Une Lumiere Venue D'ailleurs. Heritages Et Ouvertures Dans Les Encyclopedies D'orient Et D'occident Au Moyen Age: Actes Du Colloque De ... Mai 2005 (Reminisciences, 9) (French Edition) 9782503530734, 2503530737

"UCL, Universitâe catholique de Louvain, Centre de recherche en histoire des sciences"--Cover.

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Une Lumiere Venue D'ailleurs. Heritages Et Ouvertures Dans Les Encyclopedies D'orient Et D'occident Au Moyen Age: Actes Du Colloque De ... Mai 2005 (Reminisciences, 9) (French Edition)
 9782503530734, 2503530737

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Une lumi`ere venue d’ailleurs H´eritages et ouvertures dans les encyclop´edies d’Orient et d’Occident au Moyen Age

Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 19-21 mai 2005

R´ eminisciences 9

Une lumi` ere venue d’ailleurs H´eritages et ouvertures dans les encyclop´edies d’Orient et d’Occident au Moyen Age

Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 19-21 mai 2005 ´edit´es par G. de Callata¨ y et B. Van den Abeele

Louvain-la-Neuve Centre de recherche en histoire des sciences 2008

Illustrations de couverture : Trac´e des cercles parall`eles et des lignes horaires selon Th´eodore M´elit´eniote effectu´e par R´egine Leurquin d’apr`es le ms Vaticanus gr. 792 fol. 48r. Un des « Fr`eres de la Puret´e » (Ikhw¯ an al-S.af¯ a᾿, Xe si`ecle) (ms. Istanbul, Bibl. S¨ ulemaniye, Edas Efendi 3638, f. 3v) Lambert de Saint-Omer, auteur du Liber Floridus (XIIe si`ecle) (ms. Gent, Universiteitsbibl., 92, frontispice)

© 2008, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2008/0095/187 ISBN 978-2-503-53073-4 Printed in the E.U. on acid-free paper

Νυκτιφαὲς περὶ γα˜ιαν ἀλώμεvνον ἀλλότριον φ˜ ως. Brillant pendant la nuit autour de la terre, lumi`ere tomb´ee d’ailleurs (Parm´enide, fgt. 14, Diels-Kranz).

Κυκλοτερὲς περὶ γα˜ιαν ἑλίσσεται ἀλλότριον φ˜ ως. Circulaire autour de la terre, elle enroule sa lumi`ere venue d’ailleurs (Emp´edocle, fgt. 45, Diels-Kranz).

Introduction L’encyclop´edisme m´edi´eval a fait l’objet de divers colloques ces derni`eres ann´ees, apportant des ´eclairages compl´ementaires. Un biais peu explor´e encore est celui des relations entre œuvres encyclop´ediques orientales et occidentales. Un projet de recherches a ´et´e initi´e `a Louvain-laNeuve en septembre 2003, soutenu par l’Universit´e catholique de Louvain (projet FSR : « Encyclop´edies comme images du monde et comme vecˆ »). teurs d’´echanges intellectuels dans l’Islam et l’Occident au Moyen Age Le colloque des 20 et 21 mai 2005 s’est donn´e pour objectif g´en´eral de mettre en parall`ele, sur base d’´etudes philologiques et historiques, les traditions encyclop´ediques en Occident et au Proche-Orient, du IXe au XVe si`ecle. On a pris en consid´eration des textes encyclop´ediques, au sens d’ouvrages ayant eu l’ambition de pr´esenter le savoir humain d’une mani`ere relativement compl`ete et syst´ematique. Il s’agissait de poursuivre l’examen de quelques th´ematiques plus particuli`eres susceptibles de mieux faire comprendre les influences que l’Occident chr´etien, l’Islam et le monde h´ebra¨ıque exerc`erent l’un sur l’autre `a cette ´epoquecharni`ere de leur histoire. Parmi les interrogations g´en´erales qui ´emergent de ce champ de recherches, quelques-unes ont ´et´e plac´ees en exergue de cette rencontre : • Syst`eme de classification et d’organisation des sciences. Toute encyclop´edie se doit de pr´esenter un ordre coh´erent des disciplines. Cet ordonnancement peut ˆetre didactique, hi´erarchique, ontologique,

Introduction voire sous-tendu par une vision religieuse ou le respect d’un texte sacr´e. Les mod`eles en pr´esence participent-ils d’une mˆeme logique ? • Travail sur les sources. Tout encyclop´ediste h´erite d’un bagage ´ecrit qu’il enrichit ` a son tour. Les sources arabes constituent un apport nouveau pour les encyclop´edies latines des XIIIe-XIVe si`ecles. A l’inverse, les encyclop´edies arabes et juives ont b´en´efici´e d’apports grecs, persans, indiens, etc. Comment la nouveaut´e s’exprime-t-elle, quels marqueurs de sources sont mis en avant, quel est le degr´e d’autorit´e des diverses sources ? • Confrontation du donn´e rationnel et du donn´e r´ev´el´e. Dans les trois traditions culturelles envisag´ees, la R´ev´elation conditionne in´evitablement le mode de connaissance ainsi que son principe d’acceptation. Le probl`eme a-t-il ´et´e th´ematis´e par les auteurs m´edi´evaux ? Sous quelle forme la confrontation de la science et de la foi se retrouve-t-elle dans les œuvres encyclop´ediques ? • Processus de vulgarisation du savoir. L’encyclop´edisme suppose un travail de r´e´ecriture didactique. Les encyclop´edies d’Occident et d’Orient peuvent-elles ˆetre compar´ees sur ce plan ? En sens inverse, d´ecouvre-t-on ici ou l`a des strat´egies visant `a ´eviter la propagation d’un certain savoir ? • Diffusion des manuscrits et succ`es des œuvres. Pour certaines encyclop´edies m´edi´evales, des centaines de copies manuscrites nous sont parvenues. En faire l’inventaire, en situer la provenance ancienne et le cheminement permet-il de cartographier le succ`es de ces œuvres dans l’espace et le temps ? Les communications publi´ees ici se groupent selon un croisement de facteurs chronologiques, th´ematiques et linguistiques. S’interrogeant sur la r´eception des arts lib´eraux en Islam, Godefroid de Callata¨ y constate, sur base de quelques grandes classifications des sciences du Xe si`ecle, que les arts du quadrivium et ceux du trivium n’ont pas suivi le mˆeme itin´eraire ni connu la mˆeme destin´ee dans le monde arabo-musulman. Sa contribution vise ` a faire le point sur les raisons de ce ph´enom`ene. Carmela Baffioni rel`eve les points de convergence entre les conceptions alchimiques des Ikhw¯ an al-S.af¯ a᾿ (Fr`eres de la Puret´e) auteurs fameux d’un corpus encyclop´edique au Xe si`ecle, et celles qu’expose, dans sa R¯ ah.at al-‘aql (« La qui´etude de l’Intellect »), le missionnaire ism¯a‘¯ılien viii

Introduction

H . am¯ıd al-D¯ın al-Kirm¯an¯ı. Par-del`a le lien entre les deux œuvres, l’´etude ici propos´ee offre quelques pistes de recherche nouvelles sur la question plus g´en´erale de l’impact des doctrines ism¯a‘¯ıliennes, en Islam mais aussi ˆ latin. dans le Moyen Age Comme leurs homologues en langue arabe, les encyclop´edies en persan se fondent essentiellement sur le clivage ´epist´emologique entre sciences rationnelles et sciences traditionnelles. Consid´erant l’encyclop´edisme persan du Xe au XVe si`ecle (auquel s’ajoutent quelques exemples plus tardifs), ˇ Ziva Vesel propose une typologie d´etaill´ee des encyclop´edies en langue persane, langue vernaculaire du monde iranien, offrant par la mˆeme occasion une premi`ere synth`ese d’envergure dans un domaine de la recherche rest´e relativement peu explor´e jusqu’` a pr´esent. En mati`ere de classification des sciences, le Ih..sa ¯’ al-‘ul¯ um (« Le recensement des sciences ») de F¯ar¯ ab¯ı constitue sans nul doute l’un des relais les plus importants entre l’Islam et l’Occident chr´etien. Alain Galonnier compare, pour en souligner les diff´erences de point de vue et de m´ethode, les versions latines du trait´e r´ealis´ees au XIIe si`ecle par les deux grands traducteurs tol´edans Dominicus Gundissalinus et G´erard de Cr´emone. Mauro Zonta situe, par rapport ` a la question de l’encyclop´edisme, une œuvre encore in´edite mais qui est assur´ement l’un des fleurons de ˆ : le « Trait´e du Jardin », r´edig´e au litt´erature h´ebra¨ıque du Moyen Age XIIe si`ecle par Moses Ibn Ezra. Comme un second pan de diptyque par rapport `a l’article d’Alain Galonnier, celui de Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart vient prolonger la r´eflexion sur la fortune de F¯ar¯ab¯ı en Occident. L’utilisation de sa classification des sciences dans les Specula de Vincent de Beauvais donne lieu d’observer comment ce dominicain recourt tant au De scientiis qu’au bref De ortu scientiarum, tout en encadrant la nouveaut´e de cette source arabe par des r´ef´erences plus traditionnelles. Contemporain de Vincent de Beauvais, dominicain tout comme lui, Thomas de Cantimpr´e a livr´e avec son Liber de natura rerum une encyclop´edie plus compacte que l’immense Speculum maius. Elle a connu une diffusion consid´erable dont on n’avait qu’une repr´esentation approximative `a ce jour. Baudouin Van den Abeele a soumis sa tradition manuscrite `a un examen critique et en livre l’inventaire et une premi`ere analyse, qui fait ressortir une certaine orientation g´eographique de la pr´esence m´edi´evale du texte de Thomas. Une liste de 222 t´emoins manuscrits est donn´ee en annexe. J´er´emy Loncke examine la diffusion et la transmission du De proix

Introduction prietatibus rerum du franciscain Barth´elemy l’Anglais, texte qui remonte ´egalement au milieu du XIIIe si`ecle. Il cherche `a voir comment se r´epartissent dans le temps et l’espace, parmi les 200 manuscrits de la « version standard », les t´emoins ayant le texte et les notes marginales moralisantes, et qui constituent un ph´enom`ene int´eressant de double discours encyclop´edique. Un texte virtuellement inconnu est ´eclair´e par Iolanda Ventura : la Catena aurea entium du dominicain allemand Henri de Herford (13001370). Cette vaste collection de pr`es de 5000 questions, organis´ees th´ematiquement en dix livres, est une sorte d’encyclop´edie en questions et r´eponses. L’article en pr´esente, dans l’ordre des livres, les sources principales, parmi lesquelles on note divers textes traduits de l’arabe. Il s’int´eresse ensuite au contenu g´en´eral et au contexte intellectuel de cet ouvrage monumental, qui appelle de plus amples enquˆetes. Le parti de Caroline Boucher est de consid´erer que le mouvement de traductions des textes latins en fran¸cais, lanc´e au XIIIe si`ecle et puissamment poursuivi au si`ecle suivant, r´epond d’une certaine mani`ere `a une optique encyclop´edique, qui est de rendre accessibles les auctoritates, sous une nouvelle forme de transmission. Le probl`eme du rapport entre la raison et la grˆace, qui occupa les philosophes des diverses traditions abord´ees dans ce livre, est ´eclair´e par Bernd Roling ` a travers trois ´etapes : le texte all´egorique Hay Ibn Yaqzan du philosophe andalou Ibn Tufail, au XIIe si`ecle, puis son adaptation au XVe si`ecle par le penseur juif Yohannan Alemanno et la mise a` profit de celle-ci par Giovanni Pico della Mirandola. Les 900 conclusiones de Pico empruntent `a toutes les traditions pr´eexistantes, en un parcours de mise en concordance d’une ample ambition philosophique. Au terme de ce parcours, des questions pos´ees initialement restent bien entendu en suspens, mais un progr`es a ´et´e engrang´e sur divers points, en particulier en ce qui concerne la traduction et la circulation des textes. Le livre refl`ete ainsi l’int´erˆet des ´echanges durant le colloque. Nous aimerions pour terminer remercier quelques organismes qui ont facilit´e l’organisation du colloque de Louvain-la-Neuve, par une aide financi`ere ou logistique : l’Universit´e catholique de Louvain, qui soutient le Projet FSR sur les encyclop´edies m´edi´evales d’Occident et d’Orient ; diverses entit´es de l’UCL (le Centre de recherche en histoire des sciences, la Facult´e de Philosophie et Lettres, le D´epartement d’´etudes grecques, latines et orientales, le D´epartement d’histoire et l’Institut d’´etudes m´edi´ex

Introduction

vales) ; le Fonds National de la Recherche Scientifique ; l’Atelier Vincent de Beauvais `a Nancy. Nous tenons ` a exprimer notre gratitude `a Patricia Radelet et Brigitte Van Wymeersch pour avoir accept´e d’inclure ce volume dans la collection qu’elles dirigent, et adressons un remerciement tout particulier ` a Cathy Brichard pour le soin apport´e `a la mise en œuvre du volume. Godefroid de Callata¨ y

Baudouin Van den Abeele

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees Godefroid de Callata¨y ∗ Dans une ´etude aujourd’hui dat´ee mais qui n’a rien perdu de son int´erˆet, James Weisheipl exprimait l’id´ee que le XIIIe si`ecle marque une sorte d’´epanouissement de la r´eflexion et du discours sur le savoir humain et plus pr´ecis´ement sur le probl`eme de la classification des sciences1 . Il expliquait notamment que cette ´epoque est celle au cours de laquelle la th´eorie put enfin r´ealiser l’int´egration des trois composantes essentielles n´ecessaires `a son plein d´eveloppement : First, there was the Greco-Roman heritage of a liberal arts education, which always remained the foundation of learning in the Middle Ages ; second, the profound influence of Manlius Boethius, who before his tragic death bequeathed to the Middle Ages a schema and a few gems of Greek philosophy ; third, the twelfth and thirteenth century translations from the Greek and Arabic which helped to make this schema intelligible to the Latins2 . Concernant la premi`ere des trois composantes, celles des artes liberales, limitons-nous ici ` a rappeler qu’il s’agit d’une liste de sept disciplines fondamentales ou plus exactement prop´edeutiques dont la date pr´ecise de constitution reste discut´ee mais qui, assur´ement, ´etait d´ej` a en voie de devenir canonique ` a la fin de l’Antiquit´e classique, lorsque Martianus Capella ´ecrivit son De Nuptiis Mercurii et Philologiae. L’ouvrage comprend neuf livres. Les deux premiers sont consacr´es `a l’´evocation all´egorique des fian¸cailles et du mariage de Mercure et de Philologie. Les autres livres exposent chacun l’une des sept disciplinae cyclicae consid´er´ees ici comme autant de servantes offertes par Mercure `a Philologie en guise de ∗ Universit´ e

catholique de Louvain, Institut orientaliste Weisheipl, « Classification of the Sciences in Medieval Thought », dans Mediaeval Studies, 27 (1965), pp. 54-90, ici p. 54 : « The medieval views of scientific knowledge and the classification of the sciences reached full development in the thirteenth century ». Voir aussi : Id., « The Nature, Scope and Classification of the Sciences », dans Science in the Middle Ages, ´ ed. D.C. Lindberg, Chicago - London, 1978, pp. 461-482. 2 Weisheipl, « Classification of the Sciences . . . », ibid. 1 J.A.

Godefroid de Callata¨ y cadeau de noces, dans l’ordre suivant : Grammaire, Dialectique, Rh´etorique, G´eom´etrie, Arithm´etique, Astronomie, Musique. De l’Antiquit´e au Moyen Age, une s´erie d’auteurs s’imposent comme relais dans la transmission de la doctrine, parmi lesquels on se bornera `a citer ici, outre Martianus et (quoique partiellement) Bo`ece, les noms de Saint Augustin, de Cassiodore, d’Isidore de S´eville, de Jean Scot Erig`ene, de Gilbert de la Porr´ee, de Thierry de Chartres et de Guillaume de Conches. Pr´ecisons aussi que, si l’ordre dans lequel les disciplines se suivent varie parfois d’une liste `a l’autre, ce qui demeure absolument constant est la distinction entre, d’une part, les quatre sciences math´ematiques regroup´ees depuis Bo`ece sous l’appellation de quadruvium (ou quadrivium) – traduction latine des τέσσαρες μέ οδοι de Nicomaque de G´erase – et, d’autre part, les disciplines « litt´eraires » du trivium, qui assure comme la contrepartie de ce premier groupe. On peut d’ailleurs imaginer que la compl´ementarit´e entre les deux groupes de sciences – celles des nombres et celles des lettres – dut paraˆıtre d’autant plus naturelle qu’elle permettait de faire en quelque sorte la synth`ese entre les deux grandes cultures du monde classique : tandis que le quadrivium math´ematique trouve indubitablement son origine et ses autorit´es dans la Gr`ece de Platon et de Pythagore, il est effectivement permis de concevoir le trivium des sciences litt´eraires comme une invention plus sp´ecifiquement latine, avec pour maˆıtres et mod`eles des sp´ecialistes comme Cic´eron ou Quintilien. Ce qui, de toute fa¸con, ressort avec ´evidence, c’est que cette doctrine d’origine pa¨ıenne ne fut jamais combattue par le christianisme mais, bien au contraire, r´ecup´er´ee par celui-ci. Avec tout de mˆeme un important d´etournement de la fonction prop´edeutique assign´ee ` a l’ensemble des arts lib´eraux : alors qu’auparavant l’´etude de ceux-ci ´etait g´en´eralement con¸cue comme pr´eliminaire `a celle d’autres disciplines « lib´erales » comme la m´edecine ou le droit, c’´etait d´esormais exclusivement comme voies d’acc`es `a la science sup´erieure de la th´eologie que ces arts ´etaient d´esormais consid´er´es. La partie conserv´ee de l’œuvre de Bo`ece ne contient pas de r´ef´erence au trivium comme tel et l’on peut l´egitimement se demander avec Ilsetraut Hadot si la s´erie des arts lib´eraux ne se limitait pas pour lui au seul groupe des sciences math´ematiques parvenues `a lui par l’entremise de Nicomaque de G´erase3 . Quoi qu’il en soit, l’apport fondamental de Bo`ece en mati`ere de classification du savoir ne se situe pas seulement l`a mais 3 I. Hadot, Arts lib´ eraux et philosophie dans la pens´ ee antique, Paris, 1984, p. 206 : « Si l’œuvre de Bo` ece a ´ et´ e d’un grand poids dans la transmission des arts du quadrivium (...) on ne rencontre chez lui, ou plutˆ ot dans celles de ses œuvres qui nous

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

´egalement, voire peut-ˆetre surtout, dans le fait qu’il l´egua `a l’Occident latin une division raisonn´ee des sciences philosophiques – une division dans laquelle les arts lib´eraux (autrement dit, le quadrivium) sont int´egr´es dans un ensemble plus vaste, dont ils ne constituent d’ailleurs plus l’introduction. C’est la fameuse tripartition de la philosophie sp´eculative en naturelle, math´ematique et th´eologique telle qu’on la trouve expos´ee dans le De Trinitate que Bo`ece r´edigea en 520, soit quelques ann´ees seulement avant sa brusque et tragique disparition4 . Le sch´ema bo´ecien s’imposa en Occident comme un v´eritable topos de la r´eflexion sur l’ordonnancement du savoir. Cassiodore et Isidore de S´eville le reprirent tous deux, avec quelques variantes de vocabulaire, et ils le compl´et`erent en introduisant les subdivisions de la philosophie pratique. Il en r´esultait la division « aristot´elicienne » de la philosophie, un syst`eme dont la coh´erence et l’´equilibre devaient assurer le succ`es pour de nombreux si`ecles `a venir. Le sch´ema tel qu’on l’inf`ere du chapitre II, 24, 9-16 des Etymologies d’Isidore se pr´esente comme suit :

ont ´ et´ e conserv´ ees, aucune trace du cycle entier des sept arts. Est-ce dˆ u au hasard de la tradition manuscrite ou plutˆ ot au fait que la pens´ ee de Bo` ece ´ etait trop proche du n´ eoplatonisme grec de son ´ epoque, dans lequel ce cycle ne semble pas avoir ´ et´ e accept´ e ? Nous sommes incapables de donner une r´ eponse nette a ` cette question ». 4 Bo` ece, De Trin., II, 3. On rappellera ici que la tripartition bo´ ecienne trouve son fondement ontologique sur la distinction entre a) la r´ ealit´ e en mouvement et non abstraite de la mati` ere (philosophia naturalis), b) la r´ ealit´ e sans mouvement mais non abstraite de la mati` ere (philosophia mathematica, autrement dit le quadrivium), et c) la r´ ealit´ e sans mouvement, abstraite et s´ eparable de la mati` ere (philosophia theologica).

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Godefroid de Callata¨ y  7  Th´eorique S w S

Divine Doctrinale (arithm´etique, g´eom´etrie, astronomie, musique) Naturelle

 7  Pratique S w S

Morale Domestique Civile

Fig.1 : La division « aristot´ elicienne » de la philosophie.

Il faut toutefois noter que, dans le mˆeme chapitre (II, 24, 3-7), Isidore rapporte une autre division, qu’il emprunte directement `a Augustin. C’est le syst`eme « platonicien » (parfois appel´e aussi « sto¨ıco-platonicien »), qui consiste `a diviser la philosophie en « naturelle » (avec le quadrivium), « morale » et « rationnelle », chaque partie se voyant attribuer une ou plusieurs autorit´es fondatrices ainsi qu’un « domaine sp´ecifique de comp´etence » : Thal`es et Platon pour la philosophie naturelle (Physica) et le quadrivium ; Socrate pour la philosophie morale (Ethica) et cet autre groupe quadripartite que sont les vertus ; Platon encore, mais cette fois seul, pour la philosophie rationnelle (Logica) et le couple form´e par la dialectique et la rh´etorique. En consid´erant ces deux grandes divisions, que la tradition associe si opportun´ement aux deux g´eants de la philosophie antique5 , on ne 5 Contrairement

a ` la « division aristot´ elicienne », dont il n’est pas difficile de retrouver la trace dans l’œuvre du maˆıtre lui-mˆ eme (voir, par exemple, Met., V, 1, 1025b), la « division platonicienne » en « naturelle », « morale » et « rationnelle » ne se trouve nulle part expos´ ee comme telle dans le corpus platonicien et ne remonte vraisemblablement pas au-del` a de l’Antiquit´ e tardive ; cf. C. Hein, Definition und Einteilung der Philosophie. Von der sp¨ atantiken Einleitungsliteratur zur arabischen Enzyklop¨ adie, Frankfurt am Rhein, 1985, p. 25 : « Von der Antike bis zur Gegenwart betrachten die Philosophiehistoriker Platon als Sch¨ opfer der ersten großen Einteilung der Philosophie bzw. der Wissenschaften, obwohl sich in seinem Schriften dazu keine klare Aussage findet. Wer die in der sp¨ ateren Antike allgemein verbreitete Dreiteilung Physik – Ethik –

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

peut manquer de constater qu’elles int`egrent en r´ealit´e plutˆ ot mal la s´erie traditionnelle des arts lib´eraux. Si le quadrivium math´ematique est conserv´e de part et d’autre, le trivium des disciplines litt´eraires n’y trouve mˆeme plus de place ad hoc, ´etant soit remplac´e par le binˆome dialectique/rh´etorique constituant la partie rationnelle, c’est-`a-dire la logique, dans le syst`eme « platonicien », soit disparaissant carr´ement du sch´ema dans le « syst`eme aristot´elicien ». L’Occident proposera bien, au cours des si`ecles suivants, plusieurs tentatives d’harmonisation entre ces divers types d’arrangements. On se limitera ` a mentionner ici le Didascalicon ´ecrit par Hugues de Saint-Victor dans la premi`ere moiti´e du XIIe si`ecle, une œuvre consid´er´ee ` a juste titre comme « la plus aboutie des classifications construites avant l’entr´ee en Occident des sources arabes »6 et dont l’une des grandes originalit´es consiste pr´ecis´ement dans le fait d’avoir introduit dans le sch´ema g´en´eral un groupe de sept sciences m´ecaniques, par analogie explicitement reconnue avec le trivium et le quadrivium. La structure quadripartite de sa division (Didascalicon, II, 20) peut ˆetre visualis´ee comme suit :

Logik geschaffen hat, l¨ asst sich nicht mit Sicherheit feststellen ». La mention explicite du nom de Platon pour deux des trois parties de la philosophie permet d’expliquer pourquoi cette division est appel´ ee « platonicienne », et ce d’autant plus ais´ ement que son maˆıtre Socrate est explicitement associ´ ea ` la troisi` eme partie. 6 H. Hugonnard-Roche, « La classification des sciences de Gundissalinus et l’influence d’Avicenne », dans Etudes sur Avicenne, ´ ed. J. Jolivet – R. Rashed, Paris, 1984, pp. 41-75, ici p. 41.

5

Godefroid de Callata¨ y

 7  Th´eorique S w S

Th´eologie Math´ematique (arithm´etique, musique, g´eom´etrie, astronomie) Physique

 7  Pratique S w S

Ethique Economique Politique

M´ecanique (confection, armement, commerce, agriculture, chasse, m´edecine, th´eaˆtre)

 7  Logique S w S

Grammaire Dialectique Rh´etorique

Fig.2 : La division quadripartite de la philosophie selon Hugues de SaintVictor.

Au fond, comme beaucoup d’autres, cette tentative ing´enieuse trahissait surtout une mˆeme pr´eoccupation : vouloir r´econcilier `a tout prix deux groupes d’´el´ements qui n’avaient de commun ni l’origine, ni la nature, ni la fonction. D’un cˆ ot´e se trouvent les arts lib´eraux, c’est-`a-dire un groupe de sciences prop´edeutiques, transmis par tradition comme bagage naturel de l’honnˆete homme et fond´e sur une s´erie d’œuvres maˆıtresses faisant figure de manuels d’instruction ; de l’autre existe un sch´ema g´en´eral et abstrait des divisions ontologiques de la philosophie, sans vocation didactique et surtout sans lien avec une tradition textuelle bien d´efinie. 6

Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

C’est qu’il faut bien comprendre qu’avant l’´epoque qui va nous occuper d´esormais, avec la red´ecouverte d’Aristote sur base d’un corpus de textes enfin complet ou presque, les syst`emes de classification du savoir tels qu’ils s’´etaient transmis en Occident ressemblaient en r´ealit´e `a des coquilles vides ou, plus exactement, ` a des armoires `a tiroirs savamment ´etiquet´ees mais dont bon nombre de tiroirs ´etaient rest´es d´esesp´er´ement vides de toute substance depuis Bo`ece. Cela ´etait d´ej` a en partie vrai pour la logique ; ce l’´etait plus encore pour la physique, la m´etaphysique et les divers aspects de la philosophie pratique, autant de domaines pour lesquels aussi bien les textes fondateurs que les commentaires faisaient d´efaut. ⋆⋆⋆⋆⋆ Lorsque les probl`emes d’organisation du savoir commenc`erent `a se poser en Islam, co¨ıncidant ` a peu pr`es avec le commencement de l’´epoque abbasside, ils se pos`erent somme toute en des termes tr`es diff´erents de ceux-l`a. Il n’´etait certainement pas question ici d’un quelconque manque de substance. Rendu possible par un mouvement de traduction sans pr´ec´edant dans l’histoire7 , l’acc`es aux sciences et `a la philosophie grecque ´etait des plus massifs. Contrairement ` a leurs homologues latins du haut Moyen Age, les premiers philosophes musulmans disposaient du corpus presque complet des œuvres d’Aristote. Ils pouvaient aussi s’appuyer sur 7 Pour une appr´ eciation d’ensemble du ph´ enom` ene, voir D. Gutas, Greek Thought, Arabic Culture : The Graeco-Arabic Translation Movement in Baghdad and Early ῾Abb¯ asid Society (2nd -4th /8th -10th centuries), London – New York, 1998, dont on se permettra de reproduire ici le saisissant constat liminaire (p. 1) : « A century and a half of Graeco-Arabic scholarship has amply documented that from about the middle of the eighth century to the end of the tenth, almost all non-literary and non-historical secular Greek books that were available throughout the Eastern Byzantine Empire and the Near East were translated into Arabic. What this means is that all of the following Greek writings, other than the exceptions just noted, which have reached us from Hellenistic, Roman, and late antiquity times, and many more that have not survived in the original Greek, were subjected to the transformative magic of the translator’s pen : astrology and alchemy and the rest of the occult sciences ; the subjects of the quadrivium : arithmetic, geometry, astronomy, and the theory of music ; the entire field of Aristotelian philosophy throughout its history : metaphysics, ethics, physics, zoology, botany, and especially logic – the Organon ; all the health sciences : medicine, pharmacology, and veterinary science ; and various other marginal genres of writings, such as Byzantine handbooks on military science (the tactica), popular collections of wisdom sayings, and even books on falconry – all these subjects passed through the hands of the translators ».

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Godefroid de Callata¨ y les commentaires n´eo-platoniciens de l’Antiquit´e tardive, comme ceux d’Olympiodore ou de Jean Philopon. Ils pouvaient enfin tirer pleinement parti de l’importante tradition des Prol´egom`enes `a la philosophie aristot´elicienne et `a l’Isagogue de Porphyre transmis par des auteurs comme Ammonius (Ve si`ecle), Elias (VIe si`ecle), David (VIe si`ecle) ou encore Paul de Perse (VIe si`ecle)8 . Il vaut la peine de rappeler avec Dimitri Gutas que, dans le curriculum traditionnellement propos´e alors des prol´egom`enes aux Cat´egories d’Aristote, a professor had two occasions to touch upon the classification of the parts of philosophy : one was in the introduction to philosophy in general, and the other in the general introduction to the philosophy of Aristotle. In the former instance, there was presented a brief division of philosophy into theoretical and practical – with the inevitable discussion on whether logic is a part or an instrument of philosophy – and the subdivisions of these two ; in the latter, there was presented a detailed division of Aristotle’s opus, with titles of his works serving as examples for each subdivision9 . Le mod`ele du genre, dans ce deuxi`eme cas, reste le Prol´egom`ene n◦ 4 d’Elias, dont Gutas a reproduit le sch´ema `a la fin de son article sur Paul de Perse10 . Les philosophes de l’Islam h´erit`erent donc `a la fois du sch´ema th´eorique et des œuvres qui le fondent – autrement dit du meuble `a ´etiquettes et du contenu des tiroirs, pour reprendre notre m´etaphore de tout `a l’heure. Le probl`eme, pour eux, se situait `a un autre niveau. Il consistait `a concilier au mieux cet ´enorme h´eritage venu de l’ext´erieur avec les disciplines du savoir cultiv´ees d´ej` a ant´erieurement en Islam et qui, intimement li´ees ` a la sp´ecificit´e de la r´ev´elation coranique, ´etaient ressenties comme appartenant en propre ` a la civilisation arabe, ou plutˆ ot arabo-musulmane. Sous une forme ou sous une autre, tous les syst`emes de classification des sciences en Islam conservent la trace de cette bipolarit´e, pour ne pas dire cette ligne de fracture entre deux groupes de sciences 8 Sur le rˆ ole cl´ e de ces auteurs dans la transmission de l’h´ eritage philosophique grec a ` l’Islam, voir Hein, Definition und Einteilung . . . , passim. 9 D. Gutas, « Paul the Persian on the classification of the parts of Aristotle’s philosophy : a milestone between Alexandria and Bagdad », dans Der Islam, 60.1 (1983), pp. 231-267, ici p. 240. 10 Id., p. 262.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

qui seront g´en´eralement distingu´es l’un de l’autre par des oppositions lexicales rigides, parfois mˆeme ` a la limite de la caricature, telles que : traditionnelles / rationnelles ; religieuses / philosophiques ; islamiques / ´etrang`eres ; arabes / grecques. Quelle place les sciences du quadrivium occupent-elles dans les classifications arabes du Moyen Age ? Constituent-elles un bloc ou non ? Conservent-elles leur fonction de sciences prop´edeutiques ou bien sontelles int´egr´ees d’une autre mani`ere ` a l’ensemble ? Trouve-t-on dans ces mˆemes classifications quelque chose de comparable en ce qui concerne le trivium ? Telles sont les questions qu’il nous est apparu int´eressant d’examiner sur base d’un ´echantillon suffisamment repr´esentatif de t´emoignages, en nous limitant d’ailleurs ici `a l’´epoque la plus cr´eative en la mati`ere, c’est-` a-dire celle des IXe au XIe si`ecles de notre `ere. Pour ce faire, nous allons passer en revue sept syst`emes de classification du savoir, class´es grosso modo selon l’ordre chronologique, dans la mesure o` u celui-ci peut ˆetre ´etabli : Kind¯ı (m. vers 870), F¯ar¯ ab¯ı (m. en 950), ¯ Khuw¯arizm¯ı (m. apr`es 980), ῾Amir¯ ı (m. en 992), Ibn al-Nad¯ım (m. apr`es 990), Ikhw¯an al-S.af¯ a᾿ (deuxi`eme moiti´e du Xe s.) et enfin Ibn S¯ın¯a (m. en 1037). La plupart de ces classifications ont d´ej` a fait l’objet d’´etudes et de commentaires. Il nous apparaˆıt toutefois que, dans l’abondante litt´erature consacr´ee jusqu’` a pr´esent ` a la probl´ematique de l’encyclop´edisme en Islam11 , les questions pos´ees ci-dessus n’ont ´et´e que tr`es occasionnellement 11 Parmi les ´ etudes sur l’encyclop´ edisme et l’ordonnancement du savoir dans l’Islam a ` l’´ epoque classique, on mentionnera plus particuli`erement : L. Gardet – M.-M. Anawati, Introduction ` a la th´ eologie musulmane. Essai de th´ eologie compar´ ee, Paris, 1948, pp. 101-124 (« Le kal¯ am et les sciences musulmanes ») ; A.A. Ghaussy, Aufbau und System der Philosophie und der Wissenschaften im Islam nach Al-Kind¯ı, Al-F¯ ar¯ ab¯ı und Ibn S¯ın¯ a in ihren systematischen Werken, Ph.D. thesis, Hamburg, 1961 ; M. Berg´ e, « Epˆıtre sur les sciences d’Ab¯ u H an at-Tawh.¯ıd¯ı. Introduction, . ayy¯ traduction, glossaire technique, manuscrit et ´ edition critique », dans Bulletin d’Etudes Orientales, 18 (1964), pp. 241-300, ici pp. 248-254 (« Place de la Ris¯ ala f¯ı l-῾ul¯ um dans les classifications arabes des sciences ») ; F. Rosenthal, Das Fortleben der Antike in Islam, Z¨ urich – Stuttgart, 1965, pp. 77-101 (« Die Einteilung der Wissenschaften ») ; R. Paret, « Contribution a ` l’´ etude des milieux culturels dans le Proche-Orient m´ edi´ eval : ‘l’encyclop´ edisme’ arabo-musulman de 850-950 de l’`ere chr´ etienne », dans Revue Historique, 235 (1966), pp. 47-100 ; C. Pellat, « Les encyclop´ edies dans le monde ˇ Vearabe », dans Cahiers d’histoire mondiale, 9 (1966), pp. 631-658 ; C. Pellat – Z. sel – E. Van Donzel, « Maws¯ u ῾a », dans Encyclop´ edie de l’Islam, 2e ´ edition, vol. VI, pp. 903-911 ; G.C. Anawati, « Classification des sciences et structure des Summae chez les auteurs musulmans », dans Revue des Etudes Islamiques, 44 (1976), pp. 6170 ; A.A. Rabe, Muslim Philosophers’ Classifications of the Sciences : al-Kind¯ı, alF¯ ar¯ ab¯ı, al-Ghazz¯ al¯ı, Ibn Khald¯ un, Ph.D. thesis, Harvard University, Cambridge, Mass.,

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Godefroid de Callata¨ y consid´er´ees pour elles-mˆemes. Quant ` a la th´ematique des arts lib´eraux en Islam, les seules ´etudes qui, ` a notre connaissance, lui ont ´et´e sp´ecifiquement consacr´ees jusqu’ici sont celles de Majid Fakhri12 et de Charles E. Butterworth13 – deux contributions qui, pour int´eressantes qu’elle soient, sont rest´ees `a un niveau de discussion tr`es g´en´eral. ⋆⋆⋆⋆⋆

ˇ Vesel, Les Encyclop´ 1984 ; Z. edies persanes : essai de typologie et de classification ` , « Clasificaci´ des sciences, Paris, 1986 ; J. Vernet – Samso on de las ciencias entre los Arabes », dans J.M. Bricall – G. Batelli – T. Marin (´ ed.), Las abreviaturas en la ense˜ nanza medieval y la transmisi´ on del saber, Barcelona, 1990, pp. 149-156 ; G. Endress, Grundriss der arabischen Philologie, Band III, Supplement, ´ ed. W. Fischer, Wiesbaden, 1992, pp. 57-61 ; W. Heinrichs, « The Classification of the Sciences and the Consolidation of Philology in Classical Islam », dans Centres of Learning : Learning and Location in Pre-modern Europe and the Near East, Leiden – New York – K¨ oln, ´ ed. J.W. Drijvers – A.A. Macdonald, 1995, pp. 119-139 ; G. Jan Van Gelder, « Compleat Men, Women and Books : On Medieval Arabic Encyclopaedism », dans Pre-modern Encyclopaedic Texts. Proceeding of the Second comers Congress, Groningen, 1-4 July 1996, ´ ed. P. Binkley, Leiden, 1997, pp. 241-259 ; O. Bin Bakar, The Classification of Knowledge in Islam : A Study in Islamic Philosophies of Science, Cambridge, 1998 ; H.H. Biesterfeldt, « Medieval Arabic Encyclopedias of Science and Philosophy », dans The Medieval Hebrew Encyclopedias of Science and Philosophy. Proceedings of the Bar-Ilan University Conference, ´ ed. S. Harvey, Dordrecht – Boston – London, 2000, pp. 77-98 ; Id., « Arabisch-islamische Enzyklop¨ adien : Formen und Funktionen », dans Die Enzyklop¨ adie im Wandel vom Hochmittelalter bis zur Fr¨ uhen Neuzeit. Akten des Kolloquiums des Projekts D im Sonderforschungsbereich 231 (29. 11.- 1. 12. 1996), ´ ed. C. Meier, M¨ unchen, 2002, pp. 43-83 ; Organizing Knowledge. Encyclopaedic Activities in the Pre-Eighteenth Century Islamic World. Proceedings of a Colloquium held at the Institute for the Study of Muslim Civilisations. The Aga Khan University in the United Kingdom, London, November 14-16, 2003, ´ ed. G. Endress, Leiden – Boston, 2006. 12 M. Fakhry, « The Liberal Arts in the Mediaeval Arabic Tradition from the Seventh to the Twelfth Centuries », dans Arts Lib´ eraux et philosophie au Moyen Age. Actes du quatri` eme congr` es international de philosophie m´ edi´ evale (Montr´ eal, 1967) ´ mez (siepm, 4), Paris, 1969, pp. 91-97. Dans le mˆ eme ouvrage collectif, l’article de S. Go Nogales, « Las Artes liberales y la filosof´ıa hispano-musulmana » (Ibid., pp. 493-508), ne concerne en r´ ealit´ e que le seul Ibn H . azm. 13 C. Butterworth, « Paris est et sagesse ouest, du Trivium et du Quadrivium dans le monde arabe m´ edi´ eval », dans L’enseignement des disciplines ` a la Facult´ e des arts (Paris et Oxford, XIIIe-XVe si` ecles). Actes du colloque international organis´ e` a l’Institut de France (18-20 mai 1995), ´ ed. O. Weijers – L. Holtz, Turnhout, 1997, pp. 477-493.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

Kind¯ı Le premier t´emoignage en mati`ere d’organisation du savoir en Islam se trouve chez Kind¯ı. Il ne s’agit pas, notons-le d’embl´ee, d’une classification g´en´erale des sciences en tant que telle – comme devaient l’ˆetre certains trait´es malheureusement perdus du mˆeme Kind¯ı14 – mais bien d’une br`eve ´epˆıtre qui, comme son titre l’indique, s’attache `a exposer le « nombre des livres d’Aristote »15 . Mais l’œuvre n’en est pas moins exemplaire, du fait pr´ecis´ement qu’on sent l’auteur tiraill´e entre deux projets, celui de d´enombrer les livres d’Aristote bien entendu, mais aussi celui de les pr´esenter dans un ordre coh´erent et r´epondant aux grandes divisions de la philosophie. La tension entre ces deux objectifs se per¸coit d´ej` a dans la structure du trait´e, que nous reproduisons ici, en adoptant le d´ecoupage en sections propos´e par Jean Jolivet16 : A. Premi`ere ´enum´eration des livres formant le corpus aristot´elicien en quatre cat´egories qu’on doit identifier avec les domaines de la logique, de la physique, de la psychologie (au sens premier du terme) et de la m´etaphysique – auxquelles s’ajoutent en fait deux autres, regroupant respectivement les ouvrages d’´ethique et de politique et les « autres livres et ´epˆıtres sur divers sujets ». B. Br`eve remarque sur la n´ecessit´e de commencer par les « math´ematiques » (riyad.iyy¯ at ) elles-mˆemes divis´ees en 4 sciences : arithm´etique, g´eom´etrie, astronomie, musique. C. D´efinition de termes techniques, comme substance et attribut, quantit´e et qualit´e. 14 Rappelons que le Fihrist d’Ibn al-Nad¯ ım mentionne au moins quatre ouvrages d’alKind¯ı directement concern´ es par le probl` eme de la classification du savoir, a ` savoir, en suivant l’ordre du texte : l’Epˆıtre sur le fait qu’on n’atteint ` a la philosophie que par les math´ ematiques, le Livre sur l’ordre des livres d’Aristote, le Livre sur la quiddit´ e de la science et de ses parties, enfin le Livre sur les parties de la science humaine. J. Jolivet, « Classification des sciences . . . », fait remarquer a ` ce propos (p. 256) : « Le deuxi` eme ouvrage seul nous est parvenu, sous un titre un peu diff´ erent, et il contient des indications sur ce qui, vraisemblablement, ´ etait d´ evelopp´ e dans les trois autres ». 15 Kind¯ ı, Ris¯ ala f¯ı kammiyy¯ at kutub Arist.u ¯.t¯ al¯ıs (« Epˆıtre sur la nombre des livres d’Aristote »), dont il existe deux ´ editions : a) M. Guidi – R. Walzer, « Studi su al-Kind¯ı I : Uno scritto introduttivo allo studio di Aristotele », dans Atti della reale Accademia nazionale dei Lincei (Memorie della Classe di Scienze Morali, Stoiche e Filologiche, Serie VI, vol. VI, Fasc. 5), Rome, 1940, pp. 375-419 ; b) M. Abu Rida, Ras¯ a’il al-Kind¯ı al-falsafiyya, Le Caire, 1369/1950, pp. 363-384. 16 J. Jolivet, « Classification des sciences . . . », pp. 256-257.

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Godefroid de Callata¨ y D. Distinction fondamentale entre sciences humaines (« philosophiques ») et sciences divines (« proph´etiques »). E. Progression des ´etudes ` a l’int´erieur du groupe des sciences prop´edeutiques (autrement dit les math´ematiques), selon l’ordre donn´e en B. F. Progression p´edagogique dans l’´etude de toutes les sciences philosophiques, dans l’ordre suivant : math´ematiques, logique, physique, m´etaphysique, morale, autres sciences d´eriv´ees de celles-l` a. G. Deuxi`eme ´enum´eration des livres d’Aristote, avec cette fois mention de leur objet. Par o` u l’on voit clairement qu’apr`es avoir mentionn´e une premi`ere fois les livres du maˆıtre en les regroupant en un certain nombre de cat´egories (« section A »), Kind¯ı se sent oblig´e de pr´eciser qu’il est n´ecessaire, avant mˆeme d’envisager ces cat´egories, de commencer par les sciences math´ematiques elles-mˆemes (« section B »). Bien conscient des lacunes du corpus aristot´elicien en mati`ere de sciences du nombre, Kind¯ı mentionne celles-ci comme pr´ealables ` a tout le reste en les qualifiant mˆeme de riy¯ ad.a ¯t, litt´eralement les sciences « d’exercice », « d’entraˆınement », de « domestication » (il les d´esignera mˆeme plus loin sous le nom g´en´erique de ta῾l¯ım, litt´eralement « (sciences de) l’enseignement »17 ) : Tel est le nombre, d´ej` a ´evoqu´e, de ses livres [= d’Aristote]. Il est n´ecessaire que le philosophe accompli en acqui`ere la connaissance – je veux dire celle des livres que je viens d’´enum´erer en les nommant – apr`es avoir acquis la connaissance des math´ematiques (riy¯ ad.a ¯t ). Car si quelqu’un n’a pas la connaissance des math´ematiques, ` a savoir de l’arithm´etique (῾adad, litt´eralement « nombre »), de la g´eom´etrie (handasa), de l’astronomie (tanj¯ım) et de l’harmonie (ta῾l¯ıf, litt´eralement « composition »), et s’il n’utilise pas ces livres au cours de sa vie, il ne pourra parfaire la connaissance d’aucune de ces choses et son effort vers elles ne lui rapportera rien d’autre que le pouvoir de r´eciter, comme s’il s’agissait d’un exercice de m´emoire. Mais la connaissance de ces choses selon leur essence, et l’acquisition de cette connaissance, cela ne lui sera 17 Dans le deuxi` eme passage qu’il consacre aux sciences math´ematiques (« section E ») ; cf. Abu Rida (´ ed.), p. 378.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

possible en aucune fa¸con s’il n’a pas la connaissance des math´ematiques18 . Sans doute pourra-t-on voir dans l’utilisation du terme riy¯ ad.a ¯t au sens de « sciences d’exercice » comme une confirmation du t´emoignage relatif `a l’´epˆıtre que le mˆeme Kind¯ı aurait ´ecrite « sur le fait qu’on n’atteint `a la philosophie que par les math´ematiques ». Mais ce que nous voulons faire remarquer ici en priorit´e, c’est qu’en assignant aux sciences du quadrivium une valeur exclusivement prop´edeutique, Kind¯ı d´emontre qu’il n’a nullement cherch´e ` a respecter le classement ontologique des parties de la philosophie tel que bon nombre de ses pr´ed´ecesseurs (et de ses successeurs, ainsi que nous le verrons) ont cru devoir l’inf´erer d’Aristote lui-mˆeme19 . En faisant du quadrivium un pr´eliminaire `a la philosophie, et non une de ses parties intrins`eques, on dirait bien plutˆ ot que le philosophe des Arabes s’inscrit de fait dans la lign´ee plus « platonicienne » des commentateurs de l’Antiquit´e tardive, dont il prolonge directement la tradition des Prolegomena 20 . Ainsi comprises comme indispensables voies d’acc`es vers la philosophie th´eorique, les quatre sciences math´ematiques n’en apparaissent que comme encore plus indissociablement li´ees l’une `a l’autre. Rien de tel, faut-il le souligner, ne se remarque du cˆ ot´e des sciences du trivium. La rh´etorique, ou plutˆ ot Rh´etorique (r¯ı.tu ¯r¯ıq¯ a ), ne figure plus qu’en tant que septi`eme livre ou partie de l’Organon 21 de 18 Kind¯ ı,

Ris¯ ala f¯ı kammiyy¯ at kutub Arist.u ¯.t¯ al¯ıs, Abu Rida (´ ed.) pp. 369-370. Pour un d´ eveloppement a ` ce propos, voir A. Cortabarria Beitia, « La classification des sciences chez al-Kind¯ı », dans M´ elanges de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales, 11 (1972), pp. 49-76. 19 Voir, dans un contexte autre que celui-ci mais n´ eanmoins semblable, L.G. Westerink, « Ein astrologisches Kolleg aus dem Jahre 564 », dans Byzantinische Zeitschrift, 64 (1971), pp. 6-21, ici p. 21 : « Hinsichtlich der Mathematik wird gew¨ ohnlich bemerkt, daß sie nach Platon nur Prop¨ adeuse sei, aber in Rahmen der aristotelischen Philosophie hat sie ihren festen Platz zwischen Physik und Theologie (Metaphysik). Weil es aber keine aristotelische Mathematik gibt, so m¨ ussen daf¨ ur, wenn der Plan u ¨berhaupt praktisch verwirklicht werden sollte, die gew¨ ohnlichen Quadrivium-Autoren als Ersatz gedient haben : Nikomachus [f¨ ur die Arithmetik], Eukleides [f¨ ur die Geometrie], Aristoxenos [f¨ ur die Musik] und Ptolemaios [f¨ ur die Astronomie] oder Paulos [f¨ ur die Astrologie] ». 20 Cf. Biesterfeldt, « Arabisch-islamische Enzyklop¨ adien . . . », p. 53 : « Denn die (mathematische) Prop¨ adeutik steht außerhalb des aristotelischen Curriculums, ja, ihre Einteilung in Arithmetik, Geometrie, Astronomie und (musikalische) Harmonie entspricht der letztlich “platonischen Auffassung von Mathematik als elementarer Wissenschaft”» (en r´ ef´ erence a ` Hein, Definition und Einteilung . . . , p. 177). 21 Id., p. 368 et 382, o` u r¯ıt.u ¯r¯ıq¯ a, donn´ ee comme synonyme de bal¯ agh (« ´ eloquence »), est d´ efinie comme le traitement des trois genres de persuasion : dans le gouvernement,

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Godefroid de Callata¨ y la logique qui, comme on sait, ne correspond elle-mˆeme que tr`es imparfaitement `a la dialectique. Quant ` a la grammaire, elle n’est tout simplement pas cit´ee, car elle n’a rien a` faire ` a l’int´erieur du cadre philosophique dont s’occupe l’auteur de l’´epˆıtre.

F¯ ar¯ ab¯ı L’Enum´eration des Sciences (Ih..sa ¯ al-῾ul¯ um) de F¯ar¯ab¯ı22 est, pour sa part, une classification des sciences en bonne et due forme23 , mˆeme s’il faut bien reconnaˆıtre qu’on peut difficilement voir dans cette œuvre un v´eritable programme d’´etude, au sens proprement didactique ou p´edagogique du terme24 . Les articulations principales du trait´e, qui entend faire l’inventaire des « sciences (habituellement) reconnues » (al-῾ul¯ um al-maˇsh¯ ura) se pr´esentent comme suit : • Introduction • Chapitre I : sciences du langage (lis¯ an) • Chapitre II : sciences de la logique (mant.iq) • Chapitre III : sciences doctrinales (ta῾¯ al¯ım, litt´eralement « des enseignements », comprenant notamment, mais non exclusivement, les sciences du quadrivium) • Chapitre IV : sciences de la nature (t.ab¯ı ῾a) et science divine (il¯ ah¯ı) • Chapitre V : science civique (madan¯ı), science de la jurisprudence (fiqh) et science de la th´eologie (kal¯ am) dans l’assembl´ ee ou dans l’´ eloge/critique sous la forme du pan´ egyrique. 22 F¯ ar¯ ab¯ı, Ih.s.¯ a al-῾ul¯ um (« L’Enum´ eration des Sciences »), ´ edit´ e a ` diverses reprises, notamment par G. Palencia (Madrid, 1932 ; r´ eimpression en 1953) et ῾U. Amin (Le Caire, 1968). Une nouvelle ´ edition par divers membres de l’umr7062 (Paris) est en pr´ eparation. Une traduction fran¸caise du trait´ ea´ et´ e´ etablie autrefois par M.A. Marhaba, Inventaire des Sciences par Abu Nasr al-Farabi, Th` ese compl´ ementaire pour le Doctorat es Lettres, Paris, s.d. (non publi´ ee). 23 Pour une analyse d´ etaill´ ee des divisions et subdivisions du trait´ e, voir M. Mahdi, « Science, philosophy, and religion in Alfarabi’s Enumeration of the Sciences », dans The Cultural Context of Medieval Learning, ´ ed. J.E. Murdoch – E.D. Sylla, Dordrecht – Boston, 1973, pp. 113-146. 24 Jolivet, « Classification des sciences . . . », p. 262 : « En outre, toujours dans son introduction, al-F¯ ar¯ ab¯ı semble annoncer un syst` eme des sciences (c’est le sens qu’on peut donner au choix du mot mar¯ atib, qui implique les id´ ees d’ordonnance et de degr´ e), mais il ne le justifie pas, ni mˆ eme ne l’explicite. Il semble toutefois qu’il propose un tableau (ordre synchronique) plutˆ ot qu’un programme (ordre didactique), ce en quoi son plan est plus net que celui d’al-Kind¯ı ».

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

En parcourant la liste des mati`eres expos´ees, on dirait en fait que F¯ar¯ab¯ı s’est content´e de juxtaposer un certain nombre de disciplines sans trop chercher ` a harmoniser ces disciplines entre elles. Cela est particuli`erement ´evident dans le cas des deux sciences islamiques qui clˆoturent le trait´e (en compagnie de la science civique), `a savoir la jurisprudence et la th´eologie, auxquelles l’auteur tente de donner une port´ee universelle25 mais dont le traitement demeure de la sorte tout `a fait s´epar´e de celui r´eserv´e ` a la science divine, entendons la m´etaphysique aristot´elicienne, qu’il a ´evoqu´ee au chapitre IV. Si l’on tourne le regard vers la premi`ere moiti´e de l’œuvre, on constate sans doute une coh´erence plus grande. On y trouve un premier chapitre sur le langage, divis´e en sept sciences : science des expressions simples, science des expressions compos´ees, science des r`egles pour les expressions simples, science des r`egles pour les expressions compos´ees, sciences des r`egles de l’´ecriture, science des r`egles de la lecture, science des r`egles de la po´esie. Suit un chapitre sur la logique, divis´e en huit parties « dont chacune forme un livre » : on y retrouve bien entendu les huit livres de l’Organon d´ej` a mentionn´es par Kind¯ı. Enfin, le troisi`eme chapitre concerne les « sciences doctrinales » (ta῾¯ al¯ım), dont l’appellation rappelle naturellement celle que donnait le mˆeme Kind¯ı aux math´ematiques, mais qui sont ici au nombre de sept : arithm´etique, g´eom´etrie, optique (῾ilm al-man¯ a.zir, litt´eralement « science des miroirs »), astronomie, musique, science des poids, m´ecanique (῾ilm al-h.iyal, litt´eralement « science des artifices (techniques) », dans laquelle

25 Cf. Jolivet, « Classification des sciences . . . », p. 262 : « Ces diverses sciences sont en outre universalis´ ees, en ce sens qu’al-F¯ ar¯ ab¯ı d´ ecrit ce qu’elles sont ‘pour toute nation’ ou ‘pour toute religion’ en g´ en´ eral (il n’y a gu` ere qu’` a propos des sciences du langage qu’il se rapproche de la situation historique). C’est ainsi qu’il prend ses distances par rapport au fiqh et au kal¯ am proprement islamiques » ; voir aussi Mahdi, « Science, philosophy, and religion », p. 139 : « There are as many arts of jurisprudence and as many arts of theology as there are religions or divine laws. (...) Alfarabi states what all these arts do, their end, and the methods they employ to achieve their end. Only in this formal sense does he speak of the science or art of jurisprudence and theology. (...) On the surface at least, Alfarabi seems to be resigned to the multiplicity of lawgivers and religions and juridical disciplines and theologies. Moreover, he abstains from praising or condemning any of them as good or bad, virtuous, or vicious ». A propos de l’organisation de la derni` ere partie du trait´ e, voir J. Lomba Fuentes, « Sentido y alcance del Cat´ alogo de las Ciencias de Al-F¯ ar¯ ab¯ı », dans Arts Lib´ eraux et philosophie . . . , pp. 509-516, note (p. 512) : « No deja de ser interesante que [F¯ ar¯ ab¯ı] termine su Cat´ alogo de las Ciencias con tres saberes concretos : Pol´ıtica, Derecho y Teolog´ıa ».

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Godefroid de Callata¨ y est curieusement int´egr´ee l’alg`ebre26. Trois grands domaines du savoir humain, tous trois compos´es d’un nombre pratiquement ´egal d’´el´ements et tous trois susceptibles d’ˆetre consid´er´es `a bon droit comme autant de pr´eliminaires `a la philosophie proprement dite : voil`a qui nous rapproche `a l’´evidence de notre th´ematique. Est-on autoris´e pour autant `a affirmer que les trois premiers chapitres de F¯ar¯ ab¯ı « reproduisent le syst`eme des arts lib´eraux tel qu’il s’´etait lentement constitu´e dans l’antiquit´e grecque », ainsi que le fait Jolivet27 ? Le rapprochement est suggestif, mais il est clair qu’il ne peut s’entendre qu’`a un niveau tr`es g´en´eral et qu’il doit ˆetre abandonn´e d`es lors qu’on entre dans le d´etail. Car une telle formulation conduit en fait ` a commettre deux identifications abusives (en plus de celle d´ej` a d´enonc´ee plus haut ` a propos de la logique et de la dialectique) : entre les sept sciences du langage de F¯ar¯ ab¯ı et le couple grammaire/rh´etorique d’une part ; entre les sept sciences formatives de F¯ar¯ab¯ı et le quadrivium math´ematique de l’autre. A cela s’ajoute un probl`eme particulier concernant la rh´etorique : doit-on en faire une science du langage (comme il d´ecoulerait du rapprochement en question) ou bien une science logique (comme on l’inf`ere du texte lui-mˆeme) ? Le probl`eme, qui n’est pas sans rappeler la controverse c´el`ebre entre le logicien Ab¯ u Bishr Matt¯ a b. Y¯ unus et le grammarien S¯ır¯ af¯ı28, illustre bien le genre de difficult´es auxquelles F¯ar¯ab¯ı lui-mˆeme devait faire face dans la mise en place de son syst`eme. Cela ´etant, il serait tout aussi erron´e d’affirmer que la classification farabienne ne conserve aucune trace du groupement des arts lib´eraux. Le quadrivium math´ematique est maintenu et paraˆıt mˆeme avoir, sous la d´enomination de « sciences doctrinales », gard´e intact son statut de savoir prop´edeutique. Mais il est vrai aussi qu’il n’est plus `a proprement parler un quadrivium, puisque trois nouvelles sciences sont venues s’ad26 Jolivet, « Classification des sciences . . . », p. 263 : « Mais fort curieuse est la place donn´ ee a ` ce que nous appelons l’alg` ebre (...) : ‘commune a ` l’arithm´ etique et a ` la g´ eom´ etrie’ au dire mˆ eme de celui-ci, et pr´ esent´ ee d’une fa¸con relativement ´ elabor´ ee, elle n’en est pas moins rang´ ee parmi les techniques industrieuses, les h.iyal ; mais celles-ci ne sont mises en rapport, g´ en´ eralement parlant, qu’avec les ‘corps naturels’ ; l’alg` ebre est d’ailleurs le seul exemple qui soit donn´ e des ‘h.iyal arithm´ etiques’. On saisit sur cet exemple la difficult´ e de faire sa juste place a ` une science encore jeune et dont le statut ´ epist´ emologique n’a pas encore ´ et´ e d´ efini : car celle que lui donne F¯ ar¯ ab¯ı est doublement incongrue ». 27 Jolivet, « Classification des sciences . . . », p. 262. 28 A propos de cette controverse et de sa relation avec les œuvres de F¯ ar¯ ab¯ı, voir en dernier lieu T. Street, « Arabic Logic », dans Handbook of the History and Philosophy of Logic, vol. 1 : Greek, Arabic and Indian Logic, ´ ed. J. Woods – D. Gabbay, Amsterdam, 2004, pp. 523-596.

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joindre aux quatre disciplines d’origine et que chacune des sept parties ainsi constitu´ees fait en outre l’objet d’une subdivision suppl´ementaire qui correspond g´en´eralement (mais pas toujours) `a la distinction entre th´eorie et pratique29 . On a raison d’insister sur l’importance de ces innovations, qui traduisent le souci d’adapter le syst`eme aux progr`es r´ealis´es dans une s´erie de disciplines ressenties comme « nouvelles ». L’audace de F¯ar¯ab¯ı est double, car il ne s’est pas content´e d’ajouter trois nouvelles sciences `a celles traditionnellement admises : il s’est aussi permis, comme le dit Jolivet30 , de « disloquer » la structure du quadrivium en int´egrant ces nouveaux ´el´ements ` a l’int´erieur mˆeme du cercle jusqu’alors herm´etiquement ferm´e des sciences du nombre. Ce sch´ema ´eclat´e fera date. Il se retrouvera tel quel, non seulement dans le De Scientiis de Gundissalinus, ce qui ne surprend gu`ere puisque ce trait´e s’inspire tr`es largement de l’ouvrage de F¯ar¯ ab¯ı, mais aussi dans l’important et plus original De divisione philosophiae que le mˆeme Gundissalinus compila par la suite sur base d’un nombre beaucoup plus consid´erable de sources et o` u l’influence d’Avicenne le dispute largement `a celle de F¯ar¯ab¯ı31. La chose m´erite d’ˆetre signal´ee car, comme nous le verrons plus loin, Avicenne s’en tiendra fondamentalement au sch´ema du quadrivium originel.

Khuw¯ arizm¯ı C’est probablement dans le trait´e intitul´e Les Cl´es des Sciences (Maf¯ at¯ıh. al-῾ul¯ um), r´edig´e vers la fin du Xe si`ecle par le savant Khuw¯arizm¯ı, que l’on trouve la bipolarit´e la plus marqu´ee entre sciences traditionnelles d’une part et, d’autre part, les sciences rationnelles32 . Trait´e destin´e essentielle29 Voir a ` ce propos les remarques de Mahdi, « Science, philosophy, and religion ... », pp. 124-126. 30 Jolivet, « Classification des sciences . . . », p. 263. 31 Sur tout ceci, voir Hugonnard-Roche, « La classification des sciences . . . » et M. Zonta, « La Divisio Scientiarum presso Al-Farabi : dalla introduzione alla Filosofia tardoantica all’enciclopedismo medievale », dans La divisione della filosofia e le sue ragioni : Lettura di testi medievali (VI-XIII secolo). Atti del Settimo Convegno della Societ` a Italiana per lo Studio del Pensiero Medievale (Assisi, 14-15 Novembre 1997), ´ ed. G. D’onofrio, Avagliano, 2001, pp. 65-78. Notons seulement ici que les d´ enominations sous lesquelles les sept sciences apparaissent chez Gundissalinus sont : Arithmetica, Geometria, Scientia de aspectibus, Scientia stellarum, Musica, Scientia de ponderibus, Scientia de ingeniis. 32 Khuw¯ arizm¯ı, Maf¯ at¯ıh. al-῾ul¯ um (« Les Cl´ es des Sciences »), G. Van Vloten (´ ed.), Liber Maf¯ atih al-Ol¯ um explicans vocabula technica scientiarum tam arabum quam peregrinorum, auctore Ab¯ u Abdallah Mohammed ibn Ahmed ibn J¯ usof al-Kit¯ ab alKhowarezmi, Leiden, 1895 (r´ eimpression Leiden, 1968).

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Godefroid de Callata¨ y ment `a un usage fonctionnel33 , celui des secr´etaires de chancellerie, l’ouvrage se divise en effet en deux parties, correspondant respectivement aux sciences « arabes/islamiques » et aux « sciences ´etrang`eres ». La premi`ere partie est divis´ee en six grandes sections, la deuxi`eme en neuf, de la mani`ere suivante :

Sciences arabes/islamiques 1) 2) 3) 4) 5) 6)

Sciences ´etrang`eres

Jurisprudence (fiqh) Th´eologie (kal¯ am) Grammaire (nah.w) Art du secr´etaire (kit¯ aba) Po´esie (shi ῾r) - Prosodie ( ῾ar¯ ud.) R´ecits historiques (akhb¯ ar)

1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9)

Philosophie (falsafa) Logique (mant.iq) M´edecine (tibb) Arithm´etique ( ῾adad) G´eom´etrie (handasa) Astronomie ( ῾ilm al-nuj¯ um) Musique (m¯ us¯ıq¯ a) M´ecanique (h.iyal) Alchimie (k¯ımiy¯ a)

Au-del` a de ce bipolarisme, on s’aper¸coit que l’auteur s’est efforc´e d’organiser sa mati`ere en suivant quelques lignes directrices, mais qu’il n’a pas cherch´e pour autant ` a produire un syst`eme absolument coh´erent en tous points, en tout cas pas du point de vue ontologique. Sur le premier versant, celui des sciences ressenties comme appartenant en propre `a la culture arabo-musulmane, on voit que Khuw¯arizm¯ı fait d´ebuter son classement par le duo traditionnel – jurisprudence et th´eologie – que F¯ar¯ab¯ı avait plac´e `a la fin de l’Enum´eration. Hans Hinrich Biesterfeldt voudrait d’ailleurs consid´erer les six sections de la premi`ere partie comme formant en r´ealit´e trois paires : « Die sechs Kapitel des ersten Buches bilden drei Paare : die zentralen Wissenschaften des Religionsgesetzes, fiqh (Jurisprudenz) und kal¯ am (Theologie), voran, dann die instrumentalen (und an die arabische Sprache gebundenen) Wissenschaften nah.w (Grammatik) und kit¯ aba (Schreibkunst), schließlich die f¨ ur das Sekret¨arsamt unabdingbaren F¨acher shi ῾r/ ῾ar¯ ud. (Dichtung/Metrik) und akhb¯ ar (Nachrichten, das 33 On trouvera une bonne pr´ esentation g´ en´ erale de l’œuvre dans : C.E. Bosworth, « A Pioneer Arabic Encyclopedia of the Sciences : al-Khw¯ arizm¯ı’s Keys of the Sciences », dans Isis, 54.1 (1963), pp. 97-111.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

heißt Geschichten »34 . L’autre versant, celui des disciplines import´ees de l’´etranger, refl´eterait une organisation du mˆeme genre, avec cette fois un d´ecoupage en cinq groupes : « Die neun Kapitel des zweiten Buches lassen sie sich zu f¨ unf Gruppen zusammenzufassen : Philosophie und Logik (auch hier folgt die instrumentale Disziplin ihrem eigentlichen Gegenstand), das Quadrivium der vier matematischen Wissenschaften und die drei Sonderbereiche der Medizin, Mechanik und Alchemie »35 . Sans doute pourraiton mˆeme r´eduire la liste du second versant `a trois groupes seulement, de mani`ere `a rendre sa structure encore plus semblable `a celle de l’autre liste : d’abord, la science « essentielle », ` a savoir la philosophie proprement dite, puis les sciences « prop´edeutiques » (plutˆot qu’« instrumentales »), `a savoir la logique et le quadrivium, enfin les sciences « secondaires », `a savoir la m´edecine, la m´ecanique et l’alchimie. Tout cela paraˆıt bien r´epondre ` a quelque intention de l’auteur concernant le plan g´en´eral de son ouvrage, mais il serait sans doute abusif de vouloir chercher davantage de coh´erence dans un ouvrage qui, rappelonsle, n’avait d’autre vis´ee que de fournir ` a des hommes de chancellerie un r´epertoire utile de termes et de d´efinitions. Une ´evidence s’impose n´eanmoins, qui confirme ce que l’Enum´eration de F¯ar¯ab¯ı laissait d´ej` a entrevoir : les sciences litt´eraires demeurent fondamentalement consid´er´ees comme des disciplines appartenant en propre `a la tradition islamique, et mˆeme sp´ecifiquement arabe, et ce malgr´e les apports de l’Organon aristot´elicien qui tendent a` les universaliser36.

¯ ῾Amir¯ ı C’est aussi la distinction entre sciences religieuses et sciences philoso¯ phiques qui forme l’´epine dorsale du syst`eme expos´e par ῾Amir¯ ı dans son ouvrage engag´e intitul´e Exposition des m´erites de l’Islam (al-i ῾l¯ am bi34 Biesterfeldt, « Arabische-islamischen Enzyklop¨ adien . . . », p. 72. Mˆ eme remarque dans « Medieval Arabic Encyclopedias . . . », pp. 86-87. 35 Biesterfeldt, « Arabische-islamischen Enzyklop¨ adien . . . », ibid. 36 Cf. Fakhry, « The Liberal Arts . . . », p. 94 : « The translation of Aristotle’s Poetica and Rhetorica in the ninth and tenth centuries, gave Arabic literary studies a new dimension. Most of the writers on rhetorical subject had hitherto concentrated almost exclusively on the formal or stylistic criteria of eloquence and their discussions abounded with purely grammatical or syntactical examples drawn from the Koran or from pre-Islamic literature. The dissemination of Aristotle’s Poetica in philosophical and literary circles led by degrees to the recognition of the inadequacy of such purely external criteria ».

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Godefroid de Callata¨ y man¯ aqib al-isl¯ am)37 . Mais ici, il est ind´eniable qu’un effort tr`es conscient a ´et´e consenti pour organiser les disciplines en une composition harmonieuse et ontologiquement justifiable38 . Syst`eme ´etonnant, en l’occur¯ rence, que celui de ῾Amir¯ ı, o` u des correspondances fond´ees sur des cat´egories philosophiques – la fa¸con dont l’humain appr´ehende le savoir, par les sens, par l’intellect ou bien par la combinaison des deux – sont jet´ees comme autant de ponts entre les sciences religieuses de l’Islam et le sch´ema aristot´elicien, ainsi que le fait voir le sch´ema suivant :

Instruments Sens seulement Sens + Intellect Intellect seulement

Sciences philosophiques ( ῾ul¯ um al-h.ikmiyya) Logique Physique Math´ematique M´ethaphysique

Sciences religieuses ( ῾ul¯ um al-miliyya) Langue (lis¯ an) Tradition (h.ad¯ıth) Jurisprudence (fiqh) Th´eologie (kal¯ am)

Le premier parall´elisme offre une solution originale au probl`eme ´evoqu´e `a propos des deux auteurs pr´ec´edents : logique grecque et langue arabe sont ici comme renvoy´ees dos ` a dos, ´etant l’une et l’autre consid´er´ees comme sciences instrumentales de leurs groupes de savoirs respectifs. Non moins originale est la solution propos´ee pour la r´epartition des disciplines `a l’int´erieur de ces deux groupes : alors mˆeme que l’auteur vise `a d´emontrer dans son ouvrage la pr´e´eminence des sciences religieuses sur les sciences philosophiques, c’est bien, comme on le voit, sur des crit`eres exclusivement philosophiques que s’articule le syst`eme de parall´elismes – ou d’oppositions – entre les unes et les autres. C’est l`a le propre d’une pens´ee dont Mohammed Arkoun d´enon¸cait d´ej` a toute l’ambigu¨ıt´e : Pr´esent´e en ces termes ‘limpides’, acceptables par tout ‘homme raisonnable’, le rˆole de la logique et, par son biais, des sciences philosophiques apparaˆıt d´ecisif et irrempla¸cable. Al῾Amir¯ı conclut d’ailleurs tranquillement que s’il s’est ´etendu sur la classification des sciences, c’est pour d´egager une m´ethode permettant d’´etudier les sciences religieuses et d’en 37 ῾Amir¯ ¯ ı, I ῾l¯ am bi-man¯ aqib al-isl¯ am (« Exposition des m´ erites de l’Islam »), ῾A. Ghurab (´ ed.), Le Caire, (1967). 38 Voir H.H. Biesterfeldt, « Ab¯ u l-H . asan al ῾Amir¯ı und die Wissenschaften », dans XIX. Deutscher Orientalistentag vom 28. Sept. bis 4. Okt. 1975 in Freiburg/Br. (= ZDMG Supplementband III,1), Wiesbaden, 1977, pp. 335-341.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

faire ressortir la sup´eriorit´e. En somme, les sciences philosophiques ont une priorit´e m´ethodologique et les sciences religieuses une primaut´e t´el´eologique. On a l`a une illustration parfaite du mode d’intelligibilit´e m´edi´evale. On reprend sur le ton de la certitude contraignante des cadres de pens´ee, des concepts, des d´efinitions, des techniques d’analyse et d’exposition qui sont pr´ecis´ement rejet´es par ceux `a qui la d´emonstration s’adresse. On ´erige en source de v´erit´es, en m´ethode de r´eflexion, en moyen de communication ce qui justement transforme la v´erit´e en conviction particuli`ere, la r´eflexion en r´ep´etition dogmatique, la communication en soliloque39 . ¯ Le « syst`eme » d´ecrit par ῾Amir¯ ı comprend des subdivisions qu’il ne nous est pas possible d’examiner ici en d´etail. Il convient toutefois de pr´eciser que la quadrivium antique des sciences math´ematiques s’est enrichi dans l’I ῾l¯ am d’une seule des trois sciences que F¯ar¯ab¯ı lui avait annex´ees, en ¯ l’occurrence la m´ecanique, en laquelle ῾Amir¯ ı voit comme une sorte d’interm´ediaire entre les sciences math´ematiques et les sciences naturelles. Il n’est pas superflu non plus de relever que, pour trois d’entre ces sciences du nombre, l’auteur aligne les noms de m´etiers ou de techniques qui en retirent un certain b´en´efice pratique : transactions commerciales pour l’arithm´etique ; g´eod´esie, architecture, charpenterie, sculpture, joaillerie, fabrication d’instruments astronomiques telles qu’astrolabes et sph`eres armillaires pour la g´eom´etrie ; hydrologie, transports et construction pour la m´ecanique. Cette liste n’a manifestement pas ´et´e con¸cue pour ˆetre exhaustive. Elle n’en demeure pas moins int´eressante, car elle paraˆıt pr´efigurer les « sciences d´eriv´ees » du classement avicennien.

Ibn al-Nad¯ım Parce qu’il est en quelque sorte le catalogue raisonn´e d’une esp`ece d’immense biblioth`eque virtuelle regroupant les ouvrages anciens et r´ecents accessibles en langue arabe40 , le Fihrist d’Ibn al-Nad¯ım offre lui aussi un 39 M. Arkoun, « Logocentrisme et v´ erit´ e religieuse dans la pens´ ee islamique, d’apr` es ¯ al-I ῾l¯ am bi-man¯ aqib al-Isl¯ am d’al-῾Amir¯ ı », dans Studia Islamica, 35 (1972), pp. 5-55, ici p. 33. Mˆ eme constat de la part de Biesterfeldt, « Medieval Arabic Encyclopedias . . . », qui d´ enonce (p. 83) dans le proc´ ed´ e « a kind of ad hoc demonstration ». 40 Comme l’indique l’auteur lui-mˆ eme dans son introduction : « Voici le catalogue des livres de toutes les communaut´ es, arabes et ´ etrang` eres (fihrist kutub jam¯ı ῾ al-umam min al-῾arab wa-l-῾ajam) tels qu’ils existent dans la langue des Arabes (al-mawj¯ ud min-

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Godefroid de Callata¨ y t´emoignage de premier choix en mati`ere de classification des sciences41 . La division en chapitres de l’ouvrage r´epond `a l’intention d’organiser cette ´enorme mati`ere en dix cat´egories th´ematiques aussi clairement distingu´ees l’une de l’autre que possible, ` a savoir : Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre

I (3 sections) II (3 sections) III (3 section) IV (2 sections) V (5 sections) VI (8 sections) VII (3 sections) VIII (3 sections) IX (2 sections) X (1 section)

Langue, ´ecriture Grammaire Histoire Po´esie Th´eologie Jurisprudence Philosophe, sciences Belles-Lettres H´er´esiographie Alchimie

Nous n’entrerons pas ici dans le d´etail des sections, si ce n’est pour faire remarquer : a) que le chapitre I comprend une section sur la litt´erature r´ev´el´ee en g´en´eral (section 2) et une autre sur le Coran en particulier (section 3) ; b) que le chapitre VII, v´eritable mine de renseignements pour l’historien des sciences et de la philosophie, offre le d´ecoupage tripartite suivant : philosophie naturelle et logique (section 1) – sciences doctrinales (section 2) – m´edecine (section 3). Il faut naturellement signaler aussi que les sciences doctrinales ´evoqu´ees par Ibn al-Nad¯ım incluent « le calcul », « les instruments », « la m´ecanique » et « la dynamique » en plus des quatre disciplines du quadrivium, ce qui confirme l’´eclatement dont il est g´en´eralement question depuis F¯ar¯ ab¯ı. De mani`ere globale, on constate avec int´erˆet que les six premiers chapitres de l’inventaire correspondent assez pr´ecis´ement, quoique dans un h¯ a bi-lughati al-῾arabi), ainsi que de leurs ´ ecritures, a ` propos de diff´ erentes disciplines scientifiques (f¯ı as.n¯ af al-῾ul¯ um). Ce catalogue comprend des notes sur ceux qui ont r´ edig´ e ces livres, sur les cat´ egories (t.abaq¯ at) auxquelles appartiennent les auteurs, sur leurs relations. Il comprend aussi des informations concernant leurs dates de naissance, dur´ ees de vie et dates de mort, les endroits o` u ils ont v´ ecu, ainsi que sur leurs vertus et leurs vices – cela depuis le commencement de chaque science (ibtid¯ a ῾ kulli ῾ilm) jusqu’` a l’´ epoque qui est la nˆ otre, a ` savoir l’an 377 depuis l’h´ egire ». 41 Ibn al-Nad¯ ım, Fihrist (« L’Inventaire »), ´ edit´ e une premi` ere fois par G. Fl¨ ugel (Leipzig, 1871-1872), puis par R. Tagaddod (T´ eh´ eran, 1350/1950). On mentionnera ici aussi la traduction classique en langue anglaise de B. Dodge, The Fihrist of alNad¯ım, New York, 1970.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

ordre un peu diff´erent, aux mati`eres qui forment le versant des sciences arabes/islamiques chez Khuw¯ arizm¯ı, en l’occurrence : la langue, la grammaire, la po´esie, l’histoire et, bien sˆ ur, les deux sciences typiquement islamiques que sont le fiqh et le kal¯ am. Des quatre derniers chapitres, un seul, le septi`eme, correspond clairement au versant oppos´e des sciences d’importation. Quant aux trois autres, nous nous contenterons ici de noter qu’ils paraissent en gros r´epondre ` a l’´emergence d’un troisi`eme versant promis `a un retentissant succ`es, celui de l’adab (« belles-lettres », au sens de savoir et de culture entendus comme marques de raffinement et de bonne ´education), dont ce n’est pas le lieu de parler ici42 .

Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ C’est aussi de tri-polarit´e plutˆ ot que de bi-polarit´e qu’il est question lorsqu’on examine le syst`eme de classification des sciences tel que les Fr`eres de la Puret´e (Ikhw¯ an al-S.af¯ a’) l’exposent dans la septi`eme ´epˆıtre de leur encyclop´edie43 . En premier lieu viennent les sciences qu’ils nomment « prop´edeutiques » ou « disciplinaires » (riy¯ ad.iyya). Ils les d´ecrivent comme des sciences ´etablies en vue d’am´eliorer les conditions de vie dans le monde d’icibas. En tant que pr´eliminaires aux autres types de sciences, elles sont consid´er´ees comme des « disciplines ´educatives » (fun¯ un al-ad¯ ab), mais les Fr`eres sp´ecifient clairement qu’elles ne sauraient pr´etendre `a aider l’ˆ ame de l’homme dans sa quˆete des r´ealit´es de l’autre monde. Les Ikhw¯an regroupent sous cette appellation g´en´erique neuf esp`eces diff´erentes de sciences : (1) la science de l’´ecriture et de la lecture ; (2) la science de la langue et de la grammaire ; (3) la science du calcul (al-h.is¯ ab) et des op´erations (al-mu῾¯ amal¯ at) ; (4) la science de la po´esie et de la prosodie ; 42 Cf. Biesterfeldt, « Arabisch-islamischen Enzyklop¨ adien . . . », p. 47, note 13, pour les principales r´ ef´ erences bibliographiques au sujet de la litt´ erature encyclop´ edique en mati` ere d’adab. Voir aussi, pour un aper¸cu plus d´ etaill´ e : Id., « Enzyklop¨ adie und Belles-lettres im arabisch-islamischen Mittelalter », dans Wissenssicherung, Wissensordnung und Wissensverarbeitung. Das Europ¨ aische Modell der Enzyklop¨ adien, ´ ed. T. Stammen – W.E.J. Weber, Berlin, 2004, pp. 71-80. 43 Ikhw¯ an al-S.af¯ a’, Ras¯ a’il (« Epˆıtres »), B. Al-Bustani (´ ed.), Beyrouth, 1957, vol. I, pp. 258-275 (Epˆıtre VII : « Des arts scientifiques et de leurs objectifs »). La classification des sciences proprement dite commence a ` la page 266. Pour une traduction fran¸caise, avec une introduction a ` l’´ epˆıtre et quelques notes, voir : G. de Callata¨ y, « Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ : des arts scientifiques et de leurs objectifs. Pr´ esentation et traduction de l’Epˆıtre VII des Fr` eres de la Puret´ e », dans Le Mus´ eon, 116 (2003), pp. 231-358.

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Godefroid de Callata¨ y (5) la science des augures, des auspices etc. ; (6) la science de la magie, des talismans, de l’alchimie, de la m´ecanique, etc. ; (7) la science des m´etiers et des arts ; (8) la science de la vente, de l’achat, du commerce, du labour et de l’´elevage ; (9) la science des biographies et des histoires. On trouve en deuxi`eme lieu les sciences que les Fr`eres appellent « religieuses et conventionnelles » (shar ῾iyya wad. ῾iyya). Elles sont conventionnelles en ce qu’elles ont ´et´e ´etablies, tout comme les sciences disciplinaires, mais elles diff`erent radicalement de celles-l`a dans la mesure o` u leur objectif est de gu´erir les ˆ ames et de les guider vers l’autre monde. Les Ikhw¯an identifient six esp`eces de sciences religieuses, qu’ils assortissent du nom de ceux qui en poss`edent la maˆıtrise : (1) la science de la R´ev´elation (lecteurs du Coran) ; (2) la science de l’interpr´etation (im¯ams et successeurs des proph`etes) ; (3) la science des r´ecits et des histoires (traditionalistes) ; (4) la science de la jurisprudence, des r`egles et des d´ecrets (juristes) ; (5) la science de la comm´emoration, des exhortations, de l’asc´etisme et de la mystique (d´evots, asc`etes, moines, etc.) ; (6) la science de l’interpr´etation des rˆeves (interpr`etes). Enfin, le dernier groupe est constitu´e par les sciences que les Fr`eres appellent « philosophiques et r´eelles » (falsafiyya h.aq¯ıqiyya). Celles-ci, on le remarque d’embl´ee, n’ont pas ´et´e « ´etablies » et c’est donc en cela, semble-t-il, que les Ikhw¯ an les opposent aux deux autres types de sciences. Mˆeme si la volont´e proprement encyclop´edique des Fr`eres de la Puret´e les a amen´es ` a traiter ici et l`a de sciences appartenant aux deux autres groupes, un coup d’œil jet´e sur l’ensemble des Ras¯ a’il ainsi que sur la J¯ ami ῾a44 dans l’´etat o` u elles nous sont parvenues suffit `a nous convaincre que les auteurs n’y ont envisag´e de mani`ere syst´ematique que ces sciences philosophiques et r´eelles. Ils reconnaissent d’ailleurs explicitement le fait dans cette mˆeme Epˆıtre lorsqu’ils ´ecrivent, en conclusion de leur expos´e sur les sciences philosophiques : Nous avons produit une ´epˆıtre pour chaque section de ces sciences dont nous avons pr´esent´e l’´evocation, et nous y avons ´evoqu´e une partie de ces significations. Nous les avons conclues par [l’Epˆıtre] d’ensemble, afin qu’elle soit une incitation pour les n´egligents, une rectitude pour les novices, un d´esir pour ceux qui cherchent, une m´ethode pour ceux qui apprennent45 . 44 Ikhw¯ an al-S.af¯ a’, al-Ris¯ alat-al-J¯ ami ῾a (« L’Epˆıtre d’ensemble »), J. Saliba (´ ed.), Damas, 1949. 45 Ikhw¯ an al-S.af¯ a’, Ras¯ a’il, I, p. 274.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

Quant aux subdivisions du groupe des sciences philosophiques, elles se pr´esentent comme suit : (1) sciences « math´ematiques » (riy¯ ad.iyya) : arithm´etique, g´eom´etrie, astronomie, musique ; (2) sciences « logiques » (mant.iqiyya) : po´etique, rh´etorique, topique, analytique, sophistique ; (3) sciences « naturelles » (t.ab¯ı ῾iyya) : science des principes corporels, science du ciel et du monde, science de la g´en´eration et de la corruption, science des ´ev´enements de l’atmosph`ere, science des min´eraux, science des v´eg´etaux, science of animaux ; (4) sciences « divines » (il¯ ahiyya) : connaissance du Cr´eateur, science des [choses] spirituelles, science des [choses] psychiques, science de la politique (avec cinq subdivisions : proph´etique, royale, g´en´erale, priv´ee, personnelle), science du retour. Nous nous permettons de renvoyer ` a d’autres de nos publications pour un commentaire d´etaill´e sur la classification des sciences ikhwanienne46 , nous limitant ici ` a consid´erer seulement ce qui est en rapport direct avec la probl´ematique des arts lib´eraux. On a not´e que les Fr`eres de la Puret´e font pr´ec´eder les deux groupes de sciences habituels (sciences religieuses et sciences philosophiques) d’un troisi`eme, qu’ils nomment prop´edeutique (riy¯ ad.iyya) et qu’ils d´efinissent comme ´etant constitu´e de sciences d’int´erˆet pratique et n’ayant gu`ere d’utilit´e en-dehors de la vie en ce monde. Il va de soi qu’`a leurs yeux ces sciences ne sauraient ˆetre mises sur le mˆeme pied que celles des deux autres groupes, dont la port´ee est tout autre puisque celles-l` a visent au bonheur de l’homme dans ce monde et dans l’autre ´egalement. Or, que constatons-nous ? Que la langue, la grammaire, la po´esie, la prosodie, l’histoire (autrement dit une bonne partie des « sciences arabo-islamiques » de Khuw¯ arizm¯ı), mais aussi le calcul, les op´erations et la m´ecanique (ce qui fait davantage penser a` ce que F¯ar¯ab¯ı regroupe sous l’appellation de « h.iyal arithm´etiques ») font partie de cette esp`ece de fourre-tout des sciences prop´edeutiques. Est-ce `a dire que les sciences math´ematiques se trouveraient rel´egu´ees chez les Ikhw¯an `a un degr´e inf´erieur `a celui des sciences religieuses et des sciences philosophiques ? Bien sˆ ur que non. Ce qui est vrai, c’est qu’en bons successeurs de Pythagore et de Platon, les Fr`eres consid`erent comme v´eritables « sciences du nombre » les seules sciences du quadrivium et qu’ils rangent celles-ci au 46 G. de Callata¨ y, Ikhw¯ an al-S a’. A Brotherhood of Idealists on the Fringe of . af¯ Orthodox Islam, Oxford, 2005, o` u la question de l’ordonnancement du savoir est trait´ ee au chapitre 4, sous l’intitul´ e « Encyclopaedism » (pp. 59-72). Voir aussi : Id., « The Classification of Knowledge in the Ras¯ a’il », a ` paraˆıtre dans le Companion Volume de l’´ edition critique des Epˆıtres en pr´ eparation sous les auspices de l’Institute of Ismaili Studies de Londres.

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Godefroid de Callata¨ y nombre des sciences philosophiques dont l’ˆ ame de l’homme a besoin pour se lib´erer du monde de la g´en´eration et de la corruption. Il ne faut pas se m´eprendre sur l’appellation qu’ils leur donnent : riy¯ ad.iyya, soit le nom que leur donnait Kind¯ı mais aussi celui que les Ikhw¯an eux-mˆemes utilisaient pour qualifier les sciences « prop´edeutiques » vis´ees dans le premier groupe. Comme l’a bien not´e Carmela Baffioni, les quatre sciences constituant le quadrivium ne peuvent ˆetre entendues comme « prop´edeutiques » qu’`a l’int´erieur mˆeme du groupe des sciences philosophiques47 . Et c’est d’ailleurs sur ces quatre sciences, et dans le mˆeme ordre48 , que s’ouvre effectivement le corpus d’´epˆıtres tel qu’il nous est parvenu dans la tradition manuscrite. Dans la premi`ere ´epˆıtre, sur la science du nombre ou arithm´etique, les Fr`eres mentionnent ce qu’ils consid`erent comme leurs autorit´es pour chaque partie du quadrivium : Pythagore et Nicomaque pour l’arithm´etique, Euclide pour la g´eom´etrie, l’Almageste de Ptol´em´ee pour l’astronomie49 . Curieusement, aucun nom n’apparaˆıt pour la musique. Peut-ˆetre y a-t-il lieu de suspecter un glissement dans la transmission manuscrite, car il aurait ´et´e sans doute plus conforme `a la vision des Ikhw¯an de placer Pythagore en regard de la musique et de laisser Nicomaque s’occuper tout seul de l’arithm´etique.

Ibn S¯ın¯ a On a dit plus haut qu’Avicenne s’en ´etait tenu, lui aussi, au sch´ema traditionnel du quadrivium. C’est en effet ce qui apparaˆıt `a la lecture de ses grandes sommes philosophiques, ` a commencer par le Shif¯ a’ et le D¯ aneshN¯ ame, qui est en quelque sorte une traduction abr´eg´ee en persan des ouvrages philosophiques ´ecrits par Avicenne en arabe. Mais il est tout de mˆeme possible de nuancer cette affirmation en consid´erant l’´epˆıtre, 47 Cf. Baffioni, « Oggetti e caratteristiche del curriculum delle scienze nell’Enciclopedia dei Fratelli della Purit` a », dans Studi arabo-islamici in memoria di Umberto Rizzitano, ´ ed. G. Di Stefano, Mazara del Vallo, 1991, pp. 25-31, ici p. 28 : « Le ‘propedeutiche’ del primo gruppo [= les quatre sciences du quadrivium], evidentemente, sono tali in un senso ben diverso dalle scienze poste al primo livello del curriculum : la loro esplicitazione rende infatti chiaro che si tratta delle scienze aventi ruolo propedeutico all’interno delle Ras¯ a’il : aritmetica, geometria, astronomia e musica ». 48 On note toutefois l’insertion de la g´ eographie (Epˆıtre IV) entre l’astronomie (Epˆıtre III) et la musique (Epˆıtre V). Mais l’on sait aussi que la g´ eographie ´ etait consid´ er´ ee comme une sorte d’appendice a ` l’astronomie d´ ej` a chez Ptol´ em´ ee. 49 Ikhw¯ an al-S.af¯ a’, Ras¯ a’il, I, p. 49.

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

´ecrite en arabe, qu’Avicenne consacre aux Divisions des sciences intellectuelles 50 et qui se r´ev`ele ˆetre un magnifique exemple d’ordonnancement fond´e sur le sch´ema de base aristot´elicien51. Pour ce qui concerne les math´ematiques – le seul groupe de sciences qui nous retiendra ici – on ne parlera pas de sch´ema ´eclat´e, puisque, contrairement `a ce que l’on voit chez F¯ar¯ab¯ı, aucune science autre que les quatre sciences originelles n’acquiert ce statut qu’Avicenne d´efinit comme interm´ediaire entre la science inf´erieure de la physique et la science sup´erieure de la m´etaphysique. Mais l’innovation consiste, dans ce groupe-ci comme dans d’autres, `a rattacher `a chacune de ces sciences dites « fondamentales » (as.liyya) un certain nombre de sciences « d´eriv´ees » (far῾iyya) parmi lesquelles on retrouve effectivement les trois sciences nouvelles de F¯ar¯ab¯ı mais aussi un grand nombre d’autres disciplines, dont une assez myst´erieuse « science des instruments particuliers » (῾ilm a ¯l¯ at al-juz’iyya). La structure compl`ete des subdivisions du quadrivium avicennien se pr´esente comme suit :

50 Ibn S¯ ın¯ a, Ris¯ ala f¯ı aqs¯ am al-῾ul¯ um al-῾aqliyya (« Epˆıtre sur les divisions des sciences intellectuelles »), ´ edit´ e dans Tis῾ ras¯ a’il f¯ı l-h.ikma wa-l-t.ab¯ı ῾iyy¯ at, Le Caire, 1326/1908. Traduction fran¸caise par G.C. Anawati, « Les divisions des sciences intellectuelles d’Avicenne », dans M´ elanges de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales, 13 (1977), pp. 323-335. Une traduction partielle du trait´ e a ´ et´ e donn´ ee depuis par J. Michot, « Les sciences physiques et m´ etaphysiques selon la Ris¯ alah f¯ı aqs¯ am al-῾ul¯ um d’Avicenne. Essai de traduction critique », dans Bulletin de Philosophie M´ edi´ evale, 22 (1980), pp. 62-73. 51 Biesterfeldt, « Arabische-islamischen Enzyklop¨ adien . . . », p. 61 : « Ihr [= la Ris¯ ala] ¨ außerer Aufbau ist konventionell. Die theoretischen Teile der Philosophie, die nach dem Wahren Wesen der Dingen fragen, sind Physik, Mathematik und Metaphysik. Die praktische Philosophie, welche dazu verhilft, eine richtige Einsicht (ra’y) in ¨ bezug auf eine Handlung zu finden, zerf¨ allt in Ethik, Okonomik und Politik ».

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Godefroid de Callata¨ y Sciences fondamentales

Sciences d´eriv´ees

Arithm´etique

Calcul indien Alg`ebre Topographie M´ecanique Traction des poids Science des poids et des balances Science des instruments particuliers Optique Hydraulique Tables astronomiques Calendriers Utilisation d’instruments de musique ´etrangers comme l’orgue

G´eom´etrie

Astronomie Musique

Que ce soit dans le domaine des sciences math´ematiques ou en-dehors de celui-ci, il est ` a remarquer que cette fa¸con de subdiviser les sciences en « fondamentales » et « d´eriv´ees », qu’Avicenne paraˆıt avoir emprunt´ee `a la jurisprudence islamique52 , aura tendance `a s’imposer pour devenir une sorte de leitmotiv des classifications ult´erieures en Islam. C’est ce dont t´emoigneront avec ´eclat, au XIVe si`ecle, la Muqaddima d’Ibn Khald¯ un53 54 ¯ et leNaf¯ ayes ol-Fonun de Amol¯ı , pour ne citer que deux exemples, l’un arabe et l’autre persan, parmi une multitude d’autres. ⋆⋆⋆⋆⋆ On pourrait multiplier ` a l’envi l’examen des classifications des sciences de l’Islam m´edi´eval tant celles-ci sont nombreuses. Sans mˆeme sortir du cadre temporel consid´er´e ici, on aurait pu ajouter `a la pr´esente enquˆete l’´etude de plusieurs autres tentatives c´el`ebres d’ordonner le savoir humain, comme par exemple celles d’Ab¯ u Sahl al-Mas¯ıh.¯ı (m. en 1010), de Tawh.¯ıd¯ı (m. en 1023), de Miskawayh (m. en 1030), d’Ibn al-T . ayyib (m. en 1043), d’Ibn H . azm (m. en 1064), et mˆeme aussi plusieurs classifications propos´ees par Ghaz¯ al¯ı (m. en 1111). Mais il nous faut conclure. 52 Biesterfeldt,

« Arabische-islamischen Enzyklop¨ adien . . . », ibid. un aper¸cu sur la classification des sciences chez Ibn Khald¯ un, voir Gardet – Anawati, « Introduction a ` la th´ eologie musulmane . . . », pp. 121-124. 54 Vesel, Les Encyclop´ edies persanes . . . , pp. 38-42. 53 Pour

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Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ ees

L’´echantillon d’œuvres envisag´ees ci-dessus paraˆıt d´ej` a suffire pour tirer quelques enseignements g´en´eraux quant ` a la survivance des artes liberales en Islam. Le quadrivium des sciences math´ematiques, tr`es solidement constitu´e d`es l’Antiquit´e et, surtout, d´ej` a bien int´egr´e dans la tradition des Prol´egom`enes ` a la philosophie d’Aristote, s’est transmis sans encombre et sans solution de continuit´e. Sciences prop´edeutiques `a la philosophie (en tout cas `a la philosophie aristot´elicienne) chez Kind¯ı, les sciences math´ematiques se sont mˆeme vues rapidement reconnaˆıtre comme sciences philosophiques ` a part enti`ere et les questions qui divis`erent les sp´ecialistes port`erent plutˆ ot, comme d’ailleurs en Occident, sur l’ordre dans lequel il convenait de les situer l’une par rapport `a l’autre, ou bien sur celui dans lequel il convenait de les ´etudier – deux aspects de la question que nous n’avons pas d´evelopp´es ici. Mais l’Islam innova davantage en n’h´esitant pas ` a briser le cadre originel du quadrivium pour y int´egrer de nouvelles disciplines ou pour y introduire de nouvelles subdivisions – ce dont l’Occident, par l’interm´ediaire de Gundissalinus55 , lui fut directement redevable. De toute ´evidence, le trivium n’a pas suivi le mˆeme chemin. Nous avions soulign´e en commen¸cant sa constitution plus tardive et aussi plus latine, ce qui devait diminuer d`es le d´epart ses possibilit´es de r´ecup´eration par les penseurs arabes. S’ajoute un ´el´ement qui, je crois, tient `a la nature mˆeme de disciplines litt´eraires telles que la grammaire ou la rh´etorique : ces sciences-l`a sont sans doute trop li´ees `a la sp´ecificit´e d’une langue pour que l’ensemble dans lequel elles s’inscrivent acqui`ere une sorte de statut universel, valable en tous temps et en tous lieux, comme le sont justement les sciences du nombre. D’autant que, comme on sait, le statut tout particulier de la langue arabe en Islam, et cela depuis les origines, devait pr´emunir les penseurs musulmans contre toute id´ee de s’inspirer en la mati`ere d’un mod`ele venu de l’´etranger. Aussi est-ce sans surprise qu’on voit la grammaire et les autres sciences du langage syst´ematiquement rang´ees du cˆ ot´e des sciences arabes/islamiques. L’ensemble que forme ces sciences litt´eraires « arabes » peut faire parfois penser, il est vrai, au 55 Voir, en plus de l’article de Hugonnard-Roche, « La classification des sciences . . . » d´ ej` a cit´ e : E. W´ eber, « La classification des sciences selon Avicenne a ` Paris vers 1250 », dans Etudes sur Avicenne . . . , pp. 77-101 ; O. Weijers, Le maniement du savoir : pratiques intellectuelles ` a l’´ epoque des premi` eres universit´ es (XIIIe-XIVe s.), Turnhout, 1996, pp. 187-198 (« Les classifications du savoir »).

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Godefroid de Callata¨ y trivium antique. Mais comparaison n’est ´evidemment pas raison, car on ne saurait oublier que les philosophes de l’Islam ont toujours compt´e la logique au nombre des sciences ´etrang`eres, donc sur le versant oppos´e `a celui de la grammaire et des autres sciences des lettres.

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L’influence des Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ sur la min´ eralogie de H an¯ı . am¯ıd al-D¯ın al-Kirm¯ Carmela Baffioni ∗

Je m’occupe depuis longtemps de la question de l’appartenance doctrinale des Ikhw¯ an al-S.af¯ a’. J’ai donc commenc´e `a ´etudier les auteurs isma´eliens afin d’´evaluer le militantisme religieux des Ikhw¯an ou, du moins, leur pr´edilection pour les doctrines isma´eliennes. Daniel De Smet a tr`es bien illustr´e leur influence sur la R¯ ah.at al‘aql 1 (« La qui´etude de l’intellect ») du d¯ a‘i H am¯ ıd al-D¯ ın al-Kirm¯ an¯ı, . notamment en ce qui concerne l’ontologie et la cosmologie2. La R¯ ah.at al-‘aql peut ˆetre consid´er´ee comme une v´eritable encyclop´edie des sciences philosophiques, qui s’ouvre par la m´etaphysique – ou th´eologie –, aborde la description des hypostases moyennes, et arrive jusqu’aux derniers aspects du monde sublunaire. Tous ces mat´eriaux sont dispos´es dans sept « murailles » (s¯ ur ), chacune d’elles divis´ee en sept « rues » (mashra‘ ), ` a l’exception de la septi`eme, qui contient quatorze rues, de sorte que l’ouvrage se pr´esente comme une « ville », un royaume de science. En mˆeme temps, il faut reconnaˆıtre que, bien que d´ej` a largement d´ebattue, la question de la diffusion du corpus ikhw¯anien dans l’Occident – musulman et ensuite chr´etien – n’a pas ´et´e encore r´esolue. Plus incertaine encore est la connaissance des id´ees – sans mˆeme parler des œuvres – isma´eliennes dans le Moyen Age latin. Le sujet choisi pourra donc aider `a ´etablir des liens plus sˆ urs entre les sciences du monde islamique et celles du monde chr´etien. D’autre part, on sait bien que, d`es l’Antiquit´e grecque, la min´eralogie a ´et´e le point de d´epart de diff´erentes ´elaborations alchimiques, et que l’alchimie latine doit beaucoup ` a l’Islam. Il y a chez les Ikhw¯an des textes proches de l’alchimie, et chez Kirm¯an¯ı des textes proprement alchimiques. Y. Marquet a r´ecemment discut´e de cet aspect en ce qui concerne les relations entre l’Epˆıtre 19 des Ikhw¯an al-S.af¯ a’ « Sur la forma∗ Universit` a

degli Studi di Napoli « L’Orientale ». ¯ lib, Beyrouth, D¯ texte a ´ et´ e´ edit´ e par Mus.t.afa Gha ar al-Andalus 19832 . 2 Cf. D. De Smet, La qui´ etude de l’intellect. N´ eoplatonisme et gnose isma´ elienne dans l’œuvre de H anˆı (Xe /XIe s.), Leuven, 1995. . amˆıd al-Dˆın al-Kirmˆ 1 Le

Carmela Baffioni tion des min´eraux » et le corpus j¯ abirien3 . Faute de recherches ult´erieures dans le domaine alchimique, je d´ecrirai ici les doctrines min´eralogiques de Kirm¯an¯ı en comparaison avec celles qui sont expos´ees dans l’Epˆıtre ikhw¯anienne. Il s’agit en effet d’un sujet qui peut pr´eparer `a l’analyse des contenus ‘alchimiques’ de ces deux ouvrages. J’esp`ere en outre que ma recherche contribuera ` a une meilleure connaissance d’un texte tr`es difficile `a comprendre et ` a traduire, comme la R¯ ah.at al-‘aql 4 , et qu’elle le rendra accessible mˆeme aux non arabisants. Il faut encore souligner que, bien que Kirm¯an¯ı parle souvent du monde min´eral, je prendrai en consid´eration ici seulement les contenus de deux chapitres de la R¯ ah.at al-‘aql qui y sont explicitement consacr´es. Il s’agit des « rues » troisi`eme et quatri`eme de la septi`eme « muraille ». Le titre de la troisi`eme rue est : « Sur les trois royaumes naturels (maw¯ al¯ıd, qui sont les min´eraux, les plantes et les animaux, et en premier lieu sur le min´eral en ce qu’il est un corps » (p. 401, 2-3). Le discours se poursuit dans la quatri`eme rue, « Sur les min´eraux en ce qu’ils sont une ˆame naturelle, dou´es d’actions et de science : et quelle est cette science ? Quelle est cette action ? » (p. 414, 2-3). Donc, pour Kirm¯ an¯ı les min´eraux, comme tous les autres ˆetres, sont caract´eris´es par deux aspects : un, pour lequel ils sont des corps, et un autre, pour lequel ils sont une ˆ ame, qui dirige les actes de ces min´eraux et les prot`ege contre ce qui peut leur causer du dommage. De l’ˆ ame d´epend leur vie ; grˆace ` a l’ˆ ame, ils atteignent leur perfection – c’est-`a-dire, leur fin (cf. p. 406, 1-2). Pour une meilleure compr´ehension de nos textes, il faut dire d’abord que, sur le plan m´ethodologique, Kirm¯ an¯ı suit `a propos des min´eraux son proc´ed´e habituel, c’est-` a-dire d’´evaluer les ˆetres naturels sous le jour de la « balance de la religion » ; pour cette raison il fait des comparaisons continues entre la structure, les aspects et les qualit´es de la da‘wa isma´elienne 3 Cf. « La place de l’alchimie dans les Epˆ ıtres des Fr` eres de la Puret´ e (Ikhw¯ an as.-S.af¯ a’) », dans L’alchimie et ses racines philosophiques. La tradition grecque et la tradition arabe, ´ ed. C. Viano, Paris, 2005 (Histoire des doctrines de l’antiquit´ e classique, XXXII), p. 189-200, part. p. 195-198. 4 L’ouvrage a ´ et´ e traduit en russe par A. Smirnov. Cf. Hamid ad-Din al’-Kirmani, Uspokoenie razuma, Predislovie, perevod s arabskogo i kommentarii A.V. Smirnova, Moskva, Nauˇ cno-Izdatel’skij centr “Ladomir”, 1995. La philosophie de la nature de la R¯ ah.at al-‘aql est aussi l’objet d’une th` ese doctorale de la part de mon ´ el` eve Francesca Cicero, dans le cadre du Doctorat en « Studi sul Vicino Oriente antico e Maghreb : specificit` a culturali e relazioni interculturali », a ` l’Universit` a degli Studi di Napoli « L’Orientale », intitul´ ee : La Filosofia della Natura nella R¯ ah.at al-‘aql di Ham¯ıd al-D¯ın al-Kirm¯ an¯ı : Introduzione, Traduzione e Commento, discut´ ee en 2007.

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¯ n al-S.afa ¯ ’ sur la min´ L’influence des Ikhwa eralogie de H . am¯ıd al-D¯ın ¯ n¯ı al-Kirma

et ceux du monde naturel5 .

∗∗∗ Les points sur lesquels l’influence des Fr`eres de la Puret´e sur Kirm¯an¯ı est la plus apparente sont les suivants : 1. Les deux ouvrages notent la profonde connexion entre monde supralunaire et monde sublunaire, avec cette diff´erence : apr`es avoir ´evoqu´e la double subdivision des ´el´ements, et avoir mentionn´e le premier genre (c’est-` a-dire, les ph´enom`enes atmosph´eriques), Kirm¯an¯ı place les min´eraux parmi les ˆetres du second genre. Il s’agit des trois royaumes naturels, qui d´ependent des ph´enom`enes atmosph´eriques (cf. p. 401, 414) : c’est-`a-dire, de leur cause proche. Pour les Ikhw¯an, au contraire, les transformations du monde sublunaire, et donc mˆeme celles qui produisent les min´eraux, sont plutˆ ot li´ees aux mouvements et aux aspects des corps c´elestes (cf. p. 88, 15-89, 5), c’est-` a-dire, ` a leur cause ‘lointaine’. 2. Les Ikhw¯ an indiquent explicitement les quatre ´el´ements, ou « m`eres », comme causes des min´eraux ; leur cause efficiente est la Nature et leur but, l’avantage des hommes et des animaux (p. 127, 2-7)6 . Kirm¯an¯ı s´electionne au contraire un aspect particulier de l’ancienne philosophie de la nature d’Aristote. Selon lui, les min´eraux d´erivent des quatre ´el´ements comme cons´equence de l’action des quatre qualit´es qui les caract´erisent. Par cons´equent, les ´el´ements sont arrang´es dans chaque ˆetre selon la qualit´e qui y pr´evaut. Cette pr´evalence est ´etablie par la sagesse divine, de sorte que l’´el´ement qui se trouve dans la chose au moindre degr´e reste cach´e et en puissance, soumis `a ce qui pr´edomine, et 5 J’ai

d´ ej` a largement abord´ e l’aspect ‘th´ eologique’ des positions min´ eralogiques de Kirm¯ an¯ı aussi bien que des Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ dans mon ´ etude « The religious approach to natural sciences : the case of mineralogy in the Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ and in H . am¯ıd alD¯ın al-Kirm¯ an¯ı », qui sera publi´ ee dans un Recueil d’´ etudes pour Hans Daiber, ´ ed. par W. Raven et A. Akasoy, Brill, Leiden. Donc, je me borne maintenant a ` r´ esumer les contextes religieux, sauf dans le cas de similitudes litt´ erales entre nos deux ouvrages. 6 D’ailleurs – selon la doctrine des causes commune a ` tous les ´ ev´ enements du monde sublunaire – la cause efficiente est individu´ ee dans la nature, la mat´ erielle dans le mercure et le soufre, la formelle dans le mouvement des sph` eres c´ elestes, et la finale dans l’utilit´ e des substances min´ erales (p. 89, 7-16).

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Carmela Baffioni les puissances des ´el´ements agissent les unes sur les autres (p. 401, 15-402, 6). ` l’int´erieur de la distinction, pour lui fondamentale, entre ce qui peut A ˆetre forg´e (yant.ariqu) et ce qui ne peut pas l’ˆetre 7 – c’est-`a-dire, entre m´etaux mall´eables et non mall´eables –, Kirm¯an¯ı dit que dans les premiers la mixtion ext´erieure est le sec, tandis que les trois autres qualit´es – chaud, froid et humide – y sont cach´ees et dispos´ees selon le pr´evaloir de la puissance de chacune. Par cons´equent, la qualit´e “soumise” en eux – l’humide – ne devient ´evidente que lorsque ces corps sont trait´es par le feu, et alors il devient comme une eau qui coule (p. 402, 7-11). La disposition graduelle des qualit´es cause la multiplicit´e des ˆetres existants (p. 403, 8-16). Les existants naturels sont ensuite arrang´es selon leurs affinit´es – et on retourne encore au domaine alchimique. 3. Dans leur expos´e ‘g´eologique’, les Ikhw¯an reprennent l’ancienne th´eorie de la « double exhalation »8 pour expliquer la formation des min´eraux : Quant aux grottes, aux cavernes et aux pr´ecipices qui sont `a l’int´erieur de la terre et des montagnes, lorsqu’il n’y a pas pour eux d’issues par lesquelles les eaux peuvent sortir, ces eaux restent ici emprisonn´ees pour un certain temps ; lorsque le ventre de la terre et l’int´erieur de ces montagnes est chaud, ces eaux se r´echauffent, deviennent volatiles (lat.ufat ), s’´evanouissent et se transforment en vapeur, et s’´el`event en cherchant un lieu plus large ; si la terre a beaucoup de crevasses, ces vapeurs (bukh¯ ar¯ at ) s’´evanouissent et sortent au dehors par ces issues, tandis que lorsque la superficie de la terre est tr`es compacte et solide, elles sont empˆech´ees de sortir et restent emprisonn´ees et agit´ees dans ces pr´ecipices `a la recherche d’une sortie ; et parfois le terrain se fissure dans un lieu et ces vents sortent subitement, et quittent (inkhasafa) leur lieu, et on entend du bruit, du fracas et un tremblement de terre [souterrain] a lieu. Et si elles ne trouvent pas d’issues, elles y restent emprisonn´ees, et ces tremblements de terre durent jusqu’` a ce que l’air de ces cavernes et pr´ecipices se rafraˆıchit et s’´epaissit. Et lorsque ces vapeurs s’´epaississent, leurs parties 7 Sur 8 Cf.

la quelle cf. infra. Aristot., Meteor., 378a17-34.

