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French Pages 212 Year 1991
ETUDES SUR LE VOCABULAIRE INTELLECTUEL DU MOYEN AGE
IV DICTIONNAIRES ET REPERTOIRES AU MOYEN AGE
CIVICIMA COMITE INTERNATIONAL DU VOCABULAIRE DES INSTITUTIONS ET DE LA COMMUNICATION INTELLECTUELL ES AU MOYEN AGE Président
L.M. de Rijk
Secrétaire
Olga Weijers Représentants nationaux
Allemagne Belgique Canada Espagne Etats-Unis Europe de l'Est France Grande Bretagne Italie Pays-Bas Pays scandinaves Portugal
Coordination générale
Olga Weijers Postbus 90753 2509 LT La Haye Pays-Bas
Helmut Walther Jacqueline Hamesse Bernardo Bazin Antonio Garda y Garda Richard Rouse Aleksander Gieysztor Jacques Monfrin John Fletcher Tullio Gregory Robert Feenstra Eva Odelman Isaias da Rosa Pereira
CIVICIMA ETUDES SUR LE VOCABULAIRE INTELLECTUEL DU MOYEN AGE
IV
Dictionnaires et répertoires " au moyen age Une étude du vocabulaire par
OLGA WEIJERS
BREPOLS TURNHOUT BELGIQUE 1991
A S., de toute évidence
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TABLE DES MATIÈRES. Avant-propos Introduction
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L Les conditions préliminaires 14 A. Le classement alphabétique 14 B. La division du texte 23 1. Termes désignant la division du texte 26 2. Termes désignant les parties du texte 29 3. Termes se rapportant à la division par page, etc. 4. Les noms des signes et renvois 37
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II. Glossaires et dictionnaires 41 A. Genres et appellations 43 1. Les appellations générales des glossaires et des lexiques 43 2. Quelques genres particuliers 52 3. Les appellations moins courantes 58 B. Méthodes et instruments 61 1. Les noms des lettres et des mots 61 2. Le sens des mots 68 3. La forme des mots 72 4. L'explication des mots 73 5. Les méthodes principales 75 6. La traduction 82 7. Les citations 85 8. Autres termes se rapportant aux méthodes et instruments 88 III. Répertoires 93 A. Tables et index 93 1. Tables des matières 94 2. Tables alphabétiques 99 a. Les appellations principales 1OO b. Autres appellations 106 c. Méthodes et instruments 111 B. 'Distinctiones' et concordances 119 1. Les collections de 'distinctiones' 120 2. Les concordances 126 C. Répertoires juridiques 133 1. Répertoires et dictionnaires 133 2. 'Distinctiones' juridiques 140
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TABLE DES MATIÈRES
3. Concordances juridiques 142 D. Catalogues de bibliothèques 144 E. Bibliographies 145 F. Autres répertoires 152 Conclusion
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Abréviations 160 Bibliographie 161 A. Littérature moderne 161 B. Liste des auteurs et des ouvrages utilisés Index des manuscrits 207 Index des termes techniques 210
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AVANT-PROPOS. Ce quatrième volume de notre collection diffère des trois précédents du fait qu'il s'agit d'une monographie, mais il a le même objectif et s'inscrit dans le même programme de travail. Son organisation est semblable à celle de mon étude sur la terminologie des universités au XIIIe siècle, avec quelques modifications imposées par le sujet et la documentation. Ainsi, cette dernière est pour une part importante composée de sources manuscrites, mais sa nature exclut la citation systématique des premières attestations. L'essentiel cependant est identique: l'exposition des réalités et des concepts, l'inventaire du vocabulaire correspondant, l'explication de ce vocabulaire par l'histoire sémantique. Pour mener à bien cette étude, qui a été précédée d'un article sur le même sujet dans le troisième volume de cette collection, j'ai bénéficié d'une aide matérielle de la part de !'Organisation Néerlandaise pour le Développement de la Recherche Scientifique (N.W.O.) qui m'a permis de compléter le matériel pendant un voyage en Grande Bretagne; d'autre part, j'ai profité des conseils et de la bienveillance de nombreux collègues et responsables de bibliothèques, notamment de ceux qui ont répondu à des questions ponctuelles concernant leurs manuscrits. Je les en remercie tous très cordialement. Une fois de plus, je tiens à exprimer ma gratitude à Louis-Jacques Bataillon et à Richard et Mary Rouse, qui ont eu la gentillesse de lire mon chapitre sur les recueils de distionctiones et les concordances, ainsi qu'à Frank Soetermeer, qui m'a permis d'améliorer celui sur les répertoires juridiques. En outre je veux mentionner d'une part l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, où j'ai passé de nombreuses heures à vérifier ma liste des sources grâce au Répertoire bio-bibliographique des auteurs latins et où j'avais à ma disposition un précieux inventaire de titres d'ouvrages et nombre de catalogues de bibliothèques, d'autre part mes collègues lexicographes qui m'ont soit permis de consulter leur fichier (Monique DuchetSuchaux et Michel Lemoine pour le Novum G/ossarium, David Howlett et Richard Sharpe pour le Medieva/ Latin Dictionary, Paul Tombeur pour la documentation informatisée du CETEDOC, dont le Thesaurus des auteurs belges), soit répondu à des demandes d'information (Theresia Payr pour le Mitte//ateinisches Worterbuch). C'est la quatrième fois que j'ai la chance de pouvoir remercier mon correcteur fidèle, Sadi de Gorter, pour le long et délicat travail de la relecture et la correction du français, ce qu'il fait avec toujours autant d'attention, de compréhension et de finesse. La joie de pouvoir profiter de son dévouement et de son talent s'ajoute à celle de manier cette belle langue dans laquelle nous nous exprimons de préférence.
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AVANT-PROP OS
Finalement, je tiens à témoigner ma reconnaissan ce à l'éditeur Brepols, qui nous a fait confiance, il y a quelques années, pour la création de cette collection et avec lequel nous avons pu travailler depuis de façon aussi agréable qu'efficace. Je souhaite que cette coopération puisse donner encore de nombreux résultats.
INTRODUCTION. Comme il ressort du fait même de sa parution dans la collection du CIVICIMA, cette monographie a comme objectif de réaliser une partie de notre programme, c'est-à-dire d'étudier le vocabulaire d'une partie du vaste champ de l'activité intellectuelle au moyen âge. Sans vouloir répéter ce qui a été expliqué à plusieurs reprises, il me semble utile de formuler encore une fois l'objectif qui est à la base de nos recherches: il s'agit de savoir comment les intellectuels médiévaux parlaient euxmêmes de leur travail, de leurs méthodes, de leur enseignement, de leurs livres et bibliothèques, de toutes les composantes de ce que nous qualifions aujourd'hui de vie intellectuelle. Quelle conscience avaientils de l'évolution de leur pensée et de leurs institutions et en quels termes ont-ils essayé de l'exprimer? Ce genre de recherche est fondé sur la conviction que l'emploi des mots n'est pas indifférent. Ce n'est pas un hasard si telle chose a été appelée de tel nom. Les termes ont été empruntés, inventés, utilisés pour des raisons précises. En les étudiant, on arrive à mieux cerner la nature des choses et des concepts, donc à mieux comprendre un phénomène ou une époque. Bien entendu, cette approche est d'autant plus intéressante lorsqu'elle concerne des évolutions ou des institutions nouvelles. Lors de la naissance des universités, toute une terminologie s'est mise en place, progressivement, par des emprunts, des réinventions, des emplois inédits de mots communs pour décrire cette nouveauté. De même, le changement d'attitude envers les textes auquel on assiste dans le courant du xrne siècle et qui donne lieu à l'apparition d'outils de travail inconnus auparavant, s'accompagne d'une modification du vocabulaire dont se servaient les auteurs et les consommateurs de ces livres. En effet, la présente étude concerne des instruments de travail qu'emploie tout intellectuel dans ses recherches, à savoir des textes conçus pour permettre ou faciliter l'utilisation d'autres textes. D'une part, les répertoires - phénomène nouveau, qui s'annonce au xne siècle et qui se réalise pleinement au xrne - ont été inventés pour rendre le travail des intellectuels et des prédicateurs plus commode et plus rapide. Précédemment, on avait déjà rendu la consultation des livres plus aisé par des procédés de mise en page et de division des textes, dont les titres courants, les sommaires des chapitres, les capitales de couleur différente pour marquer le début des paragraphes. Ces pratiques deviennent courantes dès la seconde moitié du xne siècle et seront bientôt suivies de l'apparition d'instruments comme les collections de distinctiones, les concordances, les tables alphabétiques. Ce dévelop-
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INTRODUCTI ON
pement s'explique en partie par l'importance accrue de la prédication et le besoin urgent d'outils pratiques permettant de composer en un temps raisonnable des sermons variés (dans cette catégorie il faut également ranger les collections d'exempla), en partie par le développem ent des connaissance s et l'accroissem ent du nombre des textes étudiés dans les universités, notamment à cause des traductions du grec et de l'arabe (en témoignent les nombreuses tables sur les œuvres d'Aristote et d'autres philosophes) et du fait de la littérature abondante que provoquent ces découvertes, mais aussi simplement parce que l'époque était marquée d'une intense activité scientifique. Bref, la quantité des textes allant en augmentant dans les différents domaines du savoir, il fallait des clefs pour une consultation rapide qui remplaçait de plus en plus la lecture complète. D'autre part, les dictionnaires existaient depuis longtemps, du moins sous forme de glossaires servant à commenter les mots difficiles trouvés dans les auteurs et relevant principalem ent du monde de l'enseigneme nt. Néanmoins on peut constater dans ce domaine l'évolution de la mentalité signalée plus haut: après l'intrusion de la grammaire et notamment de la méthode de la dérivation dans la lexicographi e, ce qui faisait que les dictionnaires , tel celui d'Hugucio, semblaient surtout servir à l'apprentissa ge du vocabulaire latin selon certains principes grammaticau x, on revint au xnre siècle à un système alphabétique cohérent tout en conservant une certaine dose d'informatio n grammaticale et tout en éliminant une partie du vieux matériel glossographi que jugé inutile, dans le souci de produire des instruments de consultation pratique aidant à l'interprétati on des textes. Ce remplaceme nt de la lecture destinée à la méditation et à l'étude approfondie par une lecture utilitaire et rapide n'était peut-être pas un progrès sous tous ses aspects. On est tenté de comparer ce phénomène à 1' effet que produit l'ordinateur de nos jours: il permet des recherches plus complètes en un minimum de temps, mais en même temps il est souvent le prétexte d'une activité 'scientifique ' sans véritable réflexion. Toujours est-il qu'au XIIIe siècle l'apparition de répertoires et de dictionnaire s maniables a fortement contribué au développem ent de la recherche et à la mise en place d'un nouveau type de travail intellectuel. De ce qui précède, il est clair que j'ai surtout voulu saisir l'effet du changement de mentalité qui se préparait dès le xne et quis' accomplissai t au cours du XIIIe siècle. Sans me fixer des limites chronologiq ues trop rigides, j'ai centré ma documentati on principalem ent sur ces deux siècles. Toutefois, en matière de lexicographi e il était impensable d'exclure les siècles précédents, qui ont vu naître les glossaires d'abord, les collections de derivationes ensuite. D'autre part, j'ai voulu donner une idée de l'évolution ultérieure de ce vocabulaire en choisissant quelques
INTRODUCTION
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exemples de la production de dictionnaires et de répertoires aux XIVe et xve siècles. Ce choix peut être contesté, en particulier pour des domaines qui me sont insuffisamment familiers comme celui des répertoires juridiques, mais on peut le vérifier dans la 'Liste des auteurs et des ouvrages' qui constitue la seconde partie de ma bibliographie. Dans certains cas d'ailleurs, cette avancée, même lacunaire, dans les derniers siècles du moyen âge, s'est avérée indispensable pour rencontrer des termes aussi communément usités aujourd'hui que vocabularium ... Quant aux limites géographiques, elles n'ont pas été clairement tracées non plus, mais elles ont été déterminées par le fait que j'ai effectué mes recherches principalement à Paris, à un moindre degré en Italie et en Grande Bretagne. On rencontrera également des sources allemandes, belges et néerlandaises, mais l'Europe du Nord et de l'Est ainsi que la Péninsule ibérique sont peu ou point représentées. C'est un défaut qui tient notamment à l'impossibilité matérielle de couvrir l'espace européen dans sa totalité, mais qui peut en partie être justifié par le fait que la production des instruments de travail à l'époque centrale choisie pour cette étude, les XIIe et XIIIe siècles, concernait surtout la France, l'Italie, l'Angleterre et l'Allemagne. Ici aussi, la 'Liste des auteurs', ainsi que l'index des manuscrits, permettront de suivre la sélection des sources. La documentation ainsi délimitée est présentée dans la bibliographie en fin de l'ouvrage, la première partie contenant les publications modernes, la seconde énumérant dans l'ordre alphabétique les textes qui ont été utilisés, accompagnés d'une brève description de leur caractère, de renvois à la littérature moderne et de l'indication de l'édition ou des manuscrits consultés. Cette liste des sources ne contient cependant pas certains ouvrages anonymes et dépourvus de titre, qui sont quelquefois cités dans le développement d'un thème, par exemple au sujet des tables, avec la mention du manuscrit où je les ai trouvées. Il était d'ailleurs exclu de recenser toutes les tables, de même que les innombrables glossaires ou les vocabularia, très répandus vers la fin du moyen âge. Ainsi je n'ai retenu qu'un seul exemple des dictionnaires traduisant d'une langue vulgaire en latin. Même pour les collections de distinctiones et les recueils d'exempla, je n'ai pas cherché l'exhaustivité, le but de mon étude n'étant pas la rédaction d'un inventaire de répertoires médiévaux, mais l'explication du vocabulaire technique. Je me suis surtout laissée guider par la présence de prologues et de titres ou d'incipits intéressants. Pour suivre l'emploi de certains termes, notamment des appellations des dictionnaires et des répertoires, j'ai consulté des catalogues de bibliothèques médiévales. Ici aussi, j'ai été obligée de faire un choix, déterminé surtout par la présence d'index dans les éditions modernes.
