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French Pages 256 [269] Year 2022
DENDARA LES CENT COURONNES DU PHARAON
ORIENTALIA LOVANIENSIA ANALECTA
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DENDARA Les cent couronnes du pharaon
par
SYLVIE CAUVILLE (CNRS)
PEETERS LEUVEN - PARIS - BRISTOL, CT
2022
Photographies:
Gaël POLLIN © Institut français d'archéologie orientale
Dessins des couronnes :
Amélie L'AMOULEN
Maquette et mise en page:
Soheir LOTFALLA
A catalogue record for this book is available from the Llbrary of Congress.
© 2022, Peeters Publishers, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven/Louvain (Belgium)
Ali rights reserved, including the rights to translate or to reproduce this book or parts thereof in any form. ISBN 978-90-429-4668-2 e!SBN 978-90-429-4669-9 D/2022/0602/88
Pour Horst Beinlich en toute amitié
Introduction
Les grands temples de l'époque gréco-romaine constituent une mine inépuisable pour l'égyptologue; ils découvrent à celui-ci un monde qui, sans doute familier au premier regard, reste largement hermétique de par une subtilité aux composantes devenues étrangères -voire inaccessibles - aux modernes. Le présent volume est consacré aux titulatures et, surtout, aux couronnes du pharaon 1. Il s'efforce de dégager des lois générales quant à l'utilisation de ces dernières, en fonction d'un rituel, d'un dieu ou de l'emplacement choisi. Le résultat, il faut le reconnaître d'emblée, ne présente pas un caractère complètement univoque. Les trois domaines divins de Dendara comprennent plusieurs édifices, encore debout, qui jalonnent l'histoire du site depuis Montouhotep II (vers 2050 av. J.-C.) jusqu'à Marc-Aurèle (161-180 ap. J.-C.). Les parois de ces monuments portent plus de 2500 tableaux d'offrandes mettant en scène le face-à-face éternel des divinités et du pharaon ; représenté avec un profil stéréotypé, celui-ci, pourvu d'une titulature élaborée, coiffe une grande variété de couronnes.
LESPHARAONSDEDENDARA Aperçu chronologique e
KHÉOPS
Alors que Khéops est le premier mécène connu de Dendara, Hathor maîtresse de Jounet dispose d'un clergé plus nombreux que celui d'aucune autre divinité de Haute Égypte. Associée à un souverain dès le règne de Téti, la déesse doit sa plus grande gloire à Pépi ier : dans son cartouche, ce dernier est l'aimé d'Atoum maître d'Héliopolis et d'Hathor maîtresse d'Héliopolis-féminine.
1.
H. Beinlich, dans un ordre d'idée quelque peu différent, vient de publier un catalogue remarquable qui prend en compte la totalité des courolllles divines et royales figurant dans les temples d'époque grécoromame · Materialien zu den Kronen in Ritualszenen dgyptischer 'lempel der griechisch-rômischen Zeit, SRaT 34, 2020.
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DENDARA - LES CENT COURONNES DU PHARAON
Bien que, antérieurement à Dendara, Hathor ait été vénérée à Imaou, Memphis, Atfih, Tehna, Meir ou Gebelein, Pépi a en effet choisi la dame tentyrite et non celle du Sycomore. Les liens unissant Héliopolis et Dendara seront dès cette époque constants et les sacerdoces de Rê et d'Hathor étroitement associés. Voici la grande charte de fondation d'Héliopolis-féminine, qui renouvelle le monument fait par le roi de Haute et Basse Égypte, maître des Deux Terres (Menkheperrê), le fils de Rê, maître des couronnes (Thoutmosis), après qu'on l'eut trouvée parmi les écrits anciens du temps du roi (Khéops). [Dendara VI, 173]
La première charte, écrite dans les temps immémoriaux des Compagnons d'Horus, était conservée dans les archives de Memphis au temps de Khéops. Des vestiges archéologiques datant d'une époque voisine laissent supposer une installation civile, sinon religieuse, dans l'enceinte de Dendara 2. e
PÉPI lei-
Ce souverain mena une importante activité architecturale dans l'ensemble de l'Égypte, entretenant bon nombre de sites et édifiant des chapelles dédiées à la légitimité royale. Il s'attacha particulièrement au culte d'Hathor, ainsi qu'en témoignent ses titulatures. Celles-ci, par ailleurs, associent Hathor d'Héliopolisféminine et Atoum d'Héliopolis 3, deux divinités qui jouent un rôle majeur dans le dogme monarchique, notamment à l'occasion du premier jubilé de Pépi.
Le roi de Haute et Basse Égypte (le fils d'Hathor maîtresse de Dendara, Pépi) Le roi de Haute et Basse Égypte (le fils d'Atoum maître d 'Héliopolis, le fils d 'Hathor maîtresse de Dendara, PépiJ
2. 3.
Voir B. Kemp, , MDAIK 19, 1963, p. 19-27. Voir aussi R Bussmann, Die Pnwinztempel .Agyptens von den O. bis zur 11. Dynastie, 2010, p. 83-84 (récapitulatif des découvertes anciennes à Dendara) et A. Demidchik,
« Eleventh Dynasty written evidence on the relationship between the ka and
the cult image)>, z.As 142 (1), 2 015, p. 25-32.
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DENDARA - LES CENT COURONNES DU PHARAON
D'après L. Ilahadli, J\1DAIK. 19, p. 2•1.