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se combinent et deviennent de l’eau, sortent et retournent a` reposer dans ces grottes, cavernes et pr´ecipices, y restent longtemps, et au fur et ` a mesure que leur s´ejour ici se prolonge, elles deviennent plus pures et plus denses, jusqu’` a ce qu’elles deviennent du mercure (zi’baq) tremblant, se mˆelent avec la terre de ces mines, se joignent ` a la chaleur de la mine toujours dans leur concoction et cuisson, et d’elles naissent des types de substances min´erales aux natures diff´erentes (p. 97, 6-20). Et encore : ` cause de l’´egale chaleur de quelques sources pendant l’hiver A et l’´et´e, il y a dans le ventre de la terre et dans les grottes des montagnes des lieux au terrain sulfureux, et ces liquides qui y sont vers´es deviennent huileux, leur chaleur est toujours fixe, en leur int´erieur et au dessus d’eux il y a des eaux en ruisseaux et en chemins qui vont au profond (‘ur¯ uq n¯ afidha), et ces eaux se r´echauffent lorsqu’ils passent et transitent par l`a, ensuite elles sortent et coulent sur la superficie de la terre et sont tr`es chaudes. Quand le froid de l’air les saisit et l’air devient froid elles refroidissent, et parfois elles se solidifient (jamadat ) parce qu’elles deviennent denses, coagulent (in‘aqadat ) et deviennent du mercure, du plomb (ras.a ¯s.), du goudron (q¯ır ), de la naphte (naft.), du sel (milh.), du soufre (kibr¯ıt ), du borax (b¯ uraq), de l’alun (shabb)9 , etc. (p. 98, 9-16). Bien que Kirm¯ an¯ı r´esume ces explications d’une fa¸con drastique, des traces en restent dans sa R¯ ah.at al-‘aql. Selon lui, la formation des min´eraux est due : aux vapeurs qui se forment dans la terre pour l’action des ´el´ements et qui sont stratifi´es par la puissance des corps c´elestes qui se meuvent autour d’eux et par leurs rayons, de sorte que [ces vapeurs] sont retenues et r´eduites d’une fa¸con telle qu’elles n’ont pas d’issues, et restent donc [`a l’int´erieur de la terre], alors que les mati`eres s’´etendent, la chaleur [est] 9 C’est-` a-dire, sulfate double d’aluminium et de potassium. Cf. Y. Porter, « Le quatri` eme chapitre du Jav¯ aher-n¯ ame-ye Nez.a ¯m¯ı », dans Sciences, techniques et insˇ Vesel, truments dans le monde iranien (Xe-XIXe si` ecle), ´ ed. N. Pourjavady et Z. T´ eh´ eran, 2004, p. 341-359, a ` la p. 353, note 36.

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Carmela Baffioni continue, et, parmi ces parties, se transforment celles qui ont la nature de se transformer grˆ ace ` a ces puissances combin´ees, et les ˆetres g´en´er´es se forment selon les causes qui n´ecessitent la pr´evalence de l’[´el´ement] dominant de la mixtion ... (p. 406, 8-13). 4. Au contraire, la doctrine selon laquelle soufre et mercure sont les constituants premiers des min´eraux ` a partir des vapeurs form´ees `a cause du r´echauffement des eaux souterraines, largement d´evelopp´ee par les Ikhw¯an qui suivent ici la min´eralogie ancienne10 , manque chez Kirm¯an¯ı, qui consid`ere plutˆ ot le soufre et le mercure parmi les autres min´eraux. ` l’int´erieur de la division entre ce qui peut ˆetre forg´e et ce qui ne peut A pas l’ˆetre (p. 406, 2-3), soufre et mercure sont justement cit´es parmi les min´eraux qui ne peuvent pas ˆetre forg´es et qui se forment les premiers, parce qu’ils sont les plus semblables et les plus proches de la terre (p. 406, 3-5). 5. Bien que les Ikhw¯ an parlent aussi de substances ‘pierreuses’11, la comparaison avec Kirm¯ an¯ı est possible seulement pour les substances ‘terreuses’, c’est-` a-dire celles qui sont compos´ees de particules de terre, d’eau ou d’air, et de chaleur, en diff´erentes proportions (p. 105, 8-14). Les Ikhw¯an expliquent les diff´erences entre min´eraux par les diff´erents terrains dans lesquels ils se forment (p. 90, 2-91, 11 ; 92, 1-4). Ceci suppose `a son tour que les temps de formation des min´eraux soient diff´erents. Nous lisons en particulier : Sache que les substances min´erales sont de trois esp`eces [selon leur lieux de formation] : 1) ce qui se produit dans le sol, l’argile et le terrain salsugineux, dont la cuisson s’accomplit pendant une ann´ee ou moins, comme le soufre, les sels (aml¯ ah.), les aluns (shub¯ ub), les sulfates (z¯ aj¯ at ), etc. ; 10 Il faut ajouter, toutefois, que les Ikhw¯ an aussi comptent soufre et mercure ´ egalement parmi les min´ eraux et qu’ils donnent de br` eves descriptions des leurs propri´ et´ es. Cf. p. 120, 16-121, 6, traduites dans mon ´ etude « La science des pierres pr´ ecieuses dans l’Epˆıtre des Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ : entre les catalogues encyclop´ ediques et le commentaire philosophique », pr´ esent´ ee au Colloque International « Aux origines de la g´ eologie de l’antiquit´ ea ` l’Age classique » (Paris, 10-12 Mars 2005), sous presse dans les Actes du Colloque. 11 Par exemple le cristal (billawr ), le rubis (y¯ aq¯ ut), la chrysolite (zabarjad), la cornaline (‘aq¯ıq).

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2) ce qui se produit dans le fond des mers ... dont la cuisson ne s’accomplit que pendant une ann´ee ou plus, comme la perle (durr ) et le corail (marj¯ an) ... ; 3) ce qui se produit dans les grottes des monts, dans les cavit´es des pierres, dans les interstices des sables, dont la cuisson ne s’accomplit que pendant plusieurs ann´ees, comme l’or (dhahab), l’argent (fid.d.a), le cuivre (nuh.a ¯s), le fer (h.ad¯ıd ), le plomb (ras.a ¯s.) etc., [ou bien] apr`es un plus grand nombre d’ann´ees, comme le rubis12 , la chrysolite13 , la cornaline, etc. (p. 91, 4-11). D’une certaine fa¸con, on peut dire que les temps de formation des min´eraux sont mentionn´es mˆeme par Kirm¯an¯ı : La composition est mineure dans tout ce qui est, dans son ˆetre, plus proche des ´el´ements desquels vient son existence, et `a cause de sa composition moindre le contraste dans ses parties est mineur, et ` a cause du peu de contraste dans son essence il dure longtemps, et il n’est pas corrompu, sauf par [intervention] ext´erieure. La derni`ere limite de ces corps [est] qu’ils sont objet pour des formes dont l’existence d´epend du 12 Marquet traduit y¯ ˇ Vesel, « Introaq¯ ut d’habitude par « rubis », tandis que Z. ˇ Vesel, I. Afshar et P. Mohebbi, « ‘Le livre des pierres pour duction » a ` Z. Nez.a ¯m [al-Molk] (Javaher-n¯ ame-ye Nez.¯ am¯ı)’ (592/1195-6) : la source pr´ esum´ ee du Tans¯ ukh-n¯ ame-ye ¯Ilkh¯ an¯ı de T ¯s¯ı », dans N¯ a.sir al-D¯ın T ¯s¯ı philosophe et savant du .u .u ˇ Vesel, T´ XIIIe si` ecle, ´ ed. N. Pourjavady et Z. eh´ eran, 2000 (Biblioth` eque Iranienne 54), p. 145-174, en particulier p. 149, donne : « corindon ». Cf. l’explication scientifique ˇ Vesel, « Sur la terminologie des gemmes : yˆ donn´ ee par Z. aqut et la‘l chez les auteurs persans », dans Studia iranica, 14 (1985), p. 147-155, a ` la p. 148, o` u « rubis » est proˇ Vesel, « La joaillerie et la peinture : prement le y¯ aqut rouge. Mais cf. Y. Porter et Z. approvisionnement en pierres et en pigments dans l’Iran m´ edi´ eval », dans Circulation ´ des monnaies, des marchandises et des biens, publi´ e par le Groupe pour l’Etude de la civilisation du Moyen Orient, ´ ed. R. Gyselen, Leuven, 1993 (Res Orientales V), p. 141-157, a ` la p. 142 et 143. 13 Y. Marquet, La philosophie des alchimistes et l’alchimie des philosophes. Jˆ abir ibn H an et les « Fr` eres de la Puret´ e », Paris, 1988, p. 26, traduit zabarjad par . ayyˆ «´ emeraude », mais ce terme rend d’habitude l’ar. zumurrud, cf. par ex. Vesel, Afshar et Mohebbi, « ‘Le livre des pierres pour Nez.a ¯m’ », passim. Pour la traduction par «´ emeraude » cf. Porter – Vesel, « La joaillerie et la peinture : approvisionnement en pierres et en pigments dans l’Iran m´ edi´ eval », p. 144. Sur l’´ emeraude et sa terminologie ˇ Vesel, « Le zumurrud et le zabarjad chez les (zumurrud mais aussi zabarjad), cf. Z. ˇ Vesel et F. Grenet, « Emeraude auteurs iraniens », premi` ere partie de l’´ etude de Z. royale », dans Y¯ ad-n¯ ama in memoria di Alessandro Bausani, ´ ed. B. Scarcia Amoretti et L. Rostagno, 2 vols., vol. II, Storia della Scienza – Linguistica – Letteratura, Roma, 1991, p. 99-115, part. p. 99-107.

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Carmela Baffioni travail (s.an‘ ) des hommes, comme le cuivre, duquel on fabrique des bouteilles pour les parfums, et comme l’or, `a partir duquel on fabrique des joyaux, etc. (p. 406, 16-22). En outre, lorsqu’il parle des diff´erentes perfections des h.ud¯ ud – le niveau de la da‘wa isma´elienne le plus proche de celui de l’im¯ am – en corr´elation avec la fondation de la religion dans des cycles astraux courts et longs, Kirm¯ an¯ı remarque qu’elles rendent n´ecessaire que les corps min´eraux atteignent la perfection dans leur formation dans les mines apr`es une longue p´eriode et le d´eroulement des si`ecles et des ans (p. 412, 21-413, 1). 6. Chaque min´eral, selon les Ikhw¯ an, a son propre terrain : ainsi, par exemple, l’or ne se forme qu’en des d´eserts sableux, dans les montagnes et dans les pierres molles ; l’argent, le cuivre, le fer et les min´eraux semblables se forment seulement ` a l’int´erieur des monts et des pierres m´elang´es `a des terrains mous ; le soufre se produit seulement dans les sols humides, mous et huileux ; le qalqat.a ¯r 14 et les akl¯ ah. seulement dans des terrains mar´ecageux ou dans des cours d’eau rocheux ; le gypse (jis.s.) et la c´eruse (isf¯ıd¯ aj ) seulement dans le sol sableux et m´elang´e aux cailloux ; vitriols (z¯ aj¯ at ) et aluns seulement dans les terrains acides, plats et minces (p. 103, 8-17). Si le sol est acide, il produit des sulfates, verts ou jaunes, du qalqat.a ¯r, etc. ; si le sol est mou et contient de l’argile chaude, il produit de la truffe et diff´erentes sortes de v´eg´etaux (p. 108, 8-13)15. Encore une fois Kirm¯ an¯ı simplifie le discours des Ikhw¯an, et donne seulement une esquisse de la diff´erenciation des min´eraux : Les min´eraux sont les premiers parmi [les ˆetres] et dans leur disposition les plus proches de la terre (ard.). La premi`ere de leurs esp`eces est ce qui ne peut pas ˆetre forg´e, comme le gypse, et il est le plus semblable ` a la terre (ard.) dont vient son existence, au-dessous des autres esp`eces, donc il est ambivalent : semblable ` a la terre (ard.) parce qu’il est pareil au terrain 14 Vocalis´ e qulqut.¯ ar par Gh¯ alib. Y. Porter, « Le quatri` eme chapitre du Jav¯ ahern¯ ame-ye Nez.a ¯m¯ı » a ` la p. 353, note 33 dit que le colcothar d´ esigne de nos jours l’oxyde ferrique Fe2 O3 , mais qu’il peut ´ egalement indiquer le vitriol jaune ou sulfate basique de fer. 15 J’ai abord´ e l’Epˆıtre min´ eralogique des Ikhw¯ an sous le jour technique dans mon ´ etude « La science des pierres pr´ ecieuses dans l’Epˆıtre des Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ » (voir note 10), a ` laquelle je me r´ ef` ere donc pour l’explication des termes techniques contenus dans ce texte.

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(tur¯ ab), tandis que, en se distinguant du terrain du point de vue de la connotation acquise pour laquelle il [peut] ˆetre pulv´eris´e (insah.aqa), il est semblable aux autres min´eraux qui ne sont pas du terrain, et qui n’existent que dans des lieux appropri´es ; ils le d´epassent en noblesse, et les esp`eces par rapport `a lui se disposent et s’´el`event jusqu’` a ce qu’elles arrivent dans leur existence ` a un ˆetre [´egalement] ambivalent, qui est d’un cˆ ot´e une pierre et de l’autre une plante, comme le corail, qui est une plante dans la mer, et s’il sort `a l’air devient une pierre ... (p. 405, 11-19). Apr`es avoir rappel´e la division des min´eraux en ce qui peut ˆetre forg´e et ce qui ne peut pas l’ˆetre, il dit : ... ce qui ne peut pas ˆetre forg´e et dont l’existence vient la premi`ere en ce qu’il est semblable et plus proche de la terre se divise en soufres (kib¯ ar¯ıt ), arsenics (zar¯ an¯ıkh), sels, vitriols, aluns, mercure, talc (t.alq) et d’autres, comme la marcassite (marqash¯ısh¯ a ), les antimoines (akh.a ¯l ), la magn´esie (maghn¯ıs¯ıa ¯ ), la calce (n¯ ura) et d’autres esp`eces min´erales ... ; ce qui peut ˆetre forg´e se divise en plomb (¯ anak ), ´etain (ras.a ¯s.)16 , 17 fer, cuivre, argent et or (p. 406, 3-8) . 7. Donc la classification de Kirm¯ an¯ı commence par le bas, par le gypse, le plus semblable a ` la terre, et termine par le plus haut, le corail, qui pour sa perfection franchit les limites des min´eraux. Sur ce sujet Kirm¯an¯ı parle aussi ailleurs, et affirme que le gypse parmi les min´eraux est d’un cˆ ot´e en relation avec la terre (ard.) parce qu’il est de son genre et de sa nature, mais il est en relation avec les esp`eces des min´eraux ` a cause de la puissance qu’il a acquise, 16 Je suis ici la traduction russe (cf. p. 287-288 : « svinec, olovo »). Mais cf. G.W. Freytagii, Lexicon Arabico-latinum [Beirut, 1975, r´ eimpr. anast. de l’´ ed. Halis Saxonum 1830-38]), s.v. usrub : « plumbum, plumbum nigrum », v. aussi s.v. ras.¯ a.s. Kirm¯ an¯ı emploie quatre termes pour indiquer le « plomb » : ras.¯ a.s est le mot g´ en´ eral (= ghal¯ ab` a selon E.W. Lane, Arabic-English Lexicon, Cambridge, 1984 [r´ eimpr. lyth. de l’´ ed. orig. 1863-93, en 2 vols.], s.v. ras.¯ a.s) ; ¯ anak signifie « plomb pur », aussi bien noir que blanc (cf. Lane, s.v.) ; ib¯ ar et usrub signifient « plomb noir », et qal‘¯ı « plomb blanc ». 17 L’individuation des six min´ eraux « que peuvent ˆ etre forg´ es » est aussi expliqu´ ee par une raison religieuse. Six sont, en fait, les lois divines « qui abrogent et qui sont abrog´ ees », de Mo¨ıse a ` Muh.ammad (p. 413, 1-4 ; on trouve ici ib¯ ar pour « plomb »). Encore, le fait que la sixi` eme shar¯ı‘a ne sera pas abrog´ ee et durera « jusqu’` a la r´ esurrection » implique que l’or dure a ` jamais (p. 413, 4-6).

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Carmela Baffioni par laquelle il se distingue de son ˆetre de la terre (‘an kawnihi tur¯ aban ) (p. 409, 8-10). Le corail, au contraire : en ce qu’il est une des esp`eces des min´eraux est semblable aux autres de son esp`ece, mais en ce qu’il est une plante il est semblable aux esp`eces des plantes, et pour cette [raison] il est plus noble que les min´eraux et plus vil que les plantes (p. 410, 3-5). La conscience d’une ‘hi´erarchie des ˆetres’ se trouve d´ej` a dans l’encyclop´edie ikhw¯anienne, qui pr´esente une sorte d’‘´evolution’ du royaume min´eral au royaume v´eg´etal et ensuite ` a l’animal. Les Ikhw¯an aussi, comme nous avons vu, citent le corail parmi les min´eraux, en mˆeme temps que la perle (p. 91, 7-8)18 . Dans un autre passage ils exaltent la perle (durra), la soie et le miel (p. 114, 2-9), en d´eclarant explicitement qu’il s’agit de produits animaux, excellents mˆeme s’ils sont tr`es petits, provenant respectivement du coquillage, du ver et de l’abeille. Il s’agit de consid´erations qui d´emontrent du moins l’attention des Ikhw¯an al-S.af¯ a’ pour l’isma´elisme, sinon leur appartenance ` a ce courant. 8. Les Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ d´ecrivent comment les autres min´eraux se distinguent de l’or pour leur d´eficience par rapport `a la proportion parfaite. Tandis que l’or se forme du soufre et du mercure purs et `a chaleur ´equilibr´ee, on a de l’argent blanc (fid.d.a bayd.a ¯’ ) si, avant cuisson compl`ete, soufre et mercure sont saisis par le froid ; du cuivre rouge (nuh.a ¯s ah.mar ) se forme quand le sec entre dans le m´elange de soufre et mercure ; du zinc (ras.a ¯s. qal‘¯ı19 ) quand soufre et mercure sont saisis par le froid avant de s’ˆetre m´elang´es ; du fer noir (h.adid aswad ) quand soufre et mercure sont surpris par le froid avant cuisson compl`ete, et quand les particules de terre sont les plus nombreuses ; du plomb noir (usrub) quand le mercure 18 Marquet,

qui a beaucoup ´ etudi´ e l’Epˆıtre 19, parle de la perle comme d’un min´ eral « animal », du corail comme d’un min´ eral « v´ eg´ etal ». Cf. La philosophie des alchimistes..., p. 25. 19 Vocalis´ e qala‘¯ı par Gh¯ alib. Cf. pour cette trad. D. Goltz, Studien zur Geschichte der Mineralnamen in Pharmazie, Chemie und Medizin von den Anf¨ angen bis Paracelsus, Wiesbaden, 1972 (Sudhoffs Archiv Zeitschrift f¨ ur Wissenschaftsgeschichte, Beiheft 14), p. 243 et I. Afshar, « Javaher-N¯ ame-ye Nez.¯ am¯ı », dans Vesel – Afshar – Mohebbi, « ‘Le livre des pierres pour Nez.a ¯m [al-Molk]’ », p. 151-165, a ` la p. 158. Marquet, La philosophie des alchimistes..., p. 26 donne : « plomb blanc », et a ` la p. 30 : « plomb blanc (ou ´ etain ? qal‘ˆı) ».

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est en exc´edent sur le soufre et la chaleur est faible ; de l’antimoine (kuh.l ) quand la chaleur est en exc´edent (p. 106, 14-107, 3). Tout ceci en ce qui concerne les substances min´erales terreuses (p. 107, 3-7). Donc, selon les Ikhw¯ an l’or est une substance de nature ´equilibr´ee, parce que le soufre et le mercure qui le composent sont purs et unis dans la proportion parfaite. Kirm¯ an¯ı dit plutˆ ot que ce qui subit les influences [des cieux sur la terre et ses parties20 ] d’une fa¸con ´equilibr´ee devient de l’or, ce qui les subit d’une fa¸con moindre, devient un autre corps, comme l’argent, le cuivre, le plomb (ib¯ ar ), le talc et ainsi de suite (cf. p. 412, 7-10). Et encore : Si les forces sont ´equilibr´ees se forme de l’or ; si elles sont proches de l’´equilibre, ou plus ou moins ´eloign´ees ou au maximum de l’´eloignement de l’´equilibre, d’autres corps se forment, solubles et non solubles ; les [corps] solubles ont de la vie, tandis que ce qui n’est pas soluble ` a cause de l’intensit´e des qualit´es a des puissances grˆ ace auxquelles il [peut quand mˆeme] achev[er] son action (p. 406, 13-16). 9. En ce qui concerne l’or en particulier, dit or pur (al-dhahab alibr¯ız ), les Ikhw¯ an en remarquent la « proportion parfaite » en acte (p. 106, 14-18). Parmi les autres qualit´es21 , ils rappellent que l’or est jaune, ce qui r´ev`ele le lien avec le soleil (p. 116, 11). Pour Kirm¯ an¯ı aussi l’or pr´ec`ede tous les min´eraux par son ˆetre et sa noblesse (p. 405, 6-7). Mais il donne pour ceci exclusivement des raisons religieuses. Tout d’abord, l’or est assimil´e aux proph`etes et aux h.ud¯ ud qui prennent leur place (p. 405, 3-6). Si pour les Ikhw¯an l’or est la substance la plus noble avec le rubis (p. 116, 4-5), Kirm¯an¯ı dit que, puisque toutes les vertus culminent en une loi qui les comprend toutes, il est n´ecessaire que l’ordre des min´eraux arrive a ` un corps qui les assemble et les comprend tous, et qui est plus noble que les autres, comme l’or, qui par sa noblesse est sup´erieur a ` tous les min´eraux (p. 411, 12-14). Comme la perfection de la shar¯ı‘a d´epend de l’effusion de la puissance divine dans l’ˆ ame du Proph`ete, ainsi l’or doit sa position parmi les min´eraux a` sa capacit´e d’accueillir pleinement la puissance du soleil. Le soleil se r´epand sur lui 20 On

peut remarquer le lien constant entre monde supralunaire et sublunaire. lesquels cf. p. 116, 5-21, traduite et comment´ ee dans mon ´ etude « La science des pierres pr´ ecieuses dans l’Epˆıtre des Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ ». 21 Sur

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Carmela Baffioni de la fa¸con la plus parfaite, et la p´en´etration des forces du soleil rend l’or un soleil lui-mˆeme, en couleur et en beaut´e (p. 411, 14-22). 10. Les Ikhw¯ an discutent largement de la question de l’action du feu sur les min´eraux. Il y a des min´eraux combustibles (soufre, arsenic/zirn¯ıkh, goudron, naphte) ` a cause de leurs particules d’air huileuses qui coexistent avec les particules de terre, et parce que le peu de leurs particules d’eau, lorsqu’elles entrent en contact avec la chaleur du feu, se d´ecomposent et deviennent de la fum´ee (dukh¯ an) et de la vapeur (p. 109, 5-11). Plomb (ras.a ¯s.) et plomb noir (usrub) fondent et brˆ ulent rapidement parce que les particules d’eau et d’air ne sont pas unies `a celles de terre (p. 110, 3-5). Au contraire, le feu ne peut s´eparer les plus nobles des min´eraux, comme l’or et le rubis, ` a cause de l’absence d’humidit´e en eux (p. 109, 2-5)22 . Kirm¯an¯ı, `a son tour, divise les min´eraux en ce qui n’a pas de coh´esion (ijtim¯ a‘ ) entre les parties ni la capacit´e de conserver son existence, comme le gypse, le sel et min´eraux semblables, et ce qui a de la coh´esion et de la liaison (in‘iq¯ ad ) entre les parties et la capacit´e de conserver son existence, comme l’or, l’argent et d’autres corps qui ont les mˆemes caract´eristiques (cf. p. 410, 12-15). Ceci est une cons´equence de la diff´erenciation des min´eraux grˆace aux puissances c´elestes, que Kirm¯ an¯ı fait correspondre aux diff´erents actes des mati`eres divines par les Proph`etes et les im¯ am (les ‘seigneurs des cycles’, as.h.a ¯b al-adw¯ ar, dit le texte ` a la l. 11 ; cf. p. 412, 10-15). Ainsi, mˆeme les diff´erentes degr´es de r´esistance au feu des min´eraux correspondent au diff´erents degr´es de puret´e des membres de la da‘wa : ... les degr´es des min´eraux dans leur r´esistance (thib¯ at ) au feu, dans leur permanence et leur ´evanouissement sont nombreux, en fait parmi eux [il y a] ceux qui r´esistent au feu et restent pour tr`es longtemps (‘al¯ a wajh al-dahr ), sans que rien ne vienne `a manquer, comme l’or, et ceux qui s’´evanouissent et ne supportent (l¯ a yas.biru) pas le feu, comme les autres corps (p. 412, 18-20). On peut remarquer ici une similarit´e litt´erale avec les Ikhw¯an qui, `a propos du mercure, disent qu’il ne supporte la chaleur du feu, et utilisent 22 Pour les Ikhw¯ an, l’or fond mais ne brˆ ule pas (tandis que le rubis ne fond ni ne brˆ ule). En effet, l’or a une humidit´ e huileuse qui ramollit les particules de terre, mais il ne brˆ ule pas parce que les particules d’eau unies a ` celles d’air et de terre peuvent contraster l’action du feu (p. 109, 11-18).

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justement le mot s.abr (p. 120, 20). 11. On retrouve encore la division des min´eraux en ce qui peut ˆetre forg´e et ce qui ne peut pas l’ˆetre (p. 408, 18) alors qu’ils sont consid´er´es sous le jour de leur ˆ ame (nafs) et leur puissance. ` ce propos Kirm¯ A an¯ı fait allusion ` a la question des influences r´eciproques des min´eraux, comme par exemple : l’expansion (inbis¯ a.t) de quelques [min´eraux] dans d’autres, la contraction (inqib¯ ad ) de quelques-uns `a partir d’autres, l’attachement (ta‘alluq) de quelques-uns `a d’autres, l’incompatibilit´e (mun¯ afara) de quelques uns avec d’autres. Par exemple, l’incompatibilit´e subsistant entre le fer et le mercure, en fait [le mercure] ne s’attache pas au [fer], ni est attir´e par lui (wa l¯ a yanbasit.u ilayhi), et r´eciproquement le fer ne permet pas qu’il le p´en`etre ou s’attache ` a lui, comme il fait avec l’or et l’argent, sauf apr`es un traitement (bi-‘il¯ aj ) ; par exemple l’hostilit´e (‘ad¯ awa) subsistant entre l’or et le plomb (ib¯ ar ), en fait rien n’endommage l’or comme le plomb par son aversion (nik¯ aba) pour lui ; et par exemple l’hostilit´e subsistant entre le plomb et d’autres corps, comme l’argent et le cuivre, qu’il corrompt et d´etruit, et pour cette raison on l’utilise dans la purification (khal¯ a.s)23 des corps ; par exemple, l’hostilit´e subsistant entre le diamant (al-m¯ as) et le plomb, en fait rien n’endommage ou ne casse le diamant sinon le plomb. Et par exemple l’amour (mah.abba) subsistant entre l’or et le mercure, et l’amour subsistant entre le soufre et l’or, ou l’arsenic et l’argent, et par exemple l’amour subsistant entre le fer et le cuivre : tous ceux-l` a, quand ils sont mˆel´es, ne se divisent pas ; et par exemple l’amour existant entre l’aimant (h.ajar almighn¯ a.t¯ıs) et le fer, qui est attir´e vers lui et ne s’´etend pas vers rien d’autre (p. 414, 19-415, 12)24 . 23 Porter, « Le quatri` eme chapitre du Jav¯ aher-n¯ ame-ye Nez.a ¯m¯ı », p. 351, cite le four a ` fondre l’or, qui s’appelle khal¯ a.s. 24 La question est aussi abord´ ee sur le plan religieux : comme le Livre et la Loi donn´ es au Proph` ete doivent ˆ etre li´ es aux a’imma, sans quoi ils se corrompraient, ainsi les min´ eraux se conservent grˆ ace a ` des forces ´ eman´ ees de Dieu (cf. p. 415, 21-416, 3). Comme dans la shar¯ı‘a il y a des parties qui abrogent et qui, en g´ en´ eral, sont contraires aux parties abrog´ ees, ainsi les forces des min´ eraux doivent s’annuler et se contraster ; et comme dans la Loi il y a des parties qui abrogent, mais restent en harmonie avec

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Carmela Baffioni Les Ikhw¯an al-S.af¯ a’ aussi – en plus des points de vue g´eologique et min´eralogique, ainsi que gemmologique – parlent de caract`eres « spirituels » des substances min´erales. Tout comme les plantes et les animaux, elles poss`edent une « facult´e sensitive » (shu‘¯ ur khaf¯ı et h.as.s. lat.¯ıf ), comme il est expliqu´e dans le Livre des pierres et de leurs descriptions (p. 110, 8-19) : La nature qui a des rapports d’affinit´e (ta’allafa) avec une autre nature est comme le diamant et l’or, en effet, lorsqu’il est approch´e de l’or, celui-ci se colle `a lui et le retient. Et on dit que le diamant ne se trouve que dans les mines d’or, et dans les lits des fleuves en direction orientale (w¯ ad min n¯ ah.yat al-mashriq) ; et comme la nature de l’aimant (mighn¯ a.t¯ıs) en ce qui concerne l’attraction du fer : parce que, entre les natures de ces deux pierres, s`eches et dures, il y a affinit´e et d´esir, en effet lorsque le fer est approch´e par cette pierre de sorte qu’il flaire son odeur, [l’aimant] va vers lui, l’attire `a soi, se colle `a lui et le retient, comme le fait l’amant avec son aim´e. Et ainsi agissent les pierres qui attirent (al-j¯ adhib) la chair (lah.m), les poils (sha‘r ), les ongles (z.ufr ) et le foin (tabn) (p. 110, 20-111, 5). La nature qui contraint (taqharu) une autre nature est comme celle de la pierre ` a repasser (sunb¯ adaj )25 , qui mange les pierres en les frottant, en les amollissant et en les rendant lisses ; et comme la nature du plomb sale (al-usrub al-was¯ıkh), qui r´eduit en poussi`ere le diamant qui a pouvoir sur toutes les pierres dures... ; comme la nature du mercure..., qui, quand il touche (t.ulliyat) des min´eraux durs comme l’or, le cuivre et l’argent, les rend faibles et lˆaches, au point qu’ils peuvent ˆetre ais´ement bris´es... ; comme le soufre..., qui noircit les pierres et les fait brˆ uler rapidement... (p. 111, 22-112, 9). La nature qui embellit (tuzayyina) une autre nature et la fait celles qui sont abrog´ ees, quelques-unes des forces des min´ eraux sont en harmonie avec d’autres (cf. p. 416, 3-8). Et encore : pour Kirm¯ an¯ı, l’existence des innovations dans la Loi de la part de faux proph` etes fait en sorte que les corps min´ eraux se corrompent lorsque y entrent des corps comme le soufre dans l’argent, ou le plomb (ib¯ ar) dans l’or et le diamant (p. 413, 8-9). 25 Ils disent que la pierre a ` repasser a une nature semblable a ` celle du diamant, mais moins puissante (cf. p. 125, 21-22).

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briller est comme l’ammoniac (n¯ ush¯ adir )26 , qui p´en`etre au fond des pierres et les nettoie. La nature qui aide (tu‘ayyinu) une autre nature est comme le borax, qui facilite la fusion des min´eraux terreux ; les sulfates et les aluns, qui les polissent, les rendent reluisantes et les teignent ; les ´emaux (al-m¯ın¯ a ) et les alcali27 (al-qal¯ı) qui aident la fusion du sable et le purifient, jusqu’` a ce qu’il devienne du verre transparent (p. 112, 14-19). Je rappelle ici mˆeme le cas du cuivre : quand il est uni aux acides il ´emet du vert-de-gris (zanj¯ ar ), qui est toxique ; il est cass´e par le mercure ; s’il est fondu avec du verre syrien (zuj¯ aj sh¯ am¯ı)28 et ensuite jet´e tout chaud dans l’eau, la couleur en devient semblable `a celle de l’or ; s’il est rapproch´e du feu, il noircit. La vaisselle de cuivre est dangereuse pour la sant´e (p. 119, 5-8). 12. Venons enfin aux secrets des min´eraux, le cˆ ot´e alchimico-magicom´edical de l’Epˆıtre ikhw¯ anienne. Pour les Ikhw¯an, les min´eraux ont des propri´et´es diverses, selon la vari´et´e de leurs lieux, dans lesquels il y a aussi des animaux et des plantes diff´erentes (p. 102, 7-103, 8). Il y a donc des avantages et des inconv´enients li´es aux min´eraux, qu’ils citent soigneusement. Les Ikhw¯ an parlent en particulier des rem`edes qu’on peut obtenir de l’or (p. 116, 21-117, 6) ; du rubis (p. 117, 16-18) ; de l’´emeraude, zumurrud (p. 118, 2-3) ; de la malachite, dahnaj, ennemie du chrysolite, bien que semblable ` a lui (p. 118, 3-5) ; de la perle (durr ) ; de l’argent (p. 118, 15-17) ; du .ta ¯l¯ıq¯ un¯ı – un type de cuivre (p. 119, 9-16) ; du zinc, qal‘¯ı (p. 119, 21-120, 2) ; du plomb, usrub (p. 120, 4) ; du fer (p. 120, 5-8). Bien que les Ikhw¯an remarquent plus tard que les avantages et les inconv´enients des pierres ont d´ej` a ´et´e d´ecrits en d´etail par les philosophes, ils parlent encore de ceux de la malachite et du bezoard (b¯ azahr ), y comprise une discussion approfondie sur les poisons et les antidotes (p. 123, 2-18). Les mˆemes avantages et inconv´enients des min´eraux sont trait´es dans la R¯ ah.at al-‘aql, mais sur une base exclusivement religieuse. Kirm¯an¯ı dit que la multiplicit´e des signes et des traditions de Dieu fait en sorte que 26 Le terme d´ esigne selon Porter, « Le quatri` eme chapitre du Jav¯ aher-n¯ ame-ye Nez.a ¯m¯ı », p. 353, note 35, le sel ammoniaque ou chlorure d’ammonium. 27 Voc. al-qil` a par Gh¯ alib. Le terme d´ esigne les carbonates de sodium et de potassium, « alcali » est forme ambigu¨ e selon Porter, « Le quatri` eme chapitre du Jav¯ ahern¯ ame-ye Nez.a ¯m¯ı », p. 348, note 17. 28 La mention de « verre syrien » ne doit pas indiquer n´ ecessairement une provenance, mais le terme d´ esigne plutˆ ot des verres particuli`erement purs. Cf. Porter, « Le quatri` eme chapitre du Jav¯ aher-n¯ ame-ye Nez.a ¯m¯ı », p. 346.

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Carmela Baffioni les min´eraux sont nombreux, bien au del` a des six qui ont de la puissance et dont d´ependent les bienfaits du monde (p. 416, 8-10). En particulier, la diversit´e des ˆetres appartenant au domaine de la religion implique n´ecessairement que les diff´erents min´eraux donnent des diff´erents avantages, qu’ils soient grands ou petits (p. 410, 18-20). Les sels, les soufres, les arsenics, les esp`eces de vitriols et de min´eraux sont compar´es aux « ignorants » du monde de la religion : mˆeme s’ils peuvent ˆetre utilis´es en quelque chose, ils sont tous des poisons, et les consommer et s’en nourrir nuit ` a la vie naturelle (p. 411, 1-3). L’´eloignement de ces « ignorants » de l’´equilibre et le fait qu’ils rec¸oivent ce qui leur est appropri´e de la part des astres et des forces naturelles rend ensuite n´ecessaire que ces vitriols, arsenics, soufres etc. soient influenc´es par les astres, et ceci d’une situation d’´equilibre `a une situation d’´eloignement de l’´equilibre ; donc ces influences agissent sur eux de la mˆeme fa¸con que le feu, qui agit sur un ´el´ement et le durcit (ta‘qiduhu), sur un autre et le dissout, selon la nature de l’´el´ement sur lequel il agit (p. 411, 7-11). En conclusion, je voudrais rappeler ici le lien ´etroit ´etabli par les Ikhw¯an al-S.af¯ a’ entre les mondes supra- et sublunaire. Comme nous avons d´ej` a fait `a propos de la hi´erarchie des min´eraux et des plantes dans le cadre de la min´eralogie29, nous remarquons maintenant, dans cette attitude bien connue, au moins un t´emoignage de leur pr´edilection pour les doctrines isma´eliennes. Et voici comment Kirm¯ an¯ı – le d¯ a‘i isma´elien – d´emontre l’organisation hi´erarchique de l’univers. Les ˆetres terrestres sont tr`es ´eloign´es du principe premier (p. 403, 17-404, 13). En fait : ... chaque ˆetre existant parmi les genres des n´es [naturels] a des esp`eces ordonn´ees par noblesse, selon un ordre dans lequel la premi`ere de leurs esp`eces est sous toutes les autres quant `a sa noblesse, tandis que leur esp`ece derni`ere a le degr´e le plus haut en noblesse, et l’union entre les deux [est] grˆace `a la ressemblance et ` a la cong´en´ericit´e subsistantes dans le fait que la premi`ere esp`ece de chaque genre est semblable `a celle qui se trouve au-dessous d’elle en degr´e, pour la cong´en´ericit´e entre les deux, grˆ ace ` a laquelle elle est unie `a l’autre, et d’un autre cˆ ot´e elle est semblable ` a celle qui est au-dessus d’elle en 29 Voir

supra, point 8.

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degr´e, et leur corr´elation est diff´erente de celle pour laquelle elle ressemble ` a celle qui est au-dessous d’elle et par laquelle lui est unie, comme les connotations communes aux premiers ˆetres existants – par exemple la sph`ere la plus haute, qui en tant que corps est corr´el´ee aux corps, et en tant qu’elle est [capable] de mouvoir30, en faisant partie du genre de celui qui est au-dessus d’elle, est corr´el´ee au monde de l’Intellect –, donc elles sont li´ees et quelques-unes jointes `a d’autres selon une disposition et un ordre, et elles sont trois : min´eraux, plantes et animaux, ni plus ni moins. Le premier ˆetre existant parmi elles quant ` a la disposition est celui dont l’ˆetre les pr´ec`ede [toutes], c’est-` a-dire les min´eraux, puis les plantes, et enfin les animaux (p. 404, 13-405, 3).

30 Le

texte donne : « min jiha m¯ a f¯ıhi min muh.arrikihi) ».

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Les encyclop´ edies persanes : culture scientifique en langue vernaculaire ˇ Ziva Vesel ∗ A l’´epoque m´edi´evale, la vulgarisation du savoir profane, notamment scientifique, semble avoir ´et´e facilit´ee en Occident au moyen de la structure de « sept arts lib´eraux »1 . Les sept arts y ont fait l’objet de nombreux trait´es ; ils y ´etaient par ailleurs enseign´es, et repr´esent´es dans l’iconographie2 , de mˆeme que fr´equemment cit´es dans les textes de belles-lettres. Les sept arts lib´eraux ont fourni, en alternance avec la classification aristot´elicienne, entre autres, la structure des encyclop´edies latines3 . Ces donn´ees se posaient diff´eremment dans le monde islamique o` u les sciences se r´epartissaient selon des crit`eres vari´es, cependant toujours de fa¸con `a s´eparer le trivium du quadrivium. Selon le crit`ere d’historicit´e, elles se divisaient en sciences pr´e-islamiques (al-῾ul¯ um4 al-aw¯ a ᾿il ; litt. « sciences des premiers/sciences anciennes ») et islamiques (aw¯ akhir ; litt. « sciences des derniers/sciences r´ecentes »)5 . Les deux groupes ´etaient dits ∗ CNRS

– Mondes iranien et indien les origines, cf. I. Hadot, Arts lib´ eraux et philosophie dans la pens´ ee antique, Paris, 1984, en particulier p. 263-293 ; et id, « Philosophie grecque et savoir encyclop´ edique », dans Diog` ene, 178 (1997), p. 33-49. 2 Cf. M.-Th. D’Alverny, « La sagesse et ses sept filles. Recherches sur les all´ egories de la philosophie et des arts lib´ eraux du IXe au XIIe si` ecle », dans M´ elanges F´ elix Grat, t. I, Paris, 1946, p. 246-278 ; D. Norman, « The Art of Knowledge : Two Artistic Schemes in Florence », dans Siena, Florence and Padua. Art, Society and Religion 1280-1400, ´ ed. D. Norman, New Haven, 1995, vol. II, chap. 10, p. 217-241, pl. 266278. 3 C. Meier, « Organisation of Knowledge and Encyclopaedic ordo : Functions and Purposes of a Universal Literary Genre », dans Pre-Modern Encyclopaedic Texts, ´ ed. P. Binkley, Leiden, 1997, p. 103-126, en particulier p. 109. 4 A l’´ epoque m´ edi´ evale, le terme ῾ilm, « science », pouvait s’appliquer indiff´ eremment aux sciences, techniques ou autres branches tels les savoirs occultes. Le terme s.in¯ a ῾a, « art » / « technique », pouvait occasionnellement assumer la mˆ eme fonction de son cˆ ot´ e. L’utilisation de divers termes dans le champ du savoir a fait l’objet de fr´ equentes ´ etudes et demanderait un article a ` part. 5 C’est du moins le sens explicite que donne a ` cette opposition Shams al-d¯ın Amol¯ı (qu’il exprime ´ egalement en termes de sciences « philosophiques » et « nonphilosophiques » : h.ekm¯ı/gheyr h.ekm¯ı), sans qu’il s’agisse, pour les sciences anciennes, exclusivement de textes grecques ; d’apr` es Amol¯ı, les sciences anciennes sont celles qui ont prec´ ed´ e la r´ ev´ elation coranique, les sciences r´ ecentes celles qui lui ont succ´ ed´ e (cf. Shams al-d¯ın Amol¯ı, Naf¯ ayes al-fon¯ un f¯ı ῾ar¯ ayes al–῾oy¯ un, 3 vols., ´ ed. A. Sha’rani, T´ eh´ eran, 1377-79 H.q., vol. I, p. 14-16). Pour d’autres significations du terme, voir F. Ro1 Pour

ˇ Ziva Vesel par ailleurs respectivement sciences « intellectuelles/rationnelles » (῾aqliyya) et sciences « traditionnelles » (naqliyya ; litt. : « transmises »), en fonction de la m´ethodologie d’approche, termes couramment employ´es par divers auteurs. La variante de sciences « ´etrang`eres » (῾ajam ; litt. « inintelligibles », c’est ` a dire de langue non arabe, habituellement traduites par « persanes »6 ]) d’une part, et des sciences religieuses (shar ῾iyya) – entour´ees des sciences « arabes » au sens large – d’autre part, est plus rare. Elle est utilis´ee par l’encyclop´ediste iranien Khw¯arazm¯ı pour d´esigner les sciences anciennes/pr´e-islamiques et islamiques, dans son encyclop´edie des sciences du secr´etaire, le Maf¯ at¯ıh. al-῾ul¯ um7 . La structure de sept arts lib´eraux n’´etait pas r´epandue en Islam – `a savoir la structure invariable du trivium et quadrivium r´eunis ; en revanche la connaissance des arts « lib´eraux » en g´en´eral8 y a bien exist´e `a une large ´echelle puisque le trivium relevait syst´ematiquement du groupe des sciences d’´epoque islamique et le quadrivium du groupe des sciences anciennes. Les mati`eres scientifiques appartenaient donc ` a ces derni`eres, de r´ef´erence essentiellement grecque, o` u elles ´etaient g´en´eralement v´ehicul´ees dans le cadre des diverses classifications philosophiques, sans passer cependant par la structure des « sept arts » d’origine n´eo-platonicienne9. Habituellement, c’est selon la classification aristot´elicienne que s’organisait les mati`eres scientifiques car le monde islamique avait un avantage sur l’Occident dans le domaine : la connaissance des disciplines du quadrivium se doublait d`es le IXe si`ecle de la connaissance effective de la Physique d’Aristote [du corpus aristot´elicien de la philosophie naturelle]. Comme il a souvent ´et´e soulign´e, senthal, « Aw¯ a’il », Encyclop´ edie de l’Islam (2 ´ ed.) [Leiden, 1975- -], tome I (1975), p. 780-782. On trouvera des donn´ ees essentielles sur la constitution, la transmission et la classification des sciences grecques a ` l’´ epoque pr´ e-islamique et islamique dans Organizing Knowledge. Encyclopaedic Activities in the Pre-Eighteenth Century Islamic World, ´ ed. G. Endress, Leiden, 2006, notamment dans les articles suivants : D. Gutas, « The Greek and Persian Background of Early Arabic Encyclopedism », p. 91-102 ; G. Endress, « The Cycle of Knowledge ; Intellectual Traditions and Encyclopaedias of the Rational Sciences in Arabic Islamic Hellenism », p. 103-134 ; E. Kheirandish, « Organizing Scientific Knowledge : The ‘Mixed’ Sciences in Early Classifications », p. 135-154. 6 F. Gabrieli, « ῾Adjam », dans Encyclop´ edie de l’Islam, t. I (1975), p. 212. 7 Ed. G. van Vloten, Leiden, 1895 (r´ eimpr. 1968), p. 5. 8 Si on maintient le terme d’« arts lib´ eraux » pour d´ esigner le savoir profane en islam... ? Pour les branches cultiv´ ees en Iran pr´ e-islamique voir par ex. : J. Teixidor, Aristote en syriaque. Paul le Perse, logicien du VIe si` ecle, Paris, 2003, p. 71-77 ; Dj. Khaleghi Motlagh & Ch. Pellat, « Adab », dans Encyclopaedia Iranica [´ ed. E. Yarshater, Londres-New York, 1982 et suivants], vol. I, fasc. 4 (1983), p. 431-444. 9 Cf. Hadot, « Philosophie grecque... », p. 48-49.

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la rencontre des sciences pr´e-islamiques et islamiques se concr´etise progressivement par l’apparition d’encyclop´edies cens´ees proposer diverses mises en ordre de nouvelles donn´ees. En ce qui concerne les encyclop´edies du monde iranien10 , dont on propose ici une typologie de genres valant pour les textes du Xe au XIXe si`ecle –n´ecessairement provisoire11 – on s’interrogera principalement sur la place qu’y d´etient le savoir scientifique et technique (entendu au sens actuel du terme)12 . Aussi ´etudierons–nous plus particuli`erement les textes en persan – langue vernaculaire du monde iranien destin´ee a` la vulgarisation du domaine scientifique entre le XIe et le XVe s. mais assimilant progressivement le plein rˆole d’une langue de science – lesquels restent relativement m´econnus en comparaison de ceux r´edig´es en langue savante, l’arabe. La typologie se fonde sur le rapport qu’entretiennent les auteurs des encyclop´edies envers les deux groupes de sciences principaux – pr´eislamiques et islamiques –, lesquels constituent, comme le d´emontrent les diverses classifications et divisions ´evoqu´ees, deux unit´es ´epist´emologiquement distinctes13 . On a pris en compte, par ailleurs, les lois internes `a chaque groupe quant ` a la r´epartition des mati`eres. Celui des 10 Le crit` ere du monde iranien adopt´ e ici est double, ´ etant entendu a ` la fois au sens strict (celui d’avoir le persan pour langue vernaculaire) et au sens large (celui d’inclure, entre autres, les pays persanophones/persanographes qui avaient le persan pour langue de culture, dont l’Inde musulmane et la Turquie ottomane). Nous n’avons pas signal´ e les r´ edactions/traductions de textes scientifiques du monde iranien en d’autres langues, consid´ erant que cet aspect sortait du cadre de la pr´ esente ´ etude. Pour davantage de donn´ ees sur la notion complexe du monde iranien, voir par exemple l’article d’A. Ashraf, « Iranian identity », dans Encycl. Iranica, vol. XIII, fasc. 5 (2006), p. 501-530. 11 Nous avons retenu principalement les textes de date ancienne et, a ` titre de comparaison, quelques exemples tardifs. Le corpus des encyclop´ edies du monde iranien – notamment persanes – reste pour une grande part in´ edit. En l’´ etat actuel des recherches, une ´ etude comparative entre les textes d’´ epoque classique (Xe -XVe s.) et les textes tardifs ne peut se faire qu’en travaillant sur manuscrits ou lithographies, et pour l’heure ne permet pas d’´ etablir une typologie d´ efinitive. 12 Il s’agira de d´ eceler l’aspect scientifique et technique au sens strict a ` l’int´ erieur d’un ensemble, constitu´ e de sciences, techniques et savoirs occultes, habituellement rattach´ es aux sciences math´ ematiques et physiques dans les classifications m´ edi´ evales. 13 Il existe sans doute un nombre infini de types d’encyclop´ edies en fonction de leur objet. Mais, pour ce qui est du corpus des encyclop´ edies dans le monde iranien dans son ensemble, c’est bien l’aspect structurel du contenu par rapport aux deux groupes de sciences, ainsi que le traitement interne du contenu par l’auteur [i.e. l’importance donn´ ee au populaire/savant ; fondements (os.u ¯l )/applications (for¯ u ῾) ; lexique arabe/persan ; utilisation/non-utilisation d’images et graphiques, pr´ esence/absence d’´ el´ em´ ents narratifs d’agr´ ement tels qu’anecdotes, histoires (h.ek¯ ayat), po` emes, citations... etc.] qui se prˆ etent le mieux a ` une typologie.

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ˇ Ziva Vesel sciences pr´e-islamiques, lequel nous int´eresse en premier lieu pour l’´etude de la science, se fonde pour l’essentiel sur le trait´e Ris¯ ala f¯ı taqs¯ım al῾ul¯ um al-῾aqliyya d’Avicenne14 , notamment pour ce qui est des divisions principales/fondamentales (os.u ¯l ) des mati`eres et de leurs subdivisions [branches subalternes/appliqu´ees/d´eriv´ees] (for¯ u ῾). Celui des sciences islamiques prend pour crit`ere l’ensemble de sciences dites « traditionnelles » (naqliyya), lesquelles r´eunissent sciences religieuses, linguistiques, litt´eraires et historiques, essentiellement « arabes » ; on ne sera pas concern´e par l’analyse de leurs subdivisions dans la mesure o` u ce groupe n’intervient pas, ou bien tr`es rarement, dans la r´epartition des mati`eres scientifiques.

D’une part, du fait de l’extrˆ eme pauvret´ e des renseignements que nous poss´ edons sur l’utilisation concr` ete de ces textes, aussi bien a ` partir de sources primaires que secondaires, aspect qui rend impossible une cat´ egorisation de textes par leur fonction sociale [d’ailleurs, nos encyclop´ edies se rattachent presqu’exclusivement au mˆ eme milieu, celui de la cour, ce qui permet de d´ evelopper en revanche une th´ eorie de la culture du milieu en question]. D’autre part, a ` cause du d´ ecalage entre le discours explicite de l’auteur, lorsqu’il pr´ etend par exemple r´ ediger une v´ eritable encyclop´ edie exhaustive [dont l’´ equivalent serait « compendium/somme de conaissances » (j¯ ame῾ ou jav¯ ame῾ al– ῾ol¯ um), quand ce n’est pas un titre a ` consonance litt´ eraire], et ses r´ ealisations ´ ecrites, lesquelles souvent ne r´ epondent pas a ` l’envergure du projet propos´ e. Aussi, en raison de la polymathie cultiv´ ee a ` l’´ epoque m´ edi´ evale, les auteurs poss` edent–ils une culture personnelle beaucoup plus large que ne l’exige leur charge sociale, ´ echappant ainsi a ` une cat´ egorisation pr´ ecise par m´ etier, sauf exception (tels les secr´ etaires, par exemple). Quant a ` l’analyse pouss´ ee du contexte historique et socio-culturel des ´ ecrits, pourtant essentiel pour saisir en profondeur la singularit´ e d’un texte encyclop´ edique, celui-ci doit ˆ etre ´ etudi´ e s´ eparemment pour chaque texte, le contexte variant d’une ´ epoque a ` l’autre et ne se prˆ etant gu` ere a ` la g´ en´ eralisation. C’est bien le crit` ere – pour le moment sch´ ematique – de la structure du contenu qui permet de mesurer, dans un premier temps, la distance entre les genres pr´ e-islamiques et leur ´ elaboration et cat´ egorisation propre au monde iranien. Il sera n´ ecessaire de poursuivre l’´ etude des genres encyclop´ ediques, iraniens et plus largement islamiques, de fa¸con d´ etaill´ ee a ` l’avenir, pour cerner leur sp´ ecificit´ e et originalit´ e, notamment par rapport aux mod` eles grecques. Cette d´ emarche suppose une ´ etude syst´ ematique de tous les textes disponibles ; dans la mesure o` u seul un petit nombre d’encyclop´ edies a b´ en´ efici´ e d’une ´ edition critique, cette ´ etude ne pourra s’affiner que progressivement. 14 Avicenne y traite de la philosophie pratique et sp´ eculative (physique, math´ ematiques, m´ etaphysique et logique), cette derni` ere sous forme de divisions principales (os.u ¯l ) et subalternes/applications (for¯ u ῾). Cf. G. C. Anawati, « Les divisions des sciences intellectuelles d’Avicenne », dans Cahiers du MIDEO, 13 (1977) p. 323-335 ; R. Mimoune, « Epˆıtre sur les parties des Sciences intellectuelles d’Ab¯ u ῾Al¯ı al-H . usayn Ibn Sin¯ a », dans Etudes sur Avicenne, ´ ed. J. Jolivet et R. Rashed, Paris, 1984, p. 143-151. Pour l’influence de Mas¯ıh.¯ı sur ce trait´ e, cf. Endress, « The Cycle of Knowledge... », p. 119.

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Vers une typologie des encyclop´ edies persanes 1. Les encylop´edies g´en´erales 15 est le terme choisi pour d´esigner le genre le plus proche de la conception actuelle de l’encylop´edie16 , si on consid`ere que cette derni`ere vise en premier lieu une certaine exhaustivit´e du savoir disponible (et non une progression du curriculum, au sens grec, `a travers une d´emarche unifi´ee de m´ethode et de structure17 ). Dans le monde islamique, l’exhaustivit´e d’une approche encyclop´edique signifierait donc d’y inclure l’essentiel des sciences pr´e-islamiques et islamiques ; l’analyse de ce type d’encyclop´edies, notamment sous l’angle de la science, est l’objet du pr´esent article (infra, p. 18 sqq). 2. Les encyclop´edies des sciences du secr´etaire – lesquelles se distinguent par la pr´esence d’un certain nombre de sciences secr´etariales – bien que traitant aussi bien des sciences islamiques que pr´e-islamiques, int`egrent, sauf exception, le savoir scientifique de fa¸con in´egale18 . Deux textes arabes sont c´el`ebres pour le monde iranien dans le domaine : le 15 Nous utilisons le terme d’« encyclop´ edie g´ en´ erale », dans un sens diff´ erent de C. Meier, (« Organisation of Knowledge... », p. 126), qui entend par cette expression des encyclop´ edies dont l’auteur ne pr´ ecise pas les lecteurs potentiels, donc destin´ ees simultan´ ement aux divers publics. C. Meier ´ etablit une typologie de la fonction socio-culturelle des ´ ecrits encyclop´ ediques (p. 111 et suivantes), approche qui pour l’heure n’apparaˆıt pas comme d´ eterminante dans le cadre du monde iranien tant nous manquons de pr´ ecisions sur l’utilisation exacte de nos textes (supra, n. 13). 16 C’est M. Welti qui a attir´ e l’attention sur le fait que le premier emploi du mot encyclop´ edie au sens actuel du livre (et non au sens d’un programme de savoir) appartient a ` un ouvrage de 1571, Miscellaneorum (...) sive catholici epistemonis (...), de Schalicius, et non a ` son Encyclopaedia seu orbis disciplinarum, datant de 1559 : cf. M. Welti, « Pavao Skalic (Paulus Schalichius), cr´ eateur du terme encyclopaedia dans son acception moderne et adversaire de Jean Wier », conf´ erence pr´ esent´ ee a ` Croatica Parisiensia (4e simposion international d’´ etudes sur l’aire culturelle croate, Paris, 1987). L’ensemble des donn´ ees a depuis lors ´ et´ e publi´ e dans M. Welti, Die europ¨ aische Sp¨ atrenaissance, Basel, 1998 ; voir par ailleurs : R. L. Fowler, « Encyclopaedias : Definitions and Theoretical Problems », dans Pre-Modern Encyclopaedic Texts, p. 3-30 ; A. Blair, « A Europeanist’s Perspective », dans Organizing Knowledge, ´ ed. Endress, p. 201-213. Pour une comparaison avec l’´ epoque moderne, voir : R. Yeo, Encyclopaedic Visions. Scientific Dictionaries and Enlightenment Culture, Cambridge, 2001. 17 Cf. Hadot, « Philosophie grecque... », p. 37. 18 Ceci est le cas des encyclop´ edies des sciences du secr´ etaire r´ edig´ ees dans le monde arabe, dues parfois aux auteurs d’origine iranienne, tel Ibn Qutayba (m. en 889) : cf. G. Lecomte, « L’introduction du Kit¯ ab Adab al-K¯ atib d’Ibn Qutayba », dans M´ elanges Louis Massignon, Damas, 1957, p. 53 et 60 ; Id., Ibn Qutayba, Damas, 1965, p. 102-106. On trouvera, dans la continuit´ e des sciences secr´ etariales du monde arabe, des ´ el´ ements int´ eressant l’histoire des sciences et des techniques dans Kit¯ ab al-khar¯ aj wa .sin¯ a ῾at al-

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ˇ Ziva Vesel Jaw¯ ami ῾al-῾ul¯ um d’Ibn Far¯ıgh¯ un (r´edig´e entre 938–55, pour les vassaux des Samanides19 , Al-e Mokht¯ aj, en Transoxiane)20, et le Maf¯ at¯ıh. al-῾ul¯ um de Ab¯ u ῾Abdall¯ah al-Khw¯ arazm¯ı (r´edig´e apr`es 977, pour le vizir des Samanides,῾Otb¯ı)21 . Si le premier – dont une des copies manuscrites pr´esente le contenu sous forme d’« arbres » graphiquement ´elabor´es22 – commence seulement `a ˆetre exploit´e pour l’histoire des sciences, le second l’est depuis fort longtemps, pour sa division nette entre les deux groupes et pour l’explicaton du lexique technique de l’´epoque, tr`es riche pour les sciences anciennes. Force est de constater cependant que nous ne poss´edons pas d’encyclop´edies des sciences du secr´etaire en persan ´equivalentes aux deux textes arabes ´evoqu´es. Elles ont pu s’ˆetre perdues, hypoth`ese `a ne pas n´egliger vu le nombre de pillages destructeurs – pour des raisons politiques kit¯ ab de Qud¯ ama b. Ja῾far (r´ ed. ca. 928 – 32) ; les ´ ecrits encyclop´ ediques de g´ eographie administrative (cf. A. Miquel, La g´ eographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du 11e si` ecle, Paris, 1967) ; les encyclop´ edies volumineuses de scribes d’´ epoque mamlouke, notamment de Nuwayr¯ı (XIVe si` ecle) et de Qalqashand¯ı (XVe si` ecle). Pour un aper¸cu des encyclop´ edies arabes en g´ en´ eral, cf. : Ch. Pellat, « Les encyclop´ edies dans le monde arabe », dans Cahiers d’Histoire mondiale, IX, 3 (1966), p. 631-658 [reproduit in Ch. Pellat, Etudes sur l’histoire socio-culturelle de l’Islam, Londres, 1976] ; voir, par ailleurs, les articles de H. Kilpatrick, U. Marzolph, M. van Berkel, et G.J. van Gelder parus dans Pre-Modern Encyclopaedic Texts..., ´ ed. Binkley et Organizing Knowledge, ´ ed. Endress ; pour divers travaux de H.-H. Biesterfeldt, voir infra, n. 76. 19 Pour les dynasties, cf. C.E. Bosworth, The New Islamic Dynasties. A Chronological and Genealogical Manual, Edinburgh, 1996. 20 Ibn Far¯ ıgh¯ un, Jaw¯ ami ῾al-῾ul¯ um, ´ ed. F. Sezgin, Frankfurt/Main, 1995. L’essentiel de la Premi` ere Partie est consacr´ e a ` la grammaire (p. 2-50) et aux sciences secr´ etariales (p. 51-81), dont : arithm´ etique, g´ eom´ etrie, arpentage (p. 69-71). La Seconde Partie (p. 82-165) d´ ebute sur la politique, la morale et la religion. On y trouve un expos´ e de mati` eres philosophique et scientifiques : p. 134 (cat´ egories de sciences) et 143 et suivantes (division de sciences philosophiques ; sciences math´ ematiques, physiques/naturelles et occultes). L’auteur, ´ el` eve d’Ab¯ u Zayd Balkh¯ı, y a peut – ˆ etre reproduit la division des sciences de son maˆıtre – Kit¯ ab aqs¯ am al-῾ul¯ um (Tart¯ıb al-῾ul¯ um) – aujourd’hui perdu. Pour l’importance de Balkh¯ı dans ce contexte, cf. Endress, « The Cycle of Knowledge... », p. 112. 21 Cf. n. 7. Les mati` eres philosophiques et scientifiques y figurent dans la Seconde Partie : 1. division de la philosophie ; 2. logique ; 3. m´ edecine ; 4. arithm´ etique, calcul, alg` ebre ; 5. g´ eom´ etrie ; 6. astronomie ; 7. musique ; 8. m´ ecanique ; 9. alchimie. Voir, au sujet de ces chapitres, les nombreux travaux de E. Wiedemann (cf. A.I. Sabra « alKhw¯ arazm¯ı, Ab¯ u ῾Abdall¯ ah... », dans Encyclop´ edie de l’Islam, t. IV (1978), p. 1100). On trouvera dans la Premi` ere Partie un passage sur « les poids et les mesures » (chap. 1), ainsi qu’un autre sur « l’arpentage » (chap. 4). 22 Tradition remontant a ` Porphyre : cf. J. Van Ess, « Encyclopaedic Activities in the Islamic World : A Few Questions and No Answers », dans Organizing Knowledge, ´ ed. Endress, p. 9.

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ou dogmatiques – qu’a subis l’Iran dans son histoire. Elles ont ´egalement pu disparaˆıtre en raison du manque d’int´erˆet qu’elles repr´esentaient pour des professionnels, qui ne les auraient plus recopi´ees. Il est certain qu’avec la constitution de la langue persane au Xe si`ecle et de sa progressive utilisation dans l’administration, les secr´etaires ont eu recours `a un registre beaucoup plus large d’´ecrits, allant des trait´es sp´ecialis´es aux anthologies de sujets vari´es, et que divers probl`emes (vocabulaire, division des sciences, formules d’usage, etc.), ´etaient apparemment r´esolus en ayant recours `a toute une biblioth`eque et non seulement `a quelques manuels. D’ailleurs, quand les secr´etaires ´ecrivent en persan, ils le font visiblement pour approfondir un domaine dont ils ont plus particuli`erement la charge23 – aspect qui m´eriterait une ´etude `a part – et non pour constituer une encyclop´edie de l’int´egralit´e de leur savoir.

3. Les encyclop´edies de sciences religieuses abritent dans le monde iranien des textes arabes aussi diff´erents que l’Ih.y¯ a de Ghaz¯al¯ı et le Bih.a ¯r al-anw¯ ar de Majles¯ı24, et cette diversit´e se refl`ete ´egalement dans les textes persans ` a travers l’histoire. Il s’agit dans l’ensemble d’un genre fort int´eressant pour l’´etude de la science, ´etant donn´e sa sp´ecificit´e qui consiste `a ´etudier les mati`eres scientifiques essentiellement sous l’angle de la loi religieuse. Ce trait n’exclut pas l’int´erˆet des auteurs pour les sciences occultes, lesquelles figurent d’ailleurs r´eguli`erement dans les classifications d’´epoque parmi les subdivisions des sciences physiques et math´ematiques. Deux exemples de textes persans du XIIe si`ecle illustrent bien la diversit´e de l’approche des mati`eres religieuses : bien qu’ils soient r´edig´es, l’un comme l’autre, par des religieux orthodoxes pour des gouverneurs locaux, ils divergent n´eanmoins pour le genre litt´eraire. Le premier, Bah.r al-fav¯ a ᾿ed 25 , dˆ u` a un auteur ash‘arite anonyme et r´edig´e pour le 23 Les historiens signalent r´ eguli` erement ce type de sources. Citons a ` titre d’exemple N¯ ur¯ı ´ ecrivant un compendium d’agriculture dont il avait la charge sous les Qajars : Moh.. Y¯ usef N¯ ur¯ı, Maf¯ at¯ıh. al-arz¯ aq y¯ a kel¯ıd dar ganjh¯ a-ye gohar, ´ ed. H. Saedlu, avec la collaboration de M. Qommi-Nezhad, 3 volumes, T´ eh´ eran, 1381-83 sh. Pour approfondir la question, voir par ex. : A. Taffazzoli et H. Rajabzadeh, « Dab¯ır », dans Encyclopaedia Iranica, vol. VI, fasc. 5 (1993), p. 534-539 ; E.C. Bosworth, « D¯ıv¯ an », dans Encyclopaedia Iranica, vol. VII, fasc. 4 (1995), p. 432-438. 24 Cf. E. Kohlberg, « Beha ar », dans Encyclopaedia Iranica, vol. IV, fasc. 1 . ¯r al-Anw¯ (1989), p. 90-93. 25 [anon.] Bahr al-fav¯ ¯ h, T´ a᾿ ed, ´ ed. M.T. Danesh-Pazhu eh´ eran, 1345 sh. ; The Sea . of Precious Virtues (Bah.r al-Fav¯ a᾿ id) : or Medieval Islamic Mirror for Princes, trad. et annot. par J. Scott Meisami, Salt Lake city, 1991.

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ˇ Ziva Vesel gouverneur d’Alep entre 1157-1162, traite – en trois cents sections r´eparties en trente-six chapitres – de la morale religieuse selon Ghaz¯al¯ı de l’adab du domaine des « conseils au roi »26 . Quelques « sciences » seulement, ´evoqu´ees c¸a et l`a, viennent agr´ementer la lecture : r´ecits de merveilles (῾aj¯ ayeb), gemmes, m´etaux, oniromancie, palmomancie (ekhtel¯ aj ). Le deuxi`eme texte, Yav¯ aq¯ıt al-῾ol¯ um27 , ´egalement anonyme, est en revanche tout ` a fait fondamental pour l’histoire des sciences. R´edig´ee avant 573/1177, pour un gouverneur seljuqide de Qazvin, cette encyclop´edie se compose enti`erement de questions et de r´eponses, `a raison de douze questions par chapitre (« certaines faciles, d’autres difficiles » et dont la plupart ont ´et´e soulev´ees « devant les califes et dans les assembl´ees illustres »), ces derniers au nombre de trente pour traiter de trente sciences « qui ne sont pas d´esapprouv´ees par la religion », (introd., p. 5 et suivantes). Plusieurs chapitres plac´es vers la fin du livre rel`event du domaine scientifique au sens m´edi´eval : oniromancie, incantations (ruqy¯ a va afs¯ unh¯ a ), m´edecine, agriculture, astronomie/astrologie, arpentage, calcul, divination et augures (f¯ al va zejr ).

4. Les encyclop´edies de sciences philosophiques organisent les mati`eres – dont les savoirs scientifiques – par d´efinition dans le cadre de la classification de l’´ecole expos´ee ou, du moins, de l’´ecole partiellement suivie (aristot´elicienne, pythagoricienne etc.), et se rapprochent ainsi de la signification du mot grec, au sens o` u l’entend I. Hadot. En principe, elles ne traitent pas, ou fort peu, des sciences islamiques mais d´eveloppent `a l’int´erieur du sch´ema philosophique, et de fa¸con cons´equente, les aspects th´eoriques des sciences physiques et math´ematiques. Les textes arabes du monde iranien sont bien connus, dont ceux `a tendence aristot´elicienne d’Avicenne, al-Shif¯ a᾿ et al-N¯ aj¯ at. Le r´esum´e persan fait par Avicenne de ses propres œuvres arabes du domaine, le D¯ anesh-n¯ ame-ye ῾Al¯ a ᾿ ¯ı 28 – 26 Cf. C.-H. De Fouchecour, Moralia. Les notions morales dans la litt´ erature persane du 3e /9e au 7e /13e si` ecle, Paris, 1986, p. 263-275. 27 [anon.] Yav¯ ¯ h, T´ aq¯ıt al-῾ol¯ um va dar¯ ar¯ı al-noj¯ um, ´ ed. M.T. Danesh-Pazhu eh´ eran, 1345 sh. 28 Ab¯ u ῾Al¯ı S¯ın¯ a, D¯ anesh-n¯ ame-ye ῾Al¯ a ᾿¯ı, 3 volumes [Res¯ ale-ye Mant.eq, Tab¯ı ῾iyy¯ at, El¯ ahiyy¯ at], ´ ed. M Mo’in & M. Meshkat, T´ eh´ eran, 1331 sh. ; Le livre de science, trad. M. Achena & H. Masse, Paris, 1986. La partie math´ ematique avait ´ et´ e reconstitu´ ee et compl´ et´ ee apr` es la mort d’Avicenne par son disciple Jozj¯ an¯ı. On trouvera l’essentiel des r´ ef´ erences bibliographiques ainsi qu’une synth` ese de l’ensemble de l’œuvre encyclop´ edique de l’auteur dans l’article collectif « Avicenna », dans Encycl. Iranica, vol. III, fasc. 1 (1987), p. 66-110.

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´ecrit pour le prince bouide [kakouide] ῾Al¯ a᾿ al-dawla Moh.ammed b. Doshmanzy¯ar, `a Isfahan, entre 1023-1037, est c´el`ebre pour l’effort de l’auteur `a constituer un vocabulaire persan de philosophie ; l’ouvrage comporterait par ailleurs des aspects originaux dans l’expos´e de la logique, physique et m´etaphysique29 . Le Dorrat al-t¯ aj de Qot.b al-d¯ın Sh¯ır¯ az¯ı 30 – disciple de Nas.¯ır al-d¯ın T.u ¯ s¯ı et membre de l’observatoire de Maraghe – r´edig´e entre 1294-1306 pour un roitelet du Gilan – est particuli`eremment riche dans son expos´e du quadrivium. Pour l’aspect isma´elien et iranien de certains auteurs pr´esum´es, on doit y classer ´egalement l’encyclop´edie arabe `a tendance pythagoricienne, les Ras¯ a᾿il des Ikhw¯an al-S.af¯ a᾿, dont on poss`ede la traduction persane d’un abr´eg´e arabe, sous le titre de Mujmal al-h.ekma 31 au contenu fort technique, qui reproduit les principales divisions d’origine (h.ekmiyy¯ at, .tab¯ı ῾yy¯ at, nafsaniyy¯ at, el¯ ahiyy¯ at). Certaines versions de cette traduction anonyme, dont la plus ancienne copie connue date de 1268-9, contiennent la d´edicace ` a Tamerlan.

5. Les encyclop´edies [et ouvrages a ` caract`ere encyclop´edique] a ` mati`ere, exclusivement ou majoritairement, scientifique se rattachent comme genre aux encyclop´edies de philosophie puisqu’elles en tiennent la r´epartition des mati`eres, sans pour autant retenir leur approche sp´eculative (notamment pour ce qui est du principe de classification ou bien de la pr´esence de la m´etaphysique). De teneur scientifique fort variable, il est difficile de consid´erer l’ensemble de ces ´ecrits comme « populaires » mais davantage comme une « litt´erature de vulgarisation », laquelle ´etait apparemment circonscrite aux couches ais´ees de la soci´et´e. Ces ouvrages privil´egient les branches subalternes et appliqu´ees (for¯ u ῾), ainsi que nombre de savoirs occultes, et visent ` a la fois l’utilit´e et la nouveaut´e du savoir, et par ailleurs l’agr´ement. On ne saurait y rattacher les ouvrages `a caract´ere encyclop´edique traitant d’une discipline en particulier telle l’astrologie32 29 Cf.

l’introduction et les commentaires de M. Achena dans Avicenne, Le livre de science ; Id, in « Avicenna. XI. Persian Works », dans Encyclopaedia Iranica, op. cit., p. 99-102. 30 Qotb al-d¯ ın Sh¯ır¯ az¯ı, Dorrat al-t¯ aj li ghorrat al-Deb¯ aj, ´ ed. M. Meshkat, T´ eh´ eran, . 1317-20 H.q. (2 tomes). 31 [anon.] Mujmal al-hekma, ´ ed. M.T. Danesh-Pazhuh & I. Afshar, T´ eh´ eran, 1375 . sh. 32 Citons n´ eanmoins pour le domaine de l’astrologie deux manuels particuli` erement exhaustifs. Premi` erement : al-Tafh¯ım de B¯ır¯ un¯ı [The Book on Instruction in the Elements of the Art of Astrology by Ab¯ u᾿l-Rayh.¯ an (...) al-B¯ır¯ un¯ı ; traduit de l’arabe

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ˇ Ziva Vesel ou la m´edecine33 ; aussi importants qu’ils soient pour le domaine des sciences, notamment en mati`ere de m´ecenat, ils sortent de notre propos. a) Dans le registre des encyclop´edies ` a mati`ere scientifique on peut citer plusieurs exemples d’encyclop´edies persanes traitant, de fa¸con relativement exhaustive et sous un mˆeme volume, `a la fois des sciences physiques et des sciences math´ematiques, accessoirement de la logique. Le Nav¯ ader al-tab¯ ador 34 r´edig´e en 1270-71 par Shams al-d¯ın Donaysir¯ı pour un gouverneur de Qar¯ a H ar est un texte de bonne teneur scientifique `a cet . is.¯ ´egard ; d’ailleurs, l’auteur produit une liste instructive de ses sources, arabes et persanes, ` a la fin du volume35 . L’auteur du Nozhat-n¯ ame-ye ῾Al¯ a᾿ ¯ı, Shahmard¯ an b. Ab¯ı al-Kheyr36, un fonctionnaire des finances, compile, quant ` a lui, ses propres livres qu’il a r´edig´es en arabe, afin de construire une encyclop´edie en trois parties. Il consacre la premi`ere partie aux « propri´et´es, qualit´es et utilit´es » (khav¯ as.s., .tab¯ aye῾ va man¯ afe῾) des « trois r`egnes de la nature » ; la seconde ` a l’astronomie physique, sciences math´ematiques dont l’astrologie37 ; la troisi`eme `a l’univers physique, aux sciences naturelles et occultes, et aux quelques techniques. Shahmard¯an par R.R. Wright, Londres, 1934], dont la version persane du texte, peut-ˆ etre r´ edig´ e par l’auteur lui-mˆ eme, pr´ esente l’ensemble du contenu sous forme de questions et de r´ eponses (´ ed. J. Homa’i, T´ eh´ eran, 1367 sh.). Deuxi` emement : Shahmard¯ an b. Ab¯ı alKheyr est l’auteur a ` son tour d’un Rowd.at al-monajjem¯ın tr` es complet, r´ edig´ e entre 1073-81, o` u l’on trouve une section enti` ere consacr´ ee aux questions et r´ eponses (cf. ´ ed. J. Akhavan Zanjani, T´ eh´ eran, 1382 sh., p. 115-134 ; Zanj¯ an¯ı a ´ edit´ e par ailleurs un manuscrit du mˆ eme ouvrage en facsimile : T´ eh´ eran, 1368 sh.) ; pour une autre œuvre de l’auteur voir infra, n. 36. 33 Dans le registre d’´ ecrits encyclop´ ediques du domaine, outre les encyclop´ edies m´ edicales bien connues (de Rhaz` es, Maj¯ us¯ı, Avicenne, etc. en arabe ; de Gorg¯ an¯ı, en persan), on peut citer ´ egalement les trait´ es « encyclop´ ediques » en vers : Avicenne, Le po` eme de m´ edecine (´ ed. et trad. de l’arabe, H. Jahier & A. Noureddine, Paris, 1956) et le D¯ anesh-n¯ ame-ye Meysar¯ı, r´ edig´ e en 980 ad (´ ed. M. Barat Zanjani, T´ eh´ eran, 1366 sh. ; partiellement traduit du persan par G. Lazard dans Les premiers po` etes persans, T´ eh´ eran, 1964, tome I : p. 178-194, tome II : p. 163-180). 34 Shams al-d¯ ın Donaysir¯ı, Nav¯ ader al-tab¯ ador li toh.fe al-Bah¯ ador, ´ ed. I. Afshar & M.T. Danesh-Pazhuh, T´ eh´ eran, 1350 sh. 35 Nav¯ ader, p. 278-9, pour les sources. 36 Shahmard¯ an b. Ab¯ı al-Kheyr, Nozhat-n¯ ame-ye ῾Al¯ a᾿¯ı, ´ ed. F. Jahanpur, T´ eh´ eran, 1362 sh. ; G. Lazard, « Un amateur de sciences au Ve si` ecle de l’H´ egire. Shahmard¯ an de Rai », dans M´ elanges H. Mass´ e, T´ eh´ eran, 1963, p. 219-228. Pour la version illustr´ ee, cf. R¨ uhrdanz, « Popul¨ are Naturkunde... ». Pour la typologie, il a ´ et´ e pris en compte la section des sciences math´ ematiques dans Nozhat – en d´ epit de sa bri` evet´ e – dans la mesure o` u Shahmard¯ an est fonctionnaire des finances, ´ el`eve de ῾Al¯ı Nasav¯ı et auteur d’un compendium de science astrologique (supra, n. 32). 37 Pour l’int´ erˆ et que l’auteur portait au domaine, cf. n. 32.

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n’h´esite pas `a y ins´erer occasionnellement des passages puis´es dans la litt´erature persane ainsi que dans la tradition shiite. C’est ainsi que, grˆace `a lui, environ cent ans apr`es le D¯ anesh-n¯ ame d’Avicenne, une encyclop´edie est `a nouveau destin´ee ` a un prince kakouide : le Nozhat-n¯ ame de Shahmard¯an, est en effet ´ecrit, entre 1113-20, pour le gouverneur de Yazd, ῾Al¯a᾿ al-dawla B¯a K¯ alij¯ar Gersh¯asp. Les deux rubriques typologiques qui suivent traitent exclusivement des genres issus des sciences physiques au sens large38 . On n’a pas consacr´e, sym´etriquement, une rubrique aux ´ecrits encyclop´ediques issus des sciences math´ematiques. D’abord, parce qu’apparemment il n‘y a pas d’encyclop´edie ind´ependante qui traiterait du quadrivium au complet ; le domaine a ´evolu´e vers les ´ecrits sp´ecialis´es. Ensuite parce que ce sont les sciences physiques qui s’av`erent ˆetre particuli`erement charg´ees des diverses repr´esentations du monde, notamment dans l’esprit du cosmos vivant d’origine pr´e-islamique. Ces ´ecrits drainent par cons´equent volontiers des para-textes de toute sorte, y compris iraniens pr´e-islamiques et se prˆetent tout particuli`erement ` a l’illustration. Comme il s’agit d’un genre particuli`erement vari´e et ´evolutif, il nous a sembl´e devoir en constituer une cat´egorie ` a part, sous la forme des deux subdivisions qui suivent.

b) Les ouvrages ` a caract`ere encyclop´edique de grande envergure, comme cosmographies, ou encore histoires universelles, peuvent v´ehiculer d’importants renseignements sur les connaissances de l’univers supra et sublunaire et des trois r`egnes de la nature, puisque le genre s’inspire en partie de la structure du corpus aristot´elicien de la Physique diversement adapt´e aux mat´eriaux islamiques. Les sources pr´e-islamiques ainsi que le lien entre les deux mod`eles ont ´et´e magistralement ´etudi´es par B. Radtke39 . Pour le monde iranien on retiendra, pour les textes arabes d’histoire universelle comptant pour la science, le Kit¯ ab al-bad῾ wa al-t ᾿ar¯ıkh de Maqdis¯ı (r´ed. 966)40 , et pour les textes arabes de cosmographie, l’Aj¯ a᾿ib 38 L’´ etude remarquable de M. Ullmann, Die Natur- und Geheimwissenschaften im Islam, Leiden, 1972, contribue grandement a ` une telle approche. 39 B. Radtke, Weltgeschichte und Weltbeschreibung im mittelalterichen Islam, Beirut-Stuttgart, 1992 ; Id, « Die ¨ alteste islamische Kosmographie : Muh.ammad-i T ¯s¯ıs ῾Aˇ g¯ a᾿ib al-mahluq¯ at », dans Der Islam, 2 (1987), p. 278-288 ; Id, « Persian Cos.u ˇ ır, and Nestorian Exegesis », dans La science dans le monde mography, Early Tafs¯ ˇ Vesel et al., T´ iranien ` a l’´ epoque islamique, ´ ed. Z. eh´ eran, 1998, p. 323-335. 40 M. Tahmi, L’encyclop´ edisme musulman ` a l’ˆ age classique : le « Livre de la cr´ eation et de l’histoire » de Maqdis¯ı, Paris, 1998.

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ˇ Ziva Vesel al-makhl¯ uq¯ at wa ghar¯ a᾿ib al-mowj¯ ud¯ at de Zakariyy¯ a᾿ b. Moh.. Qazv¯ın¯ı (m. 1283)41. Il existe par ailleurs, une chaˆıne de textes cosmographiques en persan de r´edaction originale, depuis la version persane ind´ependante d’῾Aj¯ ayeb al-makhl¯ uq¯ at par Moh.ammad T ¯ s¯ı 42 , r´edig´ee entre 1167-78 .u pour un gouverneur seljuqide, jusqu’au Nozhat al-qol¯ ub de H . amdoll¯ah Mostowf¯ı Qazw¯ın¯ı, compos´e en 134043, pour ne citer que les plus anciens. Si le texte de Moh.ammad T.u ¯ s¯ı insiste avant tout sur divers r´ecits, les mirabilia et les « propri´et´es » (khav¯ as.s.)44 , celui de H . amdoll¯ah Mostowf¯ı est plus sobre, remarquable pour la liste des sources dans l’introduction ainsi que pour les sections d´etaill´ees sur la g´eographie et la zoologie45. Les cosmographies du monde iranien appellent en particulier des commentaires sur l’illustration : l’A᾿¯ ayeb de Qazv¯ın¯ı a connu des styles d’illustration diff´erents qu’il s’agisse des copies manuscrites de l’original arabe ou de la traduction persane46 ; cette derni`ere se caract´erise, parmi un grand nombre de traits sp´ecifiques, par la repr´esentation des signes du zodiaque et des plan`etes dans des cercles, et par la figure de Jupiter tenant un astrolabe (Ill. 1)47 pour ce qui est des manuscrits turkm`enes (fin du XVe s.) 41 Edition par E. W¨ ustenfeld, G¨ ottingen, 1849, et par Farug Sa‘d, Beyrouth, 1973. Voir Syrinx von Hees, Enzyklop¨ adie als Spiegel des Weltbildes, Wiesbaden, 2002. Pour un d´ ebat sur le genre fluctuant que repr´ esente l’ouvrage de Qazv¯ın¯ı, entre cosmographie et encyclop´ edie de sciences naturelles, cf. S. von Hees, « Al-Qazv¯ın¯ı’s Aj¯ a᾿ ib almakhl¯ uq¯ at : An Encyclopaedia of Natural History ? », dans Organizing Knowledge..., ´ ed. Endress, p. 171-186. 42 Mohammad b. Ahmad Tu ayeb al-makhl¯ uq¯ at, ´ ed. M. Sotude, T´ eh´ eran, 1345 . . . ¯s¯ı, ῾Aj¯ sh. ; Moh.ammad b. Mah.m¯ ud Hamed¯ an¯ı, ῾Aj¯ ayeb-n¯ ame, ´ ed. J. M. Sadeqi, T´ eh´ eran, 1375 sh. 43 Hamdoll¯ ah Mostowf¯ı, Nozhat al-qol¯ ub, texte lithographi´ e, Bombay, 1894. . 44 Ullmann, Die Natur, p. 393 et suivantes. 45 Pour la traduction des sections sur la g´ eographie et la zoologie, cf. C.A. Storey, Persian Literature. A Bio-Bibliographical Survey, Londres, 1972, vol. II, Part 1, D, p. 129-131 (n. 190). 46 Il existe une ´ edition non critique d’une version persane ancienne, par N. Sobuhi (T´ eh´ eran, 1361 sh.). Pour le rapport entre les versions arabes et persanes des cosmographies de Moh.. T ¯s¯ı et de Qazv¯ın¯ı, voir les articles fondamentaux de K. R¨ uhr.u danz : « Qazw¯ın¯ı’s Aj¯ a᾿ib al-makhl¯ uq¯ at in Illustrated Timurid Manuscripts », dans Iran. Questions et connaissances, ´ ed. M. Szuppe, Paris, 2002, Vol. II, p. 473-484 (Cahiers de Studia Iranica, 26) ; Id, « Illustrated PersianAj¯ a᾿ ib al-makhl¯ uq¯ at Manuscripts and their Function in Early Modern Times », dans Society and Culture in the Early Modern Middle East, ´ ed. A.J. Newman, Leiden, 2003, p. 33-47 ; Id, « Popul¨ are Naturkunde illustriert : Text und Bild in Persischen Aj¯ a᾿ib-Handschriften sp¨ atjala’iridischer und fr¨ uhtimuridischer Zeit », dans Studia Iranica, 34, 2 (2005), p. 231-256 ; voir aussi n. 48. 47 A. Caiozzo, « Le zodiaque dans les cosmographies en persan d’´ epoque m´ edi´ evale », dans Sciences, techniques et instruments dans le monde iranien (Xe -XIXe

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Les encyclop´ edies persanes : culture scientifique en langue vernaculaire

et de leur post´erit´e. Les traductions persanes des ῾Aj¯ ayeb de Qazv¯ın¯ı, ainsi que le texte du Nozhat al-qol¯ ub, ont ´et´e ´egalement illustr´es en ´edition lithographi´ee. Contrairement ` a Qazv¯ın¯ı, les copies illustr´ees des ῾Aj¯ ayeb du 48 XIIe si`ecle de Moh.ammad T u ¯ s¯ ı sont rares ; elles s’av` e rent cependant . fondamentales. Celle d’´epoque jalayeride, dat´ee de 1388 (Biblioth`eque nationale de France, Paris : MS Suppl. persan 332), pr´esente de toute ´evidence les traits picturaux archa¨ıques49 ; la r´edaction originale du texte portant de son cˆ ot´e les archa¨ısmes50. Par la suite, les auteurs iraniens reprendront volontiers le sch´ema cosmographique pour le traiter en persan, soit dans l’esprit des « r´ecits de merveilles » (par ex. Majma᾿ al-ghar¯ ayeb r´edig´e ca. 1528-9 par Solt.¯ an Moh.ammad Balkh¯ı 51 ), soit dans l’esprit d’une description scientifique de l’univers, parfois r´eduite `a la descripˇ Vesel, T´ si` ecles), ´ ed. N. Pourjavady & Z. eh´ eran, IFRI-PUI, 2004, p. 123-161. Je remercie Sergei Tourkin d’avoir attir´ e mon attention sur les MSS reproduisant l’image inhabituelle de Jupiter, tenant un astrolabe, dans nombre de versions persanes de Qazv¯ın¯ı dont il a eu l’amabilit´ e de me communiquer une premi` ere liste [BnF, Paris : MS Suppl. pers.1781, f.22r ; MS Suppl. pers. 2051, fol. 16r ; Bodleian Library, Oxford : ¨ MS pers. D. 61, fol. 17v ; MS Laud. or. 132, fol. 12r ; Osterr. Nat. Bibl., Vienne : MS Mixt. 423, fol. 18v ; MS N.F. fol. 22a ; Leiden University Library : MS Or. 8907, fol. 16r], ainsi que par ex. dans l’Horoscope du prince timouride Eskandar-Solt.a ˆn (cf. S. Tourkin, « Astrological Images in Two Persian Manuscripts », dans Pearls of the Orient, Asian Treasures from the Wellcome Library, ´ ed. N. Allan, Londres, 2003, p. 69-81). 48 Voir par ex. K. R¨ uhrdanz, « An Ottoman illustrated version of Muh.ammad alT u ¯ g¯ a᾿ ib al-Makhl¯ uq¯ at », dans M´ elanges Machiel Kiel, ´ ed. A. Temimi, Zaghouan, . s¯ı’s ῾Aˇ 1999, p. 455-475. 49 A. Caiozzo, « Une conception originale des cieux, plan` etes et zodiaque d’une cosmographie jalayeride », dans Annales Islamologiques, 37 (2003), p. 59-78. 50 L’auteur, Mohammad Tu am-e g¯ıt¯ı-nam¯ a (« La . . ¯s¯ı, intitule son texte, entre autres, J¯ coupe qui refl` ete le monde » ; voir par ex. Moh.. [T ¯s¯ı] Hamed¯ an¯ı, ῾Aj¯ ayeb-n¯ ame, n. 42, .u p. 1- 11). Cet objet, li´ e aux rois l´ egendaires d’Iran et bien connu dans la po´ esie persane [et par ailleurs parfois d´ esign´ e–a ` tort ? – en tant que terme pehlevi pour l’astrolabe sph´ erique : cf. Moh.. b. Ayy¯ ub T ab ma᾿ rrˆ uf be Shesh Fas.l (...), . abar¯ı, Ma᾿rifat-e ost.orl¯ T´ eh´ eran, ´ ed. M. Amin-Riyahi, 1373 sh., p. 57 ; pour cet auteur, voir aussi note 59] ´ etait devenu ´ egalement un titre g´ en´ erique [parfois dit J¯ am-e jah¯ an-nam¯ a ] pour un certain nombre d’ouvrages, arabes et persans, r´ edig´ es a ` l’´ epoque islamique en Iran. Dans la mesure o` u ceux-ci traitent soit de la cosmographie, soit de la philosophie, soit des deux a ` la fois, il n’est pas exclu qu’il puisse s’agir de la r´ eminiscence de th` emes pr´ esents dans la philosophie et la litt´ erature romanesque grecques d’´ epoque hell´ enistique et imp´ eriale, en particulier la topique du voyage cosmique o` u le philosophe contemple le monde ou celle du miroir qui permet, comme dans la fiction de Lucien, de voir depuis la lune l’ensemble de la terre (voir Christian Jacob, D´ edale g´ eographe, a ` paraˆıtre). Nous aurions l` a un des cas pr´ ecis d’´ elaboration encyclop´ edique sp´ ecifiquement iranienne des mat´ eriaux pr´ e-islamiques. 51 Storey, Persian Literature..., p. 135-7 (n. 199).

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ˇ Ziva Vesel tion des sciences qui s’y rattachent (D¯ anesh-n¯ ame-ye jah¯ an de Ghiy¯ath al-d¯ın ῾Al¯ı Es.fah¯an¯ı, r´edig´e en 1466-752 ; Oq¯ ul al-῾ashara de Moh.ammad Bar¯ar¯ı ῾Omm¯ı, compos´e en 1673-7453, etc.). Les deux premiers exemples avaient ´et´e ´ecrits pour des souverains locaux d’Asie centrale, le troisi`eme en Inde : des ´ecrits semblables se sont diffus´es `a une grande ´echelle `a l’int´erieur du monde iranien, et on peut consid´erer les cosmographies physiques54 comme un genre populaire.

Ill. 1. « Jupiter et Saturne » dans la traduction persane de la cosmographie « Merveilles de la Cr´ eation » (῾Aj¯ ayeb al-makhl¯ uq¯ at) de Zakariy¯ a᾿b. Moh.ammad Qazv¯ın¯ı (m. 1283). Paris, BNF, MS Suppl´ ement Persan 1781, fol. 22 ; copie dat´ ee 1488.

52 Storey, Persian Literature..., p. 357-8 (n. 595) ; cf. W. Pertsch, Verzeichniss der persischen Handschriften der K¨ oniglichen Bibliothek zu Berlin, Berlin, 1888, p. 372-3. 53 Storey, Persian Literature..., p. 361 (n. 600). 54 Par opposition aux cosmographies math´ ematiques (hay᾿ a) reserv´ ees aux ´ erudits.

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Les encyclop´ edies persanes : culture scientifique en langue vernaculaire

c) On classe sous la rubrique des encyclop´edies de sciences naturelles et occultes des compilations qui traitent des trois r`egnes de la nature (maw¯ al¯ıd thal¯ atha) en d´etail, et le font dans un esprit davantage descriptif que narratif en compilant des donn´ees fort vari´ees. Ces ´ecrits peuvent se rattacher aux diff´erents genres. Une ´evolution particuli`ere de la cosmographie est visible dans un recueil de sciences naturelles d’une richesse rare datant du d´ebut du XVIIIe si`ecle, r´edig´e par Hed¯ayatall¯ ah ibn Moh.ammad Moh.sen Qoreysh¯ı H¯ ashem¯ı Ja῾far¯ı, pour le moghol Awrengzeb (1659-1707). Mˆeme si le cadre de l’ouvrage garde les ´el´ements d’une cosmographie – y compris dans le titre, Farhang-e ῾aj¯ ayeb al-h.aq¯ ayeqe Awrangsh¯ ah¯ı, que l’auteur donne lui-mˆeme au livre55 – l’essentiel du recueil d´ecrit les plantes, les animaux, etc. de fa¸con encyclop´edique : propri´et´es physiques, m´edicinales et occultes, leur nom en diff´erentes langues, production agricole, sources en prose et en po´esie `a leur sujets, etc. Le Farhang-e Awrangsh¯ ah¯ı n’est pourtant pas une version tardive et r´egionalis´ee de Dioscoride56 en d´epit de nombreuses illustrations qu’il contient : l’ouvrage s’en distingue, entre autres, par sa compilation quasi exhaustive de sources persanes ant´erieures en mati`ere de sciences naturelles. Le Farrokh-n¯ ame-ye Jam¯ al¯ı de Jam¯al¯ı Yazd¯ı r´edig´e en 1185 – pour un vizir non identifi´e57 – est d’envergure plus modeste : la description des trois r`egnes int`egre essentiellement les qualiti´es m´edicinales et occultes. Parfois joliment illustr´e58 , le Farrokh-n¯ ame se classerait davantage parmi les livres de recettes, d’un expos´e agr´eable. Il en est de mˆeme pour un trait´e ancien des mirabilia et de khav¯ as.s., Toh.fe al-ghar¯ ayeb 59 , du XIIe si`ecle. Ci55 Storey,

Persian Literature..., p. 443 (n. 770). une compilation faite au Kashmir au XIXe si` ecle, proche de Dioscoride, cf. A. Naushahi, « Timth¯ al-i ashy¯ a ᾿ va azh¯ ar al-adviya... », dans La science dans le monde iranien, p. 279-290. 57 Jam¯ al¯ı Yazd¯ı, A. B. M., Farrokh-n¯ ame-ye Jam¯ al¯ı, ´ ed. I. Afshar, 1346 sh. D’apr` es l’auteur, le livre est ´ egalement ´ ecrit a ` l’adresse de son fils. En d´ epit de la section sur l’astrologie, trait´ ee dans l’esprit des sciences occultes, on maintient le classement du Farrokh-n¯ ame – du point de vue typologique – a ` l’int´ erieur des encyclop´edies consacr´ ees principalement aux trois r` egnes. 58 A ce sujet il convient de citer en particulier trois MSS persans illustr´ es dans le domaine des sciences naturelles, reli´ es ensemble en un seul volume : le Nozhat-n¯ ame-ye ῾Al¯ a ᾿¯ı de Shahmard¯ an (cf. n. 36), le Farrokh-n¯ ame, et le Res¯ ale-ye K¯ ateb-e Baghd¯ ad¯ı (MS Blacker-Wood W 58, conserv´ e a ` Universit´ e McGill de Montr´ eal ; cf. A. Gacek, Persian Manuscripts in the Libraries of McGill University. Brief Union Catalogue, Montreal, 2005 ; cf. p. 35-7 (n. 64) ; p. 108-9 (n. 201) ; p. 121 (n. 228) ; voir aussi R¨ uhrdanz, « Popul¨ are Naturkunde... ». 59 Tohfe al-ghar¯ ayeb [attribu´ e a ` Moh.. b. Ayy¯ ub T ed. J. Matin¯ı, T´ eh´ eran, . . abar¯ı], ´ 1381 sh., texte cit´ ea ` plusieurs reprises par Qazv¯ın¯ı ; l’origine du trait´ e est probable56 Pour

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ˇ Ziva Vesel tons dans un registre tout ` a fait diff´erent l’exemple rare d’une volumineuse encyclop´edie d’agriculture, Maf¯ at¯ıh. al-arz¯ aq, ´ecrite au XIXe si`ecle par un secr´etaire/intendant (mostowf¯ı) shiite en charge de ce domaine sous les Qajars a Shiraz, Moh.ammad Y¯ usef N¯ ur¯ı60 . M´ediocrement illustr´ee, cette compilation est n´enamoins d’un grand int´erˆet pour la connaissance des plantes et des animaux ainsi que pour la vari´et´e de sujets qu’elle contient `a la fa¸con d’un almanach : calendrier, obligations religieuses, vie quotidienne, astrologie, sant´e, citations en persan et en arabe, courts passages litt´eraires, talismans, etc.

6. Les encyclopedies des techniques du monde iranien repr´esentent `a leur tour un v´eritable genre encyclop´edique qui peut combiner les sujets anciens, pr´esents dans les textes classiques, et modernes comme l’introduction de la photographie. Comme l’a d´emontr´e Iraj Afshar en r´eunissant l’essentiel des sources61 , ce type de litt´erature est particuli`erement bien repr´esent´e en persan. Dans la mesure o` u le genre attend encore une ´etude syst´ematique, on se limitera ` a signaler, dans ce cadre, deux textes tardifs : d’une part, l’encyclop´edie d’agriculture pr´ec´edemment ´evoqu´ee, le Maf¯ at¯ıh. al-arz¯ aq de N¯ ur¯ı, d’´epoque qajar, laquelle repr´esente une compilation exhaustive des techniques agricoles traditionnelles (liste des plantes cultiv´ees, pr´eservation des graines, engrais, techniques d’irrigation, horticulture, etc.). D’autre part, le Mat.la῾ al-῾ol¯ um fi majma῾ al-fon¯ un de V¯ ajed ῾Al¯ı Kh¯ an, r´edig´e en Inde, en 1845-4662 : l’auteur a le m´erite de forger un mod`ele encyclop´edique original en r´eservant la premi`ere partie aux sciences islamiques et pr´e-islamiques, et la seconde enti`erement aux techniques. Le texte n’a pas d’´equivalent dans la mesure ment ancienne (cf. G. Lazard, La langue des plus anciens monuments de la prose persane, Paris, 1960, p. 33 n. 18). Pour la place du Toh.fe dans le genre d’aj¯ ayeb, cf. R¨ uhrdanz, « Popul¨ are Naturkunde... », p. 235-36. Du point de vue typologique, on ne tient pas compte dans Toh.fe de la br` eve section qui rel` eve de l’ensemble des « r´ ecits de merveilles », le texte nous semble correspondre davantage a ` la description des seuls trois r` egnes sous l’angle occulte. 60 Moh. Y. N¯ ur¯ı, Maf¯ at¯ıh. al-arz¯ aq, 3 vols. (supra, n. 23). . 61 Pour un survol : I. Afshar, « La notion des ‘sciences appliqu´ ees’ dans les textes classiques persans », dans La science dans le monde iranien, p. 155-164 ; et, dans le mˆ eme volume, F. Afkari, « The Unique Persian Manuscript of Kafsh al-S ayi ῾ . an¯ e e of ῾Al¯ı H . usayn¯ı : The Treasure of Old and New Craftsmanship in 13 /19 -Century Iran », p. 205-209. Voir, par ailleurs, la publication du texte lithographi´ e de Ganj¯ıneye Fon¯ un,T´ eh´ eran, Biblioth` eque Centrale de l’Universit´ e de T´eh´ eran, 1381 sh. 62 Storey, Persian Literature..., p. 366-67 (nr 613).

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o` u V¯ ajed ῾Al¯ı propose ´egalement, en seconde partie, une cat´egorisation des m´etiers, selon un crit`ere principalement social, en quatre classes63 . △▽△ Enfin, c’est ` a dessein qu’on ne discute pas le cas des encyclop´edies dans le cadre d’ouvrages d’adab 64 . La notion de l’adab est difficile `a cerner puisque son sens varie d’une ´epoque `a l’autre et que le terme est davantage un concept qu’un contenu. Si l’on consid`ere qu’un de ses traits principaux est celui de « prendre de tout un peu »65 , son ´etude se situe sans conteste dans le champ de l’encyclop´edisme mais non n´ecessairement dans celui des encyclop´edies ` a proprement parler [si on consid`ere que celles-ci sont constitu´ees – du moins dans le monde iranien – selon les lois internes aux deux groupes de sciences principaux quant `a la r´epartition des mati`eres]. Citons n´eanmoins quelques ouvrages du ressort de l’adab qui rejoignent en partie notre probl´ematique. Les textes d’adab du monde iranien ´etant particuli`erement connot´es par la tradition pr´eislamique de la litt´erature des « conseils aux rois/miroirs de princes », ils s’av`erent peu porteurs pour la science, sauf exception. Dans ce registre on ne peut manquer de citer toutefois les chapitres que consacre l’auteur du Q¯ ab¯ us-n¯ ame – le souverain ziyaride Kayk¯av¯ us ´ecrivant pour son fils vers la fin du XIe si`ecle – aux quelques sciences et techniques quotidiennes : le texte refl`ete la part que pouvait d´etenir la science de fa¸con permanente dans une « encyclop´edie de l’adab royal »66 . D’une certaine fa¸con, on peut ´egalement classer dans le cadre de l’adab royal le Chah¯ ar maq¯ ale de Nez.¯am¯ı ῾Ar¯ ud.¯ı67 , r´edig´e en Iran oriental sous les Ghorides en 1155-57, de grand int´erˆet pour l’histoire des sciences puisqu’il rapporte les anecdotes 63 Afshar,

« La notion des ‘sciences apliqu´ ees’... », p. 162-3. Gabrieli, « Adab », dans Encyclop´ edie de l’Islam, t. I (1975), p. 180-181 ; Dj. Khaleghi-Motlagh & Ch. Pellat, « Adab », dans Encycl. Iranica cf. n. 8) ; R. Paret, « Milieux culturels dans le Proche-Orient m´ edi´ eval », dans Revue Historique, (1966), p. 47-100 ; R. Allen, The Arabic Literary Heritage, Cambridge, 1998 (« Adab », p. 228 et suivantes). 65 Pellat, « Les encyclop´ edies... », p. 634. 66 Pour un aper¸ cu de l’ensemble de l’ouvrage, cf. De Fouchecour, Moralia, 179223 ; voir a ` titre d’exemple le chapitre sur la m´ edecine, cf. L. Richter-Bernburg, « On the Diffusion of Medical Knowledge in Persian Court Culture During the Fourth and Fifth Centuries A.H. », dans La science dans le monde iranien..., p. 219-233. 67 Chah¯ ar Maq¯ ala (The Four Discourses) of Nidh¯ am¯ı-l-῾Ar¯ ud.¯ı-I Samarqand¯ı, traduit par E.G. Browne, Londres, [1921] 1978. Traduction fran¸caise par I. De Gastines : Les Quatre Discours, Paris, 1968. 64 F.

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ˇ Ziva Vesel sur les quatre classes de savants n´ecessaires aux rois, dont l’astrologue et le m´edecin. Il faut signaler par ailleurs une curiosit´e du domaine de l’adab litt´eraire persan, particuli`erement sophistiqu´e : apparemment li´ee `a Isfahan et Shiraz ` a la fin des Injuides et donc contemporaine de H . ¯afez. et de l’encyclop´edie Naf¯ ayes al-fon¯ un (infra), l’anthologie po´etique persane, le Mu᾿nis al-ah.r¯ ar de Badr al-d¯ın J¯ajarm¯ı, nous est connue par une copie illustr´ee exceptionnelle, dat´ee de 1341, laquelle est visiblement destin´ee au milieu des souverains r´egnants. Son 29e chapitre illustr´e est une encyclop´edie miniature, r´ebus visuel en vers68, qui d´ecrit et illustre `a la fois, sous forme de bandes horizontales : figures humaines, regalia, armes, plan`etes, m´etiers, plusieurs sortes d’animaux (quadrup`edes, oiseaux, etc.) et d’arbres, instruments musicaux, gemmes et m´etaux pr´ecieux, bijoux, vˆetements de guerre etc., et pour finir, signes du zodiaque dans le po`eme astrologique sur les « Elections (ekhtiy¯ ar¯ at) selon le parcours de la lune ». Enfin, une autre curiosit´e : une petite encyclop´edie persane en vers, Nas¯ıb al-vild¯ an 69 , `a mi-chemin de l’adab et de la didactique puisque destin´ee `a l’apprentissage de termes arabes ` a travers les mots ´equivalents persans, touchant `a un grand nombre de sujets : l’univers, le ciel, la terre, la m´edecine, etc. On pr´ecise qu’elle s’adresse aux enfants, fait sufisamment rare pour ˆetre signal´e.

Consid´ erations sur la g´ en` ese et la fortune du J¯ ame῾ al-῾ol¯ um de F. R¯ az¯ı (m. 606H/1210) Pour revenir aux « encyclop´edies g´en´erales », lesquelles sont cens´ees contenir l’ensemble du savoir d’une ´epoque, leurs auteurs se donnent pur but d’en exposer le r´epertoire et, ` a des degr´es variables, le contenu. Ce r´epertoire est d´ecrit en premier lieu pour lui-mˆeme, et non dans un but davantage utilitaire, qui serait d´etermin´e par le m´etier de l’auteur et l’utilisation qu’il fera du texte, ou du moins qu’il souhaite lui attribuer (tels secr´etaires ´ecrivant pour leur corporation, etc.). Une encyclop´edie d’´epoque conjugue la culture de l’auteur avec le but qu’il assigne au texte, d’o` u l’esquisse de la typologie propos´ee plus haut. Les « encyclop´edies 68 Cf. les articles de S. Carboni et A.H. Morton dans Illustrated Poetry and Epic Images : Persian Painting of the 1330s and 1340s, ´ ed. S. Carboni & M. Swietochowski, New York, 1994. 69 Leiden, Universiteitsbibliotheek, MS Or. 12.052. Ce « dictionnaire versifi´ e », r´ edig´ e en 1372 (` a Qalat Sh¯ adm¯ an), est une des variantes de Nes.¯ ab al-s.eby¯ an d’Ab¯ u Nas.r Far¯ ah¯ı (´ ed. H. Anvar¯ı, T´ eh´ eran, 1372 sh), bien que mieux construit et plus complet. Je remercie A.L.F.A. Beelaert pour la lecture et l’appr´ eciation des deux textes.

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g´en´erales » doivent ˆetre n´enamoins dinstingu´ees des trait´es consacr´es en islam `a la « classification des sciences », le plus souvent affaire de philosophes (F¯ ar¯ ab¯ı70 , Ikhw¯ an al-S.af¯ a᾿ 71 , Avicenne72 , etc.) qui se donnent pour but d’analyser les crit`eres possibles d’une classification du savoir. Sans aborder cet aspect, il s’agira pour nous simplement d’observer l’organisation du contenu des encyclop´edies au niveau de leur structure visible, laquelle n’est pas n´ecessairement exprim´ee en termes de classification par les auteurs, au mieux par une division. A propos des encyclop´edies g´en´erales dans le monde islamique, deux constats s’imposent. Tout d’abord elles ne sont pas nombreuses et ceci en d´epit des intentions exprim´ees par les auteurs dans l’introduction : soit ces derniers ne poss`edent pas les connaissances requises pour aborder l’ensemble des sciences, soit ils introduisent – pour des raisons diverses – un choix s´electif dans leur r´epertoire du savoir, ce qui les ´eloigne d’une encyclop´edie v´eritable. Deuxi`emement, ce sont les textes persans qui semblent les plus aboutis dans ce genre. Car le mod`ele id´eal d’une encyclop´edie g´en´erale, en tant que genre dans le monde islamique, pourrait bien ˆetre le texte persan, le « Compendium des Sciences » (J¯ ame῾ al-῾ol¯ um) – ´egalement connu sous le titre de ‘[Livre des] Soixante [sciences] ([Ket¯ab-e] Sett¯ın¯ı) – r´edig´e par Fakhr al-D¯ın R¯ az¯ı en 574-5 H/117973, parce qu’il poss`ede les traits v´eritables d’une encyclop´edie au sens moderne. Il s’en approche en esprit, d’abord par son propos pragmatique d’un manuel `a consulter, cens´e contenir toutes les sciences de l’´epoque. R¯ az¯ı pr´ecise dans l’introduction que le souverain [῾Al¯ a᾿al-d¯ın Tekesh Khw¯arazmsh¯ ah] ayant commandit´e le livre, ne sachant pas quelles sciences conviendraient le mieux pour le projet, il en a inclus en quantit´e : « j’en ai rapport´e `a partir de sciences intellectuelles et traditionnelles, appliqu´ees et fondamentales (῾aqli va naql¯ı, for¯ u῾¯ı va os.u ¯l¯ı )... »74 . Ce texte est exceptionnel ´egalement 70 CF. J. Jolivet, « Classification of the Sciences », dans History of Arabic Science, ´ ed. R. Rashed, avec la collaboration de R. Morelon, vol. III, London, 1996, p. 10081025 ; Id, « Classification des sciences arabes et m´ edievales », dans Les doctrines de la science de l’antiquite ` a l’ˆ age classique, ´ ed. R. Rashed & J. Biard, Louvain, 1999, p. 211-235. 71 G. de Callata¨ y, « Ikhw¯ an al-S.af¯ a᾿ : des arts scientifiques et de leur objectif », dans Le Mus´ eon, 116, 1-2 (2003), p. 231-258. 72 Voir n. 14. 73 F. Ra ¯ z¯ı, J¯ ¯ vud, T´ ame῾ al-῾ol¯ um [‘Sett¯ın¯ı’ ], ´ ed. ’A. Al-e Da eh´ eran, 1382 sh. ; une ´ edition lithographi´ ee (Bombay, 1906) a ´ et´ e produite en fac simile par M. Tashibi : T´ eh´ eran, 1346 sh. 74 J¯ ¯ vud, p. 70 ; ´ ame᾿, ´ ed. al-e Da ed. Tasbihi, p. 3. Pour une mise en parall` ele du contenu de J¯ ame῾ avec les œuvres, arabes et persanes, de R¯ az¯ı, cf. F. Kholeif, A

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ˇ Ziva Vesel parce que son contenu est suffisamment ´equilibr´e entre les deux groupes de sciences, et – fait inhabituel – les sciences intellectuelles (accompagn´ees de nombreux savoirs que s’y rattachent selon les classifications) y occuppent deux tiers des chapitres du volume [39 sur 60], totalisant plus de la moiti´e de pages [135 sur 224] ; le texte s’organise autour d’une division clairement suivie, aussi bien pour les sciences islamiques que pr´eislamiques, et pr´esente une structuration interne `a chaque chapitre tout `a fait remarquable (cf. Annexe)75 . Il n’est donc pas ´etonnant que le J¯ ame῾ de R¯ az¯ı soit cit´e `a titre d’exemple significatif ` a la fin des articles r´ecents de H.-H. Biesterfeldt au sujet des encyclop´edies du monde islamique76 . Les br`eves remarques de l’auteur sont porteuses. Biesterfeldt rapproche les cat´egories philosophiques qui r´egissent l’organisation du contenu de J¯ ame῾ de R¯ az¯ı avec le Study on Fakhr al-D¯ın al-R¯ az¯ı and His Controversies in Transoxiana, Beirut, 1966, p. 190-203. Il n’existe pas de version arabe de J¯ ame, du moins pas ´ ecrite par l’auteur ; l’historien Joveyn¯ı mentionne la r´ edaction de J¯ ame῾ par R¯ az¯ı pour Tekesh (cf. W. Barthold, Turkestan down to the Mongol Invasion, Londres, [1928] 1977, p. 32). Or, le m´ ecenat des derniers Khwarazmshahs est a ` l’origine d’un grand nombre d’ouvrages persans originaux, dont ceux de sciences et techniques : compendia de m´ edecine d’Esm¯ a῾il Gorg¯ an¯ı, r´ edig´ es pour Qot.b al-d¯ın et Ats¨ız ; le trait´ e de min´ eralogie Jav¯ ahern¯ ame-ye Nez.¯ am¯ı, pour un vizir de Tekesh ; Jah¯ an-n¯ ame de Naj¯ıb Bakr¯ an, pour le fils de Tekesh, Moh.ammad (cf. n. 117), etc. 75 Le plan de J¯ ame῾ reproduit en Annexe a ´ et´ e ´ etabli sur l’´ edition lithographi´ ee : nous avons consid´ er´ e que la quantification de chapitres en pages s’y rapproche davantage d’un manuscrit, contrairement au texte imprim´ e de l’´edition critique. Le contenu des chapitres co¨ıncide a ` quelques d´ etails pr` es (lequels restent a ` ´ etudier) entre l’´ edition lithographi´ ee et l’´ edition critique. La seule diff´ erence notable intervient cependant dans l’intitul´ e et la num´ erotation des chapitres. L’´ editeur de la lithographie, Tasb¯ıh.¯ı, n’a pas compt´ e comme chapitre ind´ ependant la section qui suit imm´ ediatement le chap. 21 (« Figures rh´ etoriques ») ; il lui a simplement associ´ e a ` la suite « Les significations/Interpr´ etations » (῾Elm al-ma῾¯ an¯ı) de neuf vers de po´ esie [dans la mesure o` u le mˆ eme titre – ῾Elm al-ma῾¯ an¯ı figure dans la lithographie d´ ej` a pour le chap. 9]. Ale D¯ avud, en revanche, dans son ´ edition critique, num´ erote ce chapitre sous un titre diff´ erent, ce qui l’am` ene a ` placer le chap. 60 de la lithographie – « Jeu d’´ echecs »– en Epilogue. Ceci semble correct puisque R¯ az¯ı pr´ ecis´ e dans le chap. 59 de la lithographie (῾Elm-e ¯ ad¯ ab al-mol¯ uk) qu’il l’´ ecrit « en guise d’Epilogue ». 76 H.H. Biesterfeldt, « Arabisch-islamische Enzyklop¨ adien : Formen und Funktionen », dans Die Enzyklop¨ adie im Wandel vom Hochmittelalter bis zur fr¨ uhen Neuzeit, ´ ed. C. Meier, M¨ unchen, 2002, p. 43-84 (p. 76 et suivantes) ; id., « Medieval Arabic Encyclopaedias of Science and Philosophy », dans The Medieval Hebrew Encyclopaedias of Science and Philosophy, ´ ed. S. Harvey, Dordrecht, 2000, p. 78-98 (p. 95 et suivantes). A propos d’un aspect particulier d’encyclop´ edisme, voir H.H. Biesterfeldt, « Enzyklop¨ adie und belles-lettres im arabisch-islamischen Mittelalter », dans Wissenssicherung, Wissensordnung und Wissensverarbeitung. Das europ¨ aische Modell der Enzyklop¨ adien, ´ ed. T. Stammen et W.E.J. Weber, Augsburg, 2004, p. 71-79.

