Actes du XXIIe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes: Tome II Les nouvelles ambitions de la linguistique diachronique [Reprint 2012 ed.] 9783110933116, 9783484503724


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Table of contents :
Travaux de la section. « Linguistique diachronique »
Présentation des travaux
Évolution comparée du « participe-gérondif » dans les langues romanes
La impersonalizacion en español medieval: recursos formales y semanticos (II)
Contribuições para um estudo da lêngua portuguesa literária do século XVIII
Le rôle de la morphosyntaxe dans le changement linguistique: une approche minimaliste à une analyse diachronique du français
Para uma morfologia derivacional histórica do português: o prefixo des-
Le XXe siècle s’achève: comment écrire les histoires des langues romanes durant cette période?
Sur les formes composées du prétérit en portugais
O morfema -des na história da língua portuguesa: uma abordagem segundo a metodologia da sociolinguística histórica
Diacronia del vocalisme tònic dels cultismes en català vist des de la Romània
Costruzioni Passive ed Impersonali in Veneziano e in Napoletano Antico
Typologie des anaphores réciproques et leur évolution de l’ancien français au français moderne
La variación vocálica en español antiguo
Un double ordre de base en protoroman
Vers une sémantique diachronique cognitive? Réflexions sur l’évolution de la préposition sur
Las preposiciones per y por en el asturiano del s. XIII
O português do brasil no contexto das línguas românicas
Los numerales en la documentatión medieval leonesa
Si, car, que, et, or
Une histoire des langues romanes: pourquoi et comment?
El arcaísmo lingüístico en los Fueros : una cuestión de morfología nominal
L’alternance dans les constructions prépositionnelles des verbes français: une étude historique de l’emploi de la préposition à
El asno de sancho ¿ un enigma ?
Indicativo presente del verbo sum-esse-fui nel romeno
Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Fraçais: un bilan
Fonctions et structures du subjonctif: leur évolution du latin tardif aux langues romanes
Les textes non littéraires dans le système de l’ancien français
Strutture funzionali nell’evoluzione della flessione nominale dal latino a varietà romanze
Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español
Mutation du système verbal de l’indicatif en français: le cas de la littérature épistolaire
Développement phonétique irrégulier dû à la fréquence dans les langues romanes
Le tragique destin de moult en français : changement linguistique et structures sémantico-cognitives
Contribución a la morfolonología del Catalán: estudio de las alternancias ø ~ n y w ~ b en la morfología nominal
Sobre la gramaticalización de desde luego
L’analyse à l’encontre de l’analogie: proparoxytons et paroxytons dans l’histoire du français
Sobre el origen de pas en occitano antiguo: algunos nuevos ejemplos
Multiculturalisme et histoire de la langue aux origines du roumain
À propos des doublets étymologiques constitués par un latinisme et sa variante populaire en moyen français
O valor da preposição na mudança do caso morfológico latino para o caso sintático no português
Syntaxe historique des pourcentages dans les langues romanes
Apofonía vocálica y cambio de conjugación en español
Cambio sintáctico y unidad sintáctica diacrónica: claves de metodología
La liaison et les voyelles nasales françaises: tendances évolutives plus récentes
La prepositión a con valor ‘lugar en donde’ en español antiguo
Permanence et variation de la valence verbale: réflexions sur la construction des verbes en latin, en ancien français, en moyen français et en français moderne
Processi di convergenza nella formazione di un tipo sintattico: la genesi ibrida dell’oggetto preposizionale
La evolución del concepto de norma en los países hispanohablantes a lo largo del siglo XX
Pour une typologie des processus phonologiques historiques dans les langues romanes: les voyelles atones
Les voyelles nasalisées en diatopie et en diachronie
Les repercussions de la perte de la flexion en nombre en français
La romanisation de la Sardaigne
Las periodizaciones del romance hispánico (y sus desventajas)
L’analogie verbale en protofrançais
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Actes du XXIIe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes: Tome II Les nouvelles ambitions de la linguistique diachronique [Reprint 2012 ed.]
 9783110933116, 9783484503724

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Actes du XXn e Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes Volume Π

Actes du XXIIe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes Bruxelles, 23-29 juillet 1998 Publiés par Annick Englebert, Michel Pierrard, Laurence Rosier et Dan Van Raemdonck

Volume II

Les nouvelles ambitions de la linguistique diachronique

Travaux de la section « Linguistique diachronique »

Max Niemeyer Verlag

Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme International Congress of Romance Linguistics and Philology (22, 1998, Bruxelles): Actes du XXIIe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes: Bruxelles, 23-29 juillet 1998 / pubi, par Annick Englebert... - Tübingen: Niemeyer ISBN 3-484-50370-X Les nouvelles ambitions de la linguistique diachronique: travaux de la Section «Linguistique Diachronique» / [pubi, par Annick Englebert . . . ] . Tübingen: Niemeyer, 2000 (Actes du XXIIe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes; Vol. 2) ISBN 3-484-50372-6 © Max Niemeyer Verlag GmbH, Tübingen 2000 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen. Gedruckt auf alterungsbeständigem Papier. Printed in Germany. Druck: Weihert-Druck, Darmstadt Einband: H. Koch, Tübingen

Avant-propos

En 1998, s'est tenu à Bruxelles, du 23 au 29 juillet, le XXII e Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes. Plus de 600 participants se sont réunis pour écouter ou lire plus de 500 communications autour d'un thème fédérateur : « Bilan et perspectives d'un siècle de linguistique et de philologie » A l'aube d'un siècle et d'un millénaire nouveaux, il avait en effet semblé judicieux aux organisateurs du Congrès de se retourner sur 100 ans de recherches, en répartissant les contributions en neuf sections thématiques : histoire de la linguistique ; linguistique diachronique ; dialectologie, géolinguistique, sociolinguistique ; lexicologie, lexicographie, onomastique, toponymie ; philologie, codicologie, éditions de textes ; morphologie et syntaxe ; sémantique et pragmatique ; rhétorique, sémiotique et stylistique ; enseignement et apprentissage des langues, créolistique. Les présents actes se veulent le reflet du foisonnement scientifique de ces quelques journées de convivialité linguistique et philologique.

Les éditeurs ont choisi de consacrer un volume par section de communications. Chaque volume porte un titre spécifique, ce qui lui assure une forme d'autonomie à l'intérieur d'un tout auquel il est interrelié : -

Volume Volume Volume Volume Volume Volume Volume Volume Volume

I: II : III : IV : V: VI : VII : VIII : IX :

L'histoire de la linguistique, médiatrice de théories Les nouvelles ambitions de la linguistique diachronique Vivacité et diversité de la variation linguistique Des mots aux dictionnaires « Les manuscrits ne brûlent pas » De la grammaire des formes à la grammaire du sens Sens et fonction Les effets du sens Contacts interlinguistiques

Afin de permettre à chacun de s'y mieux retrouver, nous avons décidé de maintenir les textes dans le volume correspondant à la section dans laquelle la communication a été lue. Les tables rondes et les conférences plénières ont été intégrées dans les volumes qui ont semblé les plus appropriés : -

les discours d'ouverture, la table ronde des anciens présidents de la Société et celle consacrée au passé de la linguistique romane, dans le volume I ; - la table ronde consacrée aux atlas linguistiques et à la variabilité, dans le volume III ; - la table ronde sur les langues de spécialité, dans le volume IV ;

Avant-propos

VI

-

la table ronde consacrée à la linguistique textuelle, dans le volume VIII ; la table ronde sur l'oral dans la linguistique, dans le volume IX.

On ne trouvera pas trace, dans ces actes, des questions, réponses et débats qui ont suivi les communications : les auteurs en ont pris connaissance et ont pu les intégrer dans leur communication. Enfin, le lecteur trouvera un sommaire spécifique au début de chaque volume, le sommaire général, ainsi que l'index alphabétique des auteurs a été placé à la fin du premier volume.

À la relecture des textes, les éditeurs ont été impressionnés par la richesse des contributions. Ils espèrent que les différents volumes de ces actes en rendent un compte fidèle.

Annick ENGLEBERT Michel PIERRARD Laurence ROSIER D a n V A N RAEMDONCK.

Sommaire

Sommaire

Travaux de la section « Linguistique diachronique »

B e r n a r d CERQUIGLINI / M a r t i n MAIDEN :

Présentation des travaux

3

T e d d y ARNAVIELLE :

Évolution comparée du « participe-gérondif » dans les langues romanes

7

M o n t s e BATLLORI DILLET :

La impersonalizacion en español medieval : recursos formales y semánticos (II)

15

E v a n i l d o BECHARA :

Contribuiçôes para um estudo da lengua portuguesa literaria do século XVIII

25

José BONNEAU / Mariette CHAMPAGNE :

Le rôle de la morphosyntaxe dans le changement linguistique : une approche minimaliste à une analyse diachronique du français

31

M a r i a T e r e s a BROCARDO / M a r i a d o C é u CAETANO MOCHO :

Para urna morfologia derivacional histórica do portugués : o prefixo des-

39

J e n n y BRUMME :

Le XX e siècle s'achève : comment écrire les histoires des langues romanes durant cette période ?

49

Maria-Henriqueta Costa CAMPOS : Sur les formes composées du prétérit en portugais

57

Maria José CARVALHO : O morfema -des na história da lingua portuguesa : urna abordagem segundo a metodologia da sociolinguística histórica

65

E m i l i CASANOVA :

Diacronia del vocalisme tònic dels cultismes en català vist des de la Romània

75

Michela CENNAMO :

Costruzioni Passive ed Impersonali in Veneziano e in Napoletano Antico

91

M a r i e t t e CHAMPAGNE :

Typologie des anaphores réciproques et leur évolution de l'ancien français au français moderne

105

G l o r i a CLAVERÍA NADAL :

La variación vocálica en español antiguo

113

R o b e r t d e DARDEL :

Un double ordre de base en protoroman

123

X

Sommaire

W a l t e r DE MULDER / A n n e VANDERHEYDEN :

Vers une sémantique diachronique cognitive ? Réflexions sur l'évolution de la préposition sur

129

L o r e t o DÍAZ SUÁREZ :

Las preposiciones per y por en el asturiano del s. XIII

139

Maria Eugènia Lamoglia DUARTE : O portugués do brasil no contexto das línguas románicas

149

M a r i a C r i s t i n a EGIDO FERNÁNDEZ :

Los numerales en la documentación medieval leonesa

157

A n n i c k ENGLEBERT :

Si, car, que, et, or... signes de ponctuation de l'ancien français

175

G e r h a r d ERNST/ M a r t i n - D i e t r i c h GLESSGEN / Christian SCHMITT/ W o l f g a n g SCHWEICKARD :

Une histoire des langues romanes : pourquoi et comment ?

185

Adela GARCÍA VALLE :

El arcaísmo lingüístico en los Fueros : una cuestión de morfología nominal

191

M i c h è l e GOYENS :

L'alternance dans les constructions prépositionnelles des verbes français : une étude historique de l'emploi de la préposition à

203

C e c i l i a HARE :

El asno de sancho ¿ un enigma ?

21

V i c t o r IANCU :

Indicativo presente del verbo sum-esse-fui

nel romeno

215

Ulla JOKINEN :

Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français : un bilan

221

Sándor KISS : Fonctions et structures du subjonctif : leur évolution du latin tardif aux langues romanes

235

V a l e n t i n a KOJEMIAKINA :

Les textes non littéraires dans le système de l'ancien français

241

N u n z i o LA FAUCI :

Strutture funzionali nell'evoluzione della flessione nominale dal latino a varietà romanze

247

J o s é LAGUNA CAMPOS :

Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español

257

Yu-Chang LIU : Mutation du système verbal de l'indicatif en français : le cas de la littérature épistolaire

269

Witold MAÑCZAK :

Développement phonétique irrégulier dû à la fréquence dans les langues romanes

279

Sommaire

XI

C h r i s t i a n e MARCHELLO-NIZIA :

Le tragique destin de moult en français : changement linguistique et structures sémantico-cognitives

285

R o s a A n a MARTÍN VEGAS / F e r n a n d o SÁNCHEZ MIRET :

Contribución a la morfofonología del catalán : estudio de las alternancias φ ~ η y w ~ b en la morfología nominal

297

M a r í a A n t o n i a MARTÍN ZORRAQUINO :

Sobre la gramaticalización de desde luego

307

M i c h a e l L . MAZZOLA :

L'analyse à rencontre de l'analogie : proparoxytons et paroxytons dans l'histoire du français

319

R o s a M a r í a MEDINA GRANDA :

Sobre el origen de pas en occitano antiguo : algunos nuevos ejemplos

327

A l e x a n d r u NICULESCU :

Multiculturalisme et histoire de la langue aux origines du roumain

337

O l g a OZOLINA :

À propos des doublets étymologiques constitués par un latinisme et sa variante populaire en moyen français

345

Rosauta Maria Galvâo Fagundes POGGIO : O valor da preposiçâo na mudança do caso morfológico latino para o caso sintètico no portugués

355

F r a n z RAINER :

Syntaxe historique des pourcentages dans les langues romanes

361

E m i l i o RIDRUEJO :

Apofonía vocálica y cambio de conjugación en español

371

Angeles ROMERO CAMBRÓN : Cambio sintáctico y unidad sintáctica diacrònica : claves de metodología

379

R o d n e y SAMPSON :

La liaison et les voyelles nasales françaises : tendances évolutives plus récentes

387

P e d r o SÁNCHEZ-PRIETO BORJA :

La preposición a con valor 'lugar en donde' en español antiguo

393

Lene SCH0SLER : Permanence et variation de la valence verbale : réflexions sur la construction des verbes en latin, en ancien français, en moyen français et en français moderne

407

Rosanna SORNICOLA : Processi di convergenza nella formazione di un tipo sintattico : la genesi ibrida dell'oggetto preposizionale

419

A i n a TORRENT-LENZEN :

La evolución del concepto de norma en los países hispanohablantes a lo largo del siglo XX

429

XII

Sommaire

D o r i n URITESCU :

Pour une typologie des processus phonologiques historiques dans les langues romanes : les voyelles atones

437

R i k a VAN DEYCK :

Les voyelles nasalisées en diatopie et en diachronie

449

W i l l y VAN HOECKE :

Les répercussions de la perte de la flexion en nombre en français

461

Heinz Jürgen WOLF : La romanisation de la Sardaigne

473

R o g e r WRIGHT :

Las periodizaciones del romance hispánico (y sus desventajas)

481

Y u z o YAJIMA :

L'analogie verbale en protofrançais

485

Travaux de la section « Linguistique diachronique »

Bernard CERQUIGLINI (Paris, France) Martin MAIDEN (Oxford, Grande-Bretagne)

Présentation des travaux

Faire la synthèse de la soixantaine de communications (dont 7 écrites et 55 orales) présentées dans la section de linguistique diachronique - et dont le niveau général a été, disons-le tout de suite, très élevé - est une tâche fort difficile, surtout à cause du caractère hétérogène des interventions. Soulignons que cette hétérogénéité (qui s'étend des théories phonologiques et syntaxiques les plus abstraites à la proposition de nouvelles perspectives pour la philologie) ne constitue pas un défaut - tout au contraire. On peut même affirmer que l'une des gloires de la linguistique romane, et ce qui devrait la rendre indispensable à la linguistique diachronique en général, c'est la richesse extraordinaire du matériel dont elle dispose. Car nous savons quel est le point de départ, c'est-à-dire le latin - même si on a beaucoup discuté (et l'on continuera à discuter beaucoup) afin de savoir de quel latin, ou de quels latins, il s'agit - et toutes les variétés romanes qui nous sont parvenues nous sont facilement accessibles (à la différence d'autres familles linguistiques qui, soit à cause de leur éloignement dans l'espace soit à cause de facteurs politiques, sont parfois difficiles à étudier). On pourrait même dire que cette surabondance de possibilités devrait nous conférer une certaine autorité dans le domaine de la linguistique diachronique théorique. Mais il nous impose également une responsabilité toute particulière : celle d'exploiter au maximum les ressources qui sont à notre disposition, afin d'éclairer de façon détaillée les mécanismes du changement linguistique, et de le faire en tenant toujours compte de nouveaux développements dans le domaine de la linguistique générale. Et dans cette optique nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si notre section a même été suffisamment hétérogène. Est-ce que nous avons profité pleinement de toutes les possibilités que nous offrent les langues romanes ? La plupart des études ont porté sur des langues individuelles, surtout les variétés plus souvent étudiées, c'est-à-dire le français, l'italien, l'espagnol et le portugais européens. Il y a eu en plus huit communications qui ont adopté une perspective pan-romane comparée. Mais on n'a peut-être pas accordé assez d'importance aux variétés romanes moins connues et surtout à celles de la Romania orientale et du Nouveau Monde. Nous avons entendu une seule communication sur le sarde et trois sur le roumain (une quatrième prévue dans le programme n'ayant pas été présentée). Ne nous étonnons pas si personne ne s'est intéressé au dalmate, compte tenu de l'exiguïté du matériel disponible, mais on n'a proposé aucune communication sur cet ensemble de variétés qu'on appelle le « rhétoroman ». Nous avons entendu seulement quatre communications sur le roman d'outre-Europe, qui ont toutes porté sur le portugais brésilien, parmi lesquelles un bel exemple de l'importance que peut revêtir pour les comparatistes l'étude des variétés romanes plus récentes. Cette communication a eu l'effet de reproduire devant nos yeux en brésilien moderne le processus d'acquisition de pronoms sujet obligatoires qui a eu lieu il y a des siècles dans certaines variétés romanes européennes. Pour ce qui est de l'ouverture de la linguistique diachronique romane à la théorie linguistique, peut-être nous sommes-nous contentés de trop peu de chose, nous cantonnant

4

Bernard Cerquiglini / Martin Maiden

dans la simple description. On a assez peu entendu parler des développements en cours dans le domaine de la théorie de la grammaticalisation (phénomène auquel on a tout de même souvent fait allusion, surtout dans une série de belles études sur l'évolution des prépositions dans diverses langues romanes), et en général les recherches actuelles sur les grands mécanismes du changement linguistique ont été passées sous silence. Néanmoins, notre section n'a pas manqué d'exemples du pouvoir explicatif que peuvent avoir les études comparatives fondées sur une théorie bien développée et qui ont comme but de déceler les forces motrices fondamentales de l'évolution - particulièrement morphosyntaxique - des langues romanes. Citons à titre d'exemple une analyse de l'abandon du système casuel à orientation « adnominale » en faveur d'un autre « adverbal », ce qui a entraîné toute une série de conséquences structurales, parfois sujettes à des exceptions notoires. Nous pensons aussi à la communication sur la transitivité dans les variétés italoromanes anciennes, et aussi à un exposé qui nous a permis non seulement de comprendre le mécanisme, longtemps resté mystérieux, de la genèse de l'objet prépositionnel dans les langues romanes, mais qui nous a obligés à réfléchir sur un défaut peut-être trop commun de la linguistique historique : vouloir projeter dans les états de langue antérieurs des analyses fonctionnelles valables seulement pour l'état moderne ; recourir naïvement à la désambiguïsation comme facteur explicatif des changements morphosyntaxiques. Nous n'avons cité que quelques-unes des communications qui ont tiré de très bons résultats théoriques d'une approche comparative - on aurait pu en citer beaucoup d'autres, comme par exemple l'étude du traitement des voyelles atones en roumain (et ailleurs) qui pourrait se révéler d'une grande utilité pour la typologie phonologique universelle. Et la preuve que même l'analyse d'un seul mot dans une seule langue peut servir à faire la lumière sur des changements structuraux des plus fondamentaux, nous l'avons eue dans l'analyse de la mort subite et jusqu'ici mystérieuse du vieux français moult en faveur de très ou beaucoup, manifestation microscopique d'un changement morphosyntaxique de portée beaucoup plus étendue. On pourrait songer aussi à une série d'études très fines sur le développement de langues individuelles et pourtant riches en implications macroscopiques : la liaison et les voyelles nasales en français moderne ; le développement morphologique du présent du verbe a f i e η roumain ; le rapport entre les doublets étymologiques dans l'histoire du français ; la naissance de la particule pas en occitan ; l'influence des facteurs sociaux ou adstrataux dans l'évolution des paradigmes morphologiques, et nous en passons. Pour ce qui est de l'histoire 'externe' des langues, une communication sur la périodisation de l'histoire de l'espagnol a constitué une belle leçon méthodologique sur les effets souvent illusoires et fourvoyants d'une division trop rigide des langues romanes en périodes chronologiques. La question se pose aussi de savoir si parmi les communications faites au cours de nos travaux, il est possible de déceler de nouvelles directions pour les recherches en linguistique diachronique dans le domaine roman. C'est une question à laquelle on a du mal à répondre, mais qui est peut-être mal posée. Bien sûr, nous continuons à découvrir et à déblayer de nouvelles voies de recherche sur le plan microscopique : nous citerons à titre d'exemple deux communications très intéressantes sur la grammaire du calcul proportionnel (étude sur l'expression des pourcentages mais qui porte aussi sur l'histoire de l'article défini) et une approche très convaincante de l'étude plus approfondie de l'histoire de la morphologie dérivationnelle du portugais (domaine trop négligé, peut-être parce qu'il se trouve à cheval entre le lexique et la morphologie). Mais, répétons-le, il pourrait s'agir d'une question mal posée - ce que la linguistique romane doit apporter à la linguistique

Présentation des travaux

5

diachronique générale étant surtout l'exploitation au maximum de la richesse hétérogène des voies de recherche. On ne doit pas nécessairement s'attendre à ce qu'il se produise sans cesse des révolutions méthodologiques dans le domaine de la linguistique romane - bien que cela puisse parfois arriver! Pourtant, il faudrait souligner un courant qui semble ressortir d'un certain nombre des communications faites dans notre section et qui a été particulièrement frappant, c'est le sens d'une certaine impatience devant la division traditionnelle entre changement morphologique et changement phonétique. Si d'une part on a attiré notre attention sur l'importance de la fréquence comme facteur influant sur le changement linguistique en plus de l'analogie et de la phonétique, nous avons également vu qu'il existe des phénomènes (on a parlé par exemple du développement de certaines alternances consonantiques en catalan) qui présupposent une interaction entre phonologie et structure morphologique qui ne se laisse pas résoudre - ni du point de vue synchronique ni du point de vue diachronique - par la simple phonologie ou par la simple morphologie. Dans une autre communication, sur le rapport dialectal entre l'alternance apophonique et la conjugaison en espagnol, on a pu entrevoir (quoique l'auteur n'ait pas parlé précisément en ces termes) la présence d'un autre type de phénomène qui pourrait se révéler très important dans l'histoire des langues romanes : il s'agit de ce que le linguiste américain Mark A R O N O F F a appelé des structures « morphomiques » (et que, il y a une vingtaine d'années, Yakov M A L K I E L avait qualifié de « morphologie profonde »), c'est-à-dire d'aspects de la structure morphologique tout à fait abstraits qui ne se laissent expliquer ni sur le plan synchronique ni du point de vue sémiotique ni du point de vue phonologique, mais qui semblent tout de même exercer une force directrice sur le développement du système morphologique. Il serait fort intéressant de voir encore des études sur le développement de la conjugaison et des phénomènes connexes dans l'histoire des langues romanes. La morphologie historique théorique est sans conteste un domaine dans lequel la linguistique diachronique romane aura beaucoup à apporter à la linguistique générale et à la linguistique historique en particulier. Mais ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres. On est en droit de conclure qu'au cours de ce congrès nous avons vu que la linguistique romane, (une linguistique romane qui profitera au maximum de ses ressources et qui ne perdra jamais de vue la théorie linguistique générale), va continuer à occuper une place de première importance au sein de la linguistique diachronique.

Teddy ARNAVIELLE (Montpellier, France)

Evolution comparée du « participe-gérondif » dans les langues romanes

Comme il arrive assez souvent, le titre proposé pour cette communication a paru, l'échéance venue, un peu ambitieux. Il correspondrait mieux à un programme de recherches entamé il y a quelques années et dont les remarques qui suivent sont les premiers fruits. Sans quitter la perspective comparatiste et historique, on a dû renoncer à détailler les faits d'évolution et retenir seulement trois langues romanes, choisies pour leur large audience et aussi parce que l'une, le français, a été étudiée par nous de façon approfondie depuis plusieurs lustres. 1 Seront donc pris en considération le français, l'espagnol et l'italien. On sait que les trois langues retenues (ainsi que d'autres, laissées de côté) ont en commun le formant a/en-t/d(-), constituant du participe présent, de l'adjectif verbal (et du substantif à lui lié) et du gérondif, pour utiliser les termes courants en grammaire du français, où leur raison d'être - sinon leur exactitude - ne peut guère être discutée. 2 On sait aussi la double origine de ce formant, inscrit dans le participe présent et le gérondif latins. Nous étudierons successivement le statut de ce formant en français (moderne et ancien), en espagnol et en italien. Pour chacune des langues, l'analyse sera d'abord morphologique, puis morphosyntaxique, enfin syntaxique. 3

1.

Les formes du français

1.1.

Morphologie

Le français moderne oppose : 1) des formes variables en genre et en nombre : l'adjectif verbal et le substantif (souvent dérivé du précédent : « un remède fortifiant, une potion fortifiante ; un fortifiant ») 2) des formes invariables : le pluriel (« formes... ») pourrait être critiqué : la morphologie est inapte à distinguer « participe » et « gérondif », ce qui justifie le désignatif « la forme en -ant ».

1

2 3

Le dernier état de notre réflexion, appuyé sur des analyses anciennes, est fourni dans Le Morphème -ant : unité et diversité. Étude historique et théorique (PEETERS, 1997). C'est notre thèse, présentée notamment dans Le Morphème -ant... La distinction de ces trois plans sera explicitée dans le premier développement.

Teddy Arnavielle

8

L ' o p p o s i t i o n variable-invariable se trouve aussi, bien entendu, dans les états anciens de la langue, et en latin ; mais son application, ici c o m m e là, est différente, c o m m e on le rappellera un peu plus loin. 1.2.

Morphosyntaxe

C e plan correspond à l'opposition entre : 1) des formes non prépositionnelles 2 ) des formes prépositionnelles. 4 C e l l e s - c i sont appelées « g é r o n d i f s »

( e l l e s sont invariables), celles-là « participes » ,

« adjectifs verbaux » et « substantifs » . Si la distinction est qualifiée de morphosyntaxique, et non de syntaxique, c ' e s t que l'association de la préposition ( « en » , exclusivement, en français m o d e r n e ) et de la f o r m e en -arti correspond à la constitution d'un ensemble aux traits originaux, composé ou dérivé.

1.3.

Syntaxe

L e s distinctions deviennent plus subtiles et parfois embarrassantes. On proposera de distinguer : 1) des e m p l o i s « adnominaux » (et « adpronominaux » , ceux-ci comportant des s p é c i f i cités : emplois souvent détachés ou prépositionnels, dont on ne traitera pas i c i ) : la f o r m e en -ant fonctionne en relation directe avec un substantif, dont elle est épithète ; assimilable, donc, à un adjectif, soit à titre plein : adjectif verbal, doté de toutes les propriétés combinatoires de la classe ; soit à titre partiel : participe, ne comportant pas les autres propriétés combinatoires de la classe (détermination par l'adverbe « très » , par e x e m p l e ) , mais doté de certaines caractérisant la classe du verbe (complémentation par un objet, un attribut...) : respectivement : [la] [ 1b ] [ 1 c]

un professeur très intéressant une professeur très intéressante un/ une professeur intéressant beaucoup ses étudiants

O n pourra considérer -

m ê m e si l ' a n a l y s e est s i m p l i f i c a t r i c e -

que les

emplois

« absolus » (ou de « prédication secondaire » ) sont une variante de ce type d ' e m p l o i s : [2]

Le professeur intéressant ses élèves, le cours était suivi religieusement

L ' u s a g e de l ' a d j e c t i f verbal, marquant par définition un état, étendu ou permanent, ne paraît pas ici possible ; il en v a de m ê m e pour l ' a d j e c t i f qualificatif de m ê m e t y p e aspectuel : si « rouge » ou « courageux » sont exclus, un adjectif de sens occasionnel et limitatif est possible ( « Pierre malade » ) . 5

4

5

Le pluriel affectant l'adjectif ( « prépositionnelles » ) et le substantif ( « formes » ) est de pure commodité : il ne correspond pas à une prise de position sur la pertinence d'une distinction de plusieurs formes. Une réduction à l'unité, comme celle que nous avons proposée dans notre livre, n'est pas à exclure, à un niveau profond. On se dispensera de discuter cette question connexe.

Évolution comparée du « participe-gérondif» dans les langues romanes

9

2) des emplois « adverbaux » : la forme complète un verbe, auquel elle est liée par la préposition « en » ; à ce rôle de relateur, seul envisagé ici, la préposition ajoute l'explicitation de valeurs sémantiques, effets de sens que l'on s'abstiendra de répertorier. La relation au verbe peut aussi être directe (non prépositionnelle : les cas les plus nets, au moins en diachronie, sont ceux des tours comportant le verbe « aller », si répandu en ancien et moyen français, et son symétrique plus rare « venir ». Dans ces deux emplois, mais dans le premier plus que dans le second, la constitution d'une périphrase grammaticale peut être reconnue, avec l'altération des rapports syntaxiques la caractérisant : le complément circonstanciel n'est plus vraiment isolable. 3) des emplois « adverbaux-adnominaux » : la forme en -ant complète à la fois le verbe, qu'elle suit, normalement, et le « nominal » (nom ou pronom) précédant ce dernier. La syntaxe est celle d'un attribut : - du sujet ; - de l'objet. Celui-ci se reconnaît facilement en français moderne sous l'espèce de l'adjectif ou du participe : respectivement : [3 a] [3 b]

Je le trouve charmant Je le trouve dormant

Celui-là, courant dans l'ancienne langue (« Il est dormant ») ne se trouve en français moderne qu'en disjonction du verbe : [4a] [4b]

II est calme, d'humeur facile, aimant la solitude Elle était là attendant son tour,

au moins sous la forme du participe, l'adjectif verbal n'étant pas touché par cette limitation. 4) On doit réserver une place à part à des « cas douteux » : lorsqu'une forme en -ant ayant vocation à l'invariabilité est en position détachée par rapport à l'ensemble sujet-verbe, sa syntaxe peut ne pas être claire, et le recours à la sémantique inopérant : [5]

S'efforçant de prouver sa bonne foi, il ne faisait que s'enferrer

La substitution de la forme prépositionnelle à la non prépositionnelle (« En s'efforçant,... ») ne paraît pas apporter de notable distinction : faculté peut être laissée de parler de gérondif sans préposition (= circonstant) ou de participe (= épithète détachée). Les distinctions proposées ici trouvent probablement leur application à toutes les époques de la langue, à cette réserve que l'outillage a connu des variations importantes. On rappellera seulement : a) le passage du participe présent de la variabilité à l'invariabilité : 6 les raisons de cette modification capitale nous restent largement cachées.

6

Ceci contre une opinion largement partagée chez les romanistes, que cette évolution correspondrait à la substitution du gérondif au participe. Nous donnons dans Le Morphème -ant les raisons du rejet de cette thèse.

Teddy Arnavielle

10

b) la progression des emplois prépositionnels, avec monopole obtenu de « en ». La constitution exacte de cet ensemble figé reste à établir. Ce qui est sûr, à notre sens, c'est que le français oppose nettement : - des emplois verbaux, avec le régime de construction impliqué par ce caractère ; - des emplois non verbaux, adjectivaux ou nominaux. La reconnaissance de la force de cette distinction implique que l'on donne aux critères syntaxiques tout leur poids, sans méconnaître la subtilité des distinctions entre formes d'essence verbale et formes d'essence non verbale ayant les unes et les autres des traits adjectivaux. L'examen des deux autres langues romanes retenues doit amener à mieux marquer la complexité et l'originalité du système français. 7

2.

Les formes de l'espagnol

2.1. La distinction variable / invariable La distinction héritée variable / invariable se retrouve : formes en -a/e-nte(s) Il en -a/e-ndo, sous une morphologie plus proche du latin (variation du nombre seulement).

2.2.

Morphosyntaxe

L'opposition prépositionnel / non prépositionnel est largement un fait d'histoire, les emplois indirects (avec « en ») étant devenus désuets (type « en cenando »), bien que comportant l'expression d'un rapport chronologique original (antériorité). Nous n'avons pas - au moins pour le moment - compétence à expliquer cet important fait de typologie, qui paraît se situer au rebours de l'évolution du français ; mais le gérondif espagnol n'est pas, loin s'en faut, on le verra, le gérondif français.

2.3.

Syntaxe

On tentera d'appliquer les distinctions retenues pour le français.

2.3.1.

Emplois « adnominaux »

Les forme variables, authentiques adjectifs, épithètes, s'y inscrivent sans problème : [6]

7

agua caliente

Pas de simplification abusive : les systèmes espagnol et italien sont complexes, d'une autre façon. Mais ils sont, au regard d'un type roman commun, moins spécifiques.

Évolution comparée du « participe-gérondif » dans les langues romanes

11

Les formes invariables, en revanche, manifestent une faible disposition pour cet emploi : la forme utilisée (gérondif) doit marquer le déroulement (limité), mais ne peut porter l'idée d'état (sans limite) : « agua hirviendo » est légitime, non « caja conteniendo libros ». Est possible la phrase-titre [7]

Cesar pasando el Rubicon

de même le gérondif de narration : [8]

y el hijo dando las vueltas

Porteur de ce que la psychomécanique du langage appelle le « temps impliqué », le gérondif est, dans tous ces emplois, pleinement verbal, comme il l'est dans les constructions absolues [9]

Pasando el tren,

variante très originale de l'emploi adnominal : le rapport du gérondif au substantif (présentés dans cet ordre) peut être assimilé, très grossièrement, à celui d'un verbe au sujet, celui-là déterminant celui-ci.

2.3.2.

Emplois « adverbaux »

Ils sont le fait du gérondif, apte à exercer la fonction de circonstant, normalement sans préposition, on l'a vu : [10]

Duermes roncando

avec passage à la périphrase : [11]

Estoy leyendo

avec détachement : [12]

2.3.3.

crecían o menguaban, variando de forma

Emplois « adverbaux-adnominaux »

Le gérondif fonctionne comme attribut de l'objet : [13]

se la figuraba viva, trabajando,... (coordination par juxtaposition avec un adjectif)

La forme variable en -a/ente est naturellement apte à la fonction d'attribut. Concluons sur les deux langues. Si l'adjectif verbal français a un équivalent exact en espagnol, aux caractéristiques, lui aussi, totalement adjectivales, la co-présence de deux formes verbales invariables, observée en français, soulignée par l'opposition du prépositionnel et du non prépositionnel, est étrangère à l'espagnol. Le gérondif espagnol se trouve donc avoir une aire d'emploi beaucoup plus vaste que celle de son correspondant français ; mais cette extension ne va pas jusqu'à englober tous les emplois du participe français : la fonction épithétique d'état reste impossible, le gérondif portant une valeur limitative qui ne fait pas partie du potentiel du participe français. Cela signifie-t-il que ce dernier est plus engagé dans la voie de l'adjectivation (syntaxique et sémantique) que celui-là, resté plus

12

Teddy Arnavielle

verbal ? Nous répondrions volontiers par l'affirmative, tout en nous réservant de nuancer cette réponse à la lumière d'une réflexion plus approfondie. 3. L e s f o r m e s de l'italien

On se permettra de passer ici plus rapidement, non que les traits de l'italien ne méritent une étude attentive, mais parce que la parenté avec l'espagnol est forte.

3.1.

Morphologie

L'opposition variable / invariable se présente dans les mêmes termes qu'en espagnol.

3.2.

Morphosyntaxe

La distinction prépositionnel / non prépositionnel n'intéresse que la dialectologie (piémontais « an muriend »), les emplois simples l'ayant emporté.

3.3.

Syntaxe

1) La forme variable correspond le plus souvent à l'adjectif verbal du français ou de l'espagnol, ce qui veut dire qu'elle ne régit que rarement des compléments caractéristiques du verbe : [14]

i capelli formanti un nimbo

sauf dans la langue littéraire. Dans cet emploi adnominal, elle peut être suppléée, comme en espagnol, par le gérondif: [15]

suo falcon volando,

y compris dans les constructions absolues : [16]

tacendo le signore,

plus fréquent que : [17]

vivente il cardinal Carlo

2) Le circonstant a la forme du gérondif : [18]

spendo il mio tempo lagrimando,

notamment dans les périphrases avec « stare », « venire ». 3) L'attribut de l'objet est régulièrement un gérondif (ou un adjectif verbal) : [19]

trovarono i giovanni giuocando.

