13. On le retrouve ici dans un contexte de la phase 14 (Rue 3), sans doute une pollution. Un deuxième fragment de siga à col long (n°2), trouvé dans la fosse F61 (Rue 3) adopte une pâte moins dure, O1b. Cette pâte semble correspondre à la pâte A1 de C. Hope, pâte qui ne semble jamais adoptée dans les sigas anciennes741. • Siga à col court en O1b (fig. 310 n°3-4) Des cols courts de sigas ont également été découverts à la phase 14, dès Rue 2 (n°3). D’après C. Hope, les exemplaires de siga présentant un col court appartiennent à une période plus récente que ceux avec un col long742. La pâte diffère

735 736 737 738 739

740 741

742

SCHREIBER 2003, p. 76, pl. 5 n°68. Ibid., p. 41. MASSON 2016b, p. 155, fig. 13. MARCHAND 2000, p. 221. Supra, Chapitre III, § 1.3.1.3. Productions des Oasis de la phase 13. MARCHAND 2000, p. 222 et fig. 1-2. HOPE 2000, p. 194. L’auteur signale que sa pâte A1 diffère de sa pâte A29 uniquement par sa dureté mais elle possède la même composition. Ibid., p. 189, fig. 6c et 6i. Voir aussi S. MARCHAND 2000, p. 222 et fig. 3-6 (les bords ne sont pas à double lèvre).

1.4.1.5. Une production assouanaise

• Fioles à parfum dites unguentaria en A (fig. 310 n°5-7)748 Ces fioles sont typiques de l’époque ptolémaïque et leur forme s’inspire de modèles hellénistiques749. On ne les trouve pas dans des contextes antérieurs à la fin de la phase 14a (Rue 3). Ces petits conteneurs sont surtout attestés en pâte calcaire à partir du IIe, ou au plus tôt à la fin du IIIe siècle av. J.-C.750. Des exemplaires mis au jour à Tôd

743

744

745

746

747

748 749

750

Phase VIb : ASTON 1999, p. 314, pl. 105, n°2754. L’exemplaire est d’origine oasienne : ASTON 2007, p. 441. DARNELL 2000, p. 231, fig. 11-14 (part. fig. 14 pour un exemplaire à bord à double lèvre). Cette pâte se caractérise par sa finesse, « malgré la présence d’inclusions parfois relativement importantes, grains de quartz, particules noires, blanches ou rouge brique (chamotte), toujours un peu de mica et même parfois des traces d’éléments végétaux » : PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 326. RODZIEWICZ 1992 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 328 ; LICITRA, DAVID 2016, p. 92, fig. 39 n°182 ; MARCHAND 2016, p. 104, fig. 6a. Les nombreuses formes en pâte kaolinique d’Assouan publiées comme provenant de contextes ptolémaïques à Karnak-Nord ont sans doute une datation trop haute (contaminations récentes ?) : JACQUET-GORDON 2012, p. 328-335, fig. 137-138. MASSON 2016b, p. 155, fig. 12. BOURRIAU 1981, p. 85. À Karnak, niveaux ptolémaïque et romain : LAUFFRAY 1995a, fig. 49, n°30, fig. 53, n°2, fig. 55, n°7 et 44 ; LAUFFRAY 1995b, p. 320, fig. 17. ÉLAIGNE 2002, p. 160. Pour la région thébaine : JACQUETGORDON 2012, p. 310-311, fig. 129k-m (leur profil est relativement éloigné de nos exemplaires) ; MARCHAND 2016, p. 107, fig. 10a ; LAEMMEL, CONSONNI 2016, p. 249, fig. 38 ; SCHREIBER 2016b, p. 274, fig. 55-58. Dans le Fayoum et en Basse Égypte toutefois, des exemplaires en pâte alluviale ont aussi été recueillis : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 129-130.

CHAPITRE III

362

Récipient de stockage et/ou de transport de taille moyenne en pâte des Oasis

7366.13

7732.42

2

1

7338.14

7730.11

3

4

Éch. dessin :

0

5 cm

Les petits contenants sans anse en pâte assouanaise

7598.18

7598.17

5

7598.19

7

6 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Col de siga, assez long et terminé par un bourrelet externe, en O1a (section brun-rosé et surface extérieure noire) ; monté au tour (peut-être dès fin VIe s., mais surtout Ve et premier quart du IVe s. av. J.-C.) 2. Bord de siga en O1b (pâte moins dure que O1a) ; monté au tour (plutôt IVe s. av. J.-C. ?) 3. Haut de siga, au col très court et terminé par un bord à double bourrelet externe, en O1b ; « vernis » rouge clair sur la surface extérieure ; monté au tour (ca. IIIe s. av. J.-C.) 4. Haut de siga, au col très court terminé par un bord à double bourrelet externe, en O1b ; « vernis » brun sur la surface extérieure ; monté au tour (ca. IIIe s. av. J.-C.) 5-7. Fiole à parfum dite unguentarium en A ; monté au tour (surtout IIe s. av. J.-C.-Ier s. ap. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché J.-F. Gout n°120198

Fig. 310. Céramique de la phase 14-19

LES ARTEFACTS

sont réalisés en pâte rose d’Assouan751. Nos exemplaires sont particulièrement petits. Ces fioles, plus typiquement associées au monde funéraire, sont plutôt rares en contexte domestique752.

1.4.2. Les importations et copies d’importation de la phase 14 Même si la plupart du temps nous n’avons qu’un seul exemplaire par type, souvent très fragmentaire, l’origine des importations semblent se multiplier à la phase 14. Les amphores se révèlent généralement de bons critères de datation, et, elles témoignent de l’arrivée jusqu’à Thèbes de produits importés, notamment du vin égéen, parfois considérés comme des produits de luxe. Par ailleurs, ces amphores importées commencent à être imitées en Égypte à partir du milieu du IVe siècle av. J.-C., y compris dans la région thébaine753. Il nous semble avoir relevé quelques-unes de ces imitations pour différents courants de production à la phase 14754. Cette assertion n’est basée que sur l’observation de leur pâte au compte-fil, et non sur une analyse physico-chimique. 1.4.2.1. Récipients assimilés au courant égéen de la phase 14 À la phase 14, outre les divers spécimens qui semblent être de véritables importations, plusieurs fonds d’amphore en pâte marneuse probablement locale rappellent le profil d’amphores égéennes. Les copies de conteneurs égéens sont très répandues en Égypte755. Elles apparaissent dès le IVe siècle av. J.-C.756, et connaissent leur apogée vers le milieu du IIIe siècle757. Ce sont surtout les amphores rhodiennes,

751

752 753

754 755

756

757

Provenant de contextes datés entre 222 et 51 av. J.-C. : PIERRATBONNEFOIS 2000, p. 309, fig. 101 ; PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178 et 183, fig. 7 ; LECUYOT, PIERRAT-BONNEFOIS 2004, p. 196, pl. 15 n°216. BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 130. Sur un atelier de production imitant des amphores égéennes à Médamoud, à l’époque ptolémaïque : BARAHONA-MENDIETA 2016, p. 35-36, fig. 19-20. MASSON 2016b, p. 156, fig. 14. Phénomène analysé dans DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 71-74, fig. 4 et p. 84-89, fig. 17-19 ; DEFERNEZ, MARCHAND 2016, p. 144-147, fig. 14-15. Les exemplaires identifiés comme des imitations, de manière assurée, ne sont pas antérieurs au IVe s. : DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 73. Ibid., p. 87.

363

puis cnidiennes et enfin chiotes qui ont fait l’objet successivement de copies758. • Amphore de Chios en I1a (fig. 311 n°1)759 Avec sa lèvre au bourrelet extérieur peint à l’ocre rouge et son col recouvert d’un engobe blanc, ce bord provenant de la fosse F73 (Rue 3) rappelle l’amphore de Chios mise au jour dans la phase 13. Sa pâte est similaire mais l’engobe blanc est moins épais. Il ne s’agit probablement que d’une pollution ancienne. Car ces caractéristiques morphologiques et techniques des amphores chiotes sont connues encore au Ve siècle av. J.-C., mais pas au-delà semble-t-il760. • Vase (hydrie?) en I1b (fig. 311 n°2)761 Une base caractérisée par un sabot court appartient à un vase grec, peut-être une hydrie. Ce fragment provient d’un contexte de la Rue 2. Sa pâte est proche de la pâte ‘chiote’ I1a, mais présente une texture plus fine et des inclusions de plus petite taille. La surface extérieure, du moins au niveau de la base, n’a reçu aucun décor ni aucun engobe. À Tell el-Herr, où le nombre important des importations, associé à une stratigraphie fine, a permis de donner un bon classement chrono-typologique des conteneurs chiotes, la finesse de la pâte et l’absence de décor ont été notées à partir de la fin du Ve siècle av. J.-C.762. S’il s’agit bien d’une production chiote, ce vase pourrait dater de la fin de la Basse Époque. Cette identification est néanmoins fort incertaine. • Amphore appartenant au groupe de Nikandros en I5 (fig. 311 n°3)763 Ce type d’amphore est produit du début du IIIe au Ier siècle av. J.-C.764. Le profil de notre exemplaire le placerait plutôt fin IIIe-début IIe. Mis au jour dans la fosse de dépotoir F61 (Rue 3), il représente un jalon chronologique appréciable. L’origine de ces amphores est discutée : elles proviendraient de Cos d’après V. Grace, mais une étude plus récente leur confère une origine éphésienne765. Des amphores semblables

758 759 760

761 762 763 764

765

Ibidem. MASSON 2016a, p. 37, fig. 16. GRATIEN 1996, p. 60, fig. 5a. La dégradation, puis la disparition, de l’engobe blanc sur la surface extérieure est l’indice d’une datation plus récente ; le système décoratif de bandes peintes de couleur rouge se maintient plus longtemps : DEFERNEZ 2003, p. 200. MASSON 2016a, p. 37, fig. 17. DEFERNEZ 2003, p. 269. MASSON 2016a, p. 39, fig. 21. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 245. Mais d’après P. French, on les trouverait dès la première moitié du IVe s. av. J.-C. : FRENCH, GHALY 1991, p. 101, n°3. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 245.

364

CHAPITRE III

ont été découvertes à Tebtynis766, Saqqarah767, et peut-être à Tell el-Balamun768, ainsi qu’à Karnak intra et extra muros769. • Amphore de Thasos ou de Mendé (?) en I9 (fig. 311 n°4)770 Ce fragment provient d’un niveau de rue (Rue 3). Le profil de sa lèvre en bourrelet l’apparente aux amphores de Grèce du Nord et notamment aux amphores thasiennes. Ce profil est typique des amphores produites entre le IVe et la fin du IIIe siècle771. La forme de la lèvre est proche mais l’identification de la pâte n’est pas certaine772. Cette forme se rapproche d’une amphore mise au jour à Éléphantine dans un contexte du IIIe siècle que D. Aston identifie comme une amphore samienne773. La forme pourrait aussi correspondre à une amphore mendéenne, dont de nombreux spécimens ont été trouvés à Tell el-Herr dans des contextes fin Ve-IVe siècle774, mais aussi à Karnak775. • Amphore à lèvre « champignon » en I7 (fig. 311 n°5)776 Un seul fragment de bord a été découvert pour cette catégorie d’amphore dans la fosse F37 (Rue 6). La lèvre d’une forme triangulaire très caractéristique (mushroom lip) et la pâte bien micacée tendraient à associer cet exemplaire au groupe des amphores samiennes, même si pas moins de sept régions majoritairement situées dans le sud-est égéen ont produits ce type d’amphores777. Les amphores samiennes

766

767

768

769

770 771 772

773

774 775

776

777

Contextes entre la fin du IIIe et le Ier s. av. J.-C. : ibid., p. 245, fig. 12-23. Contextes IIe s. av. J.-C. : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 162-163, pl. 77-78, n°703-710. Première moitié du IVe s. av. J.-C. : FRENCH, GHALY 1991, p. 101, n°3. Contexte daté du IIe-début du Ier s. av J.-C. : SPENCER 2003, p. 51, pl. 34, n°20. L’auteur la compare cependant à une « Rhodian ancienne » (p. 51). MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 383, fig. 157h-j (Karnak-Nord) ; MARANGOU, NAGUIB REDA 2016, p. 290, fig. 6 A3 (parvis du Temple de Karnak). MASSON 2016a, p. 39, fig. 29. BLONDÉ et al. 1991, p. 222, fig. 3, n°17. Bien que les pâtes thasiennes soient très variées, A. Marangou à qui nous avons pu montrer la pâte, ne l’a pas reconnue. Une des nombreuses pâtes utilisées pour les amphores de Thasos pourrait néanmoins correspondre à I9 : « argile de texture assez fine, légèrement micacée, avec d’abondants dégraissants de granulométrie moyenne (particules blanches translucides, parfois opaques ; rares particules noires) ; couleur beige rosé » (BLONDÉ et al., p. 222, amphore n°19). Phase VIb : ASTON 1999, p. 295-296, pl. 97, n°2556. La pâte P8 de cette amphore diffère de I9. DEFERNEZ 2007c, p. 559-561, fig. 4. MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 379-380, fig. 156ce ; DEFERNEZ 2016, p. 51-52, fig. 6. Cette amphore a déjà été publiée par G. Marouard qui avait travaillé sur notre chantier en 2003-2004. Il avait préféré ne pas s’avancer sur l’identification précise de ce fragment : MAROUARD 2007, p. 349-350, fig. 6. Voir aussi MASSON 2016a, p. 39, fig. 27. MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 381.

sont surtout datées des IIIe-IIe siècles av. J.-C.778. Mais la « mushroom lip », et particulièrement le profil large et épais de notre spécimen, serait caractéristique des amphores fin IVe-début IIIe siècle779. À ce niveau tardif de la rue, il s’agit très probablement de matériel résiduel. Ces amphores sont présentes un peu partout en Égypte, par exemple à Saqqarah780, Tell el-Balamun781, Éléphantine782 et KarnakNord783. • Amphore de type rhodien ou cnidien (?) en I15 (fig. 311 n°6)784 Ce fond à sabot haut marqué d’une dépression profonde a été découvert dans la fosse F13 (fin de l’occupation de la sousphase 14a, dans le bâtiment J). Sa morphologie le rattache aux amphores soit rhodiennes785, soit cnidiennes786. Bien que la pâte I15 pourrait s’apparenter à une pâte cnidienne787, les amphores cnidiennes ont été abondamment copiées en Égypte dès la fin du IVe siècle av. J.-C.788. Aussi, seule une analyse physico-chimique permettrait d’identifier correctement si ce spécimen est une importation ou une copie locale. • Amphore probablement égyptienne, de type rhodien ou cnidien, au col terminé par une lèvre en bourrelet caréné et à fond à bouton en creux, en I14 (fig. 311 n°7-9)789 Le bord (7731.12) provient de la fosse F44 (Rue 3), tandis que les deux bases (7362.9 et 7362.10) proviennent d’un contexte plus récent (Rue 4). Leur pâte est semblable, si ce n’est que 7362.9 est plus dense et contient plus d’inclusions blanches. Des formes similaires (bord et fond) ont été

778 779

780

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787

788 789

ASTON 2007, p. 438-439. MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 381 ; MARANGOU, NAGUIB REDA 2016, p. 296. Première moitié du IVe s. av. J.-C. : FRENCH, GHALY 1991, p. 102, n°4. Un bord semblable d’amphore de « type méditerranéen » a été mis au jour dans une strate de la Basse Époque à Saqqarah, ce qui nous semble tôt pour ce type d’amphore : LECUYOT 2000, fig. 2.1., BE.20. SPENCER 1996, p. 21, pl. 82, n°2. L’exemplaire présente une pâte orange micacée, comme notre exemplaire. Contexte du IIIe s. av. J.-C. : ASTON 1999, p. 295-296, pl. 97, n°2557 ; ASTON 2007, p. 438-439. MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 381-382, fig. 157a-e (particulièrement 157a, daté fin IVe-IIIe s. av. J.-C.). MASSON 2016a, p. 39, fig. 23. Amphores rhodiennes présentant un bouton en creux apparaissant à la fin du IVe s. av. J.-C. : EMPEREUR, HESNARD 1987, p. 58-59, pl. 2, n°7. MARCHAND 2007a, p. 181, fig. 12b. Notre exemplaire présente un fond au profil plus arrondi. Les amphores cnidiennes possèdent une « argile dure de couleur rouge homogène, avec de très nombreuses inclusions minérales de grande taille (1 à 2mm) de forme irrégulière de couleur brun-rouge, un semi diffus de nodules blancs, et des micas ; la surface est rougeâtre » : MARCHAND 2007a, p. 181. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 85, fig. 17. MASSON 2016a, p. 39, fig. 24-26.

Récipients assimilés au courant égéen

7673.6

1

7734.22

7732.23

3

2

7430.7

7357.10

7373.12

4

5

7731.12

6

7362.9

7

7362.10

8

9

7373.42 0

2

4 cm

0

2

4 cm

10 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Bord d’amphore de Chios en I1a ; engobe blanc sur la surface extérieure et lèvre extérieure peinte en rouge ; monté au tour (probablement pas au-delà du Ve s. av. J.-C.) 2. Base d’une hydrie (?), en forme de sabot en I1b ; monté au tour (Basse Époque ?) 3. Haut d’amphore importée appartenant au groupe de Nikandros, munie d’anses verticales, en I5 ; monté au tour (IIIe-Ier s. av. J.-C., plutôt fin e e III -début II s.) 4. Haut d’amphore, à lèvre en bourrelet, probablement d’Égée du Nord d’après le profil de la lèvre, en I9 ; monté au tour (ca. IVe-IIIe s. av. J.-C.) 5. Bord d’amphore, à lèvre « champignon », probablement d’origine samienne, en I7 ; monté au tour (plutôt IVe s. av. J.-C.) 6. Base d’amphore, caractérisée par un sabot haut et marqué en dessous par une dépression assez profonde, en I15 ; monté au tour (ca. fin IVe-IIIe s.) 7. Bord d’amphore de type rhodien, à haut col et à lèvre en bourrelet caréné, avec départ d’anses, en I14 ; monté au tour (deuxième moitié du e III s. av. J.-C.) 8-9. Fond à bouton en creux appartenant à une amphore de type rhodien, en I14 ; monté au tour (deuxième moitié du IIIe s. av. J.-C.) 10. Anse bifide de Cos, en I12 ; monté au tour ( IVe av. J.-C. - IIIe ap. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°119526-119527

Fig. 311. Céramique de la phase 14-20

366

CHAPITRE III

trouvées à Tôd dans un contexte daté des IIIe-IIe siècles av. J.-C.790 et leur pâte semble comparable791. Selon G. PierratBonnefois, il pourrait s’agir d’importations rhodiennes, datées du milieu du IIIe siècle792. Ce type d’amphore connaît cependant nombre de copies égyptiennes793. G. Marouard, qui a étudié un bord d’amphore, au profil et à la pâte assez similaires, pencherait plus pour une origine égyptienne et une imitation des modèles cnidiens794. • Amphore de Cos en I12 (fig. 311 n°10)795 Un fragment d’anse bifide a été mis au jour dans la fosse F44 (Rue 3). Les anses bifides sont une des caractéristiques des amphores vinaires de Cos, même si ces formes seront produites en Italie, en Gaule et même en Égypte, à partir de la fin de l’époque ptolémaïque796. Ces amphores arrivent sur le marché égyptien vers la fin du IVe siècle av. J.-C.797 ; mais elles sont surtout caractéristiques de l’époque romaine, entre le Ier et le début du IIIe siècle ap. J.-C.798. Un fragment d’anse bifide semblable, dont on ne connaît pas le contexte précis de découverte, a été trouvé à Karnak799 et deux spécimens ont été mis au jour lors des fouilles du trésor de Thoutmosis Ier800 et celles du parvis du temple de Karnak801. Tous ces exemplaires ont été datés fin IIIe-IIe siècle av. J.-C.802. • Amphore égyptienne de courant égéen (cnidien?) en M18 (fig. 312 n°1) Ce haut d’amphore provient de la fosse F20 (Rue 6). La pâte marneuse semble être locale, même si elle montre quelques caractéristiques qui divergent des pâtes calcaires que nous avons vues jusqu’ici803. Des amphores similaires ont été mises

au jour à Karnak804 et ailleurs dans la région thébaine805. La production de ce type d’amphore est principalement datée du IIIe siècle av. J.-C. et évoque les amphores produites à Cnide806. Selon A. Marangou, les amphores égyptiennes de tradition grecque sont déjà particulièrement abondantes en Égypte entre la toute fin du IVe et le début du IIIe siècle807. • Amphore égyptienne de courant égéen en M1 (fig. 312 n°2) Ce fond d’amphore en pâte calcaire égyptienne a été découvert dans un niveau de rue (Rue 4). Il s’agit d’un bouton présentant une légère dépression en dessous. La forme rappelle une copie d’amphore, également en pâte marneuse, découverte à Tell el-Farama808. Sur ce site ont été identifiées diverses copies d’amphores thasiennes ou mendéennes. Grâce au contexte, on a pu les dater du début du IVe siècle av. J.-C.809.

1.4.2.2. Récipients assimilés au courant attique de la phase 14 • Amphore attique « SOS », à la brosse en I6 Nous n’avons identifié, pour cette phase, que des fragments de panse. Deux fragments proviennent de la fosse F29 (Rue 1) et un autre de la fosse F61 (Rue 3). La pâte micacée et surtout le traitement particulier de la surface extérieure laisse peu de doute quant à leur identification. Ainsi que nous l’avons vu précédemment, ces amphores sont surtout datées de la seconde moitié du VIe siècle av. J.-C.810. Il s’agit donc de matériel résiduel.

1.4.2.3. Récipients assimilés au courant chypriote de la phase 14 790

791

792 793 794

795 796 797 798 799

800 801 802 803

PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 177 et 182, fig. 3 ; PIERRATBONNEFOIS 2000, p. 312, fig. 131c. G. Pierrat-Bonnefois décrit la pâte de ces amphores comme « de couleur brune, à la surface brun-gris, elle est dense et lourde, car elle contient énormément de sable de 0,3 à 1 mm, ainsi que des particules noires et blanches de 0,2 à 1 mm » (in PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 312, fig. 128). PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 177. MARCHAND 2002, p. 249, fig. 1. L’exemplaire provient du tessonier de Karnak : MAROUARD 2007, p. 351-352, fig. 11. MASSON 2016a, p. 39, fig. 28. MARCHAND 2007a, p. 182. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 244. MARCHAND 2007a, p. 182. L’exemplaire était conservé dans le tessonier de Karnak : MAROUARD 2007, p. 351, fig. 9. MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 381-382, fig. 157f-g. MARANGOU, NAGUIB REDA 2016, p. 290, fig. 5 A22. Ibid., p. 295, tableau 1. Les pâtes marneuses utilisées dans les imitations d’amphores égéennes sont bien attestées dans la région thébaine (atelier de Médamoud : BARAHONA-MENDIETA 2016, fig. 20, pâte C3), mais aussi à Naucratis, Tebtynis, Hawara et Dendera (DEFERNEZ, MARCHAND 2016, p. 150, pl. 6A-C).

Plusieurs fragments appartenant au groupe des amphores à anses de panier ont été trouvés dans les niveaux de remblaiement et de dépotoir de la rue (Rue 2 et 3). La production de ces amphores ne s’étend pas au-delà de 330 av. J.-C.811. Nous avons choisi de les traiter par type de pâte. 804

805

806

807 808 809 810

811

MARCHAND 2007c, p. 369-370, fig. 1 ; LICITRA, DAVID 2016, p. 81, fig. 7 n°23-27 et p. 85, fig. 18 n°96 (contextes deuxième moitié du IIIe-début Ier s. av. J.-C.). Quelques exemples. Au Ramesseum : LECUYOT 2016, p. 226227, fig. 6. À Tôd, un exemplaire très proche, également en pâte marneuse, a été considéré par G. Pierrat-Bonnefois comme une amphore chypriote (ou copie) : PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 178 et 185, fig. 15B (contexte des IIIe-IIe s.). MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 128-129, fig. 6a-b. Voir aussi DEFERNEZ, MARCHAND 2016, p. 145, fig. 15.1, 3, 6-7. MARANGOU, in JACQUET-GORDON 2012, p. 384-385, fig. 158. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 73, fig. 4.5. Ibid., p. 73, note 100. Supra, Chapitre III, § 1.3.2.3. Récipients assimilés au courant attique de la phase 13. SAGONA 1982, p. 91.

Récipients assimilés au courant égéen (probables imitations locales)

7338.11

7301.22

2

1

Récipients assimilés au courant chypriote

7339.10

7373.11

4

3

Récipient d’origine indéterminée

7380.12

5 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Haut d’amphore, probablement assimilée au courant cnidien, au col assez haut terminé par une lèvre en bandeau, munie de deux anses verticales, en M18 ; surface extérieure jaune clair légèrement rosé ; monté au tour (deuxième moitié du IIIe av. J.-C.) 2. Base d’amphore, copiant probablement un modèle égéen, caractérisée par un sabot court, avec une dépression peu profonde dessous, en M1 ; monté au tour (ca. IVe av. J.-C.) 3. Fond d’amphore à anses de panier, en I3b (origine chypriote ?) ; raclages verticaux sur tout le pourtour ; monté au tour (700 à 330 av. J.-C., probablement pas avant le Ve s.) 4. Base d’amphore à anses de panier, en I11 (origine palestinienne ?) ; traces d’outil (couteau) sur le pourtour ; monté au tour (ca. IVe-IIIe s. av. J.-C. ?) 5. Bord d’amphore d’origine indéterminée, départ d’anse visible sous une lèvre triangulaire, en I10 ; monté au tour

Fig. 312. Céramique de la phase 14-21

368

CHAPITRE III

• Amphore à anses de panier en I3a Plusieurs gros fragments en I3a ont été découverts dans la fosse de dépotoir F21 (Rue 3). Aucune forme n’était associée, mais la pâte est similaire à celle de l’amphore 7024.24 (fig. 312 n°4)812. • Amphore à anses de panier en I3b (fig. 178 et 312 n°3)813 Deux autres spécimens, réalisés dans une pâte très proche de I3a, ont été découverts pour la phase 14. Cette différence de pâte pourrait être simplement due au fait que l’exemplaire 7024.24 en I3a provenait d’un niveau incendié et que le feu a eu une incidence sur la couleur de la pâte. Les deux exemplaires proviennent de niveaux de rue. Le premier (fig. 178) a été découvert en plusieurs morceaux, presque à plat, dans la couche recouvrant directement SOL22 (Rue 2). Il porte un graffito finement incisé sur la surface extérieure. Le texte hiéroglyphique, incomplet, donne le début d’un titre de prêtre (prophète de Mout ?). Le deuxième individu (fig. 312 n°3) est un fond complet qui a été découvert avec plusieurs fragments de panse, dans un niveau plus récent, la fosse F26 (Rue 3). D’après l’étude de J.-B. Humbert, cette base avec ces raclages verticaux, « comme taillée avec une lame », est caractéristique de son type F, produit vers 475-400 av. J.-C.814.

(Rues 4, 5 et 6) n’ont pas livré de telles amphores. Or, celles-ci ne sont plus produites vers le premier quart du IIIe siècle av. J.-C.818. Il s’agit donc d’un bon critère chronologique. Elles ont été progressivement remplacées au cours de l’époque ptolémaïque par les conteneurs de la sphère égéenne. De même que pour ces derniers, des copies locales d’amphores « torpedo » sont attestées dès la toute fin de la Basse Époque et disparaissent comme les importations au cours de la première moitié du IIIe siècle av. J.-C.819. La phase 14 de la Zone 7 nous en a fourni deux individus, l’un en pâte calcaire, l’autre en pâte alluviale.

• Amphore à anses de panier en I11 (fig. 312 n°4) Un fond tronconique présentant le raclage vertical typique des amphores à anses de panier a été trouvé dans la fosse F44 (Rue 3). La pâte est très éloignée des pâtes précédentes. Il a été suggéré qu’aux alentours du IVe siècle des ateliers d’amphores à « anses de panier » étaient présents en Palestine815. Ces amphores sont présentes à Tebtynis dès la seconde moitié du IVe siècle et disparaissent au début du IIIe siècle816. La description qu’A. Marangou fait de la pâte de ces amphores pourrait correspondre à notre pâte I11817.

• Amphore « torpedo » en I2 (fig. 313 n°1-4) Quelques fragments d’amphore « torpedo » en I2 ont été mis au jour dans des fosses de la Rue 3 ainsi que dans un niveau de remblai du bâtiment J. La pâte rose-orangée bien connue pour les amphores datées de la Basse Époque820 semble encore utilisée pour les exemplaires du début de l’époque ptolémaïque821. Les lèvres présentent des profils divers, aplaties ou plus ou moins hautes. Le fragment le plus important, 7284.8 (n°4), appartient probablement au groupe 6 de la classification de Sagona pour les amphores levantines (petite lèvre verticale et corps biconique)822. La majorité des amphores de ce groupe est datée des Ve et IVe siècles av. J.-C.823. Elles apparaissent un peu partout en Égypte824. Le diamètre à l’épaule de 7284.8 atteint 20 cm. Nous avons vu auparavant que ce diamètre avait tendance à rétrécir avec le temps : les exemplaires de la phase 12 font entre 24 et 25 cm au niveau de l’épaule, ceux de la phase 13, 22 cm. 7284.8 peut être comparé avec les spécimens découverts dans des contextes datés du Ve siècle en Égypte, comme à Tell el-Maskhuta (entre 17 et 19 cm environ)825 et à Tell el-Herr (entre 18 et 20 cm)826.

1.4.2.4. Récipients assimilés au courant syro-palestinien de la phase 14

• Copie d’amphore « torpedo » en N22 (fig. 313 n°5) Plusieurs fragments appartenant à la même amphore ont été découverts dans deux contextes différents de la rue

La présence d’amphores « torpedo », observée dès la phase 12 du quartier des prêtres, persiste encore à la phase 14. Mais les derniers contextes de cette phase

818 819 820 821

812

813 814

815

816 817

Sur cette amphore : supra, Chapitre III, § 1.3.2.2. Récipients assimilés au courant chypriote de la phase 13. MASSON 2016a, p. 37, fig. 18-19. HUMBERT 1991, p. 585 et 587, fig. 7. Notre base ne semble pas appartenir à son type G dont la base présente le même aspect facetté, mais qui est plus pointue. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 252. Sur les différents types d’amphores à anses de panier découverts en Palestine : STERN 1982, p. 110-112. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 252, fig. 65-71. Ibid., p. 252.

822 823 824

825 826

DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 83. Ibid., p. 142-143. DEFERNEZ 2003, p. 37 et 369 (I P1 = I2). Des spécimens ont été trouvés dans les niveaux mi-IVe-début IIIe s. av. J.-C., à Tebtynis : MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 254, fig. 78-83. SAGONA 1982, p. 80-82, fig. 2, n°1-4. ASTON 1999, p. 232. À Tell el-Balamun : SPENCER 1996, p. 94, pl. 70, types E1-E2. À Tanis : P. BRISSAUD et al. 1987, fig. 13, n°155. À Tell el-Maskhouta : PAICE 1986/1987, p. 98, fig. 1 et 2. À Mendès : ALLEN 1982, pl. XIX.1-2. À Éléphantine dans un contexte de la phase V (550-400) : ASTON 1999, p. 232, pl. 72, n°2044. PAICE 1986/1987, fig. 1 et 2. DEFERNEZ 2003, p. 377.

369

LES ARTEFACTS

Récipients assimilés au courant syro-palestinien

7732.35

7653.2

1

2

7598.38

7284.8

4

3

7345.4

5

7598.30

6

Éch. dessin :

0

1-3. Bord d’amphore « torpedo » en I2 ; monté au tour 4. Haut d’amphore « torpedo », munie d’anses verticales, en I2 (section saumonée avec bandeau vers la surface intérieure de couleur jaune) ; monté au tour (Ve-IVe s. av. J.-C.) 5. Haut d’amphore assimilée à la sphère syro-palestinienne (copie d’amphore « torpedo »), à l’épaule large, à la lèvre applatie, munie d’anses verticales, en N22 ; monté au tour (ca. Ve-premier quart du IIIe s. av. J.-C.) 6. Haut d’amphore assimilée à la sphère syro-palestinienne (copie d’amphore « torpedo »), à la lèvre en bourrelet, munie d’anses verticales placées sous une épaule courte et marquée, en M3 ; surface extérieure très grossièrement lissé ; monté au tour (ca. troisième quart du e e IV -mi-III s. av. J.-C.)

Fig. 313. Céramique de la phase 14-22

5 cm

370

CHAPITRE III

(Rues 2 et 3)827. On reconnaît le profil d’une amphore « torpedo », mais elle a été confectionnée en pâte alluviale. La fabrique N22 s’apparente à la pâte brune A4 de D. Dix-Neuf, qui est notamment utilisée dans la confection d’imitation d’amphores « torpedo »828. Ces imitations sont surtout connues à partir du milieu du IVe siècle av. J.-C.829. D’après S. Marchand830, elles disparaissent assez rapidement, vers la fin du premier quart du IIIe siècle av. J.-C. Cependant notre exemplaire présente une épaule assez large et une lèvre aplatie. Ce type, que l’on doit rapprocher du type biconique connu à la Basse Époque, a été rarement copié831 : est-ce l’indice d’une copie plus ancienne ? À Éléphantine, une copie d’amphore « torpedo » réalisée en pâte alluviale a été mise au jour dans un contexte de la période perse832. Cela pourrait remonter la datation de notre copie au Ve siècle av. J.-C. Mais, pour C. Defernez, il pourrait ne s’agir que de « copies maladroites de variantes tardives »833. • Copie d’amphore « torpedo » en M3 (fig. 313 n°6) Ce spécimen, en revanche, présente le profil typique des amphores « torpedo » récentes, à savoir une épaule très courte et carénée834. Cette forme se retrouve dans des contextes de l’époque perse mais aussi de la XXXe dynastie835. Selon C. Defernez, c’est vers le troisième quart du IVe siècle, que ce modèle récent de « torpedo » est copié ; il en existe des versions en pâtes calcaire et alluviale836. Sa description de la pâte calcaire se rapproche beaucoup de M3837. Elle suppose par ailleurs une origine Haute Égypte pour cette pâte838. Notre exemplaire trouve des pendants

827

828 829 830 831

832

833 834 835 836

837

838

La fosse F26 (Rue 3) coupe l’épais niveau de remblai US 7345 (Rue 2), ce qui suggère que le comblement de la fosse F26 a été « pollué » par des éléments anciens. DIX-NEUF 2011, p. 32 et 78. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 69. Ibid., p. 83. Le type caractérisé par une panse piriforme, une épaule courte et une lèvre haute a été plus volontiers copié : DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 69. La forme est cependant éloignée de la nôtre et présente une épaule courte : ASTON 1999, p. 220-221, pl. 67, n 1961. Une autre copie, mais miniature, provient d’un contexte du IVe s. : ibid., p. 258, pl. 82, n°2254. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 69, note 65. DEFERNEZ 2003, p. 377. ROUSSEL, MARCHAND 1994, pl. III n°35. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 70. Voir aussi : DIX-NEUF 2007, p. 58-59, fig. 34, n°48-54. Il s’agit d’une « pâte calcaire, de texture moyennement fine à grossière (avec parfois un dégraissant minéral important), laissant apparaître quelques traces d’éléments végétaux […] » : DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 70. Voir aussi : DEFERNEZ, MARCHAND 2016, p. 142-144, fig. 13 (groupe 1, en pâte calcaire grossière). DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 70.

précis à Éléphantine dans un contexte des Ve-IVe siècles839 et dans la tombe d’Harwa sur la rive ouest de Thèbes840. Des exemplaires en pâte alluviale sont connus à Abou Rawash841 et à Tebtynis842, dans des niveaux datés de la première moitié du IIIe siècle ; ils possèdent aussi cette épaule courte et plate, qui imite les modèles récents des « torpedo ».

1.4.2.5. Récipient d’origine indéterminée de la phase 14 • Amphore à lèvre triangulaire en I10 (fig. 312 n°5) Afin de compléter le tableau des importations de la Zone 7, un dernier élément mérite d’être signalé. Il s’agit d’un bord d’amphore à lèvre triangulaire, confectionné dans une pâte très particulière. Nous n’avons pas pu identifier l’origine de cette amphore843. Elle provient d’un niveau de passe (US 7380).

Les récipients, ou copies de récipients, assimilés aux courants syro-palestinien et chypriote disparaissent dans les niveaux postérieurs à la Rue 3. Après, il ne subsiste que des amphores d’origine égéenne. Vu la quantité minime de ces productions pour toutes les phases de la Zone 7, il serait audacieux d’en tirer des conclusions. Cependant, sur des sites où les importations forment une part non négligeable du matériel céramique, cela semble caractéristique d’une période postérieure au milieu du IIIe siècle environ844. Tentons maintenant de faire une synthèse liminaire à partir de cette typologie du matériel de la phase 14. Concernant la fonction des céramiques découvertes à cette phase, on note de nouveau leur caractère domestique avec la vaisselle culinaire représentée par les marmites de tout type, des jattes de préparation des aliments et la vaisselle de table avec assiettes et bols. Les amphores/jarres ayant servi au transport et au stockage sont aussi bien présentes à la phase 14. La vaisselle d’ordre cultuel est encore évoquée à travers la présence massive de coupes dites à encens. Cependant, puisque la majorité ne présente pas de traces de

839

840 841 842 843

844

La fabrique K6 pourrait correspondre à M3. ASTON 1999, p. 232, pl. 73, n°2046. LAEMMEL, CONSONNI 2016, p. 246, fig. 9. MARCHAND 2007a, p. 180, fig. 10c. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 255-256, fig. 91-92. G. Marouard, qui a publié cette amphore, ne s’avançait pas non plus sur l’origine de ce conteneur : MAROUARD 2007, p. 350, fig. 7. DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 82.

LES ARTEFACTS

371

feu, nous suggérons que ces coupes ont pu avoir avant tout un usage d’ordre domestique845. Le traitement de la céramique de la phase 14 indique une réelle hétérogénéité chronologique, de la Basse Époque à la fin de l’époque ptolémaïque-début du Haut-Empire romain. On note toutefois une prédilection pour les formes datées de la fin du IVe, IIIe et IIe siècles. Les datations données par les amphores sont généralement essentielles sur les sites d’époque tardive. Pour la Zone 7, les importations ou copies d’importations proviennent pour l’essentiel du monde grec (surtout pour les niveaux postérieurs à Rue 3). Or les amphores de type grec deviennent prédominantes à partir de la fin du IVe-début du IIIe siècle av. J.-C. en Égypte. Mais l’on ne peut se baser exclusivement sur un corpus comprenant une vingtaine de formes, tout type confondu, pour comprendre la stratigraphie complexe de la phase 14. Si l’on regarde avec diligence les productions locales, on se rend compte que de nombreuses formes attestées à la phase 13 se poursuivent. C’est ce que l’on observe surtout pour les productions en pâte calcaire M1 et les catégories les plus représentées quantitativement en pâte alluviale (dokka et coupes à encens). Elles ont cependant, pour la plupart, évolué morphologiquement et sont associées, en outre, à maintes nouvelles formes846. Parmi ces dernières, celles inspirées des formes hellénistiques sont les plus caractéristiques. Les céramiques imitant le répertoire grec (à travers certaines formes, fabriques et décors) constituent en effet un critère chronologique appréciable, bien qu’elles ne soient pas trouvées en très grand nombre dans la Zone 7847. Elles sont présentes dès les premiers niveaux de la phase 14 (Rue 1 et 2), alors qu’aucun élément imitant le vaisselier grec n’a été trouvé dans les niveaux de démolition ou de dépotoir des maisons VII et VIII848, ni même sur la « place ». En fait, le matériel des fosses de

dépotoir perçant le dernier niveau de circulation de la rue à la phase 13 (Rue 1), ainsi que celui provenant des remblais recouvrant ce niveau et les fosses (Rue 2) se distinguent du matériel issu des niveaux d’abandon et de dépotoir des maisons (notamment les premiers niveaux)849. Cette observation semble indiquer que la rue était encore utilisée alors que les maisons du quartier et la « place » (du moins pour la partie dégagée dans la Zone 7) étaient abandonnées. Le remplissage de la rue, d’où est issu l’essentiel des formes que nous avons présenté, paraît très hétérogène. Il semble, à première vue, mêler du matériel résiduel ancien et des éléments plus récents. Des éléments typiques des Ve-IVe siècles côtoient d’autres éléments attribués aux IIIe et IIe siècles dans les mêmes contextes. Cela est dû au fait que cette phase n’est connue qu’à travers des niveaux de remblai et de dépotoir. Pourtant, en regardant minutieusement le matériel de chaque « moment » de la rue, celui-ci évolue : les premiers niveaux de rue contiennent plus de matériel de la fin de la Basse Époque et du début de l’époque ptolémaïque (Rue 1 et 2) ; progressivement les formes franchement ptolémaïques des IIIe et IIe siècles s’imposent (Rue 3 à 5) ; enfin, les fosses de dépotoir récentes (Rue 6) contiennent quelques éléments de la toute fin de l’époque ptolémaïque et du début du Haut-Empire romain, mais mêlés à de nombreuses formes plus anciennes. Le problème de la pérennité des productions tardives surtout au début de l’époque ptolémaïque, la faiblesse quantitative des importations et le caractère visiblement mélangé de la plupart des contextes de la rue invalident une datation précise des divers évènements de la phase 14. Dans la dernière partie de notre étude, nous approfondirons les diverses hypothèses et conclusions que l’association entre la stratigraphie et le traitement de la céramique nous permettra de faire à propos de la phase 14.

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1.4.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 14

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Sur le caractère peu défini des fonctions des céramiques égyptiennes, voir MARCHAND 2002, p. 253. Voir aussi comment le paramètre de distribution de la céramique peut être un élément déterminant dans l’analyse de l’usage des céramiques dans un contexte donné : MASSON 2013. Ces nouvelles formes ne sont parfois représentées que par un ou quelques rares exemplaires. L’imitation du style grec dans la vaisselle de table avait déjà été observée dans un site proche, Tôd, pour des niveaux des IIIe-IIe s. av. J.-C. : PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 175 et 179. Mais, nous avons vu que la plupart de ces formes pouvaient commencer dès le milieu du IVe s. Nous parlons ici des premiers niveaux d’abandon et de dépotoir. Dans les niveaux supérieurs, les couches de remblai et les fosses de dépotoir sont associées à du matériel encore plus récent (Haut-Empire romain notamment). Ce matériel n’est pas

Le matériel issu de la phase ptolémaïque mis au jour lors des fouilles de sauvetage à l’est du lac Sacré forme un corpus plus important que celui des phases

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présenté dans ce mémoire. Cf. supra, Chapitre I, § 4.2.1.1. Stratigraphie du bâtiment I. La rue fonctionnait encore lors de l’incendie repéré à divers endroits du quartier, alors que certaines maisons de la phase 13 étaient déjà abandonnées et transformées en dépotoir, telle la maison VII. Il nous semble même probable qu’elle ait continué à être utilisée après l’abandon complet des maisons des prêtres.

372

CHAPITRE III

architecturales précédentes850. J. Lauffray n’en avait publié qu’un petit nombre et la plupart du temps sans dessin851. Dans le cadre de son étude inédite sur la céramique tardive à Karnak, C. Grataloup avait été amenée à s’intéresser au matériel provenant du « quartier ptolémaïque » fouillé en 1971852. Quelques anciens clichés de céramiques n’ayant fait l’objet ni de fiche ni de dessin demeuraient inédits. Enfin, un grand nombre de céramiques conservées au Cheikh Labib A ont pu être attribuées aux anciennes fouilles du quartier ptolémaïque. Certaines n’avaient fait l’objet d’aucune documentation jusqu’ici. La majorité des productions égyptiennes découvertes lors des fouilles de J. Lauffray ont été rencontrées dans les niveaux de la phase 14 de la Zone 7. Aussi notre présentation de ce matériel est souvent brève et sélective. Des incohérences dans la documentation et les publications anciennes ont parfois été relevées. Des erreurs ont été observées dans les numéros d’inventaires et l’indication des contextes de découverte. Les dessins publiés ne correspondent pas toujours à ceux illustrant les fiches-objets : les mêmes numéros de céramique, pour des provenances diverses, ont parfois été publiés deux fois, avec des dessins différents853 ou bien sans dessin mais avec des dénominations distinctes854. Il nous semblait nécessaire de revoir de plus près cette documentation. Mais nous n’avions à notre disposition que les fiches-objets et pas les carnets de fouille. Or les informations sur le contexte de découverte sont souvent bien maigres, voire absentes, sur la fiche-objet. Certaines céramiques proviennent des fouilles du quartier des prêtres en 1970, indiquant qu’une phase ptolémaïque était bien présente dans ce secteur dégagé par P. Anus et R. Sa’ad855. De nombreuses céramiques

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Quelques céramiques ont été publiées dans MASSON 2011 et MASSON 2013. LAUFFRAY 1995b, p. 306, note 13. Dans sa thèse inédite, C. Grataloup présente de nombreuses formes entières appartenant à cette phase chronologique : GRATALOUP 1989, p. 66-69 et pl. 88-100. Deux dessins différents ont été publiés pour LS 720 : le premier présente une jarre cylindrique à col droit, provenant de la maison B ; le deuxième présente une amphore (LAUFFRAY 1995b, p. 315, fig. 10 et 328, fig. 23). Après vérification sur la fiche-objet, la bonne identification est la première. LS 1156 est publié deux fois : une première fois comme un fond de coupe à engobe noir provenant de la favissa I, une autre fois comme un fragment de vase en granit noir provenant de la favissa II (LAUFFRAY 1995b, p. 306 et 308). Après vérification sur la fiche-objet, la bonne identification est la seconde. Sur ce point, voir supra, Chapitre I, § 4.4.1.2. Une phase représentée dans le secteur dégagé en 1970 mais négligée.

que l’on peut attribuer à l’époque ptolémaïque, ou appartenant à une période légèrement antérieure ou plus rarement postérieure, ont été découvertes dans des carrés de fouille situés à l’est du rempart. Aucune information précise ne nous est parvenue quant à leur contexte de découverte : étaient-elles associées à des niveaux de dépotoir – rejets relatifs à l’occupation du quartier ptolémaïque ou comblement de fosses de sebakhin au matériel fort mélangé856 – ou bien provenaient-elles des ensembles G ou H situés à l’est du rempart857 ? La majorité des céramiques proviennent du « quartier ptolémaïque » lui-même, dégagé en 1971. Alors que ces maisons étaient particulièrement bien conservées comparées aux vestiges ptolémaïques dégagés dans la Zone 7 et que Lauffray mentionnait la « présence dans la plupart des maisons […] de vaisselle intacte »858, rares sont les céramiques que l’on peut associer spécifiquement à un niveau d’occupation. Généralement nous n’avons que la mention d’un carré et parfois d’une altitude pour resituer le matériel. Une partie du matériel provient de quatre « favissae » situées dans les ruelles desservant les maisons859. Ainsi que les récentes fouilles l’ont démontré, des fosses de dépotoir ont été creusées dans la rue à différents moments de l’occupation du quartier et elles ne sont généralement pas exemptes de matériel résiduel et contaminations récentes. Seule une sélection des céramiques est illustrée ici (dessins réalisés par Rachid Megalla dans les années 1970 ou par l’auteur en 2009 et 2012) et elles ne sont pas toutes commentées ci-dessous. Aucune cassure fraiche n’a pu être réalisée sur ces céramiques, aussi la mention de fabrique est-elle vague, parfois inexistante lorsque les céramiques ne sont connues que par d’anciens dessins. 1.4.3.1. Formes ouvertes et ustensiles Les formes ouvertes prédominent dans le corpus, notamment les coupes et bols en pâte alluviale. Cette observation doit sans doute être atténuée par le fait que

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Certaines fosses de sebakhin mises au jour dans la Zone 8 ont fourni du matériel de la Basse Époque-époque ptolémaïque. Supra, Chapitre I, § 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque. LAUFFRAY 1995b, p. 304. Voir aussi les figures publiées pour le mobilier découvert au sein des maisons, mais les numéros d’inventaire, voire les dessins eux-mêmes, ne sont pas toujours corrects : LAUFFRAY 1995b, fig. 7, 10, 17 et 23. Ibid., p. 306-311.

LES ARTEFACTS

de telles formes sont souvent plus petites et mieux conservées que les grands conteneurs et ont plus de chance d’avoir été conservées et/ou documentées. Les « coupes à encens » en pâte alluviale, munies d’une base plate plus ou moins dégagée860 (fig. 314 n°1-4), ou d’un pied assez haut (n°5-8)861, ou encore à fond plat et au bord convexe rentrant (n°9)862, ont été trouvées en grand nombre dans le quartier ptolémaïque, tout comme dans la Zone 7 (fig. 299)863. La prédominance de cette famille dans le quartier semble significative. En effet, ainsi que l’avait noté C. Grataloup, leur quantité est négligeable dans les niveaux contemporains mis au jour devant le premier pylône. Elle l’interprète comme un « conservatisme » ou encore un indice « des pratiques propres aux prêtres »864. L’utilisation de ces coupes pour faire brûler de l’encens a été auparavant discutée865. Comme dans le cas des spécimens mis au jour dans la Zone 7, les coupes conservées au Cheikh Labib A ne présentent aucune trace de feu la plupart du temps et ont dû servir à d’autres usages, sans doute purement domestiques866. Une des coupes à pied conserve quelques lignes d’une inscription démotique presqu’effacée (fig. 314 n°8), consignant notamment l’anthroponyme PꜢ-dỉ-ḥr867. Les bols convexes à base annulaire font partie du matériel récurrent recueilli dans le quartier ptolémaïque (fig. 314 n°10-15)868. Une inscription démotique peinte sur les surfaces extérieure et intérieure de l’un deux (n°13) mentionne par deux fois une sorte de pain, painkꜥkꜥ (peut-être en lien avec l’usage de ce petit bol ?)869. 860

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862 863

864

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866 867

868

869

Ibid., fig. 5, 7 et 11 (LS 722) ; GRATALOUP 1989, pl. 89, n°2-3, pl. 90, n°11, pl. 91, n°19, pl. 92, n°22-23 et 25, pl. 93, n°28 et pl. 97, n°8. LAUFFRAY 1995b, fig. 5 ; GRATALOUP 1989, pl. 90, n°9 et pl. 91, n°14. GRATALOUP 1989, pl. 90, n°8, pl. 92, n°24 et pl. 96, n°2. Supra, Chapitre III, § 1.4.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 14. GRATALOUP 1989, p. 86. Ces coupes sont très régulièrement mises au jour dans des tombes de la rive ouest de Thèbes, ce qui suppose un usage cultuel. Par exemple : REDFORD 2006, p. 228, fig. 10. Supra, Chapitre III, § 1.3.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 13. MASSON 2013, p. 147-148. La publication de l’inscription est en préparation par D. Devauchelle et G. Widmer. Cette coupe faisait partie d’un groupe de coupes à pied mis au jour dans la favissa II du quartier : « LS 1224 lot important de calices à petit pied, l’un avec inscription en démotique » (LAUFFRAY 1995b, p. 308). LAUFFRAY 1995b, fig. 11 et 17 ; GRATALOUP 1989, pl. 89, n°5, pl. 91, n°17 et 20, pl. 94, n°30 et pl. 96, n°6. Information aimablement transmise par D. Devauchelle et G. Widmer qui publieront de manière complète cette inscription.

373

Plusieurs exemplaires ont été mis au jour dans la Zone 7 dans divers contextes de la phase 14 (fig. 295 n°1-3) et nous avons vu qu’ils connaissaient une évolution typologique entre la fin de la Basse Époque et le Haut-Empire romain870. Quelques spécimens provenant des anciennes fouilles présentent un décor de bandes horizontales peintes en noir, décor bien connu pour ces formes à partir de la fin de l’époque ptolémaïque (fig. 314 n°14-15)871. Avec des cercles concentriques peints en noir sur leur surface intérieure, le bol convexe LS 408 (n°14) et la coupe basse carénée LS 792 (fig. 315 n°8) s’inspirent des Eastern Sigillata A et sont particulièrement caractéristiques du Ier siècle ap. J.-C.872. On compte encore parmi les formes ouvertes en pâte alluviale, mais en moindre quantité, des bols-jattes au fond légèrement arrondi873 ainsi que des coupes aux parois légèrement évasées au-dessus d’une carène bien marquée et au bord souligné874, parfois peint en noir (fig. 315 n°1-2). Ces formes sont également présentes dans la typologie des formes ouvertes de la phase 14. L’engobe partiel est un traitement de surface que nous avons déjà eu l’occasion de présenter précédemment dans le cas de bols convexes (fig. 305 n°6). La même finition se retrouve sur un bol convexe et un petit plat caréné (fig. 315 n°4-5). L’engobe rouge a été appliqué par trempage sur une pâte claire dans les deux cas875. Deux bols de tradition achéménide, une forme qui n’a pas été relevée pour la Zone 7, ont été découverts dans une favissa du quartier ptolémaïque (fig. 315 n°12-13)876. Ces bols imitent la vaisselle métallique perse. Ils ont été produits localement dans divers sites du Delta, du Sinaï, dans le Fayoum et à ‘Ayn Manâwîr877. Ils sont surtout attestés aux Ve et IVe siècles av. J.-C., mais sont de nouveau produits au milieu du IIIe siècle av. J.-C. à Tebtynis : ce sont des productions en pâte

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Supra, Chapitre III, § 1.4.1.1. Productions en pâte alluviale de la phase 14. PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 318, fig. 161 ; JACQUET-GORDON 2012, p. 131 ; MARCHAND 2016, p. 107, fig. 5 ; MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 133, fig. 15f. MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 133, fig. 15a-b. LAUFFRAY 1995b, fig. 17 ; GRATALOUP 1989, pl. 91, n°15 et pl. 99, n°16. LAUFFRAY 1995b, fig. 7 ; GRATALOUP 1989, pl. 90, n°12. LS 702 semble confectionné en pâte assouanaise (A) et LS 770 en pâte calcaire locale (M1). Le dessin de LS 1157 a été déjà publié dans LAUFFRAY 1995b, fig. 5 ; MASSON 2016b, p. 153, fig. 7. MARCHAND 2002, p. 251, fig. 10-11.

Formes ouvertes provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 532

LS 631

LS 463

3

2

1

LS 400

4

LS 519-2

LS 519-1

LS 1224

7

6

5

LS 553

8

LS 626

9

LS 899

LS 749

LS 731

10

12

11

LS 408

14

LS 1140

LS 1151

16

17

LS 1164

0

13

5 cm

LS 1212

LS 638

15

18

Éch. dessin :

0

5 cm

1-2. Coupe à fond plat, dégagé, et aux parois évasées, en pâte alluviale ; monté au tour 3-4. Coupe à fond plat, très peu dégagé, et aux parois évasées, en pâte alluviale ; monté au tour 5-7. Coupe à pied haut, en pâte alluviale 8. Coupe à pied haut, en pâte alluviale ; inscription démotique sur la surface extérieure – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°126186 9. Petite coupe à bord convexe légèrement rentrant et au fond plat, en pâte alluviale ; monté au tour 10-12. Bol convexe à base annulaire 13. Bol convexe à base annulaire en pâte alluviale ; inscription démotique sur les surfaces extérieure et intérieure – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Masson-Berghoff 14. Bol convexe à base annulaire, à décor de bandes peintes en noir 15. Bol convexe, à base annulaire ; engobe rouge sur la surface extérieure et décor de lignes horizontales peintes en noir 16. Coupe à base annulaire, en N6 ; surfaces brunies avec lignes concentriques très brillantes 17-18. Coupe à base annulaire, en pâte alluviale ; surfaces engobées rouge

Fig. 314. Céramique de la phase 14-23

Formes ouvertes provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 397

0

LS 518 Bis

5 cm

1

0

5 cm

2

LS 598

LS 770

LS 702

5

4

3

LS 792

LS 735

LS 604

9

8

7

6

LS 921

LS 1181

LS 565

10

11

grafitto peint (éch. dessin 1/1)

LS 1157

12

LS 1174

LS 491

14

13

Éch. dessin :

0

5 cm

1-2. Bol caréné à bord souligné d’une bande brune peinte ; en pâte calcaire ; monté au tour – © Cnrs-Cfeetk/clichés L. Moraillon n°125002 et 125004 3. Petit bol à lèvre rentrante, à fine base annulaire légèrement moulurée ; en pâte calcaire ; deux zones engobées, rouge d’un côté, jaune crème de l’autre, au niveau du bord extérieur ; monté au tour 4. Bol convexe ; en pâte d’Assouan A (?) ; engobe rouge appliqué par trempage, engobe qui se desquame ; traces de feu à l’extérieur ; monté au tour 5. Petit plat caréné à fine base annulaire ; en pâte calcaire ; engobe rouge appliqué sur les surfaces intérieure et extérieure (sauf fond extérieur) ; monté au tour 6. Coupe carénée, à bord à marli 7-9. Petit plat caréné à base annulaire ; n°8 en N3, porte engobe rouge épais foncé sur les surfaces extérieure et intérieure et décor de bandes brunes à l’intérieur ; surface intérieure abîmée ; monté au tour 10. Coupe/assiette à base annulaire et à lèvre ourlée ; surface intérieure brunie 11. Coupe/assiette à base annulaire en « terre cuite rouge » 12-13. Bol caréné, aux parois très fines, copiant un vase métallique de tradition achéménide ; pâte rose fine ; décor peint en noir ; monté au tour 14. Coupe à carène basse ; en pâte calcaire grossière ; graffito peint en brun ; monté au tour – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Masson-Berghoff

Fig. 315. Céramique de la phase 14-24

376

CHAPITRE III

alluviale fine présentant soit une surface brillante noire soit un engobe rouge mat878. La qualité des exemplaires mis au jour dans le quartier ptolémaïque semble supérieure, par la finesse de leurs parois et de leur décor peint en noir sur une surface non engobée mais parfaitement lissée de couleur rose pâle879. Des exemplaires datés du IVe siècle av. J.-C. provenant d’‘Ayn Manâwîr, au profil beaucoup plus épais, portent un décor peint en noir sur engobe blanc. Les ustensiles (fig. 316) comprennent avant tout des couvercles ou coupelles-couvercles (n°1-15) ainsi que des supports de jarre (n°17-21) dont les formes ont souvent été relevées dans le répertoire céramique de la phase 14 dans la Zone 7 (fig. 300-301). Un entonnoir a été fabriqué à partir d’une coupe à pied dite « coupe à encens » (n°16). 1.4.3.2. Formes fermées De nombreux conteneurs bien conservés ont été recueillis lors des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque, alors que les profils complets des formes fermées sont rares pour la phase 14 de la Zone 7. Aussi, présentons-nous une large sélection de ces formes, malgré le manque de précision quant à leur contexte de découverte. Une grande jarre en pâte alluviale à épaule carénée et à base annulaire, porte un décor floral (fig. 317 n°1)880. D’après la fiche, une bande rouge recouvre le haut de la partie située sous la carène et au-dessus de la carène, des lignes noires sur fond blanc bordent un décor de feuilles. Nous avons observé ce décor sur divers conteneurs (souvent des fragments de panses de grandes jarres) provenant de contextes de la phase 14 dans la Zone 7 (fig. 309), mais aussi des anciennes fouilles (fig. 317 n°2-8)881. Bien qu’il apparaisse dès la fin de la Basse Époque882, ce décor peint est typique

de l’époque ptolémaïque et disparaît au IIe siècle ap. J.-C.883. Il est bien attesté en Haute Égypte, surtout dans les contextes des IIIe et IIe siècles av. J.-C.884. La morphologie d’une deuxième grande jarre se rapproche un peu de la précédente, mais elle présente un fond bombé, est dotée de quatre petites anses situées sous un bord modelé et n’est pas décorée (fig. 318 n°1)885. Elle appartient au Group XII de D. Aston pour les conteneurs en pâte alluviale trouvés à Éléphantine886. Selon lui, la production de ces jarres connaît une longévité importante, entre la fin du Ve siècle av. J.-C. et le Ier siècle ap. J.-C. pour Éléphantine887, mais elles sont surtout communes aux IIIe-IIe siècles av. J.-C. Il ajoute que les exemplaires datant de l’époque ptolémaïque sont régulièrement décorés, comme l’exemplaire précédent. Une grande jarre de stockage similaire inédite (n°2) a été découverte dans le secteur sud-ouest de la zone fouillée en 1970 (carré IX N 30). Elle présente un fond arrondi ainsi que quatre petites anses situées sous un bord à lèvre modelée. Elle est probablement en pâte alluviale si on la compare à la majorité des spécimens connus888. Une jarre-marmite889 (fig. 318 n°3) s’apparente quelque peu à une jarre, décorée de bandes blanches horizontales, découverte dans la Zone 7 (fig. 292 n°2). Avec son col court terminé par un petit bourrelet, sa panse ovoïde et ses deux petites anses verticales, elle correspond au Group VIII des conteneurs en pâte alluviale répertoriés sur le site d’Éléphantine890. Ces formes 883 884

885 886 887

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880

881 882

Ibid., fig. 10. P. Ballet et A. Południkiewicz hésitent entre les désignations de bol achéménide et canthare pour d’autres exemplaires mis au jour à Tebtynis : BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 24, pl. 1, n°5. Nous avons pu observer directement la pâte du spécimen fragmentaire LS 1174 : pâte peu compacte, peu dense, fine, homogène avec des inclusions peu nombreuses (très rares quartz et minuscules) ; section de couleur rose clair-brun clair (5YR 6/6); surface intérieure bien lisse et régulière rose pâle (5YR 7/4); surface extérieure bien lisse rose pâle (5YR 7/4) avec décor peint en noir. GRATALOUP 1989, pl. 92, n°21 ; MASSON 2016b, p. 154, fig. 10 n°1. Un des tessons a été publié : LAUFFRAY 1995b, fig. 29 et pl. VII. MARCHAND 1996, p. 428.

888

889

890

SCHREIBER 2016a, p. 536-537. SCHREIBER 2003, p. 84, pl. 15 n°209 (exemplaire daté des IIIe et IIe s.). À Dendera et à Karnak : MARCHAND 2002, p. 251 ; LAUFFRAY 1995a, p. 99, n°76, fig. 50. À Tôd : PIERRATBONNEFOIS 2002, p. 178 et 183, fig. 6. À Éléphantine : ASTON 1999, pl. 94, n°2517, pl. 95, n°2525 et 2530, pl. 96, n°2540, pl. 97, n°2553… GRATALOUP 1989, pl. 93, n°27. ASTON 2007, p. 425. Mais il semble que d’autres sites en ont mis au jour jusqu’au IIIe-IVe s. ap. J.-C. D. Aston signale que la base annulaire pourrait être une version tardive de ce type (ibidem). Le décor de LS 597, qu’on ne retrouve pas après le IIe s. av. J.-C., semble contredire cette hypothèse. Quelques exemples provenant de Karnak : LICITRA, DAVID 2016, p. 84, fig. 14 n°77, p. 87, fig. 24 n°136 et p. 91-92, fig. 35 n°177 (divers contextes couvrant la période IIIe-Ier s. av. J.-C.) ; MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 133-134, fig. 16-18. Voir aussi des exemplaires découverts à Éléphantine : ASTON 1999, p. 220, pl. 68, n°1962, p. 254, pl. 81, n°2218 (IVe s.), p. 344, pl. 117, n°3071. Ce même site a fourni un unique spécimen en pâte calcaire : ibid., p. 352, pl. 121, n°3126. GRATALOUP 1989, pl. 93, n°26 ; MASSON 2013, p. 151-152, note 45, fig. 10. ASTON 2007, p. 422-423.

377

LES ARTEFACTS

Ustensiles provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 614

LS 620

1

3

2

6

LS 465-4

8

7

5

4

LS 465-3

LS 465-1

LS 738

LS 621

LS 837

LS 692

LS 733

10

9

traces d’usure

LS 1185 LS 407

13

12

11

LS 1182

15

14

traces d’usure

16

LS 1187

LS 605

17

LS 741

LS 740

LS 786

LS 564

19

18

LS 717

20

LS 727

21

Éch. dessin :

1. Couvercle muni d’un bouton de préhension, à bord à ressaut interne 2. Coupelle-couvercle 3-9. Coupelle-couvercle à fond plat légèrement dégagé, aux parois plus ou moins évasées, en pâte alluviale 10. Coupelle-couvercle muni d’un bouton de préhension, en pâte alluviale 11-14 Coupelle-couvercle, en pâte alluviale (à partir de la fin de la Basse Époque) 15. Coupelle-couvercle en « terre cuite rouge », portant un engobe rouge (à partir de la fin de la Basse Époque) 16. Coupe à pied transformée en entonnoir, en pâte alluviale ; usée aux deux extrémités par frottement 17. Support de jarre à base annulaire haute, en pâte alluviale 18-20. Support de jarre annulaire, en pâte alluviale 21. Large support ou foyer en pâte alluviale

Fig. 316. Céramique de la phase 14-25

0

5 cm

Formes fermées décorées provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 960

2

LS 597

0

20 cm

LS 410

1

3

LS 1167

LS 1162

4

LS 1163

5

6

7

LS 821

LS 1204

LS 1191

9

8 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Grande jarre à épaule carénée et base annulaire ; engobe rouge sous la lèvre sur la surface extérieure et décor de bandes horizontales et de feuillages peints en noir sur engobe blanc – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Bellod n°6739 2. Haut de bouteille ou cruche (?) avec décor végétal (lotus) peint sur la surface extérieure (pas d’indication de la couleur de l’engobe) 3. Jarre avec décor de feuillage peint sur la surface extérieure (pas d’indication de la couleur de l’engobe) 4. Jarre avec décor de feuillage peint en ocre brun sur engobe blanc 5. Jarre avec décor de feuillage peint en ocre brun, sur engobes blanc et rouge sur la surface extérieure 6. Jarre avec décor de motifs floraux peints en brun rouge sur engobe blanc-beige 7. Jarre en pâte alluviale, avec décor floral peint en brun sur engobe beige 8. Jarre présentant un décor floral peint en brun sur engobe blanc rosé et rouge 9. Forme fermée (importée ?) ; pâte assez compacte, moyennement dense, fine ; section assez homogène, de couleur chamois à bandeau interne orangé et gris bleu ; inclusions minérales moyennement importantes et très petites, quelques très fins micas, quelques petits quartz et inclusions blanches ; fines vacuoles allongées et arrondies, en nombre moyennement important ; surface intérieure bien lisse, rose-orangé clair ; surface extérieure vernissée noir brillant ; décor végétal (papyrus) en rouge et traces de tiges très ténues (blanches ?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°126175

Fig. 317. Céramique de la phase 14-26

Jarres provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 217

LS 586

0

20 cm

0

20 cm

2

1

LS 555

0

5 cm

5

LS 747

3

0

5 cm

LS 164

4 LS 494

0

5 cm

6 Éch. dessin :

0

5 cm

1-2. Grande jarre à épaule carénée et fond arrondi ; négatifs de cordelettes – © Cnrs-Cfeetk/clichés A. Bellod n°6738 et 5904 3. Jarre-marmite au fond noirci (recouverte par une pierre et contenant des tessons lors de sa découverte dans la maison C) 4. Jarre piriforme à base annulaire, munie de quatre anses, en pâte calcaire (M1 ?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125031 5. Petit jarre à large ouverture, munie de quatre anses, à base annulaire – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125026 6. Jarre à large ouverture et base annulaire, complète ; en pâte calcaire (M1 ?) ; auto-engobe jaune crème sur la surface extérieure ; monté au tour – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125010

Fig. 318. Céramique de la phase 14-27

380

CHAPITRE III

sont assez communes du IVe au IIe siècle av. J.-C.891. La forme, sans décor, est attestée à Tôd dans un contexte des IIIe-IIe siècles892. La datation de certaines formes fermées n’est pas toujours aisée. Une jarre inédite à base annulaire et munie de quatre anses (fig. 318 n°4) ressemble un peu à une jarre issue du sol SOL1 de la phase 13 (fig. 281 n°2). Il est difficile, sans connaître son contexte précis de découverte, de savoir si cette jarre appartient plus à la phase 13 qu’à la phase 14 du secteur. L’utilisation d’un anneau de base n’apparaît guère avant l’époque perse et ce type de profil est surtout rencontré dans des contextes de l’époque ptolémaïque893. Quelques jarres à bords moulurés dont les types apparaissent dès la fin de la TPI et qui sont particulièrement bien attestés à la Basse Époque ont été publiés pour les niveaux d’occupation des maisons C et D, en association avec des formes ptolémaïques894. Nous avons vu que ces types persistent à l’époque ptolémaïque dans la région thébaine, au moins jusqu’au IIIe siècle av. J.-C. (fig. 302 n°1-5). Les jarres à large encolure et à lèvre repliée vers l’extérieur (fig. 318 n°5-6)895 peuvent être en pâte alluviale comme en pâte calcaire, comme nous l’avons vu pour les nombreux spécimens de la Zone 7 (fig. 293 n°1-2 et 303 n°1-3). Elles représentent une production thébaine particulièrement caractéristique de la période ptolémaïque, surtout des IIIe-IIe siècles av. J.-C.896. Les oinochoai forment le type le plus commun de cruches découvertes dans le quartier ptolémaïque (fig. 319 n°1-7)897. Une oinochoé presque intacte a été mise au jour sur l’arase du rempart au nord, côté quartier ptolémaïque (n°1). Les contextes de découverte des

891 892

893

894

895 896

897

Ibidem. PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 179 et 186, fig. 17. Des formes moins élancées, datées de la deuxième moitié du IIe-Ier s. av. J.-C., sont attestées à Karnak : MARCHAND 2016, p. 107, fig. 9e. À Éléphantine : ASTON 1999, p. 295-296, pl. 97, n°2552 (contexte IIIe s.), p. 352-353, pl. 121, n°3129 (contexte fin IIIedébut IIe s.). Ce type correspond au Group IX des conteneurs en pâte calcaire d’Éléphantine : ASTON 2007, p. 428. À Tôd : LECUYOT, PIERRAT-BONNEFOIS 2004, p. 175, pl. 9 n°121 (contexte daté entre 222 et 51 av. J.-C.). LAUFFRAY 1995b, fig. 17 (deux bords de jarre en bas à droite de la figure, sans numéro d’inventaire) et 23 (un bord de jarre sans numéro d’inventaire, quatrième dessin en partant du haut). LAUFFRAY 1995b, fig. 4, 5 (LS 1154) et 23. Supra, Chapitre III, § 1.4.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 14. GRATALOUP 1989, pl. 90, n°13 et pl. 94, n°31 ; MASSON 2016b, p. 154, fig. 11.

autres exemplaires, soit retrouvés au Cheikh Labib A soit connus à travers d’anciens dessins de Rachid Megalla, sont peu documentés, mis à part le carré de fouille dont ils proviennent (n°2-7)898. Ces vases à verser sont attestés depuis l’époque ptolémaïque jusqu’au début du Haut-Empire899. Les oinochoai font partie des formes du répertoire grec les plus imitées dans « les productions égyptiennes à pâte claire »900. Miniatures et conteneurs de petits formats appartiennent à une pléthore de formes, souvent bien préservées (e.g. fig. 320 et 321 n°1-4). La plupart ne sont représentés que par des exemplaires uniques, tels une gourde manufacturée dans une pâte de couleur arc-enciel, typique des productions des Oasis (fig. 320 n°4)901, et un petit vase Bès (n°7), une catégorie de vase souvent associée à des contextes religieux et dont la présence a déjà été signalée dans le secteur des prêtres pour la phase antérieure (fig. 291 n°6)902. D’autres types ont été mis au jour plus régulièrement lors des fouilles anciennes. On dénombre au moins deux unguentaria : un exemplaire a été découvert dans la maison C du quartier ptolémaïque (fig. 320 n°5)903 et un autre lors des fouilles par P. Anus et R. Sa’ad plus au sud (n°6). Ces fioles, qui peuvent être confectionnées en pâte marneuse ou kaolinique, ne sont pas inconnues de la phase 14 dans la Zone 7 (fig. 310 n°5-7)904. De nombreuses petites jarres, dont la forme rappelle celle de situles miniatures, ont été mises au jour lors des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque (e.g. fig. 321 n°1-4). Ces formes apparaissent à partir du IVe siècle av. J.-C. et trouvent des parallèles en Haute Égypte905. Puisque leurs contextes de découvertes habituels les associent à des libations, offrandes funéraires ou dépôts de momification, une valeur rituelle pourrait leur être

898

899

900

901

902

903 904 905

Par exemple, LS 1184 vient du carré IX N 68, LS 1192 et LS 1193 viennent du carré IX N 69, chaque carré recouvrant plusieurs portions de maisons et de rue du quartier ptolémaïque. BALLET, POLUDNIKIEWICZ 2012, p. 99-101, pl. 43-44, n°383397. ÉLAIGNE 2002, p. 160. Noter néanmoins que certains de nos spécimens ont été confectionnés en pâte alluviale (n°3-4). Pour une gourde en pâte des Oasis provenant d’un contexte fermé daté de la fin de l’époque ptolémaïque dans la région thébaine : CONSONNI 2016, p. 197 et 204, fig. 9.23. Supra, Chapitre III, § 1.3.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 13. LAUFFRAY 1995b, p. 321, fig. 17 (LS 1148). Supra, Chapitre III, § 1.4.1.5. Une production assouanaise. Rive ouest de Thèbes : BUDKA 2010b, p. 356, pl. 158 ; CONSONNI 2016, p. 194, fig. 5 n°6. Éléphantine : ASTON 1999, pl. 80 n°2205-2214, pl. 103 n°2713-2717.

Vases à verser provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 374

0

LS 395

5 cm

1

LS 396

3

2

LS 1184

6

LS 526

0

5 cm

LS 1192

4

5

7

LS 1166

LS 515

8

LS 1193

9

LS 1173

10 Éch. dessin :

0

5 cm

1. Oenochoé en pâte calcaire ; auto-engobe jaune crème extérieure ; monté au tour – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125012 2. Oenochoé ; en pâte calcaire (assez fine, moyennement dense et compacte ; cassure rapeuse, homogène avec de petites inclusions noires assez peu nombreuses, rares inclusions rouges, rares micas, quelques quartz ; section et surfaces de couleur homogène vert clair 5Y 7/2-3) ; monté au tour 3. Oenochoé en N3 ; auto-engobe rouge sur la surface extérieure ; monté au tour 4. Oenochoé en pâte alluviale, à fond à ombilic retourné – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125014 5-7. Oenochoé en pâte « claire » ; avec engobe beige noté pour 5 et 7 8. Cruche au bord mouluré, munie d’une anse attachée juste sous le bord, au fond pointu (aucune indication de type de pâte) 9. Cruche en pâte alluviale (rouge foncé) avec décor de bandes horizontales rouge ; engobe blanc sur la surface extérieure au niveau du col 10. Haut de bouteille ou cruche (anse non-préservée ?) ; engobe blanc sur la surface extérieure

Fig. 319. Céramique de la phase 14-28

Miniatures et petits conteneurs provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 547

LS 516

LS 466

1

2

LS 644

4

3

LS 771

7 LS 1148

LS 241

5

6

Éch. :

0

5 cm

LS 1145

LS 1147

9

8

Éch. :

0

5 cm

1-3. Miniature de cruche ; pour 2, engobe rouge sur la moitié haute de la surface extérieure ; pour 3, en pâte calcaire fine, surface extérieure brunie – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°126192 4. Col de gourde en pâte des oasis ; pâte arc-en-ciel (pas O2) ; vernis brun rouge sur la surface extérieure et le bord intérieur ; rare quartz, rare nodules rouges de taille moyenne 5-6. Unguentarium en pâte rosé avec engobe beige rosé (pâte calcaire ou d’Assouan ?) – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Bellod n°5629 7. Petit vase Bès en pâte alluviale ; engobe rouge fugitif sur la surface extérieure ; détails des sourcils incisés ; yeux et bouche marqués d’une dépression ; nez et oreilles modelés et rajoutés 8. Petite jarre en pâte alluviale ; engobe crème sur la surface extérieure ; bande brune peinte, appliquée à la cordelette ; trois petits triangles (faux becs verseurs) appliqués au niveau de la lèvre ; monté au tour – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125024 9. Petite jarre à col et à fine base annulaire moulurée ; en pâte calcaire très fine, très compacte et homogène, de section rose-orangée (2.5YR 6/6) ; quelques inclusions minérales : petits micas, très rares quartz anguleux (0,5 mm et inf à 0,5 mm) ; engobe jaune crème (10YR 7/3) polie sur la surface extérieure ; décor de bandes horizontales de couleur ocre rouge ; surface intérieure noire sauf au niveau du bord et du haut du col (poix perméabilisant la jarre ?) ; surface extérieure noircie au niveau du fond et du bas du corps – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125009

Fig. 320. Céramique de la phase 14-29

LES ARTEFACTS

conférée906. Néanmoins, un usage plus pratique – peutêtre détourné – est attesté dans le quartier des prêtres : une de ces jarres servait de bouchon pour une grande jarre enterrée dans la cour de la maison C907. 1.4.3.3. Remarques sur la céramique du Haut-Empire romain La continuité de l’occupation des maisons ptolémaïques à l’époque romaine est difficile à identifier, et pas uniquement parce que les contextes les plus récents sont très mal préservés dans la Zone 7. Le faciès céramique de la fin de l’époque ptolémaïque n’évolue guère au début de l’époque romaine908. Outre les copies d’Eastern Sigillata A susmentionnées (fig. 314 n°14 et fig. 315 n°8), quelques formes spécifiquement datables du Haut-Empire romain ont été mises au jour dans les anciennes fouilles du secteur (e.g. fig. 321 n°5-8). La petite jarre décorée de bandes noires (n°5), d’un type fort populaire dans la région thébaine qui est parfois daté de l’époque ptolémaïque909, serait en fait plus caractéristique du début de l’époque romaine910. Quelques bols en pâte calcaire beige verdâtre, à base annulaire, à la panse fortement striée et au bord légèrement déversé911 sont eux aussi plutôt représentatifs de cette période912. Un de ces bols a été retrouvé dans le Cheik Labib A (n°8), mais par son contexte de découverte, à l’est du rempart ou sur sa surface (IX N 89 ; z: 74,57 m), il n’appartient sans doute pas à l’occupation du quartier d’habitat étudié. Un vase au col terminé par un bord éversé, muni d’une anse et d’un fond à ombilic retourné peut également être daté début de l’époque romaine913. 1.4.3.4. Importations ou copies d’importation Les quelques importations et imitations d’importations découvertes dans le quartier ptolémaïque n’ont pas été prises en compte dans la publication de J. Lauffray ni dans l’étude de C. Grataloup.

Une amphore à anses de panier complète a été mise au jour dans le carré IX N 69, entre le rempart et les maisons D ou H (LS 484, fig. 322 n°1)914. Le profil de cette amphore diffère des exemplaires mis au jour dans le quartier de la phase 13 : le corps est conique, plus fuselé, et les anses sont plus courtes. D’après la chrono-typologie de ce type d’amphore, ce profil appartient à la catégorie récente des amphores à anses de panier. Cette dernière apparaît au Ve siècle, dès 475 av. J.-C.915. La production de ces amphores est assurée au moins jusqu’au IVe siècle916. Les anses verticales moins hautes semblent plutôt une caractéristique du IVe siècle917. À Tell el-Herr, cette forme fuselée est attestée dans les niveaux IVe siècle d’un vaste édifice918. Des exemplaires ont été mis au jour à Éléphantine dans des niveaux des IVe et IIIe siècles919. Ces amphores, dans un premier temps, ont servi au transport de denrées importées de Chypre (vin ou huile sans doute). Elles ont régulièrement été utilisées à des fins domestiques dans un second temps, pour stocker des denrées alimentaires principalement920. Il est donc possible de les trouver dans des contextes légèrement postérieurs au IVe siècle. L’amphore LS 160 s’apparente à une amphore cnidienne ou plus vraisemblablement à une copie égyptienne (fig. 322 n°2)921. Le pied annelé est une des caractéristiques des amphores cnidiennes que l’on retrouve parmi les amphores locales de Médamoud922. Les imitations en pâte marneuse de ces amphores sont aussi bien répertoriées ailleurs, à Tebtynis notamment, et sont datées du IIIe siècle923. Son contexte de découverte demeure incertain, probablement le carré IX N 62 (vers les maisons II et III du quartier des prêtres). Une anse timbrée forme un marqueur chronologique remarquable (fig. 322 n°3)924. L’anse fait partie d’un groupe d’objets mis au jour dans le carré IX N 79 du 914 915 916 917

906 907 908 909 910 911 912

913

LAEMMEL 2013, p. 231, fig. 25-27 ; CONSONNI 2016, p. 194. LAUFFRAY 1995b, fig. 17 (LS 746). MASSON 2013, fig. 10. MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 132. JACQUET-GORDON 2012, p. 137, fig. 137y. MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 131, fig. 11d-2 et 12a-c. GRATALOUP 1989, pl. 89, n°5, pl. 96, n°5. PIERRAT-BONNEFOIS 2000, p. 319, fig. 174 (Ier-IIe siècle ap. J.-C.) ; MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 131, fig. 11b et 12d. Mais C. Grataloup place la production de ces bols entre la fin de l’époque ptolémaïque et le début du Haut-Empire romain : GRATALOUP 1989, p. 95-96. Ibid., pl. 96, n°1.

383

918 919 920 921

922

923 924

MASSON 2016a, p. 37, fig. 20. HUMBERT 1991, p. 587-589 ; GRATIEN 1996, fig. 8. ASTON 1999, p. 264 ; DEFERNEZ 2007c, p. 569. HUMMEL, SCHUBERT 1994, p. 6, fig. 1. DEFERNEZ 2007c, p. 566-569, fig. 8. ASTON 1999, p. 264, pl. 84, n°2290, p. 314, pl. 105, n°2257. DEFERNEZ 2007c, p. 568. Sur les copies d’amphores rhodiennes et cnidiennes : DEFERNEZ, MARCHAND 2006, p. 85-86, fig. 17-18 ; MARCHAND, LECLÈRE 2016, p. 128-129, fig. 6c. BARAHONA-MENDIETA 2016, fig. 20 n°58. Voir aussi un exemplaire proche sur la rive ouest de Thèbes : LAEMMEL, CONSONNI 2016, p. 246, fig. 11. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 261-263, fig. 105-110. Anse retrouvée au Cheikh Labib A : MASSON 2016a, p. 39, fig. 22.

Miniatures et petits conteneurs provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 745

3

LS 381

LS 382

2

1

LS 745 + LS 746

LS 550 Bis

4

0

20 cm

Spécimens divers caractéristiques du Haut-Empire romain

LS 633

5

LS 409

6

LS 920

7

LS 791

8

Éch. dessin :

0

1-2. Petite jarre sans col, à bord à bourrelet interne ; en pâte alluviale ; monté au tour – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125039 3-4. Miniature de jarre sans col, en pâte alluviale ; 3 servant de « bouchon » à la jarre LS 746 (mis au jour tels quels dans la maison C) – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Bellod n°6746 5. Petite jarre munie de deux anses, à base annulaire, décorée de bandes horizontales peintes en noir – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Bellod n°6732 6. Petit pot (recueilli sur la surface du rempart) 7. Coupe à base annulaire, en pâte calcaire – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125008 8. Bol à base annulaire en pâte calcaire très cuite ; monté au tour (collecté à l’est du rempart)

Fig. 321. Céramique de la phase 14-30

5 cm

Importations et copies d’importation provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque

LS 160

0

20 cm

2

1

LS 514-1

0

5 cm

3

Éch. dessin :

0

5 cm

1. Amphore à anses de panier (non retrouvée), aux anses verticales peu élevées, au corps fuselé (IVe s. particulièrement) – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Bellod n°6511-6512 2. Copie d’une amphore assimilée à Cnide, au pied annelé (surtout IIIe s.) ; en pâte calcaire – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°125045 3. Anse d’amphore rhodienne avec estampille au nom du potier Philainion ; pâte bien compacte, dense, très homogène, fine ; surface extérieure bien lissée, couleur jaune crème (10YR 8/4) ; surface intérieure avec traces de tournassage, couleur jaune-rosé (7.5YR 8/4) ; section rose clair (5YR 7/6) ; rares et très petits micas, rares petites inclusions rouges, très petites vacuoles (inf. 0,5 mm) de formes arrondie et allongée (début du IIe s. av. J.-C.) – © Cnrs-Cfeetk/cliché L. Moraillon n°126174

Fig. 322. Céramique de la phase 14-31

386

CHAPITRE III

quartier ptolémaïque (vers les maisons D et H). Elle porte le timbre rectangulaire de ΦΙΛΑΙΝΙΟΥ. Il s’agit du nom d’un fabricant rhodien, Φιλαινὶος, qui a été en exercice aux alentours de 189-164 av. J.-C.925. Sa pâte et son traitement de surface sont typiques des productions rhodiennes. La pâte très homogène et fine est bien compacte et dense, et, sa surface extérieure, de couleur jaune crème, est bien lissée. Les amphores rhodiennes comptent parmi les importations les plus fréquentes en Égypte926. Elles sont surtout attestées en Basse Égypte927, mais quelques exemplaires sont connus sur la rive ouest de Thèbes928 et les fouilles récentes menées à Karnak et Louqsor ont exhumé plusieurs spécimens929. Elles contenaient le plus souvent du vin mais certaines transportaient aussi des figues séchées930. Ce rapide inventaire permet donc de mettre en relief la fréquente similitude des types céramiques rencontrés dans la phase 14 de la Zone 7 et ceux des fouilles du quartier ptolémaïque menées par J. Lauffray, et ce bien que l’indice de fragmentation du matériel de la Zone 7 soit plus élevé. Quant aux types nouveaux, ils n’apportent pas beaucoup d’éléments divergents pour la datation. Les céramiques les plus abondantes datent de l’époque ptolémaïque, plus particulièrement des IIIe et IIe siècles av. J.-C. Quelques céramiques remontent au IVe siècle et d’autres sont plus caractéristiques de la fin de l’époque ptolémaïque, voire du début de l’époque romaine. En l’absence de bons contextes archéologiques, il est difficile de décider si ces céramiques révèlent une occupation longue du « quartier ptolémaïque », entre la XXXe dynastie et le Haut-Empire romain, ou si elles représentent des contaminations des niveaux antérieurs et postérieurs de ce quartier ?

925

926 927

928

929

930

MARANGOU 2009b, p. 359 ; MARANGOU, NAGUIB REDA 2016, p. 287, fig. 2 A4. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 246. À Tell el-Balamun : SPENCER 2003, p. 36, pl. 33, n°31-32. À Tebtynis : MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 246, fig. 24-27. À Médinet Habou : TEETER 2003, p. 193-194, n°311-315, pl. 104. Voir les nombreux exemplaires publiés dans MARANGOU, NAGUIB REDA 2016. MARANGOU, MARCHAND 2007, p. 246 ; MARANGOU, NAGUIB REDA 2016, p. 295.

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LES ARTEFACTS

2. MATÉRIEL SIGILLAIRE 2.1. SCEAUX Les diverses phases du quartier ont fourni quelques éléments que l’on pourrait éventuellement identifier comme des sceaux. Ils consistent généralement en bagues-sceaux et scarabées portant soit une inscription soit un motif (floral, géométrique…), mais d’autres formes ont aussi été relevées. La fonction prophylactique ou purement ornementale des scarabées931, mais aussi de certaines bagues, doit cependant être prise en compte : certains des objets décrits ci-dessous ont pu servir exclusivement d’amulettes ou de parures, et non de sceaux. Bien que certaines bagues-sceaux mentionnent le nom d’Amon, on n’y relève aucun titre de prêtres et aucune correspondance avec le corpus des scellés n’a pu être établie. 2.1.1. Sceau d’un contexte fin XXVe-début XXVIe dynastie (phase 12) • Bague-sceau 7853.1 (fig. 323 n°1) Dim. : L. 2, l. 1,7, h. 3,4 cm. Moitié inférieure d’une bague-sceau en faïence bleue. Le chaton prend la forme d’un cartouche où une inscription hiéroglyphique est gravée dans le creux. Il s’agit peut-être d’une formule de souhait : […] dỉ ꜥḥꜥw nfr (n) nb (?), « […] donner une belle vie pour le possesseur (de cette bague) (?) ». Mais la fin de l’inscription nous échappe. Étant donné la forme, la taille et le type d’inscription, il ne s’agit pas d’un sceau privé. Prov. : dépotoir contre parement ouest de M55.

393

• Scarabée (ou scaraboïde ?) 7403.1 (fig. 323 n°3) Dim. : L. 1,45, l. 1, h. 0,4 cm. Scarabée en stéatite, monté en perle. Le recto très abîmé est comme lisse, aussi pourrait-il s’agir d’un scaraboïde prenant la forme d’une plaque ovale au dos bombé. Le verso porte une inscription en creux assez dégradée et partielle, mais peut être restituée grâce à de nombreux parallèles933 : ỉmn-rꜥ mnḫ sḥw « Amon-Rê au conseil secourable ». Amon-Rê est écrit avec la barque surmontée d’un disque solaire934. Prov. : fin niveau recouvrant le radier dans la cour de la maison VII. • Bague-sceau 7221.1 (fig. 71d et 323 n°4) Dim. : L. 2,9, l. 1,5, h. 2,1 cm. Bague-sceau en faïence provenant probablement du sol SOL8 dans cour d’entrée de la maison VII935. Seule une moitié de cette bague nous est parvenue. Elle ne semble pas être un sceau privé. Elle s’en éloigne tout d’abord par la forme de son chaton, un ovale très allongé, et sa taille plus importante. Ensuite, contrairement à de nombreux scellés découverts dans le quartier des prêtres, ce n’est pas le titre du propriétaire qui est indiqué mais le nom d’Amon suivi d’épithètes communes. Le chaton de la bague porte l’inscription suivante, disposée en une colonne : imn-rꜥ ḥkꜢ psḏt nb […] « Amon-Rê, souverain de l’Ennéade maître… ». La forme de la bague-sceau n’apparaît pas avant la fin de la XXe dynastie, voire à la Troisième Période intermédiaire (TPI)936. Sa glaçure vert pomme est une couleur usitée à la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque937, mais surtout caractéristique de l’époque saïte938. Prov. : niveau de sol SOL8 (?) de la maison VII.

2.1.2. Sceaux de contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie (phase 13) • Bague-sceau 7716.3 (fig. 323 n°2) Dim. : L. 0,75, l. 1, h. 0,65 cm. Bague-sceau en faïence bleue dont seul le chaton, de forme ovale, est préservé. Le décor qu’il porte est très difficile à déterminer car la gravure et l’état de conservation sont médiocres. Il pourrait s’agir du nom d’un pharaon d’époque ramesside932. Prov. : remblai entre deux niveaux de circulation de rue (S3G).

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Sur les scarabées, leur signification et leur diverses utilisations, voir quelques considérations générales dans : WARD 1994 ; COONEY 2008. Ces bagues étaient très communes : MAGNARINI 2004, n°10.33 ; HERRMANN 2007, p. 114-116.

938

NEWBERRY 1907a, pl. X n°36612 ; NEWBERRY 1907b, pl. XII n°24 ; BRUNTON 1948, pl. LXIII n°76-77 (contextes des VIIIeVIIe s. av. J.-C.). Voir aussi les parallèles réunis dans HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 335 n°731, pl. 82. Ibid., p. 335. Le scellé n°210 utilise aussi cette graphie : infra, Chapitre III, § 2.2.4.1. Catalogue des scellés hors contexte ou autre contexte. Elle a été découverte dans le tamisage de la terre située juste en face de la porte P6 : supra, Chapitre I, § 3.1.2.1. Corps principal du logis de la maison VII. Bague en faïence bleue possédant un profil équivalent : JAEGER 1993, p. 117, n°68. KACZMARCZYCK, HEDGES 1983, p. 148-149. NICHOLSON 1993, p. 39. « En contraste avec le goût encore très bariolé de la Troisième Période Intermédiaire, le début de la Basse Époque, c’est-à-dire surtout la 26e dynastie, celle des rois de Saïs, développe un goût très prononcé pour le vert doux » : CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 138.

6FHDXGHODSKDVH FRQWH[WH¿QXXVe-début XXVIe dynastie)

7853.1 h: 3,4 cm

1. Bague-sceau 7853.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111575

Sceaux et scarabées de la phase 13 (contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie)

7716.3

0

1

2. Bague-sceau 7716.3 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107259, cliché A. Chéné n°111566

2 cm

7403.1 L: 1,45 cm

3. Scarabée inscrit 7403.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75658-75659

7221.1 h: 2,1 cm

7256.2 h: 3,25 cm

4. Bague-sceau 7221.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67769-67770

5. Sceau (?) 7256.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67762-67763

7276.1 L: 1,3 cm

7643.1 L: 1,25 cm

6. Scarabée inscrit 7276.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107259, cliché G. Pollin n°72932

7. Button-seal 7643.1 (contamination ancienne ?) – © Cnrs-Cfeetk/ dessin H. Zacharias n°107259, cliché Y. Stoeckel n°103881 Éch. dessin : 1/1

Fig. 323. Sceaux-1

LES ARTEFACTS

• Anse de jarre transformée en sceau 7256.2 (fig. 71c et fig. 323 n°5) Dim. : L. 3,2, l. 6,5, h. 3,25 cm. Anse en céramique travaillée de manière à prendre la forme d’un sceau ovale. L’anse elle-même sert d’élément de préhension. La surface intérieure de la panse, sur laquelle est attachée l’anse, a été complètement abrasée et aplanie. Le nom d’Amon (ỉmn) y a été maladroitement gravé, faisant écho au début de l’inscription trouvée sur la bague-sceau décrite ci-dessus, 7221.1. Or cette anse provient également de la cour de la maison VII : elle a été trouvée sur le sol SOL8939. Peut-être a-t-on voulu copier ou remplacer la bague-sceau fragmentaire. L’anse appartient à une jarre en pâte calcaire M1 et le corps de cette jarre était couvert de stries plates très fines, marque d’une production fort commune dans la région thébaine depuis la fin de la TPI jusqu’au début de l’époque ptolémaïque au moins940. Prov. : niveau de sol SOL8 de maison VII. • Scarabée 7276.1 (fig. 323 n°6) Dim. : L. 1,3, l. 1, h. 0,8 cm. Scarabée complet en stéatite, monté en perle. L’anatomie du scarabée est assez bien défini avec tête, pronotum, élytres et clypéus détaillés. Des traces de glaçure jaune sont visibles dans le relief en creux. Le verso est inscrit au nom de Menkhéperrê (mn-ḫpr-rꜥ ), un nom qui apparaît à plusieurs reprises dans le corpus des scellés de la Zone 7. Les scarabées au nom de Menkhéperrê ont été produits longtemps après le règne de Thoutmosis III, au moins jusqu’à l’époque ptolémaïque941. Il décorait des scarabées fabriqués à Naucratis à la XXVIe dynastie942. Il se retrouve également sur des scarabées provenant de tombes de Méroë en Nubie datées de la fin du VIIIe et VIIe siècle av. J.-C.943. La composition formée par les hiéroglyphes est des plus communes944. Ce nom, qui signifie ‘Stable est l’apparition de Rê’, avait très probablement une valeur prophylactique945. Prov. : abandon de maison VII.

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940

941

942 943 944 945

Supra, Chapitre I, § 3.1.2.1. Corps principal du logis de la maison VII. De tels conteneurs ont été mis au jour à chaque phase du quartier, par exemple : supra, Chapitre III, § 1.2.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 12. « Les scarabées et sceaux-amulettes de Menkhéperrê postérieurs à Thoutmosis III ne sont guère dénombrables et leur fabrication se poursuivit durant plus d’un millénaire sans doute » : JAEGER 1982, p. 184. Un des exemples les plus récents, un scellé trouvé à Éléphantine et daté du IIIe s. av. J.-C., présente le nom de Menkhéperrê : RUBENSOHN 1907, pl. II, n°33. GORTON 1996, p. 131 ; MASSON 2018a, p. 25. DUNHAM 1963, p. 53, fig. 38 n°177. JAEGER 1982, p. 29 § 37. Menkhéperrê est aussi considéré comme un cryptogramme du nom d’Amon : MAGNARINI 2004, p. 349.

395

• Button-seal 7643.1 (fig. 323 n°7) Dim. : L. 1,25, l. 1,1, h. 0,35 cm. Sceau en os quasi-complet et de forme plutôt arrondie, légèrement ovale. Il présente au recto une surface bombée assez abîmée et, au verso, une surface plate sur laquelle a été gravé dans le creux un décor géométrique. L’objet est percé dans le sens de la longueur. La forme est celle d’un button-seal. Le décor représente des cordes nouées (ou répétition du signe hiéroglyphique šn). Le motif et la forme du sceau étant considérés comme typiques du Moyen-Empire946, il est probable que cet objet représente une contamination ancienne ou bien un objet thésaurisé947. Alternativement, il pourrait témoigner de la survivance d’un motif et de la forme particulière des button-seals à la Basse Époque, ou plutôt de leur reprise sachant les tendances archaïsantes de l’art de cette période. Un scellé (n°126), représentant un décor de cordes nouées plusieurs fois, a été découvert dans un des premiers niveaux de la phase 13948. En outre, un décor similaire a été trouvé sur un scarabée de Médinet Habou dans un contexte daté des XXVe-XXVIe dynasties949. Il n’existe cependant pas assez de spécimens datés de ces époques tardives pour être certain de la continuité de ce motif et surtout de la forme des button-seals. Ce sceau semble authentiquement ancien et non une copie tardive. Prov. : abandon-démolition de la maison VIII.

2.1.3. Sceaux de contextes ptolémaïques (phase 14) • Scarabée 7682.1 (fig. 324 n°1) Dim. : L. 1,45, l. 0,45, h. 0,65 cm. Scarabée en faïence bleue, dont seule une moitié est conservée. Il est percé dans le sens de la longueur. Le verso présente une inscription ou un motif en creux, difficile à déterminer du fait de son état incomplet. Prov. : comblement de la fosse F72 (Rue 3). • Scarabée 7731.1 (fig. 324 n°2) Dim. : L. 1,4, l. 1, h. 0,6 cm. Scarabée percé dans le sens de la longueur, en stéatite glaçurée. Il présente de légers restes de glaçure bleu-vert. La tête, le clypéus et le pronotum sont marqués de manière très schématique. Le verso présente un décor géométrique et floral en creux, un motif symétrique d’une corbeille nb d’où jaillissent un papyrus et une spirale S. Ce décor assez

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947

948

949

NEWBERRY 1907a, pl. XII n°37065 ; PETRIE 1925, pl. VIII n°199 ; MATOUK 1977, p. 406 n°2062 ; BEN-TOR 2007, pl. 13 n°28 (fin du Moyen Empire). Sur l’usage de sceaux anciens à la Basse Époque : MASSON 2018a, p. 38-41 ; MASSON 2018b, p. 4-5. Le scellé n°126 présente un motif assez proche : infra, Chapitre III, § 2.2.3.1. Catalogue des scellés de la phase 13. TEETER 2003, p. 105, n°168.

Sceaux et scarabées de la phase 14 (contextes ptolémaïques)

7731.1 L: 1,4 cm

1. Scarabée décoré ou inscrit 7682.1 – © Cnrs-Cfeetk/ A.Guillou n°121174

2. Scarabée décoré 7731.1 (contamination ancienne ?) – © Cnrs-Cfeetk/ dessin H. Zacharias n°107238, cliché Y. Stoeckel n°103912

7366.1 L: 1,25 cm

3. Perle-sceau 7366.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107259, cliché G. Pollin n°75644-75646

7525.2 L: 2 cm

7328.4 L: 1,1 cm

4. Bague-sceau (?) 7525.2 – © Cnrs-Cfeetk/dessin A. Guillou n°121170, cliché G. Pollin n°90944

5. Scarabée inscrit/décoré 7328.4 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°72938

7363.3 L: 3,2 cm

6. Sceau 7363.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89741-89742 Éch. dessin : 1/1

Fig. 324. Sceaux-2

LES ARTEFACTS

commun est déjà connu au Moyen Empire950. Il est possible qu’il s’agisse d’une contamination ancienne. Prov. : comblement de la fosse F44 (Rue 3). • Perle-sceau (?) 7366.1 (fig. 324 n°3) Dim. : L. 1,25, l. 0,9, h. 0,65 cm. Perle en forme de I majuscule. Une de ses extrémités est décorée d’un quadrillage en creux, qui a pu servir de sceau. À notre connaissance, il n’existe pas de parallèle exact. Mais le motif de croisillons se rencontre régulièrement sur les scarabées951. Prov. : comblement de la fosse F44 (Rue 3). • Bague-sceau (?) 7525.2 (fig. 324 n°4) Dim. : L. 2, l. 1,25, h. 0,7 cm. Objet très fragmentaire en faïence, sans doute une baguesceau. Sa glaçure verte a quasiment disparu. L’arrière est concave et le devant porte une inscription hiéroglyphique en creux. L’inscription très incomplète (nb nswt) correspond vraisemblablement à une épithète d’Amon, « maître des trônes des deux terres »952. Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J. • Scarabée 7328.4 (fig. 324 n°5) Dim. : L. 1,1, l. 0,7, h. 0,5 cm. Scarabée en stéatite, percé dans le sens de la longueur. Le dos définit par de fines incisions tête, clypéus, pronotum, élytres, calus huméral et scutellum. Le motif ou l’inscription qui ornait le verso est peu préservé. Les signes du roseau ỉ et de la corbeille sont lisibles. La corbeille à la base de l’ovale peut aussi bien être le hiéroglyphe nb (« maître ») qu’un élément purement décoratif953. Prov. : niveau de sol SOL20 (Rue 5)

950

951

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953

HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 352 n°823 ; MATOUK 1977, p. 406 n°2109 ; TUFNELL 1984, pl. IV n°1150 (parallèle lointain) ; GIVEON 1985, p. 142, n°14, 48229 ; GIVEON 1988, n°10 (exemplaire daté des XIe-XVe dynasties, mais trouvé dans un contexte au matériel très mélangé). Quelques exemples: NEWBERRY 1907a, pl. XII n°36519 ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°6-7 ; MATOUK 1977, p. 409 n°2270-2271. Une bague complète en faïence bleue, portant l’inscription « Amon-Rê-Hor-Akhty, le maître des trônes des deux terres » fournit un parallèle éventuel : Catalogue de vente Christie, South Kensington, Antiquities, Including Property from the Collection of the Princely House of Liechtenstein, Wednesday 30 April 2008, cat. no. 222, p. 170-171. Elle est datée de la XXIIe dynastie. Le signe nb « conformément à un usage très courant, sert à remplir la partie inférieure de l’ovale » du scarabée : LECLANT, YOYOTTE 1949, p. 38.

397

• Sceau 7363.3 (fig. 173 et 324 n°6) Dim. : L. 3,2, l. 1,8, h. 1,5 cm. Morceau de calcaire retravaillé de manière à obtenir un sceau de forme grossièrement rectangulaire. Un des petits côtés a reçu un décor en creux : un signe nfr encadré de quatre petits cercles. Il est légèrement abîmé, aussi le cercle situé en bas à droite n’est plus vraiment lisible. Le motif est bien répertorié sur les scarabées954, mais la forme de ce sceau artisanal est assez atypique. Ce dernier a été découvert, avec d’autres fragments de calcaire décorés, sur les bords de la fosse F39 appartenant à la phase 15 ; cette fosse coupe des niveaux de remblai du bâtiment J ; il nous semble fort vraisemblable que ces éléments doivent appartenir plutôt à la phase 14, une activité de sculpture ayant été relevée dans le bâtiment J955. Prov. : comblement de la fosse F39 (phase 15), mais pollution fort probable avec un remblai du bâtiment J.

2.1.4. Sceaux provenant des fouilles anciennes 2.1.4.1. Sceaux provenant des fouilles du quartier des prêtres en 1970 • Scarabée LS 244 (fig. 325 n°1) Scarabée en stéatite. Le verso est orné du signe smꜢ tꜢwy symbolisant l’union des deux terres, Haute Égypte et Basse Égypte. Ce décor fort populaire sur les scarabées956 est généralement daté de la PPI et du Moyen Empire957. Mais des scarabées au motif similaire ont été mis au jour dans des contextes beaucoup plus récents. Par exemple, un scarabée très proche de notre spécimen a été découvert dans une tombe datée de la fin de la TPI-début de la Basse Époque, dans le cimetière de Méroë en Nubie958. Prov. : quartier des prêtres. • Scarabée LS 347 (fig. 325 n°2) Scarabée en améthyste. Il est anépigraphe comme la plupart des scarabées en pierres semi-précieuses étant donné la difficulté de graver de telles pierres. Le clypéus et le pronotum sont à peine détaillés. Une fonction purement prophylactique ou ornementale semble convenir mieux à cet objet. Pour les Égyptiens, la pierre elle-même détenait des vertus

954

955 956

957 958

BRUNTON 1948, pl. LXIII n°149 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 393 D27 ; MATOUK 1977, p. 408 n°2173. Supra, Chapitre I, § 4.2.1.2. Stratigraphie du bâtiment J. Quelques exemples : NEWBERRY 1907a, pl. XI n°36361, 36410, 36565, 36867 ; NEWBERRY 1908, pl. XX n°24 ; PETRIE 1925, pl. X n°377-390 ; MATOUK 1977, p. 410 n°2304-2321 (part. 2306-2307) ; WARD 1978, p. 73, fig. 16 n°4, pl. XI n°297 ; MAGNARINI 2004, n°03.01-03. MATOUK 1977, p. 215. DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°10 (tombe datée de 701-623 av. J.-C.).

CHAPITRE III

398

Scarabées provenant des fouilles du quartier des prêtres en 1970

1 cm

1. Verso d’un scarabée en stéatite LS 244 (contamination ancienne ?) – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5618

2. Scarabée en améthyste LS 347 (contamination ancienne ?) – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°114529

0

2 cm

Scarabée provenant des fouilles du quartier ptolémaïque en 1971

3. Dessin du scarabée en faïence verte LS 1153 (contamination ancienne ?) (d’après LAUFFRAY 1995, fig. 3)

Éch. dessin :

Fig. 325. Sceaux-3

0

1 cm

LES ARTEFACTS

magiques959. Les scarabées en améthyste sont généralement datés du Moyen Empire, particulièrement de la XIIe dynastie960, et on en connaît encore au Nouvel Empire961. D’après la fiche-objet, il a été découvert dans le carré IX N (60) et proviendrait donc des maisons V ou VI ; toutefois, d’après l’article citant sa découverte, il aurait été trouvé dans la maison II962. Prov. : carré IX N 60 (?) dans le quartier des prêtres.

2.1.4.2. Sceaux provenant des fouilles du quartier ptolémaïque en 1971 • Scarabée LS 510 Un scarabée « en terre cuite » porte un œil oudjat, d’après les indications et le croquis de la fiche-objet. L’œil oudjat figure régulièrement sur les scarabées963. Prov. : carré IX N 79 dans le quartier ptolémaïque (maison D ou H, ou surface du rempart). • Scarabée LS 1153 (fig. 325 n°3) Scarabée en faïence verte. Le motif incisé au verso du scarabée a été publié dans l’article sur le quartier ptolémaïque, mais sans commentaire964. Son décor représente un personnage assis, le dieu Ptah, devant deux piliers djed, chacun surmonté d’un oiseau bꜢ, oiseau à tête humaine. Cette scène est tirée du chapitre 17 du Livre des morts, dans lequel les oiseaux bꜢ représentent les esprits de Rê et d’Osiris965. C’est un thème plutôt fréquent pour les scarabées, tout particulièrement au Nouvel Empire966. De nombreux thèmes développés sur les sceaux et scarabées du Nouvel Empire, voire auparavant, se sont perpétués ou réapparaissent aux époques tardives967. Il ne faut donc pas forcément y voir une pollution ancienne. Prov. : maison C du quartier ptolémaïque.

959 960 961

962 963

964

965 966

967

BEN-TOR 1989, p. 41 ; GERMOND 2005, p. 22-23. WARD 1978, p. 84-86. BEN-TOR 1989, p. 41. Voir les nombreux exemples publiés dans : ROWE 1936, p. 102-108, pl. XI n°421, 424-426, 429, 432, 438, 440, 445, 448-449, 452, 455-456, 461 et 463 (datés de la période Hyksos) ; MAGNARINI 2004, n°14.01-02. ANUS, SA’AD 1971, p. 232. MATOUK 1977, p. 404 n°1746-1768. Voir aussi les parallèles réunis dans HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 393 n°D26, pl. 119. LAUFFRAY 1995b, p. 307, fig. 3. J. Lauffray explique qu’il a été trouvé dans la maison C (ibid., p. 321). JAEGER 1982, §1314 ; MAGNARINI 2004, p. 295. NEWBERRY 1907b, pl. XVI n°29 (parallèle proche daté XIXe dynastie) ; PETRIE 1909a, p. 13 et pl. XXXIV n°27 ; ROWE 1936, p. 172, pl. XVIII n°718 (daté XIXe dynastie) ; MATOUK 1977, p. 70 et 379 n°266-267 ; BEN-TOR 1989, p. 65, n°30 (XIXe-XXe dynastie) et p. 74, n°8 (Nouvel Empire). Le motif apparaît sur une perle datée entre les XXIIe et XXXe dynasties : FRASER 1900, p. 52, pl. XV n°439.

399

2.2. SCELLÉS 2.2.1. Considérations générales 2.2.1.1. Présentation du corpus Les scellés mis au jour dans la fouille de la Zone 7 représentent un corpus de 528 individus répartis en 368 numéros d’objets968. Dans le cadre de cette étude sur le quartier des prêtres et étant donné la taille importante de ce corpus, il nous a semblé opportun d’effectuer une sélection. Ne sont pas présentés ci-dessous : les scellés provenant du comblement de la tranchée de fondation du rempart ; ceux des diverses couches de remblai ou de démolition associées aux murs de la phase 11 ; ceux de l’épais radier sur lequel se fonde l’installation de la phase 12. Il s’agit de niveaux antérieurs aux premières mentions de prêtres dans la Zone 7 ; ces scellés présentent pour l’essentiel des motifs géométriques, floraux (parfois associés à des hiéroglyphes à valeur prophylactique), des représentations animales et quelques noms de divers pharaons969. De même, les scellés trop fragmentaires ou trop illisibles ont été mis de côté. Ils ont tous, cependant, été fichés et enregistrés dans la base de données et ils ont tous été documentés par une photographie et un croquis. Ce sont essentiellement les scellés des phases 12 à 14 qui seront traités ici. Sont aussi présentés à la fin du corpus quatre exemplaires découverts lors du nettoyage de la Zone 7 ou dans le remblai moderne US 7001 : trois sur les quatre ont un lien avec le domaine religieux. À ces scellés ont été ajoutés deux exemplaires issus des anciennes fouilles du quartier des prêtres et du quartier ptolémaïque. Un des deux exemplaires présente un titre de prêtre. Parmi les 427 scellés issus des niveaux qui nous préoccupent, 122 sont trop fragmentaires pour déterminer le texte ou le décor qu’ils portaient et 35 possèdent un motif totalement effacé, illisible. Comme nous l’avons spécifié, ces scellés ne sont pas pris en compte dans le catalogue ci-dessous. Au moins 193 scellés issus des phases 12 à 14 portent un motif avec une inscription hiéroglyphique : ils proviennent de 137 matrices différentes. Nous avons noté, au fil des

968

969

Certains scellés ont en effet été regroupés sous le même numéro mais on leur a adjoint une lettre pour les distinguer. Ces scellés composent un corpus de 101 exemplaires, dont seuls 61 sont lisibles ; ils seront examinés à travers une étude traitant du Nouvel Empire dans ce secteur du temple d’Amon.

CHAPITRE III

400

phases, une proportion croissante du nombre des matrices et des scellés portant une inscription hiéroglyphique (tableau 21)970. Inscriptions

Matrices

Exemplaires

Phase 12 Phase 13 Phase 14 Toute phase

50 % 68 % 73,5 % 66,5 %

53,3 % 75,2 % 78,6 % 72,6 %

Tableau 21. Proportion des matrices et des scellés portant une inscription hiéroglyphique

Les scellés avec des titres de prêtres représentent une part prépondérante de ce corpus, avec 132 exemplaires répartis en 77 titres différents. Il faut tenir compte du fait que certaines inscriptions sur les scellés sont trop partiellement conservées pour déterminer s’il s’agit d’un titre de prêtre ou non. De nombreux scellés inscrits, où seul le nom d’une divinité ou un anthroponyme est préservé, sont susceptibles d’appartenir à cette catégorie. On observe qu’à la phase 12 à peine un quart des scellés concerne des titres des prêtres, contre plus de la moitié aux phases 13 et 14 (tableau 22). Titres de prêtres Phase 12 Phase 13 Phase 14 Toute phase

Matrices

Exemplaires

18,4 % 38 % 47,1 % 37,4 %

24,4 % 54,7 % 55,4 % 49,6 %

Tableau 22. Proportion des matrices et des scellés mentionnant un titre de prêtre

73 exemplaires, répartis en 69 matrices, portent un motif qui peut revêtir plusieurs formes : décor géométrique (parfois associé à des hiéroglyphes à valeur prophylactique), floral, animal, ou mettant en scène des personnages (hommes, pharaon, divinités…). Ce sont avant tout ces décors qui peuvent faire l’objet d’une comparaison avec les corpus de scellés, sceaux et scarabées d’autres sites. Bien que ces motifs aient tendance à diminuer au fil des phases, ils restent tout de même bien présents (tableau 23).

970

Ne sont pas pris en compte dans ce tableau, ainsi que dans les suivants : les trois scellés hors contexte, celui issu du remblai moderne 7001, et ceux provenant des fouilles anciennes.

Autres motifs Phase 12 Phase 13 Phase 14 Toute phase

Matrices

Exemplaires

50 % 32 % 26,5 % 33,5 %

46,7 % 24,8 % 21,4 % 27,4 %

Tableau 23. Proportion des matrices et des scellés portant un motif autre qu’une inscription hiéroglyphique

Aucune empreinte de sceau-cylindre n’a été notée971. Il s’agit dans la majorité des cas d’empreintes de sceaux de forme ovale. Les exemplaires mentionnant des titres de prêtre proviennent régulièrement de sceaux dont le chaton ovale est presque rectangulaire avec des angles plus ou moins arrondis. La forme quadrangulaire, assez large pour deux lignes de texte, semble assez en faveur à la phase 14, notamment pour les exemplaires avec des titres de prêtres. Les empreintes appartiennent, dans l’ensemble, à des sceaux de taille relativement petite. D’après les scellés complets, ou les matrices recomposées à l’aide de plusieurs scellés, la taille des sceaux portant des titres de prêtres mesurent entre 1 et 2,2 cm de long pour 0,7 à 1,3 cm de large. Par contre la taille du sceau d’un vizir atteignait au minimum 2,7 × 2 cm, indiquant probablement son statut majeur. Les sceaux portant un motif autre que hiéroglyphique semblent tous de forme ovale. D’après les matrices complètes, leur taille varie entre 0,85 × 0,7 cm et 1,2 × 1,8 cm. Aucun sceau privé de prêtres n’a été mis au jour dans le quartier, mais peut-être des sceaux de fonction l’ont été972. Les exemples publiés de bagues et autres sceaux ayant appartenu à des prêtres aux périodes tardives sont le plus souvent en or ou en argent973.

971

972

973

Les sceaux-cylindres étaient encore en usage au ve s. avant J.-C., bien que ce fût au cours d’une brève renaissance de la forme sous l’empire perse : COLLON 1987, p. 90-93. Pour un sceau-cylindre achéménide récemment découvert à Tell el-Herr : MARCHI 2014, p. 109, fig. 148e. Voir notamment le sceau 7221.1 découvert dans la maison VII : supra, Chapitre III, § 2.1.2. Sceaux de contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie (phase 13). WILKINSON 1971, p. 195 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 302303, pl. 63, n°560-562 ; BOARDMAN, SCARISBRICK 1977, p. 44, no. 96 ; ZIVIE-COCHE 1991, p. 157-159 ; BARBOTIN 2005, p. 64-65 ; LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 67, pl. 24 nos 2385223854. Quelques parallèles intéressants sont conservés au Petrie Museum (un sceau rectangulaire en bronze UC16442, une plaque ovale en jaspe verte UC60810 et une plaque rectangulaire en calcaire UC61597) et au Fitzwilliam Museum (bague en or E.618.1954) entre autres.

401

LES ARTEFACTS

de sol de la maison VII976. Bien que leur revers ne révèle rien de particulier, la trame fine d’un tissu est parfaitement visible sur la surface corrodée des lingots suggérant que ces scellés ont pu être apposés sur une cordelette fermant une bourse.

2.2.1.2. Les objets scellés Lorsque les scellés étaient bien préservés, notamment leur revers, il était possible d’identifier les objets qu’ils scellaient (tableau 24, fig. 326)974. 56 scellés, sur les 267 présentés ici, ont pu fournir ce type d’indication. Dans 66 % des cas, il s’agit de scellés de porte ou de coffre975. La majorité d’entre eux présente des titres de prêtres (68 %). Nous avons relevé des scellés de rouleau de papyrus dans près d’un quart des cas. Là aussi, la part des scellés avec des titres de prêtres est prépondérante (61 %). De manière plus exceptionnelle, ont été repérés des scellés apposés sur des petits vases fermés par un morceau d’étoffe (4 %) ou encore sur des ballots d’étoffe (7 %). Aucun de ces scellés ne porte de titre de prêtre. Il faut néanmoins citer le cas de quatre scellés, dont trois évoquent des titres de prêtre, découverts ensemble au milieu de lingots sur un niveau 974

975

Types de scellements Porte/coffre Papyrus Petit conteneur Ballot d’étoffe

Scellé avec titres de prêtres

66 % 23 % 4% 7%

68 % 61 % 0% 0%

Tableau 24. Proportion des types de scellement

À propos des scellés de porte ou de coffre, nous supposons qu’ils scellaient les portes des maisons des prêtres. Dans l’Égypte pharaonique comme grécoromaine, des bâtiments publics et privés – voire des pièces au sein de ces édifices – contenant objets ou commodités de valeur pouvaient être scellés977. Cette hypothèse est suggérée par le contexte de découverte

Des reconstitutions associant divers types de scellements aux objets scellés sont notamment proposées par Josef Wegner (WEGNER 2001, p. 81-84, fig. 2) et Ann L. Foster (FOSTER 2001). Sur ce type de scellements très caractéristique et facilement identifiable (« peg sealing »), voir : WEGNER 2001, fig. 2 ; FOSTER 2001, p. 132-133, pl. 11.

7%

Tout scellé

976 977

MASSON 2016, p. 34-37, fig. 13. BOOCHS 1982, p. 30-39 ; VANDORPE, VAN BEEK 2012, p. 92.

4%

23%

66%

porte/coffre

papyrus

ballot d’étoffe

petit conteneur

Fig. 326. Les différents types de scellements et leur proportion

402

CHAPITRE III

de certains scellés avec titres de prêtres dans les niveaux de la rue desservant les maisons de la phase 13, ou encore, juste au-dessus du sol de la cour d’entrée de la maison VII. Si cette assertion est correcte, cela permettrait de confirmer que tel prêtre a un jour séjourné dans le quartier et non pas seulement fréquenté le secteur. Il faut rappeler ici que les jambages des portes sont en majorité anépigraphes et que les scellés portant des titres de prêtres pourraient constituer un indice appréciable pour identifier les résidents de ces maisons. Cette hypothèse s’appuie sur le postulat suivant lequel les scellés seraient jetés non loin de l’endroit où ils ont été défaits. L’on sait que, dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas et il faut donc rester prudent. D’autres hypothèses sont possibles. Les scellés pouvaient aussi fermer des coffres situés dans les maisons et contenant des affaires personnelles de leurs occupants978. Ils pouvaient peut-être aussi sceller les portes des magasins d’offrandes voisins du quartier des prêtres. Cette hypothèse nous semble cependant moins probable. En l’état de nos connaissances, les scellés issus de magasins d’offrande ne présentent pas de titres de prêtres979. 2.2.1.3. Quels parallèles pour cette documentation ? Il est assez exceptionnel qu’un tel corpus de scellés ait été regroupé pour ces périodes relativement tardives980. Le matériel sigillaire de ce secteur semble particulièrement riche. Mais c’est grâce à un tamisage fin des niveaux archéologiques que ce corpus a été constitué : la fouille seule n’aurait fourni qu’une vingtaine d’individus. Or l’utilisation systématique du tamisage est encore rare, surtout pour des niveaux considérés comme récents. Cela pourrait expliquer le fait que les scellés du deuxième millénaire soient en général mieux

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Sur les scellés de coffre : BOOCHS 1982, p. 40-41. Cette assertion s’appuie sur du matériel partiellement inédit provenant des magasins de Qasr Allam dans l’Oasis de Bahariya (fin TPI) et du possible complexe économique situé à l’arrière de la Chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak (Basse Époque). Je remercie chaleureusement Frédéric Colin (directeur de la mission de Qasr Allam) et Laurent Coulon (directeur de la mission de la Chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou) de m’avoir montré leur corpus. Les scellés découverts dans les magasins du temple de Séthi Ier à Gourna, datant du Nouvel Empire, sont surtout des scellés de jarres et ils mentionnent leur contenu (inscription du type « vin du glorieux temple de Séthi dans le domaine d’Amon ») : QUIBELL 1898, p. 8, pl. XI ; PETRIE 1909a, p. 13, pl. XLVI. Pour une présentation synthétique des scellés d’époque grécoromaine en Égypte : VANDORPE 1996 ; VANDORPE, VAN BEEK 2012 ; http://www.trismegistos.org/seals/.

documentés que ceux du premier en Égypte. Pour ces derniers, il s’agit souvent tantôt de collections981, tantôt de découvertes anecdotiques au cours des fouilles982, tantôt de scellés associés à des lots de papyri983. La comparaison avec les publications de ces scellés a parfois été utile. Les nombreuses publications générales concernant les scarabées et autres types de sceaux ont aussi fourni des éléments de comparaison, même si elles regroupent souvent des spécimens appartenant à des époques plus anciennes que celles qui nous intéressent. Les études récentes sur de nouveaux assemblages de scellés du premier millénaire ne sont pas encore publiées, ou juste partiellement984. Mis à part les larges groupes de scellés de papyri, il existe assez peu de corpus conséquents pour les périodes tardives. L’intérêt des égyptologues se focalise parfois autour des empreintes avec inscriptions hiéroglyphiques. Or notre corpus renferme une quantité non négligeable d’empreintes de sceau avec divers motifs (géométriques, floraux et autres compositions), et ce dans toutes les phases du secteur. Ce fait semble suggérer une continuité dans l’usage de certains motifs bien connus pour les périodes plus anciennes en Égypte, mais plus rarement attestés pour le premier millénaire. Même si une contamination ancienne ne peut être totalement écartée, plusieurs motifs très prisés au deuxième millénaire semblent persister entre la fin de la TPI et l’époque ptolémaïque. Ils ont peut-être été de nouveau copiés du fait de la tendance archaïsante de l’art qui a

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Parmi les scellés de la collection de N.P. Likhatschew, par exemple, deux portent des inscriptions avec des titres de prêtres (n°2 et n°7) et le second date de la Basse Époque : STRUVE 1926, p. 117 et 119. Leur provenance est malheureusement inconnue. Voir aussi une empreinte de sceau appartenant à la collection de George Fraser, datée de la XXVIe dynastie : FRASER 1900, p. 55, pl. XVI n°474. Par exemple, un scellé a été publié pour Hermopolis : SPENCER 1993, p. 38, pl. 36, n°165. Il porte une inscription, un « titre officiel à la signification incertaine » (ibid., p. 38). Un autre mentionnant le titre et le nom d’un prêtre, « le père divin, Imhotep », a été découvert lors des fouilles de la tombe d’AnkhHor : BIETAK, REISER-HASLAUER 1982, p. 189-190, n°559. Un titre de prêtre apparait parmi les quelques scellés mis au jour à Naucratis : MASSON 2018b, p. 22-23, fig. 41 (scellé de la Basse Époque). Des scellés d’embaumeur sont occasionnellement découverts dans les tombes de la fin de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque : NIWINSKI 1993, p. 356, pl. V, 4 ; SCHREIBER 2011, p. 122-123, fig. 30. VANDORPE 1996 ; VANDORPE 2014. Par exemple, de nombreux scellés de papyri découverts à Tebtynis et étudiés par Ph. Collombert seront publiés prochainement.

LES ARTEFACTS

marqué une partie de cette période. La survivance de ces motifs devrait être prise en compte dans l’étude de sceaux et scellés dont le contexte archéologique est méconnu985. Afin de démontrer la spécificité du corpus de ce secteur occupé par des prêtres, nous présentons brièvement ci-dessous une liste non-exhaustive de divers sites qui ont livré des scellés, scarabées ou autres sceaux contemporains des phases 12 à 14 de la Zone 7. À Karnak, de rares empreintes de sceau ont été publiées pour ces époques : une provient du quartier ptolémaïque à l’est du lac Sacré et correspond à un type de scellé découvert dans la Zone 7986 ; deux, probablement d’époque ptolémaïque, ont été mises au jour lors des fouilles de la chapelle d’Achôris et de ses environs, mais elles n’offrent aucun parallèle avec notre corpus987. Plus récemment, la mission dirigée par Laurent Coulon sur la Chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak en a découvert quelques exemplaires datant de la Basse Époque (matériel inédit). Peu nombreux et parfois peu exploitables du fait de leur état de conservation, certains présentent toutefois des thèmes ou des traits proches des scellés du secteur des prêtres. La fouille du cimetière de Matmar daté de la TPI, plus particulièrement de la fin de la TPI988, a livré plusieurs scarabées989. Ces derniers peuvent rarement être rapprochés du corpus de la Zone 7. Divers scarabées et scellés découverts sur le site de Memphis concernent la période allant du Nouvel Empire à la Basse Époque990. Ceux provenant du « palais d’Apriès » sont clairement datés de la Basse Époque991. Certains scellés portent des inscriptions hiéroglyphiques992 et constituent une comparaison intéressante : quelques-uns mentionnent des titres de prêtres suivis du nom du titu-

laire993, et d’autres ce qu’on appelle la formule saïtoperse994. En revanche, les scellés dont l’iconographie rappelle le répertoire perse995 ou grec996 sont totalement absents de notre corpus. À Bahariya, Frédéric Colin étudie un corpus de scellés de la XXVe dynastie, et à ꜤAyn Manâwîr plusieurs boulettes estampillées issues des niveaux du temple perse sont examinées par Laurent Coulon. Jusqu’ici ce matériel des Oasis offre peu de parallèle avec notre documentation997. L’activité de la Scarab Factory – atelier de production de scarabées à Naucratis mis au jour par Flinders Petrie – doit être placée au premier tiers du VIe s. av. J.-C.998. Ses productions ont été diffusées un peu partout dans le bassin méditerranéen, y compris en Égypte dans une moindre mesure999. Mais elles ne prodiguent que quelques parallèles plus ou moins lointains. Diverses tombes de Méroë en Nubie1000, datées des VIIIeVIIe siècles av. J.-C., ont fourni des scarabées et des bagues-sceaux en grand nombre. Leur décor se retrouve parfois sur les scellés de la Zone 7, et ce de la phase 12 à la phase 14. Par contre, les scellés du palais du pharaon méroïtique Nakatamani1001, datés entre 25 av. J.-C. et 25 ap. J.-C., sont très éloignés des motifs présentés dans notre corpus. Le matériel sigillaire de l’époque gréco-romaine en Égypte est souvent connu à travers des découvertes anciennes notamment à Thmouis1002, dans le Fayoum1003, 993 994

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Sur la difficulté d’établir une chrono-typologie fiable à partir des motifs des scarabées : BEN-TOR 2007, p. 1-2. La connaissance du contexte archéologique est primordiale pour l’analyse des empreintes de sceaux ; voir par exemple, l’étude d’A. Cabrol sur le lot de scellés provenant de la tombe KV55 : CABROL 2001. Infra, Chapitre III, § 2.2.4.2. Scellés provenant des anciennes fouilles. LAUFFRAY 1995a, p. 112-113, pl. 20-21. D. Aston a revu sa datation aux VIIIe-VIIe s.: ASTON 1996, p. 9. BRUNTON 1948, pl. LXII-LXIV, n°84M. PETRIE 1909a, pl. XXXIV ; PETRIE 1909c, pl. XV ; PETRIE 1910, pl. XXXV-XXXVII. La majorité de ces scellés ont été datés du Ve s. av. J.-C., lors de l’occupation perse : PETRIE 1910, p. 41. Mais quelques-uns remontent à la XXVIe dynastie, notamment au règne d’Amasis : ibid., p. 42. Ibid., pl. XXXV-XXXVII, n°1-14 et 41-43.

403

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Il s’agit des matrices n°7, 8 et 42. Il s’agit des matrices n°2, 9, 11, 12 et 43. La formule saïtoperse est apparue sur plusieurs scellés de la phase 13 de la Zone 7. Sur cette formule, voir infra, Chapitre III, § 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13. PETRIE 1909c, pl. XV ; PETRIE 1910, pl. XXXV-XXXVII, n°22-32 et 46. Voir quelques exemplaires récemment découverts à Tell el-Dabꜥa et Tell el-Herr : COLLON, LEHMANN 2011 ; MARCHI 2014, p. 109, fig. 148d. PETRIE 1909c, p. 12, pl. XV (scellés d’amphores) ; PETRIE 1910, pl. XXXV-XXXVII, n°33-39 et 50. Je remercie vivement Frédéric Colin et Laurent Coulon de m’avoir permis de regarder leur matériel sigillaire des Oasis, en grande partie encore inédit. MASSON 2018a. Pour une description et une analyse des productions de cet atelier retrouvées hors d’Égypte : GORTON 1996, p. 91-131. DUNHAM 1963. Les autres volumes sur les cimetières royaux de Koush n’ont pas livré autant de comparaisons. VINCENTELLI 1992, p. 106-121 ; VINCENTELLI 1993, p. 116141 ; VINCENTELLI 2001, p. 71-75. Thmouis, près de Mendès, a fourni 70 scellés de papyri assez tardifs, datant du IIIe s. ap. J.-C. : EDGAR 1907. Les scellés sont issus des fouilles de Karanis, principalement des caves de maisons romaines datées du IIe s. ap. J.-C. Sur ce corpus, voir : MILNE 1906, p. 32-45. En 1930, plus de 300 scellés datés des IIe-IIIe s. ap. J.-C. ont été mis au jour dans un large silo à grains : GATES 2003.

404

CHAPITRE III

à Edfou1004 et à Éléphantine1005. Les motifs de bustes, de portraits, d’attributs sacrés ou mettant en scène des personnages, sont majoritaires dans ces corpus1006. Ils revêtent un caractère royal ou mythologique (mythologie gréco-égyptienne ou purement grecque notamment), fort caractéristique de cette époque, mais qui ne trouve pas vraiment d’écho dans notre documentation. Seule une petite partie du corpus d’Edfou comprend des scellés avec inscriptions hiéroglyphiques, dont plusieurs titres de prêtres,1007 qui forment un pendant aux scellés de la phase 14.

être une spécificité de ce secteur de Karnak. Cette documentation revêt de multiples intérêts dans l’analyse du quartier : elle peut apporter des éléments de datation, parfois plus précis que la céramique ; elle renseigne sur l’identité des personnes qui occupaient ou fréquentaient ce secteur du temple. Au vu de leur valeur particulière, les scellés portant des titres seront plus largement commentés et discutés dans la synthèse de notre étude1008.

Les comparaisons avec les scarabées, sceaux et scellés provenant de contextes contemporains aux phases 12 à 14 du secteur ont été privilégiées, sans pour autant totalement omettre des parallèles plus anciens. Ces comparaisons, non-exhaustives, permettent de montrer la survivance de certains motifs qui apparaissent la plupart du temps au Nouvel Empire voire au Moyen Empire. Même si de nombreux types de décor persistent dans ces périodes tardives, le traitement des motifs a tout de même évolué quelque peu et certaines de nos références bibliographiques sont parfois un peu éloignées du motif réel des scellés découverts dans le quartier des prêtres.

Par soucis de lisibilité, nous avons préféré publier un catalogue de matrices, c’est-à-dire des motifs des empreintes de sceaux ou des motifs incisés1009. Le dessin de chaque matrice est donné à taille réelle ; le motif a parfois été recomposé à partir de plusieurs empreintes dont les numéros d’inventaire sont indiqués à droite de chaque dessin de matrice1010. Nous présentons également les photographies de quelques scellés, les plus complets ou lisibles, ou encore ceux qui ont été jugés les plus intéressants1011. Les dimensions indiquées ci-dessous sont celles du motif imprimé des sceaux. Les mesures en italique représentent les maxima conservés de la matrice.

Par leur nombre, la variété des motifs et la part importante de mentions de titres sacerdotaux, les scellés du quartier des prêtres semblent, pour l’instant,

Il n’est pas toujours aisé de reconnaître un motif ou de déchiffrer une inscription. Ces difficultés de lecture sont tout d’abord liées à la nature de cet objet fragile qu’est le scellé : il est de petite taille et souvent fragmentaire ; la qualité de la terre sigillaire sur laquelle a été apposé le sceau est quelquefois médiocre (terre craquelée, au dégraissant végétal ou sableux important) ; l’état de conservation de certains peut être mauvais, avec des inscriptions ou des motifs très érodés1012. Les propositions de restitution du texte, lorsque les scellés étaient fragmentaires ou mal imprimés, sont indiquées entre crochets. Même des inscrip-

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Plus de 600 scellés de papyri d’époque ptolémaïque auraient été trouvés à Edfou dans un grand vase pendant l’hiver de 1905-1906. Ils ont été vendus en deux lots, l’un au Musée Royal de l’Ontario à Toronto et l’autre à W.F. von Bissing qui en a ensuite fait don au Musée Allard Pierson à Amsterdam. Les scellés du musée Royal de l’Ontario ont été traités en deux temps. Ceux présentant des inscriptions hiéroglyphiques ou un caractère égyptien (68 scellés répartis en 56 matrices) ont été étudiés par M.A. Murray (in MURRAY 1907-1908). Ceux qui possèdent des traits grecs ont été analysés par J.G. Milne (in MILNE 1916). Dimitris Plantzos travaille actuellement sur un volume publiant la totalité des scellés d’Edfou. Ses études préliminaires se sont particulièrement concentrées pour l’instant sur les représentations royales (portraits des Ptolémées) et divines : PLANTZOS 1996 ; CONNELLY, PLANTZOS 2006 ; PLANTZOS 2011. 38 scellés, datés du IIIe s. av. J.-C., ont été mis au jour à Éléphantine (dont 35 provenant du même endroit) : RUBENSOHN 1907. Voir aussi les exemplaires conservés au British Museum : BAILEY 2008, p. 162-165, pl. 112-116 et 146-147. Certains proviennent de divers contextes ptolémaïques et romains à Tanis, Naucratis et Darb el-Gerza (Fayoum), mais la plupart sont de provenance inconnue. MURRAY 1907-1908, pl. IV, n°2-5 et 7-21.

2.2.1.4. À propos du catalogue

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Voir particulièrement : infra, Chapitre IV, § 1.2. Le personnel sacerdotal vivant dans le quartier. C’est la même solution qui a été choisie pour le corpus des empreintes de sceaux à Balat par exemple : SOUKIASSIAN, WUTTMANN, PANTALACCI 2002, p. 397. Chaque scellé ou lot de scellés a été répertorié sur une ficheobjet avec un croquis précis. Les dessins vectoriels ont été réalisés d’après photographies et croquis par Gabrielle Caron, Héléna Zacharias et Anna Guillou. Chaque scellé a fait l’objet d’une ou plusieurs photographies et d’une fiche-objet, disponibles à la documentation du Cfeetk. Certaines inscriptions ou décors n’étaient visibles que sous lumière rasante.

LES ARTEFACTS

tions clairement lisibles se sont quelquefois révélées assez énigmatiques. Certains mots ou signes peuvent être omis ou sous-entendus, du fait de la taille limitée du sceau : dans ces cas-là, nous proposerons les restitutions entre parenthèses. 2.2.2. Scellés de la phase 12 (contextes TPI-début Basse Époque) Les scellés appartenant à cette phase proviennent de trois types de contextes. Le premier concerne la tranchée de fondation (fosse F14) d’un mur (M41) appartenant au bâtiment 2 de la phase 12. Ces rares exemplaires témoignent du tout début du quartier, voire de la phase précédente, puisque le comblement de cette tranchée s’est fait avec de la terre du radier sur lequel s’est installé le bâtiment 21013. Le deuxième contexte réunit les couches de remblai ou de démolition venant contre le parement est du grand mur M55 (sondage S3E). La majeure partie des scellés a été trouvée dans le dernier type de contexte, les couches de dépotoir scellées par les niveaux de circulation de rue de la phase 13 (sondages S3A, S3D et S3G) : celles venant contre le parement ouest du grand mur M55 et celles des fosses de dépotoir coupant le grand mur M55. Ces scellés doivent être associés à la toute fin de la phase 12, avant la création du quartier des prêtres de la phase 13. Quelques matrices communes ont été discernées au sein des fosses de dépotoir, mais aucune entre les différents types de contextes. Aussi avons-nous jugé préférable de présenter les scellés de ces contextes séparément. 2.2.2.1. Catalogue des scellés de la phase 12 Scellés provenant d’une tranchée de fondation du bâtiment 2 (F14) • 1 (fig. 327 n°1) Forme du sceau : ? Dim. : 0,95 × 1 cm Motif : mn-ḫpr-rꜥ dans un ovale, encadré de deux cobras probablement Support : ? Prov. : comblement de la fosse F14 (US 7459), tranchée de fondation du bâtiment 2

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Le comblement de F14 contient moult fragments de briques crues rubéfiées l’apparentant au radier : supra, Chapitre I, § 2.2.1.1. Les tranchées de fondation des bâtiments de la phase 12.

405

Bibl./Com. : PETRIE 1925, pl. XVII n°1249 ; DUNHAM 1963, p. 53, fig. 38 n°190 (parallèle possible) ; MATOUK 1977, p. 377 n°209B ; JAEGER 1982, p. 100, § 447 n°8 ; GIVEON 1985, p. 26, n°14, L.694 (parallèle lointain) ; COLIN 2011, p. 58, fig. 10 (contexte daté des VIIIe-VIIe siècles). Voir le commentaire sur les scellés mentionnant le nom de Menkheperrê : infra, Chapitre III, § 2.2.2.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 12. • 2 (fig. 327 n°2) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,8 × 0,5 cm Motif : géométrique ? Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F14 (US 7446), tranchée de fondation du bâtiment 2. • 3 (fig. 327 n°3) Forme du sceau : ? Dim. : 0,9 × 0,75 cm Motif : géométrique (spirales mixtes entrelacées) Support : ? Prov. : comblement de la fosse F14 (US 7446), tranchée de fondation du bâtiment 2 Bibl./Com. : Parallèles possibles : PETRIE 1925, pl. VII n°21 ; MATOUK 1977, p. 408 n°2199 ; GIVEON 1985, p. 90, n°88, L.957. • 4 (fig. 327 n°4) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,7 × 0,65 cm Motif : géométrique et floral (spirales mixtes entrelacées encadrant un signe-ouadj) Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F14 (US 7446), tranchée de fondation du bâtiment 2 Bibl./Com. : PETRIE 1925, pl. VIII n°204 ; MATOUK 1977, p. 408 n°2197 et 2201 ; BEN-TOR 2007, pl. 4 n°12 (fin du Moyen Empire). • 5 (fig. 327 n°5) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 0,95 cm Motif : signe ꜥnḫ et couronnes rouges stylisées, entourés de volutes Support : ? Prov. : comblement de la fosse F14 (US 7459), tranchée de fondation du bâtiment 2 Bibl./Com. : L’association de couronnes rouges stylisées et de signes hiéroglyphiques à valeur prophylactique a été datée des XIIe-XVIIIe dynasties : NEWBERRY 1908, p. 145-149, pl. XX, n°27 ; MATOUK 1977, p. 412 n°2419-2425.

CHAPITRE III

406

Scellés provenant d’une tranchée de fondation du bâtiment 2 (F14)

7446.2b

7459.2

2

1

7459.4b

7446.2c

3

7446.2a

4

7459.3

5

6

Scellés provenant de niveaux de remblai ou démolition

7563.1

7569.1

8

7

7594.2

7569.2c

10

9

7595.2

11

Scellés provenant des niveaux de dépotoir

7470.9a/b

12

7453.6

13

14

7453.8b+7470.4 +7470.10a+7711.14b

7711.10

16

7453.8a

17

7504.1

15

7470.10b

18

7470.6

19

Éch. dessin :

Fig. 327. Scellés de la phase 12-1

0

1 cm

LES ARTEFACTS

• 6 (fig. 327 n°6) Forme du sceau : ? Dim. : 0,9 × 1,1 cm Motif : décor représentant un sistre à tête d’Hathor entouré de deux cobras adossés Support : ? Prov. : comblement de la fosse F14 (US 7459), tranchée de fondation du bâtiment 2 Bibl./Com. : PETRIE 1886, pl. XXXVIII n°154 (assez éloigné) ; PETRIE 1925, pl. IX n°317 ; NEWBERRY 1907a, pl. X n°36328, 37073 et 37349 ; BRUNTON 1948, pl. XLVIII, 31 ; DUNHAM 1963, p. 32g, 34c et p. 52, fig. 37b n°77 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 324-325 n°674-675 ; MATOUK 1977, p. 46-47, p. 332 n°107 et p. 376 n°137 ; ŚLIWA 1985, n°46, pl. VII ; MAGNARINI 2004, n°10.23-26.

Scellés provenant de niveaux de remblai ou de démolition (S3E) • 7 (fig. 327 n°7) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 1 cm Motif : signe du sceau ou signe ꜥnḫ entouré de motifs géométriques Support : ? (négatif de lien végétal) Prov. : démolition ou remblai venant contre le parement est de M55 (US 7569). • 8 (fig. 327 n°8) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 0,7 cm Motif : signes nfr et kꜢ (?) entourés de spirales S entrelacées Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : démolition ou première assise abîmée de ST9/ST25 (US 7563) Bibl./Com. : PETRIE 1925, pl. VII n°79-80 ; MATOUK 1977, p. 407 n°2113. • 9 (fig. 327 n°9) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,6 cm Motif : géométrique (motif en croix – cross pattern motif – à volutes centrées), très effacé Support : ? Prov. : démolition ou remblai venant contre le parement est de M55 (US 7569) Bibl./Com. : Ce motif très populaire, qui apparaît dès le Moyen Empire, voire la Première Période Intermédiaire, trouve de nombreux parallèles anciens, par exemple : PETRIE 1925, pl. VIII n°246, 261-264 et 276, pl. X n°431 ; ROWE 1936, pl. IX n°367, 369-370 et 372-373 (datés XVe dynastie) ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 353 n°829 ; MATOUK 1977, p. 408 n°2215-2222 ; TUFNELL 1984, p. 125, pl. XXIII ;

407

GIVEON 1985, p. 88, n°78, L.1033 et p. 176, n°4, 48257 ; GIVEON 1988, n°10 ; BEN-TOR 2007, pl. 12 n°44 (fin du Moyen Empire). Mais il se poursuit au moins jusqu’à la Basse Époque puisqu’il fait partie des motifs de l’atelier de production des scarabées à Naucratis : GARDNER 1888, pl. XVIII, n°3. Il s’agit probablement de la reprise d’un motif archaïsant : MAGNARINI 2004, n°05.01 et n°05.03-05. Voir aussi les matrices n°132 et n°200 de notre corpus. • 10 (fig. 327 n°10) Forme du sceau : ? Dim. : 1,4 × 0,7 cm Motif : géométrique (spirales ovales) Support : ? Prov. : démolition ou remblai venant contre le parement est de M55 (US 7594) Bibl./Com. : Les spirales ovales encadrant décor ou inscription sont très communes sur les sceaux, par exemple: PETRIE 1925, pl. IX n°346. • 11 (fig. 327 n°11) Incision dans l’argile Dim. : 2,4 × 1,9 cm Motif : géométrique ? (simples lignes) Support : porte/coffre Prov. : démolition ou remblai venant contre le parement est de M55 (US 7595).

Scellés provenant des niveaux de dépotoir (sous la rue du quartier des prêtres) • 12 (fig. 327 n°12) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes ỉt-nṯr (n) ỉmn « Père divin d’Amon » Support : ? (négatif d’une cordelette pour 7470.9a et 7470.9b) Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470). • 13 (fig. 327 n°13 et 329 n°1) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,6 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes ỉt-nṯr (n) ỉmn pꜢ-mỉw « Père divin d’Amon, Pamiou » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F32 (US 7453) Bibl./Com. : Pour le nom Pamiou, voir RANKE 1935, 105, 7.

408

CHAPITRE III

14. (fig. 327 n°14) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,85 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes

18. (fig. 327 n°18) Forme du sceau : ? Dim. : 1,2 × 1 cm Motif : hiéroglyphes

ỉt-nṯr (n) ỉmn, pꜢ-di-[…] « Père divin d’Amon, Padi-[…] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F32 (US 7453).

ḥm-nṯr ḥr-(m)-Ꜣḫ-[bỉ.t ?] […] « Prophète Horemakhbit ?[…] » Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470) Bibl./Com. : Pour le nom Horemakhbit, voir RANKE 1935, 247, 15.

15. (fig. 327 n°15) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,5 × 1 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm-/ỉt-?] nṯr (n) imn ns-ḥr(w) « prophète ou père divin d’Amon, Nes-hor(ou) » Support : ? Prov. : passe sous les niveaux de rue (US 7504) Bibl./Com. : Le nom de ns-ḥr(w) est commun à la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque : RANKE 1935, 178, 7. La divinité hiéracocéphale pourrait aussi représenter Montou. Le nom ns-mnṯw semble cependant surtout attesté au Moyen Empire et au Nouvel Empire (ibid., 176, 14), même s’il est présent aux époques plus récentes (BIETAK, REISER-HASLAUER 1982, p. 279). 16. (fig. 327 n°16) Forme du sceau : ovale Dim. : 1 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst […] « Prophète de Montou maître de Thèbes […] » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711). 17. (fig. 327 n°17 et 329 n°2) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,3 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes [ỉt-nṯr ?] ḥm-nṯr wn « [Père divin et ?] prophète de la Lumière » Support : ? pour 7453.8b, 7470.4a, 7470.4b et 7470.4c ; ? (négatif d’une cordelette) pour 7470.10a ; porte/coffre pour 7711.14b Prov. : comblement des fosses F32, F33 et F67 (US 7453, 7470, 7711) Bibl./Com. : Sur le titre de « prophète de la Lumière » : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres.

19. (fig. 327 n°19) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 0,9 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes ḥs mnṯ[w] […] « Loué de Montou […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470) Bibl./Com. : Il existe des parallèles proches mais avec d’autres divinités que Montou, comme Khonsou ou Amon, par exemple : PETRIE 1886, pl. XXXVII n°112 ; PETRIE 1888, pl. VIII n°64, 65 et 76 ; NEWBERRY 1907a, pl. X n°36609, 36623, 36626, 36879, 36900 et 36914 ; NEWBERRY 1908, p. 190, pl. XL, n°10 ; TEETER 2003, p. 21, n°1. 20. (fig. 328 n°20 et fig. 329 n°3) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,05 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes (assez effacé) mry (pꜢ)-dỉ-mwt ? «Aimé de (Pa)-di-mout ? » Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470) Bibl./Com. : Le nom de Pa-di-Mout est bien attesté dès la XXIIe dynastie et persiste à la Basse Époque : RANKE 1935, 123, 17. Une autre possibilité serait de lire tꜢ-dỉ(t)-mwt (RANKE 1935, 373, 14). 21. (fig. 328 n°21) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,1 × 1,8 cm Motif : hiéroglyphes (empreinte double) ; inscription énigmatique : nom d’Amon possible et signes du fourré de papyrus et de l’offrande lisibles Support : ? Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711). 22. (fig. 328 n°22) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,1 × 0,75 cm

409

LES ARTEFACTS

Scellés provenant des niveaux de dépotoir

7711.12

7470.3

21

20

7470.11a

24

31

34

7470.12a

37

7711.20

7711.17a

7470.7b

7455.2c

27

30

33

7455.1

7711.11+7711.19

7853.3

7711.4a/b

32

23

26

29

7711.18

7853.2

7470.12b

7711.13

36

22

25

28

7711.15a/b

7455.2a

35

7711.17b

38

Éch. dessin :

Fig. 328. Scellés de la phase 12-2

0

1 cm

410

CHAPITRE III

Motif : hiéroglyphes […] ỉmn « […] Amon » Support : ? (négatif de lien végétal) Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711). 23. (fig. 328 n°23) Forme du sceau : ? Dim. : 0,8 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes […] [ns]-pꜢwty-tꜢwy ? ḥr nb […] « […] (Nes)-paouty-taouy ? […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711) Bibl./Com. : Le nom de ns-pꜢwty-tꜢwy est attesté à partir de la XXe dynastie jusqu’à l’époque ptolémaïque : RANKE 1935, 176, 1. Il pourrait aussi s’agir de l’épithète d’Amon très commune pꜢwty tꜢwy, « qui appartient aux temps originels des deux terres » : EL-SAYED 1984, p. 254, note a. 24. (fig. 328 n°24) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes […] ḥs ? ỉmn […] « […] Loué d’Amon ? […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470) Bibl./Com. : Le signe ḥs n’est pas sûr, car l’impression du sceau est peu prononcée et incomplète. Si la restitution est correcte, on peut rapprocher cette exemplaire de nombreux parallèles, par exemple : PETRIE 1886, pl. XXXVII n°112 ; PETRIE 1888, pl. VIII n°64, 65 et 76 ; NEWBERRY 1907a, pl. X n°36609, 36623, 36626, 36879, 36900 et 36914 ; NEWBERRY 1908, p. 190, pl. XL, n°10 ; TEETER 2003, p. 21, n°1. 25. (fig. 328 n°25) Forme du sceau : ? Dim. : 1,1 × 0,55 cm Motif : hiéroglyphes […] [ỉm]n-rꜥ […]-dỉ-[…] […] Amon-Rê […]-di […] Support : ? Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470). 26. (fig. 328 n°26 et 329 n°4) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,8 × 0,5 cm Motif : hiéroglyphes

wnt ? wrt « Ounet ?, la Grande » Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : dépotoir contre parement ouest de M55 (US 7853) Bibl./Com. : La taille très réduite de cette empreinte rend difficile la lecture des signes. Le nom de la déesse est incertain (sur Ounet ou Ounout, voir PREYS 2002, p. 265 et 519). 27. (fig. 328 n°27 et 329 n°5) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,3 × 1 cm Motif : hiéroglyphes stp n ỉmn RꜤ (mn-ḫpr-rꜥ) « L’élu d’Amon-Rê, Menkhéperrê » Support : ? Prov. : dépotoir contre parement ouest de M55 (US 7455) Bibl./Com. : Noter que le nom de Menkhéperrê est inscrit dans un ovale, et non un cartouche. JAEGER 1982, p. 60, § 228. Voir le commentaire sur les scellés mentionnant le nom de Menkhéperrê : infra, Chapitre III, § 2.2.2.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 12. 28. (fig. 328 n°28) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,95 × 0,75 cm Motif : nom de Menkhéperrê (mn-ḫpr-rꜥ), inscrit dans un ovale (pas un cartouche) encadré de deux cobras adossés, l’un portant probablement la couronne rouge et l’autre la couronne blanche ; partie supérieure du motif non préservée Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711) Bibl./Com. : Parallèles possibles : NEWBERRY 1907b, pl. VIII n°22 ; MATOUK 1977, p. 152, p. 351 n°796-800, p. 377 n°209B et p. 395 n°1155-1156 ; JAEGER 1982, p. 100, § 447 ; GIVEON 1985, p. 26, n°14, L.694 (parallèle lointain) ; MAGNARINI 2004, n°11.14 (parallèle lointain) ; COLIN 2011, p. 58, fig. 10 (contexte daté des VIIIe-VIIe siècles). Voir le commentaire sur les scellés mentionnant le nom de Menkhéperrê : infra, Chapitre III, § 2.2.2.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 12. 29. (fig. 328 n°29) Forme du sceau : ovale Dim. : 1 × 1,25 cm Motif : Génie Heh tenant dans chaque main une branche de palmier, symbolisant les « millions d’années » ; il est agenouillé sur le signe de l’or nwb et sous le nom de Menkhéperrê (mn-ḫpr-rꜥ), qui est inscrit dans un ovale (pas un cartouche). Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : dépotoir contre parement ouest de M55 (US 7853)

LES ARTEFACTS

Bibl./Com. : Ce motif apparaît à la XVIIIe dynastie, se poursuit à l’époque ramesside et est encore attesté à la XXVe dynastie ; il s’agit d’un cryptogramme signifiant « Amon accorde des millions d’années » (MAGNARINI 2004, p. 365). NEWBERRY 1907a, pl. III n°36118 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 374 n°B9 ; MATOUK 1977, p. 47-48, p. 332 n°118 et p. 376 n°150a/b ; JAEGER 1982, p. 85, § 361 ; MAGNARINI 2004, n°11.21-22. Voir le commentaire sur les scellés mentionnant le nom de Menkhéperrê : infra, Chapitre III, § 2.2.2.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 12. 30. (fig. 328 n°30 et 329 n°6) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 1,8 cm Motif : scarabée entouré de deux cobras se faisant face Support : porte/coffre pour 7711.11 ; ? pour 7711.19 (négatif de cordelettes) Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711) Bibl./Com. : NEWBERRY 1907a, pl. VII n°36727 et 37127 ; PETRIE 1891, pl. XXIX n°36 ; PETRIE 1925, pl. X n°485-486, pl. XVI n°1196-1197, pl. XIX n°1500-1501 ; ROWE 1936, pl. IV n°161-163 (datés XVe dynastie) ; MATOUK 1977, p. 157-158, p. 397 n°1217-1218 et 1234 ; TUFNELL 1984, pl. XXXVII n°2526 ; GIVEON 1985, p. 48, n°75, L.799, p. 86, n°76, L.1024 et p. 88, n°77, L.1065 ; TEETER 2003, p. 91, n°140 ; MAGNARINI 2004, n°08.07 et n°09.25 ; BENTOR 2007, pl. 97 n°11-13 (Deuxième Période Intermédiaire). 31. (fig. 328 n°31) Forme du sceau : ? Dim. : 0,75 × 0,85 cm Motif : un personnage debout, vêtu d’une robe longue et ajustée, se tient en face d’un autre personnage, agenouillé ou assis ; l’un des deux tient un bâton terminé par un papyrus ouvert. En se fondant sur diverses comparaisons, il pourrait s’agir d’une divinité féminine à tête de lion (Sekhmet ?) tenant un sceptre wꜢḏ Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F67 (US 7711) Bibl./Com. : NEWBERRY 1907b, pl. XVI n°5 ; PETRIE 1925, pl. XVII n°1332 ; MAGNARINI 2004, n°10.46. 32. (fig. 328 n°32 et 329 n°7-8) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,3 × 0,7 cm Motif : deux personnages aux cheveux longs, aux seins pendants et au ventre alourdi, personnifiant probablement la fertilité du Nil, sont représentés agenouillés et se faisant face ; ils encadrent un fourré de papyrus ; ce dernier est entouré d’autres plantes ou de canaux ; le motif supérieur ressemble au signe de protection sꜢ Support : petit vase pour 7711.4a et 7711.4b (négatif de cordelettes et empreinte de tissu) Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F67 (US 7711)

411

Bibl./Com. : Aucun parallèle précis connu, mais ce motif pourrait être rapproché des séries de scarabées représentant le génie du Nil Hapy : NEWBERRY 1907b, pl. XVI n°20, n°26 et n°31 ; MATOUK 1977, p. 331 ; MAGNARINI 2004, n°10.43. Symbole de la fertilité et de la prospérité, « seigneur des victuailles » (LECLANT, YOYOTTE 1949, p. 39), il est une des figures les plus appréciées pour orner les scarabées (ibid., p. 40). On le rencontre sur les scarabées dès la Deuxième Période Intermédiaire mais il semble particulièrement apprécié durant les XXVe et XXVIe dynasties (ibid., p. 40 et 42, note 4). Hapy est généralement représenté comme un être androgyne coiffé d’un fourré de papyrus : le fourré de papyrus est ici évoqué au centre du motif, entre les deux silhouettes androgynes. 33. (fig. 328 n°33) Forme du sceau : ? Dim. : 0,8 × 0,7 cm Motif : protome de lion ? Support : ? Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470). 34. (fig. 328 n°34) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,75 × 0,85 cm Motif : personnage debout portant un costume ou une peau animale particulière (?) ; ou bien une représentation maladroite de la déesse Thouéris ? Support : ? (négatif de liens végétaux) Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711) Bibl./Com. : Divers scarabées représentant la déesse Thouéris (déesse hybride combinant un corps d’hippopotame avec une queue de crocodile et des pattes de lion) sont connus pour la XXVe dynastie : MAGNARINI 2004, n°10.22. 35. (fig. 328 n°35) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,8 × 0,45 cm Motif : géométrique ? Support : ? Prov. : dépotoir contre parement ouest de M55 (US 7455). 36. (fig. 328 n°36) Forme du sceau : ? Dim. : 0,55 × 0,6 cm Motif : géométrique (cordes nouées entrelacées ?) Support : porte/coffre Prov. : dépotoir contre parement ouest de M55 (US 7455) Bibl./Com. : MATOUK 1977, p. 406 n°2081-2091. 37. (fig. 328 n°37) Forme du sceau : ? Dim. : 1,15 × 0, 5 cm Motif : floral (papyrus)

412

CHAPITRE III

Support : ? Prov. : comblement de la fosse F33 (US 7470) Bibl./Com. : Parallèles possibles mais non certains du fait du caractère fragmentaire de notre exemplaire : NEWBERRY 1907a, pl. XIII n°36792 et 36932 ; PETRIE 1925, pl. XVI n°1109 ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°10 ; MATOUK 1977, p. 405 n°2046 et p. 410 n°2321. 38. (fig. 328 n°38) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,9 cm Motif : géométrique (cordes nouées entrelacées ?) Support : ? Prov. : comblement de la fosse F67 (US 7711) Bibl./Com. : MATOUK 1977, p. 406 n°2081-2091.

2.2.2.2. Observations générales sur les scellés de la phase 12 La phase 12 a fourni 38 matrices différentes, réparties en 45 exemplaires. Les scellés portant des inscriptions hiéroglyphiques représentent la moitié du corpus (19 matrices avec 24 exemplaires). Les titres de prêtres sont minoritaires (7 matrices sûres avec 11 individus) et ne sont issus que des couches de dépotoir qui marquent la fin de la phase 12, juste avant la construction de la phase 13. La présence de ces scellés indique probablement l’existence d’un quartier de prêtres dès la phase 12 dans la Zone 7. À cette phase, les scellés portent exclusivement l’empreinte de sceau de forme ovale (l’ovale peut être presque rectangulaire). Un seul scellé porte une empreinte de sceau réellement rectangulaire (n°19). Les sceaux portant des titres de prêtres mesurent à cette phase entre 1,2 × 0,8 cm et 1,6 × 0,9 cm. D’après les revers lisibles, 8 exemplaires ont servi à sceller des portes ou des coffres, et 2, appartenant à la même matrice (n°32), un petit vase (fig. 329 n°8). 2.2.2.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 12 Les titres de prêtres

abondante. Mais cette dernière est très disparate, dispersée dans diverses collections et la provenance n’est pas toujours connue1014. Les motifs comprenant le nom de Menkhéperrê (mn-ḫpr-rꜥ) Les scellés associés au nom de Menkhéperrê connaissent de très nombreux parallèles. Par exemple, la mention de Menkhéperrê apparaît maintes fois dans la documentation sigillaire largement inédite de l’Oasis de Bahariya, probablement contemporaine des scellés de la phase 121015. Ainsi que le soulignait B. Jaeger dans l’introduction de son étude sur les scarabées au nom de Menkhéperrê, ces scarabées ne sauraient tous remonter au règne de Thoutmosis III et leur production « s’est sans doute étalée sur un millénaire sinon davantage »1016. Dans la Zone 7, le nom de Menkhéperrê apparaît dans les phases 12 à 141017. Il peut être associé à divers motifs ou inscriptions. À la phase 12, il est présent sur quatre exemplaires (n°1, 27, 28 et 29) dont l’iconographie est bien connue1018. On note qu’à chaque fois, le nom de Menkhéperrê est inscrit dans un ovale et non un cartouche. L’association du nom de Menkhéperrê avec des uræi (n°1 et 28) est des plus communes à la XVIIIe dynastie ; cependant celle-ci demeure très en vogue postérieurement, spécialement sous les Ramessides et la XXVe dynastie1019. Or nos types, avec le nom de Menkhéperrê enfermé dans un ovale, ne constituent pas des types assez caractéristiques pour que nous puissions préciser leur datation1020. La disposition du nom de Menkhéperrê

1014

1015

1016 1017

Les quelques scellés portant un titre de prêtre à la phase 12 se composent ainsi : titre suivi ou non du nom du prêtre, sur une seule ligne horizontale. C’est la même disposition que suivent les nombreux scellés mentionnant des titres de prêtres à la phase 13. Les sceaux et scarabées présentant des titres de prêtres, suivis ou non de leur nom, sont attestés par une documentation assez

1018

1019

1020

Divers sceaux et scarabées portant des titres et des noms de prêtres sont connus pour la fin de la TPI et la Basse Époque : NEWBERRY 1908, p. 187-188, pl. XXXVIII, n°1, 16, 23-25 et 27-29 ; PETRIE 1917, pl. LVI n°26.3.11 et n°26.5.2 pl. LVIII ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 302-303, n°560-562. Voir aussi les diverses références données dans : supra, Chapitre III, § 2.2.1. Considérations générales. Voir l’exemple publié et analysé dans : COLIN 2011, p. 58, fig. 10. JAEGER 1982, p. 15. Pour la phase 13, il s’agit d’un scarabée : supra, Chapitre III, § 2.1.2. Sceaux de contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie (phase 13). Voir les diverses références bibliographiques accompagnant la description de ces scellés. JAEGER 1982, p. 173, § 1229. Voir aussi pour un contexte daté des VIIIe-VIIe siècles: COLIN 2011, p. 58, fig. 10. Seuls les types où figure le nom de Menkhéperrê dans un cartouche sont susceptibles d’être datés précisément : JAEGER 1982, p. 173-174, § 1229-1230.

413

LES ARTEFACTS

7453.6 L: 2,5 cm

1. Matrice n°13, scellé 7453.6 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75678

7470.4 L: 1,7 cm

2. Matrice n°17, scellé 7470.4 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75667

7853.2 L: 1,7 cm

7470.3 L: 1,8 cm

3. Matrice n°20, scellé 7470.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75671

4. Matrice n°26, scellé 7853.2 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°120186

7711.11 7455.1 L: 1,9 cm

5. Matrice n°27, scellé 7455.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89926

0

1

2 cm

6. Matrice n°30, scellé 7711.11 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111425

7711.4b

0

1

2 cm

7711.4a

0

1

2 cm

7. Matrice n°32, scellé 7711.4b – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111419 8. Revers du scellé 7711.4b – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111418

Fig. 329. Scellés de la phase 12-3

CHAPITRE III

414

sur l’exemplaire n°29 est fort typique de la XVIIIe dynastie, mais le fait qu’il soit inscrit dans un ovale l’éloigne du règne de Thoutmosis III1021. Selon B. Jaeger, ce motif serait aussi typique du Nouvel Empire1022. Pourtant notre exemplaire provient d’un niveau associé à de la céramique clairement fin TPI. De plus, un scellé inédit, présentant un motif similaire, a été découvert dans un contexte de la Basse Époque lors des fouilles de la Chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou. Cette thématique a donc probablement persisté au-delà du Nouvel Empire. Une deuxième hypothèse est également possible : les sceaux qui ont laissé ces empreintes datent bien du Nouvel Empire mais ils ont continué à servir ultérieurement. En effet, plusieurs scarabées Menkhéperrê datés des XVIIIe et XIXe dynasties ont été mis au jour dans des contextes datés de la XXVe dynastie1023. Mais B. Jaeger pense que ces scarabées du Nouvel Empire, au vu de leur quantité, devraient réellement dater de la XXVe dynastie1024. Ils témoigneraient ainsi plutôt d’un phénomène de copies de modèles anciens à l’époque nubienne1025. 2.2.3. Scellés de la phase 13 (contextes XXVIIe dynastie)

XXVIe-début

Les mêmes matrices peuvent se trouver indifféremment dans les contextes des niveaux d’occupation, d’abandon et de dépotoir. Il est donc possible que ces contextes soient assez proches dans le temps. Parmi les scellés du radier sur lequel se sont élevés les bâtiments de la phase 12, quelques-uns portent des titres de prêtres. Cela ne concerne que 4 scellés, dont 3 proviennent de niveaux coupés par des fosses de dépotoir de la maison VII. Les mêmes titres et les mêmes matrices de ces 4 scellés ont été retrouvés dans la phase 13 du quartier des prêtres, suggérant qu’ils concernent des contaminations récentes du radier. Ils sont tous présentés ci-dessous.

