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French Pages 332 [344] Year 1991
Einleitung Introduction
Lexikon der Rpmanistischen Linguistik (LRL) Herausgegeben von / Editepar Günter Holtus · Michael Metzeltin · Christian Schmitt
Band/Volume V Französisch, Okzitanisch, Katalanisch Lefrancais, L'occitan, Le Catalan
Max Niemeyer Verlag Tübingen 1991
7. Le «Dictionnaire encyclopedique de linguistique romane»: justification et objectify
Maitriser seul aujourd'hui le flot des publications, toujours croissant, sinon en resultats concrets, du moins en nombre, cela n'est plus guere possible: c'est la plainte qu'on entend souvent, avec raison semble-t-il. A 1'aspect quantitatif s'ajoute 1'aspect qualitatif: comparees ä d'autres disciplines, les etudes romanes, ces dernieres annees, ces dernieres decennies, se caracterisent par une diversification, une specialisation, une orientation vers des aspects particuliers et vers de nouvelles decouvertes linguistiques. Les introductions et les comptes rendus de recherche existants ne permettent plus aujourd'hui d'avoir acces facilement et rapidement ä ces resultats et cheminements multiformes de la recherche. Nous avions naguere une vue d'ensemble sur revolution de la discipline, sur les acquis et les questions ouvertes: le Grundriss der romanischen Philologie de Gröber, paru pour la premiere fois il y a cent ans; une teile vue d'ensemble n'existe pas pour l'etat actuel de la recherche. Pour bien des domaines et bien des problemes, nous ne disposons pas d'un releve des materiaux plethoriques, encore moins d'une Synthese des recherches. Bien des raisons militent en faveur d'une teile vue d'ensemble sous forme de dictionnaire encyclopedique. Dans les manuels de type traditionnel et plus encore dans les ouvrages d'auteurs individuels, il y a necessairement des accents particuliers: etant donne l'ampleur de la discipline, un manuel ne peut trailer la multiformite des problemes interessant les etudes romanes ou les etudes linguistiques en general qu'en procedant par presentation-exemple; un ouvrage individuel, pour sa part, reste toujours marque par le point de vue de son auteur, un traitement objectif ne pouvant plus constituer le but a atteindre. Un dictionnaire encyclopedique, au contraire, pose le pluralisme et I'interdisciplinarite comme conditions prealables ä une presentation synthetisante; il peut done donner la parole ä de nombreux specialistes, representant des methodes et des traditions variees, et cela dans une cooperation coordonnee qui, a tout prendre, garantit un traitement equilibre des divers domaines. En repartissant la charge sur plusieurs epaules, on cree les conditions pour un examen approfondi de l'abondant materiau; si beaucoup d'auteurs s'attachent ensemble ä scruter les connexions objectives aussi bien que methodologiques, on se rapprochera davantage du but vise: une presentation ample et sans prevention. L'information ä jour sera ici garantie au mieux par le souci qu'ont
eu des le depart les editeurs de toujours trouver, pour chaque article, un specialiste du sujet. Ce n'est certainement pas un hasard que le projet „Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL)" soit ä peu pres synchrone avec d'autres presentations synthetiques, notamment dans le domaine des etudes germaniques, ou ont vu le jour, ces dernieres annees, des manuels sur la science du langage et de la communication, presentant les divers secteurs de recherche; ne passons pas non plus sous silence le fait que, en ce qui concerne la conception d'ensemble, le LRL s'appuie en partie sur le „Lexikon der Germanistischen Linguistik (LGL)" (paru egalement chez Niemeyer), qui vise a presenter une vue d'ensemble des etudes de linguistique germanique au debut des annees 80, en y incluant les principales disciplines voisines. Le LRL n'est cependant pas d'abord un sismographe enregistrant les tendances modernes; il doit bien plutot repondre ä sa vraie fonction: une information ample et circonspecte. De longues discussions de methode et de contenu ayant mis en evidence les avantages et les inconvenients des diverses approches et orientations de la recherche, il parait aujourd'hui possible et necessaire de concevoir une presentation globale et claire sur l'avenir de la discipline. Ce faisant, aucune methode ne devra etre surestimee ou sous-estimee et la progression devra rester determinee par la visee de base: aborder les questions a trailer par une discussion de grande ampleur. Ainsi, les editeurs se sont donne pour täche de degager les rapports de la linguistique romane avec la linguistique generate et en meme temps de retracer - autant que possible - les impulsions parties des etudes romanes et prises en consideration ou appliquees dans d'autres domaines «philologiques». Partant de ces premisses, le LRL vise a promouvoir des etudes romanes qui se comprennent comme linguistique comparee, sans negliger pour autant le fait que la description systematique des divers secteurs, des conditions historico-culturelles et surtout de l'usage langagier dans les situations communicationnelles du passe et du present constitue la base indispensable de la discipline «etudes romanes» et de ses relations avec les autres langues. 2. Structure et conception du LRL: lignes directrices et accents L'objet du LRL, ce sont les langues romanes dans leur ensemble, considerees ä la fois diachroniquement et synchroniquement. En partant des principes aujourd'hui admis, on ne peut aborder adequatement un domaine d'une teile amplitude
qu'en posant la langue comme un moyen de communication fonctionnel, socialement differencie, s'actualisant selon des parametres spatiaux, temporeis et situationnels - etant bien entendu que seul un observateur aux methodes sures est en mesure de decrire la langue comme agir humain. Ä partir de positions metalinguistiques, une teile description peut se referer aux modalites et aux fmalites des regies appliquees dans les situations communicationnelles; eile peut montrer comment la communication impose le recours ä un monde effectif ou fictif, eile peut enfin presenter historiquement les regies de la langue, variables, sujettes au changement et dependantes de dimensions sociales. Conformement ä ces vues fundamentales, le LRL s'articule en huit parties-themes. Les deux premieres reexaminent les problemes historico-scientifiques et les questions d'ordre general et methodologique, precisent les notions de base et les techniques de description, presentent les instruments de travail. L'histoire de la discipline degage en particulier les epoques et les ecoles historiques qui furent importantes pour la linguistique generate et done aussi pour les etudes romanes; et en meme temps, eile releve les orientations et les approches methodologiques issues des etudes romanes, certaines ayant influence partiellement d'autres domaines philologiques, d'autres (tel le «Guillaumisme») n'ayant eu pratiquement aucun echo dans les autres disciplines. La partie methodologique presente, d'un point de vue inter-langues, mais en maintenant toujours la reference aux langues romanes, tous les aspects du Systeme de la langue. Les themes ici traites ont evidemment une grande extension: depuis le traitement des moindres elements fonctionnels, en passant par les unites lexicales disparates, jusqu'ä la linguistique et la theorie textuelles. De plus, le theme «langue et societe» sera ici traite dans toute son ampleur: on y eclaircira les positions theoriques, on y traitera les questions de changements internes et externes; dans des articles d'orientation inter-langues, on presentera les problemes lios aussi bien ä la communication de groupes qu'a la production de textes ä caractere persuasif pour les medias. A ces questionnements d'ordre sociologique fera suite une presentation des classifications typologiques et genealogiques des langues et des families de langues, les criteres en etant experimentes sur divers domaines d'etude allant de la linguistique contrastive ä la periodisation des langues. Ce sous-ensemble se terminera par un releve des centres de collecte et traitement de donnees: ce point aussi a paru indispensable, les manuels souvent n'informant pas
suffisamment sur des questions telles que la repartition geographique des centres de recherche, d'archives ou de collecte de materiaux. Les deux parties suivantes, III et IV, ont pour objet les etudes romanes en tant que linguistique historico-comparative; cela concerne par consequent des domaines que les etudes romanes ont puissamment contribue a fonder methodologiquement - y compris dans la perspective de la linguistique generate: de par leur documentation privilegiee, allant du latin ancien aux langues romanes d'aujourd'hui, elles ont, en effet, fourni d'importants resultats. Ici seront examines les phenomenes communs aux langues issues du latin; il y sera traite de la relation du latin au type «langue romane»; il y sera fait un bilan critique de la grammaire historico-comparative des langues romanes, 1'accent etant mis sur ce qui unit plus que sur ce qui sapare. Les parties V et VI decrivent et analysent les differentes langues et aires linguistiques romanes. Conformement a l'etat des recherches et la masse de la documentation, le roumain, I'italien, le francais, l'espagnol et le portugais auront une place plus importante que les autres langues romanes. Cela ne signifie pas cependant que les autres langues et aires linguistiques aient une valeur moindre: de tels accents doivent settlement etre interpretes comme les consequences logiques de donnees extra-linguistiques. Ä comparer egalement avec le choix des langues dans lesquelles sont redigees les contributions: dans un ouvrage concu au sein de trois universites de langue allemande, edite et commercialise par une maison d'edition de Tübingen, il est clair que 1'allemand est utilise entre autres comme langue scientifique; mais par ailleurs, il a paru judicieux d'admettre comme langue de redaction la langue traitee directement dans tel article, a l'exception du roumain et de langues moins repandues, dites «langues mineures». Le choix des langues et la place reservee aux «langues mineures» tiennent done essentiellement ä des raisons extra-linguistiques. Ce sont, par centre, des arguments objectifs de poids qui ont conduit_a une bipartition chronologique: 1° du Moyen-Äge ä la Renaissance, 2° de la Renaissance ä l'epoque actuelle. Certes, le passage du Moyen-Äge aux Temps Modernes ne represente pas une limite nette, ni de portee generate; cependant, les aspects fondes sur l'etat de la recherche ne sont pas seuls ä plaider en faveur de la division chronologique latin - (proto)roman, (proto)roman - Moyen-Äge, Renaissance - Temps Modernes. Si la premiere periode est caracterisee par la division et la differenciation du latin, deja fortement dialectalise, la limite entre le Moyen-
Age et les Temps Modernes est marquee a la fois par des criteres externes et des criteres internes. Parmi les criteres externes, citons la montee de langues nationales et les premiers essais de codification et de creation de langues standard (le plus souvent suscitee par les besoins de l'administration) et certaines conditions sociales, culturelles et politiques particulieres. Les criteres internes ne manquent pas non plus: la Renaissance, precisement, connait une multiplicite de nouveaux types de texte et se caracterise, dans la «Romania», par une restructuration souvent profonde, une reorganisation de grande portee, du Systeme linguistique. Les editeurs sont cependant conscients qu'une teile articulation chronologique reste problematique, notamment pour le roumain, et que, pour la limite fixee, precisement, on ne peut parier de parallelisme entre les langues romanes qu'en repoussant quelque peu ä l'arriere-plan de nombreuses differences de fait, culturelles aussi bien qu'historiques. Mais comme les parties V et VI donnent la primaute aux phenomenes linguistiques, il parait justifie et judicieux de maintenir la limite historique que constitue la «Renaissance». Les deux dernieres parties, VII et VIII, traitent de problemes qui ont aujourd'hui une actualite particuliere: les langues en contact, les langues de migrants, les Creoles, les langues artificielles - au sens strict et les langues poetiques - ainsi que les aspects contrastifs, classificatoires et typologiques des langues romanes. Ici non plus, point d'accent privilegie: y seront traites aussi bien les problemes historico-linguistiques de superstrat, de substrat et d'adstrat que les methodes, problemes et resultats de la recherche contemporaine en matiere de contacts et de Creoles d'aujourd'hui. La presentation contrastive, classificatoire et typologique devra dessiner la physionomie propre de chaque langue romane, en se referant aux classifications genealogiques; mais eile s'attachera aussi ä la question, non resolue jusqu'ä maintenant, de savoir quel poids ont les forces divergentes et les forces convergentes dans les langues romanes. C'est ce chapitre qui permettra un examen critique de ce qu'impliquent des classifications aussi courantes que le roman balkanique, le rheto-roman, le gallo-roman, I'ibero-roman. 5. Structure et conception des articles D'emblee, les editeurs se sont entendus sur deux points fondamentaux: le LRL ne peut en aucun cas se baser sur des positions de principe unilaterales, venant des auteurs ou des editeurs; il ne doit pas non plus privilegier les approches consi-
derees aujourd'hui comme modernes, d'actualite ou particulierement riches d'avenir: 1'actualite, justifiee peut-etre, parait moins importante que la saisie des idees fondamentales. Cela ne pouvait signifier que ceci: chaque article doit se rattacher aux travaux anterieurs et retracer les chemins (eventuellement, les egarements) de la recherche, afm de permettre au lecteur de se faire un jugement d'une part sur l'histoire et d'autre part sur l'importance presente des diverses approches. Cela signifiait aussi que les editeurs, avant de demander la collaboration d'auteurs choisis avec circonspection, devaient faire, pour chaque article, une pre-structuration par motcles et plan d'ensemble; qu'ils devaient examiner et prendre en consideration systematiquement les ouvrages traitant de linguistique romane manuels, histoires des langues et etudes d'information generate - afin d'eviter, autant que possible, une vue unilaterale ou un releve lacunaire des problemes a traiter. Ces mots-cles, ces indications de plan, transmis aux auteurs, ce n'etaient pas des lits de Procruste, mais ils visaient tout au moins a eviter un isolement methodologique et une restriction documentaire scientifiquement inacceptable; ils voulaient encourager les auteurs des differents articles ä mettre en oeuvre non seulement les questionnements qui sont aujourd'hui au centre des preoccupations, mais aussi toute la richesse de l'activite philologique et de la recherche scientifique anterieures, tout au moins par rapport aux methodes employees par Pauteur lui-meme et par rapport aux approches aujourd'hui dominantes; que 1'auteur transmette done au lecteur, dans la mesure du possible, le tresor d'experience multiseculaire. Negliger la tradition fait courir le danger que des tendances trop dominantes ramenent partiellement la recherche en degä des acquis d'une ou plusieurs generations anterieures. II a done paru utile que chaque article commence par presenter les cheminements de la recherche, l'etat actuel de la discussion; il a egalement semble indispensable de retracer, autant que possible, les methodes des precedentes generations de chercheurs et de les apprecier a leur juste valeur. Ainsi devrait etre atteint un certain degre d'unification, 1'objectif ä long terme n'etant pas, bien entendu, I'unification par une approche determinee, mais uniquement une standardisation adaptee ä l'objet a decrire. En outre, chaque article presente une sorte de synthese, ou 1'auteur reste libre de donner clairement son point de vue et eventuellement, de le preciser par rapport a d'autres conceptions. II s'agissait done seulement de suggerer certains points,
essentiels aux yeux des editeurs, d'attirer Fatlention sur des melhodes dont la pertinence est incontestable; rendre les articles paralleles et comparables, c'etait la formulation d'une demande plus que d'une exigence absolue. II en va de meme pour le chapitre «perspectives» concluant la plupart des articles et montrant comment pourra se poursuivre l'investigation du theme traite, quels sont les desiderata en Iheorie et en documentation; de meme aussi, pour la bibliographic, qui ne vise jamais ä 1'exhauslivite. Pour les litres des articles toutefois, il a paru souhaitable de tendre ä une terminologie unifiee, aussi bien pour chaque langue que d'une langue a 1'autre. II convenait done de donner la preference a. une terminologie internationale tout au moins quand eile se revelail plus efficace; si, par exemple, le volume IV utilise le terme grammaticografia, peu usuel en Italien, c'est pour des raisons de convergence avec la terminologie internationale. Le parallelisme n'a cependant pas toujours pu etre atteint, parce qu'il a semble indispensable, en tel ou tel cas, de tenir compte des differences culturelles et historiques. Une intervention trop rigoriste des editeurs n'aurait guere contribue une plus grande coherence des volumes. II est, en effel, apparu que certains auteurs se sont repartis entre eux les domainesfronlieres autrement que 1'avaient prevu les editeurs, que des domaines apparemment analogues se sont reveles parfois disparates ä la description, ou encore que teile conception geographico-linguistique ou teile repartition geographique ne correspondaient pas toujours ä la conscience qu'en avail une minorite donnee; el celle-ci, pour souligner des poinls de vue divergents, le plus souvent conditionnes par des positions poliliques ou historiques, avail peul-elre de bonnes raisons. II resle done que les editeurs ne pouvaient que faire des propositions ou recommander des articulations. Le conlenu et la forme d'un article relevent de la responsabilile de son ou ses auteurs, les editeurs devant veiller ä mainlenir la conceplion d'ensemble, ä verifier que les textes soient comprehensibles et bien fondes. Precisons en outre que pour l'index des matieres, il est prevu un volume ä pari. 4. Public vise par le LRL En concevanl les huil volumes, les editeurs avaient en vue plusieurs groupes d'utilisateurs qu'ils chercheraient ä satisfaire par une mise en oeuvre syslemalique de l'histoire de la discipline et de Felal de la recherche, par la descriplion el la discussion des melhodes, par la presenlalion cri-
lique des resultats et enfin, non moins important, par l'ouverture de nouvelles perspectives. Les premiers destinataires, evidemment, ce sont tous ceux qui, au niveau universitaire, enseignenl les langues romanes, dirigenl des «seminaires» ou bien ont besoin, pour leurs cours, de presentations claires et süres en ce qui concerne les approches de methode et de conlenu. Sur les queslions de genealogie, de lypologie synchronique el de sociolinguislique, le diclionnaire encyclopedique leur offre des eludes de portee syslemalique, allanl en parlie au-dela du domaine direclemenl concerne el donnant une presenlalion fiable des Iheories el melhodes. Deslinataires au meme litre, les etudianls en eludes romanes: les edileurs onl conlinuellemenl rappele aux auleurs qu'ils devaienl rediger leur texte de maniere le rendre comprehensible egalemenl ä de tels lecteurs et au moins partiellemenl utilisable pour des etudes individuelles. Ce souci explique egalemenl, en matiere de terminologie, la preference donnee aux termes de la langue cultivee generate. C'est precisemenl Fallenden porlee a ces lecleurs eludiants qui a determine la relalion «theorie - presenlalion des acquis», les edileurs parlanl de Fidee que la Iheorie ne devrait jamais etre un bul en soi, mais devrail loujours resler orientee vers le domaine ä decrire. Cela ne signifie pas cependant que Fouvrage soil marque par une cerlaine peur du conlacl avec Fapproche theorique ou par un sceplicisme ä l'egard de la mise en Iheorie; bien au contraire: les editeurs ont conscience que seule la connexion de concepts Iheoriques clairs d'une pari et de resullals et fails releves et presenles avec soin d'aulre part permet une presenlalion adequate des queslionnemenls linguisliques. Oulre les enseignants el eludianls de linguislique romane, Fouvrage s'adresse aussi aux chercheurs d'aulres domaines des sciences humaines. Impossible de les ciler tous ici; evoquons cependanl, a litre d'exemple, le specialisle en eludes litleraires, auquel 1'ouvrage apporle mainles impulsions en bien des articles; Fhistorien, qu'interesseront d'emblee les contribulions hislorico-linguisliques; le sociologue auquel beaucoup d'arlicles fournironl de precieuses indicalions; le iheologien, Felhnologue ou le jurisle, qui pourronl egalement consuller le LRL avec profit Posons-le en principe: a loules les sciences sociales et humaines, qui voient dans la linguislique el specialement dans les etudes romanes une science d'appoint, le LRL pourrail rendre de grands services pour lei ou lei aspecl particulier. Enfin, Faccent mis ici sur les connexions fonclionnelles - hisloire des cullures, science des Ian-
gues et des cultures - interessera aussi certainement nombre de ceux qui estiment indispensable une recherche interdisciplinaire.
5. Genese du LRL Au cours de nombreux entretiens avec des collegues d'Allemagne federale et d'autres pays, les editeurs ont pu constater qu'ailleurs aussi, il avait ete prevu des vues d'ensemble du meme type, mais que jamais, pour des raisons diverses, elles ne se sont realisees. L'invitation a la cooperation pour le projet LRL est venue de M. Metzeltin, qui avait deja, dans les annees 70, defriche le terrain pour un grand manuel d'etudes romanes; G. Holtus, de son cote, a peu pres a la meme epoque, avait commence ä travailler ä un ouvrage d'etudes romanes parallele au LGL, et Ch. Schmitt avait trace le plan d'un manuel traitant des langues nationales romanes d'aujourd'hui. C'est de la rencontre de ces trois projets qu'est nee l'idee d'un vaste dictionnaire de la linguistique romane, dont la conception globale a ete mise au point en 1982-1983 par les trois editeurs. La maison Max Niemeyer ayant accepte d'en assurer la publication, les premiers contrats ont pu etre expedies aux auteurs en 1984. Les premiers articles sont parvenus aux editeurs en 1985. Depuis, il a fallu bien sür donner, redonner aux auteurs l'occasion d'integrer dans leurs articles de nouveaux developpements et une information ä jour. II va de soi neanmoins qu'au cours de la phase d'impression de chaque volume, il a fallu se soumettre a bien des compromis et qu'il n'a pas ete possible, dans tous les cas, de tenir compte apres coup des toutes dernieres publications. Les editeurs ont eu de nombreux entretiens avec des collegues d'Allemagne federale et d'ailleurs, se traduisant par de nombreuses suggestions ou propositions concretes. Parmi les diverses ameliorations proposees, il n'est pas possible d'enumerer en detail lesquelles ont ete retenues ou a quel endroit; les editeurs n'en remercient pas moins cordialement toutes celles et tous ceux qui se sont exprimes, oralement ou
par ecrit, sur la conception du LRL ou sur des ameliorations possibles. Nous tenons a nommer ci-dessous par ordre alphabetique quelques correspondants et conseillers qui se sont particulierement distingues par leur engagement pour cette oeuvre: Hans Peter Althaus (Trier), Kurt Baldinger (Heidelberg), German Colon (Basel), Manlio Cortelazzo (Padova), Michele A. Cortelazzo (Padova), Hans-Martin Gauger (Freiburg), Hans Goebl (Salzburg), Klaus Heitmann (Heidelberg), Johannes Kramer (Siegen), Helmut Lüdtke (Kiel), Robert Martin (Paris), Bodo Müller (Heidelberg), Zarko Muljacic (Berlin), Max Pfister (Saarbrücken), Aurelio Roncaglia (Roma), Jürgen Schmidt-Radefeldt (Kiel), WolfDieter Stempel (München), Georges Straka (Strasbourg), Peter Wunderli (Düsseldorf), Alberto Zamboni (Padova). Nous devons un grand merci a la Deutsche Forschungsgemeinschaft pour les moyens financiers qu'elle a mis ä notre disposition; que soit aussi remercie la VG Wort de son aide financiere destinee ä l'impression du tome IV. Divers auteurs ont pu beneficier de l'aide de differentes fondations nationales. La preparation des manuscrits pour rimprimerie et le travail general de redaction n'auraient pu avoir lieu sans le travail competent et efficace de notre collegue Wolfgang Schweickard et l'aide des collaboratrices et collaborateurs scientifiques, des assistantes et assistants et des secretaires de Bonn (Nicola Inhoffen, Inge Strack, Susanne Tempelmann, Sabine Tholen, Regine Wurstle, Mme E. Schroers), Heidelberg, Paderborn, Treves (Ursula FlemmingPütz, Heidi Gruber, Dr. Robert Gueho, Brigitte Konrad, Dr. Ute Nikolay, Dr. Ute Önnerfors, Elisabeth Scheuer. Dr. Ignazio Toscani, Harald Völker) et Vienne (Astrid Hönigsperger, Lore Thir). Les editeurs sont specialement reconnaissants a Monsieur Harsch-Niemeyer (Tübingen) pour la grande confiance et l'interet bienveillant qui ont accompagne et soutenu la publication de cette oeuvre. Mars 1991
Günter Holtus (Treves) Michael Metzeltin (Vienne) Christian Schmitt (Bonn)
Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL) Band/Volume V,2
Lexikon der Rpmanistischen Linguistik (LRL) Herausgegeben von / Editepar Günter Holtus · Michael Metzeltin · Christian Schmitt
Band/Volume V,2 Okzitanisch, Katalanisch L'occitan, Le Catalan
Max Niemeyer Verlag Tübingen 1991
Lexikon der romanistischen Linguistik: (LRL) / hrsg. von Günter Holtus... - Tübingen: Niemeyer. ISBN 3-484-50250-9 (Gesamtwerk) NE: Holtus, Günter [Hrsg.]; LRL Bd. 5. Französisch, Okzitanisch, Katalanisch. 2. Die einzelnen romanischen Sprachen von der Renaissance bis zur Gegenwart: Okzitanisch, Katalanisch. - 1991 ISBN 3-484-50335-1 (Bd. 5,2) © Max Niemeyer Verlag Tübingen 1991 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen. Printed in Germany. Satz und Druck: Allgäuer Zeitungsverlag GmbH, Kempten. Einband: Heinr. Koch, Tübingen
Inhaltsverzeichnis / Table des matieres Siglen / Sigles Abkürzungen / Abreviations Sprachgebiete / Les aires linguistiques
VI XIV . XXIII
105
Katalanisch / Le Catalan
Die einzelnen romanischen Sprachen und Sprachgebiete von der Renaissance bis zur Gegenwart / Les differentes langues romanes et leurs regions d'implantation de la Renaissance ä nos fours Okzitanisch/L'occ/ten 340. Interne Sprachgeschichte I. Grammatik / Histoire interne de la langue I. Grammaire Robert Lafont 341. Interne Sprachgeschichte II. Lexik / Histoire interne de la langue II. Lexique Robert Lafont 342. Interne Sprachgeschichte III. Onomastik / Histoire interne de la langue III. Onomastique Paul Fabre 343. Soziolinguistik / Sociolinguistique Georg Kremnitz 344. Sprachnormierung und Standardsprache / Norme et standard Pierre Bec 345. Sprache und Literatur / Langue et litterature F. Peter Kirsch 346. Externe Sprachgeschichte / Histoire externe de la langue Georg Kremnitz 347. Areallinguistik / Les aires linguistiques Xavier Ravier 348. Grammatikographie und Lexikogra-
phie / Grammaticographie et lexicographie Brigitte Schlieben-Lange
l
18
23 33 45 59 69 80
349. Interne Sprachgeschichte I. Grammatik / Evolution linguistica interna l. Gramätica Antoni M. Badia i Margarit . . . 127 350. Interne Sprachgeschichte II. Lexik / Evolution linguist ica interna II. Lexico Lluis Payrato 152 351. Interne Sprachgeschichte III. Onomastik / Histoire interne de la langue HI. Onomastique Enric Moreu-Rey 162 352. Soziolinguistik / Sociolinguistica Maria Grossmann 166 353. Fachsprachen und Sondersprachen / Tecnolectos yjergas Carlos Duarte i Montserrat . . . 182 354. Sprachnormierung und Standardsprache / Norme et standard Waltraud Rogge/Christiane Beinke 192 355. Sprache und Literatur / Lengua y literatura Emili Casanova 218 356. Externe Sprachgeschichte / Histoire externe de la langue Jens Lüdtke . 232 357. Areallinguistik / Areas lingüisticas Joan Veny 243 358. Grammatikographie und Lexikographie / Gramaticografia y lexicografia a) Grammatikographie / Gramaticografia Joan Sola 261 b) Lexikographie / Lexicografia Albert Rico/Joan Sola . . . . 281
VI SiglenfSigles ABDO Ac ACCT ACILFR/ACILPR: ACILPR X ACILFR XI ACILFR XII ACILFR XIV ACILPR XVII AEF AELIA AF AFLBrazzaville AFLT AFNOR Africa AGI AL AIMAV ALA
ALAL ALB
ALBRAM ALCat ALCB ALCe ALE
ALEIC ALF
ALFC ALG
ALH ALHung ALIFO
ALittHung ALIA ALLG
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VII ALLoc ALLor ALLR ALLy ALMA ALMC ALN ALO ALP ALPI ALPic ALPO ALW
AM Amiras AnnlEO AnnNorm Anthropos AOR ApplLing ASNS ASOL AUC AUDECAM AUMLA AUNeuch tel AUPELF AUTMirail Ανεης BARBL BARLLF BCAD BCTD BDC BDLC BdM BDR BDW BECh BF BFLMulhouse BFLS BHR
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VIII BIFCh BILE BIPG BlWartburg BN BOFCAN Bogawus BPH BRABLB BRAE BREF BRPH BSAHO BSEI BSL(P) BS(L)W BulletinCILA
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Bulletin de la Societe (liegeoise) de langue et de litterature wallonnes. Liege Bulletin de la Commission Interuniversitaire Suisse de Linguistique Appliquee. Neuchätel
CahLing CAIEF CCE CEO CEP CEPic CFS CIDO CIFM CILF CILL CIRB CISO CLAD CLex CLF CLS CLTA CNRS CODOFIL Communications CONFEMEN Contrastes CROP CREDIF Criterion CSDI CSIC CTL CUP
Cahiers de Linguistique. Montreal Cahiers de l'Association internationale des etudes fran9aises. Paris Commission des Communautes Europeennes. Luxembourg Centre d'Estudis Occitans. Montpellier Centre d'Etudes des Plurilinguismes. Nice Centre d'Etudes Picardes. Amiens Cahiers Ferdinand de Saussure. Geneve Centre International de Documentation Occitane. Beziers Contributi dell'Istituto di Filologia moderna. Universitä cattolica del Sacro Cuore. Milano Conseil International de la Langue francaise. Paris Cahiers de l'Institut de Linguistique de l'Universite de Louvain-la-Neuve. Louvain Centre International de Recherches sur le Bilinguisme. Quebec Congres internationaux des sciences onomastiques. Paris et al. Centre de Linguistique appliquee de Dakar. Dakar (Senegal) Cahiers de Lexicologie. Paris Cahiers de Linguistique francaise. Geneve Cahiers de Linguistique Sociale. Rouen Cahiers de Linguistique Theorique et Appliquee. Bucarest Centre National de la Recherche Scientifique. Paris Conseil pour le developpement du franfais en Louisiane. Baton Rouge Communications. Paris Conference des Ministres de Education des Etats d'expression francaise. Paris Contrastes. Revue de l'Association pour le Developpement des Etudes Contrastives. Paris Centre Regional de Documentation Pedagogique. Clermont-Ferrand Centre de recherches et d'etudes pour la diffusion du fransais. Paris Criterion. Barcelona Centra di Studio per la Dialettologia Italiana. Padova Consejo Superior de Investigaciones Cientificas. Madrid Current Trends in Linguistics. The Hague Cambridge University Press. Cambridge Casopis pro Modern! Filologii. Praha
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CMF
DAO DBa DBR DCECH
DCELC DCVB
IX DEC DECLC DFC DFQ
DG DGLC DHLE Diagonales Dialect Dialectiques Dialekt Dicenda Dire DLC DLF DNLF DNS DOM DRLAV DS DU DW EA EC EG
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Paris EL ELA ELH ELLC ELUA EMVW ER EUC Europe Fachsprache/Fsp FEW
FIPF FM FoLi FR FRANTERM FrM FrRev FS FU
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IDERIC IEO IF IFA IFAN IJSL ILA INALF InfScSoc INRP IRAF IRAL IREC IStatSH ITL JEP JHI JO JoP JPNP JSav JSI JSOc JUD
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XI Lemouzi Lendemains Lengas LeS LeSt Lexique Lexis LFr LiLi LingComput Lingua Linguistics Linguistique LINX LiS/LS LM LP LSp(r) LuD M MedRom MeL Meta MLad MLing MLJ MLR Mots MSAP MSLP MSpr Naamkunde NALF Nationalia Neophilologus NeusprM NM NRO NS NTS OBST OFCAN OFP OFPED OLF Onoma
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Penelope La Pensee Phonetica PhP PNF
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Quaderni Quaerendo
Quaderni. Lecce Quaerendo. A quarterly journal from the Low Countries devoted to manuscripts and printed books. Amsterdam
R Randa RAE RBPh
Romania. Revue consacree a l'Etude des Langues et des Littferatures Romanes, Paris Randa. Barcelona Real Academia Espaftola. Madrid Revue Beige de Philologie et d'Histoire/Belgisch Tijdschrift voor Filologie en Geschiedenis. Bruxelles La Revue des deux Mondes. Paris Revue des Etudes anciennes. Bordeaux Revue des Etudes Ethnographiques et Sociologiques. Paris Reperes. Annales de l'Institut d'Estudis Occitans. Toulouse Revista Espanola de Lingüistica. Organo de la Sociedad Espanola de Lingüistica. Madrid Revue Celtique. Paris Meyer-Lübke, Wilhelm, Romanisches etymologisches Wörterbuch. Heidelberg, 31935 Romanische Forschungen. Vierteljahresschrift für romanische Sprachen und Literaturen. Erlangen/Frankfurt am Main Revista de Filologia Espanola. Madrid Revista de Filologia Romänica. Madrid Romänica Gandensia. Gent Revista General de Legislation y Jurisprudencia. Madrid Revue Hispanique. Paris/New York Revue Internationale d'Onomastique. Paris Romanistisches Jahrbuch. Hamburg/Berlin/New York Revue des Langues Romanes. Montpellier Revista de Llengua i Drei. Barcelona Revue de Linguistique Romane. Paris/Lyon Revue du Nord. Revue historique. Lilie Romantisme. Revue du dix-neuvieme siecle. Paris Revista Portuguesa de Filologia. Coimbra Revue des patois galloromans. Paris Romance Philology. Berkeley/Los Angeles Revue de Phonetique. Paris The Romanic Review. New York Revue Roumaine de Linguistique. Bucarest Revue Romane. K0benhavn Romanische Studien. Straßburg Revue de Synthese. Paris Revue de Synthese historique. Paris
RdM REA REES Reperes REspL RevCelt REW RF RFE RFR RG RGLJ RH RIO RJb RLaR RLD RLiR RNord Romantisme RPF RPGR RPh RPhon RR RRL RRo RSt RSynth RSynthHist SATF SCL SDP SELAF Semasia Semantikos Semiotica SEO SFR SL
Societe des anciens textes fran9ais. Paris Studii sj Cercetäri Lingvistice. Bucure$ti Societe de Dialectologie Picarde. Arras Societe d'Etudes linguistiques et anthropologiques de France. Paris Semasia. Beiträge zur germanisch-romanischen Sprachforschung. Amsterdam Semantikos. Paris Semiotica. Journal of the International Association for Semiotic Studies. Berlin/New York/ Amsterdam Societal d'Estudis Occitans. Toulouse Studi di Filologia Romanza. Roma Studia linguistics. Revue de linguistique generate et comparee. Lund
XIII SLLW SLP SLR Sociolinguistica SPFC SpH SR SRP StL StN StPhil SVEC
Societe de langue et litterature wallonnes. Liege Societe de Linguistique Picarde. Amiens Societe de Linguistique Romane. Strasbourg Sociolinguistica. Jahrbuch für europäische Soziolinguistik. Tübingen Societe du Parier fran;ais au Canada. Quebec Sprachwissenschaft. Heidelberg Studi Romanzi. Roma Studia Romanica Posnaniensia. Poznan Studium Linguistik. Königstein (Taunus) Studia Neophilologica. A Journal of Germanic and Romanic Philology. Uppsala Studies in Philology. University of North Carolina. Chapel Hill Studies on Voltaire and the Eighteenth Century. Oxford
TCLP Text
TraLiPhi TraLiQ TRANEL TSC
Travaux du cercle linguistique de Prague. Prague Text. An Interdisciplinary Journal for the Study of Discourse. Berlin/New York/Amsterdam Thesaurus. Boletin del Institute Caro y Cuervo. Bogota Travaux de l'Institut de Phonetique d'Aix. Aix-en-Provence Travaux de l'Institut de Phonetique de Strasbourg. Strasbourg Tresor de la langue fran£aise. Dictionnaire de la langue du XIX e et du XX C s. (1789-1960), public sous la direction de Paul Imbs (vol. 1-7) et de Bernard Quemada (vol. 8-). Paris, 1971Travaux de Linguistique. Universite de Gand. Gent Les Temps Modernes. Paris Territoire(s) d'outre-mer Topoi. Dordrecht Transactions of the Philological Society. London Travaux de Linguistique et de Litterature, publies par le Centre de Philologie et de Litteratures romanes de l'Universite de Strasbourg. Strasbourg Travaux de Linguistique et de Philologie. Strasbourg/Nancy Travaux de linguistique quebecoise. Quebec Travaux Neuchätelois de Linguistique. Neuchätel Treballs de Sociolinguistica Catalana. Valencia
UTET
Unione Tipografico-Editrice Torinese. Torino
Verba VGOS VJaz VL VR VWGÖ
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Word WZUH
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ZDL ZF ZfSL ZfVS ZLL ZnfSL ZPSK
Zeitschrift für Dialektologie und Linguistik. Wiesbaden Zielsprache Französisch. München Zeitschrift für französische Sprache und Literatur. Oppeln/Jena/Leipzig/Wiesbaden Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung. Göttingen Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik: LiLi. Beiheft. Frankfurt am Main Zeitschrift für neufranzösische Sprache und Literatur. Leipzig Zeitschrift für Phonetik, Sprachwissenschaft und Kommunikationsforschung. Berlin (DDR) Zeitschrift für romanische Philologie. Halle/Tübingen
ThBICC TIPA TIPS TLF TLGand TMod TOM Topoi TPhS TraLiLi
ZrP
XIV Abkürzungen!Abreviations 1.1. Latein/'Latin a. abl. adj. adv. an. anon. ap.
-
ca. cf.
- circa - confer
ead. ed. edd. e-g. etc.
-
ex.
anno ablativus adiectivum adverbium anno anonymus apud
eadem edidit ediderunt exempli gratia et cetera exoriente
fasc. fig.
- (nomen/substantivum) femininum/folia - fasciculum - figura
ib. id. i.e. iid. inf.
-
lib. loc. cit.
- über - loco citato
m.
- (nomen/substantivum) masculinum
n. n. s.
- nomen/nota - nova series
op. cit.
- opus citatum
P· part. part. perf. part. perf. pass.
-
f.
pers. pl. pp.
ibidem idem id est iidem inferior
pagina participium participium perfectum participium perfectum passivum - persona - pluralis - paginae
s.v.
-
tit.
- titulus
v. abs. v. intr.
- verbum absolutum - verbum intransitivum
s.
s.a. sc./scil. s.e. s.l. s. n. SS.
sequens sine anno scilicet sine editore sine loco sub nomine sequentes sub voce
vol. v.refl. vs. v.tr.
-
volumen/volumina verbum reflexivum versus verbum transitivum
1.2. Deutsch/^ llemand Abl. acad. Add. Adj. Adv. afrz. Ag. ahd. ai. ait. akat. Akk. alat. alban. alem./alemann. allg. am. amp. anfrk. Anm. aoeng. aokz. apav. apg./aport. aprov. arab. arag. armen. arom. Art. arum. asard. asp./aspan. ast./astur. asurs. aueng. Aufl. Ausg. austr. av./avest. aztek.
-
b. bad.
-bei - badiotisch
bair.
- bairisch
balear. bask. Bed. berg. bes. best. bet. biling. Bl. bret. brit.
— -
- Ablativ - acadisch - Addenda - Adjektiv - Adverb - altfranzösisch - Ausgabe - althochdeutsch - altindisch - altitalienisch - altkatalanisch - Akkusativ - altlateinisch - albanisch - alemannisch - allgemein - amerikanisch - ampezzanisch - altniederfränkisch - Anmerkung - altoberengadinisch - altokzitanisch - altpavesisch - altportugiesisch - altprovenzalisch - arabisch - aragonesisch - armenisch - aromunisch - Artikel - altrumänisch
- altsardisch altspanisch asturisch altsurselvisch altunterengadinisch Auflage Ausgabe australisch avestisch aztekisch
balearisch baskisch Bedeutung bergellisch besonders bestimmt betont bilingual Blatt bretonisch britisch
XV brm. bspw. bündn. bulg. bzgl. bzw.
-
bündnerromanisch beispielsweise bündnerisch bulgarisch bezüglich beziehungsweise
camp. christ.
- campidanesisch - christlich
dakorum. Dat. desgl. Det. Determ. d.h. d.i. Dia). dial. Dim. dt.
-
dakorumänisch Dativ desgleichen Determinans Determinierung das heißt das ist Dialekt dialektal Diminutiv deutsch
ehem. EN eng./engad. engl. enneb./enneberg. erbw. erw. etym. europ. evtl.
-
ehemalig/ehemals Eigenname engadinisch englisch ennebergisch erbwörtlich erweitert etymologisch europäisch eventuell
falisk. fam. fass. fern. FN fod. frank, /frk. fr.-it. fr.-prov. frz. Fut.
-
faliskisch familiär fassanisch feminin Familienname fodomesisch fränkisch franko-italienisch franko-provenzalisch französisch Futur
gad./gadert. gal. gall. gallorom. G. D. gel. gen. germ. gest. ggf· got. griech. gröd.
-
gadertalisch galegisch/galicisch gallisch galloromanisch Genitiv -Dativ gelehrt genannt germanisch gestorben gegebenenfalls gotisch griechisch grödnerisch
halbgel. heth. hist. hrsg.
-
halbgelehrt hethitisch historisch herausgegeben
i. a. idg.
- im allgemeinen - indogermanisch
i.e. S. ikores. illyr. Imp./Imperat. Impf. impf. incl./inkl. Ind. Inf. interrom. intervok. intr. inv. ir. isch. Iss. istrorum. it./ital. iter. i.w.S.
- im engeren Sinne - ikoresisch - illyrisch - Imperativ - Imperfekt - imperfektiv - inclusive/inklusive - Indikativ - Infinitiv - interromanisch - intervokalisch - intransitiv - invariabel - irisch - ischitanisch - Inschriften - istrorumänisch - italienisch - iterativ - im weiteren Sinne
Jh.
- Jahrhundert, -s
kamp. Kap. käst. kat. kath. kelt. kit. koll. Kond. Konj. Konjug. Kons. kroat. kslav. kymr.
-
kampanisch Kapitel kastilisch katalanisch katholisch keltisch klassisch lateinisch kollektiv Konditional Konjunktiv Konjugation Konsonant kroatisch kirchenslavisch kymrisch
lad. langob. lat./lt. laut). leon. lig. lit. log. lomb.
-
ladinisch langobardisch lateinisch lautlich leonesisch ligurisch literarisch logudoresisch lombardisch
MA ma. mar. maram. mask. mazed. m.E. megl./meglenorum. mex. mfrz. mgriech. mhd. mlat./mlt. mold. mundartl. munt. m.W.
-
Mittelalter mittelalterlich marebbanisch (ennebergisch) Dialekt des Maramures. maskulin mazedonisch meines Erachtens meglenorumänisch mexikanisch mittelfranzösisch mittelgriechisch mittelhochdeutsch mittellateinisch moldauisch mundartlich muntenisch meines Wissens
XVI nav. n. Chr. neap. n. F. nfrz. ngriech. N(N) nördl. Nom. nonsb. Nr.
- navarrisch/navarresisch - nach Christus - neapolitanisch - neue Folge - neufranzösisch - neugriechisch - Name(n) - nördlich - Nominativ - nonsbergisch - Nummer
S. s. s.a. sächs. Sanskr. sard. Schweiz. semant. sev. Sg. siebb. slav.
o.a. o.a. obit. obw. Oeng. oeng. österr. östl. o.g. okz. ON osk.
-
oben angegeben/oder andere oder ähnliche oberitalienisch obwaldisch Oberengadin oberengadinisch österreichisch östlich oben genannt okzitanisch Ortsname oskisch
s.o.
P(P) palat. panrom. Part. Perf. perf. periphr. Pers. pg./port. phil. phonet. phonol. phryg. piem. Pl. Plqpf. PN poln. pop. PP Präp. Präs. Pron. protorom. Prov. prov.
-
Punkt(e) palatal panromanisch Partizip Perfekt perfektiv
queb.
- quebec(k)isch
rät. red. rel. resp. rev. Rez. röm. rom. rtr. rum. russ.
- rätisch - redigiert - relativ - respektive - revidiert - Rezension - römisch - romanisch - rätoromanisch - rumänisch - russisch
- periphrastisch - Person/Personal- portugiesisch - philologisch/philosophisch - phonetisch - phonologisch - phrygisch - piemontesisch - Plural - Plusquamperfekt - Personenname - polnisch - populärsprachlich - Partizip Perfekt - Präposition - Präsens - Pronomen - protoromanisch - Provinz - provenzalisch
sog. sp./span. spez. st. gallisch sth. stl. s.u. Subst. südit. südl. surm. Surs. surs. Suts. suts. Synon. synth. tahit. tir. tochar. topon. tosk. tr. transsilv./transsylv. trient. tschech. türk.
u.a. u.a. u.a.m. u.a.m. u.dgl. Übers. übers. U.d.M. Ueng. ueng. umbr. unbest. ung. u. ö. urk. urspr. usw. u.U. u.v.a. u. v. a. m. u. v. m.