Hathor y occupe les quatre grands tableaux : nourrice royale - sous ses formes féminine et animale - , elle a pour mission principale d'accueillir le roi ici-bas et dans l'au-delà. Rê-Horakhty, Min et Harsomtous accompagnent la fille de Rê. Le roi p01te la double couronne et la couronne à deux plumes. Par ailleurs, le sistre, le lait et le lotus, symboles propres à Hathor, incarnent la réjouissance, la nourriture et le parfum. Dans ce lieu d'accueil royal, le rituel d'investiture se déroulait sous l'égide d'Hathor maîtresse d'Héliopolis-feminine, avec les représentants divins locaux, Rê-Horakhty maître de Jounet et Somtous maître de Khadi. Cette dernière localité est mentionnée pour la première fois. Montouhotep, portant les plumes d'Harsomtous et appelé fils de Somtous, est l'aimé d'Hathor ; il s'assimile à Somtous lui-même pour présenter une fleur de lotus à Hathor. Mérenptah, restaurant la chapelle, s'adresse à Hathor maîtresse d 'Héliopolis-féminine et à Harsomtous maître de Khadi, qui prend place dans Héliopolisféminine ; Somtous, devenu Harsomtous, voit son culte installé à Dendara même 9 . Les thèmes abordés - allaitement royal de la déesse, présence de la vache, présentation du sistre - sont propres à l'intronisation royale et similaires à ceux des salles hypostyles de Karnak ou d' Abydos. Cette chapelle, premier monument
9.
Le premier prêtre d'Harsomtous est attesté à la XII' dynastie (Fischer, o. c., p. 26 n. 108).
INTRODUCTION
7
connu de Dendara, fut érigée à l'occasion d'un jubilé ou, peut-être, pour commémorer une pacification de toute la région située autour de Louxor. Une table d'offrandes en albâtre au nom de Montouhotep fut aussi retrouvée à Dendara 10 . Une deuxième table, enfouie sous le dallage du parvis, mentionne la première fête jubilaire du souverain, lequel adopta à cette occasion le nom significatif de « Celui qui réunit les Deux Terres » 11 .
La fête la plus importante d'Edfou et de Dendara s'appelle « L'Heureuse Union », celle d'Horus et d'Hathor: Lors de la fête de / 'Heureuse Union, on célèbre le rituel des prémices des champs, conformément au décret d'Amenemhat. [Edfou V, 357,1) Les prêtres devaient évoquer Amenemhat à chaque fois qu'ils empruntaient l'escalier droit menant au toit du temple; une colonne (transformée en conduit de gargouille) au nom de ce roi traverse en effet le plafond au milieu de l'escalier.
10. Voir Fr. Daumas, « Une table d'offrandes de Montouhotep Nebhepetre à Dendaxa l>, MDAIK 24, 1969, p. 96-99. 11 . Voir S. Cauville et A. Gasse, « Fouilles de Dendera : premiers résultats l>, BIFAO 88, 1988, p. 26-30.
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DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
- Dans le temple d'Isis, les prêtres, faisant montre d'une pareille révérence envers le passé, ont enfoui un bloc calcaire portant le nom d' Amenemhat 1er, vestige d'une procession géographique Oe bloc porte l'emblème du nome sébennytique).
Plusieurs autres fragments et objets mentionnent Amenemhat aimé d 'Hathor de Dendara ou bien témoignent d'une présence effective du pharaon dans la patrie d'Hathor 12 .
•
SÉSOS1RIS 1er
Quelques blocs au nom de Sésostris ont été découverts dans l'enceinte; d'après leur gravure cependant, on doit les dater d'une époque postérieure. Quoi qu'il en soit, ils témoignent du glorieux souvenir qu'a laissé le pharaon 13 . Le 27 epiphi: Sortie en procession d'Hathor maîtresse d'Héliopolis-féminine et d'Harsomtous vers le sud de cette ville. Station dans le belvédère de (Sésostris), aussi appelé« domaine d'Horus d'Edfou ».
12. Documents réunis par E. Hirsch, Kultpolitik undTempelbauprogramme der 12. Dymstie, 2004, p. 183-184. 13. Voir aussi Fr. W, von Bissing, « Grundsteinbeigaben Sesostris' I. aus dem Tempe] von Dendere? )>, ZAS 68, 1932, p. 68-69.
INTRODUCTION
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Le visage de la déesse est tourné vers le sud. Accomplir le rituel du Maître d'Edfou. Retourner vers le temple. Station dans son domaine. [Edfou V, 357-359].
L'édifice auquel appartient cette inscription était situé dans le domaine d'Horus à l'est de l'enceinte actuelle 14. Un vase d'albâtre au nom de Sebekhotep IV Khaneferrê aimé d'Hathor maîtresse de Dendara témoigne d'un passage royal à Dendara durant la XIIIe dynastie. Le souverain mentionné ici œuvra dans de nombreux temples de Haute Égypte ; il est par ailleurs probable que cet albâtre ait été rapporté par une des nombreuses expéditions envoyées dans les carrières 15 . e
DEUXIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE
La documentation tentyrite se raréfie ensuite ; toutefois, un jalon essentiel de l'histoire religieuse du site est fourni par la stèle du prince Amény 16, sur laquelle on peut lire: Voir la Présence parfaite d'Harsomtous dans Héliopolis-féminine sortant en procession lors de sa belle fête. La stèle avait été déposée sur le parvis du temple d'Hathor par Amény, lequel s'adresse aux vivants et à tous les prêtres du sanctuaire de la Dorée en leur demandant de réciter la formule funéraire en l'honneur d'Hathor maîtresse d'Héliopolis-féminine, de Ptah maître des Deux Terres dans Héliopolis-féminine et de Rê-Horakhty. Cet important document montre qu'il existait à cette époque des fêtes solennelles et, partant, un temple ancien. Il témoigne surtout de la présence permanente des dieux de Memphis et d'Héliopolis à Dendara, ce même en une période troublée.