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INTRODUCTI ON
Ces catalogues sont mentionnés dans la première partie de la bibliographi e sous le nom de l'éditeur ou sous le titre des grandes collections. Une dernière réserve relative à la documentati on est, comme toujours, liée à la parution de publications importantes au moment où la rédaction de cette étude était déjà achevée. Ainsi, j'ai pu consulter dans les épreuves, grâce à l'amabilité des auteurs (M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin) l'édition des inventaires de la bibliothèque pontificale pendant le grand schisme, très riches en répertoires de tout genre. J'y ai glané des informations utiles, mais je ne l'ai certainemen t pas dépouillé avec suffisammen t de minutie. Le beau livre sur la Mise en page et mise en texte du livre manuscrit m'a été accessible dans une phase trop tardive pour pouvoir en profiter plainement. Quant au sujet même de ce livre, les dictionnaires et les répertoires vus sous l'angle du vocabulaire technique, il demande également quelques commentaire s. D'abord, j'ai réuni ces deux genres littéraires en un seul volume, parce que ce sont tous les deux des instruments de travail facilitant la recherche. Les dictionnaires , du moins depuis le XIIIe siècle, aidaient à l'interprétati on des textes. Les répertoires servaient à trouver des thèmes, des sujets, des mots, des informations dans cl' autres livres (index, distinctiones, concordance s, répertoires juridiques, recueils cl' exempla) et les livres eux-mêmes dans la tradition littéraire (bibliographies) ou concrètemen t dans les bibliothèque s (catalogues). Il s'agit chaque fois de trouver ce dont on a besoin - le sens d'un mot, l'endroit précis du développem ent d'un thème dans un traité, etc. - pour pouvoir effectuer son propre travail. Dans ce contexte, je dois préciser que j'ai exclu de cette étude les florilèges et les encyclopédies. Les premiers étaient destinés, du moins à l'origine, à la lecture et à la méditation, même si plus tard, on y a ajouté des index et si certains ont été eux-mêmes agencés dans l'ordre alphabétique . La frontière entre tables et florilèges au XIIIe siècle n'est pas nette, mais il me semble préférable de considérer le genre des florilèges dans son ensemble en lui reconnaissan t un caractère d'aide à l'étude et à la réflexion plutôt que de les considérer comme des instruments de travail. D'autre part, les encyclopédies constituent également un genre littéraire à part, davantage apparenté aux traités qu'aux répertoires, car il s'agit en fait de sommes des connaissance s d'une époque qui demandent à être lues plutôt que de renvoyer à d'autres textes. Une autre exclusion concerne certains termes désignant des objets concrets intervenant dans la fabrication des répertoires. Ainsi, on pourrait relever le mot cedu/a (schedula) désignant les 'fiches' ou morceaux de parchemin ou de papier sur lesquels on notait les termes qui devaient
INTRODUCTION
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ensuite être insérés dans le système 1. Ces aspects matériels nous sont peu connus et il me semble que sur ce point la pratique est plus intéressante que le vocabulaire 2 . Finalement, il faut dire quelques mots sur l'organisation de cette étude, que j'ai divisée en trois parties principales: la première concerne les conditions préliminaires, c'est-à-dire le classement alphabétique et la division des textes, sujets dont je n'ai pas traité de façon exhaustive car ils ne constituent pas le thème propre de mes recherches, mais dont j'ai résumé ce qui me semblait l'essentiel dans ce contexte3 ; la seconde est consacrée aux glossaires et dictionnaires, à leurs appellations d'une part, aux méthodes pratiquées par les lexicographes de l'autre; la troisième est la plus longue, car elle comprend les diverses espèces de répertoires, assez différentes malgré leur caractère commun d'instruments de recherche. Tout comme mes prédécesseurs au XIIIe siècle, j'ai subdivisé ces grands thèmes en chapitres et paragraphes cohérents, regroupant dans un ordre systématique les termes et les concepts concernant un sujet déterminé. Pour chaque section, on trouvera d'abord une description de la situation générale fondée sur la littérature moderne et l'étude des sources retenues. Suit l'inventaire du vocabulaire qui montre quels sont les termes techniques, trouvés dans ces sources, dont on se servait pour décrire le sujet en question. Finalement, une notice sémantique tente d'expliquer, en se référant à l'histoire des mots, pour quelle raison on a cru devoir utiliser ces termes-là, existant le plus souvent auparavant et employés dans d'autres contextes, pour désigner des réalités nouvelles, ou, dans le cas de mots nouveaux, sur quelle base ils ont été formés. Bien entendu, la table des matières qui précède et les index à la fin de l'ouvrage doivent permettre la recherche rapide d'informations. Ce serait un comble si un livre consacré aux répertoires ne se laissait pas utiliser comme un répertoire ...
1. Cf. par ex. HUNT, The library, p. 127; DALY, Alphab., p. 87. Cf. aussi la description pratique de ce travail, ci-dessous III A 2 p. 113: magna carta vel quaternus. 2. Cf. ci-dessous III A 2 pp. 111-115. 3. Il y a beaucoup plus à dire, surtout sur la division des textes, notamment à l'époque patristique et pendant le haut moyen âge, mais cela dépasse le cadre de cette étude.
I. LES CONDITIO NS PRÉLIMINAIRES. L'existence de dictionnaires et de répertoires présuppose un principe d'organisatio n et un moyen de référence aux textes. Bien que l'ordre alphabétique n'ait jamais entièrement remplacé l'ordre systématique pendant le moyen âge, l'alphabet est pourtant à la base du développem ent des instruments lexicographiques et a joué un rôle de plus en plus important à partir du XIIIe siècle, en ce qui concerne les autres outils de travail comme les distinctiones, les concordance s, les répertoires de droit, etc. D'autre part, ces répertoires renvoyaient à des textes de base et nécessitaient de la sorte leur division en parties repérables. Ces deux éléments, le classement alphabétique et la division des textes, ont rendu possible l'évolution des genres en question.
A. Le classement alphabétique. Le moyen âge n'a pas inventé l'alphabet. En fait, les Phéniciens ont légué aux Grecs la série de lettres dans un ordre déterminé que l'on appelle alphabet permettant de ranger des mots dans l'ordre alphabétique . L'utilisation de l'alphabet à des fins pratiques, c'est-à-dire le classement alphabétique de certaines données, est peut-être l'une des inventions des savants d'Alexandrie ; en tout cas, le système leur était familier 1 . Le classement alphabétique faisait naturellemen t partie de l'héritage culturel reçu par les Romains. Ils en faisaient un usage assez limité, comprenant cependant divers genres de textes alphabétiques. Outre les produits purement lexicographiques 2 ; ils ont constitué des listes de termes médicaux, de noms d'animaux et de plantes, etc. 3 • De même, au moyen âge, l'ordre alphabétique n'a trouvé qu'un faible écho, du moins jusqu'à la fin du XIIe siècle. Auparavant, l'ordre systématique ou rationnel prévalait; il semblait mieux correspondr e à la conception médiévale de l'écrit4 • Les textes alphabétique s du haut moyen âge sont essentiellem ent des glossaires - mais de nombreux glossaires étaient agencés dans un ordre systématique 5 - ainsi que des listes de noms de médicaments , de pierres précieuses, etc., et des collections de proverbes. Ils étaient pour la plupart assez brefs et ils poussaient le classement alphabétique rarement 1. Cf. DALY, Contributions, pp. 27-44. 2. Voir ci-dessous Partie II. 3. Cf. DALY, Contributions, p. 50 sqq.; RousE, Alphabetisation, p. 204. 4. Cf. RousE, op.cit., p. 205. 5. Voir ci-dessous Partie II.