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curriculum des madrasa, renvoyant ` a G. Makdisi pour cet aspect77 . Ce rapprochement ne peut concerner que le premier groupe de sciences, celles d’´epoque islamique (naql¯ı/aw¯ akher ), puisqu’aucun curriculum proche de la seconde partie de l’encyclop´edie de R¯ az¯ı ne figure dans Makdisi. Toujours `a propos de la madrasa, nous disposons de l’´etude r´ecente de R. Mottahedeh sur les caract´eristiques de l’institution en Iran oriental78 . Les connaissances de la madrasa en Iran doivent ˆetre sans doute nuanc´ees en fonction de divers recherches en cours ; celles-ci d´emontrent que, d’une part, on y enseignait davantage de sciences intellectuelles qu’on ne le croyait et que, d’autre part, aux ´epoques tardives, on y enseignait et ´ecrivait, `a cˆ ot´e de l’arabe, ´egalement en persan79 . De fa¸con g´en´erale, pour prendre un exemple connu, on peut dire que certaines institutions en Iran portant ce nom ´etaient atypiques, telle la madrasa d’Ulugh Beg `a Samarqand. Fond´ee en 1420 et ´etroitement li´ee aux activit´es de l’observatoire, elle aurait abrit´e un grand nombre de math´ematiciens et d’astronomes, et avait Qad.¯ız¯ ade R¯ um¯ı pour directeur. Pour le rapprochement de J¯ ame῾ de R¯ az¯ı avec la madrasa, il faudrait retenir entre autres le fait que R¯ az¯ı a suivi dans sa jeunesse l’enseignement de Majd al-d¯ın J¯ıl¯ı `a Maraghe, au XIIe si`ecle [en mˆeme temps que Sohravard¯ı maqt¯ ul, le mystique]80 et qu’il n’est pas impossible que l’enseignement `a la madrasa de Maraghe ait pu pratiquer ce type de curriculum. Ce qui ´etayerait cette supposition est l’existence d’une encylop´edie ult´erieure, r´edig´ee en 1340 `a Shiraz pour l’Inju¨ıde Ab¯ u Esh.¯ aq, le Naf¯ ayes al-fon¯ un 81 , qui s’inspire de J¯ ame῾ de R¯ az¯ı et qui lui ressemble par le fait de r´eunir les deux groupes et de suivre le mˆeme type de classification ; or, elle a ´et´e compos´ee pr´ecisement par un modarres sous les Ilkhanides, Shams al-d¯ın Amol¯ı, lequel se r´efugie 77 H.H. Biesterfeldt, « Medieval Arabic Encyclopedias... », p. 96 ; G. Makdisi, The Rise of Colleges, Edinburgh, 1981. 78 R. Mottahedeh, « The Transmission of Learning : the Role of the Islamic Northeast », dans Madrasa. La transmission du savoir dans le monde musulman, ´ ed. N. Grandin et M. Gaborieau, Paris, 1997, p. 61-70. 79 Cf. S. Brentjes, « On the location of the ancient or ‘rational’ sciences in Muslim educational landscapes (AH 500-1100) », dans Bulletin of the Royal Institute for InterFaith Studies, 4, 1 (2002), p. 47-71 ; id., « On the Persian Transmission of Euclid’s Elements », dans La science dans le monde iranien..., p. 73-94. Pour une position critique, cf. T.E. Huff, The Rise of Early Modern Science. Islam, China and the West, Cambridge, 1993, p. 149 et suivantes. 80 F. Kholeif, A Study on Fakhr al-D¯ ın al-R¯ az¯ı..., p. 17. On poss` ede certains textes ´ etudi´ es a ` la Madrasa Moj῾¯ ahediyye de Maraghe o` u avait tr` es probablement enseign´e Jil¯ı ; cf. Majm¯ u᾿e-ye fals¯ af¯ı-ye Maraghe/A Philosophical Anthology from Maragha, ´ ed. N. Pourjavady, T´ eh´ eran, 2002, p. iv. 81 Naf¯ ayes, voir n. 5.

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ˇ Ziva Vesel `a la chute de l’empire en 1336 dans le Fars, o` u il r´edigera son Naf¯ ayes. On pourrait donc supposer que le curriculum des madrasa d’Iran pouvait ˆetre parfois de cette nature et qu’il n’est pas impossible que les encyclop´edies de R¯ az¯ı et d’Amol¯ı refl`etent, ne serait-ce que partiellement, ce ph´enom`ene. L’autre trait qui pourait indiquer le curriculum d’une madrasa, est la pr´esence « des questions et des r´eponses » figurant `a la fin des chapitres chez R¯ az¯ı. Cette technique ´etait un genre litt´eraire r´epandu aupr`es des professionnels82. Elle ´etait pr´esente par ailleurs ´egalement comme pratique de cour, lors des s´eances (majles, pl. m¯ ajales) en pr´esence du souverain qui arbitrait les disputes (mon¯ az.er¯ at )83 ainsi que les discussions entre les savants ou bien posait des questions difficiles, afin de les tester ; d’ailleurs ce proc´ed´e pouvait ˆetre utilis´e comme examen d’entr´ee pour obtenir une charge ` a la cour. Souvent les ´ecrits didactiques se composaient enti`erement ou partiellement de questions et de r´eponses, et la litt´erature persane de vulgarisation scientifique n’y fait pas exception : Yav¯ aq¯ıt al῾ol¯ um84 , Rowd.at al-monajjem¯ın de Shahmard¯an85 , la version persane du 87 Tafh¯ım de B¯ır¯ un¯ı86, Shesh fas.l de Moh.. b. Ayy¯ ub T ad.e-ye . abar¯ı , Qor¯ 88 T ab¯ ı ῾iyy¯ a t attribu´ e a ` Gh¯ a nem¯ ı , Dhakh¯ ı re-ye Khw¯ a razmsh¯ a h¯ ı de Gor. g¯ an¯ı89 , etc. Le J¯ ame῾ de R¯ az¯ı, comme on peut le voir dans le r´esum´e du plan (voir l’Annexe), consacre trois questions par chapitre, dites « examens » (emteh.a ¯nat ), ` a un certain nombre de domaines. Pour ce qui est des sciences anciennes trait´ees dans la Deuxi`eme Partie, les questions y figurent pour les chapitres suivants : philosophie naturelle ; m´edecine (le pouls) ; anatomie (optique/ophtalmologie) ; pharmacop´ee ; alchimie ; talismans (magie astrale) ; g´eom´etrie ; arpentage ; poids et densit´es (Ill. 2) ; calcul indien ; calcul mental ; alg`ebre ; astronomie ; astrologie. 82 Cf. H. Daiber, « Mas¯ a᾿il wa adjwiba », dans Encyclop´ edie de l’Islam, t. VI (1989), p. 621-624 83 Pour l’exemple des disputes dans les cercles ´ erudits, F. R¯ az¯ı nous a laiss´ e lui-mˆ eme la trace des controverses qu’il tenait en 1182 : cf. F. Kholeif, A Study on Fakhr al-D¯ın al-R¯ az¯ı... 84 Cf. n. 27. 85 Cf. n. 32. 86 Cf. n. 32. 87 Cf. n. 50. 88 Z. ˇ Vesel, « Une version persane des ‘problemata physica’ : Qur¯ ad.a-ye T at », . ab¯ı ᾿ ¯ıy¯ dans La science dans le monde iranien..., p. 147-151. 89 Ed. I. Afshar et M.T. Danesh-Pazhuh, vol. 1 (T´ eh´ eran, 1344 sh.), p. 2-3 ; vol. 2 (T´ eh., 1350), chap. IX, p. 184-231. Je remercie B. Thierry de Crussol pour ces renseignements.

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Ill. 2. « Tableau de la densit´e des m´etaux et des gemmes » dans le chapitre sur « La science des poids », dans l’encyclop´ edie persane J¯ ame῾al-῾ol¯ um, r´ edig´ ee en 1179, par Fakhr al-d¯ın R¯ az¯ı (m. 1210). Texte lithographi´ e, Bombay, 1323 H.q., p. 106-7. Le type d’encyclop´edie au sens strict, tel le J¯ ame῾ de R¯ az¯ı est rare et, pour ce qui est du monde iranien, seul Khw¯arazm¯ı90 avait pos´e avant lui les bases d’une organisation semblable du savoir. Apr`es R¯ az¯ı, il y aura plusieurs imitateurs de son mod`ele, d´emarche explicitement annonc´ee par les auteurs. a) Amol¯ı, modarres shiite d’´epoque ilkhanide, d´ej` a ´evoqu´e91 , en est le plus proche dans son Naf¯ ayes al-fon¯ un, encyclop´edie de cent soixante sciences, o` u il reprend ` a son tour la division en deux groupes et les grands axes de la classification des sciences intellectuelles d’Avicenne. 90 Cf.

n. 21. Amol¯ı, voir n. 5.

91 Pour

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ˇ Ziva Vesel Tout en augmentant le nombre de leurs subdivisions par rapport `a R¯ az¯ı, il n’´elabore pas, contrairement ` a ce dernier, ses chapitres de fa¸con aussi structur´ee. L’´evolution de la division avic´enienne est l’un des aspects les plus int´eressants de son ouvrage o` u l’on notera en termes de nouveaut´e : l’introduction du soufisme parmi les sciences religieuses ; les sciences occultes additionnelles dans les subdivisions des sciences physiques – ce qui n’´etonne gu`ere dans un contexte ilkhanide particuli`erement attach´e `a la connaissance des pr´esages, etc. ; enfin, l’apparition de la g´eographie administrative parmi les sciences d´eriv´ees math´ematiques. b) H ar¯ı, autre auteur shiite, originaire de Shi. oseyn ῾Aq¯ıl¯ı Rostamd¯ raz, r´edige son Riy¯ ad. al-abr¯ ar 92 en 1571, `a la demande de « quelques amis », apr`es avoir voyag´e pendant vingt ans « `a la recherche du savoir ». Il donne la liste des sources ´etudi´ees dans l’introduction qui contient, outre les ouvrages de base du shiisme duod´ecimain (notamment des commentaires), ´egalement nombre d’auteurs scientifiques : Avicenne, Nas.¯ır al-d¯ın T ¯ s¯ı, Chaghm¯ın¯ı, Q¯ ad.¯ız¯ ade R¯ um¯ı, Khafr¯ı( ?)93 , Tables d’Ulugh .u Beg ; il ´evoque plus loin le Dorrat al-tˆ aj de Q. Sh¯ır¯ az¯ı, le Nozhat al-qol¯ ub de H az¯ı en . amdoll¯ah Mostowf¯ı, etc. Il pr´etend compl´eter le Sett¯ın¯ı de R¯ r´eunissant, lui, un Tis῾¯ın¯ı, c’est ` a dire un « [livre des] Quatre-Vingt-Dix [sciences] ». L’auteur organise le contenu de son ouvrage selon une vision du savoir relativement personnelle – serait-elle le reflet de la culture shiite du XVIe si`ecle ? – o` u on chercherait en vain une r´epartition dichotomique des mati`eres `a la fa¸con de R¯ az¯ı et d’Amol¯ı 94 . 92 Storey, P.L.., II, 3, F, p. 359 (n◦ 597) ; Ch. Rieu, Supplement to the Catalogue of the Persian Manuscripts in the British Museum, London, 1895, p. 103-5 (n◦ 144). 93 Dans le MS de Londres : British Library, Or. 3648, les sources sont cit´ ees fols. 6v-7. Le nom de Khafr¯ı (m. 1550) a ´ et´ e r´ etabli dans la marge de fa¸con peu claire par le copiste. Ce qui rend la le¸con Khafr¯ı plausible est le fait que Rostamd¯ ar¯ı et Khafr¯ı ont v´ ecu a ` Shiraz et sont presque contemporains. G. Saliba a d´ emontr´ e l’importance de l’apport de Shams al-d¯ın Khafr¯ı dans le domaine de la th´eorie plan´ etaire. 94 Le contenu de Riy¯ ad. al-abr¯ ar de Rostamd¯ ar¯ı, en 12 sections, d’apr` es le MS Or. 3648 de la British Library : 1) religion musulmane, notamment shiite ; 2) histoire ; 3) sciences coraniques, litt´ eraires et linguistiques ; logique ; 4) sciences occultes ; 5) philosophie pratique (morale, poltique/administration, ´ economie domestique) ; m´ edecine, oniromancie ; 6) astronomie, astrologie, astrolabe, g´ eomancie, omoplatoscopie ; 7) min´ eralogie, agriculture, physiognomonie, poids/statique ; (...) tir a ` l’arc, sciences v´ et´ erinaires, fauconnerie, pharmacologie, etc. ; 8) ´ enigmes (mo῾ammˆ a), musique, prosodie ; 9) magie, talismans, divination ; 10) g´ eom´ etrie, arithm´ etique, alg` ebre, arpentage, optique, cosmographie (hay᾿a) ; 11) questions prob´ ematiques de sciences naturelles et m´ etaphysiques ; 12) sur l’existence de Dieu ; Epilogue : soufisme. Signalons ´ egalement une section sur la fabrication du papier (fol. 192 sq).

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c) Moh.ammad F¯ad.el Samarqand¯ı r´edige son Jav¯ aher al-῾ol¯ um-e Hom¯ ay¯ un¯ı en cent vingt sciences, inspir´e par R¯ az¯ı et Amol¯ı `a la fois, pour le souverain moghol Hom¯ay¯ un vers 1555. Pour autant que permet d’en juger le sommaire du plan95 , son encyclop´edie est fort int´eressante du fait du grand nombre de sujets concernant les sciences, les techniques, les instruments, les savoirs occultes, etc. Elle ne s’´ecarte pas sensiblement des divisions ´etablies par R¯ az¯ı et Amol¯ı mais les enrichit a` son tour, ce qui fait de l’encyclop´edie de Samarqand¯ı une pi`ece essentielle dans la lign´ee de la post´erit´e des deux auteurs. D’ailleurs, les imitateurs de R¯ az¯ı – lesquels ne se limitent probablement pas aux exemples cit´es – demanderaient un article `a part, tant l’analyse de l’´evolution du savoir en termes de place que d´etient une science dans un syst`eme, est r´ev´elatrice du paradigme d’une ´epoque, y compris dans ses infimes changements. Ici s’impose de revenir aux remarques de H.H. Biesterfeldt : d’apr`es l’auteur, suite ` a la trivialisation du savoir [laquelle est vue dans l’abandon de l’orientation ´epist´emologique des cat´egories philosophiques de classification, au profit des curricula des madrasa], on assiste `a sa fragmentation : Fakhr al-d¯ın R¯ az¯ı inaugure avec J¯ ame᾿ al-῾ol¯ um une nouvelle sorte d’encyclop´edisme, en pr´esentant le savoir en « s´equence relˆach´ee » (loose sequence), davantage sous forme d’une « liste » que d’une encyclop´edie96 . Par rapport ` a cette ´evaluation juste on objectera n´eanmoins que le contenu du J¯ ame῾ de R¯ az¯ı ´etant tr`es ´elabor´e (voir l’Annexe), on ne peut le qualifier de simple « liste », mais plutˆ ot de r´epertoire raisonn´e du savoir de son ´epoque. R¯ az¯ı qui connaissait la culture de son temps, aussi bien du point de vue de son syst`eme que de son contenu, ne se limita pas `a la reproduire mais fournit ´egalement l’outil pour la discuter, sous forme des probl´ematiques r´esum´ees, notamment lors des questions. On ne peut en dire autant de ses successeurs, lesquels se rapprochent davantage de l’id´ee de la « liste »97 . Dans la mesure o` u l’´etude du corpus des « imitateurs » est ` a faire, la question reste ouverte. 95 Storey, Persian Literature..., p. 358-9 (n◦ 596) ; le sommaire est cit´ e d’apr` es le catalogue d’A. Rahman et al., Science and Technology in Medieval India – A bibliography of Source Materials in Sanskrit, Arabic and Persian, New Delhi, 1982, p. 607. 96 H.H. Biesterfeldt, « Arabisch-islamische Enzyklop¨ adien... », p. 76-78 ; id., « Medieval Arabic Encyclopaedias... », p. 95-98. 97 La riche compilation de Gil¯ an¯ı, Shajare-ye d¯ anesh, r´ ealis´ ee a ` Hyderabad, Deccan, en 1065 H, semble se rapprocher du concept de la ‘liste’ (cf. A. Monzavi, Fehrest-e noskheh¯ a-ye kh¯ a.t.t¯ı-ye f¯ ars¯ı, T´ eh´ eran, 1349 sh., p. 673).

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ˇ Ziva Vesel Le mod`ele dichotomique du J¯ ame῾ de R¯ az¯ı, typique d’une encyclop´edie au sens strict, peut s’expliquer par la volont´e constante de l’auteur de concilier la religion et la philosophie, volont´e qui lui a valu des critiques violentes d´ej` a de son vivant98 . D’une part, il maˆıtrisait parfaitement la premi`ere, en th´eologien ash῾arite c´el`ebre (de rite shaf´eite) ; d’autre part il connaissait la seconde de fa¸con approfondie, en lecteur d’Avicenne, ce qui lui donne aujourd’hui une place cl´e, ` a cˆ ot´e de Nas.¯ır al-d¯ın T.u ¯ s¯ı, pour ce qui est des commentaires des Ish¯ ar¯ at. On peut dire qu’une encyclop´edie comme le J¯ ame῾ ne correspondait pas ` a la situation r´eelle, puisque les savants des science islamiques et ceux des sciences pr´e-islamiques fonctionnaient en g´en´eral s´epar´ement dans la soci´et´e comme il ressort de l’´etude de Makdis¯ı 99 . Il semble a` l’examen qu’il n’y ait pas eu d’encyclop´edie identique au J¯ ame῾ de R¯ az¯ı dans d’autres langues du monde islamique : le Mift¯ ah. al sa῾¯ ada, texte arabe de Tashk¨opr¨ uzade (XVIe si`ecle) – que son fils traduira en turc – accorde davantage de volume aux sciences islamiques : un cinqui`eme de l’ouvrage seulement concerne les sciences du groupe pr´e-islamique100 . Quant ` a l’encyclop´edie en turc contenant 360 « sciences », Kav¯ akeb al-sab῾a101 , laquelle aurait ´et´e r´edig´ee par Rodozizade, il ne s’agit pas de 360 sciences/branches bien d´etermin´ees mais de simples subdivisions, pour la plupart th´ematiques : l’auteur morcelle des sujets issus des diverses disciplines pour aboutir au chiffre et par ailleurs ne suit pas un principe de division de sciences clair. R´edig´e sur l’ordre de Mustafa Efendi, pour le Marquis de Caumont sous Mustafa III, en 1739-40, et par cons´equent ´egalement traduit en fran¸cais, le texte n’est pas repr´esentatif pour autant de l’aboutissement de savoir de l’´epoque, mais plutˆ ot de sa lente d´egradation quant `a la compr´ehension du syst`eme des sciences. Outre le profil intellectuel exceptionel de R¯ az¯ı, aussi expert en sciences religieuses que philosophiques, et les particularit´es ´eventuelles des madrasa d’Iran, riches en sciences pr´e-islamiques, un troisi`eme facteur a 98 Cf.

F. Kholeif, A Study on Fakhr al-D¯ın al-R¯ azi..., Introduction. ex.Makdis¯ı, The Rise of Colleges..., p. 78-79. 100 Cf. [Tashk¨ opr¨ uzade] Tashk¯ ubriz¯ adah, Ah.mad b. Mustafa, Mift¯ ah. al-sa῾¯ ada, 3 vols., Beyrouth, 1985, est int´ eressant a ` d’autres ´ egards, par ex., pour les sources cit´ ees a ` la fin des chapitres. Malheureusement, nous n’avons pas pu consulter la traduction turque qui comporte des ajouts (cf. S. Tanilli, « L’encyclop´ edisme dans la Turquie contemporaine », dans Turquie, livres d’hier, livres d’aujourd’hui, ´ ed. P. Dumont, Strasbourg, 1992, p. 88 [Etudes Turques, n◦ 1]). 101 Kav¯ akeb al-sab῾a : BnF, Paris : MS Suppl. turc 196 (104 fols. ; texte fran¸cais : « Trait´ e de la science des Turcs », 39 p.). 99 Par

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sans doute pes´e dans l’apparition d’encyclop´edies au sens strict : c’est la pr´esence de souverains d’origine non iranienne, commanditaires cherchant `a acqu´erir rapidement un panorama du savoir, sans se pr´eoccuper n´ecessairement ni du detail dans la pr´es´eance `a leur donner, ni d’une coupe normative dans leur r´epertoire. Or, les deux encyclop´edies persanes les plus typiques du genre sont en effet le fruit d’un tel contexte : le J¯ ame῾ de R¯ az¯ı est compos´e pour la dynastie turque des derniers Khwarazmshahs ; Amol¯ı travaille, en tant que modarres, pour les Ilkhanides jusqu’` a l’effondrement de l’empire et, mˆeme s’il d´edie son Naf¯ ayes `a l’Injuide Ab¯ u Esh.¯aq, son encyclop´edie refl`ete l’acquis de ses connaissances ant´erieures. La r´edaction d’encyclop´edies persanes s’inscrit, de fa¸con g´en´erale, dans la dynamique complexe d’´ecrits persans apparaissant d`es la constitution de la langue au Xe si`ecle102 et dont le D¯ anesh-n¯ ame-ye ῾Al¯ a᾿ ¯ı d’Avicenne103 est l’exemple phare. Dans cette dynamique, la politique culturelle des souverains joue un rˆole fondamental. En raison de la m´econnaissance de l’arabe des lecteurs potentiels ainsi que pour des raisons politiques de promotion de langue nationale, la floraison d’ouvrages de vulgarisation, traduits et adapt´es ` a partir des mod`eles arabes, prosp`ere d`es le d´epart. Destin´es ` a « l’´elite et au peuple » (kh¯ as.s. va ῾¯ am)104 , les trait´es scientifiques y sont au premier plan. Compte tenu de la date tr`es ancienne de leur r´edaction105 , et de leur extrˆeme vari´et´e106 – aussi bien du point de vue du contenu que des genres auxquels ils puisent – on peut lire `a travers cette litt´erature la construction d’une v´eritable culture scientifique exprim´ee en langue nationale et ceci d`es la premi`ere heure. Il s’agit d’une culture ayant ses propres r`egles et dont la logique aboutit parfois `a des r´esultats originaux107 , sp´ecifiques `a la litt´erature vernaculaire en comparaison avec celle en langue savante. Esquissons quelques 102 Cf.

G. Lazard, La formation de la langue persane, Paris-Louvain, 1995. n. 28. 104 Voir M.A.J. Beg, « al-Kh¯ as.s.a wa-l ῾Amm¯ a », dans Encyclop´ edie de l’Islam, t. IV (1978), p. 1128-1130. Il semble que dans le cadre de nos textes, cette opposition pourrait signifier plus particuli` erement « ceux qui connaissent l’arabe, et ceux qui ne le conaissent pas ». 105 Cf. G. Lazard, La langue des plus anciens monuments de la prose persane, [Premi` ere Partie], Paris, 1960 ; voir ´ egalement n. 33 (Meysar¯ı) et n. 117 (H ud). Par . od¯ ailleurs, le plus ancien manuscrit persan conserv´ ea ` ce jour est pr´ ecis´ ement un trait´ e de pharmacop´ ee, al-Abniye ῾an h ayeq al-adviye, de Movaffaq Haraw¯ı dat´ e de 1056 . aq¯ ¨ et conserv´ ea ` Vienne (Osterreichische Nationalbibliothek : MS A.F. 340). 106 Pour un rapide survol, cf. G. Lazard, La langue..., Premi` ere Partie. 107 On ne traitera pas ici d’´ eventuels aspects originaux des ´ ecrits persans du point de vue proprement scientifique. 103 Cf.

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ˇ Ziva Vesel aspects du fonctionnement de base de cette culture. On assiste `a la formation progressive d’un vocabulaire sp´ecialis´e – philosophique, scientifique et technique persan – lequel connaˆıtra cependant une fortune in´egale : on connaˆıt la critique de Shamard¯an envers l’effort d’Avicenne `a constituer ce vocabulaire dans son D¯ anesh-n¯ ame, le premier consid´erant que les mots arabes sont compris de tout le monde et qu’il n’y a pas besoin de forger des termes et expressions sp´ecifiquement persans pour ces domaines108 . Les auteurs de la litt´erature scientifique persane sont d’une certaine fa¸con bilingues, et remettent constamment `a jour leurs ´ecrits `a partir des sources arabes, comme on peut le voir `a travers les citations et les listes de livres compil´es, parfois indiqu´ees par eux109 . A l’existence d’une chaˆıne continue de sources s’ajoute une volont´e affich´ee de certains parmi nos encyclop´edistes de faire mieux que leurs pr´ed´ecesseurs : Jam¯al¯ı Yazd¯ı pr´etend compl´eter le Nozhat-n¯ ame de Shahmard¯an, dans son Farrokh-n¯ ame 110 ; les imitateurs de R¯ az¯ı augmentent le nombre de sciences dans leurs encyclop´edies, sous forme de chiffres ´el´egants, pour d´epasser son « Livre des Soixante [sciences] », etc. La litt´erature scientifique persane perp´etue un goˆ ut pour des styles particuliers d’illustrations et d’´ecriture ; on y trouvera par ailleurs des insertions, souvent inattendues, de mat´eriaux d’agr´ement (histoires/h.ek¯ ay¯ at, citations en prose et en vers, etc.), parfois de veine nationale. L’espace de production des ´ecrits scientifiques persans se d´eploie ` a travers trois milieux sociaux dont majoritairement la cour, et par ailleurs, les cercles priv´es d’enseignement ainsi que les lignages familiaux des m´etiers. En ce qui concerne plus sp´ecifiquement les encyclop´edies [sauf exception, et encyclop´edies des techniques mises `a part], notre recensement fait apparaˆıtre que celles-ci ont ´et´e produites presqu’exclusivement pour les milieux de la cour, `a laquelle elles doivent le privil`ege d’ˆetre devenues un genre original et ind´ependant. La mˆeme statistique d´emontre par ailleurs que leurs auteurs sont le plus souvent des professionnels, fonctionnaires ou savants r´esidant dans ce mˆeme milieu. Quant ` a la diffusion des enyclop´edies, les copies manuscrites devraient nous renseigner sur leur ´eventuel impact social au-del` a de leur lieu d’origine, une recherche qui reste ` a faire.

108 Nozhat-n¯ ame, (cf. n. 36), p. 22 ; Rowd.at, (cf. n. 32), T´ eh., 1368 sh., p. 3 ; T´ eh. 1383 sh., p. 3. 109 Nav¯ ader, n. 34 et 35 ; Nozhat al-qol¯ ub (n. 43), p. 3 ; Riy¯ ad. (n. 92-94) ; etc. 110 Farrokh-n¯ ame (n. 57), p. 5. On notera que les deux textes sont li´ es a ` la ville de Yazd.

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Certains traits, communs aux ´ecrits scientifiques persans, semblent fournir des indices sur les pratiques socio-culturelles de leur ´epoque : les d´ecoupages d’ouvrages en sections et chapitres en chiffres ronds font penser aux programmes d’´etude et de lecture, priv´es ou publiques, journaliers ou mensuels, etc. ; la pr´esence de « questions et r´eponses » est li´ee `a la pratique des s´eances royales, disputes, examens et sans doute d’enseignement. Plusieurs versions subsistantes d’un texte, tel J¯ ame῾ al-῾ol¯ um, Farrokh-n¯ ame-ye Jam¯ al¯ı, Nav¯ ader al-tab¯ ador, etc., portant souvent un titre diff´erent111 , semblent indiquer divers d´edicataires successifs. Enfin, une certaine rh´etorique soign´ee que cultivent les auteurs dans les introductions `a leur œeuvres, est un ´echo aux projets royaux d’envergure qui ont ´et´e soutenus par les souverains du monde iranien sur la dur´ee. L’auteur de Qor¯ ad.e-ye .tab¯ı ᾿ iyy¯ at, r´edig´e avant 1121, pour un ´emir d’Iran oriental, n’h´esite pas ` a affirmer : « Le haut dessein (hemmat ) des ´emirs et des rois est de (...) conqu´erir les cit´es, soumettre les territoires, aqu´erir les richesses (...), mais [cet ´etat], aussi agr´eable qu’il soit, il est passager et ´eph´em`ere, et l’Emir a choisi un dessein plus grand qui est celui de rechercher toutes les sciences (...) et de s’enqu´erir de leur raret´e (nav¯ ader ), et atteindre ainsi (...) le bonheur dans les deux mondes... »112 . La culture scientifique en langue nationale est-elle une forme d’humanisme ?113 Elle porte en tout cas l’empreinte de l’universalisme, par sa curiosit´e intellectuelle et plus largement, par son ouverture aux savoirs diversifi´es, notamment `a la connaissance de la nature pour elle-mˆeme, sans rechercher exclusivement l’utilit´e en d´epit du grand nombre de savoirs appliqu´es et occultes qu’elle privil´egie. Il semble qu’`a l’int´erieur de ce mouvement, l’acculturation de dynasties etrang`eres apporte de surcroˆıt une dimension particuli`ere en faveur de la libert´e des formes litt´eraires et notamment de l’encyclop´edie au sens strict : il n’est pas certain que R¯ az¯ı eˆ ut trouv´e un d´edicataire pour J¯ ame᾿ – r´eunissant les deux grands domaines – dans un autre contexte.

111 J¯ ame῾ de R¯ az¯ı est connu en trois versions : a ` 40, 57 et 60 sciences. L’encyclop´ edie porte d` es son origine le titre J¯ ame῾ al-῾ol¯ um, puisque R¯ az¯ı le cite lui-mˆ eme dans l’introduction (cf. J¯ ame᾿, ´ ed. Al-e D¯ avud, p. 71). Le texte est cependant connu ´ egalement sous le titre de [Ket¯ ab-e] Sett¯ın¯ı (cf. par ex. J¯ ame᾿, ´ ed. Tasb¯ıh.¯ı, p. 3) et H ayeq . ad¯ al-anv¯ ar f¯ı h.aq¯ ayeq al-asr¯ ar (cf. Storey, Persian Literature..., p. 351-353 (n◦ 589). 112 Qor¯ ad.e, p. 2-3 (cf. n. 88). 113 Question qui reste a ` ´ etudier ; voir par ex. J.L. Kraemer, « Humanism in the Renaissance of Islam : A Preliminary Study », dans Journal of the Amercian Oriental Society, 104, 1 (1984), p. 135-164.

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ˇ Ziva Vesel Si l’on s’interroge sur l’influence de la forme pour la transmission du savoir, il semble ´evident qu’une structure stable et pr´ecise de l’organisation du contenu aide au d´eveloppement des connaissances et `a leur diffusion : on le voit avec R¯ az¯ı et son imitateur Amol¯ı qui se servent de la structure avic´enienne pour traiter davantage de mati`eres dans leurs ouvrages. D’un autre cˆ ot´e cette mˆeme structure ne pourra empˆecher son propre ´eclatement ` a un moment donn´e : pour des raisons qui restent `a ´etudier, les successeurs de R¯ az¯ı finissent par produire des « listes », une forme nouvelle et pragmatique de l’encyclop´edisme. L’Islam n’a pas adopt´e la structure des sept arts lib´eraux mais a connu avec pr´ecision la classification aristot´elicienne. Du moins pour ce qui est du monde iranien, cette classification ´etait connue ´egalement au niveau de la vulgarisation comme le d´emontrent, entre autres, les encyclop´edies persanes. En revanche, elle ne semble pas avoir ´et´e diffus´ee au-del` a des hautes couches de la soci´et´e `a l’exception probable des cosmographies populaires, abondamment copi´ees, lesquelles avaient aussi l’avantage d’ˆetre r´eguli`erement illustr´ees. Si une structure stable peut aider ` a la vulgarisation des connaissances, l’illustration y participe ` a son tour. Il n’y a pas eu d’´equivalent en Islam de la personnification des savoirs profanes114 , `a la fa¸con des « sept arts », ces derniers par ailleurs symboliquement li´es aux cinq plan`etes et aux deux luminaires. Le ph´enom`ene a exist´e dans le monde islamique mais au service de l’astrologie stricto sensu pour la repr´esentation de trois plan`etes – Mercure (« le scribe »), V´enus (« la musicienne ») et Jupiter (tantˆ ot tenant le livre [de la loi], tantˆ ot un astrolabe, cf. ill. 1115 ) dont l’image est pass´ee dans la culture g´en´erale savante (m´etaphore po´etique, etc.). Ces repr´esentations ´etaient particuli`erement courantes dans les cosmographies et par ailleurs dans quelques trait´es astrologiques. Ce qui est commun aux deux traditions, occidentale et islamique, est la mise en sc`ene d’une figure humaine, laquelle est cens´ee poss´eder le savoir par essence. L’ensemble de cinq plan`etes et des deux luminaires a bien ´et´e associ´e aux divers m´etiers dans l’astrologie islamique116 . Mais cet aspect 114 J.E. Murdoch, Album of Science. Antiquity and the Middle Ages, New York, 1984, ch. 16 (« Personification of the Sciences »), p. 189-200. 115 Cf. n. 47. 116 Voir par exemple la representation des m´ etiers selon les plan` etes, dans la copie arabe, dat´ ee de 1399 ad, de Kitˆ ab al-bulhˆ an d’Abˆ u Ma῾shar conserv´ ee a ` Oxford, Bodleian Library (MS Or. 133, fols. 25v-26 ; cf. S. Carboni, Il Kit¯ ab al-bulh¯ an di Oxford, Torino, 1988), et par ailleurs la description des m´ etiers dans al-Tafh¯ım de B¯ır¯ un¯ı (cf. n. 32 : The Instruction, p. 254).

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passait pour une curiosit´e picturale de l’astrologie archa¨ıque et n’a de ce fait jamais revˆetu la mˆeme fonction que la repr´esentation des « sept arts » en Occident. Il aurait ´et´e souhaitable que l’encyclop´edie telle J¯ ame῾ de R¯ az¯ı soit plus souvent adopt´ee en Islam comme mod`ele g´en´erique. Car les encyclop´edies au sens strict, bien ´equilibr´ees entre les deux groupes de sciences et particuli`erement attentives aux vertus du savoir cumulatif, sont de v´eritables miroirs du temps, au-del` a du milieu qui les produit. Les autres types d’encyclop´edies, dont certaines ont ´et´e ´evoqu´ees dans l’article, sont en revanche du plus grand int´erˆet en tant que projets personnalis´es du savoir117 – d’un auteur, d’un commanditaire ou d’un lectorat/auditoire suppos´e, `a une ´epoque donn´ee. Pour leur contenu, lourd de contexte, ces ´ecrits m´eritent d’ˆetre ´etudi´es cas par cas. Autant de projets recommenc´es `a chaque ´etape de l’histoire, selon des visions et vis´ees diff´erentes, notamment quand celles-ci se veulent normatives. 117 On peut consid´ erer comme projets personnalis´ es ´ egalement des genres alternatifs a ` l’encyclop´ edie stricto sensu (construite dans ses grandes lignes selon les lois de la classification), cr´ eant a ` leur tour leur propres formes d’encyclop´ edisme. Citons deux exemples : le Saf¯ıne-ye Tabr¯ız, unicum compil´ e et transcrit par Ab¯ u al-Majd Moh.. Tabr¯ız¯ı, en 721H/1321-23 (fac simile publi´ ea ` T´ eh´ eran, PUI, 1381 sh.) r´ eunissant environ deux cents trait´ es sous forme r´ esum´ ee, persans et arabes (ces derniers en minorit´ e), embrassant tous les domaines – y compris la science – sans pour autant les ordonner a ` la fa¸con d‘une encyclop´ edie. Il s’agit d’un recueil (majm¯ u ῾e) copi´ e de la mˆ eme main qui est repr´ esentatif de la vision encyclop´ edique de la culture d’un lettr´ e de Tabriz, dans la premi` ere moiti´ e du XIVe s. Autre exemple alternatif de l’encyclop´ edisme est repr´ esent´ e par un recueil form´ ea ` partir de diff´ erents manuscrits reli´ es ensemble en un seul volume. Signalons dans ce registre le c´ el` ebre volume qui r´ eunit quatre MSS (de la mˆ eme dimension) : a) le trait´ e g´ eographique Jah¯ an-n¯ ame de Naj¯ıb Bakr¯ an ; b) le trait´ e de musique de Moh.ammad Neysh¯ ap¯ ur¯ı ; c) un des plus anciens textes persans connus, dat´ e de 982-83 ad, qui s’av` ere ˆ etre un trait´ e de g´ eographie, H ud al-῾¯ alam ; . od¯ d) et l’encyclop´ edie J¯ ame᾿ al-῾ol¯ um de Fakhr al-d¯ın R¯ az¯ı (cf. V. Minorsky, H ud . ud¯ al-῾¯ alam – ‘The Regions of the World’, London, 1937, p. vii-viii). Ce qui caract´ erise ce « volume » est son unit´ e de langue, du contenu, des lieu et milieu, et du temps, car il s’agit de textes scientifiques persans, r´ edig´ es pour la cour [dont deux pour les derniers Khwarezmshahs], approximativement dans la mˆ eme r´ egion de l’Iran oriental, et copi´ es entre 1258-67. Les deux exemples ´ evoqu´ es de l’encyclop´ edisme personnalis´ e se situent a ` la fin des empires, respectivement ilkhanide et pr´ e-mongol (notamment khwar´ ezmide) ; il pourrait s’agir d’une volont´ e de sauvegarde, ce qui conf` ere aux textes choisis une importance ind´ eniable mais dont les motivations de choix restent a ` interpr´ eter. Enfin, l’encyclop´ edisme de cour par excellence est repr´ esent´ e, dans sa version alternative, par les « anthologies scientifiques » du prince timouride Eskandar-Solt.a ¯n (m. 1415), sujet bien connu grˆ ace aux travaux d´ ej` a publi´ es (cf. par ex. T.W. Lentz et G.D. Lowry, Timur and the Princely Vision, Los Angeles, 1989, p. 148-149 ; A. Caiozzo, Images du ciel d’Orient au Moyen Age, Paris, 2003, p. 92-95 ; etc.).

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Annexe R´ esum´ e du J¯ ame῾ al-῾ol¯ um [Ket¯ ab-e sett¯ın¯ı] de Fakhr al-d¯ın R¯ az¯ı (r´ edig´ e en 574-5H/1179 pour ῾Al¯ a᾿ al-d¯ın Tekesh Khw¯ arazmsh¯ ah)

[d’apr`es l’´edition fac simile du texte lithographi´e (Bombay, 1323/1906) : J¯ ame῾ al-῾ol¯ um y¯ aH ayeq al-anv¯ ar f¯ı h.aq¯ ayeq al-asr¯ ar ma῾r¯ uf be-Ket¯ ab-e . ad¯ Sett¯ın¯ı, ´ed. M. Tasbihi, T´eh´eran, 1346 sh. ; pour l’´edition critique, cf. ¯z¯ı, J¯ ¯vud, T´eh´eran, 1382 F. Ra ame῾ al-῾ol¯ um (Sett¯ın¯ı), ´ed. S.῾A. Al-e Da sh.] Un certain nombre de chapitres se composent de 3 « principes simples/´evidents » (os.u ¯l-e dh¯ ahere), section indiqu´ee ici par I ; 3 « principes complexes » (os.u ¯l-e moshkele), section indiqu´ee par II ; 3 questions dites « examen » (emteh.a ¯na), section indiqu´ee par III ; [dans les chapitres restants, la probl´ematique/th´ematique est simplement ´enum´er´ee, habituellement en 9 points]. [Sciences traditionnelles (῾ol¯ um-e naql¯ı )] 1) Th´ eologie/Scolastique (῾Elm al-kal¯ am) [p. 3-8] : I. A propos de : 1. la cr´eation du monde ; 2. l’affirmation de l’existence de Dieu ; 3. l’affirmation de la proph´etie de Moh.ammad. II. 1. Ce qui n’existe pas (ma῾d¯ um), ne peut ˆetre une chose (shay᾿) [argumentation] ; 2. L’essence (dh¯ at ) de Dieu diff`ere de celle des cr´eatures ; 3. Au sujet de l’existence de la substance unique (jowhar-e fard ). III. 1. Dieu peut-il agir de la mani`ere injuste ? 2. Un menteur (kadhdh¯ ab) peut-il op´erer un miracle ? 3. La sinc´erit´e (qo᾿l-e s¯ adeq) est-elle une condition pour comprendre la religion ? 2) Principes de jurisprudence (῾Elm-e os.u ¯l-e feqh) [p. 8-10] : I. 1. A propos de la compr´ehension des lois religieuses (eh.k¯ am-e shar᾿) ; 2. Au sujet de l’ijtih¯ ad ; 3. Les actions de mojt¯ ahed doivent ˆetre conformes aux actions qu’il ordonne. II. 1 et 2. Au sujet du respect pour l’ordre d’un juge ; 3. A propos de s¯ıghe-ye ῾om¯ um. III. Quelle est : 1. la diff´erence entre l’absolu (mot.l¯ aq) et le commun (῾¯ am) ? 2. la d´efinition (h.ad ) d’une Tradition (khabar ) ? 3. la diff´erence entre l’analogie (qiy¯ as) au moyen du sens (ma῾¯ an¯ı ) et au moyen de la ressemblance (moshtabeh) ? 3) Dialectique/Controverse (῾Elm al-jadal) [p. 10-14] : 80

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I. 1. La controverse est-elle permise en Islam ? 2. Sur l’art de tenir les controverses (¯ ad¯ ab-e mon¯ az.ere jadal kard¯ an) ; 3, II.1-3 et III. 1-3 : A propos des cat´egories de la logique employ´ees dans l’art de la dialectique. 4) D´ elits/Mati` eres controvers´ ees (῾Elm al-khal¯ afiyyˆ at) [p. 14-19] : Explications de principes et de cas particuliers (1-9). 5) Pratiques du culte (῾Elm al-madhhab) [p. 19-24] : I. 1. A propos de l’eau qui sert aux ablutions (divergences entre han´efites et shˆaf´eites) ; 2. Ablutions selon le rite shˆaf´eite ; 3. Causes d’abolition d’ablutions selon Shˆ afe᾿¯ı ; II. 1-3 : pratiques religieuses des femmes ; III. 1. Un enfant pub`ere qui arrive ` a l’ˆ age adulte pendant la nuit, doit-il faire sa pri`ere le matin mˆeme du lendemain ? 2. Est-il permis au juge d’´ecouter un proc`es sans t´emoins ? 3. Si de l’eau tombe sur une personne en train de prier, pourquoi cette pri`ere n’a-t-elle plus d’effet ? 6) Successions (῾Elm al-far¯ ayed.) [p. 24-27] : I. 1. Au sujet des causes de l’h´eritage ; 2. A propos des parts d’h´eritage selon le Coran ; I. 3 et II. 1-3 : D´etails juridiques concernant le partage de la succession ; III. 1-3 : Questions sur la fa¸con d’identifier les h´eritiers selon leur part de l’h´eritage. 7) Testament (῾Elm al-vas¯ aya) [p. 27-29] : I. 1. Les biens qui font l’objet d’un testament ; 2. La mani`ere de faire un testament ; 3. Au sujet du surplus (ziy¯ adat ) de biens ; II. 1-3 : Cas compliqu´es de testament du point de vue juridique ; III. 1. Comment affranchir un esclave par testament ; 2 et 3 : Cas compliqu´es d’h´eritage. 8) Interpr´ etation [du Coran] (῾Elm al-tafs¯ır) [p. 29-34] : I. 1. Etymologie de la basmala ; 2. Interpr´etation de « lettres isol´ees » (h.orˆ uf-e tahj¯ı) ; 3. Au sujet des lettres a ¯lef, l¯ am, m¯ım. II. 1-3 : L’explication de mots et de versets coraniques ; III. 1-3 : Interpr´etation de versets et de sourates. 9) S´ emantique/Rh´ etorique (῾Elm al-ma῾¯ an¯ı ) [p. 34-37] : I. 1. Au sujet de l’´eloquence (fas.a ¯h.at ) ; 2. Mots `a consonnance phon´etique ; 3. Le miracle du Coran ; II. 1. La m´etaphore (este῾¯ are) dans le Coran ; 2. La priorit´e des mots dans une phrase (taqaddom et ta῾akhkhor) ; 3. A propos des mots qui s´eparent et unissent (fas.l et vasl ) ; III. 1-3 : A propos de l’interpr´etation de mots coraniques. 10) Lecture [du Coran] (῾Elm al-qar¯ a ᾿¯ at) [p. 38-42] : I. 1. Sur les mani`eres de lire le Coran par rapport aux « sept lettres » (h.or¯ uf-e sab῾e) ; 2. Sur les sept mani`eres de lire le Coran par rapport aux sept Imams ; 3. A propos de la lecture d’alh.amdu᾿li ᾿ll¯ ah ; II. 1. Sur la pause dans la lecture ; 2 et 3 : sur la prononciation de versets par les chanteurs ; III. 1. Sur la prononciation de lˆ am ; 2. Endroits du Coran o` u 81

ˇ Ziva Vesel on ne doit pas marquer une pause ; 3. Endroit o` u le redoublement (tashd¯ıd ) est obligatoire. Suit un bref expos´e sur la phon´etique (makh¯ arej al-h.or¯ uf ). 11) Traditions (῾Elm al-ah.a ¯deth) [p. 42-47] : I.1. Sur la science des Traditions ; 2 et 3 : A propos de motashabeh¯ at [un mˆeme sujet rapport´e dans des termes diff´erents] et leur interpr´etation ; II. 1. Interpr´etation ´esot´erique (ta῾vilat) du Coran (selon Ghaz¯al¯ı) ; 2. A propos de l’attribut « voil´e » (mah.j¯ ub) ; 3. A propos de la Tradition « Nous avons cr´ee l’homme ` a son image » (interpr´etation de Ghaz¯al¯ı) ; III. 1-3 : Sur la signification de trois Traditions. 12) Personnages illustres (῾Elm al-as¯ am¯ı al-rej¯ al) [p. 47-50] : Enum´eration en neuf points : « La premi`ere personne qui crut en la proph´etie de Moh.ammad ; le premier enfant n´e en l’`ere de l’H´egire » ; etc. 13) Histoire (῾Elm al-tav¯ ar¯ıkh) [p. 50-62] : En neuf points : les rois de Perse ; le Proph`ete ; les califes ; ( . . . ) Ghazn´evides ; Seljuqides ; derniers Khwarazmshahs [´eloge de Tekesh]. 14) Exp´ editions militaires (῾Elm al-magh¯ az¯ı ) [p. 62-65] : Enum´eration de huit batailles du Proph`ete. 15) Grammaire/Syntaxe (῾Elm al-nah.v) [p. 65-67] : I. 1. Sur les mots singuliers et compos´es ; 2. D´efinition du nom (esm) ; 3. Sur les particularit´es du nom selon Fakhr-e Khw¯arazm¯ı et ῾Abd al-Q¯aher ; II. 1. Sur l’ordre des mots (F. Khw¯ arazm¯ı) ; 2. Sur nesbat-e mod.mar¯ at ; 3. Explication d’un proverbe arabe ; III. 1-3 : A propos des fonctions grammaticales ; vocalisation ; un po`eme d’Amr al-Qays. 16) Conjugaison (῾Elm al-tas.r¯ıf) [p. 67-70] : I.1. Division des lettres dans un mot en (as.l¯ı) essentiels et superflus (zˆ ayed ) ; 2. Division de mots en mobiles et immobiles ; 3. A propos de asma-ye thal¯ ath¯ı dans la conjugaison ; II. 1. A propos de ziy¯ adat ; 2. Comment d´eterminer es.a ¯lat ; 3. Le redoublement ; III.1-3 : Questions sur le rythme (vazn) des mots. 17) Etymologie (῾Elm al-eshteq¯ aq) [p. 70-73] : I. 1. Sur les quatre principes de l’´etymologie ; 2. Etymologie du mot qowl ; 3. Etym. du mot kal¯ am ; II. 1. Sur l’excellence de la langue arabe ; 2. Etym. du mot dhˆ at, selon Fakhr-e Khw¯ arazm¯ı; 3. Etymologie (...) [§ enti`erement en arabe] ; III. 1-3 : Etymologies de diff´erents mots. 18) Maximes (῾Elm al-amth¯ al) [p. 73-74] : Enum´eration de neuf proverbes arabes [texte arabe, traduction persane, explication du sens]. 19) Prosodie (῾Elm al-῾ar¯ ud.) [p. 74-82] : 82

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I. 1. A propos des lettres mobiles et immobiles ; 2. Les « supports » (af¯ a᾿il) du beyt (` a base de 5 et 7) ; 3. Noms des m`etres ; II. 1. Relation des rhytmes [5 figures circulaires] ; 2. Au sujet de do-beyt¯ı ; 3. Six cat´egories de m`etres d’apr`es Rash¯ıd al-d¯ın K¯ ateb ; III. 1-3 : Sur la fa¸con de composer la po´esie. 20) La rime (῾Elm al-qav¯ af¯ı ) [p. 82-84] : I. 1. A propos de cinq sortes de rime, selon Ab¯ u al-Q¯asem Raq¯ a (lui-mˆeme citant Khal¯ıl b. Ah.mad) ; 2. Au sujet de six sortes de lettres qui composent la rime ; 3. Enum´eration de six cat´egories de mouvements d’une rime ; II. 1. A propos des lettres de la conjonction (h.or¯ uf-e vasl ; 4 en arabe, 6 en persan) ; 2. D´efinition de la lettre khor¯ uj ; opinion de Y¯ usef ῾Ar¯ ud.¯ı ; 3. A propos de rawf ; III. 1. D’o` u vient l’expression h.arf-e rav¯ı ? 2-3 : Questions techniques de rime. 21) Figures rh´ etoriques (῾Elm-e badi ῾ al-she῾r va al-nathr) [p. 84-89] : Enum´eration de neuf figures (exemples : Coran, H . ad¯ıth, ῾Al¯ı, H . ar¯ır¯ı). Les significations/Interpr´ etation (῾Elm al-ma῾¯ an¯ı )[p. 86-89] : L’explication du sens de neuf vers de po´esie (Ab¯ u al-Najm, Motanabb¯ı, etc.). [Sciences intellectuelles (῾ol¯ um-e ῾aql¯ı )] 22) Logique (῾Elm al-mant.eq) [p. 89-93] : I. 1. A propos de l’essence et de l’importance de la logique ; 2. Cat´egories de termes par rapport ` a la signification ; 3. Sur la difference entre l’accidentel (῾ard.¯ı ) et l’essentiel (dh¯ at¯ı) ; II. 1. Sur la contradiction d’une proposition ; 2. Sur l’´etat de la conversion (῾aks) selon Avicenne ; opinion divergente de R¯ az¯ı ; 3. A propos de la « seconde figure » (shekl-e th¯ an¯ı) ; III. 1-3 : Questions sur des points difficiles de logique. 23) Physique/Philosophie naturelle (῾Elm al-t.ab¯ı ῾iyy¯ at) [p. 93-95] : I. 1. Au sujet du mouvement des corps ; 2. Au sujet de l’affirmation de Dieu selon les tab῾iyy¯ an ; 3. A propos de la Physique selon les .tab¯ı ῾iyy¯ an ; II. 1. A propos de la n´egation du vide (r´efutation par R¯ az¯ı) ; 2. A propos de la finitude des dimensions (exemple de ligne et de sph`ere) ; 3. La r´efutation par R¯ az¯ı de la th´eorie optique de l’« impression » et des « rayons » ; III. 1. Est-il possible que le feu soit au centre de la terre et qu’il puisse monter ? 2. Une cruche d’eau poss`ede-t-elle davantage de volume (d’eau) en bas d’une montagne qu’au sommet ? 3. Pourquoi les gouttes de la pluie sont-elles ´epaisses/grosses en ´et´e, tombant vite et en petite quantit´e, alors qu’en hiver elles sont petites mais nombreuses et tombent lentement ? 83

ˇ Ziva Vesel 24) Interpr´ etation des rˆ eves/Onirocritique (῾Elm al-ta῾b¯ır) [p. 96101] : I. 1. Au sujet des forces de la perception ; 2. Sur le sommeil, sa nature et son fonctionnement ; 3. Au sujet des rˆeves (les causes de leur apparition et leur « programmation ») ; II. 1. Sur la mani`ere d’interpr´eter les rˆeves (avec l’exemple de Galien) ; 2. Au sujet des conditions n´ec´essaries pour interpr´eter les rˆeves ; 3. Au sujet de la nature des visions ; III. 1-3 : Trois exemples d’interpr´etation des rˆeves. 25) Physiognomonie (῾Elm al-fer¯ asa) [p. 101-103] : « C’est une science occulte noble, mais les gens ne s’y int´eressent pas de nos jours car elle est difficile ` a ´etudier », dit R¯ az¯ı. Description en neuf points : le premier traitant de la th´eorie des trois facult´es (qovv¯ at ) de l’homme, les suivants de la signification des diff´erentes parties du corps et de leur aspect. [Le trait´e arabe de R¯ az¯ı, sur le mˆeme sujet, a ´et´e traduit par Y. Mourad, La physiognomonie arabe..., Paris, 1939]. 26) M´ edecine (῾Elm al-t.ebb) [p. 103-116] : I. 1. La nourriture et ses effets (en neuf points) ; 2. Sur le r´egime du corps ; 3. Rapports sexuels ; II. 1. Qualit´es et temp´eraments selon Avicenne ; 2. Humeurs selon Avicenne ; critique de R¯ az¯ı ; 3. Gen`ese du temperament selon Avicenne ; opinion de R¯ az¯ı ; III. 1-3 : Au sujet du pouls. 27) Anatomie (῾Elm al-tashr¯ıh) [p. 116-120] : I. 1. A propos des cat´egories des parties du corps ; 2. Enum´eration des membres simples (en dix points) ; 3. Enum´eration et description des os ; II. 1. A propos du fonctionnement du nerf de l’œil ; 2. Anatomie des strates du globe oculaire et de l’humidit´e ; 3. Sur la cause de la couleur des yeux ; III. 1. Pourquoi les yeux changent de couleur ? 2. Quelle est l’utilit´e de l’iris de l’oeil ? Explication d’Avicenne, refut´ee par R¯ az¯ı ; 3. Sur l’utilit´e du croisement des nerfs visuels. 28) Pharmacop´ ee (῾Elm al-s.eydane) [p. 120-123] : I. 1. A propos de balsam, musc, et alo`es ; 2. 1. Au sujet de la division des drogues ; 2. Au sujet de la nature des drogues ; 3. Sur la mani`ere de reconnaˆıtre la nature des drogues ; III. 1. Sur l’effet sup´erieur des drogues simples, par rapport aux compos´ees ; 2. A propos de l’usage interne et externe de la plante espid a ¯ ; 3. Quelle est la dur´ee de conservation des herbes (m´edicinales) ? 29) « Propri´ et´ es » des choses (῾Elm al-khav¯ a.ss.) [p. 123-124] : « Cette science comporte beaucoup d’erreurs et de confusions... », dit R¯ az¯ı. Enum´eration de neuf exemples, d’apr`es Moh.. b. Zakariyy¯ a᾿ R¯ az¯ı (par ex., comment chasser les mouches de la maison, comment attrapper 84

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les oiseaux sans peine, etc.). 30) Alchimie (῾Elm al-iks¯ır/῾Elm al-kimiy¯ ay¯ı ) [p. 124-129] : I. 1. Au sujet des cat´egories des min´eraux ; 2. Au sujet de la formation de sept m´etaux ; 3. Sur l’art de l’alchimie ; II.1. Au sujet de la sublimation du mercure ; 2. La fabrication de la teinture ; 3. Au sujet de l’Elixir de Vie (selon Kit¯ ab al-asr¯ ar de Moh.. b. Zakariyy¯ a᾿ R¯ az¯ı) ; III. 1. Est-il possible de transmuter le cuivre en or ? Opinion d’Avicenne ; 2. Il est possible de teindre une chose [un metal], mais il n’est pas possible de la rendre plus lourde ; pourquoi ? 3. Comment fabrique-t-on le mastic (gel-e h.ekmat ) qui referme l’alambic ? 31) Pierres « pr´ ecieuses » (῾Elm al-jav¯ aher) [p. 129-132] : Enum´eration de neuf sortes de pierres : corindon [(y¯ aq¯ ut ) : rouge (rubis), bleu (saphir), etc.] ; spinelle ; turquoise ; cristal de roche ; diamant ; aimant ; perle ; agate ; ´emeraude. 32) Talismans (῾Elm al-t.elesm¯ at) [p. 132-137] : I. 1-3 : Fabrication en fonction des conjonctions des plan`etes ; mat´eriaux pour fabriquer les sceaux et images ` a graver ; diverses sortes de talismans ; II. 1. Au sujet de l’astrologie (doctrine) ; 2. Iconographie des plan`etes ; 3. Invocation des plan`etes ; III. 1. Sur la compatibilit´e/incompatibilit´e des plan`etes entre elles ; 2. A propos des couleurs et des goˆ uts corespondant aux plan`etes ; 3. Au sujet des plantes/herbes et des gemmes correspondant aux plan`etes. 33) Agriculture (῾Elm al-fel¯ ah.a) [p. 137-139] : Techniques agricoles en neuf points (comment reconnaˆıtre une bonne terre, moment favorable de semailles, engrais, d´esherbage, pr´eservation de la graine stock´ee, comment obtenir des grenades et du raisin sans p´epins, etc.). 34) Teinturerie (῾Elm-e qale῾ al-ath¯ ar) [p. 139-140] : Neuf proc´ed´es : de teinturerie (nettoyage de taches : sur les vˆetements blancs, taches de cire, saffran, jus de grenade, vin, huile/graisse, etc.) ; comment ´eviter la rouille sur du m´etal. 35) Sciences v´ et´ erinaires (῾Elm al-beyt.are) [p. 140-143] : Huit traitements de gu´erison pour le cheval [seul quadrup`ede d´ecrit par R¯ az¯ı] (par ex. traitement de la fi`evre, des taches « blanches » [infection] dans les yeux, des plaies, etc.) ; description d’un proc´ed´e magique (incantation). 36) Fauconnerie (῾Elm al-baz¯ at) [p. 143-145] : Proc´ed´es de gu´erison et de dressage, en neuf points (par ex. comment am´eliorer la d´eficience du battement des ailes, apaiser un faucon qui fait 85

ˇ Ziva Vesel trop de bruit, gu´erir l’infection de l’œil, le ventre, le dos, etc.) ; comment reconnaˆıtre un mˆale d’une femelle, ainsi qu’un excellent faucon. 37) G´ eom´ etrie (῾Elm al-hendese) [p. 145-150] : I. « Principes » : 1. Sur la quantit´e ; critique par R¯ az¯ı, de la d´efinition de g´eom´etrie par B¯ır¯ un¯ı ; 2. A propos de la ligne ; 3. Au sujet de l’angle (Euclide ; Avicenne) ; II. 1. Triangle selon Euclide ; 2. Cat´egories du triangle ; division de la ligne en trois parties ´egales, selon Euclide et Ibn al-Haytham ; III. 1-3 : Questions portant sur trois points de g´eom´etrie. 38) Arpentage (῾Elm al-mas¯ ah.a) [p. 150-153] : I. 1. Au sujet des surfaces planes ; 2. Au sujet des quadrangles ; 3. Les lignes du cercle ; II. Arpentage du triangle ´equilat´eral ; 2. Arpentage du triangle isoc`ele ; 3 ; Arpentage du triangle `a donn´ees pr´ecises ; III. 1-3 : A propos de trois formes g´eom´etriques rares. 39) Poids et densit´ es (῾Elm[-e jarr] al-ethq¯ al) [p.153-157] : I. 1. Au sujet des corps pleins lorsqu’ils se trouvent dans l’eau ; 2. A propos de la force de gravitation ; 3. Sur le rapport entre le poids du corps et sa ligne de chute ; II. 1-3 : Mensuration des densit´es des m´etaux au moyen de la balance verticale ; III. 1. Pourquoi une aiguille de balance plus grande, provoque-t-elle davantage de mouvement ? 2. Quels sont les m´etaux les plus lourds ? 3. Quelle est la densit´e des gemmes selon le « tableau » [de B¯ır¯ un¯ı] ? (cf. ill. 2) 40) Instruments de guerre (῾Elm-e a ¯l¯ at al-h.arb) [p. 157-160] : Enum´eration de divers proc´ed´es (fabrication de « figures » d’o` u sort la fum´ee [nocive] ; d’eau sulfureuse-[¯ ab-e kebr¯ıt ], etc.) et d’instruments (« h´erisson », objets brˆ ulants, tambour, etc.), en neuf points. 41) Calcul indien (῾Elm-e h.es¯ ab al-hend) [p. 160-162] : 1. A propos des chiffres ; A propos du zero ; 3. Au sujet de la num´erotation de position ; II. 1. Multiplication ; 2. Division ; 3. A propos de miz¯ an-e d.arb (« balance » de la multiplication) ; III. 1. Sur la valeur positionnelle des fractions ; 2. A propos de diff´erentes fractions (mans¯ ub et ma ῾t.u ¯f) ; 3. Comment obtenir le d´enominateur commun dans les fractions ? 42) Calcul mental (῾Elm al-h.es¯ ab al-hav¯ı ) [p. 162-164] : I. 1. D´efinition de la multiplication ; 2. Classification de la multiplication (nombres entiers, nombres simples, etc.) ; 3. Multiplication des unit´es ; II. 1. Multiplication de nombres simples entre eux ; 2. Multiplication de nombres simples avec les nombres diff´erents (mokhtalef ) ; 3. Multiplication de nombres compos´es (morakeb¯ at ) entre eux ; III. 1. A propos du basat. et du tajn¯ıs ; 2. A propos du « nombre premier » (῾ad¯ ad-e avval) ; 3. A propos du nombre compos´e. 86

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43) Alg` ebre (῾Elm al-jabr va al-moq¯ abala) [p. 164-167] : I. 1. La definition de l’alg`ebre ; 2. Au sujet de la multiplication des chiffres et des racines ; 3. La division des chiffres et des racines ; II. 1. Nombres singuliers (mofrad¯ at ) dans le calcul des racines ; 2. Au sujet des moq¯ ar¯ an¯ at dans le calcul des racines ; 3. Explication des cas particuliers concernant les deux points pr´ec´edents ; III. 1. Quelle est la signification de l’alg`ebre ? 2. Que signifie moq¯ abala ? 3. Comment obtient-on le ta῾d.if de la racine ? 44) Arithm´ etique/Th´ eorie des nombres (῾Elm al-arithm¯ at¯ıq¯ı ) [p. 167-170] : Au sujet de la th´eorie des nombres, en neuf points [au sujet des propri´et´es des nombres pairs (zowj ) et impairs (fard ) ; propri´et´es communes `a tous les nombres, sur la position de nombres singuliers ; caract´eristiques des nombres pairs ; nombres « amicaux », etc.]. [Etude du chapitre par S. Brentjes, dans Persica, XIII (1988-89), p. 77-99]. 45) Carr´ es magiques (῾Elm al-῾ad¯ ad al-vafq) [p. 170-173] : D´efinition, propri´et´es, opinions (Buzj¯an¯ı, B¯ır¯ un¯ı), etc. `a propos des carr´es (de trois, de quatre, et de plus), en neuf points. 46) Optique (῾Elm al-mon¯ a.zere) [p. 173-176] : A propos des ph´enom`enes optiques [reflet de l’image dans le miroir ; image vue double ; cat´egories de choses perceptibles – critique d’Ibn Haytham par R¯ az¯ı ; cause des d´efauts de la perception visuelle ; (effet optique) de l’´electricit´e statique (ex. du chat dans le noir), etc.], en neuf points. 47) Musique (῾Elm al-m¯ usiq¯ı) [p. 176-180] : A propos de la th´eorie musicale [m´elodie et vibration ; cause du son aigu et grave ; `a propos des cordes de la harpe (barbat.) ; sur le rappport des notes et des silences (῾elm al-eq¯ a ῾) ; divers rapports musicaux ; etc.], en neuf points. [Chapitre ´edit´e par A.-H. Pourjavady, dans Ma῾¯ aref, X/2-3 (1372 sh.), p. 88-110]. 48) Astronomie (῾Elm al-hay᾿a) [p. 180-183] : I. 1. Cat´egories des corps (simples et compos´es) ; neuf sph`eres ; 2. Epaisseur des sph`eres ; 3. Douze signes du zodiaque ; II. 1. Au sujet des ´epicycles ; 2. Au sujet des saisons et de leur rapport `a l’´equateur ; 3. Sur l’´equateur et sa definition ; III. 1. La sphere du soleil est-elle en rotation ou non ? 2. La lune connaˆıt-elle la r´ecession et l’istiq¯ ama ? 3. Quelle est la diff´erence entre le centre, le ta῾adil et le taqv¯ım d’une plan`ete ? 49) Astrologie (῾Elm al-eh.k¯ am al-noj¯ um) [p. 184-186] : I. 1. Au sujet de la nature (t.ab῾) de plan`etes (b´en´efique, mal´efique) ; 2. Au sujet de la nature des signes du zodiaque (quatre qualit´es/temp´eraments) ; 3. Au sujet des maisons des plan`etes (par rapport au zodiaque ; table des 87

ˇ Ziva Vesel « exaltations ») ; II. 1. A propos de (l’apparente) contradiction entre les natures b´en´efiques et mal´efiques des plan`etes ; 2. D´efinition des corps c´elestes ; 3. A propos de l’apparente contradiction : les corps c´elestes sont compos´es de particules simples, alors que les signes du zodiaque poss`edent une nature compos´ee ; III. 1. Qu’est-ce qu’un dast¯ uriyye ? 2. Qu’est-ce que le ph´enom`ene dit ithn¯ a ῾ashar ? 3. A propos du moment de la premi`ere conjonction (ettes.a ¯l ) entre les plan`etes. 50) G´ eomancie (῾Elm al-raml) [p. 187-189] : En neuf points : la description de la pratique de la g´eomancie (les conditions requises) ; les significations des figures et leur lecture ; les seize noms des figures ; combinaisons ; la d´efinition et la l´egitimation de la g´eomancie (« Le proph`ete Idris la pratiquait ... »). 51) Exorcisme (῾Elm al-῾ez¯ ayem) [p. 189-194] : I. 1. Au sujet des jinn ; r´efutation de leur existence par R¯ az¯ı ; 2. De la diff´erence entre les jinn et les d´emons ; cat´egories des jinn ; 3. Utilit´e de l’exorcisme et son rapport ` a la magie (seh.r ) ; II. 1. Conditions pour exercer l’exorcisme ; 2. Sceaux et pri`eres conjuratoires ; 3. Au sujet des symptˆomes de la palmomancie (ekhtel¯ aj ) ; III. 1. La science de l’exorcisme s’acquiert-elle au moyen de la raison ou par transmission ? 2. Pourquoi appelle-t-on cette science exorcisme ? 3. Quelle est la difference entre envoˆ utements (afs¯ un-khw¯ an¯ı), exorcisme (῾ez¯ ayem) et conjuration des jinn (tanj¯ım) ? 52) M´ etaphysique (῾Elm al-el¯ ahiyy¯ at) [p. 196-199] : I. 1. Sur l’affirmation de v¯ ajeb al-voj¯ ud ? 2. A propos de vah.dat et des cat´egories de l’ˆetre (suprˆeme, possible, impossible) ; 3. Sur la n´egation de la pluralit´e de l’ˆetre ; II. 1. Opinion des philosophes sur la cause, le caus´e et la causalit´e ; 2. A propos du mouvement du ciel (selon Avicenne et R¯ az¯ı) ; 3. A propos du g´en´eral et du particulier ; III. 1. A propos de la d´efinition de l’ˆetre (mowj¯ ud ) ; 2. A propos de l’impossible (ma῾d¯ um) ; 3. A propos du n´eant (῾adam). 53) Sectes (῾Elm-e maq¯ al¯ at-e ahl al-῾¯ alam) [p. 199-201] : En neuf points : diverses sortes de croyances ; « les gens du Livre » ; les sectes en islam (six branches principales, soixante-treize branches d´eriv´ees) ; etc. 54) Morale (῾Elm al-akhl¯ aq) [p. 201-204] : I. 1. Au sujet du caract`ere ; 2. A propos du but de la morale ; 3. A propos de l’objet de recherch´e (mat.l¯ ub) ; II. 1. A propos de l’ˆ ame humaine ; 2. Comment faire dominer l’ˆ ame sur les autres forces ; 3. A propos de l’opposition de l’exc`es et du manqu´e ; III. A propos du « juste milieu » 88

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[la mod´eration est souhaitable pour ce qui est des sciences « pratiques » (῾amal¯ı ), contrairement aux sciences th´eor´etiques (naz.ar¯ı ) o` u l’exc`es est souhaitable (efr¯ a.t dar ¯ın pasand¯ıde ast ), dit R¯ az¯ı] ; 2. Au sujet de l’affinement du caract`ere (tahdh¯ıb al-akhl¯ aq) ; 3. Est-il possible de changer le mauvais caract`ere ? [Pour les chapitres 54-56, cf. C.-H. de Fouchecour, Moralia, Paris, 1986, p. 425-29]. 55) Politique (῾Elm al-siy¯ asa) [p. 204-207] : Au sujet de l’administration de la soci´et´e, et du pouvoir, en neuf points (arts et m´etiers ; r´epartition des habitants de la cit´e ; qualit´es d’un bon gouverneur ; revenus du roi ; sept qualit´es qu’un roi doit poss´eder, etc.). 56) Economie domestique (῾Elm-e tadb¯ır al-man¯ azel) [p. 208-210] : En neuf points, sur les fondements n´ecessaires au r`eglement de la maison : les biens, les domestiques, la femme, les enfants (par ex. comment exercer une profession ; pensions alimentaires ; cat´egorisation d’esclaves ; comment choisir les domestiques ; etc.). 57) Vie Future (῾Elm al-akh¯ıra) [p. 210-213] : Les pratiques, en neuf points : purification, pri`eres, aumˆ one, jeˆ une, p`elerinage, lecture du Coran, etc. 58) Pri` eres (῾Elm al-da῾vat) [p. 213-216] : Diff´erentes sortes de pri`eres ; R¯ az¯ı reproduit neuf pri`eres en arabe (pri`ere d’Adam, Ebrˆ ahˆım, J´esus, pri`ere que le Proph`ete apprit `a Ab¯ u Bakr, pri`ere d’Al¯ı, etc.). 59) Conduite des rois (῾Elm-e a ¯d¯ ab al-mol¯ uk) [p. 216-220] : Enum´eration de neuf qualities qu’un roi doit poss´eder, « en guise d’Epilogue », pr´ecise R¯ az¯ı : il faut que le roi soit magnanime (h.al¯ım) ; g´en´ereux (kar¯ım) ; qu’il maˆıtrise ses paroles et ses actes ; qu’il sache pardonner et qu’il r´eflechisse avant de condamner ; qu’il soit compatissant (moshfeq) et juste (῾¯ adel) ; qu’il recherche la compagnie des savants ; qu’il observe le juste milieu. Suit l’´eloge des sciences philosophiques, du cˆ ot´e des arts et m´etiers, par R¯ az¯ı. 60) Jeu d’´ echecs (῾Elm-e shatranj va anva῾-e b¯ az¯ı ) [p. 220-224] : « Sache que le jeu d’´echecs purifie l’esprit, fortifie la pens´ee et d´eveloppe l’intelligence... », dit R¯ az¯ı. Il rapporte l’opinion de Sh¯ afe῾¯ı au sujet du jeu d’´echecs, et la l´egende sur l’origine du jeu ; enfin, il d´ecrit quatorze mouvements du jeu et six pi`eces, de couleur rouge et noire.

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About a 12th -century Judaeo-Arabic « Encyclopaedical » Work : Moses Ibn Ezra’s Treatise of the Garden, part 1a Mauro Zonta ∗ In Medieval Hebrew literature about philosophy and sciences, the literary genre of encyclopaedias played a key-role : it was one of the most important ways for transmitting the contents of Ancient Greek and Medieval Islamic philosophy and science to European Jewish culture. Approximately a dozen of encyclopaedias were written in Hebrew language, in the 12th , 13th , 14th and 15th centuries, in Spain, Provence and Italy ; these works were mostly based upon either Greek sources in Arabic translation, or Arabic sources (in some cases, Arabic texts translated into Hebrew, if the writer of the encyclopaedia did not know Arabic language). A general historical survey of these works, including a detailed analysis of the contents and sources of a number of them, has recently appeared in a miscellaneous volume edited by Steven Harvey in 20001. Very probably, the most ancient case of a Hebrew encyclopaedia of science and philosophy is Abraham bar H . iyya’s The Foundations in Reason and the Tower of Faith. It was written in Aragon or Catalonia (maybe in Barcelona) around 1125, and consisted of two parts : part 1 dealt with mathematics, physics, ethics and metaphysics ; part 2 (if it was ever written) might have dealt with Jewish religion. As a matter of fact, only a general introduction (including an index of part 1) and part of the section devoted to mathematics are still extant, so that it is difficult to have a precise idea of its contents2 . However, Abraham bar H . iyya is usually regarded as pertaining to 12th -century Spanish Jewish Neoplatonism. This Neoplatonism was mostly based upon the thought of such authors as Solomon Ibn Gabirol on the Jewish side and the so-called a Paragraphs

1, 4, 5 and 6 of this article have already appeared, in a partially different form, in M. Zonta, « Moses Ibn ‘Ezra’s “Treatise of the Garden” and Maimonides’ “Guide of the Perplexed”», in Revista Espa˜ nola de Filosofia Medieval, 12 (2005), p. 49-54. ∗ Universit` a di Roma “La Sapienza”. 1 The Medieval Hebrew Encyclopedias of Science and Philosophy, ed. S. Harvey, Dordrecht, Boston, London, 2000 (Amsterdam Studies in Jewish Thought, 7). 2 About it, see M. Rubio, « The First Hebrew Encyclopedia of Science : Abraham bar H . iyya’s Yesodei ha-Tevunah u-Migdal ha-Emunah », in The Medieval Hebrew Encyclopedias..., ed. Harvey, p. 140-153.

Mauro Zonta Theology of Aristotle and the ‘Brethren of Purity’3 on the Islamic side, but it also employed Ancient Greek sources (both Plato and Aristotle), as well as more recent Islamic philosophers like Al-Farabi and Avicenna. 12th -century Spanish Jewish Neoplatonism produced other philosophical and scientific works ; most of them were written not in Aragon or Catalonia, but in Andalusia (or by Jews coming from Andalusia), where the language of culture of the Jewish communities was not Hebrew, but Arabic (or, better, Judaeo-Arabic, being the Arabic dialect employed by Jews living in Islamic countries). In 1985, Giuseppe Sermoneta published an essay concerning the encyclopaedias in Medieval Jewish culture, where he dealt with three ‘Neoplatonizing’ works having an ‘encyclopaedical character’4. Among these works, there is one of the products of 12th -century Spanish Jewish Neoplatonism : this is Joseph Ibn Zaddiq’s Book of the Microcosm, a JudaeoArabic work divided into four books, written in Cordoba around 1130. Ibn Zaddiq’s work is not properly an encyclopaedia, but includes an encyclopaedical sketch of Aristotelian physics and metaphysics in his book 1, and a ‘Neoplatonizing’ treatment of human psychology in book 2 (besides a treatment of theology, partially reflecting Islamic and Jewish kalam, in books 3-4). According to Sermoneta, there are a number of Medieval Hebrew texts about philosophy and sciences having an encyclopaedical or summarizing character. They should be divided into two groups : 1. real encyclopaedias and 2. summarizing treatises aiming to give a general survey of knowledge, which do not claim to supply a complete list of data about it5 . In the latter group, Sermoneta inserts Ibn Zaddiq’s book, which he considers to be a ‘Neoplatonizing’ encyclopaedical treatise of philosophy and sciences. But this is not the only case of such works. One should add to them the Treatise of the Garden by Moses Ibn Ezra. Moses Ibn Ezra (born in Granada, around 1055 – dead around 1138) was one of the most important figures of Jewish culture and literature in are the authors of the well-known 10th -century Arabic philosophical encyclopaedia, The Epistles of the Brethren of Purity. 4 G. Sermoneta, « Le enciclopedie nel mondo ebraico medievale. Tre trattati neoplatonizzanti a carattere enciclopedico », in Rivista di storia della filosofia, 40/1 (1985), p. 7-49. This volume was specifically devoted to the history of Medieval encyclopaedias, under the title : « Momenti e modelli nella storia dell’enciclopedia. Il mondo musulmano, ebraico e latino a confronto sul tema dell’organizzazione del sapere ». 5 G. Sermoneta, « Le enciclopedie nel mondo ebraico medievale... », p. 14-15, describes them as « trattati riassuntivi che intendono dare un quadro generale del sapere, senza pretendere di esaurire l’elenco delle cognizioni ». 3 These

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12th -century Spain. As a rule, his name is not found in works dealing with the history of Jewish philosophy and sciences, since he is known as a poet and man of letters, better than as an original thinker. In reality, he was probably the Medieval Jewish author who most absorbed and reproduced the customs and literary genres of Medieval Arabic literature, and the doctrines of Arabic theory of literature, by applying them to Hebrew literature. It is remarkable that Moses Ibn Ezra is also known for having written a Judaeo-Arabic book dealing with philosophical and philological questions, the Treatise of the Garden, about the metaphorical and the true (i.e. literal) meanings of the Bible. The original text of this work, possibly written around 1130 (in the same period of Ibn Zaddiq’s Book of the Microcosm), is still unpublished. It is found in eight manuscripts, the most complete of which is that found in the Jewish National and University Library in Jerusalem6 . Therefore, up to now the Treatise of the Garden as a whole has passed almost unnoticed among the historians of Medieval Hebrew and Judaeo-Arabic literature. Only some abstracts of a partial or total Medieval Hebrew translation of it, made by Judah al7 H . arizi around 1170, were published in 1842 by Leopold Dukes , and some isolated passages of the Arabic original, including unknown quotations of the Arabic text of some works by Isaac Israeli and Solomon Ibn Gabirol, were published and studied by various scholars8. As a matter of fact, the widest and most accurate study of the Treatise of the Garden has been recently published by Paul Fenton in 19979. In this study, Fenton has given a very useful contribution to the knowledge of the philosophical contents of the book, and of Moses Ibn Ezra’s dependence on Arabic 6 Yeruˇ salayim, Beit ha-sefarim ha-le’umit we-ha-’universit.a’it, 8◦ 570. For a description of the contents of this manuscript, once preserved in the library of David S. Sassoon at no. 412, see D.S. Sassoon, Ohel David. A Descriptive Catalogue of the Hebrew and Samaritan Manuscripts in the Sassoon Library, 2 vols., London, 1932, vol. I, p. 410-417. 7 L. Dukes, « Liqqutim mi-sefer ‘Arugat ha-bosem le-rabbi Moˇ seh ben ‘Ezra », in . S.iyyon, 2 (1842), p. 117-123, 134-137, 157-160, 175. 8 See in particular S.M. Stern, « Some Fragments of Galen’s On Dispositions in Arabic », in Classical Quarterly, 4 (1956), p. 91-101 ; S.M. Stern, « Isaac Israeli and Moses Ibn Ezra », in Journal of Jewish Studies, 8 (1957), p. 83-89 ; S. Pines, « Sefer ‘Arugat ha-bosem : ha-qet.a‘im mi-tok sefer Meqor h.ayyim », in Tarbiz, 27 (1957), p. 218-233 (reprinted in S. Pines, Bein mah.ˇsevet Isra’el le-mah.ˇsevet ha-‘ammim, Yeruˇsalayim, 1977, p. 44-60) ; P. Fenton, « Gleanings from M¯ oˇseh Ibn ‘Ezras’ Maqˆ alat al-Hadˆıqa », in Sefarad, 36 (1976), p. 285-298. 9 P.B. Fenton, Philosophie et ex´ eg` ese dans Le Jardin de la m´ etaphore de Mo¨ıse Ibn ‘Ezra, philosophe et po` ete andalou du XIIe si` ecle, Leiden, New York, K¨ oln, 1997 ´ (Etudes sur le juda¨ısme m´ edi´ eval, 19).

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Mauro Zonta literary theory and styles ; however, he has not yet published his longawaited complete edition and translation of the Treatise of the Garden : in his book, he has published French paraphrases of some selected passages of philosophical importance only. Therefore, the most important source for the knowledge of the whole contents of this work still remains the manuscript of Jerusalem. The Treatise of the Garden is divided into two parts. Part 2 is a merely lexicographical study of some terms of Biblical Hebrew, concerning the anatomical parts and details of human body. On the contrary, in part 1 Moses Ibn Ezra deals with some key-themes of theology, metaphysics, human physiology and psychology (God’s unity, attributes and names ; the creation of the world ; movement, nature, intellect and soul, and the structure of human body). As it appears from the very title of the work, he discusses these themes in a rather free, non-systematical way, sometimes through a linguistical and terminological examination of some passages of the Hebrew Bible. He gives different interpretations of these passages, by comparing their literal meanings and their metaphoric-allegorical significations. According to Fenton, Moses Ibn Ezra’s Treatise of the Garden and his work on Hebrew poetics, the Book on Conversations and Recollections, are the only two representatives of the Arabic literary genre of adab in a Jewish milieu. Fenton observes that in Medieval Arabic literature adab was a sort of literary prose reproducing a sort of drawing-room conversation between some men of letters, where the participants tried to display their literary, philosophical and scientific notions through long digressions. Therefore, adab became, according to Fenton, synonymous of a certain dilettantism in which elements of poetry, literary prose, philosophy and sciences were mixed together, without any systematical and specializing attempt10 . If so, the Treatise of the Garden is a real adab work : it is not limited to a single theme, nor it is the result of a systematic reasoning, but tries to add and include a growing series of philological and philosophical discussions around some beginning themes. (By the way, it is remarkable that the general scheme of the work and the treatment of some themes suggest that Moses Ibn Ezra’s Treatise of the Garden might be either one of the hitherto neglected literary sources of Moses Maimonides’ Guide of the Perplexed or at least one of the “models” employed by Maimonides while writing his masterpiece11). 10 The 11 See

above sentences are taken from Fenton, Philosophie et ex´ eg` ese..., p. 30. about this Zonta, « Moses Ibn Ezra’s “Treatise of the Garden”... ».

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About a 12th -century Judaeo-Arabic « Encyclopaedical » Work : Moses Ibn Ezra’s Treatise of the Garden, part 1

Most of part 1 of Moses Ibn Ezra’s work is a sort of “patchwork of quotations”, taken from Ancient Greek and Medieval Islamic sources, and concerning various philosophical, theological and scientific subjects, inside a general structure echoing that of Arabo-Islamic works of Mu‘tazilite theology12. Now, it should be stressed that the presence of real “patchworks of quotations” from Greek and Arabic texts characterizes many of the Medieval Hebrew encyclopaedias of philosophy and sciences : Judah ben Solomon ha-Cohen’s The Study of Science (written in Judaeo-Arabic in Spain, around 1235, and then translated into Hebrew by the author himself, in 1247, while he was in Italy), and, more particularly, Shem Tov Ibn Falaquera’s The Opinions of the Philosophers (written in Hebrew, probably in Northern Spain, around 1270), which is a sort of anthology of passages from Arabo-Islamic works on physics and metaphysics ; also another well-known encyclopaedia, Gershom ben Solomon of Arles’ The Gate of Heavens (written in Hebrew, in Provence, around 1300) consists of a patchwork of direct or indirect quotations taken from its sources13. What can we conclude from the above observations ? Surely, the Treatise of the Garden is not an “encyclopaedia”. However, if we accept Sermoneta’s theory, it is surely a work having an “encyclopaedical character”, and its part 1 at least appears to be an “encyclopaedical” work. This should appear from a general overview of the contents of the chapters of part 1 of the Treatise of the Garden, having a philosophical and scientific interest, as it results from the following table.

12 About some of these quotations, see Fenton, « Gleanings from M¯ oˇseh Ibn ‘Ezras’... ». 13 About these three works and their sources, see the articles by R. Fontaine, « Judah ben Solomon ha-Cohen’s Midrash ha-Hokhmah : Its Sources and Use of Sources », S. Harvey, « Shem-Tov Ibn Falaquera’s De‘ot ha-filosofim : Its Sources and Use of Sources », and J.T. Robinson, « Gershom ben Salomon’s Sha‘ar ha-Shamayim : Its Sources and Use of Sources », in The Medieval Hebrew Encyclopedias..., ed. Harvey, p. 191-210, 211-247, 248-274.

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Mauro Zonta Moses Ibn Ezra, Treatise of the Garden, part 1 0. Introduction (in rhymed prose) 1. On the allegorical and literal sense of the Hebrew Bible 2. On God’s unity 3. On the negation of God’s attributes 4. On the negation of God’s names 5. On motion (manuscript of Jerusalem, p. 47-53)14

Summary of the contents of the chapters having an ‘encyclopaedical character’

Here, a list of different opinions about motion is given and examined : - the general concept of ‘motion’, and its relationship to creation (quotation from Isaac Israeli’s Book of the Elements) ; - various definitions of motion : among them, a quotation from ‘some scholars’ (i.e. the ‘Brethren of Purity’), according to which motion consists of the universal soul, i.e. of the spiritual force coming from the ‘universal intellect’ ; - according to Aristotle, motion is threefold : in the centre, from the centre and towards the centre ; - a quotation from pseudo-Bah.ya Ibn Paquda : « Motion is the spirit of natures » ; - the idea of creation as a motion, including a discussion of Aristotle’s doctrine of the eternal motion of heavens as found in the De caelo (nonliteral quotation) ;

14 About the general contents of this chapter, see Fenton, Philosophie et ex´ eg` ese..., p. 119-125.

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6. On world’s creation (manuscript of Jerusalem, p. 5358

7. On the religious laws which can be understood by reason and those which should be observed by tradition 8. On the composition of man (manuscript of Jerusalem, p. 65-68)16

- the nature of heavens according to Plato and Ab¯ u Bakr al-R¯az¯ı (quotations) ; - a lexicographical study of the term ‘motion’ according to the Bible ; - the relationship between motion and non-motion, connected to the relationship between potentiality and actuality (including a quotation of ‘Plato’). This is a description of the formation of the world through the emanation from the ‘first intellect’, part of which consists of literal quotations from the ‘Brethren of Purity’15 .

After having given a definition of man, the author examines here the various philosophical discussions about him and his nature : - a quotation from ‘Aristotle’ : « Man is an animal due to his sensibility, and is rational due to his intellect » ; - relationship between man, animals, plants and minerals (the definitions of each group are probably taken from the ‘Brethren of Purity’) : man is the only one being which is living, speaking and dying ; - short description of the general characteristics and parts of the human body ; correspondences between them and the various parts of the world, ac-

15 See

Fenton, Philosophie et ex´ eg` ese..., p. 129-131. the general contents of this chapter and some of its sources, see Fenton, Philosophie et ex´ eg` ese..., p. 145-148. 16 About

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9. On nature (manuscript of Jerusalem, p. 68-73)17

cording to the doctrine about microcosm and macrocosm (as found in the ‘Brethren of Purity’) ; - the different ‘matters’ composing the human body (skin, flesh, bones and veins) and their characteristics, including a number of references to mineralogy, botany and zoology ; - a quotation from Plato’s Timaeus about the four genuses of animals. Here, the different philosophical interpretations of the concept of ‘nature’ are expounded : - what is nature : it is proper of animals and plants, and consists of reproduction, nutrition, growth, etc. ; - quotations from pseudo-Empedocles, ‘Aristotle’ (from pseudo-Plutarch’s Placita philosophorum) and Isaac Israeli (partially taken from his Book of Definitions) ; - nature in man : it consists of the fusion of soul and body ; - the concepts of generation and corruption (quotations from the ‘Brethren of Purity’) ; - the relationship between matter (body) and form (soul), and the concept of ‘prime matter’ : several quotations from Solomon Ibn Gabirol’s The Source of Life, interspersed with quotations from pseudoEmpedocles and Galen.

17 For a translation of this chapter into Italian (including references to its sources), see M. Zonta, La filosofia ebraica medievale. Storia e testi, Roma, Bari, 2002 (Biblioteca di cultura moderna, 1158), p. 81-85.

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10. On intellect (manuscript of Jerusalem, p. 73-81)18

11. On the three souls (manuscript of Jerusalem, p. 81116)19

Here, a patchwork of philosophical quotations concerning the different meanings and interpretations of the concept of ‘intellect’ is given : - the active intellect and the two meanings of ‘intellect’, as a general and as an individual thing (from the ‘Brethren of Purity’) ; - various definitions of the intellect (from Isaac Israeli’s Book of Definitions and from Ibn Gabirol’s The Source of Life) ; - the difference between human intellect and human sense (from The Source of Life) ; - intellect and the five faculties of human soul ; - the different meanings of ‘individual human intellect’, seen as ‘the form of man’ (quoting Socrates) and as ‘the correct thought’ (quoting pseudo-Empedocles) ; - a lexicographical study about the meanings of ‘intellect’ in the Bible. This is a sort of short “encyclopaedia” of psychology, botany and ethics inserted into the general frame of the work. It is based upon an examination of the different meanings of ‘soul’, including a number of references to Ancient and Medieval Islamic and Jewish philosophers : - human soul and its knowledge as a way for knowing the world ; the nature of soul and its relationship to bo-

18 See the detailed description of its contents and sources in Fenton, Philosophie et ex´ eg` ese..., p. 157-168. 19 See the partial Italian translation in Zonta, La filosofia ebraica medievale..., p. 8689, and the analysis of the contents in Fenton, Philosophie et ex´ eg` ese..., p. 168-184.

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Mauro Zonta dy (quoting Qust.¯a Ibn L¯ uq¯a’s On the Difference between Soul and Spirit ; Ibn Gabirol’s The Source of Life ; Plato, probably from a summary of the Phaedon and a passage of the Laws ; Socrates) ; - the meanings of ‘soul’ in the Bible (quoting Isaac Israeli) ; - the vegetative soul, including a rather detailed treatment of theoretical botany (quoting pseudo-Aristotle [Nicolaus Damascenus]’s De plantis, and the ‘Brethren of Purity’) ; - soul and ethics, including the moral relevance of rational soul in man, and the meaning of death for soul (quoting Plato’s Timaeus, Galen’s On the Virtues of the Soul [i.e., the De moribus], Plato’s Phaedon, etc.).

As one can see from the above sketch of their contents, chapters 5-6 and 8-11 of part 1 of the Treatise of the Garden give a general survey of the various aspects of cosmology (including a treatment of physics, metaphysics, human psychology, and natural sciences), which appear to be not so different from the similar surveys found in 12th - and 13th -century Hebrew encyclopaedias of science and philosophy. In particular, one might compare the general scheme of part 1 of the Treatise of the Garden to the general scheme of Joseph Ibn Zaddiq’s Book of the Microcosm 20 . The contents of book 1 of the latter (dealing with logic, physics, mineralogy, botany and zoology, and the theme of microcosm and macrocosm) are similar to the contents of chapters 5-6, 9 and 11 of the former ; the contents of book 2 of the latter (dealing with human physiology and psychology) seems to reflect the contents of chapters 8, 10 and 11 of the former ; book 3 of the latter (mostly dealing with the unity of God and His attributes) deals with the contents of chapters 2-4 of the former ; finally, book 4 of the 20 About the contents of this work, see G. Vajda, « La philosophie et la th´ eologie de Joseph ibn Caddiq ¸ », in Archives d’histoire doctrinale et litt´ eraire du Moyen Age, 17 (1949), p. 93-181.

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latter (dealing with good and evil acts of man) deals with the contents of chapter 7 of the former. Fenton has already suspected that, while writing his Treatise of the Garden, Moses Ibn Ezra might have been inspired by Joseph Ibn Zaddiq’s Book of the Microcosm, since there are at least two passages identical in both works21. Of course, the relationship between these two works should be better investigated. In any case, the Treatise of the Garden could already be regarded as one of the first and most ancient models of Medieval Jewish encyclopaedical works of science and philosophy.

21 Fenton,

Philosophie et ex´ eg` ese..., p. 104, 131-132.

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Dominicus Gundissalinus et G´ erard de Cr´ emone, deux possibles strat´ egies de traduction : le cas de l’encyclop´ edie farabienne du De scientiis a Alain Galonnier ∗ Le Kit¯ ab Ih.s.a ¯’ al-‘ul¯ um 1 d’al-F¯ ar¯ ab¯ı2, Livre sur le recensement des sciences, peut-ˆetre r´edig´e au d´ebut du Xe si`ecle de l’`ere chr´etienne3 , n’int´eressa qu’assez tard le monde occidental. Il fallut attendre que les deux principaux traducteurs tol´edans4 , ` a savoir Dominicus Gundissalinus (c. 1110-c. 1190), vers 1150, et G´erard de Cr´emone (1114-1187)5, vers 117511806 d´ecident de latiniser cette encyclop´edie farabienne7 , pour que sa a Le pr´ esent expos´ e est une adaptation synth´ etique de l’introduction de notre ´ edition critique avec traduction du De scientiis de G´ erard de Cr´ emone (` a paraˆıtre). ∗ C.N.R.S. - Villejuif, UPR76. 1 Nous travaillerons a ` partir de Al-F¯ ar¯ ab¯ı, La statistique des sciences, ´ ed. O. Amine, ´ Le Caire, 19683 . Pour une ´ edition plus r´ ecente, voir Ih.s.a ¯’ el-‘Ulum. Enum´ eration des sciences ou classification des sciences, ´ ed. I. Mansour, Beyrouth, 1991, et pour ¨ les versions latines, Fr. Schupp, Al-F¯ ar¯ ab¯ı, Uber die Wissenschaften. De Scientiis, Lateinisch-Deutsch, Hamburg, 2005 et M. Alonso Alonso, Domingo Gundisalvo. De Scientiis. Compilacion a base principalmente de la Kit¯ ab Ihs¯ a’ al-‘ulum de al-F¯ ar¯ ab¯ı, Madrid, 1954. 2 Sur l’auteur voir M. Steinschneider, Al-Farabi (Alpharabius), des arabischen Philosophen Leben und Schriften, Saint-Petersburg, 1869, puis Amsterdam, 1966 (p. 83-85 pour l’Ih.s.¯ a ) et I.R. Netton, Al-Farabi and his School, London and New York, 1992. 3 Selon Z. ˇ Vesel, Les encyclop´ edies persanes. Essai de typologie et de classification des sciences, Paris, 1986, p. 11. Voir en outre l’estimation en chronologie relative de W. Heinrichs, « Die antike Verkn¨ unpfung von phantasia und Dichtung bei den Araben », dans Zeitschrift der Deutschen Morgenl¨ andischen Gesellschaft, 128 (1978), p. 252-298. 4 L’expression « ´ ecole de traduction » dite de Tol` ede, peut-ˆ etre fond´ ee sous l’impulsion de l’archevˆ eque de la ville (1125-1152) Raimundus, est toujours sujette a ` controverse. 5 La Vita de l’Accessus ad auctorem que lui ont consacr´ e ses « socii », et qui comprend trois parties (Vita, Commendatio librorum et Elogium), signale que G´ erard est mort en 1187, a ` soixante treize ans (C.S.F. Burnett, « The Coherence of the Arabic-Latin Translation Programm in Toledo in the Twelfth Century », in Science in Context, 14 (2001), p. 249-288, ici 276). 6 Sur la datation des traductions voir M. Zonta, La « Classificazione delle scienza » di Al-F¯ ar¯ ab¯ı nella tradizione ebraica, Torino, 1992, p. XIX et XX. 7 Dans cette contribution, nous n’observerons aucune distinction entre encyclop´ edie et classification des sciences. Le premier des deux termes est utilis´ e par Steinschneider, Al-Farabi..., p. 83, pour d´ esigner l’Ih.s.¯ a, mais refus´ e par S. Munk, M´ elanges de philosophie juive et arabe, Paris, 1859, p. 343, qui lui pr´ ef` ere implicitement le second.

Alain Galonnier diffusion gagne lentement l’Europe non musulmane sous le titre commun le plus r´epandu : (Alfarabii ou Alpharabii) de scientiis. En v´erit´e, seul G´erard a r´ealis´e une authentique transposition de l’arabe en latin dans le respect de ce qu’a voulu F¯ar¯ ab¯ı. La composition de Gundissalinus n’est, elle, qu’une adaptation, fortement tronqu´ee par endroits, o` u se mˆelent intimement traductions, paraphrases et ellipses. Ce travail hybride et distanci´e a n´eanmoins surpass´e tr`es vite celui, plus scrupuleux et exigeant, de G´erard. D’apr`es ce qu’il nous a ´et´e donn´e de constater jusqu’` a pr´esent, le d´es´equilibre paraˆıt radical. L’´echo de la version g´erardienne se r´ev`ele fort limit´e – hormis chez Roger Bacon –, tandis que celui rendu par la compilation de Gundissalinus, et ce qu’en reprend son De divisione philosophiae, emplit pour ainsi dire tout le XIIIe si`ecle. Se contenter de noter cette disparit´e reste toutefois insuffisant de notre point de vue d’historien des id´ees, dans la mesure o` u cela revient `a ´evacuer enti`erement le principe ex´eg´etique selon lequel « les proc´ed´es dont la traduction est issue [peuvent refl´eter les] conceptions et la mentalit´e des traducteurs »8 . Autrement dit, d`es lors que deux ´etats d’esprit diff´erents sont susceptibles d’avoir conditionn´e deux mani`eres de relayer un savoir, dans ce cas encyclop´edique – cette caract´erisation aura son importance –, `a une ´etape charni`ere de son ´evolution et de sa transmission, il nous est apparu ´epist´emologiquement fond´e d’essayer de voir en quoi l’arri`ere-plan historique aurait orient´e les attitudes conceptuelles qui purent d´eterminer l’une et l’autre entreprise. Mais avant de mettre en place les facteurs politiques et socio-culturels qui d´ecid`erent ´eventuellement des r´eflexes et des options respectives des deux auteurs, et d’envisager comment ils seraient susceptibles d’aider `a les comprendre, nous avons ` a d´efricher quelque peu un parcours qui se pr´esente sem´e d’embˆ uches. Pour neutraliser provisoirement ces derni`eres, quatre pr´esuppos´es doivent nous ˆetre accord´es, qui sont autant de points de fragilisation pour notre d´emarche, leur discussion r´eclamant une enquˆete beaucoup trop vaste. Nous sommes en effet contraint premi`erement de consid´erer que Dominicus Gundisalvi et Gundisalvus (ou, dans sa graphie alt´er´ee, Gundissalinus) ne font qu’un – en d’autres termes de mettre entre parenth`eses la tentative r´ecente d’Adeline Rucquoi9 , visant `a placer derri`ere ces noms 8 G. Verbeke, dans Avicenna Latinus. Liber De anima seu textus De naturalibus, I (I-III), ´ ed. S. Van Riet, Leiden, 1972, p. 123∗ . 9 Voir A. Rucquoi, « Gundisalvus ou Dominicus Gundisalvi ? », dans Bulletin de

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deux auteurs contemporains. Deuxi`emement, de faire l’impasse sur les probl`emes touchant ` a la bio-bibliographie de G´erard et a` celle du mˆeme Gundissalinus. Troisi`emement, de passer sous silence les difficult´es que soul`event entre autres leur comp´etence et leur m´ethode10 . Quatri`emement, enfin, d’admettre que les deux De scientiis ont b´en´efici´e des mˆemes conditions de diffusion dans une tradition manuscrite stable. Qui plus est, le cadre de cette contribution ne permettant pas de proc´eder `a une ´etude des caract´eristiques de la taxinomie scientifique d’al-F¯ ar¯ab¯ı, nous signalerons simplement ses aspects les plus originaux, en raison de l’int´erˆet que certains pr´esentent pour mieux appr´ehender les deux strat´egies traductrices qui nous occupent. Pour ce faire, il convient auparavant de pr´eciser que l’ouvrage farabien ne peut ˆetre compris qu’en ´etant replac´e dans l’id´eal p´edagogique duquel il participe et que son res` ses yeux, effectivement, l’´educaponsable n’a jamais cess´e de cultiver. A tion doit d´eboucher sur l’acquisition par l’homme de valeurs, de connaissances et d’aptitudes pratiques ayant pour objet de le conduire `a l’´etat parfait pour lequel il fut cr´e´e, d`es lors que la finalit´e de son existence terrestre est d’atteindre la f´elicit´e dans la perfection suprˆeme ou bien absolu11 . Instrument ` a but heuristique, l’Ih.s.a ¯ se devait donc de multiplier les initiatives pour faciliter la r´eception et l’acquisition d’un savoir global plus ou moins arabis´e. Relevons les plus significatives. C’est d’abord le d´ecoupage in´edit de la science du langage en sept branches (s´emantique, syntaxe, morphologie, grammaire, orthographe, phon´etique et m´etrique), dont est exclue la dialectique, `a laquelle sera r´eserv´e un chapitre autonome et tr`es ´etendu12 . En outre, rh´etorique et po´etique deviennent, dans un ´eclatement du trivium, des parties int´egrantes de la logica, et peuvent pr´etendre ` a la production d’une forme de persuasion13 . C’est aussi l’extension du quadrivium (scientia doctrinalis) `a sept Philosophie M´ edi´ evale, 41 (1999), p. 85-106. 10 La collaboration notamment de Gundissalinus avec Avendauth ou un certain Jean soul` eve des difficult´ es toujours irr´ esolues. 11 Voir A. Al-Talbi, « Al-Farabi (259-339 AH/872-950 AD) », dans Perspectives. Revue trimestrielle d’´ education compar´ ee, XXIII, n◦ 1-2 (1993), p. 353-372. 12 Voir M.S. Galston, « Al-F¯ ar¯ ab¯ı et la logique aristot´ elicienne dans la philosophie islamique », dans Aristote aujourd’hui, ´ ed. M.A. Sinaceur, Paris, 1988, p. 192-217. 13 Voir D. Black, « Traditions and Transformations in the Medieval Approach of Rhetoric and Related Linguistic Arts », dans L’enseignement de la philosophie au XIIIe s. Autour du ‘Guide de l’´ etudiant’ du ms. Ripoll 109, ´ ed. Cl. Lafleur et J. Carrier, Turnhout, 1997, p. 233-254 (ici 234-240). Cf. M. Aouad, « Les fondements de la Rh´ etorique d’Aristote reconsid´ er´ es par F¯ ar¯ ab¯ı, ou le concept de point de vue imm´ ediat et commun », dans Arabic Science and Philosophy, 2, 1 (1992), p. 133-180.

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Alain Galonnier composantes, avec l’introduction sans pr´ec´edent de l’optique ou perspective, entre g´eom´etrie et science des ´etoiles, et de la science des poids ou statique, ainsi que le renouvellement partiel de la musique et des arts m´ecaniques. C’est ensuite la distinction nette observ´ee entre l’astrologie et l’astronomie, avec rel´egation de la premi`ere dans les savoir-faire. C’est encore l’´elargissement de la r´epartition des disciplines (arts et sciences) de souche platonico-aristot´elicienne14, entre volet « th´eor´etique » (naz.ar¯ı) et volet « pratique » (‘amal¯ı), qui op´erera par la suite, explicitement ou non, `a l’occasion de chacune des sept branches de la scientia doctrinalis 15 . C’est ´egalement le couplage physique-m´etaphysique, cette derni`ere ´etant con¸cue comme une th´eologie philosophique combinant Aristote et le n´eoplatonisme. C’est enfin l’annexion ` a la politique, qui b´en´eficie d’un d´eveloppement inhabituel, de deux appendices, la jurisprudence ou droit canon (fiqh) et la th´eologie dialectique (kal¯ am)16 , lesquels se trouvent ainsi appartenir aux sciences philosophiques. D’autre part, on l’a laiss´e entendre, parmi les innovations relev´ees plusieurs pr´esentent une dimension ethnocentr´ee qui, signalons-le en passant, a pour inconv´enient de rester difficilement traduisible, adaptable ou assimilable. Il s’agit d’une science de la langue, toujours ` a consid´erer comme langue de la r´ev´elation, mˆeme lorsqu’elle se d´eveloppe en science des mots, et des deux sciences dites communautaires que l’on vient d’aborder, celle du fiqh, qui demeure un savoir majoritairement musulman, et celle du kal¯ am, qui ne peut sortir 14 Voir

Platon, Le Politique, 258e, et Aristote, M´ etaphysique, a, 1, 993b19-21 (division de la philosophie en th´ eor´ etique et pratique), E, 1, 1025b25 (division de la science en pratique, po¨ı´ etique et th´ eor´ etique), et K, 7. Cf. Bo` ece, In Isagogen Porphyrii Ia , ´ ed. S. Brandt-G. Schepps, CSEL XXXXVIII, p. 8, 1-2 : « est... philosophia genus, species vero duae, una quae theoretica dicitur, altera quae practica, id est speculativa et activa ». 15 Voir G. Beaujouan, « L’enseignement du quadrivium », dans La scuola nell’occidente latino dell’Alto Medioevo. Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’Alto Medioevo, XIX, II, Spoleto, 1972, p. 639-667 et Id. « The Transformation of the quadrivium », in Renaissance and Renewal in the Twelfth Century, ´ ed. R.L. Benson-G. Constable, Oxford, 1982, p. 463-487, et M. Schramm, « Theoretische und praktische Disziplin bei Al-F¯ ar¯ ab¯ı », dans Zeitschrift f¨ ur Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaften (Frankfurt), 3 (1986), p. 1-55. Le premier estime que c’est le De scientiis qui apporta la distinction a ` l’Occident, et A. Allard, « L’enseignement du calcul arithm´ etique », dans Manuels, programmes de cours et techniques d’enseignement dans les universit´ es m´ edi´ evales, Actes du Colloque international de Louvain-la-Neuve, 9-11 septembre 1993, ´ ed. J. Hamesse, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 117-135 (ici 120), y voit la transformation la plus profonde introduite par le recensement farabien. 16 Voir R.M. Frank, « The Science of Kal¯ am », dans Arabic Science and Philosophy, 2, 1 (1992), p. 7-37.