14. Voir É. Chassinat, « Le temple d'Horus Behouditi à Dendera », REA 1, 1927, p. 298-308 et « Le mar du roi Menibrê à Edfou», BI FAO XXX, 1931, p. 299-303. La précision« sud» correspond à la topographie religieuse. 15. A. Weigall,A.5:4E 9, 1908, p. 107 (CG 36020). 16. Stèle Moscou 1.1 b 32 (S. Hodjash et O. Berlev, The Egyptian Reliefs and Stelae, 1982, p. 86-93) ; le document date de la période confuse des XIII'-XVII' dynasties, vers 1650. Amény est le fils du roi Rahotep (XIII' dynastie), il épouse une fille de Sebekemsaf (voir Cl. Vandersleyen, L 'Égypte et la vallée du Nil, 1995, p. 147-148) .
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DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
Enfin, au cours des fouilles menées par Cl. Fisher pour l'université de Philadelphie, de nombreuses tombes furent examinées sans être publiées; parmi celles-ci figurent des sépultures de la xvne dynastie. e
AHMOSIS
Sur le côté du temple d'Hathor, un bâtiment en brique constitue l'unique édifice non expressément religieux du site ; il s'agit d'un atelier de teinture où étaient traitées les étoffes divines : celles-ci touchaient ensuite le corps de la divinité et ne pouvaient donc pas être manipulées par des mains profanes, à l'extérieur de l'enceinte.
Dissimulé dans le couloir de ce tinctorium figure un relief d' Ahmosis offrant le pain blanc à Hathor maîtresse d'Héliopolis-féminine; le bloc porte l'effigie de la déesse tournée vers le sud, dans la direction du temple 17 . Ceux qui foulaient le sol de ce couloir perpétuaient ainsi la mémoire d'un roi bienfaiteur du site.
17. Voir S. Cauville et A. Gasse, BIFAO 8 8, 1988, p. 30-32 et Ch. van Siclen III, VA 6, 1990, p. 184-187.
INTRODUCTION
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NOUVEL EMPIRE
Le site de Dendara, àl'intériem comme à l'extériem de l'enceinte, n'a jamais été exploré de manière exhaustive. Seuls quelques lambeaux du passé permettent ainsi de poser ce1tains jalons chronologiques, il s'agit des objets et représentations suivants: - Un sistre en stéatite portant le nom d'Amenhotep 1er aimé d'Haihor de Dendara 18 . - Une jarre de fondation au nom d'Amenhotep II 19 . - Le fragment d'un relief de Thoutmosis IV 20 .
n.... 1
, BIFAO 99, 1999, p. 195-200 et communication orale del 'auteur). 23. Un indice de ces liens est fourni par les antiques serpents sacrés • L e Purificateur demeure dans le temple d 'Hathor maftresse de Cusœ, il se déplace jusqu'au temple d'Ha-
thor maî.tresse d'Héliopolis-féminine. I.e
Destructeur rampe dans Héliopolis-féminine et dans Metenou, à swoir Mejkat, car il est le serpent du
temple d 'Hathor. Pour les rapports unissant Dendara et Atnh, voir S. Cauville, « Hathor de Dendara, Pakhet et Hatchepsout )>, RdE 66,2016, p. 1-20.
INTRODUCTION
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En dépit de la damnatio memoriœ dont fut victime Hatchepsout, des blocs au nom de celle-ci ont, selon toute probabilité, été réutilisés dans des monuments postérieurs; il faut les chercher dans les fondations du temple qui servit d'écrin à Cléopâtre. D'autre part, le sanctuaire de Pakhet situé sur l'autre rive accueillait plusieurs Hathors; on l'appela bientôt temple des sept Haihors. Il constituait un monument supplémentaire à la gloire de la déesse, à côté du temple de la maitresse d'Héliopolis-féminine. e
RAMSÈS II ET RAMSÈS III
Une nouvelle fondation - son axe, calculé astronomiquement, sera respecté pendant douze siècles - fut décidée sous le règne de Ramsès II dont le filsarchitecte, Khâemouaset, se rendit par ailleurs à Dendara en tournée d'inspection ; c'est ce qu'atteste la présence de blocs au nom du prince dans les soubassements du temple d'Isis. [Temple d'Isis, 61]
Plusieurs autres reliefs ramessides sont partiellement enfouis dans certains des monticules situés dans l'enceinte 24 .
24. Mariette, Dendérah N, pl. II,c, d et Duemichen, Bg., pl. III,c.
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DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
CHABAKA
Sur cette stèle exposée au musée de Sohag 25, un pharaon consacre le pam blanc devant Hathor maîtresse d'Héliopolis-féminine et Harsomtous ; le nom du souveram se laisse deviner sous les martelages, il s'agit de Neferkarê Chabaka. Celui-ci ordonne au chef des constructeurs de Haute et Basse Égypte, Padienhor, de constnrire une enceinte autour des temples des dieux de Haute et Basse Égypte. À Dendara, l'enceinte encore debout - elle a été restaurée sous le règne de Tibère - doit peut-être son existence à Chabaka. Padienhor, né à Dendara, fit aussi édifier un monument enrichi d'or et d'argent pour Hathor.
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NECTANÉBO
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De ce souverain on conserve des blocs remployés dans le temple d'Isis. On lui doit également l'édification du mammisi ancien.
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PTOLÉrvfÉE fr SÔTER
La chapelle de Thot date de son règne.
25. Stèle JE 44665, voir J. Leclant, Enquêtes sur les sacerdoces et les sanctuaires égyptiens à l'époque dite éthiopienne, 1954, p. 31-42.
INTRODUCTION
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PTOLÉNIÉE II PHilADELPHE
Un kiosque de Ptolémée Philadelphe est mentionné par le calendrier d'Edfou. Un linteau est inscrit au nom du souverain dans le mammisi ancien. Un autre linteau de ce pharaon est entreposé sur le parvis.
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PTOLÉMÉE N PHILOPATOR
Un temple, aujourd'hui disparu, était adossé à l'enceinte (dans l'angle nord-est) ; quelques blocs provenant de ce sanctuaire livrent le nom du pharaon.