LE CLASSEMENT ALPHABÉTIQUE
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plus loin qu'à la première, deuxième ou troisième lettre. L'ordre alphabétique absolu était un savoir-faire pratiquement inconnu 6 . La première description de l'application de l'ordre alphabétique qui nous a été conservée est de la main de Papias, au milieu du XIe siècle, premier lexicographe important du moyen âge 7 . Il mettait en pratique, dans son dictionnaire, le classement alphabétique jusqu'à la troisième lettre des mots. Il a fallu attendre le XIIIe siècle pour que l'ordre alphabétique absolu ne devienne à peu près normal. Même plus tard, de nombreux glossaires et autres instruments s'en tenaient à la technique primitive du classement alphabétique des premières lettres. De plus, l'ordre alphabétique était combiné parfois avec d'autres principes d'organisation 8 . Le système alphabétique n'est jamais devenu une chose naturelle allant de soi jusqu'à la fin du moyen âge. On en trouve une illustration dans les propos d'auteurs comme Jacques Twinger et Pierre de Monte, qui, à la fin du XIVe et au XVe siècle, croient encore utile d'expliquer l'emploi de l'ordre alphabétique dans leurs œuvres 9 . Cependant, à partir de la fin du XIIe et surtout depuis le XIIIe siècle, beaucoup d'intellectuels se sont servis du système du classement alphabétique, plus ou moins perfectionné, pour créer des instruments de travail devenus nécessaires par un changement d'attitude envers les textes. Ils ne voulaient plus seulement lire les textes, ils voulaient aussi pouvoir trouver des passages, des thèmes, des idées, pour les utiliser dans leurs propres travaux, notamment dans les sermons 10 • Ainsi naquirent les collections de distindiones, les concordances, les recueils d'exempla, etc., tous des produits de l'application du classement alphabétique à d'autres domaines que la lexicographie 11 . Revenons un instant à l'alphabet lui-même. Il faisait bien entendu l'objet de l'enseignement primaire, où l'on a parfois essayé de justifier
6. Cf. DALY, op. cit., p. 72. Je reviendrai sur les différentes techniques du classement alphabétique. 7. Voir ci-dessous Partie IL 8. Cf. MIETHANER-VENT, pp. 86-87; D'ESNEVAL, p. 166. 9. PIERRE DE MONTE dans le prologue de son Repertorium utriusque iuris, JACQUES TWINGER dans la préface de son dictionnaire. ALBÉRIC DE RosATE croyait que le stilus alphabeticus avait été introduit par le liber hebraicorum nominum. - Pour les références concernant les auteurs cités, voir la liste des auteurs et des ouvrages (Bibliographie
B). 10. Dans les prologues de ce genre d'ouvrages on trouve souvent l'énoncé explicite du but recherché, dans des formules qui décrivent la recherche rapide que permet l'alphabet, par exemple: "Ut igitur cito reperiat lectoris sedulitas dictionem de qua quesierit, presens opus per alfabeti literas disponetur" (RAOUL DE LONGCHAMPS, p. 18). 11. Cf. ci-dessous Partie Ill. Sur le développement de ces instruments de travail, voir de nombreuses publications de Richard et Mary ROUSE (cf. Bibliographie A).
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LES CONDITIONS PRÉLIMINAIR ES
son ordre déterminé en donnant une signification aux lettres 12. De toute façon, dès le haut moyen âge, on a développé, sur la base de l'alphabet, différentes techniques pour ranger les mots dans l'ordre. Dans une première phase on rassemblait tous les mots commençan t par la même lettre sur une feuille séparée, ce qui produisait des listes de mots rangés dans l'ordre alphabétique selon la première lettre. Beaucoup de glossaires appartiennen t à ce type très primitif, qui a d'ailleurs persisté pendant des siècles. Ensuite, on pouvait par exemple combiner plusieurs listes et, en rassemblant les mots, progresser jusqu'à la deuxième lettre 13 . Mais il n'est pas toujours question d'un progrès linéaire, de la première lettre à la deuxième, troisième et quatrième. Car la deuxième lettre qui détermine la place des mots dans la série, n'est pas nécessairement la deuxième lettre du mot. Ainsi, lorsque le mot commence par une consonne, la lettre suivante qui entre en compte peut être la voyelle comprise dans la syllabe, les secondes consonnes étant négligées (par exemple gra- est mis sous ga-). Ou bien, on commence par les mots dont la première lettre (une consonne) est suivie d'une voyelle (ga-, ge-, gi-, go-, gu-) pour poursuivre avec ceux où elle est suivie d'une autre consonne (gl-, gn-, gr-). Lorsqu'on progresse à une troisième lettre déterminante , cela peut être par exemple la consonne suivant la première voyelle 14. Cependant, on connaissait également le système 'mécanique' du classement alphabétique , comme il nous est familier. C'est cette technique-là qui fait l'objet des descriptions médiévales, notamment de la main de Papias, qui applique en principe l'ordre des trois premières lettre~ des mots, mais qui émet en même temps des doutes sur la possibilité d'un classement alphabétique rigide: trop de mots, dit-il, ont une forme fluctuante 15 . Il est évident en effet que l'orthograph e joue un rôle dans cette matière. Les principaux problèmes dans le latin médiéval sont la présence incertaine de la lettre h, la fluctuation entre f et ph, et celle entre V et u16 . Ce n'est qu'au xrne siècle qu'on imposera une orthographe fixe en même temps que le classement alphabétique absolu, c'est-à-dire jusqu'à la dernière lettre des mots. C'est le cas de
12. Cf. MIETHANER-VENT, pp. 85-86. 13. Cf. MURRAY, p. 11. Les deux phases se rencontrent dans certains glossaires, cf. LINDSAY, Corpus, pp. 44-46. 14. Cf. MIETHANER-VENT, pp. 90-95; POWITZ, }oh. de Mera, p. 210 n. 16; WEIJERS, Glossaires, pp. 116-117. 15. Il cite à ce sujet le mot hyaena, qui peut aussi être écrit hyena, hiena, yena, iena. 16. Cf. à ce sujet MIETHANER-VENT, pp. 96-98. Cf. par ex. le Vocabularius Lucianus, qui traite dans le prologue des questions de la lettre h et de f - ph.
LE CLASSEMENT ALPHABÉTIQ UE
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Jean de Gênes dans son Catholicon 17 , tandis que Guillaume le Breton, appliquant un autre principe d'orthograph e (les mots étant placés dans l'alphabet selon leur forme la plus simple, négligeant par exemple la lettre h et confondant i et y), arrive aussi au résultat du classement alphabétique complet 18 . Outre les glossaires, les dictionnaires et les listes des noms de toutes sortes de choses et de proverbes dans la tradition antique, plusieurs catégories de textes témoignent de la pratique du classement alphabétique au moyen âge. D'une part, il y a les instruments de travail créés dans l'intérêt de la prédication. Ainsi naquirent, vers la fin du XIIe siècle, les collections de distinctiones, puis les concordance s de la Bible, tandis que les Interpretationes nominum hebraicorum formaient une sorte d'appendice aux bibles 19 . Dans un contexte plus large, le XIIIe siècle a vu apparaître les tables de tout genre (tables des matières, index des mots-clefs, table des questiones, etc.) et dans toutes les disciplines. Dès le XIIIe siècle aussi les juristes ont dressé des répertoires de termes juridiques; dès le début du xrve siècle des florilèges et des recueils d'exempla dans l'ordre alphabétique des thèmes ont vu le jour. On trouve aussi des collections alphabétique s de sermons et même parfois de questiones2°. Dans le domaine de la grammaire, divers textes rangés dans l'ordre alphabétique étaient en usage 21 , ainsi que dans celui de la médecine (les synonyma, antidota, etc.). Les catalogues de bibliothèque s n'ont que très partiellemen t été soumis au classement alphabétique . Dans l'administrat ion, c'est surtout la cour papale qui a créé des registres alphabétique s pour ses documents financiers vers le milieu du xrve siècle22 . Dans l'ensemble on peut dire que le classement alphabétique , tout en restant une pratique limitée à l'usage strictement intellectuel et toujours en concurrence avec l'ordre rationnel, a pourtant été appliqué dans des domaines divers et a surtout facilité la naissance de nombre d'instrument s de travail.
17. Le prologue de la cinquième partie contient une explication circonstanciée du classement alphabétique. 18. Cf. MIETHANER-VENT, pp. 98-101. 19. Pour tous ces genres, voir ci-dessous Partie III. 20. Cf. CAVIGIOLI / IMBACH, p. 109. 21. On les rencontre dans les catalogues de bibliothèques médiévaux, notamment: "tertio ponitur ibidem orthographia Alcuini per alphabetum diffinita" (St-Pons de Tomière, [1276], cf. DELISLE, Cabinet, p. 546). Cf. aussi, dans la liste des auteurs, GUILLAUME n'ALTEDO. Dans le ms. Paris, B.N., lat. 7598 fb 223 [XIVe s.], une liste de mots alphabétique est juxtaposée à des vers dans lesquels ces mots figurent. 22. Cf. DALY, Contributions, pp. 80-81.
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LES CONDITIONS PRÉLIMINAIRES
Les termes techniques. Les termes techniques utilisés dans le contexte du classement alphabétique sont peu nombreux: d'une part alphabetum, ainsi qu' alphabetarium et abecedarium, d'autre part littera.
a) Alphabetum. Le terme alphabetum revêtit des sens différents, dont le premier est évidemment celui d'alphabet, c'est-à-dire l'ordre déterminé des lettres tel qu'il a été transmis par la tradition. Le mot peut être employé seul, par exemple: "quoniam totus hic liber per alfabetum non solum in primis partium litteris verum etiam in secundis et tertiis et ulterius interdum ordinabili litterarum dispositione compositus erit" 23 • Le plus souvent il est utilisé en combinaison avec un terme exprimant l'ordre des lettres ou les lettres elles-mêmes: les expressions per (secundum) ordinem alphabeti et per (secundum) litteras alphabeti sont fréquentes, par exemple: "quia semper est ibi ordinacio secundum ordinem alphabeti"24 et "Duos igitur tractatus in singulis alfabeti litteris eleganter composui" 25 . Quelquefois, on trouve les trois à la fois: "contexui nomina iuxta litterarum ordinem alphabeti" 26 . A la place d'ordo, d'autres mots sont utilisés, comme series et cursus2 7 . Un emploi spécial d' alphabetum dans cette acception figure dans une Tabula decretalium du XIVe siècle, où les attestations données sous chaque mot-clef sont numérotées par les lettres de l'alphabet: "propter quod iuxta unumquodque vocabulum in margine sinistra ponitur alphabetum vel pars ipsius maior vel minor secundum quod plura vel pauciora habentur de illo vocabulo" 28 . Le mot est apparemment synonyme de littera ou partie de l'alphabet dans la préface d'une table sur Hugucio: "hanc composuit tabulam in qua dicte dictiones et alphabetum et capitula in quibus ipse inveniuntur in dictis derivationibus continentur" 29 . La seconde acception très répandue du terme alphabetum est celle de texte composé selon l'ordre alphabétique. Il peut s'agir d'une grande variété de textes: d'un simple index30 , d'un recueil d'exempla, comme 23. PAPIAS, prologue, cf. DALY, Techniques, p. 231. 24. JEAN DE GÊNES, cf. ibid., p. 237. 25. ÜSBERN, cf. HUNT, Lost Preface, p. 276. 26. JEAN HAUTFUNEY, dans Spicae 2 p. 44. 27. Cf. SECKEL, p. 84 ('Vocabularius Stuttgardiensis') et p. 331. 28. Ms. Oxford, Merton College, 21, f" 128. Pour un autre exemple de l'utilisation des lettres de l'alphabet dans la division des textes, voir ci-dessous p. 22. 29. Citée dans CGL I p. 192. La table se trouve dans le ms. Paris, B.N., lat. 7622 f" 1r (1297]. 30. Cf. GRABMANN, Methoden, p. 133.