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de son statut de discipline fond´ee sur la r´ev´elation coranique. Ces am´enagements destin´es ` a pr´eciser et enrichir le proc´ed´e classificatoire des sciences, ne vont cependant pas sans faiblesse. Le processus prop´edeutique et didactique conduit F¯ar¯ ab¯ı `a trop sacrifier `a un principe d’´economie qui, malgr´e plusieurs digressions (sept au total), nous prive d’une r´eflexion sur l’organisation des savoirs s´electionn´es et les crit`eres de la synth`ese retenue, et ne s’embarrasse pas de transitions entre les diff´erentes parties et au sein de chacune17 . De surcroˆıt, Alpharabius n’´echappe pas ` a l’esp`ece de paradoxe qui caract´erise l’organisation du savoir chez un certain nombre de penseurs arabes, d`es lors que l’on y observe `a la fois le d´esir de concilier l’h´eritage des Anciens avec le savoir de l’Islam, et le maintien de la bipolarit´e, que prend soin de rappeler ici-mˆeme Godefroid de Callata¨ y, entre les sciences traditionnelles et les sciences rationnelles, les religieuses et les philosophiques, les islamiques et les ´etrang`eres, les arabes et les grecques. Si cette ligne de fracture n’est point revendiqu´ee en tant que telle par F¯ar¯ab¯ı, comme ce sera le cas chez ¯ le philosophe al-‘Amir¯ ı, le lexicographe al-Khw¯arizm¯ı al-K¯atib, ou l’historien Ibn Khald¯ un, elle ne se manifeste pas moins dans la place sommitale r´eserv´ee au fiqh et au kal¯ am, qui viennent parachever le corpus. Contrairement ` a ce que l’on pourrait ˆetre conduit `a penser spontan´ement, ces sp´ecificit´es, nous le disions, n’ont point suscit´e une mˆeme r´eaction chez leurs passeurs linguistiques. Plusieurs facteurs, dont le principal reste celui de l’acculturation, ont vraisemblablement contribu´e `a la formation de cette distorsion, o` u la nature de l’œuvre promue par chacun ` la diff´erence de G´erard, n’est pas en l’occurrence d´enu´ee d’importance. A Gundissalinus eut deux cordes ` a son arc. Ce fut un philosophe `a part enti`ere18 , mˆeme s’il fit surtout œuvre de compilateur et de plagiaire, et un traducteur, qui transposa plus ou moins librement en latin, parfois `a quatre mains, divers ´ecrits arabes19. G´erard, lui, se voua tout entier `a la 17 A `

lire M. Mahdi, « Science, Philosophy and Religion in Alfarabi’s Enumeration of the Sciences », in The Cultural Contexts of Medieval Learning, ´ ed. J.E. Murdoch et E.D. Sylla, Dordrecht-Boston, 1975, p. 113-147 (ici plus particuli` erement 130-131 et 140-141), certaines absences de transition auraient ´ et´ e voulues et auraient servi a ` accompagner l’expos´ e de fond. 18 Voir Cl. Baeumker, « Les ´ ecrits philosophiques de Dominicus Gundissalinus », dans Revue Thomiste, 1897, p. 723-745 et Id. « Dominicus Gundissalinus als philosophischer Schriftsteller », dans Studien und Charakteristiken zur Geschichte der Philosophie insbesondere des Mittelalters, 1927, p. 255-275. 19 Un t´ emoignage d’Avendauth (voir Van Riet, Avicenna Latinus, 1972, p. 3-4) per-

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Alain Galonnier ` son cr´edit soixante et traduction, autant gr´eco-latine qu’arabo-latine. A onze trait´es attribu´es ` a ce jour, pour l’essentiel scientifiques ou philosophiques, trente-deux de penseurs grecs et trente-neuf de penseurs arabes, dont trois de F¯ar¯ ab¯ı, qu’aucun ouvrage de r´eflexion n’est apparemment venu diversifier. Le De scientiis, seul ´ecrit `a notre disposition permettant une confrontation directe, rend au mieux les effets par lesquels se concr´etisa cette divergence de profil intellectuel. Il n’y a, de ce point de vue, rien ou presque `a dire sur le second, celui de G´erard, qui s’´evertue `a transvaser l’or de la langue d’un creuset dans un autre avec le minimum de perte de substance. En revanche, ce que nous a transmis le premier s’apparente `a une composition h´et´eroclite, qui met bout `a bout des passages traduits avec d’autres r´esum´es, cribl´ee tantˆ ot de coupes, tantˆ ot d’ajouts, t´emoignant d’une latitude ` a laquelle aurait pu inciter les carences de l’Ih.s.a ¯’ en mati`ere d’observations sur les structures internes du recensement. Une r`egle semble avoir pr´evalu chez ce mˆeme Gundissalinus, qui consiste d’un cˆ ot´e `a supprimer ou ` a synth´etiser, en annulant dans ce dernier cas la majeure partie de l’arabisation amen´ee par F¯ar¯ab¯ı, tous les domaines de la pens´ee-source, de l’autre ` a replacer certains secteurs ´epist´emiques sous l’autorit´e gr´eco-latine, afin de promouvoir une hi´erarchisation des savoirs aristot´elico-n´eoplatonicienne. Ces choix, qui peuvent en partie s’expliquer par le constat d´epit´e dress´e dans la pr´eface du De scientiis, o` u Gundissalinus d´eplore n’´ecrire que pour le philosophe, pˆ ale copie du sage disparu, en survolant un arbre de la connaissance majestueux dont il ne reste qu’une image estomp´ee, ont des cons´equences bien rep´erables. En premier lieu les mots translit´er´es sont presque inexistants, ce qui n’est point le signe d’une maˆıtrise de la langue arabe proche de la perfection, mais de l’´elimination quasi totale des arabismes et des domaines qu’ils illustraient. Ensuite, et successivement, le chapitre sur la logique connaˆıt amputations et refontes, la section sur l’arithm´etique est ´ecourt´ee et pour ainsi dire mise sous la tutelle scientifique de l’᾿Αριθμητική εἰσαγωγή de Nicomaque de Gerasa20 , celle sur la g´eom´etrie se voit comme renforc´ee, en son volet pratique, par une triade non moins accessoire de sciences appliqu´ees, sans doute pr´elemet de se faire une id´ ee sur le partage des responsabilit´ es : lui-mˆ eme, dit-il, traduisait de l’arabe en langue vulgaire et Gundissalinus de la langue vulgaire en latin. 20 On notera que la d´ ependance envers Nicomaque est plus restreinte dans le De divisione philosophiae, car le chapitre sur l’arithm´ etique y est d´ evelopp´ e et diversifi´ e (De divisione philosophiae, ´ ed. L. Baur, dans Beitr¨ age zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters (M¨ unster), IV, 2-3 (1903), p. 1-142 (ici 90-96).

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v´ee chez Hugues de Saint-Victor21 , et celle sur la physique par la mention des M´et´eorologiques d’Aristote22 , alors que le passage sur la science du citoyen subit r´eductions et alt´erations. Enfin, eu ´egard `a ce qui contribue `a faire la sp´ecificit´e de l’Ih.s.a ¯’ comme production d’expression arabe, le chapitre premier sur la langue se trouve imm´ediatement d´enatur´e par des omissions tr`es importantes, puis n’est plus repr´esent´e que par l’´enum´eration de ses sept parties23 , tandis que toute la section sur le kal¯ am a disparu24 , d´ecapitant ainsi l’´edifice conceptuel. Il n’en est pas moins vrai qu’un domaine tranche avec cette tendance : l’alg`ebre, qui ne subit ni r´eappropriation ni amputation, et va mˆeme jusqu’`a provoquer ant´erieurement l’insertion d’un excursus sur les transactions financi`eres ou commerciales (mu‘¯ am¯ al¯ at ) `a la fin de la partie sur l’arithm´etique25 . Mais ` a y regarder de pr`es on s’aper¸coit que Gundissalinus refa¸conne ` a sa mani`ere le contenu doctrinal farabien, qu’il am´enage ici par la mention de deux param`etres marginaux au regard des mu‘amal¯ at (celui de la racine comme seule valeur alg´ebrique de r´ef´erence – que ne mentionne pas F¯ar¯ ab¯ı – et celui des sciences des solides et des figures), obnubil´e peut-ˆetre par son d´esir d’alimenter un courant gr´eco-latin, qu’il jugeait trop faiblement repr´esent´e en ce domaine, sans renoncer `a ses propres instruments. S’il avait eu ` a se prononcer, de telles libert´es eurent sans doute ´et´e jug´ees inacceptables par G´erard de Cr´emone. Traducteur rigoureux, ayant repris `a son compte les r`egles d’un Bo`ece qui recommandait une stricte litt´eralit´e (verbum verbo)26 , il se raidit en permanence sur le texte-source 21 Le

De divisione la fait correspondre litt´ eralement a ` celle de Hugues (Didascalicon, ` dire vrai, cette II, 13) : altim´ etrie, planim´ etrie, cosmim´ etrie (voir Baur, p. 108, 6-7). A triade sera reprise, a ` peu pr` es dans cet ordre, mais sous la forme d’illustrations, dans la section farabienne sur l’optique (voir ´ ed. Amine, p. 99). 22 Le De divisione n’offre rien d’´ equivalent. 23 Encore r´ eduite dans le De divisione, elle est encadr´ ee par deux s´ equences d´ ependantes de sources grecques et latines (Baur, p. 43-53). 24 Il n’est pas indiff´ erent de relever que cette derni` ere lacune se retrouve dans le De divisione. Selon M. Bouyges, « Notes sur les philosophes arabes connus des latins au Moyen Age », VII : « Sur le De scientiis d’Alfarabi r´ ecemment ´ edit´ e en arabe a ` Saida, et sur le De divisione philosophiae de Gundissalinus », dans M´ elanges de l’Universit´ e Saint Joseph (Beyrouth), 9 (1923-1924), p. 49-70 (ici 67, 1), elle s’explique par le fait que Gundissalinus ne s’y occupe que de l’honesta scientia humana. Toutefois, l’argument ne vaut plus pour le De scientiis. 25 Pour ˆ etre tout a ` fait exact, F¯ ar¯ ab¯ı leur consacre une allusion au d´ ebut de la mˆ eme partie (voir Amine, p. 93 exit.). 26 Bo` ece, In Isagogen Porphyrii, editio secunda (Brandt-Schepss, p. 135, 7). Cf. ¨ la traduction g´ erardienne du De caelo d’Aristote, chez I. Opelt, « Zur Ubersetzungs-

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Alain Galonnier et, tant que faire se peut, en fournit une r´eplique, ne reculant point devant le tour pesant et la compr´ehension laborieuse27. Ne cherchons donc pas dans son De scientiis des infid´elit´es assum´ees au trait´e farabien. Les seuls d´ecalages et entorses que l’on peut y r´ep´erer ne sont probablement dus qu’`a des initiatives de copistes. Convertir un texte d’une langue dans une autre exige, pour le magister Gerardus, l’effacement total du traducteur et le gommage des distorsions morpho-s´emantiques. Traduire n’est aucunement interpr´eter, mais c’est tisser un r´eseau invisible entre deux univers de langue et de pens´ee devenus superposables. Ces ´ecarts observ´es sur une proc´edure d’ensemble se concr´etisent bien ´evidemment dans le transfert linguistique. Litt´eraliste et ´etymologisant chez G´erard, qui cˆ otoie volontiers les n´eologismes pour ´etreindre la racine arabe, il se fait plus distendu et moins respectueux de la tradition chez Gundissalinus, non sans quelquefois mieux y r´eussir. Le meilleur exemple reste, de nouveau en contexte math´ematique, la traduction des adjectifs arabes muˇ garrad et muh.allas. appliqu´es au nombre pour le d´esigner comme « abstrait » (= Amine, p. 93 in fine), et s.amm appliqu´e `a la quantit´e pour la d´esigner comme « irrationnelle » (= Amine, p. 96). Tandis que G´erard s’arc-boute sur le sens litt´eral avec denudatus (par deux fois) et surdus (= Schupp, p. 64, 14 et 15 et 68, 14), Gundissalinus sait s’en d´eprendre sans rupture, choisissant denudatus pour muˇ garrad mais abstractus pour muh.allas., et surdus sive irrationalis (Alonso, p. 86, 5 et 7 et 91, 5) pour s.amm. Dans le mˆeme ordre d’id´ee, le binˆome d´ej` a mentionn´e nazar¯ı et ‘amal¯ı (passim) ouvre sur un constat similaire. Appliqu´e `a la fois aux arts et aux sciences, il signifie chez F¯ar¯ab¯ı « th´eorique » et « pratique ». Seulement, alors que G´erard le rend toujours par speculativaactiva, c’est-`a-dire en se crispant sur l’acception litt´erale arabe, `a savoir technik des Gerhard von Cremona », dans Glotta, 38 (1959), p. 135-170, et plus globalement C.S.F. Burnett, « Some Comments on the Translating of Works from Arabic into Latin in the Mid-Twelfth Century », in Orientalische Kultur und europa¨ısches Mittelalter, ´ ed. A. Zimmermann et I. Craemer-Ruegenberg, Berlin-New York, 1985, p. 161-171. 27 « Le style litt´ eral des traductions... consiste a ` rester au plus pr` es des originaux arabes » (H. Hugonnard-Roche « Les œuvres de logique traduites par G´ erard de Cr´ emone », dans Gerardo da Cremona, a cura de P. Pizzamiglio, Cremona, 1992, p. 45-56 (ici 56), « la traduction est extrˆ emement litt´ erale, suivant le plus possible l’ordre des mots arabes jusqu’` a rendre le latin toujours in´ el´ egant, parfois obscur » (D. Jacquart, « Les traductions m´ edicales de G´ erard de Cr´ emone », dans ibid., p. 5770 (ici 62) et « it is some sort of Arabic in Latin words » (P. Kunitzsch « Gerard’s Translations of Astronomical Texts, Especially the Amagest », dans ibid., p. 71-84 (ici 75).

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« visuel-actif », Gundissalinus ne l’utilise que pour les arts (Alonso, p. 59, 9-60, 1), et use du couple theorica-practica lorsqu’il s’agit des sciences (Alonso, p. 85, 9), calque des θεωρητική-πρακτική grecs, qui assurera seul le devenir des deux notions. En troisi`eme et derni`ere illustration, nous ` l’ocmentionnerons un cas un peu diff´erent mais tout aussi r´ev´elateur. A casion de la division de la science politique, F¯ar¯ab¯ı emploie deux s´emitismes sans rˆole doctrinal, ` a savoir h.a ¯l h.a ¯l (« chaque ´etat ») et waqt waqt (« chaque moment »). Or, l`a o` u G´erard les comprend trop litt´eralement et r´eagit par le mˆeme doublement de vocables, qui n’a aucune pertinence en latin : dispositio et dispositio et hora et hora (= Schupp, p. 116, 23-24), signifiant ` a peu pr`es : « tel et tel ´etat » et « telle et telle circonstance », Gundissalinus, avec le mˆeme recul salutaire, latinise vraiment les deux arabismes en traduisant par unumquodque accidens et unumquodque tempus (= Alonso, p. 137, 7-8). Apr`es avoir ainsi mis en ´evidence les deux tournures d’esprit ayant hypoth´etiquement r´egi les deux mani`eres auxquelles nous nous int´eressons de relayer un savoir philosophique intemporel `a un tournant de son ´evolution, il importe d’examiner en quoi le ph´enom`ene-cl´e de l’acculturation pourrait en amont aider ` a mieux les cerner. Gundissalinus naquit dans une Espagne ´ebranl´ee en permanence depuis plus de deux si`ecles par les rivalit´es christiano-sarrasines28. Homme d’´eglise et pr´elat, il demeura ` a Tol`ede, ville d’une constante effervescence confessionnelle et culturelle29 , et devint un familier des soubresauts qui l’agit`erent violemment. Ayant v´ecu ce bouleversement de l’int´erieur et toujours sur la d´efensive, on con¸coit mal qu’il n’en ait rien rejailli sur sa d´emarche intellectuelle. Car ce qu’il faut bien appeler un conflit de civilisations prit aussi, et ce d`es l’origine, un tour religieux. N’ayons pas uniquement pr´esent ` a l’esprit l’´emigration massive de la population musulmane des r´egions rechristianis´ees, l’exil de ses ´elites et le devenir des biblioth`eques arabes30. Songeons ´egalement `a la diabolisation de Maho28 Voir

Rucquoi, « Gundisalvus... ? ». G. Thery, Tol` ede, grande ville de la renaissance m´ edi´ evale, Oran, 1944 et ´ lvez Ruiz, Hombres y libros de Toledo (1086-1300), Madrid, 1997, p. 43-71. R. Gonza 30 Voir J.-P. Molenat, Campagnes et monts de Tol` ede du XIIe au XIVe si` ecle, Madrid, 1997, ici I, 1, et Lebjowicz, L’historien, son si` ecle et sa recherche. Recherches sur l’acculturation des enseignants m´ edi´ evaux (Xe -XIIIe si` ecles), Lille, 2002, th` ese non publi´ ee, consultable a ` l’UER de Philosophie de l’Universit´ e de Lille III-Charles de Gaulle, 147 p., p. 31 et 37-40. 29 Voir

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Alain Galonnier met qu’attestent certains documents d’origine espagnole31 , `a la transformation de la grande mosqu´ee de Tol`ede en cath´edrale (1086)32 et `a la contre-offensive des Almoravides, quelquefois assimil´ee `a un gˇih¯ ad andalou33 . Les possibles r´epercussions qu’un tel environnement put avoir sur un religieux ib`ere lettr´e ne sont pas `a n´egliger. Vivant une situation de supr´ematie, Gundissalinus a pu transposer, notamment en son De scientiis, quelque chose de l’antagonisme de terrain dans lequel il baignait, mˆeme si la connotation dogmatique y est en l’occurrence plutˆ ot att´enu´ee34 . Pour concr´etiser tant soit peu ce r´eflexe suppos´e, nous en appellerons `a la distinction sur les modalit´es de la traduction `a laquelle proc`ede Barbara Folkart35 , en choisissant de d´eceler dans celle qu’il retient une acculturation dite d’assimilation ou d’appropriation. Elle aurait eu pour effet, chez notre auteur, d’avoir quelquefois abord´e les contenus initiaux en ´etouffant le souci du d´ecalque sous celui de l’´emancipation. Il se serait ainsi appliqu´e en tant que traducteur, mais ´egalement et surtout en tant que philosophe, ` a favoriser un savoir plus d’annexion que de fusion ou de soumission. Car le trait´e qui nous int´eresse et les ´ecrits philosophiques qui lui sont imputables ont en commun, doctrinalement parlant, une structure disparate en habit d’arlequin, qui ouvre ici sur un certain interventionnisme litt´eraire. Le cas de l’adjectif .samm, sur lequel il nous faut revenir, est assez instructif ` a cet ´egard. D´etourn´e, on ne sait trop pourquoi, de son sens premier, qui est « sourd »36 , F¯ar¯ab¯ı en use pour traduire tr`es probablement l’ἄρρήτος aristot´elicien ou l’ἄλογος eu31 Voir M.C. Diaz y Diaz, « Los textos antimahometanos m´ as antiguos en codices espa˜ noles », dans Archives d’Histoire Doctrinale et Litt´ eraire du Moyen Age, 37 (1970), p. 149-168, dont le second texte anti-mahom´ etan serait contemporain de Gundissalinus. Mahomet y est qualifi´ e successivement d’h´ er´ etique, d’h´ er´ esiarque, de faux proph` ete et d’anti-Christ. 32 Voir Molenat, Campagnes... 33 Voir V. Lagard` ere, Les Almoravides : le djihad andalou, 1106-1143, ParisMontr´ eal, 1999. 34 N’oublions pas cependant que le Didascalicon, tr` es discret dans le De scientiis mais plus largement mis a ` contribution dans le De divisione, est pr´ esent´ e par Hugues ´ de Saint-Victor lui-mˆ eme comme ´ etant une introduction a ` la lecture des saintes Ecritures. 35 B. Folkart, Le conflit des ´ enonciations. Traduction et discours rapport´ e, Longueuil, 1991, en distingue trois : la « traduction mim´ etique », ou degr´ e z´ ero de la r´ eappropriation, la « traduction-confiscation », qui donne lieu a ` un d´ etournement d’ordre esth´ etique ou id´ eologique, et la « traduction traductionnelle », qui r´ e´ enonce ou r´ e´ ecrit ´ (d’apr` es Cl. Foz, Le Traducteur, l’Eglise et le Roi (Espagne, XIIe et XIIIe si` ecles), Arras-Ottawa, 1998, p. 145-146). 36 Al-asamm servit notamment de sobriquet (« le Sourd »). .

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Dominicus Gundissalinus et G´ erard de Cr´ emone, deux possibles strat´ egies de traduction : le cas de l’encyclop´ edie farabienne du De scientiis

clidien. En le rendant quant ` a lui son tour par surdus sive irrationalis, Gundissalinus redresse l’´equivalent arabe, qu’il tient a` traduire d’abord, mais sans plus de pertinence, par surdus, au moyen de son homologue latin irrationalis. Ce faisant, il corrige, en rendant manifeste, malgr´e sa faiblesse et sa maladresse, le choix farabien. ` ce qui nous est apparu, le De scientiis ressort comme la transA position gondissalinienne qui se permet le plus d’initiatives vis-`a-vis du livre dont elle veut ˆetre la mise en latin, comparativement `a la traducˇ a’ d’Avicenne qui n’adopte point de d´emarche tion des fragments du Sif¯ 37 similaire , et ` a celle du Liber Algazelis 38 ou du trait´e de Qust.¯a ibn L¯ uq¯a. La version de l’Ih.s.a ¯ aurait donc vu chez Gundissalinus l’ex´eg`ete le disputer au traducteur, pour produire l’hybride que l’on sait. Et lorsque le premier (l’ex´eg`ete) surclassa le second (le traducteur), cela produisit le De divisione philosophiae, r´esolument tourn´e vers le monde arabe, mais r´epliquant `a peu de chose pr`es la plupart des fragments du De scientiis, et les aboutant ` a des extraits d’´ecrits grecs et latins. Sous cet ´eclairage, et pour reprendre plus fermement la division de Folkart, le trait´e devient symptomatique d’une pratique o` u aurait surtout jou´e et la « traductionconfiscation » et la « traduction traductionnelle ». Le cas de son contemporain G´erard de Cr´emone nous oblige `a bousculer les jalons pos´es. On sait, grˆ ace ` a la Vita confectionn´ee par ses « compagnons » (socii)39 , qu’il se rendit ` a Tol`ede40 d´ej` a anim´e d’un id´eal 37 La version du Liber de anima n’est pas exempte de gloses, additions, lacunes, omissions et d´ eplacements (voir Verbeke, dans Van Riet, Avicenna Latinus, 1972, p. XXX 112∗ -132∗ ). Reste a ` savoir s’ils tiennent a ` l’histoire du texte ou a ` la planification du traducteur. La version du livre X ou Liber de philosophia prima paraˆıt s’en tenir a ` une paraphrase de l’arabe (voir G. Verbeke, dans Avicenna Latinus. Liber De philosophia prima sive Scientia divina, I-IV , ´ ed. S. Van Riet, Louvain-Leiden, 1977, p. XXX 83∗ ), et ne pr´ esenter ni ajout ni accumulation des sources. Enfin, celle du chapitre al-burh¯ a n (Summa Avicenne) de la Logique, semble proche d’une traduction a ` part enti` ere du texte farabien. 38 Nous remercions vivement Jean Jolivet de nous avoir fourni cette information. 39 Sur ce substantif (socii) voir M. Lejbowicz, L’historien..., p. 49-52. Leur identit´ e et leur rˆ ole n’a jamais abouti a ` un consensus. En outre, le style hagiographique de leur r´ ecit est loin de conf´ erer a ` l’ensemble une valeur documentaire. 40 En fixer l’ann´ ee est pour le moment hors de notre port´ ee. Un acte du chapitre cath´ edral de Tol` ede (n◦ 119) dat´ e de mai 1157 consigne un chanoine nomm´ e Gerardus (voir Fr.J. Hernandez, Los Cartularios de Toledo. Cat´ alogo documental, Madrid, 1985). Mais est-ce notre auteur ? L’arriv´ ee de G´ erard dans la ville espagnole a ainsi donn´ e lieu a ` des conjectures les plus diverses. L. Thorndike, A History of Magic and Experimental Science, 2, New York, 1929 (p. 87-90), avance que ce fut en 1167,

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Alain Galonnier scientifique, et plus pr´ecis´ement en esp´erant y trouver une copie arabe de l’Almageste de Ptol´em´ee, qu’il voulait rendre accessible aux latins en le traduisant41 . C’est l`a que, certainement apr`es avoir ´etudi´e la lingua arabica 42 et, croit-on, ˆetre devenu entre-temps chanoine de la cath´edrale tol´edane43 , il fonda une sorte d’atelier44 qui, durant quatre d´ecennies environ, abattit le travail tr`es important qu’on lui a prˆet´e. Que la cit´e espagnole ait ´et´e r´ecup´er´ee par la chr´etient´e depuis une soixantaine d’ann´ees n’eut probablement aucune incidence notable sur cet italien originaire de Lombardie. Il dut bien plutˆ ot s’´emerveiller des richesses spirituelles d’une civilisation arabe dont ne t´emoignaient plus que ses vestiges, marqu´es notamment par l’empreinte que laiss`erent les trente ann´ees durant lesquelles l’´emir Yahy¯a’ al-Ma’m¯ un (1043-1075) et le cadi Ibn S.¯a‘¯ıd al-Andalus¯ı (ob. 1070) men`erent une politique culturelle remarquable45. Pr´ef´erant composer avec une situation socio-politique qui dut le laisser assez indiff´erent, et sans doute peu concern´e, en d´epit de son appartenance au clerg´e, par des questions dogmatiques, il pr´ef´era en toute vraisemblance s’immerger dans l’univers sp´eculatif dont il ambitionnait de faire partager les tr´esors, sans se pr´eoccuper de mettre sur pied un syst`eme philosophico-religieux, et encore moins de maintenir au premier plan son hell´eno-latinit´e. Rucquoi, « Gundisalvus ? » (p. 101) hasarde vers 1139-1144 et Burnett, « The Coherence... » (p. 250) propose, si nous l’avons bien lu, les ann´ ees 1130 et suivantes. 41 La Commemoratio librorum recense effectivement, parmi les traductions de G´ erard, un Liber almagesti tractatus XIII (Burnett, « The Coherence... », p. 277) ; voir P. Kunitzsch, Der Almagest. Die Syntaxis Mathematica des Claudius Ptolem¨ aus in ¨ arabisch-lateinischen Uberlieferung, Wiesbaden, 1974. 42 Ses capacit´ es en ce domaine nous sont inconnues. La Vita (Burnett, « The Coherence... », p. 275) informe simplement que G´ erard fut anim´ e par un amor transferendi qui le poussa a ` « apprendre l’arabe » (edidicit Arabicum = Burnett, « The Coherence... », p. 276) ; voir aussi Lejbowicz, L’historien..., p. 23-27. M. Alonso Alonso, « Traducciones del Arcediano Domingo Gundisalvo », dans Al-Andalus, 12 (1947), p. 295-338 (ici 297), affirme par ailleurs qu’il ne maˆıtrisa la langue qu’apr` es 1175. 43 Les relev´ es capitulaires ´ evoqu´ es, on l’a dit, d´ esignent ainsi le Gerardus avec lequel on l’identifie couramment, et l’Eulogium le d´ enomme gloria cleri (Burnett, « The Coherence... », p. 281). 44 Selon ces mˆ emes actes du chapitre de Tol` ede il ´ etait dictus magister Gerardus, et la Vita l’´ evoque comme magister Gerardus (Burnett, « The Coherence... », p. 275). Burnett (ibid., p. 253) pense qu’il ne faut voir derri` ere ce substantif (magister ) aucune fonction officielle d’enseignant d’´ ecole ou de coll` ege. Cf. cependant Id., « Dialectic and Mathematics According to Ah.mad ibn Y¯ usuf : A Model for Gerard of Cremone’s Programme of Translation and Teaching ? », dans Langage, sciences, philosophie au XIIe si` ecle, ´ ed. J. Biard, Paris, 1999, p. 83-92 (ici 84-85). 45 Voir Burnett, « The Coherence... », p. 249-253 et Lejbowicz, L’historien..., p. 29-30.

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Dominicus Gundissalinus et G´ erard de Cr´ emone, deux possibles strat´ egies de traduction : le cas de l’encyclop´ edie farabienne du De scientiis

Pareille mise en condition n’a pu manquer, l`a non plus, d’avoir des r´epercussions sur l’activit´e traductrice de G´erard, dont le De scientiis n’est qu’une illustration parmi d’autres, la rendant susceptible de relever d’un ph´enom`ene annexe ` a la « traduction mim´etique » de Folkart, que nous d´esignerons par l’expression de « complexe du traducteur ». Il est l’apanage de celui qui transmute linguistiquement un texte avec l’intention de voir assimiler la culture rayonnante par la culture d’accueil et transformer celle-ci par celle-l`a, et pr´esuppose de ce fait un sentiment d’inf´eriorit´e relativement `a sa propre culture, mise en situation de domin´ee eu ´egard `a la culture dominante que l’on projette de transmettre. Il peut expliquer que le magister Gerardus n’ait eu de cesse, dans sa fascination id´ealiste pour le fonds livresque arabe, de prendre au corps les textes qu’il latinisait et de chercher `a toujours s’effacer davantage en tant que relais, pour niveler le plus efficacement possible les accidents morpho-s´emantiques. D’o` u une litt´eralit´e bien souvent servile, un refus constant de la translitt´eration gr´eco-latine et le recours ` a des n´eologismes. Bien qu’intrins`eque ` a l’entreprise de traduction, ce « complexe » n’eut a` l’´evidence pas le mˆeme impact sur Gundissalinus, qui le surmonta en toute vraisemblance par la pratique d’une « traduction-confiscation », et alla jusqu’` a r´ecup´erer un tel d´epassement pour nourrir son cheminement mental, que sur G´erard, qui ne tira aucune le¸con des d´esordres de l’histoire et resta sourd ` a ses clameurs. Car, par certains aspects, le De scientiis refl`ete des comportements franchement oppos´es. La distanciation qu’op`ere Gundissalinus peut effectivement se concevoir comme une tentative de r´eappropriation, d`es lors que la transposition langagi`ere y devient un moyen pour avaliser un contre-pouvoir, qui ne fut point lui-mˆeme exempt de di` l’inverse, G´erard, principalement par le biais d’une mension culturelle. A traduction litt´erale, assortie de calques et d’arabismes, aurait cherch´e `a rendre son intervention la plus respectueuse possible de la langue qu’il convertissait et de la culture qu’il voulait servir. Il est par cons´equent tentant de voir derri`ere le d´emembrement textuel auquel se livre Gundissalinus un refus de c´eder ` a l’autorit´e intellectuelle et `a son ethnocentrisme, qu’impose pourtant de fa¸con variable tout acte de translation. Sa perspective, en effet, ne laisse pas l’impression d’ˆetre celle o` u s’allient et s’´equilibrent des traditions compl´ementaires, mais plutˆ ot celle o` u un courant qui devrait ˆetre pr´egnant se voit revisit´e et amalgam´e `a un syst`eme que d’autres eussent ´eventuellement d´epass´e et renouvel´e. C’est pourquoi, mis en contexte historique, cet interventionnisme litt´eraire paraˆıt `a mˆeme de s’apparenter ` a une sorte de reprise d’ascendant culturel. 115

Alain Galonnier Au total donc, ` a partir du De scientiis et dans la limite de ce qu’autorisent les quatre pr´esuppos´es dont nous avons demand´e `a b´en´eficier, le d´ephasage entre ces deux ´erudits compatriotes semble ressortir de deux conditions d’accultur´es, l’un ayant choisi l’assimilation, l’autre la soumission. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce type d’ouvrage forme le socle de notre hypoth`ese de lecture. Certes, redisons-le, il est le seul opus, en l’´etat actuel de nos connaissances, ` a avoir retenu l’attention et de Gundissalinus et de G´erard. Mais il rel`eve aussi et surtout de la production encyclop´edique qui, en ´etant fondamentalement ´evolutive, pour autant qu’elle se constitue par s´edimentation des acquis, et en impliquant largement une dimension didascalique, peut susciter l’´emergence de certaines aspirations en marge d’un int´erˆet proprement scientifique. C’est sous ce rapport que, `a notre sentiment, se l´egitimerait le contraste qui s’est fait jour entre nos deux traducteurs hispaniques. Issu de contr´ees o` u ont souvent, et parfois brutalement, ´evolu´e les pouvoirs et les savoirs, l’autochtone Gundissalinus a v´ecu de front la rechristianisation d’une partie de l’Espagne par celle de sa province natale et de sa ville de r´esidence. Transposant pour ainsi dire cette prise de contrˆole sur un plan gnos´eologique, il accepte la culture rayonnante dans la mesure o` u, en situation de subordonn´ee, loin de remettre en cause la culture d’accueil qu’il revendique implicitement comme sienne, elle sert ` a l’´etayer et `a la valoriser. L’allog`ene G´erard s’est comport´e tout autrement. Aussitˆot apr`es avoir franchi les Pyr´en´ees, il se montre r´eceptif et acquis `a tout ce qui t´emoigne de la science arabe. En mal de corpus, et venu dans la p´eninsule ib´erique pour la science grecque, qui devait lui ˆetre famili`ere, le lombard d´ecouvre celle qui en fut le vecteur, et capte litt´eralement toutes ses vibrations. D`es ce moment, le magister artium frais ´emoulu qu’il ´etait renonce `a questionner les textes, se d´eprend de tout recul critique et ´ecarte les vell´eit´es d’analyse. Pour accomplir son destin d’´erudit, il n’aura de cesse de transmettre, afin de connaˆıtre et surtout de faire connaˆıtre, mais sans guider ni mˆeme accompagner, encore moins remanier ou adapter, parce qu’il se soumet aux ouvrages qu’il duplique jusqu’` a la servilit´e ou, selon le point de vue, au perfectionnisme. Que le genre litt´eraire de la classification du savoir offre un cadre propice `a la manifestation des r´eflexes ex´eg´etiques que l’on a cherch´e `a d´eceler, cela ne tient aucunement, nous nous devons d’y insister, `a une probl´ematique forc´ee, d`es lors que l’am´enagement et le progr`es des sciences n’est jamais all´e sans fournir ` a l’esprit humain la possibilit´e d’accentuer la 116

Dominicus Gundissalinus et G´ erard de Cr´ emone, deux possibles strat´ egies de traduction : le cas de l’encyclop´ edie farabienne du De scientiis

maˆıtrise qu’il rˆeve d’exercer sur le monde qui l’entoure. Toute tentative visant `a classer le r´eel, observait Claude L´evi-Strauss, a pour objectif d’en prendre possession, de le dominer et de l’int´egrer `a sa conscience et `a son univers sp´eculatif46 . Telle que nous la percevons, l’intention de F¯ar¯ab¯ı ´ecrivant l’Ih.s.a ¯ ’ ne manqua point, tout au contraire, de cette dimension. C’est en tout cas ainsi que put le ressentir Gundissalinus, et cela l’aurait amen´e ` a contrebalancer, comme nous l’avons signal´e, les efforts consentis pour arabiser un red´eploiement de sciences d´ej` a bien codifi´ees dans les sch´emas traditionnels gr´eco-latins. Par son refus quasi g´en´eralis´e de relayer l’extension et la reparcellisation farabiennes du champ des connaissables, en ne se laissant imposer aucun de ses mod`eles, l’auteur du De divisione philosophiae, ` a travers une d´emarche qui aboutit `a occulter pour une bonne part la lumi`ere venue d’ailleurs, applique un programme ´epist´emologique, fˆ ut-il en grande partie r´eactionnaire, auquel G´erard ne songe mˆeme pas. Et pourtant, nous le disions en commen¸cant, l’histoire nous enseigne, par le succ`es qui lui sera r´eserv´e, qu’il anticipa le besoin, constat´e chez les scolastiques dans l’organisation de leurs connaissances, non pas de remaniements mais d’appoints, clairsem´es et superficiels, qui ne d´erangaient pas leurs rep`eres. Non pragmatique et ayant perdu de vue l’objectif p´edagogique, son rival s’est enferm´e dans l’obsession d’une traduction fusionnelle, et ne s’est nullement souci´e des concessions qu’il devait faire `a ses lecteurs pour satisfaire leurs attentes. Donnant des textes nus, sans pr´e-s´election ni accompagnement, il ne pouvait, face `a la r´ealisation de Gundissalinus, qui, lui, avait effectu´e ce filtrage pr´ealable, contrarier l’esp`ece de naufrage scientifique annonc´e que subit sa version.

46 Claude Levi-Strauss, La pens´ ee sauvage, Paris, 1962, cit´ e par G. Dahan, « Les classifications du savoir aux XIIe et XIIIe si` ecles », dans l’Enseignement philosophique, 4 (1990), p. 5-27 (ici 6).

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Vincent de Beauvais et al-F¯ ar¯ ab¯ı, De ortu scientiarum Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart ∗ Personne ne s’en ´etonnera a priori : Vincent de Beauvais, dans le Speculum maius, cite parmi les sources de « tout le savoir du monde » des œuvres du philosophe de langue arabe al-F¯ ar¯ab¯ı. Il met sous son nom deux petits ouvrages qu’il reproduit presque en entier, sous la forme de citations ´eclat´ees, proc´ed´e propre au genre m´edi´eval de la compilation encyclop´edique.

1.

Les deux textes cit´ es

Il ne sera pas question ici des commentaires aristot´eliciens d’al-F¯ ar¯ab¯ı, ni des ouvrages d’inspiration platonicienne ou n´eoplatonicienne qui ne semblent pas ˆetre directement utilis´es par les encyclop´edistes, mais seulement des textes de classification des sciences : le Liber de divisione scientiarum et le Liber de ortu scientiarum, cit´es par Vincent de Beauvais sous le marqueur Alpharabius 1 . Il s’agit de deux trait´es d’un genre prop´edeutique bien connu, celui des introductions ` a l’´etude de la philosophie. Tous deux ont ´et´e traduits de l’arabe dans l’officine tol´edane de la deuxi`eme moiti´e du XIIe si`ecle. On sait, en particulier par les travaux de Charles Burnett, dans quelles conditions le monde latin est entr´e en contact avec les œuvres d’al-F¯ ar¯ ab¯ı2. Faisons le point rapidement sur la paternit´e des deux ouvrages et leur caract`ere dans la traduction latine, en reprenant simplement les propositions des ´editeurs, Clemens Bauemker (1916) et Manuel Alonso Alonso (1954)3 . ∗ Nancy,

Atelier Vincent de Beauvais. le r´ epertoire des œuvres d’al-F¯ ar¯ ab¯ı traduites, cf. H. Kischlat, Studien ¨ zur Verbreitung von Ubersetzungen arabischer philosophischer Werke in Westeuropa 1150-1400, M¨ unster, 2000 (Beitr¨ age zur Geschichte der Philosophie und Theologie des Mittelalters, NF, Bd. 54), p. 27-32. 2 Parmi une bibliographie tr` es abondante, citons seulement ici, de Ch. Burnett, The Introduction of Arabic Learning into England, The Panizzi Lectures 1996, London, 1997 et « The Coherence of the Arabic –Latin Translation Program in Toledo in the Twelfth Century », dans Science in Context, 14 (2001), p. 249-288. 3 Cl. Baeumker, Alfarabi – Uber ¨ den Ursprung der Wissenschaften (De ortu scientiarum), M¨ unster, 1916 (Beitr¨ age zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Texte und Untersuchungen, XIX, 3), p. 17-24 ; M. Alonso Alonso, Domingo Gundi1 Pour

Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart Le plus connu des deux textes est sans conteste le Liber de divisione scientiarum, d´efinitivement reconnu comme une adaptation plutˆ ot qu’une traduction par Dominicus Gundisalvus, et cit´e le plus souvent sous le titre simplifi´e de De scientiis 4 . Disons rapidement quel usage Vincent de Beauvais fait de ce De scientiis, que nous laisserons ensuite de cˆ ot´e pour nous int´eresser plus sp´ecialement ` a l’autre petit ouvrage, le De ortu scientiarum, moins pr´esent dans la litt´erature m´edi´evale. a. Alpharabius in libro de divisione scientiarum L’ouvrage est cit´e dans le Speculum doctrinale au livre I, aux chapitres 13 et 17 qui donnent les d´efinitions et divisions de la philosophie en g´en´eral, puis en introduction des sciences particuli`eres, la science de la langue (SD I, 45), la logique (SD III, 2-3), la politique (SD VII, 4-5), la philosophie naturelle (SD XV, 1-2 et 8), la math´ematique (SD XVI, 3) et ses parties, ` a savoir arithm´etique (SD XVI, 5), musique (SD XVI, 10, 15), g´eom´etrie (SD XVI, 36-37), optique (scientia perspectiva SD XVI, 4344), astronomie (SD XVI, 46), science des poids et science des ing´enieurs (SD XVI, 53 et 55) ; et finalement en introduction de la m´etaphysique (SD XVI, 57)5 . Le champ scientifique – doctrina pour utiliser le terme m´edi´eval ad´equat – est donc largement couvert. Nous ne revenons pas en d´etail sur cette utilisation, pourtant essentielle pour dire la place d’al-F¯ ar¯ab¯ı dans le Speculum maius, ´etant donn´e que cette question a ´et´e ´etudi´ee en profondeur par Serge Lusignan dans sa th`ese en ce qui concerne la logique6 , par Gottfried G¨oller pour la musique7 et par Anna Morelli pour les sciences du quadrivium 8 . Nous rappelons seulement ici le minimum9 . Pour exposalvo, De scientiis, Madrid-Granada, 1954. 4 Gundisalvus a par ailleurs compos´ e lui-mˆ eme un trait´ e, De divisione philosophiae, qui a pour fondement principal ce trait´ e De scientiis d’al-F¯ ar¯ ab¯ı, L. Baur, Dominicus Gundissalinus De divisione philosophiae, M¨ unster, 1903. 5 Voir Annexe 1. Alonso Alonso a d’ailleurs donn´ e, en annexe de son ´ edition du De scientiis la « reconstitution » des citations faites par Vincent de Beauvais, Alonso Alonso, Domingo Gundisalvo..., p. 143-167. 6 S. Lusignan, Le Speculum doctrinale, Livre III. Etude de la logique dans le Miroir des sciences de Vincent de Beauvais, Th` ese de doctorat, Universit´ e de Montr´ eal, 1971. 7 G. G¨ oller, Vinzenz von Beauvais o. p. (um 1194-1264) und sein Musiktraktat im Speculum Doctrinale, Regensburg, 1959. 8 Anna Morelli, « Il ruolo delle arti quadriviali nello Speculum doctrinale di Vincenzo di Beauvais », dans Medioevo – Rivista di storia filosofia medievale, 25 (19992000), p. 169-235. 9 Cf. la synth` ese propos´ ee dans M. Paulmier-Foucart, M.- C. Duchenne (coll.),

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ser l’ensemble de la doctrina, les sciences qui ont ´et´e donn´ees `a l’homme par Dieu comme rem`ede aux maux encourus `a cause du p´ech´e originel, – c’est le propos mˆeme du Speculum doctrinale – Vincent de Beauvais suit assez fid`element le plan directeur du Didascalicon de Hugues de SaintVictor : sciences pratiques, sciences m´ecaniques, sciences th´eoriques, pr´ec´ed´ees des sciences prop´edeutiques du langage. Il am´enage cependant ce plan au b´en´efice de la m´edecine, lui donnant une quasi autonomie entre science pratique et science th´eorique, et au b´en´efice du droit (` a l’int´erieur de la science politique), ` a qui il donne ´egalement une place tout `a fait remarquable, que cette discipline n’avait pas dans le syst`eme victorin. Cette intrusion du droit est nettement soutenue par le texte du De scientiis d’al-F¯ ar¯ab¯ı consid´erant les trois ´el´ements constitutifs de la science politique : res publica / rex / lex. C’est aussi al-F¯ ar¯ ab¯ı qui introduit le traitement de la philosophie naturelle, la physique, au livre XV du Speculum doctrinale. Pour les sciences th´eoriques, Vincent recourt `a al-F¯ ar¯ ab¯ı pour ´elargir le champ de la theoria en ajoutant, au traditionnel quadrivium, des disciplines « nouvelles », c’est-` a-dire qui prennent leur autonomie comme sciences particuli`eres, ` a savoir l’optique, la science des poids, l’ing´enierie10 , ces sciences restant cependant trait´ees au plus bref. La forte pr´esence de cette classification du De scientiis d’al-F¯ ar¯ab¯ı engage l’introduction de nombreux extraits des œuvres d’Aristote, sans qu’il y ait abandon des œuvres de la tradition. Al-F¯ ar¯ab¯ı n’est pas le guide unique, il est en bonne compagnie d’Isidore de S´eville, de Richard et Hugues de Saint-Victor, de Bo`ece, d’Augustin, etc. Il n’y a pas pour autant renoncement, d’un point de vue macroscopique, `a l’organisation g´en´erale qui reste accroch´ee au syst`eme victorin. Du point de vue litt´eraire, les citations faites par Vincent de Beauvais de ce premier trait´e De scientiis pr´esentent les mˆemes caract´eristiques d’abr´eviation que pour le petit trait´e De ortu scientiarum qui est l’objet de cet article. Vincent de Beauvais et le Grand Miroir du Monde, Turnhout, 2004, p. 59 et sv. 10 Alonso Alonso, Domingo Gundisalvo..., p. 85 : Scientia vero doctrinalis dividitur in has partes que sunt arithmetica, geometria, scientia de aspectibus, scientia stellarum, musica, scientia de ponderibus, scientia de ingeniis. Comme dans De divisione scientiarum de Gundisalinus : Mathematica quoque universalis est, quia sub ea continentur septem artes, que sunt arismetica, geometria, musica et astrologia, scientia de aspectibus, scientia de ponderibus, scientia de ingeniis, Baur, Dominicus Gundissalinus..., p. 31-32.

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart b. Alpharabius in libro de ortu scientiarum L’ouvrage n’est pas de la mˆeme importance, ni quantitativement, ni qualitativement, et son auteur reste incertain. Un des arguments les plus all´egu´es pour attribuer ce petit trait´e ` a al-F¯ ar¯ab¯ı est justement l’usage qu’en fait Vincent de Beauvais. Dans la liste des œuvres authentiques d’alF¯ar¯ab¯ı on peut supposer qu’il y a bien, outre le De scientiis, un autre ´ecrit sur le th`eme de l’origine des sciences, mais l’original arabe n’a pas ´et´e retrouv´e. Les manuscrits conserv´es de la traduction latine11 donnent divers titres, dont une formule longue qui refl`ete incontestablement un titre arabe (Epistola de assignanda causa ex qua ortae sunt scientiae philosophiae et ordo earum in disciplina : ms. Paris, BNF, lat. 14700, f. 328 va), ou un titre court De ortu scientiarum. Le trait´e est parfois anonyme, parfois attribu´e nomm´ement ` a al-F¯ ar¯ab¯ı mais aussi `a Avicenne et `a Aristote dans la premi`ere mention qui en serait faite, d`es le tournant des XIIe -XIIIe si`ecles, par Daniel de Morley dans sa Philosophia : sic enim ait Aristotiles in libro de assignanda ratione unde orte sint scientie 12 . Au milieu du XIIIe si`ecle le De ortu se trouve dans la biblioth`eque de Richard de Fournival ; son disciple et h´eritier, G´erard d’Abbeville, le l`egue au Coll`ege de Sorbonne en 1273. Les autres mentions rep´er´ees sont du XIVe si`ecle, ` a Oxford (Merton College, 1325 et Balliol College, dernier quart du si`ecle) et dans la biblioth`eque des Ermites de Saint-Augustin `a York (1372). Harald Kischlat signale vingt-six manuscrits (non dat´es). Notons cependant que Vincent de Beauvais lui-mˆeme marque implicitement une h´esitation quant ` a l’attribution `a al-F¯ ar¯ab¯ı, puisque par deux fois, il confronte les positions des deux trait´es De scientiis et De ortu, en notant leur diff´erence ( SD I, 45 et III, 109). Quoi qu’il en soit de son auteur, on peut supposer que le texte du De ortu n’´etait gu`ere r´epandu au moment o` u il entre dans le Speculum maius, et qu’il fait bien partie, comme les citations de Michel Scot, de la mise `a jour soign´ee de l’´etat du savoir, au moins th´eorique13 . 11 Nous renvoyons aux deux r´ epertoires constitu´ es par H. Kischlat, celui des mentions dans les catalogues m´ edi´ evaux et celui des manuscrits conserv´ es : Kischlat, Studien zur Verbreitung..., p. 27-28. 12 Ed. G. Maurach, dans Mittellateinisches Jahrbuch, 14 (1979), p. 204-255, ici p. 229. Il apparaˆıt que l’emprunt fait a ` ce trait´ e « d’Aristote » par Daniel de Morley (Philosophia, Liber alter, II. De immutabilitate celi), reprend partiellement, mais mot a ` mot, le ch. IV du De ortu scientiarum d’al-F¯ ar¯ ab¯ı. 13 Ch. Burnett, « Vincent of Beauvais, Michael Scot and the ‘New Aristotle’ » dans Lector et compilator, Vincent de Beauvais, fr` ere prˆ echeur ; un intellectuel et son

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¯ ra ¯ b¯ı, De ortu scientiarum Vincent de Beauvais et Al-Fa

2.

Le trait´ e De ortu scientiarum : sciences humaines et science divine

Que dit ce trait´e, dont nous proposons une traduction compl`ete ciapr`es, et quel parti Vincent de Beauvais en tire-t-il dans son examen des sciences ? R´esumons d’abord l’argumentation de ce petit texte, qui occupe dans les manuscrits quelques feuillets seulement, trois ou quatre. Nous suivrons les divisions propos´ees par l’´editeur d’apr`es les articulations internes du ms. Paris, BNF, lat. 14 700, manuscrit du XIVe si`ecle provenant de la biblioth`eque de Saint-Victor. L’affirmation premi`ere est qu’il n’existe que la substance et l’accident, et le Cr´eateur de la substance et de l’accident. L’accident est appr´ehend´e directement, sans m´ediation, par les cinq sens ; la substance est appr´ehend´ee par la raison, non plus directement, mais par l’interm´ediaire de la perception sensible. On reconnaˆıt bien ´evidemment l’origine grecque de cette introduction, qui se retrouve tout au long de l’expos´e. A partir de l`a, comment naissent les diff´erentes sciences ? Le long premier chapitre du trait´e passe en revue les diff´erentes naissances : la science du nombre est premi`ere, parce que la substance est divisible en parties, et le nombre est donc en puissance dans la substance ; l’arithm´etique naˆıt du passage ` a l’acte ; de mˆeme la partie de la substance ainsi activ´ee re¸coit une figure mesurable, d’o` u la naissance de la g´eom´etrie ; de mˆeme la mise en mouvement de la substance g´en`ere l’astronomie, et le son produit fait naˆıtre la musique. Voil`a donc les quatre sciences du vieux quadrivium. Remarquons au passage que nous ne sommes pas dans le syst`eme des sept sciences math´ematiques du De scientiis ´evoqu´e ci-dessus, mais dans un syst`eme beaucoup plus proche du mod`ele occidental h´erit´e de l’Antiquit´e. Il est question de quatre sciences anciennes donc, que alF¯ar¯ab¯ı – ou le pseudo al-F¯ ar¯ ab¯ı – via son traducteur appelle les sciences domatrices, du verbe domare, qui signifie dompter, parce que l’usage de ces sciences permet d’acc´eder ` a la connaissance du monde, de « dompter » le monde par le savoir14. milieu au XIIIe si` ecle, ´ ed. S. Lusignan et M. Paulmier-Foucart, Grˆ ane, 1997, p. 189213. 14 Cette appellation de scientia domatrix n’est pas conserv´ ee par l’abr´ eviateur dans le texte mis sous le nom de al-F¯ ar¯ ab¯ı, o` u elle est remplac´ ee par l’expression scientia doctrinalis ; elle se trouve cependant reprise en SD XVI, 1 via une citation de Michel Scot, avec une glose moralisatrice : Ob hoc etiam apud Arabes nominatur scientia domatrix quia scilicet hac domantur arrogantes et superbi.

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart Il s’agit d`es lors, grˆ ace ` a ces outils, de saisir la r´ealit´e multiforme du monde sous le cercle de la lune, c’est-` a-dire savoir quels changements affectent la substance. Pour cela il est n´ecessaire de prendre en compte les quatre ´el´ements constitutifs de la substance, et les quatre qualit´es qui y sont li´ees : ces interactions fa¸connent le monde sublunaire en ses diff´erents aspects. La science de la nature, la science de la connaissance de tous les accidents de la substance, est la science de l’action et de la passion ; elle se divise en huit parties : la science « des jugements » (l’astrologie judiciaire) (1), la m´edecine (2), la nigromancia, ` a savoir la magie naturelle (3), la science des images astrologiques (4), l’agriculture (5), la navigation (6), l’alchimie (7) et l’optique (8). Enfin, pour clore ce premier chapitre du De ortu, l’auteur dit ce qu’est, de mani`ere ambivalente, la science divine ; elle concerne, dit-il, la substance sup´erieure, celle du ciel et des ´etoiles, et elle est donc aussi une science naturelle ; mais outre cela il y a une science post naturam, une m´etaphysique, la science divine au sens strict, qui a pour objet la connaissance du Cr´eateur de la substance et de tous ses accidents. Le discours reste simple, voire simpliste, mais il est clair et est parfaitement adaptable `a la doctrina chr´etienne : connaissance inaccessible de Dieu, si ce n’est par l’interm´ediaire de la connaissance de la cr´eation, laquelle se laisse saisir par la perception sensible et l’intelligence. Ce premier chapitre du De ortu occupe plus de la moiti´e du petit trait´e. Le chapitre deux remet en sc`ene les sciences du langage : ce qui pr´ec`ede ´etait du seul domaine de la pens´ee, speculando ; il s’agit maintenant de communiquer, de transmettre les connaissances acquises, loquendo, narrando, interrogando et respondendo, vocabulaire typiquement scolastique, et cette activit´e est la fonction de quatre sciences, pas tout `a fait celles qu’on attend traditionnellement. Il est ici question de grammaire, certes, de logique aussi, mais ensuite de po´etique, et, les pr´ec´edant, de la science de la nomination (impositio nominum rebus) ; la rh´etorique est curieusement absente. Le chapitre trois et la premi`ere partie du chapitre quatre reviennent tr`es succinctement sur les notions de substance, d’accident, d’´el´ements et de qualit´es, de composition des corps et de leur caract`ere corruptible (sous le cercle de la lune) ou incorruptible (dans le ciel), en reprenant des d´efinitions simples, ´eclair´ees par des exemples. Cette insistance, cette simplicit´e, ces exemples faciles, indiquent bien qu’on est ici `a un niveau 124

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tout `a fait ´el´ementaire de la « premi`ere le¸con de philosophie ». Le ton de l’expos´e n’est en rien comparable avec celui du De scientiis, plus ´elabor´e, qui engage `a un programme complet de lecture des textes d’Aristote ; il se rapprocherait plus, ´eventuellement, de certaines pr´esentations de questions ´el´ementaires des maˆıtres `es arts, une sorte de premier vademecum, au temps o` u la lecture des textes de philosophie naturelle et de m´etaphysique d’Aristote ´etait encore officiellement interdite. Tel quel, ce petit trait´e convenait parfaitement `a Vincent de Beauvais et `a ses commanditaires dominicains, d`es le d´ebut de la composition du Speculum maius. L’encyclop´edie mise en chantier dans les ann´ees 1230, reprise dans les ann´ees 1245-1260, va plus loin que ces besoins culturels de niveau ´el´ementaire. Son auteur a cependant pour mission de prendre aussi en consid´eration l’utilisation qui en est faite par les fratres communes, les fr`eres ordinaires. Cette approche facile d’un nouveau contenu de la doctrina, via les concepts de substance et d’accident, cette sorte d’initiation `a l’origine des sciences pour d´ebutants, a donc son int´erˆet, son utilitas pour reprendre une notion si souvent mise en avant dans les textes normatifs dominicains.

3.

Les citations dans le Speculum doctrinale

Quelle est la qualit´e des extraits retenus du De ortu ? Le texte que l’on peut d´esormais lire sous le nom d’al-F¯ ar¯ab¯ı dans les chapitres du Speculum doctrinale rend-il correctement compte de l’ensemble du trait´e15 ? Il s’agit d’un texte abr´eg´e, comme il est de r`egle dans le genre de la compilation encyclop´edique, et aussi manifestement d’un texte dig´er´e ; on reconnaˆıt sans peine les proc´ed´es litt´eraires classiques d’abr´eviation, ceux qui sont enseign´es par les grammairiens, mais la s´equence des chapitres et paragraphes n’est pas respect´ee ; il y a donc une reconstruction, un entremˆelement des informations qui prouve l’appropriation du texte-source ; qui plus est, concernant cette « digestion » du message, on d´ecouvre que le De ortu est aussi pr´esent, incognito, dans quelques passages mis sous le nom de Vincent de Beauvais lui-mˆeme, Actor (SD I, 45 et III, 109). La collation pr´ecise montre que les choses sont faites correctement, selon les pratiques habituelles de l’abr´eviation, qui parfois affaiblissent le 15 La

« reconstitution » du texte repris par Vincent de Beauvais est en Annexe 3.

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart sens16 , selon aussi la pratique autoris´ee chez les Dominicains, telle qu’elle est explicit´ee par Humbert de Romans en ce qui concerne l’abr´eviation des lectures liturgiques : dans le prologue du Lectionnaire dominicain 17 , Humbert distingue en effet trois modes d’am´enagement d’un texte : faire des coupures tout en gardant les mˆemes mots / r´e´ecrire compl`etement le texte pour le r´esumer drastiquement / reprendre de larges extraits mot `a mot18 . A y regarder de pr`es, on peut voir que, dans le cas du De ortu, il y a effectivement un traitement intensif du texte qui aboutit quasiment `a une r´e´ecriture ... avec les mˆemes mots. Et, ce qui n’est pas toujours le cas, il n’y a pas redondance de l’information, ` a l’exception d’un court passage redoubl´e concernant la logique (SD I, 21 et III, 1, sans marqueur-source) et d’une reprise technique concernant la po´etique (SD I, 21 et III, 109). Pour que l’autorit´e, ici celle d’al-F¯ ar¯ ab¯ı, soit d`es lors conserv´ee, il faut que le texte n’ait pas ´et´e vid´e de son sens, que rien d’essentiel n’ait disparu. Or, on constate qu’il y a des lacunes, et la quasi-totalit´e des passages non repris sont des illustrations de la th´eorie expos´ee – en particulier les chapitres 3 et 4 et 5 – ou des reprises rh´etoriques. Une exception notable cependant : Vincent de Beauvais n’a pas repris la liste des parties de la philosophie naturelle, les huit sciences qui la composent (De ortu, ch. I, 5) : Partes autem huius scientiae ... octo sunt scilicet scientia de iudiciis (1), scientia de medicina (2), scientia de nigromantia secundum physicam (3), scientia de imaginibus (4), scientia de agricultura (5), scientia de navigando (6), scientia de alkimia quae est scientia de conversione rerum in alias species (7), scientia de speculis (8). Pour qui fr´equente assidument le Speculum maius, il est ´evident que cette liste ne correspond pas au syst`eme d’exposition choisi par Vincent de Beauvais. On y reconnaˆıt quelques-unes des sciences m´ecaniques du syst`eme victorin, l’agriculture, le commerce (navigatio) ; on y trouve l’al16 Ainsi, a ` titre d’exemple, l’abr´ eviation du chapitre II du De ortu laisse de cˆ ot´ e l’opposition marqu´ ee dans le texte-source entre attitude sp´ eculative et sciences du langage (SD I, 21). 17 A.E. Urfels, Le Sanctoral du lectionnaire de l’office dominicain, 1254-1256, Th` ese de l’Ecole Nationale des Chartes, Paris, 4 vol., 1994, I, p. 134. Le travail avait commenc´ e dans les ann´ ees 1230-40. Dans son prologue, Humbert de Romans d´ ecrit avec pr´ ecision trois mani` eres d’abr´ eger un texte liturgique : Et sciendum quod in legendis et sermonibus et omeliis interdum decisa sunt aliqua, retentis aliis sub eisdem verbis... Interdum autem, licet raro, abreviata est aliqua hystoria sub aliis verbis... Interdum autem ponuntur omnia sine decisione vel mutatione notabili verborum. 18 M. Paulmier-Foucart, « A la recherche de Berchaire dans les chroniques universelles et la Legenda nova au XIIIe si` ecle », dans Les Moines du Der. 673-1790, Actes du Colloque Joinville-Montier-en-Der, ´ ed. P. Corbet, Langres, 2000, p. 361-372

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chimie, que Vincent de Beauvais a introduite dans ce syst`eme victorin `a la place de la m´edecine ; on y trouve la m´edecine, largement d´evelopp´ee par lui de fa¸con quasi autonome (SD livres XII – XIV). Mais les quatre autres sciences sont absentes du Speculum doctrinale, du moins en tant que parties distingu´ees de la philosophie naturelle. On les retrouve certes trait´ees ici et l`a, souvent dans un discours neutre, voire n´egatif : ainsi ce n’est gu`ere que par son cˆ ot´e « noir » que la nigromancia, la divination et les propri´et´es « magiques » des choses sont abord´ees dans le Speculum doctrinale, en particulier par l’interm´ediaire de condamnations de droit canon (SD IX, 115-123). Quant ` a la science des miroirs, elle est bien pr´esente, en une dizaine de chapitres, mais plac´ee dans le cadre ex´eg´etique du deuxi`eme jour de la cr´eation, dans le Speculum naturale (SN II, 72-81) dans le prolongement de l’expos´e sur la lumi`ere. On est donc ailleurs ; l’absence de cette liste dans les extraits choisis du petit dossier « d´efinitions, origine et division des sciences » serait finalement coh´erente avec la position philosophique de Vincent de Beauvais. Sauf que... la petite liste est bien pr´esente, mais sous le nom de Michel Scot (SD I, 16)19 : Item [alia divisio] iuxta Michaelem Scotum Michael Scotus. Philosophia vero dividitur in Theoricam et Practicam. Nam testante Aristotele... Item practica philosophiae dividitur in tres partes, quarum prima est illa quae adinventa est ad similitudinem naturalium et quae pertinet ad naturalia, sicuti medicina (1), agricultura (2), alkimia (3), scientia quoque de proprietatibus rerum quae dicitur nigromantia (4) sed et scientia de significationibus rerum quae dicitur scientia de iudiciis (5) et etiam scientia de speculis (6), de navigatione (7), multaeque aliae, quae respectum habent ad illam partem Theoricae quae dicitur naturalis, ad ipsam pertinent tamquam practica eiusdem. L’origine du texte est ind´eniable. C’est bien le De ortu scientiarum, mais ici, Michel Scot a explicit´e les d´efinitions : la nigromantia ce sont les propri´et´es des choses, la scientia de iudiciis c’est la science des significations – non superstitieuses – des choses ; et il omet la scientia de imaginibus, la science de la divination par les images astrologiques. L’am´enagement de Michel Scot l´egitimait en quelque sorte la liste d’al-F¯ ar¯ab¯ı et les sept sciences qu’il nomme deviennent ainsi une liste autoris´ee, qui re¸coit la 19 Edition ´

Burnett, « Vincent of Beauvais... », p. 200.

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart caution d’un savant chr´etien. Cette compl´ementarit´e des donn´ees montre aussi, nous semble-t-il, que la lecture du De ortu a ´et´e faite avec soin et cette attitude attentive du compilateur met ´evidemment en jeu la comp´etence de l’abr´eviateur. Vincent de Beauvais a eu ` a se d´efendre vigoureusement contre des d´etracteurs quant ` a la qualit´e de sa compilation, en particulier en ce qui concerne les extraits des œuvres d’Aristote. Or on est ici dans le mˆeme registre philosophique, et le chapitre qu’il consacre, d`es la premi`ere version bifaria de son encyclop´edie, ` a la d´efense et illustration de sa m´ethode d’abr´eviation des ´ecrits d’Aristote, peut s’appliquer aux extraits dont il est question ici. Le texte du ch. 10 du Libellus apologeticus (´ecrit vers 1244 pour la version bifaria) illustre cette attitude20 : Apologie de la mani` ere de faire des extraits dans les livres d’Aristote Je crains aussi que l’esprit de certains lecteurs soit heurt´e parce que j’ai ins´er´e dans divers chapitres de cet ouvrage de nombreux extraits d’Aristote, en particulier de ses livres de physique et m´etaphysique – floril`ege que je n’ai pas r´ealis´e moi-mˆeme, mais que j’ai re¸cu de certains fr`eres qui ont fait le travail d’extraction – et ces extraits ne reprennent pas tout `a fait les mots tels qu’ils se trouvent assembl´es dans les textes originaux, mais souvent il y a eu transposition des termes et parfois la formulation mˆeme a ´et´e chang´ee, le propos (sententia) de l’auteur ´etant cependant respect´e ; et cela par n´ecessit´e de rendre bref un texte prolixe, ou de rassembler plusieurs phrases en une, ou pour ´eclairer un sens obscur. ... Ainsi moi, qui par respect de la v´erit´e d´eteste le mensonge, sans me laisser piquer par l’aiguillon de mon amour-propre, et sans pouvoir empˆecher la calomnie, en ce qui concerne les extraits d’Aristote et des autres auteurs que j’ai ins´er´es dans les diff´erents chapitres de cet ouvrage, et que j’ai signal´es en les pla¸cant sous le nom de leurs auteurs, mˆeme si peut-ˆetre, pour les raisons susdites, j’avais chang´e quelque chose ici et l`a, soit dans la construction des phrases, soit dans l’ordre des mots, j’ose dire cependant, et j’´ecris et r´ep`ete, que telle phrase est bien de cet auteur ou de tel autre. Revenons aux extraits du De ortu, pour conclure que la qualit´e de l’abr´e20 Traduction

Paulmier-Foucart, Vincent de Beauvais..., p. 160-161.

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viation est bien celle-l`a qui est d´efendue par Vincent de Beauvais, qu’il est probable – nous en faisons l’hypoth`ese – que cette qualit´e est due au choix des collaborateurs, lui-mˆeme fonction de la hi´erarchie des comp´etences `a l’int´erieur de l’ordre telle qu’elle est d´efinie par Humbert de Romans21 : ce sont seulement les fr`eres dot´es de capacit´es intellectuelles suffisantes qui peuvent lire les livres de philosophie profane. Apr`es tout, il s’agit peut-ˆetre ici de Vincent de Beauvais lui-mˆeme, puisque cette s´erie de d´efinitions et de divisions de la philosophie constituent une des le¸cons oblig´ees des maˆıtres `es arts, et donc de tout lector dans chaque couvent dominicain, fonction qu’il exer¸ca.

4.

En conclusion

Le De ortu scientiarum, petit trait´e ´el´ementaire mal identifi´e qui donne une information philosophique de qualit´e moyenne, n’influence pas l’´economie g´en´erale du Speculum maius, contrairement au De scientiis. Pourtant, il se trouve correctement r´esum´e en un endroit strat´egique, dans une suite de chapitres pr´esentant les d´efinitions et divisions de la philosophie. La s´equence des chapitres est tr`es ´eclairante quant au statut accord´e `a ce texte : les divisions de la philosophie sont donn´ees dans l’ordre suivant : SD I, 14 De partibus philosophiae iuxta Isidorum SD I, 15 Altera divisio eiusdem iuxta Hugonem SD I, 16 Item Alia iuxta Michaelem Scotum SD I, 17 De eodem iuxta philosophos Aristoteles Alpharabius in libro de divisione scientiarum Idem (Alpharabius) in libro de ortu scientiarum Ex libro fontis vite (Avicebron) SD I, 18 Item alia eiusdem divisio magistralis sous la rubrique Actor SD I, 19 De origine scientiarum et primo doctrinalium 21 Humbert de Romans, Expositio regulae beati Augustini, ch. 144. « De l’´ etude de la philosophie », B. Humberti de Romanis Opera de vita regulari, ´ ed. J.J. Berthier, Rome, 1956, t. I, p. 435-439.

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart Alpharabius in libro de ortu scientiarum SD I, 20 De origine physicae et metaphysicae Alpharabius in libro de ortu scientiarum SD I, 21 De ordine scientiarum Alpharabius in libro de ortu scientiarum Quintilianus Richardus SD I, 22 De via cognoscendi in qualibet arte citant la M´etaphysique d’Aristote22 Cela ´etant dit, le dossier se clˆ ot par une reprise de la tradition victorine : SD I, 23 Qualiter anima humana per philosophiae studium et doctrinam ab ignorantia reparatur : les sciences naissent par grˆ ace divine, par le b´en´efice de la mis´ericorde apr`es la faute. Cette fa¸con de freiner le discours de la novitas par un retour `a la tradition est une pratique assez courante dans le Speculum maius : apr`es avoir ouvert assez largement le jeu aux id´ees nouvelles, Vincent de Beauvais redonne finalement la main ` a la tradition, ici celle du Didascalicon, celle du De doctrina christiana d’Augustin. C’est quantitativement le petit trait´e De ortu, plus que tout autre texte, qui lui a permis de donner cette ouverture `a la novitas sous une forme compatible avec l’enseignement chr´etien. Le fait est assez original, car le texte ne semble pas tr`es r´epandu : il n’est en tout cas pas cit´e dans les Introductions a ` la philosophie des maˆıtres es arts – du moins dans les textes ´edit´es jusqu’` a pr´esent. Outre la mention pr´ecoce, mais sous le nom d’Aristote, chez Daniel de Morley, on en trouve trace vers 1250 chez l’auteur du Ut ait Tullius ´edit´e par Gilbert Dahan, attribution fausse, car le texte all´egu´e est incontestablement augustinien23 . A la mˆeme date, on I, 1 dans un ´ enonc´ e proche de la traduction anonyme XIIe e XIII si` ecle, ´ ed. G. Vuillemin-Diem, 1970, p. 89, d’apr` es Aristoteles Latinus Da22 Metaphysica,

tabase, I/2003. Ce texte tient de fa¸con extensive le mˆ eme propos que le De ortu, soit la connaissance se construisant a ` partir de l’exp´ erience sensible appr´ ehend´ ee rationnellement. 23 Hanc autem divisionem innuit Alpharabius in libro de ortu scientiarum ubi dicit quod omni doctrina aut est de rebus aut de signis ; cf. De doctrina christiana, I, 2. G. Dahan, « Une introduction a ` l’´ etude de la philosophie : Ut ait Tullius » dans L’enseignement de la philosophie au XIIIe si` ecle. Autour du « Guide de l’´ etudiant » du ms. Ripoll 109, ´ ed. C. Lafleur, Turnhout, 1997, p. 13.

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le voit utilis´e chez Olivier le Breton, qui cite Alfarabius in libro de ortu scientiarum `a propos de la d´efinition de la grammaire : le sens est bien l`a mais les mots sont tout ` a fait diff´erents24 . Pour sa part, le dominicain Robert Kilwardby, assez proche de Vincent de Beauvais par certains aspects de sa pens´ee, et qui r´edige un ouvrage sous le mˆeme titre De ortu scientiarum, ne cite pas al-F¯ ar¯ ab¯ı. Une fois encore, comme c’est aussi le cas pour le trait´e du mˆeme genre de Michel Scot, dont le Speculum doctrinale est le seul t´emoin25 , la documentation de Vincent est ´etendue, ` a jour et de bonne qualit´e. En derni`ere analyse, pour marquer ` a la fois cette ouverture et le contrˆole qui l’accompagne, nous choisissons de retenir une phrase du petit trait´e, celle qui affirme que la science de la nature est plus importante que toutes les autres : Haec autem scientia naturalis largior est et latior quam quaelibet illarum scientiarum disciplinalium... Les trente-deux livres du Speculum naturale sont l`a pour le prouver, et la mˆeme mati`ere reprise dans le livre XV de la physique dans le Speculum doctrinale. Car il y a bien une double pr´esence de la physique et ce redoublement mˆeme fait mesurer l’articulation difficile, et somme toute r´eussie, entre deux syst`emes d’organisation d’un discours sur la nature : dans le Speculum naturale une histoire naturelle, la description des choses en suivant le d´eroulement des six jours de la cr´eation, soit une approche de type ex´eg´etique ; dans le Speculum doctrinale l’approche nouvelle se r´ef´erant `a la novitas, la physique, approche « scientifique » sous-tendue elle aussi par un texte dot´e d´esormais d’une autorit´e incontournable, sinon sacr´ee, le texte d’Aristote.

24 C. Lafleur, « L’introduction ` a la philosophie de maˆıtre Olivier le Breton », Ibid., p. 486. 25 Edition et traduction anglaise des extraits attribu´ es a ` Michel Scot chez Burnett, « Vincent of Beauvais... », p. 198-205.

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Annexe 1. Traduction du De ortu scientiarum Trait´ e donnant la cause de l’origine des sciences de la philosophie, et leur ordre d’´ etude Chapitre I Sache que rien n’existe si ce n’est la substance et l’accident, et le cr´ eateur de la substance et de l’accident, b´ eni soit-il dans les si` ecles. Les cinq sens appr´ ehendent l’accident par la pr´ esence et la sensation, sans m´ ediateur entre eux et lui ; ainsi en va-t-il de la couleur : la vue l’appr´ ehende par elle-mˆ eme et distingue la blancheur et la noirceur ; ainsi de la voix : l’ou¨ıe l’appr´ ehende par ellemˆ eme et distingue l’aigu et le grave ; et ainsi des odeurs : l’odorat les appr´ ehende par lui-mˆ eme, et distingue le suave et le f´ etide ; ainsi des saveurs : le goˆ ut les appr´ ehende par lui-mˆ eme et distingue le doux et l’amer ; ainsi du tactile : le toucher l’appr´ ehende par lui mˆ eme et distingue le mou et le dur. La substance n’est appr´ ehend´ ee que par la raison, l’accident ´ etant m´ ediateur entre elles. Car la raison prend connaissance parce que le color´ e est en relation avec la couleur et ce qui est entendu est en relation avec la voix ; et pareillement pour les autres sens. Mais quelle est l’origine de toutes les sciences a ` partir de la substance et de l’accident, et quel fut leur commencement, voil` a ce que je vais d´ emontrer. 1. Connaissance de la cause qui engendre l’art du nombre Je dis : la substance re¸coit une division multiple et se diversifie en de nombreuses parties ; l` a est l’origine du nombre, qui est multitude compos´ ee d’unit´ es. Et parce que la substance re¸cut naturellement en puissance [la facult´e] d’ˆ etre divis´ ee a ` l’infini, le nombre est lui aussi infini en puissance. Et la science qui se rapporte au nombre fut la science de multiplier les parties de la substance les unes par les autres et de les diviser les unes par les autres, de les ajouter les unes aux autres, de les retrancher les unes des autres, de trouver la racine de toutes celles qui ont une racine, et la proportion des unes par rapport aux autres etc. A partir de l` a, il apparaˆıt clairement comment le nombre a ´ et´ e invent´ e, d’o` u il tient son origine et s’est diversifi´ e et quelle fut la cause de son existence et de son passage de la puissance a ` l’acte, et du non-ˆ etre a ` l’ˆ etre. Cette science, les savants grecs l’appellent arithm´ etique. 2. Connaissance de la cause qui engendre l’art de la mesure Je dis : apr` es que la substance a commenc´ e a ` ˆ etre divis´ ee en multiples parties, comme nous venons de le voir, il advint a ` chacune de ses parties d’ˆ etre repr´ esent´ ee par une figure et dispos´ ee d’une certaine fa¸con. Parmi elles, certaines sont figur´ ees par une forme ronde, certaines par une forme triangulaire, quadrangulaire, pentagonale, se d´ eveloppant ainsi jusqu’` a l’infini selon l’ordre croissant du nombre, comme on l’a vu pour la division de la substance en parties. Donc, il fallut n´ ecessairement une science par laquelle nous acc´ edons a ` la connaissance de ces figures qui contiennent ces parties. Donc par elle nous savons les comparer entre elles, les mesurer les unes par rapport aux autres, et nous savons comment une figure est semblable a ` une autre, comment une figure est comprise dans une autre, ou est superpos´ ee, et nous savons les autres choses qui adviennent aux figures. Cette science fut donc la science de ce qui est a ` mesurer. Donc c’est l’art mesurant, celui qui fait connaˆıtre les mesures, et fait comparer les figures entre elles dans leurs lignes, superficies et corps ; en grec elle

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est nomm´ ee g´ eom´ etrie. Il apparaˆıt donc clairement comment la science de la mesure est venue au jour, quelle est son origine, et quelle fut la cause de son passage de la puissance a ` l’acte et du non-ˆ etre a ` l’ˆ etre. 3. Connaissance de la cause qui engendre la science des ´ etoiles Je dis : la substance est mue naturellement ; son mouvement se r´ epartit en trois esp` eces, a ` savoir rapide, lent et le moyen terme entre elles. A partir de l` a, il fallut n´ ecessairement un art par lequel nous acc´ edons a ` la science de ces mouvements et a ` la connaissance de la mesure de chaque mouvement par rapport aux autres et a ` leur comparaison. Cette science est celle du mouvement c´ eleste. Par elle nous parvenons a ` la connaissance de la course des plan` etes, a ` celle de leur position dans leur ciel propre, de leur orbite, de leur r´ etrogradation, de leur station et leur lieu selon les coordonn´ ees plan´ etaires. Mais nous ne parvenons pas a ` connaˆıtre quelque chose de cela si ce n’est par l’interm´ ediaire des deux arts pr´ ec´ edents, l’arithm´ etique et la g´ eom´ etrie, sans lesquels il serait non pas difficile, mais impossible d’atteindre ces choses. Les Grecs appellent cette science astronomie. 4. Connaissance de la cause qui engendre la science de la musique Je dis : apr` es que la substance a ´ et´ e mise en mouvement, il lui advint le son, qui est divis´ e en trois esp` eces, a ` savoir aigu, grave et le moyen terme entre les deux. A partir de l` a, il fallut n´ ecessairement un art par lequel nous acc´ edons a ` la science des sons aigus, c’est-` a-dire ceux qui sont au plus haut degr´ e de l’aigu, et a ` la science des sons graves, c’est-` a-dire ceux qui sont au dernier degr´ e de gravit´ e, et a ` la science des sons moyens entre eux, et a ` leur comparaison ; et tout cela pour que rien ne nous ´ echappe de ce qui arrive a ` la substance. Cet art est la science des sons. Son utilit´ e est de mod´ erer les mœurs des ˆ etres anim´ es quand ils d´ epassent la juste mesure et de perfectionner ceux qui ne sont pas encore parfaits, de conserver en l’´ etat ceux qui semblent ´ equilibr´ es et n’ont pas touch´ e a ` quelque extr´ emit´ e. Et la musique est aussi utile a ` la sant´ e du corps en ceci que le corps est affaibli quand l’ˆ ame est languissante, et qu’il est entrav´ e quand elle-mˆ eme est empˆ ech´ ee d’ˆ etre. De l` a vient que la gu´ erison du corps se fait a ` cause de la gu´ erison de l’ˆ ame, a ` cause de l’ajustement de ses forces et de l’´ equilibre de sa substance grˆ ace aux sons qui agissent en cela et conviennent a ` cela. Cette science a un triple fondement, le m` etre, la m´ elodie et le geste. Le m` etre a ´ et´ e invent´ e pour mettre les perceptions rationnelles en relation proportionnelle avec les mots ; la m´ elodie a ´ et´ e invent´ ee pour harmoniser les parties aigu¨ es et graves, et ces deux ´ el´ ements sont subordonn´ es au sens de l’ou¨ıe. Le geste est subordonn´ e au sens de la vue et a ´ et´ e institu´ e pour adapter le m` etre et le son par des mouvements accord´ es et des relations appropri´ ees. Et cet art du geste est subordonn´ e aux deux sens principaux que sont l’ou¨ıe et la vue. Ainsi il apparaˆıt donc clairement d’o` u provient l’art de la musique, d’o` u il d´ ecoule et quelle est sa source. Dans la musique s’accomplissent les disciplines du savoir qui sont dites les quatre sciences domatrices. Elles sont ainsi nomm´ ees en cela qu’elles domptent celui qui observe et le rendent plus perspicace et lui montrent le plus justement qui soit la voie droite pour aller vers la connaissance de ce qui est au del` a d’elles. 5. Connaissance de la cause qui engendre la science naturelle Je dis : parfois la substance rougit, parfois elle pˆ alit, parfois elle est ´ etendue, parfois abr´ eg´ ee, parfois elle est augment´ ee, parfois diminu´ ee, parfois elle est g´ en´ er´ ee, parfois corrompue, parfois elle est affaiblie et parfois r´ etablie ; il fallut donc n´ ecessairement une science qui montrˆ at tout cela, c’est-` a-dire par laquelle nous parvenons a `

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart la science de ces modes de changements, et quelles en sont les occasions et les causes, et comment nous pouvons ´ ecarter les occasions mauvaises quand nous voulons les repousser, et comment quand nous le voulons nous pouvons les renforcer. Cela, c’est la science des choses de la nature, qui est la science de l’action et de la passion. Et quand nous aurons recherch´ e son origine, nous trouverons les quatre ´ el´ ements, qui sont le feu, l’air, l’eau et la terre ; qui sont la masse de la substance contenue sous le cercle de la lune ; a ` partir des quatre qualit´ es de ces ´ el´ ements – la chaleur, le froid, l’humidit´ e et la s´ echeresse – les accidents se manifestent dans la substance ; en adviennent l’action et la passion. Et de ces quatre sources, avec les quatre premi` eres, qui sont les quatre sciences disciplinaires, est n´ ee la science qui se rapporte au monde sublunaire. Les parties de cette science, selon ce qu’en ont dit les premiers savants, sont au nombre de huit, a ` savoir la science des jugements, la science de la m´ edecine, de la n´ ecromancie selon la physique, la science des images, la science de l’agriculture, la science de la navigation, l’alchimie qui est la science de la conversion des choses en d’autres esp` eces, et la science des miroirs. Cette science naturelle est plus large, plus grande que chacune des sciences disciplinaires. Et parce qu’en soi elle est la plus large, et parce que nous savons qu’elle a besoin des autres qui viennent avant elle, a ` cause de cela il convient que celui qui connaˆıt leur m´ erite et l’ordre de leur apprentissage diff`ere l’´ etude de la science des jugements et de la science de la m´ edecine qu’il s’est assign´ ee ; car il n’est pas facile d’atteindre l’une d’elle ni de la connaˆıtre en toute v´ erit´ e si ce n’est pour celui qui est parvenu a ` la connaissance de toutes celles qui la pr´ ec` edent, comme susdit. Et avec cette science s’ach` eve la connaissance de tous les accidents de la substance pure telle qu’elle est contenue sous le cercle de la lune et la connaissance de toute la masse de cette substance qui est soumise a ` mutation de la forme selon la croissance et la perte. Il reste d` es lors la science de la masse de la substance sup´ erieure, parce que les autres choses sont saisies a ` partir de ses dispositions et de ses accidents. Je ne veux pas aborder la substance sup´ erieure si ce n’est la sph` ere en mouvement, mue par un mouvement naturel, pour l’organisation de ce monde selon la puissance de Dieu, sa sagesse et sa volont´ e, lui qui est b´ eni au plus haut des cieux. De ce qui pr´ ec` ede il est clairement montr´ e comment nait la science naturelle, et d’o` u elle tient son origine. 6. Cause de l’origine de la science divine qui est la connaissance de Dieu Je dis : nous avons fait mention de la substance sup´ erieure et consid´ er´ e son essence ; cela nous am` ene a ` nous int´ eresser a ` elle et a ` sa masse. Cette science naˆıt de la substance du ciel et de la connaissance des substances c´ elestes, a ` savoir les ´ etoiles, selon les diff´ erences de leur grandeur et la diversit´ e de leur position ; il s’agit donc d’une science naturelle. Ensuite, nous avons consid´ er´ e si cette substance avait un cr´ eateur ou s’il ´ etait possible qu’elle n’ait pas de cr´ eateur, et si elle ´ etait ´ eternelle, n’ayant ni avant ni apr` es, ni commencement ni fin, comme l’a dit celui qui n’a pas ´ etudi´e la question, ne s’est pas adonn´ ea ` la science et ne connaˆıt pas les sciences naturelles ni les argumentations logiques. Chercher a ` connaˆıtre Dieu, voil` a la cause de cette enquˆ ete, acc´ eder a ` la connaissance du cr´ eateur de la substance et de l’accident. De la est n´ ee la recherche qui nous a conduit a ` son Etre et nous a pouss´ ea ` savoir qu’il est. Cette science s’appelle la m´ etaphysique, c’est-` a-dire la science divine. Elle est la fin des sciences, leur perfection, et apr` es elle ne subsiste aucune enquˆ ete ; elle est en effet la fin vers laquelle tend toute

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recherche, en laquelle toute recherche s’accomplit. Il est donc clair d’o` u est n´ ee la science divine, quelle est son origine ; est clairement dite aussi l’origine de toutes les autres sciences qui viennent avant elle. Car il fut ´ evident que ces derni` eres tirent leur origine des dispositions de la substance et de ses accidents et des ´ ev´ enements concomitants que d´ ecouvrent les sens et que comprend l’intelligence. Chapitre II Tout ce que nous venons de dire a ´ et´ e trouv´ e sp´ eculativement, non pas en usant du langage, ni en enseignant, ni en recevant un enseignement. Quant a ` la raison de l’enseignement et de l’apprentissage, ce qui se fait par la parole, en exposant, en interrogeant, en r´ epondant, je dis avant tout que le point de d´ epart de toutes les sciences est la science du langage, a ` savoir la science de l’imposition des noms aux choses, c’est-` a-dire a ` la substance et a ` l’accident. La deuxi` eme science est la grammaire, qui est la science de l’ordonnancement des noms impos´ es aux choses et de la composition du discours et des phrases qui donnent a ` entendre les dispositions de la substance et de ses accidents, et la suite. La troisi` eme science est la logique, qui ordonne les propositions ´ enonciatives selon les figures logiques pour en d´ eduire les conclusions par lesquelles on parvient a ` la connaissance des choses inconnues et au jugement a ` leur propos, pour savoir si elles sont justes ou fausses. La quatri` eme est la science po´ etique, qui est la science de l’ordre des expressions selon leur longueur et leur s´ equence, c’est a ` dire selon leurs rapports et selon la mesure des pieds, c’est-` a-dire s’il y en a quatre ou six ou huit ; et ces nombres sont ceux qui d´ elimitent l’´ enonc´ e et sont aptes a ` le faire. Voil` a donc cet ordre des sciences qui pr´ ec` edent l’arithm´ etique, qui ensuite lui sont li´ ees en tant qu’elles lui sont pr´ e-ordonn´ ees. Consid` ere cela avec attention et comprends bien afin que l’occasion te soit donn´ ee qui pousse ton esprit vers la douceur de la sagesse et l’amour de la v´ erit´ e, parce que de cette mani` ere tu comprendras quelque chose qui est de l’ordre du secret, quelque chose du bien, si Dieu le veut. Chapitre III Pour mener a ` son terme notre propos, il faut y ajouter une argumentation par laquelle il sera prouv´ e qu’il n’y a rien d’autre dans les choses cr´ e´ ees que la substance et l’accident. Par exemple : soit la substance fruit et l’accident rougeur, pour que la preuve pour un exemple soit valable pour tous les cas. Je dis : dans les choses cr´ e´ ees il n’y a rien si ce n’est le fruit et sa rougeur ; et la preuve est telle : tout ce qui est, est soit existant en soi, soit n’existant pas en soi. Cette r´ epartition se fait par oppositions contradictoires, entre lesquelles un moyen terme ne peut pas ˆ etre pens´ e ni entendu. Ce qui existe en soi est ce qui est appel´ e substance, comme le fruit, et toute chose de cette sorte. Ce qui n’existe pas en soi est ce que nous appelons accident, comme la rougeur du fruit et tout ce qui est de cette sorte. Il apparaˆıt donc que tout ce qui est g´ en´ er´ e ou bien est substance, comme le fruit, ou accident, comme la rougeur qui est dans le fruit ; et c’est ce que nous avons voulu prouver. Ensuite, il reste a ` prouver que le cr´ eateur est au-del` a des choses cr´ e´ ees et que dispensateur, il est d’une autre essence, diff´ erente de celle des cr´ eatures, lui qui est dieu au-del` a de qui il n’y a pas de dieu, lui qui est le cr´ eateur de la substance et de

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart l’accident. Mais parce que cela est manifest´ e par des signes clairs et par des miracles qui en t´ emoignent assur´ ement aupr` es des plus savants, nous ne prenons pas la peine de le d´ emontrer, car notre propos est bien ´ eloign´ e de cela. Chapitre IV Sache qu’il y a cinq ´ el´ ements a ` savoir la terre, l’eau, l’air, le feu et le ciel. Le ciel, qui est mˆ u par sa nature, met en mouvement les quatre autres ´el´ ements, et se mˆ ele en eux et les compose, parce que si le ciel n’existait pas, les ´ el´ ements ne seraient pas mˆ us et ne seraient pas m´ elang´ es. La substance, qui existe en multiples figures sous le cercle de la lune, est figur´ ee a ` partir de leur mouvement et de leur m´ elange ; et elle change d’accident en accident, de forme en forme, de figure en figure, comme de triangle en carr´ e et ainsi de suite, et de terre en eau et ainsi de suite, de blanc en noir et ainsi de suite. La substance elle-mˆ eme n’est pas chang´ ee en soi, et son essence n’est pas corrompue par la permutation des accidents dans la substance, parce que cette mˆ eme substance n’est pas d´ etruite par la permutation des accidents en elle, mais ce sont ses accidents qui sont d´ etruits par leur permutation en elle. La preuve que le ciel est le cinqui` eme ´ el´ ement est celle-ci : le ciel n’est ni chaud, ni froid, ni humide ni sec ni l´ eger ni lourd ; donc sa nature est au del` a de celle des quatre ´ el´ ements. La plus importante division des sciences se fait entre science du ciel et science de tout ce qui est compris sous le ciel, et la science de ce qui est au del` a. La masse de la substance que contient le ciel, c’est-` a-dire ce qui est sous le cercle de la lune, est faite de feu, d’air, de terre et d’eau. Et cette substance est toujours une, mais ses accidents changent en fonction des quatre qualit´ es que sont la chaleur et le froid, l’humidit´ e et la s´ echeresse. Par exemple le suc de la nourriture qui est converti en sang, qui est la mˆ eme chose sauf qu’il est humidifi´ e, et ensuite converti en chair ; et bien qu’il soit la mˆ eme chose, il est figur´ e par une autre figure et color´ e d’une autre couleur. Pareillement, la feuille et le noyau de la datte, et l’homme lui-mˆ eme est une substance qui ne change pas si ce n’est en figure et en accidents. Pour cette raison, la substance qui est sous le cercle de la lune est dite corruptible. La substance du ciel ne change pas si ce n’est de lieu, et elle ne prend pas des formes multiples, ni n’est figur´ ee en figures multiples ; et ainsi il est prouv´ e que sa masse est au-del` a de la masse de la substance corruptible. Ce qui est au-del` a de ceci et de cela, qui n’a ni masse, ni mati` ere, ni accident, mais est s´ epar´ e des substances et des accidents, cela est le dieu unique, tr` es haut et saint, au dessus de tous les dieux.

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Annexe 2. Extraits du De scientiis (De divisione scientiarum) d’al-F¯ ar¯ ab¯ı dans le Speculum doctrinale, ´ ed. Douai 1624 Domingo Gundisalvo, De scientiis.

Alpharabius in libro de divisione scientiarum

´ ed. M. Alonso Alonso, Madrid-Granada, 1954

I, 13 De diffinitionibus philosophiae

c. 1, p. 59-61

I, 17 De eodem iuxta philosophos I, 45 De scientia linguae et partibus eius

Prologue, p. 56-58 c. 1, p. 59, 61-65

III, 2 De intentione logicae III, 3 De partibus logicae sive artis

c. 2, p. 67, 69-72, 69 c. 2, p. 72-82

syllogisticae III, 109, Quid poetica et quot eius species (sous Actor )

c. 2, p. 75

VII, 4 De materia politicae

c. 5, p. 133-137

VII, 5 De partibus eiusdem XV, 1 De naturali philosophia

c. 5, p. 137-140 c. 4, p. 113-119

XV, 2 De partibus naturalis philosophiae XV, 8 De corporibus simplicibus id est

c. 4, p. 120, 121, 123-127 c. 4, p. 120

elementis XVI, 3 De speciebus mathematicae XVI, 5 De arithmetica

Prologue, p. 56, 57 c. 3, p. 83-88

XVI, 10 De musica

c. 3, p. 103

XVI, 15 Divisio musicae secundum Alpharabium

c. 3, p. 104-107

XVI, 36 De geometria XVI, 37 De partibus geometriae

c. 3, p. 92, 93 c. 3, p. 88-92

XVI, 43 De scientia perspectiva

c. 3, p. 93-96

XVI, 44 De radiis visualibus et de speculis XVI, 46 De differentiis inter astronomiam

c. 3, p. 96-99

et astrologiam

c. 3, p. 99-103

XVI, 53 De scientia de ponderibus XVI, 55 De scientia ingeniorum

c. 3, p. 108 c. 3, p. 108, 109, 111, 112

XVI, 57 De partibus metaphysicae

c. 4, p. 127-131

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart

Annexe 3. Le De ortu scientiarum du Speculum doctrinale, d’apr` es le ms. Paris, BNF, lat. 16100 I, 17 De eodem iuxta philosophos (f. 18 r) Aristoteles in Methaphysica libro I◦ Idem in libro VI◦ Alpharabius in libro de divisione scientiarum 26 Idem in libro de ortu scientiarum (cf. De ortu, ch. IV) Maxima scientie divisio sit in scientiam de celo et scientiam de mundo qui celo continetur, et scientiam de illo quod est preter hec. Et massa quidem substantie quam continet celum, scilicet quod est sub circulo lune, ex IIIIor elementis est, et semper ex quatuor qualitatibus eorum eius accidentia permutantur et ex hac ratione corruptibilis vocatur. Substantia vero celi non nisi loco permutatur, nec multipharie formatur vel figuratur, et ob hoc eius massa preter hanc corruptibilem esse probatur. Quod autem est preter hec nec massam habet, nec materiam, nec accidens, sed separatum est a substantiis et accidentibus ; hic est solus deus benedictus et excelsus. Ex libro fontis vite I, 19 De origine scientiarum et primo doctrinalium (f. 18 rb-va) Alpharabius in libro de ortu scientiarum (cf. De ortu, ch. I, prol., 1, 2, 3, 4 ; ch. III) Nichil est nisi substantia et accidens et creator utriusque. Quicquid enim est creatum, aut est per se existens, et hoc est substantia ; aut non est per se, et hoc est quod vocamus accidens. Hec divisio per contradictorias fit, inter quas medium nec cogitari nec intelligi potest. Accidentia quidem comprehenduntur sensu nullo mediante ; substantia vero ratione mediante accidente. Quod autem utriusque creator preter illa sit, et largius esse habeat ex signis evidentibus et miraculis convenientibus apud peritissimos manifestum est. Ex hiis igitur ortum habent omnes scientie. Nam quia substantia multiplicem recipit divisionem, multamque partium diversitatem, hinc ortus est numerus, qui est multitudo composita ex unitatibus. Et quia substantia naturaliter habet dividi in infinitum potentia, numerum quoque oportuit esse in infinitum potentia. Hinc igitur orta est scientia de numeris, que dicitur arismetica, et est scientia multiplicandi substantie partes et dividendi et aggregandi et minuendi et proportionandi ad invicem, ex quo autem substantia dividi cepit in multas partes ; accidit unicuique illarum partium aliqua figura disponi ; et ex hiis quedam est figura rotunda, quedam triangula, quedam quadrangula, quedam vero pentagona, et sic per ordinem. Opus igitur fuit scientia per quam accederemus ad figuras que continent partes illas substantie, et hec est scientia mensurandi, que dicitur geometria. Per hanc enim scimus mensuras et compositionem et lineas in superficiebus et corporibus et compositionem illarum inter se, quomodo figura proportionalis sit alii figure, et figura in figura, vel super figuram. Peterea substantia naturaliter mota est et eius motus in tres species divisus est, in velocem et tardum et medium. Unde opus fuit arte per quam sciremus illorum motuum mensuras et comparationes ad inuicem, et hec est scientia de motu, que dicitur astronomia, per hanc enim cognoscimus cursus planetarum et compositionem eorumdem in locis propriis, directionem, retrogradationem, stationem, adequationem. Nec tamen ad aliquid 26 La graphie du ms. 16100 est toujours Alphorabius ; nous avons transcrit Alpharabius.

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horum valemus pertingere, nisi per duas precedentes, scilicet arithmeticam et geometriam. Porro ex quo substantia mota fuerit, accidit ei sonus, qui in tres partes divisus fuit, scilicet acutum et gravem et medium. Unde et opus fuit arte per quam veniremus ad horum scientiam et eorundem inter se comparationem, et hec est scientia de sonis, que musica dicitur. Huius utilitas est ad reparandum mores animalium que equalitatem excedunt et perficiendos decores illorum qui perfecti non sunt, et conservandum eos qui videntur equales. Est etiam eius utilitas ad salutem corporis, quia quandoque languente anima, corpus etiam quandoque infirmatur et comeditur, et curatio corporis fit per curationem anime. Huius autem scientie radices sunt tres, metrum, melos, gestus. Metrum quidem inventum est ad proportionem intellectus rationalis in dictionibus. Melos autem ad proportionandas partes acuitatis et gravitatis. Et hee due radices subiecte sunt sensui auditus. Gestus autem institutus est ad confirmandum se metro et sono motibus consimilibus et comparationibus competentibus, et est subiectus sensui visus. Hec igitur ars duobus precipuis sensibus subiecta est, qui sunt visus et auditus. Et in hac complentur discipline IIIIor , que dicuntur doctrinales, quia speculatorem suum docent ac subtiliorem reddunt. I, 20 De origine physice et metaphysice (f. 18 vb) (cf. De ortu, ch. I, 5-6) Item substantia permutatur multipliciter. Nam alia rubet, alia pallet, alia augetur, alia diminuitur, alia generatur, alia corrumpitur, et aliquando infirmatur, aliquando sanatur. Ideo opus fuit scientia que hoc totum ostenderet, scilicet qualiter fiant substantie permutationes et que sunt eius actiones nocentes ut eas possimus pro voluntate nostra repellere, vel augere. Hec est scientia naturalis, que est de actione et passione, que ex IIIIor qualitatibus, scilicet caliditate, frigiditate, humiditate, siccitate, adveniunt substantie IIIIor elementorum, et hec quidem in se latissima est et largior ceteris scientiis. In hac enim perficitur cognitio omnium accidentium substantie absolute, que continetur sub circulo lune totiusque masse illius substantie cui accidit mutatio forme secundum augmentum et decrementum. Scientia quoque substantie superioris, id est spere circumvolubilis et motu naturali mobilis deservientis [ms. deserviente] constitutioni mundi, secundum potentiam et sapientiam et voluntatem dei benedicti et excelsi. Igitur substantie cuius cognitio pertinet ad scientiam naturalem masse sunt V, scilicet ignis, aer, aqua, terra, celum. Nam celum quidem sua natura movetur, et movet alia IIIIor ac permiscet et complexionatur et permutat. Ipsum autem nec calidum, nec frigidum, nec leve nec ponderosum, nec multipliciter formatur vel figuratur, nec nisi in loco permutatur, unde massa eius preter illa quatuor esse probatur. Considerata autem eius essentia induxit homines ad inquirendum de illa et eius massa. Itaque de substantia celi emersit cognitio de substantiis que in ipso sunt, scilicet de stellis secundum equalitatem mensurarum ac diversitatem dispositionum earum ; et hoc totum est scientia de natura. Qua adepta, consideraverunt homines an haberet fortiorem et an esset aliqua essentia non habens prius nec posterius, nec principium nec finem. Hec igitur inquisitio fuit causa cognoscendi deum creatorem substantie et accidentis, et hec est scientia divina, que est finis scientiarum et perfectio earum, nec restat post eam ulla inquisitio, quoniam ipse est finis ad quem omnis speculatio tendit et in ipso quiescit. I, 21 De ordine scientiarum (f. 18 vb-19 ra) (cf. De ortu, ch. II) Hoc autem totum quod diximus adinventum est animo speculando, lingua loquendo, narrando, interrogando, respondendo. Itaque principium omnium scientiarum est scientia de lingua, id est de impositione nominum rebus, scilicet substantie et accidenti.

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Marie-Christine Duchenne et Monique Paulmier-Foucart Secunda est grammatica, que est scientia ordinandi ipsa nomina rebus imposita et componendi orationes. Tertia logica, que est scientia ordinandi propositiones enunciativas secundum figuras logicas, ad eliciendas conclusiones quibus pervenitur ad cognitionem dictorum et ad iudicandum de illis, utrum vera an falsa sint. Quarta vero poetica, que est scientia ordinandi metra, secundum proportionem [ms. proportionum] dictionum et tempora pedum ac numerum eorum. Hec igitur ordinatio scientiarum precedentium pertinet ad scientiam arithmetice, que postea continuatur ei, cetereque sicut preordinate sunt. Quintilianus de oratoria institutione libro I◦ Ricardus ubi supra I, 45 De scientia lingue et partibus eius (f. 23 r) Alpharabius in libro de divisione scientiarum Actor Nota quod Alpharabius hic sub scientia lingue grammaticam comprehendit. Superius autem in libro de ortu scientiarum dicit, quod scientia lingue grammaticam precedit. (cf. De ortu, ch. II) III, 1 De logica et eius intentione (f. 73 va) [sans indication de source, cf. De ortu, ch. II] Logica est scientia ordinandi propositiones enunciativas secundum figuras logicas ad eliciendas conclusiones quibus pervenitur ad cognitionem dictorum et ad iudicandum de illis utrum vera sint an falsa. Ysidorus in libro Etymologiarum III◦ Ricardus in libro Excerptionum III, 109 De arte poetica 27 (f. 95 va) Actor Post artem rhetoricam dicendum restat de poetica, quam et Alpharabius in libro de divisione scientiarum inter logice partes ultimam ponit et ipsam in libro de ortu scientiarum ita describit : Poetica, inquit, est scientia ordinandi metra, secundum propositionem [ms. proportionem] dictionum et tempora pedum, ac numerum eorum. (cf. De ortu, ch. II)

27 Ed

Douai 1624 : Quid poetica et quot eius species.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e Baudouin Van den Abeele ∗ Les textes didactiques m´edi´evaux pr´esentent des profils de diffusion d’une grande vari´et´e. Certains, devenus canoniques, ont connu une grande stabilit´e textuelle, tout au long de leur carri`ere aux mains des copistes. D’autres, en revanche, ont rapidement fait l’objet de remaniements, de copies s´electives, d’interpolations. Les ouvrages encyclop´ediques constituent un cas d’´ecole de cette seconde modalit´e. L’´etude approfondie de la diffusion et de la r´eception du Liber de proprietatibus rerum du franciscain Barth´elemy l’Anglais, publi´ee par Heinz Meyer1 , permet de constater combien ce texte, termin´e dans les ann´ees 1240 `a Magdebourg, a ´et´e soumis `a des am´enagements multiples jusqu’` a la fin du Moyen Age. Manuscrits partiels ou augment´es, versions r´eorganis´ees, moralisations du texte, rien n’a ´et´e ´epargn´e ` a cet ouvrage qui, paradoxalement, s’av`ere ˆetre rest´e bien vivant au travers de ses avatars. Si l’on est bien au fait de la r´eception de Barth´elemy l’Anglais, il n’en va pas de mˆeme pour son contemporain Thomas de Cantimpr´e, dont le Liber de natura rerum peut ˆetre consid´er´e comme un « concurrent » direct du De proprietatibus rerum. Les recherches `a ce sujet ont ´et´e pr´ecoces et nombreuses, sans pour autant aboutir ` a une histoire du texte et de sa diffusion. Cet article se propose d’en tracer quelques lin´eaments, sur la base d’un nouvel inventaire des manuscrits conserv´es2. ∗ FNRS

– Universit´ e Catholique de Louvain, Institut d’´ etudes m´ edi´ evales. Meyer, Die Enzyklop¨ adie des Bartholom¨ aus Anglicus. Untersuchungen zur ¨ Uberlieferungsund Rezeptionsgeschichte von ‘De proprietatibus rerum’, M¨ unchen 2000 (M¨ unstersche Mittelalter-Schriften, 77). Du mˆ eme auteur, divers articles dans les Fr¨ uhmittelalterliche Studien, de 1990 a ` 1997. Un volume collectif issu du colloque organis´ ea ` M¨ unster en 2003 a paru r´ ecemment : Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum. Texte latin et r´ eception vernaculaire – Lateinischer Text und volkssprachige Rezeption, ´ ed. B. Van den Abeele et H. Meyer, Turnhout, 2005 (De diversis artibus, 74, N.S. 37). 2 L’article condense quelques r´ esultats d’une enquˆ ete plus vaste sur les encyclop´ edies, pr´ esent´ ee comme th` ese d’Agr´ egation de l’enseignement sup´ erieur a ` l’Universit´ e catholique de Louvain : Fortune et mutations des encyclop´ edies latines durant le Moyen Age tardif, Louvain-la-Neuve, 2007. Sa publication est pr´ evue dans la collection de l’Institut d’´ etudes m´ edi´ evales de l’UCL. Pour le pr´ esent article, des suggestions utiles nous ont ´ et´ e faites par Isabelle Draelants et par Iolanda Ventura, que nous tenons 1 H.

Baudouin Van den Abeele

1.

L’auteur et son œuvre

C’est vers 1240 que Thomas de Cantimpr´e termina son ouvrage encyclop´edique, le Liber de natura rerum (dor´enavant LDNR). L’auteur3 , n´e vers 1200 dans le Brabant non loin de Bruxelles, form´e `a Cambrai, puis chez les chanoines r´eguliers de Cantimpr´e4 , ´etait pass´e ensuite dans l’ordre dominicain, s’´etablissant au couvent de Louvain d`es les ann´ees 1230. Poursuivant ses ´etudes ` a Paris, puis `a Cologne5 , il reprit son activit´e de pr´edicateur et d’´ecrivain ` a Louvain, o` u il mourut sans doute en 1270. Son œuvre comprend plusieurs vies de saints et de mulieres religiosae de son temps6 , un recueil d’exempla fort original, le Bonum universale de apibus, œuvre d’´edification morale et spirituelle appuy´ee d’exempla et de similitudes tir´ees de la vie des abeilles7 , et l’encyclop´edie a ` remercier chaleureusement. 3 Il existe diverses mises au point biographiques et bibliographiques, dont on trouvera une bonne synth` ese dans l’introduction de H. Platelle, Thomas de Cantimpr´ e. Les exemples du ‘Livre des abeilles’. Une vision m´ edi´ evale, Turnhout, 1997 (Miroir du Moyen Age), p. 11-22. Voir aussi les notices de S. Axters, « Thomas van Cantimpr´ e », dans Nationaal biografisch Woordenboek, t. II, Bruxelles, 1966, col. 865-868 ; P. Kibre, art. « Thomas of Cantimpr´ e », dans Dictionary of Scientific Biography, t. XIII, 1976, p. 347-349 ; Fr. F´ ery-Hue, art. « Thomas de Cantimpr´ e », dans Dictionnaire des lettres fran¸caises. Le Moyen Age, dir. G. Grente, ´ ed. revue dir. G. Hasenohr et M. Zink, Paris, 1992, p. 1436-1438 ; C. H¨ unem¨ order et K. Ruh, art. « Thomas von Cantimpr´ e OP », dans Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, t. IX, 1995, col. 839-851. Signalons aussi le m´ emoire de licence d’A. Debroux, Thomas de Cantimpr´ e (vers 1200-1270). L’homme et son œuvre ´ ecrite. Essai de bibliographie, m´ em. Universit´ e catholique de Louvain, 1979. 4 Sur cette p´ eriode, voir A. Deboutte, « Thomas van Cantimpr´ e. Zijn opleiding te Kamerijk », dans Ons Geestelijk Erf, 56 (1982), p. 283-299. On estimait jadis qu’il avait suivi sa premi` ere formation a ` Li` ege, ce qui s’accorde mal avec son parcours et avec ses dires dans plusieurs textes. 5 A. Deboutte, « Thomas van Cantimpr´ e als auditor van Albertus Magnus », dans Ons geestelijk Erf, 58 (1984), p. 192-209. Dans cet article bien document´ e, l’auteur a rectifi´ e la succession historique des s´ ejours de Thomas, qui a ´ et´ e en formation a ` Paris, puis a ` Cologne, et non l’inverse. 6 Pour les textes, r´ ef´ erences dans la notice de H¨ unem¨ order et Ruh, « Thomas von Cantimpr´ e... ». Sur cette production, B. Roisin, « La m´ ethode hagiographique de Thomas de Cantimpr´ e », dans Miscellanea historica in honorem Alberti de Meyer, Louvain, 1946, p. 546-557. 7 En attendant l’´ edition latine, en pr´ eparation par Nadia Pollini (Lausanne et Oxford), on dispose d’´ editions anciennes du texte latin et d’une traduction fran¸caise partielle par H. Platelle, Thomas de Cantimpr´ e. Les exemples... L’auteur a publi´ e pr´ ec´ edemment divers articles sur ce texte, dont on trouvera les r´ ef´ erences dans cet ouvrage. A son sujet, voir aussi J. Berlioz, P. Collomb et M.-A. Polo de beaulieu, « La face cach´ ee de Thomas de cantimpr´ e. Compl´ ement a ` une traduction fran¸caise

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qui nous retiendra ici8 . La tradition textuelle du LDNR est complexe, comme l’ont reconnu depuis longtemps les ´erudits qui l’ont d´efrich´ee. Thomas de Cantimpr´e lui-mˆeme en a r´ealis´e deux r´edactions successives9 . L’ach`evement de la premi`ere, organis´ee en 19 livres, peut ˆetre situ´e entre 1237 et 1240, d’apr`es une citation de feu Jourdain de Saxe (d´ec´ed´e en 1237) et d’autres de Jacques de Vitry en sa qualit´e de cardinal de Tusculum, donc ant´erieurement `a sa mort survenue en 1240. L’auteur affirme y avoir travaill´e pendant quinze ans, et le LDNR est donc le fruit d’une longue gen`ese. Or, le texte est rest´e sur la table de travail de l’auteur apr`es 1240. On rencontre en effet des manuscrits o` u l’encyclop´edie comporte un 20e livre, outre diverses additions au fil du texte, particuli`erement dans les livres sur l’anatomie humaine (I) et sur les animaux (IV-IX). Deux manuscrits documentent la transition entre les deux versions. Le plus important, partiellement autographe, est conserv´e ` a Londres (British Library, Harley 3717), le second ` a Bruges (Stadsbibliotheek, 410). Tous deux attestent un travail en ´etapes successives. Le tout aboutit `a un texte sensiblement augment´e, que l’on retrouve dans au moins 27 manuscrits d’apr`es les enquˆetes de H. Boese10 . Dans ces t´emoins, la version II du LDNR comporte un livre XX, sur les corps c´elestes, inspir´e partiellement de la Philosophia Mundi de Guillaume de Conches. Or, ce livre ne figure pas encore dans le manuscrit Harley, pas plus que certaines additions issues de sources apparemment d´ecouvertes plus tard par Thomas, en particulier le Liber kyrannidarum. Il y a donc au moins trois ´etats successifs du LDNR du vivant mˆeme de l’auteur, que la recherche a n´eanmoins group´es en deux stades, Thomas I et Thomas II. Au terme de sa gen`ese ´echelonn´ee, l’ouvrage se pr´esente en vingt livres, adoptant un plan encyclop´edique r´ ecente du Bonum universale de apibus », dans Archives d’histoire doctrinale et litt´ eraire du Moyen Age, 68 (2001), p. 73-94. On dispose d’une ´ edition et ´ etude de la version n´ eerlandaise du Bonum : C. Stutvoet-Joanknecht, ‘Der Byen Boeck’. De Middelnederlandse vertalingen van ‘Bonum universale de apibus’ van Thomas van Cantimpr´ e en hun achtergrond, Amsterdam, 1990. 8 La seule ´ edition disponible est celle de H. Boese, Thomas Cantimpratensis Liber de natura rerum. Editio princeps secundum codices manuscriptos, Teil I. Text, BerlinNew York, 1973. 9 Pour la gen` ese du LDNR et de ses versions autoriales, voir H. Boese, « Zur Text¨ uberlieferung von Thomas Cantimpratensis’ Liber de natura rerum », dans Archivum Franciscanum Historicum, 39 (1969), p. 53-68. 10 Liste, Ibid., p. 54-55.