Seite siehe siehe auch sächsisch • Sanskrit sardisch schweizerisch semantisch sevillanisch • Singular siebenbürgisch slavisch • siehe oben sogenannt spanisch speziell/spezifisch sanktgallisch stimmhaft stimmlos siehe unten Substantiv süditalienisch südlich surmeirisch Surselva surselvisch Sutselva sutselvisch Synonym synthetisch tahitisch tirolisch tocharisch toponomastisch/toponymisch toskanisch transitiv transsilvanisch/ transsylvanisch trientinisch tschechisch türkisch • und andere/unter anderem und ähnliche und ähnliche mehr und andere mehr und dergleichen Übersetzung übersetzt über dem Meeresspiegel Unterengadin • unterengadinisch • umbrisch • unbestimmt ungarisch • und öfter urkundlich • ursprünglich • und so weiter unter Umständen • und viele andere und viele andere mehr und viele mehr
XVII v. a. val./valenz. v.Chr. venet. veralt. Verf. vgl. vietn. vlat. VM v. Vf.
• vor allem • valenzianisch • vor Christus • venetisch • veraltet • Verfasser • vergleiche • vietnamesisch • vulgärlateinisch • Val Müstair (Münstertal) • vom Verfasser
weibl. wiss.
• weiblich • wissenschaftlich
Z. z.B. zigeun. zit. zlad. z.T. z. Zt.
•Zeile • zum Beispiel • zigeunerisch • zitiert zentralladinisch zum Teil zur Zeit
1.3. Französisch/Fra/ifa/i a. - ancien acc. - accusatif adj. - adjectif all. - allemand alsac. - alsacien am. - americain anc. - ancien angl. - anglais apr. - apres arch. - archai'que aroum. - aroumain arr. - arrondissement art. - article atl. - atlantique augm. - augmente aux. - auxiliaire av. - avant av. J.-C. - avant Jesus-Christ belg. bret. bulg.
- belge/belgicisme - breton - bulgare
c.
— -
cat. cast. celt. champ. chap. cit. coll. comment. comp. cons. corresp. cour.
cp. cr. c. r. cult.
carte Catalan castillan celtique champenois chapitre cite collectif commentaire comparez/compose consonne correspondant courant comparez Creole compte rendu cultive
dacoroum. d'apr. dat. def. der. dial. dir. dv.
-
dacoroumain d'apres datif defini/definition derive/derivation dialecte/dialectal direction/dirige devient/devenu
e.a. eccl. ed. esp. ex.
-
entre autres ecclesiastique edite/6dition/editeur(s) espagnol exemple
fam. fern. fig. fr. frpr.
-
familier feminin figure franc.ais francoproven9al
gasc. gaul. gaum. gen. gen. part. gent. germ. gr-
-
gascon gaulois gaumois genitif genitif partitif gentile germanique grec
hongr.
- hongrois
impers. impr. ind. indef. inf. intern. intervoc. intr. istr. istroroum. it./ital. iter.
-
impersonnel imprime/imprimerie indicatif indefini infinitif international intervocalique intransitif istroroman istroroumain italien iteratif
langued. lat. litt. lieg. lorr.
-
languedocien latin litteraire/litteralement liegeois lorrain
mar. masc. mediev. megl. merid. mold. morph.
-
n. nam. neerl. ngr. n° nom. norm.
- neutre/nom - namurois neerlandais nouveau grec numero nominatif normand
maritime masculin medieval meglenoroumain meridional moldave morpheme
XVIII norv. nouv. n.pr.
- norvegien - nouveau, nouvelle - nom propre
occ./occit. occid.
- occitan - occidental
palat. par ex./p. ex. part. part, passe/p. p. part. pres. pers. pic. pi. polon. ponct. pond. pop. port. poss. pref. prep. pres. pron. prov. pt(s). publ.
-
qc. qn./qqn. qual. quant.
- quelque chose - quelqu'un - qualificatif - quantificatif
reed. refl. reg. reimpr. resp. rom. roum. roussill.
- reedite/reedition - reflechi - regional - reimprime/reimpression - respectivement - remain - roumain - roussillonnais
s. s.d. sgsl. SR st(e). subj. subst. suff. suiv. suppl.
- siecle - sans date - singulier - slave - Suisse Romande - saint(e) - subjonctif - substantif - suffixe - suivant - supplement
t. tir. topon. tp trad. triv.
-
V.
- verbe/ (devant une date:) vers/voir - Variante - vieux haut allemand
var. v.h.a.
palatal/palatalise parexemple participe participe passe participe present personne/personnel picard pluriel polonais ponctuation pondicheryen populaire portugais possessif preface preposition present pronom proven9al point(s) public
tome tirage toponyme transformation passive traduction trivial
voc. vocal. v.sl. vulg.
-
w./wall. w.-lorr. w.-pic.
- wallon - wallon-lorrain - wallon-picard
vocatif vocalique vieux slave vulgaire
1 .4. Italien) llalienisch/Ilaliano a. - antico a. a. ted. - antico alto tedesco AA. VV. - autori vari abl. - ablativo abr. - abruzzese a.C. a.C. - avanti Cristo ace. - accusative ad es. - adesempio adriat. - adriatico afferm. - affermativo - aggettivo aggagord. - agordino - agrigentino agrig. alb./alban. - albanese alp. - alpino r amm. - amministrativo amp. - ampezzano ant. - antico aquil. - aquilano ar. - arabo arcaico arc. art. - articolo astur. - asturiano ates. - atesino aus. - ausiliare aveil. - avellinese aw. - avverbio
bad. bellun. berg. berg, biz. bol. bresc.
- badiotto - bellunese - bergamasco - bizantino - bolognese — bresciano
cador. cal. camp. camp, campid. cap. capodistr. castell. castigl. cat. catan. centr. chiogg. cit. citt.
-
cl. clit. cod. cogn. cornel.
cadorino calabrese campano/campidanese campidanese capitolo capodistriano castellinaldese castigliano catalano catanese centrale chioggiotto citato/citazione cittanovese (Cittanova d'Istria) - classico - clitico - codice - cognome - comeliano
XIX
complemento
compl, cond. coniug. cong. cons. cremon. cr. cronolog.
-
dalm. dat. d.C. decl. def. dent. deriv. desin. determ. dial. dign. dim. dir. dispr. docum. dolom.
- dalmata/dalmatico dativo - dopo Cristo declinazione - definito/definizione dentale derivato/derivazione - desinenza determinative dialetto/dialettale - dignanese diminutive - diretto/diritto - dispregiativo documento - dolomitico
ebr. ecc. ed. emil. engad. enn. es. ess. etr.
- ebraico - eccetera - editore/edizione - emiliano - engadinese - ennese - esempio - esempi - etrusco
f./femm. fas. fass. feltr. ferr. fident. figfior. fod. fr. franc. friul. frprov. fut.
-
femminile fasanese fassano feltrino ferrarese fidentino figura fiorentino fodomo (livinallonghese) francese francone friulano francoprovenzale future
gall. galles. gard. gen. genov. germ. got. grgrad. grigion.
-
gallico gallesanese gardenese genitivo genovese germanico gotico greco gradese grigionese
ie. illir. imperat. imperf./impf.
-
indoeuropeo illirico imperativo imperfetto
condizionale coniugazione congiuntivo consonante cremonese croato cronologico
impers. ind. ind.a. indeterm. indeur. indir. inf. ingl. interrog. intr. invar. irl. is. isch. istr. it. iter.
lab. lad. lat. lett. liglivinal.
- impersonale -
indicative indiano antico indeterminativo indeuropeo indiretto infinite inglese interrogative intransitive invariabile irlandese isolano (Isola d'Istria) ischitano istrioto/istroromanzo italiano iterative
log. lomb. longob. luc. lucch.
- labiodentale - ladino - latino - letterario/letteralmente - ligure - livinallonghese - locative - logudorese - lombardo - longobardo - lucano - lucchese
m./masch. maiorch. mant. marebb. m.a.ted. mediev. mer./merid. messin. metaf. mil. mod. moden. moen. molis. ms. mugl. mun.
-
maschile maiorchiusano mantovano marebbano medio alto tedesco medievale meridionale messinese metafonia/metafonico milanese moderno modenese moenese molisano manoscritto muglisano municipale
n. nap. niss. nn. nom. n.s. nuor.
-
nota/numero napoletano nisseno note/numeri nominative nuova serie nuorese
obi. occ. occit. occl. °ggoland. oltrech. or.
-
oblique occidental occitanico occlusivo oggetto olandese oltrechiusano Orientale
loc.
XX ostr. otrant.
- ostruente - otrantino
Ppad. palat. palerm. Par. parm. part. part. pass. part. pres. pass, pross. pass. rem. pav. per es./p. es. perf. pers. piac. piem. pir. piuccheperf. pi. pol. port. posch. poss. pref. prep. pres. pron. prov.
- pagina/punto - padovano - palatale - palermitano - Paradiso - parmigiano/parmense - participio - participio passato - participio presente - passato prossimo - passato remoto - pavese - per esempio - perfetto - persona - piacentino - piemontese - piranese - piuccheperfetto - plurale - polesano/polese - portoghese - poschiavino - possessive - pagine/punti - prefisso - preposizione - presente - pronome - provenzale/provincia
qc.
- qualche cosa/qualcosa
ragus. ravenn. reg. reggriH. rimin. risp. rist. rist. anast. rom. romagn. roman. rovign. rum. rust.
- ragusano/raguseo - raven nese - regionale - reggiano - riflessivo - riminese - rispettivamente - ristampa -ristampaanastatica - romano/romeno - romagnolo - romanesco - rovignese - rumeno - rustico
s.a. salent. sanmarin. s.c. s.d. s. e. sec. secc. serb. sg· sic. sign. sim. simm. siss.
-
pp.
senza anno salentino sanmarinese sillaba chiusa senza data senza editore secolo secoli serbocroato singolare siciliano significato simile
- simili - sissanese
s.l. si. slov. sogg. oo sost. spagn. jsoec f w**· suff. sved.
-
tav. taw. ted. tergest. tic. tit. topon. tor. lose. a. tr. trad. trapan. trent. trev./trevig. triest.
- tavola - tavole - tedesco - tergestino — ticinese - titolo - toponimo/toponomastico - torinese - toscano antico - transitive — traduzione - trapanese - trentino - trevigiano - triestino
ungher.
- ungherese
V.
- vedi - vallese (Valle d'Istria) - valmaggese - valsuganotto - valtellinese - vegliot(t)o - veneto
vail. valmagg. valsug. valtell. vegl. ven. venez. ver. vie. VM voc. volg. * *O V
senza luogo/sillaba libera slavo sloveno soggetto sostantivo spagnolo specialmente suffisso svedese
- veneziano -
Veronese vicentino Val Monastero/Val Miistair vocale volgare
zold.
- zoldano
1 5 Rum an arom.
- aroman
ban.
- bänäfean
cris.
- crisean
de ex.
- de exemplu
ed. ex.
- edijie - exemplu
maram. megl. mold. munt.
-
P-
- punct
ser. supl.
- serie - supliment
maramuresean meglenoromän moldovean muntean
XXI 1.6. Spanisch/Ey«j«o/ a.C./a.J.C. adj. alguer. anat. anim. ant. ar. arag.
-
antes de Jesucristo adjetivo algueres anatomico animado anticuado/antiguo ärabe aragones
bot.
- botanico capitulo capitulos castellano Catalan clasico columnas conjugacion consonante
m./masc. mall. mod.
- masculine - mallorquin - moderno
n. num. nums./nos
- nota/numero - numero - numeros
occ. or.
- occidental - oriental
P· pags. p.ej./porej. perf. pers. pi. port. prep. pres. pret. pron. prov.
-
quim.
- quimico
rec. reimpr. rel.
- recension - reimpresion - relative
s. sept. sev.
pagina paginas por ejemplo perfecto persona plural portugues preposicion presente preterite pronombre provincia
cap. caps. cast. cat. clas./cl. cols. conjug. cons.
-
d.C./d.J.C. desin. del. dice.
- despues de Jesucristo - desinencia - determinante - diccionario
ed. eds. ej. ejs. esp. espec.
- edicion/editor - ediciones - ejemplo - ejemplos - espanol - especialmente
f./fem. fam. fig. fr.
-
femenino familiar figura/figurado frances
sg·
subj. suf. supl. sust.
- siglo(s) - septentrional - sevillano - singular - subjuntivo - sufijo - suplemento - sustantivo
gall. geog. geol. got. gr.
-
gallego geografico geologico gotico griego
Ud.
- Usted
V.
h.
- hasta
val. vulg. VV.AA.
- vease - valenciano - vulgar - varies autores
imp./imperat. imperf. impr. ind. iron.
xir.
-
imperative imperfecto imprenta/impresion indicative ironico
- xiriga
lat. Icon. lerid. libr.
-
latin leones leridano/leridense libreria
1.7. Portugiesisch//V/w£ue.s ed.
- edicäo
p.e. p.f. por ex.
- portugues escrito - portugues falado - porexemplo
univ.
- universidade
XXII
Die Übersichtskarte zeigt die areale Verbreitung der in diesem Band behandelten Sprachen. Als Ausgangspunkt der l Orientierung dienen die Grenzen der Nationalstaaten. Die historischen Sprachgebiete Frankoprovenzalisch, Okzitanisch und Katalanisch sind durch je einen farblichen Grundton repräsentiert, wobei Varietäten durch Farbnuancierungen gekennzeichnet sind. Die hier nicht behandelten italienischen, französischen, baskischen, aragonesischen und kastilischen Sprachgebiete sind grau eingefärbt. Die Angaben stellen eine Zusammenfassung u. a. der in diesem Band enthaltenen einschlägigen Artikel dar. Auf Details wie Mehrsprachigkeit in bestimmten Gebieten mußte wegen des Kartenformats verzichtet werden; man vergleiche hierzu die entsprechenden Artikel.
VI
DIE EINZELNEN ROMANISCHEN SPRACHEN UND SPRACHGEBIETE VON DER RENAISSANCE BIS ZUR GEGENWART
Les differentes langues romanes et leurs regions d'implantation de la Renaissance a nos yours Okzitanisch/L 'occitan 340. Okzitanisch: Interne Sprachgeschichte I. Grammatik Histoire interne de la langue I. Grammaire 1. Un probleme d'identite linguistique 2. Un Systeme phonologique, un visage phonetique 3. Des Solutions morphologiques occitanes ä revolution romane 4. Une syntaxe entre tradition et invention 5. Bibliographie La langue d'oc, ou langue occitane, occupe aujourd'hui une aire continue de 190000 km2, entre les limites des parlers gallo-italiques du Piemont, celles du basque et du Catalan, du franco-provenfal et des parlers proprement francais. Elle a ete determinee par l'enquete (Bec 1963, 11.16), et ne souffre que trois sortes d'exceptions: en plus, une faible diaspora ancienne, reduite aujourd'hui au petit parier de Guardia Piemontese en Calabre; en moins, des enclaves d'o'il en Guyenne: la Petite et la Grande Gavacherie; en indistinction, les parlers hybrides, fran9ais-occitan, du «Croissant» entre Angoumois et Bourbonnais. Cette definition geographique, largement admise aujourd'hui par les linguistes et par la conscience publique, ne va pas sans des contradictions internes et des denegations historiques dont il faut bien parier, car elles pesent sur la description meme que fait de la langue.
7. Un probleme d'identite linguistique 1.1. Cette aire est geographiquement articulee sur trois massifs montagneux qu'elle ne recouvre que partiellement: le versant nord des Pyrenees, l'essentiel du Massif dit Central et les Alpes meridionales. Les cretes qui sont actuellement tenues pour frontieres naturelles, furent d'abord des lieux de passage et de deversement des populations. Entre ces hautes terres, un bassin fluvial, celui de la Garonne, une vallee, celle du Rhone, un rideau fragmente de cotes mediterraneennes. Ce relief, vu ä grande echelle, fait des pays d'oc un carrefour de routes entre monde atlantique et Mediterranee, Europe du Nord et monde iberi-
que et italique. Le seuil du Poitou et le Lyonnais sont les voies principales des mouvements de population dans cette zone du monde, depuis la protohistoire. Interpretant ces formes du relief, les parlers occitans se distribuent les caracteristiques des groupes dialectaux de la Romania occidentale. Us constituent bien un «carrefour» (Rohlfs 1964, 95). Ainsi revolution palatalisante /ka-/ > /tfa/, caracteristique de l'ensemble fran9ais median, definit le nord-occitan, qui prend en echarpe tout le domaine, de la Saintonge ä l'arriere-pays ni9ois et aux hautes vallees piemontaises: CÄPUT > nord-occit. chap, fr. chef; sud-occit. cap. Le traitement /h-/ du //-/ latin, trait de substrat aquitano-ibere qui affecte le castillan, atteint au nord la Garonne et sert ä defmir le gascon: FILIU > gase. A/VA, cast. hijo\ occit. communßlh. Le resultat de la sequence consonantique palatale /-kt-/, dont on sait qu'il peut etre /- -/, d'ou /-jt-/ et /-tj-/, d'ou /-tj-/, et qui permet d'opposer fr.faite ä cast, hecha, distribue entre Beziers et Narbonne l'occitan en une zone occidentale defaita et une zone Orientale defacha. On est convenu aujourd'hui de parier scientifiquement de trois formes d'occitan: le nord-occitan, le sud-occitan et le gascon. On peut aussi utiliser une distribution «verticale» sur les isoglosses /kt/, /jt/ ou /tj/. On parlera alors d'aquitano-pyreneen et d'alverno-mediterraneen (Bec 1963,55-58). La concentration de traits originaux phonetiques et aussi morpho-syntaxiques entre Garonne et Pyrenees a convaincu beaucoup de linguistes de l'existence d'une identite distincte. Le gascon est, en tout etat de cause, non un gallo-roman, mais un ibero-occitan. 1.2. Cette diversite a ete interpretee historiquement de facon contradictoire, tantöt en effacement, tantot en soulignement. Aux origines de la langue ecrite, un grand fait culturel est l'etablissement d'une forme linguistique de la poesie lyrique qui recouvre tout le domaine et le deborde meme. La koine des troubadours est difficilement connaissable ä son origine de chant. Nous ne l'atteignons qu'en remontant une tradition manuscrite, ou les ateliers ont leurs choix
VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
propres: ainsi le manuscrit C parait fortement sud-occitan et s'oppose a un ensemble italianise. Mais on peut affirmer que cette langue commune a fait librement dialoguer formes du sud et du nord (cantarjchantar), formes de l'ouest et de Test (faita/facha) independamment des lieux de production ou de reception. Ä partir de la fin du XII s siecle et jusqu'au XVs se developpe une scripta administrative, ou l'on reconnait de grandes fixations supradialectales liees ä des pouvoirs importants. Une forme meridionale-centrale, axee sur Toulouse, parait avoir joui d'un prestige particulier, rayonnant en Armagnac d'un cote et jusqu'en Navarre transpyreneenne, atteignant la Provence de l'autre. Les archives des cites moyennes et petites sont beaucoup plus locales et fournissent une documentation plus sure sur les usages oraux. Mais tout l'ensemble, ä partir du XIII e siecle, connait une regulation graphique relativement unitaire: il y a de grands principes communs de la notation des phonemes identificateurs d'une langue moderne: o pour revolution terminale /u/, Ih, nh, ch pour les consonnes palatalisees. Le gascon central reste etranger a cette regulation. Ni litterairement, ni administrativement il ne sera ecrit avant le XVP siecle; il ne fera que transparaitre dans les textes des cites au XVe. Par centre le landais jouit administrativement d'une plus grande liberte. Quant au bearnais, il devient langue du pouvoir navarrais entre Foix et Pampelune (ou il supplante le toulousain), sur la base des parlers de la vallee du Gave localement interpretes jusqu'ä des particularites graphiques. Cette petite langue d'Etat survivra ä l'accession au trone de France d'Henri de Navarre. L3. L'appartenance, du XIII 6 au XVe siecles, des terres occitanes du nord des Corbieres a trois pouvoirs distincts ou ennemis (le pouvoir aquitano-anglais, le pouvoir fran9ais capetien, le pouvoir franco-italien des Angevins) n'affecte en rien le dynamisme des scriptae unitaires. Au XIVe siecle Toulouse fera figure encore de capitale du langage par le grand traite des Leys d'Amors qui etablit un bon usage d'ecriture dont le gascon, lengatge estranh, demeure exclu, pour des raisons qui ne sont d'ailleurs pas purement linguistiques (Lafont 1970,21 -22). Mais ä partir du XVe siecle les institutions provinciales sont envahies par des magistrals forans (etrangers, c'est-ä-dire francais). En 1473, l'Aquitaine tout entiere est conquise par les armes fran9aises. En 1480 la Provence est reunie ä la Couronne de France. Un dynamisme de francisation est mis en place. II se paracheve en 1539 par l'Edit de Villers-Cotterets, qui sonne le glas de Toccitan comme du latin administratifs. Desormais privee de regulation ecrite, sauf en Navarre, la langue d'oc tombe dans la pure ora-
lite. Le dialectalisme n'est plus jamais combattu. L'identite meine du domaine echappe aux consciences. II n'existe guere dans le royaume de France qu'une inflexion meridionale du langage, tres reconnaissable, mais fort mal interpretee. On emploie ä Paris l'adjectif gascon avec une valeur plus «ethnique» que linguistique. Les provinces se servent de leur nom en auto-reference. Au moment ou eclate la Revolution dite justement fran9aise, les parlers d'oc sont bien vivants; ils servent de moule a toute la societe, mais ils sont definitionnellement noyes dans le vague des «idiomes regionaux» ou des «patois». Une litterature occitane existe bien toujours, qui se refere ideologiquement ä la gloire medievale et qui tisse ses liens a travers tout le domaine, mais eile ne decolle pas de la variete orale et a perdu toute pratique d'une phonographic autochtone. 1.4. Ce domaine, ä partir des zones les plus ouvertes intellectuellement, comme la Provence et le Languedoc mediterraneen, ä partir aussi de l'actualite litteraire parisienne (nouvelle curiosite pour le Moyen Äge et les troubadours) va etre parcouru au XIXe siecle par une renaissance de type nationalitaire. Mais ce mouvement, contemporain d'autres resurgences en Europe, va se heurter aux structures ideologiques de la France moderne: vigueur sans autre exemple d'une pensee d'appartenance nationale, heritee du centralisme d'Ancien Regime, confirmee de conscience republicaine; prejuge de la «langue des lumieres»; prejuges sociaux enracines dans la population tout entiere. Entre 1800 et 1900 environ l'occitan est une «langue illustre», dont les anciennes reussites culturelles sont largement celebrees et se renouvellent d'ailleurs dans un mouvement litteraire puissant, sous la direction d'un Frederic Mistral (1830-1914), mais sur le terrain des usages ne vit qu'un fouillis indistinct de parlers locaux de plus en plus deprecies. L'Universite reconnait les chefs d'oeuvres d'oc; 1'Ecole elementaire combat impitoyablement l'occitanophonie naturelle. On ne s'etonnera pas que dans ces conditions le mouvement intellectuel organise dans 1'association du Felibrige, bien loin de pouvoir enrayer la decadence d'une oralite, n'ait pas pu instaurer une norme d'ecriture. Le terme meme d'occitan est mal accepte d'ecrivains immerges dans le provincialisme fran9ais qui les etouffe. Comme c'est en Provence rhodanienne et dans une forme linguistique locale (parlers d'Arles et d'Avignon) que les plus brillantes oeuvres ont ete ecrites a partir de 1859 (Mireille de Mistral), le paradoxe s'installe, d'une langue a deux formes normees, enseignee en particulier dans I'Universite allemande (Koschwitz 1894) en dualite absolue: la langue des troubadours et la langue des felibres.
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Ä partir de 1930, Yoccitanisme, heritier contestataire du Felibrige, pose autrement les problemes: il pousse ['elaboration d'une norme ecrite relativement unitaire, ensuite l'oralisation de cette norme. Mais il est contemporain d'une nouvelle erosion des usages. La guerre de 19141918 a marque une veritable mutation linguistique de l'Occitanie: pendant que les campagnes, bastions d'occitanophonie, se depeuplaient, les villes se francisaient radicalement. Les nouvelles generations finissaient par perdre le contact avec l'heritage langagier. Le phenomene s'est confirme et accelere apres 1945. Les medias ont paracheve ce que brassage social et centralisme scolaire avaient bien avance. L'aire de l'occitan est aujourd'hui continue seulement dans le regard d'une linguistique identificatrice. Sociolinguistiquement eile est totalement pulverisee: les poches d'usage occitan herite sont un peu partout et nulle part vraiment. II faut de plus tenir compte de la presence massive d'immigres d'Afrique du nord, d'Afrique noire ou d'Asie qui, ä la difference de leurs predecesseurs Italiens, espagnols ou polonais d'avant 1925 ne s'assimilent plus a l'occitanophonie. Sur cette carte trouee et d'une extreme complexite, s'etablit l'usage d'un Systeme linguistique hybride, appele/ranc/ «, qui aurait pu acquerir le Statut d'un Creole s'il n'etait pas a son tour ronge par une francisation plus avancee. Circule aussi depuis peu un petit usage occitan du ä la reconquete scolaire, qui ne se fie naturellement que tres peu ä l'authenticite dialectale. Les questions, qui seront plus rigoureusement traitees aux chapitres de la normalisation et de la sociolinguistique (—>· 344), devaient etre abordees en introduction a une description de la langue. Elles l'orientent necessairement, si Ton veut depasser un realisme dialectologique patrimonial qui ne donne qu'une vue erronee des fonctionnements d'un Systeme. 2.
Un Systeme phonologique, un visage phoneüque
2.1. Ä premiere audition, l'occitan dans toutes ses formes est caracterise par son accentuation paroxytonique. Seuls des parlers septentrionaux, a deplacement d'accent, infirment cette impression (Ronjat 1932,335; cf. Ronjat 1980, vol. 1). Cette accentuation est issue de six fails: 1) La conservation dans les paroxytons latins de la syllabe finale quand celle-ci comportait un -a: CAPRA > cabra, CÄPRAS > cobras, ÄMANT > aman. 2) La restauration d'une voyelle finale, qui est -e, apres les groupes consonantiques difficiles: PETRU > Peire, FÄBRU > faure, CAMPESTRE > campestre, SENIOR > senher; ou dans les cas d'analogie paradigmatique:
3) 4)
5)
6)
roge, ä cote de rog < RUBEU, d'apres le feminin roja; ou encore par traditionalisme accentuel dans les mots dits savants: MODU > mode, TYPOS > tipes. La conservation d'un -i final dans la diphtongue /-yu/, issue de -tu: ODIU > odi, BAPTISTERIOS > batisteris. La refection grace ä -;' ou -e, -es des paradigmes verbaux: canti ou cante pour ancien occitan cant < CANTO, cantes pour cantz < CANTES; et la conservation des desinences -on < -UNT, -en < -ENT atones: dison < DICUNT, canten < CANTENT. La reduction par syncope ou apocope des proparoxytons latins, ou la voyelle finale est -e soil par soutien du groupe consonantique: MED(I)CU > metge, soit pour remplacer 1'atone latine: RHODA(NU) > Rose, ÄSI(NU) > ase, JUVE(NE) >jove. L'existence d'un -o atone final dans les emprunts ä I'italien ou 1'espagnol: gitano, moro, dans le signe de l"5 personne du sg. en zone alpine: canto et dans certaines formes pronominales provencales: aquesto, estos.
Les syntagmes autonomes («mots») qui constituent la chaine parlee sont ainsi ou paroxytons ou oxytons. Ces derniers sont issus des paroxytons latins par chute de la finale (sauf-a); ils sont d finale consonantique: LIBERTÄTE > libertat, DOLORE > dolor, MATUROS > madurs, CANTATIS > cantatz, DIURNU > jorn. II existe aussi des syllabes ouvertes finales toniques: aurä, futur de aver. Elles se multiplient dans les parlers qui n'articulent pas -n final, et dans ceux qui perdent toute consonne finale (cf. 2.9., par. 5). L'occitan s'oppose nettement de cette fa9on au frangais moderne qui a perdu, par chute du e final, 1'accentuation paroxytonique et la remplace par une tonique de segment syntaxique. II s'oppose aussi aux langues romanes meridionales qui conservent une accentuation proparoxytonique. En fait, certains proparoxytons ont du exister aux origines de la langue: LÄCRIMA > lagrema, PERSICU > persegue, SYNDACU > sendegue. Mais, pour la plupart, ils n'ont survecu qu'en deplacant leur accent: lagrema, persegue. Seuls, les parlers ont une accentuation proparoxytonique vivace: MÄNICA > manega, CANONICU > canonegue. Ces memes parlers usent largement, mais sans regularite, de Y-e de soutien de toute consonne: nifarte pour nifard, cantate pour cantat. Ces deux fails lies leur assurent un visage phonique particulier. 2.2. La question de l'accent se pose aussi pour les syntagmes complexes qui lient les pronoms ä la forme verbale. Le nicois conserve dans ce cas l'accent du verbe seul, d'ou des accentuations plus que proparoxytoniques: donamelo, de dona + me + to. Dans 1'ensemble occitan trois solutions sont possibles: 1) une fracture de Funite syntagmatique, qui aboutit aujourd'hui a dona-me lo, ou dona s'isole par son
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accent propre et me + to demeurent accentuellement neutres; 2) un traitement non vocalique de l'enclitique, ou d'un enclitique sur deux, qui est general dans la langue litteraire medievale, mais se reduit aujourd'hui ä la zone pyreneenne: dona'm, no'vs ei vist, dona-me'u (Rohlfs 1970,181); 3) la conservation du degre vocalique d'un pronom permettant une accentuation paroxytonique: aimatz-vos, realise [aymäbbus], crei-me, realise [creyme]. C'est le cas en gascon et en toulousain (Ronjat 1937, 553; cf. Ronjat 1980, vol. 2). C'est ä cause de cette accentuation qui a du etre generate en moyen occitan que va cresi, oü va est une forme du pronom neutre o, alterne avec crei-vö, ancien *creiva (Lafont 1967,420).
2.3. Les voyelles atones finales que possede l'occitan sont done -a, -e, -i, -o, toutes egalement fermees, auxquelles il faut ajouter -u present dans quelques mots savants comme Jesus, motus. Mais leur realisation nous renvoie a un grand Probleme de timbres vocaliques, que peut poser plus generalement ä propos des toniques. L'occitan avait, comme toutes les autres langues romanes, herite de l'interpretation en aperture, sans pertinence de quantite, des voyelles du latin. II possedait ainsi un Systeme equilibre entre / / et /e/, /a/ et /o/, complete par la paire /i/ ~ /u/ et par la paire /a/ ~ /a/ (a larg ou plenisonant ~ a estreit ou semisonant des Leys d'Amors). Le desequilibre s'y mit, comme en fran9ais, par un fait de centralisation et de palatalisation. Tous les /u/, issus de /u/ du latin, passerent soil a ß/, soit a /y/ ä une epoque que les graphics occultent, mais qui est certainement beaucoup moins ancienne qu'on ne l'a cru longtemps. Le Catalan dans son ensemble n'a pas connu ce deplacement, ä l'exception du parier limitrophe du Capcir, qui a / /. La place en Systeme de /u/ se trouvait ainsi liberee. Elle fut occupee par une evolution de /o/, qui a du se faire conjointement et qui n'est achevee sürement qu'aux XIII e -XIV e siecles. Elle a pu commencer tres tot, sans solution de continuite avec le latin, dans une syllabe fermee par nasale: cf. la graphic cumpra frequente, ou profiter de diverses situations palatalisantes comme PUNCTU > */pujnt/ > /pynt/, -DUC(E)RE > */-dujre/ > /-dyre/. Ä l'atone pretonique ou posttonique, le systeme s'est ecrase, 1'articulation n'etant plus que fermee, /e/ et /o/; /o/ aboutissait a /u/ probablement plus tot qu'ä la tonique: ainsi pot forme un diminutif morphologique /putet/, comme lop forme /lupet/, et dolor a ete /dulor/ avant de devenir /dulur/. Ä la tonique et ä l'atone, c'est done finalement la place de /o/ qui devenait vide. Elle a pu etre occupee de deux fa9ons:
1) dans une grande partie du domaine, /a/ est devenu /o/ devant une nasale qui persistait ou disparaissait (cf. 2.8.): fam est realise [fön] et man [mo]. Le nordoccitan accusait de plus une tendance a realiser [o] tout -a- pretonique: la maneta devient [lo moneto]. 2) le a atone finale, libre ou suivi de -s ou -n, a connu des realisations diverses. La conservation de [a] est le fait de petites zones dans tout le domaine. On a aussi quelques zones en [u] ou en [e] (Provence rhodanienne, Lunel). Le Beam realise depuis une date ancienne un /5/, sorte de «voyelle neutre» ä la catalane que la graphic de Etat a sanctionnee sous le grapheme e. La solution la plus generale est une velarisation osculant entre [o] et [o], caracteristique des textes occitans ä partir du X VIe siecle (eile apparait sans regularite au XVe). Sous la graphic restauree -a, c'est eile que prefere la tentative actuelle de standardisation orale. Tolosa est done realise [tuluzo].
2.4. Comme dans les autres langues romanes, la voyelle tonique allongee et detendue etait menacee de diphtongaison. II faut distinguer des etapes: 1) une distribution initiale tres claire entre voyelles ouvertes et voyelles fermees, celles-ci ne connaissant pas de diphtongaison: /o/ devient [u] et /e/ reste [e]. L'evolution de /es/ en /eys/ qu'on observe aujourd'hui en nord-occitan est reffet d'un /j/ de transition: [mejs] pour mes. Elle affecte d'ailleurs l'atone: [awtrej] pour autres; 2) une diphtongaison de / / et de /D/ en syllabe ouverte qui suit des voies particulieres. Elle ne se produit en effet que par contiguüte d'un son palatal. C'est ainsi qu'entre le XII s et le XI Ve siecle, sauf dans des zones meridionaless, melhs < MELIUS est devenu mielhs et noit < NOCTE est devenu nuoit ou nuoch. Des evolutions plus avancees se produisant en chaine, nuoit passait ä nueit, reduit souvent a [nejt], nuoch ä nuech, realise [nwetj], [njetj], [netj], etc. Contradictoirement, le voisinage d'un son velaire agissait dans le meme sens: on a eu Dieu de Deu et buöu de bau, avec possibilite de passage ä bueu, d'ou des realisations /bjaw/ et /büw/ d'une part, [bjew], [biw] de l'autre. FOCU, jocu, LOCU ont connu un sort special qui correspond ä une repartition particuliere sur le terrain defoc,joc, loc;fuöc,juöc, luoc;fuec,juec, luec; 3) ä une date ulterieure (XV e -XVI e siecles), dans la plus grande partie du domaine, tous les /;>/ toniques, libres, ou en syllabe fermee, ont ete diphtonguns. Le resultat de mola et de pörc est aujourd'hui [mwolo], [mwelo], [pwork], [pwark], [pwerk].
2.5. L'occitan a ainsi cree une riche gamme de sons vocaliques complexes («diphtongues ascendantes»). Par ailleurs il conservait bien les diphtongues ai, ei, oi, oi ou en creait d'autres du fait des evolutions consonantiques palatalisantes: FÄCTU >fait, LECTU > leit, NOCTE > nuoit, UTRE > oire, lä n'a pas/ac/z, liech, nuoch ou nuech. II a aussi toutes les diphtongues ä second element /w/: au, eu, eu, du, ou, iu, uu. Le au provient de la persistance de la diphtongue latine: causa,
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ou de revolution d'un / velaire en syllabe entravee: ALT(E)RA > autra, ou dialectalement (Provence, Gascogne, nord-occitan) en syllabe libre: PÄLU > pau, MELSA > meussa, PILU > peu, CULU > cuu. Mais la production de /w/ secondaire sur le carrefour /w/ ~ /ß/ (cf. 2.7., ex. 1) multiplie ces occasions de diphtongues: FÄBRU >faure, MEU > meu, LIBRU > Hure. Ä partir du XIII e siecle on constate une collision de -iu issu de -z« latin ou de /-iw/ secondaire (vivu > viu, LIB(E)RÄRE > liurar) et de -ieu issu de la diphtongaison de -eu: Dieu. Les parlers se distribuent deux types de neutralisation: /diw/ comme /viw/, et /vjew/ comme /Dyew/. La richesse en diphtongues ou triphtongues est, avec l'accentuation paroxytonique, Tun des traits marquants de la chaine parlee occitane. 2.6. Le probleme majeur que les langues romanes ont eu ä affronter dans la perception d'un Systeme consonantique nouveau est celui des palatalisations. Le latin opposait une articulation palatale de /k/ et de /g/ devant les voyelles /e/, /i/ et dans le groupe intervocalique -et-, ä une articulation velaire dans les autres positions. L'evolution a cree des sons fricatifs qui ont pris le Statut de phonemes et qu'il a bien fallu noter. Pour /k + e, i/ et /g + e, i/, les resultats /ts-/, puis /s/ et /dz/, puis eventuellement /z/ ont ete recouverts par la permanence graphique: cera, citre, si bien qu'il a fallu avoir recours au digraphe qu pour noter /ke/, /ki/ (l'etymologie favorisant la solution: que < QUID, qui < QUI); et ä gu pour noter /ge/, /gi/: amigueta < AMICA + -ITTA, guidar < germ. WITAN. Pour le resultat de /-kt-/ le domaine occitan, a haute date, signale la palatalisation par l'usage arbitraire de -h ou -ih fah, noih, sans qu'il soit possible d'abord de savoir s'il s'agit de la solution fach, noch ou de la solutionyäz'/, noit. En effet, la case libre menagee dans l'alphabet latin par l'absence phonologique de toute aspiration - le gascon ne note pas d'abord h auta, SÄL(I)CE > sause. Alta et salze sont du Rouergue, du Gevaudan, de l'Aurillacois. 2) Ä la finale, / palatal maintenu comme / moyen, / velaire tendait aussi vers /w/. Cette etape est atteinte tres tot en Gascogne. Elle est plus tardive dans la zone Montpellier-Nimes, ou bei s'oppose ä sau < sale. Cependant en Gascogne, ä haute date encore, / palatal, remontant a Focclusive, donne /tj/, traite dialectalement en /tj/ ou en /t/. La graphie moderne est-fh:beth.
Mais ä partir du XVIe siecle, une evolution provencale specifique a elimine tout / final. L palatal devenu velaire est passe ä /w/ comme /!/ etymologiquement velaire: beu comme sou. Ce phenomene atteint meme / palatal secondaire: soleu < SOLIC(U)LU. Une autre neutralisation se fait en /-r/ dorsal, en provencal maritime et en nordoccitan: [ber] et [sar]. Quand Ih final, d'origine secondaire, demeure, il est generalement depalatalise: filh est realise [fil]. II en est de meme de nh: banh < BÄLNEU est [ban]. Mais cet /n/ persistant, ä la difference de « simple (cf. 2.8.) est souvent / /. Sur ce point encore l'occitan, mis ä part une frange meridionale, diverge du Catalan qui a fill et bony. 2.7. Pour ce qui est des occlusives, l'occitan a suivi 1'evolution generale de l'ibero-roman et du gallo-roman: 1'affaiblissement intervocalique. On a done eu sonorisation des sourdes p, t, k; 1'evolution s'est arretee la: RIPA > riba, AMÄTA > amada, AMICA > amiga, sauf qu'en nord-occitan des l'origine /g/ devient fricatif: [amijo] graphie amia. Les sonores sont passees aux fricatives correspondantes: v pour b, CANTÄBAS > cantavas; / /, puis /z/ pour d, SUDÄRE > susar; /j/ pour /g/: LEGALE > leial. II faut de plus tenir compte de deux carrefours d'evolution ou le consonantisme occitan a acquis tot un visage qu'il a dans 1'ensemble bien garde: 1) La tendance ä faire passer la labiale b, affaiblie, a la labiodentale v, a consolide le traitement, deja d'epoque latine, de /u/ initial ou intervocalique: lava < LÄVAT comme viva < UIUA. Mais le maintien de /w/ intervocalique caracterise certaines zones de Gascogne: [lawo]. L'ensemble du domaine, comme on 1'a
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
vu, restaurait le phoneme /w/ ä partir de /!/ velaire; il conservait aussi l'articulation /w/ devenue finale et constitutive d'une diphtongue dans les anciens paroxytons latins: via < vivu, buöu, buett < BOUE, clau < CLAUE, ainsi que dans les cas de chute de syllabe pretonique: ciutat < CIU(I)TATE, viure < UIU(E)RE. II creait de plus /w/ ä partir d'un affaiblissement de b dans les groupes consonantiques etymologiques: FÄBRU > faure, ou secondaires: DEB(I)TU > deute, TÄB(U)LA > laula. Cette situation acquise ä l'etape des premiers documents, ou s'est creee une distribution de /v/ < /b/ ou de /v/ et de /w/ < /w/ ou de /b/, est recouverte par une neutralisation double oü /b/ et /v/ sont egalement /b/ a l'initiale ou devant consonne, et /ß/ a l'intervocalique, solution ä l'espagnole inauguree ä l'extreme ouest gascon au XIP siecle et qui avance vers le nord et l'est jusqu'ä atteindre le Quercy, la haute Auvergne et Montpellier: [laßo] et [bißo]. En Gascogne une forme comme viver < VIU(E)RE a deux realisations: [biße] et [biwe]. Par ailleurs, comme dans toute la Romania occidentale, les /w/ initiaux germaniques ont ä partir du Ve siecle ete conserves grace au soutien d'un /g/ initial. Le groupe /gw/ est reste en gascon: guardar, y compris dans les mots latins qui ont suivi la meme evolution: gua < UÄDU. Ailleurs /gw/ a ete reduit ä /g/: gardar, ga. Ä noter que le gascon a aussi /kw/ en heritage du qu- latin dans quan, quote, quart, quau. 2) Ä l'intervocalique /z/ issu de /d/ rencontrait la sonorisation, que l'occitan partage avec l'italien et le fran9ais, de -s- etymologique: /suza/ comme /rozo/ < ROSA. Par ailleurs la palatalisation produisait, en evolution terminale, des fricatives dentales: /d'c/ devenait /ts/ graphie tz: tretze < TRED(E)CI, qui rejoignait la desinence morphologique -tz: cantatz < CANTATIS. Quand c + e, i ou /kj/, /tj/ du latin etaient devenus finaux, eux aussi produisaient /ts/: patz < PÄCE, pretz < PRETIU, cependant qu'ä l'intervocalique /tj/ etait passe ä /z/: presar < PRETIARE. Le carrefour se complique de l'evolution de /k + j/, /t + j/, /kk + j/: bratz < BRÄCCHIU semblerait indiquer le meme traitement que dans patz et pretz, mais les graphics glas, canso, bras sont frequentes et les dialectes modernes opposent bien /preis/ ä /bras/. Parallelement, ä l'intervocalique, cazar < CAPTIARE est double graphiquement de cassar. On est lä devant des distributions oü la graphie ä la fois nous renseigne et nous deroute. L'orthographe moderne a trouve une solution avec un triple grapheme: .5 (qui vaut /z/ ä l'intervocalique), tz, et c confirme de : t reize, cantatz, patz, pretz, presar, glac, canfon, braf, ca ar (caci, 'je chasse').