LE CLASSEMENT ALPHABÉTIQUE
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l' Alphabetum narrationum d' Arnould de Liège, d'un dictionnaire de droit 31 , de poèmes dont les strophes commencent par les lettres successives de l'alphabet32 , ou de simples listes alphabétiques de recettes, d'énigmes, etc. En fait, la seule chose qu'ils ont en commun, c'est l'utilisation de l'ordre alphabétique, nécessairement, comme pour les index, ou accessoirement, comme dans les poèmes, qui n'appartiennen t pas au domaine de l'emploi pratique du classement alphabétique. Et même dans un ouvrage qui porte le nom d'alphabetum, l'alphabet peut être combiné avec d'autres formes d'organisation. C'est le cas de l'Alphabetum in artèm sermocinandi de Pierre de Capoue, qui suit l'ordre alphabétique, mais qui à l'intérieur de chaque lettre procède par ordre systématique, comme il l'explique lui-même: "Ad maiorem etiam operis distinctionem et ut quod queritur facilius inveniatur, in singulis litteris ordo alius annotatur. Nam inter illas que incipiunt ab a., primo ponuntur dictiones ille que proprie conveniunt deo vel his que circa deum attenduntur. Secundo que angelis ... qui ordo in b. c. et in omnibus aliis litteris observatur"33 . Cependant, pour tous ces textes, le mot alphabetum traduit l'aspect essentiel de leur composition aux yeux de leurs auteurs, qui se servent du terme dans un emploi métonymique pour parler non de l'alphabet lui-même, mais d'un ouvrage qui en suit l'ordre. Il est beaucoup plus fréquent que la forme dérivée alphabetarium (sans doute formée par analogie avec abecedarium), que l'on rencontre dans les catalogues de bibliothèques34 .
Notice sémantique. Le mot alphabetum, d'origine grecque, n'était pas en usage dans le latin classique 35 , mais apparaît dès l'époque chrétienne36 . Il était d'un emploi courant au moyen âge, notamment déjà chez Bède et Alcuin37 • Très tôt aussi on rencontre la forme a!fabetum: "juxta alfabetum Hebraicae linguae" 38 .
31. Cf. ALBÉRIC DE RosATE qui parle dans son prologue d'Alphabetum iuris civilis et Alphabetum iuris canonici. 32. C'est une forme littéraire assez ancienne, cf. MANITIUS III, p. 992; MGH, Poet. lat. aev. Carol., I, 79-82. Cf. ci-dessous abecedarium. 33. Ms. Paris, B.N., lat. 16894 fb tvb. Cf. ROUSE, Bibl Dist., p. 32. 34. Les catalogues dans 'lesquels j'ai trouvé ce terme, datent pour la plupart du XVe siècle, cf. par ex. MBDS I pp. 10; 122; 392; 449 (alphabetarius). Cependant, il y a une attestation beaucoup plus ancienne d'alphabetarius comme adjectif, dans l'expression Glossarius alphabetarius, cf. MBDS I p. 19 [1085-1101]. 35. Où l'on utilisait notamment l'expression ordo litterarum (PLINE, Hist. nat. 9, 138). 36. Cf. BLAISE, Dict.; TLL I, col. 1721. 37. Cf. DML. 38. ALCUIN, Ep. 293.
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LES CONDITIONS PRÉLIMINAIRES
b) Abecedarium. Le terme abecedarium a les mêmes acceptions qu' alphabetum, celle de texte rangé dans l'ordre alphabétique d'une part, celle d'alphabet de l'autre. On rencontre la première dans des catalogues de bibliothèques à partir du xne siècle 39 • Comme alphabetum, il peut désigner différents genres de textes, des dictionnaires, notamment celui de Papias 40 , des collections de derivationes41 , des recueils de sermons ou de distindiones, en particulier celui que l'on appelle la Summa Abel, de la main de Pierre le Chantre 42 . D'autre part, le sens d'alphabet s'est également imposé dans le courant du xne siècle, comme en témoigne la préface d'une collection de derivationes conservée dans un manuscrit qui peut probablement être daté de la fin du XIIe siècle 43 : "De nominum verborumque nec non aliarum partium orationis differentiis tractaturi sumus, de ipsis secundum ordinem abecedarii oppipare disseramus"44 . On rencontre par la suite le mot abecedarium dans cette acception, moins souvent qu' alphabetum, mais parfois dans le même texte, comme c'est le cas dans la préface de la Tabula decretalium citée plus haut: "Primum est quod totum opus per abecedarium procedit, ita quod primo ponuntur notabilia, casus, ... quorum termini principales incipiunt per a ... " 45 . Il reste en usage au XVe siècle, comme le prouve notamment la Tabula de Louis de Valladolid46 et le Comprehensorium d'un certain Jean: "per Abecedarium quoad omnes litteras disponendo"47•
Notice sémantique. Egalement inconnu dans le latin classique, le mot abecedarius est utilisé comme adjectif, notamment par saint Augustin 48 , dans l'expression psalmi abecedarii, psaumes dont les strophes commencent par les lettres successives de l'alphabet. Contrairement à alphabetum, abecedarium ne semble pas très répandu dans le latin du haut moyen âge 49 . Dans les catalogues de bibliothèques, 39. Pour le XIIe siècle, cf. BECKER, p. 233; DELISLE, p. SOS n° 24 (Abescetarius); p. S48 n° 246; MBDS I, p. 25; MBÔ IV, p. 72. 40. Cf. MBDS III, p. 212 [XIIIe-XIVe s.]. 41. Cf. MBDS I, p. 199 [1343]. 42. Cf. MBÔ 1, p. 72 [avant 1381): "A.b.c.darius, cuius principium 'Abel principium dicitur ecclesie"'. 43. Cf. TRAUBE, p. 264. Il s'agit du ms. München, clm 19411, f" S3-56. 44. Cf. TRAUBE, foc. cit. 45. Ms. Oxford, Merten College, 21 f" 128ra [XIVe s.). 46. Cf. SCHEEBEN, pp. 257; 2S9. 47. Ms. Paris, B.N., lat. 7678, f' ira [XVe s.). Cf. aussi DALY, Alph. Ind., p. 485. 48. Cf. BLAISE, Dict. 49. Le MW cite, sous abecedarius 2, un passage d' ALDHELME [640- 709) et quelques
LE CLASSEMENT ALPHABÉTIQUE
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le mot revêtit des formes multiples, par exemple abecedarius, abcdarium (-ius), abezedarius, abescetarius5°. La forme abicinarium (-ius?) figure dans un prologue du glossaire Abavus, conservé dans plusieurs manuscrits des IXe-Xe siècles: "Ideo glosae dicuntur quia grecum sermonem utuntur et constant hic per abicinario paria duodecim" 51 .
c) Liftera. Les lettres sont naturellement un élément essentiel du classement alphabétique. Le mot liftera est employé dans ce contexte dans le sens principal et original de lettre, notamment dans l'expression ordo litterarum ou dispositio lifterarum5 2 , et souvent en combinaison avec le terme alphabetum, comme: "secundum singulas alphabeti litteras"53 • D'autre part, liftera désigne la section de l'alphabet qui comprend tous les mots commençant par la même lettre, par exemple: "Nunc autem quia de prima littera primitus est disserendum, animadvertend um est eam A nuncupari" 54 . C'est un emploi assez répandu qu'on rencontre notamment chez Pierre de Capoue55 et qui se confond parfois avec l'acception générale de lettre, comme dans ce passage dans lequel Jean Hautfuney explique le système de sa table: "Consideret qualiter scribitur nomen persane vel dictio principalis propositi inquirendi. Et tune querat in tabula litteram per quam incipit huius dictio principalis. Tune infra illam litteram inspicias in sinistro margine duas primas litteras per quas scribitur dictio antedicta ... " 56 . Bien entendu, même dans des descriptions de tables, liftera peut avoir un sens différent, comme dans le passage suivant, où le mot désigne le texte même de la table, tandis que des lettres dans la marge indiquent les voyelles (vocales) des mots qu'elle contient: "et recedens ad tabulam invenies illam vocalem vel illas vocales scriptas in margine .. . et in autres attestations, dont l'une datant de 864, une autre de l'an 1000 environ. Le DML cite un exemple pris dans le Pontificale Ecgberti (VIIIe-IXe s.) au sens d'alphabet, un autre chez GUILLAUME DE MALMESBURY [t 1143) parlant d'un 'spellingprimer', et un troisième, datant de 800 environ où le mot désigne un manuel scolaire élémentaire. Le fichier du Novum G/ossarium contient un passage, d'ailleurs assez curieux, de PIERRE LE CHANTRE (Summa sacram. III, 2 app. IV 25, 43, éd. DUGAUQUIER, Louvain / Lille, 1963, p. 691). Le TLL ne connaît que l'adjectif abecedarius et cite, outre saint AUGUSTIN, FULGENCE (vol. I col. 63). 50. Voir ci-dessus n. 39 et les tables des volumes du MBDS. 51. Cf. CGL I p. 137. 52. Cf. ci-dessus n. 35. 53. ÜSBERN, p. 632. Et cf. ci-dessus p. 18. 54. ÜSBERN, p. 5. 55. Cf. RoUSE, Statim invenire, p. 220. 56. Dans Spicae II, p. 48.
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LES CONDITIONS PRÉLIMINAIRES
littera ex opposito invenies signatam quota folio et quota pagina et eciam quota linea potuis illud quod queris invenire" 57 . Il faut également signaler un autre emploi de liftera, qui a joué un rôle important dans le développement des instruments de travail: liftera, dans l'acception de base de lettre de l'alphabet, est utilisée pour marquer une partie d'un texte, par exemple d'un chapitre, divisé le plus souvent en sept parties: "quodlibet capitulum ... in septem distinguitur partes secundum primas litteras alphabeti" 58 . Je reviendrai sur ce système en parlant de la division du texte 59 . Les lettres furent d'ailleurs distinguées en plusieurs espèces: "per vocales et semivocales et liquidis et mutis" 60 ou "secundum ordinem quo litterae semivocales et mutae vocalibus conjunguntur"61 . On a vu que cette distinction avait son influence sur l'ordre alphabétique. Dans la table mentionnée plus haut 62 , ce sont même les voyelles seules qui déterminent l'ordre des mots. Notons finalement que l'expression liftera algorismi désigne les chiffres arabes, comme il ressort d'une note concernant la constitution de tables, citée plus loin 6 3.
Notice sémantique. Liftera est un mot du latin classique qui avait déjà dans l' Antiquité plusieurs emplois, allant de lettre de l'alphabet au texte concret, par opposition au sens des mots et à l'intention de l'auteur (sensus et sententia), et il pouvait, généralement au pluriel, désigner des écrits ou même les études littéraires 64 . Toutes ces acceptions ont été léguées au moyen âge 65 . Voici un exemple du sens primaire de lettre de l'alphabet: "Sunt autem Latinae litterae omnes XX et I, e quibus quinque vocales appellantur A E I 0 U, ceterae omnes consonantes"66 . L'emploi de section del' alphabet, trouvé chez les auteurs qui expliquent 57. Ms. Oxford, New College, 112; cf. LEHMANN, Bliitter, p. 45. Liftera dans le sens de texte est très répandu, cf. ci-dessous. 58. ROBERT KILWARDBY dans la préface à sa table dans Paris, B.N., lat. 2075, fO 1r. 59. Voir ci-dessous I B p. 25. 60. Cf. CGL IV, p. VII (ms. Vatican, lat. 3321 [Vue s.]). 61. Cf. GARNIER DE ROCHEFORT, Ange/us, col. 85. On trouve plus souvent la distinction en vocales et consonantes, cf. ci-dessous et cf. par ex. PsEUDO-GROSSETESTE, Tractatus de grammatica, [XIIIe s.], éd. K. REICHL, München, 1976, p. 20. 62. Cf. pp. 21-22 et n. 57. 63. Cf. ci-dessous III A 2c p. 113. 64. Cf. TLL VII 2 , col. 1514-1529. 65. Cf. notamment Nov. Gloss. 66. BÈDE, De arte metrica, (CCSL, vol. CXXIII A) 1 p. 82.