1021 1022

1023 1024 1025

Ibid., p. 139, § 108. Ibid., p. 85, § 361 et p. 165, § 1199-1200. Voir aussi les références dans HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 374 n°B9. JAEGER 1982, p. 246-247, § 1510. Ibid., p. 248, § 1515 et p. 267, §1604. Les traits archaïsants dans l’art éthiopien ont déjà bien été soulignés, notamment dans la production des scarabées : ibidem.

2.2.3.1. Catalogue des scellés de la phase 13 39. (fig. 330 n°39) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,55 × 0,95 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) ỉmn-rꜥ nswt nṯrw [pꜢ]-dỉ-ḫnsw « Prophète d’Amon-Rê roi des dieux, [Pa]-di-Khonsou » Support : ? (négatif de cordelette pour 7111.5) ; ? pour 7111.3 Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : Pour le nom Pa-di-Khonsou, voir RANKE 1935, 125, 21. 40. (fig. 330 n°40) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,6 × 0,6 cm Motif : hiéroglyphes ỉt-nṯr (n) ỉmn-rꜥ nswt nṯrw […] « Père divin d’Amon-Rê, roi des dieux […] » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7134) et démolition dans la maison VII (US 7298). 41. (fig. 330 n°41) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,25 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes ỉt-nṯr (n) ỉmn […] « Père divin d’Amon […] » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7138). 42. (fig. 330 n°42) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,4 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm-/ỉt-?] nṯr (n) imn […] « [Prophète ou père divin ?] d’Amon […] » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7295). 43. (fig. 330 n°43) Forme du sceau : ? Dim. : 1,4 × 0,5 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) ỉmn […] « Prophète d’Amon […] » Support : porte/coffre Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7295).

415

LES ARTEFACTS

7111.3 + 7111.5

39

7295.14a

44

47

51

7396.1

7796.1

53

60

7396.2

58

7878.2/7878.4a + 7386.1

61

7295.9a

62

7520.6/7520.9

7488.1

64

7295.13

7134.1

7299.1

7296.5

7097.10

54

57

56

7878.7d

50

7111.4/16/17 + 7138.5 + 7396.3

7111.1

59

7878.1 + 7878.7a/b/c

49

52

55

46

7097.3 + 7097.4a

7290.14

7254.5 + 7314.2 + 7324.1 + 7383.2/3/4 + 7394.1 + 7556.1

7126.1 + 7254.2/3/6/8 7266.1 + 7280.7 + 7295.7/9e/10d

45

48

7295.9d

42

7488.2

7019.1

63

41

40

43

7138.2

7134.2 + 7298.2

65

7710.1

66

Éch. dessin :

Fig. 330. Scellés de la phase 13-1

0

1 cm

416

CHAPITRE III

44. (fig. 330 n°44) Forme du sceau : ? Dim. : 1,25 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm-/ỉt-?] nṯr (n) imn […] « [Prophète ou père divin ?] d’Amon […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F35 dans la rue (US 7488). 45. (fig. 330 n°45) Forme du sceau : ? Dim. : 2,2 × 1,05 cm Motif : hiéroglyphes […] ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt ꜥꜢ wꜥb mdw šps pꜢ-šrỉ-(n)-Ꜣst […] « […] Prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset […] » Support : porte/coffre 7254.2 et 7254.3 ; ? pour 7126.1, 7254.6, 7254.8, 7266.1, 7280.7, 7295.7, 7295.9e et 7295.10d Prov. : niveau éolien sur le sol SOL8 de la maison VII (US 7254) ; niveau de rue SOL22 (US 7295) ; abandon dans la maison VII (US 7126) ; démolition dans la maison VII (US 7266 et US 7298) ; dépotoir dans la maison VII (US 7280) Bibl./Com. : Le prêtre Pa-sheri-n-aset a laissé de nombreux scellés à son nom dans le quartier des prêtres. Il possédait plusieurs sceaux (voir les matrices n°46, 47, 49, 50, et peutêtre 48). Une analyse de ses scellés a été publiée dans MASSON 2010. Voir aussi dans ce volume : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres et § 1.2.2.1. Le prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset. 46. (fig. 330 n°46 et 334 n°1) Forme du sceau : ovale, presque rectangulaire Dim. : 2,2 × 1,05 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt ꜥꜢ wꜥb mdw šps pꜢ-šrỉ-(n)-Ꜣst « Prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset » Support : ? (négatif d’une cordelette) pour 7556.1 ; ? pour le reste Prov. : phase 12 (pollution des niveaux de la phase 13) : radier (US 7394 et US 7556) ; phase 13 : niveau éolien sur le sol SOL8 de la maison VII (US 7254) ; remblais dans la maison VII, situés sous le sol SOL8 (US 7314) et sous le sol SOL7 (US 7324) ; dépotoir dans la maison VII (US 7383) Bibl./Com. : Voir la matrice n°45. 47. (fig. 330 n°47 et 334 n°2) Forme du sceau : ovale, presque rectangulaire Dim. : 1,8 × 0,8 cm

Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt ꜥꜢ wꜥb mdw šps pꜢ-šrỉ-(n)-Ꜣst « Prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset » Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : démolition dans la maison VII (US 7019) Bibl./Com. : Voir la matrice n°45. Noter que l’inscription est en creux, non en relief, et qu’elle se lit de droite à gauche.

48. (fig. 86 et 330 n°48) Forme du sceau : ovale, presque rectangulaire Dim. : 1,2 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : ḥm-nṯr ỉt-nṯr (n) ỉmn (n) mdw šps n ỉmn […] 2e ligne : nb ḫꜢst mm ? [PꜢ]-šrỉ-(n)-Ꜣst ? […] « Prophète et père divin d’Amon, du pieu sacré d’Amon […] maître ?, [Pa]-sheri-(n)-aset ? […] » Support : ?, peut-être une bourse remplie de lingots (MASSON 2016, p. 34-37, fig. 13) Prov. : niveau de sol SOL2 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7097) Bibl./Com. : Les titres du prêtre se rapprochent fortement de ceux des matrices précédentes et suivantes. Aussi nous émettons l’hypothèse qu’il s’agit du même personnage, Pa-sheri-(n)-aset : voir la matrice n°45. Le début de la 2e ligne de texte demeure un passage obscur, peut-être un toponyme (aucun parallèle dans GAUTHIER 1925-1931, ni dans OTTO 1952) ou un titre. Doit-on considérer comme une simplification du signe de la ville (comme pour la matrice n°53 par exemple), ou bien comme le signe du lingot (les deux scellés étaient associés à des lingots) ?

49. (fig. 330 n°49 et 334 n°3-5) Forme du sceau : ovale, presque rectangulaire Dim. : 2,2 × 1,15 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm-nṯr / ỉt-nṯr ?] (n) ỉmn m ỉpt-swt ꜥꜢ wꜥb mdw šps [pꜢ]šrỉ-(n)-Ꜣst « [Prophète ou père divin ?] d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, [Pa]-sheri-n-aset » Support : porte/coffre pour 7878.1, 7878.7a et 7878.7b ; ? (négatif d’une cordelette) pour 7878.7c Prov. : comblement du four ST30 dans l’espace arrière de la maison VIII (US 7878) Bibl./Com. : Voir les commentaires pour la matrice n°45.

LES ARTEFACTS

417

50. (fig. 330 n°50) Forme du sceau : ? Dim. : 0,85 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes

54. (fig. 86 et 330 n°54) Forme du sceau : ovale Dim. : 2 × 1,3 cm Motif : hiéroglyphes

[ḥm-nṯr / ỉt-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt ?] ꜥꜢ wꜥb [mdw šps ?] (n) ỉmn pꜢ-šri-[(n)-Ꜣst] « [Prophète ou père divin d’Amon dans Karnak ?] grand prêtre-ouâb [du pieu sacré ?] d’Amon, Pa-sheri[n-aset] » Support : ? (négatif de cordelettes et de l’objet plan sur lequel était apposé le sceau) Prov. : comblement du four ST30 dans l’espace arrière de la maison VIII (US 7878) Bibl./Com. : Voir la matrice n°45. La proposition de restitution du texte de cette matrice vient du fait de la découverte, dans le même contexte, de la matrice n°49.

[…] wn [ꜥꜢwy ?] ḥm-nṯr (n) ỉmn-rꜤ m pr.f ỉmy-r (pr?) ḏd-ḥr « […] ouvreur [des deux vantaux ?], prophète d’Amon-Rê dans son domaine, l’intendant (?), Djed-hor » Support : ?, peut-être une bourse remplie de lingots (MASSON 2016, p. 34-37, fig. 13) Prov. : niveau de sol SOL2 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7097) Bibl./Com. : La graphie pour écrire le nom Djed-hor est bien connue : RANKE 1935, 411, 12 ; BIETAK, REISERHASLAUER 1982, p. 284. On devine le signe du vantail, mais il n’est pas sûr. Sur le titre « ouvreur des deux vantaux » : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. Sur l’expression m pr.f (« dans son domaine ») et l’utilisation du signe : EL-SAYED 1984, p. 255, note o et p. 258. à la place de Cette expression signifie que le prêtre est prophète d’Amon « dans le domaine d’Amon en son entier ». Enfin, concernant la forme abrégée du titre ỉmy-r pr, un cône funéraire trouvé à Médinet Habou et daté de la XXVIe dynastie omet également le signe pr dans ce titre : TEETER 2003, p. 183, n°299.

51. (fig. 330 n°51) Forme du sceau : ovale, presque rectangulaire Dim. : 0,8 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) ỉ[mn] m [ỉpt-swt] […] « Prophète d’Amon dans [Karnak] […] » Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7290). 52. (fig. 330 n°52) Forme du sceau : ? Dim. : 0,45 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : […]-wꜢḥ-[…] ḥm-nṯr (n) ỉ[mn] […] 2e ligne trop incomplète « […]-wꜢḥ-[…], prophète d’Amon […] ? […] » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7396) Bibl./Com. : La mention de wꜢḥ-ỉb-rꜥ sur le scellé n°72 est complète. Le doute subsiste pour le scellé n°52 même si, par comparaison, on serait tenté d’y voir aussi le cartouche de wꜢḥ-ỉb-rꜥ, soit Psammétique Ier soit Apriès, tous deux pharaons de la XXVIe dynastie. 53. (fig. 330 n°53) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 0,75 × 1,05 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm- / ỉt-?] nṯr (n) ỉ[mn] m ỉpt-swt […] « Prophète ou père divin d’Amon dans Karnak […] » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL23 (US 7796).

55. (fig. 330 n°55 et 334 n°6) Forme du sceau : ovale Dim. : 2 × 1,25 cm Motif : hiéroglyphes […] ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst ỉry-ỉry « […] prophète de Montou maître de Thèbes, Iry-iry » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : MASSON 2007a, p. 615, pl. X no. 1. Sur le nom iry-iry, voir RANKE 1935, 41, 9 (Basse Époque) et DE MEULENAERE 1986 (début époque ptolémaïque). 56. (fig. 330 n°56 et 334 n°7-8) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1,45 × 1 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst pꜢ-dỉ-ỉmn-[nb]-nswt-tꜢwy « Prophète de Montou maître de Thèbes, Pa-di-imen[neb]-nesout-taouy » Support : ? (négatif de cordelette) pour 7111.4, 7111.16 et 7111.17 ; ? pour 7138.5 et 7396.3 Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111, US 7138, US 7396).

418

CHAPITRE III

57. (fig. 330 n°57) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,4 × 1 cm Motif : hiéroglyphes

61. (fig. 330 n°61) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes

ḥm-nṯr (n) mnṯw nb [wꜢst] p(Ꜣ)-ỉw-(n)-mnṯw ? « Prophète de Montou maître de [Thèbes], Pa-iou-nmontou ? » Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : comblement de la fosse F9 dans la maison VII (US 7134) Bibl./Com. : Le dernier signe du scellé, une divinité assise tenant un sceptre ouas et dont la tête n’est pas conservée, ne peut être identifiée avec certitude. Nous proposons d’y voir le dieu hiéracocéphale Montou, dont le propriétaire du sceau est le prophète. Voir aussi le nom de p(Ꜣ)-ỉw-(n)-ḥr, attesté à la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque, mais avec ḥr rendu par le signe du faucon (RANKE 1935, 411, 12).

ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst, hrỉ[-snf ?] « Prophète de Montou maître de Thèbes, Heri[-snf ?] » Support : ? pour 7386.1 ; porte/coffre pour 7878.2 et 7878.4a Prov. : comblement du four ST30 dans l’espace arrière de la maison VIII (US 7878) ; remblai dans maison VII (US 7386). Bibl./Com. : Le nom de Heri-senef est connu à partir de la XXVIe dynastie à Thèbes : CLARYSSE 1978, p. 239. Le signe ỉb doit être considéré comme un déterminatif ici : ibid., p. 239, note 2 ; COULON 2001, p. 140.

58. (fig. 330 n°58) Forme du sceau : ? Dim. : 0,95 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes

[ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst ?] hrỉ-s[n]f ? […] « [Prophète de Montou maître de Thèbes ?], Heri-s[n]f ? […] » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7295) Bibl./Com. : La fin du scellé est très abîmée, aussi la restitution du nom Heri-snf n’est pas certaine.

[ḥm-ntr / ỉt-nṯr (n)?] mnṯw nb wꜢst […] « [Prophète / père divin de ?] Montou maître de Thèbes […] » Support : porte/coffre Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7295). 59. (fig. 330 n°59) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1,4 × 0,6 cm Motif : hiéroglyphes […] ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst […] p […] « […] prophète de Montou maître de Thèbes […] p […] » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL23 (US 7296) Bibl./Com. : Bien qu’elle soit presque complète, l’empreinte est très effacée. 60. (fig. 330 n°60 et 335 n°1) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,4 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst « Prophète de Montou maître de Thèbes » Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : démolition dans la maison VII (US 7299).

62. (fig. 330 n°62) Forme du sceau : ? Dim. : 0,4 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes

63. (fig. 330 n°63) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) [mnṯw ?] nb [wꜢst ?] […] n […] « Prophète de [Montou ?] maître de [Thèbes ?] […] » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7396) Bibl./Com. : La tête de la divinité sur la corbeille n’est pas conservée, mais d’après les nombreux parallèles dans la documentation des scellés de la Zone 7, il nous semble très probable qu’il s’agisse de Montou maître de Thèbes. 64. (fig. 330 n°64) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1,5 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw […]-nswt-tꜢwy […] « Prophète de Montou, […]-nesout-taouy […] » Support : papyrus ? (négatif de cordelette) Prov. : comblement de la fosse F35 dans la rue (US 7488) Bibl./Com. : La fin du scellé mentionne vraisemblablement le nom du prêtre. De nombreux noms terminés par nswt-tꜢwy ont été découverts dans notre documentation.

LES ARTEFACTS

65. (fig. 330 n°65 et 335 n°2) Forme du sceau : ovale presque rectangulaire Dim. : 1,3 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst ꜥnḫ-hrd « Prophète de Montou maître de Thèbes, Ankh-chered » Support : porte/coffre pour 7520.6 ; ? pour 7520.9 Prov. : comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7520) Bibl./Com. : Le nom ꜥnḫ-hrd est bien attesté pour les époques tardives : BIETAK, REISER-HASLAUER 1982, p. 270. 66. (fig. 330 n°66 et 335 n°3) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,7 × 1 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst ḏḥwtỉ-?/ns-ptḥ ? « Prophète de Montou maître de Thèbes, Djehouti- ?/ Nes-ptah ? » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue (S3G) (US 7710) Bibl./Com. : À la fin du scellé, le dieu Thot est suivi d’un personnage ou d’une divinité assise dont il manque la tête. Le nom du prêtre pourrait commencer par Djehouti ou par Nes comme dans Nes-ptah (RANKE 1935, 176, 5). 67. (fig. 331 n°67) Forme du sceau : ? Dim. : 0,95 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm-nṯr / ỉt-nṯr (n) ?] mnṯw nb wꜢst […] « [Prophète / père divin de ?] Montou maître de Thèbes […] » Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : comblement du four ST30 dans l’espace arrière de la maison VIII) (US 7878). 68. (fig. 331 n°68) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,7 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst, ḏd-mnṯw-ỉwf-ꜥnḫ / ḏd-ḥr-ỉwf-ꜥnḫ / ḏd-ḫnsw-ỉwf-ꜥnḫ ? « Prophète de Montou maître de Thèbes, Djed-montouiouf-ankh / Djed-hor-iouf-ankh / Djed-khonsou-ioufankh ? » Support : ? (négatif de cordelette et de l’objet en bois sur lequel était apposé le sceau (pas un tenon apparemment) pour 7878.4b ; porte/coffre pour 7878.6

419

Prov. : comblement du four ST30 dans l’espace arrière de la maison VIII) (US 7878) Bibl./Com. : Le signe ꜥnḫ est porté par le personnage assis. Ce personnage est difficile à identifier, à cause d’une cassure à cet endroit. Il semble qu’il s’agisse néanmoins d’une divinité assise, à tête hiéracocéphale, avec disque solaire sur la tête. Les noms de ḏd-mnṯw-ỉwf-ꜥnḫ, ḏd-ḥr-ỉwf-ꜥnḫ et de ḏd-ḫnsw-ỉwf-ꜥnḫ sont bien attestés : RANKE 1935, 411, 3, 411, 17 et 412, 4. 69. (fig. 331 n°69) Forme du sceau : ? Dim. : 1 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm-nṯr / ỉt-nṯr (n)  ?] mnṯw nb wꜢst […]-ḥr […] « [Prophète / père divin de ?] Montou maître de Thèbes, […]-Hor […] » Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : démolition, abandon de la maison VIII (US 7658). 70. (fig. 331 n°70 et 335 n°4) Forme du sceau : ? Dim. : 1,4 × 0,55 cm Motif : hiéroglyphes ḥm nṯr (n) ptḥ […]-p-mỉ-ỉmn ? « Prophète de Ptah […]-p-mi-imen ? » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7296) Bibl./Com. : L’identification d’Amon à la fin du scellé n’est pas sûre étant donné qu’il nous manque la tête. 71. (fig. 331 n°71) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,8 × 1,5 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne ḥm nṯr (n) ỉnpw (?) mry (-ỉnpw?) […] « Prophète d’Anubis (?), aimé (d’Anubis ?) […] » Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7520) Bibl./Com. : L’empreinte est très érodée. On connaît des ḥm nṯr (n) ỉnpw par exemple : DARESSY 1907, A85 ; NIWINSKI 1988, n°83 et n°118 ; NIWINSKI 1989, p. 289. Le titre de ỉt-nṯr mry-ỉnpw m pt, tꜢ, dwꜢt est aussi répertorié : NIWINSKI 1988, n°142. 72. (fig. 331 n°72 et 335 n°5) Forme du sceau : ? Dim. : 1,5 × 1 cm Motif : hiéroglyphes

CHAPITRE III

420

7878.4c

67

7878.4b/7878.6

68

7520.10

78

81

84

7097.2

82

7165.1

85

7295.8

88

7254.10

7000.4

7111.26

7111.21

7276.4

87

7296.4a/b + 7436.2a

7831.1

80

83

74

77

76

79

ou

73

7520.7

7878.3

7395.1a + 7513.4 + 7520.5 + 7520.11

7165.2

7111.2

7466.1

75

70

69

72

71

7296.6

7658.3

7266.2

86

7312.4

7296.3

89

90

Éch. dessin :

Fig. 331. Scellés de la phase 13-2

0

1 cm

LES ARTEFACTS

[…] pr (n) imn sꜢ 4-nw wꜢḥ-ỉb-rꜥ n[…] « […] demeure d’Amon, de la quatrième phylè, wꜢḥ-jb-rꜥ n […] » Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : MASSON 2007a, p. 617, pl. X no. 9. À propos de la mention de wꜢḥ-ỉb-rꜥ, voir infra, Chapitre III, § 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13. 73. (fig. 81d et 331 n°73) Forme du sceau : ? Dim. : 1,45 × 1,3 cm Motif : hiéroglyphes […] wn ꜥꜢwy šš(nq) […] « […] ouvreur des deux vantaux, Chéchanq […] » Support : papyrus Prov. : comblement de la jarre 7153.1, trouvée in situ sur le sol SOL4 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7165) Bibl./Com. : MASSON 2007a, p. 616, pl. X no. 6. Sur le titre et le personnage : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres et § 1.2.2.3. Tentatives et limites d’identification. 74. (fig. 331 n°74 et 335 n°6) Forme du sceau : ovale presque rectangulaire Dim. : 1,3 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes smꜢty wꜢst ḥr-ḫb ḥsỉ ? « Stoliste de Thèbes, Hor-kheb, loué ? » Support : ? (négatif de cordelette) pour 7395.1a et 7520.5 ; ? pour 7513.4, 7520.11a, 7520.11b et 7520.11c Prov. : phase 12 (polluée par la fosse F15) : radier (US 7395) ; phase 13 : démolition, abandon dans la maison VIII (US 7513) ; comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7520) Bibl./Com. : Le dernier signe n’est jamais bien lisible sur aucun des exemplaires : signe ḥs, ou ỉb, ou encore bnr ? Seul le signe ḥs pourrait faire sens ici à notre avis. La graphie simplifiée de ḥr-(m)-Ꜣḫ-bỉ.t, Horemakhbit (RANKE 1935, 247, 15) en ḥr-ḫb est bien attestée, notamment pour un personnage ayant porté le même titre de stoliste thébain : JOSEPHSON, EL DAMATY 1999, p. 60. Pour des commentaires sur le titre de stoliste et ce personnage, voir infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres et § 1.2.2.3. Tentatives et limites d’identification. Ce diminutif pour le nom ḥr-(m)-Ꜣḫ-bỉ.t, est attesté aux époques tardives. A.H. Zayed (in ZAYED 1962, p. 147) avait noté que sur la statue du Musée du Caire JE 36993, ce nom était écrit deux fois différemment : une version normale ḥr-(m)-Ꜣḫ-bỉ.t et une version abrégée ḥr-ḫb. Un dernier exemple intéressant, présentant la même graphie de ce nom, concerne une bague-sceau de la Basse Époque, provenant probablement d’Athribis et ayant appartenu à un

421

prophète d’Osiris : BARBOTIN 2005, p. 65 (Musée du Louvre Inv. E 10844). Cette graphie est particulièrement bien adaptée à la petitesse de l’objet. 75. (fig. 331 n°75) Forme du sceau : ovale presque rectangulaire Dim. : 1,7 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes smꜢty wꜢst ḥr-ḫb […] « prêtre stoliste de Thèbes, Hor-kheb […] » Support : ? Prov. : phase 12 (polluée par les niveaux dépotoir de la phase 13) : radier (US 7466) Bibl./Com. : Comme pour la matrice précédente, le dernier signe est difficile à déchiffrer, mais il présente cette fois un appendice qui l’associe plus volontiers à ỉb. Voir la matrice n°74. 76. (fig. 331 n°76) Forme du sceau : ? Dim. : 1,3 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes [smꜢty] wꜢst ḥr-ḫb […] « [prêtre stoliste] de Thèbes, Hor-kheb […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7520) Bibl./Com. : Voir la matrice n°74. 77. (fig. 331 n°77) Forme du sceau : ovale presque rectangulaire Dim. : 1,5 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes smꜢty wꜢst ḥr-ḫb ḥsỉ ? « prêtre stoliste de Thèbes, Hor-kheb, loué ? » Support : ? (négatif de fibres végétales au revers) pour 7436.2a ; ? pour 7296.4a et 7296.4b Prov. : niveau de circulation de rue SOL23 (US 7296) ; comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7436) Bibl./Com. : Voir la matrice n°74. 78. (fig. 331 n°78) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,6 × 1 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr ḥry[-sštꜢ ?] […] « Prophète, supérieur [des secrets ?] […] » Support : ? (négatif d’une cordelette)

422

CHAPITRE III

Prov. : niveau éolien sur le sol SOL8 dans la maison VII (US 7254) Bibl./Com. : Sur le titre « supérieur des secrets », voir infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres.

82. (fig. 86 et 331 n°82) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,6 × 1,3 cm Motif : hiéroglyphes

ỉt-nṯr ḥm-nṯr […] « père divin et prophète […] » Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : comblement du four ST30 dans l’espace arrière de la maison VIII (US 7878).

ptḥ sḫm(t) sꜢ ḥr « Protection de Ptah et Sekhmet sur Hor » Support : ?, peut-être une bourse remplie de lingots (MASSON 2016, p. 34-37, fig. 13) Prov. : niveau de sol SOL2 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7097) Bibl./Com. : MASSON 2007a, p. 616, pl. X no. 8. Noter la graphie particulière de Sekhmet : l’impression du sceau est suffisamment nette pour y lire un ḫ et non un t. Sur la formule saïto-perse, voir infra, Chapitre III, § 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13.

80. (fig. 331 n°80) Forme du sceau : ? Dim. : 1 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes

83. (fig. 331 n°83) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1,1 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes

[…] mr šn (n) pr (n) ỉmn […] « […] lesonis du domaine d’Amon […] » Support : porte/coffre Prov. : remblai entre deux niveaux de circulation de rue (US 7831) Bibl./Com. : Sur le titre « lesonis », fréquent dans la titulature des prêtres thébains, voir infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. Le titre de mr-šn « lesonis » s’écrit norma-

ỉmn sꜢ pꜢ-dỉ-[…] « Protection d’Amon, Pa-di-[…] » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : Bien que le scellé soit complet, la fin du nom nous échappe. L’impression est assez abîmée. Sur la formule saïto-perse, voir infra, Chapitre III, § 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13.

79. (fig. 331 n°79) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,55 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes

lement , mais il peut aussi s’écrire . Pour les deux types d’écriture, voir par exemple : JANSEN-WINKELN 2001, n°3, c2, 11, a3.

81. (fig. 331 n°81 et 335 n°7-8) Forme du sceau : ovale Dim. : 2,7 × 2 cm Motif : hiéroglyphes sꜢ hnm-ỉb-rꜥ sꜢb ṯꜢ(.tỉ) psmṯk-mry-nt « Protection d’Amasis pour le juge et vizir Psamétikmery-neith » Support : papyrus Prov. : salle de stockage incendiée dans l’espace arrière de la maison VII (US 7000) Bibl./Com. : Une analyse de ce scellé a été publiée dans MASSON 2007b. Sur les beaux noms : LEAHY 2011, p. 557-558. Sur la formule saïto-perse, voir infra, Chapitre III, § 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13. Sur Psamétik-mery-neith, voir dans ce volume infra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes.

84. (fig. 331 n°84) Forme du sceau : ? Dim. : 1,6 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes […] ? ỉmn pꜢ-dỉ-ḫnsw [-?…] « […] ? d’Amon, Pa-di-khonsou [-?…] » Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : Pour pꜢ-dỉ-ḫnsw et ses dérivés : RANKE 1935, 125, 21 et 126, 1-3. 85. (fig. 81d et 331 n°85) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,25 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes Nfr pꜢ-dỉ-Ꜣst […] « Nfr Pa-di-aset […] » Support : papyrus

LES ARTEFACTS

423

Prov. : comblement de la jarre 7153.1, trouvée in situ sur le sol SOL4 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7165) Bibl./Com. : MASSON 2007a, p. 616, pl. X no. 7.

Prov. : niveau de circulation de rue SOL23 (US 7296) Bibl./Com. : Il peut aussi s’agir d’un nom composé avec ỉmn-(m-)ḥꜢt. Le dernier signe est incomplet et mal imprimé.

86. (fig. 331 n°86) Forme du sceau : ? Dim. : 1,1 × 0,95 cm Motif : hiéroglyphes

90. (fig. 331 n°90) Forme du sceau : ? Dim. : 1 × 1,25 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne

[…] ỉmn-rꜥ nswt nṯrw ꜥnḫ-wn ?[…] « […] Amon-Rê roi des dieux, Ankh-oun ? […] » Support : ? Prov. : abandon, démolition dans la maison VII (US 7266) Bibl./Com. : Si l’identification du lièvre est correcte à la fin du scellé, le nom du propriétaire du sceau pourrait être ꜥnḫ-wnn-nfr, bien attesté à la Basse Époque (RANKE 1935, 63, 9).

[…] ỉmn-rꜥ nswt nṯrw […] « […] Amon-Rê, roi des dieux […] » Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : remblai sous le sol SOL7 dans la maison VII (US 7312).

87. (fig. 331 n°87) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,45 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes […] wr ? wn nswt (/sw ?) ꜥnḫ nfr « […]? » Support : ? Prov. : abandon, démolition dans la maison VII (US 7276) Bibl./Com. : Les signes nswt, ꜥnḫ et nfr ont peut-être uniquement une valeur prophylactique ici. 88. (fig. 331 n°88) Forme du sceau : ovale Dim. : 1 × 1,4 cm Motif : hiéroglyphes

nṯr […] m ỉpt-[swt] […] « ? […] dans Karnak […] » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7295) Bibl./Com. : Les signes suivant le faucon sur le pavois sont quasi-illisibles. Concernant le premier, il pourrait s’agir de , ou . 89. (fig. 331 n°89) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes […] ỉmn-(m-)ḥꜢt […] « […] Amenemhat […] » Support : ?

91. (fig. 332 n°91) Forme du sceau : ? Dim. : 0,8 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes disposés en colonnes […] ꜥnḫwy r(ꜥ)-ḥtp? […] « […] les oreilles (du roi) Rahotep ? […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7439) Bibl./Com. : Le titre complet est ꜥnḫwy n nsw ou ꜥnḫwy n bỉty : AL-AYEDI 2006, n°593-597, 706 et 1032. Il a notamment été porté par le vizir Rahotep, nommé également Parahotep, sous le règne de Ramsès II : AL-AYEDI 2006, p. 192, note 1500. L’inscription est très partiellement conservée, et, la petitesse du sceau n’explique pas forcément la brièveté du titre et du nom. Aussi cette traduction n’est qu’une hypothèse. 92. (fig. 332 n°92) Forme du sceau : ovale Dim. : 1 × 1,4 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne, entourés de spirales ovales nbt pr ḥt-ḥr […] « La maîtresse de la demeure, Hathor […] » Support : ? Prov. : démolition, abandon dans la maison VIII (US 7513) Bibl./Com. : Hathor est souvent désignée comme la maîtresse de la demeure, « maison céleste et non charnelle d’Horus dieu solaire et non du fils d’Isis et d’Osiris » : NAGUIB 1990, p. 50. Sur cette épithète d’Hathor, voir aussi : LEITZ 2002, p. 53. Parallèles pour la composition du motif : PETRIE 1925, pl. IX n°349-353 ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°12. 93. (fig. 332 n°93) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,1 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes

CHAPITRE III

424

7439.2

7513.9

92

91

95

7280.9

100

99

7111.20

103

115

110

7226.2

7852.2

113

114

7290.12

7279.8

7276.5

116

7111.7

7469.4

7391.1

7111.37

106

109

112

111

7716.2

7695.1

7225.1

7513.5

102

105

108

107

7148.2

7674.2

7276.6a

7210.1

98

101

104

7137.3

7295.14b

97

96

7254.4

94

93

7312.3b

7111.6

7531.2

7531.1

117

118

Éch. dessin :

Fig. 332. Scellés de la phase 13-3

0

1 cm

425

LES ARTEFACTS

Motif : hiéroglyphes […] kꜢ ꜥnḫ […] sꜢ-nb […] ka vivant ? […] Sa-neb Support : ? Prov. : comblement de la tranchée de fondation du mur M57 (maison IV) (US 7531) Bibl./Com. : Le nom sꜢ-nb est attesté (RANKE 1935, 282, 17), mais il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’un nom ici. 94. (fig. 332 n°94) Forme du sceau : ? Dim. : 1,1 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes […] mwt nb(t) pt « […] Mout maîtresse du ciel » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la tranchée de fondation du mur de façade de la maison IV (US 7531). 95. (fig. 332 n°95) Forme du sceau : ? Dim. : 0,95 × 0,55 cm Motif : hiéroglyphes […] s? ỉmn-ḥtp « […] Amenhotep » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : Le signe s n’est pas sûr. S’il s’agit bien de s, le scellé se lirait de droite à gauche, fait très rare dans notre documentation. Sur le nom Amenhotep : RANKE 1935, 30, 12. 96. (fig. 332 n°96) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 0,6 cm Motif : hiéroglyphes […] pꜢ-šrỉ-[…] « […] Pa-sheri-[…] » Support : ? Prov. : remblai sous le sol SOL7 de la maison VII (US 7312) Bibl./Com. : Ce scellé n’appartient à aucune des matrices portant le nom de Pa-sheri-n-aset (n°45-50). 97. (fig. 332 n°97) Forme du sceau : ? Dim. : 1,1 × 0,6 cm Motif : hiéroglyphes (signe d’un oiseau, canard ?) Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7295). 98. (fig. 332 n°98) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,75 cm

[…] m [ỉpt]-swt ? […] « […] dans Karnak (?) […] » Support : ? Prov. : démolition, abandon dans la maison VII (US 7137) Bibl./Com. : Le premier signe peut être une divinité ou bien un personnage assis : la tête est manquante. 99. (fig. 332 n°99) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,6 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes […] ns-ỉmn « […] Nesamon » Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : niveau éolien sur le sol SOL8 dans la maison VII (US 7254) Bibl./Com. : Nesamon est un nom commun dès le Nouvel Empire : RANKE 1935, 173, 19. 100. (fig. 332 n°100) Forme du sceau : ovale Dim. : 1 × 0,55 cm Motif : hiéroglyphes […] [ỉmn] nswt ntrw ḥr-rꜥ ? / ḥr-ḫ[nsw]? […] « […] [Amon] roi des dieux […], Hor-rê ? / Hor-kh[onsou] ? […] » Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7280) Bibl./Com. : Les noms de Hor-rê et Hor-khonsou sont attestés, mais ḥr-ḫnsw est typique de la Basse Époque (RANKE 1935, 250, 12). Nous n’avons pas réussi à identifier le dernier signe, peut-être

.

101. (fig. 332 n°101 et 336 n°1) Forme du sceau : ? Dim. : 0,9 × 0,6 cm Motif : hiéroglyphes (signe mn) Support : ballot de tissu (négatif de fibres en nid d’abeille sur le revers) Prov. : démolition, abandon sur le sol SOL41 de la maison VIII (US 7674). 102. (fig. 332 n°102) Forme du sceau : ? Dim. : 0,5 × 0,5 cm Motif : hiéroglyphes ou signes à valeur prophylactiques (signes t et nfr) Support : ? Prov. : démolition, abandon dans la maison VII (US 7148).

426

CHAPITRE III

103. (fig. 332 n°103) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 0,55 cm Motif : hiéroglyphes (signe nḫt bien lisible) Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111). 104. (fig. 332 n°104) Forme du sceau : ? Dim. : 0,9 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes ou décor à valeur prophylactique (faucon ? suivi d’un cobra surmonté d’un disque solaire) Support : ? Prov. : démolition dans maison VII (US 7276) Bibl./Com. : Parallèle possible mais non certain du fait du caractère fragmentaire de notre exemplaire : DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°54. 105. (fig. 332 n°105) Forme du sceau : ? Dim. : 1 × 1,1 cm Motif : hiéroglyphes […] wn […] Trop fragmentaire Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue (US 7695). 106. (fig. 332 n°106) Forme du sceau : ? Dim. : 0,95 × 0,7 cm Motif : bas d’un cartouche avec le signe ḫpr Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : remblai entre deux niveaux de circulation de rue (US 7716). 107. (fig. 332 n°107) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,05 × 0,9 cm Motif : nom royal d’époque ramesside semble-t-il (Rê coiffé du disque solaire, en face d’Amon, sous un disque ailé) mais le scellé est trop fragmentaire pour préciser le nom du pharaon Support : ? Prov. : remblai sous le sol SOL4 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7210) Bibl./Com. : NEWBERRY 1908, p. 183-184, pl. XXXVI, n°1 et 29 ; HALL 1913, p. 282, n°2731 ; MATOUK 1971, p. 195, n°643-644 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 271 n°402 et 278 n°432. 108. (fig. 332 n°108) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 1,1 cm

Motif : deux personnages se faisant face et sous lesquels se trouve un élément difficile à identifier (crocodile ?) ; l’un des personnages pourrait être Maât : elle est entourée d’un ovale représentant sans doute un naos Support : ? (négatif de lien végétal) Prov. : remblai sous le sol SOL5 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7225) Bibl./Com. : Pas de parallèle précis à notre connaissance, mais la présence d’un ou plusieurs crocodiles sur les scarabées, notamment à la base du motif, est assez courante, par exemple : NEWBERRY 1908, p. 193-194, pl. XLII, n°20 et 22 ; MATOUK 1977, p. 146-147 et p. 338, n°305-306 ; MAGNARINI 2004, n°09.32-34 et n°09.36. 109. (fig. 332 n°109 et 336 n°2) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,6 cm Motif : représentation de trois scarabées (motif très érodé) Support : ? Prov. : remblai de nivellement sous le premier niveau de circulation de rue SOL24 (US 7469) Bibl./Com. : MATOUK 1977, p. 397 n°1215 (deux scarabées côte à côte). 110. (fig. 332 n°110) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,65 cm Motif : scarabée encadré de deux signes nfr Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : BRUNTON 1948, pl. LXII n°11-12 ; DUNHAM 1963, p. 53, fig. 38 n°180 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 230 n°197 et p. 396 n°MV 4 ; MATOUK 1977, p. 397 n°1222. 111. (fig. 332 n°111) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,7 cm Motif : disque solaire surmontant un scarabée encadré par deux personnages dont il ne reste que les couronnes, la couronne à deux plumes d’Amon et la couronne blanche Support : ? Prov. : démolition, abandon dans la maison VIII (US 7513) Bibl./Com. : MATOUK 1977, p. 397 n°1213, 1220 et 12441245 (parallèles éloignés). 112. (fig. 332 n°112) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 1,1 cm Motif : deux ou plus probablement trois cobras portant une couronne à deux plumes sur la tête Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7391) Bibl./Com. : Le motif de cobras (double ou triple) est attesté dès le Nouvel Empire sur les scarabées, voire dès la XVIIe

LES ARTEFACTS

dynastie : NEWBERRY 1907a, pl. XV n°36659, 36660 et 37363 ; NEWBERRY 1908, pl. XLII, n°26 ; ENGELBACH 1915, pl. LI n°5 ; PETRIE 1925, pl. XIV n°919 et pl. XVIII n°1405 ; ROWE 1936, pl. XI n°470 et pl. XV n°592 (XVIIe-XVIIIe dynastie) ; BRUNTON 1948, pl. XLVIII, 33 et 34 ; SCHIFF GIORGINI 1971, p. 291 T32 p12 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 386 B79 ; MATOUK 1977, p. 351 n°802 et p. 396 n°1163-1164 ; GIVEON 1985, p. 36, n°44, L.656 (parallèle lointain) ; MAGNARINI 2004, n°09.23. 113. (fig. 332 n°113) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,6 × 0,8 cm Motif : plume šw (?) associée à un cobra sur une corbeille, inscription hiéroglyphique ? Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : comblement de la tranchée de fondation du grand mur M53 (US 7852) Bibl./Com. : Il s’agit du nom de Nesout-bity d’Amenhotep III : nb-mꜢꜤt-rꜤ. Par sa signification (« Rê est le possesseur de Maât »), le nom s’est aussi perpétué sur des scarabées plus tardifs : PETRIE 1888, pl. VIII n°40 ; NEWBERRY 1907a, pl. XV n°36441, 37052 et 37344 ; ENGELBACH 1915, pl. XVIII n°119 et 131-134 ; ROWE 1936, p. 135, pl. XV n°563 (XVIIIe dynastie) et p. 178, pl. XIX n°741 (XIXe dynastie) ; BRUNTON 1948, pl. LXII n°33 ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°50 et p. 293, fig. 177 n°1 ; MATOUK 1977, p. 395 n°1131 et 1136. 114. (fig. 332 n°114) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,5 cm Motif : représentation très incomplète d’un personnage debout (divinité portant un sceptre ou homme tenant un bâton ?) Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : remblai sous le sol SOL37 dans l’espace arrière de la maison VII (US 7226). 115. (fig. 332 n°115) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 0,85 cm Motif : signe nfr entouré de volutes Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111) Bibl./Com. : GIVEON 1988, n°105 (parallèle lointain : signes nb et nfr entourés de volutes). 116. (fig. 332 n°116 et 336 n°3) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,8 cm Motif : pilier ḏd entouré de spirales ovales Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7276) Bibl./Com. : Le décor de volutes encadrant un signe hiéroglyphique à valeur prophylactique trouve des parallèles

427

surtout anciens mais aussi récents : PETRIE 1888, pl. XLI, n°57 (contexte de la Basse Époque) ; PETRIE 1925, pl. IX n°327, 333 et 336 ; NEWBERRY 1907a, pl. XI n°36465 et XVI n°37157 ; NEWBERRY 1908, p. 149, pl. XX n°34 (type que Newberry date de la XIIe à la XVIIIe dynastie) ; ROWE 1936, pl. IV n°134 (daté XIVe-XVe dynastie) ; DUNHAM 1963, p. 359, fig. 190H (contexte VIIIe-VIIe siècle av. J.-C.) ; MATOUK 1977, p. 407 n°2136-2137 ; TEETER 2003, p. 100, n°159 (contexte des XXe-XXVIe dynasties) ; GIVEON 1985, p. 172, n°1, 49427 (exemplaire daté du Moyen Empire) ; ŚLIWA 1985, n°111, pl. XIX (Deuxième Période Intermédiaire) ; BEN-TOR 2007, pl. 15 n°48 (parallèle très proche, daté de la fin du Moyen Empire). 117. (fig. 332 n°117 et 336 n°4) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,4 × 0,75 cm Motif : signe ꜥnḫ entouré d’une composition complexe de fines spirales S, le tout encadré de quelques spirales C ; double empreinte Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7279) Bibl./Com. : Pas de parallèle précis mais se rapproche de : NEWBERRY 1908, p. 147-148, pl. XIX, n°25 (type daté de la XIIe à la XVIIIe dynastie) ; PETRIE 1925, pl. VI n°49 et pl. VII n°25 ; MATOUK 1977, p. 407 n°2125. 118. (fig. 332 n°118) Forme du sceau : ovale presque rectangulaire Dim. : 1,2 × 0,8 cm Motif : signe ḫpr entouré de spirales C Support : ? (négatif de cordelette et de fibres végétales) Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7290) Bibl./Com. : PETRIE 1925, pl. XVI n°1152 et 1164 ; MATOUK 1977, p. 397 n°1224 (scarabée encadré de deux spirales S) et p. 408 n°2202 (même motif de spirales C mais encadrant un œil oudjat, non un scarabée). 119. (fig. 333 n°119) Forme du sceau : ovale presque rectangulaire Dim. : 1,5 × 1 cm Motif : composition symétrique associant les hiéroglyphes nfr et kꜢ avec des papyri stylisés Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7295) Bibl./Com. : MATOUK 1977, p. 406 n°2061. 120. (fig. 333 n°120) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,7 × 1,3 cm Motif : signe ꜥnḫ entouré de spirales ovales Support : ? Prov. : démolition dans la maison VIII (US 7552) Bibl./Com. : Voir matrice n°116.

CHAPITRE III

428

119

7148.1

123

7520.3

128

7818.4

131

130

133

7635.1

136

7396.5

7838.1

7826.1

7296.2

7818.1

7520.8

129

132

7469.3

126

125

124

127

122

7279.2

7299.2

7288.11

135

121

120

7659.1

7818.2

7552.3

7295.6

134

7139.3

7111.19

137

138

Éch. dessin :

Fig. 333. Scellés de la phase 13-4

0

1 cm

LES ARTEFACTS

121. (fig. 333 n°121) Forme du sceau : ovale presque rectangulaire Dim. : 1,45 × 0,65 cm Motif : pilier ḏd associé à un fourré de lotus à gauche et un fourré de papyrus à droite ; au-dessus du fourré de lotus, peut-être signe du visage ḥr (signes à valeur prophylactique) Support : ? (négatif de lien végétal) Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7818) Bibl./Com. : Pas de parallèle précis mais pour les compositions où le pilier ḏd est central : MATOUK 1977, p. 413 n°2444-2446. 122. (fig. 333 n°122) Forme du sceau : ovale presque rond Dim. : 1,15 × 0,9 cm Motif : scarabée entouré de divers signes dont un œil oudjat (signes à valeur prophylactique) Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : niveau d’abandon recouvrant le dallage ST22 de la place (US 7659) Bibl./Com. : Aucun parallèle précis, mais voir pendants éloignés : NEWBERRY 1907a, pl. XI n°36590 ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°11 ; SCHIFF GIORGINI 1971, p. 291 T32 p11 ; MATOUK 1977, p. 411 n°2379 ; GIVEON 1988, n°55. 123. (fig. 333 n°123 et 336 n°5) Pas de sceau : incision dans l’argile Dim. : 1,6 × 1,4 cm Motif : œil oudjat (?) incisé dans l’argile Support : ballot de tissu (négatif de deux cordelettes parallèles et de tissu au revers) Prov. : abandon dans la maison VII (US 7148). 124. (fig. 333 n°124) Pas de sceau : incision dans l’argile Dim. : 2 × 1,7 cm Motif : œil oudjat (?) incisé dans l’argile Support : coffre en bois Prov. : démolition dans la maison VII (US 7299). 125. (fig. 333 n°125) Forme du sceau : ? Dim. : 1 × 0,8 cm Motif : géométrique (croisillons) Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7279) Bibl./Com. : Parallèles possibles : ROWE 1936, pl. XVII n°654 (daté XVIIIe-XIXe dynastie) ; ŚLIWA 1985, n°122-123, pl. XVI. 126. (fig. 333 n°126) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,65 cm Motif : géométrique (cordes nouées plusieurs fois), ou répétition du signe hiéroglyphique šn

429

Support : ? (négatif d’une cordelette sur le côté du sceau) Prov. : remblai de nivellement sous le premier niveau de circulation de rue SOL24 (US 7469) Bibl./Com. : NEWBERRY 1907a, pl. XIII n°36400 ; NEWBERRY 1908, p. 149, pl. XX, n°18 (type daté de la XIIe à la XVIIIe dynastie par Newberry) ; MATOUK 1977, p. 406 n°2070 ; TEETER 2003, p. 105, n°168 (contexte des XXVe-XXVIe dynasties) ; MAGNARINI 2004, n°03.26 ; BEN-TOR 2007, pl. 13, design class 6A2 (fin du Moyen Empire). 127. (fig. 333 n°127 et 336 n°6) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,5 × 1 cm Motif : géométrique (spirales S non-entrelacées) Support : ? Prov. : comblement de la fosse F17 dans la maison VII (US 7288) Bibl./Com. : PETRIE 1886, pl. XX n°27 ; PETRIE 1925, pl. VII n°39-40 ; NEWBERRY 1907a, pl. XIII n°37167. 128. (fig. 333 n°128) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,1 × 0,8 cm Motif : géométrique (spirales C) très effacé ; double empreinte Support : ballot de tissu (négatif de cordelette sur le recto et de tissu sur le verso) Prov. : comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7520) Bibl./Com. : PETRIE 1925, pl. VIII n°248 et pl. XVI n°1161. 129. (fig. 333 n°129) Forme du sceau : ? Dim. : 0,5 × 0,7 cm Motif : géométrique (spirales) Support : ? (négatif de lien végétal) Prov. : comblement de la fosse F15 dans la maison VII (US 7520). 130. (fig. 333 n°130) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,95 × 0,65 cm Motif : géométrique (spirales S entrelacées) Support : papyrus Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7818) Bibl./Com. : NEWBERRY 1908, p. 145-146, pl. XVIII, n°32 (daté par Newberry de la XIIe à la XVIIIe dynastie) ; PETRIE 1925, pl. VI n°69A et pl. VII n°16 et 55-60 ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°14 (parallèle éloigné) ; MATOUK 1977, p. 407 n°2115 ; TUFNELL 1984, pl. V n°1197 ; GIVEON 1985, p. 140, n°8, 48228 ; GIVEON 1988, n°69 (daté XIIe-XVe dynastie) ; SCHULZ 2007, cat. no. 108 (exemplaire de la fin du Moyen Empire) ; BEN-TOR 2007, pl. 3 n°46 (fin du Moyen Empire).

430

CHAPITRE III

131. (fig. 333 n°131) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,7 cm Motif : géométrique (spirales C ?) très effacé Support : porte/coffre Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (US 7818).

137. (fig. 333 n°137) Forme du sceau : ? Dim. : 0,8 × 0,8 cm Motif : géométrique ? Support : ? Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7111).

132. (fig. 333 n°132) Forme du sceau : ? Dim. : 0,95 × 0,7 cm Motif : géométrique (motif en croix – cross pattern motif – à volutes centrées) Support : ? Prov. : comblement structure ST34 dans la rue (US 7826) Bibl./Com. : Voir la matrice n°9 de notre corpus.

138. (fig. 333 n°138 et 336 n°8) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,9 cm Motif : floral (buisson de papyrus) Support : ? Prov. : démolition dans la maison VII (US 7139) Bibl./Com. : Parallèle lointain : MATOUK 1977, p. 405 n°2023.

133. (fig. 333 n°133) Forme du sceau : ? Dim. : 0,8 × 0,5 cm Motif : géométrique (spirales mixtes entrelacées ou spirales courtes en forme de C) Support : porte/coffre Prov. : niveau de circulation de rue (S3G) (US 7838) Bibl./Com. : Parallèles possibles avec des motifs utilisés sur des sceaux dès la fin du Moyen Empire : PETRIE 1925, pl. VI n°72A et pl. VII n°84 ; ROWE 1936, pl. V n°192 et 194 (datés XVe dynastie) ; MATOUK 1977, p. 408 n°2196 ; GIVEON 1985, p. 90, n°88, L.957 ; GIVEON 1988, n°34 ; BEN-TOR 2007, pl. 3 n°33 (fin du Moyen Empire). 134. (fig. 333 n°134) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 1,3 cm Motif : géométrique ? Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : dépotoir dans la maison VII (US 7396). 135. (fig. 333 n°135 et 336 n°7) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,75 cm Motif : géométrique (volutes) Support : ? (négatif d’un lien végétal) Prov. : niveau de circulation de la rue SOL23 (US 7296). 136. (fig. 333 n°136) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,05 × 0,8 cm Motif : géométrique (méandres) Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : niveau de circulation de rue (S3G) (US 7635) Bibl./Com. : Ce motif est réminiscent d’un type de décor déjà en vogue avant la XIIe dynastie : PETRIE 1925, pl. IV n°251-258 ; MATOUK 1977, p. 407 n°2147-2148 ; WARD 1978, Design Class 1A, pl. I-II.

2.2.3.2. Observations générales sur les scellés de la phase 13 Nous avons dénombré 100 matrices différentes, réparties en 137 exemplaires pour la phase 13. Les matrices réunissant plusieurs exemplaires (n°39, 40, 45, 46, 48, 49, 56, 61, 65, 68, 74, 77) concernent uniquement les titres de prêtres. Les scellés portant des titres de prêtres sont par ailleurs majoritaires dans le corpus de la phase 13 : on compte au moins 75 scellés sur les 1371026, mais seulement 38 matrices sur les 100. La taille des sceaux portant des titres de prêtres oscille entre 1,3 × 0,7 cm et 2,2 × 1,05 cm. Le nombre de scellés avec une inscription s’élève tout de même à 68 ou 69 matrices (103 ou 104 exemplaires). À cette phase, les scellés portent avant tout l’empreinte de sceau de forme ovale (l’ovale peut être presque rectangulaire). Mais quelques cas d’empreinte de sceau rectangulaire ont été relevés. D’après les revers lisibles, 16 exemplaires ont servi à sceller des portes ou des coffres, dont 11 mentionnent des titres de prêtres (fig. 334 n°8) ; 5 scellaient des papyrus, dont 2 avec des titres de prêtres et 1 avec un titre de vizir (fig. 335 n°8) ; 3 scellés, dont aucun avec des titres de prêtres, ont été apposés sur des ballots de tissus (fig. 336 n°1). Un même prêtre pouvait posséder, semble-t-il, plusieurs sceaux : c’est le cas de Hor-kheb (ḥr-ḫb), un stoliste de Thèbes (smꜢty wꜢst) pour lequel on compte quatre matrices différentes (n°74, 75, 76, 77), et celui de Pa-sheri-n-aset (pꜢ-šrỉ-(n)-Ꜣst), qui était doté d’au moins cinq sceaux (n°45, 46, 47, 49, 50), si ce n’est 1026

Il y en a peut-être plus, mais certains scellés sont trop fragmentaires pour être certain qu’ils mentionnent ou non un titre de prêtre.

431

LES ARTEFACTS

7556.2 L: 2,3 cm

1. Matrice n°46, scellé 7556.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89778

7019.1 L: 2,5 cm

2. Matrice n°47, scellé 7019.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°65724

7878.1

0

1

7878.7a

2 cm

3. Matrice n°49, scellé 7878.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111530

0

1

2 cm

4. Matrice n°49, scellé 7878.7a – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111549

7878.7c

0

1

2 cm

5. Matrice n°49, scellé 7878.7c – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111547

7111.1 L: 2,4 cm

6. Matrice n°55, scellé 7111.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67829

7111.4 L: 1,8 cm

7111.4 L: 1,8 cm

7. Matrice n°56, scellé 7111.4 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67834

8. Revers de porte-coffre, scellé 7111.4 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67835

Fig. 334. Scellés de la phase 13-5

CHAPITRE III

432

7520.9 L: 1,5 cm

7299.1 L: 1,9 cm

1. Matrice n°60, scellé 7299.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72900

2. Matrice n°65, scellé 7520.9 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89867

7710.1

0

1

7296.6 L: 1,6 cm

2 cm

3. Matrice n°66, scellé 7710.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111413

4. Matrice n°70, scellé 7296.6 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89904

7111.2 L: 2,15 cm

5. Matrice n°72, scellé 7111.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67831

7513.4 L: 1,5 cm

6. Matrice n°74, scellé 7513.4 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°90969

7000.4 L: 3,4 cm

7000.4 L: 3,4 cm

7. Matrice n°81, scellé 7000.4 – © Cnrs-Cfeetk/Y. Stoeckel n°103951

8. Revers d’un papyrus, scellé 7000.4 – © Cnrs-Cfeetk/Y. Stoeckel n°103952

Fig. 335. Scellés de la phase 13-6

433

LES ARTEFACTS

7674.2 h: 0,95 cm

7469.4 h: 2,2 cm

1. Revers d’une étoffe, scellé 7674.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91071

2. Matrice n°109, scellé 7469.4 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75617

7276.5 h: 1,8 cm

7279.8 L: 1,6 cm

3. Matrice n°116, scellé 7276.5 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72883

4. Matrice n°117, scellé 7279.8 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72889

7288.11 L: 2,1 cm

7148.1 L: 2,5 cm

5. Matrice n°123, scellé 7148.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67815

6. Matrice n°127, scellé 7288.11 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72909

7296.2 L: 1,95 cm

7139.3 h: 2,1 cm

7. Matrice n°135, scellé 7296.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89897

8. Matrice n°138, scellé 7139.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67822

Fig. 336. Scellés de la phase 13-7

434

CHAPITRE III

de six (avec n°48). Les mêmes matrices, ou les mêmes personnages mentionnés sur les scellés, proviennent de niveaux stratigraphiques très variés. Ils sont issus de niveaux de nature différente (divers sols des maisons VII et VIII, niveaux de circulation de rue, couches d’abandon, de démolition, mais aussi de dépotoir) qui appartiennent à divers états du quartier des prêtres à la phase 13. Aussi, soit il faut considérer la durée de ces états comme plutôt limitée dans le temps, soit les scellés des niveaux d’abandon et de dépotoir représentent des contaminations anciennes. Mais le fait de trouver le même personnage dans tous ces contextes ne nous paraît pas anodin. De plus la présence importante de scellés avec des titres de prêtres dans les premiers niveaux d’abandon, de remblai ou de dépotoir des maisons VII et VIII (35 scellés sur 75), semble indiquer que les prêtres continuaient à vivre dans le quartier même si certaines maisons étaient déjà désaffectées. Cela n’est cependant pas sûr à propos des niveaux les plus récents de la phase 13. La fosse F17 – fosse de dépotoir la plus récente de la maison VII – et le niveau d’incendie à l’arrière de la maison VII – dernière occupation du quartier des prêtres de la phase 13 attestée dans la Zone 7 – n’ont fourni aucun scellé avec des titres de prêtres et semblent en outre présenter un matériel plus récent. Si l’on considère la répartition géographique des scellés avec les titres de prêtres dans la Zone 7, on observe quelques faits intéressants (voir dans la synthèse fig. 419). Bien qu’aucun des éléments de chambranle des maisons VII et VIII ne portait d’inscription, la présence de scellés avec des titres de prêtres en quantité notable, au sein de ces maisons et dans la portion de rue qui les desservait, indique qu’il s’agit bien de bâtiments destinés aux prêtres. En revanche, lorsque l’on passe au sud de la maison VIII, la situation semble changer. Seuls onze scellés ont été découverts dans les sondages 4 et 3G : ils proviennent du niveau d’abandon recouvrant le dallage ST22 sur la « place », de divers niveaux de rue et du comblement de la structure ST34. Les titres de prêtres se font très rares. Un premier (n°80) évoque le titre de lesonis et un deuxième (n°66) celui de prophète de Montou. Deux portent des inscriptions très incomplètes (n°105-106). Deux autres présentent divers signes hiéroglyphiques à valeur prophylactique (n°121-122). Les cinq derniers portent des motifs géométriques (n°130-133 et 136). Aucun scellé n’a été mis au jour dans la « maison IX », ni sur les niveaux d’occupation fonctionnant avec les deux états de la « place », et ce malgré le tamisage systématique de leurs niveaux archéologiques. La partie sud de la Zone 7, à partir de

la maison IX incluse, changerait-t-elle de vocation ? La description de l’architecture et des différents faits archéologiques dans ce secteur nous avait déjà amené à formuler cette question1027. L’analyse des scellés apporte ici un indice supplémentaire. 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13 La formule saïto-perse Trois scellés (n°81-83) présentent une formule particulière bien connue pour l’époque saïto-perse1028 et uniquement relevée à la phase 13 du quartier des prêtres. Son paradigme est le suivant1029 : nom d’une divinité1030 suivi du signe sꜢ, puis du nom du propriétaire du sceau, précédé ou non de son titre. La protection de Ptah mentionnée sur un scellé (n°82) est attestée par ailleurs1031 ; nous n’avons pas trouvé, en revanche, de parallèle pour celle de Sekhmet. Cependant, Ptah et Sekhmet formant le couple memphite, il n’est pas étrange de les trouver associés. La protection du roi, telle qu’elle apparaît sur le scellé du vizir n°81, peut aussi être invoquée1032. Elle suit un paradigme légèrement différent à savoir : le signe sꜢ précède le nom du pharaon, le ou les titres puis le nom du propriétaire du sceau. Une liste de scellés similaires a été établie par H. De Meulenaere ; sur les six exemples qu’il donne, cinq invoquent la protection d’Amasis1033. Le scellé du Superviseur de la Ruit Ahmes-sa-neith, trouvé à Naucratis, présente une composition identique à celle du scellé du vizir : sꜢ + cartouche d’Amasis surmonté de deux plumes + titre du propriétaire du sceau + nom basileuphore Ahmes-sa-neith, avec Ahmes entouré d’un cartouche à deux plumes1034.

1027

1028 1029 1030

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1033 1034

Supra, Chapitre I, § 3.5.3. Le statut de la « place » vis-à-vis du quartier des prêtres. VERCOUTTER 1945, p. 51 ; ZIVIE 1978, p. 176. CORTEGGIANI 1973, p. 151-153 et pl. XIII, B et C. Il n’est pas rare que ces sceaux demandent la protection de deux divinités. Par exemple, sur une très belle bague-sceau en or, datée de la XXVIe dynastie, la protection double d’Isis et de Hathor est invoquée : BARBOTIN 2005, p. 65 (Musée du Louvre Inv. E 10699). PETRIE 1910, p. 42, n°2 et 11, et pl. XXXV-XXXVI (sceaux provenant de Memphis et datant de la XXVIe dynastie) ; PETRIE 1917, pl. LVIII, AZ (sceau privé des XXVIe-XXXe dynasties). Ibid., pl. LI n°23.1 ; DE MEULENAERE 1964, p. 29 ; ZIVIE 1978, p. 176. DE MEULENAERE 1964, p. 29. PETRIE 1886, pl. XX, n°5 ; HALL 1913, p. 292, 2789 ; MASSON 2018b, p. 21-22, fig. 39-40.

LES ARTEFACTS

Les pharaons évoqués sur les scellés De rares scellés présentent le cartouche de pharaons appartenant à la XXVIe dynastie. Ils forment une aide précieuse pour la datation de la phase 13. Le premier est un scellé fragmentaire trouvé dans une couche de dépotoir de la maison VII, n°72. Il porte le cartouche de wꜢḥ-ỉb-rꜥ, ce qui correspond soit au nom de nswtbỉt de Psammétique Ier (664-610 av. J.-C.), soit au nom de fils de Rê d’Apriès (589-570 av. J.-C.). Si J. Vercoutter a signalé que « seul Psammétique Ier était représenté par de nombreux scarabées pour la XXVIe dynastie », tout en admettant que les « quelques scarabées au prénom de Psammétique peuvent désigner Apriès »1035, la Scarab Factory de Naucratis qui a produit des scarabées au nom de wꜢḥ-ỉb-rꜥ était en activité après le règne de Psammétique Ier1036. Les scarabées portant l’inscription Psmṯk, « Psammétique » sont encore produits au-delà du règne de Psammétique et diffusés en Égypte et dans le bassin méditerranéen, mais il n’en irait pas de même pour wꜢḥ-ỉb-rꜥ1037. Un deuxième scellé pourrait évoquer ces pharaons mais l’inscription est trop fragmentaire et érodée pour en être sûr. Il s’agit du n°52, provenant également d’un contexte de dépotoir dans la maison VII. Enfin, un dernier scellé, le n°81, n’offre aucun doute quand à l’identification du pharaon. Il invoque la protection d’Amasis (hnm-ỉb-rꜥ) (570-527 av. J.-C.), selon la formule saïto-perse que nous venons de décrire, pour le vizir Psamétik-mery-neith (psmṯk-mry-nt)1038. Il provient du niveau d’incendie de la réserve située à l’arrière de la maison VII, soit le dernier niveau d’occupation relevé pour la Zone 7. Ces scellés fournissent donc un bon terminus post quem pour les niveaux les plus récents de la phase 13 (dépotoir de la maison VII et dernière occupation du quartier des prêtres), soit la XXVIe dynastie. 2.2.4. Scellés de la phase 14 (contextes fin Basse Époque-début Haut-Empire romain) Les niveaux de rue sont les contextes qui ont fourni le plus de scellés à la phase 14. Chaque étape du comblement et de l’occupation de la rue a fourni des

1035 1036 1037 1038

VERCOUTTER 1945, p. 56-57. MASSON 2018a. JAEGER 1993, p. 186, n°116. Sur ce personnage : infra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes.

435

scellés avec des titres de prêtres. De même que pour la phase 13, de même des scellés issus de matrices similaires sont issus de tous les niveaux de rue de la phase 14. Aussi les scellés seront-ils présentés tous ensemble. 2.2.4.1. Catalogue des scellés de la phase 14 139. (fig. 337 n°139) Forme du sceau : ? Dim. : 0,4 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes […] ḥm-nṯr (n) ỉ[mn] […] « […] prophète d’Amon […] » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598). 140. (fig. 337 n°140) Forme du sceau : ? Dim. : 0,65 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes […] [ỉpt]-swt wꜥb mdw šps […] « […] Karnak, prêtre-ouâb du pieu sacré […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F20 (Rue 6) (US 7301) Bibl./Com. : Cette matrice se rapproche des nombreuses matrices de la phase 13 (n°45-50) faisant référence à un « prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset ». Cette matrice est néanmoins différente. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une autre matrice du même personnage, et dans ce cas ce scellé serait résiduel, ou bien, s’il s’agit d’un personnage différent qui a vécu à une époque plus tardive. 141. (fig. 337 n°141) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes […] [ỉpt]-swt wꜥb mdw šps […] « […] Karnak, prêtre-ouâb du pieu sacré […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3) (US 7732) Bibl./Com. : Voir matrice n°140. 142. (fig. 337 n°142 et 340 n°1) Forme du sceau : ovale Dim. : 1, 5 × 1,2 cm Motif : hiéroglyphes

CHAPITRE III

436

7598.9a

7301.18

140

139

144

151

7813.1

155

7697.2

154

7338.1

7734.18

158

157

7355.6

160

150

153

156

7669.3

7846.2

7768.2

7705.3

146

149

152

7368.8a

7355.3a + 7355.4a/b

7730.5

7700.1

142

145

148

147

7598.3

7306.1 + 7330.6 + 7368.8c/d

7284.6 + 7338.5 7341.2b + 7355.4d + 7737.1

7598.2

159

141

7284.7b + 7330.8 7368.7a/b/c + 7368.8b

7598.9b

143

7732.11

7598.5

7705.4

161

162

Éch. dessin :

Fig. 337. Scellés de la phase 14-1

0

1 cm

LES ARTEFACTS

ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt ḏd-ỉmn-[…] « Prophète d’Amon dans Karnak, Djed-imen-[…] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Pour le nom ḏd-ỉmn et ses dérivés, voir RANKE 1935, 409, 22-23 et 410, 1-2. 143. (fig. 337 n°143) Forme du sceau : rectangulaire ? Dim. : 1,2 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm- / ỉt-?]nṯr (n) imn m ipt-[swt] […] « [Prophète / père divin ?] d’Amon dans Karnak […] » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598). 144. (fig. 337 n°144) Forme du sceau : rectangulaire, presque carré Dim. : 1 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : ḥm-nṯr ỉt-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt 2e ligne : ns-ḫmnỉw sꜢ [pꜢ-dỉ ?] 1ère ligne : « Prophète et père divin d’Amon dans Karnak 2e ligne : Nes-khemeniou, fils de [Pa-di ?] » Support : ? (négatif d’une cordelette) pour 7330.8 ; ? pour les autres Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7368) ; comblement de la fosse F21 (Rue 3) (US 7284) ; comblement de la fosse F25 (Rue 5) (US 7330) Bibl./Com. : Noter, sur le dessin, la forme particulière de l’obélisque, typique de l’époque ptolémaïque. Les deux premiers signes de la 2e ligne sont difficiles à identifier : il semble qu’il s’agisse de babouins, le premier assis, le deuxième debout. Le babouin assis peut avoir, entre autres, la valeur phonétique de ns et le babouin debout en adoration, celle de ḫmnỉw : COULON 2006, p. 20. Le nom de ns-ḫmnỉw est attesté par exemple sur la statue du Musée du Caire JE 37128, provenant de la cour de la Cachette et datée de la fin de la XXXe dynastie-début de l’époque ptolémaïque : JANSEN-WINKELN 2001, I, n°21 p. 117 note n°12, II n°21 p. 381 a 6 et p. 382 b 1. 145. (fig. 337 n°145) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 0,9 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes

437

1ère ligne : [ḥm-nṯr ỉt-nṯr (n) ỉmn ?] m [ỉpt]-swt ? 2e ligne : ns-ḫmnỉw sꜢ pꜢ-dỉ 1ère ligne : « [Prophète et père divin d’Amon ?] dans Karnak 2e ligne : Nes-khemeniou, fils de Pa-di » Support : ? Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7368) ; comblement de la fosse F25 (Rue 5) (US 7330) ; comblement de la fosse F23 (Rue 6) (US 7306) Bibl./Com. : Cette matrice est très proche de la matrice n°144, néanmoins légèrement différente : la première ligne a été restituée à l’identique de la matrice précédente. Pa-di est un nom commun, notamment à l’époque ptolémaïque : RANKE 1935, 121, 17. 146. (fig. 337 n°146) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 0,8 × 0,55 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr ỉt-nṯr (n) ỉmn m [ipt-swt] […] « Prophète et père divin d’Amon dans [Karnak] […] Support : ? Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7368). 147. (fig. 337 n°147 et 340 n°2) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1,2 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : ḥm-nṯr n ỉmn ?[…] 2e ligne : tpy ? mꜢꜥt ? ? sꜢ nb-ꜥnḫ 1ère ligne : « Prophète d’Amon ? […] 2e ligne : ?, fils de Neb-ankh Support : ? (négatif d’une cordelette sur la tranche) Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Les deux derniers signes de la première ligne de texte sont des personnages assis (probablement des divinités), mais leur tête n’étant pas conservée, on ne peut les identifier. Le sens de la deuxième ligne, où probablement figurent deux noms, nous échappe. Le premier signe semble être le signe , servant à écrire tpy dans le titre de premier prophète par exemple. Il pourrait aussi être le vase servant à écrire le nom de Bastet d’où l’anthroponyme ḏd-bꜢstt (RANKE 1935, 410, 7) ou ns-bꜢstt (DE MEULENAERE 1954, p. 79). Mais l’existence de ces anthroponymes a été remise en question : le signe du vase a été interprété par divers égyptologues comme le visage ḥr, d’où le nom plus commun ḏd-ḥr (THIRION 1988, p. 135). Pour les signes suivants, l’identification de Maât pour la divinité assise n’est pas certaine. Enfin, le signe suivant la divinité pourrait être

CHAPITRE III

438

l’emblème de l’ouest ỉmnt . La fin du scellé mentionne le nom de nb-ꜥnḫ (attesté à l’époque ptolémaïque : RANKE 1935, 183, 26), père du propriétaire du sceau1039. 148. (fig. 337 n°148) Forme du sceau : rectangulaire, presque carré Dim. : 1,1 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : ỉt-nṯr ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt 2e ligne : ḏd-ḥr (sꜢ) pꜢ-dỉ-nb-nswt-tꜢwy 1ère ligne : « Père divin et prophète d’Amon dans Karnak 2e ligne : Djed-hor fils de Pa-di-neb-nesout-taouy » Support : papyrus pour 7341.2b et 7737.1 ; ? (négatif d’une cordelette) pour 7284.6 ; ? pour 7338.5 et 7355.4d Prov. : comblement de la fosse F29 (Rue 1) (US 7355 et US 7737) ; comblement de la fosse F21 (Rue 3) (US 7284) ; comblement de la fosse F27 (Rue 3) (US 7341) ; second niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 4) (US 7338) Bibl./Com. : Le babouin assis peut avoir plusieurs valeurs à l’époque ptolémaïque, dont celle de sꜢ, mais aussi celle de nfr ou de ḏd : CAUVILLE 2001, p. 74. Nous proposons ici la valeur ḏd pour le nom commun ḏd-ḥr. 149. (fig. 337 n°149) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1,5 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : [ỉt-nṯr ?] ḥm[-nṯr] (n) ỉmn m ỉpt-swt 2e ligne : [ḏd-]ḥr sꜢ pꜢ-dỉ-nb-nswt-tꜢwy 1ère ligne : « [Père divin ?] prophète d’Amon dans Karnak 2e ligne : [Djed]-hor, fils de Pa-di-neb-nesout-taouy » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F29 (Rue 1) (US 7355) Bibl./Com. : Les propositions de restitution du titre et du nom du personnage dépendent de la matrice précédente n°148 dont n°149 semble proche. 150. (fig. 337 n°150) Forme du sceau : ? Dim. : 2 × 0,6 cm Motif : hiéroglyphes [ḥm-/ ỉt- ?]nṯr (n) ỉmn wn ꜥꜢwy pt ỉmy-r (n) pr (n) ỉmn sꜢ ? […]

1039

L’anthroponyme sꜢ-nb-[s]-ꜥnḫ (RANKE 1935, 282, 19) est improbable.

« Prophète ou père divin (?) d’Amon, ouvreur des deux vantaux du ciel, intendant du domaine d’Amon, de la ? phylè ? […] » Support : coffre Prov. : comblement de la fosse F72 (Rue 3) (US 7669) Bibl./Com. : L’identification des hiéroglyphes à la fin du scellé n’est pas sûre du fait de la cassure à cet endroit. Sur le titre « ouvreur des deux vantaux » : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. 151. (fig. 337 n°151 et 340 n°3) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,45 × 1,1 cm Motif : hiéroglyphes ỉt-nṯr (n ỉmn ?) ỉtỉ [sꜢ] ỉmn-ỉr-[dỉ]s « Père divin (d’Amon ?) Iti, [fils] d’Amenardis » Support : papyrus Prov. : comblement de la fosse F72 (Rue 3) (US 7700) Bibl./Com. : Sur le nom Iti : RANKE 1935, 49, 13. Sur le nom Amenardis : ibid., 26, 24. Le signe final, peut-être un signe ꜥnḫ, doit avoir une valeur prophylactique. 152. (fig. 337 n°152) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 1 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes (empreinte très effacée)

1ère ligne : [ḥm- / ỉt- ?]nṯr ? (n) ỉmn-rꜥ nswt nṯrw 2e ligne : […] nḫt ? […] 1ère ligne : « [Prophète / père divin ?] d’Amon-Rê roi des dieux 2e ligne : […] nakht ? […] » Support : papyrus Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7730). 153. (fig. 337 n°153 et 340 n°4) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,6 × 0,95 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt […]-ỉmn-[…] « Prophète d’Amon dans Karnak, […]-imen-[…] » Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : passe dans les fosses F65 et F75 (matériel très mélangé appartenant à Rue 3) (US 7846) Bibl./Com. : Le sceau a été appliqué deux fois presque au même endroit sur l’argile, rendant la lecture et le dessin de la matrice difficiles. Au-dessus du groupe ỉmn, le signe du lion se devine : le nom pourrait alors être ḫr-ỉmn. Ce nom

LES ARTEFACTS

n’est pas connu de Ranke, mais celui-ci a relevé des noms tels que ḫr-mwt (RANKE 1935, 273, 21) et ḫr-ḫnsw (ibid., 273, 22). 154. (fig. 337 n°154) Forme du sceau : ? Dim. : 1,35 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes […] ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst pꜢ-dỉ-ỉmn « […] Prophète de Montou maître de Thèbes, Pa-di-imen » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7697). 155. (fig. 337 n°155 et 340 n°5) Forme du sceau : rectangulaire probablement Dim. : 1,4 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes ḥm-nṯr (n) mnṯw [nb] wꜢst mr šn n pr […] ḥr-(m)-sꜢ[-.f] […] « Prophète de Montou [maître] de Thèbes, lesonis du domaine […], Hor-m-sa[-f] […] » Support : ? (négatif d’une cordelette) Prov. : comblement de la fosse F66 (Rue 1) (US 7813) Bibl./Com. : Noter que l’inscription est en creux, non en relief, et qu’elle se lit de droite à gauche. Sur le titre de lesonis, voir aussi la matrice n°80. Le nom de ḥr-m-sꜢ.f est bien attesté à l’époque ptolémaïque, entre autres : RANKE 1935, 248, 12. L’avant-dernier signe, une divinité assise à tête hiéracocéphale surmontée d’un disque solaire, pourrait représenter Horus ou Montou. 156. (fig. 337 n°156) Forme du sceau : ? Dim. : 0,9 × 1,5 cm Motif : hiéroglyphes disposés en colonnes […] ḥm-nṯr (n) [ỉ]mn-rꜥ […] šš(nq) […] « […] prophète d’Amon-Rê, Chéchanq […] » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F74 (Rue 3) (US 7768) Bibl./Com. : Cette matrice, à mettre en relation avec les matrices n°157 et 158, a été publiée dans : COULON, MASSON 2010, p. 138-141, fig. 6. Voir aussi dans ce volume : infra, Chapitre IV, § 1.2.2.2. Le prophète d’Amon-Rê roi des dieux et d’Osiris Naref, Chéchanq. 157. (fig. 337 n°157) Forme du sceau : ? Dim. : 1,25 × 0,95 cm Motif : hiéroglyphes disposés en colonnes

439

[…] [ỉ]mn-rꜥ nswt nṯrw [...] šš(n)q […] « [...] Amon-Rê roi des dieux […], Chéchanq [...] » Support : ? (négatif d’une cordelette sur la tranche) Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7734) Bibl./Com. : Voir la matrice n°156. 158. (fig. 337 n°158 et 340 n°6) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,95 × 1,3 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : ḥm-nṯr (n) ỉmn-rꜥ nswt nṯrw 2e ligne : wsỉr nꜢrf ššnq 1ère ligne : « Prophète d’Amon-Rê roi des dieux 2e ligne : et d’Osiris Naref, Chéchanq » Support : papyrus Prov. : second niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 4) (US 7338) Bibl./Com. : Voir la matrice n°156. Noter sur le dessin que les noms Osiris et Naref encadrent le cartouche de Chéchanq. 159. (fig. 337 n°159 et 340 n°7-8) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,7 × 1,3 cm Motif : hiéroglyphes

Deux possibilités de translitération et de traduction 1ère proposition : ḥm-nṯr (n) wsỉr bꜢ-ꜥnḫ-(n-)rꜥ (n) twt (n) (?) nḫt-ḥr-ḥb pꜢ-d(ỉ)-ỉmn-(m-)ỉpt 2e proposition : ḥm-nṯr (n) wsỉr bꜢ-ꜥnḫ-(n-)rꜥ (n) twt (n) (?) nḫt-ḥr-ḥb (n) ỉmn-(m-)ỉpt ? 1ère proposition : « Prophète d’Osiris Ba-vivant-de-Rê et de la statue de (?) Nectanébo, Pa-di-imen-m-ipet ? » 2e proposition : « Prophète d’Osiris Ba-vivant-de-Ré (?), de la statue de (?) Nectanébo et d’Amen(em)opé ? » Support : papyrus Prov. : comblement de la fosse F77 (Rue 3) (US 7705). Bibl./Com. : La petitesse de l’objet fait qu’il est très difficile de lire l’intérieur du cartouche. Il pourrait être vide et se lire « pharaon ». Sur l’équivalence du cartouche vide avec pr-ꜥꜢ : DE MEULENAERE 1959, p. 13, note 3. Le titre de prophète de la statue de Nectanébo, associé à un cartouche vide, est bien répertorié : DE MEULENAERE 1960, p. 97. Le cartouche pourrait aussi contenir le prénom de Nectanébo II, Senedjemibrê. L’Osiris Ba-vivant-de-Rê désigne le taureau Boukhis. Sur le culte de Boukhis et son association au culte des statues de Nectanébo : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. La première proposition de lecture comporte

CHAPITRE III

440

le groupe de la première ligne du scellé. Pourrait-on y voir une abréviation1040 ?

1ère ligne : (ỉ)t-nṯr wꜢḥ-[…] 2e ligne : pꜢ-dỉ-ꜥꜢ-šfyt? […] « Père divin […], Wah-[…] Pa-di-aa-shefyt (?) […] » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Le nom pꜢ-dỉ-ꜥꜢ-šfyt est typique de l’époque ptolémaïque, mais la graphie ici serait inhabituelle (normalement avec le protome de bélier et non le bélier marchant) : RANKE 1935, 122, 18. L’identification du signe ꜥꜢ n’est pas sûre.

160. (fig. 337 n°160) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,5 × 1,05 cm Motif : hiéroglyphes

163. (fig. 338 n°163 et 341 n°1) Forme du sceau : ? Dim. : 1,3 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes

[ỉt-nṯr?] ḥm-nṯr wn « [Père divin et ?] prophète de la Lumière » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F29 (Rue 1) (US 7355) Bibl./Com. : Noter que la fosse F29 coupe les niveaux de la phase 12, d’où proviennent plusieurs scellés portant le même titre (matrice n°17). Ce scellé provient donc sans doute de la fosse cendreuse que coupe F29.

wr mꜢꜢ n ỉwnw[-šmꜥw?] […] « Grand des voyants dans l’Héliopolis [du sud ?] […] » Support : ? Prov. : comblement de la tranchée de fondation du mur M64 (bâtiment J) (US 7666) Bibl./Com. : Sur ce titre : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres.

deux défauts : le nom du propriétaire se chevaucherait sur deux lignes de texte, ce qui serait un cas unique dans notre documentation ; la graphie du nom pꜢ-dỉ-ỉmn-(m)-ỉpt serait ici particulière (d remplaçant dỉ serait exceptionnel). Ce nom est par ailleurs bien attesté de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque : RANKE 1935, 122, 4. Quant à la deuxième proposition, elle ne nous permet pas de comprendre

161. (fig. 337 n°161) Forme du sceau : ? Dim. : 1,35 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes

1ère ligne : […] stp? […] w […] 2e ligne : ḥm[-nṯr] 4-nw ḏd-ỉmn-ỉwf-ꜥnḫ […] 1ère ligne trop fragmentaire 2e ligne : « […] quatrième prophète, Djed-imen-iouf-ankh […] » Support : coffre Prov. : comblement de la fosse F77 (Rue 3) (US 7705). est dans l’autre sens, Bibl./Com. : Noter que le signe ce qui nous fait douter de son identification. Sur le nom Djed-imen-iouf-ankh : RANKE 1935, 409, 23. 162. (fig. 337 n°162) Forme du sceau : ? Dim. : 0,75 × 1 cm Motif : hiéroglyphes

164. (fig. 338 n°164) Forme du sceau : ? Dim. : 1,2 × 1,05 cm Motif : hiéroglyphes [ỉt-nṯr ?] ḥm[-nṯr] wn ꜥꜢwy pt pꜢ-dỉ-ppt […] « [Père divin et ?] prophète, ouvreur des deux vantaux du ciel, Pa-di-pepet […] » Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F74 (Rue 3) (US 7671) Bibl./Com. : ppt est une forme abrégée de l’épithète de la déesse héliopolitaine nbt-ḥtpt : VANDIER 1964, p. 84. L’épithète est placée ici en antéposition honorifique. Ce nom abrégé est bien attesté à partir de la Basse Époque : RANKE 1935, 123, 12 ; RANKE 1952, 184, 23. Voir aussi sur le nom pꜢ-dỉ-ppt : JANSEN-WINKELN 2001, I, p. 50, note n°2. La restitution du début du scellé par « père divin et prophète » se fonde sur d’autres occurrences dans notre corpus : lorsque le signe ḥm est placé après le signe nṯr (ici non conservé), nṯr est très souvent précédé de ỉt. Sur le titre « ouvreur des deux vantaux du ciel » : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. 165. (fig. 338 n°165) Forme du sceau : ? Dim. : 0,55 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes

1040

Voir notamment le titre de « prophète des statues du fils de Rê, Amasis, de Dep et Pé » : DE MEULENAERE 2011, p. 131.

[…] ḥm-nṯr ḥnk-nwn […] « […] prophète, celui-qui-présente le Noun […] »

441

LES ARTEFACTS

7666.2

165

164

163

167

169

168

7318.1

7355.3b + 7368.5

179

180

7585.1

183

7371.1

178

7732.10

181

7734.16

182

7781.3

7736.2

7598.24

184

174

177

7598.10c

7846.3

7736.3

7734.7

7598.6

176

175

170

173

7781.2

7766.1

7633.2

172

171

166

7846.1

7598.16

7598.8a/8b

7598.15

7598.11a

7671.2

185

186

Éch. dessin :

Fig. 338. Scellés de la phase 14-2

0

1 cm

442

CHAPITRE III

Support : ? (négatif de cordelette dans la tranche) Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Sur le titre de « celui-qui-présente le Noun » : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. 166. (fig. 338 n°166) Forme du sceau : ? Dim. : 1 × 0,5 cm Motif : hiéroglyphes ỉt-nṯr ḥm-ḥḏt ḥr […] « Père divin et prophète de la couronne blanche et d’Horus […] » Support : ? (négatif de cordelette dans la tranche) Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Bien que le scellé soit très incomplet, on pourrait restituer le titre de ḥm-ḥḏt ḥr wr wꜢḏty, « prophète de la couronne blanche et d’Horus, le grand des deux uræi » : COULON 2006, p. 4. Pour une analyse de ce titre bien attesté à l’époque ptolémaïque : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. Une autre traduction, quoique moins satisfaisante, serait le titre simple de ḥm-ḥḏt suivi d’un nom commençant par ḥr. 167. (fig. 338 n°167) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes […] ḥm-nṯr (n) ḥḏt […] « […] Prophète de la couronne blanche […] » Support : papyrus pour 7598.8a ; ? (négatif de cordelette dans la tranche) pour 7598.8b Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Même si le titre est le même, la matrice est différente de la précédente (n°166). 168. (fig. 338 n°168) Forme du sceau : ? Dim. : 1 × 0,6 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne, entourés de volutes […] sḏꜢwty bỉty […] « […] le porteur du sceau […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Le titre de porteur du sceau royal a souvent été retouvé sur des scarabées : HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 294 n°510-515. 169. (fig. 338 n°169 et 341 n°2) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,5 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes

[…] qwꜢtỉ [m] pr ỉmn-rꜥ (n) wsỉr (?) […] « […] sacristain d’Osiris (?) [dans] le domaine d’Amon-Rê […] » Support : ? (négatif de cordelettes dans la tranche et empreinte de tissu au revers) Prov. : passe dans les fosses F65 et F75 (matériel mélangé appartenant à Rue 3) (US 7846) Bibl./Com. : Sur le titre de « sacristain » : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. 170. (fig. 338 n°170) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : 0,75 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes n qwꜢtỉ […] r ? […] « sacristain […] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F72 (Rue 3) (US 7766). Bibl./Com. : Sur le titre « sacristain » : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. 171. (fig. 338 n°171) Forme du sceau : rectangulaire ? Dim. : 1 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes […] ḏd-ḥr sꜢ pꜢ-dỉ-nb-nswt-tꜢwy « […] Djed-hor, fils de Pa-di-neb-nesout-taouy » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F29 pour (Rue 1) (US 7355) ; premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) pour (US 7368) Bibl./Com. : Il s’agit probablement du même de Djed-hor, fils de Pa-di-neb-nesout-taouy mentionné sur les matrices n°148 et 149. Noter, sur le dessin, que le nom Pa-di-nebnesout-taouy est inscrit dans un seul quadrat. 172. (fig. 338 n°172) Forme du sceau : ? Dim. : 0,7 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes […] ḏd[-ḥr?] (sꜢ) pꜢ[-dỉ-nb-nswt tꜢwy ?] « […] Djed[-hor ?], (fils) de Pa[-di-neb-nesout-taouy ?] » Support : ? Prov. : niveau de circulation de rue SOL18 (Rue 5) (US 7318) Bibl./Com. : Il s’agit peut-être du même personnage mentionné sur les matrices n°148, 149 et 171, d’où notre proposition de restitution. L’état très fragmentaire du scellé ne permet pas d’en être sûr. En tout cas le dessin des hiéroglyphes ne correspondait pas tout à fait aux autres matrices.

LES ARTEFACTS

173. (fig. 338 n°173) Forme du sceau : ? Dim. : 0,9 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes […] pꜢ-dỉ-ỉmn-[nb]-nswt-tꜢwy […] « […] Pa-di-imen-[neb]-nesout-taouy […] » Support : ? Prov. : niveau abandon-dépotoir de la place (US 7633), pollué par la fosse ptolémaïque F74 (Rue 3) Bibl./Com. : Pa-di-imen-[neb]-nesout-taouy est un nom commun de la XXIIe dynastie jusqu’à l’époque ptolémaïque : RANKE 1935, 122, 6.

443

Support : ? Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7734) Bibl./Com. : Iret-hor-rou est un nom commun de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque : RANKE 1935, 42, 11. 178. (fig. 338 n°178 et 341 n°3) Forme du sceau : ? Dim. : 0,8 × 0,75 cm Motif : hiéroglyphes

[…] ḏd-ḥr sꜢ pꜢ-dỉ[-ỉm]n […] « […] Djed-hor, fils de Pa-di-[im]en […] » Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : comblement de la fosse F31 (Rue 1) (US 7736).

1ère ligne : sš-nswt ḏd[-ḥr ?] […] 2e ligne : […] p […] šꜢꜥ-ḫprỉ ? […] 1ère ligne : « Scribe royal, Djed[-hor ?] […] 2e ligne : […] [fils de ?] Sha-khepri ? […] » Support : ? Prov. : assises de briques appartenant au mur M52 (Rue 4) (US 7371) Bibl./Com. : Pour la graphie correcte des signes, se référer au dessin et au cliché du scellé. Le nom de Sha-khepri est connu (RANKE 1935, 324, 21), mais il ne s’agit que d’une proposition de traduction.

175. (fig. 338 n°175) Forme du sceau : ? Dim. : 0,9 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes

179. (fig. 338 n°179) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,7 × 0,95 cm Motif : hiéroglyphes

[…] [ḥm- / ỉt-]nṯr pꜢ-dỉ-Ꜣst « […] Prophète ou père divin, Pa-di-aset » Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7781).

[…] Ꜣḫ pꜢy ? […] « […] l’esprit-akh s’envole ? […] » Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : passe dans les fosses F65 et F75 (matériel très mélangé appartenant à Rue 3) (US 7846).

174. (fig. 338 n°174) Forme du sceau : ? Dim. : 0,8 × 0,45 cm Motif : hiéroglyphes

176. (fig. 338 n°176) Forme du sceau : ? Dim. : 1,7 × 1 cm Motif : hiéroglyphes […] ỉmn-rꜥ nswt nṯrw wn[-…] « […] Amon-Rê, roi des dieux, Oun[-…] » Support : ? Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598). 177. (fig. 338 n°177) Forme du sceau : ? Dim. : 1,15 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes […] [ḥm- / ỉt-?]nṯr ỉrt-ḥr-rw […] « […] prophète / père divin (?) Iret-hor-rou […] »

180. (fig. 338 n°180) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,45 × 1 cm Motif : hiéroglyphes (signes de la mèche de cheveu et du fourré de papyrus lisibles) Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598). 181. (fig. 338 n°181) Forme du sceau : ovale Dim. : 1 × 0,95 cm Motif : hiéroglyphes entourés de spirales ovales (signe ḫtm ou šn visible) Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3) (US 7732) Bibl./Com. : PETRIE 1925, pl. IX n°339-345 (uniquement pour la composition).

444

CHAPITRE III

182. (fig. 338 n°182) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,95 × 0,65 cm Motif : hiéroglyphes entourés de spirales ovales ; motif ꜥ-n-r incertain car l’ordre des hiéroglyphes diffère […] rꜥn/nỉ-rꜥ ? « ? » (trop fragmentaire) motif ꜥ-n-r ? Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7734) Bibl./Com. : Le motif ꜥ-n-r très commun à la Deuxième Période Intermédiaire semble avoir été repris au début de la TPI : MAGNARINI 2004, n°03.66. S’agirait-il là aussi d’un motif archaïsant ? Voir aussi : PETRIE 1925, pl. IX n°349353 ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°12 (uniquement pour la composition) ; MATOUK 1977, p. 411 n°2349 (motif ꜥ-n-r entouré de spirales ovales) ; TUFNELL 1984, pl. XVI n°1718, 1750 (motif ꜥ-n-r entouré de spirales). 183. (fig. 171 et 338 n°183) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,3 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes [ny]-w(y)-ỉmn-p(Ꜣ)-ṯꜢw-(n)-ꜥnḫ « J’appartiens à Amon, le souffle de vie » Support : ? Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J (US 7585) Bibl./Com. : Une empreinte de sceau, portant une inscription quasi-identique, scellait plusieurs lettres contenues dans les papyri Berlin 10487-488-489 (ERMAN 1913, p. 15). H. Ranke proposait d’y voir un nom (RANKE 1952, 294, 9). Mais d’après la révision de M. Thirion, qui s’appuit sur le commentaire d’A. Gardiner (GARDINER 1912-1913, p. 63), il s’agirait de la « devise du grand prêtre d’Amon Piankhi » (THIRION 1982-1983, p. 103). A. Gardiner évoque la possibilité que cette inscription serait une marque du grand prêtre d’Amon : « This may be either the private motto of Pai-onkh, or else (and perhaps more probably) an indication that the roll belonged to the High Priest of Amon – a title which, as we have seen, Pai-onkh bore » (GARDINER 1912-1913, p. 63). Une dernière hypothèse serait d’y voir une simple devise associant Amon et le souffle, qui ne serait en rien l’apanage du grand prêtre d’Amon, Payânkh ou autre. Ce type de formule est en effet bien connu sur les scarabées, notamment à la XIXe dynastie (DRIOTON 1955). Nous manquons cependant de parallèles pour l’époque ptolémaïque, et donc ne devons pas écarter la possibilité d’une contamination ancienne. 184. (fig. 338 n°184) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,9 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne

[…] ỉmn-rꜥ ḥs wsỉr « […] Amon-Rê, loué d’Osiris » Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Il ne nous semble pas que le signe nb soit signifiant ici, aussi l’avons-nous omis dans le texte. Le signe nb « conformément à un usage très courant, sert à remplir la partie inférieure de l’ovale » : LECLANT, YOYOTTE 1949, p. 38. Pour le texte, quelques parallèles possibles : PETRIE 1886, pl. XXXVII n°112 ; PETRIE 1888, pl. VIII n°64, 65 et 76 ; NEWBERRY 1907a, pl. X n°36609, 36623, 36626, 36879, 36900 et 36914 ; NEWBERRY 1908, p. 190, pl. XL, n°10 ; TEETER 2003, p. 21, n°1.

185. (fig. 338 n°185 et 341 n°4) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,2 × 0,7 cm Motif : hiéroglyphes entourés d’un papyrus Imn-rꜥ « Amon-Rê » Support : ? (négatif de liens végétaux grossiers) Prov. : comblement de la fosse F31 (Rue 1) (US 7736) Bibl./Com. : Il s’agit d’une écriture cryptographique du nom Amon-Rê. Le signe n, stylisé, est attaché à la partie inférieure d’un œil oudjat. La confusion entre et est connue pour les époques tardives : CAUVILLE 2001, p. 123 et 254. En outre, dans le cas de notre exemplaire, la plume est orientée dans le mauvais sens de lecture, : la plume a clairement la valeur de ỉ. Comme pour la matrice précédente n°184, le signe nb termine l’ovale. Cette façon d’écrire le nom Amon-Rê se retrouve sur divers scarabées : NEWBERRY 1907a, pl. VIII n°36763 ; PETRIE, BRUNTON, MURRAY 1923, pl. L ; BRUNTON 1948, pl. LXII n°55 ; DUNHAM 1963, p. 53, fig. 38 n°108 et 118 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 311 n°604.

186. (fig. 338 n°186) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,85 × 0,85 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne […] wsỉr nꜢrf ? « […] Osiris Naref ? » Support : sac (négatif de tissu et de cordelettes au revers) Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7781) Bibl./Com. : Le caractère très fragmentaire du scellé ne permet pas d’être sûr de cette traduction.

LES ARTEFACTS

187. (fig. 339 n°187) Forme du sceau : ? Dim. : 0,6 × 0,4 cm Motif : hiéroglyphes ou décor ? (seule la partie inférieure d’un personnage debout tenant un bâton est préservé) Support : ? Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598). 188. (fig. 339 n°188) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,85 × 0,3 cm Motif : hiéroglyphes ou décor ? (personnage ou divinité assise, suivie d’un personnage debout tenant un bâton ?) Support : ? (négatif de cordelette au revers) Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598). 189. (fig. 339 n°189 et 341 n°5) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,4 × 1,1 cm Motif : sphinx à tête humaine, portant barbe et couronne, surmonté d’un oiseau aux ailes déployées, et, se tenant devant le nom de mn-ḫpr-rꜥ inscrit dans un cartouche ou un ovale Support : ? Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : Ce motif est commun sur les scarabées dès la XVIIIe dynastie et connaît de nombreux parallèles : NEWBERRY 1907a, pl. III n°36119 ; ENGELBACH 1915, pl. LI n°2 ; DUNHAM 1963, p. 53, fig. 38 n°150-152 et p. 293, fig. 177 n°1 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 370 A2 et p. 388 C1 ; JAEGER 1982, p. 80, § 340 ; GIVEON 1985, p. 126, n°48, L.104905 ; GIVEON 1988, n°21 ; GIDDY 1999, pl. 17 n°1776. Voir le commentaire: infra, Chapitre III, 2.2.4.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 14. 190. (fig. 339 n°190) Forme du sceau : bague-sceau au chaton allongé Dim. : 0,9 × 1,5 cm Motif : hiéroglyphes (seul le nom de mn-ḫpr-rꜥ est préservé) Support : porte/coffre Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7734) Bibl./Com. : Un parallèle possible, daté de la Basse Époque, est une bague-sceau au chaton de forme ovale allongée avec une inscription similaire : ŚLIWA 1985, n°56, pl. IX. 191. (fig. 339 n°191) Forme du sceau : ? Dim. : 0,75 × 0,45 cm Motif : hiéroglyphes ? (seul le signe du scarabée est conservé ; il était peut-être entouré d’un cartouche) Support : ? Prov. : comblement de F29 (Rue 1) (US 7355).

445

192. (fig. 339 n°192 et 341 n°6) Forme du sceau : ovale ? Dim. : 1 × 1,1 cm Motif : pharaon portant apparemment une couronne Khepresh ornée d’un uræus et faisant une offrande au dieu Ptah Support : ? Prov. : comblement de la fosse F27 (Rue 3) (US 7341) Bibl./Com. : NEWBERRY 1907b, pl. XI n°6 (règne de Ramsès II) ; PETRIE 1925, pl. XVII n°1323 ; ROWE 1936, pl. XV n°577 (daté XVIIIe dynastie) ; MATOUK 1977, p. 70, p. 336 n°227, p. 361 n°1720 et p. 378 n°261-263 ; GIVEON 1985, p. 32, n°30, L.634 ; MAGNARINI 2004, n°10.27 et n°05.0305. D’après F. Magnarini, le roi adorant le dieu Ptah est un motif particulièrement courant à l’époque ramesside : ibid., p. 289.

193. (fig. 339 n°193) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,5 × 1,2 cm Motif : décor de spirales S associées aux signes nfr, ꜥnḫ et sans doute ꜥꜢ (signes à valeur prophylactique) ; double empreinte Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : comblement de la fosse F43 (Rue 1 ou 3 ?) (US 7550) Bibl./Com. : Quelques parallèles proches mais anciens : NEWBERRY 1907a, pl. XI n°36847 ; NEWBERRY 1908, p. 193, pl. XLII, n°6 ; PETRIE 1925, pl. VII n°102 ; MATOUK 1977, p. 406 n°2110 ; TUFNELL 1984, pl. IV, n°1140 et pl. V n°1166 ; BEN-TOR 2007, pl. 2 n°17 (fin du Moyen Empire).

194. (fig. 339 n°194) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,95 × 1,5 cm Motif : inscription hiéroglyphique à valeur prophylactique, avec peut-être le siège à porteur servant à désigner Osiris, l’œil oudjat, le signe de protection sꜢ et la croix de vie ꜥnḫ (formule « protection et vie, (si) Osiris (?) veille ! » ou « la vigilance d’Osiris est protection et vie ») : rs.w (n) wsỉr ? ꜥnḫ sꜢ Support : ? Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J (US 7658) Bibl./Com. : « Vie et protection, (si) [nom d’une divinité] veille » est une des formules de protection des plus usitées sur les scarabées : PETRIE, BRUNTON, MURRAY 1923, pl. LV n°5 ; PETRIE 1925, pl. XII n°723 ; BRUNTON 1948, pl. LXIII n°84 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 339 n°752 et p. 340 n°755 ; BEN-TOR 1989, p. 72 n°9 ; SCHULZ 2007, cat. no. 73 (exemplaire de la fin du Nouvel Empire-début de la TPI). Nous pensons que la divinité évoquée pourrait être Osiris : servant à écrire le nom il nous semble voir le signe d’Osiris. Cette formule est cependant plus souvent associée avec le nom d’Amon, parfois avec celui de Mout : HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 339-340.

CHAPITRE III

446

7598.10a

187

7598.10b

188

192

7734.15

199

7734.8

198

7813.3

7793.1

201

202

7732.8

7598.7

204

194

197

200

7658.2

7728.1

7765.1

7736.4

190

193

196

195

7734.6

7550.8

7570.1

7539.1

203

189

7341.1

7355.2

191

7598.4

205

7794.2a

206

Éch. dessin :

Fig. 339. Scellés de la phase 14-3

0

1 cm

LES ARTEFACTS

195. (fig. 339 n°195) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,5 × 0,6 cm Motif : géométrique (méandres) Support : porte/coffre Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J (US 7539) Bibl./Com. : Parallèle lointain : MATOUK 1977, p. 407 n°2149. 196. (fig. 339 n°196) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,4 × 1,35 cm Motif : géométrique (spirales) Support : ? (négatif de lien végétal au revers) Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J (US 7570). 197. (fig. 339 n°197) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,75 × 0,35 cm Motif : géométrique (spirales) Support : porte/coffre Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J (US 7728). 198. (fig. 339 n°198) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,85 × 0,75 cm Motif : géométrique (spirales ovales) Support : porte/coffre Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7734) Bibl./Com. : Parallèles possibles : PETRIE 1925, pl. VII n°99 ; MATOUK 1977, p. 407 n°2129. 199. (fig. 339 n°199) Forme du sceau : ovale ? Dim. : 1,4 × 0,95 cm Motif : géométrique (spirales entrelacées) Support : ? Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7734) Bibl./Com. : NEWBERRY 1907a, pl. XII n°36720 ; NEWBERRY 1908, p. 147-148, pl. XIX, n°32 (motif diffusé de la XIIe à la XVIIIe dynastie d’après Newberry) ; PETRIE 1925, pl. VII n°82 ; MATOUK 1977, p. 410 n°2300. 200. (fig. 339 n°200 et 341 n°7) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,15 × 0,9 cm Motif : géométrique (motif en croix - cross pattern motif – à volutes centrées) Support : ? (négatif de lien végétal au revers) Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J (US 7765) Bibl./Com. : Voir la matrice n°9 de notre corpus.

447

201. (fig. 339 n°201) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,75 × 0,8 cm Motif : géométrique (spirales) Support : ? Prov. : comblement de la fosse F74 (Rue 3) (US 7793) Bibl./Com. : NEWBERRY 1908, pl. XX, n°5 ; PETRIE 1925, pl. XVI n°1150. 202. (fig. 339 n°202) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,45 × 1 cm Motif : géométrique (spirales) Support : ? Prov. : comblement de la fosse F66 (Rue 1) (US 7813). 203. (fig. 339 n°203) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,95 × 0,7 cm Motif : floral (une fleur de lotus encadrée de deux boutons de lotus) Support : porte/coffre Prov. : comblement de la fosse F31 (Rue 1) (US 7736) Bibl./Com. : Motif connu dès la XVIIIe dynastie et attesté encore à la Basse Époque : NEWBERRY 1907a, pl. XII n°36848 et 37169 ; NEWBERRY 1908, p. 193, pl. XLII, n°15 ; PETRIE 1886, pl. XXXVIII n°155 ; PETRIE 1925, pl. X n°411 et 416, pl. XVI n°1184 ; BRUNTON 1948, pl. LXIII n°145 ; ROWE 1936, pl. XVII n°653 (daté XVIIIe-XIXe dynastie) ; DUNHAM 1963, p. 52, fig. 37a n°20 ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 406 Va 13 ; MATOUK 1977, p. 364 n°2012 et p. 405 n°2029 ; ŚLIWA 1985, n°121, pl. XX. 204. (fig. 339 n°204) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,9 × 0,75 cm Motif : floral (papyrus) Support : ? (négatif de cordelettes) Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3) (US 7598) Bibl./Com. : NEWBERRY 1907a, pl. XII n°36928 et 37209 ; PETRIE 1925, pl. X n°397 ; DUNHAM 1963, p. 34c (parallèle lointain) ; HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 349 n°808 ; GIVEON 1985, p. 106, n°137, L.135605 (exécution frustre du motif) ; TEETER 2003, p. 99-100, n°156 et n°158. 205. (fig. 339 n°205 et 341 n°8) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,85 × 0,7 cm Motif : géométrique et floral (papyrus) Support : scellement de type nodulus1041. Le scellé est de forme environ conique, comme si la boule d’argile avait été

1041

FOSTER 2001, p. 134, pl. 13.

448

CHAPITRE III

incrustée dans un petit cône creux (élément décoratif incrusté et non un scellement ?) Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3) (US 7732) Bibl./Com. : Aucun parallèle précis mais quelques comparaisons ressemblantes : NEWBERRY 1907a, pl. XII n°36572 et 36788 ; ENGELBACH 1915, pl. XVII n°10 ; PETRIE 1925, pl. X n°417-419 ; DUNHAM 1963, p. 14f ; MATOUK 1977, p. 405 n°2001. 206. (fig. 339 n°206) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,55 × 0,7 cm Motif : indéterminé, peut-être floral Support : ? (négatif de cordelette) Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) (US 7794).

2.2.4.2. Observations générales sur les scellés de la phase 14 Les 84 scellés de la phase 14 se répartissent en 68 matrices différentes. Les matrices qui ont fourni plus d’un exemplaire concernent uniquement les motifs hiéroglyphiques, et notamment les titres de prêtres (n°144, 145, 148, 149, 167 et 171). Les scellés portant une inscription constituent une part prépondérante du matériel sigillaire de la phase 14, puisque l’on compte 50 matrices différentes (66 exemplaires). Les titres de prêtres restent très présents dans la documentation, avec au moins 32 matrices (46 exemplaires). Les sceaux dont sont issus ces scellés mesurent entre 1 × 0,8 cm et 1,7 × 1,3 cm. À cette phase, les scellés arborant un motif autre que hiéroglyphique portent toujours l’empreinte de sceau de forme ovale. Mais il n’est pas rare de trouver une forme rectangulaire, voire carrée pour les scellés avec inscription1042. C’est surtout le cas des scellés avec des titres de prêtres. Ce format permet d’écrire deux lignes de texte malgré la petitesse de ces sceaux (la matrice n°148 ne mesure que 1 × 1 cm par exemple). Lorsque nous avons pu identifier les supports des scellés, nous avons noté encore cette prédominance des scellés de porte/coffre, avec 13 individus, dont 8 concernent des scellés avec des titres de prêtres. Les scellés de papyrus sont assez nombreux : 8 scellés de papyrus ont été reconnus ; ils portent tous une inscription hiéroglyphique, dont 6 sont des titres de prêtres

(fig. 340 n°8). Enfin, un exemplaire à motif hiéroglyphique scellait un sac en tissu. Il semble que les propriétaires des sceaux de la phase 14 pouvaient être dotés de plusieurs sceaux chacun. Il est sans doute imprudent d’associer plusieurs sceaux à un même personnage, mais l’utilisation de plusieurs sceaux par une même personne semblait assez claire avec le prêtre Pa-sheri-n-aset à la phase 13. Le père divin et prophète d’Amon Nes-khemeniou, fils de Pa-di, était doté d’au moins deux sceaux (n°144 et 145). Le texte est similaire sur les deux, mais le dessin des hiéroglyphes et la taille de la matrice diffèrent légèrement de l’un à l’autre. Le titre de « prophète d’Amon-Rê » (ou juste la mention d’Amon-Rê), associé au nom Chéchanq entouré d’un cartouche, se retrouve sur trois matrices différentes (n°156-158). Dans ce cas, le texte diffère quelque peu d’un sceau à l’autre, ce qui nous fait émettre un doute sur l’identité unique du personnage signalé sur ces sceaux1043. Enfin, le prêtre qui a laissé le plus de traces à la phase 14, un certain Djed-hor, fils de Pa-di-neb-nesout-taouy, père divin et prophète d’Amon dans Karnak, semble mentionné sur de nombreuses matrices1044. L’écriture de son nom et/ou celui de son père varient régulièrement d’un sceau à l’autre, mais il est possible que l’on ait affaire au même prêtre. Nous comptons une matrice complète (n°148) et aux moins deux autres plus fragmentaires (n°149 et 171). Comme pour la phase 13, la répartition stratigraphique des scellés mentionnant le même personnage se révèle intéressante. Djed-hor fils de Pa-di-neb-nesouttaouy est présent dans nombre des niveaux de la rue de la phase 14 : une fosse coupant les niveaux de rue de la phase 13, Rue 1 (F29) ; le premier niveau de remblai-démolition comblant la rue, Rue 2 (US 7368) ; les fosses de dépotoir coupant ces niveaux, Rue 3 (F21, F27) ; le second niveau de remblai-démolition comblant la rue, Rue 4 (US 7338). Des scellés de Nes-khemeniou, fils de Pa-di, ont été trouvés dans des contextes de Rue 2 (US 7368), Rue 3 (F21), Rue 5 (petite fosse F25, située entre les niveaux de circulation SOL20 et SOL19) et Rue 6 (F23, coupant tous les sols de la Rue 5 mais recouverte du sol SOL16). Enfin, le nom de Chéchanq, entouré d’un cartouche, a été trouvé

1043

1042

Parallèles pour ce type de format : BOARDMAN, SCARISBRICK 1977, p. 44, no. 96 (bague-sceau en or du grand prêtre d’Hermopolis, daté du IIIe s. av. J.-C.) ; SCHREIBER 2011, fig. 30.

1044

Sur une probable identification du Chéchanq mentionné sur le scellé n°158 : COULON, MASSON 2010, p. 138-141, fig. 6. Voir aussi dans ce volume : infra, Chapitre IV, § 1.2.2.2. Le prophète d’Amon-Rê roi des dieux et d’Osiris Naref, Chéchanq. Sur la difficulté à identifier ce personnage : infra, Chapitre IV, § 1.2.2.4. Le père divin Djed-hor.

449

LES ARTEFACTS

7598.3 h: 2,2 cm

7598.2 L: 1,5 cm

1. Matrice n°142, scellé 7598.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91024

2. Matrice n°147, scellé 7598.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91022

7846.2 7700.1 L: 1,95 cm

3. Matrice n°151, scellé 7700.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91081

0

1

2 cm

4. Matrice n°153, scellé 7846.2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111526

7813.1

0

1

2 cm

5. Matrice n°155, scellé 7813.1– © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111505

7338.1 L: 3,3 cm

6. Matrice n°158, scellé 7338.1– © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°74063

7705.3 L: 2,6 cm

7. Matrice n°159, scellé 7705.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91082

7705.3 L: 2,6 cm

8. Revers d’un papyrus, scellé 7705.3 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°91083

Fig. 340. Scellés de la phase 14-4

CHAPITRE III

450

7846.1

0

7666.2 L: 1,35 cm

1. Matrice n°163, scellé 7666.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91063

1

2 cm

2. Matrice n°169, scellé 7846.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111524

7736.2

0

7371.1 L: 1,5 cm

3. Matrice n°178, scellé 7371.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75607

1

2 cm

4. Matrice n°185, scellé 7736.2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111469

7341.1 L: 1,6 cm

7598.4 L: 1,6 cm

5. Matrice n°189, scellé 7598.4 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°91026

6. Matrice n°192, scellé 7341.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72894

7732.8 7765.1

0

1

2 cm

7. Matrice n°200, scellé 7765.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111477

0

1

2 cm

8. Matrice n°205, scellé 7732.8 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111460-111461

Fig. 341. Scellés de la phase 14-5

LES ARTEFACTS

dans trois contextes différents : le premier niveau de remblai-démolition comblant la rue, Rue 2 (US 7734) ; une fosse coupant les niveaux d’abandon et de dépotoir sur la place (F74) ; le second niveau de remblai-démolition comblant la rue, Rue 4 (US 7338). De ces observations, on peut déduire deux hypothèses : ou bien les niveaux de rue contiennent beaucoup de matériel résiduel (ce qui avait été noté avec la céramique), ou bien le comblement de la rue, est d’une durée relativement courte, même si celui-ci s’est réalisé en plusieurs étapes. La céramique semblait en tout cas montrer une certaine évolution à travers ces contextes, même si ces derniers étaient clairement mélangés. Étant donné que les nombreuses fosses de dépotoir de la rue coupent nombre de faits précédents, des contaminations anciennes sont vraisemblables. Si l’on porte son attention sur la répartition géographique des types de scellés, on ne note plus la même dichotomie que l’on avait à la phase 13, à savoir une présence massive des scellés avec des titres de prêtres dans la moitié nord de la Zone 7 et leur quasi-absence dans la moitié sud. À la phase 14, les scellés avec des titres de prêtres ont été repérés dans tous les sondages de la rue, du nord au sud. Ce qui pourrait être significatif en revanche, c’est qu’ils fassent presque totalement défaut au sein du bâtiment J1045. La tranchée de fondation du mur M64 appartenant au bâtiment a fourni un titre sacerdotal (n°163). Les niveaux de remblai qui ne sont pas coupés par les tranchées de fondation ont fourni six matrices différentes (n°183, 194, 195, 196, 197 et 200), dont un seul avec une inscription hiéroglyphique (pas un titre de prêtre). Les nombreuses fosses de dépotoir qui ont été fouillées au sein du bâtiment J, pourtant riches en matériel, n’en ont livré aucun. Le type de matériel associé au bâtiment J n’a en fait guère de lien avec les prêtres1046. Pourtant la fréquentation des prêtres dans ce secteur à la phase 14 paraît bien établie par le matériel mis au jour dans la rue. L’organisation architecturale a été complètement modifiée à cette phase : la « place » et le grand mur M78 semblent supprimés ; les maisons des prêtres de la phase 13 ont été remplacées par de grands bâtiments quadrangulaires comme le bâtiment J.

2.2.4.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 14 Les titres de prêtres Le parallèle de prédilection pour cette phase est le large assemblage de scellés de papyri mis au jour à Edfou et qui sont principalement datés de la fin de l’époque ptolémaïque1047. Parmi les 330 scellés du Musée Royal de l’Ontario, 19 portent des titres de prêtres1048. Ils ont pu être datés grâce au cartouche de Ptolémée IX Sôter II (116-106 av. J.-C.) présent sur un des exemplaires1049. Les scellés avec les titres de prêtres ont presque tous été réalisés avec des sceaux de format carré, format relevé sur les scellés de la phase 14. Le texte est souvent réparti sur deux lignes, voire trois. La graphie semble aussi très proche. Les titres sont souvent les mêmes : prophète, père divin, supérieur des secrets, prêtre-ouâb, scribe royal associé à un titre de prêtre. Les divinités auxquelles sont voués ces prêtres sont différentes de celles mentionnées dans notre corpus : Isis1050, Hapy, Khnoum et Horus. À Karnak, la mention géographique du temple de Karnak pour Amon, ou de Thèbes pour Montou, montre bien l’appartenance de ces prêtres au sanctuaire thébain. Les noms des propriétaires des sceaux, cités après leurs titres, sont souvent accompagnés du nom de leur père ; tel est le cas pour quelques scellés de la phase 14, contrairement aux exemplaires des phases 12 et 13. Un autre parallèle est donné par le scellé découvert dans le Bâtiment aux papyrus de Tanis, daté de la fin de la XXXe dynastie : les titres du prêtre sont suivis du nom du titulaire et de celui de son père1051. Absence de référence à la mythologie gréco-égyptienne ou grecque La mythologie gréco-égyptienne ou grecque est absente de l’iconographie des scellés de la phase 14. En cela, ce corpus contraste fortement avec les corpus gréco-romains connus par ailleurs en Égypte1052. Est-ce 1047 1048

1049 1050

1045

1046

Aucun scellé n’a été retrouvé dans le bâtiment I. Mais rappelons que ce bâtiment n’est conservé que très partiellement et uniquement en fondation. Supra, Chapitre I, § 4.2.1.2. Stratigraphie du bâtiment J.

451

1051 1052

PLANTZOS 1996, p. 307. MURRAY 1907-1908, pl. IV, n°2-5 et 7-21. Aucun scellé de ce type au Musée Allard Pierson n’a pour l’instant été publié. MURRAY 1907-1908, pl. IV, n°11 ; PLANTZOS 1996, p. 307. Selon J. Milne, ces scellés proviendraient plutôt de Philae, à cause de la mention d’Isis de Philae : MILNE 1906, p. 88. ZIVIE-COCHE 2000. Voir les références bibliographiques mentionnées dans : supra, Chapitre III, § 2.2.1.3. Quels parallèles pour cette documentation ?

CHAPITRE III

452

une marque des scellés de Karnak ou bien de ce secteur spécifique du sanctuaire ? Il est possible que ce soit une indication de la vocation particulière de ce secteur : des traits typiquement grecs étaient visibles sur les deux scellés d’époque ptolémaïque mis au jour dans les fouilles de la chapelle d’Achôris1053. Il faut noter par ailleurs que, excepté le cas d’Edfou, les corpus connus pour l’époque gréco-romaine proviennent rarement de contextes religieux. Les centaines de scellés provenant des caves ou greniers à grains romains de Karanis, ne présentent aucune inscription hiéroglyphique1054. Les têtes ou des bustes de divinités, ou des motifs les mettant en scène, forment la majorité des motifs de ces scellés. Les divinités peuvent être aussi bien égyptiennes ou gréco-égyptiennes (tels Sarapis, Isis, Horus, Harpocrate, Zeus-Ammon…), que grecques (tels Athéna, Apollon, Hélios, Héraclès…). Ces scellés sont certes plus récents que ceux de notre documentation (vers le milieu du IIe siècle ap. J.-C.). Mais de tels motifs sont aussi documentés sur des scellés contemporains aux nôtres. Or, d’après J.G. Milne et J.E. Gates, les scellés de Karanis, apposés sur des marchandises diverses et variées, portent l’empreinte des sceaux des marchands, voire de cultivateurs1055. Ils sont typiques d’une classe sociale. Nous avons vu combien la proportion des scellés avec inscription hiéroglyphique était importante dans le corpus de la phase 141056. La majorité des propriétaires des sceaux dans la Zone 7 sont des prêtres, ou du moins des personnes en relation avec le service du temple, qui savaient lire et écrire. Un motif comprenant le nom de Menkhéperrê La matrice n°189 représente un sphinx à tête humaine, portant barbe et couronne, surmonté d’un oiseau aux ailes déployées et se tenant devant le nom de mn-ḫpr-rꜥ inscrit dans un cartouche ou un ovale. Il s’agit du type (b) dans la classification de B. Jaeger pour les représentations de sphinx associé au cartouche Menkhéperrê ; selon lui, on trouve ce type chez plusieurs rois de la

1053

1054 1055 1056

Ces scellés portent chacun une double-empreinte. Le premier scellé présente sur l’empreinte 1 un éphèbe et sur l’empreinte 2 la déesse grecque Artémis ; quant au deuxième, l’empreinte 1 figure probablement Harpocrate et l’empreinte 2 la tête d’un taureau Apis paré : LAUFFRAY 1995a, p. 112-113 et pl. 20-21. MILNE 1906 ; GATES 2003. MILNE 1906, p. 32 ; GATES 2003, p. 4. Voir notamment tableau 21 : supra, Chapitre III, § 2.2.1.1. Présentation du corpus.

XVIIIe

dynastie mais aussi postérieurement1057. Des représentations de sphinx avec le nom de Menkhéperrê ont été repérées dans des contextes aussi tardifs que la Basse Époque1058. Mais, il semble que le n°189 soit le premier à appartenir à un contexte de l’époque ptolémaïque. 2.2.5. Autres scellés Sont présentés ici quelques scellés provenant de divers contextes : ceux mis au jour lors de nettoyage de la Zone 7 et dont le contexte précis ne peut être déterminé ; un scellé découvert dans le grand remblai moderne US 7001 (contexte non tamisé) ; un scellé découvert lors des fouilles d’É. Allaoua à la jonction du rempart du Nouvel Empire et l’enceinte de Nectanébo ; les rares scellés issus des fouilles anciennes du quartier des prêtres et du quartier ptolémaïque. 2.2.5.1. Catalogue des scellés hors contexte ou autre contexte 207. (Fig. 342 n°207) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,7 × 1,1 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne mꜢꜢ sštꜢw ḥr-Ꜣḫty ? […] « Celui qui voit les secrets, Hor-akhty ? » Support : porte/coffre Prov. : hors contexte (US 7000) Bibl./Com. : Le titre de mꜢꜢ sštꜢw Ꜣḫt est présent sur un cône funéraire de Médinet Habou daté de la XXVIe dynastie : TEETER 2003, p. 178, n°188. 208. (Fig. 342 n°208) Forme du sceau : ovale allongé Dim. : 1,65 × 2,9 cm Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne (texte entouré d’un cartouche, surmonté de deux plumes) ỉmn-rꜥ nb nswt tꜢwy […] « Amon-Rê maître des trônes des deux terres […] » Support : papyrus Prov. : remblais modernes (US 7001)

1057

1058

JAEGER 1982, p. 162-164 § 1185-1193 et fig. 228. Voir aussi HORNUNG, STAEHELIN 1976, p. 370 n°A2 et p. 388 n°C1. JAEGER 1982, p. 162. Voir un exemple daté de la XXVIe dynastie : PETRIE 1917, pl. LV n°17.

453

LES ARTEFACTS

Scellés hors contexte ou contextes modernes (Zone 7)

7000.21

7000.24

207

7000.17

7000.25

210

209

208

Scellé provenant du dégagement du rempart tout au sud, près de l’enceinte de Nectanébo (Zone 8)

8776.12 8776.12 L: 1,7 cm

211

1. Matrice n°211, scellé 8776.12 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, cliché A. Chéné n°108921

Scellés provenant des anciennes fouilles

LS 1206

2. Dessin du scellé LS 1206 (d’après LAUFFRAY 1995, fig. 3)

3. Scellé LS 243 provenant des fouilles du quartier des prêtres (matériel résiduel) – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5615

LS 243 h: 5,6 cm

Éch. dessin :

Fig. 342. Scellés provenant de divers contextes

0

1 cm

454

CHAPITRE III

Bibl./Com. : Il pourrait s’agir d’un cartouche royal : VINCENTELLI 2006-2007 (nombreux scellés provenant du « trésor » de Sanam Abu Dom en Nubie et datés de la période entre les règnes de Piânkhy et Aspelta). 209. (Fig. 342 n°209) Forme du sceau : ovale Dim. : 0,95 × 0,65 cm Motif : deux signes ꜥnḫ encadrant un troisième signe hiéroglyphique (signe ꜥꜢ ou wꜢḏ ?) (hiéroglyphes à valeur prophylactique) Support : ? Prov. : hors contexte (US 7000) Bibl./Com. : MATOUK 1977, p. 410 n°2325, 2327 et 2329 ; GIVEON 1988, n°69 (signe wꜢḏ entre deux signes ꜥnḫ). 210. (Fig. 342 n°210) Forme du sceau : ovale Dim. : 1,3 × 0,9 cm Motif : hiéroglyphes (nom cryptographique d’Amon-Rê) ; double empreinte Support : ? Prov. : hors contexte (US 7000) Bibl./Com. : Pas de parallèle précis mais de très nombreux scarabées utilisent le nom d’Amon-Rê sous la forme d’une barque surmontée d’un disque solaire, par exemple : NEWBERRY 1907a, pl. X n°36612, 36619, 36630, 37117, 37121, 37250…

ḥm-nṯr (n) ỉmn m [ỉpt]-swt « prophète d’Amon dans Karnak » Support : ? Prov. : favissa I du quartier ptolémaïque (fouille de 1971). Bibl./Com. : Ce scellé a déjà été publié dans LAUFFRAY 1995b, p. 307-308, fig. 3. LS 243. (Fig. 342 n°3, LS 243) Forme du sceau : ovale Dim. : ca. 2,1 × 1,3 cm (d’après cliché) Motif : hiéroglyphes disposés en une colonne (texte encadré de volutes aux extrémités) Support : papyrus (d’après la fiche-objet) Prov. : IX N a (fouilles du quartier des prêtres en 1970). Bibl./Com. : LS 243 provient des fouilles du quartier des prêtres. Le scellé présente une inscription hiéroglyphique lisible), entourée de difficile à déchiffrer (signe nỉwt volutes. Sur la fiche-objet, il est indiqué qu’il pourrait dater de l’époque Hyksos. Sans connaître son contexte précis de découverte, il semble difficile de dater le scellé et de le considérer comme contemporain de l’occupation du secteur par les prêtres. Nous avons néanmoins noté des compositions relativement semblables sur des scellés de la Zone 7 (matrice n°92 par exemple).

Bibliographie de l’étude du matériel sigillaire 211. (Fig. 342 n°1, 211) Forme du sceau : quadrangulaire Dim. : 1,1 × 0,8 cm Motif : hiéroglyphes […] ỉpt-swt [ḥm-?] ḥḏt, PꜢ-dỉ-ỉpt sꜢ nb-nswt-tꜢwy « […] dans Karnak, [prophète ?] de la couronne blanche, Pa-di-ipet fils de Neb-nesout-taouy » Support : ? Prov. : comblement (US 8776) d’une fosse moderne datée de G. Legrain, fouillée par É. Allaoua lors de son dégagement du rempart du Nouvel Empire au sud de la Zone 7, près de l’enceinte de Nectanébo Bibl./Com. : Pour une analyse du titre « prophète de la couronne blanche », également attesté dans le corpus de la Zone 7 (matrices n°166-167) : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres.

2.2.5.2. Scellés provenant des anciennes fouilles LS 1206. (Fig. 342 n°2, LS1206) Forme du sceau : rectangulaire Dim. : ca. 1,3 × 0,7 cm (d’après le dessin publié) Motif : hiéroglyphes

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459

LES ARTEFACTS

3. MOBILIER LITHIQUE

3.1.2. Présentation

Le mobilier lithique forme un pan important du matériel mis au jour dans le secteur des prêtres. Son examen comprend tout d’abord l’étude de l’industrie lithique, essentiellement des silex taillés, et celle du macro-outillage, autrement dit le matériel principalement destiné à la mouture des céréales, à la préparation des condiments ou encore celle des pigments1059. Les différents types de récipients en pierre seront présentés à la suite. Sont exclus ici les éléments de sculptures et d’architecture (inscrits ou décorés), traités à part dans ce volume1060.

L’industrie lithique de la Zone 7 comprend des produits de débitage, des outils et quelques objets divers (fig. 343). Tous, ou presque, peuvent être replacés dans les phases 12 à 14 de l’occupation du site, soit une période couvrant une large partie du premier millénaire avant notre ère. Il est à noter qu’une part non négligeable du mobilier lithique est issue de contextes perturbés. De fait, elle a été retirée de la présente étude. Enfin, les éléments appartenant à des phases antérieures seront publiés dans un volume portant sur le Nouvel Empire dans ce secteur.

3.1. ÉTUDE DE L’INDUSTRIE LITHIQUE Samuel GUÉRIN

4.76% 11.91%

Industrie lithique

3.1.1. Méthodologie Au cours des campagnes de fouilles conduites de 2001 à 2006 dans la Zone 7, l’industrie lithique a été recueillie en contexte stratifié. Par ailleurs, un tamisage systématique des déblais a permis de prendre en compte les microlithes. Chacune des quatre-vingtquatre pièces lithiques que compte le corpus porte un numéro d’inventaire. Celui-ci associe le numéro de l’unité stratigraphique dans laquelle la pièce a été découverte à une lettre majuscule, comme par exemples : « l’éclat 7567.A », « la lame 7750b.A » ; ou bien à un numéro attribué à l’objet en cours de fouilles (« éclat 7821.38 »). Lors d’une première phase d’observation sur le terrain, la reconnaissance des matières premières et la dimension des pièces lithiques ont été consciencieusement consignées. Brièvement décrites, ces pièces ont aussi été identifiées dans la mesure du possible. Leur conservation est assurée dans le magasin A du lac Sacré (MSLA), dans l’enceinte du temple de Karnak, à proximité immédiate du site. Le réexamen de l’ensemble de ce mobilier lithique, dans un temps imparti relativement court, fait l’objet de la présente étude.

1059

1060

Cette étude a été menée par Samuel Guérin du 1er février au 15 mars 2007. Infra, Chapitre III, § 5. Sculptures et modèles de sculpteur ; Chapitre III, § 9. Blocs épigraphiés et décorés.

Produits de débitage Outils Varia 83.33%

Fig. 343. Industrie lithique de la Zone 7

3.1.3. Les matières premières Parmi les quatre-vingt-quatre pièces examinées, trois catégories de roches dures, à cassures conchoïdales1061, se distinguent1062 : – le silex : « roche siliceuse dure, à grain très fin, jaune clair, brune ou noire, à cassure lisse et conchoïdale, à l’éclat luisant, constituée de silice plus ou moins cristallisée sous forme de calcédoine ou de quartz, plus ou moins hydratée, et qui se présente disséminée dans d’autres roches, généralement calcaires, sous forme de rognons ou de concrétions ». La quasi-totalité de l’industrie lithique découverte dans la Zone 7 est taillée dans cette roche (variabilité des couleurs, de l’éclat, des cortex, etc.) ; – la calcédoine : « pierre précieuse [ou semi-précieuse] composée de quartz et de silice, généralement d’un blanc laiteux, à structure microcristalline fibreuse ou granulaire, compacte ou stalactitique, et comportant de nombreuses variétés : calcédoine

1061 1062

Similaire à une empreinte de coquillage. Pour la définition de ces différentes roches : http://www.cnrtl. fr/definition/silex (calcédoine/obsidienne/quartz).

CHAPITRE III

460

zonée (agate), calcédoine rouge (cornaline), calcédoine verte (chrysoprase), etc. » ; – l’obsidienne : « roche d’origine éruptive de couleur foncée. Les obsidiennes sont des roches volcaniques homogènes, vitreuses, de diverses couleurs » (fréquemment noires ou vertes) ; – le quartz : « minéral qui cristallise dans le système rhomboédrique, formé d’oxyde de silicium, très répandu dans la nature, aux utilisations industrielles très nombreuses (à cause notamment de sa dureté et de sa stabilité à très haute température) ». Les gîtes de ces matières premières sont variés. On recense, d’une part, les roches endogènes, autrement dit « locales », auxquelles appartiennent les silex, les calcédoines et les quartzs ; d’autre part, les roches exogènes, à savoir les obsidiennes. Parmi les roches disponibles à proximité du site, on recense le silex, sous forme de rognons/nodules et de plaquettes. Entre Esna et Le Caire, les nodules de silex apparaissent dans les couches calcaires de l’Eocène, tandis qu’ils sont également présent dans les niveaux de l’Eocène et du Crétacé des déserts de l’Ouest et de l’Est1063. Dans le cas présent, les silex sont disponibles dans la moyenne vallée du Nil et dans la Montagne Thébaine, situés à une distance qui peut varier de 10 à 25 km à vol d’oiseau. Ils arborent différentes teintes, tirant principalement du beige au beige-rosé, du blond au brun, du gris au noir. Translucides ou opaques, parfois zonées ou ponctuées d’inclusions de microfossiles, ils sont couverts ou non d’un fin cortex calcaire, de couleur beige à gris. L’ensemble du corpus se caractérise ainsi par une assez forte variabilité de faciès, se traduisant par la reconnaissance de silicifications aux teintes variées (beige, brun, gris, gris-noir, beige-rose, etc.), diversement translucides et homogènes, à texture plus ou moins fine, parfois zonées ou ponctuées d’inclusions de microfossiles. Lorsqu’il est présent, le cortex est dans la grande majorité des cas un cortex calcaire fin, blanc ou beige, d’épaisseur variable. La calcédoine est présente sous forme de petits galets ovoïdes. Alors que des gisements de calcédoines et d’agates sont connus dans le désert Nubien à l’ouest du Lac Nasser1064, Pline évoquait déjà la présence « d’agates » dans les environs de Thèbes1065. De même,

Charles Louis Fleury Panckoucke signale dans la Description de l’Égypte (1826) une « variété [d’agate] connue sous le nom d’agate orientale », ainsi que la « multitude d’agates oviformes ou en cailloux un peu aplatis, répandues sur le sol des anciennes villes de la Thébaïde ». Il écrit encore : « À Karnak, sur la rive droite du Nil, où les agates sont plus abondantes que partout ailleurs […] » ; « On pourrait soupçonner que ces agates, qu’elles proviennent ou non de la décomposition d’un poudingue, ont eu primitivement leur origine dans des roches volcaniques […] »1066. En réalité, la forme la plus fréquente de la calcédoine, c’est-à-dire l’agate, se retrouve en abondance en Égypte à la surface même du sol, tandis que la calcédoine ordinaire est présente dans le Wadi Abu Gerida, à environ 70 km de Quseir, et près du Wadi Saga dans le désert de l’Est ; dans l’oasis de Bahariya dans le désert de l’Ouest ; à environ 65 km au nord-ouest d’Abou Simbel ; dans la province du Fayoum et dans le Sinaï1067. Quant aux quartz, observés sous forme de galets, ils ont vraisemblablement été ramassés sur les rives du Nil ou dans les zones cultivées anciennement inondées. Enfin, l’obsidienne, présente sur le site sous la forme d’un petit éclat, tire son origine d’Éthiopie, d’Érythrée ou encore de la péninsule Arabique (du Yémen notamment). Pour les périodes tardives, sa provenance d’Asie Mineure ne peut pas être exclue. Une amulette en forme de doigt datée de la XXVIe dynastie a ainsi été réalisée dans de l’obsidienne égéenne (Milos)1068. En absence d’une étude à l’échelle microscopique, l’origine de cet éclat d’obsidienne ne peut donc pas être précisée. Par ailleurs, d’autres artefacts taillés dans cette roche sont à relever dans le domaine de Karnak. En 1902, c’est une tête royale en obsidienne, haute de 85 mm, qui est découverte dans les remblais localisés contre la face nord du VIIe pylône (CGC 42102), tandis qu’en 1905 une sculpture fragmentaire d’Aménophis III, dont un petit masque haut de 19,5 cm, est mise au jour dans la Cour de la Cachette (CGC 42101 = Base de données Cachette de Karnak/640). Ces pièces uniques ont été datées de la XVIIIe dynastie1069. Provenant de la

1066 1067

1068

1069 1063 1064 1065

ASTON, HARRELL, SHAW 2000, p. 28-29. HARRELL, Stone in Ancient Egypt. PLINE, traduction 1782, p. 349 (Livre XXXVII).

PANCKOUCKE 1826, p. 195-196, n. 1-2. LUCAS, HARRIS 1962, p. 392 ; ASTON, HARRELL, SHAW 2000, p. 25-28. LUCAS, HARRIS 1962, p. 415-416 ; ASTON, HARRELL, SHAW 2000, p. 46-47. LEGRAIN 1906, p. 58-59, n°42101-42102, pl. LXIII-LXIV ; LUCAS, HARRIS 1962, p. 416, n. 5 ; ASTON, HARRELL, SHAW 2000, p. 47 - Examples, 4 ; COULON, JAMBON http://www.ifao. egnet.net/bases/cachette/?id=640.

461

LES ARTEFACTS

Cour de la Cachette de Karnak, on retiendra également la découverte de yeux incrustés destinés à des statues et dont les pupilles sont taillées dans de l’obsidienne (CK 894-895), un fragment de barbe tressée (CK 899), ainsi qu’un grattoir (CK 901)1070. Parmi toutes les matières premières observées dans les Zones 7 et 8 de Karnak, treize sont concernées dans la présente étude. Par commodité, elles sont notées de la façon suivante : MP pour « Matière Première », suivi d’un numéro X correspondant à la matière décrite ci-après. MP 1 : silex brun clair à gris, parsemé de petits points de couleur foncée (oolithes ?) ; cortex : blanc et fin. MP 2 : silex couleur crème à gris, plus foncé dans sa partie sous-corticale, qui présente de fines veines concentriques à l’image d’une empreinte digitale ; cortex : blanc et fin. MP 3 : quartz laiteux. MP 4 : calcédoine (agate ou opale indéterminée). MP 5 : agate. MP 10 : silex couleur « chocolat au lait », légèrement zoné en partie sous-corticale. MP 11 : silex gris clair zoné. MP 12 : silex couleur « caramel » (uniforme) ; partie sous-corticale grise (fine) ; cortex : blanc et peu épais. MP 13 : quartz translucide. MP 14 : silex beige à gris clair très fin, parsemé de minuscules oolithes blancs. MP 15 : obsidienne. MP 19 : silex souligné de veines noires et brunes (aspect marbré) ; chauffé, il prend une teinte gris-rosé. MP Ind. ou silex ind. : matière première indéterminée ou silex de nature indéterminée. 3.1.4. Les produits de débitage et nucléi Les produits de débitage et nucléi, au nombre de soixante-dix, représentent 83,33 % de l’industrie lithique inventoriée (fig. 344). Ils comprennent : – 42 éclats (60 %) ; – 9 lames (12,86 %) ; – 6 lamelles (8,57 %) ; – 9 débris (12,86 %) ; – 3 nucléi (4,28 %) ; – 1 galet retouché (1,43 %).

1070

COULON, JAMBON http://www.ifao.egnet.net/bases/cachette/.

Fig. 344. Produits de débitage et nucléi

3.1.4.1. Les éclats Le corpus comprend 42 éclats, dont 26 entiers (61,90 % de l’effectif) et six presque entiers (environ 14,28 % de l’effectif). Tous sont en silex, à l’exception de la pièce 7716.4 débitée dans de l’obsidienne noire, une matière première rare et dont la présence s’avère exceptionnelle dans la Zone 7 (fig. 345 n°1). Cet éclat non retouché provient d’un niveau de circulation de rue (phase 13). Par ailleurs, 22 éclats présentent une surface partiellement corticale (52,38 % de l’effectif) et 33 ont subi l’action du feu comme la présence de cupules et éclats thermiques le démontrent (soit 78,57 % de l’effectif). Compte tenu des pièces entières, la longueur moyenne d’un éclat est évaluée à 21,5 mm ; sa largeur moyenne à 19,88 mm et son épaisseur moyenne à 4,88 mm (tableau 25). Il s’agit donc de petits éclats. Éclats * Longueur Largeur Épaisseur

Minimum

Maximum

Moyenne

8 mm 8 mm 2 mm

60 mm 38 mm 9 mm

21,5 mm 19,88 mm 4,88 mm

Tableau 25. Dimensions des éclats

En se basant principalement sur la longueur de la pièce, l’éclat 7169.A est jugé comme le plus petit de l’effectif (8 × 8 × 2 mm), tandis que l’éclat 7564.A est considéré comme le plus grand (60 × 36 × 9 mm). Sur 42 éclats recensés, 13 présentent un talon brisé, alors que l’absence du talon est constatée sur neuf autres pièces (tableau 26). Onze autres éclats affichent un talon lisse non abrasé contre un seul éclat au talon lisse abrasé, et deux autres montrent un talon punctiforme. Enfin, 8 éclats sont caractérisés par des talons corticaux.

CHAPITRE III

462

Les produits de débitage et nucléi

7716.4

2 cm

1. Éclat d’obsidienne noire 7716.4 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119128

7316.4

2 cm

2. Nucléus caréniforme unipolaire 7316.4 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119099

ź

ź ź

ź

ź

7537.1

2 cm

3. Galet retouché 7537.1 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119095-119096

Fig. 345. Industrie lithique-1

463

LES ARTEFACTS

Talon

Absent

Brisé

Cortical

9 21,43

11 26,19

7 16,67

n %

Cortical/brisé Punctiforme 1 2,38

2 4,76

Lisse abrasé

Lisse non abrasé

Lisse non abrasé/brisé

Total

1 2,38

10 23,81

1 2,38

42 100

Tableau 26. Talons des éclats

Pour terminer, les accidents de taille les plus fréquents sont les réfléchissements. Ils concernent 11 éclats1071. Suivent les cassures en languette, au nombre de deux1072. On observe aussi une pièce avec une cassure en languette combinée à un réfléchissement (7716.4), un éclat outrepassé (7777.A), ainsi qu’un éclat réfléchi qui, en outre, présente un esquillement du bulbe (7691.A). 3.1.4.2. Les lames Les lames sont au nombre de neuf, dont quatre entières (44,44 % de l’effectif)1073. Cinq d’entre elles sont partiellement corticales (55,55 % de l’effectif) et huit présentent des stigmates de chauffe (88,88 % de l’effectif). Si l’on tient compte uniquement des pièces entières, les dimensions moyennes d’une lame sont de 64,6 mm de longueur, 24,2 mm de largeur et 11,4 mm d’épaisseur (tableau 27). Il s’agit donc essentiellement de lames courtes. Lames Longueur Largeur Épaisseur

Minimum

Maximum

Moyenne

44 mm 17 mm 6 mm

74 mm 31 mm 22 mm

64,6 mm 24,2 mm 11,4 mm

Tableau 27. Dimensions des lames

Quatre lames offrent une section triangulaire (7175.A, 7301-A.A, 7538.A, 7765a.A), l’un des deux pans pouvant présenter une surface partiellement ou totalement corticale et/ou naturelle. Une autre est de section trapézoïdale (7470.A). Enfin, la section ne peut être

Talon n %

précisée pour les quatre restantes, leurs faces supérieures étant très altérées par l’action du feu (éclats, cupules). Parmi les lames entières, deux présentent un profil plus ou moins courbes (7538.A et 7594/7595.A : 2 mm), tandis que les deux autres sont plates. Les talons sont absents ou brisés sur six lames (tableau 28). Toutefois, on observe un talon lisse non abrasé sur la lame 7765a.A ; un talon punctiforme et cortical sur la lame 7301-A.A (lame d’entame), ainsi qu’un talon entièrement cortical sur la pièce 7538.A. Enfin, des accidents de taille ont été observés sur deux pièces : la lame 7733.A présente un réfléchissement, tandis qu’un esquillement du bulbe marque la lame 7470.A. Étant donné la prépondérance des lames non retouchées, celles-ci constituent indéniablement la majeure partie des supports recherchés. Il s’agit donc de lames étroites et de faible longueur ; leur faible épaisseur est aussi une constante.

3.1.4.3. Les lamelles Les lamelles sont au nombre de six, dont une entière (7706.A) et une presque entière (7173.A). Deux d’entre elles présentent une surface corticale partielle et cinq ont chauffé (83,33 % de l’effectif). Au regard des pièces entières et presque entières, la longueur moyenne d’une lamelle est estimée à 33 mm, sa largeur moyenne à 11,5 mm, alors que l’épaisseur moyenne est d’environ 4,5 mm (tableau 29).

Absent

Brisé

Cortical

Punctiforme/ Cortical

Lisse non abrasé

Total

3 33,33

3 33,33

1 11,11

1 11,11

1 11,11

9 100

Tableau 28. Talons des lames

1071

1072 1073

Éclats 7112.A, 7226.A, 7229.A, 7237.A, 7470.B, 7505.A, 7510.A, 7605.A, 7640a.A, 7647.C et 7660.A. Éclats 7253.C et 7781b.D. Lames 7025.A, 7538.A, 7594/7595.A et 7765a.A.

CHAPITRE III

464 Lamelle

Minimum

Maximum

Moyenne

3.1.4.5. Les nucléi

26 mm 10 mm 3 mm

40 mm 13 mm 6 mm

33 mm 11,5 mm 4,5 mm

Les nucléi sont au nombre de trois. Il s’agit de nucléi lamellaires, unipolaires (7234.1, 7316.4) et bipolaire (7540.1). Par ailleurs, un galet retouché (7537.1) vient compléter l’effectif.

Longueur Largeur Épaisseur

Tableau 29. Dimensions des lamelles

Si toutefois on tient uniquement compte de la largeur et de l’épaisseur des six lamelles, la largeur moyenne d’une lamelle est portée à 11,66 mm, tandis que l’épaisseur moyenne ne varie guère, c’est-à-dire 4,16 mm. Sur les six lamelles recensées, la section de deux d’entre elles est de forme triangulaire (7548.A, 7595a.A) ; dans deux autres cas, elle est de forme trapézoïdale (7781b.A, 7716b.B). Pour les deux dernières, la morphologie de la section est indéterminable en raison des altérations thermiques que les pièces ont subies. Il est à noter qu’un ou plusieurs pans de ces lamelles peuvent être caractérisés par une surface partiellement ou totalement corticale et/ou naturelle. On notera l’absence de talon sur trois lamelles, alors que deux autres sont caractérisées par des talons punctiformes (7173.A, 7706.A) ; enfin, une lamelle présente un talon lisse abrasé (7595a.A) (tableau 30). Talon

Absent

Punctiforme

Lisse abrasé

Total

n %

3 50

2 33,33

1 16,67

6 100

Tableau 30. Talons sur lamelles

Quelques accidents de taille affectent les lamelles, dont une cassure en languette (7595a.A, 7781b.A) et un esquillement du bulbe (7706.A). Cette dernière pièce présente aussi un réfléchissement. Elles témoignent probablement d’une production de supports standardisés. Il est possible d’envisager que ces produits étaient destinés à être transformés en éléments denticulés, auquel cas ces produits bruts étaient importés d’un centre de production avant d’être retouchés sur leur site d’utilisation. Selon toute vraisemblance, ces lamelles étaient destinées à être transformées en outils à vocation agricole, tel l’élément denticulé n°405. 3.1.4.4. Les débris Neuf débris ont été recensés (7052.A, 7120.A, 7236.A, 7391.A, 7548.B, 7550a.C, 7550a.E, 7585.A et 7674.A), dont quatre corticaux.

• 7234.1 (phase 14) Nucléus caréniforme unipolaire (34 × 32 × 17 mm) ; silex indéterminé, non patiné mais chauffé (nombreux éclats et cupules thermiques). Le plan de frappe est lisse, tandis que le plan de débitage est très altéré. Deux enlèvements lamellaires sont encore distincts, les dernières lamelles débitées, légèrement torses, mesurant entre 7 et 9 mm de large. • 7316.4 (phase 14) (fig. 345 n°2) Nucléus caréniforme unipolaire (22 × 26 × 21 mm) ; silex (MP 1), non patiné mais chauffé (cupules thermiques). Le plan de frappe est lisse (recoupé par des cupules thermiques) et la corniche est non abrasée. Le premier plan de débitage présente au moins quatre négatifs d’enlèvements lamellaires. Toutefois, il est altéré par des cupules thermiques. Les dernières lamelles débitées devaient mesurer environ 22 mm de long pour une largeur estimée à 6-7 mm ; elles étaient courbes. On notera sur le bord latéral gauche du nucléus au moins un enlèvement opposé, négatif probable d’un éclat de ravivage latéral. Enfin, la surface opposée au plan de débitage est en partie corticale. Le support était donc vraisemblablement un petit bloc cortical. • 7540.1 (phase 12) Nucléus bipolaire opposé (24 × 11 × 19 mm) ; silex (MP 14) non patiné mais chauffé (présence d’éclats et de cupules thermiques). Le premier plan de débitage présente des négatifs d’enlèvements lamellaires, le principal mesurant 20 × 6 mm, tandis que le second plan de débitage, aménagé sur le bord droit du nucléus, dévoile quatre autres négatifs d’enlèvements lamellaires. Dans les deux cas, les plans de frappe sont lisses et les corniches ne sont pas abrasées. • 7537.1 (phase 12) (fig. 345 n°3) Galet de quartz laiteux (MP 3) ; pièce entière (48 × 45 × 26 mm) non patinée mais chauffée. Quatre enlèvements unifaciaux (éclats) dégagent un bord tranchant. Ce galet retouché a été découvert dans les couches de comblement de la tranchée de fondation d’un mur du bâtiment 2 de la phase 12. De fait, une pollution archéologique est envisageable, la tranchée de fondation ayant transpercée un radier contenant du mobilier daté du Nouvel Empire.

Outre la présence de cette dernière pièce, la présence des nucléi indique que des lamelles ont vraisemblable-

LES ARTEFACTS

ment été taillées sur place, supports probablement destinés à la production des microperçoirs et mèches de foret bien attestés dans ce secteur du temple de Karnak. 3.1.5. Les outils On recense dix outils, soit 11,91 % de l’effectif, répartis en quatre catégories, à savoir : – les outils employés pour couper des végétaux : 3 couteaux et/ou scies à moissonner (30 %), 2 lames de faucille (20 %) ; – les outils servant à percer : 3 microperçoirs et mèches de foret (30 %) ; – les outils utilisés pour piqueter, débiter : 1 pic (10 %) ; – les outils « opportuns » : 1 éclat retouché (10 %).

465

admise pour les pièces prédynastiques est à nuancer pour les couteaux/scies à moissonner d’époque historique. Dans le cas présent, les couteaux – plutôt frustres – ne sont pas caractérisés par une retouche bifaciale et seule est conservée la denticulation régulière, en scie. • 7057.18 (phase 13) (fig. 347 n°1) Silex (MP 18), chauffé (présence de cupules). Entier (54 × 29 × 12 mm). Sur fragment d’une large lame corticale (section triangulaire). Bord droit : retouche directe totale, rectiligne et régulière (délinéation en scie), courte et semiabrupte. Bord gauche : retouche convexe régulière et longue, semi-abrupte à abrupte, écailleuse. Bord distal : retouche directe totale, rectiligne et régulière, semi-abrupte (troncature). Bord proximal : retouche directe totale, rectiligne. Mise en évidence d’un lustré discret sur le bord droit (affectant uniquement les retouches). • 7772.3 (phase 13) (fig. 347 n°2) Silex (MP 18), chauffé. Méso-proximal (26 × 22 × 6 mm) ; cassure en languette. Sur fragment de lame non corticale (section triangulaire) à talon lisse non abrasé. Bord droit : retouche directe totale, rectiligne et régulière (délinéation en scie), courte et rasante. Mise en évidence d’un lustré sur le bord droit (face supérieure : sur une largeur maximale de 5 mm ; face inférieure : diffus).

Fig. 346. Les outils

3.1.5.1. Les outils employés pour couper des végétaux Les couteaux/scies à moissonner Les couteaux et/ou scies à moissonner, au nombre de trois, appelés aussi « denticulés réguliers bifaciaux », sont définis comme « des pièces bifaciales qui présentent une denticulation régulière, en « scie », d’un des bords. Quand y subsistent des traces plus ou moins étendues de lustre, elles constituent des couteaux à moissonner ou des éléments de faucilles. Elles peuvent avoir été appointies aux deux extrémités, offrant alors une forme en losange allongé » ; « elles peuvent aussi être triangulaires [et rectangulaires] ou affecter généralement la forme des couteaux : dos droit, bord actif légèrement convexe »1074. Cette définition couramment 1074

HOLMES 1989, p. 412-413, fig. A.9 ; MIDANT-REYNES, BUCHEZ 2002, p. 375.

• 7284.14 (phase 14) (fig. 347 n°3) Silex indéterminé (tablette), chauffé (présence de cupules ; rosé). Entier (64 × 27 × 7 mm). Sur fragment de lame corticale. Bord droit : retouche directe discontinue, concave et irrégulière, en denticulé, courte et semi-abrupte. Bord gauche très altéré. Extrémités distale et proximale : retouche directe totale, rectiligne et régulière, courte, semi-abrupte et écailleuse (troncatures transversales). Mise en évidence d’un lustré sur le bord droit (face inférieure : sur une largeur de 10 à 12 mm). La forme générale de l’outil tend vers un croissant.

À titre de comparaison, des couteaux/scies à moissonner similaires ont été découverts dans certaines maisons et décharges du site de Deir el-Médineh. Datés du Nouvel empire, ces outils sont classés parmi les « dents de faucilles en silex d’époque historique »1075. Les segments denticulés Les segments denticulés sont également appelés « denticulés réguliers sur lame » ou plus fréquemment « lames de faucille ». Par définition, « le denticulé régulier affecte l’un des bords – voir les deux bords –

1075

BRUYÈRE 1939, pl. XLII.

Ÿ

Les couteaux à moissonner

7057.18

2 cm

1. Couteau/scie à moissonner 7057.18 – © Cnrs-Cfeetk/cliché J.-F. Gout n°119100-119101, dessin S. Guérin

7772.3

2 cm

2. Couteau à moissonner 7772.3 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119111-119112

7284.14

2 cm

3. Couteau à moissonner 7284.14 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119104-119105

Fig. 347. Industrie lithique-2

LES ARTEFACTS

de fragments de lames régulières, souvent non corticales. Il est généralement couvert du lustre [dit aussi « poli des moissons »], indicateur de son rapport avec le monde végétal. Des documents du Fayoum et de Saqqarah montrent des éléments de ce type imbriqués dans un manche de faucille [fig. 348 n°1]. La pièce est calibrée par des cassures aux deux extrémités ou par une ou deux troncatures. Le dos opposé au denticulé est généralement abattu. Quand la pièce n’a pas été denticulée, on peut noter à son emplacement un léger égrisé, sans doute destinée à le préparer. Le débitage de ces lames régulières indique l’utilisation du percuteur tendre, voire de la pression », ce qui implique par ailleurs « un savoir-faire spécifique ». De fait, « on peut fort bien imaginer que ce matériel était ‘livré’ tel quel à l’agriculteur, qui n’avait plus qu’à le denticuler à sa guise, cette ultime opération étant à la portée du premier venu »1076. Enfin, selon la typologie mise en avant par Holmes, on distingue des lames de faucille rectangulaires à troncatures (Type a) ; approximativement rectangulaires à troncatures (Type b) ; rectangulaires avec une ou deux extrémités brisées (Type c), avec une extrémité ogivale (Type d), ou bien encore avec une extrémité ogivale et l’autre extrémité brisée (Type e)1077. • 7232.1 (phase 13) (fig. 348 n°2) Silex noir indéterminé, chauffé. Presque entière (39 × 22 × 6 mm). Sur lame tronquée non corticale (section trapézoïdale). Bord droit altéré par un éclat thermique. Retouche directe partielle, concave vers l’extrémité proximale puis rectiligne, irrégulière, courte, semi-abrupte et subparallèle sur le bord gauche + retouche directe totale, rectiligne et régulière, courte, semi-abrupte et écailleuse à l’extrémité distale (troncature transversale). L’absence de lustré suggère que cette lame n’a probablement jamais servi. Il est à noter qu’elle a été mise au jour sur le niveau de sol SOL38, dans l’espace situé à l’arrière de la maison VII, un emplacement dévolu aux activités culinaires et/ou au stockage. • 7000.1 (hors contexte) (fig. 348 n°3) Silex (MP 2), chauffé (présence de cupules). Entière (56 × 18 × 6 mm). Sur lame tronquée non corticale (section triangulaire), de « Type c » selon Holmes. Retouche directe totale, délinéation rectiligne en scie, régulière, courte et rasante sur le bord droit + retouche directe totale, oblique vers le bord droit et rectiligne, régulière, courte, semi-abrupte et écailleuse à l’extrémité distale (troncature transversale). Retouche directe partielle (mésio-distale), sensiblement convexe, irrégulière,

courte, semi-abrupte et écailleuse sur le bord gauche + retouche directe, rectiligne et semi-abrupte à l’extrémité proximale (troncature). Mise en évidence d’un lustré sur le bord droit (face supérieure : sur une largeur de 4 mm ; face inférieure : diffus).

3.1.5.2. Les outils servant à percer Le terme « microdrill » est la version abrégée de « foret/perçoir microlithique » employé par Butzer (1959) pour les exemplaires qu’il a découverts sur le site de Hiérakonpolis. Il s’agit d’une sorte de petit perçoir particulier réalisé à partir d’un support lamellaire. L’extrémité du perçoir est alors formée par une retouche directe, courte et normale le long des deux bords latéraux et qui se poursuit parfois tout le long de l’un ou l’autre bord. B. Midant-Reynes rappelle que ce type de pièces a été trouvé en grande quantité à Hiérakonpolis, à Abydos et qu’elles sont probablement à mettre en relation avec des ateliers de fabrication de perles. La longueur de ces microperçoirs oscille de 18 à 58 mm, pour une dimension moyenne de 20 mm1078. Au regard de l’ensemble de cette catégorie d’outils découverts dans le secteur (Zones 7 et 8), les microperçoirs semblent se différentier nettement des mèches de foret. Alors que la définition donnée ci-dessus s’accorde bien avec les microperçoirs, les mèches de foret, confectionnées également sur des supports lamellaires (peut-être plus trapus), se reconnaissent à leur pointe aménagée sur l’extrémité proximale de la lamelle support. Un enlèvement inverse latéralisé permettant de faire sauter une partie du bulbe caractérise nettement cette pièce1079. Les mèches de foret étaient vraisemblablement employées pour perforer essentiellement des matériaux durs tels que la calcédoine. Un microperçoir • 7707b.6 (phase 13) Silex (MP 1). Entier (16 × 7 × 4 mm). Sur lamelle épaisse (section trapézoïdale) à talon punctiforme. Retouche directe totale à l’extrémité distale : convexe, régulière, courte, abrupte et écailleuse à droite ; concave, régulière, courte, semi-abrupte et écailleuse à gauche (épaulement). La pointe est amincie par un enlèvement inverse latéralisé à gauche sur la face inférieure (long, rasant et écailleux). Ce microperçoir provient d’un niveau de remblai recouvrant le sol SOL30 de la maison VIII. 1078

1076 1077

D’après MIDANT-REYNES, BUCHEZ 2002, p. 375. HOLMES 1989, p. 402 et p. 435, fig. B.12.

467

1079

D’après HOLMES 1989, p. 397 et p. 399, fig. A.1.i ; MIDANTREYNES, BUCHEZ 2002, p. 377. Pour exemple, cf. HOLMES 1989, p. 141, fig. 5.13.d.

Les faucilles

7232.1

2 cm

1. Faucille de la Ière dynastie, de la tombe de Hemaka, Saqqarah (d’après EMERY 1938, p. 33 et pl. 15, n° 356)

2. Lame de faucille 7232.1 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119107-119108

7000.1

Ÿ 2 cm

3. Lame de faucille 7000.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché J.-F. Gout n°119102-119103, dessin S. Guérin

Les mèches de foret Ÿ Ÿ 7601.3

7665.1

1 cm

1 cm

4. Mèche de foret 7601.3 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119123-119124

5. Mèche de foret 7665.1 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119121-119122

Fig. 348. Industrie lithique-3

LES ARTEFACTS

Les mèches de foret • 7601.3 (phase 13) (fig. 348 n°4) Silex (MP 14), chauffé (silex rosé). Entier (20 × 6 × 3 mm). Sur longue lamelle (section triangulaire). Retouche directe totale, rectiligne, régulière, très courte, abrupte et subparallèle sur le bord gauche (retouche marginale) + retouche directe discontinue, convexe, irrégulière, courte, semiabrupte et écailleuse sur le bord droit. Pointe réalisée sur l’extrémité proximale de la lamelle-support et amincie par un enlèvement inverse latéralisé sur la face inférieure. Cet outil provient d’un niveau localisé immédiatement au-dessus du dallage ST16 de la « place », un espace plutôt lié à des activités culinaires. • 7665.1 (phase 13) (fig. 348 n°5) Silex (MP 14), chauffé. Entier (16 × 8 × 3 mm). Sur lamelle courte (section trapézoïdale). Retouche directe totale, convexe, régulière, courte, semi-abrupte à abrupte, écailleuse sur le bord droit (retouche marginale). Le bord droit de l’extrémité distale est dégagé par une retouche directe en épaulement, semi-abrupte et écailleuse ; de plus, la pointe est amincie par un enlèvement inverse latéralisé à droite sur la face inférieure. Stigmates d’utilisation : pointe et retouches émoussées.

3.1.5.3. Outil utilisé pour piqueter et débiter Parmi les industries lithiques découvertes dans le quartier des prêtres, un outil assez frustre retient particulièrement l’attention ; il s’agit de l’outil n°7664.5 découvert dans un niveau d’occupation du bâtiment J (époque ptolémaïque). Non patiné, sa forme évoque celle d’un pic à double extrémité acérée. Cet outil devait être emmanché dans sa partie centrale mais aucun aménagement de type « étranglement » n’a été pratiqué à cette fin. Il présente un profil tors, voire en « S », ainsi qu’une section plus ou moins triédrique. On remarquera également une face supérieure corticale délimitée par deux arêtes latérales ; environ 50 % de cortex recouvrent sa partie mésio-distale. La face inférieure est quant à elle caractérisée par une retouche quasi couvrante. Il est néanmoins difficile de distinguer nettement les éclats de nature anthropique des éclats thermiques.

469

que l’extraction des minerais, l’extraction des rognons de silex, l’équarrissage des blocs à sculpter ou encore pour le creusement des hypogées à l’époque pharaonique. Sur la rive ouest de Thèbes et plus précisément dans la Vallée de l’Ouest, F. Debono découvrit un atelier de pics en calcaire silicifié datés du Moyen Empire et du Nouvel Empire. Il les décrit ainsi : « Ces instruments de travail sont de dimensions diverses. Les plus grands atteignent une trentaine de centimètres, les plus petits, une dizaine. De section plus ou moins triédrique ou quadrangulaire, ils ont été façonnés à gros éclats, et revêtent un aspect frustre, qui se distingue même dans les pièces achevées »1080. Cette définition peut s’appliquer au pic mis au jour à Karnak. Le contexte de sa découverte laisse à penser qu’il fut peut-être employé par un apprenti-sculpteur pour le débitage de blocs de pierre. En effet, le bâtiment J dans lequel il a été trouvé a fourni différents indices d’une activité liée à la sculpture : nombreux éclats de taille de grès et autres pierres, ainsi que des modèles sculptures fragmentaires, l’US 7664 ayant par ailleurs livré un modèle en plâtre1081. 3.1.5.4. Les outils « opportuns » Ce type regroupe toutes les pièces dont « la retouche ne forme aucune délinéation spécifique (coche, denticulé, troncature, dos abattu, etc.). Il est ici aussi souvent très difficile de déterminer s’il s’agit de retouches intentionnelles ou accidentelles »1082. • 7098.1 (phase 13) Silex de nature indéterminée, chauffé. Entier (46 × 38 × 6 mm). Sur éclat à talon cortical. Retouche directe totale sur le bord droit, convexe en partie mésio-proximale et légèrement concave en partie mésio-distale, courte, semi-abrupte à rasante, écailleuse. Des enlèvements d’origine thermique sont à noter sur le bord gauche. Mise en évidence d’un lustré sur le bord droit et fort émoussé des arêtes. Cet éclat retouché provient d’un remblai situé entre les niveaux de sol SOL2 et SOL3 dans l’espace arrière de la maison VII. Ce remblai a également fourni un ostracon daté fin XXVIe-début XXVIIe dynastie1083.

• 7664.5 (phase 14) (fig. 349 n°1) Silex de nature indéterminée, chauffé (présence de cupules et éclats thermiques ; arêtes émoussées). Entier (113 × 42 × 36 mm). 1080

La morphologie de cet outil le rapproche sans aucun doute des pics employés dès le Néolithique (fig. 349 n°2). Ces pics en pierre servaient à divers usages tels

1081 1082 1083

DEBONO 1971, p. 44-45 Infra, Chapitre III, § 5.1.1.2. Bas-relief et décor incisé (7664.2). MIDANT-REYNES, BUCHEZ 2002, p. 375-376. Infra, Chapitre III, § 10.1. Les ostraca provenant des nouvelles fouilles (7098.1).

470

CHAPITRE III

Les pics

7764.5

2 cm

1. Pic 7764.5 – © Cnrs-Cfeetk/J.-F. Gout n°119090-119091

2. Exemples de pic simple de Deir el Bahari (d’après CURRELLY 1913, p. 276, pl. LXIII, n°64.905 et 64.906)

Fig. 349. Industrie lithique-4

LES ARTEFACTS

3.1.6. Varia La catégorie des objets divers représente 4,76 % de l’industrie lithique recensée. Elle compte : – 1 percuteur ; – 1 ébauche de perle ; – 2 galets.

3.1.6.1. Percuteur On recense un percuteur découvert dans le niveau de décapage surmontant la « place ». De fait, sa contemporanéité avec la phase 14 est incertaine. • 7380.38 (remblai moderne ou Phase 14 ?) Silex de nature indéterminée, chauffé (éclats thermiques). Brisé (72 × 58 × 53 mm). Support : rognon de silex polis par l’action du vent. Stigmates d’utilisation (piquetage) sur la partie la moins épaisse.

3.1.6.2. Ébauche de perle Une ébauche de perle est avérée dans une couche d’abandon surmontant le niveau de sol (SOL7) de la maison VII. • 7120.2 (phase 13) Petit disque d’agate rouge (diamètre : 8-9 mm ; épaisseur : moins de 4 mm), non chauffé. Il s’agit probablement d’un support de perle discoïde aménagé par retouches croisées sur son pourtour.

3.1.6.3. Galets Les galets de calcédoine sont présents dans le quartier des prêtres et en périphérie, notamment à l’est du rempart du Nouvel Empire où un atelier de fabrication de perles, principalement réalisées dans ce matériau, a été mis en évidence. Les galets découverts dans la Zone 7 proviennent probablement de cette manufacture datée du Moyen Empire. Ils pourraient avoir été transportés dans ce secteur lors de déplacement de sédiment et relèveraient par conséquent d’un phénomène de pollution archéologique. • 7781.6 (phase 14) Galet de calcédoine complet et de forme ovale (50 × 41 × 27 mm), entièrement cortical. Il s’agit d’un bel exemple de matière première employée pour la confection de perles.

471

• 7706.12 (phase 13) Galet de calcédoine complet et de forme ovale (45 × 41 × 24 mm), partiellement cortical (60 %). Ce galet semble avoir été aménagé. Vu de profil, sa face inférieure est naturellement convexe, tandis que sa face supérieure propose deux surfaces concaves séparées par une nervure centrale corticale. Ces deux surfaces sont polies intentionnellement. L’utilité de cet objet n’est pas déterminée. Il est à noter qu’il a été découvert dans un niveau de remblai de la maison VIII.