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PTOLÉMÉE VI PHILOMÉTOR
La salle à colonnes, dans la partie ancienne du temple d'Isis, date de son règne. On trouve, par ailleurs, un bloc isolé à son nom. [Temple d'Isi.s, pl. 66]
Il subsiste sur les montants extérieurs de la porte nord de l' hypostyle le bas d'une titulature - « Les Philométors, aimés des Épiphanes, des Philopators, des Évergètes et des Philadephes » - propre à Ptolémée VI Philométor. [Temple d'Isis, 15]
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DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
PTOLÉMÉE VITI ÉVERGÈTE Il
Lui sont dus les propylées situés devant le mammisi de Nectanébo, ainsi que la chapelle de la barque près du lac sacré.
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PTOLÉMÉE IX SÔTER Il
Les parois ouest et l'embrasure de la salle des offrandes du mammisi de Nectanébo p01tent son nom ; il en est de même des montants intérieurs de la chapelle de la barque. e
PTOLÉMÉE X ALEXANDRE 1er
Le péristyle du temple d'Isis porte son nom, la titulature de la porte centrale mentionnant son épouse Bérénice.
INTRODUCTION
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PTOLÉNIÉE XIIAUIÈTE
Il fonda le temple d'Hathor le 16 juillet 54 av. J.-C.
•
CIÉOPÂTRE
Elle est associée à son père en ce qui concerne la fondation du temple.
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CIÉOPÂ1RE ET CÉSARION
La paroi extérieure sud du naos porte leurs deux noms.
•
AUGUSTE
Plusieurs réalisations sont dues au premier empereur-pharaon ( dont on trouve à Dendara la première date attestée en Égypte [15 mars 29 av. J.-C.]) : - les parois extérieures du naos (monument achevé en l'an 9 [22/21 av. J.-C.]); - le temple d'Isis ; -la porte d'Isis et la dernière partie du dromos [30 août 10 av. J.-C.].
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DENDARA - LES CENT COURONNES DU PHARAON
TIBÈRE
Lui sont dus la paroi sud et le soubassement du pronaos, la façade est de la porte d'Isis. e
CALIGULA
Lui sont dus les premier et deuxième registres de la paroi sud du pronaos, les corniches et le plafond de celui-ci. e
CLAUDE
Lui sont dus la paroi extérieure est du naos (côté nord du pronaos), le pronaos, le plafond de la porte d'Isis, une porte en calcaire dans le domaine d'Horus.
e
NÉRON
Lui sont dues les parois intérieures latérales et les parois extérieures du pronaos, la façade ouest de la porte d'Isis.
e
DOMITIEN ET TRAJAN
La porte d'Hathor est inscrite au nom des deux empereurs.
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TRAJAN, HADRIEN ET ANTONIN LE PIEUX
Le mammisi romain est inscrit au nom des trois empereurs. e
ANTONIN LE PIEUX ET MARC-AURÈLE
La porte d'Horus est irlscrite au nom des deux empereurs. Les titulatures de ces pharaons sont relevées en détail dans l'annexe II (voir p. 195).
INTRODUCTION
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Présentation des divers monuments
Domaine d'Hathor e
LE MAJl.1:MISI ANCIEN
Le sanctuaire, décoré au nom de N ectanébo, est flanqué de deux salles anépigraphes et d'un escalier. Le vestibule porte les noms de Ptolémée IX Sôter II (116-107 / 88-80 av. J.-C.) et de Ptolémée XII Aulète (80-51 av. J.-C.). Les propylées sont au nom de Ptolémée VIII Évergète II (169-116 av. J.-C.).
PTOLÉMÉE VITI
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DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
LA CHAPELLE DE IBOT
Située au nord-est de l'enceinte, édifiée par Hor, scribe d' Amon-Rê sous le règne de Ptolémée 1er (305-282 av. J.-C.), la chapelle est le seul témoignage architectural du premier souverain macédonien à Dendara. Elle a été érigée en l'honneur de l'émissaire dépêché par les aut01ités sacerdotales thébaines pour faire restaurer divers bâtiments, dont la porte monumentale et la volière des ibis.
Sur les revers des montants, deux inscriptions se font face : - Un texte autobiographique de dix lignes consacré à Hor, fils de Taougech. L'homme a été scribe du temple d' Amon-Rê à Karnak; à Dendara, il occupa un poste élevé, probablement celui de prophète des dieux du temple de Tentyris. Il avait donc d'importantes responsabilités dans les deux nomes, ce qui témoigne del 'in:fluence exercée par Thèbes sur Dendara. - Un texte magique écrit sur trois colonnes ; ses formules de protection contre le mauvais œil sont empruntées à des papyrus de la maison de vie.
INTRODUCTION
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2l
LA CHAPELLE DE LA BARQUE
autels
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de la ba~1uc r
À côté du lac sacré, la chapelle de la barque est construite sur une estrade de vingt mètres de façade (maintenant quelque peu ruinée); sa porte en grès s'ouvrait à l'origine dans un mm de briques, une autre porte en façade donnait sur l'est.
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lac sacré
L'édifice fut érigé sous le règne conjoint de Ptolémée VIII Évergète II et des deux Cléopâtre, donc entre 122 et 116 av. J.-C. Les tableaux intérieurs sont au nom de Ptolémée IX Sôter II (116-107 / 88-80 av. J.-C.).
La chapelle, antérieure au grand temple d'Hathor, faisait partie d'un vaste complexe férial qui comprenait, entre autres, des autels et des bassins.
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DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
LE TIN CTORIUM
Sa situation, en profondeur, permet de dater l'édifice de la période ptolémaïque, plus précisément du règne de Ptolémée VIII Évergète II. Si l'étage supérieur n'existe plus, la partie inférieure présente plusieurs niveaux: Au plus haut se trouvent onze chambres, aux murs faits de briques crues recouvertes d'enduit, et un couloir de circulation dont le sol est recouvert d'un enduit épais. Des chambres plus petites et plus simples occupent le niveau intermédiaire. Tout en bas, d'épais murs en briques cuites entourent une installation hydraulique.