LA DIVISION DU TEXTE
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l'utilisation d'instruments alphabétiques, est directement dérivé de l'acception de base.
B. La division du texte. Pour faire une table d'un ou plusieurs ouvrages ou un répertoire rassemblant dans l'ordre alphabétique la matière d'un ou de plusieurs traités, il faut pouvoir renvoyer aux textes de base. Et pour permettre au lecteur de retrouver sans trop de peine le passage en question, ces textes doivent être divisés en parties reconnaissables. Dans ce contexte, il est nécessaire de mentionner d'abord deux autres phénomènes qui ont contribué à rendre les textes plus commodes à utiliser, à savoir les innovations dans la mise en page et l'adoption des chiffres arabes. La mise en page a bénéficié, à partir de la seconde moitié du xne siècle, d'une attention prononcée et d'une volonté de renouvellement permettant de localiser rapidement l'information recherchée. Ainsi, des titres courants réapparaissaient, des titres de chapitres en rouge, des initiales en rouge et bleu devenaient la règle, la glose était disposée autour du texte de façon systématique, des tables des matières analytiques à la tête des manuscrits étaient destinées à orienter le lecteur6 7 • D'autre part, la numérotation des pages fut simplifiée par l'introduction des chiffres arabes, que l'on rencontre dès le XIIe siècle en Europe et qui ont été utilisées pour le foliotage des manuscrits à partir du xrne siècle, facilitant ainsi grandement les références 68 . En ce qui concerne la division des textes, la méthode évidente, héritée de l' Antiquité 69 , était la division en livres et chapitres selon le sens du développement ou de l'argumentation. Cependant, tous les textes n'étaient pas disposés de la sorte et beaucoup présentaient des séquences irrégulières et trop longues. On finit donc par introduire 6"'. Cf. PARKES, Influence, pp. 116-122; ROUSE, Statim invenire, pp. 206-207. 68. Cf. RousE, Preachers, pp. 32-33; Io., Le développement, pp. 129-130. Cf. aussi c1dessous III A 2c p. 113; II B 8 n. 420. Un autre genre de chiffres, appelées parfois "chaldéennes", a été utilisé par les Cisterciens, mais est resté d'un emploi restreint, cf. VON DEN BRINCKEN, p. 922. 69. Dans un article récent (Kapitel und Buch), Nigel PALMER a souligné à juste titre que la division des textes en chapitres existait déjà dans l' Antiquité, du moins la division en deux ou trois niveaux. Elle n'était cependant pas générale et la façon dont elle a été mise en pratique à partir du XIIe siècle, correspondant à la mentalité qui se servait de la divisio comme méthode de penser et d'enseigner, était certainement nouvelle. Cf. PALMER, p. 45 sqq.; cf. aussi Diana ALBINO, La divisione in capitoli ne/le opere degli Antichi, dans Annali della Faco/tà di Lettere e Filosefia (Università di Napoli) X (1962-63) pp. 219-234. Sur la division des textes, cf. aussi MINNIS, Med. Theory, pp. 145-159.
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LES CONDITION S PRÉLIMINA IRES
dans les textes anciens un système de division en chapitres. Un exemple en sont les Moralia in Job de Grégoire le Grand, comportan t six parties et trente-cinq livres, sans autre subdivision . Après les titres courants, ajoutés vers la fin du XIIe siècle, on voit apparaître au milieu du XIIIe siècle, une division par chapitres, dont les numéros ont été ajoutés dans les marges des manuscrits plus anciens, tandis que dans les nouveaux manuscrits on ajoutait désormais des tables des chapitres en tête des livres 70 . Signalons aussi la nouvelle division en chapitres de la Vulgate latine, attribuée à Etienne Langton 71 et utilisée plus tard par les Dominicai ns de St. Jacques dans la constitutio n de leur concordan ce 72 • Non seulement on effectuait une division en chapitres, on ajoutait également des titres 73 • Ainsi, on trouve dans les marges du De doctrina christiana de saint Augustin des titres de chapitres analytique s attribués à Adam de Marsh 74• Robert Grossetest e a composé des titres pour les chapitres de !'Ethique d'Aristote; ils sont généralem ent appelés tituli et constituen t une sorte de résumé de l'ouvrage 75 . Dans les Sentences de Pierre Lombard, la division en chapitres fut complétée d'une subdivisio n en distinctiones par Alexandre de Hales 76 , tandis que les titres des chapitres trouvés dans les manuscrits les plus anciens semblent être de la main de l'auteur 77. L'oeuvre de Gratien fut traitée de la même façon: la première et la troisième parties furent subdivisées en distinctiones numérotées et une table des matières contenues dans chaque section fut ajoutée en tête des manuscrits 78 . La pratique de composer des titres ou rubriques pour les nouvelles divisions d' oeuvres anciennes a été développé e et peaufinée plus tard par Robert Kilwardby , qui a fait une série de résumés d' oeuvres patristique s en partageant chaque chapitre en parties plus petites et en analysant et résumant le contenu de chaque partie 79 • Le résultat fut appelé intentiones, conclusiones ou capitula et peut être considéré comme un genre de table; j'y reviendrai ultérieurem ent. 70. Cf. RousE, Le développement, pp. 131-132. 71. Cf. D'ESNEVAL; PARKES, Influence, pp. 125-126; ROUSE, Preachers, p. 39; ID., Verbal Concordance, p. 10. 72. Voir ci-dessous. 73. Cette pratique n'était pas inconnue non plus dans !'Antiquité, cf. PALMER, p. 50. 74. Cf. HUNT, Chapter headings; ID., The Library, pp. 125-126; CALLUS, Robert Grosseteste, p. 64. 75. Cf. CALLUS, op. cit., p. 64; PARKES, p. 125. Ce procédé fut déjà utilisé par Pline, cf. PALMER, p. 50. 76. Cf. BRADY, The Distinctions; PARKES, p. 126; RousE, Preachers, p. 39. 77. Cf. BRADY, The Rubtics, pp. 20; 24. 78. Cf. PARKES, pp. 118-119. 79. Cf. CALLUS, op. cit., p. 64; PARKES, p. 125. Cf. ci-dessous III A 1.
LA DIVISION DU TEXTE
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Bien entendu, la division des textes ne concerne pas seulement les textes anciens. A partir du milieu du XIIe siècle les auteurs, se servant de la divisio comme méthode de penser et d'enseigner, divisaient directement leurs œuvres en parties rationnelles et ajoutaient souvent des listes de titres des chapitres 80 , en tout cas dans le domaine de la théologie et de la philosophie d'une part, dans celui du droit de l'autre. Pour d'autres genres, dont les écrits historiograp hiques, cette évolution est beaucoup moins nette 81 • A côté de la division des textes selon le contenu, on trouve la division en sections artificielles, appliquée surtout aux florilèges, qui étaient dépourvus de structure rationnelle. On pouvait indiquer des sections (ou même chaque citation) d'un tel texte par des lettres dans la marge82 , on pouvait aussi procéder par une combinaison de chiffres et de lettres, comme le fait par exemple le Liber exceptionum, divisé en quarante-qua tre distinctiones numérotées, de longueur à peu près égale, dont chacune est subdivisée au moyen de lettres marginales 83 . Finalement, les textes pouvaient être divisés de façon automatique par la numérotatio n des feuillets ou des pages, un système qui ne valait évidemment que pour les manuscrits individuels84 . On numérotait également les colonnes et les lignes, notamment dans le milieu universitaire d'Oxford85 . Des savants comme Pierre de Limoges appliquaient leur système personnel de division à leurs manuscrits en vue de la constitution de tables et de renvois 86 • L'une des pratiques de subdivision mérite d'être mentionnée expressément, car elle a trouvé une large utilisation. Il s'agit de la subdivision des chapitres en sept parties à peu près égales indiquées par les lettres A à G. Le système a sans doute été inventé par les Dominicains de St. Jacques à Paris pour pouvoir se référer avec plus de précision au texte de la Bible dans la première concordance , composée par eux vers 124087. Il a été employé, à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, pour d'autres textes et est devenu ensuite un instrument courant des auteurs d'index88 • 80. Cf. PALMER, p. 57 sqq.; ROUSE, Statim, p. 206. 81. Cf. GUENÉE, pp. 227-231. 82. Cf. RousE, Preachers, p. 33; ID., Le développement, p. 130. 83. Une note accompagnant la table l'explique: "Distinguitur autem tota ista compilatio in quadraginta quatuor distinctiones tamquam in quadraginta quatuor libros. Et quelibet distinctio distinguitur per litteras alphabeti positas in margine tanquam per capitula" (ms. Troyes, Bibl. munie. 186 [XIII" s.]); cf. RousE, Preachers, p. 143. 84. Cf. RousE, Preachers, p. 33; LEHMANN, pp. 38-40. 85. Cf. RousE, Le développement, pp. 124-125. 86. Cf. MABILLE, PP· 245-246. 87. Cf. ROUSE, Verbal Concordance, p. 10. 88. Cf. RousE, op. cit., pp. 22-23; ID., Preachers, p. 34. Pour la division en quatre parties, de A à D, cf. ID., Verbal Conc., pp. 17; 23.
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LES CONDITIONS PRÉLIMINAIRES
Comme les pratiques décrites ci-dessus étaient nouvelles à l'époque, les auteurs en font parfois mention. Ainsi, maître Jourdain dit explicitement dans l'introduction de son commentaire sur Priscien (vers 1245), que la forma tractatus implique l'établissement de livres et de chapitres reflétant la forma tractandi, le développement de la pensée89 . Robert de Melun semble agacé par la nouvelle vogue de la division des textes, mais il s'y plie pourtant: "Huic vero opusculo titulos prescribere ipsumque titulis interpositis distinguere magis me conpellit consuetudo quam ratio" 90 . Robert Kilwardby est l'un de ceux qui expliquent l'emploi des sept premières lettres del' alphabet pour subdiviser des chapitres: "debes scire quodlibet capitulum libri De civitate Dei super quo facta est (se. tabula), in septem distingui partes secundum primas litteras alphabeti ... Quando autem signanter continetur sententia vel veritas in una parte capituli, signatur pars ipsa per litteram sibi correspondentem, ut a.b.c. et huiusmodi" 91 . Ce sont notamment ces descriptions contemporaines de tables des matières et d'index qui nous livrent le vocabulaire technique correspondant. Il est assez varié, car on parle de choses qui venaient d'être inventées ou réinventées et qui devenaient seulement pratique courante au XIIIe siècle, comme base indispensable des instruments de travail.