3.1.7. Conclusion sur l’industrie lithique En résumé, l’industrie lithique du quartier des prêtres comprend majoritairement des produits de débitage, soit 83,33 % contre seulement 11,91 % d’outils et 4,76 % d’objets divers. Le silex est la roche la plus taillée, dans ses faciès les plus variés, tandis que la calcédoine, l’obsidienne et le quartz ont été employés de façon anecdotique. Quant à la conservation des pièces, on constate que la quasi-totalité du mobilier porte des stigmates de son contact au feu (cupules et éclats thermiques notamment). Les produits de débitage comptent essentiellement des éclats (60 %), le débitage laminaire représentant seulement environ 21 % des pièces. Outre un galet retouché, les nucléi sont au nombre de trois. Il s’agit de nucléi lamellaires, lesquels suggèrent que des lamelles ont probablement été taillées sur place. Ces supports étaient destinés a priori à la production des microperçoirs et mèches de foret attestés dans ce secteur du temple de Karnak. Deux principales catégories d’outils ont été mises en évidence : d’une part, les couteaux/scies à moissonner et les lames de faucille (ou segments denticulés) ; d’autre part, les microperçoirs et mèches de foret. Dans le premier cas, il n’est pas surprenant de trouver des outils à vocation agricole. Qu’il s’agisse de couteaux à moissonner ou de lames de faucille, ce mobilier se retrouve fréquemment en contexte domestique depuis le Néolithique et ce au moins jusqu’à la Basse Époque. On distingue les lames segmentées rectangulaires fichées dans la partie principale de la faucille et, à ses extrémités, les lames segmentées offrant une extrémité distale en pointe. Adaptées à la moisson des céréales et/ou à la coupe de végétaux tels que les roseaux, les papyrus, etc., ces lames portent fréquemment des traces d’usures caractéristiques : un lustré d’utilisation. Dans le deuxième cas, les microperçoirs et mèches de foret sont généralement liés à la fabrication des perles en

CHAPITRE III

472

pierre. Emmanchés, ces microlithes permettaient de perforer les matériaux durs selon un savant système technique rotatif. La découverte de galets et d’un nucléus de calcédoine abondent dans ce sens. Enfin, il convient de mentionner la mise au jour du pic en silex dont la fonction doit probablement être associée au travail d’un sculpteur, comme le contexte de sa découverte le laisse à penser. L’outillage lithique semble donc tourné vers les secteurs agricole et artisanal. Sept des outils identifiés, ainsi que l’ébauche de perle et l’un des galets en calcédoine sont issus de la phase 13 du site, c’est-à-dire au moment où le quartier des prêtres était occupé à la Basse Époque (XXVIedébut XXVIIe dynastie), contre seulement trois outils et un galet relevant de la phase 14, soit de la période gréco-romaine. En revanche, deux nucléi proviennent de la phase 12, autrement dit des niveaux Troisième Période Intermédiaire-début Basse Époque, alors que deux autres nucléi sont tirés de la phase 14. Pour terminer, signalons qu’il est impossible de tirer de corrélation entre les traces de boucherie identifiées sur les ossements animaux (stries de désarticulation, traces de découpe)1084 et l’outillage lithique examiné. De fait, aucun couteau en silex, tels ceux utilisés par les bouchers dans les scènes funéraires, n’a été découvert dans la Zone 7 et les outils en pierre retrouvés dans ce secteur ont été employés pour d’autres usages comme cela a été observé.

1084

Supra, Chapitre II, § 2.2. Les espèces et leur exploitation.

Bibliographie de l’étude de l’industrie lithique ASTON, HARRELL, SHAW 2000 : B. ASTON, J. HARRELL, I. SHAW, « I.2. Stone », in P.T. NICHOLSON, I. SHAW (éds), Ancient Egyptian Materials and Technology, Cambridge, 2000. BRUYÈRE 1939 : B. BRUYÈRE, Rapport sur les fouilles de Deir el Médineh (1934-1935). Troisième partie : Le village, les décharges publiques, la station de repos du col de la Vallée des Rois, FIFAO 16, Le Caire, 1939. COULON, JAMBON : L. COULON, E. JAMBON, Base de données Cachette de Karnak : http://www.ifao.egnet.net/bases/cachette CURRELLY 1913 : Ch.T. CURRELLY, Stone Implements (CGC n° 63001-64906), Catalogue général des antiquités égyptiennes du musée du Caire, Le Caire, 1913. DEBONO 1971 : F. DEBONO, « Étude des dépôts de silex », in J. ČERNY (éd.), Graffiti de la montagne thébaine, I, 2, CEDAE, Le Caire, 1971. EMERY 1938 : W.B. EMERY, Excavations at Saqqara. The Tomb of Hemaka, Le Caire, 1938. HARRELL : J.A. HARRELL, Stone in Ancient Egypt : http://www.eeescience.utoledo.edu/faculty/harrell/ egypt/Stone %20Use/Harrell_Stones_text.htm HOLMES 1989 : D.L. HOLMES, The Predynastic Lithic Industries of Upper Egypt. A comparative study of the lithic traditions of Badari, Nagada and Hierakonpolis, Cambridge Monographs in African Archaeology 33, BAR International Series 469 (I-II), Oxford, 1989. LEGRAIN 1906 : G. LEGRAIN, Statues et statuettes de rois et de particuliers, t. I, Nos 42001-42138, Catalogue général des antiquités égyptiennes du musée du Caire, Le Caire, 1906. LUCAS, HARRIS 1962 : A. LUCAS, J.R. HARRIS, Ancient Egyptian Materials and Industries, Londres, 1962 (4e éd.). MIDANT-REYNES, BUCHEZ 2002 : B. MIDANT-REYNES, N. BUCHEZ, Adaïma. 1. Économie et habitat, FIFAO 45, Le Caire, 2002. PANCKOUCKE 1826 : Ch.L.F. PANCKOUCKE, Description de l’Égypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’armée française. Seconde édition dédiée au Roi. T. 21 : Histoire naturelle. Minéralogie – Zoologie, Paris, 1826. PLINE, Histoire naturelle de Pline traduite en françois, avec le texte latin rétabli d’après les meilleures leçons manuscrites ; accompagnée de notes critiques pour l’éclaircissement du texte, et d’observations sur les connaissances sur les Anciens comparées avec les découvertes des Modernes, t. 12, Paris, 1782.

473

LES ARTEFACTS

3.2. ÉTUDE DU MACRO-OUTILLAGE

Samuel GUÉRIN

Avant de réaliser précisément l’inventaire du mobilier macrolithique et de poursuivre par son étude, un bref aperçu de l’assemblage a permis d’éliminer les simples pierres, brûlées ou non, et de constater que le matériel de mouture compose l’essentiel du macrooutillage. Toutefois, on recense aussi des plans horizontaux, des percuteurs, des pierres abrasives et autres polissoirs, ainsi que des éclats de mise en forme et/ou de ravivage des meules (varia) (tableau 31). L’identification de l’outillage, des matières premières et l’observation des surfaces actives ont été effectuées à l’échelle macroscopique. Après examen, certaines pièces ont été entreposées dans le magasin A du lac Sacré (MSLA), tandis que d’autres ont été ré-enterrées in situ afin d’assurer leur préservation. L’ensemble du corpus réunit 89 pièces lithiques. Comme cela vient d’être spécifié, le mobilier destiné à la mouture des céréales, à la préparation des condiments ou encore à celle des pigments constitue l’essentiel du macro-outillage (près de 72 %). Il comptabilise 25 broyeurs, 38 meules et 1 mortier. 3.2.1. Le matériel de broyage Outre la présence d’un mortier, le matériel de broyage se compose de meules ou « répercutants » et de broyeurs ou « percutants », couple indissociable dont l’action – en percussion posée oblique diffuse1085 – permet « la fragmentation de la matière, qui peut

aller du concassage à la pulvérisation »1086. À partir des observations réalisées, une description des caractères intrinsèques des répercutants, puis des percutants sera entreprise. Toutefois, cette analyse trouvera rapidement ses limites du fait de l’aspect fragmentaire de l’outillage. Les caractères intrinsèques de la pièce lithique comprennent, d’une part, ses « propriétés initiales », autrement dit l’identification de sa matière première et ses dimensions (longueur, largeur, épaisseur) permettant de définir le volume dans lequel l’outil initial s’inscrivait ; d’autre part, ses « propriétés modifiées » issues du cycle plus ou moins long et complexe d’utilisation et de ravivage, à savoir la morphologie de la surface de travail, sa convexité ou sa concavité, l’état de cette surface et les traces d’usure associées1087. Pour terminer, et autant que possible, les meules découvertes in situ feront l’objet d’une note complémentaire.

3.2.1.1. Les répercutants : meules et mortiers Parmi les répercutants, appelés également « pièces dormantes », deux catégories d’objets sont à distinguer1088, à savoir : – les meules, dites aussi « meules dormantes » ou « meules va-et-vient », comprenant : ⁎ les meules plates : meules à surface active plane ou concave ; ⁎ les meules rotatives ou moulins rotatifs manuels associant une pièce dormante (la meta) à une pièce active (le catillus) ; – les mortiers.

Macro-outillage Matériel de broyage

n Percutants (pièces actives) Répercutants (pièces dormantes)

25 39

Plan horizontal Plan horizontal ou meule (ind. ou composite) Percuteur Broyeur ou meule va-et-vient Pierre abrasive/polissoir Polissoir à céramique Total

% 64

6 5 6 1 6 1 89

28,08 % 43,82 %

71,90 % 6,75 % 5,61 % 6,75 % 1,12 % 6,75 % 1,12 % 100 %

Tableau 31. Inventaire du macro-outillage

1086 1087 1085

LEROI-GOURHAN 1971, p. 57.

1088

GELBERT 2002, p. 1 : d’après NIERLÉ 1982, p. 180. D’après GELBERT 2002, p. 2-3 ; cf. aussi DUBREUIL 2001. BUCHSENSCHUTZ et al. 2011.

CHAPITRE III

474 Les matières premières

Comme le souligne A. Gelbert1089, « le choix de la matière première est réalisé à la fois en fonction des contraintes d’acquisition et des qualités abrasives des différentes roches, qui dépendent de sa dureté, de sa résistance à la fracture et de la morphologie de ses grains ». Les meules et l’unique mortier découverts dans la Zone 7 ont été façonnés dans dix matériaux différents : (a) = quartzite dont la couleur varie de l’orangé au rouge, ou du gris au noir ; (b) = grès jaune, beige, gris ou encore rouge ; (c) = conglomérat cristallin gris indéterminé ; (d) = roche gris-noir à grains très fin (indéterminée) ; (e) = granit rose ; (f) = granit gris ou noir ; (g) = roche noire présentant des inclusions d’ocre jaune et rouge (indéterminée) ; (h) = calcaire ; (i) = « calcaire oolithique » rouge ; (j) = roche cristalline grise indéterminée. Au regard de ces matériaux regroupés en cinq catégories, à savoir les granits, les quartzites, les grès, les autres roches métamorphiques indéterminées et les calcaires, les matières premières des répercutants sont finalement peu diversifiées (tableau 32)1090. Toutefois, un choix préférentiel pour le granit, roche grenue et particulièrement dure, se distingue clairement. Il représente plus de 56 % des matériaux employés pour la confection des répercutants. Concernant les meules en calcaire (7154.17, fig. 350 n°1 ; 7301.5), il s’agit à l’évidence de meules destinées à la préparation des condiments. Enfin, il est à noter que le mortier a été réalisé dans un bloc de grès jaune (7373.4). Meules n %

Mortiers n %

Granit Quartzite Grès Autres roches métamorphiques ind. Calcaire

22 9 –

56,41 23,08 –

– – 1

– – 2,56

5

12,82





2

5,13





Total

38

97,44

1

2,56

Matières premières

Tableau 32. Matières premières des répercutants 1089 1090

GELBERT 2002, p. 5 : d’après SCHOUMACKER 1993 Les déterminations pétrographiques résultent d’observations macroscopiques réalisées par Aurélia Masson-Berghoff et Samuel Guérin. Toutefois, ces identifications mériteraient être affinées ultérieurement.

Compte tenu de la quasi-absence des éclats d’épannelage1091, les étapes de mise en forme des meules ont probablement eu lieu en dehors du quartier d’habitations, peut-être sur le lieu d’extraction des roches luimême ou dans un atelier artisanal spécifique. Toujours est-il qu’on recense sept, voire huit, meules fragmentaires épannelées grossièrement. Mais en règle générale, les flancs et le dos des meules va-et-vient sont épannelés finement, voire volontairement polis. Parfois, seuls les flancs sont polis et le dos est laissé brut. Ce dernier présente alors souvent des traces d’usure dues à son contact avec le sol (poli de frottement). C’est le cas des meules 7288.25, 7485.2 et 7673.5. La morphologie initiale D’un point de vue morphologique et sans tenir compte de leur vocation fonctionnelle, on constate que la majorité des meules s’inscrit dans un parallélépipède rectangle. Néanmoins, quelques-unes sont de forme circulaire ou ovalaire (tableau 33). Il est possible de distinguer : ⁎ trois types de profil transversal : – les meules à flancs courbes et dos plat ; – les meules pour lesquelles les flancs et le dos ne font qu’un (aspect bombé) ; – les meules à flancs droits et dos plat. ⁎ cinq types morphologiques en plan : – les meules en forme de selle : leur face supérieure se présente comme une plage rectangulaire plus ou moins allongée, aux extrémités arrondies ; – les meules naviformes (en forme de navette) ; – les meules circulaires ; – les meules ovalaires ; – les meules circulaires ou ovalaires (trop fragmentaires pour pouvoir être déterminées avec certitude). Si les trois profils évoqués peuvent correspondre à ceux des meules en forme de selle, en revanche seuls les deux premiers types de profil se combinent aux meules naviformes. En outre, ces meules morphologiquement différentes peuvent faire l’objet d’aménagements techniques, voire esthétiques. Ainsi, la présence de deux sortes de petites poignées aux extrémités de la meule 7000.3 (fig. 350 n°2) peut être notée, tandis que des bords chanfreinés caractérisent la meule 7422.7. 1091

Notamment l’éclat 7734a.A.

475

LES ARTEFACTS

7000.3 L: 34,9 cm

7154.17 D: 27 cm

1. Meule 7154.17 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°67995

2. Meule 7000.3 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°68002

7250.5 L: 4,9 cm

7380.5 L: 18,3 cm

3. Meule 7380.5 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°104271

4. Broyeur 7250.5 – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°68011

7430.5 L: 14,6 cm

7001.9 L: 6,7 cm

5. Broyeur 7430.5 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°104240

6. Broyon 7001.9 – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°68009

7097.16

7131.1

7. Plan horizontal 7097.16 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Masson-Berghoff n°104133

L: 28,5 cm

8. Pierre abrasive/polissoir 7131.1 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Masson-Berghoff n°68004

Fig. 350. Macro-outillage-1

L: 25 cm

CHAPITRE III

476

Étant donné le caractère très fragmentaire des meules plates étudiées, le calcul de leur volume ne peut pas être réalisé. Cette opération aurait certainement permis de distinguer les meules à céréales des meules à condiments. À titre indicatif, l’unique meule conservée presque entière (7000.3) représente un volume d’environ 7160 cm3. Enfin, les meules de plan circulaire ou ovalaire sont au nombre de 12, dont quatre fragments appartenant clairement à des meules rotatives (7339.9, 7373.29, 7453.5, 7732.16). Il s’agit probablement de fragments de meta.

Morphologie générale

Coupe transversale

Meules ou fragments de meule concernés

n

%

7

18,42

6

15,78

2

5,26

2

5,26

1

2,63

7

18,42

1

2,63

4

10,52

En plan

/

Tableau 33. Morphologie des meules

Dimensions Concernant les dimensions moyennes d’une meule, la longueur est de 48 cm1092 ; la largeur est de 16,2 cm1093, tandis que l’épaisseur est d’environ 8,47 cm1094. 1092 1093

1094

Sur la base des deux moitiés de meules examinées. Sur la base des meules presque entières, des deux moitiés de meules et des trois parties centrales de meules. Sur la base des meules fragmentaires évoquées précédemment et de la seule meule complète.

Morphologie et état de la surface de travail Morphologie La morphologie de la surface de travail ou surface active est à mettre en rapport avec les exigences fonctionnelles des différents outils. Aussi, comme le rappelle A. Gelbert, « pour être efficace, le broyage des céréales doit se faire sur un parcours assez long et suffisamment large pour retenir une grande quantité de grains, alors que le broyage des végétaux utilisés pour les sauces est effectué par petite quantité et leur pulvérisation, plus aisée, ne nécessite pas une longue surface de travail »1095. De fait, on peut s’attendre à ce que les meules à céréales et notamment leurs surfaces actives offrent des dimensions plus importantes que celles des meules à condiments. Néanmoins, d’anciennes meules à céréales ont également pu être réemployées comme meules à condiments, mais il sera difficile de pouvoir le vérifier ici. La profondeur de la surface active est également une mesure discriminante. Aussi, les meules à céréales en activité ont toujours une surface active plane (P), voire légèrement convexe (C) ou plano-convexe (PC), et plus fréquemment concave (c) ou plano-concave (pc), tandis que la surface de travail des meules à condiments présente une concavité nettement plus accentuée (tableau 34). En outre, lorsque la concavité de la surface active des meules à céréales devient trop prononcée, la meule est soit abandonnée, soit recyclée en meule à condiments ou en meule à usage technique. En définitive, l’examen des surfaces actives des meules va-et-vient doit pouvoir permettre de différencier ces deux principaux groupes fonctionnels, et ce quand bien même l’usure de ces surfaces dépend aussi de la dureté des matériaux dans lesquels les meules sont façonnées, sans compter leur durée d’utilisation. État de la surface L’étude des états de surface est également un bon moyen pour distinguer les meules à céréales des meules à condiments. En effet, la surface active des meules à céréales doit être piquetée car, pour être fonctionnelle, celle-ci doit être particulièrement abrasive. Toutefois, suite à une utilisation intensive et prolongée de l’outil, il se produit une usure prononcée de la surface de travail

1095

GELBERT 2002, p. 7-8 : d’après ROUX 1985, p. 41.

477

LES ARTEFACTS

à laquelle il convient de répondre par un ravivage à l’aide d’une boucharde. Ce ravivage par bouchardage ou piquetage doit être exécuté régulièrement, sans quoi la surface devient lisse jusqu’à un lustrage complet. Aussi, les meules à céréales anciennes présentent des zones partiellement lustrées, disséminée ou en périphérie, lesquelles témoignent d’une utilisation prolongée.

En résumé, les deux principales caractéristiques de la surface active sont un aspect piqueté, irrégulier et mat, ou bien un aspect lustré, lisse et plus ou moins brillant. Toutefois, piquetage et lustre peuvent aussi être associés sur une même surface de travail. Finalement, on distingue six états de surface différents (tableau 34) : – une surface entièrement piquetée ; – une surface piquetée avec des zones lustrées en périphérie ; – une surface piquetée avec des zones lustrées éparses ; – une surface entièrement lustrée ; – une surface lustrée avec une plage annulaire piquetée en périphérie ; – une surface lustrée avec des zones piquetées éparses.

Concernant les meules à condiments, les surfaces actives sont caractérisées par des surfaces polies. Elles ne semblent pas faire l’objet d’opérations de ravivage. En effet, ces surfaces devaient être régulières pour permettre d’écraser des matériaux plus tendres que les grains de céréales1096. Enfin, sur les anciennes meules à céréales recyclées en meules à condiments, généralement, il est possible d’identifier les stigmates des deux fonctions successives : une partie piquetée, le plus souvent en périphérie, correspondant aux traces d’utilisation initiale liées à la mouture des céréales, et une partie lustrée, de superficie plus restreinte, qui correspond à la zone où les condiments ont été broyés1097.

Le tableau ci-dessous exclut les quatre fragments de meules rotatives. Par ailleurs, seul l’un d’entre eux offre encore une partie de surface active, plane et lustrée (7732.16). Un fragment de meule (7380.5, fig. 350 n°3), dont la surface de travail peut seulement être définie comme plano-convexe, est également mis de côté.

Morphologie et état de la surface active des meules / Quantité (n)

Piquetée

État de surface

Total

Entièrement piquetée Piquetée avec des zones lustrées en périphérie Piquetée avec des zones lustrées éparses

P

n

7197.5

1

7001.46 7001.20 ; 7001.45 ; 7209.11 ; 7485.2 ; 7556.21 ; 7662.4 ; 7692.2 ; 7707.5

Entièrement lustrée

C

n

PC

n

7000.3

1

7373.20 ; 7551.2 ; 7673.5

Lustrée

Lustrée avec un anneau piqueté en périphérie Lustrée avec des zones piquetées éparses

Total

7366.9 ; 1 sans n° 12

2

n

1097

GELBERT 2002, p. 10 : d’après ROUX 1985, p. 40. D’après GELBERT 2002, p. 10.

n

7250.4 2

1 3

3

7767.4

1

1

7293.1

1

2

7001.33 ; 7001.44 ; 7154.17 ; 7341.7 ; 7607.6

5

7422. ?

1

7422.6 ; 7422.7 ; 1 sans n°

3

11

Tableau 34. Morphologie et état de la surface active des meules

1096

pc

1

1

8

c

7591.1 ; 7732.21 ; 7767.7

3

20

1 7022.7 ; 7288.25 5

2

8 33

CHAPITRE III

478

Sur les 33 meules et fragments de meules pris en compte, on recense : – 12 meules à surface active plane, soit environ 36,36 % ; – 11 meules à surface active concave, soit environ 33,33 % ; – 20 pièces entièrement lustrées (soit environ 60,60 %) contre une seule entièrement piquetée ; – 9 pièces lustrées avec une surface périphérique annulaire piquetée ou des zones piquetées éparses, soit environ 27,27 % ; – 3 pièces piquetées avec des zones lustrées en périphérie ou éparses, soit environ 9,09 %. En combinant les caractères morphologiques et les états de surface des pièces examinées, on constate que : – la majorité d’entre elles (n = 8) présente une surface active plane et entièrement lustrée, soit 24,24 % ; – 8 autres, également lustrées en totalité, offrent une surface active concave (n = 5) ou une surface planoconcave (n = 3), soit 24,24 %. En définitive, 29 meules ou fragments de meule présentent une surface partiellement ou entièrement lustrée, soit environ 87,87 %. Ainsi, le corpus comprendrait essentiellement des meules abandonnées après une utilisation intensive, d’où l’usure maximale de leur surface active, avant d’être brisées volontairement. En outre, seules trois meules proposent des surfaces de travail particulièrement concaves : 7293.1, 7154.17 et une sans numéro. Il s’agit probablement de meules à condiments ; le cas de la meule en calcaire 7154.17 – vraisemblablement une base de colonne réemployée – peut aussi entrer dans cette catégorie (fig. 350 n°1). Localisation La découverte de meules in situ n’est pas fréquente. En général, seuls de gros fragments résultant de pièces entières, dispersés çà et là après leur abandon, ont été retrouvés. Cependant, quelques meules ont fait l’objet de découvertes en contexte. En 1971, P. Anus et R. Sacad font état de l’examen d’une meule dormante associée à un four dans la cour E de la maison III. Ils déclarent aussi avoir « trouvé en place un fourneau et la meule dormante d’un moulin en granit » dans la cuisine de la maison VI1098.

1098

ANUS, SA’AD 1971, p. 232 et 235.

Au regard du corpus étudié, seules trois meules semblent avoir été découvertes en place ou dans leur contexte d’origine au cours de fouilles plus récentes. Premièrement, la meule 7154.17, bien que fissurée en deux, fut trouvée en place à l’arrière de la maison VII, sur le sol d’un espace réservé a priori aux préparations culinaires. Cette meule en calcaire était vraisemblablement destinée aux broyages des condiments. La meule 7707.5 est la seconde meule découverte in situ. Elle a été mise en évidence dans la maison VIII, sur le sol SOL42 de la pièce C. Enfin, on mentionnera la meule 7591.1 mise au jour dans le comblement de l’un des fours à pain (structure ST14) aménagé dans un complexe localisé à l’ouest du quartier des prêtres. Ce complexe a été identifié comme un magasin à offrandes dans lequel on préparait et on stockait du pain notamment1099. En résumé, quel que soit la fonction initiale des meules étudiées, plus de 56 % d’entre elles ont été réalisées en granit, roche dure et grenue. Par ailleurs, compte tenu de la quasi-absence d’éclats d’épannelage, leur mise en forme semble avoir été exécutée à l’extérieur de l’espace habitable et vraisemblablement hors du quartier des prêtres. En raison de l’état fragmentaire de l’outillage, les critères dimensionnels sont inexploitables et le volume initial des meules ne peut être rendu. En revanche, selon le critère morphologique, il est permis de distinguer des meules « va-etvient » (naviformes, en forme de selle, ovales et circulaires), ainsi que quatre fragments de meules rotatives (fragments de meta). Au vu des pièces examinées, l’étude des surfaces actives est certainement l’élément le plus discriminant afin de déterminer la fonction d’une meule. Les meules à céréales ont des surfaces plutôt planes, plano-concaves ou légèrement concaves. Elles présentent globalement un aspect piqueté, irrégulier et mat. À l’inverse, les meules à condiments présentent des surfaces dont la concavité est davantage accentuée et dont l’aspect est entièrement lustré, lisse et plus ou moins brillant. 29 meules ou fragments de meules offrent une surface de travail partiellement ou entièrement lustrée, soit environ 87,87 %, contre une seule surface active entièrement piquetée. Pour autant, toutes ne sont pas des meules à condiments. Certaines sont d’anciennes

1099

Infra, Chapitre IV, § 2.1. Destinations de la rive sud.

479

LES ARTEFACTS

meules à grains parvenues au terme de leur utilisation, tandis que d’autres ont été recyclées comme meules à condiments. Dans ce dernier cas, on observe en général une surface active principalement lustrée s’accompagnant de zones piquetées éparses ou d’une surface périphérique annulaire piquetée. 3.2.1.2. Les percutants : des broyeurs L’ensemble des « broyeurs »1100 appartient à la famille des percutants. Selon les auteurs, ils peuvent être désignés comme des « pièces » ou « meules actives », des « meules mobiles », ou encore des « mains de meule ». Selon la technique employée pour broyer/piler telle ou telle matière et au regard du mouvement opéré, il est nécessaire de distinguer deux catégories de percutants1101, à savoir : – les broyeurs associés à une percussion oblique posée diffuse ; ils comprennent : ⁎ les molettes : outils de forme allongée, plus ou moins cylindrique, offrant une surface active sur un long côté ; ⁎ les broyons : outils plus ou moins sphériques, parfois facettés, ou cubiques à sub-cubiques, proposant une ou plusieurs surfaces de travail. De par leur morphologie, ces outils sont indissociables des meules va-et-vient (fig. 351 n°1). – les broyeurs associés à une percussion perpendiculaire lancée : ⁎ les pilons : outils de forme cylindrique, plus ou moins longs et massifs, présentant une surface active à l’une ou l’autre de ses extrémités (voire aux deux). Il est à noter que certains pilons ont été utilisés comme broyons et vice-versa, créant ainsi des outils composites : les pilons-broyons ou broyons-pilons. Pour des raisons de commodité – à l’exception du couple « pilon/mortier » et des outils composites évoqués ci-dessus – le terme « broyeur » sera usité pour évoquer les percutants. Sur les 25 broyeurs (22) et broyeurs-pilons (3) pris en considération, 9 d’entre eux sont entiers et 8 presque entiers, soit 68 % de l’effectif total. Il est à noter également que 6 percutants ont subi

une altération par le feu occasionnant parfois des éclats et / ou des cupules thermiques. Mais en règle générale, les percutants sont des outils plutôt bien conservés. Les matières premières Au regard de certains exemples ethnoarchéologiques1102, les broyeurs à céréales semblent se distinguer des broyeurs à condiments de par leur matière première. Pour moudre les céréales, les broyeurs façonnés à partir de petits blocs de granit ou de quartzite semblent privilégiés tandis que pour broyer les condiments, les galets de rivière, souvent en quartz, sont davantage utilisés. Selon le corpus étudié, les percutants ont été réalisés dans neuf matériaux différents : (a) = quartzite (orangé, rouge, gris ou noir) ; (b) = grès (jaune, beige, gris ou rouge) ; (d) = roche gris-noir à grain très fin ; (e) = granit rose ; (f) = granit gris ou noir ; (k) = diorite ; (l) = granodiorite ; (n) = roche grise avec des inclusions d’ocre jaune ; (p) = roche grise à cupules. 19 percutants sont en roche dure et grenue, à savoir en diorite et granodiorite (10), en granit (5) et en quartzite (5). Ils représentent 76 % de l’effectif total et sont à associer aux meules à céréales. Par ailleurs, 4 percutants sont en roche dure à grain très fin (2) et en grès (2). Ils peuvent être affiliés aux meules à condiments. Enfin, 2 galets en roche grise indéterminée font également partis de la liste des broyeurs mais sont difficilement attribuables à un type de meule en particulier (tableau 35).

Matières premières Diorite Grano-diorite Granit Quartzite Galet gris-noir à grain très fin Grès Galet en roche grise indéterminée Total

Percutants Associés aux : n % 7 2 5 5

28 8 Meules à céréales 20 20

2

8

2

8

2

8 Meules indéterminées

25

Meules à condiments

100

Tableau 35. Matières premières des percutants 1100

1101

Terme usité par S. De Beaune (DE BEAUNE 1989) ou encore B. Midant-Reynes (MIDANT-REYNES, BUCHEZ 2002, p. 64-66). Voir les couples meules/molettes et mortiers/pilons avec leur mode de fonctionnement illustrés dans DUBREUIL 2009, ill. 1.

1102

Cf. l’étude d’Agnès Gelbert au Nord Cameroun : GELBERT 2002.

CHAPITRE III

480

Molette versus broyon

1. Exemples d’éléments composant un matériel de broyage (d’après J. Mangin – © UASD/J. Mangin)

Tanneurs et menuisiers (Vallée des Nobles, tombe de Rekmirê – XVIIIe dynastie) Mur sud du passage : partie est, section supérieure

2. Travaux des tanneurs (d’après JUNKER 1957, p. 14, fig. 3)

3. Travaux des menuisiers (d’après DAVIES 1973, p. 51, pl. LV)

Boulanger-pâtissier

4. Hommes confectionnant de la pâte à gâteau Calcaire peint, Ancien Empire (d’après BREASTED 1948, pl. 26, fig. b et d)

Fig. 351. Macro-outillage-2

481

LES ARTEFACTS

Morphologie initiale Outre deux broyeurs dont la forme est indéterminée (7373.17 et 7658.5), les percutants s’inscrivent principalement dans une sphère, soit 16 sur 25 (64 %). L’un d’eux est nettement sphérique (7367.5) et dix le sont plus ou moins ; un autre encore est sujet à caution (7026.5) ; deux sont clairement facettés (7001.42 ; 7250.5, fig. 350 n°4) et trois autres (7354.18, 7373.5 et 7619.3) se présentent comme une sphère aplanie à ses deux pôles (deux faces planes opposées). Les neuf autres percutants ont des formes proches du trapèze (7373.16), de l’ovale (7380.4), du « patatoïde » (7025.1 ; 7430.5, fig. 350 n°5), du rectangle (7470.37), du cylindre (7607.1) et du prisme (7732.20).

Par exemple, le broyeur 7373.5 présente une surface plano-convexe ainsi qu’une surface plano-concave. En outre, le percutant 7373.17 associe la percussion oblique posée diffuse avec une surface active convexe et lustrée, et la percussion perpendiculaire lancée avec une surface active piquetée avec des zones lustrées éparses. Ce percutant peut être qualifié de « broyeur-pilon » ; il en est de même pour les percutants 7373.16 et 7470.37. Onze percutants offrent au moins une surface active plane et cinq d’entre eux en possèdent au moins deux. On parlera alors de broyeurs facettés. Dix autres percutants proposent une surface active plano-convexe ou convexe et enfin, trois percutants présentent une ou deux surfaces plano-concaves. Le dernier percutant (7373.5) associe une surface plano-convexe et surface plano-concave (tableau 36).

Toujours selon l’étude menée par A. Gelbert, les dimensions des percutants semblent être un facteur discriminant pour différencier les broyeurs à céréales des broyeurs à condiments, les premiers étant nettement plus grands que les seconds. Sur 16 percutants dont il a été possible de mesurer la longueur, la largeur et l’épaisseur, l’estimation de la longueur moyenne est d’environ 9,65 cm contre 6,4 cm, tandis que la largeur moyenne est d’environ 7,62 cm contre environ 5,12 cm, et l’épaisseur moyenne est évaluée à environ 5,44 cm contre environ 4,3 cm. Il convient néanmoins de rester prudent. Ces données sont proposées à titre indicatif puisque seuls quatre broyeurs supposés à condiments (d’après leur matière première) ont pu être analysés contre 12 broyeurs supposés à céréales.

En générale, le broyeur utilisé avec la meule à céréales présente une surface plane ou très légèrement convexe alors que celui employé avec la meule à condiments offre une surface à convexité nettement plus accentuée.

Morphologie et état des surfaces actives

État des surfaces

Morphologie

Pour la mouture des céréales, les broyeurs doivent présenter une surface active particulièrement abrasive. Aussi, la surface des broyeurs à céréales doit être piquetée et, au fur et à mesure de son usure, régulièrement ravivée par bouchardage. À l’inverse, pour la

Un percutant peut présenter une surface active plane, plano-convexe à convexe, ou encore plano-concave. Dans certains cas, des combinaisons sont possibles.

Les percutants aux surfaces actives plano-concaves sont singuliers. Ils sont probablement à mettre en relation avec les cinq meules aux surfaces actives planoconvexes et convexes, l’un s’emboîtant sur l’autre, à la manière d’une meule rotative. Toutefois, étant donné l’état de leurs surfaces de travail, ces percutants ont certainement été employés pour broyer des condiments.

Surface active plane

Surface active plano-convexe / convexe

Surface active plano-concave

2 surfaces actives : plano-concave et plano-convexe

Total

n

11

10

3

1

25

%

44

40

12

4

100

Broyeurs

Tableau 36. Morphologie des surfaces actives des broyeurs

CHAPITRE III

482

État des surfaces actives Piquetée Lustrée

Piquetée avec des zones lustrées éparses Entièrement lustrée (aspect plus ou moins brillant) Lustrée avec des sillons plus ou moins parallèles

Total

Broyeurs supposés à céréales Broyeurs supposés à condiments 5





17



3

5

20

Tableau 37. État des surfaces actives des broyeurs selon leur fonction supposée

mouture des condiments, la surface de travail des broyeurs est intégralement lustrée (aspect plus ou moins brillant), le contact des roches l’une contre l’autre occasionnant parfois de fins sillons parallèles ou subparallèles. Par conséquent, l’examen de l’état des surfaces actives des percutants doit également pouvoir permettre de distinguer les broyeurs à céréales des broyeurs à condiments (tableau 37). Sur les 25 broyeurs examinés, on distingue trois états de surface différents : – une surface active piquetée avec des zones lustrées éparses (7001.9, fig. 350 n°6 ; 7308.4 ; 7354.18 ; 7373.17 dans sa fonction de pilon ; 7656.1) ; – une surface active lustrée avec des sillons plus ou moins parallèles (7354.10 ; 7464.1 ; 7470.37) ; – une surface active entièrement lustrée, avec un aspect plus ou moins brillant (les 17 autres broyeurs non cités ; en réalité 18 puisque le broyeur-pilon 7373.17 possède également une surface active lustrée). En outre, on remarquera qu’aucun broyeur n’offre de surface active entièrement piquetée. Selon l’état des surfaces actives des broyeurs examinés, on constate que les broyeurs à condiments sont les plus nombreux puisqu’ils représenteraient trois-quarts de la totalité des broyeurs. Cette surreprésentation tient probablement au fait que les broyeurs à céréales ont vraisemblablement été employés jusqu’à leur état d’usure maximal avant d’être recyclés majoritairement comme broyeurs à condiments. En effet, si l’on s’intéresse aux matières premières de l’ensemble des broyeurs, le phénomène tend alors à s’inverser : 19 broyeurs sur les 25 étudiés semblent relever de la catégorie des outils à broyer les céréales. Par conséquent, la valeur discriminante de l’état des surfaces actives des percutants est à considérer avec précaution.

En résumé, sur les 25 broyeurs recensés et selon la matière première dans laquelle ils ont été réalisés, 19 appartiendraient, initialement, à la catégorie des broyeurs à céréales (diorite, granit et quartzite pour l’essentiel) ; deux à celle des broyeurs à condiments (grès). En revanche, deux autres broyeurs façonnés dans des roches indéterminées ne peuvent pas être incorporés de façon certaine à l’une ou l’autre catégorie. 64 % des percutants s’inscrivent dans une forme sphérique, tandis que les autres prennent des formes diverses : triangulaire, trapézoïdale, ovale, etc. Par ailleurs, il semblerait que les broyeurs à céréales soient de plus grandes dimensions que les broyeurs à condiments. La convexité de la surface active permet également de distinguer les broyeurs à céréales des broyeurs à condiments. La morphologie des surfaces observées est plane – une ou plusieurs face(s) – plano-convexe à convexe, ou plus rarement plano-concave. Pour être opérationnelle, les surfaces actives doivent être abrasives pour la mouture des céréales. Elles doivent donc être régulièrement ravivées par bouchardage. Il est à noter qu’aucun broyeur n’a été retrouvé avec une surface active entièrement piquetée. À l’inverse, les surfaces de travail des broyeurs à condiments sont entièrement lustrées, accompagnées parfois de fins sillons parallèles ou subparallèles. Localisation Si leurs contextes de découverte sont variés, on retiendra cependant que les broyeurs 7308.4 et 7308.16 ont été mis au jour dans la maison VII, sur le sol SOL7 de la pièce B, un niveau de sol qui a par ailleurs livré divers bols et jarres, plusieurs « coupes à encens », des supports de jarre, une marmite, ainsi qu’un bouchon de jarre en terre crue.

LES ARTEFACTS

3.2.1.3. Catégories fonctionnelles du matériel de broyage Si le matériel de broyage remonte à l’Épipaléolithique, notamment au Natoufien1103, il a persisté en Égypte tout au long de l’époque pharaonique, et ce jusqu’à la domination romaine. Les outils qui le composent ont servi à broyer diverses substances en vue d’une consommation ou d’un usage technique1104. Ces produits pouvaient être d’origine : – végétale (céréales, condiments, légumineuses et fruits secs, etc.) ; – animale (viande et poisson séchés, moelle, os, etc.) ; – minérale (pigments, minerais, argile, chamotte, etc.). « Broyer » en vue de consommer En l’absence de témoins archéologiques tangibles, il est inutile d’insister sur le broyage des substances animales en Égypte ancienne et, par conséquent, sur les propriétés modifiées du matériel de broyage employé à ces fins culinaires. Concernant les substances végétales, les outils de broyage pouvaient intervenir dans quatre types de préparations alimentaires et médicinales : – la mouture des céréales consistant à produire de la farine utilisée dans la confection de la pâte à pain ou de tout autre article de boulangerie et pâtisserie, ainsi que pour la préparation de bouillies ; – l’élaboration de la bière1105 ; – la préparation des sauces, des condiments ; – la préparation de certains médicaments : par exemple, pour éliminer les toxines contenues dans certaines plantes, certaines racines. La mouture des céréales En Égypte, les principales céréales cultivées étaient l’orge et le blé amidonnier. Des graines de sorgho ont

1103 1104 1105

Cf. DUBREUIL 2002. À ce sujet, voir également HAMON 2009. « Le brasseur place dans un four des pâtons frais fabriqués à base de froment ou d’orge dans des moules brûlants. Une fois ces pains confectionnés, ils sont émiettés dans de l’eau sucrée avec des dattes, et le tout est mélangé jusqu’à l’obtention d’un mélange homogène. La fermentation, grâce au sucre du liquide, peut donc avoir lieu. Une fois la fermentation terminée, la bière est filtrée pour retenir les plus gros morceaux de pains, et pour affiner sa qualité. La bière est ensuite stockée dans des amphores » (cf. « La vie quotidienne en Égypte Antique : le zithum »).

483

été également retrouvées mais il semblerait que cette céréale était plus rarement consommée. Le millet et le seigle ne faisaient pas partie de l’alimentation des égyptiens1106. L’enveloppe externe du grain – le son – s’avère aussi dure qu’indigeste et empêche que l’on puisse simplement le croquer avant de l’avaler. Pour pouvoir être consommée, toute céréale devait avoir été, au préalable, écrasée puis tamisée. Le recours à une meule s’avérait donc indispensable. Le broyage des condiments Les meules à condiments servaient à préparer des sauces et certains médicaments. Les produits broyés comprenaient toutes sortes de condiments (ail, oignon, etc.), de légumes secs (fève, lentille, petit pois, etc.), mais également de fruits secs (figue, datte) et d’aromates. Ces derniers étaient aussi utilisés dans les domaines de la parfumerie et de la cosmétique. « Broyer » en vue d’un usage technique Bien que, dans le cas présent, la fonction principale du matériel de broyage soit réservée au traitement des grains de céréales et des condiments, il convient de ne pas confiner ces instruments dans ce rôle exclusif. En effet, en s’appuyant sur les données de l’ethnographie comparée et sur les documents pharaoniques eux-mêmes, on remarque que ce matériel pouvait être employé à d’autres usages techniques tels que la réduction en poudre de divers minerais à proximité des mines1107. Meules va-etvient et broyeurs ont également servi à réduire en poudre toutes sortes de matières minérales pour la production de pigments, la plus courante d’entre elles étant probablement l’ocre. Le lapis-lazuli et l’orpiment étaient ainsi traités pour produire des pigments de qualité, d’anciennes meules à grains ou à condiments ayant été recyclées pour cette activité. Généralement, les meules et les broyeurs utilisés conservent encore aujourd’hui des résidus d’ocre (rouge ou jaune), plus ou moins ténus. Toutefois, dans le quartier des prêtres, aucun de ces outils ne semble avoir été employé à ces fins ou, du moins, aucun d’entre eux n’en garde de traces. Au regard de l’ensemble des répercutants et des percutants examinés, on recense, d’une part, des outils employés exclusivement pour la mouture des céréales,

1106 1107

D’après CHAUVET 2004. DEBONO 1987, p. 124.

484

CHAPITRE III

à savoir quatre meules va-et-vient aux surfaces de travail piquetées et cinq broyeurs aux surfaces actives piquetées présentant des zones lustrées éparses ; d’autre part, des outils utilisés pour le broyage des condiments, du moins dans leur phase ultime. Ceux-ci comprennent 29 meules aux surfaces actives lustrées, dont 20 entièrement et 9 partiellement, ainsi que 20 percutants aux surfaces actives lustrées, parmi lesquels 3 présentent des sillons parallèles, stigmates caractéristiques des broyeurs à condiments. Le macro-outillage employé au traitement des condiments est donc nettement surreprésentés. Sur les 33 meules ou fragments de meules pris en considération, 29 semblent être dédiées à cette activité, ce qui représente près de 88 % de tout l’assemblage. De même, sur un total de 25 percutants, 20 semblent avoir servi au broyage de condiments, représentant 80 % de l’effectif. Cette surreprésentation peut s’expliquer de trois façons. Premièrement, la majorité de ces outils était vouée initialement au broyage des condiments. Deuxièmement, après avoir été utilisés pour la mouture des céréales, ils ont été délaissés dans leur état d’usure maximum. Troisièmement, le corpus comprend des outils employés d’abord pour la mouture des céréales, avant d’être recyclés comme outils à broyer des condiments. Quel que soit l’hypothèse envisagée, on retiendra que les outils de broyage peuvent être alloués à l’une ou l’autre activité à partir de l’observation de critères discriminants tels que la morphologie et l’état des surfaces de travail pour les meules, les dimensions et l’état des surfaces actives pour les broyeurs.

3.2.2. Autres outils répertoriés Outre le matériel de broyage, 25 autres outils en pierre témoignant de la vie quotidienne ont été répertoriés. Ils comprennent, d’une part, des plans horizontaux, dispositifs destinés à certaines préparations alimentaires (par exemple, la planche à découper du boucher illustrée par les hiéroglyphes suivants :

ou

) mais aussi à divers usages techniques tels que le travail du cuir ; d’autre part, les percuteurs employés pour préparer et raviver les surfaces actives des meules et celles des tables de travail ; troisièmement, la catégorie des pierres abrasives, aiguisoirs et polissoirs utilisés pour la réalisation de certaines pièces d’industries osseuses (épingles, aiguilles, poinçons, etc.) et éventuellement le ravivage des lames métalliques. À cette liste viennent s’ajouter les outils composites et ceux dont l’usage est indéterminé.

3.2.2.1. Les plans horizontaux Les plans horizontaux1108 ou tables de travail déterminent des objets en pierre de forme quadrangulaire, plus rarement circulaire ou ovale, de faible épaisseur, et dont la surface active est plane ou légèrement concave et polie. Comme son nom l’indique, cet outil avait vocation de table ou plan de travail employé pour différents usages techniques. On retrouve ce mobilier, par exemple, entre les mains du tanneur (fig. 351 n°2), du menuisier (fig. 351 n°3) ou encore du boulangerpâtissier (fig. 351 n°4). Chacun l’utilise selon ses propres besoins. Le tanneur s’en accommode pour pratiquer « l’ébourrage, afin de débarrasser les peaux de matières adhérentes, tissus adipeux ou musculaires, et de les assouplir »1109. Le menuisier y dépose des sortes de petits pains de colle ou d’enduit. Le boulangerpâtissier s’en sert pour préparer ses pâtes à gâteaux. Le boucher l’utilise pour découper sa viande ; le céramiste pour triturer la terre glaise ; le forgeron pour des travaux métallurgiques, etc.1110. Dans le quartier des prêtres, six plans horizontaux ont été retrouvés. L’un d’eux est presque entier (7097.16, fig. 350 n°7), les cinq autres sont fragmentaires (7148.6 ; 7373.28 ; 7513.7 ; 7647.3 ; 7767.8). Deux autres fragments de tables de travail sont également inventoriés. Toutefois, il s’agit d’outils composites qualifiés de « plans horizontaux-pierres abrasives/ polissoirs ». Ils seront traités à part. Les plans horizontaux découverts dans la Zone 7 ont tous été réalisés dans des blocs de grès. La matière première semble donc être un critère discriminant. De forme quadrangulaire, ils sont plus rarement de forme circulaire ou ovale. Les flancs et la base sont en principe taillés avec régularité et finalisés par un polissage général. De même que certaines meules plates, les flancs peuvent éventuellement être chanfreinés, ce qui est le cas du plan horizontal 7148.6. Concernant leurs dimensions, la longueur d’un plan devait osciller entre 30 et 45 cm, sa largeur entre 10 et 20 cm, et son épaisseur entre 5 et 10 cm environ. Ces données sont proposées à titre indicatif à partir des éléments à disposition.

1108 1109 1110

LEGUILLOUX 2006, p. 13. Ibid., p. 13, fig. 4. DEBONO 1987, p. 124.

LES ARTEFACTS

La surface active est plane, plano-concave ou bien concave, la concavité étant peu accentuée. Seule le plan 7513.7 offre un surface active plano-convexe. Enfin, les six plans horizontaux présentent des états de surface entièrement polis. En outre, quelques sillons parallèles caractérisent le plan 7097.16 (fig. 350 n°7), tandis que le plan 7647.3 est marqué par quelques cupules, stigmates liés vraisemblablement à leur utilisation. Les outils composites 7607.10 et 7787.1 que l’on nommera « plans horizontaux-pierres abrasives/polissoirs » associent deux fonctions. Initialement, l’objet est conçu pour être employé comme plan horizontal. À compter de l’instant où il est abandonné, il peut alors prendre une nouvelle fonction, être recyclé comme pierre abrasive/polissoir. Cet outil secondaire garde la morphologie générale du support primaire ou est élaboré sur un simple fragment. Ces deux outils fragmentaires, de petites dimensions, sont également en grès. À l’origine, le premier des deux – 7607.10 – devait approcher une forme circulaire, sa surface active étant concave et polie. Pour son réemploi en tant que pierre abrasive/polissoir, trois autres surfaces de travail ont été créées sur la face principale de la table. Elles sont oblongues, concaves et polies. Sur la face inférieure, on observe une autre surface active qui prend la forme d’une grande cupule profonde de 1,2 cm. Celle-ci présente des stigmates d’usure concentriques. Quant à l’outil composite 7787.1, celui-ci s’inscrit dans un bloc quadrangulaire. Ses flancs sont droits et sa base est plane. La surface de travail est concave et polie. Son réemploi comme pierre abrasive/polissoir transparaît dans le sillon de 5 cm de long et de 2 mm de profondeur qui traverse la surface active. Concernant leur contexte de découverte, on signalera que le plan horizontal 7097.16 a été découvert à l’arrière de la maison VII, sur le sol SOL2, lorsque cet espace était utilisé comme une cuisine avec son four à pain. À ses côtés, on soulignera la présence du broyeur (ou peson ?) 7097.17. 3.2.2.2. Les percuteurs L’inventaire compte cinq percuteurs (7363.17 ; 7373.15 ; 7380.38 ; 7556.72 ; 7607.8) et un percuteur-broyon (7308.16), dont quatre entiers, un presque entier (7363.17) – peut-être brûlé – et un brisé (7380.38). Malgré une industrie lithique conséquente, ces percuteurs n’ont probablement pas été employés pour débiter

485

éclats et lames de silex. En effet, aucun bloc ou aucune dalle de silex ne semble avoir été débité sur place, les tailleurs ayant, semble-t-il, toujours travaillé à partir de petits rognons de silex ou de gros éclats, débités vraisemblablement sur le lieu d’extraction de la matière première. De fait, les percuteurs étudiés n’ont pas pu être employés à ces fins. De plus, il est à noter que les produits de débitage et l’outillage en silex sont essentiellement de nature microlithique (lamelles et microperçoirs fréquents). Les percuteurs étant de grandes dimensions, ces derniers paraissent donc inadaptés pour un débitage de type lamellaire ou pour pratiquer de fines retouches. Par conséquent et au vu des nombreux outils de broyage recensés, il est permis d’envisager que les percuteurs aient été utilisés pour préparer et raviver les surfaces actives des meules et des broyeurs à céréales selon la technique du bouchardage. Les matériaux dans lesquels sont réalisés ces percuteurs sont divers. Certains sont taillés dans le grès (7607.8) ou sont conçus à partir de rognons de silex (7380.38 ; 7556.72), d’autres sont en roche dure, à savoir le granodiorite (7373.15) et le granit (7308.16), sans compter l’existence d’un galet de nature minéralogique indéterminée (7363.17). Ces percuteurs sont, pour la plupart d’entre eux, de forme sub-sphérique, au diamètre oscillant entre 7,2 et 9,8 cm environ. Le percuteur 7556.72 est de forme cubique (environ 5 cm de côté), tandis que le percuteur 7373.15 se présente davantage comme un disque épais (de 3,7 à 5 cm au maximum) pourvu d’une petite excroissance encadrée par deux encoches prévues peutêtre pour emmancher l’outil. Son diamètre est d’environ 12 cm. La surface active occupe soit la totalité du percuteur, soit une tranche du galet. En règle générale, l’état de la surface est entièrement piqueté. Le percuteur 7373.15 présente en plus quelques zones lustrées éparses, sa surface active étant située à l’opposé de l’excroissance décrite ci-dessus. Enfin, le cas du percuteur-broyon 7308.16 est particulier puisqu’il compte deux surfaces actives opposées plano-concaves et lustrées. Cet outil a vraisemblablement été employé dans un premier temps comme percuteur puis, dans un deuxième temps, comme broyeur à condiments. On rappellera que celui-ci a été mis au jour dans la maison VII, sur le sol SOL7 de la pièce B, un niveau sur lequel plusieurs récipients (vaisselle de table et culinaire) ont été découverts ainsi que le broyeur 7308.4.

486

CHAPITRE III

3.2.2.3. Les pierres abrasives/polissoirs Les pierres abrasives/polissoirs sont des outils réalisés à partir de blocs de réemploi : fragments de meules, de plans horizontaux, voire de blocs architecturaux. Dans tous les cas, il s’agit de pièces en grès, roche particulièrement dure et abrasive. Cinq de ces pierres ont été recensés (7092.2 ; 7131.1, fig. 350 n°8 ; 7148.5 ; 7664.4 ; 7732.19), auxquels s’adjoint un petit bloc abrasif en quartzite rouge (7301.5). Les pierres abrasives/polissoirs sont utilisés en mode passif ou actif en percussion posée. Outils abrasifs, ils se distinguent par leur partie active plane. Leurs dimensions n’ont aucune valeur discriminante puisqu’il s’agit d’outils réalisés à partir d’éléments recyclés. Ils n’ont donc pas de formes prédéterminées. Certains sont de forme quadrangulaire (7092.2 ; 7131.1), d’autres de forme triangulaire (7664.4), ou encore losangique (7732.19). La présence de sillons profonds et rectilignes, parallèles ou subparallèles lorsqu’il y en a plusieurs sur une même face, vont principalement les caractériser ; de même que la présence de cupules fuselées (7131.1, fig. 350 n°8) ou oblongues (7148.5) qui ont tendance à se chevaucher au fur et à mesure de leur utilisation et de leur usure respective. Le petit bloc fragmentaire en quartzite (7301.5), de forme plus ou moins ovale, offre une telle surface active, celle-ci étant constituée par une cupule ovale lustrée. Les surfaces actives sont généralement réalisées sur des faces planes et polies. Elles résultent d’un geste répétitif de va-et-vient nécessité par le besoin d’abraser ou d’affûter une lame ou une pointe. Par exemple, les pointes osseuses (poinçon, aiguille, épingle, etc.) ont pu être achevées avec ce type d’outil. Enfin, au titre des pierres abrasives/polissoirs, il convient de mentionner un petit polissoir à céramique,

sorte d’esthèque (7470.37 bis). Réalisé à partir d’une roche tendre, un schiste feuilleté, cet objet de forme plus ou moins trapézoïdale est presque entier. Il mesure 6 cm sur 4,7 cm pour une épaisseur de 0,8 cm. Bien que ses deux faces soient polies, elles présentent néanmoins quelques rayures, lesquelles sont orientées sur sa face inférieure. La surface active est constituée par un bord biseauté sur le plus long de ces deux petits côtés. 3.2.2.4. Outils composites ou à usage indéterminé Cinq outils composites ou à usage indéterminé ont été répertoriés. Ils comprennent : – un fragment de broyeur ou de meule va-et-vient (7001.43) ; – un broyeur ou peson (7097.17, fig. 352 n°1) ; – un fragment de meule va-et-vient ou de plan horizontal, ou bien encore de broyeur (7354.17) ; – un fragment de meule va-et-vient ou de plan horizontal (7375.1) ; – un fragment de plan horizontal ou de bloc architectural (7658.4). Outre un outil entier (7097.17, fig. 352 n°1), ces éléments sont réduits à l’état de petits fragments, ce qui rend leur identification incertaine. Pour les outils fragmentaires, les surfaces actives sont planes ou plano-convexes, toujours lustrées. À noter que trois d’entre eux sont brûlés (7354.7 ; 7375.1 ; 7658.4). Enfin, le broyeur ou peson 7097.17 se présente comme un objet entier de forme trapézoïdale. Réalisé dans le granit gris, il offre une surface plano-convexe et lustrée, laquelle pourrait être la surface active principale. Ses autres faces sont également plus ou moins convexes et lustrées.

487

LES ARTEFACTS

7097.17 L: 25 cm

7001.45 L: 10,6 cm

1. Broyeur (?) 7097.17 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Masson-Berghoff n°67999

2. Meule 7001.45 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Masson-Berghoff n°104181

7001.46 L: 11,8 cm

3. Meule 7001.46 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°104182

7097.14

4. Bloc architectural 7097.14 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°68005

7250.4 L: 19,2 cm

5. Meule 7250.4 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°68010

7607.6 L: 25,4 cm

L: 42 cm

7373.20 L: 23 cm

6. Meule 7373.20 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°104245

7. Meule 7607.6 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°104217

Fig. 352. Macro-outillage-3

488

CHAPITRE III

Bibliographie de l’étude du macro-outillage ANUS, SA’AD 1971 : P. ANUS, R. SA’AD, « Habitations de prêtres dans le temple d’Amon de Karnak », Kêmi 21, 1971, p. 217-238. BREASTED 1948 : J.H. BREASTED, Egyptian Servant Statues, Bollington Ser. 13, Washington, 1948. B UCHSENSCHUTZ et al. 2011 : O. B UCHSENSCHUTZ , L. JACCOTTEY, F. JODRY, J.-L. BLANCHARD (éds), Évolution typologique et technique des meules du Néolithique à l’an mille. Actes des IIIe Rencontres Archéologiques de l’Archéosite gaulois, Aquitania Supplément 23, Bordeaux, 2011. CHAUVET 2004 : M. CHAUVET, « Les céréales fondatrices de l’agriculture en Égypte et dans le Croissant fertile », in Les céréales en Égypte ancienne, Exposition d’Agropolis Museum, Montpellier, 2004 : http://museum.agropolis.fr/pages/expos/egypte/fr/cereales/index.htm DAVIES 1973 : N. DE G. DAVIES, The Tomb of Rek-mi-re at Thebes, New York, 1973 (rééd. de 1943). DE BEAUNE 1989 : S. DE BEAUNE, « Essai d’une classification typologique des galets et plaquettes utilisés au Paléolithique », Gallia Préhistoire 31, 1989, p. 27-64. DEBONO 1987 : F. DEBONO, « Rapport de clôture sur les résultats et études des objets du sondage à l’est du Lac Sacré de Karnak », Karnak 8, 1987, p. 121-131. DUBREUIL 2001 : L. DUBREUIL, « Études fonctionnelles du matériel de broyage en préhistoire », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem 9, 2001 : http://bcrfj.revues.org/1682 DUBREUIL 2002 : L. DUBREUIL, Étude fonctionnelle des outils de broyage natoufiens : nouvelles perspectives sur l’émergence de l’agriculture au Proche-Orient, 2002 (Thèse de doctorat). DUBREUIL 2009 : L. DUBREUIL, « Analyse fonctionnelle des outils de broyage du site natoufien de Mallaha : apport pour la compréhension de l’évolution des assemblages au Levant », The Arkeotek Journal 3(1), 2009 : www. thearkeotekjournal.org GELBERT 2002 : A. GELBERT, « Évolution du matériel de broyage de la communauté Dii de Djaba (Nord Cameroun) durant les deux derniers siècles : études ethnoarchéolo-

gique et archéologique », in Actes du Colloque MégaTchad : Ressources vivrières et choix alimentaires dans le bassin du lac Tchad, 20 au 22 novembre 2002, Université de Genève, 2002, p. 1-21 : www.uni-bayreuth.de/afrikanistik/mega-tchad/actes/ actes.html HAMON 2009 : C. HAMON, « Fonctions et évolution des outils macrolithiques au cours du néolithique ancien du bassin parisien », The Arkeotek Journal 3(2), 2009 : www.thearkeotekjournal.org. JUNKER 1957 : H. JUNKER, Weta und das Lederkunsthandwerk im Alten Reich, Österreichische Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-Historische Klasse. Sitzungsberichte 231, Vienne, 1957. LEGUILLOUX 2006 : M. LEGUILLOUX, Les objets en cuir de Didymoi : praesidium de la route caravanière Coptos-Bérénice, FIFAO 53, Le Caire, 2006. LEROI-GOURHAN 1971 : A. LEROI-GOURHAN, L’homme et la matière, Paris, 1971. MIDANT-REYNES, BUCHEZ 2002 : B. MIDANT-REYNES, N. BUCHEZ, Adaïma. 1. Économie et habitat, FIFAO 45, Le Caire, 2002. NIERLÉ 1982 : M.C. NIERLÉ, « Mureybet et Cheikh Hassan (Syrie) : Outillage de mouture et de broyage (9ème et 8ème millénaires) », Cahiers de l’Euphrate 3, 1982, p. 177-216. ROUX 1985 : V. ROUX, Le matériel de broyage. Étude ethnoarchéologique à Tichitt, Mauritanie, Paris, 1985. SCHOUMACKER 1993 : A. SCHOUMACKER, « Apports de la technologie et de la pétrographie pour la caractérisation des meules », in P.C. ANDERSON (éd.), Traces et fonction : les gestes retrouvés, Études et recherches archéologiques de l’Université de Liège 50, Liège, 1993, p. 165176. Sites Web « La vie quotidienne en Égypte Antique : le zithum » : www.legypteantique.com/zythum.php Les céréales en Égypte ancienne, Exposition de 2004 à Agropolis Museum, Montpellier, 2004 : http://museum. agropolis.fr/pages/expos/egypte/fr/cereales/index.htm

Fragmentaire Fragmentaire

Peson

Meule va-et-vient

Meule va-et-vient

7001.13

7001.20

7001.33

7026.5

7092.2

7026

7092

Diorite (galet)

Presque entier ; brûlé fortement : éclats, cupules thermiques

7025.1

7025

Quartzite rouge

Fragmentaire Fragmentaire

Broyeur ?

Pierre abrasive/ polissoir (?)

Broyeur

Broyeur

Entier mais brûlé (cupules thermiques)

7023.1

7023

Granit rose

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7022.7

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7001.46

Grès gris

Granodiorite (?)

6,3

8,3

7,9

11,7

11,8

10,6

Roche noire (granit ?) avec des inclusions d’ocre jaune et rouge

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7001.45 Roche grise cristalline (conglomérat)

22

Quartzite

Fragmentaire (1/2)

Meule va-et-vient

7001.44

13

Granit rose

Broyeur ou meule ? Fragmentaire

7001.43

Diorite ?

13,2

15,8

Broyeur

Entier

Granit rose

Granit rose

Quartzite gris

6,7

Presque entier Granit rose (brisé à une extrémité)

7001.42

7022

7001

Entier

Broyeur

7001.9

L. 34,9

Matière première

Granit rose

Presque entière

7000.3

7000

Conservation

Meule va-et-vient

Identification

N° de l’objet

US

3,4

7,2

6,9

10,8

7

7,9

16,4

6,4

11,2

15,1

6

22,3

l.

1,5

2,6

5,2

5,2

6,2

6,1

5,8

8,7

5,8

6

5,1

13,5

5

9,2

H.

Dimensions (cm)

6,5 à 6,8

4,7 à 5

Figure

Surface active piquetée à lustrée ; le reste du broyeur présente une surface piquetée avec un poli succinct Fig. 350 n°6 Forme générale : plus ou moins sphérique

Surface active convexe et lustrée Flancs et base grossièrement épannelés ; base convexe Fig. 350 n°2 Aux extrémités, les flancs remontent pour former des petites poignées

Description

Deux surfaces actives plano-convexes et polies Forme générale : quadrangulaire (extrémités brisées)

Surface active en partie lustrée Forme générale : peut-être circulaire

Surface active de forme ovale (2,4 × 2 cm) mais réduite en raison des éclats thermiques ; elle est plane et lustrée Forme générale : « patatoïde »

Surface active lustrée : concerne l’ensemble du broyeur Forme générale : plus ou moins sphérique

Surface active plano-concave, lustrée avec des zones piquetées Flancs et base épannelés sommairement Forme générale : probablement circulaire

Surface active plane, piquetée avec des zones lustrées éparses Fig. 352 n°3 Flancs droits et polis ; base polie

Surface active plane et lustrée Forme générale bombée : les flancs courbes et la base se Fig. 352 n°2 confondent (polis)

Surface active concave, lustrée et comportant quelques sillons parallèles Forme générale : ovale allongé Extrémités courbes, flancs droits et base plane

Surface active plano-convexe, lustrée Forme générale arrondie

Surface active concerne l’ensemble du broyeur Forme générale : plus ou moins sphérique, facetté

Surface active concave et lustrée Flancs courbes

Surface active plane et lustrée Forme générale : circulaire Flancs courbes et polis ; base plane

Surface active circulaire, convexe et plus ou moins lustrée - 18 maxi. Traces de piquetage sur le pourtour de l’objet et sur sa face - 14,5 mini. inférieure Forme générale : tronconique

D.

ANNEXE 1 : Zone 7 – Inventaire du macro-outillage

Bloc architectural

Table de travail

7097.14

7097.16

Fragmentaire, brûlé (éclaté par le feu) Fragmentaire

Fragmentaire

Fragmentaire

Broyeur

Meule va-et-vient

Meule va-et-vient

7250.5

7308.4

Percuteur-broyon

7301.5

7301

7308.16

Broyeur

7293.1

7293

7308

Pierre abrasive/ polissoir

7288.25

7288

Entier

Presque entier

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7250.4

7250

Fragmentaire, brûlée

Meule va-et-vient

7209.11

7209

Granit rose

Granit rose à noir

Quartzite rouge

Granit rose

Granit rose

Roche à grains très fins gris noir

Granit rose

Calcaire oolithique rouge

Granit rose

Fragmentaire

7197.5

7197

Meule va-et-vient

7154.17

Entière (fissurée en 2) Calcaire

Grès fin gris

Grès fin gris

Meule va-et-vient

7148.5

Grès fin gris

Fragmentaire

Fragmentaire

Pierre abrasive/ polissoir

7131.1

Granit gris

Grès fin gris / jaune

Granit rose

Matière première

Plan horizontal

Presque entier : brisé à une extrémité

Pierre abrasive/ polissoir

7148.6

Entier

Presque entier

Fragmentaire

Conservation

Broyeur ou peson ?

7097.17

Identification

N° de l’objet

7154

7148

7131

7097

US

11,5

8,1

25

12,5

4,9

19,2

7,9

23,5

16,2

9,6

25

25

28,5

42

L.

10,2

7,3

40

12,1

3,2

8,5

7,5

20

10,7

6,7

8,8

15,3

15,7

28

l.

7,1

9,2

4,1

12,5

9,3

3,2

3,9

5,1

7,8

9,5

4,7

3,1

6,2

12

8,3

20

H.

Dimensions (cm)

9,2 à 9,8

27

D. Fig. 352 n°4

Figure

Deux surfaces actives opposées, plano-concaves et lustrées Forme générale : plus ou moins sphérique Peut-être utilisé comme outils à boucharder puis dans un second temps comme broyeur

Surface active lustrée avec des zones piquetées Forme générale : plus ou moins sphérique (diamètre d’origine : environ 12,5 cm)

La surface active se présente comme une cupule ovale, lustrée Flanc courbe et base plane Forme générale : plus ou moins ovale

Surface active extrêmement concave, piquetée avec des zones lustrées éparses Forme générale bombée : les flancs et la base épannelés sommairement se confondent

Surface active plano-concave, lustrée avec des zones piquetées Flancs droits et base plane, épannelés sommairement (quelques traces d’usure dues à son contact avec le sol)

Facetté et partiellement lustré

Fig. 350 n°4

Fragment de la surface active : convexe, lustrée avec des zones Fig. 352 n°5 piquetées

Surface active plane et lustrée (altération par l’action du feu) ; flancs courbes Forme générale : peut-être circulaire

Surface active plane et lustrée en périphérie, concave et piquetée au centre (ravivage)

Surface active particulièrement concave et lisse : usure concentrique (lisse) Forme générale : circulaire ; flancs droits et base légèrement Fig. 350 n°1 convexe Découverte in situ à l’arrière de la maison VII, sur un sol

Surface active plano-concave et polie Forme générale : quadrangulaire Flancs droits, chanfreinés et polis ; base plane et polie (quelques stigmates de coup de burin)

4 cupules oblongues constituent la surface active (deux d’entre elles se chevauchent) ; celle du centre fait 7 mm de profondeur

3 cupules fuselées et se chevauchant constituent la surface active Fig. 350 n°8 Forme générale : rectangulaire ; flancs droits et polis, base dégrossie à coups de burin

Surface active principale plano-convexe, lustrée ; les autres surfaces sont plus ou moins convexes et lustrées Fig. 352 n°1 Forme générale : trapèze allongé aux angles arrondis (c’est aussi la forme d’un peson)

Surface active concave comportant encore quelques coups de burin (taille du bloc) atténués par un poli général ; également quelques sillons plus ou moins parallèles sur la longueur du Fig. 350 n°7 bloc (traces de découpe ?) Base grossièrement épannelée ; bloc de grès réemployé ?

Description

7373

7367

Meule rotative

7373.29

Fragmentaire

Fragmentaire

Plan horizontal ?

7373.28

Granit rose

Grès gris / jaune

Granit rose

Fragmentaire (partie centrale)

Meule va-et-vient

Diorite (galet)

Galet : roche grise à cupules

7373.20

Presque entier

Entier

Granodiorite

Fragmentaire : Quartzite rouge peut-être éclaté au feu ?

Broyon-pilon

7373.16

Entier

Quartzite

Broyeur

Percuteur ?

7373.15

Fragmentaire

Grès fin gris / jaune

7373.18

Broyeur

7373.5

Entier

Roche grise avec inclusion jaune (galet)

Granit gris

Broyon-pilon

Mortier

7373.4

Entier

Entier

7373.17

Broyeur

7367.6

Broyeur

7367.5

Granit rose

Fragmentaire (partie centrale)

Meule va-et-vient

7366.9

7366

Galet : roche indéterminée

7363.17

7363

Peut-être brûlé (nombreux éclats)

Broyeur

7354.18

Roche grise / noire parsemée de petits cristaux noirs

Percuteur

Fragmentaire, brûlé

Plan horizontal, meule va-et-vient ou broyeur ?

7354.17

Grès gris / beige fin

Diorite

Entier

Broyeur

7354.10

Quartzite

Granit rose

Matière première

Fragmentaire

Fragmentaire

7341.7

7341

7354

Fragmentaire

Meule rotative

Meule va-et-vient

7339.9

Conservation

7339

Identification

N° de l’objet

US

25

17,5

23

9

10,6

11,3

16,5

17,6

2,8

6,5

5,7

12,2

11,9 à 12,2

8,3

9

18,6

2,8

15,5

9,7

3,9

7,5

17,5

12

l.

10,5

20,5

9

17

13,7

5,7

8,4

21

14,7

L.

19,5

6,3

- 9,5 maxi. - 6,8 mini.

4,1

4,4

4,7

3,7 mini. à 5,3 maxi.

4,5

9,5

4,1

9

6,2

9

4,3

5,8

7,5

6

H.

Dimensions (cm)

Ind.

10,5

10,7

7,5

Ind.

Ind.

D.

Figure

Surface externe polie

Surface active circulaire, concave et polie Flancs droits et polis ; base épannelée mais plane Forme générale : quadrangulaire

Surface active plano-convexe et lustrée Forme générale bombée : les flancs courbes et la base se Fig. 352 n°6 confondent (non polis)

Surface active convexe et lustrée Forme générale : à l’origine plus ou moins sphérique

Une surface active convexe et lustrée présentant une extrémité arrondie et piquetée avec des zones lustrées éparses Les arêtes latérales sont également piquetées

Surfaces actives convexes et lustrées situées aux extrémités Forme générale : plus ou moins trapézoïdal

Surface active sur la tranche la plus épaisse Forme générale : plus ou moins celle d’un disque offrant une excroissance entourée par deux coches pouvant être utiles à l’emmanchement de l’outil Quelques traces de poli sur l’une des deux faces du disque

Deux surfaces actives lustrées : surface supérieure planoconvexe et surface inférieure plano-concave ; pourtour lustrée avec des zones piquetées Forme générale : sphérique avec deux faces planes opposées

Bloc informe dans lequel est creusée une cupule circulaire constituant la surface active polie ; 2,6 cm de profondeur

Surface active convexe et lustrée Forme générale : à l’origine plus ou moins sphérique

Surface active circulaire (7,5 cm de diamètre), plane et lustrée Forme générale : sphérique

Surface active plane, lustrée avec des zones piquetées Forme générale bombée : les flancs courbes et la base se confondent (polis)

Surface active : la tranche du galet entièrement piquetée Forme générale : plus ou moins sphérique

Forme générale : sphérique avec deux faces planes opposées La surface active concerne le pourtour de l’objet : piquetée avec des zones lustrées éparses

Surface active plane et lustrée Flanc oblique poli À rapprocher peut-être du broyeur 7732.20

Surface active plane, lustrée et présentant 4 sillons parallèles Forme générale : plus ou moins sphérique

Surface active concave et lustrée (avec quelques cupules) Forme générale : circulaire

Surface externe courbe et polie

Description

7470.37

7485.2

7513.7

7551.2

7485

7513

7551

7470.37 bis

7464.1

7464

7470

7453.5

7430.5

Meule va-et-vient ?

Plan horizontal

Meule va-et-vient ?

Polissoir à céramique / esthèque (?)

Fragmentaire, brûlé

Fragmentaire

Fragmentaire

Presque entier

Fragmentaire

Broyon-pilon / pierre abrasive/ polissoir

21,3 8,3

Roche grise cristalline (conglomérat)

23,4

6

5,3

5,9

13,1

14,6

13

18

24

18,3

8,8

16,3

L.

Grès fin gris / jaune

Quartzite

Schiste feuilleté

Grès gris fin

Diorite (galet)

Fragmentaire : seule la surface active subsiste

Broyeur

Granit rose Granit rose

Presque entier

Calcaire

Fragmentaire

Meule rotative

Broyeur

Peson

7430.4

Presque entier

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7422.?

Granit gris

Presque entière : Roche grise dense brisée à une extrémité

Quartzite gris

Meule va-et-vient

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7422.6

Galet : roche grise

Granit rose

Granit rose (galet ?)

Roche à grains très fins gris noir (demi-galet)

Matière première

7422.7

Fragmentaire, brûlé

Galet

7422.1

Fragmentaire (partie centrale)

Meule va-et-vient

7380.5

7453

7430

7422

7380

Broyeur

7380.4

Entier

Meule va-et-vient Fragmentaire, brûlé ou plan horizontal ?

7375.1

Conservation

7375

Identification

N° de l’objet

US

6,6

18,5

14

4,7

3,7

4,7

8,3

13,1

12,1

11

23

17,5

7,9

13

l.

3,5

10,5

14

0,8

3,5

2

11,7

8,5

8,9

5,4

5,4

16

9,3

5

4,7

H.

Dimensions (cm)

Surface active concave et lustrée Flanc courbe

Surface active concave, lustrée avec des zones piquetées Forme générale : quadrangulaire (angles arrondis) Flancs droits ; base épannelée sommairement, plus ou moins plane

Surface active concave, lustrée avec des zones piquetées Flancs en partie courbes et base plane Probablement très volumineuse à l’origine

Altération thermique et éolienne : pas de polissage intentionnel

Surface active plano-convexe Forme générale bombée : les flancs courbes et la base se confondent (polis)

Surface active convexe et lustrée, le reste étant lustré avec des zones piquetées Forme générale : ovale

Surface active en partie éclatée : plano-convexe et lustrée Flanc droit et base plane en partie polie par contact avec le sol Forme générale : carrée avec des angles arrondis

Description

Ind.

Fig. 350 n°3

Figure

Surface active plano-convexe et lustrée

Surface active plano-convexe et polie Forme générale : quadrangulaire

Surface active plane et lustrée Flanc épannelé grossièrement (poli lié à son contact avec le sol)

Surface active sur le plus long des deux petits côtés : bord biseauté ; les deux faces sont polies mais rayées (rayures orientées sur la face inférieure) Forme générale : plus ou moins trapézoïdale

Surface active plano-concave et lustrée (très usée en périphérie) Présence de deux longs sillons parallèles sur l’un des longs côtés de l’objet Forme générale : plus ou moins rectangulaire

Surface active plane, lustrée et présentant des sillons Forme générale : plus ou moins sphérique

Forme générale : circulaire ; surface active brisée Œillard de la meule extrêmement poli (diamètre : 4,6 cm)

Une surface active plano-convexe et lustrée ; les autres faces Fig. 350 n°5 sont partiellement lustrées Forme générale : « patatoïde »

Surface active circulaire, convexe, polie mais marquée par un - 12,7 maxi. négatif d’éclat et quelques petites cupules circulaires - 10,5 mini. Forme générale : tronconique ; à rapprocher de l’objet 7001.13

D.

Fragmentaire

Meule va-et-vient

Vasque

7607.6

7607.7

Fragmentaire, brûlé (rougi)

Table de travail ou bloc architectural ?

7658.4

7673.5

7673

Bloc indéterminé

7662.5

7664.4

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7662.4

Fragmentaire Fragmentaire (1/2)

« Abraseur »

Meule va-et-vient

Fragmentaire

Fragmentaire, brûlé (éclats et cupules thermiques)

Broyeur

7658.5

7664

7662

7658

Entier, peut-être brûlé Quartzite

Broyeur ?

Quartzite orangé

Grès jaune

Quartzite

Quartzite

Roche à grains très fins gris noir

Grès fin jaune

Grès gris / rouge

7656.1

Fragmentaire (1/3)

7656

Table de travail

Diorite ?

7647.3

Entier

Grès fin gris / beige

7647

Broyeur ?

Fragmentaire

Table de travail / « abraseur »

7607.10

Grès gris / beige

7619.3

Entier

Percuteur

7607.8

Grès fin gris / beige

Granit rose

Roche très dense : diorite ?

Quartzite rouge

Roche grise cristalline

Matière première

7619

7607

Presque entier

Broyeur

7607.1

Fragmentaire (panse)

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7591.1

7591

Conservation Fragmentaire

7556.21

7556

Identification

Meule va-et-vient

N° de l’objet

US

26

6

8,5

4,7

4,4

6,9

15,3

11,7

16,7

25,4

11

6

7,7

L.

13,1

5,9

3,5

3,3

3,7

5,5

12

10,4

14,3

21,5

9,9

3,8

7

l.

7,7

3,4

6,4

3,7

3,2

4,3

7

4,6

11

7,7

6

3,4 maxi.

11,8

7,3

4,6

4,6

H.

Dimensions (cm)

11

15,2

8 à 8,5

D.

Surface active plano-convexe et lustrée Flanc courbe ; base épannelée sommairement, plus ou moins polie (usure au contact du sol)

Surface active oblique, polie et présentant une rainure centrale Forme générale : plus ou moins triangulaire (brisé à un angle)

Fragment de quartzite présentant une face plane et polie : fragment de statue ou de bloc architectural ?

Surface active plane et lustrée

Deux surfaces actives perpendiculaires : face supérieure plane et lustrée, face inférieure lustrée

Une surface plane et polie : surface active ? Forme générale : quadrangulaire

Surface active plus ou moins plane et piquetée avec des zones lustrées éparses Forme générale : plus ou moins sphérique ; pourtour dégrossi À rapprocher de 7607.1 : même forme, épaisseur comparable

Surface active plano-concave, polie mais présentant quelques petites cupules dues à son utilisation Flancs courbes et base plano-convexe polie

Forme générale : sphère volumineuse avec deux surfaces opposées plus ou moins planes et partiellement lustrées La surface active concerne essentiellement le pourtour de l’objet : lustrée

Surface active concave et polie Forme générale : probablement circulaire. Ce fragment de table de travail a certainement été réutilisé comme polissoir d’où la présence de trois surfaces actives secondaires, concaves et polies ; la base présente une grande cupule de 1,2 cm de profondeur avec des traces d’usures concentriques.

Forme générale : sphère aplanie présentant une surface piquetée, voire éclatée (aucune trace de poli)

Fragment de grande vasque circulaire dont la partie inférieure est brûlée (noir de fumée) La surface interne présente des petites cupules

Surface active concave et lustrée : bien préservée Flanc courbe

Surface active : concavité centrale et légèrement convexe en périphérie Forme générale : bloc plus ou moins cylindrique et poli

Surface active plano-concave, lustrée ; flanc courbe Forme générale : circulaire ou ovale

Surface active plane et lustrée Flanc courbe et base plane

Description

Fig. 352 n°7

Figure

« Abraseur » (?)

7732.19

Fragmentaire Fragmentaire

Fragmentaire

Table de travail / «abraseur»

Meule va-et-vient

Meule va-et-vient

7767.8

?

Fragmentaire

Table de travail

7767.7

?

Fragmentaire

Meule va-et-vient (?)

7767.4

?

Fragmentaire (1/3 : une extrémité)

Meule va-et-vient

?

Presque entier ; brûlé (cupules thermiques)

Broyeur

7732.47

7787.1

Granodiorite

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7732.21

Granit rose

Quartzite

Grès gris / rouge

Grès jaune

Granit rose

Granit rose

Quartzite rouge / gris

Presque entier

Quartzite noir

Grès jaune

Broyeur

Presque entier

Granit rose

Granit rose

Granit noir

Matière première

7732.20

7787

7767

7732

Meule rotative

7732.16

Fragmentaire

Fragmentaire

Meule va-et-vient

7707.5

7707

Conservation Fragmentaire

7692.2

7692

Identification

Meule va-et-vient

N° de l’objet

US

43,5

13

10,8

19,5

13,5

17,5

10,3

5,1

14,9

11,2

13

L.

47,5

11

10,1

12,2

13

16

6,3

2,3

7,8

10,3

9,5

l.

15

6,4

5,5

7,5

6,4

10,5

2,5

5

1

12,3

7,4

4,3

H.

Dimensions (cm)

7à9

7 maxi.

D.

Surface active extrêmement concave (8 cm de profondeur), lustrée des zones piquetées éparses Forme générale bombée : les flancs et la base épannelés sommairement se confondent (très volumineuse)

Surface active plane, lustrée avec des zones piquetées éparses Flancs courbes et polis ; base plane et polie

Surface active concave et polie ; flancs droits et base plane De forme quadrangulaire. Réutilisée comme aiguisoir : sillon rectiligne et profond (L. = 5 cm ; l. = 0,2 cm)

Surface active concave et polie Flancs et base épannelés grossièrement : quatre coups de burin bien visibles Forme générale : peut-être circulaire

Surface active plano-concave et lustrée Flancs et base brisés ou épannelés très sommairement Forme générale indéterminée : fragment plus ou moins carré

Surface active légèrement concave, piqueté avec des zones lustrées en périphérie Flancs et base nettement épannelés Forme générale : naviforme

Pas de surface active privilégiée ; le broyeur comporte plusieurs surfaces lustrées Forme générale : plus ou moins sphérique

Surface active plano-concave et lustrée Flancs plus ou moins courbes et base plane

Surface active plus ou moins circulaire, plane et lustrée La face inférieure présente quatre surfaces lustrées unies à une arête centrale

Surface active plane et polie Flancs et base polis ; base plane Forme générale : losangique

Surface active plane et lustrée, traversée en son centre par l’œillard de la meule Face supérieure et flancs plus ou moins polis Forme générale : circulaire

Surface active plane et lustrée ; flancs courbes et base plane Forme générale : probablement circulaire ; très épaisse De belle facture ; polissage générale

Surface active plane et lustrée

Description

Figure

4 6 1 1 2 1

Meule rotative

Table de travail

Meule va-et-vient ou table de travail ?

Meule va-et-vient, table de travail ou broyeur ?

Table de travail / « abraseur »

Table de travail ou bloc architectural ?

2 1 5 1 3 1 1 1

Broyeur-pilon

Broyeur-pilon / « abraseur »

« Abraseur »

Petit bloc abrasif

Percuteur

Percuteur-broyeur

Polissoir à céramique / esthèque ?

Mortier

E = entier ; PE = presque entier

1

Broyeur ou meule va-et-vient ?

22

34

Meule va-et-vient

Broyeur

n

Nature de l’objet

(b) = 1

(b) = 2

(i) = 1

(d) = 1

(b) = 6

(g) = 4

7373.4

7470.37 bis

7308.16

7363.17 ; 7373.15 ; 7607.8

7301.5

7092.2 ; 7131.1 ; 7148.5 ; 7664.4 ; 7732.19

7470.37

7373.16 ; 7373.17

7001.43

(b) = 1

(t) = 1

(g) = 1

(b) = 1 (p) = 1 (u) = 1

(a) = 1

(b) = 5

(b) = 1

(o) = 1 (s) = 1

(g) = 1

(a) = 5 7001.9 ; 7001.42 ; 7023.1 ; 7025.1 ; 7026.5 ; 7250.5 ; 7308.4 ; 7354.10 ; 7354.18 ; 7367.5 ; 7367.6 ; 7373.5 ; (b) = 1 (d) = 2 7373.18 ; 7380.4 ; 7430.5 ; 7464.1 ; 7607.1 ; 7619.3 ; 7656.1 ; 7658.5 ; 7732.20 ; 7732.47 (f) = 1

7658.4

7607.10 ; 7787.1

7354.17

7375.1

7097.16 ; 7148.6 ; 7373.28 ; 7513.7 ; 7647.3 ; 7767.8

7339.9 ; 7373.29 ; 7453.5 ; 7732.16

(g) = 4 (o) = 6 (p) = 2 (r) = 1

(h) = 1 (k) = 1 (l) = 1 (q) = 1

Matière première

(a) = 9 7000.3 ; 7001.20 ; 7001.33 ; 7001.44 ; 7001.45 ; 7001.46 ; 7022.7 ; 7154.17 ; 7197.5 ; 7209.11 ; 7250.4 ; (c) = 2 7288.25 ; 7293.1 ; 7341.7 ; 7366.9 ; 7373.20 ; 7380.5 ; 7422.6 ; 7422.7 ; 7422. ? ; 7485.2 ; 7551.2 ; 7556.21 ; (d) = 1 7591.1 ; 7607.6 ; 7662.4 ; 7673.5 ; 7692.2 ; 7707.5 ; 7732.21 ; 7767.4 ; 7767.7 ; deux autres fragments aux (f) = 2 numéros inconnus (g) = 16

Numéro d’inventaire

ANNEXE 2 : Zone 7 – tableau de synthèse

1

1

2

1

9

1

E

1

2

1

8

1

2

PE

LES ARTEFACTS

495

CHAPITRE III

496

3.3. VAISSELLE DE PIERRE Aurélia MASSON-BERGHOFF La vaisselle de pierre des périodes historiques demeure en général assez peu exploitée, comparée à celle de l’époque prédynastique1111. Pour les spécimens provenant de la Zone 7, seuls les alabastra et quelques exemplaires de vaisselles en calcaire font l’objet d’un commentaire ci-dessous en raison de leur intérêt chronologique, alors que le reste de la vaisselle s’est révélé plus commun. Quant à la vaisselle en pierre inventoriée lors des anciennes fouilles, elle est assez rare mais relève de types très diversifiés. La plupart de ces récipients ont déjà été publiés et, pour les exemplaires non-publiés, peu de clichés ou de bons dessins nous sont parvenus. 3.3.1. Plats à saillies De nombreux fragments de vaisselle en calcaire ont été découverts dans les fouilles de la Zone 71112. Il s’agit souvent de simples fragments de panses. Mais quelques bords associés à des tenons de préhension permettent de donner une idée des formes que revêtaient ces récipients. Il s’agit de plats ou de vasques de forme circulaire et de dimensions très diverses. Le profil de la paroi, souvent légèrement convexe, est plus ou moins évasé. Dans les anciennes fouilles du quartier des prêtres, ce type de vaisselle est représenté par deux plats à quatre saillies en schiste. Plat à saillies en calcaire de la phase 12 La phase 12 a fourni un exemplaire intéressant, car plutôt atypique dans le corpus. • 7711.28a (fig. 353 n°1) Dim. : L. 6,2, h. 3,9, ép. 2,3, d. 26 cm. Bord fragmentaire de plat en calcaire, muni d’un élément de préhension presque rectangulaire, situé sous la lèvre. La forme de ce tenon est particulière, comparée à la forme plutôt semi-circulaire de la majorité des spécimens. De plus, les éléments de préhension se situent bien souvent exactement au niveau de la lèvre, et non plus bas. Il pourrait s’agir 1111

1112

Une étude de B.G. Aston a fait le point sur ce type de matériel : ASTON 1994. Une fiche-objet (LS 389) témoigne de la présence d’un « fragment de vase en calcaire » dans les anciennes fouilles du quartier ptolémaïque, mais aucun cliché, ni croquis ne l’accompagne.

d’un critère chrono-typologique dans cette catégorie. La vasque est de taille moyenne, 26 cm de diamètre. Prov. : comblement de la fosse F67.

Plats à saillies en calcaire de la phase 13 La phase 13 a fourni maints fragments de plats à saillies en calcaire. Nous en présentons plusieurs exemples dans l’ordre chronologique, des contextes les plus anciens au plus récents (fig. 353 n°2-8). D’après les spécimens recueillis, le diamètre varie de 20 à 56 cm. • 7905.1 (fig. 353 n°2) Dim. : L. 34,5, h. 11,1, ép. 3, d. 46 cm. Grande vasque circulaire dont les différents fragments ont été découverts sous le premier seuil de la porte d’entrée de la maison VIII, lui servant de radier (fig. 101). Les surfaces interne et externe portent des traces d’outil. Le départ d’un tenon est visible sous le bord. Puisqu’il est complètement usé et fragmentaire, on pourrait peut-être le restituer plus haut, au niveau de la lèvre, comme pour les autres exemplaires provenant de la phase 13. Prov. : radier du premier seuil de la porte d’entrée (P8) de la maison VIII. • 7120.4 (fig. 353 n°3) Dim. : L. 28, h. 11,5, ép. 2,1, d. 38 cm. Fragment de plat en calcaire, muni d’un tenon au niveau de la lèvre. Prov. : abandon de la maison VII. • 7096.2 (fig. 353 n°4) Dim. : L. 11, h. 9,3, ép. 2,8, d. 20 cm. Profil quasi-complet d’un plat en calcaire. Il est muni d’un tenon au niveau de la lèvre, avec une panse convexe et un fond plat. Prov. : abandon de la maison VII. • 7078.1 (fig. 353 n°5) Dim. : L. 8, h. 5, ép. 2,2, d. 21 cm. Fragment de plat en calcaire, muni d’un tenon au niveau de la lèvre. Prov. : abandon de la maison VII. • 7111.58 (fig. 353 n°6) Dim. : L. 10,9, h. 5,4, ép. 4, d. 32 cm. Fragment de plat en calcaire, muni d’un tenon au niveau de la lèvre. Prov. : dépotoir de la maison VII.

Plat à saillies en calcaire (Phase 12)

7711.28

1

Plats à saillies en calcaire (Phase 13)

7905.1

2

7120.4

3

7096.2

7078.1

5

4

6

7111.58

7065.61

7

7250.2

8

Éch. dessin :

Fig. 353. Vaisselle de pierre-1

0

10 cm

CHAPITRE III

498

• 7065.61 (fig. 353 n°7) Dim. : L. 8, h. 8, ép. 1,5, d. 28 cm. Profil quasi-complet d’un plat en calcaire. Il est muni d’un tenon de faible épaisseur, au niveau de la lèvre et possède un fond plat. Prov. : dépotoir de la maison VII.

• LS 309-60 (fig. 155 n°10 et 354 n°3) Ce plat, également publié1114, est très proche du précédent. Sa paroi est plus épaisse et deux des quatre tenons sont cassés. Ce récipient a été reconnu parmi les objets qui jonchaient le sol de l’espace arrière de la maison VI (fig. 154 n°10). Prov. : sol incendié à l’arrière de la maison VI.

• 7250.2 (fig. 353 n°8) Dim. : L. 7, h. 7,8, ép. 4, d. 56 cm. Fragment de plat en calcaire, muni d’un tenon au niveau de la lèvre. Prov. : comblement de la fosse F17.

Les plats en calcaire s’apparentent à la catégorie connue des plats à quatre saillies, même si aucun exemplaire n’était suffisamment complet pour restituer quatre tenons et que certains ont pu avoir seulement deux tenons. La présence de plats à quatre saillies est néanmoins attestée avec certitude dans le quartier des prêtres par les deux exemplaires en schiste découverts en 1970. B. Aston estime que ces plats sont caractéristiques des XXVe-XXVIe dynasties1115, se basant sur des exemples de Tell el-Yahudiyeh1116 et de San el-Hagar1117. À cette liste peuvent être ajoutés les exemplaires d’Héracléopolis Magna datés de la TPI1118. Et, à Karnak-Nord, C. Robichon fournit Psammétique Ier comme terminus post quem pour un niveau dans lequel a été mis au jour un plat identique1119. Cependant, à Lahun, un exemplaire en calcaire a été découvert dans une tombe datée du règne de Chéchanq Ier (XXIIe dynastie)1120. Enfin, un plat à quatre saillies en basalte, dont la provenance est inconnue, a été daté de la XXXe dynastie1121. Les contextes dans lesquels ont été trouvés les exemplaires 7737.3 et 7846.5 sont d’ailleurs postérieurs aux XXVeXXVIe dynasties. Il conviendrait donc sans doute d’allonger la pérennité de cette forme.

Plats à saillies en calcaire de la phase 14 Bien que plusieurs fragments de vaisselle en calcaire aient été découverts dans divers contextes de la phase 14, seuls deux exemplaires présentaient un élément de préhension. • 7737.3a (fig. 354 n°1) Dim. : L. 13,9, h. 10,7, ép. 3,2, d. 34 cm. Fragment de vasque à lèvre rectangulaire, aux parois évasées et à fond plat. Un tenon (départ) est situé au niveau de la lèvre. Prov. : comblement de la fosse F29 (Rue 1). • 7846.5 (fig. 354 n°2) Dim. : L. 7,4, h. 2,25, ép. 5,5, d. 20 cm. Petite vasque fragmentaire très évasée, munie d’un élément de préhension de forme semi-circulaire et à fond dégagé. Prov. : passe dans les fosses F65 et F75 (matériel très mélangé appartenant à Rue 3).

3.3.2. Alabastra Plats à saillies en schiste provenant des fouilles anciennes du quartier des prêtres Deux plats à saillies ont été découverts au moment des fouilles anciennes du quartier des prêtres. Ils sont confectionnés en schiste et présentent quatre saillies. Ils proviennent de l’espace incendié situé à l’arrière de la maison VI. • LS 308-60 D’après le dessin publié de ce plat en schiste1113, l’épaisseur de la paroi est très fine. Une des quatre saillies est cassée. Prov. : sol incendié à l’arrière de la maison VI.

Les alabastra sont des petits vases confectionnés en albâtre, ou plus justement en calcite1122. Ils ont été trouvés en quantité relativement faible dans le secteur mais apparaissent à chaque phase. Ils sont généralement de forme tubulaire et munis de tenons.

1114 1115 1116 1117

1118

1119 1120 1121 1122 1113

ANUS, SA’AD 1971, p. 233, fig. 18.

Ibidem. ASTON 1994, p. 164-165. PETRIE 1906, pl. XXA. Le plat, en schiste, a été publié sous le nom de « coupelle saïte » : DARESSY 1901, p. 233 et 235. MOLINERO 1995, p. 212, pl. LXIX j, pl. LXX g, pl. LXXI et pl. LXXVI. CHRISTOPHE 1951, p. 68 et fig. 5. PETRIE, BRUNTON, MURRAY 1923, pl. LV n°24. BONHAMS 2003, p. 134, n°375. KLEMM, KLEMM 2008, 147-166. Matériau parfois appelé albâtre égyptien : LILYQUIST 1995, p. 13.

Plats à saillies en calcaire (Phase 14)

7737.3a

7846.5

1

2 Éch. dessin :

0

10 cm

Plat à saillies en schiste (anciennes fouilles du quartier des prêtres)

Les alabastra (Phase 12)

7711.22

7711.7

3. Plat à saillies en schiste LS 309-60 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°15081

5

4

Les alabastra (Phase 13)

7856.8

6

7015.1

7024.2

7

7024.5

8

9 Éch. dessin :

Fig. 354. Vaisselle de pierre-2

0

5 cm

500

CHAPITRE III

Alabastra de la phase 12

Alabastra de la phase 14

La phase 12 a fourni de rares fragments d’alabastra. Ils proviennent uniquement du comblement de la fosse cendreuse F67.

Quelques fragments d’alabastra ont été mis au jour dans deux contextes de la phase 14. Ils proviennent du premier grand remblaiement de la rue, antérieur à la construction des bâtiments I et J.

• 7711.7 (fig. 354 n°4) Dim. : L. 1,2, h. 4,2, ép. 0,3, d. 3 cm. Alabastron fragmentaire de petit format. Son corps, tubulaire et légèrement convexe, se termine par un bord très peu marqué. Il est muni d’un petit tenon, de forme plus ou moins hexagonale. Prov. : comblement de la fosse F67.

• 7287.1 (fig. 355 n°1) Dim. : h. 3,1, ép. 1,5, d. 6,6 cm. Alabastron dont la lèvre possède un diamètre assez important. Seule sa surface extérieure est bien polie. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2).

• 7711.22 (fig. 354 n°5) Dim. : L. 2,9, h. 3,35, ép. 0,6, d. 3 cm. Fragment de corps d’alabastron doté d’un tenon de préhension. Prov. : comblement de la fosse F67.

• 7370.3 (fig. 355 n°2) Dim. : h. 1,5, ép. 1,1, d. 3,5 cm. Bord complet, de facture fine. Son col haut se termine par une lèvre à marli horizontale, large. Prov. : comblement de la structure ST5 (Rue 2).

Alabastra de la phase 13

Alabastra provenant des fouilles anciennes du quartier des prêtres

La phase 13 a livré le plus d’exemplaires. Trois spécimens complets ont été recueillis dans le niveau d’incendie de la réserve, à l’arrière de la maison VII. Ils sont entièrement évidés, donc à vocation utilitaire et non factice. • 7856.8 (fig. 354 n°6) Dim. : L. 1,9, h. 1,1, ép. 0,65, d. 3 cm. Fragment de lèvre d’alabastron. Prov. : SOL34 de la maison VIII. • 7024.2 (fig. 94 b et 354 n°7) Dim. : h. 11,2, ép. 1,5, d. 3,7 cm. Vase piriforme doté de deux petits tenons placés sous le col. L’épaisseur de sa paroi est importante comparée à celles des deux alabastra issus du même contexte. Son col, très court, est terminé par un bourrelet externe épais. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII. • 7015.1 (fig. 94 b et 354 n°8) Dim. : h. 9,4, ép. 1, d. 4,4 cm. Alabastron de facture fine et de forme tubulaire, légèrement piriforme. Le col court est terminé par une lèvre assez large et plane. Le vase est pourvu de deux petits tenons, agrémentés d’une tablette en bas-relief. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII. • 7024.5 (fig. 94 b et 354 n°9) Dim. : h. 11, ép. 0,8, d. 3,2 cm. Vase de belle facture, au corps tubulaire et muni de deux petits tenons. Le col, assez haut, se termine par une lèvre plutôt large et plane. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII.

Quelques exemplaires complets, ou quasi-complets, ont été mis au jour au cours des anciennes fouilles. • LS 319 (fig. 155 n°9) Alabastron de forme tubulaire, légèrement piriforme d’après le dessin publié1123. Il est doté de deux petits tenons, sous lesquels on devine une tablette en bas-relief du même type que 7015.1 (fig. 354 n°8). Ce vase figure parmi les nombreux éléments recueillis sur le sol incendié de la réserve de la maison VI (fig. 154 n°9)1124. Prov. : sol incendié à l’arrière de la maison VI du quartier des prêtres. • LS 99 et LS 200 (fig. 355 n°3) Deux alabastra, uniquement connu à travers un cliché inédit. Les fiches-objets ayant disparu, leur contexte précis de découverte demeure incertain. Ils proviennent néanmoins probablement du quartier des prêtres1125. LS 99 est piriforme et pourvu de petits tenons (un seul est visible sur le cliché) ; son col, assez haut et évasé, se termine par une lèvre plate. LS 200 est de forme tubulaire, plus ramassée que LS 99 ; il est doté de deux tenons ; sa partie supérieure est manquante. Prov. : quartier des prêtres (?).

1123 1124 1125

ANUS, SA’AD 1971, fig. 19. Ibid., p. 234. Excepté les cinq premiers numéros LS attribués à des ostraca du quartier ptolémaïque, tous les objets enregistrés avant LS 308 proviennent du quartier des prêtres fouillé en 1970.

Les alabastra (Phase 14)

7287.1

7370.3

1

2

Éch. dessin :

0

5 cm

Alabastra (anciennes fouilles du quartier des prêtres)

3. Alabastra LS 99 et LS 200 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5368

Autres vaisselles en pierre (anciennes fouilles du quartier des prêtres)

0

1 cm

0

4. Petit bouchon en albâtre LS 238 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Bellod n°5619

5 cm

5. Couvercle en pierre noire polie LS 583 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Bellod n°6927

Fig. 355. Vaisselle de pierre-3

502

CHAPITRE III

• LS 238 (fig. 355 n°4) Ces petits vases, au contenu souvent précieux (parfum, onguent…), devaient être fermés à l’aide de couvercle. Le bouchon en calcite LS 238 a vraisemblablement servi à fermer l’un d’eux. Le petit ergot, sur le dessus du bouchon, était peut-être entouré de liens permettant de maintenir le bouchon sur le vase. Il a déjà été avancé que les tenons présents sur le corps des alabastra permettaient de maintenir le couvercle sur les vases à l’aide de liens1126. Prov. : quartier des prêtres (IX N a).

D’après B.G. Aston, la majorité de la vaisselle en calcite connue date des premières dynasties. Il existe très peu d’occurrences pour le Nouvel Empire, mais à partir de la XXVIe dynastie et jusqu’à l’époque ptolémaïque, elle est de nouveau appréciée1127. L’apparition des alabastra remonterait à la Troisième Période Intermédiaire, particulièrement à la XXVe dynastie1128, bien que la forme générale soit déjà observée – en pierre et en céramique – dès la fin du Moyen Empire-début de la Seconde Période Intermédiaire1129. De très nombreux exemplaires se rencontrent dans le matériel funéraire des cimetières royaux de Kouch, notamment dans des tombes datées entre le VIIe1130 et la fin du IVe siècle av. J.-C.1131. Cette vaisselle fine n’est pas exclusivement égyptienne et a été produite et disséminée au Proche et Moyen-Orient ainsi que dans le reste du le Bassin Méditerranéen, dès les VIIIe-VIIe siècles av. J.-C., surtout à partir de la XXVIe dynastie1132. Les rares exemplaires découverts pour la phase 12 du quartier des prêtres donnent donc un bon terminus aux phénomènes des fosses cendreuses, à savoir la XXVe dynastie. La production d’alabastra s’est poursuivie jusqu’à l’époque romaine1133. Leur profil s’est lentement transformé vers des formes de plus en plus étirées en hauteur, tubulaires, avec des épaules moins marquées, de hauts cols droits et de larges lèvres horizontales. Cette 1126 1127 1128

1129 1130

1131

1132

1133

PETRIE 1937, p. 14. ASTON 1994, p. 50. BOURRIAU 1984, 365. Sur ce type de vaisselle, sa forme et son utilisation : BADINOU 2003, p. 52-76 ; VERBANCK-PIÉRARD et al. 2008, p. 152-157. LILYQUIST 1995, p. 61, fig. 149 ; BADINOU 2003, p. 53. Vase provenant de la tombe de la reine Kheñsa, sœur-épouse de Piânkhy, enterrée sous Taharqa : DUNHAM 1950, p. 31, fig. 11c, j et pl. XXXIX (19-3-560). Vase provenant de la tombe de Taharqa : DUNHAM 1955, p. 13, fig. 3. Vases provenant de la tombe du roi Nastaseñ (ca. 328-308 av. J.-C.) : DUNHAM 1955, p. 247, fig. 192. Voir par exemple : HÖLBL 1979, p. 240-253 ; SEARIGHT, READE, FINKEL 2008, p. 21-30 ; MASSON 2015, p. 2-8 ; LÓPEZ GRANDE 2016, p. 75-76 ; SQUITIERI 2017, p. 82-85. PETRIE 1937, p. 14.

évolution se retrouve quelque peu dans la chrono-typologie des alabastra de la Zone 7. Le col, inexistant sur l’exemplaire de la phase 12 (fig. 354 n°4)1134, se développe à la phase 13. Des cols sont néanmoins déjà visibles sur des alabastra datés du début de la XXVIe dynastie1135. À la phase 14, ce col est assez haut et la lèvre peut être plate et large (fig. 355 n°2). Des exemplaires similaires se rencontrent dans des contextes datés environ de la deuxième moitié du Ve et du IVe siècle1136. On est encore loin des formes très allongées, munies de haut col, datées du Ier siècle ap. J.-C.1137. Quant aux exemplaires découverts en 1970, LS 200 (fig. 355 n°3) et LS 319 (fig. 155 n°9) appartiendraient à la catégorie ancienne des alabastra1138, alors que LS 99 (fig. 355 n°3), avec son corps plus allongé, pourrait être plus récent. Les tablettes en bas-relief observées sur deux exemplaires de la phase 13 (LS 319 et 7015.1) sont caractéristiques de la Basse Époque1139. 3.3.3. Autres vaisselles en pierre Il faut enfin compléter cet inventaire avec un lot disparate de vaisselles en pierre découvertes essentiellement lors des fouilles anciennes du quartier ptolémaïque en 1971. Coupes en pierre noire • LS 1156, LS 1158, LS 1171 et LS 1172 Fragments de coupes en pierre noire à bord rentrant et à base annulaire, dont nous ne possédons que des croquis. Ce type semble totalement absent des contextes antérieurs au quartier ptolémaïque. LS 1156 est signalé de manière erronée comme un « fond de coupe à engobe noir » (sans dessin)1140. La

1134

1135

1136

1137 1138

1139 1140

Cette forme rappelle la catégorie des « botellas globulares » de M.A. Molinero : MOLINERO 1995, p. 221, pl. LXXX, g, ñ et o. Vases de Yehudiyeh : PETRIE 1937, p. 14, pl. XXXVII, n°955956. Exemples provenant des tombes royales de Nuri : DUNHAM 1955, p. 192, fig. 146, n°18-1-140 (ca. 458-453 av. J.-C.), p. 213, fig. 163, n°17-3-169 et 17-3-414 (ca. 418-398 av. J.-C.), p. 247, fig. 192, n°17-2-1928 (ca. 328-308 av. J.-C.). Vases provenant de tombes du cimetière ouest de Méroë : DUNHAM 1963, p. 353, n°13 23-2-265 (ca. 458-308 av. J.-C.), n°14 23-2-271 (ca. 458-308 av. J.-C.) et n°15 23-2-257 (ca. 423-275 av. J.-C.). PETRIE 1937, p. 15, pl. XXXVII, n°966-968 et 970-971. Un alabastron très proche de LS 319 a été trouvé dans une tombe du cimetière ouest de Méroë, datée d’environ 751-643 av. J.-C. : DUNHAM 1963, p. 353, n°3 (23-M-584). SEARIGHT, READE, FINKEL 2008, p. 32. LAUFFRAY 1995, p. 306 et 308.

LES ARTEFACTS

découverte de LS 1158 a aussi été consignée dans cet article, toujours sans dessin1141. La phase 14 de la Zone 7 a livré quelques spécimens très fragmentaires de ces coupes (panses uniquement). La pierre, dure et de couleur noire (diorite, grano-diorite ?), est toujours soigneusement polie et brillante. Prov. : favissa II du quartier ptolémaïque (carré IX N 68).

Couvercle en basalte (?) • LS 583 (fig. 355 n°5) Le couvercle, de forme circulaire, est en pierre de couleur noire, identifiée comme du basalte sur la fiche1142. Les surfaces sont minutieusement polies. Prov. : carré IX N 79 (maisons D ou H) dans le quartier ptolémaïque.

Bibliographie de l’étude de la vaisselle de pierre ANUS, SA’AD 1971 : P. ANUS, R. SA’AD, « Habitations de prêtres dans le temple d’Amon de Karnak », Kêmi 21, 1971, p. 217-238. ASTON 1994 : B.G. ASTON, Ancient Egyptian Stone Vessels. Material and Forms, SAGA 5, Heidelberg, 1994. BADINOU 2003 : P. BADINOU, La laine et le parfum. Épinetra et alabastres : forme, iconographie et fonction, Monographs on Antiquity 2, Louvain, 2003. BONHAMS 2003 : Catalogue de ventes Bonhams (vente du 14 mai 2003), Londres, 2003. BOURRIAU 1984 : J. BOURRIAU, « Salbgefasse », in W. HELK et al., Lexikon der Ägyptologie, vol. 5, Wiesbaden, 1984, col. 362-366. CHRISTOPHE 1951 : L.A. CHRISTOPHE, Fouilles conduites par C. Robichon, Karnak-Nord III (1945-1949), FIFAO 23, Le Caire, 1951. DARESSY 1901 : G. DARESSY, « Rapport sur des fouilles à Sa el-Hagar », ASAE 2, 1901, p. 230-239. DUNHAM 1950 : D. DUNHAM, The Royal cemeteries of Kush, vol. I : El Kurru, Cambridge, 1950.

1141 1142

Ibid., p. 306. La grano-diorite est parfois confondue avec le basalte.

503

DUNHAM 1955 : D. DUNHAM, The Royal cemeteries of Kush, vol. II : Nuri, Boston, 1955. DUNHAM 1963 : D. DUNHAM, The Royal cemeteries of Kush, vol. V : the West and South Cemeteries at Meroë, Boston, 1963. HÖLBL 1979 : G. HÖLBL, Beziehungen der ägyptischen Kultur zu Altitalien, EPRO 62/1, Leiden, 1979. KLEMM, KLEMM 2008 : R. KLEMM, D.D. KLEMM, Stones and Quarries in Ancient Egypt, Londres, 2008. LAUFFRAY 1995 : J. LAUFFRAY, « Maisons et ostraca ptolémaïques à l’est du Lac Sacré », Karnak 10, 1995, p. 301-348. LILYQUIST 1995 : C. LILYQUIST, Egyptian Stone Vessels. Khian through Tuthmosis IV, New York, 1995. LÓPEZ GRANDE 2016 : M.J. LÓPEZ GRANDE, « Stone Vessels of Egyptian Appearance from Ibiza », TdE 7, 2016, p. 67-88. MASSON 2015 : A. MASSON, « Stone vessels », in A. VILLING, M. BERGERON, G. BOUROGIANNIS, A. JOHNSTON, F. LECLÈRE, A. MASSON, R. THOMAS (éds), Naukratis: Greeks in Egypt. British Museum Online Research Catalogue 2013-2019, Londres, 2015, p. 1-12. https://www.britishmuseum.org/pdf/Masson_Stone_ vessels_SF_AV.pdf MOLINERO 1995 : M.A. MOLINERO in M.J. LÓPEZ GRANDE, F. QUESADA SANZ, M.A. MOLINERO POLO, Excavaciones en Ehnasya El Medina (Heracleopolis Magna) II, Madrid, 1995. PETRIE 1906 : W.M.F. PETRIE, Hyksos and Israelite Cities, BSA 12, Londres, 1906. PETRIE 1937 : W.M.F. PETRIE, The funeral furniture of Egypt and Stone and Metal Vases, Londres, 1937. P ETRIE , B RUNTON , M URRAY 1923 : W.M.F. P ETRIE , G. BRUNTON, M.A. MURRAY, Lahun II, Londres, 1923. SEARIGHT, READE, FINKEL 2008 : A. SEARIGHT, J. READE, I. FINKEL, Assyrian Stone Vessels and related material in the British Museum, Oxford, 2008. SQUITIERI 2017 : A. SQUITIERI, Stone vessels in the Near East during the Iron Age and the Persian period (c. 1200330 BCE), Oxford, 2017.

CHAPITRE III

504 4. FIGURINES EN TERRE CUITE

Les figurines en terre cuite du secteur des prêtres sont essentiellement zoomorphes et pleines, modelées à la main avant cuisson dans une terre limoneuse généralement moyennement fine. Celles-ci suivent une tradition des terres cuites égyptiennes populaire entre le Nouvel Empire et la Basse Époque1143. Même les niveaux de la phase 14 ont souvent fourni des figurines modelées à la main. Pourtant l’usage de moule bivalve ou tripartite devient la norme dans la production de terres cuites à l’époque gréco-romaine. Il est possible que ces figurines représentent des contaminations anciennes ou bien des exemplaires de la fin de la Basse Époque, et non attestent de la persistance de techniques et thèmes anciens dans ce secteur. Mis à part un cas, les rares figurines anthropomorphes découvertes dans le secteur des prêtres proviennent soit de contextes incertains, soit des anciennes fouilles, ou encore appartiennent à un décor appliqué sur céramique. Aucune figurine n’est complète ce qui complique parfois leur identification. 4.1. CATALOGUE DES FIGURINES EN TERRE CUITE Les figurines ont été découvertes en nombre limité lors des fouilles de la Zone 7. La phase 12 n’en a pas livré, la phase 13 seulement cinq exemplaires. La majorité des spécimens, au nombre de dix, sont issus de contextes de la phase 14. Les figurines sont présentées dans l’ordre chronologique, du contexte le plus ancien au plus récent. Afin de compléter cet inventaire, les figurines découvertes issues des fouilles anciennes et dans d’autres contextes de la Zone 7 (phase 15 et hors contexte) seront présentées à la fin du catalogue. Elles appartiennent à des types différents qui permettent d’étoffer, et sans doute de nuancer, notre interprétation sur la présence de figurines en terre cuite dans le secteur des prêtres.

sa tête particulièrement, est peu détaillée. La figurine a été modelée à la main dans une pâte alluviale moyennement fine, au dégraissant sableux. Prov. : comblement de la tranchée de fondation de la maison IV. • 7707.1 (fig. 109 et 356 n°2) Dim. : L. 5,5, l. 4,5, h. 2 cm. Figurine zoomorphe fragmentaire, difficile à identifier. Le museau allongé et l’encolure font penser à une tête d’équidé. Néanmoins, la nature de l’élément cylindrique sur la tête de l’animal nous échappe (les cornes d’un oryx ?). Quelques traces d’engobe rouge sont visibles sur la surface de cette figurine façonnée en pâte alluviale. La couleur rouge – sous forme d’engobe, wash, peinture, ocre – est associée à de nombreuses figurines égyptiennes en terre cuite, y compris la plupart des figurines du secteur des prêtres1144. Prov. : sol SOL42 de la maison VIII. • 7694.1 (fig. 356 n°3) Dim. : L. 2,5, l. 2,4, h. 1 cm. Figurine d’équidé dont seule la tête est préservée, modelée à la main. Un percement traverse de part en part le museau du cheval : ce trou matérialise peut-être les naseaux, mais il a pu servir pour la suspension de rennes1145. Le rendu de l’anatomie est peu élaboré, avec les oreilles à peine marquées et les yeux inexistants. Un engobe rouge mat recouvre la surface. La pâte alluviale utilisée pour façonner cette figurine présente de nombreux micas, notamment en surface. Prov. : comblement d’un foyer aménagé dans la jarre 7693.1 (foyer 2), sur le sol SOL25 de la maison IX. • 7241.1 (fig. 356 n°4) Dim. : L. 5,2, l. 3,5, h. 4 cm. Tête d’oiseau fortement simplifiée, modelée en pâte alluviale. Avec un orifice ménagé depuis le bec de l’oiseau, elle a pu servir de bec verseur à une céramique. Une sorte de crête, modelée à part et rapportée, orne le dessus et légèrement l’arrière de la tête. 7241.1 rappelle la figurine LS 318 du quartier des prêtres de Karnak déjà publiée en 19711146. Cette 1144

4.1.1. Figurines en terre cuite de la phase 13 (contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie)

1145

• 7560.1 (fig. 356 n°1) Dim. : L. 6,3, l. 3,5, h. 5,3 cm. Figurine animale, probablement de bovidé. Il manque la partie postérieure du corps du quadrupède ainsi que ses deux pattes avant. Son museau est abîmé. L’anatomie de l’animal, 1143

BOUTANTIN 2014, p. 163-166 ; THOMAS 2015, p. 31-32.

1146

Cette couleur a souvent des connotations négatives diversement interprétées. Sur ce sujet, notamment dans le cadre de l’analyse de figurines en terre cuite : WARAKSA 2009, p. 102-113. Ce type de percement est visible sur diverses figurines en terre cuite zoomorphes, mais surtout sur des figurines très tardives et moulées. Par exemple, les museaux de plusieurs figurines zoomorphes provenant de Médinet Habou sont percés de manière similaire : TEETER 2010, p. 128-129, n°165-167 (figurines de chevaux, datées des VIe-VIIIe s. ap. J.-C.), p. 133 n°176 et p. 134 n°178 (figurines de chameau datées de l’époque romaine). Selon Emily Teeter, les exemplaires de chevaux « with a pull string or wheels indicate that some are certainly intended to be playthings » : TEETER 2010, p. 111. Cette interprétation n’est sans doute pas valable dans le cas du quartier des prêtres. ANUS, SA’AD 1971, p. 234, fig. 19.

505

LES ARTEFACTS

Figurines de la phase 13

7560.1 L: 6,3 cm

1. Figurine de bovidé 7560.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89731-89733

7694.1 L: 2,5 cm

7707.1

2. Tête d’équidé (?) 7707.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Caron n°107232

3. Tête d’équidé 7694.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin G. Caron n°107233, cliché Y. Stoeckel n°103941

7015.11 L: 7,7 cm

7241.1 L: 4 cm

4. Tête d’oiseau, peut-être un bec verseur, 7241.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°67742, dessin A. Guillou n°121156

5. Quadrupède 7015.11 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°65703

Éch. dessin : 1/2

Fig. 356. Figurines en terre cuite-1

506

CHAPITRE III

dernière provient du carré IX N 60, soit des maisons V ou VI. Des exemplaires relativement proches ont également été découverts à Médinet Habou1147. Prov. : abandon de la maison VII.

tural. On note quelques traces d’un engobe rouge sur la surface. La pâte alluviale utilisée dans la confection de cette figurine présente de nombreux micas. Prov. : mur M23 du bâtiment I (sous-phase 14a).

• 7015.11 (fig. 356 n°5) Dim. : L. 7,7, l. 3,5, h. 2,9 cm. Figurine très érodée représentant un quadrupède dont la tête et les pattes ne sont pas préservées. Elle a été confectionnée à la main en pâte alluviale. Prov. : couche de démolition-incendie recouvrant le sol SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII.

• 7430.8 (fig. 357 n°4) Dim. : L. 5,7, l. 4,6 cm. Élément anthropomorphe. Ce n’est pas à proprement parler une figurine, mais un décor appliqué sur un petit conteneur, au niveau du bord extérieur (bord visible sur le cliché). Les deux ont été façonnés dans une pâte alluviale relativement fine. La tête est assez rudimentaire. Le visage rond est encadré d’une coiffe simple. Les yeux marqués par deux pastilles rondes et le nez par un petit boudin d’argile sont des éléments rapportés. Un exemplaire similaire réalisé en pâte calcaire a été mis au jour dans la Zone 7 (7000.23)1150. D’après un parallèle inédit provenant de Dra Abu el-Naga, ces visages ornent le bord de petits conteneurs à col, à la lèvre légèrement soulignée et à l’épaule arrondie1151. Prov. : comblement de la fosse F13 (postérieur à la sousphase 14a, antérieur à la sous-phase 14b).

4.1.2. Figurines en terre cuite de la phase 14 (contextes fin Basse Époque-époque ptolémaïque) • 7734.10 (fig. 357 n°1) Dim. : L. 3,2, l. 4,3, h. 3 cm. Figurine zoomorphe dont seule la tête est préservée. Elle représente probablement un bovidé. Les yeux sont marqués en creux par de simples pincements de l’argile. Elle a été modelée à la main dans une pâte alluviale relativement grossière. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2). • 7730.8 (fig. 357 n°2) Dim. : L. 5,1, l. 4,7, h. 8,2 cm. Figurine fragmentaire, plutôt abîmée, représentant la tête d’un équidé1148. Un pincement de l’argile suffit à marquer la crinière à l’arrière de l’encolure puissante. Le museau n’est pas préservé. Deux petits renflements de pâte, ajoutés de part et d’autre de l’encolure, pourraient correspondre aux mains d’un cavalier. La figurine a été confectionnée dans une pâte alluviale assez grossière, avec de nombreux négatifs de dégraissant végétal visibles en surface. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2). • 7052.8 (fig. 357 n°3) Dim. : L. 7,4, l. 2,4, h. 4,3 cm. Terre cuite figurant un quadrupède dont il manque la tête, l’arrière-train et les pattes. Le corps s’apparente à des figurines modelées à la main représentant des chiens provenant de Médinet Habou1149, mais ce rapprochement demeure conjec-

• 7732.22 (fig. 357 n°5) Dim. : L. 3,2, l. 3,2, h. 6 cm. Figurine représentant probablement un équidé. La tête est fort abîmée : seule l’encolure est conservée, le museau n’étant pas préservé. Un élément de pâte de forme grossièrement triangulaire, modelé à part et rapporté, pourrait figurer une oreille. La figurine a été confectionnée à la main, en pâte alluviale. Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3). • 7373.26 (fig. 357 n°6) Dim. : L. 12, l. 5,2, h. 7,8 cm. Figurine zoomorphe dont le bas des pattes et la tête ne sont pas préservés. Le départ d’une queue est visible à l’arrièretrain. Sans la tête, il n’est pas toujours évident d’identifier l’espèce du quadrupède. Il nous semble toutefois être en présence d’une figurine d’équidé1152. La figurine a été modelée à la main, en pâte alluviale. Prov. : comblement de la fosse F44 (Rue 3).

1150

1151 1147

1148

1149

TEETER 2010, p. 149-150, n°208-211 (datation inconnue). Les becs des oiseaux n°210 et 211 sont également percés mais, selon l’auteur, l’ouverture semble trop étroite pour avoir réellement servi de bec verseur. Parallèles des époques ptolémaïque et romaine : TEETER 2010, p. 118-119, n°147-148. TEETER 2010, p. 139-140, n°188-190 (date incertaine située entre le Nouvel Empire et la Basse Époque). Le rendu est schématique avec un corps rectangulaire et des pattes courtes.

1152

Infra, Chapitre III, § 4.1.4. Figurines provenant d’autres contextes. Matériel étudié par Maria Lopez-Grande pour la mission espagnole dirigée par Dr José Manuel, et qui sera publié dans le volume suivant : Spanish expedition at Dra Abu El-Naga. Pottery from the courtyards and surroundings of the tombs (TT 11, TT 399, TT 12 and the tomb of Ay and Baki), Biblioteca del Próximo Oriente Antiguo, CSIC, Madrid. Il s’agit d’un conteneur confectionné en Nile B2. Proche de figurines de cheval de Médinet Habou et d’Ashmunein (datées de la TPI) : TEETER 2010, p. 113, n°137 ; SPENCER, BAILEY 1986, fig. 6 n°3 et 5-6.

Figurines de la phase 14

0

5 cm 7734.10

0

2 cm

0

2 cm

7730.8

1. Tête de bovidé 7734.10 – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Chéné n°111591, dessin G. Caron n°107233

0

2. Tête d’équidé 7730.8 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°115340-115341

5 cm 7430.8 L: 5,7 cm

7052.8

3. Quadrupède 7052.8 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111579

0

2 cm

0

4. Tête humaine appliquée sur le bord extérieur d’un conteneur 7430.8 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89749

2 cm

7732.22

5. Tête d’équidé 7732.22 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°115338-115339

7373.26 L: 12 cm

6. Quadrupède 7373.26 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89724 Éch. dessin : 1/2

Fig. 357. Figurines en terre cuite-2

508

CHAPITRE III

• 7505.1 (fig. 358 n°1) Dim. : L. 4,2, l. 3,5, h. 2,3 cm. Figurine zoomorphe très érodée, modelée à la main en pâte alluviale. La tête d’un animal au museau allongé est tout ce qu’il reste de cette figurine, peut-être d’un chien1153 ou autre canidé, voire d’un oryx1154. Les yeux sont marqués par deux petits renflements. Prov. : comblement de la fosse F41 (Rue 1 ou 3)1155. • 7550.11 (fig. 358 n°2) Dim. : L. 5,9, l. 3,6, h. 3,3 cm. Figurine d’équidé dont il ne subsiste que l’encolure. Les deux petits éléments de pâte rapportés de part et d’autre de l’encolure sont peut-être les restes d’un cavalier. Elle a été modelée à la main, en pâte alluviale. Prov. : comblement de la fosse F43 (Rue 1 ou 3)1156. • 7351.3 (fig. 358 n°3) Dim. : L. 6,6, l. 2,2, h. 2,9 cm. Figurine zoomorphe, probablement d’un cheval. La tête et les pattes ne sont pas conservées, mais le début d’une queue touffue est reconnaissable sur la croupe de l’animal. La forme a été modelée assez grossièrement à la main en pâte alluviale et un engobe rouge mat a été badigeonné irrégulièrement sur la surface. Prov. : remblai sablo-limoneux recouvrant le bâtiment J. • 7597.5 (fig. 358 n°4) Plaque confectionnée dans une pâte alluviale assez grossière. Le décor moulé sur l’avers représente un personnage féminin allongé, portant une large perruque sommée d’un cône d’onguent, sa tête reposant sur un coussin. Un objet arrondi ou la tête d’un enfant (?) est visible à ses côtés. La moitié inférieure de la plaque est manquante. Sa surface est endommagée par endroits (notamment au niveau du visage) et présente quelques croutes de sel. Des restes de polychromie rouge, jaune et noire ont néanmoins bien survécu : jaune pour le visage et le « lit », noir pour la perruque, rouge pour le cône d’onguent et la robe moulante1157. Ce type de figurine, 1153

1154

1155

1156 1157

Même si les figurines de chiens existent dès l’Ancien Empire, elles ne deviennent réellement populaires qu’à partir de la Basse Époque, et particulièrement aux époques ptolémaïque et romaine : DUNAND 1990, p. 287-293 ; STEVENS 2006, p. 103. Un parallèle lointain provient de Médinet Habou. Il s’agit d’une figurine d’oryx sans doute décorant une vaisselle, en pâte calcaire et probablement moulée : TEETER 2010, p. 135, n°180. Les niveaux qui recouvraient cette fosse, située dans le sondage S3E, ont été dégagés lors des fouilles de l’été 1970. Il n’est donc pas facile de replacer cette fosse dans la stratigraphie générale. Idem. Sans ces détails peints qui contrastent le visage et le cou peints en jaune avec la robe rehaussée de rouge, on aurait pu penser que le personnage féminin était nu.

connu sous le nom impropre de « concubine », est surtout attesté au Nouvel Empire1158, mais il persiste encore à la Basse Époque sous diverses formes1159. Les détails peuvent varier grandement dans cette catégorie, mais notre exemplaire ressemble fortement à une plaque provenant de Naucratis, datée entre 630 et 400 av. J.-C. (University of Pennsylvania Museum of Archaeology & Anthropology à Philadelphie, cat. no. 2003-34-316). Cette dernière figure également une femme allongée sur un lit, la tête soutenue par un coussin, arborant une lourde perruque et un cône d’onguent ; divers détails peints ont été ajoutés après cuisson en jaune, rouge et bleu. Ces plaques sont avant tout découvertes dans des contextes d’habitat, bien qu’elles soient également documentées dans quelques tombes, et semblent associées à des pratiques cultuelles domestiques, peut-être en rapport avec Hathor1160. Prov. : niveau de remblai dans la rue (phase 14, Rue 4 : matériel résiduel ?)

4.1.3. Figurines provenant des anciennes fouilles Une seule figurine en terre cuite a été enregistrée au cours des fouilles du quartier ptolémaïque et une seconde peut être resituée dans un bâtiment ptolémaïque fouillé à l’est du rempart et appartenant à l’ensemble H1161. • LS 550 (fig. 359 n°1) Figurine fragmentaire, probablement modelée à la main et solide, représentant une tête de Nubien1162. Sa coiffe est courte, ses pommettes hautes et saillantes, et ses yeux marqués par des renflements. Certains traits physiques sont exacerbés, comme le nez empâté et les lèvres épaisses. Les figurines de Memphis que Petrie identifient comme des « têtes d’étrangers » forment de bons parallèles1163. Prov. : carré IX N 69 ; maisons D ou E du quartier ptolémaïque, ou la ruelle les séparant.

1158 1159

1160 1161

1162

1163

GIDDY 1999, p. 28-32. MARCHI 2014, p. 97-98, fig. 135-136 ; THOMAS 2015, p. 34-35 (type P-F.1). PINCH 1993, p. 198-234 ; GIDDY 1999, p. 32. Sur cet ensemble architectural peu documenté : supra, Chapitre I, § 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque. Une autre figurine de Nubien a été découverte en 1971 (LS 541), mais elle provient des fouilles des structures antérieures au rempart, situées à l’est de celui-ci (carré IX N 85). Sur ces figurines, voir les commentaires et la bibliographie dans : BAILEY 2008, p. 136-137 et 151-152, pl. 105-108 (têtes d’hommes, y compris grotesques). Elles sont généralement datées de l’époque ptolémaïque et romaine, mais pour Donald Bailey, certaines têtes peuvent remonter au ve s.

Figurines de la phase 14

7505.1 L: 4,2 cm

1. Tête de canidé (?) 7505.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89711-89712

0

2 cm

7550.11

2. Équidé et cavalier (?) 7550.11 – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°115216-115217

7351.3 L: 6,6 cm

3. Équidé 7351.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°90925 et 90927

7597.5

4. Figurine féminine 7597.5 (matériel résiduel?) – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89727-89728

Fig. 358. Figurines en terre cuite-3

Figurine provenant des anciennes fouilles

LS 550 0

LS 497

2 cm

0

1. Tête de Nubien provenant du quartier ptolémaïque LS 550 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6921

5 cm

2. Tête d’Harpocrate provenant de l’ensemble H LS 497 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6492

Figurines provenant d’autres contextes

3. Tête hathorique moulée 7363.14 (matériel résiduel?) – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°89729

7363.14 L: 4,5 cm

0

0

5 cm

7000.23

7000.15

4. Figurine dite de fertilité 7000.15 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111577

4 cm

5. Tête humaine appliquée sur le bord extérieur d’un conteneur 7000.23 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111578

Fig. 359. Figurines en terre cuite-4

511

LES ARTEFACTS

• LS 497 (fig. 359 n°2) Figurine moulée fragmentaire, représentant Harpocrate, dont seule la tête est préservée. La surface, endommagée, semble encore couverte par endroit d’un enduit blanc. Le dieu semble porter un doigt à hauteur de ses lèvres, signe de l’enfance dans l’iconographie égyptienne. Sa coiffe est composée de la double couronne flanquée de deux protrusions. Harpocrate ainsi coiffé apparait dans de nombreuses figurines ptolémaïques1164. Un croquis de situation sur la fiche-objet permet de replacer précisément cette découverte dans la pièce sudouest du bâtiment quadrangulaire situé au nord de l’ensemble H, à l’est du rempart (fig. 189). La figurine a été découverte à une altitude de 75,60 m, une altitude basse mais qui convient à l’ensemble H, fondé beaucoup plus bas que les maisons du quartier ptolémaïque à l’ouest du rempart (fig. 193). Prov. : carré IX O 81 ; ensemble H à l’est du rempart (cote de 75,60 m).

4.1.4. Figurines provenant d’autres contextes • 7363.14 (fig. 359 n°3) Dim. : L. 4,5, l. 3,8, h. 2 cm. Visage moulé de la déesse Hathor, facilement reconnaissable à ses oreilles de vache. Cet élément, réalisé dans une pâte alluviale relativement grossière, se rapproche de plaques figuratives et de décors moulés, appliqués sur des vaisselles datées du Nouvel Empire1165. Prov. : comblement de la fosse F39 (phase 15) mais pollution possible avec un remblai ptolémaïque du bâtiment J (phase 14) ou bien matériel résiduel du Nouvel Empire (?). • 7000.15 (fig. 359 n°4) Dim. : L. 7,5, l. 5,6, h. 2,2 cm. Figurine féminine de type « figurine de fertilité », représentant de manière stylisé un sexe féminin. Les poils pubiens ont été détaillés avec des incisions verticales (avant cuisson). En se fondant sur les nombreux parallèles1166, on peut identifier une main au-dessus du pubis. Cette figurine a été confectionnée dans une pâte alluviale moyennement fine1167. Ce type de figurine semble particulièrement commun en Haute Égypte entre la TPI et la XXVIe dynastie1168. Prov. : hors contexte, découverte dans les remblais modernes de fouille. 1164 1165

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BAILEY 2008, p. 13-16 et 30-38, pl. 9-13. PINCH 1993, p. 150 ; GIDDY 1999, p. 50-52, pl. 82 n°1270 et 3775. Dans ce type de figurine (type 3 de la typologie des figurines féminines du temenos de Mout par Elizabeth Waraksa et type F de la typologie établie par Emily Teeter pour les terres cuites découvertes à Médinet Habou), les mains sont placées sous la poitrine : SPENCER 1993, pl. 40, n°172-173 ; JACQUET 2001, fig. 54, B 840 ; WARAKSA 2009, p. 30-33 et 180-189, n°5-17 (part. n°5) ; TEETER 2010, p. 58-64, n°53-62. Sur la technique appliquée à ce type précis de figurine féminine : WARAKSA 2009, p. 31 et 46. TEETER 2010, p. 25-26 (contextes XXIIe-XXVIe dynastie) et 58-59.

• 7000.23 (fig. 359 n°5) Dim. : L. 4,5, l. 3,8, h. 2 cm. Élément en forme de visage humain, appliqué sur le bord d’une céramique en pâte calcaire (pâte M1). Le visage est modelé de façon assez rustre. Un pincement de l’argile figure le nez. Deux pastilles d’argile de forme circulaire, rapportées, marquent les yeux. Le visage est encadré d’une coiffe lourde, non-détaillée. Un élément similaire en pâte alluviale a été mis au jour dans un contexte de la phase 14 (7430.8)1169. Prov. : hors contexte, découvert lors du nettoyage de la zone, dans le sondage S3G.

4.2. COMMENTAIRES

SUR LES FIGURINES DU SECTEUR

DES PRÊTRES

L’interprétation des figurines en terre cuite est bien souvent délicate1170. Les égyptologues les considèrent tour à tour comme de simples jouets, des témoins de pratiques rituelles ou magiques (e.g. rites d’exécration), voire religieuses (e.g. dépôts votifs)1171. Si la prise en compte du contexte archéologique est capitale dans leur étude1172, une telle approche a aussi ses limites et peut engendrer diverses analyses. 4.2.1. Figurines zoomorphes Bien que les figurines zoomorphes soient communes en Égypte, elles sont difficiles à dater et à interpréter. Particulièrement dans le cas des figurines modelées à la main, il est parfois presqu’impossible de différencier des figurines zoomorphes de la TPI, voire du Nouvel Empire, de celles de la Basse Époque1173. De caractère bien souvent fragmentaire, il n’est pas non plus toujours aisé d’identifier correctement l’espèce.

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Supra, Chapitre III, § 4.1.2. Figurines en terre cuite de la phase 14 (contextes fin Basse Époque-époque ptolémaïque). Elle peut être en partie biaisée par de nombreux facteurs : N. HAMILTON, « The Personal is Political », in HAMILTON 1996, p. 282-285 ; G. HAALAND, R. HAALAND, « Levels of Meaning in Symbolic Objects », in HAMILTON 1996, p. 295300. Sur ces diverses interprétations, voir STEVENS 2006, p. 79 et la bibliographie associée. L’approche contextuelle, associée à l’analyse de l’exagération de certains traits physiques des figurines anthropomorphes, est notamment proposée pour l’interprétation de figurines préhistoriques : J. MARCUS in HAMILTON 1996, p. 285-291. Voir les diverses interprétations pour les nombreuses figurines en terre cuite égyptiennes mises au jour dans le port international de Naucratis : THOMAS 2015, p. 52-65. Contrairement à l’avis de certains spécialistes (TÖRÖK 1993, p. 51 ; TEETER 2010, p. 110), il est rare que l’on puisse attribuer ces figurines aux époques ptolémaïque et romaine : SPENCER 2014, p. 54.

512

CHAPITRE III

Les espèces les plus représentées dans le corpus concernent des équidés et des bovidés. Ces figurines trouvent de nombreux parallèles, notamment pour des contextes de la fin de la TPI et de la XXVIe dynastie. Le site d’Hermopolis, par exemple, a fourni une quantité non négligeable de figurines zoomorphes interprétées comme des modèles de chevaux1174. La région thébaine offre aussi de nombreuses comparaisons aux figurines zoomorphes provenant du secteur des prêtres. Des figurines de bovidés ou d’équidés ont été mises au jour dans les fouilles des structures rubéfiées situées au nord-ouest du temenos d’Amon à Karnak ; celles-ci sont trop fragmentaires pour identifier l’espèce1175. Pas moins de 138 figurines zoomorphes, toutes fragmentaires et souvent trop rudimentaires pour être identifiées précisément, ont été recueillies au cours des fouilles menées par Jean Jacquet à Karnak-Nord1176. D’autres figurines encore, essentiellement des bovidés, proviennent de fouilles à l’est de Karnak1177. Enfin, des parallèles précis aux figurines représentant des équidés ont été trouvés sur la rive ouest de Thèbes, dans la tombe du grand intendant Padihorresnet1178 ou encore à Médinet Habou1179. Les figurines zoomorphes proviennent ordinairement de contextes domestiques, plus rarement de temples1180. Leur présence au sein du quartier des prêtres pourrait paraître insolite, d’autant plus que les prêtres ne semblent pas avoir vécu avec leur famille dans ces maisons de service. Il est vrai cependant qu’à la phase 14, phase qui a fourni le plus grand nombre de figurines, les prêtres partageaient ce secteur avec des artisans. Quoiqu’il en soit, ces objets ne doivent pas forcément 1174

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Contextes de la fin de la TPI : SPENCER, BAILEY 1986, p. 9-10, fig. 6, n°1-8 et fig. 7, n°9-11 ; SPENCER 1993, p. 38, pl. 37-39, n°181-230. Contexte saïte : LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 364, pl. XIII. Niveaux Nouvel Empire et postérieurs au Nouvel Empire : JACQUET 2001, p. 63. Parmi les espèces identifiées, on dénombre des hippopotames, des oiseaux, des lions, des babouins, une gazelle, un chat, un cochon et enfin des équidés. Contextes XXVe-XXVIe dynastie : REDFORD 1977, p. 14, pl. IX2 ; LECLANT, CLERC 1991, p. 218. GRAEFE et al. 2003, 1. Text, p. 167, 2. Tafeln, pl. 84, cat. nos 324-325. Les figurines de chevaux modelées à la main sont les plus nombreuses parmi les figurines zoomorphes à Médinet Habou : TEETER 2010, p. 111-121, n°136-155. Voir aussi dans le même ouvrage les figurines de chevaux provenant d’un remblai daté de l’époque ptolémaïque sur la rive ouest de Thèbes, fouillé par le Metropolitan Museum of Art : ibid., fig. 14. Voir notamment l’exemple de Kom Firin : SPENCER 2008, p. 66-67, fig. 50, pl. 153-161 ; SPENCER 2014, p. 54, fig. 68, pl. 153-161.

être interprétés comme des jouets1181. On leur prête bien souvent une valeur rituelle1182. Par exemple, le groupe découvert dans les fouilles à l’est de Karnak, composé de cinq bovidés en terre cuite et d’un serpent en calcaire, a été interprété comme les « témoignages d’un culte domestique »1183. En outre, certains auteurs assimilent l’animal représenté à une divinité particulière. Le chien est ainsi souvent associé à Sothis1184, quant au cheval, il est parfois perçu comme la monture d’Astarté et à partir de l’époque ptolémaïque d’Harpocrate1185. Frédérique Horn a observé que maintes figurines de Karnak – qu’elles soient humaines ou zoomorphes – proviennent de niveaux de fondation ou sont liées à la construction de bâtiments. Elle en déduit qu’elles devaient sans doute assurer une fonction « apotropaïque ou votive, peut-être afin d’assurer la pérennité de la construction »1186. Deux cas relèvent de contextes similaires dans le secteur des prêtres. La figurine 7560.1 provient du comblement de la tranchée de fondation de la maison IV, tandis que la figurine 7052.8 a été découverte dans le mur M23 du bâtiment I. Cette interprétation est par ailleurs soutenue par la découverte de plusieurs figurines en terre cuite scellées dans les parties basses des murs d’une maison datée de la fin du Ve siècle av. J.-C. à Tell el-Moqdam, dans le Delta oriental1187. Ce contexte a livré diverses figurines, érotiques mais aussi zoomorphes ou encore des figurines de cavaliers. Bien qu’aucune n’était complète, elles ont été intentionnellement placées à des endroits stratégiques de la maison, tels les angles, et généralement au niveau de la première assise d’élévation1188. Cette découverte témoigne de pratiques rituelles dans

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Par exemple, Jean Jacquet propose d’interpréter comme de simples jouets les figurines zoomorphes découvertes en contexte d’habitats à Karnak-Nord : JACQUET 2001, p. 63. C’est notamment le point de vue de Stephen Quirke, mais à propos de figurines datées du Moyen Empire : QUIRKE 1998, p. 141-151. REDFORD et al. 1991, p. 75 ; LECLANT, CLERC 1991, p. 218. Les figurines de chiens sont généralement associées au lever héliaque de Sothis, et donc à l’inondation du Nil et l’idée de régénération, ou encore à Harpocrate : TEETER 2010, p. 139. Voir néanmoins une analyse plus nuancée et détaillée dans GONZALEZ 2011. Sur les différentes hypothèses avancées sur la nature et les fonctions des figurines zoomorphes et notamment les figurines de chevaux : TEETER 2010, p. 110-111. HORN 2007, p. 330. Sur cette découverte : REDMOUNT, FRIEDMAN 1994 ; REDMOUNT, FRIEDMAN 1997. Ibid., p. 63.

LES ARTEFACTS

la sphère domestique et fait écho aux rituels de fondation bien attestés pour les monuments religieux1189. Les autres figurines zoomorphes découvertes dans le secteur des prêtres ont été majoritairement mises au jour dans des niveaux de remblai de rue ou encore dans des comblements de fosses. Elles proviennent de contextes de rejet, de déposition secondaire. Néanmoins deux spécimens sont clairement liés à l’occupation du quartier des prêtres à la Basse Époque : la figurine 7707.1 a été trouvée in situ sur le sol SOL42 de la maison VIII et la figurine d’équidé 7694.1 était le seul artefact découvert dans un petit foyer aménagé de la maison IX. Concernant cette dernière, son usage rituel pourrait éventuellement être soutenu par son contexte particulier de découverte et de traitement (brisée et brûlée volontairement ?). 4.2.2. Rareté des figurines anthropomorphes : une explication contextuelle ? Le nombre fort limité de figurines anthropomorphes découvertes dans le secteur des prêtres est assez remarquable et probablement significative de la valeur et de l’usage de ces figurines. Elles sont totalement absentes des phases 12 et 13, et apparaissent en petit nombre à la phase 14 lorsque les prêtres partageaient le secteur avec des artisans. Deux éléments de décor représentant une tête humaine, appliqués sur le bord de conteneurs, proviennent de niveaux fin Basse Époque ou ptolémaïque des nouvelles fouilles (7430.8 et 7000.23). Une plaque moulée, figurant un personnage féminin a été recueillie dans un contexte ptolémaïque de la rue, mais appartient à un type généralement daté entre le Nouvel Empire et la Basse Époque (7597.5). Lors des anciennes fouilles, une tête de Nubien (LS 550) a été mise au jour dans le quartier ptolémaïque et une autre d’Harpocrate (LS 497) provient d’un bâtiment ptolémaïque situé à l’est du rempart. Enfin, une tête d’Hathor (7363.14) et une figurine féminine aux attributs sexuels exacerbés (7000.15) proviennent de niveaux ambigus et ne peuvent être assignées à une phase particulière du secteur. Pourtant, de nombreux sites de la région thébaine ont fourni des figurines anthropomorphes, et notamment des figurines féminines dites de fertilité. En plus des nombreux exemplaires provenant du temple de

Médinet Habou1190, divers contextes d’habitats à Karnak-Nord1191 et Karnak-Est1192, datés entre la TPI et l’époque ptolémaïque, ont fourni aussi bien des figurines zoomorphes que des figurines humaines, particulièrement féminines. D’autres secteurs situés à Karnak, dans l’actuel Musée en Plein Air, ont également fourni des figurines féminines. Les archéologues ont identifié le premier secteur comme un magasin d’offrandes1193. Pour le deuxième, il a été proposé d’y voir un contexte domestique1194. Ces contextes datés de la XXVIe dynastie étaient, à l’époque de leur occupation, situés à l’extérieur de l’enceinte d’Amon. L’enceinte de Nectanébo les a ultérieurement englobés dans le temenos d’Amon. De nombreuses figurines féminines ont été découvertes dans le temenos de Mout à Karnak : elles sont datées entre le Nouvel Empire et le début de la Basse Époque, particulièrement de la TPI. L’analyse de leur répartition spatiale démontre qu’elles étaient plus associées à une zone industrielle qu’à des édifices religieux1195. Elizabeth Waraksa suggère qu’elles étaient utilisées par des employés du temple et qu’une fois utilisées, ils les rejetaient parmi des rebus d’ateliers1196. La fonction des figurines féminines a été largement débattue. Traitant de figurines féminines datées du Moyen et Nouvel Empire, Geraldine Pinch les associe avant tout à des pratiques magiques et religieuses qui ont pour vocation de « soutenir et protéger la fertilité

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Les figurines féminines forment près de la moitié du corpus des figurines découvertes par U. Hölscher à Médinet Habou : TEETER 2010, p. 23-91, n°1-104. Elles appartiennent à divers types et leur datation s’étale de la fin du Nouvel Empire à la fin de la période antique tardive. JACQUET 2001, p. 62. Sur les 113 figurines humaines répertoriées à Karnak-Nord par Jean Jacquet, 94 sont féminines, 12 sont masculines et 7 n’ont pu être déterminées. Les attributs de la féminité étant particulièrement exacerbés (chevelure abondante ou perruque, seins, triangle pubien), Jean Jacquet propose de les identifier comme des figurines de fertilité. Elles proviennent principalement de niveaux Nouvel Empire ou postérieurs jusqu’à l’époque romaine. REDFORD 1977, p. 15. BÉOUT et al. 1993, p. 176. JET 2007, p. 340-341. La surface de fouille est néanmoins fort restreinte et il s’agit d’être prudent. Le sondage a été effectué dans un secteur aux destinations largement cultuelle et économique (chapelles d’Osiris associées à des magasins d’offrandes, « temple haut »). Ce contexte, daté de la XXVIe dynastie, a fourni 15 figurines féminines pour 3 figurines zoomorphes : HORN 2007, p. 327. WARAKSA 2009, fig. 10. Ibid., p. 75-76.

514

CHAPITRE III

dans la vie quotidienne »1197. Plus récemment, Elizabeth Waraksa a démontré que ces figurines n’étaient pas forcément liées à la fertilité et qu’elles étaient utilisées dans le cadre de pratiques médico-magiques1198. L’auteur étaie son hypothèse par des textes (P. Turin 5400 et P. Leiden 1348) recommandant l’usage de figurines féminines en argile pour prévenir contre des morsures de serpents ou pour guérir de maux d’estomac. Dans ce cas, ces figurines seraient des représentations de la déesse Isis, sans ses insignes divins, dont l’efficience magique serait activée par une incantation1199. Waraksa associe ces sources écrites avec divers témoignages archéologiques. Sans rejeter la possibilité de tels rituels, Emily Teeter soutient néanmoins l’interprétation de Pinch du fait de figurines féminines portant une inscription associée à la fécondité découverte à Médinet Habou1200. En outre, considérant la variété des contextes archéologiques dans lesquels ces figurines ont été mises au jour, elle élargit l’éventail des fonctions de ces figurines : elle les associe à l’idée de renaissance et leur attribue également des vertus apotropaïques1201. Dès lors, la relative absence de figurines humaines dans le secteur des prêtres peut être interprétée de multiples façons. Il n’était peut-être pas approprié pour un prêtre (ou un homme ?) de posséder et manipuler ces figurines, particulièrement des figurines féminines dites de fertilité. Mis à part les cas provenant de contextes funéraires, ces dernières semblent le plus souvent liées à des rituels ou des activités menées au sein de demeures privées, avant d’être rejetées. Quant à leur possible usage au cours de rites médico-magiques, il est impossible de confirmer si les prêtres vivant dans l’enceinte d’Amon avaient recours à de telles méthodes. Mais d’après la documentation archéologique disponible, il semble que cela n’était pas le cas au sein de leurs maisons de service. Un dernier commentaire concerne l’état de fragmentation de toutes les figurines découvertes. Celui-ci n’est peut-être pas toujours accidentel. Il pourrait résulter de rituels particuliers comme cela a été justement souligné par Waraksa à propos des figurines féminines. L’auteur tire cette conclusion non seulement de l’état de conservation des figurines, mais aussi de la configuration

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PINCH 1993, p. 225 ; voir aussi l’introduction générale sur l’étude des figurines féminines dans WARAKSA 2009, p. 12-20. WARAKSA 2009, p. 124-165. Ibid., p. 146-148. TEETER 2010, p. 24 note 43 et p. 26-27. Ibid., p. 27.

des cassures et d’expérimentations archéologiques menées sur des figurines anthropomorphes en terre cuite du Proche-Orient1202. Le fait que certaines figurines soient cassées à leur point structurel le plus fort, là où la figurine est la plus épaisse par exemple, laisse penser qu’elles étaient brisées intentionnellement1203. Il est possible que les figurines zoomorphes étaient parfois sujettes elles aussi à de telles manipulations rituelles. Comme pour les figurines féminines susmentionnées, des incantations médico-magiques pouvaient être récitées sur des figurines zoomorphes en argile : il est fait mention de figurines représentant des ibis, scorpions et crocodiles1204. On devait ensuite s’en débarrasser d’une manière ou d’une autre (en les jetant, parfois dans le feu, ou en les brisant rituellement). Des recherches plus approfondies sur les figurines zoomorphes plus communes (bovidés et équidés) seraient nécessaires pour mieux comprendre leur usage.

Bibliographie de l’étude des figurines en terre cuite ANUS, SA’AD 1971 : P. ANUS, R. SA’AD, « Habitations de prêtres dans le temple d’Amon de Karnak », Kêmi 21, 1971, p. 217-238. BAILEY 2008 : D.M. BAILEY, Catalogue of the terracottas in the British Museum. Vol. 4 : Ptolemaic and Roman terracottas from Egypt, Londres, 2008. BÉOUT et al. 1993 : P. BÉOUT, M. GABOLDE, C. GRATALOUP, O. JAUBERT, « Fouilles dans le secteur nord-ouest du Temple d’Amon-Rê », Karnak 9, 1993, p. 161-204. BOUTANTIN 2014 : C. BOUTANTIN, Terres cuites et culte domestique. Bestiaire de l’Égypte gréco-romaine, RGRW 179, Leyden, Boston. DUNAND 1990 : F. DUNAND, Terres cuites gréco-romaines d’Égypte, Paris, 1990. JACQUET 2001 : J. JACQUET, Le trésor de Thoutmosis Ier. Fouille à l’est du monument, Karnak-Nord IX, FIFAO 44, Le Caire, 2001. JET 2007 : J.-F. JET, « Sondage dans le secteur oriental du musée en plein air de Karnak : constructions d’époque saïto-perse », Karnak 12, 2007 p. 335-354. GIDDY 1999 : L.L. GIDDY, The survey of Memphis II. Kom RabiꜤa : the New Kingdom and Post-New Kingdom Objects, EES ExcMem 64, Londres, 1999. 1202 1203

1204

WARAKSA 2009, p. 18-20 et 67-72. Il a été toutefois noté que quelques figurines féminines portant une inscription liée à la fécondité ont été retrouvées intactes : TEETER 2010, p. 27. WARAKSA 2009, p. 161-165.

LES ARTEFACTS

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515

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CHAPITRE III

516 5. SCULPTURES ET MODÈLES DE SCULPTEURS

Les fouilles de la rive est du lac Sacré ont livré un lot substantiel de sculptures, parfois très fragmentaires1205. La majorité appartient à une catégorie particulière, à savoir des modèles de sculpteurs. Ces objets arborent une thématique variée. Les sculpteurs abordent aussi bien des représentations humaines que zoomorphes et les traitements peuvent être en ronde bosse ou basrelief. Les modèles de la Basse Époque et de la période ptolémaïque ont rarement un contexte précis de découverte connu, et ce malgré l’abondance de la documentation1206. Cela entraîne souvent un problème d’interprétation et de les considérer tour à tour comme des modèles ou exercices pratiques pour sculpteurs ou bien comme des offrandes votives1207. Dans le cas de Karnak, leur contexte archéologique et le matériel qui leur est associé révèlent le plus souvent leur nature pratique et la présence d’un atelier de sculpteurs dans le secteur. 5.1. CATALOGUE 5.1.1. Éléments de sculpture provenant de la Zone 7 Les sculptures découvertes dans la Zone 7 sont presque toutes issues de contextes ptolémaïques de la phase 14. Elles proviennent surtout des fosses de dépotoir creusées dans le bâtiment J et dans la rue, juste avant le réaménagement du quartier à la sous-phase 14b. Seul un nombre fort restreint de sculptures a été recueilli dans les phases antérieures. Aussi avons-nous opté pour une présentation par type de sculpture et non par phase. 5.1.1.1. Ronde bosse Deux sculptures en ronde-bosse proviennent de niveaux datés de la fin de la XXVIe-début de la XXVIIe dynastie (phase 13). Les contextes ptolémaïques du secteur (phase 14) ont fourni essentiellement des modèles de sculpteurs et quelques ébauches de sculptures. Les modèles de sculpteurs en ronde-bosse, réalisés dans un calcaire tendre ou en plâtre, sont assez faciles à repérer. 1205

1206 1207

Certains éléments de sculpture portant des inscriptions sont traités à part : infra, Chapitre III, § 9. Blocs épigraphiés et décorés. TOMOUM 2005, p. 4. Par exemple : BOTHMER 1953 ; YOUNG 1964 ; ASHTON 2003a, p. 62-63 ; 2014 ; TOMOUM 2005, p. 13-14.

Dans le cas de représentations anthropomorphiques, seule une partie de l’anatomie humaine est traitée et parfois les lignes directrices pour le sculpteur sont encore visibles. Il semble clair qu’ils servaient de modèle ou à l’entraînement. • 7015.7 (fig. 94c et 360 n°1) Dim. : L. 23,5, l. 7,7, h. 10,5 cm. Sculpture en grès métamorphique représentant un hippopotame sur un socle. Elle porte des traces de l’incendie qui a détruit la salle de stockage située à l’arrière de la maison VII. La sculpture du socle et du bas des pattes de l’animal est relativement frustre, comme inachevée. Pourtant le rendu du reste du corps est particulièrement soigné. Quelques détails, comme les plis à l’arrière de la tête, sont rendus par de fines incisions. Des traces de bichromie sont aussi visibles. Le corps de l’animal est peint en rouge, exception faite de son cou peint en bleu. Les sculptures représentant des hippopotames sont plutôt rares, contrairement aux nombreuses figures en faïence par exemple1208. Les anciens Égyptiens entretenaient des sentiments ambivalents à leur encontre, du fait de leur dangerosité mais aussi de leur association avec le Nil, et donc l’idée de régénération. Cet animal est associé aussi bien au dieu du chaos et de la violence Seth, qu’à des divinités plus positives et féminines, telles Thouéris et Hedjet1209. Prov. : couche d’incendie dans la salle de stockage située à l’arrière de la maison VII (phase 13). • 7708.1 (fig. 110 et 360 n°2) Dim. : L. 8,2, l. 5,9, h. 4,7 cm. Sculpture en calcaire, abîmée et fragmentaire, au décor difficile à déterminer. Une des faces semble porter la représentation d’une colonne. Prov. : niveau de sol SOL40 dans la maison VIII (phase 13). • 7217.1 (fig. 360 n°3) Dim. : l. 2,1, h. 3,7 cm. Fragment de sculpture en calcaire représentant un gland phallique et portant des traces de peinture rouge. Il appartient sans doute à une figure ithyphallique, figurant un personnage assis tenant un phallus de taille disproportionnée. Ce type 1208

1209

Un dépôt de matériel votif et rituel (cachette) mis au jour près du Temple de Satet à Éléphantine, a livré une statue d’hippopotame en grès dont la datation est indéterminée : elle est sculptée de façon plutôt frustre avec les pattes à peine dégagées du bloc ; des traces de polychromie jaune et rouge indique qu’elle était considérée comme achevée (DELANGE 2012, p. 305-306 et 501, pl. 254, no. 713). Voir aussi la statue d’un hippopotame en calcite Metropolitan Museum of Art 20.2.25, de très haute qualité et datée des XXVe-XXVIe dynasties ; des traces de pigment indiquent que cette statue était autrefois peinte en bleu. SÄVE-SÖDERBERG 1953.

Sculptures en ronde bosse de la phase 13

7015.7

0

5 cm

Éch. dessin : 1. Sculpture d’hippopotame en grès 7015.7 – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias n°110859

0

4 cm

7708.1

0

4 cm

7708.1

2. Fragment de sculpture en calcaire 7708.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°115348 et 115351

Sculpture en ronde bosse de la phase 14

Éch. dessin :

0

2 cm

7217.1 h: 3,7 cm

3. Fragment de sculpture en calcaire représentant un gland phallique 7217.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin A. Guillou n°121156, cliché G. Pollin n°67772

Fig. 360. Sculptures-1

518

CHAPITRE III

de sculpture est particulièrement commun dans le Delta, de la XXVIe dynastie jusqu’au début de l’époque ptolémaïque1210. Prov. : comblement de la fosse F28 (Rue 3, phase 14). • 7339.1 (fig. 361 n°1) Dim. : L. 7,3, l. 5,8, h. 3,5 cm. Buste masculin en calcaire. Les jambes ne sont pas préservées, si jamais elles ont existé. Le dos est abîmé. La sculpture ne comprend ni tête ni bras : l’arrêt est net à ces endroits, qui présentent en outre des petits traits perpendiculaires, finement incisés. Il s’agit de repères correspondant à des dimensions canoniques. Ces lignes directrices figurent sur de nombreux exemples de bustes appartenant à la catégorie des modèles de sculpteurs, datés entre la XXXe dynastie et le début de l’époque ptolémaïque1211. Ce buste provient d’une fosse de dépotoir de la rue, F26, qui a livré de nombreux déchets de taille de grès et de calcaire. Prov. : comblement de la fosse F26 (Rue 3, phase 14). • 7430.2 (fig. 361 n°2) Dim. : L. 7,2, l. 11,1, h. 4,4 cm. Buste masculin en calcaire, ne présentant ni tête ni bras. Le bas est cassé : on ne sait pas si les jambes étaient traitées ou non. Des lignes verticales, fines et précises, sont incisées au niveau des épaules et du cou. Il s’agit là aussi de repères pour le sculpteur qui devait suivre un canon précis pour la réalisation de sa sculpture. Prov. : comblement de la fosse F13 du bâtiment J (phase 14). • 7430.1 (fig. 362 n°1) Dim. : L. 11,7, l. 12,5, h. 6,7 cm. Sculpture complète mais assez endommagée, figurant une main, dont le poing est fermé. La matière est poreuse à certains endroits, ce qui permet d’identifier le matériau employé comme du plâtre et non du calcaire1212. Des exemples similaires ont été datés de la Basse Époque ou de la période ptolémaïque1213. Prov. : comblement de la fosse F13 du bâtiment J (phase 14). • 7732.5 (fig. 362 n°2) Dim. : L. 7, l. 4,9, h. 5,9 cm. Modèle de main en calcaire. La main, fermée, tient un élément tubulaire – le mekes, un attribut généralement royal – comme c’est souvent le cas pour ce type de modèle1214. Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3, phase 14).

• 7366.8 (fig. 362 n°3) Dim. : L. 2,7, l. 3,1, h. 7,7 cm. Jambe fragmentaire en calcaire tendre. Il pourrait s’agir d’un simple fragment de statuette. Mais la jambe est restée à l’état d’ébauche et présente les traces d’un outil tranchant (couteau ou ciseau), étape avant toute égalisation et polissage. Les jambes étaient également traitées à part dans les modèles, comme étude d’une partie de l’anatomie humaine1215. Ce fragment provient d’une fosse de dépotoir de rue qui contenait beaucoup d’éclats de taille de grès jaune et de calcaire1216. Prov. : comblement de la fosse F44 (Rue 3, phase 14). • 7430.9 (fig. 363 n°1) Dim. : L. 4,2, l. 2,2, h. 6,4 cm. Fragment de figurine solide en plâtre, représentant une femme nue ou vêtue d’une robe très ajustée1217. Seule la partie allant du ventre aux genoux est conservée. Les figures moulées en plâtre peuvent être considérées comme des modèles de sculpteur, bien que certains exemplaires bien finis aient pu revêtir d’autres fonctions1218. L’excès de plâtre sur les flancs de la figure, qui a été réalisée à l’aide d’un moule bivalve, n’a pas été retiré. L’exemplaire a été trouvé avec la main en plâtre 7430.1 et le buste masculin en calcaire 7430.2 dans la fosse F13. Tous représentent une étude de l’anatomie humaine. Prov. : comblement de la fosse F13 du bâtiment J (phase 14). • 7354.8 Dim. : L. 8,8, l. 8,2, h. 3,3 cm. Fragment de chapiteau d’une colonne de petite taille, en calcaire blanc tendre. Il a été découvert dans une fosse de dépotoir du bâtiment J qui renfermait de nombreux fragments de pierres de toute taille, surtout du grès jaune, mais aussi du granit, du calcaire et du schiste. Il pourrait s’agir d’un modèle réduit ou d’un véritable élément architectural. Des exemples similaires sont considérés comme des modèles d’éléments architecturaux1219. Prov. : comblement de la fosse F38 du bâtiment J (phase 14). • 7352.1 (fig. 183 et 363 n°3) Dim. : L. 18, l. 8, h. 5,5 cm. Ébauche de sculpture représentant un hippopotame, en calcaire tendre blanc. De nombreuses traces d’un pic fin apparaissent en surface. Prov. : comblement de la fosse F28 (Rue 3, phase 14). 1215

1210

1211 1212 1213 1214

THOMAS 2015, p. 8-11. Certaines de ces sculptures en calcaire portent également des traces de peinture rouge (ibid., fig. 5). Voir infra pour une statuette ithyphallique provenant des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque. TOMOUM 2005, p. 228, pl. 57-58. ASHTON 2003a, p. 60. TOMOUM 2005, p. 227, pl. 55. Ibidem.

1216

1217

1218

1219

Modèle daté de la Basse Époque ou de l’époque ptolémaïque : TOMOUM 2005, p. 226, pl. 54a. Cette couche a également fourni un fragment de plaque en calcaire portant un bas-relief au sujet indéterminé (7366.7). Elle ne serait pas nue d’après des parallèles en plâtre provenant de Memphis : ASHTON 2003a, p. 60. ASHTON 2003a, p. 61-65 ; TOMOUM 2005, p. 227, pl. 54b/c (personnage masculin agenouillé moulé en plâtre et dont seule la partie inférieure est conservée). YOUNG 1964, fig. 14 ; TOMOUM 2005, p. 242-244, pl. 84-86.

519

LES ARTEFACTS

Modèles de sculpteurs : les bustes d’entraînement (phase 14)

7339.1 h: 7,3 cm

1. Buste en calcaire 7339.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°73581, cliché G. Pollin n°72984

7430.2 h: 11,1 cm

2. Buste en calcaire 7430.2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121184-121185, cliché Y. Stoeckel n°103964 Éch. dessin :

Fig. 361. Sculptures-2

0

5 cm

Modèles de sculpteurs : études de l’anatomie humaine (main et jambe)

7430.1 L: 11 cm

1. Main en plâtre 7430.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°110862, cliché G. Pollin n°75733

7732.5 L: 7 cm

2. Main en calcaire 7732.5 – © Cnrs-Cfeetk/dessin G. Caron n°107234, cliché Y. Stoeckel n°103959 Éch. dessin :

Éch. dessin :

0

0

10 cm

7366.8 h: 7,7 cm

5 cm

3. Ébauche de jambe en calcaire 7366.8 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121171, clichés G. Pollin n°89746-89747

Fig. 362. Sculptures-3

Modèles de sculpteur en plâtre

7430.9 h: 6,4 cm

1. Figurine féminine moulée 7430.9 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°121170, cliché G. Pollin n°90911

7664.2 L: 4,9 cm

2. Oreille humaine en plâtre 7664.2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou n°107234, cliché Y. Stoeckel n°111585 Éch. dessin :

0

2 cm

Ébauche de sculpture

7352.1

3. Ébauche d’hippopotame en calcaire 7352.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Caron, n°121194

Fig. 363. Sculptures-4

Éch. dessin :

0

5 cm

CHAPITRE III

522

• 7607.3 (fig. 199) Dim. : L. 26, l. 24, h. 48,5 cm. Statue inachevée représentant probablement un corps féminin, depuis la base de la poitrine jusqu’au haut des cuisses. Le nombril et les fesses sont marqués grossièrement. Il est difficile de dire si elle est fragmentaire ou si le sculpteur voulait juste représenter cette partie de l’anatomie. La sculpture a été réalisée dans un calcaire de mauvaise qualité, peutêtre réutilisant un bloc de calcaire. Elle provient du fond d’une fosse récente qui contenait du matériel romain tardif (phase 15). Il est néanmoins certain qu’il s’agisse de matériel résiduel, et non d’un élément de sculpture aussi tardif étant donné la rareté des sculptures de cette période en Égypte1220. De plus, le comblement de cette fosse recelait quelques artefacts plus anciens, y compris un autre fragment de sculpture et un bloc décoré, tous deux inscrits1221. Prov. : comblement de la fosse F48 (phase 15) ; matériel résiduel de la phase 14 (?).