Eau, canalisations, cuves, briques cuites, enduits épais évoquant le béton, salles nombreuses, tous ces éléments révèlent la fonction du lieu situé par ailleurs à proximité immédiate d'un puits. Les étoffes préparées dans cet atelier de teinture revêtaient statues et bâtons sacrés ; d'autre part, certains tableaux à l'extérieur du temple étaient masqués par un voile protecteur, venu du même lieu, que l'on retirait lors des processions.
INTRODUCTION
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LE TEMPLE D'HATHOR
La première partie du temple d'Hathor - le naos - a été mise en chantier sous le règne de Ptolémée Aulète et décorée pendant celui de sa fille Cléopâtre. Seules les cryptes souterraines portent le nom de Ptolémée XII Néos Dionysos Aulète et celui de sa fille ; les parois intérieures du temple ne présentent que des cartouches anépigraphes. La paroi extérieure sud (soubassement et 1cr reg.) met en scène, majestueusement, Cléopâtre et son fils Césarion ; sa décoration sera tenninée par Auguste (2< reg., frise et corniches).
La paroi extérieure orientale fut décorée immédiatement après la mort de Cléopâtre. Auguste le Romain est mentionné sur le premier tableau [Dend. XII, 84, 107, 128 et 148] ; tous les tableaux sont à son nom, à l'exception de quelques scènes inscrites à celui de Claude (voir annexe, p. 198). La décoration du pronaos date, pour l'essentiel, des règnes de Claude et de Néron. Sous le règne du premier, la paroi intérieure sud (ou façade du naos) est achevée ; suivent les plafonds, les colonnes et la façade. Du court règne de Caligula (37-41 ap. J.-C.) datent les deux premiers registres de la paroi intérieure sud et les parties supérieures du pronaos (corniche sud, travée axiale, frise de la façade). La titulature de l'empereur présente le titre romain d'Autocrator et les noms propres Caius César Germanicus. Sa composante proprement égyptienne comprend le titre MJ M Jw et la mention des dieux Ptah et Isis (mry
Pt/:, Jst,
cnb çJt).
Le nom complet de Claude (41-54 ap. J.-C.) est Tibère Claude César Germanicus. Selon la place disponible, tout ou partie en figure dans les cartouches; ainsi, sur le deuxième registre des colonnes ou sur les tableaux des architraves, le nom se réduit à Tibère Claude. Les registres supérieurs des parois extérieures portent le nom d' Auguste, mort avant la fin des travaux ; le soubassement porte celui de Tibère.
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LA PORTE D' HATHOR
Une porte monumentale donne accès à chacun des trois domaines divins. La porte d'Hathor a été construite une quinzaine d'années après l'achèvement du pronaos, sous les règnes de Domitien (81 -96 ap. J.-C.) et de Trajan (98-117 ap. J.-C.).
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DENDARA - LES CENT COURONNES DU PHARAON
LE MAMMISI ROMAIN
Sur la vaste esplanade s'étendant entre la porte et le temple, un deuxième mammisi a été édifié; sa décoration, commencée sous le règne de Trajan, a été achevée par Hadrien ( entablement) et Antonin le Pieux (mur extérieur nord).
INTRODUCTION
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Domaine d'Horus
Ce domaine, qui existait déjà au Moyen Empire, est consacré à Horus maître d'Héliopolis-féminine. Une partie en était réservée à l'atelier funéraire d'Osiris, auquel présidait Horus sous sa forme d'Harendotès. e
LA PORTE EN CALCAIRE DE CLAUDE
Devant le village moderne subsistent les vestiges d'un temple dont seul un montant est bien conservé : Hathor y reçoit son bâton sacré. Il est probable que, sur le montant opposé, le pharaon offrait le bâton sacré à Horus. Le bandeau supérieur proclame le dogme tentyrite suprême : H athor-Maât apparaît dans sa barque ; on a fait pour elle Héliopolis-féminine en contrepartie d'Héliopolis-masculine, c'est Isis.
Façade oues1
011 a fait po11r elle Héliopolisfé111i11i11e en co111reparrie d'Héliopolis-111asculi11e.
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DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
LA PORTE MONUMENTALE
Au nom d' Antonin le Pieux (138-161 ap. J.-C.) et de Marc-Aurèle (161-180 ap. J.-C.), la porte met à l'honneur sur sa façade nord les Horus apollonopolitains et l'antique bâton sacré du dieu. Le voyage du roi, d'Edfou à Dendara, est représenté sur les tableaux de l'embrasure; les prêtres se dirigeaient ensuite vers la nécropole des simlulacres végétaux d'Osiris.
INTRODUCTION
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Domaine d'Isis Le domaine d'Isis est situé à l'arrière de celui d'Hathor, sa porte ouvre sur une allée processionnelle menant au parvis du temple. Édifiée et décorée peu après le temple, elle fut dédiée le 23 septembre de l'an 1 après J.-C. par le stratège Tiyphon 26 .
e
LA PORTE D '1s1s
Les travmu:: de décoration s'y sont poursuivis pendant une période relativement longue, d' Auguste à Néron; ils ont commencé par le linteau des façades et se sont achevés avec le quatrième registre de la façade intérieure.
26. Inscriptions grecques gravées sur les listels de la porte (A. Bernand, Les portes du désert, 1984, p. 116- 121).
Stèles CGC 31092 et 31093 (YI. Spiegelberg, Die demotischen Inschriften I, 1904, p. 23-2 5) et linteau
CGC 50045 (YI. Spiegelberg, Die demotischen Inschrijten III, 1932, p. 17). Les informations sont dues au stratège Ptolémée fils de Panas, notable dont on possède de nombreux objets, telle la règle-coudée qui servit probablement pour la construction. Voir A. Farid, « Three Mirrors with Demotic Inscriptions l>, Lijè
in a Mufti-cultural Society, 1992, p. 104-105. La règle de Panas est conservée au musée du Caire (YI. Spiegelberg, Demotische Denkma/erIII, 1932 , p. 27-28 et pl. XIV, CGC 50050).