Les termes techniques. Les termes employés dans ce contexte se laissent répartir en quatre groupes: 1. ceux qui concernent la division du texte elle-même. - 2. ceux qui désignent les parties résultant de cette division, rationnelle ou artificielle. - 3. les termes se rapportant à la division par feuilles ou pages. - 4. les noms des signes aidant à repérer les parties ou les renvois. 1. Termes désignant la division du texte. Le terme qui exprime couramment la notion de division d'un texte est distinctio, de même que le verbe distinguere. J'en cite quelques exemples: "Incipit tractatus de diversis materiis predicabilibus, ordinatis et distinctis 89. Cf. MINNIS, Med. Theory, p. 147; PARKES, p. 120; RousE, Preachers, p. 38; Io., Statim, p. 224. Cf. aussi PALMER, pp. 58-59 et n. 47. Sur l'auteur et la date de ce commentaire, cf. R.A. GAUTHIER, Les 'Notule super Priscianum minorem' de Jourdain, maître ès arts (c. 1245), dans Revue des sciences philosophiques et théologiques 66 (1982) pp. 367-373. 90. ROBERT DE MELUN, Sententie, p. 49. 91. ROBERT KlLWARDBY, Tabula super libros de Civitate Dei, cité par CALLUS, New Manuscripts, p. 42. D'autres auteurs qui expliquent le système sont GUILLAUME SuoBERY (cf. KAEPPELI, p. 81) et ETIENNE DE BOURBON (voir ci-dessous). D'ailleurs, les auteurs des concordances de St. Jacques l'ont eux aussi commenté, cf. par ex. Paris, B.N., lat. 513.
LA DIVISION DU TEXTE
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in septem partes ... Hic notatur brevis distinctio septem partium et materiarum tocius hujus operis"92 , et "Distinctio librorum de doctrina christiana secundum capitula superscripta non est autentica, sed ad iuvandum dictorum librorum intelligentiam per ista capitula singulos (se. libros) ... sum partitus" 93 . Les termes s'appliquent aussi bien à la division en parties rationnelles qu'en parties artificielles 94 . D'autre part, distinctio est également employée dans le sens de partie résultant de la division d'un texte. C'est là aussi une acception courante qui se rencontre dans divers genres de textes, dans les recueils d' exempla: "quod prior quidem numerus distinctionum, posterior vero singulorum exemplorum quotas representat" 9 5 , mais aussi dans des textes juridiques96 ou. philosophiques et théologiques, comme le montrent par exemple les Sentences de Pierre Lombard 97 . Le mot a donc ici l'acception de partie déterminée d'un texte, divisé selon le sens ou artificiellement. Bien entendu, on rencontre d'autres termes qui décrivent l'activité intellectuelle de diviser un texte en parties, en premier lieu ceux qui se rapportent à l'imposition d'un 'ordre' déterminé. J'ai déjà mentionné la forma tractatus, correspondant à la forma tractandi9 8 . La même conception est présente chez d'autres auteurs, dont Robert Kilwardby, qui parle d' ordinatio partium, Pierre de Capoue, qui utilise ordo tractatus, et Hugues de St. Cher, employant ordo tractandi9 9 • D'autre part, on trouve à la place de distinctio le terme divisio, notamment chez Robert de Melun qui parle dans son prologue non seulement de distinguere, mais aussi de dividere et de partiri100 . L'expression divisio capitu/orum se trouve dans une note attribuant les résumés des chapitres des Sentences à Robert Kilwardby: "Kylwarby De divisione capitulorum Sententiarum" 101 . Par contre, assignatio capitu/orum, trouvé dans un manuscrit du milieu du XIIIe siècle contenant de nombreuses tables, principalement sur Aristote, signifie plutôt 'indication des chapitres', car le manuscrit en question contient des listes des incipits des chapitres, par exemple: "Incipit tabula super 92. ETIENNE DE BOURBON, prologue. 93. Note de (pseudo) ADAM DE MARSH, cf. HUNT, The Library, pp. 125-126. 94. Par exemple la division en sept parties égales, cf. ci-dessus. 95. Speculum exemplorum, prologue; cf. SCHMITT, p. 15. Cf. aussi ci-dessus n. 83. 96. Cf. PARKES, pp. 118, 121, 122, etc.; PALMER, p. 61; cf. ci-dessus. 97. Cf. ci-dessus p. 24; cf. BRADY, The Distinctions, p. 103. Cet emploi est très fréquent. Cf. aussi PALMER, p. 46 n. 6; pp. 61-62. 98. Cf. ci-dessus. 99. Cf. MINNIS, Med. Theory, pp. 147-148. Pour ordinatio, cf. aussi NICOLAS DE PARIS, cité par PARKES, p. 121, et ci-dessous (p. 34) la table des matières du Décret. Ce mot peut désigner aussi quelquefois la 'mise en ordre alphabétique', cf. JEAN REUCHLIN, Vocab. brevilogus, prologue. 100. Et cf. ci-dessus la citation au sujet de distinctio; PALMER, p. 61 n. 59. 101. Cf. CALLUS, The Tabulae, p. 264 (ms. Oxford, Balliol College 3).
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LES CONDITIONS PRÉLIMINAIRES
libros elencorum topicorum et priorum Aristotelis et asignationes capitulorum" 102. Dans l'ensemble, distinctio semble l'emporter dans l'acception de l'acte de diviser. Dans celle d'articulation concrète, le mot est en concurrence avec toute une série d'autres termes, comme on le verra dans le paragraphe suivant. Un emploi très différent de ce mot ambivalent se situe sur un autre terrain: il s'agit des distinctiones théologiques et juridiques, recueils de 'distinctions' qui forment un genre littéraire à part et sur lesquels je reviendrai plus loin 103.
Notice sémantique. Distinctio avait déjà dans le latin classique le double emploi d'acte de distinguer d'une part, d'acte de diviser de l'autre, correspondant aux emplois du verbe distinguere 104 . L'acception médiévale de distinction d'un texte en découle naturellement 105 . Le sens concret de partie est également bien attesté 106 • En ce qui concerne les recueils de 'distinctions', je traiterai de l'histoire sémantique de cet emploi particulier à l'endroit prévu. Parmi les autres termes décrivant la division des textes divisio conserve, comme distinctio dans ce cas, sa signification classique. Le mot assignatio désigne généralement assignation ou attribution, mais est ici apparemment utilisé dans le sens de designatio, que l'on rencontre quelquefois: "in assignatione et distinctione peccatorum languemus inopia nominum"107 ou "quia illa superior descriptio penitentis non est vera descriptio, sed assignatio tantum" 108 . En ce qui concerne ordo et ordinatio, ce sont des mots communs, aux multiples emplois, dont celui de "ordre, ordonnance, disposition ordonnée"109, qui s'applique aux textes dans le sens de "composition 102. Ms. Pise, Seminario 124, f" 19 4 sqq. [XIIIe s.]; Bonn, Univ. Bibl. 792, f0 1 sqq. [XIVe s.). JEAN D'ERFURT, Tabula utriusque juris, [ca. 1310-1315], dictionnaire juridique alphabétique dont il existe trois versions (la première daterait de 1285). Cf. COING dans IRMA V, 6, 62 pp. 165-166; B. KURTSCHEID, dans Franzjsk. Studien I (1914) pp. 269-290; VFL IV, 583-589; SECKEL p. 185; TEETAERT, dansAntonianum 20 (1945) pp. 419-423; VON SCHULTE Il, pp. 385-389. Ed. partielle du prologue dans V ON SCHULTE, pp. 38 7-388. Mss. par ex. Metz, Bibl. Munie. 117 [fin XIIIe s.]. JEAN D'ERFURT, "Vocabularium vocum sive Glossarium Biblie", [1309), version
BIBLIOGRAPHIE
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abrégée du dictionnaire de Guillaume le Breton, contenant des gloses en allemand, probablement empruntées au glossaire Abstractum. Cf. GRUBMÜLLER, Ex quo, pp. 49-50; VFL IV, 587; STEGMÜLLER III, n° 4460. Mss. notamment London, B.L., Arundel 209, f" 1r_53r [1341]. JEAN (BERNIER) DE FAYT, Manipulus exemplorum, [t 1395], recueil d' exempla dans l'ordre alphabétique des thèmes, précédé d'un prologue qui traite notamment de la façon de citer certains auteurs. Cf. BERLIÈRE. Ed. Douai 1615. Mss. par ex. Arras, Bibl. Munie. 296 (XIVe s-1. JEAN (BERNIER) DE FAYT, Tabulamoralium(Aristotelis), [t 1395], collection d' auctoritates alphabétique de certaines œuvres d'Aristote, appelée également Milleloquium philosophi ou Manipulus moralis philosophie. Cf. BERLIÈRE; GRABMANN, Methoden, p. 139 sqq.; HAMESSE pp. 186187; LOHR, Medieval Latin Aristotle Commentaries, dans Traditio 26 (1970) pp. 156-157. Ed. partielle du prologue chez HAMESSE et LOHR (op. cit. ). Mss. par ex. Paris, B.N., lat. 16090 [XIVe s.]. JEAN DE FRIBOURG, [t 1314], auteur de tables alphabétiques, dont une sur sa propre Summa conftssorum; a fait une autre table sur la Summa de casibus de Raymond de Pennefort; les deux tables sont précédées d'un prologue. Cf. BOYLE; ROUSE, Le développement, p. 125; ID., Preachers, p. 23. Ed. de la Summa conftssorum, avec la table, par ex. Paris 1519. Mss. de la table sur la Summa de Raymond de Pennefort par ex. Paris, B.N., lat. 3251 (2) f 0 60r-85r [XIIIe s.]. JEAN DE GARLANDE, Dictionarius, [milieu XIIIe s.], vocabulaire systématique traitant de mots "nécessaires" concernant les membres du corps, etc.; est parfois accompagné d'un commentaire de l'auteur et de gloses en langue vernaculaire. Cf. BRINKMANN p. 43 n. 116; BURIDANT p. 16; CGL I, pp. 236-237; DELLA CASA p. 39 n. 17; HAURÉAU dans Notices et Extraits 27 (1879) p. 40; T. HUNT p. 9 sqq.; PAETOW, The Morale scolarium ojjohn of Gar/and, Berkeley, 1927, pp. 128-131; SCHELER pp. 18-20. Ed. SCHELER pp. 20-83; WRIGHT pp. 120-138; éd. partielle de la préface du commentaire chez HAURÉAU (/oc. cit.) d'après le ms. Paris, B.N. lat. 8447 f 0 48-57 (1268]. JEAN DE GARLANDE, ~notryma, [milieu XIIIe s.], collection de synonymes désignant des réalités sous divers aspects par différent noms. Cf. BRINKMANN p. 44 et n. 118; PAETOW, op. cit., pp. 133- 135. Ed. PL 150, col. 1578-1590. JEAN DE GARLANDE, Utrum (Unum) omnium, [milieu XIIIe s.], ouvrage
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BIBLIOGRAPHIE
sous forme d'hexamètres traitant de mots latins dans l'ordre alphabétique. Cf. PAETOW, op. cit., p. 133; WALTHER, Initia carminum n° 3050. Mss. notamment Oxford, Bodl. Library, Rawlinson G. 96 f0 1-90 [fin xme s.); Oxford, Corpus Christi 121 f 0 84-125 [fin xme s.). JEAN BALBI DE GÊNES, Catholicon, [1286), somme grammaticale étendue dont le livre V constitue l'un des grands dictionnaires latins du moyen âge, largement basé sur Hugucio, mais amélioré surtout par l'adoption d'un système alphabétique cohérent. Cf. CGL I, pp. 215-217; DALY, Some Techniques, pp. 236-237; DELLA CASA pp. 40-45; GRABMANN, Die lta/. Thomistenschule, pp. 369-372; GRUBMÜLLER, Ex quo, pp. 27-29; ID., Liber, p. 95 sqq.; 101-102; KAEPPELI II, n° 2199; LINDEMANN p. 57 sqq.; MARIGO p. 31 sqq.; MARINONI, Dai 'Declarus', pp. XXI-XXII; MIETHANER-VENT pp. 99100; POWITZ, Catholicon; RIESSNER p. 11 et n. 5; ROQUES II, pp. IXXI; ROSSEBASTIANO-BART pp. 116-117; STEGMÜLLER II, n° 42204221; WEIJERS, Glossaires, p. 104; ID., Lexicography, pp. 143-144. Une thèse de licenciat a été soutenue à Toronto (Pontifical Institute) en 1981 par F. WALLIS, Communis et universalis: the 'Catholicon' of Giovanni Balbi of Genoa, o.p.. Ed. anciennes nombreuses, par ex. Mainz 1460 (réimpr. anast. 1971). Ed. moderne en préparation par DELLA CASA. JEAN (DE) HAUTFUNEY, Tabula super Speculum historiale fratris Vincentii, [vers 1320), table alphabétique des matières du Speculum historiale de Vincent de Beauvais; également une table des flores contenus dans le Spec. hist. Cf. PAULMIER, L'Atelier, p. 97; ID., Les 'Flores', dans Spicae 1 p. 31 sqq., Spicae 2 p. 9 sqq.; ID., Jean Hauifunry, Tabula dans Spicae 2 pp. 1942; VON DEN BRINCKEN pp. 907-912. Ed. de la Tabula par PAULMIER dans Spicae 2 pp. 43-263 (A-L) et 3 pp. 9-185 (M-Z); de la table des.flores, ID. dans Spicae 3 pp. 187-194. JEAN DE LATHBURY, Alphabetum morale, [t 1356], recueil d'exempla selon l'ordre alphabétique des thèmes, appelé aussi Liber distinctionum theologicarum. Cf. SMALLEY, Friars, pp. 221-239; STEGMÜLLER III, n° 4758 (la date de 1406 mentionnée ici est erronée, if. A.B. EMDEN, A Biographical Register of the Univ. of Oxford, II (1958) 1104-5); VON NüLCKEN p.