Évolution comparée du « participe-gérondif » dans les langues romanes

13

4. Conclusion générale

L'ensemble des faits rappelés paraît suffisant pour établir la situation originale du français par rapport aux deux autres langues romanes, rapportées à un même modèle que l'on doit pouvoir étendre, sous bénéfice d'inventaire, aux autres idiomes de la Romania. Les remarques conclusives qui suivaient nos analyses des faits français puis espagnols peuvent donc être reconduites et étendues. Nous nous permettrons de les compléter brièvement. Il paraît clair que le « participe présent » (français) présente une conjonction originale de propriétés verbales et de propriétés adjectivales : verbal, il l'est par son régime de compléments et par sa composition aspectuelle (il souligne le déroulement, son aspect est « sécant ») ; il est adjectival par son régime d'« incidence », externe 8 (il porte sur un nominal, de diverses façons), mais aussi par son aptitude à neutraliser l'aspect (« un coffre contenant des livres » : idée de propriété permanente, comme : « un coffre pesant »). Tel n'est pas le cas du gérondif (français) : lui aussi est verbal, pour les mêmes raisons que le participe. Par ailleurs nominal (« en » marque une substantiation »), donc d'incidence interne, comme l'infinitif, par son mode de signification, il n'a aucune aptitude à l'adjectivation, et, donc, à l'expression de la propriété permanente : en lui, toujours, la valeur sécante demeure. Il en va de même pour les gérondifs espagnol et italien, normalement sans préposition, et, de ce fait, d'une syntaxe plus ouverte parce que non conditionnée syntaxiquement. 9 À la lumière de ces remarques, on peut peut-être tenter d'apporter une explication à l'acquisition de l'invariabilité du participe : ne serait-ce pas là la marque d'une prise en compte au plan morphologique de la complexité de statut du participe ? tant qu'il reste, historiquement, variable, est mise en lumière sa capacité adjectivale (y compris au sens aspectuel, où elle n'est qu'occasionnelle) ; devenu invariable, c'est à l'inverse sa capacité verbale qui est mieux marquée, notamment du point de vue de l'aspect. Les valeurs fondamentales n'en sont pas modifiées, seulement leur traduction formelle.

8

9

Incidence interne, externe, valeur sécante : autant de termes et de notions popularisées par la linguistique psychomécanique. Nous nous réservons de proposer ailleurs un approfondissement et un afïinement. Déterminer le mode d'incidence des gérondifs espagnol et italien pose un difficile problème, ici laissé de côté.

Montse BATLLORI DILLE! (Girona, España)

La impersonalización en español medieval : recursos formales y semánticos (II)1

1. Introducción

Este artículo presenta parte de un estudio sobre la impersonalización en español medieval, preclásico y clásico. Por razones de extensión, se expondrán únicamente los datos referentes a los recursos de indeterminación del agente utilizados en la primera mitad de la Edad Media. Para ello y con el propósito de llegar a una explicación coherente de los principales cambios, se tienen en cuenta los datos estadísticos extraídos del corpus de BATLLORI (1996) respecto al Cantar de Mio Cid y el Libro de Calila e Dimna. En BATLLORI (1997) se exponen en líneas generales las estrategias utilizadas desde el punto de vista sincrónico (véase [1]): [la] impersonalización a nivel formal (Verbo en 3a p.sg. y ausencia de agente) : Incapacidad por parte del verbo : Incapacidad permanente : verbos metereológicos Incapacidad transitoria : verbos que admiten construcciones personales e impersonales en 3a p. sg. Haber + FN : hubo fiestas. Hacer + FN : hace frío / hace diez días que vino. Ser + ADV / SP 'expresión temporal' : es temprano / es de noche . Estar + ...-ado / SP : está nublado, despejado, soleado /de tormenta [Ib] impersonalización a nivel semántico (sujeto gramatical distinto del sujeto lógico) : Verbo en 3" p. pl. : llaman a la puerta. Indeterminación de número. Verbo en 2a p. sg. : Ante un caso así, no sabes qué hacer se impersonalizador : Pasiva refleja : Se arreglan paraguas Impersonal refleja : En México se vive bien / Se peina a las señoras uno, -a /ome/omne/hombre : Uno nunca sabe qué va a suceder Pasiva perifrástica : El libro fue publicado la semana pasada En lo referente a los aspectos más relevantes de la evolución, cabe destacar que en latín clásico algunos verbos activos en 3a persona del singular eran generalmente impersonales. Los verbos metereológicos u otros verbos que expresaban fenómenos de la naturaleza, como pluit, ninguit, tonat, grandinai, illuscescet, uesperescat etc., admitían en ocasiones construcciones personales : Iuppiter tonat. Eran impersonales también los verbos que hacían referencia a estados anímicos (piget + acusativo, pudet + acusativo, etc.) y los que

1

La investigación que conlleva este artículo ha sido subvencionada por: PB95-0656 (DGICYT), 1997SGR (Àmbit CONACIT : Humanitats), S-UdG97-174 (Programa d'ajuts S-UdG97) y PB96-1199-C04-03 (DGICYT).

16

Montse Batllori Dillet

indicaban una idea o posibilidad (licet,2 oportet, decet, etc.)· Asimismo, el verbo ser + atributo era impersonal en construcciones como est calor. Por otra parte, se empleaban los verbos pasivos y deponentes ora en oraciones con sujeto paciente, líber legitur 'el libro es leído', ora en estructuras intransitivas como fletur 'se llora', amatur 'se ama'. Además, la voz media se expresaba en un principio mediante las terminaciones pasivas, lavor 'me lavo / soy lavado'. Paulatinamente, surge una nueva forma para expresar esta voz que consiste en usar el pronombre reflexivo se y el verbo en activa. No es de extrañar que esta nueva construcción, al igual que ocurría con la anterios, asuma con el tiempo no sólo el significado medio, sino también el pasivo : [2]

Nulla potest mulier tantum se dicere amatam, quantum a me Lesbia amata est

(Catulo)

Este sería, en definitiva, el origen de las impersonales con se. En latín tardío, se crean nuevas estrategias de impersonalización entre las que podemos destacar el uso de Haber impersonal + locativo + argumento interno [3]

Habet in biblioteca Ulpia librum elephantinum

(Tácito)

Facere + acusativo (Numquam fecit tales frigus), el empleo de la tercera persona del plural (dicunt 'se dice / dicen'), el de la segunda persona del singular (videas 'se puede ver' / díceres), y esporádicamente el de homo en el sentido de 'uno' (ubi homo desiderium suum compleri videi). En español medieval se da, en primer lugar, el cambio léxico de illuscere y uesperescare por amanesçer y anocheçer (calcos del árabe), respectivamente. Resulta interesante, además, la vacilación síntesis-análisis que manifiestan las construcciones con verbos metereo lógicos : [4a] [4b] [4c]

Fazie nieve e granizava Faziendo la grant piedra fazer agua / llover

(Buen Amor, 964a) (Buen Amor, 139a) (Buen Amor, 464b-c)

aunque finalmente triunfará la expresión sintética. En lo referente a haber impersonal, admite tanto un argumento interno temporal [5]

nin se allegavan a él, nin pescavan y pescado tiempo avía

(Calila, p. 337)

como un locativo y un argumento interno indefinido [6]

aquí çerca ay una cueva de un mur

(Calila, p. 204)

En el primer caso expresa el transcurso de un período temporal ; en el segundo, en cambio, indica existencia. El locativo presente en las oraciones de haber existencial actúa como verdadero argumento a lo largo de la Edad Media (posteriormente, evolucionará y se gramaticalizará hasta convertirse en un afijo verbal). Respecto a ser impersonal, vimos que en latín se documentan ya enunciados del tipo [7]

Aun era de dia

(Cid, ν. 416)

Por consiguiente, se trata de una construcción patrimonial heredada y documentada en la lengua desde los orígenes.

2

En latín decadente surgen nuevos lexemas para licet (>potest, valet), por ejemplo, lo cual conducirá posteriormente a expresiones del tipo PUEDE QUE vengan mañana.

La impersonalización en español medieval

17

En otro orden de cosas, la pasiva refleja se documenta desde las Glosas Emilianenses y, a pesar de utilizarse poco en castellano antiguo, persiste hasta el Siglo de Oro, época en la cual se propaga con fuerza a verbos intransitivos. Su empleo aumenta en español clásico y la censura de gramáticos como Salvá no llega a impedir que se generalice en detrimento de la pasiva perifrástica. En cuanto a orne, se atestigua desde los orígenes y se sustituye paulatinamente por UNO a lo largo del siglo XVI. Por último, el uso de la pasiva perifrástica, muy frecuente en la Edad Media, decrece lentamente a medida que las otras construcciones van ganando terreno. Así expresiones como [8]

E fue luego fecho vn terremotus que semejo que todos los palaçios e la çibdat venia a tierra (Zifar, p. 250,1. 7, ed. Wagner)

dejan de utilizarse a partir del siglo XVI en que son sustituidas por haber existencial : hubo un terremoto.

2. El Cantar de Mio Cid

En este epígrafe se presentan los datos correspondientes a un corte sincrónico correspondiente al siglo XII dentro de las tendencias generales descritas anteriormente. A tal fin, se parte de las concordancias del Cantar de Mio Cid y se agrupan los datos obtenidos de acuerdo con las distintas estrategias de impersonalización. En primer lugar, cabe destacar la ausencia de verbos meteorológicos, a excepción de 1 ejemplo de amanesçer y otro de anocheçer en su uso impersonal : [9a] [9b]

Amaneçio amyo Çid en tierras de Mon Real Ante que anochesca pienssan de caualgar

(Cid, v. 1186) (Cid, v. 432)

En contraste, se emplean perífrasis del tipo exir el dia, passar/ entrar la noche y venir la mañana / quebrar los albores : [10a] [10b] [10c] [ 1 Od] [lOej

El dia es exido, la noch querie entrar Passando ua la noch, viniendo la mañana Ya vedes que entra la noch Passada es la noche, venida es la mañana Troçida es la noche, ya quiebran los albores

(Cid, v. 311) (Cid, v. 323) (Cid, v. 137) (Cid, v. 1540) (Cid, v. 3545)

Entre los verbos que presentan incapacidad transitoria para llevar sujeto, se documenta 6 veces ser impersonal : [lia] Aun era de dia, non era puesto el sol [11b] Mientra es el dia, ante que entre la noch [11c] mucho es mañana 'es muy temprano' [lid] Mañana era & pienssan se de armar [lie] tan buen dia es oy [ 11 f] Oy es dia bueno y meior sera eras

(Cid, v.416) (Cid, v. 2788) (Cid, v. 881) (Cid, v. 1135) (Cid, v. 1659) (Cid, v. 1686)

En cuanto a haber existencial, se utiliza en 15 ocasiones que, en lo referente al tiempo del verbo y a la naturaleza del locativo subeategorizado, muestran las siguientes características.

18

Montse Batllori Dillet

1) Se hallan 7 casos con el verbo en presente de indicativo sin el locativo incorporado. En 5 de ellos el locativo es un SP introducido por en : [ 12]

quanto enei mundo ha

(Cid, v. 1080)

en 1 el locativo es y (< IBI / HIC) : [13]

Minaya & los buenos que y ha

(Cid, v. 3058)

y en el otro el locativo es allí : [14]

quantos que alli ha

(Cid, v. 1215)

Se encuentran, por otra parte, tres enunciados con el verbo en presente de indicativo y el pronombre adverbial locativo y incorporado : [15]

Si ay qui Responda odize de no (Cid, v. 3455)

El hecho de aparecer amalgamado con el verbo no indica en ningún momento que este elemento se comporte como un afijo verbal, puesto que en los 47 datos del pronombre adverbial y que aparecen en dicha obra desempeña generalmente la función sintáctica de complemento locativo subcategorizado por el verbo : [16a] [16b] [16c] [16d] etc.

Ca y verna myo Çid el Campeador Si desondra y cabe alguna contra nos Mas non fallauan y aDiego ni aFerrando Desi adelante, quantos que y son

(Cid, v. 2991) (Cid, v. 2910) (Cid, v. 2534) (Cid, v.742)

2) Se recurre al imperfecto de indicativo en tres ejemplos, en dos de los cuales el locativo es un SP introducido por en : [17]

En lo que fablo avie poco Recabdo

En el tercero el complemento adverbial es [ 18]

(Cid, v. 3376) :

que non y auya hart

(Cid, v. 1204)

3) El futuro de indicativo se da en 2 ocasiones y en ambas el locativo es y : [ 19]

que dubda non y aura

(Cid, v. 1131 )

4) Asimismo, el condicional se documenta únicamente en 2 enunciados, en uno el locativo es una subordinada introducida por do : [20]

Do yo uos en bias bien abría tal esperança

(Cid, v. 490)

y en el otro el pronombre adverbial y reduplica un SP introducido por en : [21]

Que enei castiello non y auria morada

(Cid, v. 1939)

5) Por último, se emplea el presente de subjuntivo en una documentación en que el complemento adverbial es un SP introducido por entre : [22]

entrellos aya espaçio

(Cid, v. 2972)

Respecto a las estrategias o recursos de impersonalización a nivel semántico se utiliza la tercera persona del plural con cierta frecuencia. Se han tenido en cuenta únicamente las construcciones correspondientes a los verbos dezir y llamar. Cabe destacar al respecto los siguientes aspectos : cuando el significado del verbo dezir es 'llamar', el tiempo verbal utilizado puede ser tanto el presente de indicativo (9 casos) : [23]

Al vna dizen Colada & al otra Tizón

(Cid, v. 2727)

La impersonalización en español medieval

19

como el imperfecto de indicativo (1 dato) : [24]

Que a vno que dizien myo Çid Ruy Diaz de Biuar

{Cid, v. 628)

Llamar en imperfecto de indicativo se atestigua en un enunciado con sujeto arbitrario : [25]

Lamauan ala puerta, y sopieron el mandado

(Cid, v. 242)

En contraste con lo anterior, no se encuentra ningún ejemplo del uso de la segunda persona del singular con interpretación impersonal. Por otra parte, de los 161 ejemplos de se, hay únicamente 15 datos de se pasivo reflejo : [26a] [26b] [26c]

Dios lo mande que por uos se ondre oy la cort ! Des dia se preçio Bauieca en quant grant fue Con tal cum esto se vençen moros del campo

(Cid, v. 3032) (Cid, v. 1591) (Cid, v. 1753)

La pasiva perifrástica, en cambio, es mucho más frecuente. Nótese que el complemento agente se introduce mediante la preposición de : [27a] mugier ondrada, de my seades servida ! [27b] & todos sean contados etc.

(Cid, v. 284) (Cid, v. 1259)

Por último, en cuanto al uso de ome/omne como sujeto indeterminado, ninguno de los 4 casos documentados admite la lectura impersonal. Véase, a continuación, el gráfico representativo de la frecuencia de uso de las distintas construcciones impersonales estudiadas en esta obra. Téngase en cuenta, sin embargo, que no se incluyen las documentaciones de la pasiva perifrástica cuyo uso es mayoritario. Respecto a esta construcción remitimos al lector al excelente estudio de RlCÓS (1995). En resumen, las estrategias de indeterminación del agente en el Cid son representativas de un estadio en que la impersonalización se lleva a cabo mediante la pasiva perifrástica. Con menor frecuencia, se recurre también a otros dos recursos de impersonalización : uno a nivel formal y el otro a nivel semántico. El primero corresponde al uso de haber impersonal con significado existencial (recuérdese que en esta época el uso de haber transitivo, de haber como auxiliar de los perfectos compuestos de los verbos transitivos y de haber como verbo modal es bastante general). El segundo consiste en el uso de la pasiva refleja.

Gráfico 1 : Las estrategias de indeterminación del agente en el Cid

20

Montse Batllori Dillet

3. El Calila e Dimita

En este epígrafe se presentan los datos correspondientes a un corte sincrónico correspondiente al siglo XIII dentro de las tendencias generales descritas anteriormente. A tal fin, se parte de las concordancias del Calila e Dimna y se agrupan también los datos obtenidos de acuerdo con las distintas estrategias de impersonalización. En primer lugar, cabe destacar la ausencia de verbos meteorológicos en dicha obra. Sí se documentan, sin embargo, amanesçer y anocheçer tanto en su uso personal como impersonal. Respecto a amanesçer, se hallan 17 casos de construcciones personales : [28]

la mala vida amanesçiô reyendo et la buena llorando

(Calila, p. 119)

frente a 6 impersonales : [29]

Et quando amanesçiô, veno y el caçador

(Calila, p. 271)

Anocheçer, por su parte, aparece en dos ocasiones (una en construcción personal y la otra en construcción impersonal). Recuérdese que COROMINAS atribuye la construcción personal a un calco del árabe, lo cual explicaría la mayor frecuencia de dicha estructura en una obra como el Calila e Dimna. Entre los verbos que presentan incapacidad transitoria para llevar sujeto, el más empleado es haber en su significado existencial (se documenta un solo ejemplo de este verbo en expresiones temporales : [30]

tiempo avía

(Calila, p. 337)

A continuación, se encuentra ser en un número muy reducido de casos. En cuanto a haber existencial, pues, el Calila e Dimna presenta únicamente un ejemplo de avería : [31]

et ovo esperança que avería en el buen consejo

(Calila, p. 131)

Como aspecto relevante, hay que hacer hincapié en las construcciones que se atestiguan de avía. En las 58 documentaciones de este tiempo verbal el locativo subcategorizado por el verbo es introducido por : 1) çerca en 5 ocasiones : [32a] allí çerca del árbol avía un gato [32b] çerca del árbol do avía mi vida [32c] çerca de aquel piado avía un león

(Calila, p. 268) (Calila, p. 232) (Calila, p. 124)

2) la preposición en en 27 enunciados : [33a] en aquesta casa avía una finiestra [33b] un pozo en que avía muy clara agua (Calila, p. 147)

(Calila, p. 109)

3) la preposición a en dos casos [34a] avía al pie dél muchos vestiblos [34b] Et avía a raíz deste árbol una cueva de un mur

(Calila, p. 267) (Calila, p. 267)

4) el adverbio relativo do en 7 ejemplos : [35]

un lugar do avía buen pasto

(Calila, p. 335)

5) el relativo donde en 2 ocasiones : [36]

un lugar donde avía muchos lobos

(Calila, p. 343)

La impersonalización en español medieval 6) y entre/en sin significado de locativo espacial en 10 enunciados : [37] la enemistad que entre los cuervos et los búhos avía

21

(Calila, p. 224)

El locativo también puede expresarse mediante el adverbio y, de cuya construcción se hallan sólo 5 datos : [38]

Et avía y una bestia

(Calila, p. 196)

Por otra parte, en dos ocasiones, el verbo concuerda con el complemento directo : [39]

Et avían y muchos mures

(Calila, p. 348)

Además, se encuentra un ejemplo en gerundio : [40]

aviendo en ti tales tachas malas

(Calila, p. 195)

otro en futuro de indicativo : [41]

arqueta en que avrà piedras presçiosas

(Calila, p. 287)

y otro en condicional : [42]

quien dexa las cosas onde avría por aventura lo que quiere et

(Calila, p. 130)

En lo referente a la forma ay se dan 38 datos : [43a] en las aves ay alguna que es más leal [43b] et ai çerca ay grey de ganado [43 c] aquí çerca ay una cueva de un mur

(Calila, p. 17) (Calila, p. 247) (Calila, p. 204)

El subjuntivo se documenta también con significado impersonal existencial : aya en una ocasión : [44]

mala sospecha que aya en ti

(Calila, p. 208)

y ayart en otra : [45]

de quantas mercaderías ayan

(Calila, p. 328)

Aparecen también 24 casos de ha con la consonante inicial etimológica : [46a] et qué fe et qué amor ha entre nos [46b] por el grant peligro que y ha [46c] Ca el amor non ha en ti do more

(Calila, p. 154) (Calila, p. 130) (Calila, p. 176)

Finalmente, sólo hemos podido encontrar un dato de ovo con significado exitencial : [47]

Et desto non ovo entre nos nada

(Calila, p. 256)

En contraste con el amplio uso de este verbo en sentido impersonal, no hay ningún ejemplo de fazer seguido de un nominal que designe fenómenos meteorológicos y únicamente se hallan 3 casos de ser impersonal : [48a] fasta quefilede día [48b] Et después que fue de noche

(Calila, p. 110) (Calila, p. 95)

Al igual que en el Cid, aparece algún que otro enunciado con ser o estar acompañados de un locativo espacial : [49a] et llegó a una figuera que y estava [49b] destos árboles que son aquí çerca

(Calila, p. 253) (Calila, p. 340)

Respecto a las estrategias o recursos de impersonalización a nivel semántico se utiliza la tercera persona del plural con bastante frecuencia. Se han tenido en cuenta únicamente las

22

Montse Batllori Dillet

construcciones correspondientes al verbo dezir y, a partir de ahí, se han podido observar los siguientes aspectos : 1) cuando el significado del verbo es 'llamar', el tiempo verbal utilizado puede ser tanto el presente como el imperfecto de indicativo ; 2) en ocasiones el verbo selecciona un pronombre en dativo que, a mi modo de ver, no afecta al significado impersonal de la frase. En esta línea, hay 16 ejemplos de dezian tanto con el significado de 'llamaban' : [50]

et al uno dezian Sençeba et al otro Bendeva

(Calila, p. 123)

como con el de 'decían' propiamente : [51]

comino el orne que dezian que quería leer gramática

(Calila, p. 92)

y 3 de dizían : [52]

(Calila, p. 125)

Et al uno dizían Dina et al otro Calila

Entre los enunciados en que aparece un dativo, se dan 8 casos del tipo [53]

un rico omne que Γ dezian Morzubem

(Calila, p. 198)

dos de dezíanle y uno de dezíanles. Por último, el uso actual del verbo decir en tercera persona del singular del presente de indicativo tiene una gran vigencia en la época, puesto que se documentan 111 enunciados de dizen : [54a] Ca dizen que más vale callar que dezir [54b] Dixo Sençeba : - Dizen que un león estava en un valle

(Calila, p. 216) (Calila, p. 158)

En contraste con la elevada frecuencia de dicen, no hemos podido atestiguar ningún ejemplo del uso de la segunda persona del singular con interpretación impersonal y únicamente 28 datos en que se introduce una pasiva refleja : [55a] Non ay guisa porque se esto diga por la seguridad et pleito et omenaje que le fizo el león (Calila, p. 159) [55b] mas con Un alma se redime una casa et con una casa se redime un linaje con un linaje se redime una çibdat, et con una çibdat se redime un rey (Calila, p. 160) [55c] la piedra que se non puede tajar (Calila, p. 171) Sin embargo, la construcción con mayor número de documentaciones es, sin lugar a dudas, la pasiva perifrástica. Nótese al respecto que el verbo llamar, por ejemplo, aparece mayoritariamente en perífrasis pasivas : [56a] [56b] [56c] [56d]

una fuente que es llamada la fuente de la luna et era llamado por nombre de Este libro es llamado de Calila et Dina unos paños muy ricos que son llamados alholla

rey

(Calila, p. 231) (Calila, p. 331) (Calila, p. 99) (Calila, p. 287)

De todas formas, también hay algún enunciado con el verbo en activa : [57]un árbol que llamavan vairod

(Calila, p. 267)

En cuanto al uso de ome/omne como sujeto indeterminado, hay un total de 55 ejemplos 9 de orne y 46 de omne : [58a] a esta poca de dulçor que orne ha en este mundo [58b] una de las cosas con que se orne apodera de sus enemigos es aver

(Calila, p. 121) (Calila, p. 239)

La impersonalización en español medieval

23

Según BROWN (1931), podría establecerse una regla gramatical que permitiría separar los casos de ome/omne con interpretación indefinida de aquellos cuya interpretación es genérica : presencia /vs/ ausencia de artículo definido. De hecho, siempre que aparece el artículo definido la interpretación que recibe el nominal es genérica : [59a] que la pobreza faze al omne pedir con cuita [59b] et non es mal aver el omne ayuda et amigos de quien fie

(Calila, p. 215) (Calila, p. 342)

pero no siempre que se atestigua sin artículo recibe interpretación indefinida y, es más, en ocasiones es también genérica. Como dato importante, hay que destacar el empleo de uno como sujeto indeterminado en un solo enunciado : [60]

Et en fablando la madre del león con él, et en castigándolo, llegó uno que sabía de cómmo el lobo çerval era salvo. (Calila, p. 313)

En resumen, la indeterminación del agente en el Calila e Dimna se sigue realizando mayoritariamente a través de la pasiva perifrástica. Sin embargo, en esta obra se recurre también a otros dos recursos de impersonalización : uno a nivel formal y el otro a nivel semántico. El primero corresponde al uso de haber impersonal con significado existencial, al igual que en el Cid. El segundo consiste en el uso de la tercera persona del plural o plural arbitrario. Cabe destacar también en tercer lugar el empleo de omne/ome como sujeto indeterminado.

uno ome/omne se pasivo deslan/dizfan dicen ser de... ¡H haber existencial

1

haber temporal \ anocheçer | amanosçer ijjJjTj 0

20

Τ 40

1 60

1 80

1 100

Γ 120

Gráfico 2 : Las estrategias de indeterminación del agente en el Calila e Dimna

140

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Montse Batllori Dillet

4. Conclusión

La lengua del Cantar de Mio Cid y la del Calila e Dimna ponen de manifiesto un aumento de frecuencia en lo referente al uso de la 3* persona del plural como estrategia de impersonalización y también el inicio de la extensión de orne como sujeto indeterminado en el siglo XIII. Por lo demás, podemos concluir que las construcciones más usuales son, en ambos siglos, la pasiva perifrástica y haber existencial.

Referencias bibliográficas

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Evanildo BECHARA (Rio de Janeiro, Brasil)

Contribuiçôes para um estudo da lingua portuguesa literária do século XVIII

De modo gérai - e com muita razäo - as pesquisas lingüísticas têm eleito o século XVI como fase de capital importância para a história externa e interna do portugués literário, quer na expansäo do idioma como companheiro dos descobrimentos náuticos e conseqüente contacto de culturas, quer na descriçâo do portugués literário. Todavía, o século XVIII, pelo extremo trabalho intelectual e de pesquisa desenvolvido no campo da historiografía, dos estudos lingüístico-filológicos e da atividade literária, está a merecer maior atençâo dos estudiosos. Nos dois últimos dominios, desenvolveram-se trabalhos gramaticais, ortográficos, lexicográficos e literários que muito contribuíram na elaboraçâo do portugués moderno exemplar, cujas raízes, näo desmentindo urna equilibrada observäncia da melhor tradiçâo do período clàssico, acabaram por inaugurar urna nova fase lingüística que vai representar o substrato da norma fixada nos compéndios gramaticais e lexicográficos do século XIX. Este movimento que se surpreende no dominio da lingua reflete o movimento político, social, económico e cultural que se vinha desenliando no Portugal dos fins do século XVII e se impôs no século XVIII, de crescente centralizaçâo e afirmaçâo do poder real que desembocava numa necessidade cada vez mais exigente de preparaçâo especializada do corpo burocrático para acompanhar os negócios do Estado, principalmente na 2* metade do século, no reinado de D. J O S É (1750-1777) e no governo do Marqués de P O M B A L . 1 O privilegiamento que passou a ter o ensino da lingua portuguesa - até entäo se estudava o portugués pelos espaços vazios que deixava a aula de latinidade 2 - se defronta com problemas que mereceram a atençâo dos intelectuais, gramáticos e lexicólogos, problemas

1

2

VERNEY comenta o fato, aludindo a deficiência do funcionário portugués quando comparado com o colega italiano ou francés ; « Mas aqui deixe-me V. P. lamentar e admirar a negligência dos portugueses em promover tudo o que cultura de engenho e utilidade da República. Ainda até aqui näo têm cuidado nestas coisas ; e será rarissimo o que souber que esta gramática pode ser útil. Especialmente noto isto sobre a falta de escritos para instruir um secretário principiante. (Falo dos secretários dos Grandes, e de tudo o mais, fora das Secretarias Reais). Ñas outras naçôes há livras que ensinam a qualquer a urbanidade e cerimonial do seu Reino : como escrevem os Reis e os Grandes entre si, e as pessoas de diferentes jerarquías mais inferiores ; como os inferiores escrevem a toda a sorte de pessoas de maior esfera, tanto secular como eclesiástica, etc. ; apontamse os sobrescritos, e pöem-se algumas cartas para exemplo. Isto ensina a todos e impede de fazer erras. Mas, em Portugal, é desconhecido este método. Um secretário de um Bispo, ou Cardeal, ou Fidalgo, ou Desembargados etc., governa-se por urna pura tradiçâo, ou porque assim viu alguma carta, sem mais conhecimento da matèria. Contanto que um moço tenha um caráter comprido e desembaraçado, a que eles chamam letra de secretaría, é o que basta » (VERNEY, 1949,1: 37-38) O caminho inverso a esta tradiçâo é recomendado por Verney : « Ajuntaria a isto as regras mais principáis da Sintaxe ; porque, como tudo isto se há-de recorrer na Latinidade, basta nesta ocasiäo urna noticia gérai » (VERNEY, 1949, 1: 36 ; O sublinhado é nosso). O aprendizado da lingua materna por meio do latim era procedimento em outros países : « Durant des siècles, l'enseignement du fiançais s'est fait par et à travers le latin » (CATACH, 1978 : 98).

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Evanildo Bechara

que seriam enfrentados, bem ou mal, com os limitados conhecimentos de teoria lingüística da época. Em primeiro lugar, haver-se-ia de apontar, ñas variantes diatópicas existentes, quai a que seria tomada por modelo ideal e que iría favorecer a necessària nivelaçâo idiomàtica que estava a exigir o século das Luzes. Desde o século XVI, Duarte Nunes de LEÄO j á apontava a variante praticada na regiäo em que se fixava o centro político do reino como aquela detentora do que logo chamamos norma exemplar : Da qual lingua galega a portuguesa se aventajou tanto, quanto na còpia e na elegância déla vemos. O que se causou por em Portugal haver reis e corte que é a oficina onde os vocábulos se foijam e pulem e donde manam pera os outros homens, O que nunca em Galiza (LEÄO, 1945 : 244) Mas é no século XVIII que filólogos, escritores e intelectuais têm mais completa consciência de que a variante exemplar ou padräo é a da Estremadura, praticada pelas pessoas socialmente bem dotadas. Disto nos dà conta Luís Antonio VERNEY : Isto suposto, e compreendendo em pouco o muito que outros escrevem nesta matèria, digo que os portugueses devem pronunciar como pronunciam os homens de melhor doutrina da Provincia de Estremadura ; e posto isto, devem escrever a sua lingua da mesma sorte que a pronunciam (VERNEY, 1 9 4 9 : 4 5 )

Pelo que declara VERNEY no final da citaçâo percebe-se que a busca da norma ortoépica padräo näo tardou, como bem acentúa Rita MARQUILHAS, « a transbordar para o nivel do registo escrito » (1991 : 11). O número de compêndios ortográficos saídos em Portugal entre os séculos XVII e XVIII patenteia o esforço de se atender, de maneira plena e eficaz, esse transbordamento para o nivel do registro escrito. A dificuldade consistía em se chegar a critérios que permitissem a nivelaçâo almejada do sistema ortográfico. A consciência da origem latina do idioma, com a conseqüente ilaçâo de que essa relaçâo histórica era prova e galardäo de nobre ascendência a ser preservada, fazia do critèrio etimológico (principalmente latinizante e helenizante) urna orientaçâo de grande peso e adeptos, mormente entre aqueles que também eram professores e autores de compêndios da lingua latina. Se o critèrio etimológico (a que se pode acrescentar o da analogia, que estende o dominio da etimologia para abarcar o uso gráfico do latim) orientava parte da sistematizaçâo ortográfica em Portugal, o fato se repetía ñas naçôes que eram tomadas como guia para tal empresa, a França e a Itália. Mas dai vinham também as tendências simplificadoras, mormente no emprego das consoantes dobradas supérfluas, dos chamados grupos latinos (et, gm, gn, mn, mpt), dos sinais exóticos (y, th, ph, rh, gh), do h. Era a intromissäo do segundo critèrio, a pronùncia, a dividir a preferencia com a etimologia como pauta possível para a fixaçâo e nivelamento do sistema ortográfico a ser implantado, ainda que, como bem assinala Maria Filomena GONÇALVES (1992 : 61), se mostre, « o mais instável e até arbitràrio », na obra de Madureira FEIJÓ (1734) e de outros ortógrafos. A preferêneia pelo critèrio da pronùncia na sistematizaçâo ortográfica do portugués j á vinha sendo defendida antes do século XVIII ; para näo se fazer referêneia à liçâo de QUINTILIANO « scribitur quomodo sonat ». Um defensor da proposta foi Joäo Franco Β ARRETO na sua Ortografia (1671) : Devemos escrever como pronunciamos, e pronunciar como escrevemos. Näo poremos letra de mais nem de menos (p.228)

Contributes para um estudo da lingua portuguesa literária do século XVIII

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A simples referencia a urna norma de pronùncia padräo do socioleto da Corte, da Provincia de Estremadura, denuncia a existência de outras variedades diatópicas, o que nos leva a facilmente admitir diversidades de pronùncia ñas outras regiôes do país. Sobre isto pronuncia-se largamente Madureira FEIJÓ, para responder à pergunta « se na ortografía nos devemos conformar com o uso da pronunciaçâo » : E eu tomara saber quai é o uso universal na pronunciaçâo da nossa lingua, para me näo desviar dele. Se consultarmos o vulgo, näo acharemos senäo abusos de palavras, e erros de pronunciaçâo, Se consultarmos os sábios, estes säo os que mais duvidam da pronunciaçâo e escrita de inumeráveis palavras, como eles confessam, porque a mesma sabedoria os faz prudentemente duvidar. Se consultarmos as provincias, acharemos que o uso introduziu em cada urna aqueles erros pátrios que os naturais mutuamente reprovam uns aos outros, ou seja no escrever ou no falar. Se consultarmos os livros, neles encontraremos o que já acima se advertiu : logo aonde vai aqui o uso universal e constante, para ser lei inviolável da pronunciaçâo, ou regra infalível da ortografía ? (FEIJÓ, 1 7 3 4 : 4 )

O terceiro critèrio, o uso, refere-se à pràtica utilizada pelos melhores escritores do idioma, ainda que ai - como é natural, quer pela inexistência de critèrio uniforme nem mesmo num só autor e até numa mesma obra - se notem contradiçdes entre a documentaçâo oferecida pelo uso e as soluçôes adotadas pelos ortógrafos. Neste particular cabe urna referencia ao critèrio de escolher os melhores guias na adoçâo da autoridade (onde, às vezes, ao lado de escritores, se alude também a lexicógrafos) a orientar a melhor grafía mediante o uso. Enquanto - só para dar dois exemplos - Luís Caetano de LIMA (1736) apelava para o padre Antonio VIEIRA como autoridade de uso ortográfico, Madureira FEIJÓ prefere arrimar-se a clássicos latinos, como CÍCERO, HORACIO, SÉNECA, PLÍNIO, TÁCITO OU VARRÄO (GONÇALVES, 1 9 9 2 : 6 4 ) .

