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French Pages [253] Year 1989
ETUD ES SUR LE VOCABULAIRE INTE LLEC TUEL DU MOY EN AGE
II VOCABULAIRE DU LIVRE ET DE L'ECRITURE AU MOYE N AGE
CIVICIMA COMITE INTERNATIONAL DU VOCABULAIRE DES INSTITUTIONS ET DE LA COMMUNICATION INTELLECTUELLES AU MOYEN AGE Président
L.M. de Rijk
Secrétaire
Olga Weijers Représentants nationaux
Allemagne Belgique Canada Espagne Etats-Unis Europe de l'Est France Grande Bretagne Italie Pays-Bas Pays scandinaves Portugal
Helmut Walther Jacqueline Hamesse Bernardo Bazin Antonio Garcia y Garcia Richard Rouse Aleksander Gieysztor Jacques Monfrin John Fletcher Tullio Gregory Robert Feenstra Eva Odelman Isaias da Rosa Pereira
Coordination générale
Olga Weijers Bibliothèque Royale Prins Willem Alexanderhof 5 2595 BE La Haye Pays-Bas
CIVICIMA ETUDES SUR LE VOCABULAIRE INTELLECTUEL DU MOYEN AGE
II
Vocabulaire du livre et de l'écriture " au moyen age Actes de la table ronde Paris 24-26 septembre 1987
édités par
OLGA WEIJERS
BREPOLS TURNHOUT BELGIQUE 1989
© Brepols 1989 No part of this work may be reproduced in any form, by print, photoprint, microfilm or any other means without written permission from the publisher.
TABLE DES MATIERES. Olga Weijers Leonard E. Boyle Jean Irigoin Pierre Gasnault Patricia Stirnema nn et
Marie-Th érèse Gousset Jean Vezin Marie-Pi erre Laffitte François Dolbeau Françoise Gasparri J. Peter Gumbert Olivier Guyotjea nnin Jacques Monfrin Jean-Fra nçois Genest André Vernet Jacquelin e Hamesse Pascale Bourgain
Louis J. Bataillon Richard H. et Mary A. Rouse Jacques Monfrin
Préface 7 Introduc tion 9 Terminol ogie du livre et de l'écriture dans le monde byzantin 11 Les supports et les instrume nts de l'écriture à l'époque médiéval e 20 Marques, mots, pratiques : leur signification et leurs liens dans le travail des enlumine urs 34 Le vocabula ire latin de la reliure au moyen âge 56 Le vocabula ire médiéval de la reliure d'après les anciens inventair es 61 Noms de livres 79 Lexicogr aphie historiqu e des écritures 1OO La page intelligib le: quelques remarque s 111 Le vocabula ire de la diplomat ique en latin médiéval 120 Le catalogue et l'inventa ire (Résumé) 135 Le mobilier des bibliothè ques d'après les inventair es médiévau x 136 Du "chartoph ylax" au "Libraria n" 155 Le vocabula ire de la transmiss ion orale des textes 168 La naissance officielle de l' œuvre: l'expressi on métapho rique de la mise au jour 195 Exempla r, pecia, quaternu s 206 The Vocabulary of Wax Tablets 220 Conclusi on
Liste des abréviati ons 23 7 Bibliogra phie 238 Index des termes technique s Liste des auteurs 252
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PREFACE. La table ronde sur le Vocabulaire du livre et de l'écriture au moyen âge, organisée à Paris du 24 au 26 septembre 198 7 par le CIVICIMA en collaboratio n avec l'U.A. 1048 (Comité Du Cange) et l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, n'a bénéficié ni d'une subvention du CNRS ou d'un organisme analogue ni du patronage financier de sociétés d'édition ou de matériaux d'écriture, pourtant sollicités les uns et les autres. Seuls deux participants néerlandais ont vu leurs frais remboursés grâce au service culturel et scientifique de l' Ambassade de France aux Pays-Bas. Que cette rencontre a cependant été un succès prouve que la communauté des intellectuels est capable d'aide mutuelle et de sacrifices pour réaliser des actions dont l'intérêt leur paraît évident. Je tiens à remercier en premier lieu les participants venus de l'étranger à leurs frais. Bien entendu, l'organisatio n de cette table ronde n'aurait pas été possible sans le soutien efficace de nos collègues parisiens. Je suis reconnaissan te que tant d'entre eux aient accepté d'apporter leur contribution sous forme d'une communicat ion ou simplement par leur présence. Je signale également que nombre de nos amis belges sont venus assister aux séances et jouer un rôle actif dans les discussions. L'organisatio n d'une table ronde à Paris aurait été impossible sans l'aide du Comité Du Cange et de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes. Tous deux ont dès le début encouragé et soutenu chaleureusement notre projet. Le comité d'organisatio n comprenait, outre le président du CIVICIMA et moi-même, Jacques Monfrin et Monique Duchet-Such aux pour le Comité Du Cange et Louis Holtz, Lucie