273. Mss. par ex. London, B.L., Royal 11. A. XIII [XVe s.). JEAN MARCHESINUS, Mammotrectus (ou Expositiones vocabulorum Biblie), [début XIVe s.), dictionnaire des termes bibliques suivant l'ordre de la Bible, assorti d'une table alphabétique; largement basé sur Guillaume le Breton.
BIBLIOGRAPHIE
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Cf. BERGER pp. 31-56; CGL I, PP· 226-227. Ed. notamment Venezia 1476; Paris 1521. JEAN DE MERA, Puericius et Brachylogus, [ca. 1350], dictionnaire latin basé sur le système de la dérivation, s'appuyant sur Hugucio, Papias et Guillaume le Breton, accompagné d'un index alphabétique ; le Brachylogus est la version abrégée du Puericius. Cf. POWITZ, ]oh. de Mera; WEIJERS, Glossaires, p. 105. Mss. du Puericius par ex. Erfurt, Wissens. Bibl. Q 27, du Brachylogus par ex. Vaticano, lat. 10062 [fin XIVe s.]. JK\N MILIS, Repertorium iuris, [1430-1440], dictionnaire de droit selon l'ordre alphabétique . Cf. STINTZING p. 145; VIRET dans Dict. droit canon. 6 (1957) col. 114. Ed. par ex. Koln 1475. JEAN MOMBAER, Tabula librorum precipue legendorum, [sec. moitié xve s.], liste de livres utiles pour le salut des moines. Cf. NEBBIAI DALLA GUARDA p. 111. Ed. P. DEBONGNIE, Jean Mombaer de Bruxelles, abbé de Livry, ses écrits et ses réformes, Louvain/Tou louse, 1928 pp. 319-336. JEAN REUCHLIN, Vocabularius breviloquus, [ca. 1475], version du Vocabularius brevilogus dans lequel l'auteur a incorporé des termes juridiques. Cf. GRUBMÜLLER, Ex quo, p. 36 n. 1; PADERSTEIN; SECKEL p. 475; E. WICKERSHEIMER, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen-âge, Paris, 1936, pp. 476-478. Ed. par ex. Basel 1478. JEAN DE ST. AMAND, Concordantie, [XIIIe s.], deuxième partie du Revocativum memorie du même auteur; répertoire alphabétique de matières médicales, l'un des premiers de ce genre. Cf. MACKINNEY p. 246; PADERSTEIN; PAGEL. Ed. PAGEL 1894 et éd. du prologue, ID., 1896, pp. XXXI-XXX II; éd. partielle dans PADERSTEIN p. 10 sqq. JEAN TRITHEMIUS, Liber de scriptoribus ecclesiasticis, [1492], bibliographi e d'auteurs dans l'ordre chronologiqu e, précédée d'une table alphabétique ; appelée Catalogus dans le prologue; a aussi composé un catalogue d'auteurs bénédictins et un autre, le Cathalogus illustrium virorum Germaniam ... exornantium, ne concernant que les auteurs allemands (imprimé en 1495). Cf. STEFFEN; RoUSE, Bibliography, p. 147; sur l'auteur, if. K. ARNOLD, Johannes Trithemius (1462-1516), Würzburg, 1971 (Quellen und Forschungen zur Geschichte d. Bistums u. Hochstifts Würzburg XXIII). Ed. par ex. Basel 1494. JODOCUS D'ERFURT, Vocabularius utriusque iuris, [1452], dictionnaire de termes juridiques selon l'ordre alphabétique , composé à Erfurt, compi-
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BIBLIOGRAPHIE
lation d'ouvrages antérieurs comme le ''Vocabularius Stuttgardiensis"; titre original: Verbarius utriusque juris. .Cf. COING dans IRMA V, 6, 65 pp. 169-170; R. GILLET dans Dict. droit canon. 6 (1957) 181-186; SECKEL pp. 1-69; STINTZING pp. 129144. Ed. par ex. Basel, avant 1473; Paris 1476; éd. de l'épilogue trouvé dans certains mss. chez SECKEL pp. 16-1 7. Libellus de verbis legalibus, [XIIe s. ], dictionnaire non alphabétique de termes juridiques contenant une brève préface. Cf. CONRAT, Geschichte, pp. 620-622; FIORELLI p. 296; FITTING pp. 38-43; WEIMAR p. 260. Ed. FITTING pp. 181-205. Liber exemplorum ad usum predicantium, [sec. m. XIIIe S.], recueil d'exempla composé par un Franciscain, dont la seconde partie (De rebus infarioribus) est disposée selon l'ordre alphabétique des thèmes. Cf. P. MEYER dans Notices et extraits XXXIV, 1 pp. 399-437; PFANDER pp. 24-25. Ed. A.G. LITTLE, (British Society of Franciscan Studies I), Aberdeen, 1908, d'après le ms. Durham Cathedra! B. IV. 19 f0 21-103 [milieu XIVe s.] (incomplet). Liber glossarum, [sec. m. VIIIe S.], l'un des plus importants glossaires latins, source principale de dictionnaires postérieurs, notamment de Papias; composé, selon l'ordre alphabétique, probablement à Corbie; appelé aussi Glossarium Ansileubi. Cf. BISHOP; CGL I, pp. 104-117; LAISTNER p. 178; LINDSAY, The Abstrusa Glossary; MANITIUS I pp. 133-4; 597-8, etc.; McGEACHY p. 309 sqq.; ÜSENER dans Rheinisches Museum, XXIV (1869) pp. 382-391; VON DEN BRINCKEN p. 917. Ed. W.M. LINDSAY, dans Glossaria Latina, I, Paris, 1926. LOUIS DE VALLADOLID, Tabula quorumdam doctorum ordinis Praedicatorum (ou Tabula Alberti Magni aliorumque scriptorum ordinis Praedicatorum), [début xve S.], bibliographie des auteurs dominicains comprenant une Vita Alberti Magni. Cf. SCHEEBEN pp. 223-263. Ed. SCHEEBEN pp. 243-263. Lumen anime, [1317-1357], collection d'exempla tirés des sources de l'histoire naturelle, dans l'ordre thématique, consistant en fait en trois collections de différents compilateurs, la première datant de peu après 1357. La première version (A) est probablement de Bérenger de Landorre (t 1330), la seconde d'un chanoine de Vorau appelé Gotfridus. Les collections circulaient dans l'Europe de l'Est aux XIVe et XVe S.
BIBLIOGRAPHIE
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Cf. RousE, The textes called Lumen anime; WELTER, L'exemplum, pp. 341344. Mss. (A) par ex. Marseille, Bibl. Munie. 389, f 0 27r_ 53v [14 73]; (B) par ex. Vorau, Stiftsbibl. 130, [° 1r-162v [1332]. Sur les mss. cf. RousE, pp. 94-113. Ed.: Le texte de (A) a été imprimé en 1518; il y a quatre incunables de (B); les prologues de (A) et (B) ont été édités par RousE, pp. 7378. MARTIN DE POLOGNE, Margarita, [t 1279], répertoire alphabétique sur le Decretum de Gratien, imprimé en appendice dans la plupart des éditions de la Glossa ordinaria de ce texte. Cf. KAEPPELI III n° 2973; VON SCHULTE II pp. 137-138. Ed. par ex. Venezia 1514, Lyon 1517. MAURICE DE PROVINS, Distinctiones Mauricii, [milieu XIIIe s.], collection de distinctiones très riche à caractère scolastique; l'auteur était un franciscain et a été vu à l'oeuvre à Provins par Salimbene. Cf. BATAILLON, L'agir humain, p. 777; ID., Instruments de travail, pp. 202-205; ID., Intermédiaires, p. 213 sqq.; HASENOHR p. 51; RousE, Bibl. Dist., p. 33; STEGMÜLLER III n° 5566; WILMART p. 341. Ed. Venezia 1603 (A-E). Mss. par ex. Paris, Bibl. Mazarine 1019 [vers 1280]; Paris, B.N., lat. 3270 [XIVe s.]. MICON DE ST. RIQUIER, [prem. moitié IXe s.], grammairien, auteur d'un glossaire basé partiellement sur le glossaire Abavus. Cf. CGL IV p. XXXVI sq.; MANITIUS I, p. 475. Ms. Bruxelles, Bibl. Royale 10859, f0 1v_75 [Xe s.]. NICOLAS DE BIARD, Distinctiones et Summa de abstinentia, [sec. moitié XIIIe s. ], deux collections de distinctiones dont la première a été composée entre 1275 environ et 1288; la seconde, imprimée au XVIe siècle sous le nom de Dictionarius pauperum, est d'une conception plus large, dépassant le cadre de la Bible par l'introduction de comparaisons et de commentaires étendus. Cf. BATAILLON, L'agir humain, p. 777; ID., Instruments de travail, pp. 201-205; ID.,lntermédiaires, pp. 213-214; HASENOHR pp. 52-53; PFANDER pp. 23-24; ROUSE, Bibl. dist., pp. 34-35; STEGMÜLLER IV n° 5693-4 (Distinctiones) et 5695 (De abstinentia); WILMART p. 343-345. Ed. de la Summa de abstinentia, par ex. Paris 1498, 1512. Ms. contenant la préface: Paris, Bibl. Mazarine 1021 [XIVe s.]. Mss. des Distinctiones par ex. Paris, Bibl. Mazarine 1024 [XIIIe s. ]; Paris, B.N., lat. 14890 [XIIIe-XIVe s.]. NICOLAS DE GORRAN, Distinctiones, [t 1295], collection de distinctiones dont l'une des sources est probablement la Summa de abstinentia de Nicolas de Biard. L'auteur était prieur du couvent Saint-Jacques.