O testemunho desencontrado que se depreende das informaçôes dos ortógrafos sobre a pronùncia e variantes de pronuncia ocorridas entre os séculos XVII e XVIII em Portugal tem, em vários pontos, sua explicaçâo no fato de constantemente se cruzarem nelas a perspectiva ortográfica e a perspectiva fònica. Isto já apontaram alguns poucos estudiosos que se detiveram sobre aspectos do tema, entre os quais cabe mençâo especial ao artigo de Herculano de CARVALHO (1969 [1962] : 77-103). De modo que, afirmar que a lingua portuguesa sofreu « urna série de mudanças fonéticas abruptas e extensivas nos anos entre o último quartel do século XVII e o primeiro quartel do século XVIII » (NARO, 1973 : 27) fica à espera de investigaçdes mais profundas para que possa ter aceitaçâo tranqüila e unànime. Mais próximos estamos dos estudiosos que defendem o ponto de vista segundo o qual « o pròprio inventàrio e estrutura dos sistemas vocálicos tónico e átono do portugués no século XVIII muito provavelmente seriam idénticos aos do século XVI » (CARVALHO, 1969 [1962] : 79). Das mudanças fonéticas que se podem limitar à fase histórica entre os séculos XVII e XVIII só cabe falar, consoante a liçâo de Paul TEYSSIER (1982 : 53-63), das seguintes : a) simplificaçâo da antiga africada palatal surda /ts/ a sibilante alveolar /s/, já existente no sistema, conforme documentant as confusóes gráficas dessa época entre o emprego dos grafemas eh e χ e as impugnaçôes dos gramáticos e ortógrafos ; b) palatizaçâo das fricativas /s/ e IzJ em final de silaba, segundo o testemunho de VERNEY, fenómeno que näo tem repercussäo no uso gráfico mais corrente ; c) reduçâo das vogais fináis átonas escritas e e o aos alofones IM e /u/, na liçâo de Caetano de LIMA (1734) e confirmada por VERNEY (1746), fenómeno que näo passa ao uso gráfico mais corrente ;

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d) generalizaçào ou « reduçâo » (na nomenclatura de Teyssier) da elevaçâo das vogais átonas, pretónicas ou fináis, /e/ e loi, que passam, a primeira, a urna vogai central fechada, e a segunda, a /u/, mudanças que näo se registrant no uso gráfico mais corrente.3 Menos freqüentemente aparecem registrados nos estudos sobre as mudanças ocorridas entre os séculos XVII e XVIII as que dizem respeito ao sistema gramatical, tanto no aspecto morfológico quanto no sintático. Um fato interessante desse período, começado no XVII e fixado no XVIII é a utilizaçâo da abertura do timbre da simples preposiçâo a com funçâo distintiva para diferençâ-la do artigo a, quando pertence à chamada « locuçâo » que tem por núcleo substantivo feminino : à força, à bala, à fome, à mingua de, etc., marcadas inicialmente com acento agudo e depois com acento grave (ALI, 1930 : 7-20). Tal pràtica surge, conforme liçâo de Said ALI, no século XVII e generaliza-se no seguinte. Simétrica a esse recurso a morfema supra-segmental é a utilizaçâo, a partir do séc. XVII, do reforço até a pelo simples até, onde a preposiçâo seguida inicialmente de artigo feminino faz que o a resulte aberto e assim distinga os sentidos de limite e de inclusäo. O fogo foi até à cozinha (isto é, näo passou dai) e O fogo foi até a cozinha (isto é, inclusive a cozinha, a pròpria cozinha foi devorada pelo fogo). Depois, tal pràtica estendeu-se ao artigo masculino : até ao(s) - DIAS, 1933 : 159. Também pertence ao século XVII a primazia no uso da forma para sobre pera, com vitória definitiva no século XVIII (ALI, 1931 : 250 e RIIHO, 1978 : 211-213). a combinaçâo do

pronome objetivo direto o, a, os, as, com a preposiçâo, em geral por (per), em construçôes do tipo pelo encontrar (= para encontrá-lo), ao visitar (= a visitá-lo). Os exemplos encontrados em escritores do séc. XIX e XX se devem a imitaçôes da pràtica antiga e popular. Vai o verbo ter expandindo avassaladoramente o seu emprego em detrimento do auxiliar haver nos tempos compostos. Na Gramática de LOBATO, por exemplo, os tempos compostos (auxiliar + participio passado) se formam freqüentemente com o verbo Ter (tenho amado, tinha escrito, etc.), ainda que nesse emprego pudesse ocorrer também o auxiliar Haver. Este último é de praxe quando aparece a preposiçâo de + infinitivo : hei de amar, havia de ser amado, houve de ser amado, etc. Aliás, haver de é construçâo antiga na lingua e exclusiva entre os quinhentistas. Ter de começa a concorrer com haver de a partir do século XVII. Quanto à presença do auxiliar ter ou haver na constituiçâo dos tempos compostos, o gérai é a presença de ter ; como diz EPIFANIO (DIAS, 1933 : 107), « no portugués moderno haver pertence, pode dizerse, exclusivamente à linguagem seleta ». O adjetivo comum, cuja forma feminina mereceu o repúdio de Fernäo de OLIVEIRA (1536) e a aprovaçâo de Joäo de BARROS (1540), que aceitava, para o feminino, comum e comua, mereceu ter sua invariabilidade genérica criticada por VERNEY, prova de que se vinha fixando no uso o emprego de comum junto a femininos :

3

Näo se confondant essas mudanças com outras que ocorriam no portugués antigo e circunscritas a açôes assimilatórias do contexto fonético. Por outro lado, a « reduçâo » näo se estende ao final nasal. VERNEY, comentando as grafías pai e mai, declara : « Quanto ao primeiro, concordamos ; mas näo no segundo, porque na pronùncia ouve-se um e en mui redondo, e assim deve escrever-se maen, porque assim pronunciam os homens de melhor doutrina » (VERNEY, 1949,1: 103).

Contribuiçoes para um estudo da lingua portuguesa literária do século XVIII

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Dizem Pessoa comum, que é urna verdadeiraridicularia,porque, ainda que a palavra comum signifique coisa de muitos, deve ter as suas duas terminaçôes em portugués, assim como tem no latim, em que explica diferentemente o neutro, e o superlativo communissimus tem très mui redondas. Onde, deve dizer-se coisa ou pessoa comua, etc. (VERNEY, 1 9 4 9 , 1 : 1 0 3 ) Segundo a liçâo de Said A L I ( 1 9 3 1 , 1 1 : 7 5 ) , a construçâo sou eu quem, usada ao lado da tradicional sou eu o que, remonta ao século XVIII. Ainda está por se levantar a história do verbo haver no plural, quando seguido de nome no plural, do tipo de haviam pessoas, houveram fatos, tío insistentemente em certos autores do século XVIII, como é o caso de Matías AIRES ñas Reflexdes sobre a vaidade dos homens (1752). Acreditamos que, inexistentes ou muito resumidos os capítulos dedicados à sintaxe em gramáticas desse século, os autores tinham dificuldade de explicar a concordância antiga e exemplar vigente até hoje havia pessoas, houve fatos. Dizemos isto porque a gramática oficial do período pombalino comenta assim o fato sintático : Parece que se näo observa a dita regra [a concordância do verbo com o sujeito da oraçâo] no verbo haver, quando pelo costume da lingua lhe ajuntamos na terceira pessoa do singular nominativo [i.é, sujeito] do plural, como v. gr. quando dizemos : Há muitos homens que amam as ciencias ; onde parece que ao verbo há na terceira pessoa do singular do presente do indicativo lhe serve de nominativo o substantivo homens no número plural ; porém näo é assim, por faltarem palavras que se subentendem, e quer dizer : Há número de pessoas que säo homens que amam as ciências ; onde claramente se vê que ao verbo há só lhe serve de nominativo o substantivo oculto número, com quem concorda em estar no número singular e na terceira pessoa (LOBATO, 1849 : 178 n.) Se passarmos da gramática para o léxico do século XVIII, vamos ver que a opiniäo de alguns estudiosos se limita a dizer : O vocabulário torna-se mais restrito, reduzindo-se ao absolutamente indispensável para a clareza da expressäo (VASQUEZ CUESTA-MENDES DA LUZ, 1980 : 202) Difícil aceitarmos com tranqililidade afirmaçâo desse teor para urna lingua como a portuguesa em que a lexicología e a lexicografía muito têm aínda que fazer para que se saiba, qualitativa e quantitativamente, se urna fase histórica do idioma é mais ou menos rica do que outra. Tudo nos leva a crer que o século XVIII, por vários e diversificados caminhos, procura abastecer o seu léxico näo só no viés patriótico de distingui-lo literariamente junto ao espanhol decadente, mas também pelo viés cultural de um período em que fioresciam as artes, as ciências naturais e culturáis, à sombra da França, da Inglaterra e da Alemanha, sem deixar, ainda, de buscar seiva nova no velho e sempre bem nutrido filäo latinizante e helenizante. Prova ainda näo suficientemente explorada pelos estudiosos da lingua säo as numerosíssimas notas e achegas idiomáticas que autores setecentistas apunham a suas obras, especialmente poéticas, dando-nos conta de neologias, de vocábulos revividos à sombra do patrimònio clàssico vernáculo e greco-latino, e até de certas tentativas de inovaçôes morfológicas, algumas das quais, sem as notas, foram interpretadas por erros de linguagem, como ocorrem com a inovaçâo de pretéritos do tipo de reterà em lugar de retivera em Filinto E L Ì S I O . Säo de todo importantes as notas de Filinto, de Antonio Dinis da CRUZ E SILVA, de Francisco Dias GOMES, näo nos esquecendo dos trabalhos filológicos estampados nos volumes das Memorias de literatura portuguesa publicadas pela Academia Real das Ciencias de Lisboa.

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Jacinto do Prado COELHO, que breve mas lucidamente estudou o vocabulário e a frase nas Reflexöes, de Matías AIRES, depois de mostrar alguns interessantes aspectos lingüísticos do autor, concluí : A análise do vocabulário e da frase de Matías Aires demonstra, a meu ver, o grande interesse que monografías deste gènero podem assumir para a História da lingua comum e do estilo individuai corno expressäo de Cultura

Referências bibliográficas

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José BONNEAU / Mariette CHAMPAGNE (Montréal, Canada)

Le rôle de la morphosyntaxe dans le changement linguistique : une approche minimaliste à une analyse diachronique du français

Dans cet article, nous proposons une analyse minimaliste des changements survenus dans les systèmes nominal et verbal de l'ancien français (AF). Nous démontrerons qu'il y a eu un changement sémantique dans le lexique, changement similaire à celui survenu en ancien anglais ( A A ) sur la structure aspectuelle des verbes (VISSER, 1970 ; LUMSDEN, 1987).

1. Les particules et la structure du verbe en AF

Une des propriétés les plus répandues, quoique peu discutée, de l'AF est le fait que pratiquement tous les verbes (sinon tous, DE Κοκ, 1985) de toutes les classes sémantiques et syntaxiques pouvaient facultativement être précédés de la particule adverbiale se (NYROP, 1930 ; HERSLUND, 1981, entre autres). Cette particule a été définie par STEFANINI (1962) comme « mettant de l'emphase sur la participation du sujet dans l'action » et été identifiée comme un élément marqueur adverbial datif (MELIS, 1990). Ces observations sur se, ainsi que nos recherches personnelles sur le sens des verbe (voir GODEFROY, 1880) suggèrent que cette interprétation s'étend également aux constructions avec le se datif en AF. Les exemples en [1] illustrent des constructions avec se suivi d'un objet direct, tandis que [2], [3] et [4] présentent respectivement des exemples avec se, suivi d'un complément de phrase, un objet PP et un verbe intransitif.1 [la] [lb]

1

par lui se desconfirent la gent le roi Artu (Artu : 150, 1.74 / XIIIe) par lui se vainquirent les peuples le roi Artu Si se despouilla sa chemise (P. de Beauveau, Toilus : 181 / XIIe, B&R : 178) Ainsi se enleva sa chemise

STEFANINI (1962) note que « se » se retrouve rarement dans des constructions avec des objets directs. L'interprétation de (la) dans le texte semble impliquer une forme de télicité-achèvement typique de la construction anglaise avec particule (den DIKKEN, 1995 ; BONNEAU,GARA VITO et LIBERT, 1995, pour une analyse de « se » dans les langues romanes et dans l'aspect des verbes en anglais). Ainsi, [la] pourrait être traduit par « à cause de lui, les peuples ont complètement abandonné le roi Artu ». Le peu d'occurrences de « se » avec des objets accusatifs en AF est prédit par notre analyse car, comme nous le verrons, « se » peut seulement référer à des XP nominatifs et datifs (voir LUMSDEN, 1987, pour des remarques similaires sur les particules et le cas datif en AA et BRINTON, 1990, sur l'évolution des préfixes vers des marqueurs aspectuels en AA). C'est uniquement quand « se » deviendra un élément aspectuel que des constructions comme [la] se retrouveront en grand nombre.

José Bonneau / Mariette Champagne

32 [2] [3] [4]

Lors se pensa que, se il pouoit, il la porterait a son frere (Merlin, Constan, Chrest : 148, GODEFROY : 313 L'endemain se partirent de Wincestre... (Artu : 22,8 / ΧΙΙΓ. DE KOK : 75) Or a haute voix s'escrie (Don de la Roche : 4533 / XIIE, NYROP, 1930)

Des exemples comme [2] et [3] sont particulièrement révélateurs. Le sens de [2] pourrait être « puis il pense sur lui-même que s'il le pouvait, il l'apporterait à son frère », ce qui signifie que le complément de « se + penser » n'est pas une propriété attribuée au sujet, mais qu'il est plutôt interprété comme la circonstance ou le XP le concernant (voir NYROP, 1930, pour une discussion générale sur l'interprétation circonstancielle des objets en AF). Dans le même sens, le verbe « se + partirent » en [3] n'implique aucune notion de but ou de chemin (contrairement au français moderne (FM) « partir »). En fait, [3] signifie que le sujet « ils » (nul dans ce cas) se sépare lui-même de la location, ici « Wincestre ». Cette interprétation est claire en [5], où il n'y a aucune possibilité de mouvement vers un but. [5]

Del cors la teste partirai

(Wace / XIIE, LAROUSSE : 476)

L'exemple [5] révèle une autre propriété intéressante du système verbal de l'AF, à savoir que, même sans la présence de la particule se, le sens des verbes n'incorpore pas une notion de chemin. Les verbes dans les exemples [1] à [4] sont définis dans GODEFROY comme prenant optionnellement se, tel que représenté dans l'exemple [6] ci-dessous. Cependant un coup d'oeil rapide dans GODEFROY indique que plusieurs verbes ont une légère différence de sens, tel que suggéré dans les gloses en [6] et [7], où le souligné indique la position possible du se. [6] [7a] [7b]

Je ne sais que faire, près suis de desconfire (Adenet le Roi / XIIIe) Ma mere, dites a mon pere qu'il nerongneplus la monnoye, car elle ne se mettra plus. (G. Bouchet, Serees : III, 255 / XIVe, 91360) Tant qu'en tei nos en somes mis. (Ben. D. de Norm: II, 25731)

Ces exemples semblent démontrer qu'un se datif est toujours présent dans le système verbal, parfois dans une forme phonétiquement nulle. Notons toutefois que la partie dative de se apparaît quelquefois sous une forme lexicale. Considérons l'exemple [8] dans lequel se et la préposition dative « sus » apparaissent toutes deux, donnant une interprétation locative de l'expression verbale « mettre sur pied, créer » (GODEFROY). [8]

Asses tost apries se mist une compaignie de Haynuyers sus (Froissait, Chron : III, 255 / XIVe)

GODEFROY mentionne plusieurs usages du verbe « mettre » dans des constructions avec un élément prépositionnel (par exemple, « mettre-avant », « mettre-outre », etc.). Fait intéressant, nous n'avons pu trouver une interprétation qui corresponde exactement au verbe à double-objet du FM, « mettre quelque chose à un endroit ». Nous supposons que

Le rôle de la morphosyntaxe dans le changement linguistique

33

les verbes à double objets comme « mettre » et « donner » en AF ne pouvaient exprimer la notion de direction reliée à leurs équivalents modernes.2

2. Approche minimaliste et structure de la phrase

Des traits tels Agr, Genre, Personne, etc. ne peuvent projeter dans le composant computationnel et ne sont donc pas disponibles pour la vérification des traits par mouvement. Selon notre analyse, la vérification des traits en AF est un processus morphophonologique qui s'applique après Spell-out (BAKER, 1995 ; CHOMSKY, 1995), un processus apparenté à la cliticisation du verbe sur l'Aff, tel qu'illustré ci-dessous (voir aussi LUMSDEN, 1987). Nous proposons que l'aspect est structural, c'est-à-dire que cela implique la présence d'une préposition / cas ou un NP (VERKUYL, 1993). En AF, l'aspect est indiqué par la particule dative se et, quoique absente en [9], nous suggérons que le Cas projette comme l'Aff. Cependant, comme il est une partie de la projection de se, il ne peut projeter comme une tête indépendante et n'est donc pas disponible pour la vérification des traits. [9]

[AfïP [SE+DAT] AfF Äff V]]

Le cas datif a souvent été associé aux marqueurs déictiques locatifs indiquant les propriétés de « proximité » ou de « distance » du locuteur, d'où la remarque fréquente que se met de l'emphase sur la contribution du sujet (STÉFANINI, 1 9 6 2 ; NYROP, 1 9 3 0 ) . Comme nous le verrons ultérieurement, l'affaiblissement du datif se résultera en un marqueur aspectuel. La structure en [9] représente une façon simple pour expliquer les phénomènes typiques de l'AF. Les objets, tout comme les sujets en AF, sont interprétés en « apposition » avec le verbe. Il n'y a pas de relation de « direction » entre les constituents internes du VP (cf. exemples [1] à [4]). Cette observation générale découle naturellement de notre théorie si la relation de chemin est établie par le mouvement d'un objet vers le Spec d'une projection fonctionnelle (Asp ou une coquille verbale nulle, (cf. CHOMSKY, 1995 ; LARSON, 1988, entre autres) où il peut vérifier les traits grammaticaux. Cependant, dans une configuration comme [9] les traits sont vérifiés par incorporation morphologique seulement après Spellout. Le résultat est que, non seulement le mouvement de SN, mouvement impliquant l'accord Spec-tête), mais aussi le mouvement du verbe est impossible en AF. Comme le verbe luimême n'a pas de traits (formels) à vérifier, il n'y a aucune raison pour justifier son mouvement vers une position possible de verbe prosodiquement faible dans une coquille verbale, et donc aucun mouvement n'est permis (CHOMSKY, 1 9 9 5 ) . NYROP ( 1 9 3 0 )

2

Un des rares exemples de verbes prenant deux objets est reproduit [i] ci-dessous. Mais, dans ce cas, le contexte de la source, La Chanson de Roland : 30, suggère qu'il n'y a pas de transfert physique. Il semble plutôt qu'il s'agisse d'un commentaire dérogatoire (comme l'objet génitif des constructions à double objets en AA, cf. VISSER, 1970 ; LUMSDEN, 1987). [i] Vus il durrez urs et leuns e chiens... »Vous leurs donnerez des ours, des lions et des chiens »

José Botmeau / Mariette Champagne

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note que les passifs (et les pseudo-passifs comme les moyens, c'est-à-dire ce qui est traditionnellement appelé « la forme réfléchie ») sont pratiquement inexistants en AF. 3 Son développement arrive plutôt tard dans le Moyen Âge et se répand rapidement à la période d e la Renaissance (NYROP, 1930 : 2 0 4 ; MOIGNET, 1976 ; BRUNOT, 1967 pour des

commentaires similaires et VISSER, 1970 ; LUMSDEN, 1987, pour ΓΑΑ) et la même observation s'applique à la montée (STÉFANINI, 1962 ; NYROP, 1930, entre autres). L'usage de se avec la propriété d'un pseudo-passif (ou ergatif) se répand rapidement, en moyen français (MF) aux verbes qui ne l'acceptaient pas en AF (voir GODEFROY, 1880). Quelques exemples son donnés en [10] ci-dessous. [10a] [10b]

Ceux-ci se gardent longtemps sans pourrir Allons vistement, la soupe se mange...

(J. de Paris : 55, NYROP, 1930) (B. de V., M. de parvenir 7, NYROP, 1930)

Fait intéressant, STÉFANINI (1962 : 699) note un changement dans le sens de la particule se relativement à des exemples du type de [10] indiquant que se en MF perd lentement sa nature adverbiale orientée vers le sujet et devient un marqueurs aspectuel orienté vers l'objet. 4 Le processus d'« aspectualisation » de se s'est continué après la période du MF ; en effet, plusieurs des constructions avec un se datif semblent avoir survécu à travers le MF: [11]

Je m'ay gratee le dos si fort que le sang se coule

(M.de 1. : 86 / XIVe,Stéfanini : 313)

Cet exemple est révélateur en plusieurs points. Premièrement, notons que ces verbes ont perdu leur usage avec se ou ont été remplacés par une autre forme en MF. Cette dernière possibilité semble avoir été le cas avec le verbe « se couler » en [11]. Comme on peut le supposer, à partir du contexte donné dans l'exemple, l'égratignure au dos était si forte que la manière avec laquelle le sang est sorti était comme un éclaboussement. La particule se dans ce contexte exprime la manière avec laquelle le sang est sorti. L'équivalent moderne de ce verbe semble être « gicler ». Cette observation rappelle clairement la discussion de HALE et KEYSER (1993) sur les verbes incorporant un adverbe de manière comme « splash », « pour », « drip », etc.

3

II y a quelques exceptions en AF (NYROP, 1930). Cependant, dans tous les cas que nous avons trouvés jusqu'à maintenant, le soi-disant passif en F est toujours construit avec « être » (MOIGNET : 184). Il n'y a pas de structure complexe avec auxiliaire du type que l'on retrouve en FM. Comme en AA, le verbe « être » était utilisé avec le participe passé des intransitifs afin d'exprime « un état résultant » (il fut dansé), plus près des passifs adjectivaux. VISSER note que cette construction en AA suggère l'intervention d'un sujet, ce qui a tracé la voie pour la voix passive. Dans le même sens, les verbes à montée dans des constructions avec un infinitif apparaît assez tard en MF » Si la formation des verbes à montée implique l'incorporation abstraite du verbe « être », tel que suggéré dans KAYNE (1993) et ROORIJK (1995), notre théorie prédit correctement que la montée apparaîtra au même moment que l'incorporation, c'est-à-dire lorsque « se » deviendra un marqueur aspectuel en M F . D'autres évidences du changement de « se » d'une particule adverbiale vers un marqueur aspectuel provient de l'ordre des préfixes en AF. Par exemple, le préfixe « re » pouvait précéder « se » avec le sens de répéter l'acte de s'asseoir en [i] ci-dessous. Seul l'ordre inverse est possible en FM (se rasseoir). Mais dans ce dernier cas, le sens de « re » n'est plus itératif (comme dans le cas de l'anglais « to re-sit ») - voir l'analyse de KEYSER / ROEPER, 1992 sur les constructions avec particules en anglais. [i] Et L'archevesque re s'asistarent. (ST-Mart : 847, TOBLER VIII)

Le rôle de la morphosyntaxe dans le changement linguistique

35

Dans le même sens, le dictionnaire du moyen français Larousse (1992) note qu'un verbe comme « se penser » coexiste avec sa contrepartie non-réflexive « penser » jusqu'au français classique. Cependant, il est aussi noté que le verbe « penser » signifie un processus d'introspection ou de réflexion, un sens qui n'était pas présent dans le verbe « se penser » en AF (voir GODEFROY, 1880). Une remarque similaire peut être faite sur la paire « se partir / partir ». Ces observations nous mènent toutes au fait que la particule se est passée du stade d'un adverbe orienté vers le sujet marqué datif en AF, vers un élément aspectuel en MF (tardif), vers finalement une forme nulle dans certains cas en FM. L'absence du mouvement de verbe dans une configuration comme [9] empêche aussi la formation de prédicats complexes impliquant une coquille verbale. En plus d'expliquer l'absence de constructions impliquant l'accord Spec-tête, ceci apporte aussi une explication pour le phénomène moins connu de l'apparition des constructions causatives en MF (cf. HUGUET, 1967). On sait que l'AF et le MF possédaient un grand nombre de verbes préfixés avec des particules, a ou de, par exemple, tel qu'illustré en [12] ci-dessous. « Ce que notre ancienne langue disait en un seul mot, nous le disons souvent en deux ou davantage, et nous marquons par des mots accessoires les rapports que le préfixe indiquait autrefois » (HUGUET, 1967 : 224). Plusieurs de ces verbes ont été remplacés en MF (ou en français classique) par un prédicat complexe impliquant un verbe causatif comme « rendre » ou « faire ». [12a]

abarbarir : rendre barbare ; (s')apparessir : rendre paresseur, s'abandonner à la paresse ; anuiter : faire nuit ; abonir : devenir bon ; ahontir : couvrir de honte. [12b] démaisonner : faire sortir de la maison ; décaptiver : délivrer de captitivité ; déorgueillir : faire cesser d'être paresseur ; dessoiver : apaiser la soif. L'affaiblissement (et la disparition éventuelle) des affixes flexionnels et des cas en MF laisse le verbe et se comme des têtes bare, permettant ainsi de projeter (comme VP et AspP ou des VP légers, respectivement). Sans un hôte approprié, l'incorporation morphologique ne permet plus de vérifier les traits grammaticaux. Ceci force le mouvement de tête à s'adjoindre à un XP dans le Spec d'une projection fonctionnelle. Cette vérification peut être satisfaite en bougeant sur la tête Aspect d'une coquille VP, apportant ainsi la condition nécessaire pour la création d'un chemin configurationnel. Ceci rend compte du développement des verbes à doubles compléments en MF (tardif), aussi bien pour les changements sémantiques observés concernant la particule se.5 Ceci explique également l'apparition des constructions causatives du type illustré en [12], adoptant une analyse d'incorporation dans les sens de HALE et KEYSER (1993). Comme

5

Les changements qui se sont produits avec « se » en français rappellent l'évolution parallèle des p r é f i x e s et d e s p a r t i c u l e s e n anglais (voir VISSER, 1970 ; LUMSDEN, 1987 ; BRINTON, 1990),

confirmant notre hypothèse première que ces changement sont apportés par la même cause reliée au déclin du système de l'inflexion et des cas dans les deux langues. Voir BONNEAU, GARA VITO et LIBERT (1994,1995) pour des arguments démontrant que « se » dans les langues romanes et les particules en anglais contribuent au système aspectuel dans le même sens. En particulier, notons l'usage de la particule préfixale « ge » et « be » en AA comme des transivitiseurs qui plus tard on évolué vers des marqueurs d'aspect et, dans le base de « be », de la voix passive (VISSER, 1970 ; BRINTON, 1990). Comme dans le case du français, « se » a été lexicalisé. Par exemple, le verbe « s'écrier » en AF perd optionnellement la particule, ce qui n'est plus possible en FM. Comparons avec des verbes avec particules lexicalisés en anglais (par exemple, screw up, etc.) Ceci est un autre argument que « se » en FM a perdu son statut adverbial.

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José Bonneau / Mariette Champagne

TAF n'avait pas cette possibilité, tous les arguments du verbe devaient se trouver dans une position adjointe, c'est-à-dire « empilés » dans une configuration multiple de Spec.

3. Conclusion

Le fait que des changement similaires se retrouvent dans d'autres langues comme 1ΆΑ suggère que le changement linguistique est très restreint et qu'il est localisé dans les propriétés morpholexicales, tel que proposé par CHOMSKY (1195). De plus, le fait que les langues avec affixes / cas ne permettent pas l'incorporation des noms soutient notre analyse de l'AF.

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Maria Teresa BROCARDO / Maria do Céu Caetano MOCHO (Lisboa, Portugal) Para urna morfologia derivational histórica do portugués : o prefixo des-

1. Introduçâo

Apesar do interesse crescente pela morfologia, säo ainda escassos os estudos que descrevem com precisäo os vários aspectos da formaçâo de palavras em portugués (europeu). Os trabalhos mais recentes sobre formaçâo de palavras privilegiam o portugués contemporáneo, 1 enquanto os estudos morfológicos que se debruçam sobre o portugués medieval tratam, quase exclusivamente, a morfologia flexional. No ámbito do seu estudo, SILVA (1994 : 13) escusa-se a tratar a morfologia derivacional nominal porque, segundo a autora, esta « melhor cabe em um estudo do léxico e näo em um estudo morfològico e sintético » como o que pretende levar a cabo. Como é sabido, tem sido desigual o espaço reservado à morfologia dentro dos estudos de linguistica teórica. BAUER (1983 : 3) 2 considera que no inicio do século XX a formaçâo de palavras recebeu um tratamento desigual relativamente à linguistica em gérai devido àdistinçào efectuada por SAUSSURE, em 1916, entre sincronia e diacronia, a qual « effectively precluded the study of word-formation, where synchrony and dyachrony are most fruitfully considered together. » Enquanto os estruturalistas americanos dos anos 1940-1950 privilegiaran! o inventàrio dos morfemas e as suas distribuiçôes, nâo adoptando urna abordagem que contemplasse aspectos diacrónicos, 3 a gramática generativa na sua versäo inicial (CHOMSKY, 1957) ocupou-se quase exclusivamente da fonologia e da sintaxe, näo sendo o léxico concebido como urna componente autónoma. Como refere ARONOFF (1976 : 4), « Phonology encompassed all of morphophonemics and phonemics in a grand system of ordered rules ». Na versäo da teoria apresentada em CHOMSKY (1965), cabia à componente lexical especificar as irregularidades e idiossincrasias, enquanto a componente transformacional daria conta das regularidades. Mas, como nem todos os processos derivacionais säo produtivos e nem todos os significados dos derivados se podem explicar através de urna transformaçâo, as regras transformacionais näo permitiam ultrapassar algumas dificuldades. 4 A partir de CHOMSKY (1970), com a Hipótese Lexicalista, aceitou-se que as regras da morfologia e da sintaxe säo diferentes, näo devendo as últimas permitir a inserçâo nem a substituiçâo de partes de palavras. Desde entäo, assistiu-se a um

1

2

3 4

Cf., por e x e m p l o , VUXALVA (1986) e (1994), FERREIRA (1992) e RIO-TORTO (1993).

O autor baseia a sua afirmaçâo na opiniäo de ADAMS V., 1973, Introduction to English wordformation, London, Longman, p. 5. Cf. NIDA ( 1 9 5 7 2 : 78). Cf. GARCÍA ( 1 9 9 6 : 15)

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Maria Teresa Brocardo / Maria do Céu Caetano Mocho

renovar do interesse pela morfologia enquanto objecto de estudo da linguistica teórica,3 e enquanto aiguns autores assumiram a Hipótese Lexicalista Forte, outros adoptaram a Hipótese Lexicalista Fraca, argumentando que só a formaçâo de palavras (derivaçâo e composiçâo) tern lugar no léxico, ao passo que a morfologia flexional se integra na sintaxe. A este propósito, parece-nos pertinente a observaçâo de VARELA (1992 : 162), para quem Una cosa, por tanto, es que la morfologia se interrelacione con la sintaxis (en el sentido de que las reglas de formación de palabras no actúan como un bloque com independencia de las propriedades oracionales) y otra el modo en que los morfemas concretos se realizan en la palabra, proceso éste sujeto a reglas puramente morfológicas.

2. A morfologia em obras sobre historia da lingua portuguesa

Se percorrermos as obras de carácter abrangente sobre a história da lingua portuguesa, verificaremos que, dentro dos aspectos morfológicos que säo referidos, a morfologia derivacional ocupa invariavelmente um espaço muito reduzido, claramente inferior ao reservado a aspectos relativos à flexäo. Assim, NETO (1992 6 ), no capítulo intitulado Morfologia (1992 : 223-248), trata apenas de mudanças que afectaram a morfologia flexional. Em TEYSSIER (1982) os capítulos sobre morfologia, que aparece conjuntamente com a sintaxe (Do latim ao galego-português : evoluçâo da morfologia e da sintaxe; Morfologia sintaxe [no cap. sobre o « galego-português »], 1982 : 16-17 ; 29-33), tratam apenas de aspectos relativos à flexäo nominal e verbal. Os aspectos de morfologia derivacional estäo praticamente ausentes nesta obra, se exceptuarmos algumas notas muito breves sempre incluidas nos capítulos sobre « vocabulário » (Do latim ao galego-português : formaçâo do vocabulário; O vocabulário [no cap. sobre o « galego-português »], 1982 : 17-18; 33-34). Em CASTRO (1991) encontramos, no capítulo Do Latim ao Portugués Antigo, quando se tratam a « estrutura e evoluçâo do latim vulgar », um curto ponto dedicado à Derivaçâo e composiçâo (1991 : 126-127), em que se afirma o carácter « relativamente pouco ¡novador (do latim vulgar) em relaçâo aos processos de derivaçâo e composiçâo », e sendo objecto de breves notas a utilizaçâo inovadora de prefixos e sufixos já existentes, bem como a mudança que levaría à formaçâo do sufixo derivacional -mente. No relativamente longo capítulo dedicado ao Portugués Antigo (1991 : 161-240), que procura chegar a uma descriçâo deste período a partir do comentário lingüístico dos textos mais antigos (Testamento de Afonso II [1214] e Noticia de Torto), näo se encontram referências específicas a aspectos derivacionais, excepto pontualmente quando se dà conta da origem de algumas formas. Caberá, no entanto, notar que estes mesmos textos apresentam diversas palavras que seria sem dúvida oportuno comentar justamente quanto a este aspecto. Referimo-nos a formas

5

Destacamos, entre outros, os trabalhos de HALLE (1973), SIEGEL (1974), MATTHEWS (1974), ARONOFF (1976), ScALiSE (1984) e BYBEE (1985).

Para urna morfologia derivational histórica do portugués

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como mäda, folgäcia, deuier, departió / departan6, aquestas / estas, demorancia, aguardada, nouea / nona (Testamento de Afonso II, 1214) acanocese, defructar, quebrätado, fíímento (Noticia de Torto), para referir apenas alguns exemplos que poderiam motivar reflexôes sobre morfologia derivacional numa perspectiva diacrònica, no que respeita, por exemplo, a aspectos relativos às mudanças que teräo afectado o valor e / ou produtividade de determinados afixos ou a ocorrência de alguns processos morfológicos. O que pretendemos com esta observaçâo sublinhar é que é pertinente, como de resto já tem sido notado, urna abordagem diacrònica da morfologia derivacional, tendo em conta que os dados disponíveis evidenciam contrastes diacrónicos assinaláveis neste dominio. Será justo notar que alguns estudiosos descreveram já (e. a. descriçâo dos dados deverà efectivamente ser prioritària no estado actual dos conhecimentos sobre a morfologia do portugués), aspectos da morfologia derivacional do portugués numa perspectiva diacrònica. Além dos estudos incluidos ñas gramáticas históricas, a que nos referiremos adiante, existem alguns trabalhos dispersos dedicados a temas mais específicos, como por exemplo, PIEL ( 1 9 8 9 2 ) , em que se pretendem analisar aspectos relativos às mudanças semánticas sofridas por alguns sufixos, contendo observaçôes de interesse para um estudo de morfologia derivacional diacrònica do portugués, nalguns casos mesmo näo referentes apenas a aspectos semánticos. Assim, nos estudos de carácter histórico sobre o portugués (e julgamos que situaçâo semelhante se verificará em outras línguas), a morfologia derivacional tem sido, excepto em algumas excepçôes já assinaladas, de certo modo secundarizada. Esta secundarizaçào poderá relacionar-se, entre outros aspectos, com urna maior dispersäo dos dados pertinentes para o estudo derivacional, quando se trata de estudar fases passadas da lingua (os dados seräo, evidentemente, recuperáveis, mas a sua localizaçâo ñas fontes textuais poderá ser problemática sem o recurso a obras auxiliares (dicionários, glossários) que permitam mais facilmente estabelecer listagens, quer de palavras / ocorréncias, idealmente com índices de frequéncia, quer de constituintes (que pressupôem urna análise prèvia). Parte destas difículdades estaräo hoje parcialmente ultrapassadas, se houver possibilidade de recorrer a corpora informatizados, 7 mas ainda nesse caso as procuras poderäo estar fortemente condicionadas, deixando a opçâo entre pesquisas demasiado abrangentes e por isso muito demoradas, e pesquisas sobre dados constituidos a priori. Neste contexto parece bastante aceitável urna investigaçâo que parta da exploraçâo dos dados fornecidos pelos próprios estudos já realizados, em particular dos dados fornecidos pelas gramáticas históricas. Esta metodologia tem a vantagem näo só de disponibilizar dados já recolhidos e em principio fiáveis (idealmente os dados fornecidos nos estudos deveräo ser posteriormente controlados em corpora constituidos), mas ainda de permitir desde logo urna análise crítica das descriçôes e interpretaçôes desses dados, beneficiando assim de um traballio já iniciado, que pode ser retomado à luz de novas abordagens teóricas.

6

7

As formas separadas por barra indicam as variantes, quando existem, dos dois manuscritos conhecidos do Testamento, respectivamente manuscrito L (Lisboa, Arquivo Nacional da Torre do Tombo) e Τ (Toledo, Arquivo da Catedral). Sobre a constituiçâo de um corpus informatizado do portugués medieval, v. BROCARDO, VICENTE / XAVIER ( 1 9 9 5 ) .