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Baudouin Van den Abeele en descensus 11 , qui part de l’homme pour proc´eder vers les r´ealit´es inf´erieures : l’homme, avec son anatomie, son ˆame et les races exotiques (I-III), les animaux (IV-IX), le monde v´eg´etal (X-XII), les sources et les fontaines (XIII), le monde min´eral (XIV-XV), la cosmologie (XVI-XX). L’histoire du texte ne s’arrˆete pas l`a. Tr`es pr´ecocement, peut-ˆetre encore du vivant de l’auteur, un remanieur travaillant dans l’espace bavaroisautrichien, peut-ˆetre ` a Vienne, a produit une nouvelle version en partant du Thomas I. L’existence de ce texte, que l’on a coutume de d´esigner sous le vocable de Thomas III, a ´et´e mise en ´evidence en 1912 par Christoph Ferckel12. L’auteur du premier ´etat de ce remaniement (Ur-Thomas III ) a ´elimin´e les trois premiers livres, ainsi que le livre XIII sur les sources, et a largement ´elagu´e le texte du Dominicain braban¸con, en r´eduisant les nomenclatures dans les livres consacr´es aux animaux (on passe de 474 `a 257 esp`eces trait´ees)13 . Il a ´egalement ajout´e des informations suppl´ementaires par endroits, principalement pour les plantes et les pierres. A son tour, ce nouvel ´etat a connu divers avatars, et au total, ce ne sont pas moins de dix ´etats diff´erents que l’on peut rep´erer pour le Thomas III dans les manuscrits14 . Une incessante activit´e de remaniement caract´erise donc la tradition de ce texte, donnant naissance `a des interrelations complexes15 . La version la plus aboutie et la plus r´epandue (Vulgatfassung) 11 Cf. W. H¨ ubner, « Der descensus als ordnendes Prinzip in der ‘Naturalis historia’ des Plinius« , dans Die Enzyklop¨ adie im Wandel vom Hochmittelalter bis zur fr¨ uhen Neuzeit, ´ ed. C. Meier, M¨ unchen, 2002 (M¨ unstersche Mittelalter-Schriften, 78), ¨ p. 25-42 ; C. Meier, « Uber den Zusammenhang von Erkenntnistheorie und enzyklop¨ adischem Ordo », dans Fr¨ uhmittelalterliche Studien, 36 (2002), p. 171-192, avec r´ ef´ erences suppl´ ementaires. 12 C. Ferckel, Die Gyn¨ akologie des Thomas von Brabant. Ein Beitrag zur Kenntnis der mittelalterlichen Gyn¨ akologie und ihrer Quellen. Ausgew¨ ahlte Kapitel aus Buch I De naturis rerum, beendet um 1240, M¨ unchen, 1912 (Alte Meister der Medizin und Naturkunde, 5). 13 Le chiffre refl` ete le total des chapitres des livres IV-IX, moins les chapitres introductifs de ces six livres. Il va de soi que le terme « esp` eces » s’entend de fa¸con relative, sans qu’intervienne l’acception actuelle en zoologie. Certaines animaux sont trait´ es en plus d’une notice chez Thomas, parfois sous des noms diff´ erents, d’autres regroupent plus d’une « esp` ece » au sens propre. 14 Ils re¸ coivent dans la litt´ erature sur le sujet des sigles propres, distinguant deux lignes d’´ evolution IIIa et IIIb avec des sous-types IIIa1, IIIa11, IIIa12 etc., sur lesquels les articles cit´ es dans la note suivante offrent des informations pr´ ecises. 15 Le dossier a ´ et´ e ´ etudi´ e par des chercheurs allemands jusqu’` a ce jour, sans que leurs travaux aient ´ et´ e pleinement pris en compte ailleurs. Voir B.K. Vollmann, « La vitalit` a delle enciclopedie di scienza naturale : Isidoro di Siviglia, Tommaso di Cantimpr´ e, e le redazioni del cosidetto ‘Tommaso III’ », dans L’enciclopedismo medievale,

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du Thomas III, enrichie et r´eordonn´ee, a ´et´e ´edit´ee de fa¸con provisoire par un groupe de chercheurs sous la direction de B.K. Vollmann `a Eichst¨att16 . L’ordre des mati`eres est ici consid´erablement modifi´e : la cosmologie et les principes g´en´eraux de la mati`ere sont plac´es en tˆete aux livres 1 `a 4, alors qu’ils occupaient les quatre derniers livres chez Thomas, et on termine par deux livres sur l’homme, qui ´etaient plac´es en tˆete `a l’origine. De la sorte l’expos´e progresse ici du macrocosme au microcosme, alors que c’´etait le contraire dans le chef de l’auteur. Une version qui proc`ede ` a une abr´eviation lin´eaire du texte originel, identifi´ee par B.K. Vollmann, a ´et´e d´esign´ee par lui comme « Thomas IV »17 . Conserv´ee dans un petit nombre de manuscrits18 , elle se caract´erise par le fait que les chapitres y sont syst´ematiquement all´eg´es d’un `a deux tiers de leur substance. Notons ici qu’il ne s’agit pas d’un avatar du Thomas III, mais d’une version qui effectue un remaniement du Thomas I. ´ ed. M. Picone, Ravenna, 1994, p. 135-145 ; Id., « Enzyklop¨ adie im Wandel : Thomas von Cantimpr´ e, ‘De natura rerum’ », dans Die Enzyklop¨ adie im Wandel..., p. 169-180 ; C. H¨ unem¨ order, « Probleme der Intention und Quellenerschliessung der sogenannten 3. Fassung des ‘Liber de natura rerum’ des Thomas von Cantimpr´ e », dans Arbor amoena comis, ´ ed. E. K¨ onsgen, Stuttgart, 1970, p. 241-249 ; Id., « Die Bearbeitung ‘Thomas III’ von Thomas von Cantimpr´ e : Liber de natura rerum. Herkunft, Textstufen und Intentionen der Kompilation », dans Jacob van Maerlants ‘Der naturen bloeme’ und das Umfeld. Vorl¨ aufer - Redaktionen - Rezeption, ´ ed. A. Berteloot et D. Hellfaier. M¨ unster et al., 2001 (Niederlande-Studien, 23), p. 49-67 ; Id., « Ist der Text von Thomas III mehr als eine bloße Kombination aus mehreren naturkundlichen Enzyklop¨ adien ? », dans Die Enzyklop¨ adie im Wandel..., p. 155-168. 16 Thomas von Cantimpr´ e. Liber de naturis rerum, Redaktion III (Thomas III). Text der Handschrift M1 (M¨ unchen, BSB, Clm 2655), verbessert nach den Handschriften C1 (Cambridge, Mass., U.L., Riant 19), Me1 (Melk, Stiftsbibl., 1707), Li1 (Lilienfeld, Stiftsbibl., 206) und Kl2 (Klosterneuburg, Stiftsbibl., 1060). Erarbeitet von der Projektgruppe B2 des SFB 226 W¨ urzburg-Eichst¨ att unter der Leitung von Benedikt Konrad Vollmann, Eichst¨ att, 1992. Il s’agit d’une version dactylographi´ ee diffus´ ee en copies, qui a bien aimablement ´ et´ e mise a ` notre disposition par B.K. Vollmann, que nous tenons a ` remercier ici chaleureusement. L’auteur pr´ epare une ´ edition proprement dite, et un commentaire du Thomas III par C. H¨ unem¨ order devrait pa¨ raˆıtre dans la foul´ ee. Voir B.K. Vollmann, « Edition von Texte mit hoher Uberlieferungsdichte. Thomas von Cantimpr´ e De naturis rerum (Thomas III) als Musterfall », dans Schrift - Text - Edition. H.W. Gabler zum 65. Geburtstag, ´ ed. C. Henkes et al., T¨ ubingen, 2003, p. 87-96. 17 Vollmann, « La vitalit` a... », p. 141. 18 Quatre mss identifi´ es a ` ce jour : G¨ ottweig, Stiftsb., 133 ; Heiligenkreuz, Stiftsb., 331 ; Oxford, Bodl. Libr., Canon. misc. 356 et Vatican, BAV, Vat. lat. 822.

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Baudouin Van den Abeele

2.

Vers un inventaire de la tradition manuscrite

Une des difficult´es qui affecte la recherche des t´emoins manuscrits du Liber de natura rerum est son anonymat initial. Contrairement `a ce qu’il avait pratiqu´e avec son Bonum universale de apibus, Thomas n’a pas sign´e son LDNR, qui a circul´e d`es lors sans nom d’auteur, ou alors avec un nom d’emprunt, tel Albert le Grand, Barth´elemy l’Anglais, Alexandre Nequam, Avicenne, voire S´en`eque ou Lucr`ece. L’attribution la plus fr´equente est `a Albert le Grand, ce qui se comprend en raison de l’aura de grand naturaliste qui s’attachait au nom du doctor universalis, et des liens qui unissent le texte de Thomas et le De animalibus d’Albert. On sait en effet que Thomas a ´et´e ´el`eve d’Albert au Studium de Cologne, probablement en 1250-125119. Le maˆıtre, `a son tour, a puis´e abondamment dans le LDNR de son disciple pour r´ediger les derniers livres du De animalibus 20 . Si le LDNR a donc souvent port´e le nom d’Albert le Grand, son attribution ` a Thomas de Cantimpr´e a ´et´e reconnue de longue date, grˆace `a la lettre de d´edicace du Bonum universale `a Humbert de Romans, qui fait explicitement allusion ` a son livre « De la nature des choses », jadis « compil´e ` a partir de divers auteurs »21 . Une seconde difficult´e est la grande variabilit´e du texte, dont il sera question ci-dessous ; d`es lors, certains catalographes n’ont pas reconnu l’ouvrage de Thomas, et des trouvailles r´esultent incidemment de la consultation de manuscrits au contenu apparent´e. Enfin, l’´etat in´egal de la description des manuscrits m´edi´evaux dans les collections europ´eennes ou am´ericaines explique que bien des t´emoins ont a` ce jour ´echapp´e `a l’attention. Divers ´erudits ont publi´e des listes de manuscrits du LDNR de Thomas, sans toujours avoir pris connaissance des travaux ant´erieurs, ce qui aboutit `a un panorama assez bigarr´e. D`es 1888, le directeur de la Biblioth`eque Nationale, L´eopold Delisle, avait trait´e de Thomas de Cantimpr´e dans un article pionnier pour l’´etude des encyclop´edies m´edi´evales, et il y signalait 15 manuscrits conserv´es principalement `a Paris22. En 1912, 19 Deboutte,

« Thomas van Cantimpr´ e als auditor... ». le rapport entre les deux textes, la lumi` ere a ´ et´ e faite par P. Aiken, « The animal history of Albertus Magnus and Thomas of Cantimpr´ e », dans Speculum, 22 (1947), p. 205-225. Le rapport est comment´ e aussi par M. de Asua, « El ‘De animalibus’ de Alberto Magno y la organizaci´ on del discurso sobre los animales en el siglo XIII », dans Patristica et Mediaevalia, 15 (1994), p. 3-26. 21 Texte traduit dans Platelle, Thomas de Cantimpr´ e..., p. 57-58. 22 L. Delisle, « Trait´ es divers sur les propri´ et´ es des choses », dans Histoire litt´ eraire de la France, 30 (1888), p. 334-388, liste aux p. 365-384. 20 Sur

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Christoph Ferckel publiait une ´etude et ´edition des sections gyn´ecologiques dans le LDNR, assortie d’une mise au point novatrice sur l’auteur et l’œuvre, dans laquelle il signalait 44 t´emoins, tout en distinguant trois versions du texte23 . L’historien des sciences Lynn Thorndike s’est int´eress´e ensuite `a plusieurs reprises au LDNR de Thomas de Cantimpr´e. En 1923, il lui consacrait quelques pages dans sa monumentale histoire des sciences magiques et exp´erimentales, incluant, `a titre de compl´ement `a l’article de L. Delisle, une liste de 34 manuscrits inconnus de l’´erudit parisien24 . Les outils de la recherche bibliographique ont par la suite donn´e une place `a ce texte, et on trouve ainsi le signalement de 52 manuscrits dans le R´epertoire des maˆıtres en th´eologie du p`ere Glorieux paru en 1933, `a la notice consacr´ee aux textes faussement attribu´es `a Albert le Grand25 , ainsi que d’une trentaine de cotes dans le Repertorium Biblicum de Friedrich Stegm¨ uller, en 195526. Lynn Thorndike revint sur le sujet en 1963 avec un article qui signalait une quarantaine de t´emoins qui lui ´etaient inconnus quarante ans plus tˆ ot27 , et son grand r´epertoire des incipits d’œuvres scientifiques m´edi´evales inclut ´egalement diverses nouvelles donn´ees28 . Un philologue de l’Universit´e d’Utrecht, Gerard J.J. Walstra, dressa en 1967-1968 l’´etat de la question, incluant une vaste liste de manuscrits totalisant 144 num´eros, tout en fournissant en un tableau quelques pr´ecisions pour chacun d’eux29 . Cinq doublons sont `a relever, et trois cotes ne d´esignent pas l’œuvre de Thomas, ce qui r´eduit le nombre `a 136 t´emoins30 . Ce travail n’en reste pas moins un point de d´epart oblig´e pour 23 Ferckel,

Die Gyn¨ akologie..., p. 11-13. Thorndike, A History of magic and experimental science during the first thirteen centuries of our era, t. II, London, 1923, p. 396-398. 25 P. Glorieux, R´ epertoire des maˆıtres en th´ eologie, t. I, Paris, 1933, p. 74 (n◦ 6). La liste compte 53 cotes, parmi lesquelles un doublon : les mss Paris, BNF, nouv. acq. 1617 et Paris, Arsenal 1248 d´ esignent un seul exemplaire, pass´ e de la BNF a ` l’Arsenal, o` u il est actuellement conserv´ e. 26 F. Stegm¨ uller, Repertorium Biblicum Medii Aevi, t. V, Madrid, 1955, p. 354-355 (n◦ 8082). 27 L. Thorndike, « More manuscripts of Thomas of Cantimpr´ e’s ‘De naturis rerum’ », dans Isis, 54 (1963), p. 269-277. 28 L. Thorndike et P. Kibre, A Catalogue of incipits of medieval scientific writings in Latin, Cambridge (Mass.), 2e ´ ed., 1963. 29 G.J.J. Walstra, « Thomas de Cantimpr´ e, De naturis rerum. Etat de la question », dans Vivarium, 5 (1967), p. 146-171, et 6 (1968), p. 46-67. La liste des manuscrits figure dans la seconde livraison. 30 Il faut retrancher de sa liste les num´ eros 12, 13, 14, 15, 32 (doublons), 104 (= Com24 L.

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Baudouin Van den Abeele les recherches ult´erieures. En mˆeme temps que G. Walstra, Helmut Boese travaillait `a une ´edition du texte latin complet du LDNR, et c’est en vue de celle-ci qu’il publia un article sur la tradition manuscrite du texte en 196931. Comme son propos ´etait de se limiter aux t´emoins de l’ouvrage originel de Thomas, de pr´ef´erence complets, sa liste est fortement r´eduite par rapport `a celle de Walstra, qu’il taxe s´ev`erement d’un manque de discernement32 ; il retient 44 manuscrits. L’ann´ee suivante, le Dominicain Stephanus Axters donnait avec la Bibliotheca Dominicana Neerlandica Manuscripta un instrument de travail d’une grande richesse, qui comprenait une longue section d´evolue aux manuscrits des divers ouvrages de Thomas33 . On y rel`eve 144 cotes pour le LDNR, qui sont largement parall`eles `a celles de Walstra, sauf qu’il a ´elimin´e les doublons et signal´e `a son tour quelques nouveaux t´emoins. En 1973 parut l’´edition du Liber de natura rerum par Helmut Boese, pr´ec´ed´ee d’une br`eve introduction, la description des manuscrits, l’apparat des variantes et le commentaire du texte ´etant renvoy´es `a un volume ult´erieur qui n’a jamais paru34 . Dans l’introduction, l’´editeur dit avoir trouv´e 11 manuscrits partiels ou fragmentaires depuis son article de 1969, mais n’en donne pas les cotes. L’ann´ee 1974 vit la parution de deux autres ´etats du texte. D’une part, John Block Friedman ´edita avec d’utiles notes le prologue et les livres III et XIX, en se fondant sur le ms. Valenciennes, BM, 320, avec les variantes de Cambridge, Trinity Coll., O.1.34 et Londres, BL, Royal 12.F.vi, ce dernier d’apr`es une transcription compl`ete de P. Aiken ; apparemment il n’avait pas eu connaissance de l’´edition de H. Boese35 . D’autre part, l’universit´e de Grenade patronna un pendium Philosophiae), 117 et 118 (= Barth´ elemy l’Anglais). 31 Boese, « Zur Text¨ uberlieferung... ». 32 Ibid., p. 54, n. 2 : « Der Gipfelpunkt dieses unterschiedslosen Durcheinanderwerfens aller Dinge ist jetzt die Zusammenstellung von G.J.J. Walstra, Vivarium VI, 1968, S. 46 ff. ». 33 S. Axters, Bibliotheca Dominicana Neerlandica Manuscripta, Louvain, 1970, p. 76-113. 34 Boese, Thomas Cantimpratensis Liber... Compte rendu d´ etaill´ e par J. Engels, « Thomas Cantimpratensis redivivus », dans Vivarium, 12 (1974), p. 124-132. En l’attente du volume d’accompagnement, le lecteur en est r´ eduit a ` utiliser cette ´ edition comme un incunable quelque peu attard´ e, nous avertit l’´ editeur dans l’introduction, p. X : « Solange sie (c.` a.d. le volume II) nicht vorliegen, m¨ oge der Leser die Ausgabe wie eine etwas versp¨ atet erscheinende Inkunabelausgabe betrachten ». La recherche s’en est accomod´ ee depuis, mais a ` regret. 35 J.B. Friedman, « Thomas of Cantimpr´ e. De naturis rerum. Prologue, book III

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facsimil´e du manuscrit conserv´e en sa biblioth`eque36 , somptueux exemplaire du LDNR enlumin´e ` a Vienne dans les ann´ees 1440 ; dans le volume de commentaires, Luis Garc´ıa Ballester donnait une liste de 147 cotes, inspir´ee directement de celle de G. Walstra et sans en avoir corrig´e les erreurs37. Un m´edi´eviste espagnol, Francisco Jos´e Talavero Esteso, publia entre 1977 et 1986 diverses ´etudes sur le LDNR, sans que les questions de manuscrits y figurent ` a l’avant-plan38. Le r´epertoire des auteurs dominicains m´edi´evaux, initi´e par le P`ere Kaeppeli et poursuivi par son confr`ere Emilio Panella, contient en son tome de 1994 une liste de 158 cotes pour le LDNR 39 . Si l’on peut avoir l’impression d’un modeste progr`es ` a cette ´etape, le chiffre est trompeur. En r´ealit´e, d’une part les r´edacteurs des Scriptores n’ont pas tir´e tout le profit des listes de Walstra et Axters, dont une bonne trentaine de cotes sont ´etrangement absentes de leur inventaire. D’autre part, 36 manuscrits sont signal´es ici pour la premi`ere fois, ce qui repr´esente donc une avanc´ee notable. Le r´epertoire dominicain a pu b´en´eficier de l’apport d’une philologue allemande, Helgard Ulmschneider, qui a d´efrich´e en particulier la tradition manuscrite du Thomas III 40 , en vue d’´eclairer la gen`ese de sa and book XIX », dans La science de la nature : th´ eories et pratiques, Montr´ eal-Paris, 1975 (Cahiers d’´ etudes m´ edi´ evales, 2), p. 107-154. 36 L. Garcia Ballester (dir.), De natura rerum (Libr. IV-XII) por Tom´ as de Cantimpr´ e. Tacuinum sanitatis. Codice C-67 (fols 2v-116r) de la Biblioteca Universitaria de Granada, Granada, 1974. 37 Ibid., vol. II, p. 22. Le m´ emoire d’A. Debroux, cit´ e en note 3, ´ etablit ´ egalement une liste cumulative sur ces bases, sans apports personnels. 38 F.J. Talavero Esteso, « Ciencia y predicaci´ on en el siglo XIII : El ‘Liber de natura rerum’ de Tom´ as de Cantimpr´ e », dans La ciencia tomista, 104 (197), p. 407450 ; « Metodolog´ıa cient´ıfica en el siglo XIII. La pr´ actica de los excerpta en el ‘Liber de natura rerum’ de Tom´ as de Cantimpr´ e », dans Cuadernos de Estudios Medievales, 4-5 (1976-1977), p. 163-177 ; « La tradici´ on de las etimolog´ıas populares en el ‘Liber de natura rerum’ de Tom´ as de Cantimpr´ e », dans Analecta Malacitana, 3 (1980), p. 3-36 ; « La tradici´ on cient´ıfica en las encicloped´ıas latinas medievales. Introducci´ on y traducc´ıon espa˜ nola del ‘Liber de natura rerum’ XVII, Sobre los siete planetas », Ibid., p. 331-363 ; Textos para ilustrar la trasmisi´ on de los autores en las encicloped´ıas latinas medievales del siglo XIII (Solino en el ‘Liber de natura rerum’ de Tom´ as de Cantimpr´ e), Malaga, 1986. 39 Th. Kaeppeli et E. Panella, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, vol. IV, Roma, 1994, p. 347-355 (n◦ 3772). 40 H. Ulmschneider, « ‘Ain puoch von latein... daz hˆ at Albertus maisterlich gesamnet’. Zu den Quellen von Konrad von Megenberg ‘Buch der Natur’ anhand neuer Handschriftenfunde », dans Zeitschrift f¨ ur deutsches Altertum und deutsche Literatur, 121 (1992), p. 36-63 et « ‘Ain puoch von latein’. Nochmals zu den Quellen von Konrad von Megenberg ‘Buch der Natur’ », Ibid., 123 (1994), p. 309-333.

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Baudouin Van den Abeele traduction allemande par Konrad von Megenberg. La liste des Scriptores signale de fa¸con pr´ecieuse, parmi les 158 copies, 85 exemplaires ressortissant `a la version III. Enfin, en 1997, Raymond Macken ´edita un instrument de travail sur les philosophes m´edi´evaux des anciens Pays-Bas, qui inclut la liste la plus r´ecente des t´emoins du LDNR 41 . Elle compte 158 cotes, dont plusieurs n’avaient pas encore ´et´e signal´ees. V´erification faite, elle est d´epar´ee de nombreuses erreurs : huit nouvelles cotes concernent en r´ealit´e des exemplaires du Bonum universale de apibus de Thomas, une autre correspond ` a un Der naturen bloeme de Jacob van Maerlant, six cotes erron´ees sont reprises de listes ant´erieures sans correction, et trois doublons sont ` a ´eliminer par ailleurs ; il reste deux cotes que nous n’avons pas r´eussi ` a v´erifier. Cette liste n’offre donc rien de neuf et ne fait que multiplier des confusions. Au terme de ce parcours bibliographique, en recoupant les diverses listes de t´emoins manuscrits du LDNR, toutes versions cumul´ees, et apr`es ´elimination des doublets et des r´ef´erences erron´ees, on obtient une liste de 185 cotes. Nos propres enquˆetes dans les catalogues de manuscrits et les instruments de travail informatiques, ainsi que nos recherches dans les fonds manuscrits ont permis de rep´erer 37 t´emoins non encore signal´es dans les listes publi´ees, ce qui porte – provisoirement – le nombre total `a 222. Voil`a un chiffre qui place le LDNR quasiment au mˆeme niveau que le De proprietatibus rerum de Barth´elemy l’Anglais, dont subsistent 200 manuscrits complets ou substantiels de l’ouvrage d’origine, auxquels s’ajoutent 71 manuscrits de fragments et d’extraits42 . La liste des manuscrits du LDNR est jointe en annexe ; il y a lieu de la consid´erer comme un document de travail, sujet ` a compl´ements.

3.

Grandes tendances de la diffusion du Liber de natura rerum

Si l’on cherche ` a ´etudier la chronologie et la g´eographie de la diffusion manuscrite, en tenant compte des principales versions (I, II et III), une 41 R. Macken, Medieval philosophers of the Low Countries. Bio-bibliography and catalogue, Leuven, 1997, vol. I, p. 496-503. 42 La monographie de H. Meyer, Die Enzyklop¨ adie..., comporte le catalogue de 188 t´ emoins (p. 41-119) ; nous en avons localis´ e une douzaine depuis, que nous signalons dans l’introduction g´ en´ erale a ` l’´ edition latine de Barth´ elemy l’Anglais : Bartholomaeus Anglicus. ‘De proprietatibus rerum’. Vol. I. Introduction, Prologue et Livres I-IV, Turnhout, 2007 (De diversis artibus, 78), p. 19-20.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e

r´eponse sans ´equivoque ne peut ˆetre donn´ee, ´etant donn´e l’´etat in´egal des informations rassembl´ees sur les divers t´emoins manuscrits43. Pour autant que l’on puisse en juger ` a partir des donn´ees recueillies, il y a parmi les 222 manuscrits 96 exemplaires ressortissant `a la troisi`eme version du LDNR (Thomas III ), pour 124 aux versions I et II (et IV )44 . Les copies compl`etes de l’ouvrage originel constituent souvent des volumes `a elles seules, de 100 ` a 250 feuillets, tandis que le Thomas III, de taille plus modeste (60 ` a 130 feuillets) fait g´en´eralement partie de recueils manuscrits45. Si l’on observe la r´epartition chronologique des t´emoins, en s´eparant les deux grandes familles, on observe un succ`es plus durable du Thomas I/II : son apog´ee se situe au XVe s., et on connaˆıt quelques manuscrits tardifs (fin du XVe et d´ebut du XVIe si`ecles). Le Thomas III atteint sa plus grande diffusion au XIVe si`ecle, avant de voir ses chiffres d´ecroˆıtre au XVe et se tarir avant la fin de ce si`ecle. G´eographiquement, la r´epartition actuelle des manuscrits est fort large, avec des copies qui se retrouvent de l’Espagne `a la Su`ede et de l’Irlande `a la Roumanie. Il y a lieu bien entendu de s’int´eresser `a leur origine ou `a leur provenance ancienne, ce qui n’est possible que de fa¸con partielle, lorsque les manuscrits conservent des marques d’appartenance ou lorsqu’ils ont pu ˆetre rattach´es ` a une zone d’origine sur base de crit`eres pal´eographiques ou stylistiques. L’origine premi`ere ou la provenance m´edi´evale sont connues de fa¸con large pour 154 des 222 copies (84 pour Thomas I/II et 70 pour Thomas III ). En r´epartissant les donn´ees par pays, on obtient une premi`ere id´ee de la diffusion du texte. Il s’av`ere que les versions d’auteur (I/II ) ont connu leur plus grand succ`es dans la r´egion d’origine de Thomas (17 copies de provenance belge) et dans les r´egions limitrophes (12 en France, 7 en Angleterre, 3 aux Pays-Bas), avec des prolongements significatifs vers l’Europe centrale. La version Thomas III est `a peine pr´esente dans les premi`eres zones ´evoqu´ees ci-dessus 43 Une

pr´ esentation plus d´ etaill´ ee de ces donn´ ees, assortie de graphiques et de tableaux, figure dans notre th` ese d’AES Fortune et mutations..., p. 28-33. 44 Une marge d’incertitude subsiste pour ces chiffres : certains t´ emoins tr` es fragmentaires sont difficiles a ` classer par versions. Nous n’avons pas distingu´ e dans nos d´ enombrements la version IV, car il existe sans doute d’autres exemplaires que les quatre copies signal´ ees par K. Vollmann (cf. ci-dessus, n. 18). Nous les comptons d` es lors parmi les manuscrits de la version I/II, auxquels ils sont davantage apparent´ es qu’au Thomas III. 45 Pour 45 copies compl` etes du Thomas I/II, la moyenne est de 179 feuillets ; pour 65 copies du Thomas III, la moyenne est de 86 feuillets.

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Baudouin Van den Abeele (2 copies dont la provenance se situe en France, aucune en Belgique, aux Pays-Bas et en Angleterre), mais par contre massivement en Europe centrale (32 en Autriche, 26 en Allemagne m´eridionale et 5 en Tch´equie). Si l’on cherche `a affiner le tableau, par une mise sur carte des provenances m´edi´evales connues avec pr´ecision (128 manuscrits, dont 66 du Thomas I/II et 62 du Thomas III ), le glissement vers l’Europe centrale est tout `a fait net pour la troisi`eme version, qui s’est diffus´ee surtout en Autriche, en Bohˆeme et en Bavi`ere (voir les cartes en annexes 2 et 3). Il est instructif de comparer ces cartes avec celles qui ont ´et´e ´elabor´ees pour Barth´elemy l’Anglais46 . Le De proprietatibus rerum fait figure de succ`es `a l’´echelle europ´eenne, car il a ´et´e copi´e ou conserv´e anciennement dans une aire qui s’´etend de l’Espagne aux Pays Baltes, et de l’Italie m´eridionale `a l’Ecosse. En comparaison, la r´epartition est bien plus limit´ee pour les divers ´etats de l’encyclop´edie de Thomas de Cantimpr´e, et surtout pour le Thomas III. Quant `a la r´epartition des provenances anciennes par types de possesseurs, pour les deux groupes de manuscrits, on note une forte pr´esence du texte, quelle que soit la version, chez les B´en´edictins et les Cisterciens, une pr´edilection des chanoines r´eguliers (Pr´emontr´es et Augustins) pour le Thomas III (27 provenances anciennes), et une faible pr´esence chez les ordres mendiants. Observons aussi que certaines communaut´es monastiques ou canoniales ont poss´ed´e plusieurs exemplaires du LDNR, jusqu’` a quatre `a St-Florian, et trois ` a Heiligenkreuz, Klosterneuburg, Melk et Ter Duinen.

4.

Avatars de copie et de remaniement

L’´etude de la r´eception du LDNR de Thomas de Cantimpr´e passe par une reprise en main du dossier de ses t´emoins manuscrits, dont une partie seulement a b´en´efici´e de quelque attention dans les ´etudes cit´ees pr´ec´edemment. En particulier, les nombreux manuscrits du Thomas III ont ´et´e scrut´es de pr`es pour leurs variations et leur interd´ependance, par B.K. Vollmann, H. Ulmschneider et C. H¨ unem¨order47 . Nous nous sommes d`es lors int´eress´e plutˆ ot aux t´emoins des versions I et II, dont on est loin de mesurer la grande variabilit´e. 46 Voir

dans ce volume les cartes pr´ esent´ ees dans l’article de J. Loncke. ci-dessus, n. 15.

47 R´ er´ erences

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e

La diffusion du LDNR suit des voies peu unifi´ees. En parcourant la liste des manuscrits, on constate combien sont nombreuses les copies incompl`etes ou mˆeme fragmentaires. Ainsi, divers t´emoins se limitent `a un ou deux livres du texte : on rencontre six manuscrits o` u figure le seul livre I, deux ayant les livres I et II, cinq le livre III, quatre le livre IV, un les livres IV et V, douze le livre XIV, deux le livre XV, deux les livres XIV et XV, deux le livre XVI. Ce sont donc au minimum 36 codex o` u le scribe, voire le commanditaire, a d´elib´er´ement limit´e son propos `a la copie d’une petite partie de l’encyclop´edie, un ou deux livres. Remarquons ici la faveur particuli`ere dont semble avoir joui l’expos´e relatif au monde min´eral, soit les livres XIV (pierres) et XV (m´etaux). A eux seuls, ils comptent pour la moiti´e de cette liste. Le livre sur les hommes monstrueux (III) a ´egalement joui d’une certaine autonomie. Des s´elections plus consistantes ont ´et´e effectu´ees : on trouve des manuscrits groupant tous les livres sur les animaux, et eux seuls : ainsi, un codex tardif copi´e et enlumin´e pour le bibliophile Raphael de Mercatel, abb´e de St-Bavon de Gand48 . On y trouve le texte complet des livres III `a IX (hommes monstrueux et animaux), chaque chapitre ´etant illustr´e d’une vignette. Ces parties du texte ont en r´ealit´e attir´e l’attention depuis le d´ebut de la diffusion du texte. Dans le manuscrit de Valenciennes (BM, 320), qui offre une copie du texte complet datable du XIIIe si`ecle, seuls ces livres sont pourvus pour chaque chapitre d’une miniature, tandis que les autres n’ont qu’une initiale histori´ee ou une vignette en frontispice. Le fait se r´ep`ete pour la plupart des quinze manuscrits illustr´es du LDNR 49 . Il faut faire ´etat ici d’un remaniement tardif du texte effectu´e par l’humaniste Pier Candido Decembrio50 . En 1460, il offre un Liber de naturis animalium ` a Louis Gonzague, duc de Mantoue. Il signale qu’il a travaill´e `a partir d’un manuscrit trouv´e ` a Naples, et dont il annonce dans un pr´eambule publicitaire qu’il fait une version revue pour le style et 48 Ms.

Gent, Sint-Baafskapittel, 15. mss, dont on trouvera le signalement plus complet dans la liste en annexe, sont : Berlin, SBB-PK, Hamilton 114 ; Brugge, StB, 411 ; Gent, St-Baafskapittel, 15 ; Granada, BU, C-67 ; Hamburg, SuUB, Scrin 31 / 53 ; Krakow, BJ, 794 ; Paris, BNF, lat. 523 A ; Paris, BNF, lat. 6556 ; Praha, KMK, L.XI ; Praha, NK, X.A.4 ; Praha, NK, XIV.A.15 ; Valenciennes, BM, 320 ; Vaticano, BAV, Pal.lat. 1066 ; Wroclaw, BU, Rehdig. 174 ; W¨ urzburg, UB, M.ch.f. 150. 50 Notice d´ etaill´ ee sur l’auteur par P. Viti, « Decembrio, Pier Candido », dans Dizionario biografico degli Italiani, t. 33, Rome, 1987, p. 488-498. 49 Ces

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Baudouin Van den Abeele l’expression. En fait, c’est une r´e´ecriture pure et simple des livres IV `a IX de Thomas. L’exemplaire d’origine, conserv´e dans le fonds d’Urbino au Vatican, a ´et´e enlumin´e un si`ecle plus tard de 490 portraits d’animaux report´es dans les marges inf´erieures. Ils sont en partie inspir´es des gravures des ouvrages zoologiques de Conrad Gesner51 . Le texte de Decembrio constitue un cas d’int´erˆet tardif pour cette encyclop´edie, en dehors de sa zone de diffusion prioritaire. Certains manuscrits sont lacunaires. Dans les copies qui se pr´esentent a` premi`ere vue comme compl`etes, ayant tous les livres du texte, il manque parfois l’une ou l’autre portion de livre, ou certains chapitres. Ce sont en particulier les livres qui consistent en des s´equences alphab´etiques de notices (livres V-XII et XIV, c’est-` a-dire les catalogues d’animaux, de plantes et de pierres) qui sont susceptibles d’ˆetre affect´es de la sorte, comme nous l’avons vu pour le Thomas III. Parfois encore, le texte des chapitres est en partie coup´e, comme c’est le cas pour la version dite Thomas IV. Il est des manuscrits r´eorganis´es, o` u la modification affecte l’ordre des mati`eres. Cela est patent pour le Thomas III, pour lequel les chercheurs allemands ont identifi´e une dizaine d’´etats diff´erents. On y voit un continuel glissement de certains livres, passant de position initiale `a finale, ou vice-versa52. Dans les versions I et II du LDNR, certains scribes ont r´eordonn´e les chapitres au sein des livres, ou proc´ed´e a` divers am´enagements. Ainsi, une copie singuli`ere provenant de Tongerlo et conserv´ee `a Bruxelles (BR, 8897-8902) offre au livre V (oiseaux) une s´equence de 47 notices (au lieu des 117 du texte originel), dans un ordre alphab´etique boulevers´e53. 51 Le manuscrit a ´ et´ e reproduit en facsimil´ e : Das Tierbuch des Petrus Candidus, Urb. lat. 276, Commentaire par C. Pyle, Z¨ urich, 1984. L’ouvrage Einhorn und Nachtigall. Die 200 sch¨ onsten Miniaturen aus dem Tierbuch des Petrus Candidus, avec trad. de textes par A. et C.B. M¨ uller, Z¨ urich, 1993, inclut la reproduction de 200 de ces miniatures, avec la traduction en allemand du texte correspondant. Voir aussi l’int´ eressant article de C. Pyle, « The art and science of Renaissance natural history : Thomas of Cantimpr´ e, Pier Candido Decembrio, Conrad Gesner, and Teodoro Ghisi in Vatican Library Ms. Urb. lat. 276 », dans Viator, 27 (1996), p. 265-321. Le premier a ` avoir signal´ e et ´ etudi´ e le codex est S. Killermann, « Das Tierbuch des Petrus Candidus, geschrieben 1460, gemalt im 16. Jahrhundert (Codex Vaticanus Urb. lat. 276) », dans Zoologische Annalen, 6 (1914), p. 113-221. 52 Pour un aper¸ cu, voir Vollmann, « Enzyklop¨ adie im Wandel... », p. 176-180. 53 Le manuscrit comporte d’autres irr´ egularit´ es, qu’il serait trop long d’exposer ici.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e

Enfin, on rencontre des manuscrits augment´es, o` u l’on note des mat´eriaux de provenance diff´erente. Le somptueux codex de Grenade, copi´e et enlumin´e `a Vienne vers 1440, combine, pour la partie de botanique, les chapitres du LDNR avec ceux du Tacuinum Sanitatis, un manuel de sant´e arabe traduit en latin au XIIIe s. et devenu un classique de la di´et´etique54 . Un autre cas, moins connu et fort int´eressant, est le manuscrit conserv´e `a Dublin (Chester Beatty Library, WMS 80), qui a jusqu’` a pr´esent ´echapp´e aux ´etudes sur Thomas de Cantimpr´e55 . Le texte se pr´esente sous un autre titre, Viridarium, et est sign´e d’un autre nom, Johannes Raynaudi (colophon). On a reconnu en celui-ci le juriste Jean Raynaud, qui a enseign´e le droit ` a Avignon et `a Aix-en-Provence dans les ann´ees 1410-143056. C’est en partie une r´e´ecriture du LDNR, dans lequel tous les proc´ed´es observ´es ci-dessus sont `a l’œuvre : absence de livres particuliers, omission de chapitres au sein des livres, abr´eviation lin´eaire du texte, modification de l’ordre. Mais la part des additions est ici pro´eminente : la mati`ere botanique, en particulier, occupe un volume quintuple par rapport au texte d’origine57 . Tout au long des livres sur les animaux, l’auteur a aussi ins´er´e des informations nouvelles, en partie issues des Otia imperialia de Gervais de Tilbury, texte encyclop´edique et cosmographique r´edig´e dans le royaume d’Arles et offert vers 1214 `a l’empereur Otton IV de Brunswick58. Le Viridarium accueille par ailleurs un bref livre sur les liquides, sans ´equivalent chez Thomas. En somme, il s’agit d’une version du LDNR qui pourrait `a bon droit ˆetre consid´er´ee 54 Voir le facsimil´ e de Garcia Ballester, De natura rerum... cit´ e. Sur le Tacuinum, ´ etude de r´ ef´ erence par L. Cogliati Arano, Tacuinum Sanitatis, Milano, 2 1979, trad. angl. The medieval health handbook. Tacuinum Sanitatis, New York, 1976 ; parmi les nombreux articles r´ ecents sur le sujet, signalons C. Hoeniger, « The illuminated Tacuinum Sanitatis manuscripts from Northern Italy ca 1380-1400 : sources, patrons and the creation of a new pictorial genre », dans Visualizing medieval medicine, 12001500, ´ ed. J.A. Givens et al., Aldershot, 2006, p. 51-82. 55 Description : G. Millar, The Library of A. Chester Beatty. A descriptive catalogue of the Western manuscripts, 4 vol., London, 1927, t. II, p. 244-254 et planches CLXXXIX-CXCVI. 56 Identification propos´ ee dans le catalogue de Millar, The Library..., p. 245. 57 Dans le ms. de Dublin, elle occupe 46 feuillets, sur les 106 que compte le texte, soit 43,4 % du texte, alors que dans le Thomas I/II, cette mati` ere occupe 8,6 % du texte. Le Viridarium traite de 373 v´ eg´ etaux, alors que Thomas n’en envisage que 117. 58 Edition r´ ecente : Gervase of Tilbury. Otia Imperialia. Recreation for an emperor, ´ ed. et trad. S.E. Banks et J.W. Binns, Oxford, 2002 (Oxford Medieval Texts). Voir aussi la traduction fran¸caise partielle par A. Duchesne, Gervais de Tilbury. Le Livre des merveilles. Divertissements pour un empereur (Troisi` eme partie), Paris, 1992.

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Baudouin Van den Abeele comme une œuvre nouvelle, et dont l’examen d´etaill´e est requis59 . Autre exemple du proc´ed´e d’interpolation, la copie de Tongerlo dont il a ´et´e question plus haut comprend quelques chapitres sur les animaux issus du De proprietatibus rerum de Barth´elemy l’Anglais. Une modalit´e particuli`ere d’amplification est l’annotation marginale. Il existe un petit nombre de manuscrits pourvus d’un apparat de notes all´egoriques report´ees dans les marges du texte. L’examen de deux d’entre eux, d’origine parisienne et apparent´es60 , a montr´e l’existence d’un petit corpus de 150 notes, in´egalement r´eparties dans le texte : elles se concentrent avant tout dans les marges des livres IV (quadrup`edes) et V (oiseaux). Leur contenu est d’ordre all´egorique ou moralisant : par exemple, pour l’oiseau alcyon 61 , que l’on voit rarement, si ce n’est lors des solstices, la note est : Deus videri non potuit quousque sol iusticie stetit in cornibus crucis ; le fait que cet oiseau construit son nid en hiver est glos´e : anima et ecclesia tempore adversitatis proficit. Ce proc´ed´e est analogue `a celui qui pr´evaut dans la tradition manuscrite de l’encyclop´edie de Barth´elemy l’Anglais, et pourrait avoir ´et´e inspir´e par celle-ci62 . L’on pourrait encore faire ´etat ici des traductions vernaculaires du LDNR, en observant que celles-ci prennent ´egalement de grandes libert´es avec le texte : d’une part, aucune ne couvre l’int´egralit´e de l’ouvrage, et d’autre part, chacune rec`ele des compl´ements. Ainsi, le Der naturen bloeme, versifi´e en moyen n´eerlandais par Jacob van Maerlant et termin´e vers 127063, omet la majeure partie des expos´es sur l’homme, ainsi que les livres XVI ` a XX, et coupe souvent dans le texte des chapitres ; en revanche, des extraits d’autres sources et de nouvelles moralisations se 59 Nous y consacrons quelques pages dans notre th` ese d’AES Fortune et mutations..., p. 38-40. Le Viridarium fait a ` pr´ esent l’objet du doctorat d’histoire entrepris ` a l’Universit´ e catholique de Louvain par Max Schmitz. 60 Ce sont les mss Paris, BNF, lat. 347 B et 347 C, provenant respectivement de la chartreuse de Vauvert et du couvent dominicain de St-Jacques a ` Paris. 61 Sur cet oiseau, un article approfondi par W. Harms, « Der Eisvogel und die halkyonischen Tage. Zum Verh¨ altnis von naturkundlicher Beschreibung und allegorischer Deutung », dans Verbum et Signum. Festschrift Friedrich Ohly, M¨ unchen, 1975, t. I, p. 477-515. Pour les ant´ ec´ edents antiques, G.K. Gresseth, « The myth of Alcione », dans Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 95 (1964), p. 88-98. 62 Sur ces notes, voir l’article de J. Loncke dans ce volume. 63 Le texte est disponible dans deux ´ editions, par E. Verwijs (Groningen 1878, r´ eimprim´ ee plusieurs fois), et M. Gijsseling (‘s Gravenhage, 1981).

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e

remarquent par endroits64 . Notons aussi que le texte est attribu´e `a Albert le Grand par le traducteur, pourtant contemporain de Thomas et flamand comme lui. La traduction allemande, due `a Konrad von Megenberg (1309-1374)65, a pris appui sur le Thomas III et est ´egalement plac´ee sous l’auctoritas d’Albert le Grand. Ce Buch der Natur 66 s’´ecarte de son mod`ele, tant par l’ordre des mati`eres que par la teneur des chapitres : les nomenclatures sont remani´ees, des ajouts importants s’observent, et dans une seconde version de son texte, Konrad a ajout´e une section sur l’ˆ ame traduite ` a partir du De proprietatibus rerum de Barth´elemy l’Anglais67 . Il existe encore d’autres traductions, partielles, en fran¸cais et en n´eerlandais68.

5.

Succ` es et mouvance du texte

Des ann´ees 1240 au tournant des XVe et XVIe si`ecles, le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´e ` a poursuivi sa destin´ee aux mains 64 Plusieurs articles int´ eressants dans le volume Jacob van Maerlants ‘Der naturen bloeme’ und das Umfeld... 65 La bibliographie a ` son sujet est abondante. Voir la notice d´ etaill´ ee par G. Steer, dans Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, t. V, Berlin, New York, 1985, col. 221-236. 66 L’´ edition traditionnelle est celle de F. Pfeiffer, Das Buch der Natur Konrads von Megenberg. Die erste Naturgeschichte in deutscher Sprache, Stuttgart, 1861. Depuis peu existe une ´ edition critique : Konrad von Megenberg. Das ‘Buch der Natur’. II. Kritischer Text nach den Handschriften, ´ ed. R. Luff et G. Steer, T¨ ubingen, 2003. Par une curieuse ironie du sort, le texte allemand partage l’infortune de son mod` ele latin ´ edit´ e par H. Boese : le texte de Luff et Steer est livr´ e sans introduction ni ´ elucidation des sigles et des choix ´ editoriaux... Voir notre recension dans Scriptorium, 59 (2005), BC n◦ 520. 67 Sur ces deux versions, voir l’´ etude de T.M. Nischik, Das volkssprachliche Naturbuch im Mittelalter. Sachkunde und Dinginterpretation bei Jacob van Maerlant und Konrad von Megenberg, T¨ ubingen, 1986. 68 Version fran¸ caise du livre III, ´ ed. A. Hilka, Eine altfranz¨ osische moralisierende Bearbeitung des ‘Liber de monstruosis hominibus orientis’ aus Thomas von Cantimpr´ e ‘De naturis rerum’, Berlin, 1933 (Abhandlungen der Gesellschaft der Wissenschaften zu G¨ ottingen, Philologisch-historische Klasse, 3/7). Voir a ` ce sujet l’article important de L.F. Flutre, « A propos de l’´ edition Hilka du po` eme des Monstres des Hommes », dans Zeitschrift f¨ ur romanische Philologie, 71 (1955), p. 422-448. Version n´ eerlandais du livre I, ´ ed. dans la th` ese de m´ edecine de L. Elaut, Van smeinscens lede. Een Middelnederlands geneeskundig geschrift. Zijn betekenis in het raam van de medische literatuur der 13 e eeuw, diss. Gent, 1956 ; voir A. Boon, « Van Smeinscens lede. Een medisch-physiologisch gedicht naar het eerste boek van Thomas van Cantimpr´ e ‘De natura rerum’ », dans Album opgedragen aan Pr J. Vercouillie, Bruxelles, 1927, p. 63-68.

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Baudouin Van den Abeele des copistes. C’est l’histoire d’un succ`es de librairie, qui passe par des m´etamorphoses incessantes. Fruit d’une r´edaction ´echelonn´ee et de deux r´evisions du vivant de l’auteur, il a vu sa structure remise en question par des remanieurs et des traducteurs. Texte sans identit´e, il en usurpe au gr´e des convenances, et s’introduit dans les langues vulgaires sous l’´egide d’Albert le Grand. Inventaire du monde cr´e´e livrant acc`es `a une infinit´e de r´ealit´es rares ou communes, le LDNR a ´et´e pill´e pour ses catalogues de pierres, de monstres, et surtout d’animaux, et ce jusqu’` a la Renaissance. En revanche, le texte de Thomas n’a pas franchi la barre de l’imprim´e, ni pour sa version latine, ni pour les traductions n´eerlandaises et fran¸caise. Seul le Buch der Natur de Konrad von Megenberg a connu diverses ´editions incunables, entre 1475 et 150069. Peut-ˆetre les nombreuses ´editions du De proprietatibus rerum de Barth´elemy l’Anglais, qui fleurirent au XVe si`ecle en latin, en fran¸cais et en n´eerlandais (52 ´editions au total), ont-elles occup´e en quelque sorte le march´e pour ce type d’ouvrage ? Il est significatif d’observer que l’encyclop´edie de Barth´elemy n’a pas connu de traduction compl`ete en allemand, et que c’est pr´ecis´ement la traduction allemande du LDNR qui a ´et´e imprim´ee : le texte de Megenberg ne souffrait pas d’une concurrence directe aux yeux des imprimeurs. Cette enquˆete d´ebouche sur des questions importantes pour la compr´ehension du genre encyclop´edique. Quiconque a travaill´e sur la litt´erature didactique m´edi´evale a quelque notion des variations qui affectent les textes. Mais la plong´ee dans la tradition manuscrite du LDNR approfondit ce constat jusqu’` a donner le vertige. Tout se passe comme si l’œuvre se d´erobait sans cesse. Le texte de Thomas de Cantimpr´e est mis en pi`eces et r´earrang´e, ´ecourt´e ou amplifi´e, all´egoris´e, r´e´ecrit sous couvert d’humanisme. Plus qu’une œuvre reconnue en tant que telle, le LDNR est, pour beaucoup, un entrepˆot auquel on puise au gr´e des sujets d’int´erˆet. Dans cette perspective, son ´edition procur´ee par Hermann Boese est `a utiliser avec circonspection : il faut se garder de penser que l’on y saisit une image canonique du texte de Thomas, car cette version a en r´ealit´e b´en´efici´e d’une diffusion minoritaire. On connaˆıt le concept de mouvance des textes m´edi´evaux, que les philologues adeptes de la « New Philology » ont fait valoir pour les œuvres en langue vernaculaire, affect´ees de variantes multiples qui peuvent changer le sens de certains passages 69 Six ´ editions du texte complet. Pour une analyse, voir U. Spyra, Das ‘Buch der Natur’ Konrads von Megenberg. Die illustrierten Handschriften und Inkunabeln, K¨ olnWeimar-Wien, 2005 (Pictura et Poesis, 19), p. 345-381.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e

et m´eritent pleinement l’attention70 . Dans le cas d’un texte didactique latin tel que le LDNR, la mouvance prend un relief plus accentu´e encore, jusqu’` a mettre en p´eril la notion d’œuvre elle-mˆeme. Au fil des avatars, on peut se demander ` a partir de quel degr´e de diff´erenciation l’on doit parler d’un autre texte. Le remaniement op´er´e par Jean Raynaud en Avignon est une œuvre qui m´eriterait peut-ˆetre d’ˆetre retir´ee du corpus des t´emoins du LDNR et d’ˆetre consid´er´ee en soi et pour soi. En revanche, le De naturis animalium de Decembrio pourrait sans doute ˆetre consid´er´e comme une version tr`es proche du LDNR, et ses t´emoins m´eriteraient alors d’ˆetre int´egr´es dans la liste des manuscrits de celui-ci. Une seconde question est celle de l’ordre des mati`eres dans les encyclop´edies. Une distinction commode et claire, accr´edit´ee depuis les travaux de C. Meier et d’autres sp´ecialistes71 , distingue dans les encyclop´edies m´edi´evales deux modes d’organiser le panorama des connaissances. Soit elles adoptent un ordo artium, qui envisage successivement les disciplines du savoir et en d´etaille le contenu. On en suit le mod`ele chez des auteurs comme Varron, Hugues de St-Victor ou Vincent de Beauvais dans son Speculum Doctrinale. Soit elles proc`edent selon un ordo rerum, qui pr´esente les connaissances selon un ordre qui refl`ete l’image du monde, la hi´erarchie des choses, en diverses formules possibles (hi´erarchie des ˆetres en descensus, appartenance aux quatre ´el´ements, succession selon le r´ecit de la Cr´eation). Les deux ordres peuvent par ailleurs se combiner, comme on le voit d´ej` a dans les Etymologies d’Isidore de S´eville, et plus encore dans le Speculum maius de Vincent. Par son projet d’une description ordonn´ee de la Cr´eation, le LDNR est un ouvrage qui s’inscrit dans la cat´egorie de l’ordo rerum. Or, les transformations multiples du 70 Parmi une abondante bibliographie, signalons une r´ ef´ erence de base (B. Cerquiglini, Eloge de la variante. Histoire critique de la philologie, Paris, 1989), ainsi que deux volumes collectifs r´ eunissant des contributions critiques et constructives par rapport a ` ce th` eme de discussion : Towards a Synthesis ? Essays on the New Philology, ´ ed. K. Busby, Amsterdam-Atlanta, 1993 et Alte und Neue Philologie, ´ ed. M.D. Glessgen et F. Lebsanft, T¨ ubingen, 1997 (Beihefte zu Editio, 8). 71 C. Meier-Staubach, « Grundz¨ uge mittelalterlicher Enzyklop¨ adik. Zu Inhalten, Formen und Funktionen einer problematischen Gattung », dans Literatur und Laienbildung im Sp¨ atmittelalter und in der Reformationszeit. Symposion Wolfenb¨ uttel 1981, ´ ed. L. Grenzmann et K. Stackmann, Stuttgart, 1984, p. 467-500, et Ead., « Organisation of knowledge and encyclopaedic “ordo” : Functions and purposes of a universal literary genre », dans Pre-Modern Encyclopedic Texts. Proceedings of the second COMERS Congress, Groningen, 1-4 July 1996, ´ ed. P. Binkley, Leiden, New York, K¨ oln, 1997, p. 103-126.

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Baudouin Van den Abeele Thomas III, ainsi que les brisures relev´ees dans diverses copies de la version d’auteur, montrent ` a l’œuvre des copistes pour lesquels l’ordre des choses importe apparemment peu. On en arrive alors `a ce que Konrad Vollmann a nomm´e un ordo artificialis, pour des textes encyclop´ediques qui refl`etent plus une volont´e de collecte que d’organisation des mat´eriaux72 . Cet ordre « artificiel » est personnalis´e `a l’extrˆeme, et il refl`ete dans le Liber de natura rerum les pr´eoccupations de chaque scribe ou commanditaire.

72 Vollmann, « Enzyklop¨ adie im Wandel... », p. 174 : « Die ‘Thomas III’-Redaktoren erwecken den Eindruck, als ob Ihnen die Buch f¨ ur Buch ausgebreitete Sachinformation u ¨ber einzelne Wissenssektoren wichtiger gewesen sei als deren Verbindung untereinander oder deren Beitrag zur Bildung eines geschlossenen Ganzen. Man wird folglich nicht umhin k¨ onnen, außer dem ordo rerum und dem ordo artium noch einen dritten ordo zu akzeptieren, den ordo artificialis ».

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e

Annexe I : Liste des manuscrits du Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e La liste retient tous les manuscrits cit´es dans la litt´erature secondaire, et dont la pertinence a ´et´e v´erifi´ee dans les catalogues, par autopsie ou sur microfilm ; un certain nombre de cotes signal´ees pr´ec´edemment ont ´et´e ´ecart´ees et se retrouvent dans une seconde liste en fin de document. Les cotes pr´ec´ed´ees de * sont ajout´ees par nos soins aux listes publi´ees `a ce jour. Les cotes imprim´ees en italique d´esignent les manuscrits de la version Thomas III. Pour chaque manuscrit sont donn´es, dans la mesure du possible, les renseignements suivants : nom de la biblioth`eque (abr´eg´e si r´ep´et´ee) ; cote ; support (pc. = parchemin ; pp. = papier) ; nombre total de feuillets ; datation (d. = dat´e de ) ; scribe (scr.) ; origine ou provenance (prov.) avec mention, le cas ´ech´eant, de l’ordre religieux (CRSA = Augustins, OCart = Chartreux, OCist = Cisterciens, OFM = Franciscains, OP = Dominicains, OPraem = Pr´emontr´es, OSB = B´en´edictins) ; feuillets occup´es par le texte de Thomas ; parties copi´ees en cas de copie partielle73 ; entre parenth`eses `a la fin du signalement, sigles des listes publi´ees o` u a ´et´e signal´e le manuscrit ; pour les nouveaux t´emoins, r´ef´erence abr´eg´ee du catalogue74 ou de la source de notre information75 . En finale figure la mention « vu » pour les manuscrits que nous avons consult´es sur place 73 Pour le Thomas III, les indications de contenu sont limit´ ees, dans l’attente de la publication des travaux de H. Ulmschneider, dont les articles laissent pr´ esager des r´ esultats approfondis (cf. ci-dessus, n. 40). Dans notre liste, les livres mentionn´ es pour les manuscrits du Thomas III sont num´ erot´ es par rapport au Thomas I-II, comme c’est l’usage dans les travaux allemands sur Thomas. 74 Pour les titres ant´ erieurs a ` 1993, on trouvera les r´ ef´ erences compl` etes dans la bibliographie de P.O. Kristeller, Latin manuscript books before 1600. A list of the printed catalogues and unpublished inventories of extant collections, 4e ´ ed. revue et augment´ ee par S. Kr¨ amer, M¨ unchen, 1993, et suppl´ ement, 2006. Pour les titres plus r´ ecents, voir les sites Internet, comme par ex. « manuscripta.mediaevalia » en mati` ere de catalogues allemands. 75 Nous avons tent´ e de fournir toutes ces donn´ ees factuelles, mais il subsiste quelques lacunes. Pour des compl´ ements d’information, nous tenons a ` remercier chaleureusement Christian Coppens et Guido Cloet (Leuven), Brigitte Gullath (BSB M¨ unchen), Eef Overgaauw et Robert Giel (SBB-PK Berlin), Ralf P¨ asler (Marburg), Ch. Horton (Dublin), J. Pollock (Philadelphia) et L.J. Schoenberg (Longboat Key). M. Henri Schiller (Paris) nous a aimablement fourni des signalements issus d’un large d´ epouillement des catalogues de vente entrepris a ` son initiative.

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Baudouin Van den Abeele (environ 70), « mf. » pour ceux qui ont ´et´e examin´es sur microfilm, et « facs. » pour ceux qui existent en facsimil´e. Sigles des listes de manuscrits du LDNR publi´ees : D = L. Delisle, « Trait´ es divers sur les propri´ et´ es des choses », dans Histoire litt´ eraire de la France, 30 (1888), p. 334-388, liste aux p. 365-384. F = C. Ferckel, Die Gyn¨ akologie des Thomas von Brabant. Ein Beitrag zur Kenntnis der mittelalterlichen Gyn¨ akologie und ihrer Quellen, M¨ unchen, 1912, p. 1113. T1 = L. Thorndike, A History of magic and experimental science during the first thirteen centuries of our era, vol. II, London, 1923, p. 396-398. G = P. Glorieux, R´ epertoire des maˆıtres en th´ eologie, t. I, Paris, 1933, p. 74 (n◦ 6). T2 = L. Thorndike, « More manuscripts of Thomas of Cantimpr´ e’s ‘De naturis rerum’ », dans Isis, 54 (1963), p. 269-277. St = F. Stegm¨ uller, Repertorium Biblicum Medii Aevi, t. V, Madrid, 1955, p. 354355 (n◦ 8082). W = G.J.J. Walstra, « Thomas de Cantimpr´ e. ‘De naturis rerum’. Etat de la question », dans Vivarium, 6 (1968), p. 46-67. B = H. Boese, « Zur Text¨ uberlieferung von Thomas Cantimpratensis’ ‘Liber de natura rerum’ », dans Archivum Franciscanum Historicum, 39 (1969), p. 53-68. A = S. Axters, Bibliotheca Dominicana Neerlandica Manuscripta, Louvain, 1970, p. 76-113. GB = L. Garcia Ballester (dir.), De natura rerum (Libr. IV-XII) por Tom´ as de Cantimpr´ e. Tacuinum sanitatis. Codice C-67 (fols 2v-116r) de la Biblioteca Universitaria de Granada, Granada, 1974, p. 22. KP = Th. Kaeppeli et E. Panella, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, vol. IV, Roma, 1994, p. 347-355 (n◦ 3772). M = R. Macken, Medieval philosophers of the Low Countries. Bio-bibliography and catalogue, Leuven, 1997, vol. I, p. 496-503.

Admont, Stiftsbibliothek, 547, pc., 121 f. (XIVe s. ; prov. Admont OSB), f. 1-82, texte partiel (W, A, GB, KP, M). Admont, Stift, 796, pp., 222 f. (XVe s. ; prov. Neuberg OCist), f. 187-222v, livre IV (KP). Alba Julia, Museum Batthyaneum, 339, pc., 110 f. (XIVe s.), f. 1-106v (KP). Bamberg, Staatsbibliothek, Theol. 53 (Q.III.17), pp., 317 f. (XVe s. ; prov. Bamberg OP), f. 47-317 (B, A, GB, KP, M). Basel, Universit¨ atsbibliothek, F.III.8, 263 f. (XIVe s. ; prov. Basel OP), f. 233-263, Prol. et livres I-II (T2, W, A, GB, KP, M). Berlin, Staatsbibliothek zu Berlin - Preußischer Kulturbesitz, lat.fol. 186 (Rose 907), pp. (XVe s.), f. 56-58, livre XIV (A, KP, M). Berlin, SBB-PK, theol. lat. qu. 252, pp., 31 f. (d´ ebut XVIe s. ; prov. Autriche), f. 1-4 (extr. livre XVI) (KP).

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e Berlin, SBB-PK, lat. qu. 268, pc., 59 f. (XIIIe s.), livre III, I (77-84), IV-XIX (A, KP, M)76 . *Berlin, SBB-PK, lat. qu. 863, pp., 132 f. (XIVe /XVe s.), f. 82-132v (ms. signal´ e par I. Draelants). Berlin, SBB-PK, Hamilton 114, pc., 183 f. (d. 1295 ; scr. Brabantinus ; prov. France), illustr´ e (D, F, G, W, B, A, GB, KP, M). Berlin, SBB-PK, Fragm. 133, pc., 2 f. (XVe s.), fragment du livre IV (KP). Bern, Burgerbibliothek, 260, pc., 281 f. (XIIIe /XVe s. ; prov. Metz, C´ elestins), f. 163-188v (A, KP, M). Bern, BB, 53, pc., 211 f. (XIIIe s. ; scr. Mengor humilis sacerdos OSB), 20 livres (D, F, G, T2, W, B, A, GB, KP, M). Bernkastel-Kues, Bibliothek des S. Nikolaus-Hospitals, 203, pc., 113 f. (XIIIe s. ; prov. Kues, Hospital), f. 3-86, livres I-II (T2, W, A, GB, KP, M). Bonn, Universit¨ atsbibliothek, S 487, pc., 124 f. (XIVe s. ; prov. Johannes Waldt, vicarius, 1540) (B, A, GB, KP). *Bressanone/Brixen, Novacella/Neustift, 171, pc., 91 f. (XIIIe s. ; prov. Neustift OPraem), f. 1-61 (inventaire in´ edit) ; vu. Brno, St´ atn´ı Vˇ edeck´ a Knihovna, Mk 46, pp., 191 f. (d. 1402 ; prov. Mikulov CRSA), f. 72-88 (abr´ eg´ e des livres XVI, V, IV, XIII) (KP77 ) ; vu. Brugge, Stadsbibliotheek, 410, pc., 222 f. (XIIIe s. ; scr. Johannes de Antverpia ; prov. Drongen OPraem), 20 livres (D, F, G, W, B, A, GB, KP, M) ; mf. Brugge, StB, 411, pc., 336 f. (XVe /XVIe s. ; prov. Ten Duinen OCist), livres III-XX et I, illustr´ e (D, G, W, B, A, GB, KP, M). Brugge, StB, 412, pc., 229 f. (XIVe s. ; prov. Ten Duinen OCist), espaces pour des ill. (D, G, W, B, A, GB, KP, M). Brugge, StB, 413, pc., 177 f. (XIVe s. ; prov. Ten Duinen OCist), livres I-XVII, XIX (D, G, W, B, A, GB, KP, M). Bruxelles, Biblioth` eque Royale, 3591-95, pp., 225 f. (XVe s. ; prov. Simon Pandelartii ; Gent SJ), f. 1-179 (W, B, A, GB, KP, M)78 ; vu. Bruxelles, BR, 8897-8902, pc. et pp., 268 f. (XIVe [f. 1-13] et XVe s. ; prov. Ioannes Coenen ; Colleg. Tongerlo 1607), f. 14-242, livres IV-XII, XIV-XV (W, A, GB, KP, M) ; vu. Budapest, Magyar Nemzeti M´ uzeum, 58, pc., 32 f. (XIVe s. ; prov. Bavi` ere/Autriche), f. 1-24v, extr. livres IV-XIII (T2, W, A, GB, KP, M). Budapest, Orsz´ agos Sz´ ech´ enyi K¨ onyvt´ ar, Sz´ ech´ enyi Cod. 154, pp., 222 f. (XVe s.), f. 117-158 (KP)79 . Cambridge, Gonville and Caius College, 35/141, pc., 139 f. (XVe s. ; prov. G. & C.C., don de John Beverly), f. 1-137v, livres I-XII et XX (T1, W, B, A, GB, KP, M). 76 Des notes sur le d´ etail du contenu nous ont aimablement ´ et´e fournies par I. Draelants. 77 Le ms. y est signal´ ea ` tort comme un ex. du Thomas III. 78 Cit´ e sous cinq cotes diff´ erentes (8898, 8899, 8900, 8901 et 8902) chez Walstra et Garcia Ballester, d´ esignant en r´ ealit´ e un seul volume. 79 Une v´ erification a ´ et´ e faite sur place par Kinga. M. Gal, que nous tenons a ` remercier.

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Baudouin Van den Abeele Cambridge, G&CC, 414/631, pc., 166 f. (XIIIe s. ; prov. G&CC, achet´ e par fr. Nicholaus Butler a un fr` ere allemand en 1406) (T1, G, W, B, A, GB, KP, M). Cambridge, Trinity College, o.I.34 (cat. 1058), pc., 186 f. (XIIIe s. ; prov. Gand, St-Bavon OSB), 20 livres (T1, G, W, B, A, GB, KP, M). Cambridge (Mass), Houghton Library, Riant 19, pc., 98 f. (XIVe s. ; prov. Italie) (W, A, GB, KP, M). Cambridge (Mass), Harvard College, lat. 125, pc., 112 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. Angleterre), livres IV-V, VIII, X (T2, A, GB, M). Darmstadt, Hessische Landesbibliothek, 2661, pc., 209 f. (XIIIe s. ; prov. Li` ege, StJacques OSB), f. 1-102 (A, M). Dˆ ole, Biblioth` eque Municipale, 173-180, pp., 189 f. (XVe s. ; prov. Dˆ ole, Coll` ege St-J´ erˆ ome), livres I, IV-VII, IX-XII (T1, G, S, T2, W, A, GB, M). Dublin, Chester Beatty Library, W 80, pc., 107 f. (d´ ebut XVe s. ; scr. Jean Raynaud, Avignon), texte remani´ e (A, KP, M) ; vu. *Durham, Cathedral Library, Hunter 30, 129 f. (XIVe s. ; prov. France), p. 169-182, extr. livres I, IV, X, XV, XVII-XIX (cat. N. Ker, II, 1977, p. 494-497). *Eichst¨ att, Universit¨ atsbibliothek, St. 417, pp., 340 f. (XIVe s.), f. 30-39, extr. livre XIV (cat. H. Keller, 1999, p. 157-161). Erfurt, Wissenschaftliche Bibliothek, Ampl. qu. 124, pp., 203 f. (XIVe s. ; prov. Erfurt, Coll` ege Himmelspforte), f. 165-166v, livre III (W, A, GB, KP, M). Erfurt, WB, Ampl. qu. 193, pp., 130 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. Erfurt, Coll` ege Himmelspforte), f. 55-82v, extr. livres III et I (W, A, GB, KP, M)80 . Erlangen, Universit¨ atsbibliothek, 434, pc., 270 f. (XIIIe /XIVe s.), f. 152-156, livre XIV (KP). Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Ashburnham 115 (188), pp., 70 f. (XVe s. ; prov. Italie), f. 1-54 (D, F, T1, G, W, A, GB, M). Firenze, BML, Ashburnham 1172 (1101), pc., 7 f. (XIVe s.), extr. livres XIV-XIX (T2, W, A, GB, M). Frankfurt am Main, Stadt- und Universit¨ atsbibliothek, Praed. 44, pp., 329 f. (d.1438 ; prov. Frankfurt OP), f. 5-45v, abr´ eg´ e (KP) ; vu. Frauenfeld, Kantonsbibliothek, Y 81, pc., 109 f. (XIVe s. ; prov. Georgius Wegelin), livres I-XVII (S, W, A, GB, KP, M). Gdansk, Biblioteka Polskiej Akademii, 2309, pp., 213 f. (d. 1425), f. 2-87, livres I-III, X-XII (F, W, A, GB, M). Gent, Sint-Baafskapittel, 15, pc., 227 f. (d. 1492 ; prov. Gand, Raphael de Mercatellis, abb´ e St-Bavon OSB), f. 1-90, livres III-IX, illustr´ e (W, A, GB, M) ; vu. Giessen, Universit¨ atsbibliothek, 777, pp., 152 f. (XIVe s. ; prov. Vienne, archevˆ ech´ e), f. 139-149v, livres IV et V (KP). Gotha, Herz¨ ogliche Bibliothek, Membr. II. 143, pc., 224 f. (XIVe s. ; prov. Trier, St-Maximin OSB), 20 livres (F, W, B, A, GB, KP, M). G¨ ottweig, Stiftsbibliothek, 133 rot (124 schwarz), pp., 257 f. (XIVe s. ; prov. G¨ ottweig, OSB), f. 1-58 (T2, W, A, GB, KP, M). Granada, Biblioteca Universitaria y Provincial, C-67, pc., 116 f. (ca 1440 ; prov. Vienne, ill. attr. Martinus Opifex), livres III (fin) - XII, illustr´ e (T2, W, A, GB, KP, M) ; facs. 80 Ms.

cit´ e sous deux cotes diff´ erentes (193.3 et 193.4) chez Walstra.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e ‘s Gravenhage, Koninklijke Bibliotheek, 78 D.29, pp., 164 f. (d. 1460 ; scr. Gerardus Theodricus de Scoenhovia), 20 livres (F, W, B, A, GB, KP, M). Graz, Universit¨ atsbibliothek, 209, pc., 113 f. (XIVe s. ; prov. Graz SJ), f. 77-89v, livre XV (W, A, GB, KP, M). Graz, UB, 216, pp., 77 f. (d. 1400 ; prov. Seckau CRSA), f. 1-2v, livre III (T2, W, A, GB, KP, M). Graz, UB, 873, pp., 294 f. (XVe s. ; prov. Neuberg OCist), f. 228-249, extr. v´ eg´ etaux et animaux (A, M). Graz, UB, 976, pp., 218 f. (XVe s. ; prov. St-Lambrecht OSB), f. 84-106, livre XIV (A, KP, M). Graz, UB, 1249, pc., 114 f. (XIIIe s. ; prov. Seckau CRSA) (T2, W, A, GB, KP, M). Graz, UB, 1418, pc., 139 f. (XIIIe s.) (W, A, GB, KP, M). Halle, Universit¨ atsbibliothek, Qu 116, pp., 181 f. (d. 1450-1465 ; prov. Quedlinburg OSB), f. 25-142v (KP, M). *Hamburg, Staats- und Universit¨ atsbibliothek, Scrin. 31 n. 53, pc., 2 f. (XIVe s.), fragm. livre IV, illustr´ e (cat. T. Brandis, 1972, p. 92) ; vu. Heiligenkreuz, Stiftsbibliothek, 56, pc., 126 f. (XIVe s. ; prov. Heiligenkreuz OCist), f. 1-98v (G, W, A, GB, KP, M). Heiligenkreuz, Stift, 180, pc., 168 f. (XIVe s. ; prov. Heiligenkreuz OCist), f. 167-168, d´ ebut du texte (W, A, GB, KP, M). Heiligenkreuz, Stift, 484, pp., 153 f. (XVe s. ; prov. Heiligenkreuz OCist), f. 23-153 (W, A, GB, KP, M). Herzogenburg, Stiftsbibliothek, 19, pp., 286 f. (XVe s. ; prov. Herzogenburg OCist), f. 201-280v (KP). *Innsbruck, Universit¨ atsbibliothek, 348, pc., 302 f. (XIVe s. ; prov. Stams OCist), f. 141-219, livres I, IV-V, VII-IX (cat. W. Neuhauser, 2005, p. 203-20681 ) ; vu. Innsbruck, UB, Ink. F 4 105 Adlig, pp., 98 f. (d. 1475) (KP) ; vu. *Jena, Universit¨ atsbibliothek, El. qu 17, pc., 72 f. (XIVe s. ; prov. Mildenfurth OPraem), f. 1-45 (cat. B. T¨ onnies, 2002, p. 258-260). *Kaliningrad / K¨ onigsberg, Staats- und Universit¨ atsbibliothek (olim), 1157, pc., 166 f. (XIVe s. ; prov. Tapiau), f. 1-10v, extraits des livres III-XX (cat. R. P¨ asler, 2000, p. 111-115)82 . Kassel, Landesbibliothek, Med.qu.2, pp., 132 f. (ca 1450 ; prov. Wernboldus Overstege de Campis ; Laurentius Jacobi OP en 1521), f. 118-131, livres XIV-XV (W, A, GB, KP, M). Klagenfurt, Studienbibliothek, pp 167, pp., 169 f. (XVe s. ; prov. St-Paul OSB), f. 157-164, livre XIV (T2, W, A, GB, KP, M). *Klosterneuburg, Stiftsbibliothek, 752a, pp., 241 f. (XIVe s. ; prov. Klosterneuburg CRSA), f. 186-234v, texte partiel jusqu’au livre X (inventaire in´ edit) ; vu. Klosterneuburg, Stift, 1055, pc., 80 f. (XIIIe s. ; prov. Klosterneuburg CRSA), f. 5-77 (A, KP, M). 81 Le catalogue le renseigne a ` tort comme un abr´ eg´ e du De animalibus d’Albert le Grand (p. 205). 82 Ms. mentionn´ e comme perdu, verschollen, dont le lieu de conservation actuel est inconnu : R. P¨ asler, Katalog der mittelalterlichen deutschsprachigen Handschriften der ehemaligen Staats- und Universit¨ atsbibliothek K¨ onigsberg, M¨ unchen, 2000.

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Baudouin Van den Abeele Klosterneuburg, Stift, 1060, pc., 216 f. (XIVe s. ; prov. Klosterneuburg CRSA), f. 55v177 (KP). København, Kongelige Bibliotek, Ny kgl.S. 322b 4◦ , pc., 127 f. (XIIIe s. ; prov. Allemagne), f. 6-124 (T2, W, A, GB, KP, M). Krakow, Biblioteka Jagiellonska, 794, pc., 256 f., 20 livres, illustr´ e (XVe s. ; prov. Miklosz de Cracovia) (F, W, B, A, GB, KP, M). Krakow, BJ, 795, pp., 202 f. (XVe s. ; prov. Bohˆ eme), 20 livres (F, W, B, A, GB, KP, M). *Kremsm¨ unster, Stiftsbibliothek, CC 97, pp., 176 f. (XVe s. ; prov. Kremsm¨ unster OSB), f. 112-114, extr. livre XIV (cat. H. Fill, 2000, p. 475-482). Leuven (olim), Universiteitsbibliotheek, G 58 et 59, pc., 72 et 72 f. (XIVe s. ; prov. Li` ege, St-Jacques OSB) (W, A, GB, M)83 . Li` ege, Biblioth` eque de l’Universit´ e, 474 (olim 77), pc., 178 f. (XIIe [f. 1-74] et XIVe s. ; prov. St-Truiden OSB), f. 75-139, livres II-XIX (F, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Lilienfeld, Stiftsbibliothek, 206, pc., 320 f. (XVe s. ; prov. Lilienfeld OCist), f. 142v205v (KP). London, British Library, Add. 17336, pc., 102 f. (XIVe s.) (KP) ; vu. London, BL, Add. 18378, pc. (XIVe s.), f. 5-124v (T2, W, A, GB, KP, M). London, BL, Arundel 142, pp., 106 f. (XVe s.), f. 1-88 (F, T1, G, W, A, GB, KP, M). London, BL, Arundel 164, pp. et pc., 194 f. (XVe s. ; prov. N¨ urnberg, ermites StAugustin), f. 5-58, livres I-III et table IV ; espaces pour des ill. (F, T1, G, W, A, GB, M) ; vu. London, BL, Arundel 298, pc., 83 f. (XIIIe s.), livres III-IX (F, T1, G, W, A, GB, M) ; vu. London, BL, Arundel 323, pc., 103 f. (XIIIe s.), f. 1-98 (F, T1, G, W, A, GB, KP, M). London, BL, Egerton 1984, pc., 146 f. (XIVe /XVe s. ; prov. Rupprecht von Karbon), f. 34-146 (T1, G, W, A, GB, KP, M). London, BL, Harley 3717, pc., 159 f. (XIIIe et XIVe s. ; prov. Leuven, OP ; Leuven, St-Maartensdal CRSA), partiellement autographe (T2, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. London, BL, Royal 12.E.XVII, pc., 188 f. (XIIIe s. ; prov. Worcester), f. 5-185 (T1, G, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. London, BL, Royal 12.F.VI, pc., 121 f. (XIVe s. ; prov. Ripon, Sawley abbey OSB), f. 3-119v (T1, G, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. London, BL, Sloane 405, pp., 206 f. (XVe s. ; prov. Angleterre), f. 65-107v, livre I (T1, G, W, A, GB, M) ; vu. London, BL, Sloane 2428, pc., 8 f. (XIIIe s.), f. 2-8v, livre XIV (T1, G, W, A, GB, M) ; vu. London, Wellcome Historical Medical Library, 503, pc., 355 f. (d. 1475 ; prov. Buxheim OCart), f. 151-180, livres XVI-XIX (W, A, GB, KP, M) ; vu. 83 Ce ms. en deux volumes a ´ et´ e d´ etruit durant la seconde Guerre Mondiale, mais nous en maintenons ici le signalement, car il constitue un utile t´ emoin localis´ e. Le ms. avait ´ et´ e acquis par la BU de Louvain dans les ann´ ees 1920 et ´ etait auparavant dans les collections F¨ urstenberg, o` u il formait un seul volume.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e London, WHML, 770, pc., 49 f. (d´ ebut XIVe s. ; prov. France ?), livres V-VII (W, A, GB, KP)84 ; vu. London, WHML, 771, pc., 81 f. (XIVe s. ; prov. Italie) (W, A, GB, KP, M) ; vu. *London, Collection Brian Lawn, 28/7, pc., 1 f. (XIIIe s.), fragment du livre XIV (inventaires microfilm´ es E. Cranz). *Longboat Key (Flor.), coll. L.J. Schoenberg, 23, pc., 56 f. (ca 1270 ; prov. France du Nord), cahiers extraits d’un ms. d´ emembr´ e, portions de texte des livres VII-XX (site internet Schoenberg Collection)85 . Lucca, Biblioteca Statale, 1966, pc., 138 f. (XIIIe s. ; prov. S. Mariae curtis Orlandigorum), f. 1-72v (KP). Madrid, Biblioteca Nacional, Vit 25-7 (olim B 19), pc., 183 f. (XIVe s.), f. 137v-164v (KP)86 . *Mainz, Stadtbibliothek, I.154, pp., 220 f. (XVe s. ; prov. Mainz OCart), f. 199v-200, extraits du livre IV (cat. G. List, 1998, p. 37-42) ; vu. *Marburg, Universit¨ atsbibliothek, 17, pp., 227 f. (d. 1467/1468 ; prov. Innsbruck), f. 73-117v, livre I (cat. S. Heyne, 2002, p. 40-44). Melk, Stiftsbibliothek, 840 (877), pc., 104 f. (XIVe s.), f. 1-83v (KP). Melk, Stift, 870 (714), pc., 70 f. (XIVe s. ; prov. Melk OSB), f. 1-67 (KP). Melk, Stift, 971 (905), pp., 98 f. (d. 1379 ; prov. Melk OSB), f. 1-92 (KP). Melk, Stift, 1707 (109), pc., 92 f. (d. 1305 ; prov. Melk OSB), f. 2-89 (T2, W, A, GB, KP, M). M¨ unchen, Bayerische Staatbibliothek, Cgm 663, pp., 282 f. (XVe s.), f. 113-154 (KP). M¨ unchen, BSB, Clm 326, pc., 95 f. (XIVe s. ; prov. N¨ urnberg, Hartmann Schedel), f. 24-76v, 78v-90v, 92v-94v (T1, G, S, W, A, GB, KP, M). M¨ unchen, BSB, Clm 570, pc., 74 f. (XIVe s.), f. 67-69v, livre I partiel (W, A, GB, M). M¨ unchen, BSB, Clm 2655, pc., 120 f. (XIIIe s. ; prov. Aldersbach OCist), f. 1-95 (F, T1, G, S, W, A, GB, KP, M) ; vu. M¨ unchen, BSB, Clm 3206, pc., 158 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. Asbach OSB), f. 1-145 (T1, G, S, W, A, GB, M). M¨ unchen, BSB, Clm 5177, pp., 251 f. (d. 1455 ; prov. Beyharting CRSA), f. 210-221, livre XVI (T2, W, A, GB, KP, M). M¨ unchen, BSB, Clm 6908, pc., 85 f. (XIIIe s. ; prov. F¨ urstenfeld OCist), f. 1-78 (T1, G, S, W, A, GB, KP, M) ; vu. *M¨ unchen, BSB, Clm 7806, pc., 160 f. (XIIIe /XIVe s. ; scr. Jordanus, prˆ etre a ` StEtienne de Vienne), f. 1-73, abr´ eg´ e (cat. C. Halm et al., 1873, p. 200) ; vu. 84 Cote erron´ ee 470 dans le catalogue de S.A.J. Moorat, Catalogue of Western manuscripts on medicine and science in the Wellcome Historical Medical Library, t. I, London, 1962, p. 569. 85 Olim London, vente Sam Fogg, 1995, cat. 16, lot 57. Le ms. avait ´ et´ e vendu pr´ ec´ edemment a ` Cologne : B¨ ucher, Manuskripte, Graphik, Volkskunst aus 8 Jahrhunderten, K¨ oln : Auktion Venator-Hanstein 17-19.9.1990, n◦ 656. Dans ce catalogue, notice d´ etaill´ ee par H. Boese. Nous remercions L.J. Schoenberg pour des renseignements utiles. 86 Cote 25/7 (KP) ou 26/7 (site Jordanus, d’apr` es E. Pellegrin, dans Bulletin d’information de l’IRHT 2 (1953), p. 18) ?

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Baudouin Van den Abeele M¨ unchen, BSB, Clm 8439, pp., 243 f. (d. 1454 ; prov. M¨ unchen ermites SA), f. 84143v (T1, G, S, W, A, GB, KP, M) ; vu. M¨ unchen, BSB, Clm 11481, pp., 128 f. (d. 1390 ; prov. Polling CRSA), f. 1-85 (F, T1, G, S, W, A, GB, KP, M). M¨ unchen, BSB, Clm 13582, pc., 126 f. (d´ ebut XIVe s. ; prov. Regensburg, St-Blasien OP) (F, T1, G, S, W, A, GB, KP, M). M¨ unchen, BSB, Clm 14340, pp., 120 f. (XVe s. ; prov. Regensburg, St-Emmeram OSB), f. 1-114 (T1, G, S, W, A, GB, KP, M). M¨ unchen, BSB, Clm 16189, pp., 383 f. (d. 1470/1471 ; prov. St-Nikolaus bei Passau CRSA), f. 14-99v (W, A, GB, KP, M) ; vu. M¨ unchen, BSB, Clm 18460, pp., 93 f. (XVe s. ; prov. Tegernsee OSB), f. 6-90v (W, A, GB, KP, M). *M¨ unchen, BSB, Clm 18782, pp., 216 f. (XVe s. ; prov. Tegernsee OSB), f. 97v-112v (cat. C. Halm et al., 1878, p. 209)87 . M¨ unchen, BSB, Clm 21008, pc., 100 f. (XIVe s. ; prov. Thierhaupten OSB), f. 1-85 (T1, G, S, W, A, GB, KP, M) ; vu. M¨ unchen, BSB, Clm 23879, pp., 154 f. (XVe s.), f. 1-94 (T1, G, S, W, A, GB, KP, M). M¨ unchen, BSB, Clm 26700, pp., 281 f. (XVe s. ; prov. Regensburg OP), f. 135-158, livres I - ? (A, GB, M). M¨ unchen, BSB, Clm 27006, pp., 277 f. (d. 1409 ; prov. Prague ? / Andechs selon W), f. 1-170 (F, T1, G, S, W, B, A, GB, KP, M). M¨ unchen, Universit¨ atsbibliothek, 4◦ cod.ms. 761, pc., 56 f. (fin XIVe s. ; prov. Tegernsee OSB), extr. livres IX, X, XII, XIV (W, A, GB, M). M¨ unchen, UB, 4◦ cod. ms. 808, pp., 212 f. (d. 1456 ; prov. M¨ unchen, Sigismund Gotzkirche † 1475), f. 35-81 (T2, W, A, GB, KP, M). Namur, Biblioth` eque de la Ville, 50, pp., 219 f. (d. 1444 ; prov. Walcourt, Le Jardinet OCist), f. 1-163v (F, T2, W, B, A, GB, KP, M). Olomouc, Statni Vedecka Knihovna, M I 246, pp., 304 f. (XVe s. ; prov. Olomouc OCart, don de l’´ evˆ eque Bohus de Zwola en 1454), f. 1-123v (KP) ; vu. ˇek *Olomouc, SVK, M II 14, pp., 342 f. (d. 1368), f. 300-325, abr´eg´ e (cat. M. Bohac ˇ et F. Cada, 1994, p. 350-355) ; vu. *Olomouc, SVK, M II 52, pp., 234 f. (d. 1478 ; scr. Nicolaus Pfrain de Peszing ; prov. ˇ ˇek et F. Cada, Johannes Rucardus de Stretnic), f. 1-219 (cat. M. Bohac 1994, p. 388-389) ; vu. Oxford, Bodleian Library, canon. misc. 234, pp., 115 f. (XVe s. ; scr. Georius dictus Aewsen hofes Gicheransarg), f. 1-78 (T1, G, W, A, GB, KP, M). Oxford, Bod. L., canon. misc. 356, pc., 116 f. (d. 1311 ; scr. ` a Porto Gruario ; prov. Verona, Santa Giustina) (W, A, GB, KP, M) ; mf. Oxford, Bod. L., Rawl. C. 545, pc., 8 f. (XIVe s.), livre XIV (W, A, GB, M). Oxford, Bod. L., Rawl. D. 358, pc., 130 p. (XVe s. ; prov. St-Albans OSB, don de l’abb´ e Johannes Whethamstede), p. 81-97, livre XIV (W, A, GB, M). 87 La notice du catalogue est erron´ ee et ne signale pas ce texte. Le t´ emoin est mentionn´ e dans Ulmschneider, « ‘Ain puoch von latein’. Nochmals... », p. 310, n. 3.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e Oxford, Bod. L., Selden supra 75, pc., 266 f. (1e /2 XIVe s.), f. 3-232 (T1, G, W, B, A, GB, KP, M). Oxford, Corpus Christi College, 274, pc., 156 f. (XVe s.), f. 6-129, livres IV-XIX (F, T1, G, W, A, GB, M). Oxford, Lincoln College, lat. 57, pc., 199 f. (XIIIe /XIVe s.), 20 livres (T1, G, W, A, GB, M) ; vu. Oxford, Merton College, 89, pc., 301 f. (XVe s. ; prov. MC, don de R. Fitz James ´ evˆ eque de Chichester), f. 262-301 (A, M). Paris, Biblioth` eque de l’Arsenal, 1080, pc., 301 f. (d. 1333-1343 ; prov. Mechelen, St-Rumoldus OSB, don du chapelain Jean de Berblengheem), f. 206v-216, livre XIV (W, B, A, GB, M) ; vu. Paris, B. Arsenal, 1248 (olim BNF, Nouv. acq. lat. 1617), pc., 82 f. (d. 1307 ; scr. Jean de Forest ; prov. Rouge-Cloˆıtre CRSA) (D, F, S, B, A, GB, KP, M)88 ; vu. Paris, Biblioth` eque Mazarine, 861, pc., 231 f. (XIVe s. ; prov. Paris, Grands Augustins CRSA) (D, F, G, S, W, B, A, GB, KP, M). Paris, Biblioth` eque Nationale de France, lat. 347 B, pc., 204 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. Paris, Valvert OCart), f. 1-194, livres I-XII, XIV, XVI-XIX (D, F, G, S, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Paris, BNF, lat. 347 C, pc., 162 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. Paris OP ; Charles d’Orl´ eans), f. 1-157v, livres I-XII, XIV, XVI-XIX (D, F, G, S, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Paris, BNF, lat. 523 A, pc., 175 f. (d. 1276 ; scr. frater Eniorrannus ; prov. Noyon, St-Eloi-Fontaine CRSA), illustr´ e (D, F, G, S, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Paris, BNF, lat. 3343, pp., 173 f. (XVe s. ; prov. Jacques Montel), f. 64-65, prol. (KP) ; vu. Paris, BNF, lat. 6556, pc., 76 f. (XIVe s. ; scr. Matheus OCarm ; prov. Milan, Giorgio Morosini XIVe s. ex ; ducs de Milan XVe s.), f. 11-75v, illustr´ e (W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Paris, BNF, lat. 6838 A, pc., 156 f. (d. 1305 ; prov. Flandre), f. 1-152, 20 livres (D, F, G, S, W, B, A, GB, KP, M). Paris, BNF, lat. 14720, pc., 178 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. Paris, St-Victor CRSA) (D, F, G, S, W, B, A, GB, KP, M) ; mf. *Paris, BNF, lat. 16490 (XVe s.), f. 257-260, livre I partiel (cat. Delisle, 1870) ; mf. Paris, Biblioth` eque Ste-Genevi` eve, 254, pp., 139 f. (d. 1453-1464 ; prov. Alsace ou Suisse), f. 53-136, livres I-IV (D, F, S, W, A, GB, KP, M) ; vu. Praha, Knihovna Metropolitn´ı Kapituli, L.XI (cat. 1254), pp., 202 f. (d. 1404 ; prov. Johannes Rabenstein, Bohˆ eme), f. 6-195v, illustr´ e (B, KP, M). Praha, KMK, L.XXVIII (cat. 1271), pp., 175 f. (d. 1393) (B, KP). *Praha, KMK, M.XXIV (cat. 1377), pp., 154 f. (XVe s. ; scr. Johannes dictus Weischiricher, Plzen ?), f. 9-126 ; (cat. Podlaha, 1922) ; vu. 88 Ms. cit´ e comme faisant partie de la collection Libri par L. Delisle, et sous la cote N. acq. lat. 1617 par Glorieux et par Stegm¨ uller. Le ms. avait ´ et´ e vol´ e de la biblioth` eque de l’Arsenal par G. Libri, puis restitu´ e a ` la BNF o` u il fut int´ egr´ e comme N. acq. lat. 1617, avant de regagner les collections premi` eres. Voir L. Delisle, Biblioth` eque Nationale. Manuscrits latins et fragments ajout´ es au fonds des nouvelles acquisitions pendant les ann´ ees 1875-91. Inventaire alphab´ etique, Paris, 1891, p. 41.

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Baudouin Van den Abeele *Praha, KMK, M.CXLVII (cat. 1508), pc., 76 f. (XIVe s.), f. 24-74, livres IV-IX, XIV, III, XII partiels (cat. Podlaha, 1922) ; vu. *Praha, KMK, M.CLIX (cat. 1521), pc., 69 f. (XIVe s.) (cat. Podlaha, 1922). *Praha, KMK, N.XXXVI (cat. 1560), pp, f. 94v-96v, livre XIV r´ eduit89 (cat. Podlaha, 1922). *Praha, KMK, O.XIV (cat. 1598), pp., 239 f. (d. 1422 ; prov. Johannes de Cubito), f. 23-71bis, prol. et livre I (cat. Podlaha, 1922) ; vu. Praha, N´ arodn´ı Knihovna, I.C.34 (cat. 127), pp., 395 f. (d. 1475), f. 394-395, livre III (W, A, GB, M). *Praha, NK, I.G.15 (cat. 291), pp., 132 f. (XIVe /XVe s. ; prov. Trebon, St-Egidius CRSA, don de Wenceslas plebanus in Lomnycz ), f. 62v-128 (cat. Truhlar, 1905-6) ; vu. *Praha, NK, V.B.9 (cat. 826), pp., 237 f. (XIVe s. ; prov. Paulus de Ditrzenpach ?), f. 141v-237 (cat. Truhlar, 1905-6) ; vu. Praha, NK, VII.C.23 (cat. 1266), pp., 439 f. (XVe s. ; prov. Roudnice CRSA ; Trebon, St-Egidius CRSA), f. 436v-438, livre III (W, A, GB, M) ; vu. Praha, NK, X.A.4 (cat. 1807), pp., 235 f. (XIVe /XVe s. ; prov. Plzen ?), f. 1-231v, 20 livres, illustr´ e (F, T2, S, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Praha, NK, X.C.8 (cat. 1861), pp., 167 f. (XIVe /XVe s.), f. 1-137, 20 livres (T2, W, B, A, GB, KP, M). Praha, NK, X.C.18 (cat. 1871), pp., 99 f. (XIVe s. ; prov. Wilhelmus plebanus de Trebnicz ), f. 65v-68, livre III (W, A, GB, M) ; vu. *Praha, NK, X.G.19 (cat. 1973), pp., 232 f. (XVe s. ; prov. in Khlatovia en 1462), f. 1-105 (cat. Truhlar, 1905-6) ; vu. Praha, NK, XIV.A.15 (cat. 2428), pc., 150 f. (XIVe s. ; prov. Prague, Ste-Croix), 20 livres, illustr´ e (F, T2, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. *Praha, Statni Ustredni Archiv, Sbirka rukop. 3392, pc., 113 f. (XIVe s.) (cat. M. ˇ Tosnerova, Rukopisn´ e fondy Archiv˚ u v Cesk´ e Republice, Praha, 1998, p. 164). Salzburg, Stiftsbibliothek St.Peter, b.VIII.11, pp., 239 f. (d. 1412 ; scr. Conradus P¨ uchl¨ ar de Rawschenhart ; prov. Salzburg, St-Peter OSB), f. 1-78 (A, KP, M). Sankt Florian, Stiftsbibliothek, XI.303, pc., 204 f. ( XIVe s. ; prov. St-Florian CRSA), f. 145-192v (KP). Sankt Florian, Stift, XI.335, pp., 271 f. (XVe s. ; prov. St-Florian CRSA), f. 85-145v (KP). Sankt Florian, Stift, XI.633, pc., 138 p. (d. 1324 ; prov. St-Florian CRSA) (T2, W, A, GB, KP, M). Sankt Florian, Stift, XI.634, pc., 103 f. (XIVe s. ; prov. St-Florian CRSA) (W, A, GB, KP, M). * Sankt Paul im Lavanttal, Chart. 180/4 (1e /2 XVe s. ; prov. Spital am Pyhrn), f. 1-5v. Schl¨ agl, Stiftsbibliothek, 40 Cpl., pp., 266 f. (XIVe s. ; prov. Schl¨ agl OPraem), f. 1-91 (T2, W, A, GB, KP, M). 89 Ms. signal´ e par I. Draelants. D’apr` es ses notes, il semble qu’il s’agisse d’une version r´ eduite de ce livre.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e Schl¨ agl, Stift, 178 Cpl., pp., 183 f. (XVe s. ; prov. Steffan Lemppl a ` Pewrbach ; Schl¨ agl OPraem), f. 27v-66v (T2, W, A, GB, KP, M)90 . Seitenstetten, Stiftsbibliothek, 123, pp. (XIVe /XVe s. ; prov. Seitenstetten OSB), f. 1-30 (KP)91 . Siena, Biblioteca Comunale, L.III.10 (XVe s.), f. 1-121 (KP). Stuttgart, W¨ urttembergische Landesbibliothek, Med et phys. fol. 30, pp., 204 f. (XVe s. ; prov. Kniebus OSB) (F, W, B, A, GB, KP, M). *Trento, Biblioteca Comunale, 1710, pp., 116 f. (d. 1389) (cat. Mss datati, 1996, p. 46). *Trier, Stadtbibliothek, 1062 (1270), pc., 131 f. (XIVe s. ; prov. Trier, St-Matthias OSB ?), livres I, IV-IX (cat. A. Becker, 1911, p. 139) ; vu. * Uppsala, Universitetsbibliotek, C 223, pp., 86 f. (d. 1460-1461 ; scr. Thorstanus Johannis a ` St¨ anninge), f. 26-33, livre I (cat. M. Andersson-Schmitt et M. Hedlund, 1990, p. 87-90). Utrecht, Universiteitsbibliotheek, 709, pc., 148 f. (d´ ebut XIVe s. ; prov. Utrecht, Chapitre Ste-Marie) (F, T2, G, W, B, A, GB, KP, M). Utrecht, UB, 710, pc., 193 f. (XVe /XVIe s. ; scr. Arnoldus Leydensis ; prov. Utrecht OCart), 20 livres (F, T2, G, W, B, A, GB, KP, M). Valenciennes, Biblioth` eque Municipale, 320, pc., 198 f. (XIIIe s. ; prov. St-Amand OSB), 20 livres, illustr´ e (T2, G, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal.lat. 1066, pp., 245 f. (d. 1424 ; prov. Bavi` ere), f. 1-189v, 20 livres, illustr´ e (T2, W, B, A, GB, KP, M) ; vu. Vaticano, BAV, Pal.lat. 1073, pc., 100 f. (XIVe s.) (A, KP, M). Vaticano, BAV, Pal.lat. 1144, pp. et pc., 421 f. (XVe et XIVe s. ; prov. Heidelberg, Erhard Knab), f. 154-164v, livres XIV-XV (W, A, GB, KP, M). Vaticano, BAV, Pal.lat. 1167, pc., 48 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. France ?) (T2, W, A, GB, KP, M). Vaticano, BAV, Pal.lat. 1168, pc., 69 f. (XIVe s. ; prov. frater Gerardus ordine Theutonicorum) (T2, W, A, GB, KP, M). Vaticano, BAV, Pal.lat. 1248, pp., 248 f. (d. 1470 ; prov. Augsburg ; N¨ ordlingen), f. 11-44v, livres X-XII (KP). Vaticano, BAV, Pal.lat. 1382, pc. et pp., 213 f. (113 et 100 f.) (XIIIe et XIVe s. ; prov. Italie ; Heidelberg, Matthias Widmann de Kemnat, puis Martin Rentz), f. 68-101v (KP). *Vaticano, BAV, Reg.lat. 1220, pc., 110 f. (XIIIe -XIVe s.), livres III-XII, XV, XVI abr´ eg´ es (inventaire in´ edit) ; vu *Vaticano, BAV, Reg.lat. 1276, pp. (XVe s.), f. 1-57v, abr´ eg´ e (inventaire in´ edit) ; vu. 90 Le catalogue de la biblioth` eque renseigne sous la cote 224 Cpl ce qui semble ˆ etre un doublon de ce ms. 178 : voir G. Vielhaber et G. Indra, Catalogus codicum Plagensium manuscriptorum, Linz, 1918. 91 Dans la liste de Kaeppeli et Panella, le ms. est indiqu´ e comme un repr´ esentant du Thomas III ; la description assez d´ etaill´ ee qui figure dans l’inventaire de la biblioth` eque de Seitenstetten (repr. UMI, Ann Arbor) semble correspondre plutˆ ot a ` un ms. incomplet de la version I ou II.

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Baudouin Van den Abeele Vaticano, BAV, Vat.lat. 724, pc., 101 f. (XIVe s. ; prov. Strassgang, Irmhard plebanus), f. 1-85v (T2, W, A, GB, KP, M). Vaticano, BAV, Vat.lat. 822, pp., 209 f. (XIVe s.), f. 23-58, livres I, III-XV (T2, W, A, GB, KP, M). *Vaticano, BAV, Vat.lat. 5370, pp., 95 f. (XVe s.), f. 22-45v, livres X-XII, puis IV-IX, abr´ eg´ es (inventaire in´ edit) ; vu92 . Vaticano, BAV, Vat.lat. 10064, pp., 267 f. (XVe s. ; prov. W¨ urzburg OCart), f. 161263v (T2, W, A, GB, KP, M). Venezia, Biblioteca Marciana, VI.26 (Valentinelli XII.65), pc., 70 f. (XVe s.), f. 1-68v (T2, W, A, GB, KP, M). Verona, Biblioteca Comunale, 634, pc, 110 f. (XIVe s.) (T2, W, A, GB, KP, M). Vorau, Stiftsbibliothek, 196, pc., 188 f. (XIVe s. ; prov. Vorau CRSA), f. 64-188v (T2, W, A, GB, KP, M). Vorau, Stift, 401, pc., 304 f. (XIIIe /XIVe s. ; prov. Vorau CRSA), f. 251-260, livre I (T2, W, A, GB, KP, M). Warszawa, Biblioteka Narodowa, 8036 (XIVe s. ; prov. Rein OCist), f. 97v-172v (KP). ¨ Wien, Osterreichische Nationalbibliothek, 2317, pc., 54 f. (d. 1378 ; prov. Cilli), f. 49-53, livre XIV (W, A, GB, KP, M). ¨ Wien, ONB, 2357, pc., 65 f. (XIVe s.), f. 1-46 (T1, G, W, A, GB, KP, M). ¨ Wien, ONB, 2378, pc., 63 f. (XIVe s.), f. 46v-63v, d´ ebut du texte (T2, W, A, GB, KP, M). ¨ Wien, ONB, 2442, pc., 194 f. (XIIIe s.), f. 1-5, livre XIV (W, A, GB, M). ¨ Wien, ONB, 2468, pc., 100 f. (XIVe s. ; prov. Wien, Johannes Fabri XVIe s.), f. 1-72 (KP) ; vu. ¨ Wien, ONB, 2511, pc., 160 f. (XIVe s. ; prov. Wien, Schottenkloster OSB), f. 1-86v (T2, W, A, GB, KP, M). ¨ Wien, ONB, 3369, pp., 327 f. (d. 1453), f. 241-242v (KP). ¨ Wien, ONB, 4274, pp., 131 f. (d. 1477), f. 111-122v (A, KP, M). ¨ Wien, ONB, 4276, pp., 209 f. (XVe /XVIe s. ; prov. Boh` eme), f. 169-179v (A, KP, M). ¨ Wien, ONB, 4406, pp., 468 f. (d. 1492), f. 1-70v (KP). ¨ Wien, ONB, 5371, pp., 234 f. (XVe s.), f. 1-100 (T1, G, W, A, GB, KP, M). ¨ Wien, ONB, 5371*, pp., 86 f. (XVe s.), f. 40-45v, 48-50v et 60-66, livres XVIII, XX, XVI et XIX (W, A, GB, KP, M)93 . ¨ Wien, ONB, 5512, pp., 353 f. (d. 1436 ; prov. Bohˆ eme), f. 125-146, livre I (W, A, GB). ¨ *Wien, ONB, 14426, pp., 258 f. (XVe s.), f. 114-206 (cat. Tabulae codicum..., VIII, 1893, p. 47). 92 Le 93 Il

ms. nous a ´ et´ e signal´ e par I. Draelants. s’agit bien de deux mss diff´ erents, distingu´ es dans le catalogue par l’´ etoile.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e Wolfenb¨ uttel, Herzog August Bibliothek, 24.1.Aug. fol (cat. 2258), pp., 264 f., livres IV-IX, III (XVe s. ; prov. Braunschweig) (W, A, GB) ; vu. Wolfenb¨ uttel, HAB, 195 Gud. lat. 4◦ (cat. 4499), pc., 200 f. (XIVe s. ; prov. Flandre, Jacobus Debbout presbiter), 20 livres (F, T1, G, W, B, A, GB, KP, M). *Wroclaw, Biblioteka Uniwersytecka, IV.Q.67 (d. 1465 et 1472), f. 148-248 (not´ e d’apr` es l’inventaire in´ edit consult´ e sur place). *Wroclaw, BU, Mil. II.112, pp., 396 f. (d. 1392 ; scr. Johannes de Rochlitz ; prov. G¨ orlitz), f. 393-394v, livre III (cat. S. Kadzielski et J. Przytulski, 2004, p. 147-148) ; vu. Wroclaw (olim), BU, Rehdig. 174, pc., 201 f. (XIIIe /XIVe s.), 20 livres, illustr´ e (F, W, B, A, GB, KP)94 . W¨ urzburg, Universit¨ atsbibliothek, M.ch.f. 150, pp., 287 f. (d. 1456 ; scr. Fridericus Reinhartus ; prov. W¨ urzburg), f. 1-259, illustr´ e (F, W, B, A, GB). W¨ urzburg, UB, M.ch.f. 212, pp., 219 f. (d. 1473 ; prov. Burkhard von Horneck), f. 5v-108 (W, A, GB, KP, M). *Zittau, Christian-Weise-Bibliothek, A 6, pp., 337 f. (d. 1472 ; scr. Johannes Rosenhain, prov. Sil´ esie), f. 1-83 (cat. R. Schipke et K. Heydeck, Handschriftencensus..., 2000, p. 244). Znojmo, Archiv Mesto, II 309, pc., 341 f. (d. 1472 ; prov. Bilnytz), f. 120-252 (KP) ; vu.

Manuscrits ` a rayer de la liste des t´ emoins latins : Bruxelles, Biblioth` eque Royale, 8898, 8899, 8900, 8901 et 8902 (W, GB) : cotes secondaires du ms. 8897-90295 . Bruxelles, BR, 19308 (XVe s.), f. 1-39v (A) : version flamande du livre I, Van smeinscens lede. Cambridge, University Library, Kk.3.29 (M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. Dˆ ole, Biblioth` eque Municipale, 172 (M) : erreur pour 173-180. Erfurt, Wissenschaftliche Bibliothek, Pap. oct. 69 (XVe s.), f. 94-160 (W, A, GB, M) : commentaire a ` Pierre d’Espagne. Gotha, Herz¨ ogliche Bibliothek, Membr. II. 94 (B) : erreur pour II. 143. Gotha, HB, Membr. III. 143 (M) : erreur pour II. 143. ‘s Gravenhage, Koninklijke Bibliotheek, 71.H.45 (M) : Jacob van Maerlant, Der naturen bloeme. 94 Le ms. a disparu a ` la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l’on ignore ce qu’il en est advenu. Comme nous l’avons constat´ e sur place, la BU conserve un dossier avec des photographies en noir et blanc de certaines pages, et l’ouvrage de C. Ferckel en a reproduit plusieurs autres. 95 Le syst` eme des cotes a ` Bruxelles a ´ et´ e institu´ e en num´ erotant les pi` eces au sein des volumes, et les cotes sont donc souvent compos´ ees de plusieurs num´ eros en s´ equence, ce qui donne lieu a ` de nombreuses confusions. Dans le cas pr´esent, les cinq composantes issues du LDNR, copi´ ees dans ce ms., ont a ` tort ´ et´ e consid´ er´ ees comme des mss s´ epar´ es par Walstra.

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Baudouin Van den Abeele Grenoble, Biblioth` eque Municipale, 380 (M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. Klosterneuburg, Stiftsbibliothek, 125 (d. 1440) (KP, M) : compilation sur base du LDNR et d’autres sources96 . København, Kongelige Bibliotek, Thott 313 Fol. (M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. Li` ege, Biblioth` eque de l’Universit´ e, 77 (B) : erreur pour 474. London, British Library, Royal 12.F.XI (G) : erreur pour 12.F.VI. London, BL, Sloane 2498 (G) : erreur pour 2428. London, Wellcome Historical Medical Library, 470 (GB) : erreur pour 770. M¨ unchen, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 13852 (F) : erreur pour 13582. M¨ unchen, BSB, Clm 27067 (XVe s.) (KP) : compilation sur l’homme et les animaux r´ ealis´ ee a ` partir du LDNR et d’autres sources ; vu. M¨ unchen, Universit¨ atsbibliothek, 4◦ cod.ms. 810 (XVe s.), f. 91-105v (W, A, GB, KP, M) : recueil de notices citant e.a. le LDNR. Oxford, Corpus Christi College, 221 (XIVe s.), f. 1-53v (T1, G, W, A, GB, M) : Ps. John Folsham, De naturis rerum ; vu. Oxford, Merton College, 68 (XVe s.), f. 6-17v (A, M) : moralisations sur les r´ ealit´ es naturelles97 ; vu. Paris, Biblioth` eque de l’Arsenal, 2872 (XIVe s.), f. 462v-472v (W, A, GB) : texte fran¸cais d’alchimie ; mf. Paris, Biblioth` eque Nationale de France, lat. 15879 (XIVe s.) (D, F, W, A, GB, M) : Compendium philosophiae ; vu. Paris, BNF, N. acq. lat. 1617 (G, S) : transf´ er´ ea ` la B. de l’Arsenal, ms. 1248. Saint-Omer, Biblioth` eque Municipale, 105 (M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. Stuttgart, W¨ urttembergische Landesbibliothek, HB III 37 (M) : Moralisatio avium et quadrupedum ; vu. Torino, Biblioteca Nazionale, G.I.2 (olim 938 et 460) (XVe s.) (W, A, GB, M) : Barth´ elemy l’Anglais, De proprietatibus rerum. Torino, BN, H.IV.14 (olim 1266 et 470) (XVe s.) (W, A, GB, M) : Barth´ elemy l’Anglais, De proprietatibus rerum. Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat.lat. 10644 (T2), erreur pour 10064. Vaticano, BAV, Ross. 673 (M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. ¨ Wien, Osterreichische Nationalbibliothek, 2879 (d. 1461), f. 5-99v (A, KP, M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. ¨ Wien, ONB, 2879 (M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. ¨ Wien, ONB, 4149 (M) : Thomas de Cantimpr´ e, Bonum universale de apibus. 96 Voir l’analyse de H. Meyer, « Werkdisposition und Kompilationsverfahren einer sp¨ atmittelalterlicher Enzyklop¨ adie im Cod. 125 der Stiftsbibliothek Klosterneuburg », dans Zeitschrift f¨ ur deutsches Altertum und deutsche Literatur, 119 (1990), p. 434-453. 97 Intitul´ e Incipit de proprietatibus rerum, ce n’est ni le texte de Barth´ elemy l’Anglais, ni une version du LDNR, mais un texte alignant de br` eves notices sur des r´ ealit´ es naturelles, assorties d’interpr´ etations morales et spirituelles, et d’une table des interpr´ etations f. 16-17.