On note dans la dialectologie moderne deux faits brouillant encore le Systeme: la remontee ä /d/ de /z/ intervocalique (Gascogne, Nice) qui peut entrainer /z/ secondaire: sudar, et sadon < SÄTIONE; la chute en de nombreuses zones du nord-occitan et de Provence de ce meme /z/ intervocalique issu de d: suar, ou d'une palatale: gleia < (EC)CLESIA ou de s: enciä < INCISA. Ce dernier phenomene, quand il s'accompagne d'accidents dans la resolution de l'hiatus, est particulierement ravageur. Le deplacement d'accent fait camia [kamjo, kamja] de camisa [kamizo]. De lä, en Provence non rhodanienne, une restructuration de la conjugaison: le paradigme vesi, veses, vei, vesem, vesetz, veson, devenu opaque par chute de s, est refait a. Marseille en [vjew], [vjes], [vi], [vjan], [vjas], [yjen]. En Provence alpine d intervocalique tombe lui aussi: feda < FETA devient^ea, realise [feo], [fjo], 2.Ä. Le domaine d'oc est une sorte d'exception dans la Romania en ce qui concerne l'articulation nasale. II ne connait pas les problemes de nasalisation des voyelles qui affectent le franfais et le portugais. Mais par suite de la chute de la syllabe finale par reduction des paroxytons et des proparoxytons, il se trouve confronte ä la difficulte d'une cloture syllabique nasale, que ne connait pas l'italien et qu'ignore partiellement 1'espagnol: PANE > pan et HOMINE > omen (dans les plus anciens textes); FAME >fam. Devenu final dans les proparoxytons, -n cesse tot d'etre articule: ome, comme äse < ÄSI(NU), Esteve < STEPHA(NU), mais demeure latent en conscience, reparaissant dans la derivation: omenet, asenet, diminutifs. M final demeure articule comme tel seulement sur la bordure du Catalan. Partout ailleurs il est articule comme /-n/. C'est le cas aussi dans les groupes /-mb-/ et /-mp/ devenus finaux et qui se simplifient tres tot: LUMBU > lamb [lun], CÄMPU > camp [kan]. Le groupe interieur ou final ms peut proteger par contre sa labialite en la renforcant d'une occlusive, d'ou les graphics nemps de nems < NIMIS et Nempse de Nemse < NEM(AU)SU. L'articulation dentale /n/ connait un sort tres different. II n'y a pas eu de probleme quand un groupe nd, nt, ng, nc fermait une syllabe interieure: granda, canta, lenga, tancar: les deux consonnes s'articulent, sauf reduction de nd a n en gascon: grana (fait parallele a la reduction mb: cama). Mais des les premiers textes ecrits apparait une reduction de -nd, -nt finaux: gran, can pour grand, cant. La conservation de -ng, -nc dans ce cas (-«c recouvrant le plus souvent -ng) est sans doute la graphie d'un / /, que certains dialectes modernes ont fait retourner ä /-nk/: sang ou sane; ces parlers realisent ainsi tout -« final exceptionnellement persistant: [taRenk] pour terren.
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Quant au -n simple final il n'est jamais note dans le texte des troubadours comme dans une bonne partie du plus ancien texte administratif. L'examen des rimes ne permet pas de reconnaitre de nasalisation compensatoire de la voyelle: gra(n) rime avec aura, s'opposant ä gran(d). Tout au plus faut-il admettre, en suivant les Leys d'Amors, qu -a(n) est classe comme a larg, et cela pourrait expliquer revolution en [o] dans une grande partie de l'occitan moderne (cf. 2.3., ex. 1): [mo] comme [fo]. Mais aucun traitement comparable n'existe pour / /, /e/, /i/, /y/, /o/ et / /: VENIT > ve(n), VENENU > vere(n), VINU > vi(n), BRUNU > bru(n), BONU > bo(n), SONU > so(n). On note seulement les fermetures /be/ et /bu/, paralleles a celles de [ben] de VENTU et [pun] de PÖNTE (Ronjat 1930, 155-156; cf. Ronjat 1980, vol. 1). Parallelement -ns final est traite comme -s: ma(n)s, seme(n)s, vi(n)s, bru(n)s, bo(n)s, so(n)s. Aucune opposition du type catalan: ma, mans. L'ensemble du domaine a du done simplement laisser tomber -n simple final et simplifier -ns en s ä une date ancienne: la langue litteraire a accepte ce trait comme identificateur. Font exception une part de la Gascogne et les parlers provencaux ä partir de Mimes. La Provence connait en fait aujourd'hui un commencement de nasalisation de la voyelle avec affaiblissement de 1'articulation consonantique: realisation fort sensible ä l'oreille dans un mot comme vin, realise [vP1]. Considerant l'ensemble du domaine et l'ensemble de 1'evolution, la norme graphique moderne restaure -n et les groupes finaux -ns, -nd, -nt, -ng, -nc comme -mb, -mp. 2.9. La chute de la syllabe finale dans les paroxytons latins fait de l'occitan comme du francais une langue ou le syntagme se surcharge de consonnes finales. Nous avons dejä aborde les simplifications de -mb, -mp, -nd, -nt, -ng, -nc et le traitement /w/ de /!/ final dans un grand nombre de parlers. Mais la langue doit admettre ou non des sequences bien attestees ä haute date comme cantz < CÄNTES, nuoits ou nuochs < NOCTES, juöcs < locos, jorns < DIURNOS, tours < TAUROS. One donne ici quelques indications sur les reductions principales entre le Moyen Age, qui a du tolerer une abondance de finales consonantiques, et l'epoque moderne: 1) Aux graphics latines conservees rr et r ont correspondu deux realisations apicales /r/ et /?/, vivantes ä ce jour dans tout lOuest du domaine, remplacees ailleurs par une opposition /R/ (r dorsal) et /r/ dental. Devenu final, -rr connait une grande solidite: ferr, qui se confirme d'un e ou d'un -i de soutien: ferre, fern. Par centre -r est tres fragile. II disparait des le XIVe siecle en syllabe atone: senhe(r)
[dulu]. Le suffixe -ador ne garde le sien qu'en Limousin: peschador > [pestj adur] face apescador > [peskadu]. En consequence le groupe -rs, qui interieurement se reduit le plus souvent: corsa > [kuso], est a la finale represente par [-s]. Le groupe final -rn, relativement frequent, a. la difference de ce qui se produit en Catalan n'est jamais conserve comme tel. Quelques reductions en [-n]: jorn > [zun]; le plus souvent [-r]: [dzur]. En Provence, sans doute a partir du pluriel jorns > [dzurts], une realisation [-rt] parait generale entre XIVe et XVIs siecles. Elle est conservee dans les Alpes, cependant que la basse Provence amui't le groupe: [dzurt], [dzu]. L'occitan n'a pas d'articulation consonantique sonore en finale: -b/-p, -dj-t, -gj-c sont neutralises en /-p/, /-t/, /-c/, /-tj/, /-dz/ en /-tj/: ainsi s'expliquent des graphics comme nueg < NOCTE, sur le modele de pueg < PODIU, qui vaut [pwetj]. En consequence les groupes occlusive + s ne sont que trois: /-ps/, /-ts/, /-ks/, auxquels on ajoute /tf s/. Pour les occlusives, encore ici en divergence avec le Catalan, il y a eu assimilation: /ts/ seul subsiste, qui a trois realisations, [-ts], [-s], [-tj]. D'oü un Systeme de singulier/pluriel pour: tap, taps, rat, rats, sac, sacs: [tap] [tats], [tas], [tatf], [rat] [rats], [ras], [ratf], [sak] [sats], [satfl. Pour nuech, pueg, on observe une solution [ts] ä la fin de l'ancien occitan. Mais la solution moderne majoritaire est Ye de soutien: nueches, pueges [pwetjes] (cf. 3.1.). La sequence d'un -j final et d'une initiale consonantique en phonetique syntaxique peut etre toleree. Mais la sonorisation de -s par anticipation est generale sous la graphic conservee. Cette sonorisation cree dans beaucoup de parlers un /-j/, second element de diphtongue: las vacas blancas se realise [lajbakoj blänkos] par opposition ä las cobras folas [las kabros folos]. Ici prend origine le traitement en pluriel des syntagmes complexes du proven9al (cf. 3.5.). Enfin, ä partir du XVe siecle beaucoup de
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
zones presentent une fragilite endemique de toutes les consonnes finales, occlusives et fricatives, comme de tous les groupes en voie de reduction. Ce phenomene a reussi dans l'ensemble nord-occitan et sur ses franges et dans la zone proven9ale, avec un debordement vers le bas-Languedoc et les Cevennes. D'ou, dans la chaine parlee, de nombreuses occultations des limites syntagmatiques par synerese: le proven9al rhodanien pour siäu anat au mas realise [sjew anaewms] en debit rapide. Le Probleme majeur d'une restauration graphique dans cette zone a ete le retablissement des consonnes: le Felibrige n'a use que de demimesures. En consequence en proven^al comme en limousin-auvergnat, le pluriel morphologique nominal a du etre reconsidere (cf. 3.1.).
3.
Des solutions morphologiques occitanes ä revolution romane
3,1. Les syntagmes autonomes, ou «mots» de categorie normale variaient en latin selon le genre (fixe et lexicalise dans le substantif, mobile par l'accord dans l'adjectif), le nombre et le cas. L'usure phonetique devait aboutir, conjointement ä la simplification des paradigmes morphologiques, ä une restructuration formelle de ces trois pertinences. Pour tous les substantifs latins paroxytons que la reduction syllabique transformait en oxytons (la plupart du temps monosyllabiques) a finale -s, une forme unique subsistait: PISC(E)S > peis, comme PISC(E), CASUS egalement singulier et pluriel > cas. Sont entraines dans cette simplification les neutres tempus, corpus, dans la mesure meme le neutre disparaft comme genre et oü les pluriels tempora, corpora, sont invalides. La langue admet ainsi que des mots traites en masculin et feminin soient invariables (mots integrals des Leys d'Amors). Le meme accident affecte la finale -tz issue de pajatalisation (cf. 2.7., ex. 2). Mais des le Moyen Age un -s, signe de pluriel s'articulait grace a -e de soutien: peisses, cases, tempses, corses. Cette solution est devenue generate dans les parlers languedociens modernes, eile est retenue par la normalisation actuelle (Alibert 1976, 50); les noms en -tz font dans ce cadre leur pluriel en -ses: pretz < PRETIU, pi. preses; cantairitz < CANTÄTRICE, caniairises. On a meme des pluriels, dans le cas de finale vocalique au singulier, qui realisent -ses (le premier -s- est Fheritage de la consonne intervocalique latine): gra < GRÄDU, pi. grases, pe < PEDE, pi. peses; et de veritables pluriels «redoubles» ä - parasite: [ustälses] ä cote de ostals, [denses] ä cote de dents.
De faQon generate, meme quand le signe morphologique du pluriel n'est pas analysable (peis, temps, pretz), le sentiment du nombre reste fort en occitan; l'accord du verbe et de l'adjectif en sont garants: los pretz son bels. La phonetique propre au Limousin cree, sous la graphic normalisee un Systeme particulier du nombre: la chute de -s final du pluriel est compensee par un /j/ (cf. 2.9., par. 4) ou un allongement de la voyelle: öme, pl. omes, realise [omej], baton, pl. batons, realise [butu]. En haut limousin un deplacement de l'accent tonique confirme le Systeme d'opposition vocalique: rosa — [rozo], rosas = [rozaj. En basse Provence, la chute des consonnes finales fait que -s de pluriel n'est plus audible; il est articule [z] apres consonne ou diphtongue devant initiale vocalique: cars amics, beus amics = [karzami, beuzami] (cf. 3.5.). 3.2. En occitan comme en fran9ais le degagement d'une opposition singulier-pluriel, couplee avec 1'opposition masculin-feminin, est le fait d'une ruine du Systeme casuel. Independamment des effets de l'erosion phonetique, la tendance de l'epoque romane primitive a ete la simplification dans la Romania de la declinaison du nom, reduite ä un cas omni-pertinent, dit cas-regime, issu de l'accusatif, et d'un «cas marque», assurant la rection verbale (fonction de «sujet» devant le verbe). Comme en fran9ais, le type en -a atone occitan (lere declinaison latine) avail, des les origines de la langue, procede ä 1'haplologie definitive: sg. rosa, pl. rosas. Par contre le texte ecrit medieval permet d'etablir un type masculin ä quatre formes, issu de la deuxieme declinaison: sg. murs < MURUS mur < MURU
pl. mur < MURl murs < MUROS
et divers types, masculins ou feminins, issus de la troisieme: sg. naus < NÄUIS nau les > [lej] a ete [li], comme celui de laissar etait [lisa]. L'ajout d'un [z], restaurant la consonne intervocalique, contribuait ä creer un type de pluriel pleinement syntagmatique sur base d'article pluriel [li], [li + z], ou d'actualisateur pluriel en [i + z]. C'est ce soussysteme arlesien-avignonnais-nimois que les felibres ont decide de noter: U belli cabro, aquesti bellis aubo, Us enfants, li beu drole, li beus enfant. 3.6. Le verbe occitan presente, dans la Romania, ä la fois une grande fidelite au Systeme d'ensemble et certaines solutions particulieres, que 1'evolution a soulignees. Deux lypesfaibles (accentuation de l'infinitif sur le suffixe) se sont maintenus: celui en -ar et celui en -ir. Le premier presentait au Moyen Age une opposition etymologique d'indicatif et de subjonctif presents, partiellement eteinte par 1'evolution phonetique: cant < CANTO, cantos, canta, cantam, cantatz, canton; cant < CANTEM, cantz, cant, cantem, cantetz, canten.
On note ä haute date une tendance ä soutenir cant d'indicatif par -e ou -/ (cf. 2.1., ex. 4), et ä confondre (par collusion avec les autres conjugaisons) les suffixes de 3e personne -an et -en en -on. Ces tendances ont abouti en occitan moderne et se sont completees d'autres refections. Le paradigme le plus general est aujourd'hui:
ind. canti, cantos, canta, cantam, cantatz, canton [kan-
tu] ou [kanton]; subj. cante, cantes, cante, cantem, cantetz, canten [kantu] ou [kanton].
Le type en -ir distribuait ses verbes selon 1'usage ou non du suffixe «inchoatif», qui en occitan a la forme -iss- ä l'indicatif et au subjonctif la forme -isc- -ishi ou -eishi, isca (ou -esca en gascon): I (ind.) part, partz, part, partem, partetz, parton; (subj.)/wffl, partas,parta,partam,partatz, partan. II (ind.)floris(c), floris,floris,florem,floretz,florisson; (subj.) florisca, floriscas, florisca, floriscam, floriscatz,floriscan.
Le trait d'evolution le plus marquant est (saufen bearnais gascon) l'extension du suffixe inchoatif aux l're et 2e personnes du pluriel d'indicatif: florissem,florissetz. Les l"e et 2e personnes du singulier ont ete refaites comme dans les verbes en -ar. parti, paries, florissi,florisses. On note de plus une tendance a la generalisation du type inchoatif:partissi,partisses ...,partisca, partiscas ... sont frequents dans les parlers modernes. La dialectologie moderne presente de nombreuses confusions au subjonctif du fait de l'invention du suffixe -iga issu de -ic de parfait (cf. 3.10.) et de la fragilite du theme en -a luimeme: d'ou des subjonctifs parte, paries, pane, partem, partetz, parton, Qiflorisque,florisques ... ouflorigue,florigues... 3.7. Comme en franfais et en domaine iberique, 1'evolution de -EBAT en *-EAT, creait un double paradigme de l'imparfait de l'indicatif, qui se reporte sur l'opposition des types cantor et partir-finir: cantava, cantavas, cantava, cantavam, cantavatz, cantavan; partia, partias, partia, partiam, partiatz, partian; floria,florias,floria,floriam,floriatz,florian.
Mis ä part le fait que le suffixe inchoatif a penetre ä l'imparfait: florissiä et partissiä, les phenomenes qui ont restructure ces paradigmes sont de deux sortes et lies a l'accentuation: l) Les hiatus partiam, partiatz ont tendu des le Moyen Äge ä se resoudre, ce que la langue moderne note par un accent graphique: partiam, partiatz. Mais cette resolution entramait par parallelisme un deplacement d'accent dans les formes ä -/ tonique et hiatus: d'ou partia, partias, partia. en est resulte deux types suffixaux. Quand le deplacement d'accent s'est fait (au centre du domaine) apres passage de -a final ä [o] (cf. 2.3., ex. 2), le resultat a ete [partjo], [partjos], [partjon], avec [o] moyen. Quand les deux phenomenes ont ete disjoints, on a eu (Languedoc oriental, Provence): [partje], [partjes], [partjen], avec [e] ou un [ ]. La norme graphique moderne
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conserve partia, partias, partian, avec accent aigu. Concurremment etait posee en langue la question d'une homophonie de lire et de 3e personnes du singulier. La solution a ete d'affecter la l dre d'un /-j/: partial, realise [partjoj] ou [partjejj. En Provence c'est un /w/ qui a servi ä cela: [partjew]; son origine est ä chercher dans un croisement du pronom ieu < E(G)O et des nombreuses formes en -o que presente l'ancien provenfal dialectal: veo pour veso (occitan commun vesi) aboutit facilement ä [vjew], forme maritime actuelle (cf. 2.7., ex. 2). On a done aujourd'hui en Provence: partiau,florissiäu, realises [partjew], [flurisJEw]. 2) L'imparfait du type en -a, conserve en languedocien central, presentait la difficulte d'une variation accentuelle, les formes cantavam, cantavatz etant oxytones. Beaucoup de parlers, dont l'ensemble gascon, ont fait remonter l'accent: cantavam, cantävatz. Dans l'ensemble languedocien il y a eu aussi modification de la voyelle: cantävem, cantavetz, cependant qu'en Provence se produisait une veritable confusion typologique bouleversant tout le paradigme: cantavi, cantaves, cantava, cantaviam, cantaviatz, cantavon.
Ce bouleversement va en aurillacois jusqu'ä l'adoption de formes de subjonctif parfait: cantassiam, cantassiatz, realises [-osyon], [-osyäs]. Le gascon lui, comme i'italien, precede a la confusion typologique inverse, et conjugue: partivi, partivas, partiva, partivam, partivatz, partivan; hlorishevi, hlorishevas, hlorisheva, hlorishevam, hlorishevatz, hlorishevan.
3.8. La grande originalite du verbe occitan est la refection du paradigme de parfait, acquise en une premiere etape des l'ancien occitan, et qui a, par effet secondaire, abouti ä une nouvelle paradigmatisation entre XI Ve et XVII e siecle. Premier fait d'importance: si un type etymologique, d'apres CANTÄUIT > *CANTAUT > *CANTÄT, a survecu en gascon sauf ä la l're personne du singulier: cantos, canta, cantam, cantatz, cantan, l'ensemble occitan, sans doute d'apres estei < STETIT, dei < DEDIT, ne presente ä date ancienne que: cantei, contest, cantet, cantem, cantetz, canteron.
Second fait, mineur, mais de grande consequence: si le parfait du type en -ir est etymologique: parti, partist, parti, partim, partitz, partiron, on voit tres tot apparaitre en 3e personne du singulier une forme panic, -c est issu de l'evolution si particuliere qui a atteint les parfaits de type III (cf. 3.10.). On voit ainsi dans l'etape moyenne de la langue:
l1
1) se reconstruire sur canteron tout un paradigme: canteri, canteres ... canterem, canteretz. Seul cantet reste solide. II sert d'ailleurs en Auvergne ä une autre refection: chantete, chantetes, chantetem, chantetez, chanleten. A. noter la persistance jusqu'ä nos jours des formes cantem, cantetz dans une zone sub-cevenole, et la refection supplementaire proveniale: canteriam, canteriatz; 2) se repandre cantec empruntant -c ä ßnic et au type III. D'oü une refection de zone toulousaine-pyreneenne: cantegui, cantegues, cantec, canteguem, canteguets, canteguen; 3) se refaire tout le type II smpartic soit directement: partigui, partigues, partic, partiguem, partiguetz, partiguen, soit par ajout du suffixe de type I: partigueri, partigueres, partiguet, par tig uerem (partigueriam), partigueretz (partigueriatz), partigueron. La Gascogne seule reste fidele au paradigme medieval, mais avec la lere personne sg. partii et 3e pl. partin. Au theme de parfait indicatif etait lie des le latin un theme subjonctif. On a done eu, pour le type I, en ancien occitan cantäs de CANTA(UI)SSET, et un paradigme gascon moderne soutenu de voyelle atone cantassi, cantasses, canlasse, cantassem, cantassetz, cantassen. Mais le paradigme commun etait parallele ä indicatif: cantes, canlesses, canles, cantessem, cantessetz, cantessen.
Ce type a bien survecu au prix de l'homogeneisation de l'accent: cantessem, cantessetz, de la generalisation d'une 3e personne pluriel cantesson, ainsi que de vocalisations du singulier: cantessi, cant esse. Le subjonctif partis, partisses, partis, partissem, partissetz, partissen devait normalement suivre la refection de l'indicatif, d'oupartiguesse, partiguesses... etßoriguesse,floriguesses... 3.9. Le type III de la conjugaison reunit les verbes en -er < -ERE et les verbes en -er ou -re < : ERE: tener < TENERE, naisser < NASCERE, vendre < VENDERE (cf. 2.1., CX. 5).
Ä noter une indecision entre Taccentuation -er et l'accentuation -er: tener et tener, et une confusion avec le type en -ir. tenir. Pratiquement en occitan moderne l'accentuation en -er est reduite a un petit nombre de verbes: aver, poder, voter, saber, tres malmenes dialectalement (cf. [avedre, agüRe, aguedre, etc.], [pudre, puRe], [budre, buRe], [sawpre, sawRe]. Le paradigme de present de l'indicatif a survecu ä ceci pres qu'une vocalisation aux lirc et 2e personnes du singulier a permis la clarte morphologique: ven/vendi, vensjvendes, vend, vendem, vendetz, vendon.
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
Le present du subjonctif venda, vendas, venda, vendam, vendatz, vendan demeurerait intact, si ne se posait pas, comme pour le type II, la question de la fragilite de -a: vende, vendes, vende, vendem, vendetz, vendon est un type frequent, qui rejoint partiellement l'indicatif. II faut naturellement tenir compte du fait que les verbes de ce type etaient des le latin en grande partie de paradigmes irreguliers. L'evolution phonetique n'a fait que multiplier les accidents. Les deux etapes de l'occitan sont ici discernables, comme deux «promotions de l'irregularite». Le verbe qui subit la modification la plus interessante est le verbe esser ou estre < *ESSERE. On note des l'ancienne langue une tendance a contaminer l'indicatif par le subjonctif. Le paradigme semi-etymologique de base est: som < SUMUS ou soi < *SOJO, es(t), es, em, etz, son.
A la lire personne du sg. on trouve egalement soi avec /o/ et le plus generalement sui, peut-etre palatalisation exceptionnellement avancee de /o/, ou influence defui. Em, etz ont pu etre refaits en sem, setz, comme es(t) en ses, mais l'influence du subjonctif est determinante. Sias, siam, siatz, une fois synerese resolue et deplacement d'accent realise (cf. 3.7., ex. l pour l'imparfait du type II), sont devenus les formes d'indicatif: siäs ([sjos] ou [sjes]), siam, siatz (conservees en Provence sous la forme [sjan], [sjas]). Quant ä la premiere personne, eile est suffixee: siäi ([sjoj] ou [sjej]), ou en Provence siäu, le sieu des felibres. 3.10. Le trait principal de cette conjugaison est au parfait une evolution tres complexe de la 3e personne du singulier. On pose generalement que POTUI, realise *POTWI, a connu une precession de l'element labio-velaire, d'ou *powtwi, suivie d'un ecrasement de l'occlusive: *powwi. Le *ww pouvait vers les Ve-VIe siecles rencontrer les w initiaux de mots germaniques: *pogwi est suggere par WARDÖN > gardar (cf. 2.7., ex. 1). Les plus anciens textes occitans ont, apres reduction syllabique, pog, auquel devait s'appliquer la regle d'assourdissement des sonores finales (cf. 2.9., ex. 3). Le paradigme etait: poc ou pogui, poguist, pöc, poguem, poguetz, pögron
et parallelement pour dar, verbe du type I qui entre dans la meme evolution au parfait: dec, deguist, dec, deguem, deguetz, degron.
La refection, a Fepoque moyenne de la langue, s'est faite, comme pour le type II en -ir, par ajout du suffixe de type I: poguere, pogueres, poguet, poguerem, pogueretz, pogueron.
La meme refection interessait les verbes ou n'etait pas apparu le -c final: saup, saubist, saup, säubern, saubeiz, saupron, aujourd'hui refait en saupere, sauperes ... ou meme en saupeguere, saupegueres ... sur le modele de flniguere, finigueres. La zone qui refait le parfait sur cantec,ßnic, a naturellement: balegui, bateguen, batec, bateguem, bateguets, bateguen. Les subjonctifs parfaits sont paralleles: degues, pogues, saupes. Si le gascon suit, quant a la construction du theme de parfait, 1'evolution d'ensemble de l'occitan, il a tout de meme conserve des parfaits forts, curieusement suffixes en /-o/: venoi, vends, vend, venom, venotz, venon. Cette flexion est passee au type II inchoatif: hloriscoi, hloriscos, hloriscoc (avec -c de 3C personne), hloriscom, hloriscotz, hloriscon. 3.11. II existait en ancien occitan une forme issue de plus-que-parfait de l'indicatif latin, parallele morphologiquement aux formes de parfait et qui avail fonction hypothetique dans une proposition principale (cf. 4.6., par. 4). CANTA(UE)RAT donne cantara, la ou canto, cantos existent. Le paradigme general est camera, cameras, cantera, canteram, canteratz, canteran. Pour les deux autres types: partira, partiras, partira, partiram, partiratz, partiran et vendera, venderas, vendera, venderam, venderatz, venderan.
Ce paradigme parait etre sorti de l'usage vers la fin du XVe siecle. En fait, il devait se morphologiser ailleurs dans le Systeme de la langue. Des graphics comme vendero (n) marquent une collision avec le parfait d'indicatif. En Gascogne, seule la vallee d'Azun garde le type quasi intact: qu'obriram (Rohlfs 1970, 222). Mais ailleurs il a rencontre un paradigme, semblable au castillan, issu de CANTA(UE)RIT, et qui a pris une valeur de futur du passe: canteri, canteres, cantere ..., partin, par tires, partire ..., venori, venores, venore... 3.12. L'imparfait du type III est de meme construction que celui du type II: vendia, vendias, vendia, vendiam, vendiatz, vendian et a evolue semblablement. Pour toutes les conjugaisons, l'occitan possede deux paradigmes ä fonction de futur. Ce sont des temps etymologiquement periphrastiques. Le futur, forme avec le present d'aver: aurai, auras, aura, aurem, auretz, auran, le detache encore aux trois personnes du singulier et a la 3e du pluriel au XII e siecle: contar la t'ai = te lo contarai. Le futur forme avec l'imparfait de l'auxiliaire est inanalysable des l'origine: canlaria, cantarias, cantaria, cantariam, cantariatz, cantarian. A noter, des le XI Ie siecle, des formes comme cantariei pour cantarai, cantaraun (parallele ä aun pour an du verbe aver) pour cantaran. Elles
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sont caracteristiques de la zone centrale, surtout du Rouergue. Cantaraun est realise [kantorow] aujourd'hui, et entraine /kantorjw/ pour cantarian (/kantarjew/ dans les Cevennes). Enfm le verbe occitan se complete par les formes periphrastiques, de plein emploi, formees par le participe et l'auxiliaire esser ou aver, ai/soi cantat, aviäi/eri cantat, aguerijfogueri cantat, auraijserai cantat, aja/sia cantat, aguesjfogues cantat. Get aspect extensif (pour parier comme G. Guillaume) se redouble d'un aspect bi-extensif: ai agut/soi estat cantat, avia agut/eri estat cantat, etc. (cf. 4.6., par. 5). 4.
Une syntaxe entre tradition et invention
4.1. C'est sur le sujet de la syntaxe surtout que l'ideologie diglossique s'est exprimee, refusant ä l'occitan un Statut d'autonomie linguistique. Gaston Paris regrettait «l'absence d'une syntaxe propre au provensal». Aussi les linguistes occitans ont-ils choisi a leur tour de prouver l'originalite des faits syntaxiques de leur domaine. Nous avons propose pour notre part (Lafont 1967, 483-491) de degager quelques tendances s'affirme une «communaute linguistique» a l'interieur d'une globalite de Romania. Donnons de cela une preuve simple. On sait qu'il existe dans tout 1'indo-europeen, en perspective generale, un «pluriel interne» ou «pluriel continu» identifie par un suffixe *-a/-a. Un croisement du genre et du nombre avail en latin, comme en grec, etabli sur ce domaine des «pluriels neutres» du type arma 'la panoplie'. La collusion de ce suffixe avec celui qui a servi de base ä la premiere declinaison, entrainait en basse latinite le pluriel neutre ä etre traite en genre feminin singulier: occit. una arma, et du coup ä assumer la representation du discontinu. Mais celle du continu reste une tendance sous-jacente ä 1'evolution de la Romania. En Italien, le genre retrouve le nombre dans le mura Tenceinte', «pluriel continu» de /'/ muro. En occitan, il reste genre seulement, mais pour assumer la representation de «volume important» dans les nombreuses paires lexicalisees: orta/ort, teula/teule, sacajsac, cotelaj cotel, topinaltopin, formation toujours vivante (nous avons entendu la camiona pour Tautobus'). On donnera ainsi certaines informations sur des tendances, les unes conservatrices, les autres novatrices, qui touchent la mise en discours de la morpho-syntaxe et la construction phrastique en domaine d'oc. 4.2. La disparition du neutre lexical latin est un fait roman commun. II rencontrait la contradiction d'un maintien du neutre pronominal aico, aquo, ailo, co. Ce neutre est bien senti comme tel au Moyen Age comme le prouve l'accord du par-
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ticipe dans: co es escrich. La representation de neutre vit toujours, sous une forme identique au masculin, dans le fait de substantivation de l'adjectif: lo bei, mais aussi co pus bei (cf. 3.4.), aquö verai, d'ou des sequences comme: lo bei de I'afar 'le beau de 1'affaire', co pus bei de l'istoria '... de l'histoire'. II vit aussi dans Panaphore, ou le pronom lo(s), la(s) renvoie ä un substantif lexicalise avec son genre, et le pronom neutre o, ac a un blanc semantique: cresi, ou a un concept moule syntaxiquement: sias content, (aquo) cresi 'tu es content, je lecrois'. En dehors de ce neutre pronominal, degre zero du nombre comme du genre, on trouve en occitan un feminin morphologique, singulier ou pluriel, a valeur neutre, dans la substantivation directe de l'adjectif: ne guineas pax una 'tu ne dis mot', es dins sas bonas 'il est dans un moment de reussite'. C'est ä partir d'un neutre ä forme masculine que l'adjectif devient modalite du verbe (adverbe): cridar fort 'crier fort', precede toujours vivant: o faufacil 'je le fais facilement', en concurrence avec le syntagmefortament, ouforta, feminin, etait originellement detachable (d'oü une realisation [fortomen] en beaucoup de lieux ou -a final > [o]). Entre le XVe et le XVII e siecle on voit se developper des formes en -ments ou -s a visiblement la function d'une marque d'adverbe. Mais il faut aussi remarquer que, sur ce carrefour du neutre ou nombre et genre s'abolissent, c'est le formant -5 de pluriel qui facilite le passage de l'adjectif ä «l'adverbe»: d'oü de jorns 'le jour', de nuechs 'la nuit' dans 1'ancienne langue, et de nases 'sur le nez', de mors 'sur la face' en langue moderne, syntagmes exprimant une modalite adverbiale sur representation de singulier referentiel. 4.3. L'actualisation du substantif utilise, comme on 1'a vu, les articles, les possessifs, les demonstratifs, les indefinis. Mais I'actualisation directe, sans actualisateur, demeure frequente. Elle concerne les situations de discours en generalite, non seulement dans les nombreuses expressions lexicalisees: aver fam, cantor messa, traire pena, passar carriera, veire pal's, etc., mais aussi de fagon ouverte et spontanee: vaqu'i maison dins I'estransina 'void la maison dans Pemoi'; per li plegar genolh 'pour plier les genoux (devant lui)' (Lafont 1967, 90-91). En ce qui concerne le nom propre, dont I'actualisation est normalement directe, on remarque l'utilisation de Particle par familiarite (exceptionnellement par notoriete) devant les anthroponymes: lo Peire, lo Ponge et son absence devant les toponymes: Gordon arriba 'le Garden deborde', plou sus Ventor 'il pleut sur le Ventoux', ainsi que devant les noms de vent: Cere bufa 'le
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Cers souffle' et les noms de fetes: a Nadal, per par l'usage du verbe esse lui-meme. Elle ne reste morphologiquement nominale que par effet stySanta Lucia. Ä l'oppose de l'effet de generalite, la localisa- listique. La solution reste ouverte en occitan. Son tion referentielle - ou «effet de realite» (ce que anormalite se reconnaft a l'ordre des syntagmes, nous appelons topothese in esse) - est donnee le «predicat» precedant le «theme»: testimöni par le possessif ou le demonstratif. Les deux mon fraire 'mon frere en est temoin' (Lafont series sont etymologiquement couplees sur le 1967, 278). Les proverbes usent beaucoup de modele latin: hie = meus, iste = tuus, ille = ejus. constructions nominales, etablissant entre les Mais la tendance l'a empörte un peu partout syntagmes des relations diverses: enfant pichot, d'ecraser le degre intermediate dans une opposi- pichötapena 'a petit enfant petite peine'. tion subjectif/non subjectif (allemand da - dort): La phrase verbale est de loin la plus frequente, le plus souvent aquest(e) s'oppose simplement ä recouvrant les programmes de etre et du faire: aquel. Dans les adverbes correspondants, aila, Peire es grand comme Peire canta. Sa forme limiparallele ä aquel, s'oppose ä aid; aqui tend ä etre naire est l'impersonnel absolu, reserve aux denoomni-pertinent. L'occitan ne connait pas le sys- tations d'evenements atmospheriques: plou 'il teme fran9ais de haut rendement celui-ci, celui- pleut', granissa 'il grele'. Le non-usage de prolä; ceci, cela: aqueste d'aici, aquel d'aila sont pos- nom, qu'il s'agisse du soutien de l'impersonnel sibles, mais en renforcement representationnel, (type franfais /'/ pleut, allemand es regnet) ou de comme toute la serie qui fait intervenir, en com- l'absence de representation d'actant (type franposition avec la distance, le haut et le bas: aica- 9ais U/eile chante, allemand er/sie singt), pennet mont, ailamont, aicaval, ailaval (aicabas, aila- en occitan une disponibilite d'interpretation synbas). taxique qui laisse voir un fonctionnement tres L'economie de representation referentielle general. (topothese in fieri) est normalement assumee par Canta en effet demeure en ca, parallele & plou: un repli sur l'article, «demonstratif use». C'est en *9a chante' comme 'fa pleut'. L'occupation par particulier le cas en economic de possessif: te un actant de la «case vide» du fa, produit un presenti lo paire 'je te presente m o n pere', bon- double effet de sens: plou de peiras introduit un jorn, l'oncle! 'bonjour, mon oncle!'. actant veritable, 'il pleut des pierres', plou de La serie des indefmis est du type roman com- picas 'il pleut des cordes' un predicat; dans canta mun. Les problemes particuliers, auxquels l'occi- iausel 'il chante, l'oiseau', Yausel peut etre actant tan donne des solutions parfois originales, tien- veritable ('l'oiseau chante') ou predicat d'un nent au croisement de la representation nom- actant non denote ('il chante, cet oiseau-lä'). La brante et de l'epideicüsme (croisement ou se stylistique occitane joue de cette possibilite. fonde l'usage du nombre un comme article, cf. Cependant, comme en francais, le verbe, qu'il 3.3.)· Ainsi qualque ome et le pronom qualqu'un füt impersonnel absolu ou impersonnel par ecoconfirment le singulier et y placent une indeci- nomie d'actant, a etc senti unite tonique insuffision representationnelle; au pluriel l'indecision sante ä ouvrir une sequence syntaxique. Des concerne surtout le nombre: qualques ömes, qual- l'ohgine de la langue, canta et plou peuvent etre ques unes. C'est ici qu'intervient uns, unes (unis) precede d'un pronom ä forme masculine, mais sous la forme d'unes ömes, a'unes 'certains degre neutre du genre: el plou, ou d'un pronom hommes, certaines personnes', a'unis cops 'cer- articule masculin-feminin: el/ela canta. Les deux taines fois', pour ramener l'indecision definition- constructions, limitees aujourd'hui, sauf cas nelle. d'expressivite, au nord-occitan, avaient gagne au Comme le franfais et l'ensemble iberique, debut du XVIP siecle la quasi totalite du l'occitan, ayant perdu omnis, doit user de l'oppo- domaine, creant meme des constructions du sition du singulier et du pluriel ainsi que de la genre: l'ome elplora Thomme pleure'. Le pronom doit ainsi etre considere comme un presence ou non de l'article pour exprimer les veritable «introductif du verbe» (cf. 4.7. in fine), instances representationnelles de la totalite: imposant un syntagme verbal complexe. II ne se — totalite continue: tota la terra limite pas a la construction impersonnelle, clas- totalite discontinue: tolas las terras - vision parcellisante de la totalite discontinue: see traditionnellement comme 3e personne du singulier. II peut etre ieu, tu, nos, vos et le pluriel tota terra (ou cada terra). Cette troisieme instance, combinee avec effet el(e)s, elas. Un deplacement de l'exigence de tonicite comnegatif, a donne en ancien occitan, la sequence: plexifie le phenomene. Le syntagme verbal prend se(n)s tota colpa 'sans aucune Sorte de faule'. 4.4. L'occitan connait normalement deux types le verbe comme element fort. Le pronom est de phrases: la phrase en etre, ou nominale, et la alors atone: lo plou croise el plou. Une consequence des plus curieuses se developpe en ancien phrase en faire, ou verbale. La premiere avait ete transformee des le latin occitan: le seul pronom sujet des l"e et 2'me per-
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sonnes etant tonique, il faut bien aller chercher une forme complement pour en donner l'equivalent atone. De la: no sai en quäl hora'mfuy natz des le texte de Guilhem IX (Lafont 1967,436). Ä la non-personne le reflechi atone a pu jouer le meme röle. Le syntagme s'es, simplement pour es (cf. no sai qui s'es) a vecu jusqu'au XVIP siecle. 4.5. Un autre aspect de la mise en dualite formelle du syntagme verbal est le probleme de l'accord. Si le ieu et le tu sont obligatoirement des singuliers, le nos et le vos obligatoirement des pluriels, l'expression traditionnelle de 3e personne du singulier et du pluriel recouvre en fait un fonctionnement non representationnel, mais syntaxique: la non-personne au singulier est non-personne sans representation de nombre, comme le prouve plöu\ la non-personne au pluriel introduit le nombre de l'actant: cantan los ausels. Le retournement syntagmatique (ordre ascendant: actant + acte) favorise ce fonctionnement: los ausels cantan. Mais l'occitan garde une grande souplesse. II peut tres bien par ecartement analytique maintenir le pluriel hors du champ de l'accord: pica ires oras, 'trois heures sonnent'. II peut inversement, par un resserrement, trailer en pluriel une incidence prepositionnelle: Peire amb son fraire son venguts, ou Fimplicite du groupe: Peire son venguts 'la famille de Pierre est venue'. Dans ce cas, la personne a toujours le pas sur la non-personne: amb mon fraire sem venguts 'mon frere et moi sommes venus'. 4.6. Par l'accord que lui permet sä pertinence personnelle et le dedoublement formel de la nonpersonne, le verbe s'ouvre au nominal: ainsi se construit la phrase. Par sa pertinence temporelle, qui est le fondement de sa categoric, le verbe forme son propre Systeme morpho-syntaxique. II faut, de ce point de vue, reprendre devant les necessites discursives ce qui a ete dit de la construction morphematique. II apparait que le verbe occitan confirme avec certaines originalites les representations prises en charge par le verbe roman: 1) II exprime une triple instance temporelle futur-present-passe (ou pretorit) en mode de realite (chronothese in esse), c'est-ä-dire en indicatif. Dans la triade cantara, canta, canlet ou canlava, le present est le pivot d'actualisation. II marque non seulement le nunc le plus etroit (l'instant de datation de la parole du sujet), mais toute surface temporelle debordant ce nunc, jusqu'ä la stabilite intemporelle: un ausel sempre canta 'un oiseau chante toujours'. II est done apte a atteindre par vivacite representationnelle le domaine du futur: veni deman 'je viens demain' (futur prochain), comme ä entrainer le passe en presence (passe recent ou present de narration):
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a penafoguet partit, se vei un ome a l'endavant 'ä peine fut-il parti, il voit un homme devant lui'. 2) II realise pour le passe une double orientation temporelle. Le temps decadent, celui de Pecoulement temporel «passif», est donne par Pimparfait, cependant que 1'ascendance, le mouvement par lequel le temps, appui pris sur la datation, avance «activement», revient ä l'heritier du parfait latin, veritable «passe defini» ou «aoriste». Cette opposition s'est degagee peu ä peu des usages medievaux. Elle est devenue tres ferme: m 'arreslet: era davant ieu; m 'avanfavi, lo vegueri representent en deux sens 1'alternance d'un ecoulement du temps et d'un acte survenant. 3) II possede, sur le modele morphologique de 1'indicatif, deux formes de subjonctif: cante et cantes sont paralleles ä canta et canlet, comme posca et pogues ä pot et poguet (ancien pöc). Le subjonctif I represente une ascendance non dans le temps, mais vers la realite signifiee par 1'image-temps complete (1'indicatif). Le subjonctif II est un mouvement inverse, une perte de realite. Improprement appelees temps, ces deux formes perpetuent une opposition latine. Dans les propositions autonomes, elles sont ä peu pres un eventuel et un irreel. Par exemple, dans Tordre negatif: vengas pas 'ne viens pas', negation d'une eventualite et venguessespas 'ne t'avise pas de venir', negation irrealisant 1'acte. Dans les propositions subordonnees, elles fonctionnent de meme: voll que vengas est normalement une saisie d'eventualite; ai paur que venguesses un refus de saisie. La «concordance des temps» est un effet derive de ce fonctionnement, fonde sur l'impossibilite d'envisager l'eventualite ä travers le passe, acte par nature derealise: voliai que venguesses est seul possible. 4) On a vu (cf. 3.11.) que l'occitan medieval possedait un conditionnel camera, pogra issu de plus-que-parfait de 1'indicatif latin. La construction hypothetique complete etait se pogues, vengra 'si je le pouvais, je viendrais' ou 'si je l'avais pu, je serais venu'. Elle prend origine dans une correspondance de l'hypothese et de la derealisation objective. L'imparfait peut etre conditionnel: se podia, venia. Mais le subjonctif II, image d'acte en retrait de realite peut 1'etre aussi: se pogues, vengues. La solution moderne est soil: se pogues, vendria, soil se podia, vendriä, qui assure la promotion en fonction modale d'un futur du passe (cf. 3.12.). Inversement des formes issues de cantera ont pris en gascon la fonction de ce futur du passe (cf. 3.11.). Enfin le type se poira, vendrä n'est pas absent de l'occitan (Camproux 1958,256; Henrichsen 1955, 121). 5) L'aspect extensif du verbe donne ä l'occitan un perfectif: une expression de 1'acte considere du point de vue de son achevement ou de sa con-
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sequence. Le present de cette conjugaison complete est bien un present: ai cantat 'j'ai fini de chanter', soi segut 'je suis assis'. II n'a pas derive, comme en fran9ais, vers une representation de preterit. S'il exprime d'une certaine facon un passe, c'est toujours dans la mesure l'acte est anterieur ä son resultat. On oppose done soi vengut 'je suis ici parce que j'y suis venu' ä vengueri 'j'ai fait l'acte de venir sans qu'il soit assure que je sois presentement ici'. L'aspect bi-extensif est aussi de plein emploi. Marquant une Sorte de «ricochet» du terme de l'acte, il produit un effet d'indecision dans la datation: ai agut cantat 'il m'est arrive de chanter', soi estat vengut 'il m'est arrive de venir'. Les grammairiens ont souvent signale cette periphrase, caracteristique meme du francitan. 6) Comme dans les autres langues romanes, la combinaison des deux auxiliaires, aver et esser, avec la representation d'une action clöturee ou non, permet d'obtenir, selon les memes precedes, un actif perfectif et un passif: ai vist 'j'ai vu', soi vist 'je suis vu', soi vengut 'je suis venu'. L'ancien occitan a pu croiser les auxiliaires dans l'aspect extensif d'esser: som agut 'j'ai etc', inverse du fran9ais (et du nord-occitan ai estat), et dans l'aspect bi-extensif: soi agut vengut. Cette derniere construction est toujours vivante en Provence. On entend meme: soi agut estat vengut. 7) Outre un participe ä flexion adjectivale et un participe gerondif, l'occitan a pleinement utilise son infmitif comme verbe subordonne, accompagne ou non d'un actant: entendi cantor ou entendi cantar l'auseljeniendi l'ausel cantar. Un trait syntaxique original est un infinitifmodalite ou cadre de l'acte, directement employe: E saber, o sabrä el ben, 's'il s'agit de savoir, lui le saura' (Lafont 1967, 174). 4.7. Coordination et subordination propositionnelles sont en occitan fideles aux grands usages de la syntaxe romane. II faut cependant decrire un ensemble de faits qui, en se croisant et s'epaulant, ont pu donner ä la phrase occitane une puissante originalste: eile est allee en gascon jusqu'ä l'etablissement d'une actualisation du verbe unique de son type: 1) On note dans l'ancienne langue une tendance ä introduire le verbe par e quand il est precede d'une incidence modalisatrice, adverbe syntagme complement ou proposition: enaissi e ill morinava; per amor de mi e vos la portares; que can mipoc de se aizir, / et ela'm tarnet en soan. Si < sic peut relayer e dans cette function: et en aquela sazo si avia una molt prezada dona; cant ho auzi, si saup ben. Ces deux emplois disparaissent ä l'etape moyenne de la langue. 2) Par contre, sur toute son histoire, l'occitan use de que devant le verbe pour rattacher le mouvement syntaxique a un syntagme antepose: be-
lament qu'ieufarai lo drac, gran miracle que fist, et meme ä un sujet: totjorn sä folia que lo ten, ä un participe: ausit que ac sos bens. En occitan moderne, une necessite arbitrairement ressentie d'expressivite fait dire: Tolosa, una granda vila qu'es au lieu de Tolosa es una granda vila (Lafont 1967, 350). 3) Par ailleurs si que a pu etre longtemps absent comme introductif de la proposition subordonnee (comme partiellement en Italien moderne): non vuel non dormas plus, davant si rendessem (ib., 345), il arrivait qu'il füt repete: ans vos die que si om lo'us fajque us defendrai a munpoder. 4) que, issu de QUID, sert aussi des Forigine ä suppleer toute la flexion du pronom relatif. En occitan moderne on dit avec ou non restitution de la fonction par le pronom personnel ou Fadverbe: l'ome que soi, l'ome que (lo) vesi, l'öme que (ne) parli, l'ome que (U) parli, l'endrech que (i) vau, l'endrech que (ne) veni. Se sont mis ainsi en place deux fonctionnements, Tun de concatenation syntagmatique, l'autre de structure du syntagme verbal. D'un cote un que omni-pertinent, introduisant la proposition subordonnee, rattrapant le mouvement syntaxique quand une anteposition le troublait, s'est maintenu comme une forme phrastique majoritaire. De l'autre cöte, le verbe s'appuyait sur des introductifs e, si, que (auxquels il faut joindre les pronoms sujets, cf. 4.4.). Si le syntagme ainsi cree se refermait sur lui-meme, l'introductif en devenait une caracterisation interne, un «enonciatif du verbe». Cela s'est passe ä une date qui parait relativement recente (posterieure au XVP siecle) dans la majeure partie de la Gascogne. Que y a rencontre be (n) et ja. Dans les propositions autonomes le verbe se presente done en trois etats syntagmatiques: que plan, be(n) plau, japlau 'il pleut'. Quant ä e, il est soit d'effet interrogatif, comme dans tout l'occitan: e te'n vas?, soit interieur a une incidence circonstancielle ou ä une relative: quan lo caperan e demandava aus novis 'quand le eure demandait aux frances'; l'airolet qui matin e ser e jumpa las huelhas 'la brise qui matin et soir balance les feuilles' (Rohlfs 1970, 205-211). Le gascon ainsi, dans son etrangete meme, confirme des tendances de l'ensemble occitan.