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Maria Teresa Brocardo / Maria do Céu Caetano Mocho

3. A derivaçâo e o estatuto atribuido à prefixaçâo em algumas gramáticas históricas do portugués

Ñas gramáticas históricas do portugués que consultámos a derivaçâo näo é tratada täo exaustivamente quanto a flexäo, havendo mesmo algumas (cf. CORNU, 1 9 0 6 2 e WILLIAMS, 1 9 7 5 3 ) em que a morfologia só abarca a flexäo. Ñas obras em que os autores tratam quer a flexäo quer a derivaçâo o espaço que é reservado à primeira é muito maior. Por exemplo, SAID ALI ( 1 9 6 4 3 ) e NUNES ( 1 9 8 9 9 ) , dois dos autores que mais detalhadamente estudam a derivaçâo, apresentam, respectivamente, 199 e 202 páginas para a flexäo e 43 e 53 no caso da derivaçâo. Relativamente à intitulaçâo do capítulo em que estäo inseridas a derivaçâo e a composiçâo, eia näo é coincidente, o que nos farà supor a existência de diferentes concepçôes de morfologia. Ñas gramáticas da autoría de PEREIRA ( 1 9 3 5 9 ) e MARTINS ( 1 9 3 7 2 ) a derivaçâo e a composiçâo surgem agrupadas no capítulo da Tematologia e näo no da Morfologia, tratando este apenas da flexäo. CÁMARA Jr. ( 1 9 7 5 ) trata os dois processos morfológicos no capítulo dà Ampliaçào e Renovaçào Lexical. SAID ALI ( 1 9 6 4 3 ) e SEQUEIRA ( 1 9 3 8 ) preferem o título Formaçâo de Palavras, designaçâo que actualmente aparece em quase todos os autores que se ocupam da derivaçâo (prefixaçâo, sufixaçào e parassíntese) e da composiçâo, isto é, os processos morfológicos regulares. Assim, a aparente secundarizaçâo da morfologia derivacional estará relacionada, por um lado, com a questäo já antes referida de urna maior dispersäo dos dados relevantes, por sua vez ínter-relacionada com as chamadas « irregularidades », muito mais sensíveis na derivaçâo do que na flexäo, e aínda com as diferentes concepçôes de morfologia evidenciadas no discurso dos gramáticos. Ñas gramáticas históricas, frequentemente, a prefixaçâo é incluida na composiçâo e näo na derivaçâo, por se considerar que os prefixos apresentam urna grande autonomia.8 Sendo esta opiniäo comum à maior parte dos autores (deste lote, encontram-se excluidos SAID ALI ( 1 9 6 4 3 ) e MARTINS ( 1 9 3 7 2 ) , verifica-se que, para eles, a fronteira entre derivaçâo e composiçâo näo É nítida. Por exemplo, SEQUEIRA ( 1 9 3 8 : 9 2 ) , que, como já referimos, insere a prefixaçâo na composiçâo, considera que o termo « derivadas abrange tanto as palavras obtidas por derivaçâo como as obtidas por composiçâo, como as obtidas simultáneamente por derivaçâo e composiçâo ». Para näo falar em BRAGA ( 1 8 7 6 : 3 1 ) , que, após realçar « A riqueza díestas duas fontes de derivaçâo actual [prefixaçâo e sufixaçâo] », denomina compostas « As palavras formadas pelo accrescentamento de um prefixo ». Já SAID ALI ( 1 9 6 4 3 : 2 2 9 ) , reportando-se a « Meyer-Lübke, Nyrop e outros modernos lingüistas », rejeita a inclusäo da prefixaçâo na composiçâo porque näo aceita como justifîcaçâo o argumento de autonomia do prefixo, visto que, remotamente, o suflxo « procede também de expressâo que a principio se usou como palavra independente ». ... de notar que ainda hoje, quando se trata de distinguir prefixos de sufixos, o maior grau de autonomia dos primeiros é quase sempre tido em consideraçâo, aspecto referido, por exemplo, em CUNHA

8

VASCONCELLOS ( 1 9 0 0 : 134) baseia-se igualmente na näo alomorfia préfixai para reforçar o carácter composicional que, segundo ele, contribuí para a identidade distinta do prefixo.

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e CINTRA ( 1 9 8 4 : 8 5 - 8 6 ) , enquanto em MATEUS et al. ( 1 9 9 0 : 4 3 3 ) se saliente o facto de os prefïxos serem « constituintes com menor grau de intervençâo na determinaçâo das propriedades da palavra complexa em que ocorrem ». Mas actualmente a prefixaçâo aparece incluida na derivaçâo e näo na composiçâo e, inclusivé, têm sido feitas tentativas de urna demarcaçâo nítida entre prefïxos derivacionais e outros elementos iniciáis (« initial combining forms », v. IACOBINI [ 1 9 9 7 ] ) , alguns dos quais operam de acordo com as regras da composiçâo. Os prefïxos caracterizam-se ainda, mais urna vez em contraste com os sufixos, por näo alterarem a posiçâo do acento principal da base à quai se associam, nem a categoria sintáctica9 da mesma, embora possam alterar a sua estrutura argumentai (cf. pensar / repensar, MATEUS et al. ( 1 9 9 0 : 4 3 5 ] ) , mas interferem, supostamente de forma regular, na interpretaçâo semántica da base. De referir ainda que, enquanto a sufixaçâo pode ser flexional ou derivacional, a prefixaçâo é sempre um processo derivacional. Para além disso, segundo algumas descriçdes, os prefïxos seleccionam, geralmente, urna única categoria sintáctica como base, mas os numerosos contra-exemplos poderäo sustentar que a selecçâo da base depende essencialmente de critérios semánticos, pelo que podem violar a Hipótese de Unicidade da Base, mesmo na versäo revista de SCALISE ( 1 9 8 4 ) (IACOBINI, 1 9 9 7 ) .

4. O prefixo des-

No nosso breve estudo sobre o prefixo des-, tivemos em consideraçâo o concetto de produtividade. Embora esté tenha sido alvo de reservas por parte de alguns lingüistas - como ARONOFF (1976 : 35), que chama a atençào para o facto de o conceito de produtividade, apesar de correntemente utilizado em morfologia, ser empregue, frequentemente, de forma bastante vaga, referindo que um dos problemas que este conceito coloca é que « it doesn't take into account the fact that there are morphological restrictions on the sorts of words one may use as the base of certain WFRs. Thus #ment and +ion both form nouns from verbs (detachment, inversion), but the latter is restricted to latinate verbs. » - parece-nos útil, ao menos como conceito operatòrio, tendo em conta que, diacronicamente, os dados apontam para que as mudanças se situem justamente a esse nivel.10 Além disso, é um conceito referido em várias gramáticas históricas do portugués e é ai usado para a caracterizaçào de alguns prefïxos, entre os quais des-, que é analisado, de forma mais ou menos exaustiva, em quase todas as gramáticas que nos serviram de objecto de estudo e que tratam a prefixaçâo. Ñas gramáticas que consultámos, na caracterizaçào do prefixo des-, é recorrente a discussäo em torno da sua origem, sendo este ai frequentemente relacionado com dise com de-. Esta questäo é particularmente pertinente para o aspecto que nos ocupa se a entendermos, näo como questäo estritamente de etimologia, mas se relacionada de forma mais ampia com urna dimensäo diacrònica, estabelecida, nas fontes que usámos, sobretudo

9 10

No entanto, num estudo recente sobre a prefixaçâo, FERREIRA (1992) atesta a existência de alguns prefixes transcategoriais, como por exemplo anti-, em anti-rugas. Esta observaçâo é, de resto, repetidamente feita quando se define o pròprio conceito de produtividade (v., por exemplo, KATAMBA (1994 : 67]).

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a partir do contraste latim / romance. Das descriçôes / análises dos gramáticos, parece poder retirar-se a generalizaçâo segundo a quai des- será um prefíxo produtivo em portugués, ou seja, é já na lingua romance que des- ocorre como prefíxo disponível para a formaçâo de novas palavras complexas. Esta ideia parece estar subjacente às afirmaçôes de BRAGA (1876 : 50), segundo o quai des- é um dos prefixos « mais usuaes que entram na composiçâo dos adjectivos que exprimem a ideia de negaçâo e de mudança para peor », NUNES (19899 : 394) e CÁMARA Jr. (1975 : 231). SAID ALI (19643 : 250) afirma explícitamente que des-, como prefíxo usado com sentido negativo ou de contradiçâo, é a romanizaçâo de dis-, forma esta que se manteve inalterada em certo número de vocábulos recebidos da lingua-mäe, mas cuja faculdade de crear novos tèrmos dentro do dominio da lingua portuguesa se transferiría à forma des-. A alteraçâo fonética veio acompanhada de sensível diferenciaçâo semántica, desenvolvendose fortemente o sentido negativo que se começava a observar em latim. Ou seja, tratar-se-ia claramente de urna inovaçâo do portugués. Em contraste com des-, dis- e de- aparecerían! apenas em formas que ao entrarem no portugués eram já complexas, näo participando na formaçâo de novas palavras, o que vai contra SILVA Jr. e ANDRADE (18942 : 302) que afirmam sobre dis- que « Ás vezes concorre na composiçâo moderna (...) (discernir, dispôr, disgregar /desaggregar), etc. », devendo notar-se, porém, que os exemplos citados eram palavras derivadas já em latim." COUTINHO (1938 : 67) considera que de- e des- sâo dois prefixos distintos. O primeiro « envolve a idèa de direçâo para baixo, origem, afastamento, separaçâo, intensidade, sentido contràrio : declive, depor, decapitar, deportar, depenar, depender, decrescer, decompor ». No entanto, deve mais urna vez notar-se que os exemplos apresentados, à excepçâo de depenar, säo igualmente formas derivadas já em latim, nalguns casos eventualmente introduzidas em portugués através de empréstimos do francés,12 e ainda que algumas « trocas » como as citadas por NUNES (1989® : 394), desbulhar / debulhar, despravado / depravado, reforçam a ideia de que só des- é produtivo em portugués.13

5. Consideraçôes fináis

Resumindo o que viemos a expor sobre o prefíxo des-, pederíamos dizer que se trata de um prefíxo claramente produtivo em portugués, ao contràrio de dis- e de-, que ocorrem em palavras que têm origem em formas derivadas latinas, mas cujo estatuto de palavras complexas em portugués, de um ponto de vista sincrónico, é discutível, pelo menos nalguns casos. O prefíxo des-, como evidenciam os exemplos recolhidos ñas gramáticas, viola a Hipótese de Unicidade da Base, associando-se quer a nomes, quer a adjectivos, quer

Näo encontrámos atestaçôes de disgregar, mas apenas de desagregar, näo relevante para a exemplificaçâo pretendida. V. CuNHA (1987 ), que atribuí origem francesa a deportar, tal como MACHADO (19773), para o quai será ainda de origem francesa decapitar. De notar que CUNHA (19872) regista urna forma descabeçar (desde o século XIV), com a mesma acepçâo de decapitar, mas derivada ¿mediatamente de cabeça, o que virá confirmar a vitalidade de des- desde o portugués antigo. Relativamente ao exemplo depenar, confronte-se também despenar.

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a verbos, o que parece mostrar que a selecçâo das bases estará sobretudo dependente de critérios semánticos. 14 Este prefixo tem um valor semántico estável alterando de forma regular a interpretaçâo da base. Näo será demais salientar a importância dos dados relativos à diacronia para um estudo morfológico do portugués e nessa medida as gramáticas históricas säo um bom ponto de partida para a recolha de dados (e nalguns casos também para a recuperaçào de análises bem fundamentadas) e para delinear um percurso diacrònico, sobretudo, como já referimos, a partir de um contraste latim / portugués. Urna diacronia mais fina deverà obrigatoriamente ser estabelecida com o controle dos dados em corpora, idealmente extensos e constituidos criteriosamente (em termos de normas de transcriçâo, tipologia, dataçâo, etc.). Como julgamos ter mostrado, mesmo neste brevissimo estudo do prefixo des-, os estudos diacrónicos, ou com urna perspectiva diacrònica subjacente, säo indispensáveis para urna clarificaçâo de algumas análises sobre o portugués actual.

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Efectivamente, no caso dos nomes, poderemos constatar que se trata em alguns casos de deverbais e deadjectivais, mas ocorrem também formas como desordem e desprimor.

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Jenny BRUMME (Barcelone, Espagne)

Le XXe siècle s'achève : comment écrire les histoires des langues romanes durant cette période ?

Le XXe siècle est sur le point de s'achever. Nous le percevons, de plus en plus clairement, comme une étape historique qui devrait être étudiée et qui pourrait représenter une part importante dans les visions générales des histoires des langues. L'idée s'impose : il faut commencer à écrire l'histoire linguistique de ce siècle bien que nous sachions bien que les siècles ne marquent pas nécessairement une césure. Ils ne présentent pas de frontières pour les changements linguistiques. Ils n'arrêtent pas l'évolution de la langue. La fin du siècle se dessine, quand même. Il faut en profiter pour dresser un bilan et explorer les possibilités qu'offre la linguistique moderne. Dans les limites imposées par une communication, je ne veux qu'esquisser les problèmes d'un défi tel que celui d'une histoire d'une langue au XXe siècle. Je dois préciser d'abord que j'envisage surtout une histoire de l'espagnol en Espagne, mais il me semble convenable de regarder ce qui se passe dans l'histoire des autres langues romanes.

1. Bref bilan, assez superficiel : Quelles sont les réussites et quelles sont les lacunes ? Quelles en sont les causes ?

L'histoire récente a connu une attention inégale dans les philologies des diverses langues romanes pour diverses raisons. À mon avis, il y en a au moins trois. En premier lieu, l'histoire même des langues et des peuples a provoqué une instrumentalisation déterminée de l'objet de recherche. Je distingue deux situations fondamentales. D'une part on trouve de « grandes » langues nationales dont l'histoire semble « se terminer » avec l'élaboration de la norme prescriptive et sa propagation et implantation, assez tôt, parmi les locuteurs d'un État. La perception de quelque chose comme un arrêt dans l'évolution a parfois favorisé un certain mépris de l'évolution postérieure à la phase de codification ou la réduction de l'objet de recherche à cause de l'ignorance des changements ou parties des changements subis après l'élaboration et l'implantation de la norme. Je pense surtout à l'espagnol. D'autre part on trouve des langues qui ont entrepris le chemin vers l'émancipation à partir du XIXe siècle, souvent connu comme le siècle des revendications nationales et de la résurgence des langues « régionales ». Pour l'historiographie de ces langues, il est d'un intérêt suprême de décrire le chemin qu'elles ont parcouru jusqu'au moment présent. C'est pour cette raison que l'histoire moderne ou récente joue un rôle plus important dans cette seconde situation que dans la première. C'est le cas du roumain ou du catalan,

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par exemple. 1 Avec prudence et avec quelques restrictions on pourrait y ajouter l'italien parce que l'unification politique et linguistique a été entreprise très tard. Les histoires de la langue italienne ont inclus peu à peu le XX e siècle 2 ce qui contraste clairement avec la situation de l'espagnol dont bien souvent les histoires ignorent même le XIX e siècle et n'arrivent pas au XX e . 3 En second lieu parmi les raisons d'une attention inégale envers l'histoire récente des langues, il faut situer les lignes de tradition en recherche historique. Ici la tradition française, absolument singulière, s'oppose à celle des autres langues romanes et fournit un exemple. Avec la constitution scientifique de la linguistique historique, dans chaque pays de langue romane se sont formées des lignes différentes de recherche. Diverses raisons l'expliquent, parmi lesquelles on doit admettre la conception ou les conceptions de la langue. C'est ce qui a conduit à la préférence pour certains objets et à la sélection de méthodes ou d'élaboration de méthodes spécifiques. Dans ce sens, il me semble très intéressant de comparer, à l'avenir, l'approche de BRUNOT avec celle de MENÉNDEZ PIDAL. En France, après des années d'arrêt, l'œuvre de Ferdinand BRUNOT n'a pas empêché la continuité de recherches. Elles sont passées par une phase d'analyse critique de l'approche de BRUNOT et principalement de celle de Charles BRUNEAU.4 Les raisonnements des continuateurs ont contribué à élaborer une conception plus large, flexible et ouverte. Leurs efforts visaient à combler des lacunes, c'est-à-dire, à construire une histoire du français contemporain et récent. Pour l'espagnol, la situation est tout-à-fait différente bien qu'il y ait aussi des recherches en langue moderne. On a l'impression que l'approche de MENÉNDEZ PIDAL - et celle de son disciple Rafael LAPESA - ont presque bloqué un renouvellement. MENÉNDEZ PIDAL se centrait sur l'époque ancienne, les premiers siècles et le Siglo de oro. Il planifiait une histoire de l'espagnol en incluant l'époque moderne, mais il n ' a pas pu l'achever. En général, on ne dispose pas d'études et de données suffisantes pour les XIX e et XX e siècles et, autant que je sache, il n'y a pas de projet de grande envergure pour combler cette lacune. En troisième lieu, je veux en arriver au potentiel de recherche qui dépend des conditions économiques et financières ainsi que du statut de la langue dans la société. Traditionnellement le français jouit d'une très haute valeur, également dans le métadiscours. Le statut de l'espagnol comme langue nationale est également fort, mais l'intérêt social pour la langue et l'histoire de la langue est assez récent (LEBSANFT, 1997 : 3). Il faut prendre ensuite en considération les circonstances historiques de la recherche. Dans le cas du catalan, on n ' a

1

Je me limite ici à des situations linguistiques en Europe. Naturellement il faudrait prendre en considération l'histoire des langues qui ont été transportées hors de leur territoire d'origine avec l'expansion coloniale et qui se sont converties en langues nationales ou langues d'État dans les jeunes états nationaux formés à partir du XIXe siècle, mais avec une forte impulsion au XXe siècle. C'est le cas du castillan en Amérique, par exemple.

2

Cf. par exemple, DE MAURO (1991), DURANTE (1993 : 214-238), MIGLIORINI (1961 : 585-743),

MIGLIORINI, avec un chapitre de 1915 à 1965 (1966: 451-494); spécialement: MENGALDO 3 (1994). LAPESA (1986), par exemple, n'arrive qu'à une description synchronique de l'espagnol d'aujourd'hui (surtout, de ses variétés) ; la compilation de ses études sur l'espagnol moderne et contemporain ne comble pas cette lacune (1996).

4

Cf. ANTOINE ( 1 9 8 1 ) ; d a n s ANTOINE / MARTIN ( 1 9 8 5 : 1 - 9 ) , CHAURAND (1981), HELGORSKY (1981).

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pu commencer et recommencer qu'assez tard à écrire l'histoire de la langue. Aujourd'hui, nous disposons de quelques histoires plus générales. Mais la seule histoire plus précise et p r o f o n d e n ' e s t a r r i v é e q u ' a u X V E s i è c l e (NADAL / PRATS, 1982 ; 1996).

2. Pourquoi comparer l'état des recherches en philologie romane ?

Nous avons vu que la situation en histoire récente des langues romanes est très différente et complexe. Pourquoi comparer les recherches ? Les histoires de la langue ont toujours été écrites à partir d'une langue concrète. Elles sont conçues à partir de différentes conceptions de la langue, de différentes théories du changement linguistique et à partir d'un objectif concret. Les chercheurs choisissent le niveau de description, l'objet d'étude et la méthode. Tout cela limite le champ d'observation. En ce qui concerne la perspective rétrospective, la comparaison nous permet de reconnaître les moules dans lesquels se fonde la recherche historique pour une langue déterminée. Dans une perspective prospective, elle nous permet d'élaborer un catalogue assez large de problèmes, de méthodes et de thèmes ou objets d'étude possibles. Elle nous aide à déterminer les conceptions scientifiques et les approches qui prédominent et qui sont les plus fructueuses. Elle nous permet aussi de prévenir les échecs ou les erreurs. Parce qu'aucune histoire de la langue ne peut être complète ou exhaustive, il faut s'imposer des limites. La comparaison permet que cette décision se fonde sur des connaissances, non pas sur une ignorance. Examinons donc quels peuvent être les sujets qui devraient intéresser une histoire de l'espagnol au XXe siècle. Je prends comme point de référence surtout les études réalisées en France. Mais auparavant je voudrais aborder brièvement la question suivante :

3. Qui pourrait écrire une histoire de la langue et quel aspect devrait-elle avoir ?

Je pense que l'histoire de l'espagnol en Espagne au XXe siècle ne peut être menée à bien qu'à partir d'un effort collectif. Les exemples français et italien - la continuation de la monumentale histoire de BRUNOT sous la direction de Gérald ANTOINE et Robert MARTIN (1985 ; 1995) et l'histoire de l'italien sous la direction de Luca SERIANNI et Pietro TRIFONE (1993 ; 1994) - l'ont bien montré. Il ne s'agit pas de « bricolage » (ANTOINE, 1985 : 3), mais d'une nécessité. Au colloque annuel de l'Institut de la Langue Allemande sous le titre « Le XXe siècle : Histoire de la langue - histoire contemporaine » (Mannheim, 11-13 mars 1997), les participants sont tombés également d'accord en signalant que « l'histoire du XXe siècle doit abandonner les chemins qu'ont parcouru les anciennes présentations générales » (KILIAN, 1997 : 84). Au lieu d'une seule histoire de la langue, il y en a plusieurs. Le seul moyen ou remède concevable devant la complexité et la mobilité de notre objet d'étude, devant la fragmentation et la diversification de notre science est une approche collective, multiple et divisée.

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4. Quels devraient être les thèmes ou les objets d'études ?

Pour répondre à cette question il faut prendre en considération plusieurs aspects. L'explosion et le développement très rapide de la recherche en linguistique a conduit, surtout dans la deuxième moitié de ce siècle, à une grande diversité des concepts scientifiques de la langue, à une diversité de niveaux de description, à la reconnaissance de la variété à l'intérieur d'une langue, de l'évolution déphasée de ses modalités orale et écrite, de la diversité de changements et évolutions qu'ont connu ces variantes, variétés et modalités dans leurs sphères de communication (modifié après KILIAN, 1997 : 84). Il me semble décisif que les continuateurs de l'Histoire de Brunot aient analysé premièrement ses concepts de langue et d'histoire et, à partir de ces réflexions, aient projeté une « nouvelle Histoire de la Langue française » (ANTOINE, 1985 : 3). En Espagne, on dispose déjà des' études sur les concepts, approches et méthodes de l'école de MÉNENDEZ PIDAL5, mais, autant que je sache, cela n'a pas conduit à une conception nouvelle. Dans la conception d'histoire de MENÉNDEZ PIDAL et de ses disciples il y a certainement des points communs avec celle de Brunot. On peut le voir dans le prologue à l'Histoire de la langue espagnole de Rafael LAPES A (1986 : 1) où on retrouve le principe de distinction, introduit par BRUNOT, entre l'histoire interne et l'histoire externe de la langue (cf. ANTOINE, 1985 : 5). MENÉNDEZ PIDAL accentue, quand même, le rôle de la langue pour la culture et la formation du caractère d'un peuple (Volksgeist). Il attribue une très haute valeur à l'individualité - approche continuée par la stylistique hispanique et peut-être plus semblable à celle de Charles BRUNEAU. Ses recherches en grammaire historique et sur l'époque ancienne sont devenues exemplaires et font que ces deux domaines prédominent jusqu'à aujourd'hui en recherche historique. Mais je ne souhaite pas approfondir ces réflexions ici. Revenons à la nouvelle histoire du français. Les auteurs ont opté pour « une analyse poussée depériodisation » et appliqué des coupes synchroniques à l'intérieur de l'évolution historique (ANTOINE, 1985 : 2). C'est juste le contraire que demandent les participants du colloque de l'Institut de Langue Allemande : il faut écrire plusieurs histoires de la langue avec beaucoup de césures et non pas prétendre à une structuration à partir des données chronologiques arbitraires (KILIAN, 1997 : 84). Mais je trouve que c'est plutôt un malentendu parce que les césures ne sont ni si arbitraires ni si absolues. En ce qui concerne l'espagnol, on peut partir d'une périodisation parce que, d'une part, il y a quelques intentions assez récentes de périodisation et que, d'autre part, la tradition se sert aussi de cette approche (si nous pensons, par exemple, aux études de MÉNENDEZ PIDAL sur le XVIe et le XVIIe siècle). Un des rares essais de renouvellement de l'histoire de la langue espagnole, l'essai de MARCOS MARÍN, établit des césures à partir de la modernisation de l'espagnol. On pourrait concevoir des coupures historiques pour le XXe siècle : de 1898 à la Dictature de Primo de Rivera, de 1923 à la fin de la Guerre Civile, de 1939 à la mort de Franco et après 1975 on peut détacher la Transition. Il faut y ajouter que l'on devrait également approfondir les études sur le XIXe siècle qui n'est que partiellement analysé.

5

Cf. ABAD (1986), CATALÁN (1955), PENAL VER CASTILLO (1995), PORTOLÉS (1986).

Le XXe siècle

s'achève

53

Plusieurs approches coïncident pour la conception de l'histoire de la langue comme histoire des usages linguistiques (BECHERT, 1976 : 491 ; SCHLIEBEN-LANGE, 1983 : 71 ; ANTOINE / M A R T I N , 1985 ; 1995). Moi-même j'y adhère, j'ai mis cette conception à l'épreuve pour l'espagnol au XIXe siècle (BRUMME, 1997) et je l'appliquerai aussi à une étude sur notre siècle. En ce qui concerne les thèmes qu'il faudrait étudier, il est très clair qu'une histoire des usages de la langue ne peut pas se limiter à présenter les tendances en prononciation, orthographe, morphologie, syntaxe et lexique. Parmi ces tendances, le lexique est, à notre époque, le domaine qui se présente comme le plus mobile et innovateur. Il occupe une place privilégiée parmi les études historiques. Mais les analyses réalisées ont montré qu'il faut élargir le champ d'observation dans deux directions. C'est, d'une part, le rôle de plus en plus important du lexique spécialisé et, de l'autre, l'analyse des usages spécialisés sous tous leurs aspects c'est-à-dire la formation de modèles de texte, des phraséologismes, traits syntactico-stylistiques et morphologiques spécifiques, etc. En Espagne, à côté des traditionnelles études du lexique politique et du champ spécialisé de la médecine, institutionnalisé dans les Facultés de Médicine, le reste des champs en sciences et en techniques est presque vierge. Pendant les dernières années, on a commencé à étudier, sous la direction de Juan GUTIÉRREZ, des sciences comme la chimie et la physique et quelques domaines techniques comme les chemins de fer. Mais les analyses sont strictement lexicales, non pas textuelles ou discursives, et elles se centrent sur la période du XVIIe au XI Xe siècle. Je ne veux pas insister sur les thèmes qui trouvent une acception générale comme les usages littéraires ou les usages géographiques bien qu'il faille y introduire aussi de nouveaux aspects et appliquer de nouvelles approches. Par exemple, l'espagnol utilisé dans les régions bilingues ou par des immigrés, sa transformation et la formation de ses traits spécifiques est un champ à découvrir. Les sujets qui ne sont pas si évidents, ce sont les enjeux des modalités orale et écrite de la langue et la formation de nouveaux types de texte. La documentation plus vaste de ce siècle en comparaison avec l'antérieur nous permet d'approcher davantage l'histoire de la langue parlée. Bien qu'il s'agisse aussi de registres formels, on peut reconstruire des traits essentiels de l'espagnol parlé, de Y español popular et vulgar et des jergas à partir des œuvres littéraires, de la presse et des mass-media. On pourrait observer également où se produisent les changements, comment ils se diffusent et quelle en est la direction, etc. À côté de cela, il faut consacrer plus d'attention à la formation des types textuels. Un exemple très frappant - on l'a montré pour l'allemand (KILIAN, 1 9 9 7 : 8 8 ) - est la transformation de certains types textuels, originaires de la presse, à la radio et plus tard à la télévision jusqu'à en arriver aujourd'hui à des versions on-line. Je ne voudrais pas finir ce panorama sans mentionner les études sur la politique de la langue. Dans les dernières années, on a consacré plus d'attention à l'histoire de la codification (centrée sur les travaux de la Real Academia Española), le cultivo de la lengua et la diffusion de la norme. Parmi les études sur les institutions de diffusion, l'école a reçu la place qu'elle mérite. En outre, Franz LEBSANFT ( 1 9 9 7 ) a réalisé une excellente étude sur les savoirs linguistiques des locuteurs (professionnels et « laïques ») et sur les valeurs qu'ils attribuent à la langue. Cette analyse pour les dernières décennies devrait être repoussée jusqu'au XIXe siècle. Finalement je voudrais mentionner les recherches en histoire de la linguistique - en vogue et presque à la mode en Espagne - , recherches qui trouveraient ici une place.

54

Jenny Brumme

5. Quelle méthodologie adopter ?

Nous avons vu que l'histoire de la langue se présente pour nous comme une histoire des usages linguistiques. Si le champ d'observation est si large qu'il inclut le continuum entre langue de proximité et langue de distance, les usages sociaux et les traditions aux différents niveaux de la langue comme les valeurs attribuées à ceux-ci, l'éventail des méthodes doit être aussi très large. J'ai quand même l'impression que l'on va préférer des approches sociolinguistiques, textuelles ou discursives et pragmatiques, sans pour cela exclure aucune autre méthode. On peut appliquer, par exemple (cf. CHERUBIM, 1984 : 807s.) : - les approches de la sémantique historique et pragmatique, - les approches historiques de la pragmatique linguistique (théories historiques des actes de parole, analyse historique des thèmes de conversation, etc.) - les approches de la linguistique textuelle (histoire de types textuels, de formes et types de communication, etc.) - les approches qui s'occupent de la production et de la réception dans la conversation (analyse conversationnelle historique), - les approches qui partent surtout du contexte historique et social de l'interaction (histoire de concepts linguistiques, des systèmes de normes, des idéologies sur la langue, la langue dans les institutions, etc.). Pour finir je voudrais insister sur deux choses : la philologie romane embrasse la comparaison entre les langues d'origine latine. Mais la comparaison peut être utile aussi au niveau du métalangage. Les philologies dans les différents pays ont toujours reçu des impulsions l'une de l'autre ainsi que des disciplines-pilote. La comparaison en histoire de la langue a montré pour l'espagnol choisi ici comme objet, les lacunes à combler. L'espagnol moderne est un objet digne d'étude historique et il faudrait réunir les efforts d'un groupe de chercheurs pour le réaliser.

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Le X)f siècle s'achève

55

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Maria-Henriqueta COSTA CAMPOS (Lisboa, Portugal)

Sur les formes composées du prétérit en portugais

L'objectif de cette communication est double : d'une part, construire une argumentation qui permette de comprendre pourquoi, en portugais, la valeur aspectuelle et temporelle de la forme composée du prétérit - désignée « pretérito perfeito composto » - est différente de celle des formes correspondantes dans les autres langues romanes (à l'exception peut-être du galicien) ; d'autre part, et dans le même parcours argumentativ essayer de montrer que les formes simple et composée du plus-que-parfait peuvent correspondre à des interprétations aspectuelles différentes. Il ne s'agit pas d'une recherche historique. Il me faudrait des corpus informatisés et la maîtrise de méthodes de dépouillement et traitement propres à la linguistique historique. Pour la discussion que je propose, je me bornerai à observer quelques exemples et, m'appuyant sur la description de spécialistes, à les mettre en rapport, dans la perspective d'une théorie sémantique de l'aspectualité. Le temps grammatical « pretérito perfeito composto » (désormais PPC), constitué par l'auxiliaire ter (du latin tenere) au présent, et par un verbe lexical (l'auxilié) au participe passé invariant - est définie par deux propriétés inhérentes : a) la presque totalité de ses ocurrences ont valeur durative, itérative dans la plupart des cas, ou, plus rarement, avec des verbes statifs, valeur de continuité ; b) la classe d'instants qui lui est associée est construite comme non délimitée et inclut, parmi ses instants, le temps de l'énonciation. Il découle de cette deuxième propriété que le PPC marque la simultanéité avec le temps de l'énonciation et qu'il s'agit donc d'un temps présent (CAMPOS, 1984, 1987 et 1997)' : [1]

ele tem comido 'urna maçâ / 0 maçâs2 il mange *une pomme / des pommes régulièrement

Nous constatons, d'autre part, que, dans les autres langues romanes, l'auxiliaire de la forme composée du prétérit est un verbe qui vient du latin habere. La valeur inhérente à cette forme renvoie à la construction d'une occurrence singulière dont la valeur temporelle est d'antériorité para rapport à l'énonciation : [2]

1 2

il a mangé une pomme / des pommes

Pour les quelques cas qui échappent à la rigidité de cette définition voir CAMPOS (1984 ; 1993). Les valeurs de détermination nominale imposent des restrictions à la possibilité d'occurrence du PPC, comme le montre l'exemple [1], Les verbes à valeur semelfactive interdisent aussi cette occurrence, sauf constructions de valeurs de détermination qui autorisent une interprétation distributive (CAMPOS, 1984 : 36).