28
DENDARA
e
LES CENT COURONNES DU PHARAON
LE TEMPLE D'ISIS
Le temple d'Isis s'appelle « mammisi » («place-de-la-nativité»); c'est le lieu où Nout a mis Isis au monde. Sa décoration, qui date du règne d'Auguste, est contemporaine de celle des parois extérieures du temple d'Hathor. L'édifice, construit à deux époques, reçoit sa cohésion d'un escalier qui relie les uns aux autres les éléments ptolémaïques et romains situés à des niveaux différents. Les textes et représentations gravés sur ses parois empruntent beaucoup - et parfois littéralement - aux archives de la voisine fille de Rê .
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Dans ces multiples édifices, les pharaons, qu'ils soient Ptolémée ou Auguste, ne se distinguent guère que par leur titulature. Debout devant la divinité, présentant une offrande ou exécutant un rituel, ils arborent des comonnes, royales ou divines, ingénieusement variées selon le sujet représenté dans chacun des milliers de tableaux d'offrande que comptent les monuments du site de Dendara.
Les couronnes du pharaon
Le face-à-face de la divinité et du pharaon met en scène les rites et accessoires sacrés que sont les offrandes et les couronnes. Le choix de l'une ou l'autre de ces dernières, comme celui d'une épithète ou d'une graphie, éclaire souvent ce que masquent les scènes apparemment stéréotypées des temples. Les prêtres, illustrant l'action du maître terrestre qui incarne bonté, intelligence et courage, confèrent au roi les fonctions appropriées à chaque offrande. Celui-ci devient alors purificateur, serviteur divin, valet de table, paysan, camériste ou pourvoyeur de matières précieuses ; il est le catalyseur qui transmue le profane en divin. La titulature, cependant, individualise chaque souverain ; de plus elle est parfois pluriforme, y compris en un même lieu. L'inventaire donné ici témoigne de ce phénomène, singulièrement pour Trajan dans le mammisi. Par ailleurs, le pharaon porte une couronne - parfois une simple coiffe - dans le cadre de son action rituelle. Cette coiffure, dont les formes sont très variées, met en relation les sphères humaine et divine. Le souverain coiffe la couronne blanche en tant que roi de Haute Égypte et la couronne rouge en tant que roi de Basse Égypte; la blanche placée à l'intérieur de la rouge - le pschent-marque qu'il régit l'ensemble du pays. La distribution de ces trois couronnes se laisse assez aisément cerner. En revanche, la raison pour laquelle une couronne propre à un dieu coiffe le pharaon dans tel ou tel rituel déconcerte patfois. Si elle semble obvie pour le prospecteur de fards dont :Min est le patron ou pour le façonneur de parures qui s'identifie à Ptah, par exemple, elle reste passablement énigmatique quand la couronne est composite. La salle hypostyle du temple d'Hathor met en scène des dieux qui se substituent au roi pour faire offrande à Hathor ou à Isis : on voit ainsi plusieurs Horus à la double couronne, Mahès ou Thot coiffés de l'atef, Amon dont les plumes touchent le ciel. Cette substitution, qui est aussi une association, montre que le pharaon devient partiellement divin.
30
DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
Salle hypostyle, paroi est.
Dieux et pharaon portent certaines couronnes en commun, ainsi celle qui s' observe sur l'axe même du temple, dans le pronaos.
Pronaos, linteau supérieur des parois sud et nord.
LES COURONNES DU PHARAON
3l
Le roi accède au temple par la porte axiale du pronaos, se dirigeant du nord vers le sud. Sur le linteau supérieur nord, il offre à Hathor le monde céleste en portant la couronne de Thot, le régisseur de l'univers; en contrepoint, il coiffe la coumnne de Ptah en offrant à Isis le pectoral memphite. Puis, ayant traversé la salle, il cède son double rôle aux dieux eux-mêmes, Thot et Ptah, qui intronisent les déesses. Il faut relever enfin que le pharaon, fils de Rê et non Rê lui-même, ne porte jamais la couronne de celui-ci. Dans le temple, il quitte le monde des vivants et dialogue silencieusement avec les dieux.
Présentation des couronnes Le pharaon porte une centaine de couronnes différentes; la répartition en est présentée par type d'offrandes (voir p. 93) et toutes sont recensées en annexe (voirp. 195).
Ci-dessous est présenté le nombre (arrondi) des occurrences de chaque couronne dans l'ensemble des monuments de Dendara. A. Coiffe, perruque ou bonnet
::,;
350 tableaux
B. Couronne blanche
::,;
120 tableaux
C. Couronne rouge
::,;
80 tableaux
Ca. Couronne de Geb
::,;
140 tableaux
D. Double couronne
::,;
280 tableaux
E. Couronne d'Osiris
::,;
160 tableaux
F. Couronne-atef
::,;
100 tableaux
G. Couronne de Ptah-Tenen
::,;
200 tableaux
H. Couronne d'Amon
::,;
25 tableaux
L Couronne à deux plumes
::,;
45 tableaux
J. Couronne à plumes
::,;
35 tableaux
K. Couronne à quatre plumes
::,;
55 tableaux
32
DE N DARA - LES CENT COURONNE S DU PHARAO N
L. Couronne de type hemhem
;::, 100 tableaux
M. Couronne composite
;::,
N. Couronne avec disque solaire
;::, 130 tableaux
75 tableaux
Les offrandes les plus représentées sont les suivantes : Maât
;::, 160 tableaux
Adoration
;::, 130 tableaux
Vin
;::, 125 tableaux
Sistres
"" 100 tableaux
Ordre et prière, ivresse et musique : tel est le monde d'Hathor.