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neenne qu'une aristocratie de pouvoir sur fond ligure a Test, ibere ä l'ouest, de par leur position dominante ils ont impose a 1'usage social des signifiants techniques, des noms de plantes et d'animaux, qui affectent tout le domaine d'oc et sont souvent les memes qu'en fransais: (a)lauseta 'alouette', aliga 'alise', bauca 'graminee', bec 'bouleau', blat 'ble', bren 'son', bresca 'ruche', bruelh 'taillis', bruc, bruga 'bruyere', calhau 'caillou', camin 'chemin', carri 'char', darbon 'taupe', doga 'douve', landa 'lande', lega 'Heue', moton 'mouton', naduelh Orvet', traue 'trou', turra 'motte de terre', vesog 'faucille'. Cette vague avait ete precedee et s'est accompagnee sur la cöte mediterraneenne d'une colonisation grecque. Mais il est tres difficile de separer l'apport lexical grec du latin lui-meme, qui lui a servi de vehicule constant entre le IIP siecle avant J.-C. et le bas Empire modifiant d'ailleurs quelquefois les acceptions: andrön 'appartement des hommes' a pris le sens de 'passage urbain' ä Rome, d'ou oc. androna 'ruelle'. On signalera un certain nombre de signifiants, surtout maritimes, qui peuvent avoir ete empruntes directement: argue (organon) 'cabestan', brofonia (BARYPHÖ) 'bourrasque', calimas (KAÜMA) 'chaleur lourde', cau (KALOS) 'cable', gambe (KAMPTOS) 'boiteux', culefa (KELYPHOS) 'gousse', romb (RHOMBOS) 'turbot', teca (THEKE) 'cosse', tes (THIS) 'ilot sableux'. A noter l'usage de la proposition nue KATÄ > coda, pour creer le pronom 'chaque', ä cote de + UNU > cadaün, cadun ou du croisement QUISQUE + UNU > cascun. 1.3. II est errone de considerer l'apport iberoaquitain comme un substrat seulement. Certes la region comprise entre la Garonne et les Pyrenees, comme la region parallele de la vallee de l'Ebre, a presente, avant sä latinisation, un visage linguistique particulier, oü le celtique cötoyait l'ibere et l'aquitain lui-meme, dit 'vascon', ancetre de l'euskara, et ou certainement ce dernier avait subi une 'iberisation'. Mais la latinisation s'est faite comme ailleurs. Cependant jusque vers le IXe siecle, le conflit permanent de l'Empire carolingien et des Vascons a maintenu
Histoire interne de la langue II. Lexique 1. Un fonds prelatin 2. Trois superstrats 3. Connotations et ensembles denotatifs 4. Destruction et destructuration lexicales 5. Bibliographie sommaire
L
Un fonds prelatin
1.1. L'occitan est clairement une langue romane. Mais comme toutes les autres, il laisse apparaitre dans les interstices de son lexique d'origine latine des Substrats divers, dont certains, les plus anciens, presentent une permanence remarquable. C'est le cas de ces signifiants romanises dont les racines dominent la toponymie mediterraneenne et d'Europe meridionale. Dans la mesure oü ils sont classes comme «noms propres» et ou leur sens s'occulte dans la designation de referents uniques, ils echappent aux etudes lexicales. Mais on les retrouve aussi bien, maintenant leur sens, comme noms communs. Ainsi alp/aup reste disponible a la designation de divers hauts päturages (cf. Yalp de l'Infernet, Yaup de la Vaquiera). De meme crau designe toute lande pierreuse en Provence (Mistral le donne comme synonyme de gres et de codolierd). II est difficile d'attribuer ces debris actifs de nomination geographique ä teile ou teile famille linguistique. De Bertoldi a Fouche, a Flutre et ä Rostaing, on a mis en lumiere quelques elements lexicaux qu'on dit, par prudence, simplement pre-indo-europeens: ganda, ganna, gana 'lieu inculte (caillouteux ou marecageux)', clap, clapa 'rocher, pierre, tas de pierres', clot 'depression', grava 'greve, gravier', cue, tue 'sommet arrondi', garric, garriga 'ebene, chenaie' (qui selon Hubschmid serait «eurafricain»), etc. 1.2. La premiere vague indo-europeenne qui ait recouvert cette couche archa'ique, est la vague celtique. Elle a ete determinante, semble-t-il, dans sä forme recente ou gauloise. Bien que les Gaulois n'aient constitue dans la zone mediterra-
Robert Lafont, Montpellier
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une fluidite des frontieres ethnolinguistiques. Ainsi s'est condense le gascon, Systeme linguistique roman modifie ä la fois par substrat et par recession vers ce substrat. II comporte un abondant lexique ibero-aquitain surtout en ce qui concerne la flore, la faune et les activites pastorales: avajon 'myrtille', avarda, avardau 'rhododendron', banheth 'reglisse', gavarda 'eglantine', garracha 'petit houx', laston 'graminee', signorra 'jonc', toja 'ajonc', caparra 'tique', Harri 'crapaud', isard 'chamois des Pyrenees', biscarrar 'tondre les brebis', egtiet 'demeure d'un animal', mana 'mulct', marro 'belier', segalh 'chevreau'. Certains signifiants sont d'emploi plus general: eslurrar 'glisser', ganga 'crete de montagne', agor 'automne', biscarra, bisquera 'poutre de faite', (es)chalagäs 'averse', horrupar 'boire par gorgees', nesca 'jeune fille', sorro 'avare'. Les bases ibero-aquitaines sont en fait plus larges que la Gascogne. L'ibere, qui a atteint la region de Beziers (le nom de la ville lui est du) a du transporter tout un vocabulaire courant, aujourd'hui languedocien: artiga 'defrichement', biscre (cf. biscarra) 'faite', esquer, esquerrier 'gauche', estalviar, 'epargner', garbassa 'jeune chene', gaure 'canal stagnant', gorra 'parure', jasena 'poutrelle'. Une part de ce vocabulaire pourrait etre classee aussi bien dans le pre-indoeuropeen (cf. 1.1.). L'ensemble est largement commun au Catalan et ä l'occitan.
2.
Trois superstrats
2.1. L'evolution du latin a ete au sud comme au nord de la Gaule croisee avec l'influence germanique. Comme les populations germaines de la future Occitanie ont toujours ete moins denses que celles du Bassin parisien, et qu'elles y sont arrivees dejä fortement latinisees, on pourrait croire que le lexique occitan ait subi d'elles une moindre influence. II n'en est rien. Une aristocratic qui fut gothique d'abord, franque ensuite a impose un nombre tres considerable de signifiants concernant surtout les champs lexicaux de la chasse, de la guerre, de la coutume sociale. II y a meme un nombre relativement important de termes germaniques mal ou pas representes en France du Nord et qui se sont generalises en pays d'oc. Citons-en quelques-uns: agafa 'pie', agrepir 'engourdir', amarvir 'preparer, häter', arrapar 'agripper', bandir 'chasser', baud 'joyeux' et bang 'fou', besal 'rigole', blas 'pur', borda 'metairie', brac 'ecervele', brusc 'ruche', claßr 'emplir', coca 'gäteau', conresat 'herbes potageres', cruissir 'grincer', crusca 'epluchures', escafit 'maigre', escarnir 'moquer', esclafar 'faire eclater', esclet 'pur', esparra 'echelon, traverse', estona 'moment', faidir 'exiler', fauda 'giron, tabuer',
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flauson 'tarte', gandir 'sauver, atteindre', gasalha 'bail, troupeau', gaunha 'joue', gres 'terrain pierreux', guerch, guerlhe 'louche', grep 'gourd', lesca 'tranche de pain', lifrar 'convoiter', mauca 'bedaine', melsa 'rate', nafra 'blessure', pechier 'broc', rampa 'crampe', ran 'pres de', randa 'haie', rausa 'lie de vin', tai'na 'souci', tampar 'fermer', tomple 'abime', trigar 'häter'. On peut attribuer la plupart d'entre eux aux Wisigoths. 2.2. Ä partir du XP siecle, l'Occitanie s'est trouvee au contact de l'Espagne islamisee par les deux voies de penetration des cols d'ouest (Roncevaux, le Somport) et de la future Catalogne. L'aventure espagnole a interesse les chevaliers, le monde ecclesiastique et des masses de population qui jouerent un role de pionniers derriere la «reconquete» chretienne. Le nombre des signifiants d'origine arabe est cependant reduit en occitan, beaucoup moins fourni qu'en castillan et meme qu'en Catalan. Mais il couvre des champs interessante: techniques agricoles ou artisanales apprises des Musulmans. Et il est naturellement plus abondant qu'en fran?ais, qui ignore (aiga)nafa 'eau de fleurs d'oranger', alcassin 'toile ä matelas', alcavot 'entremetteur', alfäbia 'Jarre', alfasega 'basilic', alquitran 'goudron', aluda 'basane', argelat 'ajonc epineux', aubieca 'calebasse', augebilfatzebib 'raisin sec', barracan 'gros drap raye', eissauga 'grand filet', escarchofa 'artichaut', faca 'haquenee', garbin 'vent du sudouest', garrofa 'vesce', gipon ' ', madraga 'grand filet', marfega 'paillasse', marrega 'cape de roulier', papagai 'perroquet', sarron 'gibeciere', senha 'noria', tartana 'embarcation' ou 'faucon pelerin', taue 'cercueil'. 2.3. Le latin populaire est a la source de la majeure partie des signifiants occitans, auxquels il a abouti par reduction syllabique, traitement evolutif des voyelles, des consonnes et des groupes de consonnes. Mais le latin officiel, fixe des l'Antiquite et interdit de mouvement, a recouvert cette transformation de sä permanence ecrite et largement oralisee. II a joue le röle d'un veritable superstrat auquel l'occitan, comme les autres langues romanes, s'est refere a contre-courant de revolution qui lui avait donne naissance. Cette evolution etant moins sensible qu'au nord de la Gaule, il etait plus facile de la remonter. En fait, si observe les textes de langue erudite entre la fin du XIII e et le debut du XVe siecle (grande epoque de production de cette langue), on s'apercoit que la frontiere entre occitan et latin est faiblement perfue: l'occitan se relatinise done, plus encore que ne le fait le fran9ais dans la meme periode. La mixite mouvante des morphemes est celle qu'on decouvre dans toutes les situations de diglossie entre systemes apparentes. Le probleme lexical attache a cette mixite est
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celui de la 'detextualisation' des latinismes. Vontils circuler au large en intertextualite et en oralite? Cela est arrive pour quelques-uns d'entre eux, qui ont supplante leurs «freres rivaux». Ainsi calitz ou calici < CÄLICE a supplante calze, servici < SERVICIU a elimine servitz, servize, somi < SOMNIU a remplace somnhe. Assez souvent le couple a survecu au prix d'une semantisation divergente: GLÄDIU donne d'une part glasi 'glaive', par extension 'terreur' ou 'revenant' (glari par specialisation du traitement /-Z-/ > /-r-/), et d'autre part glai 'iris d'eau'; STUDIU donne estudi 'etude' et es tug 'etui'; MIRACULU donne miracle et miralh 'miroir'. On remarque que glasi presente tout de meme une evolution phonetique occitane: /D/ intervocalique > /z/. II y a trois sortes de resultats du mot latin en occitan: un resultat selon la phonetique historique, un resultat qui la nie, et un resultat ambigu. Ainsi FÄBRICAT donne farga, fabrica elfabrega. Les formes ambigues sont en general celles qui obeissent au Systeme accentuel de Poccitan, qui vers le XIV e siecle n'a plus de proparoxytons. Fabrega note le meme deplacement d'accent que pertega < PERTICA. Elles suivent aussi les refections morphologiques systematiques. ELIGERE donne normalement elire, refait en elegir par retour etymologique, mais aussi par insertion dans la conjugaison faible. L'action du superstrat latin classique a cree des series doubles dans la derivation: patz, d'oü pasible, mais pacific; peira, d'ou peiraficar 'payer', mais petrificar 'petrifier'. Ä noter enfin la presence d'un -e de soutien de la consonne devenue finale. II identifie des emprunts au latin qui se distinguent des homophones 'populaires': rite 'rite', a cote de rit 'ceillet d'une voile' ou 'canard', tipe 'type' ä cote de tip 'repu'. 3.
Connotations et ensembles denotatifs
3.1. La constitution historique du lexique occitan est tout entiere traversee par le phenomene bien connu de l'onomatopee qui, comme dans les autres langues, permet une denotation par effet impressif, c'est-a-dire connotatif: chachä 'petite cigale' ou 'geai', puput 'huppe', chot 'chat-huant', zonzonar 'bourdonner'. Une recherche d'effet impressif est par ailleurs responsable de bien des modifications phonetiques: ASPRE etymologique est remplace par ispre et vispre; en proven9al de 1'Uzege peutirar 'tirer par les cheveux' devient jtupiraj par metathese pittoresque. Les exemples de ces deformations sont innombrables. Elles jouent un grand role dans la pulverisation dialectale du lexique, mais certaines sont panocci-
tanes: sucu est represente un peu partout par chuc et ciccu par chic. Comme le prouvent les expressions stereotypees sens chuc ni muc 'sans gout ni saveur', a chicas e micas 'par petits morceaux', il existe un Systeme connotatif plus large que 1'etymologie au sens strict, et qui l'integre. La productivite de ce Systeme est grande. Elle est d'abord derivationnelle: chapar 'dechirer avec les dents, broyer' commande chapada 'coup de hache' ou 'entaille', ou par metaphore 'caprice', chapadura 'fissure' ou 'folie', chapaire 'mangeur' ou 'refendeur de bois', chapilhar 'mächonner'. Mais eile constitue ses propres axes. II existe en occitan un theme consonantique lexical tab-, ä 1'origine duquel on peut placer l'arabe TABL, pluriel TUBÜL. II donne la serie iaborn 'tambour' ou 'nigaud', taborar 'cogner', taboreta 'cymbale' ou 'raquette', laborin 'tambourin', labornieira 'etourdissement'. Mais avec infixe nasal: tambor 'tout cercle tendu de peau', tambora 'grosse caisse', tamborin 'tambourin' (et ses derives), tambornet 'jeu de paume'. Peut-on l'isoler de tabust 'vacarme', a la tabusta 'precipitamment'. Mais celui-ci croise un tust 'coup frappe', qui commande une ample serie: tusta, tustar, tustadis, tustassal, tustet 'heurtoir', etc.... Tust rejoint lui-meme but 'but', qu'on attribue en fran9ais a un emprunt francique, mais qui pourrait etre onomatopeique. En occitan la derivation est riche: butar 'pousser', butassar 'bousculer', butida 'poussee', etc. ... Tustar et butar se rencontrent dans a tustas e bu(s)tas 'ä 1'etourdie', tust-e-bust 'ä l'oppose'. Us se croisent dans tarnbust 'tapage'. Un enrichissement syllabique les associe dans tarabustar 'faire du bruit', cependant que tarabast 'vacarme' adopte un autre vocalisme pour une autre serie abondante: tarabastal 'coup frappe', tarabastada 'etourderie', tarabastela 'crecelle', tarabasteri 'querelle', tara bastel 'marteau de porte', etc.... Si degage les paradigmes consonantiques de ces systemes, on est appele, sur le modele de ce que P. Guiraud a fait pour le lexique du fran9ais, ä poser I'etymon englobant (susceptible de commander ä la fois les emprunts et la contamination interne) comme une symbolisation de la dynamique musculaire et de ses effets. La serie que les Gascons avaient rendue celebre en France au XVIe siecle: trues, pics e patacs, marque tres nettement en tr.k, p.k, p.t.k (mais les voyelles jouent leur role elles aussi) trois fa£ons de frapper, 'ä plein', 'd'estoc' et 'a plat'. Le latin CONFLARE, dans sa descendance occitane, rencontre une symbolisation de la repletion, physique ou morale. D'oü la bifurcation co(n}flarf gonflar. Ces fails ne sont pas particuliers au domaine d'oc, mais us y ont etc 1'occasion d'une puissante stylistique d'oralite, reprise par les ecrivains. Au XVIIe siecle Godolin posait I'origina-
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lite de sä langue toulousaine en soumettant etymologie latine et denotation ä l'etymologie connotative. II egrenait 'les mots qui vivent de leurs rentes' (qui ne doivent rien ä aucune autre langue): gof, pec, lec, crauc, ranc, brusc, ganguier, peröt, ranguilh, roire, chichiu, folsinar, rampönha, requincar, chambotar, chapotar, carrincar, miracocar, ajoatar, chotum-botum, espalabissar, a tustas e bustas... 3.2. Ä l'oppose de ce travail du sens sur les lignes de force du symbolique se place le travail d'elucidation conceptuelle. II peut le croiser. Ainsi PHANTASIA, emprunt du latin au grec, donne fantasia 'fantaisie'; mais un traitement p de PH- permet la creation de pantais, ou l'impressivite developpe 'haletement', 'asthme' (cf. la surimpression panlugar 'haleter') dans le signifie 'reve, cauchemar'. Les felibres au XIX e siecle reviennent d'ailleurs sur cette connotation pour specialiser pantais dans l'expression de la reverie romantique. Le plus souvent la conceptualisation n'est possible que par un appauvrissement connotatif: l'usage oral et dialectal presente une mise au clair de cette sorte. On cite par exemple un esme, deverbatif de esmar < AESTIMÄRE, qui des le Moyen Age marque la 'mesure', le 'tact', ä partir de l'estimation (cf. Catalan d'esma 'avec mesure'). Sa forme moderne eime (variantes irme, ime) confirme a la fois le point de depart de la semantisation (a bei eime 'en faisant bonne mesure, ä foison') et son point d'arrivee: aquel enfant pren d'eime 'cet enfant acquiert le jugement', aquo a pas ges d'eime 'cela est deraisonnable'. Une teile conceptualisation est evidemment exposee ä Fideologie. Recemment un sentiment d'identite occitane avait fait de l'eime occitan une sorte d'equivalent de «l'esprit fran9ais» ou de «l'äme germanique», une «essence ethnique». Dans ce meme champ de la denotation valorisante, on peut signaler un gaubi, signifiant d'origine gothique, qui applique aux objets designe une 'forme' ('coupe d'un habit'), au corps humain une 'grace' et qui sert ä designer les 'aptitudes morales et intellectuelles', avec le meme souci de la 'mesure': se gaubejar est 'se menager'. Du nom d'un jeu de cartes, (rome)stecq, 1'occitan moderne a tire estec, qui sert pour Tadresse elegante' comme pour le 'true'. Biais, qui est d'abord, comme en fran9ais, 1'attaque oblique d'une taille, finit par designer toute 'maniere de faire' et en consequence 'd'etre'. On oppose volontiers biais, valorisant, 'habilete, esprit' ä la biaissa, pejorant, 'mauvaise maniere'. 3.3. Quand ces clarifications conceptuelles rencontrent un grand moment de creation culturelle, on obtient generalement des champs linguistiques qui structurent une civilisation. Cela a etc le cas en Occitanie entre XIP et XIII C siecles, dans
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le texte des troubadours. II est admis que la part la plus jeune et la moins nantie de la noblesse (les chevaliers) a alors, dans l'alliance avec des «princes» (le due d'Aquitaine, le roi d'Aragon), elabore une echelle de valeurs qu'on dit «feodales». Transferant ces valeurs au rapport intersexuel, eile a etabli un lexique quasi rituel du «service amoureux», ou sont denotees les qualites humaines (de la femme et de l'homme): pretz, valor, merce, mesura, avinenfa, cortesia, vertut, etc. ... Le couple semantique central est celui dey'oi ejovent, mis en place autour de 1100 chez Guilhem IX de Poitiers, ou jovent deplace l'eclat de Page vers une surcharge de vigueur animique, et oujoi designe Fexercice vital des vertus que degage 1'amour. Jöi fait avecjoia un binome qui a une histoire particuliere. II est sans doute d'origine poitevine (mais Ch. Camproux voit plutöt enjoi un resultat occitan dejoculu), ce qui le distingue de 1'occitan regulier gaug < GÄUDIU 'joie'. Tandis qaejoia se specialisait dans le sens de la 'recompense', joi restait limite ä l'expression de l'amour et devait disparaitre avec la poesie des troubadours. L'evolution de la «civilisation d'amour» sur un fond de progres social, devait reinserer ce lexique, au moins partiellement, dans l'expression des vertus mondaines nobles. Au moment de la Croisade Albigeoise, face a la double menace de l'occupation francaise et de la repression inquisitoriale, s'etablit autour de mesura, crestianesme, merce, pretz, valor une structure forte du sens. Le terme central en certains textes de resistance est alors paratge, qui s'incorpore la tradition chevaleresque la plus haute (celle des «pairs») et designe au plus large la regulation sociale par estime de l'autre. Son contraire est orguelh (ou desmesura), le peche des conquerants. 4. Destruction et destructuration lexicales 4.1. On peut dire achevee la constitution du lexique occitan vers le XVI e siecle. Ä cette date Faction du superstrat du latin classique est ä peu pres eteinte, les aires dialectales que nous constatons aujourd'hui sont en place, la productivite lexicale est de plein rendement. II faut insister sur cette productivite, qui n'a jamais en occitan rencontre le barrage d'un inventaire academique. Pratiquement, aucun usager d'un parier oral ou de la langue ecrite ne con£oit l'interdiction de la derivation. Un nom moteur comme boca 'bouche, Ouvertüre' permet de creer une famille: bocada 'bouchee', bocal Ouvertüre, recipient', bocalar 'margelle', bocalat 'contenu d'un bocal', bocarut 'lippu', bocin 'morceau', et un verbe comme bocar 'baiser' ou 'baisser la tete', et d'avoir par ailleurs une autre famille ä partir
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
a'abocar 'baisser le visage, verser, prosterner' et d'autres encore ä partir de desbocar 'deboucher', embocar 'emboucher', desembocar 'deboucher'. On ne sait pas tres bien si bocassa, augmentatif, boqueta, diminutif, bocarassa, sur-augmentatif, bocalada 'contenu verse du bocal\ etc. ... sont des lexemes ä enregistrer, ou des potentialites libres ä l'emploi. La performance lexicale ne rencontre pas de limite. Sont toujours productifs en liberte les suffixes -ador, designant un acteur ou un objet, -adis, -adissa, designant un acte et le resultat de cet acte. Et toutes les prefixations. L'occitan peut aussi user d'une composition, sans autre frein que la comprehension. Sur boca, de bocadents 'contre terre', bocapudent 'qui a l'haleine forte', bocafenduda 'bec de lievre' sont enregistres par les lexicographes, mais rien n'interdit bocagrös, bocaprim 'qui a la bouche grosse, mince'. Les adjectifs composes accordes non avec le substantif du syntagme, mais selon la phrase, ont joue un grand röle dans la stylistique autochtone: letraferit 'erudit', cuolcosit 'begueule', gorjanegre 'huguenot', etc. ... L'usager peut toujours en creer. 4.2. Cette vie du lexique n'a faibli en rien tant que l'occitanophone est reste sür de sä competence. Mais depuis le XVIe siecle, eile se trouve en debat avec 1'intrusion massive du francais de Etat. Ce nouveau superstrat, dans une implacable situation de diglossie, a detruit par pans entiers les ensembles signifiants de l'occitan. Ceux qui ont le plus vite souffert concernent naturellement les operations administratives, l'ensemble de la vie civique: lorsqu'un «syndic communal» appele sendegue, lorsqu'un «consul» consol, est remplace par un «maire», c'est le morpheme / / qui s'introduit dans 1'usage. Quand la Revolution fran9aise est la, 1'usager est bien incapable de restaurer ciutadin ou ciutadan; il dira /situyen/. Suivent les lexiques de la vie intellectuelle: philosophic, religion, sciences. L'emprunt au fran9ais devient general dans ces domaines ä partir du XVIP siecle. Le signe indubitable en est l'occitanisation des accidents phonetiques propres au fran9ais dans 1'emprunt au latin et au grec: -e soutien de la consonne finale (independamment des cas vus ci-dessus, 2.3.), confusion de -e et de -a atones finaux: *filosofe au lieu de filosöf, *mecanique au lieu de mecanic, *poele au lieu depoela, *artiste au lieu d'ariista. Viennent enfin les lexiques de la technologic. Quand 1'antique araire a ete remplace par la charrue a versoir, les occitans ont dit *charruia et meme *brabant. Depuis le XIX e siecle, ce fonctionnement de 1'emprunt est devenu ravageur. La mise du fran9ais lui-meme en situation de diglossie sur le plan de la technologic, ouvre de plus
l'occitan a Panglo-saxon, modifie par la phonetique fran9aise. Par exemple, bulldozer est emprunte avec 1'accent sur la syllabe finale et l'articulation /-er/; whisky passe, lui aussi avec un deplacement d'accent, et l'articulation simple /w/ a 1'initiale. Dans les noms, surtout botaniques en -a, l'occitan accepte les monstruosites *dalia, mimosa (et en consequence le classement en masculins) contre sä propre phonologic. II est evident que la restauration d'autonomie linguistique comporte un redressement lexical. Les felibres 1'avaient con9u, il a ete propose de fa9on radicale dans les annees 30 par Louis Alibert. II rencontre des resistances. Mais ßlosof, mecanic, poeta, artista tendent ä devenir normaux. Par contre le redressement de la dalia, la mimosa est a peine entrepris, et les termes anglosaxons continuent ä s'imposer dans leur deformation fran9aise. Des occitanistes sont meme alles jusqu'ä proposer d'institutionaliser leur monstruosite: *oisqui. 4.3. Sous le fait brut de 1'emprunt lexical et de la destruction du lexique par domaines, 1'enjeu historique est une depression de la production du sens, une destructuration des moyens lexicaux. C'est la le mal veritable de la diglossie. Le sujet est immense et difficile. On se contentera de trois directions d'inventaire. II existe des emprunts a la langue dominante qui disent la dominance dans la communication. Ainsi la reponse deferente est generalement en occitan nani de nennil, pleti de plait-il (faire pleti 'se soumettre'). Non est conserve couple au tutoiement: Venesl - Non; Venetzl - Nani. II en est de meme de Oui' (oc est aujourd'hui maintenu en une zone tres reduite de Gevaudan). La «forme polie» est le oui fran9ais, diversement reinterprete. Un recours contre la francisation existe pourtant (mais non partout) avec oc-ben, oc-plan. On remarque que nani, pleti (comme deft 'pouce, dans les jeux d'enfants', meß 'attention') ont une accentuation occitane. Us ont ete introduits, a la difference de *daliä, */buldozer/, dans une occitanophonie non encore destructuree. *Siuplet, de s'il vous plait, qui est une 'priere d'autorite', une injonction a inferieur, est aussi phonetiquement occitanise. L'usager affirme ainsi la superiorite de l'interlocuteur francophone en tenant son rang d'occitanophone. D'autres emprunts sont des substitutions de signifiants lies ä la nature du pouvoir. Ont disparu ainsi de l'occitan tout entier aur Or' (mais daurar 'dorer') et arma 'äme' (mais armeta 'äme du purgatoire' et auvergnat n'arma 'personne'). De fa9on generale les noms de parente sont francises: /pero/, /mero/, /frero/ remplacent dans de vastes zones paire, maire, fraire (paire, maire sont toujours conserves pour les animaux). Sor est parfois preserve, mais parce que /sur/ est la 'reli-
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gieuse'. Les prenoms ont beaucoup souffert: Jaque remplace Jaume, Pol remplace Pau, on a meme Pierre. On peut suivre ainsi la mainmise de la societe francophone sur la puissance materielle, l'etre spirituel, la structure parentale et l'identite individuelle en societe soumise. Cette societe francophone est naturellement faite ellememe d'Occitans qui Ont franchi la barriere'. Enfm, la saisie la plus subtile est celle des moyens de la langue au niveau de son fonctionnement interne. On remarque que l'accompagnement metalinguistique du discours est souvent pris au francais: /süromen/ pour segurament (/sulide/ a remplace /segü/ dans toute une zone, d'ou aussi /sulidamen/), quand meme(s) pour pasmens, pr'aquo, ca que la, oui de ponctuation phrastique, etc. ... La langue se controle depuis son exteriorite. On peut expliquer ainsi la descente dans le lexique occitan de signifiants logiques d'usage syntaxique comme meme(s), ou /memo/ qui a remplace presque partout le pronom meteis, et qui est devenu productif: /memomen/ 'memement'. Faits de meme nature: la destruction du suffixe ordinal -en, -ena, remplace par -ieme (les felibres proven£aux n'ont pas su le restaurer et ont use ä sä place du suffixe qualificatif -enc, -enca) et l'adoption a la place de -aire ou -ador, d'un suffixe /-ür/, /-üso/ qui reproduit -eur, -euse: /purtür/, /purtüzo/. Ces remarques amenent a penser qu'une reconstruction lexicale est une ressaisie des moyens autonomes de production du sens. Le lexique, etant sens, est toujours histoire et societe. 5. Bibliographie sommaire Alibert, Louis, Gramatica occitana segon los parlors lengadocians, Montpellier, CEO, M976.
342. Okzitanisch: Interne Sprachgeschichte III. Onomastik Histoire interne de la langue III. Onomastique 1. Caracterisation du domaine 2. La toponymie occitane 3. Les noms de personnes 4. Bibliographie
1. Caracterisation du domaine L'onomastique occitane ne se caracterise pas tout ä fait de la meme fa?on selon que vise la toponymie ou l'anthroponymie car, si ces deux composantes ont en commun la base linguisti-
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Alibert, Louis, Lexique (francais-occitan) des gallicismes corriges, Annales de ('Institut d'Etudes Occitanes (Toulouse) 1957/1958,13-26. Alibert, Louis, Dictionnaire occitan-francais d'apres les parlers languedociens, Toulouse, IEO, 1965. Baidinger, Kurt, Dictionnaire onomasiologique de la langue d'oc ancienne et moderne, Tübingen, Niemeyer, 1980. Camproux, Charles, Joy d'amor, Montpellier, Castelnau, 1965. Camproux, Charles, Histoire de la Htlerature occitane, Paris, Payot, 1971. Cantalausa, Joan de, Diccionari fundamental occitan illustrat, Toulouse, 1979. Fourvieres, Xavier de, Lou Pichot Tresor, dictionnaire provencal-francais et francais-occitan, Avignon, Aubanel, 1952. Gonfroy, Gerard, Dictionnaire normatif limousin-francais, Tülle, Lemouzi, 1975. Guiraud, Pierre, Histoire et structure du lexique franfais, Paris, Payot, 1982. Honnorat, Simon-Jude, Dictionnaire provenfal-francais ou Dictionnaire de la langue d'oc ancienne et moderne, suivi d'un vocabulaire francais-provencal, 3 vol., Geneve, Slatkine, 1971 (reimpr. de red. de Digne, Marseille, 1846/1847). Levy, Emil, Provenzalisches Supplement-Wörterbuch, 8 vol., Leipzig, 1894-1924 (reimpr.: Hildesheim/New York, Olms, 1973). Levy, Emil, Petit dictionnaire provencal-francais, Heidelberg, Winter, 51973 ( 909). Mistral, Frederic, Lou Tresor dou Felibrige ou dictionnaire provencal-francais, Aix-en-Provence, Edisud, 1968 (reimpression). Palay, Simin, Dictionnaire du beamais et du gascon modernes, Pau, Marrimpouey, 21961. Rapin, Crestian, Diccionari frances-occitan, Agen, LLQ, 1970. Rourret, Robert, Dictionnaire francais-occitan (provenf a l ) , Nice, IEO, 1981. Taupiac, Jacques, Diccionari frances-occitan, Toulouse, IEO, 1977.
Robert Lafont, Montpellier
que qu'est 1'occitan, elles presentent neanmoins des caracteres qui les distinguent. /./. La toponymie occitane peut se defmir d'abord comme un domaine, lOccitanie, avec les lieux de ce domaine, qu'elle nomme. En cela, eile est un objet que apprehende sur le terrain. Mais eile est aussi un objet que atteint ä travers 1'histoire: en cela on peut la defmir encore comme une serie d'apports, situes en diachronie, qui ont peu a peu defini son visage actuel. On notera enfin que la toponymie occitane est adjonctive: eile est faite de couches successives de toponymes dont seuls ceux de la derniere couche sont originairement des noms occitans; les autres, anterieurs, sont passes par les lois phonetiques de 1'occitan.
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1.2. L'anthroponymie occitane peut se definir certes comme un ensemble de fails linguistiques occitans, faits qui marquent la forme des noms. Pourtant eile se distingue de la toponymie: a) sur un plan general: alors que la toponymie est adjonctive, l'anthroponymie est restrictive: les noms de lieux gaulois sont arrives jusqu'ä nous, le Systeme anthroponymique gaulois n'a pas atteint le nötre; b) sur un plan occitan: alors que la loponymie occitane se definit d'abord sur le plan geographique (le domaine d'Oc), l'anthroponymie occitane prend en compte une dimension legislative qui ressortit ä la loi fran9aise. Certes, les faits d'usage (naissance du surnom, puis caractere hereditaire de ce surnom), qui vont constituer le Systeme anthroponymique de la France, naissent au Nord et au Midi, et meme sont en avance au Midi; neanmoins, les noms de personnes occitans sont actuellement situes dans un espace legislatif qui ne correspond nullement ä l'espace geographique qui les a vus naitre. Ces differences expliquent que l'etude des noms de lieux et celle des noms de personnes donneront lieu a des developpements particuliers. 2. La toponymie occitane
On la caracterisera par la forme des noms de lieux, par leurs differences sur le terrain et par leur origine. 2.1. La forme des toponymes Les noms de lieux occitans connaissent des caracteres propres qui affectent leur forme d'une fa$on generale. 2.7.7. Les suffixes
II est evidemment impossible de donner ici tous les avatars de tous les suffixes qui habitent les toponymes occitans. On se contentera d'attirer l'attention sur quelques-uns des plus caracteristiques. Pour -IALO et son evolution en domaine d'Oc, voir ci-dessous: 2.3.2. Sont caracteristiques tout d'abord les trois suffixes dits gallo-romains: -ACUM, -ANUM, -ANICUM. Nous traitons ailleurs des deux premiers: -ACUM: 2.3.3.; -ANUM: 2.2.4. et 2.3.3. Quant ä revolution du suffixe -ANICUM (pour sa localisation, cf. 2.3.3.) - a partir de 1110, les formes latines ou latinisees sont a l'ablatif-locatif pluriel -ANICIS, d'ou Ys final de la graphic actuelle -, eile a ete la suivante: -ANICUM > -anego > -angue > -argues. On trouve neanmoins des variantes: Maliergues (Saint-Mamet, Cantal), Martinangues (Le Monestier, Puyde-Döme), Julianges (Lozere), Sauvanirgues (Saint-Privat, Häute-Loire), formees respective-
ment sur les noms de personnes latins: MALLIUS, MARTINUS, JULIUS, siLVius. Developpement de -ANUM, le suffixe -ANICUM n'est apparu qu'en bas latin; il est reste productif apres le Ve siecle puisqu'on le trouve avec des noms de personnes germaniques: Freio + -ANICIS > Freionicis 1165, d'oü l'actuel Frejorgues (Mauguio, Herault). Dans certains cas, l'etymologie populaire a rendu difficile l'identification: Antonegre (Montbazin, Herault), Antonegues 1122 (sur ANTONIUS), a subi l'attraction de l'adjectif occitan negre 'noir'. - Caracteristiques encore pour la morphologic des toponymes, les divers suffixes qui, en domaine occitan, ont send ä former des noms de lieux a partir des noms designant des vegetaux. Dans l'ordre chronologique de leur emploi: a) -eusf-ea (sorti de l'usage au debut de 1'epoque franque) a forme les plus anciens toponymes, du type ChassagnejCassagne, Page et Faye, qui represented respectivement cassanea (de cassanos 'chene') et fagea (de FAGUS 'hetre'), et qui peuvent appartenir ä la periode galloromaine; b) -etui-eta, deja productif ä 1'epoque franque et qui continue de former des noms de lieux ä 1'epoque feodale: -etj-eda, d'ou: Boisset (Gard), Castanet (Herault), Haget (Landes), Freychenet (Ariege), Saulzet (Puy-de-Dome), Ulmet (Aries, Bouches-du-Rhone), qui renvoient ä 1'occitan bois 'buis', castanh 'chataignier', fau 'hetre', frais 'frene', sause 'saule', olm Orme'; c) -aria, dernier venu tres productif: -ieraj-ieira, d'ou les noms occitans de roviera 'bois de ebene', boissiera 'de buis', faviera 'lieu plante de feves', etc.; d'oü les toponymes correspondants, dont certains - et notamment ceux de la microtoponymie - peuvent etre tres tardifs; d) les doubles suffixes: -ar(e)-etul-eta, d'ou: Nogaret (HauteGaronne), La Vernarede (Gard), et -arm-oluj-öla, d'oü: Pomayrols (Aveyron), Brugairolles (Aude). 2.7.2. La composition Un certain nombre de noms communs designent des noms de lieux grace ä Fadjonction d'un nom de personne, d'un nom de saint, d'un autre nom de lieu (pour Mont, le DNLF donne une liste de toponymes ainsi formes en France qui va de la page 465 a la page 475). Grace aussi a la caracterisation par un adjectif: Montblanc (Herault), Montclar (Aude), Montredon (Aude), Montreal (Aude), c'est-a-dire 'blanc', 'clair', 'rond', 'qui est place sous l'autorite du roi'. Cette qualification pose le probleme de la place d l'adjectif occitan. On oppose parfois systematiquement les Neuville francais aux Vilanova occitans et les Neufchätel aux Castelnou, ce qui laisserait supposer que 1'anteposition est la tendance profonde, en langue, du fran9ais, face a une postposition qui serait la tendance de 1'occitan. En fait, il faut
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noter que les antepositions du fran9ais appartiennent aux exemples les plus anciens et que la postposition est la tendance profonde des deux langues. Et que, par ailleurs, 1'adjectif occitan (grand notamment) s'antepose facilement dans les sequences hydronymiques modernes: le Grand Valat. Cela dit, si certaines formations anciennes anteposent 1'adjectif - Naucelles (Cantal), Naucelle (Aveyron), Navacelles (Gard): nova cella -, 1'occitan presente presque sans cesse 1'ordre [substantif + adjectif]: Celleneuve (Herault), Gleyzenove (Vesins, Aveyron), Roquefort (id.), Castelviel (Gironde), Montsegur (Ariege), Cazeneuve (Gers), Fontvieille (Bouchesdu-Rhone), Pierrelatte (Drome; = latin LATA 'large'), etc. II faut encore citer les composes substantivaux et les composes verbaux, presents surtout dans la microtoponymie occitane. Les premiers nous proposent des lieux-dits tels que Rote-Cabal ou Rote-Can, autrement dit la «novale» (occitan rota, du latin RUPTA) «riche» (anc.occ. cabal) ou «du plateau» (occ. calm). Les seconds (type Cantemerle, Pissevache, etc.) font encore l'objet de debats dans la recherche actuelle: composes verbaux [verbe a 1'imperatif + substantif sujet]? ou composes substantivaux ä partir d'appellatifs anciens? Fabre (1980,81 -106) a essaye de faire le point sur cette question. Enfin, on rappellera un precede recent de formation qui affecte les toponymes occitans, bien que ce precede ne soit pas occitan de nature. Depuis le siecle dernier en effet, le developpement du tourisme a entraine - au cours de ces dernieres annees notamment - la creation d'agglomerations nouvelles et done de designations nouvelles de divers types: nom d'une ville voisine accompagne d'un suffixe (Superbagneres, de Bagneres-de- Luchon, Haute-Garonne), sentiment inspire (Beausoleil, Alpes-Maritimes), distinction publicitaire (Palavas-les-Flats, Herault), etc.; mais on voit que ces precedes font partie de la toponymie ... fran9aise.