5.1.1.2. Bas-relief et décor incisé La majorité des éléments proviennent de niveaux ptolémaïques (phase 14). Il faut néanmoins citer deux spécimens, un bas-relief et un décor incisé, découverts dans un contexte daté de la fin de la XXVe-début de la XXVIe dynastie (phase 12). Du fait de leur état bien souvent très fragmentaire, il n’est pas toujours aisé d’identifier les bas-reliefs comme des modèles ou des pièces d’entraînement1222. Cependant, quelques indices permettent de les identifier comme tels : la comparaison avec des modèles plus complets présentant la même thématique ; le fait que ces bas-reliefs soient réalisés sur des plaques de calcaire très peu épaisses, présentant dans certains cas les traces d’un carroyage. Plusieurs fragments de plaques en calcaire avec un carroyage incisé sur une ou deux faces, et ne présentant aucune trace de bas-relief, ont aussi été mis au jour dans diverses fosses de dépotoir1223. De nombreux sites ont livré des plaques similaires1224.

1220 1221 1222

1223

1224

WITSCHEL 2015 ; GEHN, WARD-PERKINS 2016. Voir infra, Chapitre III, § 9. Blocs épigraphiés et décorés. Quelques exemples dont le décor est trop fragmentaire ou détérioré ne sont pas inclus dans cet inventaire. Il s’agit des lots de fragments 7598.14 et 7609.1, provenant respectivement des fosses de rue F60 et F61 (Rue 3, phase 14). Par exemple à Thèbes (EDGAR 1906, p. 77, pl. XXXVIII, no. 33467 ; dans la tombe de Padihorresnet : GRAEFE et al. 2003, 1. Text, p. 169, 2. Tafeln, pl. 86, cat. no. 333), à Éléphantine (DELANGE 2012, p. 475, pl. 312, no. 1041), à Mendès (REDFORD 2004, p. 57-58 et 100-101, fig. 53-54) et à Tell Defenneh dans le quart sud-est de l’enceinte saïte (LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 58, pl. 21, EA 23814-23817).

• 7453.10 (fig. 364 n°1-2) Dim. : L. 9,1, l. 10,2, h. 3 cm. Fine plaque de calcaire travaillée des deux côtés, reconstituée à partir de plusieurs fragments provenant de la même fosse de dépotoir1225. Le recto présente un bas-relief d’une grande finesse. On aperçoit le pied d’un personnage et un bâton ou sceptre. Le registre inférieur présente un bandeau décoratif répétant un motif composé d’une corbeille nb surmontée d’un signe ankh encadré de deux sceptres ouas. Le verso présente un carroyage, incisé très finement. Le travail d’apprentissage de la sculpture se faisait souvent sur des plaques, peu épaisses, en calcaire, avec le carroyage d’un côté et les essais de sculpture de l’autre. Prov. : comblement de la fosse F32 (phase 12). • 7453.11 (fig. 364 n°3) Dim. : L. 7,6, l. 7,7, h. 3,9 cm. Fragment de calcaire portant un décor incisé sur une face, représentant un bélier sous la protection d’un disque solaire ailé. Il provient de la même fosse que le modèle décrit cidessus. Néanmoins, aucun carroyage n’est visible et la plaque est un peu plus épaisse. Plusieurs modèles avec des représentations de bélier sont répertoriés, mais ce sont des bas-reliefs ou des sculptures en ronde-bosse1226. Il semble donc hasardeux de considérer 7453.11 comme un modèle. Prov. : comblement de la fosse F32 (phase 12). • 7705.1 (fig. 365 n°1) Dim. : L. 9, l. 10, h. 2,1 cm. Fragment de bas-relief représentant un personnage et un sceptre terminé par une fleur de lotus légèrement entrouverte. La qualité et la finesse du bas-relief sont visibles notamment dans les détails de la collerette que porte le personnage. Ce bas-relief a été réalisé sur une mince plaque en calcaire. D’après les nombreux parallèles complets, le sujet représente une déesse ou une reine debout et tenant un sceptre, un thème particulièrement classique entre la XXXe dynastie et le début de l’époque ptolémaïque1227. Cette fourchette chronologique correspond à la datation du matériel céramique et sigillaire associé à ce modèle. Du même contexte archéologique provient notamment un scellé mentionnant le titre de « prophète de la statue de Nectanébo »1228, un titre bien attesté entre la XXXe dynastie et le début de l’époque ptolémaïque. Prov. : comblement de la fosse F77 (Rue 3, phase 14).

1225

1226 1227 1228

Les fosses de dépotoir situées sous la rue (phase 12) ont livré de nombreux déchets de pierres, en calcaire et grès avant tout. TOMOUM 2005, p. 230-231, pl. 63. Ibid., p. 64 et 222-224, pl. 44-46 et 48. Supra, Chapitre III, § 2.2.4.1. Catalogue des scellés de la phase 14, matrice n°159.

Éléments de sculpture avec décor en bas-relief ou incisé (phase 12) LES ARTEFACTS

523

7453.10 L: 9,1 cm

1. Recto du modèle de sculpteur 7453.10, bas-relief sur plaque en calcaire – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107211, cliché G. Pollin n°89719

7453.10 L: 9,1 cm

2. Verso du modèle de sculpteur 7453.10, carroyage incisé sur plaque en calcaire – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107211, cliché G. Pollin n°89720

7453.11 L: 8 cm

3. Fragment de calcaire décoré 7453.11, découvert dans la même fosse que 7453.10 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107211, cliché G. Pollin n°90914 0 Éch. dessin :

Fig. 364. Sculptures-5

5 cm

CHAPITRE III

524

Modèles de sculpteurs : bas-reliefs sur plaque en calcaire (représentations anthropomorphes)

7705.1 L: 10 cm

1. Modèle de sculpteur 7705.1 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107224, cliché G. Pollin n°90915

7782.1

7766.7a

7766.5

7766.7b

2. Petits fragments de calcaire issus des fosses F72 et F73 – © Cnrs-Cfeetk/dessin M. Abdel Khassoul, clichés Y. Stoeckel n°111571, A. Chéné n°115319 et 115321

3. Proposition de restitution – © Cnrs-Cfeetk/ M. Abdel Khassoul

Éch. dessin :

Fig. 365. Sculptures-6

0

5 cm

LES ARTEFACTS

• 7766.5 + 7766.7a/b + 7782.1 (fig. 365 n°2) Dim. 7766.5 : L. 1, l. 1,4, h. 0,6 cm. Dim. 7766.7a : L. 3,8, l. 2,5, h. 1,5 cm. Dim. 7766.7b : L. 2,7, l. 2,3, h. 1 cm. Dim. 7782.1 : L. 3,5, l. 2,2, h. 0,85 cm. Petits fragments de calcaire, sans doute représentant la tête d’un pharaon portant le némès et l’uræus. Bien que provenant de deux fosses de dépotoir différentes et non-jointifs, ils pourraient appartenir au même bas-relief (voir proposition de reconstitution fig. 365 n°3). Les têtes royales constituaient un des thèmes récurrents des modèles de sculpteurs1229. Prov. : comblement des fosses F72 et F73 (Rue 3, phase 14). • 7664.2 (fig. 363 n°2) Dim. : L. 4,9, l. 3,6, h. 3,05 cm. Élément fragmentaire réalisé dans un mortier grossier sableux, sur lequel a été appliqué un décor moulé en plâtre blanc assez fin. Il s’agit d’une représentation humaine dont seule l’oreille a été conservée. L’oreille vient contre un élément vertical, peut-être un pan de némès. Si cette identification est correcte, il pourrait s’agir là aussi d’un portrait royal1230, un thème bien attesté dans les modèles de sculpteurs réalisés en plâtre1231. Ce fragment a été trouvé dans un contexte du bâtiment J, malheureusement perturbé par des fosses tardives. Parmi les objets découverts dans ce contexte figurait un outil identifié comme un double-pic, outil très souvent utilisé par les sculpteurs et les tailleurs de pierre (fig. 175)1232. Prov. : niveau du bâtiment J (phase 14). • 7363.5 (fig. 366 n°1) Dim. : L. 3,4, l. 3,7, h. 1,3 cm. Petit fragment de calcaire portant un bas-relief d’une très grande finesse, représentant une patte d’oiseau. La surface de la patte est marquée de croisillons délicatement gravés. Les oiseaux sont souvent traités en modèles, notamment les hiéroglyphes courants1233. Ce petit fragment a été trouvé à la limite d’une fosse tardive à l’intérieur du bâtiment J, avec d’autres fragments taillés en calcaire : un fragment de calcaire décoré de deux rangs de perles lancéolées finement sculptées en relief, 7363.4 (fig. 174) ; un morceau de calcaire retravaillé en forme de sceau sur lequel on peut voir un signe nfr encadré de quatre petits cercles, 7363.3 (fig. 173 et 324 n°6). Prov. : comblement de la fosse F39 (phase 15), mais pollution fort probable avec un remblai du bâtiment J.

1229

1230 1231 1232

1233

Pour les bas-reliefs représentant des têtes de pharaon : TOMOUM 2005, p. 217-218, pl. 37-38. Ibidem. En ronde-bosse et bas-relief : ASHTON 2003a, p. 61. Supra, Chapitre III, § 3.1.5.3. Outil utilisé pour piqueter et débiter. TOMOUM 2005, p. 236-237, pl. 73-76.

525

• 7373.31 (fig. 366 n°2) Dim. : L. 6,05, l. 5,5, h. 2,2 cm. Fragment représentant un oiseau en un bas-relief délicat. Les plumes sont notées de manière détaillée par de fines incisions. Seule sa queue est conservée : elle pourrait appartenir à un canard. Ce bas-relief a été confectionné sur une plaque en calcaire blanc, tendre, dont le verso est grossièrement plat. Il a été découvert dans une fosse de dépotoir parmi de très nombreux fragments de grès et de calcaire (éclats de taille ou de débitage). Prov. : comblement de la fosse F44 (Rue 3, phase 14). • 7732.2 (fig. 366 n°3) Dim. : L. 7,5, l. 6,6, h. 2 cm. Fragment d’une fine plaque en calcaire blanc, tendre, présentant un décor en bas-relief sur le recto. Il s’agit d’une représentation zoomorphe : on ne voit qu’une partie du corps et des pattes d’un quadrupède. Ce fragment provient d’une fosse de dépotoir dans laquelle un modèle de sculpteur a été identifié, 7732.5 (voir ci-dessus et fig. 362 n°2). Il peut être rapproché d’un autre fragment de plaque en calcaire mis au jour dans une fosse de dépotoir récente de la Zone 8 (8158.2), située à l’est du rempart du Nouvel Empire : les pattes d’un quadrupède sont visibles sur les deux faces de la plaque (fig. 366 n°4). La représentation d’ovins et de bovins est fréquente sur les modèles datés entre la Basse Époque et l’époque ptolémaïque1234. Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3, phase 14).

5.1.2. Éléments de sculpture provenant des anciennes fouilles Plusieurs sculptures appartenant avant tout à la catégorie des modèles de sculpteurs ont été mises au jour dans les fouilles des années 1970, et tout particulièrement dans le quartier ptolémaïque. Les articles sur ce quartier sont très évasifs à leur sujet et rares sont celles qui ont été publiées. Il nous semble important de les présenter, même brièvement. D’une part, ils peuvent être utilement comparés aux modèles de sculpteurs provenant de la Zone 7 tout en complétant les types d’exercices de sculptures pratiqués dans le secteur. D’autre part, ils constituent des témoignages supplémentaires de la présence vraisemblable d’une école ou d’un atelier de sculpteurs dans le quartier ou ses environs. Deux de ces modèles ont été retrouvés dans le Caracol, une réserve de Karnak (LS 234 et LS 372). Autrement, seules les fiches-objets accompagnées le plus souvent

1234

YOUNG 1964, fig. 5 ; TOMOUM 2005, p. 229-231, pl. 59-63.

Modèles de sculpteurs : bas-reliefs sur plaque en calcaire (représentations zoomorphes)

526

CHAPITRE III

7363.5 L: 3,7 cm

1. Bas-relief 7363.5 – © Cnrs-Cfeetk/dessin A. Guillou n°121173, cliché G. Pollin n°89736

7373.31 L: 6,05 cm

2. Bas-relief 7373.31 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias n°107224, cliché G. Pollin n°90916

7732.2 L: 7,5 cm

3. Bas-relief 7732.2 – © Cnrs-Cfeetk/dessin G. Caron n°107235, cliché Y. Stoeckel n°103958

Modèle de sculpteur de la Zone 8 (fosse de dépotoir récente)

8158.2 L: 8,6 cm

4. Bas-relief 8158.2, recto et verso – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°67158- 67159 Éch. dessin :

Fig. 366. Sculptures-7

0

5 cm

LES ARTEFACTS

d’un dessin et/ou d’un cliché rendent compte de ce matériel1235. Les contextes de découverte sont peu spécifiques et les indications se limitent bien souvent à donner le numéro du carré, parfois une altitude. 5.1.2.1. Ronde bosse Deux têtes royales s’apparentant à des modèles de sculpteurs et une statuette ithyphallique ont été découvertes pendant les fouilles de sauvetage des années 1970. Des fragments appartenant à deux statues du grand intendant Aba, également recueillis pendant ces fouilles, ne provenaient peut-être pas originellement du secteur des prêtres. • LS 234 (fig. 367 n°1) Dim. : L. 15,5, h. 16 cm. Tête humaine très abîmée en calcaire, dont la surface présente un aspect piqueté. Le dessus et l’arrière de la tête sont plats. Les traces d’un uræus rudimentaire sont visibles sur le front, ce qui identifie cette sculpture comme une tête royale, un type de modèle ou pièce d’entraînement très commun1236. La fiche indique une hauteur de 16 cm. P. Anus et R. Sa’ad ont cité la découverte d’une tête similaire sur le sol incendié de la chambre C de la maison I : une « tête en calcaire, de 20 cm de haut, extrêmement dégradée, rongée par les sels, coupée net au ras du cou et dans sa partie postérieure ». Ils n’en donnent malheureusement ni illustration ni numéro d’inventaire. Même si la hauteur donnée n’est pas tout à fait identique, aucune autre fiche-objet ne se rapproche de cette description. Si l’identification est correcte, ce serait le seul modèle de sculpteur découvert dans la partie du quartier des prêtres dégagée en 1970. Bien que le contexte de découverte indique une date située entre la fin de la XXVIe et le début de la XXVIIe dynastie, et bien que son piteux état de conservation altère les traits et le modelé originaux, cette sculpture semble plus tardive1237. Prov. : carré IX N a ; probablement dans la maison I du quartier des prêtres, mais possible contamination plus récente.

1235

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1237

Les fiches-objets n’enregistrent pas toujours les dimensions, mais les clichés sont souvent accompagnés d’une échelle. TOMOUM 2005, p. 214-215, pl. 30-32. De tels éléments, cependant, ont pu fonctionner comme des portraits royaux finis, dans le cas de statues composites : ASHTON 2003a, p. 61. Une « tête-modèle » étonnante d’un souverain de la XXVIIe dynastie a été publié dans PERDU 2012, p. 194-195, n°96. Associant des caractéristiques égyptienne et achéménide, cette « tête-modèle » est singulière et éloignée de notre exemplaire qui présente un style beaucoup plus traditionnel.

527

• LS 372 (fig. 367 n°2) Dim. : L. 11, h. 13 cm. Petite tête de roi en calcaire, portant le némès et un uræus endommagé ornant son front. Comme la sculpture précédente, l’arrière est plat. Cette tête a été découverte « sur le mur de Thoutmosis III », dans le carré IX N c, à 70 cm de la surface moderne et « à hauteur de la chapelle ». D’après les légendes de certains clichés, la « chapelle » désigne en fait la maison ptolémaïque F : un aménagement soigné en pierre avait été considéré comme un lieu de culte. Identifiée sur la fiche comme appartenant à la catégorie des modèles de sculpteur, cette tête est datée, sans explication, de l’époque saïte. Le style de la tête semble pourtant plus tardif, probablement début de l’époque ptolémaïque ou XXXe dynastie au plus tôt1238. Les têtes de roi portant le némès et l’uræus ont très souvent été l’objet de modèles ou exercices de sculpteurs en ronde-bosse1239. La partie gauche du visage est restée à l’état d’ébauche, un traitement attesté sur d’autres bustes royaux en calcaire1240. Prov. : carré IX N c ; sur le rempart, au niveau de la maison F. • LS 576 (fig. 368 n°1) Buste masculin complet en calcaire, sans tête, ni bras, coupé au niveau des genoux et portant un pagne court. Des lignes incisées, constituant le tracé directeur pour le sculpteur, sont visibles au niveau des épaules1241. Ce type de modèle est bien répertorié1242 et a aussi été mis au jour dans la Zone 7 (bustes 7339.1 et 7430.2). Il a été découvert en association avec un dé en calcaire (également enregistré avec le numéro d’inventaire LS 576), dans le carré IX N 79 et, d’après un croquis de situation dessiné sur la fiche, ces objets proviennent de la maison D. Prov. : carré IX N 79 ; maison D du quartier ptolémaïque. • LS 1040 (fig. 368 n°2) Petite tête de lionne en calcaire. L’auteur de la fiche-objet la considère comme un modèle de sculpteur, car le dessus et l’arrière de la tête sont plats. Ce thème est fréquemment traité par les modèles, notamment en ronde-bosse1243. Son contexte est peu précisé : elle a été découverte dans le carré X N O8, à une altitude plutôt basse de 74,21 m. Ce secteur est situé du côté est du rempart, à la limite orientale des fouilles menées par Lauffray. Il est possible que ce modèle

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Sur la difficulté de distinguer entre les portrais royaux de la XXXe dynastie et ceux du début et de la fin de l’époque ptolémaïque : ASHTON 2003b. YOUNG 1964, p. 253-254, fig. 11 ; ASHTON 2014 ; TOMOUM 2005, p. 207-209, pl. 7-15. ASHTON 2014, p. 11-13, fig. 4-5 (groupe 2). Détails seulement révélés sur des clichés non-archivés accompagnant la fiche-objet. TOMOUM 2005, p. 228, pl. 57-58. ASHTON 2003a, p. 63 ; TOMOUM 2005, p. 231-232, pl. 64-65.

Modèles de sculpteurs mis au jour dans les fouilles des années 1970 : ronde-bosse

LS 234 h: 16 cm

1. Tête royale (?) LS 234 – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°104902

LS 372 h: 13 cm

2. Tête royale LS 372 – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°104807-104810

Fig. 367. Sculptures-8

Modèles de sculpteurs mis au jour dans les fouilles des années 1970 : ronde-bosse

529

LES ARTEFACTS

LS 1040

2. Tête de lionne (?) LS 1040 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°9234

LS 576

1. Étude anatomique et dé en calcaire, LS 576 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché A. Bellod n° 6703, croquis à l’échelle 1/2 de la fiche objet

LS 557

3. Statuette ithyphallique LS 557 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6697

Bas-relief mis au jour dans les fouilles des années 1970

LS 457

4. Bas-relief représentant Amon (?) et un autre personnage, assis de part et d’autre d’une table d’offrandes, LS 457 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6488 Éch. clichés :

Fig. 368. Sculptures-9

0

5 cm

530

CHAPITRE III

provienne d’une fosse récente, tel celui qui a été trouvé dans la Zone 8 précédemment mentionné (fig. 366 n°4). Prov. : carré X N O8, côté est du rempart (cote de 74,21 m). • LS 557 (fig. 368 n°3) Statuette ithyphallique en calcaire, inachevée ou au façonnage fort rudimentaire. Elle figure un homme ou un enfant, assis sur une base grossièrement rectangulaire, les mains sur ses genoux qui sont relevés de part et d’autre d’un phallus disproportionné. On peut la rapprocher d’un fragment de statuette découvert lors des nouvelles fouilles, 7217.1 (fig. 360 n°3). La région memphite et le Delta fournissent de nombreux parallèles provenant de contextes datés entre le IVe et le IIe siècle av. J.-C.1244. Leur confection peut être tout aussi frustre que le spécimen de Karnak. Le personnage est souvent identifié comme Horus l’enfant1245 ou encore comme un prêtre de Ptah de Memphis1246, mais cette dernière interprétation semble moins pertinente dans notre contexte. Ce type de statuette et ses nombreuses variantes sont généralement associés à la fertilité du Nil et aux festivités religieuses et populaires célébrant sa crue1247. Prov. : carré IX N 79 ; maison D du quartier ptolémaïque. • LS ? (infra, fig. 419 n°1) Dim. : h. 10,8 cm. Belle tête d’une statue en grauwacke d’Aba, grand majordome de la divine adoratrice Nitocris (655-585 av. J.-C.). Elle a été raccordée à un fragment de la Cour de la Cachette (Musée du Caire, CG 48636)1248. La statue reconstituée représente Aba, agenouillé arborant devant lui l’effigie d’Osiris. La tête proviendrait a priori des décombres de la petite chambre 5 de la maison D du quartier ptolémaïque, et y aurait été trouvée pendant les congés d’été en 19711249. La statue, clairement saïte, n’en est pas contemporaine. Il pourrait s’agir d’un élément résiduel des niveaux XXVIe dynastie sur lesquels a été bâti le quartier ptolémaïque, ou bien, ainsi que le suggère C.M. Sheikhoslami, cette tête a été enfouie dans ce secteur à une date bien ultérieure1250.

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Discutés avec de multiples références bibliographiques dans THOMAS 2015, p. 20-24. MARTIN 1987. ASHTON 2003a, p. 73. WARMENBOL 1998, p. 279 ; THOMAS 2015, p. 57-58. La base de données de la Cour de la Cachette offre de nombreuses références et photographies de la statue reconstituée (CK 51). Voir surtout : CARDON 1975 ; JOSEPHSON, EL-DAMATY 1999, p. 85-87, pl. 36 ; JANSEN-WINKELN 2014, p. 631, cat. no. 59.44. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 28, pl. X ; LAUFFRAY 1995, p. 326, pl. V. Ailleurs, J. Lauffray rapporte qu’elle a été trouvée dans le secteur de la maison C : Lauffray 1979, p. 201 ; 1995, p. 321. Suggestion de C.M. Sheikhoslami publiée dans la base de la Cour de la Cachette : « il reste difficile de savoir si l’enfouissement de cette tête est contemporain de la construction de cette maison [ptolémaïque] ou résulte au contraire d’une “cachette” de voleur datant de 1903-1904 ». Voir aussi la discussion

Prov. : carré IX N 79 ; chambre 5 de la maison D (?) du quartier ptolémaïque (cote 79,17 m). • LS 1142 (infra, fig. 419 n°2) Dim. : L. 18, h. 23 cm (fragment 1) ; L. 13, h. 8,5 cm (fragment 2) ; L. 17, h. 32 cm (fragment 3). Trois fragments non-jointifs appartenant à une seconde statue d’Aba, en quartzite rouge. Le grand intendant agenouillé présente cette fois-ci une figure de Nitocris dont seule la tête est préservée1251. J. Lauffray signale qu’ils ont été trouvés en 1978 à l’angle nord-est de la pièce 4 de la maison C, « dans un défoncement du sol rectangulaire et bordé de pierre », au milieu de tessons1252. Le sol de cette pièce était couvert de débris de plafond, ce qui signifie que ces fragments n’y ont pas été apportés après l’abandon du quartier ptolémaïque. L’inscription du pilier dorsal démontre que cette statue était dédicacée à la mémoire du défunt Aba. Prov. : carré IX N 78 ; maison C (cote entre 78,80 et 78,90 m)

5.1.2.2. Bas-relief et relief en creux Les fouilles du quartier ptolémaïque ont également fourni quelques bas-reliefs réalisés sur des plaques en calcaire et un élément en plâtre présentant un relief en creux. Certains d’entre eux peuvent être identifiés comme des modèles de sculpteur. • LS 457 (fig. 368 n°4) Petite plaque rectangulaire en calcaire présentant un bas-relief inachevé ou bien d’une exécution un peu grossière. Elle provient de la maison A ou de son voisinage direct. Un personnage assis, que l’auteur de la fiche suppose être Imhotep ou encore Amenhotep fils de Hapou, tend un rouleau à une divinité assise sur un trône et tenant un sceptre ouas, sans doute Amon. L’auteur de la fiche interprète ce bas-relief comme une petite stèle témoignant du culte populaire aux architectes. Il n’y a pas vraiment lieu de l’identifier à un modèle ou exercice de sculpteur, car les scènes présentant des personnages interagissant sont rares dans cette catégorie1253. Prov. : carré IX N 66 ; dans, ou au nord de, la maison A du quartier ptolémaïque. • LS 467 (fig. 369 n°1) Plaque en calcaire avec la tête d’un oiseau en bas-relief. La fiche indique qu’il s’agit d’un « modèle de sculpteur [avec une] tête de faucon ». On doit néanmoins identifier l’oiseau à un poussin de caille1254. Le relief a été trouvé dans le carré IX N 67,

1251

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sur la présence de statues d’Aba dans ce secteur du temple : infra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes. GRAEFE 1981, p. 24 (4-d) ; ABD EL-HAMID 1982 ; LAUFFRAY 1995, p. 321, fig. 17 (LS 1142) ; JANSEN-WINKELN 2014, p. 631, cat. no. 59.43. Voir aussi http://sith.huma-num.fr/karnak/441. LAUFFRAY 1979, p. 201 ; 1995, p. 321, fig. 17 (LS 1142). YOUNG 1964, p. 250. Voir par exemple comme élément de comparaison : YOUNG 1964, p. 252, fig. 3.

‘Modèles de sculpteurs’ mis au jour dans les fouilles des années 1970 : plaques en calcaire et moule en plâtre

531

LES ARTEFACTS

LS 467

1. Plaque en calcaire avec représentation d’une tête de poussin de caille LS 467 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6490

0

5 cm

2. Moule en plâtre avec un oiseau-bénou en creux LS 1169, croquis à l’échelle 1/1 de la fiche objet

LS 1169

LS 855

LS 577 bis

0

0

5 cm

3. Fragment de bas-relief représentant la patte antérieure d’un quadrupède LS 577 bis – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°7068

5 cm

4. Fragment de carroyage incisé sur une plaque en calcaire LS 855 – © Cnrs-Cfeetk/cliché non archivé

Fig. 369. Sculptures-10

532

CHAPITRE III

« à 0, 60 m de 67 », à la cote de 76,48 m, ce qui est plutôt bas pour le niveau ptolémaïque. Bien qu’il n’en publie pas la photographie, Jean Lauffray évoque cet objet : « les terres remblayant une […] maison contenaient un beau modèle de sculpteur représentant une tête d’oiseau ». Il souligne à la suite que « ce document indique peut-être la qualité du maître de la demeure »1255. Lauffray mentionne à nouveau ce modèle dans son article sur le quartier ptolémaïque dans lequel il précise qu’il a été découvert « dans des terres remblayant la maison F ». Il en déduit que l’occupant de la maison voisine C, où ont été découverts des fragments de la statue d’Aba, était sculpteur1256. Prov. : carré IX N 67 ; dans la pièce sud-est de la maison F du quartier ptolémaïque (cote basse de 76,48 m). • LS 1169 (fig. 369 n°2) « Moule d’oiseau en plâtre » fragmentaire, identifié par Lauffray comme un possible « modèle de sculpteur »1257. Bien que les moules en plâtre soient plus souvent associés à la production d’objets en métal (bijoux, statuettes) ou en terre cuite (figurines, lampes)1258, ils pouvaient aussi être utilisés dans la confection d’objets en plâtre et autres matériaux1259. Malgré le dessin plutôt sommaire qui en a été fait, il est possible d’identifier l’oiseau comme un oiseau à aigrette, probablement l’oiseau-bénou. Ce héron cendré est une manifestation du dieu solaire et créateur Atoum ou Rê, mais est aussi associé à l’âme des défunts et à leur renaissance1260. Ce moule peut être comparé à de nombreuses plaques réalisées en plâtre et en calcaire, produites entre la Basse Époque et l’époque ptolémaïque, et qui portent le relief en creux d’un oiseau-bénou1261. Prov. : carré IX N 69 ; favissa I située dans la ruelle passant entre les maisons D et E du quartier ptolémaïque (cote de 79,20 m). • LS 577 bis (fig. 369 n°3) Dim. : L. 6,7, h. 7,4 cm. Fragment de calcaire orné d’un bas-relief représentant un quadrupède, probablement un bovidé ou un lion. Seule la patte antérieure de l’animal est préservée. Elle rappelle les modèles fragmentaires mis au jour dans la Zone 7 (7732.2) et la Zone 8 (8158.2)1262.

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LAUFFRAY 1979, p. 201. LAUFFRAY 1995, p. 321. La statue d’Aba date néanmoins de l’époque saïte et non de l’époque ptolémaïque. LAUFFRAY 1995, p. 306, fig. 3. Voir par exemple les nombreux moules en plâtre mis au jour à Memphis : EDGAR 1903 ; ASHTON 2003a, p. 67-69. L’un deux, provenant d’Héracléopolis Magna, figure partiellement un ibis (et non un héron). Petrie Museum UC 28704 : ASHTON 2003a, p. 67-68. SCALF 2012, p. 34-35. Par exemple Petrie Museum UC 30143. Voir supra.

Prov. : carré IX N 78 ; maison C ou D du quartier ptolémaïque, ou ruelle les séparant (cote plutôt basse de 74,77 m). • LS 855 (fig. 369 n°4) Carroyage incisé sur une plaque en calcaire. Son contexte de découverte semble un peu éloigné puisqu’il a été mis au jour dans le carré IX O 41, à une altitude vraiment basse de 73,60 m. Ce carré est situé non loin de l’angle nord-est du lac Sacré, dans la tranchée fouillée avant la construction de la rampe menant à la tribune du spectacle Son et Lumière. Cet objet constitue cependant un parallèle pour les nombreux éléments de carroyage découverts dans la Zone 7 et, d’après les relevés de Lauffray1263, le quartier ptolémaïque s’étendait dans une zone très proche du lac Sacré (fig. 162). Prov. : carré IX O 41 (cote basse de 73,60 m)

5.2. DATATION

ET INTERPRÉTATION DE CES ÉLÉMENTS

DE SCULPTURE

Les modèles de sculpteurs apparaissent en nombre surtout à partir de la Basse Époque1264, durant la XXVIe dynastie au plus tard. Mais on ne commence à en trouver en grande quantité qu’à la XXXe dynastie. Au début de l’époque ptolémaïque, ils sont toujours produits en grand nombre. Enfin, de rares exemples sont encore attestés à la fin de l’époque ptolémaïque et au début du Haut-Empire romain1265. Les découvertes de modèles et pièces d’entraînement à l’est du lac Sacré ne contredisent pas cette chronologie. Un seul exemplaire (7453.10) a été mis au jour dans une des fosses de dépotoir de la phase 12, fosses datées de la fin de la XXVe–début de la XXVIe dynastie. La majorité des modèles proviennent des fosses de dépotoir réalisées entre les deux sous-phases 14a et 14b1266 : le matériel céramique provenant de ces contextes les date plutôt de la période ptolémaïque (IIIe-IIe siècle av. J.-C), même si certains éléments de mobilier peuvent remonter à la fin de la Basse Époque. Quant aux modèles mis au jour lors des anciennes fouilles, excepté un exemplaire a priori découvert dans un niveau daté de la fin de la XXVIe–début de la XXVIIe dynasties (LS 234), ils proviennent essentiellement du quartier ptolémaïque. Les contextes n’étant pas toujours correctement précisés, on ne peut déduire si ces éléments de sculpture sont tous des rejets d’atelier ou bien si 1263 1264 1265 1266

LAUFFRAY 1995, fig. 1. TOMOUM 2005, p. 4. Ibid., p. 204. Pour une description de ces fosses, voir supra, Chapitre I, § 4.2.1.2. Stratigraphie du bâtiment J et § 4.2.2.3. Seconde conversion en dépotoir : Rue 3.

LES ARTEFACTS

certains ont été trouvés dans des niveaux d’occupation des bâtiments du quartier ptolémaïque. L’hypothèse pragmatique, qui consiste à voir dans ces objets des études ou des pièces d’entraînement pour les apprentis sculpteurs, a parfois été disputée. En effet, un tel matériel ayant été mis au jour dans les tombes ou sur le sol sacré des temples, d’autres ont voulu y voir des objets rituels ou votifs1267. Mais, d’après N. Tomoum, très peu de ces objets semblent avoir eu une quelconque fonction religieuse et ceux-ci ont très bien pu devenir des offrandes dans un second temps1268. Plus récemment, S.-A. Ashton a suggéré que certaines classes de sculptures en calcaire et plâtre, souvent traitées dans la même catégorie de modèles ou exercices de sculpteurs, ont pu revêtir d’autres fonctions1269. Elle liste six sous-catégories : 1. Bustes de roi traités en ronde-bosse, en calcaire, 2. Visages ou têtes de roi traités en ronde-bosse, en plâtre, 3. Têtes de dieux et déesses zoomorphes en rondebosse, en plâtre, 4. Parties du corps humain en ronde-bosse, en calcaire et en plâtre, 5. Bas-reliefs en calcaire représentant rois, reines et divinités, 6. Colonnes traitées en ronde-bosse, en calcaire et plâtre. L’assemblage provenant du secteur des prêtres comprend un ou plusieurs exemplaires de chacune de ces catégories. Ashton suppose que les bustes et têtes de rois en calcaire et plâtre (catégories 1 et 2) ont pu jouer un rôle dans la dissémination de l’image royale. Les modèles de la Zone 7, parfois fort fragmentaires, ont surtout été découverts dans des fosses de dépotoir où ils étaient souvent associés à de très nombreux déchets de taille et parfois même à des ébauches de sculptures. Il serait donc sans doute erroné de leur attribuer une quelconque fonction votive ou rituelle. N. Tomoum note par ailleurs : « in the case of sculptors’ trial pieces, which were found in the grounds of temples, one should also remember that there were sculptors’ workshops in every temple. Therefore it should not be a surprise to find models and practice pieces in these sacred grounds »1270. Il serait dès lors

1267 1268 1269 1270

TOMOUM 2005, p. 3. Ibid., p. 202-203. ASHTON 2014, p. 7-8. Ibid., p. 204.

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tentant de les interpréter comme les déchets d’un atelier-école de sculpteurs. Il est légitime de se demander s’il était situé dans les environs du secteur des prêtres ou au sein de celui-ci. Pour les nombreux éléments provenant de contextes ptolémaïques, nous avons noté leur présence non seulement dans la rue, mais aussi au sein du bâtiment J. Rappelons également la présence d’un double-pic, outil utilisé par les tailleurs de pierre et les sculpteurs, dans ce bâtiment. Les maigres vestiges d’occupation de ce bâtiment laissent certains doutes pour son interprétation. Néanmoins, la partie du quartier d’époque ptolémaïque dégagée au nord en 1971 a fourni plusieurs modèles de sculpteur ce qui supporte la présence d’un atelier-école de sculpteur, voire de plusieurs ateliers (?), sur la rive est du lac Sacré.

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ABD

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CHAPITRE III

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LES ARTEFACTS

6. AMULETTES Très souvent associées au domaine funéraire, les amulettes n’en demeurent pas moins présentes dans les contextes de la vie quotidienne. Les amulettes concernaient « les vivants comme les morts »1271, elles accompagnaient les Égyptiens « tout au long de leur vie et les protégeaient encore dans l’autre monde »1272. La prolifération des amulettes aux époques tardives1273 explique sans doute le nombre assez élevé d’amulettes recueillies au cours des fouilles du secteur des prêtres1274. Il est légitime néanmoins de se demander dans quelle mesure ce type d’objet peut être représentatif d’un habitat situé dans un sanctuaire et s’il présente des caractéristiques particulières. Les quelques moules à amulettes découverts témoignent également de leur production dans le secteur. Mais étaient-elles destinées au marché local des visiteurs du complexe religieux de Karnak ? 6.1. CATALOGUE DES AMULETTES La phase 12 n’a fourni qu’un nombre restreint d’amulettes. La phase 13 est celle qui a livré le plus d’exemplaires. C’est également la phase la mieux préservée et celle qui est le plus explicitement reliée au monde des prêtres. Moins prolixe que la phase 13, la phase 14 a néanmoins fourni un éventail très diversifié d’amulettes. Ces dernières proviennent presqu’exclusivement du premier remblaiement de la rue (Rue 2) et des fosses de dépotoir réalisées entre les sous-phases architecturales 14a et 14b (Rue 3). Plusieurs amulettes, souvent inédites, ont été découvertes au cours des fouilles des années 1970. La majorité est originaire des secteurs situés à l’ouest du rempart1275. Malgré quelques

imprécisions les concernant1276, ces amulettes méritent d’être signalées. Les amulettes du secteur des prêtres revêtent des aspects les plus divers : amulettes anthropomorphes et zoomorphes, symboles prophylactiques… Le matériau utilisé pour ces amulettes est avant tout la « faïence »1277, mais quelques-unes ont été confectionnées en pierres semi-précieuses ou en métal. De nombreux types d’amulettes se retrouvent d’une phase à l’autre. Aussi une présentation par catégorie d’amulettes a été choisie. Au sein de chaque catégorie, le corpus est présenté de manière chrono-typologique (des contextes les plus anciens au plus récents). Les amulettes provenant des anciennes fouilles sont intégrées à la fin de chaque type, puisque le peu d’information sur leur contexte de découverte ne permet pas toujours de les associer à une phase spécifique du secteur. 6.1.1. Divinités Suivant les époques, les divinités étaient plus ou moins appréciées sous la forme d’amulettes. Les amulettes de Bès, Thouéris, Patèque, Isis allaitant Horus, Shou et Thot, qui apparaissent dans le corpus des phases 13 et/ou 14, sont toutes typiques des époques tardives en Égypte comme dans le bassin méditerranéen1278. 6.1.1.1. Thouéris La déesse Thouéris est associée à l’accouchement, à la protection de la femme enceinte, de l’enfance et à la fécondité1279. Sa forme hybride associe le corps d’un hippopotame à une queue de crocodile et des pattes de lion. Les amulettes de Thouéris sont documentées à partir de la fin de l’Ancien Empire et pendant toutes

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1275

GERMOND 2005, p. 17. Ibid., p. 11. Ibid., p. 20. Les éléments les plus fragmentaires, dont les thèmes sont difficilement identifiables, ne sont pas intégrés dans le corpus. Quelques amulettes issues de carrés situés à l’est du rempart semblent dater également de l’occupation du quartier des prêtres et du quartier ptolémaïque. Proviennent-elles de fosses récentes ou d’une réelle occupation à l’est du rempart ? Les contextes de découvertes ne sont malheureusement pas bien précisés sur les fiches. D’autres amulettes sont connues uniquement à travers des clichés et nous ne savons pas à quel secteur elles appartiennent. Ces spécimens sont occasionnellement mentionnés ci-dessous.

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La description des amulettes est en outre assez vague sur les fiches-objets : le matériau (notamment la couleur de la faïence) n’est pas toujours indiqué et les mesures sont quasi inexistantes. Quelques-unes ont été retrouvées dans la réserve du Caracol avant leur déplacement dans les magasins d’Abou Djoud, permettant la réalisation de quelques dessins ou de nouvelles photographies. Bien que le terme de faïence soit inapproprié, il est communément utilisé pour désigner un matériau composite en pâte siliceuse et glaçuré : NICHOLSON, PELTENBURG 2000, 177. Sur les techniques de production d’amulettes en faïence aux périodes tardives : MASSON 2018, p. 13-17 (avec de nombreuses références bibliographiques). CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 141 ; HÖLBL 2014. LOEBEN 2016.

536

CHAPITRE III

les dynasties suivantes1280. Elles sont attestées dans de nombreux sites du bassin méditerranéen1281. • 7024.9 (fig. 96a et 370 n°1) Dim. : L. 1,1, l. 2,1, h. 2,6 cm. Thouéris représentée debout, appuyée contre un pilier dorsal. Ses bras sont ramenés sur le devant du corps, les mains posées de part et d’autre de son ventre. L’amulette, en faïence, est munie d’une bélière située à l’arrière du pilier dorsal. La figurine est brisée à la hauteur des cuisses. La glaçure bleu turquoise est érodée et piquetée. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13). • 7111.23 (fig. 370 n°2) Dim. : L. 2,4, l. 0,9, h. 0,85 cm. Thouéris représentée debout avec sa queue de crocodile dans son dos, décorée de chevrons1282. Ses bras, le long du corps, encadrent un ventre proéminent. L’amulette en faïence est fragmentaire : elle est brisée à la hauteur du bas-ventre. Une bélière, cassée, se trouvait au-dessus de la tête de Thouéris. La glaçure bleu turquoise est endommagée et piquetée. Prov. : dépotoir de la maison VII (phase 13). • LS 511 Amulette seulement connue à travers un croquis sur la fiche-objet. Thouéris est figurée debout, les seins pendants. Une bélière de suspension est visible à l’arrière. Le dessin rappelle l’amulette 7024.9 décrite ci-dessus. Prov. : carré IX N 69 ; maisons D, E, H ou ruelle les séparant dans le quartier ptolémaïque (cote basse de 76,50 m) (phase 14 ?). • LS 711 Amulette de Thouéris seulement connue par un croquis. Son aspect semble également très proche de l’amulette 7024.9. Prov. : maison G du quartier ptolémaïque (cote de 78,90 m) (phase 14).

1280

1281 1282

FERRARI 1996, p. 40. Quelques exemplaires de Thouéris provenant de contextes tardifs : WILSON 1982, p. 30, pl. XXVIII n°9-10 (pas moins de trente amulettes de Thouéris ont été découvertes dans des contextes allant de la Basse Époque au début de l’époque ptolémaïque, mais pas dans des contextes plus récents) ; GIDDY 1992, pl. 52, 78/1, pl. 53, 78/85 et pl. 77, 78/1, 78/85 (Basse Époque) ; MASSON 2018, p. 60-61 (26 amulettes surtout datées entre la fin du VIIe et IIIe s. av. J.-C.). Voir aussi les références dans HERRMANN 1994a, p. 112-113, pl. LXXVI-LXXX n°526-530 ; HERRMANN 2006, p. 148-149, pl. LIII-LIV. HERRMANN et al. 2010, p. 80-82. Ce détail est visible sur de nombreuses amulettes de Thouéris datées de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque : HERRMANN 1994a, p. 112, pl. LXXVII n°550 et p. 113, pl. LXXX n°564-565.

6.1.1.2. Bès Tout comme Thouéris, Bès protège les naissances et, de ce fait, était surtout porté par des femmes et des enfants1283. Il connaît une grande faveur populaire à travers les amulettes de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque1284, mais il apparaît sous la forme d’amulette dès la XVIIIe dynastie1285. • 7024.14 (fig. 96a et 370 n°3) Dim. : L. 1,5, l. 1,2, h. 3,2 cm. Bès représenté accroupi contre un pilier dorsal. Ce dernier est percé dans le sens de la largeur. L’amulette complète, en faïence vert pâle, est de bonne facture. Le visage et la coiffe distinctive du dieu grotesque sont bien détaillés. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13). • LS 253 (fig. 370 n°4) Dim. : L. 1,4, h. 2,5 cm. Amulette de Bès très stylisée, schématisée. La silhouette du dieu nain Bès demeure reconnaissable avec sa caractéristique couronne de plumes1286. D’autres identifient ce type d’amulette à un pilier ḏd1287. L’amulette a été trouvée et enregistré avec un œil oudjat. Prov. : IX N a ; fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?).

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LOEBEN 2016, p. 50-51. FERRARI 1996, p. 30. Des exemplaires très proches proviennent de divers sites de la Basse Époque. Tombes datées de la XXVIe dynastie à Méroë en Nubie : DUNHAM 1963, p. 42, fig. 28b. Tombes de la Basse Époque à Saqqarah : GIDDY 1992, pl. 53, 78/23 et 78/122. Contextes de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque à Mendès : WILSON 1982, p. 32, pl. XXIX n°5. Une amulette de Bès très similaire a été datée de la Basse Époque : HERRMANN 1994a, p. 95, pl. LXIV n°462. ANDREWS 1994, p. 39. Voir aussi : HERRMANN 2006, p. 108109, pl. XXXII-XXXIII ; HERRMANN et al. 2010, p. 69-73. Amulettes de Bès dans un contexte d’habitat à Hermopolis, datées plutôt de la TPI d’après A.J. Spencer : SPENCER 1993, p. 35, pl. 34, n°74-76. À propos d’exemples similaires provenant de Naucratis et du débat autour de l’origine des amulettes schématiques : MASSON 2018, p. 50 et 80-82, fig. 140. Identifiée comme pilier ḏd : REISNER 1958, p. 51, n°12918 ; HERRMANN 2006, p. 238-239, n°479-482, pl. CIV. Ces amulettes possèdent la valeur intrinsèque du signe hiéroglyphique ḏd et assurent stabilité et durabilité : GERMOND 2005, p. 24. Aucune des amulettes ḏd illustrées dans HERRMANN et al. (2010, p. 147-148) n’est aussi stylisée.

537

LES ARTEFACTS

7024.9

1. Amulette de Thouéris 7024.9 – © Cnrs-Cfeetk/ H. Zacharias

7111.23

2. Amulette de Thouéris 7111.23 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°67757, dessin A. Guillou

LS 253

0

7024.14

3. Amulette de Bès 7024.14 – © Cnrs-Cfeetk/ H. Zacharias

4. Amulette schématique de Bès (?) LS 253 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5617

7138.1

7024.16

5. Amulette de Thot ou de singe Vervet 7024.16 – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias

2 cm

6. Amulette de Shou 7138.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°67771, dessin H. Zacharias

7368.2

7. Amulette de Shou 7368.2 – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias

LS 453 h: ?

8. Amulette de Shou LS 453 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6409

7368.1a

9. Amulette d’Isis lactans 7368.1a – © Cnrs-Cfeetk/cliché Y. Stoeckel n°107238, dessin H. Zacharias Éch. dessin : 1/1

Fig. 370. Amulettes-1

CHAPITRE III

538 6.1.1.3. Thot

6.1.1.4. Shou

Les amulettes de Thot, dieu du savoir et de l’écriture entre autres, sont appréciées dans les « milieux intellectuels, scribes, juges ou prêtres »1288, et, puisque Thot est le dieu qui a restauré l’œil blessé d’Horus, on leur prête des vertus régénératrices. Il apparaît généralement sous la forme d’un ibis ou d’un babouin et ces deux formes sont a priori présentes dans le secteur. Cependant, l’une – représentant Thot à tête d’ibis1289 – a été mise au jour à l’est du rempart lors des anciennes fouilles (LS 215, non illustré) et son contexte demeure donc trop imprécis pour être associé au quartier des prêtres. L’autre est fort peu conservée et l’espèce représentée – babouin ou singe Vervet – est incertaine1290. Thot apparaît sous la forme d’une amulette cynocéphale dans des contextes sûrs à partir de la TPI, peut-être dès le Nouvel empire, mais il est surtout tenu en grande estime à l’époque saïte et de tels exemplaires persistent à la fin de la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque1291. Le singe Vervet n’est pas associé à Thot et ses amulettes confèrent à leur porteur amour et épanouissement sexuel au cours de leur vie et dans l’au-delà1292.

Le dieu Shou personnifie l’atmosphère séparant ses enfants Geb (terre) et Nout (ciel). Il est souvent représenté en amulette comme un personnage agenouillé, ses deux bras élevés dans l’attitude du signe kꜢ, généralement avec un disque solaire au-dessus de sa tête1293. Ces amulettes sont souvent placées sur la partie inférieure du torse des momies1294. Elles sont connues dès la TPI, cependant les exemplaires bien modelés dateraient plus précisément de la XXVIe dynastie1295. Elles apparaissent sur divers sites de la Basse Époque1296, période à laquelle elles sont le plus populaires en Égypte et dans le bassin méditerranéen1297. Elles sont parfois difficiles à distinguer des amulettes représentant le génie Heh comme un homme agenouillé, les mains levées tenant un signe symbolisant l’année1298. C. Herrmann, qui a longtemps préféré ne pas trancher dans l’identification de ces amulettes1299, a plus récemment attribué toutes les amulettes provenant de contextes datés entre la XXVe dynastie et l’époque ptolémaïque à Shou, réservant l’identification de Heh pour celles provenant de contextes antérieurs1300.

• 7024.16 (fig. 96a et 370 n°5) Dim. : L. 1,2, l. 1,3, h. 1,1 cm. Amulette fragmentaire dont seule la tête d’un babouin ou singe Vervet ainsi qu’une partie de la bélière située à l’arrière sont préservées. L’amulette, en faïence bleu turquoise, était associée à un fragment de résille de perles. Cette dernière est faite de perles en faïence de couleur marron, bleue, jaune et noire ; la plupart sont de forme ronde, plus rarement longitudinale. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13).

• 7138.1 (fig. 370 n°6) Dim. : L. 1,5, l. 1,15, h. 0,7 cm. Amulette, en faïence bleu turquoise, cassée au niveau de la taille. Shou, portant une barbe postiche, est représenté les bras levés, tenant probablement entre les mains un disque solaire (cassé) plutôt qu’une corbeille (signe de l’or). Il est adossé à un pilier dorsal, qui est percé. Prov. : abandon de la maison VII (phase 13). • 7368.2 (fig. 177 et 370 n°7) Dim. : L. 1,35, l. 0,85, h. 0,5 cm. Amulette complète en faïence turquoise, représentant Shou de manière très stylisée, agenouillé et les bras levés. Une amulette très proche, LS 453, a été découverte à l’est du rempart, dans le carré IX N 85 (fig. 370 n°8). Des exemplaires similaires ont été trouvés sur divers sites de la Basse

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GERMOND 2005, p. 31. Sur cette forme d’amulette : HERRMANN et al. 2010, p. 34-35 ; HERRMANN 2016, p. 67-70 et 312-315. Voir par exemple des amulettes des deux espèces mis au jour à Naucratis : MASSON 2018, p. 66-67. FERRARI 1996, p. 39-41 ; HERRMANN 1994a, p. 133, pl. XCV n°699-700 ; HERRMANN et al. 2010, p. 99 ; HERRMANN 2016, p. 380-383. ANDREWS 1994, p. 66-67, fig. 71 ; HERRMANN et al. 2010, p. 100-101 ; HERRMANN 2016, p. 382-383.

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1300

ANDREWS 1994, p. 19. QUERTINMONT 2016, p. 301. ANDREWS 1994, p. 19. DUNHAM 1963, p. 42, fig. 28b (tombes datées de la XXVIe dynastie en Nubie). De nombreuses amulettes ont été découvertes dans les niveaux I et II de la ville de Mendès (WILSON 1982, p. 31, pl. XXVIII n°7-8) et à Naucratis où elles étaient probablement produites (MASSON 2018, p. 59-60). HERRMANN et al. 2010, p. 51-52. Celles-ci donnent au propriétaire de cette amulette « un million d’années » de vie dans l’autre monde : ANDREWS 1994, p. 88-89. HERRMANN 2006, p. 88-92, pl. XX-XXII ; HERRMANN et al. 2010, p. 51-52. HERRMANN 2016, p. 326-331.

LES ARTEFACTS

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Époque1301. À Mendès, les types très stylisés, avec les détails incisés comme pour cet exemplaire, proviennent de contextes plus récents1302. Cette amulette provient probablement d’un collier dont les éléments (une Isis lactans 7368.1a, deux yeux oudjat 7368.1b/c et une perle ornée d’un œil oudjat 7433.1 associés à des centaines de perles communes) ont été retrouvés dans et autour d’une structure de foyer, ST51303. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14).

même amulette. Ce type est surtout daté de l’époque saïte1308 mais apparaît dès le début de la TPI1309. Les nains Patèque et Bès pourraient être les images d’un même dieu dont la filiation s’expliquerait grâce aux groupes Bès porté par une naine ou Bès porté par Patèque1310. Tous deux jouent un rôle dans la protection des femmes enceintes et de leur accouchement, mais aussi dans la protection contre les animaux dangereux et venimeux1311.

6.1.1.5. Isis lactans

• 7812.1 (fig. 371 n°1) Dim. : L. 0,9, l. 1,8, h. 0,5 cm. Petite amulette en faïence bleue, montée en perle, présentant le dieu Bès d’un côté et le nain Patèque de l’autre. Quelques amulettes figurant ces deux dieux dos-à-dos, comme cet exemplaire, sont connues1312. Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3 - phase 14).

Les amulettes représentant Isis allaitant l’enfant divin Horus étaient fort populaires en Égypte mais aussi dans le bassin méditerranéen1304. Comme les amulettes de Thouéris et de Bès précédemment mentionnées, elles ont des valeurs protectrices de l’enfance et de la maternité. • 7368.1a (fig. 370 n°9) Dim. : L. 1,6, l. 2,1, h. 4,6 cm. Isis représentée assise, tenant et allaitant le jeune Horus sur ses genoux. La glaçure de la faïence est de couleur bleu turquoise. Des contextes de la Basse Époque ont livré des amulettes très proches1305. Ainsi que nous l’avons vu avec l’amulette précédente, cette Isis lactans devait faire partie d’un collier. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14).

6.1.1.6. Bès-Patèque Bès et Patèque1306 sont deux divinités très souvent associées dans le même contexte1307, voire sur une 1301

1302

1303

1304 1305

1306

1307

PETRIE 1914, p. 37 et pl. XXX, 167d. Tombes datées de la XXVIe dynastie à Méroë en Nubie : DUNHAM 1963, p. 42, fig. 28b. Contextes de la Basse Époque à Mendès : WILSON 1982, p. 31, pl. XXVIII n°7-8 (part. 8). Ils sont présents uniquement dans le niveau II de la ville : ibid., p. 31. C. Herrmann les date entre l’époque perse et l’époque ptolémaïque : HERRMANN 1994a, p. 65, pl. XXXI n°220-222. Cette structure a été condamnée à la phase 14 par le remblaiement de la rue (Rue 2) : supra, Chapitre I, § 4.2.2.2. Premier niveau de démolition-remblaiement : Rue 2. HERRMANN et al. 2010, p. 30-32 ; HERRMANN 2016, p. 308-312. Tombes datées de la XXVIe dynastie à Méroë en Nubie : DUNHAM 1963, p. 42, fig. 28b, p. 293, fig. 177 n°15 et p. 315, fig. 182 n°14. Contextes de la Basse Époque à Mendès : WILSON 1982, p. 32. Voir aussi les références dans : HERRMANN 1994a, p. 43-44, pl. VI-VII ; HERRMANN 2006, p. 56, n°5, pl. I. Une amulette de Patèque, LS 385, a été découverte dans les fouilles anciennes de la rive est du lac Sacré, mais sa provenance est très vague, IX N. Par exemple, de très nombreuses amulettes représentant Patèque et Bès ont été mises au jour dans des tombes datées

6.1.1.7. Indéterminé • 7325.1 (fig. 371 n°2) Dim. : L. 1,3, l. 1,3, h. 2,1 cm. Moitié inférieure d’une amulette en faïence, représentant un homme – pharaon ou dieu – debout, adossé à un pilier dorsal, la jambe droite en avant, les bras le long du corps et les poings serrés. Il porte un pagne chendjit. La glaçure bleu turquoise pâle est assez abimée. Prov. : remblai entre SOL14 et SOL15, dans la cour d’entrée de la maison VII (phase 13). • 7784.1 (fig. 371 n°3) Dim. : L. 1,85, l. 1,6, ép. 0,9 cm. Partie inférieure d’une amulette (?), arborant l’aspect d’une plaque représentant d’un côté un personnage agenouillé et de l’autre sans doute un personnage assis (?). Le traitement des détails est assez fruste. La surface, très érodée, présente quelques traces de glaçure verte. Prov. : remblai de la maison VIII (phase 13).

1308 1309 1310 1311 1312

de la XXVIe dynastie à Méroë en Nubie : DUNHAM 1963, p. 14, fig. 11n, p. 33, fig. 24b, p. 42, fig. 28b, p. 292, fig. 192 n°1213 et p. 293, fig. 177 n°2. Cette association est également bien illustrée sur un collier daté entre 1250 et 1000 av. J.-C., alternant amulettes de Bès et de Patèque, découvert dans une tombe à Tell el-Far’a Sud (Rockfeller Museum, Jerusalem J.7160) : HERRMANN et al. 2010, p. 73, n°39. BULTÉ 1998, p. 379. Ibid., p. 382. Ibid., p. 379 et 382. GYÖRY 2011, 159 ; ERP 2014. ANDREWS 1994, p. 39. Des amulettes présentant deux Patèque dos à dos sont également attestées : GIDDY 1992, pl. 49, 78/188 (tombe de la Basse Époque) ; HERRMANN 1994a, p. 108, pl. LXXIV-LXXV n°526-530 (spécimens datés de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque).

CHAPITRE III

540

7812.1

1. Amulette de Patèque-Bès 7812.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché A. Chéné n°111574, dessin A. Guillou

7325.1

2. Personnage debout 7325.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°72949-72950, dessin H. Zacharias

7784.1

3. Personnage agenouillé 7784.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Chéné n°111572-111573

7357.1

4. Personnage debout 7357.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°75590-75591, dessin A. Guillou

7598.1

5. Personnage debout, avec pilier dorsal percé à la base (large amulette ?) 7598.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°89709-89710, dessin A. Guillou

Éch. dessin : 1/1

Fig. 371. Amulettes-2

LES ARTEFACTS

541

• 7598.1 (fig. 371 n°5) Dim. : L. 5,2, l. 2,5, h. 4 cm. Figure en faïence verte représentant un personnage conservé de la taille aux pieds. Il est debout, adossé à un pilier dorsal, la jambe gauche avancée. Il tient un objet dans sa main gauche (insigne de pouvoir ?). L’amulette est percée à la base du pilier dorsal, ce qui est peu commun. Prov. : comblement de la fosse F60 (Rue 3 - phase 14).

• 7525.1 (fig. 372 n°3) Dim. : L. 1, l. 0,7, h. 0,5 cm. Perle/amulette en forme de scarabée, très abîmée. La faïence brûlée est totalement noircie. Le clypeus et le pronotum sont marqués. Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J (phase 14).

• 7357.1 (fig. 371 n°4) Dim. : L. 1, l. 1,25, h. 2,2 cm. Amulette en faïence bleue, figurant un personnage debout, qui n’est préservé que des épaules aux cuisses. Ce dernier est adossé à un pilier dorsal, percé dans sa largeur. Prov. : comblement de la fosse F37 (Rue 6 - phase 14).

Le taureau, un animal sacré qui évoque la puissance1314, sert aussi de manifestation physique à plusieurs dieux, tel le taureau Apis, incarnation de Ptah.

6.1.2. Monde animal 6.1.2.1. Scarabée anépigraphe Le scarabée, une des amulettes les plus communes dans le répertoire égyptien, est bien représenté dans le corpus des amulettes de la Zone 7 et ce dès la phase 12. Parfois monté en bague, souvent portant une base décorée ou inscrite, il pouvait alors servir de sceau. Mais cela ne signifie pas que ces exemplaires n’étaient pourvus d’aucune vertu magique pour leur propriétaire. Les quelques scarabées anépigraphes, présentés ci-dessous, ont été réalisés dans les matériaux les plus divers1313. • 7470.5 (fig. 372 n°1) Dim. : L. 0,9, l. 0,65, h. 0,4 cm. Scarabée en os monté en perle. La tête, le pronotum, les élytres et les pattes sont indiqués par de fines incisions, mais le tout reste peu détaillé. Prov. : comblement de la fosse F33 (phase 12). • 7066.2d (fig. 98 et 372 n°2) Dim. : L. 0,9, l. 0,65, h. 0,4 cm. Scarabée en lapis lazuli, percé longitudinalement. Le pronotum seul est marqué. Il a été découvert sur le sol incendié de la réserve de la maison VII parmi de nombreuses perles aux formes et aux matériaux divers. Il semble vraisemblable qu’il faisait partie d’un collier. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13).

6.1.2.2. Taureau

• 7209.4 (fig. 372 n°4) Dim. : L. 0,7, l. 0,7, h. 0,9 cm. Amulette en faïence bleu turquoise, représentant un taureau. Seule sa tête est préservée. La partie inférieure du disque solaire est visible entre ses cornes1315. Prov. : démolition-remblai de la maison VII (phase 13).

6.1.2.3. Lion Symbole de la puissance et de la protection divine et royale, l’amulette de lion possède aussi des vertus régénératrices1316. Le lion représente également une manifestation physique du dieu solaire Rê1317. Les amulettes de lions couchés apparaissent dès l’époque préhistorique et demeurent répandues aux périodes tardives en Égypte comme dans le monde méditerranéen1318. • 7312.1 (fig. 372 n°5) Dim. : L. 1,5, l. 0,4, h. 0,9 cm. Petite amulette complète, en faïence vert pomme, représentant un lion assis sur une fine base rectangulaire. Les pattes avant et arrière sont marquées par des incisions. La bélière de suspension se trouve sur le dos de l’animal. La forme générale est plutôt simplifiée. Des exemplaires très proches proviennent de divers sites de la Basse Époque1319. Prov. : remblai de la maison VII (phase 13). 1314 1315

1316 1317 1318

1319

1313

D’autres scarabées, notamment ceux portant un décor ou une inscription, sont présentés dans le chapitre sur les sceaux : supra, Chapitre III, § 2.1. Sceaux.

GERMOND 2005, p. 29. Amulettes représentant soit le taureau dans son entier soit sa tête seule : HERRMANN et al. 2010, p. 84-85. GERMOND 2005, p. 30. ANDREWS 2016, p. 98. HERRMANN 1994a, p. 121-122 (part. n°618-627 daté de l’époque perse à l’époque ptolémaïque), pl. LXXXVIILXXVIII n°526-530 ; HERRMANN 2006, p. 160-161, pl. LXILXII ; HERRMANN 2016, p. 175, 376-379. Tombes datées de la XXVIe dynastie à Méroë en Nubie : DUNHAM 1963, p. 42, fig. 28b. Contextes de la Basse Époque à Mendès : WILSON 1982, p. 32. Exemplaires provenant de la Scarab Factory à Naucratis : MASSON 2018, p. 65 et 74, fig. 190 (Boston, Museum of Fine Arts RES.86.286 et RES.86.287).

CHAPITRE III

542

7066.2d L: 0.9cm

7470.5

1. Scarabée 7470.5 – © Cnrs-Cfeetk/ H. Zacharias

7525.1

3. Scarabée 7525.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché Y. Stoeckel n°103869, dessin H. Zacharias

2. Scarabée 7066.2d – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°65761

7312.1

7209.4

4. Taureau 7209.4 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°67779, dessin A. Guillou

5. Lion 7312.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°72952, dessin H. Zacharias

LS 245 L: ?

7. Tête de bélier jaillissant d’une colonne ouadj 7066.11 – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias

6. Têtes de cobra LS 245 – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Bellod n°5377

7470.2 h: 1,05 cm

7066.11

7256.1 h: 2,3 cm

8. Colonne ouadj 7470.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75663

7299.3 h: 0,8 cm

11. Colonne ouadj 7299.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72959

7173.1

9. Colonne ouadj 7256.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67755

7636.1

12. Colonne ouadj 7636.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°90934, dessin A. Guillou

10. Colonne ouadj 7173.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°67768, dessin A. Guillou

7111.14

13. Colonne ouadj 7111.14 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°67751, dessin A. Guillou Éch. dessin : 1/1

Fig. 372. Amulettes-3

LES ARTEFACTS

6.1.2.4. Cobra Le cobra incarne Ouadjet, la déesse tutélaire de la Basse Égypte et protectrice du pharaon1320. Les vertus apotropaïques de ce reptile s’étendent à la sphère domestique1321. Les amulettes le représentant assuraient la protection contre les morsures des serpents1322. Dès l’époque thinite, on réalisait des amulettes de cobras en ivoire et en lapis. De nombreux exemples datés de la TPI et de la Basse Époque sont également connus1323. • LS 245 (fig. 372 n°6) Petites têtes de cobras déjà publiées par P. Anus et R. Sa’ad1324. Aucune fiche leur correspondant n’a été trouvée au Cfeetk. Les auteurs parlent de trois petites têtes mais seules deux ont été publiées et retrouvées1325. Prov. : maison I du quartier des prêtres (phase 13).

6.1.2.5. Bélier Les amulettes figurant des divinités sur des colonnes sont relativement rares1326, notamment une tête de bélier surmontant une colonne ouadj. Il s’agit toutefois d’un thème iconographique connu par ailleurs, telle la sculpture représentant le dieu de la création Khnoum (ou Amon) sous les traits d’une tête de bélier jaillissant d’une fleur de lotus, conservée au Musée de Louqsor. Khnoum sous la forme d’un homme à tête

1320 1321

1322 1323

1324 1325

1326

ANDREWS 1994, p. 76. Voir par exemple les figurines de cobra et les cobra bowls du Nouvel Empire bien souvent associés à des contextes domestiques : SPENCER 2008, p. 64-66 ; SPENCER 2014, p. 53-54. GERMOND 2005, p. 32. SPENCER 1993, pl. 34, n°86 (exemplaire en faïence provenant d’un contexte fin de la TPI à Hermopolis) ; GIDDY 1999, p. 144, 147 et 148, pl. 28-29 et 86 n°42, 630, 1478 et 2666. Voir les références dans : HERRMANN 2006, p. 158, n°923-925, pl. CXXI ; HERRMANN et al. 2010, p. 110-113, part. n°20-23 (exemples du Nouvel Empire). Voir aussi l’ensemble de quarante têtes de cobra en faïence bleu vert ou bleu gris, datées du milieu de la XVIIIe dynastie, découvert dans la cachette d’Éléphantine, non loin des fondations du temple de Satet : DELANGE 2012, p. 328-329, pl. 270, n°783. ANUS, SA’AD 1971, p. 224 et 226 et fig. 11. Retrouvées dans les réserves du Caracol, mais déplacées dans les magasins d’Abou Djoud avant que l’on ait pu effectuer des dessins. Amulettes en faïence représentant un chat assis sur une colonne : REISNER 1907, p. 179 et pl. XXII, n°12395-12398 ; PETRIE 1914, p. 46 et pl. XXXIX ; HERRMANN 2016, p. 376377 (deux spécimens datés entre 925 et 700 av. J.-C.), n°625. Amulette représentant une tête de faucon sur une colonne papyriforme : REISNER 1958, p. 51, n°12915 ; HERRMANN 1994a, p. 143, pl. CIX n°825-826 (exemplaires datés de la Basse Époque).

543

de bélier apparait dans le répertoire des amulettes dès la XIIe dynastie1327. Il est plus souvent représenté sous les traits d’un bélier, notamment à la XXVIe dynastie1328. Selon P. Germond toutefois, l’espèce du bélier, avec ses cornes enroulées comme pour l’amulette présentée ci-dessous, figurerait plutôt Amon1329. • 7066.11 (fig. 96a et 372 n°7) Dim. : h. 3,8, d. 1,7 cm. Tête de bélier aux cornes enroulées surgissant d’une colonne au chapiteau bien détaillé imitant une fleur de lotus épanouie. L’amulette, en faïence verte, est dotée d’un dispositif de suspension, une bélière située à l’arrière de la tête du bélier. Le bas de la colonne n’est pas préservé. L’amulette pourrait figurer le pieu sacré d’Amon qui revêt précisément la forme de cette amulette1330. Cette hypothèse séduit d’autant plus qu’un prêtre du pieu sacré d’Amon a laissé maints témoignages de sa présence dans le quartier à la phase 131331. Néanmoins, cette amulette pourrait juste représenter une tête de bélier sur une colonne ouadj, suivant un type attesté par ailleurs1332. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13).

6.1.2.6. Chat Le chat est un animal associé à la déesse Bastet, gardienne du foyer et de la maternité1333. Avec son centre religieux majeur à Boubastis, elle est une déesse particulièrement appréciée en Basse Égypte et ce dès les premières dynasties. Avec l’engouement pour le 1327

1328

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1332

1333

FERRARI 1996, p. 33. Les dieux à tête de bélier sont rares en général dans le répertoire des amulettes : CAUBET, PIERRATBONNEFOIS 2005, p. 141. PETRIE 1914, p. 40 et pl. XXXIII ; HERRMANN et al. 2010, p. 87-88. Khnoum serait, lui, reconnaissable à ses longues cornes horizontales spiralées : GERMOND 2005, p. 28. Mais pour C. Andrews, cette distinction n’est pas si claire : ANDREWS 1994, p. 30-31. Voir aussi les deux types de bélier identifiés comme Khnoum dans : HERRMANN et al. 2010, p. 37-38. VAN DE WALLE 1952, p. 127. Infra, Chapitre IV, § 1.2.2.1. Le prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset. Amulette en faïence verte, représentant une tête de bélier sur une colonne ornée d’un serpent d’un côté, d’un serpent ailé de l’autre, et sur le devant, d’un disque solaire avec un uræus et une inscription : PETRIE 1914, p. 44 et pl. XXXVIII. Datant des règnes de Piânkhy et de Taharqa, une tête de bélier en argent, montée sur une colonne polygonale en cristal de roche, forme un pendant précieux à notre exemplaire : DUNHAM 1950, p. 94 et pl. LXI, fig. 31f. Une tête de bélier portant la couronne atef somme une colonne : ANDREWS 1994, p. 31, fig. 27d (en faïence bleue). KESSLER 1989, p. 150-154 ; HERRMANN et al. 2010, p. 89-90.

CHAPITRE III

544

culte animal au premier millénaire, son culte s’épanouit1334 et ses amulettes prolifèrent en parallèle pendant cette période en Égypte et au-delà1335. • LS 1144 Ce lot d’objets comporte plusieurs amulettes dont un chat assis et huit yeux oudjat, tous en faïence verte. Elles devaient appartenir à un collier. L’amulette du chat a été publiée mais elle a été identifiée de manière erronée comme une amulette de chien1336. Le dessin montre qu’une bélière est disposée sur le dos de l’animal, tel qu’on peut le voir sur de nombreuses amulettes de chat. Prov. : carré IX N 69 ; favissa I située dans la ruelle passant entre les maisons D et E du quartier ptolémaïque (cote de 79,05 m) (phase 14).

6.1.3. Symboles prophylactiques 6.1.3.1. Colonne ouadj Plusieurs colonnes papyriformes ont été mises au jour dans le secteur des prêtres, de la phase 12 à la phase 14. Le symbole de la colonne ouadj est associé à l’idée de verdeur, de jeunesse et de régénération, et en tant que telle cette amulette était communément placée sur les momies1337. Ce type d’amulette est surtout attesté entre les XXVIe et XXXe dynasties en Égypte1338 et dans le Levant1339, mais il apparaît dès la XVIIIe dynastie et persiste à l’époque ptolémaïque1340.

1334 1335

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ZIVIE, LICHTENBERG 2005. DUNHAM 1963, p. 321, fig. 183 n°14 (tombe datée de 716-623 av. J.-C. ?) ; GIDDY 1992, pl. 50, 78/48 (amulette de la Basse Époque) ; HERRMANN 2006, p. 159, n°231-233, pl. LXI (amulettes de la fin de la TPI-début de la Basse Époque) ; MASSON 2018, p. 63-64, fig. 184-185. Voir aussi diverses amulettes de chat illustrées dans HERRMANN et al. 2010, p. 89-90 ; HERRMANN 2016, p. 168-172 et 374-377. LAUFFRAY 1995, p. 307-308, fig. 3. Sur la fiche-objet, il est d’ailleurs indiqué qu’il s’agit d’un chat. Trois des huit yeux oudjat sont dessinés sur la fiche-objet : les deux premiers ne sont pas détaillés, le troisième arbore une pupille marquée et un sourcil orné de traits obliques. ANDREWS 1994, p. 81-82 ; GERMOND 2005, p. 24. Quelques colonnes ouadj proviennent de tombes de la Basse Époque à Saqqarah : GIDDY 1992, pl. 49, 78/284, pl. 53, 78/86, pl. 77, 78/284. À Mendès, il s’agit d’une des amulettes les plus communes dans les contextes d’habitat de la Basse Époque : WILSON 1982, p. 31-32, pl. XXIX n°1-2 (part. 7). Elles sont nombreuses aussi à Naucratis : MASSON 2018, p. 71, fig. 210211. HERRMANN 2016, p. 422-425. ANDREWS 1994, p. 82 ; HERRMANN 2006, p. 228-229, n°440446, pl. XCIX-C ; HERRMANN et al. 2010, p. 135-136.

• 7470.2 (fig. 372 n°8) Dim. : h. 1,05, d. 0,9 cm. Exemplaire en faïence très fragmentaire. Il ne subsiste que le chapiteau surmonté d’une bélière, elle-même mal préservée. La glaçure bleu-vert a presqu’entièrement disparu. Prov. : comblement de la fosse F33 (phase 12). • 7256.1 (fig. 72b et 372 n°9) Dim. : h. 2,3, d. 0,7 cm. Partie inférieure détaillée d’une colonne ouadj en faïence. De pâles traces de glaçure bleu turquoise demeurent visibles à la pointe de la colonne1341. Prov. : SOL8 de la maison VII (phase 13). • 7173.1 (fig. 372 n°10) Dim. : h. 3,9, d. 1 cm. Colonne ouadj en faïence, complète. Elle est surmontée d’une bélière de suspension. La glaçure bleu turquoise est érodée. Prov. : abandon de la maison VII (phase 13). • 7299.3 (fig. 372 n°11) Dim. : h. 0,8, d. 1,1 cm. Exemplaire en faïence très fragmentaire. Il ne reste que le chapiteau papyriforme ouvert, détaillé par de fines incisions. Seul le cœur jaune pâle de la pâte persiste, la glaçure ayant totalement disparu. Prov. : démolition de la maison VII (phase 13). • 7636.1 (fig. 372 n°12) Dim. : h. 3,5, d. 1,2 cm. Colonne ouadj complète, en faïence bleu-vert. Une bélière de suspension est située sur le chapiteau. Prov. : démolition-abandon de la maison VIII (phase 13). • 7111.14 (fig. 372 n°13) Dim. : l. 0,95, h. 1,3, d. 1,15 cm. Amulette fragmentaire, dont seul le chapiteau surmonté d’une bélière est conservé. L’amulette est manufacturée en faïence de couleur bleu turquoise. Prov. : dépotoir de la maison VII (phase 13). • 7692.3 (fig. 373 n°1) Dim. : h. 3,4, d. 0,7 cm. Base pointue d’une colonne ouadj. La surface piquetée préserve un peu de glaçure bleu turquoise. Prov. : comblement de la fosse F65 (Rue 3 - phase 14).

1341

Afin de rappeler la couleur de la végétation, ces amulettes sont généralement en faïence verte, mais il en existe dans d’autres couleurs et d’autres matériaux : ANDREWS 1994, p. 82.

545

LES ARTEFACTS

7692.3 h: 3,4 cm

1. Colonne ouadj 7692.3 – © Cnrs-Cfeetk/Y. Stoeckel n°115306

LS 255 h: 4,5 cm

4. Colonne ouadj stylisée LS 255 – © Cnrs-Cfeetk/C. Appfel n°114879

LS 254 h: 3,7 cm

7732.14 h: 1,9 cm

3. Colonne ouadj LS 254 – © Cnrs-Cfeetk/C. Appfel n°114879

2. Colonne ouadj 7732.14 – © Cnrs-Cfeetk/Y. Stoeckel n°115313

7469.2

5. Oeil oudjat 7469.2 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°75661, dessin H. Zacharias

7314.1a

6. Oeil oudjat 7314.1a – © Cnrs-Cfeetk/H. Zacharias

7774.1

7. Oeil oudjat 7774.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché Y. Stoeckel n°111593, dessin M. Abd el-Khassoul

7210.2

8. Oeil oudjat 7210.2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou

7024.42 L: 0,7-0,9 cm

9. Yeux oudjat 7024.42 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°65765

7000.9

10. Perle ajourée avec trois yeux oudjat 7000.9 – © Cnrs-Cfeetk/cliché Y. Stoeckel n°103865, dessin G. Caron

Éch. dessin : 1/1

Fig. 373. Amulettes-4

CHAPITRE III

546

• 7732.14 (fig. 373 n°2) Dim. : h. 1,9, d. 0,5 cm. Partie inférieure d’une colonne ouadj, en faïence bleu turquoise. Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3 - phase 14). • LS 254 (fig. 373 n°3) Dim. : h. 3,7, d. 1,4 cm Amulette en faïence fragmentaire. Comme à l’accoutumé, une bélière de suspension se trouve au-dessus du chapiteau papyriforme. La glaçure vert pâle est très peu préservée. Prov. : IX N a ; fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?). • LS 255 (fig. 373 n°4) Dim. : h. 4,5, d. 1,1 cm Amulette complète, façonnée en faïence. Elle représente une colonne ouadj stylisée1342. Deux incisions horizontales somment l’amulette. La bélière se situe à l’arrière. La surface, blanche, ne présente aucune trace de glaçure. Prov. : IX N a ; fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?).

6.1.3.2. Œil oudjat Les amulettes figurant un œil oudjat simple ou multiple ont été trouvées en grand nombre au cours des anciennes et nouvelles fouilles du secteur, particulièrement à la phase 131343. Confectionnées dans des matériaux divers, elles se déclinent sous diverses formes et sont plus ou moins détaillées. L’œil oudjat est prisé pour ses « pouvoirs étendus, voire universels »1344. C’est pourquoi il fait partie des amulettes les plus communes, notamment sur la plupart des sites de la Basse Époque1345 et il forme de loin l’amulette la plus répandue en Égypte mais aussi dans le bassin méditerranéen1346.

1342 1343

1344

1345

1346

Ibid., p. 82 et fig. 83d-83e. Aucune n’a été mise au jour dans des contextes antérieurs à la phase 13. GERMOND 2005, p. 25. Sur le pouvoir apotropaïque de l’œil oudjat et son association avec l’œil solaire de Rê : DARNELL 1997. Par exemple, les amulettes en forme d’œil oudjat sont les plus nombreuses dans la ville de Mendès à la Basse Époque, après les amulettes de Thouéris : WILSON 1982, p. 30, pl. XXVIII n°1-6. À Naucratis où elles étaient produites, elles forment le type d’amulettes le plus commun sur le site : MASSON 2018, p. 10-11 et 68-70. HERRMANN et al. 2010, p. 124-129.

• 7469.2 (fig. 373 n°5) Dim. : L. 1,1, l. 0,9, h. 0,25 cm. Amulette en faïence, représentant un œil oudjat rectoverso1347. Elle est presque complète et porte des traces de brûlures sur une face. La glaçure est verte avec des détails de couleur rouge. Prov. : remblai de nivellement sous le premier niveau de circulation de rue SOL24 (phase 13). • 7314.1a (fig. 373 n°6) Dim. : L. 1,1, l. 0,8, h. 0,4 cm. Œil oudjat droit, en faïence, monté en perle. La glaçure noire marquant la pupille et le sourcil est très érodée. Prov. : remblai entre les sols SOL8 et SOL14 de la cour d’entrée de la maison VII (phase 13). • 7774.1 (fig. 373 n°7) Dim. : L. 5, l. 3,65, h. 0,7 cm. Œil oudjat en faïence bleue, dont la pupille est marquée en noir et le sourcil détaillé par de fines incisions diagonales. L’amulette est percée dans le sens de la longueur. Des exemplaires similaires ont été datés de la Basse Époque1348. Prov. : SOL30 de la maison VIII (phase 13). • 7210.2 (fig. 373 n°8) Dim. : L. 1,6, l. 1,2, h. 0,3 cm. Œil oudjat, monté en perle, légèrement fragmentaire. La faïence au cœur vert présente une surface blanche, érodée. Prov. : remblai situé sous le sol SOL4 de la maison VII (phase 13). • 7024.42 (fig. 98 et 373 n°9) Dim. : L. 0,7 à 0,9, l. 0,6 à 0,8, h. 0,2 à 0,4 cm. Le sol incendié de la réserve SOL1 a fourni de nombreuses amulettes, notamment des yeux oudjat simples et multiples. Un groupe d’yeux oudjat simples, 7024.42, est confectionné en pierres semi-précieuses diverses tels le quartz fumé et l’amazonite. Les Égyptiens considéraient que les pierres choisies pour confectionner certaines amulettes étaient elles-mêmes dotées de vertus magiques et protectrices1349. Ces yeux oudjat sont tous percés longitudinalement. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13).

1347

1348

1349

Exemplaires similaires : HERRMANN 2006, n°383-384, pl. LXXXIX. GERMOND 2005, p. 100-103, n°54-57. HERRMANN 2006, p. 193194, n°339-345, pl. LXXIX-LXXX. GERMOND 2005, p. 22-23. Voir aussi pour des yeux oudjat en pierres semi-précieuses : HERRMANN 2006, p. 219, n°417-418, pl. XCV.

LES ARTEFACTS

• 7000.9 (fig. 373 n°10) Dim. : h. 0,7 d. 0,7 cm. Petite perle en faïence bleu foncé, finement ouvragée, trouvée en surface du four FO1 (espace arrière de la maison VII). Il y a de fortes chances qu’elle appartienne aussi au sol incendié SOL1. De forme environ tubulaire, on dénombre trois yeux oudjat1350. Ces perles ajourées avec le motif d’œil oudjat apparaissent dès la XXIIe dynastie1351. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (?) (phase 13). • 7015.10 (fig. 96b et 374 n°1) Dim. : L. 5,5, l. 5, h. 1,8 cm. Amulette imitant la forme d’un quintuple œil oudjat. En faïence bleue, les détails, notamment les pupilles des yeux, sont peints en noir. Les amulettes en forme de quintuple1352 ou de quadruple1353 œil oudjat sont bien connues1354. Elles apparaissent dès la XXIIe dynastie1355 et sont bien attestées dans des contextes des XXVIe-XXXe dynasties1356. Prov. : couche de démolition-incendie recouvrant le sol SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13). • 7024.44 (fig. 98 et 374 n°2) Dim. : L. 1,2 à 1,8, l. 1 à 1,5, h. 0,35 à 0,55 cm. Lot de perles en faïence vert pâle. Elles représentent des quadruples yeux oudjat très schématisés1357. La glaçure est abimée par le feu. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13). 1350

1351

1352

1353 1354

1355

1356

1357

Pour une perle similaire, en faïence bleue, mais ne présentant que deux yeux oudjat voir : PETRIE 1914, p. 33 et pl. XXV, 140c. Petrie la date des XXIIIe-XXVe dynasties et la classe parmi les yeux oudjat multiples (ibid., p. 33). MÜLLER-WINKLER 1987, p. 98-100 et pl. XI n°207-209. CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 103-104, n°268. Exemples similaires datés de la XXVe dynastie : MÜLLERWINKLER 1987, pl. XI, n°210 ; HERRMANN et al. 2010, p. 129, n°50 ; HERRMANN 2016, p. 242, n°625. Voir par exemple : REISNER 1907, n°5812 à 5828 ; PETRIE 1914, p. 33 et pl. XXIV, 140e-140f ; MÜLLER-WINKLER 1987, p. 98-100 et pl. X-XI (part. pl. X n°192) ; HERRMANN 1994b, p. 704-709 ; ANDREWS 1994, n°46d. MÜLLER-WINKLER 1987, pl. X. Divers exemples d’yeux oudjat multiples illustrés dans HERRMANN et al. 2010, p. 31-38. SCHLICK-NOLTE, VON DROSTE ZU HÜLSHOFF 1990, p. 362-364 et 421-423 ; CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 102-104, n°270 et 272-274. WILSON 1982, pl. XXVIII n°6 (contexte d’habitat de la XXVIe dynastie) ; GIDDY 1992, pl. 48-52 (tombes datées des XXVIeXXXe dynasties) ; GIDDY 1999, pl. 18 n°172. Voir aussi les références dans : H ERRMANN 2006, p. 205-206, pl. LXXXVII-LXXXVIII. Diverses perles à quadruple œil oudjat ont été découvertes dans des tombes de la Basse Époque à Saqqarah : GIDDY 1992, pl. 49, 78/188, 78/223, 78/284, pl. 52, 78/21 et pl. 77, 78/188, 78/284, 78/21.

547

• 7052.3 (fig. 374 n°3) Dim. : L. 2, l. 1,6, h. 0,7 cm. Œil oudjat fragmentaire en stéatite (?) glaçurée, vert et rouge. Il est de facture grossière. Prov. : mur M23 du bâtiment I (sous-phase 14a). • 7368.1b et 7368.1c (fig. 374 n°4) Dim. de 7368.1b : L. 2,15, l. 1,8, h. 0,75 cm. Dim. de 7368.1c : L. 2,35, l. 1,95, h. 0,6 cm. Deux amulettes, en faïence bleu-vert, représentant un œil oudjat droit et un œil oudjat gauche. Elles ont été mises au jour dans le même contexte que les amulettes susmentionnées de Shou (7368.2) et Isis lactans (7368.1a). Elles présentent des détails en creux. Une bélière de suspension est située au-dessus du sourcil. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14). • 7433.1 (fig. 374 n°5) Dim. : h. 0,35, d. 0,95 cm. Perle-amulette en faïence, de forme circulaire, plate, au contour rayonnant. Elle est ajourée et un œil oudjat orne son centre. Cette perle a été découverte non loin de diverses amulettes et de très nombreuses perles. Des perles similaires sont connues dès la TPI1358. La glaçure bleu-vert est érodée. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14). • 7734.5 (fig. 374 n°6) Dim. : L. 1,7, l. 1,15, h. 0,8 cm. Perle fragmentaire en amazonite. Elle est percée dans le sens de la longueur. Sa forme fait penser à une amulette aux multiples yeux oudjat très stylisée. Des lignes incisées formant une sorte de quadrillage ornent le revers et l’avers de la perle. L’amazonite est une pierre semi-précieuse, de couleur turquoise et translucide, appartenant à la famille des feldspaths, qui a souvent été utilisée dans la confection d’amulettes. Cette pierre symbolise la vie éternellement renaissante1359. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14). • 7766.2 (fig. 374 n°7) Dim. : L. 1,4, l. 1,3, h. 0,6 cm. Petite amulette représentant un œil oudjat droit, en faïence blanche avec des détails marqués en noir1360. Elle est montée en perle. Prov. : comblement de la fosse F72 (Rue 3 - phase 14).

1358

1359 1360

MÜLLER-WINKLER 1987, pl. XII n°226-229 ; HERRMANN 2006, p. 199, n°361, pl. LXXXV. GERMOND 2005, p. 23. Exemples similaires : HERRMANN et al. 2010, p. 126, n°20-21.

CHAPITRE III

548

7024.44 L: 1,2-1,8 cm

7015.1

1. Quintuple oeil oudjat 7015.1 – © Cnrs-Cfeetk/ H. Zacharias

2. Quadruple oeil oudjat 7024.44 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°65766

7052.3 L: 2 cm

7368.1b-c L: 2,15-2,35 cm

4. Deux yeux oudjat 7368.1b et c – © Cnrs-Cfeetk/ cliché Y. Stoeckel n°74068, dessin H. Zacharias

3. Oeil oudjat 7052.3 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°67785

7433.1

7734.5

5. Oeil oudjat 7433.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°75662, dessin H. Zacharias

6. Multiple oeil oudjat stylisé (?) 7734.5 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché Y. Stoeckel n°103920, dessin H. Zacharias

7766.2

7. Oeil oudjat 7766.2 – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Chéné n°111568, dessin M. Abd el-Khassoul

7550.7

8. Oeil oudjat 7550.7 – © Cnrs-Cfeetk/cliché Y. Stoeckel n°103934, dessin H. Zacharias

Éch. dessin : 1/1

Fig. 374. Amulettes-5

LES ARTEFACTS

• 7550.7 (fig. 374 n°8) Dim. : L. 3,6, l. 2,3, h. 0,8 cm. Œil oudjat droit, légèrement fragmentaire, percé longitudinalement. Il est confectionné en faïence verte, avec la pupille et le sourcil rehaussés de noir. La glaçure est plutôt érodée. Prov. : comblement de la fosse F43 (Rue 1 ou 3 - phase 14). • LS 246 (fig. 375 n°1) Dim. : L. 1,5 à 1,7, l. 1 à 1,3 cm. Lot de trois yeux oudjat en faïence bleu turquoise. Il est possible qu’ils proviennent d’un même collier. Ce type d’œil oudjat, assez grossier, avec le sourcil et la pupille marqués en noir, est souvent daté entre la fin de la TPI et la Basse Époque1361. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?). • LS 265 (fig. 375 n°2) Dim. : L. 3,2, l. 2,8 cm. Quadruple œil oudjat en faïence verte avec quelques détails, notamment les pupilles, rehaussées de noir. La surface est particulièrement érodée et piquetée. Prov. : entre le rempart et la maison V ; fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13). • LS 273 (fig. 375 n°3) Collier composé de 23 yeux oudjat en faïence, la plupart avec une glaçure bleu turquoise. Le sourcil et la pupille sont le plus souvent marqués en noir. Aucun ne semble provenir du même moule. Les yeux oudjat sont plus ou moins détaillés1362. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?). • LS 415 (fig. 375 n°4) Dim. : L. 5,2, l. 5,4 cm. Fragment d’amulette appartenant à un large œil oudjat en faïence. Son sourcil est décoré de chevrons, tel qu’on peut le voir sur des yeux oudjat tardifs1363. Prov. : carré IX N 76 (dans les environs des maisons A et B) dans le quartier ptolémaïque (phase 14).

6.1.3.3. Couronne blanche La couronne blanche ḥḏt représente la couronne de la Haute Égypte. Alors que la couronne rouge symbolisant la Basse Égypte est utilisée comme amulette dès la PPI, la couronne blanche ne l’est que plus tardivement, pas avant l’époque saïte 1364. Nombre contextes égyptiens de la Basse Époque ont fourni de telles amulettes1365, tandis qu’elles se font plus rares dans le reste du monde méditerranéen1366. Les couronnes, de même que les sceptres, étaient considérées comme des « réceptacles de la puissance divine et royale »1367. • 7266.3 (fig. 375 n°5) Dim. : L. 1,1, l. 1,1, h. 2,1 cm. Couronne en faïence, légèrement fragmentaire dans ses parties haute et basse. La glaçure bleu turquoise est encore visible, quoique érodée1368. Prov. : abandon de la maison VII (phase 13).

6.1.3.4. Couronne d’Amon (?) La couronne d’Amon, composée de deux hautes plumes de faucon, peut constituer une amulette à part. Ces amulettes apparaissent pour la première fois à la Basse Époque1369 et sont encore attestées à l’époque ptolémaïque1370. • 7730.2 (fig. 375 n°6) Dim. : L. 1,8, l. 1,9, h. 0,9 cm. Amulette très fragmentaire en faïence bleue, surmontée d’une bélière de suspension. On peut y reconnaitre la partie supérieure d’une couronne à double-plume, peut-être celle d’Amon. Alternativement, il pourrait s’agir de celle du dieu memphite Nefertum1371, dont de larges figurines en faïence étaient produites au cours de la TPI et de la Basse Époque1372.

1364 1365

1366 1361 1362

1363

GERMOND 2005, p. 23 ; HERRMANN 2016, p. 406-409. Pour l’œil oudjat le plus finement détaillé, celui avec les sourcils ornés de chevrons, on connaît des parallèles datés de la fin de la TPI et de la Basse Époque : DUNHAM 1963, p. 33, fig. 24a (tombe datée de 701-664 av. J.-C.) ; GERMOND 2005, p. 102 n°56 (exemplaire de la Basse Époque). Les plus simples, formant la majorité du lot, sont bien attestés à la Basse Époque : H ERRMANN 2006, p. 190-191, n°327-331, pl. LXXVIII. HERRMANN 2006, p. 193-195, n° 339-347, pl. LXXIX-LXXXI, p. 209-213, n°393-400, pl. XCI-XCII (Basse Époque).

549

1367 1368

1369 1370 1371 1372

ANDREWS 1994, p. 74. Par exemple à Mendès, Tell Defenneh et Naucratis : WILSON 1982, p. 32 ; LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 60-61, pl. 22 ; MASSON 2018, p. 71, fig. 212. Quelques exemples sont attestés sur des sites grecs, phéniciens et puniques : VERCOUTTER 1945, p. 267, fig. 7 ; HERRMANN et al. 2010, p. 149, type 97 ; WEBB 2016, p. 67, pl. 11 n°2. GERMOND 2005, p. 22. D’après C. Andrews, les amulettes de couronne blanche sont toutes, sans exception, en faïence verte (ANDREWS 1994, p. 74). Mais Petrie en dénombre en faïence bleue et noire (PETRIE 1914, p. 17). ANDREWS 1994, p. 81, fig. 81a. FERRARI 1996, p. 58. HERRMANN et al. 2010, p. 56. MASSON 2018, p. 57, fig. 161.

CHAPITRE III

550

LS 265 L: 3,2 cm

LS 246 L: 1,5-1,7 cm

2. Quadruple oeil oudjat LS 265 – © Cnrs-Cfeetk/ C. Appfel n°114512

1. Trois yeux oudjat LS 246 – © Cnrs-Cfeetk/ C. Appfel n°114882

LS 273

0

5 cm

LS 415 L: 5,2 cm

3. Collier d’oeil oudjat LS 273 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6135

4. Fragment d’oeil oudjat LS 415 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°7065

7266.3

5. Couronne blanche 7266.3 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°72943, dessin H. Zacharias

7730.2

6. Fragment de couronne d’Amon (?) 7730.2 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché Y. Stoeckel n°103901, dessin H. Zacharias

Éch. dessin : 1/1

Fig. 375. Amulettes-6

LES ARTEFACTS

Ces figures, néanmoins, ne sont pas nanties de bélière de suspension sur le sommet. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14).

6.1.4. Parties du corps humain Les amulettes de cette catégorie n’ont été trouvées qu’en petit nombre et présentent, dans trois cas des yeux humains (à ne pas confondre avec l’œil oudjat) et, peut-être dans un dernier cas, un cœur. Les amulettes prenant la forme de parties du corps humain sont principalement issues de contextes funéraires. En effet, elles doivent avant tout assurer leurs fonctions pour le mort dans l’Autre Monde1373. Dans un contexte tel que le quartier des prêtres, ces amulettes étaient sans doute dotées d’autres fonctions. 6.1.4.1. Yeux humains L’œil humain apparaît comme amulette dès la V dynastie, mais il semble ensuite disparaître du répertoire des amulettes pour ne ressurgir qu’à la fin de la TPI-début de la Basse Époque, et notamment à travers des exemplaires présentant de multiples yeux1374. D’après Petrie, ces amulettes ont été produites jusqu’à l’époque romaine1375. Elles peuvent être de deux grands types, soit un œil simple, double ou encore triple, soit un disque convexe avec des colonnes d’yeux. Ces deux types sont représentés dans le répertoire des amulettes du secteur des prêtres. Selon C. Andrews, les disques couverts d’yeux humains seraient plus anciens et ne dateraient pas avant la XXVe dynastie1376 ; il considère plus récent le type présentant deux à trois yeux1377. Ces amulettes procurent au propriétaire ce que C. Andrews appelle « the power of sight » : elles améliorent la vision, notamment dans Au-delà1378. e

1373

1374 1375 1376

1377 1378

« All these forms were intended to endow their wearer by assimilation with their particular bodily functions, they could also act as substitutes in the Other World should those bodily parts or organs be damaged or even destroyed » (ANDREWS 1994, p. 69). Ibidem. PETRIE 1914, p. 9. ANDREWS 1994, p. 69-70, n°73a. Cet avis contredit Petrie qui pense que les deux types d’amulettes seraient caractéristiques des XXIIIe-XXVe dynasties (PETRIE 1914, p. 33 et pl. XXV, 140h-140j). ANDREWS 1994, p. 70. Ibid., p. 69.

551

• 7295.3 (fig. 376 n°1) Dim. : L. 1,75, l. 1,3, h. 0,4 cm. Amulette représentant deux yeux en symétrie irrégulière, recto-verso1379. Chaque œil présente une goutte de glaçure noire ; la glaçure de la faïence est très érodée. Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (phase 13). • 7732.1 (fig. 376 n°2) Dim. : L. 3,2, l. 3,1, h. 1,1 cm. Amulette de forme environ circulaire, présentant une surface plane et une surface convexe. Cette dernière est quadrillée en six espaces dans chacun desquels se trouve une colonne d’yeux (entre trois et quatre par section). Il reste peu de la surface glaçurée bleue de la faïence. Les pupilles et les bandes séparant les espaces sont marquées en noir. Cette amulette est montée en perle. Prov. : comblement de la fosse F61 (Rue 3 - phase 14). • LS 320 (fig. 376 n°3) Dim. : L. 5, l. 4,75, h. 1,5 cm. Amulette en faïence bleue, de forme grossièrement circulaire, avec une face convexe et une face plane. Elle est montée en perle. Le recto est orné d’une multitude d’yeux répartis en six cadres (entre trois et quatre par section). Les pupilles et les bandes séparant les espaces sont marquées en noir. Elle faisait partie des nombreux objets recueillis sur le sol incendié à l’arrière de la maison VI. Prov. : sol incendié à l’arrière de la maison VI du quartier des prêtres (phase 13).

6.1.4.2. Amulette de cœur Les amulettes de cœur1380 n’apparaissent qu’au Nouvel Empire1381. Il s’agit de l’amulette essentielle que l’on place sur la momie, du Nouvel Empire à la fin de la période pharaonique1382. • 7137.2 (fig. 376 n°4) Dim. : L. 0,5, l. 0,25, h. 0,9 cm. Petite amulette ou pendeloque en métal, avec de très légères traces d’or sur la surface. Elle semble prendre la forme d’un coeur ỉb1383. Prov. : abandon de la maison VII.

1379

1380

1381 1382 1383

Exemplaires proches : PETRIE 1914, pl. I, 4a-4b ; ANDREWS 1994, p. 70, n°73c (exemplaire de la Basse Époque). Notons qu’il s’agit plus de la forme du cœur d’un animal, mais celui-ci est utilisé pour représenter le cœur humain (ibid., p. 72). Ibid., p. 72. HERRMANN 2006, p. 226, n° 436, pl. XCIX. ANDREWS 1994, p. 72 ; HERRMANN et al. 2010, p. 133. Un exemplaire de pendeloque proche : GIDDY 1999, pl. 18 n°168.

CHAPITRE III

552

7295.3

7732.1

2. Yeux humains multiple 7732.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché Y. Stoeckel n°103957, dessin H. Zacharias

1. Yeux humains double 7295.3 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°75650, dessin H. Zacharias

LS 320

3. Yeux humains multiple LS 320 – © Cnrs-Cfeetk/C. Appfel n°114520, dessin A. Guillou

7024.19 h: 1,7 cm

7137.2

4. Pendeloque/amulette en forme de coeur (?) 7137.2 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°67752, dessin A. Guillou

7024.50 h: 1,8 cm

7066.7 h: 1,6 cm

5. Cauris trouvés sur le sol incendié de la réserve, recto-verso – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°65741-65742 Éch. dessin : 1/1

Fig. 376. Amulettes-7

LES ARTEFACTS

6.1.5. Autres types d’amulettes 6.1.5.1. Cauris Parmi les coquillages mis au jour, plusieurs appartiennent à la catégorie des cauris (Cypraea). Ces coquillages étaient considérés comme des amulettes et étaient utilisés comme tels de l’époque préhistorique à l’époque romaine1384, au moins. Les trois cauris (7024.19, 7024.50 et 7066.7) découverts sur le sol de la réserve incendiée de la maison VII (phase 13) revêtaient probablement une valeur protectrice (fig. 376 n°5). Rappelons que ce contexte a fourni maintes amulettes et de très nombreuses perles1385. 6.1.5.2. Pierres semi-précieuses « brutes » • 7024.31 et 7024.41 (fig. 96d et 377 n°1) Dim. 7024.31 : L. 2,4, l. 1,2, h. 1,5 cm. Dim. 7024.41 : L. 1,1, l. 0,6 cm. Deux améthystes percées dans leur partie la plus épaisse. La plus grande des deux présente une surface brute avec quelques traces d’usure, tandis que la surface de la petite améthyste est plutôt polie, ou très usée (usure du fait du porteur ?). L’améthyste est une pierre semi-précieuse particulièrement bien attestée dans la confection de scarabées et amulettes au Moyen Empire, surtout à la XIIe dynastie. Elle est rarement utilisée par la suite1386. Le scarabée découvert lors des fouilles du quartier des prêtres en 19701387 et ces morceaux d’améthyste montés en perle forment peut-être un témoin de la tendance archaïsante de la XXVIe dynastie. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13). • LS 322 (fig. 377 n°2) Dim. : L. 5,2, l. 5,3, h. 6,5 cm. Fragment de pierre bleue, probablement de l’amazonite, de forme irrégulière et en partie polie. Une colonne de texte est gravée dans une anfractuosité de la pierre. La pierre présente des cassures et certains signes nous échappe :

« Le dieu parfait, le maître [des trônes du Double-Pays ?], (cartouche évidé), aimé d’Amon-Rê [qui préside à / dans ? Karnak ». Le cartouche est comme creusé, le nom qu’il contenait autrefois délibérément effacé. Cette pierre a été trouvée sur le sol incendié de l’espace arrière de la maison VI1388. L’ajout d’inscription ou de décor incisé sur des pierres brutes est bien attesté sur des « galets » ou « billes de silex » (pebbles)1389. Ainsi que susmentionné avec le quadruple œil oudjat 7734.5, l’amazonite est régulièrement utilisée dans la confection d’amulette et symbolise la vie éternellement renaissante. Prov. : sol incendié à l’arrière de la maison VI du quartier des prêtres (phase 13).

6.2. CATALOGUE DES MOULES La découverte de moules témoigne de la production d’amulettes ou d’ornements dans le secteur. Dans la majorité des cas, ils ont été mis au jour dans des niveaux ptolémaïques. Les rares moules découverts lors des fouilles anciennes peuvent aussi être associés à cette période, confirmant l’activité artisanale au sein du quartier ptolémaïque. Leur nombre limité – une petite dizaine en tout – indique a priori une production d’échelle limitée, du moins d’après la partie fouillée du secteur1390. Mis à part un exemplaire en pierre qui a pu servir à la confection d’amulettes en métal, les moules sont façonnés en pâte alluviale et le motif a été appliqué dans l’argile avant cuisson, probablement par impression du positif. Les amulettes produites à partir de tels moules étaient essentiellement en faïence1391. Aucune amulette produite par ces moules n’a pu être identifiée. Les moules sont présentés selon les mêmes catégories que les amulettes. 1388

1389

nṯr nfr nb [nswt tꜢwy ?] […] mry ỉmn-rꜥ [ḫnty / m ?] ỉpt-swt 1390

1384

1385

1386 1387

PETRIE 1914, p. 27 et pl. XIV, 107 ; ANDREWS 1994, p. 42 ; HERRMANN 2006, p. 178, pl. LXX-LXXI ; HERRMANN et al. 2010, p. 123 ; HERRMANN 2016, p. 207-209, 388-391. Cauris et amulettes se trouvent souvent dans le même contexte : PETRIE, MACKAY 1915, pl. XXXII (tombe datée de la fin de la TPI) ; DUNHAM 1963, p. 14, fig. 11k, p. 42, fig. 28b (tombe datée de la fin du VIIIe-début VIIe s. av. J.-C.) ; GIDDY 1992, pl. 52, 78/u194a, pl. 77, 78/284 (tombes de la Basse Époque). KEEL 1995, p. 142-143. Supra, Chapitre III, § 2.1.4.1. Sceaux provenant des fouilles du quartier des prêtres en 1970.

553

1391

Les archéologues P. Anus et R. Sa’ad signalent l’objet dans leur article. Ils le décrivent comme « un galet vert gravé au nom d’Amon » : ANUS, SA’AD 1971, p. 235. Par exemple, à Amarna, dans les environs du village des ouvriers mais aussi dans la ville elle-même : STEVENS 2006, p. 210-212 (avec représentations de barques sacrées, d’un homme ou un roi (?) et inscription hiératique). À Deir el-Médineh dans des contextes funéraires : MESKELL 1999, p. 180. À Naucratis, ce sont plusieurs centaines de moules à amulettes qui ont été découverts dans les décombres de la Scarab Factory, dont les produits ont inondé le marché méditerranéen : MASSON 2018, p. 5. Sur la production d’amulettes à partir de ces moules : FRIEDMAN 1998, p. 17-18 et p. 51-52 ; HERRMANN et al. 2010, p. 16-20. Quelques exemples de moules à amulettes postérieurs au Nouvel Empire : PETRIE 1886, p. 36-37, pl. XXXVIII et MASSON 2018, p. 5-12 (Scarab Factory à Naucratis) ; WILSON 1982, p. 34, pl. XXXII (contexte d’habitat de la Basse Époque) ; SPENCER 1993, pl. 36, n°152-163 (contexte d’habitat de la TPI) ; GIDDY 1999, pl. 53-54. Voir aussi le catalogue de moules à amulettes : HERRMANN 2007.

CHAPITRE III

554

7024.41 h: 1,1 cm

7024.31 h: 2,4 cm

1. Améthistes brutes montées en perle 7024.31 et 7024.41 – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel et G. Pollin n°65740 et 67780-67782

LS 322 L: 5,2 cm

Éch. dessin : 1/2

2. Pierre bleue inscrite LS 322 – © Cnrs-Cfeetk/cliché A. Bellod n°6138, dessin H. Zacharias

7399.1 L: 1,9 cm

3. Moule avec représentation d’Amon 7399.1 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°75623-75624

7295.1 L: 2,2 cm

Éch. dessin : 1/1

4. Moule avec représentation de mouche 7295.1 – © CnrsCfeetk/cliché G. Pollin n°75647, dessin H. Zacharias

Fig. 377. Amulettes-8

LES ARTEFACTS

555

6.2.1. Divinités

6.2.2.2. Canidé

6.2.1.1. Amon

• 7389.1 (fig. 378 n°1) Dim. : h. 1,4, d. 2,5 cm. Moule complet en terre cuite. En creux se devine la forme d’un chien ou d’un chacal assis (1 cm de haut). Ce dernier est associé au dieu des morts Anubis1398. On réalisait des amulettes de ce type entre la XXVIe dynastie et l’époque romaine1399. Les amulettes de canidés sont plutôt rares1400. Prov. : remblai de nivellement dans le bâtiment J1401 (phase 14).

• 7399.1 (fig. 377 n°3) Dim. : L. 1,9, l. 1,2, h. 0,65 cm. Moule en terre cuite avec l’image du dieu Amon en creux. Debout et en position de marche, il tient un sceptre ouas à la main et porte une couronne à double-plume. L’arrière de l’objet est légèrement arrondi et grossièrement lisse. D’après la dépression ovale entourant la représentation d’Amon, le moule était utilisé pour la confection de bagues, plus précisément de chatons de bague1392. On en connaît de similaires1393. Les amulettes du dieu titulaire du grand temple de Karnak n’apparaissent pas avant la TPI1394. Elles restent rares, malgré la multiplication des amulettes à la Basse Époque, et sont souvent de grande qualité car elles sont soit modelées avec finesse, soit réalisées en métal précieux. Cela suggère à C. Andrews que les propriétaires de telles amulettes étaient au service de la divinité1395. Prov. : niveau de circulation de rue SOL21 (phase 13).

6.2.1.2. Indéterminé • LS 1210 Moule déjà publié1396 présentant le négatif d’un personnage (divinité ?) debout, difficile à identifier. Confectionné en « pierre jaune » et non en terre cuite, il a pu être utilisé dans la confection d’une amulette (ou figurine ?) en métal. Prov. : maison E du quartier ptolémaïque (cote de 78,25 m) (phase 14).

6.2.2. Monde animal 6.2.2.1. Mouche • 7295.1 (fig. 377 n°4) Dim. : L. 2,2, l. 1,8, h. 1,3 cm. Moule de forme ovoïde, en terre cuite très dure. Le négatif de l’objet prend la forme d’une mouche de 0,9 cm de longueur1397. Prov. : niveau de circulation de rue SOL22 (phase 13).

6.2.2.3. Poisson • 7734.2 (fig. 378 n°2) Dim. : L. 3,9, l. 3,2, h. 1,35 cm. Moule complet en terre cuite. Il présente une face bombée et une face où est bien lisible un motif de poisson en creux (2,2 cm de long). L’amulette devait être formée à l’aide de deux moules (bivalve) et était percée dans le sens de la longueur. Les amulettes en forme de poisson sont fréquentes en Égypte1402 et sont généralement associées au monde des morts puisque le poisson est lié à « l’idée du renouveau du cycle vital »1403. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14).

6.2.3. Symboles prophylactiques • 7734.1 (fig. 378 n°3) Dim. : L. 3,7, l. 4,2, h. 1,7 cm. Moule fragmentaire en terre cuite. Il devait servir à confectionner des amulettes de forme rectangulaire, ornées de multiples yeux oudjat. Ce moule était associé dans le même contexte que le moule décrit précédemment 7734.2.

1398

1399

1392

1393 1394

1395 1396 1397

Les bagues en faïence étaient réalisées à l’aide de deux moules, un pour le chaton et l’autre pour l’anneau. Les deux pièces étaient par la suite jointes avec un peu de pâte de faïence diluée. Voir par exemple les très nombreux exemplaires de moules pour bagues mis au jour à Amarna : PETRIE 1894, p. 16, 28-29 ; FRIEDMAN 1998, p. 222, n°106. HERRMANN 2007, n°53, pl. 1.II. ANDREWS 1994, p. 16. Exemples d’amulettes et moules à amulettes d’Amon : HERRMANN et al. 2010, p. 46. ANDREWS 1994, p. 16. LAUFFRAY 1995, p. 329-330, fig. 25. L’objet n’a pas été retrouvé. Amulettes en forme de mouche : ANDREWS 1994, fig. 48 ; HERRMANN et al. 2010, p. 108, part. n°3 pour un moule similaire provenant de Qantir (époque ramesside) ; HERRMANN

1400 1401

1402

1403

2016, p. 194-196 (divers exemplaires provenant du Levant et datés entre 1300 et 700 av. J.-C.). GERMOND 2005, p. 30. Amulettes représentant Anubis à tête de chacal : HERRMANN et al. 2010, p. 36. PETRIE 1914, p. 42 et pl. XXXVI, 197e et 197g. Voir aussi les références dans HERRMANN 2006, p. 66-67, n°28-35, pl. VIII-IX. HERRMANN et al. 2010, p. 97-98. Il a été découvert en surface de ce remblai où des traces d’épandages blancs et des restes d’une activité de débitage étaient visibles. REISNER 1907, p. 179 et pl XXII, n°12883 ; ANDREWS 1994, p. 92-93, n°93 ; HERRMANN 1994a, p. 160, pl. CXXII-CXXIII n°936-941 (amulettes en forme de poisson datées de la Basse Époque). Exemples de moules servant à confectionner des amulettes en forme de poisson : GIDDY 1999, p. 246, pl. 53 n°439 et p. 249, pl. 54 n°1167 ; HERRMANN 2006, p. 176-177, pl. LXIX ; HERRMANN et al. 2010, p. 113-115, part. n°3 (de Qantir, époque ramesside). GERMOND 2005, p. 33.

CHAPITRE III

556

Quelques moules pour œil oudjat multiple ont été découverts sur des sites tardifs1404. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2 - phase 14).

6.2.4. Autres types de moules • LS 373 (fig. 378 n°4) Dim. : L. 3,4, l. 2,8 cm. Moule en terre cuite permettant de réaliser des amulettes en forme de grappe de raisin (2,2 cm de long). Deux moules similaires étaient nécessaires pour leur confection. Les deux moitiés de la grappe étaient ensuite jointes grâce à une solution diluée de pâte de faïence1405. Les grappes de raisin étaient des amulettes fort répandues dès le Nouvel Empire1406, notamment en association avec des palais royaux où elles servaient de décor architectural symbolique, véhiculant des idées de régénération, royauté et divinité1407. Prov. : IX N c ; débris sur le rempart (phase ?). • LS 472a et 472b (fig. 378 n°5-6) Dim. LS 472a : L. 3,4, l. 3,1 cm. Dim. LS 472b : L. 3,7, l. 2,3 cm. Le cliché et les croquis accompagnant la fiche de ces deux moules en terre cuite ne sont pas très précis. La forme en négatif de LS 472a est difficile à identifier. LS 472b porte le négatif d’un objet rectangulaire mesurant environ 2,5 sur 1 cm1408. Prov. : carré IX N 68 ; maison F ou ruelle séparant les maisons E et F du quartier ptolémaïque (cote basse de 76,51 m) (phase 14 ?). • LS 545 bis (fig. 378 n°7) Dim. : L. 3,7, l. 3,8 cm.

1404

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1406

1407 1408

Par exemple, les niveaux IIA et IIC de Mendès, datés de la XXVIe dynastie ont fourni deux douzaines de moules environ, dont un moule pour œil oudjat multiple : WILSON 1982, p. 34, pl. XXXII n°1. Voir aussi des moules datés des XXIIe-XXVe dynasties : SCHLICK-NOLTE, VON DROSTE ZU HÜLSHOFF 1990, p. 423, n°468-471. Autres exemples publiés dans : HERRMANN et al. 2010, p. 128, n°35 et 38. FRIEDMAN 1998, p. 89 et 189-190, n°36-38 ; NICHOLSON 1993, p. 33, fig. 25. GIDDY 1999, p. 136 et 146, pl. 28-29 et 86 n°201, 560, 854, 862, 1366, 1406 et 1531 (amulettes), et p. 247, pl. 53 n°673 (moule à amulettes) ; HERRMANN 2006, p. 237, n°478, pl. CIII (exemplaire de l’époque perse) ; HERRMANN et al. 2010, p. 136, part. n°4 (moule provenant de Qantir, époque ramesside, très proche de LS 373) ; HERRMANN 2016, p. 281-283 (époque ramesside). FRIEDMAN 1998, p. 189-190 ; SPENCER 1982, p. 158. Un moule pour un objet de forme rectangulaire, découvert à Qantir et daté de l’époque ramesside, s’apparente assez à l’exemplaire de Karnak : HERRMANN 1985, p. 1283 ; HERRMANN et al. 2010, p. 158, n°6.

Moule en terre cuite permettant de réaliser un objet de forme environ semi-circulaire. Il pourrait s’agir d’une large empreinte de bague, d’après des parallèles connus ; ce moule permet de confectionner l’anneau de la bague seulement (pas le chaton)1409. Prov. : carré IX N 76 ; sur le rempart, à l’arrière de la maison A du quartier ptolémaïque (cote de 78,42 m) (phase 14 ?).

6.3. COMMENTAIRES L’examen des amulettes confirme la datation tardive des phases 13 et 14. En l’absence de chrono-typologie précise pour les amulettes égyptiennes1410, il est possible juste de noter que la plupart des amulettes du secteur n’apparaissent pas avant la TPI ou la Basse Époque, et que leur production se poursuit souvent à l’époque ptolémaïque, voire au-delà. Parmi les rares amulettes de la phase 12, la colonne ouadj est surtout en faveur à partir de la XXVIe dynastie ; ce type d’amulette est néanmoins connu dès le Nouvel Empire. Les amulettes sont rarement atypiques et appartiennent, pour l’essentiel, au répertoire des amulettes communes des époques tardives. Elles connaissent de nombreux parallèles provenant de contextes datés de la TPI à l’époque ptolémaïque. Les comparaisons avec des amulettes découvertes dans des habitats, comme à Mendès1411, Hermopolis1412 et Naucratis1413 démontrent que ces objets ne sont pas uniquement découverts dans des contextes funéraires. Quelques amulettes néanmoins revêtent un caractère particulier, sans doute imputable à leur découverte au sein du quartier des prêtres de Karnak. L’amulette représentant la tête d’un bélier jaillissant d’une colonne ouadj (7066.11), assez inhabituel, pourrait peut-être faire écho au titre de « grand prêtre-ouâb du pieu sacré d’Amon » mentionné sur de si nombreux scellés mis au jour dans divers niveaux de la phase 13. La pierre LS 322 forme une amulette des plus originales. Elle a été confectionnée dans un fragment de pierre semi-précieuse, l’amazonite, aux vertus magiques réputées. Ce fragment a été travaillé, poli, et a reçu une inscription qui a été manipulée dans un second temps pour ne 1409 1410 1411

1412 1413

GIDDY 1999, p. 250, pl. 54 n°1283 et 1326. CLERC 2014, p. 131. Habitat de la Basse Époque : WILSON 1982, p. 30-34, pl. XXVIII-XXXII. Habitat de la TPI : SPENCER 1993, p. 35-36, pl. 34-36. Au-delà des contextes de production, de nombreuses amulettes ont été mises au jour dans la ville ainsi que dans les sanctuaires grecs et égyptiens : MASSON 2018, p. 86-94.

557

LES ARTEFACTS

7734.2

7389.1

1. Moule avec représentation de canidé 7389.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°75657, dessin H. Zacharias

2. Moule avec représentation de poisson 7734.2 – © Cnrs-Cfeetk/ clichés Y. Stoeckel n°103955-103956, dessin H. Zacharias

7734.1

3. Moule pour oeil oudjat multiple 7734.1 – © Cnrs-Cfeetk/clichés Y. Stoeckel n°103953-103954, dessin H. Zacharias

LS 373 L: 3,4 cm

4. Moule pour grappe de raisin LS 373 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6410

LS 545 bis L: 3,7 cm

LS 472a L: 3,4 cm

5. Moule à amulette LS 472a – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6620

7. Moule pour bague (?) LS 545 bis – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6696

Fig. 378. Amulettes-9

LS 472b L: 3,7 cm

6. Moule à amulette LS 472b – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6620

Éch. dessin : 1/1

CHAPITRE III

558

garder que le nom d’Amon-Rê. Cette amulette prend son sens dans ce quartier de prêtres surtout dévoués à ce dieu. Le moule pour un chaton de bague où figure Amon (7399.1) supporte aussi cette idée. Ainsi que souligné plus haut, les amulettes d’Amon sont peu répandues même aux époques tardives où la production d’amulettes prolifère et celles-ci ont pu appartenir à des personnes au service de la divinité1414. Certains éléments, enfin, sont normalement plus affiliés au domaine funéraire qu’au domaine des vivants. C’est le cas notamment des amulettes figurant des parties du corps humain. Certes, le rôle joué par ces amulettes dépassait sans doute le monde funéraire. On est cependant en droit de se demander si leur présence pourrait s’expliquer, non pas par leur contexte d’utilisation, mais plutôt par leur possible production dans le secteur1415. La découverte de quelques moules indiquent la production d’amulettes et de bagues notamment à l’époque ptolémaïque. Leur nombre fort limité signale plus une production à échelle domestique que celle d’un complexe artisanal institutionnel qui serait associé au temple1416.

Bibliographie de l’étude des amulettes ANDREWS 1994 : C. ANDREWS, Amulets of Ancient Egypt, Londres, 1994. ANDREWS 2016 : C. ANDREWS, « A most uncommon amulet », in C. PRICE, R. FORSHAW, A. CHAMBERLAIN, P.T. NICHOLSON (éds), Mummies, magic and medicine in ancient Egypt : multidisciplinary essays for Rosalie David, Manchester, 2016, p. 95-101. ANUS, SA’AD 1971 : P. ANUS, R. SA’AD, « Habitations de prêtres dans le temple d’Amon de Karnak », Kêmi 21, 1971, p. 217-238. BOYCE 1989 : A. BOYCE, « Notes on the manufacture and use of faience rings at Amarna », Amarna Reports 5, Londres, 1989, p. 160-168.

1414 1415

1416

ANDREWS 1994, p. 16. La découverte de plusieurs ouchebtis dans le secteur des prêtres met en exergue cette particularité et leur présence soulève des questions similaires : infra, Chapitre III, § 7.2.2.1. Ouchebtis. À Amarna où des milliers de moules ont été mis au jour, la taille et le type d’organisation des diverses unités de production d’amulettes et d’ornements en faïence ont été appréhendés en fonction de la densité des moules découverts sur les sites prospectés : BOYCE 1989 ; BOYCE 1995 ; SHORTLAND 2000.

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CHAPITRE III

560 7. MOBILIER EN FAÏENCE

En plus des nombreuses amulettes et de quelques sceaux traités à part dans l’étude du mobilier, les niveaux datés de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque ont fourni divers éléments en faïence dignes d’intérêt.

avant tout caractéristique de l’époque saïte1419. La bouteille lenticulaire est munie de deux anses traitées de manière plastique, en forme de babouins accroupis1420. Le goulot présente une extrémité ombelliforme. Plusieurs registres concentriques de petits motifs incisés forment une collerette au niveau de l’épaule, imitant un pectoral égyptien (collier ousekh). Sur la tranche se détache une bande plate, sur laquelle est inscrite la formule propitiatoire traditionnelle1421. Un décor de rosettes incisées sépare les deux colonnes de texte suivantes :

7.1. VAISSELLE EN FAÏENCE La vaisselle en faïence fait partie du mobilier archéologique itératif des nouvelles fouilles du secteur des prêtres. Les exemplaires non diagnostiques ou trop fragmentaires pour permettre une restitution de leur forme originelle ne sont pas pris en compte. Dans cette présentation typologique sont intégrés quelques spécimens découverts lors des fouilles des années 1970, connus à travers les archives du centre et parfois retrouvés dans les réserves de Karnak1417. La présence de casettes (saggars) dans une des maisons du quartier ptolémaïque – au même titre que les moules à amulettes présentées dans le chapitre précédent – indique qu’une partie du mobilier en faïence était produit localement. 7.1.1. Formes fermées 7.1.1.1. Gourdes du Nouvel An Une première catégorie de forme fermée en faïence qu’il convient d’examiner concerne les gourdes du Nouvel An. Plusieurs exemplaires, la plupart très fragmentaires, ont été mis au jour au cours des nouvelles et anciennes fouilles. • 7024.1 (fig. 379) Dim. : L. 13,5, l. 8,7, h. 14,4 cm. Exemplaire complet mais déformé par l’incendie qui a ravagé la salle de stockage située à l’arrière de la maison VII. Il est réalisé en faïence vert pomme, une couleur bien attestée à la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque1418, mais

ỉmn mwt ḫnsw wp rnpt nfr n nb.s « Qu’Amon, Mout et Khonsou inaugurent un début d’année parfait à son possesseur »

mnṯw nb wꜢst wp rnpt nfr n nb.s « Que Montou maître de Thèbes inaugure un début d’année parfait à son possesseur ». S’accordant à l’usage, ce sont les divinités locales qui sont invoquées1422 : d’un côté la triade thébaine, de l’autre, Montou, maître de Thèbes. Prov. : SOL1, réserve incendiée à l’arrière de la maison VII (phase 13). • 7513.1 (fig. 380 n°1) Dim. : L. 3,1, l. 2,9, h. 0,4 cm. Fragment en faïence de couleur vert pomme présentant un décor de cercles concentriques contenant des motifs géométriques, différents à chaque registre. Ce morceau de collerette s’apparente à celle de l’exemplaire précédent. Prov. : démolition-abandon de la maison VIII (phase 13). • 7288.8 (fig. 380 n°2) Dim. : L. 5,1, l. 4,8, h. 0,4 cm. Fragment en faïence verdâtre à jaunâtre, orné d’un registre de gouttelettes rayonnantes, entre des lignes concentriques. Il s’agit de la partie inférieure de la collerette de la gourde. Ce décor est moulé et le motif est en relief dans le creux. 1419

1420

1421

1417

1418

Ces éléments conservés au Cheikh Labib A ont été documentés lors d’une mission d’étude menée en octobre 2012. Certains spécimens mentionnés dans les anciennes publications n’ont pas été identifiés à ce jour dans les réserves de Karnak. Voir notamment un « fragment d’un bol, faïence bleue » (LS 1183), un « fragment de faïence avec motif floral vert sur fond noir » (LS 1205) et « amas de fragments de poteries glaçure vert véronèse et bleu céruleum, dont un couvercle » (LS 1134) : LAUFFRAY 1995, p. 308, 330. KACZMARCZYCK, HEDGES 1983, p. 148-149.

1422

NICHOLSON 1993, p. 39 ; CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 138. Le babouin est une des formes du dieu Thot, le « Babouin Vivant ». Ce dieu est associé au comput du temps et au renouveau du pouvoir royal pendant le festival du Nouvel An : KEIMER 1947, p. 8-9 ; GOYON 1986 ; 2013. BLANQUET 1992, p. 52 ; CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 147. Les gourdes provenant de la Basse Égypte se réfèrent volontiers à la triade memphite, Ptah, Sekhmet et Néfertoum, et quelquefois à Neith : VON BISSING 1902, n°3741-3743 (exemplaires de Saïs et de San el-Hagar). Amon-Rê, le principal dieu égyptien révéré à Naucratis depuis la XXVIe dynastie, est mentionné sur un exemplaire découvert et produit à Naucratis : MASSON 2014, p. 3 et 7, fig. 4. À Karnak-Nord, ont été découverts des fragments de gourde avec les noms de Ptah et Sekhmet, peut-être en rapport avec le temple de Ptah voisin : CHRISTOPHE 1951, p. 65-66.

561

LES ARTEFACTS

7024.1

Gourde du Nouvel An 7024.1 – © Cnrs-Cfeetk/clichés G. Pollin n°67736, 67739, 67745-67746, dessin H. Zacharias

Éch. dessin : 1/2

Fig. 379. Faïence-1

CHAPITRE III

562

7513.1 L: 3,1 cm

1. Gourde du Nouvel An 7513.1 – © Cnrs-Cfeetk/ Y. Stoeckel n°103933

7288.8 L: 5,1 cm

2. Gourde du Nouvel An 7288.8 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°89750

7809.1 L: 3,25 cm

7734.9 L: 2,2 cm

3. Gourde du Nouvel An 7734.9 – © Cnrs-Cfeetk/ Y Stoeckel n°103926 Y.

4. Gourde du Nouvel An 7809.1 – © Cnrs-Cfeetk/ C. Appfel n°115332

LS 806 7666.1 D: 4,3 cm

5. Gourde du Nouvel An 7666.1 – © Cnrs-Cfeetk/ cliché G. Pollin n°111587, dessin G. Caron

0

5 cm

6. Gourde du Nouvel An LS 806 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Bellod n°7066

Éch. dessin : 1/2

Fig. 380. Faïence-2

LES ARTEFACTS

La glaçure est abîmée, essentiellement conservée dans les creux du motif central. Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F17 de la maison VII (phase 13). • 7734.9 (fig. 380 n°3) Dim. : L. 2,2, l. 1,8, h. 0,45 cm. Fragment arborant le décor typique d’une collerette de gourde du Nouvel An, à savoir des cercles concentriques aux registres décoratifs variés. La glaçure a entièrement disparu. Prov. : premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (phase 14, Rue 2). • 7809.1 (fig. 380 n°4) Dim. : L. 3,25, l. 2, h. 0,4 cm. Fragment affichant partiellement les deux registres inférieurs de la collerette d’une gourde du Nouvel An. Le décor est moulé et le motif est en relief dans le creux. La glaçure est complètement érodée. Prov. : comblement de la fosse F69 (phase 14 avant reconstruction du bâtiment J à la sous-phase 14b) • 7666.1 (fig. 380 n°5) Dim. : h. 2,1, d. 4,3 cm. Bouchon ombelliforme. La partie supérieure est convexe tandis qu’un décor de pétales de lotus finement détaillé orne l’envers. Il présente un percement central dans le sens de la hauteur, mesurant 0,6 cm de diamètre. La glaçure a disparu. Prov. : comblement de la tranchée de fondation du mur M64 du bâtiment J (phase 14, sous-phase 14a). • LS 806 (fig. 380 n°6) Exemplaire complet, excepté le goulot qui n’est pas préservé. Le haut du corps lenticulaire est décoré de quelques registres concentriques de petits motifs incisés. Sur la tranche se détache une bande plate ornée de croisillons, à la place de la formule propitiatoire habituelle. La confection semble plutôt grossière. La gourde, découverte lors des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque, a été fichée comme provenant du carré IX O 91. Elle proviendrait soit du dégagement de la surface du rempart, soit à l’est de celui-ci. Prov. : carré IX O 91 ; au niveau du rempart ou à l’est du rempart (phase ?).

naient l’eau de l’inondation, aux vertus régénératrices et purificatrices1424. Ces flasques moulés constituent généralement des éléments de datation assez appréciables. D’après l’évolution de leur forme et de leurs décors1425, les exemplaires découverts dans le secteur des prêtres seraient caractéristiques de la XXVIe dynastie, particulièrement du VIe siècle av. J.-C.1426. Ce type de gourde est, en effet, souvent associé à des contextes de l’époque saïte1427, et apparemment surtout des règnes d’Apriès et d’Amasis1428. Lorsque des cartouches sont gravés sur leur panse, il s’agit toujours soit de pharaons de la XXVIe dynastie (Psammétique Ier et II, Apriès et surtout Amasis) soit de la divine adoratrice Ânkhnesnéferibrê qui a vécu à la même époque1429. Enfin, les exemplaires découverts hors d’Égypte semblent tous provenir de contextes datés des VIIe-VIe s. av. J.-C.1430. Quelques exemplaires similaires ont néanmoins été découverts en Égypte dans des contextes postérieurs. Par exemple, une gourde du Nouvel An a été mise au jour à ‘Ayn Manâwîr dans un contexte d’époque perse ; certes, dans la publication, on parle d’un « objet précieux plus ancien thésaurisé »1431. Mais, depuis cette première découverte, la présence de fragments de gourde est régulièrement attestée dans des niveaux du premier quart du IVe siècle1432. Parmi les gourdes fragmentaires de la Zone 7, certaines ont été mises au jour dans des contextes relativement récents. Le fragment 1424

1425

1426

1427

Les gourdes du Nouvel An formaient un cadeau propitiatoire que les anciens Égyptiens offraient au moment de l’inondation du Nil, au festival du Nouvel An1423. Aussi, est-il souvent supposé qu’elles conte1428 1429 1423

La fonction des gourdes du Nouvel An est discutée dans : BLANQUET 1992, p. 52 ; CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 148 ; FRIEDMAN, BORROMEO, LEVEQUE 1998, p. 229 ; MASSON 2014, p. 7.

563

1430 1431 1432

GOYON 1972, note 72 ; SCHNEIDER 1999, p. 72. Voir néanmoins d’autres hypothèses pour leur contenu : STAMPOLIDIS 2003, p. 493 (parfums ou onguents pour des gourdes mises au jour à l’extérieur de l’Égypte) ; CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 151 (traces de miel identifiées pour le contenu d’une gourde, peut-être réutilisée). Sur l’évolution de la forme et des décors des gourdes du Nouvel An : CLERC et al. 1976, p. 242-243. Le corps des gourdes datées du VIIe s. av. J.-C. présente généralement une scène associée à l’univers des marais ou à une représentation d’Hathor sous la forme de vache, un type particulièrement bien attesté sur des sites de Grèce de l’Est : HÖLBL 2005, p. 116, fig. 16. Voir par exemple, à Tell el-Yehudiyeh des bouteilles du Nouvel An trouvées avec un scarabée portant le nom de Psammétique : PETRIE 1906, p. 19 et pl. XXI. Une gourde du Nouvel An, provenant de Tell Marqula, était associée à un sceau portant le cartouche de Psammétique : YAMANI 2002, p. 425. On peut citer une gourde du même type, provenant d’un niveau incendié de Karnak-Nord, datée de la XXVIe dynastie : CHRISTOPHE 1951, p. 9-10, pl. V. Contextes de la Basse Époque à Mendès : WILSON 1982, p. 32-33, pl. XXX n°3. BLANQUET 1992, p. 52. CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 148-151, n°398. Ibid., p. 151. WUTTMANN et al. 1996, p. 429-430. Pour cinq exemplaires de gourde découverts dans les niveaux perses de ‘Ayn-Manâwir, voir MATHIEU 2001, p. 503.

CHAPITRE III

564

de collerette 7734.9 provient du premier niveau de démolition-remblaiement de la rue (Rue 2) et le bouchon de gourde 7666.1 a été recueilli dans la tranchée d’un mur appartenant au bâtiment J. Le matériel céramique tend à dater ces contextes entre la fin de la Basse Époque et le début de l’époque ptolémaïque. Au vu des récentes observations sur la pérennité de cet objet, il convient de ne pas les considérer automatiquement comme des contaminations anciennes. En revanche, le fragment 7809.1, découvert dans une fosse postérieure à la sous-phase 14a, l’est sans doute.

• 7619.1 (fig. 381 n°2) Dim. : h. 9, d. 7,6 cm. Vase découvert en plusieurs petits fragments très abîmés, mais dont la forme remontée est quasi-complète. Le corps du vase est globulaire, terminé par une petite base annulaire. La matrice de la pâte est moyennement fine. La glaçure, de couleur bleue ou verte, a presque totalement disparu. Le corps a été formé autour d’un cœur composé d’herbe ou de tiges de roseau, et dont les empreintes sont visibles sur la surface intérieure du vase. Cette technique de fabrication est bien attestée en Égypte1436. Prov. : comblement de la fosse F51 du bâtiment J (phase 14).

7.1.1.2. Autres formes fermées

7.1.2. Formes ouvertes

Si l’on excepte les gourdes du Nouvel An qui appartiennent à un groupe commun et assez standardisé, les autres formes fermées en faïence sont rares. La première que l’on peut dater de la Basse Époque (période perse probablement) est remarquable car elle copie la forme d’un lécythe attique.

Les formes ouvertes en faïence découvertes lors des fouilles récentes proviennent exclusivement des niveaux ptolémaïques. Le corpus se compose essentiellement de coupelles au bord convexe, monochrome et sans décor, un type commun à l’époque ptolémaïque1437. Les coupelles convexes munies de lèvres amincies, d’une base annulaire et de facture soignée, comme 7430.15, 7373.3 et 7571.1 (fig. 382 n°3, 5 et 7), sont surtout produites au début de l’époque ptolémaïque1438. Leur version un peu plus grossière, tel 7351.5 (fig. 382 n°4), semble se perpétuer tout au long de la période1439. Les rares éléments enregistrés lors des fouilles des années 1970 seront présentés à la suite.

• LS 256 (fig. 381 n°1) Dim. : h. 18, d. bord 1,9 cm. « Cruche » de très belle qualité, en « faïence très fine d’une couleur jaune virant sur le vert »1433. Sa contenance serait de 810 cm3 selon la fiche-objet. Le vase présente une base annulaire très fine, un corps cylindrique allongé et des épaules arrondies. Le goulot étroit se termine par une embouchure légèrement évasée et l’anse est ornée dans sa partie inférieure d’une palmette moulée raffinée. La forme et le décor de palmette reproduit relativement fidèlement un lécythe attique (squat lekythos) de l’époque classique, pas avant la fin du Ve-début du IVe siècle av. J.-C. À notre connaissance, il n’existe aucun parallèle précis à cet élégant conteneur dans le corpus de la vaisselle égyptienne en faïence. Toutefois, un lécythe en calcite a été mis au jour à Naucratis1434 et un autre en bronze, dont le profil s’apparente assez au spécimen de Karnak, a été découvert à Thônis-Héracleion1435. La transposition de formes étrangères dans un matériau différent est un phénomène ordinaire pour les copies. D’après la fiche-objet, le lécythe a été mis au jour entre le rempart et la maison IV, sans préciser le type de contexte (sol, remblai, fosse dépotoir…). Sa date plutôt tardive suggère néanmoins qu’il ne provient pas d’un niveau d’occupation de la phase 13 du quartier. Prov. : carré IX N 71 ; espace arrière de la maison IV du quartier des prêtres (phase ?).

1433 1434 1435

ANUS, SA’AD 1971, p. 226 et fig. 13. MASSON 2015, p. 6, fig. 8. Spécimen daté entre la Basse Époque et l’époque ptolémaïque : GODDIO, FABRE 2008, p. 171 et 325, n°224.

• 7373.2 (fig. 382 n°1) Dim. : h. 3,5, d. 11 cm. Bord d’un petit bol, probablement peu profond, reconstitué à l’aide de plusieurs morceaux. Il est doté d’une lèvre convexe, rentrante et de parois épaisses. La pâte de la matrice est plutôt grossière. Une glaçure bleu clair couvre les surfaces extérieure et intérieure. Prov. : comblement de la fosse F44 (phase 14, Rue 3).

1436 1437

1438 1439

WEBB 2015, p. 3-4, fig. 5. Il s’agit d’une version plus ou moins grossière du type T3.1a dans NENNA, SEIF EL-DIN 2000, p. 48, fig. 9. Voir aussi divers bols à la lèvre plus ou moins rentrante et aux parois plus ou moins convexes découverts à Memphis : NENNA 2013, fig. II.23, F-440, F-738, F-2111 et F-614. Les coupelles simplement glaçurées prédominent à hauteur de 70% dans le répertoire de la vaisselle en faïence de l’époque ptolémaïque à Tell el Herr : NENNA 2007, p. 272. Ibid., p. 272 et 274, fig. 214, cat. 10-12. Ibid., p. 272 et 274, fig. 214, cat. 13-14 ; THOMAS 2017, p. 8-9, fig. 15.

565

LES ARTEFACTS

LS 256

1. Lécythe LS 256 – © Cnrs-Cfeetk/dessin A. Masson-Berghoff (d’après ANUS, SA’AD 1971, fig. 13), cliché A. Bellod n°5669

7619.1

2. Vase globulaire 7619.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou

Éch. dessin : 1/2

Fig. 381. Faïence-3

CHAPITRE III

566 Fouilles 2001-2006

7373.2

7732.48

2

1

7430.15

7351.5

3

4

7373.3

5

7476.1

7571.1

6

7

Fouilles 1970-1971

LS 321-60

0

LS 273

3 cm

0

3 cm

9

8

LS 1194

LS 367

0

5 cm

11

10

Formes ouvertes en faïence – © Cnrs-Cfeetk/dessins A. Masson-Berghoff, clichés L. Moraillon n°126189-126191 Éch. dessin : 1/2

Fig. 382. Faïence-4

LES ARTEFACTS

• 7732.48 (fig. 382 n°2) Dim. : h. 4,5, d. 10 cm. Coupelle fragmentaire d’un type similaire au spécimen précédent. Elle est également réalisée dans une pâte de matrice plutôt grossière et une glaçure de couleur bleu clair couvre ses surfaces. Prov. : comblement de la fosse F61 (phase 14, Rue 3). • 7430.15 (fig. 382 n°3) Dim. : h. 2,3, d. 14 cm. Bord de coupelle à la lèvre rentrante, légèrement amincie et aux parois fines. Elle est manufacturée dans une pâte assez fine. Une glaçure bleu turquoise couvre ses surfaces. Prov. : comblement de la fosse F13 (phase 14, avant reconstruction du bâtiment J à la sous-phase 14b). • 7351.5 (fig. 382 n°4) Dim. : h. 2,5, d. 14 cm. Coupelle au bord convexe légèrement rentrant et à la lèvre amincie. Elle est réalisée dans une pâte de matrice moyennement fine. Ses surfaces présentent une glaçure de couleur bleu-vert. Prov. : remblai sablo-limoneux recouvrant le bâtiment J (phase 14). • 7373.3 (fig. 382 n°5) Dim. : h. 3,1 ?, d. 12 cm. Haut d’une petite coupelle peu profonde qui se termine par une lèvre rentrante, légèrement pincée et marquée à l’intérieur1440. La matrice de la pâte est assez fine. La glaçure de couleur bleu turquoise est bien préservée. Prov. : comblement de la fosse F44 (phase 14, Rue 3). • 7476.1 (fig. 382 n°6) Dim. : h. 2,3, d. (base) 8,5 cm. Fond renforcé complet d’une coupe ou d’un plat. Cette vaisselle est réalisée dans une pâte à la matrice assez grossière. Sa glaçure, très abîmée et de couleur bleu turquoise, recouvre les surfaces extérieure et intérieure, excepté la surface extérieure du fond. Prov. : comblement de la fosse F51 (phase 14, avant reconstruction du bâtiment J à la sous-phase 14b). • 7571.1 (fig. 382 n°7) Dim. : h. 1,8, d. 8,1 cm. Base annulaire. La matrice de la pâte est plutôt fine. La glaçure de couleur bleu turquoise est très érodée et uniquement visible sur la surface extérieure. De ce fait, il est difficile de déterminer s’il s’agit de la base d’une coupe ou d’une forme fermée. Prov. : remblais dans le bâtiment J (phase 14, en relation avec la sous-phase 14a du bâtiment J).

• LS 321-60 (fig. 382 n°8)1441 Dim. : h. 4,5, d. 5 cm. Gobelet fragmentaire au fond plat et parois très légèrement évasées. La matrice de la pâte est assez grossière et la glaçure bleu turquoise est relativement abimée sur les surfaces extérieure et intérieure. De par son contexte de découverte, il est possible de dater ce gobelet de la transition entre les époques saïte et perse1442. Mais de telles formes se perpétuent à l’époque ptolémaïque1443. Prov. : carré IX N 60 ; maison V ou VI du quartier des prêtres (phase 13). • LS 273 (fig. 382 n°9) Dim. : h. 2,4, d. 7,5 cm. Coupelle fragmentaire, unique dans le corpus de vaisselle en faïence du secteur. Les détails, moulés en creux, lui donne l’aspect d’une ombelle ouverte. Réalisée dans une pâte à la matrice plutôt fine, ses surfaces sont recouvertes d’une glaçure bleu turquoise. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?). • LS 367 (fig. 382 n°10) Dim. : h. 3,9, d. 12 cm. Coupelle convexe, peu profonde et à fond renforcé1444. Les parois sont épaisses terminées par une lèvre amincie et la matrice de la pâte est plutôt grossière. Une glaçure bleu turquoise recouvre ses surfaces. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase ?). • LS 1194 (fig. 382 n°11) Dim. : h. 3,7, d. 8 cm. Coupelle à fine base annulaire et au large bord légèrement souligné, recomposée à partir de plusieurs morceaux. Elle est manufacturée dans une pâte à la matrice assez fine. La glaçure, de couleur bleu turquoise, est bien préservée. Prov. : carré IX N 68 dans le quartier ptolémaïque (phase 14).

7.1.3. Couvercles • 7373.21 (fig. 383 n°1) Dim. : h. 3,6, d. 20 cm. Couvercle fragmentaire à fort ressaut interne. Le rebord, droit et bien saillant, se dissocie de la calotte légèrement convexe. La transition est également soulignée par une fine double-rainure. Il est manufacturé dans une pâte de matrice 1441

1442

1443

1444 1440

NENNA, SEIF EL-DIN 2000, p. 48, T1.

567

Publié comme céramique dans ANUS, SA’AD 1971, p. 234, fig. 19. Un lointain parallèle est fourni par un encrier en faïence bleu turquoise, découvert à Memphis, possédant des parois plus épaisses que LS 321-60 : NENNA 2013, p. 243, fig. II.15, F-153. Gobelet de profil similaire mais au diamètre plus important THOMAS 2017, p. 9, fig. 19. NENNA, SEIF EL-DIN 2000, p. 48, T3.1a ; NENNA 2007, p. 272 et 274, fig. 214, cat. 13-14 (époque ptolémaïque).

7373.21

1. Couvercle 7373.21 – © Cnrs-Cfeetk/A. Guillou

7284.1

2. Couvercle 7284.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°72863, dessin A. Guillou

LS 50 D: 9 cm

LS 257 D: 6,8 cm

3. Couvercle LS 50 – © Cnrs-Cfeetk/L. Moraillon n°126163

4. Couvercle LS 257 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5639 Éch. dessin : 1/2

Fig. 383. Faïence-5

LES ARTEFACTS

moyennement grossière. La glaçure bleu turquoise, de qualité moyenne, recouvre ses surfaces. Prov. : comblement de la fosse F44 (phase 14, Rue 3). • 7284.1 (fig. 383 n°2) Dim. : h. 1,3, d. 6,5 cm. Couvercle complet de petit format, rond, avec un passant ménagé par un fil de préhension et une base circulaire plate. Un parallèle daté de la XXXe dynastie provient du Bâtiment aux papyrus de Tanis1445. La qualité de la faïence est plutôt moyenne avec une surface assez irrégulière qui a tendance à s’écailler. La glaçure bleu-vert n’est pas appliquée de manière homogène. Prov. : comblement de la fosse F21 (phase 14, Rue 3). • LS 50 (fig. 383 n°3) Dim. : h. 1,2, d. 9 cm. Couvercle presque complet, de profil similaire à 7284.1 décrit ci-dessus. Il est cependant de format légèrement plus grand et manufacturé dans une faïence de meilleure qualité, avec une matrice assez fine. La glaçure bleu turquoise est érodée. La fiche-objet de LS 50 a disparu. D’après son numéro d’inventaire, le couvercle provient des fouilles du quartier des prêtres menées en 1970 ; son contexte précis de découverte demeure inconnu et rien n’indique qu’il provienne des niveaux XXVIe-XXVIIe dynasties du secteur. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?). • LS 257 (fig. 383 n°4) Dim. : h. 1,3, d. 6,8 cm. Couvercle découvert dans le quartier des prêtres (IX N a), sans plus d’indication. Il s’apparente de plus près encore au couvercle 7284.1, et, d’après les mesures indiquées sur la fiche-objet, il est quasiment du même format. La couleur de sa glaçure est inconnue. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970 (phase 13 ?). • LS 1170 Couvercle « en faïence bleue avec anneau de préhension » connu par un dessin publié par J. Lauffray1446. Prov. : fouille du quartier ptolémaïque en 1971 (phase 14 ?).

pourvu de deux pièces à usage artisanale. Une pièce était munie d’un foyer de forme carrée rempli de cendres et aux parois internes fortement calcinées, l’autre d’une structure en forme de U et de banquettes situées le long des murs. Trois casettes – ou saggars – de forme ronde ont été recueillies sur le sol de la cage d’escalier, sous la soupente. Les saggars sont des céramiques industrielles permettant la cuisson homogène et conjointe de plusieurs vaisselles en faïence, tout en évitant les désagréments de la cendre et de la fumée1448. Leur surface intérieure était couverte d’un émail noir ou bleu azur. L’une d’elles, retrouvée dans une des réserves de Karnak, conserve encore les restes d’un bol en faïence bleu turquoise (fig. 384 n°3). La casette, confectionnée en pâte alluviale, mesure environ 23 cm de diamètre et 13 cm de hauteur. L’empreinte d’une étoffe est visible sur un enduit recouvrant la surface de la casette. Le dessin publié d’une seconde casette permet de reconstituer un diamètre de 54 cm et une hauteur de 24 cm environ1449. Sa fabrique n’est pas spécifiée dans l’article. Plusieurs parallèles de saggars ronds sont fournis par la fouille du trésor de Thoutmosis Ier à Karnak-Nord1450. Ils proviennent de niveaux datés de la XVIIIe dynastie, notamment des niveaux de la boulangerie et du couloir de l’atelier 20. D’autres saggars, de forme rectangulaire, ont été recueillis dans les niveaux de la phase ptolémaïque du secteur du trésor1451. Comme pour notre exemplaire, un tissu de trame fine a laissé une empreinte sur l’enduit recouvrant la surface de la casette. Les résidus au fond de ces saggars, qu’ils soient ronds ou rectangulaires, ont permis de déterminer qu’ils ont servi à la production d’éléments en faïence1452 et non de verre1453. D’après l’étude approfondie d’un atelier de faïence daté de l’époque impériale à Kom Helul (à Memphis)1454, il existe deux grands types de casettes ou saggars1455. Le premier – type 12 – mesure 50 cm de diamètre en 1448

7.1.4. Production locale de vaisselle en faïence Lors des fouilles du quartier ptolémaïque en 1971, des installations et du matériel en relation avec la production de vaisselle en faïence ont été découverts dans la maison B, dite « maison de potier » (fig. 384 n°1-2)1447. Le rez-de-chaussée de la maison B était

1449

1450 1451 1452 1453

1445 1446 1447

BOVOT, LEDAIN, ROUSSEL 2000, p. 305, pl. XXI, B et C. LAUFFRAY 1995, p. 306, fig. 3. Ibid., p. 316.

569

1454 1455

NICHOLSON 2013, p. 79 et 93. Voir aussi les fragments de saggars avec des restes de glaçure à l’intérieur découverts lors d’une prospection à Terenouthis dans le Delta, datés aux alentours des Ier-IIe s. ap. J.-C. : NENNA, SEIF EL-DIN 1999, p. 79. LAUFFRAY 1995, fig. 10, LS 1152. La casette retrouvée dans une réserve de Karnak possède un numéro d’inventaire similaire, mais elle est définitivement différente de celle publiée par J. Lauffray. JACQUET-GORDON 2012, p. 132-133, fig. 58l, pl. XVf-h. Ibid., p. 323, fig. 134n, pl. XVj-l. Ibid., p. 133 et 323. Des spécimens similaires trouvés à Amarna et Qantir ont été identifiés comme des moules pour lingots de verre : REHREN, PUSH 1997 ; NICHOLSON, JACKSON, TROTT 1997. NICHOLSON 2013. Ibid., p. 81-82. Voir aussi : NICHOLSON 2011.

CHAPITRE III

570 N 81,07

81,03 80,15

4 1

80,70

80,26 80,97

80,23

ostraca LS 1217

79,83

80,06

2

80,16

6

80,29

3

80,89

5

80,28 79,00

77 81,03 80,96

Légende: 1: courette 2-3: salles à usage artisanale 4: escalier à deux volées (saggars découverts sous la soupente) 5: foyer carré rempli de cendres 6: structure en U

1. La maison B dite maison du potier - Éch. 1/100 – © Cnrs-Cfeetk/plan d'après Lauffray 1995, fig. 8

0

2. Vue de l’angle sud-est de la maison B – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6354

Fig. 384. Faïence-6

10 cm

3. Saggar découvert dans la maison B – © Cnrs-Cfeetk/L. Moraillon n°126180-126181

LES ARTEFACTS

moyenne, pour une hauteur de 26 cm en moyenne. Une fine couche vitreuse blanchâtre (chaux) est souvent visible à l’intérieur. Les casettes de ce type étaient destinées à la cuisson en biscuit des vases en faïence. Le deuxième – type 3 – est de petite taille, le plus souvent aux alentours de 30 cm de diamètre, pour 13 cm de hauteur environ en moyenne. Ses parois internes et la paroi externe du fond sont généralement couvertes de glaçure bleue et verdâtre indiquant son usage dans le cadre de la cuisson de la glaçure. Les deux types de saggar pouvaient être réutilisés plusieurs fois avant d’être jetés1456. Ces deux étapes de cuissons semblent être représentées dans le mobilier archéologique de la maison B, puisque les deux formats de casette sont présents. Les restes de glaçure décrits pour l’intérieur des trois casettes pourraient néanmoins indiquer que la grande casette a pu aussi être utilisée pour la seconde étape de cuisson1457. Le four qui a fort probablement servi à la cuisson des vaisselles en faïence dans la maison B est une structure en briques crues de forme rectangulaire, mesurant environ 1,25 m (N-S) sur 1.50 m (E-O) (en 5 sur le plan fig. 384 n°1). Ses dimensions internes sont d’environ 0,65 m (N-S) sur 0.85 m (E-O). Une hauteur d’au moins 1,28 m peut être restituée entre le sommet préservé du four (z : 80,28 m) et la « sole [( ?) (z : 79,00 m) qui était] accessible par un portillon ouvert dans le côté est »1458 (niveau sur lequel les archéologues se sont arrêtés). Sa construction s’apparente possiblement à celles des fours examinés à Kom Helul1459 et le mode opératoire pour la production de la faïence est sans doute relativement similaire1460. Cependant, la structure n’atteint pas tout à fait la taille de ces fours1461 et 1456

1457

1458 1459

1460

1461

Les saggars de type 3 n’étaient sans doute pas réutilisés de nombreuses fois du fait de l’accumulation de la glaçure à l’intérieur des saggars au cours des cuissons successives. C’est ce qui explique pourquoi parfois des restes de vaisselles en faïence restaient collés à l’intérieur, comme dans le cas de LS 1152 : NENNA, NICHOLSON 2013, p. 144, fig. 7.6 et pl. 7.3. À Kom Helul, les saggars de grand format – type 12 – sont aussi parfois utilisés pour une première glaçure de la vaisselle : NICHOLSON 2013, p. 96-97. LAUFFRAY 1995, p. 316. NICHOLSON 2013, p. 65 : les fours à Kom Helul sont construits « en creusant un trou profond dans le niveau de sol, puis en construisant une tour environ carrée à l’intérieur. La tour en briques crues forme à proprement parlé le four ». La chaine opératoire de la production de la vaisselle en faïence (de la matière première à la cuisson) telle qu’elle peut être reconstruite à partir des éléments mis au jour à Kom Helul est discutée dans : NENNA, NICHOLSON 2013, p. 134-145. Par exemple, un premier four fouillé par W.M.F. Petrie mesure 1,82 m de côté, tandis qu’un second four fouillé, analysé et reconstitué par l’équipe dirigée par P.T. Nicholson mesure

571

l’échelle de production est fort différente, avec une production plutôt limitée dans la maison B contre une production de masse à Kom Helul. M.-D. Nenna et P.T. Nicholson ont suggéré qu’il n’existait que des petits ateliers produisant des amulettes et des pièces simples dans la plupart des sites d’habitat de toute taille pour la majeure partie de l’époque pharaonique et que ce ne serait qu’avec l’époque romaine que la production de faïence serait devenue une entreprise plus spécialisée1462. D’une certaine manière le cas du quartier ptolémaïque supporte leur postulat. 7.2. OBJETS EN FAÏENCE Cette section présente diverses catégories d’objets confectionnés en faïence qui n’appartiennent pas à la catégorie des amulettes, traitée à part dans le chapitre précédent1463. 7.2.1. Sistre Le sistre est un instrument de musique sacré, associé au culte de diverses déesses égyptiennes, particulièrement Hathor, Bastet et Sekhmet1464. Des exemplaires confectionnés en faïence font leur apparition à la XXIIe dynastie et connaissent une longue production jusqu’à l’époque ptolémaïque (au moins IIIe siècle av. J.-C.)1465. Les manches portent parfois un nom royal1466, notamment à la Basse Époque1467. • 7209.1 (fig. 385 n°1) Dim. : L. 2,8, l. 2,2, h. 9,4 cm. Élément en faïence bleu turquoise pâle, dans un état de conservation plutôt médiocre. Seule la partie inférieure, de forme presque tubulaire et de section oblongue, est conservée. Aucune inscription ni décor n’est visible. Cet élément pourrait correspondre au manche d’un sistre1468, mais son caractère fragmentaire ne permet pas d’en être sûr. Un fragment de cet instrument rituel, en métal cuivreux, a été identifié dans un contexte ptolémaïque du quartier1469. Prov. : abandon de la maison VIII (phase 13).

1462 1463 1464

1465 1466 1467 1468 1469

1,6 m de côté. Sur les fours de Kom Helul : NICHOLSON 2013, p. 59-77. NENNA, NICHOLSON 2013, p. 133. Supra, Chapitre III, § 6. Amulettes. Sur les sistres : HICKMANN 1949, pl. 60-61 ; ZIEGLER 1979, p. 40-44 et 51-52 ; ZIEGLER 1984 ; PINCH 1993, p. 143-146. CAUBET, PIERRAT-BONNEFOIS 2005, p. 145. Ibid.., p. 145-146, n°394. Le pharaon est dit « aimé d’Hathor » : PINCH 1993, p. 146. FRIEDMAN, BORROMEO, LEVEQUE 1998, p. 215-216. Infra, Chapitre III, § 8.3.2. Éléments provenant de contextes fin Basse Époque et ptolémaïques.

572

CHAPITRE III

Ech. E Ec ch. h ddessin: esssi es sinn:: 11/2 sin: si /2

7209.1

1. Manche de sistre (?) 7209.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°67741, dessin A. Guillou

7708.2

2. Ouchebti 7708.2 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°90917, dessin H. Zacharias

Éch. dessin : 1/1

Fig. 385. Faïence-7

LES ARTEFACTS

7.2.2. Figurines en faïence 7.2.2.1. Ouchebtis Les ouchebtis sont normalement essentiellement réservés au domaine funéraire1470 et leur présence dans ce quartier d’habitation au sein d’un sanctuaire est assez énigmatique. Diverses explications sont néanmoins envisageables et nous les exposerons après avoir présenté les quelques exemplaires découverts aux cours des fouilles du secteur. • 7708.2 (fig. 385 n°2) Dim. : h. 7,7, l. 1,6, ép. 1,4 cm. Ouchebti complet bien que brisé en deux morceaux, moulé, en faïence monochrome bleu clair et anépigraphe. Le personnage, debout, momiforme, s’appuie contre un pilier dorsal et repose sur un petit socle. Il porte une perruque tripartite unie, une barbe postiche recourbée. Ses mains tiennent des outils difficiles à déterminer du fait de leur faible relief. Il s’agit peut-être d’une houe et d’un pic, comme il est de règle à la Basse Époque1471 ; il tient aussi un sac à graines, suspendu à une épaule et qui apparaît dans son dos1472. L’ouchebti reposait sur un gros fragment de grès recouvrant SOL41, premier niveau de sol de la pièce D de la maison VIII. Prov. : remblai ou abandon entre les sols SOL40 et SOL34 de la maison VIII (phase 13). • 7288.10 (fig. 386 n°1) Dim. : h. 3,2, l. 1,7, ép. 0,85 cm. Ouchebti préservé du buste aux genoux. La figurine momiforme est manufacturée en faïence bleu très pâle. La glaçure est très endommagée. Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F17 (phase 13). • 7705.2 (fig. 386 n°2) Dim. : h. 2,3, l. 2, ép. 2,2 cm. Pieds d’une figure momiforme reposant sur un petit socle rectangulaire. La faïence présente une glaçure bleu-vert de qualité médiocre, poreuse et irrégulière. Prov. : comblement de la fosse F77 (phase 14, Rue 3). • 7362.1 (fig. 386 n°3) Dim. : h. 4,7, l. 2, ép. 2 cm. Partie inférieure d’un ouchebti muni d’un pilier dorsal et d’un socle. De facture supérieure comparé aux autres spécimens, sa glaçure est bien conservée et de couleur bleu turquoise. Prov. : niveau de remblai dans la rue (phase 14, Rue 4).

1470

1471 1472

Sur les ouchebtis voir par exemple : AUBERT, AUBERT 1974 ; 2005 ; BOVOT 2003. Ibid., p. 28. Sur l’équipement de l’ouchebti : ibid., p. 31.

573

• 7362.2 (fig. 386 n°4) Dim. : L. 2,1, l. 1,9, h. 1,65 cm. Pieds d’un ouchebti reposant sur un socle. Le départ d’un pilier dorsal est visible. La pâte blanche de la faïence est assez grossière et couverte d’une glaçure bleu turquoise assez abîmée. Prov. : niveau de remblai dans la rue (phase 14, Rue 4). • 7362.3 (fig. 386 n°5) Dim. : h. 2, l. 1,7, ép. 1,2 cm. Fragment de figurine à la surface glaçurée bleu turquoise érodée. Il provient du même contexte que les deux derniers exemplaires présentés et appartient probablement aussi à un ouchebti. Prov. : niveau de remblai dans la rue (phase 14, Rue 4). • 7597.2 (fig. 386 n°6) Dim. : h. 3,5, l. 3,5, ép. 2,3 cm. Buste d’un ouchebti, laissant apparaître la partie inférieure d’une perruque tripartite et une longue barbe postiche. Les bras sont croisés sur la poitrine, les mains serrés. Un étroit pilier dorsal est visible à l’arrière. La pâte comme la glaçure bleu-vert clair sont de médiocre qualité. De nombreuses aspérités sont discernables en surface. Prov. : niveau de remblai dans la rue (phase 14, Rue 4). • 7380.3 (fig. 387 n°1) Dim. : h. 4,8, l. 5,4, ép. 3 cm. Partie supérieure d’un ouchebti en faïence bleu-vert très endommagée, notamment au niveau du visage. Il porte une perruque tripartite et une longue barbe postiche. La surface est érodée et piquetée. Prov. : décapage (phase 14, Rue 4). • LS 384 (fig. 387 n°2) Dim. : h. 6 cm (d’après les indications de la fiche-objet). Ouchebti fragmentaire en faïence verte, a priori anépigraphe. Le personnage est debout, momiforme. Il porte une perruque et une longue barbe postiche. Il tient dans ses mains deux outils, probablement une houe et un pic. Un sac à graines est peut-être suspendu à une épaule de l’ouchebti, mais en l’absence de vue arrière, il ne s’agit que d’une proposition basée sur la comparaison avec l’ouchebti 7708.2 qui présente l’équipement usuel d’un ouchebti tardif. Prov. : fouille du quartier ptolémaïque en 1971 (phase 14 ?).

Les ouchebtis de la Basse Époque arborent généralement une belle couleur vert olive ou présentent un bleu très clair, alors qu’à l’époque ptolémaïque, ils peuvent être en faïence bleu-vert ou encore de couleur bichrome1473. Ce dernier cas n’est pas illustré parmi les ouchebtis de Karnak, même s’il faut prendre en compte 1473

Ibid., p. 33.

CHAPITRE III

574

7705.2 h: 2,3 cm

2. Ouchebti 7705.2 – © Cnrs-Cfeetk/ Y. Stoeckel n°103943-103944 7288.10 h: 3,2 cm

1. Ouchebti 7288.10 – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°115200

7362.2 h: 2 cm

4. Ouchebti 7362.2 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°75592-75593

7362.1 h: 4,7 cm

3. Ouchebti 7362.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75587-75588

7362.3 h: 2 cm

5. Ouchebti 7362.3 – © Cnrs-Cfeetk/ G. Pollin n°15596-75597

7597.2 h: 3,5 cm

6. Ouchebti 7597.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°90921-90923

Fig. 386. Faïence-8

7380.3 h: 4,8 cm

LS 384 h: 6 cm

1. Ouchebti 7380.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°75589

2. Ouchebti LS 384 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6404

7510.1

3. Tête d’une figurine masculine 7510.1 – © Cnrs-Cfeetk/clichés G. Pollin n°90952-90954, dessin A. Guillou

LS 498 L: 6 cm

4. Figurine ithyphallique allongée LS 498 – © Cnrs-Cfeetk/ L. Moraillon n°126161-126162

LS 1179 h: 4,2 cm

5. Figurine ithyphallique jouant de la harpe LS 1179 – © Cnrs-Cfeetk/croquis de la fiche objet Éch. dessin : 1/1

Fig. 387. Faïence-9

576

CHAPITRE III

l’aspect très fragmentaire de certains spécimens. Le pilier dorsal visible sur tous les exemplaires décrits ci-dessus est un « élément systématiquement présent de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque »1474, tandis que le petit socle sur lequel ils reposent est considéré comme une marque tardive des ouchebtis1475. Pour la plupart d’entre eux, la qualité assez médiocre de leur confection, notamment le fait que la surface de la faïence soit piquetée, pourrait être un indice en faveur d’une datation ptolémaïque1476. Le style de l’ouchebti 7708.2 semble cependant le rapprocher d’ouchebtis datés de la XXVIe à la XXXe dynastie1477. L’ouchebti est un élément généralement associé aux contextes funéraires, bien qu’il arrive qu’il soit exceptionnellement déposé comme offrande ou découvert en contexte domestique1478. La présence de serviteurs funéraires dans ce secteur plutôt résidentiel du temple d’Amon soulève dès lors des questions. La découverte d’un crâne humain dans la petite structure ST13, à l’entrée de la maison VIII est peut-être à mettre en relation avec l’ouchebti 7708.21479. De même l’ouchebti LS 384, mis au jour en 1971, pourrait être associé aux deux squelettes humains trouvés lors de la fouille de la maison B du quartier ptolémaïque1480. L’hypothèse que cet ouchebti provienne de cette sépulture est des plus séduisantes, mais son contexte de découverte est malheureusement très imprécis. De plus, à ces deux

spécimens s’ajoutent un fragment d’ouchebti découvert dans un niveau de dépotoir de la maison VII, ainsi que six fragments provenant de niveaux de rue à la phase ptolémaïque du quartier1481. En l’absence de tombes à proximité, les quelques ouchebtis découverts dans la citadelle de Kom Firin, à l’ouest du Delta, ont été interprétés comme les produits d’un atelier local1482. N. Spencer suggère que ces ouchebtis, datés de l’époque saïto-perse, ont pu être produits en même temps que des vaisselles en faïence. La production de vaisselle et d’amulettes en faïence est attestée dans le secteur des prêtres par la présence de saggars et de moules à amulettes. Peut-être était-ce le cas aussi des ouchebtis. À Naucratis, des ouchebtis étaient fabriqués dans le même atelier qui produisait en masse scarabées et bien d’autres types d’amulettes, mais aussi des perles et des éléments de vaisselle en faïence et bleu égyptien1483. Des moules pour produire des ouchebtis, amulettes et perles ont été mis au jour conjointement dans le temple de Kawa en Nubie1484. Enfin, une boite d’ouchebtis, datée entre la fin de la XXIe-début de la XXIIe dynastie, mentionne un artisan, du nom de Padiamun, qui aurait produit des ouchebtis dans le domaine d’Amon1485. Si l’interprétation de cette inscription est correcte, elle documenterait la production d’ouchebtis dans le sanctuaire d’Amon à Karnak dès le début de la TPI et une telle production aurait très bien pu se perpétuer par la suite.