Fessier, Jean-Franço is Genest, Annie Genevois et André Vernet pour l'I.R.H.T. Je les remercie sincèrement et en particulier Monique DuchetSuchaux, qui m'a apporté une aide énergique dans l'organisatio n pratique de cette rencontre. Nos remerciemen ts sont également dus à l'Institut de France qui a mis à notre disposition l'une de ses salles prestigieuses et parfaitemen t équipées. Les actes que nous présentons ici ne prétendent en aucun cas être une étude définitive. Ils serviront à défricher le terrain, à donner une inventarisati on provisoire, à signaler des pistes à suivre, à inciter à des recherches ultérieures. Pour faciliter leur utilisation, nous avons ajouté un index des termes techniques et une bibliographi e comprenant les principaux ouvrages cités par les auteurs.
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PREFACE
S'ils serviront un jour, comme on l'entendait dire à la fin de la rencontre, comme document de base pour "faire un nouveau Wattenbach", ils auront rempli leur mission. En attendant, nous souhaitons qu'un large nombre de médiévistes, en feuilletant ce livre, se rendra compte de l'intérêt de l'étude du vocabulaire technique dans le domaine des livres, des bibliothèques et des archives, de la transmission des textes, bref, de l'histoire intellectuelle. Olga Weijers La Haye, octobre 1988
LEONARD E. BOYLE
INTRODUCT ION. I suppose that one of the most celebrated cases of terminology is that in the field of Western palaeography of the word "Uncialis". Rightly or wrongly, the term is still with us, and was introduced by the Maurists to describe a particular type of writing, on the basis of a well-known passage in Jerome's introduction to his commentary on Job: "Habeant qui volunt veteres libros VEL in membranis purpureis auro argentoque descriptos VEL uncialibus (ut vulgo aiunt) litteris: onera magis exarata quam codices ; dummodo mihi meisque permittunt pauperes habere schedulas - et non tam pulchros codices quam emendatos." The meaning of the term "uncial" as it is used by St Jerome has generated much literature, although not as much as the literature generated by our modern palaeographical use of the term. I have nothing new to say on either score. I simply wish here to reflect for a moment, by way of setting this "table ronde" in motion, on one interpretation of the term "uncial" as it occurs in Jerome. It was, I think, first popularized by Samuel Berger, the la te 19th-century biblicist, and proposed that what Jerome wrote was not at all "uncialibus" but "inicialibus", and that the word "uncialibus" (and hence "uncialis") came about because of a misreading of the first four minims in "inicialibus" by some scribe or other whom other scribes followed faithfully when copying Jerome's prologue, reading "uncialibus" for "inicialibus". The suggestion has its merits. Since it is fairly clear that what Jerome had in mind was not a style of writing in our sense of "uncialis" but rather some type of monumental lettering, the word "inicialibus" is not implausible. Again, since the term "inicialis" has its own inbuilt clarity, where "uncialis" has not, it seems to have the advantage of the known over the unknown. Further, sin ce minims are notoriously insidious and have lured scribes and copyists into all sorts of misreadings, the postulated slip from "inicialibus" to "uncialibus" is palaeographical ly sound. However, for the "inicialibus" theory to hold water, it is not enough to be able to show that it is plausible palaeographical ly and fits in easily, because intelligible, into Jerome's prologue. One has to show first and foremost that the change is documentable in the manuscript tradition of the text of Jerome. In other words, one has to be able to
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LEONARDE. BOYLE