2.7.3. Les noms des saints
Du point de vue formel, les noms des saints meritent une mention particuliere. On verra (2.2.1.) que la francisation a uniformise d'apres le nom francais du saint des noms de lieux qui respectaient la specificite geographique et linguistique du nom. Mais cette specificite dialectale est partie integrante de la toponymie d'Oc et il faut se rejouir de la voir respectee ici et lä: Saint-Sarnin (Dordogne), Saint-Sernin (Ardeche, Aude, Aveyron), Saint-Savournin (Bouches-du-Rhone) sont les Sant-Sarnin etc. occitans, formes ä partir de SATURNINUS (eveque de Toulouse, martyrise
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en 257). Specifique encore de la toponymie d'Oc le choix meme de certains saints car, si certains (Martin, Jean, Pierre, Germain, par ordre de frequence decroissante) se rencontrent partout en grand nombre, Genies et Tropez sont des saints occitans. On rappellera ici un certain nombre de saints, dans leur forme occitane, ä l'origine des noms de lieux suivants: Amator, Eulalia, Agatha, Dionysius, Desiderius, Fragulf, Julianus, Petrus, d'ou: Saint-Amadou (Ariege), Saint-Araille (Haute-Garonne), Saint-Chaptes (Gard), SaintDaunes (Lot), Saint-Dezery (Herault), Saint-Frajou (Haute-Garonne), Saint-Julia (id.), SaintPed'Ardet (id.). 2.2. La differenciation dialectale
Formes dans des dialectes (ou passes par le crible linguistique qu'ils represented) aussi caracteristiques que sont le languedocien, le proven9al, le limousin, l'auvergnat et les parlers alpins du Sud et du Vivarais, les noms de lieux occitans se sont forcement differencies. Cette differenciation est ä la fois bien reelle et - neanmoins - passablement occultee. 2.2.7. La francisation et ses consequences
II est heureux que deux des precedes de francisation, la normalisation (fran9ais puy en place des authentiques puög oupueg. Cf. Le Puy-en-Velay) et la traduction (fr. bergerie en place d'occ. berbiguiera, d'ou la Bergerie, Portes, Gard), n'aient pas ete trop generalises. Ces precedes, en effet, ont pour consequence d'occulter la specificite des noms de lieux occitans et de laisser supposer que la toponymie d'Oc n'est, au plus, qu'une Variante de celle d'Oül. Et, effectivement, trop souvent le caractere occitan du nom disparait sous une generalisation francisante. SaintGeorges se rencontre, comme nom de localite, un peu partout dans le domaine d'Oc, masquant une variete reelle dont temoignent quelques rescapes: Saint-Jory (Haute-Garonne), SaintJuery (Tarn), Saint-Jeure (Häute-Loire), SaintJurs (Alpes-de-Haute-Provence), Saint-Geours (Landes), Saint-Jordy (Aveyron) - rescapes qui ont neanmoins vu leur premier element Sant remplace par le fr. Saint. Par ailleurs, lorsque la variete effective des formes n'est pas en jeu, la francisation porte atteinte a leur caractere occitan: Montpellier, Toulouse ont pris l'aspect de noms fran9ais - ce qu'ils ne sont pas - en s'ecartant de Montpelhier, Tolosa ... Et l'ignorance de toute graphic occitane francise phonetiquement les noms bien occitans de Genolhac fcenujak], Paulhan [pavvjan], Maruejols [marn£3ul] en [genolak], [ ], [manies:?!]. Cf. Baylon/Fabre 1982,244-253.
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2.2.2. La differencial ion semantique La vie des mots sur le terrain est d'une complexite que ne laissent guere supposer les dictionnaires. Les signifiants disponibles en une region donnee sont utilises pour les referents du lieu, qui ne seront pas forcement les memes ailleurs. Cela entraine un certain nombre de variations du signifie pour les memes designations toponymiques. Le Causse, la Boulbene, la Gourgue, si courants dans la toponymie occitane pour nommer lieux-dits ou hameaux, ne renvoient pas forcement ä un signifie unique. Plateau calcaire en Rouergue, le causse designe au sud d'Albi des terres ä froment; riche plaine alluviale en Gascogne, la boulbene (occ. volvena) est un terrain repute aride en Albigeois (Negre 1977, 107-108). La gourgue est un bassin de retenue des eaux dans les Cevennes et un terrain fangeux dans le bas du departement du Gard. Ce manque d'univocite du signe est encore plus remarquable sans doute avec les noms qui designent les plantes, ce qui fait que, pour les noms de lieux nes de la flore, le signifie spontanement identifie ne coincide pas forcement avec le referent veritable. Etudier la toponymie, ce sera done aller largement au-dela de Pidentification du signifiant et du signifie qui generalement lui correspond. 2.2.3. La differentiation morphologique: le lexique Les variations dont rend compte la dialectologie se retrouvent evidemment dans le lexique qui a forme les noms de lieux. Et si le latin PODIUM a abouti ä des formes aussi differenciees que fr. puy, it. poggio, cat. puig, l'occitan lui-meme connait une differenciation interne dont les toponymes suivants, qui sont generalement des formations de l'epoque feodale, sont les temoins authentiques: Pech (Ariege), Beipech (Aude), Le Pioch (Angles, Tarn), Le Puech (Herault), Puechabon (id.; de Podio Abone 1088, nom d'homme germanique Abbo), Le Puch (Gironde), Pey (Landes), Le Pouch (Nouaillac, Correze), Pouy (Haute-Pyrenees), Poey (Pyrenees-Atlantiques), Le Poil (Alpes-de-Haute-Provence) - noms de lieux qui correspondent aux types dialectaux: [petf], [pjotf ], [pjetf], [pytf], [pej], [putf], [puj]... Cette differenciation pennet d'apprecier la productivite onomastique du type podium en domaine occitan, productivite que graphic et/ou forme masquent quelquefois: Piegut (Alpesde-Haute-Provence) renvoie ä un de Podio acuto 1237 ('hauteur aigue') et Pierredon (Saint-Remy, Bouches-du-Rhone) est un pueg redon ('hauteur ronde'). Enfin cette differenciation, en s'etendant aux derives, elargit encore les conquetes du type
PODIUM tout en confirmant sä variete dialectale: Le Pouget (Ardeche, Aveyron, Cantal, Dordogne, Gard, Herault, Häute-Loire, Lot, Lozere, Tarn), Le Füget ou Le Pujet (Alpes-Maritimes, Ariege, Aude, Gard, Haute-Garonne, Tarn, Var, Vaucluse), Le Poet (Alpes-Maritimes, Dröme), Le Pouyet (Dordogne, Häute-Loire, Puyde-Dome), Le Puyet (Ardeche), Le Poujol (Ardeche, Aveyron, Dordogne, Herault, Lot, Lozere), Le Pujol (Ariege, Aude, Bouches-du-Rhöne, Haute-Garonne, Gironde, Landes, Lotet-Garonne, Tarn), Le Pouyol (Dordogne), Le Puyol (Landes), Puyeou (id.), Puyoo (PyreneesAtlantiques), etc. Cf. Negre 1984, 191-201 (äqui nous empruntons ce panorama des derives), et Skok 1908,433-444. 2.2.4. La differenciation morphologique: le suffixe -ANUM La differenciation dialectale est done ä l'origine d'une variete onomastique qui est caracteristique de la toponymie occitane. Au-dela des formes des lexemes memes, eile atteint les suffixes, au moins dans certains cas. Si le suffixe galloromain -ac (latin -ACUM) reste identique dans l'ensemble occitan (alors qu'il se differencie de fa9on remarquable dans le domaine d'O'il et en franco-proven9al), -ANUM au contraire se presente sous des formes variees. Les noms de lieux formes sur ce suffixe conservent (qui quelquefois a etc retabli) dans tout Test du departement de l'Herault jusqu'ä une ligne Beziers - Murviel - Roujan - Lodeve (Adissan, Paulhan, Nebiari); ä l'ouest de cette ligne, dans le reste de l'Herault et dans l'Aude, -ANUM a perdu roman final: Esperaza, Couiza, Pexiora; dans cette zone, la graphic officielle a souvent conserve final, mais la langue parlee dit [kursa] ecrit Coursan. Cependant la finale -a (accentuee) «se prolonge au sud en pays Catalan, a l'ouest en pays languedocien jusqu'a la limite du gascon» (Negre 1984, 118). Par ailleurs, cette differenciation dialectale de -ANUM ne se reduit pas a cette dichotomic. Le traitement -ANUM > -o est atteste jusque dans la region de Lodeve (Ronjat 1930-1941,192) et a donne des noms de lieux tels que Laulo (Le Bosc, Herault) pour Laulanum (Laulano 1240, d'un gentilice latin Lavilius); ce traitement, qui a sans doute atteint jadis les regions situees ä l'ouest et au sud du Lodevois, «couvrant en particulier la totalite du departement du Tarn et la plus grande partie de l'Aude» (Negre 1984, 119), a ete en partie occulte par une reaction d'elegance qui a retabli la finale -an notamment pour les communes et les paroisses. Enfin, rare dans les regions ou -an se conserve, on trouve — et notamment dans le Biterrois, le Narbonnais, le Rouergue, le Tarn et le
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Lauragais - le Suffixe -ANUM avec recul de l'accent sur la derniere syllabe du radical: ce traitement est courant dans la moyenne et hasse vallee de l'Aude et dans l'ouest du departement du Tarn: Marceille (Limoux, Aude; Marcelano 1214), Dourgne (Tarn; Durniano vers 1035). On voit par la que, bien que toponymie et dialectologie ne puissent etre superposees (car, ä un moment de son histoire, le toponyme ne suit plus forcement revolution des lexemes), la toponymie d'Oc reconduit pour une large part les differentiations dialectales, tout en conservant evidemment une specificite qui la distingue de la toponymie 2.3. Les couches toponymiques Avant toute chose, on mettra ici l'accent sur Feffort necessaire de distinction entre l'etymologie des formes et les couches toponymiques qui contiennent ces formes comme autant de designations onomastiques (cf. Fahre 1980, 529534). On n'oubliera pas en effet que la toponymie consiste en l'identification et l'explication des noms de lieux. Que l'etymologie des formes soit un outil essentiel de cette recherche ne doit pas faire perdre de vue que la priorite n'est pas l'origine linguistique des noms mais l'origine onomastique des designations qu'ä un certain moment de leur histoire ces noms sont devenus. C'est dire qu'il est assez peu important, du point de vue toponymique, de savoir que le mot occitan calm provient peut-etre d'un prelatin *kalm-: la plupart en effet des calm, cam, can de notre toponymie s'emploient avec l'article defmi et sont des designations romanes ou occitanes. Ce qui ne signifie nullement, par ailleurs, que le lexique occitan ne soit pas depositaire de bien des mots appartenant a un Substrat au moins prelatin. Mais on se gardera de verser au compte de ce Substrat des designations toponymiques pour la plupart tres largement posterieures (cf. Baylon/Fabre 1982, 88-89). 2.3.1. La couche pregauloise
C'est dire que si la linguistique historique et l'etymologie ont beaucoup a dire sur le substrat pregaulois, il n'en est sans doute pas de meme de la toponymie occitane. Les innombrables clot, narsa, crös, sue,... dont eile foisonne n'ont de pregaulois - sauf sans doute pour quelques designations bien ponctuelles - que leur anciennete etymologique; ce sont des noms du lexique d'Oc et des designations qui n'existaient pas avant l'arrivee des Gaulois en Gaule. On ne versera done au compte de la periode pregauloise que certains noms: Telo (Toulon), Cabellio
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(Cavaillon), Tolosa (Toulouse), Loctora (Lectoure), Burdigala (Bordeaux), Avennio (Avignon), Narbo (Narbonne), Arausio (Orange), autant de noms dont nous ne savons pas grand chose. Quelques noms qui contiennent le suffixe -sk- sont consideres comme ligures (Greasque, Bouches-du-Rhone; Manosque, Alpes-de-HauteProvence). L'influence ibere, par ailleurs, si eile a ete importante pour la phonetique des regions gasconnes, demeure discrete: Elimberrum, ancien nom d'Auch (Gers), et le nom des Ausci, peuple a l'origine du nom a.'Auch. Limitee encore ('influence grecque: Nice (Nikaia 1er s. av. J.-C.), Antibes (Antipolis Ve s. av. J.-C.: = 'la ville situee en face' de Nice), Agde (Herault; Agathe Tukhe 'bonne fortune'). II faut ajouter ä ces noms certains noms de rivieres: le Lot (Olt en occitan) et VAllier, formes sur un theme *al-/*el- et sä Variante *ol- 'eau courante'; le Galasire (Lozere), le Galeizon (Gard), d'un theme oronymique *gal-; la Save (Gers), parente de Sabis (ancien nom de la Sambre), d'une racine *sav-, qu'on retrouve dans Savara, la Sevre; la Sumene (Gard), type Sumina, nom de la Somme egalement; etc. C'est dans le domaine de Phydronymie que rencontre les plus anciens temoins de l'onomastique occitane: la Garonne n'a pas vraiment livre son secret (cf. Fabre 1980, 160-162), mais la Durance, la Drome, la Dordogne sont sans doute les descendants d'un theme *d-r-/*dr-; les themes vardo et salandra sont anciens, mais les Gardon et les Salandre/Salindre sont si nombreux que peut penser que si ces termes sont tres anciens (Vardo est atteste chez Cesar), toutes leurs manifestations sur le terrain ne le sont pas forcement. 2.3.2. Les formations gauloises Comme on a continue de former des toponymes gaulois apres la conquete romaine, il est plus prudent de parier de formations gauloises, c'estä-dire de designations qui appartiennent a la langue plutot qu'ä l'epoque gauloise. Neanmoins, on s'efforcera de distinguer les toponymes formes avant la conquete des autres. Parmi les formations anciennes: celles qui ont comme second terme -ialo 'endroit' cristallise comme suffixe: Maruejols (Gard), Marvejols (Lozere), Mareugheol (Puy-de-Dome), qui representent maros 'grand' + -ialo, formation qui, plus a l'ouest, a abouti ä -euil: Mareuil (Vienne, Dordogne), comme en pays dOil: Mareuil (Vendee); celles qui ont comme second terme dunwn 'ville close' (Embnm, Hautes-Alpes: Ebrodunum Ier s., du nom d'homme gaulois Eburos), duros 'village' (Issoire, Puy-de-Döme: du nom d'h. gaulois Iccius), *lanno 'plaine' (Meylan, Isere: mediolanum), briga 'hauteur' (Vezenobres, Gard, avec
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un premier element obscur), etc. On remarquera: a) que, dans le domaine d'O'il, ces types sont plus nombreux qu'en pays d'Oc; b) qu'il ne faut pas comptabiliser au titre des formations gauloises des toponymes du type Les Bousiges (Portes, Gard) qui ne renvoient au gaulois *bodica 'friche' que par intermediate de l'occitan bosiga. De meme, les innombrables Cambon/Chambon, s'ils remontent bien a un appellatif gaulois *cambo- 'courbe, meandre', ne sont-ils pas tous de formation celtique. Les pays d'Oc, neanmoins, connaissent des noms de rivieres d'origine celtique: le Verdouble (affl. de l'Agout, Herault) represente *vemodubrum (*verno'aulne' et dubron 'eau'); la Drobie (Ardeche), la Dourbie (Aveyron, Herault), meme radical que la serie *dubron\ la Tave (Gard), de lava 'tranquille'; etc. Et des toponymes comme Nant (Aveyron), Vabres (id.), Condat (Correze, Lot,...), qui renvoient a: *nanto- 'vallee', *wabero- 'ruisseau' (mais bien d'autres noms remontent seulement a l'occitan vabre 'ravin'), condole 'confluent'. 2.3.3, La periode gallo-romaine
Elle a laisse une marque profonde sur la toponymie occitane. Elle se caracterise d'abord par les suffixes -ACUM, -ANUM, -ANicuM. Le premier, d'origine gauloise, a etc adopte par le latin pour former des adjectifs ä partir de noms de personnes; present presque partout en France sous des formes diverses (-e, -y, -ieux), il a la forme -ac en domaine d'Oc. Sa densite varie neanmoins: plus rare au sud-ouest de la Gascogne, dans le BasLanguedoc et en Provence. La recherche actuelle emet quelques reserves sur le fait que tous les derives de -ACUM le seraient a partir de noms de personnes; 1'hypothese a etc emise que -ACUM aurait pu se joindre ä des appellatifs topographiques. Sur ce probleme, cf. Negre 1977, 68; Fabre/ Baylonl982, 11 et 73. Bien qu'on le trouve ailleurs, -ANUM n'en est pas moins caracteristique de la Provincia et done de Factuel Bas-Languedoc; les noms formes ä partir de ce suffixe se repartissent en deux grands groupes: le long de la Mediterranee et dans le Sud-Ouest (Gers notamment) (cf. Baylon/Fabre 1982, 124). Ces noms sont generalement formes sur des anthroponymes latins: ASPERIUS, d'ou Aspiran (Herault); ADDIUS, d'ou 1'actuel Dio (id.); VALERIUS, d'ou Valros (id.) - les deux derniers montrent que, dans quelques cas, - -ANUM est difficile ä reconnaitre (cf. 2.2.4.). Le suffixe -ANICUM enfm est le plus localise. Sa zone de plus grande densite couvre Test de l'Herault et l'ouest du Gard (on trouve cependant des noms en -ANICUM en Provence et dans le Massif Central). Pour ce suffixe dans l'Herault, cf. Hamlinl977,3-35.
L'epoque gallo-romaine a donne encore ä la toponymie occitane: a) des noms de lieux d'origine religieuse comme Minerve (Herault) et Menerbes (Vaucluse), Vendres (Herault), Fanjeaux (Aude), Fa (id.) qui renvoient respectivement ä Minerve, Venus, Jupiter et FANUM 'temple'; b) des noms d'origine sociale comme Vic (Ariege), Mudaison (Herault), Aix-en-Provence et Dax (Landes) qui renvoient ä vicus 'village', MUTATIONE 'relais de poste', AQUA 'eau' ä 1'ablatif-locatif pluriel aquis; c) des noms d'origine politique: Frejus (Var; marche fonde par Cesar en 49 av. J.-C.): Forum Julii I er s. av. J.-C; d) des noms d'origine topographique: Couffoulens (Aude) et Couflens (Ariege), de CONFLUENTES 'confluent'; e) des noms d'origine vegetale: Luc (Aveyron, Lozere,...), de LOCUS 'bois sacre'; Fraissines (Tarn), de FRAXINU et suffixe - en usage a 1'epoque gallo-romaine. Enfin, entre le IIP et le IVe siecle, certaines cites abandonnerent leur nom pour prendre un nom gaulois, a un moment ou la romanisation de la Gaule etait en voie d'achevement. Mais ce phenomene qui affecta la Gaule, n'en affecta pas le sud ni le sud-est depuis plus longtemps romanises (fondation de la Narbonnaise en 121 av. J.-C.). Aussi est-il ignore en Provence et dans le Bas-Languedoc. Ailleurs, en domaine occitan, Auch (Gers), Javols (Lozere), Rodez (Aveyron) entre autres doivent leur nom actuel au nom de peuple des Ausci, des Gabali, des Ruteni.
2.3.4. L 'epoque franque
L'occupation de la Gaule par les peuples germaniques ä partir du Ve siecle n'a guere modifie la toponymie occitane (dont les creations romanes continuent pendant cette periode de cinq siecles), ce qui n'a pas etc le cas dans le domaine d'O'il et, bien sür, encore moins dans les Flandres et 1'Alsace actuelles. Sur les territoires ou s'implanterent, par exemple, les Wisigoths, la romanisation avait etc trop profonde pour que la toponymie füt modifiee de fafon decisive. Neanmoins le suffixe -ingus a etc productif dans tout le sudouest de la France ou les Wisigoths 1'ont apporte: d'ou, tout autour de Toulouse, des noms tels que: Brens (Tarn), Flamarens (Gers), Mourenx (Pyrenees-Atlantiques), etc., qui renvoient a des noms d'hommes germaniques. Cependant, si 1'influence germanique est limitee pendant cette periode franque, on n'en a pas moins continue de creer des noms romans: Bagnols (Lozere, Var), Caussade (Tarn) sont des creations de cette periode ä partir de balneolum, calceata. II est difficile neanmoins de distinguer ces formations romanes des formations latines dont nous venons de parier (cf. 2.3.3.). L'epoque
342. Okzitanisch: Interne Sprachgeschichte III. Onomastik
franque enfm voit naitre les premiers noms nes du christianisme: cella 'ermitage' puis 'monastere', monasteriolum diminutif de monasteriu 'monastere' donnent Gelles (Ariege, Dordogne), Monistrol (Haute-Loire). C'est ä cette epoque (des le VIe siecle) que commence le culte des saints et sä manifestation dans la toponymie. 2.3.5. L 'epoque feodale C'est eile qui fafonne de facon decisive la toponymie occitane actuelle. Les noms de lieux formes ä partir d'un nom de saint se multiplient: leur densite est grande dans le Massif Central (30 % de noms formes sur sanctus dans l'Ardeche); et toujours cette variete dialectale avec ses formes propres: Saint-Chely-d'Apcher (Lozere) et Saint-Lary (Ariege) renvoient ä Hilarius (Hilaire); Saint-Cirgues (Häute-Loire) et SaintCiers-d'Abzac (Gironde) ä Cyricus; et certains noms, n'etant plus compris, ont connu des alterations cocasses: Sancti Nazarii 1113 est devenu Sanary (Var) et Sanctae^ Gabellae 946 Cintegabelle (Haute-Garonne). Ä ces noms, il faut ajouter ceux qui sont dus ä la vie chretienne: a) les bätiments: Gleyzenove (Vesins, Aveyron), Naucelle (id.; Nova Cella 1174), La Mongie (HautePyrenees): 'eglise', 'sanctuaire', 'couvent de femmes'; Oradour (Cantal): Oratoire'; b) les noms des grands ordres religieux: La Cavalerie (Aveyron) conserve le souvenir des chevaliers du Temple; c) autres noms: Le Martourel (Drome) rappelle un cimetiere; Le Mas-Dieu (Gard), un höpital. Le regime feodal a evidemment donne un nombre impressionnant de noms de lieux. De ce nombre, tirons le lexique de la feodalite: Fieux (Lot-et-Garonne), Termes (Aude), Fese (Vicle-Fesc, Gard) qui renvoient ä feu Tief, tertne 'limite', fesc (de FISCUS 'tresor de l'etat' puis domaine d'eglise); les Garde, les Condamine, les Salle fönt partie de ce lexique: 'tour de garde', 'terre exempte de droits', 'chateau', de meme que les Roquefort (Aveyron), Gastet (Landes), Le Caylar (Herault) et Le Cheylard (Ardeche) qui renvoient ä röca 'röche' puis 'chäteau-fort', ä castel 'chateau' (castet en gascon), ä cailar (CASTELLARE, derive de CASTELLUM). VILLA 'exploitation agricole', d'ou occitan viia 'ville', qui avait forme des noms ä l'epoque romane (Villeneuve-lesMaguelonne, Herault, des 819), nomme les Villefranche (Tarn, Aveyron, Haute-Garonne), villes nouvelles fondees aux XIII' et XIVe siecles par l'autorite religieuse et royale et dont les habitants jouissaient de franchises. Les bastides (La Bastide d'Anjou, Aude) etaient des bourgs fortifies, les salvetats (La Salvetat-sur-Agout, Herault) des villes jouissant du droit d'asile; etc. Certains noms conservent le souvenir de l'artisanat, pote-
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rie ou fabrique, comme Felines (Aude) (< FIGLINA) ou Fabregues (Herault)lFargues (Landes). VILLARE 'village', MANSUS 'domaine d'un tenancier' ont donne les Vüar\Vialar(d) et Mas que nous connaissons, mais ces mots etant restes vivants jusqu'en occitan moderne, certains sont posterieurs a l'epoque feodale. II faudrait ajouter ici les noms tires de la topographic et de la vegetation: nous avons parle des premiers ä propos de podium, des seconds a propos des suffixes (cf. 2.2.3. et 2.1.1.). Ces designations ont nomme des hameaux, des ecarts, et pullulent dans la microtoponymie des pays d'Oc. Au XVC siecle done, cette toponymie est formee. Elle ne s'accroitra plus que de noms de lieux-dits, mais pour ce qui concerne les agglomerations, seules quelques villes nouvellement fondees vont s'ajouter au patrimoine onomastique occitan, mais selon un processus qui, generalement, n'a plus rien d'occitan (cf. 2.I.2.). 3. Les noms depersonnes Les noms de personnes occitans appartiennent, du point de vue legislatif, au Systeme en vigueur en France, et, de ce point de vue, la loi fran9aise ne distingue en rien un nom occitan d'un nom francais. Ces noms pourtant se differencient comme le fönt les langues qui les ont crees. On s'attachera done ä preciser, dans ses grandes lignes, la specificite des noms de personnes occitans. 3.1. La forme des noms depersonnes II va de soi que, comme pour les toponymes, la forme des noms de personnes connait une specificite affirmee: les Dumont fran9ais s'opposent aux Delpuech occitans, les descendants de podium s'etant confines dans le Midi de la France. Cette specificite est ä la fois le fait du lexique (occ. Delpuech vs. fr. Dumont), de la phonetique (latin FABER: occ. Faure/Fabre vs. fr. Fevre), de la morphosyntaxe (occ. Fahre vs. fr. Lefövre). On citera done ici quelques-uns des phenomenes qui caracterisent les anthroponymes occitans. 3.1.1. Face au fran9ais qui met ['article assez souvent devant les noms de professions, l'occitan au contraire donne le nom seul: fr. Lemarchand vs. occ. Mercadier. Devant les noms de bapteme, l'article est rare (Landneu) alors qu'on le rencontre devant quelques noms topographiques: Laval, Laprade, mais Puech, Rieu. Ces noms peuvent connaitre l'agglutination de la preposition, mais le type Puech est concurrence dans le Sud-Ouest par Delpuech (preposition + article) - les types avec article seul ou preposition seule
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okziianisch
etant peu courants. Par ailleurs, devant les noms de metiers, la preposition est absente. II faut signaler ici quelques formes originales, particulieres ä certaines regions occitanes: agglutination, en gascon pyreneen, des anciens articles es (IPSE), so (IPSUM) et sä (IPSA); d'ou des noms tels que Espouy (le puy), Soucasse (le ebene); d'oü les doublets: Sabadie, Sacaze, Saporte en face de Labadie, Lacaze, Laporte. Enfm on trouve dans les anthroponymes occitans des traces de l'ancien appellatif de politesse En/W devant voyelle: Nugues. Face a ces agglutinations, on rencontre des deglutinations: Mergue (de Domergue). 3.1.2, D'autres phenomenes ont contribue a donner leur visage aux noms occitans. Phenomenes linguistiques comme les regressions et les fausses regressions: le retablissement de IV final disparu en languedocien et en Provence donne Debidour face au Debidou gascon; de meme, s'explique le type Cadalis par rapport ä Cazalis en haut gascon. Phenomenes plus specialement sociaux comme certaines latinisations: au XVP siecle, sur Fahre, on fabriqua un genitif Fabri qui, ensuite, ne fut plus compris comme tel et se fixa ainsi, generalement avec un y final. Ainsi s'expliquent les Baldy, Faury, Giraudy occitans. Ä ces latinisations, il faut ajouter le cas plus localise de l'italianisation des noms du comte de Nice; ces noms avaient garde leur forme proven9ale, mais un edit du XVP siecle ayant demande que substituät l'italien au proven9al, les scribes italianiserent leur graphic: ainsi Sartor devint-il Sartori et Jordan: Giordan. 3.1.3. On a vu ailleurs les problemes poses par la francisation des noms de lieux (2.2.1.). Des problemes de meme nature se sont poses pour les noms de personnes; problemes plus graves: la francisation du nom de lieu est facilement detectable car le lieu ne se deplace pas, la francisation du nom de personne ne se devine pas forcement: qui dira si un Baeuf, localise actuellement en domaine d'O'il, est un nom francais autochtone ou un Buou occitan francise par traduction pure et simple? Au reste, la francisation des anthroponymes occitans s'est faite ä des degres divers selon les regions: la Gascogne a mieux resiste que la Provence, l'Auvergne a moins resiste que les Pyrenees, sans doute pour des raisons d'ordre historique et social. Cette francisation (qui fait suite ä l'Ordonnance de Villers-Cotterets 1539) s'est faite selon trois precedes: a) traduction des noms dont le sens est clair, soit totalement (Delfraisse devient Dufrene, Delpuech devient Dupuy), soit partiellement (Delmas passe ä Dumas, Sacaze ä Lacaze); b) assimilation: Laprada (occ. la prada 'la prairie') entre dans la phonetique fran9aise en changeant son a final atone en e pour conserver son accentuation paroxytonique: la prosodie oc-
citane, pour vivre, sacrifie son phonetisme et sä graphie. Quand la graphic n'est pas sacrifice, c'est 1'accentuation qui Test: Gely (forme occitane de Aegidius, fr. Gilles) etait accentue sur \'e [dj?li]: le maintien de Yy final lui vaut d'etre verse au compte de 1'accentuation fran9aise avec 1'accent sur la derniere syllabe: feel}]. Faure s'est ecrit avec e final pour garder le son e atone de 1'occitan, mais cette precaution graphique a fait deplacer 1'accent sur la derniere syllabe, d'ou: Faure; c) adaptation graphique: remplacement de la graphie originale de 1'occitan par la graphie fran9aise: ainsi Vernhe est-il devenu Vergne et Paulhac: Pauilhac, nh et Ih etant des graphics inconnues du fran9ais. Au demeurant, les noms occitans se sont sans cesse trouves devant cette alternative: conserver leur graphie et perdre leur phonetisme (Pompidor) ou perdre leur graphie pour conserver leur phonetisme (Pompidou). Par ailleurs, certaines adaptations graphiques ajoutent d'autres confusions: les Peres gascons ont oublie leur parente avec le poirier en empruntant le z final des Perez espagnols qui sont seulement des Pierre (augmente du suffixe patronymique). 3.1.4. La variete dialectale a evidemment joue pour les anthroponymes comme pour les toponymes. On a vu que le gascon connaissait des Sacaze face aux Lacaze languedociens; la phonetique gasconne a donne lieu ä des noms de families originaux qui sont la consequence des formes specifiques du lexique gascon lui-meme: Lahitte (langued. Lafitte), Haure {Faure}, Comet (Cornbet), Piede (Pinede), Castet (Castel), Castera (Castelan), Lalanne (Lalande) renvoient a 'borne', 'forgeron', 'combe', 'pinede', 'chateau', 'chätelain', 'lande'. Ä ces formes originales, il faut ajouter celles que doit ä des suffixes originaux: Arnauduc, Mounic (de Ramounic, sur Ramon), Daureu (= de la vallee d'Aure). C'est la specificite meme des dialectes d'Oc qui a entraine les Fahre de Provence et les Faur/Faure du bassin de la Garonne, les Chaussade du Limousin et les Caussade languedociens, les Delpech languedociens, les Dupuch gascons et les Delpeuch du Cantal, les Martin du Sud-Est et les Marty du Languedoc et du Sud-Ouest... La geographic linguistique nous apprend que les Vaisse sont du Massif Central (vaissa 'noisetier'), les Aulhe du Sud-Ouest (type latin OVICULA, fr. ouaille), etc. Pour la methode de localisation, cf. Dauzat 1977,297-326. 3.2. La formation des noms de personnes 3.2.1. Nous entendons par la la formation des noms occitans dans le Systeme onomastique qui est celui de la France actuelle. Nous ne traitons done pas ici des systemes gaulois ou galloromain qui ont etc en usage en Occitanie avant la
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periode de l'onomastique fran9aise. Le Systeme fran9ais (et done le Systeme occitan actuel) s'est forme entre le Xe et le XVP siecle. Mais des la periode precedente, les usages qui vont naitre apres le Xe siecle sont annonces par un certain nombre de faits et, notamment, par 1'utilisation pour certaines personnes de deux noms. Avec le Xe siecle en effet commence l'usage du double nom: peu ä peu, un surnom vient s'ajouter au nom unique qui etait l'usage germanique de la periode franque. Ce surnom va se developper de plus en plus jusqu'ä devenir hereditaire aux XIIP et XIVC siecles, jusqu'ä devenir nom au XVIe. Tout cela, on le voit, n'est pas specifique a 1'Occitanie. Neanmoins l'apparition du double nom se fait jour dans le Midi vers le IXe siecle et devient courant au XIe alors qu'il reste rare dans le Nord; le procede de duplication qui consiste ä ajouter au nom de la personne celui de son pere precede deßlius se rencontre dans le Midi au Xe siecle alors qu'il n'apparait que plus tard ailleurs; dans le Midi encore, on fait suivre, des la fin du Xe siecle, le nom de la personne d'un nom de lieu precede de la preposition, usage qui se repandit au cours du XIe siecle ailleurs. Enfin, le mouvement qui va peu a peu rendre le second nom (nom de bapteme, d'origine, de parente, de metier) hereditaire commence dans le Midi dans la premiere moitie du XIe siecle et ne gagne le Nord qu'ä la fin du meme siecle. II ne deviendra un usage general qu'au temps de Philippe-Auguste, mais sans la systematisation que nous lui connaissons. Et c'est avec l'Ordonnance de Villers-Cotterets (1539) qui cree l'Etat-Civil, que nait precisement le Systeme qui est le nötre: caractere hereditaire de la reglementation qui enterinait un usage devenu courant, renversement de l'ordre des noms: Joan (nom) + Magre (surnom) devenant: Joan (prenom) + Magre (nom). 3.2.2. Mais la formation des noms hereditaires ne s'est pas accomplie partout ä la meme vitesse. Dauzat rappelle qu'en Gevaudan au XII e siecle plusieurs personnes n'avaient encore qu'un nom et qu'en 1499 certaines n'avaient pas encore de nom de famille. La creation de l'Etat-Civil n'a pas tout uniformise, ni tout de suite. D'abord confie au clerge, FEtat-Civil fut confie ensuite (loi du 15 septembre 1792) ä un officier public, puis sous le Consulat aux maires. Cette legislation n'empecha pas des usages particuliers ni des retards dans l'application stricte du Systeme. Cela, d'autant que certaines regions de l'Occitanie d'aujourd'hui ne faisaient pas alors partie du domaine fran9ais. Le Beam, par exemple, connaissait deux noms: un nom de famille (qui se transmettait de pere en fils) et un nom de maison (qui suivait la meme devolution que la maison), lequel a donne les noms de famille bearnais
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actuels lorsque ces noms de maison eurent tendance ä se transmettre en ligne directe masculine; transformation progressive que l'Ordonnance de Villers-Cotterets dut, bien que ne concernant pas le Beam en 1539, favoriser. 3.2.3. En fixant le Systeme anthroponymique fran9ais, l'Ordonnance, contre d'autres avantages, le privait de la possibilite de se renouveler continuement. En cela, les noms occitans, fixes comme les noms d'O'il, sont des noms du Systeme fran9ais et, comme tels, condamnes a une sclerose dangereuse: le nombre des noms va en s'amenuisant sans cesse et on a emis l'hypothese que, dans deux cents ou trois cents ans, un fran9ais sur cinq s'appellerait Martin. L'anthroponymie occitane est ici partie prenante d'une decision politique nationale. 3.3. Les categories anthroponymiques Comme les noms de personnes fran9ais, les noms de personnes occitans se repartissent, du point de vue de leur origine, en quatre grandes categories. L'originalite n'est done pas dans le classement qui suit. Mais ce classement mettra facilement en relief Foriginalite des formes memes par rapport aux formes fran9aises. 3.3.7. Les noms de bapteme, germaniques et Chretiens, representent une large part des noms de families occitans actuels. Aimeric (et les formes obtenues par apherese: Meric, Merigot), Amalric, Amblard, Azema, Chabert, Beltram (et le matronyme Bertram), Rostaing et Roustan, Rambaud, Raynal(d), Ricard, Riquier, Salaberl, Seguier, Seguin et Seguy sont des noms d'origine germanique courants en Occitanie. On rappellera cependant que lorsqu'ils commencerent ä devenir hereditaires, ils n'etaient plus compris depuis plusieurs siecles. Parmi les noms Chretiens, voici parmi les plus en usage: Blazy (BLASIUS); Benezet, Benezech (BENEDICTUS); Doumenc, Doumergue, Domergue, d'ou Mengue et Mergue (DOMINICUS); Ferreol (forme savante de FERREOLUS); Fortuna! (caique latin de HORTUNATUS, tout comme Honorat et Privat de HONORATUS et PRIVATUS); Gely, Gilly, Giry (AEGIDIUS); Hilary et Lory (HILARIUS); Jul(l)ian (JULIANUS); Marti, Marty, Martin (MARTINUS); Valere et Valery (VALERIUS); Vial, Vidal et la forme savante Vital (VITALIS); autant de noms tires de noms de saints, auxquels il faut ajouter des noms comme Sans (Sanz au Moyen Age, sur SANCTIUS), Jordan, Jourdan, Jourda (equivalents du Jourdain d'Oll, d'apres le nom du fleuve ou fut baptisd le Christ). Et aussi des noms Chretiens d'origine grecque: Andrieu(x) et Drieu(x) (Andreus, d'Andreas), Cristofol (CHRISTOPHORUS, 'qui porte le Christ'), Esteve (STEPHANUS) ... 3.3.2. Les noms d'origine renvoient au lexique topographique occitan que reconnaitra facilement dans I'echantillonnage qui suit: descendants et derives des mots suivants: pueg (de PODIUM): Puech, Delpuech, Pouget, Puget, Poujol, Poujade, Pujade, Pouyade', tue et sue 'hauteur': Tue, True, Sue, Suquel; calm 'plateau': Lacan et Calmette; comba 'combe': Combe, Lacombe, Combette (Comet en Gascogne); etc. Meme chose avec les
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
noms d'arbres: Cassan, Cause, Delcasse renvoient au ebene, casse, tout comme Roure, roire\ le hetre nous a donne l'impressionnante liste des: Fau(x), Delfau, Dufau(x), Fay, Dufay, Faye, Lafaye, Fayette, Lafayette, Page, Lafage, Lafagette, Faget... On dira la merne chose de l'environnement avec les Delort (ört 'jardin'), Lacaze (casa 'maison'), Mas et Delmas (mas 'habitation rurale'), etc. Ä ces noms qui nous restituent le lexique d'Oc, on ajoutera les ethniques: Albiges, Toulza (de Toulouse), Peytavi (poitevin), Gase (gascon), Cathala (catalan). 3.3.3. Les memes remarques peuvent etre faites ä propos des noms de metiers, d'etat, de parente. Ici encore le lexique d'Oc apparait par larges tranches: Messonnier (moissonneur), Joucla 'jongleur', Boyer (bouvier), Molinier (Meunier), Radier (Charron), FabrejFaure (forgeron), Sartre (tailleur), Mercadier (marchand), Teisseire (tisserand), Sudre (cordonnier), etc. Mestre et Clergue (clerc), Mongef Mourgue (moine) sont panni les noms d'etat les plus courants. Parmi les noms de parente Filhol (filleul) et Besson (jumeau) le sont aussi, comme les nombreux Jouve, Jouvet, Jouvenel (occ.jove 'jeune'). 3.3.4. Les sobriquets forment la derniere categorie. Ils se presentent egalement sans Particle defini: occ. Negre vs. fr. Lenoir. Menut, Gras, Magre, Pelat, Pelous, renvoient ä des particularites physiques: 'menu', 'gras', 'maigre*, ' ', 'velu'; de meme que Calvet/Chalvet 'chauve', Maupeou( = 'mauvais poil'). Courtes, Astruc, Sadoul, Quet renvoient 'courtois', 'heureux', 'ivre', 'tranquille' (Lecoy en pays d'Oil). Ici aussi les composes ne manquent pas: Malvezy ('mauvais voisin'), Taulemesse ('table mise'), Poudevigne ('taille la vigne'), etc. Le domainc des sobriquets est vaste, en domaine d'Oc comme en domaine d'Ö'il.
Dauzat, Albert, Les Noms de famille de France, Paris, Guenegaud,31977('1945). Lebel, Paul, Les Noms depersonnes, Paris, PUF, 1946. Lebel, Paul, Principes et methodes d'hydronymie francaise, Paris, Beiles Lettres, 1956. Longnon, Auguste, Les Noms de Heu de la France, Paris, Champion, 21968 ( 920-1929). Mulon, Marianne, L'Onomastique francaise, Paris, Archives Nationales, 1977. Mulon, Marianne, L'Onomastique franyaise, Paris, Archives Nationales, 1987 (Travaux publics de 1960 ä 1985). Negre, Ernest, Les Noms de lieux en France, Paris, Colin, 1962; D'Artrey, 21977. Rostaing, Charles, Les Noms de lieux, Paris, PUF, 1945. Vincent, Auguste, Toponymie de la France, Bruxelles, Librairie generate, 1937.
On le voit, Panthroponymie d'Oc dit sans cesse la langue d'Oc mais ne se distingue pas de celle d'Ö'il par sa structure. Leur histoire est commune.
4.3. Toponymie occitane
4. Bibliographie Les litres de la bibliographic selective qui suit diront assez les manques de l'onomastique occitane et les souhaits que formulera a son egard. L'anthroponymie demeure le parent pauvre: peu de grandes syntheses. La toponymie a fourni sans doute plus de travaux d'ensemble; neanmoins, il faut souvent quand meme aller chercher dans Pemiettement des articles de revues les informations que les grandes syntheses n'arrivent pas ä nous fournir. Le domaine de la microtoponymie reste ä defricher et on souhaite que naissent enfin des atlas toponymiques. Enfin on ne peut que souhaiter aussi que l'onomastique se penche sur ses structures linguistiques autant que sur l'histoire de ses formes: eile degagera ainsi les traits specifiques du Systeme linguistique qu'elle est.
4.2. Anthroponymie occitane Berganton, Marcel Fra^ois, Le Derive du nom individuel au Moyen Age en Beam et en Bigorre, Paris, CNRS, 197J. Bergh, Ake, Etudes d'anthroponymie provencale, vol. l, Göteborg, 1941. Compan, Andre, Etüde d'anthroponymie provencale. Les Noms de personnes dans le comte de Nice aux XIII', XIV et XVC siecles, Paris, Champion, 1976. Saint-Jouan, Rene de, Le Nom de famille en Beam et ses origines, Paris, D'Artrey, 1966. Weber, Hildburg, Die Personennamen in Rodez, lena, Gronau, 1934.
Fabre, Paul, L'Affluence hydronymique de la rive droite du Rhone, Montpellier, CEO, 1980. Flutre, Louis-Fernand, Recherches sur les elements pregaulois dans la toponymie de la Lozere, Paris, Beiles Lettres, 1957. Hamlin, Frank R., Le suffixe -acum dans la toponymie de l'Herault, Diss. Montpellier, 1960. Hamlin, Frank R., Les Toponymes gallo-romains en -anicum dans le departement de l'Herault, RIO 29 (1977), 3-35. Negre, Ernest, Toponymie du canton de Rabastens, Paris, D'Artrey, 1959. Negre, Ernest, Les Noms de lieux du Tarn, Paris, D'Artrey, M972C1959). Negre, Ernest, Etudes de linguistique romane et toponymie, Toulouse, College d'Occitanie, 1984. Nouvel, Alain, Les Noms de la montagne et de la röche dans les termes occitans et les noms de lieux du Massif Central, Paris, Champion, 1975. Rostaing, Charles, Essai sur la toponymie de la Provence, Paris, Klincksieck, 1950. Skok, Petar, «Cantare» in französischen Ortsnamen, ZrP 32 (1908), 555-563.
4.1. Ouvrages generaux Baylon, Christian/Fabre, Paul, Les Noms de lieux et de personnes, Paris, Nathan, 1982. Dauzat, Albert, La Toponymie francaise, Paris, Payot, 2 1960('1939).
4.4. Dictionnaires Dauzat, Albert, Dictionnaire etymologique des noms de famille et prenoms de France, Paris, Larousse, 21955 ( 951).
343. Okzitanisch: Soziolinguistik Dauzat, Albert/Rostaing, Charles, Dictionnaire des noms de lieux de France, Paris, Larousse, 1963. Dauzat, Albert/Deslandes, Gaston/Rostaing, Charles, Dictionnaire etymologique des noms de rivieres et montagnesen France, Paris, Klincksieck, 1977. Hamlin, Frank R., Les Noms de lieux du departement de l'Herault, Montpellier, CEO, 1983. On ajoutera ici les dictionnaires occitans de langue et egalement: Ronjat, Jules, Grammaire istorique des parlersprovenfaux modernes, Montpellier, Societe des Langues romanes, 1930-1941. Enfin, on consultera les revues: Onoma, NRO, RIO, RLaR, RLiR.