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Diffusion et avatars d’une encyclop´ edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e

Annexe II : Carte de r´ epartition des manuscrits du Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e, par provenances (versions I-II )

Point simple : 1 ou 2 exemplaires ; point ample : 3 ex. ou plus

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Baudouin Van den Abeele Annexe III : Carte de r´ epartition des manuscrits du Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´ e, par provenances (version III )

Point simple : 1 ou 2 exemplaires ; point ample : 3 ex. ou plus

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Approche comparative de la diffusion et de la transmission des diff´ erents ´ etats manuscrits du De Proprietatibus Rerum de Barth´ elemy l’Anglais J´er´emy Loncke ∗ Au XIIIe si`ecle d´ebute ce que l’on a coutume d’appeler la seconde grande p´eriode de l’encyclop´edisme m´edi´eval1 . Cette ´evolution est caract´eris´ee par, outre le rassemblement syst´ematique du savoir dans une perspective de transmission et de p´erennit´e, la s´election m´ethodique des connaissances ` a regrouper. Les auteurs, puisant dans un mat´eriau sans cesse plus ´etoff´e, notamment grˆ ace aux r´ecentes traductions des textes grecs et arabes, ont produit des œuvres de qualit´e. Le De proprietatibus rerum est un t´emoin essentiel de ce mouvement scientifique, mˆelant vulgarisation du savoir et ´edification religieuse. R´edig´ee vers 1240 par Barth´elemy l’Anglais2 , fr`ere franciscain de la premi`ere g´en´eration, cette encyclop´edie est contemporaine du Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´e3 (c. 1240) et du Speculum naturale de Vincent de Beauvais4 (c. 1240-70). Le succ`es du De proprietatibus rerum, dˆ u tant `a sa composition logique et pratique qu’`a son caract`ere concis et s´electif, se jauge au nombre de manuscrits conserv´es. Celui-ci est assez remarquable puisque les tout derniers recensements font ´etat de trois cent dix-sept t´emoins latins dat´es du XIIIe au XVe si`ecle, soit sur moins de trois si`ecles. ∗ Universit´ e

catholique de Louvain, projet FSR « Encyclop´ edies m´ edi´ evales ». un panorama sur l’encyclop´ edisme m´ edi´ eval, voir Benoˆıt Beyer De Rycke, Le miroir du monde : un parcours dans l’encyclop´ edisme m´ edi´ eval, dans Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. 81 (2003/4), p. 1243-1275. Au sujet de Barth´ elemy l’Anglais, voir Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum. Texte latin et r´ eception vernaculaire, ´ ed. B. Van den Abeele et H. Meyer, Turnhout, 2005 (De diversis artibus, 74). 2 L’´ edition couramment utilis´ ee est Bartholomaeus Anglicus, De genuinis rerum coelestium, terrestrium et infrarum proprietatibus... Libri XVIII, Francoforti, 1601 (R´ eimp. Frankfurt am Main, 1964). Les volumes 1 et 6 de la nouvelle ´ edition ont ´ et´ e r´ ecemment publi´ es : De proprietatibus rerum, vol. 1 : Introduction g´ en´ erale, Prohemium, et Libri I-IV, ´ ed. B . Van den Abeele, H. Meyer, M.W. Twomey e.a., Turnhout, 2007 (De diversis artibus, 78), De proprietatibus rerum, vol. 6 : Liber XVII, ´ ed. I. Ventura, Turnhout, 2007 (De diversis artibus, 79). 3 Thomas Cantimpratensis. Liber de natura rerum, ´ ed. H. Boese, Berlin – NewYork, 1973. 4 Vincentius Bellovacensis, Speculum maius, Douai, 1624 (Facs. Graz 1964). 1 Pour

J´ er´ emy Loncke La diffusion de l’encyclop´edie a connu une grande fortune ´egalement en langues vernaculaires d`es le d´ebut du XIVe si`ecle. Nombreux sont les manuscrits contenant des traductions de l’œuvre de Barth´elemy en italien, fran¸cais, anglo-normand, proven¸cal, anglais, espagnol, n´eerlandais et, de fa¸con plus restreinte, en allemand. Enfin, la cinquantaine d’´editions en latin et langues vernaculaires (la moiti´e d’entre elles ´etant des incunables) confirme la large diffusion du De proprietatibus rerum dans l’espace et le temps, jusqu’` a l’aube du XVIIe si`ecle. Ces deux derniers ph´enom`enes de traduction et d’´edition textuelle ne seront pas ´evoqu´es dans ces pages. Une particularit´e de la tradition manuscrite latine de l’encyclop´edie de Barth´elemy l’Anglais est la multiplicit´e des versions tant du texte que des notes marginales moralisantes. Ces deux aspects vont ˆetre ici simultan´ement trait´es. Tout d’abord celui du texte : on peut classer les manuscrits en trois cat´egories, en fonction de la r´eception ou de l’´etat de leur contenu. La premi`ere cat´egorie est celle qui regroupe les manuscrits contenant la version standard du texte. En deuxi`eme lieu vient celle des extraits et fragments, isol´es pour des raisons diverses. Enfin sont regroup´es les remaniements. Le second aspect ` a prendre en consid´eration est celui des notes marginales. Ces courtes phrases nominales, interpr´etant des passages du texte encyclop´edique de fa¸con all´egorique et moralisante, constituent un corpus relativement homog`ene – d’environ 10.000 unit´es –, apparu tr`es tˆ ot dans la tradition manuscrite latine mais disparaissant progressivement vers la fin du XIVe et le d´ebut du XVe s., et absent des traductions vernaculaires et des ´editions. Ces marginalia 5 existent sous forme de versions standard, ou plus rarement r´eduites ou adapt´ees, mais manquent parfois du tout au tout. Ces notes ont, d`es le XIIIe si`ecle, conf´er´e une dimension all´egorique au texte : elles servaient d’instrument pour la pr´edication, en fournissant au prˆecheur le moyen de rattacher facilement un message all´egorique ou moralisateur `a un fait naturel. On 5 Les notes marginales n’ont encore jamais fait l’objet d’une ´ etude compl` ete et syst´ ematique, en dehors des recherches partielles qu’on pu faire certains chercheurs durant ces derni` eres ann´ ees ; voir notamment Heinz Meyer, Die Enzyklop¨ adie des Bartho¨ lom¨ aus Anglicus. Untersuchungen zur Uberlieferungsund Rezeptionsgeschichte von “De proprietatibus rerum”, M¨ unchen, 2000 (M¨ unstersche Mittelalter-Schriften, 77), Baudouin Van den Abeele, Simbolismo sui margini. Le moralizzazioni del De proprietatibus rerum di Bartolomeo Anglico, dans Simbolismo animale e Letteratura, ´ ed. D. Faraci, Roma, 2003, p. 159-183 ; Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum. Texte latin . . .

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peut donc `a juste titre consid´erer le De proprietatibus rerum – dans les manuscrits poss´edant les marginalia – comme une encyclop´edie moralis´ee, un outil d’´edification, dans le sens o` u elle permet l’interpr´etation des naturalia. La pr´esente ´etude veut donner un aper¸cu de la diffusion manuscrite des diff´erents ´etats de l’encyclop´edie de Barth´elemy l’Anglais, et en tenter une interpr´etation. Un accent particulier sera mis sur la distinction qui existe entre les versions du texte dot´ees du corpus de notes marginales et celles qui ne le poss`edent pas. Cet aspect caract´eristique du De proprietatibus rerum constitue l’un de nos axes de recherches doctorales, par l’analyse syst´ematique des marginalia, leur interpr´etation et l’´etude de leur usage6 . L’inventaire des manuscrits latins du De proprietatibus rerum est le fruit d’un long et remarquable travail men´e par le professeur Heinz Meyer7 et son ´equipe de recherche au sein du Seminar f¨ ur mittellateinische Philologie de l’Universit´e de M¨ unster. Nous nous appuyons essentiellement sur les synth`eses issues de ces recherches, tout en compl´etant l’information par des renseignements relatifs `a la petite vingtaine de manuscrits mis au jour par Baudouin Van den Abeele (Universit´e catholique de Louvain) ces derni`eres ann´ees. La liste de ces trois cent dix-sept manuscrits latins est reproduite en annexe. La m´ethodologie employ´ee pour ´etudier la tradition manuscrite latine de l’encyclop´edie du Franciscain est relativement neuve, dans la mesure o` u a ´et´e mod´elis´ee une base de donn´ees informatique permettant, tant `a ce jour que dans un avenir proche, une interrogation multiple et variable du catalogue de manuscrits, et des m´ethodes de comparaison et de traitement sp´ecifiques. Comme annonc´e, nous ´etudierons essentiellement les t´emoins de la version latine standard ; cependant, nous d´eveloppons toujours la base de donn´ees en y int´egrant les manuscrits des autres versions latines du texte, afin d’obtenir un regard d’ensemble sur la tradition. Une telle base est, semble-t-il, le meilleur moyen existant pour interpr´eter une 6 La morale des choses dans l’encyclop´ edie de Barth´ elemy l’Anglais (De proprietatibus rerum, XIIIe si` ecle) et sa r´ eception chez les auteurs post´ erieurs. Th` ese de doctorat en cours a ` l’Universit´ e catholique de Louvain dans le cadre du projet “Encyclop´ edies comme images du monde et comme vecteurs d’´ echanges intellectuels dans l’Islam et l’Occident au Moyen Age” des Fonds sp´ eciaux de la recherche de l’UCL. 7 Meyer, Die Enzyklop¨ adie des Bartholom¨ aus Anglicus . . .

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J´ er´ emy Loncke masse de donn´ees quantitatives. A l’inverse, la rigueur des champs d’encodage permet de r´eduire une certaine masse d’informations, et de ne travailler qu’avec des types de donn´ees pr´e-format´es et pr´ed´efinis. Les crit`eres retenus dans l’indexation de chaque manuscrit sont les suivants : cote actuelle, datation, type de support, origine, provenance, ´etat du texte (texte complet, extraits/fragments, remaniement), ´etat du corpus des marginalia (notes standard8, absentes, r´eduites, int´egr´ees au texte, remani´ees), langue dans laquelle sont r´edig´es la plupart des textes contenus dans le codex, pr´esence de tables des livres, des chapitres ou d’un registre alphab´etique, et enfin les commentaires o` u sont not´ees diverses informations compl´ementaires. Ce proc´ed´e accuse bien entendu quelques limites. En premier lieu, il est n´ecessaire de rappeler que les calculs de proportions effectu´es dans ce type d’´etude quantitative ou s´erielle portent sur des manuscrits conserv´es. Sans pouvoir imaginer la somme totale des manuscrits du De proprietatibus rerum qui ont r´eellement exist´e, il est impossible d’assurer que les tendances calcul´ees ici sont repr´esentatives de la transmission au cours des XIIIe , XIVe et XVe si`ecles. Ensuite, certaines informations et descriptions de manuscrits proviennent de catalogues ou d’´etudes plus anciennes, parfois incomplets, si bien que tous les champs n’ont pas pu ˆetre remplis. Enfin, des informations pr´ecises manquent pour certains t´emoins, en particulier ceux qui ont ´et´e r´ecemment mis au jour.

Les manuscrits latins Les manuscrits latins du De proprietatibus rerum actuellement r´epertori´es sont au nombre de 317. Etant donn´e l’existence de diff´erents ´etats du texte, des cat´egories se distinguent. Les manuscrits sont donc class´es par Heinz Meyer en trois s´eries : - La premi`ere s´erie est constitu´ee des 200 t´emoins contenant la version standard du texte, c’est-` a-dire compl`ete et organis´ee la plupart du temps en 19 ou 20 livres. Au sein de cette cat´egorie sont ´egalement r´epertori´es les manuscrits qui contiennent des copies partielles du texte. La plupart de ces 200 manuscrits contiennent le corpus de notes marginales dans son enti`eret´e ; quelques-uns en poss`edent 8 Les notes dans leur version standard couvrent les livres IV (cap. 5) a ` XIV (cap. 2), XVI (irr´ eguli` eres), et XVII a ` XIX.

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un ´etat incomplet ou remani´e, et d’autres n’en ont aucune. Ces t´emoins du texte latin standard (soit 63% du total des manuscrits latins) constituent la s´erie manuscrite “L”, telle que d´esign´ee par H. Meyer pour les manuscrits L1 ` a L188, auxquels s’ajoutent douze nouveaux t´emoins, rep´er´es depuis la parution du livre du chercheur allemand9 . - La deuxi`eme s´erie regroupe les extraits et fragments du texte. Ces fragments ont ´et´e s´electionn´es par les copistes ou leurs commanditaires en fonction de pr´eoccupations sp´ecifiques, le plus souvent d’ordre scientifique. Par exemple, les livres V et VII, relatifs `a la m´edecine (respectivement aux dispositions des membres et aux infirmit´es), ont ´et´e copi´es de fa¸con ind´ependante, comme par ailleurs le livre XV sur la g´eographie, ou le livre XVII sur les v´eg´etaux. Sont ´egalement compt´es ici les fragments de manuscrits d´emembr´es. A nouveau, les marginalia peuvent ou non avoir ´et´e associ´es au texte. Ces t´emoins, au nombre de 70 (soit 22% du total des manuscrits latins), forment la s´erie “A” – pour Ausz¨ uge. - La troisi`eme s´erie rassemble les manuscrits qui contiennent un remaniement du texte de la version standard. La plupart du temps sans all´egorie ou moralisation (et donc sans notes marginales), ces t´emoins remani´es sont par exemple caract´eris´es par r´eorganisation des livres, par un r´esum´e syst´ematique du texte standard (le plus souvent en fonction du public auquel le manuscrit est destin´e), ou encore par un rassemblement ordonn´e d’extraits. Les 47 manuscrits (soit 15% du total des manuscrits latins) font partie de la s´erie d´esign´ee par la lettre “B” – pour Bearbeitungen. Le ph´enom`ene de remaniement du De proprietatibus rerum (rencontr´e dans les manuscrits de la s´erie B) a ouvert la porte au principe de r´e´ecriture de l’encyclop´edie en une encyclop´edie moralis´ee, plus que probablement dans des perspectives de pr´edication. Ces “re-cr´eations” `a partir du texte du Franciscain sont apparues d`es la fin du XIIIe si`ecle. Les œuvres majeures de ce courant intellectuel sont le Liber septiformis de moralitatibus rerum du Franciscain Marc d’Orvieto (c. 1280-1290), le 9 La d´ enomination des s´ eries de manuscrits a ´ et´ e´ etablie par Heinz Meyer, et constitue la r´ ef´ erence de classement des t´ emoins manuscrits du De proprietatibus rerum ; Meyer, Die Enzyklop¨ adie des Bartholom¨ aeus Anglicus . . . A cela s’ajoutent a ` pr´ esent dix-huit t´ emoins r´ epertori´ es par Baudouin Van den Abeele et signal´ es dans l’introduction au premier volume de l’´ edition : De proprietatibus rerum, vol. 1 : Introduction g´ en´ erale, Prohemium, et Libri I-IV . . . , p. 18-21.

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J´ er´ emy Loncke Multifarium (c. 1320), le Liber de exemplis et similitudinibus rerum du Dominicain Jean de San Gimignano (1326-1327), le Reductorium morale du B´en´edictin Pierre Bersuire (c. 1340) ou encore, pour le monde animal, le Liber de naturis animalium cum moralitatibus du Cistercien Henri de Sch¨ uttenhofen (c. 1299).

Les manuscrits de la version standard (L) Parmi les 317 manuscrits latins du De proprietatibus rerum, 200 t´emoins contiennent la version standard du texte (L), avec ou sans apparat marginal. Notre ´etude s’oriente naturellement vers ceux-ci car, en plus de constituer une majorit´e, ils repr´esentent le texte dans son ´etat complet, sans avoir ´et´e modifi´e de fa¸con volontaire. Il n’y a donc pas d’omissions ou r´eductions majeures, ni de remaniements fondamentaux. On peut les r´epartir en deux sous-ensembles : - 175 manuscrits contiennent le texte complet et organis´e en 19 livres (comportant toutefois quelques variantes mineures, comme par exemple celle en 20 livres), ce qui ´equivaut `a 87% du total ; - 23 manuscrits contiennent une version partielle du texte de base, mais il s’agit plus de lacunes fortuites que de r´eels choix de copie. Il ne s’agit pas d’extraits ou de fragments dont il est question dans la s´erie “A”; Restent deux cas particuliers : un manuscrit est apparemment perdu (L109, Paris, Biblioth`eque de l’Institut de France), et un second, r´ecemment d´ecouvert, est catalogu´e sans aucune v´eritable information de contenu (L194-, Innsbruck, UB). Il est int´eressant de consid´erer d’embl´ee la fa¸con dont les marginalia sont joints au texte standard, qu’il soit complet ou l´eg`erement r´eduit. Parmi les 200 manuscrits latins qui poss`edent la version normale du texte : - 120 (60% du total) poss`edent les marginalia 10 . Deux tiers d’entre 10 Les manuscrits L001, L002, L004, L005, L006, L007, L008, L012, L013, L014, L015, L016, L019, L021, L022, L023, L024, L025, L027, L028, L030, L031, L032, L036, L045, L046, L048, L049, L053, L054, L055, L057, L058, L059, L061, L062, L063, L065, L069, L071, L072, L073, L074, L075, L076, L077, L078, L079, L083, L086, L087, L088, L089, L091, L093, L096, L098, L099, L100, L101, L102, L103, L106, L107, L108, L110, L111, L112, L113, L114, L116, L118, L119, L120, L123, L124, L125, L126, L127, L128, L129, L130, L132, L133, L134, L135, L136, L137, L140, L141, L142, L143, L145, L146, L148, L150, L151, L152, L154, L155, L156, L157, L158, L159, L160, L161, L164, L165, L168, L169, L170, L171, L173, L177, L179, L180, L183, L185, L188, L191-.

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eux contiennent le texte complet de l’encyclop´edie ; - 52 (26%) ne poss`edent pas les notes marginales11 ; - 28 t´emoins (14% du total) n’entrent pas en ligne de compte pour cause de manque d’informations pr´ecises12 . Le rapport proportionnel qui existe entre les manuscrits disposant d’un apparat marginal all´egorique (complet, r´eduit ou remani´e ; il en sera question plus loin) et ceux qui n’en ont pas est tr`es net : il est 2,3 fois sup´erieur. La pr´esence des notes dans les marges n’est donc pas un ph´enom`ene isol´e, mais bien majoritaire, voire syst´ematique. Les codices concern´es ont ´et´e copi´es entre le XIIIe et le XVe si`ecle, soit durant toute la diffusion manuscrite de la version latine (la proportion baisse toutefois au XVe s.). L’absence des notes dans les traductions vernaculaires et les ´editions du De proprietatibus rerum est quant ` a elle expliqu´ee par un d´esint´erˆet progressif pour cet outil all´egorique. La r´epartition des marginalia dans les 175 manuscrits poss´edant le texte complet de l’encyclop´edie donne des r´esultats similaires : la majorit´e des manuscrits qui poss`edent le texte complet b´en´eficient d’un apparat de notes marginales, la plupart du temps int´egral. Les manuscrits qui poss`edent un apparat de notes (standard ou r´eduit) sont au nombre de 108, soit 2,5 fois plus que ceux qui en sont exempts (44). La r´epartition des marginalia dans les 23 manuscrits poss´edant le texte l´eg`erement r´eduit de l’encyclop´edie est sensiblement diff´erente. Il y a autant de manuscrits sans notes marginales (8) que de manuscrits en poss´edant en tout ou en partie (8, dont 5 poss´edant un apparat r´eduit, et 1 dont les notes sont ins´er´ees dans le texte). Sept t´emoins n’entrent pas en ligne de compte en raison du manque d’informations pr´ecises. Les calculs de proportions de notes dans les t´emoins poss´edant un texte complet et ceux dont le contenu a ´et´e l´eg`erement r´eduit diff`erent nettement, allant du simple ` a plus du double. La comparaison des r´esultats respectifs permet de proposer une r´eponse `a la question que suscite 11 Les manuscrits L003, L010, L017, L018, L026, L029, L033, L035, L037, L038, L039, L040, L041, L042, L043, L044, L050, L051, L052, L056, L060, L064, L066, L067, L068, L070, L080, L084, L090, L095, L097, L104, L105, L115, L117, L121, L122, L138, L139, L144, L147, L149, L153, L162, L166, L175, L176, L178, L181, L182, L184, L197-. 12 Les manuscrits L009, L011, L020, L034, L047, L081, L082, L085, L092, L094, L109, L131, L163, L167, L172, L174, L186, L187, L189-, L190-, L192-, L193-, L194-, L195-, L196-, L198-, L199-, L200-.

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J´ er´ emy Loncke cette variation. En effet, si les motifs de r´eduction du texte des manuscrits de la seconde cat´egorie sont accidentels, il y a lieu de penser que la qualit´e de copie, de relecture et de correction en est responsable. D`es lors, l’usage de ces manuscrits devait probablement ˆetre moins prononc´e. Actuellement, tout donne ` a penser que l’emploi des marginalia ´etait r´eserv´e aux pr´edicateurs, prioritairement des fr`eres mendiants. Dans ce contexte, l’emploi des notes ´etait quotidien, et devait r´ef´erer `a une version compl`ete et correcte de l’encyclop´edie. Les manuscrits contenant le texte l´eg`erement r´eduit, ne poss´edant pas syst´ematiquement les notes, n’´evoluaient donc probablement pas dans un contexte de pr´edication. Les informations d’origine et de provenance `a propos de ces manuscrits poss´edant un texte involontairement r´eduit ne permettent pas de v´eritablement confirmer cette tendance. Il est par ailleurs int´eressant de relever le fait que ces t´emoins ont ´et´e plutˆ ot copi´es au cours des XIVe et e XV si`ecles, c’est-` a-dire plus tard que la plupart des manuscrits poss´edant de fa¸con compl`ete le texte et les marginalia.

La dimension chronologique La diffusion manuscrite du texte latin standard s’est ´etendue sur pr`es trois si`ecles, des ann´ees 1240 (fin de la r´edaction par Barth´elemy) `a la fin du XVe si`ecle13 . Les impr´ecisions de datation ne permettent pas d’obtenir une r´epartition chronologique minutieuse ; on peut cependant signaler qu’une vingtaine de manuscrits sont du XIIIe s., 130 du XIVe s. et une cinquantaine du XVe s. Les deux tiers des manuscrits conserv´es ayant ´et´e produits durant le XIVe si`ecle, on peut consid´erer que c’est ` a cette p´eriode que le succ`es du De proprietatibus rerum a atteint son apog´ee.

La r´ epartition g´ eographique La r´epartition g´eographique compl`ete logiquement les consid´erations quantitatives et chronologiques expos´ees ci-dessus. Se baser sur les lieux de conservation actuels fausserait les r´esultats, aussi est-il int´eressant d’´etudier les origines et provenances des manuscrits. Etant donn´e le manque d’informations ` a propos de certains t´emoins, il n’est possible de localiser ces origines et/ou provenances – avec plus ou moins de pr´ecision – 13 Les traductions vernaculaires ont ´ et´ e effectu´ ees et diffus´ ees aux cours des XIVe et XVe s., et les ´ editions du texte latin ont ´ et´ e mises en œuvre entre 1470 et 1609.

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que pour deux tiers des manuscrits latins (soit 133 des 200 mss. de la s´erie L, pour lesquels 10 origines et 130 provenances sont r´epertori´ees). Les cartes g´en´er´ees prennent en compte l’origine du codex ou, `a d´efaut, sa provenance la plus ancienne. Trois manuscrits n’ont pu y ˆetre plac´es, faute de renseignements suffisants sur la localisation signal´ee14 (Fig. 1).

Fig. 1 – R´ epartition g´ eographique par provenance des manuscrits de la s´ erie L (les r´ ef´ erences soulign´ ees indiquent les manuscrits poss´ edant le corpus de notes margi15 nales) . 14 L105, 15 L105,

L106 et L150 ; seul L105 ne poss` ede pas de marginalia. L106 et L150 ne figurent pas sur la carte.

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J´ er´ emy Loncke Cette r´epartition est relativement homog`ene, ´etant ´etendue sur l’ensemble de l’Europe occidentale. Elle est cependant plus dense dans la partie centrale de la zone concern´ee, ` a savoir le nord et l’est de la France, le sud de la Grande-Bretagne, la Belgique, le nord de l’Italie et le nord de l’Autriche. L’attractivit´e de lieux d’´erudition et de biblioth`eques, universitaires ou monastiques, a vraisemblablement impliqu´e une plus forte concentration dans certaines villes. Si l’on compare cette carte ` a celles publi´ees dans ce volume pour Thomas de Cantimpr´e16 , la diffusion tr`es large du De proprietatibus rerum est manifeste. On peut compl´eter ce premier constat par un point de vue qui prend en consid´eration la distinction entre les diff´erents ´etats du texte, et ceux du corpus des marginalia. Le choix le plus judicieux, et qui suscite le plus d’int´erˆet, est celui qui met en regard les versions qui contiennent l’apparat de notes marginales et celles qui en sont d´epourvues. Ont ´et´e soulign´es les sigles des manuscrits poss´edant des marginalia, soit 81 t´emoins17 sur les 133 qu’il est possible de localiser (la proportion est de 61%). Parmi les 52 autres, non soulign´es, 39 ne poss`edent pas les notes marginales (29%)18 , et 13 (10%) ne peuvent ˆetre correctement qualifi´es, en raison du manque d’informations. Parmi les manuscrits localisables, une grande majorit´e poss`ede le corpus de marginalia. On les trouve tant au centre qu’aux confins de l’espace de diffusion, et tant isol´es que rassembl´es parmi d’autres dans des lieux sp´ecifiques. A l’inverse, les manuscrits sans notes marginales ne semblent pas avoir connu une diffusion g´eographique aussi ´etendue ; on les trouve plutˆ ot clairsem´es. Cette distinction sugg`ere que les manuscrits sans notes n’ont pas ´et´e diffus´es dans un grand p´erim`etre g´eographique. Les causes de ce ph´enom`ene sont inconnues, mais on pourrait avancer l’hypoth`ese d’un d´esint´erˆet progressif pour les marginalia ; une autre supposition serait celle de la disparition de l’encyclop´edie manuscrite au profit des ´editions, avant que les versions sans apparat marginal aient pu ˆetre diffus´ees dans un p´erim`etre aussi large. Aux renseignements d’origine et de provenance des manuscrits peuvent ˆetre ajout´es ceux fournis par les catalogues de manuscrits m´edi´evaux. Heinz Meyer a recens´e 86 de ces listes faisant cas de la pr´esence du De proprietatibus rerum dans des biblioth`eques essentiellement allemandes, 16 Versions

I/II et version III. es sur la carte. mss. auxquels il faut ajouter L106 et L150, qui ne sont pas report´ 18 38 mss. auxquels il faut ajouter L105, qui ne figure pas sur la carte.

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fran¸caises et anglaises, du XIIIe au XVIe si`ecle19 . Il est cependant difficile de faire correspondre ces provenances avec celles des t´emoins conserv´es, ´etant donn´e les probl`emes d’identification des codices anciennement catalogu´es. Ces diff´erents ´el´ements relatifs ` a la diffusion g´eographique des manuscrits m`enent fort logiquement ` a la question du public a` qui ´etaient destin´es les manuscrits, ou plutˆ ot des destinataires. La question devient double si l’on ´evoque l’int´erˆet de ces destinataires – ou mˆeme de ces utilisateurs – pour l’encyclop´edie de Barth´elemy, ainsi que pour le corpus de notes marginales. Les hypoth`eses avanc´ees ´evoquent d’une part les pr´edicateurs, qui font usage de l’encyclop´edie et des notes afin de r´ediger leurs sermons, et d’autre part l’ensemble des fr`eres franciscains pour lesquels la lecture de l’encyclop´edie, accompagn´ee des marginalia, est une n´ecessit´e au sein mˆeme de l’Ordre. Naturellement, il convient de comparer ici la r´epartition des manuscrits parmi les ordres religieux, en particulier les ordres mineur et prˆecheur. Les attributions aux diff´erents ordres se font sur base des origines et provenances identifiables et le plus souvent localisables. La figure 2 permet d’appr´ecier cette r´epartition :

19 Meyer,

Die Enzyklop¨ adie des Bartholom¨ aus Anglicus . . . , p. 137-148.

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J´ er´ emy Loncke

Fig. 2 – R´ epartition g´ eographique par provenance des manuscrits de la s´ erie L au sein des ordres religieux (les r´ ef´ erences soulign´ ees indiquent les manuscrits poss´ edant le corpus de notes marginales)20 .

Les 78 manuscrits ayant une provenance monastique (sur un total de 133 t´emoins localisables ; s´erie L) sont r´epartis suivant les proportions ´enonc´ees ci-dessous : 20 L105,

L106 et L150 ne figurent pas sur la carte.

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-

B´en´edictins : 20 Cisterciens : 18 Chanoines augustins : 12 Dominicains : 10 Franciscains : 921 Chartreux : 3 Ermites augustins : 3 Carm´elites : 1 C´elestins : 1 Pr´emontr´es : 1

Les ordres, congr´egations ou familles confondus ont compt´e en leurs biblioth`eques au moins 78 manuscrits latins du De proprietatibus rerum de Barth´elemy l’Anglais, r´epartis de fa¸con proportionn´ee en Europe, mais n’exc´edant pas toutefois un certain p´erim`etre. Les couvents des ordres mendiants ayant poss´ed´e ces manuscrits sont, pour la majorit´e, Franciscains en Italie – pays dans lequel saint Fran¸cois a d´ebut´e son œuvre, et, dans une moindre mesure, Dominicains en France. On peut ˆetre surpris de constater qu’une encyclop´edie ´ecrite par un Franciscain, b´en´eficiant de surcroˆıt d’un certain renom, semble avoir connu plus de succ`es au sein d’autres ordres, notamment B´en´edictins et Cisterciens. S’il peut ˆetre int´eressant de croiser ce constat avec la diffusion des manuscrits contenant le corpus de marginalia, il est surtout essentiel de rappeler que l’usage intensif de l’encyclop´edie par les pr´edicateurs a pu d´egrader bon nombre de codices, au point d’en causer la disparition. Exprimer le succ`es d’une œuvre m´edi´evale en se limitant au nombre de manuscrits conserv´es ne permet pas de saisir avec suffisamment de finesse la fa¸con dont elle s’est diffus´ee. Classer les manuscrits en fonction des ´etats du texte et, dans le cas pr´esent du De proprietatibus rerum de Barth´elemy l’Anglais, selon la particularit´e de l’apparat de notes marginal est une d´emarche utile, pour autant qu’une m´ethode d’analyse soit ´etablie. Une base de donn´ees informatique permet ce type d’enquˆete. Cartographier l’ensemble, dans la dur´ee, compl`ete l’aper¸cu que l’on peut se faire. Le De proprietatibus rerum est conserv´e dans 317 manuscrits, dont 200 offrent la version standard. Les marginalia, pr´esents en quantit´e g´en´eralement homog`ene dans pr`es de deux tiers des manuscrits, permettent de caract´eriser davantage la transmission de l’encyclop´edie. 21 Cf.

note pr´ ec´ edente.

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J´ er´ emy Loncke Enfin, cette transmission, bien qu’elle soit vraisemblablement influenc´ee par l’usage que les pr´edicateurs franciscains ou dominicains pouvaient faire des notes marginales moralisantes, pose la question de la destination de l’encyclop´edie en tant que texte scientifique ou comme adjuvant `a la pr´edication.

Annexe Listes des manuscrits latins du De proprietatibus rerum

- S´ erie L : 200 t´emoins contenant la version standard (avec ou sans notes marginales) - S´ erie A : 70 t´emoins contenant des extraits ou fragments de la version standard (avec ou sans notes marginales) - S´ erie B : 47 t´emoins contenant des remaniements ou r´e´ecritures de la version standard (sans notes marginales dans la majorit´e des cas)

Note : le principe de r´ef´erencement des manuscrits a ´et´e ´etabli par Heinz Meyer22 . Les t´emoins qui ont pu ˆetre r´ecemment recens´es (informations collect´ees par Baudouin Van den Abeele) ont ´et´e signal´es par l’adjonction d’un tiret `a la suite de leur num´ero de r´ef´erence.

22 Meyer,

Die Enzyklop¨ adie des Bartholom¨ aus Anglicus...

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- S´ erie L : 200 t´emoins contenant la version standard (avec ou sans notes marginales) L001 L002 L003 L004 L005 L006 L007 L008 L009 L010 L011 L012 L013 L014 L015 L016 L017 L018 L019 L020 L021 L022 L023 L024 L025 L026 L027 L028 L029 L030 L031 L032 L033

Arras, BM, 84 (olim 99) ; fin XIVe ; Prov. Arras, abb. b´ en´ edictine de StVaast Augsburg, UB, ehem. Oettingen-Wallersteinsche Bib., II,1,2◦ ,108 ; XVe ; Prov. F¨ ussen, abb. b´ en´ edictine St-Magnus Autun, BM, S 36 (32) ; avant 1330 ; Prov. Autun, cath´ edrale St-Lazare Avignon, BM, 1084 ; XIVe ; Prov. Avignon, couvent dominicain e Barcelona, BU, 596 ; XIV ¨ Basel, OBU, F.II.32 ; d´ ebut XIVe ; Prov. Bˆ ale, couvent dominicain Beaune, BM, 33 (32) ; 1386 Berlin, SBB-PK, Lat. fol. 367 ; XIVe ; Prov. cistercienne Berlin, SBB-PK, Lat. fol. 870 ; 1424 ; Prov. Erfurt, couvent b´ en´ edictin de Petersberg Bordeaux, BM, 414 ; XIVe Boston (MA), Boston Medical Lib., 17 ; c. 1300 ; Prov. Leyre (Navarre), abb. cistercienne San Salvador Wroclaw, BU, M 1064 ; 1451 ; Prov. polonaise Wroclaw, BU, Mil. II 15 (olim G¨ orlitz, Milische Stadt- oder Gymnasialbib., II 15) ; XVe Wroclaw, BU, Mil. II 112 (olim G¨ orlitz, Milische Stadt- oder Gymnasialbib., II 112) ; 1392 Brugge, Stedelijke Openbare Bib., 429 ; XIVe ; Orig. Flandre, abb. cistercienne Ter Duinen Brugge, SOB, 430 ; XIVe ; Orig. Flandre, abb. cistercienne Ter Duinen Bruxelles, KBR, 213 ; XVe ; Orig. Bruxelles, couvent augustin de RougeCloˆıtre Bruxelles, KBR, 7568 ; XIVe ; Prov. Tongerlo, pr´ emontr´ es de Notre-Dame Bruxelles, KBR, 9743 : 1/2 XIVe ; Prov. cour de Bourgogne (Philippe le Bon) Burgo de Osma, S. Iglesia Catedral, 129 ; XVe Cambrai, BM, A 945 ; XIIIe ; Orig. Cambrai, bib. cath´ edrale ; Prov. Paris, Augustins Cambridge, Fitzwilliam Museum, CFM 15 ; XIVe ; Prov. Ogny (Dijon) ou Ognon (Besan¸con), France, et espace bourguignon-flamand Cambridge, Gonville and Caius College, 280 ; XIVe Cambridge, Trinity College, R.16.21 (969) ; avant 1333 ; Prov. Canterbury, abb. b´ en´ edictine St-Augustin Cambridge, UL, Ii.II.21 ; XIVe Cambridge, UL, Peterhouse 67 ; XIVe ; Prov. anglaise Cambridge (MA), Harvard College Lib., lat. 216 ; XIVe ; Prov. fran¸caise Charleville, BM, 211 ; XIVe Claremont (CA), Harvey Mudd College, Norman F. Sprague Library, Hoover Collection, H 39 ; XVe ; Orig. et prov. italiennes Clermont-Ferrand, BMI, 172 ; 1321 ? ; Prov. Clermont, couvent dominicain Gdansk, Polskiej Akademii Nauk, Bibliotheka gdanska, Mar. (St. Marien) F224 ; XVe ; Prov. Gdansk, Ste-Marie Dijon, BM, 357 ; XIVe ; Prov. cistercienne Dijon, BM, 358 ; XIVe ; Prov. franciscaine ?, puis Dijon, abb. b´ en´ edictine St-B´ enigne

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J´ er´ emy Loncke L034 L035 L036 L037 L038 L039 L040 L041 L042 L043 L044 L045 L046 L047 L048 L049 L050 L051 L052 L053 L054 L055 L056 L057 L058 L059 L060 L061 L062 L063 L064 L065 L066 L067 L068 L069 L070 L071 L072

Dublin, Trinity College, 224 ; XIVe Einsiedeln, Stiftsbibliothek, 299 ; XIVe ; Prov. Einsiedeln, abb. b´ en´ edictine Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbib., CA 2◦ 317 ; XIVe ; Prov. Collection Amplonius Ratinck Firenze, BML, Conv. Soppr. 462 ; XIVe ; Orig. Florence ; Prov. Florence, couvent dominicain Ste-Marie Nouvelle Firenze, BML, Gadd. 27 ; XIVe -XVe Firenze, BML, Plut. XVIII sin. 9 ; XIVe ; Prov. Florence, couvent franciscain de Ste-Croix Firenze, BML, Plut. XXI sin. 2 ; XIVe ; Prov. Florence, couvent franciscain de Ste-Croix Firenze, BML, Plut. XXI sin. 3 ; XIVe ; Prov. Florence, couvent franciscain de Ste-Croix Frankfurt am Main, Stadt- und Universit¨ atsbib., Praed. 14 ; 1/3 XVe ; Orig. W¨ urzburg ? ; Prov. Frankfurt-am-Main, couvent dominicain Glasgow, UL, Ferguson 234 ; milieu XVe ; Prov. hollandaise Glasgow, UL, Hunter 209 (U.I.13) ; avant 1379 ; Prov. Suffolk, Bury, abb. b´ en´ edictine St-Edmond Glasgow, UL, Hunter 389 (V.2.9) ; XIVe ; Prov. fran¸caise Glasgow, UL, Hunter 391 (V.2.11) ; XIIIe -XIVe ; Prov. Paris, couvent dominicain St-Louis-de-Poissy Den Haag, Coll. Schinkel, 54 ; XVe Hannover, Stadtbib., Mag. 140 ; XIVe ; Prov. Hanovre, franciscain Heiligenkreuz, Stiftsbib., 50 ; XIVe ; Prov. Heiligenkreuz, abb. cistercienne Hereford, Cathedral Lib., O.V.15 ; avant 1478 ; Prov. Hereford Innsbruck, UB, 141 et 256 ; fin XIIIe ; Prov. Stams, couvent cistercien Innsbruck, UB, 272 ; XIVe -XVe ; Prov. Stams, abb. cistercien Ivrea, Bib. Capitolare, 84 (XLI) ; 1361 Klosterneuburg, Stiftsbib., 124 ; d´ ebut XVe ; Prov. Klosterneuburg (Neuburg), Augustins København, KB, Gl. kgl. S. 213 ; XIIIe Leipzig, UB, 1424 ; 1457 ; Prov. Frankfurt-a-M. Leipzig, UB, 1425 ; XIVe Lilienfeld, Stiftsbib., 154 ; XIVe ; Prov. Lilienfeld, abb. cistercienne Lincoln, Lincoln Cathedral Chapter Lib., 154 (B.I.14) ; XIVe ; Prov. biblioth` eque cath´ edrale Linz, Bundesstaatliche Studienbib., 470 (olim 253) ; XIVe ; Prov. Suben am Inn, chapitre canonial augustin de St-Lambert Lisboa, BN, Alcobac. 383 (olim 384) ; XIVe London, BL, Additional 8929 ; 1443 ; Prov. italienne (Padoue ?) London, BL, Additional 24011 ; XVe London, BL, Additional 24074 ; fin XIIIe ; Prov. Fribourg, abb. cistercienne de Hauterive London, BL, Additional 34606 ; XIVe ; Prov. limbourgeoise London, BL, Arundel 58 ; XVe ; Prov. allemande London, BL, Sloane 471 ; XIVe London, BL, Sloane 511 ; XIVe London, BL, Sloane 3539 ; d´ ebut XIVe London, Institution of Electrical Engineers, The Thompson Collection, 3 ; XVe ; Prov. italienne London, Lambeth Palace Lib., 137 ; avant 1361 ; Prov. Oxford, chancellerie ; Gloucester, prieur´ e augustin de Lantony London, WHML, 114 ; XIVe ; Prov. v´ en´ etienne

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Approche comparative de la diffusion et de la transmission des diff´ erents ´ etats manuscrits du De Proprietatibus Rerum de Barth´ elemy l’Anglais L073 L074 L075 L076 L077 L078 L079 L080 L081 L082 L083 L084 L085 L086 L087 L088 L089 L090 L091 L092 L093 L094 L095 L096 L097 L098 L099 L100 L101 L102 L103 L104 L105 L106 L107 L108 L109 L110 L111 L112 L113 L114 L115 L116 L117 L118 L119 L120

London, WHML, 115 ; fin XIIIe ; Prov. Ilminster (Somerset) Luxembourg, BN, 131 ; c. 1300 ; Prov. Orval, abb. cistercienne Madrid, BN, 930 ; XIVe ; Prov. Metz, cath´ edrale Madrid, BN, 3316 ; XIVe Madrid, BN, 12739 ; XIVe ; Prov. dominicaine (Valence ?) Milano, BA, C 231 inf. ; XIVe Milano, BA, D 61 inf. ; XIVe Milano, BA, H 8 sup. ; 1478 ; Prov. franciscaine, Gˆ enes Mantova, Biblioteca Civica, A.I.10 ; XIVe e Marseille, BM, 728 ; XIV ; prov. Chartreuse de Villeneuve Melk, Stiftsbib., 70 (689, M 20) ; 1455 ; Prov. Melk, abb. b´ en´ edictine Metz, BM, 272 ; XVe ; Prov. Metz, cath´ edrale ; Augustins Metz, BM, 507 ; XIVe ; Prov. Metz, cath´ edrale ; Augustins Montpellier, BI, Section M´ edecine, H 46 ; XIIIe -XIVe Montpellier, BI, Section M´ edecine, H 189 ; XIVe ; Prov. Clairvaux, puis abb. cistercienne Montpellier, BI, Section M´ edecine, H 190 ; XIVe ; Prov. Clairvaux Montpellier, BI, Section M´ edecine, H 191 ; XIVe ; Prov. Autun M¨ unchen, Bayerische Staatsbib., Clm 27029 ; XIVe ; Prov. Freising, cath´ edrale Napoli, BN, VIII.C.47 ; XIVe ; Prov. Capestrano, couvent franciscain StFran¸cois New-York (NY), The New York Academy of Medicine, 8 ; XIVe ; Prov. Savigliano, abb. b´ en´ edictine S. Pietro Novara, Bib. Capitolare del Duomo di Santa Maria, 75 (LVIII) ; XIVe Olomouc, Statni Archiv, 414 ; XVe ; Prov. Olomouc, cath´ edrale Oxford, Balliol College, 294 ; XIVe ; Prov. Oxford Oxford, Bod. L, Ashmole 1474 ; avant 1355 ; Prov. Aberdeen Oxford, Bod. L, Ashmole 1512 ; fin XIVe Oxford, Bod. L, Bodley 749 ; XIVe ; Prov. Exeter, cath´ edrale ; Oxford Oxford, Bod. L, Bodley 965B ; XIVe ; Prov. fran¸caise Oxford, Bod. L, Canonici Misc. 78 ; XIVe ; Prov. italienne Oxford, Bod. L, Digby 12 ; XIVe ; Prov. italienne Oxford, Bod. L, Magdalen College 137 ; XIVe Oxford, Bod. L, Magdalen College 197 ; XIVe ; Prov. Oxford Oxford, CCC, 249 ; XVe ; Prov. Canterbury, abb. b´ en´ edictine St-Augustin ? Padova, BA, 383 Scaff. XVII ; XIVe ; Prov. franciscaine Padova, BA, 494 Scaff. XXI ; fin XIIIe ; Prov. franciscaine Paris, Bib. de l’Arsenal, 696 ; 1321 ; Prov. Paris, couvent carm´ elite Paris, Bib. de l’Arsenal, 726 ; XIVe ; Prov. Paris, prieur´ e c´ elestin Paris, Bib. de l’Institut de France, 135 [perdu] Paris, B Maz., 3577 ; 1321 ? ; Prov. Paris, coll` ege des Grands-Augustins Paris, B Maz., 3578 ; XIVe ; Prov. Paris, coll` ege de Navarre Paris, BNF, Lat. 346A ; 1300 Paris, BNF, Lat. 347 ; c. 1300 ; Prov. Chˆ alons-en-Champagne, cath´ edrale Paris, BNF, Lat. 347A ; XIVe ; Prov. Dijon, abb. b´ en´ edictine St-Etienne Paris, BNF, Lat. 347D ; XIVe Paris, BNF, Lat. 347E ; XIVe Paris, BNF, Lat. 347F ; c. 1400 Paris, BNF, Lat. 348 ; XIVe ; Prov. Aix, couvent dominicain St-Maximin Paris, BNF, Lat. 349 ; XIVe ; Prov. Paris, abb. b´ en´ edictine St-Denis Paris, BNF, Lat. 350 ; 1445 ou 1452

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J´ er´ emy Loncke L121 L122 L123 L124 L125 L126 L127 L128 L129 L130 L131 L132 L133 L134 L135 L136 L137 L138 L139 L140 L141 L142 L143 L144 L145 L146 L147 L148 L149 L150 L151 L152 L153 L154 L155 L156 L157 L158 L159 L160 L161 L162

Paris, BNF, Lat. 350A ; 1437 ; Prov. Ferrare, Bologne Paris, BNF, Lat. 524 ; XVe Paris, BNF, Lat. 10200 ; XIVe Paris, BNF, Lat. 10201 ; XIVe Paris, BNF, Lat. 12967 ; XIIIe ; Prov. Paris, abb. b´ en´ edictine St-Germain des Pr´ es e Paris, BNF, Lat. 14702 ; XIV ; Prov. Paris, chapitre canonial St-Victor, puis Augustins Paris, BNF, Lat. 15447 ; fin XIIIe ; Prov. Paris, Sorbonne Paris, BNF, Lat. 16098 ; avant 1306 ; Prov. Paris, Sorbonne Paris, BNF, Lat. 16099 ; avant 1306 ; Prov. Paris, Sorbonne Paris, BNF, Lat. 17817 ; 1/4 XVe ; Prov. Prague, puis Paris Paris, BNF, Nouv. acq. lat. 3025 ; Prov. Tongres, abb. b´en´ edictine Paris, Bib. Sainte-Genevi` eve, 1024 ; fin XIIIe ; Prov. Senlis, ´ eglise NotreDame Paris, Biblioth` eque de la Sorbonne, 123 ; 1310-1320 ; Prov. Paris Pavia, BU, Aldini 108 ; XIIIe ; Prov. Pavie, ermites augustins Pommersfelden, Schlossbib., 239 ; XIVe -XVe Praha, Knihovna Metropolitni Kapituli, L 55/1 ; XIVe ; Prov. Prague, ´ eglise Praha, Knihovna Metropolitni Kapituli, L 55/2 ; XIVe -XVe Praha, N´ arodn´ı Knihovna, I.C.34 ; 1475 ; Prov. Trebon (Bohˆ eme), augustins Praha, N´ arodn´ı Knihovna, VII.C.23 ; XVe ; Prov. Rondnice (Bohˆ eme), augustins, puis Trebon (Bohˆ eme), augustins e Praha, N´ arodn´ı Knihovna, X.C.22 ; XV Praha, N´ arodn´ı Knihovna, XIII.C.12 ; XIVe -XVe ; Prov. Segeberg, SteMarie, chanoines de St-Augustin ? Reims, Biblioth` eque Municipale, 992 ; 1325 ; Prov. Reims, abb. b´ en´ edictine St-R´ emi e Vaticano, BAV, Barberini 473 (XI,116) ; XIV Vaticano, BAV, Chigi E.VI.195 ; XVe Vaticano, BAV, Ottob. lat. 1630 ; XIVe Vaticano, BAV, Reg. lat. 1064 ; 1323 Vaticano, BAV, Reg. lat. 1951 ; XIVe Vaticano, BAV, Urb. lat. 233 ; XIIIe Vaticano, BAV, Vat. lat. 707 ; XIVe Vaticano, BAV, Vat. lat. 3089 ; XIVe ; Prov. franciscaine Vaticano, BAV, Vat. lat. 3090 ; XIVe Vaticano, Bib. Nazionale Vittorio Emanuele II, Fondo Sessoriano 24 ; XIVe ; Prov. J´ erusalem, Ste-Croix, puis Chartreux Rouen, BM, 989 ; XIVe ; Prov. Evreux, abb. b´ en´ edictine de la Vieille Lyre Salamanca, Universidad de Salamanca, 1718 ; XIVe ; Prov. Salamanque, coll` ege de Cuenca Salamanca, Universidad de Salamanca, 1745 ; XIVe San Lorenzo de el Escorial, Real Bib., e.II.10 ; XIVe San Lorenzo de el Escorial, Real Bib., o.I.6 ; XIVe ; Prov. Poblet (Catalogne), abb. cistercienne St. Paul im Lavanttal, Stiftsbib., 81/3 ; XIVe ; Prov. allemande ? b´ en´ edictine ? Seitenstetten, Stiftsbib., 263 ; XIVe -XVe ; Prov. Seitenstetten, abb. b´ en´ edictine e Stuttgart, W¨ urttembergische Landesbib., HB XI 1 ; XIV ; Prov. Weingarten, abb. b´ en´ edictine Toulouse, BM, 225 ; XIVe ; Prov. Toulouse, Augustins Tours, BM, 701 ; XIVe

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Approche comparative de la diffusion et de la transmission des diff´ erents ´ etats manuscrits du De Proprietatibus Rerum de Barth´ elemy l’Anglais L163 L164 L165 L166 L167 L168 L169 L170 L171 L172 L173 L174 L175 L176 L177 L178 L179 L180 L181 L182 L183 L184 L185 L186 L187 L188 L189L190L191L192L193L194L195L196L197L198L199L200-

Tours, BM, 702 ; avant 1342 Troyes, BM, 470 ; XIVe ; Prov. Troyes, cath´ edrale St-Etienne Troyes, BM, 979 ; XIVe ; Prov. Clairvaux, abb. cistercienne Torino, BNU, G.I.2 (= Lat. Pasinus CDLXX) ; 1474 ; Prov. allemande ?, dominicaine Torino, BNU, H.IV.14 (= Lat. Pasinus CDLX) ; XVe Uppsala, UB, C 594 ; XIVe ; Prov. fran¸caise (et allemande ?) Valencia, Catedral de Valencia, 49 ; XIVe Valencia, Universitat, Bib. General i Historica, 402 ; XIVe ; Prov. italienne Venezia, Bib. Nazionale Marciana, 223 membr. ; XIVe Vercelli, Bib. del Seminario, Bib. Agnesiana, perg. 14 ; XIVe ; Prov. Biella, ermites augustins de St-Pierre ? Washington (DC), The Army Medical Museum, 7 ; XIVe ; Orig. anglaise ; Prov. Assise, Sacro Convento di S. Francesco Washington (DC), LC, 129 ; c. 1400 ; Prov. Dijon, chapitre ; Chartreux Washington (DC), Smithsonian Institution Lib., Dibner Collection, 241 B ; fin XIIIe ¨ Wien, ONB, 1551 (Rec. 22) ; XIVe ¨ Wien, ONB, 2287 (Rec. 912) ; XIVe ; Prov. Vienne, coll` eges j´ esuites ¨ Wien, ONB, 2312 (Philos. 110) ; XIVe ; Prov. anglaise ? ¨ Wien, ONB, 2326 (Rec. 479) ; XIVe ¨ Wien, ONB, 2337 (Rec. 3168a) ; XIVe ; Prov. Neuberg (Steiermark), abb. cistercienne ¨ Wien, ONB, 3949 (Rec. 515) ; XVe ; Prov. Vienne, puis Hongrie ¨ Wien, ONB, 3964 (Rec. 3001) ; XVe ; Prov. Aggsbach, Chartreux Wien, Schottenstift, 166 (olim 138) ; XVe ; Prov. Vienne, b´ en´ edictins W¨ urzburg, UB, M.ch.f.125 ; XVe ; Prov. cour royale ? ; Erfurt Z¨ urich, Zentralbib., Car C 103 ; XIVe ; Prov. Z¨ urich, chapitre canonial augustin Grossm¨ unster Zutphen, St. Walburgskerk, 2 ; XVe -XVIe Krakow, Bib. Jagiellonska, 836 (DD.V.16) ; XIVe Roma, Bib. dell’Accademia Nazionale dei Lincei e Corsiniana, Fondo Corsini, 39 E 11 (Cors. 1260) ; XVe Alessandria, Bib. Civica, 114 ; XVe ; Prov. Tortona, Ermites de St-Augustin Barcelona, Archivio Capitular de la Santa Iglesia Catedral Basilica, 79 ; XVe Besan¸con, BM, 439 ; XIVe -XVe ; Prov. Besan¸con, abb. b´ en´ edictine de StVincent Firenze, BML, Calci 41 ; 1/4 XIVe ; Prov. Pise, Chartreuxde S. Maria e S. Giovanni Evangelista (Calci, Pisa) Firenze, BNC, Landau Finaly 5 ; XIVe ; Prov. italienne Innsbruck, UB, 544 ; XVe Leipzig, UB, 595 ; XVe ; Orig. Vienne ? Ravenna, Bib. Classense, 102 ; XVe Riga, Latvijas PSR Zinatnu Akademija Fundamentala Bib., 11 ; 2/2 XVe ; Prov. Riga, biblioth` eque de couvent dominicain ou franciscain (jusque c. 1524), puis BM Saluzzo, Bib. Civica, Fondo Manuel di San Giovanni, s.n. ; 1479 ; Orig. Revello Victoria (Canada), UL, McPherson Library, 84-61 ; XIIIe -XIVe ; Prov. franc¸aise Zug, Pfarrbib. St-Michael, 21 et 19 ; XVe

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J´ er´ emy Loncke - S´ erie A : 70 t´emoins contenant des extraits ou fragments de la version standard (avec ou sans notes marginales) A001 A002 A003 A004 A005 A006 A007 A008 A009 A010 A011 A012 A013 A014 A015 A016 A017 A018 A019 A020 A021 A022 A023 A024 A025 A026 A027 A028 A029 A030 A031 A032 A033 A034 A035 A036 A037 A038 A039 A040 A041 A042 A043 A044 A045 A046 A047

Assisi, Sacro Convento, Com. 703 ; XIVe Colmar, BM, 108 Frankfurt am Main, Stadt- und Universit¨ atsbib., Praed. 22 ; XVe Isny, St. Nicolaus, 34 Klosterneuburg, Stiftsbib., 89 et 358 Leipzig, UB, 158 ; XVe Leuven, Bib. Godgeleerdheid, depot Mechelen, 44 ; XVe Praha, Knihovna Metropolitni Kapituli, 46/1 ; XIVe Stuttgart, W¨ urttembergische Landesbib., HB VII 60 ; XIIe -XIVe Alba Iulia, Museum Batthyanyanum ; XIVe Augsburg, Staats- und Stadtbib., 2◦ 216 ; 1466 Berlin, SBB-PK, Theol. lat. fol. 659 ; XVe Erlangen, UB, 496 ; XVe Frankfurt am Main, Stadt- und Universit¨ atsbib., Praed. 44 ; 1438 Hannover, Stadtarchiv, AA 02 ; XIVe Krakow, Bib. Jagiellonska, 813 (DD.II.23) ; 1368 Leiden, Bib. der Rijksuniversiteit, Voss. Chym. F. 29 ; 1522 London, BL, Sloane 3535 ; XVe London, WHML, 730 ; c. 1500 Oxford, Bod. L, Digby 73 Vaticano, BAV, Pal. lat. 1226 ; 1424 Valenciennes, BM, 332 ; XVIe Dublin, Trinity College, 448 ; XVe G¨ ottingen, Staats- und Universit¨ atsbib., 4◦ Hist. nat. 86 ; XVe Helsinki, UB, VAR 6 ; XIVe Uppsala, UB, C 59 ; XVe Wolfenb¨ uttel, Herzog August Bib., 68.13.Aug.8◦ ; XVe Wolfenb¨ uttel, Herzog August Bib., 442 Helmst. ; XVe Bern, Burgerbib., 260 ; XIIe -XIVe Dresden, S¨ achsische Landesbib., F 93 ; XVe London, BL, Arundel 123 L¨ uneburg, Ratsbib., Hist. C 2◦ 20 ; XIVe -XVe Reims, BM, 1322 ; XVe Toledo (OH), Art Museum, 35 ; XVe Tours, BM, 1299 ; XVe Cambridge, UL, Dd.V.53 Hildesheim, Dombib., 745 ; c. 1400 London, BL, Harley 3528 Oxford, Jesus College, 141 Verona, Bib. Capitolare, 273 (245) Glasgow, UL, Hunter 323 (U.7.17) ; XVe London, WHML, 335 ; XIVe Oxford, Bod. L, Ashmole 1397 ; fin XIVe Oxford, Jesus College, 141 Pommersfelden, Schlossbib., 354 (fragm. 1) ; XIVe Assisi, Sacro Convento, Com. 703 ; XIVe Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbib., CA F. 346

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Approche comparative de la diffusion et de la transmission des diff´ erents ´ etats manuscrits du De Proprietatibus Rerum de Barth´ elemy l’Anglais A048 A049 A050 A051 A052 A053 A054 A055 A056 A057 A058 A059 A060 A061 A062 A063 A064 A065 A066 A067A068A069A070-

Frankfurt, Stadt- und Universit¨ atsbib., Praed. 44 ; 1438 G¨ ottingen, Deutsches Seminar der Universit¨ at, Nachlass von Prof. Dr. Wilhelm M¨ uller, III, 16 Karlsruhe, Badische Landesbib., 1386 Leiden, Bib. der Rijksuniversiteit, Voss. lat. F. 99 ; 1447 London, BL, Sloane 410 Pavia, BU, Aldini 237 ; XIVe Vaticano, BAV, Pal. lat. 1280 ; 1424 Schl¨ agl, Stiftsbib., 102 Cpl. Roma, BAV, Reg. lat. 1007 Cambridge, Pembroke College, 242 Cambridge, Trinity College, 884 Fritzlar, Dombib., 130 ; XVe K¨ oln, Historisches Archiv der Stadt K¨ oln, W 198 ; XIIIe -XIVe K¨ oln, Historisches Archiv der Stadt K¨ oln, GB 2◦ 106 ; XVe M¨ unchen, Bayerische Staatsbib., Cgm. 2928 Oxford, Bod. L, Bodley 117 Roma, Bib. Statale Angelica, 1485 (V.2.22) Uppsala, UB, C 654 ; 2/2 XVe ¨ Wien, ONB, 3543 Esztergom, Bib. des Fr` eres Mineurs, Muz. 26 ; XVe Koblenz, Landeshauptarchiv, Best. 701 Nr. 759,9,1 ; 1/2 XIVe Montr´ eal, BNQ, coll. Bibl. Antonienne, impr. BE/B 587 ; XIVe Oxford, All Souls College, 993 ; XIVe

- S´ erie B : 46 t´emoins contenant des remaniements ou r´e´ecritures de la version standard (sans notes marginales dans la majorit´e des cas) B001 B002 B003 B004 B005 B006 B007 B008 B009 B010 B011 B012 B013 B014 B015

Arras, Archives du Pas-de-Calais, 76 (olim 74) ; XVe ; Prov. Arras, abb. b´ en´ edictine St-Vaast Berlin, SBB-PK, Hamilton 277 ; XIVe Cambridge (MA), Harvard College Lib., The Riant Collection 89 ; XIVe ; Prov. flamande Chamb´ ery, BM, 30 ; XIVe ; Prov. Chamb´ ery, couvent dominicain Cortona, Pubblica Bib. Comunale e dell’Academia Etrusca, 85 ; XVe ; Prov. Cortona, couvent franciscain Ste-Marguerite Firenze, BNC, Landau Finaly 58 ; XIVe Leiden, Bib. der Rijksuniversiteit, Voss. lat. Q 50 ; XIVe London, BL, Sloane 3167 ; XIVe ; Orig. italienne Madrid, BN, 12803 ; XIVe Milano, BA, A 147 sup. ; XVe [M¨ unchen], Antiquariat Jacques Rosenthal, Katalog 90, 1928, Nr. 118 ; XIVe ; Prov. italienne Pavia, BU, Aldini 165 ; XIIIe Pisa, Bib. Cateriniana, 30 ; XIVe ; Prov. Pise, couvent dominicain Vaticano, BAV, Chigi E.V.160 ; XIVe -XVe Vaticano, Bib. Statale Angelica, 1038 (R.7.1) ; XIVe

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J´ er´ emy Loncke B016 B017 B018 B019 B020 B020a B021 B022 B023 B024 B025 B026 B027 B028 B029 B030 B031 B032 B033 B034 B035 B036 B037 B038 B039 B040 B041 B042 B043 B044 B045B046-

Soissons, BM, 26 (28) ; XIVe ; Prov. Pr´ emontr´ es Stuttgart, W¨ urttembergische Landesbib., Cod. med. et phys. 2◦ 24 ; 1461 ; Prov. Heilbronn, couvent Carm´ elite Wolfenb¨ uttel, Herzog August Bib., 8.8.Aug.4◦ ; XIIIe -XIVe Salamanca, BU, 2088 ; XIVe ¨ Basel, OBU, D.III.2 ; 1420 ; Prov. Bˆ ale, couvent dominicain Bressanone, Bib. del Seminario Maggiore, J 5 ; 1430-1440 M¨ unchen, Bayerische Staatsbib., Clm. 4148 ; XVe ; Prov. Augsbourg, chanoines augustins de Ste-Croix Frankfurt am Main, Stadt- und Universit¨ atsbib., Praed. 96 ; 1443 ; Prov. Frankfurt, couvent dominicain ◦ T¨ ubingen, Wilhelmsstift, Gi 316.2 ; 1425 ; Prov. Wiblingen (Ulm), abb. b´ en´ edictine Praha, N´ arodn´ı Knihovna, V.A.16 ; XVe Vaticano, BAV, Reg. lat. 1457 ; XVe London, BL, Royal 12.E.III ; XIVe Wolfenb¨ uttel, Herzog August Bib., 51.11.Aug.4◦ ; XIVe London, BL, Harley 512 ; XVe ; Prov. fran¸caise M¨ unchen, Bayerische Staatsbib., Clm. 5964 ; XVe ; Prov. Ebersberg (Munich), abb. b´ en´ edictine Oxford, Bod. L, Laud. Misc. 682 ; XVe Oxford, Bod. L, Lincoln College 57 ; XIIIe Paris, B Maz., 3579 ; XVe ; Prov. Paris, Coll` ege de Navarre Praha, N´ arodn´ı Knihovna, V.B.9 ; c. 1372 Vaticano, BAV, Reg. lat. 1072 ; XVe ¨ Wien, ONB, 5272 (Rec. 434) ; 1470 ; Prov. Leubus an der Oder (Niederschlesien) ? London, BL, Royal 7.C.V. Madrid, Bib. del Noviciado de la Universidad Central, 35 Oxford, Bod. L, Laud. Misc. 112 Paris, BNF, Lat. 455 Paris, BNF, Lat. 11207 Vaticano, BAV, Reg. lat. 1637 Rouen, BM, 27 (A 544) Troyes, BM, 1048 Zwettl, Stiftsbib., 159 Salamanca, Universidad de Salamanca, 2146 ; XIVe Sevilla, Bib. Colombina, 5-3-31 ; XVe -XVIe

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On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford Iolanda Ventura ∗

1.

Introduction

In a 1995 article, M.T. Beonio Brocchieri outlined the development of medieval encyclopaedism by distinguishing two types of encyclopaedic texts, viz. : 1) the tradition of the learned encyclopaedias conceived as ‘imagines mundi’ and aiming at reproducing the structure of the natural world by collecting and organizing data concerning single elements and parts of nature ; 2) the ‘encyclopaedic projects’ characterized by an evident philosophical background, whose goal cannot be reduced to offering a scheme of the world, since they also include a discussion of the established methods of acquisition of knowledge and proposing new ones. This second category of encyclopaedias does not only provide knowledge stricto sensu, but also discusses the ways in which knowledge is achieved1 . In her attempt to exemplify the genre of the ‘encyclopaedic projects’, Beonio Brocchieri referred specifically to two authors, namely Roger Bacon and Ramon Llull. Some decades before them, however, Albert the Great had already structured his corpus of commentaries devoted to the Aristotelian works with the intention of building up both a complete explanation of the writings of the philosopher and a library of scientific texts concerning the whole world of nature. ∗ Universit´ e catholique de Louvain, projet FSR « Encyclop´ edies m´ edi´ evales ». For their help during the preparation of this paper, I would like to thank B. van den Abeele (Universit´ e catholique de Louvain), Bernd Roling (Westf¨ alische-Wilhelms-Universit¨ at M¨ unster), Bart Huelsenbeck (Duke University), and Bjarne M. Nielsen (Copenhagen). 1 M. A. Beonio Brocchieri-Fumagalli, « Le enciclopedie », in Lo spazio letterario del Medioevo. 1. Il Medioevo Latino. Volume I : La produzione del testo, tomo II, ed. ` , Roma, 1995, p. 635-657. See also Ead., G. Cavallo, C. Leonardi, and E.Menesto Le enciclopedie dell’occidente medievale, Torino, 1981.

Iolanda Ventura Beonio Brocchieri’s attempt to order some medieval encyclopaedic texts into a pre-defined category is not completely satisfactory, because it presupposes a clear distinction between the two categories of encyclopaedias, without really admitting interferences between them, or the presence of some ‘borderline’ texts. We may notice, for instance, how difficult it is to identify the character and purpose of works like Vincent of Beauvais’ Speculum doctrinale : here, the limited dimension of the encyclopaedia considered as a mirror of the natural world is abandoned in order to analyze the process of the acquisition of knowledge, to structure the different branches of knowledge into a coherent system or hierarchy, and to define identity and limits of every discipline. Thus, when studying encyclopaedias we should keep in mind that most of them rely on a solid philosophical background, or address contemporary philosophical trends. Nevertheless, should we admit that a special encyclopaedic type, which we may define as ‘philosophical’, exists ? And how can we define it ? What are the features that might suggest we are reading an encyclopaedic text characterized by a more evident philosophical horizon ? These questions cannot be answered easily. However, we can emphasize some aspects that should help us to characterize a ‘philosophically oriented’ encyclopaedia. They can be sketched as follows : 1) A philosophical encyclopaedia not only reproduces the world of nature, but tackles at least a selection of problems related to single aspects of it ; the discussion is not limited to a juxtaposition of the different opinions drawn from the reference texts (the so-called authorities), but ends in a more or less independent solution or offers a new way of representing the matter. 2) A philosophical encyclopaedia not only describes the world of nature, but also deals with the problem of its perception and interpretation, and with the ways, methods and possibilities humans use to acquire knowledge ; the authors of such encyclopaedias often react against the established strategies employed to put nature in order and acquire knowledge, and try to offer new ones, as we see in Ramon Llull’s Arbor scientiae. 3) The author of a philosophical encyclopaedia chooses his sources and develops his strategies of organizing the text in order to reflect the contemporary debate, or to take part in it ; in this sense, it is also possible that the role of the reference text and the function of the ‘auctoritas’ changes. 200

On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

If we attempt to verify the existence of a type of encyclopaedia whose author does not simply provide his readers with a compilation of data, but with an overview of the contemporary philosophical debate, our research finds a good starting point in the encyclopaedic literature written in Latin in the fourteenth century. Between 1280 and 1380, some authors – among them Henry Bate of Malines with his Speculum divinorum et quorumdam naturalium 2 , Nicolas of Strasbourg with his Summa philosophiae 3 , and Henry of Langenstein with his Commentarium in Genesim 4 – released types of texts that cannot be simply defined as ‘encyclopaedias’, since they do not limit themselves to a description of the world of nature built up according to the opinions of some authorities, but attempt a discussion or a comparison of them, or sometimes construct their own descriptions conclusions. The aim of this paper, however, is not to provide an overview or a general evaluation of Latin encyclopaedism in the fourteenth century, but rather to focus on a concrete example, viz. on a still less known and disregarded Dominican encyclopaedia written in the second half of the fourteenth century, Henry of Herford’s Catena aurea entium, a work that reflects the author’s intention to deliver an encyclopaedic collection and a manual of philosophy of nature5 . Before concentrating on the content 2 Edition : Henricus Bate, Speculum divinorum et quorundam naturalium. Edition critique : Tome I, Introduction ; Littera dedicatoria – Tabula capitulorum – Proemium – Pars I, ed. E. Van de Vyver, Louvain, Paris, 1960 (Philosophes M´ edi´ evaux, 4) ; Tome II, Partes II-III, ed. E. Van de Vyver, Louvain, Paris, 1967 (Philosophes M´ edi´ evaux, 10) ; Parts XI-XII : On Platonic Philosophy, ed. H. Boese and C. Steel, Leuven, 1990 (Ancient and Medieval Philosophy, 12) ; Parts IV-V : On the Nature of Matter, on the Intellect as Form of Man, ed. C. Steel, Leuven, 1993 (Ancient and Medieval Philosophy, 9) ; Parts VI-VII : On the Unity of Intellect, on the Platonic Doctrine of the Ideas, ed. C. Steel, Leuven, 1996 (Ancient and Medieval Philosophy, 8) ; Parts XX-XXIII : On the Heavens, the Divine Movers, and the First Intellect, ed. C. Steel and G. Guldentops, Leuven, 1996 (Ancient and Medieval Philosophy, 23) ; Parts XIII-XVI : On Thinking and Happiness, ed. G. Guldentops, Leuven, 2002 (Ancient and Medieval Philosophy, 21). 3 Partial Edition in : Nicolaus de Argentina, Summa. Bd. II, 3 ; Tractatus 8-14, ed. T. Suarez-Nani, Hamburg, 1990 (Corpus Philosophorum Teutonicorum Medii Aevi, 5). On Nicolas of Strasbourg, see E. Hillebrand – K. Ruh, « Nikolaus von Straßburg », in Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, VI, 1987, col. 1153-1162. On Nicolas’ Summa, see R. Imbach and U. Lindblad, « Compilatio rudi ac puerilis. Hinweise und Materialien zu Nikolaus von Straßburg O.P. », in Freiburger Zeitschrift f¨ ur Philosophie und Theologie, 32 (1985), p. 155-233. 4 On Henry of Langenstein, see T. Hohmann-G. Kreuzer, « Heinrich von Langenstein », in Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, 3, 1981, col. 763-773, with further bibliography. 5 On Henry of Herford, see E. Hillebrand, « Heinrich von Herford », in Die

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Iolanda Ventura of the Catena aurea entium, however, let us start by briefly describing the personality of the author and the contents and structure of the work. Born around 1300, Henry of Herford spent most of his life in the Dominican convent of Minden, in Westphalia. Only a few short travels, for example to Lemgo (1326) and to Soest (1328), suggest activity outside Minden. An exception is his stay in Milan in 1340, where he took part in the General Chapter of the Order. On this occasion, he might have come in touch with some cultural milieus outside the Dominican Order, although it is very difficult to trace clues of such influences in his work. In the Prologue of the Catena aurea entium, which is his last work (and was probably left unfinished), Henry gives a list of his own works : he claims to have written a Liber de rebus memorabilioribus 6 , a universal chronicle considered as Henry’s most famous writing, a treatise De conceptione virginis gloriose qualiter concepta fuit in peccato originali (with this text, he takes a stand in the contemporary debate about the birth and the sanctification of the Holy Virgin after her conception), and a De diis gentium ; moreover, he wrote some small texts concerning grammar, prosody, and rhetoric, probably for the needs of the schools of the Dominican Order. deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, 3, 1981, col. 745-7749 ; R. Sprandel, « Studien zu Heinrich von Herford », in Person und Gemeinschaft im Mittelalter. Karl Schmid zum f¨ unfundsechzigsten Geburtstag, ed. G. Althoff, D. Geuenich, O. G. Oexle, and J. Wollasch, Sigmaringen, 1988, p. 536-571 ; K. P. Schumann, Heinrich von Herford. Enzyklop¨ adische Gelehrsamkeit und universalhistorische Konzeption im Dienste dominikanischer Studien-bed¨ urfnisse, M¨ unster, 1996 (Quellen und Forschungen zur Kirchen- und Religionsgeschichte, 4) ; J. van Banning, « Der Beitrag des Heinrich von Herford OP († 1370) zu einem besseren Verst¨ andnis der V¨ aterexegese des Hugo von Saint-Cher », in V¨ ater der Kirche. Ekklesiales Denken von den Anf¨ angen bis in die Neuzeit. Festgabe f¨ ur Hermann Josef Sieben SJ zum 70. Geburtstag, ed. J. Arnold, R. Berndt SJ, R. M. W. Stammberger, and C. Feld, Paderborn, M¨ unchen, Wien, Z¨ urich, 2004, p. 803-822 ; I. Ventura, « Formen des dominikanischen Enzyklop¨ adismus im 14. Jahrhundert : Heinrich von Herford, Konrad von Halberstadt, Jakob von Soest », in Sborn´ık prac´ı Filozofick´ e fakulty brˇ ensk´ e univerzity, Graeco-Latina Brunensia (ˇ r ada klasick´ a), Brno, Masarykova univerzita, 12 (2007), p. 131-151. The Catena aurea entium is still unpublished ; only the index (tabula) has been critically edited by L. Sturlese (books I-VII), and A. Palazzo (books VIII-X) in Enrico di Herford, Catena aurea entium. Tabula quaestionum I-VII, a cura di L. Sturlese, Pisa, 1987 (Centro di Cultura Medievale, 2 ; here quoted as Catena aurea entium, ed. Sturlese), and Enrico di Herford, Catena aurea entium. Tabula quaestionum VIII-X, a cura di A. Palazzo. Presentazione di L. Sturlese, Pisa, 2004 (Centro di Cultura Medievale, 12 ; here quoted as Catena aurea entium, ed. Palazzo). 6 Edition : Liber de rebus memorabilioribus sive Chronicon Henrici de Hervordia, edidit et de scriptoris vita et Chronici fatis auctoritateque dissertationem praemisit Augustus Potthast, Gottingae, 1859.

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On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

He died in 1370 in Minden. His life runs parallel to one of the crucial (and most complex) phases of the development of Dominican culture in Germany. At the same time, his work reflects the trends of contemporary philosophical and scientific culture. It is the Catena aurea entium that particularly reflects the trends and the debates of fourteenth-century culture. Thanks to the recent editions of the tabula of the Catena aurea entium provided by L. Sturlese and, more recently, by A. Palazzo, we are now better informed about the structure, the sources, the purpose of the work ; much more, however, is still to be done. Let us first sketch the structure of the encyclopaedia. The Catena aurea entium consists of ten books, dealing respectively with God, the angels, the demons, and (surprisingly) with the pagan gods (book I), with the notions related to the being (ens), such as beginning, infinity, nature, causes, movements, etc. (book II), with the incorruptible part of the sky, the firmament (book III), with the elements (book IV), with the corruptible part of the sky and meteorology (book V), with stones (book VI), with plants (book VII), with animals (book VIII), with the human soul, its habits, properties, and passions (book IX) ; this part also contains some sections devoted to law and precept. The last book (the X) concerns the human being, and follows human life from the creation and the earthly Paradise through the fall, the life on Earth (here, Henry also deals with medicine), up to the final resurrection of the bodies. By ending his work with the eternal life, Henry of Herford closes the ideal circle of Nature and of his book. The whole hierarchy of beings comes back to God, from whom it derived. One may observe that the order of the books reflects the structure of other medieval encyclopaedias, like Thomas of Cantimpr´e’s De natura rerum, where both the order of Creation and the hierarchy of beings determine the structure of the work ; the situation, however, is quite different. Henry, in fact, derives from the encyclopaedic literature the principle of the hierarchy of beings, but reworks it by combining it with the neo-platonic idea that the different elements of nature participate in the same ens, which can be divine or natural, incorruptible or corruptible, simple or mixed. In this way, he not only combines an encyclopaedic system with a philosophical theory, but, by referring all elements of nature to the same origin, he establishes a link between them, and creates (as it were) a ‘fil rouge’ through the collection. This connection is exemplified by the originally Neoplatonic metaphor of the chain, which also explains the title of the work. An internal 203

Iolanda Ventura division in sections (called ‘ansae’) characterizes each book, and separates the different matters which can be regrouped within the same categories of the ens ; each ansa is not divided into chapters, but consists of a certain number of questions. All in all, the whole Catena contains around 5000 questions. The ultimate reason for the internal division into ansae, I argue, is not the need to make the book easy to consult (this function is fulfilled by the tabula, the index included in some manuscripts), but to emphasize the existence of a net of different forms within every level of ens, forms that share the same nature, but take different appearance. The divine ens, for instance, is not represented only by the Christian God, but also by angels, demons, and pagan gods. A complete description of the content of the Catena aurea entium cannot be the goal of a single paper : actually, by turning the pages of the work, the reader is confronted with a complex universe of data, sources, and opinions. Each section, each question would need special researches, or, at least, would need to be compared with sections of other encyclopaedias dealing with the same topics. This task cannot be fulfilled here, of course. Therefore, the following sections deal with three selected features of the Catena aurea entium, viz. the sources used by the compiler, the content, the structure of the work and the strategies of composition he displays, and the place the work may have within the encyclopaedic culture of the fourteenth century. In addressing these questions, this paper is not meant to offer definitive results, but rather to start a new evaluation of the work.

2.

The sources

As far as the question of the sources used by Henry of Herford is concerned, we can affirm that the work done by L. Sturlese and by A. Palazzo represents an excellent starting point for further researches. Both scholars listed, in their edition of the Tabula accompanying the Catena aurea entium, the sources mentioned in the single questions in a special apparatus. The work achieved by Sturlese and Palazzo, however, should not prevent us from searching for further reference texts, e.g. for the ones which are not openly quoted. Although it is not possible to offer a complete list of the sources in this paper, we notice that the bulk of the collection is represented by excerpts taken from the works of Thomas Aquinas and Albert the Great. Around the writings of the two Dominican philosophers, the compiler builds up 204

On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

a net of sources, a small library of texts whose role can be defined as marginal, but deserves mention. In order to better explain the complex structure and network of auctoritates gathered by Henry of Herford in his Catena aurea entium, I shall offer here a brief overview of the contents and the sources of the single sections of the work. The first book is devoted to God and to all forms of divine ens : here, the two ansae are dominated by the theological works of Thomas Aquinas, whose Commentum in Sententias Petri Lombardi and Summa theologiae are often quoted. On the other hand, questions 36 to 120 of the first ansa, which deal with the pagan gods, are not related to theological texts, but rely upon a network of sources from Ovid to Servius, from Augustine to Hugutio Pisanus. However, we may suppose that for his account on pagan gods Henry is re-using his work De diis gentium without openly quoting it7 , referring only to the ultimate sources he drew from to write his previous work. The second book is characterized by the presence of Thomas and of two other members of the Thomistic school, namely Peter of Alvernia and Nicolas of Strasbourg. Peter, who commented on many Aristotelian and Pseudo-Aristotelian works, is quoted by Henry only in books II and III ; the Dominican compiler only uses the commentary to Aristotle’s Metaphysica 8 . The quotations taken from the Summa philosophiae of Nicolas of Strasbourg are of particular importance, since they allowed M. Grabmann to identify the latter work that he had discovered before in the manuscript Vaticano, BAV, Vat. Lat. 30919. Henry derives from Nicolas a consistent part of his own overview of the theory of the four causes ; only the section concerning the causa finalis (Catena aurea entium II,2, 7 The work is openly mentioned in Catena aurea entium I,1, q. 48 (ed. Sturlese, p. 8), I,2, q. 36 (ibid., p. 16), IV,4, q. 94 (ibid., p. 72), and IX, 4, q. 38 (ed. Palazzo, p. 139). 8 On Peter of Alvernia, see Peter of Auvergne, Questions on De caelo. A Critical Edition with an Interpretative essay by G. Galle, Leuven, 2003, and G. Galle, « A comprehensive Bibliography on Peter of Auvergne », in Bulletin de Philosophie m´ edi´ evale, 42 (2000), p. 53-79. See also P. De Leemans, « Peter of Auvergne on Aristotle’s De motu animalium and the MS Oxford, Merton College 275 », in Archives d’Histoire Doctrinale et Litt´ eraire du Moyen Age, 71 (2004), p. 129-202. 9 M. Grabmann, Neu aufgefundene lateinische Werke deutscher Mystiker, M¨ unchen, 1922 (Sitzungsberichte der Bayerischen Akademie der Wissenschaften ; Philosophisch-philologische und historische Klasse, Jg. 1921, 3. Abhandlung), repr. in Id., Gesammelte Akademieabhandlungen, hg. vom Grabmann-Institut der Universit¨ at M¨ unchen, Paderborn, M¨ unchen, Wien, Z¨ urich, 1979 (Ver¨ offentlichungen des Grabmann-Institutes, N. F. 25), vol. I, p. 1-68.

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Iolanda Ventura q. 109-117) does not show, as we may expect, any quotation of Nicolas’ Summa, since this work was left unfinished in the middle of the third book, viz. the section devoted to the causa formalis. The writings of Thomas Aquinas (particularly, the early De motu cordis) and Nicolas of Strasbourg also represent the basis of Henry’s description of the different kinds of movement (Catena aurea entium II,3), while the surveys of the idea of place and time (respectively ansae 4 and 5 of the second book of the Catena) are carried out with the help of Albert the Great’s De natura locorum, Physicorum libri octo, and De coaequaevis. Finally, the effects of the different seasons (tempora anni) are described according to Hippocrates’ Aphorismi and the commentary Galen wrote on them10 . The object of book III, the sky with its three superior fixed circles and its inferior mobile ones, allows the compiler to display a wide astronomical culture, including some of the main reference texts and handbooks concerning this branch of knowledge, among them Abu-Mashr Liber introductorius or Ptolemy’s Centiloquium accompanied by the commentary commonly attributed in the Middle Ages to a certain Haly, viz. Ali ibn Ridwan, but probably written by Abu Ja’far Ahmad ibn Yusuf. A considerable role is played, however, by John of Sacrobosco’s Sphera, a widely circulated astronomical handbook, commented on, and used not only by scientists and philosophers, but also by encyclopaedic authors like Conrad of Megenberg ; the text represents the source, among others, of questions 11-22 of the second ansa, and of questions 72 to 83 of the third ansa of the third book. Henry’s description of the theory of elements, their mixtures, and their impressions takes up the whole book IV, and is not based on a single source, but rather on a variety of texts, in the middle of which we find Albert the Great’s commentaries on the Aristotelian works Meteora, De causis proprietatum elementorum, and De generatione et corruptione, some medical works, e.g. Avicenna’s De cordialibus and Averroes’ Colliget, and, particularly in ansae 3 and 4 concerning air and water, the Pseudo-Aristotelian Problemata. The composite character of the book derives from the idea that the theory of elements constitutes the basis of the study of the earthly macrocosm as well as of the investigation and the preservation of the human microcosm, and consequently of both a philosophical and a medical discourse. Not all encyclopaedic authors were aware of the importance of the theory of elements for the description 10 Catena

aurea entium II,5, q. 8-38 (ed. Sturlese, p. 37-39).

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On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

of both the world of nature and the human body. Among the compilers writing during the thirteenth century, for instance, only Bartholomew the Englishman in the De proprietatibus rerum chose to introduce his description of the world of nature with a book (the fourth) devoted to ‘qualities’, elements and humours11 . Another important feature of the fourth book is the relationship between the account of the elements and their characteristics and the description of the forms they assume on earth : this ‘combination of theory and reality’ allows the compiler to insert in this book some questions concerning geography. In the fourth ansa, for example, we find some questions concerning not only water as such, but also the properties of seas and rivers ; the same happens in the fifth ansa, where the author focuses on the earth and, consequently, on its regions12. In doing so, Henry deals with the rich geographical literature of the Middle Ages, and especially with the complex of data handed over by encyclopaedias like Isidore of Sevilla’s Etymologiae and by some historical works like Orosius’ Historiae or by some medieval chronicles. The account on meteorology included by Henry in the fifth book of the Catena aurea entium ultimately consists of a collection of excerpts taken from Albert the Great’s Meteora 13 , the only exception being questions 102-140 of the first ansa, where some questions related to the winds and their effect on nature and human life are solved with the help of the Pseudo-Aristotelian Problemata 14 . A further source, viz. a commentary written by a certain Matthaeus devoted to Ibn al-Jazzar’s Viaticum (a work translated by Constantine the African) is mentioned only once15 , but it is of particular importance, because it shows that Henry knew (although probably through other sources) one of the few commentaries 11 On the fourth book of Bartholomew the Englishman’s De proprietatibus rerum, see now the critical edition provided by R. James Long in Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum. Edition latine sous la direction de C. Meier, H. Meyer, B. van den Abeele and I. Ventura, Turnhout, 2007 (De diversis artibus, 77, N. S. 41), vol. I, p. 189-242. 12 In the thirteenth century, Bartholomew the Englishman structures his De proprietatibus rerum according to the elements using a similar strategy : his account on the Earth, for instance, is split between book XIV, where he describes the properties of the regions the Earth is divided into, and book XV, an alphabetical description of European and Asian countries. 13 On medieval meteorology, see J. Ducos, La m´ et´ eorologie fran¸caise au Moyen Age ˆ (XIIIe -XVe si` ecles), Paris, 1998 (Sciences, techniques et civilisations du Moyen Age a ` l’aube des lumi` eres, 2). 14 Catena aurea entium, ed. Sturlese, p. 94-97. 15 Ibid., V,4, q. 65 (ed. Sturlese, p. 109). The same source was also used by Henry for the questions 66 and 67, but without further mention of the author’s name.

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Iolanda Ventura on this work produced during the Middle Ages16 . The sixth, the seventh, and the eight book, dealing respectively with precious stones, plants, and animals, can be examined together, since they share the same characteristic, namely the extensive use of Albert the Great’s treatises De mineralibus, De vegetabilibus et plantis, and De animalibus. Besides Albert’s writings, Henry uses a number of texts belonging to the established sources of medieval encyclopaedias, such as Isidore of Sevilla’s Etymologiae, Pliny’s Naturalis historia, Solin’s Collectanea rerum memorabilium, Avicenna’s De animalibus, Dioscorides’De materia medica, Avicenna’s Liber canonis, Isaac Israeli’s De diaetis, and the Salernitan works Circa instans and Antidotarium Nicolai, or relies upon an encyclopaedic text like Thomas of Cantimpre’s Liber de natura rerum. Henry’s library, however, not only contains widely circulated works or texts belonging to a well-established encyclopaedic background, but also texts like Averro¨es’Colliget, a medical handbook unknown to the encyclopaedic literature of the thirteenth century, but used by some fourteenth-century compilers, especially by German Dominicans like Conrad of Halberstadt the Younger in his Liber similitudinum naturalium, a preachers’encyclopaedia written between 1342 and 134417 . The last two books are dedicated to the human being, considered in the ninth book according to the principium sue formationis, per quod in esse constituitur 18 , that is, as soul, and, in the tenth, secundum se ipsum, viz. as a body experiencing generation, life, corruption, death, and resurrection. Henry’s account on the soul does not depend on a single source, but relies upon several reference texts, among which we find both Thomas Aquinas’Summa theologiae and Summa contra gentiles and Albert the Great’s De anima, that is, the works in which the two philosophers had presented their idea of the human soul19 . The fact that Henry re16 On the commentary tradition on Constantine the African’s Viaticum, cf. M. F. Wack, Lovesickness in The Middle Ages. The Viaticum and Its Commentaries, Philadelphia, 1990. 17 On this work, see I. Ventura, « Der ‘Liber Similitudinum Naturalium’ Konrads von Halberstadt und seine Quellen : ein Fallbeispiel aus der naturwissenschaftlichen Text¨ uberlieferung im Sp¨ atmittelalter », in Fr¨ uhmittelalterliche Studien, 35 (2001), pp. 349-406 and Ead., « Quaestiones and Encyclopedias. Some aspects of the Late Medieval Reception of pseudo-Aristotelian Problemata in Encyclopaedic and Scientific Culture », in Schooling and Society. The Ordering and Reordering of Knowledge in the Western Middle Ages, ed. A. A. MacDonald – M.W. Twomey, Leuven, Paris, Dudley, 2004 (Groningen Studies in Cultural Change, 6), pp. 23-42. 18 Catena aurea entium, Nona Pars : Praelocutio (ed. Palazzo, p. 115, ll. 7-8). 19 A further reference text for book IX is represented by Nicolas Trevet, whose Quaes-

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fers to both not only points to a certain ‘abundance of reference texts’, but also reflects the problematic coexistence of the albertinian and the thomistic theory of soul in the fourteenth century. It is not the aim of this paper to analyze in further detail the different roles and functions of the extracts derived from Albert’s and Thomas’ writings, or to discuss the limits of their influence on Henry of Herford. However, I argue that the choice to include in the Catena aurea entium some specific excerpts taken from the writings of both philosophers was not made by chance or in order to take into account as many problems as possible, but with the aim of delivering a complete and at the same time coherent and harmonic theory of the human soul. With the tenth book we now complete our short, and necessarily incomplete, overview of the contents and the sources of the Catena aurea entium. The last section of the encyclopaedia deals with the human being before and after the fall, with its bodily and spiritual life on earth, and with its death and future resurrection. This particular idea of mankind involves philosophy, ethics, theology, and medicine, and consequently shows a complex mixture of sources, among which we find texts like Thomas’Summa theologiae and Commentum super Sententias Petri Lombardi, Albert the Great’s De animalibus 20 , and Aristotle’s Rhetorica, Ethica, and Politica. These texts are especially used in ansae 1-3 of the book, viz. in the sections concerning the features of the human life in the earthly paradise and, after the fall, on Earth. The panorama of medical sources displayed in the fourth ansa offers little that is new in comparison with the sections related to medicine included in book IV, where the theory of elements was explained with the help of medical handbooks, or with books VI-VIII, where precious stones and plants were considered as medical remedies, and animals from the point of view of the anatomists. In the above mentioned books, we have already met Averro¨es’Colliget, Isaac Israeli’s De diaetis, Constantine the African’s Pantegni and Viaticum, and Avicenna’s Liber canonis and De cordialibus. The only new element in this panorama is represented by the relatively extensive use of Roger Frugardi’s Chirurgia and Practica, and by the presence of some references to Arnald of Villanova21 . The presence of these works does tiones quodlibetales and Commentum super Sententias Petri Lombardi are mentioned in Catena aurea entium, IX, 2, q. 11, 13, and 29 (ed Palazzo, p. 128-129). 20 Actually, the quotations of the De animalibus included in Catena aurea entium X, 2, q. 25 ff. (ed. Palazzo, p. 161 ff.) consist of a repetition of the same sections of the work mentioned in book VIII, ansa 11 (ibid., p. 101 ff.). 21 Catena aurea entium X, 4, q. 84 ff. (ed. Palazzo, p. 202 ff.), for Roger Frugardi,

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Iolanda Ventura not necessarily point to the fact that the compiler had acquired a wide medical culture : during the Late Middle Ages, a consistent, but not yet deeply examined, literature of practicae medicinae or medical collections finds its place on the shelves of contemporary libraries. As example of this type of text, we can mention the Summa medicinae recently studied and edited by C. de la Rosa Cubo, a work consisting of a re-elaboration of material derived from several medical sources22 . That non-experts could be acquainted with these texts is clear from the fact that some were used by the above mentioned Conrad of Halberstadt the Younger, who referred, among others, to Averroes’Colliget and Avicenna’s De cordialibus in his Liber similitudinum naturalium. If we now try to put together a list of the sources of the encyclopaedia, we are astonished by the large quantity and the high quality of the sources Henry might have piled up on his desk while composing the Catena aurea entium. If we suppose that he quoted all sources at first hand, we should admit that he had a large and well-stocked library at his disposal. However, we have to take into account the possibility that not all texts he referred to were directly consulted by him. The sections of Isidore of Sevilla’s Etymologiae quoted by him might have been available, for example, through a collection like Vincent of Beauvais’Speculum naturale, a work widely circulated among Dominican libraries. Reading of this collection often took the place of consulting Isidore’s Etymologiae during the thirteenth and the fourteenth century. The same can be repeated for other sources, among them Isaac Israeli’s De diaetis, a text often ‘plundered’ by compilers of encyclopaedic works like Bartholomew the Englishman for his De proprietatibus rerum or Vincent of Beauvais for his Speculum naturale. A comparison of Henry’s and Vincent’s extracts would help us find Henry’s place within the history of Dominican encyclopaedism. As far as the use and the function of the different sources are concerned, when reading the Catena aurea entium, we slowly become familiar with Henry’s way of compiling and structuring his work. Actually, he seems to have written his work by organizing the excerpts derived from his sources ‘in blocks’, and by reserving for each source (or type of source) a particular place and function within a sort of hierarchy : some sources – among them, Thomas’ and Albert’s writings, or, for the astronomy, John and X, 4, q. 60, 70ter, 114 (ed. Palazzo, p. 200, 201, and 204) for Arnald of Villanova. 22 An edition of the work is accessible on www.cervantesvirtual.com.

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of Sacrobosco’s Sphera – play a central role, and are often quoted, while others are seldom mentioned23 . Moreover, if we examine, for instance, the sequence of the questions inspired by sections of Thomas’ or Albert’s writings, we notice that these questions are grouped together, and that Thomas’, and especially Albert’s, works, are employed by Henry to solve general problems related, in the case of Thomas, to God, the angels, the human soul24 , or, for Albert, to nature and features of the animal, vegetable, and mineral kingdoms25 . On the other hand, the quaestiones concerning particular species and dealing with specific elements of the natural and supernatural world are examined with the help of both the Dominican philosophers and other scientific or philosophical sources that can be considered complementary. Finally, the fact that Henry organized his sources in a more or less systematic way (as I said before, in ‘blocks’) can also be noticed in the case of the Pseudo-Aristotelian Problemata, a source to which I will return later. The questions connected with some extracts derived from this PseudoAristotelian text are usually concentrated in the same sections, and, consequently, in the same pages of the manuscript26 . This particular strategy of organizing and grouping the sources, if confirmed by a systematic analysis of the whole encyclopaedia, will reveal something more about the way in which Henry composed his work, and encourage some further studies on the techniques employed by Dominican encyclopaedic authors while redacting their collections. Thanks to recent studies, we are now more informed, for example, about the way in which Vincent of Beauvais cut out from the sources and assembled the excerpts he later used for his Speculum 27 . It would be interesting to devote some special studies to 23 Cf., among others, Catena aurea entium, III,2, q. 11-22 (ed. Sturlese, p. 46-47), or III,3, q. 69-83 (ibid., p. 54-55). Further researches will ascertain whether John’s Sphera was the source through which Henry of Herford got acquainted with works like Ptolomaeus’Centilogium or Al-Ferghani’s Differentiae. 24 Cf., among others, Catena aurea entium, I,1, q. 1-35 (ed. Sturlese, p. 5-8), I,2, q. 3-8 and 12-21 (ibid., p. 14-15), and IX (ed. Palazzo, p. 119 sq., passim). 25 Cf. Catena aurea entium, book VI (ed. Sturlese, p. 121-140, passim), VII (ibid., p. 141-195, passim), and VIII (ed. Palazzo, p. 3-113, passim). 26 Ibid., IV,3, q. 13-17, 27-39, 44, and IV,4, q. 3, 11-30, 45-49, 71-79, 89, 92-93, 97-98 (ed. Sturlese, p. 64-72). 27 On Vincent of Beauvais’technique of organizing excerpts into the encyclopaedia, see B. Roy, « La trente-sixi` eme main : Vincent de Beauvais et Thomas de Cantimpr´ e », in Vincent de Beauvais. Intentions et r´ eceptions d’une oeuvre encyclop´ edique au ˆ Moyen-Age, ed. S. Lusignan, M. Paulmier-Foucart and A. Nadeau, Saint-Laurent, ´ Paris, 1990 (Cahiers d’Etudes M´ edi´ evales. Cahier sp´ ecial, 4), p. 241-251, and M.

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Iolanda Ventura Henry’s strategy of compiling his collection, too. The presence in the Catena aurea entium of both Thomas and Albert deserves some further considerations. For instance, while turning the pages of the Catena, we easily notice that the quotations of Thomas’ writings are concentrated in the ‘theological’ and ‘philosophical’ books (I and II), and in Henry’s account on the human soul (book IX). In the other parts of the collection, Thomas is rarely mentioned ; however, even in the sections mentioned above, the theologian has to share the role of main source with Albert the Great. Albert, on the other hand, represents the main authority for Henry’s meteorology, mineralogy, botany, and zoology, where most of the questions are based on excerpts drawn from the correspondent works of the philosopher. The coexistence and the balance between the two authors within the Catena are not simply the result of a personal choice of the compiler ; it reflects the debate running among the German Dominicans during the fourteenth century28 . At that time (but especially in the first half of the century) a deep conflict explodes among the members of the order : while Thomas Aquinas’ theology and philosophy are affirming themselves in the philosophical library of the Dominican Order, some philosophers still support Albert the Great’s position, and try to stress his importance not only as a scientist and as a philosopher, but also as a theologian. This ‘conflict’ will permeate a good part of the production of scientific and philosophical texts written by German Dominican authors, and represents a particularly important moment in the history of the reception of Albert the Great’s works and theories within late medieval philosophy and within the development of so-called ‘Albertism’29 . Among the German Dominican authors of the fourteenth century, the clash between Albert’s and Thomas’ theories and Paulmier-Foucart (avec la collaboration de M.-C. Duchenne), Vincent de Beauvais et le grand Miroir du monde, Turnhout, 2004 (T´ emoins de Notre Histoire, 10), p. 33-37. 28 On the history of medieval philosophy in Germany, see L. Sturlese, Storia della filosofia tedesca nel Medioevo. Dagli inizi alla fine del XII secolo, Firenze, 1990 (Accademia Toscana di Scienze e Lettere « La Colombaria », Studi, 105 ; see also the updated German translation : Die deutsche Philosophie im Mittelalter. Von Bonifatius bis zu Albert dem Großen (748-1280), M¨ unchen, 1993) ; for the thirteenth century, see Id., Storia della filosofia tedesca nel Medioevo. Il secolo XIII, Firenze, 1996 (Accademia Toscana di Scienze e Lettere « La Colombaria », Studi, 149). 29 Cf. Albertus Magnus & der Albertismus. Deutsche philosophische Kultur des Mittelalters, ed. M. J. F. M. Hoenen and A. de Libera, Leiden, New York, K¨ oln, 1995 (Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters, 48).

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the attempt to delimit their milieus of influence would lead to different solutions. While some authors still depend on Albert’s theology or stress the fact that his philosophical system is characterized by some neo-platonic traits, and therefore can be used as a link between philosophy and theology, some others try to distinguish between the possible uses of Albert’s and Thomas’ works, observing that the former can be considered as authority for scientific discourse, while the latter represents the ultimate source for theological matters30 . Some decades after the outbreak of the conflict between Albert’s and Thomas’ supporters, Henry of Herford kept a very clear position by basing his account of theology and philosophy on Thomas, and his treatment of natural science on Albert. As a result of this interpretation of Albert’s philosophy and literary production, in the books devoted to the sky and the Earth Albert turns out to be the main source, and his writings are used by Henry as ‘natural collections’, and not as scientific or philosophical texts. Albert’s works are read as ‘specialized encyclopaedias’ collecting all data related to a specific part of the natural world ; this was, one may say, Albert’s goal in writing his commentaries, since he not only intended to comment on Aristotle, but also to create a sort of grand encyclopaedia of Nature31 . Moreover, the use of Albert’s works sometimes makes the use of other sources unnecessary ; for instance, the presence of pharmacological texts describing the therapeutic value of plants and precious stones is consistently reduced, since this kind of information is already supplied by the work of Albert the Great. An exception to this panorama can be represented by two encyclopaedias, viz. Isidore’s Etymologiae (although we cannot be sure that Isidore was used by Henry at first hand), and Thomas of Cantimpr´e’s De natura rerum, a work the compiler often refers to for his account on zoology32 , although the latter work could have also been known and used in 30 See L. Sturlese, « Proclo ed Ermete in Germania da Alberto Magno a Bertoldo di Moosburg. Per una prospettiva di ricerca sulla cultura filosofica tedesca nel secolo delle sue origini (1250-1350) », in Von Meister Dietrich zu Meister Eckhart, ed. K. Flasch, Hamburg, 1984 (Corpus Philosophorum Theutonicorum Medii Aevi, Beiheft 2), p. 22-33. 31 Cf. M. de Asua, « Minerals, Plants and Animals from A to Z. The Inventory of the Natural World in Albert the Great’s philosophia naturalis », in Albertus Magnus. Zum Gedenken nach 800 Jahren : Neue Zug¨ ange, Aspekte und Perspektiven. Hg. im Auftrag der Dominikanerprovinz Teutonia durch W. Senner OP unter Mitarbeit von H. Anzulewicz, M. Burger, R. Meyer, M. Nauert, P. C. Sicouly OP, J. S¨ oder und K.-B. Springer, Berlin, 2001 (Quellen und Forschungen zur Geschichte des Dominikanerordens, N.F., 10), p. 389-400. 32 See, for example, Catena aurea entium, VIII, 2, q. 48, 49, 66, 73-74, 77, 84, 88,

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Iolanda Ventura some cases through Albert the Great or Vincent of Beauvais. The balance Henry created between Albert’s works and the encyclopaedic sources can be described as follows : the use of Albert’s works is particularly evident in the questions dealing with general problems related to animals, plants, and precious stones ; here, his writings represent the main reference text, while the description of the features of specific beings is carried out by using both Albert and the encyclopaedic sources mentioned above. Incidentally, we can observe that the function performed by Albert’s works in the Catena aurea entium was attributed by the encyclopaedists of the thirteenth century to the natural and biological writings of the Aristotelian corpus : the opening chapters of the accounts on animals and plants consist, in Bartholomew the Englishman’s De proprietatibus rerum, of excerpts taken from Aristotle’s De animalibus and the Pseudo-Aristotelian De vegetabilibus 33 . In Henry’s encyclopaedia, Albert seems to have finally taken the place of Aristotle. The question of Aristotle’s presence in the Catena aurea entium can be taken up by considering the presence of another source that attracted my attention, namely the Pseudo-Aristotelian Problemata 34 . This collection of natural questions, written around the second century B.C. and translated by Bartholomew of Messina around 1260, seems to have experienced (for still unknown reasons) a certain success among Dominican encyclopaedic authors ; Beranger of Landorre uses it for his Lumen anime, Conrad of Halberstadt for his Liber similitudinum naturalium, and the anonymous author of the Responsorium curiosorum for his own collection. The quotations of the Problemata are not scattered throughout Henry’s encyclopaedia, but concentrated in three books, viz. the fourth (on elements), the fifth (on meteorology), and the eighth (on animals) ; consequently, not the whole text, but only some special sections of the Pseudo-Aristotelian collection are represented, namely books XXIII, 94 (ed. Palazzo, p. 14-18). 33 Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum, XVIII, Prohemium, (ed. Francofurti, 1601, repr. Frankfurt a.M., 1964, p. 968-988) and XVII, 1-2 (ed. I. Ventura, in Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum. Edition latine sous la direction de C. Meier, H. Meyer, B. van den Abeele and I. Ventura, Turnhout, 2007 (De diversis artibus, 77, N. S. 41), vol. VI, p. 3 sg.). 34 On the Pseudo-Aristotelian Problemata, see the collective volume Aristotle’s Problemata in Different Times and Tongues, ed. M. Goyens – P. de Leemans, Leuven, 2006 (Mediaevalia Lovaniensia, Series 1, Studia 39). On the use of the Problemata in the late medieval and Early Modern encyclopaedias, see I. Ventura, « Aristoteles fuit causa efficiens huius libri. On the reception of Pseudo-Aristotle’s Problemata in Late Medieval encyclopaedic culture », published in that volume.

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XXV, and X ; the commentary on the text written by Peter of Abano is also quoted35 . As to the function of the Problemata within the Catena, it may be interesting to note that, at least in the book on meteorology, the Problemata are quoted, together with Albert the Great’s Meteora, more than (or instead of) the source we had expected to find there, viz. Aristotle’s Meteorology. Why did Henry decide to quote the Pseudo-Aristotelian Problemata and Albert rather than Aristotle ? I argue that the reasons for this choice are different for the two works, since Albert’s text, which is in fact a commentary devoted to Aristotle, could at the same time take the place of the original text, or mediate the reception and the interpretation of its content. In other words, there is no need to use Aristotle, if the commentary devoted to his text already delivers the information you need. Perhaps, the same also happened for the De animalibus and the Pseudo-Aristotelian De vegetabilibus, since Albert dominates the whole botanical and zoological account. The reason for the preference given to the Problemata may be different : the Problemata are a collection of questions. Therefore, by using excerpts from the Problemata, Henry did not have to transform a specific part of a text into a question, or to create an ‘artificial’ problem to be solved with the use of the specific part of the source he had at his disposal ; he simply had to extract the questions and put them into his own collection36 . The Pseudo-Aristotle, so to speak, delivers the topic of interest along with the desired structure. One may ask why the use of the Pseudo-Aristotle is limited to some specific books, and does not permeate the whole collection : we can only conjecture that the Problemata did not offer useful material for a general discussion of botany, and did not include any treatment of, for instance, mineralogy. Therefore, Henry simply took from them what he could, and had recourse to other sources to fill the remaining sections. Since we have discussed presence and function of some specific sources in Henry’s encyclopaedia, it is now time to turn our attention to the contents and the specific characteristics of the structure of the Catena aurea entium.

35 See, for example, Catena aurea entium, III,3, q. 23 (ed. Sturlese, p. 51), VII, 4, q. 9 (ibid., p. 184), and VIII, 1, q. 2-4, 10, 12-16, and 20-21 (ed. Palazzo, p. 3-5). 36 See below, p. 26.

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3.

Contents

Although the Catena aurea entium is a work organized according to the different elements of nature, reflecting an ordo rerum that was widely diffused among medieval encyclopaedias, it would be interesting to examine now the specific role played by the different branches of knowledge. At a first glance, we notice that Henry of Herford, although using an encyclopaedic structure permeated by philosophy and theology, nevertheless shows a deep interest for the various parts of the natural world. This results in a wide and detailed description of phenomena involving stars, parts of the sky, precious stones, plants, and animals, and, consequently, in the presence in the Catena of a wide spectrum of branches of knowledge related to the natural world. It is interesting that book VI ends with the third ansa, whose concern is de mediis inter lapides et metalla, non solum naturalibus, sed etiam artificialibus, a section that includes some notions of alchemy (the nature of the cerussa, the use of some metals) ultimately derived from Albert the Great37 . Although the questions concerning alchemical topics are few and their contents superficial, the fact that Henry of Herford deals with alchemy deserves notice ; the scientific culture of the German Dominicans in the fourteenth century was opposed to the inclusion of alchemy within the branches of knowledge with which a friar should get acquainted38 . In the third book, Henry also shows a certain interest for branches like astronomy and astrology. Finally, the second ansa of the first book, which is devoted to angels and demons, closes with some questions concerning the role played by demons in magic rituals (book I, ansa 2, q. 56-57). But the presence of questions related to different areas of scientific medieval culture does not mean that Henry wants to offer a complete description of the various branches of knowledge, or to imitate the encyclopaedic scheme represented by Vincent of Beauvais’Speculum doctrinale. The presence of different branches of knowledge should only be seen as a consequence of Henry’s effort to offer a complete description of the natural world, and, 37 Catena

aurea entium, VI, 3 (ed. Sturlese, p. 136-140). late medieval attitude towards alchemy, see R. W. Newman, « Technology and Alchemical Debate in the Late Middle Ages », in Isis, 80 (1989), p. 423-445 ; B. D. Haage, Alchemie im Mittelalter. Ideen und Bilder – von Zosimos bis Paracelsus, D¨ usseldorf, Z¨ urich, 2000, p. 161-165 and C. Crisciani, « Aspetti della trasmissione del sapere nell’alchimia latina : un’immagine di formazione, uno stile di commento », in Micrologus III : Le crisi dell’alchimia / The Crises of Alchemy, (1995), p. 149-184, spec. p. 154-155. 38 On

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consequently, to involve all domains related to them. A closer approach to the problem of the organisation of knowledge appears only in book IX, ansa 4, where Henry, while discussing de habitibus intellectivis, takes up some questions related to the nature and the function of the artes liberales and the artes mechanicae 39 , and in book X, ansa 3, qq. 85140, where, moving from the system of science put together by Hugo of Saint Victor in his Didascalicon, the compiler describes both features and curious aspects of the artes mechanicae 40 . An interesting characteristic of the Catena aurea entium is the discussion of medicine and anatomy, and the strategies of organization Henry chooses for his account of on the human body, its properties, the illnesses it is susceptible to, and their remedies. Within medieval encyclopaedic literature, the treatment of medicine was organized either according to the parts of the human body a capite ad calcem, or according to the different domains (anatomy, surgery, pharmacology, etc.) constituting it. The two systems coexisted in Vincent of Beauvais’Speculum, the former representing the path followed by Vincent in the Speculum naturale, the latter the structure of the Speculum doctrinale 41 . Despite the presence of two solid and acknowledged strategies of organization of the medical matter in encyclopaedic literature, Henry does not base his account of medicine on these, but includes them in a more complex system involving both a theological and a scientific view of this branch of knowledge. First of all, Henry closely connects his discussion of matters related to medicine with a more general description of human life before and after the Fall. As Henry states in the Prologue to book X, the human being should be considered according to four different points of view, that is de eius fieri, then de eius esse, operari et conversari, thirdly de eius conservari, and, finally, de eius corrumpi, reformari vel reparari et glorificari 42 . The evolution (fieri) of mankind can be split into two phases, the former concerning its status before the Fall (de statu innocentiae), the latter the one after it (de statu naturae vitiatae), whereas earthly life is related 39 Catena

aurea entium, IX, 4 (ed. Palazzo, p. 136-139). ed. Palazzo, p. 185-189. 41 On the role of medicine in Vincent’s Speculum, see S. Schuler, « Medicina secunda philosophia. Die Einordnung der Medizin als Hauptdisziplin und die Zusammenstellung ihrer Quellen im ‘Speculum maius’ des Vinzenz von Beauvais », in Fr¨ uhmittelalterliche Studien, 33 (1999), p. 169-251, and Paulmier-Foucart, Vincent de Beauvais..., p. 65-68. 42 Catena aurea entium, Decima Pars, X, Prologus, ed. Palazzo, p. 155-157. 40 Ibid.,

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Iolanda Ventura to the other three aspects, viz. the preservation of the integrity of body and the soul, the destruction of the transient part (the body), and the resurrection leading the soul to eternal glory. Medicine, as well as ethics and all other sciences and artes developed by mankind, provides the necessary background that helps humans preserve body and soul. With the insertion of the theoretical and practical branches of knowledge into his overview of human life on Earth, Henry seems to recall (without openly mentioning it) Augustine’s theory, according to which sciences (especially medicine) were conceived after the Fall. This theory, exemplified by a famous passage of De civitate Dei 43 , was read not only by theologians, but also by encyclopaedists. It opens, for instance, the Speculum doctrinale 44 , and represents the basis upon which Vincent of Beauvais builds up his system for organization of knowledge. If we leave aside the basic framework of book X, and turn our attention to the content of ansae 2, 3 and 4, which are concerned with medicine and anatomy, the three sections appeared to be structured according to the chronology and the different aspects of human life45 . In this context, the anatomical discourse firstly becomes part of the second ansa that describes human life after the Fall by starting with problems related to generation, to sexual intercourse, to the nature of the embryo46 , and to birth –all of which ultimately reproduces the anatomical data of book VIII, ansa 5. The third ansa of book X deals with human life after birth. That section consists of two parts, the first of which includes questions dealing with anatomy and physiognomy that show Henry’s interest for such branches of knowledge and their scientific and spiritual implications, whereas the second focuses on ethics and artes mechanicae. After having dealt with the beginning and the development of the human body and life, Henry of Herford finally turns his attention in the fourth ansa to the art of preserving health and curing diseases, the two parts into which medieval medicine was usually divided : medicina conservativa and curativa. The structure Henry chooses for the fourth ansa is, surprisingly, not determined by the parts of the human body (the famous and widely 43 Augustinus, De civitate Dei, XXII, 22 (ed. B. Dombart and A. Kalb, Turnhout 1995 [CCSL, 47-48]). 44 Vincentius Belvacensis, Speculum doctrinale, I, 3-5, ed. Douai, 1624, col. 5-7. 45 See Catena aurea entium, ed. Palazzo, p. 159-176 for ansa 2, p. 176-194 for ansa 3, and p. 194-212 for ansa 4. 46 On medieval embriology, see R. Martorelli Vico, Medicina e filosofia. Per una storia dell’embriologia medievale del XIII e XIV secolo, Milano, 2002 (Hippocratica civitas, 4).