Maria-Henriqueta Costa Campos

58

Une hypothèse paraît s'imposer : la différence d'auxiliaire est à l'origine de la différence de valeur. Et cela, deuxième hypothèse, parce que les deux auxiliaires, qui dérivent respectivement des verbes latins tenere et habere, avaient, eux-mêmes, en tant que verbes lexicaux, valeurs différentes. Un contre-exemple s'oppose à cette argumentation. En portugais, dans la grande majorité des occurrences du plus-que-parfait, l'auxiliaire est aussi le verbe ter (tinha), et pourtant ce temps grammatical est marqueur de la construction d'une occurrence singulière, en portugais ancien (ex. [3]) comme en portugais contemporain (ex. [4]) : [3] [4]

ca el nom veera ali por aquelo, mas por fazer o que tiinha feito car il η 'était pas venu pour cela, mais pour faire ce qu 'il avait fait (F. Lopes, Crónica de D. Joào /, la parte : 23) Eu tinha bebido. Estava a respirar bem J'avais bu. Je respirais bien (A. de St. Exupéry, O principezinho, Lisboa, Editorial Aster, s/d : 81)

Il sera peut-être possible de conclure que la valeur itérative et non-délimitée du passé composé portugais n'est pas seulement marquée par le verbe ter, mais aussi par sa combinaison avec le temps présent. Essayons de le prouver. Un regard sur l'évolution des deux formes composées nous montre que : a) en portugais médiéval, le PPC et le plus-que-parfait avaient tous les deux, comme auxiliaire, le verbe haver, b) leur valeur inhérente correspondait à la construction d'une occurrence singulière, antérieure au temps de l'énonciation dans le premier cas (ex. [5] et [6], et antérieure à un paramètre temporel antérieur lui-même à l'énonciation, dans le deuxième cas (ex. [7]) : [5] [6] [7]

este capitulo que havees ouvido ce chapitre que vous avez entendu (F. Lopes, Crónica de D. Joäo I, la parte : 222) näo catando ao muito desserviço quee me häo feito ne cherchant pas les nombreux méfaits qu'ils ont commis contre moi (F. Lopes, Crónica de D. Joäo 1, 2a parte : 73) toda sua ocupaçom era, juntarsse em magotes a fallar na morte do Comde e cousas que aviam aconteçido tout ce qu'ils faisaient c'était se rassembler en groupes parlant de la mort du comte et des choses qui étaient arrivées (F. Lopes, Crónica de D. Joäo /,1a parte : 33)

On trouve déjà, dans des textes médiévaux, des occurrences de ter avec participe passé, qui, d'abord, comme haver, ne se combinait qu'avec des verbes transitifs (HARRE, 1991 : 129). Dans le cas du PPC, le verbe haver est progressivement remplacé par ter et la forme gagne la valeur itérative/continue et non-délimitée qu'elle a aujourd'hui. Mais dans les textes du XV e siècle que nous avons analysés, les rares occurrences de la construction avec ter sont interprétables comme correspondant soit à une valeur singulière (ex. [8]), alternant avec la forme avec haver (ex. [5] et [6]), soit à une construction résultative où l'accord entre sujet et participe passé adjectival n'est pas toujours visible (voir ex. [17] et [18], cidessous) : [8]

da guisa que teemdes ouvido de la forme que vous avez entendue (F. Lopes, Crónica de D. Joäo I, la parte : 45)

Sur les formes composées du prétérit en portugais

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À partir du XVII e siècle, les textes montrent un approfondissement du procès de grammaticalisation de ter, avec la conséquente prédominance de constructions du PPC sur les constructions résultatives (HARRE, 1991 :133). En ce qui concerne la forme simple du prétérit - le « pretérito perfeito simples » - qui coexistait déjà avec la forme composée, elle n'a rien perdu de sa valeur et est toujours l'expression d'occurrences singulières situées en antériorité par rapport à l'énonciation : [9]

entom sse tornarom eli e os Comdes pera a See alors lui et les comtes sont retournés à la Cathédrale (F. Lopes, Crònica de D. Joäo I, la parte : 35)

Ce temps grammatical, qui est devenu largement prépondérant, exprime aujourd'hui soit la valeur d'aoriste (ex. [9] et [10]), soit la valeur de parfait (ex. [11]) (voir THIBAULT 1993 ; CAMPOS / XAVIER 1 9 9 1 ) :

[10] [11]

ele chegou às duas horas il arriva / est arrivé à deux heures ele ja chegou il est déjà arrivé

Quant au plus-que-parfait, le verbe ter a remplacé haver dans la presque totalité des occurrences de ce temps grammatical, mais sa valeur d'origine n'a subi aucune modification : [12]

outorgarô estomçe quamto os outras tiinham prometido ils ont alors accordé tout ce que les autres avaient promis (F. Lopes, Crónica de D. Joäo I, la parte : 54)

À côté de sa forme composée, le plus-que-parfait portugais a encore une forme synthétique, dont actuellement la fréquence est très faible, et qui, pour la plupart des grammairiens, a la même valeur que la forme composée : [13]

há pouco chegou a noticia de que se finara de vez il y a peu de temps la nouvelle est arrivée que finalement il était mort (M. Torga, Diàrio XI, Coimbra, 1973 : 92)

Toutefois, en regardant de nouveau l'exemple [3] - que je répète ici - , nous nous rendons compte que, dans le même énoncé, l'auteur emploie les deux formes du plus-que-parfait : [3]

ca el nom veera ali por aquelo, mas por fazer o que tiinha feito (F. Lopes, Crónica de D. Joäo 1, la parte : 23)

Pouvons-nous en trouver une raison ou s'agit-il de simple diversité stylistique, sans reflet sémantique ? On considère généralement que, à des formes différentes, correspondent des valeurs différentes, même si la différence est très fine et parfois difficile à cerner. À mon avis, dans l'exemple [3], nous avons affaire à des questions d'aspect. En effet, la première occurrence - veera - exprime l'accomplissement d'un événement ponctuel, tandis que la deuxième occurrence - o que tinha feito - exprime et l'événement accompli et la conséquence de nature stative qui en découle. On pourrait formuler autrement la proposition adversative : mas por fazer o que (a partir desse momento) estava feito (« mais pour faire ce qui (à partir de ce moment-là) était fait »). Voyons un autre exemple retiré d'un texte du XIX e siècle : [14]

Leuwighild expulsara da Hespanha quasi que os derradeiros soldados dos imperadores gregos, , acabara com a especie de monarchia que os suevos tinham instituido na Gallecia e expirara em Toletum

Maria-Henriqueta Costa Campos

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Leuwighild avait expulsé de l'Espagne presque les derniers soldats des empereurs grecs, , avait fini l'espèce de monarchie que les Suèves avaient instituée en Galice et était mort à Tolède (A. Herculano, Eurico, Lisboa, Aillaud e Bertrand, s/d : 1-2) Dans cet exemple, les formes simples du plus-que-parfait expriment des événements construits comme des points dans un récit. En particulier, la forme acabara (« avait fini ») marque une coupure qui met fin à une situation stative qui se déroulait : l'état monarchique que les Suèves avaient institué. Visant le deuxième objectif de cette communication, j'ose ébaucher une réponse à la question posée. Les deux formes du plus-que-parfait ont, sous-jacente, la même valeur temporelle-aspectuelle de base. Mais si l'énonciateur a le choix de l'une ou de l'autre, c'est qu'il privilégie une des phases associées à l'accomplissement de l'événement construit linguistiquement : c'est, dans la terminologie de MOENS et STEEDMAN (1988), soit la culmination, soit l'état qui en résulte. 3 ALI (1908) donnait deux raisons, entre autres, pour la faible fréquence ou même, pour certains, la prévisible disparition de la forme synthétique du plus-que-parfait : d'une part, la tendance analytique des langues modernes, d'autre part le fait que la 3 e personne du pluriel est identique à son équivalent du « pretérito perfetto simples ». Cette identité exige l'emploi de la forme composé, afin d'éviter l'ambigüité. Quoi qu'il en soit, la forme en question, bien que rare, est toujours vivante, surtout dans le langage écrit. La substitution de haver par ter qui a eu lieu dans les formes composées du prétérit s'est vérifiée aussi dans les occurrences de ces verbes dans leur usage lexical. Pour FERREIRA (1981 : 246), cette substitution avait commencé déjà en latin. Du fait de son énorme fréquence, le contenu informationnel du verbe habere était grandement affaibli, ce qui a amené, dans de très nombreux cas, à la substitution de habere par tenere, beaucoup moins fréquent et donc plus informationnel. Dans des textes en portugais ancien, nous constatons la coexistence des deux verbes, en tant que verbes pleins, mais avec des valeurs différentes. Voyons un texte juridique de 1214, le Testamento de Afonso II: haver signifiait «avoir possession inaliénable de quelque chose », « avoir par héritage » : [15]

Primeramente mädo que meu filio infante don Sancho que e i da raina dona Omica agia meu reino entegramente e en paz D'abord j'ordonne que mon fils don Sancho que j'ai de la reine dona Orraca reçoive mon royaume entièrement et en paix (Testamento de D. Afonso II)

Dans le même texte, le verbe ter signifie « avoir possession contingente, éphémère, qui n'est pas obtenue par héritage ». Ce verbe appartient, dans ce genre de discours, au vocabulaire juridique créé pour rendre compte d'une réalité nouvelle, de nouveaux rapports de possession dans la société féodale (FERREIRA, 1981 : 247). L'exemple suivant contient les deux verbes, avec les valeurs que nous venons de décrire :

3

Sur les différentes valeurs aspectuelles des formes du plus-que-parfait simple et composée au XVe siècle, voir aussi NUNES (1994).

Sur les formes composées du prétérit en portugais [16]

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mädo que aqueste aver dos meus filios que o tenia aqüestes dous arcebispos...ata quando agià revora j'ordonne que l'avoir de mes enfants que ces deux évêques le gardent... jusqu 'à ce qu 'ils atteignent la majorité (Testamento de D. Afonso II)

À partir de l'observation de [15] et [16], un second trait sémantique de nature aspectuelle peut être proposé pour caractériser les deux verbes. Avec haver, on construit une transition ou l'acquisition d'une nouvelle possession. Ce trait se révèle, en [15], dans la référence au fils que le roi a eu de sa femme dona Orraca, et dans la référence au royaume que le prince aura, c'est-à-dire, recevra en héritage. Dans l'exemple [16], le même trait correspond à la transition que subiront les enfants du roi, de l'état de mineurs à l'état de majeurs. Avec ter, l'interprétation de possession exclut toute acquisition, il n'y a donc pas de transition. Bref, dans le texte observé, le verbe haver marque une prédication non stative et [+ télique], et le verbe ter une prédication stative, [-télique]. 4 Cette différence aspectuelle persiste quand les deux verbes acquièrent fonction d'auxiliaire. 5 Comme il a été déjà mentionné, dans les textes du XV e siècle d'où nos exemples ont été retirés, à côté des formes avec l'auxiliaire haver (ex. [5]), et avec l'auxiliaire ter (ex. [8]), surgissent des constructions predicatives résultatives de nature stative (ex. [17] et [18]). Dans ces constructions, ter n'est pas auxiliaire, mais verbe plein, marqueur de localisation abstraite qui peut être interprétée comme possession, appartenance, etc. On peut, dans tous les cas, parler de « current relevance » : [ 17]

[18]

estes treedores destes Judeus teem gramdes tesouros escomdidos ces traîtres de juifs ont de grands trésors cachés (F. Lopes, Crònica de D. Joäo I, la parte : 34) porquamto esses mayores sse rreçeavom muito das rrazoôes que já teemdes ouvidas parce que ces personnes importantes craignaient beaucoup les raisons que vous avez déjà entendues (F. Lopes, Crónica de D. Joäo I, la parte : 54)

La construction résultative a d'ailleurs la même valeur aspectuelle quand ter se combine avec l'imparfait : [19]

[20]

4

5

Avemdo aimda muitos poucos dias que eli Rey tinha este luguar cerquado Il y avait encore très peu de jours que le roi avait cette place assiégée (F. Lopes, Crónica de D. Joäo I, 2a parte : 91) e mandou loguo deçepar douus bôos escudeiros que tinha presos et il a fait tout de suite mutiler deux bons écuyers qu 'il avaient emprisonnés (F. Lopes, Crónica de D. Joäo I, 2a parte : 58)

Dans un article sur l'origine des verbes qui ont la même signification que avoir dans différentes langues du monde, CREISSELS (1996) souligne la diversité de cette provenance. Il y a des verbes qui impliquent le sens d'aquisition et dont le sujet peut avoir une interprétation agentive (prendre, saisir, etc. ) ou non agentive (recevoir, trouver, etc. ); et il y a des verbes comme tenir ou porter, qui correspondent à des états. L'hypothèse de variation libre posée par des spécialistes ne me paraît pas acceptable (voir HARRE, 1991 : 136).

Maria-Henriqueta Costa Campos

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Dans l'emploi contemporain, ter a remplacé haver dans la presque totalité de ses contextes d'occurrence, à l'exception des expressions adverbiales temporelles - hà/havia dois dias (« il y a / il y avait deux jours ») - et de la prédication d'existence stricte, où haver a gardé sa place, en tout cas en portugais européen : [21]

taaes aviia hi que aperfiavô que nom era aquelle il y en avait qui insistaient que ce η 'était pas celui-là

(F. Lopes, Crònica de D. Jo&o /, la parte : 40) [22]

hà um homem que quer falar contigo il y a un homme qui veut te parler

Je retourne à l'objectif premier de ce texte. Comme toutes les valeurs référentielles qui déterminent une relation prédicative, les valeurs temporelles et aspectuelles sont le résultat d'opérations de repérage. Pour les catégories grammaticales de temps et aspect, le terme repéré est le temps associé à l'événement représenté par la relation prédicative et le terme repère est ou bien le temps de l'énonciation ou bien un autre paramètre temporel construit linguistiquement (CULIOLI, 1990).

Dans le cas du « pretérito perfeito composto » en portugais contemporain, le temps repère est toujours le temps de l'énonciation, qui, comme nous avons vu dans la définition, est inclus dans le temps de l'événement. À partir du temps de l'énonciation, qui lui est intérieur, le temps de l'événement est vu comme un temps ouvert, non délimité. La cooccurrence avec un participe passé déterminera une durée de type continue ou de type itérative, selon l'événement accompli est statif ou non statif.

Références bibliographiques

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Maria José CARVALHO (Coimbra, Portugal) O morfema -des na historia da lingua portuguesa : urna abordagem segundo a metodologia da sociolinguistica histórica1

No X V I I I o congresso desta natureza, e no àmbito de urna proposta de periodizaçâo da lingua portuguesa, foi lançado um repto, no sentido de um estudo minucioso que urgiría levar a cabo sobre vários fenómenos lingüísticos de referencia para a delimitaçâo da fase arcaica da nossa lingua ( B E C H A R A , 1991). De entre eles, a síncope de -d- na desinencia de 2 a pessoa do plural das formas verbais afigurava-se o fenómeno balizador por excelência entre a fase « arcaica » e a fase « arcaica média », e é pelo facto de o morfema em causa ter sido o melhor representante da variaçâo linguistica na Idade Média, e o que mais virtualidades ofereceu no processo de reconstruçâo sócio-histórica do portugués medieval, que nos propomos apresentar aqui os resultados da pesquisa que sobre ele fizemos incidir.2 Um dos aspectos que se revela insuficientemente estudado diz respeito à cronología traçada para a perda da consoante, que os periodizadores da lingua sâo unánimes em situar no século XV. 3 A pesquisa empreendida sobre este fenómeno faz anteceder de mais de um século o termo a quo geralmente aceite para a síncope de -d- e confirma a necessidade da projecçâo de urna perspectiva variacionista em questöes que se prendem com periodizaçâo linguistica.

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2

3

Este traballio reflecte, em linhas gérais, os resultados de um aspecto da pesquisa elaborada pela autora no ámbito do Programa Praxis XXI com vista à preparaçâo da sua dissertaçâo de Mestrado, apresentada em 1996 à Faculdade de Letras da Universidade de Coimbra (CARVALHO M. J., 1996). O objectivo fundamental desse estudo foi aplicar à Lingüística Histórica alguns principios e métodos da Sociolinguistica actual, a partir de urna análise descritiva de frequência, com base estetistica, em diferentes tipos textuais dos séculos XIII, XIV, XV e primeiros anos do século XVI. As formas verbais em -des ou -de (do tipo cantades, temede, etc.), resultado da evoluçâo fonética do sufixo latino -tis ou -te, iräo sofrer, ao longo do periodo medieval, o processo de desaparecimento do d intervocálico, que desencadeará as regras assimilatórias subséquentes. A erase das vogais geminadas (cf. temees > temes) e a ditongaçâo (cf. temees > temeis) säo, normalmente, mais tardías, revelando este último processo um resultado já semelhante ao portugués contemporáneo. Nesta comunicaçâo, enfatizar-se-äo os factores externos que desencadearam o desaparecimento do -d- ou favoreceram a sua conservaçâo; a análise dos factores internos que impulsionaram a sincope da consoante revela-se igualmente interessante e poderá dar matèria a um outro artigo. A esta conclusäo parece ter conduzido a descoberta de um documento meridional, datado de 1410 (cf. VASCONCELOS J. L., 1907 : 3), que passou a ser considerado o primeiro documento comprovativo da síncope. É eventualmente baseado no que sobre esse documento se escreveu que P. TEYSSŒR afirma : « Quant à la seconde personne du pluriel, elle a perdu son -d- intervocalique depuis le XVE siècle ». Cf. TEYSSŒR P. (1980 : 85).

Maria José Carvalho

66 1. O papel da corte règia na « adopçào » da inovaçâo

1.1. Alvores da modernidade em vários géneros textuais Afigura-se precoce o cenário para a síncope de -d-, sobretudo se recordamos a cronología que as gramáticas históricas veiculatn. A primeira abonaçâo datada e localizada de que dispomos encontra-se numa carta de D. DINIS, escrita na Guarda em 129S : « deuees aauer » (GOMES, 1988 : 95-96). Outras formas inovadoras emergem das versôes dos compendios legislativos, nascidas, provavelmente, sob o patrocinio da corte dionisiana. Atente-se no seguinte passo de Flores de Dereyto (1273-1282) : Vnde digo que se o que é aplazado uè e ηδ uen o que o fez aplazar se o aplazado demädar que condapnes enas custas o que o aplazou porque ηδ ueo aquel plazo deuedes uos o fazer (FERREIRA, 1 9 8 9 : 2 7 )

Ora, tendo em conta a forma de tratamento que este passo evidencia (cf. « [vós] deuedes »), generalizada, aliás, em toda a obra, a forma verbal condapnes representa, muito provavelmente, a 2" pessoa do plural na sua nova variante, apresentando já o resultado da erase após a síncope de -d-. É também este resultado que nos oferece a única forma verbal moderna da versäo da Primeyra Partida de Afonso X, dos primeiros anos do século XIV, e que José de Azevedo Ferreira considera « duvidosa » (FERREIRA, 1980 : XXXVIII), urna vez que convive com 37 outras formas com -d- conservado. Parece, no entanto, importante salientar que esta forma foi utilizada pelo tradutor do texto, mediante o processo do estabelecimento do contacto com o leitor. Ora, se analisarmos os contextos em que ocorrem as formas plenas encontradas, verificamos que 36 desses casos dizem respeito a citaçôes de passos bíblicos,4 o que é importante ter em conta, pois nessas circunstâncias näo reflectiräo o uso dessa variante em situaçôes normáis de comunicaçâo. Revela-se, pois, pertinente verificar que em duas oeorrêneias situadas no discurso do tradutor, urna delas conserva o -de a outra já näo o apresenta. Assim, ouuyredes (IV, 728) coexiste com a forma já sincopada ouuyres (XVIII, 224), fazendo ambas parte da competência linguistica do tradutor, que as utilizou opcionalmente. As Cantigas de escarnho e de mal dizer apresentam também urna inovaçâo. Trata-se de tragaes (LAPA, 1970 : 194), 2A pessoa do plural do presente do conjuntivo do verbo trager, ('trazer'), que exibe as duas vogais em contacto, após a síncope de -d-, O recurso a esta forma, inovadora para a época, justifica-se por urna necessidade rimática, como se pode verificar : [1]

Tal caparon vos conven com tal pena que tragaes mais [i] dos dous mesteiraes me dized'o que vos digo

A coexistencia da antiga e nova formas poderá ser um elemento a favor da existência, já no segundo quartel do século XIV (pelo menos na competência passiva de alguns falantes), das duas variantes, utilizadas, funcionalmente, de acordo com as necessidades estilísticas

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Ver o que se diz adiante, a propósito do Leal Conselheiro.

O morfema -des na historia da lingua portuguesa

67

e pragmáticas. Merece ser salientado o facto de o seu autor, Estêvan da GUARDA, ter sido escriväo de D. DINIS e ter adquirido grande ascendente no ambiente da corte, chegando mesmo o seu nome a substituir o do rei em alguns documentos. Poderá, assim, esboçar-se urna relaçâo entre o conhecimento e a actualizaçâo desta forma ¡novadora e o ambiente sócio-cultural que este autor frequentava.

1.2. Da Galiza à zona centro-meridional de Portugal : a formaçâo um continuum linguistico As variaçôes de tipo diatópico e diastrático que esta variável apresenta reflectem-se, sobretudo, na documentaçâo quatrocentista5 : começa a acentuar-se, na primeira metade do século XV, um continuum linguistico, com inicio na Galiza e prolongando-se até ao Centro e Sul de Portugal, prefigurando um dos aspectos do conservadorismo versus inovaçâo que actualmente caracterizam linguisticamente essas zonas ; a única diferença é que hoje o fenómeno tem outra dimensäo : no Centro e Sul do nosso pais os falantes deixaram de utilizar a 2 a pessoa do plural das formas verbais, que os nortenhos souberam preservar. Veja-se a cronologia do fenómeno : Data Local Frequência 1499 Ourense -des —is 1500 Ourense -des ~ -es ~-is Tabela 1 : Cronologia da síncope de -dna documentaçâo privada da Galiza (sécs. XV-XVlf Data Local Frequência 0% Braga 14007 Guimaräes 100 % 1453® 100 % Braga 14609 Tabela 2 : Cronologia da síncope de -dna documentaçâo privada e eclesiástica do Minho do século XV

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Parece também näo haver dúvida que a « adopçâo » das formas sem -d- em territòrio galego começou em ambientes cultos, pois näo se documentam formas de tipo moderno nos textos notaríais privados do século XIV. A essa conclusäo conduz a constataçâo da existência de duas formas na sua variante moderna na traduçâo galega da Crónica General e da Cronica de Castilla : leixaame e atóame (Cf. LORENZO R., 1975 : 615 e 658). Cf. MAIA e. Α. (1986: 735 e 738). Cf. COSTA A. J. (1959:476). MARQUES J. (1981 : 296-299). MARQUES J. (1981: 304).

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DATA 142310 144311 Data 141712 142813 143014

Documentaçâo notarial privada LOCAL FREQUÊNCIA B. Mondego 0% Covilhä 0% Documentaçâo règia Frequência Local Reinado Coimbra D.Joäo I 100 % D.Joäo I 100% Valência15 D.Joäo I Santarém 100 % 16

Tabela 3 : Cronologia da síncope de -tina documentaçâo centro-meridional privada e règia do séc. XV Näo era, portante, homogéneo o cenário para -des, em toda a área centro-meridional. De facto, numa época em que o fenómeno deixara de provocar oscilaçôes gráficas na linguagem dos tabeliäes ou outros elementos ligados à corte, dois documentos privados onde a síncope näo ocorre säo indicativos de que a nova variante demorava a implementar-se em certes níveis sociolinguísticos.

2. O papel dos Infantes de Avis na « mutaçâo » da lingua

É, sem dúvida, aos Infantes de Avis que cabe o estatuto de protagonistas na elaboraçâo da lingua de prestigio : a Virtuosa Benfeitoria do Infante D . PEDRO (1433), tal como o Livro da ensinança de bem cavalgar de D . DUARTE já näo conhecem a desinência -des. O mesmo acontece com o Leal Conselheiro (excepto ñas citaçôes), como se pode observar :

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Cf. COELHO M. H. (1989 : II, 828- 829).

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SÁ M. (1970 : IV, 396). GOMES S. (1988 :177). Cf· SÁ M. (1969 : III, 363-364). O facto de o documento ter sido escrito em Valência de Aragäo näo significa, obviamente, que era essa a naturai idade de quem o escreveu. Como explica ao abade de Florença o autor deste texto (Aires Gomes da SILVA), essa foi a cidade onde, « per mandado do jffante dom Pedro meu senhor ficamos eu e o doctor Steuam Affonso seu chanceler ». Assim, mais importante do que a procedência geográfica do documento, é a sua procedência sócio-cultural, razäo por que o incluímos nesta tabela. Cf SÁ M. (1969 : III, 410-411). Excepto em formas proparoxítonas e ñas fórmulas inicial e final. É importante salientar que, ñas formas proparoxítonas, a resoluçâo do hiato provocado pelo contacto das vogais postónicas, através do processo de ditongaçâo, começa a registar-se nos textos portugueses muito mais cedo do que na lingua castelhana. Parece seguro situar a formaçâo do ditongo neste tipo de formas no terceiro quarte 1 do século XV, ou seja, aproximadamente 25 anos depois de se processarem tais regras ñas formas paroxítonas. Ver o que se diz na nota 21.

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portuguesa

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80% 70% 60% 50% 40% 30% 20%

10% 0% β Formas verbais sincopadas o Formas de verbos actualmente monossilabicos com -d- conservado • Formas de verbos plurissilabicos com -d- conservado

Gráfico 3 : Distribuçaô das ocorrências das formas verbais da 2"pessoa do plural Tendo em conta que as formas com -d-, perdido hoje (4 %), se encontram, normalmente, quando o rei recorre a citaçôes, depreende-se, da análise do gráfico, que na época de redacçâo deste texto (1437-1438), feito, principalmente, « pera senhores e gente de suas casas », estaría já consumado o fenómeno da sua síncope.17

3.

A formaçâo de urna consciência linguistica : atitudes e crenças relativamente às formas verbais em -des

3.1.

Fernäo LOPES, precursor de Gil

VICENTE

Näo obstante as formas sem -d- dominarem praticamente as crónicas do « cronista do Povo », algumas formas com -d- conservado18 revelam-nos que, apesar de suplantadas pelas formas de prestigio, mantinham ainda a sua vitalidade em determinados « registos » de lingua, dependendo muitas vezes o seu uso, das circunstâncias, da condiçâo social de quem as utiliza ou do tipo de relaçôes estabelecidas entre os interlocutores. Assim, urna tendência comum na Crónica de D. Joäo / é a de caracterizar a mulher (quer eia se identifique com

17

18

N o conjunto constituido pelas formas sincopadas com hiato, encontrou-se urna forma verbal que exibe já a formaçâo do ditongo : forçayos (PIEL J., 1942 : 90). De facto, possuímos elementos que nos permitem afirmar que a ditongaçâo deverà ter tido urna grande divulgaçâo na lingua oral a partir da 2" metade desse século, o que vem tornar mais rigorosa a afirmaçâo de R. V. MATTOS e SILVA, para quem « a partir do século XV, começou a aparecer documentada a variaçâo com ou sem -d- , mas ainda sem a indicaçâo da ditongaçâo, que parece ter sido posterior ». Cf. SILVA (1994 : 4 7 - 4 8 ) . Com efeito, eremos que a grafia näo acompanhou, nestes casos, aevoluçâo linguistica, continuando a revelar encontros vocálicos onde há muito se pronunciava já um ditongo. As formas com -d- conservado representam 0,6 % na Crónica de D. Fernando, 1 % na parte I da Crónica de D. Joäo / e 1,3 % na parte II da mesma crónica.

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a ideologia do Povo ou näo) com um traço de sabor arcaico. Um dos exemplos que se revela mais esclarecedor situa-se na réplica de urna abadessa, que constava entre o Povo ser « aleivosa » e « paremta da raínha » : [2]

- Ex os bevados ! amdam com sa'9 bevedice, leixadeos vos, ca aimda sse elles mall harn de achar por estas cousas que andam fazendo (FREIRE, 1 9 7 7 : 7 9 )

É interessante analisar a intençâo irónica subjacente ao uso deste arcaísmo por urna personagem que inspira antipatia ao Povo (e, obviamente, ao cronista), enquanto representante, quer da facçâo contrària ao Mestre, quer de um grupo socio-cultural moralmente degradado - a comunidade religiosa. Outra sobrevivência interessante do sufixo com -d- conservado encontra-se na parte II da Crònica, e situa-se também no discurso de urna mulher do povo, num cenário doméstico, em volta de um jogo de dados : [3]

- Leixade esse jogo e jde20 veer a adega, ca cuido que se vay huuma cuba. (ENTWISTLE, 1 9 6 8 : 3 3 )

A colocaçâo das formas conservadas na boca desta mulher do Povo revela a consciência (socio)linguística do cronista que mais näo fez que por em evidência o factor « distância » ou « isolacionismo » sociais da mulher como índice de um processo linguistico, ou seja, deu força à correlaçâo feminidade - conservadorismo lingüístico. Parece, portante, evidente que as formas em -des começavam a ser eliminadas da lingua padräo, restringindo-se apenas a pequeños grupos, socialmente pouco valorizados. Para além de formas esporádicas de sabor arcaico que surgem em algumas fontes e cartas transcritas pelo cronista, citaçôes bíblicas ou situaçôes que envolvem escudeiros (escudeiro / rei de Castela ; escudeiro / escudeiro e Condestável / escudeiro), é nítida a tendência para a preservaçâo da consoante em formas proparoxítonas, 21 quando estas ocorrem em discursos de personagens castelhanas. E é quando se trata de uma relaçâo entre vassalo e rei/rainha ou entre filha e rainha que o cronista emprega as formas plenas, eventualmente para fazer sentir a distância entre locutor e interlocutor, e tudo quanto de diverso nesse tipo de relaçâo se encontra associado a esta diferente situaçâo social dos intervenientes no acto de comunicaçâo. De facto, säo ¡numeras, ñas crónicas, as formas proparoxítonas sincopadas em falas de personagens castelhanas, mas em situaçôes de igual para igual ou de um menor distanciamento social.

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20

21

Importa referir a presença de um outro traço de sabor arcaico que o cronista utilizou para caracterizar a personagem : o pronome possessivo átono sa. A existencia desta forma contracta com funçâo adjectiva constituí também um fenómeno balizador da fase arcaica da nossa lingua, segundo Evanildo BECHARA ( 1 9 9 1 : 6 9 ) . Esta forma do verbo « ir » mantém, nesta fala, a consoante, facto que é singular ñas crónicas de Fernäo LOPES, ainda que corresponda à forma actual. Neste discurso näo houve flutuaçâo entre formas velhas (com -d-) e novas (sem -d-), o que coincide com a intençâo de marcar sócioculturalmente a personagem em questäo. Estas formas conservadas revelam, muito provavelmente, uma feiçâo castelhanizante ao serviço da caracterizaçâo das personagens, uma vez que se trata de um traço que aparece, habitualmente e de forma exclusiva, em personagens de origem castelhana. Tal facto confirma a tendência para a resistência à inovaçâo, oferecida pelas formas proparoxítonas, particularmente nessa lingua que, de um modo geral, preservou até mais tarde o -d-.

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É esta consciência da variaçâo da lingua que permite ao « historiador do povo » adequar a linguagem às personagens que delineia ; e é também esta sua faceta - a de caracterizar, através delà, as suas personagens e o modo como se pautavam as suas relaçôes - que, pensamos, näo foi ainda valorizada pelos estudiosos.

3.2. O ocaso de -d- nos poetas do Cancioneiro Geral e ñas peças vicentinas Ao finar o século XV, e no dealbar do século XVI, a síncope de -d- encontra-se praticamente consumada, coexistindo apenas em situaçôes de diglossia ou de distribuiçâo funcional, em alguns textos. No Cancioneiro Geral, o aparecimento das formas com -dconservado (registam-se apenas 5 ocorrências nas composiçôes em portugués), para além de poder suprir urna necessidade de ordem métrica, está sobretudo ao serviço da ironia, do grotesco, do ataque insinuoso e grosseiro e da caracterizaçâo de certos tipos sociais. Assim, É possível encontrá-las nas trovas, algo irónicas, de Nuno PEREIRA a Anrique de ALMEIDA, « porque lhe davam ûa igreja com o habito » (DIAS, 1 9 9 0 - 1 9 9 3 : I, 2 9 3 ) , do mesmo autor « a ûa Dama, da maneira que lhe havia de guarnecer ûa mula em que fosse » (Dias, III, 213) (neste caso o sufixo-cfe surge incluido numa espécie de pregäo popular), num rifäo de D. GARCIA à nova de Diogo B R A N D Ä O , « porque ouvio dizer que Joam GOMEZ mandara esfolar o cavalo e vender a pele e que ûu moço seu a dera por quatro vinteens » (DÍAS, III, 310) e na prosopopeia de urna mula « muito magra e velha, que [Anrique da Mota] vio estar no Bombarral » ( D I A S , I V , 1 9 3 ) . Pelo enquadramento jocoso em que se inserem,22 tratar-se-ia já de formas estigmatizadas em determinados circuitos culturáis, mantendo apenas a sua vitalidade nos meios populares. A variante morfológica conservada será apenas um dos aspectos do grosserismo da linguagem, que cumpre, naturalmente, urna funçâo comunicacional : a teatralidade e o cómico de situaçâo. Será preciso esperar por Gil VICENTE e pelo seu teatro de tipos para assistirmos, de novo, aos ecos de -des na boca de algumas personagens (nomeadamente, as comadres), que o usaram na « sua transformaçâo cénica » (CASTRO, 1991 : 247). A verdade é que -des já näo fazia parte do idiolecto dos falantes do 2 o quartel de Quinhentos, que o reconheciam como marcador rústico, de tipo sócio-cultural ou etário.

4. Literatura religiosa, incunábulos e obras impressas no séc. XVI

O tom arcaizante mantém-se no morfema em análise, ao longo do corpus que constituí a literatura de carácter religioso dos séculos XIV e XV (por vezes até do século XVI), o que poderá traduzir a consciência linguistica da necessidade de aproximaçâo ao texto sagrado original, urna vez que constituem, na sua maioria, traduçôes directas do latim ou cópias de textos elaborados muito anteriormente. De facto, copistas e tradutores possuiam, no que concerne a variável em estudo, a consciência da feiçâo sòbria que urgiría manter (e que

22

Em très dos casos faz-se alusâo a animais, sendo muías e cavalos as espécies preferidas.

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perdurou até hoje, aliás, ainda que sob outras roupagens) 23 neste tipo de « linguagem especial ». Também nos incunábulos e obras impressas no século XVI o pendor arcaizante conserva-se, numa época em que se perderà da lingua comum esta variante morfològica. A Historia de Vespasiano, impressa em 1497, exibe apenas cerca de 5 % de formas arcaicas, na maioria dos casos em diálogos onde intervêm personagens bíblicas ou em exortaçôes de pendor moralistico de nítida inspiraçâo bíblica. No Livro de Marco Paulo, impresso em 1502, apenas 3 formas em 15 mantêm a consoante em contextos onde actualmente eia já näo existe. Trata-se, novamente, de formas que pertencem a lexemas do campo das cerimónias e ritos religiosos : conuertede, seruide ho e inclinadevos. Mas no Boosco deleitoso, impresso em 1515, as formas verbais ainda apresentam a sua configuraçâo arcaica, evidenciando a preservaçâo de urna fase linguistica muito mais antiga.

5. Reflexöes fináis

Os resultados da análise empreendida vêm mostrar que, tal como para qualquer fenómeno de variaçâo e de mudança actualmente em curso, é possível traçar para o período medieval algumas coordenadas da Sociolinguística actual, estabelecendo correlaçôes entre os processes lingüísticos e os fenómenos sociais como a idade, o sexo, o nivel sócio-cultural e o grau de distanciamento social entre os interlocutores. No que concerne o fenómeno analisado, pode dizer-se que o leque cronológico que medeia entre o momento da « adopçâo » das formas sem -d- e a extinçâo total desta consoante revela-se bastante ampio. Em última análise, pode dizer-se que entre o período em que as novas formas começaram a suplantar as antigas (fináis do século XIII, inicios do século XIV) e o seu virtual desaparecimento na lingua falada (1536), 24 decorreu um espaço de tempo onde poderäo ter vivido cinco geraçôes sucessivas. Alguns traços arcaicos restaram, no entanto, como marcas indeléveis,

23

Referimo-nos, näo já à conservaçâo de -d- no morfema em análise, mas à preservaçâo do uso da 2" pessoa do plural dos verbos, que em usos correntes é suplantada pela 3' pessoa. Se relembrarmos a situaçâo linguistica da versäo litúrgica de várias oraçôes em vigor na Igreja Católica Portuguesa, particularmente da habitualmente chamada « oraçâo dominical » (estais, perdoai, deixeis, livrai), fácil será concluir que eia reflecte o conservadorismo ñas formas de tratamento, tal como a presença de -d- em vários contextos analisados. De facto, as formas da 2a pessoa do plural no portugués falado säo apenas utilizadas por rústicos ou por falantes de geraçôes mais idosas ou de zonas geográficas mais conservadoras. Em registos escritos, encontram-se em algumas espécies de oratòria. Data da Floresta de Enganos, última peça de Gil VICENTE.

O morfema -des na historia da lingua portuguesa

Ti

no portugués contemporáneo sobre a sua extinçâo total da lingua falada é, naturalmente, aos vindouros que caberá decidir...

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Falantes de geraçôes mais idosas de uma regiäo particularmente conservadora como a fronteira trasmontana empregavam formas verbais terminadas em -des (-de, no imperativo) há cerca de 30 anos atrás. Cf. SANTOS M. J. (1967 : 230). Nos falares fronteiriços do Sabugal, Clarinda de Azevedo MAIA apenas esporádicamente registou o emprego de formas desse tipo há cerca de 20 anos atrás. Cf. MAIA, C A. (1977 : 229) : « A segunda pessoa do plural do imperativo ouvi-a nos Foios com a conservaçâo da desinência -de (ex : tornade 'tomai'), idéntica a formas vivas hoje em certas zonas do leonés e do asturiano ocidental ». É curioso constatar que o -d- aínda sobrevive em alguns dialectos setentrionais como o mirandés e o rionorés, convivendo com formas sem -d-. Sobre a vitalidade de-d- no dialecto mirandés, consulte-se VASCONCELOS J. L. (1900 : 370-372).

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Maria José Carvalho

VASCONCELOS, J. L. (1900) : Estudos de filologia mirandesa, Lisboa, Imprensa Nacional, vol. I. - (1907) : Fórmas verbaes arcaicas no « Leal Conselheiro » de el-rei D. Duarte. Separ. de Mélanges Chabaneau (= vol. XXIII de Romanische Forschungen), Erlangen, 1-4.