Sigles des departements cites dans l'artide 319 01, Ain; 02, Aisne; 03, Allier; 04, Alpes-de-Haute-Provence; 05, Alpes (Hautes); 06, Alpes-Maritimes; 07, Ardeche; 08, Ardennes; 09, Ariege; 10, Aube; 11, Aude; 12, Aveyron; 13, Bouches-du-Rhöne; 14, Calvados; 15, Cantal; 16, Charente; 17, Charente-Maritime; 18, Cher;
343. Okzitanisch: Soziolinguistik Sociolinguistique 1. Begriffsbestimmung. Herausbildung einer okzitanischen Soziolinguistik 2. Das Grundproblem: die Kontaktsituation(en) des Okzitanischen und die daraus resultierenden Konsequenzen 3. Zum Gebrauch des Okzitanischen heute 4. Das Okzitanische in der Gesellschaft: Sprachbewahrung und gesellschaftliche Verwendung 5. Zur gesetzlichen Lage 6. Bibliographie (in Auswahl)
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Begriffsbestimmung. Herausbildung einer okzitanischen Soziolinguistik
1.1. Soziolinguistik hier Da über die Definition von Soziolinguistik keine einheitlichen Vorstellungen bestehen, wird im folgenden, aus rein pragmatischen Gründen, eine weite Begrifflichkeit verwendet, die auch solche Fragestellungen umfaßt, die bisweilen der Sprachsoziologie, der Sprachpolitik, der Sprachplanung oder anderen verwandten Disziplinen zugeordnet werden (zur genaueren Begriffsbestimmung cf. jetzt die theoretischen Beiträge bei Ammon/Dittmar/Mattheier 1987). Dazu kommt die Berücksichtigung solcher Arbeiten, die vor der Herausbildung einer eigenen Disziplin entstanden sind (sociolinguistique avant la lettre) und die aufgrund der besonderen Situation des Okzitanischen auch heute noch bedeutsam sind.
1.2. Entwicklung der okzitanischen Soziolinguistik Die Spezialisten des Okzitanischen haben schon sehr früh soziolinguistische Fragestellungen in
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19, Correze; 21, Cote-d'Or; 22, Cötes-du-Nord; 23, Creuse; 24, Dordogne; 25, Doubs; 26, Dröme; 27, Eure; 28, Eure-et-Loir; 29, Finistere; 30, Gard; 31, Garonne (Haute); 32, Gers; 33, Gironde; 34, Herault; 35, Ille-etVilaine; 36, Indre; 37, Indre-et-Loire; 38, Isere; 39, Jura; 41, Loir-et-Cher; 42, Loire; 43, Loire (Haute); 44, Loire-Atlantique; 45, Loiret; 47, Lot-et-Garonne; 49, Maine-et-Loire; 50, Manche; 51, Marne; 52, Marne (Haute); 53, Mayenne; 54, Meurthe-et-Moselle; 55, Meuse; 56, Morbihan; 57, Moselle; 58, Nievre; 59, Nord; 60, Oise; 61, Orne; 62, Pas-de-Calais; 63, Puyde-Dome; 64, Pyrenees-Atlantiques; 66, PyreneesOrientales; 67, Rhin (Bas); 68, Rhin (Haut); 69, Rhone; 70, Saöne (Haute); 71, Saöne-et-Loire; 72, Sarthe; 73, Savoie; 76, Seine-Maritime; 77, Seine-et-Marne; 78, Yvelines; 79, Sevres (Deux); 80, Somme; 81, Tarn; 82, Tarn-et-Garonne; 83, Var; 84, Vaucluse; 85, Vendee; 86, Vienne; 87, Vienne (Haute); 88, Vosges; 89, Yonne.
Paul Fahre, Montpellier
ihre Überlegungen einbezogen. Bereits 1952 hat Robert Lafont ein Forschungsprogramm zur soziolinguistischen Situation der Sprache vorgelegt (Lafont 1952). Dieses Programm ist bis heute nur ansatzweise zur Ausführung gekommen. Dafür lassen sich vor allem zwei Gründe angeben: die nur sehr zögernde Bereitschaft der institutionalisierten französischen Forschung, sich diesen Fragen unter anderen als dialektologischen Gesichtspunkten zuzuwenden, aber auch die Furcht mancher Vertreter des Okzitanischen vor den zu erwartenden Ergebnissen. Daher konnte sich eine mehr oder weniger eigenständige okzitanische Soziolinguistik erst allmählich entwickeln; sie wurde gespeist aus dem Reservoir der Okzitanisten (unter diesem Terminus sollen im folgenden alle Vertreter einer Weiterverwendung der Sprache zusammengefaßt werden, gleichgültig welcher organisatorischen oder ideologischen Ausrichtung sie im einzelnen zuzuordnen sind, cf. Kremnitz 1974, 2835) und erst sekundär auch aus Angehörigen des französischen Hochschulsystems, seit dieses etwa ab Mitte der sechziger Jahre - auch der Erforschung der Minderheitensprachen einen gewissen Platz einräumt. Die wichtigsten Zentren sind Montpellier (Ch. Camproux, R. Lafont u. a.) und Toulouse (J. Seguy, J. L. Fossat, X. Ravier u. a.), zu denen erst in jüngerer Zeit auch andere Universitäten wie Aix-en-Provence, Bordeaux oder Nizza treten. Daher ist auch die Bedeutung der Forschung von Nichtokzitanen relativ groß: sie können zum einen, wenigstens teilweise, die bestehenden Forschungslücken verringern, andererseits aber auch Fragen mit größerer Erfolgsaussicht behandeln, die aufgrund der konfliktuellen Situation des Okzitanischen,
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
Gruppenangehörigen (ebenso wie Angehörigen der französischen Sprachgruppe) praktisch unzugänglich bleiben müssen. Ferner kann die unterschiedliche Sichtweise einer Forschung „von innen" und „von außen" zu einer gewissen „Objektivierung" beitragen (im Sinne eines „doppelten Diskurses", cf. Devereux 1972). Dabei ist natürlich nicht auszuschließen, daß der ausländischen Forschung auch bisweilen ein Bedürfnis nach Exotik zugrundeliegt, das sich mitunter störend auswirken kann. Die Soziolinguistik der Okzitanisten sieht sich eindeutig im Kontext dessen, was man bisweilen alsperiphere Soziolinguistik (Bernardo 1982) bezeichnet hat. Natürlich greift sie darüber hinaus auf andere Traditionen zurück: die Bedeutung der Dialektologie wurde bereits erwähnt (ein erheblicher Prozentsatz der führenden Dialektologen in Frankreich ist bzw. war okzitanischer Sprache, cf. Tuaillon 1976). Daneben ist auf eine Tradition der französischen Sprachwissenschaft zu verweisen, die den Sprachgebrauch in den Mittelpunkt stellt (hier wären F. Brunot, A. Meillet, J. Vendryes oder M. Cohen zu nennen). Dagegen blieb die Herausbildung einer französischen, marxistisch inspirierten Soziolinguistik (zunächst durch Marcellesi und Gardin 1974), zumindest am Anfang, von geringem Einfluß, da die okzitanische Soziolinguistik ihr zeitlich vorausging. Lebhafte Aufmerksamkeit fanden dagegen französische Randgruppen, die sich ihrerseits als erste (in Frankreich) für Probleme der sprachlichen Minderheiten interessierten (hierzu gehören etwa die Gruppen um die Zeitschriften Que faire? oder Les Temps Modernes). Während dieses Erbe eher implizit ist, wird der Einfluß der katalanischen Soziolinguistik sehr nachdrücklich herausgestellt; das gilt zumindest für die siebziger Jahre. Inzwischen hat das unterschiedliche Schicksal beider Sprachen in der jüngsten Vergangenheit wieder etwas mehr Distanz geschaffen. Verständlicherweise fand vor allem die Theorie des sprachlichen Konflikts und seiner Überwindung, wie sie von Aracil (1965), Ninyoles (1969) und später vom Congres de Cultura Catalana (1978, 13) formuliert wurde, viel Interesse. Hierzu gehört auch die teilweise Übernahme von Begrifflichkeiten wie Normalisierung (die Ausweitung des sozialen Anwendungsbereichs einer Sprache) und Normativierung (die Erarbeitung von referentiellen bzw. normativen sprachlichen Formen, cf. Vallverdu 1980, 68-83). Umgekehrt haben die gesellschaftlichen und soziolinguistischen Analysen R. Lafonts in den Katalanischen Ländern ein großes Echo gefunden. Natürlich hat auch die nordamerikanische Soziolinguistik ihre Spuren hinterlassen; Ferguson und Fishman wurden jedoch häufig auf dem Weg über die katalanische
Rezeption bekannt und unterlagen ähnlichen Einschätzungen wie dort. Wichtiger sollte der Einfluß Labovs werden; seine Einstellung zu sprachlichen Varietäten kam den Voraussetzungen der okzitanischen Soziolinguistik näher. Schließlich läßt sich, zumindest bei einigen okzitanischen Soziolinguisten, die Kenntnis von Arbeiten deutscher Kollegen nachweisen, genau wie die von Philosophen wie etwa Marx, Marcuse oder Habermas (Kremnitz 1982, 11-17; 1988, 6-14;Lafontl989). Seit einiger Zeit gibt es auch eine historische Soziolinguistik des Okzitanischen; aufgrund der möglichen Überschneidungen mit der Sprachgeschichte soll hier nicht weiter auf sie eingegangen werden. 2. Das Grundproblem: die Koniaktsiluation(en) des Okzitanischen und die daraus resultierenden Konsequenzen 2.1. Bezeichnungen und geographische Ausdehnung der Sprache Jede Ausgliederung von sprachlichen Einheiten folgt (auch) ideologischen Gesichtspunkten. So widerspricht die Annahme von der Existenz einer sprachlichen Einheit „Okzitanisch" der französischen raison d'Etat und findet im offiziellen Frankreich nur ein beschränktes Echo. Daraus resultiert ein Streit um die Einheit oder Vielfalt der Sprache und ihrer Bezeichnung(en). Mittlerweile ist er, zumindest unter Wissenschaftlern, zugunsten der eindeutigen Bezeichnung Okzitanisch entschieden. Nur vereinzelt wird auch heute noch die Einheitlichkeit der Sprache in Frage gestellt; allerdings ist die Situation bei den Sprachbenutzern noch immer eine andere. Vielfach werden hier Bezeichnungen für einzelne sprachliche Varietäten (Mundarten) verwendet (wie etwa provencau, auvernhat u. a.), häufig trifft man auch die Globalbezeichnung patois, deren pejorative Konnotationen dabei nicht immer bewußt mitschwingen (cf. etwa Scherfer 1983, 200-272; Rogge 1987, 155-161; für eine allgemeinere Diskussion, die die ideologische Aufladung des Terminus deutlich macht: Dauzat 1927). Daher ergibt sich für den Beobachter bisweilen der Eindruck, daß sich bei gleichbleibender Bezeichnungspraxis die Bewertung in weiten Kreisen verändert habe, eine neue Begrifflichkeit (occitan) sich jedoch nur zum Teil durchgesetzt hat (dazu hat auch der Mythos von der „reinen" Sprache beigetragen, deren Sitz grundsätzlich an einem anderen Ort zu suchen ist, wie schon Montaigne, Essais, II, 17, schrieb). Eine gewisse Tendenz zur Überdifferenzierung ist daher noch immer festzustellen. Das Bewußtsein der Sprecher ist oft kleinräumiger als der
343. Okzitanisch: Soziolinguistik
linguistische Raum, in dem die Sprache auftritt. Diese Einschätzung seitens der Sprecher läßt sich mit der Diglossiesituation (s.u., 2.3.), in der sich das Okzitanische befindet, weitgehend erklären. Nur im Hinblick auf das Gaskognische (lo gascon) werden auch von sprachwissenschaftlicher Seite so deutliche Unterschiede zu den anderen Varietäten des Okzitanischen festgestellt, daß manche Linguisten meinen, es sei als eigenständige Sprache auszugliedern. Die meisten schließen sich jedoch der Meinung der Sprecher an, die bei allen Verschiedenheiten die Gemeinsamkeiten mit den übrigen Varietäten des Okzitanischen sehen (so schon Luchaire 1879, 193; auch Rohlfs, der ursprünglich das Gaskognische als eigene Sprache ansehen wollte, ist in den späteren Auflagen seines Werkes vorsichtiger geworden: Rohlfs 1935; später wird die Sonderstellung des Gaskognischen vor allem noch von Baldinger vertreten, vgl. 1958, 1962; für eine abgewogene Gesamtdarstellung Bec 1963, 51986, 44-49). Eine besondere Situation hat sich in den letzten Jahren im Val d'Aran herausgebildet, in dem ebenfalls Gaskognisch gesprochen wird, das aber zum autonomen Katalonien gehört. Die katalanische Regierung bemüht sich seit einigen Jahren um die Normalisierung der Situation des Okzitanischen; im offiziellen Sprachgebrauch taucht jedoch üblicherweise nur die isolierende Bezeichnung eth aranes auf, allenfalls wird noch auf die Zugehörigkeit zum Gaskognischen verwiesen, kaum auf die zum Okzitanischen (Viaut 1987, 1989). Für diese Terminologie sind vor allem politische Gründe verantwortlich, wenn es auch offensichtlich Sprecher gibt, die sich einer Zuordnung zum als „französisch" empfundenen Okzitanischen widersetzen (cf. zum Val d'Aran jetzt Winkelmann 1989). In den zum italienischen Staat gehörenden okzitanischsprachigen Talern wird aus historischen Gründen die sprachliche Verbindung mit der Provence sehr wohl gesehen. Die dortige sprachliche Situation ist aufgrund der geschichteten Koexistenz von Okzitanisch, Piemontesisch, Italienisch und z.T. Französisch besonders komplex. Hand in Hand mit den Auseinandersetzungen um die Bezeichnung gehen die um die geographische Zuordnung des Okzitanischen Sprachraumes; häufig spiegelt sich die eine in der anderen. Während früher bei den Sprechern aufgrund der funktionierenden Kommunikation ein großräumiges Sprachbewußtsein weit verbreitet war (da es gewöhnlich auf praktischer Erfahrung beruhte), sehen viele heute stärker die Unterschiede zwischen verschiedenen Varietäten und greifen daher leichter auf das Französische zurück, auch
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dort, wo der Gebrauch des Okzitanischen möglich wäre. 2.2, Zur geschichtlichen Herleitung der Situation
Die heutige sprachliche Situation des Okzitanischen läßt sich nur historisch erklären. Wichtigstes Element dafür ist die Durchsetzung des Französischen als offizieller Sprache, zuerst mit dem Edikt von Villers-Cotterets 1539, später mit der Sprachpolitik in der Folge der Revolution; durch sie sollte das Französische als alleinige Umgangssprache durchgesetzt und sollten alle anderen in Frankreich gesprochenen Sprachen zurückgedrängt werden. Während diese Politik zunächst nur zu einem Nebeneinander von offizieller Sprache und Volkssprachen führte, wurden diese infolge der Einführung der allgemeinen Schulpflicht (1881) auch als gesprochene immer weiter zurückgedrängt. Ihre Gebrauchsdomänen wurden beschnitten, ihr kommunikativer und symbolischer Wert von offizieller Seite in Frage gestellt, vielfach wurden sie als „NichtSprachen" (meist mit der Bezeichnung patois) dargestellt. Konnte man im 19. Jh. noch von einer hierarchischen Mehrsprachigkeit sprechen, so wurde im 20. Jh. vielfach die bloße Existenz der Minderheitensprachen in Frankreich in Frage gestellt. Die Situation wird daher vielfach als konfliktuelle charakterisiert. Sie ist auch der Ausgangspunkt für jede Untersuchung der heutigen soziolinguistischen Situation. Daher haben sich sowohl okzitanische als auch ausländische Forscher immer wieder mit dieser Frage befaßt, um auf ihrem Hintergrund konkrete Einzelbeobachtungen einordnen zu können. Neben einer synchronen Konzeptualisierung haben schon früh historische Untersuchungen ihren Platz gefunden. 2.3.
Bilinguismus/Diglossie/'Konfliktjdiglossische Funktionsweisen
Die ersten Untersuchungen bezeichnen auch die okzitanische Situation als Bilinguismus, wenn auch sehr früh die Asymmetrie des Sprachkontaktes hervorgehoben wird (solche Überlegungen finden sich bereits zu Anfang des Jahrhunderts bei Mitgliedern des Felibrige wie Perbosc und Estieu und lassen sich auch später immer wieder nachweisen. Das von Lafont 1952 vorgeschlagene Forschungsprogramm geht davon aus). Jedoch bereits in den sechziger Jahren wurde das Diglossiekonzept bekannt (vor allem durch Lafont); wirklich verwendbar wurde es jedoch erst, als es seiner zu engen und statischen Elemente entledigt war. Als Diglossie bezeichneten die Okzitanischen Soziolinguisten seit Ende der sechziger Jahre das soziale Nebeneinander
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
von zwei Sprachen mit unterschiedlichen gesellschaftlichen und kommunikativen Funktionen, mit unterschiedlichem Status und notwendig mit unterschiedlichem Prestige (cf. etwa Lafont 1971). Ähnliche Auffassungen vertraten nichtokzitanische Forscher (cf. Schlieben-Lange 1971; Kremnitz 1974). Von diesen Positionen geht auch der Graupe de Recherche sur la Diglossie Franco-Occitane aus, der sich in jenen Jahren an der Universität Montpellier bildet und zunächst eine Reihe von Cahiers und seit 1977 die Zeitschrift Lengas herausgibt, die sich seither der Analyse der Situation des Okzitanischen widmet. Diese Aneignung und Überwindung von Positionen zeigt sich u. a. deutlich in den Beiträgen von Y. Coderc(Couderc 1974a, 1974b, 1976a). Frühzeitig wurden die okzitanischen Forscher mit dem katalanischen Konzept des sprachlichen Konfliktes vertraut, das insofern noch über die Diglossiekonzeption hinausging, als es die sprachlich asymmetrische Situation als Element eines gesellschaftlichen Konfliktes analysierte, der auch sprachliche Aspekte hat, aber darüber hinaus die Gesamtheit der gesellschaftlichen Beziehungen betrifft (Kremnitz 1987). Die eingängigste Definition des sprachlichen Konfliktes wurde 1977 vom Congres de Cultura Catalana vorgeschlagen: «Hi ha conflicte linguistic quan dues llengües clarament diferenciades s'enfronten l'una com a politicament dominant (us oficial, us public) i Faltra com a politicament dominada. Les formes de dominacio son variades: des de les netament repressives (com les que ha practicat PEstat espanyol sota el franquisme) fins a les politicament tolerants, la forca repressive de les quals es fonamentalment ideologica (com les que practiquen eis Estats frances o italiä), Un conflicte linguistic pot ser latent o agut, segons les condicions socials, culturals i politiques de la societat en que es presenta» (Congres de Cultura Catalana 1978, 13). Während im Verständnis der katalanischen Forscher, trotz der Bezeichnungen dominante und dominierte Sprache die beiden in Konflikt stehenden Gesellschaften bzw. Gesellschaftsteile eine relativ ähnliche Position einnehmen, wird die Asymmetrie in den okzitanischen Untersuchungen von Anfang an deutlicher herausgestellt: R. Lafont konnte sein in den sechziger Jahren ausgearbeitetes Konzept des colonialisme interieur (Lafont 1967, 140ss.) auf die Sprachen anwenden und dadurch zeigen, daß die Auseinandersetzung von Anfang an eine ungleiche war. Natürlich wurde gerade diese Begrifflichkeit Anlaß zu polemischer Auseinandersetzung. Neben der materiellen Seite der Situation legten okzitanische Forscher von Anfang an großen Wert auf die Frage des Bewußtseins der von einem sprachlichen Konflikt Betroffenen; Lafont
hatte bereits 1965 den Begriff alienation ethnique et culturelle für die Bewußtseinslage der Okzitanischsprecher geprägt (der Rückgriff auf Hegel und Marx ist offensichtlich), um dadurch deutlich zu machen, daß sie auch wichtiger Teile ihrer kulturellen und sprachlichen Identität beraubt sind und sich somit nur noch sehr bedingt dem übermächtigen symbolischen und praktischen Anspruch der herrschenden Sprache und Kultur entgegenstellen können (Lafont 1967b). Er hat später auch erste Vorschläge zur Überwindung der Situation gemacht (Lafont 1969/1970), nicht im Sinne einer nicht möglichen „Aufhebung der Geschichte", sondern in dem einer Neuorientierung, die bei der konkreten Situation beginnt (cf. dazu auch Gardy 1973 und Gardy/Lafont 1981). Indes konnten die vorhandenen Begrifflichkeiten noch nicht für eine adäquate Beschreibung der Situation des Okzitanischen genügen, denn ständig läßt sich sprachliches Verhalten beobachten, das den Erwartungen in einer konfliktuellen Situation zuwiderläuft. Damit wird deutlich, daß ein globaler Diglossie- oder Konfliktbegriff nicht ausreicht, um das konkrete sprachliche Verhalten im Einzelfall zu analysieren. Lafont hat daher 1977 den Begriff fönet ionnements diglossiques (diglossische Funktionsweisen) geprägt, der darlegen soll, wie sich in jeder einzelnen Redesituation eine nach verschiedenen Variablen klassifizierbare Hierarchie aufrichtet, welche den augenblicklichen Sprachgebrauch determiniert. Die Diglossie bzw. der Konflikt ist die Resultante dieser einzelnen Situationen, die alle in bezug auf bestimmte soziale Normen erst verstehbar werden (Lafont 1979). Mit diesem Konzept ist die okzitanische Soziolinguistik in der Lage, Verbindungen zwischen makro- und mikrosoziolinguistischen Erscheinungen herzustellen, welche insgesamt für eine Realitätskontrolle des Untersuchten wichtig sind (cf. Kremnitz 1982b).
2.4, Zum Bewußtsein der Sprecher Die mehr oder weniger „objektive" Feststellung von Sachverhalten ist eines, ihre Wahrnehmung durch die Sprecher ein zweites: schon seit langem wird daher dem kollektiven sprachlichen Bewußtsein der (potentiellen) Okzitanischsprecher große Aufmerksamkeit geschenkt. Erstaunlicherweise haben diese Fragestellungen (die Begrifflichkeit ist nicht einheitlich) in der Empirie zuerst nichtokzitanische Forscher interessiert (Schlieben-Lange 1971). Für sie sind allerdings manche psychologischen Barrieren leichter zu überwinden, daher werden die Forschungsaktivitäten auf diesem Gebiet mit unterschiedlichen Typen von Studien fortgeführt. Neben Untersu-
343. Okzitanisch: Soziolinguistik
chungen, die räumliche Einheiten zur Grundlage nehmen (Schlieben-Lange 1978, Eschmann 1979, Meisenburg 1985), stehen solche, die sich für bestimmte Kategorien von Sprechern interessieren (Schüler: Rogge 1987, Lehrer: Cichon 1988), oder solche, die beide Kriterien kombinieren (Schüler im Departement Cantal: Markhof 1987; Vertreter des Renaissancegedankens in der Provence: Nowakowski 1988). Zu diesen monographischen Arbeiten „von außen" treten andere, darunter auch solche „von innen"; ein großer Teil von ihnen ist in Lengas veröffentlicht. Leider sind die methodischen Grundlagen, aber auch das Reflexionsniveau der einzelnen Arbeiten oft sehr verschieden, so daß an sich erwünschte weitergehende Schlußfolgerungen nur mit großer Vorsicht gezogen werden können. Vor allem unterscheiden manche Verfasser nicht mit genügender Genauigkeit zwischen den Behauptungen der Sprecher im Hinblick auf ihr sprachliches Verhalten und ihrem tatsächlichen Verhalten. Lafont hat für die erste Erscheinung den Begriff representation (Vorstellung) vorgeschlagen (Lafont 1980), den er aus den Sozialwissenschaften übernahm. In einer konfliktuellen Situation wie der okzitanischen können die Repräsentationen vom tatsächlichen Verhalten weit entfernt sein, denn das sprachliche Verhalten ist ja in jeder Situation überdeterminiert und unterliegt den verschiedensten Zwängen. Eine Verifizierung ist allerdings gerade deshalb für Außenstehende sehr schwierig, sie wäre im strengen Sinne nur durch teilnehmende Beobachtung von in die jeweiligen Kommunikationskontexte Integrierten mit einiger Verläßlichkeit zu leisten. Bislang läßt sich nur sehr grob die Feststellung treffen, daß das einstige Minderwertigkeitsgefühl der Okzitanischsprecher weitgehend überwunden ist, daß daraus aber (noch) kein anderes sprachliches Verhalten, im Sinne einer Umkehr, resultiert. Sprechen ist ja nicht nur von Bewertungen abhängig, sondern auch von gesellschaftlichen Konstellationen, und hier hat sich kaum etwas an der Lage des Okzitanischen als dominierter Sprache geändert. Zum Teil kann eine solche Situation zur mythischen Überhöhung der dominierten Sprache durch ihre (Möchtegern-)Sprecher führen, wie Couderc gezeigt hat (Couderc 1974), die aber die realen Verhältnisse nicht ernsthaft beeinflußt. Indes wird man nicht ernstlich in Frage stellen, daß ein verändertes kollektives Bewußtsein in einer Minderheitensituation einem veränderten Verhalten vorausgehen muß. An dieser Stelle treffen die Untersuchungen zum sprachlichen Bewußtsein mit den Überlegungen zur sprachlichen und kulturellen alienation des Okzitanen zusammen. Wenn es auch immer besser gelingt, den Pro-
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zeß der Substitution (d. h. des Ersatzes der dominierten Sprache durch die dominante) zu verstehen, so ist es den okzitanischen Soziolinguisten, soweit sie sich für den Fortbestand der Sprache einsetzen, bislang noch nicht gelungen, diesen Prozeß zur Umkehr zu bringen; ihre Tätigkeit konnte ihn allenfalls verlangsamen. Dabei zeigt sich allerdings, daß die Situation im einzelnen sehr unterschiedlich ist und daß es noch immer Regionen oder Domänen gibt, in denen die Sprache durchaus lebendig ist, daneben auch andere, in denen sie kaum noch praktiziert wird. In Einzelfällen lassen sich sogar Terraingewinne des Okzitanischen bezüglich mancher Gesprächsthemen ausmachen. Die Grundbedingungen, die ständige Präsenz der „anderen" Sprache, machen es allerdings auch notwendig, diese immer mitzubetrachten; eine isolierende Betrachtungsweise kann zu keinen wirklich brauchbaren Ergebnissen mehr führen. Ebenso wie das Okzitanische ständig vom Französischen beeinflußt wird, unterliegt ja auch das Französische dem Einfluß des Okzitanischen. 3. Zum Gebrauch des Okzitanischen heute 3.1. Zur kollektiven sprachlichen Kompetenz Seit die allgemeine Schulpflicht in Frankreich greift (Ende des 19. Jh.), verschwinden die einsprachigen Okzitanischsprecher als statistisch meßbare Größen allmählich (für die Sprecher, die die Sprache als Erstsprache oder, in anderen Kommunikationszusammenhängen, aus praktischer Notwendigkeit gelernt haben, habe ich die Bezeichnung primäre Sprecher vorgeschlagen, Kremnitz 1974, 345; Schlieben-Lange 1971, 43-46, spricht von naiven Sprechern). Spätestens seit dem Ende des Zweiten Weltkrieges findet man sie praktisch nicht mehr. Der langfristige Prozeß geht jedoch noch weiter: während noch weit bis ins 20. Jh. hinein für die meisten nicht großstädtischen und nicht den höchsten sozialen Schichten angehörenden Sprecher das Okzitanische die erste gesprochene Sprache war, wird es immer stärker durch das Französische als Erstsprache abgelöst in einer Bewegung, die von den städtischen Zentren auf das flache Land, von den höheren zu den niedrigeren sozialen Schichten verläuft und meist bei den Sprecherinnen schneller greift als bei den Sprechern. Man findet heute kaum noch Sprecher, die das Okzitanische als erste Sprache erlernt haben (Rogge 1987, 89, kommt auf 0,7% ihrer Befragten, die Französisch und Okzitanisch als Muttersprachen angeben), und eine immer größere Zahl auch der autochthonen Bewohner des Sprachgebiets gibt an, überhaupt keine oder nur eine minimale pas-
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
sive Sprachkompetenz zu besitzen (allerdings kommt es hier in der Konfliktsituation relativ häufig zu Unterbewertungen der eigenen Kompetenz). Gleichzeitig nehmen der quantitative Umfang, aber auch die Qualität (hier gemeint im Sinne einer Annäherung an die Normvorstellungen der französischen Gesellschaft) der kollektiven Kompetenz des Französischen zu. Dieser Rückgang der kollektiven Kompetenz des Okzitanischen durch Abnahme der Zahl der primären Sprecher wird nur teilweise durch eine Zunahme der Zahl der sekundären Sprecher (darunter sind Sprecher zu verstehen, die die Sprache aufgrund einer willensmäßigen Entscheidung lernen, heute meist in der Schule oder in anderen Bildungseinrichtungen) kompensiert. Zwar hat die Zahl dieser Sprecher in den letzten Jahrzehnten erheblich zugenommen, und ihre Bedeutung für die Veränderung des kollektiven Sprachbewußtseins ist groß, ihre sprachliche Kompetenz erreicht jedoch nur in relativ seltenen Fällen die der primären Sprecher. Daraus resultiert häufig eine nur relativ geringe Sprachpraxis, die wiederum die Festigung der Kompetenz verhindert. Hinzu kommt, daß die Gewichtung ihrer sprachlichen Teilkompetenzen sich deutlich von der der Primärsprecher unterscheidet: während diese vor allem in den Bereichen „Verstehen" und „Sprechen" eine hohe Kompetenz haben, dagegen vielfach (aufgrund der französischen Bildungspolitik) in der eigenen Sprache Analphabeten waren bzw. sind und nicht schreiben und nur schwer lesen können, besitzen viele Sekundärsprecher ihre höchste Kompetenz gerade in der Lektüre. Ihre Tendenz, im Gespräch häufig in das Französische auszuweichen, erklärt sich daher leicht. Schließlich darf man nicht aus dem Auge lassen, daß die Konfiguration der Sprachen beim einzelnen Sprecher eine ganz andere geworden ist: während früher neben dem Okzitanischen das Französische und allenfalls ein wenig Latein standen, stehen für den heutigen Sprecher neben dem Französischen und dem Okzitanischen oft noch mehrere andere (Fremd-) Sprachen, die möglicherweise für ihn eine höhere Wertigkeit haben. Damit wird das Okzitanische, auch bei vorhandenen Kenntnissen, auf einen viel bescheideneren Platz zurückgedrängt als früher. Natürlich entspricht die sprachliche Kompetenz bei weitem noch nicht der Bereitschaft, sie auch anzuwenden. 3.2. Interferenzerscheinungen: das francitan Die ständige Kopräsenz beider Sprachen im Bewußtsein (und in der Praxis) der Sprecher erklärt die vorkommenden wechselseitigen Einflüsse.
Sie sind schon relativ früh auf das Interesse der Forscher gestoßen. Okzitanische Züge im Französischen wurden zunächst als francais regional beschrieben, z. B. in den bekannten Arbeiten von Brun 1931, Rostaing 1942, Michel 1948-1950 und Seguy 1951. Vor allem lexikalische Aspekte werden dargestellt bei Gebhardt 1974 (der sich auf die Übernahmen in die französische Norm bezieht) und Nouvel 1978. Blanche! 1986 betrachtet insbesondere die Phonetik. Die Bezeichnung francais regional, die ja auch auf andere Gebiete angewendet wird, soll den besonderen Prozeß der sekundären Verbreitung des Französischen (hier als Substitutionsprozeß bezeichnet) deutlich machen. Okzitanische Forscher, vor allem Couderc und J. Mazel, wollten später die spezifischen Besonderheiten dieser gegenseitigen Beeinflussung genauer fassen. Couderc schlug dafür den Terminus francitan (in Anlehnung anfranglais) vor und meinte damit vor allem jenes sprachliche Kontinuum, das sich im Okzitanischen Sprachraum beobachten läßt und das sich ständig zwischen zwei abstrakten Endpunkten, dem „neutralen" Französisch und einem (noch immer mehr oder weniger hypothetischen) „referentiellen" Okzitanisch bewegt. Für Couderc gehört das Franzitanische auf die Seite des Okzitanischen, zumal es weitgehend gleich bewertet wird (Couderc 1975,1976a). Zielsprache bleibt ja allemal ein „nicht markiertes" Französisch. Allerdings können Emission und Rezeption sehr verschiedene Wege gehen: jeder Sprecher weiß, auf welchem individuellen Niveau seiner Kompetenzen er sich bewegt, wann er „Französisch" und wann er «patois» spricht, aber sein Gesprächspartner hat nicht notwendig dieselben Kriterien. Daraus ergibt sich ein kompliziertes Geflecht des partiellen Verstehens, das um so unsicherer ist, je weniger die Gesprächspartner über gemeinsame Bewertungskriterien verfügen. Während Couderc vor allem die konzeptuelle Seite betrachtet hat, ist Mazel stärker auf Einzelprobleme eingegangen (Mazel 1975,1980). Dabei ist auch deutlich geworden, daß Interferenzen nicht symmetrisch auftreten: während Okzitanische Züge im Französischen sich vor allem in der Phonetik und Phonologic, im Lexikon und in geringerem Maße in der Syntax finden, zeigen sich französische Züge im Okzitanischen vor allem im Lexikon und in der Syntax (Kremnitz 1981, 3-6), Konsequenz der unterschiedlichen Bewertungen durch die Sprecher. Da das Französische für die meisten Sprecher „Zielsprache" ist, flechten sie oft bewußt in ihre Rede auf okzitanisch französische Elemente ein; Okzitanisches in der französischen Rede ist dagegen meist niedrig konnotiert. Daher ergeben sich ganz unterschiedliche Konfigurationen.
343. Okzitanisch: Soziolinguislik
3.3, Sprechergruppen
Genaue Untersuchungen über die heutigen Sprecher des Okzitanischen liegen nicht vor. Die genannten Arbeiten gestatten allenfalls annähernde und sehr globale Angaben. Regional ist zu unterscheiden zwischen Gebieten, die stark in die neuzeitlichen Entwicklungen eingebunden sind, und solche, deren wirtschaftliche Strukturen noch relativ archaisch (das heißt vor allem: landwirtschaftlich geprägt) sind; dabei spielt die Anbindung an die modernen Verkehrsadern offensichtlich eine ganz wichtige Rolle. Alle Gebiete, in denen das Okzitanische noch viel gesprochen wird, sind verkehrsmäßig schlecht erschlossen - und umgekehrt scheint der Bau neuer Verkehrswege, vor allem von Fernstraßen, negativ mit der Erhaltung des Okzitanischen zu korrelieren. Andererseits sind gerade solche Gebiete von starker Abwanderung betroffen, ihre wirtschaftlichen und daher auch ihre gesellschaftlichen Strukturen sind schwach. Zunehmende Attraktivität, aus wirtschaftlichen Gründen, aber auch aufgrund des Freizeitwertes, führt jedoch zum verstärkten Zuzug nichtautochthoner Bevölkerung und schwächt daher nicht nur das vorhandene kommunikatorische Netz, sondern vergrößert auch den Assimilationsdruck auf die Okzitanischsprecher. Das hat sich bereits in den Gebieten gezeigt, in denen in den letzten Jahrzehnten besonders intensive Zuwanderungen zu verzeichnen waren (Küste der Provence, Rhonetal, unterer Languedoc, die neuen Industriezentren). Andererseits zwingt in den Gebieten, in denen noch viel Okzitanisch gesprochen wird, die wirtschaftliche Lage viele zur Auswanderung, so daß sich die „sprachlichen Reserven" sozusagen selbst zerstören. Natürlich spielt auch die Größe der Siedlungen eine Rolle: je kleiner eine Gemeinde ist, desto eher kann man mit einer Fortexistenz des Okzitanischen rechnen. Sozial läßt sich heute kaum noch eine Differenzierung feststellen: die Zeiten, in denen man das Okzitanische als Unterschichtsprache bezeichnen konnte, sind weitgehend vorbei. Allenfalls mit landwirtschaftlichen Berufen lassen sich Affinitäten feststellen (man darf dabei auch nicht vergessen, daß die traditionelle Arbeiterschaft der Okzitanischen Industriegebiete allenfalls noch in Resten existiert: die Kohlengruben sind geschlossen, viele Verarbeitungsbetriebe ebenfalls; die „neuen" Betriebe haben ihre Angehörigen nur zum Teil im Lande rekrutiert). Man könnte aufgrund der Sekundärsprecher heute eher sagen, daß das Okzitanische in den Mittelschichten relativ stark vertreten ist. Auch die lange Zeit beobachteten Unterschiede zwischen Männern und Frauen scheinen sich einzuebnen: während nach älteren Beobachtungen die Frau-
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en als sprachlich konservativer angesehen wurden, war dann, vor allem in unserem Jahrhundert, ein deutlicher Trend der Frauen zum Französischen zu beobachten. Mittlerweile sind aber im Unterricht des Okzitanischen offensichtlich mehr weibliche als männliche Teilnehmer angemeldet, in dieser Hinsicht stimmen alle neueren Untersuchungen überein. Wahrscheinlich muß man die Gründe in der Veränderung der sozialen Lage der Frauen im Laufe der letzten hundert Jahre suchen und nicht in irgendwelchen kollektiven Haltungen zu (irgendeiner) Sprache. Es ist nur nicht sicher, ob die größere Zahl der Lernerinnen auch zu einer größeren Zahl der Sprecherinnen führt. Ganz deutlich ist hingegen die altersmäßige Schichtung der Okzitanischsprecher: primäre Sprecher finden sich fast ausschließlich in den älteren Jahrgängen, und auch die Sprachkompetenz nimmt statistisch mit früherem Geburtsdatum zu (wie etwa Markhof 1987 sehr schön zeigen konnte). Natürlich verbinden sich alle diese Variablen miteinander. Daher lassen sich Phantombilder der typischen Sprecher ebenso entwerfen wie solche der typischen Nichtsprecher. Eine wichtige Rolle spielt die Konfiguration der Gesprächspartner, wobei vor allem die Variablen Vertrautheit und ungefähre Ranggleichheit von Bedeutung sein dürften. Starke Veränderungen erfahren diese Tendenzen in der schriftlichen Kommunikation: diese dürfte heute praktisch nur noch bei sekundären Sprechern auf Okzitanisch erfolgen (dagegen muß es früher durchaus auch eine begrenzte Schreibpraxis der Primärsprecher gegeben haben, wie sich aus manchen Zeugnissen erschließen läßt); dafür hat das französische Schulsystem gesorgt. Es ist bekannt, daß viele primäre Sprecher auch dann nur schwer zur Lektüre zu bewegen sind, wenn es sich um Texte handelt, die nach dem französischen Modell graphiert wurden.
3.4. Domänen und Textsorten
Auch hier gestatten die veröffentlichten Arbeiten nur recht globale Aussagen. Je formaler eine Redesituation ist, desto geringer ist die Wahrscheinlichkeit der Verwendung des Okzitanischen und umgekehrt. Andererseits haben die Gesprächsthemen (topics) hier einen regulierenden Einfluß: Während die Bereiche des modernen Lebens im weitesten Sinne die Verwendung des Französischen suggerieren, tritt das Okzitanische dann leichter in den Vordergrund, wenn die Vergangenheit oder ihre Residuen angesprochen werden. Die sekundären Sprecher versuchen, teilweise mit Erfolg, diese Zuordnung zu durchbre-
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
eben. Davon zeugen nicht nur Veröffentlichungen über moderne technische usw. Themen, sondern auch terminologische Arbeiten. Etwas gemildert wird diese Zuordnung auch durch eine punktuelle symbolische Verwendung des Okzitanischen bei offiziellen Anlässen. Dabei spielt weniger die konkrete Situation eine Rolle als der dadurch ausgedrückte Anspruch, das Okzitanische auch in hochformalen Situationen zu verwenden. Hierzu gehört die Anfang der achtziger Jahre verkündete Kooffizialität des Okzitanischen (und Katalanischen) in der Region Languedoc-Roussillon, die allerdings bislang nicht zu ernsthafter praktischer Verwendung führt. Im gleichen Zusammenhang sind die zweisprachigen Straßennamen in manchen Teilen der Städte zu sehen. Auch sie werden von der Verwaltung praktisch nicht verwendet (und sind möglicherweise vor allem als touristische Attraktionen gedacht). 4.
Das Okzitanische in der Gesellschaft: Sprachbewahrung und gesellschaftliche Verwendung
4.1. Die Renaissancebewegungen: Felibrige, IEO, politischer Okzitanismus Die „Verteidigung" des Okzitanischen gegen das Vordringen des Französischen blieb lange Zeit Individuen überlassen, welche die Substitutionsbewegung beunruhigt beobachten. So verteidigt schon im 16. Jh. ein Peir de Garros die lenga mespresada (Lafont 1968), und ein Jahrhundert später kann Jean de Cabanes aus Aix-en-Provence über den Rückgang der Bedeutung der Sprache sinnieren (Gardy 1982). Zu einer systematischen Sprachbewahrungsbewegung kommt es erst im 19. Jh., wahrscheinlich aufgrund der während der Revolutionszeit beobachteten Veränderungen (Ripert 1918, Lafont/Anatole 1970/ 1971, die mittlerweile durch die Arbeiten von Merle 1986 u. a. ergänzt werden müssen). Zur ersten wichtigen Organisation wird der 1854 gegründete Felibrige (—» 337), der sich allerdings nach einer eher nationalitären Anfangsphase nach 1870 fast nur noch auf literarische Aktivitäten beschränkt. Bemühungen zur Verbesserung des Status des Okzitanischen und zur Ausweitung seines Gebrauchs werden zweitrangig. Sie werden immer stärker von solchen Mitgliedern betrieben, die sich eher am Rande der Organisation befinden. Die zeitweise starke politische Affinität des Felibrige zur politischen Rechten und extremen Rechten schränkt zudem seine Handlungsfähigkeit ein, vor allem nach 1945. Darüber hinaus wird er auch immer wieder von inneren Spannungen durchzogen, die sich an ideologischen Fragen, aber auch an recht prakti-
schen wie der Graphie festmachen lassen. Die relativ starre Ausrichtung auf das Ideal einer Literatursprache versperrt den meisten Anhängern eine fruchtbare Auseinandersetzung mit differenzierten soziolinguistischen Fragestellungen und führt zu relativ unfruchtbaren Auseinandersetzungen mit anderen Gruppen, die sich ebenfalls die Verteidigung des Okzitanischen zum Ziel setzen. Folgerichtig bleibt auch die im Umfeld der Organisation entstandene soziolinguistische Forschung recht bescheiden. Gegen 1900 erregt vor allem im Westen des Sprachgebiets der zunehmende Erfolg der katalanischen Renaissancebewegung Aufsehen und wird (mit) zum Katalysator für eine Erneuerung der Bewegung, die sich seit den zwanziger Jahren, in Abgrenzung zum Felibrige, als occitanisme zu bezeichnen beginnt. Ihre Träger sind zunächst die Lehrer und Schriftsteller Antonin Perbosc und Prosper Estieu, ab 1923 vor allem die Gruppe um die Zeitschrift Oc in Toulouse, deren Herausgeber Ismael Girard über Jahrzehnte hin einen entscheidenden Einfluß ausübt. 1930 wird die Societat d'Estudis Occitans in Toulouse gegründet, 1945 das Institut d'Estudis Occitans. Beide bemühen sich um die Normativierung der Sprache (d. h. hier vor allem um die Erarbeitung referentieller Grammatiken und Wörterbücher) ebenso wie um die Erweiterung der Gebrauchsdomänen und die Schaffung neuer Textsorten. In diesem Rahmen spielt sich auch die erste große soziolinguistische Initiative (Lafont 1952) ab. Zwar betätigt sich auch ein erheblicher Teil der Anhänger des IEO literarisch, den meisten ist allerdings klar, daß die Zukunft der Sprache auf einer anderen Ebene liegt. Das IEO versucht daher, vor allem in den ersten Jahren nach 1945, eine schwierige Gratwanderung zwischen Selbstbehauptung und Loyalität zum französischen Staat, von dem es sprachpolitische Zugeständnisse zu erreichen sucht. Die Bestrebungen erhalten in der Folge der Ereignisse von 1968 eine neue Qualität: für ein gutes Jahrzehnt erhält der politische Okzitanismus ein erhebliches Echo in der französischen Gesellschaft, gestützt vor allem auf die Kooperationsbereitschaft der Parteien der Linken. Die soziolinguistischen Forderungen der Okzitanischen Organisationen finden öffentliches Gehör und schlagen sich auch in Gesetzentwürfen nieder (die allerdings nicht verabschiedet werden, vgl. zu dieser Periode v. a. Lafont 1974). Sie beleben auch die Forschung und führen dadurch zu einer Modernisierung des Forderungskataloges der Okzitanen (und der anderen Minderheiten, cf. dazu das etwas umstrittene Werk von Touraine/Hegedus/ Wieviorka 1981). Diese Phase endet allerdings Anfang der achtziger Jahre: die linke Mehrheit seit 1981 setzt ihre eigenen Entwürfe aus der Op-
343. Okzitanisch: Soziolinguistik
positionszeit nur teilweise und sehr zögernd um. Zugleich erleben viele okzitanistische Organisationen schwere Krisen, die es ihnen kaum ermöglichen, adäquat auf die Situation zu reagieren. Als Positivum im Sinne einer größeren Durchschlagskraft ist indes zu werten, daß sich offensichtlich die internen, vor allem ideologischen Widersprüche zwischen okzitanischen Organisationen gemildert haben und heute punktuelle Zusammenarbeit zwischen ihnen möglich scheint (cf. Mort et resurrection de monsieur occitanisme, 1989). Allerdings stellt die organisatorische Zerrissenheit nach wie vor ein Problem dar. Zwar haben Vertreter der okzitanischen Renaissance ein modernes und relativ kohärentes Sprach- und Sprachverwendungskonzept formulieren können, die soziale Durchsetzung des Konzepts ist jedoch nach wie vor nur in Teilbereichen geglückt. Die Substitutionsbewegung konnte verlangsamt, aber weder zum Stillstand noch gar zur Umkehrung gebracht werden.