1474

7.2.2.2. Figurines diverses en faïence

1475

1476 1477

1478

1479

1480

Ibid., p. 24. D’après H.D. Schneider, le pilier dorsal est particulièrement caractéristique des ouchebtis de la Basse Époque : SCHNEIDER 1977, p. 57-70. Il s’agirait d’une indication probable d’une datation basse XXIXe-XXXe dynastie : AUBERT, AUBERT 2005, p. 43 et 50. Ibid., p. 153. Voir par exemple les ouchebtis de Néferibrêemheb (Louvre N 3459) et d’Horemakhbit (Louvre N 3471) : BOVOT 2003, p. 45. Voir aussi ceux découverts dans des tombes de la Basse Époque à Saqqarah (XXVIe-XXXe dynasties) : GIDDY 1992, p. 75-76, pl. 58-59 et pl. 81, n°77/87, 79/22, 79/28. La faïence des exemplaires de Saqqarah est également piquetée. « Hormis les serviteurs trouvés dans les dépôts votifs de Memphis, d’Hermopolis ou d’Abydos, les statuettes étaient destinées à accompagner le défunt dans sa maison d’éternité […] » : BOVOT 2003, p. 37. Voir aussi : MARTIN 1973, pl. 7 (ouchebti d’Ankh-Hor découvert à Saqqarah Nord) ; WEBB 2016 (discussion sur des ouchebtis offerts en ex-votos ou utilisés comme talismans dans le monde méditerranéen). Sur l’utilisation d’ouchebtis en contexte domestique : WILLEMS 2009. Sur cette découverte : supra, Chapitre I, § 3.2.2.1. Corps principal du logis de la maison VIII. Une des pièces de la maison B est construite sur une butte de remblai dans laquelle C. Traunecker a noté deux squelettes, un adulte et un adolescent. J. Lauffray explique que « le maître d’œuvre de la maison devait connaître leur existence puisqu’il a pris le soin de faire enjamber la butte par la maçonnerie au lieu de la raser » : LAUFFRAY 1995, p. 316.

• 7510.1 (fig. 387 n°3) Dim. : L. 1,95, l. 1,85, h. 1,35 cm. Petite tête appartenant à une figurine masculine en faïence bleue. L’émail bleu a quasiment disparu. Sa coiffe est assez finement détaillée par des incisions profondes. Prov. : abandon de la maison VIII (phase 13). • LS 498 (fig. 387 n°4) Dim. : L. 6 cm. Figurine en partie recomposée à partir de plusieurs fragments, représentant un personnage nu, ithyphallique, allongé sur une base rectangulaire. Son phallus est de taille démesurée. La tête est manquante ainsi que la partie inférieure de ses jambes. La glaçure bleu turquoise est fort endommagée. Cette figurine s’apparente à quelques exemplaires d’Harpocrate 1481

1482 1483 1484 1485

Cinq sur les six proviennent de niveaux préparatoires à la reconstruction des bâtiments I et J (phase 14b). SPENCER 2014, p. 178, pl. 547-549. MASSON 2018, p. 77-79. GRIFFITH 1922, p. 87-89, pl. XVII. L’inscription sur cette boite, conservée au Musée du Caire (TR 15.12.25.18/SR 7723), est discutée dans MINIACI 2014.

LES ARTEFACTS

(Horus l’enfant) ithyphallique en faïence mis au jour par exemple à Naucratis1486 et dans la région memphite1487. Ces parallèles sont datés du début de l’époque ptolémaïque. De nombreuses variantes de ce type sont documentées dans le répertoire des figurines en terre cuite et en calcaire. Ces figurines associés à des idées de fertilité et de régénération sont particulièrement populaires dans le Delta, bien que quelques occurrences soient connues en Haute Égypte1488, y compris dans le secteur des prêtres1489. Prov. : carré IX O 81 (probablement phase 14); ensemble H à l’est du rempart (cote de 75,60 m). • LS 1179 (fig. 387 n°5) Dim. : L. 4, l. 1,8, h. 4,2 cm. Figurine en faïence verte représentant un homme jouant d’une harpe triangulaire, qui repose sur son phallus à la taille démesurée. Il s’agit d’une des variantes des figurines d’Harpocrate discutées ci-dessus. Prov. : carré IX N 68 ; favissa II située dans la ruelle entre les maisons D et E (cote de 79,20 m).

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1486

1487 1488

1489

Figurine en faïence bleu turquoise, datée de la fin du IVe-IIIe s. av. J.-C., British Museum 1886,0401.1495. Voir aussi MASSON 2018, p. 55-56. DERCHAIN 1981, pl. 25 n°1074. Figurine provenant d’un contexte du IIIe s. av. J.-C. : SZYMAŃSKA 1999, p. 76-77, fig. 6. Supra, Chapitre III, § 5. Sculptures et modèles de sculpteurs.

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CHAPITRE III

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LES ARTEFACTS

8. MOBILIER MÉTALLIQUE La majorité des objets en métal ont été découverts lors des anciennes fouilles menées en 1970 et 1971. Mis à part un assemblage d’éléments en argent et un ustensile en plomb, ils sont généralement manufacturés en cuivre ou alliage cuivreux, que nous désignons ici par le terme générique de « bronze » en l’absence d’analyse compositionnelle. Certains ne sont connus que par d’anciens clichés entrainant des difficultés pour les décrire avec précision. Le contexte de découverte est également quelquefois vague. Ces éléments d’une grande diversité constituent néanmoins des témoignages importants de la culture matérielle des habitants ainsi que des fonctions de ce secteur au cours de la Basse Époque et de l’époque ptolémaïque1490. 8.1. MONNAIES ET LINGOTS Cette section présente les monnaies et lingots mis au jour dans des contextes de la Basse Époque du quartier des prêtres, ainsi que deux des rares monnaies d’époque ptolémaïque découvertes lors des fouilles anciennes. En sus de leur intérêt chronologique, ces éléments sont parfois révélateurs de la qualité ou des charges de certains habitants du quartier1491.

est un statère thraco-macédonien, mesurant 1,7 cm de diamètre et pesant 9 g. Elle conserve sur l’avers l’image de deux personnages en pied, une Ménade (à gauche) entraînant un Silène, normalement ithyphallique. Le revers représente un carré inclus en swastika. La deuxième pièce (LS 326 B) est typique de Mendé en Chalcidique, mesure 2,1 cm de diamètre et pèse 14 g1496. Sur son avers figure un âne ithyphallique, portant un oiseau du genre pique-bœuf sur le dos, tandis qu’un carré inclus en ailes de moulin orne son revers. Les petits morceaux et lingots d’argent sont de poids et de formes divers. Les monnaies étant originaires de Grèce du Nord, il est possible d’envisager une provenance similaire pour les autres éléments en argent1497. Prov. : carré IX N 60 ; chambre 1 de la maison V, à 2,30 m de profondeur d’après la fiche-objet.

Bien que le monnayage apparaisse à la XXVIe dynastie dans le bassin Méditerranéen, son introduction en Égypte semble plus tardive et son usage plus limité1498. Jusqu’à présent, les premières attestations de monnaies en Égypte datent de l’époque perse, et il s’agit surtout de monnaies grecques ou de copies1499. Comme dans le cas du trésor de la maison V, ces monnaies archaïques sont généralement découvertes associées à des morceaux et lingots d’argent de toute forme1500. Cette association est typique des trésors appelés Hacksilber datant

8.1.1. Trésor d’argent • Le « sac de monnaies » LS 326 (fig. 388 n°1-2)1492 Trésor comprenant soixante-quatorze fragments d’argent, dont deux monnaies1493. La fiche-objet indique que les éléments sont en « argent allié de cuivre » car le métal était « couvert de concrétions vertes » à son arrivée au laboratoire. Leur nettoyage néanmoins a fait complètement disparaitre ces concrétions1494. Toujours selon la fiche-objet, l’ensemble pèse 1224 g, l’équivalent en unités égyptiennes d’environ 100 beqa ou de 13 deben1495. La première pièce (LS 326 A)

1490 1491 1492

1493

1494

1495

Aucun élément ne peut être attribué à la phase TPI du quartier. Ces trésors sont discutés en détail dans MASSON 2016. Fiche-objet LS 326, mais anciennement LS 20. En 2003, nous avons retrouvé ce trésor dans les réserves du Caracol (magasin situé dans l’enceinte du temple de Karnak). Il a été déplacé en 2007 dans les nouveaux magasins d’Abou Djoud. Je suis redevable au Professeur Olivier Picard (Paris IVSorbonne) pour l’identification des deux monnaies. Je tiens à le remercier de son aide et de sa disponibilité. Si une analyse scientifique du métal devait être menée dans le futur, elle devra tenir compte de cette restauration qui a sans doute altéré la (supposée ?) teneur en cuivre du métal. Le beqa est un standard égyptien associé à la pesée de l’or et autre métal précieux, dont la valeur située environ entre 12 et

579

1496

1497

1498

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1500

13 g, est restée très stable entre l’époque prédynastique et 300 avant notre ère : COUR-MARTY 1985, p. 194 ; LASSEN 2000, p. 233. L’unité de mesure pour l’argent-métal en Égypte était cependant plus souvent le deben : VLEEMING 1980, p. 1211. Le deben se situe aux alentours de 90-95 g, normalement 91 g : COUR-MARTY 1990. D’après O. Picard, elle devrait peser 17 g. Le poids de 14 g, étrangement bas, est peut-être en partie dû à la restauration. D’autres origines sont néanmoins possibles. Par exemple, l’analyse de fragments d’argent provenant d’un trésor découvert à Éléphantine – Hacksilber de seulement 39,45 g – a pu déterminer une grande similarité dans sa composition avec l’argent de l’île de Siphnos dans les Cyclades : NOESKE 1993, p. 205. Voir aussi les analyses isotopiques conduites par Z. Stós-Gale sur plusieurs morceaux d’argent provenant du Hacksilber de Tel Miqneh-Éqron (VIIe s. av. J.-C.) et dont les résultats démontrent la présence d’argent provenant de différentes sources : STÓS-GALE 2001. Sur les différentes mines d’argent exploitées au cours des périodes archaïque et classique : KASSIANIDOU 2012, p. 245-246. Les spécialistes émettent généralement l’hypothèse que l’Égypte a dû frapper monnaie pour payer ses mercenaires étrangers : DAUMAS 1977, p. 431-432 ; BOLSHAKOV 1992, p. 9 ; PICARD 2012 ; FAUCHER, FISCHER-BOSSERT, DHENNIN 2013, p. 160-163. BOARDMAN 1994, p. 166-167. L’auteur note également que le tétradrachme athénien se diffuse largement dans le bassin oriental de la Méditerranée au cours de la seconde moitié du Ve siècle. NICOLET-PIERRE 2005, p. 10.

LS 326 A

LS 326 B

Éch. dessin : 1/1 1. Monnaies de Grèce du Nord – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, clichés C. Apffel n°114799

Éch.: 1/2

0

2 cm

2. Trésor d’argent LS 326, découvert dans la maison V du quartier des prêtres – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°114799

Fig. 388. Métal-1

LES ARTEFACTS

entre les VIe et IVe siècles et dont la présence est bien documentée en méditerranée orientale1501. Dans une société qui, à cette époque, n’est pas monétarisée, le lingot d’argent pesé y reste la forme standard de la monnaie utilisée1502. Les deux monnaies du trésor de la maison V ont probablement été frappées au tout début du Ve siècle av. J.-C. Les trésors monétaires, datant d’avant la conquête d’Alexandre le Grand et dont la provenance précise en Égypte est connue, ont été exclusivement mis au jour en Basse Égypte1503, excepté l’imposant trésor découvert à Assiout en Moyenne Égypte1504. La présence de ce trésor en Haute Égypte est donc exceptionnelle. Le contexte précis de cette découverte demeure malheureusement inconnu. Provient-il d’un niveau de sol ou s’agit-il d’un trésor caché dans les décombres de la maison V abandonnée ? Dans tous les cas, les monnaies grecques de ce trésor constituent un bon terminus pour le quartier à la phase 13, soit vers 500-480 av. J.-C. Si le trésor provient d’un niveau de sol, il pourrait alors témoigner soit de la fortune personnelle de l’habitant de la maison V, soit de la fonction administrative de ce secteur du temple et du rôle de gestionnaire de certains prêtres y vivant1505. Cette dernière hypothèse est corroborée par la découverte de trois ensembles de lingots et morceaux d’alliage cuivreux lors des nouvelles fouilles, discutés ci-dessous. Deux de ces trésors de « bronze » proviennent de niveaux d’occupation et non de cachettes. 8.1.2. Trésors de « bronze » Trois ensembles de lingots et morceaux a priori en cuivre ou alliage cuivreux, définis ici comme du bronze, ont été mis au jour lors des nouvelles investigations menées à l’est du lac Sacré. En l’absence d’analyse du métal et de restauration, la description et l’interprétation de ces ensembles se révèlent délicates. Les indications de poids sont à utiliser avec précaution, car la forte corrosion de certains éléments a dû altérer le poids initial. Le matériau est lui-même sujet à caution puisque de l’argent contenant un taux important de 1501

1502 1503 1504 1505

Sur les Hacksilber : BALMUTH 2001 ; KROLL 2003 ; KASSIANIDOU 2012, p. 243. LE RIDER 2001, p. 170-171. NICOLET-PIERRE 2005 ; DUYRAT 2005, p. 31-32. Sur ce trésor : PRICE, WAGGONER 1975. Sur le rôle joué par les Trésors (institutions) des sanctuaires égyptiens vis-à-vis de l’argent aux VIe et Ve s. : VLEEMING 1991, p. 87-89. Voir aussi infra, Chapitre IV, § 1.3.4. Des bureaux ?

581

cuivre pourrait avoir l’apparence d’un alliage cuivreux sans nettoyage de la corrosion. Par exemple, dix-neuf morceaux d’argent découverts à Tell Defenneh présentaient une forte corrosion verte en surface suggérant une concentration significative de cuivre1506. • Le trésor de bronze 1, 7097.1/5-9 (fig. 389) Ensemble composé de 29 éléments en « bronze », généralement très corrodés. Son poids total s’élève à 1191,9 g, l’équivalent d’environ 13 deben (ou 100 beqa s’il s’agit de métal précieux). 11 des 29 éléments sont de forme circulaire, même si la corrosion les a souvent plus ou moins déformés. Leur diamètre s’étale de 2 à 6,7 cm, avec une majorité des éléments mesurant moins de 3 cm. Trois éléments sont des fragments de lingots circulaires. Sept autres éléments sont des morceaux de forme trapézoïdale. Les huit derniers éléments sont trop pris dans la corrosion pour pouvoir déterminer leur forme initiale. La trame fine d’un tissu apparait sur la surface corrodée de certains lingots et morceaux de bronze. Quatre empreintes de sceaux, dont une très fragmentaire, étaient disséminées entre les éléments métalliques1507. Prov. : niveau de sol SOL2 dans l’espace arrière de la maison VII. • Le trésor de bronze 2, 7129.1 (fig. 390 n°1) Ensemble composé de quatre éléments de « bronze » collés ensemble par la corrosion. Le poids total est de 979,6 g, soit près de 11 deben. Deux sont des lingots de forme presque circulaire, d’environ 9 cm de diamètre : le premier est complet tandis qu’une partie du second a été sectionnée. Les deux autres éléments sont des morceaux, l’un de forme trapézoïdale, l’autre triangulaire. À divers endroits, l’empreinte d’un sac, ou de bandes, de tissu est visible sur la surface corrodée des éléments. Prov. : niveau de sol SOL3 dans l’espace arrière de la maison VII. • Le trésor de bronze 3, 8200.6 (fig. 390 n°2) Trésor constitué de deux lots d’éléments de « bronze », trouvés au même endroit. Le premier lot, d’un poids de 489,1 g, comprend des lingots de forme circulaire – complets et fragmentaires – et des morceaux trapézoidaux de toute taille. Fort corrodés et collés les uns aux autres, il est difficile de déterminer leur nombre précis (au moins une dizaine d’éléments). Le deuxième lot, d’un poids de 508,5 g, compte six ou sept éléments, dont deux lingots de forme environ circulaire (le plus petit mesure entre 3,4 et 3,8 cm et le plus 1506

1507

LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 88-89, pl. 30, n°23851. Cet ensemble n’a pas été reconnu comme un Hacksilber mais comme des « silver scraps cut up evidently for jeweller’s use ». Il s’agit des n°48 (7097.3 et 7097.4, même matrice), 54 (7097.10) et 82 (7097.2) du corpus des scellés : supra, Chapitre III, § 2.2.3.1. Catalogue des scellés de la phase 13.

CHAPITRE III

582

7097.6 L: 3,4 cm

7097.1 L: 3,5 cm

7097.7 L: 4,8 cm

7097.8 L: 5,1 cm

7097.9 L: 3,6 cm

7097.5 L: 6,9 cm

Trésor de bronze 1, découvert sur un niveau de sol de la maison VII – © Cnrs-Cfeetk/clichés A. Masson-Berghoff n°65090 et G. Pollin n°65731, 65768-65772

Fig. 389. Métal-2

583

LES ARTEFACTS

7129.1

Éch. : 1/2 1. Trésor de bronze 2, découvert sur un niveau de sol de la maison VII – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67746-67748

8200.6 Lot 1

8200.6 Lot 2

Éch. : 1/1 2. Trésor de bronze 3, constitué de deux lots, découvert sur l’arase du rempart – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°115344-115347

Fig. 390. Métal-3

584

CHAPITRE III

grand entre 6,4 et 7 cm), deux fragments de lingots de forme circulaire à l’origine et un morceau de forme pentagonale. Le poids total des deux lots atteint 997,6 g ce qui équivaut à environ 11 deben. La surface de certains éléments a gardé dans la corrosion l’empreinte d’un tissu de trame fine. Prov. : nettoyage de l’arase du rempart du Nouvel Empire1508.

Les deux premiers trésors, découverts sur des niveaux de sol dans l’espace ménagé entre la maison VII et le rempart, proviennent de contextes postérieurs à l’occupation de la maison VII, mais pas postérieurs à celle du quartier1509. D’après la stratigraphie et le matériel associé, ils peuvent être datés de la deuxième moitié du VIe siècle, une date légèrement antérieure à celle du trésor de la maison V. Les formes des lingots et morceaux de « bronze » ainsi que le poids total de chaque trésor sont très comparables à ceux en argent du trésor de la maison V, bien que les lingots et morceaux d’argent soient en général de plus petite taille et d’une valeur a priori bien supérieure. Les traces d’une trame très fine de tissu imprimées dans la corrosion indiquent que les éléments étaient gardés dans une sorte de « bourse », peut-être en lin. Les quatre scellés découverts parmi les lingots du trésor 1 fermaient peutêtre cette bourse (fig. 86), mais leurs revers ne sont pas explicites. Ils mentionnent les noms de trois hommes, dont deux portent des titres sacerdotaux importants ainsi que le titre d’intendant (ỉmy-r pr) pour l’un des deux. On ne peut donc pas parler ici de la bourse personnelle d’un individu. Divers contextes du Proche et Moyen-Orient ont fourni des bourses similaires, si ce n’est qu’elles contenaient uniquement des lingots et fragments en argent1510. L’existence de lots de morceaux d’argent enveloppés et scellés est également attestée par les textes1511. Les lots correspondaient généralement à une unité de poids standard. Alors que le système monétaire n’était pas encore en place, ou généralisé, dans le bassin méditerranéen, de tels lots pré-pesés facilitaient les transactions

1508 1509

1510 1511

Le rempart servait de limite orientale au quartier des prêtres. L’espace arrière de la maison VII a continué à être utilisé et a été réaménagé à plusieurs reprises, alors que le corps du logis abandonné se remplissait de détritus : supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. STERN 2001; KROLL 2003, p. 314-315. Voir par exemple : STOLPER 1993, p. 8 et p. 10 n. 5 ; THOMPSON 2003, p. 67-107. Des textes d’époque perse provenant de Babylone, indiquent que ces paquets scellés sont des dépôts, ou plus précisément « investments of temple assets placed by someone to whom the temple had delegated its claims » (STOLPER 1993, p. 57-59).

commerciales, les paiements ainsi que l’enregistrement de dépôts. De petits lingots et morceaux de cuivre ou alliage cuivreux ont aussi été mis au jour dans divers complexes religieux en Sicile et en Italie1512. Les contextes, datés du premier millénaire avant notre ère, associent parfois morceaux informes (aes rude), morceaux arrondis (aes grave) et barres estampillés ainsi que des pièces de monnaie en ‘bronze’, supportant la valeur monétaire de ces ensembles. Avec leurs lingots et morceaux en bronze, il est possible que les trois lots de Karnak aient eu une utilisation plutôt locale, comme le paiement des services de personnel travaillant au sanctuaire d’Amon ou dépendant de ce dernier pour le versement de son salaire1513. Puisque deux de ces trésors proviennent de contextes de fonctionnement du quartier et non de contextes secondaires (telle une cache), et étant donné les titres sacerdotaux et administratifs mentionnés sur les scellés accompagnant le trésor 1, ces trésors forment semble-t-il un témoignage direct du rôle administratif joué par ce quartier et certains de ses habitants. 8.1.3. Monnaies ptolémaïques Deux pièces de monnaie ont été mises au jour lors des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque en 19711514. Les fiches-objets ne nous renseignent ni sur leur dimension, ni sur leur poids. • Monnaie LS 522a (fig. 391 n°1) Dim. : d. 2,6 cm (d’après l’échelle sur les clichés). Monnaie ptolémaïque de bronze portant la tête de Zeus Ammon au droit et un aigle sur un foudre (?) au revers. La monnaie pourrait sans doute être identifiée à un diobole de la série 4, mais sa petite taille est atypique. D’après le croquis de la fiche-objet, elle aurait été trouvée au nord-est de la maison F, dans la pièce 1 à côté de la structure en pierre appelée « l’oratoire » par les archéologues1515. Mais l’altitude relevée, 76,47 m, est beaucoup trop basse pour correspondre à un niveau d’occupation de la maison. Le sol dans cette pièce est en effet situé à 79,74 m. Prov. : carré IX N 68 ; au nord-est de la maison F (cote très basse de 76,47 m, peut-être erronée).

1512 1513

1514

1515

MURGAN 2014 ; MURGAN, KEMMERS 2016. C’est en effet l’argent – sous forme de lingot, de morceau de bijou ou encore de monnaie frappé – qui était utilisé lors des transactions commerciales avec les marchands étrangers à la Basse Époque. Je remercie chaleureusement Gilles Gorre pour l’identification de ces deux monnaies. LAUFFRAY 1995, p. 330 et 334, fig. 26 et 28.

585

LES ARTEFACTS

LS 522a D. c. 2,6 cm

1. Monnaie LS 522a – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°7299-7300

LS 580a D. c. 3,4 cm

2. Monnaie LS 580a – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°7291-7292

7774.3 L: 16,2 cm

Éch. dessin : 1/2 3. Grande cuillère 7774.3, découverte sur un niveau de sol de la maison VIII – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, cliché C. Apffel n°115359

Fig. 391. Métal-4

CHAPITRE III

586

• Monnaie LS 580a (fig. 391 n°2) Dim. : d. 3,4 cm (d’après l’échelle sur les clichés) Monnaie ptolémaïque de bronze portant la tête de Zeus Ammon au droit et un aigle sur un foudre au revers. Il s’agit d’un diobole contremarqué de la série 4, émise entre 240 et 220 av. J-C. (ici de taille normale). Le croquis de situation sur la fiche-objet indique que la monnaie provient du même endroit que la monnaie précédente, c’est-à-dire au nord de « l’oratoire » de la maison F. L’altitude relevée est beaucoup plus haute, 78,87 m, mais elle demeure près d’un mètre plus bas que le niveau de sol de la pièce 1. Prov. : carré IX N 68 ; au nord-est de la maison F (cote assez basse de 78,87 m).

Des monnaies appartenant aux séries 4 et 5, datées de la deuxième moitié du IIIe siècle av. J.-C., ont été découvertes à Karnak dans un atelier de « faux-monnayeur » produisant une contrefaçon de la série 7 qui était émise entre ca. 150 et 115 av. J.-C.1516. Ces monnaies anciennes produites dans l’atelier d’Alexandrie, le seul habilité à frapper monnaie en Égypte, étaient a priori réutilisées pour leur métal dans la fabrication de nouvelles pièces1517. Chacune des monnaies du quartier ptolémaïque a été découverte et enregistrée en même temps qu’une figure d’Osiris en bronze (LS 522b et LS 580b)1518. Ces découvertes conjointes témoignent peut-être du recyclage de ces monnaies dans le cadre de la production de figures votives ou rituelles.

Un point qu’il est essentiel de souligner ici, c’est que certaines statuettes ne semblent pas provenir ni d’une cache1520 ni d’un dépôt votif ou rituel d’un temple1521. Bien que ces bronzes aient pu être utilisés comme des amulettes ou dans le cadre de rituels menés dans la sphère domestique, il est aussi envisageable de les considérer comme des témoignages d’une production locale de bronzes égyptiens1522. Cette hypothèse repose avant tout sur les diverses traces d’activités artisanales relevées dans le quartier à l’époque ptolémaïque. Les indices révélant plus particulièrement une activité métallurgique demeurent en effet rares1523. 8.2.1. Divinités anthropomorphes • Statuette d’Osiris LS 522b (fig. 392 n°1) Osiris représenté debout, momiforme et portant une barbe postiche. Dans ses mains croisées sur sa poitrine, il tient ses insignes de pouvoir, le sceptre heka et le flabellum nekhekh. Il est coiffé de la couronne atef, composée de la couronne blanche flanquée de deux hautes plumes d’autruches et d’un uræus sur l’avant. Un tenon est visible sous ses pieds. Le rendu de la statuette est particulièrement plat. Osiris est représenté sur d’innombrables bronzes à la Basse Époque et

1520

8.2. STATUETTES EN MÉTAL Les quelques figures en bronze mises au jour dans le secteur proviennent presqu’exclusivement des anciennes fouilles menées par J. Lauffray dans le quartier ptolémaïque, mais aussi à l’est du rempart particulièrement dans, ou aux environs de, l’ensemble H. Les statuettes représentent avant tout les membres de la triade osirienne – Osiris, Isis et Harpocrate (Horus l’enfant)1519. À celles-ci s’ajoutent divers petits éléments, souvent des couronnes. Aucune dimension précise n’est fournie par les fiches-objets, mais l’échelle systématiquement présente sur les anciens clichés permettent de les envisager comme de modestes bronzes dans la majorité des cas. 1516 1517 1518 1519

FAUCHER et al. 2012, p. 160-161. Ibid., p. 161. Voir infra, Chapitre III, § 8.2.1. Divinités anthropomorphes. Sur la surreprésentation de la triade osirienne dans la statuaire de bronze au premier millénaire avant notre ère : HILL, SCHORSCH 2007, p. 157. Sur l’importance des cultes osiriens à cette période : COULON 2010.

1521

1522

1523

La majorité des contextes de découverte des statuettes votives ou rituelles en bronze en Égypte concerne des caches, situées à l’intérieur ou à proximité des temenoi : SPENCER 2007, p. 29 ; DAVIES 2007. Nombre de ces contextes sont commentés par site dans : WEISS 2012, p. 381-462. À Naucratis, une large cache comprenant surtout des bronzes égyptiens a été mise au jour au sein d’un bâtiment situé au sud de la ville ; il s’agit vraisemblablement d’un dépôt votif ou rituel (MASSON 2015a ; MASSON-BERGHOFF 2019, p. 128-140), et non pas d’une échoppe où les fidèles pouvaient se procurer de tels bronzes (hypothèse proposée dans WEISS 2012, p. 446). Le dépôt rituel mis au jour dans une des chapelles d’Osiris-Iw à ‘Ayn Manâwir, daté de l’époque perse et comprenant principalement des statuettes en bronze, demeure exceptionnel : WUTTMANN, COULON, GOMBERT 2008. Un atelier de métallurgie d’époque ptolémaïque a été mis au jour dans les annexes du temple de Ptah à Karnak (DURAND 2015) et un autre sur la rive ouest de Thèbes, dans le temple de millions d’années de Séthi Ier (SCHEEL 1989, p. 25-29, 41). Voir la céramique réutilisée en petit four avec des résidus d’alliage cuivreux préservés à l’intérieur (fig. 180) : supra, Chapitre I, § 4.2.2.3. Seconde conversion en dépotoir : Rue 3. Une scorie et un polissoir (LS 581 bis) ont été découverts dans le carré IX N 78 du quartier ptolémaïque, aux alentours des maisons C et D. Des fragments de creusets et de fours contenant des résidus similaires ont été trouvés à ‘Ayn Manâwir, associés à des scories et autres traces d’activités métallurgiques ; ils ont conduit les chercheurs à proposer une éventuelle production locale pour les nombreux bronzes découverts dans le sanctuaire d’Osiris-Iw : WUTTMANN et al. 1998, p. 445, fig. 73 (surtout d-f).

587

LES ARTEFACTS

LS 580b

0

3 cm

2. Statuette d’Osiris LS 580b – © CnrsCfeetk/A. Bellod n°7291-7292

LS 522b

0

3 cm

1. Statuette d’Osiris LS 522b – © CnrsCfeetk/A. Bellod n°7290 et 7298 LS 1198

Éch. dessin : 1/1 3. Chapelets d’Osiris en bronze LS 1198 – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff d’après les croquis de la fiche objet

LS 525

0

LS 529

0

3 cm

3 cm

5. Statuette d’Isis lactans LS 529 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°7200

4. Statuette d’Harpocrate (?) LS 525 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°7183

Fig. 392. Métal-5

588

CHAPITRE III

à l’époque ptolémaïque1524. D’après la fiche-objet, cette statuette d’Osiris a été découverte avec une monnaie ptolémaïque (LS 522a), et c’est le cas également pour la statuette d’Osiris décrite ci-après. Ces monnaies fournissent un terminus ante quem situé entre 240 et 220 av. J.-C.1525. Prov. : carré IX N 68 ; au nord-est de la maison F (cote très basse de 76,47 m). • Statuette d’Osiris LS 580b (fig. 392 n°2) Partie supérieure d’une statuette d’Osiris. Comme pour la statuette précédente, il porte la couronne atef et tient dans ses mains ses attributs traditionnels de pouvoir. La surface semble fort corrodée. Prov. : carré IX N 68 ; au nord-est de la maison F (cote assez basse de 78,87 m). • Groupes de petits bronzes représentant Osiris LS 1198 (fig. 392 n°3) Groupes de figures en bronze représentant Osiris. Le premier groupe se compose de quatre Osiris, momiformes, collés les uns aux autres. La partie inférieure du quatrième Osiris est manquante. Le départ de tenons verticaux est préservé sous la base de deux Osiris. Le groupe est muni d’au moins une bélière de suspension. Ce groupe a été publié dans l’article de J. Lauffray1526 comme provenant de la favissa I, à l’extrémité nord de la ruelle entre les maisons D et E. Le second groupe inédit comprend trois Osiris. La tête du second Osiris n’est pas conservée. Des triades osiriennes composées uniquement de figurines d’Osiris en bronze, attestées par exemple dans la région memphite, pourraient former un parallèle à ces groupes1527. F. Gombert-Meurice a récemment interprété les duplications de figures d’Osiris, ainsi que les groupes de figures d’Osiris sur la même base, comme des témoignages d’une liturgie spécifique à différente fêtes religieuses1528. Ces bronzes pourraient aussi indiquer la production locale de

1524

1525 1526

1527

1528

Dans sa typologie, K. Weiss identifie dix catégories de figures d’Osiris : WEISS 2012, p. 166-178 et 624-656, pl. 21-25, types 77-86. L’exemplaire de Karnak correspond à son type 81 dont la présence est attestée sur de très nombreux sites dans le Delta (ibid., p. 171-172, pl. 22b-i), mais aussi ailleurs en Égypte. Sur les bronzes d’Osiris, voir aussi GRENIER 2002, p. 73-93, pl. XIII-XVIII. Voir supra, Chapitre III, § 8.1.3. Monnaies ptolémaïques. LAUFFRAY 1995, p. 308, fig. 3. Ce groupe est publié de manière erronée sous le numéro LS 1414 dans la figure 3 et LS 1444 dans le texte. Sur ce groupe de figures voir : WEISS 2012, p. 347-348, type G28. L’exemplaire du Serapeum de Saqqarah est composé de trois figures d’Osiris, toutes portant la couronne atef (WEISS 2012, p. 842, n°1230, pl. 59f). Celui de Saqqarah Nord présente trois figures d’Osiris, chacune arborant une couronne différente et munie d’une bélière de suspension ainsi que d’un tenon vertical (DAVIES, SMITH 2005, p. 84, pl. XXXIVb, FCO 111 ; WEISS 2012, p. 842, n°1231, pl. 59g). GOMBERT-MEURICE 2019.

figurines d’Osiris. Des chapelets d’Osiris similaires ont été mis au jour dans une tombe de Qubbet el-Hawa, près d’Assouan ; ils étaient associés à de nombreux éléments indiquant une production d’échelle modeste de statuettes en métal, au cours des VIe-Ve siècles av. J.-C.1529. La production de statuettes en bronze est par ailleurs bien attestée à Karnak1530. Prov. : carré IX N 69 ; favissa I située dans la ruelle entre les maisons D et E (cote de 79,05 m). • Statuette d’Harpocrate LS 525 (fig. 392 n°4) Figure en bronze représentant un dieu-enfant, généralement identifié comme Harpocrate1531. La hauteur préservée de cette statuette est de plus de 10 cm (d’après l’échelle du cliché). Harpocrate est représenté nu, dans une position assise, les bras le long du corps, ses pieds posés sur une mince base rectangulaire. Ses mains sont posées à plat le long de ses cuisses. Il porte la mèche de l’enfance sur le côté droit de la tête ainsi que le némès avec l’uræus sur le devant. Le némès et le visage sont particulièrement bien détaillés. D’après la cassure visible au-dessus du némès, la coiffe était originellement surmontée d’une couronne, sans doute une couronne hemhem dont un exemplaire a été mis au jour dans le même carré d’où provient le bronze : la probabilité que ces deux éléments proviennent de la même statuette est forte, si ce n’est que près de 3 m de hauteur séparent les deux découvertes (voir ci-dessous LS 521). Les bronzes représentant Harpocrate étaient populaires à la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque, particulièrement dans le Delta1532. Cette figure s’apparente à diverses statuettes mises au jour à Boubastis, Athribis, Saqqarah et Naucratis1533. D’après le croquis de la fiche-objet, ce bronze a été receuilli juste au nord de l’ensemble H à l’est du rempart, mais la cote enregistrée de 72,20 m semble trop basse : proviendrait-il d’une cache profonde ou bien l’altitude relevée est-elle erronée ? Quoiqu’il en soit, il s’agit de la troisième représentation du dieu-enfant provenant du secteur. Une figurine en terre cuite représentant Harpocrate portant la double couronne flanquée de deux protrusions (fig. 359 n°2) et une figurine en faïence

1529

1530

1531

1532 1533

Matériel découvert dans la chambre 1 de la tombe QH 207 : EDEL, SEYFRIED, VIELER 2008, p. 1873-1874, fig. 31 ; AUENMÜLLER, FITZENREITER 2014; AUENMÜLLER 2014. Voir la boutique de fabricant de statuettes découvert dans le secteur nord-ouest du temenos d’Amon par G. Legrain : FAUCHER et al. 2012, p. 155 note 28. À titre comparatif, voir aussi dans cet article les chapelets de flans découverts dans un atelier monétaire situé dans une des chapelles d’Osiris à Karnak : ibid., fig. 15. Sur les bronzes d’Harpocrate, voir notamment : ROEDER 1956, § 149-176 ; GRENIER 2002, p. 26-42, pl. IV-VI ; WEISS 2012, p. 126-157, pl. 11-19, types 41-69. SANDRI 2006. WEISS 2012, p. 147 et 606-607, pl. 17c-e, type 59. L’exemplaire provenant de Saqqarah est daté entre la TPI et la Basse Époque : ROEDER 1956, p. 123 § 172 d ; WEISS 2012, p. 607, n°331. Voir aussi GRENIER 2002, p. 31, n°32-33.

LES ARTEFACTS

représentant Harpocrate nu, ithyphallique (fig. 387 n°4) ont tous deux été mis au jour dans la pièce sud-ouest du bâtiment quadrangulaire situé au nord de l’ensemble H, à l’est du rempart, mais à la cote de 75,60 m (fig. 189). Cela ne nous semble pas anodin, même si le matériau diffère à chaque fois. La recontextualisation de mobilier religieux supplémentaire provenant de ce même secteur nous amènera à avancer quelques hypothèses sur la nature de ce bâtiment. Prov. : carré IX O 92 ; au nord de l’ensemble H à l’est du rempart (cote très basse, peut-être inexacte, de 72,20 m). • Statuette d’Isis lactans LS 529 (fig. 392 n°5) Statuette représentant Isis dans une position assise, tenant sur ses genoux Harpocrate, auquel elle donne le sein. Elle porte une longue robe et la couronne hathorique, dont une des cornes est endommagée. Un tenon vertical est visible sous ses pieds à peine marqués. Le rendement est très simplifié et plat. Les bronzes d’Isis lactans deviennent particulièrement populaires à partir de la Basse Époque1534. Ils mettent en exergue le rôle de mère de l’enfant-dieu et de protectrice de l’enfance et de la maternité. Il s’agit d’un des thèmes les plus prolixes dans la statuaire en bronze1535. Prov. : carré IX O 70 ; maison H ou ses environs (cote très basse de 74,80 m).

8.2.2. Statuette thériomorphe • Tête d’ibis LS 488 (fig. 393 n°1) L’ibis, oiseau associé au dieu Thot, est répandu parmi les statuettes thériomorphes en bronze1536. Parfois, seuls quelques éléments d’une statue d’ibis étaient en métal, particulièrement la tête, comme ici, et les pattes ; dans ce cas, le reste du corps était réalisé soit en bois ou en pierre1537. Il est possible que les yeux fussent rapportés. Malgré la corrosion, on devine un rendu anatomique détaillé. La fiche-objet enregistre un fragment de « plaque » ou de « lingot » en bronze (?) avec la tête d’ibis. Le croquis de situation indique que ces éléments proviennent de l’angle sud-ouest du bâtiment quadrangulaire situé au nord de l’ensemble H à l’est du rempart. Prov. : carré IX O 80 ; ensemble H à l’est du rempart (cote de 76,00 m).

1534

1535

1536

1537

Auparavant, Isis apparaissait avant tout en compagnie de son époux Osiris : HILL, SCHORSCH 2007, p. 149. ROEDER 1956, § 303-314 ; GRENIER 2002, p. 51-58, pl. VIIIX ; WEISS 2012, p. 330-331 et 822-833, pl. 56, type G12. Parmi les nombreux bronzes représentant Isis lactans, voir des statuettes au style rudimentaire et plat similaire : DAVIES, SMITH 2005, p. 93, pl. XLIIIb, FCO 179 ; MASSON 2015b, p. 7, fig. 7. ROEDER 1956, § 540-545, pl. 57-58 ; GRENIER 2002, p. 156160, pl. XLII-XLIV ; WEISS 2012, p. 288-290 et 755-757, pl. 46a-e, types T24-T25. GRENIER 2002, p. 156, pl. XLIV, cat. n°333-334 ; WEISS 2012, p. 884-885, pl. 69f-g.

589

8.2.3. Couronnes et éléments divers • Couronne d’Amon (?) 7316.1 (fig. 393 n°2) Dim. : L. 6,6, l. 2,5, h. 1 cm. Couronne fragmentaire formée d’un disque solaire et de deux hautes plumes d’autruche verticales (šwtj). La première plume est complète, reconstituée à l’aide de trois fragments, tandis que seul le départ de la seconde est préservé. Malgré son médiocre état de conservation, les fines stries ornant les hautes plumes sont encore visibles. La base de la couronne est cassée. Si elle était originellement associée à un mortier plat, cette couronne a pu sommer une statuette d’Amon-Rê, le dieu principal de Karnak1538. Sans mortier, ce type de couronne est particulièrement associé à Horus1539. Prov. : comblement de la fosse F24 (Rue 6 – phase 14). • Couronne hemhem LS 521 (fig. 393 n°3) Couronne hemhem d’environ 4,5 cm de long. Elle est composée à la base de cornes torsadées striées, de trois éléments centraux surmontés de disques solaires et flanqués de hautes plumes striées, et, de deux uræi latéraux coiffés d’un disque solaire1540. La base est cassée, indiquant que cette couronne devait à l’origine sommer une statue, représentant Harpocrate par exemple. Il pourrait s’agir de la couronne sommant la statuette de l’enfant-dieu LS 525, découverte dans le même carré que LS 521, mais les altitudes divergent considérablement. Prov. : carré IX O 92 ; au nord de l’ensemble H, à l’est du rempart (cote relativement basse de 75,13 m). • Couronne hathorique LS 451 (fig. 393 n°4) Couronne hathorique composée d’un disque solaire encadré de hautes cornes de vache. Bien qu’associée originellement à la déesse Hathor, cette couronne se retrouve largement dans l’iconographie isiaque à partir de la Basse Époque1541. Il est vraisemblable que cette couronne autrefois ornait une figure d’Isis, peut-être réalisée dans un matériau différent1542. Au vu de la taille de la couronne (d’après l’échelle du cliché), elle devait appartenir à une figure relativement imposante. Prov. : carré IX N 68 ; maisons C, D, E ou F, ou ruelles desservant ces maisons (50 cm sous le niveau de départ de la fouille).

1538

1539 1540

1541

1542

WEISS 2012, p. 33, fig. 3.12a, pl. 27d-f, types 23-24. L’enfantdieu Harpocrate peut aussi arborer une telle couronne : ibid., pl. 18, types 62-64. Ibid., p. 31-32, fig. 3.6b. ROEDER 1956, pl. 16m ; GRENIER 2002, p. 211-212, pl. LVIII ; WEISS 2012, p. 868, pl. 67g. Sur l’interchangeabilité des couronnes, notamment entre Hathor et Isis : HILL, SCHORSCH 2007, p. 151, note 5. ROEDER 1956, pl. 32p-q ; WEISS 2012, p. 868-870, pl. 68b-c.

7316.1

LS 488 48

0

0

3 cm

3 cm

2. Couronne d’Amon (?) 7316.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111580

1. Tête d’ibis LS 488 – © Cnrs-Cfeetk/ dessin A. Masson-Berghoff f d’après croquis de la fiche objet, objet cliché A. A Bellod d n°6637 n 6637

LS 521

0

3 cm

3. Couronne hemhem LS 521 – © CnrsCfeetk/A. Bellod n°7208

LS 1144

Éch. des Éch dessin : inconnue 5. Double couronne LS 1144 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Masson-Berghoff f d’après un des croquis de la fiche objet

LS 451

5 cm

0

4. Couronne hathorique LS 451 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6638

LS 5088b

LS S 508a

0

2 cm

6. Égide LS 508a – © CnrsCfeetk/A. Bellod n°7206

0

2 cm

7. Uræus LS 508b – © CnrsCfeetk/A. Bellod n°7206

Fig. 393. Métal-6

LS 9922 Bis

0

2 cm m

8. Uræus LS 922 Bis – © CnrsCfeetk/A. Bellod n°7289

LES ARTEFACTS

• Double couronne LS 1144 (fig. 393 n°5) Double couronne, ou pschent, en bronze, connue uniquement par un croquis dessiné sur la fiche-objet1543. Elle a été découverte dans une fosse de dépotoir avec une large variété d’objets, y compris les petits « chapelets » d’Osiris LS 1198 susmentionnés. Elle devait sommer une statuette. En plus d’être un attribut royal, la double couronne était portée par de nombreuses divinités1544. Prov. : carré IX N 69 ; favissa I située dans la ruelle entre les maisons D et E (cote de 79,05 m). • Égide LS 508 A (fig. 393 n°6) Petite égide en bronze, fort corrodée. Il est difficile d’identifier la divinité coiffée d’un disque solaire émergeant du plastron. Les divinités représentées sur les égides sont principalement des déesses, particulièrement Isis, Hathor, Sekhmet et autres déesses lionnes1545. Prov. : carré IX O 91 ; ensemble H, à l’est du rempart (cote de 75,81 m). • Uræus LS 508 B (fig. 393 n°7) Uræus dressé, de petite taille. Il devait soit orner le front ou la couronne d’une statue anthropomorphe ou thériomorphe. Son corps est relativement détaillé avec une bande verticale striée centrale et des petites cavités de part et d’autres. Ces cavités sont originellement prévues pour des incrustations, par exemple en pâte de verre colorée1546. Prov. : carré IX O 91 ; ensemble H, à l’est du rempart (cote de 75,81 m). • Uræus LS 922 BIS (fig. 393 n°8) Uræus dressé. Comme le précédent élément de bronze, il devait appartenir aux regalia d’une divinité ou d’un pharaon. L’ancien cliché ne permet pas d’apprécier les détails. Prov. : carré IX O 61 ; tranchée de la rampe menant à la tribune du spectacle Son et Lumière ; provenant d’un « déblai récent affleurant les couches archéologiques » (note de la fiche-objet).

8.3. VARIA La fonction des éléments présentés dans cette dernière section n’est pas toujours aisément déterminée. Dans certains cas cependant, le contexte de découverte et le matériel associé permettent d’identifier son (dernier) usage, qu’il soit d’ordre pratique, cultuel ou simplement décoratif. Les rares objets en métal provenant des nouvelles fouilles sont traités avec ceux, plus nom-

breux, collectés au cours des anciennes fouilles. Les informations concernant les dimensions du mobilier métallique trouvé en 1970 et 1971 font parfois défaut : l’échelle utilisée sur les clichés anciens procure uniquement des dimensions approximatives. Lorsque leur matériau est précisé, il s’agit toujours d’alliage cuivreux (« bronze » d’après le descriptif des fiches suiveuses d’objet). 8.3.1. Éléments provenant de contextes XXVIIe dynastie

• Lots de vaisselles de bronze LS 32.1, LS 32.2 et LS 37 (fig. 394) Dim. LS 32.1 : h. 13, d. 41 cm. Dim. LS 32.2 : h. 20, d. 24 cm. Dim. LS 37 : h. 39, d. supérieur à 40 cm, épaisseur 3 à 4 mm Trois artéfacts en alliage cuivreux. Ils ont déjà été décrits et commentés dans l’article sur le quartier des prêtres1551. LS 32.1 et LS 32.2 appartiendraient à un même objet, un « lampadaire », selon P. Anus et R. Sa’ad. Néanmoins, le premier correspond plutôt à un brasero, tel celui mis au jour à Thônis-Héracleion1552. Le décor de palmettes au niveau de 1547

1548 1549

1551

1544 1545

1546

Déjà publiée dans LAUFFRAY 1995, p. 308, fig. 3. WEISS 2012, p. 31, fig. 3.5. Sur les égides en métal : ROEDER 1956, p. 123 § 633-640 ; GRENIER 2002, p. 187-191 ; WEISS 2012, p. 852-858, pl. 64-65. GRENIER 2002, p. 176-177, pl. XLVIII.

XXVIe-début

• Grande cuillère en plomb (?) 7774.3 (fig. 391 n°3) Dim. : L. 16,2, l. 9,1, h. 0,4 cm. Grande « cuillère » confectionnée dans un métal que les restaurateurs du Cfeetk considèrent avec réserve comme du plomb. Cependant, aucune analyse physico-chimique n’est venue étayer cette identification. De plus, d’autres exemplaires, qui se rapprochent par leur forme à notre ustensile, sont généralement en bronze. Plusieurs cuillères identiques ont été découvertes dans le Delta, à Tell Defenneh1547 et à Thônis-Héracleion1548. Leur usage est incertain. Petrie pense qu’il ne s’agit pas de miroirs à cause de leur convexité et suppose que ce sont des poêles (frying-pans)1549. Cette proposition ne nous semble pas convaincante, du moins pour notre exemplaire qui est plutôt de petite taille. Selon D. Fabre, de telles cuillères ont pu plutôt servir à brûler des parfums au-dessus d’un brasero1550. 7774.3 a été trouvé sur un des sols de la pièce d’entrée de la maison VIII, non loin d’un fragment de bassin (à eau ?) en pierre (fig. 102). Prov. : sol SOL 30 de la maison VIII.

1550

1543

591

1552

PETRIE 1888, pl. XXXIX n°6-7 ; LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 51-52, pl. 15, n°23904. GODDIO, FABRE 2008, p. 165 et 331 (n°270-273). Ibid., p. 77. Ibid., 2008, p. 331. ANUS, SA’AD 1971, p. 222 et fig. 9. GODDIO, FABRE 2008, p. 166 et 333 (n°284) ; ROBINSON 2010, fig. 19.11 (46 cm de diamètre). Voir aussi un parallèle provenant d’un contexte domestique à Olynthe et daté de la première moitié du IVe s. av. J.-C. : ROBINSON 1941, p. 181-182, n°570, pl. XXXVII-XXXVIII (66 cm de diamètre).

LS 24

LS 37

1. Installations et objets rituels découverts in situ au fond de la cour d’entrée de la maison I – © Cnrs-Cfeetk/vue depuis le sud-ouest A. Bellod n°5172, dessins de la stèle LS 24 et du sceau LS 37 d’après ANUS, SA’AD 1971, fig. 8

LS 32.2

LS 32.1

0 Éch. dessin objets métallliques : 2. Brasero LS 32.1 et encensoir (?) LS 32.2 – © Cnrs-Cfeetk/cliché des objects in situ A. Bellod n°5175, dessin d’après ANUS, SA’AD 1971, fig. 9

Fig. 394. Métal-7

20 cm

LES ARTEFACTS

l’attache des anses mobiles du brasero est particulièrement soigné sur le spécimen de Karnak. L’autre élément pourrait être un fragment d’encensoir ou bien un fragment de support d’offrandes ou de vaisselles à libation comme ceux découverts à Saqqarah Nord1553. La fonction d’encensoir semble plus pertinente du fait de son association avec un brasero. LS 37 est un sceau sans anse, aux parois ondulées. Le Cfeetk possède quelques clichés de ces objets in situ. Ces derniers ont été découverts au fond de la cour d’entrée de la maison I (n°1). Le sceau LS 37 se tenait à côté d’un bassin en grès, non loin d’une stèle au nom d’Ankhefenkhonsou, fils de […]-pasefy1554. Quant à LS 32.1 et LS 32.2, ils ont été trouvés côte à côte (n°2). Il ne nous semble pas anodin que des objets liés à l’eau (sceau et bassin) et à l’encens (brasero et encensoir ?) aient été découverts près d’une stèle. Cet ensemble pourrait dès lors illustrer la nécessité de se purifier avant tout acte cultuel ou témoigner de pratiques cultuelles au sein de la maison1555. Prov. : cour d’entrée de la maison I du quartier des prêtres. • Éléments de meuble LS 412 et LS 412 bis (fig. 395 n°1-2) Dim. LS 412 : h. 10,5, d. 3 cm. Dim. LS 412 bis : h. 4,5, d. 3,3 cm. Fragments de meubles qui reposaient sur le sol de la pièce E de la maison I, auprès d’une natte carbonisée1556. Parmi ces fragments, les deux éléments en bronze LS 412 ornaient probablement les montants d’un lit1557. Des éléments de meuble similaires ont été découverts à Tell Defenneh1558. Ils adoptent la forme de chapiteaux qui reproduisent exactement ceux en pierre du palais d’Apriès à Memphis1559. Un « pied de meuble en bronze » inédit, LS 412 bis, a été trouvé au même endroit. Il est de forme circulaire. Il conservait encore un fragment de bois calciné en place. Prov. : sol de la chambre E de la maison I du quartier des prêtres.

1553

1554

1555

1556 1557 1558 1559

GREEN 1987, p. 28-30, fig. 39 et 42, part. n°56 (daté des IVeIIIe s. av. J.-C.). C. Green suggère ces différents usages d’après les représentations iconographiques des temples ptolémaïques où figure ce type de support : GREEN 1987, p. 28. LS 32.2 rappelle la partie supérieure d’encensoirs phéniciens ou chypriotes, par exemple ceux publiés dans MORSTADT 2015 (part. fig. 21). Sur cette stèle : infra, Chapitre III, § 9. Blocs épigraphiés et décorés. Pour une discussion plus détaillée voir infra, Chapitre IV, § 1.3.3. Pratiques rituelles. ANUS, SA’AD 1971, p. 225. Ibid., fig. 14. PETRIE 1888, pl. XXXIX, n°18. PETRIE 1909, p. 4 et pl. XII.

593

• Ustensiles en bronze (?) LS 351 (fig. 395 n°3) Divers outils métalliques, tous fragmentaires et probablement en bronze. Ils ont été découverts dans l’espace arrière de la maison VI (chambre G). La « pince à charbon » avait été signalée dans l’article sur le quartier des prêtres1560. Ces éléments devaient faire partie de l’équipement de la cuisine aménagée dans cet espace. Prov. : sol incendié de la chambre G, à l’arrière de la maison VI du quartier des prêtres.

8.3.2. Éléments provenant de contextes fin Basse Époque et ptolémaïques • Pointe de flèche 7568.1 (fig. 395 n°4) Dim. : L. 3,3, h. 1 cm. Pointe de flèche à trois lames et à douille en bronze, très corrodée. Ce type de flèche dit « irano-scythe » a de nombreux parallèles en Égypte1561. Développées par les Perses à la fin du VIe siècle av. J.-C., ces flèches sont devenues très populaires et ont été adoptées par les Grecs au Ve siècle av. J.-C.1562. Elles sont peu à peu remplacées par des pointes de flèche plus longues et lourdes au cours du IVe siècle av. J.-C.1563. Il s’agit de la seule pointe de flèche mise au jour dans le secteur. Elle provient d’un niveau intermédiaire entre les phases 13 et 14, lorsque le quartier des prêtres de la phase 13 était laissé à l’abandon. S’il faut éviter toute conclusion hâtive, cette découverte interpelle néanmoins par son caractère militaire et contexte archéologique. Prov. : niveau d’abandon entre la maison VIII (phase 13) et le bâtiment J (phase 14). • Ciseau (?) en bronze 7363.1 (fig. 396 n°1) Dim. : L. 14,1, l. 1,6, h. 0,9 cm. Objet très corrodé et probablement fragmentaire, composé d’une lame et d’un manche en alliage cuivreux. On peut l’identifier à un ciseau ou alternativement à un couteau, un rasoir ou une spatule. Cet outil a été trouvé en plusieurs morceaux sur le bord de la fosse F39, coupant la pièce 2 du bâtiment J. C’est également sur le bord de cette fosse tardive qu’ont été mis au jour plusieurs petits fragments de calcaire sculptés1564. Que cet outil ait été utilisé par un sculpteur est

1560

1561

1562 1563 1564

ANUS, SA’AD 1971, p. 235. Voir diverses pinces à charbons découvertes à Thônis-Héracleion (GODDIO, FABRE 2008, p. 335, n°299) et à Saqqarah et Aboukir (GREEN 1987, p. 45-56 ; GRENIER 2002, n°554, p. 258, pl. 79). Ces exemplaires complets présentent des mains ouvertes aux extrémités des branches de la pince. Par exemple à Tell el-Herr (MARCHI 2014, p. 111, fig. 150a-f), Tell Defenneh (LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 71-72, pl. 25) et Naucratis (THOMAS 2017, p. 7). JAMES 2004, p. 200-201, fig. 671-672. THOMAS 2017, p. 7. Supra, Chapitre I, § 5.1.2. Les fosses de dépotoir de la phase 15.

LS 412

LS 412 Bis

0

5 cm

0

1. Éléments de meuble LS 412, découverts dans la maison I – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6306

2. Élément de meuble LS 412 Bis, découvert dans la maison I – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6307

LS 351

0

5 cm

7568.1 h: 3,3 cm

5 cm

3. Ustensiles LS 351, découverts dans la maison VI – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6641

Fig. 395. Métal-8

4. Pointe de flèche 7568.1 – © CnrsCfeetk/G. Pollin n°90928-90929

7363.1 L: 14,1 cm

Éch. dessin: 1/2 1. Ciseau (?) 7363.1 – © Cnrs-Cfeetk/cliché C. Apffel n°115358, dessin M. Abd el-Khassoul LS 487

0

3 cm

2. Sistre LS 487 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6640

LS 574

10 cm

0

3. Grande cuillère LS 574 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Bellod n°7184

LS 1043 LS 486

0

5 cm

0

4. ‘Piochon’ LS 486 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6634

Fig. 396. Métal-9

10 cm

5. Grande louche LS 1043 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°13128

596

CHAPITRE III

donc fort envisageable. Il est assez comparable à certains ciseaux mis au jour à Tell Defenneh1565. Prov. : comblement de la fosse F39 (phase 15) mais pollution fort probable avec un remblai du bâtiment J (phase 14). • Sistre LS 487 (fig. 396 n°2) Partie supérieure du manche d’un sistre1566. Le dé est orné d’un masque hathorique à oreilles de vache sans perruque. Seul le départ du cadre du sistre1567 est visible. Le fragment mesure environ 5 cm de haut et un peu plus de 4 cm de large. Le rendu est assez rudimentaire. Cet instrument de musique est associé à de nombreuses divinités, notamment les déesses Hathor, Isis, Bastet et Mout1568. Prov. : carré IX N 88 ; à l’est du rempart d’après le croquis de la fiche-objet. • Grande cuillère en bronze LS 574 (fig. 396 n°3) Grande cuillère en bronze. Elle s’apparente à celle découverte sur le sol de la maison VIII du quartier des prêtres, 7774.3. L’état de conservation de la cuillère LS 574 est médiocre, fragmentaire et corrodé. Son manche court s’emboitait peut-être dans un manche plus long confectionné dans un matériau différent (bois ?). Ainsi que susmentionné, leur usage est discuté, d’ordre domestique ou rituel. L’objet a été mis au jour dans la pièce 7 (sud-est) de la maison F, non loin d’un espace dallé1569, d’après le croquis de situation. Mais puisque l’altitude est inconnue, il est incertain qu’il provienne d’un niveau d’occupation de la maison. Prov. : carré IX N 67 ; au sud-est de la maison F. • Piochon LS 486 (fig. 396 n°4) Tête de pioche en bronze d’après la fiche-objet. Néanmoins, d’après l’échelle du cliché, il s’agirait plutôt d’un piochon, voire d’un modèle d’outil1570. Prov. : carré IX O 90 ; à l’est du rempart, peut-être associé à l’ensemble H (cote inconnue). • Grande louche LS 1043 (fig. 396 n°5) Grande louche presque complète, probablement en bronze. Bien que sa fiche-objet ait disparu, il est presque certain qu’elle provienne des fouilles du quartier ptolémaïque1571. 1565 1566

1567

1568 1569

1570

1571

LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 75-76, pl. 26, n°23900 et 23910. Thônis-Héracleion fournit un parallèle très proche et plus complet : GODDIO, FABRE 2008, p. 169 et 333-334 (n°287) ; ROBINSON 2010, p. 225 et 227. Voir aussi ROEDER 1956, § 630632 ; GRENIER 2002, p. 195-197, pl. LV, (part. cat. n°402). Sur ces instruments musicaux rituels, voir HICKMANN 1949, p. 76-103, pl. 44-70 ainsi que les diverses références bibliographiques citées dans GODDIO, FABRE 2008, p. 334. AUBERT, AUBERT 2001, p. 180-181 et 352-353. LAUFFRAY 1995, p. 334, fig. 26. Pour un possible usage rituel de cet espace voir infra, Chapitre IV, § 1.3.3.1. Aménagements d’ordre cultuel au sein des maisons. Piochon se rapprochant de LS 486 publié dans PETRIE 1917, pl. LXVII n°17. Le numéro LS 1043 a très peu de chance de faire référence à une découverte provenant des fouilles du quartier des prêtres

Elle est endommagée par la corrosion et cassée en douze morceaux. Son long manche droit mesure au moins 45 cm et est terminé par un crochet de suspension prenant la forme d’une tête recourbée d’oiseau ; d’après la photographie, le bol circulaire d’environ 5 cm de diamètre semble relativement plat et peu profond. L’articulation entre le bol et le manche est incertaine. Deux restitutions sont possibles. La première serait celle d’un simpulum (ou kyathos), avec le manche attaché perpendiculairement vis-à-vis du bol. De très nombreux simpula à protomé de tête de canard ou autres oiseaux ont été découverts à Thônis-Héracleion1572. Les simpula faisaient partie de l’équipement rituel utilisé lors de libations, mais aussi de l’équipement des banquets dans le monde gréco-romain ; ils pouvaient aussi être déposés comme offrandes ou encore être utilisés comme mesureur de capacité1573. À Tanis, de tels éléments ont été mis au jour dans des maisons datées de la Basse Époque1574. Selon une deuxième possibilité de restitution, le manche s’attache horizontalement vis-à-vis du bol. Beth-shan en Israël fournit un bon parallèle, aujourd’hui conservé au British Museum (1913,0724.3)1575. L’élément, d’une longueur totale de 59,9 cm, est identifié comme une louche ou une « poêle » (pour réchauffer des charbons ?). Il présente un long manche terminé par la tête recourbée d’un cygne et le bol est peu profond et plat comme pour LS 1043. Prov. : quartier ptolémaïque ou installations récentes à l’est du rempart (?).

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1572 1573 1574

1575

en 1970. En effet, après LS 412 bis, les numéros LS sont uniquement attribués à des découvertes provenant soit du quartier ptolémaïque, soit des installations situées à l’est du rempart. GODDIO, FABRE 2008, p. 150 et 329-331 (n°253-269). Sur la fonction de ces louches : ROBINSON 2010, p. 222-224. Sur un « instrument servant à puiser » en argent découvert dans la tombe de Psousennès et des exemplaires similaires en bronze dans des maisons situées à l’intérieur de l’enceinte de Psousennès : MONTET 1951, p. 102 et note 3, fig. 41. Voir aussi les poêles publiées dans GREEN 1987 (p. 51-52, fig. 72-73, n°116-117), mais leurs manches sont moins longs et le diamètre du « bol » est plus grand.

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LES ARTEFACTS

9. BLOCS ÉPIGRAPHIÉS ET DÉCORÉS Les fouilles des années 1970 ont fourni plusieurs blocs inscrits et décorés. Nombre d’entre eux ont déjà été publiés, parfois de manière détaillée1576. Les inscriptions les plus anciennes ont particulièrement attiré l’attention des égyptologues, tandis que certaines catégories, tels les tables d’offrandes et les graffiti, sont moins bien connues voire inédites. Les investigations plus récentes ajoutent à ce corpus quelques éléments nouveaux. Ce chapitre tente de recontextualiser au mieux ces découvertes, dont certaines apparaissent comme des remplois ou des éléments de monuments religieux. 9.1. LES INDICES D’UNE OCCUPATION DÈS LA TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE Les anciennes fouilles du quartier des prêtres ont livré divers éléments épigraphiés antérieurs à la Basse Époque. Ils datent en grande majorité de la TPI, mais ne se limitent pas uniquement à la XXIe dynastie. Leur contexte précis de découverte est parfois inconnu ou peu détaillé. Il s’agit principalement d’encadrements de porte et de stèles. Ce type de matériel fournit des données chronologiques appréciables sur le quartier et révèle l’identité de certains de ses habitants1577. C’est grâce au matériel inscrit que C. Traunecker avait daté ce quartier de la XXIe dynastie. Les inscriptions du chambranle de la porte d’entrée de la maison I mentionnent le nom, les titres et l’ascendance d’un prêtre d’Amon, Ankhefenkhonsou. Le père d’Ankhefenkhonsou est un certain Nespaherenmout, « troisième prophète d’Amon, responsable du bétail du domaine de Rê qui est sur le toit d’Amon, supérieur des porteurs d’encensoirs à l’avant (de la procession) d’Amon »1578. Le nom d’Ankhefenkhonsou apparaît également sur une stèle trouvée in situ dans la maison I, mais cet Ankhefenkhonsou, associé à une filiation différente, semble avoir vécu à une période plus tardive (voir infra). Un Nespaherenmout, portant des titres assez

semblables, est connu pour avoir vécu à la XXIe dynastie, sous le pontificat du grand prêtre Menkhéperrê, et avoir été quatrième prophète d’Amon, et non troisième prophète1579. Son fils, Tjanefer, qui hérita des charges du père, puis grimpa dans la hiérarchie sacerdotale jusqu’au poste de deuxième prophète d’Amon, aurait occupé ses fonctions de la fin du XIe au début du Xe siècle av. J.-C.1580. C. Traunecker fit de Tjanefer le frère aîné d’Ankhefenkhonsou et data alors l’ensemble du quartier du début du Xe siècle1581. Le linteau de la maison I a été clairement retaillé pour être aménagé dans une porte plus petite que celle pour laquelle il a été originellement conçu : la colonne de texte à droite est tronquée et les négatifs de queues d’arondes aux extrémités du bloc coupent le texte, mais épargnent la représentation du prêtre (fig. 397 n°1)1582. Outre cette inscription, une brique estampillée au nom du grand prêtre d’Amon Menkhéperrê avait été trouvée dans les déblais de la maison II, au niveau du sol1583. Elle ne constitue pas une brique de construction de la maison : cette brique est cuite et a un module plus petit (27 × 15 × 7 cm) que celui des briques crues de la maison II (33 × 14 × 9 cm)1584. À ce dossier doit être ajouté un fragment de statue en grauwacke ou schiste1585 (fig. 397 n°2), découvert dans le quartier des prêtres, mais sans mention plus précise du contexte. Les titres, partiellement conservés, de « scribe-économe du domaine d’Amon » (sš sḥn n pr (n) ỉmn)1586 et de « général du

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La plupart de ces éléments étaient conservés au Caracol avant leur transfert à Abou Djoud. Quelques nouvelles photographies et dessins ont pu être réalisés lors de brèves visites de cette réserve. Sur les titres des prêtres mentionnés sur certains documents : infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. TRAUNECKER 1993, p. 88. Voir aussi BUDKA 2001, p. 225-226, fig. 80 ; JAMEN 2011, p. 234-235.

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Entre 1020 et 1005 av. J.-C. d’après BROEKMAN 2000, p. 36. Mais G.P.F. Broekman ignore la mention de Nespaherenmout sur l’inscription du chambranle d’Ankhefenkhonsou lorsqu’il cite les sources textuelles sur ce personnage (ibid., p. 30). S’il s’agit bien du même personnage, il est vraisemblable que Broekman doive réviser son hypothèse sur l’équivalence entre Nespaherenmout, qui a accédé à la charge de troisième prophète d’Amon d’après le chambranle d’Ankhefenkhonsou, et Nespenhertahat, qui n’était que quatrième prophète d’Amon d’après le couvercle de son sarcophage (ibidem.). Entre 1000 et 985 av. J.-C. d’après KITCHEN 1995, p. 276 ; entre 1005 et 970, ou bien entre 1005 et 983 av. J.-C. d’après BROEKMAN 2000, p. 36. TRAUNECKER 1993, p. 92. Pour une reconstitution du mode de fixation du linteau voir : ANUS, SA’AD 1971, fig. 7. Ibid., p. 219. Cette brique ne faisait pas partie de la maçonnerie de la maison I, contrairement à ce qu’en dit J. Lauffray qui affirme qu’une « brique cuite au nom […] Menkhéperé était insérée dans un des murs » (LAUFFRAY 1979, p. 202). Des briques cuites portant le nom de Menkhéperrê ont été découvertes en grand nombre à Karnak. Voir les nombreuses références citées dans : COULON, LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 223, note 61. Publiée dans PAYRAUDEAU 2010, p. 364-366, fig. 5. Le titre y est seulement partiellement préservé.

CHAPITRE III

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1. Linteau d’ Ankhefenkhonsou fils de Nespaherenmout, provenant de la maison I – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6310

Éch. dessin: 1/2

SE-LS R233

2. Fragment de statuette inscrite SE-LS R233 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, clichés C. Apffel n°114820-114821

Fig. 397. Blocs épigraphiés et decorés-1

LES ARTEFACTS

domaine d’Amon » (mr mšꜥ n pr (n) ỉmn), bien attestés pour les XXIe et XXIIe dynasties, y figurent1587. Le nom n’est malheureusement pas préservé, mais les deux fonctions ont été notamment exercées par la famille de šr-ḏḥwty entre la fin de la XXIe et le début de la XXIIe dynastie1588. Dans son recueil d’inscriptions de la XXIe dynastie, K. Jansen-Winkeln considère, en plus du chambranle de porte de la maison I, la stèle de la maison I susmentionnée et le linteau de la maison II, comme datant également de cette période1589. Il suit, en cela, la conclusion de C. Traunecker qui remontait la datation du quartier à la XXIe dynastie. Le linteau1590, retrouvé au niveau de la porte d’entrée de la maison II, a été retaillé comme celui de la maison I et représenterait donc lui aussi un remploi (fig. 398). L’identification du prêtre – un certain « Ameneminet, père divin d’Amon et de Montou » – se révèle impossible du fait de sa titulature abrégée. Si le linteau peut très bien correspondre stylistiquement au début de la TPI1591, il conviendrait de revoir la datation de la stèle (fig. 394 n°1 et 399). Cette stèle reposait sur un piédestal composé d’un bloc en calcaire de 62 cm de long (remployé) et deux assises de briques crues, et, était scellée au mur arrière de la cour par de la mouna1592. La graphie et le style de la stèle indiquent une datation plutôt tardive, aux alentours de la fin de la XXVe ou du début de la XXVIe dynastie1593. C. Traunecker lui-même admettait son caractère tardif en disant qu’il s’agissait d’un lointain descendant d’Ankhefenkhonsou1594. Car si le nom évoqué sur la stèle est encore un Ankhefenkhonsou, celui-ci est le fils d’un certain […]-pasefy, peut-être Nespasefy. Les noms de ꜥnḫf.n-ḫnsw et de ns-pꜢ-sfy, prêtres à Karnak, apparaissent plusieurs fois dans l’arbre généalogique de la famille de bs-n-mwt à la XXVIe dynastie, famille étudiée par G. Vittmann ; mais la filiation évoquée sur la stèle de la maison I n’est pas connue1595. Les fouilles du quartier des prêtres en 1970 ont mis au jour une autre

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Sur ces deux titres : PAYRAUDEAU 2002. PAYRAUDEAU 2002 ; 2014, p. 138-140. JANSEN-WINKELN 2007, p. 213-215. ANUS, SA’AD 1971, p. 228 et 230, fig. 16. J. Budka propose aussi une datation XXIe dynastie : BUDKA 2001, p. 225, fig. 79. ANUS, SA’AD 1971, p. 222. PAYRAUDEAU 2010, p. 371, note 69. P. Anus et R. Sa’ad (1971, p. 237) supposaient que la stèle était de style plutôt éthiopien. Cette stèle n’a pas été analysée par P. Munro, mais est présente dans l’index et addenda de son ouvrage : MUNRO 1985, p. 78. TRAUNECKER 1993, p. 92. VITTMANN 1978, p. 44-47.

601

inscription mentionnant un Ankhefenkhonsou, cette fois-ci fils de Paenhor (pꜢ-n-hr) : il s’agit peut-être d’une stèle en calcaire, LS 250 (fig. 400 n°1). Le texte, plutôt endommagé, contient un hymne à Amon-RêNoun et présente une paléographie typique de la XXIe ou XXIIe dynastie1596. Ainsi que F. Payraudeau conclut dans son dossier sur les inscriptions TPI du quartier des prêtres, rien de déterminant ne permet pour l’instant d’associer ces trois prêtres à la même famille. Si l’on considère l’ensemble du matériel inscrit provenant des fouilles de ce quartier, on note néanmoins une réelle hétérogénéité chronologique. Il y a tout d’abord des éléments plus anciens, tels les blocs portant le nom d’Amenhotep III (1390-1353 av. J.-C.) (fig. 400 n°2)1597 et celui de Ramsès IV (1156-1150 av. J.-C.)1598. Concernant le fragment inscrit au nom de Ramsès IV toutefois, il provient a priori d’un contexte antérieur à l’occupation de la maison II : il a été découvert sous le sol du réduit F de la maison II, dans les déblais1599. Ensuite, on dénombre des inscriptions plus récentes que la XXIe dynastie, mais toujours du début de la TPI. Parmi les découvertes du quartier des prêtres figure un bloc du début de la XXIIe dynastie, qui a été identifié comme un fragment de stèle inscrit au nom du grand prêtre d’Amon Youpout, LS 252 (fig. 401 n°1)1600. Youpout, fils de Chéchanq Ier, porta la charge de grand prêtre de 944 à 924 av. J.-C. environ1601. Le titre de grand prêtre d’Amon , ḥm-nṯr tpy n ỉmn-rꜥ, et le cartouche de son père , ššnq-mry-ỉmn, sont associés sur l’inscription. D’après la fiche-objet, ce fragment provient du carré IX N a (51), et plus précisément de la maison III. Un relief, dont la provenance est inconnue et qui a été examiné par O. Perdu, permet d’identifier LS 252 comme un fragment de linteau et non de stèle (fig. 401 n°2)1602. Il s’agit de la partie gauche d’un linteau où Youpout est représenté 1596 1597 1598 1599 1600 1601 1602

PAYRAUDEAU 2010, p. 370-371, fig. 10. ANUS, SA’AD 1971, pl. XVIII. Ibid., p. 237. Ibid., p. 231. Ibid., p. 237. KITCHEN 1995, p. 109 et 480. Je tiens à remercier Olivier Perdu d’avoir porté ce fragment de linteau à mon attention et de m’avoir fourni les informations le concernant. Publié dans le catalogue de vente Drouot en 1996 (p. 63, no. 222), le relief est également paru dans La Gazette en 1996 (semaine du 23 février 1996, p. 15) ainsi qu’en 2006 (semaine du 6 février 2006, p. 46) lorsqu’il est repassé en vente.

Partie droite du linteau d’Ameneminet, provenant de la maison II – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5216 et 5370

Fig. 398. Blocs épigraphiés et decorés-2

LS 24

0

20 cm

Stèle d’Ankhefenkhonsou, fils de [Nes?]-pasefi, provenant de la cour de la maison I – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5171 et C. Apffel n°114566

Fig. 399. Blocs épigraphiés et decorés-3

LS 250 h: 18 cm

1. Fragment de stèle (?) LS 250 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, cliché C. Apffel n°114813

20 cm

0

2. Stèle portant le cartouche d’Amenhotep III – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel n°114818

Fig. 400. Blocs épigraphiés et decorés-4

605

LES ARTEFACTS

LS 252

0

30 cm

1. Partie droite d’un linteau, LS 252, au nom du grand prêtre d’Amon Youpout, provenant de la maison III – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5908

0

30 cm

2. Partie gauche d’un linteau représentant le grand prêtre d’Amon Youpout (d’après le catalogue de vente Drouot 1996, p. 63, no. 222)

Fig. 401. Blocs épigraphiés et decorés-5

606

CHAPITRE III

debout derrière Chéchanq Ier, vêtu de l’habit sacerdotal traditionnel et portant diverses offrandes, comme sur LS 252. Le pharaon, coiffé de la couronne bleue, est agenouillé devant le dieu Amon – dont la représentation est partiellement préservée à droite du fragment – et lui offre la Maât. La combinaison des deux fragments à même échelle montre que les colonnes de texte et les scènes sont alignées. Mais le style des reliefs semble quelque peu différent et les tableaux ne sont pas symétriques, aussi doutons-nous qu’ils appartiennent au même linteau. Un cliché pris au cours des fouilles du quartier montre un bloc inscrit au nom d’Osorkon Ier (XXIIe dynastie, 922-887 av. J.-C.) (fig. 402 n°1). Il est possible qu’il s’agisse du bloc mentionné dans l’article de P. Anus et R. Sa’ad1603. Aucune donnée sur son contexte précis de découverte n’est connue, mais par sa taille, F. Payraudeau suggère qu’il appartient à un linteau de porte d’une maison du quartier1604. Un fragment de chambranle, LS 370, mentionne le nom de Haute et Basse Égypte d’un roi d’une des branches de la XXIIe dynastie (fig. 402 n°2)1605. Le cartouche qui y wsr-mꜢꜥt-rꜥ stp-nfigure est le suivant : ỉmn. Il pourrait s’agir d’Osorkon II ou de Chéchanq III de la lignée bubastite de la XXIIe dynastie, ou encore, de Pétoubastis Ier, d’Osorkon III, de Takélot III, ou enfin de Roudamon de la lignée thébaine de la XXIIe dynastie1606. Ce bloc provient du carré IX N a (51), ce qui correspond à la partie ouest des maisons III et IV ainsi que de la portion de la rue les desservant. Un large fragment de jambage de porte, LS 369, pourrait aussi appartenir au début de la TPI (fig. 402 n°4)1607. Le titre de premier prophète d’Amon y figure à la suite d’un proscynème à Ptah. Le signe n que l’on peut lire juste après le titre pourrait indiquer le nom de Nimlot, fils d’Osorkon II (865-830 av. J.-C.), grand prêtre d’Amon sous la XXIIe dynastie1608. Selon la fiche-objet, son contexte de découverte est le carré IX N a (54), qui se situe au nord-ouest de la maison I et englobe une partie de la maison G du quartier ptolémaïque. Une autre

fiche de la documentation du Cfeetk consigne qu’il s’agit d’un « montant de porte remployé tardivement »1609, sans préciser s’il était remployé dans une maison du quartier des prêtres ou du quartier ptolémaïque. La partie inférieure de la colonne de texte présente en effet en son centre une cavité rectangulaire profonde, sans doute pour y accommoder un verrou. Les fragments de jambage LS 369 et LS 370 ne semblent pas appartenir au même chambranle de porte : ils n’ont pas été trouvés au même endroit, mais surtout le premier est plus large que le second et sa gravure moins profonde. Enfin, d’autres inscriptions encore plus récentes, datant de la XXVe dynastie, avaient été signalées par les fouilleurs1610 : un jambage fragmentaire, au contexte inconnu, porte les cartouches de Taharqa (690-664 av. J.-C.) (fig. 402 n°3)1611 ; une pierre au nom de Chabataka (713-705 av. J.-C.) a été découverte dans « un massif de terre », dans l’espace situé entre l’arrière de la maison III et le rempart1612. F. Payraudeau observe que les cartouches de Taharqa n’ont subi aucun martelage, pourtant systématiquement pratiqué pour les pharaons koushites sous Psammétique II (595-589 av. J.-C.), et de conclure que la porte dont ce fragment provient a été probablement détruite avant son règne1613. Si l’on accepte cette hypothèse, on pourrait avancer que ce jambage a été démonté avant la reconstruction du quartier à la phase 13. Un dernier élément qui pourrait appartenir à cette période et qui provient des anciennes fouilles du quartier des prêtres mérite d’être mentionné. La stèle en grès LS 249 figure un groupe de divinités, debout devant une table d’offrandes supportant un vase à libation et parée de bouquets de papyrus (fig. 403)1614. Hathor et le dieu à tête de faucon Horus tiennent un sceptre dans une main – ouas pour Horus, probablement papyriforme pour Hathor – et un signe ânkh dans l’autre. Ils sont suivis d’un troisième dieu dont seul un bras est préservé. Sans plus de précision sur son contexte de découverte, il est difficile de dire si cette stèle était initialement érigée dans une maison, comme pour la stèle de 1609

1603 1604

1605 1606 1607

1608

ANUS, SA’AD 1971, p. 237. PAYRAUDEAU 2010, p. 366-367, fig. 6 (conservé au magasin du Cheikh Labib A sous le numéro d’inventaire 92CL2547). Ibid., p. 368-369, fig. 8. VON BECKERATH 1999, p. 186-197. Ce jambage est actuellement conservé dans le Cheik Labib A. Publié dans PAYRAUDEAU 2010, p. 367-368, fig. 7. En charge entre 855 et 840, ou entre 855 et 845 av. J.-C. : KITCHEN 1995, p. 480. Pour cette identification, voir l’argument proposé par PAYRAUDEAU 2010, p. 367, note 49.

1610 1611

1612

1613 1614

Indication d’une fiche décrivant le cliché dans la documentation du Cfeetk, et non de la fiche suiveuse d’objet. ANUS, SA’AD 1971, p. 237. Ibidem. Voir aussi PAYRAUDEAU 2010, p. 369-370, fig. 9 (conservé au magasin du Cheikh Labib A sous le numéro d’inventaire 92CL2480). ANUS, SA’AD 1971, p. 232. Le Cfeetk ne conserve ni fiche, ni cliché pour ce bloc. PAYRAUDEAU 2010, p. 369. Présente lors des visites au Caracol en 2003 et 2006, mais transférée depuis.

92CL2547 h: 37 cm

1. Bloc au nom d’Osorkon Ier, 92CL2547 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Bellod n°5317

LS 370

0

30 cm

2. Bloc portant le cartouche d’un roi d’une des branches de la XXIIe dynastie, LS 370 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5909

92CL2480 h: 31 cm

3. Bloc au nom de Taharqa, 92CL2480 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5374

LS 369 h: 136 cm

4. Jambage au nom d’un grand prêtre d’Amon, Nimlot (?), LS 369 – © Cnrs-Cfeetk/K. el-Dowi n°124963

Fig. 402. Blocs épigraphiés et decorés-6

20 cm

0 Éch. dessin:

LS 249 h: 26,5 cm

Fragment de stèle LS 249 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, cliché C. Apffel n°114815

Fig. 403. Blocs épigraphiés et decorés-7

LES ARTEFACTS

la maison I, ou s’il s’agit d’une stèle originellement déposée dans un temple ou une chapelle. Nombre des inscriptions provenant des anciennes fouilles du secteur témoignent donc d’une occupation plus ancienne que ne laisse présager l’étude de la céramique, mais aussi plus étendue dans le temps. S’échelonnant surtout de la XXIe à la XXVe dynastie, elles indiquent la présence de prêtres dans ce secteur dès la TPI. Rappelons que pour la Zone 7, aucun matériel (céramiques et objets divers) de la phase 13 ne remonte au début de cette période. La pierre est souvent sujette à récupération et cela semble avoir été le cas de plusieurs des blocs discutés ci-dessus. Il a déjà été observé que les maisons du quartier ptolémaïque (phase 14) réutilisaient des éléments de chambranles anciens1615. Il nous semble désormais clair que certaines maisons du quartier des prêtres (phase 13) le faisait également, particulièrement les maisons I à III. Dans la synthèse, le recoupement des données (stratigraphie et matériel) des fouilles anciennes avec celles de la Zone 7 tentera de mieux cerner cette occupation remontant à la TPI. 9.2. MATÉRIEL INSCRIT DU QUARTIER PTOLÉMAÏQUE De rares blocs décorés et/ou inscrits ont été découverts au cours de nos fouilles dans la Zone 7. Les phases 12 et 13 n’en ont fourni aucun, alors que les fosses de dépotoir de la phase 14 en ont livré deux d’un intérêt certain. À ceux-ci s’ajoutent quelques découvertes des anciennes fouilles du quartier ptolémaïque, malheureusement souvent peu documentées1616. Certains de ces éléments mentionnent des titres de prêtres, mais ils sont peu nombreux comparés aux attestations de titres sacerdotaux fournies par la documentation sigillaire. De plus, ils ne sont pas forcément contemporains de l’occupation du quartier ptolémaïque, puisque certains blocs ont été remployés, par exemple comme matériaux de construction dans la maison F (fig. 404 n°1-2)1617. 1615 1616

1617

LAUFFRAY 1995a, p. 334 ; voir aussi ci-dessous. Par exemple, quelques fragments en calcaire inscrits, pour lesquels nous ne possédons aucun cliché, ont été mis au jour dans le quartier ptolémaïque : LS 590 et LS 591 provenant respectivement des carrés IX N 79 et IX N 78, sans doute de la maison D ; LS 1143 provenant du carré IX N 59 (maison E d’après LAUFFRAY 1995a, p. 330). D’après un croquis sur la fiche-objet de LS 1143, seul le signe du roseau j est préservé. Ces blocs semblent avoir été réutilisés dans la reconstruction des éléments architecturaux de la maison F après son dégagement, a priori sans avoir été préalablement relevés (du moins, je n’en ai trouvé aucune trace dans la documentation du Cfeetk).

609

• Bloc 7373.22 (fig. 405 n°1) Dim. : L. 15,5, l. 16, h. 9 cm. Fragment de grès présentant une face épigraphiée et une face lisse. Deux colonnes incomplètes de texte sont visibles. Le même titre de prêtre est lisible sur les deux colonnes, mais le nom n’est pas conservé :

1ère colonne : […] ḥm-nṯr tpy n ỉmn-rꜥ [nswt] nṯr[w] […] 2e colonne : […] j[n] ḥm-nṯr tpy n ỉmn-rꜥ nswt nṯrw […] 1ère colonne : « […] ? […] le premier prophète d’Amon-Rê, [roi] des dieux […] ». 2e colonne : « […] par le premier prophète d’Amon-Rê, roi des dieux […] ». C’est le seul document de la Zone 7 qui mentionne le titre de premier prophète d’Amon. Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F44 (Rue 3). • Bloc 7692.1 (fig. 405 n°2) Dim. : L. 22, l. 18, h. 7 cm. Fragment de bloc en grès jaune portant une représentation de la triade thébaine surmontée par un disque solaire ailé, dont seule l’aile gauche est préservée. Son état de conservation est relativement correct, bien qu’il se délite un peu sur l’arrière et les côtés. Sa forme en partie arrondie indique que le bloc a été réutilisé. Seules les têtes ou les couronnes des divinités sont conservées. Amon, dont on aperçoit la couronne à double-plume est suivi de Mout et de Khonsou. Les noms de Mout et de Khonsou sont inscrits confirmant l’identification de ce groupe de divinités. Le nom de bḥdt accompagne ce qui reste du disque solaire ailé sur la gauche. La surface présente des traces de mortier blanc et de pigments rouges. Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F65 (Rue 3). • Stèle LS 710 (fig. 405 n°3) Dim. : h. 20,5, l. 25, ép. 9 cm. Stèle en grès dont seule la partie supérieure cintrée est conservée, avec un disque solaire ailé planant au-dessus de deux colonnes de texte. L’inscription est encadrée à gauche par Osiris dont on aperçoit la couronne et à droite par un œil oudjat. Le texte donne des épithètes communes d’Osiris : 1ère colonne : 2e colonne : 1ère colonne : wsỉr ḫnty ỉmntyw1618 2e colonne : ḥkꜢ ḏt « Osiris qui préside à l’Occident, gouverneur de l’éternité ». 1618

L’orthographe de ỉmntt est une variante tardive.

610

CHAPITRE III

1. Bloc inscrit remployé dans la maison F – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6358

2. Blocs inscrits remployés dans la maison F – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6402

Fig. 404. Blocs épigraphiés et decorés-8

611

LES ARTEFACTS

7692.1 L: 22 cm

7373.22 L: 15,5 cm

1. Bloc inscrit 7373.22 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°115298

2. Bloc remployé, décoré et inscrit, 7692.1 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Chéné n°115299

LS 710

0

10 cm

0

10 cm

3. Fragment de stèle en grès, LS 710 – © Cnrs-Cfeetk/dessin H. Zacharias, cliché A. Bellod n°7199

LS 1190

0

5 cm

4. Fragment de granit noir inscrit avec des titres sacerdotaux, LS 1190 (d’après LAUFFRAY 1995a, fig. 4)

Fig. 405. Blocs épigraphiés et decorés-9

CHAPITRE III

612

Prov. : carré IX N 64 ; sur l’arase du mur de refend entre les pièces 4 et 7 de la maison G1619 (cote de 78,84 m). • Fragment inscrit LS 1190 (fig. 405 n°4) Dim. : ca. L. 4, l. 2 cm (fragment gauche) ; ca. L. 4,4, l. 4,4 cm (fragment droit) Fragment de granit noir (en deux morceaux) portant une inscription hiéroglyphique mentionnant un titre de prêtre1620. […] ỉmꜢḫ ỉt-nṯr ḥm-nṯr n ỉmn m ỉpt-swt […] « […] révéré père divin et prophète d’Amon dans Karnak […] » Prov. : carré IX N 68 ; favissa II située dans la ruelle entre les maisons D et E (cote de 79,10 m).

9.3. TABLES D’OFFRANDES Trois tables d’offrandes ont été mises au jour lors des anciennes fouilles. Si la première, complète et bien préservée, a été publiée auparavant, les deux autres sont inédites et ne sont connues que par d’anciens clichés. Leur présence dans ce secteur est remarquable1621. Il n’est pas impossible qu’elles aient servi dans le cadre d’actes rituels menés au sein des maisons1622, d’autant plus que la découverte de stèles dans les maisons suggère de telles pratiques1623. Néanmoins, d’après les quelques informations que l’on peut rassembler sur leur contexte de découverte, il semble improbable que ces trois tables d’offrandes provenaient originellement de maisons des prêtres, mais plutôt de monuments ou complexes voisins. Cet équipement rituel, souvent associé au domaine funéraire1624, était également utilisé dans les temples et chapelles pour le culte divin1625. 1619 1620 1621

1622

1623

1624

1625

LAUFFRAY 1995a, p. 334. Ibid., p. 308-309, fig. 4. Quelques parallèles datés des VIIe et VIe s. : BARGUET, GONEIM, LECLANT 1951 ; HAYS 2003 ; TAYLOR, STRUDWICK 2005, p. 126-127 ; ÉTIENNE 2009, p. 249, n°199 ; PERDU 2012, p. 124-125, n°49 ; PAYRAUDEAU 2017. Voir, par exemple, les bassins en forme de ‘T’ attestés dans des contextes domestiques du Nouvel Empire, qui étaient directement inspirés de la forme des tables d’offrandes et probablement utilisés dans le cadre de pratiques religieuses : BOMANN 1991, p. 101-114. Voir à ce sujet la discussion infra, Chapitre IV, § 1.3.3.2. Mobilier à connotation religieuse. Pour leur rôle dans le culte funéraire : HÖLZL 2002, p. 129135. Posées à même le sol dans la tombe, les tables d’offrandes servaient aux rites d’offrandes pour les défunts. Ces monuments, dont l’iconographie laisse penser que diverses victuailles étaient déposées dessus, servaient avant tout aux libations « qui entretenaient l’illusion d’une consommation de nourriture par le défunt » (PERDU 2012, p. 124). Comme pour la table d’offrandes de Nitocris provenant de la chapelle d’Osiris Heqa Djet à Karnak : KAMAL 1909, p. 167168, CGC 23249.

• Table d’offrandes LS 499 (fig. 406 n°1) Dim. : L. 41, l. 47, h. 6,5 cm. Table d’offrandes en schiste vert, aujourd’hui conservée au Musée de Louqsor (J.63)1626. Elle présente la forme traditionnelle du signe hiéroglyphique ḥtp, signifiant « satisfait ». Le relief a été réalisé par technique de réserve de martelage. Sur une natte ont été disposées diverses offrandes alimentaires très stylisées et arrangées de manière symétrique : des pains de diverses formes, des volailles troussées (oies ou canards ?) et des vases. Le relief très plat associé à un fond martelé dénote une datation plutôt ptolémaïque1627. La formule d’offrande n’occupe que le registre supérieur de la table, et non tout le pourtour. Elle est divisée en deux lignes horizontales non symétriques, séparées par la rigole centrale prévue pour l’écoulement des libations. La fiche-objet donne le texte suivant (translitération et traduction) :

Texte à droite : wsỉr dỉ ꜥnḫ wḏꜢ snb ꜥḥꜥw ḳꜢ ỉꜢwt ꜥꜢt nfrt n pꜢ-dỉ-nfr-ḥtp sꜢ (n) Texte à gauche : wsỉr-wr ms n nbt pr1628 dỉ-ỉmn mn mn(w) (n) ḏt « Qu’Osiris accorde vie, prospérité, santé, une longue durée de vie, une grande vieillesse à Padineferhotep1629, fils d’Ousirour1630, né de la maîtresse de maison Diimen1631. Que dure (ce) monument éternellement1632 » Cette table d’offrandes a été trouvée à l’est du rempart, plus précisément entre le rempart et l’ensemble H. La découverte d’autres éléments au caractère religieux dans ou aux alentours de ce complexe a été noté à plusieurs reprises dans l’inventaire des objets provenant des anciennes fouilles : on compte notamment des représentations d’Harpocrate (Horus l’enfant) en terracotta (fig. 359 n°2), faïence (fig. 387 n°4) et bronze (fig. 392 n°4 et fig. 393 n°3), ainsi que d’autres figures en bronze (fig. 393 n°1, 6 et 7). Un bloc inédit, LS 493, a été mis au jour non loin de la table d’offrande, dans le carré IX O 80, entre l’ensemble H et le rempart à la cote de 76 m (fig. 406 n°2). Ce fragment de bloc en grès fort abimé présente deux cupules et les restes de trois colonnes de texte. Dans la colonne de droite, l’épithète nṯr nfr, « le dieu parfait », surmonte le début d’un cartouche où seul le signe rꜥ est préservé. Le nom d’Osiris apparait dans la colonne centrale. Pour la troisième colonne, seul le signe Ꜥnh est lisible. Une note accompagnant la fiche-objet de ce bloc 1626 1627 1628

1629 1630

1631 1632

Publiée dans BOTHMER 1979, p. 178-179 (278). EL-SHAHAWY 2007, p. 178, n°278. Titre de maîtresse de maison écrit au lieu de (confusion fréquente avec le signe de la maison-pr). RANKE PN I, 124, 12 9 (Basse Époque et époque ptolémaïque). RANKE PN I, 84, 23 9 (de la XXIIe dynastie à l’époque ptolémaïque). RANKE PN I, 396, 12 (Basse Époque). Ce passage corrompu peut être compris différemment : B.V. Bothmer le traduit par « the offerings established for eternity » (BOTHMER 1979, p. 178).

LS 499

40 cm

0

1. Table d’offrandes en grano-diorite (?), trouvée près de l’ensemble H, LS 499 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6601

LS 493

0

20 cm

2. Bloc en grès inscrit, provenant de l’ensemble H, LS 493 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6603

Fig. 406. Blocs épigraphiés et decorés-10

614

CHAPITRE III

le décrit ainsi : « fragment [de] chapelle osirienne – règne indéterminé ». La construction de chapelles dédiées au culte osirien s’est développée à la périphérie du temple d’Amon de Karnak entre le début de la TPI et l’époque ptolémaïque1633. Aucune n’a jusqu’ici été identifiée dans le secteur sud-est du temenos d’Amon, mais ainsi que le souligne L. Coulon, « le nombre d’édifices osiriens qui nous sont connus sur le site de Karnak est bien inférieur à leur nombre réel »1634. Bien qu’il ne faille pas écarter la possibilité que ce bloc provienne d’un monument éloigné du secteur, il est également possible que l’ensemble H corresponde aux restes d’une chapelle et de ses annexes. La présence d’une table d’offrandes dans un tel contexte ne serait pas étonnante. Le croquis de C. Traunecker et les photographies réalisés avant le démantèlement de l’ensemble H semblent indiquer qu’il n’en restait que les fondations (fig. 189-190)1635. Prov. : carré IX O 91 ; d’après le croquis de situation de la fiche-objet, entre l’ensemble H et le rempart (cote de 76,70 m). • Table d’offrandes LS 251 (fig. 407 n°1) Table d’offrandes rectangulaire et fragmentaire, en granit d’après la fiche-objet. Malgré sa surface endommagée, il est possible de reconnaître diverses victuailles représentées en bas-relief, notamment les pains, cuissots de bœuf et vaisselles pour les libations. Aucune indication ne précise sa taille, mais d’après l’échelle du cliché, elle mesurait environ 106 cm de long1636. La partie inférieure d’une colonne de texte, gravée, est encore visible à droite du cliché. Il s’agit d’une formule traditionnelle en hiéroglyphes « […] aimé d’Amon maître des trônes des deux terres, doué de vie ». La table d’offrandes est reconnaissable sur une photographie de 1970. Elle permet de replacer sa découverte dans l’angle nord-est du complexe situé à l’ouest du quartier des prêtres, complexe dont la nature et les fonctions économiques sont démontrées dans la synthèse de cette étude1637. Prov. : carré IX N 41 ; dans le complexe à l’ouest du quartier des prêtres.

1633

1634 1635

1636

1637

COULON, DEFERNEZ 2004, p. 37, fig. 1 ; COULON 2016, p. 18, fig. 1 ; COULON, HALLMANN, PAYRAUDEAU 2018, p. 272-282. COULON 2016, p. 21. Un plan publié dans LAUFFRAY 1995b (fig. 2) montre l’ensemble H avec une orientation différente de celle du croquis de C. Traunecker et signale plusieurs portes qui ne sont pas visibles sur les clichés de 1971. Une note archivée au Cfeetk explique pourtant que l’ensemble H – comme l’ensemble postérieur G – a été démonté pendant l’été avant que son relevé précis ne soit entrepris. Longueur cohérente avec d’autres exemples, telle la table d’offrandes de Chépénoupet II mesurant 104 cm de long : HAYS 2003, p. 89. Infra, Chapitre IV, § 2.1.2. Partie orientale de la rive sud du lac Sacré.

• Table d’offrandes LS 977 (fig. 407 n°2) Dim. : L. 30, l. 27, h. 5,5 cm. Exemplaire en calcaire d’après la fiche-objet. Il a été découvert dans un sondage réalisé au niveau de la rampe de la tribune, à une altitude basse de 74,05 m. Ce sondage ayant livré un matériel chronologiquement hétérogène, il est délicat d’attribuer avec certitude LS 977 à une des phases du secteur. Bien que la sculpture soit fort rudimentaire, ou peutêtre inachevée, on peut reconnaître deux vases à libation ḥs et des pains ronds. S’il s’agit d’une ébauche, il faudrait dès lors la mettre en relation avec les activités de sculptures révélées par de nombreux éléments lors des anciennes et nouvelles fouilles du secteur1638. Prov. : carré IX O 41 ; fouille de la rampe de la tribune, non loin de l’angle nord-est du lac Sacré (cote de 74,05 m).

9.4. GRAFFITI Le domaine religieux de Karnak est riche en graffiti. Ces derniers y sont perçus comme étant liés à l’articulation des lieux par le personnel du temple, voire comme des actes performatifs rituels1639. Quelques graffiti dignes de mention ont été mis au jour dans le quartier des prêtres. Bien que leur iconographie soit directement associée au monde des prêtres et au temple, leur grossière exécution et l’absence d’inscription font d’eux des graffiti plutôt informels. Pour deux d’entre eux, nous ne possédons aucune information concernant la taille, le matériau (sans doute grès) et le contexte précis de découverte. Ces blocs sans numéros d’inventaire ont cependant été photographiés en même temps que d’autres blocs découverts lors de la fouille du quartier des prêtres en 1970, étayant leur provenance. Le troisième bloc provenant des nouvelles fouilles est également hors contexte. • Fragment d’architecture 7000.12 (fig. 408 n°1) Dim. : H. 60, l. 38, ép. 14 cm. Large fragment d’architecture en grès, vraisemblablement un jambage de porte (deux morceaux recollés). La face lisse présente de nombreuses cupules, surtout verticales, ainsi qu’un graffito représentant un faucon portant la doublecouronne pschent. Il s’agit peut-être d’une représentation d’Horus. Prov. : fouille de la Zone 7 (hors contexte).

1638

1639

Supra, Chapitre III, § 5.2. Datation et interprétation de ces éléments de sculpture. Voir aussi infra, Chapitre IV, § 1.1.3.1. Renouveau du quartier : reflet d’une transformation sociale. TRAUNECKER 1979 ; 1982 ; FROOD 2013.

jambage d’Amasis

LS 251

60 cm

0

1. Table d’offrandes en granit rose (?) LS 251, découverte dans le complexe situé à l’ouest du quartier des prêtres – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5263 et 5912

LS 277

0

30 cm

2. Table d’offrandes en calcaire LS 277 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°7194

Fig. 407. Blocs épigraphiés et decorés-11

7000.12 h: 60 cm

1. Jambage de porte en grès 7000.12, avec un graffito représentant Horus (?) – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff n°68001 et 104132

2. Jambage de porte en grès (?) portant divers graffiti de nature religieuse – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5323

3. Fragment en grès (?), avec un graffito représentant une tête de prêtre – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5314

Fig. 408. Blocs épigraphiés et decorés-12

LES ARTEFACTS

• Fragment d’architecture au numéro d’inventaire inconnu (fig. 408 n°2) Fragment d’architecture en grès, probablement un jambage de porte en grès. Des graffiti sont maladroitement incisés sur une face lisse. Un dieu peut-être à tête hiéracocéphale, sans couronne apparente, est assis sur un trône devant une table d’offrandes (?). Un graffito, plus petit, à gauche de la scène principale, semble figurer un bateau, peut-être une allusion à une des cérémonies religieuses qui se déroulaient sur le lac Sacré1640, faisant face au quartier des prêtres. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970. • Bloc au numéro d’inventaire inconnu (fig. 408 n°3) Graffito grossièrement incisé sur la face lisse d’un fragment en pierre, sans doute du grès. La tête d’un prêtre, identifiable à son crâne rasé, est représentée de profil. L’œil – démesurément grand et vu de face – semble maquillé de khôl. La base du cou est marquée de deux lignes incisées. Prov. : fouille du quartier des prêtres en 1970.

9.5. VARIA Lors des nouvelles fouilles, un bloc et un fragment de statue inscrits ont été découverts dans un contexte romain tardif (phase 15). Bien qu’ils remontent à la période de l’occupation du quartier, ils ne proviennent probablement pas de celui-ci. • Bloc 7422.4 (fig. 409) Dim. : L. 31,2, l. 21,5, ép. 12,8 cm. Bloc en grès qui a été débité pour être réutilisé. La paroi décorée et inscrite a été enduite avec une sorte de mortier. Il a été découvert parmi le matériel assez hétérogène d’une grande fosse. Cette dernière comportait de nombreux fragments de pierre, surtout en grès, ainsi qu’un matériel céramique récent, datable de l’époque romaine tardive. Le bloc, remontant peutêtre à l’époque ptolémaïque, porte les représentations d’AmonMin et d’Horus, dont la tête hiéracocéphale apparait tout à gauche du relief. L’inscription hiéroglyphique consiste en une colonne de texte partiellement préservée à la droite d’AmonMin, et, le début d’une ligne au-dessus d’Horus. Bien qu’endommagée par l’enduit, elle peut se lire ainsi :

Ligne : sḫm […] Ligne : « [Celui qui est ?] puissant » Une inscription augustéenne sur le soubassement du temple d’Opet (Opet 278 droite) offre un parallèle presque exact pour le début de l’inscription de la colonne, nous permettant de proposer une restitution pour la fin du texte : « Paroles dites par Min de Coptos, Horus qui lève le bras, [celui qui façonne, le mâle des dieux, celui qui est sur son dais] »1641. Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F48 (phase 15). • Statue 7422.1 (fig. 410) Dim. : H. 18,45 cm. Fragment d’une sculpture en calcaire. Comme le bloc précédemment décrit, il provient de la fosse d’époque romaine tardive F48. Il figure un personnage féminin debout, vêtu d’une robe moulante, appuyé contre un pilier dorsal inscrit. La partie conservée, de la taille aux genoux environ, montre un des avant-bras le long de la cuisse. D’après ce qu’il en reste, il est vraisemblable que ce fragment appartienne à un groupe statuaire, représentant peut-être un couple divin1642 ou non1643. La sculpture était assez abîmée, recouverte d’une croûte de sel épaisse et dure que les restaurateurs du Cfeetk sont parvenus à retirer en partie, notamment au niveau du pilier dorsal. De l’inscription, il ne subsiste que les cinq premières colonnes, encore qu’il nous manque le haut et le bas de ces colonnes et que la dernière est très fragmentaire. Un essai de translitération et de traduction est proposé ci-dessous :

1ère colonne : [ḥtp-dj-nsw] wsỉr ḫnty ỉmntyw dỉ.sn prt-ḫrw kꜢw Ꜣpdw mnḫt snṯr mrḥt […]

1641

Colonne : ḏd-mdw jn mnw gbtywy ḥr fꜢ῾ Colonne : « Paroles dites par Min de Coptos, Horus qui lève le bras […] »

1642

1643

1640

Sur les processions sur le lac Sacré et quelques graffiti associés à Karnak : SALVADOR 2016, p. 116-118.

617

DE WIT 1958, p. 278 ; DE WIT 1962, pl. 32b ; LEITZ 2014, p. 57. Voir aussi la base de données de Karnak SITH pour d’autres références bibliographiques : http://sith.huma-num.fr/ karnak/3647. Voir par exemple la dyade représentant Osiris et Isis publiée dans BICKEL, TALLET 2000, p. 129. Tel le groupe statuaire de l’époque ptolémaïque ns-mnw, fils de ḏd-ḥr, et de son épouse tꜢ-šrỉt-mnw (Musée du Caire JE 37136) : http://www.ifao.egnet.net/bases/cachette/?descr=groupe&os= 7#galerie

7422.4 L: 32 cm

0

5 cm

Éch. dessin : Bloc décoré et inscrit en grès 7422.4, provenant d’une fosse de dépotoir de la phase 15 – © Cnrs-Cfeetk/cliché G. Pollin n°75734, dessin H. Zacharias

Fig. 409. Blocs épigraphiés et decorés-13

619

LES ARTEFACTS

7422.1 h: 18,5 cm

0

5 cm

Éch. dessin :

Statue inscrite en calcaire 7422.1, provenant d’une fosse de dépotoir de la phase 15 – © Cnrs-Cfeetk/clichés G. Pollin n°75735, 75737-75738, dessin H. Zacharias

Fig. 410. Blocs épigraphiés et decorés-14

CHAPITRE III

620

1. Jambage de porte en grès (quartier des prêtres) – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5313

0

2. Bloc en grès (quartier des prêtres) – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°5315

5 cm

3. Fragment de calcaire inscrit, LS482 (quartier ptolémaïque) – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6471

4. Jambage de porte en grès (quartier ptolémaïque ?) – © Cnrs-Cfeetk/ A. Bellod n°22647

Fig. 411. Blocs épigraphiés et decorés-15

LES ARTEFACTS

2e colonne : […] jw.k wsṯn.tj m-bꜢḥ wnn-nfr ḫnty […]1644 3e colonne : […] sỉ[ḳ]r nb.f wn.n.k sꜢ-n-ḫꜢst sẖp sn […] 4e colonne : […]=f m sp.yw ḥnw(t) […] 5e colonne : traces 1ère colonne : « [Une offrande que donne le roi à ? et à] Osiris qui préside à l’Occident, afin qu’ils accordent une offrande invocatoire, consistant en bétail, volaille, vêtements, encens, huile mrḥt, vin, lait […] » 2e colonne : « […] alors que tu voyages librement devant Osiris Ounnefer qui préside […] » 3e colonne : « […] que son maître favorise ; s’ouvre pour toi la porte (?) du désert ; ceux qui avalent (?) […?]1645 4e colonne : « […] son […] avec les restes des offrandes […] » 5e colonne : traces Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F48 (phase 15).

Je livre enfin quelques fragments qui, à ma connaissance, ne sont pas publiés (fig. 411). Excepté le petit fragment de calcaire (LS 482, n°3), ils n’ont ni numéro d’inventaire ni fiche-objet. Les deux premiers proviennent des fouilles du quartier des prêtres en 1970 (n°1-2) et les deux autres (n°3-4) de celles du quartier ptolémaïque. Je ne les ai pas retrouvés dans les réserves de Karnak et de ce fait ne possède que ces anciens clichés.

Bibliographie de l’étude des blocs épigraphiés et décorés ANUS, SA’AD 1971 : P. ANUS, R. SA’AD, « Habitations de prêtres dans le temple d’Amon de Karnak », Kêmi 21, 1971, p. 217-238. BARGUET, GONEIM, LECLANT 1951 : P. BARGUET, M.Z. GONEIM, J. LECLANT, « Les tables d’offrandes de la grande cour de la tombe de Montouemhât », ASAE 51, 1951, p. 491-507. VON BECKERATH 1999 : J. VON BECKERATH, Handbuch der ägyptischen Königsnamen, MÄS 49, Mayence, 1999 (2e éd.). BICKEL, TALLET 2000 : S. BICKEL, P. TALLET, « Quelques monuments privés héliopolitains de la Troisième Période intermédiaire », BIFAO 100, 2000, p. 129-144. BOMANN 1991 : A.H. BOMANN, The private chapel in ancient Egypt : a study of the chapels in the workmen’s village at El Amarna with special reference to Deir el Medina and other sites, Londres, 1991. 1644 1645

Les signes suivant ḫnty sont difficiles à identifier. Je souhaite remercier Laurent Coulon pour la translitération et la traduction de ce passage difficile du texte.

621

BOTHMER 1979 : B.V. BOTHMER, The Luxor Museum of Ancient Egyptian Art Catalogue, Le Caire, 1979. BROEKMAN 2000 : G.P.F. BROEKMAN, « On the chronology and genealogy of the Second, Third and Fourth Prophets of Amun in Thebes during the twenty-first dynasty in Egypt », GM 174, 2000, p. 25-36. BUDKA 2001 : J. BUDKA, Der König an der Haustür – Die Rolle des ägyptischen Herrschers an dekorierten Türgewänden von Beamten im Neuen Reich, BeitrÄg 19, Vienne, 2001. COULON 2016 : L. COULON, « Les chapelles osiriennes de Karnak. Aperçu des travaux récents », BSFE 195-196, 2016, p. 16-35. COULON, DEFERNEZ 2004 : L. COULON, C. DEFERNEZ, « La chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak. Rapport préliminaire des fouilles et travaux 20002004 », BIFAO 104, 2004, p. 135-190. COULON, HALLMANN, PAYRAUDEAU 2018 : L. COULON, A. HALLMANN, F. PAYRAUDEAU, « The Osirian Chapels at Karnak : An Historical and Art Historical Overview Based on Recent Fieldwork and Studies », in E. PISCHIKOVA, J. BUDKA, K. GRIFFIN (éds), Thebes in the First Millennium B.C. : Art and Archaeology of the Kushite Period and Beyond, GHP Egyptology 27, Londres, 2018, p. 271-293. COULON, LECLÈRE, MARCHAND 1995 : L. COULON, F. LECLÈRE, S. MARCHAND, « ‘Catacombes’ osiriennes de Ptolémée IV à Karnak. Rapport préliminaire de la campagne de fouilles 1993 », Karnak 10, 1995, p. 205-238. ÉTIENNE 2009 : M. ÉTIENNE (dir.), Les Portes du Ciel : Visions du monde dans l’Égypte ancienne, catalogue d’exposition à Paris, 6 mars-29 juin 2009, Paris, 2009. FROOD 2013 : E. FROOD, « Egyptian temple graffiti and the gods : appropriation and ritualization in Karnak and Luxor », in D. RAGAVAN (éd.), Heaven on Earth : Temple, Rituals and Cosmic Symbolism in the Ancient World, Chicago, 2013, p. 285-318. HAYS 2003 : H.M. HAYS, « A new offering table for Shepenwepet », JARCE 40, 2003, p. 89-102. HÖLZL 2002 : R. HÖLZL, Ägyptische Opfertafeln und Kultbecken : eine Form- und Funktionsnalyse für das Alte, Mittlere und Neue Reich, HÄB 45, Hildesheim, 2002. JAMEN 2011 : F. JAMEN, « Les quatrièmes prophètes d’Amon au tournant du Ier millénaire av. J.-C. À propos de la famille d’Jmn-ms (P.Boulaq 9) », BIFAO 111, 2011, p. 229-241. JANSEN-WINKELN 2007 : K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit. Teil I : Die 21. Dynastie, Wiesbaden, 2007. KAMAL 1909 : A. KAMAL, Tables d’offrandes, Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Le Caire, 1909. KITCHEN 1995 : K.A. KITCHEN, The Third Intermediate Period in Egypt (1100-650 BC), Warminster, 1995 (3e éd.).

622

CHAPITRE III

LAUFFRAY 1979 : J. LAUFFRAY, Karnak d’Égypte, Domaine du divin, Paris, 1979. LAUFFRAY 1995a : J. LAUFFRAY, « Maisons et ostraca ptolémaïques à l’est du Lac Sacré », Karnak 10, 1995, p. 301-348. LAUFFRAY 1995b : J. LAUFFRAY, « Le rempart de Thoutmosis III à l’Est du Lac Sacré », Karnak 10, 1995, p. 257-299. LEITZ 2014 : Chr. LEITZ, Die Gaumonographien in Edfu und ihre Papyrusvarianten. Ein überregionaler Kanon kultischen Wissens im spätzeitlichen Ägypten. Soubassementstudien III, SSR 9, Wiesbaden, 2014. MUNRO 1985 : P. MUNRO, Die spätägyptischen Totenstelen. Index et Addenda par H. De Meulenaere, L. Limme, J. Quaegebeur, Bruxelles, 1985. PAYRAUDEAU 2002 : F. PAYRAUDEAU, « Une famille de généraux du domaine d’Amon sous les 21ème et 22ème dynasties (statue Caire JE 36742) », in S. PERNIGOTTI (éd.), Egyptian Museum Collections around the World. Studies for the Centennial of the Egyptian Museum Cairo, Le Caire, 2002, p. 917-928. PAYRAUDEAU 2010 : F. PAYRAUDEAU, « Nouvelles inscriptions de la Troisième Période Intermédiaire à Karnak (I) », Karnak 13, 2010, p. 359-371. PAYRAUDEAU 2014 : F. PAYRAUDEAU, Administration, société et pouvoir à Thèbes sous la XXIIe dynastie bubastite, BdE 160, Le Caire, 2014. PAYRAUDEAU 2017 : F. PAYRAUDEAU, « Une table d’offrandes de Nitocris et Psammétique Ier à Karnak… Nord ? », Karnak 16, 2017, p. 297-301. PERDU 2012 : O. PERDU (dir.), Le crépuscule des pharaons. Chefs-d’œuvre des dernières dynasties égyptiennes, Catalogue de l’exposition au Musée Jacquemart-André du 23 mars au 23 juillet 2012, Bruxelles, 2012.

SALVADOR 2016 : C. SALVADOR, « Graffiti and sacred space : New Kingdom expressions of individuality in the court of the seventh pylon at Karnak », in M. ULLMANN (éd.), 10. Ägyptologische Tempeltagung : Ägyptische Tempel zwischen Normierung und Individualität, Wiesbaden, 2016, p. 111-128. EL-SHAHAWY 2007 : A. EL-SHAHAWY, Luxor Museum : the glory of ancient Thebes, Le Caire, 2007. TAYLOR, STRUDWICK 2005 : J.H. TAYLOR, N.C. STRUDWICK, Mummies: Death and the Afterlife in Ancient Egypt. Treasures from The British Museum, Santa Ana, 2005. TRAUNECKER 1979 : C. TRAUNECKER, « Manifestations de piété personnelle à Karnak », BSFE 85, p. 22-31. TRAUNECKER 1982 : C. TRAUNECKER, « Le peuple de Karnak », Histoire et archéologie : les dossiers 61, p. 55-59. TRAUNECKER 1993 : C. TRAUNECKER, « Les résidents des rives du Lac Sacré : le cas d’Ankhefenkhonsou », CRIPEL 15, 1993, p. 83-93. VITTMANN 1978 : G. VITTMANN, Priester und Beamte im Theben der Spätzeit. Genealogische und prosopographische Untersuchungen zum thebanischen Priesterund Beamtentum der 25. und 26. Dynastie, Vienne, 1978. DE WIT 1958 : C. DE WIT, Les inscriptions du temple d’Opet à Karnak, BiAeg 11, Bruxelles, 1958. DE WIT 1962 : C. DE WIT, Les inscriptions du temple d’Opet à Karnak II, BiAeg 12, Bruxelles, 1962.

LES ARTEFACTS

10. OSTRACA

Didier DEVAUCHELLE, Ghislaine WIDMER et Aurélia MASSON-BERGHOFF

Ce chapitre sur les ostraca présente tout d’abord les quelques exemplaires mis au jour lors des nouvelles fouilles du secteur. Ce catalogue concis est suivi d’un aperçu de l’important corpus d’ostraca découverts dans le quartier ptolémaïque en 1971. Un projet d’étude approfondie de cette large documentation inscrite est en cours par D. Devauchelle et Gh. Widmer (Université de Lille). 10.1. LES OSTRACA PROVENANT DES NOUVELLES FOUILLES

Comparés aux centaines d’ostraca découverts lors des fouilles de J. Lauffray dans le quartier ptolémaïque1646, les ostraca constituent une trouvaille rare dans la Zone 7. L’écriture est soit hiéroglyphique, hiératique anormal (?), ou démotique. Le dernier cas est de loin majoritaire. Les inscriptions peintes sur éclat de calcaire ou tesson de poterie sont malheureusement bien souvent mal conservées, laissant peu de chance pour la traduction. D. Devauchelle a pu fournir de précieuses informations chronologiques grâce à l’analyse de la graphie, même s’il faut se montrer prudent en matière de paléographie. Les ostraca sont présentés ci-dessous par ordre chronologique, du contexte le plus ancien au plus récent. 10.1.1. Ostraca de la phase 13 (Basse Époque) • Ostracon 7469.1 (fig. 412 n°1) Dim. : L. 6,4, l. 5,1, h. 0,55 cm. Fragment de céramique en pâte calcaire (en M1) couvert de signes à l’encre noire, très difficilement lisibles, voire visibles. Dans la partie gauche du fragment (troisième ligne conservée), il pourrait s’agir de chiffres démotiques. Datation : ? Prov. : remblai de nivellement pour le premier niveau de circulation de rue SOL24.

623

les traces de trois lignes sur le verso. L’écriture est très effacée et donc quasi-illisible. La datation par la paléographie proposée pour cet ostracon est de loin postérieure à celle du contexte archéologique dans lequel il a été découvert. Il illustre sans doute une contamination récente. Datation : époque ptolémaïque vraisemblablement (d’après la paléographie) Prov. : remblai de la fin de la XXVIe (pas avant le règne d’Amasis) ou début de la XXVIIe dynastie, entre les sols SOL2 et SOL3 (espace arrière de la maison VII) ; contamination (?). • Ostracon 7302.1 (fig. 412 n°4) Dim. : L. 6,4, l. 5,2, h. 0,55 cm. Fragment de jarre à panse striée (en M1) inscrite sur la face interne. Les traces nettes de deux lignes à l’encre noire, et peut-être d’une troisième dans la partie supérieure, sont visibles. Il pourrait s’agir de hiératique anormal. En dépit de la netteté des restes d’écriture, une lecture suivie, même un aperçu du contenu, ne peut être proposée. Datation : XXVIe dynastie possible. Prov. : niveau éolien sur le sol SOL7 (pièce B de la maison VII). • Ostracon 7780.2 (fig. 412 n°5) Dim. : L. 8,4, l. 8,15, h. 0,55 cm. Tesson en pâte alluviale portant au moins huit lignes en démotique, écrites à l’encre noire. Les lignes sont souvent incomplètes et assez effacées. Aussi est-il difficile d’isoler des mots, y compris pour les lignes complètes. Datation : pré-ptolémaïque ? Prov. : niveau de circulation de rue (S3G). • Ostracon 7396.4 (fig. 412 n°6) Dim. a : L. 3,2, l. 7,6, h. 0,4 cm. Dim. b : L. 5,4, l. 8,9, h. 0,6 cm. Deux fragments de poterie en pâte calcaire (en M1), appartenant à la même céramique, portant quelques signes à l’encre noire, très effacés. On devine des traces indistinctes au bas du fragment a, et d’autres, tout aussi illisibles, sur le fragment b. Elles ne sont pas identifiables. Datation : ? Prov. : niveau de dépotoir dans la maison VII.

10.1.2. Ostraca de la phase 14 (fin Basse Époqueépoque ptolémaïque)

• Ostracon 7098.1 (fig. 412 n°2-3) Dim. : L. 12, l. 12, h. 2 cm. Fragment de vaisselle en calcaire avec plusieurs lignes en démotique écrites sur les deux faces à l’encre noire. Le recto présente des traces d’au moins huit lignes, dont seul le début est conservé (peut-être une liste ?). On ne dénombre que

• Ostracon 7734.4 (fig. 178) Dim. : L. 29, l. 22,9, h. 2,5 cm. Inscription hiéroglyphique gravée très finement sur la surface extérieure d’un gros fragment de céramique. Ce dernier a été découvert en plusieurs morceaux, presque à plat sur un niveau de rue. Il s’agit d’un fragment d’amphore à anses de panier1647. L’inscription est de belle qualité, mais incomplète.

1646

1647

Infra, Chapitre III, § 10.2. Quelques notes sur les ostraca provenant des anciennes fouilles.

Sur ce type d’amphore : supra, Chapitre III, § 1.4.2.3. Récipients assimilés au courant chypriote de la phase 14.

CHAPITRE III

624

7469.1 L: 6,4 cm

1. Ostracon 7469.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111602

7098.1 L: 12 cm

2. Ostracon 7098.1, recto – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67764

7098.1 L: 12 cm

3. Ostracon 7098.1, verso – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°67765 7302.1 L: 6,4 cm

4. Ostracon 7302.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72859

7396.4

7780.2 L: 8,4 cm

l (fragment a): 7,6 cm

5. Ostracon 7780.2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111603

l (fragment b): 8,9 cm

6. Ostracon 7396.4 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111601

Fig. 412. Ostraca-1

LES ARTEFACTS

Les signes ḥm-nṯr (« prophète ») sont suivis du signe t et du début d’un personnage assis, le nom d’une divinité probablement (peut-être Mout). Datation : fin Basse Époque-début époque ptolémaïque Prov. : premier niveau de remblaiement de la rue (Rue 2). • Ostracon 7354.1 (fig. 413 n°1) Dim. : L. 9, l. 11,5, h. 0,9 cm. Fragment de céramique portant une inscription démotique. Trois lignes sur une première colonne correspondent à des chiffres et des signes indistincts. Deux lignes sur une autre colonne sont encore moins lisibles. Datation : époque ptolémaïque Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F38 dans le bâtiment J. • Ostracon 7354.2 (fig. 413 n°2) Dim. : L. 8,4, l. 8,15, h. 0,55 cm. Tesson portant les restes de sept lignes de texte démotique sur la surface extérieure. Le début de ces lignes manque, ainsi que la fin de quelques-unes d’entre elles. La lecture en est difficile. Le contenu est incertain : lettre, reçu ou contrat sous forme de lettre (?). Datation : époque ptolémaïque Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F38 dans le bâtiment J. • Ostracon 7351.2 (fig. 413 n°3) Dim. : L. 3,7, l. 2, h. 11,3 cm. Anse d’amphore d’époque ptolémaïque portant sur les deux faces une inscription démotique écrite à l’encre noire. On peut peut-être reconnaître, dans la partie inférieure du recto, au moins trois lignes avec, à chaque fois, un nombre de l’ordre des centaines. Mais les traces d’écriture sont quasiindistinctes. Les restes d’au moins une ligne d’inscription sont aussi visibles sur le verso (ỉỉr …) ; les traces en dessous de cette ligne ne sont pas distinctes. Datation : époque ptolémaïque probablement Prov. : remblai sablo-limoneux recouvrant le bâtiment J. • Ostracon 7338.2 (fig. 413 n°4) Dim. : L. 6, l. 3,7, h. 0,9 cm. Tesson de céramique portant sur ses deux faces une inscription démotique, écrite à l’encre noire. Des traces de deux colonnes semblent conservées sur le recto. La fin d’une seule ligne subsiste sur la première colonne ; les deux signes peuvent représenter le déterminatif de l’eau. Quatre lignes sont conservées pour la deuxième colonne. Si les traces sont plus importantes, il n’est pas aisé de fournir une traduction de ce texte qui s’apparente à un compte. La première ligne contient peut-être le début d’un nom féminin que l’on peut compléter : TꜢ-šr.t-ḫmt-[sn.w] ; cet anthroponyme est connu dans la région thébaine à l’époque romaine. Sur le verso, deux colonnes semblent également subsister dont on ne peut préciser le contenu :

625

Colonne I L. × + 3 : 34 1/6 (?) et un sigle Colonne II L. × + 1 : 9 (?) et deux signes non lisibles avec assurance L. × + 2 : 6 1/6 (?) Datation : époque ptolémaïque (plutôt milieu à fin de cette époque) Prov. : deuxième niveau de remblaiement de la rue (Rue 4). • Ostracon 7463.1 (fig. 176) Dim. : L. 7,7, l. 5,6, h. 0,9 cm. Inscription hiéroglyphique très soignée, incisée sur un fragment de céramique. L’ostracon est trop fragmentaire pour comprendre l’inscription. Les signes reconnaissables sont le roseau (ỉ) et la croix de vie (ꜥnḫ). Ils sont peut-être précédés du cobra (ḏt), dont on aperçoit la queue. Datation : époque ptolémaïque ? Prov. : remblai situé entre les structures ST11 et ST36, dans le couloir arrière du bâtiment J (entre les sous-phases 14a et 14b). • Ostracon 7328.1 (fig. 414 n°1) Dim. : L. 6, l. 6, h. 0,8 cm. Ostracon démotique inscrit à l’encre noire sur les deux faces d’un tesson de céramique. L’exemplaire suivant (7328.2) semble appartenir à la même céramique (mêmes stries de tournage). Il reste la fin de sept lignes au recto du tesson. On peut encore lire des chiffres, parfois précédés d’un ou plusieurs sigles, non identifiables. Il s’agit d’un compte, mais dont la nature est difficile à préciser. L. 1 : […] .?. 3 L. 2 : […] .(?) 3 1/2 L. 3 : […] .(?) 4 1/2 L. 4 : […] .(?) reste(?) : 3 1/2 1/4 L. 5 : […] … ? … L. 6 : […] 3 2/3 .(?) Sur le verso, on peut supposer qu’il y avait deux colonnes de texte, si l’on en croit la trace sur la partie droite. On ne peut rien proposer pour la lecture du début des quatre lignes restantes qui formeraient la deuxième (?) colonne. Datation : époque ptolémaïque Prov. : niveau de sol SOL20 (Rue 5). • Ostracon 7328.2 (fig. 414 n°2) Dim. : L. 5,5, l. 4,5, h. 0,8 cm. Ostracon démotique seulement inscrit sur le recto. Ce fragment doit probablement être rapproché de l’ostracon précédent, 7328.1 (mêmes stries de tournage). Il ne reste que quatre lignes dont il manque le début et la fin. Il est difficile d’en déterminer le contenu (un compte ?) ; on peut lire le chiffre 3 sur la première ligne, 7 à la fin de la deuxième ligne et 30 sur la troisième ligne. Les autres traces ne permettent pas de proposer une traduction assurée. Datation : époque ptolémaïque. Prov. : niveau de sol SOL20 (Rue 5).

7354.1 L: 9 cm

1. Ostracon 7354.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72847

7354.2 L: 8,4 cm

2. Ostracon 7354.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72846

7351.2 h: 11,3 cm

3. Ostracon 7351.2 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111598-111599

7338.2 L: 6 cm

4. Ostracon 7338.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72853-72854

Fig. 413. Ostraca-2

627

LES ARTEFACTS

7328.1 L: 6 cm

1. Ostracon 7328.1, recto et verso – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72855-72856

7328.2 L: 5,5 cm

7330.1 L: 16 cm

3. Ostracon 7330.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72845

2. Ostracon 7328.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72860

7330.2 L: 5,7 cm

4. Ostracon 7330.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72861

7330.3 L: 4 cm

5. Ostracon 7330.3 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72857

Fig. 414. Ostraca-3

628

CHAPITRE III

• Ostracon 7330.1 (fig. 414 n°3) Dim. : L. 16, l. 11,7, h. 0,8 cm. Inscription démotique peinte à l’encre noire sur la panse d’une jarre. Deux lignes sont visibles sur la partie supérieure du tesson. On distingue des traces de signes sur la partie droite de l’ostracon formant ainsi la fin de plusieurs autres lignes. Il est impossible de déterminer le contenu du texte. À la deuxième ligne, on pourrait reconnaître l’anthroponyme Hor (Ḥr) . Datation : époque ptolémaïque (plutôt fin de cette époque ?). Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F25 (Rue 5) entre SOL19 et SOL20.

apparaissent, avec un intervalle plus important entre les deux dernières. Le contenu du texte est difficile à déterminer. On peut lire : L. 1 : traces L. 2 : […] n? .(?) 8 ḥd 1 ḳt 1? […], « […] pour? 8 .(?) : 1 deben, 1? kite […] » L. 3 : […] Ḥr ḥḏ (?) …(?) […], « […] Hor : …? deben (?) …? […] » L. 4 : […] .(?) n (?) tꜢ mḥ-2 .? […], « […] le / la deuxième .? […] » Datation : époque ptolémaïque Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F20 (Rue 6).

• Ostracon 7330.2 (fig. 414 n°4) Dim. : L. 5,7, l. 2,8, h. 0,9 cm. Tesson en pâte calcaire portant sur la surface externe une inscription démotique écrite à l’encre noire. Les deux lignes restantes sont en partie dissimulées par des taches. Le nom de Padiousir apparaît semble-t-il au début de la deuxième ligne. Datation : époque ptolémaïque Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F25 (Rue 5) entre SOL19 et SOL20.

• Ostracon 7301.11 (fig. 415 n°3) Dim. : L. 9,2, l. 8,5 cm. Ostracon démotique écrit à l’encre noire sur les deux faces d’un tesson. Le recto est effacé dans sa partie supérieure. Deux colonnes de texte sont visibles, chacune ayant dix ou onze lignes. Il s’agit du compte d’un liquide ; le titre étant perdu, on ne sait à quoi renvoie la mesure de capacité hine (± 0,45 litre). Sur la deuxième colonne, le texte des lignes 4 à 8 commence par un anthroponyme qui est suivi, dans les lignes 4 et 5, par une quantité en hine, ce qui ne paraît pas être le cas par la suite. Malgré la préservation d’un certain nombre de groupes, aucune lecture n’est assurée. Colonne I L. × + 1 : traces L. × + 2 : traces L. × + 3 : […] .?. 1/4, « […] .?. 1/4 » L. × + 4 : […] .?., « […] .?. » L. × + 5 : […] hn 1 1/2, « […] 1 1/2 hine » L. × + 6 : […] hn 3 (/ 4), « […] 3 (ou 4) hine » L. × + 7 : […] .?. hn 3 (/ 4), « […] .?. 3 (ou 4) hine » L. × + 8 : […] .?. hn 6, « […] .?. 6 hine » L. × + 9 : […] .?., « […] .?. » L. × + 10 : […] .?. hn 6, « […] .?. 6 hine » Colonne II L. × + 1 : traces L. × + 2 : traces L. × + 3 : texte visible mais trop effacé pour être lu L. × + 4 : PꜢ- .?. hn 1/2, « Pa-.?. 1/2 hine » L. × + 5 : Ἰỉ-m-ḥtp (?) .?. hn 3, « Imhotep (?) .?. 3 hine » L. × + 6 : PꜢ-.?., « Pa-.?. » L. × + 7 : PꜢ-.?., « Pa-.?. » L. × + 8 : .?., « .?. » L. × + 9 : traces L. × + 10 : traces L. × + 11 : traces Deux colonnes d’au moins 4 ou 6 lignes sont visibles sur le verso. Les lignes 1 et 2 de la première colonne mentionnent peut-être un anthroponyme (Pacherousir). À la ligne 3 de la première colonne et à la ligne 1 de la deuxième colonne, on lit « 1 hine ». Le contenu exact du texte est impossible à déterminer.

• Ostracon 7330.3 (fig. 414 n°5) Dim. : L. 4, l. 3, h. 0,9 cm. Tesson en pâte alluviale portant des traces indistinctes de démotique (?) sur la surface externe. L’inscription, à l’encre noire, est très abîmée, incomplète et illisible. Datation : époque ptolémaïque Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F25 (Rue 5) entre SOL19 et SOL20. • Ostracon 7309.1 (fig. 415 n°1) Dim. : L. 7,6, l. 7,6, h. 0,5 cm. Ostracon démotique inscrit à l’encre noire sur les deux faces d’un fond d’une forme fermée en pâte calcaire. Sur le recto, il est difficile de déterminer le nombre de lignes (cinq sont bien visibles) et de traduire les fragments du texte (l. 3 : ḥms, « être assis » ; fin de la l. 5 : « 2 »). Au verso, sur les six lignes visibles, les deux premières sont très effacées, tandis que les quatre autres sont composées d’expressions indépendantes, séparées par des espaces blancs. Les lignes 3 à 5 semblent débuter par un même mot, suivi, aux lignes 3 (?) et 5, de nḥḥ, indiquant qu’on est en présence d’une compte d’huile : « 4 hine 1/2 (?) » (l. 3) ; « 3 (?) hine 1/2 1/8 » (l. 4) et, à la fin de la ligne 5, « 1 hine 1/4 1/8 » ; la ligne 6 serait le total : « 9 hine 1/2 ». Datation : époque ptolémaïque Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F22 (Rue 6). • Ostracon 7301.2 (fig. 415 n°2) Dim. : L. 4,4, l. 4, h. 1 cm. Ostracon démotique inscrit à l’encre sur la face externe d’un tesson en pâte alluviale. Quatre lignes incomplètes

7309.1 L: 7,6 cm

1. Ostracon 7309.1 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72850-72851

7301.2 L: 4,4 cm

2. Ostracon 7301.2 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72858

7301.11 L: 9,2 cm

3. Ostracon 7301.11 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72848-72849

Fig. 415. Ostraca-4

630

CHAPITRE III

Datation : époque ptolémaïque Prov. : comblement de la fosse de dépotoir F20 (Rue 6).

Ce corpus d’ostraca, bien que de taille réduite et parfois peu exploitable, apporte quelques données intéressantes sur les phases 13 et 14 du secteur. Le démotique, dans la région thébaine, est surtout attesté à partir du règne d’Amasis, soit à la fin de la XXVIe dynastie1648. La découverte d’ostraca démotiques dans les contextes de la phase 13 pourrait ainsi composer un très bon terminus. Néanmoins, l’ostracon 7098.1 (fig. 412 n°2-3) découvert dans un remblai entre les sols SOL3 et SOL2, dans l’espace arrière de la maison VII, semble plutôt dater de l’époque ptolémaïque d’après la paléographie : la fosse de dépotoir F13, datée de l’époque ptolémaïque coupait ces deux sols au sud de la pièce (fig. 82 et 87). Cet ostracon pourrait donc plutôt provenir de la phase 14 du quartier. Quant à l’ostracon 7302.1 (fig. 412 n°4), trouvé dans le fin niveau éolien recouvrant le niveau d’occupation SOL7 de la maison VII, il pourrait être en hiératique anormal ; une datation de la XXVIe dynastie, comme le suggère l’étude du mobilier céramique relevé sur ce sol, conviendrait1649. Les ostraca démotiques de la phase 14 proviennent tous de niveaux postérieurs à l’occupation des bâtiments de la sous-phase 14a. Lorsqu’il est possible de déterminer leur contenu, il s’agit le plus souvent de comptes. Ces inscriptions sont toutes datables de l’époque ptolémaïque. L’ostracon 7338.2 (fig. 413 n°4) issu du deuxième grand niveau de remblaiement de la rue (Rue 4) apporte peut-être une indication chronologique plus précise : la paléographie permet de suggérer une datation entre le milieu et la fin de l’époque ptolémaïque. L’étude du matériel céramique de ce niveau, et surtout des fosses de dépotoir recouvertes par ce remblai, indique une datation fin IIIe-IIe siècle av. J.-C. Ce remblai est postérieur à la démolition et à l’arasement des bâtiments I et J dans leur sous-phase 14a, et, antérieur à leur reconstruction à la sous-phase 14b. Parmi les trois ostraca démotiques recueillis dans la fosse de dépotoir F25 (Rue 5) entre les sols SOL19 et SOL20, 7330.1 (fig. 414 n°3) date plus probablement de la fin de la période ptolémaïque. Enfin, l’ostracon hiéroglyphique 1648 1649

VLEEMING 1981, p. 36. Le prêtre Pa-sheri-n-aset, qui a laissé de nombreux scellés dans le niveau éolien recouvrant le sol SOL8 (cour de la maison VII), contemporain du sol SOL7, semble être connu pour avoir vécu sous la XXVIe dynastie : MASSON 2010, p. 352-353 ; infra, Chapitre IV, § 1.2.2.1. Le prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset.

7734.4 (fig. 178), provenant du remblai recouvrant directement le niveau de rue SOL22 (Rue 2), témoigne de l’occupation de ce quartier par les prêtres avec son titre de prophète (ḥm-nṯr). 10.1.3. Ostraca mis au jour dans les remblais modernes Deux ostraca ont été découverts parmi les remblais modernes recouvrant le quartier des prêtres et un troisième dans les remblais qui se sont accumulés depuis le XIXe siècle dans la chapelle de Chabataka1650. • Ostracon 7001.10 (fig. 416 n°1) Dim. : L. 10,9, l. 7, h. 1,4 cm. Ostracon démotique bien préservé, écrit à l’encre noire sur les deux faces d’un tesson en pâte alluviale. Ce tesson préserve une suite de petits comptes (charges de transport, prix du vin et dépenses en monnaie) dont la logique interne n’est pas facile à déterminer. Le copiste semble expérimenté, mais certaines de ses idiosyncrasies (ajout d’un petit trait oblique entre certaines sommes de kite et d’obole, cf. r°, col. I, 3 et v° 4 et 5 et emploi d’une sorte de r devant ḥḏ pour introduire une nouvelle entrée et non un récapitulatif) entravent la lecture du document. Sur le recto, la première ligne, qui pourrait contenir un intitulé, reste incompréhensible. Le texte se présente ensuite en deux colonnes un peu irrégulières. La première ligne du verso est vraisemblablement la suite du texte du recto. Après un espace de démarcation, un ou deux nouveaux comptes ont été notés. Si notre hypothèse de voir dans le r précédant ḥḏ la marque d’une nouvelle entrée, la ligne 6 correspondrait au début d’un nouveau compte dépendant, lui aussi, du total enregistré à la ligne 2. Si les opérations des lignes 2, 3, 5 et 6 sont vérifiables, le « détail » semble partiel (l. 4-5, cf. aussi l. 7). Étant donné l’importance des sommes documentées, notamment pour le prix du vin, nous ne sommes sans doute pas en présence de paiements pour une consommation personnelle ; ces comptes étaient peut-être liés aux activités menées dans les magasins d’offrandes construits sur la rive sud du lac Sacré. Colonne I (recto) L. 1 : pꜢ .? 68 (?) 1/2, « Le .?. 68 (?) 1/2 » L. 2 : tꜢ hm.t ḥḏ 1 ḳt .?. wp-s.t (?), « La charge de transport1651 : 1 deben, .?. kite, détail (?) » 1650

1651

Sur cette chapelle et son appartenance à un grand complexe de magasins d’offrandes voir infra, Chapitre IV, § 2.1.2.1. La chapelle de Chabataka. Il est difficile, étant donné la large palette de significations du terme hm.t (« cargaison », « frais de transport », « prix du passage en bac »), d’être assurés du sens que revêt ce terme

631

LES ARTEFACTS

7001.10 L: 10,9 cm

1. Ostracon 7001.10 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72843-72844

7001.11 l: 5 cm

2. Ostracon 7001.11 – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°72862

7884.1 l: 7 cm

3. Ostracon 7884.1 – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°111604-111605

Fig. 416. Ostraca-5

632

CHAPITRE III

L. 3 : pꜢ ḥbs n pꜢ ỉry-ꜥꜢ (?) ḳt 3.t ḏbꜥ.t (?) 1.t, « Le vêtement (?) du portier (?) : 3 kite, 1 obole (?) » L. 4 : pꜢ ꜥ-n-mr (?) .? ḳt(?) 2, « Le directeur du port (?) : .? 2 kite » L. 5 : pꜢ ꜥ-n-mr (?) .?. , « Le directeur du port (?) : . ?. » L. 6 : nꜢ rmṯ.w nty ḥrḥe (?) ḳt 1/2 ḏbꜥ.t 1.t 1/2, « Les gens qui gardent (?) : 1/2 kite, 1 obole et 1/2 » L. 7 : tꜢ hm.t r-ḥr (?) yr (?) ḳt 3 ḏbꜥ.t (?) 2.t, « La charge de transport vers (?) le fleuve (?) : 3 kite et 2 oboles (?) » L. 8 : traces Colonne II (recto) L. 1 : swn ỉrp, « Prix du vin » L. 2 : ḥḏ 24 (?) ḳt 1.t ḏbꜥ.t 1.t, « 24 deben, 1 kite et 1 obole » L. 3 : r (?) ḥḏ 28 ḳt 5 1/3 ḏbꜥ.t 1.t 1/4, « 28 deben, 5 kite 1/3 et 1 obole 1/4 » L. 4 : r (?) ḥḏ 3 ḏbꜥ.t 21, « 3 deben et 21 oboles » L. 5 : r (?) ḥḏ 9 ḳt 5 ḏbꜥ.t 1.t 1/2 1/4, « 9 deben, 5 kite et 1 obole 1/2 1/4 » Verso L. 1 : r (?) ḥḏ 2 ḳt 3 5/6 (?), « 2 deben et 3 kite 5/6 (?) » L. 2 : pꜢ wn (?) ḥḏ 22 ḳt 2 5/6 ḏbꜥ.t 1.t, « Le total : 22 deben, 2 kite 5/6 et 1 obole » L. 3 : pꜢ he ḥḏ 19 ḳt 2/3 (?) ḏbꜥ.t 1/2 sp ḥḏ 3 ḳt 2 1/6 (?) ḏbꜥ.t {1.t} 1/2 ↑wp-s.t↑, « La dépense : 19 deben, 2/3 (?) de kite et 1/2 obole ; reste : 3 deben, 2 kite 1/6 (?) et {1} obole et 1/2 ↑ détail↑ » L. 4 : Kp=f-ḥe-Ḫnsw ḳt 1 (?) ḏbꜥ.t 1.t, « Kapefhakhonsou : 1 (?) kite et 1 obole » L. 5 : PꜢ-dỉ-Nfr-ḥtp (?) ḳt 3 1/2 ḏbꜥ.t 1.t 1/2 r ḳt 4 2/3 ḏbꜥ.t 1/2, « Padineferhotep (?) : 3 kite et 1/2 et 1 obole et 1/2, soit 4 kite 2/3 et 1/2 obole » L. 6 : r (?) ḥḏ 19 ḳt 5 sp ḥḏ 2 ḳt 7 5/6 ḏbꜥ.t 1.t wp-s.t, « 19 deben, 5 kite ; reste : 2 deben, 7 kite 5/6 et 1 obole. Détail » L. 7 : traces Datation : époque ptolémaïque, probablement IIe-Ier siècle av. J.-C. Prov. : remblai moderne ; plus spécifiquement découvert au-dessus de la rue du quartier. • 7001.11 (fig. 416 n°2) Dim. : L. 3,6, l. 5, h. 0,6 cm. Inscription démotique à l’encre noire, sur la partie convexe d’un tesson en pâte calcaire (en M1), qui normalement correspond au verso. Les restes de 7 lignes sont visibles, mais le début et la fin de celles-ci ne sont pas préservés. Il s’agit peut-être d’un fragment de lettre. L. × + 1 : traces L. × + 2 : […] .?. […] ici, mais la possible mention, à ligne 7, de yr(?) « la rivière / le fleuve » nous a fait opter pour la traduction « charge de transport ».

L. × + 3 : […] .? ḥḏ (?)-ḳt 1/2 r-tw=[…], « […] .? 1/2 kite qu’a payé […] » L. × + 4 : […] 29 (?) ḫpr n pꜢ ḳw[s …], « […] 29 (?) advenu (?) au moyen de la mesure-kou[s…]1652 » L. × + 5 : […] .?. … ỉw=f dỉ.t […], « […] .?. …, alors qu’il donne […] » L. × + 6 : […] pr b(?).[…] L. × + 7 : traces Datation : époque ptolémaïque Prov. : remblai moderne recouvrant le quartier des prêtres. • Ostracon 7884.1 (fig. 416 n°3) Dim. : L. 4,4, l. 7, h. 0,6 cm. Ostracon démotique écrit à l’encre noire sur les deux faces d’un tesson en pâte alluviale. Le recto contient six lignes de texte, dont la cinquième (et peut-être la quatrième) semble avoir été volontairement effacée. Il s’agit d’un compte de blé. L. 1 : sw hn 1/2 1/4 wp-s.t, « Blé, hine (± 0,45 litre) 1/2 1/4. Détail » L. 2 : pꜢ Ꜣpsṱs (?) r-6, « L’épistatès (?) : 1/6 » L. 3 : Mw.t-? […] sw 1/4 (?), « Mout-? […] (nom féminin) : […] blé 1/4 (?) » L. 4 : Mw.t-? […], « Mout-? […] (nom féminin) : […] (effacé) » L. 5 : texte effacé L. 6 : r sw 1/2 m-sꜢ=w sw hn 1/4, « soit blé 1/2 ; en plus d’eux (= reste) : blé, hine, 1/4 » On peut suggérer que ce texte enregistre une distribution de blé, qui se détaille ainsi : sur les 1/2 et 1/4 de hine de blé disponibles (ligne 1), 1/6 de hine de blé a été donné à l’épistatès […] (ligne 2), 1/4 à Mout-? […] (ligne 3) et [1/12] à Mout-? […] (ligne 4) ; le total fait donc 1/2 hine et il reste bien 1/4 (ligne 6). Si notre lecture est correcte, la mention d’un fonctionnaire grec, qui ne serait désigné que par son titre (l. 2), est inattendue. Le verso contient cinq lignes brèves d’un texte qu’il est difficile de rattacher au recto, même si l’on est également en présence d’un décompte de blé (cf. ligne 3). L. 1 : 16 2/3, « 16 2/3 » L. 2 : 6 (?) 5/6 1/12, « 6 (?) 5/6 1/12 » L. 3 : r sw 23 1/2 r-12, « soit blé 23 1/2 1/12 » L. 4 : 8 1/4, « 8 1/4 » L. 5 : r 31 5/6, « soit 31, 5/6 » Les deux additions (lignes 1-3 et 3-5) sont justes, ce qui confirme la lecture proposée pour le chiffre 6 au début de la deuxième ligne et la fraction 1/12 aux lignes 2 et 31653. Datation : époque ptolémaïque, probablement IIe-Ier siècle av. J.-C. 1652 1653

Kous est une mesure de grains ou de liquide. Lignes 1 à 3 : 16 2/3 + 6 5/6 1/12 est égal à 23, 1/2 1/12 ; lignes 3 à 5 : 23 1/2 1/12 + 8 1/4 égal 31 5/6.

LES ARTEFACTS

Prov. : remblais modernes accumulés dans la chapelle de Chabataka (magasins d’offrandes à l’ouest du quartier des prêtres).

10.2. QUELQUES

NOTES SUR LES OSTRACA PROVENANT

DES ANCIENNES FOUILLES

D’après les fiches conservées au Cfeetk, près de 800 ostraca ont été découverts lors des fouilles anciennes du secteur des prêtres, surtout celles du quartier ptolémaïque en 1971. Peu sont exploitables du fait de leur état de conservation. Ils forment l’essentiel du matériel inscrit mis au jour à cet endroit et ce sont eux qui ont fourni les renseignements les plus précis pour la datation de son occupation1654. Lorsque leur contexte de découverte est spécifié, ils proviennent surtout des favissae, fosses de dépotoir réalisées dans les ruelles desservant les bâtiments de ce quartier. Quelques-uns toutefois ont été découverts au sein des bâtiments euxmêmes. Les documents administratifs forment l’essentiel du corpus tels les reçus de taxes ou encore divers comptes et listes du type de ceux mis au jour dans la Zone 7. À peine une vingtaine de ces ostraca a été publiée, par E. Bresciani1655, G. Wagner1656 et D. Devauchelle1657. Ces travaux sont succinctement évoqués ci-dessous. D. Devauchelle et Gh. Widmer sont actuellement en charge de la reprise du dossier. Leur analyse portera particulièrement sur la correspondance démotique des prêtres – environ une trentaine de documents. Leur traitement apportera vraisemblablement de nouvelles données sur les officiants vivant dans le quartier ptolémaïque. Dans son article, E. Bresciani explique que la majeure partie des ostraca « consiste di una interessante corrispondenza relativa agli affari dei sacerdoti e del tempio della dea [R]at-taui »1658. Elle n’a pas eu le temps malheureusement de se pencher sur leur traduction. L’ostracon qu’elle a publié, LS 1, est d’un genre bien différent. Selon l’auteur, il s’agit de la traduction en démotique d’un document, très probablement grec à l’origine, daté de l’an 28 du règne de Ptolémée II

Philadelphe, soit 258-257 av. J.-C.1659. Il y serait question d’un recensement complet et détaillé des champs cultivés depuis Éléphantine à la Méditerranée, commandé par Ptolémée II. Il revêtirait, par ailleurs, un caractère historique puisqu’il ferait écho à la campagne militaire de ce roi en Syrie. Cependant, M. Chauveau a depuis démontré que la lecture du nom royal était erronée1660. En effet, le roi mentionné est Psammétique, ce qui remet en cause toute l’interprétation historique qu’E. Bresciani faisait de ce document. D’après l’analyse paléographique de M. Chauveau, il pourrait sans doute dater du IIe siècle av. J.-C. Quand bien même cet ostracon serait plus tardif que l’époque saïte, on ne peut plus l’utiliser comme un indice chronologique précis dans la datation de l’occupation du quartier ptolémaïque. Les neuf ostraca grecs ou bilingues grecs-démotiques, étudiés par G. Wagner (partie grecque) et D. Devauchelle (souscription démotique sur quatre d’entre eux), constituent un ensemble remontant à la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C. D’après les années de règne figurant sur ces ostraca, on a pu les dater plus précisément : ils renvoient presque tous au règne de Ptolémée VIII Évergète II (un ostracon entre 142 et 141 av. J.-C., la plupart entre 126 et 116 av. J.-C.) ; d’autres encore doivent être attribués au règne de Cléopâtre III et de Ptolémée IX, entre 114 et 113 av. J.-C.1661. Il s’agit de reçus de paiement, en nature ou en espèces, versés aux greniers royaux ou à la banque de Diospolis la Grande1662 suivant le type de transaction1663. D. Devauchelle a également analysé quelques ostraca de Karnak qui formaient un groupe à part et dont quatre provenaient du quartier ptolémaïque (LS 2 à LS 5). Il s’agit d’exercices scolaires de types très divers : calcul, rédaction de lettre, apprentissage des hiéroglyphes, des symboles religieux et du démotique1664. Aux questions « où enseignait-on, qui enseignait et à qui était destiné l’enseignement ? », l’auteur indique qu’il est très difficile de répondre. Mais il lui semble qu’à l’époque ptolémaïque l’apprentissage se faisait en grande partie dans les temples : « les temples,

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1656 1657 1658

LAUFFRAY 1995, p. 306. BRESCIANI 1978, p. 31-37 et pl. 51a ; voir aussi la présentation de KAPLONY-HECKEL 2008. WAGNER 1980. DEVAUCHELLE 1982 ; 1984 ; 1985. BRESCIANI 1978, p. 31.

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1662

1663 1664

Ibid., p. 31-32. CHAUVEAU 2011. WAGNER 1980, p. 249 ; DEVAUCHELLE 1982, p. 155-156. Un de ces ostraca (LS 883) a été repris : KAPLONY-HECKEL 1993, p. 64. Diospolis la Grande était le centre principal de la rive est de Thèbes, de nos jours, Karnak : VANDORPE 1995, p. 211-212. WAGNER 1980, p. 250. DEVAUCHELLE 1984, p. 53-55.

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CHAPITRE III

véritables centres de la vie intellectuelle égyptienne, ont également joué un rôle social (économique, administratif etc.) important ; maîtres et intermédiaires, les prêtres ont gardé leurs écoles de formation et sont vraisemblablement devenus les seuls aptes, mais peut-être aussi les seuls autorisés, à enseigner la langue démotique : nombreux sont les scribes-notaires qui sont prêtres »1665. Certains prêtres habitant le quartier étaient sans doute de tels enseignants1666. Enfin, les ostraca LS 6 à LS 9 forment un groupe hétérogène1667. LS 6 daté de l’époque perse est une lettre adressée à un supérieur hiérarchique (type ḫrw bꜢk)1668. Sa datation haute la distingue du reste du corpus : sans doute faut-il la mettre en relation avec l’occupation à la fin de la phase 13 du secteur. L’ostracon LS 7, probablement ptolémaïque, correspond à une malédiction à l’encontre d’éventuels voleurs de fruits de sycomore1669. Les ostraca LS 8 et LS 9, eux, constituent des comptes d’objets ou de produits contenus dans des jarres1670. Une majorité des ostraca publiés des anciennes fouilles remontent à l’époque ptolémaïque, principalement au IIe siècle av. J.-C. Néanmoins, parmi les quelques 300 ostraca découverts dans la maison D et ses environs, les plus récents ont été datés du Ier siècle ap. J.-C.1671. Ils déterminent ainsi une occupation assez longue du quartier, au moins jusqu’au début de l’époque romaine. La nature de cette occupation est cependant difficile à déterminer tant que le contenu de ces ostraca demeure inédit.

1665 1666

1667 1668 1669 1670 1671

Ibid., p. 58. Catherine Grataloup pensait aussi que ces ostraca indiquaient que les prêtres avaient un rôle dans l’apprentissage : GRATALOUP 1989, p. 67. DEVAUCHELLE 1985. Ibid., p. 138-139. Ibid., p. 139-140. Ibid., p. 140. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 28. Cette période est également représentée par quelques céramiques mises au jour dans le secteur : supra, Chapitre III, § 1.4.3.3. Remarques sur la céramique du Haut-Empire romain.

Bibliographie de l’étude des ostraca BRESCIANI 1978 : E. BRESCIANI, « La spedizione di Tolomeo II in Siria in un ostrakon demotico inedito da Karnak », in H. MAEHLER, V.M. STROCKA (éds), Das Ptolemäische Ägypten, Akten des internationalen Symposions, 27-29 september 1976 in Berlin, Mayence, 1978, p. 31-37. CHAUVEAU 2011 : M. CHAUVEAU, « Le saut dans le temps d’un document historique : des Ptolémées aux Saïtes », in D. DEVAUCHELLE (éd.), La XXVIe dynastie : continuités et ruptures. Actes des journées d’étude tenues à l’Université de Lille, 26-27 novembre 2004, Paris, 2011, p. 39-46. DEVAUCHELLE 1982 : D. DEVAUCHELLE, « Quelques souscriptions démotiques sur ostraca », BIFAO 82, 1982, p. 151-156. DEVAUCHELLE 1984 : D. DEVAUCHELLE, « Remarques sur les méthodes d’enseignement du démotique », in H.-J. THISSEN, K.-Th. ZAUZICH (éds), Grammata Demotika, Festschrift für Erich Lüddeckens, Wurtzbourg, 1984, p. 47-59. DEVAUCHELLE 1985 : D. DEVAUCHELLE, « Cinq ostraca démotiques de Karnak », Karnak 8, 1985, p. 137-142. GRATALOUP 1989 : C. GRATALOUP, La céramique tardive (ptolémaïque, romaine et copte) du temple d’Amon-Rê à Karnak, doctorat IIIe cycle, université de Lyon II, 1989. KAPLONY-HECKEL 1993 : U. KAPLONY-HECKEL, « ThebenOst », ZÄS 120, 1993, p. 42-71. KAPLONY-HECKEL 2008 : U. KAPLONY-HECKEL, « Die demotischen Ostraka vom Heiligen See in Karnak (ODK-LS) », in A. DELATTRE, P. HEILPORN (éds), « Et maintenant ce ne sont plus que des villages... ». Thèbes et sa région aux époques hellénistique, romaine et byzantine. Actes du colloque tenu à Bruxelles les 2 et 3 décembre 2005, PapBrux 34, Bruxelles, 2008, p. 49-57. LAUFFRAY 1995 : J. LAUFFRAY, « Maisons et ostraca ptolémaïques à l’est du Lac Sacré », Karnak 10, 1995, p. 301348. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975 : J. LAUFFRAY, R. SA’AD, S. SAUNERON, « Rapport sur les travaux de Karnak. Activités du Centre franco-égyptien en 1970-1972 », Karnak 5, 1975, p. 1-42. MASSON 2010 : A. MASSON, « Un nouvel habitant de la rive est du lac Sacré. Le prophète du pieu sacré Pa-sheri-naset », Karnak 13, 2010, p. 345-357. VANDORPE 1995 : K. VANDORPE, « City of Many a Gate, Harbour for Many a Rebel – Historical and Topographical Outline of Greco-Roman Thebes », in S.P. VLEEMING (éd.), Hundred-Gated Thebes, P.L.Bat. 27, Leiden, New York, 1995, p. 203-239. VLEEMING 1981 : S.P. VLEEMING, « La phase initiale du démotique ancien », CdE 56, 1981, p. 31-48. WAGNER 1980 : G. WAGNER, « Ostraca grecs du Lac sacré des temples de Karnak », BIFAO 80, 1980, p. 249-256.

CHAPITRE IV

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

Recoupant les données de la stratigraphie et du matériel provenant des différentes phases de la Zone 7 et des zones anciennement dégagées au nord, il est possible d’établir une chronologie du secteur ainsi que de considérer son évolution et ses diverses fonctions. La rive orientale du lac Sacré et les prêtres qui y ont vécus concentrent l’attention de la première partie de cette synthèse, avant de l’élargir à la rive méridionale et à sa relation avec le quartier des prêtres. Au vu des données recueillies au cours des nouvelles recherches, les ensembles architecturaux sis sur ces deux rives semblent étroitement corrélés et fonctionnés conjointement. 1. LES PRÊTRES SUR LA RIVE EST DU LAC SACRÉ La chronologie de la présence d’habitations de prêtres au sein du temple de Karnak est tout d’abord reprise et discutée avec une perspective historique. La riche documentation sigillaire mise au jour lors des nouvelles fouilles permet d’étoffer nos connaissances sur les occupants de ces maisons. L’analyse des charges sacerdotales consignées sur nombre des scellés est suivie d’une discussion sur l’identité de quelques prêtres. Enfin, l’étude associée de l’architecture et du mobilier apporte des éléments de compréhension quant à la nature et les fonctions des maisons. 1.1. HISTOIRE DU QUARTIER DES PRÊTRES Les données archéologiques issues des fouilles menées à l’est du lac Sacré, les anciennes comme les plus récentes, sont ici revisitées et confrontées aux rares sources textuelles concernant les maisons de prêtres à Karnak. Chacune des grandes phases est replacée dans son contexte historique contemporain. Derrière les multiples transformations du secteur transparaissent quelque peu les vicissitudes politiques, religieuses et socio-culturelles que traverse l’Égypte au cours du premier millénaire avant notre ère1.

1.1.1. Les témoignages les plus anciens Malgré l’absence de mobilier remontant au début de la TPI dans les niveaux de la Zone 7, l’existence d’un quartier de prêtres dès les XXIe-XXIIe dynasties est avérée par la découverte d’inscriptions remontant à cette période lors des fouilles de 1970. La construction du quartier des prêtres à la phase 13 n’a pu précéder la fin de la XXVe, voire le début de la XXVIe dynastie d’après l’étude du matériel issu de contextes recouverts par son installation. Aussi, la phase 12 correspond-elle vraisemblablement à cette occupation ancienne du secteur par les prêtres. Il demeure en revanche difficile de déterminer à quand remonte sa construction et si elle est précédée par un quartier encore plus ancien. 1.1.1.1. Les sources écrites Quelques témoignages écrits supportent l’existence de résidences pour des prêtres précédant la TPI, à l’intérieur de l’enceinte du sanctuaire d’Amon. Les expressions censées désigner ces « maisons » sont, néanmoins, parfois ambiguës. Les textes relatifs à la restauration de la « demeure pure » des grands prêtres Le grand prêtre d’Amon Amenhotep commémore ses activités architecturales sous le règne de Ramsès IX (1126-1108 av. J.-C.), dans une inscription située à l’extrémité du mur est de la cour intérieure s’étendant entre les VIIe et VIIIe pylônes2. En sa qualité de grand directeur des travaux dans la demeure d’Amon, il eut notamment la charge de restaurer la « demeure pure des grands prêtres d’Amon », , 3 ꜥt wꜥbt n nꜢ ḥmw-nṯr tpyw n ỉmn . Amenhotep rappelle 2

3 1

Pour la TPI et la Basse Époque, nous suivons la chronologie récemment publiée par F. Payraudeau : PAYRAUDEAU 2020, p. 30-42.

Sur cette inscription : PM II2, p. 172-173 (506) ; WALLETLEBRUN 2009, p. 296-298 ; KITCHEN 2012, p. 395-396 et 534536. L’expression est traduite par « habitation pure des premiers prophètes d’Amon » dans WALLET-LEBRUN 2009, p. 296 et par « pure abode of the High Priests of Amun » dans KITCHEN 2012, p. 395.

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CHAPITRE IV

la fondation de ce bâtiment sous le règne de Sésostris Ier et s’étend complaisamment sur les rénovations et améliorations qu’il y a apportées. Un bloc inscrit réutilisé en dalle et découvert à Karnak-Nord célèbre vraisemblablement aussi ces travaux du grand prêtre : Amenhotep y relate sa réfection d’un édifice que les premiers prophètes d’Amon avaient construit sous le règne de Sésostris Ier4. Pour D. Berg, la ꜥt wꜥbt doit se comprendre comme une résidence destinée aux prêtres qui devaient se plier à de strictes règles de pureté pendant leur service cultuel5. De même, Chr. Wallet-Lebrun pense que la ꜥt wꜥbt se rapporte très certainement à un quartier des prêtres6. Toutefois, le terme ꜥt recouvre diverses significations. À partir du Nouvel Empire, il peut désigner une pièce ou servir d’alternative à l’expression pr, signifiant entre autres une « maison »7 ou un « magasin »8. Les études lexicographiques nuancent davantage la compréhension du mot ꜥt et de son possible équivalent pr. B. Haring voit dans l’expression pr ỉmn une référence religieuse, et non pas la structure administrative d’un ou plusieurs temples d’Amon9. En effet, l’expression m pr ỉmn peut être appliquée à des divinités ou à des statues, ou encore à des temples10. Le terme ꜥt, lui, peut indiquer une section intérieure d’un temple11, ou encore une subdivision d’atelier ou de magasin des offrandes12. Il est parfois associé à des denrées, comme ꜥt-ỉrp « salle du vin », ꜥt-bỉt « salle des pains-bit », ꜥt-psn « salle des pains-psn », ꜥt-ḥnḳt « salle de la bière », ꜥt-bnỉt « salle des douceurs »13. Le terme ꜥt est donc relativement vague et peut être appliqué aussi bien à une maison

de particulier, qu’à une partie d’un atelier-magasin d’offrandes, voire à une pièce sacrée dans un temple. L’inscription du grand prêtre Roma-Roy14, souvent comparée à celle d’Amenhotep, permet de comprendre que l’expression ꜥt wꜥbt ne se limite sans doute pas à une simple résidence. Elle est située à droite de la porte ouvrant sur un escalier ménagé dans l’épaisseur du môle est du VIIIe pylône (fig. 417). Sous le règne de Merenptah (1213-1203 av. J.-C.), Roma-Roy restaura un atelier de boulangers et de brasseurs qui a été considéré comme faisant partie de la « demeure » des grands prêtres15. Le texte rapporte que le grand prêtre a trouvé ce « bâtiment » (ꜥt) en ruine. G. Lefebvre autrefois proposait d’y voir « une cuisine, ou plutôt un atelier – désigné ici par le mot wꜥbt, plus loin par le mot st et, de façon plus générale, par le mot ꜥt – à l’usage des boulangers et des brasseurs »16. Depuis, J.-M. Kruchten a mis en lumière une hiérarchie entre ces trois termes17. La wꜥbt peut être perçue comme un lieu abritant une variété de services allant de la boulangerie et de la brasserie aux activités de boucherie, tissage, de préparation d’onguents, huiles parfumées, bref de tout ce qui est nécessaire pour les offrandes divines18. Le mot st s’applique à un emplacement au sein de la wꜥbt abritant un service particulier, comme par exemple « l’emplacement des boulangers et des brasseurs » (st rtḫtyw ꜥtḫw) que Roma-Roy a restauré. L’ensemble des emplacements swt était regroupé dans un « département » (ꜥt) du temple. Nous reviendrons par la suite sur ces expressions et à quoi elles peuvent correspondre sur le terrain. Maisons de prêtres remontant à la fin de la XXe dynastie

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5 6 7 8 9 10 11

12 13

SAUNERON 1966 ; KITCHEN 2012, p. 394 et 532-533. Le mot servant à designer le bâtiment n’est malheureusement pas préservé et sa localisation n’est pas spécifiée. BERG 1987, p. 47 note 3. WALLET-LEBRUN 2009, p. 298. SPENCER 1984, p. 14 et 16. MEEKS 1972, p. 58-59, n. 29. HARING 1998, p. 544. Ibid., p. 545. Ce terme apparaît par exemple sur le bandeau dédicatoire d’Achôris à Médinet Habou : ꜥt ỉgrt n(t) ỉtw.f nṯrw nbw tꜢ ḏsr « une chapelle excellente pour ses pères, tous les dieux de la nécropole » (BRETT MCCLAIN 2007, p. 90). La traduction de C. Traunecker diffère quelque peu : « la salle de l’Igeret (salle de la zone silencieuse) du père de son père et des dieux, seigneurs de To-Djeser » (TRAUNECKER 1981, p. 110-111 ; voir aussi sur ꜥt ỉgrt : ibid., p. 118). Selon J. Brett McClain, la référence à « tous les dieux de la nécropole » peut faire penser que ꜥt se réfère ici plutôt au déambulatoire du temple, sur les piliers duquel apparaissent les dieux de Haute et Basse Égypte. HARING 1997, p. 109, 117 et 195. Ibid., p. 110-111, 114-115, 117-118, 195, 242 et 259.