Bibliografia de fontes documentais COELHO, M. H. C. (1989 2 [1983]) : O Baixo Mondego nos fináis da Idade Média, Lisboa, I.N.C.M., vol. II. COSTA, A. J. (1959) : O bispo D. Pedro e a organizaçâo da diocese de Braga, vol. II, Coimbra, Instituto de Estudos Históricos Dr. António de Vasconcelos. DÍAS, A. F. (ed.) (1990-1993) : Cancioneiro Geral de Garcia de Resende, Lisboa, I.N.C.M., 4 vols. ENTWISTLE, W. J. (1968) : Crónica del Rei Dom Joham I de boa memoria . Parte Segunda escrita por Fernäo Lopes , Lisboa, I.N.C.M. FERREIRA, J. Α. (1980) : Alphonse Χ, Primeyra Partida. Édition et étude, Braga, I.N.I.C. - (1989): Flores de Dereyto. Ediçâo, estudo e glossàrio, Braga, U. Minho. FREIRE, Α. Β. (ed.) (1977) : Crónica del Rei Dom Joham I de boa memoria . Parte Primeira escrita por Fernäo Lopes. Reproduçâo facsimilada da ediçâo do A. H. P. (1915), Lisboa, I.N.C.M. GOMES, S. Α. (1988) : Documentos medievais de Santa Cruz de Coimbra. Separ. de Estudos Medievais. Porto, Centro de Estudos Humanísticos, S.E.C. LAPA, R. (ed.) (1970 2 [1965]) : Cantigas de escarnho e de mal dizer dos cancioneiros medievais galego-portugueses, [Vigo], Editorial Galáxia. MACCHI, G. (ed.) (1975) : Crónica de D. Fernando, Lisboa, I.N.C.M. MAIA,C. Α. (1986) : História do galego-português. Estado linguistico da Galiza e do Noroeste de Portugal desde o século XIII ao século XVI (Com referencia à situaçào do galego moderno), Coimbra, I.N.I.C. MARQUES, J. (1981) : « A colegiada no priorado de D. Afonso Gomes de Lemos », Separ. das Actas do Congresso Histórico de Guimaräes e a sua colegiada, vol. II, Guimaräes. PIEL, J.(ed.) (1942) : Leal Conselheiro , Lisboa, LivrariaBertrand. SÁ, M. (org.) (1969-70) : Chartularium Universitatis Portugalensis, Lisboa, Instituto de Alta Cultura, vols. III (1409-1430) e IV (1431-1445).

Emili CASANOVA (València, España)

Diacronia del vocalisme tònic dels cultismes en català visi des de la Romania

1. Un deis temes més peculiars i estudiats de la filologia catalana ha estât l'evolució popular de les ee toniques des de Itati al català, procès acabat al segle XIV. En canvi, no existeix cap estudi diacronie sobre l'adaptació fonètica dels cultismes llatins amb vocal tònica e al català parlat, a pesar de la importància quantitativa i qualitativa d'aquest component i de la gran quantitat de mots cultes formats amb vocals toniques e / o introduits en català des de l'Edat Mitjana. En concret, no s'ha estudiat diacrònicament com han estât adaptats i generalitzats a través dels temps els cultismes per la llengua i pels parlants populars, ni s'ha explicat quines regles han fìincionat fins ara. El tema és d'un gran interés, tant per a la Gramática Histórica perqué li permet penetrar en l'estudi dels mots cultes i observar el funcionament d'unes regles d'adaptació existents des de fa segles, adiferéncia de les regles d'evolució patrimonial que ja han deixat d'actuar, plenament en vigència hui davant del constant allau de lèxic culte o neologie, com per a la lingüística romànica, ja que la unitat internacional que desde sempre ha format la gent sàvia units per l'ús del llatí i l'aproximació i connexió del lèxic de cada llengua, gràcies a la penetració de llatinismes, permet observar les mateixes regles d'adaptació. Per altra banda, és d'un gran interés pràctic per a l'usuari de la llengua perqué la major part del lèxic usât per un parlant mitjà hui en dia és de procedència cultista. El buit bibliogràfic s'ha de subsanar, més encara, quan són abundosos els estudis sobre els cultismes, siga monogràfics, siga formant part de les Histories de la llengua, on es tracta i es parla de la introducció de cultismes, però mai de l'adaptació formal. (Un cas paradigmàtic és l'article de MOLL (1975), l'únic dedicat monogràficament a l'adaptació de cultismes, on no parla de la fonètica dels mots, quan un mot és so, forma i significat). I abundoses són les gramàtiques historiques o els Diccionaris etimològics que només tracten l'evolució dels mots patrimonials. Indirectament, en canvi, si que s'han fet aproximacions a l'adaptació dels cultismes, ja que la pronùncia dels cultismes és tractada en les gramàtiques normatives o prescriptives i en els diccionaris de pronuncia per tal de facilitar l'ús dels parlants, però mai no s'ha intentât trobar un per què. Exactament trobem el mateix buit en les altres Mengües romàniques. El meu propòsit és, per tant, compendre i formular els passos i les regles d'adaptació dels cultismes al català parlat. Per tal, analitzaré un bon corpus de cultismes amb e, els contrastaré amb el seu ús en llatí, amb el funcionament deis mateixos mots en altres llengües romàniques i amb els mots populars amb uns mateixos contextos fonètico-sintàctics. A l'hora d'encarar aquest tema s'ha de tenir present les paraules de GUIRAUD (1978 : 95), que deia que la principal malaltia de la llengua sàvia és l'heterogeneïtat : « La llengua no és un sistema, és un conglomérat amorf de termes d'origen divers ». A més que

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Emili Casanova

el llenguatge eulte implica la creació de mots artificials a partir d'una base internacional, formada per bases greco.llatines (1978 : 107), i que cada paraula té la seua història i una cronologia diferent d'entrada (capa culta) i un ritme distint d'adaptació popular (generalització) que és difícil de copsar a través de la llengua escrita (molts cultismes actuals es documenten medievalment però a l'època només eren propis de la llengua literària) i que una part de les vacil.lacions, tant de pronuncia, com d'ús i fins i tot de recepció del cultisme, que es donen en el segle XX (tenim noticies de la pronuncia a partir de FABRA, 1905) s'hauran donat sempre a través dels temps. Per motius de facilitat d'enquesta partiré del meu dialecte valencià, però tindré en compte la resta dels dialectes a l'hora de l'anàlisi.

2. El corpus emprat

He fet una selecció de més de 1000 cultismes d'ús normal per un parlant mitjà, contenint la e tònica, trets dels segiients textos : Per a l'Edat Mitjana, he usât els llibres de Curt WLTTLIN i CASANOVA (1988) i he buidat el Tirant, el Vita Christi de Villena i el Cartoixà de ROÍS de Corella. Per a l'època actual he buidat el Diccionari de la Rima de Ferrer PASTOR i Josep GINER. A més he buidat el Diccionari Etimologie de Jordi BRUGUERA, tant perqué a diferèneia de la majoria de diccionaris tracta també els cultismes, com perqué ens ha permés veure la primera documentaci de cada cultisme. A aquests s'han de sumar els cultismes i neologismes registrate pel Diccionari de Neologismes del TERMCATT i el Manual d'estil de MESTRES, a més de tots els cultismes apareguts en les obres consultades. Qualsevol buidatge d'un diccionari de llenguatge d'especialitat multiplicaría fòcilment aquest corpus. Per a conéixer la pronùncia popular de tots els cultismes, a més de consultar la bibliografía i els diccionaris de consulta, he fet dues enquestes, una a Agullent (la Vali d'Albaida) i una altra a Monteada (l'Horta). A més he utilitzat les enquestes inédites fetes per ì'Atles Lingüística de la Comunitat Valenciana, dirigit per Jordi COLOMINA i VAtlas Lingüístico de la Península Ibérica.

3. El llatí

En llatí, seguint HERMANN, la freqUència de les paraules amb vocal breu era major que la de paraules amb vocal llarga : 3 / 2 en posició tònica i 4 / 1 en posició átona. Però a més l'oposició seria fíuixa, perturbada per desplaçaments de flexió i derivació (una gran part dels cultismes que ens han arribat o s'han créât són deriváis deis primitius), tenint tendèneia a la pronuncia breu majoritària en posició átona. Per altra banda una gran part dels parlants assimilais, és a dir, bilingües (la major part en el món llatí) negligien la distinció de duració i només pronunciaven que breus.

Diacronia del vocalisme iònie dels cultismes en català visi des de la Romània

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Esta situació és la que troba el llati cristià, el qual la majoria de vocals ee / oo les pronunciava breus o obertes, d'acord amb la tendència general. Esta situació, similar a la que ocorriria en el món jurídic, es perpetuaría durant tota l'Edat Mitjana, de tal manera que quan els cultismes es popularizaren els parlants reproduïen l'obertura si en el seu sistema fonologie patrimonial tenia previament obertes, com farà l'italià des dels primers temps o el català des del segle XIII. I no la reproduïa si la llengua no tenia previament l'oposició, com farà el castellà, que sense oposició oberta-tancada confluirà totes les vocals llatines e n e / o , però tampoc bifonematitzarà o diftongarà, ja que la diftongació va ser un fenomen dels primers temps de la llengua. Açô fa a entendre que és més lògic pensar que l'adaptació d'una manera o d'una altra és posterior a l'evo lució popular que el contrari, és a dir, que l'entrada de cultismes amb obertes ajudaria al triomf de l'oposició oberta-tancada, com suggereix Hilty per al català. Fet que no lleva que posteriorment l'allau de cultismes puga fer vacil.lar la pronùncia concreta d'algun mot popular per analogia, com B R U N O T ( 1 9 6 7 , 2 4 3 ) ha postulat per al francés, en concret, que l'entrada continua de cultismes amb el seu sistema llatí fa que exerceixen efectes analogies sobre l'evolució dels mots populars. Quan a la vinguda de l'Humanisme i del Renaixement, els erasmistes volen tornar al llatí ciceronià, amb oposició clàssica oberta-tancada, els cultes és possible que aconseguiren reproduir esta pronuncia, i fins i tot canviar la pronùncia d'alguna vocal, com sembla que ocorregué en francés, però no el poblé, que seguirà popularitzant i reproduint els cultismes d'acord amb el seu sistema fonològic i els seus contextos articulatoris. Com a exemple de la indistinció Ilatina breu / llarga, i de la tendència romànica a fer majoritàriament la pronùncia oberta, observem casos que procedeixen de llargues i hui són obertes i a l'inrevés.

3.1. Columna / Ernout llatí e breu : sacrilegiu, sapientia, sepelio, sextertium, severus, sex tus, secta, silentium, sortilegius, species, sterilis, gestum, supernus, suspectus, taedium, tenuis, tepidus, testa, gelidus, geminus, genius, genus, stipendius, segmentum, sceleste, sphaera, tenebrae, ternus, tertius, gremium, honestum, uberrime, decimu, venia, interpret. e tancada : scena, sedes, semen, sepia, series, serum, sincerus, splendidus, strenuus, obscenus, successus, supremus, subiectus, tapete, tela, theca, heros, debilis, directus, erectus, extremum, severus, ebrius, ecclesia, ens, evidens, mustela festus, imbecillus, effectus, vertex. o oberta : socius, spolius, globus, focus. o tancada : sobrius, testimonium, gloria, decorum, votum, zona, forma, idoneus, torridus, toxicum, horridus. Modernament, sobretot a partir del segle XVIII el llatí i el grec han estât presos com la font de la creació de mots, sobretot a partir de l'ùs dels sufixos llatino.grecs (GREVISSE, 1980 : 109).

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En resum, Ρ adaptad ó medieval de les Mengües romàniques no depenia de la quantitat llatina. Hi havia una tendència general a obrir totes les vocals de les paraules cultes, l'unie fre de la quai era el contextos fonètics previament existents en cada llengua, tendència que s'ha perpetuai en les llengües romàniques, com l'italià o el català.

3.2. Els contextos d'aparició de la vocal tònique e en els cultismes : a) Cultismes amb contextos fonètics inexistents en els mots d'evolució popular (són els casos que en llatf disposaven d'una iod, la qual, com és conegut, després d'actuar sobre el context vocàlic i consonàntic es va fondre, d'una vocal postònica átona que es perdía, dels grups et, es, pt) : -

e tònica + consonant + i átona, final o no :

abstemi, Accèssit, Acèrrim, Acètic, Adulteri, Aßresi, algèbric, apèndix, Aritmètica, armèni, arpègi, Asèptic, Asimètric, paramètric, Autèntic, Batisteri, benèfìc, Benemèrit, biènni, Captiveri, Centèssim, mil.lèssim, Cèntim, Cèntric, Cèrvid, ciència, collegi, compendi, Confetti, congènit, Contuberni, crédit, dèbil, débit, dècim, dècima, décrépit, dèficit, diabètic, Domèstic, èbri, Efemérides, emprèstit, Èpic, Epidermis, epilèctic, esplèndid, Estéril, ètica, Ètim, Ètnic, Éxtasi, fènix, Fèrric, firtil, Fètid, fonètic, gènesi, Genèsic, anestèsic, geni, geni, gremì, hègira, hélice, higiènic, idèntic, impertèrrit, inédit, intermedi, Intrèpid, mèdi, mèdie, Mèrit, Mètrica, ministeri, ned, Nèrvi, nyèbit, Obsequi, Parèntesi, Pèrfid, Pèrsie, Pèssim, poètic, premi, prétérit, previ., privilegi, Quimèric, rèdit, règim, Rèplica, Rèptil, Rèquiem, Séptima, Septuagésima, Séti, silènci, sinèresi, tebi, tebia, tècnic, tedi, Tèrmic, Tesi, magnesi. Trapezi, vènit, vilipendi, vituperi, zèfir Tots els catalano-parlants pronuncien en aquest grup la vocal oberta, sense excepció e tònica + et : abjecte, afecte, arquitect aspecte, collecta, defecte, erede, dialèctic, eclèctic, efecte, elee tre, elèctric, infecte, rede, secta, selecte, subjecte, trajecte Al País Valencià tots els mots són pronunciáis de manera oberta. A Catalunya, hi ha algunes vacil,.lacions, i ponuncien majoritàriament e tancada, com trajecte. -e oberta + pt : excepte, inepte, precepte, recepta, repte -

-e oberta + es :

context, èxit, èxode, éxtasi, léxic, nexe, pretext, sexe, séxtuple, text, tèxtil -

e tònica + consonant + u (solen ser paraules esdrúixoles en llatí, que perdien la vocal postònica) :

molécula, cédula, centuple, crèdul, emfièuta, èmul, èmur, estrenu, fècula, fèrula, fetus, fleugma, ménsula, meuca, pentatèuc, pèplum, perpetu, Perpetu, rècua, referèndum, rèuma, sérum, sèxtuple, Sòcol, supèrflu, tedèum, tènue, terapèuta, terapèutica, vademécum, vèrtuta, zeugma En tots aquests casos la inexistèneia prèvia d'un grup romànic deixava el camp lliure a l'evolució cap a e oberta. b) Cultismes d'estructura fonètica o sil.làbica existent també en mots d'evolució patrimonial, encara que són majòria els de procedència cultista :

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Esdrúixoles : e tònica + ne + /' + vocal : conciència, paciència, penitencia Tot el català, excepte una part del valencià meridional i central, pronuncien la e oberta, d'acord amb el timbre de la e llatina del sufix -enfia. És remarcable que en les zones on es pronuncia ència també es fa ènee i al revés.L'explicació deu ser la següent : Γ entrada nombrosa de cultismes amb el sufíx -entia rebé el fre de la termin a d o ent dels adjectius familiars (conscient i consciència) i del sinònims en -ença, però a poc a poc la e anà obrint-se, fins que es generalitzà, excepte en les zones marcades, on guanyà el primitiu-ent (no crec que influisca el castellà). Cree, a més que les rimes -encía medievals refleciren una pronùncia tancada, la quai s'haurà mantingut en part del valencià, com mostra el topònim Valéncia, que venia per via popular i era tancada, s'ha mantingut així al Páis Valéncia i s'ha obert a ència en la resta del domini, arrossegat pel sufix. - e tònica + consonant + i + vocal : anémia, anestèsia, asepsia, controvèrsia, entelèquia, espècia, espècie, estratègia, exèquies, hèrnia, hortènsia, inèpeia, inèrcia, intempèrie, misèria, modèstia, parèmia, perifèria, peripècia, sèrie, tragèdia, vènia Majoritàriament la è és oberta en tot el català, però en alguns casos hi ha variaciò fonètica en el valencià o diferències del valencià amb la resta del català. Per exemple, série, vènia, sonen e tancada a valència, degut a l'existència prèvia de mots com bést/a, sépia... .històricament tancats en valencià, i oberts en català orientai. c ) Cultismes d'estructura sil.làbica paral.lela a mots populars. Són els casos que popularment obrin la vocal e : -

e tònica + r : consèrge, advers, alerta, caserna, caterva, clergue, clero, ergo, esquerp, germen, herpes, inerme, intèrpret, orèmus, pervers, perxa, reserva, terna, vèrtebra, vértex, viceversa Tots els mots cultes sonen è, menys els acabars en -er, era, a causa de la confluència del sufix -er < arium

-

e tònica + / : aquarel.la, bèi.lie, cel.la, cèllula, célebre, celtic, clientela, delme, èlm, empelt, espelma, evangeli, famèlicmodèlic, fìlatèlia, gè lid, hélice, hélix, libèllula, melsa, novella, novella, pasarel.la, pèleg, pelfa, pelvis, prosèlit, putxinèl.l, satèl.lit, sepeli, sequela, tutela, xixarel-lo Alguns molts com delta, sonen tancats a part del català ja que també hi ha mots amb e tancada, com selva.

-

E e tònica + rn : extern, govern, modem, quadern

d) Molts plans, formats amb sufixos greco-llatins o no. Presenten una forta tendència a l'obertura ; ara bé, popularment, almenys a València, una part d'estos mots es fan tancats, siga perqué el context consonàntic l'espenta cap a la forma tancada, siga perqué són generalment moderns i els hem après via castellà o perqué encara no s'han generalitzat prou :

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acerb, adverbi, alvèol, anècdota, Benèvol, benèvol, Bicèfal, catéter, cèmbal, césar, covèrbo, credo, década, dèspota, èco, egloga, èmfasi, èpal, etcétera, exèrcit, firetre, flegma, hipérbole, hotel, mètode, pècora, Pètal, plètora, rèmora, rètol, semen, sinécdoque, suéter, telèfon, telègraf, tètan, tètan, vèrbola e) Vacil.lacions entre obertes i tancades, segons zones o mots : -

e tònica + st : gest, gesta, honest, incest, modest, molest, pesta, protesta, requesta, tempesta, vesta L'existència de mots populars amb èst fa que els cultismes vacil.len en tot el domini. Per exemple, modest o molest, es fan oberts a l'Horta i no a la Vail d'Albaida, i també es fan tanacats a Barcelona. Però pesta, gest són oberts en tot el domini. e tònica + eu : Vacil.la perqué hi ha casos de -eu provinent de eu / evu llatí i de ed (ece, i, ety). Els mots cultes modems d'origen grec tots es fan oberts (Eliseu, Proteu) ; els veils, en canvi, en éu (Mateu, Bertomeu) : apogeu, ateneu, fariseu, hipogeu, liceu, museu, recreu, trofeu Son tancats : capbreu, relleu Són tancats a València i oberts a Barcelona : Portaveu, Veracreu (Per mimetisme de creu, veu) Els mots en ea vacil.len més que els anteriore en -eu. Són oberts a Catalunya, però tancats a valència, on compten amb el suport del sufix -ea : perea. Melopea, odissea, panacea Formes verbals tòniques de verbs plans, com agregar, amonestar, celebrar, compensar, elevar, manifestar, molestar, protestar, reservar, restar Generalment són pronunciats amb e tancada, ajudats per l'analogia verbal entre la pronùncia tònica o átona de les diferentes persones, però en certs zones o esporàdicament s'obrin depenen dels seus primitius : molest,...

f) Casos esporàdics : -

e + labial : deu ser tancada, per l'ús popular, però fem Salèm. La gent del poblé pronuncia e tancada, els de la contornada Salèm. Es deu fer oberta perqué és l'adaptació d'una a àrabiga. Josep / Pep. Es deu a la pronùncia hipocoristica del mot e + η + cons : Vicent, Llorens,. Deurien ser tancades, com és Vicent a Castellò, i Llorens a part del País, però l'ús hipocorístic obri la vocal en el cas de Vicent / Viçantet / Cento, i Llorens té una e oberta en els mateixos llocs on ència. El mateix ocorre amb llenç.

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e final És sempre tancada a València, no aixi a Barcelona (obscé, peroné, progrés, mossén), però qiiè, es fa oberta perqué és la manera familiar de pronunciar el mot. Novetlè és un cas difícil d'explicar, però deu ser a causa del seu ètim (Onomasticon). Mestres crida l'atenció sobre la diferent adaptació dels mots acabats en -e en cat. oriental : unes vegades es catalanitzen amb e aguda, volent reproduir la pronunciació original, i d'altres d'acord amb la tendèneia general del català : clixé, frivolité, puré ; canapè, crepé, cupè, fet que fa difícil la predicció i la coherència ortogràfica. Tot el català presenta una tendència dels parlants a pronunciar les paraules noves o desconegudes amb e oberta : greu, breu, terratrèmol, èrm, terme. El motiu és l'avassalladora majoria de mots cultes amb e oberta davant dels portadors de é.

g) Altres diferències entre català orientai i valencià : La més important es deu sobretot a la diferent evolució popular de la e llarga 1 latina, que fa que a Catalunya hi haja més obertes que a València : béstia, cérco!, péntol, pésol, terratrèmol són mots tancats a València i oberts a Barcelona. Mecènes a Barcelona (per pènes), mecenes a València. Quaresma és oberta a Barcelona perqué s'identifica amb esme, maresme, oberts, que són tancats a València. Cinema, diadema, poema són oberts perqué verema és oberta a Barcelona (però crema i tema són tancats en tot el domini). A Balears i València és tancada. Una segona al diferent ús dels monosíl.labs i dels hipocorístics, que fa que quan els mots s'enfasitzen s'obriguen. A València, hi ha major expressivitat que a Catalunya, i per tant imitant el nostre símbol xé > xè> xa, fem oberts : xèc, grec, quèc 'tartamut'. Una tercera, a causa de la major obertura de la e oberta a València, que fa que el seu camp de dispers ió estiga més pròxim a la α i per tant permet obrir a la é : projecte i trajecte, són tancats a Barcelona, en canvi recte i selcte no. La diferèneia està en l'acutació de la iod. Context i pretext, que fa 50 anys eren tanctas també a valència segueixen tancats a Barcelona, pel tancament de xt. Una quarta, a les circumstàncies de cada paraula : quimera és oberta a València, perqué l'element que es destaca és la r ; a Barcleona i Balears és tancada, per l'associació amb mots amb -era. Sempre hi haurà vacil.lacions per l'entrada continua de cultismes. h) e tancada : La resta de casos. Analitzat i classificat tot el corpus, arribem a tres conclusions : 1) Primerament, que l'evolució dels cultismes cap a e oberta obedeix a una tendència antiga viva amb força encara hui, recolzada en la majoria de mots llatins amb e breu en llatí, tendència que arrossega els mots portadors d'un e tancada. 2) Segonament, que l'existència o no previament en català d'una estructura o context fonètico-sillàbic semblant o diferent orienta l'adaptació del cultisme : si no hi existeix, triumfa amb comoditat la e oberta ; sí existeix dependrà de la freqüéncia i importància del grup en la llengua. Es difícil explicar amb esta regla general tots els mots cultes. Els casos sense explicació general, però, es poden explicar per la vida particular de cada mot (per la seua estructura, pel tipus d'ús, etc), la qual cosa fa que es puga formular com a teoria general.

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4. Opinions catalanes sobre la pronùncia dels cultismes amb e

La bibliografia es pot classificar en dos grups : la que descriu la pronuncia i la que, a més, 1'explica. En el primer grup tenim quasi totes les gramàtiques existents. Per exemple : SANCHIS GUARNER, LACREU, . . .

En el segon, els segiients : F ABRA, en estudiar els distints contextos catalans que faciliten la pronùncia è o é, tracta els mots savis (1906 : 22), dels quais diu que són generalment pronunciats amb è. Fa una descripció per grups semblant a la que farà després BADIA i esmenta els casos de cultismes encara no fixats com teorema i suprem i l'existència de vacil.lacions populars deis cultismes i deis mots hereditaris. GINER (1938) intenta fer una ordenació de les e tòniques dels vocables populars del valencià seguint FABRA i dedica un capítol als mots erudits (1906 : 68-70). Entre altres aspectes, destaca que els mots erudits, per regla general, presenten e oberta. Entre altres dóna les següents regles. Són sempre oberta : La e tònica seguida de síl.laba amb i átona. Els esdrúixols erudits, com anècdota, célebre. La e dels mots com incrèdul. Els nexes erudits ept, ect, com recepta (diferencia de Barcelona) En general, els mots erudits tenen è, tret dels mots que tenen terminació anàloga als populars en e, i afig una llista de terminacions populars, com ent, esta, é, ebre, era, eu, èva, ema, ega, esca... És la descripció més completa dels cultismes en valencià fins ara, però li falta l'explicació del per qué i arredonir la classificació. El mateix GINER i FERRER PASTOR, Dìccìonari de la Rima, a més d'ordenar els mots del Diccionari Pallas, complétât pel lèxic popular valencià, segons les rimes, per exemple, cultismes amb e i o tòniques, fan comentaris com els segiients : Cultismes com decret, concret, poeta, dieta, biblioteca, collega, idea, accès, auster, problema, tema, per analogia amb les terminacions populars et, età, ec, ega, epa, eia, é, ena, ea, fan la e tancada. En general els mots erudits tenen è, tret dels mots que tenen terminació anàloga als populars en é. El castellà influeix en la pronuncia de série, época, béstia. BADIA I MARGARIT (ER) : En parlar sobre l'evolució de les ee a Barcelona, té present els cultismes. Denuncia L'aspecte dubitatiu de FABRA I la gran quantitat d'excepcions de la Gramática Histórica (1981 : 121). Parla de la casuística que fa incomoda i difícil traçar una regla, i per això demana que els diccionaris catalans consignen sistemàticament si les ee i les oo són obertes o tancades si no porta accent gràfic. I afig que encara que la tasca no és senzilla seia desitjable incórrer en possibles solucions no prou justificades cientificament si aixi tenim establerta amb fixesa la pronunciació correcta (1981 : 131, nota 29). Afirma que una part de les confusions és en els mots cultes, els quais sense estar subjectes al timbre de la vocal llatina ha quedat en una llibertat de pronunciació no fàcilment reduïble a mòduls fixos (1981 : 148). Denuncia un fet sintomàtic : el silenci i les contradiccions del DCVB respecte als mots savis (1981 : 148). Formula algunes regles de pronùncia : « els cultismes amb è tònica són pronunciats generalment amb e oberta (1981 : 147) », quan els mots acaben en edi, egi, emi, enei, ectic, edic, efic, enic, edit, eu, ea, eus i mots com eco, zero, vertex, època, èmfasi, éxtasi, excepte

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en els casos d'influència de certes terminacions populars de pronùncia e tancada que fan que els cultismes es pronuncien e tancada. Per exemple, en els verbs prestats que fan e tancada en les formes fortes {eleva, celebra, agrega, condemna, écta, épta, érva, èssa, ésta). Afegeix casos de vacil.lacions i llistes de confusions. La seua conclusió més important és que els mots cultes sense el fre hereditari constitueix el testimoni més fefaent que el barceloní d'avui té una tendència clara a confondre les ee / oo, i que en la pronuncia influeix el timbre etimologie i les modificacions condicionades pel context fonètic que canvia el timbre etimologie. MASCARÓ (1984), ha proposât una explicació per a la pronùncia oberta de les ee i oo seguides de síl.laba amb i, basant-se en el català central. Comença dient que és molt regular com tota Ilei fonètica la reaccentuació de totes les ee i oo dels cultismes derivats que porten una i átona en la síl.laba segiient, i que aquest fet, no es deu al context fonologie ( i m p e r i verb / imperi nom), ni sintàctic, sino a un condicionament morfologie : consisteix en la presència d'un sufix de derivació dérivât de l'arrel : ic, it, im, id,... Concretament afirma que quan apareix un sufix àton de derivació les vocals toniques no poden ser mai e I o tancades (1984 : 125). Amb esta opinio critica per poc justificada la idea de BADIA i no accepta la tendència a una grau més alta de perceptibilitat i els contactes articulatoris. Relaciona, per tant, el predomini de les vocals obertes tòniques amb una regla que fa obertes les vocals reaccentuades (1984 : 129). És una regla que afecta centenars de mots, i sense excepcions. Ara bé, al meu parer, en primer lloc, només és una part de la è dels cultismes, i en segon Hoc, no veig quin poder pot tenir la i o el sufix per obrir la vocal tancada en el mot dérivât. És més senzill explicar-ho per l'entrada quantiosareiterada i freqüent d'alguns cultismes amb el sufix o la vocal i, darrere de vocal tònica oberta, que feren que el parlant en reinterpretar els cultismes agafara estos casos com oberts i els generalitzara. Sense entrebancs populars (cap paraula popular té una i átona) no ha tingut cap fre i s'ha convertit en un fenomen general. RECASENS, després d'acceptar que L'evolució popular de les ee llatines ha estât condicionada per factors contextuáis i geogràfics (1991 : 81) (cas de est - festa - que és oberta a una gran part de Lleida) i esmentar la teoria de KUEN que la tendència al canvi de è a é avançaria de l'est a l'oest, diu que l'opinió de BADIA de la tendència a afavorir la realització oberta sobre la tancada és hui al revés (1991 : 84). Esmenta les teories de FABRA (1906) i MASCARÓ (1984) i opina que certs factors confirmen una tendència originària a l'obertura de la vocal en el procès d'adaptació de les formes cultes, però sempre en relació i analogia a les formes populars autòctones. La vitalitat de les e i e dialectals pot afavorir o condicionar el timbre vocàlic d'un préstec lèxic, per això els parlars occidentals han afavorit l'adaptació de castellanismes en -é més que els orientals. És el primer que ha observât que a diferència de temps passats els castellanismes amb e tònica j a no s'adapten com a e oberta (acera), sinó tancat, i encara més, estos mots per influència del castellà estan récupérant les ee tancades. Aquest fenomen ho he observât en part dels cultismes nous o no prou generalitzats plans o esdrúixols que existeixen també en castellà.

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5. L'adaptació dels cultismes en les altres llengües romàniques :

Tots els estudiosos de la gramática histórica coincideixen a observar com els cultismes irrompiren en el context romànic des del primers temps (TEKAVCIC, 1 9 8 0 : III, 1 7 4 ) ; es popularizaren després d'una primera etapa de pertinença als cercles cultes i s'adaptaren en molts aspectes als hàbits de pronunciació del poblé (LAUSBERG, 1 9 6 5 : I, 1 9 4 ) . Els nous générés literaris i la nova mentalitat de cada moment demanava termes nous per a designar la nova realitat, fet que provocava que es prengueren del llatí o es forjaren amb elements que fornien estes dues llengües, com a conseqUència del quai el carácter original i popular del lèxic anava perdent-se (NYROP, 1914-1960 : 48). En totes les lengUes es nota com els estudiosos de la diacronia apunten idees generals sobre l'adaptació fonètica dels cultismes, sense entrar en profunditat en l'anàlisi historie. Per exemple TEKAVCIC ( 1 9 8 0 : I, 4 0 - 4 1 ) diu : « E l vocalisme dels (latinismes no es diferencien generalment pel que fa al sistema de les paraules populars, sí sobre la distribució dels fonemes singulars. Els Hatinismes com les paraules populars es conformen a la tradició prosòdica italiana. El contacte és continu entre italià i llatí. El llatí ha estât sempre present i ha facilitat el triomf del parlar, de dos maneres : el popular o autòcton i el culte (1980 : 174).

PICOCHE, (1989 : 340) diu : El francés ha calcat mots savis sobre el llatí i grec, introduits primerament per la llengua escrita pels clergues i després per la llengua oral., i (1989 : 343) : els llatinismes es multipliquen a partir del s. XIV, a partir de les traduccions d'autors antics. GUIRAUD diu El francés té els mateixos cultismes que el català : celest, materia, misteri, penitencia, precepte, refrigeri, supèrbia, idea, frenetic, improperi (1980 : 16) ALVAR-MARINER : Els llatinismes per l'esporàdica evolució fonètica és difícil reduir-los a Ilei. En els diccionaris etimològics feien la funció de teloners (1967 : 3). La pressió del llatí ha fet que els cultismes hagen tingut pocs canvis. Només han sofert canvis fonètics ocorreguts o iniciats en època llatina (1967 : 11). El castellà no deu cap dels seus fonemes a una reintroducció des del llatí ; però si que es deu als cultismes l'ampliació de les possibilitats combinatòries : et, i/uen posició final. VAZQUEZ CUESTA : Quan més cultismes entren és en el renaixement i Neoclasicisme (1971 : 286). Els cultismes es caracteritzen per haver sigut adaptai a la pronuncia portuguesa amb poques alteracions, les imprescindibles per ano desentonar de la contextura fonètica déla llengua (1971 : 288). Es, com en català, en les gramàtiques normatives i prescriptives i en els diccionaris de pronúnica on podem, majoritàriament, trobar observacions i opinions sobre aquest tema. Vejam el funcionament de les diverses llengües perqué el contrast entre l'actuació catlaana i la resta de llengües pot ser decisiva per a la nostra teoria.

5.1. Italià En la seua Gramática Histórica, TEKAVCIC ( 1 9 8 0 : I, 4 1 ) esmenta que en la pronùncia dels llatinismes en italià, e i o breus no diftonguen en síl.laba lliure (a diferencia de l'evolució popular que dittonga) i que els fonemes / e, o / llargs es realitzen com oberts (i no com

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tancats com en Pevolució popular) ; sedes > sede \fidelis > fedele ; gloria > gloria, credo > credo, i afig que el vocalisme dels Uatinismes no difereix pel que fa al sistema de les paraules populars, excepte en alguns casos ai'llats i en la distribució dels fonemes. Com a única explicació afig que açô es deu al constant contacte entre llatí i italià des de l'nici de la llengua fins avui. Una anàlisi del Diccionari Zanichelli o del Manuale di prionuncia italiana mostra reaiment, que la regia és obrir els cultismes. Com a exemple : Àbito, Academia < akademia (tane.), aflluènza. Adultèrio, Anathèma, Anèddoto, Bibliothèca < biblioteca (tane.), Cédula, Célebre, Còllera., Collètta, Conversa, Corrètto, Crèdulo, Chèma < schema tan. Débito < debitu (tane.). Debole < debile (tane.), Dècade, Deficiènte, Dèficit, Dèspota, Diadèma < diadema tac, Diàgnosi < diagnosi (tane.), Egrègio, Elèttrico, Epèntesi, època, Etmo, Ètnico, Evangelio, Fèrtile, Férula, Fèsta, Funèsto, Gènesi, Gènio, Gèsta, Imberbe, Incredulo, Inèrme, Inèrte, Inerzia, Intempèrie, Mètodo, Mòbile < mobile (tane.), Molèstiaç, Monastèro < monasteriu (tane.), Musèo < museu (tane.), Obéso, Obiètto, Obsèquia, Oppròbio, Parèntesi, Partenza, Peripèziasatèllite, President, Privilègiocomèdia, Proiètto, Prudènte, Remèdio, Respètto, Sequèla, Sequèstro, Sètta, Silèncio, Subiètto, Superbo, Superfluo, Supèrno, Tèca < theca (tane.), Tèdio, Telèfono, Tènia < taenia, Tèsto, Verbo e tancada : Crédito < creditu. S'explica pe la influència del verb crédo. Débito < debitu (tancada),. S'explica pel contacte amb la labial Débole < debile (tancada). Epidemia (però epidèmiko) Strategia < strategia (tancada) En italià l'adaptació dels llatinismes es majoritàriament oberta : l'entrada de llatinismes, majoritàriament amb e breu, es fa oberta en els casos de contextos inexistents en italià popular o es fa obert recolzant-se en contextos amb e obert, abundants en esta llengua ja que l'evolució natural va ser e breu > e oberta (o diftong). Per exemple, festa i gesta ; diadèma...

5.2.