4.2. Kodifizierungsbemühungen und ihre Erfolge Eines der wichtigsten Felder der inneren Auseinandersetzung war von Anfang an die Frage der Kodifizierung. Damit sind sowohl Graphieregeln gemeint als auch die Erarbeitung von referentiellen Grammatiken. Die graphische Tradition des Okzitanischen war nach 1539 verlorengegangen, danach wurde fast ausschließlich unter Verwendung von französischen Graphieregeln geschrieben. Erst im Zuge der Erneuerungsbewegung des 19. Jh. wurde auch die Graphiefrage wieder aufgeworfen (zuerst wohl durch Fabre d'Olivet um 1820). Die Graphie Mistrals und Roumanilles (Romanilha), die im Felibrige quasi-offiziellen Status bekam, ist vor allem eine vorsichtige Regularisierung der Schreibregeln des Französischen in Anwendung auf die unterrhonische Mundart; sie erleichtert damit die Lektüre für den Französischkenner, bis zu einem gewissen Grade auch das Schreiben, solange der Schreibende in derselben Varietät bleibt, ist jedoch für eine weiträumige schriftliche Kommunikation wenig praktisch und weist auf jeden Fall dem Französischen den Status einer Referenzsprache zu (Kremnitz 1974, 165200). Dagegen erhob sich schon ziemlich schnell Widerstand, vor allem, als (nach 1876) der Felibrige seinen Wirkungsbereich, der zunächst vor allem in der Provence gelegen hatte, auf die anderen Regionen ausdehnte. Dabei wurde schon bald der Rückgriff auf die mittelalterlichen Schreibtraditionen gefordert (Roux 1895, der diesen Gedanken zuerst 1875 vertrat). Dadurch sollten die unterschiedlichen dialektalen Ent-
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wicklungen wenigstens zum Teil überbrückt und die Abhängigkeit von den französischen Graphietraditionen aufgehoben werden. Die wichtigsten Etappen dieser Graphietradition stellen die Überlegungen von Perbosc und Estieu um 1900 dar, denen ab etwa 1930 die Grammatik Loi's Aliberts folgt (Alibert 1935). Alibert vertritt darin das Konzept einer modernen Verkehrssprache, die alle Kommunikationsbedürfnisse erfüllen kann. Er lehnt sich dabei stark an das katalanische Vorbild Pompeu Fabras an (Kremnitz 1986, 1989). Nach 1945 wird die Grammatik Aliberts, die sich zunächst als Referenzgrammatik des Languedokischen verstand, zu einer solchen des Okzitanischen insgesamt reinterpretiert; daraus entstehen Probleme, die in den sechziger Jahren zu neuen Überlegungen hinsichtlich von zu suchenden referentiellen Sprachformen und Verwendungsmodi führen (Kremnitz 1974, 200-239; Bernal Bernal 1984; Kremnitz 1991; -337). Das Okzitanische verfügt heute über eine Kodifikation, welche kohärenter ist als die vieler anderer europäischer Sprachen; das gilt für die Graphie, aber insgesamt auch für die Grammatik. Allerdings ist die Durchsetzung in der Gesellschaft nur sehr bedingt gelungen; die Gründe sind vor allem in der konfliktuellen Situation der Sprache zu suchen und im Fehlen geeigneter gesellschaftlicher Multiplikatoren.
4.3. Das Okzitanische in der Schule Eine der Aufgaben der im 19. Jh. sich ausbreitenden französischen Schule war der aneantissement des patois (Abbe Gregoire). Daher war die Sprache offiziell aus der Schule ausgeschlossen, wenn auch viele Lehrer einsehen mußten, daß sie ohne den Rückgriff auf sie das Französische kaum vermitteln konnten. Die Petitionen des Felibrige, die um 1880 einsetzen, haben zunächst keinen Erfolg. Auch in unserem Jahrhundert findet das Okzitanische zunächst nur experimentell Aufnahme in einigen Schulen. Erst das Gesetz von 1951 (Loi Deixonne) gibt ihm einen bescheidenen fakultativen Platz, paradoxerweise jedoch vor allem in den höheren Schulen und in der Universität, nicht jedoch in den Grundschulen, wo zu jener Zeit noch ein Bedarf bestanden hätte. In den siebziger Jahren wird die restriktive Politik des Erziehungsministeriums allmählich gelockert, so daß es auf Verwaltungsebene zu Verbesserungen kommt. Die Zahl der Teilnehmer an der freiwilligen Okzitanischprüfung im Rahmen des baccalaureat steigt von 236 (1952) auf etwa 9000 gegen Ende der siebziger Jahre (in ganz Frankreich). Die veränderten politischen Mehrheiten nach 1981 brachten neben dem rap-
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
port Giordan 1982 vor allem einen Runderlaß des Erziehungsministers Savary (circulaire Savary, no. 82-261), der den Unterricht des Okzitanischen zwar deutlich ausweitete, aber noch immer hinter den Forderungen der Betroffenen zurückblieb. Immerhin wurde damit das Okzitanische in das Curriculum der möglichen Fremdsprachen (sie) einbezogen, die Möglichkeiten für Schulversuche wurden stark erweitert, und auch die Ausbildung der Lehrenden wurde verbessert. Insgesamt sollen derzeit nach offiziellen Statistiken etwa 66000 Kinder in staatlichen Schulen vom Okzitanischunterricht berührt werden, davon knapp 13000 in weiterführenden Schulen (college und lycee). Verglichen mit der Größe des Gebiets und der potentiellen Sprecherzahl, nimmt sich auch diese Zahl noch sehr klein aus. Es ist davon auszugehen, daß auch heute noch nicht alle Kinder, die das wünschen, auch unterrichtet werden, da nur unter bestimmten Bedingungen Okzitanischkurse eingerichtet werden. Insgesamt bleibt die Rolle der Sprache in den Schulen marginal, nirgends wird Okzitanisch auch als Unterrichtssprache verwendet (vgl. etwa die Befragungen von Schülern durch Markhof 1987, Rogge 1987 und von Lehrern durch Cichon 1988). 4.4. Medien: Fernsehen, Radio, Presse
Auch in den nunmehr praktisch völlig privatisierten Medien bleibt der Platz des Okzitanischen bescheiden. In den regionalen Fernsehkanälen ist er auf wenige Minuten begrenzt, wobei zwischen den einzelnen Stationen merkliche Unterschiede bestehen. Immerhin muß man auch diese minimalen Zugeständnisse als Gewinn der achtziger Jahre verbuchen. Etwas günstiger scheint die Lage bei den Rundfunksendern zu sein, zumal manche der lokalen Stationen sich hier ziemlich engagieren; allerdings sind auch starke Schwankungen zu beobachten, das okzitanische Engagement der einzelnen Sender hängt oft an einer einzigen Person. Bedeutsam scheint allerdings, daß die hier Tätigen versuchen, die okzitanischen Sendungen meist modern, als Auseinandersetzungen mit der Gegenwart zu konzipieren und sie so von dem Geschmack der Rückwärtsgewandtheit zu befreien, der ihnen lange Zeit nachhing. Allerdings können auch sie nur Fragmente einer okzitanischen Kultur vermitteln. Sehr uneinheitlich ist das Bild im Hinblick auf die Presse: es gibt keine in kurzen Abständen erscheinenden okzitanischen Periodika. Die rascheste Erscheinungsweise ist derzeit die monatliche. Damit läßt sich Aktualität natürlich nicht bewältigen. Hinzu kommt, daß die okzitanischen Periodika alle nur in kleinen Auflagen er-
scheinen und keine hinreichende Verbreitung haben. Dieser Mangel wird nur teilweise dadurch ausgeglichen, daß französischsprachige Tageszeitungen, wie etwa in Toulouse, Marseille, Bordeaux oder Montpellier, regelmäßig oder von Fall zu Fall okzitanische Texte veröffentlichen. Allerdings ist auch hier die Situation recht veränderlich, wie der Vergleich mit einer mittlerweile völlig veralteten Untersuchung zeigen würde (Kremnitz 1973). 4.5. Sonstige kulturelle Präsenz
Nach 1968 gab es neben der politischen Präsenz des Okzitanismus auch eine kulturelle, vor allem durch das Chanson, das sehr populär war, dann auch durch eine Reihe populärer Theatertruppen, deren Aufführungen manchmal großes Aufsehen erregten. Mittlerweile ist der Erfolg des Chansons stark zurückgegangen, nur wenige Theatertruppen können sich noch halten. Erst in jüngster Vergangenheit scheinen sich neue Impulse abzuzeichnen. Noch stärker symbolischen Charakter hat die okzitanische Filmproduktion, die über einige Einzelerfolge nicht hinausgekommen ist (dabei übernehmen die Filme in der Regel die diglossischen Funktionsweisen, in denen sich die Sprecher bewegen). Zwar gibt es bildende Künstler, die sich selbst als Okzitanen verstehen, sie erleiden jedoch ein ähnliches Schicksal wie andere Künstler, die Minderheiten angehören: ihre Differenz wird meist vom konsumierenden Publikum nicht zur Kenntnis genommen.
5. Zur gesetzlichen Lage 5.1. Zum Status des Okzitanischen Der französische Staat kennt in seinem Selbstverständnis keine sprachlichen Minderheiten. Das hat ihn in der Vergangenheit mehrfach daran gehindert, internationale Menschenrechtskonventionen zu unterzeichnen, und scheint auch heute noch jede gesetzliche Regelung nahezu unmöglich zu machen. Bislang ist der wichtigste Text im Hinblick auf die legale Existenz des Okzitanischen das Gesetz vom 11. Januar 1951 (Loi Deixonne): in ihm erscheint der Name der Sprache. Im Gesetz vom 11. Juli 1975 (Loi Haby) wird nur allgemein festgelegt, daß Regionalsprachen während der gesamten Schulzeit unterrichtet werden können. Daher versucht das IEO, zusammen mit den Vertretern anderer Minderheitensprachen, Ende der siebziger Jahre eine große Kampagne zu lancieren, die für alle Minderheitensprach'jn einen Status als langues de France
343. Okzitanisch: Soziolinguistik
fordern sollte. Diese Kampagne hat allenfalls Teilerfolge errungen. Insbesondere ist es auch nach 1981 nicht zu der von allen erwarteten gesetzlichen Festschreibung des Status gekommen. Erst im Herbst 1985 wurde durch Dekret ein Conseil National des Langues et Cultures Regionales geschaffen, der aber nur konsultative Kompetenzen erhielt. Bisher ist er noch nicht ernsthaft tätig geworden. Man kann daher noch immer nicht von einem offiziellen Status des Okzitanischen (und der anderen Minderheitensprachen) sprechen. Das muß festgehalten werden, obwohl die Situation dieser Gruppen im letzten Jahrzehnt manche praktischen Verbesserungen erfahren hat. Daran läßt sich mittlerweile auch die sprachpolitische Sonderstellung Frankreichs im europäischen Kontext ablesen (cf. dazu allgemein Rouquette 1987).
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Sprecher gab, denen nur eine relativ geringe Anzahl sekundärer Sprecher gegenüberstand, haben sich die Verhältnisse mittlerweile stark geändert: eine immer größere Zahl sekundärer Sprecher steht immer weniger Primärsprechern gegenüber, die Kenntnis des Okzitanischen bedeutet vielfach ein Plus und nicht mehr nur ein Minus. Allerdings ist die gesellschaftliche Kommunikationsfunktion der Sprache immer schwerer zu erkennen, und manche Okzitanisten sehen sie bereits heute als eine vor allem literarische. Darin läge eine große Gefahr für den Fortbestand der Sprache: wie soll sich auf die Dauer ein literarisches Korpus erweitern, wenn kaum noch Sprecher vorhanden sind, für die die Sprache mehr ist als ein intellektueller Luxus? Die nächsten Jahre müssen zeigen, welche gesellschaftlichen Funktionen das Okzitanische in einer überschaubaren Zukunft erfüllen kann, wenn es in der Gesellschaft weiterbestehen soll.
5.2. Mögliche Funktionen des Okzitanischen heute
6. Bibliographie (in Auswahl)
Vielleicht liegt in dieser Extremposition ein Moment, das in der Zukunft zur Veränderung treiben wird. Weder sind die Entwicklungen absehbar, welche der weitere Ausbau der Europäischen Gemeinschaft für Minderheitensprachen mit sich bringen wird, noch lassen sich die Folgen der gesellschaftlichen Veränderungen in Ostund Südosteuropa annähernd abschätzen. Auf alle Fälle wird der europäische Raum in den kommenden Jahren neu geordnet, darin liegen Möglichkeiten und Gefahren für heute benachteiligte Gruppen. Sicher liefen die bisherigen Entwicklungen immer darauf hinaus, daß bereits starke Gruppen ihre Positionen weiter ausbauen konnten. Andererseits könnte die gezielte Zusammenarbeit der Schwachen deren Gewicht verstärken. Manche europäischen Minderheiten bereiten sich sehr ernsthaft auf diese Zukunft vor, und sollte die zukünftige gesamteuropäische Entwicklung, wie es derzeit scheint, auf ein Mehr an Demokratie laufen, dann könnten auch die Okzitanischsprecher davon profitieren. Mittlerweile gibt auch die französische Regionalgesetzgebung der achtziger Jahre den einzelnen Regionen neue finanzielle Mittel und gesetzliche Möglichkeiten für politische Initiativen und institutionalisierte Zusammenarbeit. Es scheint, daß sie sich dessen zum Teil bewußt werden und diese, auch die französischen Grenzen überschreitende Zusammenarbeit allmählich einleiten. Andererseits darf man nicht aus dem Auge verlieren, daß die Situation des Okzitanischen heute nicht mehr der noch zu Ende des Zweiten Weltkrieges gleicht. Während es damals noch eine große Zahl unterprivilegierter primärer
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normes, et non comme un sous-produit, souvent socialement devalorise, de la langue dominante que I'histoire lui a imposee comme reference. Toute I'histoire de l'occitan ecrit a balance dans cette alternance referentielle. A la precoce et efficace standardisation medievale en effet, qui dura environ de 1150 ä 1550, a succede une periode de destandardisation, en gros de 1550 ä 1850, le francais devient la norme directrice, suivie d'une premiere tentative de standardisation, avec le Felibrige - ou plus exactement de normalisation micro-dialectale -, puis d'une seconde, plus large et plus systematique, dont les premisses se situent aux alentours de 1920, mais qui ne trouvera sa veritable consecration qu'en 1945, avec, entre autres choses, la creation de YInstitut d'Etudes Occitanes (IEO).
Norme et standard 1. Introduction 2. L'Occitan et la notion de la langue 3. La destandardisation post-medievale 4. La restandardisation 5. Conclusion 6. Bibliographie sommaire 7. Introduction Tout essai de normalisation, toute tentative standardisatrice d'un complexus linguistique donne, impliquent ä la fois la reconnaissance par les locuteurs d'une certaine specificito par rapport aux autres langues et la volonte socio-culturelle de lui conferer, au delä de ses actualisations dialectales, le Statut de langue ä part entiere, c'estä-dire un Statut qui la defmisse en soi dans le temps et dans l'espace, au sein de ses propres
2.
L Occitan et la notion de la langue
2.1. II conviendrait de trailer en premier lieu de la typologie linguistique de l'occitan qui lui
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
confere, dans le cadre des langues romanes, une specificite indiscutable: le materiau brut en somme ä partir duquel peut s'elaborer la notion de langue standard avec la normalisation qu'elle implique: etendue geographique de la langue, ses limites dans l'espace, ses grands traits typologiques, sä division dialectale, sa fixite dans le temps ou son evolutionisme relatif, etc., tous problemes qui seront traites dans les articles -» 347 e 506. 2.2. Plus important dans l'immediat et plus directement lie a notre propos, nous parait etre le Probleme de la designation de la langue, probleme qui s'est pose dans le passe, aussi bien aux legislateurs qu'aux poetes, aux juristes qu'aux grammairiens, et qui continue d'etre aujourd'hui la pomme de discorde, en relation avec la conception et les principes memes de la normalisation, entre les differents promoteurs de la langue d'oc contemporaine. Comme le fait remarquer G. Kremnitz (1974, 28): „Es dürfte wenig andere Sprachen geben, in denen die Auseinandersetzung um den nichtigen' Namen solche Formen angenommen hat". Nous laisserons de cote l'aspect medieval du probleme, que nous traitons ailleurs, pour nous consacrer ä la langue moderne lato sensu, c'est-ä-dire en gros a partir de 1550. Comme au Moyen Äge, le nom de la langue a oscille depuis entre, d'une part, une designation ne s'appliquant qu'ä une partie du domaine (ce qui est d'ailleurs le cas de bien d'autres langues), en l'occurrence un dialecte particulier, et d'autre part, une designation qui tende ä couvrir l'ensemble occitanophone. Dans le premier cas on peut relever les termes de gascon chez Pey de Garros (vers 1550), de provencal chez Jean de Nostredame (1575), de mondin, c'est-ä-dire propre ä la cite ramondine (Toulouse), chez Goudouli (1610), de catalan chez Bartero et Andres (XVIIe s.), enfin de provenfal chez Pellas (1723), chez Achard (1785), et surtout, apres 1850, avec les adeptes de Mistral et du Felibrige, chez qui la polysemie du terme entretiendra pendant longtemps, consciente ou non, une fächeuse ambigu'ite ideologique et culturelle. Dans le second cas, ä cöte de l'essai manque de Raynouard (1816) de reprendre l'appellation medievale de roman, sur la base d'une erreur linguistique (Raynouard voyait dans I'occitan la matrice de toutes les autres langues romanes), le terme qui revient le plus souvent est celui d'occitan et de ses derives: Occitanie (Florian, 1787), occitanique (Fabre d'Olivet, 1803), occitanien (Rochegude, 1819), oudtan (Mistral, 1880), enfin occitan, depuis environ 1890. La designation est d'ailleurs ancienne (—> 147). 2.3. Quoi qu'il en soil, le terme se repand de plus en plus aujourd'hui dans le monde scientifique et culturel (all. okzitanisch, ital. occitanico), ä cause
de sa commodite et de sa precision. II designe en effet d'une maniere claire l'ensemble des parlers d'oc anciens et modernes, permettant ainsi aux noms des differents dialectes de subsister avec leur sens precis. De plus, il definit d'emblee I'occitan en tant que langue specifique et totale, renversant de ce fait la reference linguistique et culturelle des dialectes singuliers, qui ne se posent plus comme des patois devalorises face ä une langue de prestige et dominante, mais comme les inflexions specifiques d'une totalite linguistique qui les transcende. C'est cette dynamique dans la conception meme de la langue que nous retrouverons plus loin a propos de sa normalisation. 3.
La destandardisation post-medievale
3.1. Penetration dufrancais etperte de la norme II nous faut maintenant tenir compte d'une donnee socio-linguistique d'une particuliere importance, en etroite relation avec la desagregation progressive de la scripta occitane et dont eile offre la contre-partie: la penetration du fran9ais ecrit dans les territoires occitanophones. On sail que I'occitan du XVe s. est encore une belle langue classique, non seulement utilisee dans tous les ecrits de la vie publique ou privee, mais aussi, et malgre le caractere mineur des oeuvres, instrument litteraire parfait. Mais ä partir du XVI s s. les choses vont assez brusquement changer. Le dernier coup porte ä la scripta administrative est edit de Villers-Cotterets (1539), qui ordonna de se servir de la seule langue francaise dans les actes divers. Cet edit toutefois, egalement tourne contre l'usage du latin, a ete le plus souvent la consecration d'un fait plus que sa cause reelle. Quoi qu'il en soit, le phenomene le plus notoire du XVI e s. est une veritable substitution de scripta qui s'effectuera dans un laps de temps relativement court, mais tres variable selon les regions. 3.2. Nous passerons rapidement sur les pays situes en bordure des pays d'oc, de part et d'autre de la limite oc/oül, ou des la fin du Moyen Äge, la scripta fran9aise a dejä plus ou moins cause gagnee: a l'ouest (Saintonge, Aunis, Angoumois, Poitou), au centre (Marche, Basse-Auvergne), et ä Test, de dialecte franco-provencal (Forez, Lyonnais, Dauphine septentrional). Toutes ces provinces intermediaires, entre 1350 et 1400, adoptent le francais comme langue administrative. Mais plus au Sud les choses sont plus lentes et c'est surtout au debut du XVI e s., voire en son milieu, qu'on remarque vraiment un premier recul de la scripta vehiculaire occitane: d'une maniere progressive certes, et plus ou moins
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poussee selon les regions. Cette substitution de scripta apparait par exemple d'une maniere tres nette dans la redaction de la chronique romane du Petit Thalamus de Montpellier, dont le dernier article redige en occitan date de 1446. Apres un vide de quelque cinquante ans, la chronique ne reprendra qu'en 1495, mais sous une redaction defmitivement fransaise. 3.3. Comme l'ecrit A. Brun (1923, 179): «la substitution, visible dans les textes, commence, ä dater de 1450, par le nord du Limousin, lequel est completement francise dans les premieres annees du XVIe s. Le Perigord, le Bordelais, l'Agenais... se francisent ä dater de 1490 et le mouvement se generalise entre 1500 et 1520. Une troisieme zone qui, en superficie, est la plus vaste, est atteinte vers 1530, et la nouvelle langue s'y implante entre 1540 et 1550; c'est le coeur de la Gascogne, entre Bordeaux et Bayonne, entre l'Atlantique et les limites du Languedoc». C'est aussi la Provence qui, bien que reunie plus tardivement ä la couronne, sera le temoin d'une substitution encore plus rapide. Mais, lä comme ailleurs, l'etablissement du franfais est essentiellement le fait du XVP s. Seules, les vallees pyreneennes ont resiste plus longtemps, jusqu'aux abords de 1600, parfois meme jusqu'au XVII e s. dans les petites communautes montagnardes. 3.4. Disons en gros que la date moyenne de la Substitution des scriptae se situe aux alentours de 1550. Cette substitution aura presque immediatement des consequences sociolinguistiques considerables. D'abord, ce qu'on pourrait appeler le bouleversement referentiel. La norme de l'occitan ecrit ne renvoie plus desormais ä une tradition notariale qui s'etait affirmee depuis des siecles, mais au modele de la scripta francaise, que s'efforce, avec plus ou moins de succes, de faire passer dans les faits. Sans toutefois y parvenir entierement. Cette scripta exogene est en effet obligee d'integrer des termes locaux et techniques inexistants en frangais; eile vehicule en outre des structures linguistiques indigenes et cela jusqu'en plein XVIP s. Les archives de l'Herault et du Gard offrent d'innombrables specimens de fran9ais occitanise ou d'occitan francise, temoignages d'une diglossie endemique qui survivra a la Revolution. 3.5. La deuxieme consequence a ete le demembrement linguistique. La perte de la norme notariale traditionnelle, qui jusqu'ä la fin du XVe s. avait maintenu solide le sentiment d'une specificite globale des diverses inflexions de l'occitan, va conduire a un repliement ineluctable sur le dialecte, voire l'idiolecte, qu'on s'efforcera bon an mal an, et pour les seuls besoins d'une cause immediate, de faire passer dans un code ecrit aussi inconsequent que provisoire. On aboutit ainsi, lentement mais sürement, ä une «decons-
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cientisation» progressive de la reference scriptale et, partant, du sentiment, jusque-lä indeniable, d'une langue ä part entiere. La scripta francaise devient desormais la seule reference, et l'occitan, ecrit ou parle, ne se definit plus que par rapport a eile; il en perd peu ä peu toute sä fonction sociologique pour n'etre plus qu'un conglomerat inorganique d'idiolectes socialement et culturellement devalorises, en un mot de patois, dont on finit meme par se demander s'ils ont une grammaire et s'il est concevable qu'on puisse les ecrire. 3.6. La troisieme consequence est de toute evidence une parfaite anarchie graphico-linguistique qui va vehiculer pendant quelque trois siecles (1550-1850) un melange heterogene de reflexes graphiques empruntes au francais (en majorite), de solutions personnelles du copiste ou de l'ecrivain d'occasion et aussi parfois, curieusement, au moins pour ce qui est du XVIe s., de vestiges de ce qu'A. Brun (1923) a appele «['obsession du roman». 3.7. Cette destandardisation de la scripta vehiculaire a partir du XVIe s. va se manifester aussi, naturellement, dans la scripta litteraire. Curieusement d'ailleurs, c'est au moment precis l'occitan se meurt en tant que langue officielle qu'une premiere renaissance litteraire se dessine en trois provinces occitanes, partiellement sous le signe du petrarquisme et de ses imitateurs fran9ais de la Pleiade: Pey de Garros (1525?1588) en Gascogne, Bellaud de la Bellaudiere (1543-1588) en Provence, Auger Galhard (1532?-fm du siecle) en Languedoc. Cette renaissance, qui s'accompagne presque toujours d'une volonte de rehabilitation de la langue face au franfais, se traduit ä la fois par le sentiment d'une communaute linguistique plus ou moins confusement per9ue, et son actualisation dans le seul cadre du parier d'une region, d'une province, voire d'une ville. Pey de Garros parle de lenga de la noiritud (langue nourriciere), du pa'is naturau (pays d'origine), d'honneur du pays, de sä dignite, qu'il faut maintenir. Le Toulousain Peire Goudouli (1580-1649), dans une premiere floret a de 1617, presente un veritable manifeste en faveur de la langue d'oc, vue ici sous l'aspect du parier toulousain (mondin). Mais le nombre de ses admirateurs, bien en dehors du pays toulousain, est la preuve tangible de l'influence qu'il exerca. Autre Gascon, Bertrand Larade (1581?), de Montrejeau, met son idiome natal au-dessus des autres langues, en particulier du francais: Jo be harei ausir aus Francesis badauds que lo parlar gascon sus tots be tien la cima (Je ferai bien entendre ä ces badauds de Francais que le parier gascon sur tous tient la cime). II a d'autre par de son dialecte gascon une conception tres large. Defenseur de la langue
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
contre les parlers, il a dejä, sinon de l'occitan du moins du gascon, une vision presque moderne, comme l'exprime en son nom son propre livre: Lo mot, que'om blasma ad, alhors sera lausat, Jo non sompasper vos solament compausat, Jo sörtiper amor de tola la Gasconha (Le mot, qu'on bläme ici, ailleurs sera loue / Je ne suis pas compose pour vous seulement / Je parais pour l'amour de toute la Gascogne). II donne d'ailleurs lui-meme 1'exemple, puisqu'il n'ecrit pas son parier montagnard de Montrejeau, mais un gascon plus moyen et plus accessible. Citons enfm le temoignage du celebre poete Guillaume Salluste, seigneur du Bartas (15441590) bien connu pour son poeme franfais La Semaine ou La Creation du Monde (1578). De son ceuvre gasconne, on n'a conserve qu'un sonnet et surtout la longue piece composee en 1579 pour feter l'accueil, ä Nerac, de la reine Marguerite et de son mari Henri de Navarre. Le poete y fait dialoguer trois nymphes: la Latine, la Fran9aise et la Gasconne, symboles des trois langues. Mais c'est la nymphe gasconne qui remporte la palme, parce que seule eile a vraiment le droit de parier devant les illustres visiteurs: ...on mes dm arrasoa, Mes dm he qu 'io ei drei de parlor davant vos, Jo soi Nimfa gascoa, era es ara gascoa, Son mari t es gascon e sos subjects gascons (Plus on raisonne, plus on fait que j'ai droit de parier devant vous. Je suis Nymphe gasconne, eile est maintenant gasconne; son mari est gascon et ses sujets sont gascons). 3.8. Quelle est done en un mot la situation sociolinguistique de l'occitan en ce XVI e siecle qui vit ä la fois en France, un peu paradoxalement, le retour ä l'humanisme greco-latin, lie au mepris des «epiceries medievales», mais aussi 1'engouement pour un petrarquisme exogene, encore tout baigne de reminiscences troubadouresques? On y constate: 1) la premiere manifestation d'un certain complexe d'inferiorite de l'occitan face au franfais; 2) une serie de protestations, en consequence, et de tentatives de rehabilitation; 3) un engouement nouveau pour 1'ecriture occitane; 4) un sentiment instinctif d'une certaine occitanite, mais la plupart du temps limitee ä une zone dialectale, ä une region, voire ä une ville; 5) une rupture en apparence totale avec la scripta medievale traditionelle. 3.9. Dans ces conditions, on peut comprendre qu'il n'y ait plus le sentiment d'une norme prescriptive supra-dialectale et que la reference normative soit desormais devenue le seul francais ecrit. Cela est tout particulierement visible dans la graphic mais aussi parfois dans les structures
memes de la langue (par exemple, l'emploi ä la fran9aise du pronom personnel sujet). Un veritable bouleversement referentiel en somme, qui aura pour effet le demembrement de la langue, atomisee en dialectes, voire en patois sociologiquement devalorises par rapport au francais. Enfm, derniere consequence, une parfaite anarchic de la graphic, completement desolidarisee de ses traditions (sauf peut-etre chez Pey de Garros) et empruntant desormais ses procedures et cela jusqu'au milieu du XIXe s. - au seul fran9ais ecrit. De plus, il n'y a evidemment aucune norme systematique: les choix graphematiques, les solutions specifiques, souvent contradictoires, dependent la plupart du temps des textes, des parlers, des auteurs et de leur habilete ä utiliser avec plus ou moins de pertinence un Systeme graphique exogene mais qui est desormais le seul connu. Teile sera en gros la situation de l'occitan jusqu'aux environs de 1850, avec toutefois, aux alentours de 1820, comme nous le verrons, un premier mouvement en faveur d'une nouvelle conception de la langue et de sä codification. 4. La restandardisation 4.1. Toute tentative de standardisation doit bien evidemment transcender I'eclatement dialectal pour trouver (ou retrouver) le sens de l'unite fondamentale, tout essai de normalisation d'une langue est en ce sens fonction de la reponse meme qu'on donne ä son Statut: accent mis sur sa diversite ou son unite, son atomisation ou sa cohesion. A cette double attitude, a la fois ethique et culturelle, voire ideologique, face a la langue, ici l'occitan, correspondent en gros, comme le fait justement remarquer Kremnitz (1974, 134), deux systemes de codification: 1) un Systeme phonologique (appele parfois abusivement «phonetique»), dont le but est cense noter avec le plus de precision possible (en fait en se servant la plupart du temps des graphemes fran9ais) tel ou tel parier erige pour un temps, par le caprice d'une mode ou d'un auteur, en langue litteraire; 2) un Systeme morphonologique, celui de 1'ancienne langue, qui part face ä la langue d'un postulat unitaire en retrouvant ses structures traditionnelles, et qui, gommant dans I'ecrit les variantes trop criardes de l'oralite et de la parole dialectale, a pour but essentiel de noter un diasysteme (cf. infra) ou les locuteurs soient ä meme de retrouver en filigrane et sans difficultes les traits fondamentaux de leur dialecte familier et les realisations specifiques de leur oralite quotidienne. 4.2.1. Nous avons dit plus haut que c'est aux alentours de 1820 qu'on voit se dessiner les pre-
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miers lineaments d'une nouvelle conception de la langue et de sä normalisation. Nous voulons maintenant dire un mot sur ceux-lä memes qu'il est convenu d'appeler les precurseurs. Nous nous limiterons ä quatre d'entre eux. 4.2.2. Le premier en date est Rochegude (17411834). II est probablement le premier qui repandit le terme a"ocdtanien et par la meme proposa implicitement une conception totalisante de la langue. En 1819 en effet il public son Parnasse ocdtanien ou Choix des poesies originales des troubadours tirees des manuscrits nalionaux, anthologie suivie d'un essai de Glossaire ocdtanien. La legere normalisation qu'il adopte dans la transcription des textes donne ä sä graphic une allure dejä moderne. De vingt ans son cadet, un autre erudit, Francois Raynouard (17611836), public au meme moment, de 1816 a 1821, six gros volumes contenant une grammaire de l'ancien occitan et de nombreux extraits, accompagnes d'une traduction, de l'ceuvre des troubadours. De 1830 ä 1844, apres sä mort, paraissent en outre les six volumes de son Lexique roman, oü les mots sont groupes par racines, avec leurs correspondants dans les autres langues neolatines, dont il voyait la paternite dans le roman par excellence, c'est-ä-dire dans 1'occitan. 4.2.3. Mais c'est sans doute chez un troisieme precurseur, Fahre dOlivet (1767-1825) que se manifestent le plus clairement les premiers balbutiements d'une conscience d'oc moderne, ä la fois dans le temps et dans l'espace. Des sä premiere poesie, Forfa d'amour (1787), et surtout quelques annees plus tard (1803-1804), dans Le Troubadour. Poesies ocdtaniques du XIIIe siede (poesies ecrites en fait par l'auteur lui-meme), cet Ossian occitan se propose de reveiller la langue de son actuelle lethargic. Mais ce n'est encore que quelques annees plus tard qu'il entreprendra son oeuvre systematique de rehabilitation avec La langue d'oc retablie dans ses prindpes constitutifs theoriques et pratiques (1817), dans laquelle il condamne «le nom ignoble de patois» et redonne ä l'occitan un Statut de langue ä part entiere. II refuse en particulier de voir dans le fran9ais une grammaire absolue et propose, ä la lumiere de ses connaissances de l'ancienne langue et des dialectes modernes, un nouveau Systeme orthographique qui tienne compte de cette specificite. 4.2.4. Mais le representant le plus conscient d'une graphic unitaire et synthetisante (etymologique et morphologique), d'allure dejä moderne, est sans doute le docteur Honnorat (1786-1852). C'est lui en effet qui va donner ä la langue d'oc son premier monument lexicologique solide: son Dictionnaire provencal—francais (provencal lato sensu), public d'abord par fascicules de 1840 ä 1848, parait ä Digne en 1846 et 1847. Cette oeuvre enorme, qui comprend plus de cent mille mots.
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anciens et modernes, est non seulement un dictionnaire, mais une veritable encyclopedic du Midi. Encore plus que ses predecesseurs, Honnorat a le sens de la langue dans sa continuite historique et geographique: il adopte un Systeme graphique coherent et traditionnel, tenant ä la fois compte de l'etymologie et de la pluralite dialectale. Mistral lui-meme avoue que ce dictionnaire «lui a beaucoup servi» et qu'il n'aurait pu composer son Tresor du Felibrige sans l'immense travail du docteur alpin. Le Felibrige naissant en effet, bien qu'il n'ait pas suivi jusqu'au bout ses , lui devra beaucoup: ä partir de lui, la langue d'oc reprend veritablement conscience de sa dignite et de sa coherence. Conscience aussi de la necessite d'une codification plus systematique.
4.3.
La normalisation felibreenne: un Systeme hybride
4.3.1. Le Felibrige, quelles qu'aient etc par ailleurs ses faiblesses, a incontestablement marque de son sceau la deuxieme renaissance occitane et la rehabilitation de la langue. Nous ne rappellerons ici que tres brievement les details de sa fondation qu'on peut trouver dans tous les manuels de litterature meridionale. On sait que le 21 mai 1854, jour de Sainte Estelle, sept jeunes poetes proven9aux (Frederic Mistral, Joseph Roumanille, Theodore Aubanel, Anselme Mathieu, Alphonse Tavan, Paul Giera et Jean Brunei) se reunirent au chateau de Font-Segugne, pres de Chäteauneuf-de-Gadagne, pour poser serieusement, et pour la premiere fois, les fondements d'une veritable restauration de la langue et de la litterature provencales. Une denomination nouvelle, celle de felibre, un organe de presse nouveau, Armanaprouvencau (l'Almanach proven9al), un programme assez bien delimite, encore que flou dans son application, de grammaire et d'orthographe, une vision neuve, surtout, de la langue dans ses rapports avec l'expression litteraire: telles sont les caracteristiques essentielles du Felibrige naissant. Le succes de Mireio, de Frederic Mistral, en 1859, consacra la reussite litteraire du jeune mouvement. Pour la premiere fois, on voyait une organisation et un programme. 4.3.2. Quels furent done les traits fondamentaux de cette oeuvre de restauration linguistique? Mistral lui-meme, dans ses Memoires de 1906, expose le triple but qu'il s'etait assigne: 1) relever, raviver en Provence le sentiment de la race; 2) restaurer la langue naturelle et historique du pays; 3) rendre au proven9al sa dignite par la consecration de la poesie. Mais que voulait dire Mistral par restauration
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de la langue? Quel a etc, dans ce domaine, l'apport incontestable du Felibrige? Quelles ont ete aussi ses faiblesses? 4.3.3. L Orthographe Une des premieres täches du Felibrige fut de fixer la langue ecrite, une langue qui avail perdu depuis des siecles ses traditions graphiques. Des 1853, Roumanille publie son poeme La Part dau bon Dieu, qu'il fait preceder de longues considerations sur l'orthographe proven^ale. II s'y montre partisan resolu de l'orthographe «phonetique», en particulier de la suppression de IV des infmitifs, de l's des pluriels, du / des participes passes, qui ne se font plus entendre dans les parlers d'Arles et d'Avignon. En contre-partie, Roumanille adopte la notation simple des diphtongues au, eu, ou, celle de -avon, -eron pour les desinences verbales, le retablissement de certaines consonnes amu'ies dans les parlers rhodaniens (ex. pradarie, capoulie, camiso, venes, bras, etc., au lieu depradaie, capouie, camie, vene, bra). Mais les choses n'avancent guere. Malgre deux congres successifs, ä Arles (en 1852) et a Aix (en 1853), rien de definitif n'est encore fait quant ä la fixation ecrite de la langue. Les fondateurs du Felibrige comprirent qu'il fallait en sortir et, apres bien des reserves, c'est la graphic dite phonetique (en realite plus francaise que phonetique) qui, sous Fimpulsion de Roumanille, finalement 1'emporta. Non sans resistance certes, comme le montre la correspondance echangee entre Roumanille et Mistral, le disciple n'acceptant pas sans discussion l'opinion de son ancien maitre et aine de douze ans. Le prestige de l'ancienne langue, Fexemple des poetes d'Aix et de Marseille, la science d'erudits comme Crousillat, Honnorat ou meme Fabre d'Olivet, ses etudes personnelles de philologie romane, tout cela est en effet d'un grand poids pour Mistral, mais il ne reussit pas a imposer son point de vue: le caractere quelque peu dictatorial de Roumanille cut finalement le dessus; malgre des reticences de ci de lä comme par exemple celles, en 1864, de 1'ethnomusicologue Damase Arbaud, Mistral accepta, et resta toute sa vie fidele aux principes de 1854; ses propres chefs-d'oeuvre en avaient fait, presque ä son insu, sa graphic. 4.3.4. Leprovenfal litteraire La solution des problemes de la graphic et de Fepuration de la langue s'est heurtee tout d'abord a un obstacle majeur, que les felibres ont bien senti, mais qu'ils n'ont pas su resoudre d'une maniere satisfaisante: l'obstacle du ä 1'eparpillement dialectal de l'occitan et du pro-
ven9al lui-meme. Ainsi s'est posee en premier lieu la question du choix du dialecte litteraire. En realite, ce probleme s'est trouve resolu d'emblee par le fait meme que la plupart des premiers felibres etaient tous de la region d'Avignon et d'Arles. Le proven9al litteraire a done pour base le dialecte rhodanien, en particulier le parier de Maillane, patrie de Mistral. C'est a partir de la que s'est elabore tout le travail d'epuration, de fixation et d'enrichissement accompli par Mistral. En realite, le goüt tres sür de l'auteur de Mireio, sa culture occitane, lui ont permis d'eliminer parfois du parier maillanais les formes et sons trop particuliers et de leur preferer des types phonetiques ou morphologiques plus generalement repandus ou simplement moins aberrants. Quant a l'enrichissement de la langue, il a consiste essentiellement a faire entrer dans le lexique, en les adaptant phonetiquement, tous les mots utiles qui n'etaient pas d'usage dans le parier de base, en particulier les termes techniques ou relatifs a des structures de vie tres particularisees. II a consiste en outre ä revenir au vrai genie de la langue, singulierement ä ses facilites de derivation et de composition qui font du proven9al et de l'occitan dans son ensemble, une langue extremement riche et propre a rendre les plus subtiles nuances de Faffectivite. Comment et par qui fut menee ä bien cette täche? La encore, c'est le seul Mistral qui sut en creer l'instrument. Le Tresor du Felibrige, veritable monument du provenfal et des autres dialectes d'oc, a la fois ouvrage de lexicologie et encyclopedic meridionale, avec ses deux volumes in-quarto de plus de onze cents pages, fruit de «vingt annees de travail de negre», selon les propres termes du poete, le Tresor, malgre ses insuffisances de documentation et de technicite (Mistral n'etait pas philologue de formation), reste aujourd'hui encore un instrument de travail indispensable. 4.3.5. Portee et limites de la reforme mistralienne II est incontestable que la reforme felibreenne a marque une etape decisive dans la restauration de la langue. Avant eile, c'etait l'anarchie la plus totale, avant eile, surtout, on ne croyait pas ä une survie possible de l'occitan et encore moins, ä ses possibilites litteraires, du moins dans les «grands genres». Pour la premiere fois, la poesie d'oc sort de ramateurisme pour s'affirmer ä l'echelle de la litterature universelle: reforme concertee de la langue et, plus encore peut-etre, acte de foi quant ä son devenir, qui nous a valu Mireille et Calendal. Les felibres, apres bien des tiraillements, on 1'a vu, ont su mettre sur pied une reforme graphique qui, quoi qu'on puisse en penser, a au
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moins pour eile le merite, apres des siecles de laisser-aller, d'etre un Systeme, simple et relativement coherent. Le genie de Mistral, et c'est lä la meilleure et la pire des choses, a fait le reste. Le Felibrige en effet, malgre les apparences, a ete surtout l'ceuvre d'un seul homme. Qu'on songe a ce qu'il eüt ete sans l'ecrasante personnalite de Mistral. Tour a tour poete, prosateur, linguiste, organisateur, journaliste, homme d'action, Mistral a ete tout et partout. II a ete en outre Thomme de ses chefs-d'oeuvre. Une deuxieme carence de la reforme felibreenne, c'est qu'elle s'est appuyee avant tout sur l'etat linguistique d'un sous-dialecte rhodanien, dejä aberrant au sein du proven9al et, a fortiori, par rapport ä l'ensemble de l'occitan. La graphic de Roumanille a ete con9ue pour les seuls parlers avignonnais, ce qui en limite considerablement la portee. On le vit bien lorsque le succes foudroyant de Mireio fit elargir les ambitions felibreennes, non seulement a la Provence, mais a l'Occitanie tout entiere. Alors, la reforme se solda par un demi-echec. Non pas que l'eclatant exemple de Mistral n'ait suscite de ci de lä de belles vocations poetiques: mais la conception de la langue qu'il a fini par admettre, trop etriquee, rendit difficilement applicable aux autres dialectes une reforme qui ne manquait pourtant pas, au depart, de dynamisme conquerant. La preuve en est dans les inconsequences graphiques et linguistiques des ecrivains non proven9aux: languedociens, gascons ou limousins. La graphic, et surtout la vision felibreenne de la langue ont isole le proven9al, non seulement des autres parlers d'oc, mais encore de la vieille langue et des autres langues neo-latines, du catalan en particulier. II y avait certes une solution: faire du dialecte d'Avignon et d'Arles le proven9al par excellence et la langue nationale de tous les pays d'oc. Mais lä encore, cette tentative etait vouee ä l'echec, faute d'un centre politique assez puissant et d'une dynamique ideologique qui puissent imposer cette vue. Tels sont les problemes, fort epineux il faut bien le dire, qui se sont poses au Felibrige. Monte en fleche par la seule grandeur d'un homme, il s'est peu ä peu desagrege, malgre de ci de lä d'incontestables reussites, quand celui-ci a disparu. Et le culte que les disciples rendaient encore au Maitre, pour respectueux et merite qu'il puisse etre, ne pouvait etre une solution au probleme d'une seule Provence pensante et agissante au sein d'une Occitanie qui se cherchait. Plus d'un siecle de Felibrige rend aujourd'hui possible un recul historique süffisant qui devrait pouvoir permettre un jugement sans passion. Denoncer les indeniables faiblesses du Felibrige ne signifie d'ailleurs pas une condamnation systematique
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d'une action qui, comme toute chose humaine, s'est inscrite ä un moment donne dans un contexte historique et sociologique bien determine. L'auteur du Calendal n'avait sans doute pas une vision parcellaire de la cause occitane, mais son epoque et son entourage ne lui apportaient pas encore les moyens de la defendre jusqu'au bout. Et cela, on ne saurait le reprocher ni au poete ni au Felibrige. Mais le recul de Fhistoire nous permet aussi de dire, et sans ambages, que ce meme Felibrige n'a ete qu'une etape.