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BIBLIOGRAPHIE
Cf. BATAILLON, L)agir humain, p. 777; ID., Instruments de travail, p. 201; ID., Intermédiaires, pp. 213-214; HASENOHR pp. 52-53; KAEPPELI n° 3090; STEGMÜLLER IV n° 5740; WILMART p. 342. Mss. par ex. Paris, B.N., lat. 3684 [début XIVe s.]. Olla patella, [XIIIe s.], glossaire systématique versifié basé sur leDictionarius de Jean de Garlande; environ 700 noms (substantifs et adjectifs) énumérés par catégorie d'objets. Cf. BRINKMANN p. 43 n. 116; HAURÉAU, Notices et extr. XXVII, 2 pp. 80-81; PAETOW, Morale scol., pp. 132-133; SCHELER, 01/a patella. Ed. SCHELER, op. cit. Ms. par ex. Douai, Bibl. mun. 438 f0 51 sqq. (fin XIIIe s.]. ÜSBERN DE GLOUCESTER, Panormia (ou Liber derivationum), [vers 1150], dictionnaire latin composé selon le système des dérivations, mais comprenant aussi, après chaque lettre traitée de cette façon, des repetitiones énumérant des mots peu communs dans l'ordre alphabétique , selon le système glossographi que; a été utilisé dans toute l'Europe; est pourvu d'un pro loque (éd. Mai) et d'une préface avec dédication à l'abbé Hamelin (cf. Hunt). Cf. CGL I, pp. 196-215; GRUBMÜLLER, Ex quo, p. 21; HUNT, The 'Lost' Preface; MANITIUS III, pp. 18 7-190; MARINO NI, Dai 'Declarus', pp. XVII et XXI; ID., Du glossaire, pp. 136- 139; RrnssNER pp. 2124; ROBUSTELLI; WEIJERS, Glossaires, pp. 103-104; ID., Lexicography, p. 142. Ed. A. MAI, Thesaurus novus latinitatis, Roma, 1836 (= Classicorum auctorum ... vol. 8); édition de la préface dans HUNT, op. cit. PAPIAS, Elementarium doctrinae rudimentum, [vers 1050], premier grand dictionnaire latin, basé surtout sur le Liber glossarum et encore assez proche des glossaires, mais comprenant également des exemples d'utilisation du système des derivationes; l'ordre alphabétique , étendu jusqu'à la troisième lettre des mots, fait l'objet d'une description dans le prologue, probablemen t la première de ce genre. Cf. DE ANGELIS, Papiae Elem.; ID., Indagine; CGL I, pp. 172-184; CREMASCOLI, Ricerche; DALY, Techniques, p. 229 sqq.; DONDINI; GOETZ, Papias; GRUBMÜLLER, Ex quo, pp. 20-21; MANITIUS II, pp. 717-724; MARINONI, Dai 'Declarus', pp. XVI-XVII; RIESSNER pp. 77- 78; RosSEBASTIANO pp. 113-115; RousE, Preachers, pp. 27-28; ID., Statim invenire, p. 203; WEIJERS, Glossaires, p. 103; ID., Lexicography, pp. 140141. Ed. Venezia 1496 (réimpr. anast. Torino 1966). PAULINUS MINORITA, (début XIVe s.], auteur de tables différenciées notamment sur la Chronologia Magna. Cf. VON DEN BRINCKEN pp. 912-914. Mss. par ex. Paris, B.N., lat. 4939 [XIVe s.].
BIBLIOGRAPHIE
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PAl!LUS CAMALDULENSIS, Registrum, [XIIe s.], registre de formulaires d'actes pontificaux disposé en trois livres. Cf. MANITIUS III, p. 183; THUROT, Not. et extr., XXII, 2 p. 25. Ms. Paris, B.N., lat. 7517 [XIIe s.] f 0 59 sqq. (incomplet). PIERRE DE BELLEPERCHE, Distinctiones seu brocarda, [t 1308], collection de 'distinctiones' juridiques, qui se présentent sous la forme de questions didactiques. Cf. KUTTNER, Réflexions, p. 769 et n. 9; MEIJERS pp. 102-103; VON SAVIGNY, VI, pp. 27-33. Ed. (sous le nom de Quaestiones aureae) Lyon 151 7; Basel 160 7. PIERRE BERSUIRE, Repertorium morale, (t 13621, énorme collection de distinctiones ou dictionnaire théologique traitant de plusieurs milliers de termes dans l'ordre alphabétique ; l'ouvrage faisait pendant au Reductorium morale et a parfois été appelé Dictionarium, contre l'avis de l'auteur, comme il apparaît du prologue commun. Plusieurs tables ont été ajoutées, la première dès 1340. Cf. HASENOHR p. 55 n. 2; SAMARAN; STEGMÜLLER IV n° 6427. Ed. par ex. Nürnberg 1489. Mss. par ex. Paris, B.N., lat. 14275 f 0 232vb (Collatio pro fine operis); id. 16785 (f0 pa_4ra prologue). PIERRE DE BLOIS, Speculum iuris canonici, [ca. 1180], est en fait une collection de distinctiones, ou plutôt une combinaison de distinctiones et de brocarda. Cf. DE GHELLINCK, Le mouvement, pp. 479-480; 495-496; KUTTNER, Réflexions, p. 787; ID., Rep., p. 220. Ed. A. REIMARUS, Berlin, 1837. PIERRE DE CAPOUE, Alphabetum (in artem sermocinandi), [peu après 1219), collection de distinctiones qui combine l'ordre alphabétique et l'ordre systématique (à l'intérieur de chaque lettre de l'alphabet) et qui est munie de renvois à des passages similaires dans les marges. Cf. BATAILLON, Instruments, p. 201; GLORIEUX, Rép. maitres théol., n° 108; HASENOHR p. 51; MIETHANER-VENT pp. 88-89; 103 n. 1; ROUSE, Bibl. dist., p. 32; ID., Statim invenire, pp. 218-221; 224; ID., The Schools and the Waldensians. A new work of Durand of Huesca, dans Christendom and its Discontents, éd. S. WAUGH, Berkeley, 1991 (sous presse); WILMART pp. 329-340. Mss. par ex. Paris, B.N., lat. 16894 [XIIIe s.]. PIERRE LE CHANTRE, Summa Abel, [t 1197], l'une des premières collections de distinctiones, suivant l'ordre alphabétique et très étendue. Cf. BATAILLON, Instruments, pp. 200-201; HASENOHR pp. 39-40; MANITIUS III, pp. 159-162; PITRA II, XXVIII; III, XXXII; RousE, Bibl. Dist., p. 29; ID., La diffusion, p. 118; STEGMÜLLER IV n° 6451; VoN DEN BRINCKEN pp. 918-919; WILMART pp. 336-7.
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BIBLIOGRAPHIE
Mss. par ex. Paris, B.N., lat. 455, f0 53r_94v [XIIIe s.]. Ed. d'extraits dans PITRA III, pp. 1-276. PIERRE DE CORNWALL, Pantheologus, [dernier quart XIIe s.], collection de distinctiones suivant l'ordre systématique et divisé en quatre parties; dans certains mss. des tables ont été ajoutées (par l'auteur?); n'était apparemment pas répandu sur le continent. Cf. HASENOHR pp. 50-51 n. 1; HUNT, Engl. Learning, pp. 19-42. Ed. du prologue de la première partie chez HUNT pp. 38-42. Mss. par ex. Oxford, Merton College 191 [XIIIe s.] (partie I); id. 192 [XIIIe s.] (partie II-III); London, B.L., Royal 7. C. XIII [XIIIe s.] (Partie II et III), 7 C XIV [XIIIe s.] (partie IV). PIERRE DE LIMOGES, "Distinctiones", [peu après 1273], ouvrage pris pour une collection de distinctiones, mais ressemblant plutôt à un ensemble de notes organisées par sujet et rangées selon l'ordre alphabétique (qui ne semble d'ailleurs pas être de la main de Pierre de Limoges lui-même); cet auteur a notamment écrit un recueil d'exempla et plusieurs index sur des collections de sermons. Cf. BATAILLON, Instruments, p. 201; GLORIEUX, Rép., n° 178; HASENOHR p. 54 et n. 1; RousE, Bibl. Dist., pp. 35-36; ID., Le développement, p. 123; ID., Preachers, pp. 22-23; STEGMÜLLER IV n° 6624; WELTER, L'exempium, pp. 130-131. Ms. "Distinctiones": Paris, B.N., lat. 16482 f 1-284 [XIIIe s.). Ms. Exempia: Paris, B.N. lat. 15971 [XIIIe s.). PIERRE DE MONTE, &pertorium utriusque juris, [prem. moitié XVe s. ), répertoire de termes juridiques; le prologue comprend une description circonstanciée de l'ordre alphabétique. Cf. STINTZING p. 145. Ed. par ex. Nürnberg 1476. PIERRE DE POITIERS, Distinctiones super psalterium, [avant 1196], collection de distinctiones suivant l'ordre des Psaumes. Cf. GLORIEUX, Rép., n° 100; HASENOHR p. 49; MOORE pp. 78-96 et 178-187; ROUSE, Bibl. Dist., p. 29; STEGMÜLLER IV n° 6783. Mss. par ex. Paris, B.N., lat. 417 f0 163-242 [XIIIe s.). PIERRE DE ST. FLOUR, Collige! .florum medicine, [XIVe s.), répertoire de matières médicales, remaniement et élargissement importants des Concordantie de Jean de St. Amand. Pour le titre 'Colliget', cf. l'oeuvre d' Averroès du même nom. Cf. MACKINNEY p. 246; PAGEL, Conc. Nachtriige, pp. XXX-XXXIII. Ed. du prologue dans PAGEL, op. cit., pp. XXXI-XXXII. Ms. Paris, B.N., lat. 14734 [XVe s.]. PILIUS, Collectio distinctionum, [ca. 1192-1193], collection de distinctiones juridiques du célèbre juriste.
BIBLIOGRAPHIE
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Cf. SECKEL pp. 354-374; WEIMAR, dans lus commune 1 (1967) p. 74 n. 90. Ms. Paris, B.N., Nouv. acq. lat. 2376 f0 130v (120v)-132 (122) [XIIIe
S.). PRÉVÔTIN DE CRÉMONE, Collectanea ex distinctionibus Prepositini, [12061210], collection de distinctiones, peut-être tirées en partie de la Summa super Psalterium du même auteur. Cf. GLORIEUX, Rép., n° 109; HASENOHR p. 49; LACOMBE; RousE, Bibl dist., p. 29. Ms. München, dm 4784 f