Occità

De la mateixa manera que en italià, el context fònic no entrebanca l'evolució de les vocals toniques breus, i per tant l'evolució dels cultismes troba el camp lliure per reproduir les e obertes del llatí (FERNÁNDEZ GONZÁLEZ, 1985 :122-123). El Diccionari Alibert no transcriu els mots savis vius en occità, però dóna unes notes de com adaptar-los del francés molt útils per al nostre propòsit (1985 : 11). Fa un llistat de mots greco-llatins adaptais a l'occità on practicament tots els mots presenten la vocal oberta occitana(1985 :45) : Adèpte, Adultèri, Béstia, Cautèri, Célebre, Centripèt.isotèrm, Cetacèu, Colèra, Collèga, Decrèt, Epopèia, Erronèu, Esquèma, Excèx, Exòrdi, Glòria, Idèa, Idonèu, Indigèna, Ipotèsi, Licèu, Matèria, Memòria, Misèria, Modèrne, Modèst, Mortijèr, Moysès, Musèu, Noè, Objècte, Perßit, Pnacotèca, agronòm, problèma, Profèta, Progrès, Quilomètre, Quimèra, Senèca, Sevèr, Sèxe, Simultanèu, Supèrbia, Terrèstre, Tèxt La Gramática occitano, també en registra un grapat, amb e oberta : Iperbòla, atlèta, teorèma, despota, matèria, fructifèr, elicoptèr, apogèu, Còsme, dialècte, Aurèli, Voléri, episòdi (1976 : 401^06)

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L'occità actúa d'acord amb el vocalisme popular, però presenta algunes diferencies remarcables respecte al català o a l'italià. Per exemple, els mots acabats amb éncia : convenéncia, poténcia, prudéncia, veeméncia... En aquest cas la no obertura del sufix es deu, com en valencià, a la confluència de l'adjectiu acabat en -ent, com prudent, potent, que el parlant hi relaciona, i tanca la e oberta de l'ètim llati. En canvi, el cultisme decrèt < decretum, secret < secretum obri la e d'acord amb la tendència a obrir totes les toniques dels cultismes a pesar de l'existència del diminutiu et < ittu o de mots com paret. Els cultismes Noè, Moysés obrin la vocal final a pesar que hi ha mots populars acabats en én < enu oes < ensis. Es deu, tal vegada, a la seua recreació moderna i al fet de ser un nom de pila. Casos esporàdics com recepta (amb e) o ebri (é) deu rebre una explicació particular, per exemple, Phomonímia amb formes verbals o el contacte amb una labial.

5.3. Francés Les condicions fonològiques del francés són diferents a les altres Mengües estudiades, i per tant al català. Per exemple, en francés, des del segle XVI, existeix la Ilei de posició, és a dir un repartiment mecànic del timbre tancat i obert de la e, que va eliminar el timbre etimologie medieval : Hi haurà e oberta en posició accentuada o final davant consonant que es pronuncia (normalment r, v, z, g palatal, vr) o davant consonant muda s, t (ès, et < ect) ; e tancada en posició accentuada o final no travada. En posició inacentuada guanya terreny la pronuncia é, però realment en esta posició ja fa segles (des del segle XVIII) que no hi ha oposició fonològica oberta / tancada (STRAKA, 1990 : 10 i 13). El mateix ocorre pel que fa a la o, la diferencia és que la tendència és estendre's ó. Pel que fa als cultismes, en francés trobem els mateixos que en les altres llengües romàniques : GUIRAUD, per exemple els ha classificai per segles de penetració (1978 : 16) i ha traçat unes regles fòniques d'adaptació (no estudia, però, el nostre tema), que mostra que evolucionen de la mateixa manera que els mots populars. FOUCHÉ (1958 : 248), ha demostrat que la e < a, col. locada davant de consonant en els mots savis (bibliothèque, collège, chimère, poète, problème) van mantindre la e tancada, encara que amb vacil.lacions fins modernament que s'ha obert. El mateix ha ocorregut a la e accentuada provinent de ie : en els mots en -iege, -iece, -iede,-iere, -ievre no s'ha opbert la vocal fins el XVIII (STRAKA, 1 9 9 0 : 2 7 ) .

Basant-me en Le Petit Robert, he analitzat alguns exemples : - e oberta Adultère, Adverbe, Anathème, Anecdote, Cédule, Célèbre, Colère, Collecte, Converser, Correct, Défectif, Despote, Diadème, Électrique, Emblème, Épenthèse, Esthétique, Etcetera, Évangélique, Fertile, Fidèle, Frénétique, Funèbre, Funeste, Genèse, Génie, Geste, Inepte, Inerme, Inerte, Inertie, Inexigible, Infernal, Ingénu, Intempérie, Matériau, Ministère, Médiocre, Mérite, Modèle, Moderne, Modeste, Molester, Monastère, Mortel, Obséquieux, Orfèvre, Parenthèse, Perpétuel, Phonothèque, Pirouette, Privilège, Projet, Proverbe, Recette, Référendum, Remède, Réserve, Respect, Secte, Séquelle, Séquestre, Silence, Subjectif Suspecte, Technique, Téléphone, Texte, Trajet, Vertex, Vertige

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- e tancada : Académie, Académique, Anémie, Comédie, Crédit, Crédule, Débile, Débit, Décade, Déficit, Emule (e tan), Épenthétique, Intempérie, Lycée, Méthode, Muséum, Pécore, Pétale, Phonétique, Privilégie, Régime, Rémora, Satellite, Schéma, Sérum, Splendide, Stratégie, Téléphone, Ténia. Tots els cultismes portadors de la vocal e en posició accentuada són pronunciate amb e oberta, seguint la tendèneia general romànica. Tots els mots analitzats en aquest segon grup porten la e tancada en posició inaccentuda, posició en la qual l'oposició oberta-tancada és poc activa o inexistent, a causa de la inestabilitat fonològica de les oposicions vocàliques del francés (MARTINET, 1971 : 219). Per tant, com els parlants no distingeixen oberta i tancada en aquests casos, Le petit Robert ha transcrit seguint el costum francés del segle XVII, on la variació era molt gran i on hi havia un major respecte a l'ètim llatí. No trobe cap altra causa contextual per a explicar aqüestes notacions amb e tancada en francés.

6. F o r m u l a d o d ' u n a regla general explicativa de l'adaptació deis cultismes a través deis temps

Es una regla d'aplicació general a tots els cultismes de les llengües romàniques analitzades, que consta de diversos factors. 1) En llatí clàssic, anteriorment al segle V, hi havia una freqüéncia majoritària de vocals tòniques amb vocal e / o breus, com demostra HERMAN. A partir d'aquest estât es produeix l'evolució popular, on la quantitat vocàlica deixa pas a un accent d'intensitat i on la iod i les vocals palatals actúen sobre les vocals toniques, i les àtones emmudeixen. 2) Des de sempre una part dels parlants, els més cultes i qualificate, utilitzen dos nivells de llengua, el popular i el cultista. El sector més culte (l'eclesiàstic, el món de l'administració i la justicia, els científícs) usa els cultismes. El poblé imita i repeteix el lèxic nou i precis introduit per les capes cultes, i, segons époques, reprodueix millor o pitjor la pronuncia llatina segons les seues necessitats de cada moment. Per tant comença a popularitzar-lo, a arrrelar-lo, per a designar noves realitats o conceptes, sobretot a partir del segle XVIII i especialment al segle XX on els avanços tècnics han multiplicat l'entrada i l'ús deis cultismes. A partir del segle XIII-XIV, època de creació de l'oposició fonemàtica patrimonial e oberta / e tancada en català, el poblé comença a pronunciar obertes també en els cultismes, això sí a poc a poc. 3) Ha existit des de l'Edat Mitjana fins l'actualitat una espècie de comunitat internacional que usava el llatí, el vehiculava i el feia penetrar en les llengües respectives, que a partir del Renaixement intentà, gràcies als seguidors d'Erasme, acostar-se al llatí ciceronià. Estos savis introdueixen primerament els mots per la via escrita en totes les llengües i al pas del temps passaran a la via oral. Trobem quatre époques d'introducció de cultismes : Les époques de major entrada de cultismes en català han estât les següents : -

Segles XII-XIV (cultismes eclesiàstics i jurídics) ; Segles XV-XVI (literaris i científícs) ;

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Emili Casanova - Segle XVIII (tècnics, normalment via castellà) ; - Segle XX (tècnics i científics, normalment via francés, via castellà o via anglés).

A partir del segle XV, i especialment al XVI, i fins a l'actualitat, els cultismes amb estructura fonètico-sintàctica diferent a les estructures populars es popularitzarien amb les dificultats normals de percepció i reproducció, d'acord amb la pronùncia majoritària dels mots Ilatins, és a dir, oberts, però rebrien el fre i vacil.larien en els casos en qué el mot llati nou trobava un mot autòcton ¿'estructura semblant. Normalment les vacil.lacions han continuât, depenent de cinc factors : del dialecte (per exemple, difèrències entre català oriental i occidental), de l'antigor o cronologia del cultisme (els cultismes recent encara están en fase d'acomodació), del grau d'arrelament en la Mengua mitjà o estàndard, de la quantitat, de la importància i de la freqüéncia deis cultismes i exactament igual deis grups romànics. Esta existència en variació : pronùncia oberta / tancada ha durât al llarg deis segles (el problema és que no podem saber-ho amb seguretat per la falta de testimonis antics, excepte en francés) fins que ha triumfat una de les dues, generalment Poberta. 4) La tendencia dominant en tots els temps ha estât la pronunciació oberta de les tòniques e i o, per tant, els cultismes i fins i tot els neologismes procedente d'altres llengües tenen tendència també a ser articulades de manera oberta. Suposem que aquesta regla d' obertura de les vocals tòniques era ja present al segle XIV : primerament lluitant amb la major quantitat i freqüéncia de mots populars amb vocals tancades ; modernament recolzada en una quantitat de mots - generalment d'origen eulte - amb una pronùncia oberta. Només el pas del temps i la generalització dels cultismes han fet que la tendència a 1'obertura de les vocals tòniques es convertira en una regla, sempre orientada perls contextos fònics preexistents. 5) A causa de la distinta evolució en català orientai i occidental de les ee 1 latines, existeixen diversos grups populars que sonen diferentment segons el dialectes (per exemple : sufix -esa, terminació et < ittu, terminado è / én / és, mots acabats en -ia). Aquesta és la rao per la qual molts cultismes tenen diferent pronuncia en valencià i barceloní, que s'han de respectar, perqué sino crea una vacil.lacio i inseguretat molt gran en els parlants. Per exemple : série, Valéncia, efecte, diadema, béstia... 6) Aquesta mateixa explicació serveix per a les altres llengües romàniques analitzades, és a dir, l'italià, el francés i l'occità actúen com el català com a regla general. Les diferencies existents tenen una explicació particular dins de cada llengua i en relació a la història de cada vocable. El castellà com no distingeix entre vocals obertes i tancades adapta tots els cultismes de la mateixa manera : e i o, sense fer diptongar les obertes llatines. 7 ) Esta opinio té un abast explicatiu major que les explicacions de B A D I A i MARGARIT 0 MASCARÓ, el primer perqué partía d'una tendència només aplicable al català oriental que no es complia a Valéncia, on les vocals són molt obertes i la prosodia diferent a l'oriental ; el segon perqué només abraça una part dels cultismes, això si els més nombrosos, i a més perqué allò que és una coincidència general de l'evolució amb 1 átona l'alça a regla, sense entendre les caractéristiques de la i per a fer obrir.

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Michela CENNAMO (Napoli, Italia) Costruzioni passive ed impersonali in veneziano e in napoletano antico

1. Introduzione

In questo lavoro illustreremo alcuni aspetti della Transitività in testi veneziani del XIII e del XIV secolo, che verranno confrontati con testi napoletani del XIV secolo (cfr. anche CENNAMO, 1998). 1 Considereremo in particolare la diffusione del pronome riflessivo come marca del Passivo e dell'Impersonale, e la sua alternanza con altre strategie, quali i costrutti perifrastici con essere, venire, fir (in veneziano antico).

1.1.

Passivo ed Impersonale

Nel corso della discussione utilizzeremo la nozione multifattoriale di Transitività proposta in HOPPER / T H O M P S O N ( 1 9 8 0 ; 1 9 8 2 ) , c o n s i d e r a t a u n a c a r a t t e r i s t i c a d e l l a f r a s e ( e n o n

solo quindi delle proprietà sintattico-semantiche dei predicati), scomponibile in dieci parametri semantici, la cui presenza o assenza permette di individuare un gradiente entro cui collocare le diverse realizzazioni morfosintattiche di una situazione linguistica (cfr. tav. 4). Una frase sarà quindi più o meno transitiva, a seconda del numero e del tipo di parametri in essa presenti : A. Participants Β. Kinesis C. Aspect D. Punctuality E. Volitionality F. Affirmation G. Mode H. Agency I. Affectedness of 0 J. Individuation of 0

High Transitivity two participants or more action telic punctual volitional affirmative real is A high in potency 0 totally affected 0 highly individuated

Low Transitivity 1 participant non action atelie non punctual non volitional negative irrealis A low in potency 0 not affected 0 non individuated

Tavola 4 : Tavola di Transitività HOPPER / THOMPSON (1980 : 252 ; 1982 : 3) Questo approccio permette di considerare il ruolo svolto nella codifica della frase, in italiano antico, da parametri semantici quali l ' a s p e t t o , il g r a d o di I n d i v i d u a z i o n e

1

I testi esaminati comprendono i Tesñ Veneziani del '200 e del '300 a cura di A. STUSSI, il Panfilo, a cura di A. TOBLER, la Cronica degli Imperadori, a cura di A. CERUTI per il veneziano antico, il Libro de la Destructione de Troya a cura di N. DE BLASI e i Bagni di Pozzuoli a cura di E. PERCOPO per il napoletano antico.

92

Michela Cennamo

e di Controllo dei partecipanti nucleari di una frase, anch'esse nozioni scalari, comprendenti parametri diversi, quali la Definitezza, la Referenzialità, l'Animatezza, PAgentività (cfr. HOPPER / THOMPSON, 1980 ; 1982 ; LEHMANN 1988 ; KEMMER 1993). In quest'ottica anche le nozioni di Passivo ed Impersonale sono dei gradienti, punti diversi di un continuum di Detransitivizzazione, caratterizzato dalla comune funzione pragmatica di Defocalizzazione dell'agente ( S H I B A T A N I , 1985 ; G L V Ó N , 1990 : 565-72), ma differenziantisi per il suo diverso grado di realizzazione sintattica. In particolare, il Passivo è caratterizzato, nelle sue manifestazioni centrali o prototipiche, da un orientamento verso il partecipante O (seguendo la ben nota e consolidata terminologia (S, A, O) proposta in DIXON (1979 ; 1994 : 6-8) per i partecipanti nucleari di una frase), una morfologia verbale marcata (una forma del verbo essere / venire /fir (in a. ven.) + pp del verbo), soppressione dell'agente, topicalizzazione e soggettivizzazione di un non agente, aspetto perfettivo (cfr. CENNAMO, 1997a per l'applicazione di questo quadro di riferimento alla elaborazione di una tipologia dei costrutti impersonali e passivi nei dialetti italiani). I passivi con espressione dell'agente (a. ven. Karlo per urban papa era stado chiamado) sono meno prototipici in quanto il contenuto proposizionale delle frase resta immutato. Cambia solo la codifica dei partecipanti nucleari, A, O, che riflette una diversa prospettiva del discorso rispetto all'attivo (cfr. NOCENTINI, 1992). Anche la nozione di Impersonale quindi è un gradiente. Gli impersonali centrali sono i costrutti meno transitivi, denotanti l'occorrenza di uno stato o di un evento. L'attenzione è sul processo in sè, sul suo svolgersi senza un partecipante, come nei verbi metereologici e impersonali. Il verbo compare nella forma non-marcata, la terza persona singolare (COMRIE, 1977 : 54), talvolta preceduto da un pronome espletivo (a. ven. el coviene). I passivi centrali e gli impersonali centrali esemplificano il grado massimo di defocalizzazione dell'agente, che non è espresso nella struttura superficiale (e manca anche nella struttura argomentale della frase).2 Gli impersonali meno prototipici comprendono costrutti con verbi monovalenti / bivalenti, rispettivamente con orientamento S o A, con defocalizzazione di S / A, in quanto [-def], Essi sono espressi o mediante un pronome riflessivo (a. na se scendeva ; a. ven. se leze), o indefinito (a. na se l'omo avesse rogna). Talvolta compaiono la 3a plurale o la 2a singolare con riferimento ad un Partecipante indefinito («uno, qualcuno» nell'Universo del discorso) che esclude il parlante (la la plurale se è compreso il parlante, come in toscano antico - cfr. CENNAMO, 1991). Gli Impersonali più periferici, i cosiddetti impersonali-passivi, sono caratterizzati da una morfologia verbale passiva (una forma del verbo essere / venire, fir + pp) e dalla defocalizzazione del partecipante S / A (a seconda che il verbo sia monovalente o bivalente), che è soppresso (a. na fo rasoniato ; a. ven .fi dito) o espresso mediante un sintagma preposizionale (a. tose. da tutti fu andato (BERTUCCELLI PAPI, 1980 : 6 ; LA FAUCI, 1985). Il pronome riflessivo può marcare anche dei costrutti impersonali / passivi, ossia costrutti che permettono una interpretazione orientata sul partecipante A (impersonale) o sul partecipante O (passiva) a seconda del contesto, della classe verbale o del tempo (a. na la pace se tracta / se tracta la pace, « Uno, qualcuno tratta la pace / la pace è-viene trattata» - cfr. CENNAMO, 1984 : ca 2 ; 1995 ; L E P S C H Y , 1986 : 143-5 per l'italiano standard).

2

Per il rapporto tra Transitività e struttura argomentale, cfr. CENNAMO (in prep. b).

Costruzioni passive ed impersonali in veneziano e in napoletano antico

93

Il continuum di Transitività riflette il grado di identificazione dell'Efficiens del processo verbale con YAffectum (HALLIDAY, 1968). Se L ' E f f i c i e n s è esterno al processo il costrutto è impersonale-passivo, impersonale / passivo, o passivo, (cfr. CENNAMO, 1997a).

2. Analisi dei dati

2.1. Veneziano antico L'esame di testi veneziani del XIII e del XIV secolo mostra un quadro molto diverso nella codifica del Passivo e dell' Impersonale rispetto ai testi napoletani dello stesso periodo (cfr. CENNAMO, in pre a) per una analisi dettagliata, comprendente anche altri aspetti della Transitività). L'uso del pronome riflessivo come marca del passivo e dell'impersonale, infatti, ha una occorrenza molto bassa rispetto alle strategie normalmente presenti, quali i costrutti perifrastici con essere, venire, fir (cfr. p. 95). Nei Testi Veneziani il costrutto riflessivo impersonale / passivo occorre con l'ordine S se V e soggetto [-An] (38 occ.), [la], e con l'ordine se V S [2), generalmente determinato da fattori pragmatici, quali la non definitezza del soggetto superficiale, veicolante informazione nuova (14 occ.). 3 Nel Panfilo sono attestati pochissimi esempi di riflessivo impersonale / passivo con soggetto [-An] (4 occ.), e solo nella sequenza S se V. Anche nella Cronica questo costrutto, che occorre solo nell'ordine S se V, ha una frequenza bassa (13 occ.) : [la] [lb] [le] [2]

voio che le dite chase se afita tute a ani XXXVJ4 E setu voras qele se diga eule dirai ella chaxon del silencio in lo so libro se demonstra se posa far dineri

{Testi Ven.29, ν) (Panfilo 203, 378) (Cronica 185, 8b) (Testi Ven. 94, 5)

Il riflessivo impersonale / passivo con soggetto [+An] non compare nei Testi Veneziani, e ne occorrono solo esempi sporadici nel Panfilo (2 occ.) e nella Cronica (2 occ.) [3] : [3a] [3b] [3c]

lopesse si seperceve delo retort amo {Panfilo 230, 763) e quelli che volesse esser batezadi, liberamente se batezasse {Cronica 188, 13a) L 'imperador per nessuna arte de medesima se podeva aidare {Cronica 221, 5a) /vs/ che per nessuna arte de medixinapodea esser aidado (id 229, 59b).

La sequenza S se V sembra favorire l'interpretazione passiva, mentre l'ordine se V S favorisce l'interpretazione impersonale. La distinzione tra il costrutto riflessivo passivo e quello impersonale, tuttavia, non è ancora (pienamente) grammaticalizzata, a differenza del veneziano contemporaneo (LEPSCHY, 1989b) e di molti dialetti settentrionali (CENNAMO,

3

Per l'interazione dei fattori sintattici, semantici e pragmatici che determinano l'ordine se V S, cfr. CENNAMO in prea.

4

Si noti l'identità della 3a singolare con la 3a plurale, caratteristica del veneziano contemporaneo e di molti dialetti veneti, presente già nei testi antichi.

Michela Cenrtamo

94

1997a), come mostrano [5a]-[5b], in cui entrambi gli ordini sono possibili, pur veicolando il soggetto informazione Data : [4a] [4b]

tanto che questi dr. se paga avanti che se paga sta dota

(Testi Ven. 29v) (Testi Ven.75, 5)

L ' u s o impersonale del riflessivo (attestato nei Testi Veneziani (8 occ.), e nella Cronica (3 occ.) m a non nel Panfilo) è limitato ai verbi bivalenti con oggetto latente denotanti atti-

vità, quali dire, vadagnare, trovare : [5a] [5b]

si chom se leze in la ystoria segondo che s'atroverà scripto in eo quaderno

(Cronica 234,64a) (Testi Ven. 82, 26)

N o n ci sono esempi di riflessivo impersonale con verbi monovalenti, uso limitato a formule fisse, con verbi monovalenti / avalenti quali convenire, contenere, deser (a volte preceduto dal pronome espletivo el [6e], spesso in alternanza con forme senza il riflessivo [6d], che ha valore pleonastico : 5 [6a] [6b] [6c] [6d] [6e]

Eno se coviene a celar senpre mai lo secreto amor si cho' se conten in un manifesto per la via e modo che se coven sì com"conven el se diexe alo imperador partirse

(Panfilo 229, 753) (Testi Ven.75, 5) (ibid.) (Testi Ven. 5.5) (Cronica\S2, 5b)

Il se pleonastico va distinto dal si pleonastico (col quale può cooccorrere [iie], [vi]), ben attestato nel Panfilo e nella Cronica, con tutti i tipi di verbi / costrutti : [ia] Equelo dolore si parturise e sostene cotidiani pregi [ib] la pulçela si despresia lomo sovençe fiade [ic] Equele cause le qual desidera lamore la paura si le deveda [ii a] (Seneca) per salassadura devena si mori [iib] Equelo qe soleva andar ape si va mo acavalo [iicj lo dolore si me remane [iid] com un fantulin se travaia [iie] Quelo nostro cavalo si se faiga et anelea [iii] lo amore si crese e tute le cause del mondo si descrese [iv] Qelo anemo del homo si vene molto caçado enqua et enla [v] E sovençe fiade si fi trovadho en piçolo logo bela ombra = [1 Id] [vi] questa causa si se voi reparar tenpraamentre [vii]Equesta çoe galatea si sea toa muiere

(Panfilo 182, 70) (Panfilo 184, 10) (Panfilo 220, 621) (Cronica 181, 4a) (Cronica 183, 92) (Cronica 187, 148) (Cronica 216, 559) (Cronica 226, 698) (Cronica 193, 259) (Cronica 186, 133) (Panfilo 231,771) (Panfilo 211, 778)

(1878 : 275) considera questo si (equiparato al s( rafforzativo, accentato (=sic), analogo a quello dei più antichi testi toscani (cfr. SCHIAFFIMI 1954 : 294-97). Il fenomeno tuttavia è ancora inesplorato. Non è chiaro infatti perchè il si di questi esempi vada considerato rafforzativo. È certamente distinto dal riflessivo marca di voce, che è sempre se. La sua occorrenza con verbi intransitivi denotanti cambiamento di stato (iia), cambiamento di luogo telico (iib), stato (iie), costrutti anticausativi (iii), passivi (iv), impersonali / passivi (v) ed equativi (vii) (ossia in costrutti inaccusativi) potrebbe essere considerata il riflesso del riflessivo pleonastico sibi del latino tardo, che occorreva con le stesse classi verbali (cfr. CENNAMO, in st. b). Si noti anche che con un verbo di attività, quale travaiar finergativo), occorre se, non si. È difficile tuttavia ricollegare allo stesso fenomeno la presenza di si con i verbi transitivi. Una migliore comprensione del fenomeno potrebbe derivare dall'analisi dei contesti di occorrenza del si pleonastico in un corpus più ampio, comprendente testi di altre varietà in cui quest'uso è attestato, e dalla sua alternanza con il riflessivo come marca di voce. ASCOLI

Costruzioni passive ed impersonali in veneziano e in napoletano antico

95

Il riflessivo impersonale / passivo non occorre in costrutti perfettivi. Queste forme infatti sono attestate solo nei tempi semplici, in forme verbali imperfettive (presente e imperfetto indicativo / congiuntivo, futuro). I dati confermano quindi osservazioni analoghe per testi t o s c a n i a n t i c h i d e l X I I I s e c o l o in BERTUCCELLI P A P I ( 1 9 8 0 : 9 0 - 9 3 ) e C E N N A M O ( 1 9 9 1 ) ,

relative alla sporadicità / assenza di questi costrutti (numerose sono invece le attestazioni in testi toscani del XIV secolo e di epoca successiva (cfr. AGENO, 1964 : 211 ; WEHR, 1995 : 155-156).

Nei Testi Veneziani, e marginalmente nella Cronica (in cui occorre un solo esempio, che ha tuttavia una interpretazione impersonale [8b]) ma non nel Panfilo, occorrono anche alcuni esempi (12 occ.) del costrutto riflessivo con verbo transitivo, in funzione impersonale / passiva, introdotto dal pronome espletivo el (e le varianti elo / eli), e con soggetto postverbale 6 [7] : [7a] [7b] [7c]

voio s'el avignise eh 'e/o no se trovase ben tuto quelo ch'eo ai ordenato quando el se leze henrico primo ala morte soa elo se venda tute le masarie et le arnese

(Testi Ven. 96,29) (Cronica 182, 56) (id. 166, 8)

Nei Testi Veneziani, occorre anche un esempio di un costrutto riflessivo impersonale con pronome espletivo, e verbo bivalente con oggetto latente [8], che non è invece attestato nella Cronica e nel Panfilo: [8]

sì co'el(o) se trova

(Testi Ven. 50.5)

La sequenza se + verbo nel costrutto impersonale / passivo ed impersonale, è interrotta solo dal n(d)e partitivo. Non sono attestati infatti esempi di costrutti impersonali con oggetto clitico, come nel veneziano contemporaneo se lo vede « Uno lo vede (= lo si vede) » (LEPSCHY 1989a : 124-26) : [9]

E quanti beni se nde fase

{Testi Ven. 41, 15)

Come già osservato, la forma più frequente per il Passivo e l'Impersonale, tuttavia, è il costrutto perifrastico con essere e, in misura minore, venire e fir. A differenza del passivo con essere [10a]-[10c] (204 occ. nella Cronica, 56 occ. nei Testi Veneziani), quello con venire [lOd] (41 occ. nella Cronica, 3 occ. nel Panfilo, 7 occ.

nei Testi Veneziani) e fir [lOe] (9 occ. nei Testi Veneziani., 15 occ. nel Panfilo, 4 occ. nella Cronica) è limitato ad alcuni tempi, il presente, l'imperfetto ed il futuro (dell'indicativo e del congiuntivo), ossia a forme verbali imperfettive (denotanti quindi situazioni ateliche) : [10a] [10b] [10c] [ lOd] [lOe]

6

7

questo fato fo no cognosudo a mi elle osse de quello fo portade a napoli voio che la mia chasa sia venduda voio che tuto vegna dado in mese, in limosine el qual fi dito esser stado santhomo

(Panfilo 229,749) (Cronica 179, 2a) (Testi Ven. 99,10) (Testi Ven.99,20) (Cronica 228, 58b)

In realtà nei tempi semplici l'accordo con il verbo non permette di stabilire se il nominale postverbale sia il soggetto della frase, data l'identità della 3a persona singolare e plurale del verbo. L'uso di fir come ausiliare del passivo è ben attestato nei testi settentrionali antichi. In Bonvesin de la Riva (a. lombardo) il 90 % delle forme passive ha l'ausilare fir, mentre essere e venire hanno una frequenza rispettivamente del 2 % e del 4 % . (cfr KONTZI ,1958 : 2 6 - 3 2 ; STUSSI, 1965 : § 9.7).

Michela Cennamo

96

Il costrutto impersonale perifrastico con essere, venire, fir è attestato sia con verbi bivalenti che monovalenti. Il nominale in posizione postverbale, infatti, non concorda (per numero e / o genere) con il verbo, che occorre nella terza persona singolare, con il participio passato nel maschile singolare. Queste forme sono molto frequenti con i verbi bivalenti nei Testi Veneziani (49 occ.) [1 la]—[1 lb], mentre è attestato un solo esempio, con l'ausiliare fir, nel Panfilo [1 ld] e nella Cronica (con il nominale in posizione preverbale) [1 le] : [1 la] laso sia strabuido a caschun la soa mitade (Testi Ven. 80,40r) [1 lb] e déla moneda sia nde trato persone de prison per dibite (i Testi Ven. 75, 15) /vs/ voio che nde sia cantade mese (MM, id. 79, 5) [Ile] in un flume profondissimo cercha XIV milia hominifi dito de esser anegadi. (Cronica 240, 7la) [1 ld] E sovence fiade si fi trovadho en picolo logo bela ombria (Panfilo 210, 480) Questa costruzione è presente (nei Testi Veneziani (25 occ.) e nella Cronica (5 occ.), ma non nel Panfilo) anche con il pronome espletivo el (e le varianti elo / ilo), sia con l'ausiliare essere [12a]-[12b] che venire [12c] :8 [12a] voio qu 'elo sia dato ali redi de ser Bertucci s. xvj [12b] e concede ch'el fosse fato canonicha elecion [12c] Voio eh 'elo vegna dado a mia sor libr. CCC.

(Testi Ven 29, 3r). (Cronica 232, 62b) (Testi Ven. 29, 3r.)

Nella Cronica occorre anche un esempio con espressione dell'agente mediante il sintagma preposizionale introdotto dalla preposizione da [13] : [13]

per che'l fo despresiado li sacrificii dali dii

(Cronica 197, 23a)

Sono attestati anche costrutti con soggetto postverbale, introdotti dal pronome espletivo el occ. nei Testi Veneziani, 5 occ. nella Cronica, nessuna nel Panfilo) (cfr. BENINCÀ, 1 9 9 4 : 1 6 9 - 7 0 per esempi analoghi nei Testi di Lio Mazor) :

(8

[14a] lasso ch'el sia vestidi poveri quatrocento [ 14b] daspo che-/ fosse destruti li campi e le vigne

(Testi Ven. 48, 15) (Cronica 231, 61 a)

Il costrutto impersonale perifrastico con il verbo finito (essere, venire, fire) nella terza persona singolare e il participio passato nella forma non marcata maschile singolare occorre anche con verbi transitivi con oggetto latente, quali dire, monstrare, [15a]-[15b] o con verbi bivalenti con oggetto espresso mediante un SP [15c], generalmente senza il pronome espletivo nei Testi Fe«eziani [15a] e nella Cronica [15b], con il pronome espletivo el nel Panfilo (4 occ.)[15d] [15a] segondo che ven dito [15b] si chomo fi monstrado

(Cronica 224,53b) (Cronica 204, 31 b)

g

Questo costrutto è caratteristico di molte varietà settentrionali contemporanee, in cui occorre prevalentemente con verbi / strutture inaccusative (PARRY, 1998 e relativa bibliografia) (si veda anche SORNICOLA (1996) per costrutti analoghi in alcune varietà meridionali). È ben attestato nei testi antichi toscani (AGENO, 1965 : 159-76) e veneti (TEKAVCIC, 1967 : 172-80 ; BENINCÀ, 1994 : 169-70). AGENO (1965 : 159-60) considera il tipo toscano fu fatto beffe di lei, venne tre fratelli (analogo agli esempi veneziani antichi illustrati in fi 1]—[12]), la continuazione di forme del latino tardo quali baptizetur eos (Itala, Act. 10, 47), in cui il verbo, nella forma impersonale (3a singolare), è seguito da un « oggetto » nel caso accusativo (cfr. CENNAMO 1997b ; SORNICOLA, 1997, per una discussione recente di queste strutture, rispettivamente nel latino tardo e per i loro riflessi nelle lingue romanze medievali).

Costruzioni passive ed impersonali in veneziano e in napoletano antico [ISc] e conzo fosse chossa che a elio fosse contrastado per molte batalgie [ 15d] Equamvis deu qel fia mentido e dito bausia

97 (Cronica 213, 42a) (Panfilo 197, 294)

I costrutti con pronome espletivo sono molto frequenti nei testi esaminati, non solo per esprimere l'impersonale, ma anche e soprattutto nei costrutti presentativi. Essi occorrono prevalentemente con verbi monovalenti [16a-d], raramente bivalenti [1 solo esempio] [16e], e anche con i riflessivi anticausativi [16f], e nelle strutture equative [16g] : [16a] [16b] [16c] [16d] [ 16e]

Et apostuto elo basta ami solamente lo to parlamento s'elo avegnise che morisse el mori quasi tuli li (Cronica 235, 65a) selo fossemo morti ca tropo sé andadho mal li me'fati ancor voio ca s'e/o avese mio fiio fiioli masculi /vs/ E se meo fiio avese plu fiioli masscoli [16f] Domentre qelo se stravolce dolosamente le mente /vs/ dise en quante cause se stravolce lo anemo de quelui qe ama. [ 16g] com el fo bona la soa nasione

(Panfilo, 192, 228) (Testi Ven. 36,15) (Testi Ven. 75, 30) (Panfilo 99,13) (Panfilo 100,31 ) (Panfilo 100, 21) (Panfilo 186,129) (Panfilo 220, 619) (Panfilo 201, 349)

I testi veneziani del XIII e del XIV secolo esaminati mostrano quindi la presenza di un fenomeno che caratterizza e differenzia molte varietà settentrionali da quelle meridionali, la grammaticalizzazione delle nozioni pragmatiche di Dato-Nuovo, Definitezza-Indefinitezza, per cui l'informazione Data, [+Def], occorre in posizione preverbale, mentre l'informazione Nuova, [ - Def), occorre in posizione postverbale, con impersonalità del costrutto e, spesso, presenza di un clitico « n e u t r o » preverbale (cfr. BENINCÀ, 1977: 1 2 3 - 2 4 ; CENNAMO, 1997a ; PARRY, 1998) (si v e d a tuttavia LA FAUCI / LOPORCARO, 1993 per un

fenomeno analogo nel sardo bonorvese ; JONES, 1997 : 382, per il sardo campidanese). A differenza del veneziano contemporaneo, il nominale in posizione postverbale può accordarsi con il verbo, conservando quindi le caratteristiche morfosintattiche di soggetto. Queste forme tuttavia hanno una occorrenza bassa rispetto a quelle con non accordo del verbo. 9 Come già osservato, la strategia più diffusa per esprimere l'Impersonale è il costrutto con il pronome espletivo el (e le sue varianti), pur occorrendo anche l'indefinito omo /l'omo (cfr. qelo omo sia desca(ado for a delà soa citade (Panfilo 183, 39)). Il pronome riflessivo in funzione impersonale / passiva e impersonale ha una occorrenza bassa rispetto alle forme perifrastiche (con o senza il pronome espletivo), è attestato solo nei tempi semplici, in forme verbali imperfettive, mai con verbi monovalenti, e si riferisce ad un partecipante umano, indefinito, che esclude il parlante dall'Universo del Discorso.

2.2. Napoletano antico Lo spoglio di alcuni testi napoletani del XIV secolo mostra una diversa incidenza dell'uso del pronome riflessivo come marca di voce, e costrutti diversi per esprimere l'Impersonale, rispetto ai testi veneziani illustrati in 3.1. A differenza dei testi veneziani, infatti, il costrutto riflessivo in funzione impersonale / passiva ha una frequenza alta, ed occorre nella sequenza S se V (74 occ. nel Libro, 14 occ.

9

Va ricordato tuttavia che la presenza / assenza di accordo è espressa mo rfologicamente solo nei tempi composti.

Michela Cennamo

98

nei Bagni) e se V S (24 occ. nel Libro, 4 occ. nei Bagni). Sia nei testi veneziani che napoletani, tuttavia, è più frequente il costrutto con ordine S se V. Il diverso ordine riflette generalmente la diversa funzione pragmatica del soggetto, che veicola informazione Data, [+Def], in posizione preverbale [17a], e informazione Nuova, [-Def], in posizione postverbale [17b] :10 [ 17a] la festa in quillo tiemplo se celebrava [ 17b] Che de vui se non perda memoria et a me non se imponga diffamia

(LDT 97, 25) (LDT 64,18)

In entrambe le sequenze S se V / se V S le forme con soggetto [-An] sono più frequenti di quelle con soggetto [+An], che hanno invece una occorrenza bassa (rispettivamente 9 e 5

occ. nel Libro) : [ 18a] se nde poterrà aducere in quisto regno alcuna nobele femena [ 18b] consentero che quillo Palladio se rapesse da Troya.