point to at least one early manuscript in which the word "inicialibus" is present unmistakably. Later manuscripts that read "inicialibus" are no great help, since their scribes could have been committing the reverse misreading, writing, that is, "inicialibus" for "uncialibus". (On the other hand, texts adduced by Bischoff and others that use the word "uncialis" as such are no great hindrance, since none of these texts is earlier than the ninth century and may well represent a stage when the mistaken "uncialis" had taken over from the original "inicialis"). In order to test the theory, I therefore examined a number of early manuscripts of Jerome's commentary on Job. To eut a long story short, I report simply that I was unable to find any example, clear or fuzzy, of "inicialibus" instead of "uncialibus" in any early manuscript that carried Jerome's preface to Job. A useless exercise, one might suppose? Not at all. It may even have some value as a cautionary tale for the present "table ronde". This is very properly entitled "Vocabulaire du livre et de l'écriture au moyen âge". For it is what the Middle Ages presents us with as vocabulary that we are after, not a vocabulary which we wish or would like to impose on the Middle Ages. In our discussion, then, of the vocabulary of the book and of writing in the Middle Ages, it may be of use to bear in mind the following points, if we are not to fall into a trap such as that illustrated by the "inicialibus" theory: 1. First of all, one must establish with lexicographical exactitude just what terms there were in the Middle Ages to describe the book and writing. 2. Then, before we attempt to define them we should make sure that we have them right, and that we are not blindly dependent on printed texts or, on the other hand, on medieval scribes who, conceivably, could have got them wrong. In other words, each term has to be subjected to informed textual criticism, pitting the manuscripts against each other. 3. Thirdly, when we are reasonably sure that we have them lexicographically right, then before rushing to define these terms as we see them or as some 1Sth- or 16th-century writer saw them, we should first see if there are any medieval attempts at describing or defining them, or, importantly, any texts which at least would give us a hint as to how the terms were taken in the Middle Ages. AU of this is of course a tall order. But it can be done. And for encouragement one need look no further than the "Terminologie" of the convenor of the present "table ronde".
JEAN IRIGOIN
LA TERMINOLOGIE DU LIVRE ET DE L'ECRITURE DANS LE MONDE BYZANTIN. Invité à prendre la parole au début de cette Table ronde sur le vocabulaire du livre et de l'écriture au moyen âge organisée par le CIVICIMA, je voudrais d'abord rappeler le projet conçu par Charles Samaran et présenté par lui, il y a quinze ans, au Congrès international de paléographie qui s'est tenu à Rome du 26 au 28 octobre 1972. Il s'agissait d'un Lexique polyglotte de paléographie et de codicologie. Denis Muzerelle en a publié, voici deux ans, la partie codicologique 1• Pour la paléographie était apparue, très tôt, la nécessité de ne pas se limiter à la terminologie actuelle, mais d'y inclure le vocabulaire antérieur, celui des paléographes des siècles passés et surtout celui des usagers eux-mêmes, dans la mesure où ils nous l'ont fait connaître. D'autre part, le projet initial, auquel étaient associés un papyrologue, Sir Eric Turner, et un byzantiniste, Herbert Hunger, prévoyait de joindre le vocabulaire descriptif de l'écriture grecque à celui de l'écriture latine. J'ai donc accueilli avec intérêt la proposition qui m'était faite de présenter, à cette Table ronde qui concerne le moyen âge occidental, une série d'observations relatives au monde byzantin. Et je dirai tout de suite qu'il serait artificiel de couper le moyen âge byzantin de l'antiquité classique: Constantinople, la Nouvelle Rome, prend la suite de la Vieille Rome, et la terminologie du livre byzantin garde la trace de sa double origine, grecque et latine, avec des échanges entre les deux langues, comme je me propose de le montrer. Je ne voudrais pas, en effet, me contenter de faire l'inventaire de tous les termes d'époque byzantine relatifs au livre et à l'écriture. Ce travail a déjà été réalisé, en partie, par l'un de mes élèves, Basile Atsalos, dans une thèse soutenue à Paris en juin 1968 et publiée trois ans plus tard, en Grèce, dans sa rédaction française, sous le titre: La terminologie du livre-manuscrit à l'époque ryzantine. Première partie: Termes désignant le livre-manuscrit et l'écriture 2 . Malheureusement les deux autres parties prévues ne sont pas encore parues; seuls trois articles ont été publiés, deux sur les dénominations
1. D. MuZERELLE, Vocabulaire codicologique. Répertoire méthodique des termes français relatifs aux manuscrits, Paris 1985. 2. Publié à Thessalonique en 1971 comme Supplément n° 21 de la revue