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used system a capite ad calcem) or by the subdivisions of medical art (dietetics, pharmacology, surgery), but is based on the classical scheme dating back to Galen and already summarized by Johannitius in his Isagoge, classifying the objects of medicine as res naturales (viz. the parts of the human body), res non naturales (such as food, sleep, exercise), and res contra naturam (viz. the diseases). Since human anatomy (that is, the res naturales) had already been the object of the second ansa of the book, Henry of Herford now concentrates on the res non naturales and contra naturam, so that the fourth ansa appears to be the result of the mix of two different aspects of medicine. To my knowledge, Henry’s account on medicine is exceptional within the panorama of medieval encyclopaedias because of its structure and because of the framework into which it is embedded, namely the life of humans before and after their appearance on Earth. This framework witnesses the coexistence of different ways to consider human beings and, consequently, of different branches of knowledge dealing with humans : theology, philosophy, science, and technology. Finally, Henry’s idea of medicine also shows the reception and use of different cultural traditions of medical learning. If we now turn our attention to book I, we might be surprised to find some questions concerning the pagan gods. The choice of including this matter is, as far as I know, unusual : only Isidore of Sevilla devotes some chapters of his Etymologiae to pagan religion. However, this ‘unorthodox’ excursus in Henry’s Catena should not surprise very much, if we consider that some contemporary authors, among them Berthold of Moosburg and Meister Eckhart, were also attracted to the pagan mysteries, and that Henry also wrote a De diis gentium, a text he probably reused for this section. Henry’s interest in the pagan gods has been rightly connected to the fact that his idea of divinity includes all its possible forms, and that this interpretation of the divine depends both on contemporary theological sources (especially on Thomas Aquinas) and pre-Christian traditions, particularly hermetic texts. In this context, it is of particular importance that the section of the Catena aurea entium devoted to the pagan gods is preceded by a group of questions concerning the possible definitions of God whose source is the hermetic Liber viginti quatuor philosophorum. The use of the Liber closely connects Henry of Herford to the theology of Albert the Great, a philosopher who deeply influenced the reception and the use of hermetic sources among the German Dominicans, as proved by a work written roughly the same time as the Catena, namely 219

Iolanda Ventura Ulrich of Strasbourg’s De summo bono 47 . However, Henry’s interest in the pagan gods cannot be considered only from this point of view. His attraction for the ‘sapienza degli antichi’ – to use L. Sturlese’s words – is probably not limited to the hermetic tradition. Actually, his attention to elements of the pagan religion is not so astonishing among the ‘classicizing friars’ (to use Beryl Smalley’s words), who could deal with pagan gods without many prejudices. More generally, fourteenth-century literature is permeated by a strong interest in the classical world, its myths, its literature and history. The interest in pagan myths is evident in encyclopaedic literature, too : whereas Vincent of Beauvais had limited his account on ancient religion included in the seventeenth section of his Speculum doctrinale to a short summary of book VIII (chapter 11) of Isidore of Sevilla’s Etymologiae, Pierre Bersuire in the second half of the fourteenth century used Ovid’s Metamorphoses as the main source for his Ovidius moralizatus 48 . Although we cannot prove that Pierre Bersuire and Henry of Herford shared the same approach to the pagan world and the same aims when inserting in their encyclopaedias a ‘digression’ concerning pagan myths, we can consider both authors as witnesses to the increased interest in the ancient gods and the background of legends handed over by classical literature. Finally, we should consider that a literature of Mythographi runs through the Middle Ages, and that these texts were copied and read, especially because the symbols related to the pagan gods were employed in different branches of knowledge, such as astronomy, astrology, medicine, and ethics49 . Another German Dominican 47 On Albert’s use of the hermetic texts, see L. Sturlese, « Saints et magiciens : Albert le Grand en face d’Herm` es Trism´ egiste », in Archives de Philosophie, 43 (1980), p. 615-634. On the presence of hermetic sources in Ulrich of Strasbourg’s Summa, see A. Palazzo, « Le fonti ermetiche nel De summo bono di Ulrico di Strasburgo », in Hermetism from the Late Antiquity to Humanism / La tradizione ermetica dal mondo tardo-antico all’Umanesimo (Atti del Convegno internazionale di studi, Napoli, 20-24 Novembre 2001), ed. P. Lucentini, I. Parri, V. Perrone Compagni, Turnhout, 2003 (Instrumenta patristica et mediaevalia, 40), p. 189-202. 48 Another encyclopaedic author who reflected the interest for the pagan world permeating the fourteenth century was Pauline of Venice in his Compendium. On this author, see now I. Heullant-Donat, « L’encyclop´ edisme sous le pontificat de Jean XXII, entre savoir et propagande », in La vie culturelle, intellectuelle et scientifique ` a la cour des Papes d’Avignon, ed. J. Hamesse, Turnhout, 2006 (F´ ed´ eration Interna´ ´ tionale des Instituts d’Etudes M´ edi´ evales. Textes et Etudes du Moyen Age, 28), pp. 255-276. 49 Henry of Herford probably used the Mythographus Vaticanus tertius, a work he might have referred to by quoting its author, Alberic [of London]. On this text, see C. S. F. Burnett, « The Origins of the Third Vatican Mythographer », in Journal of

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encyclopaedic author of the fourteenth century, Conrad of Halberstadt the Younger, included, for instance, in his preachers’encyclopaedia, the Liber similitudinum naturalium, and in his florilegium of classical quotations, the Tripartitus moralium, some excerpts related to the tradition of the Vatican Mythographi 50 . Another topic in book I aroused my curiosity, although it occupies only a small number of questions, namely the so-called incubus. In book I, demons play an important role ; they seem to have been more interesting than angels ! Actually, only seven questions of the second ansa of the book are devoted to the good intelligentiae, but 15 to the bad ones. Questions 22 to 26 of this section deal with the incubus, viz. with the supposed existence of demons having sexual intercourse with women, producing children who are only half humans51 . The problem was the object of a long debate throughout the Middle Ages, and involved philosophers, theologians, and physicians. Henry also deals with this problem, and solves it by reproducing the explanation given by Thomas Aquinas, who assumed that the demons were able to have sexual intercourse and to produce children by ‘stealing’ the sperm from a man and ‘re-using’ it for their own aims. To my opinion, the interesting aspect of Henry’s account is neither the choice of the source used (Thomas’ opinion is, in fact, the most current one in the Late Middle Ages), nor the length or the content of the answers, but the fact that he broached the question at all, and tried to solve it according to the dominant opinion of contemporary theology, while some other encyclopaedists discussed the theme in a more superficial way, and with only a vague idea of the debate surrounding incubuses. To find a more skilled approach to the theme, we should turn to Henry Bate of Malines, who did not choose (as Henry did) the most current opinion, but combined different ones in order to reach his own judgment of the problem52 . Another intriguing aspect of the structure of the Catena aurea entium is the fact that the encyclopaedia is not structured in chapters, but in a the Warburg and Courtauld Institutes, 44 (1981), p. 162-167. 50 On Chonrad’s use of the Vatican Mythographi, see E. Rauner, Konrads von Halberstadt O.P. “tripartitus moralium”. Studien zum Nachleben antiker Literatur im sp¨ ateren Mittelalter, Frankfurt a. M., Bern, New York, Paris, 1989, vol. I, p. 163-167 and vol. II, p. 87*-106* (excerpts from the Tripartitus moralium). 51 Catena aurea entium, I,2, q. 22-26 (ed. Sturlese, p. 15-16). 52 See M. van der Lugt, Le ver, le d´ emon et la vierge. Les th´ eories m´ edi´ evales de ˆ la g´ en´ eration extraordinaire, Paris, 2004 (L’Ane d’or, 9), here p. 302-309.

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Iolanda Ventura question-answer form. This arrangement is not unusual among medieval encyclopaedias : The diffusion of the so-called Salernitanae Quaestiones, the reception of the literary genre of the encyclopaedic dialogues such as William of Conches’Dragmaticon 53 or the anonymous Livre de Sydrac 54 , the huge success of late medieval collections of Problemata related to the world of nature all show that this strategy of organization found a certain interest among both authors and readers55 . In most cases, however, the quaestio presented by these collections has nothing in common with the scholastic one ; on the contrary, the discussed topic, the way of dealing with the natural question, and the explanation given in the answer are often set on a very popular level, since they are extremely simplified, clear, with only generic quotations of the sources, and closely related to the everyday life of the readers. As to their content, the collections of natural questions or of Problemata do not seek to offer a representation of the entire world, but to pinpoint some particular, curious, or marvellous phenomena or elements of nature arousing the curiosity of the readers ; their way of reproducing them is not ‘static’, since it does not rely upon the description of the properties of a single part of nature, but ‘dynamic’, because it describes the phenomenon starting from its origin and explaining its causes. But which is the form of the quaestio employed by Henry ? Admittedly, I cannot answer this question in a definitive way, but I can try to put together some useful elements for further researches. First of all, it should be considered that, despite the fact that Henry was well acquainted with the literature of the philosophical and theological quaestio, it is not possible to find any point in common between Henry’s quaestiones and the complex structure of the scholastic counterparts. However, the matter can be considered from another point of view. If we observe, for instance, the sequence of the questions included in the second book, the topics discussed here are not the ones we would expect to find in an ordi53 Guillelmus

de Conchis, Dragmaticon philosophiae, ed. I. Ronca, Turnhout, 1997 (CCCM, 152). 54 Sydrac le philosophe. Le livre de la fontaine de toutes sciences. Edition des enzyklop¨ adischen Literaturdialogs aus dem XIII. Jahrhundert, ed. E. Ruhe, Wiesbaden, 2000 (Wissensliteratur im Mittelalter, 34). 55 On the encyclopaedias in question-answer form, see I. Ventura, « Per modum quaestionis compilatum... The Collections of Natural Questions and their Development from the Thirteenth to the Sixteenth Century », in All you need to know : Encyclopaedias and the idea of general knowledge (Conference, Prangins, Switzerland, 18-20 Sept. 2003), ed. P. Michel, published as e-book on www.enzyklopaedie.ch.

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nary encyclopaedia, especially not in a popular one ; moreover, they are not collected with the aim of emphasizing curious or marvellous phenomena, or to offer a complete description of the different parts of nature. On the contrary, they recall the subjects discussed in Albert the Great’s or in Thomas Aquinas’ works, which also represent, as we have seen, the main sources of the collection. Considering the structure and the content of the questions included by Henry in the Catena aurea entium, I argue that Henry’s working method changes according to the subjects he deals with and the authorities he is referring to. By dealing, for instance, with Albert’s or Thomas’ works, he generally extracts a small but representative sentence from his source, in which the position taken by the author is expressed in a short and clear way. Then, he uses this excerpt to form the answer. From the same sentence, he creates an ‘artificial’ question which does not exist as such in his source, with the aim of presenting the matter of discussion of the single section in a synthetic form. In this context, we may observe that in these cases the quaestio represents a strategy employed in order to present the topics of discussion the compiler considers as important in a more attractive fashion that can be defined as “transforming an excerpt into a question”. The ‘didactic’, and not ‘dialectic’ nature of the questions included in the Catena aurea entium, and their adaptation to an encyclopaedic work aiming at teaching, not at discussing, can also be demonstrated by considering another characteristic of some sections of the encyclopaedia. By giving a cursory glance to the ansae devoted to the different plants, animals, and precious stones (for instance, book VI, ansa 1, q. 68-156 ; book VII, ansae 2 and 3 ; book VIII, ansa 2, q. 44212), we see that they are arranged according to the alphabetical order of the subject (viz. according to the name of the birds the compiler is dealing with)56 . This arrangement is not, in my opinion, casual, but is conceived as a help for the reader to find the questions related to the animal or to the precious stones he was interested in. The alphabetical arrangement of topics like plants and precious stones in the encyclopaedia was not invented by Henry, but is a strategy he might have derived from encyclopaedias of the thirteenth century like Bartholomew the Englishman’s De proprietatibus rerum, Thomas of Cantimpr´e’s De natura rerum, or Vincent of Beauvais’Speculum naturale, where the products of 56 Catena aurea entium, ed. Sturlese, p. 125-130 for book VI, ansa 1, and 163-183 for book VII, ansae 2 and 3, ed. Palazzo, p. 14-28 for book VIII, ansa 2.

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Iolanda Ventura the earth are listed and described according to their alphabetical order57 . Then, in describing plants, precious stones, and animals, Henry of Herford seems to combine the system of the didactic quaestio with the strategy of organization represented by the alphabetical arrangement. When reading the various sections of the Catena, however, we notice that Henry’s use of the question-answer form changes, when the quaestio was already part of the structure of the source he was using. As we have seen in the case of the Pseudo-Aristotelian Problemata, when quoting from a work that was already structured in a question-answer form, Henry simply reproduced the same questions he found in his source, without reformulating them. The same procedure can be observed in Nicolas of Strasbourg’s Summa philosophiae. Finally, the length and the structure of the question seem to depend sometimes on the type of problem Henry is trying to tackle. In the questions included in book X, ansa 4 –that is, the section concerning medicine–, Henry shows a particular interest for theoretical problems related to learned medicine more than for practical aspects of medical culture. Henry’s interest for theoretical medicine, and, consequently, for the cultural background of the medical faculties, is reflected both by the contents and by the form and structure of some questions included in this section, which are long, complex, and learned as small treatises. The questions concerning phlebotomia, for example (Catena aurea entium X, 4, q. 99-102), which occupy the folios 194r-197v of the manuscript BAV, Vat. Lat. 3025, are consistently longer compared with other sections of the encyclopaedia, and constitute a sort of small manual of phlebotomy reproducing Avicenna’s Liber canonis. All in all, we observe that Henry of Herford is one of the few compilers (if not the only one) of encyclopaedias written in question-answer form, who does not use a single scheme of didactic-encyclopaedic quaestio, but transforms it by adapting it to the needs of different topics and branches of knowledge, and by relating it to various traditions of the quaestio and sources. 57 On the use of the alphabetical order in Bartholomew the Englishman’s De proprietatibus rerum, see H. Meyer, Die Enzyklop¨ adie des Bartholom¨ aus Anglicus. Un¨ tersuchungen zur Uberlieferungsund Rezeptionsgeschichte von ‘De proprietatibus rerum’, M¨ unchen, 2000 (M¨ unstersche Mittelalter-Schriften, 77), p. 178-182. For Vincent of Beauvais, see M. Paulmier-Foucart, « Ordre encyclop´ edique et organisation de la mati` ere dans le Speculum maius de Vincent de Beauvais », in L’encyclop´ edisme. Actes du Colloque de Caen, 12-16 Janvier 1987, ed. A. Becq, Paris, 1991, p. 201-226, esp. p. 218-221.

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Reading the list of questions included in the single books, we may wonder if some of the questions also seem to reflect certain representative matters of discussion for philosophical or theological milieus. A definitive answer to this question cannot be given here, since it is not possible in a single paper to compare the whole contents of the Catena aurea entium with its sources, to discuss Henry’s interest in individual aspects of contemporary philosophy and theology, or to evaluate the compiler’s acquaintance with all contemporary works and matters of debate. However, the fact that some of the questions of the Catena aurea entium show Henry’s interest in problems like the nature of the divinity or the theories of time and vacuum that were discussed in different contexts and with different aims by contemporary philosophers and theologians, suggests that Henry of Herford intended to provide his readers with a work collecting both data and ideas, delivering information and clues of a philosophical and theological debate. We may define the Catena aurea entium as a work ‘in between’, collecting topics discussed elsewhere and transferring them to the readers of the encyclopaedias, maybe with the goal of replacing the consultation of the original sources. In this sense, the Catena can be considered a mixed form between a compendium philosophiae and an encyclopaedia. However, another aspect deserves to be discussed here. The questions included in the Catena aurea entium are defined by Henry both as ‘curiosae’ and ‘utiles’. What does Henry mean by these adjectives ? In order to answer this question, let us first try to define the meaning of the adjective curiosus. In medieval culture, curiosity is a term with a double meaning : it not only indicates that something is curious or arouses curiosity because of its extravagance, but also that curiositas is the way in which a person achieves his knowledge of the world by focusing his attention on a particular phenomenon, by putting questions about it, and by giving an explanation of it58 . When an explanation is given, the ‘curious’ phenomenon will not surprise anymore. This definition of curiosity pointing to the strategies of the acquisition of knowledge is not new, but rests on a solid tradition throughout Classical Antiquity and the Middle Ages. The adjective curiosus and the term curiositas also occur, for instance, 58 On the idea of curiosity, see N. G. Kenny, The uses of curiosity in Early Modern France and Germany, Oxford, 2004 and the miscellany Curiosity and Wonder from the Renaissance to the enlightenment, ed. R. J. W. Evans and A. Marr, Aldershot, 2006. These studies focus on Early Modern encyclopaedic collections more than on Medieval encyclopaedism.

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Iolanda Ventura in titles and prologues of scientific and encyclopaedic works, although often with a negative meaning, since it signifies the immoderate thirst of knowledge. By defining a work or the topic it deals with as ‘curiosus’, authors and compilers pointed both to the unusual, and therefore intriguing, nature of the phenomena they were about to describe, and to the fact that the attention given to them represented the first incentive to discover, analyze, and explain the world surrounding us. Now, if we try to define Henry’s position within the development of ‘scientific curiosity’ and its use in scientific and encyclopaedic literature, we may argue that he probably does not try to tell us that the questions collected in the Catena are related to curiosities or mirabilia which may arouse the curiosity of the reader ; as we have seen, they do not deal with that. On the contrary, Henry uses the definition ‘curiosus’ to point out that the questions included in his collection represent the first step for the acquisition of knowledge, and therefore fulfil a useful function in a didactic work like an encyclopaedia. The second definition Henry gives to his questions points to their usefulness (utilitas). From recent studies, we now know that Dominican authors, among them Vincent of Beauvais, particularly stressed the fact that their works were useful, and were written in order to be exactly that59 . If we refer to the example given by Vincent of Beauvais, it is easy to explain the presence of the adjective utilis by including the compiler Henry in the Dominican tradition. However, we can suggest some further implications of this adjective, if not a further explanation of it, by trying to relate it to Henry’s aims as author of the Catena and his idea of the work he was compiling. Actually, the questions he assembled in each section of the work not only contribute to a complete description of a natural phenomenon or of the properties of an element of nature – e.g., all questions dealing with winds help us in building up an exhaustive picture of the wind and its properties – but also reflect problems that were subjects of discussion within late medieval philosophical culture. By choosing to focus on problematic aspects of the various elements of nature, by summarizing their explanations in the answers, and by relating the solutions proposed to the writings of philosophers and authors who 59 On the idea of utilitas, see A. Nadeau, « Faire œuvre utile. Notes sur le vocabulaire de quelques prologues dominicains du XIIIe si` ecle », in Lector et Compilator. Vincent de Beauvais, fr` ere prˆ echeur. Un intellectuel et son milieu au XIIIe si` ecle, ed. S. Lusignan and M. Paulmier-Foucart, Grˆ ane, 1997 (Rencontres a ` Royaumont 9), p. 77-96.

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On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

were used as sources and acknowledged as authorities, Henry produced with the Catena aurea entium a work with different identities. The Catena can be, in fact, defined at the same time as an ‘encyclopaedia’, since it provides a description of the natural world, as a ‘scientific florilegium’, because it can be read as a collection of excerpts derived from different authors, and as a ‘manual of philosophy’, since it puts together a large number of debated problems related to the natural world in his entirety and to different branches of knowledge, and provides a clear, short, and reliable answer to them. Therefore, the usefulness of the work can be proved according to its contents and structure on one side, and to its aims and function within the libraries of its potential readers on the other. After having ‘excerpted’ and discussed some of the characteristics of Henry’s Catena, it is now time to locate the collection within the context of the encyclopaedic literature of the fourteenth century. Although it is not possible to find direct connections between the Catena aurea entium and other Latin encyclopaedias written between the end of the thirteenth and the first half of the fourteenth century (with the exception of Nicolas of Strasbourg’s Summa), I shall compare some of the features of Henry’s collection with other writings in order to establish whether these features can be considered as characteristic elements of a ‘late medieval philosophic encyclopaedism’or not.

4.

Context

Moving from our description of the Catena aurea entium, its sources, and its contents, I would now like to go some steps further by attempting to place Henry’s work in the context of contemporary encyclopaedic literature. However, before trying to characterize Henry’s collection as a typical product of late medieval encyclopaedism, it would be necessary to define what late medieval encyclopaedism is, what its characteristics are, and how we can distinguish it from previous encyclopaedic literature. Late medieval encyclopaedism has not attracted as much interest as other periods in the history of encyclopaedias ; after M. De Bo¨ uard’s analysis of the Compendium philosophiae 60 , which outlined the activity of an anony60 M. de Bo¨ uard, Une nouvelle encyclop´ edie m´ edi´ evale : le Compendium philosophiae, Paris, 1936. See also Id., « Encyclop´ edies m´ edi´ evales. Sur la connaissance de la nature et du monde au Moyen Age », in Revue des questions historiques, 112 (1930), p. 258-304 and Id., « R´ eflexions sur l’encyclop´ edisme m´ edi´ eval », in L’encyclo-

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Iolanda Ventura mous compiler working between 1280 and 1320, only a few studies have been devoted to single compilers such as Henri Bate of Malines61 or Ramon Llull62 . Conrad of Megenberg’s Buch von den nat¨ urlichen Dingen has attracted more interest, especially among the specialists of German literature63. Nevertheless, no general study has been written yet. In my opinion, a future ‘history of late medieval encyclopaedic literature’ should stress the following aspects : 1) Late medieval compilers had more, and in some cases better sources at their disposal : They could consult, for instance, William of Moerbeke’s Greek-Latin translation of the Aristotelian writings, a new corpus of texts offering either a new and previously unknown work, or a more reliable translation. On the other hand, they were obliged to deal not only with the works traditionally considered as encyclopaedic sources like Isidore’s Etymologiae, Pliny’s Naturalis historia, or Aristotle’s De animalibus, but also with texts written and/or used within the context of the university, p´ edisme..., Paris, 1991, p. 281-290. 61 On Henry Bate, see the editions of the Speculum divinorum et quorundam naturalium quoted in the Note nr. 2. For an overview of the recent studies concerning this author, see C. Steel, « The Individuation of the human Intellect : Henry Bate’s Platonic-Nominalistic Position », in Miscellanea Mediaevalia 24 : Individuum und Individualit¨ at im Mittelalter, ed. J. A. Aertsen and A. Speer, Berlin, New York, 1996, p. 230-248 ; G. Guldentops, « Henry Bate’s Encyclopaedism », in Pre-Modern Encyclopaedic Texts. Proceedings of the Second COMERS Congress, Groningen, 1-4 July 1996, ed. P. Binkley, Leiden, New York, K¨ oln, 1997 (Brill’s Studies in Intellectual History, 79), p. 227-237 ; Id., « Henry Bate’s aristocratic Eudaemonism », in Miscellanea Mediaevalia 28 : Nach der Verurteilung von 1277. Philosophie an der Universit¨ at von Paris im letzten Viertel des 13. Jahrhunderts. Studien und Texte, ed. J. A. Aertsen, K. Emery JR., and A. Speer, Berlin, New York, 2001, p. 657-681 ; Id., « Henry Bate’s Theory of sensible Species », in Recherches de Th´ eologie et Philosophie M´ edi´ evales, 68 (2001), p. 75-110 ; Id., « Albert’s Influence on Bate’s Metaphysics and Noetics », in Albertus Magnus. Zum Gedenken..., p. 195-206 ; Id., « ‘Famous Expositor...’. On Bate’s (Anti-) Thomism », in Recherches de Th´ eologie et Philosophie M´ edi´ evales, 72 (2005), p. 191-231. 62 On Ramon Llull’s Arbor scientiae, see now the collective volume Arbor scientiae. Der Baum des Wissens von Ramon Lull. Akten des Internationalen Kongresses aus Anlaß des 40-j¨ ahrigen Jubil¨ aums des RAIMUNDUS-LULLUS-INSTITUTS der Universit¨ at Freiburg i. Br., ed. F. Dom´ınguez Reboiras, P. Villalba Varneda and P. Walter, Turnhout, 2002 (Instrumenta Patristica et Mediaevalia. Research on the Inheritance of Early and Medieval Christianity, 42 ; Subsidia Lulliana, 1). 63 On Conrad of Megenberg’s Buch von den nat¨ urlichen Dingen, see now D. Gottschall, Konrad von Megenbergs Buch von den nat¨ urlichen Dingen. Ein Dokument deutschsprachiger Albertus-Magnus-Rezeption im 14. Jahrhundert, Leiden, Boston, 2004 (Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters, 83).

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On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

such as Albert the Great’s commentaries on the Aristotelian works and medical writings like those of Avicenna. These texts could not simply be excerpted and re-organized into a section of an encyclopaedia, but required a certain competence in dealing with them, a competence that not all compilers had : not everyone of them was able to understand correctly, for example, a section of one of Albert’s commentaries. Therefore, not all Albert’s writings were used with the same frequency or in the same way : while the alphabetical lists of precious stones or plants included, respectively, in De mineralibus and in De vegetabilibus were often used by encyclopaedic compilers because their content was similar to lapidaries or herbals, more complex works like the commentary on De caelo or De causis proprietatum elementorum did not rank among the usual reference texts. 2) Late medieval encyclopaedic authors not only updated their library of sources. They also seem to have changed their attitude towards their reference texts and, consequently, their notions of auctoritas. A certain change in the way the compiler read, used, and classified his reference authors can be already observed in the middle of the thirteenth century, for instance in the Speculum of Vincent of Beauvais. He certainly chose to use different kinds of sources for his encyclopaedia, but also attempted a sophisticated classification of them64 . Moreover, he included himself among the auctoritates of his encyclopaedia, as shown by some excerpts accompanied by the reference ‘auctor ’. But from the middle of the thirteenth century onwards the compilers’ attitude towards their sources evolves further : The encyclopaedic compilers not only aim to reproduce data taken from their reference authors, but also to discuss them, to compare them with the contents of other sources, and to use them to develop their own opinion. By doing that, they sometimes conflict with their own authorities, or select from them the data they need to support their own opinion. In this way, they show that the relationship the encyclopaedic compiler had with his sources had changed, and that his ‘self-confidence’ had grown.

64 M. Paulmier-Foucart, « L’actor et les auctores. Vincent de Beauvais et l’´ ecriture du Speculum majus », in Auctor et Auctoritas. Invention et conformisme dans l’´ ecriture m´ edi´ evale. Actes du Colloque tenu a ` l’Univerist´ e de Versailles-Saint-Quentin-enYvelines (14-16 Juin 1999), ed. M. Zimmermann, Paris, 2001 (M´ emoires et Documents ´ de l’Ecole des Chartes, 59), p. 145-160.

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Iolanda Ventura 3) At the end of the thirteenth century, the traditional strategies of organization of encyclopaedias, which ultimately depended (with few exceptions) either on the system of the artes liberales (the so-called ordo artium) or on the pattern represented by the order of the world (the socalled ordo rerum) face a deep crisis65 . They do not fulfil the expectations of authors of encyclopaedic works who probably consider themselves more than simple compilers or organizers of scientific data, and search for a system that both reproduces the structure of the world and provides a way of acquiring and organizing a complete and coherent system of knowledge. Paraphrasing the expressions used by J. North, we may say that some late medieval encyclopaedias accomplish the aim of providing an ‘art of knowing everything’ with the production of collections offering, if not a complete knowledge, ‘a compensating universality’66. This effort to provide an encyclopaedia that deals with both theoretical and practical aspects of knowledge leads, for instance, to the redaction of a work like the Arbor scientiae of Ramon Llull, a text anticipating the efforts to find right and effective systems of acquisition of knowledge –efforts that characterize the encyclopaedic production of the Renaissance67 . Some of the characteristics of late medieval encyclopaedic culture I have just sketched can be found in Henry of Herford’s Catena aurea entium as well as in other contemporary encyclopaedias. Therefore, it is worthwhile attempting a comparison of Henry’s collection with other works, and to place it in a wider context. To do that, I will focus particularly on the first two aspects I have listed above, leaving aside the third one. More specifically, I will devote my attention to the role played by Albert the Great in late medieval encyclopaedic culture, and to the compilers’ attitude towards the philosophical texts and auctoritates. 65 On the role played by the ordo rerum and the ordo artium in the Medieval encyclopaedic literature, see C. Meier, « Organisation of Knowledge and Encyclopaedic ordo : Functions and Purposes of a Universal Literary Genre », in Pre-Modern Encyclopaedic Texts..., p. 103-126, and Ead., « Enzyklop¨ adischer Ordo und sozialer Gebrauchsraum. Modelle der Funktionalit¨ at einer universalen Literaturform », in Die Enzyklop¨ adie im Wandel vom Hochmittelalter bis zur fr¨ uhen Neuzeit. Akten des Kolloquiums des Projekts D im Sonderforschungsbereich 231 (29.11.-1.12. 1996), ed. C. Meier, M¨ unchen, 2002 (M¨ unstersche Mittelalter-Schriften, 78), p. 511-532. 66 J. North, « Encyclopaedias and the Art of Knowing Everything », in Pre-Modern Encyclopaedic Texts..., p. 183-199. 67 Cfr. W. Schmidt-Biggemann, Topica universalis. Eine Modellgeschichte humanistischer und barocker Wissenschaft, Hamburg, 1983 (Paradeigmata, 1).

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As far as the role and the function of Albert the Great’s writings in late medieval encyclopaedism are concerned, we observe that the diffusion and the use of Albert’s works is particularly frequent among the authors writing in the north of France and in the northwest Germany, viz. in the area between Paris and Cologne. That does not surprise us, since Paris and Cologne were also the studia in which Albert had taught, and where he had written some of his works. His legacy still permeated the philosophical culture of the following centuries, and was heavily debated. However, while the Parisian milieu used and discussed Albert’s writings, but did not exclusively rely on them, since it was deeply influenced by Thomas Aquinas’ legacy, German culture became heavily dependent on Albert’s opinions, and was not able to find or create a real alternative. On the other hand, Albert’s scientific works, like De mineralibus, De vegetabilibus, or De animalibus, or his De impressionibus aeris and Meteora were not affected by the contrast between Thomas’ and Albert’s supporters, since Thomas did not comment on Aristotle’s scientific and biological works ; at the same time, they provided a good basis for the study of natural science, and could be used both as philosophical texts and as scientific compendia. The reception and the use of Albert’s scientific writings among the encyclopaedic authors of the fourteenth century show some interesting characteristics. First of all, Albert’s diffusion among the compilers follow two different paths : while Henry Bate of Malines and Conrad of Megenberg seem to have acquired their knowledge of Albert’s writings because of their connections with the Faculties of Arts (Conrad studied in Erfurt and Paris)68 , and to have been interested both in the scientific data and in the philosophical background transmitted by Albert, other authors, like Henry of Herford, Conrad of Halberstadt the Younger, and the anonymous author of the Responsorium curiosorum 69 owe their acquaintance with Albert’s literary production to the strong presence of this author within the libraries of the Dominican Order, and to the fact that Albert was considered by German Dominicans as the reference par excellence for the study of both natural science and theology. Nothing can be said, 68 On Henri Bate’s use of Albert the Great’s writings, see Guldentops, « Albert’s Influence... », p. 195-206. On Conrad’s relationship toward Albert the Great, see now Gottschall, Konrad von Megenbergs..., p. 95-131. 69 On this text, see Ventura, « Per modum quaestionis compilatum... », and D. Strelicka, « ‘Responsorium curiosorum’. Pokus o rekonstrucki obsahu », in Sborn´ık prac´ı Filozofick´ e fakulty brˇ ensk´ e univerzity. Studia minora Facultatis Philosophicae Universitatis Brunensis, 9 (2004), p. 123-158.

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Iolanda Ventura for the moment, about the way in which the anonymous author of the Compendium philosophiae became acquainted with Albert’s works, since we do not know who he was or where he worked. De Bo¨ uard’s hypothesis, according to which the anonymous author might be identified with Hugo Ripelin of Strasbourg, author of the Compendium theologiae, still needs to be confirmed70 . Furthermore, we know that the encyclopaedic compilers of the fourteenth century could refer to both the authentic works of Albert and to some spurious texts or collections produced towards the end of the thirteenth century. Their importance for the diffusion of Albert’s scientific production cannot be denied. The Pseudo-Albertinian Liber aggregationis often appears together in manuscripts with the De mineralibus 71 , the Speculum astronomiae is soon considered after its appearance as Albert’s authentic work72 , while the Summa naturalium (or Philosophia pauperum) written by Albert of Orlam¨ unde conveys material derived from some texts written by the Dominican philosopher73 . However, not all encyclopaedic compilers of the fourteenth century used the corpus of Pseudo-Albertinian texts or collections like Albert of Orlam¨ unde’s Summa. Apart from Conrad of Halberstadt the Younger, who knows the Liber aggregationis, and probably the Summa naturalium, and Conrad of Megenberg, who quotes from the Speculum astronomiae, as far as I know, all compilers only consulted Albert’s “genuine” works, such as the commentaries on the Aristotelian writings. In this context, Henry of Herford can be defined as an author who followed a conventional path, and had an ‘orthodox’ library at his disposal. He is not tempted by the data and the orientation of the Pseudo70 De

Bo¨ uard, Une nouvelle encyclop´ edie..., p. 115-117. the Liber aggregationis, see I. Draelants and A. Sannino, « Albertinisme et herm´ etisme dans une anthologie en faveur de la magie : le Liber aggregationis », in Entre nadir et zenith. M´ elanges d’histoire des sciences offerts ` a Hossam Elkhadem ` a l’occasion de son 65e anniversaire, ed. J. M. Duvosquel, R. Halleux and D. Juste, Bruxelles, 2005, p. 1-33 (Biblioth` eques et Archives de Belgique, num´ ero special). I. Draelants is currently preparing a critical edition of the Pseudo-Albertinian work. 72 On the Speculum astronomie, see A. Paravicini Bagliani, Le Speculum Astronomiae, une ´ enigme ? Enquˆ ete sur les manuscrits, Firenze, 2001 (Micrologus’ Library, 6), and Id., « Le Speculum Astronomiae. Enquˆ ete sur les manuscrits », in Albertus Magnus. Zum Gedenken..., p. 401-411. 73 On Albert of Orlam¨ unde’s Summa naturalium, see B. Geyer, Die Albert dem Grossen zugeschriebene Summa naturalium (Philosophia pauperum). Texte und Untersuchungen, M¨ unster, 1938 (Beitr¨ age zur Geschichte der Philosophie und Theologie des Mittelalters, 25/1). 71 On

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Albertinian works. This is not surprising to us : Henry was very well acquainted with Albert’s genuine texts, and put together a catalogue of the writings of the philosopher74 . Another aspect of Albert’s reception can be emphasized here : During the fourteenth century, Albert’s writings are often used by encyclopaedic compilers as ‘encyclopaedias’, and not only as philosophical works or scientific treatises. The new attitude toward Albert’s writings is easy to notice, if we analyze the literary genre of the preachers’ encyclopaedias75 . Many of these texts, written in order to enable preachers to find an example of a virtue or a vice in the world of Nature and to use it in the sermons together with the right allegorical explanation, often consisted of a re-elaboration and re-organization of data taken from other encyclopaedias, especially from Bartholomew the Englishman’s De proprietatibus rerum, Thomas of Cantimpr´e’s De natura rerum, or Vincent of Beauvais’ Speculum naturale 76 . For some compilers, Albert’s writings like the De 74 Liber de rebus memorabilioribus sive Chronicon (see note 6), etas VI, capitulum 94 : [...] Scripsit autem Albertus commenta super Prophirium [sic !], predicamenta, sex principia, periarmeneias [sic !], priorum, posteriorum, duplex topicorum, elenchorum, phisicorum, de lineis indivisibilibus, de celo et mundo, de generatione et corruptione, de natura locorum, de proprietatibus elementorum, metheororum, de anima, de sensu et sensato, de memoria et reminiscentia, de inspiratione et respiratione, de sompno et vigilia, de nutrimento et nutribili, de longitudine et brevitate vite, de morte et vita, de mineralibus, de vegetabilibus et plantis, de animalibus, de causis in libros methaphisice, libros ethicorum, duplex politicorum, rhetoricorum, de bonis laudabilibus, de bona fortuna ; item questiones super ethicorum ; questiones super de animalibus, super problemata ; de quatuor coequevis ; de origine anime ; de potentiis anime ; de intellectu et intellegibili ; contra unitatem intellectus ; de unitate forme ; de homine ; de bono ; de herbis ; de lapidibus ; de alchimia librum qui dicitur Semita ; contra libros nigromanticorum ; contra Averroistas 15 questiones ; determinationes quarundam questionum ad clerum Parisiensem ; super speram, astrolabium, speculum ; de partu hominis ; de muliere forti ; sequentias plures ; item super Job, Cantica, Ysaiam, Jeremiam, Ezechielem, Danielem, 12 prophetas minores, Matheum, Marcum, Lucam, Johannem, apostolum totum. Item super Dyonisium de divinis nominibus, de celesti ierarchya ; super 4 libros sententiarum ; summam theologie ; de misterio misse ; de corpore Christi ; de laudibus Marie ; contra Wilhelmum de sancto Amore (sed illud Thomas perfecit) ; secretum secretorum ; expositionem Euclidis, perspective et Almagesti ; de perfectione vite spiritualis, et alios libellos plurimos. 75 Cf. E. Schinagl, Naturkunde-Exempla in lateinischen Predigtsammlungen des 13. und 14. Jahrhunderts, Bern-Bruxelles-New York a.o., 2001 (Lateinische Sprache und Literatur des Mittelalters, 32), and Ead., « Naturwissen in den Predigten der Handschrift Leipzig Univ. 683 », in Albertus Magnus. Zum Gedenken..., p. 633-645. 76 On preachers’ encyclopaedias, see B. van den Abeele, « Bestiaires encyclop´ ediques moralis´ es. Quelques succ´ edan´ es de Thomas de Cantimpr´ e et de Barth´ elemy l’Anglais », in Reinardus, 7 (1994), p. 209-228.

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Iolanda Ventura mineralibus, the De vegetabilibus, and the De animalibus became ‘small encyclopaedias’, and were used for preachers’ tools or sermons in the same way as Bartholomew’s or Vincent’s works, as we may notice by reading, among others, the works of Robert Holcot or Conrad of Halberstadt the Younger’s Liber similitudinum naturalium, an encyclopaedia heavily dependent on Bartholomew the Englishman, Vincent of Beauvais, and Albert the Great. This way of reading and using Albert’s text is also shown by Henry of Herford, who draws extensively from the philosopher’s works on Nature, and combines the data taken from them with material derived from other encyclopaedic sources like Isidore of Sevilla or Pliny. Sometimes, Albert the Great also becomes the source through which Henry could access other texts ; it is via Albert and via Vincent of Beauvais’ Speculum naturale, for instance, that the German compiler becomes acquainted with some lapidaries. Albert may also represent the ultimate source of some excerpts originally found in Thomas of Cantimpr´e’s Liber de natura rerum : although Henry did know and use Thomas’ encyclopaedia, the similarities between some excerpts included in the Catena aurea entium and in Albert’s works suggests the possibility that some of Henry’s quotations of the Liber de natura rerum should be connected with the writings of the Dominican philosopher. At this point, I would like to analyze the idea of auctoritas shown by fourteenth-century encyclopaedic compilers. These authors use the material derived from their sources in different ways. They also evaluate authors and texts they have at their disposal differently, according to the type of work they intend to write, the aims they want to achieve, and the context to which they belong. Henry Bate of Malines, for instance, writes his Speculum with the goal of collecting the opinions of various philosophers on different matters and of attempting a conciliation between them, as he declares in the Prooemium 77 . In this context, the source and the auctoritas used to provide the explanation for a particular phenomenon is also considered as a ‘supporter’ of a theory which is reproduced almost word for word. At the same time, the presence of an authority can act as a sort of shield if the compiler takes up a particularly dangerous subject. Although a compilation which ultimately consists of excerpts like the Speculum testifies to how important the auctoritates can be for an encyclopaedic compiler, an attentive reader quickly notices that Henry 77 Henricus

Bate, Speculum divinorum..., Tome I..., p. 47 sq.

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Bate deals freely with his sources, since his aim is not the reproduction of them, but a harmonization between them. A good example of this attitude is Henry’s approach to Thomas Aquinas : as G. Guldentops has demonstrated, Henry’s position vis-` a-vis Aquinas cannot be reduced to a simple choice to be a supporter or an adversary of the Thomist position, since he considers Thomas as one of the philosophers he should try to reconcile with others78 . The careful and, at the same time, ‘goal oriented’ approach Henry Bate shows while dealing with his sources contrasts with the negative attitude towards the auctoritates emphasized by Ramon Llull in his Arbor scientiae. Llull’s encyclopaedic project was undertaken with the aim of creating a scientific system that could be improved and updated without the help of any source, since the knowledge the established auctoritates had provided was refused by Llull. In the Arbor scientiae, the role and the function of the authorities as guides for the acquisition of knowledge are completely denied, and substituted by the method the author used to organize his work and which the reader should learn and practice. A more complex and sophisticated idea of auctoritas is displayed by the anonymous author of the Compendium philosophiae. The unknown copyist of the manuscript Paris, BN, lat. 15879 called the work Compilacio de libris naturalibus Aristotelis et aliorum quorumdam philosophorum, stressing the particular role played by the Greek philosopher and his writings within the encyclopaedia. This copyist was not completely wrong : actually, Aristotle’s writings represent the axis around which the encyclopaedia is structured, and, consequently, the most important authority. Already in the Prologue, for instance, the anonymous author delivers a classification of sciences which is not only arranged according to Aristotle’s, but is also combined with an ideal library of the works of the philosopher, as if a single branch of knowledge would be perfectly represented by, and reduced to, a single book79 . However, the strategy followed by the author of the Compendium philosophiae implies a more sophisticated relationship between him and his sources and auctoritates. While Aristotle is the most quoted author, the ‘fil rouge’ of the whole encyclopaedia, a number of other ancient and early medieval philosophers complements and, sometimes, corrects the interpretation of an element 78 Guldentops,

« ‘Famous Expositor...’ »... the text of the Prologue of the Compendium philosophiae, see the edition De Bo¨ uard, p. 121-123. 79 For

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Iolanda Ventura of nature given by him80 . Thus, the anonymous compiler of the Compendium philosophiae did not passively excerpt and reproduce Aristotle’s opinion on the various subjects included in the encyclopaedia, but placed it within a broader context involving other authors and, consequently, other interpretations. Besides the Greek philosopher, the Compendium shows quotations of Averroes, Al-Ferghani, Plato, and Seneca, among others. The compiler’s need to balance Aristotle’s influence with other sources could be explained by his intention to provide complete information, by his use of a well-stocked library, or by both. Nevertheless, we should at least take into account another possible interpretation : as Henry Bate, the anonymous compiler of the Compendium writes during the decades after the 1277 condemnation of some Aristotelian positions81 . In this context, the strategy of integrating Aristotle with other sources might derive from the need to avoid some ‘dangerous’ sections of the writings of the philosopher. The publication of a complete edition of the Compendium philosophiae, as well as a new investigation into its sources, would allow us to better evaluate the consequences of the ‘Condemnation of 1277’ on the encyclopaedia. The way in which the anonymous compiler reads Aristotle offers some further clues to the interpretation of his idea of auctoritas : as M. de Bo¨ uard pointed out, the author of the Compendium philosophiae does not reproduce the contents of Aristotle’s works verbatim, but prefers to paraphrase it82 . By doing that, he follows the method used by Albert the Great in his commentaries. The compiler’s way of transforming and adapting the contents of Aristotle shows that he does not intend to refer to Aristotle without giving his own point of view ; he does not aim at being a simple ‘slave’ of the philosopher ! Moreover, he also shows that the way of reading and using Aristotle’s writings had changed and evolved in the last decades of the thirteenth century. He attempts to use a “modern” approach to the ancient author. Finally, the fact that Aristotle is read through Albert the Great suggests that the compiler of the Compendium philosophiae had at least two auctoritates guiding him, an ‘evident one’, viz. Aristotle, and a ‘filter’, viz. Albert the Great, who helped him to read and interpret the legacy of the Greek philosopher in a correct way. 80 On

the sources of the Compendium philosophiae, see ibid., p. 45-59. the condemnation of 1277, see the collective volume Nach der Verurteilung von 1277..., and L. Bianchi, Il vescovo e i filosofi. La condanna parigina del 1277 e l’evoluzione dell’aristotelismo scolastico, Bergamo, 1990 (Quodlibet, 6). 82 De Bo¨ uard, Une nouvelle encyclop´ edie..., p. 51-52. 81 On

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The idea of auctoritas shown by Henry of Herford in the Catena aurea entium can be easily derived by looking at the sources of the encyclopaedia and at the strategies of redaction used by the compiler. While reading the Catena, we notice for example that each answer ultimately consists of one or more excerpts derived from a single source, and that Henry does not attempt to compare or to harmonize different opinions. As far as the sources are concerned, we have stressed the fact that a large part of Henry’s work is constituted by excerpts taken from Albert the Great, who is the main source of the books IV-VIII, dealing with the natural world, and from Thomas Aquinas, the reference author for the theological and philosophical sections (books I-II, and IX). Other texts like Isidore of Sevilla’s Etymologiae or the Pseudo-Aristotelian Problemata only play a secondary role. The two main sources are placed by the compiler in a perfect equilibrium that separates the spheres of influence of the two contemporary philosophers and aims at avoiding any conflict between their opinions. As I have pointed out, Henry’s choice can be seen as a consequence of the debate among German Dominicans in the fourteenth century concerning Albert’s or Thomas’ pre-eminence. From a pragmatic point of view, Henry’s decision to avoid a comparison between Albert’s and Thomas’ positions on different subjects was the best one for the purpose of an encyclopaedia, a text which aims at putting at readers’ disposal useful data in a comfortable way. Moreover, the author and his readers, both Dominican friars, did not belong to the milieu of the big German universities shaken by the conflict between Albert and Thomas ; they learned, taught, and worked in the ‘province’, in small or large monasteries. A discussion of the positions of the two philosophers on specific matters was not the main concern. They needed tools for practical purposes like preaching, interpreting the Bible, or teaching in the school of the Order, not complex treatises they could not easily access. For this public, the contents taken from authoritative sources needed to be adapted and transformed into accessible and useful material the readers could easily understand and re-use for their own goals. In this context, Albert’s and Thomas’ names function both as sources of the data gathered together in the encyclopaedia and as a guarantee of their reliability, and do not need to come into conflict. On the contrary : While dealing with a particular subject, the compiler just needs to repeat the opinion he considers as the best one. Finally, by electing Thomas Aquinas and Albert the Great as main sources, Henry openly disregarded, or possibly did not need to read, other 237

Iolanda Ventura sources such as Aristotle or Plato. The use of more recent works ultimately based on previous texts had probably made the use of the latter superfluous. Fifty years after the anonymous compiler of the Compendium philosophiae, the picture had changed radically. Aristotle does not represent the main source to be completed through other ‘filters’ anymore, but a ‘second class’ authority, to be quoted only if other, more recent sources lack references to a specific subject. In the middle of the fourteenth century, other auctoritates took his place at the top of the hierarchy.

5.

Conclusions

At this point, I would like to draw some provisory conclusions, and to suggest some paths for future research. As we have seen, Henry’s Catena aurea entium is more than a simple encyclopaedic text ; it is an encyclopaedic universe which is still to be discovered. Although something has already been done to analyze the text, it is still difficult to grasp its nature and purpose, and to place it within its contemporary culture. The brief survey of the sources of the Catena aurea entium points to the fact that Henry of Herford, as well as other encyclopaedic compilers, cannot be considered original thinkers. The questions assembled in the Catena aurea entium were not written in order to provide new answers on specific subjects, but to reproduce the most current or reliable ones he could find in his sources. Nevertheless, the types of works Henry employed for his encyclopaedia and the way he used them lead us to consider him a good witness to the scientific and philosophical culture of fourteenth-century Germany and, more specifically, to the Dominican cultural background. In other words, I argue that the Catena aurea entium collects extracts of texts preserved and used in a typical German Dominican library of a medium-level monastery. This sort of library ought to own a good part of Albert the Great’s and Thomas Aquinas’ writings, if not all of them, as well as other scientific and encyclopaedic sources. At the same time, the Catena aurea entium reflects the debates permeating the German Dominican Order in the fourteenth century, and especially the clash between Albert the Great’s and Thomas Aquinas’ philosophical and theological legacy. In this context, Henry of Herford chose a neutral position that aimed at avoiding conflicts between different opinions and authorities, and at giving clear, reliable, and ‘easy to learn’ answers. 238

On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

While the role played by Albert the Great, Thomas Aquinas and, in a more limited way, by Nicolas of Strasbourg in the Catena aurea entium has been successfully related to Henry’s knowledge and use of a cultural background characterizing the German Dominican Order during the fourteenth century, another side of Henry’s culture still needs to be analyzed, viz. his links to the Dominican specialized literature like encyclopaedias or scientific and philosophic compendia. These works, which were written in order to help friars during their studies or while accomplishing tasks like preaching or interpreting the Bible, represent a consistent part of the literary production of the Dominican Order. Some of them were widely diffused, and preserved in many libraries. It is probable that Henry was well acquainted with some of them. The contents of the Catena aurea entium, and the presence in the collection of sources like Pliny’s Naturalis historia or Isidore of Sevilla’s Etymologiae, which belonged to the traditional canon of authorities of encyclopaedic collections, suggest that we should consider the possibility that Henry used one of the most diffused Dominican encyclopaedias, viz. Vincent of Beauvais’ Speculum naturale. From this work, he could derive at least some of the extracts drawn from Pliny, Isidore, and Solin. Vincent’s Speculum naturale could also represent, together with Albert the Great’s De animalibus, the source through which Henry might have derived some of the excerpts from Thomas of Cantimpr´e’s De natura rerum, an encyclopaedic text he knew and quoted in the Catena aurea entium. If Henry’s knowledge of the Speculum naturale can be demonstrated by identifying in both collection excerpts sharing the same form and contents, another important link between the compiler and the Dominican cultural tradition will be established. In my survey of the structure of the encyclopaedia, I have stressed the fact that Henry does not organize his work into chapters, but as a sequence of questions and answers. As I have pointed out, the questionanswer form is well represented in the history of medieval philosophy and encyclopaedic literature. Henry’s use of this strategy of organization is very sophisticated, and shows how flexible the quaestio form could be, when dealing with specific subjects and sources. Moreover, the questionanswer form probably represented the best system the compiler could find to achieve his aims (as encyclopaedic author) and to build up the particular kind of text he intended to deliver. In fact, Henry of Herford’s Catena aurea entium cannot be considered as the typical encyclopaedic work that could be consulted to derive data related to the natural world, 239

Iolanda Ventura but as a philosophic-scientific summa or handbook which could be used to collect some information about some of the main questions contemporary theology and philosophy of nature were confronted with. A third task for further studies is the definition of characteristics, aims, and limits of late medieval encyclopaedism. For this more general kind of studies, Henry of Herford’s Catena aurea entium can be considered as an adequate starting, or, at least, as a good witness. Although Henry of Herford certainly lacks Henri Bate’s skills in dealing with sources and philosophical traditions, lacks Ramon Llull’s originality, and lacks the capacity of building a concise ‘scientific florilegium’ shown by the anonymous author of the Compendium philosophiae, he probably shared with them the same needs, difficulties, and aims. More particularly, he had at least some points in common with them, viz. the use of the encyclopaedic form with the aim of providing not only data, but also new ways of perceiving, interpreting, and structuring the world surrounding us, and a new attitude vis-` a-vis sources and authorities. Can the common features of the above-mentioned encyclopaedias be transformed into characteristics of a wide literary genre we would define as ‘late medieval philosophic encyclopaedism’ ? Did such encyclopaedism exist at all ? We cannot answer these questions yet. Nevertheless, the authors I have mentioned clearly show that, during the Late Middle Ages, a new and more sophisticated kind of encyclopaedic texts was needed by a public of high cultural level, and was provided by authors belonging to the same niveau. Further studies have now to discover the ways new encyclopaedias fulfilled this need, and how these specific texts contributed to the development of late medieval culture.

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On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford

Appendix I : Structure of Henry of Herford’s Catena aurea entium Book I : ens divinum. Ansa I : Christian and pagan God(s) (120 questions). Ansa II : angels, demons, and other apparitions (57 questions). Book II : ens naturale. Ansa I : beginning, infinity, nature, etc. (63 questions). Ansa II : theory of causes (117 questions). Ansa III : theory of movement (40 questions). Ansa IV : theories of time, vacuum, and place (50 questions). Ansa V : time and eternity (42 questions). Book III : ens naturale incorruptibile. Ansa I : sky in communi (66 questions). Ansa II : the three higher parts of the sky (62 questions). Ansa III : the seven lower parts of the sky (spheres and planets) (84 questions). Book IV : ens naturale generabile et corruptibile. Ansa I : elements in communi (43 questions). Ansa II : fire (44 questions). Ansa III : air (44 questions). Ansa IV : water (164 questions). Ansa V : earth (140 questions). Book V : vapores, exhalationes aeris, aquae impressiones. Ansa I : exhalations in communi, and dry vapours (147 questions). Ansa II : humid vapours (76 questions). Ansa III : atmospheric and optical phenomena (34 questions). Ansa IV : active and passive causes of them (73 questions). Ansa V : effects (f. i., generation of mixed bodies) (84 questions). Ansa VI : properties of mixed bodies (55 questions). 241

Iolanda Ventura Book VI : corpora mixta inanimata sive mineralia. Ansa I : stones (158 questions). Ansa II : metals (100 questions). Ansa III : intermediate minerals (46 questions). Book VII : vegetabilia et plantae. Ansa I : plants in communi (259 questions). Ansa II : herbs (185 questions). Ansa III : trees (111 questions). Ansa IV : intermediate plants (f. i., bushes) (104 questions). Ansa V : agriculture (43 questions). Book VIII : corpora mixta animata sive animalia. Ansa I : animals in communi (77 questions). Ansa II : birds (212 questions). Ansa III : fishes (106 questions). Ansa IV : domestic animals (74 questions). Ansa V : wild animals (42 questions). Ansa VI : snakes (39 questions). Ansa VII : worms and insects (54 questions). Ansa VIII : parts of animals (260 questions). Ansa IX : principal organs (88 questions). Ansa X : digestive tracts (118 questions). Ansa XI : sexual organs (190 questions). Book IX : anima et suae potentiae. Ansa I : anima coniuncta quantum ad sua essentialia (86 questions). Ansa II : anima coniuncta quantum ad sua accidentalia (50 questions). Ansa III : passiones (actus homini et brutis communibus) (54 questions). Ansa IV : habitus intellectivi (41 questions). Ansa V : habitus appetitivi (virtutes, vitiis, et eorum remedia) (99 questions). Ansa VI : principia actuum exteriora (31 questions). Ansa VII : anima a corpore separata (47 questions). 242

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Book X : homo secundum se ipsum. Ansa I : homo in statu innocentiae (18 questions). Ansa II : homo in statu naturae vitiatae (184 questions). Ansa III : (hominis) esse, operari et conversari (182 questions). Ansa IV : conservari (199 questions). Ansa V : corrumpi, reformari et glorificari (33 questions).

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Iolanda Ventura Appendix II : Some examples of questions included in the Catena aurea entium [Catena aurea entium I, ansa 1, q. 30, MS Erfurt, Universit¨atsbibliothek, Collectio Amploniana, 2 370, f. 25rb] : Cur Deus dicitur omnipotens, cum nec mori possit nec peccare ? Responsio : dicendum quod communiter omnes confitentur Deum esse omnipotentem, sed rationem omnipotentie assignare difficile est. Dubium enim esse quid comprehendatur sub illa distributione, cum dicitur Deum omnia posse ; sed cum potentia dicatur ad possibilia, possibile autem dupliciter dicitur V Methaphisice vel per terminum ad aliquam potentiam, puta naturalem vel divinam. Primo modo non dicitur Deus omnipotens quia possit omnia vere possibilia et non alia, quia ad plura se extendit potentia sua. Secundo etiam modo non, quia sic circulatio esset in manifestatione omnipotentie, quia hoc non esset aliud quam dicere Deus est omnipotens, quia potest omnia que potest. Vel dicitur possibile ab societate, scilicet ex habitudine terminorum, quia probatum vero repugnat subiecto, ut sortem sedare est possibile, secundus impossibile dicitur, cum probatum repugnat subiecto, ut hominem esse asinum. Quidquid autem habet rationem potest habere rationem entis, continetur sub possibili absoluto, respectu cuius dicitur Deus omnipotens. Nihil autem opponitur rationi entis, nisi non ens et contradictionem implicantia, quia non possunt habere rationem possibilium. Et convenientius dicitur quod non possunt fieri quam quod Deus non possit ea facere. Deus autem omnipotens est per potentiam activam, mori vero est per potentiam passivam, peccare autem est desistere in activitate, quod repugnat omnipotentie, et propter hoc Deus peccare non potest, quia est omnipotens. Thomas 1 parte questione 25a . [Catena aurea entium IV, ansa 3, q. 35, ibidem, f. 128rb] : Cur cum dolium fuerit vino plenum, si evacuetur ab illo, et ponatur vinum in utres sufficientes nullo deperdito ex ipso, et deinde reponantur utres in dolium cum vino, tunc dolium non solum recipit liquorem cum utribus, sed etiam cum hiis alium liquorem potest suscipere et continere ? Responsio : ibidem [scil. Problemata] questione VIII : hoc est, quia in liquore vel in humido dicto inest aer non potens ab ipso egredi propter magnitudinem quantitatis vel capacitatis dolii. Siquidem ex maiori difficilius est exprimere quodcumque, vel humidum subtile, vel aerem, vel ventum, quemadmodum et ex spongiis, si magne sint. In hiis difficulter expellitur humidum compri-mendo, quia cum ex una parte exprimitur, transit in aliam. In 244

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parvis autem spongiis secus contingit, quando ibi liquor dividitur in parva, quod fit cum in utres seorsum ponitur aer vel ventus vel humidum subtile expellitur in fumos extra utres, propter quod aere expulso, liquor minor relinquitur et minorem locum occupat, cum non sit †dare† vacuum, unde recipitur in dolio cum utribus et adhuc cum alia liquoris quantitate. Et istud magis fit in vino quam alio liquore, puta aqua vel aliis, propter partium vini subtilitatem et raritatem, in qua plus de aere continetur quam in aqua. [Catena aurea entium V, ansa 1, q. 120, ibidem, f. 174va] : Cur in austrinis gravius se habent et imbecillius homines ? Responsio ibidem [scil. Problemata] q. 12. Quia auster liquefacit humidum propter estum et laxat corpora, propter quod gravantur et virtus infirmatur. Item prima particula questione XXIIII : quia ex modico liquidum multum humidum fit flante austro, et ex levi grave, et hoc, quia distendit, aliud autem retardat. Item articuli nostri relaxantur ab austro et inviscantur, viscosum autem in articulis coagulatum moveri prohibet nos ; humidum enim valde existens distendit. Vide librum II, ansan 5, q. 13 et ultimam. [Catena aurea entium VI, ansa 1, q. 44, ibidem, f. 207va] : Cur proculdubio lapides virtutes quas habent post certum periodum amittunt ? Responsio Alberti in penultimo capitulo IV Meteororum : omnia mineralia suo modo moriuntur sicud et animalia, sed non percipitur quod amiserunt esse et naturam, nisi per maximam commutationem. Saphirus enim mortuus, quia adhuc habet colorem et transparentiam et figuram saphiri, est sicud vivus qui adhuc habet opus saphiri, et ideo nominatur saphirus sicut vivus, sed post longissimam mutationem obscuratur et discontinuatur, et ita scitur non esse saphirus, sed similitudo saphiri, et ita est de auro vivo et mortuo et aliis mineralibus omnibus. [Catena aurea entium VI, ansa 2, q. 83, ibidem, f. 223va] : Cur calibs mollescit in tantum quandoque quod fit compressibilis manibus et formabilis ? Responsio ibidem [scil. Albertus Magnus, De mineralibus] : Nycolaus peripateticus ponit quod si calibs cavetur ad modum semispere et fiant pori in calibe multi et super calibem candentem plumbum mittatur, evaporabit plumbum et non relinquit in calibe †ubi† tincturam et modicam et humidum eius ad se trahit calibs, quo imbibito mollificatur calibs. Et si sepissime fiet hoc, calibs tandem efficitur mollis, ita quod compressibilis et formabilis est manibus. 245

Classification et vulgarisation des « autorit´ es » m´ edi´ evales. Le propos encyclop´ edique des traducteurs, ou l’utilit´ e des traductions vernaculaires des textes de savoir Caroline Boucher ∗ L’´epoque qui voit les r´ealisations les plus achev´ees de la tradition encyclop´edique du Moyen Age latin, avec la diffusion des travaux de Vincent de Beauvais, Barth´elemy l’Anglais et Thomas de Cantimpr´e, voit ´egalement les premiers efforts pour transmettre fid`element dans la langue vulgaire les textes de la tradition latine1 . Si la chronologie et le d´eveloppement de ces mouvements de compilation et de traduction devaient les opposer l’un `a l’autre, ces deux activit´es n’en pr´esentaient pas moins, `a l’origine, de nombreux points de comparaison. Compilateurs et traducteurs cherchaient en effet a` faire œuvre utile en transmettant fid`element `a leurs lecteurs le savoir des auctores. Leur travail refl`ete le mˆeme respect port´e `a ces auteurs, dont les lecteurs du Moyen Age reconnaissaient l’autorit´e, et aux ´ecrits desquels ils accordaient par cons´equent une valeur d’authenticit´e et de v´eracit´e2 . L’acc`es aux auctores que permettaient les compilations et les traductions vernaculaires contrastait avec l’´etude laborieuse des originalia, ces exemplaires de r´ef´erence contenant l’int´egralit´e des textes des auctores, « originaux » latins qui seuls devaient faire v´eritablement autorit´e3 . Il supposait en outre une r´eflexion sur la mani`ere ∗ Ume˚ a Universitet

1 Sur le XIIIe si` ecle consid´ er´ e comme le grand si` ecle de la tradition encyclop´ edique, voir J. Le Goff, « Pourquoi le XIIIe si` ecle a-t-il ´ et´ e plus particuli` erement un si` ecle d’encyclop´ edisme ? », L’enciclopedismo medievale, ´ ed. M. Picone, Ravenna, 1994, p. 23-40, et B. Ribemont, « L’encyclop´ edisme m´ edi´ eval : de la d´ efinition d’un genre a ` son apog´ ee. Sur la pertincence des notions d’apog´ ee et de d´ ecadence », dans « De ´ Natura Rerum ». Etudes sur les encyclop´ edies m´ edi´ evales, Orl´ eans, 1995, p. 11-68 ; cf. Ribemont, p. 61-62 sur les encyclop´ edies en regard du mouvement des traductions. 2 Sur la notion m´ edi´ evale d’auctor et d’auctoritas, voir A. J. Minnis, Medieval Theory of Authorship. Scholastic Literary Attitudes in the Later Middle Ages, London, 1984, p. 10-12. 3 Sur la notion d’originalia, voir D. Nebbiai, « L’originale et les originalia dans les biblioth` eques m´ edi´ evales », dans Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans l’´ ecriture m´ edi´ evale, ´ ed. M. Zimmermann, Paris, 2001, p. 487-505. Les traducteurs se r´ ef` erent parfois explicitement a ` l’original qu’ils rendent en fran¸cais ; voir par exemple l’´ epilogue de Robert Godefroy a ` sa traduction du Liber novem judicum (1361), o` u le traducteur pr´ evient son lecteur que « se en ce livre sunt aucunes choses meins

Caroline Boucher de rapporter le texte des auctores. Vincent de Beauvais expliquait ainsi dans la pr´eface au Speculum maius qu’il n’allait pas citer le texte des auteurs comme il se trouve dans les originalia, mais modifier la forme des mots (ipsorum uerborum forma) tout en gardant la signification voulue par l’auteur (actoris sententia), abr´egeant et exposant le texte si n´ecessaire4. Les traducteurs vernaculaires, comme leurs pr´ed´ecesseurs latins, entendaient pour leur part exposer le savoir des auctores en une autre langue, mais ils ont privil´egi´e, ` a l’instar des compilateurs, la sentence, c’est-`a-dire la signification, sur la lettre du texte5 . Enfin, les uns et les suffisantes ou trop obscures, ne soit pas imput´ e au translateur devant que l’en ait veu l’original » (ms. Paris, B. Arsenal, 2872, fol. 309vb), ou le prologue de Martin de Saint-Gille a ` sa traduction d’Hippocrate, o` u il explique que « l’original est de pou de parolles et chargi´ e de grans et de fortes sentences [...], pourquoy l’œuvre est plaine de plus grant traveil et labour et le livre plus fort a translater » (´ ed. D. Jacquart, « Hippocrate en fran¸cais. Le Livre des Amphorismes de Martin de Saint-Gille (1362´ 1363) », dans Les voies de la science grecque. Etudes sur la transmission des textes de l’Antiquit´ e au dix-neuvi` eme si` ecle, ´ ed. D. Jacquart, Gen` eve, 1997, p. 241-329, ici p. 304). 4 Cf. la seconde version du Libellus totius operis apolegeticus, Chap. 10 : Apologia de modo excerpendi in quibusdam libris Aristotilis : Id autem in hoc opere uereor quorundam legentium animos refragari, quod nonnullos Aristotilis flosculos precipueque ex libris eiusdem physicis ac methaphysicis, quos nequaquam ego ipse excerpseram, sed a quibusdam fratribus excerpta susceperam, non eodem penitus uerborum scemate, quo in originalibus suis iacent, sed ordine plerumque transposito, nonnunquam mutata paululum ipsorum uerborum forma manente tamen actoris sententia, prout ipsa uel prolixitatis abbreuiande, uel multitudinis in unum colligende, uel etiam obscuritatis explanande necessitas exigebat, per diuersa capitula inserui. Vincent de Beauvais s’autorisait, significativement, des traductions de J´ erˆ ome : beatus certe Ieronimus, eliquande ueritatis causa, Diuinas Scriptura ex hebraico fonte quondam in latini flumen eloquii transfundens, cuius editio merito pre ceteris omnibus in Ecclesia Christi dignitatem auctoritatis obtinuit, nequaquam tamen uerbum e uerbo transtulit, sed ex sensu sensum expressit (´ ed. S. Lusignan, Pr´ eface au Speculus Maius de Vincent de Beauvais : r´ efraction et diffraction, Montr´ eal, 1979, p. 131). 5 La traduction s’est d´ efinie en effet au Moyen Age comme une mani` ere d’exposer la signification d’un texte dans une autre langue, comme on le lit dans tous les dictionnaires m´ edi´ evaux, des Magnae derivationes d’Huguccio da Pisa et du Catholicon de Jean de Gˆ enes jusqu’au dictionnaire bilingue de Firmin le Ver, o` u la translatio est bien l’expositio sententie per aliam linguam. J’ai longuement discut´ e dans ma th` ese de doctorat du rˆ ole du traducteur comme commentateur et me permets d’y r´ ef´ erer ici le lecteur : C. Boucher, La mise en sc` ene de la vulgarisation. Les traductions d’autorit´ es en langue vulgaire aux XIIIe et XIVe si` ecles, th` ese de doctorat, Ecole Pratique ´ des Hautes Etudes (Paris), 2005, chapitre 2 : « Th´ eorie et pratique de la traduction ». Voir ´ egalement A. J. Minnis, « Glosynge is a glorious thyng : Chaucer at Work on the Boece », dans The Medieval Boethius. Studies in the Vernacular Translations of De Consolatione philosophiae, ´ ed. A. J. Minnis, Cambridge, 1987, p. 106-124, et R. Copeland, Rhetoric, Hermeneutics, and Translation in the Middle Ages : Academic

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Classification et vulgarisation des « autorit´ es » m´ edi´ evales. Le propos ´dique des traducteurs, ou l’utilit´ encyclope e des traductions vernaculaires des textes de savoir

autres d´el´eguaient volontiers aux auctores toute responsabilit´e quant au contenu de leurs travaux, pour ne revendiquer que la nouvelle mise en forme de ces textes, ordinatio ou translatio 6 . La notion d’autorit´e (auctoritas) fondait leurs attitudes ` a l’´egard des textes et motivait en ce sens le choix des auteurs ` a int´egrer dans leur compilation ou `a traduire dans les langues vernaculaires. Les prologues des encyclop´edies m´edi´evales donnent `a lire l’intention des compilateurs de rendre ces auteurs accessibles `a leurs lecteurs7 . Barth´elemy l’Anglais rappelle ` a la fin de son De proprietatibus rerum que la mati`ere de son encyclop´edie est consitu´ee par les auctoritates qu’il a rassembl´ees `a l’intention des lecteurs « petits et simples »8 , et Vincent de Beauvais explique dans l’apologie qui pr´ec`ede son Speculum maius sa volont´e de rendre service aux fr`eres dominicains en extrayant de ses lectures des auctoritates profitables9 ; Thomas de Cantimpr´e entend de Traditions and Vernacular Texts, Cambridge, 1991, p. 88-91. 6 Vincent de Beauvais l’affirme notablement au d´ ebut de son Speculum maius : nam ex meo pauca vel quasi nulla ; ipsorum igitur est auctoritate, nostrum autem sola partium ordinatione (Lusignan, Pr´ eface au Speculus Maius..., p. 119). Sur cette distinction entre auteur et compilateur, voir A. J. Minnis, « Late-Medieval Discussions of Compilatio and the Role of the Compilator », dans Beitr¨ age zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur, 101/3 (1979), p. 385-421, et Minnis, Medieval Theory..., p. 94-103 et p. 191-194 ; sur ce passage de Vincent de Beauvais, voir ´ egalement M. Paulmier-Foucart, « L’actor et les auctores. Vincent de Beauvais et l’´ ecriture du Speculum majus », dans Auctor et auctoritas..., p. 147-160. 7 Bernard Rib´ emont a pu ainsi d´ efinir l’´ ecriture encyclop´edique comme « la tentative [...] de donner un acc` es aux ‘auteurs’ » et la volont´ e pour un auteur de « fournir a ` son public le meilleur accessus possible aux autorit´ es » (Ribemont, « L’encyclop´ edisme m´ edi´ eval... », p. 47-48) 8 Protestor autem in fine huius opusculi quemadmodum in principio quod omnibus que secundum diversas materias in hoc tractatulo continentur parum vel nichil de meo apposui. Sed simpliciter sanctorum verba et philosophorum dicta pariter et commenta veritate previa sum secutus ut simplices et parvuli qui propter librorum infinitatem singularum rerum proprietates de quibus tractat scriptura investigare non possunt in promptu invenire valeant saltim superficialiter quod intendunt. Simplicia siquidem sunt et rudia que excepi, utilia tamen mihi rudi et mei consimilibus eadem iudicavi (´ ed. Cologne, ca 1471, Verteilte Digitale Inkunabelbibliothek, accessible a ` ). Il faut rappeler qu’une auctoritas est d’abord au Moyen Age une citation extraite du texte d’un auctor ; c’est ainsi la premi` ere signification encore attribu´ ee a ` « autoritas/ autorit´ es » dans le dictionnaire bilingue de Firmin le Ver (ca 1420-40) : Autoritas id est sententia imitatione digna, vel autoritas dicitur iudicium sapientis in scientia sua, vel magnitudo, potestas, honor (Firmin Verris Dictionarius. Dictionnaire latin-fran¸cais de Firmin le Ver, ´ ed. B. Merrilees et W. Edwards, Turnhout, 1994, p. 38). 9 Cf. Chap. 1 : De causa suscepti operis et eius materia : « mihi omnium fratrum minimo plurimorum libros assidue ex longo tempore reuoluenti ac studiose legenti ui-

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Caroline Boucher mˆeme compiler en un ouvrage ce qu’il a trouv´e de meilleur (m´emorable et moral) sur la nature des cr´eatures et leurs propri´et´es dans les ´ecrits des auteurs et des philosophes10 . Cette volont´e d’introduire les lecteurs aux auctores se retrouve dans les textes vernaculaires, des premi`eres compilations jusqu’aux traductions des auctores. Brunetto Latini annonce ainsi son intention de rassembler dans son Livre du Tresor les « mervilleus dis des autours ki devant nostre tans ont traiti´e de philosophie » et ins`ere d’ailleurs pour cette raison ses traductions d’Aristote et de Cic´eron au sein de sa compilation11 . Les prologues des traducteurs mettent ´egalement en valeur, `a leur mani`ere, l’autorit´e et, par l`a mˆeme, l’utilit´e des textes qu’ils rendent dans la langue vernaculaire. Le recours `a une forme d’accessus ad auctores pour introduire le texte ` a traduire, `a la mani`ere des commentateurs latins, vient encore confirmer dans certaines traductions l’autorit´e de l’auctor qu’entend exposer le traducteur12 . Au-del` a de la pr´esentation sum est tandem, accedente etiam maiorum meorum consilio, quosdam flores modulo ingenii mei electos ex omnibus fere quos legere potui, situe nostrorum id est catholicorum doctorum, siue gentilium scilicet philosophorum et poetarum, et ex utrisque historicorum, in unum corpus uoluminis quodam compendio et ordine summatim redigere ; et plus loin : Hec et alia multa in illis historiis utilia simul ac delectabilia cernens, plurimosque fratrum nostrorum huiuscemodi rerum ignaros esse conspiciens, ipsas etiam sicut et cetera de diuersis actoribus diligenter excerpendo collegi atque ad certum ordinem temporum cuncta redegi ; il pr´ ecise encore au troisi` eme chapitre (De utilitas operis et apologia actoris) qu’il a retenu le meilleur de ses lectures, de bonis, ut arbitror, meliora uel certe de melioribus non nulla collegi (Lusignan, Pr´ eface au Speculus Maius..., p. 115-116 et 119). 10 Naturas rerum in diuersis auctorum scriptis late per orbem sparsas inveniens cum labore nimio et sollicitudine non parva annis ferme XV operam dedi, ut inspectis diversorum philosophorum et auctorum scriptis, ea que de naturis creaturarum et earum proprietatibus memorabilia et congrua moribus invenirem, in uno volumine et hoc in parvo brevissime compilarem (´ ed. H. Boese, Thomas Cantimpratensis Liber de Natura Rerum, Berlin, New York, 1973, p. 3, d´ ebut du prologue). 11 « Cis livre est apiel´ es Tresors. Car si come li sires ki vuet en petit lieu amasser cose de grandisme vaillance, non pas pour son delit solement, mes pour acroistre son pooir et pour aseurer son estat en guerre et en pais, i met les plus chieres choses et les plus precieus joiaus k’il puet selonc sa bonne entencion ; tout autresi est li cors de cest livre compil´ es de sapience, si come celui ki est estrais de tous les membres de philosophie en une sonme briement [...]. Et si ne di je pas que le livre soit estrais de mon povre sens ne de ma nue science ; mais il ert ausi comme une bresche de miel coillie de diverses flours, car cist livres est compil´ es seulement des mervilleus dis des autours ki devant nostre tans ont traiti´ e de philosophie, cascuns selonc c¸ou k’il en savoit partie » (´ ed. F. J. Carmody, Berkeley/ Los Angeles, 1948, p. 17-18). Les deuxi` eme (sur les vices et les vertus) et troisi` eme (sur la rh´ etorique) parties du Tresor s’articulent autour des ´ traductions de l’Ethique d’Aristote et du De inventione ; cf. Li livres dou Tresor, II, 2-49 et III, 1-69. 12 Je d´ esigne par accessus ad auctorem l’ensemble de ces prologues introduisant

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des textes `a traduire et des d´eclarations d’intention des traducteurs, le choix des auctores ou des « autorit´es » ` a traduire t´emoigne directement de ce rapport ` a l’auctoritas ; c’est cet aspect qui m’int´eresse ici et qui fonde les r´eflexions qui suivent sur la vulgarisation des « autorit´es » aux XIIIe et XIVe si`ecles. Parler des traductions comme des traductions d’« autorit´es » n’est plus une id´ee nouvelle. Serge Lusignan avait d´ej` a soulign´e l’int´erˆet d’utiliser la notion d’auctoritas pour aborder le corpus des traductions, expliquant que « cette classification des auctoritates est beaucoup plus ad´equate pour d´elimiter et d´efinir le corpus des traductions et lui donner sens. Les œuvres traduites aux XIIIe et XIVe si`ecles sont celles qui sont `a la base de l’enseignement universitaire, que l’on retrouve dans les biblioth`eques des couvents ou des coll`eges, que Vincent de Beauvais a r´efl´echies dans son grand miroir » ; si toutes les auctoritates ne sont pas traduites, « les œuvres traduites ont ceci en commun qu’elles font toutes partie du corpus des auctoritates de la pens´ee m´edi´evale »13 . La notion d’autorit´e permet de fait de situer au mieux le vaste corpus des traductions dans la pens´ee du Moyen Age, pr´ecis´ement parce qu’il s’agit d’un crit`ere qui ne d´epend pas des traductions elles-mˆemes, c’est-`a-dire qui ne refl`ete pas l’usage qui est fait de ces textes dans la langue de traduction, mais proc`ede aux auctores suivant un sch´ ema codifi´ e, bien que cette expression m´ edi´ evale n’en recouvrait qu’un certain type et que ces sch´ emas ´ etaient en fait connus sous diff´ erentes appellations : voir Minnis, Medieval Theory..., p. 13-33, et R. W. Hunt, « The Introductions to the Artes in the Twelfth Century », r´ e´ edit´ e dans The History of Grammar in the Middle Ages. Collected Papers, Amsterdam, 1980, p. 117-144. J’ai ´ etudi´ e diff´ erents sch´ emas d’acccessus ad auctores utilis´ es par les traducteurs dans La mise en sc` ene de la vulgarisation... On en trouvera ´ egalement des exemples dans B. Roy, L’art d’amours. Traduction et commentaire de l’‘Ars amatoria’ d’Ovide, Leiden, 1974, p. 40-53 ; G. Baldassari, « Prologo e Accessus ad auctores nella Rettorica di Brunetto », dans Studi e Problemi di Critica Testuale, 12 (1976), p. 102-116 ; I. Johnson, « Prologue and Practice : Middle English Lives of Christ », dans The Medieval Translator. The Theory and Practice of Translation in the Middle Age I, ´ ed. R. Ellis, Cambridge, 1989, p. 69-85 ; Copeland, Rhetoric, Hermeneutics, and Translation..., p. 66-76 ; Jacquart, « Hippocrate en fran¸cais... », p. 252-226. 13 S. Lusignan, Les intellectuels et la langue fran¸ caise aux XIIIe et XIVe si` ecles, Montr´ eal/ Paris, 1987, p. 130-131. Lusignan opposait alors, fort justement, la notion d’auctoritas a ` l’id´ ee de « classique » qui a longtemps sous-tendu les travaux sur les traductions vernaculaires et qui a fait bien souvent d’une traduction une lecture humaniste, ou pr´ ehumaniste, des auteurs classiques. P. F. Dembowski a d´ enonc´ e semblablement le parti pris humaniste dans l’´ etude des traductions fran¸caises et a propos´ e ´ egalement de d´ efinir les traductions dans leur rapport a ` l’auctor qui en est a ` la source, dans « Learned Latin Treatises in French : Inspiration, Plagiarism, and Translation », dans Viator, 17 (1986), p. 255-266.

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Caroline Boucher de la litt´erature latine qui en est ` a la source et regarde ainsi la nature des textes traduits. Pourtant, ce crit`ere disparaˆıt rapidement lorsqu’il s’agit, dans les travaux de Lusignan comme ailleurs, de d´ecrire effectivement le corpus des traductions fran¸caises. La pr´esentation de ce corpus s’articule en effet traditionnellement autour des d´edicataires qui sont associ´es `a ces traductions, et non ` a partir de la mati`ere qu’elles rendent en langue vernaculaire, reprenant ainsi la chronologie qui avait guid´e, d´ej` a, les travaux fondateurs de Jacques Monfrin14 . C’est dire que, au-del` a des principes d’intention, la question de savoir si les classifications m´edi´evales de ces autorit´es a pu influencer les traducteurs des XIIIe et XIVe si`ecles dans leur choix des textes `a traduire n’a gu`ere attir´e l’attention. L’importance de ce corpus permet pourtant d’examiner les traductions vernaculaires sous l’angle de l’organisation des savoirs et de se demander si les traducteurs des XIIIe et XIVe si`ecles ont cherch´e `a transmettre en langue vulgaire les autorit´es appartenant aux diff´erentes sph`eres du savoir. Chaque discipline avait ses auctores, ces philosophes auxquels un ´etudiant devait croire, comme l’explique Vincent de Beauvais en d´efinissant « l’ordre et la dignit´e des autorit´es » dans la pr´eface `a son Speculum maius : Priscien pour la grammaire, Aristote pour la logique, Cic´eron pour la rh´etorique, Hippocrate pour la m´edecine, pour reprendre les exemples fournis par Vincent de Beauvais15. Ces autorit´es 14 Cf. J. Monfrin, « Humanisme et traductions au Moyen Age », dans Journal des savants, 148 (1963), p. 161-190, « Les traducteurs et leur public en France au Moyen Age », dans Journal des savants, 149 (1964), p. 5-20, et « La connaissance de l’antiquit´ e et le probl` eme de l’humanisme en langue vulgaire dans la France du XVe si` ecle », dans The Late Middle Ages and the Dawn of Humanism outside Italy, ´ ed. G. Verbeke et J. Ijsewijn, Louvain, 1972, p. 131-170. Le Grundriss der Romanischen Literaturen des Mittelalters VIII/1 : La litt´ erature fran¸caise aux XIVe et XVe si` ecles, ´ ed. D. Poirion, Heidelberg, 1988, distingue au contraire les traductions scientifiques par disciplines : voir les chapitres sur « L’astronomie, la cosmologie, l’astrologie et les sciences divinatoires » (T. Charmasson), « Les trait´ es scientifiques » et « La m´ edecine » (C. Thomasset) ; les « autres » traductions ne s’y retrouvent cependant que dans le chapitre g´ en´ erique de F. Berier, « Traduire en France a ` la fin du Moyen Age », p. 219-265. 15 Dans cette classification, les philosophes et docteurs forment la troisi` eme cat´ egorie ´ d’auteurs, apr` es la Bible, les docteurs que l’Eglise a canonis´ es et les docteurs non canonis´ es : Tertium autem et infimum tenent gradum philosophi doctoresque gentilium. Nam, etsi catholice fidei ueritatem ignorauerunt, mira tamen et preclara quedam dixerunt de creatore et creaturis, de uirtutibus quoque et uiciis, que et fide catholica et ratione humana manifeste probantur esse uera. Preterea, quoniam artifici cuilibet in sua facultate discentem oportet credere secularium scientiarum studiosis scolaribus, ut in eis proficiant, necesse est primitus philosophis earum inuentoribus uel peritis ac disertis tractatoribus fidem adhibere, uerbi gratia, Prisciano in grammatica, Aristotili

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des ´ecoles et des universit´es, autour desquelles s’organisait l’enseignement, devaient ˆetre lues par les ´etudiants et comment´ees par les maˆıtres. Elles formaient par cons´equent le cœur des biblioth`eques d’´etude des XIIIe et XIVe si`ecles, elles-mˆemes organis´ees par mati`eres ou, dans le cas des disciplines universitaires, par facult´es16 . Il n’y aurait apr`es tout rien d’´etonnant `a ce que les traducteurs, form´es dans les ´ecoles, sinon dans les universit´es, se soient int´eress´es ` a des textes qu’ils ont eux-mˆemes ´etudi´es, sinon « lus », au sens m´edi´eval d’enseigner17 . Si toutes les autorit´es n’ont assur´ement pas ´et´e traduites `a la fin du Moyen Age, l’´etude du corpus des traductions des textes de savoir in logica, Tullio in rethorica, Ypocrati in medicina (Libellus... apologeticus, Chapitre 10 : De ordine dignitatis eorumdem, ´ ed. Lusignan, Pr´ eface au Speculus Maius..., p. 126-127). Jean de Vignay (ca 1330), dans sa traduction de ce passage, explique de mˆ eme qu’« aucun bon escolier estudiant » doit « croire le dit du docteur en qui science il estudie, s’il i veult profiter », comme « il est mestier que l’en croie aux philosophes qui la science trouverent et as expers et sages traicteurs, aussi comme en gramaire l’en doit croire a Prescien, en logique a Aristote, a Tulle en rethorique, a Ypocras en medecine » (chap. 12, « De l’ordre de la dignet´ e des auctoritez », ms. Paris, BNF, fr. 316, fol. 13r). Cf. les Magnae derivationes (ca 1200) d’Huguccio de Pise : ab autor, quod significat autentin, derivatur hec autoritas, id est sententia digna imitatione, et autenticus -a -um et hic et hec autorizabilis et hoc -le, quod fit autoritate sapientis vel sapientium, homo autenticus vel autorizabilis, huius autoritatis videlicet cui credi debet (Die Magnae derivationes des Uguccione da Pisa und ihre Bedeutung f¨ ur die romanische Philologie, ´ ed. C. Riessner, Roma, 1965, p. 194, « augeo »). 16 Le second inventaire (1338) de la « grande » biblioth` eque de la Sorbonne (la magna libraria ou biblioth` eque de consultation o` u les ouvrages ´ etaient enchaˆın´ es aux pupˆıtres) distingue les ouvrages appartenant aux artes (libri grammaticales, auctores grammaticales in metro, libri logicales Aristotelis et aliorum, libri naturales, libri morales Aristotelis et aliorum philosophorum, libri quadriviales), a ` la m´ edecine, au droit et a ` la th´ eologie. L’inventaire de la biblioth` eque pontificale a ` Avignon en 1407 classe semblablement les ouvrages de la grande biblioth` eque par facult´ es. Sur tout cela, voir D. Nebbiai-Della Guarda, « Classifications et classements », dans l’Histoire des biblioth` eques fran¸caises, Vol. I : Les biblioth` eques m´ edi´ evales, ´ ed. A. Vernet, Paris, 1989, p. 373-393, surtout p. 384-89 ; sur ces biblioth` eques, voir ´ egalement R. R. Rouse, « The Early Library of the Sorbonne », dans Scriptorium, 21 (1967), p. 42-71 et p. 227-251 (r´ e´ ed. dans R. H. Rouse et M. A. Rouse, Authentic Witnesses. Approaches to Medieval Texts and Manuscripts, Notre Dame, 1991, p. 341-349), et M. H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, « La biblioth` eque pontificale a ` Avignon aux XIVe si` ecle », dans Les biblioth` eques m´ edi´ evales..., p. 147-69, surtout p. 157-159. 17 Nombreux sont les traducteurs fran¸ cais des XIIIe et XIVe si` ecles qui sont pass´ es par l’universit´ e. Par exemple, Jean de Meun, Mahieu le Vilain et Robert Godefroy avaient tous ´ etudi´ ea ` la facult´ e des arts, a ` Paris ou ailleurs (sur Jean de Meun, voir les recherches r´ ecentes de L. Rossi, « Du nouveau sur Jean de Meun » dans Romania, 121 ´ (2003), p. 430-460) ; Martin de Saint-Gille, Evrart de Conty, et Nicolas de la Horde ´ etaient maˆıtres de la facult´ e de m´ edecine de Paris ; Simon de Hesdin, Jean Corbechon, Nicole Oresme et Nicolas de Gonesse ´ etaient maˆıtres en th´eologie.

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Caroline Boucher montre que nombre d’autorit´es des ´ecoles sont pass´ees dans les langues vernaculaires. Il est vrai qu’une recension des traductions des textes qui auraient ´et´e lus dans les ´ecoles et les universit´es pose d’importantes difficult´es. Au probl`eme bien connu d’identifier ces traductions s’ajoute en effet la difficult´e de d´efinir pr´ecis´ement les textes d’´etude : les sources normatives n’indiquent ponctuellement qu’une partie des enseignements et mˆeme, dans le cas des statuts universitaires, n’informent que sur les lectures oblig´ees pour l’obtention d’un diplˆome, n´ecessaires donc pour passer aux facult´es sup´erieures, mais qui ne constituaient pas pour autant l’ensemble des textes qui pouvaient y ˆetre lus par les maˆıtres. L’´etude des manuscrits d’´ecole et du livre universitaire, de mˆeme que l’´etude des commentaires sur ces textes, viennent n´eanmoins compl´eter ces sources et permettent d’identifier les principaux auctores des ´ecoles m´edi´evales et des facult´es universitaires18. Ces cursus de l’enseignement forment en ce sens un cadre pour d´ecrire et penser l’ensemble des traductions d’autorit´es. Il est possible, ainsi, de pr´esenter un tableau satisfaisant du corpus des traductions en fran¸cais, en partant, au niveau le plus ´el´ementaire, de l’apprentissage du latin (la grammatica), traditionnellement effectu´e `a l’aide de l’Ars minor de Donat, passant ensuite par les auctores minores ´ et maiores, comme les fables d’Esope ou d’Avianus, les Disticha Catonis, les po`etes et historiens latins (d’Ovide ` a des auteurs tels Lucain, Salluste, Su´etone et C´esar, r´eunis par les Faits des Romains), allant jusqu’` a l’importante Consolatio philosophiae de Bo`ece, ainsi ensuite qu’aux œuvres morales de S´en`eque et de Cic´eron, telles les Lettres a ` Lucilius et les trait´es sur l’amiti´e et la vieillesse19 . Plusieurs autorit´es de l’enseignement 18 Sur l’enseignement ´ el´ ementaire, voir notamment S. Reynolds, Medieval Reading. Grammar, Rhetoric and the Classical Text, Cambridge, 1996, et T. Hunt, Teaching and Learning Latin in Thirteenth-Century England, Cambridge, 1991 ; le cas des ´ ecoles italiennes est le plus connu, depuis les travaux de P. F. Grendler, Schooling in Renaissance Italy : Literacy and Learning, 1300-1600, Baltimore, 1989, et P. F. Gehl, A Moral Art : Grammar, Society, and Culture in Trecento Florence, Ithaca/ London, 1993, et R. Black, Humanism and Education in Medieval and Renaissance Italy : Tradition and Innovation in Latin Schools from the Twelfth to the Fifteenth Century, Cambridge, 2001. Pour l’enseignement universitaire, voir J. A. Weisheipl, « Curriculum of the Faculty of Arts at Oxford in the Early Fourteenth Century », dans Mediaeval Studies, 26 (1964), p. 143-185, A History of the University of Europe, I : Universities in the Middle Ages, ´ ed. H. de Ridder-Symoens, Cambridge, 1992, et L’enseignement des disciplines ` a la facult´ e des arts (Paris et Oxford, XIIIe -XVe si` ecles), ´ ed. O. Weijers et L. Holtz, Turnhout, 1997. 19 Parmi les traductions en fran¸ cais qui ont ´ et´ e´ edit´ ees, voir par exemple les Traductions fran¸caises de l’Ars minor de Donat au moyen ˆ age (XIIIe -XVe si` ecles), ´ ed. M. Colombo Timelli, Firenze, 1996 ; les « Traductions [des Disticha Catonis] d’Adam

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universitaire ont semblablement ´et´e traduites : Cic´eron pour la rh´etorique ; Aristote pour la philosophie morale et naturelle, de mˆeme que le De regimine principum de Gilles de Rome qui en exposait et reformu´ ´ lait l’Ethique, l’Economique et la Politique ; ou encore le De sphera de Jean de Sacrobosco et la Compositio et operatio astrolabii du PseudoMessahalla pour l’astronomie20 . Les facult´es de droit et de m´edecine ont de Suel, de Jean de Paris ou du Chastelet, et Jean Lef` evre », ´ ed. J. Ulrich, dans Romanische Forschungen, 15 (1903), p. 41-149, et autres textes scolaires : Le Facet en fransoys, ´ ed, J. Morawski, Poznan, 1923, « Le Tiaudelet : traduction fran¸caise en vers de Theodolus », ´ ed. A. Parducci, dans Romania, 44 (1915-17), p. 37-54, et « Les Paraboles maistre Alain », ´ ed. T. Hunt, dans Forum for Modern Languages Studies, 21 (1985), p. 362-375 ; L’art d’amours. Traduction et commentaire de l’‘Ars amatoria’ d’Ovide, ´ ed. B. Roy, Leiden, 1974, l’« Ovide moralis´ e ». Po` eme du quatorzi` eme si` ecle publi´ e d’apr` es tous les manuscrits connus, ´ ed. C. De Boer, Amsterdam, 1915-1938, et l’« Ovide moralis´ e en prose », ´ ed. De Boer, Amsterdam, 1954 ; Li fet des Romains compil´ e ensemble de Salluste et de Su´ etone et de Lucan, ´ ed. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, Paris/ Groningue, 1937-1938 (r´ e´ ed. Gen` eve, 1977) ; Boeces : De Consolacion, ´ edition critique d’apr` es le manuscrit Paris, Biblioth` eque nationale, fr. 1096, ´ ed. J. K. Atkinson, T¨ ubingen, 1996, « Boethius’ De consolatione by Jean de Meun », ´ ed. V. L. Dedeck-H´ ery, dans Medieval Studies, 14 (1952), p. 168-275, et les extraits contenus dans Notice sur le manuscrit latin 4788 du Vatican contenant une traduction fran¸caise avec commentaire par maˆıtre Pierre de Paris de la Consolatio Philosophiae de Bo` ece, d’A. Thomas, Paris, 1917 ; enfin, les extraits ´ edit´ es par M. Eusebi, « La pi` u antica traduzione francese delle lettere morali di Seneca e i suoi derivati », dans Romania, 91 (1970), p. 1-47, « Les Enseignement Seneque », ´ ed. M. Oswald, dans Romania, 90 (1969), p. 31-78 et 202-241, et « Note additionnelle » dans Romania, 91 (1970), p. 106-124. Voir encore, parmi de nombreuses traductions in´ edites, la traduction anonyme de l’Histoire romaine de Paul Diacre et ses interpolations de Lucain (ms. Paris, BNF, fr. 688) ; la traduction anonyme des Lettres ` a Lucilius de S´ en` eque (ms. Paris, BNF, fr. 12235) et le Livre de vieillesse et le Livre de la vraye amisti´ e de Laurent de Premierfait (mss Paris, BNF, lat. 7789 et 1020). 20 Pour la rh´ etorique, voir Brunetto Latini, Li livres dou Tresor, ´ ed. Carmody..., et la Notice sur la Rh´ etorique de Cic´ eron traduite par maˆıtre Jean d’Antioche. Ms. 590 du Mus´ ee Cond´ e, de L. Delisle, Paris, 1899 (paru ´ egalement dans les Notices et extraits des manuscrits de la Biblioth` eque nationale et autres biblioth` eques 36 (1899), p. 207-264). Pour la philosophie d’Aristote, voir Li Livres du Gouvernement des Rois : A Thirteenth-Century French Version of Egidio Colonna’s Treatise ‘De regimine principum’, ´ ed. S. P. Molenaer, New York, 1899 ; Mahieu le Vilain. Les metheores d’Aristote, ´ ed. R. Edgren, Uppsala, 1945 ; Nicole Oresme, Le livre de Ethiques d’Aristote, ´ ed. A. D. Menut, New York, 1940, Le livre de Politiques d’Aristote, ´ ed. A. D. Menut, Philadelphia, 1970, « Le livre des Yconomiques d’Aristote », ´ ed. A. D. Menut, dans Transactions of the American Philosophical Society, 47/ 5 (1957), p. 785-847, et Le Livre du ciel et du monde d’Aristote, ´ ed. A. D. Menut et A. J. Denomy, Madison, 1968. Pour les traductions et adaptations du Pseudo-Messahalla, voir P` elerin de Prusse on the Astrolabe : Text and Translation of his ‘Practique de astralabe’, ´ ed. E. LAIRD et R. FISHER, Binghamton, 1995, et le trait´ e sur les Usages de l’astrolabe de Jean Fusoris (ca 1407-1412) ´ ed. par E. Poulle, Un constructeur d’instruments

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Caroline Boucher vu ´egalement leurs principales autorit´es traduites en fran¸cais. Le D´ecret de Gratien et les Institutiones de Justinien ont ´et´e traduits d`es le d´ebut du XIIIe si`ecle, compl´et´es ensuite de traductions du Digeste, du Code et des Novelles (ou Authentiques), puis enfin des D´ecr´etales de Gr´egoire IX21 . Les pratiques m´edicales des maˆıtres en m´edecine, tels Bernard de Gordon et Guy de Chauliac, ont rapidement ´et´e diffus´ees sous forme de traductions et d’adaptations, et les grandes autorit´es de la m´edecine ont elles aussi ´et´e traduites en fran¸cais : les Aphorismes d’Hippocrate et son commentaire par Galien, avec des extraits du Canon d’Avicenne ; les trait´es d’Isaac Israeli, le Liber ad Almansorem de Rhaz`es, du moins partiellement, et l’Antidotaire de Nicolas de Salerne22 . Si la th´eologie astronomiques au XVe si` ecle, Jean Fusoris, Paris, 1963, p. 95-124. Les traductions des textes scientifiques sont encore les moins ´ edit´ ees ; voir par exemple le commentaire en fran¸cais du De sphaera de Sacrobosco par Nicole Oresme (Le livre de l’espere, ms. Paris, BNF, fr. 1350), et l’anonyme traduction fran¸caise de Sacrobosco du ms. Paris, B. Arsenal, 2872, fol. 64v-79v ; la traduction des Problemata ps. aristot´ eliciens par ´ Evrart de Conty (Le livre des probl` emes, ms. Paris, BNF, fr. 24281-82) ; les traductions d’astrologie d’Hagin dit le Juif (ms. Paris, BNF, fr. 24276) ; la traduction du Quadripartitum de Ptol´ em´ ee et du commentaire d’Haly Abenrudian par Guillaume Oresme (Le livre quadriparti, ms. Paris, BNF, fr. 1348) ; enfin, les travaux de Robert Godefroy et autres traducteurs d’astronomie ou d’astrologie des mss Paris, B. Arsenal, 2872, et Paris, BNF, fr. 613, fr. 1083 et nouv. acq. fr. 18867. 21 Gratiani Decretum. La traduction en ancien fran¸ cais du D´ ecret de Gratien, ´ ed. L. L¨ ofstedt, Helsinki, 1992-2001 ; Les Institutes de Justinien en fran¸cais. Traduction anonyme du XIIIe si` ecle, ´ ed. F. Olivier-Martin, Paris, 1936, et la traduction en vers de Richard d’Annebaut ´ etudi´ ee par C.-H. Lavigne, La traduction juridique au Moyen Age : moyen d’appropriation et de r´ einvention culturelle des Institutiones de Justinien 1er , Th` ese de doctorat, Universit´ e de Montr´ eal, 2002 ; enfin, les D´ ecr´ etales ´ Fournier, Nouvelles recherches sur en fran¸cais et autres traductions ´ etudi´ ees par E. ´ les curies, chapitres et universit´ es de l’ancienne Eglise de France, Paris/ Arras, 1942, p. 202-224. 22 Sur les pratiques de m´ edecine, voir L. E. Demaˆıtre, Doctor Bernard de Gordon : Professor and Practitioner, Toronto, 1980, Id., « Medieval Writing in Transition : Between Ars and Vulgus », dans Early Science and Medicine, 3/2 : The Vernacularization of Science, Medicine and Technology in Late Medieval Europe (1998), p. 88-102, S. Bazin-Tacchella, Essai sur la diffusion et la vulgarisation de la Chirurgia Magna de Guy de Chauliac, Paris, 1997, et Ead., « Adaptations fran¸caises de la Chirurgia Magna de Guy de Chauliac et codification du savoir chirurgical au XVe si` ecle », dans Bien dire et bien aprandre, 14 (1996), p. 169-188. Pour la traduction fran¸caise des Aphorismes d’Hippocrate, compl´ et´ ee par Galien et Avicenne, voir D. Jacquart, « Hippocrate en fran¸cais... », et Les commentaires de Martin de Saint-Gille sur les ‘Amphorismes Ypocras’, ´ ed. G. Lafeuille, Gen` eve, 1964. Voir Pierre d’Abernum of Fetcham. Le secr´ e des secrez from the Unique Manuscript Bnf. fr. 25407, ´ ed. O. A. Beckerlegge, Oxford, 1944, pour une adaptation des cinq premiers chapitres du livre IV de Rhaz` es et le ms. Paris, BNF, fr. 24247 pour une traduction anonyme du mˆ eme

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devait n’ˆetre accessible qu’aux seuls sp´ecialistes, viennent tout de mˆeme s’ajouter `a cette liste de nombreuses traductions des livres de la Bible, autorit´e m´edi´evale par excellence, bientˆ ot compl´et´ees par la traduction de l’Historia scolastica de Pierre Comestor23. Je n’entrerai pas davantage dans la description de ce corpus24 , mais voudrais discuter ici de l’int´erˆet d’utiliser ces autorit´es des ´ecoles comme crit`ere dans l’´etude des traductions et surtout dans l’interpr´etation du mouvement que repr´esentent ces traductions. Ainsi, ce classement des traductions permet d’abord de revoir l’id´ee traditionnelle selon laquelle les textes traduits n’auraient pas ´et´e de « ceux qui ´etaient couramment ´etudi´es dans les ´ecoles »25 . S’il est bien vrai que toutes les autorit´es de l’enseignement n’ont pas ´et´e traduites dans les langues vernaculaires et que ce tableau des traductions pr´esente en th´eorie bien des lacunes, les traducteurs rejoignent pourtant les maˆıtres des ´ecoles et des universit´es dans leur choix des textes ` a transmettre. Parce qu’ils s’attachent aux autorit´es qui incarnent les diff´erents savoirs, les traducteurs introduisent effectivement `a des disciplines appartenant jusque l`a `a l’univers des ´ecoles ; ils privil´egient en ce sens les autorit´es a ` la base des diff´erents enseignetrait´ e ; le Secret des secrets de Jofroi de Waterford pour une version du trait´ e d’Isaac Israeli (ms. Paris, BNF, fr. 1822) ; enfin, L’Antidotaire Nicolas. Deux traductions fran¸caises de l’ Antidotarium Nicolai, l’une du XIVe si` ecle suivie de quelques recettes de la mˆ eme ´ epoque et d’un glossaire, l’autre du XVe si` ecle, incompl` ete, publi´ ees d’apr` es les mss fran¸cais 25327 et 14827 de la Biblioth` eque nationale, ´ ed. P. Dorveaux, Paris, 1896. 23 Parmi une importante litt´ erature, voir G. de Poerck, avec la coll. de R. Van Deyck, « La Bible et l’activit´ e traductrice dans les pays romans avant 1300 », dans GRLMA VI/1 : La litt´ erature didactique, all´ egorique et satirique, Heidelberg, ´ ed. H. R. Jauss, 1968, p. 22-48 ; P. M. Bogaert, « Adaptation et versions de la Bible en prose », dans Les genres litt´ eraires dans les sources th´ eologiques et philosophiques m´ edi´ evales : d´ efinition, critique et exploitation, ´ ed R. Bultot et L. G´ enicot, Louvain-la-Neuve, 1982, p. 259-277, et Id., « La Bible fran¸caise au Moyen Age. Des premi` eres traductions aux d´ ebuts de l’imprimerie », dans Les Bibles en fran¸cais. Histoire illustr´ ee du moyen ˆ age ` a nos jours, ´ ed. P.-M. Bogaert, avec C. Cannuyer, Turnhout, 1991, p. 14-45 (texte r´ e´ ed. int´ egralement dans le Dictionnaire des lettres fran¸caises. Le Moyen Age, ´ Paris, 1992, p. 179-196) ; S. Berger, La Bible fran¸caise au Moyen Age. Etude sur les plus anciennes versions de la Bible ´ ecrites en prose de langue d’o¨ıl, Paris, 1884 (r´ e´ ed. Gen` eve, 1967) ; R. Potz McGerr, « Guyart Desmoulins, the Vernacular Master of Histories, and His Bible Historiale », dans Viator, 14 (1983), p. 211-244. 24 J’ai propos´ e dans ma th` ese de doctorat une telle pr´ esentation des traductions d’autorit´ es : cf. La mise en sc` ene de la vulgarisation..., chapitre 1 : « Les traductions d’autorit´ es en langue vulgaire ». 25 Comme l’affirme par exemple J. Verger, Les gens de savoir en Europe ` a la fin du Moyen Age, Paris, 1997, p. 11-12.

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Caroline Boucher ments, laissant au latin les textes les plus avanc´es. Mahieu le Vilain justifie par exemple sa traduction d’Aristote en disant des Meteorologica que « c’est le livre de natures que l’en puet plus proprement estraire en franchois »26 . Richard d’Annebaut adapte les Institutiones de Justinien en vers dans l’intention explicite de pr´eparer son lecteur `a l’´etude du droit dans les ´ecoles27 . Martin de Saint-Gille explique pour sa part que le Livre des aphorismes est le « plus commun » d’Hippocrate, qu’il donne « congnoissance de l’art de medicine en bresves parolles et legieres a comprendre et fortes en sentences, en prosecutions et en discutions » et qu’il convient donc aux « estudians qui veullent aprendre l’art de medicine »28 . Cela ne signifie pas pour autant que ces traductions ont n´ecessairement ´et´e lues dans une perspective d’´etude, mais plutˆ ot que les classifications des savoirs et les cursus de l’enseignement qu’elles d´efinissent ont motiv´e le choix des textes ` a traduire et fondent par cons´equent le discours des traducteurs. En effet, les traducteurs ne manquent pas de souligner l’int´erˆet que pr´esente l’´etude des autorit´es et valorisent de ce fait des textes et des mati`eres pr´esent´es dans les divisions du savoir comme de simples prop´edeutiques. On traduit par exemple la philosophie morale d’Aristote avant sa m´etaphysique, en la consid´erant avec Gilles de Rome comme « moult plus proffitables et necessaires as filz des franz et des noblez »29 , 26 Les

metheores d’Aristote, ´ ed. Edgren, p. 1. ms. London, British Library, Harley 4477, fol. 70 (prologue) : « Se il y veult garder suvent/ Il y pourra asses aprendre/ Et plus legierement entendre/ Le latin quant il le verra/ Et trouver ce que il querra » ; l’´ epilogue du traducteur (fol. 215) ´ evoque des lecteurs qui, « [...] quant des escolles vendront/ Du latin que il n’entendront/ S’yront au fran¸cois conseiller ;/ Sy lor convendra mains veiller/ Pour avoir en l’entention ;/ Et se ilz font collacion/ Du fran¸cois contre le latin,/ Quant ilz le verront au matin/ Pour aller a ` l’escolle aprendre,/ Legierement pourront entendre/ Ce que les maistres lor diront,/ Que tout en latin lor liront » (C.-H. Lavigne, « La traduction en vers des Institutes de Justinien 1er : mythes, r´ ealit´ e et entreprise de versification », dans Meta, 49/3 (2004), p. 515-516 ; je remercie vivement l’auteure de m’avoir fait parvenir sa transcription avant publication). 28 Ed. ´ Jacquart, « Hippocrate en fran¸cais... », p. 310-311 ; ces remarques se trouvent ins´ er´ ees dans l’accessus ad auctorem, o` u sont expos´ es l’intention de l’auteur et l’ordre des livres d’Hippocrate. 29 Gilles de Rome, De regimine principum II, ii, 8, cit´ e ici dans la traduction de Guillaume (ms. Paris, B. Arsenal, 2690, fol. 11ra). En d´ epit du programme ambitieux que Gilles de Rome d´ ecrit dans ce texte, l’instruction des enfants nobles s’y trouve a ` la fin r´ esum´ ee a ` l’apprentissage du latin et de la « moralit´ e ». Le commentaire de son traducteur Guillaume contraste cependant avec la conclusion de Gilles de Rome, puisqu’il annonce a ` la fin de ce chapitre son intention d’« aucunes des dites sciences abregier en romans, selonc que je enten proffitable estre a celi pour qui je ai empris ceste occupation et a ses semblanz » (fol. 111vb). 27 Cf.