Un passage du papyrus du Louvre AF 6345, daté du règne de Ramsès IX ou de Ramsès XI, renvoie à un prêtre-ouâb, nommé Hor, qui aurait possédé une habitation dans l’enceinte-même du temple d’Amon19.

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PM II2, p. 177 (527) ; KITCHEN 2002, p. 206-208 et 288-289. Sur le passage qui nous intéresse plus particulièrement : KRUCHTEN 1981, p. 43 ; WALLET-LEBRUN 2009, p. 265-266. LEFEBVRE 1929a, p. 150-152 ; LEFEBVRE 1929b, p. 31-39. LEFEBVRE 1929a, p. 37, note n. KRUCHTEN 1981, p. 42-44. Dans d’autres contextes, le terme de wꜥbt est compris quelque peu différemment. Par exemple, l’inscription d’une statue stélophore d’Aba évoque la construction d’une wꜥbt pour la divine adoratrice Nitocris, un bâtiment qui a été prudemment interprété comme un édifice à vocation funéraire, peut-être un atelier pour la confection de mobilier funéraire : COULON, LAISNEY 2015, p. 161 et références associées. GASSE 1988, p. 17.

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Fig. 417. Inscription commémorant la restauration de l’atelier des boulangers et des brasseurs par le grand prêtre d’Amon Roma-Roy sur le môle est du VIIIe pylône – © A. Masson-Berghoff

A. Gasse explique que s’il avait été question d’une demeure sur le domaine du temple, l’expression m pr pn aurait été utilisée au lieu de m-ẖnw20. L’intérêt de ce document réside particulièrement dans le fait qu’une maison au sein du temenos d’Amon fut accordée à un « simple » prêtre-ouâb. Un linteau en grès, conservé dans le Cheikh Labib A, peut être identifié comme un élément de porte de maison de prêtre. On ne connait que peu de chose sur son contexte de découverte, si ce n’est qu’il proviendrait de l’enceinte de Karnak. Il est inscrit au nom d’un cer-

et de , rwḏ ꜥꜢ n pꜢ mr mšꜥ, « grand inspecteur du général »21. S. Gohary identifie ce personnage comme un homme de confiance au service de Payânkh et de son fils Héqanéfer. Il date ce linteau de l’époque où Payânkh était grand prêtre d’Amon et général22, dans les dernières années de règne de Ramsès XI, c’està-dire pendant l’ère de wḥm-mswt (« renouvellement des naissances »), un moment pivotal pour le haut clergé thébain23. Il conclut que ce linteau devait provenir de la porte d’entrée d’une demeure occupée par ce personnage, à l’intérieur de l’enceinte du temple de Karnak24.

tain Penherishef qui portait les titres notables de , rwḏ ꜥꜢ n pꜢ ḥm-nṯr 2-nw n ỉmn-rꜥ, « grand inspecteur du second prophète d’Amon-Rê »,

21

22 23

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Ibid., p. 43.

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GOHARY 1986, p. 183. Sur le titre de « grand inspecteur » (rwḏ ꜥꜢ) voir PAYRAUDEAU 2014a, p. 332-333. KITCHEN 1995, p. 19 et note 84. Sur cette période, voir tout dernièrement PAYRAUDEAU 2020, p. 54-60. GOHARY 1986, p. 185.

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CHAPITRE IV

Postulats divers sur les premières maisons de prêtres à Karnak Même si l’expression ne désigne peut-être pas a stricto sensu une résidence, plusieurs chercheurs ont tenté d’identifier la ꜥt wꜥbt des grands prêtres remontant à la XIIe dynastie et renouvelée par le grand prêtre Amenhotep. Leurs spéculations sur son emplacement sont brièvement résumées ci-dessous. Un premier postulat est de replacer la ꜥt wꜥbt non loin des exergues qui commémorent sa rénovation. Un autre monument, mentionné sur la même inscription d’Amenhotep et décrit comme doté d’un grand , ḏꜢḏꜢ ouvert sur le lac méridional, a été récemment reconnu dans l’installation combinant un puits et une plate-forme située au nord-ouest du lac Sacré25. La ꜥt wꜥbt est, elle, volontiers restituée à l’est des VIIe et VIIIe pylônes, c’est-à-dire au sud du lac Sacré26. A. Mariette déjà remarquait que « tous les proscynèmes des grands prêtres qu’on trouve à Karnak » proviennent de ce secteur27. Longtemps, on a vu la demeure des prêtres dans l’édifice de Psammouthis situé au sud du lac (fig. 1 et ci-dessous 431)28. Cependant, depuis l’étude de H. Ricke, on l’interprète désormais comme un magasin d’offrandes, voire une volière29. Les textes gravés sur les huisseries précisent en effet qu’il s’agit d’un šnꜥ ꜥꜢ wꜥb, le « chena grand et pur », un lieu où chaque jour l’offrande quotidienne (ḥtp-nṯr) est préparée (bꜢk) et consacrée (ḫrp)30. Selon P. Barguet31, les demeures des grands prêtres devaient bien se trouver à l’est de la cour entre les VIIe et VIIIe pylônes, mais il

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AZIM, GABOLDE 2015. Cet aménagement servait à réguler la circulation d’eau dans la canalisation reliant le Nil au lac (ibid., p. 9). LEFEBVRE 1929a, p. 152. Par la présence d’inscriptions à l’intérieur du môle oriental du VIIIe pylône, l’auteur suppose l’utilisation de ce môle comme annexe à la demeure des grands prêtres. Il y restitue même de vastes appartements de six mètres de haut (ibid., p. 153). MARIETTE 1875, I, p. 63. J.H. Breasted déclare : « this must be the strange building south of the lake » (BREASTED 1906, note b, p. 237). Et A. Mariette, avouant n’avoir rien vu de comparable dans l’architecture égyptienne, ajoute qu’à « voir ces cellules symétriquement disposées, on croirait avoir affaire à un lieu qui servait de retraite aux prêtres » : MARIETTE 1875, p. 11. Voir aussi pour cette interprétation : MASPERO 1889, p. 670 ; AZIM 2012, p. 118 (interprétation de Vivant Denon). RICKE 1937 ; NIMS 1955, p. 117 ; TRAUNECKER 1987. Voir aussi infra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. TRAUNECKER 1987, p. 149. BARGUET 2008, p. 18.

n’en resterait rien si ce n’est « une porte en grès, au nom du premier prophète d’Amon, Masaharta, fils de Pinedjem Ier ». Toutefois, l’étude des textes et de l’iconographie de cette porte démontre qu’elle est sans corrélation avec des logements de prêtres et qu’elle ouvre plutôt sur le secteur économique32. Les fouilles au sud-est du lac Sacré ont apporté des modifications à cette localisation traditionnelle. Pour P. Anus et R. Sa’ad, le quartier des prêtres qu’ils ont dégagé correspondrait à la demeure des grands prêtres, plusieurs fois reconstruite depuis Sésostris Ier. En effet, après avoir cité les réparations d’Amenhotep, ils relèvent que leurs « maisons sont encore postérieures », mais qu’elles sont « fondées sur des restes plus anciens »33. Plus tard, J. Lauffray reprend l’opinion des archéologues lorsqu’il dit que Sésostris Ier a fait construire pour le grand prêtre d’Amon « une maison à l’est du lac » et que c’est à ce même endroit que, sous le règne de Ramsès IX, le grand prêtre d’Amon Amenhotep a rénové le quartier des prêtres34. Chr. Wallet-Lebrun approuve que l’inscription d’Amenhotep évoque un quartier d’habitations des prêtres, mais elle le distingue de celui mis au jour par les fouilles des années 1970 : pour elle, ce dernier remonte à une période postérieure et ne constitue pas une réfection ultérieure35. Elle suggère plutôt que les « structures décrites par Amenhotep devaient s’élever aux alentours de la cour du VIIIe pylône », où furent « retrouvés plusieurs éléments au nom de Sésostris Ier dont Amenhotep se présente ici comme l’héritier bâtisseur »36. Dans son étude sur l’évolution du temple de Karnak, E. Blyth insiste sur l’idée que le temple d’Amon était pourvu d’un complexe administratif et économique dès le Moyen Empire37. L’auteur rappelle que les deux inscriptions d’Amenhotep et de Roma-Roy témoignent de la présence d’une demeure pure pour les grands prêtres d’Amon, d’une boulangerie et d’une cuisine dès Sésostris Ier, et, qu’Amenhotep et Roma-Roy ont restauré ces constructions au même endroit, sans préciser où exactement. Se basant sur un passage des textes de la Chapelle Blanche, elle suppose même que Karnak

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Infra, Chapitre IV, § 2.1.1.2. La porte de Masaharta. ANUS, SA’AD 1971, p. 237. LAUFFRAY 1979, p. 198. WALLET-LEBRUN 2009, p. 298. Ibid., p. 297. BLYTH 2006, p. 23.

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possédait un lac sacré dès le règne de Sésostris Ier38, mais cette hypothèse est débattue39. 1.1.1.2. Les données de l’archéologie Souvent imprégnés d’emprunts phraséologiques et emphatiques, les textes commémoratifs pharaoniques comme celui du grand prêtre Amnehotep doivent être généralement interprétés avec précaution lorsqu’ils sont confrontés aux données du terrain40. Dans notre cas, la comparaison avec les vestiges est doublement pénalisée. Le premier obstacle, examiné ci-dessus, concerne le sens exact de l’expression ꜥt wꜥbt des grands prêtres d’Amon. P. Anus, R. Sa’ad et J. Lauffray voient une stricte correspondance entre celle-ci et les vestiges mis au jour à l’est du lac Sacré. Même si le titre de grand prêtre d’Amon est attesté sur des inscriptions découvertes lors des fouilles du quartier des prêtres, on est en droit de se demander si la ꜥt wꜥbt désigne uniquement la maison du seul grand prêtre d’Amon ou bien un ensemble architectural comprenant plusieurs maisons de prêtres, voire plus. La deuxième difficulté réside dans le peu de renseignements dont nous disposons sur les monuments occupant la rive sud du lac Sacré, à peine explorée archéologiquement. Les quelques éléments connus, remontant essentiellement à la TPI et à la Basse Époque, sont en nette association avec le domaine économique41. La nature et les fonctions des monuments occupant cette partie massive du domaine d’Amon avant le premier millénaire demeurent encore largement inconnues. Que révèle la rive est du lac Sacré où les fouilles ont été plus extensives ? Du Moyen Empire au Nouvel Empire Les vestiges que P. Anus et R. Sa’ad supposent passer sous le rempart et qu’ils interprètent comme les restes d’un quartier de prêtres du Moyen Empire doivent être reconsidérés42. Même si l’existence de résidences de prêtres à l’est du temple dès cette époque est une hypothèse qui mérite d’être envisagée, les éléments architecturaux découverts en 1970 dans les 38 39

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Ibid., p. 66-67. Voir dernièrement la bibliographie offerte dans AZIM, GABOLDE 2015, p. 18 et note 33. À ce sujet : DELVAUX 2012 ; COULON, LAISNEY 2015, p. 163. Ce que confirment nos nouvelles recherches : infra, Chapitre IV, § 2.1. Destinations de la rive sud. Supra, Chapitre I, § 2.4.1. Éléments architecturaux appartenant probablement à la phase 12.

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sondages profonds réalisés dans les maisons III et IV ont été incorrectement datés. Ils concernent des murs et deux grandes bases de colonnes qui ne sont pas coupés par la tranchée de fondation du rempart (fig. 52-54). C’est par la différence de leur orientation vis-à-vis du rempart que les archéologues suggèrent leur antériorité. Cette observation ne constitue pas une preuve en soi, car leur orientation peut être calquée sur d’autres éléments structuraux que le rempart, comme cela a été noté pour les bâtiments de notre phase 12. Par exemple, les larges colonnes découvertes dans le sondage de la maison III sont arrangées selon un axe similaire à celui du grand mur M55 qui enserre un vaste complexe sur la rive sud. De plus, les quelques céramiques en relation avec ces structures sont à dater au plus tôt de la fin de la TPI et non du Moyen Empire (fig. 265)43. Elles apparaissent ainsi plutôt contemporaines de la fin de l’occupation des bâtiments de la phase 12. Enfin, les recherches menées à l’est du rempart dans la Zone 8, au sud des fouilles de sauvetage, démontrent que le premier niveau coupé par la tranchée du rempart est un quartier à caractère artisanal et domestique, sans lien apparent avec le milieu sacerdotal. Pour connaître l’emplacement de la « demeure » des grands prêtres construite sous le règne de Sésostris Ier, il faudrait pouvoir définir les limites du sanctuaire d’Amon au Moyen Empire, qui aujourd’hui encore demeurent indéterminées. Une hypothèse de travail peut tout de même être avancée. En reprenant les dossiers de J. Lauffray pour les vestiges dégagés à l’est du rempart, M. Millet propose de reconnaître une maison de prêtres dans une des phases architecturales antérieures au Nouvel Empire qu’elle date justement de la XIIe dynastie44. Elle se situe tout au nord des fouilles menées dans les années 1970 et est séparée de la partie sud par un épais mur, qui semble l’isoler de constructions au caractère moins officiel. C’est par analogie architecturale avec d’autres maisons de prêtres que M. Millet a pu arriver à une telle conclusion. Aucune mention de titres de prêtres n’a malheureusement été trouvée pour ce secteur. Si le quartier des prêtres a toujours occupé ce secteur de Karnak, alors le rempart du Nouvel Empire aurait constitué une nouvelle limite dans laquelle le quartier des prêtres se serait trouvé isolé des quartiers artisanaux et civils. Le maintien

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Supra, Chapitre III, § 1.2.3. Céramiques provenant des anciennes fouilles susceptibles d’appartenir à la phase 12. Je remercie ma collègue Marie Millet de m’avoir fait part de ces informations encore inédites.

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CHAPITRE IV

d’un même secteur géographique pour le quartier des prêtres de Karnak depuis le Moyen Empire est une hypothèse des plus séduisantes, mais qui ne peut être pour le moment confirmée de manière assurée. Si l’on exclut le rempart et les stèles qui lui sont associées45, le Nouvel Empire lui-même fait modeste figure sur la rive orientale du lac Sacré46. La découverte de structures incendiées puis abandonnées dans lesquelles a été recueillie de la céramique typique des XVIIIe-XIXe dynasties a été brièvement mentionnée dans un rapport sur les activités à Karnak en 19701972 ; d’après les archéologues, « cette strate passe sous les fondations du mur d’enceinte à bastions » et les constructions les plus récentes avant l’installation du rempart sont « encore d’aspect artisanal »47. Nous n’avons pas eu accès à des archives qui auraient permis de vérifier ces informations. Les fouilles anciennes ont prodigué quelques blocs épigraphiés remontant au Nouvel Empire, rarement associés à de bons contextes de découverte. Une stèle en calcaire (fig. 400 n°2) et une dalle en grès inscrits respectivement au nom d’Amenhotep III et de Ramsès IV ont été mis au jour lors des fouilles du quartier des prêtres en 197048. Un fragment gravé de cinq colonnes de texte, ramassé en surface lors des dégagements du quartier ptolémaïque en 1971, appartient à une stèle privée d’un prêtre horaire de Khonsou adressant une prière à Amenhotep Ier et Ahmès Néfertari (fig. 418)49. Le culte posthume du pharaon et de sa mère se développe particulièrement dans la région thébaine à partir du milieu de la XVIIIe dynastie et connaît un essor remarquable sous les XIXe et XXe dynasties50, période à laquelle il faut vraisemblablement attribuer ce fragment. Pour clore ce mince dossier, un bloc portant le cartouche de Thoutmosis III a été relevé à l’est ou au niveau du rempart (carré IX N 70)51.

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Ces inscriptions incluent deux stèles commémorant des réfections du rempart sous Siptah et sous Ramsès III, ainsi qu’une petite stèle privée d’un fonctionnaire employé au chantier du rempart, nommé Amenemouia (portant les titres de « prêtreouâb et scribe de l’administration du grand mur d’enceinte du domaine d’Amon ») : LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 28, pl. IX et XIB ; KITCHEN 2002, p. 249 ; MARTELLIÈRE 2007. Le Nouvel Empire dans le secteur fera l’objet d’un volume à part. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 28-29. ANUS, SA’AD 1971, p. 237, pl. XVIII. Commentaire la fiche enregistrant cette stèle (LS 381). Sur leur culte : HOLLENDER 2009. Le bloc en grès LS 502 est inscrit au nom du « dieu parfait, Menkhéperrê ».

Fig. 418. Stèle ramesside (?) d’un prêtre horaire de Khonsou, LS 381 – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6602

En ce qui concerne les nouvelles fouilles, le radier sur lequel s’élève la phase 12, caractérisé par la présence de moults éléments rubéfiés, est riche en matériel du Nouvel Empire (céramiques et scellés essentiellement), mais mélangé avec des éléments plus anciens et plus récents52. Le remblai de nivellement semble avant tout constitué de la démolition des murs et de niveaux de la phase 11 partiellement détruite par un incendie (fig. 38)53. Les rares structures dégagées apportent peu d’informations sur les constructions élevées le long du rempart à la phase 11 ; néanmoins les deux grands murs délimitant à l’ouest des secteurs sur la rive sud du lac, rebâtis aux phases 12 et 13, existent déjà (M55’ et M86’)54. Le matériel du Nouvel Empire, recueilli dans des contextes pollués et hétérogènes, inclut des jarres à bière et des moules à pain. Ce mobilier typique des sanctuaires égyptiens côtoient également des amphores, de la vaisselle table et de préparation des aliments, ainsi que des bols et jarres peints, et même de la céramique à vocation artisanale (« spinning bowl »). La phase 11 est trop peu préservée et explorée pour déterminer les fonctions du secteur, même s’il est évidemment tentant de restituer des fonctions similaires à 52

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Supra, Chapitre I, § 1.2.1. Sondage mené dans la maison VII : l’épais remblai de nivellement. Supra, Chapitre I, § 1.2.2. Sondages menés dans la rue : l’incendie. Supra, Chapitre I, § 1. Avant la construction d’un quartier de prêtres : la phase 10 (antérieure au rempart) et la phase 11 (Nouvel Empire).

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celles relevées pour les phases suivantes. On ne peut garantir l’existence d’un quartier de prêtres au Nouvel Empire à l’est du lac Sacré sur la base des données archéologiques actuellement disponibles. Le quartier et l’apogée du clergé d’Amon à la Troisième Période Intermédiaire L’interprétation de la phase 12 comme une phase ancienne du quartier des prêtres se base sur une série d’arguments que nous revisitons ici en résumant ses caractéristiques, avant de rappeler le contexte historique de son occupation. La phase 12 n’est conservée qu’en fondation dans la Zone 7 et a été dévoilée à travers quelques petits sondages profonds, aussi n’est-il pas aisé d’en fournir une vision d’ensemble. Nous possédons toutefois suffisamment d’éléments pour en dessiner les grandes lignes. Malgré diverses transformations, son organisation se rapproche de celle du quartier préservé en élévation (fig. 39)55. La modification principale de la phase 13 est la création d’une rue desservant les maisons à l’ouest, alors qu’à la phase 12, la circulation devait s’effectuer à l’est, le long du rempart56. Les bâtiments dégagés entre le rempart et d’autres secteurs sis au sud du lac et délimités par les grands murs M55 et M86, sont construits suivant l’orientation du rempart ou bien celles de M55 ou de M86. Les maisons des prêtres à la phase 13 sont situées entre le rempart et des secteurs circonscrits par les grands murs M53 et M85/M78, qui remplacent plus à l’ouest les grands murs M55 et M86 ; elles sont toutes perpendiculaires au rempart. L’agencement du quartier devient plus cohérent et homogène à la phase 13, mais il maintient la structure générale de la phase 12. La comparaison avec les maisons de prêtres sur d’autres sites démontre qu’elles sont habituellement situées au sein des complexes religieux, le long des enceintes sacrées57. Certes, le simple fait de trouver des structures à caractère résidentiel le long de l’enceinte d’un sanctuaire, ou simplement à l’intérieur de celle-ci, a parfois suffi à les attribuer aux desservants du culte, et, il faut probablement se montrer plus

critique envers de tels raccourcis. À Karnak toutefois, cette identification est étayée par les nombreuses occurrences de titres sacerdotaux apparaissant sur divers supports. Les contextes fermés les plus anciens qui ont fourni de tels objets concernent les niveaux de transition entre les phases 12 et 1358. Plus précisément, il s’agit d’empreintes de sceaux appartenant à des prêtres, découvertes dans des fosses de dépotoir coupant des éléments architecturaux de la phase 12 et recouvertes par l’installation de la phase 1359. Nous supputons que le matériel de leur comblement provient des derniers niveaux d’occupation des bâtiments de la phase 12 avant le réaménagement du secteur à la phase 13 : on aurait voulu débarrasser les bâtiments avant de les araser, un phénomène qui se répète plus tard dans l’histoire du secteur, entre les sous-phases 14a et 14b. D’après l’étude du mobilier, ces fosses ont été réalisées entre la fin de la XXVe et le début de la XXVIe dynastie60. Des artefacts mentionnant des charges sacerdotales et parfois figurant des prêtres prédatent ce terminus, parfois de plusieurs siècles. Mis au jour lors des fouilles de sauvetage, ils proviennent soit de contextes imprécis, soit de contextes a priori plus récents61. Les maisons I et II, occupées à la phase 13, conservaient in situ des éléments de porte datés des XXIe-XXIIe dynasties. Nous avons vu que les linteaux d’Ankhefenkonsou et d’Ameneminet avaient en fait été retaillés pour s’ajuster à une aperture réduite (fig. 397 n°1 et fig. 398 n°2). Similairement, un jambage de porte du début de la TPI, évoquant peut-être le grand prêtre Nimlot, présente des traces claires de réutilisation (fig. 402 n°4). Sans doute ces éléments proviennent-ils originellement de bâtiments de la phase 12. Les remplois d’encadrements de porte sont abondamment documentés dans l’archéologie égyptienne. Par exemple à Médinet Habou, des montants et des linteaux de porte d’époque ramesside ont été récupérés pour les portes d’habitations des XXIe-XXIVe dynasties62.

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Supra, Chapitre I, § 2.3. L’organisation du quartier à la phase 12. Cette observation concerne uniquement la partie du quartier dégagé dans nos sondages. La situation diffère peut-être plus au nord où le quartier n’est pas limité par les grands ensembles architecturaux sis au sud du lac Sacré. Supra, Chapitre I, § 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites.

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Supra, Chapitre III, § 2.2.2. Scellés de la phase 12 (contextes TPI-début Basse Époque). Supra, Chapitre I, § 2.2.2. Les fosses de dépotoir cendreuses : un hiatus entre les phases 12 et 13. Supra, Chapitre III, § 1.2. Céramique de la phase 12 (TPI-début Basse Époque). Supra, Chapitre III, § 9.1. Les indices d’une occupation dès la Troisième Période Intermédiaire. La majorité des encadrements des portes des maisons de la XXIe dynastie, situées au nord-est de la partie extérieure au temple de Médinet Habou, proviennent d’autres bâtiments ; certaines portes des maisons situées à l’intérieur du grand mur d’enceinte de Médinet Habou, datées des XXIIe-XXIVe dynasties, réutilisent

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CHAPITRE IV

Et dans ledit quartier ptolémaïque à Karnak, une porte et une plate-forme de la maison F remploient des blocs inscrits (fig. 404 n°2)63. Les bâtiments de la phase 12 présentent une architecture plus imposante que celle des maisons de la phase 13, comme reflétant le statut élevé des habitants à cette période. Par exemple, les fondations de la façade ouest du bâtiment 2 mesurent plus d’un mètre d’épaisseur pour une longueur située entre 10,5 et 13 m, alors que celles de la façade ouest de la maison VII mesurent 50 cm d’épaisseur pour 7,40 m de longueur. Le bâtiment sous la maison III conserve in situ aux moins deux bases de colonnes d’environ un mètre de diamètre, contre moins d’un demi-mètre pour celles des colonnes de la maison II. Les linteaux inscrits du début de la TPI ont été retaillés, s’adaptant à l’embrasure plus étroite des portes d’entrée des maisons de la phase 13 (généralement entre 0,75 et 0,80 m, au maximum 1,1 m). Sans être aussi massives que les constructions entreaperçues de la phase 12, les maisons I et II diffèrent des autres maisons de la phase 13 par leur surface plus spacieuse, les modules de leurs briques, l’emploi de colonnes et leurs chambranles inscrits64. P. Anus et R. Sa’ad avaient observé un état antérieur à la maison I, mais au plan similaire65. Ces divergences pourraient s’expliquer par le statut (plus important ?) des prêtres occupant ces maisons. Dans son étude sur les montants de porte, J. Budka estime que la différence de taille, l’emplacement et l’usage de portes « très sophistiquées » sont révélateurs du rang important des occupants de ces deux maisons66. Il n’y a, toutefois, pas forcément de relation constante entre la position sociale d’un

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aussi des huisseries plus anciennes : HÖLSCHER 1954, p. 5 et 7, pl. 6 A-C. LAUFFRAY 1995, p. 334. Il s’agit dans ce cas de remplois évidents, les inscriptions étant dissimulées. Supra, Chapitre I, § 3.7.1.1. Comparaison architecturale avec les autres maisons du quartier. Supra, Chapitre I, § 2.4.1. Éléments architecturaux appartenant probablement à la phase 12. BUDKA 2001, p. 88. Peu d’encadrements de porte pour des maisons de prêtres sont connus. Outre les exemples des maisons de Karnak (ibid., Kat. 224-225), J. Budka relève le cas de blocs inscrits de Nazlat el-Amudain, près de el-Minieh (ibid., Kat. 89-90). Leur provenance exacte est inconnue puisque ces blocs ont été remployés. Mais par leur iconographie, proche de celle du linteau de la maison II de Karnak, J. Budka propose d’y voir des éléments de chambranles de maisons de prêtres dans un temple. Ces blocs datent des règnes de Ramsès III et Ramsès VI (ibid., p. 88).

occupant et les dimensions de la parcelle qui lui est attribuée67 et il est possible que ces demeures situées en face du lac soient en fait plus anciennes que celles dégagées plus au sud. Les fosses de dépotoir fournissent un terminus ante quem fin XXVe-début XXVIe dynastie uniquement pour la partie sud du quartier conservé en élévation à la phase 13. Les maisons situées plus au nord n’étaient peut-être pas concernées par cette reconfiguration du secteur. L’état de conservation des deux premières maisons, totalement reconstruites, ainsi que celui de la rue au nord, éventrée par la mise en place de canalisations modernes, ne nous ont pas permis de relier la stratigraphie du nord du quartier – maisons I à III – avec celle du sud à partir de la maison IV. La construction de la rue avec un décalage vers l’ouest des murs périmétraux des complexes méridionaux et vers l’est des maisons, a pu ne concerner que la portion sud du quartier, sans porter atteinte aux maisons situées au nord du grand mur M55. Aussi, les maisons I et II pourraient peut-être être considérées comme des reliquats de la phase 12 ou d’une phase intermédiaire non représentée dans la Zone 7. Si cette hypothèse est correcte, ces maisons auraient conservé les jambages de porte originaux pendant plusieurs siècles, malgré des remaniements plus ou moins substantiels. Les témoignages de remplois in situ sont systématiques à Deir el-Médineh où l’inscription sur les huisseries est faite pour le premier occupant de la maison, puis les montants et les linteaux sont repeints maintes fois par les occupants suivants mais sans qu’une nouvelle inscription intervienne68. Ainsi qu’il a été démontré sur divers sites, il ne faut pas uniquement tenir compte de la stratigraphie verticale mais aussi de la stratigraphie horizontale. Partant du cas de la ville de la TPI à Hermopolis, A.J. Spencer insiste sur l’importance des fouilles étendues de sites urbains, car la fouille d’une petite partie ne suffirait pas à dater l’ensemble de l’occupation de tels sites : la distribution horizontale des vestiges apporte une lumière 67

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À Deir el-Médineh, un chef de travaux et un ouvrier ont, tous deux, de grandes maisons : BADAWY 1953, p. 5. A. Badawy constatait la tendance générale vers une diminution de la superficie, « sans doute résultat de l’augmentation des effectifs et des charges qui grèvent les organismes responsables, gouvernementaux, royaux ou du clergé » (ibidem). En fait, d’après le dossier du recensement dit du Stato civile, les maisons du village étaient attribuées aux jeunes recrues dès leur entrée dans l’équipe où ils étaient tous, par définition, de simples ouvriers. D. Valbelle propose cependant que certains linteaux pourraient être « des remplois provenant du cimetière » (VALBELLE 1985, p. 118, note 3).

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importante et complémentaire sur l’histoire d’une ville69. La cohérence de la stratigraphie depuis la maison IV au nord jusqu’à la « place » au sud, est assurée par les différents sondages profonds menés dans la rue, le long des grands murs ouest, connectant le secteur anciennement dégagé et la Zone 7 : des fosses cendreuses sont apparues presque partout sous les niveaux de la rue. Mais au nord de la maison IV, nous ne disposons que des informations publiées et du matériel enregistré sur les fiches objets. Le sondage pratiqué par J. Lauffray à l’arrière de la maison H du quartier ptolémaïque avait révélé trois niveaux architecturaux perpendiculaires au rempart (fig. 55) : le premier découvert correspond au quartier ptolémaïque (installation 7), le second au quartier des prêtres (installation 6) et le troisième sans doute au quartier ancien (installation 5)70. Mais le matériel associé à chacun de ces niveaux n’a pas été conservé. Pratiquer un nouveau sondage au nord de la maison I, sous les bâtiments ptolémaïques, permettrait de vérifier si la stratigraphie est vraiment cohérente du nord au sud du secteur. Sur la base de ces observations, on peut avancer que la phase 12 constitue une phase ancienne du quartier des prêtres, la première identifiée avec suffisamment de confidence sur la rive est du lac Sacré. Son occupation traversa probablement toute ou une grande partie de la TPI, une période complexe de plus de quatre siècles dont l’histoire est parfois difficile à reconstituer71. Ce postulat explique les divers rois, grands prêtres d’Amon et fonctionnaires haut placés ayant vécu à la TPI apparaissant sur les inscriptions découvertes dans ce secteur. Si le linteau précité de Penherishef en provenait72, on pourrait même repousser sa construction à la fin de la XXe dynastie. La crise que connait le pouvoir royal à la fin de la XXe et sous la XXIe dynastie force le roi à déléguer une partie de son autorité à des gouverneurs locaux, avant que sous la XXIIe dynastie cette décentralisation du pouvoir ne se fasse au bénéfice de fils royaux. La fin du règne de Ramsès XI et le début de la TPI marquent essentiellement l’apex du pouvoir du clergé thébain, lorsque se succèdent connivences et rivalités entre le

pontife thébain et le (voire les) roi(s)73. À cette période, le haut clergé thébain est souvent investi de charges militaires. Ce cumul des fonctions transparait sur un fragment de statue du quartier où les titres de « scribeéconome du domaine d’Amon » et de « général du domaine d’Amon » sont associés (fig. 397 n°2). Les grands prêtres d’Amon accèdent à un statut presque royal à la XXIe dynastie, puis, dans une tentative de contrôler Thèbes devenue trop autonome, ils sont sélectionnés parmi les fils du pharaon à la dynastie suivante74. C’est ainsi qu’un fils cadet de Chéchanq Ier, Youpout, fut établi premier prophète d’Amon, mais aussi général en chef de la Haute Égypte et commandant, à l’aube de la XXIIe dynastie. Youpout figure sur un linteau du quartier où il bénéficiait d’une maison en toute probabilité (fig. 401 n°1). Cette stratégie n’empêcha pas la guerre civile d’éclater entre les différentes branches descendantes d’Osorkon Ier et Osorkon II, notamment pour mainmise sur la région thébaine75. Le quartier a fourni peu de témoignages décisifs sur cette période troublée : un fragment de jambage évoque peut-être le nom d’un roi de la XXIIe dynastie thébaine76 (Pétoubastis Ier, Osorkon III, Takélot III, ou Roudamon), mais pourrait tout aussi bien être celui d’Osorkon II ou de Chéchanq III de la XXIIe dynastie bubastite (fig. 402 n°2). Enfin, les noms de Chabataka et de Taharka apparaissent sur deux blocs du quartier. Le second concerne un jambage qui, pour ma part, représente le plus récent chambranle de porte inscrit du quartier attesté (fig. 402 n°3). Karnak, comme centre du culte d’Amon et de la légitimité du pouvoir sur l’Égypte, continue d’occuper une place prééminente durant toute la XXVe dynastie77. Les rois recourent à des mariages dynastiques pour contrôler les familles sacerdotales les plus influentes, une stratégie déjà employée à la XXIIe dynastie78. Par exemple, le troisième prophète d’Amon Padiamonnebnésoutaouy (C) et le gouverneur de la ville et quatrième prophète d’Amon Montouemhat épousent des princesses koushites. Néanmoins, les pouvoirs religieux et politiques échappent progressivement des mains des

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SPENCER 1993, p. 49. Supra, Chapitre I, § 2.4.2. L’installation n°5. La plus récente mise à jour avec une bibliographie bien informée est offerte dans PAYRAUDEAU 2020, p. 45-223. Comme déjà le proposait C. Traunecker (1993, p. 92-93).

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PAYRAUDEAU 2018, p. 34-40. COULON 2018a, p. 208. PAYRAUDEAU 2020, p. 377-378. Cette branche secondaire de la XXIIe dynastie bubastite est aussi désignée sous le nom de XXIIIe dynastie thébaine dans l’historiographie anglo-saxonne : PAYRAUDEAU 2014a, p. 22 ; 2020, p. 131. BROEKMAN 2010. PAYRAUDEAU 2014a, p. 378-395.

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CHAPITRE IV

grands prêtres pour se concentrer dans celles de la divine adoratrice d’Amon et de son entourage direct79. Cette tendance commencée sous Osorkon III se confirme encore plus sous les Saïtes80. C’est dans ce contexte de dégradation de l’autorité des prêtres d’Amon qu’intervient un réaménagement majeur du secteur. 1.1.2. Le quartier au cours des XXVIe-XXVIIe dynasties : un enjeu politique ? Pour certains, la présence d’inscriptions au nom de pharaons koushites indiquait la fin du quartier des prêtres à la XXVe dynastie et le secteur n’aurait pas été réoccupé avant l’époque ptolémaïque. Aussi, P. Béout, M. Gabolde, C. Grataloup et O. Jaubert avaient émis l’hypothèse d’un « transfert d’une partie des activités » qui étaient menées à l’est du lac Sacré dans le secteur nord-ouest du temple à la XXVIe dynastie81. Cette conjecture n’est plus valable puisque la XXVIe dynastie est une période des mieux documentées dans le quartier82. Si la durée du hiatus doit être rétrécie, il n’en existe pas moins. Son abandon progressif suivi d’un incendie qui marque la fin de son occupation pourrait s’expliquer par la politique répressive des Perses vis-àvis des temples égyptiens. 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes Le quartier ancien, qui incluait des bâtiments sans aucun doute imposants, est arasé et remplacé par des maisons plus petites. Celles du nord remploient des huisseries inscrites du début de la TPI. Plus au sud, les portes d’entrées des maisons sont anonymes. A-t-on voulu effacer les traces matérielles d’un temps où l’élite sacerdotale thébaine possédait un pouvoir sans précédent, indépendant ou directement associé au pharaon ? Ce nouveau quartier reflète-t-il dès lors son statut amoindri ? Ou répond-il simplement à de nouveaux besoins du personnel du temple ? Le quartier, bien conservé à la phase 13, a livré un mobilier archéologique riche dont l’étude place la majeure partie de son occupation sous la XXVIe dynastie. Or cette période a vu une nette réduction des prérogatives du clergé d’Amon. 79

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Sur l’organisation de l’institution de la divine adoratrice, voir particulièrement GRAEFE 1981 ; KOCH 2012 ; GOMBERTMEURICE, PAYRAUDEAU 2018. COULON 2018b ; PAYRAUDEAU 2018, p. 40-42. BÉOUT et al. 1993, p. 177. Supra, Chapitre I, § 3. Le quartier des prêtres à la Basse Époque : la phase 13.

Témoignages matériels de l’occupation saïte du quartier Le mobilier des fosses de dépotoir situées sous la rue, qui a été aménagée pour desservir à l’ouest les maisons nouvellement construites, fournit un terminus ante quem à bon nombre des installations de la phase 13 : les maisons IV à IX, la « place » tout au sud, et les grands murs ouest M53 et M85 qui ceignent de larges complexes sis sur la rive sud du lac (fig. 56). Ces contextes fermés offrent concomitamment des pièces caractéristiques de la fin de la période koushite et d’autres que l’on peut difficilement assigner avant l’époque saïte, du moins en l’état de nos connaissances83. L’abondante céramique locale s’accorde particulièrement avec la phase III S d’Éléphantine que D. Aston situe entre 775/725 et 650/625 avant notre ère. Les importations sont exclusivement représentées par des amphores « torpedo », dont les profils sont plutôt distinctifs du début de la XXVIe dynastie, quoiqu’ils apparaissent un peu auparavant (fig. 264 n°3-5). Les niveaux d’occupation et d’abandon de la phase 13 ont prodigués des importations ou copies d’importation plus variées qui constituent de bons marqueurs chronologiques (fig. 288-289, 290 n°1)84. Ont été relevés : une amphore de Chios dont le décor, la pâte et le profil sont typiques du second et du troisième quart du VIe siècle ; une amphore de Clazomènes surtout attestée en Égypte entre le troisième quart du VIe et le début du Ve siècle ; deux amphores à anses de panier dont le profil biconique indique qu’elles ont été produites entre la fin du VIIe siècle et le premier quart du Ve siècle ; une amphore attique « SOS » à la brosse, généralement attribuée à la seconde moitié du VIe siècle ; un aryballe corinthien au décor caractéristique du premier quart du VIe siècle ; plusieurs amphores « torpedo » – dont une copie miniature – au profil antérieur au Ve siècle. Le VIe siècle semble donc dominer dans ces niveaux, même si quelques types persistent au premier quart du Ve siècle. Mais les importations (ou copies) ne forment qu’une part infime de la totalité du matériel céramique et sont susceptibles d’usage et de remplois dans la longue durée. L’analyse des productions locales ne doit pas être négligée, même si elle fournit des limites chronologiques plus floues.

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Supra, Chapitre III, § 1.2. Céramique de la phase 12 (TPI-début Basse Époque). Supra, Chapitre III, § 1.3.2. Les importations et copies d’importation de la phase 13.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

Les éléments de comparaison notamment offerts par la phase V d’Éléphantine, qui couvre la fin de la XXVIe et la XXVIIe dynastie (550-400 av. J.-C.), paraît appropriée à la datation de nombreuses productions égyptiennes de la phase 1385. Plus précisément, la dernière occupation (celles des niveaux incendiés) et certains niveaux d’abandon du quartier contiennent du matériel qui peut être attribué à la transition entre les dynasties saïte et perse, soit la deuxième moitié du VIe ou au plus tard le début du Ve siècle. La documentation sigillaire de la phase 13 se limite fondamentalement à la XXVIe dynastie. La « formule saïto-perse », particulièrement caractéristique des XXVIe-XXVIIe dynasties, est attestée sur trois scellés (fig. 331 n°81-83) et au moins deux pharaons saïtes sont mentionnés, Psammétique Ier ou Apriès (fig. 331 n°72 et peut-être fig. 330 n°52) et Amasis (fig. 331 n°81)86. Un prêtre qui a laissé deux douzaines de scellés dans une variété de contextes de la phase 13 aurait vécu à l’époque saïte d’après la datation d’une stèle où son nom et ses titres apparaissent (fig. 330 n°45-50)87. Psamétik-mery-neith mentionné sur le scellé de la réserve de la maison VII (fig. 331 n°81) est un vizir de la Basse Égypte88 qui est aussi connu à travers quelques documents89 : deux stèles au nom de son petit-fils, un certain Iouf-âa, qui participa aux funérailles de l’Apis de l’an 34 de Darius Ier90, un ouchebti de provenance inconnue mentionnant le « Juge de la porte, sab et vizir Psamétik-mery-neith » sans préciser le règne sous lequel il a été vizir91, et, un manche de sistre92. Jusqu’ici

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Supra, Chapitre III, § 1.3.2. 1.3.1. La production égyptienne de la phase 13. Supra, Chapitre III, § 2.2.3.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 13. MASSON 2010 ; voir infra, Chapitre IV, § 1.2.2.1. Le prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sherin-aset. Le titre de vizir de la Haute Égypte disparaît rapidement à la XXVIe dynastie pour ne réapparaître que brièvement sous la XXXe dynastie, alors que celui de vizir de la Basse Égypte ne semble plus documenté sous l’empire achéménide, avec Psamétikmery-neith a priori le dernier vizir connu : VITTMANN 2009, p. 94-96. MASSON 2007. Il s’agit de la stèle d’Apis n°3423 conservée au Musée de Berlin et de la stèle du Sérapéum du Louvre n°4076. Sur ces stèles : CHASSINAT 1899 ; p. 66-67 ; WEIL 1908, p. 150-151 §28 ; JELÍNKOVÁ 1958, p. 113, n°21 ; VITTMANN 1978, p. 147 ; PRESSL 1998, p. 268 ; VITTMANN 2009, p. 95, fig. 3. RAMOND 1965 ; AUBERT, AUBERT 1974, p. 225. ANDERSON 1976, p. 60-61, fig. 115, n°90 ; VITTMANN 2009, p. 96, note 30.

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on avait seulement déduit que Psamétik-mery-neith était un contemporain d’Amasis, puisqu’aucun de ces documents n’établissait de lien direct entre ce vizir et ce pharaon. L’inscription du scellé associant le vizir au nom d’Amasis permet ainsi de valider cette hypothèse. Surtout, elle offre un indice chronologique appréciable pour l’incendie de la réserve qui constitue le dernier niveau d’occupation repéré pour la maison VII, mais aussi pour d’autres maisons du quartier93. L’analyse des petits objets fournit en général une datation Basse Époque. Les gourdes du Nouvel An constituent un repère chronologique utile, plutôt XXVIe dynastie, mais leur production est désormais bien documentée à l’époque perse (fig. 379-380)94. Certes, le trésor de la maison V contient des monnaies grecques frappées entre 500 et 480 av. J.-C. (fig. 388 n°1)95. Mais il aurait pu être caché dans un quartier depuis longtemps abandonné et, en l’absence de données précises sur son contexte de découverte (sol, fosse, remblai, niveau d’abandon…), on ne peut raisonnablement l’utiliser pour dater la fin de l’occupation du quartier au début du Ve siècle. La datation du matériel céramique et de certaines classes d’objets va dans le sens d’une occupation du quartier des prêtres essentiellement sous la XXVIe dynastie. Si aucune inscription ne valide son prolongement au-delà, les céramiques caractéristiques de la fin du VIe-début du Ve siècle pourraient témoigner d’une occupation au début de l’époque perse. Les conclusions historiques que nous pourrions déduire de la chronologie du quartier dépendent d’une analyse fine de la stratigraphie et du matériel associé. Or celle-ci reste dépendante de nos connaissances actuelles en matière de céramique locale, mobilier prédominant dans les fouilles du quartier. Préciser la chrono-typologie des productions de la région thébaine constitue un défi difficile du fait de la pérennité de beaucoup de types : le matériel couvrant la fin de l’époque saïte et le début de la dynastie perse présente de nombreuses similitudes. Les autres éléments de datation, tels les scellés, offrent des jalons appréciables, mais ils ne fournissent que des termini et il faut tenir compte du reste du matériel associé. Nous reviendrons plus tard sur les possibles raisons du déclin et de la destruction du quartier des prêtres pour nous

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Les maisons I, V et VI ont été définitivement abandonnées à la suite d’un incendie : supra, Chapitre I, § 3.7.2.3. Sur l’incendie final. Supra, Chapitre III, § 7.1.1.1. Gourdes du Nouvel An. Supra, Chapitre III, § 8.1.1. Trésor d’argent.

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CHAPITRE IV

concentrer maintenant sur les contextes politique et religieux sous-jacents à la reconfiguration du quartier des prêtres et à son occupation au cours de la XXVIe dynastie. La reprise en main du clergé thébain à la XXVIe dynastie Le remaniement concomitant du quartier des prêtres et de larges secteurs avoisinants sur la rive sud avec la reconstruction des murs périmétraux M53 et M85 est un projet architectural d’ampleur qui peut-être soustend une réorganisation politique du clergé thébain. D’après l’analyse du mobilier céramique, le réaménagement d’une large portion du quartier se situe à la transition entre les dynasties koushite et saïte, mais quelques formes appartiennent davantage au répertoire formel de la XXVIe dynastie. Le long règne de Psammétique Ier (664-610 av. J.-C.) semble particulièrement approprié. La période saïte voit graduellement les postes sacerdotaux les plus prestigieux être supprimés ou redistribués, souvent en faveur de l’institution de la divine adoratrice. Alors qu’il procède à la réunification et sécurisation de l’Égypte, l’attitude que Psammétique Ier affiche envers Thèbes peut être qualifiée de tempérée et progressive, surtout pendant les deux premières décennies de son règne96. Il ne remplace pas de manière abrupte nombre des postes-clés sacerdotaux et administratifs du domaine d’Amon, alors souvent aux mains de notables koushites ou alliés à la dynastie précédente. Certes, il fait adopter sa fille Nitocris I par la divine adoratrice et sœur de Taharqa Chépénoupet II, afin qu’elle hérite du poste convoité de divine adoratrice et épouse d’Amon, mais n’expulse pas pour autant la fille de Taharqa Aménirdis II, alors promise à cette haute fonction. Cette dernière n’en est écartée qu’au moment de la succession de Chépénoupet II, aux alentours de 640 av. J.-C. Le roi saïte maintient dans leurs fonctions Horkhébyt, le premier prophète d’Amon et petit-fils de Chabaka, ainsi que le troisième prophète d’Amon Padiamonnebnésoutaouy (C) et le gouverneur de la ville et quatrième prophète d’Amon Montouemhat, tous deux mariés à des princesses koushites. Toutefois, personne ne succède à Horkhébyt, le poste de premier prophète d’Amon étant supprimé pour un temps. En outre, suivant le décès de Montouemhat, le poste de quatrième prophète d’Amon revient à des individus

peu documentés ou dont l’allégeance aux rois saïtes est avérée, tandis que le poste de gouverneur revient après quelque temps aux puissants grands intendants successifs de Nitocris, que sont Aba, Pabasa et Padihorresnet, tous loyaux au pouvoir saïte. Ces derniers administraient, en outre, les biens du domaine d’Amon, en leur qualité de grand intendant d’Amon et en l’absence de grand prêtre d’Amon à qui incombait jusqu’ici cette charge97. Ainsi, lentement mais surement s’opère une mainmise du clergé thébain, notamment par l’intermédiaire de Nitocris I et de son entourage98. Non moins de deux statues fragmentaires représentant Aba ont été trouvées lors des fouilles dudit quartier ptolémaïque99. Il serait dès lors tentant de conclure que le grand intendant possédait une maison sur la rive orientale du lac Sacré, sur laquelle se serait élevée la phase 14. Il n’est cependant pas certain que ces statues proviennent originellement du quartier. La première est une tête qui se raccorde parfaitement à une statue acéphale mise au jour dans la cour de la cachette (fig. 419 n°1). La deuxième est une représentation posthume d’Aba, destinée à honorer sa mémoire (fig. 419 n°2). De telles statues auraient normalement été initialement érigées près d’un temple, d’une chapelle, ou le long d’une voie processionnelle. Leur présence au sein d’un quartier d’habitations est difficile à interpréter. Les implications politiques seraient remarquables si ces statues avaient été originellement conçues pour le quartier des prêtres. S’il s’agit d’une déposition secondaire ou tertiaire, comme nous le pensons, ces fragments pourraient provenir d’un lieu de culte situé dans le voisinage, par exemple à l’est du rempart ou sur la rive sud. Ils ont peut-être été amenés lors du remblaiement du secteur avant la construction du quartier à la phase 14, ou, peut-être à des fins de réutilisation dans le cadre d’activités de sculpture qui sont bien attestées à cette phase. Alors que sa fille Nitocris apparaît sur de nombreux monuments de la région thébaine, Psammétique Ier luimême y figure peu, se démarquant des rois nubiens qui avaient exécuté des travaux conséquents à Karnak100. Certains y ont vu une indifférence du souverain, peu

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PAYRAUDEAU 2020, p. 231-233.

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BROEKMAN 2012, p. 125. Les élites traditionnelles thébaines, qui jusqu’en 640-630 av. J.-C. ont laissé de nombreux monuments, semblent disparaître dans l’ombre de la divine adoratrice et de sa suite : ibid., p. 116 et note 16. Supra, Chapitre III, § 5.1.2.1. Ronde bosse. JOSEPHSON 2003, p. 40 et 42-43.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

Fig. 419. Statues d’Aba découvertes lors des fouilles du quartier ptolémaïque

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CHAPITRE IV

flatteuse pour Thèbes101. Cette impression est peut-être trompeuse et pourrait s’expliquer par les vicissitudes de la recherche et de la préservation archéologique. En effet l’ambition de son activité architecturale se révèle par les multiples chantiers que Psammétique Ier ouvre dans divers sanctuaires égyptiens en dehors de Thèbes102. Et, à la lumière du matériel archéologique mis au jour dans de bons contextes lors de nos fouilles, il faut probablement attribuer à son règne la réorganisation du quartier des prêtres et a priori celle de complexes attenants – c’est-à-dire la construction de notre phase 13103. Le titre de premier prophète d’Amon, qui avait disparu après le décès ou la destitution d’Horkhébyt aux environs de 650104, réapparait en 595. Mais il est confié à la candidate au poste de divine adoratrice, et non à un fils royal105 ! Et ce n’est pas tout, les positions des troisième et quatrième prophètes d’Amon, dont les pouvoirs étaient particulièrement étendus sous la XXVe et encore au début de la XXVIe dynastie, semblent vacantes dans la deuxième partie de la XXVIe dynastie106. Ânkhnesnéferibrê, fille de Psammétique II, officie en tant que premier prophète d’Amon avant de devenir l’épouse divine, et Nitocris II, fille d’Amasis, lui succède dans cette charge jusqu’à l’invasion perse107. Par leur intermédiaire, les rois saïtes s’assurent ainsi le contrôle complet du clergé thébain. Pourtant, mises à part les deux statues d’Aba discutées ci-dessus, l’institution de la divine adoratrice brille par son absence dans la documentation du quartier des prêtres108. Nombre des monuments associés à l’institution de la divine adoratrice aux époques kouchite et saïte sont désormais bien identifiés au nord-ouest du temenos d’Amon, près du village moderne de Naga Malgata109. Une majestueuse résidence pour l’adoratrice d’Amon y est construite très tôt à la XXVIe dynastie. L’inscription gravée sur une statue stélophore d’Aba110 signale que le grand intendant construisit une « maison

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DE MEULENAERE 2003, p. 62. PAYRAUDEAU 2020, p. 236-239. Voir infra, Chapitre IV, § 2.2.2.2. Relations stratigraphiques et architecturales entre les rives est et sud. KITCHEN 1995, p. 197, note 57. VITTMANN 2009, p. 109. Ibidem. PAYRAUDEAU 2020, p. 254 et 267. Infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. COULON, LAISNEY 2015 ; COULON 2018c. Sur cette inscription, voir surtout : GRAEFE 1994 ; WALLETLEBRUN 2009, p. 424-427 ; JANSEN-WINKELN 2014, p. 632-634 ; COULON, LAISNEY 2015, p. 161-162.

(pr) dans le domaine pur de son père Amon », de 100 coudées de côté (= 52,5 m environ), pour sa maîtresse Nitocris I. L’inscription a été rapprochée de l’édifice d’Ânkhnesnéferibrê, aux dimensions et à la monumentalité similaires111. L’architecture de ce véritable palais royal est digne du rayonnement de la divine adoratrice et de sa cour. Le secteur de Naga Malgata, qui inclut également des édifices religieux, constitue une extension du domaine d’Amon, même s’il se situe au-delà des limites de son temenos. Ce « pôle septentrional » apparaît comme autonome mais aussi intégré, grâce à l’essor de voies processionnelles bordées de chapelles formant un pont entre ce secteur et le cœur du temple d’Amon112. Avec l’office suprême désormais entre les mains de la divine adoratrice, le siège du pouvoir sacerdotal a migré vers le nord, au moins en partie et jusqu’à ce que l’invasion perse apporte de nouveaux bouleversements. 1.1.2.2. Sous les rois perses La datation de l’incendie du quartier et son étendue sont centrales pour clarifier la présence ou non de prêtres dans ce secteur à l’époque perse. Cette question rejoint également le débat soutenu d’historiens autour de la répression des Perses vis-à-vis des temples à Karnak et ailleurs en Égypte. La datation de l’incendie Le sol SOL1 de la réserve incendiée de la maison VII constitue le dernier niveau d’occupation relevé dans le quartier des prêtres, avant la reconfiguration totale du secteur à la phase 14. Ce niveau d’incendie n’a pas été repéré ailleurs dans la Zone 7. Néanmoins, la phase architecturale suivante, dont les fondations sont de plus en plus basses vers le sud, a pu araser ce dernier niveau d’occupation : tout au sud de la réserve de la maison VII, les fondations du bâtiment J de phase 14 ont totalement entamées le niveau d’incendie (fig. 92)113.

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L’édifice d’Ânkhnesnéferibrê occupe un carré de plus de 53 m de côté. Il est doté d’un vaste péristyle constitué de seize imposantes colonnes fasciculées en grès, dont la base atteint 1,66 m de diamètre. Il comporte plusieurs seuils de porte monumentaux en granite rose, mesurant entre 2,50 et 4,50 m de long. Il est considéré soit comme une réfection du palais de Nitocris décrit par Aba, soit comme un palais bâti sur le même modèle. Voir particulièrement COULON, LAISNEY 2015. Ibid., p. 166. Supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII.

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L’incendie a par contre été noté plus au nord dans les maisons I, V et VI. Le matériel issu du niveau d’incendie peut généralement être attribué à la fin de la XXVIedébut de la XXVIIe dynastie. Au plus tôt, une datation vers la fin du règne d’Amasis, pharaon évoqué sur le scellé du vizir Psamétik-mery-neith (fig. 331 n°81), pourrait convenir. Au plus tard, au cas où le scellé proviendrait d’un document thésaurisé, cet incendie pourrait dater du début du Ve siècle. Deux analyses C14 ont été conduites en 2006 par le laboratoire de datation par le radiocarbone de l’IFAO, pour dater deux contextes fermés marquant la fin de la phase 13. La première a été effectuée sur un échantillon de poutre en bois trouvé sur SOL1. Le résultat donnait une date comprise entre 600 et 511 av. J.-C., supportant la datation fin XXVIe-début XXVIIe dynastie donnée par l’étude du mobilier provenant de SOL1. La deuxième analyse C14 a porté sur des petits charbons recueillis dans un foyer aménagé dans le sol SOL25 de la maison IX (foyer 1)114. Il constitue le dernier niveau relevé pour cette « maison » peu préservée. L’échantillon a été daté entre 538 et 368 av. J.-C., entre la toute fin de la XXVIe et le milieu de la XXXe dynastie. Si SOL1 et SOL25 sont deux contextes contemporains ou du moins proches dans le temps, la fourchette chronologique se restreindrait alors bien à la période de transition entre les dynasties saïte et perse, entre 538 et 511 av. J.-C. Même s’il faut rester prudent, il nous semble que ces dates combinées constituent un argument qui va à l’encontre d’une occupation du quartier des prêtres durant la majeure partie de la période perse, si ce n’est durant toute celle-ci. L’incendie du secteur nord-ouest de Karnak : une destruction concomitante ? D’autres niveaux d’incendie datés de la Basse Époque ont été découverts à Karnak. Il semble opportun ici de rapidement présenter ces secteurs incendiés, tous situés au nord-ouest du temple d’Amon, afin de vérifier s’ils ont souffert du même sinistre. Cl. Robichon a mené une fouille archéologique, de 1945 à 1949, à l’extérieur du temenos d’Amon, à l’ouest de celui de Montou. Ses travaux, publiés par L.A. Christophe, ont mis au jour tout un quartier dévasté par un incendie et qui n’a plus jamais été réoccupé par la

suite115. Ce quartier, comprenant des habitations et une chapelle, était antérieur à la construction de l’enceinte de Nectanébo Ier. D’après le matériel issu de ces fouilles, Cl. Robichon estimait que l’incendie devait dater entre les XXVIe et XXXe dynasties. Éloignant la thèse de l’incendie accidentel, il impute cet incendie à l’invasion de Cambyse116, en 526 av. J.-C.117. Car il s’agit, selon lui, du seul problème majeur connu dans l’histoire de la Haute Égypte entre les XXVIe et XXXe dynasties118. Un bâtiment rubéfié à la suite d’un incendie important a été dégagé au nord-ouest du temple d’Amon, à l’intérieur du temenos entouré par l’enceinte de Nectanébo Ier119. Aucune occupation postérieure à cet incendie n’a été observée et le bâtiment a été coupé plus tard par la tranchée de fondation de l’enceinte120. Les archéologues pensent que « la conservation de cette construction détruite, éboulée, inutile, inesthétique est une preuve du manque d’intérêt probable pour ce secteur au cours des périodes tardives »121. Cet incendie a été comparé à celui qui a ravagé le secteur dégagé par Cl. Robichon. Ce rapprochement était d’autant plus pertinent que ces structures rubéfiées devaient, elles aussi, se situer originellement à l’extérieur du temple d’Amon122. F. Leclère et S. Marchand avaient noté que d’autres bâtiments incendiés sont visibles en surface dans le secteur situé entre le Musée en Plein Air et le temple de Ptah123. Le matériel céramique du bâtiment rubéfié, étudié par C. Grataloup et S. Marchand, paraît antérieur à l’invasion perse de 526. Il a été daté de l’époque saïte et plutôt fin VIIe-début VIe siècle av. J.-C.124. L’incendie s’est peut-être propagé encore plus au sud de cette zone puisque les recherches menées actuellement sur et autour de la Chapelle d’Osiris Neb-Djefaou font état de structures et de couches incendiées substantielles. Sous les niveaux d’occupation d’un grand bâtiment situé à l’arrière de la chapelle,

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Sur le foyer 1 : supra, Chapitre I, § 3.3.2. Stratigraphie de la maison IX.

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CHRISTOPHE 1951, p. 51-91. Sur cet incendie : VON BECKERATH 2002. Sur la révision de la date de l’invasion de Cambyse : QUACK 2011. CHRISTOPHE 1951, p. 53. Sur ce bâtiment : BÉOUT et al. 1993 ; LECLÈRE, MARCHAND 1995. BÉOUT et al. 1993, p. 168. Ibidem. Ce n’est qu’avec la construction de l’enceinte de Nectanébo Ier qu’elles se sont retrouvées dans le temenos d’Amon : LECLÈRE, MARCHAND 1995, p. 356 et note 34. Ibid., p. 356. BÉOUT et al. 1993, p. 175.

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CHAPITRE IV

un épais niveau rubéfié a été observé125. L’étude fine de la nature de ce niveau et du matériel révèlera peutêtre un lien avec les bâtiments rubéfiés découverts au nord-ouest de ce secteur126. Le mobilier se révèle pour l’instant hétérogène, combinant des formes spécifiques de la fin de la XXVe dynastie avec des éléments caractéristiques du début de la XXVIe dynastie, au plus tard début du VIe siècle av. J.-C., soit bien avant la conquête de Cambyse. Des plaques en bronze qui autrefois ornaient des meubles cultuels originaires des chapelles osiriennes à Karnak, y compris celle d’Osiris NebDjefaou, ont été retrouvées dans une cachette à Memphis, laissant présager les pillages d’envergure subies par les sanctuaires thébains127. G. Daressy avait imputé à l’invasion perse la dislocation de ces précieux meubles, une présomption souvent approuvée128. Même si le matériel issu des fouilles de Cl. Robichon est à peine publié, une fouille récente menée dans un bâtiment situé également dans le quartier nord-ouest de Montou, a fourni un assemblage céramique important qui permet d’apporter quelques éléments de réponse. Le bâtiment, peut-être un magasin de stockage associé à la chapelle d’Osiris Nebdjet, a été détruit par un incendie qui peut être daté entre la fin de la XXVe et le début de la XXVIe dynastie129. L’invasion assyrienne en 664 av. J.-C. serait-elle responsable de ce large incendie130 ou se situe-t-on à une date postérieure ? Malgré la pérennité de certains types au cours de la Basse Époque, les profils évoluent suffisamment, certains types disparaissent alors que d’autres deviennent fort communs au cours de la deuxième moitié du VIe siècle. L’assemblage provenant de ce bâtiment incendié à Karnak-Nord est sans conteste plus ancien que celui provenant des niveaux incendiés du quartier des prêtres. L’interprétation de l’incendie de Karnak-Nord comme étant la conséquence de la conquête violente de Cambyse

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COULON 2010a, p. 355, fig. 33. C. Defernez dans COULON 2010a, p. 357. Voir aussi un rapport préliminaire par C. Defernez et S. Boulet portant sur la céramique de la campagne de fouille de 2012, disponible en ligne sur le site du Cfeetk : http://www.cfeetk.cnrs.fr/index.php?page=rapport-2012-neb-djefaou. COULON 2009. Ibid., p. 59. MASSON 2015. Sur le sac de Thèbes lors de l’expédition d’Assurbanipal : PAYRAUDEAU 2020, p. 220-221. Les sources assyriennes et bibliques évoquent bien la chute de Thèbes et les pillages du temple d’Amon suite à la campagne assyrienne.

avait déjà été remise en cause131. Le caractère hautement négatif dont le roi perse était affublé132 ne relève pas forcément de la réalité et les historiens tentent de retrouver la part de vérité dans les nombreux témoignages hostiles à l’encontre du roi perse133. Hérodote se réfère constamment à la folie de Cambyse pour expliquer les impiétés du roi envers le taureau Apis, les sanctuaires, les dieux, les prêtres : « Incapable d’en présenter lui-même une explication politique, Hérodote ne peut que faire référence en permanence à la ‘folie’ du roi (III, 38). Mais l’historien d’aujourd’hui se doit de faire preuve d’une plus grande exigence »134. P. Briant reconnaît que certains faits imputés aux Perses ne peuvent être niés. L’invasion perse a semé une grande confusion en Égypte du nord au sud du pays. Mais pour lui, « il serait erroné d’y voir l’expression d’une politique anti-égyptienne définie et appliquée par Cambyse : il s’agit plus simplement du droit des vainqueurs »135. Le matériel provenant des niveaux incendiés dans les maisons I, VI et VII du quartier des prêtres possède en général un profil plus récent que celui des contextes incendiés situés au nord-ouest du temple d’Amon. Associer l’incendie du quartier des prêtres avec les destructions violentes auxquelles se seraient livrées les troupes de Cambyse en 526136 est une hypothèse séduisante mais qui demande à être examinée de manière critique. L’incendie du quartier des prêtres semble assez localisé. Il n’a pas touché les grands murs ouest M53 et M85/M78 qui entourent deux grands secteurs au sud du lac Sacré. À aucun endroit, ces murs ne présentent des traces de rubéfaction. Cet incendie semble donc d’une assez faible ampleur. De plus, le quartier connaissait déjà un abandon relatif lors de cet incendie, qui finalement ne semble avoir touché que quelques maisons encore occupées137. L’incendie a pu porter un « coup fatal » à ce quartier, sans être le moment-clé qui décida de son abandon.

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BURKARD 1994, p. 94, note 11. Le caractère hypothétique de la responsabilité de Cambyse dans cet incendie a aussi été souligné dans COULON, DEFERNEZ 2004, p. 142. BRIANT 1996, p. 60-61. Ibid., p. 65-66. Ibid., p. 67. Ibidem. Ces destructions ont été relatées par Hérodote (Histoires III, 16, 29-37) et Strabon (X, 3, 21), entre autres. La maison VIII était abandonnée, la maison VII convertie en dépotoir : supra, Chapitre I, § 3.7.2.2. Sur le déclin du quartier.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

Le Grand Roi et les prêtres égyptiens Même s’il est risqué d’imputer à Cambyse l’incendie qui ravagea le quartier des prêtres de Karnak, ou du moins certaines de ses parties, il est édifiant que le quartier n’a pas été rebâti aussitôt là où il a été détruit. Le quartier subit bien un déclin, une destruction (partielle) et un hiatus substantiel à l’époque perse. On peut voir dans cet abandon du quartier des prêtres soit une conséquence historique, soit la suite logique pour un quartier en cours de désaffection. Les prêtres étaient peut-être logés ailleurs dans le temple. Une comparaison avec le devenir d’autres sanctuaires au moment de la période achéménide apporte quelques éléments de compréhension. Dans son étude comparant tradition littéraire et réalité historique138, G. Burkard démontre qu’il faut relativiser les visions négatives que les auteurs classiques ont livrées de Cambyse139. Les sacrilèges dont on l’accuse ont sans doute été exagérés, puisque d’une part, d’autres sources écrites le montrent plutôt bienveillant envers les sanctuaires140, et d’autre part, les recherches archéologiques ont prouvé qu’il n’y avait pas de destruction massive au VIe siècle141. G. Burkard cite en exemple le temple de Karnak dont les structures ne portent pas les stigmates d’un incendie dévastateur142. Quant à l’incendie de Karnak-Nord souvent attribué à l’invasion perse, il doute de la justesse de cette interprétation et datation, et, ainsi que nous venons de le voir, l’analyse du matériel issu d’un bâtiment incendié dans ce secteur confirme les soupçons de l’historien143. Selon lui, les prêtres égyptiens seraient responsables du portrait peu flatteur de Cambyse, en réaction aux sévères

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BURKARD 1994 ; 1995. D’autres témoignages négatifs à l’encontre des Perses ont été écrits à l’époque ptolémaïque. Plusieurs accusent les Perses d’avoir volé les statues divines égyptiennes, statues que les Lagides, en « bons pharaons », auraient rapatriées : DEVAUCHELLE 1995, p. 71-72 ; BRIANT 2003 ; FRIED 2004, p. 71-73. Il est clair que ce thème est devenu un topos littéraire pour les Ptolémées, même s’il est possible que le vol de statues ait été perpétré par Cambyse lui-même ou un autre roi perse. La statue naophore d’Oudjahorresnet du complexe de Sais par exemple rapporte les bienfaits que Cambyse a apporté au temple de Neith (BURKARD 1994, p. 97-99). De plus, une découverte dans le Sérapeum de Memphis met en doute l’épisode célèbre relaté par Hérodote, selon lequel Cambyse aurait tué le taureau sacré Apis : un taureau Apis a en effet été enterré sous le règne de Cambyse, en 524, et selon les rites traditionnels (BRIANT 1996, p. 67-68). BURKARD 1994, p. 94. Ibid., p. 94, note 11. MASSON 2015.

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réductions du budget des temples que le roi perse avait initiées144. G. Burkard note avec justesse que les chercheurs associent trop facilement leurs découvertes à la campagne violente de Cambyse, sans pouvoir le prouver objectivement145. Il critique notamment les démonstrations et conclusions hâtives de certains archéologues qui ont voulu voir la marque de l’invasion de Cambyse sur les sites de Bouto, du temple d’El Kab et d’Éléphantine146. Les sanctuaires égyptiens n’ont pas cessé leurs activités cultuelles sous la domination des Achéménides. À Éléphantine, par exemple, les temples en pierre n’ont pas subi de grands dommages et on connaît les noms et les titres de certains prêtres qui y ont travaillé à cette époque147. G. Burkard reconnait néanmoins la tension réelle entre le personnel cultuel et le pouvoir en place. Cette résistance et inimitié des prêtres vis-à-vis des Perses trouvent peut-être une explication dans le traitement que Cambyse a infligé, non pas aux temples en pierre, mais aux dépendances des temples qui étaient en briques crues148. G. Burkard fonde son raisonnement sur des observations archéologiques et diverses inscriptions. Ainsi, la bibliothèque et la Maison de Vie à Éléphantine, peut-être aussi son quartier administratif, auraient été ruinés à la fin de la XXVIe dynastie. Seules ces bâtiments en briques crues auraient souffert de l’invasion des Perses, et pas forcément à la suite d’une destruction brutale, mais peut-être d’une simple fermeture. Saïs semble avoir connu le même destin : le service cultuel est toujours assuré et les temples en pierre sont toujours debout, mais la Maison de Vie a été détruite ou fermée. Pourquoi Cambyse se serait-il acharné sur certaines dépendances du temple ? Bibliothèque, Maison de vie et, dans une moindre mesure, quartier administratif constituent des centres intellectuels et spirituels de la culture égyptienne, et de ce fait, représentent un foyer potentiel de résistance contre la présence étrangère149. Neutraliser de tels secteurs et institutions reviendrait donc à affaiblir la résistance, à couper sa tête150.

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BURKARD 1994, p. 94. P. Briant estime aussi que Cambyse s’est attiré l’hostilité de nombreux administrateurs de temples et que le cas d’Oudjahorresnet, et du sanctuaire de Neith à Saïs, représente finalement une exception remarquable : BRIANT 1996, p. 71. BURKARD 1994, p. 94. Ibid., p. 95-97. BURKARD 1995, p. 31-33. Ibid., p. 34-35. Ibid., p. 35. Ibid., p. 37.

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CHAPITRE IV

La thèse selon laquelle les Perses n’intervenaient que de manière modérée dans les affaires locales, laissant les élites égyptiennes en place151, doit être nuancée. L’administration et le financement des temples semblent bel et bien avoir été bouleversés à l’époque achéménide, avec les prêtres perdant de leur autonomie152. Un décret de Cambyse, connu grâce à un document démotique découvert dans le temple de Tebtynis dans le Fayoum, explique que le Grand Roi a nettement diminué les revenus en nature touchés par les temples égyptiens153. Cette mesure a pu être prise à la suite d’hostilités des prêtres face au nouveau pouvoir ou bien a dû irrémédiablement en inciter154. Alors que les donations aux temples égyptiens sont fort bien documentées entre la XXIIe et la XXVIe dynastie, puis de nouveau au cours des XXIXe et surtout XXXe dynasties, elles sont quasi-inexistante pendant la période perse155. Sans apport, le système de redistribution n’est plus assuré comme avant. Ces donations, accordées par le pharaon, étaient bien souvent gérées par le personnel du temple lui-même. Or, le satrape, officiel qui gouvernait le pays au nom du Grand Roi, supervisait l’élection des lesonis, les administrateurs financiers des temples majeurs d’Égypte156. Le lesonis, dont le titre apparaît dans le corpus des scellés du quartier des prêtres, avait le contrôle des ressources du temple et était responsable de l’administration de ses domaines, de l’état des bâtiments et de la construction de nouveaux157. D’après les lettres du temple de Khnoum à Éléphantine, sous les Perses, la désignation du lesonis, requerrait l’accord du satrape, tandis que celle du personnel secondaire du temple requerrait celui du commandant de la garnison, et pour obtenir de tels postes, il fallait payer des droits qui allaient directement dans les caisses du roi158. Le senti, une sorte de ministre de l’économie qui apparaît pour la première fois à la XXVIIe dynastie, déterminait les taxes que le temple devait aux coffres du roi et du satrape : sous l’Empire perse, les temples en Égypte –

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Défendue par CRUZ-URIBE 2003. Sur les relations entre le roi perse et les temples égyptiens, et notamment les changements des relations temples-état avant et après la conquête achéménide : FRIED 2004, p. 49-107. BRESCIANI 1996. BRIANT 1996, p. 71 ; FRIED 2004, p. 73-74 ; AGUT-LABORDÈRE 2005. MEEKS 1979a. AGUT-LABORDÈRE 2017. FRIED 2004, p. 58. Pour une discussion de cette correspondance officielle entre les prêtres de Khnoum à Éléphantine et les divers officiels de la hiérarchie satrapale : FRIED 2004, p. 80-86.

comme à Babylone d’ailleurs – sont donc devenus une source de revenu pour le Grand Roi159. Il ne faut pas nécessairement parler d’un acharnement perse contre les institutions religieuses égyptiennes160, mais plutôt d’un alignement avec la politique générale des perses envers ce type d’institution. Pourrait-on dès lors expliquer la désaffection du quartier des prêtres de Karnak et la destruction des dernières maisons occupées par ce choix tactique de Cambyse ? Après les exemples d’Éléphantine et de Saïs, il nous semble que le quartier des prêtres de Karnak illustre aussi cette mesure politique des Perses. La datation du matériel des niveaux incendiés coïncide avec la transition entre les XXVIe et XXVIIe dynasties. La dernière mention épigraphique sûre pour la phase 13 concerne le nom d’un vizir ayant officié sous Amasis. Et la datation absolue fournie par l’analyse C14 d’un échantillon provenant du niveau d’incendie SOL1 indique une datation entre 600 et 511 av. J.-C. De même que pour Éléphantine et Saïs, de même pour Karnak, il ne faut pas parler d’une cessation totale des activités du temple, mais peut-être d’un « service minimum ». Du matériel probablement perse a été identifié dans les maisons de prêtres abandonnées. La céramique d’époque perse de la maison VII, même si elle provient d’un dépotoir, constitue un matériel résiduel d’occupation. Le trésor de la maison V, malgré son contexte imprécis de découverte, confirme la présence de matériel perse dans le quartier. Il rejoint d’autres découvertes similaires en Égypte, en ces temps troublés où l’on dissimulait sa fortune161. Une occupation très partielle du quartier est possible, peut-être au nord de la maison I, là où les archéologues se sont arrêtés à la strate ptolémaïque. Mais ce matériel céramique pourrait aussi provenir d’un secteur voisin qui continuait de fonctionner normalement sous la domination perse. Certes, bien que les rois perses aient initié des programmes architecturaux et élevé des monuments dans divers sanctuaires égyptiens, les vestiges remontant à la XXVIIe dynastie sont bien maigres dans la région 159 160

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Ibid., p. 84. Ce dont est également convaincu C. Thiers : THIERS 2011, p. 249. Voir également l’avis de G. Gorre qui argumente en faveur d’une relation entre le Grand Roi et les prêtres, oscillant entre contrôle et ouverture : GORRE 2009, p. 480-482. Supra, Chapitre III, § 8.1.1. Trésor d’argent. Il est tout à fait possible que ces pièces et lingots d’argent appartenaient à l’institution du temple, et non à un individu fortuné comme le dispute R. Müller-Wollermann à propos des trésors d’argent trouvés en Égypte remontant à la première domination perse : MÜLLER-WOLLERMANN 2016, p. 281.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

thébaine, y compris à Karnak162. L’accomplissement des rites dans les temples et chapelles se perpétue sans doute dans une certaine mesure, quoiqu’il s’agisse d’un point difficile à démontrer163. Si les sources anciennes contre Cambyse ne doivent pas être prises au pied de la lettre, elles reflètent dans une certaine mesure les déboires des sanctuaires égyptiens à cette période, particulièrement ceux du haut clergé. Les listes de grands prêtres que l’on peut établir sur plusieurs dynasties dans nombre de sanctuaires affichent bien souvent un vide documentaire flagrant à l’époque perse : c’est le cas par exemple des grands prêtres de Ptah à Memphis et des plus hauts dignitaires religieux à Héliopolis, Thinis et Thèbes164. Les lignées de grands prêtres ne réapparaissent qu’après la domination perse, surtout à partir de l’époque ptolémaïque. Les postes les plus importants dans la prêtrise thébaine, à savoir celui de premier prophète d’Amon et de divine adoratrice, sont supprimés sous la domination des Perses165. Bien d’autres positions sacerdotales élevées à Thèbes, et les familles de prêtres qui généralement les occupaient, ne sont plus attestées jusqu’à la XXXe dynastie et l’époque ptolémaïque166. L’état d’abandon dans lequel est laissé le quartier des prêtres de Karnak à l’époque perse souligne aussi cet affaiblissement de la classe sacerdotale. Son rétablissement à la phase suivante marque un renouveau qui dénote une évolution socio-culturelle certaine. 1.1.3. Ledit quartier ptolémaïque La dernière phase témoignant de la présence de prêtres sur la rive est du lac Sacré, la phase 14, est apparue dans la Zone 7 à travers les bâtiments I et J principalement conservés en fondation167. Malgré la pauvreté des vestiges architecturaux, deux sous-phases ont été identifiées – 14a et 14 b – et un mobilier

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TRAUNECKER 1980. Les niveaux datés spécifiquement de l’époque perse mis au jour dans le bâtiment surplombant la chapelle d’Osiris Neb-Djefaou, probablement un magasin de stockage, ne signalent pas forcément que le culte se poursuit dans la chapelle elle-même à cette époque : COULON, DEFERNEZ 2004, p. 186. FRIED 2004, p. 71. Pour L.S. Fried, le manque de généalogie sacerdotale pour de nombreux temples suggère qu’ils ne fonctionnaient pas sous les Achéménides, un avis qui doit, me semble-t-il, être nuancé. BIERBRIER 1977, col. 1248. VITTMANN 2009, p. 109-111. Supra, Chapitre I, § 4. Un nouvel habitat de prêtres à l’époque gréco-romaine ? : la phase 14.

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relativement abondant a été recueilli. En outre, l’installation contemporaine dégagée plus au nord lors des fouilles de 1971, connue sous le nom de quartier ptolémaïque, est bien mieux préservée168. À cette phase, le secteur semble marqué par de profonds changements que les circonstances historiques permettent peut-être d’éclairer. 1.1.3.1. Renouveau du quartier : reflet d’une transformation sociale D’après J. Lauffray, la nouvelle installation construite sur l’arase des maisons des prêtres aurait été occupée aux IIIe-IIe siècles av. J.-C. Cette estimation est notamment fournie par des ostraca provenant de favissae, qui contenaient surtout des pièces du IIe siècle av. J.-C., mais aussi des éléments plus anciens et plus récents169. Ces fosses de dépotoir ne sont pas situées clairement dans la stratigraphie du quartier, et, nous avons vu que les deux sous-phases architecturales déterminées par les recherches archéologiques de la Zone 7 n’ont pas été notées par J. Lauffray170. Peut-être n’existaient-elles pas plus au nord, ou bien cette reconstruction, très peu conservée au sud, n’a pas été repérée lors des opérations de sauvetage de 1971. Quoi qu’il en soit, il semble dès lors important de vérifier si la réorganisation du secteur après le « hiatus perse » pourrait être remontée quelque peu. En l’absence de bons niveaux d’occupation dans la Zone 7, seuls les niveaux directement antérieurs à leur construction et postérieurs à leur occupation peuvent circonscrire la datation de la sousphase 14a (fig. 163). Le contexte historique derrière cette nouvelle configuration du quartier peut ainsi être apprécié plus justement. Une reconfiguration du IVe siècle av. J.-C. ? Deux étapes du comblement de la rue précèdent la construction des bâtiments I et J. Des fosses de dépotoir – Rue 1 – percent le dernier niveau de circulation de la rue fonctionnant avec la phase 13, SOL22 et son

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Supra, Chapitre I, § 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque. Supra, Chapitre III, § 10.2. Quelques notes sur les ostraca provenant des anciennes fouilles. Voir néanmoins une phase intermédiaire notée entre la maison I du quartier des prêtres et la maison G du quartier ptolémaïque qui pourrait peut-être correspondre à cette restauration : supra, Chapitre I, § 4.4.2.2. Sur les éventuelles réfections des bâtiments.

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CHAPITRE IV

aménagement circonscrit (?) SOL21 ; elles longent les murs des maisons des prêtres, ce qui signifie que ces dernières étaient toujours debout171. Une couche plus ou moins épaisse de remblaiement et/ou de démolition – Rue 2 – s’accumule sur SOL22 et les fosses de dépotoir de la Rue 1 ; il procède d’un exhaussement du niveau général du secteur, avec les bâtiments I et J s’élevant sur cette couche et les maisons des prêtres arasées172. La datation du matériel provenant de Rue 1 et Rue 2 fournit ainsi un terminus post quem à la construction de ces bâtiments. Ces deux types de contextes contenaient très peu de céramiques caractéristiques du IIIe siècle et ces dernières appartiennent, en plus, à des catégories dont la production remonte dès le milieu du IVe siècle. Il serait aventureux de dater précisément la première construction des bâtiments I et J. D’une part, le matériel céramique de la toute fin de la Basse Époque se distingue difficilement des productions datées du tout début de l’époque ptolémaïque173. D’autre part, la plupart des contextes de la rue ne sont pas à l’abri de pollutions anciennes ou de contaminations récentes. Ce matériel est néanmoins définitivement plus récent que celui recueilli dans les niveaux incendiés du quartier des prêtres. Il inclut de nouvelles formes, s’inspirant parfois du répertoire des céramiques grecques, de nouvelles fabriques, telles la pâte alluviale Black Silt Ware N6 et la pâte calcaire M4, et, de nouveaux décors, notamment floraux174. Cela suggère que la rue aurait continué à être entretenue et à servir de circulation malgré l’abandon des maisons de la phase 13 (ou d’une large portion du quartier). Plusieurs scellés portant des titres de prêtres ont été mis au jour dans les contextes Rue 1 et Rue 2 (e.g. fig. 337 n°144-146, 149, 152, 155 et 157). Les prêtres semblent donc attestés dans ce secteur entre la XXXe dynastie ou le début de l’époque ptolémaïque d’après le matériel céramique associé. Quelques moules à amulettes collectés sur le dernier niveau de circulation de rue et dans le remblai le recouvrant (fig. 377 n°3-4 et 378 n°2-3) laissent présager des activités artisanales exercées dans le quartier ptolémaïque. L’hypothèse d’une réoccupation du secteur dès le IVe siècle av. J.-C., après une période d’abandon

à l’époque perse, n’est par contre étayée par aucune inscription175. En outre, l’architecture des nouveaux bâtiments, bien que typique de l’époque ptolémaïque, remonte à la Basse Époque176. D’autres sites, comme celui d’Éléphantine, connaissent un renouveau architectural après la période perse. Sous la XXXe dynastie, de nouveaux édifices occupent le sanctuaire de Khnoum. G. Burkard suppose que le nouveau quartier, bâti par Nectanébo II (360-342 av. J.-C.), remplace probablement la librairie et la Maison de Vie, détruites ou fermées à l’époque perse177. Des dernières dynasties indigènes, la XXXe dynastie est celle qui a été la plus active dans la construction et la restauration des sanctuaires égyptiens178. Nectanébo Ier et Nectanébo II ont tous deux été des bâtisseurs importants à Karnak et sont peut-être responsables de la réorganisation de ce secteur négligé pendant la période perse. La XXIXe dynastie n’est pas en reste à Karnak et ce dès le règne de Néphéritès Ier179. Néanmoins, ledit quartier ptolémaïque ne peut être antérieur à la XXXe dynastie. Rappelons en effet qu’il appartient au temenos agrandi, circonscrit par l’enceinte de Nectanébo Ier180, et que certaines maisons chevauchent partiellement l’arase du rempart du Nouvel Empire181. La réédification du quartier pourrait aussi être le fait de hauts-dignitaires thébains qui auraient conservé leur influence pendant la seconde domination perse et auraient poursuivi l’effort de restauration de bâtiments religieux lancé par les derniers souverains indigènes, comme cela est documenté par exemple à Hermopolis et Héracléopolis182. Elle pourrait enfin dater des souve175

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Supra, Chapitre I, § 4.2.2.1. Première conversion en dépotoir : Rue 1. Supra, Chapitre I, § 4.2.2.2. Premier niveau de démolitionremblaiement : Rue 2. DAVID 2016 ; MASSON 2016. Ibidem.

Les scellés ne sont pas d’un grand secours. Voir toutefois le rapprochement entre un prophète d’Amon-Rê nommé Chéchanq mentionné sur le scellé n°157 et un homonyme voué aux cultes d’Amon-Rê et d’Osiris Naref évoqué sur d’autres scellés et une statue des IVe-début IIIe s. : infra, Chapitre IV, § 1.2.2.2. Le prophète d’Amon-Rê roi des dieux et d’Osiris Naref, Chéchanq. Supra, Chapitre I, § 4.4.1.3. Comparaison avec d’autres sites. BURKARD 1995, p. 35. Sur la dernière dynastie nationale : FORGEAU 2018. TRAUNECKER 1979, p. 408. Sur la date de l’érection de l’enceinte, voir récemment GOLVIN 2017, p. 216 et note 8 pour les références bibliographiques. Supra, Chapitre I, § 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque. MEEKS 1979a, p. 654-655 ; GORRE 2009, p. 495-497. L’évergésie se développe davantage par la suite à l’époque ptolémaïque et elle a particulièrement bénéficié aux temples, y compris à leurs dépendances ; mais l’apport de dons privés ne semble pas aussi marqué dans la Thébaïde, sans doute dans la mesure où les temples jouissent d’une attention suffisante de la part du pouvoir lagide et de revenus conséquents : THIERS 2006.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

rains macédoniens ou bien du tout début de la dynastie lagide, en concomitance avec le rétablissement du pontificat d’Amon183, et ce malgré la perte de l’influence et du repli du haut clergé thébain à cette période184. D’Alexandre le Grand à Ptolémée Ier, il n’est pas sûr que l’initiative de reconstruire le quartier aurait relevé d’une politique royale en faveur des temples, car c’est vraiment sous le règne de Ptolémée II que s’institutionnalisent les relations entre le pouvoir lagide et les temples185. Ce point d’intérêt historique ne peut malheureusement pas être éclairé par les anciennes et nouvelles fouilles du secteur. Par contre, le matériel issu de contextes marquant la fin de la sous-phase 14a met en exergue une évolution remarquable dans la fonction de ces nouveaux bâtiments et l’identité des résidents. Un quartier aux activités hétéroclites La fin de l’occupation de la sous-phase 14a est marquée par une série de fosses de dépotoir contenant un abondant matériel résiduel d’occupation. Elles apparaissent aussi bien dans la rue (Rue 3)186 que dans le bâtiment J187. Elles coupent profondément les maisons des prêtres de la phase 13 ainsi que les niveaux de rue Rue 1 et Rue 2. Par contre, elles longent et coupent légèrement les murs appartenant aux bâtiments I et J. Ces fosses sont postérieures à l’occupation des bâtiments de la sous-phase 14a et ont été réalisées probablement juste avant la construction de la sous-phase 14b. Rappelons que ces types de fosse ont été notés à d’autres moments de reconfiguration du secteur, notamment entre les phases 12 et 13. Avant de réaliser un nouveau niveau de circulation propre ou une nouvelle phase architecturale, ces fosses permettent de débarrasser le mobilier encombrant rue et bâtiments. Ces derniers sont arasés jusqu’au niveau de leur fondation et leur démolition peut fournir le remblai nécessaire au nivellement du secteur. Ce phénomène n’est pas exclusif à Karnak et a été observé à Tanis, par exemple, pour le Bâtiment aux Papyrus188. Le matériel issu de ces fosses fournit un terminus ante quem à la dernière

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Sur la réapparition du poste de premier prophète d’Amon voir notamment : QUAEGEBEUR 1995, p. 156 ; DE MEULENAERE 1998, p. 1117-1123 ; GORRE 2009, p. 502-504. Sur ce point : ibid., p. 504-507. GORRE 2003, p. 31-32. Supra, Chapitre I, § 4.2.2.3. Seconde conversion en dépotoir : Rue 3. Supra, Chapitre I, § 4.2.1.2. Stratigraphie du bâtiment J. Supra, Chapitre I, § 4.4.1.3. Comparaison avec d’autres sites.

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occupation des bâtiments I et J avant leur rénovation et est également propre à renseigner sur les activités qui se déroulaient dans ce secteur. Concernant la datation, des céramiques typiques des IIIe et IIe siècles ont été trouvées en nombre dans les fosses. L’analyse des productions locales et importées suggère même plutôt une datation fin IIIe-IIe siècles. Elles sont mêlées à du matériel résiduel des Ve et IVe siècles. La présence d’un scellé au nom d’un prophète de la statue de Nectanébo II (fig. 337 n°159) pourrait indiquer que l’on se situe assez tôt dans la période ptolémaïque189. Le dernier prophète de Nectanébo attesté à Thèbes est un certain Amasis190 qui aurait vécu sous le règne de Ptolémée III191. Mais ce scellé peut former une contamination ancienne, ou bien un témoignage de la survivance de ce culte dynastique à Thèbes puisqu’il est encore attesté ailleurs jusqu’au milieu du IIe siècle192. Les nombreux modèles de sculpteurs mis au jour dans les différentes fosses de la rue et du bâtiment J forment aussi un jalon chronologique appréciable193. Ces objets sont prolixes à la fin de la XXXe dynastie et au début de la période ptolémaïque194, mais se raréfient vraiment à la fin de l’époque ptolémaïque195. Les niveaux associés à cette phase ont livré de nombreux témoignages exposant les activités et l’identité des personnes vivant dans le quartier. Des scellés et un bloc épigraphié (fig. 405 n°1) arborant des charges sacerdotales sont accompagnés d’éléments à connotation artisanale. Il y a d’abord un vase réutilisé pour travailler du cuivre (fig. 180), mais surtout des ébauches et de nombreux modèles en pierre et en plâtre (fig. 361363, 365-366), ainsi qu’un pic et un ciseau probablement utilisés par des sculpteurs (fig. 349 n°1 et 396 n°1), recueillis au milieu de déchets de taille. Parmi ces derniers ont été identifiés de rares éléments caractéristiques de la fabrication de vaisselles en pierre, dont une carotte de forage en calcite. Seuls des artefacts en rapport avec l’activité de sculpture (modèles, outils et déchets de taille) ont été mis au jour dans le bâtiment J. Ces découvertes trouvent un écho notamment à Tell el-Balamoun et Tanis. Sur le premier site, trois bâtiments ont été construits dans le temenos d’Amon, aux alentours de la XXXe dynastie-début de l’époque ptolémaïque : N1, 189 190 191 192 193 194 195

DE MEULENAERE 1960a, p. 97. GORRE 2009, p. 72-77. Sur la datation de cette statue : ibid., p. 72 note 184. Infra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. Supra, Chapitre III, § 5. Sculptures et modèles de sculpteurs. TOMOUM 2005, p. 4. Ibid., p. 204.

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CHAPITRE IV

N2 et N3. A.J. Spencer suppose, étant donné leur situation, qu’ils ont un rapport étroit avec le temple, soit des fonctions religieuses, soit des fonctions administratives196. Mais le fait qu’aucune partie de ces bâtiments ne soit préservée au-dessus du niveau de sol ne permet pas à l’auteur de préciser leurs fonctions. Le bâtiment N2, qui mesure 17 × 15 m, nous intéresse plus particulièrement. Composé d’une série de chambres au sud-est et d’une cour à ciel ouvert au nord-ouest, il est adjacent au côté est du Temple A197. Selon l’archéologue, ce bâtiment a été réutilisé par des « squatters » après que ses fonctions officielles aient été abandonnées. Un sondage mené dans la rue séparant les bâtiments N2 et N3 a révélé la présence de plaques en calcaire, représentant en bas-relief un portrait royal198. A.J. Spencer les identifie comme des « ex-voto »199, mais ils pourraient tout aussi bien être des modèles de sculpteur. Des fosses de dépotoir ou des niveaux de dépotoir contenant des éclats de calcaire en grande quantité ont été mis au jour à l’intérieur ou dans les environs du bâtiment N2200. Toutefois, ils proviennent de contextes soit antérieurs soit postérieurs à l’utilisation « officielle » de ce bâtiment et à aucun moment A.J. Spencer ne fait allusion à une quelconque activité de sculpteur. Le second parallèle est fourni par les édifices aux puissantes fondations, que P. Montet surnomma « immeubles », qui s’élevaient dans le secteur des tombes royales et du « quartier d’Houroun », au sein du temenos d’Amon à Tanis201. La fouille des « immeubles » XIV, XV et XVI a prodigué divers éléments de sculptures, alors identifiés comme des modèles de sculpteurs, mais que F. Leclère interprète plutôt comme de possibles « dépôts rituels liés à la fondation de chapelles de culte »202. À la lumière de l’exemple de Karnak, on pourrait peut-être voir dans les édifices de Tell el-Balamoun et Tanis les vestiges d’ateliers-écoles de sculpture.

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SPENCER 1999, p. 45. Ibid., p. 51. Ibid., p. 52, pl. 88, n°13-14. Ibid., p. 52. Ces fragments de calcaire ont été repérés au moins à trois endroits différents : une fosse de dépotoir située dans la pièce 1 du bâtiment N2, mais la fosse passe sous les murs de la pièce 1 et lui est donc antérieure (ibid., p. 52) ; un amas important se trouvait près de la porte de la grande cour située entre le bâtiment N2 et le mur sud-est du Temple A (ibid., p. 55) ; une petite fosse de dépotoir dans cette même cour (ibid., p. 55). Sur ces « immeubles », voir LECLÈRE 2008, § 9.37 p. 460-462, pl. 9.8.a/f. Ibid., p. 461-462.

Une comparaison avec le quartier ptolémaïque dégagé plus au nord en 1971 – mieux conservé et associé à du mobilier in situ – apporte des arguments supplémentaires. J. Lauffray considère que ce quartier n’est qu’un énième remaniement des maisons des prêtres : « À l’ouest, s’est développé tout un quartier de maisons de prêtres, dont celles des 22e et 25e dynasties, dégagées en 1970 en [IX. N (a)], ne représentent qu’une faible partie. Les plus récentes déblayées en [IX. N (b)] au cours de 1971 sont ptolémaïques et romaines »203. Il attribue donc à ces bâtiments le même usage204. Diverses inscriptions découvertes lors des anciennes fouilles informent en effet que des desservants du culte vivent dans ce quartier rénové. Les favissae I et II, creusées dans la ruelle entre les maisons D et E, contiennent des éléments en rapport avec les prêtres. Un scellé (fig. 342 n°2) et un fragment de granit inscrit (fig. 405 n°4) portent un titre de prêtre d’Amon. Plusieurs ostraca, en cours d’étude par D. Devauchelle et Gh. Widmer, concernent la correspondance du clergé de Karnak, et d’autres constituent des exercices d’écoliers205. Le temple est un lieu de transmission du savoir et les prêtres, en tant que lettrés, étaient à même de dispenser divers enseignements206. Mis à part ces éléments, le matériel suggère plutôt une destination artisanale du secteur. La maison B appelée la « maison du potier » présente des structures et du mobilier indiquant que son dernier occupant se prêtait à la confection de vaisselles en faïence (fig. 384)207. De tels ateliers ont déjà été mis au jour au sein des sanctuaires208. La maison C est également perçue comme la « demeure et l’atelier d’un artisan »209. Sur le sol de la maison C, divers éléments de pierre, éclats, blocs et un fragment de statue ont été mis au jour ; ils ont été trouvés sous des débris de plafonds, dans des contextes qui ne sont pas pollués. J. Lauffray en déduit qu’il pourrait s’agir de la demeure d’un sculpteur et, pour conforter son hypothèse, il ajoute qu’un modèle d’entraînement de sculpteur a 203 204 205

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209

LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 27-28. Ibidem ; LAUFFRAY 1979, p. 198. Supra, Chapitre III, § 10.2. Quelques notes sur les ostraca provenant des anciennes fouilles YOYOTTE 1961 ; OSING 1999 ; VOLOKHINE 2018, p. 67-69. LAUFFRAY 1995, p. 314-316. Par exemple, les restes d’un possible atelier de faïencerie (ou des simples rejets), datés de la XXXe dynastie, ont été mis au jour au nord de la deuxième cour du temple d’Amon à Tanis : BRISSAUD 1994, p. 12, et p. 29, fig. 8 ; ZIVIE-COCHE 2000, p. 110-111. LAUFFRAY 1995, p. 316.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

aussi été découvert dans ce secteur210. Comme le réexamen du matériel des anciennes fouilles l’a établi, ce quartier a fourni plus d’un exemple de modèles de sculpteur (e.g. fig. 367 n°2, 368 n°1-2)211. Ces derniers sont également bien documentés dans la Zone 7, stipulant peut-être la présence de plus d’un atelier-école de sculpteurs. La découverte de quelques moules à amulettes (fig. 378 n°4-7) ainsi que de chapelets de petites statuettes d’Osiris en bronze (fig. 392 n°3) révèlent que d’autres industries prenaient place dans le quartier. Est-ce que ces ateliers, qui produisaient une multitude d’objets en pierre, faïence, métal et plâtre, relevaient de l’institution du temple ? Leurs productions étaient-elles à son bénéfice ? C’était sans doute le cas de l’atelier-école de sculpture installé dans le bâtiment J. Toutefois, d’après les données disponibles, ce n’était pas nécessairement vrai pour toutes les industries. Les quelques moules à amulettes associés à la phase 14 illustrent cette hypothèse. Leur nombre restreint et l’absence de doublon signalent plutôt une production de petite échelle, plutôt domestique212. Les vaisselles en faïence manufacturées dans la maison B ne représentent aussi qu’une production limitée, bien loin de l’industrie de masse213. Quoiqu’il en soit, le mobilier diversifié provenant des niveaux de la phase 14 démontre que le quartier abritait simultanément deux classes d’occupants, des prêtres et des artisans, une mixité sociale jusqu’alors inédite dans le secteur. 1.1.3.2. D’une ultime rénovation au déclin Les vestiges associés à la rénovation et aux derniers moments dudit quartier ptolémaïque sont très pauvres dans la Zone 7 (fig. 169). Quelques fondations de murs et des lambeaux de niveau de circulation dans la rue, c’est tout ce qu’il reste de la sous-phase 14b. La réfection des bâtiments I et J paraît respecter le bâti ancien. Le grand mur ouest M53, a priori le seul des deux

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213

Ibid., p. 321. Supra, Chapitre III, § 5.1.2. Éléments de sculpture provenant des anciennes fouilles. On peut utilement comparer cette situation avec le site d’Amarna où une variété d’éléments en faïence étaient fabriqués, non seulement dans de larges ateliers relevant d’une institution (palais ou temple) ou dans des ateliers de taille intermédiaires associés à un individu ou placées sous le monopole de l’état, mais aussi dans des résidences privées : BOYCE 1989 ; 1995 ; SHORTLAND 2000. Supra, Chapitre III, § 7.1.4. Production locale de vaisselle en faïence.

657

murs périmétraux qui ait survécu à la réorganisation du secteur à la phase 14, est également partiellement restauré. Des segments de mur semblent subdiviser la rue en deux étroites circulations. De nouveau, nous dépendons particulièrement des contextes directement antérieurs pour dater ces aménagements. Les dates proposées pourraient coïncider avec à un autre moment charnière de l’histoire de la région thébaine et du clergé d’Amon. Mais il est impossible de déterminer si ces évènements ont réellement eu un impact quelconque sur la vie menée dans le quartier. De même, on suit fort difficilement les derniers jours de son occupation. Les données des fouilles anciennes sont insuffisantes pour remédier à ces difficultés. Au temps de la « Sécession de la Thébaïde » et des rois bâtisseurs Avant la rénovation des bâtiments I et J, la rue est remblayée de manière significative – Rue 4214. Cette couche de remblai-démolition a fourni un ostracon dont la paléographie le placerait entre le milieu et la fin de l’époque ptolémaïque (fig. 413 n°4). Aucune forme spécifique du Ier siècle n’a été relevée dans le répertoire céramique de Rue 4 et les pièces les plus récentes ne peuvent être datées au-delà du IIe siècle. Le remblai contenait une part importante de matériel résiduel, y compris une plaque moulée figurant une femme allongée sur un lit, un type dont les exemplaires les plus récents connus sont datés de la Basse Époque (fig. 358 n°4). Sans surprise, il a produit quelques scellés évoquant des charges sacerdotales mais aussi pour la première fois le titre de scribe royal (fig. 337 n°148, 158 et fig. 338 n°178). Il a également prodigué plusieurs fragments d’ouchebtis (fig. 386 n°3-6 et fig. 387 n°1) dont la présence au sein du sanctuaire n’est pas facile à interpréter ; ils allaient peut-être de pair avec les activités de faïencerie précitées215. Le remblai recouvre les fosses de dépotoir de Rue 3, dont le mobilier riche appartient surtout à la fin du IIIe et au IIe siècle. Ces contextes offrent un terminus à la construction de la sous-phase 14b, c’est-à-dire aux alentours du milieu de l’époque ptolémaïque. C’est également cette période qui est la mieux représentée dans la documentation

214

215

Supra, Chapitre I, § 4.2.2.4. Second niveau de démolition-remblaiement et murs séparateurs : Rue 4. Voir les différents postulats proposés dans : supra, Chapitre III, § 7.2.2.1. Ouchebtis.

658

CHAPITRE IV

des anciennes fouilles. Parmi les ostraca étudiés216, neuf ostraca grecs ou bilingues grec-démotiques sont datés de la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C. Quant à l’ostracon démotique LS 1, anciennement daté du règne de Ptolémée II Philadelphe (283-246 av. J.-C.), M. Chauveau propose de le dater plutôt du IIe siècle av. J.-C.217. Est-ce que cette reconstruction pourrait être due à des circonstances historiques ? Serait-elle survenue à la suite de la « Sécession de la Thébaïde », la révolte menée contre le pouvoir lagide entre 205 et 186 av. J.-C. ? L’implication du clergé d’Amon a longtemps été jugée essentielle dans la conduite de cette révolte218. L’enquête qu’A.-E. Veïsse conduit sur l’attitude du clergé thébain lors des diverses révoltes qui ont secoué la région à l’époque ptolémaïque offre, cependant, une vision plus nuancée219. Suivant les réserves déjà émises par J. Quaegebeur et K. Vandorpe220, elle conclut que les prêtres d’Amon n’ont pas joué de rôle instigateur dans ces troubles, s’adaptant au paysage politique mouvementé de cette période avec pragmatisme et qu’en général, il semble qu’ils soutenaient plus le pouvoir lagide que les rebelles pour des raisons socio-économiques, mais aussi théologiques. En outre, contrairement à ce que les fouilles ont révélé pour la fin de la phase 13, aucun niveau clair d’abandon ou de destruction n’a été observé entre les phases 14a et 14b. La sous-phases 14b apparaît plus comme une simple réfection et moins comme une totale reconfiguration du secteur. Ces observations sont, toutefois, sévèrement limitées par l’état médiocre de préservation des deux sous-phases dans la Zone 7. Et puis, il n’est pas certain que ces deux sous-phases existent pour la totalité du quartier ptolémaïque, car la sous-phases 14b pourrait ne représenter qu’une rénovation localisée. S’il s’agit d’une restauration d’ampleur, elle pourrait toute aussi bien s’expliquer par la forte activité constructrice en Haute Égypte à l’époque ptolémaïque,

216

217 218

219

220

Supra, Chapitre III, § 10.2. Quelques notes sur les ostraca provenant des anciennes fouilles. Ibidem. Par exemple : PRÉAUX 1936 ; ALLIOT 1951, p. 422 ; BATAILLE 1951, p. 345 ; PEREMANS 1978, p. 47 ; VLEEMIG 1995. VEÏSSE 2004, p. 228-244. Sur les liens étroits que les prêtres thébains entretenaient avec la dynastie lagide, particulièrement à partir de la fin du IIe s. av. J.-C. lorsque les temples étaient dirigés par les représentants administratifs et militaires de la couronne : GORRE 2009, p. 513-556. QUAEGEBEUR 1995 ; VANDORPE 1995, p. 233. Voir aussi déjà PEREMANS 1986, p. 336.

et notamment dans la région thébaine : « The Ptolemaic kings […] confirmed the priests in their privileges, founded new temples, and enlarged, renovated and embellished the old ones »221. Le temple d’Amon en particulier a reçu les faveurs des Ptolémées et de quelques empereurs romains222. Divers sites religieux de la Haute Égypte, tels Dendera, Tôd, Edfou, Kom Ombo et Philae, ont profité d’une rénovation, surtout entre les règnes de Ptolémée IV Philopator (222-205 av. J.-C.) et de Ptolémée VIII Évergète II (144-116 av. J.-C.)223. Dans le cas de Tôd, la reconstruction n’a été datée que sur la foi d’une analyse de la céramique, mais G. Pierrat-Bonnefois constate que les critères chronologiques que ce mobilier fournit sont suffisamment fiables224. De nombreux parallèles ont pu être établis entre les céramiques de Tôd et celles mises au jour à Karnak dans les contextes de Rue 3 (et les suivants). La réhabilitation des bâtiments I et J à la sousphase 14b pourrait dater de cette période. Le nom de Ptolémée VIII Évergète II apparaît par ailleurs, à plusieurs reprises, dans la documentation des ostraca225. Le IIe siècle av. J.-C., qui apparaît clairement à travers la documentation des ostraca et le mobilier céramique du quartier à la phase 14, est généralement considéré comme une période de concessions des Lagides vis-à-vis du clergé égyptien226. Ces compromis sont destinés à apaiser les troubles et révoltes qui sévissent dans le pays et dont les conséquences se ressentent dans le monde des temples. À cette période, l’état introduit des fonctionnaires grecs dans les temples égyptiens. Ces positions administratives grecques prennent la préséance sur les charges sacerdotales, offrant de meilleures perspectives de carrière au service de la Couronne qu’à celui du temple : « l’hellénisation, indispensable pour faire carrière comme fonctionnaire, est un meilleur moyen de promotion que le sacerdoce »227. Un ostracon démotique des IIe-Ier siècles av. J.-C., mais provenant de remblais modernes dans le secteur, conserve probablement la mention du titre d’épistatès en relation avec une distribution de blé (fig. 416 n°3)228. Ce fonctionnaire grec, qui dans certains

221 222 223 224 225 226 227 228

VANDORPE 1995, p. 208. Ibid., p. 213-214. PIERRAT et al. 1995, p. 473. PIERRAT-BONNEFOIS 2002, p. 179. WAGNER 1980, p. 249. GORRE 2003, p. 36. Ibid., p. 38. Il a été découvert dans les remblais de la chapelle de Chabataka, non loin du quartier.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

cas est perçu comme l’équivalent du lesonis (mr šn), fait partie du personnel de contrôle et appartient à l’administration royale dans le temple229. Un épilogue discret L’exacte durée de l’occupation de ces bâtiments à la sous-phase 14b est encore plus délicate à déterminer. La réfection des bâtiments I et J est très peu conservé et il ne reste presque aucun niveau associé. Le quartier dégagé au nord par J. Lauffray, mieux conservé, semble occupé encore au début du Haut-Empire romain. Parmi les centaines d’ostraca mis au jour dans la maison D et ses environs, les plus récents ont été datés du Ier siècle ap. J.-C.230. D’après Catherine Grataloup et son analyse de la céramique issue des anciennes fouilles, ce quartier serait resté prospère jusqu’au début du Haut-Empire romain231. Et puisque la présence des prêtres est encore attestée au IIe siècle ap. J.-C. à Karnak232, elle précise que l’on « peut penser que ces structures remplirent leur fonction encore quelques temps ». Bien que les témoignages archéologiques pour la période romaine ne soient pas pléthoriques, elle suggère que ce secteur du temple est resté presque inchangé de la période ptolémaïque jusqu’au IIe siècle ap. J.-C., et, que les changements n’arrivent vraiment qu’à partir du IVe siècle233. La céramologue note un « hiatus chronologique important entre les IIe et IVe/Ve siècles ap. J.-C. » qui serait lié au fait que les fouilles n’avaient pas étudié de manière exhaustive et précise les niveaux postérieurs au début de l’empire romain ; elle préconisait un nouveau sondage dans ce secteur qui aurait pu révéler un niveau architectural intermédiaire entre le Haut-Empire romain et l’époque romaine tardive234. La Zone 7 n’a cependant rien révélé de tel. L’état très délabré de la phase 14b et le peu qu’il nous reste de la phase romaine tardive (phase 15), démontre que, s’il y avait eu une phase architecturale entre les deux, elle a complètement disparu. Cela était particulièrement 229 230 231

232

233 234

GORRE 2009, p. 245-248. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 28. GRATALOUP 1989, p. 67. Voir supra, Chapitre III, § 1.4.3.3. Remarques sur la céramique du Haut-Empire romain. Un premier prophète d’Amon est en effet encore attesté en 180 ap. J.-C. : QUAEGEBEUR 1974, p. 43. Malgré le silence des sources, il est généralement admis que le culte à Karnak a probablement perduré jusque vers la fin du IIIe ou au IVe s. ap. J.-C. : DAVID 2017, p. 148 et note 8 pour références bibliographiques. GRATALOUP 1989, p. 68. Ibid., p. 68.

659

évident dans la stratigraphie de la rue. Quelques niveaux de sols et aménagements dans la rue – Rue 5 – qui fonctionnaient avec l’occupation des bâtiments I et J à la sous-phase 14b, ont été uniquement observés dans la partie la plus haute conservée de la Zone 7235. Ils s’élèvent directement au-dessus du remblai Rue 4. Leur fouille a fourni un scarabée (fig. 324 n°5) et des empreintes de sceaux de prêtres (fig. 337 n°144-145 et fig. 338 n°172). Toutefois des empreintes similaires avaient déjà été repérées dans des contextes plus anciens de la phase 14, dénotant la présence de matériel résiduel. Cinq ostraca démotiques provenant de Rue 5 sont datés de l’époque ptolémaïque, et l’un d’eux pourrait être attribué plutôt vers la fin de la période (fig. 414). La céramique associée date au plus tard du IIe siècle av. J.-C. Ce niveau est ensuite coupé par des fosses de dépotoir – Rue 6. Nous avons vu à de nombreuses reprises que ces fosses s’accompagnent généralement de réorganisation ou de réfection du secteur. Malheureusement, rien ne subsiste pour affirmer que c’est le cas une fois encore. Le mobilier céramique, très abondant, est assez hétérogène. Il comprend encore de nombreuses pièces du milieu de l’époque ptolémaïque, mais aussi quelques formes assignées aux Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle ap. J.-C. Les fosses ont aussi fourni une variété d’objets dont certains correspondent probablement à des contaminations anciennes : deux scellés avec un titre de prêtre (fig. 337 n°140 et 145), trois ostraca démotiques de l’époque ptolémaïque (fig. 415) et un fragment de couronne appartenant à un bronze figurant peut-être Amon (fig. 393 n°2). Les activités artisanales sont encore documentées à ce moment tardif de la phase 14 du secteur, mais cette fois-ci à travers une vingtaine de poids de tisserands en terre crue (fig. 188)236. L’industrie textile, qui était aux mains d’institutions étatiques au Nouvel Empire, est passée dans celles des temples à partir de la Basse Époque, formant une nouvelle source de revenue non négligeable237. Il est vraisemblable que ces fosses ne marquent pas la fin réelle de la phase 14. Ces contextes ont été arasés et partiellement détruits par l’installation d’un sol qui a livré une forme connue pour n’apparaître en Égypte qu’au VIe siècle ap. J.-C. (fig. 197-198)238 et appartient donc à une période bien postérieure. Des

235 236

237 238

Supra, Chapitre I, § 4.2.2.5. Niveaux de circulation : Rue 5. Supra, Chapitre I, § 4.2.2.6. Troisième conversion en dépotoir : Rue 6. TATA 1986, p. 241-244 ; MÜLLER-WOLLERMANN 2016, p. 277. Supra, Chapitre I, § 5.1.1. Le dernier « niveau de rue ».

660

CHAPITRE IV

niveaux intermédiaires ont pu disparaître par érosion ou encore arasement. Est-ce que le quartier existait encore sous la forme qu’on lui connait entre le milieu ou la fin du IVe et le IIe siècle av. J.-C. ? Les circonstances historiques ont fort évolué pour les clergés égyptiens à la fin de l’époque ptolémaïque et sous la domination romaine. Diverses sources révèlent que les clergés locaux s’affaiblissent déjà à partir du dernier quart du IIe siècle av. J.-C., particulièrement en Haute Égypte239. Les représentants du pouvoir lagide, qui sont avant tout des fonctionnaires royaux, s’accaparent l’essentiel des prêtrises permettant d’une part de contrôler les sanctuaires par la mainmise sur leurs revenus et d’autre part d’utiliser au profit de l’état, des infrastructures administratives déjà existantes. Ils ne laissent plus « que la portion congrue aux réels desservants du culte »240. L’évolution du quartier reflète quelque peu ces changements et l’inclusion de titres sans doute moins importants sont attestés dans le corpus sigillaire du milieu de l’époque ptolémaïque241. Les relations entre le clergé et l’état sont de nouveau ébranlées par l’arrivée des Romains, et ce dès le règne d’Auguste242. Là où la dynastie lagide négociait encore avec le clergé égyptien et l’intégrait à l’état, l’administration romaine le contrôle étroitement sur les plans social et fiscal, et ne sollicite plus vraiment sa collaboration243. Elle surveille de près la transmission alors strictement héréditaire des charges sacerdotales et, lorsqu’il n’est pas possible de remplacer un prêtre décédé ou disparu par une personne de descendance sacerdotale, les met aux enchères244. Surtout, elle confisque dès la fin du Ier siècle av. J.-C. les terres sacrées appartenant aux temples (e.g. édit du préfet Petronius de 19-20 av. J.-C.), résultant en une perte significative d’autonomie financière. Les témoignages sur Thèbes au Haut-Empire romain sont plutôt pauvres et éparses. Cela dénote

239 240 241

242

243

244

GORRE 2009, p. 513-555. Ibid., p. 555. C’est le cas du titre de « sacristain » mentionné sur deux scellés provenant de contextes de Rue 3 (fig. 338 n°169-170). Certains changements apparaissent, toutefois, dès le milieu du Ier s. av. J.-C. sous le règne de Cléopâtre VII : GORRE 2003, p. 39. Quelques références sur ces changements : DUNAND 1991, p. 210-213 ; GORRE 2003, p. 42-43 ; BUSSI 2005 ; THIERS 2006, § 16 ; VOLOKHINE 2018, p. 74-75. Pour accéder à la charge de prophète, un individu est prêt à offrir sous condition pas moins de 2200 drachmes ! Voir BUSSI 2005, p. 340-341 (P. Teb II. 294).

aussi sans doute le déclin de la ville à cette époque245. G. Gorre note que le « clergé de l’époque romaine sort rarement de l’anonymat »246 et les fouilles menées sur la rive est du lac Sacré ne contribue guère à changer cet état de fait. Peu de traces d’une occupation nous sont parvenus pour le Haut-Empire romain sur la rive est. L’état de conservation fort médiocre du secteur pourrait expliquer cette relative absence et le traitement complet des ostraca apportera peut-être plus de nuances. Car, malgré cette perte d’autonomie sans précédent, les prêtres égyptiens continuent à jouir d’une situation privilégiée et à jouer un rôle non trivial dans la vie politique et économique247. Et les temples demeurent une « force vive dans le pays » pendant toute l’époque romaine248. 1.2. LE PERSONNEL SACERDOTAL VIVANT DANS LE QUARTIER

Les fouilles menées dans les années 1970 ont fourni diverses inscriptions relatives aux prêtres habitant le quartier. En nombre relativement peu élevé, elles concernent principalement des éléments d’huisserie et plus rarement des statues ou des stèles249. La fouille de la Zone 7, sans découverte significative de la sorte, a toutefois permis d’étoffer nos connaissances sur les prêtres résidant ou, au moins, fréquentant le quartier, à travers l’humble matériel que représentent les scellés. Nous passerons en revue les différents titres attestés dans la documentation du quartier des prêtres, en mettant particulièrement l’accent sur le corpus substantiel et nouveau des scellés. Des tentatives ont été réalisées afin d’identifier les prêtres apparaissant dans la documentation sigillaire : les résultats de ces recherches sont variables. 1.2.1. Les titres L’étude des titres mentionnés sur les scellés et autres documents inscrits dévoile les rangs auxquels appartenaient les prêtres ayant séjourné sur la rive est du lac Sacré ainsi que les divinités auxquelles ils étaient voués. Elle dénote aussi une évolution certaine au cours de la longue histoire de ce secteur – entre la TPI et

245 246 247 248 249

VANDORPE 1995, p. 235-237. GORRE 2003, p. 43. BUSSI 2005, p. 348-353. VOLOKHINE 2018, p. 75. Supra, Chapitre III, § 9. Blocs épigraphiés et décorés.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

l’époque ptolémaïque, les périodes précédente et suivante n’étant pas représentées dans le corpus des inscriptions.

Titre

Affecté à

1.2.1.1. Répartition des titres par phase

ỉmy-r ỉt-nṯr ỉt-nṯr ḥm-nṯr

Domaine d’Amon – Amon

Les tableaux suivants indiquent tous les titres, religieux comme séculiers, attestés dans la documentation de la Zone 7 (scellés et autres objets), phase par phase.

ỉt-nṯr (?) ḥm-nṯr wꜥb

Titre

Affecté à

N° de matrice

ỉt-nṯr ỉt-nṯr (?) ḥm-nṯr ḥm-nṯr

Amon Lumière (wn) Montou – Amon

12 ; 13 ; 14 17 16 18 15

[ḥm- / ỉt- ?] nṯr

wn ꜥꜢwy wr mꜢꜢ n ỉwnw mr šn ḥm-nṯr

Tableau 38. Répartition des titres à la phase 12 (contextes fin XXVe-début XXVIe dynastie) Titre

Affecté à

ỉmy-r

Domaine d’Amon 54 (?)

ỉt-nṯr

Amon

40 ; 41

ỉt-nṯr ḥm-nṯr

Amon

48



79

ꜥꜢ wꜥb

Pieu sacré (mdw šps)

45 ; 46 ; 47 ; 48 ; 49 ; 50

ꜥnḫwy (?)

Roi (?)

91 (pollution ?)

wn ꜥꜢwy



54 ; 73

mr šn

Domaine d’Amon

80

ḥm-nṯr

Amon

39 ; 43 ; 45 ; 46 ; 47 ; 51 ; 52 ; 54

Montou

55 ; 56 ; 57 ; 59 ; 60 ; 61 ; 63 ; 64 ; 65 ; 66 ; 68

Ptah

70

Anubis (?)

71



78

Amon

42 ; 44 ; 49 ? ; 50 ? ; 53

Montou

58 ? ; 62 ? ; 67 ? ; 69 ?

[ḥm- / ỉt- ?] nṯr

N° de matrice

[ḥm-nṯr ?] sꜢ 4-nw –

72

ḥry-[sštꜢ ?]



78

sꜢb



81

smꜢty wꜢst



74 ; 75 ; 76 ? ; 77

ṯꜢ(.tỉ)



81

ḥm[-nṯr] 4-nw [ḥm- / ỉt- ?] nṯr

ḥm-nṯr tpy

ḥnk-nwn sš-nswt sḏꜢwty bỉty qwꜢtỉ

N° de matrice ou d’objet

150 151 ; 162 144 ; 145 ? ; 146 ; 148 Couronne blanche 166 Lumière (wn) 160 (pollution ?) Pieu sacré 140 ; 141 (mdw šps) (pollution ?) – 150 ; 164 – 163 – 155 Amon 139 ; 142 ; 147 ? ; 149 ; 153 ; 156 ; 158 Montou 154 ; 155 Osiris Naref 158 Couronne blanche 167 Statue de Nectanébo 159 Mout (?) ostracon 7734.4 Boukhis 159 (bꜢ-ꜥnḫ-(n-)rꜥ) – 164 ; 165 Amon 161 (probablement) Amon 143 ; 150 ; 152 ; 157 ? – 175 ; 177 Amon bloc inscrit 7373.22 (pollution ?) – 165 – 178 – 168 (pollution ?) Osiris (?) 169 – 170

Tableau 40. Répartition des titres à la phase 14 (contextes XXXe dynastie-époque ptolémaïque)

1.2.1.2. Étude des titres Malgré l’ampleur du corpus, les mêmes titres apparaissent inlassablement. D’autres sources pourtant dévoilent que les temples de Karnak étaient peuplés d’une pléthore de prêtres et d’administrateurs de tous rangs et spécialités. Une première remarque d’ordre général, il n’y a pas de personnel féminin250. Il semble 250

Tableau 39. Répartition des titres à la phase 13 (contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie)

661

Le titre de nbt pr « maîtresse de maison » mentionné sur le scellé n°92 ne constitue aucunement un titre cultuel, puisqu’il s’agit de la « désignation d’état civil de toute femme mariée,

662

CHAPITRE IV

révélateur que soient absents non seulement le titre d’épouse divine ou de divine adoratrice, mais aussi celui de grand intendant ou de tout autre fonctionnaire au service de l’adoratrice. Le développement de l’institution de la divine adoratrice est pourtant un des points les plus remarquables de la réorganisation du clergé thébain au cours de la TPI et de la XXVIe dynastie. L’absence des fonctionnaires – féminins comme masculins – rattachés à cette institution sur la rive est du lac Sacré corrobore l’idée selon laquelle elle était indépendante vis-à-vis du reste du clergé thébain251. Ensuite, même si un même individu pouvait cumuler des responsabilités religieuses et séculières, les sceaux privés affichent presqu’exclusivement des charges cultuelles252. L’organisation du clergé Le clergé thébain compte essentiellement deux classes de prêtres au service du dieu, les prêtres purs (wꜥb) d’un côté, et les prophètes (ḥm-nṯr) et les pères divins (ỉt-nṯr) de l’autre253. Les premiers sont généralement impliqués dans des tâches jugées subalternes, préparent les rituels et sont chargés, lors des sorties processionnelles du dieu, de porter la barque abritant une image divine, les étendards et tout autre équipement sacré254. Leurs activités sont limitées aux cours et salles hypostyles du temple. Les prophètes, en revanche, ont reçu une initiation solennelle (bs) leur permettant de pénétrer dans le saint des saints, de voir la statue du dieu et d’accomplir le rituel divin journalier dans le sanctuaire255. Des prêtrises spécifiques à tel culte ou tel acte rituel se multiplient à partir de l’époque saïte, quoiqu’elles apparaissent déjà dans les titulatures thébaines de la TPI256. Dans la majorité des cas, les prêtres n’étaient pas attachés à l’année au service des temples257. Le Manuel du Temple – un ouvrage de référence pour les temples et prêtres égyptiens, peut-être composé dès le Moyen

Empire même si ses copies datent de l’époque romaine – présente le sacerdoce comme « fondé sur le principe de la rotation du clergé sur une base mensuelle »258. Les équipes responsables du culte, ou phylès, changeaient ainsi tous les mois. Le service de la phylè durait un mois lunaire (contre un mois civil pendant l’Ancien Empire), entre vingt-neuf et trente jours259. L’organisation du clergé en quatre phylès remonte au Moyen Empire (contre cinq à l’Ancien Empire). Elle reste inchangée jusqu’en 238 av. J.-C. lorsque Ptolémée III Évergète décide de créer une cinquième phylè pour le culte royal (décret de Canope), ce qui a dû bouleverser l’ordonnance du service cultuel260. La présence de ces prêtres « temporaires » est signalée au sein du quartier des prêtres par des scellés des phases 13 (fig. 331 n°72) et 14 (fig. 337 n°150). Le premier évoque la quatrième phylè, tandis que cette information n’est pas conservée pour le second. Prophète (ḥm-nṯr) et père divin (ỉt-nṯr) Les titres les plus fréquents dans notre documentation concernent ceux de , ḥm-nṯr, « prophète » et de , ỉt-nṯr, « père divin », souvent considérés comme hiérarchiquement équivalents261. Le titre de ḥm-nṯr s’applique en général à une classe de prêtres élevée dans la hiérarchie sacerdotale262. Lorsqu’ils opèrent dans un temple d’importance, comme c’est le cas à Karnak, un premier, un second, un troisième et un quatrième prophètes étaient désignés parmi eux263. La hiérarchie entre ces postes et les responsabilités de chacun ne sont pas immuables, ni facilement établies264. Le grand prêtre ou premier prophète d’Amon dirige le domaine d’Amon, ce qui recouvre l’ensemble du clergé thébain qui n’est pas limité à celui de Karnak, mais aussi les domaines économiques qui dépendent du temple d’Amon et des autres temples thébains qui lui sont associés. Il s’agit d’un poste stratégique sur les plans religieux, politique et économique, 258

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maîtresse de sa maison » : NAGUIB 1990, p. 19. Il pourrait également s’agir d’une épithète divine d’Hathor. COULON 2018c, p. 321. Nous ne revenons pas ci-dessous sur le juge et vizir Psamétikmery-neith. Voir supra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes. KRUCHTEN 1989, p. 251-254. KEES 1960. QUACK 2003, p. 13-14 ; PAYRAUDEAU, JAMEN 2018, p. 150. COULON 2018a, p. 211. HELCK 1982, p. 1044 ; COULON 2018a, p. 211.

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QUACK 2003, p. 16. Sur la base de reçus de blé pour l’offrande datés de l’époque romaine et mis au jour à Soknopaiou Nesos, S. Lippert a démontré que le mois lunaire n’était pas déterminé par l’observation des phases lunaires, mais plutôt par l’emploi d’une table de calcul des mois lunaires : LIPPERT 2009. QUAEGEBEUR 1982, col. 1099 ; ROTH 1991, p. 2-3 et 214. KEES 1961, p. 121 ; GABALLA 1970 ; BLUMENTHAL 1987 ; CANNUYER 1993, p. 83-86 ; GEE 2004. CLARYSSE 1978, p. 243. VITTMANN 1978, p. 64-100 ; DE MEULENAERE 1982, col. 1097. PAYRAUDEAU, JAMEN 2018, p. 144-146.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

aussi revient-il généralement soit à une personne apparentée à la famille royale ou à un prince. Cette charge prestigieuse apparaît sur trois blocs du quartier, jamais des scellés. Deux ont été découverts dans les anciennes fouilles, remployés à une phase plus tardive du secteur. Le premier nomme Youpout fils de Chéchanq Ier (fig. 401 n°1) et le second un autre grand prêtre du début de la TPI dont le nom perdu commence peut-être par n, ce qui l’identifierait avec Nimlot, fils d’Osorkon II (fig. 402 n°4)265. Au début de la TPI, les premiers prophètes d’Amon revêtent une importance toute particulière, exerçant un contrôle significatif sur la Haute Égypte266. Aucune attestation de premier prophète datant de l’époque saïte ne nous est parvenue, mais comme cet office est alors remis entre les mains des divines adoratrices267, cela n’est sans doute pas surprenant. Nous comptons une occurrence de ce titre dans un contexte ptolémaïque de la Zone 7 (fig. 405 n°1). Le nom n’est malheureusement pas conservé sur le fragment. Si ce bloc ne relève pas d’une pollution ancienne, on sait que les premiers prophètes d’Amon à l’époque ptolémaïque se rattachent à une famille thébaine bien connue (peut-être deux)268. Le rang de deuxième prophète, dont les prérogatives sont par ailleurs plutôt obscures, est absent des inscriptions du quartier. Celui de troisième prophète apparaît sur l’huisserie de la maison I, avec Ankhefenkhonsou fils du troisième prophète d’Amon Nespaherenmout. Les porteurs de ce titre associe généralement des responsabilités administratives et religieuses, souvent en tant que responsable de l’administration des offrandes du culte solaire sur le toit de l’Akhménou et spécialiste des rituels269. Le poste de quatrième prophète, bien documenté, est particulièrement puissant au cours de la TPI270. Leurs titulaires cumulent souvent les charges de trésorier d’Amon et de trésorier du roi, notamment sous la XXVe dynastie ce qui leur confère un rang des plus significatifs, avant qu’elles ne reviennent au vizir thébain sous la XXVIe dynastie271. Le titre de quatrième prophète est signalé

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Supra, Chapitre III, § 9.1. Les indices d’une occupation dès la Troisième Période Intermédiaire. Entre autres : BIERBRIER 1977, col. 1247 ; RÖMER 1994, p. 35-77 ; LULL 2006 ; PAYRAUDEAU 2014a, p. 341-357. DE MEULENAERE 2003, p. 62 ; BROEKMAN 2012, p. 125. QUAEGEBEUR 1995, p. 155-158. PAYRAUDEAU, JAMEN 2018, p. 145. L’office circule alors dans quatre ou cinq familles : JAMEN 2011. PAYRAUDEAU, JAMEN 2018, p. 146.

663

sur un scellé très fragmentaire d’époque ptolémaïque (fig. 337 n°161). À cette période tardive, ce personnage est chargé de la direction des services de l’administration sacerdotale272. Comme les prophètes, les pères divins font partie de cette classe de prêtres supérieurs273. Le titre a évolué avec le temps. À l’Ancien et au Moyen Empire, il désigne « le rang social de personnages d’origine roturière », chargé de l’éducation des futurs pharaons ; puis il finit par rendre compte d’une classe sacerdotale tout en restant « essentiellement un titre honorifique attribué à des personnages en dehors de la famille royale »274. Mais dès le Nouvel Empire, le titre est parfois utilisé comme un équivalent de la charge de prophète, y compris pour les rangs les plus élevés parmi les prophètes d’Amon275. Dans notre documentation, il n’est pas rare de voir le titre de père divin associé à celui de prophète sur le même sceau (e.g. fig. 330 n°48 et 337 n°144). Sur le décret de Memphis promulgué par Ptolémée V en 196 av. J.-C. (Pierre de Rosette), le titre sacerdotal de ḥm-nṯr correspond dans le script grec à προφήτης, tandis que les titres de ỉt-nṯr et wꜥb sont tous deux rendus par ἱερεύς276. F. Daumas en conclut que le titre de père divin n’était plus compris à cette époque277. Prêtre-ouâb du pieu sacré (wꜥb mdw šps) Le prêtre , wꜥb, « pur » est généralement considéré comme un membre modeste du clergé égyptien. Mais, à la suite de conflits et de rivalités avec la classe des prophètes, les prérogatives des prêtres-ouâb ont évolué en leur faveur. Des décrets oraculaires des XXIe et XXIIe dynasties stipulent que certains prêtres-ouâb peuvent recevoir une initiation leur permettant de transporter la barque sacrée d’Amon dans l’Akhménou. C’est là que les statues divines les plus vénérables sont abritées et que se déroulent les cérémonies amoniennes principales278. Cette concession crée « de facto une catégorie intermédiaire de prêtres purs initiés »279.

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Sur le rôle du quatrième prophète d’Amon à l’époque ptolémaïque : GOYON 1982, p. 284, note 1. KEES 1961, p. 115-125 ; HABACHI 1977. NAGUIB 1990, p. 208-209 et 227. GABALLA 1970, p. 53-54. DAUMAS 1952. Ibid., p. 181. KRUCHTEN 1989, p. 254 ; COULON 2018a, p. 208. PAYRAUDEAU, JAMEN 2018, p. 150.

664

CHAPITRE IV

Les prêtres-ouâb mentionnés dans le corpus sigil, laire de la Zone 7 sont exclusivement associés au mdw šps, « pieu sacré ». Les nombreuses occurrences de la phase 13 concernent un , ꜥꜢ wꜥb « grand prêtre pur », qui cumule aussi le titre de prophète d’Amon dans Karnak et parfois de père divin (fig. 330 n°45, 46, 47, 48, 49 et 50). Il s’agit donc clairement d’un prêtre initié. Le même anthroponyme, Pa-sheri-n-aset, figure sur les différentes matrices280. La charge de prêtre-ouâb du pieu sacré apparaît encore sur deux scellés très fragmentaires de la phase 14 (fig. 337 n°140 et 141). Deux matrices de la phase 13 précisent que l’on a affaire au pieu sacré d’Amon, écrit avec le hiéroglyphe de l’obélisque (n°48 et 50). La plupart des enseignes divines n’ont qu’un rôle relativement secondaire, mais celle d’Amon jouit d’une importance particulière. Une documentation assez abondante le représente depuis le Nouvel Empire jusqu’aux époques plus récentes, et notamment à Karnak281. Il est constitué d’une hampe surmontée d’une tête de bélier sommée d’un disque solaire et paré d’un collier-ousekh282. Des fragments de ces étendards processionnels nous sont peut-être parvenus, comme la tête de bélier en bois silicifié du Museum of Fine Arts (03.1557), datée de la dynastie koushite et provenant a priori de Karnak283. Le pieu sacré, appelé aussi la « noble enseigne », est un emblème « évoquant la présence agissante des dieux »284. Il est l’objet de rites semblables à ceux qui s’adressent à des statues divines285 et est même doté de terre et de bétail286. Son culte s’institutionnalise apparemment sous les Ramessides, avec l’apparition de fonctionnaires et d’un clergé qui lui sont affectés287. Ses desservants porte régulièrement le titre de prêtre-ouâb288, ce qui suggère pour certains égypto280

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Infra, Chapitre IV, § 1.2.2.1. Le prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset. VAN DE WALLE 1952, p. 120-121. Par exemple, il figure sur une belle statue de Ramsès III portant l’enseigne d’Amon (Musée du Caire, CG 42150) : voir la statue CK 475 dans la base de données Cachette de Karnak (https:// www.ifao.egnet.net/bases/cachette/), avec photographies et références. Il est aussi reproduit sur une plaque en bronze datée du grand prêtre de la XXIe dynastie Menkhéperrê, récemment découverte dans le Trésor de Chabaka : LICITRA 2016a, fig. 1, pl. 3. Citée par N. Licitra (2016a, note 10). VAN DE WALLE 1952, p. 120. Ibid., p. 127. GASSE 1982-1983, p. 57, note 21. VAN DE WALLE 1952, p. 126 ; CHADEFAUD 1984. La tombe du prêtre-ouâb Amenemheb (XIXe dynastie) présente un tableau se rapportant au culte du pieu sacré : VAN DE WALLE

logues un signe de rang modeste289. Ce jugement ne s’applique sûrement pas à tous les cas, y compris celui de Pa-sheri-n-aset. À l’époque saïte, le personnel attaché au culte du pieu sacré est connu à travers plusieurs personnages appartenant à des familles de hauts fonctionnaires ou de prêtres. Ils portent généralement le titre de « prophète du pieu sacré d’Amon »290. Le titre de « chef des chanteurs du pieu sacré » est attesté sur une statuette datée du règne de Néchao291. À l’époque ptolémaïque, on connaît d’autres attestations de ce clergé, tels un « prophète du pieu de Ptah » et un « prophète du pieu sacré de Khnoum »292. Les deux scellés de la phase 14 ne conservent pas la mention du dieu après celle du pieu sacré. « Ouvreur des deux vantaux du ciel » (wn ꜥꜢwy / wn ꜥꜢwy pt) Le titre de

, wn ꜥꜢwy pt, « ouvreur des deux van-

taux du ciel », ou le titre simplifié de , wn ꜥꜢwy, « ouvreur des deux vantaux », est présent à quatre reprises dans le corpus sigillaire : deux proviennent de bons contextes datés de l’époque saïte, deux niveaux de sol à l’arrière de la maison VII (fig. 330-331 n°54 et 73) ; les deux autres proviennent de fosses de dépotoir dans la rue, datées de l’époque ptolémaïque (fig. 337338 n°150 et 164). L’épithète « celui qui ouvre les deux vantaux » ou encore « ouvreur des vantaux du ciel »293 est associé à un prêtre de haut rang294, puisqu’il était le premier à voir la face du dieu lors des rituels295. Ce titre est attesté pour des prêtres voués au culte d’Amon, de Min, de Ptah ou d’Osiris296, qui occupaient la plupart du temps le rang de père divin297. Il était également souvent porté par le premier prophète d’Amon298 et parfois par le second299.

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1952, p. 126-127. Voir aussi le prêtre-ouâb Horemakhbit sur la plaque du trésor de Chabaka : LICITRA 2016a, p. 38. GASSE 1982-1983, p. 58, note 28. DE MEULENAERE 1960b, p. 128, notes 6-8. Ibid., p. 121. Ibid., p. 129, notes 1-2. Sur la formule et le rituel d’« ouvrir les vantaux du ciel », voir ČERNÝ 1948. GAUTHIER 1931, p. 29 ; OTTO 1964, p. 71 ; GOYON 1968. Ouvrir les deux vantaux du ciel va de pair avec découvrir la face du dieu : MORET 1902, p. 49-56. GOYON 1968, p. 35. Ibidem. DE MEULENAERE 1998, p. 1121. QUAEGEBEUR 1994, p. 214-215, note 28 et p. 218-219.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

665

Stoliste de Thèbes (smꜢty wꜢst)

Supérieur des secrets (ḥry-sštꜢ)

smꜢty, généralement traduit par stoLe titre de 300 liste , est plusieurs fois mentionné sur les scellés de la phase 13 et à chaque fois pour un même personnage appelé Hor-kheb (fig. 331 n°74-77)301. Fréquemment attesté à la TPI302, il apparaît ici dans des contextes de la fin de la XXVIe dynastie : les scellés proviennent surtout de contextes de dépotoir ou d’abandon des maisons VII et VIII, mais aussi du niveau de rue SOL23. Le stoliste peut signaler un prêtre de haut rang, y compris un grand prêtre303. D’après H. Gauthier, il est surtout associé au dieu Min304, ou lorsque le nom de Min n’est pas expressément cité, il paraît se rapporter plutôt à Amon de Karnak et plus particulièrement à sa forme ithyphallique305. En réalité, il est particulièrement commun pour les prêtres au service de dieux arborant une couronne à double plume, qui ne sont pas nécessairement des déités ithyphalliques306.

Le supérieur des secrets, dont nous possédons peutêtre une mention sur un scellé de la phase 13 (fig. 331 n°78), est aussi un prêtre apte à « soigner et manipuler les images de culte »311. Le scellé a été trouvé dans le niveau éolien recouvrant le sol SOL8 de la maison VII. – et la restitution du Il était très fragmentaire – titre de ḥm-nṯr ḥry-[sštꜢ ?], « prophète, supérieur [des secrets ?] », n’est qu’une proposition. Ce titre correspond à ce que les Grecs ont appelé le στολιστής, c’est à dire le prêtre qui entre quotidiennement dans le saint des saints et effectue l’habillement et la toilette de la divinité312. Il est considéré comme un employé auxiliaire313. Le titre, bien attesté à l’Ancien Empire, est de nouveau utilisé à la TPI et Basse Époque314. Prophète de la Lumière (ḥm-nṯr wn) Les fosses de dépotoir marquant la fin de la phase 12315 ont fourni plusieurs scellés issus d’une même matrice (fig. 327 n°17) faisant référence à un

désignerait un En outre, le titre précis des scellés prêtre voué au service de Montou : K. Jansen-Winkeln propose de le traduire par « stoliste du [dieu] thébain [Montou] », et y voit l’équivalent du titre de prophète de Montou, maître de Thèbes307. S’il est vrai que de nombreux prêtres de Montou le détiennent à la XXVe dynastie, ce titre se rencontre aussi dans d’autres clergés308. Toujours à la XXVe dynastie, wꜢst dans le titre évoque le sceptre wꜢst qui était érigé à Karnak-Nord et dont nombre des prêtres de Montou avaient la charge309. Le stoliste jouait généralement un rôle dans l’habillement et la parure de la statue divine ou dans la préparation de la momie royale310, ou peut-être dans notre cas, dans le soin à apporter au sceptre wꜢst.

, ỉt-nṯr ? ḥm-nṯr wn.316 On connaît titre de surtout le titre de ḥm wn dont le sens a été discuté par J. Yoyotte317. Il est particulièrement commun, à partir de la XXIIe dynastie, dans la titulature thébaine de « membres de différentes familles patriciennes que leurs dignités plus ou moins héréditaires faisaient participer au culte, à l’administration temporelle ou, simplement, aux bénéfices des temples d’Amonrasonter de Karnak et de Montou d’Hermonthis »318. Wn serait une abréviation du mot wny désignant la lumière divine, d’où sa traduction du titre ḥm wn « serviteur

Pour les références sur ce titre voir OSING 1998, p. 179, note 878. Infra, Chapitre IV, § 1.2.2.3. Tentatives et limites d’identification. GAUTHIER 1931, p. 46. Quelques exemples listés dans : PAYRAUDEAU 2014a, n°151-B, 204-A et 218-B. C’est le cas des grands prêtres de Coptos et d’Edfou : MONTET 1959, p. 18. GAUTHIER 1931, p. 39. Ibid., p. 44-45. B. Grdseloff voyait dans le signe désignant ce titre un étui phallique : GRDSELOFF 1943, p. 365-366. Mais selon P. Montet, il s’agirait plutôt du signe smꜢ, unir : MONTET 1959, p. 19-20. JANSEN-WINKELN 2018. Ibidem. Voir déjà H. Gauthier qui l’identifiait comme le grand prêtre de Montou thébain : GAUTHIER 1931, p. 47. SHEIKHOLESLAMI 2018, p. 387. Ibid., p. 387 et note 68. GAUTHIER 1931, p. 49 ; GUITER 1998. Dans ce cadre, il devait notamment préparer un onguent, dont la complexe recette est

conservée sur une inscription du temple d’Edfou, qu’il appliquait sur les membres de la statue divine de Min lors de grandes occasions cultuelles ou utilisait dans les rites d’embaumement des faucons sacrés (MONTET 1959, p. 20-23). TRAUNECKER 1998, p. 1199. GUERMEUR 2004, p. 249. LECLANT 1954, p. 104. EL-SAYED 1975, p. 167-168, note b ; JONES 2000, II, p. 630-631, n°2311. Attestation de ce titre à la XXIIe dynastie dans PAYRAUDEAU 2014a, n°106, 204-A et 257. Une fosse de dépotoir de la phase 14 (F29) a livré également un scellé (n°160) avec ce titre mais on a probablement affaire à une pollution ancienne : il semble que ce soit la même matrice que celle des scellés de la phase 12. Si le début des scellés est difficile à déchiffrer, leur fin est plus claire et le sceau se termine bien par wn et non pas, par exemple, par wn-nfr. YOYOTTE 1954, p. 102-104. Ibid., p. 102-103.

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CHAPITRE IV

de la Lumière »319. J. Yoyotte définit le titre ḥm-nṯr wn mnṯw nb wꜢst rencontré sur le sarcophage CGC 41002 comme une variante de ḥm wn appliquée au clergé hermopolite ou thébain320. Il précise que la traduction « (prophète) et ḥm wny de Montou, seigneur de Thèbes » ne s’impose pas, étant donné le caractère exceptionnel de ces variantes et l’abondance d’erreurs graphiques sur les sarcophages bubastides et saïtes »321. Le titre plus développé de ỉt-nṯr ḥm-nṯr wn est pourtant mentionné sur la statue provenant de la Cachette de Karnak CGC 48621, datée du tout début de la XXVIe dynastie sur critères stylistiques322. Cette statue et cette nouvelle attestation du titre de ḥm-nṯr wn parmi les scellés du quartier des prêtres reposent la question de l’authenticité du titre. Le titre est peut-être à mettre en relation avec un épithète d’Osiris documenté à Karnak, pꜢ-nb-wn, « maître de la lumière »323. Des statuettes d’Osiris en bronze ou en pierre évoquent également un Osiris-lumière (e.g. Osiris wn ou pꜢ-wn) qui « est l’Osiris naissant au premier jour épagomène »324. À Karnak, cet Osiris est célébré dans le temple d’Opet, identifié comme le lieu de la naissance d’Osiris et qui a bénéficié de réfections majeures sous les XXVe et XXVIe dynasties, et, il est évoqué dans la chapelle saïte dite d’Osiris nb-nḥḥ, « maître de l’éternité »325. Lesonis (mr šn) Un scellé de la phase 13 (fig. 331 n°80) et un autre de la phase 14 (fig. 337 n°155) mentionnent le titre de , mr šn, « lesonis », un titre sacerdotal bien connu326. La compréhension de cette charge pose parfois quelques problèmes327. On y voit généralement un administrateur des biens du temple, chargé de leur inventaire et examen328. Il est « le responsable, au nom de qui sont

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Ibid., p. 104. Ibid., p. 103. Ibid., p. 103, note 7. JOSEPHSON, EL DAMATY 1999, p. 49. Cette épithète apparaît sur une statue de la XXVe dynastie (JE 37031) représentant Osiris et découverte dans la Cachette de Karnak. Sur la relation entre Osiris la lumière wn, voir récemment COULON 2016a, p. 528-530 et 533. Ibid., p. 529. Ibid., p. 530. JANSEN-WINKELN 2001, I, p. 8, note 1. DE MEULENAERE 1986, p. 136-137. Sur ce titre, voir VITTMANN 1998, p. 290-291. Cette hypothèse d’A.H. Gardiner a été reprise plusieurs fois : DE CENIVAL 1972, p. 155-156.

rédigés les reçus et à qui sont remises les livraisons »329. Selon G. Vittmann, il s’agit moins d’un « prêtre initié » que d’un fonctionnaire mis à la tête du temple pour gérer divers problèmes économiques et cultuels au sein du sanctuaire330. Ce titre est accordé de manière temporaire : le mr šn est renouvelable chaque année, même si la même personne pouvait être élue plusieurs années de suite331. Il confère à son titulaire une importance notable puisque le mr šn apparaît à l’avant des processions332. À l’époque ptolémaïque, ce fonctionnaire est sans doute l’intermédiaire privilégié entre le temple et les délégués du pouvoir, et son autorité est appréciable dans la transcription grecque du titre, ἀρχιερεύς, « archiprêtre »333. Le scellé n°80 mentionne plus spécifiquement le 334 . Le titre titre de lesonis du domaine d’Amon de lesonis du domaine d’Amon est apparu aux XXIeXXIIe dynasties335. Au départ, ses fonctions sont mal définies, mais aux XXVe-XXVIe dynasties, le lesonis est responsable de l’administration du temple et est notamment associé aux affaires financières336.

Grand des voyants dans l’Héliopolis du Sud (wr mꜢw m ỉwnw-šmꜥw) Sur un scellé très fragmentaire de la phase 14 , wr (fig. 338 n°163), on a restitué le titre de mꜢꜢ n ỉwnw, « Grand voyant de l’Héliopolis ». Plusieurs statues thébaines de la Basse Époque mentionnent le titre de wr mꜢw m ỉwnw-šmꜥw « Grand des voyants dans l’Héliopolis du Sud », l’Héliopolis du Sud désignant Thèbes337. Une étude de M.I. Moursi explique que le titre de « Grand des voyants » indiquerait, dans la plupart des cas, le grand prêtre de Rê ; mais ce titre peut revêtir parfois une valeur uniquement honorifique ou désigne encore un simple titre

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Ibid., p. 158. VITTMANN 1998, p. 290. DE CENIVAL 1972, p. 156-157. Voir néanmoins la discussion sur Pétosiris, lesonis du temple d’Hermopolis pendant sept années : KESSLER 1998, p. 129 ; GORRE 2009, p. 189-190. DE CENIVAL 1972, p. 157. VOLOKHINE 2018, p. 69-70. Sur le scellé plus tardif n°155, la mention du dieu auquel est rattaché le domaine n’est pas conservée. DE CENIVAL 1972, p. 154. MUHS 2005, p. 102-103 ; PAYRAUDEAU 2014a, p. 258. KEES 1949, p. 430 ; MOURSI 1972, p. 145-146. Voir les attestations de ce titre sur quelques statues provenant de la Cachette de Karnak : JANSEN-WINKELN 2001, n°23,a,4, n°34,a,3, n°36,a,14 et n°38,c,3.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

sacerdotal338. Il a été émis en hypothèse que le Grand voyant de Karnak officiait dans la salle solaire de l’Akhménou de Karnak, un des endroits les plus sacrés du temple d’Amon339. Ce titre est encore attesté à l’époque ptolémaïque340. Prophète de la couronne blanche et d’Horus (ḥm-ḥḏt et ḥm ḥr) Le titre de , ḥm-ḥḏt, « prophète de la couronne blanche », apparaît dans notre documentation uniquement à la phase 14 (fig. 338 n°166 et 167). Il est fort vraisemblablement associé au titre de « prophète d’Horus » (ḥm ḥr) sur le scellé n°166. Le scellé 8776.12, issu d’une fosse moderne que l’on date de G. Legrain341, devait lui aussi présenter le titre de prophète de la couronne blanche, même si son état fragmentaire laisse un doute (fig. 342 n°211). Il a été découvert lors des dégagements du rempart tout au sud, près de l’enceinte de Nectanébo Ier. Ces titres sont connus au moins dès la Basse Époque mais n’apparaissent en combinaison qu’à partir de l’époque ptolémaïque342. Ils paraissent assez régulièrement dans les titulatures de prêtres thébains de cette époque343. La « Blanche » correspond à la couronne de Haute Égypte344. Quand au deuxième titre, lorsqu’il est complet, il se présente ainsi : ḥm ḥr wr wꜢḏty, « prêtre d’Horus le grand des deux diadèmes »345. Il fait probablement référence à l’origine à des personnages proches du roi, chargés « du soin des couronnes ou de rituels les concernant »346. Les titres combinés sont portés par des prêtres du haut clergé, comme le premier prophète d’Amon347, des personnages habilités à rentrer dans le

saint des saints348, mais aussi, semble-t-il, par « d’assez modestes fonctionnaires du temple d’Amon à Karnak »349. D’après C. Traunecker, ce titre est en relation étroite avec les cultes de Djémê et désignerait des prêtres qui ont mené la procession annuelle d’Amon sur la rive ouest de Thèbes, au moment des « grandes liturgies de Djémê »350. Il s’agirait dès lors d’un titre liturgique351, associé à la régénération de la monarchie352. Culte royal et culte des animaux sacrés Un scellé découvert dans une fosse de la phase 14 (fig. 337 n°159) fait état d’un prophète de l’Osiris bꜢ-ꜥnḫ-(n)-rꜥ et de la statue du pharaon Nectanébo : , ḥm-nṯr (n) wsỉr bꜢ-ꜥnḫ-(n-)rꜥ (n) twt (n) (?) nḫt-ḥr-ḥb. Le culte des rois de la XXXe dynastie a été analysé par H. De Meulenaere353. Dans son article, il dresse l’inventaire des prophètes de Nectanébo Ier et Nectanébo II, ou de leurs statues. Leur présence est bien attestée à Thèbes354 et il semble que ce culte se soit maintenu jusqu’au milieu du IIe siècle355. D’après l’auteur, les statues correspondraient à des effigies de Nectanébo dressées entre les pattes de faucon356. Ce scellé ajoute une occurrence au dossier. Le culte royal a souvent été associé aux cultes osiriens357. Cependant l’épithète bꜢ-ꜥnḫ-(n)-rꜥ358 relève plutôt du taureau Boukhis, qui est perçu comme l’incarnation vivante du dieu Montou. Boukhis était un taureau sacré au même titre qu’Apis, Mnevis et le taureau de Pharbaïtos, dont les cultes sont parfois connectés à celui des statues de Nectanébo II359. Le dernier roi indigène a grandement favorisé le culte des animaux morts 348 349

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MOURSI 1972, p. 159 et 166. Voir aussi à ce propos la critique de cet ouvrage que fait H. De Meulenaere dans CdE 48, 1973, p. 70. Sur cette question, voir TRAUNECKER 1991, p. 255-256. DE MEULENAERE 1986, p. 141-142. Cette fosse a été fouillée par É. Allaoua. Pour une étude de ces titres : TRAUNECKER 1998, p. 1215-1222. Voir aussi « un texte inédit de J. Quaegebeur – Les porteurs du titre ḥm-ḥḏt ḥm-ḥr(-wr-wꜢḏty) ou les nouveaux cultes en vogue », publié in TRAUNECKER 1998, p. 1226-1229. TRAUNECKER 1995, p. 195 et note 68. TRAUNECKER 1998, p. 1218. Ibid., p. 1216. L’alternance entre ḥm ḥr et ḥm ḥr wr wꜢḏty est bien attestée, notamment à Thèbes : PERDU 1988, p. 148-149. Le titre est également documenté en Basse Égypte où le sacerdoce est « spécialement lié au culte d’Horus de Pé » : GUERMEUR 2011, p. 169. TRAUNECKER 1998, p. 1217. DE MEULENAERE 1998, p. 1121 ; TRAUNECKER 1998, p. 1220.

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Ibid., p. 1209. DE MEULENAERE 1993, p. 61. TRAUNECKER 1995, p. 196-198. Ibid., p. 198. GORRE 2009, p. 79. DE MEULENAERE 1960a. Sur les desservants du culte des rois saïtes et les prophètes de statues des rois saïtes : DE MEULENAERE 2001, p. 129-131. Psammétique Ier a instauré un culte de statues à son image dans le temple de Bousiris en Basse Égypte (ibid., p. 129). DE MEULENAERE 1960a, p. 96-97. Ibid., p. 97 et 99. Sur la disparition de ce culte dynastique au IIe siècle : GORRE 2009, p. 614-617. DE MEULENAERE 1960a, p. 100. Ces types de statues sont connus et ont été inventoriés : ibid., note 1. COULON 2006, p. 15-16. LEITZ 2002, p. 671-672. Par exemple, un prophète des statues de Nectanébo travaillait au sein « du temple du domaine d’Osiris à Rout-Isout, du domaine de la Châsse d’Anoubis et du domaine d’Osiris-Apis » : DE MEULENAERE 1960a, p. 94.

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CHAPITRE IV

sacrés et c’est à lui que l’on doit la nécropole des taureaux Boukhis à Ermant (Hermonthis)360. Selon H. De Meulenaere, les prophètes des statues de Nectanébo devaient appartenir à un « collège sacerdotal d’un temple ou d’un sanctuaire, reconstruit sinon bâti par le souverain », dont les effigies commémoraient les travaux361. À Karnak, ces prophètes étaient surtout affiliés au temple de Khonsou où l’on sait que Nectanébo II a effectué maints travaux362. H. De Meulenaere en déduit que ces fameuses statues pouvaient se trouver au sein de ce temple. Or l’un des prophètes des statues de Nectanébo, qui était attaché au clergé du temple de Khonsou, portait le titre de prophète d’Amenemopé de Ἰw-Ꜣḫs363. Cet exemple permet d’émettre en hypothèse de traduction, pour la fin du scellé n°159, la présence d’un titre de prophète d’Amenemopé et non le nom du propriétaire du sceau Pa-d(i)-imen-m-ipet. « Celui-qui-présente le Noun » (ḥnk-nwn?) , ḥnk-nwn, traduit par « celui qui offre l’eau » ou encore « Celui-qui-présente le Noun »364, apparaît sur un scellé très fragmentaire de la phase 14 (fig. 338 n°165). De rang sacerdotal relativement élevé, ce prêtre semble avoir été responsable du matériel et du personnel associé aux libations365. Ce titre pourrait constituer un autre écho au personnel cultuel dévoué à Boukhis. Il est rarement documenté en dehors d’Ermant où le taureau sacré de Montou recevait un culte366 et fait partie de la titulature des prêtres de Boukhis367. Il apparaît aussi dans la titulature de deux prêtres thébains du IIIe siècle av. J.-C., Smendès (Ns-bꜢ-nb-ḏd) et son fils Amasis, dont les charges cultuelles incluent les titres de père divin et prophète d’Amon dans Karnak, mais aussi de prophète

de Khonsou et d’Amenopé, ainsi que de prophète de Nectanébo le faucon368. Le « sacristain » (kꜢwty / qwꜢtỉ) Le titre de kꜢwty, écrit de façon originale , qwꜢtỉ369, se trouve sur deux scellés de la phase 14 (fig. 338 n°169 et 170). Il désigne un personnage d’un rang apparemment modeste. La traduction de ce titre a été fréquemment discutée : balayeur du temple, gardien de porte…370. J. Leclant préfère la notion générale de « sacristain », qu’il définit comme un « personnage qui prend soin des lieux et des objets sacrés et qui peut ainsi tour à tour être considéré comme portier, balayeur, ou plus généralement travailleur dans le temple »371. On connaît des sacristains du domaine d’Amon372. Ils pouvaient aussi être affectés à d’autres sanctuaires, comme celui de Mout373, ou bien ne pas être associé à un sanctuaire particulier374. Dans le cas du scellé n°169, le sacristain semble consacré au service d’Osiris dans le domaine d’Amon-Rê, mais la fin du scellé étant difficile à lire et incomplète, il ne s’agit que d’une proposition de lecture. 1.2.1.3. Les divinités évoquées dans les titres Le personnel cultuel d’Amon occupe une place de choix dans le quartier, et ce à toutes les phases. Les desservants voués au culte d’une autre divinité sont plus rarement attestés dans le corpus. Il s’agit essentiellement de prêtres de Montou, présents dans le quartier 368 369

GORRE 2009, p. 70-77. Cette variante précise nous est inconnue, mais ce titre a de nombreuses graphies attestées, comme par exemple : (BIETAK, REISER-HASLAUER 1978, p. 97) ;

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Sur le culte des animaux en Égypte : KESSLER 1986. Plus spécifiquement sur Boukhis : GOLDBRUNNER 2004. Ibid., p. 100. Ibid., p. 101. Ibidem. Wb III, 118 (8). Hassan Selim préfère ne pas traduire le titre qu’il transcrit par ailleurs ḥnk(-nww) : SELIM 2004, p. 161. GOYON 1967, p. 94. Ibid., p. 93-94 ; EL-SAYED 1983, p. 138-139 (i). « It is exceedingly probable that in the Ptolemaic period at least ḥnk was one of the titles of the priests of Buchis »: FAIRMAN 1934, p. 3. Sur ce titre, voir aussi : JANSEN-WINKELN 2001, p. 30-32 ; GOLDBRUNNER 2004, p. 257-267 (ḥnk est traduit par « Opferer »). Ce titre apparaît dans la titulature des prêtres de Montou : SHEIKHOLESLAMI 2018, p. 388.

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ou

encore (LECLANT 1954, p. 68) ; sur le papyrus démotique du Louvre E 9293, ce titre est translittéré gwtỉ (MALININE 1953, p. 22) ; sur d’autres textes démotiques il est simplement écrit kwt (JELÍNKOVÁ-REYMOND 1953, p. 47, note 8). L’alternance entre k et q a déjà été observée dans la transcription des noms nubiens ainsi que dans le domaine sémitique : SAUNERON, YOYOTTE 1952, p. 184, note 9 et p. 185, note 1. Références bibliographiques citées dans LECLANT 1954, p. 68. Ibidem. Ibid., p. 58. Le grand-père maternel d’Ânkhhor, gouverneur de Haute Égypte et intendant de la divine adoratrice Nitocris I, portait l’humble titre de kꜢwty pr ỉmn, marquant les origines thébaines humbles de sa famille : BIETAK, REISER-HASLAUER 1978, p. 97 ; BROEKMAN 2012, p. 121 et note 40. LECLANT 1954, p. 68. EDGERTON 1947, p. 226, note 54.

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de la TPI à l’époque ptolémaïque. Leur importance à la Basse Époque est, nous le verrons, digne d’intérêt. Viennent ensuite de manière sporadique Osiris et Ptah, dont les lieux de culte sont bien connus à Karnak. Un ostracon de la phase 14 pourrait concerner un prophète de Mout, mais l’inscription est vraiment trop incomplète pour en être sûr (fig. 178)375. De même, « Mout, maîtresse du ciel » apparaît sur un scellé (fig. 332 n°94), mais le début de l’inscription n’est pas préservé et aucun nom privé ne suit la mention de la déesse. Quant au titre de prophète d’Anubis, il n’est pas assuré du fait du caractère quasi-illisible de l’inscription du scellé (fig. 331 n°71)376. Amon Sans surprise, le dieu le plus fréquemment cité dans la documentation sigillaire est Amon. Après tout, le quartier est installé au sein de son sanctuaire majeur à Karnak. À la phase 12, 4 sur les 7 matrices mentionnant un titre de prêtre l’évoquent, et on en dénombre 17 sur les 44 matrices de la phase 13377 ainsi que 15 sur les 40 matrices de la phase 14. Certains titres qui ne signalent aucune divinité doivent aussi sans doute être rattachés au service d’Amon, comme celui d’« ouvreur des deux vantaux du ciel », wn ꜥꜢwy pt, qui apparaît quatre fois dans notre corpus378. Les desservants de son culte sont également évoqués à travers divers blocs épigraphiés recueillis dans les fouilles du secteur. Ces derniers incluent la majorité des anciennes huisseries inscrites ou encore la stèle tardive trouvée dans la cour d’entrée de la maison I sur laquelle le prophète d’Amon-Rê Ankhefenkhonsou, fils de [Nes ?]-pasefy, est en adoration devant la comparse du dieu, Amonet (fig. 399)379. Amon est le dieu dynastique par excellence380. Il domine le panthéon égyptien comme « roi des dieux » et est aussi associé à la légitimation des pharaons comme « maître des trônes des deux terres ». Il est également un dieu populaire. Les fidèles peuvent généralement l’aborder dans certaines parties acces-

sibles de son temple, ou encore au cours de fêtes religieuses pendant lesquelles sa statue est transportée en procession, dans sa barque portative à l’abri des regards. À travers son oracle, qui se développe à partir du Nouvel Empire, son clergé est capable de peser dans des décisions allant de bénignes à stratégiques381. Le pouvoir du clergé thébain atteint surtout son apogée sous la XXIe dynastie, lorsque l’idéologie amonienne s’impose progressivement et fait du dieu Amon le véritable régent de l’Égypte, le roi n’étant qu’une émanation du dieu382. Au centre du linteau d’Ankhefenkhonsou fils de Nespaherenmout, figure un cartouche surmonté de plumes et du disque solaire reposant sur le signe de l’or et le symbole du sema-taouy et qui est au nom du « Roi de la Haute et Basse Égypte, Amon-Rê, qui préside à son Ipet » (fig. 397 n°1)383. L’importance du dieu se poursuit tout au long de la TPI et au début de la Basse Époque, lorsque son culte s’étend à travers le pays, souvent reproduisant le modèle thébain384. L’étendue des pouvoirs religieux et politiques de son clergé explique les efforts stratégiques que les rois de cette période ont déployés pour se concilier ou élire ses plus hauts serviteurs, notamment les premiers prophètes d’Amon ou les divines adoratrices et leurs entourages385. Cette influence, toutefois, finit par s’affaiblir avant même l’invasion perse386. Avec l’intérêt renouvelé des Nectanébides et des Ptolémées pour Karnak, le culte d’Amon à Thèbes retrouve quelque peu de sa splendeur, mais son clergé n’exerce plus un pouvoir aussi décisif387. Montou Montou388, maître de Thèbes, est mentionné à de nombreuses reprises dans le corpus sigillaire, tout particulièrement sur les scellés de la phase 13 : au moins 15 matrices sur les 44 que compte cette phase concernent son personnel (sans doute 19 matrices si l’on inclut les

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Supra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. Il s’agit pourtant d’un titre attesté : supra, Chapitre III, § 2.2.3.1. Catalogue des scellés de la phase 13. Le prophète ou prêtre-ouâb du pieu sacré est aussi prophète d’Amon. Supra, Chapitre III, § 10.1.2. Ostraca de la phase 14 (fin Basse Époque-époque ptolémaïque). JANSEN-WINKELN 2007, p. 215. GUERMEUR 2018 ; PAYRAUDEAU 2020, p. 437-440.

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Ces consultations oraculaires étaient parfois rapportées dans des décrets gravés dans la pierre ou inscrits sur papyrus, bien documentés à Karnak : WINAND 2003, p. 607-612. Sur l’avènement de la théocratie thébaine : VERNUS 1995 ; PAYRAUDEAU 2020, p. 45-93. TRAUNECKER 1993, p. 85, fig. 3. GUERMEUR 2005 ; 2011. Voir les différentes contributions dans GOMBERT-MEURICE, PAYRAUDEAU 2018. PAYRAUDEAU 2020, p. 440. GORRE 2009. Sur le culte de Montou à Karnak et dans la région thébaine en général, voir récemment SHEIKHOLESLAMI 2018, p. 375-382.