LES COURONNES DU PHARAON
33
Le service royal Le pharaon officiant Il exécute le rituel dans les espaces dédiés à la fête du Nouvel An : - Sanctuaire - Chapelle d'Hathor -Ouâbet - Kiosque du toit
Son long pagne reproduit le modèle millénaire ; « officiant », mais non partenaire semi-divin, il ne porte qu'une coiffe.
Temple d'Hathor, sanctuaire, parois latérales est et ouest, tableaux I-II-III.
Roi du pays, il porte la double couronne quand il est introduit auprès d'Hathor et quand il gravit les escaliers pour la grande cérémonie de l'Union au disque.
Le roi dans le sanctuaire et dans l'escalier.
34
DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
Le roi officiant SUI le toit du temple.
Depuis la chapelle d'Hathor [Dendara III, 55-57]jusqu'aukiosque [Dendara VIII, 8 et 16], le roi, simple «humain», se couvre la tête de coiffes qui affectent la forme de boule, bonnet, perruque, voire« casque», en tissu empesé, éventuellement en cuir ou en métal.
Les coiffes du pharaon.
La belle coiffe dénommée kheprech, souvent de couleur bleue, offre des exemples magnifiques à travers Les temps ; elle est ornée d'un faucon protecteur sur l'arrière qui enserre les tempes du pharaon. Les exemples du Nouvel Empire sont plus hauts que ceux reproduits dans les derniers temples.
LES COURONNES DU PHARAON
35
Quand le pharaon, liturgiste, purifie et offre boissons et nourritures à la déesse, il porte généralement une de ces coiffes("" 60 tableaux). Il en va de même lorsqu'il
adore la divinité (90 tableaux sur les quelque 150 du corpus des scènes doua neter). On s'attendrait en conséquence à ce que ce couvre-chef« modeste» ne fût associé qu'à de simples titres d'officiants - sans indication de filiation divine donc; ce n'est pas toujours le cas. Dans le sanctuaire ainsi, le roi présente une parure, la tête couverte d'une coiffe tout en étant le fils de Celui qui est au sud de son mur, Ptah le prototype divin des artisans : la couronne du démiurge eût a priori été plus en harmonie avec la scène représentée. Disons donc d'emblée que les filiations divines - mais non les couronnes sont en étroite relation avec la nature de l'offrande. En tant que premier prophète d'Hathor et d'Horus, le roi offre à ces dieux leur bâton sacré respectif; il est desservant humain, coiffé du bonnet (n° 3) et pourvu de titres sacerdotaux sans indication de filiation divine: mr flmw-ntr [Dendara XII, 113, 214, 349 - Dendara XV, 233-234] sfltp-flmt.s, flm-ntr n T J-sm(, mr flmw-ntr [Dendara XIII, 214 et Porte de Claude] flm /fr [Dendara XII, 125 - Dendara XV, 234] mr flmw-ntr, flm gmflsw, fl]ty-(wr [Porte d'Horus, 2 et4]
Porte de Claude dans le domaine d'Horus.
Le pharaon servant Le roi thrni.féraire (iry-', mr st-bnt, sp-sM empmnte le rôle de Nekhbet préposée à l'encens méridional; il est généralement le fils de la déesse, quel que soit le nom de celle-ci 1, et porte souvent sa comonne.
1.
'11,l:,.t, Blkt, nbt F'g, nbt IN,-Nfp,, StJt, DmJt-pef,t.
36
DENDARA
LES CENT COURONNES DU PHARAON
Cette dernière couronne coiffe le thuriféraire royal quand il jette les grains d'encens sur le charbon de bois.
Les couronnes propres à la fumigation d'encens.
Couronne n° 7 [Dendara II, 21,10; Dendara II, 52,1 ; Dmdara XII, 140,6) Couronne n° 12 [ Dendara II, 84,2 ; Dz ndara III, 168, 1 ; Dendara III, 180,6 ; Dzndara VI, 51,1 ; Dendara VII, 141,16; Dendara VII, 165,1 ; Dzndara XIII, 73,11; DendaraMam., 61,8] Courom1e n° 15 [Dendara I, 61,10; Dzndara IV, 7,1]
La couronne n° 15 - avec le faucon - ne se rencontre que dans deux lieux: - le sanctuaire, devant les barques d'Isis et d'Harsomtous [Dendara I, 61-62]: Je te donne la couronne blanche placée sur la tête afin de diriger ton numen contre tes ennemis. Isis énonce le don en retour qu'elle octroie ; couronne et texte accompagnateur se complètent.
- à l'entrée de la chapelle d'Horus d'Edfou, où le roi se substitue au dieu:
Le pa,fum issu de toi, prends l'œil dHorus, le parfum de l'œil dHorus vient à toi. [Dendara IV, 6-7)
LES COURONNES DU PHARAON
37
Le thuriféraire se coiffe aussi de la double couronne, ou de celle d'Osiris dans un contexte funéraire : Couronnen° 35 [D?ndara I, 116,1; D?ndara II,53,10; D?ndara III, 8,1; Dendara IX, 251,15; Dendara X, 93,9; Dendara XV, 166,10; 1emple d'Isis, 332,7] Couronne n° 45 [D?ndara XII, 12,3; D?ndara XII, 29,3] Couronne n° 52 [D?ndara IV, 67,8; Dendara IX, 135,12; D?ndara IX, 148,10; Dendara IX, 161,12; Dendara XI, 76,5; Dendara Mam., 167,16]
Les autres couronnes accompagnées de titres « humains » sont moins représentées : Couronne n° 53 Couronne n° 56 Couronne n° 80 Couronne n° 90
[D?ndara III, 72,15] [D?ndara XIV, 27,6] [ D?ndara VII, 45,5 ; Dendara VII, 83,1] [D?ndara III, 123,12]
Relevons enfin que le pharaon porte de nombreuses coiffes et couronnes différentes dans le rite, omniprésent, de l'encensement.