4.4.
Une normalisation systematique et globale: la reforme «occitane»
4.4.L La reforme linguistique felibreenne, en s'etendant, achoppa done aux difficultes dues ä la notation de dialectes autres que le proven9al rhodanien. Un des premiers ä s'en rendre compte fut un eure du Limousin, l'abbe Joseph Roux, qui se decida de lui-meme ä adopter «une orthographe se rapprochant le plus possible de celle des troubadours», comme le demandait, en 1876, le Consistoire des Jeux Floraux de Barcelone. Majoral du Felibrige en 1876, il presenta au concours de la Societe Archeologique de Beziers quelques poemes graphics selon ses normes. En particulier, il notait par un a (et non par un o) la finale atone, ecrivant par exemple lenga 'langue' au Heu de lengo: ce qui lui fut reproche par le rapporteur general, Gabriel Aza'is. L'abbe Roux ne se decouragea pourtant pas et, l'annee suivante, accompagna son envoi d'une note explicative. Sa Chanson limousine parut en 1888. Sa reforme graphique fut mal accueillie en Provence et le Felibrige limousin fut longtemps considere comme un schisme. 4.4.2. Cette reforme n'etait cependant qu'un point de depart. Elle fut reprise et menee ä bien par deux poetes languedociens, Prosper Estieu et Antonin Perbosc. Depassant le localisme linguistique des felibres, ils firent marcher de pair l'etude de la langue ancienne et des parlers usuels et mirent sur pied un Systeme ä la fois traditionnel et logique tendant ä unifier orthographiquement les divers dialectes. Leur parier de base, le languedocien, plus conservateur et plus central que le proven9al, les mettait ä meme d'accomplir presque spontanement cette täche. Les points essentiels par lesquels ils ameliorerent la graphic de l'abbe Roux furent le remplacement du digraphe fran9ais ou par o (correspondant au o ferme de l'ancienne langue) et la notation par o du ouvert. Ils adopterent en outre le digraphe tz pour la 2e pers. du pl. des verbes, distinguant ainsi: cantats 'chantes' de cantatz 'vous chantez'. Cette nouvelle graphic, fondee sur le retour aux traditions specifiques et qu'on appela «neo-
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
romane», ne fut pas creee d'une seule piece. Ses premiers balbutiements remontent ä 1896, dans la revue Mount-Segur (plus tard Mont-Segur), ou furent progressivement proposees et adoptees les diverses innovations. Mais sa premiere manifestation litteraire n'eut Heu que trois ans plus tard, en 1899, avec les Bordons Pagans de Prosper Estieu. De toute fa9on, des 1904, le programme de restauration linguistique est nettement delimite: il sera l'ceuvre, non d'un seul homme, füt-il Dante ou Mistral, mais de tous les ecrivains occitans. L'adoption, avec quelques modernisations, de la graphic classique des anciens trobadors (graphic souhaitee, on l'a vu, par Mistral luimeme) est veritablement une nouveaute importante. Nouveaute aussi la vulgarisation du terme occitan, qui impliquait une nouvelle vision, globalisante, de la langue sur laquelle nous reviendrons plus loin. Les principes occitans furent consacres par la fondation, le 6 juillet 1919, au manoir d'Avignonet, de YEscola Occitana et par la parution, sous l'egide de Academic des Jeux Floraux de Toulouse, de la revue Lo Gat Saber. Cette nouvelle ecole, ä vrai dire, fut plutöt un schisme par rapport au Felibrige qu'une rupture systematique et definitive avec lui. Des membres, et non des moindres, de YEscola Occitana, sont des dignitaires du Felibrige et, inversement, des ecrivains proven9aux de provenance felibreenne adoptent la graphic occitane, comme par exemple Marius Andre et Louis Funel. Vers la meme epoque (1923) est lancee ä Toulouse la revue Oc, caracterisee des sa naissance par une pan-occitanite de principe, en rupture plus marquee avec le Felibrige et, partant, le Systeme graphique Roumanille-Mistral. En 1930 est fondee ä Toulouse la Societal d'Estudis Occitans (SEO) sur le modele de Ylnstitut d'Estudis Catalans, de Barcelone. L'exemple et l'aide materielle des Catalans sont en effet decisifs ä cette periode. Comme les Catalans l'ont fait de leur langue, la SEO veut promouvoir l'occitan au rang d'une langue de communication moderne en la pourvoyant d'une graphic systematique et unitaire. Ses relations avec la Catalogne demeureront etroites jusqu'au debut de la guerre civile d'Espagne. Oc est par exemple une revue souvent bilingue et ä sa direction se trouvent ä la fois un Occitan (Ismael Girard) et un Catalan (Josep Carbonnell). 4.4.3. Le travail le plus important de la SEO fut la parution, en 1935, ä Barcelone et avec l'aide du mecenat Catalan, de renorme Gramatica occitana segon los parlors lengadocians, de Louis Alibert. Ce monument de plus de 500 pages, est, depuis les Leys d'Amor medievales, la premiere grammaire scientifique et pratique entierement redigee en occitan. Preconisant un essai de
conciliation entre le Systeme mistralien, celui de Perbosc-Estieu et celui de V Institut d'Estudis Catalans, rejetant les graphics trop specifiquement catalanes (telles que //, ny, ix, tx, ig remplacees par Ih, nh, is, ch, g), Louis Alibert a mis sur pied un Systeme qui actualise une vision unitaire de la langue: dans le temps d'abord, par le retour aux principes traditionnels de l'ancienne langue, dans l'espace ensuite, par le biais du graphismesupport (dont nous parlerons plus loin), qui correspond ä une seule et meme image graphique sous-tendant les variantes phonetiques les plus caracteristiques de la parole dialectale. Ä teile enseigne qu'il devient relativement aise a un Gascon de comprendre le provenfal, ä un Proven9al de comprendre le limousin, et surtout ä un Catalan de lire l'occitan et reciproquement. Ä cela il faut aj outer la poursuite du travail de purification et d'unification morphologique, si bien que les Occitans disposent aujourd'hui d'un instrument linguistique absolument adequat ä ('expression poetique, philosophique et scientifique, en meme temps que parfaitement adapte ä tous les besoins d'une langue vehiculaire. Cette Gramatica fut suivie, en 1966, d'une oeuvre posthume du philologue, le Dictionnaire occitanfrancais d'apres les parlers languedociens. 4.4.4. Mais la grammaire d'Alibert etait essentiellement tournoe vers le languedocien. II convenait d'etendre aux autres dialectes d'oc la reforme qu'elle preconisait. Ce fut l'oeuvre de VInstitut d'Estudis Occitans (IEO), cree en 1945 et faisant suite ä l'ancienne SEO. En 1951, Robert Lafont public sa Phonetique et graphie du provencal. Essai d'adaptation de la reforme linguistique occitane aux parlers de Provence. L'annee suivante, Louis Alibert, Pierre Bec et Jean Bouzet lancent le principe d'une application de la reforme alibertine au gascon: reforme dejä latente depuis 1928, grace aux efforts de Jean Bouzet. Ces principes, consignee dans plusieurs brochures et opuscules de , sont passes dans le domaine des faits par suite de l'adhesion ä la graphie d'Alibert de la plupart des jeunes ecrivains gascons; grace aussi aux necessites pedagogiques qui se fönt de plus en plus sentir. Le nord-occitan enfin, un des premiers dialectes, on l'a vu, ä retrouver la graphie classique, a suivi le mouvement grace ä faction des Limousins Paul-Louis Grenier (1879-1954), Jean Mouzat (1905-1985) et Joseph Migot (1920 1974). Ä l'heure actuelle, la revue historique et archeologique Lemouzi ne public que des textes en graphie normalisee. 4.4.5. Et nous en arrivons maintenant ä une presentation theorique de la reforme alibertine, ä la fois pour ce qui est de la normalisation graphique que de la standardisation (relative) de la langue.
344. Okzitanisch: Sprachnormierung und Standardsprache
Le probleme fondamental qui s'est trouve pose d'emblee est evidemment celui de la dialectalite de l'occitan. Nous en avons traite ailleurs avec les precisions süffisantes (cf. Bec 1986, 32-61). Nous n'y reviendrons ici que d'une maniere beaucoup plus sobre et surtout dans une perspective differente. Notre division de l'ensemble occitan en effet, si eile continue de s'appuyer, de toute evidence, sur les donnees de la segregation reelle, repond davantage a une dynamique socio-culturelle de normalisation. 4.4.6. Nous rappelons d'abord les trois complexus dialectaux de l'ensemble occitan: 1) le nord-occitan; 2) V occitan meridional; 3) le gascon. Le nord-occitan (limousin, auvergnat, alpin) se caracterise essentiellement par la palatalisation des sequences latines CA et GA en /ca/ et /ga/: lojau chanta/occ.mend. h gal canta 'le coq chante'. L'occitan meridional comprend: le languedocien, sur lequel nous reviendrons, et leprovencal, le gascon enfin, le plus original et le plus «iberique» des dialectes d'oc, que certains vont jusqu'a considerer comme une langue romane specifique (cf. carte nc 1). Carte n°1: Les dialectes occitans LANGUE D'OLL
FRANCOLimousin ^iPROVENCAi; NORD-OCCITAN _ f Auvergnat Alpin? |
" .LANGUE \ D'O.C
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[fait], [faito]). L'autre est marquee, comme en espacative en position intervocalique: vaca [bako] gnol, par un processus de palatalisation du ['t] 'vache', lavar [laba] (ou on a [b], tout comme par le [y], lequel est ä l'origine d'une serie quand il s'agit d'un mot dans lequel notre frid'affriquees [ts], [tc], [dj], [s], etc. II se trouve cative labiale precede de B ou de P sonorise que le Languedoc linguistique est partage enen [b]: [kantabo] < CANTABAT 'il chantait', tre ces deux traitements, les zones meridio[sabo] < SAPA 'seve' (sur les origines de ce pronales presentant le premier d'entre eux, alors cessus, en marche des la latinite, v. les gramque les zones septentrionales ont prefere le maires historiques et aussi 2.3.3., v). II faut second (Ringenson 1930; Ravier 1978a): nous cependant signaler que les parties du langueverrons plus loin qu'une importance particudocien au contact du nord-occitan ont [v] liere a ete attribuee ä ce fait quand on a cherdans leur Systeme: v. ALLoc 2, 377 «veau». che ä degager les caracteristiques fondameni) Disparition, dans une partie importante du domaine, de [n] venu en finale de mot ä la tales du facies linguistique occitan. phase romane ou proto-romane: [pa] < k) Faisons encore etat des problemes poses par PAN(EM), [bi] < VIN(UM), trait dont on veriles phonemes ou groupes de phonemes latins /consonne, GE, GI, BI, VI, DI: leur evolution, fiera aussi 1'existence en nord-occitan. Cette comme pour le groupe -CT-, a pris deux dinasale est qualifiee de caduque (Ronjat 1930-1941, vol. 1) ou d'instable (Anglade rections divergentes dans le Languedoc linguistique. D'une part ils ont abouti a la pre1921, 184-185, qui cite les dimorphismes de I'ancienne langue tels que pan et pa, ben et be, palatale sonore [j], d'autre part ils sont contirazon et razo): on se demandera toutefois si nues par diverses affriquees, [ts], [dz], [tc], [dj] ces dimorphismes ne sont pas plus graphi(et meme, a Tissue d'un processus de transques que phonetiques, comme semblent le phonologisation que nous avons nous-meme etudie (Ravier 1978a), ä 1'interdentale [z]). Le montrer des rimes de troubadours telles que/ < FINE(M) et si (Guillaume d'Aquitaine). De resultat [j] interesse la portion sud-occidentale plus, dans la piece d'ou est tire cet exemple, le du domaine, les affriquees, elles, etant plutot celebre Pois de chantar m 'es pres talentz, le n septentrionales et orientales (encore que leur final etymologique n'est jamais note pour les zone d'implantation commence non loin de mots qui le comportent normalement: vezi, Toulouse). Quant ä l'interdentale [?], eile est le cozi, angevi, lati, etc.: les choix graphiques propre des parlers de la zone perigourdine,
347. Okzitanisch: Areallinguistik
c'est-ä-dire la portion nord-occidentale, avec prolongements en nord-occitan. Toujours estil que p.ex. le continuateur de GENERU pourra, selon les regions, etre realise [j|ndre], [ts^ndre], [dz^ndre] ou encore [zendre]. 1) Fermeture ancienne, devant nasale implosive, de [e] et de [o] ouverts issus de E et Ö latins, le fait concernant en realite tous les parlers occitans de l'ouest du Rhone: VENTU > [ben], FÖNTE > [fön], BENE > [be],
BONU > [bKÜ]
(pour la denasalisation de [be] et [b hilha [hjlo], FARINA > haria [harjo], FLORE(M) > hlor [hl^u], CALEFARE > cauhar [ka^uha]. Cette evolution, ä l'evidence, rapproche notre idiome du castillan, ce second, toutefois, n'ayant pas ete aussi loin que le premier dans la logique de cette evolution (cf. gasc. hoec/cast.fuego: Rohlfs 1970). Actuellement, 1'aspiree tend a perdre de son intensite dans certaines parties de la Gascogne, p.ex. la region bordelaise (FOCU > [uk]) ou en secteur sud-oriental (Comminges, Val d'Aran): FONTE > [qint], [ont]: ALG 3, 918 «feu», 929 «fontaine».
347. Okzitanisch: Areallinguistik
b) Perte de -n- intervocalique, remontant au VIIe siecle, c'est-ä-dire aux origines de l'idiome: UNA > una [ ], LUNA > luna [lyo], FARINA > haria [harjo] (cf. aussi portugais). Le trait est älteste des les plus anciens textes (Dinguirard 1979). c) II est arrive que la disparition de la nasale intervocalique affecte la variete palatale de celle-ci, c'est-a-dire [n]: le fait est observe aux confins du Gers et des Landes, dans des realisations [bjo] < VINEA, [1JO] < LINEA, 6 Heu et place de [bjno], [lino] normalement attendus. La toponymie montre que ce traitement a ete plus etendu autrefois: doublets Aubian/Aubignan, Auriac/Aurignac, et aussi graphics anciennes Armaiac (Armagnac), Lugaian (Lugagnan); v. Folge 1964; Ravier 1965; Rohlfs 1970. d) Pour le -n devenu final les observations des uns et des autres renvoient l'image d'une situation complexe. Aux remarques de Rohlfs (1970), on ajoutera ce que nous apprend ALG 2, 530 «chien»: le centre du domaine presente [kän], cette grande zone velarisante se trouvant bordee au nord par une zone [kä] (cette voyelle nasale se retrouve en nord-occitan: v. 2.5.5., i) et au sud par une zone de denasalisation complete ou tres poussee [ka], centree sur le Beam et la Bigorre et reapparaissant en Couserans; de plus, aux confins du Gers, du Lot-et-Garonne et du Tarnet-Garonne on a [kän] ou [kän], plus ici ou la des [ko], [kce] et meme [kä], avec nasillement bien marque (v. aussi Seguy 1973b, 2170 -jV finale latine ou romane: realisation des produits). Une palatalisation de -n peut aussi intervenir dans le cas oü cette consonne etait anciennement suivie d'une autre consonne, soit p.ex. ROTUNDU > [iedqin]: la zone concernee se trouve en Gascogne pyreneenne Orientale (Bec 1968; Rohlfs 1970; Ravier 1963). e) Tendance au developpement d'une voyelle [a] devant r- initial (a dit prosthetique): arrat [arat] 'rat', arrasim [arazjm] 'raisin', arröda [arpdo] 'roue', que comparera avec languedocien rat, rasim, röda. Le meme traitement n'est pas inconnu de l'aragonais: arrier vs. cast, re'ir; la phonologic originelle du basque quant ä eile exclut l'initiale r-, cette consonne demandant une voyelle antecedente: errege < REGE, errota < ROTA, erripa < RIPA. Pour certains, le fait pourrait done relever du Substrat, idee d'autant plus seduisante que les noms indigenes des inscriptions latines de l'Aquitaine ignorent eux aussi r- initial (v. p.ex. ERIAPE ou ERRIAPE, divinite indigene abondamment attestee: Gorrochategui Churruca 1984), alors
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que d'autres mettent cette explication en cause (v. Jungemann 1955,273-288). Toujours est-il qu'en zone aquitaine, on a des attestations tres anciennes de cette prosthese de a, celle-ci affectant surtout des noms de personnes latinises ou non: Arregemundo (vers 990), Arreinaldo (vers 1026), Arroger (versllOS). f) Traitement specifique du groupe LL. En position intervocalique, celui-ci aboutit ä [r]: BELLA > bera [b?ro], GALLINA > garia [garjo], *APELLARE > aperar [apera], BULLIRE > borir [bcurj], Mais en position finale, le meme groupe se resout en [t] (note -ih en orthographe classique occitane, dite improprement orthographe occitane): BELL(U) > beth [bet], CASTELL(U) > casteth [kastft]. Le [t] < -LL se palatalise spontanement en Beam (region d'Orthez), mais aussi dans les vallees de Luchon, le Val d'Aran, les vallees du Lez et du Salat (confins du Comminges et du Couserans): [bete], [kast^tc]. g) Allegement des groupes consonantiques -MB- et -ND-, le premier en [m], le second en [n]: *CUMBA > coma [kq,imo], *LANDA > lana [lano]. Ä cet egard identite de comportement du gascon et du Catalan: cf. pour ce second *EXLUMBARE > esllomar [ezjnima] et *BINDA > bena [bena]. Mais castillan PLUMBU > plomo [plpmo] et ROTUNDU > redondo [redpndo]. En ce qui concerne -MB- > [m] ALLoc l, 75 «vallon» et ALLor l, 92 «vallon» montrent l'evidente continuite pyreneenne - Gascogne, Languedoc montagnard, Catalogne - du traitement en question. h) Conservation des phonemes labio-velaires [kw], [gw]: QUATT(U)OR > quatre [kwate], *WARDON > guardar [gwarda] (languedocien: [katre], [garda]). i) Vocalisation en [m] de L devenu final: SAL(E) > sau [sani], MEL(LE) > meu [me^u]. Meme evolution en proven9al (v. 2.4.3., f)· S'agissant du languedocien, on a vu que la vocalisation est liee ä la position ante-consonantique du phoneme (v. 2.2.3., g), j) Comme en languedocien et en nord-occitan occidental (v. 2.5.3., e), [e] et [o] au contact de nasale se ferment: VENTU > [ben], TEMPUS > [tems], PONTE > [pcün]. k) Evolution non palatalisante, comme dans une partie du languedocien, du groupe -CT-: FAC> heit [heit]. 1) L'exemple precedent a aussi permis de constater l'umlaut [ai] > [ei], le groupe diphtongal pouvant s'alleger: [heit] > [het]. m) Une partie de la Gascogne pyreneenne (vallees d'Aspe et de Baretous), en relation avec le domaine haut-aragonais, n'a pas ete affectee
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
par ce phenomene majeur de la Romania occidentale qu'est la sonorisation de C, P, T intervocaliques: ainsi, dans la zone concernee, on releve des [artjko], [ap?lo], [muta] (< ARTFCA, APICULA, MUTARE), face ä ce qui est ailleurs et normalement [artjgo], [ab^lo], [muda]. Pour Taragonais il suffira de citer acuto [ak^utc] pour agudo [agq^do], liepre ou liapre [ly^pre, lyapre] < LEPORE(M). L'explication de ce traitement fait probleme: au-delä de la these substratiste (cf. resistance du basque ä la sonorisation des sourdes intervocaliques dans l'adaptation de mots latins: PACE > bake), il y a lieu de se demander si la notable exception qu'il represente dans la Romania occidentale ne serait pas aussi due au fait que les zones concernees sont restees hors des influences celtiques (role de la lenition), ce qu'admet Jungemann, de maniere nuancee: «La ausencia de bilingüismo celto-latino en Bearne y Alto Aragon sera suficiente para explicar la perduracion des estas y otras consonantes del sistema latino, pero la posibilidad del influjo eusquera no sera necesariamente excluida» (Jungemann 1955). Quoi qu'il en soit, le caractere primitif du fait ne saurait etre mis en doute, pas plus que son extension plus grande dans 1'ancienne Gascogne (Elcock 1938). n) Ä l'inverse, dans les zones ayant preserve la surdite originelle de -P-, -T-, -C-, ces memes consonnes apres nasale et vibrante se sonorisent, ce qui est une situation aussi exceptionnelle que la precedente et dont on a de bonnes raisons de penser qu'elle interessait autrefois une zone beaucoup plus importante que maintenant: CANTARE > [kända], BLANCA(M) > [blj-ingo], SALTARE > [sanida], etc., que opposera ä [känta], [blanko], [sa^uta] (Elcock 1938). o) Passage ä [ce] du [e] tonique historique dans les parlers de la moitie ouest du departement des Landes, avec deux petits debordements, Tun en Gironde, l'autre dans les PyreneesAtlantiques: c'est ce que appelle traditionnellement le gascon noir, qui est en fait le landais maritime. II s'ensuit que [e] n'a plus de correlatif ferme: PISCE > [pcec], TRES > [trees] (ailleurs: [pec], [tres]). Mais dans le meme secteur et pour [e]: LEPORE > [leboe] (Seguy 1965; 1973b, 2152 et 2153 «produits de e tonique primitif: statistique des realisations»). p) Les finales atones issues de A, morphemes de feminin des substantifs et des adjectifs ou desinences verbales, se partagent, du point de vue des realisations, entre deux aires principales: du cöte occidental, dans une zone couvrant la totalite des Landes, la quasi totalite de la Gironde, les deux tiers occidentaux des
q)
r)
s)
t)
u)
v)
Pyrenees atlantiques (= Bearn; toutefois polymorphisme [ce]/[o] en Bearn sud-occidental), plus quelques empietements sur les franges occidentales du Gers et du Lot-et-Garonne a aussi prevalu [ce], dit parfois et improprement [ce] bearnais: [pprtce] 'il porte', [käntce] 'il chante'. Dans le reste du domaine, c'est [o] qui l'emporte majoritairement, comme dans une grande partie de l'occitan: [pprto], [k^nto] (pour le detail des realisations de [ce] et de [o]: Seguy 1973b, 2160 «finale : statistique des realisations» et 2161 «finale feminine: gradient ). On rencontre aussi un produit [=u]: extremite nord de la Gironde (Medoc) et Lotet-Garonne (region d'Aiguillon), alors qu'ailleurs a parfois persiste le timbre [a] (v. cartes precitees). Traitement du suffixe -ARIU: continue par [e] (PRIMARIU > [prume], DENARIU > [din?]: cf. cast, dinero). Le languedocien, lui, a [prumy^] (et au feminin [prumy^ro] ou [prumy?iro]: cf. fr. premier, premiere). Groupes -KS- et -PS- representes par [c], qui implique une phase [YS], le yod ayant determine une palatalisation de la sifflante avant d'etre absorbee par son substitut chuintant (cf. aussi Catalan): COXA > *[kw£iso] > *[kw?ico] > [kw?co], CAPSA > [kaco] (meme chaine evolutive que pour COXA). Le languedocien echappe a la palatalisation: [kw^iso] ~ [kwpiso], [kaiso] (Ravier 1971, qui evoque le Probleme ä propos des suffixes inchoatifs -isc(o), -ESC(O). Passage dans une portion du domaine (est des Landes, secteur armagnacais) de [d] intervocalique a [z]: SUDARE > [suza], Traitement normal en languedocien. Infmitifs proparoxytoniques latins reduits par apocope: *DEBERE > [d?we], SCRIBERE > [eskrjwe], CREDERE > [kr^ze], etc. En languedocien a prevalu une logique inverse, la reduction se faisant plutot par syncope, d'ou [d [pa^, [mai], c'est-a-dire vocalisation de -TR- et apocope (mais languedocien: [piiire], [maire]. Pour -DR- v. Rohlfs (1970). Comme dans la plus grande partie du languedocien, confusion en un phoneme unique [b] du produit de B et de U semi-consonne (V): BIBERE > bever [b?we], VIVERE > viver [bjwe] (cf. le mot fameux de Scaliger vantant le bonheur des Aquitains pour lesquels bibere est vivere 'boire c'est vivre'; -B- > [w] est explique ä la suite). Concernant -B-, il est bien connu que son articulation fricative [b] est acquise des le latin de l'epoque imperiale, favorisant sä ren-
347. Okzitaniach: Areallinguistik
contre avec l'aboutissant, egalement tres ancien [b] de U (K), ce second lui aussi reläche en [b] ä l'intervocalique: l'articulation [b] (< -B- ou -V-) a persiste teile quelle dans la partie meridionale de la Gascogne (sud des Landes, Bearn, sud-ouest de la Bigorre) et dans le Medoc, se retrouvant aussi en Languedoc. Mais dans le reste de la Gascogne, ä ('exclusion des zones en contact immediat avec le languedocien, la mutation commencee ä l'epoque latine s'est poursuivie, notre [b] devenant [w]: [käntawo], [b?we], [bjwe] (dont le consonantisme interieur s'oppose a [kantabo], [b?be], [bibe]). Certains ont pense que [b] pourrait proceder de [w], c'est-ä-dire ne considerenl pas [w] comme une sur-evolution de [b]: cette idee ne nous parait guere soutenable (pour la repartition actuelle de [b]/[w] ALG 5:1, 1612 «consonantisme general: -b- et -w-, -_/- et -y- (intervocaliques)»; v. aussi Seguy 1973b, 2101, «-5-, -V- > b/w»). w) 7 consonne latin, les groupes GE, GI, Dl, VI sont representes par [j] (comme en languedocien pyrenai'co-meridional: v. 2.2.3., k) et par [y], ce dernier occupant la meme aire que le [b] dont il etait question au paragraphe immediatement precedent, avec deux prolongements, Tun, ä l'ouest, jusqu'au littoral atlantique, l'autre, ä Test, dans la portion S.E. des Haules-Pyrenees (v. aussi ALG 5:1, 1612; Seguy 1973, 2117 «yod initial roman» et 2118 «yod intervocalique roman»). 2.3.4. On n'elonnera personne en disant que la morphologic du gascon manifeste eile aussi une specificite certaine. Nous ferons etat des quelques fails que voici: x) L'article eth, era [et], [?ra] < ILL(U), ILLA, aboutissants parfaitement conformes ä la phonetique du gascon (-LL > [t], -LL- > [r]: v. 2.3.3., 0· Du point de vue territorial, il est accroche a la frange montagnarde et premontagnarde (piemont pyreneen) du domaine, une exception notable etant representee par la vallee d'Ossau, qui a l'article des pays de plaine, lo [ku], la [la] (pour l'areologie et les realisations Seguy 1973b, 2425ss.; Rohlfs 1970). Nous sommes personnellement persuade de l'anciennete de l'implantation de cet article dans la zone qui est la sienne: ä ceux qui estiment, comme H. Folge, que Particle eth, era, en zone pyreneenne, se serait progressivement subslilue ä lo, la - dans lequel cas le lo, la ossalois ne serait pas un trait «remontant» de la plaine, mais un fait originel -, il nous suffira d'opposer l'emploi qui est fait de eth, era dans un litre de 1189 du Cartulaire de iabbaye de Lezat (1987, 499): «Eraparaula es que Bertran de Maireia fe fin ab los seios de la mason de
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Sent Bead» (litteralement: 'La parole est que Bertrand de Mayregne fit un accord avec les seigneurs de la maison de Saint-Beaf). Or, dans ce documenl dale de Sainl-Beal, en Comminges et ä proximite du Val d'Aran, les articles los, las sonl egalement employes: nous pensons qu'en realite, au moins dans la langue parlee des zones de montagne, il y a depuis fort longtemps polymorphisme d'emploi de et, era et lo, la. La Gascogne medievale a aussi connu un article issu de IPSE, IPSA (cf. calalan des Baleares el sarde): «ecclesia sa Lana, ecclesia de sa Caubera, Santius des Böse» (XIP s.). Quelques loponymes et anthroponymes le comportenl: Sacasa, Sarrieu, Socasau, etc. y) La specificite que nous evoquions plus haut s'affirme aussi dans le Systeme verbal. Sa complexite, brillammenl mise en evidence par Allieres (1971, ALG 5), ne nous laisse que l'embarras du choix. Nous mentionnerons: a) L'exislence d'un schema accentuel inlegralemenl rhizolonique, notamment au present de l'indicalif et du subjonctif, soil p.ex. pour le premier d'entre eux: [k£nli, k^nlos, k^nlo, k£nlom, k^ntots, k^nlon], alors que dans la plus grande parlie de l'occilan les pers. 4 el 5 sonl leleotoniques, ce qui les mel en conlraste avec les autres. Cetle rhizolonie esl le propre de la moilie nord-occidenlale de la Gascogne (ALG 5:1, 1618; la carle immediatemenl suivanle, 1619, monlre que 1'aire esl un peu plus restreinle pour le subjonclif present). On renconlre aussi des Schemas l, 2, 3, 4 et 6 rhizotoniques, 5 teleotonique (type qualifie d'hybride par Allieres). Ces fails et les donnees se rapportant au reste du paradigme inspirent ä J. Allieres les precieuses remarques que voici: «La Romania connait, d'une fa^on generate, des flexions ä indicatif present et au subjonctif present des trois classes; seule exception parmi les langues (nationales): le roumain, qui a conserve, on le sail, l'accentuation latine dans le \.yptfäcem,face(, - du reste concurrence par le type analogique facem, facef -, cf. le fr. 'vous faites, vous dites'. La dialectologie revele en revanche l'existence d'aires sporadiques d'etendue variable dans lesquelles dominent les types . Le phenomene parait atteindre en Gascogne une ampleur particuliere». L'auteur, prenant alors en consideration l'ensemble de l'Occitanie linguistique, observe: «Ainsi, le dialectologue qui parcourrait lOccitanie d'Est en Quest assisterait, si Ton peut dire, ä un remarquable processus morphologique par lequel les flexions traditionnelles acquerraient toutes progressivement, tiroir apres tiroir, le type ... Avec son presque totale, le gascon occidental offre ainsi en matiere d'accentuation un Systeme homogene, de type (sans alternance), construit sur un modele oppose ä celui du provencal, completement
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch heterotone ou ... Comme le type provencal represente, en definitive, le type roman le plus traditionnel (et le type latin), c'est en opposition avec la Romania tout entiere que le gascon occidental manifeste son originalite, en meme temps qu'il se Signale par une exceptionnelle cohesion entre les diverses formes de ses paradigmes» (cette citation et celles qui precedent viennent de ALG 5:2,30-32).
ß) Est aussi connue du gascon, pour les verbes mettant en ceuvre le suffixe inchoatif issu de -ESC(O) - le languedocien, lui, a opte pour -isc(o), cette repartition paraissant s'etre faite des l'epoque latine, Tun des faits prefigurant ce qu'allait etre plus tard la difference entre Pidiome de la rive droite de la Garonne et celui de la rive gauche -, l'opposition entre formes suffixees et formes non suffixees: [bast?ci, bast^ees, bastle, bastjm, bastjts, bastfcen], ce qui correspond terme pour terme ä la structure catalane: serveixo, serveixes, serveix, servim, serviu, serveixen (Ravier 1971). ) Ä l'imparfait de l'indicatif, intervention du formant -v- < -B- [b, w] pour les verbes des trois classes: cantavi, sentivi, batevi [käntabi, -awi; sentjbi, -jwi; bat?bi, -?wi]. Dans le reste de l'occitan, dimorphisme: en languedocien p.ex. la classe l a -v- comme le gascon (cantavi), mais les deux autres classes ont un imparfait du type -ia [yo]: sentia, batia, provenant des formes reduites -ea(ni), -ia(m) du latin vulgaire. De plus, le gascon bearnais et bigourdan de la montagne possede, pour la classe ä infinitif en -er [e], un imparfait specifique: que bau, que bates, que bäte, que batem, que batetz, que baten (que = particule enonciative dont il va etre plus loin question), soit le vocalisme desinentiel [i, ?s, , |m, ?ts, en]. II est maintenant acquis, grace ä J. Allieres, que cet imparfait est en realite un ancien preterit devenu vacant, ce qui rend irrecevable, parmi d'autres Texplication de Rohlfs (1970, § 536), selon qui il s'agirait d'une «reduction qui a porte ä l'amu'issement de la labiale: prenebes > prenes, prenebem > prenem». ) La structure du preterit gascon demanderait aussi de longues explications. Contentonsnous de signaler les types principaux: aimei, aimes ~ aimem, atmen soil [aim?!, aim^s ~ aim^m, aim$n], sentii, sentis ~ sentim, sentin [sentji, sentjs ~ sentim, sentjn], batoi, batos ~ batom, baton [batcyi, bat^ys ~ batqjm, batcyn]: ces donnees renvoient a l'etat de la langue ancienne. La propagation analogique de certains formants desinentiels a pu amener des refections plus ou moins importantes: aimeri, aimeres [aim^ri, aim^res], dont le [r] provient de la pers. 6 (AMAVERUNT: cf. ancien
occitan canteron, partiron), modele, du reste, largement atteste par l'idiome voisin, le languedocien. On releve aussi la pers. 3 en -c: cantec, dormic, hasoc [känt^k, dcurmjk, hazqjk], heritee eile aussi de l'ancienne langue, ä partir de verbes du type ac 'il eut', dec 'il dut', pöc 'il put'. ) Encore un trait morphologique merite d'etre mentionne, ce que a appele V imparfait du futur, typique de la plaine bearnaise, mais connu aussi du gascon bigourdan montagnard. Dans la premiere de ces zones, si veut, dans une subordonnee, exprimer une action se situant dans une perspective future par rapport a une principale comportant un verbe au passe, on dira: se demanava se vengori [se demanaboe se bengq^ri] 'il se demandait si je viendrais'. Ce vengori, employe en lieu et place du conditionnel, rappelle le subjonctif futur de l'espagnol: amare, bebiere. Certains auteurs 1'appellent aussi futur du passe. II renvoie de toute evidence au futur anterieur latin, confondu avec le parfait du subjonctif: amavero/amaverim, amaveris. Ajoutons encore qu'il est apte ä fonctionner comme un mode conditionnel de plein exercice: la chose est signalee par Rohlfs (1970) pour la vallee de Bareges, en Bigorre (Yessigoris, si non ployiva? 'Sortirais-tu, s'il ne pleuvait pas?'). 2.3.5. Terminons par quelques indications sur la syntaxe et la morpho-syntaxe. z) Le trait que met souvent en avant est 1'enonciatif verbal: il s'agit en effet de quelque chose de particulierement interessant. Dans une aire d'orientation W-SE, qui correspond aux deux tiers du triangle gascon (Landes, Beam, Bigorre, Armagnac, Comminges, Couserans; Seguy 1973b, 2390, 1'expression des formes personnelles du verbe exige, sauf ä l'imperatif, l'intervention d'une particule que ([ke] ou [ka]) dans toute proposition affirmative, principale ou independante: que canti est done 'je chante' et non 'que je chante'; de la meme fa£on: que't porti un troc de pan 'je te porte un morceau de pain', que't disi que venguera doman 'je te dis qu'il viendra demain', lo vesin qu'ei vengut aqueste maitin 'le voisin est venu ce matin' (et non 'le voisin qui est venu ce matin'): ce que est traditionnellement appele «que enonciatif», «enonciatif», «particule enonciative». Que n'est pas le seul enonciatif: en zone bearnaise notamment, on releve aussi les particules e, be, ja sur lesquelles on reviendra. On imagine sans peine que les explications donnees a propos de l'origine de ce que sont variees. Parmi celles-ci, nous mentionnerons: 1) grammaticalisation d'un relatif (Spitzer); 2) emploi explicatif (Rohlfs) comme en espagnol, mais aussi en ancien
347. Okzitanisch: Areallinguistik occitan et meme encore en occitan moderne; 3) conjonctif introduisant une completive et ellipse de la principale implicite (Rohlfs, Ronjat, Bourciez et al.), selon un schema que soisegur queplau 'je suis sur qu'il pleut' > (que soi segur) queplau > que plau Ml pleut' (pour le detail cf. Bec 1968). Ces diverses theories ont ete examinees par Andre Joly, qui a indique de maniere rigoureuse les objections dont sont justiciables les unes et les autres: i l montre en particulier que celle qui est citee ci-dessus sous 2 (que explicatif) a centre eile le fait que, precisement, en bearnais «que enonciatif n'est en aucune maniere un introducteur de phrase», celui-ci venant au contraire se placer entre le sujet et le verbe: lo mainatge que plora Tenfant pleure' (cf. Joly 1976; meme difficulte pour I'explication par que conjonctif)· S'appuyant sur les travaux de J. Bouzet (1951 notamment), A. Joly propose de substituer au point de vue «genetique», l'attitude qui consiste ä «s'en tenir au fonctionnement du Systeme en synchronie». A Tissue d'un tres minutieux examen des faits, il pose que les enonciatifs participent, de maniere indiscutable, ä ce qu'il appelle avec G. Guillaume «('incidence verbale»: ils leur revient «d'actualiser l'incidence du verbe a son support personnel» (une phrase comme lo praube mainat s'en volo tornar ta casa, pour devenir valide du point de vue grammatical et possible en discours, doit etre formulee lo praube mainat que s'en volo tornar ta casa 'le pauvre enfant voulut revenir ä la maison'. «Les morphemes enonciatifs, ecrit A. Joly, sont done les signes de l'incidence verbale et, par voie de consequence, les realisateurs de la phrase. Leur fonction premiere est en effet predicative, puisque leur presence est la condition sine qua non d'existence de la phrase» (v. aussi Lafont 1967). Quant aux attributions respectives de que, be, ja d'une part, de e d'autre part, A. Joly montre tres bien que les premieres interviennent dans les phrases de type declaratif et exclamatif (et aussi dans certains enonces interrogatifs), alors que le second est mis en oeuvre dans les phrases hypothetiques, optatives, interrogatives, bref que que, be, ja appartiennent au champ de la position (thetique), e relevant du champ de la supposition (hypothetique). On pourrait aussi considerer que que est partie indissociable du syntagme verbal, selon un schema: GV —* enonciatif (que) + V (canta). L'excellent grammairien A. Hourcade (1986) propose une autre solution qui consiste ä «her l'enonciatif au type», type declaratif en l'occurrence, promu de ce fait au rang de constituant superieur de l'enonce, soit en structure profonde: —»type declaratif (enonciatif: que) + P (phrase: N + V: lo vesin + canta): «C'est ainsi que que serait une des marques du type declaratif» (Hourcade 1986, 31).
aa) Partitif exprime sans le secours de prepositions ou d'articles: ai crompat pan 'j'ai achete du pain' (cf. Catalan et castillan). Le fait interesse pour ainsi dire l'ensemble de la Gascogne, avec un prolongement en languedocien pyreneen (ALLoc l, 32 «de la boue», 82 «de l'eau claire»).
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2.3.6. Parlant du groupe qu'il nomme «aquitain» (i.e. le gascon), Ronjat (1930-1941, vol. 4,§ 851) observe: «Autant ce groupe est, d'une generate, nettement delimite par des traits communs s'opposant aux traits languedociensguyennais, autant difficile est, par suite des entrecroisements que presentent les lignes d'isoglosses, une subdivision en families de parlers qui soit assise sur des faits vraiment patents». Nous souscrivons globalement ä ce jugement (v. 4.1.4.). Certes, les donnees exposees ci-dessus, pourraient, dans certains cas au moins, faire conclure a ['existence de groupes regionaux (p.ex. le «parier noir» landais, le bearnais). Mais l'extreme complexite du fades ne permettrait pas d'aller bien loin dans cette voie. C'est pourquoi nous opterons pour une presentation consistant ä distinguer, dans l'ensemble gascon, trois sousensembles, soit: le gascon occidental, le gascon oriental et le gascon pyreneen. Le premier d'entre eux regroupe en gros les parlers des Landes, de l'extreme sud de la Gironde, du nord des Hautes-Pyrenees, de la frange nord des Pyrenees atlantiques, de la portion occidentale du Gers: il comporte pour l'essentiel les caracteristiques fundamentales de l'idiomatisme gascon. Le second, lie au bassin de la Garonne, c'est-ä-dire ouvert vers Test, accueille un certain nombre de traits languedociens et, correlativement, ne presente plus tel ou tel trait notoirement gascon (perte du que enonciatif dans la zone correspondante). Quant au troisieme, occupant le front pyreneen, piemont compris, il se caracterise par un endemisme accuse: aux traits de la gasconite occidentale, il en ajoute d'autres, p.ex. l'article eth, era, l'imparfait du futur. Nous avons naguere, commentant la derniere et peut-etre la plus saisissante des cartes qu'ait dessinees Seguy (1973b, 2531 «champ gradient de la gasconite»), montre que de la Gascogne pyreneenne occidentale ä la Gascogne pyreneenne Orientale on se trouve en presence d'un veritable continuum linguistique, marque par une grande homogeneite, ä propos duquel nous utilisions le terme de «compacite» (Ravier 1976). La carte de Seguy dont il vient d'etre question donne aussi clairement ä voir que, par delä les differences indeniables, il y a une continuite certaine du gascon pyreneen au gascon occidental. Quant ä la dualite gascon oriental/gascon occidental, nous croyons avoir etabli (Ravier 1978b) qu'elle ne fait que reconduire une ancienne division culturelle de l'Aquitaine prelatine: Aquitaine de Test, ouverte aux apports exterieurs, celtes notamment, Aquitaine de l'ouest plus refermee sur son fonds «originel, plus resistante aux influences exterieures» (v. aussi Gorrochategui Churruca 1984, 57).
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VI. Sprachen und Sprachgebiete: Okzitanisch
2.4. Le provencal 2.4.1. Le provengal represente la forme Orientale de l'occitan meridional (pour cette denomination v. plus bas; l'auteur tient ä remercier Jacques Boisgontier pour ses indications et suggestions): il est actuellement fortement individualise par rapport au languedocien. Mais ä l'epoque medievale, la difference entre les deux idiomes etait beaucoup moins accusee. On observe a cet egard que les traits qui marquent l'originalite du provenfal sont, soit d'importance secondaire (n'affectant qu'un nombre restreint de vocables, et, de ce fait, rares dans le discours ou dans l'ecrit), soit recents (il faut comprendre ici «relativement recents», c'est-ä-dire qui ne se sont developpes qu'a l'epoque du moyen occitan: XVeXVIe siecle. C'est la combinaison ou l'accumulation de ces traits secondaires ou tardifs qui ont donnee sä physionomie au proven9al moderne). 2.4.2. S'agissant des traits fondamentaux et anciens, on mentionnera: a) La non-palatalisation de c et g dans les groupes CA- et GA- du latin, cet idiome se comportant done sur ce point comme le languedocien et le gascon (et se distinguant, ainsi qu'on verra plus loin, du nord-occitan): CAT> cat [ka], CASTELLU > casteu [kast