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CHAPITRE IV

scellés évoquant le titre de stoliste de Thèbes). Si la prééminence d’Amon s’explique naturellement, l’importance du clergé de Montou nécessite un commentaire, surtout à la phase 13 du secteur. Le personnel cultuel de Montou constituait un collège de prêtres important à la TPI, comme l’ont souligné les études prosopographiques conduites par C.M. Sheikholeslami sur l’équipement funéraire et les statues de ces prêtres389. Au Moyen Empire, le dieu hiéracocéphale apparaissait comme le légitimateur du roi. Aussi, la revitalisation du culte de Montou pendant les périodes libyenne et koushite pourrait s’expliquer par la tendance archaïsante de la TPI et le besoin de légitimer ces souverains étrangers390. Près d’un tiers des statues datées des XXIIe-XXVe dynasties mises au jour dans la Cachette de Karnak appartient à des membres du clergé de Montou. À cette période, les prêtres de Montou occupent des postes cruciaux, notamment au sein du trésor du temple d’Amon à Karnak, et semblent contrebalancer dans une certaine mesure le pouvoir du clergé d’Amon. Or il n’est mentionné qu’un seul prophète de Montou dans les scellés de la phase 12 (contexte fin XXVe-début XXVIe dynasties). Le titre de [it-nṯr ?] ḥm-nṯr wn, « [père divin et ?] prophète de la Lumière », que l’on trouve sur plusieurs scellés de la phase 12, pourrait aussi bien désigner un prêtre d’Amon que de Montou, puisque, d’après J. Yoyotte, ce titre doit être mis en parallèle « avec l’affabulation solaire qui prévalait dans les cultes d’Amon et de Montou »391, et nous avons vu que ce titre pourrait aussi être associé au dieu Osiris392. N’omettons pas le linteau remployé de la maison II qui représente Ameneminet, père divin d’Amon et de Montou, adorant le dieu Montou sur son trône accompagné de sa parèdre Râttaouy (fig. 398)393. Les attestations du clergé de Montou à Thèbes deviennent rares à la XXVIe dynastie, et ce dès le règne de Psammétique Ier, peut-être à la suite de la réorganisation de l’administration thébaine après la nomination de sa fille Nitocris comme divine adoratrice d’Amon394. Alors que ce clergé semblait disparaître du devant de la scène religieuse à la XXVIe dynastie, les nombreuses mentions de prophètes de Montou à la phase 13 viennent combler partiellement un vide documentaire. Aux 15

occurrences comptabilisées, il faut sans doute ajouter les références au stoliste de Thèbes apparaissant sur 4 matrices, car ce prêtre est généralement associé au culte de Montou395. Le culte de Montou est derechef visiblement prépondérant dans la région thébaine à l’époque grécoromaine, avec de nouveaux programmes architecturaux ambitieux attestés dans les temples de Montou à Karnak-Nord, Médamoud, Médinet Habou et Ermant396. C. Zivie-Coche a comparé la montée du culte d’Horus de Mesen à Tanis à l’époque ptolémaïque, avec celle de Montou à Karnak et dans les villes voisines397. Amon, dans ces grands sanctuaires, y tient toujours le rôle dominant. Elle précise à propos de Montou à Karnak que « là non plus, il ne supplante pas Amon mais tient une place parallèle non négligeable, et ses anciens temples sont totalement rebâtis ». D’après le corpus des scellés du quartier des prêtres, c’est au début de la Basse Époque qu’il revêt cette importance, car le nom de Montou n’apparaît que sur deux scellés de la phase ptolémaïque de notre secteur398 et indirectement sur un troisième exemplaire sur lequel le taureau Boukhis, l’animal sacré de Montou d’Ermant, est évoqué (fig. 337 n°159). Évidemment, ces disparités peuvent s’expliquer par les hasards de la découverte. Osiris Les cultes osiriens fleurissent tout le long du premier millénaire avant notre ère à travers le pays399, et de nombreux monuments leur sont consacrés à Karnak à partir de la TPI400. Osiris apparaît cependant relativement peu dans la documentation sigillaire du quartier. Comme nous venons de le rappeler, il est possible que le [it-nṯr ?] ḥm-nṯr wn « [père divin et ?] prophète de la Lumière » (fig. 327 n°17), soit rattaché au service de ce dieu dont le caractère complexe transcende le domaine funéraire. Deux scellés de la phase 14 préservent la mention d’Osiris Naref (fig. 337 n°158 et fig. 338 n°186), et le premier signale clairement un 395

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Sur l’importance des prêtres de Montou pendant la TPI : SHEIKHOLESLAMI 2009 ; 2018. SHEIKHOLESLAMI 2003, p. 131 ; 2018, p. 381-383. YOYOTTE 1954, p. 104. Supra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. JANSEN-WINKELN 2007, p. 214-215. SHEIKHOLESLAMI 2018, p. 381-382.

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Dernièrement dans JANSEN-WINKELN 2018. Voir aussi supra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. Une étude du collège des prêtres de Montou aux époques ptolémaïque et romaine n’a pas été entreprise : SHEIKHOLESLAMI 2018, p. 382. ZIVIE-COCHE 2004, p. 42. Les Ptolémées ont pourtant nettement encouragé le culte de Montou : VANDORPE 1995, p. 208. COULON 2010b. COULON, DEFERNEZ 2004 ; COULON 2016b ; COULON, HALLMANN, PAYRAUDEAU 2018.

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prophète voué à son culte. L’épithète nꜢrf est un titre héracléopolitain d’Osiris qui apparaît à Karnak dès l’époque libyenne401. Naref est « un lieu où le roi Osiris remporta la victoire sur son ennemi de toujours Seth, avant de monter sur le trône de Rê »402. Enfin, Osiris est peut-être mentionné sur un troisième scellé de la phase 14, associé au titre modeste de « sacristain » (fig. 338 n°169)403. Ptah Un prophète de Ptah figure sur un scellé (fig. 331 n°70) trouvé sur un niveau de rue de la phase 13 (SOL23)404. Aucun scellé des phases 12 et 14 n’ont livré de mention du dieu créateur. Le domaine de Ptah, qui se situe à la limite nord du temenos d’Amon, a pourtant été l’objet de programmes architecturaux d’ampleur au cours de la XXVe dynastie et de l’époque ptolémaïque405. 1.2.1.4. Sur le rang des prêtres et l’évolution du personnel sacerdotal présent dans le quartier Seule une titulature abrégée peut être reproduite sur un sceau privé, particulièrement si celui-ci est de taille modeste. Au mieux, les scellés recueillis nous informent sur le choix du ou des titres évoqués sur les sceaux utilisés au sein du quartier. Les postes de prophète et de père divin qui apparaissent sur maints exemplaires informent peu sur les hommes qui pouvaient prétendre à un logement dans l’enceinte du temple d’Amon. Ce sont en tout cas des prêtres initiés, c’est-à-dire des officiants qui ont accès à la partie la plus intime du sanctuaire et de ce fait peuvent accomplir le rituel divin journalier. Les titres d’ouvreur des deux vantaux et de stoliste de Thèbes constituent peut-être la marque d’un grade élevé. Les postes les plus prestigieux du clergé 401

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GOYON 1967, p. 106, p. 113, note 41 et p. 126-127, notes 167168 ; STERNBERG 1985, p. 34, note w ; KOEMOTH 1998, p. 657659 et note 43 ; JANSEN-WINKELN 2001, n°14, p. 74, note 19 ; PERDU 2005, p. 217-218 ; COULON, MASSON 2010 ; DÍAZIGLESIAS LLANOS 2017. KOEMOTH 1998, p. 658. Supra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. Sur le personnel cultuel de Ptah à Karnak : LEGRAIN 1902, p. 100. Quelques statues de prêtres naophores ou théophores présentant une image de Ptah, ou bien mentionnant le titre de prophètes de Ptah ont été trouvées dans la cour de la Cachette : voir par exemple dans la base de données Cachette de Karnak, les statues CK 2, CK 16, CK 94, CK 177, CK 212, CK 223 et CK 349. THIERS, ZIGNANI 2013 ; BISTON-MOULIN, THIERS 2016 ; CHARLOUX, THIERS 2019.

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thébain – premier, troisième et quatrième prophètes d’Amon – ne sont pas attestés parmi les scellés, alors qu’ils le sont sur d’autres supports, notamment des huisseries remployées tardivement. À côté de ces hauts dignitaires, d’autres inscriptions font état de la présence de prêtres aux charges plus modestes. C’est le cas par exemple du « sacristain », titre figurant à deux reprises dans des contextes ptolémaïques (fig. 338 n°169 et 170). Il y a bien des mentions de prêtres-ouâb, mais d’après les scellés bien préservés, ils étaient aussi titulaires de charges supérieures. La classe humble des auxiliaires des prophètes et des pères divins semble donc assez peu représentée, et surtout est complètement absente dans les phases TPI et Basse Époque du quartier. On sait pourtant que ces « personnages secondaires, affectés à des tâches précises », se multiplient à partir de la Basse Époque406. Serait-ce un indice de la qualité des habitants de ce quartier ? La situation diffère par exemple de celle du complexe de la reine Khentkaoues II à Abousir, occupé du début de la IVe au début de la VIe dynastie, un parallèle lointain nonobstant intéressant. De nombreux scellés portant des titres de prêtres ont été découverts surtout dans les magasins, mais aussi dans les maisons des prêtres407. Les catégories de prêtres en relation avec le culte funéraire de la reine sont avant tout des prêtres-ouâb et des supérieurs des secrets (ḥry-sštꜢ), mais on trouve aussi quelques mentions de prophètes408. Le personnel administratif du temple est rarement évoqué dans les scellés du secteur. Le lesonis (mr šn), qui est « plus un intendant qu’un prêtre »409, en fait partie (fig. 331 n°80 et fig. 337 n°155), et il joue un rôle capital dans l’administration des temples à la Basse Époque et l’époque ptolémaïque. En cela, le quartier se démarque par exemple des habitations dévolues au personnel du temple de Sésostris III à Abydos. Les titres les plus régulièrement évoqués sur les scellés découverts en association avec ces maisons sont non seulement ceux d’intendant des prophètes (ỉmy-r ḥm-nṯr) et de responsable de phylè (mty n sꜢ), mais aussi celui de scribe du temple (sš n ḥwt-nṯr)410. Il faut toutefois rester prudent. Un prêtre peut tout à fait endosser des responsabilités religieuses et civiles, voire

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DE MEULENAERE 1982. VERNER 1995, p. 97-132. Ibid., p. 131-132. SAUNERON 1988, p. 63. WEGNER 2000, part. p. 99.

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militaires411, mais choisir de ne sélectionner que son ou ses titres cultuels sur son sceau personnel. La titulature plus développée sur un scellé ptolémaïque combinant titres administratif et religieux est exceptionnelle dans notre corpus (fig. 337 n°150), mais reflète peut-être la réalité des devoirs multiples de certains prêtres vivant dans le quartier. Malgré ces limitations, il est possible d’entrevoir au fil des phases, une certaine évolution du personnel doté d’une maison à Karnak. Les scellés et autres éléments inscrits reflètent dans une certaine mesure les changements qui interviennent dans le clergé thébain ou en Égypte en général. Aux phases 12 et 13, seuls des prêtres initiés sont mentionnés. Cependant ceux au sommet de la hiérarchie sacerdotale ne sont associés qu’au début de la TPI (premier et troisième prophètes d’Amon). L’autorité des grands prêtres périclite dès la fin de la XXIIe dynastie, restreignant leurs ambitions et potentielles rivalités avec le pouvoir royal412. Le titre de premier prophète d’Amon disparaît rapidement au cours du règne de Psammétique Ier, et n’est attribué à nouveau que sous Psammétique II et non pas à un homme mais aux futures divines adoratrices d’Amon Ânkhnesnéferibrê, puis Nitocris II413. Le quartier n’abritant que le personnel cultuel masculin, il n’est dès lors pas anormal que ce titre soit absent du matériel inscrit de la phase 13. La situation devient plus ambigüe à l’époque ptolémaïque où les charges évoquées vont des plus hautes (premier et quatrième prophètes d’Amon) aux plus humbles (sacristain). Parmi les scellés de la phase 14, divers cultes qui sont connus pour apparaître ou se développer à partir de la fin de la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque sont mentionnés, tels les cultes du taureau Boukhis414 et du pharaon (à travers le culte de sa statue ou de sa couronne). 1.2.2. Identifier les prêtres mentionnés sur les scellés Les anthroponymes trop communs, le nom du père souvent absent et les titres trop peu exceptionnels font de l’identification des personnages mentionnés sur les

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Comme le suggère les titres de scribe-économe du domaine d’Amon et général du domaine d’Amon signalés sur une statuette du début de la TPI provenant du quartier des prêtres (fig. 397 n°2). VANDORPE 1995, p. 206. Supra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes. Le culte des animaux, qui connaît un essor sans précédent à la TPI et à la Basse Époque, se développe également beaucoup à l’époque ptolémaïque : QUAEGEBEUR 1982, col. 1099.

scellés une entreprise délicate, voire impossible. Les critères d’identification415 sont rarement réunis dans le corpus sigillaire. Dans la majorité des cas, l’enquête n’aboutit pas sur un résultat satisfaisant, et dans quelques exemples, nos conclusions se révèlent aventureuses. Les études prosopographiques sur la classe sacerdotale démontrent que, même dans les cas les plus favorables (avec une titulature et une généalogie assez développées), les confusions entre deux personnages restent possibles. Les charges sacerdotales souvent héréditaires à cette période et la répétition d’anthroponymes au sein des familles du clergé thébain ajoutent à la difficulté. Alors, avec des scellés où seulement figure un titre suivi d’un nom, ce type de recherche semblait voué à l’échec. Malgré tout, nous n’avons pas résisté à cet exercice, notamment pour les prêtres portant des titres un peu particuliers et/ou qui sont signalés sur plusieurs scellés. 1.2.2.1. Le prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-n-aset Un prêtre, doté d’au moins cinq sceaux différents (fig. 330 n°45, 46, 47, 49 et 50)416, apparaît sur un minimum de vingt-quatre scellés, collectés dans maints contextes du quartier des prêtres à la phase 13417. Bien que la position, la taille et la forme des hiéroglyphes voire le sens de lecture divergent d’un sceau à l’autre, leur texte peut se traduire par : « prophète d’Amon dans Karnak, grand prêtre-ouâb du pieu sacré, Pa-sheri-naset ». Un sixième sceau, qui a laissé deux empreintes, pourrait aussi lui appartenir (fig. 330 n°48), mais l’inscription diffère quelque peu : « prophète et père divin d’Amon, du pieu sacré d’Amon […], maître de ?, Pa-sheri-(n)-aset ». Le nom Pa-sheri-n-aset, attesté de la XXIIe dynastie à l’époque ptolémaïque, est très fréquent418 et le titre de prophète d’Amon dans Karnak l’est tout autant. L’allusion au pieu sacré est par contre plus rare. Aux périodes tardives, le clergé attaché à son culte est connu à travers plusieurs personnages appartenant à des familles de hauts fonctionnaires ou de prêtres419. Or, ce Pa-sheri-n-aset n’est pas un inconnu. La stèle 415 416 417

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Définis entre autres dans PAYRAUDEAU 2014a, p. 107-108. MASSON 2010. Sur la répartition stratigraphique et spatiale de ces scellés : ibid., p. 349-350, fig. 3. RANKE 1935, 118, 7. H. De Meulenaere dresse une liste des individus en rapport avec le pieu sacré, pour la période allant de l’époque saïte à la période ptolémaïque dans DE MEULENAERE 1960b, p. 128-129.

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d’un certain , ỉrt-ḥr-rw (Musée de Berlin, 894)420, mentionne le nom et les titres de son père : ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt ḥm-nṯr (n) pꜢ mdw šps n ỉmn pꜢ-šrỉ-n-Ꜣst « prophète d’Amon dans Karnak, prophète du pieu sacré d’Amon, Pa-sheri-n-aset ».

Les titres sont comparables à ceux des scellés. Sur la stèle, on précise qu’il s’agit du pieu sacré d’Amon. La matrice n°50 fournit également cette indication, mais ce détail ne figure pas sur les autres matrices. De même, il n’est pas question d’un grand prêtre-ouâb sur la stèle, mais d’un prophète. Comme nous l’avons examiné précédemment, ce sont les prêtres-ouâb qui sont généralement chargés de l’enseigne sacrée d’Amon421. P. Munro datait cette stèle, sur critère stylistique, du milieu à la fin de l’époque saïte422, ce que valide H. De Meulenaere423. Cette datation correspondrait bien au matériel (céramiques et objets) mis au jour dans les contextes où ont été trouvés les scellés de Pa-sheri-naset. Les attestations du titre de « prophète du pieu sacré » sont assez rares pour que le rapprochement entre ces scellés et cette stèle soit pertinent. 1.2.2.2. Le prophète d’Amon-Rê roi des dieux et d’Osiris Naref, Chéchanq Un scellé évoque les titres de « prophète d’Amon-Rê roi des dieux et d’Osiris Naref », ḥm-nṯr (n) ỉmn rꜥ nswt nṯrw (ḥm nṯr n) wsỉr nꜢrf, associés à un nom entouré d’un cartouche, Chéchanq (ššnq) (fig. 337 n°158)424. L’épithète d’Osiris Naref, ainsi que nous l’avons vu précédemment, apparaît surtout à la XXIIe dynastie. Il serait donc tentant d’y voir le pharaon libyen Chéchanq. Un parallèle aurait pu étayer cette hypothèse : la statue d’un prophète d’Amon-Rê roi des dieux et d’Osiris Naref du nom de Chéchanq (JE 37881)425, longtemps

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ROEDER 1913, p. 344-345 ; MASSON 2010, fig. 4. Supra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. La stèle de ỉrt-ḥr-rw est datée du milieu à la fin de la XXVIe dynastie. Mais, d’après la décoration chargée de sa partie supérieure, P. Munro suggère de la dater plutôt de la fin de l’époque saïte : MUNRO 1973, p. 195. Aujourd’hui apparemment disparue du Musée de Berlin, la stèle est néanmoins connue à travers un cliché : ibidem. DE MEULENAERE 1960b, p. 128, note 8. COULON, MASSON 2010, p. 138-141, fig. 6. JANSEN-WINKELN 2001, n°14, (I) p. 68-76 et (II) p. 363-365, pl. 29-30 ; AZIM, RÉVEILLAC 2004, (I) p. 328 et (II) p. 283, K635 ; COULON, MASSON 2010, p. 138, fig. 5. Bibliographie

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identifiée comme le fils d’Osorkon Ier, Chéchanq II426. Cependant, même si cette opinion a été encore reprise dans une publication récente427, elle a été révisée par divers auteurs. Plusieurs indices, notamment la pré, « (Ô) dieu local »428, sence de la formule saïte semblent l’attribuer à une époque ultérieure. La datation de cette sculpture avait été revue par B.V. Bothmer qui la considérait comme « one of the best examples of neo-archaism in the fourth to early third century B.C. »429. Et d’après K. Jansen-Wilken, elle pourrait être des XXVIIe-XXXe dynasties430. Le contexte de la découverte de ce scellé indique, par ailleurs, une datation plutôt basse. Le remblai US 7338 d’où est issu ce scellé appartient à la phase 14, plus précisément à la quatrième étape de comblement de la rue (Rue 4), qui ne doit pas être daté d’avant la fin du IIIe siècle av. J.-C, voire le IIe siècle. Deux scellés fragmentaires figurant le nom de Chéchanq ont été mis au jour dans des contextes antérieurs (fig. 337 n°156157). Le plus ancien des deux est originaire du premier niveau de comblement de la rue à la phase 14 (Rue 2), attribué à la XXXe dynastie-début de l’époque ptolémaïque. La charge de « prophète d’Osiris Naref » n’apparaît sur aucun des deux. Toutefois, le titre de « prophète d’Amon-Rê » pour le premier et la mention d’« Amon roi des dieux » pour le deuxième ne sont pas sans rappeler l’inscription du scellé n°158. Surtout, le nom de Chéchanq, peu conservé mais bien reconnaissable, est encerclé dans les deux cas d’un cartouche. Le cartouche est même surmonté de deux plumes pour le scellé n°156, soulignant davantage le caractère royal du nom. Il semble peu probable que les trois empreintes remontent à la XXIIe dynastie et contaminent des niveaux que le matériel céramique date entre la toute fin de la Basse Époque et l’époque ptolémaïque. S’il s’agit du nom du roi Chéchanq, ces scellés pourraient témoigner d’un culte au roi libyen vers la fin de la Basse Époque et l’époque ptolémaïque. P.K. Koemoth soulevait la possibilité d’une relation entre des buttes funéraires, dont Naref serait un exemple, et le culte des ancêtres divinisés431. Mais, il est plus vraisemblable qu’il s’agisse du nom d’un particulier, cet anthropo-

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complète offerte dans la base de données de la Cour de la Cachette (CK 577). PM II2, p. 148 (c); KITCHEN 1995, p. 306, note 350. GOYON, CARDIN 2004, p. 92-93. Sur la formule saïte : JANSEN-WINKELN 2000, p. 83-124. WILD 1971, p. 94, note 6 ; BOTHMER 1985, p. 101 et note 13. JANSEN-WINKELN 2001, n°14, p. 69. KOEMOTH 1998, p. 659.

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nyme étant bien documenté aux périodes tardives432, tout particulièrement dans les familles sacerdotales thébaines433. Certains des scellés ptolémaïques découverts à Edfou434 associent titres sacerdotaux et noms enserrés dans un cartouche435. Exceptés le scellé nommant le roi Ptolémée X Soter II et celui donnant le nom et les titres d’Isis, M.A. Murray ne se décide pas sur l’interprétation des noms : noms de divinités, noms de rois ou partie de titres religieux436. J.G. Milne les considère plutôt comme des noms de prêtre437. L’auteur ajoute que Thèbes se révoltait régulièrement contre les autorités centrales vers la fin de l’époque ptolémaïque, ce qui expliquerait que quelques prêtres importants auraient pu s’arroger le droit d’entourer leur nom d’un cartouche438. En l’absence de données sur un éventuel culte associant Osiris Naref et des rois de la XXIIe dynastie, il est plus raisonnable de comprendre le nom de Chéchanq comme celui d’un particulier. Si cette interprétation est juste, il n’est pas impossible que le personnage du premier scellé – voire des trois scellés ? – corresponde au Chéchanq de la statue JE 37881, ou lui soit apparenté439. La datation tardive des contextes où ils ont été recueillis concorde avec la révision de la datation de cette statue. Certes, le nom du propriétaire de la statue n’est pas encerclé d’un cartouche440. Mais sur de simples sceaux441, un particulier se serait peut-être permis une liberté que jamais il n’aurait prise sur une statue. L’usage du cartouche souligne peut-être aussi « une volonté de

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RANKE 1935, 330, 6. COLIN 1996, (I) p. 138-141. Ces scellés constituent un parallèle privilégié pour notre documentation sigillaire, notamment pour les scellés de la phase 14 : supra, Chapitre III, § 2.2.4.3. Commentaires sur quelques scellés de la phase 14. MURRAY 1907-1908, p. 62-70 et pl. IV. Ibid., p. 62. MILNE 1916, p. 87-88. Ibid., p. 88. Voir les nombreux cas de membres du clergé thébain appartenant à des familles où le nom de Chéchanq revient sans cesse : COLIN 1996, (I) p. 139-141. La graphie du nom est également légèrement différente : . Dans la documentation sigillaire de la Zone 7, les noms basileuphores sont très rares : outre le nom de Chéchanq, on ne relève que celui du vizir d’Amasis, Psamétik-mery-neith. Des cartouches surmontés de plumes entourent les noms d’Amasis et de Psamétik. Mais dans ce cas, le nom de Psamétik est suivi d’une épithète. Sur ce scellé, voir n°81 dans supra, Chapitre III, § 2.2.3.1. Catalogue des scellés de la phase 13.

se rattacher à l’aura des souverains libyens »442. La titulature, forcément brève sur des objets si petits, ne permet pas bien entendu d’être sûr de l’identification de ce Chéchanq. 1.2.2.3. Tentatives et limites d’identification Deux autres officiants apparaissent à de multiples reprises dans le corpus sigillaire. Le stoliste de Thèbes Hor-kheb possédait quatre sceaux et a fourni de nombreux scellés à la phase 13 (fig. 331 n°74-77). Une statue de la cour de la Cachette (JE 36993), datée vers le milieu du VIIe siècle av. J.-C., figure le personnage Ankhpakhered, fils du smꜢty wꜢst Horkhabit443. Le diminutif du nom du père, ḥr-ḫb, gravé sur le pilier dorsal de la statue, est similaire à celui des sceaux de Hor-kheb. Le titre et le nom sont malheureusement trop communs. En outre, les contextes des scellés établissent que le stoliste du quartier des prêtres a vécu plus tard sous la XXVIe dynastie. Ce rapprochement mérite néanmoins d’être signalé. Le nom du père est rarement spécifié sur les sceaux des prêtres et, quand il l’est, il ne s’agit pas d’un indice suffisant pour identifier correctement leur propriétaire. C’est le cas du « père divin et prophète d’Amon dans Karnak, Djed-hor fils de Pa-di-neb-nesout-taouy », qui a laissé plusieurs empreintes de deux sceaux différents à la phase 14 (fig. 337 n°148-149). Il existe trop de prétendants avec de tels titres suivis de noms des plus ordinaires. On citera comme candidat éventuel la statue de Pa-di-imen-neb-nesout-taouy, provenant de la cour de la Cachette (JE 37514), datée de la fin de la XXXe dynastie-début de l’époque ptolémaïque : l’inscription informe qu’un de ses fils, Djed-hor, était un père divin444. D’autres essais d’identification ont porté sur des personnages élevés dans la hiérarchie des prêtres. Le titre « ouvreur des vantaux (du ciel) » est souvent détenu par des officiants de haut rang, y compris le premier prophète d’Amon. Il apparaît sur quatre scellés, dont trois sont associés à un nom. La date relative de leurs contextes de découverte permet de limiter la recherche sur une période donnée. 442 443

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COULON, MASSON 2010, p. 144. Voir notamment JOSEPHSON, EL DAMATY 1999, p. 58-61 ; JANSEN-WINKELN 2009, p. 521. Autres références fournies dans la base de données de la Cachette de Karnak (CK 113). JANSEN-WINKELN 2001, I, n°12, p. 59-60. Liste exhaustive des références données dans la base de données de la Cachette de Karnak (CK 830).

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Deux scellés ont été trouvés dans des contextes fermés de l’espace arrière de la maison VII, qui ont prodigué du matériel de la XXVIe dynastie, vraisemblablement pas antérieur au VIe siècle av. J.-C. Le premier a été recueilli avec d’autres scellés et des lingots sur le sol SOL2 (fig. 85-6) et mentionne un certain Djed-hor qui assumait aussi les rôles de prophète d’Amon-Rê dans son domaine et d’intendant (fig. 330 n°54). La deuxième empreinte scellait un papyrus conservé dans une jarre posée sur le sol SOL4 (fig. 81c-d) et nomme l’ouvreur des deux vantaux Chéchanq (fig. 331 n°73). Djed-hor est un nom fréquent à cette période. Un homonyme, qui était prophète d’Amon-Rê et ouvreur des vantaux du ciel à Karnak d’après de nombreux documents le mentionnant, était le fils du vizir thébain Nespaqashouty445. Surtout, il était le petit-fils de Djedanhourioufankh, chef de la trésorerie du domaine d’Amon446, une information peut-être pertinente dans la mesure où le scellé de Djed-hor a été retrouvé parmi des lingots. Le nom de Chéchanq, en revanche, est plus rarement attesté dans la région thébaine à l’époque saïte447. Deux personnages influents du clergé thébain, peut-être apparentés, portaient ce nom dans la deuxième moitié de la XXVIe dynastie. Il s’agit des grands intendants de la divine adoratrice Ânkhnesnéferibrê (ca. 589-526 av. J.-C.), Chéchanq fils d’Horsaïset déjà en place en 586 et qui poursuivit sa carrière sous Amasis, et Chéchanq fils du grand intendant Padineith, encore attesté sous Psammétique III448. La titulature développée des grands intendants cumule titres honorifiques et charges administratives et religieuses, mais le titre d’ouvreur des vantaux du ciel n’y figure pas449. On connait par ailleurs une bague-sceau en or avec le titre seul de grand intendant de la divine adoratrice, suivi du nom de Chéchanq (British Museum, EA 68868)450. Au moins deux autres prêtres thébains nommés Chéchanq ont vécu sous la XXVIe dynastie, un père divin et un prophète d’Amon-Rê roi des dieux451.

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Voir notamment les stèles du Musée du Caire CG 22141 et du British Museum EA 624 et EA 1018 : DE MEULENAERE 1963, p. 73 n. 7 et 76-77 ; MUNRO 1973, p. 117-121, 127-131 et 313314, pl. 47 et 50 ; JANSEN-WINKELN 2014, p. 974-977 et 983-984. DE MEULENAERE 1963, p. 77. VITTMANN 1978, p. 138. Ibidem ; BROEKMAN 2012, p. 121-124. BROEKMAN 2012, p. 130, tableau II ; PERDU 2018, p. 343. TAYLOR, STRUDWICK 2005, p. 192-193. COLIN 1996, (I) p. 139 et (II) p. 72-73. Le père divin est connu par une stèle datée du milieu à la fin de l’époque saïte : MUNRO 1973, p. 197-198.

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Le troisième scellé provient d’un contexte de la phase 14 (fig. 338 n°164). Le nom du prêtre pꜢ-dỉ-ppt ne semble pas faire référence à un premier prophète d’Amon connu pour l’époque ptolémaïque452. Il n’est pas non plus connu parmi les prêtres ayant porté le titre d’ouvreur des vantaux du ciel répertoriés dans les volumes III et IX de Prosopographia Ptolemaica. Mais J. Quaegebeur précise qu’à l’époque gréco-romaine « le titre spécifique de l’officiant du culte d’Amon thébain, wn ꜥꜢwy pt ‘celui qui ouvre les portes du ciel’, ne figure pas toujours dans la titulature du premier prophète et se rencontre, d’autre part, pour des prophètes qui ne sont pas qualifiés de premier prophète »453. Le grand prêtre-ouâb du pieu sacré Pa-shéri-en-aset et le prophète d’Osiris Naref Chéchanq possèdent des charges suffisamment singulières pour assurer une certaine validité à nos identifications. Toutes les autres propositions sont conjecturales. Poursuivre ce travail sur le reste des personnages évoqués sur les scellés se révèlerait peut-être fructueux. Mais, étant donné la titulature fort succincte des scellés, les noms très communs, et la mention trop rare du nom du père, il est probable qu’il aboutisse le plus souvent sur des identifications à jamais hypothétiques. 1.3. NATURE ET FONCTIONS DES MAISONS DES PRÊTRES Le domaine des sanctuaires, défini par une enceinte, abrite une multitude de bâtiments en briques crues dont les usages sont souvent difficiles à cerner454. À Karnak, l’analyse de la nature et des fonctions des maisons est favorisée par les inscriptions, aménagements particuliers et le riche mobilier découverts au cours des fouilles (surtout celles des maisons bien préservées de la phase 13)455. Certaines des activités qui se déroulaient dans les maisons peuvent être difficilement reconstruites, car elles n’ont guère laissé de vestiges matériels456. J. Lauffray considérait le secteur comme un « quartier administratif et d’habitation pour les prêtres 452

453 454

455

456

On ne connaît pour l’instant que les noms de Nespaoutytaoui, Ousirour et Nespameter : QUAEGEBEUR 1995, p. 155-158. Ibid., p. 160. Sur les édifices en briques crues au sein d’un temenos : LECLÈRE 2008, II.C.4., p. 656-669. Voir les réflexions de P. Pfälzner à propos de l’identification des activités menées dans des habitats sur la base d’installations et de mobilier découverts in situ ou non : PFÄLZNER 2015. Sur ce problème, mais aussi la flexibilité fonctionnelle des espaces de vie : SPENCER 2015, p. 202-203 (avec références bibliographiques).

676

CHAPITRE IV

de service »457. Les réflexions ci-dessous confirment cette appréciation du quartier, tout en la complétant et la nuançant. 1.3.1. Le statut des maisons B. Kemp cite en exemple les maisons sur la rive est du lac Sacré à Karnak lorsqu’il discute les occupations illicites envahissant régulièrement l’espace enclos et sacré des temples458. Ce rapprochement doit être révisé puisque de nombreux indices démontrent le caractère officiel de ces habitations et leur lien avec l’institution du temple, surtout pour les phases anciennes du quartier. Les découvertes archéologiques récentes, éclairées par diverses sources textuelles, permettent d’y voir des logements temporaires de fonction. 1.3.1.1. Une intrusion profane dans le domaine sacré ? Les enceintes des sanctuaires renferment plus que des monuments religieux ou des édifices liés au fonctionnement du temple. Elles peuvent accueillir des bâtiments séculiers et militaires. Dans l’enceinte de Tanis par exemple, on dénombre, entre autres, des résidences pour des personnages importants (rois et chefs locaux), mais aussi des casernes pour des garnisons459. En période de guerres et autres crises, il est arrivé que les enceintes des temples soient envahies par des militaires étrangers ou des civils en quête de protection460. Par exemple Téôs, qui de son propre chef entreprit des travaux dans le temple d’Athribis dont il était le régisseur sous Philippe Arrhidée, décrit comment il a évacué des soldats étrangers du sanctuaire : « j’ai trouvé de nombreuses demeures de soldats à l’intérieur de cette enceinte [i.e. du temple] ; je les ai indemnisés ; il leur a été donné en échange des terres à l’est du temple (…) ; ils ont bâti [leurs] maisons à nouveau (…) je les ai fait démolir et je les ai fait emporter vers la rivière au sud du nome athribite »461. Remontant à des temps tout aussi troublés, l’édit du grand prêtre Menkhéperrê renseigne sur des occupations illicites élevées dans l’espace sacré du temple de Karnak sous la XXIe dynastie462. Le grand

prêtre réclame leur démantèlement pour restaurer la sainteté du sanctuaire. B. Kemp est surpris que les maisons érigées sur la rive orientale du lac Sacré et remontant à la XXIe dynastie aient continué à être utilisées longtemps après cet avis d’expulsion et de destruction463. L’auteur en déduit que les habitats proscrits visés par Menkhéperrê devaient se situer à l’intérieur même du temple en pierre464. Toutefois, l’identité des habitants de ces maisons, évoquée par nombre d’inscriptions, est généralement associée à la vie du temple. Des éléments de porterie, de statue et de stèle inscrits au nom de prêtres ayant surtout vécu à la TPI ont été découverts dans ce secteur en 1970465, et une multitude de scellés portant des titres de prêtres mis au jour lors des nouvelles fouilles indique que des desservants du culte y vivent encore au moins jusqu’à l’époque ptolémaïque466. En outre, le plan du quartier à la phase 13 est visiblement établi selon un programme architectural cohérent467. Il se rapproche par bien des aspects aux quartiers de maisons mitoyennes que l’on connaît en Égypte, dès l’Ancien Empire. Comme le remarquait déjà A. Badawy, ce type de plan relève d’institutions, notamment royales : il « répond à certains facteurs, comme l’économie dans la surface occupée, les matériaux et la main d’œuvre, et l’ordonnance des unités des habitations en groupes desservies par des rues, pour l’hygiène et le contrôle »468. Les maisons étaient a priori exclusivement occupées par des prêtres au service des dieux de Karnak au cours de la TPI et au début de la Basse Époque. Dans une certaine mesure, elles appartiennent à la classe des « Hybrid Households », telle que N. Picardo la définit dans son étude des maisons associées au culte funéraire de Sésostris III à Abydos : « domestically oriented, house-based groups that were situated in – and integrated into – overtly institutionalized settings, making them places of both residence and official activities »469.

463 464 465

466 457 458 459 460 461 462

LAUFFRAY 1979, p. 197. KEMP 2006, p. 359-360, fig. 124. Ibid., p. 358. THIERS 1995, p. 507-510. GORRE 2003, p. 29 et note 41. THIERS 1995, p. 495-497 ; BARGUET 2008, p. 37 ; WALLETLEBRUN 2009, p. 319-321.

467

468 469

KEMP 2006, p. 360. Ibidem. Supra, Chapitre III, § 9.1. Les indices d’une occupation dès la Troisième Période Intermédiaire. Supra, Chapitre IV, § 1.2. Le personnel sacerdotal vivant dans le quartier. Sur l’architecture et l’organisation du quartier des prêtres à la phase 13 : supra, Chapitre I, § 3.7.1.1. Comparaison architecturale avec les autres maisons du quartier. BADAWY 1953, p. 1. PICARDO 2015, p. 244. Voir toutefois infra pour des nuances apportées au cas des maisons de Karnak.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

677

Au cours de la dernière grande phase architecturale du secteur (phase 14), le personnel cultuel ne forme plus qu’une partie des résidents du quartier qu’il partage désormais avec des artisans470. Aussi, ledit quartier ptolémaïque a pu évoluer vers un statut plus ambigu. Le temple n’est alors plus délimité par le rempart du Nouvel Empire, mais par l’enceinte de Nectanébo Ier. Le plan du quartier est toujours bien organisé, quoique différemment471. Surtout, le statut social des occupants de ces nouvelles maisons s’est fortement diversifié. Les activités artisanales qui s’y déroulaient – notamment sculpture, faïencerie, travail du cuivre et tissage – pouvaient relever de l’institution du temple, mais ce n’était peut-être pas le cas pour toutes les industries recensées. J. Lauffray suggère une cohabitation entre artisans et prêtres et explique que deux termes grecs semblent s’appliquer aux « maisons ptolémaïques » : κατάλυμα, désignant des logements attribués temporairement à un fonctionnaire ou à un artisan, et, παστοφόριον, maison de fonction pour les desservants d’un temple472. Dans sa discussion sur les sanctuaires ptolémaïques et romains du Delta, F. Leclère signale que des constructions au caractère résidentiel ou industriel s’installent de plus en plus dans les limites définies par les enceintes sacrées, « malgré leur reconstructions successives » et « comme si les quartiers résidentiels et industriels avaient peu à peu ‘pris le dessus’ sur les temples »473. Il cite en exemple les découvertes archéologiques faites à Bouto, Tanis et Bouto d’Arabie474. La prolifération des décrets d’asylie datant de la deuxième moitié de l’époque ptolémaïque démontrent quelque peu la perte d’autorité des temples qui ont du mal à faire face aux intrusions extérieures475. Cette période de crises socio-économiques et politiques que traverse la dynastie lagide n’épargne pas le monde des temples, bien au contraire. Toutefois, il ne faut vraisemblablement pas interpréter les maisons ptolémaïques de Karnak comme des constructions élevées plus ou moins légalement dans l’enceinte du temple,

en des temps troublés476. À propos des ateliers relevés dans l’enceinte sacré de Tanis, J. Yoyotte commente que l’on y pratiquait « des industries d’art légères, dans le temple et pour le temple », « lieu de ces techniques sacerdotales qui furent une des bases de l’alchimie »477.

470

481

471

472

473 474 475

Supra, Chapitre IV, § 1.1.3.1. Renouveau du quartier : reflet d’une transformation sociale. Sur l’architecture et l’organisation du quartier à la phase 14 : supra, Chapitre I, § 4.3. L’organisation du quartier à la phase 14. LAUFFRAY 1995, p. 340. Termes définis dans HUSSON 1983, p. 133-134 et 221-222. LECLÈRE 2008, p. 669. Ibid., p. 217, 460-463 et 513-514. GORRE 2003, p. 39 et note 101.

1.3.1.2. Des maisons de service Une discussion à propos de la nature de trois maisons, représentées sur une paroi du temple d’Aton à Karnak et habitées par des desservants ou des adeptes du culte d’Aton, avait mené C. Traunecker à opposer trois statuts : demeure privée, maison de service et demeure de fonction478. À la fin de son analyse, il conclut que les maisons amarniennes appartenaient à la dernière catégorie, c’est-à-dire des habitations allouées à des détenteurs de hautes fonctions, leur servant de résidence principale pour eux et leur famille479. De par leur situation au sein du temenos et le devoir de pureté qui régissait le quotidien des prêtres pendant leur service cultuel480, les maisons du quartier des prêtres ne constituent pas les demeures permanentes ou principales pour les prêtres et leur famille. Elles correspondent plutôt à des logements de fonction temporaires occupés par des prêtres en office, sans leur famille481. À la suite de D. Berg482, F. Leclère souligne que la présence de ces maisons de service dans les sanctuaires est avant tout connue par les textes où elles sont désignées sous le nom de st n ḥwt-nṯr, « place dans le temenos » (d’après des papyri démotiques de la Basse Époque provenant d’el-Hiba), ou encore de παστοφόριον à l’époque grecque (d’après un papyrus grec de Tebtynis

476

477 478 479 480

482

De même, F. Leclère pense que le phénomène qu’il illustre avec les cas de Tanis, Bouto et Bouto d’Arabie « dépasse celui des occupations illicites » (2008, p. 669). YOYOTTE 1967-1968, p. 101. Voir aussi LECLÈRE 2008, p. 669. TRAUNECKER 1988, p. 89-90. Ibid., p. 89. La pureté « est la condition sine qua non de la pratique rituelle » : COULON 2018a, p. 213. Voir aussi infra, Chapitre IV, § 1.3.3. Pratiques rituelles, et, § 2.2.1.1. Espèces animales : préférences et tabous religieux dans le sacrifice et la consommation des prêtres. Un texte du temple d’Esna informe que le personnel du temple devait purifier son corps « du contact féminin par une abstinence de neuf jours » : SAUNERON 1962, p. 340 ; 1988, p. 47. Les prêtres ne pouvaient donc pas être accompagnés de leur épouse. Ces maisons de service doivent être clairement distinguées de « la demeure civile permanente (pr) qui se trouvait hors enceinte et où l’officiant installait sa famille » : LECLÈRE 2008, p. 667. BERG 1987, p. 47 note 3.

678

CHAPITRE IV

par exemple)483. Il ajoute que « sur le plan archéologique, il n’y a guère qu’à Karnak, à l’est du Lac sacré, que plusieurs édifices de ce type […] ont pu être identifiés »484. Il existe des précédents plus anciens, notamment les villes dédiées au culte funéraire de pharaons de l’Ancien et du Moyen Empire. La « ville » de la pyramide de Néférirkarê à Abousir (Ve dynastie), par exemple, accueillait une petite communauté de prêtres et autres personnel associés au culte485. B. Kemp rappelle à leur propos que ces prêtres ne travaillaient au sein du complexe que pour une période limitée et que le personnel vivant dans ces maisons devait tourner régulièrement, au rythme du service cultuel de chaque subdivision de phylè486. Nous avons déjà rappelé que le sacerdoce n’est pas une charge continue dans la majorité des cas487. Le service cultuel est assuré par rotation de quatre phylès dès le Moyen Empire, cinq phylès dès 238 av. J.-C.488. L’organisation du clergé en phylès permet un roulement des serviteurs du culte à chaque mois lunaire. Des indices matériels de ce système de rotation sont peut-être fournis par les scellés du quartier des prêtres de Karnak. Comme l’ont démontré les études de larges corpus de scellés provenant de sites urbains, la distribution d’un type de motif ou d’un titre peut apporter des informations utiles pour éclairer les systèmes administratifs ou socio-économiques en place, et les procédés bureaucratiques sous-jacents. Prendre en compte le ou les types de revers associé(s) permet d’aller plus loin dans l’analyse. L’interprétation du matériel sigillaire se heurte, toutefois, à plusieurs obstacles489. Tout d’abord, les pratiques de scellement n’obéissent pas forcément aux mêmes règles. Les protocoles évoluent chronologiquement et géographiquement, et peuvent différer d’un type de bâtiment à l’autre au sein d’un même site. Ensuite, tous les scellés ne relèvent pas exclusivement d’opérations officielles, mais parfois de transactions privées. Enfin, leur contexte de découverte n’est pas forcément proche de l’endroit où les scellés étaient 483 484 485

486 487 488

489

LECLÈRE 2008, p. 667. Ibidem. La « ville » compte neuf maisons, chacune de plan différent, mais toutes construites côte à côte entre un mur d’enceinte interne et le temple de la pyramide : KEMP 2006, fig. 72. Ibid., p. 203-204. Supra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. À l’époque romaine, en revanche, le prêtre se voue entièrement au service des dieux et il lui est normalement interdit d’exercer une autre activité : BUSSI 2005, p. 338 et note 2. Voir par exemple : PICARDO 2015 (part. p. 263-264) ; WEGNER 2018.

initialement appliqués. Malgré ces difficultés, il nous semble déceler quelques pratiques spécifiques, y compris dans l’attribution des logements. L’analyse des revers des scellés de la Zone 7 a révélé que 66% d’entre eux scellaient des portes ou des coffres, et dans une majorité de cas (68%), il s’agit d’empreinte de sceaux privés de prêtres (tableau 24, fig. 326). On apposait sans doute ces scellés soit directement sur la porte d’entrée de la maison, soit sur des coffres rangés au sein de la maison et contenant des affaires personnelles de l’officiant490. Cette surreprésentation de scellés de porte ou coffre n’est pas unique au quartier des prêtres de Karnak. On la rencontre par exemple, dans divers habitats relevant d’institutions royales du Moyen Empire, telle la ville de WꜢḥ-swt à Abydos491. Les maisons de la ville du culte funéraire de Sésostris III sont cependant envisagées en partie comme des résidences familiales, logeant le personnel du temple et leur famille, parfois sur plusieurs générations492, ce qui n’est pas le cas des maisons des prêtres de Karnak. Au contraire, les scellés du complexe de la reine Khentkaoues II à Abousir, avant tout recueillis dans les magasins mais aussi dans les maisons des prêtres, concernent principalement des bouchons de jarres ; moins nombreux sont les scellés de porte et encore plus rares sont les scellés de boites et de papyrus493. Or ces maisons sont interprétées comme des maisons de service. Le contexte de découverte des scellés de Karnak apporte des renseignements supplémentaires. Les scellés provenant des phases 12 et 14 sont mis de côté, car ils proviennent exclusivement de dépotoir ou de remblais. Ceux de la phase 13, en revanche, sont issus de contextes souvent plus pertinents. La distribution spatiale des types de scellés indique des concentrations spécifiques et une distinction nette de l’utilisation de l’espace entre la moitié nord et la moitié sud de la Zone 7 (fig. 420)494. Une grande majorité des scellés arbore des titres de prêtres (en bleu sur le plan). Ce sont ceux qui possèdent le plus de doublons, indiquant une fréquentation assidue du secteur par les individus mentionnés. Certains des scellés très fragmentaires avec

490

491

492 493 494

Sur cette hypothèse : supra, Chapitre III, § 2.2.1.2. Les objets scellés. PICARDO 2015, p. 260 et fig. 11.9 (cas du bâtiment E) ; WEGNER 2018, p. 249. PICARDO 2015, p. 257. VERNER 1995, p. 130-131. Un scellé portant une inscription hiéroglyphique ne figure pas sur ce plan : il provient du sondage S3E, conduit au nord de la rue, au niveau de la maison IV.

x=964

M53

y=3296

Fo1 (x1) (x1) (x7) (x4) (x3)

(x10) (x3) (x1)

(x14)

(x5) (x3) (x4)

(x19)

(x3)

VII

(x5)

(x2) (x7)

(x4) (x2)

(x5) (x1)

(x2)

(x1) (x1)

(x1)

Rue

ST30 (x11)

VIII (x1)

Rempart

IX? N

Légende : briques crues

Accès

pierre

(x1)

(x5)

Place

(x2) (x2)

terre cuite limite de fouille restitution

ST34 (x1)

Types de scellés titre de prêtre

M78

autre inscription

y=3266 x=946

0

5

10 m

Fig. 420. Distribution spatiale des types de scellés à la phase 13

motif

680

CHAPITRE IV

une autre inscription appartiennent probablement à cette catégorie, mais on ne peut en être certain (en vert). Nombre des scellés inscrits ont été trouvés dans de bons contextes de la pièce d’entrée des maisons VII et VIII, dans la rue les desservant à l’ouest, ou encore dans les réserves-cuisines situés à l’arrière, à l’est. D’autres concentrations au sein de ces maisons appartiennent à des niveaux de dépotoir lorsque ces maisons étaient abandonnées (e.g. pièces centrales et arrières du corps du logis de la maison VII). Le reste du matériel sigillaire inclut des scellés avec hiéroglyphes à valeur prophylactique, des motifs floraux, géométriques ou autre (en rouge). Un peu moins du quart des exemplaires de cette phase porte un décor sans inscription et il s’agit à chaque fois d’exemplaires uniques. Même s’ils sont attestés au sein des maisons, dans la portion de rue les desservant et à l’arrière de la maison VII, leur nombre est moindre. En revanche, ils sont majoritaires au sud de la Zone 7, combien même ce secteur n’a livré qu’une poignée de scellés. Ils sont difficiles à interpréter. Certains d’entre eux pourraient indiquer des personnes de rang inférieur appartenant au personnel du temple, mais nous manquons de parallèles contemporains pour les interpréter495. L’absence complète, ou presque, de scellés dans la « maison IX » et au niveau de la place est saisissante. La préservation moindre de leurs vestiges n’explique pas totalement ce phénomène qui est plutôt révélateur d’un usage différencié de ces espaces. Quelques contextes fermés ont fourni l’identité de prêtres différents. Le cas le plus éloquent est celui du four ST30, situé à l’arrière de la maison VIII (fig. 421)496. Il a été utilisé au moment de l’état 1 (fig. 114-116) et a été condamné à l’état suivant de l’espace. Dans son comblement, onze empreintes de sceaux ont été trouvées. Les scellés portent tous sans exception des titres de prêtres. Cinq scellés (matrices n°49 et 50) concernent Pa-sheri-n-aset, prophète d’Amon dans Karnak et grand prêtre-ouâb du pieu sacré. Deux scellés mentionnent un certain Heri[-snf ?], prophète de Montou (n°61). Deux 495

496

Discutant l’intérêt à accorder à ces scellés, C. von Pilgrim observe : « […] some names were so popular and widespread in specific towns, that it would have been difficult to distinguish low ranking owners of a seal from others only by their names. An ornamental pattern, however, guaranteed an unmistakable identification of the seal owner » (VON PILGRIM 2001, p. 169). Voir cependant le commentaire de N. Picardo : « non-literal designs can be viable only up to a certain breadth of activity and number of participants » (PICARDO 2015, p. 262). Sur ce four : supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII.

scellés évoquent un autre prophète de Montou, mais son nom est Djed-?-iouf-ankh497 (n°68). Un dernier prophète de Montou a laissé son scellé, mais son nom n’est pas conservé (n°67). On dénombre enfin un scellé avec le titre incomplet de père divin et prophète (n°79). Ceux dont les revers sont bien préservés ont servi à sceller des portes ou des coffres. La présence concomitante de tels scellés, appartenant à des prêtres divers, dans un contexte si particulier, nous semble significative. Elle illustre, à notre avis, l’utilisation d’une même maison par plusieurs prêtres dans un temps relativement limité. De même qu’une maison pouvait servir à plusieurs prêtres, de même un prêtre pouvait occuper des maisons différentes. Si les scellés au nom du stoliste de Thèbes Hor-kheb proviennent surtout de la maison VII, un scellé a été retrouvé dans la maison VIII (fig. 331 n°74-77). Pa-sheri-n-aset a laissé des témoignages de sa présence dans la maison VII et la maison VIII (fig. 330 n°45-50). Le prophète de Montou Heri[-snf ?] est également présent dans les deux maisons (fig. 330 n°61). Si ces cas sont correctement interprétés, alors un prêtre ne se voyait pas forcément attribuer le même logement à chaque fois, et, une demeure pouvait être assignée à des prêtres différents – et voués à diverses divinités – dans un temps limité. Ces conclusions se basent sur des observations faites dans deux maisons de prêtres uniquement, puisque la « maison IX » et la place présentent des configurations distinctes. Aussi doivent-elles être suivies avec prudence. La fouille de maisons supplémentaires, tout en conservant la discipline d’un tamisage complet des sédiments archéologiques, permettraient de confirmer, ou non, ces suppositions. Ces hypothèses vont un peu à l’encontre de ce que laissaient présager les fouilles anciennes. Les maisons I et II sont dotées de chambranles inscrits remployés et ont pu abriter le même prêtre au cours de sa vie au service des dieux du sanctuaire dans une phase plus ancienne de ces bâtiments : Ankhefenkhonsou fils de Nespaherenmout pour la maison I, et, Ameneminet pour la maison II. C. Traunecker avance même l’idée qu’après la mort du prêtre, ce sont ses descendants qui bénéficient du logement. Il dit en effet que la stèle

497

Dans le nom, le signe ankh est porté par un personnage assis, probablement une divinité à tête hiéracocéphale, avec disque solaire sur la tête. Les noms de Djed-montou-iouf-ankh, Djed-hor-iouf-ankh ou de Djed-khonsou-iouf-ankh sont possibles. Ils sont tous attestés : RANKE 1935, 411, 3 ; 411, 17 et 412, 4.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

681

Fig. 421. Groupe de scellés provenant du comblement du four ST30 – © Cnrs-Cfeetk/ A. Chéné et A. Masson-Berghoff

682

CHAPITRE IV

tardive de la maison I, au nom d’Ankhefenkhonsou fils de […]-pasefy, évoque un descendant lointain d’Ankhefenkhonsou fils de Nespaherenmout498. Cela signifierait que cette maison, reconstruite, aurait abrité les officiants d’une même famille sur plusieurs générations499. Cette assertion ne peut être prouvée puisque Ankhefenkhonsou fils de […]-pasefy n’est pas connu par ailleurs, et le nom d’Ankhefenkhonsou est en outre un nom assez commun. Même s’il est vrai que la prêtrise est une fonction généralement héréditaire500, rien n’indique qu’une maison de service pouvait aussi se léguer (contrairement à une résidence de fonction principale comme celles de WꜢḥ-swt à Abydos discutées plus haut). Quoi qu’il en soit, le caractère particulier des maisons I et II a été souligné auparavant : leur architecture plus spacieuse et les chambranles inscrits à leur porte d’entrée les différencient des autres maisons du quartier des prêtres. Ces divergences peuvent s’expliquer soit par la datation plus ancienne de leur construction, soit par le statut particulier de leur occupant dans la hiérarchie sacerdotale501. L’organisation dans l’attribution d’un logement a pu varier suivant le statut du prêtre, permanent ou temporaire. Pour les prêtres de première importance, comme le grand prêtre d’Amon, on peut imaginer qu’il disposait d’un logement particulier qu’il gardait pendant toute la durée de sa charge. Pour les autres, surtout ceux dont le service cultuel ne dépassait pas trois fois un mois par an, les maisons du quartier ont dû changer de propriétaire tous les mois. Dans le cas contraire, ces maisons seraient restées vacantes le reste de l’année, une hypothèse moins probable. Enfin, le statut des maisons a tout à fait pu évoluer entre le début de la TPI et l’époque saïte, ce qui va de pair avec l’évolution du statut du clergé thébain. Nous avons déjà discuté comment les prêtres ont été dépouillés d’une partie de leur autorité et comment maintes responsabilités autrefois détenues par le clergé d’Amon ont été récupérées par l’institution de la divine adoratrice502. Les maisons de 498

499

500 501 502

« La stèle dressée dans la cour de la maison a été dédiée par un descendant et homonyme du fondateur » : TRAUNECKER 1993, p. 92. C. Traunecker replace l’Ankhefenkhonsou du chambranle (fils de Nespaherenmout) à la XXIe dynastie. L’Ankhefenkhonsou de la stèle (fils de […]-pasefy) doit avoir vécu entre la fin de la XXVe et la XXVIe dynastie, d’après le style de la stèle : supra, Chapitre III, § 9.1. Les indices d’une occupation dès la Troisième Période Intermédiaire. SAUNERON 1988, p. 50. Supra, Chapitre IV, § 1.1.1.2. Les données de l’archéologie. Supra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes.

la phase 13 répondent peut-être à de nouvelles règles d’attribution. Quant aux maisons du quartier ptolémaïque, il est possible que l’on ait conservé ce système de roulement mensuel pour les prêtres. Rappelons ici la mention d’une phylè sur un des scellés de la phase 14 (fig. 337 n°150). 1.3.2. Caractère résidentiel des maisons Ces demeures n’abritent pas la famille du prêtre. Elles servent avant tout de logement au prêtre seul, le temps qu’il accomplisse son service cultuel. Selon l’avis de certains égyptologues, les aménagements nécessaires à sa vie quotidienne se réduisaient au strict minimum. La présence d’une réserve et d’une cuisine au sein de ces maisons a ainsi parfois été contestée. Pour M. Tosi par exemple, ces maisons étaient dénuées de tout aménagement superfétatoire, car les prêtres devaient vivre dans des « conditions d’austérité et de rigueur »503. Plus nuancé, C. Traunecker propose que les maisons des prêtres sont des demeures « très simples, dépendantes des magasins du temple » et ajoute que les maisons de prêtres de Karnak sont dotées de petits réduits cuisine/ réserve, mais ne comportent pas de four ni de grenier individuel504. Il suppose ainsi que le domaine économique du temple était à même de fournir aux desservants du culte une nourriture déjà largement préparée. Les nouvelles fouilles livrent cependant des éléments qui viennent réviser en partie ce postulat. Des installations et du mobilier sont prévus dans les maisons pour dormir, ranger et stocker (des affaires personnelles du prêtre ?), et surtout cuisiner. L’analyse de ces équipements procure un aperçu nouveau sur la vie quotidienne des serviteurs des dieux. 1.3.2.1. Dormir De rares vestiges de la phase 13 du secteur confirment que les prêtres se reposaient dans ces maisons. Ils proviennent essentiellement du sol incendié de la pièce E de la maison I505. Une natte carbonisée reposait sur ce sol, associée à des objets en bronze. Des bagues en forme de chapiteau, qui contenaient encore des fragments de bois carbonisé à l’intérieur, ornaient probablement les montants d’un lit ou d’un guéridon et

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TOSI 2000, p. 101. TRAUNECKER 1988, p. 89, note 102. Supra, Chapitre III, § 8.3.1. Éléments provenant de contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie.

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un petit cylindre en bronze, conservant lui aussi un fragment de bois calciné à l’intérieur, a dû servir de « sabot de protection à l’extrémité inférieure des mêmes montants » (fig. 395 n°1-2)506. Les nouvelles fouilles n’ont pas fourni d’éléments similaires. Toutefois, le corps principal des maisons VII et VIII n’a pas été incendié, aussi la présence éventuelle de lit ou encore de chevet en matériau périssable, ne peut être démontrée. Il est par ailleurs probable que le mobilier en bois n’aurait pas été abandonné puisqu’il s’agit d’une commodité prisée507. Les deux petites pièces contiguës situées au fond de la plupart des maisons du quartier – maisons I, II, VI et VII – sont souvent désignées comme des chambres508. Notons néanmoins que la natte de la maison I provient d’une pièce différente. Des pièces de vie, y compris des espaces de repos, ont pu aussi être installées à l’étage509. Aucune des maisons n’est dotée ou n’a conservé de plate-forme ou de mur bas pour un lit, comparable par exemple à ceux de la maison 6 dans le quartier des « villas ouest » de Malkata (fig. 149d) et des maisons des ouvriers à Amarna (fig. 152c)510. 1.3.2.2. Ranger et stocker Des rangements étaient prévus au sein des maisons. Une niche creusée dans le noyau de l’escalier de la maison I a servi d’armoire. Elle a été plus tard condamnée et, derrière le bouchage en briques, des vases ont été retrouvés en place511. Des étagères étaient également aménagées. Dans la chambre D de la maison I, un encastrement dans les murs a été interprété comme l’emplacement d’une étagère. Des cavités de 6 cm de diamètre sont alignées à 1 m du sol et placés à intervalle irrégulier sur le parement intérieur de deux côtés de la pièce512. Les mêmes cavités circulaires étaient visibles dans la maison VI, également dans une des 506 507

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ANUS, SA’AD 1971, p. 225. PECK 2013, p. 81-82. Plus précisément sur les lits et chevets : ibid., p. 87-89. ANUS, SA’AD 1971, p. 222 et 228. Supra, Chapitre I, § 3.7.1.1. Comparaison architecturale avec les autres maisons du quartier. Supra, Chapitre I, § 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites. ANUS, SA’AD 1971, p. 220. Nous n’avons malheureusement aucune information à propos de la forme des vases et de leur éventuel contenu. Ibid., p. 224. Il ne faut pas confondre ces cavités avec les trous de boulins observés dans les maisons VII et VIII. Ces derniers relèvent de la pose d’échafaudages lors de la construction des maisons et non de leur aménagement intérieur : supra, Chapitre I, § 3.2.1.1. Observations générales sur la maison VIII.

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chambres arrière. Dans le quartier ptolémaïque, des placards creusés dans le mur intérieur des maisons ont parfois été relevés513. Des conteneurs en matériau périssable, comme le mobilier en vannerie ou bois, n’ont pas laissé de traces directes sur le terrain. Mais l’existence de coffres est suggérée par les nombreux scellés dont les revers indiquent qu’ils étaient originellement appliqués soit à des coffres soit à des portes (fig. 326). Céramiques exceptées, le stockage des denrées a laissé relativement peu de témoignages. Une fosse sans accès a été mise au jour au nord du vestibule B de la maison I514. P. Anus et R. Sa’ad, silencieux sur son contenu, y ont reconnu une réserve, « mi cachette, mi chambre froide », en se basant sur des exemples d’architecture moderne en briques crues. Certaines maisons datées du règne de Ramsès III (1187-1157 av. J.-C.) à Médinet Habou présentaient une fosse comparable qu’U. Hölscher interprétait également comme un aménagement pour conserver les provisions515. Mesurant 70 sur 80 cm et 25 cm de profondeur, elle était creusée dans le mur de la pièce arrière des maisons les plus proches de l’enceinte interne (fig. 151a)516. Des caches sont aussi parfois ménagées sous les sols des maisons du quartier ptolémaïque, comme par exemple la maison D qui en compte deux : la première, dont le contenu est inconnue, est creusée en sape sous le mur nord de la pièce 2 et semble se prolonger jusque sous le sol de la maison H ; la seconde, creusée sous le niveau de sol dans le mur nord de la pièce 5, a fourni une bouteille, un pot à base annulaire et une coupe à pied dite à encens (LS 720 à LS 722)517. La présence de silo est rarement attestée. À l’arrière de la maison VI, P. Anus et R. Sa’ad ont identifié une sorte de petit silo rempli de grains de blé calcinés518. Les nouvelles fouilles n’ont révélé qu’une structure, fort arrasée, qui a pu assumer ce rôle et elle est localisée en dehors des maisons, sur la « place » au sud du quartier (fig. 125 et 136)519.

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Par exemple, dans la courette de la maison C et dans la pièce 2 de la maison D : LAUFFRAY 1995, p. 321 et 326. ANUS, SA’AD 1971, p. 228. HÖLSCHER 1951, fig. 15 et p. 16. Supra, Chapitre I, § 3.7.1.2. Comparaison avec d’autres sites. LAUFFRAY 1995, p. 326. Les dessins publiés sur la fig. 23 de l’article ne correspondent pas aux fiches objets et aux dessins les accompagnant. ANUS, SA’AD 1971, p. 235. Supra, Chapitre I, § 3.5.1. Premier aménagement de la « place ».

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CHAPITRE IV

La fonction de salle de stockage a été relevée au moins pour l’état 5 de l’espace arrière de la maison VII520. Lorsque cette réserve était en service, le corps du logis de la maison VII était abandonné et converti en dépotoir. Mais la maison VI, encore en fonction, y avait accès. Le sol incendié de la réserve a conservé un ensemble important de céramiques et d’objets des plus variés. Cette réserve était bien ordonnée et équipée (fig. 93 et 95). Tout au nord, un rayon en Acacia nilotique521 était inséré dans le parement ouest du rempart. Plus au sud, trois piles en briques crues, érigées à distance égale contre le rempart, supportaient peut-être une étagère. De grandes jarres de stockage, pour lesquelles une capacité de 62 litres a pu être restituée, étaient réparties par paire entre chaque pile. 328 graines calcinées, avant tout de l’orge, ont été découvertes non loin de ces larges conteneurs (fig. 209)522. Le stockage de denrées alimentaires était donc possible au sein des maisons, mais en quantité relativement restreinte, probablement rationnée. En effet, ces espaces n’étaient pas totalement dévolus à leur stockage. Une multitude d’artefacts plus ou moins précieux étaient entreposés dans les réserves incendiées à l’arrière des maisons VI et VII. En plus d’un assemblage céramique des plus diversifiés, les objets incluent pesons, sculpture et vaisselles en pierre, bijoux et amulettes en grand nombre, ainsi que des cuillères d’offrande raffinées en os et en pierre qui étaient destinées comme cadeaux lors des festivités du Nouvel An523, au même titre que la gourde du Nouvel An en faïence recueillie sur le même niveau incendié (fig. 93, 94b-d, 96-98, 153-161 et 379). Ces objets prouvent que les prêtres ne se contentaient pas du strict minimum et vivaient dans des conditions loin d’être austères524. 1.3.2.3. Cuisiner et consommer L’activité culinaire est celle qui a laissé le plus de témoignages525. Une pièce préposée à la cuisine a 520 521 522

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Supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII. Supra, Chapitre II, § 1.4.2. Bois travaillé. Supra, Chapitre I, § 1.2.3. Maison VII : le sol incendié de la réserve (fin XXVIe-début XXVIIe dynasties). Sur ces cuillères : BULTÉ 2008. Sur la vision idéalisée de la « pieuse solennité » des prêtres égyptiens notamment héritée des auteurs grecs : VOLOKHINE 2018, p. 64-67. Les restes alimentaires, composés d’ossements et de graines, ont été retrouvés dans des quantités assez importantes dans la Zone 7 : supra, Chapitre II, § Les plantes et les animaux. Ils reflètent le régime particulier des prêtres sur lequel nous

souvent été identifiée dans les maisons du début de la Basse Époque. La présence de matériel de mouture et d’aménagements destinés à la cuisson des aliments indique que l’on y préparait les repas en partant des matières brutes. Le vaste répertoire de la vaisselle domestique recueillie aux phases 12 à 14 illustre toutes les étapes, depuis le stockage jusqu’à la consommation de nourriture et de boisson, en passant par la préparation et la cuisson des aliments. L’activité de mouture au sein des maisons Le matériel macrolithique de la Zone 7 se rapporte, pour l’essentiel, à une activité de mouture526. Les outils de mouture sont constitués d’un seul mortier, et de plusieurs meules et broyeurs dont l’action combinée permet de concasser ou pulvériser toutes sortes de matières. S. Guérin qui a conduit leur étude a observé que la majorité des meules comme des broyeurs a été abandonnée après une utilisation intense et une usure maximale (tableaux 34 et 37). En effet, la surface des meules est bien souvent entièrement ou partiellement lustrée, et, en général, seuls de gros fragments ayant appartenu à des pièces entières nous sont parvenus. Aucun broyeur n’offre non plus de surface de travail entièrement piquetée. En se basant sur la morphologie et la taille des outils ainsi que sur l’état de leur surface, 84,5% de l’effectif (49 sur 58 spécimens) semblent avoir été employés dans le broyage de condiments, du moins dans leur phase ultime d’utilisation. Les matériaux dans lesquels ont été confectionnés les meules et broyeurs sont un critère déterminant pour établir la fonction initiale des outils. En roche dure (granit, quartzite, diorite), ils sont généralement assignés au broyage des céréales, tout du moins dans un premier temps. En pierre plus tendre (calcaire, grès), ils servent plutôt à la mouture de condiments. Or, l’immense majorité des meules de la Zone 7 a été réalisé dans des roches dures et c’est le cas aussi pour plus des trois quarts des broyeurs (tableaux 32 et 35). Aussi, S. Guérin en déduit que ces outils ont été soit utilisés jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus être productifs (car devenus trop petits pour une bonne prise en main), soit systématiquement

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reviendrons plus en détail : infra, Chapitre IV, § 2.2.1. Offrandes des dieux, nourriture des prêtres. Ici, c’est surtout l’équipement des maisons qui nous intéresse. Supra, Chapitre III, § 3.2. Étude du macro-outillage. Nous ne faisons ici que rappeler brièvement les conclusions principales de cette étude et replacer les éléments ayant servi à l’activité culinaire dans leur contexte de découverte.

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recyclés dans le traitement des condiments. L’utilisation technique de broyons et de meules ne doit pas être totalement écartée, surtout à la phase 14 du secteur où des activités industrielles ont été relevées. À Terenouthis, par exemple, les outils de broyage ont été interprétés comme associée à la production de faïence, utilisés pour moudre du verre pour la glaçure527. Outre le matériel de broyage, S. Guérin a répertorié d’autres types d’outils témoignant de la vie quotidienne, la plupart sans doute en relation avec une activité culinaire528. C’est le cas tout d’abord des percuteurs, nécessaires pour boucharder les surfaces de travail des meules et des broyeurs à céréales dans le but de les raviver. Les tables de travail, ensuite, comptent parmi les instruments destinés à certaines préparations alimentaires (e.g. la planche à découper du boucher), quoiqu’elles aient pu aussi avoir un usage plus technique (e.g. travail du cuir). La catégorie des abraseurs et aiguisoirs, enfin, est utile pour le ravivage des lames métalliques (couteau de cuisine ?) ; ces outils permettent aussi la réalisation de certaines industries osseuses (épingles, aiguilles, poinçons, etc.). Dans les cas où un outil peut relever aussi bien d’une activité culinaire que d’une activité industrielle, le contexte de découverte aide parfois à préciser sa fonction. Quelques outils ont fait l’objet de découvertes in situ. Dans les premiers dégagements du quartier des prêtres, P. Anus et R. Sa’ad mentionnent la découverte de deux meules dormantes, à chaque fois non loin d’une structure de cuisson (four, fourneau), l’une dans la cour E de la maison III529 et l’autre dans l’espace arrière de la maison VI530. Des meules rotatives ont également été mises au jour dans la pièce avant de la maison IV (fig. 53) et à l’arrière de la maison V (fig. 145-146). Une grande pierre ronde a été identifiée avec circonspection comme une meule, dans la maison F du quartier ptolémaïque531. Le matériel macrolithique des nouvelles fouilles provient avant tout de dépotoirs formés par des rejets domestiques, tout particulièrement au sein des maisons VII et VIII, mais aussi dans des fosses de dépotoir creusées dans la rue (Rue 3) et dans le bâtiment J avant le réaménagement à la sous-phase 14b. Des niveaux de sol de la phase 13 ont produit quelques exemplaires en place. La mouture de céréales et/ou de

condiments semble être l’usage privilégié de ces outils. Un premier cas, mais qui ne provient pas d’une maison, est celui d’une petite meule en quartzite (7715.1), découverte sur un sol (SOL28) de la « place » au sud de la Zone 7 (fig. 126 et 137)532. De nombreux fragments de plats à pain (dokka) et un four, qui contenait entre autres de nombreuses graines de céréale calcinées, lui étaient associés. Le tout suggère la production de pain dans cette aire ouverte. Un autre exemple est un niveau de sol (SOL7) de la pièce B de la maison VII, qui a livré deux broyeurs en granit (fig. 70). Le premier est un broyeur supposé à céréales (7308.4) et le deuxième un percuteur-broyeur qui a vraisemblablement été d’abord utilisé comme percuteur avant d’être recyclé comme broyeur à condiments (7308.16). Des éléments architecturaux sont parfois détournés et transformés en outil de mouture. C’est le cas d’une base de colonne en calcaire remployée en meule à condiments (fig. 81a, 7154.17) provenant du sol SOL5, à l’état 2 de l’espace arrière de la maison VII (fig. 79-80). Elle a pu servir dans la préparation de sauces ou de médicaments533. Toujours dans l’espace arrière de la maison VII, mais à l’état 3, le sol SOL2 a fourni un assortiment assez conséquent d’outils macrolithiques (fig. 87 et 422)534. D’après les traces d’usure, le premier outil (7097.15), confectionné dans un granit rose-rouge très dense, a dû servir à broyer. Le second (7097.17), en granit gris, a pu également servir de broyeur, mais sa forme grossièrement trapézoïdale l’apparente aussi à un peson. Le troisième (7097.16) est un bloc en grès transformé en table de travail. Les stries plus ou moins parallèles qui apparaissent sur la longueur du bloc pourraient être interprétées comme des traces de découpe (pour la viande ?). Le dernier élément (7097.14) est un bloc architectural en granit rose. Comme la base de colonne transformée en meule à condiments, il est possible que l’on ait aussi voulu réutiliser ce bloc en roche dure en un outil, mais aucune trace d’usure spécifique n’est préservée. L’espace est alors pourvu d’un four à pain. Aussi, combien même certains outils pourraient revêtir diverses fonctions, leur relation avec une activité culinaire semble des plus vraisemblables. Le mobilier macrolithique du quartier des prêtres présente ainsi des cas diversifiés de recyclage.

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NENNA, NICHOLSON 2013, p. 133. Supra, Chapitre III, § 3.2.2. Autres outils répertoriés. ANUS, SA’AD 1971, p. 232. Ibid., p. 235. LAUFFRAY 1995, p. 334.

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Cet exemplaire n’a pas été examiné par S. Guérin, car la meule a été collectée après sa mission d’étude. Supra, Chapitre III, § 3.2.1.3. Catégories fonctionnelles du matériel de broyage. Pour une description plus détaillée de ces outils : supra, Chapitre III, § 3.2.1. Le matériel de broyage.

CHAPITRE IV

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Fig. 422. Matériel lithique recueilli sur le niveau de sol SOL2 à l’arrière de la maison VII – © Cnrs-Cfeetk/ G. Bancel n°68906

La cuisson des aliments Les maisons de la phase 13 bénéficiaient d’installations diverses pour la cuisson. P. Anus et R. Sa’ad signalent un four, non loin d’une meule, dans la cour E de la maison III535. L’espace arrière de la maison VI, qui servait de réserve, était également équipée pour la cuisine avec un fourneau536 et divers ustensiles en bronze, dont une louche et une pince à charbons (fig. 395 n° 3). Les nouvelles recherches archéologiques accroissent largement le nombre connu de ces aménagements dans le secteur. Tout d’abord, les maisons VII et VIII étaient dotées de fours individuels. Un four a été installé à l’état 3 de l’espace arrière de la maison VII (fig. 82-83 et 87)537, et un autre four occupait l’état 1 de l’espace arrière de la maison VIII

(fig. 114-116)538. Avec leur structure circulaire en terre cuite entourée de briques crues ou d’une bonne épaisseur de mouna, ils appartiennent à une catégorie commune des fours généralement utilisés pour la cuisson du pain. Ensuite, divers foyers aménagés ont été découverts pour l’état 2 de la maison VIII (fig. 117)539 et sur le seul niveau de sol fouillé pour la maison IX (fig. 120-122)540. Deux d’entre eux étaient sans conteste en relation avec la préparation d’aliments. La structure rectangulaire ST27 à l’arrière de la maison VIII contenait des graines, des restes de préparation alimentaire (peut-être une bouillie de grains) et des ossements calcinés parmi les cendres de son comblement, tandis que le petit foyer 1 de la maison IX a conservé un repas complet, composé d’un mélange d’orge, de blé

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ANUS, SA’AD 1971, p. 232. Ibid., p. 235. Sur Fo1 : supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII.

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Sur ST30 : supra, Chapitre I, § 3.2.2.2. Espace arrière de la maison VIII. Sur ST26, ST27, ST28 et ST29 : supra, Chapitre I, § 3.2.2.2. Espace arrière de la maison VIII. Sur les foyers 1 et 2 : supra, Chapitre I, § 3.3.2. Stratigraphie de la maison IX.

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et surtout de légumineuses. D’autres fours encore ont été mis au jour, telles les batteries de fours découvertes à l’intérieur du secteur entouré par le grand mur M53 (fig. 143-144) ou encore les fours aménagés au niveau de la « place », ST21 (fig. 130 et 137) et ST34 (fig. 129 et 139). Ces derniers n’étaient pas peut-être pas à l’usage direct des prêtres occupant les maisons puisque celles-ci étaient souvent déjà dotées individuellement de fours ou autres installations pour la cuisson. Quant aux batteries de fours, leur situation les place en dehors du quartier résidentiel des prêtres. Leur destination sera abordée dans la discussion sur les secteurs sis au sud du lac Sacré et sur leurs relations avec le quartier des prêtres. Les maisons du quartier ptolémaïque n’ont pas conservé d’aménagements similaires, témoignant peutêtre d’une organisation différente. Le foyer carré, mis au jour dans la pièce 2 de la maison B, a pu être associé à des activités culinaires et/ou artisanales. Son pourtour était rempli de cendres qui contenaient des ossements, un fragment de mortier et un plat à pain541. Mais des objets en rapport avec la faïencerie ont également été découverts sur le sol de cette maison, notamment des saggars (fig. 384)542. D’après J. Lauffray, le rez-de-chaussée de la maison B était dévoué à l’artisanat tandis que l’étage devait avoir une vocation plus résidentielle543. L’existence de cet étage, non préservé, est déduite par la présence d’un escalier, comme c’est le cas pour les autres maisons du quartier ptolémaïque. Faut-il restituer une cuisine à l’étage ou sur la terrasse aménagée de ces maisons plus tardives ? Une autre hypothèse serait d’identifier une cuisine communautaire dans l’ensemble G, un complexe mis au jour à l’est du rempart et contemporain du quartier ptolémaïque544. Il est constitué de quatre pièces construites assez pauvrement (fig. 189, 191 et 423-424). La pièce la plus éloignée du rempart préservait six grandes structures circulaires en terre cuite qui ont été interprétées avec prudence comme des fours ou des silos (fig. 192)545. La destination de ce complexe demeure incertaine. Même s’il était utilisé comme cuisine pour

les besoins des prêtres et du temple546, on ne peut démontrer qu’il pourvoyait à la subsistance des habitants du quartier ptolémaïque. En général, des branchages auxquels est rajouté du fumier animal sont utilisés comme combustible dans les fours à pain : les premiers pour produire un feu rapide mais éphémère, le deuxième pour le faire durer547. Cependant, C. Newton n’a identifié aucune trace de fumier animal et il semble que seul du bois et des charbons de bois alimentaient le feu nécessaire à ces structures de cuissons548. Les charbons de bois d’acacia prévalent dans maints contextes de la phase 13 (tableaux 8 et 9). L’absence d’animaux à proximité combiné au système d’approvisionnement du temple pourraient expliquer cette spécificité. La situation rappelle, par exemple, celle des ouvriers de Deir el-Médineh pour lesquels l’état fournissait le matériel essentiel à la vie quotidienne549. Des ostraca relatant des livraisons de bois renseignent que le combustible pour la cuisine, le chauffage et d’autres usages, forme une de ces nécessités550. Vaisselle d’usage domestique La céramique, mobilier archéologique prévalent à toutes les phases, renseigne également sur les vaisselles utilisées dans le cadre de la cuisine et de la consommation de nourriture et de boisson dans le quartier551. Jarres, amphores et bouteilles aux capacités variées servaient au stockage et/ou au transport des denrées et des liquides. Les vases à verser sont bien représentés avec des pichets, cruches et leur forme hellénisée oenochoai. Des récipients destinés aux préparations culinaires, principalement des jattes et des bols-jattes, ont été découverts en bon nombre au sein des maisons. Les récipients de cuisson, souvent identifiés par des traces de feu sur leur paroi externe, présentent des formes diverses, allant de bols ou pots de cuisson aux jarres-marmites en passant par les caccabai et les lopadès hellénistiques. La céramique en relation avec la fabrication du pain est des plus communes des

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LAUFFRAY 1995, p. 315-316, fig. 10. Supra, Chapitre III, § 7.1.4. Production locale de vaisselle en faïence. LAUFFRAY 1995, p. 316. Il précise que les pièces 2 et 3 ont un usage artisanal (ibidem). Ibid., p. 336. Voir aussi supra, Chapitre I, § 4.4.1.1. Comparaison architecturale avec les bâtiments du quartier ptolémaïque. LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1975, p. 28.

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Comme le suggérait C. Grataloup (1989, p. 67). DEPRAETERE 2002, p. 138. Supra, Chapitre II, § 1.4.1. Combustible. Comme le soulignait par exemple B.S. Lesko, « the government supplied not only housing and grain rations but also firewood, fish and vegetables, water and oils for cooking, lighting, and anointing themselves […] » (LESKO 1994, p. 22). KITCHEN 2008, p. 468-470. Supra, Chapitre III, § 1. Céramique.

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CHAPITRE IV

Fig. 423. Vue générale de l’ensemble G, depuis l’enceinte de Nectanébo à l’est – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6496

Fig. 424. L’ensemble G depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Bellod n°6455

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phases 12 à 14 : elle est avant tout représentée par les dokka (plats à pain), mais aussi par des moules à pain ce qui est remarquable dans des contextes aussi tardifs. D’autres ustensiles incluent couvercles et supports, mais aussi pots à pigeon et fire-dogs. Enfin, la vaisselle de table ne fait pas défaut, avec une grande quantité de coupes, bols, gobelets, plats et assiettes. Dans les maisons récemment fouillées, plusieurs de ces catégories figurent souvent ensemble sur des niveaux d’occupation bien préservés. Parmi les poteries en place sur un sol de la maison VIII (pièce D, SOL34), on recense des fragments de dokka, un bol-jatte et une coupe contenant de nombreux charbons (fig. 104 et 106). Les céramiques sont parfois associées à du matériel de broyage. Par exemple sur un niveau de sol de la maison VII (pièce B, SOL7), des jarres, deux gobelets placés sur des supports annulaires, des coupes, une marmite et des fragments de dokka ont été trouvés près d’un broyeur à céréales et d’un percuteur-broyeur (fig. 68 et 70). Des récipients destinés à la préparation culinaire ont été trouvés non loin de structures prévues pour la cuisson des aliments. L’état 2 de l’espace arrière de la maison VIII, qui présente plusieurs foyers aménagés, a conservé deux bols-jattes sur son sol (SOL35), en plus d’un bol et d’une coupe (fig. 117) ; l’un des bols-jattes a été transformé en pelle, peut-être pour récolter cendres et charbons (fig. 285 n°3). Les sols associés à l’état 3 de l’espace arrière de la maison VII (SOL2 et SOL3), alors équipé d’un four à pain, n’ont pas fourni de telles céramiques. Mais le remblai les séparant a livré un moule à pain presque complet (fig. 275 n°1). Le ravitaillement des ouvriers de Deir el-Médineh prévoyait un certain nombre de poteries552. À Karnak, dans la mesure où l’institution du temple devait équiper ces maisons pour les besoins et le confort du prêtre, on peut s’interroger sur l’approvisionnement en céramiques : avait-elle des fournisseurs particuliers, passait-elle des commandes en céramiques spécialisées ? Le répertoire typologique du quartier est suffisamment diversifié pour répondre aux besoins courants des prêtres. On observe, toutefois, une surreprésentation de certains types – essentiellement les coupes dites à encens mais pas seulement – tant et si bien que leur fonction première semble avoir été détournée, peut-être pour pallier les déficiences dans la provision de certaines vaisselles553.

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KITCHEN 2008, p. 470-473, A.321, A.324, A.326, A.327, A.328, A.330 et A.331. Quelques réflexions sur ce sujet sont offertes dans MASSON 2013. Voir aussi infra, Chapitre IV, § 1.3.3.2. Mobilier à connotation religieuse.

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La fonction de cuisine a ainsi été clairement identifiée lors des anciennes et des nouvelles fouilles des maisons du quartier des prêtres occupées au début de la Basse Époque (phase 13). C’est généralement le rôle du réduit situé entre l’arrière des maisons et le rempart, un réduit qui pouvait combiner d’autres fonctions comme celle de réserve. Il n’est pas rare non plus de trouver des installations ou du mobilier en rapport avec l’activité culinaire aussi bien dans le corps du logis que dans l’espace arrière d’une même maison. En apparence, une organisation distincte se dessine pour la phase suivante du secteur. L’architecture et l’économie intérieure des « maisons ptolémaïques » diffèrent de celles des maisons précédentes, et leurs occupants ne sont plus uniquement des prêtres, mais aussi des artisans. La destination du quartier ayant évolué, les dispositions concernant l’approvisionnement de nourriture, son stockage et sa préparation ont pu également être modifiées. Aucune cuisine individuelle n’a été reconnue dans les maisons du quartier ptolémaïque. L’utilisation d’un espace commun pour la cuisine des occupants de ces maisons – ensemble G situé à l’est du rempart – est une possibilité. Toutefois, les vestiges de la phase 14 dans la Zone 7 sont si pauvrement conservés que des aménagements de type four ou foyer ont très bien pu ne pas être sauvegardés. En outre, l’analyse du mobilier macrolithique et céramique découverts dans le quartier ptolémaïque démontre que des repas y étaient aussi préparés et consommés. Aussi n’est-il pas inconcevable de restituer des cuisines à l’étage ou sur les toits aménagés de ces maisons. 1.3.2.4. Dépendance, partage et approvisionnement : quelques réflexions sur les équipements du quartier Une diversité d’aménagements et de mobiliers nécessaires à la vie de tous les jours ont été révélés par les fouilles du secteur. Le caractère résidentiel des maisons est particulièrement clair à la phase 13 (Basse Époque, surtout XXVIe dynastie). Même si peu de témoignages archéologiques sont conservés, on sait que les prêtres dormaient dans les maisons. Surtout, les ustensiles liés aux activités culinaires sont plus substantiels que ce qui avait été autrefois supposé. Ces données reflètent une organisation spécifique dans la distribution de la nourriture aux desservants du culte qu’une comparaison avec d’autres habitats dépendant d’institutions officielles permet d’éclairer. L’analogie avec les maisons d’ouvriers du Nouvel Empire est ici privilégiée.

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CHAPITRE IV

Les maisons du village de Deir el-Médineh et du Walled Village à Amarna sont souvent équipées pour préparer toute sorte de mets culinaires, notamment le pain qui est à la base du régime alimentaire des Égyptiens. Chaque étape du processus dans la fabrication du pain réclame un équipement spécifique réduisant l’espace de vie d’une maison. L’attirail se compose de mortiers qui permettent de récupérer les graines des épillets554, de meules pour moudre le grain en farine et enfin de fours pour cuire le pain. Les cuisines à ciel ouvert de Deir el-Médineh sont dotées d’un mortier enfoncé dans le sol, d’un pétrin, d’un bassin, d’un four à pain et d’un fourneau ou simple foyer, ainsi que de vaisselles pour les préparations culinaires555. On retrouve plus ou moins les mêmes ustensiles à Amarna556, mais l’étude de D. Samuel a démontré une disparité dans la distribution de l’équipement complet de base – mortier, meule et four à pain557. La maison 2/3, la plus grande du secteur ouest, comptabilise les trois, chacun occupant une pièce différente : un mortier dans la pièce avant, l’emplacement de la meule dans l’annexe à l’ouest, associé à un second mortier et le four à pain dans une des pièces du fond de la maison. Les maisons sans mortier individuel avaient parfois accès à des mortiers placés dans la rue les desservant. Dans ce cas, elles devaient partager des facilités communales pour récupérer les grains des épillets, mais possédaient l’équipement nécessaire pour moudre le grain en farine. Lorsque les ustensiles n’étaient pas disponibles dans la portion de rue immédiate, les voisins pouvaient partager les équipements. C’était a priori le cas des petites maisons 24 et 26 : la première possédait un mortier, la seconde l’équipement nécessaire pour moudre le grain en farine. En apparence, seule la moitié des maisons était équipée de fours. Il est possible que cette proportion soit faussée par la conservation des maisons : dans un cas au moins, le four était installé sur le toit d’une maison, Gate Street 8. Néanmoins certaines maisons, comme la maison voisine Gate Street 9, en étaient vraiment dépourvues. Aussi un partage de l’équipement était vraisemblable entre ces deux

maisons. D. Samuel conclut toutefois que ces échanges restent limités et les installations communales peu utilisées. La plupart des maisons étaient indépendantes dans la production du pain car elles étaient avant tout ravitaillées par l’état. Et cet approvisionnement centralisé amenait une certaine indépendance pour chaque propriété, au statut socio-économique similaire. Conduire une telle analyse sur le quartier des prêtres à Karnak n’est pas aisé sur la base des quelques maisons fouillées. Il n’est pas assuré que chaque maison possédait la totalité des aménagements de base, surtout au cours de leur longue occupation. La maison VII, par exemple, n’était dotée d’un four qu’à l’état 3 de son espace arrière. Une coopération entre certaines maisons ou l’utilisation d’installations communales est possible. La structure ST5 mise au jour dans la rue entre les maisons VI et VII (fig. 134-135)558 et les aménagements de la « place » ont pu jouer ce rôle559. Un équipement communal aurait permis de libérer un peu d’espace dans ces maisons à la taille relativement modeste. Mais le personnel du temple était fort nombreux et ces installations auraient pu également servir à ceux qui travaillaient dans le sanctuaire sans bénéficier d’une maison. Dans le quartier sont attestés aussi bien des cas de grains nus, c’est-à-dire déjà décortiqués (fig. 209), que des résidus de balles de blé amidonnier560 et de rachis d’orge vêtue (fig. 212-213). Aussi, C. Newton estime que l’approvisionnement du temple se faisait sous forme d’épillets et que le décorticage se faisait très probablement sur place au sein de la maison ou bien à l’échelle d’un groupe de maisons561. Les mortiers étant rares dans le quartier, la deuxième proposition paraît plus censée. Le matériel indispensable à la préparation des repas est souvent concentré à l’arrière des maisons dans les villages des ouvriers, mais pas exclusivement562. Les maisons du Walled Village à Amarna présentent de nombreuses occurrences d’aménagements dans les pièces avant, mais aussi dans les ruelles les desservant, voire à l’extérieur du village. Dans le quartier des prêtres, les structures de cuissons ou les foyers, ainsi

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Supra, Chapitre II, § 1.3.1.1. Blé et orge, les deux mamelles de la céréaliculture égyptienne. Chaque épi est constitué d’une vingtaine d’épillets contenant chacun plusieurs grains et chaque grain est protégé par plusieurs enveloppes dures qui forment la balle (fig. 218-219). Ces enveloppes assurent une certaine protection contre les insectes (SALAVERT, TENGBERG 2006, p. 125). BRUYÈRE 1939 ; VALBELLE 1985, p. 119 et 260-261. PEET, WOLLEY 1923, p. 73-91. SAMUEL 1999.

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Supra, Chapitre I, § 3.4.2.4. SOL21 : quatrième niveau de rue ou aménagement secondaire de SOL22 ? À Tell el-Herr, des fours à pain sont souvent installés au sein des maisons, mais aussi dans des espaces communs, dans les rues ou les places (MARCHI 2014, p. 66). Le blé dur est totalement absent de l’échantillonnage du secteur, y compris pour les contextes ptolémaïques. Supra, Chapitre II, § 1.3.1. Céréales. KEMP 1987, p. 40-46 ; SPENCE 2015, p. 90-91, fig. 4.5.

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que le matériel de mouture trouvé in situ, sont le plus souvent découverts dans l’espace arrière des maisons. C’est le cas des maisons V, VI, VII et VIII, et peut-être celui des maisons I, II et III563. Mais ils le sont aussi parfois dans une des pièces du corps du logis, comme les cas répertoriés dans les maisons III, IV, VII et IX, ce qui démontre une certaine flexibilité et multifonctionnalité des espaces de ces maisons564. Nous avons également signalé la présence d’équipements pour des activités culinaires en dehors des maisons, dans la rue et sur la « place ». À Deir el-Médineh, une cave était parfois ménagée depuis la cuisine et la présence de silos est documentée, mais il ne s’agit pas de larges silos pour entreposer de vastes quantités de grains565. Le village des ouvriers disposait également d’une chambre forte où étaient entreposés matériel et réserves de vivres ainsi que d’un grenier pour garder les surplus de céréales566. Bien que des traces de petits jardins et des enclos pour des animaux (particulièrement pour l’élevage de porcs) aient été trouvés au sein du Walled Village à Amarna, il est peu vraisemblable que les ouvriers possédaient des terres pour la culture567. L’approvisionnement devait être exclusivement fourni par l’état. Avec le temps, le stockage et certaines activités culinaires ont migré du village vers les chapelles communales568. Une aire de dépôt, située au sud du village, indique que l’approvisionnement alimentaire était centralisé pour tous les résidents. D’après P. Anus et R. Sa’ad569, les prêtres vivant dans le quartier d’habitations à Karnak se nourrissaient « des reliefs des dieux » et, par conséquent, n’avaient pas besoin d’un stockage trop important, ni de trop d’ustensiles, ni d’espace pour préparer la cuisine. Une certaine dépendance vis-à-vis des magasins du temple 563

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Les espaces arrière des maisons I et II ont été condamnés dans un deuxième état, probablement à la suite d’éboulements du rempart. Les archéologues supposaient que ces espaces avaient servi de réserve ou de cuisine dans leur premier état, mais ils n’ont rien trouvé in situ pour corroborer leur hypothèse (ANUS, SA’AD 1971, p. 231). Quant à la maison III, les archéologues ont interprété son espace arrière comme une cuisine, car il conservait en place un support de vase et une grande jarre encastrés dans un sol dallé (ibid., p. 232). Sur les questions de multifonctionnalité de l’architecture égyptienne : MOELLER 2015 ; SPENCE 2015. KEMP 2006, p. 329. VALBELLE 1985, p. 90 et 148. KEMP 2006, p. 331, pl. 10. KEMP 1987. ANUS, SA’AD 1971, p. 237.

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transparaît effectivement dans l’absence de structures de stockage conséquentes. Avec des possibilités de stockage limitées, il fallait fréquemment renouveler la provision des denrées. Et, nous verrons ultérieurement qu’une corrélation avec les offrandes du temple est aussi perceptible dans l’étude des restes alimentaires découverts dans la Zone 7570. Les nouvelles recherches ont montré, toutefois, que les prêtres recevaient leur ration en denrées brutes non transformées. L’élaboration des repas se faisait au sein des maisons, y compris la mouture des céréales et la cuisson du pain. La situation était comparable à Deir el-Médineh comme à Amarna où l’état ne prodiguait pas aux ouvriers le pain et la bière, mais la matière première (les céréales) pour qu’ils se préparent à manger : « baking (and brewing) was a normal domestic skill »571. Une personne pouvait être chargée de ces opérations pour un groupe, une pratique attestée au Nouvel Empire572. Par exemple, des textes informent que des femmes venaient par roulement proposer leur service à Deir el-Médineh, notamment pour préparer la farine du pain573. Il est raisonnable de penser qu’à Karnak des serviteurs se chargeaient de ces tâches en faveur des prêtres. Peutêtre est-il opportun de rappeler ici que le Manuel du Temple contient une glose sur les préposés au broyage des céréales, qui se situent assez bas dans l’échelon des serviteurs du temple574. 1.3.3. Pratiques rituelles Les prêtres se devaient d’accomplir quotidiennement leur devoir cultuel envers certaines images divines ou royales, ou certaines enseignes sacrées, abritées dans les nombreux temples, chapelles et autres bâtiments religieux que comptent le domaine de Karnak. En tant que logements pour les prêtres durant leur service cultuel, la présence d’équipements en relation avec la piété personnelle de leurs occupants et l’exercice de leur charge ne serait pas surprenante. La nature religieuse ou rituelle d’installations et de matériel dans la

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Infra, Chapitre IV, § 2.2.1. Offrandes des dieux, nourriture des prêtres. KEMP 2006, p. 190. Ibidem. VALBELLE 1985, p. 123. On est bien renseigné sur les divers occupants et serviteurs de la maison. On sait que les maisons des ouvriers abritaient la famille de l’ouvrier (femme, enfants, parfois proches parents). Il ne s’agit pas de maisons de service, mais de résidences principales. QUACK 2003, p. 16.

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CHAPITRE IV

sphère domestique se révèle, cependant, parfois équivoque575. Les quelques aménagements et ustensiles pour lesquels une destination liturgique est proposée ont pu participer soit à la pratique de cultes au sein de la maison, soit à une étape préalable au culte exercé à l’intérieur ou à l’extérieur de celle-ci. Tout témoignage de pratique cultuel mis au jour lors des fouilles ne relève pas forcément de la vie quotidienne des prêtres dans leurs maisons de service. Une partie du mobilier pourrait provenir de bâtiments voisins du secteur résidentiel, ce que l’on peut parfois démontrer lorsque suffisamment d’informations contextuelles sont disponibles. De plus, les artisans qui occupaient certaines demeures du quartier ptolémaïque ont pu s’adonner à de telles pratiques, une conjecture difficile à contester ou confirmer. 1.3.3.1. Aménagements d’ordre cultuel au sein des maisons Les structures que l’on interprète volontiers comme des autels domestiques peuvent arborer diverses formes, tailles, matériaux et traitements. À Amarna par exemple, mises à part de rares exceptions – dont l’autel du grand prêtre Panehesy, totalement en pierre et présentant un décor élaboré – les « autels domestiques » sont plutôt confectionnés en briques crues et leur surface a parfois préservé un enduit blanc576. Ces plates-formes sont généralement de plan rectangulaire de taille très variable et conservées entre 0,25 et 0,90 m de hauteur. Dans un tiers des cas environ, ces plates-formes sont associées à un petit escalier. Une sorte de parapet bas entoure le bord de certaines de ces structures. Dans la région thébaine, des « autels » ont été identifiés par exemple dans des maisons occupées au Nouvel Empire et/ou à la TPI à Deir el-Médineh577, Malqata578 et Médinet Habou579. Ils sont généralement installés dans la pièce 575 576

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STEVENS 2006, p. 22. Sur les autels domestiques d’Amarna incluant de nombreux parallèles : STEVENS 2006, p. 219-234. Les fameux « lits clos », auxquels on accède par quelques marches, sont souvent accompagnés de peintures à la thématique surtout cultuelle : BRUYÈRE 1939, p. 55-64 ; VALBELLE 1985, p. 118 ; MESKELL 1998, p. 222-223 ; KOLTSIDA 2006. Structures situées dans des maisons du Village Nord : LACOVARA 1997, p. 49 (XVIIIe dynastie). Plates-formes rectangulaires basses, associées à des marches découvertes dans des maisons datées de la fin de la XVIIIe dynastie : HÖLSCHER 1939, p. 68-69, fig. 54 et 56. D’autres platesformes similaires ont été observées dans des maisons datées de la TPI : HÖLSCHER 1954, p. 7, fig. 4-6, pl. 6l. Ces derniers exemples sont le plus souvent construits en briques crues, mais

d’entrée d’une maison. Il s’agit le plus souvent de plates-formes plus ou moins élevées, généralement bâties en briques crues et dotées de quelques marches ou d’une rampe permettant d’y accéder. Mais elles peuvent aussi prendre la forme d’un piédestal ordinaire. L’association de mobilier et/ou d’iconographie à connotation cultuelle est fort utile pour supporter l’hypothèse d’une utilisation rituelle. En leur absence, certaines installations peuvent être tour à tour interprétées comme des témoins de pratiques sacrées ou bien profanes. Une étude contextuelle, notamment prenant en compte l’emplacement de l’aménagement au sein de la maison, peut toutefois apporter des indices dans l’analyse de structures ambigües. Les habitations du secteur des prêtres à Karnak illustrent tout autant des cas évidents de pratiques rituelles que d’autres beaucoup plus difficile à interpréter. La nature religieuse de l’ensemble mis au jour dans la pièce d’entrée de la maison I laisse peu de doute (fig. 394)580. La stèle du prêtre Ankhefenkhonsou fils de […]-pasefy était encore en place, liée au mur oriental du fond de la cour par un mortier de terre (fig. 399). Elle surmontait une petite structure en briques crues élevée sur un large bloc en calcaire réutilisé. Près d’elle, gisaient un bassin en grès et divers ustensiles en bronze de qualité – un sceau, un brasero et ce qui semble être un encensoir. La cour d’entrée de la maison I a pu abriter des cérémonies de purification et d’offrandes, utilisant notamment l’eau et l’encens. Les autres maisons de la phase 13 n’ont pas fourni d’ensembles à la connotation cultuelle aussi probante. La petite structure rectangulaire en briques crues qui occupe l’angle nord-ouest de la pièce d’entrée de la maison VIII, ST13, avait peut-être une fonction religieuse (fig. 99 et 101). Des constructions comparables ont été identifiées comme des autels581. Le mur contre lequel « l’autel » a été érigé n’est conservé que très peu au-dessus de ST13, aussi ne peut-on affirmer si une niche et/ou une stèle le sommait. Aucune trace d’enduit n’est visible sur ST13 et il n’y a pas de marche pour conduire à cette petite plate-forme, mais le bord de la

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un exemplaire est en pierre. Ils sont le plus souvent situés dans une pièce munie d’un portique soutenu par deux colonnes. Supra, Chapitre I, § 8.3.1. Éléments provenant de contextes XXVIe-début XXVIIe dynastie. Par exemple, une installation découverte à Lischt : STEVENS 2009, fig. 2.

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structure est légèrement surélevé. Des rituels de purification ou de libation ont pu y prendre place, même s’il n’y a aucun système de drainage apparent582. Ce postulat expliquerait les nombreux cristaux de sel qui se sont formés sur la surface interne de la structure, un phénomène que nous n’avons observé sur aucune autre structure en briques crues du quartier. Un fragment de bassin a été trouvé dans son comblement ce qui pourrait indiquer que ST13 servait de socle à un bassin. Néanmoins, un large fragment de bassin sans structure associée a aussi été découvert contre la paroi est de cette même pièce d’entrée, au niveau de la porte P9 (fig. 99 et 102) et il n’est pas impossible que le fragment dans ST13 y ait été déposé à un moment où la structure n’était plus en activité. De même, nous supposons que les ossements humains et animaux trouvés en son sein (fig. 111) ne sont pas à mettre en relation avec son usage premier (le contraire serait très étonnant !), mais plutôt avec l’abandon de la structure et du quartier en général583. Tout aménagement dans la pièce d’entrée ne doit pas forcément être interprété comme un autel ou autre installation liturgique. Par exemple, un usage pratique a été proposé pour la structure très peu élevée ST4 et sa reconstruction ST3 bâties dans la pièce d’entrée de la maison VII (fig. 63 et 72)584. Leur agencement et leur emplacement – avec l’accès à la salle principale juste derrière – font penser à un aménagement limitant l’infiltration de la poussière de la cour ou de la rue plus avant dans la maison585. Une destination similaire a été proposée pour une autre petite structure d’une brique d’épaisseur, ST23, qui se situait juste en face de la porte d’entrée de la maison VIII et à l’opposé de l’installation plus élevée et a priori rituelle ST13 (fig. 99).

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Contrairement, par exemple, à l’autel domestique érigé dans la cour d’une maison du début du Nouvel Empire dans la forteresse nubienne d’Askout : un petit autel bas en briques crues, érigé en face d’une niche contenant une stèle, était aménagé avec un drain en céramique positionné au-dessus de vases enterrés, destinés à recevoir les libations : STEVENS 2011, p. 731, fig. 45.4. Notamment sur la base de parallèles plus ou moins contemporains à Qasr ῾Allam : COLIN, ADAM, PRANJIC 2014. Pour plus de détails, voir supra, Chapitre I, § 3.2.2.1. Corps principal du logis de la maison VIII. Supra, Chapitre I, § 3.1.2.1. Corps principal du logis de la maison VII. Sur diverses stratégies employées pour réduire la quantité de poussière dans l’habitat égyptien : ARNOLD 2015.

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Dans le « quartier ptolémaïque », J. Lauffray a avancé une vocation cultuelle pour quelques structures586. C. Boutantin les a récemment signalées comme des aménagements délimitant un espace sacré à l’intérieur de la maison587. Elles ont en commun d’être réalisées en pierre de taille et de présenter une mise en œuvre soignée. L’identification du mobilier archéologique associé et d’autres installations jusqu’ici non commentées permet de corroborer l’existence de pratiques religieuses dans ce quartier tardif. Les premières structures sont établies dans la pièce 3 de la maison D, la plus grande des quatre pièces que compte le rez-de-chaussée, située directement à l’ouest de la cour d’entrée588. Une niche (en rouge sur le plan), que J. Lauffray interprète comme l’allège d’une fenêtre, est réservée dans son mur occidental et deux tables basses rectangulaires (en bleu sur le plan) occupent les angles sud-ouest et nord-est de la pièce (fig. 425 n°1). Les tables présentent un agencement similaire, mais sont de tailles différentes : d’après les plans, la table nord-est mesure au minimum 1,285 m sur 1,065 m et la table sud-ouest 0,85 m sur 0,62 m. La plus petite des deux est la mieux conservée (fig. 425 n°2). Fondée sur des assises de briques crues, elle est composée de quatre dalles en grès qui sont bordées sur l’extérieur par des dalles posées en délit. Les parties des murs contre lesquelles la table est construite sont agrémentées d’un placage pariétal sommé d’un tore et d’une corniche à gorge. La surface de la seconde table est plâtrée. Selon J. Lauffray, ces tables auraient peut-être servi à recevoir des offrandes589. Aucun objet ne peut être attribué à cette pièce. Rappelons néanmoins la découverte d’un modèle de sculpteur représentant un buste masculin et d’une petite statuette ithyphallique d’Horus l’enfant (fig. 368 n°1 et 3) dans d’autres pièces de cette maison590. La maison F présente une salle – la pièce 1 – dont le traitement architectural particulier lui a conféré le nom d’oratoire (fig. 194, 404 et 426)591. Située au

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Les nouvelles fouilles n’ont pas fourni d’éléments similaires, mais la préservation de cette phase est fort médiocre dans la Zone 7. Voir sa discussion sur les installations associées au culte domestique dans des contextes urbains de l’Égypte gréco-romaine : BOUTANTIN 2014, p. 106-120 (surtout p. 106 sur les maisons de Karnak). LAUFFRAY 1995, p. 326, fig. 21-22, pl. IVb. Ibid., p. 326. Supra, Chapitre III, § 5.1.2.1. Ronde bosse. LAUFFRAY 1995, p. 330-334, fig. 28.

Fig. 425. Installations cultuelles (?) dans la maison D

Fig. 426. Aménagements rituels (?) de la maison F

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CHAPITRE IV

nord-ouest de la maison F, sa position est incertaine dans l’économie intérieure de la demeure dont la partie occidentale est perdue. Mesurant 4 m de large sur plus de 5,5 m de long, elle pourrait constituer une pièce relativement privée de la maison, ou bien la pièce d’entrée car les vestiges indiquent que l’on accédait à la maison F par l’ouest. Contre sa paroi orientale, un dallage en grès de 2,60 m sur 1,15 m forme une sorte de plate-forme (en bleu sur le plan). Il était sans doute autrefois surmonté d’un placage mural en pierre, mais il n’en reste plus que le négatif. Partout ailleurs, les murs enduits à la chaux sont renforcés à la base par des orthostates, scellées aux parois par des goujons en bois. L’interprétation de l’usage de cette salle est délicate. Le dallage bas et fixé au sol dans « l’oratoire » fait penser aux lustration slabs, un équipement redondant des maisons d’Amarna dont la fonction a souvent été débattue. Une analyse contextuelle démontre désormais leur usage rituel, peut-être dans le cadre de libations ou bien de purifications préalables au culte592. Dans 92% des cas, les lustration slabs sont installées dans la cour centrale des maisons, et non dans un espace privé ce qui est généralement le cas des salles de bain593. La présence d’une projection pour l’écoulement de liquide telle qu’elle est attestée sur les lustration slabs n’est pas visible sur la reconstruction de la structure de la maison F, mais une large partie du bord extérieur de la plate-forme n’était pas préservée comme le montre des clichés montrant le dallage en cours de fouille ainsi que son plan (en bleu sur le plan) (fig. 426). Il n’est donc pas impossible qu’un système de drainage existait à l’origine. Toutefois, contrairement aux lustration slabs, il n’y a pas de rebord pour 592

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STEVENS 2003, p. 155 et 160. K. Spence y voit plutôt un support pour des libations et suggère qu’une table ou un autel portatif était peut-être aussi originellement placé sur l’espace dallé pour des offrandes alimentaires et d’encens : SPENCE 2007, p. 287289. A. Gräzer propose un lien fonctionnel entre la lustration slab et la chapelle aménagées dans le même espace de certaines maisons amarniennes : la première aurait permis « une purification préalable au culte », une hypothèse qui « n’est valable que si l’on admet un culte domestique ritualisé » : GRÄZER 2009, p. 52-53. SPENCE 2007, p. 286. Dans les maisons du Nouvel Empire, les salles d’eau sont placées à l’abri des regards ; elles sont munies d’une plaque de douche à collecteur latéral et présentent parfois un sol dallé ainsi que des orthostates à la base des murs. Les lustrations slabs, au contraire, sont placées dans des espaces bien moins intimes, salle de séjour ou plus souvent encore salle de réception ; les dispositifs pour l’évacuation des eaux usées sont souvent bien plus sommaires, ce qui suggère pour A. Gräzer (GRÄZER 2009, p. 45) une « purification partielle du corps » nécessitant moins d’eau.

retenir l’eau. Un aménagement découvert dans un contexte palatial de la fin de la Basse Époque à Tell el-Herr pourrait offrir un élément de comparaison plus proche dans le temps594. Il est formé de dalles de calcaire soigneusement taillées et assemblées, préservées sur le sol et trois parois au fond d’une pièce de 2,30 sur 2,10 m. Divers indices ont démontré cependant que la structure était fermée sur le quatrième côté, ce qui l’éloigne de l’installation de la maison F. Elle a été interprétée comme un bassin pour des ablutions par aspersion, aménagé dans les bains privés qui formaient une annexe du palais595. Plus opportun peut-être est l’exemple du Palais d’Apriès à Memphis dont une petite pièce près de l’entrée était entièrement dallée et dont la base des murs était protégée par des orthostates en pierre calcaire ; cette salle disposait également d’un bassin encastré dans le sol et muni d’une évacuation dissimulée sous le pavement596. Tous ces équipements indiquent clairement que des activités liées à l’eau s’y déroulaient, qu’elles soient d’ordre sanitaires et/ou rituelles597. Les orthosthates généralement protègent les murs en briques crues contre les éclaboussures. Celles de la maison F ne se limitent pas à l’aire du dallage, mais semblent faire le tour de de la pièce 1. Deux monnaies ptolémaïques et deux statuettes d’Osiris en bronze ont été recueillies dans cet espace (fig. 391 n°1-2 et fig. 392 n°1-2). Leur association à cette salle remarquable doit être cependant considérer avec prudence. Les altitudes relevées pour leurs contextes de découverte sont trop basses598. Elles pourraient témoigner d’activités métallurgiques, comme le suggèrent la découverte d’un vase réutilisé pour travailler un alliage cuivreux (fig. 180) et peut-être aussi celle de chapelets d’Osiris en bronze (fig. 392 n°3) dans d’autres contextes du quartier ptolémaïque. Un second large dallage rectangulaire, formé de onze dalles en grès, a été mis au jour dans la maison F (en rouge sur le plan), contre le mur oriental de la pièce 7

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NOGARA 2017, p. 74-82. Ibid., p. 76-81. Aucun système d’évacuation des eaux usées n’était conservé indiquant que la quantité d’eau utilisée était limitée (ibid., p. 80). PETRIE 1909, p. 2, pl. XII. A. Gräzer estime que cette installation, comme le palais, pourrait remonter au Moyen Empire : GRÄZER 2009, p. 39. A. Gräzer suggère là aussi en hypothèse « des rites de purifications » (ibid., p. 42, note 58). Supra, Chapitre III, § 8. Mobilier métallique. Les niveaux pourraient avoir été incorrectement documentés. Autrement, ces objets pourraient provenir d’une fosse de dépotoir profonde ou bien d’un contexte antérieur.

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(fig. 426 n°1)599. Sa possible fonction n’a pas été discutée jusqu’ici. Il est légèrement plus surélevé que celui de la pièce 1600. La fouille de cet espace a fourni une cuillère en bronze – qui a pu servir à brûler de l’encens – ainsi qu’un modèle de sculpteur, mais l’altitude fournie pour cette dernière pièce est trop basse601. Quelques pierres plates ont été relevées sur l’arase du mur, à 1,16 m au-dessus du podium dallé (en vert sur le plan). Selon J. Lauffray, elles forment l’appui d’une petite fenêtre donnant sur la ruelle602. Cependant, comme elles ne sont pas présentes (ou préservées ?) sur l’épaisseur du mur, il pourrait aussi s’agir d’une niche abritant une stèle ou un autre objet de dévotion. Cette hypothèse est étayée par une découverte réalisée dans une autre maison du quartier ptolémaïque, la maison G, située juste au nord de la maison I du quartier des prêtres (fig. 427). Un fragment de stèle (fig. 405 n°3) a été collecté sur l’arase du mur séparant les pièces 4 et 7 (en rouge sur le plan), juste au-dessus d’une structure rectangulaire occupant l’angle sudouest de la pièce 4 (en bleu sur le plan)603. La structure est composée de deux rangées de onze briques crues chacune. S’il ne commente pas sur cette plate-forme,

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J. Lauffray observe que la pièce 4 supplante par sa taille – 6,50 m par 3,50 m – toutes celles rencontrées dans le quartier ptolémaïque604. L’association de la stèle et de la plate-forme suggère une activité cultuelle dans cette grande salle de la maison G. 1.3.3.2. Mobilier à connotation religieuse Une partie du riche mobilier recueilli dans le secteur peut témoigner de pratiques rituelles domestiques et évoquer la piété de leurs habitants605. Encensement, libations et offrandes alimentaires comptent parmi les actes rituels les plus communs opérés devant la statue du dieu lors du service journalier des prêtres606. Une variété de témoignages, notamment archéologiques mais aussi textuels et iconographiques, indiquent que des rites similaires peuvent être conduits dans la sphère domestique607. Des éléments idoines pour leur accomplissement ont été recueillis dans le secteur des prêtres. Cependant ils n’ont pas tous nécessairement été utilisés dans un cadre liturgique. Ils peuvent accessoirement refléter le système d’approvisionnement d’habitations édifiées au sein d’un temple.

Fig. 427. La maison G avec la plate-forme marquée en bleu et l’emplacement de la découverte de la stèle marqué en rouge (plan d’après LAUFFRAY 1995, fig. 30)

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LAUFFRAY 1995, p. 334. L’altitude du dallage de la pièce 7 est mesurée à 79,78 m contre 79,62 m pour celui de la pièce 1. Le seuil des portes de la maison F a été calculé à 79,59 m en deux endroits. Supra, Chapitre III, § 5.1.2.2. Bas-relief et relief en creux. LAUFFRAY 1995, p. 334. Sur la stèle, voir aussi infra, Chapitre IV, § 1.3.3.2. Mobilier à connotation religieuse.

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LAUFFRAY 1995, p. 334. Nous laissons de côté les figurines en terre cuite et les amulettes auxquelles étaient attribuées des vertus apotropaïques et qui ont pu être associées à des pratiques magico-rituelles. Ces sujets sont abordés dans l’étude du mobilier archéologique : supra, Chapitre III, § 4. Figurines en terre cuite, et, § 6. Amulettes. COULON 2018d, p. 42. STEVENS 2006, p. 271-281 ; 2009 ; 2011.

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CHAPITRE IV

Les fumigations pouvaient se faire à l’aide d’ustensiles métalliques dont les maisons de Karnak ont fourni quelques exemplaires608. C’est le cas du brasero et du probable encensoir découverts au fond de la pièce d’entrée de la maison I, non loin d’une stèle, d’un sceau et d’un bassin (fig. 394 n°2). De larges cuillères ont pu aussi être utilisées pour brûler des substances aromatiques au-dessus d’un brasero609. Une première, confectionnée dans un métal identifié comme du plomb, est apparue au niveau de la porte P9 de la maison VIII, près d’un bassin situé tout au fond de la pièce d’entrée (fig. 99, 102 et 391 n°3). Comme pour la maison I, cette association d’objets indique peut-être les actions conjuguées d’encensement et de libation, ou bien de purification par l’encens et l’eau. Une deuxième large cuillère, en bronze, a été trouvée dans la pièce 7 de la maison F, dont l’aménagement particulier a été discutée ci-dessus (fig. 396 n°3 et 426 n°1). De l’encens était peut-être aussi brûlé dans des récipients en céramique communément désignés comme des « coupes à encens ». Ces coupes en pâte alluviale, à base saillante ou à pied, sont attestées à toutes les phases du quartier (e.g. fig. 255 n°8-11, 275 n°8-16, 299 n°1-9 et 314 n°1-8)610. Recueillies par centaines, elles forment une part non négligeable du mobilier archéologique du secteur. Particulièrement bien documentées dans les temples et les tombes, ces coupes servent, en principe, à brûler de l’encens comme l’indiquent les traces de feu ou de résidus noirs qu’elles présentent souvent à l’intérieur611. Une coupe trouvée avec un charbon à l’intérieur sur un sol à l’arrière de la maison VII illustre sans doute cet usage cultuel (fig. 79)612. La majorité des coupes du quartier, toutefois, ne portent aucune trace particulière, dénotant d’autres usages. Selon C. Grataloup, leur présence massive dans ce secteur du temple, en comparaison avec d’autres contextes domestiques contemporains où ces coupes sont rares, serait significative d’usages

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Supra, Chapitre III, § 8.3. Varia. Cette suggestion se base sur des découvertes récentes à ThônisHéracleion, où une large cuillère et un brasero ont été découverts ensemble parmi l’équipement rituel d’un temple : D. Robinson in GODDIO, MASSON-BERGHOFF 2016, p. 176. L’utilisation d’autres formes en céramique ne doit pas être écartée, telle une coupe à bord convexe et fond plat qui exhibe des traces de feu à l’intérieur (fig. 299 n°11). MARCHAND 1996, p. 419 ; DEFERNEZ, ISNARD 2000, p. 181 ; RZEUSKA 2001, p. 327. Supra, Chapitre I, § 3.1.2.2. Espace arrière de la maison VII.

spécifiques aux prêtres613. La fréquence de ces formes pourrait aussi trouver une explication dans le système distributif des sanctuaires. Ces coupes représentent vraisemblablement un ustensile fort usité dans le cadre de pratiques rituelles au sein du temenos d’Amon. Les prêtres qui vivaient dans l’enceinte du sanctuaire devaient y avoir facilement accès et ont pu détourner leur fonction primaire selon leurs besoins. Un usage plus domestique est par exemple attesté pour deux de ces coupes : l’une a été transformée en petit couvercle et l’autre en entonnoir614. Il n’est pas aisé d’identifier l’équipement qui aurait pu servir aux libations. Certaines vaisselles évoquent le profil de conteneurs reconnus pour servir dans de tels rituels. C’est le cas par exemple d’une belle jarre en pâte calcaire, à la surface soigneusement brunie, provenant de la réserve incendiée de la maison VII (fig. 281 n°2) : elle imite des situles de tradition achéménide normalement confectionnées dans des métaux précieux615. De nombreux exemplaires en pâte alluviale ressemblant à des situles miniatures ont été découverts dans le secteur des prêtres, surtout dans les niveaux de la phase 14 (fig. 321 n°1-4). Ces formes qui sont souvent associées à des contextes divins ou funéraires servent, entre autres, aux libations616. Un usage profane est cependant documenté dans au moins un cas du quartier ptolémaïque, le vase miniature servant de bouchon à un grand conteneur enterré dans la cour de la maison C (fig. 321 n°3). Les anciennes fouilles ont produit une louche à long manche terminé par une tête d’oiseau, un profil qui rappelle les simpula utilisés notamment pour les rituels de libations à l’époque gréco-romaine (fig. 396 n°5). L’instrument, préservé en plusieurs fragments, est pourvu d’un bol peu profond, et, son raccord avec le manche est incertain, aussi son usage demeure équivoque. De même, il est difficile de prouver que les bassins en grès trouvés au sein des maisons ou à leur proximité étaient utilisés dans le cadre de purifications ou de libations rituelles, un usage purement domestique pouvant être parfaitement possible617. Le même bassin peut aussi avoir servi à divers usages. Aucun des exemplaires découverts dans le quartier des 613 614 615

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GRATALOUP 1989, p. 86. MASSON 2013, fig. 6-7. Supra, Chapitre III, § 1.3.1.2. Productions en pâte calcaire de la phase 13. Supra, Chapitre III, § 1.4.3.2. Formes fermées. Sur la difficulté d’identifier la fonction des bassins en pierre dans des contextes domestiques : STEVENS 2006, p. 195 et 272.

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prêtres ne portait d’inscription ou de décor qui aurait pu aider dans l’identification de leur(s) fonction(s)618. En revanche, ils sont parfois associés à des installations ou du mobilier cultuels, comme dans les cas précités des maisons I et VIII. Les prêtres ont pu procéder à des offrandes alimentaires dans leur maison de service, notamment sous la forme de petits pains coniques. Des moules utilisés dans leur fabrication et cuisson sont apparus à toutes les phases du secteur (fig. 255 n°1-7, 275 n°1-7 et 298 n°8-14). Leur décor digité unique leur confèrent une valeur particulière. La présence de moules à pain dans des contextes aussi tardifs révèle quelque peu le conservatisme des prêtres. Les offrandes alimentaires étaient peut-être déposées, et les libations versées, sur des tables d’offrandes619. Trois exemplaires ont été découverts au cours des fouilles des années 1970620. Toutefois, leur recontextualisation indique qu’au moins deux ne provenaient pas du quartier résidentiel des prêtres, mais de secteurs voisins. La première table d’offrandes (fig. 406 n°1) peut être replacée non loin de l’ensemble H, un complexe situé à l’est du rempart dont il ne restait guère que les fondations. Les quelques artefacts mis au jour en son sein ou dans son voisinage direct suggèrent qu’il comprenait peut-être une chapelle osirienne (fig. 359 n°2, 387 n°4, 392 n°4, 393 n°1, 3, 6-7 et 406 n°2), ce qui serait inédit dans cette partie du sanctuaire, mais pas impossible. Si cette interprétation est correcte, il est légitime de se demander si les habitants du quartier avaient un accès privilégié à cette chapelle lorsque celle-ci fonctionnait ou si le rempart marquait une limite à la fois physique et symbolique. La deuxième table d’offrandes (fig. 407 n°1) provient d’un grand ensemble architectural sis au sud du lac Sacré, discuté dans la deuxième partie de cette synthèse. La troisième table (fig. 407 n°2), grossièrement confectionnée ou inachevée, a été découverte près de l’angle nord-est du

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A. Stevens relève de nombreux cas de bassins en pierre dont le décor, l’inscription ou encore le contexte de découverte laisse peu de doute sur leur utilisation rituelle : ibid., p. 195. Les tables d’offrandes sont le plus souvent attestées dans des contextes divins et funéraires, mais elles peuvent aussi faire partie du mobilier cultuel au sein des maisons, particulièrement à partir du Nouvel Empire : ibid., p. 195-197 (exemples connus dans diverses maisons à Amarna et Deir el-Médineh). Supra, Chapitre III, § 9.3. Tables d’offrandes.

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lac Sacré dans un sondage qui a produit un matériel chronologiquement hétérogène. Elle se rapproche d’exemples ptolémaïques621 et a pu originellement provenir du quartier ptolémaïque, mais il ne s’agit que d’une hypothèse impossible à confirmer. Quelques stèles devant lesquelles étaient effectués des actes cultuels ont été recouvrées lors des anciennes fouilles622. Une stèle adoptant la forme d’un naos623 a été trouvée in situ au-dessus d’un autel élevé dans la maison I (fig. 399). Elle figure le prophète d’Amon-Rê, Ankhefenkhonsou fils de […]-pasefy, vénérant Amonet, la parèdre d’Amon. Une stèle cintrée fragmentaire a été recueillie sur l’arase d’un mur de refend de la maison G, juste au-dessus d’une plate-forme en briques (fig. 405 n°3 et 427). L’inscription et l’iconographie la mettent en relation avec le culte d’Osiris. Le contexte spécifique des autres stèles n’est pas connu. Sur une petite stèle en calcaire remontant au début de la TPI (fig. 400 n°1), Ankhefenkhonsou fils de Paenhor adresse une prière à Amon-Rê-Noun et mentionne Sokar624. Une autre mentionne le nom d’Amenhotep III (fig. 400 n°2), et une dernière stèle représente Hathor, Horus et une troisième divinité non identifiée devant un vase à libation et des bouquets des papyrus (fig. 403). Il faut enfin signaler deux possibles éléments de stèle. Un fragment en calcaire, gravé d’une représentation d’un bélier (Amon ?) marchant sous un disque solaire ailé, a été recueilli dans une fosse de dépotoir contenant du matériel fin XXVe-début de la XXVIe dynastie (fig. 364 n°3) et aurait pu originellement agrémenter une maison de la phase 12 du quartier. Le même contexte a toutefois produit un modèle de sculpteur (fig. 364 n°1-2), une découverte qui compromet quelque peu cette hypothèse625. Plus convaincant est le petit bas-relief en calcaire provenant de la maison A ou de ses alentours, sur lequel Amon (?) est assis sur un trône en face d’une table d’offrandes et d’un individu assis, difficile à identifier (fig. 368 n°4).

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TEETER 2014, p. 152. Supra, Chapitre III, § 9. Blocs épigraphiés et décorés. La stèle rectangulaire, dotée au sommet d’une corniche ornée de deux uræi adossés à un disque et d’un tore sur trois côtés, trouve un parallèle lointain dans une stèle thébaine en bois, datée du milieu à la fin de l’époque saïte : MUNRO 1973, p. 40 et 227, pl. 12, n°45. PAYRAUDEAU 2010, p. 371. Supra, Chapitre III, § 5.1.1.2. Bas-relief et décor incisé.

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CHAPITRE IV

1.3.3.3. Destinataires et raisons d’être de ces pratiques Sur la base de divers témoignages, A. Stevens suggère à propos des pratiques rituelles au sein des maisons égyptiennes : « images at least of ‘domestic’ divinities and perhaps the house owner (as living person or as deceased) were probably being erected as focal points of veneration »626. Ces remarques peuvent difficilement s’appliquer à une demeure temporaire de fonction, où un prêtre vivait sans sa famille. À qui ou à quoi étaient destinés les rituels pratiqués au sein des habitations sur la rive est du lac Sacré ? Les peintures liturgiques qui ornaient les murs de certaines maisons des artisans à Deir el-Médineh et Amarna étaient souvent l’objet d’activités rituelles627. Particulièrement populaires étaient les représentations de Bès, le gardien de la maison, mais aussi des scènes associées à la fertilité féminine et à l’accouchement. De tels décors n’ont pas été préservés dans le quartier des prêtres à Karnak, mais ils auraient sans doute été inappropriés pour des maisons de service allouées au personnel sacerdotal masculin628. Un fragment de paroi décoré de hiéroglyphes peints a été mis au jour dans un niveau de remblaiement de la rue, daté entre la fin de la Basse Époque et le début de l’époque ptolémaïque (fig. 179). Il est difficile de prouver qu’il constitue un vestige de décor des maisons. Les archéologues signalent seulement un enduit blanc sur le parement des maisons629. Les stèles susmentionnées sont utiles pour déterminer quelle divinité, ou puissance transcendantale, était révérée dans le secteur des prêtres. Elles mentionnent et/ou représentent diverses divinités, notamment Amon, Amon-Rê-Noun et Amonet, mais aussi Hathor et Horus ainsi qu’Osiris et Sokar. Les statuettes découvertes dans le secteur ont pu être l’objet de rituels. C’était peut-être le cas de la statuette ithyphallique d’Horus l’enfant ramassée dans la maison D (fig. 368 n°3) et des deux bronzes d’Osiris trouvés dans la maison F (fig. 392 n°1-2). Ces deux maisons étaient en outre équipées d’installations en pierre remarquables, dont la vocation cultuelle a été précédemment discutée.

Comme nous l’avons vu toutefois, ce postulat doit être évalué avec prudence. Ces statuettes pourraient aussi être les produits d’ateliers en activité dans le secteur630. Ce problème d’interprétation affecte d’autres statuettes de dieux égyptiens découvertes dans le quartier ptolémaïque, un problème souvent exacerbé par l’absence d’information précise sur le contexte et le mobilier associé. En tout cas, les seules représentations de divinités protectrices du foyer mises au jour concernent de petites amulettes qui n’étaient vraisemblablement pas l’objet d’un culte au sein de la maison631. Le culte des ancêtres représente un aspect crucial du culte domestique dans la société égyptienne, particulièrement bien documenté au Nouvel Empire632. Les défunts révérés au sein des maisons bénéficiaient d’offrandes, de libations et d’encensement effectués sur de petits autels ou en face de niches633. Bien que leur culte se poursuit au premier millénaire avant notre ère, les témoignages se font plus élusifs et ne relèvent pas forcément de la sphère domestique634. Les ancêtres forment une part intégrale de la cohésion et de la continuité de la famille635, aussi leur célébration au sein de demeures où les prêtres vivent sans leur famille et dont les occupants changent régulièrement pourrait surprendre. Ce n’était néanmoins peut-être pas le cas des maisons du début de la TPI dont le statut était sans doute sensiblement différent. T. Kikuchi argumente en faveur de la célébration de cultes funéraires au sein des maisons des prêtres à Karnak636. ll base sa démonstration sur l’iconographie et le textes des huisseries du début de la TPI qu’il compare à d’autres maisons contemporaines ou légèrement antérieures, comme celle du scribe Boutehamon à Médinet Habou637. Cette dimension funéraire trouve également un écho dans

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STEVENS 2011, p. 731. KEMP 1979 ; KOLTSIDA 2006, p. 168-169, fig. 2-3. Les parements des maisons des prêtres associées à la pyramide d’Amenemhat III à Dashour étaient décorés, mais sans représentations figurées. Des restes de mouna peinte ont été découverts par Jacques de Morgan : « quelques fragments montrent encore les couleurs ; ils étaient noirs jusqu’à hauteur d’appui, une bande horizontale jaune et rouge limitait la partie sombre du haut qui était peint en jaune » : DE MORGAN 1903, p. 100. ANUS, SA’AD 1971, p. 219 ; LAUFFRAY 1995, p. 318 et 330.

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Supra, Chapitre III, § 5.1.2.1. Ronde bosse et § 8.2. Statuettes en métal. Supra, Chapitre III, § 6.1.1. Divinités. Voir entre autres : DEMARÉE 1983 ; FRIEDMAN 1985 ; EXELL 2008 ; STEVENS 2009, p. 11-12 ; HARRINGTON 2013, p. 65-86 ; MÜLLER 2014, p. 88-90. Ibid., p. 85. MORENO GARCÍA 2016, p. 15. MORENO GARCÍA 2010. KIKUCHI 2002, p. 363-366. Avec les risques grandissants de pillage, les tombes changent de plan et deviennent plus inaccessibles vers la fin du Nouvel Empire. Les chapelles funéraires comme lieux de rencontre entre les défunts, les vivants et les dieux disparaissent, et T. Kikuchi suppose que les maisons privées thébaines semblent désormais remplir cette fonction (KIKUCHI 2002, p. 363-368). Sur le transfert du culte funéraire vers la sphère domestique, voir aussi FITZENREITER 2018a, p. 36 ; 2018b, p. 55.

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la stèle précitée des XXIe-XXIIe dynasties mentionnant Sokar638. Les rituels de purification sont tout aussi centraux dans la pratique religieuse des anciens Égyptiens que l’étaient les rituels d’offrandes639, et, la pureté rituelle forme un des devoirs les plus importants des prêtres, particulièrement le temps de leur service cultuel640. Pour être dignes de servir les dieux, les prêtres devaient obéir à des règles de pureté rigoureuses, tant physiques que morales641. En ce sens, la proximité du lac Sacré était primordiale puisque les prêtres devaient y faire leurs purifications quotidiennes642. Les purifications par l’eau et l’encens, auxquelles les prêtres s’adonnaient probablement au sein des maisons, ont pu former une préparation préalable aux cultes dont ils avaient la charge dans un des édifices religieux du domaine de Karnak. A. Gräzer argumente qu’à l’époque pharaonique, « l’hygiène corporelle, telle qu’elle était pratiquée au sein de la maison, était […] conçue comme un acte à portée rituelle et non uniquement sanitaire », et, que se laver avant tout acte cultuel participe à la ritualisation de la vie des particuliers643. Il est possible que les maisons de Karnak contenaient le nécessaire pour assurer une hygiène irréprochable à ses occupants, que ce soit en installations fixes ou ustensiles portatifs. Mais, les aménagements associés à l’hygiène corporelle sont en général difficiles à identifier au sein des maisons. L’équipement de la pièce 1 de la maison F, ainsi que le sceau en bronze de la maison I et les divers bassins en pierre mentionnés auparavant ont pu jouer un rôle dans la purification rituelle des prêtres. Toutefois, aucune plaque de douche ni large bassin équipé de système de drainage n’a été découvert ou préservé. De même, aucune installation fixe qui aurait pu servir de

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PAYRAUDEAU 2010, p. 371. STEVENS 2006, p. 271. MEEKS 1979b ; DIELEMAN 2005, p. 211-220 ; COULON 2006, p. 11 ; QUACK 2012, p. 122-128. VOLOKHINE 2018, p. 72-74. Voir les devoirs et interdits prescrits dans les « Recommandations aux prêtres », ces inscriptions gravées sur les portes de service empruntées par le personnel cultuel dans divers temples ptolémaïques et romains, récemment compilées et analysées dans LEROUX 2018. Comme nous informent divers témoignages anciens, notamment cités par L. Coulon (2006, p. 17-18, notes 43 et 49) : « les prêtres se lavent deux fois chaque jour à l’eau froide et deux fois chaque nuit » (Hérodote, Histoires II, 37, 6-14) ; « purifie-toi au [matin] dans le lac de son domaine » (Edfou V, 392). À ce propos, voir aussi : LAUFFRAY 1979, p. 197 ; SAUNERON 1988, p. 42. GRÄZER 2009, p. 34 et 46.

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latrine n’a été reconnue dans le secteur des prêtres, mais un dispositif mobile existait peut-être644. Ainsi, les aménagements et le mobilier permettant l’accomplissement de rituels dans la sphère domestique sont relativement bien représentés dans le secteur des prêtres. Ils prennent des formes variées, allant du remarquable au plus humble. L’usage rituel des éléments les plus modestes sont plus difficiles à confirmer. Les maisons ne semblent pas toutes bénéficier d’installations fixes à vocation liturgique, quoique des problèmes de préservation et/ou d’identification peuvent aisément expliquer cet état de fait. Des structures à destination cultuelle se trouvaient peut-être à l’étage ou sur le toit des maisons. La célébration de cultes solaires sur les terrasses aménagées est attestée, par exemple, dans la représentation de trois résidences de prêtres ou adeptes d’Aton645. Du fait de la nature particulière des habitations et de l’identité de ses occupants, les pratiques religieuses attestées dans les maisons de Karnak se différencient partiellement des cultes domestiques connus par ailleurs. Les divinités considérées comme protectrices du foyer sont absentes du secteur, excepté sous leur format amulétique. Quelques vestiges témoignent d’un culte funéraire, mais ce dernier est surtout attesté pour le début de la TPI. Certains des rituels accomplis au sein des maisons peuvent simplement s’expliquer par la nécessité pour le prêtre de rester pur le temps de son service. Les maisons semblent bien équipées pour effectuer des purifications par l’eau et l’encens, même si la fonction réelle d’une partie du mobilier et des installations est parfois ambiguë. 1.3.4. Des bureaux ? Les serviteurs des dieux cumulaient souvent responsabilités cultuelles et administratives, même si cette situation concernait surtout les « prêtres de petits sanctuaires »646. Le temple d’Amon de Karnak, au vu de son 644

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Les maisons dans l’Égypte pharaonique étaient rarement équipées de latrines, consistant en sièges percés fixes ou mobiles : GRÄZER 2011. Mais il n’est pas impossible que des latrines n’étaient pas disponibles à l’intérieur des maisons, car l’urine et les excréments étaient considérés comme des impuretés infâmes par les anciens Égyptiens (GRÄZER 2009, p. 51). La localisation des latrines obéissait à des règles strictes, décrites dans Le Manuel du Temple qui prévoyait une série de latrines à des endroits spécifiques pour le personnel, à l’extérieur du temple proprement dit, pour éviter toute souillure (QUACK 2004, p. 16-17). TRAUNECKER 1988 ; PECOIL 2001. SAUNERON 1988, p. 61.

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CHAPITRE IV

importance, possédait « sa propre administration […], où le personnel du culte n’avait rien à voir »647. Les inscriptions du quartier évoquent essentiellement la classe des prophètes et des pères divins, alors que les charges administratives apparaissent rarement de manière explicite648. Une statuette inscrite du début de la TPI signale entre autres le titre de scribe-économe du domaine d’Amon (fig. 397 n°2). Le corpus sigillaire des phases 13 et 14 affiche les charges d’intendant, de lesonis et de scribe royal (fig. 330 n°54, fig. 331 n°80, fig. 337 n°150 et n°155 et fig. 338 n°178). Et nous avons vu que les porteurs des titres de premier, troisième et quatrième prophètes d’Amon, présents dans notre documentation, assumaient des rôles de gestionnaire de premier plan. Dans les cas où les bénéficiaires d’un logement au sein du sanctuaire possédaient de telles fonctions, il est possible que les maisons faisaient office de bureaux649. Le rôle administratif volontiers attribué aux maisons de prêtres en général650 n’est pas évident à cerner sur le plan archéologique651. Quelques indices corroborent néanmoins cet usage. Les divers scellés de papyrus, trouvés dans la Zone 7, indiquent la présence de documents écrits. Ils représentent près d’un quart des empreintes dont il est possible d’identifier le revers (tableau 24). Le sujet de ces documents nous est totalement inconnu : comptabilité, gestion des biens du temple, ou bien correspondance privée, écrits savants ou religieux ? Les papyri de la jarre 7153.1, découverts à l’arrière de la maison VII (état 2), étaient trop détériorés pour en deviner le contenu (fig. 81c). La majorité des scellés de papyrus porte un titre de prêtre (61%). L’exemplaire mentionnant le juge et vizir Psamétik-mery-neith était originellement apposé sur un rouleau de papyrus conservé dans la réserve incendiée de la maison VII (fig. 331 n°81 et

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651

Ibid., p. 62. Supra, Chapitre IV, § 1.2.1.2. Étude des titres. On sait, grâce aux textes, que des demeures, servant de maisons et de bureaux, étaient installées dans les sanctuaires. Elles étaient avant tout réservées au personnel administratif du temple : THIERS 1995, p. 515. J. Wegner émet l’hypothèse que les trois unités formant le bloc ouest dans le temple de Sésostris III à Abydos servaient non seulement de logements mais aussi de bureaux, particulièrement l’unité la plus grande (unité A) : WEGNER 2000, p. 100. À l’époque ptolémaïque, certaines demeures ont clairement servi de lieux de travail (ateliers de sculpture, faïencerie…). Nous ne nous préoccupons ici que du cas des maisons des prêtres.

fig. 335 n°7-8)652. Qu’un document de ce vizir de la Basse Égypte ait été trouvé dans le quartier des prêtres de Karnak est assez surprenant. À l’époque d’Amasis sous le règne duquel Psamétik-mery-neith servait, il n’existait plus de vizir de la Haute Égypte, et, le vizir exerçait alors une fonction plus judiciaire qu’administrative653. D’autres scellés à la composition semblable et tous mentionnant des dignitaires de haut rang ont été diffusés sous le règne d’Amasis. Aux vues de ces parallèles, J. Yoyotte suggérait qu’ils s’intégraient dans un véritable système administratif à l’échelle nationale654. L’étude partielle des centaines d’ostraca découverts dans le « quartier ptolémaïque » a démontré la teneur administrative d’une majorité d’entre eux, même si ceux qui ont été publiés jusqu’ici révèlent souvent d’autres types d’information : E. Bresciani a repéré une correspondance privée importante de prêtres, G. Wagner a dénombré quelques reçus de paiement versés aux greniers royaux ou à la banque de Diospolis la Grande, et, D. Devauchelle a relevé des exercices d’écolier655. Bien que nombre des ostraca concernent des comptes et contrats, ils n’intéressent pas tous le domaine d’Amon, ce qui conduit J. Lauffray à conclure que les prêtres qui habitaient ce quartier « ne négligeaient pas leurs affaires personnelles »656. Quant aux ostraca de la Zone 7, leur état de conservation médiocre permet rarement de se prononcer sur le contenu, mais quelques comptes et listes ont tout de même été identifiés657. L’analyse complète en cours des ostraca contribuera sans doute à mieux comprendre les responsabilités administratives des habitants du quartier à la phase 14. Enfin, il existe une catégorie de matériel qui relève vraisemblablement de fonctions administratives : c’est celle des poids de balance, dont les nouvelles et anciennes fouilles du secteur ont fourni un nombre substantiel (tableau 41).

652

653 654 655

656 657

Sur ce personnage : supra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes. PAYRAUDEAU 2020, p. 389-390. YOYOTTE 1972. Supra, Chapitre III, § 10.2. Quelques notes sur les ostraca provenant des anciennes fouilles. LAUFFRAY 1979, p. 200. Comptes de nature incertaine sur les ostraca 7338.2, 7328.1 et peut-être 7328.2 ; notes de comptabilité portant sur l’huile sur 7309.1 ; compte d’un liquide sur 7301.11 : supra, Chapitre III, § 10.1. Les ostraca provenant des nouvelles fouilles.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

703

Phase (Zone 7)/ Quartier

Contexte

N° inv.

Poids (g) Matériau

Forme

Unité de poids suggéré

13 13 13 13 13 13 13 13 13 13 13 13 13 transition 13-14a transition 14a-14b transition 14a-14b 14b quartier des prêtres quartier des prêtres quartier des prêtres quartier des prêtres quartier ptolémaïque quartier ptolémaïque quartier ptolémaïque quartier ptolémaïque

maison VII, sol SOL1 maison VII, sol SOL1 maison VII, sol SOL1 maison VII, sol SOL1 maison VII, sol SOL1 maison VII, sol SOL1 maison VII, sol SOL1 maison VIII, sol SOL42 maison VIII, sol SOL30 maison VIII, sol SOL40 maison VIII, sol SOL32 niveau de rue, SOL23 maison VII, abandon fosse F54 fosse F61 (Rue 3) fosses F65/75 (Rue 3) mur M58 (Rue 4) maison I, pièce D maison I, pièce D maison I, pièce D maison I, pièce D favissa II favissa I favissa I? favissa I?

7024.38 7024.52 7024.10 7024.12 7066.12 7066.13 7066.14 7707.4 7774.2 7708.6 7802.1 7296.8 7383.1 7518.2 7732.12 7846.4 7372.1 LS? LS? LS? LS? LS1160 LS1177 LS1197 LS1195

1 3,1 18,5 48,4 86,5 95,1 163,1 1 4,7 8 48,6 2,7 5,7 41,9 0,7 3,9 87,2 9,12 16,33 16,75 18,83 41,60 48,95 770 784

tronconique tronconique tronconique tronconique tronconique ovoïde tronconique tronconique tronconique ovoïde tronconique boule boule sphendonoïde sphendonoïde sphendonoïde tronconique tronconique tronconique tronconique tronconique tronconique tronconique ? tronconique tronconique

1/10 kedet 1/3 kedet 2 kedet 1/2 deben 10 statères 1 deben 20 dariques 1/10 kedet 1/2 kedet 1 darique 1/2 deben tétrobole ? 5 dariques obole (1/12 statère) 1/2 darique 10 statères 1 kedet 2 dariques 2 dariques 2 kedet 5 dariques 1/2 deben ? (incomplet) ? (incomplet)

grano-diorite, noir calcite, blanc calcite, blanc grano-diorite, noir grano-diorite, noir calcaire, crème grano-diorite, noir grano-diorite, noir grano-diorite, noir brèche, rose grano-diorite, noir pierre, caramel grano-diorite, gris pierre, beige gris pierre, beige rosé pierre, beige rosé calcaire, crème pierre pierre pierre pierre grès silex? (fiche objet) grès grès

Tableau 41. Poids de balance658

Nombre des pesons issus de la Zone 7 proviennent de bons niveaux d’occupation, comme le sol SOL1 de la réserve incendiée de la maison VII (fig. 97 et 428a), divers sols au sein de la maison VIII (fig. 428b-e) ou un niveau de circulation dans la rue (fig. 428f). En général, ils sont de faible ou très faible poids. Certains sont basés sur le deben et son dixième la kedet (ou kite) – ainsi que leurs multiples ou subdivisions. Deben et kedet constituent les unités de mesure du poids en Égypte ancienne et pèsent respectivement aux alentours de 91 g et 9,1 g659. Ces unités apparaissent souvent dans les listes et comptes sur les ostraca discutés ci-dessus. On rencontre également dans le corpus des pesons du secteur une unité de mesure plus légère que

le deben-kedet et qui pourrait correspondre à la darique perse (ca. 8,3-8,4 g) ou au statère attique (ca. 8,68,7 g)660. La différence entre les deux étant plutôt minime, les identifications proposées dans le tableau 41 doivent être utilisées avec prudence. Les formes des pesons sont bien connues dans le répertoire des poids égyptiens, mais elles sont aussi attestées pour d’autres étalons en usage dans le monde méditerranéen661. Par exemple, 7066.13 et 7708.6 – deux poids ovoïdes (fig. 428a et c)662 – correspondent respectivement à un deben et une darique. Le premier est à la limite 660

661 658

659

Ceux découverts dans des remblais modernes ou des niveaux antérieurs à la phase 12 sont exclus. Le plus souvent, leurs poids oscillent entre 90 et 95 g, et, 9 et 9,5 g : COUR-MARTY 1990, p. 20 et 25, fig. 22-24.

662

KROLL 2003, p. 317. L’étalon perse est non seulement proche du statère, mais est aussi identique au shekel babylonien : FAUCHER, FISCHER-BOSSERT, DHENNIN 2013, p. 154. Voir tout particulièrement les études de M.-A. Court-Marty : COUR-MARTY 1989 ; 1990. Les poids ovoïdes sont relativement rares en Égypte, surtout après le Nouvel Empire : COUR-MARTY 1990, p. 26, fig. 8, 13 et 26.

704

CHAPITRE IV

Fig. 428. Variété de pesons provenant du quartier des prêtres – © Cnrs-Cfeetk/C. Apffel, G. Bancel, A. Chéné et G. Pollin

supérieure de ce qui est considéré comme un deben, tandis que le deuxième serait plutôt à la limite inférieure de la darique663. Parmi les pesons découverts dans les années 1970, quatre poids tronconiques en pierre (« granit et albâtre ») ont été trouvés dans la pièce D de la maison I664. Deux de ces poids sont basés sur l’unité de mesure égyptienne (9,12 g = 1 kedet ; 18,83 g = 2 kedet), mais les deux autres suivent a priori l’étalon perse (16,33 g et 16,75 g = 2 dariques). D’autres poids se rapprochent d’unités monétaires grecques : le poids découvert sur un niveau de rue de la phase 13 (2,7 g) se rapproche de celui d’un tétrabole (fig. 428f) ; le plus petit des poids sphendonoïdes (0,7 g), provenant d’un contexte ptolémaïque, correspond à un obole grec (= 1/12 de statère) (fig. 428h)665. Il n’est pas anodin que les maisons I, VII et VIII étaient dotées chacune de pesons couvrant une variété de poids, utilisant le deben et/ou la kedet, mais aussi des 663

664 665

Parmi le millier de poids provenant du port international de Naucratis que j’ai pu étudier, un poids ovoïde en pierre rosâtre dure et pesant 7,93 g (Oriental Institute, University of Chicago E2882) constitue un parallèle des plus proches à l’exemplaire 7708.6 de la maison VIII. ANUS, SA’AD 1971, p. 224 et 226, fig. 12. KROLL 2003, p. 323.

étalons non-égyptiens, darique et/ou statère. Ces assortiments reflètent, nous semble-t-il, un système en place. La majorité des poids étaient propres à peser des matériaux précieux, notamment du métal, et peuvent être comparés aux quelques exemplaires mis au jour dans le trésor de Chabaka à Karnak666. Les temples étaient souvent vus comme les garants de la pureté du métal. Le trésor d’argent de la maison V contenant deux monnaies du début du Ve siècle (fig. 388) et les ensembles de lingots en alliage cuivreux provenant de niveaux de la fin de la XXVIe dynastie (fig. 389-390) supportent l’idée que les habitants du quartier ont pu jouer un rôle dans le contrôle et l’utilisation d’argent pesé et d’autres métaux plus ou moins précieux667. Rappelons qu’un de ces lots était associé à des scellés mentionnant titres sacerdotaux et administratifs (fig. 85-86). Dès la TPI, la gestion du Trésor, tout comme celle des greniers, est récupérée par les administrations des temples locaux, et, à la Basse Époque, les temples deviennent « le relais local de l’administration royale »668. Aussi, sur la base

666

667 668

LICITRA 2016b, fig. 3. Le trésor ne fonctionne plus vers la fin du VIIe ou au début du VIe s. av. J.-C. (ibid., p. 54). Supra, Chapitre III, § 8.1. Monnaies et lingots. PAYRAUDEAU 2020, p. 389.

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des données archéologiques, nous proposons que diverses opérations de paiement, d’enregistrement de paiement, voire de conversions ont pu se dérouler dans le quartier, au moins dès la deuxième moitié de la XXVIe dynastie (suivant l’abandon du Trésor de Chabaka ?). Sans nécessairement désigner ces maisons comme des bureaux, ni attribuer la fonction de bureau à une pièce spécifique en leur sein, il faut souligner une fois de plus la flexibilité et l’étendue de leurs fonctions. Même si des activités administratives y ont bien eu cours, il n’est pas certain que chaque maison était utilisée, à l’année, comme un lieu de travail. Leurs occupants appartiennent principalement au personnel du culte et non à celui de l’administration du temple, du moins d’après le matériel inscrit associé. Le quartier des prêtres (sans doute en partie aussi le « quartier ptolémaïque ») abrite des maisons pour des prêtres, le temps de leur service. En tant que telles, elles présentent des installations et du mobilier nécessaires à la vie quotidienne et à la piété personnelle des prêtres. Cet équipement n’est pas aussi minimal que certains le supposaient. Mais il est vrai que son analyse démontre une certaine dépendance vis-à-vis des magasins d’offrandes, ne serait-ce que pour le ravitaillement régulier en denrées brutes qui étaient ensuite transformées sur place. Avec la suite de cette étude, les relations entre le quartier des prêtres et le secteur économique du temple seront encore plus manifestes.

705

Après avoir défini les types de monuments et d’activités qui s’y tenaient, nous tenterons de démontrer dans quelle mesure ce secteur du domaine d’Amon était étroitement imbriqué avec le quartier des prêtres. 2.1. DESTINATIONS DE LA RIVE SUD La rive sud du lac Sacré occupe une surface d’un peu plus de 150 m de côté environ, entre le lac au nord et l’enceinte de Nectanébo Ier au sud, et, entre le mur extérieur courant du VIIIe au Xe pylône à l’ouest et la rue desservant le quartier des prêtres à l’est. Les fouilles archéologiques ont jusqu’ici peu exploité cet immense terrain recouvert de végétations et de remblais (fig. 429). Quelques monuments sont toutefois connus, certains depuis le XIXe siècle. Ceux-ci sont principalement situés à l’ouest de la rive sud. Nos recherches apportent de nouvelles données, notamment sur la partie est, la plus méconnue671. Elles contribuent à compléter son plan et permettent de mieux comprendre son organisation et ses fonctions. 2.1.1. Monuments occidentaux De la rive sud, c’est la moitié ouest qui est la mieux connue et la plus dégagée. Les différents édifices qui ont été étudiés précédemment sont présentés brièvement ci-dessous et sur un plan schématique (fig. 430). 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis

2. LA RIVE SUD DU LAC SACRÉ ET LE QUARTIER DES PRÊTRES Le quartier des prêtres ne peut vraiment se comprendre que s’il est replacé dans son environnement architectural et religieux immédiat. La proximité du lac Sacré était primordiale puisque les prêtres devaient y faire leurs purifications quotidiennes669. Il reste à déterminer les relations que le quartier entretenait avec la rive méridionale du lac Sacré. Une telle enquête pose néanmoins un défi majeur, car la rive sud est une de ces vastes zones du sanctuaire d’Amon presque vierges de recherche, une « terra incognita » d’après l’expression de D. Berg670.

L’édifice de Psammouthis est le bâtiment le plus célèbre et substantiel de ce secteur peu exploré du temple672. Même s’il n’a jamais été correctement fouillé, il est suffisamment déblayé pour restituer son plan général (fig. 431)673. Ce bâtiment mesure 55,5 m sur 45,5 m environ. Le gros œuvre en briques crues est agrémenté d’huisseries, de colonnes et de petits naoi en grès (fig. 432). Il comprend deux parties distinctes. L’arrière-corps, de 28,75 m de profondeur, comporte trois unités parallèles indépendantes. Trois

671

672 673

669

670

Voir les références et discussion à ce sujet : supra, Chapitre IV, § 1.3.3. Pratiques rituelles. BERG 1987, p. 47.

Résultats préliminaires de cette étude publiés dans MASSON 2014. PM II2, p. 222 [R] ; RICKE 1937 ; TRAUNECKER 1987, p. 147-162. Le plan est surtout une reprise de celui publié par C. Traunecker (TRAUNECKER 1987, fig. 3A), lui-même reprenant celui de H. Ricke (RICKE 1937, pl. 3). De nos jours, une grande partie de l’avant-corps, au nord de l’édifice, est détruite. Le plan que nous illustrons est donc approximatif et dépend de relevés anciens.

706

CHAPITRE IV

1. Vue générale de la rive sud depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/G. Pollin n°71173

2. Vue aérienne de la rive sud et de la cour située entre les IXe et Xe pylônes, depuis l’ouest – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°102645 Fig. 429. La rive sud du lac Sacré

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

707

Lac Sacré

galerie couverte

puits-descenderie

stèle de Séthi II

chapelle de Thot et d’Amon

N

rampe

porte de Masaharta

édifice de Psammouthis

Pylône IX

Fig. 430. Plan de situation des monuments connus dans la partie occidentale de la rive sud du lac Sacré – Éch. 1/1000

abattoir galerie couverte

puits-descenderie rampe

N

Légende : briques crues grès

0

10

20 m

Fig. 431. Plan restitué de l’édifice de Psammouthis (surtout d’après TRAUNECKER 1987, fig. 3A)

708

CHAPITRE IV

Fig. 432. Vue de l’édifice de Psammouthis depuis l’est – © Cnrs-Cfeetk/G. Bancel n°62233

portes, placées sur la façade nord, permettent d’y accéder. Trois couloirs desservent une série de petites pièces, s’ouvrant à la perpendiculaire sur le côté, et mènent à un naos. L’unité orientale se distingue cependant des deux autres : il n’existe aucune cellule à l’est du couloir et une porte d’accès a été aménagée dans le mur est. Une bande de 16,75 m de profondeur forme l’avant-corps du bâtiment. Elle est divisée en trois unités différentes. Une cour centrale, bordée au sud d’un portique de huit colonnes à pans coupés, est occupée au nord-ouest par une galerie dallée débouchant dans le lac Sacré. Un petit enclos, à l’est de l’avant-corps, présente une plate-forme associée à un bloc dans lequel un trou a été aménagé. L’ouest de l’avant-corps présente un deuxième enclos, plus important. Les deux enclos possèdent un accès propre sur le côté, tandis que la cour centrale a un accès au nord, qui n’est pas axial d’après les anciens relevés. Le monument surplombe le lac Sacré de 4,5 m de haut. Cette surélévation l’apparente à des bâtiments appelés de manière inappropriée « temples hauts ». Ces derniers sont construits sur une plate-forme, composée

de caissons en briques crues. C. Traunecker en a inventorié plusieurs, notamment dans la région thébaine et l’Oasis de Kharga674. F. Leclère a étudié une série de bâtiments en Basse Égypte qu’il rapproche des « temples hauts » de Haute Égypte675. Il relève en effet de nombreuses similarités dans la technique de construction, la répartition des espaces internes, leur date d’apparition et leur position au sein des temples676. À l’heure actuelle de nos connaissances, ces bâtiments apparaissent au tout début de la XXVIe dynastie, dès le règne de Psammétique Ier (664-610 av. J.-C.)677, et leur tradition persiste jusqu’à l’époque ptolémaïque678. La présence d’une plate-forme surélevée en briques crues a donné lieu à plusieurs interprétations pratiques ou reli674 675 676 677

678

TRAUNECKER 1987, p. 151-155. LECLÈRE 2008, II.C.4b, p. 658-665. Ibid., p. 664-665. Le plus grand des deux édifices sur soubassement à Tell Dafana a été daté grâce aux dépôts de fondation de Psammétique Ier placés aux angles de la plate-forme : LECLÈRE, SPENCER 2014, p. 12-14. LECLÈRE 2008, p. 662.

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gieuses679. L’édifice de Psammouthis est souvent cité comme un exemple caractéristique de ce type d’architecture680. Toutefois, de nouvelles découvertes remettent en cause l’identification de l’édifice de Psammouthis comme un bâtiment sur plate-forme cellulaire681. Grâce aux inscriptions et aux décors de l’édifice de Psammouthis, H. Ricke démontra qu’il s’agissait d’un magasin pour les offrandes divines, un šnꜥ ꜥꜢ wꜥb682. On stockait les offrandes dans les cellules de l’arrièrecorps. C. Traunecker mit en évidence que cette partie de l’édifice jouait aussi un rôle liturgique, suggérant que les offrandes devaient être consacrées dans les chapelles à l’arrière du bâtiment683. Les offrandes étaient sans doute préparées dans l’avant-corps. L’enclos est aurait abrité un abattoir684 : le bloc percé servait à lier la victime pour le sacrifice rituel685. Un puits était situé directement à l’est de l’abattoir pour l’alimentation en eau686. H. Ricke suggère que le cheptel était peut-être gardé à l’est de l’édifice de Psammouthis, l’édifice lui-même n’étant pas conçu pour abriter le bétail687. Il est peu probable, toutefois, que les bœufs et chèvres destinés au sacrifice étaient élevés dans le sanctuaire. L’utilisation de la petite porte aménagée dans l’enceinte de Nectanébo Ier au sud-est a peut-être pu servir, entre autres, à acheminer le bétail vers les magasins de Psammouthis688. En revanche, pour les oiseaux, des témoignages inscrits indiquent qu’ils étaient élevés dans le sanctuaire d’Amon et, a priori, sur la rive sud du lac Sacré689. Dans l’idéal, la conception d’un abattoir doit prendre en compte plusieurs mesures d’hygiène, comme la circulation d’air, se protéger de la poussière. La proximité d’un point d’eau – pour nettoyer sacrificateurs, instruments et la viande elle-même – est également nécessaire690. Le sacrifice et le traitement de la viande 679 680 681

682 683 684 685 686 687 688

689 690

Ibid., p. 665. Par exemple : COLIN 2011, p. 64. Infra, Chapitre IV, § 2.2.2.1. Succession des grands murs périmétraux. RICKE 1937, p. 128. TRAUNECKER 1987, p. 149-150. Sur les abattoirs dans l’Égypte ancienne: IKRAM 1995, p. 81-108. RICKE 1937, p. 131 ; TRAUNECKER 1987, p. 148 note 9. Ibid., p. 150 et fig. 1. RICKE 1937, p. 131. J.-C. Goyon et C. Traunecker (1982, p. 363) avaient déjà proposé que les matières premières pour les offrandes devaient vraisemblablement être amenées par la poterne sud-est de l’enceinte intérieure. Voir ci-dessous. IKRAM 1995, p. 81.

709

étaient très probablement réalisés dans des endroits proches, dans la même aire691. On peut émettre l’hypothèse que le couloir oriental des magasins de Psammouthis desservait une rangée de pièces destinées au stockage de la viande. La circulation directe entre l’abattoir dans l’avant-corps et les pièces de l’arrière-corps va dans le sens de cette interprétation. Une entrée séparée est aménagée pour les animaux menés au sacrifice. Les cours où se pratiquaient les sacrifices sont parfois difficilement identifiables dans les temples692. Aussi possédons-nous peu de parallèles surs pour « l’abattoir » dans le magasin de Psammouthis, ou alors des comparaisons très anciennes693. Les « abattoirs » des châteaux de millions d’années de Séthi Ier et de Ramsès III sur la rive ouest de Thèbes sont sujets à débat car ils ne présentent aucun des caractères pratiques auxquels on s’attend dans un abattoir694. Les abattoirs de l’Ancien Empire n’étaient pas situés au cœur du temple, mais aménagés sur un côté du sanctuaire, contrairement à ces prétendus exemples d’abattoirs du Nouvel Empire. Les activités de boucherie devaient se pratiquer plutôt à l’extérieur du temple dans un bâtiment à part695. Le temple de Séthi Ier à Abydos contiendrait un abattoir. Il comporte une salle large avec une entrée séparée suffisamment grande pour laisser passer le bétail, une aire à ciel ouverte pour sacrifier l’animal et un possible endroit pour l’eau696. Son architecture diffère néanmoins de beaucoup de celle des magasins de Psammouthis. On dispose enfin de divers témoignages d’abattoirs et de traitements de la viande à Amarna grâce à l’iconographie de certaines tombes et aux vestiges archéologiques trouvés dans les temples ou à leur proximité697. Quant à la galerie couverte698 partant de la cour centrale, H. Ricke n’y voit pas une simple canalisation, repoussant l’idée que le sang ou les eaux sales puissent être rejetés dans le lac Sacré. Il l’interprète comme un accès au lac Sacré pour les oies et autres oiseaux

691 692 693

694 695 696 697 698

Ibid., p. 82. Ibid., p. 89. Par la présence d’une pierre pour attacher la victime, de nombreux ossements d’animaux et d’instruments pour les activités de boucheries, M. Verner a pu identifier un abattoir dans le temple funéraire de Raneferef (VERNER 1986, p. 181-183 ; IKRAM 1995, p. 91-92 et fig. 19). Ibid., p. 96-99 et fig. 21-22. Ibid., p. 97. Ibid., p. 99-100 et fig. 23. Ibid., p. 102-105. PM II2, p. 223 [S].

710

CHAPITRE IV

Fig. 433. Stèle de Séthi II – © Cnrs-Cfeetk/P. Barguet n°52701

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

d’eau699. Cette proposition se fonde en grande partie sur l’inscription d’une stèle découverte au sud du lac (fig. 433)700. La stèle figure Séthi II (ca. 1200-1194 av. J.-C.) faisant une offrande à la triade thébaine et commémore la restauration d’une resserre remplie de , mḥwn) afin de pourtoute sorte d’oiseaux ( voir en offrandes divines son père Amon. H. Ricke suppose que l’emplacement de la volière devait se situer près du lac Sacré : les oies, mentionnées sur la stèle, ont besoin d’un plan d’eau et la stèle a été découverte sur la berge sud du lac701. Il superpose l’emplacement des magasins de Psammouthis et celui de cette volière. Mais, D. Berg souligne qu’aucune preuve tangible n’existe pour affirmer que l’édifice de Psammouthis servait à la fois de magasin et de volière702. L’identification de la galerie comme un accès pour les oies de la volière n’a, d’ailleurs, jamais été prouvée703. Psammouthis, roi usurpateur de la XXIXe dynastie qui détrôna Achôris (393-380 av. J.-C.) avant que ce dernier ne le renverse à son tour, a connu un règne fort bref (389-388 av. J.-C.)704. C. Traunecker suppose qu’il n’a pu planifier et accomplir la construction et la décoration des magasins en si peu de temps, et attribue à Néphéritès Ier (399-393 av. J.-C.) « la restauration et la reconstruction de l’édifice, œuvre achevée par Psammouthis et complétée par Achôris »705. Le nom d’Achôris apparaît de manière discrète dans l’édifice, mais pas celui de Néphéritès Ier. En outre, seul Psammouthis est représenté sur les parois des chapelles, effectuant diverses offrandes à la triade thébaine. Aussi, D. Berg s’oppose à l’idée selon laquelle Psammouthis ne serait pas l’initiateur du projet et affirme qu’il aurait eu le temps de concevoir le plan du bâtiment et de l’ériger706. Il ne nous semble toutefois pas invraisemblable que Néphéritès Ier ou Achôris dans ses premières années de règne ait pu jouer un rôle dans la mise en œuvre de ces magasins avant l’arrivée inopinée de Psammouthis au pouvoir. 699

700

701 702 703 704

705 706

RICKE 1937, p. 130, pl. 4 ; TRAUNECKER 1987, p. 148 ; COLIN 2011, p. 67. PM II2, p. 222 (8) ; RICKE 1937, p. 124-128 ; KITCHEN 2002, p. 208-209 et 290-291 ; WALLET-LEBRUN 2009, p. 264. L’endroit de sa découverte est précisé sur le plan fig. 429. RICKE 1937, p. 128. BERG 1987, p. 48 et note 15. LAUFFRAY 1979, p. 197. Sur cette usurpation et la chronologie de ces règnes : CARREZMARATRAY 2005 ; PAYRAUDEAU 2020, p. 310-318. TRAUNECKER 1979, p. 423. BERG 1987, p. 52.