Les coiffes et co=onnes de l'encensement.
38
DE N DARA - LE S CEN T COURONNE S DU PHARAO N
Les couronnes de Haute et Basse Égypte Le goût égyptien de la symétrie se fait jour à travers le parallélisme ou la complémentarité des offrandes ou des couronnes. Ainsi le roi officie-t-il, en tant que roi de Haute Égypte, d'un côté de l'axe d'une salle et, comme souverain de Basse Égypte, de l'autre côté. Cette règle est observée dans tous les temples, particulièrement sur les po1tes axiales. Le plan ci-dessous illustre le phénomène (le point vert marque l'emplacement de la couronne de Haute Égypte et le point rouge celui de la couronne de Basse Égypte) .
• •• •
La disposition symé triq ue des couronnes de Haute Égypte et de Basse Égypte dans le n aos d u temple d'Hath or.
LES COURONNES D U PHARAON
39
Hathor siège dans la chapelle axiale, regardant le roi venir vers elle ; la place d'honneur, naturellement à sa droite, est confiée au sud et à l'est. Mais lorsque la déesse siège dans une chapelle latérale du côté oriental, le sud théorique se situe au nord géographique. Cette répartition est inversée à l'entrée de la chapelle d'Horus (angle sud-ouest), comme si elle illustrait l'entrée d 'Horus dans sa chapelle, le sud à sa droite. Sanctuaire Dendara I, 2
adoration, 1er reg.
Dendara I, 6
Dendara 1, 11
sistres, linteau
Dendara I, 12
Dendara I, 28
encens-eau, 2e reg.
Dendara 1, 30
Dendara I, 44
maât, 1er reg.
Dendara I, 62
Dendara I, 52
pain, 3e reg.
D endara I, 70
Dendara 1, 105
sistres, 1er reg.
Dendara I, 13 7
Dendara I, 116
collier-menit, 3e reg.
Dendara I, 146
course royale, linteau int.
Dendara Il, 90
Extérieur du sanctuaire
Chapelles divines Dendara II, 80 Dendara II, 115
myrrhe/étoffes, 2< reg.
Dendara II, 124
Dendara II, 204
adoration, linteau int.
Dendara II, 205
Dendara III, 67
maât, 1er reg.
Dendara III, 78
Dendara Ill, 95
maât, niche
Dendara III, 98
Dendara Ill, 119
onguent, 3e reg.
Dendara III, 128
Dendara IV, 5
course royale, 2< reg.
Dendara IV, 4
maât, linteau int.
Dendara IV, 51
Dendara IV, 77
œil, 4e reg.
Dendara IV, 96
Dendara IV, 125
onguents/étoffes, 2< reg.
Dendara IV, 141
Dendara IV, 181
entrée du roi, 1er reg.
Dendara IV, 183
Vestibule et chambre des étoffes Dendara IV, 49
Cour du Nouvel An et ouâbet
Dendara IV, 193
invocation, 2< reg.
Dendara IV, 205
Dendara IV, 198
barques, 3e reg.
Dendara IV, 211
Dendara IV, 247
maât, 2< reg.
Dendara IV, 266
entrée du roi, 1er reg.
Dendara VII, 6
encens et eau
Dendara VII, 14
Salle des offrandes Dendara VII, 3
Kiosque Dendara VIII, 13
40
DENDARA - LES CENT COURONNES DU PHARAON
Dendara VIII, 17
sortie du roi
Dendara VII, 20
Dendara VIII, 28
urreus/bandeau
Dendara VIII, 24
Dendara VIII, 31
grande offrande
Dendara VIII, 32
Dendara IX, 5
campagne, 1cr reg.
Dendara IX, 11
Dendara IX, 43
sortie du roi, 1cr reg.
Dendara IX, 70
Dendara IX, 142
encens, 3c reg.
Dendara IX, 156
Dendara IX, 174
maât, 1cr reg.
Dendara IX, 189
Dendara IX, 227
plateau, 1cr reg.
Dendara IX, 213
Dendara IX, 237
vin et bière, 3< reg.
Dendara IX, 222
Dendara IX, 240
plateau, linteau int.
Dendara IX, 239
Dendara XI, 80
purification, 2c reg.
Dendara XI, 96
Salle hypostyle
Chapelles latérales de l'hypostyle
La couleur des couronnes est, dans les faits, rarement respectée : la couronne rouge se pare à l'occasion d'un blanc lumineux; la blanche, souvent plus sombre, peut également adopter des tonalités vertes (voir plus loin p. 232).
LES COURONNES DU PHARAON
41
La double couronne La complémentarité entre la Haute et la Basse Égypte ne joue pas pour cette couronne ; celle-ci affirme avant tout la légitimité royale, laquelle se fait jour par le biais des offrandes du rituel quotidien. Le plan ci-dessous, suivi des références àla publication, montre les nombreux emplacements où figure la double couronne.
La répartition de la double couronne dans le naos du temple d'Hathor.
Sanctuaire et couloir Dendara I, 13 et 17
remettre le temple
1er reg.
Dendara I, 2 7 et 29
apaiser la déesse
1er reg.
Dendara I, 49 et 67
encens
2e reg.
Dendara I, 100 et 132
sistres
1er reg.
Dendaral, 111 et 141
fards
2e reg.
Dendara I, 119 et 151
eau et encens
3e reg.
42
DENDARA - LES CENT COURONNES DU PHARAON
Dendara I, 115 et 148
encens et myrrhe
3e reg.
Dendara II, 23 et 53
eau et encens
linteau sup.
Dendara II, 79 et 89
urreus et titre de légitimité
2e reg.
Dendara II, 113 et 123
couronnes
2e reg.
Dendara II, 145 et 155
dattes
1er reg.
Dendara II, 181 et 191
couronnes
2