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mais aussi, suivant Nicole Oresme, comme « la meilleur, la plus digne et la plus profitable »30 . Brunetto Latini va mˆeme jusqu’` a d´efinir la politique dans son Livre du Tresor comme « dou plus noble mestier ki soit entre les homes », alors que Dante place la philosophie morale au-dessus de la m´etaphysique dans la classification des savoirs qu’il propose dans son Convivio, parce qu’elle pr´epare (ordina) aux autres sciences31 . S’il faut admettre que les traductions d’autorit´es introduisent aux savoirs des ´ecoles et des universit´es, il faut aussi s’interroger sur la coh´erence de cet ensemble et souligner les difficult´es que laisse entrevoir ce corpus. De fait, au-del` a des auctores dits minores largement diffus´es dans les diff´erentes langues vernaculaires, les traductions des auctores dits maiores, destin´es aux ´el`eves plus avanc´es, indiquent d´ej` a des choix importants. L’Ars poetica d’Horace et l’Achilleis de Stace manquent ainsi notablement dans ce tableau o` u s’imposent Ovide, Lucain et Salluste ; Virgile semble n’avoir ´et´e traduit qu’en Italie, bien qu’on l’ait beaucoup adapt´e tout au long du Moyen Age32 . Les auctores des universit´es sont encore plus in´egalement traduits, suivant les mati`eres qu’ils incarnent. Ainsi, parmi les diff´erents arts du langage enseign´es `a la facult´e des arts, la rh´etorique passe volontiers dans les langues vernaculaires, alors que la logique, et ainsi l’ensemble des trait´es aristot´eliciens formant l’Organon, reste fort peu traduite, malgr´e les efforts de quelques traducteurs qui, int´eress´es d’abord par la rh´etorique, ont cherch´e `a en compl´eter la mati`ere en exposant les rudiments d’un savoir per¸cu comme pr´ealable. Les propos de Jacques Legrand pour justifier son d´eveloppement sur la logique en fran¸cais, dans son Archiloge Sophie, renvoient aussi bien `a la difficult´e de traduire cette mati`ere qu’`a son caract`ere essentiellement latin qui en fait 30 Le

livre de Ethiques, ´ ed. Menut, p. 97. livres dou Tresor I, 4, 5, et Convivio 2, xiv, 14-15. Cf. R. Imbach, Dante, la philosophie et les la¨ıcs, Fribourg/ Paris, 1996, p. 37-41 et 137-138, et I. Sciuto, « Etica e politica nel pensiero di Dante », dans Etica & Politica / Ethics & Politics, IV/ 2 (2002 ) : Individuo ed universale nelle dottrine morali del Medio evo latino, ´ ed. G. Alliney et L. Cova (revue ´ electronique accessible a ` ). 32 Cf. la Compilazione della Eneide di Virgilio d’Andrea Lancia (Florence, 13141316), traduite du toscan au sicilien par Angilu di Capua (Messine, entre 1314-1337), utilis´ ee encore par Ciampoli di Meo degli Ugurgieri (Siena, ca 1320-1340) et par Guido da Pisa pour la deuxi` eme partie de ses Fiore d’Italia (Pise, 2e moiti´ e du XIVe si` ecle). La traduction et le commentaire (inachev´ e) d’Enrique de Villena (1427) en castillan forment au contraire un texte isol´ e, transmis par un manuscrit unique. Voir plus g´ en´ eralement J. Monfrin, « Les translations vernaculaires de Virgile au Moyen Age », dans Lectures m´ edi´ evales de Virgile, Rome, 1985, p. 189-249. 31 Li

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Caroline Boucher un savoir inutile dans la langue vernaculaire33. Les textes philosophiques devaient poser des difficult´es comparables, `a en juger par la diffusion in´egale d’Aristote en langue vernaculaire : le De anima, le De generatione et corruptione, la Physique et les Parva naturalia n’ont apparemment pas fait l’objet de traductions ; seul le premier livre du commentaire de Thomas d’Aquin sur la M´etaphysique semble traduit au d´ebut du XVe si`ecle, adapt´e en fran¸cais par Christine de Pizan et int´egr´e `a l’une de ses œuvres34. Nombreuses encore sont les autorit´es arabes et modernes qui viennent allonger cette liste des absents, tels Euclide ou Witelo pour la g´eom´etrie et la perspective35 . Les traductions des Meteorologica de Mahieu le Vilain (ca 1290-1294), du De celo par Nicole Oresme (1377) et des ´ Problemata par Evrart de Conty (apr`es 1380) restent `a bien des ´egards exceptionnelles ; les remarques des traducteurs sur la difficult´e de rendre les complexit´es du latin et d’ainsi traduire les passages appartenant `a la g´eom´etrie sugg`erent la marginalit´e des textes de savoir en langue vulgaire36. 33 Jacques Legrand explique que « ceste maniere de arguer [i.e. le sillogisme] est moult forte a exprimer en fran¸cois, neantmoins il m’est avis que se li lisant y veult entendre il en pourra aucune chose appercevoir » ; il souligne pourtant que « les argumens qui se font par sophismes, obligacions et insolubles » sont « pou proffitables a dire en fran¸cois » (´ ed. E. Beltran, Paris, 1986, p. 68-83). On ne trouve ainsi rien de comparable aux XIIIe , XIVe et XVe si` ecles aux paraphrases des Categoriae et du De interpretatione d’Aristote que Notker (ca 950-1022) avait r´ ealis´ ees en ancien haut allemand (Die Werke Notkers des Deutschen, ´ ed. J. C. King, T¨ ubingen, vol. V, 1972 et VI, 1975). 34 Comme l’ont montr´ e L. Dulac et C. Reno, « L’humanisme vers 1400, essai d’exploration a ` partir d’un cas marginal : Christine de Pizan, traductrice de Thomas d’Aquin », dans Pratiques de la culture ´ ecrite en France au XVe si` ecle, ´ ed. E. Ornato et N. Pons, Louvain-la-Neuve, 1995, p. 161-178. 35 A ` noter cependant l’anonyme traduction italienne d’Alhazen, De li aspecti (milieu du XIVe si` ecle), du ms. Vaticano, BAV, Vat. lat. 4595 ; cf. G. Federici Vescovini, « Su alcune versioni scientifiche in volgare italiano tra XIII e XIV secolo », dans Filosofia in volgare..., p. 407-418, surtout p. 415-417. Circulent ´ egalement en traduction des trati´ es sur l’anatomie de l’œil et le traitement des maladies de l’œil ; voir a ` ce propos L. Cifuentes, La ci` encia en catal` a a l’Edat Mitjuana i el Renaixement, Barcelona, 2002, p. 122-125. 36 Mahieu le Vilain omet le chapitre sur l’arc-en-ciel (Meteorologica III, 5) car « cest capistre est si fort que nus ne le porroit translater en romans, quar il est tout de geometrie, et en nostre romans n’a paz moz qui lez mos de cest capitre pussent senefier » (Les metheores d’Aristote, ms. Saint-P´ etersbourg, fr. F.v. XVII.1, fol. 38rb, cit´ e par J. Monfrin, « Jean de Brienne, comte d’Eu, et la traduction des M´ et´ eorologiques d’Aristote », dans Acad´ emie des inscriptions et belles-lettres, 1 (1996), p. 27-36, ici p. 31). Nicole Oresme renvoie son lecteur a ` son œuvre latine pour l’exposition d’un probl` eme pos´ e par le De celo : « Et tout ce ay je autrefois declair´ e evidanment en un

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L’id´ee que certaines mati`eres, relevant par exemple de la logique ou de la g´eom´etrie, ne conviennent pas ` a la langue vernaculaire, s’est impos´ee ainsi comme un topos de la traduction vernaculaire. Une ´etude des connotations associ´ees ` a ces savoirs per¸cus comme les plus difficiles viendrait d’ailleurs ´eclairer l’histoire des repr´esentations imaginaires des la¨ıcs et des clercs, les uns per¸cus comme des « idiots dialectiques » (d’apr`es Gilles de Rome dans son De regimine principum), les autres tantˆ ot lou´es tantˆ ot d´ecri´es pour leur subtilit´e 37 . Pourtant, ces mati`eres difficiles ne sont pas d´elib´er´ement ignor´ees des traducteurs. Les travaux de Mahieu le ´ Vilain, de Nicole Oresme et d’Evrart de Conty que j’ai signal´es pourraient tout aussi bien ˆetre ´evoqu´es ici pour montrer la capacit´e des traducteurs `a introduire, par exemple, des discussions scientifiques en fran¸cais. Il faut dire aussi que les traducteurs tendent ` a pallier ces omissions en int´egrant `a leurs traductions la mati`ere d’autres trait´es, compl´etant ainsi le texte qu’ils rendent dans la langue vernaculaire. Cette recherche d’exhaustivit´e montre bien d’ailleurs comment les traductions prolongent la tradition encyclop´edique. Alors que Brunetto Latini incorporait dans son Livre ´ dou Tresor ses traductions de l’Ethique d’Aristote et du De inventione de Cic´eron, les traducteurs compl`etent pour leur part leur traduction `a la mani`ere de compilateurs. Jean d’Antioche ajoute par exemple `a la fin de sa traduction du De inventione de Cic´eron et de l’apocryphe ad Herennium un expos´e sur la logique, qui devrait rendre son lecteur « assez plus soutil » en la mati`ere38 . Le « Guillaume » qui traduit Gilles de Rome en livret que je nommay Algorisme de proporcions et par demonstraison pure mathematique a laquelle nul ne pourroit par raison contredire » (Livre du ciel et du monde II, 18, ´ ed. Menut et Denomy, p. 484). Evrart de Conty consid` ere encore le raisonnement « par maniere de geometrie » comme une mani` ere de proc´ eder difficile a ` comprendre pour les la¨ıcs et inhabituelle en langue vernaculaire (« moult estrange a comprendre a la gent laye, et mal ausi seant en fran¸cois »), difficile a ` exposer « a ceulx qui ne sont pas entroduiz es principes de ceste science » (Le livre des probl` emes XV, 5, ms. Paris, BNF, fr. 210, fol. 205vb). 37 Cf. Gilles de Rome, De regimine principum II, ii, 8, o` u les « les la¨ıcs et les hommes vulgaires [...], qui n’argumentent pas de mani` ere ´ elabor´ ee et dialectique, sont appel´ es ignares en dialectique (idiotae dialectici) » (tr. Imbach, Dante, la philosophie..., p. 84). Sur l’usage de la logique en vernaculaire et les diff´ erentes valeurs atribu´ ees a ` la subtilit´ e, voir F. Bruni, « Semantica della sottigliezza », dans Id., Testi e chierici del medioevo, Genova, 1991, p. 91-133, et mon « De la subtilit´ e en fran¸cais : vulgarisation et savoir dans les traductions d’auctoritates des XIIIe -XIVe si` ecles », The Medieval Translator VIII, ´ ed. T. Sanchez Roura, R. Voaden et R. Tixier, Turnhout, 2003, p. 89-99. 38 Ms. Chantilly, Mus´ ee Cond´ e, 590, fol. 161va et 164rb ; Delisle, Notice sur la Rh´ etorique..., p. 59-63.

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Caroline Boucher fran¸cais en 1330 ajoute au De regimine principum une petite introduction `a la philosophie d’Aristote, faisant ainsi digression pour dire et d´eclarer « pluseurs choses necessaires a l’entendement des genz comuns »39 , citant avec prolixit´e Aristote et son commentaire par Thomas d’Aquin `a ´ l’appui. Le m´edecin Evrart de Conty a soin pour sa part d’ins´erer au d´ebut de sa traduction et commentaire des Problemata une introduction aux notions fondamentales de la m´edecine pour ceux « qui n’ont pas la congnissance ne les termes de la science de medecine » et « qui autrement ne le porroient pas si bien comprendre »40 . Laurent de Premierfait, semblablement, fait pr´ec´eder sa traduction du De amicitia de Cic´eron d’un ´ abr´eg´e des huiti`eme et neuvi`eme livres de l’Ethique d’Aristote portant sur ce th`eme, mettant ainsi « en somme et soubz brieft´e tout ou la plus grant partie des conclusions ou sentences mises et affermees par Aristote »41 . Plus g´en´eralement, ce sont cependant les commentaires des traducteurs qui viennent en compl´eter la mati`ere, transmettant avec le texte la tradition latine des commentaires sur l’auctor qu’ils traduisent, puisant encore aux auctoritates pour ajouter ` a ces commentaires et exposer plus explicitement le texte au lecteur. Le langage des complexit´es philosophiques et des « subtilit´es » du savoir s’impose dans nombre de traductions que l’on peut dire « savantes », o` u les traducteurs utilisent de facto les ressources de la dialectique et de la philosophie pour traduire et commenter l’auctor qu’ils transmettent dans la langue vulgaire. Il faudrait ici multiplier les exemples de ces traductions-commentaires ; on aura compris cependant tout l’int´erˆet qu’il y a ` a compl´eter l’´etude des traductions d’autorit´es par le recensement des auctoritates mises ainsi `a contribution dans les commentaires des traducteurs. Ce classement des traductions d’autorit´es am`ene en outre `a s’interroger sur l’importance de ce mouvement, au-del` a des circonstances imm´ediates pouvant motiver l’une ou l’autre traduction et au-del` a, surtout, des disparit´es `a l’int´erieur d’un mouvement qui marque l’ensemble de l’Europe `a la fin du Moyen Age. Les diff´erentes traditions linguistiques se sont 39 Ms.

Paris, B. Arsenal, 2690, fol. 7ra-13rb (citation fol. 13rb). ´ Paris, BNF, fr. 24281, fol. 2r-9r, o` u Evrart de Conty d´ efinit les choses naturelles (« les elemens, les complexions, les humeurs, les membres, les vertus, les operations et les esperis »), les choses non-naturelles (« le air qui nous avironne, le mouvement du cors humain et le repos, le repletion et le evacuation, le mengier et le boire, le dormir et le veillier, et les passions ou accidens de l’ame ») et les choses « preternatureles » ou contre nature (« assavoir maladie, les causes qui le font, et li signe qui le seignifient et demonstrent »). 41 Ms. Paris, BNF, fr. 1020, fol. 45v-53r (citation fol. 45v). 40 Ms.

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de fait largement constitu´ees autour des mˆemes autorit´es fondatrices et la comparaison avec d’autres corpora de traductions devrait g´en´eralement conforter ce tableau des traductions en fran¸cais. S’il est vrai qu’une telle comparaison fait ressortir le caract`ere exceptionnel de certaines traductions, comme celles de Justinien et de Gratien qui ont ´et´e tr`es tˆ ot mis en fran¸cais, elle confirme aussi le succ`es de certains textes qui, une premi`ere fois traduits, passent ais´ement d’une langue `a l’autre. La Consolatio philosophiae de Bo`ece constitue ` a ce titre le meilleur exemple d’un auctor lu en langue vulgaire ` a travers l’ensemble de l’Europe m´edi´evale, et l’ampleur mˆeme du corpus de ses traductions oblige `a s’interroger sur le rˆole que la traduction a pu jouer dans l’enseignement42 . Les traductions et adaptations d’astronomie pr´esentent un cas de figure `a bien des ´egards diff´erent, mais comparable dans sa diffusion des mˆemes auctores dans les principales langues vernaculaires. Les commentateurs d’Alfraganus et leurs trait´es « sur la sph`ere » introduisant `a Ptol´em´ee, comme les enseignements sur le maniement et la composition de l’astrolabe attribu´es `a l’astronome arabe Messahalla, se sont de fait transmis tant sous forme de traductions, que d’adaptations et de commentaires dans les diff´erentes langues vernaculaires43. Cette comparaison entre traditions linguistiques 42 Sur la tradition des Bo` ece en langue vulgaire, voir en particulier A. J. Minnis, « Aspects of the Medieval French and English Traditions of the De Consolatione Philosophiae », et N. F. Palmer, « Latin and Vernacular in the Northern European Tradition of the De Consolatione Philosophiae », dans Boethius : His Life, Thought and Influence, ´ ed. M. Gibson, Oxford, 1981, p. 312-361 et p. 362-409 ; les contributions r´ eunies dans The Medieval Boethius : Studies in the Vernacular Translations of De consolatione Philosophiae, ´ ed. A. J. Minnis, Cambridge, 1987, et Boethius in the Middle Ages : Latin and Vernacular Traditions of the Consolatio Philosophiae, ´ ed. M. J. F. M. Hoenen et L. Nauta, Leiden, 1997. 43 Pour les trait´ es sur la sph` ere, voir Le livre de l’espere de Nicole Oresme et l’anonyme traduction fran¸caise de Sacrobosco du ms. Arsenal 2872 signal´ es supra, la traduction anonyme du De sphaera de Robert Grosseteste du ms. Paris, BNF, fr. 613, fol. 135ra-138vb (ms. du d´ ebut du XIVe si` ecle), Il trattato della spera. Volgarizzato da Zucchero Bencivenni, ´ ed. G. Ronchi, Firenze, 1999 ; Konrad von Megenberg. Die deutsche Sphaera, ´ ed. F. B. Br´ evart, T¨ ubingen, 1980, et l’anonyme Das Puechlein ¨ von der Spera : Abbildung der gesamten Uberlieferung, kritische Edition, Glossar, ´ ed. ¨ F. B. Br´ evart, G¨ oppingen, 1979 (cf. F. B. Br´ evart, « Eine neue deutsche Ubersetzung der lat. ‘Sphaera mundi’ des Johannes von Sacrobosco », dans Zeitschrift f¨ ur deutsches Altertum und Literatur, 108 (1979), p. 57-65) ; enfin, plus tardivement, le Tractat de l’esfera, les Q¨ uestions sobre el tractact de l’esfera du th´ eologien Bernat de Trilla et le Tractat de la espera de Albert en vulgar, toutes traductions anonymes catalanes vraisemblablement du XVe si` ecle (Cifuentes, La ci` encia en catal` a..., p. 192-193). Pour les introductions a ` l’astrolabe, voir le Libro del saber de astrologia r´ ealis´ es en Castille pour Alfonso X (1276-1277) et sa traduction pour le marchand

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Caroline Boucher met encore en valeur d’autres auctores des plus diffus´es en traduction, permet ainsi de compl´eter ce tableau des autorit´es des ´ecoles. Elle rappelle par exemple l’autorit´e des historiens qui n’appartenaient pas directement au cadre des ´ecoles, mais qui n’en ont pas moins attir´e l’attention des commentateurs latins et se sont impos´es massivement dans les biblioth`eques d’´etude ; l’importante tradition vernaculaire de Tite-Live et de Val`ere Maxime prolonge ainsi le succ`es des commentaires latins sur ces textes au XIVe si`ecle, r´edig´es hors des milieux d’´ecole44 . Cette comparaison confirme aussi le succ`es des compilations dans les langues vernaculaires, o` u l’organisation mˆeme des textes des auctores au sein d’une œuvre devait en faciliter la lecture et, partant, la diffusion. En t´emoignent par exemple les traductions de la Pharsalia de Lucain qu’on trouve ins´er´ees dans l’Estoria de Espa˜ na et la General estoria r´ealis´ees pour le roi Alphonse le Sage, en Castille, comme encore dans l’anonyme Faits des romains et ses adaptations et remaniement italiens, les Fatti di Cesare 45 . ´ Semblablement, l’Ethique d’Aristote semble avoir ´et´e bien plus diffus´ee par le Livre dou Tresor de Brunetto Latini et de ses traductions successives en toscan, castillan et catalan, comme encore par les multiples traductions du De regimine principum de Gilles de Rome qui venait d´ej` a florentin Guerrucio di Cione Federighi a ` S´ eville en 1341, la Practique de astralabe de P` elerin de Prusse et les Usages de l’astrolabe de Jean Fusoris, d´ ej` a signal´ es, le Treatise on the Astrolabe de Geoffrey Chaucer, l’anonyme traduction de la Lectura de l’astrolabi d’Alfraganus et autres trait´ es sur l’astrolabe en catalan (cf. Cifuentes, La ci` encia en catal` a..., p. 202-204). 44 Voir le Tite-Live de Pierre Bersuire (ms. Oxford, Bodl. Libr., Rawlinson C 447) et le Valere le Grant de Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse (mss Paris, BNF, fr. 9749 et 282) et, entre autres traductions vernaculaires, M. T. Casella, Tra Boccaccio e Petrarca : I volgarizzamenti di Tito Livio e di Valerio Massimo, Padova, 1982 ; Un volgarizzamento inedito di Valerio Massimo, ´ ed. V. Lippi Bigazzi, Firenze, 1996 ; Las d´ ecadas de Tito Livio de Pero L´ opez de Ayala, ´ ed. C. J. Wittlin, Barcelona, 1982. Sur les commentaires de Tite-Live et de Val` ere Maxime, voir R. J. Dean, « The Earliest Known Commentary on Livy », dans Mediaevalia et humanistica, 3 (1945), p. 86-98 ; M. A. Berlincourt, « The Relationship of some Fourteenth Century Commentaries on Valerius Maximus », Mediaeval Studies 34 (1972) et, plus g´ en´ eralement, sur l’extraordinaire fortune de Val` ere Maxime au Moyen Age, D. M. Schullian, « A Revised List of Manuscrips of Valerius Maximus », Miscellanea Auguste Campana II, ´ ed. R. Avesani et al., Padova, 1981, p. 695-728. 45 Cf. C. Fraker, « The Fet des Romains and the Primera Cronica General », dans Hispanic Review, 46 (1978), p. 199-220, et plus g´ en´ eralement F. Gomez Redondo, Historia de la prosa medieval castellana, I. La creaci´ on del discurso pros´ıstico : el entramado cortesano, Madrid, 1998, p. 669 et 782-788 ; B. Guen´ ee, « La culture historique des nobles : le succ` es des Faits des Romains (XIIIe -XVe si` ecles) », dans La noblesse au Moyen Age (XIe -XVe si` ecle), ´ ed. P. Contamine, Paris, 1976, p. 261-288.

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Classification et vulgarisation des « autorit´ es » m´ edi´ evales. Le propos ´dique des traducteurs, ou l’utilit´ encyclope e des traductions vernaculaires des textes de savoir

l’abr´eger et l’exposer, qu’en circulant en des traductions isol´ees46 . Pour ´evaluer la diffusion des auctores et l’ampleur du mouvement de traduction dans les langues vernaculaires, cette liste des traductions des originalia m´eriterait du reste d’ˆetre compl´et´ee par les ouvrages encyclop´ediques qui ont diffus´e, sinon le texte, du moins la mati`ere transmise par les auctores. Les traductions transmises sous forme de compilation montrent bien la difficult´e qu’il y a parfois `a distinguer l’un et l’autre mouvement ; les œuvres de compilation sugg`erent bien d’autres cas o` u le travail de traduction et de compilation venaient ais´ement s’entremˆeler. Le Livre dou Tresor de Brunetto Latini, qui incorpore des traductions ´ de l’Ethique d’Aristote et de la Rh´etorique de Cic´eron, traite aussi d’histoire, d’astronomie, de morale, de rh´etorique et de politique. L’Image du monde de Gossouin de Metz se base sur l’Imago mundi d’Honorius Augustodunensis, mais cite aussi Aristote, Ptol´em´ee et Virgile, via l’œuvre d’Alexandre Neckam et d’autres sources interm´ediaires47 . D’autres compilations vernaculaires entrent bien plus avant dans les « subtilit´es » des clercs et s’approprient plus encore le savoir des auctores. On peut penser, par exemple, aux Questioni filosofiche qui traduisent et discutent en langue vernaculaire, pour la partie sur la physique, les th`eses d’Ad´elard de Bath48 , au dialogue de Placides et Timeo, int´eress´e par les questions de philosophie naturelle49 , ou encore au Buch von den nat¨ urlichen Dingen de Konrad de Megenberg qui, traduisant l’œuvre encyclop´edique de Thomas de Cantimpr´e, cherche ` a l’augmenter `a l’aide, notamment, de la 46 Pour la liste des manuscrits du Livre dou Tresor et F. Vielliard, « La tradition manuscrite du Livre dou Tresor de Brunetto Latini. Mise au point », dans Romania, 111 (1990), p. 140-152. Sur le De regimine principum et ses traductions m´ edi´ evales, voir C. F. Briggs, Giles of Rome’s De Regimine Principum. Reading and Writing Politics at Court and University, c. 1275 - c. 1525, Cambridge, 1999. 47 L’Image du monde de maˆ ıtre Gossouin, r´ edaction en prose, texte du ms. Bibl. nat. fr. 574, ´ ed. O. H. Prior, Lausanne/ Paris, 1913, et les travaux de C. ConnochieBourgne sur les diff´ erentes r´ edactions de ce texte, en particulier « Nature et clergie dans l’œuvre de vulgarisation scientifique de Gossuin de Metz (Image du monde, 1245) », dans Comprendre et maˆıtriser la nature au Moyen Age. M´ elanges d’histoire des sciences offerts ` a Guy Beaujouan, Gen` eve, 1994, p. 9-27 et Ead., « Quelques aspects de la r´ eception d’une œuvre encyclop´ edique au Moyen Age : le cas de l’Image du monde », dans Litt´ erales, 21 (1997), p. 221-244. 48 Questioni filosofiche in volgare mediano die primi del Trecento, ´ ed. F. Geymonat, Pisa, 2000 ; Ead., « Correzioni ad Adelardo di Bath nelle ‘Questioni filosofiche’ (sec. XIV in.) », Filosofia in volgare..., p. 387-406. 49 Placides et Tim´ eo, ou li secr´ es as philosophes, ´ ed. C. Thomasset, Gen` eve, 1980 ; Id., Commentaire du dialogue de « Placides et Tim´ eo », Gen` eve, 1982.

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Caroline Boucher philosophie naturelle d’Albert le Grand ou du Canon d’Avicenne50 . Les traductions proprement dites des encyclop´edies latines s’ajoutent ´evidemment `a ce corpus. Le De proprietatibus rerum de Barth´elemy l’Anglais, avec ses traductions au XIVe si`ecle en toscan, fran¸cais, occitan, anglais, voire encore en castillan et en n´eerlandais `a la fin du XVe si`ecle, montre bien comment la diffusion du savoir dans les diff´erentes langues vernaculaires d´ependait effectivement des grandes compilations latines51 . La notion d’auctoritas invite ainsi ` a prolonger la liste des auctores qui ont ´et´e traduits dans les langues vernaculaires par l’´etude des auctoritates utilis´ees tant par les traducteurs que les compilateurs, pour mieux comprendre la diffusion des autorit´es dans les langues vernaculaires et d´efinir l’ampleur du mouvement de vulgarisation du savoir a` la fin du Moyen Age. Ce parcours ` a travers les autorit´es des ´ecoles a l’heur, de fait, de rappeler plus g´en´eralement l’importance de ce mouvement, ne serait-ce que par le nombre des traductions des diff´erentes autorit´es dans les langues vernaculaires. Un classement des traductions en fran¸cais et, a fortiori, en d’autres langues, montre la coh´erence de ce corpus, tout en sugg´erant les difficult´es que pouvaient poser certains textes et certaines 50 Konrad von Megenberg traduit le texte du Liber de natura rerum d’apr` es une r´ edaction anonyme attribu´ ee a ` Albert le Grand qu’il croit en fait traduire et qu’il veut amplifier a ` l’aide de sources plus anciennes, mais aussi d’apr` es d’autres œuvres d’Albert le Grand. Cf., dans le prologue de l’auteur, la d´ eclaration Alsˆ o trag ich ain puoch von latein in d¨ autscheu wort, daz hˆ at Albertus maisterleich gesamnet von den alten (Das Buch der Natur. Die erste Naturgeschichte in deutscher Sprache, ´ ed. E. Pfeiffer, Stuttgart, 1861, p. 1-2). Cf. H. Ulmschneider, « Ain puoch von latein ... daz hˆ at Albertus maisterleich gesamnet. Zu den Quellen von Konrads von Megenberg Buch der Natur anhand neuerer Handschriftenfunden », dans Zeitschrift f¨ ur deutsches Altertum und deutsche Literatur, 121/1 (1992), p. 36-63, et D. Gottschall, « Scienza in volgare : Corrado di Megenberg e la peste del 1348 », dans Filosofia in volgare..., p. 107-131, qui renvoie a ` son r´ ecent Konrad von Megenbergs ‘Buch von den nat¨ urlichen Dingen’. Ein Dokument deutschsprachiger Albertus Magnus-Rezeption im 14. Jahrhundert, Leiden, 2004. 51 Sur la fortune du De proprietatibus rerum latin et vernaculaires, voir la monographie de H. Meyer, Die Enzyklop¨ adie des Bartholom¨ aus Anglicus. Untersuchungen ¨ zur Uberlieferungsund Rezeptionsgeschichte von ‘De proprietatibus rerum’, M¨ unchen 2000 (M¨ unstersche Mittelalter-Schriften, 77). Synth` ese dans l’introduction au volume Bartholomaeus Anglicus. De proprietatibus rerum, vol. I : Prohemium. Libri I-IV, ´ ed. B. Van den Abeele, H. Meyer, M.W. Twomey, B. Roling et R.J. Long, Turnhout, 2007 (De diversis artibus, 78, N.S. 41), p. 18-21. Voir aussi B. Van den ´ Abeele, H. Meyer et B. Rib´ emont, « En guise d’avant-propos. Editer l’encyclop´ edie de Barth´ elemy l’Anglais : Vers une ´ edition bilingue du De proprietatibus rerum », dans Cahiers de Recherches M´ edi´ evales (XIIIe -XVe si` ecles). Vulgariser la science : les encyclop´ edies m´ edi´ evales, 6 (1999), p. 7-18 et bibliographie.

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Classification et vulgarisation des « autorit´ es » m´ edi´ evales. Le propos ´dique des traducteurs, ou l’utilit´ encyclope e des traductions vernaculaires des textes de savoir

mati`eres. Les classifications m´edi´evales du savoir et les cursus de l’enseignement sur lesquels ce classement s’appuie fournissent ainsi un cadre pour penser le mouvement de traduction ; ils obligent aussi a` s’interroger sur l’influence qu’a pu exercer la tradition des ´ecoles sur la traduction des auctores, de mˆeme que sur le rˆole des traducteurs dans le choix des textes `a traduire. L’attention port´ee aux autorit´es du savoir sugg`ere en ce sens de revoir la notion d’« utilit´e » qui marque la r´eflexion des traducteurs et qui caract´erise traditionnellement ce corpus52 . Il faut revenir en effet `a la pr´eoccupation des traducteurs d’introduire leurs lecteurs `a ces autorit´es — une volont´e de transmettre le savoir dont t´emoignent directement les traductions, bien avant qu’elles n’informent sur les motivations des d´edicataires qui pouvaient ˆetre associ´es `a ces travaux, ou sur la mani`ere de lire les auctores dans les langues vernaculaires. L’exp´erience des traducteurs comme ´etudiants et maˆıtres des ´ecoles devait non seulement les avoir convaincus de la valeur pratique du savoir que contenaient les œuvres qu’ils traduisaient, mais les amenaient encore `a consid´erer la traduction vernaculaire comme la suite naturelle de l’enseignement53 . La formation des traducteurs et leur conviction dans l’utilit´e 52 C’est un lieu commun de l’historiographie que de souligner le caract` ere pratique, utile, des traductions vernaculaires, pour l’opposer a ` l’id´ eal humaniste d’un savoir d´ esint´ eress´ e et faire valoir ainsi le caract` ere politique des traductions associ´ ees aux milieux de pouvoir. C. Segre, Lingua, stile et societ` a, Milano, 1991 (´ ed. originale 1963), p. 276, consid´ erait d´ ej` a que les but des traducteurs de Charles V ´ etaient utilitaires et leurs pr´ eoccupations, techniques. Monfrin, « Humanisme et traductions... », p. 174-176, a insist´ e pour sa part sur le caract` ere « essentiellement utilitaire » et « pratique » des traductions en fran¸cais « command´ ees » par Charles V et pr´ esent´ e le m´ ec´ enat du roi comme une œuvre politique domin´ ee par « la notion d’utilit´ e publique », non par des pr´ eoccupations humanistes ou esth´ etiques. Cette id´ ee est g´ en´ eralement reprise dans l’historiographie des traductions fran¸caises ; voir par exemple B´ erier, « Traduire en France... », p. 234. 53 Je r´ ef` ere ici aux propos de C. F. Briggs, « Teaching Philosophy at School and Court : Vulgarization and Translation », dans The Vulgar Tongue. Medieval and Postmedieval Vernacularity, ´ ed. F. Somerset et N. Watson, Pennsylvania, 2003, p. 99-111, p. 99 : « their own experience as students and masters in medieval schools, whether universities or monastic and mendicant studia, not only had convinced them of the practical value of the lore contained in the works they translated, but also suggested to them that vernacular translation was a natural continuation of a process well under way in the classroom, this being the vulgarization of an extensive and varied literature loaded with complex and difficult-to-comprehend philosophical concepts ». Cf. p. 108 : « Clerics believed in the value of their education and were, for the most part, eager to impart their learning to anyone [...] who could both benefit from it and, in turn, benefit them. They had knowledge to give, but they also had knowledge for sale and increasingly their market was to be found in the courts and households of the upper echelons of the laity ».

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Caroline Boucher du savoir des ´ecoles expliquent alors le choix de ces « notables livres »54 et de ces ouvrages compos´es par les « philosophes excellens et approuv´es »55 qui devaient ˆetre diffus´es, tout particuli`erement, dans les cours seigneuriales et princi`eres. L’utilit´e des traductions ´etait alors `a mˆeme la valeur qu’accordaient les traducteurs ` a l’´etude de ces autorit´es du savoir : les traductions ´etaient d’abord utiles ` a la mani`ere dont les encyclop´edies l’avaient ´et´e en latin, en transmettant sous une nouvelle forme le savoir des auctores et facilitant l’acc`es aux originalia.

54 Cf. le passage bien connu du Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, o` u Christine de Pizan rapporte comment le roi, « de si grant providence fu, pour la grant amour qu’il avoit a ` ses successeurs, que, au temps ` a venir, les voult pourveoir d’enseignemens et sciences introduisables a ` toutes vertus ; dont, pour celle cause, fist par solempnelz maistres, souffisans en toutes les sciences et ars, translater de latin en fran¸cois tous les plus notables livres [...] » (´ ed. S. Solente, Paris, 1936-1940, p. 43). 55 Cf. le prologue du Livre quadriparti, o` u Guillaume Oresme affirme du roi Charles V que, « apres ce que il a en son language l’escripture divine, il veut aussi avoir des livres en francois de la plus noble science de cest siecle, c’est vraie astrologie sans supersticion, et par especial ce que en ont compos´ e les philosophes excellens et approuv´ es » (ms. Paris, BNF, fr. 1348, fol. 1ra).

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung Bernd Roling ∗ Islamische, j¨ udische und christliche Philosophen standen gleichermaßen vor dem Problem, in ihren Systemen die Reichweite von Vernunft und Gnade zu bestimmen. Welche Stellung sollte in der Erkenntnis die Vernunft des Menschen einnehmen und seine nat¨ urlichen F¨ahigkeiten ? Welchen Rang durfte dieses Wissen im Vergleich zur Offenbarung einnehmen ? Wieviel auf der anderen Seite sollte der Mensch der Gnade, dem Einfluß Gottes und der Erleuchtung verdanken, wenn er versuchte durch Wissen zur Erl¨ osung zu gelangen ? In allen Systemen mußte dem Glauben ein Eigenrecht zugestanden werden. Der Anspruch des Mystikers, Gott zu erfahren und der Erkenntniswille der Wissenschaft, ja ihr Anspruch auf Autonomie mußten von den Vertretern aller drei Religionen miteinander vereinbart und gegebenenfalls voneinander abgegrenzt werden. Einige Modelle, die sich um eine solche Synthese der auf den ersten Blick vielleicht unvereinbaren Antipoden, der Vernunft und Gnade, des Glaubens und der nat¨ urlichen Erkenntnis bem¨ uhten, hatten so durchschlagenden Erfolg, daß sie in allen Religionen zur Anwendung gelangen konnten, wenn auch mit unterschiedlicher Resonanz. Was im Judentum als Modell toleriert werden konnte, mußte nicht im Christentum auf Wohlgefallen stoßen. Ein Beispiel einer solchen kultur¨ ubergreifenden Adaptation soll hier im folgenden gegeben werden, die Verarbeitung des Hay Ibn Yaqzan des andalusischen Philosophen Ibn Tufail (1110-1185) durch den j¨ udischen Renaissancephilosophen Yohanan Alemanno (1435-1503) und die ¨ anschließende Ubernahme dieser Adaptation durch Giovanni Pico della Mirandola (1463-1494).

1.

Wissenschaft als Aufstieg zu Gott : Ibn Tufail und sein Leser Moshe Narboni

In seiner philosophischen Allegorie, dem Hay Ibn Yaqzan, sicher einem der einflußreichsten Texte der gesamten arabischen Philosophie, l¨aßt der andalusische Denker Ibn Tufail seinen Titelhelden, eine Robinsonfigur, die ∗

Bernd Roling auf einer Insel aufw¨ achst, Stufe um Stufe einen Erkenntnisprozeß durchlaufen, der ihn am Ende mit dem t¨ atigen Intellekt, der letzten separaten Intelligenz des Kosmos, vereinigt und vielleicht auch mit Gott selbst1 . Drei Formen der Assimilation an die h¨ ohere Wirklichkeit des Geistes erm¨oglichen f¨ ur Ibn Tufail diese Vereinigung, zun¨achst die Nachahmung der sublunaren Harmonie, die die geschaffenen K¨orper charakterisiert, daraufhin die Nachahmung der stellaren Ordnung und schließlich die Nachahmung der Wirklichkeit, die sich noch jenseits der Gestirne findet. Mit jedem Schritt kommt Hay Ibn Yaqzan dem G¨ottlichen n¨aher. Zun¨achst gelangen die di¨ atetischen Tugenden zur Anwendung, k¨orperliche Reinheit, vegetarische Ern¨ ahrung und ein Verantwortungsgef¨ uhl gegen¨ uber allem Lebendigen. In einem zweiten Schritt imitiert der Protagonist die stellaren Seelen. Er erlangt eine Vollkommenheit, die ihm die ethischen Tugenden erm¨ oglichen, die Garanten einer moralischen Lebensf¨ uhrung. Im dritten Schritt l¨ aßt der Mensch f¨ ur Ibn Tufail alles diskursive und auf Schl¨ ussen beruhendes Anwendungswissen hinter sich. Wie die stellaren Seelen orientiert er sich am unbewegten Intellekt, dem letzten Objekt seiner sich steigernden Imitationsgabe. Die rationalen Gehalte werden getilgt, es bleibt f¨ ur Hay Ibn Yaqzan der reine Intellekt zur¨ uck, der schließlich in einer letzten Identifikation mit der g¨ottlichen Dom¨ane, der Welt jenseits aller Intellekte, vermengt wird2 . Zu Beginn seines Traktates unterscheidet Ibn Tufail zwischen zwei Erkenntniszugriffen, die sich den beiden letzten Schritten, die seinem Helden eine Ann¨aherung an das G¨ ottliche erm¨oglichen, an die Seite stellen lassen. Es gibt zun¨ achst philosophisches Wissen, das den m¨oglichen Intellekt in der Abstraktion aktualisiert und durch die rationale und theoriegebundene Untersuchung erworben wird. Ibn Tufail nennt Avempace als Gew¨ahrsmann dieses Wissens. Der Philosophie u ¨ berlegen ist die zweite Form der Erkenntnis, das intuitive Wissen, der reine und gleichsam mystische Geschmack, der nicht mit Syllogismen erlangt wird, sondern durch 1 Hierzu

z. B. R. Brague, « Une Mystique cosmologique : l’imitation des corps ´ c´ elestes dans le Hayy ibn Yaqzan d’Ibn Tufayl », in Exp´ erience et Ecriture mystiques dans les Religions du Livre. Actes d’un Colloque international tenu par le Centre d’´ etudes juives. Universit´ e de Paris IV – Sorbonne 1994, hrsg. von P. B. Fenton R. Goetschel, Leiden, 2000, S. 89-100, bes. S. 90-99, oder R. Kruk, « Neoplatonists and After : From Ibn Tufayl to Ibn an-Nafis », in The Neoplatonic Tradition. Jewish, Christian and Islamic Themes, hrsg. von A. Vanderjagt - D. P¨ atzold, K¨ oln, 1991, S. 75-85, bes. S. 79-80. 2 Ibn Tufail, Hayy ben Yaqdhan, hrsg. von L. Gauthier, Beirut, 2 1936, arab., S. 113-123, franz., S. 74-89.

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung

die reine Schau und Erleuchtung. Avicenna und Al-Ghazali, so Ibn Tufail, haben diesen Erkenntniszugriff gelehrt3 . Es braucht sicher nicht Ibn Tufail, um in der Renaissance die Antinomie von rationaler Erkenntnis, die im Diskurs erworben wird, und einer Erkenntnis zu lehren, die sich mit Illumination und Gnade verbindet. Weniger zahlreich lassen sich f¨ ur die Wissenschaftstheorie des 15. Jahrhunderts Vorbilder finden, um ein Aufstiegsschema zu entwickeln, das u uhrt, ¨ ber die Ratio zum Intellekt und schließlich direkt zu Gott f¨ doch auch hier k¨ onnten im neuplatonischen Quellenfundus der Akademie in Florenz gen¨ ugend Parallelen benannt werden. Ibn Tufail lag dem ¨ 15. Jahrhundert in einer lateinischen Ubersetzung vor, deren Gestalt und m¨ogliche Wirkung von Franco Baccelli untersucht wurde4 . Ob diesem lateinischen Text wirklich eine ausgreifende Rezeption zuteil geworden ist, sei dahingestellt5 . Es sind die Erg¨ anzungen, die die mittelalterlichen j¨ udischen Leser dem System Ibn Tufails hinzugef¨ ugt haben, die den Hay Ibn Yaqzan zu einer attraktiven Vorlage der spekulativen Philosophie der Renaissance werden lassen. F¨ ur Pico wird die ausgreifende Kommentierung Moshe Narbonis, die sich an der im Mittelalter entstandenen hebr¨aischen ¨ Ubersetzung orientiert, zur bestimmenden Fassung6 . Moshe Narboni (1300-1362), einer der großen j¨ udischen Averroisten des Sp¨atmittelalters und ein Kommentator des Avempace, des Ibn Tufail, des Maimonides und des Averroes, erweitert das epistemologische Schema Ibn Tufails um eine entscheidende Gr¨ oße, die Kabbalah. Auch Moshe Narboni durchl¨ auft eine Hierarchie der Erkenntnistufen, die zun¨achst abstraktives Wissen kennt, eine Aktualisierung des m¨oglichen Intellektes aus den Inhalten der Philosophie, wie sie f¨ ur Narboni vor allem Averroes in seinem Iggeret ha-Ishfarut ha-Devekut, dem ,Brief u ¨ ber die M¨oglichkeit 3 Ibn

Tufail, Hayy ben Yaqdhan, arab., S. 3-20, franz., S. 1-18. Ms. A IX 29 der Universit¨ at von Genua F. Baccelli, « Pico della Mirandola. Traduttore di Ibn Tufayl », in Giornale critico della filosofia italiana, 72 (1993), S. 1-25, bes. S. 9-11, S. 22-24, F. Baccelli, « Giovanni Pico della Mirandola e Antonio Fileremo Fregoso », in Giovanni e Gianfrancesco Pico. L’opera e la fortuna di due studenti ferraresi, hrsg. von P. Castelli, Firenze, 1998, S. 91-105, bes. S. 91-93. 5 Glaubt man S. Toussaint, « Ficino’s Orphic Magic or Jewish astrology and Oriental Philosophy ? A Note on spiritus, the Three books on Life, Ibn Tufail and Ibn Zarza », in Accademia, 2 (2000), S. 19-31, hier S. 24-28, ist Ibn Tufail auch von Marsilius Ficinus benutzt worden, um sein Modell der Prophetie in seinem De vita coelitus comparanda auszuarbeiten. 6 Sogar Teile einer italienischen Ubersetzung ¨ der Schriften des Moshe Narboni existieren, wie F. Baccelli, Giovanni Pico e Pier Leone da Spoleto. Tra filosofia dell’amore e tradizione cabalistica, Firenze, 2001, S. 15, gezeigt hat. 4 Zum

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Bernd Roling der Vereinigung‘ beschreibt. Ein zweiter Schritt liefert ein Wissen, das der Welt der Intelligenzen verpflichtet ist und den Weisen selbst zu einem Teil der separaten Intelligenzen macht7 . Noch jenseits der Sph¨arenbeweger verortet Moshe Narboni die Sefirot, die zehn g¨ottlichen Attribute, zun¨achst die Sefirah Malchut, die noch Merkmale einer separaten Intelligenz an sich tr¨agt und sich dem W¨ achterengel Metatron an die Seite stellen l¨aßt, dann die Sefirah Jesod, die Sefirah Tipheret und jenseits der anderen Sefirot schließlich ein erster Anfang, reshit 8 .

2.

Kabbalah und die Vollendung des Menschen : Yohanan Alemanno

Im 15. Jahrhundert ist es zun¨ achst Yohanan Alemanno, der diese Vorlage aufgreift. Yohanan Alemanno war der vielleicht gelehrteste j¨ udische Philosoph seiner Epoche, sicher war er einer der interessantesten. Gemeinsam mit Flavius Mithradates und Eliyah del Medigo ist er einer der drei j¨ udischen Gelehrten im Umfeld Giovanni Pico della Mirandolas, die dem Grafen den Zugriff auf die j¨ udische Philosophie und die Kabbalah erm¨oglichen. Im Unterschied zu Eliyah del Medigo und zum obskuren Flavius Mithradates reicht der Einfluß Alemannos bis weit in das Denken Picos. Eine ganze Reihe Werke sind von ihm verfaßt worden, ein 7 Hierzu

M.-R. Hayoun, « Le commentaire de Moise de Narbonne (1300-1362) sur le Hayy ibn Yaqzan d’Ibn Tufail (Mort en 1185) », in Archives d’histoire doctrinale et litt´ eraire du Moyen Age, 55 (1988), S. 24-98, hier S. 68-69, S. 71-75, außerdem Moses Narboni, The Epistle of the Possibility of Conjunction with the Active Intellect by Ibn Rushd with the Commentary of Moses Narboni, hrsg. von K. Bland, New York, 1982, c. 14, hebr., S. 124-136, engl., S. 98-103, und M.- R. Hayoun, La philosophie et la th´ eologie de Moise de Narbonne, T¨ ubingen, 1989, S. 210-214. Zur Rolle der Prophetie in den Schriften des Moshe Narboni außerdem G. Holtzman, « R. Moses of Narbonne’s Theory of Prophecy » (hebr¨ aisch), in Proceedings of the Eleventh Congress of Jewish Studies, Jerusalem, 1994, Bd. 2, S. 63-70. 8 M.-R. Hayoun, « Moise de Narbonne : Sur les Sefirot, les sph` eres, et les intellects ´ s´ epar´ es. Edition critique d’un passage de son commentaire sur le Hayy ibn Yaqzan d’Ibn Tufail, avec introduction, traduction et notes », in Jewish Quarterly Review, 76 (1985), S. 97-147, hebr., S. 117-122, franz., S. 130-142, und ebenso Hayoun, La Philosophie et la Th´ eologie..., S. 179-185. Weitere hebr¨ aische Ausz¨ uge aus Moshe Narbonis Kommentar zum Hay Ibn Yaqzan liefert M.-R. Hayoun, « Moses Narbonis (13001362) Kommentar zum Hayy Ibn Yaqzan des Ibn Tufail (Ob. 1185) », in Trumah, 12 (2002), S. 199-203, S. 1*-25*. Zu m¨ oglichen kabbalistischen Quellen Moshe Narbonis M. Idel, « The Influence of Sefer ,‘Or ha-Sheqel‘ upon the thought of R. Moshe Narboni and R. Abraham Shalom » (hebr.), in AJS Review, 4 (1979), S. 1-6, bes. S. 1-4.

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung

Pentateuch-Kommentar, eine umfangreiche Enzyklop¨adie unter dem Titel Hay ha-‘olamim, ,Das Unsterbliche‘, in seinen sp¨aten Jahren außerdem Glossen zum Hay Ibn Yaqazan Moshe Narbonis9 . Ein Text soll hier im Vordergrund stehen, seine Schrift Hesheq Shelomo, ein Kommentar zum Canticum Canticorum, dem Shir ha-Shirim, der aus zwei Teilen besteht, dem eigentlichen Schriftkommentar und einem langen programmatischen wissenschaftstheoretischen Traktat mit dem Titel Shir ha-ma’alot le Shelomo, dem ,Lied u ¨ ber die Tugenden Salomos‘10 . Folgt man Fabrizio Lelli, der die bislang wichtigsten Arbeiten zu Alemanno ver¨offentlicht hat, und Arthur Lesley, der diesen Text im Jahr 1976 neu ediert hat, so ist diese Schrift 1469 begonnen worden und nach wiederholter Unterbrechung im Jahre 1492 fertiggestellt worden11 . Der Canticum-Kommentar hat Alemanno also sein ganzes Leben lang begleitet, und ist, wie schon Fabrizio Lelli, Arthur Lesley und Moshe Idel vermutet haben, f¨ ur Pico von großer Bedeutung gewesen. Alemanno stilisiert Salomon als den vollkommenen Menschen, der in sich alle Wissenschaften vereinigt und mit ihnen den Weg zu Gott gefunden hat. Salomon hat, betont Alemanno, wie es Ibn Tufail beschrieben hatte, in der Erkenntnis Rationalit¨ at und Tradition, Vernunft und Kabbalah, miteinander verbunden12 . Im ,Shir ha-ma’alot‘ formuliert Ale9 Der Metakommentar Yohanan Alemannos zu Moshe Narbonis Hay Ibn YaqzanKommentar existiert als Bestandteil des Kommentars Moshe Narbonis in einem einzigen Manuskript als Ms. M¨ unchen, Bayerische Staatsbibliothek, Ms. Hebr. N. 59, fol. 1-176. 10 Als n¨ ¨ utzlichen und zusammenfassenden Uberblick u ¨ber Leben und Schriften Yohanan Alemannos z. B. C. Novak, « Giovanni Pico della Mirandola and Jochanan Alemanno », in Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 45 (1982), S. 125147, bes. S. 125-129. Zur Nutzung der Werke Alemannos in Italien allgemein M. IDEL, « Major Currents in Italian Kabbalah between 1560-1660 », in Italia Judaica II : Gli Ebrei in Italia tra Rinascimento ed Et` a barocca, Roma, 1986, S. 243-262, hier S. 246248, M. Idel, « Differing Conceptions of Kabbalah in the Early 17th Century », in Jewish Thought in the Seventeenth Century, hrsg. von I. Twersky - B. Septimus, Cambridge Mass., 1987, S. 137-200, hier S. 139-140. 11 A. Lesley (Hg.), The Song of Solomon’s Ascent by Yohanan Alemanno : Love and Human Perfection according to a Jewish Collegue of Giovanni Pico della Mirandola, Berkeley, 1976, Einleitung, S. 4-11, F. Lelli (Hg.), Yohanan Alemanno, Hay ha-’olamim (L’immortale). Parte I : la Retorica, edizione, traduzione e commento, Firenze, 1995, Einleitung, S. 6-9. 12 Yohanan Alemanno, Shir ha-ma’alot . . . , hg. Lesley, hebr., S. 526-527, engl., S. 166-167. Hierzu auch A. LESLEY, « Jewish Adaptions of Humanist Concepts », in Renaissance Rereadings. Intertext and Context, hrsg. von M. Cline Horowitz - A. J. Cruz, Urbana, 1988, S. 51-66, hier S. 62-63, F. Lelli, « Umanesimo laurenziano nell’opera di Yohanan Alemanno, in La cultura ebraica all’epoca di Lorenzo il Ma-

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Bernd Roling manno eine Reihe von Aufstiegsschemata, die versuchen, Vernunft und Gnade zueinander in Bezug zu stellen, und dabei der Kabbalah eine besondere Rolle einr¨ aumen13 . Alemanno unterscheidet zun¨achst zwischen einer Abfolge von G¨ utern, die der Gelehrte zu erwerben hat. Nach physischem Besitz und F¨ ahigkeiten, die sich dem Trivium und Quadrivium zuordnen lassen, finden sich die Erkenntnis der politischen wissenschaften und der Naturwissenschaften, deren Objekte sich vom vegetabilen Leben bis zu den separaten Intelligenzen entfalten. An die Naturwissenschaft schließt sich das Gut der theoretischen Weisheit, deren Objekt sich aus dem Intellekt selbst gewinnen l¨ aßt. Noch u ¨ ber dem aktuellen, doch theoretischen Wissen der Philosophie verortet sich ein Wissen, das Theorie und Praxis miteinander vereint, eine rein intuitive Erkenntnis, die Alemanno der Kabbalah zuordnet. Erst wenn der Mensch in der Lage ist, noch u ¨ ber den Intellekt hinaus die Emanation der Sefirot, der Welt jenseits der Intelligenzen, auch auf praktische Weise aufzunehmen, hat er alle G¨ uter erlangt14 . Yohanan Alemanno variiert diese Hierachie im Shir ha-ma’alot noch mehrfach. Schritt f¨ ur Schritt, so Alemanno, u ¨ berwindet der Mensch die Kluft, die zwischen ihm und Gott besteht. Er befreit sich von seinen Phantasmen, den Bildern seiner Vorstellung. Durch eine rationale und syllogistische Beweisf¨ uhrung erlangt der Mensch den intellectus acquisitus, wie ihn Alfarabi beschrieben hatte. An ihn schließt sich die Vereinigung mit dem t¨ atigen Intellekt, dem shekel ha-po’el, die den Menschen ¨ wie eine Materie formt. Uber diese Stufe, die sich noch der Philosophie zuordnen l¨aßt, kennt Alemanno einen weiteren Grad, einen emanierten Intellekt, der in Gebet und Magie erreicht wird, und schließlich eine noch h¨ohere Stufe, die wahre Vereinigung mit der h¨ochsten Ursache. Sie erlangt der Mensch durch die kabbalistische Praxis, durch Permutation der Buchstaben und Gematria. Er betritt die Sefirah Malchut, am Ende ergnifico, hrsg. von D. Liscia Bemporad - I. Zatelli, Firenze, 1998, S. 49-67, hier S. 58-59, und A. Melamed, The Philosopher-King in Medieval and Renaissance Political Thought, Albany, 2003, S. 122-125. 13 Zur Erkenntnislehre Yohanan Alemannos F. Lelli, « Un collaboratore ebreo di Giovanni Pico della Mirandola : Yohanan Alemanno », in Vivens homo, 5 (1994), S. 401-430, hier S. 420-421, M. Idel, « The Anthropology of Yohanan Alemanno : Sources and Influences », in Annali di Storia dell’Esegesi, 7 (1990), S. 93-112, hier S. 99-104, M. Idel, « On Talismanic Language in Jewish Mysticism », in Diogenes, 43 (1995), S. 23-41, hier S. 39-40, und schon G. Vajda, L’amour de Dieu dans la th´ eologie juive du Moyen Age, Paris, 1957, S. 280-285. 14 Yohanan Alemanno, Shir ha-ma’alot . . . , hg. Lesley, hebr., S. 330-340, engl., S. 79-83.

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung

langt er in der Sefirah Tipheret die reine Gottesschau, die aspaqlaria, wie in einem reinen Spiegel15 . An einer anderen Stelle seines Werkes kann sich Alemanno unmittelbar auf Ibn Tufail und Moshe Narboni berufen. Die Einbindung des Menschen in die geistige Welt, so Alemanno, ein Teil der Vollendung der ganzen Sch¨ opfung, erfolgt in einem Aufstieg, der die Seele die bekannten Stufen durchlaufen l¨aßt. Die menschliche Seele nimmt zun¨achst Kontakt zur Universalseele auf, sie verbindet sich mit dem t¨atigen Intellekt, wie Ibn Tufail deutlich gemacht hat, und wird, wie es Moshe Narboni gezeigt hat, zu einem Teil der separaten Intelligenzen. Das prophetische Offenbarungswissen hat seinen Ort noch jenseits des t¨atigen Intellektes und der anderen Intelligenzen. Einen h¨oheren Grad der Erkenntnis erlangt die Seele durch das Ritual, das Wissen und Praxis eint, die Kabbalah. Die Sefirah Malchut ¨offnet sich ihr, schließlich die Sefirah Tipheret, der Gottesname, in dem sich alle Sefirot vereinigen16. Yohanan Alemanno greift die Hierarchie der Erkenntnisformen und Wissenschaften, die er in seinem Canticum-Kommentar entwickelt hat, in seinen weiteren Werken auf. In seiner Enzyklop¨adie, dem Hay ha-‘olamim, systematisiert er die Stufen der Erkenntnis und verbindet sie mit Autorit¨aten, aus denen er Ausz¨ uge hinzuf¨ ugt17 . Averroes‘ Iggeret ha-Devekut wird Alemanno zum Zeugen der Vereinigung mit dem t¨atigen Intellekt, Moshe Narbonis Ibn-Tufail-Kommentar zum Gew¨ahrsmann einer Kontaktaufnahme mit den separaten Intelligenzen, zugleich zum Lehrer einer Weisheit noch jenseits dieser Intelligenzen18 . Auf das Wissen der Natur folgt das Wissen der Metaphysik, dann das intuitive und metarationale Wissen. Abraham Abulafia, der vielleicht wichtigste Kabbalist des 13. Jahrhunderts rechtfertigt f¨ ur Alemanno die F¨ahigkeiten des Menschen, die ihn u uge der Intelligenzen hinaus endg¨ ultig in das Reich ¨ ber das Gef¨ der Sefirot f¨ uhren19 . Im gleichen Werk deutet Alemanno die Erkennt15 Yohanan Alemanno, Shir ha-ma’alot . . . , hg. Lesley, hebr., S. 534-540, engl., S. 174-180. 16 Yohanan Alemanno, Shir ha-ma’alot . . . , hg. Lesley, hebr., S. 581-598, engl., S. 213-223. 17 F¨ ¨ ur einen Uberblick u ¨ber das ganze Werk Hay ha-‘olamim A. Melamed, « The Hebrew Encyclopedias of the Renaissance », in The Medieval Hebrew Encyclopedias of Science and Philosophy, hrsg. von S. Harvey, Dordrecht, 2000, S. 441-464, hier S. 448-454. 18 Zur vermittelnden Position der arabischen Philosophen hin zur Kabbalah innerhalb des Hay ha-‘olamim z. B. M. Idel, « Jewish Mystical Thought in the Florence of Lorenzo il Magnifico », in La cultura ebraica all‘epoca di Lorenzo..., S. 17-42, hier S. 27-30. 19 Hierzu besonders Yohanan Alemanno, Hay ha-‘olamim, c. 43, abgedruckt in F.

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Bernd Roling nisstufen als Formen der Exegese. Jenseits der auf dem historischen Sinn beruhenden Arbeiten der Rabbinen liegen die sodot, die philosophischen Deutungen der Rationalisten Al-Farabis und Moshe ben Maimons, die Apodeixis der Metaphysik. Tiefer in den intelligiblen Kern der Torah dringen die Kabbalah, der Zohar und andere Werke der kabbalistischen Literatur20 . Yohanan Alemanno hat seinem Bildungskonzept mit einem konkreten Curriculum, einem Lekt¨ urekanon und Seder ha-Limud, Nachdruck verliehen, den Moshe Idel untersucht hat21 . Wer wie Hay Ibn Yaqzan oder seine j¨ udische Entsprechung, Salomon, zu einem vollkommenen und gleichsam verg¨ottlichten Menschen werden will, muß einen langen Unterricht erhalten. Nach zahlreichen Werken der Grammatik, Rhetorik, Mathematik und Astronomie, so die Empfehlung Alemannos, liest der Sch¨ uler, langsam zum Mann herangewachsen, die arabischen und j¨ udischen Aristoteliker. Er befaßt sich mit der Kosmologie und Epistemologie des Al-Farabi, des Averroes und des Maimonides, ebenso mit den Schriften des Moshe Narboni, des Isaak Albalag, Isaak Ibn Latif und Josef Albos. Ein weiterer Schritt erweitert das theoretische Wissen um das Wissen der Kabbalah, um die Kommentar zum Sefer Jesirah, um die Schriften Josef Gikatillas, Menachem Recanatis, Abraham Abulafias und die Ma’arekhet ha-elohut, Texte, die Pico durch die Arbeit des Flavius Mithradates bekannt waren22 . Am Ende stehen weitere Werke, die den Schwerpunkt nicht mehr nur auf die theoretische Erkenntnis des Universums legen, sondern auf den praktischen Nutzen der intelligiblen Welt und ein Reich noch jenseits dieser Dom¨ ane, auf die Magie, das Sefer Raziel, das Almadel und das ber¨ uhmte Sefer ha-Tamar des Abu Aflah23 . Lelli, « Prisca philosophia and Docta religio : The Boundaries of rational Knowledge in Jewish and Christian Humanist Thought », in Jewish Quarterly Review, 91 (2000), S. 53-99, S. 69-99, und auch Yohanan Alemanno, Hay ha-‘olamim, la Retorica..., hg. F. Lelli, hebr., S. 84-85, ital., S 136-139, oder F. Lelli, « L’educazione ebraica nella seconda met` a del ’400. Poetica e scienze naturali nel Hay ha-‘olamim di Yohanan Alemanno », in Rinascimento, 36 (1996), S. 75-136, hier S. 107-112, S. 114-116, und ibid. ein weiterer Auszug aus dem Hay ha-‘olamim, hebr., S. 120-122, ital., S. 126-130. 20 Yohanan Alemanno, Hay ha-‘olamim, la Retorica..., hg. F. Lelli, hebr., S. 6869, S. 72, S. 75-76, ital., S. 98-101, S. 109-110, S. 116-118. 21 M. Idel, « Seder-ha-limud shel- R. Yohanan Alemanno », in Tarbiz, 48 (1979), S. 304-331. 22 Zur Rolle der kabbalistischen Literatur im Curriculum Yohanan Alemannos M. Idel, « The Magical and Neoplatonic Interpretation of Kabbalah in the Renaissance », in Jewish Thought in the 16th Century, hrsg. von B. D. Cooperman, Cambridge Mass., 1983, S. 188-242, bes. S. 198-203, S. 210-211. 23 Hierzu Idel, « Seder-ha-limud... », S. 306-313, S. 316-321, und noch einmal K.

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung

3.

Ein ju ¨disches Modell in christlichem Gewand : Giovanni Pico della Mirandola

a. Philosophisches Wissen und Erleuchtung Eine Reihe von Motiven, die sich durch das Oeuvre Giovanni Pico della Mirandolas hindurch antreffen lassen, verdanken sich vielleicht nicht unmittelbar dem Einfluß Yohanan Alemannos, zumindest aber kommen ¨ sie den Uberlegungen seines j¨ udischen Lehrers denkbar nahe und nehmen in Picos System eine konstituierende Rolle ein. Wie Alemanno r¨ uckt Pico die Vereinigung mit dem t¨atigen Intellekt in den Mittelpunkt seiner Eschatologie, eine Vereinigung, die erst in der Philosophie vorbereitet und dann in der kabbalistischen Praxis verwirklicht wird. Um die Vollendung des Menschen auf eine philosophische Art und Weise zu formulieren, greift Pico in weiten Teilen auf die Schriften ¨ des Averroes zur¨ uck. Uber die Philosophie hinaus liefert ihm die Kabbalah nicht nur eine esoterische Reformulierung der philosophischen Erl¨osungsvorstellungen, sie verleiht ihnen eine neue Qualit¨at24 . Auch f¨ ur Pico greifen zwei Formen der menschlichen Vollendung ineinander, eine Aktualisierung, die dem Menschen aus dem intellectus agens zuteil wird, und eine Illumination, ein effluxus der Gnade, der auf der Offenbarung beruht und nicht mehr auf der Eigent¨ atigkeit der menschlichen Ratio. W¨ahrend der menschliche Verstand aus der Abstraktion Begriffe produziert, gewinnt er aus der Illumination, aus den Ideen, ein intuitives Wissen. Die Kabbalah reicht f¨ ur Pico unter dieser Voraussetzung weiter als die PhiloHermann, « Golemtraditionen bei Johanan Alemanno », in An der Schwelle zur Moderne. Juden in der Renaissance, ed. G. Veltri - A. Winkelmann, Leiden, 2002, S. 129-154, hier S. 133-136, oder D. Rappel, Sheva ha-hokmot : Ha-vikuah al limudey hol be-sifrut ha-hinnukh ha-yehudit ad reshit ha-hashkalah, Jerusalem, 1990, S. 77-79. 24 Zu Picos Aufarbeitung der Kabbalah, seinen Quellen und den von ihm herangezo¨ genen Handschriften die Uberblicke von C. Wirszubski, Pico’s Encounter with Jewish Mysticism, Cambridge Mass., 1989, S. 53-65, F. Lelli, « Pico tra filosofia ebraica e ‘qabbala’ », in Pico, Poliziano e l’Umanesimo di fine Quattrocento. Biblioteca Medicea Laurenziana 4 novembre - 31 dicembre 1994, hrsg. von P. Viti, Firenze, 1994, S. 193-223, G. Tamani, « I libri ebraici di Pico della Mirandola », in Giovanni Pico della Mirandola. Convegno Internazionale di Studi nel cinquecentesimo anniversario della morte (1494-1994) (2 Bde.), hrsg. von. G. Garfagnini, Firenze, 1997, Bd. 2, S. 491-530, und außerdem Baccelli, « Giovanni Pico e Pier Leone... », S. 1-36, und M. Zonta, « Due note sulle fonti ebraiche di Giovanni Pico e Giordano Bruno », in Rinascimento, 40 (2000), S. 143-153, hier S. 143-147. Ausf¨ uhrlich zur Rezeption des ‘Sefer Bahir’ in den Schriften Picos jetzt die Einleitung von S. Campanini in The Book of Bahir. Flavius Mithradates’ Latin Translation, The Hebrew Text, and an English Version. Ed. by S. Campanini with a Forword by G. Busi, Torino, 2005, S. 86-99.

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Bernd Roling sophie. W¨ahrend die Philosophie Begriffe liefert, dringt die Kabbalah zum Kern der Philosophie vor, zu einer ewigen Wahrheit jenseits der Begriffe. Fabrizio Lelli hat im Heptaplus, in Picos komplexen Kommentar zur Sch¨opfungsgeschichte, den er im Jahre 1489 fertigstellt, ein direktes Zitat aus der Einleitung des Hay Ibn Yaqzan finden k¨onnen25 . Die menschliche Ratio erh¨alt ihren spezifischen Ort zwischen der Imagination und einer reinen Intellektualit¨ at, die ihre Erkenntnis aus der Erleuchtung gewinnt. Averroes und Avempace, so Pico, haben die Erkenntnis, die der Mensch aus der Vereinigung mit dem t¨ atigen Intellekt erh¨alt, f¨ ur das letzte Ziel des Menschen gehalten. Noch dar¨ uber hinaus aber, so Pico, gibt es das theologische Wissen, das den Willen erf¨ ullt und den Menschen aus der Gnade erleuchtet26 . Auch u ¨ ber diese eindeutige Anleihe hinaus beharrt Pico wie Alemanno von Anbeginn auf einer Hierarchie der Erkenntnisformen, die er verschiedenen Bereichen der Wissenschaft zuordnet und mit einem Aufstieg der Seele zu Gott verbindet. Im Commento zu den Kanzonen Benivienis, der 1486 vollendet wird, summiert Pico die Stufen der menschlichen Erkenntnis unter Zuhilfenahme eines bekannten Bildes, der Ja¨ kobsleiter. Uber die sinnliche Wahrnehmung und die Imagination gelangt der Mensch, so Pico, zu den abstrakten Begriffen, die ihm der intellectus agens zuf¨ uhrt. Was aus dieser Perspektive wie ein Begriff anmutet, mutiert mit weiterem Erkenntnisfortschritt zu einer Idee, die nicht mehr aus der Außenwelt begr¨ undet wird, sondern aus einem innerseelischen Licht. Der einzelne Verstand erf¨ ahrt sich als partizipierender Intellekt, der an der u ¨ berindividuellen mens angelica Anteil hat. Schließlich vergeht auch dieser Intellekt in einer letzten Vereinigung mit dem G¨ottlichen27 . F¨ ur diese letzte Erkenntnisstufe greift Pico kaum zuf¨allig zu einer kabbalisti25 Lelli,

« Prisca philosophia... », S. 63-68. Pico Della Mirandola, Heptaplus, in De hominis dignitate. Heptaplus. De ente et uno e scritti vari, hrsg. von E. Garin, Firenze, 1942, VII, Prooemium, S. 328-333. Zu weiteren m¨ oglichen Analogien zwischen Picos Heptaplus und den Ideen Yohanan Alemannos Idel, « The Anthropology of Yohanan Alemanno... », S. 104109, außerdem M. Idel, « ‘Book of God’ and ‘Book of Law’ in Late 15th Century Florence », in Accademia, 2 (2000), S. 7–17, hier S. 13-17, und noch einmal M. Idel, Kabbalah and Eros, New Haven/London 2005, S. 186-188. 27 Giovanni Pico Della Mirandola, Commento dello illustrissimo signor conte Joanni Pico Mirandolano sopra una canzone de Amore composta da Girolamo Benivieni cittadino Fiorentino secondo la mente et opinione de’ Platonici, in De hominis dignitate. Heptaplus. De ente et uno e scritti vari, hrsg. von E. Garin, Commento, Stanza sesta, settima e ottava, S. 566-570, und ebenso Commento, III, 4, S. 530-531, II, 23-24, S. 515-517, II, 7, S. 493-494. 26 Giovanni

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schen Metapher. Die Seele wird zu einem Brandopfer im Tempel Salomos, der Shechinah und der letzten Sefirah Malchut28 . In seiner ber¨ uhmten Oratio de dignitate hominis stellt Pico der epistemologischen Stufenfolge die Wissenschaften an die Seite und gibt dem Seelenaufstieg zwei signifikante Bilder. Mit Dionysios Areopagita l¨aßt sich der Weg zu Gott als ein Weg von Engel zu Engel erkl¨aren. Mit jedem neuen Chor er¨ offnet sich eine neue Wirklichkeit, zugleich auch ein neuer Erkenntniszugriff29. Im Thron, dem Mittler zwischen Ethik und Physik, findet sich die Sicherheit des Urteils, die Phronesis, die in der Ethik der Tugend die Richtschnur bereith¨ alt. Im Cheruben, der zwischen Naturphilosophie und Metaphysik vermittelt, verk¨ orpert sich die Ebene des Intellektes, zun¨achst noch auf eine immanente Weise, dann in einer Form, die jeden Weltbezug u ¨ berwindet, in der Metaphysik und den res divinae 30 . 28 Pico, Commento, Stanza quarta, S. 554 : E per` o se el divino e celeste amore, del quale lo autore parla, ` e desiderio intellettuale, come fu dichiarato nel secondo libro, n` e a tale essere si pu` o passare se prima quanto alla umana parte dell’anima non si muore, meritamente dice el Poeta che mentre el core, cio` e l’anima umana che nel core alberga, arde nello amoroso foco, muore per quello ardore, ma in quello morendo non manca, anzi cresce, perch` e da quel foco quasi santissimo olocausto tutta abruciata, sacrificata al primo Padre fonte della bellezza, per ineffabile grazia al tempio di Salomone d’ogni ricchezza spirituale ornato, vero abitaculo della divinit` a, felicimente si conduce ; inestimabile dono di amore, che fa li uomini equali alli angeli, admirabile virt` u che per la morte a noi dona la vita. 29 Als Quelle dieses dreifachen ascensus der purgatio, illuminatio und perfectio Dionysios Areopagita, De coelesti hierarchia, in Corpus Dionysiacum II, ed. G. Keil - A. M. Ritter, Berlin - New York, 1991, III, 2 (S. 19), und z. B. Proklos, Sur le premier Alcibiade de Platon, ed. A. Ph. Segonds (2 Bde.), Paris, 1985, Bd. 1, § 5 (S. 3-4), und als weitere Beispiele der katholischen Tradition z. B. Hugo de Balma, Th´ eologie mystique, hrsg. von F. Ruello (2 Bde.), Paris, 1995, Bd. 1, S. 144-269, Bd. 2, S. 8-181, oder Bonaventura, De triplici via, hrsg. von M. Schlosser, Freiburg, 1993, c. 1, lat. und dt., S. 96-115. Zur Verbindung der angelischen Ch¨ ore mit den Wissenschaften in der Oratio de dignitate z. B. E. P. Mahoney, « Giovanni Pico della Mirandola and Origen on Humans, Choice and Hierarchy », in Vivens homo, 5 (1994), S. 359-376, S. 364-368, und P. C. Bori, Pluralit` a delle vie. Alle origini del ,Discorso sulla dignit` a umana‘ di Pico della Mirandola, Milano, 2000, S. 44-53. 30 F. Lelli, « Yohanan Alemanno, Giovanni Pico della Mirandola e la cultura ebraica italiana del XV secolo », in Giovanni Pico della Mirandola. Convegno..., Bd. 1, S. 303325, hier S. 317-319, vermutet, auch Picos Zuschreibung der Attribute iudicium, amor und intelligentia an die Engelch¨ ore verdanke sich dem Modell des Sefirot-Baumes. Auch M. Idel, Ascensions on High in Jewish Mysticism. Pillars, Lines, Ladders, Budapest, 2005, S. 183-187, glaubt, Picos Interpretation der Jakobsleiter k¨ onnte unmittelbar von Yohanan Alemanno beeinflußt sein. Doch auch wenn der direkte Einfluß Alemannos sich auch in diesem Fall nicht ausschließen l¨ aßt, m¨ ussen neben Alemanno oder z. B. Menachem Recanati die christlichen und neuplatonischen Traditionen als Quellen Picos ihr Eigenrecht erhalten.

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Bernd Roling Im Seraphen findet sich die Liebe, die schließlich auch den Intellekt hinter sich l¨aßt und in Gott m¨ undet31 . Ein zweites Aufstiegsschema entwickelt Pico mit Hilfe der chald¨ aischen Orakel und Michael Psellos aus den vier Fl¨ ussen des Paradieses und den vier Himmelsrichtungen, die dem Menschen die Heimkehr in den Garten Eden erm¨oglichen. Hier finden wir ein ¨ahnliches Muster32 : Wissenschaft wird zu einem Aufstieg ins Licht, einem Durchlaufen der Himmelsrichtungen, die in der Erleuchtung endet, so wie die Sonne im S¨ uden ihre gr¨ oßte Helligkeit entwickelt. Auf die Ethik, die der Moral die Vorgaben liefert, folgt in einer zweiten Stufe die Dialektik, daraufhin die Naturphilosophie, die dem Menschen das erste Licht zuteil werden l¨ aßt, doch noch zwischen der Rationalit¨at und der Welt des Intellektes vermittelt, schließlich als reine Erleuchtung die pietas, die Theologie33. b. Eine Enzyklop¨ adie der Erl¨ osung : Die 900 Conclusiones Im Jahr 1496, im selben Jahr wie der Commento und die Oratio, entsteht die große Sammlung der 900 Thesen Picos. Pico versammelt 900 Schlußfolgerungen, die er allen zur damaligen Zeit verf¨ ugbaren Philosophien, Sprachen und Traditionen entnimmt, 900 Thesen, die ¨offentlich diskutiert werden sollten, um am Ende alle vorhandenen philosophischen Widerspr¨ uche in einem großen Konsens aufzul¨osen. Bereits das theoretische Konzept dieses waghalsigen Unternehmens weist zahlreiche Parallelen zu den Ans¨ atzen Yohanan Alemannos auf. Pico verdichtet und 31 Giovanni Pico Della Mirandola, De hominis dignitate, hrsg. von N. Baumgarten - A. Buck, Hamburg, 1990, lat. und dt., S. 10-15. 32 Als Quellen Oracles Chaldaiques, hrsg. von E. ´ des Places, Paris, 1971, Fr. 107 (S. 92-93) und Fr. 165 (S. 106), zusammen mit dem Kommentar des Michael Psellos, Philosophica minora, hrsg. von J. M Duffy - D. O’Meara (2 Bde.), Leipzig, 1989-92, Bd. 2, Exegesis ton Chaldaikon rheton, zu Fr. 107, S. 129-131 (hg. des Places, S. 166-168), zu Fr. 165, Philosophica minora, Bd. 2, S. 138 (hg. des Places, S. 176). Als kabbalistische Parallele auch den Traktat Ha-yeri’ah ha-gedolah, zusammen mit der ¨ lateinischen Ubersetzung des Flavius Mithradates, in G. Busi - S. Campanini (ed.), The Great Parchment. Flavius Mithradates’ Latin Translation, the Hebrew Text, and an English Version, Torino, 2004, lat., S. 53-54, hebr., S. 119-120, engl., S. 195-196, und Moses de Leon, Seder Gan Eden, in Bet ha-Midrasch. Sammlung kleiner Midraschim und vermischter Abhandlungen aus der ¨ alteren j¨ udischen Literatur. Dritter Teil, hrsg. von A. Jellinek, Reprint Jerusalem, 1967, S. 131-140, hebr¨ aisch, S. 137-138, deutsche ¨ Ubersetzung als : Die Mauern und Hallen von Gan ‘Eden und seine Bewohner, in Aus Israels Lehrhallen. Kleine Midrashim zur j¨ udischen Eschatologie und Apokalyptik, hrsg. von A. W¨ unsche, Bd. 3, Leipzig, 1909, S. 49-66, hier S. 61-62. 33 Pico, De hominis dignitate, lat. und dt., S. 28-31.

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung

systematisiert alle wißbaren Gegenst¨ ande, er schafft eine gleichsam repr¨asentative philosophische Enzyklop¨ adie, die ihren Leser am Ende zu einer Erleuchtung f¨ uhren sollte34 . Ziel seiner basalen Thesen ist nicht nur die etwas hybride Inszenierung seiner eigenen geistigen Gr¨oße, Ziel ist ein Erl¨osungsprojekt, dessen Gelingen f¨ ur die Beteiligten gleichbedeutend war mit einem reinen Intellekt und vielleicht einer fast mystischen Vereinigung mit dem G¨ ottlichen35 . ¨ Uberschaut man den Inhalt der Thesen, und dies kann nur denkbar grob und knapp geschehen, so finden sich auch hier die basalen Leitideen Picos. Sie ziehen sich f¨ ur ihn wie ein roter Faden und in vielen Variationen durch alle von ihm herangezogenen Autorit¨aten. In den diversen Philosophien l¨aßt sich f¨ ur Pico eine Hierarchie der epistemologischen Gr¨oßen verfolgen, bestehend aus einem m¨ oglichen Intellekt, der mit der Seele identifiziert werden kann, einem intellectus in habitu, einem t¨atigen Intellekt und dator formarum, schließlich einem Intellekt, der ohne Weltbezug in sich selbst existiert, und Gott36 . Abstrahierte Begriffe stehen in der Erkenntnis Ideen gegen¨ uber. Mit fortschreitender Vollkommenheit verwandelt sich die Eigent¨ atigkeit des Verstandes, seine Abstraktion, in ein Partizipationsverh¨ altnis, das ihn am reinen Intellekt Anteil haben l¨aßt. Eine Emanation g¨ ottlicher Energie l¨ ost auch dieses Partizipationsverh¨altnis ab37 . Je weiter sich Pico der Kabbalah n¨ahert, desto unbe34 Hervorgehoben haben die innere Rationalit¨ at und syllogistische Struktur der Conclusiones z. B. E. Garin, Giovanni Pico della Mirandola. Vita e dottrina, Firenze, 1937, S. 55, S. 138-139, E. Anagnine, Giovanni Pico della Mirandola. Sincretismo religioso-filosofico (1463-1494), Bari, 1957, S. 12-13, A. Pellegrini, « Aspetti della libert` a nelle ,Conclusiones‘ di Giovanni Pico della Mirandola », in Vivens homo, 9 (1998), S. 299-329, hier S. 302-306. Als Analyse der technischen Sprache der Conclusiones F. Bausi, Nec rhetor nec philosophus. Fonti, lingua e stile nelle prime opere di Giovanni Pico della Mirandola (1484-87), Firenze, 1996, S. 177-186. 35 Zu den m¨ oglichen eschatologischen Aspekten der Conclusiones z. B. D. Costa, « Stuck sow or broken heart : Pico’s Oratio as ritual sacrifice », in The Journal of Medieval and Renaissance Studies, 12 (1982), S. 221-235, und in der Einleitung seiner Ausgabe der Conclusiones S. Farmer, Syncretism in the West : Pico’s 900 Theses (1486). The Evolution of Traditional and Philosophical Systems, Tempe, 1998, S. 39-46. 36 Zur Kette der Intellekte, ihrer wechselseitigen Beziehung und ihrem Verh¨ altnis zu Gott und der Welt der Seelen in den Conclusiones z. B. Pico, Conclusiones, hg. Farmer, Conclusio secundum Porphyrium, 22.12. (S. 308), Conclusio paradoxa..., 3>49. (S. 412), Conclusio secundum priscam doctrinam Mercurii Trismegisti Aegyptii, 27.3. (S. 340), Conclusiones secundum Proclum 24.45. (S. 328), 24.51. (S. 330), Conclusio...in doctrina Platonis, 5>58., (S. 456), Conclusiones paradoxae..., 3>67. (S. 420), 3>68. (S. 420), Conclusio secundum Chaldaeorum theologorum, 26.5. (S. 338). 37 Zur Rolle des Glaubens PICO, Conclusio secundum Averroem, 7.1. (S. 250),

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Bernd Roling deutender werden in den von ihm pr¨ asentierten Thesen die ersten Stufen der Erkenntnis. In der Magie und Kabbalah spielen sie keine Rolle mehr. In den unteren Sefirot spiegeln sich f¨ ur Pico zwar noch die philosophischen Formulierungen der Erkenntnis und Erl¨osung. Malchut l¨aßt sich als Weltseele deuten, Jesod als intellectus in habitu, Tipheret als reiner Intellekt38 . Gleichzeitig aber formuliert die Kabbalah die Erl¨osung, die dem Menschen durch die Emanation der g¨ottlichen Wirklichkeit zuteil wird, in Gestalt eines Offenbarungswissen, das nur noch bejaht werden kann39 . Die Philosophie als Weg der Erkenntnis ist u ¨ berwunden. Auch wenn Pico weitaus mehr Material verarbeitet und auch andere Quellen verwendet als Alemanno, unterwerfen sich die 900 Thesen in ihrer Anlange dem Bildungskonzept und der Wissenschaftslehre Yohanan Alemannos und u ¨ bernehmen sein Aufstiegsschema. Schon die grobe Ordnung folgt dem Muster des Shir ha-ma’alot. Pico schreitet von diskursiven Thesen, die sich der Dialektik zuordnen lassen und sich widersprechen d¨ urfen, u ¨ ber apodiktische Thesen bis hin zu Thesen, die nurmehr einer OffenbaConclusio secundum Proclum, 24.44. (S. 328), zur Vereinigung mit dem t¨ atigen Intellekt und der letzten Ilumination Pico, Conclusio secundum Averroem, 7.3. (S. 250), Conclusio secundum Plotinum, 20.7. (S. 298), Conclusio...Chaldaeorum, 26.4. (S. 338), ¨ Conclusio paradoxa..., 3>69. (S. 420), und zur Uberlegenheit des theologischen Wissens im Allgemeinen PICO, Conclusio in Theologia secundum opinionem propriam, a communi modo dicendi theologorum satis diversam, 4>11. (S. 426), und die Conclusio paradoxa..., 3>42. (S. 410) : Infinitas dei per superexcedentiam ad esse intellectuale et viam mysticae theologiae probari potest, et ad id probandum omnis alia via inefficax est. 38 Zur Sefirah Malchut z. B. Pico, Conclusio cabbalistica...,11>6 (S. 522) zusammen mit Conclusio...in doctrina Platonis, 5>7 (S. 438), Conclusio cabalistica..., 11>28 (S. 532), zum Erzengel Michael und Metatron Pico, Conclusiones secundum Themistium, 19.1., 19.2. (S. 294), Conclusio cabalistica secundum opinionem propriam ex ipsis Hebreorum sapientiam fundamentis christianam religionem maxime confirmantes, 11>10. (S. 524), zur Sefirah Jesod Z. B. Pico, Conclusio secundum Iamblichum, 23.2 (S. 310) zusammen mit Conclusio cabalistica..., 28.5. (S. 346) : Cum arbore scientiae boni et mali, in qua peccavit primus homo, creavit deus saeculum. Arbor scientiae ist der Name der neunten Sefirah. 39 Zu Picos Deutung der Erl¨ osung innerhalb des Symbolsystems der Sefirot z. B. Pico, Conclusio secundum...Zoroastris, 8>7. (S. 488), Conclusio secundum...Zoroastris, 8>13. (S. 490), Conclusio cabalistica..., 11>11. (S. 524), Conclusio cabalistica..., 28.10. (S. 350), Conclusio cabalistica..., 28.18. (S. 352), Conclusio cabalistica..., 28.44. (S. 362), Conclusio cabalistica..., 28.27. (S. 356) : Sicut congregatio aquarum est iustus, ita mare ad quod tendunt omnia flumina est divinitas., zusammen mit Conclusio...in doctrina Platonis, 5>32 (S. 448) : Per aliam vitam in Epinomide intelligere debemus connexionem partis cum suo toto, et credo idem esse quod apud Cabalistas dicitur saeculum venturum. Die Sefirah Jesod tr¨ agt den Namen saeculum venturum und iustus.

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung

rungslehre zuzurechnen sind und die Illumination einfordern ; er geht von einer rationalen u ¨ ber zu einer intelligiblen und metarationalen Ebene, die sich allein mit Gott verbindet. Die letzte Wahrheit ist f¨ ur ihren Betrachter evident, wenn er die h¨ ochste Erkenntnisstufe erreicht und die Regeln der Vernunft hinter sich gelassen hat. Sie bedarf keines Beweises mehr. Pico gruppiert die von ihm verwendeten Autorit¨aten analog der Hierarchie der Erkenntniszugriffe, die Alemanno etabliert hatte, und endet in der Magie und Kabbalah. Eine n¨ahere Betrachtung der Thesen, die nur knapp ausfallen kann, best¨atigt diesen Eindruck. Die beiden Thesengruppen, die historischen und diejenigen, die, wie er sagt, seiner eigenen Meinung verpflichtet sind, spiegeln das Schema Alemannos40 . Die ,Conclusiones historicae‘ beginnen mit den lateinischen Philosophen des Mittelalters, mit Albert, Thomas, Duns Scotus und Heinrich von Gent, und bieten einander widersprechende Positionen zur Kosmologie und Erkenntnislehre, doch zuvorderst Thesen, die sich der Logik und Dialektik widmen41 . Es folgen, einheitlicher in der Ausrichtung, die arabischen und j¨ udischen Philosophen, Averroes, Avicenna, Avempace, Maimonides und Isaak Albalag, die vor allem zur Erkenntnislehre und Kosmologie Stellung beziehen42 . Die griechischen Peripatetiker, Theophrast, Simplicius, Themistius und Ammonius, die noch st¨ arker vom Konsens gepr¨agt sind, schließen sich an43 . Die n¨achsten Thesen verlassen die diskursive Ebene und lassen sich dem Reich des Intellektes und der Ideenwelt und nicht mehr der Ratio zuord¨ nen. Die Thesen der Platoniker pr¨ agen die Uberlegungen des Parmenidies und seiner Kommentare, sie dominiert der Einheitsgedanke. Ein Teil ihrer Theoreme gibt bereits Hinweise auf die kabbalistische Thesenkette44 . Schritt f¨ ur Schritt wird im weiteren auch die Sph¨are des theoretischen Intellektes u ¨ berwunden. Das Reich des Okkulten und die Dom¨ane, in der Praxis und Theorie ineinander aufgehen, erreicht der Leser im Aufstiegsschema, das Pico in seinen Conclusiones entwickelt, mit den sich anschließenden Thesenketten, mit den Ausz¨ ugen aus den Chald¨aischen Orakeln und der Hermetik45 . Den Abschluß der historischen Thesen bilden die 66 Basiss¨ atze der Kabbalah46 ; die letzte bekr¨aftigt im ‘amen, der ¨ auch den Uberblick bei Farmer, Syncretism in the West..., S. 204-207. Conclusiones, 1.1. - 6.11. (S. 212-249). 42 Pico, Conclusiones, 7.1. - 14.2. (S. 250-281). 43 Pico, Conclusiones, 15.1. - 19.5. (S. 282-295). 44 Pico, Conclusiones, 20.1. - 24.55. (S. 296-333). 45 Pico, Conclusiones, 25.1. - 27.10. (S. 334-343). 46 Pico, Conclusiones, 28.1. - 28.47. (S. 344-363). 40 Dazu

41 Pico,

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Bernd Roling ‘emunah, also dem Glauben, das Ziel, das erreicht wurde, die Schau des G¨ottlichen47 . Die zweite Thesengruppe, die Conclusiones secundam opinionem suam, durchlaufen ein deckungsgleiches Raster. Auch sie ordnen Erkenntnisstufen und Autorit¨ aten nach einem Muster, das Yohanan Alemanno ¨ vorgibt. Ein erster Satz von Thesen sucht nach m¨oglichen Ubereinstimmungen zwischen Thomas und Scotus, Averroes und Avicenna48 , ein zweiter Thesensatz l¨ aßt die Dialektik hinter sich und liefert vornehmlich epistemologische und kosmologische S¨atze, die nicht mehr gegeneinander abgewogen werden49 . Den entscheidenden Sprung auf die n¨achste Ebene leistet eine Thesenkette, die von Pico Conclusiones paradoxae ge¨ nannt wird50 . Pico stellt Thesen zusammen, die selbst die Uberlegenheit des nicht-diskursiven Zugriffs thematisieren, die Koinzidenz der Widerspr¨ uche im reinen Geist, der die aristotelische Syllogistik und ihre Kategorien hinter sich l¨ aßt51 . Vor allem Nikolaus von Kues wird Pico hier zur 52 Autorit¨at . Die folgenden Thesenreihen, die Pico der platonischen Philosophie und dem Liber de causis entnimmt, geh¨oren dem Reich des Idealen an, sie sind nicht mehr der Ratio zugeh¨ orig, doch bleiben noch der Theorie verbunden53 . In den Oracula chaldaica k¨ undigt sich die Praxis an, in den magischen Theoremen u ¨ berwindet Pico nach der Diskursivi¨at auch die Theorie54 . Die Magie erarbeitet keine Erkenntnis mehr, sie provoziert eine Emanation der h¨ oheren Welt. Gleiches gilt f¨ ur die sich anschließenden orphischen Thesen55 . Die 72 kabbalistischen Theoremen setzen, wie 47 Pico,

Conclusio cabbalistica, 28.47 (S. 362) : Per dictionem AMEN ordo habetur expressus quomodo numerationum procedant influxus. 48 Pico, Conclusiones, 1>1. - 1>17. (S. 364-371). 49 Pico, Conclusiones, 2>1. - 2>80. (S. 372-397). 50 Pico, Conclusiones, 3>1. - 3>71. (S. 398-421). 51 Dazu bes. Pico, Conclusiones, 3>13. - 3>20. (S. 402-405). 52 Zu diesen Thesen und dem Einfluß des Nikolaus von Kues und Plotins auf Pico K. Flasch, « Nikolaus von Kues und Pico della Mirandola », in Mitteilungen und Forschungsbeitr¨ age der Cusanus-Gesellschaft, 14 (1980), S. 113-120, hier S. 115-119, L. Valcke, « Entre Raison et Foi : Le n´ eoplatonisme de Pic de la Mirandole », in Recherches de Th´ eologie ancienne et m´ edi´ evale 54, (1987), S. 186–237, hier 205-208, und L. Valcke, « Giovanni Pico della Mirandola : Dal Panteismo mistico alla mistica agnostica », in Il sacro nel Rinascimento. Atti del XII Convegno internazionale (Chinciano-Pienza 17-20 luglio 2000), hrsg. von L. Secchi Rotondi Tarugi, Firenze, 2002, S. 619-629, hier S. 623-625. 53 Pico, Conclusiones, 4>1. - 6>10. (S. 422-465). 54 Pico, Conclusiones, 8>1. - 9>26. (S. 486-503). 55 Pico, Conclusiones, 10>1. - 10>31. (S. 504-515).

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Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨ adische Ordnung von Wissen und Offenbarung

schon Brian Copenhaver und Eduardo Fornaciari gezeigt haben56 , den Schlußpunkt wie ein magischer Charakter57. Der Aufstieg der Seele ist mit ihnen zu seinem Abschluß gelangt. F¨ ur Pico wie f¨ ur Alemanno ist Wissenschaft der Weg zur Vollendung des Menschen, zun¨ achst seiner Selbstvollendung, dann der Vollendung durch seinen Sch¨ opfer. F¨ ur beide sind Physik und Metaphysik Wege der Erkenntnis, doch ebenso ein Prop¨ adeutikum der Magie und der Kabbalah. Die Wissenschaft versetzt den Menschen in die Lage, sich der Gnade Gottes zu u ¨ berantworten. Sie sind eine Leiter, die er, hat er die rechte Stufe erreicht, mit Gottes Hilfe hinter sich l¨aßt. Der Kabbalist kommt Gott am n¨achsten, nicht der Philosoph. Im Unterschied zum Christen ¨ Pico war Alemanno so klug, seine Uberlegungen nicht zu ver¨offentlichen, sie nicht mit Christen zu diskutieren, geschweige denn ihre Diskussion zu einem ¨offentlichen Großereignis zu machen. Vielleicht auch aus diesem Grund sah sich Alemanno, der mehr Lebensweisheit besaß als der junge Graf, im Unterschied zu Pico nicht mit einem H¨aresieprozeß konfrontiert.

56 Hierzu B. Copenhaver, « Number, Shape, and Meaning in Pico’s Christian Cabala : The upright Tsade, the closed Mem, and the gaping jaws of Azazel », in Natural Particulars. Nature and the Disciplines in Renaissance Europe, hrsg. von A. Grafton - N. Siraisi, Cambridge Mass., 1999, S. 25-76, hier S. 51-62, P. E. Fornaciari, « Presenza della Qabbalah nelle ,Conclusiones nongentae sive Theses‘ », in Giovanni e Gianfrancesco Pico. L’opera..., S. 107-120, hier S. 117-119. 57 Pico, Conclusiones, 11>1. - 11>72. (S. 516-553).

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Contributeurs Carmela Baffioni Universit`a degli Studi di Napoli « L’Orientale » Scuola di Studi Islamici Palazzo Grimaldi Via M. Campodisola, 13 I – 3 Napoli [email protected]

Alain Galonnier (C.N.R.S. – Villejuif, U.M.R. 7062) 169 Bld de Saint-Loup F – 13011 Marseille [email protected]

Caroline Boucher (EPHE, Paris / Ume˚ a Universitet, Historiska Studier) Fysikgr¨and 33 S – 90731 Ume˚ a [email protected]

J´er´emy Loncke D´epartement d’Histoire Universit´e catholique de Louvain Pl. Blaise Pascal 1 B – 1348 Louvain-la-Neuve [email protected]

Godefroid de Callata¨ y Institut Orientaliste Universit´e catholique de Louvain Pl. Blaise Pascal 1 B – 1348 Louvain-la-Neuve [email protected]

Monique Paulmier-Foucart 12, rue Piccini Bat. G F – 75116 Paris D – 49143 M¨ unster [email protected]

Marie-Christine Duchenne ERM 7002 – Atelier Vincent de Beauvais Universit´e de Nancy II 23, Bd Albert Ier, BP 3397 F – 54014 Nancy Cedex [email protected]

Bernd Roling Seminar f¨ ur mittellateinische Philologie Salzstrasse 53 D – 49143 M¨ unster [email protected]

Contributeurs

Baudouin Van den Abeele Maˆıtre de recherches du FNRS Institut d’´etudes m´edi´evales Universit´e catholique de Louvain Pl. Blaise Pascal 1 B – 1348 Louvain-la-Neuve [email protected]

ˇ Ziva Vesel CNRS – « Mondes iranien et indien » 29, rue Paul Bert F – 94204 Ivry-sur-Seine [email protected]

Iolanda Ventura Projet FSR Encyclop´edies Universit´e catholique de Louvain Pl. Blaise Pascal 1 B – 1348 Louvain-la-Neuve [email protected]

Mauro Zonta Universit`a « La Sapienza » Facolt` a di Lettere e Filosofia I – 00161 Roma [email protected]

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Index des auteurs et des œuvres anonymes Les noms sont donn´es dans la langue des auteurs ; les noms d’auteurs grecs ont ´et´e latinis´es ; pour les noms d’auteurs arabes, l’article a ´et´e syst´ematiquement supprim´e. Abraham Abulafia : 275, 276 Abraham bar H . iyya : 91 Ab¯ u Bishr Matt¯ a b. Y¯ unus : 16 Ab¯ u Esh.¯aq : 69 Abu Ja’far Ahmad ibn Yusuf : 206 Ab¯ u Ma῾shar : 78, 206 Ab¯ u Zayd Balkh¯ı : 54 Adelardus Bathoniensis : 265 Albertus Magnus : 146, 157, 158, 204, 206-212, 214-216, 223, 229, 230-234, 236-239, 266, 283 Albertus Magnus (Pseudo), Liber aggregationis : 232 Albertus Magnus (Pseudo), Speculum Astronomiae : 232 Albertus de Orlam¨ unde : 232 Alexander Nequam : 146, 265 Alfarabi, Alfarabius : voir aussi F¯ar¯ab¯ı Alfraganus : 211, 236, 263, 264n Alhazen : 260 ‘Al¯ı Es.fah¯an¯ı : 62 ‘Al¯ı Nasav¯ı : 58 Ali ibn Ridwan : 206 ¯ ‘Amir¯ ı : 9, 19, 20, 21, 107 ¯ Amol¯ı : 28, 49, 69, 70, 71, 73, 75, 78 Ammonius : 8, 283 Andrea Lancia : 259 Angilu di Capua : 259 Antidotarium Nicolai : 208, 256

Aristoteles : 7, 8, 11, 12, 13, 19n, 29, 33, 50, 92, 109, 122, 125, 127, 128, 130, 131, 205, 214, 228, 229, 235, 236, 238, 250, 252, 255, 258, 259, 260, 261, 262, 264, 265, 284 Aristoteles (Pseudo), Problemata Aristotelis : 206, 207, 211, 214, 215, 222, 224, 237, 262 Aristoteles (Pseudo), Theologia Aristotelis, 92 Aristoteles (Pseudo), De vegetabilibus : 214, 215 Aristoxenus : 13 Arnaldus de Villanova : 209 Augustinus : 2, 4, 121, 205, 218 Avempace : 271, 278, 283 Averroes : 206, 208-210, 236, 271, 275, 276, 278, 283, 284 Avicenna : 9, 26-28, 52, 56, 58, 59, 67, 71-73, 75, 76, 92, 113, 122, 206, 208-210, 229, 266, 271, 283, 284 Bah.r al-fav¯ a’ed : 55 Bartholomaeus Anglicus : 141, 146, 152, 156-158, 177-198, 207, 210, 214, 223, 233, 234, 247, 249, 266 Bartholomaeus de Messana : 214 Berengarius de Landorra : 214 Bernardus de Gordonio : 256 Bernat de Trilla : 263 Berthold von Moosburg : 219 B¯ır¯ un¯ı : 57, 70, 78

Index des auteurs et des œuvres anonymes

Boethius : 1-3, 7, 109, 121, 254, 263 Brunetto Latini : 250, 259, 261, 264, 265 Cassiodorus, 2, 3 Chaghm¯ın¯ı : 72 Christine de Pizan : 260, 268n Ciampoli di Meo degli Ugurgieri : 259 Cicero : 2, 250, 252, 254, 255, 261, 262, 265 Circa instans : 208 Compendium philosophiae : 227, 232, 235, 236, 238, 240 Conradus de Halberstadt iunior : 208, 210, 214, 221, 231, 232 Constantinus Africanus : 207, 209 Daniel Morlanensis : 122, 130 Dante Alighieri : 259 David : 8 Dionysios Areopagita (Pseudo-) : 279 Dioscorides : 63, 208 Disticha Catonis : 254 Donatus : 254 Donaysir¯ı : 58 Eckart (Meister) : 219 Egidius Romanus : 255, 258, 260,264 Elias : 8 Eliyah del Medigo : 272 Enrique de Villena : 259 Eskandar-Solt.¯ an : 79 Euclides : 13, 26, 260 Evrart de Conty : 253n, 256n, 260, 261, 262 Faits des Romains : 254, 264 F¯ar¯ab¯ı : 9, 14-19, 21, 22, 27, 67, 92, 103-117, 119-140, 274, 276 Farrokh-n¯ ame-ye Jam¯ al¯ı : 77

Fatti di Cesare : 264 Firmin le Ver : 240n, 241n Flavius Mithridates : 272, 276, 280n Galenus : 206, 219, 256 Geoffrey Chaucer : 264 Gerardus de Abbatisvilla : 122 Gerardus Cremonensis : 103-117 Gershom ben Solomon : 95 Gervasius Tilberiensis : 155 Gessner, Konrad : 154 Gh¯ anem¯ı : 70 Ghaz¯al¯ı : 28, 55, 56, 271 Gilbertus Porretanus : 2 Gorg¯ an¯ı : 58, 68, 70 Gossuin de Metz : 265 Gratianus : 256 Gregorius IX papa : 256 Gui de Chauliac : 256 Guido da Pisa : 259 Guillaume Oresme : 256n, 268n Guillelmus de Conchis : 2, 143, 222 Guillelmus de Moerbeke : 228 Gundissalinus : 17, 29, 103-117, 120, 137 H afez. : 66 .¯ Hagin dit le Juif : 256n Haly Abenrudian : 256n Haraw¯ı : 75 Henricus Bate de Mechlinia : 201, 221, 228, 231, 234, 235, 240 Henricus de Gandavo : 283 Henricus de Hervordia : 199-243 Henricus de Langenstein : 201 Henricus de Schuttenhofen : 182 Hippocrates : 206, 252, 256, 258 H ud al-‘¯ alam : 79 . od¯ Honorius Augustodunensis : 265 Horatius : 259 Hugo de Sancto Victore : 5, 6, 109,

290

Index des auteurs et des œuvres anonymes

112, 121, 159, 217 Hugo Ripelin de Argentina : 232 Hugutio Pisanus : 205, 248n, 253n Humbertus de Romanis : 126, 129, 146 Iacobus de Vitriaco : 143 Ibn Ezra : 91, 92, 93, 94, 95, 101 Ibn Falaquera : 95 Ibn Far¯ıgh¯ un : 54 Ibn Gabirol : 91, 93 Ibn H . azm : 10, 28 Ibn al-Jazzar : 207 Ibn Khald¯ un : 28, 107 Ibn al-Nad¯ım : 9, 11, 21, 22 Ibn Qutayba : 53 Ibn S¯ın¯a : voir Avicenna Ibn al-T . ayyib : 28 Ibn Tufail : 269-285 Ibn Zaddiq : 92, 93, 100 Ikhw¯an al-S.af¯ a’ : 9, 23, 24, 25, 26, 31-47, 57, 67 Iohannes Balbus Ianuensis : 248n Iohannes Duns Scotus : 2, 283, 284 Iohannes Philoponus : 8 Iohannes Raynaudi : 155, 159 Iohannes de Sacrobosco : 206, 211, 255,256n, 263n Iohannes de Sancto Geminiano : 182 Iohannitius : 219 Iordanus de Saxonia : 143 Isaac Israeli : 93, 208, 209, 210, 256, 257n Isaak Albalag : 276, 283 Isaak ibn Latif : 276 Isidorus Hispalensis : 2-4, 121, 159, 207, 208, 210, 213, 219, 220, 228, 234, 237, 239 Iustinianus : 256, 258

J¯abir : 32 J¯ ame‘ al-‘ol¯ um : 77 Jacob van Maerlant : 156 Jacques Legrand : 259, 260n Ja’far¯ı : 63 J¯ajarm¯ı : 66 Jam¯al¯ı Yazd¯ı : 63, 76 J¯ am-e jah¯ an-nam¯ a : 61 Jav¯ aher-n¯ ame-ye Nez.a ¯m¯ı : 68 Jean d’Antioche : 261 Jean Corbechon : 253n Jean Fusoris : 264n Jean de Meun : 253n Jean de Vignay :253n Jofroi de Waterford : 257n Josef Albos : 276 Josef Gikatillas : 276 Judah al-H . arizi : 93 Judah ben Solomon ha-Cohen : 95 Kayk¯av¯ us : 65 Khafr¯ı : 72 Khuw¯arizm¯ı, Khw¯arazm¯ı : 9, 17, 18, 23, 25, 50, 54, 71, 107 Kind¯ı : 9, 11, 12, 13, 14, 15, 26, 29 Kirm¯an¯ı : 31-46 Konrad von Megenberg : 157, 158, 206, 228, 231, 232, 265, 266n Liber Algazelis : 113 Liber viginti quatuor philosophorum : 219 Liber kyrannidarum : 143 Liber novem judicum : 247 Livre de Sidrac : 222 Lucanus : 254, 259, 264 Lucretius : 146 Mahieu le Vilain : 253n, 258, 260, 261 Maimonides : 94, 271, 276, 283 Majles¯ı : 55

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Index des auteurs et des œuvres anonymes

Maj¯ us¯ı : 58 Maqdis¯ı : 59 Marcus de Urbeveteri : 181 Martianus Capella : 1, 2 Martin de Saint-Gille : 253n, 258 Mas¯ıh.¯ı : 28, 52 Menachem Recanatis : 276 Messahalla : 263 Messahalla (Pseudo) : 255 Michael Psellos : 280 Michael Scotus : 122, 123n, 127, 131 Miskawayh : 28 Moh.ammad Balkh¯ı : 61 Moh.ammad Bar¯ar¯ı ‘Omm¯ı : 62 Moshe Narboni : 269-272 Mujmal al-h.ekma : 57 Multifarium : 182 Mythographi Vaticani : 221 Nav¯ ader al-tab¯ ador : 77 Neysh¯ ap¯ ur¯ı : 79 Nez.¯am¯ı : 65 Nicomachus Gerasenus : 2, 13, 26, 108 Nicolas de Gonesse : 253n Nicolas de la Horde : 253n Nicolaus de Argentina : 201, 205, 224, 227, 239 Nicolaus Cusanus : 284 Nicole Oresme : 253n, 256n, 259, 260, 261, 263n N¯ ur¯ı : 55, 64 Nuwayr¯ı : 54 Oliverius Brito : 131 Olympiodorus, 8 Orosius : 207 Ovidius : 205, 220, 254, 259 Parmenides : 283 Paulus Aegineta : 8

Paulus Alexandrinus : 13 P´elerin de Prusse : 264n Petrus de Abano : 215 Petrus de Alvernia : 205 Petrus Berchorius : 182, 220, 264n Petrus Candidus Decembrius : 153 Petrus Comestor : 257 Pico della Mirandola : 269-285 Placides et Timeo : 265 Plato : 2, 4, 25, 92, 236, 238 Plinius : 208, 228, 234, 239 Porphyrius : 54 Priscianus : 252 Ptolomaeus : 13, 26, 114, 206, 211n, 256n, 263, 265 Pythagoras : 2, 25, 26 Q¯ ad.¯ız¯ade R¯ um¯ı : 72 Qalqashand¯ı : 54 Qazv¯ın¯ı : 60, 61, 63 Qazw¯ın¯ı : 60 Qor¯ ad.e-ye .tab¯ı ’iyy¯ at : 77 Qud¯ ama b. Ja‘far : 54 Quaestiones Salernitanae : 222 Quintilianus : 2 Qust.¯a b. L¯ uq¯a : 113 Raphael de Mercatellis : 153 Raymundus Lullus : 199, 200, 228, 230, 235, 240 R¯ az¯ı : 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 256 ; voir aussi Rhaz`es Responsorium curiosorum : 231 Rethorica ad Herennium : 261 Rhaz`es : 58 Ricardus de Furnivalle : 122 Ricardus de Sancto Victore : 121 Richard d’Annebaut : 256n, 258 Robert Godefroy : 247, 253n, 256n Robertus Holcot : 234

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Index des auteurs et des œuvres anonymes

Robertus Grossatesta : 263 Rodozizade : 74 Rogerius Bacon : 104, 199 Rogerius Frugardi : 209 Rostamd¯ar¯ı : 72 Samarqand¯ı : 73 Sallustius : 254, 259 Schalicius : 53 Seneca : 146, 236, 254 Servius : 205 Shahmard¯an : 58, 59, 70, 76 Sh¯ır¯ az¯ı : 57 Simon de Hesdin : 253n Simplicius : 283 S¯ır¯ af¯ı : 16 Solinus : 208, 239 Statius : 259 Suetonius : 254 T . abar¯ı : 70 Tabr¯ız¯ı : 79 Tashk¨opr¨ uzade : 74 Tawh.¯ıd¯ı : 28 Themistius : 283 Theodericus Carnotensis : 2

Theophrastes : 283 Thomas de Aquino : 204, 205, 208, 209, 210, 211, 212, 219, 220, 223, 231, 235, 237, 238, 239, 260, 262, 283, 284 Thomas Cantimpratensis : 141-176, 177, 186, 203, 208, 213, 223, 233, 234, 239, 247, 249, 265 Titus Livius : 264 Toh.fe al-ghar¯ ayeb : 63 T.u ¯ s¯ı : 57, 60, 61, 72, 74 Ulricus de Argentina : 220 V¯ ajed‘ Al¯ı Kh¯ an : 64, 65 Valerius Maximus : 264 Varro : 159 Vergilius : 259, 265 Vincentius Bellovacensis : 119-140, 159, 177, 210, 211, 214, 216, 217, 218, 220, 223, 226, 229, 233, 234, 239, 247, 248, 249, 250, 251, 252 Witelo : 260 Yav¯ aq¯ıt al-‘ol¯ um : 56, 70 Yohannan Alemanno : 269-285

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Index des manuscrits Cet index reprend les r´ef´erences aux manuscrits cit´es dans l’ensemble des articles, `a l’exception des deux listes de t´emoins des œuvres de Thomas de Cantimpr´e et de Barth´elemy l’Anglais, respectivement aux pages 161-174 et 190-198.

Brugge, Stadsbibliotheek, 410 : 143 Bruxelles, Biblioth`eque Royale, 8897-8902 : 154 Cambridge, Trinity College, O.1.34 : 148 Chantilly, Mus´ee Cond´e, 590 : 261n Dublin, Chester Beatty Library, WMS 80 : 155 Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, Ampl. 2370 : 244 Genova, Biblioteca Universitaria, A IX 29 : 271n Gent, Sint Baafskapittel, 15 : 153n G¨ottweig, Stiftsbibliothek, 133 : 145n Granada, Biblioteca de la Universidad, C-67 : 149, 155 Heiligenkreuz, Stiftsbibliothek, 331 : 145n Leiden, Universiteitsbibliotheek, Or. 8907 : 61n Leiden, Universiteitsbibliotheek, Or. 12052 : 61n London, British Library, Harley 3717 : 143 London, British Library, Harley 4477 : 258n London, British Libreary, Or. 3648 : 72n London, British Library, Royal 12.F.vi : 148 Montr´eal, McGill University, Blacker-Wood W 58 : 63n M¨ unchen, Bayerische Staatsbibliothek, hebr. N.59 : 273n Oxford, Bodleian Library, Canon. misc. 356 : 145n Oxford, Bodleian Library, Laud. Or. 132 : 61n Oxford, Bodleian Library, Or. 133 : 78n Oxford, Bodleian Library, Pers. D. 61 : 61n Oxford, Bodleian Library, Rawl. C 447 : 264n Paris, Biblioth`eque de l’Arsenal, 1248 : 147n Paris, Biblioth`eque de l’Arsenal, 2690 : 258n, 262n Paris, Biblioth`eque de l’Arsenal, 2872 : 248, 256n, 263n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 210 : 261n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 282 : 264n

Index des manuscrits

Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 613 : 256n, 263n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 1020 : 262n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 1348 : 256n, 268n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 1350 : 256n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 1822 : 257n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 9749 : 264n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 24247 : 256n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 24276 : 256n Paris, Biblioth`eque nationale de France, fr. 24281-82 : 256nn 262n Paris, Biblioth`eque nationale de France, lat. 347B : 156n Paris, Biblioth`eque nationale de France, lat. 347C : 156n Paris, Biblioth`eque nationale de France, lat. 14700 : 122-123 Paris, Biblioth`eque nationale de France, lat. 15879 : 235 Paris, Biblioth`eque nationale de France, lat. 16100 : 138 Paris, Biblioth`eque nationale de France, nouv. acq. lat. 1617 : 147n Paris, Biblioth`eque Nationale de France, suppl. persan 332 : 61 Paris, Biblioth`eque Nationale de France, suppl. persan 1781 : 61n Paris, Biblioth`eque Nationale de France, suppl. persan 2051 : 61n Paris, Biblioth`eque Nationale de France, suppl. turc 196 : 74n St-Petersbourg, Biblioteka Saltykova Shchedrina, fr. F.v.XVII.1 : 260n Valenciennes, Biblioth`eque Municipale, 320 : 148, 153 Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Urb. lat. 276 : 154nb Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 822 : 145n Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 3025 : 224 Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 3091 : 205 Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 4595 : 260n ¨ Wien, Osterr. Nationalbibliothek, A. F. 340 : 75n ¨ Wien, Osterr. Nationalbibliothek, Mixt. 423 : 61n ¨ Wien, Osterr. Nationalbibliothek, N. F. fol. 22a : 61n Yeruˇsalayim, Beit ha-sefarim ha-le’ umit we-ha-‘universit.a’ it, 8◦ 570 : 93n

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Table des Mati` eres

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..vii-xi Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrast´ees G. de Callata¨ y . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1-30. L’influence des Ikhw¯ an al-S.af¯ a’ sur la min´eralogie de H . am¯ıd al-D¯ın alKirm¯an¯ı C. Baffioni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31-47. Les encyclop´edies persanes : culture scientifique en langue vernaculaire ˇ Ziva Vesel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49-89. About a 12th-century Judaeo-Arabic « Encyclopaedical » Work : Moses Ibn Ezra’s Treatise of the Garden, part 1 M. Zonta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91-101. Dominicus Gundissalinus et G´erard de Cr´emone, deux possibles strat´egies de traduction : le cas de l’encyclop´edie farabienne du De scientiis A. Galonnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103-117. Vincent de Beauvais et al-F¯ ar¯ ab¯ı, De ortu scientiarum M.-C. Duchenne et M. Paulmier-Foucart . . . . . . . . . 119-140. Diffusion et avatars d’une encyclop´edie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpr´e B. Van den Abeele . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141-176. Approche comparative de la diffusion et de la transmission des diff´erents ´etats manuscrits du De Proprietatibus Rerum de Barth´elemy l’Anglais J. Loncke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177-198. On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford I. Ventura . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199-245.

Classification et vulgarisation des « autorit´es » m´edi´evales. Le propos encyclop´edique des traducteurs, ou l’utilit´e des traductions vernaculaires des textes de savoir C. Boucher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247-268. Ibn Tufail, Yohanan Alemanno und Pico della Mirandola und die enzyklop¨adische Ordnung von Wissen und Offenbarung B. Roling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269-285.

Contributeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287-288. Index des auteurs et des œuvres anonymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289-293. Index des manuscrits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295-296.