711

Quoiqu’il en soit, H. Ricke déjà affirmait que l’édifice de Psammouthis n’était pas une construction nouvelle sur la rive sud, tout au plus une restauration707. En effet, plusieurs éléments indiquent que cet édifice s’élève sur des monuments plus anciens. Tout d’abord, une inscription sur une porte du couloir occidental dit que « ce qui était détérioré a été refait pour l’éternité ». L’inscription est associée au nom de Psammouthis708. Ensuite les noms de pharaons antérieurs apparaissent dans les magasins. Mariette trouva un bloc de Ramsès II709. Le cartouche de Psammétique était lisible sur un abaque, retrouvé dans la cour centrale (fig. 434)710, peut-être Psammétique Ier711. Le portique de la cour remonterait donc à la XXVIe dynastie. Enfin, la galerie couverte a connu deux états d’utilisation. La partie basse de la galerie diffère de la partie haute par son orientation et son inclinaison (10° pour la partie basse contre 25° pour la partie haute)712. H. Ricke suggère que la partie basse appartient à une structure plus ancienne. Et la partie haute suppose une surélévation totale de l’édifice. D’après lui, des sondages profonds pourraient découvrir des « magasins-volières » anciens et il propose en hypothèse de dater cet état antérieur au règne Séthi II, en rapport avec la stèle susmentionnée713. Mais, Séthi II lui-même n’a fait que renouveler et non créer. P. Barguet pense aussi que l’édifice de Psammouthis remplace une construction remontant au Nouvel Empire, peut-être à la XVIIIe dynastie714. Les Annales de Thoutmosis III mentionnent un enclos pour des oiseaux715, sans doute celui-là même que Séthi II dit avoir restauré. Par ailleurs, une scène de la tombe de Pahemneter (TT284), a été identifiée comme une représentation de la rive sud du lac Sacré de Karnak716. 707 708 709

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RICKE 1937, p. 130. Ibidem. Le bloc n’a pas été retrouvé : TRAUNECKER 1987, p. 149 note 14. Ibid., p. 149. Comparé à ses homonymes de la XXVIe dynastie, Psammétique Ier a connu un long règne, couvrant plus de cinq décennies : Psammétique II n’a régné que six ans environ et le règne de Psammétique III s’est vu écourté à la suite de l’invasion perse. Sur l’hypothèse d’un large programme architectural sous son règne, réaménageant les rives sud et est du lac : infra, Chapitre IV, § 2.2.2.2. Relations stratigraphiques et architecturales entre les rives est et sud. RICKE 1937, p. 131. Ibidem. BARGUET 2008, p. 18 et 39-40. SETHE 1907, p. 745. P. Barguet définit la scène comme une « représentation des constructions qui s’élèvent au sud du Lac Sacré, sur une butte élevée, et qui constituent les magasins des offrandes divines et

712

CHAPITRE IV

Fig. 434. Abaque gravé du cartouche de Psammétique et regravé au nom d’Amon-Rê, provenant du portique de l’édifice de Psammouthis – © Cnrs-Cfeetk/A. Masson-Berghoff

Plusieurs oiseaux y sont peints, volant entre des structures à dôme, probablement des silos à grain717. Des magasins sont représentés de part et d’autre d’un vestibule menant à une chapelle. Cette dernière est dédiée à la déesse serpent Renenoutet (Ermouthis), la « protectrice des moissons et des vendanges, garante des récoltes et gardienne des greniers »718. Son culte est souvent attesté dans les complexes économiques des

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le domaine des oiseaux » (BARGUET 2008, p. 39). A. El-Shahawy replace également la scène à Karnak, sur la rive méridionale du lac Sacré (EL-SHAHAWY 2010, p. 102, note 525). BARGUET 2008, p. 39-40, pl. XLc. GERMOND 2005, p. 150.

temples au Nouvel Empire719. Cette tombe date au plus tôt du règne de Ramsès III720. Un relief sur la face extérieure du mur de la cour de la Cachette, datant du règne de Toutankhamon, représente Renenoutet et Hâpy, tous deux associés à la fertilité et aux offrandes721. Fr. Le Saout suggère qu’un culte devait être rendu à Renenoutet à Karnak, une hypothèse qu’elle supporte par la présence toute proche des magasins d’offrandes du temple « au Sud du Lac »722.

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MASQUELIER-LOORIUS 2015. Sur son culte dans la région thébaine : MARINI 2015. GERMOND 2005, p. 40. Scène décrite dans BARGUET 2008, p. 273-274. LE SAOUT 1982, p. 244.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

D. Berg se montre plus circonspect et affirme que l’on ne possède aucun élément probant pour localiser les magasins du temple avant la XXIXe dynastie723. Il estime que l’édifice n’est pas forcément le renouvellement d’une structure ancienne. Toutefois, de nouvelles données sont apparues pour supporter l’ancienneté des magasins724. 2.1.1.2. La porte de Masaharta Une porte située à l’est du IXe pylône, a été érigée par le grand prêtre d’Amon Masaharta (1054-1046 av. J.-C.), fils du grand prêtre d’Amon devenu roi Pinedjem Ier (1063-1054 av. J.-C.)725. P. Barguet l’avait perçue comme un reliquat des demeures des grands prêtres726. Mais l’étude de D. Berg727 d’abord, puis celle plus complète de J.-F. Carlotti et J.-L. Chappaz728 contestent cette interprétation. En effet, l’iconographie de cette porte présente Masaharta faisant des offrandes à Amon729 et, à la base de chaque jambage, l’inscription mentionne « la grande porte de l’atelier de préparation des offrandes »730. Cette porte servait ainsi d’accès au secteur économique situé au sud du lac, et il est possible que les offrandes aient transité par celle-ci731. La porte est insérée dans un mur de briques crues qui borde la partie orientale des cours des IXe et Xe pylônes. J.-F. Carlotti et J.-L. Chappaz ne s’avancent pas sur la datation et la nature de ce mur (simple mur ou enceinte ?), qui nécessiterait d’être dégagé par des fouilles732. La porte de Masaharta correspond à « un des points de passage obligé entre les secteurs ‘profane’ et sacré du temple d’Amon » et met « en relation la partie sud-est de Karnak, avec ses magasins, ses ateliers et ses habitations, à l’allée processionnelle du grand temple »733. D’après D. Berg734, cette porte ouvrirait sur une circulation conduisant à un édifice carré, situé au sud-est des

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BERG 1987, p. 50. Infra, Chapitre IV, § 2.2.2.2. Relations stratigraphiques et architecturales entre les rives est et sud. PM II2, p. 181 (549). BARGUET 2008, p. 18. BERG 1987, p. 48. Le dégagement et la restauration de la porte permirent un bon relevé du décor et du texte : CARLOTTI, CHAPPAZ 1995. Ibid., p. 174-176. Ibid., p. 177. Les inscriptions de cette porte ont été de nouveau publiées dans : JANSEN-WINKELN 2007a, p. 27-28. CARLOTTI, CHAPPAZ 1995, p. 182. Ibid., p. 174 et 188. Ibid., p. 174. Ses observations s’appuient sur une photographie aérienne et une visite sur le terrain : BERG 1987, p. 48, fig. 1.

713

magasins de Psammouthis, juste au sud des chapelles d’Osorkon III et de Chabataka décrites par K. Lepsius735. 2.1.1.3. La chapelle de Thot et d’Amon La chapelle, élevée à l’ouest des magasins de Psammouthis, est un monument de dimensions modestes (fig. 435 n°1)736. Les mesures restituées sont de 2,15 m de long pour 1,90 m de large. Avec son altitude de 76,25 m, elle se situe entre le niveau des magasins et celui du lac Sacré737. La chapelle ne donne pas sur le lac, mais s’ouvre au sud vers le domaine économique. Malgré son état de préservation médiocre, deux états architecturaux bien distincts ont pu être distingués. Chaque état est associé à des décors et des inscriptions. À l’origine (état I), la paroi extérieure est est dissimulée par une « maçonnerie de brique prolongeant la face sud vers l’est »738. La chapelle est alors insérée dans l’épaisseur d’un mur d’enceinte. La paroi extérieure sud porte un texte de dédicace associant les cartouches d’Horemheb (1319-1292 av. J.-C.) et d’un Osorkon (fig. 435 n°2)739, suggérant sans doute que ce dernier a rénové ou remplacé une ancienne fondation d’Horemheb. On ne peut préciser avec certitude quel Osorkon est évoqué dans l’inscription. J.-C. Goyon et C. Traunecker proposent Osorkon II en rapprochant la construction d’un décret de ce pharaon gravé dans la cour nord du VIe pylône740, tandis que K.A. Kitchen préfère voir Osorkon I dans « the simple form of cartouche, Osorkon Beloved of Amun »741. La mention de Thot « qui-satisfait-les-dieux » (sḥtp nṯrw) pourrait être en rapport avec un rôle attribué à Thot dans ce secteur du temple, probablement en relation avec les offrandes divines préparées, entreposées et consacrées dans les magasins voisins742. Les vestiges des décors et inscriptions sur les parois intérieures sud et est sont pauvres. À une époque indéterminée, le mur d’enceinte dans lequel était aménagée la chapelle est démantelé et le monument devient alors une construction isolée (état II).

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LEPSIUS I/2, pl. 75, n°9-10. Sur ces chapelles : infra, Chapitre IV, § 2.1.2. Partie orientale de la rive sud du lac Sacré. Une étude complète du monument a été publiée dans GOYON, TRAUNECKER 1982. Ibid., p. 355. Ibid., p. 357, fig. 2. Ibid., p. 358-359, fig. 3 et 4, pl. Ib (reproduite ici). Ibid., p. 363-364. KITCHEN 1995, p. 576. GOYON, TRAUNECKER 1982, p. 359 et 362.

714

CHAPITRE IV

Fig. 435. La chapelle de Thot et d’Amon

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

La paroi extérieure est est ravalée et recouverte d’un enduit. Les représentations de deux fonctionnaires du temple et des inscriptions ornent cette façade (fig. 435 n°3)743. Quelques mots en rapport avec la gestion des biens divins sont lisibles. L’un des prêtres, celui vêtu d’un pagne long et marchant vers le nord, est identifié dans l’inscription comme le prêtre-ouâb Ouafabouy, fils du second prophète d’Amon Bakenamon. Il est difficile de le replacer historiquement si ce n’est qu’il a vécu à une période postérieure à l’état I, donc après le règne du roi Osorkon mentionné sur la paroi extérieure sud744. L’édifice se situe à mi-chemin sur le parcours processionnel quotidien que prenaient les offrandes divines vers le temple. En effet, une rampe, partant de la porte ouest des magasins de Psammouthis et se dirigeant vers la porte de la cour du IXe pylône, passe devant la petite chapelle745. Ainsi, la chapelle, « dans son stade d’utilisation final, fait partie d’un ensemble paraliturgique » et est vraisemblablement « en relation avec une comptabilité divine de sortie des offrandes »746. Toutes ces constructions relèvent donc du domaine économique du temple de Karnak : magasin de stockage et de consécration des offrandes ; ateliers de confection des offrandes ; comptabilité des offrandes. Si la destination économique est cohérente, la disparité chronologique de ces monuments est manifeste : ils vont du Nouvel Empire jusqu’à la fin de la Basse Époque, en passant par la TPI. La plupart ont connu plusieurs phases architecturales. 2.1.2. Partie orientale de la rive sud du lac sacré Notre connaissance de la moitié orientale, jusqu’alors limitée à deux chapelles repérées au XIXe siècle et perdues par la suite, s’est largement étoffée grâce aux 743 744

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Ibid., p. 360-361, fig. 5 et pl. II (reproduite ici). Nous suivons ici les conclusions de l’étude menée par J.-C. Goyon et de C. Traunecker. K.A. Kitchen (KITCHEN 1995, p. 576) a fait correspondre l’ancienne fondation d’Horemheb à l’état I de la chapelle et a remonté l’état II à Osorkon I, faisant du second prophète d’Amon Bakenamon un contemporain du pharaon libyen. Cette interprétation, qui relève d’une confusion des phases architecturales de l’édifice, a été depuis reprise par d’autres auteurs. G.P.F. Broekman notamment propose de replacer Bakenamon sous les règnes d’Osorkon I ou II (BROEKMAN 2010, p. 128). Toutefois, le remaniement de la chapelle sous le fils de Bakenamon survient plus tard. GOYON, TRAUNECKER 1982, p. 361 et fig. 6. Quelques blocs appartenant à cette rampe sont représentés sur les plans récents de Karnak (fig. 430). GOYON, TRAUNECKER 1982, p. 362.

715

dégagements opérés lors des fouilles du secteur des prêtres. En 1970, les archéologues avaient révélé à l’ouest des maisons, un bâtiment à la destination inconnue, clos par une « enceinte » (fig. 4 et 202205)747. Ils n’avaient eu le temps que de mettre en évidence son angle nord-est ainsi que deux jambages de porte au nom d’Amasis (570-527 av. J.-C.). Mais ils soulignaient qu’ils s’étaient arrêtés sur un niveau d’occupation « copte ». Les nouvelles recherches ont poursuivi le dégagement de cette « enceinte » qui correspond au grand mur M53748 et enserre un ensemble architectural dénommé ci-après comme le secteur 1 ou encore le complexe oriental. Elles mirent également au jour un autre grand mur – M85 et sa réfection M78749 – qui délimite un secteur distinct, secteur 2, situé au sud du secteur 1. Du secteur 2, seul l’angle nord-est a été dégagé et le reste s’apparente de nos jours à un terrain chaotique recouvert de petites buttes de remblai et d’une épaisse végétation. Nos efforts se sont concentrés sur le premier secteur dont toute la limite orientale et les retours au nord et au sud ont été déterminés au cours des anciennes et nouvelles fouilles. Ces investigations ont non seulement redécouvert une des chapelles perdues et identifié l’emplacement de la seconde, mais aussi permis de restituer un large complexe au plan comparable à celui de Psammouthis. 2.1.2.1. La chapelle de Chabataka Les vestiges d’un petit monument sont apparus dans l’alignement du retour du grand mur M53 au sud (fig. 436 n°1). Un bloc émergeait des remblais et de la végétation qui le dissimulaient. Il n’était relevé sur aucun des plans récents du temple de Karnak. Sa décoration représente Amon recevant un bouquet, assisté de Khonsou. Deux chapelles étaient connues au XIXe siècle pour être localisées à l’est de la rive sud du lac Sacré : la chapelle de Chabataka (XXVe dynastie, ca. 713-705 av. J.-C.)750 et celle d’Osorkon III

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LAUFFRAY, SA’AD, SAUNERON 1971, p. 71-72. D’après J. Lauffray, ce secteur, compris dans les carrés 30, 40 et 41, aurait dû être décrit dans « un compte rendu plus exhaustif que P. Anus n’a pas écrit avant son décès » : LAUFFRAY 1995, p. 302. Voir supra, Chapitre I, § 5.1.3. Comparaison avec les fouilles précédentes. Supra, Chapitre I, § 3.6.1.1. Description du grand mur M53. Supra, Chapitre I, § 3.6.2. Le grand mur M85 et sa reconstruction M78 (au sud-ouest). PM II2, p. 223 [T]. Pour les éléments de la chapelle désormais à Berlin : JANSEN-WINKELN 2009, p. 46-50.

716

CHAPITRE IV

Fig. 436. La chapelle de Chabataka

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

(XXIIe dynastie thébaine, ca. 791-764 av. J.-C.)751. Des relevés de J.-F. Champollion752 et de K. Lepsius753 m’ont permis d’identifier ce bloc comme la paroi est de la chapelle de Chabataka754. On supposait généralement que cette chapelle avait été entièrement démontée et transportée au Musée de Berlin au temps de K. Lepsius, et, qu’il n’en restait aucun vestige in situ755. Depuis le XIXe siècle, des remblais modernes s’étaient accumulés dans la chapelle. Le nettoyage qui a permis de les dégager (sondage S6)756 a été suivi d’une opération de restauration pour remettre en valeur et remonter les vestiges de ce monument757. Les relevés de la chapelle (plan, élévation et décors) ont été effectués à la suite de sa restauration. Le dégagement de la chapelle a dévoilé quelques blocs qui s’étaient effondrés à l’intérieur du naos depuis les relevés de K. Lepsius. Le bloc le plus remarquable conserve sur une face le visage d’une porteuse d’offrandes, qui orne le chambranle de la porte, et sur une autre celui du roi koushite, qui fait face au dieu Amon sur la paroi est (fig. 436 n°2). C’est ce visage que J.-F. Champollion avait relevé au début du XIXe siècle758. Cette découverte confirme l’identification du monument. Les décors des parois est et sud sont partiellement préservés. Par contre, toute la paroi ouest ainsi qu’une bonne partie des montants de la porte sont absentes : ce sont exactement ces éléments qui sont actuellement conservées au Musée de Berlin759. Le soubassement

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PM II2, p. 223 [U]. Huisseries de la chapelle aujourd’hui à Berlin : JANSEN-WINKELN 2007b, p. 294. CHAMPOLLION 1844, p. 265-266. LEPSIUS V/10, pl. 4b. Une publication lui sera consacrée en collaboration avec F. Payraudeau. LECLANT 1965, p. 59. J. Leclant souligne que certains éléments de la chapelle ont disparu à la suite des dommages causés au Musée de Berlin lors de la seconde guerre mondiale et qu’il ne possède qu’un cliché de la paroi ouest (ibid., p. 59-60). Un bloc isolé de cette chapelle est aujourd’hui conservé à New Haven (Yale 14.1949) : RITNER 2009, p. 501. La première session de fouilles s’est déroulée du 16 novembre 2005 au 30 novembre 2005, et la seconde du 19 mars 2006 au 15 avril 2006. Les remblais modernes ont produit un matériel très mixte, y compris de nombreux tessons romains tardifs, mais aussi un scellé de porte probablement contemporain du fonctionnement de la chapelle. Restauration et relevés se sont poursuivis jusqu’en 2007. Les travaux de restauration et d’anastylose ont été menés par F. Dubois. CHAMPOLLION 1844, p. 266. Confirmant ce que K. Lepsius lui-même avait rapporté (LEPSIUS III, p. 42 : « Die Thüre und dir rechte Wand der Kammer sind jetzt in Berlin »). Le professeur Wildung, que je remercie chaleureusement, a autorisé une des restauratrices du

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anépigraphe de la chapelle est encore en place permettant d’établir son plan complet (fig. 436 n°3 et 437). Elle mesure à peine 2,50 sur 2 m. Un dallage a été mis au jour à l’intérieur et à l’avant de la chapelle, marquant son niveau de fonctionnement. Son altitude se situe entre 78,31 et 78,39 m, ce qui concorde avec le niveau d’occupation de plusieurs maisons des prêtres. Des murs en briques crues encadrent la chapelle au sud et à l’est, et un mur parallèle à l’ouest peut être aisément reconstitué. J.-F. Champollion760, I. Rosellini761 et K. Lepsius762 avaient noté ces murs autour de la chapelle de Chabataka. Le mur sud correspond au retour du grand mur M53. Ces murs sont irrégulièrement conservés, parfois très abîmés. La récupération de certains blocs décorés au XIXe siècle a probablement occasionné leur destruction partielle. La chapelle remploie plusieurs blocs d’époque ramesside. La paroi est présente deux états de décoration et d’inscription (fig. 438 n°1). Amon et Khonsou sont sculptés dans un relief en creux très prononcé, alors que la gravure de la figure de Chabataka est faiblement marquée et très fine. Deux inscriptions se superposent, l’une gravée profondément et l’autre beaucoup moins. Le relevé de K. Lepsius n’illustre que la seconde, contemporaine de la représentation de Chabataka. K. Lepsius signale toutefois un remploi d’époque ramesside dans sa description de la paroi est de la chapelle763. Or le petit côté sud de ce bloc remployé porte le nom d’Horus d’un pharaon du Nouvel Empire : kꜢ nḫt ꜥꜢ [?] y (fig. 438 n°2). Il s’agit du nom d’Horus de Ramsès III (kꜢ nḫt ꜥꜢ nsyt). Fl. Petrie mentionne également un remploi de Ramsèsx III dans la chapelle de Chabataka : « It seems to have been

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Musée de Berlin à me communiquer des photographies récentes de ces blocs. Les portes épigraphiées et la paroi ouest de la chapelle figurent au nombre des blocs conservés au Musée de Berlin, mais les parois sud et est n’y paraissent pas. CHAMPOLLION 1844, p. 266 : la chapelle est « entourée d’une petite enceinte en briques crues ». ROSELLINI 1841, p. 178-179 : « Molte rovine e vestigia di antichi monumenti ingombrano il suolo a breve distanza del palazzo di Karnac tra mezzodì e levante. Tra quelle si trova ora mezzo sepolto un tempietto che chiuso fu già d’un recinto di mattoni crudi ; e qui si conservani alcune sculture religiose del re Sciabatok ». K. Lepsius note non seulement ces murs mais aussi des fragments de colonnes devant la chapelle : « Drum herum sind Kiegelmauern und davor einige kleine Säulenfragmente » (LEPSIUS III, p. 40). K. Lepsius explique que les hiéroglyphes du texte d’origine étaient recouverts d’un enduit qui commençait à se détacher : LEPSIUS III, p. 41.

CHAPITRE IV

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x=924 y=3280

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78.31

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78.32 78.31

80.06

79.06 79.42 79.05

79.71

79.43

y=3274

79.94

x=918

Légende :

N briques crues

grès (dallage)

grès (mur) 0

1

limite du sondage S6

Fig. 437. La chapelle de Chabataka (Zone 7, sondage S6) – plan éch. 1/50

2m

Fig. 438. Les remplois d’époque ramesside dans la chapelle de Chabataka

720

CHAPITRE IV

rebuilt upon the remains of a chapel of Ramessu III »764. Comme l’avaient noté K. Lepsius765 et J.-F. Champollion766, la paroi sud de la chapelle était elle aussi partiellement composée d’un remploi de l’époque ramesside. Le registre inférieur du décor présente les noms de nsw bỉty et de fils de Rê de Ramsès VII (1138-1131 av. J.-C.)767. De nos jours, seule la partie basse, très dégradée, est encore en place. Néanmoins le relevé de K. Lepsius peut être complété768. En effet une partie de la paroi sud était dissimulée par la paroi ouest, aujourd’hui au Musée de Berlin. Les dieux récipiendaires, Amon et Khonsou, sont debout à gauche des vestiges de la paroi, et font face au pharaon officiant sur la droite (fig. 438 n°3). On a, enfin, noté au moins deux remplois dans le dallage de la chapelle. La présence de ces remplois sera discutée ultérieurement769. Notre propos n’est pas ici d’analyser en détail l’iconographie et les inscriptions de cette chapelle. Il est néanmoins pertinent de relever les références à « ce monument beau et pur » (mnw pn nfr wꜥb), aux offrandes divines (ḥtp.w nṯr), et tout particulièrement au pain des magasins d’offrandes (t (n) šnꜥ) et à la consécration de pain blanc (sḳ(r) t ḥḏ)770. Le mur ouest de la chapelle représente par ailleurs Chabataka offrant un pain à Amon et Mout. Ces mentions et cette représentation offrent un indice appréciable sur la fonction de la chapelle, voire du complexe dans lequel elle a été érigée. En replaçant cette chapelle sur le plan général de la rive sud du lac Sacré et en prenant en compte tout ce que l’on sait des monuments avoisinants, il est désormais possible de préciser la destination du secteur situé entre les magasins de Psammouthis et le quartier des prêtres.

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770

PETRIE 1925, p. 288. LEPSIUS III, p. 41. Le troisième registre de la paroi sud correspond à « une ancienne construction avec laquelle on a raccordé la nouvelle. Cette construction servant de base offre des restes d’adoration à Amon-Râ et à Mouth, Amon-Râ et Chons par le pharaon Rhamsès (à gauche du spectateur) » : CHAMPOLLION 1844, p. 265. Le nom de fils de Rê rꜤ-[…]nṯr-ḥqꜢ-ỉwnw peut correspondre au nom de Ramsès VI ou de Ramsès VII, mais associé au nom de nsw bỉty de wsr-mꜢꜤt-rꜤ-stp-n-rꜤ-mry-ỉmn, il ne peut s’agir que de Ramsès VII. LEPSIUS V/10, pl. 4a. Infra, Chapitre IV, § 2.2.2. Quartier des prêtres et secteur économique au fil des phases. Une translitération et une traduction récentes des inscriptions sont proposées dans RITNER 2009, p. 501-505. Elles ne tiennent pas compte, toutefois, des nouvelles découvertes.

2.1.2.2. Un grand complexe économique La chapelle de Chabataka appartient à un ensemble architectural beaucoup plus vaste. Les lignes principales de son plan sont présentées dans deux hypothèses de reconstitution (fig. 439). Ces propositions s’appuient sur divers éléments anciennement connus ou nouvellement dégagés, ainsi que sur des vues aériennes et quelques déductions. Le plan de Karnak réalisé par K. Lepsius représente au sud du lac Sacré une série de cinq naoi alignés sur le même axe771. Les trois premiers naoi, en partant de l’ouest, appartiennent aux magasins d’offrandes de Psammouthis et les deux derniers sont respectivement les chapelles de Chabataka (n°9) et d’Osorkon III (n°10). Ces naoi semblent construits à intervalle régulier, si ce n’est un vide entre les trois situés à l’ouest et les deux situés à l’est : entre ces deux séries, il y aurait la place de restituer un sixième naos772. En comparant ce plan à un relevé moderne et en reportant les distances entre chaque naos des magasins de Psammouthis – un naos tous les vingt mètres environ – l’emplacement de la chapelle de Chabataka sur le plan de K. Lepsius et sur notre relevé correspondent. En reportant vingt mètres supplémentaires à l’est de la chapelle de Chabataka, on pourrait alors restituer l’emplacement de la chapelle d’Osorkon III773. Or, à cet endroit, la présence d’une dépression de forme environ ovale est visible sur le terrain (fig. 440). Relevée au théodolite et replacée sur le plan d’ensemble (fig. 439), elle est parfaitement alignée avec les naoi de Psammouthis et de Chabataka. Cette dépression résulte peut-être du démontage (partiel ?) de la chapelle d’Osorkon III774. D’autres rapprochements avec le plan des magasins de Psammouthis sont perceptibles775. En prolongeant le retour du grand mur M53 au sud, au-delà de la chapelle

771 772

773

774

775

LEPSIUS I/2, pl. 75. Aucune trace d’un éventuel sixième naos n’est visible en surface sur le terrain, mais cette zone est recouverte d’une masse importante de remblai. Notre restitution 2 du complexe oriental inclut la possibilité d’un sixième naos. Cl. Jurman situe les deux chapelles orientales de manière erronée : JURMAN 2006, p. 107-130, pl. 44. Bien qu’il dit se référer au plan de K. Lepsius et au rapport des découvertes que nous venions de faire à propos de ces chapelles (en partie publié dans GRIMAL, ADLY 2005, p. 271-272), il replace la chapelle d’Osorkon III à la place de celle de Chabataka et cette dernière est située trop à l’ouest. Une dépression similaire était visible à l’endroit de la chapelle de Chabataka avant son déblaiement. Voir la description générale du plan de l’édifice de Psammouthis : supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

721

Proposition de restitution 1 Lac Sacré I

rempart

II

secteur 1

galerie couverte

puits-descenderie

stèle de Séthi II

III

blocs remployés de Chabaka

IV V

chapelle de Thot et d’Amon rampe

VI

porte regravée au nom d’Amasis

VII

M53

VIII

M101

IX? fours

place porte de Masaharta

édifice de Psammouthis

chapelle de Chabataka

chapelle d’Osorkon III ?

M78

secteur 2

Pylône IX

Proposition de restitution 2 Lac Sacré I

rempart

II

galerie couverte stèle de Séthi II

secteur 1 puits-descenderie

III

blocs remployés de Chabaka

IV V

chapelle de Thot et d’Amon

rampe

VI

porte regravée au nom d’Amasis

VII

M53

VIII

M101

IX? fours

place porte de Masaharta

chapelle ?

édifice de Psammouthis

chapelle de Chabataka

chapelle d’Osorkon III ?

M78

secteur 2

Pylône IX

N

Légende : briques crues

restitution 1

pierre

restitution 2

dépression 0

50 m

Fig. 439. Restitutions hypothétiques du complexe oriental (secteur 1) sur la rive sud du lac Sacré – Éch. 1/1000

722

CHAPITRE IV

Fig. 440. Emplacement supposé de la chapelle d’Osorkon III – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73183

de Chabataka, on rejoint le mur arrière des magasins de Psammouthis. Quant au retour de M53 au nord, il coïncide avec le mur avant des magasins. Les décalages sont assez minimes à chaque fois776. La distribution interne du secteur 1 semble également présenter des analogies. Les jambages mentionnant Amasis découverts en 1970 ont été restaurés777, photographiés et relevés (fig. 441-442). Cette nouvelle documentation a permis de découvrir qu’Amasis a en fait usurpé cette porte en regravant les cartouches – malheureusement illisibles – de ses nom et prénom. La porte se situe exactement en face de l’emplacement supposé de la

776

777

Rappelons que les magasins de Psammouthis n’ont pas encore fait l’objet d’un relevé précis, brique à brique. Les jambages étaient dissimulés sous du tissu, collé au grès, depuis les années 1970 (ancienne restauration d’urgence réalisée par C. Traunecker). On ne possédait aucun cliché ni dessin de ces jambages. Ils étaient dans un état très médiocre de conservation. F. Dubois et A. Oboussier les ont restaurés en 2007. La partie inférieure des jambages n’a pas été dégagée, car il faudrait retirer en premier lieu le niveau romain tardif/ copte sur lequel les anciens archéologues s’étaient arrêtés dans le bâtiment.

chapelle d’Osorkon III. Le prolongement vers l’ouest du mur dans lequel cette porte est insérée coïncide avec la limite nord de la partie réservée au stockage des magasins de Psammouthis. De même que chacune des trois portes de l’arrière-corps de ces magasins ouvre sur un couloir menant à une chapelle, de même la porte d’Amasis ouvre sur un couloir menant à l’emplacement supposé de la chapelle d’Osorkon III. Les vestiges de cinq colonnes fasciculées s’élèvent entre la porte d’Amasis et une grande descenderie à double-entrée (fig. 442-443)778. Elles apparaissent alignées avec le portique de la cour centrale de l’édifice de Psammouthis, mais il faut rappeler que ce dernier portique est composé de colonnes à pans coupés. J. Leclant avait autrefois noté non loin de cette petite colonnade, « des pierres d’angle (fragments d’abaque ou d’architraves) portant le cartouche de Chabaka » (ca. 705-690 av. J.-C.) (fig. 444)779. Elles sont remployées a priori comme élé-

778

779

Elle correspond au puits près de l’enclos est des magasins de Psammouthis : supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. LECLANT 1965, p. 61.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

723

Fig. 441. Jambages regravés avec le cartouche d’Amasis – © Cnrs-Cfeetk/clichés J.-F. Gout et A. Masson-Berghoff n°121617-121618 et n°125229-125330, dessins A. Masson-Berghoff

CHAPITRE IV

724

x=950 y=3320

blocs remployés de Chabaka

portique

porte d’Amasis

M53

y=3300 x=900

Légende :

N briques crues

grès

mortier

0

10

Fig. 442. L’angle nord-est du complexe oriental (secteur 1) – plan éch. 1/400

Fig. 443. Portique à colonnes fasciculées – © Cnrs-Cfeetk/A. Chéné n°73153

20 m

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

Fig. 444. Blocs remployés au nom de Chabaka – © Cnrs-Cfeetk/clichés A. Masson-Berghoff n°125231-125234, dessins A. Masson-Berghoff

725

726

CHAPITRE IV

ments de huisserie, juste en face de l’accès nord-ouest aux magasins de Psammouthis (fig. 439). Le mur de refend M101, partiellement dégagé lors des nouvelles fouilles, se situe dans le même axe qu’une des divisions internes de l’arrière-corps de l’édifice de Psammouthis. Enfin, certaines photographies aériennes anciennes du site capturent la continuité de l’architecture particulière des magasins de Psammouthis vers l’est, jusqu’à la rue desservant les maisons des prêtres780. Le mur périmétral du complexe oriental au sud et à l’ouest est également visible sur les images satellites collectées par Google earth. Ces vues présentent un écart assez restreint entre les magasins de Psammouthis et l’ensemble circonscrit par le grand mur M53, corroborant davantage notre restitution 2 (fig. 439). Si cette hypothèse est correcte, alors le secteur 1 forme un édifice de 46 m (largeur connue à l’est) par 53,5 m (longueur au sud supposée), un pendant presque parfait aux magasins de Psammouthis qui mesurent 45,5 m sur 55,5 m. Au vu des similitudes et des raccords avec le plan de l’édifice de Psammouthis, cet ensemble oriental devait vraisemblablement recouvrir une destination comparable, c’est-à-dire en relation avec les offrandes divines. D’autres indices viennent conforter cette proposition. Les batteries de fours qui ont été découvertes contre le parement interne du grand mur M53 indiquent que des préparations culinaires, probablement la cuisson de pains, y prenaient place (fig. 143-144)781. Ces batteries ont connu au minimum deux états et le deuxième état superposait le premier, soulignant leur usage intensif782. Leurs comblements cendreux ont fourni plusieurs graines de céréales (tableaux 5-6). Il a déjà été remarqué que les secteurs destinés à la préparation et cuissons des offrandes dans les temples mémoriaux thébains étaient localisés au sud des complexes afin de permettre une meilleure circulation de l’air due à l’orientation des

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Le mur situé à l’arrière des magasins est particulièrement lisible sur ces clichés. Voir par exemple des vues aériennes datées de 1921 (MASSON 2014, fig. 30-6) et 1935 (CHRISTOPHE 1951, pl. I). Supra, Chapitre I, § 3.6.1.2. À l’intérieur du grand mur M53 : deux états de batteries de fours. Le renouvellement de fours au même endroit n’est pas rare. C’est le cas par exemple de nombreux fours découverts dans le sanctuaire de Dangeil au Soudan (ANDERSON, AHMED 2006, p. 96). À l’ouest du temple, un long bâtiment rectangulaire, destiné aux préparations culinaires et contenant des batteries de fours, offre un parallèle aux aménagements du complexe oriental de Karnak.

vents783. C. Traunecker soulignait que la présence de fours pour la confection des pains sacrés, offrande de base dans le temple, faisait défaut dans les magasins de Psammouthis784. Il l’interprétait comme un « indice d’une évolution allant dans le sens d’une ritualisation des actes liés au fonctionnement matériel du culte »785. Il est désormais raisonnable de penser que cette activité s’est effectuée, pour un temps au moins, dans le complexe oriental. Les fours ont été abandonnés plus tard et ont été remplacés par un bac à mouna (ST8) (fig. 167)786. Il est difficile de certifier si ces fours étaient encore en fonction à la XXIXe dynastie, mais il est possible que ce n’était déjà plus le cas787. C. Traunecker a démontré que les naoi situés à l’arrière des magasins d’offrandes de Psammouthis devaient servir à la consécration des offrandes788. Les chapelles se présentaient comme des « lieux de substitution du sanctuaire principal »789. Les offrandes étaient consacrées dans les chapelles puis en grande partie reversées au personnel du temple. On évitait ainsi « la manipulation d’une trop grande masse de nourriture »790. Un rôle similaire a pu être joué dans les chapelles orientales. L’iconographie développée dans la chapelle de Chabataka est en tout cas identique à celle des naoi de Psammouthis : le pharaon y figure faisant des offrandes à la triade thébaine. L’exclusivité du culte à la triade thébaine, évidente dans les chapelles des magasins de Psammouthis, a été plus ou moins contestée dans les chapelles orientales. Dans son étude sur la chapelle de Chabataka, J. Leclant résume l’opinion générale en citant le passage d’un guide du Musée de Berlin : « l’édifice aurait servi pour l’offrande quotidienne habituelle à Amon-Rê et comme magasin »791. Mais, en l’absence d’élément plus précis, l’auteur avait préféré se montrer réservé sur une telle fonction : « toutes les autres chapelles de Karnak, dont les textes nous montrent qu’elles sont dédiées à Osiris, ne portent-elles pas pourtant des scènes d’hommage à la triade thébaine »792. Plus récemment, Cl. Jurman a 783 784 785 786 787

788 789 790 791 792

MASQUELIER-LOORIUS 2008, p. 62. TRAUNECKER 1987, p. 158. Ibidem. Supra, Chapitre I, § 4.1.2.1. Le grand mur M53 (au nord-ouest). Nous émettons une hypothèse sur la datation de cet abandon : infra, Chapitre IV, § 2.2.2.2. Relations stratigraphiques et architecturales entre les rives est et sud. TRAUNECKER 1987, p. 149. Ibid., p. 158. Ibidem. LECLANT 1965, p. 61. Ibidem.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

repris en partie cette idée pour les deux chapelles793. Pourtant aucune chapelle de consécration des offrandes dont on connaisse bien l’iconographie – les trois de Psammouthis et celle de Chabataka – ne semble se référer à Osiris. Et même si le nom d’Osiris apparaît dans la chapelle d’Osorkon III794, la triade thébaine y est bien présente795. La qualifier de chapelle osirienne paraît excessif, surtout en l’état de nos connaissances sur cette chapelle. Même si Osiris peut être associé à des magasins d’offrandes796, il est imprudent de généraliser cette association à tout secteur économique du temple. Celui qui est érigé sur la berge sud du lac Sacré est avant tout consacré à la triade thébaine. Les magasins d’offrandes (šnꜥ ꜥꜢ wꜥb) semblent ainsi occuper une zone plus importante qu’initialement supposée au sud du lac Sacré. Ils se développent jusqu’à la limite occidentale du quartier des prêtres. Malgré le dégagement très partiel de leur partie orientale, une reconstitution basée sur le plan de l’édifice de Psammouthis paraît plausible, tout du moins pour une des phases de cet ensemble oriental. En effet, les noms de divers pharaons y apparaissent : Ramsès III et Ramsès VII pour le Nouvel Empire, Osorkon III, Chabaka et Chabataka pour la TPI, et, Amasis pour la Basse Époque. Remplois et usurpation ont été observés. Nul doute que cet édifice a connu plusieurs phases architecturales, vraisemblablement accompagnées de changements dans le plan, l’organisation interne et l’usage de certains espaces. Nous y reviendrons. 2.2. DES DOMAINES QUI SE COMPLÈTENT ET SE CHEVAUCHENT ? Le complexe économique que l’on restitue jusqu’aux abords du quartier des prêtres a ses propres limites, matérialisées par un grand mur en briques crues. Mais 793

794 795

796

« Amon can assume the role of Osiris as a god of fertility and accordingly be associated with the rise of the Nile. In this regard it is interesting to note the close proximity of an Osiris chapel built under Osorkon III and Shebitqu’s chapel dedicated to Amun in his aspect as provider of fertility. Both buildings relate to the religious-economic facilities in this sector, which were destined for the production and storage of offerings » (JURMAN 2006, p. 116). Voir aussi JURMAN 2017, p. 137. ROEDER 1913, p. 218, n°2101-2102. L’architrave de la porte de la chapelle présente une doublescène, avec Amon et Mout d’un côté, et, Amon et Khonsou de l’autre : LEPSIUS III, p. 42 ; PM II2, p. 223 [U]. Les recherches sur la chapelle d’Osiris Neb-Djefaou et le grand complexe économique surplombant la chapelle l’ont déjà bien démontré (COULON, DEFERNEZ 2004).

727

il ne forme pas un ensemble complètement imperméable au secteur résidentiel. La rue qui dessert les maisons donne aussi accès aux installations érigées sur la rive sud (au moins lors des phases 13 et 14 du quartier). Le quartier des prêtres et le secteur économique apparaissent clairement reliés sur plusieurs niveaux797. Tout d’abord, au moins une partie des offrandes préparées et stockées sur la rive sud du lac était consommée dans le quartier des prêtres, comme le démontre l’étude des restes alimentaires mis au jour au cours des nouvelles fouilles. Les rapports architecturaux et stratigraphiques entre ces deux secteurs sont définis à la suite. 2.2.1. Offrandes des dieux, nourriture des prêtres Le régime alimentaire des prêtres égyptiens a été commenté par divers auteurs anciens798. Ces derniers s’accordent sur son caractère remarquable, mettant en exergue soit les privilèges des serviteurs des dieux, soit leur vie ascétique. L’analyse des ossements et des macro-restes végétaux799, recueillis en abondance dans le quartier des prêtres grâce au tamisage, est l’occasion de confronter les données archéologiques avec ces témoignages écrits. Elle peut être par ailleurs avantageusement comparée aux études des restes alimentaires menées à Karnak-même ou sur d’autres sites. Ces parallèles permettent d’évaluer dans quelle mesure l’alimentation des prêtres est spécifique, ou non. À Karnak toutefois, ces recherches ont été conduites sur des contextes archéologiques fort différents. La Zone 8, directement à l’est de la Zone 7, concerne des niveaux antérieurs à la construction du rempart du Nouvel Empire et vraisemblablement situés à l’extérieur du domaine d’Amon, tandis que le matériel faunique analysé à la suite des fouilles du temple d’Opet provient de niveaux stratifiés allant surtout du Moyen Empire au début du Nouvel Empire800. Plus instructif est le

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798

799 800

Cette proximité n’a rien d’inhabituel. Le complexe de la reine Khentkaoues, à Gizeh, par exemple, associe demeures pour les desservants du culte, greniers et magasins de stockage (HASSAN 1943, p. 39-40). Un autre exemple est fourni par le temple du Moyen Empire de Médamoud. Au sud du sanctuaire proprement dit, se trouvaient le complexe économique, associant greniers et magasins, ainsi que des édifices identifiés comme des maisons des prêtres (ROBICHON, VARILLE 1940, p. IX, fig. 2). Témoignages grecs et romains utilement compilés dans DARBY et al. 1977. Supra, Chapitre II, § Les plantes et les animaux. Pour la Zone 8, la publication des résultats de cette étude est en cours de préparation. Pour Opet : MONCHOT 2012.

728

CHAPITRE IV

rapprochement avec des contextes contemporains, particulièrement des dépôts d’ossements à Éléphantine datés des XXVe-XXVIe dynasties801. Le principal dépôt provient d’une maison à la destination cultuelle probable, en relation avec le temple de Khnoum : la maison AB aurait été utilisée pour préparer les sacrifices ou pour le stockage de la viande d’animaux sacrifiés, en vue d’une consommation lors de fêtes futures802. 2.2.1.1. Espèces animales : préférences et tabous religieux dans le sacrifice et la consommation des prêtres Les observations sur le matériel ostéologique de la Zone 7 concernent surtout les phases 13 et 14 du secteur, la phase 12 ayant livré relativement peu de restes fauniques en comparaison (fig. 223)803. Le régime alimentaire ne semble guère évoluer entre les deux phases, ce qui est intéressant en soi puisque seule la classe sacerdotale est attestée dans le secteur à la phase 13, tandis que prêtres et artisans y vivent à la phase 14. L’archéozoologue L. Chaix a noté que beaucoup des animaux ont moins de quatre ans ce qui est typique d’un élevage de boucherie, ainsi qu’un fort taux de fragmentation des os – qui peut s’expliquer par certaines techniques de boucherie ou bien la mauvaise conservation des os. Bovidés Le bœuf est l’animal de boucherie par excellence dans les temples804. Il représente l’espèce dominante à toutes les phases du quartier (Tableaux 11-13), particulièrement à la phase 13 où le bétail forme 90% du poids total des ossements. L. Chaix a principalement identifié de jeunes adultes indiquant un élevage typique de boucherie. Parmi les traces de boucherie repérées sur les ossements de la Zone 7, des os de bœuf présentent des traces rectilignes laissées par des feuilles de boucher, mais aussi quelques traces d’égorgement et

de dépouillement pour la peau (fig. 232 et 243 n°1, 4-5, 10). Hérodote mentionne les viandes de bœuf et d’oie comme un aliment de base pour les prêtres : « on fournit chaque jour à chacun une grande abondance de viandes de bœuf et d’oie »805. La consommation de boeuf en grande quantité est perçue comme une caractéristique de la classe sociale élevée des prêtres : « consumption of beef was in general limited, and restricted to the upper sections of Egyptian society, the large landholders, priests and royalty »806. Mais W.J. Darby, P. Ghalioungui et L. Grivetti spécifient que les prêtres, du fait de leur rôle dans les sacrifices, « were most likely the major consumers of beef »807. La consommation de viande de vache est par contre considérée comme interdite, car la vache est l’animal sacré d’Isis808 et est associée à la déesse Hathor, souvent représentée sous la forme de vache ou portant quelques attributs physiques de cet animal809. Aucun os caractéristique appartenant à une vache n’a pu être identifié. Cependant, déterminer le sexe d’un animal n’est pas toujours aisé, puisque seuls quelques os permettent de le faire. La proportion d’ossements appartenant aux bas de pattes est particulièrement remarquable. À Éléphantine, on a également observé que les ossements de bovins sont pour ainsi dire exclusivement des bas de pattes810. Seules quelques parties du corps du bœuf étaient présentées en offrandes811 et les bas de pattes font partie de celles-ci. L. Chaix a noté que les éléments crâniens étaient en quantité singulièrement faible, notamment à la phase 13 où le bœuf prédomine de loin l’assemblage osseux812. Selon Hérodote, la tête du bœuf était perçue comme impure et donc impropre à la consommation813. Il semble cependant que ce tabou n’était pas général en Égypte : des têtes portant des traces de boucherie ont été retrouvées dans un cimetière de bovins daté 805 806 807 808 809

801 802

803 804

BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 189-201. Ibid., p. 197-198. La fouille de la maison voisine et contemporaine, maison AA, a révélé le même type de dépôt. KAISER et al. 1993, p. 175. Supra, Chapitre II, § 2. Le monde animal. À Doukki Gel, au Soudan, de nombreux ossements de bovidés, ont été jetés près des sanctuaires. Les animaux avaient moins de deux ans. Leur élevage devait être lié à une activité de boucherie : BONNET, VALBELLE 2006, p. 105.

810 811 812

813

Hérodote, Histoires II, 37. DARBY et al. 1977, p. 139. Ibidem. Hérodote, Histoires II, 41. DARBY et al. 1977, p. 136 et 142. W.J. Darby, P. Ghalioungui et L. Grivetti mettent en doute cette explication du tabou sur la consommation de la vache, puisque, d’une part, d’autres animaux sacrés étaient quand même sacrifiés et mangés, et, d’autre part, le sacrifice de vache est attesté dans la littérature égyptienne. Ils concluent sur une possible apparition tardive de ce tabou (ibid., p. 143). BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 189. DARBY et al. 1977, p. 147. Supra, Chapitre II, § 2.1.2. La phase 13 (XXVIe-début XXVIIe dynastie). Hérodote, Histoires II, 39.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

de la XXVIe dynastie814 et Athénée cite la tête de bœuf comme un morceau de viande de second choix que l’on pouvait trouver dans des magasins spécialisés dans la vente de la viande « bon marché »815. Les têtes de bœuf étaient-elles alors réservées à la consommation des classes moyenne voire pauvre ? Les têtes apparaissent pourtant très fréquemment parmi les offrandes faites aux dieux et aux défunts816. En outre, quelques os de maxillaire (crâne) ou de mandibule (partie basse) de bœufs ont été trouvés à Éléphantine817. Il serait donc possible que l’absence d’os de crâne dans le quartier des prêtres de Karnak ne soit liée qu’au hasard de la découverte, et non à ce tabou religieux décrit par Hérodote, tabou démenti par d’autres sources. Caprinés Les caprinés ont été, après le bœuf, les animaux les plus consommés dans le quartier des prêtres818. Leurs os semblent par ailleurs prépondérants sur les sites archéologiques égyptiens en général819. Concernant Éléphantine, les ossements de chèvres sont de loin majoritaires dans les dépôts820. Hérodote ne les mentionne pas dans l’alimentation des prêtres, mais dans un autre passage, il rapporte que dans le temple d’Amon à Thèbes on ne sacrifie pas de moutons mais des chèvres : « tous ceux qui ont fondé le temple de Zeus Thébain, ou qui sont du nome de Thèbes, n’immolent point de moutons, et ne sacrifient que des chèvres »821. Le mouton était associé à plusieurs divinités à tête de bélier, tels Khnoum et Amon822. La distinction entre mouton et chèvre dans l’étude archéozoologique est problématique, car elle ne dépend que de quelques os particuliers. Néanmoins, lorsque L. Chaix pouvait les différencier, il s’agissait à chaque fois de chèvres823. J. Boessneck et A. von den Driesch remarquent également l’absence totale d’os de mouton dans les dépôts d’Éléphantine824, alors qu’il

814 815 816 817 818 819 820 821 822 823

824

DARBY et al. 1977, p. 147. Athenaeus, Deipnosophistae, III, 94, C. DARBY et al. 1977, p. 139. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 189. Supra, Chapitre II, § 2.2.2. Les Caprinés. IKRAM 1995, p. 17. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 190 et 193. Hérodote, Histoires II, 42. VERNUS, YOYOTTE 2005, p. 482-490. Un os de mouton a été repéré dans un contexte la phase 15, phase postérieure à l’occupation du secteur par les prêtres (tableau 14). BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 197.

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en a été trouvé dans d’autres contextes de la ville825. V.M. Kaiser note que la maison AA, dans laquelle a aussi été découvert un grand dépôt d’ossements, n’a livré aucun os de mouton ; il explique qu’il y a très peu de chance que l’on ait sacrifié des moutons dans le sanctuaire de Khnoum et que ces dépôts avaient sans doute une valeur cultuelle826. La viande de mouton peut donc faire partie des tabous alimentaires des prêtres qui lui préfèrent la viande de chèvre. Oies Des ossements d’oies sont présents dans chaque phase du quartier, quoique dans des proportions de loin inférieures827. Les restes sont essentiellement constitués de bas de pattes et de quelques ailes (fig. 235). Cette situation rappelle quelque peu l’assemblage ostéologique issu de la maison du grand prêtre Panhesy à Amarna. Largement dominé par le bœuf, il a aussi fourni un nombre assez conséquent d’oiseaux divers, principalement des oies828. Les pattes et les ailes des oies sont particulièrement bien représentées, suggérant à l’archéozoologue que ces restes fauniques représentent surtout des rejets de boucheries et que les parties plus riches en viande étaient destinées pour ailleurs829. Les os des animaux sacrifiés étaient toutefois souvent enlevés en grande partie, puis la viande traitée pour la conservation avant d’être placée dans des pots830, ce qui pourrait aussi expliquer le type d’ossements retrouvés. Ainsi que nous l’avons mentionné plus haut, les oies font partie du régime alimentaire de base des prêtres selon Hérodote. Elles sont particulièrement consacrées et offertes en sacrifice à Amon831. Elles figurent aussi parmi les offrandes d’autres divinités révérées à Karnak832. Plusieurs témoignages nous apprennent qu’elles étaient élevées au sein des sanctuaires833. Or, L. Chaix a pu déterminer qu’il s’agissait d’oies domestiques de belle taille (fig. 236). Divers

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Ibid., p. 190. KAISER et al. 1993, p. 175. Supra, Chapitre II, § 2.2.3. Les oiseaux domestiques. PAYNE 2006. STIMPSON 2016, p. 5, fig. 1. IKRAM 1995, p. 186. VERNUS, YOYOTTE 2005, p. 401-403 ; BARGUET 2008, p. 21. Sur une stèle du temple d’Opet, un pharaon non identifié des XXVe-XXVIe dynasties institue une fondation d’offrandes pour le culte d’Osiris Ounnefer et d’Opet. Vingt-quatre oies engraissées sont mentionnées à la fin de la liste des offrandes : COULON, GABOLDE 2004, p. 2-4. DARBY et al. 1977, p. 283.

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CHAPITRE IV

témoignages épigraphiques et iconographiques attestent que des oiseaux, et notamment des oies, étaient élevés dans le sanctuaire d’Amon dès le Nouvel Empire. La stèle précitée de Séthi II, notamment, évoque une volière remplie d’oiseaux de toute sorte pour les offrandes divines (fig. 433). Elle a été découverte sur la berge sud du lac Sacré où certains spécialistes restituent la cour à volatiles834. Porcs D’autres espèces animales ont été reconnues dans de faibles quantités, une « sous-représentation » qui pourrait refléter des tabous religieux. Il s’agit tout d’abord du porc. Il constitue pourtant une des espèces domestiques fortement représentés dans les restes fauniques jusqu’ici étudiés à Karnak. Ces études, toutefois, concernent avant tout des contextes du deuxième millénaire avant notre ère et parfois placés en dehors des limites du temenos d’Amon835. Le porc n’est pas complètement proscrit dans l’Égypte ancienne836. Divers témoignages du Nouvel Empire attestent que le porc pouvait être présent dans les listes d’offrandes ou dans les sanctuaires. Ainsi, Amenhotep III offrit 1000 porcs et 1000 porcelets au temple de Ptah à Memphis, des porcs étaient élevés dans les domaines du temple de Séthi I à Abydos, et, des porcs sont mentionnés dans une liste d’offrandes dans le temple de Médinet Habou, sous Ramsès III837. Son statut évolue néanmoins aux époques plus tardives, notamment entre la XXIe et la XXVIIe dynastie838. Il est alors considéré comme impur, et donc probablement impropre à la consommation pour les prêtres qui se doivent de rester purs le temps de leur service cultuel. Il ne semble plus être un animal que l’on sacrifie volontiers aux dieux. Aucun des dépôts d’Éléphantine ne contient d’os de porc839, os cependant identifiés dans d’autres contextes de l’île840.

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Supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. MONCHOT 2012, p. 186-188. Il semble que le porc n’était pas l’objet d’une aversion radicale. De nombreux témoignages de diverses périodes de l’Égypte ancienne attestent de la tolérance du porc, de l’Ancien Empire à l’époque romaine : DARBY et al. 1977, p. 180-194. IKRAM 1995, p. 31. DARBY et al. 1977, p. 199. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 197. Ibid., p. 190.

La répugnance des prêtres pour les porcs a souvent été soulignée par les auteurs anciens841. Le tabou religieux sur les porcs est encore bien attesté à l’époque romaine. Dans le temple de Kalabsha, en Nubie, un édit daté de 248 ap. J.-C., attribué au gouverneur d’Éléphantine et d’Ombos Aurélius Bèsarion, ordonne de tenir éloigné les porcs du sanctuaire du nôme de Talmis842. Les avis sur le porc sont cependant très partagés d’après les sources littéraires des époques gréco-romaines843. Par exemple, Sextus Empiricus explique que le sacrifice du porc est interdit pour certaines divinités mais permis pour d’autres844. Plus loin il affirme qu’un « prêtre égyptien préfèrerait la mort plutôt que de manger de la chair de porc »845. W.J. Darby, P. Ghalioungui et L. Grivetti citent d’autres auteurs anciens révélant que la consommation des porcs à ces époques était tolérée ; mais il s’agit de sources qui ne concernent pas l’alimentation des prêtres ou bien discutent le sacrifice de porcs à Naucratis, ville qui abritait plusieurs sanctuaires grecs846. Les ossements de porc, mis au jour en nombre limité dans le secteur des prêtres, proviennent de contextes très divers des phases 12 à 14. Certains sont issus de murs ou de destruction de murs, mais d’autres proviennent de niveaux des maisons des prêtres ou de la rue les desservant (sol, remblai entre niveaux de sols, abandon et dépotoir). L. Chaix n’a pas noté de traces de boucherie, mais certains sont brûlés à basse température. La présence de tels os avait déjà été remarquée dans les fouilles des années 1970 et cette constatation avait surpris. Mais il n’est rien dit de la quantité de ces restes de porc ni dans quels contextes ils ont été découverts. Il n’est pas sûr qu’il faille à chaque fois y voir une contamination archéologique, même si cette hypothèse constitue une explication valide. Le sacrifice et la consommation de porc par les prêtres étaient permis lors de fêtes liées au culte d’Osiris et d’Horus847. Ces fêtes, probablement annuelles, avaient lieu les jours de pleine lune848. En outre, des os de porc peuvent apparaître dans des contextes religieux postérieurs au

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Par exemple : Plutarque, Isis et Osiris, 353 F-354 A. Les porchers eux-mêmes n’étaient pas admis dans l’enceinte des temples : Hérodote, Histoires II, 47. GAUTHIER 1911, p. 193. DARBY et al. 1977, p. 190. Sextus Empiricus, 3, 220. Ibid., 3, 223. DARBY et al. 1977, p. 190-194. Hérodote, Histoires II, 47. DARBY et al. 1977, p. 176-177.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

Nouvel Empire. Par exemple, des porcs étaient déposés en offrandes parmi d’autres animaux sacrifiés dans la pyramide de Sekhemkhet à Saqqarah, pendant la XXVIe dynastie. Leur nombre demeure toutefois très limité vis-à-vis des autres espèces sacrifiées849. La rareté des occasions où le sacrifice de porc était autorisé peut expliquer la faiblesse de la proportion des os de porc à Saqqarah comme à Karnak. La consommation de porcs était probablement considéré comme impur uniquement pour certaines classes, notamment la classe sacerdotale, et uniquement pendant certaines périodes de l’année850. Ce « tabou » alimentaire n’était sans doute pas suivi par des communautés plus modestes qui ne pouvaient pas forcément se permettre une telle sélection. Poissons Les restes de poisson sont très rares851. Dans le quartier des prêtres, seuls des restes de silures de petite taille ont été mis au jour. Il s’agit d’un poisson de vase du genre Clarias. Ce type de poisson se pêche dans les eaux de débordement du Nil et dans les mares (le lac Sacré ?). Ces poissons peuvent vivre dans la boue assez longtemps. Si le poisson était généralement consommé par les Égyptiens, il demeurait prohibé pour certains852, notamment les prêtres853, les rois ainsi que les habitants de certaines villes où le poisson était révéré. À Esna par exemple, il était interdit aux habitants de manger la grande perche du Nil appelée Lates, qui y était l’objet d’un culte854. Cela n’était pas le cas à Thèbes, et la Zone 8 comme le secteur des fouilles du

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Ibid., p. 190. IKRAM 1995, p. 32-33. Supra, Chapitre II, § 2.2.5. Les poissons. Il semble cependant que le tabou religieux concernant le poisson ait varié avec le temps : à l’Ancien Empire, il était peu considéré, même s’il formait une base du régime alimentaire des classes les plus pauvres ; au Moyen Empire et au Nouvel Empire, plusieurs témoignages démontrent une certaine acceptation du poisson et ce dernier figure parfois dans les offrandes ; avec la XXVe dynastie, un très fort tabou frappe la consommation du poisson (DARBY et al. 1977, p. 380-383 et 393-394). Pour S. Ikram, il pourrait s’agir d’une tradition nubienne ne reflétant pas forcément les habitudes alimentaires égyptiennes : IKRAM 1995, p. 35. Comme pour le porc, elle pense que le poisson ne devait représenter un tabou que pour certaines classes de la population, particulièrement la classe sacerdotale, dans certaines aires géographiques et certaines périodes : IKRAM 1995, p. 36. « Il ne leur est pas permis de manger du poisson » (Hérodote, Histoires II, 37). Voir aussi : Plutarque, Isis et Osiris, 363 E-F ; Porphyre, De abstinentia IV, 7. DARBY et al. 1977, p. 392 ; GERMOND 2005, p. 33.

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temple d’Opet855 ont livré maints restes de poisson. Il est donc tentant de voir dans l’extrême rareté des restes de poisson mis au jour dans la Zone 7 un tabou alimentaire pour les prêtres. Le cas des dépôts d’Éléphantine reste ambigu. En effet, des restes de poissons y ont été trouvés dans une quantité assez importante. Pourtant, d’après J. Boessneck et A. von den Driesch, il s’agirait plutôt de pollutions postérieures aux dépôts des os de bovins et de caprinés856. Ils donnent, entre autres, comme argument le fait qu’il ne s’agit jamais de poisson entier mais de parties, comme s’il s’agissait de rebuts857. Autres Quelques ossements d’équidés, de chats et de chiens ont été mis au jour dans la Zone 7 (tableau 18)858. Aucune trace de boucherie n’a été observée sur ces os. Parmi les restes exceptionnels de faune sauvage ont été identifiés des os de gazelle et de varan859. Au vu de leur extrême rareté, leur présence au sein du temple peut être accidentelle. Notons néanmoins que la gazelle était considérée comme propre au sacrifice, puisque l’animal apparaît dans les listes d’offrandes860. Lorsqu’il visite l’Égypte au Ve siècle av. J.-C., Hérodote remarque que le personnel du temple se sert sur les reliefs du sacrifice861. L’étude archéozoologique confirme que les prêtres de Karnak mangeaient à la table des dieux : bas de pattes de bœuf, partie la plus fréquemment offerte aux dieux, et oies domestiques, oiseaux consacrés à Amon, probablement élevés au sud du lac Sacré. La quasi-absence de porc et de poisson est également remarquable, car leurs restes abondent sur d’autres sites contemporains. Leur rareté reflète probablement un tabou religieux les concernant : le sacrifice de porc est exceptionnel et la consommation de poisson est bien souvent interdite aux prêtres. Une situation diamétralement opposée a été observée pour le matériel faunique issu de de contextes saïtes à Plinthine au nord-ouest du Delta. Les moutons et les porcs forment la majorité des ossements (95 %), alors que les os de

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MONCHOT 2012, p. 189-191. Gardons toutefois à l’esprit que ces contextes sont de loin antérieurs aux niveaux d’occupation du quartier des prêtres. BOESSNECK, VON DEN DRIESCH 1993, p. 189 et 195-197. Ibid., p. 195. Supra, Chapitre II, § 2.2.6. Animaux domestiques divers. Supra, Chapitre II, § 2.2.7. La faune sauvage. IKRAM 1995, p. 21. Hérodote, Histoires II, 40.

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CHAPITRE IV

bovins, chèvres et volailles sont exceptionnels862. La classe relativement élevée des prêtres et l’accès facile à des viandes chères au sein du domaine d’Amon sont également à prendre en compte. Le poisson représente une denrée beaucoup plus abordable que le bœuf, consommé de manière très occasionnelle par les classes plus modestes, notamment lors de fêtes religieuses863. Le personnel des temples ne consommaient pas la totalité des animaux et volailles sacrifiés. Une partie était redistribuée (au cours de cérémonies religieuses ou comme paiement), ou encore vendue à l’extérieur du temple864. 2.2.1.2. Espèces végétales : préparation et consommation Les macro-restes végétaux de la Zone 7 sont essentiellement composés de céréales, auxquelles s’ajoutent quelques légumineuses et fruits865. Les restes particulièrement nombreux de la phase 13 proviennent d’une variété de contextes – les maisons, le complexe oriental et la « place » située entre les deux secteurs (tableaux 5-6). Les céréales et la confection de pain Les céréales représentent le type de reste végétal le plus abondant dans les contextes de la Zone 7. Les grains et autres restes de blé amidonnier sont un peu plus nombreux que ceux d’orge866. En regardant de près la distribution d’orge et de blé suivant les contextes, on obtient des résultats assez différenciés : les maisons ont fourni une petite majorité de blé alors que c’est l’orge qui prédomine légèrement dans les fours du complexe oriental et la « place » a produit presqu’exclusivement des grains de blé (fig. 445)867. 862

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Étude pour l’instant non-publiée de M. Leguilloux, mais dont un résumé est disponible dans https://taposiris.hypotheses. org/400. Les ouvriers de Deir el-Médineh, par exemple, étaient approvisionnés régulièrement en poisson et plus occasionnellement en bœuf lors de fêtes religieuses : JANSSEN 1975, p. 489. Sur la relation entre viande consommée (qualité, quantité et espèce) et la classe sociale du consommateur : IKRAM 1995, p. 199-229. Ibid., p. 219. Supra, Chapitre II, § 1. Économie végétale. Dans la Zone 8 ont été identifiés presque neuf fois plus de grains d’orge (rapport préliminaire de la mission archéobotanique à Karnak de C. Newton, du 6 au 30 mars 2006). Pourcentages basés sur les données des tableaux 5 et 6. Ils excluent les restes provenant du contexte incertain 7000 et ceux issus des contextes de la rue.

C. Newton n’a identifié aucun reste de blé dur quel que soit le contexte ou les phases du secteur. Or le blé dur remplace de manière quasi-systématique le blé amidonnier entre l’époque ptolémaïque et le Haut-Empire romain868. Plus qu’un simple indice chronologique, l’archéobotaniste y perçoit un possible conservatisme des pratiques cultuelles qui ne sont pas forcément en phase avec les activités économiques contemporaines. Cette observation est d’autant plus pertinente que le quartier des prêtres a produit maints moules à pain qui permettent de confectionner des pains coniques, une offrande de base dans les temples869. Ailleurs en Égypte, ces moules disparaissent progressivement vers la fin de la TPI et deviennent anecdotiques par la suite. Les céréales ont pu être utilisées dans la préparation de bouillie ou de soupe, comme le montre par exemple les groupes de grains de céréales concassés et agglomérés, découverts dans une fosse de la phase 12 (fig. 207). Mais la majorité des céréales a dû servir à la fabrication de pains et sans doute de bière870. Parmi les avantages des prêtres, Hérodote explique que l’on « cuit pour eux des pains σιτία sacrés »871. Les pains consacrés aux dieux sont ensuite présumément mangés par la foule des officiants et autres individus travaillant dans le temple872. Le complexe oriental doté de batteries de fours servait, au moins en partie, de boulangerie dont les produits ont pu être redistribués au personnel du temple. Des pains et d’autres préparations culinaires étaient également apprêtés sur la « place », comme l’atteste la découverte des restes céréaliers et osseux, mais aussi d’un petit silo, d’une meule, de structures de cuisson et de plats à pain873. Toutefois, ceux qui jouissaient d’un logement dans le secteur recevaient plutôt les matériaux bruts non transformées (grains, épillets) pour le pain. Comme nous l’avons vu, les maisons étaient dotées de l’équipement indispensable à leur production : meules et broyeurs, plats et moules à pain 868

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Supra, Chapitre II, § 1.3.1.1. Blé et orge, les deux mamelles de la céréaliculture égyptienne. Supra, Chapitre IV, § 1.3.3.2. Mobilier à connotation religieuse. Blé amidonnier et orge vêtue peuvent être utilisés dans la brasserie, même si l’orge semblent avoir été priviligiée dans certains habitats : SALAVERT, TENGBERG 2006, p. 129-130. Hérodote, Histoires II, 37, 16. ANDERSON, AHMED 2006, p. 96. Supra, Chapitre I, § 3.5. La « place ». Il est délicat de déterminer qui utilisait la « place » et qui bénéficiait des repas qui y étaient préparés, car elle se situe exactement à la jonction du quartier résidentiel des prêtres et du complexe économique. Nous formulerons quelques hypothèses dans une analyse des rapports entre ces secteurs : infra, Chapitre IV, § 2.2.2.2. Relations stratigraphiques et architecturales entre les rives est et sud.

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Fig. 445. Histogramme illustrant la répartition des céréales à la phase 13 d’après les contextes

ainsi que structures pour la cuisson874. Une situation relativement similaire est documentée dans des quartiers résidentiels dépendants d’institutions royales, comme le village des ouvriers de Deir el-Médineh875 et le Walled Village à Amarna876. Les capacités de stockage réduites au sein des maisons de Karnak indiquent que les rations de grains devaient être régulièrement renouvelées877. Ces denrées brutes étaient probablement stockées dans le secteur économique voisin, peutêtre dans le complexe oriental ou ailleurs sur la rive méridionale. Une scène de la tombe ramesside de Pahemneter (TT284), décrite précédemment, figure a priori la rive sud du lac associant oiseaux, silos à grains et une chapelle dédiée à Renenoutet, la gardienne divine des greniers878. La présence de silos ou autres installations de stockage pour les céréales a pu se perpétuer au long du premier millénaire avant notre ère.

Légumineuses Hérodote signale l’aversion générale des Égyptiens pour les fèves et explique que les prêtres, en particulier, tenaient les fèves pour un légume impur : « Les Égyptiens ne sèment point du tout de fèves dans leur pays ; s’il en a poussé, ils ne les croquent ni ne les mangent bouillies ; les prêtres n’en supportent même pas la vue, estimant que c’est un légume impur »879. Cette assertion a été critiquée880. Si des fèves n’ont pas été mises au jour dans la Zone 7, un autre type de légumineuse, la gesse cultivée, a été identifiée (fig. 208). Une concentration de ces graines a été trouvée dans un contexte particulier, un petit foyer de la « maison » IX (foyer 1)881. Il est nécessaire de faire subir une préparation spécifique à cette graine pour la rendre consommable, car le

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Supra, Chapitre IV, § 1.3.2.3. Cuisiner et consommer. LESKO 1994, p. 20. SAMUEL 1999. Supra, Chapitre IV, § 1.3.2.4. Dépendance, partage et approvisionnement : quelques réflexions sur les équipements du quartier. Supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis.

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Hérodote, Histoires II, 37, 19-22. Voir les commentaires critiques du traducteur Ph.-E. Legrand (Hérodote, Histoires II), note 4, p. 92 : « on a trouvé des fèves dans les tombes égyptiennes et des textes enseignent que les Égyptiens en étaient friands. Ramsès III en avait offert en abondance aux prêtres de Memphis et d’Héliopolis. » Supra, Chapitre II, § 1.2.2. Maison IX : le petit foyer à gesse (fin XXVIe-début XXVIIe dynastie).

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CHAPITRE IV

tégument de cette graine contient un produit toxique. Aussi, faut-il d’abord tremper ces graines puis les griller sur le feu. C’est peut-être à l’occasion d’un traitement de ce type que ces graines, fréquentes dans la Zone 7, ont été carbonisées. Fruits Quelques restes de fruits viennent compléter nos informations sur le régime des prêtres882. Leur rareté n’indique pas forcément leur consommation anecdotique, car leurs restes sont plus rarement carbonisés que les céréales. Les fruits identifiés comprennent le raisin, la datte, la sébeste, la pastèque et le moringa (fig. 210, 214-217). La graine de moringa, toutefois, n’a pas forcément un but alimentaire. Cette graine comestible, riche en matière grasse, peut être extraite pour être utilisée comme huile végétale et cette huile a de multiples usages que ce soit dans l’alimentation humaine ou l’industrie cosmétique883. Certains de ces fruits provenaient peutêtre des cultures du temple lui-même. La fameuse représentation des jardins d’Amon dans la tombe du maire de Thèbes Sennefer figure entre autres palmiers et vignes884. Dans son traité sur l’abstinence de la consommation de chair animale, le philosophe néoplatonicien Porphyre de Tyr rapporte la vie idéalisée des prêtres égyptiens885. Il cite un fragment du traité du hiérogrammate Chérémon d’Alexandrie dans lequel il affirme que le régime des prêtres « est frugal et sans recherche ». Le cas de Karnak démontre que c’est loin d’être le cas, malgré les diverses règles alimentaires auxquelles les prêtres se soustraient. Ceux qui vivaient aux abords des magasins, où les offrandes divines étaient stockées et préparées, bénéficiaient clairement du système de réversion des offrandes au personnel sacerdotal, bien documenté dès l’Ancien Empire886. Bœuf, chèvre et oie, qui souvent correspondent aux animaux les plus sacrifiés dans les temples887 sont les espèces les mieux représentées dans le quartier des prêtres. Certes, les espèces sacrifiés – et 882 883 884 885 886

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Supra, Chapitre II, § 1.3.4. Fruits. Supra, Chapitre II, § 1.3.3. Oléagineux. SALAVERT, TENGBERG 2006, p. 127. De abstinentia IV 6-10. Voir aussi QUACK 2012, p. 127. IKRAM 1995, p. 221. « Le titulaire d’une fonction sacerdotale bénéficiait d’un revenu sous la forme d’une part du reversement des offrandes déposées devant le dieu » (COULON 2018a, p. 211). Des descriptions assez détaillées du sacrifice du bétail dans l’Égypte ancienne nous ont été laissées par les Grecs, mais celles-ci sont assez étalées dans le temps et parfois contradictoires : DARBY et al. 1977, p. 136.

les pratiques sacrificielles – varient en fonction de la divinité récipiendaire, et aussi évoluent selon les périodes, les lieux et les fidèles offrant le sacrifice888. De même, les interdits alimentaires concernant telle viande ou tel légume diffèrent d’une région à une autre, voire d’une ville à une autre889. Aussi, l’étude des restes alimentaires permet de définir les « privilèges » et les « interdits » des prêtres à Karnak au cours du premier millénaire avant notre ère. Elle souligne le lien entre le quartier des prêtres et le secteur économique voisin. Il est plus délicat d’établir des conclusions semblables à partir des macro-restes végétaux. L’abattage des animaux ne se faisait vraisemblablement pas au sein des maisons890. La viande pouvait être fournie soit fraîche soit préservée (dans des conteneurs) aux habitants du quartier891. La fabrication du pain est, par contre, bien attesté dans les maisons des prêtres, mais aussi dans le complexe oriental et sur la « place ». Cette étude enfin démontre qu’il n’y a pas de réelle évolution dans le régime alimentaire des occupants de la rive est entre les phases 13 et 14. Puisqu’à la phase 14 on continue de trouver les espèces caractéristiques des offrandes, il semble que les habitants de ces bâtiments continuent à profiter du système économique du temple. 2.2.2. Quartier des prêtres et secteur économique au fil des phases Les sondages effectués dans la rue du quartier des prêtres forment des fenêtres stratigraphiques pour des ensembles architecturaux conservés au sud du lac Sacré. Les reconstructions successives des murs périmétraux 888

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Par exemple, deux autels-foyers hellénistiques dans le Sarapieion C de Délos ont fourni des résidus sacrificiels composés en large majorité de coqs et poules, mais aussi de quelques de moutons et porcs (BRUN, LEGUILLOUX 2013). H. Brun et M. Leguilloux ont noté que les oiseaux étaient consacrés entiers et seuls des morceaux des autres espèces étaient déposés en offrandes, mais aucun était destiné à la consommation. La forte proportion d’oiseaux galliformes, également offerts en holocauste, a aussi été observée dans divers dépôts sacrificiels d’époque impériale dans d’autres sanctuaires isiaques. Mais selon les auteurs, le choix de l’animal sacrifié « paraît dépendre autant de contraintes techniques, telles que la dimension des foyers des autels, que de prescriptions religieuses ou sans doute aussi de choix économiques des fidèles » (ibid., p. 178). SAUNERON 1988, p. 45-46. Un abattoir a été reconnu dans l’édifice de Psammouthis : supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. Il est incertain qu’un tel aménagement existait auparavant, mais on peut le supposer. IKRAM 1995, p. 229. Sur les céramiques dans lesquelles la viande était préservée (meat jars) : IKRAM 1995, p. 183-188.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

des secteurs 1 et 2 témoignent de modifications architecturales qui peuvent s’accompagner de reconfigurations majeures du secteur dévolu aux prêtres. Nous tenterons de montrer comment ces espaces ont parfois évolué de concert, en reprenant les différents éléments chronologiques connus, et, comment l’ensemble formé par ces secteurs fonctionnait, en analysant les circulations, les accès et les points de jonction entre eux. 2.2.2.1. Succession des grands murs périmétraux Les murs délimitant les secteurs 1 et 2 ont connu au minimum trois ou quatre phases d’après les sondages menés dans la circulation les longeant à l’est892. Le secteur 1 apparaît au moins dès la phase 11 de la Zone 7. Un mur M55’ (= M100 ?), dévoilé ici et là dans les sondages profonds S3A, S3D et S3E, occupe le cœur de ce qui deviendra la rue du quartier des prêtres (fig. 22-26). À la phase 12, il est remplacé par le grand mur M55 qui repousse la limite du secteur 1 vers l’ouest et peut-être légèrement vers le nord si l’on considère que M100 forme l’angle nord-est du mur périmétral du secteur 1 à la phase 11 (fig. 40). Lorsque la rue du quartier des prêtres est créée à la phase 13, le secteur 1 est décalé de nouveau vers l’ouest et vers le nord. Il est alors entouré du grand mur M53 (fig. 56). La phase 14 ne change pas la limite du secteur 1 (fig. 162) et M53 est simplement restauré par endroits, notamment à sousphase 14b (fig. 169). Son usage et peut-être son économie intérieure ont par contre pu évoluer, car les batteries de fours de la phase 13 sont a priori remplacées par un bac à mouna (fig. 167). L’existence du secteur 2 n’a été dévoilé que dans l’angle sud-ouest de la Zone 7. Bien que la surface dégagée soit minime, il est possible de remonter la construction de ce secteur au moins dès la phase 11, avec le mur M86’ (fig. 31, 38 et 48). C’est à la suite d’un incendie (localisé ?) qu’il a été reconstruit. Le secteur 2 apparaît plus clairement à la phase 12 avec l’épais mur M86 recouvrant le mur arrasé M86’ (fig. 41, 45 et 48-49). L’angle nord-est du secteur 2 est exposé à la phase suivante (fig. 56). Au cours de la phase 13, le secteur 2 est décalé vers l’ouest et le sud avec la construction du grand mur M85 (fig. 125), puis sa réfection M78 (fig. 126). Nos fouilles n’ont révélé aucune trace du secteur 2 à la phase 14. Il ne faut pas nécessairement en déduire qu’il disparaît. Les vestiges de cette phase sont 892

Ces murs ont été décrits, phase après phase, dans la présentation des phases architecturales.

735

peu préservés, tout particulièrement au sud de la Zone 7. Il n’est pas non plus impossible que ce secteur ait été de nouveau repoussé vers l’ouest et/ou vers le sud, ce qui le placerait en dehors des limites de nos fouilles. L’éventualité d’une disparition totale de ce secteur signifierait une profonde modification dans l’organisation de la rive sud. En effet, cette partie de la rive méridionale respecte approximativement le même « découpage » interne depuis la phase 11 (du moins d’après les fouilles dans la Zone 7). Toutefois, nous avons également vu combien l’apparence et la destination du secteur des prêtres a évolué au IVe siècle893. Les secteurs 1 et 2 ont ainsi régulièrement migré vers l’ouest au fil des phases, créant un espace plus important pour le quartier des prêtres (fig. 12, 27-28, 47 et 49-50). À la phase 13 au moins, le secteur 1 avance vers le nord tandis que le secteur 2 recule vers le sud, créant une circulation est-ouest large de 3,60 m environ entre les deux. Cette dernière rejoint la rue nord-sud du quartier des prêtres. Le tableau suivant récapitule les différentes phases de ces deux secteurs apparues à travers la succession des murs les délimitant : Phase 11

Phase 12

Phase 13

Secteur 1

M55’

M55

M53

Secteur 2

M86’

M86

M85/M78

Phase 14 M53 restauré ?

Tableau 42. Tableau récapitulatif des murs périmétraux des secteurs 1 et 2

C. Traunecker propose deux postulats pour expliquer pourquoi les magasins ou « temples hauts » sont bâtis sur des plates-formes surélevées : soit ils sont construits sur des déblais provenant du creusement des lacs sacrés ; soit ils suivent l’exemple des magasins de Psammouthis, qui auraient vu leurs sols s’exhausser au fil des réédifications de ce bâtiment894. Dans le dernier cas, on aurait imité le modèle architectural final. F. Leclère et C. Traunecker lui-même qualifient ces deux hypothèses d’hasardeuses895. Selon F. Leclère, « la surélévation correspondait peut-être à un besoin de pureté, religieuse ou pratique […] et donnait peut-être aussi aux édifices sur soubassement la fonction de

893

894 895

Supra, Chapitre IV, § 1.1.3.1. Renouveau du quartier : reflet d’une transformation sociale. TRAUNECKER 1987, p. 157. LECLÈRE 2008, p. 665.

736

CHAPITRE IV

« coffres-forts » difficiles d’accès »896. Nos fouilles ont démontré que les buttes surplombant le lac Sacré à l’est comme au sud (au moins au sud-est) ont été plutôt engendrées par une succession de phases architecturales. Elles ne valident pas nécessairement l’hypothèse selon laquelle les magasins de Psammouthis auraient servi de modèle aux autres bâtiments qualifiés de « temples hauts ». Mais elles révèlent un exhaussement conséquent du niveau d’utilisation de ces secteurs à la suite de l’arasement de constructions successives. Certes, seuls de nouveaux sondages profonds au niveau des magasins de Psammouthis seront à même de confirmer que cette observation vaut pour la partie occidentale de la berge sud du lac. H. Ricke avait tout de même déjà proposé que l’édifice de Psammouthis s’élevait sur des restes anciens. Il basait notamment son argumentation sur la différence d’orientation et d’inclinaison de la galerie couverte, suggérant que sa partie inférieure appartenait à une phase ancienne de l’édifice897. Un sondage placé entre l’édifice de Psammouthis et le complexe oriental, au sud du puits-descenderie, serait particulièrement utile (fig. 439) : il apporterait non seulement des informations sur la stratigraphie de ces bâtiments, mais aussi validerait ou non la présence d’une troisième chapelle pour le complexe oriental. 2.2.2.2. Relations stratigraphiques et architecturales entre les rives est et sud Nos connaissances sur les constructions qui se sont succédées au sud du lac Sacré sont encore très partielles. Il serait évidemment fallacieux de leur appliquer rigoureusement la stratigraphie de la Zone 7. Nous ne reviendrons pas sur la notion de stratigraphie horizontale commentée auparavant898. Ces recherches ont, toutefois, apporté de nouveaux éléments de compréhension sur la formation des hauteurs dominant le lac Sacré. En outre, elles mettent en avant des liens entre le quartier des prêtres et les secteurs méridionaux du lac. Réunissant les données chronologiques connues pour les rives sud et est du lac Sacré, nous retracerons brièvement quelques grandes lignes de leur histoire respective, parfois commune.

Nouvel Empire (phase 11 de la Zone 7 ?) Un domaine économique assez conséquent doit vraisemblablement être restitué dès le Nouvel Empire sur la rive sud du lac Sacré. Témoignages épigraphiques, iconographiques et archéologiques s’accordent dans ce sens. La position du quartier des prêtres à cette époque demeure par contre floue. Les Annales de Thoutmosis III et la stèle de Séthi II mentionnent un enclos pour des oiseaux que divers égyptologues placent au sud du lac Sacré. La stèle constitue un élément d’autant plus pertinent du fait de sa découverte sur la berge sud du lac (fig. 433 et 439). L’inscription du grand prêtre Roma-Roy évoque la réfection d’un atelier de boulangers et de brasseurs situé à l’intérieur d’un « bâtiment » ꜥt899. Chr. WalletLebrun suggère que ce bâtiment devait se trouver originellement non loin du VIIIe pylône, où sa restauration est commémorée, et cite la présence d’un graffito laissé par un « chef des cuiseurs » dans l’escalier du VIIIe pylône pour supporter son hypothèse900. La scène dans la tombe ramesside de Pahemneter (TT284), figurant un enclos circonscrit par une enceinte crénelée avec des greniers et un élevage d’oiseaux, a été replacée au sud du lac, notamment en se basant sur certaines des inscriptions susmentionnées901. La rive sud a livré d’autres éléments remontant au Nouvel Empire. Le nom d’Horemheb, associé à celui d’Osorkon, apparaît sur la façade de la chapelle de Thot et d’Amon. Elle avait peut-être déjà les mêmes fonctions dès sa création à la XVIIIe dynastie, à savoir la comptabilité des offrandes902. Un bloc de Ramsès II a été trouvé dans les magasins de Psammouthis. Enfin, le redégagement de la chapelle de Chabataka a mis en lumière deux remplois ramessides. Ils datent des règnes de Ramsès III et Ramsès VII et illustrent des scènes d’offrandes à des membres de la triade thébaine (fig. 438). Ce thème est repris dans les chapelles de consécration de l’édifice de Psammouthis et dans la chapelle de Chabataka du complexe oriental. J.-C. Goyon et C. Traunecker avaient supposé que les magasins-ateliers de la XVIIIe dynastie étaient probablement localisés à un endroit proche voire similaire de

899 896 897 898

Ibidem. Supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. Supra, Chapitre IV, § 1.1.1.2. Les données de l’archéologie.

900 901 902

Supra, Chapitre IV, § 1.1.1.1. Les sources écrites. WALLET-LEBRUN 2009, p. 266. Supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. Supra, Chapitre IV, § 2.1.1.3. La chapelle de Thot et d’Amon.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

737

celui des magasins de Psammouthis903. Ils rappellent que la rive sud abritait déjà une volière-mḥwn dès le règne de Thoutmosis III « construite en même temps très probablement qu’étaient creusé le Lac Sacré et repoussée l’enceinte primitive »904. Notons simplement que nous possédons plus d’éléments avérés à partir d’Horemheb et surtout de l’époque ramesside. Les premiers murs périmétraux apparus dans les sondages profonds de la rue du quartier des prêtres, M55’ (= M100 ?) et M86’, pourraient tout à fait remonter à cette période. Les quelques éléments céramique et sigillaire en rapport avec ces constructions corroborent cette datation, mais trop peu de bons contextes ont pu être dégagés pour la confirmer. Le complexe économique du Ramesseum, encore préservé en élévation, offre peut-être une idée de l’apparence des magasins-ateliers à Karnak. La fouille des cuisines et boulangeries, érigées au sud-est du complexe, a mis au jour deux unités architecturales symétriques, chacune comprenant une cuisine précédée d’une antichambre dédiée à la « purification des offrandes divines »905. Un couloir central dessert des petites salles sur les côtés, un peu comme pour l’édifice de Psammouthis. Les deux ensembles architecturaux sont séparés par une cour profonde menant à deux longues salles mitoyennes voûtées.

sation de la wꜥbt à Karnak au Nouvel Empire, dans laquelle les portions de la wꜥbt attribuées à chaque corporation étaient désignées par le terme de st « emplacement », l’ensemble étant logé dans un département (tꜢy ꜥt) du temple909. Les murs périmétraux des secteurs 1 et 2, présents dès la phase 11 et reconstruits au moins deux fois au cours du premier millénaire, ont pu délimiter chacun un emplacement st. Ce postulat assume que l’organisation de la wꜥbt se serait perpétuée au-delà du Nouvel Empire. On ne peut, en revanche, donner une quelconque interprétation sur la nature et la destination des structures remontant à la phase 11, situées entre le rempart et les grands murs M55’ et M86’. Y voir les restes d’un quartier des prêtres est une hypothèse tentante que les maigres vestiges ne peuvent étayer910. La localisation de la « demeure pure des grands prêtres d’Amon », ꜥt wꜥbt n nꜢ ḥmw-nṯr tpyw n ỉmn, évoquée dans l’inscription du grand prêtre Amenhotep fait l’objet de débats : les spécialistes hésitent entre les rives sud et est du lac, et, nous avons vu que l’expression elle-même est ambigüe911. La ꜥt wꜥbt des grands prêtres ne se limite pas nécessairement à la seule habitation des grands prêtres d’Amon et recouvre peut-être un ensemble de bâtiments aux fonctions diverses.

Boucherie, boulangerie et brasserie font partie des activités que nous pensons pouvoir restituer sur la rive sud du lac Sacré dès le Nouvel Empire. B.J.J. Haring stipule que le šnꜥ wꜥb au Nouvel Empire réfère avant tout à des ateliers où la production de pain et de bière seraient les principales activités, même si certaines denrées (e.g. vin) y était probablement stockées906. Selon lui, on doit probablement se représenter le šnꜥ wꜥb comme un bâtiment ou une série de bâtiments (boulangeries, brasseries, magasins…) à l’intérieur du sanctuaire907. J.-M. Kruchten spécifie que la wꜥbt renfermait « un grand nombre de services, parmi lesquels venaient en premier lieu ceux de la boulangerie et de la brasserie » et qu’elle était « divisée en autant de départements qu’il y avait de corps de métier concernés par le soin de la personne divine »908. Il cite l’inscription du grand prêtre Roma-Roy pour illustrer l’organi-

Troisième Période Intermédiaire (phase 12 de la Zone 7)

903 904 905

906 907 908

GOYON, TRAUNECKER 1982, p. 363 et note 28. Ibid., p. 363. LEBLANC et al. 2002, p. 260, pl. 2. Voir aussi LEBLANC 2002, p. 119-120. HARING 1997, p. 194-195. Ibid., p. 86. KRUCHTEN 1981, p. 42-43.

La phase suivante est davantage connue, avec les rapports stratigraphiques et architecturaux entre la rive sud et le quartier des prêtres mieux déterminés. Les murs périmétraux M55 et M86, qui remplacent les grands murs M55’ et M86’ de la phase 11, sont plus dégagés. L’angle nord-est de M55 est apparu dans le sondage S3E. Le retour nord de M55 est restitué à la perpendiculaire du tronçon dégagé dans la Zone 7 et parallèle à l’axe est-ouest du temple d’Amon (fig. 446). Cette restitution hypothétique éclaire d’un jour nouveau l’emplacement de divers monuments de la rive sud. Tout d’abord, le retour nord de M55 coïncide avec le départ de la grande descenderie à double-entrée. Cette construction, découverte près de l’angle sud-est

909

910

911

Ibid., p. 43-44. Voir aussi supra, Chapitre IV, § 1.1.1.1. Les sources écrites. Sur les rares éléments architecturaux correspondant à la phase 11 : supra, Chapitre I, § 1.1.1. Sondage mené dans la maison VII. Supra, Chapitre IV, § 1.1.1.1. Les sources écrites.

CHAPITRE IV

738

Lac Sacré

rempart galerie couverte

U11

puits-descenderie

stèle de Séthi II marches

M55 (secteur 1)

accès ?

bâtiment 1 chapelle de Thot et d’Amon rampe

bâtiment 2

blocs remployés de Chabaka

porte TPI ?

bâtiment 3 porte de Masaharta

édifice de Psammouthis

chapelle de Chabataka

chapelle d’Osorkon III ?

M86 (secteur 2)

Pylône IX

Légende :

N briques crues

restitution

pierre

éléments postérieurs

dépression 0

50 m

Fig. 446. Rives sud et est du lac Sacré à la Troisième Période Intermédiaire (phase 12) – Éch. 1/1000

du lac Sacré lors de dégagements opérés par le Service des Antiquités912, a été interprétée comme un puits fonctionnant en partie avec l’abattoir de l’édifice de Psammouthis913. Ensuite, le retour de M55 correspond au début de la galerie couverte qui est située au nord des magasins de Psammouthis et que H. Ricke avait identifiée comme un accès au lac Sacré pour les oiseaux d’eau914. À l’ouest de la galerie apparaissent quelques marches. À l’est, C. Traunecker avait noté les vestiges d’une structure en pierre qu’il interprétait comme « un dispositif d’accès axial »915. Enfin, le mur M55 passe juste au nord de la chapelle de Thot et d’Amon, c’est-à-dire à l’arrière de la chapelle puisque celle-ci

912 913 914 915

ADAM, EL-SHABOURY 1959, p. 47-48. Supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. Ibidem. TRAUNECKER 1987, p. 148, fig. 3A. Sur son plan, cette structure est représentée dans l’alignement du départ de la galerie couverte et des marches voisines. Si nous possédons la position exacte de la descenderie, de la galerie et des marches (qui notamment figurent sur le relevé de J.-F. Carlotti), cet « accès » n’apparaît pas sur les plans récents de Karnak.

s’ouvrait au sud916. Or, J.-C. Goyon et C. Traunecker avaient observé que le bâtiment était encadré d’une enceinte en briques crues dans un premier état. Une dédicace sur la paroi sud portant les noms associés d’Horemheb et d’un roi Osorkon permet de remonter cet état de la chapelle à la TPI, et probablement de l’identifier comme une refondation de la XVIIIe dynastie. Plus tard, l’enceinte fut détruite et le parement extérieur est fut décoré par des scènes représentant des prêtres. Ces divers états de décoration de la chapelle sont vraisemblablement à mettre en rapport avec les différents états architecturaux du mur périmétral des ateliers-magasins. Les limites du secteur 1 repoussées vers le nord de phase en phase ont peut-être progressivement isolé la chapelle917. Nous possédons trop peu 916

917

Sur cette chapelle : supra, Chapitre IV, § 2.1.1.3. La chapelle de Thot et d’Amon. L’angle nord-est du mur délimitant le secteur 1 à la phase 11 correspond peut-être à notre mur M100 (= M55’ ?), qui se situe à 2,40 m au sud de l’angle nord-est de M55. Si cette identification est correcte, la chapelle aurait alors été prise dans la maçonnerie du mur périmétral. Il ne s’agit que d’une hypothèse.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

d’éléments pour établir des correspondances certaines entre les états de cette chapelle et ceux du grand mur du secteur 1. La phase TPI des magasins est encore peu connue. Les limites exactes du secteur 1 ne sont pas toutes établies et son organisation interne demeure indéterminée. Si notre proposition est correcte, M55 entourait un secteur comprenant la chapelle de Thot et d’Amon ainsi que les chapelles d’Osorkon III et de Chabataka. Le puits et la galerie couverte se rattachaient à l’ensemble, juste au nord de M55. Il est incertain si le retour sud de M55 passait à l’arrière des chapelles orientales, comme ce sera le cas pour le grand mur postérieur M53. Il faudrait pratiquer de nouveaux sondages profonds dans la rue afin de découvrir l’angle sud-est de M55. Le secteur 1 circonscrit par le grand mur M55 pourrait remonter au tout début de la TPI, ou à la fin de la XXe dynastie. Rappelons qu’à l’est du IXe pylône s’élevait la porte du grand prêtre Masaharta, fils de Pinedjem Ier, porte qui ouvrait sur « l’atelier de préparation des offrandes »918. De nombreuses modifications, plus ou moins majeures, ont dû lui être apportées tout au long de la période, puisque divers souverains de la TPI ont laissé leurs empreintes au sud du lac Sacré : Osorkon I ou II pour la chapelle de Thot et d’Amon à l’ouest ; Osorkon III et Chabataka pour les chapelles de consécration des offrandes à l’est ; Chabaka pour les blocs remployés près de la colonnade. La mention de ces trois derniers rois est particulièrement intéressante, surtout à la lumière des dernières recherches historiques. Osorkon III est désormais identifié comme le prince Osorkon, fils de Takélot II et autrefois grand prêtre d’Amon919. Son règne, dont les activités sont bien attestées à Thèbes920, marque une période de sérénité relative pour la Haute Égypte, qui succède à la guerre civile du milieu de la XXIIe dynastie. Quant à Chabaka et Chabataka, l’inversion de leurs règnes a été récemment démontrée et acceptée par divers historiens, tels M. Bányai, F. Payraudeau et Cl. Jurman921. Cette inversion fait de Chabataka le premier roi de la XXVe

918

919 920 921

À la phase 13, si l’édifice de Psammouthis est bien une simple réfection d’un complexe précédent, la chapelle de Thot se trouverait en dehors des magasins-ateliers. Toutefois, elle continuerait de faire partie de l’ensemble paraliturgique : une voie partant de la porte ouest de l’édifice de Psammouthis passe devant la chapelle. Sur cette porte : supra, Chapitre IV, § 2.1.1.2. La porte de Masaharta. PAYRAUDEAU 2020, p. 134-137 et 155-158. JANSEN-WINKELN 2007b, p. 293-294 ; GOYON 2017. BÁNYAI 2013 ; PAYRAUDEAU 2014b ; JURMAN 2017.

739

dynastie à régner pleinement en Égypte. Son activité architecturale est bien documentée à Thèbes922, où il a peut-être été couronné923. À Karnak, Chabataka est notamment responsable de l’ajout d’une salle à la chapelle d’Osiris Héqadjet commencée sous la XXIIe dynastie thébaine, plus précisément sous les rois Osorkon III et Takélot III, et, la divine adoratrice Shépénoupet Ire924, une situation qui n’est pas sans rappeler la chapelle d’offrandes de la rive sud adjoignant la chapelle d’Osorkon III925. Les cartouches regravés au nom d’Amasis sur la porte menant à l’emplacement supposé de la chapelle d’Osorkon III mentionnaient peut-être un roi de la TPI. Cette hypothèse suggèrerait que certains éléments de l’économie intérieure du complexe oriental auraient été conservés. Quant à Chabaka, ses monuments sont nombreux à Thèbes926, avec à Karnak son fameux trésor qui forme peut-être une reconstruction du début de la TPI et une partie d’un plus large projet architectural au nord du temenos d’Amon927. Il n’est pas impossible qu’il ait construit un monument sur la rive sud du lac Sacré, peut-être une chapelle à la suite de celles d’Osorkon III et de Chabataka. Cette construction aurait été (en partie ?) démantelée et remployée dans le complexe (fig. 444), alors que la chapelle de Chabataka aurait été conservée à la phase suivante. Le démantèlement aurait pu prendre place sous le règne de Taharqa, qui entretenait des relations hostiles à l’égard de Chabaka928. En l’état de nos connaissances, il s’agit de pures spéculations. Durant la phase TPI du secteur économique, des bâtiments très probablement destinés à loger des prêtres sont érigés entre le rempart du Nouvel Empire à l’ouest, et, les murs périmétraux M55 et M86 à l’est. Ce quartier ancien des prêtres a été bâti postérieurement à la construction des grands murs M55 et M86. En effet, dans notre étude sur l’organisation de ce quartier929, 922 923

924 925 926 927

928

929

JANSEN-WINKELN 2009, p. 40-50. Une inscription nilométrique datant de l’an 3 de Chabataka allude peut-être à son couronnement à Thèbes : PAYRAUDEAU 2020, p. 187. Ibid., p. 190. JURMAN 2017, p. 137. LECLANT 1965, p. 337-339 ; JANSEN-WINKELN 2009, p. 30-36. N. Licitra a mené des fouilles d’envergure sur ce monument depuis 2008. Voir notamment LICITRA, THIERS, ZIGNANI 2014 ; LICITRA 2016a ; 2016b. F. Payraudeau argumente en faveur d’une relation privilégiée entre Chabataka et Taharqa mise à mal par Chabaka et suggère même l’assassinat de ce dernier par Taharqa lors de sa prise de pouvoir en 690 av. J.-C. (PAYRAUDEAU 2014b). Supra, Chapitre I, § 2.3. L’organisation du quartier à la phase 12.

CHAPITRE IV

740

nous avons vu que l’agencement des bâtiments de la phase 12 est hétérogène et dépend d’un environnement architectural préexistant : le bâtiment 1 suit l’orientation de M55 et le bâtiment 3 celle de M86, tandis que l’orientation du bâtiment 2 reproduit celle du rempart (fig. 40-41). Ce quartier n’avait peut-être pas d’accès direct aux secteurs 1 et 2 puisqu’il n’y a pas la place pour restituer une circulation entre ces secteurs et les maisons. Ces dernières étaient desservies sans doute par un petit couloir situé le long du rempart. Un dégagement plus complet de ce niveau architectural pourra apporter plus de précisions sur ce point. Les inscriptions découvertes lors des fouilles du quartier des prêtres en 1970, présentent la même disparité chronologique que l’on relève pour les inscriptions TPI de la rive sud930. Elles vont de la XXIe (huisseries d’Ankhefenkhonsou) à la XXVe dynastie (blocs au nom de Chabataka et de Taharqa), en passant par la XXIIe dynastie (linteau de Youpout, fils de Chéchanq Ier, et bloc inscrit au nom d’Osorkon Ier). Ces inscriptions témoignent ainsi d’une occupation et d’une activité architecturale durant toute la TPI sur les rives est et sud du lac Sacré. Cette phase architecturale des secteurs 1 et 2 est arasée et la zone est remblayée à un niveau assez haut, ce qui laisse présager une bonne préservation des vestiges TPI des magasins, tout du moins en fondations. Le quartier des prêtres est réaménagé concomitamment. Cette observation se limite à toute la partie où le quartier et les secteurs méridionaux sont accolés. XXVIe-début XXVIIe

dynastie (phase 13 de la Zone 7)

La phase 13 est de loin la mieux conservée dans la Zone 7, tant au niveau du quartier résidentiel que des secteurs adjacents, ce qui permet de mieux définir les relations entre les rives est et sud. Le programme architectural qui affecte les secteurs 1 et 2 ainsi que le quartier des prêtres prévoit des circulations et un carrefour – la « place » – qui instaurent un lien fort entre les trois secteurs. Le grand mur M53 circonscrit un complexe dont le plan semble comparable à l’édifice de Psammouthis, bien qu’il appartienne à une période antérieure à la

XXIXe

dynastie931. D’après la reconstitution préliminaire de son plan, il comprend deux parties distinctes : un avant-corps bordé au sud par un portique ; un arrièrecorps avec des portes placées sur la façade nord, ouvrant sur un couloir menant à un naos placé à l’arrière du bâtiment (fig. 439). Même si M53 passe à l’arrière des chapelles de Chabataka et d’Osorkon III et les englobent, sa construction ne remonte pas à la TPI. D’après nos connaissances actuelles en matière d’architecture en briques crues, la technique de construction de ce mur périmétral, employant des assises légèrement courbes, n’est pas antérieure à la XXVIe dynastie932. Les noms de deux pharaons de l’époque saïte apparaissent sur la berge sud du lac : la colonnade à l’avant des magasins de Psammouthis comporte un abaque portant le nom de Psammétique (fig. 434) et deux jambages de porte sont regravés avec les cartouches d’Amasis (fig. 441). Le riche matériel découvert dans des fosses de dépotoir scellées par la construction de la phase 13 date, dans l’ensemble, de la fin de la XXVe-début de la XXVIe dynasties. Psammétique Ier pourrait dès lors fort bien être l’initiateur du programme architectural qui a réorganisé le quartier des prêtres et le domaine économique, une hypothèse que nous avons déjà visitée dans l’histoire du quartier des prêtres : le paysage politique et religieux thébain a progressivement, mais indubitablement, évolué durant son long règne933. Psammétique Ier n’a pas cherché à détruire les représentations de Chabataka, même si les cartouches du roi nubien ont presque tous été effacés934. Quant à Amasis, il a peut-être apporté des modifications plus légères au complexe. Son activité architecturale est par ailleurs relativement discrète à Karnak et généralement associée à celle de la divine adoratrice Ânkhnesnéferibrê935. Il est légitime de se demander si, à l’instar des maisons des prêtres936, les secteurs sis au sud du lac ont connu un temps d’abandon à l’époque perse. La céramique découverte dans les niveaux d’abandon des fours, à l’intérieur du complexe oriental, est plutôt homogène. Elle ne présente aucune forme, fabrique ou décor caractéristique de l’époque ptolémaïque, et, certaines formes ne peuvent être antérieures au IVe siècle av. J.-C. L’assemblage argumenterait en faveur de l’uti-

931 932 933 934

930

Supra, Chapitre III, § 9.1. Les indices d’une occupation dès la Troisième Période Intermédiaire.

935 936

Supra, Chapitre IV, § 2.1.2.2. Un grand complexe économique. Supra, Chapitre I, § 3.6.1.1. Description du grand mur M53. Supra, Chapitre IV, § 1.1.2.1. Sous les pharaons saïtes. LEPSIUS III, p. 41. PAYRAUDEAU 2020, p. 271. Supra, Chapitre IV, § 1.1.2.2. Sous les rois perses.

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

lisation du complexe au moins pendant les dernières dynasties indigènes, mais les niveaux du Ve siècle n’ont pas été atteints. La fouille de quelques fours est de toute façon largement insuffisante pour trancher sur cette question historique complexe. On peut, toutefois, ajouter que la circulation du quartier des prêtres paraît toujours en activité jusqu’à la réhabilitation du secteur à la phase 14. Les nouveaux murs périmétraux des secteurs 1 et 2 – M53 et M85 (puis sa reconstruction M78) – sont bâtis plus à l’ouest que les murs précédents – M55 et M86. Les façades des nouvelles maisons de prêtres, désormais toutes perpendiculaires au rempart, sont légèrement repoussées vers l’est. Un nouvel espace de circulation est ainsi créé entre les maisons et les complexes sis au sud du lac. Il est vraisemblable que l’espace entre les secteurs 1 et 2 ait été agrandi à cette occasion, mais il ne s’agit que d’une hypothèse puisque la fouille n’a pu établir le retour sud de M55, ni le retour nord de M86. À la phase 13 en tout cas, une circulation d’environ 3,60 m est ménagée entre les deux. L’accumulation de sols en terre compactée est remarquable au niveau de cet accès (fig. 31 et 48) – entre deux fois et demi et quatre fois plus épaisse que dans la rue nordsud – traduisant une utilisation intense de cette circulation937. Ces artères ont probablement modifié de manière significative les habitudes du personnel travaillant, voire résidant, dans cette zone du temple. Aucun accès direct n’existe entre le quartier des prêtres et le complexe oriental à l’est, et, sur la base d’une comparaison avec l’édifice de Psammouthis, le retour sud de M53 est aussi probablement un mur plein. Les magasins méridionaux avaient sans doute un ou plusieurs accès au nord, comme c’était le cas pour l’édifice de Psammouthis938. Aucune n’est visible au nord du complexe oriental. Toutefois, les avant-corps des magasins sont fort détériorés de nos jours. Deux autres portes sont placées dans la façade est de l’édifice de Psammouthis : elles mènent à l’avant-corps pour la première et à une chapelle de consécration des offrandes pour la deuxième. Or, à l’opposé de la première, les blocs gravés au nom de Chabaka, semblent remployés en éléments de huisserie, nous amenant à y restituer une porte. Par analogie avec l’édifice de la

XXIXe

dynastie, nous proposons également un accès à une chapelle de consécration des offrandes dans le complexe oriental939. Si la configuration des accès aux magasins méridionaux était identique à la XXVIe dynastie, on peut alors retracer l’accès à l’eau du puits et l’acheminement de denrées depuis les magasins vers le quartier des prêtres (fig. 447). Ces accès latéraux (et frontaux ?) auraient aussi pu accommoder les prêtres qui devaient accomplir diverses tâches dans les magasins, notamment consacrer les offrandes. Les produits, bruts ou non, provenant des ateliers-magasins étaient sans doute amenés dans les espaces de réservecuisine aménagés à l’arrière des maisons où ils finissaient d’être préparés pour le repas des prêtres (fig. 448). Dans la pratique, les chemins empruntés devaient être plus variés que ce que nous figurons sur ce plan schématique. En effet, certains équipements de cuisine ont été découverts au sein du corps principal du logis, et les destinations des espaces arrières ainsi que leurs accès ont évolué au long de la phase 13. La construction de la rampe reliant la chapelle de Thot et d’Amon avec la porte latérale ouest de l’édifice de Psammouthis remonte sans doute à la phase 13, puisqu’il fallait rattraper le niveau, désormais exhaussé des nouveaux magasins. C’est cette rampe que les offrandes consacrées devaient emprunter avant d’être déposées sur les autels du temple940. La « place » constitue un aménagement particulier qui nous semble primordiale dans l’étude des rapports entre le secteur résidentiel des prêtres, et, les secteurs 1 et 2. Sa situation n’est pas anodine, car elle se situe à la jonction des trois, ou plus précisément juste en face de l’accès au secteur économique (fig. 136-139). La « maison » IX (ou déjà la maison VIII) correspondrait peutêtre à la limite sud du quartier des prêtres941, à moins qu’au-delà de la « place », il y ait de nouvelles maisons. La « place » a connu deux états architecturaux (fig. 125-126) comme le mur encadrant le secteur 2 (M85 puis M78)942. Les vestiges archéologiques – restes

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937

938

Supra, Chapitre I, § 3.4.2.5. L’axe est-ouest : tentative d’équivalences avec les niveaux de la rue nord-sud. Une large porte au nord de l’édifice de Psammouthis est visible sur l’ancien plan de K. Lepsius : LEPSIUS I/2, pl. 75.

741

942

Elle mènerait soit à la chapelle de Chabataka, soit à une autre chapelle située plus l’ouest. Voir nos deux propositions de restitution (fig. 439). GOYON, TRAUNECKER 1982. Ainsi que nous le remarquions dans notre présentation architecturale de la « place », il est possible qu’il existe une suite de « places », avec dallages et fours, au sud du quartier des prêtres : supra, Chapitre I, § 3.5.3. Le statut de la « place » vis-à-vis du quartier des prêtres. Supra, Chapitre I, § 3.5. La « place ».

Lac Sacré I

rempart

II III

puits-descenderie ?

IV V

chapelle de Thot et d’Amon ?

rampe

VI VII

VIII ?

IX?

?

place porte de Masaharta

édifice de Psammouthis secteur 2

Pylône IX

Légende :

N briques crues

restitution

pierre

circulation proposée

0

50 m

Fig. 447. Circulations éventuelles entre le quartier des prêtres et le secteur économique (phase 13) – Éch. 1/1000

rue VI

VII

VIII

N

IX? Légende :

secteur 1

briques crues pierre éléments postérieurs terre cuite

accès place

limite de fouille

?

secteur 2

circulation proposée 0

5

Fig. 448. Quelques acheminements possibles pour les provisions destinées au quartier des prêtres (phase 13)

10 m

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

alimentaires, mobilier et équipements – indiquent qu’elle est un lieu de préparations culinaires. Son interprétation est délicate. Elle pourrait correspondre à un aménagement à l’usage exclusif du personnel logé dans le quartier des prêtres, puisque les cuisines des maisons ont souvent été qualifiées de réduites et insuffisantes. Nous avons, toutefois, démontré que les maisons sont généralement dotées du nécessaire à la préparation des repas, y compris à partir de matériaux bruts943. Le domaine économique a pu « déborder » sur la rive est du lac Sacré, au cœur ou tout au sud du quartier des prêtres, et la « place » aurait pu être utilisée dans la préparation des offrandes divines. Pourtant, nous savons que le complexe oriental est équipé de batteries de fours à la Basse Époque. Une explication, peut-être plus pertinente, serait d’y voir une cuisine réservée à l’usage du personnel ne disposant pas de logement dans le temple. Certains des employés travaillant dans les secteurs voisins ont pu bénéficier de repas préparés à cet endroit. C’était peut-être le cas de porteurs et de gardiens dont la présence est bien documentée dans les annexes des temples mémoriaux du Nouvel Empire944 et dont les titres apparaissent sur un ostracon ptolémaïque de la Zone 7 (fig. 416 n°1). Que la « place » ait pu être utilisée dans la préparation et la consommation de repas communaux est une dernière hypothèse qu’il convient d’explorer. Cette pratique est attestée au Nouvel Empire, notamment à Amarna dans les chapelles attenantes au village des ouvriers et peut-être encore dans certaines chapelles à Deir el-Médineh945. Le cadre architectural et religieux est évidemment différent à Karnak. Ce postulat pose la question de la valeur rituelle ou non d’un tel repas et de l’identité des participants. Aucun titre sacerdotal n’y a en tout cas été relevé (fig. 420). Cela n’exclut pas nécessairement la participation de prêtres, puisque les opérations de scellements ou le rejet de scellés semblent minimes dans cet espace. Une extension des recherches au sud de la « place » permettrait peut-être d’apporter des éléments de précision sur la ou les fonctions de cet espace et de lui conférer un statut plus précis.

Fin de la Basse Époque et période gréco-romaine (phase 14 de la Zone 7) La période couvrant la fin de la Basse Époque et l’époque ptolémaïque est la dernière pendant laquelle l’évolution des rives sud et est du lac Sacré peut être quelque peu suivie (fig. 449). Le Haut-Empire romain, lui, n’a laissé que trop peu de vestiges. À l’heure actuelle de nos connaissances, la principale modification architecturale des monuments de la rive sud à la fin de la Basse Époque est la reconstruction des magasins d’offrandes sous la XXIXe dynastie, peut-être dès le règne de son fondateur Néphéritès Ier946. On ne peut remonter si tôt le réaménagement de la rive est. Cette dernière est de nouveau occupée vers la fin de la Basse Époque ou au début de l’époque ptolémaïque (sous-phase 14a)947. Mais, comme les nouveaux bâtiments s’installent en partie sur l’arase du rempart, ils n’ont pas été construits avant la création de la grande enceinte de Karnak sous la XXXe dynastie. La XXIXe948 et surtout la XXXe dynastie sont des périodes fastes en constructions et renouvellements de monuments après la première domination perse. Nous avons vu que le quartier a connu une rénovation peut-être localisée (sous-phase 14b) que l’on peut situer à la fin du IIIe siècle ou au IIe siècle av. J.-C.949. Les magasins d’offrandes auraient, eux aussi, connu au moins une réfection pendant l’époque ptolémaïque. La statue du prêtre-général Petimouthês mentionne « un magasin, grand, pur et renouvelé pour y délivrer les offrandes divines tous les jours »950. J. Quaegebeur y voit une référence au « magasin d’Amon, le fameux édifice de Psammouthis […], mais qui n’a conservé aucune trace d’une intervention ptolémaïque »951. Cette rénovation aurait eu lieu après 100 av. J.-C.952 et serait donc postérieure aux réfections notées dans la Zone 7. La rive orientale est toujours habitée au Haut-Empire romain, même si les indices de cette occupation sont

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943 944

945

Supra, Chapitre IV, § 1.3.2.3. Cuisiner et consommer. Ils étaient probablement habilités à contrôler des activités dans les secteurs économiques des temples : MASQUELIER-LOORIUS 2008, p. 62. Sur les repas communaux à valeur rituelle : STEVENS 2006, p. 283-284.

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950 951 952

Supra, Chapitre IV, § 2.1.1.1. L’édifice de Psammouthis. Supra, Chapitre IV, § 1.1.3.1. Renouveau du quartier : reflet d’une transformation sociale. C. Traunecker considère cette dynastie comme « l’aube de la dernière renaissance pharaonique » (TRAUNECKER 1979, p. 395). Sur les monuments connus de cette dynastie : ibid., p. 408 et 410-414. Supra, Chapitre IV, § 1.1.3.2. D’une ultime rénovation au déclin. QUAEGEBEUR 1989, p. 97. Ibid., p. 100. Ibid., p. 108.

CHAPITRE IV

744

H E

ensemble G

D

escalier menant à l’arase du rempart (et à l’ensemble G ?)

C F

Lac Sacré

rempart arasé

B

A

G

galerie couverte

secteur 1 puits-descenderie

chapelle de Thot et d’Amon

blocs remployés de Chabaka

?

rue

rampe porte regravée au nom d’Amasis

I M53 J bac à mouna

? ?

porte de Masaharta

chapelle de Chabataka

édifice de Psammouthis

accès ? chapelle d’Osorkon III ? M84

Légende :

N briques crues

restitution

pierre

dépression

0

50 m

Fig. 449. Rives sud et est du lac Sacré à la fin de la Basse Époque et à l’époque ptolémaïque (phase 14) – Éch. 1/1000

SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

maigres. On suppose que les magasins méridionaux sont toujours en fonction. Les fouilles de 1970 ont mis au jour un bâtiment carré « copte », installé dans l’angle sud-ouest du complexe oriental et dont la construction dissimule en partie la porte usurpée par Amasis (fig. 202-205). Il n’est peut-être pas anodin que P. Anus et R. Sa’ad aient identifié un « silo à grain » et évoqué la fonction de « grenier » pour cette installation romaine tardive953. Faut-il y voir une sorte de permanence de la destination du secteur – préparation de pains et donc de stockage de grains (?) – malgré ses nombreux réaménagements et surtout les transformations socio-culturelles et religieuses apportées au cours de cette période tardive ? Les nouvelles fouilles n’ont apporté aucun élément de réponse. Les seuls contextes qui ont fourni du mobilier romain tardif (phase 15) concernent un lambeau de sol dans la rue (fig. 197198) et de larges fosses de dépotoir, dont une (F58) coupe partiellement le mur périmétral (M53) du complexe oriental (fig. 143-144)954. Les bâtiments dudit quartier ptolémaïque ne sont pas exclusivement affectés au personnel sacerdotal. Nombre des contextes au sein des édifices et des circulations les desservant ont livré maints témoignages d’activités artisanales. Il est possible que les artisans aient fabriqué des objets pour le compte du temple, ou du moins certains d’entre eux. Les annexes des temples peuvent comprendre aussi bien des structures en relation avec les offrandes alimentaires que des bâtiments destinés à diverses activités artisanales955. C. Bonnet et D. Valbelle supposent qu’à Karnak, les activités en relation avec l’offrande divine journalière et celles se rapportant à la confection d’objets « se déroulaient dans des secteurs voisins à l’intérieur du domaine divin »956. Les auteurs se fondent sur une scène de la tombe du vizir Rekhmirê (XVIIIe dynastie) pour émettre cette hypothèse. À la phase 14, ateliers (ou ateliers-écoles) pour la confection d’objets et maisons des prêtres semblent partager le même espace sur la rive est. Le secteur des offrandes alimentaires se situait à proximité sur la rive sud. Cette dimension artisanale n’apparaît vraiment qu’à cette phase tardive du secteur. Pour l’instant, nous ignorons

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Supra, Chapitre I, § 5.1.3. Comparaison avec les fouilles précédentes. Supra, Chapitre I, § 5.1.1. Le dernier « niveau de rue », et, § 5.1.2. Les fosses de dépotoir de la phase 15. BONNET, VALBELLE 2006. Ibid., p. 108.

745

où se tenaient ces activités aux phases précédentes. Il n’est pas déraisonnable de penser que la rive sud ait aussi abrité divers ateliers pour la production d’objets. C’était peut-être le cas du secteur 2, dont la présence est attestée dès la phase 11. Il semble disparaître à la phase 14. Le dernier mur périmétral connu pour le secteur 2 est M78, mais il est arasé au début de la phase 14. Le muret M84 bâti sur son arase présente des dimensions trop réduites pour supporter l’hypothèse d’une nouvelle reconstruction du secteur (fig. 449). Aurait-on rassemblé le quartier résidentiel et les ateliers de confections d’objets à la phase 14, alors qu’ils étaient séparés auparavant ? Cette séduisante théorie ne trouvera confirmation que par l’exploration archéologique du secteur 2, car non seulement sa destination demeure inconnue, mais ses limites ont pu être repoussées au-delà de notre zone de fouille. Le mur périmétral du secteur 1, M53, subsiste à la phase 14. Il connaît même une restauration à la sousphase 14b (fig. 169). L’unique contexte dégagé au sein du complexe oriental n’a cependant rien à voir avec la préparation des offrandes divines. Les batteries de fours sont remplacées à la phase 14 par un bac à mouna. Le secteur 1 a pu changer (en partie ?) de destination lorsque les magasins sont renouvelés à l’ouest sous la XXIXe dynastie ou lors de la reconstruction du quartier à l’est entre la XXXe dynastie et le tout début de l’époque ptolémaïque. Dans le comblement des fours, au-dessus des niveaux cendreux d’utilisation, des niveaux d’abandon ont livré un matériel céramique assez homogène, qui n’est pas antérieur au IVe siècle. Aucune forme vraiment propre à l’époque ptolémaïque n’a été observée. Mais comme beaucoup de formes et de fabriques ont tendance à se perpétuer au moins jusqu’au IIIe siècle, on ne peut en être certain. Puisqu’il ne s’agit que d’une fenêtre très étroite dans la stratigraphie du complexe, il faut rester prudent dans notre interprétation. Quant à la « place », aucune trace d’un tel ensemble architectural n’est préservée à cette phase. Rien ne nous interdit de penser qu’elle est refaite, puisque le niveau d’arasement au sud de la Zone 7 est très bas. Rappelons qu’un complexe comprenant plusieurs fours ou silos a été trouvé tout au nord dudit quartier ptolémaïque957, à l’est du rempart désormais

957

Rien de tel n’a été mis au jour au sud, côté est du rempart : les fouilles dans ce secteur n’ont fourni que des structures antérieures à la construction du rempart. Mais, une fois encore, on ne peut totalement écarter l’hypothèse d’un arasement total de structures à cet endroit.

746

CHAPITRE IV

arasé (fig. 191-192, 423-424 et 449). Une des fonctions proposées pour l’ensemble G est la préparation de repas communautaires, un rôle peut-être similaire à celui de la « place »958. La circulation passant à l’arrière du complexe oriental et donnant sur la rue de la Zone 7 existe toujours, permettant un accès au puits et sans doute aux denrées stockées/préparées dans les magasins méridionaux. En tout cas, l’analyse des restes alimentaires démontre que les occupants de la rive orientale continuaient de profiter du système économique du temple à la phase 14959. Le lien entre les deux rives semble donc maintenu. Mais il paraît plus ténu. La rue nord-sud du quartier semble divisée en deux couloirs de circulation, notamment à la sous-phase 14b960. La présence de ces murets-paravents semble isoler quelque peu le quartier avec le secteur 1. Les nouvelles fouilles n’ont apporté aucune information sur les rapports entre les deux rives au Haut-Empire romain qui est quasiment absent de la Zone 7. Rive sud et rive est du lac Sacré forment ainsi un ensemble riche et complexe de secteurs aux activités diverses. Ces secteurs ont parfois bénéficié de programmes architecturaux communs et on peut suivre leur évolution sur plus d’un millénaire. Une certaine permanence dans leur destination semble se dessiner à partir de la TPI jusqu’à l’époque gréco-romaine, peutêtre dès le Nouvel Empire961. Le secteur des prêtres est lié au domaine économique, ne serait-ce qu’à travers le principe de réversion des offrandes. Les vestiges particulièrement bien conservés du début de la Basse Époque mettent en exergue une organisation particulière dans l’approvisionnement des denrées et dans la préparation des repas pour le personnel du temple. Elle transparaît dans la circulation ménagée entre le quartier des prêtres et les magasins, et, dans la « place », véritable nexus entre ces secteurs.

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960 961

Supra, Chapitre IV, § 1.3.2.3. Cuisiner et consommer Supra, Chapitre IV, § 2.2.1. Offrandes des dieux, nourriture des prêtres. Supra, Chapitre I, § 4.3.2. La circulation à la phase 14. J.-F. Carlotti et J.-L. Chappaz estiment que l’ensemble des structures situées au sud du lac Sacré aurait conservé leur fonction au fil du temps : CARLOTTI, CHAPPAZ 1995, p. 174, note 24.

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SECTEURS RÉSIDENTIEL, ADMINISTRATIF ET ÉCONOMIQUE AU PREMIER MILLÉNAIRE SUR LES RIVES DU LAC SACRÉ

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CONCLUSION

Un des objectifs majeurs du programme de recherche sur la rive est du lac Sacré était d’améliorer notre compréhension de l’histoire et de l’évolution du quartier des prêtres, jusqu’alors exploré à travers des fouilles de sauvetage dans les années 1970. L’examen de la stratigraphie de la Zone 7, située dans la continuité des fouilles précédentes, a établi l’existence de cinq grandes phases depuis la construction du rempart du Nouvel Empire, phases 11 à 151. D’après l’analyse de l’architecture et du mobilier anciennement et nouvellement découverts, les prêtres ont occupé la berge orientale du lac au cours des phases 12 à 14. Ces dernières couvrent une longue période allant au moins de la TPI au début du Haut-Empire romain. La place du clergé dans la société thébaine n’a de cesse d’évoluer tout au long du premier millénaire avant notre ère et chaque grande réorganisation du quartier advient apparemment à un moment-clé. Sur la base des informations disponibles, il serait imprudent de caractériser la nature et les destinations des maigres vestiges découverts le long du rempart à la phase 11. Cette phase remonte vraisemblablement au Nouvel Empire, sans que l’on puisse plus préciser sa datation. L’associer avec la réorganisation du temple lors de la construction du rempart et du lac Sacré, traditionnellement attribuée à Thoutmosis III, serait fort précaire. Aucune inscription mentionnant des prêtres n’a été recueillie dans ces niveaux. Aussi, la question de la localisation des habitations prévues pour les prêtres au Nouvel Empire ne peut être résolue à partir des résultats des nouvelles fouilles sur la rive est du lac. Une phase architecturale en rapport avec des maisons de prêtres apparaît plus sûrement à la TPI (phase 12). Des inscriptions, issues des fouilles du quartier des prêtres en 1970, témoignent de l’existence de telles demeures dès les XXIe-XXIIe dynasties. Les nouvelles recherches n’ont pas fourni d’inscriptions aussi anciennes, mais elles ont démontré que le niveau archi-

1

Les phases 1 à 10 concernent des niveaux archéologiques antérieurs, avant tout dégagés dans la Zone 8 à l’est du rempart : voir le tableau des phases des Zones 7 et 8 à la suite de la conclusion.

tectural, directement antérieur au quartier des prêtres proprement dit, correspond très probablement à cette occupation TPI. Elles apportent donc des modifications quant à la datation généralement acceptée du quartier des prêtres conservé en élévation. Cet ancien quartier de prêtres possède une architecture et une organisation différentes, moins homogènes qu’à la phase suivante, et semble doté de bâtiments à l’allure imposante. Sa construction aux alentours des XIe-Xe siècles av. J.-C., soit au début de la TPI ou peut-être dès la fin du règne de Ramsès XI, coïncide avec l’apex du pouvoir du clergé thébain. Elle fait écho à la place grandissante accordée aux prêtres dans les représentations et les textes gravés sur les murs du temple à cette période. Sous la XXIe dynastie la famille des grands prêtres d’Amon détenait les plus hautes fonctions et contrôlait l’ensemble des clergés thébains. Les prébendes sacerdotales sont redistribuées sous la XXIIe dynastie, puis à nouveau sous la XXVe dynastie, conduisant à la formation d’une véritable classe sacerdotale. Pourtant, la prise de pouvoir des grands prêtres d’Amon à la XXIe dynastie et le rôle prépondérant du clergé thébain pendant le reste de la TPI a finalement laissé peu de traces dans le quartier qui a abrité leurs habitations. Les maisons aux puissantes fondations ont été arasées et leurs huisseries inscrites remployées. Sur leurs restes s’élève un nouveau quartier au début de la XXVIe dynastie (phase 13), sans doute durant le long règne de Psammétique Ier. Il ne s’agit certainement pas d’une reconstruction à l’identique. La praticité est améliorée avec la création de nouvelles circulations. L’ensemble des maisons apparait plus cohérent, mais aussi plus modeste, comme reflétant l’affaiblissement du clergé thébain au cours de la dynastie saïte. L’essentiel du pouvoir est désormais dans les mains des divines adoratrices – et de son entourage – dont la luxueuse résidence se dressait au nord-ouest du sanctuaire d’Amon. Cependant, c’est l’effacement du clergé pendant la domination perse qui est particulièrement probant sur le terrain. En effet, la XXVIe dynastie a laissé de nombreux témoignages dans l’occupation du quartier, alors que la XXVIIe dynastie est surtout associée à des contextes

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CONCLUSION

d’abandon et de destruction des maisons. Un phénomène similaire avait été noté pour certaines dépendances des temples d’Éléphantine et de Saïs, fermées ou ruinées à l’époque perse. La politique répressive des Perses vis-à-vis des temples constitue l’explication la plus plausible. L’étendue de ce déclin n’est pas encore bien définie à Karnak, mais il a pu éventuellement affecter d’autres secteurs que le quartier des prêtres. En tout cas, alors que les détritus s’accumulaient dans les maisons abandonnées, la rue qui les desservait et menait à des secteurs sis au sud du lac a continué d’être utilisée. Il faut attendre le IVe siècle av. J.-C., entre la XXXe dynastie et le début de l’époque ptolémaïque, pour qu’un vaste programme architectural soit entrepris sur la rive est du lac. Cette révision de la datation dudit quartier ptolémaïque est basée sur l’analyse du matériel provenant des niveaux directement antérieurs à sa construction dans la Zone 7 (phase 14a). Pour les sanctuaires égyptiens, c’est une période riche en constructions et rétablissements, embellissements et agrandissements. L’occupation du quartier persiste au moins jusqu’au début du Haut-Empire romain, avec des modifications architecturales à l’ampleur inconnue apportées au cours de l’époque ptolémaïque, entre la fin du IIIe et le début du IIe siècle (phase 14b). Cette reconstruction au milieu de l’époque ptolémaïque n’est pas forcément associée à des évènements historiques. Certes, les vicissitudes que connaissent les prêtres thébains au cours de la période gréco-romaine sont nombreuses ainsi que le révèlent par exemple les archives privées. Contrairement à la phase précédente toutefois, aucune trace de destruction ou d’abandon significatif de ce secteur n’a été observée ou préservée pendant cette longue phase. Le Haut-Empire romain est très élusif dans la Zone 7 comme dans les fouilles anciennes. L’érosion et/ou l’arasement des niveaux archéologiques peut expliquer le manque d’architecture et de contextes que l’on peut assigner à cette période. Quand ledit quartier ptolémaïque a remplacé le quartier des prêtres, il ne s’est pas élevé contre l’enceinte de Nectanébo nouvellement créée, mais sur les restes du quartier précédent. Nombreuses étaient les raisons qui ont pu pousser à conserver le même emplacement alors que le sanctuaire venait d’être agrandi : la proximité avec le lac Sacré où les prêtres faisaient leurs purifications quotidiennes, le respect du lieu qui a abrité pendant longtemps les prêtres du temple, ou encore l’accès facilitée au domaine économique sur la rive méridionale du lac.

Quant à la dernière phase du secteur (phase 15), elle ne concerne plus le logement des prêtres. Elle est représentée par un bâtiment carré, qui avait été interprété comme un grenier copte par nos prédécesseurs, et de larges fosses de dépotoir contenant du matériel romain tardif. Les nouvelles fouilles – et le tamisage des niveaux archéologiques, encore trop peu usité sur les sites considérés tardifs – ont fourni un large éventail de céramiques, objets et restes alimentaires. Ils complémentent ou explicitent le matériel provenant des fouilles des années 1970, dont le contexte de découverte est souvent imprécis. L’étude de ce mobilier, riche et fort diversifié, nous a permis une plus fine résolution dans l’analyse des communautés qui ont vécu sur la berge est du lac Sacré pendant plus d’un millénaire. Les prêtres ont laissé maints témoignages de leur présence. Leur identité est connue à travers un corpus exceptionnel de scellés découverts dans la Zone 7. Cette documentation s’ajoute aux quelques chambranles de porte et autres éléments inscrits anciennement mis au jour. Elle permet d’améliorer nos connaissances sur les prêtres qui bénéficiaient d’un logement au sein du temple. Sans surprise, ils appartiennent surtout au personnel cultuel dévoué à Amon. Les prêtres de Montou apparaissent aussi de manière substantielle, notamment sous les XXVIe-début XXVIIe dynasties, une période où leur présence était pourtant perçue comme plus discrète. Le personnel féminin semble totalement absent. Il en va de même pour le personnel affilié à l’institution de la divine adoratrice, les fragments de deux statues du grand intendant Aba ne provenant sans doute pas originellement du quartier résidentiel. Leur absence n’est pas forcément liée aux hasards de la découverte, car les références à cette puissante et indépendante institution se concentrent plutôt au nord-ouest du temenos d’Amon. Les résidents du quartier détiennent souvent un rang sacerdotal important, celui des prêtres initiés. Parmi les habitants les plus remarquables figurent des fils royaux, premiers prophètes d’Amon. Comme nous l’avons précédemment mentionné, le clergé thébain, particulièrement celui d’Amon, participait à l’exercice du pouvoir, parfois même s’y substituait (XXIe dynastie). Ce rôle de partenaire de la royauté s’amoindrit progressivement par la suite. Les époques saïte et perse mettent un frein certain à son intervention politique, en le contrôlant plus étroitement. Les rangs les plus hauts du clergé thébain ne sont pas attestés parmi les scellés, alors qu’ils le sont sur d’autres supports, notamment les

CONCLUSION

huisseries remployées tardivement. Mais les titres sacerdotaux les plus modestes ne le sont pas non plus dans la majorité de l’histoire du quartier. Les titres se diversifient à la phase 14, allant de la position de premier prophète d’Amon à celle de « sacristain ». Le réaménagement du secteur au IVe siècle s’accompagne de profondes transformations socio-culturelles puisque les prêtres y résidaient en compagnie d’artisans de diverses professions. Ce partage d’un même quartier par deux classes sociales distinctes avait déjà été remarqué par J. Lauffray dans son article sur le quartier ptolémaïque. Les ateliers – ou certains d’entre eux – ont pu produire des objets au profit du temple. Le bâtiment J, dégagé dans la Zone 7, a pu être identifié comme un atelier-école de sculpture grâce aux outils, modèles et ébauches de sculptures, ainsi que la multitude de déchets de taille retrouvés en son sein. On dénombre également des activités de faïencerie, de métallurgie et de tissage dans ce quartier tardif. L’échelle de production de ces ateliers semble relativement limitée. Les nouvelles recherches contribuent à éclairer sous un angle nouveau les notables thébains issus du service du temple. Ils apparaissent ici dans la réalité du quotidien, quelque peu éloignée de l’image conventionnelle et idéalisée projetée par leurs statues, qui autrefois encombraient le temple de Karnak, ou encore par leur tombe à l’équipement fastueux. Une améthyste brute montée en perle dont les traces d’usure révèlent que son porteur a dû régulièrement la toucher, un jeu d’agilité fait de quelques tessons retaillés gisant sur un sol, la tentative quelque peu rudimentaire de recréer un sceau de fonction à partir d’une anse de jarre… autant de petits objets qui nous rapproche des hommes. Les demeures étaient mises à la disposition des prêtres pendant leur service cultuel, généralement un mois lunaire trois fois par an. Par conséquent, il ne s’agit pas de résidences principales pour le prêtre et sa famille, et toutes, ou la plupart de, ces maisons de service devaient changer d’occupant tous les mois. Ce roulement basée sur le système des phylès semble perceptible dans l’attribution des logements, notamment à la phase 13 du quartier, la mieux conservée dans la Zone 7. La situation a pu, cependant, différer suivant les périodes et les charges sacerdotales des habitants. L’analyse des aménagements et du mobilier ont particulièrement mis en exergue le caractère résidentiel de ces maisons, de nouveau surtout à la phase 13. Leur équipement inclut des fours à pain, meules et broyons

761

ainsi qu’une variété d’ustensiles et une abondante céramique domestique. Aussi, les prêtres qui résidaient dans le quartier ne recevaient généralement pas leur ration quotidienne toute prête des cuisines du temple, et leur repas devait être préparé à partir des matériaux bruts, vraisemblablement par un serviteur. Une dépendance vis-à-vis des magasins d’offrandes est toutefois perceptible dans l’approvisionnement du quartier, à travers les capacités de stockage plutôt réduites des maisons et l’analyse des restes alimentaires découverts dans le secteur aux phases 12 à 14. L’étude du matériel ostéologique dévoile les prérogatives et interdits alimentaires des prêtres de Karnak. Elle s’accorde avec le témoignage d’Hérodote qui observait que les prêtres se servaient sur les reliefs du sacrifice. Le bœuf – animal de boucherie le plus prisé dans les temples égyptiens – domine l’assemblage osseux, suivi par les caprinés et les oies domestiques qui étaient régulièrement sacrifiés dans le sanctuaire d’Amon. Quant à la rareté des restes de porc et de poisson, elle reflète un tabou alimentaire qui affecte essentiellement la classe sacerdotale aux périodes qui nous concernent. Le caractère administratif du quartier des prêtres est plus difficile à apprécier. Même si certains prêtres ont pu endosser un rôle administratif, de telles charges apparaissent rarement dans le corpus des inscriptions. Les preuves matérielles étayant la fonction de bureau ne sont pas forcément conservées dans les demeures. Pourtant, la découverte de pesons de faible poids, aux standards égyptiens, perses et grecs, interpelle et semble indiquer que les maisons ont pu jouer un tel rôle. Il n’est pas étonnant que les habitations soient dotées d’installations et de mobilier cultuels, permettant aux prêtres d’effectuer des offrandes et des libations, ou bien des rituels de purification. Mais l’usage religieux de certains éléments est parfois incertain et quelquefois clairement détourné, telles une coupe à encens recyclée en entonnoir et une petite situle utilisée comme un bouchon de jarre. Malgré le devoir de pureté qui leur incombait, les serviteurs des dieux menaient une vie confortable dans ces maisons, loin de l’austérité et de l’ascèse que l’on attribue trop souvent aux prêtres égyptiens. Les fouille dans les années 1970s et 2000s ont fourni de nombreux objets raffinés ainsi que des amphores importées du Levant, de Grèce et de Chypre dont le précieux contenu a pu être dispensé aux prêtres. Enfin, il était crucial de comprendre comment le quartier des prêtres s’intégrait dans le temenos d’Amon,

762

CONCLUSION

et surtout quel lien il entretenait avec l’environnement religieux et architectural direct. Cette étude a apporté un nouvel éclairage sur la rive sud du lac Sacré, une zone du sanctuaire en grande partie inexplorée. Elle a établi que le secteur des magasins-ateliers d’offrandes s’avançait jusqu’aux abords du quartier, et a amené à réfléchir sur les relations stratigraphiques et architecturales entre ces secteurs mais aussi sur leurs interactions. La rue qui desservait les maisons aux phases 13 et 14, permettait d’accéder au lac Sacré ainsi qu’à une série de monuments qui occupaient sa rive méridionale. Les sondages réalisés le long de cette circulation indiquent que deux complexes situés dans la moitié orientale de la rive sud – secteurs 1 et 2 – ont été maintes fois reconstruits. Avec le temps, ils ont migré vers l’ouest, laissant plus de place pour le secteur des prêtres. Les hauteurs qui dominent le lac de plusieurs mètres au sud et à l’est résultent des reconstructions successives de ces secteurs et du quartier des prêtres. Leur réaménagement simultané à la phase 13 est le mieux connu. À cette phase, seul l’angle nord-est du mur périmétral du secteur 2 a été dégagé. Cependant il est possible de reconstituer les grandes lignes du premier complexe. Ce dernier avait été en partie découvert lors des fouilles de sauvetage en 1970, mais pas suffisamment pour interpréter sa nature et ses fonctions. D’après notre enquête, le secteur 1 s’avère comparable aux magasins d’offrandes de Psammouthis dans le prolongement duquel il s’élève. Son plan comprend deux parties distinctes, un avant-corps bordé au sud par un portique et un arrière-corps avec des portes placées sur la façade nord, ouvrant sur un couloir menant à un naos à l’arrière du bâtiment. L’un de ces naoi a pu être identifié comme la chapelle de Chabataka, un monument que l’on croyait totalement démonté et partiellement détruit. Ce rapprochement avec l’édifice de Psammouthis amène à identifier le secteur 1 comme un autre šnꜤ ꜤꜢ wꜤb. On suppose néanmoins un usage relativement différencié pour ces deux ensembles architecturaux. Des activités de boucherie ont été relevées dans l’avant-corps des magasins de Psammouthis, alors que la fouille partielle de l’arrière-corps du secteur 1 a dévoilé que l’on y confectionnait du pain, une offrande élémentaire dans les temples égyptiens. À l’heure actuelle, la fonction du secteur 2 ne peut être déterminée. Sur la base d’inscriptions décrivant la wꜤbt à Karnak au Nouvel Empire, nous pensons que chaque mur périmétral définit un « emplacement » st, alloué à une corporation spécifique. Aussi, le secteur 2 a pu abriter des industries pour la confection d’objets, le domaine

économique d’un sanctuaire recouvrant plus que des bâtiments destinés à l’offrande alimentaire. Mais il ne s’agit que d’une hypothèse. La phase 13 remonte au début de la XXVIe dynastie, probablement au règne de Psammétique Ier. Or le nom de Psammétique apparait sur un abaque remployé du portique des magasins de Psammouthis. Il est donc raisonnable de conclure que la forme actuelle de cet édifice reproduit un monument attribuable au fondateur de la dynastie saïte. Si cette supposition est correcte, Psammétique Ier serait alors responsable d’un vaste programme architectural réorganisant les rives méridionale et orientale du lac. Lui-même renouvelle des secteurs préexistants, conservant ou remployant des éléments plus anciens appartenant à la TPI et à l’époque ramesside. Ainsi que le soulignaient divers spécialistes, l’existence d’un domaine économique sur la rive sud du sanctuaire d’Amon dès le Nouvel Empire est supporté par divers témoignages épigraphiques et iconographiques. L’archéologie apporte de nouveaux arguments : les murs périmétraux des secteurs 1 et 2 apparaissent dès la phase 11 qui vraisemblablement remonte au Nouvel Empire. La destination de ces « emplacements » swt aurait persisté, au moins dans une certaine mesure, malgré leurs réaménagements ultérieurs. La phase TPI de ces complexes (phase 12), dont nous avons dégagé une partie des murs périmétraux, a conduit à reconsidérer l’histoire et la place de plusieurs éléments érigés sur la berge sud. Bien entendu, la reconstitution et l’analyse de ces ensembles architecturaux reposent sur des données incomplètes. L’apparence des complexes méridionaux à la TPI, et surtout au Nouvel Empire, demeure largement inconnue. Mais de nouvelles données sont tout de même apparues sur l’évolution architecturale et fonctionnelle de cette immense zone surplombant le lac Sacré. La fouille a révélé comment le domaine économique s’articulait avec le secteur des prêtres. Les denrées stockées dans les magasins et l’eau du puits-descenderie bâti entre le secteur 1 et l’édifice de Psammouthis étaient acheminés vers le secteur des prêtres en utilisant une large circulation est-ouest aménagée entre les secteurs 1 et 2 et rejoignant la rue nord-sud desservant les maisons. Créée au début de la XXVIe dynastie, elle est toujours en service à l’époque ptolémaïque et sans doute encore par la suite. À la jonction entre le quartier résidentiel et l’accès au secteur économique, les nouvelles fouilles ont mis au jour un aménagement particulier où se déroulaient diverses activités culinaires, la « place ». Cet ensemble n’est préservé qu’à la phase 13

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CONCLUSION

au cours de laquelle il a connu deux états. L’analyse stratigraphique a indiqué que la « place » a été rebâtie alors que certaines maisons étaient a priori déjà abandonnées. Dans la mesure où les maisons des prêtres étaient bien équipées pour la cuisine, la « place » a peut-être servi à élaborer des repas communaux pour le personnel du temple, peut-être des artisans travaillant à proximité ou bien des prêtres ne bénéficiant pas (ou plus ?) d’une maison de service. Il est plus difficile de s’avancer sur l’organisation de ces secteurs à la TPI. L’accès au domaine économique – et au puits qui existait au moins dès la TPI – se faisait peut-être par le nord.

Les secteurs résidentiel, administratif et économique qu’abritaient les rives est et sud du lac Sacré offrent un témoignage unique et éloquent de la vie quotidienne au sein du temple d’Amon de Karnak. L’examen archéologique de tels ensembles apporte un regard inédit et complémentaire aux nombreux écrits anciens relatifs aux prêtres égyptiens et à l’histoire du sanctuaire d’Amon lui-même.

TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES PHASES DE LA RIVE EST DU LAC SACRÉ (ZONES 7 ET 8) Phase

Zone

Fonction / appellation

0 1 2 3 4 5 6 7 8a 8b 9a 9b 9c 10

8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 8 7&8

11 12 13 14a 14b 15

7&8 7 7 7 7 7

Substrat naturel Berge de rivière Berge de rivière ? Secteur artisanal et domestique Secteur artisanal et domestique Secteur artisanal et domestique Secteur artisanal et domestique Secteur artisanal et domestique Secteur artisanal et domestique Secteur artisanal et domestique Secteur domestique Secteur artisanal et domestique Secteur artisanal et domestique Abandon de l’habitat (Zone 8) Niveau coupé par le rempart (Zone 7) Rempart Quartier des prêtres Quartier des prêtres Ledit quartier ptolémaïque Ledit quartier ptolémaïque Secteur artisanal et domestique

Datation proposée VIe

dynastie - PPI VI dynastie - PPI XIe dynastie XIe dynastie XIe dynastie fin XIe dynastie – début XIIe dynastie XIIe dynastie XIIe dynastie XIIe dynastie fin XIIe dynastie – début XIIIe dynastie XIIIe dynastie XIIIe dynastie XIIIe dynastie – XVIIe dynastie (Zone 8) e

Nouvel Empire TPI XXVIe dynastie – début XVIIe dynastie XXXe dynastie/début époque ptolémaïque – fin IIIe/début IIe s. av. J.-C. – Ier/IIe s. ap. J.-C. Époque romaine tardive

IIe

s. av. J.-C.

ABRÉVIATIONS DES PÉRIODIQUES ET DES COLLECTIONS*

ÄAT : Ägypten und Altes Testament ABSA : Annual of British School of Athens ÄDS : Ägyptische Denkmäler aus der Schweiz AE : Ancient Egypt AegMon : Aegyptische Monumenten van het Nederlandsche Museum van Oudheden AegTrev : Aegyptiaca Treverensia AEPHE : Annuaire de l’École pratique des hautes études ÄgAbh : Ägyptologische Abhandlungen ÄgForsch : Ägyptologische Forschungen ÄgLev : Ägypten und Levante ARCER : American Research Center in Egypt Report Arch. Geflügelk : Archiv für Geflügelkunde ArchVer : Archäologische Veröffentlichungen des Deutsches archäologisches Institut, Abt. Kairo ArOr : Archív Orientální ASAE : Annales du Service des Antiquités de l’Égypte ATP : Aegypti Texta Propositaque BÄBA : Beiträge zur ägyptischen Bauforschung und Altertumskunde Babesch : Bulletin antieke Beschaving. Annual Papers on Mediterranean Archaeology BAH : Bibliothèque archéologique et historique BAR International Series : British Archaeological Reports, International Series BASOR : Bulletin of the American Schools of Oriental Research BCE : Bulletin de liaison du groupe international d’étude de la céramique égyptienne BCH : Bulletin de correspondance hellénique BCH-Suppl. : Supplément aux bulletin de correspondance hellénique BdE : Bibliothèque d’Étude BEHE : Bibliothèque de l’École Pratique des Hautes Études BES : Bulletin of the Egyptological Seminar BeitrÄg : Beiträge zur Ägyptologie BiAeg : Bibliotheca aegyptiaca BIFAO : Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale BiGen : Bibliothèque générale BMOP : British Museum Occasional Papers BSAA : British School of Archaeology at Athens BSAE : British School of Archaeology in Egypt

BSEG : Bulletin de la Société d’égyptologie de Genève BSFE : Bulletin de la Société française d’égyptologie BSFFT : Bulletin de la Société des fouilles françaises de Tanis CASAE : Cahiers Suppl. aux Annales du Service des Antiquités de l’Égypte CCE : Cahiers de la céramique égyptienne CdE : Chronique d’Égypte CdT : Cahiers de Tanis. Mission française des fouilles de Tanis CEDAE : Centre d’étude et de documentation sur l’Ancienne Égypte CENiM : Cahiers d’Égypte nilotique et méditerranéenne CGC : Catalogue général du musée du Caire CRA : Centre de Recherches Archéologiques CRIPEL : Cahiers de recherches de l’Institut de papyrologie et égyptologie de Lille DAIAK Sonderschrift : Sonderschrift, Deutsches Archäologisches Institut, Abteilung Kairo DFIFAO : Documents de fouilles de l’Institut français d’archéologie orientale EAO : Égypte. Afrique et Orient EES ExcMem : Egypt Exploration Society Excavation Memoirs EgUit : Egyptologische uitgaven EPRO : Études préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain ÉtudÉg : Études d’égyptologie EtudTrav : Études et travaux FIFAO : Fouilles de l’Institut français d’archéologie orientale GHP Egyptology : Golden House Publications. Egyptology GM : Göttinger Miszellen HÄB : Hildesheimer ägyptologische Beiträge IBAES : Internet-Beiträge zur Ägyptologie und Sudanarchäologie JARCE : Journal of the American Research Center in Egypt JEA : Journal of Egyptian Archaeology JEH : Journal of Egyptian History JHS : Journal of Hellenic Studies JIIA : Journal of Intercultural and Interdisciplinary Archaeology JMEOS : Journal of the Manchester Egyptian and Oriental Society

* avant tout d’après B. Mathieu, Abréviations des périodiques et collections en usage à l’Institut français d’archéologie orientale (6e éd.), Le Caire, 2017.

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ABRÉVIATIONS DES PÉRIODIQUES ET DES COLLECTIONS

JNES : Journal of Near Eastern Studies JSSEA : Journal of the Society of the Study of Egyptian Antiquities Karnak : Cahiers de Karnak Kêmi : Kêmi. Revue de philologie et d’archéologie égyptienne et copte KMAS : Kelsey Museum of Archaeology Studies LÄ : Lexikon der Ägyptologie MAIBL : Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres MÄS : Münchner ägyptologische Studien MDAIK : Mitteilungen des deutschen archäologischen Instituts, Abt. Kairo MEFRA : Mélanges de l’École Française de Rome. Antiquité. Memnonia : Memnonia. Association pour la sauvegarde du Ramesseum MFFT : Mission des fouilles françaises de Tanis MIO : Mitteilungen des Instituts für Orientforschung der deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin MMAF : Mémoires de la Mission archéologique française MonAeg : Monumenta Aegyptiaca NARCE : Newsletter of the American Research Center in Egypt OBO : Orbis biblicus et orientalis OIC : Oriental Institute Communications OIMP : Oriental Institute Museum Publications OIP : Oriental Institute Publications OLA : Orientalia Lovaniensia Analecta OpAth : Opuscula atheniensia OrMonsp : Orientalia Monspeliensia PAM : Polish Archaeology in the Mediterranean PapBrux : Papyrologica bruxellensia P.L.Bat. : Papyrologica Lugduno-Batava PM : B. PORTER, R. MOSS, Topographical Bibliography of Ancient Egyptian Hieroglyphic Texts, Reliefs and Paintings, Oxford.

RAN : Revue archéologique de Narbonnaise RAPH : Recherches d’archéologie, de philologie et d’histoire RB : Revue Biblique RBPh : Revue belge de philologie et d’histoire RdE : Revue d’égyptologie RecTrav : Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes RGRW : Religions in the Graeco-Roman World RHD : Revue historique de droit français et étranger RHR : Revue de l’histoire des religions RSO : Rivista degli studi orientali SAGA : Studien zur Archäologie und Geschichte Altägyptens SAK : Studien zur altägyptischen Kultur SDAIK : Sonderschrift des deutschen archäologischen Instituts, Abt. Kairo SJE : Scandinavian Joint Expedition to Sudanese Nubia SRAT : Studien zu den Ritualszenen altägyptischer Tempel SSR : Studien zur spätägyptischen Religion TCRPOG : Travaux du Centre de recherche sur le ProcheOrient et la Grèce antiques TdE : Trabajos de Egiptología TMO : Travaux de la Maison de l’Orient Méditerranéen UCPA : University of California Publications in Archaeology UGAÄ : Untersuchungen zur Geschichte und Altertumskunde Ägyptens UMichS : University of Michigan Studies UZK : Untersuchungen der Zweigstelle Kairo des Österreichischen Archäologischen Institutes Wb : A. ERMAN, H. GRAPOW, Wörterbuch der ägyptischen Sprache, Leipzig, Berlin WVDOG : Wissenschaftliche Veröffentlichung der deutschen Orient-Gesellschaft ZÄS : Zeitschrift für ägyptische Sprache und Altertumskunde ZÄS/B : Zeitschrift für ägyptische Sprache und Altertumskunde Beiheft

INDICES

Index des noms royaux wꜢḥ-ỉb-rꜥ, Psammétique Ier ou Apriès wsr-mꜢꜥt-rꜥ-stp-n-ỉmn, Ousermâatrê élu d’Amon (roi d’une des branches de la XXIIe dynastie) wsr-mꜢꜥt-rꜥ-stp-n-rꜥ-mry-ỉmn, Ousermâatrê élu de Rê, aimé d’Amon (Ramsès VII) psmṯk, Psammétique mn-ḫpr-rꜥ, Menkhéperrê (Thoutmosis III ou devise) nb-mꜢꜥt-rꜥ, Nebmaatrê (Amenhotep III ou devise) nḫt-ḥr-ḥb, Nectanébo (II) rꜥ-[…]nṯr-ḥqꜢ-ỉwnw, Ramsès VII hnm-ỉb-rꜥ, Amasis ššnq-mry-ỉmn, Chéchanq Ier kꜢ nḫt ꜥꜢ nsyt, Ramsès III

417, 421, 435 606 720 635 395, 405, 410, 412, 445, 452 427 439, 667 720 422, 435 601 717

Index des noms de particuliers ỉỉ-m-ḥtp, Imhotep ỉmn-ỉr-[dỉ]s, Amenardis ỉmn-(m-)ḥꜢt, Amenemhat ỉmn-ḥtp, Amenhotep ỉry-ỉry, Iry-iry ỉrt-ḥr-rw, Iret-hor-rou ỉtỉ, Iti ꜥnḫ-wn[n-nfr], Ankh-oun[en-nefer] ꜥnḫ-hrd, Ankh-chered ꜥnḫf.n-ḫnsw, Ankhefenkhonsou wn-[…], Oun-[…] wn-nfr, Oun-nefer wsỉr-wr, Ousirour bs-n-mwt, Besenmout pꜢ-[…], Pa-[…] p(Ꜣ)-ỉw-(n)-mnṯw, Pa-iou-n-montou p(Ꜣ)-ỉw-(n)-ḥr, Pa-iou-n-hor pꜢ-mỉw, Pamiou pꜢ-n-ḥr, Paenhor pꜢ-šri-[…], Pa-sheri-[…] pꜢ-šrỉ-(n)-Ꜣst, Pa-sheri-n-aset [pꜢ]-šrỉ-(n)-Ꜣst, [Pa]-sheri-n-aset pꜢ-dỉ, Pa-di pꜢ-dỉ-[…], Pa-di-[…] pꜢ-dỉ-Ꜣst, Pa-di-aset pꜢ-dỉ-ỉmn, Pa-di-imen pꜢ-d(ỉ)-ỉmn-(m-)ỉpt, Pa-di-imen-m-ipet pꜢ-dỉ-ỉmn-[nb]-nswt-tꜢwy, Pa-di-imen-[neb]-nesout-taouy pꜢ-dỉ-ỉpt, Pa-di-ipt pꜢ-dỉ-ꜥꜢ-šfỉt, Pa-di-aa-shefyt pꜢ-dỉ-ppt, Pa-di-pepet (pꜢ)-dỉ-mwt, (Pa)-di-mout pꜢ-dỉ-nfr-ḥtp, Padineferhotep pꜢ-dỉ-nb-nswt-tꜢwy, Pa-di-neb-nesout-taouy pꜢ-dỉ-ḥr, Pa-di-hor [pꜢ]-dỉ-ḫnsw, Pa-di-khonsou

628 438 423 425 417 443, 673 438 423 ? 419 601 443 665 612 601 628 418 ? 418 ? 407 601 425 416, 417, 430, 673 416 437 408, 422 422, 443 439, 443 439 ?, 440 417, 443 454 440 ? 440, 675 408 ? 612, 632 ? 438, 442 373 414

pꜢ-dỉ-ḫnsw[-?…], Pa-di-khonsou[-?…] […]-p-mỉ-ỉmn ?, […]-p-mi-imen ? psmṯk-mry-nt, Psamétik-mery-neith Mwt-?, Mout-? nb-ꜥnḫ, Neb-ankh nb-nswt-tꜢwy, Neb-nesout-taouy […]-nswt-tꜢwy, […]-nesout-taouy ns-ỉmn, Nesamon ns-bꜢ-nb-ḏd, Nesbanebdjed (ou Smendès) ns-bꜢstt, Nes-bastet [ns]-pꜢwty-tꜢwy, (Nes)-paouty-taouy ns-pꜢ-sfy, Nespasefy ns-ptḥ, Nes-ptah ns-mnw, Nes-menou ns-mnṯw, Nes-montou ns-ḥr(w), Nes-hor(ou) ns-ḫmnỉw, Nes-khemeniou […] nḫt ? […], […] nakht ? […] r(ꜥ)-ḥtp, Rahotep ḥrỉ-s[n]f, Heri-s[n]f ḥr, Hor ḥr-Ꜣḫty, Hor-akhty ḥr-(m)-Ꜣḫ-[bỉ.t], Horemakhbit ḥr-(m)-sꜢ[-.f], Hor-m-sa[-f] ḥr-rꜥ, Hor-rê ḥr-ḫb, Hor-kheb ḥr-ḫ[nsw], Hor-kh[onsou] […]-ḥr, […]-Hor ḫr-ỉmn ?, Kher-imen ḫr-mwt, Kher-mout ḫr-ḫnsw, Kher-khonsou sꜢ-nb, Sa-neb šꜢꜥ-ḫprỉ, Sha-khepri šr-ḏḥwty, Sher-Djehouti ššnq, Chéchanq kp=f-ḥe-ḫnsw, Kapefhakhonsou tꜢ-dỉ(.t)-mwt, Ta-dit-mout tꜢ-šrỉt-mnw, Ta-sherit-menou

422 419 422, 435 632 437, 438 454 418 425 668 437 ? 410 ? 601 419 ? 617 408 408 437 438 ? 423 ? 418 ? 422, 628 452 ? 408 ?, 421 439 425 ? 421, 430, 674 425 ? 419 438 439 439 425 443 ? 601 421, 439, 673 632 408 ? 617

INDICES

768 tꜢ-šr.t-ḫmt-[sn.w], Ta-sheret-khemet-[senou] dỉ-ỉmn, Diimen ḏḥwtỉ[-?…], Djehouti[-? …] ḏd-ỉmn-[…], Djed-imen-[…] ḏd-ỉmn-ỉwf-ꜥnḫ, Djed-imen-iouf-ankh ḏd-bꜢstt, Djed-bastet

625 612 419 ? 437 440 437 ?

ḏd-mnṯw-ỉwf-ꜥnḫ, Djed-montou-iouf-ankh ḏd-ḥr, Djed-hor

632 ? 417, 584, 661

[ḥm-nṯr / ỉt-nṯr ?] sꜢ (?), prophète ou père divin de la (?) phylè 438 [ḥm-nṯr / ỉt-nṯr ?] sꜢ 4-nw, prophète ou père divin ? de la quatrième phylè 421, 661 ḥm-nṯr tpy, premier prophète / grand prêtre 661 ḥm-nṯr tpy n ỉmn-rꜥ, premier prophète / grand prêtre d’Amon 601 ḥm-nṯr tpy n ỉmn-rꜥ nswt nṯrw, premier prophète / grand prêtre d’Amon roi des dieux 609 ḥm-nṯr (n) ỉmn, prophète d’Amon 414, 417, 435, 437 ḥm-nṯr (n) ỉmn-(m-)ỉpt, prophète d’Amen(em)opé 439 ? ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt, prophète d’Amon dans Karnak 416, 417, 437, 454, 673 ḥm-nṯr (n) ỉmn-rꜥ, prophète d’Amon-Rê 439 ḥm-nṯr (n) ỉmn-rꜥ m pr.f, prophète d’Amon-Rê dans son domaine 417 ḥm-nṯr (n) ỉmn-rꜥ nswt nṯrw, prophète d’Amon-Rê roi des dieux 414, 439, 673 ḥm nṯr (n) ỉnpw (?), prophète d’Anubis ? 419 ḥm-nṯr (n) wsỉr bꜢ-ꜥnḫ-(n-)rꜥ, prophète d’Osiris Ba-vivant-de-Rê 439, 667 ḥm-nṯr (n) wsỉr nꜢrf, prophète d’Osiris Naref 439, 673 ḥm nṯr (n) pꜢ mdw šps n ỉmn, prophète du pieu sacré d’Amon 673 ḥm nṯr (n) ptḥ, prophète de Ptah 419 ḥm-nṯr (n) mnṯw, prophète de Montou 418 ḥm-nṯr (n) mnṯw nb wꜢst, prophète de Montou maître de Thèbes 408, 417, 418, 419, 439 ḥm-nṯr (n) twt (n) (?) nḫt-ḥr-ḥb, prophète de la statue de (?) Nectanébo (II) 439, 667 ḥm-ḥḏt ḥr wr wꜢḏty, prophète de la couronne blanche et d’Horus, le grand des deux uræi 442 [ḥm- ?] ḥḏt, prophète de la couronne blanche 454, 667 ḥm-nṯr (n) ḥḏt […], prophète de la couronne blanche […] 442 [ḥm- / ỉt- ?]nṯr, prophète ou père divin 443, 661 [ḥm- / ỉt- ?]nṯr (n) ỉmn, prophète ou père divin d’Amon 408, 414, 416, 438 ḥm-nṯr ỉt-nṯr (n) ỉmn, prophète et père divin d’Amon 437 ḥm-nṯr ỉt-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt, prophète et père divin d’Amon dans Karnak 437 [ḥm- / ỉt- ?]nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt, prophète ou père divin d’Amon dans Karnak 417, 437 [ḥm-nṯr / ỉt-nṯr ?] (n) ỉmn m ỉpt-swt, prophète ou père divin ? d’Amon dans Karnak 416 [ḥm- / ỉt- ?]nṯr ? (n) ỉmn-rꜥ nswt nṯrw, [prophète ou père divin ?] d’Amon-Rê roi des dieux 438

ḏd-ḥr-ỉwf-ꜥnḫ, Djed-hor-iouf-ankh ḏd-ḫnsw-ỉwf-ꜥnḫ, Djed-khonsou-ioufankh

419 ? 417, 437, 438, 442, 443, 617 419 ? 419 ?

Index des titres Ꜣpsts, épistatès ỉmy-r, intendant ỉmy-r (n) pr (n) ỉmn, intendant du domaine d’Amon ỉmy-r ḥm-nṯr, intendant des prophètes ỉry-ꜥꜢ, portier ỉt-nṯr, père divin ỉt-nṯr (n) ỉmn, père divin d’Amon ỉt-nṯr (n) ỉmn-rꜥ nswt nṯrw, père divin d’Amon-Rê roi des dieux ỉt-nṯr ḥm-nṯr, père divin et prophète [ỉt-nṯr ?] ḥm-nṯr wn, [père divin et ?] prophète de la Lumière

438 671 632 ?, 751 440, 661-663 407, 408, 414, 438 ? 414 422, 440 ?, 661

408, 440, 665666, 670 ỉt-nṯr ḥm-nṯr (n) ỉmn m ỉpt-swt, père divin et prophète d’Amon dans Karnak 438, 612 ỉt-nṯr ḥm-ḥḏt ḥr […], père divin et prophète de la couronne blanche et d’Horus ? […] 442 ꜥꜢ wꜥb, grand prêtre-ouâb 661, 664 ꜥꜢ wꜥb mdw šps, grand prêtre-ouâb du pieu sacré 416 ꜥꜢ wꜥb [mdw šps ?] (n) ỉmn, grand prêtre-ouâb [du pieu sacré ?] d’Amon 417 ꜥ-n-mr, directeur du port 632 ꜥnḫwy, les oreilles (du roi ?) 423, 661 wꜥb, prêtre-ouâb 661-663 wꜥb mdw šps, prêtre-ouâb du pieu sacré 435, 663 wn ꜥꜢwy, ouvreur des deux vantaux 417 ?, 421, 661, 664 wn ꜥwy pt, ouvreur des deux vantaux du ciel 438, 440, 664, 669, 675 wr mꜢꜢ n ỉwnw[-šmꜥw ?], grand des voyants dans l’Héliopolis [du sud ?] 440, 661, 666 mꜢꜢ sštꜢw, celui qui voit les secrets 452 mr mšꜥ (n) pr (n) ỉmn, général du domaine d’Amon 601 mr šn, lesonis 422, 659, 661, 666, 671 mr šn (n) pr […], lesonis du domaine […] 439, 661 mr šn (n) pr (n) ỉmn, lesonis du domaine d’Amon 422 mty n sꜢ, responsable de phylè 671 rwḏ ꜥꜢ n pꜢ mr mšꜥ, grand inspecteur du général 637 rwḏ ꜥꜢ n pꜢ ḥm-nṯr 2-nw n ỉmn-rꜥ, grand inspecteur du second prophète d’Amon-Rê 637 rmṯ.w nty ḥrḥe, les gens qui gardent 632 ḥm wn, serviteur de la Lumière 665-666 ḥm-nṯr, prophète 408, 421, 440, 625, 630, 661663, 665 ḥm[-nṯr] 4-nw, quatrième prophète 440, 661

INDICES

[ḥm-ntr / ỉt-nṯr (n) ?] mnṯw nb wꜢst, prophète ou père divin de Montou maître de Thèbes 418, 419 ḥm-nṯr ỉt-nṯr (n) ỉmn (n) mdw šps n ỉmn, prophète et père divin d’Amon et du pieu sacré d’Amon 416 ḥm ḥr, prêtre d’Horus 667 ḥm ḥr wr wꜢḏty, prêtre d’Horus, le grand des deux uræi 667 ḥnk-nwn, celui-qui-présente le Noun 440, 661, 668 ḥry-sštꜢ, supérieur des secrets 421 ?, 661 ?, 665, 671 sꜢb, juge 422, 661 smꜢty, stoliste 665 smꜢty wꜢst, stoliste de Thèbes 421, 430, 661, 665, 674

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sš-nswt, sribe royal 443, 661 sš n ḥwt-nṯr, sribe du temple 671 sš sḥn n pr (n) ỉmn, sribe-économe du domaine d’Amon 599 sḏꜢwty bỉty, porteur du sceau 442, 661 qwꜢtỉ, sacristain 442, 661, 668 qwꜢtỉ [m] pr ỉmn-rꜥ (n) wsỉr (?), sacristain d’Osiris (?) [dans] le domaine d’Amon-Rê 442 kꜢwtỉ, sacristain 668 kꜢwtỉ pr ỉmn, sacristain du domaine d’Amon 668 ṯꜢ(.tỉ), vizir 422, 661

ORIENTALIA LOVANIENSIA ANALECTA 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66.

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