(LDT 94,5) (LDT 252, 8)

È possibile anche esprimere l'Agente mediante un SP introdotto dalle preposizioni [19]:

da/per

[19a] azò che da tuti li Troyani (li cuorpi) se potessero resguardare (LDT 230, 2) [19b] le quale nén per vuy, nén per nullo altro pacifico signore se deveno desiderare (LDT 83, 18) Il riflessivo impersonale / passivo occorre prevalentemente nei tempi semplici, in forme verbali imperfettive (presente ed imperfetto indicativo / congiuntivo, futuro), con sporadici esempi di passato remoto. Nel Libro (ma non nei Bagni) sono attestati anche alcuni esempi in un tempo composto (passato prossimo e condizionale passato), con soggetto [± An], ma solo nell'ordine S se V : [20a]

per la quale chello che yà aveano desposto contrario puro se avesse compyuto (LDT 165, 31). [20b] (Enea era multo potente) che quase se avarria potuto appayare a la potentia dello re Priamo (LDT" 244, 29) Molto frequente è anche l'uso impersonale del riflessivo con verbi bivalenti con oggetto

latente (sapere, dire, fare, cuntare...) (41 occ.) : [21a] che quillo iuorno non se devesse combattere [21b] Multo se blasemava intre li Grieci de la signoria de lo re Agamenone [2le] secundo che se cunta de quilli che [21d] secundo che se observa inde la nostra usanza

(LDT 175,22) (LDT201, 23) (LDT250,4) (LDT 105, 10)

Ben attestato è anche l'uso impersonale del riflessivo con verbi monovalenti denotanti cambiamento di luogo telico (inaccusativi) [22a-g] (12 occ. nel Libro, 3 occ. nei Bagni, testo in cui complessivamente i costrutti riflessivi hanno una occorrenza bassa), e, marginalmente, attività (inergativi) [22h] : [22a] considerava che a quista insula non se nce poteva gire se nonper mare (LDT 51,2) [22b] ultra che non se pò plu andare (LDT 52, 3 5) [22c] per le quale se saglyva de sopre a quillo tabernáculo (LDT 199, 29-30) [22d] la intrata dove se scendeva era apparata da multe spine selvatiche (LDT 299, 1)

10

Per l'interazione dei fattori pragmatici con fattori semantici e sintattici nel determinare l'ordine se V S in questi testi, si veda CENNAMO (in prep a).

Costruzioni passive ed impersonali in veneziano e in napoletano antico [22e] [22f] [22g] [22h]

E quando mare torbase, mal se 'nce pote andare Tráse a sto bagno per multe fiate con rande paura vásence pur quando el tiempo è destro intanto che ad altri lontani payse de vostra bona fama se parla

99 (fi. XI, 183) (fi XXX, 534) (fi X, 171) (LDT 51,2)

Non ci sono esempi di tempi composti. Generalmente il riflessivo impersonale occorre nel presente, l'imperfetto, (indicativo o congiuntivo), raramente il passato remoto, ma non con riferimento temporale specifico che con i verbi denotanti cambiamento di luogo telico (inaccusativi) farebbe scattare l'interpretazione della la plurale (cfr. CINQUE, 1988), che è invece esclusa negli esempi riscontrati. La sequenza se + verbo nel costrutto impersonale / passivo e impersonale (ma anche nelle altre strutture riflessive) può essere interrotta da un clitico, o dalla negazione (cfr. DE BLASI, 1995 : 186) :

[23a] all'omo pazo se le deya respondere secundo la soa pazia (LDT131, 13) [23b] (ilio avea convenuto co li Grieci) che se le devessero dare XX milia marche de auro (LDT 25Ì, 9) = [17b] Che de vui se non perda memoria et a me non se imponga diffamia (LDT 64, 18) Come in veneziano antico, ma a differenza del toscano antico (cfr. CENNAMO, 1991), quindi, il pronome riflessivo si riferisce in questi testi ad un partecipante umano, non specificato, che non comprende il parlante / narratore. Non si alterna mai infatti con la la plurale, ma solo con la 3a plurale, o con la 2a singolare nei Bagni di Pozzuoli : [23]

et de vin forte saccite astinere

(fi. XXVI, 462)

Come impersonale occorre anche il costrutto con (h)omo, talvolta preceduto dall'articolo, l'omo : [24a] [24b] [24c] [24d]

se l'omo avesse l'ulcera, o rogna me paie plu da laudare che homo se astenga da quilli principii se ad omnen facto che ave homo a fare se II 'ommo avesse pustole

(fi. XI, 187) (LDT 89, 30) (LDT 92, 8) (fi. II, 32)

Nei Bagni di Pozzuoli si incontra anche la forma l'homirà , che può sostituire il riflessivo : [25a] Un'acqua è, che / 'omini dicen bagno de Prato [25b] Lo bagno, che Trepergule se dice per vulgare

(fi. XII, 199) (fi XV, 253)

Sporadicamente è attestato (nel Libro) anche il costrutto impersonale perifrastico, con il verbo finito (essere) nella 3a persona singolare ed il participio passato nel maschile singolare. Questo costrutto è limitato tuttavia ai verbi bivalenti con oggetto latente ; non occorre infatti con verbi monovalenti : [26a] E serrò dicto cossi che Ulixe [26b] poi che fo rasoniato chi de lloro [26c] dapoy fo combattuto aspreamente

(LDT 251, 32) (LDT 271, 18) (LDT 191,36)

100

Michela

Cennamo

3. Conclusioni

L'analisi di testi antichi veneziani e napoletani rivela da un lato strategie diverse per il Passivo e l'Impersonale, dall'altro una diversa distribuzione ed incidenza di strategie comuni quali il costrutto riflessivo. Nei testi veneziani il passivo e l'impersonale perifrastico sono le forme canoniche per esprimere il grado massimo di defocalizzazione dell'Agente, spesso con presenza del pronome espletivo el. Il riflessivo in funzione impersonale / passiva ha invece una occorrenza molto bassa, ed occorre prevalentemente con soggetti [-An], definiti, in posizione preverbale. I pochissimi esempi di riflessivo impersonale sono limitati a verbi bivalenti con oggetto latente. Non ci sono invece occorrenze con verbi monovalenti. La forma comunemente usata per esprimere l'Impersonale è infatti la 3a persona singolare del verbo, spesso preceduta dal pronome espletivo, generalmente con il nominale in posizione postverbale, non accordato con il verbo per numero e / o genere. Occorrono tuttavia anche esempi in cui il nominale conserva le caratteristiche morfosintattiche di soggetto, perchè si accorda con il verbo. Il tipo homo dice, pur attestato, ha una occorrenza marginale rispetto ai costrutti con il pronome espletivo. Nei testi napoletani, invece, il costrutto riflessivo in funzione impersonale / passiva è molto frequente, ed è ben attestato anche quello riflessivo impersonale, specialmente con verbi denotanti cambiamento di luogo telico, quali andare, trasire, scendere, ossia con verbi inaccusativi. Non occorrono invece esempi di riflessivo impersonale con verbi denotanti cambiamento di stato (nascere, perire), stato {stare, rimanere) o cambiamento di luogo atelico (camminare). Ben attestato è anche il tipo l'(h)omo dice, a volte nella forma plurale l'homini dicen, in alternanza con il costrutto riflessivo, per riferirsi ad un partecipante umano, non specificato, che non comprende il parlante. I dati mostrano quindi una diversa penetrazione del riflessivo come marca di voce, e sembrano supportare l'ipotesi avanzata in CENNAMO (1993 ; 1997c ; in stampa b), per la quale la reinterpretazione passiva ed impersonale del costrutto riflessivo in Italiano e nelle lingue romanze costituiscono due fenomeni diversi, che interagiscono con aree diverse della grammatica, confluendo in un costrutto apparentemente unitario, che ha invece origini diverse, e che segue percorsi differenti. Mentre infatti la reinterpretazione passiva è un cambiamento che si verifica nel latino tardo (cfr. CENNAMO 1997C), la reinterpretazione impersonale sembra essere uno sviluppo successivo, tipicamente romanzo, non attestato in maniera uniforme in tutta la Romània, con forti differenziazioni geografiche già in testi italiani antichi del XIII e del XIV secolo (si v e d a a n c h e BERTUCCELLI PAPI, 1 9 8 0 ; CENNAMO, 1991 p e r il t o s c a n o a n t i c o ; PARRY, 1997, p e r il p i e m o n t e s e a n t i c o ; WEHR, 1995).

In particolare, il costrutto riflessivo impersonale / passivo sembra occorrere inizialmente in frasi con basso grado di Transitività, denotanti situazioni ateliche, e con soggetti inanimati, come attestato dagli scarsi esempi con soggetti animati e denotanti situazioni teliche. Per quanto riguarda il riflessivo impersonale con verbi monovalenti, la prevalenza di esempi con verbi inaccusativi nei testi napoletani antichi e la loro assenza nei testi veneziani antichi suggerisce una possibile linea di ricerca, volta a verificare se in alcune varietà italiane antiche la penetrazione del riflessivo come marca dell'Impersonale sia attestata dapprima con verbi inaccusativi, e successivamente con verbi inergativi, seguendo un percorso inverso rispetto a quello del riflessivo impersonale / passivo.

Costruzioni passive ed impersonali in veneziano e in napoletano antico

101

La nozione di Transitività proposta da HOPPER / THOMPSON (1980 ; 1982) si rivela quindi uno strumento utile per la descrizione dei cambiamenti che si verificano nella codifica della struttura argomentale della frase nelle prime attestazioni romanze (italiane). Permette infatti di mostrare l'interazione di parametri semantici generalmente esclusi da una visione dicotomica della nozione di Transitività, quali ad esempio l'aspetto verbale, l'Animatezza, l'Inaccusatività (intesa come gradiente di transitività all'interno della classe dei verbi intransitivi (CENNAMO, 1998) nel determinare il consolidarsi di un nuovo sistema di voce in Italiano antico, conseguenza della dissoluzione delle nozioni di voce e di relazione grammaticale nel latino tardo.

Riferimenti bibliografici

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102

Michela Cennamo

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Costruzioni passive ed impersonali in veneziano e in napoletano antico

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Fonti

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Mariette

CHAMPAGNE

(Montréal, Canada)

Typologie des anaphores réciproques et leur évolution de l'ancien français au français moderne1

Cet article présente une analyse diachronique des réciproques de l'ancien français (AF) au français moderne (FM) à partir d'une étude détaillée de la particule entre. J'entends démontrer qu'un processus d'incorporation est approprié pour rendre compte des données de l'ancien et du moyen français (MF) dont un exemple est donné en [l]. 2 [1]

Granz colps s'entredunerent de lor espiez en lor targes roees (Chanson de Roland : 3568 / XIe)

Entre se résorbe au XV e siècle et l'un l'autre se propage aux XV e et XVI e siècles. Lorsque le se réciproque se met en place et que l'un l'autre se répand en moyen français, (Ils se regardent l'un l'autre, par exemple), entre réciproque disparaît car il y a conflit entre ces deux éléments, entre exprimant la réciprocité vague et l'un l'autre exprimant la réciprocité stricte (dans le sens de MILNER, 1 9 8 2 ) .

1. Le se de sens dit

réciproque

STÉFANINI (1962), MOIGNET (1973) et M É N A R D (1976), entre autres, suggèrent que la réciprocité pouvait être exprimée par le pronom se en ancien français et qu'il signifie « que plusieurs personnes dirigent l'événement l'un sur l'autre » (MOIGNET : 187). On retrouve le se dit réciproque dans l'exemple suivant d'AF :

[2]

Grant fu l'ire si se medlerent

(Wace, Rou, v.3.280 / XII E , Stéfanini : 437)

Selon DE Κοκ (1985), entre autres, tout verbe pouvait être précédé de la particule se en AF qui mettait de l'emphase sur la participation du sujet dans l'action (STEFANINI, 1962) et qui serait un élément adverbial datif (MELIS, 1990 ; VENDRYES, 1952).

1

2

Je remercie José BONNEAU, Monique LEMIEUX, Christiane MARCHELLO-NIZIA et Pierre PICA pour leurs nombreux commentaires et leurs suggestions. Ce processus d'incorporation a été suivi, en français moderne, d'un processus de lexicalisation de entre avec une classe réduite de verbes, pour le verbe « s'entraider », par exemple, où le préfixe et le verbe sont indissociables.

Mariette Champagne

106 2. Le préfixe verbal entre de sens réciproque

MEYER-LÜBKE ( 1 9 0 5 ) , entre autres, précise que tout verbe pouvait s'unir avec entre afin d'indiquer la réciprocité. STÉFANINI ( 1 9 6 2 ) , présente les statistiques suivantes : 3 8 % des verbes réciproques sont précédés de la particule entre au XIIe siècle (62 % ont le pronominal seul) ; il y aura une perte progressive du préfixe verbal et on en retrouve seulement 18 % au XVe siècle. Les exemples de mon corpus démontrent que les verbes précédés du préfixe et du pronominal sont soit transitifs, intransitifs ou inaccusatifs en FM. [3]

comme il s'entrevirent, il s'entrefirent moult grant joie

(Artu, 88 /112 / 4 / 7 / XIIIe)

Selon mon hypothèse, entre exprimait une réciprocité vague, entre avait un sens circonstantiel, c'est-à-dire qu'il se passe quelque chose entre deux ou plusieurs actants (un sens de mêlée). (À noter que STÉFANINI (1962) suggère que entre peut avoir un sens similaire à « respectivement ».) Cette hypothèse peut être justifiée par le fait que, selon MEYERLÜBKE (1905) et BONNARD et RÉGNIER (1989), entre autres, entre est dérivé du latin inter se (par exemple, inter se amant) qui est devenu un préfixe en gallo-roman (par exemple, se intramant). Le sens de entre en ancien et en moyen français semble plus près du préfixe inter du FM, par exemple le verbe interagir qui n'est pas un réciproque au sens strict. L'exemple suivant dans lequel la préposition entre a un sens « additionnel » peut être un autre argument en faveur de mon analyse. (C. MARCHELLONIZIA, c.p., qui m'a fourni cet exemple) [4]

Li rois vint entre lui et Gauvain. Le roi et Gauvain arrivèrent.

Pour expliquer ces phénomènes, je propose une analyse dans laquelle les affixes de l'inflexion en AF forment un lot de traits qui domine sa propre projection (afi), donc des traits tels Agr, Genre, Personne, etc. ne peuvent projeter dans les constituants computationnels et ne sont pas accessibles pour la vérification des traits par mouvement. Les traits grammaticaux en AF se projettent donc comme une tête affixale (LUMSDEN, 1 9 8 7 ) et sont vérifiés par incorporation morphologique après Spell-out (BAKER, 1 9 9 5 ) . Je propose que la particule entre est l'équivalent de la particule dative se et toutes deux interagissent dans le sens des verbes. La structure suivante est proposée pour rendre compte des données avec [se + entre] : (Voir BONNEAU et C H A M P A G N E , 1 9 9 8 , pour une discussion détaillée de l'analyse) [5]

[affP se [afFaff entre]]

Les données de la section suivante confirment les propriétés clitiques de se et de entre.

3. Autonomie morphologique de la préposition entre

Selon STÉFANINI (1962), la particule entre précède généralement le participe passé, comme dans l'exemple suivant : [6]

il s'estaient entr'encontré

(Queste St Graal, p. 148,1., ΧΙΙΓ, Stéfanini : 447)

Typologie des anaphores réciproques

107

Il existe toutefois de très nombreux exemples qui illustrent qu'un élément, l'auxiliaire être dans ce cas, peut se retrouver entre la particule le participe passé. [7]

S'entre sont féru

(Raoul de Houdenc, Méraugis, v.3012 / XIIe, Nyrop : 227)

Dans l'exemple suivant, le participe passé est précédé du entre, et seul le se précède l'auxiliaire. [8]

(Les Loh. Riehel / XIIe, Godefroy : 273)

se sont li conte si roit antracontrez

Dans les exemples suivants, il y a redoublement du préfixe entre. En [9], l'auxiliaire et le participe passé sont tous deux précédés de entre, tandis que dans l'exemple [10], entre précède le verbe matrice aller et le participe présent. [9] [10]

Il s'entresont moût doucement, Au departir, entracolé (Renaît, L'Escoufle, v.v.3.632-3 /XIIIe, Stéfanini : 447 Si s'entrevont antracointant (Renaît, G. de Dole, 1725 / XIIIe, Godefroy : 273)

La répétition du préfixe verbal dans les deux exemples précédents suggère que l'auteur désirait insister sur le caractère réciproque de l'action, ce qui est démontré par l'exemple suivant dans lequel on retrouve le même verbe qu'en [10], entracointier, sans que l'auxiliaire ne soit précédé du préfixe entre et on peut supposer qu'il y a lexicalisation dans le cas de ce verbe. [11]

Et par beles paroles se vont entracointant

(Buev. de Comm., 3684 / XIIIe, Godefroy : 273)

Dans l'exemple [12], se et entre apparaissent sur le verbe matrice auquel ils ne sont pas reliés sémantiquement, le sens réciproque étant relié au verbe infinitif enchâssé. Selon e GOUGENHEIM (1973), on en retrouve des exemples jusqu'au XVII siècle. [12]

Si s'entrecommencierent a resgarder moût honteusement (Queste du Saint Graal : 215, 1.4 / XIIIe, Stéfanini : 447

Mon analyse permet d'expliquer que, dans des exemples précédents, la particule entre soit montée jusqu'au verbe matrice quoiqu'elle modifie l'infinitif. En effet, les exemples de mon corpus présentant cette particularité impliquent tous des verbes dits à restructuration (dans le sens de RIZZI 1 9 7 8 , entre autres). Plusieurs autres analyses ont également été proposées en termes de mouvements de tête-à-tête pour expliquer la montée des clitiques (KAYNE 1 9 8 9 , CHAMPAGNE 1 9 9 3 , entre autres), mais elles impliquent les mêmes verbes matrices. Dans l'exemple [ 1 3 ] (moins fréquent que celui en [ 1 2 ] , selon STEFANINI 1 9 6 2 ) , entre précède l'infinitif et seul le pronominal précède le verbe matrice. À noter que l'on ne retrouve pas d'exemples tels entrevont se battre, dans lequel le pronominal précède le verbe infinitif, la montée du clitique étant obligatoire en A F ( M A R C H E L L O - N I Z I A 1 9 7 9 ; CHAMPAGNE 1 9 8 9 , entre autres). [13]

Entr'eulx se vont entrebatie

(De Mabile de Provins, Riehel, 24432, Godefroy : 279)

Les exemples de la section suivante démontrent que la particule entre était productive en AF et en MF au niveau des composés verbaux et qu'elle possédait différentes valeurs sémantiques, ce qui confirme l'analyse proposée : c'est la particule qui s'incorpore et on s'attend à ce qu'elle transmette son sens au verbe.

Mariette Champagne

108 4. Le préfixe verbal entre de sens non réciproque

Le préfixe verbal entre possédait plusieurs sens (MEYER-LÜBKE, 1974, T.II ; HANOSET 1964). IL peut avoir un sens locatif, par exemple, les verbes entremettre, entrelarder, entrelacer ; on en retrouve un exemple en [14]. [14]

Entre lesquelz s'entrelarda, Judas et a eulx marchanda. (Myst. de la passion, Gréban, 20068 / XVe, Godefroy : 189)

Entre peut avoir une valeur restrictive, c'est-à-dire que l'action ne se réalise qu'à demi, par exemple, entrouvrir, entrefermer, ou entrebailler, tel que représenté en [15], qui illustre un exemple tel qu'on en retrouve en FM également. [15]

Si a un poi Puis entrabaé.

(Rendus de Moiliens, VIII358, Hanoset : 309)

Entre peut aussi attribuer une limitation temporelle au verbe, par exemple, le verbe entroublier qui peut signifier soit « oublier complètement pendant un moment » [16], « oublier tout à fait » [17] ou « ne pas perdre de vue ce que l'on avait l'intention de faire » [18]. [16] [17] [18]

En longue contree, N'ert entroubliee, Ma tres douce amie. (Martin le Béguin, Chans., Hanoset : 314) li delis et la joie k'il en a li fait entreoublier les travaux ke devant en a eus (Chevalier du Lion, v.6707, Hanoset : 351) Li rois ki pas ne s'entroublie, Fait faire eglise et moustiers. (Le Roman de Barlaam et Josaphat 11266, Tob III 688)

En résumé, la particule entre possédait plusieurs valeurs sémantiques mais un processus syntaxique transmettait ces valeurs aux verbes. La section suivante démontre que entre servait également à la formation d'adverbes, de noms et d'adjectifs.

5. Dérivation avec entre

Selon NYROP (1930) et VENDRYES (1952) entre autres, la particule entre se joint principalement aux verbes en AF, mais elle peut également servir à formation des noms [18], d'adverbes [19] et d'adjectifs [20]. [18] [19] [20]

Audit lieu l'on use d'entravestissement Entrementiers qu'il le lavoit Megres sont et entrepelées (les gélines)

(Cout. loc. de Haines II, Godefroy : 177) (Rom. de Saint Graal, 535 / XIIIe) (Renaît, Méon, 2881 / ΧΙΙΓ, Godefroy : 294)

Typologie des anaphores réciproques

109

Lorsque le processus d'incorporation de entre a disparu, il est prédit par mon analyse que ces mots disparaîtront en français moderne. 3

6. Caractère optionnel de entre et de se

Examinons des données dans lesquelles la présence de se avec entre est facultative et qui semblent démontrer que chacun de ces deux éléments pouvait être omis sans aucun changement apparent dans le sens des verbes. Les exemples [21] et [22] contiennent le même verbe (entrebattre) avec et sans le se. [21] [22]

S'entrebatent comme gens de biens. (F. cris de Paris, Ane. Th. fr.II, 313, Godefroy : 279) Lors les veissiez entrebattre (Guiart, Roy. lignages, v.10.720 / XIIIe, Stéfanini : 465)

Afin de démontrer le caractère facultatif de se, STEFANINI (1962) cite Γ exemple donné en [23] dans lequel on retrouve l'alternance dans un même texte. [23]

Puis s'entreprendront par les dois : Fors de la chambre sont issu, Tot main a main entretenu

(G. de Païenne, vv.7.954-56 / XIIIe, Stéfanini : 464)

Les données suivantes illustrent le caractère optionnel de entre [24]

Il s'entrebaisent... Si se baisièrent...

(Cour. Louis, v.1.495, 1.976, Stéfanini : 438)

HERSLUND (1979) cite l'exemple donné en [25] dans lequel seul le premier verbe est précédé de se et de entre. [25]

3

S'entr'acoloientetbaisoient

(Rose 9182, cit. T-L III 630, Herslund : 275)

Une étude plus approfondie des préfixes prépositionnels entre de sens non-réciproque et des préfixes que MÉNARD (1973) et MORIN / ST-AMOUR (1977) appelle préfixes séparables, les affixes

« par », « en », entre et « re » qui sont souvent affixés au verbe à temps fini permettra d'étendre mon analyse des réciproques à d'autres préfixes prépositionnels que l'on retrouvait en ancien et en moyen français. Par exemple, le préfixe « re » peut monter sur le verbe « devoir » quoiqu'il soit sémantiquement lié au verbe « dire » : [i]

« tu me redevroies dire »

ou « en » du verbe « enfuir » qui monte sur l'auxiliaire : [ii]

« il s'en sont fui ».

Notons La dérivation de mots formés à partir de préfixes était très fréquente en ancien et en moyen français (HUGUET vol. 1, MEYER-LOBKE, entre autres). Certains mots ont subsisté jusqu'au XVIE siècle et ils sont presque tous disparus en français moderne (contre-heurter, trèsluire, malgracieux, etc.)

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Mariette

Champagne

7. Caractère optionel de se non réciproque

L'optionnalité du clitique se dans les constructions précédentes peut être prédite, un phénomène similaire étant présent en français pour certains autres types de se. Selon N Y R O P ( 1 9 3 0 ) , DE Κ ο κ ( 1 9 8 5 ) e t HERSLUND ( 1 9 8 1 ) , e n t r e a u t r e s , e n A F e t e n M F , les

verbes de toutes classes sémantiques et syntaxiques pouvaient être précédés de la particule se, souvent sans aucun changement de sens. Par exemple, les verbes intransitifs pouvaient être facultativement précédés du pronom se tel qu'illustré dans les exemples suivants : [26] [27]

Karies se dort tresqu'al demain, al clerc jur Karies se dort cum hume traveillet il se pensa que une si sage et bonne beste

(Chanson de Roland : 2569, 2525 / XIe) (CNN, VigneullesVXVI®)

Dans les deux exemples qui suivent, on retrouve alternance du se avec le même verbe ; le pronominal semble exprimer une réflexivité vague ou une marque aspectuelle. [28a] [28b] [29a] [29b]

Or a haute voix s'escrie. Or a haute voix escrie. que il s'iraient combatre aels et fu lor consel tiels que iroient conbatre a els

(Don de la Roche, 2.4533-2 / XIIe) (G. de Villehardouin / XIIIe, De Kok : 184)

8. Le réciproque / 'un, l'autre

Le cas de l'un l'autre est un autre argument en faveur de mon hypothèse selon laquelle seule la réciprocité vague était exprimée. En AF et en MF, on retrouve seulement de très rares exemples avec l'expression l'un l'autre qui semblent avoir un sens réciproque ou à tout le moins qui demandent deux actants. Selon STEFANINI (1962), cet usage se répand en moyen français à partir du XIVe siècle seulement. Ce dernier attribue un sens réciproque aux exemples [30] et [31] : [30] [31]

vous devez l'un l'autre aidier

(Mir.de Nostre Dame, t.IV, XXV : 121 / XIVe, Stéfanini : 429) Si vont regardant Ii uns l'autre (Guill. Palerme, vv.3.148 / XIIIe, Stéfanini : 430)

Le sens réciproque de l'exemple [31] n'est pas évident, Ii uns porte le cas sujet et l'autre le cas objet ; on peut supposer que le sens est « l'un regarde l'autre », mais le verbe (vont, dans ce cas) est au pluriel, ce qui laisse un caractère équivoque à cet exemple. L'exemple [32] illustre un cas où Ii uns et li autres sont au cas-sujet, donc aucun caractère réciproque. [32]

il sont tous a chevaus Ii uns et li autres

(Froissart : 13 / XIVe)

L'absence de réciprocité se retrouve clairement dans la phrase [33] dans laquelle il y a un caractère d'opposition : [33]

Li uns en demora a Hartfort, li aultres fut envoiiés à larch, li tiers a Cantorbie et li quarts a Sasleberi. (Froissart : 12 / XIVe)

Si on assume que les rares exemples d'AF que cite STÉFANINI ont bien un sens réciproque, c'est l'un, l'autre qui donne ce sens, se étant absent dans mes exemples.

Typologie des anaphores réciproques

111

9. Conclusion

J'ai voulu démontrer qu'en AF et en MF la particule entre avait différents sens qu'elle transmettait en s'affixant à des verbes par un processus d'incorporation. Lorsque l'un l'autre se répand en moyen français avec le vrai sens réciproque, se de sens réciproque se met en place et entre et se exprimant une réciprocité vague disparaissent.4 Notons qu'on retrouve dans la langue en variation des exemples avec se, entre, et l'un l'autre en MF, tel qu'illustré en [34] : [34]

C'estoit un singulier plaisir de veoir les caresses et les festes qu'ils s'entrefaisoient l'un l'autre (Montaigne, Essai II, 12 / XVI, Godefroy : 285)

Je propose la structure suivante pour rendre compte du FM : [35]

[PP l'uni [P' contrej [PP l'autre [P' tj ti]]]]

Si on revient à la structure [5], je propose qu'en français moderne ce qui restera en bas après le mouvement du se qui sera incorporé dans le V et sera phonétiquement nul ; deviendra un complémenteur ou une préposition dans l'infinitif ou l'un l'autre. En résumé, je propose que la particule se était un marqueur datif qui mettait de l'emphase sur la contribution du sujet et qu'à partir de la Renaissance, comme en français moderne, elle a des propriétés aspectuelles.

Références bibliographiques

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B O N N A R D , H . / C . REGNIER ( 1 9 8 9 )

4

Les données du moyen anglais confirment cette hypothèse. Selon réciproques ne sont pas attestés avant le milieu du XVIe siècle .

KEENAN ( 1 9 9 3 ) ,

les vrais

112

Mariette

Champagne

HERSLUND, M. (1979) : « La préposition entre en ancien français », in : Revue de linguistique romane, Société de linguistique romane. - (1981) : « La construction réfléchie en ancien français », in : Actes du VIIIe congrès des romanistes scandinaves, Odense University Press. KAYNE, R. (1989) : « Null Subject and Clitic Climbing », in : O. Jaeggli / K.J. Safir, The Null Subject Parameter, Dordrecht, Reidel, 239-261. KEENAN, E. (1993) : The Historical Development of the English Anaphora System, ms, UCLA. LUMSDEN, J. (1987) : Syntactic features in the History of English, Thèse de doctorat, MIT. MARCHELLO-NIZIA, C. (1979) : Histoire de la langue française aux XIVe et XV e siècles, Paris, Bordas. MELIS, L. (1990) : « Pronominal verbs in Old an Modem French », Diachronic Semantics. MÉNARD, P. (1973) : Syntaxe de l'ancien français, Bordeaux, Sobodi. MEYER-LÜBKE, W. (982, Ordres et raisons de langue, Paris, Seuil. MoiGNET, G. (1976) : Grammaire de l'ancien français, Paris, Klincksieck. NYROP, K. (1930) : Grammaire historique de la langue française, Copenhagen, Gyldendalske Boghandel, Nordisk Forlag. RIZZI, L. (1982) : Issues in Italian Syntax, Dordrecht, Foris. STEFANINI, J. (1962) : La voix pronominale en ancien et en moyen français, Gap, Ophrys. VENDRYES, J. (1952) : « La préposition entre », in : Choix d'études linguistiques et celtiques, Paris, Librairie C. Klincksieck.

Gloria CLAVERÍA NADAL (Barcelona, España)

La variación vocálica en español antiguo

1. Uno de los aspectos que menos ha cambiado en la historia de la fonología del español estándar se halla en el sistema vocálico. Mientras que en el sistema consonàntico se han producido modificaciones importantes que han afectado de manera clara a la configuración misma del sistema, en el caso del vocalismo no se ha registrado ninguna evolución que haya alterado de manera significativa su estructura. En el terreno de las vocales únicamente cabría mencionar cambios de alcance restringido o de carácter esporádico como las monoptongaciones de /ie/ a /i/ y de /ue/ a /e/ (castiello > castillo, fruente > frente), y las alternancias que han existido y existen en el timbre de las vocales, especialmente en posiciones inacentuadas, y que han motivado que algunas palabras hayan sufrido a lo largo de su historia la sustitución de un timbre vocálico por otro, así ha ocurrido en los casos de eglesia > iglesia, logar > lugar, escuro > oscuro, ascuchar > escuchar, etc. El objetivo fundamental de la presente investigación es reflexionar sobre la historia, funcionamiento y explicaciones de este tipo de alternancias a partir del análisis de un corpus de datos basado en el comportamiento de este fenómeno en más de treinta obras medievales (desde el siglo XII hasta principios del siglo XVI). Antes de iniciar el estudio de las variaciones vocálicas, se impone realizar una breve reflexión sobre las dificultades a las que se enfrenta el lingüista histórico al analizar un problema de estas características : si por un lado, la existencia de ejemplos de variación que trascienden a la norma escrita permite conocer en buena medida las características del fenómeno en la lengua antigua (RUSS, 1986 : 170-172) ; por otro, al ser los textos escritos y la representación grafemática que estos proporcionan sobre la pronunciación de las palabras la única fuente de información, ésta es siempre indirecta y es normal que existan desajustes entre el sistema grafemático y el sistema fonológico. Estos desajustes pueden enturbiar la interpretación de los hechos de variabilidad en el plano fonológico. En nuestra investigación, se detecta la variación en el vocalismo por la presencia en los documentos escritos de trueques en una misma palabra entre dos grafías vocálicas diferentes. Ello será interpretado en todos los casos como el reflejo de alternancia entre las pronunciaciones de los fonemas correspondientes a estos grafemas, a pesar de que desde el punto de vista fonético el fenómeno pueda ser mucho más complejo (MONROY, 1980 : 9-10).

2. Ya en el Manual de gramática

histórica española

de R. MENÉNDEZ PIDAL ( 1940), por

ejemplo, se hace referencia a los cambios de timbre de las vocales y se vinculan especialmente al vocalismo inacentuado porque

114

Gloria Clavería Nadal

fuera del acento, las mismas dos vocales tan diversas palatales, e, i, o las dos velares o, u, no difieren entre sí tanto como cuando van acentuadas. Esto permitía, aun en el siglo XVI, vacilaciones en el lenguaje literario, que no eran posibles respecto de las vocales acentuadas ; así estaban admitidas en el habla culta vanedad, envernar, escrebir, ahondar, roído, rofián, cobrir, si bien las formas actuales ya prevalecían en personas de mejor gusto, como, por ejemplo, Juan de Valdés, que desecha las variedades apuntadas. Es decir, en el siglo XVI la lengua literaria no estaba aún fijada respecto a la vocal protónica, cuando respecto a la vocal acentuada se había dejado desde la segunda mitad del siglo XII (§ 16) MENÉNDEZ PlDAL destaca la vocal /a/ como la más « resistente » a la variación y al cambio, y para el resto señala : La suerte de las otras vocales átonas está determinada por la resultante de dos condiciones : primera, su colocación respecto del acento ; segunda, su colocación en el comienzo, medio o fin de la palabra. La posición inicial es la más firme, la que da más resistencia a las vocales, la que más las asemeja a la acentuada ; sigue luego la final ; la vocal menos resistente es la medial, que se pierde frecuentemente, lo cual se explica por su cualidad de relajada (§ 16) En su descripción de la evolución de las vocales inacentuadas se refiere a distintos casos de cambios de timbre vocálico : /a/ > /e/ y /e/ > /a/, rabaño > rebaño, cercillo > zarcillo

(§§ 174, lea) ; /e/ > /o/ mestenco > mostrenco (§ 184) ; /o/ > /u/, polgar > pulgar (§ 202) ; loi > /a/, colostro > calostro (§ 20 3 ) ; loi > /e/ rotondu > redondo (§ 20 4 ). Existen diferencias importantes respecto a los ejemplos que Don RAMÓN proporciona por cuanto algunos de los cambios se remontan ya al latín (cfr. §§ 65-66), mientras que en otros se documenta la alternancia a lo largo de la historia del español. F . HANSSEN ( 1 9 4 5 ) , V . GARCÍA DE DIEGO ( 1 9 7 0 ) , R . C A N O ( 1 9 8 8 ) , M . ARIZA ( 1 9 8 9 )

y J. M. FRADEJAS (1997) recogen también este tipo de cambios y alternancias ensayando distintas explicaciones, entre las que destacan los procesos de influencia entre sonidos (asimilación y disimilación). Por su parte, R. LAPESA (1981) va siguiendo a lo largo de la historia de la lengua española la suerte de la variación vocálica desde los primeros documentos escritos en norma romance hasta la pervivencia de este fenómeno en el « habla rústica y vulgar » actual tanto peninsular como americana. 1 LAPESA (1981 : 466) se refiere a que en la fonética vulgar perviven las antiguas indecisiones respecto al timbre de las vocales inacentuadas (sigún, irniente, ceviles, sepoltura, Josticia, menumento), al margen de la fijación operada desde fines del período clásico ; asimilación y disimilación actúan con plena libertad. Las palabras de R. LAPESA evidencian uno de los aspectos de la historia del fenómeno : en la Edad Media y aún en los siglos XVI y XVII, estas alternancias aparecían en mayor o menor medida en la lengua escrita y culta ; en la actualidad únicamente se registran en la lengua hablada y en muchas descripciones quedan asociadas a la lengua hablada « vulgar ». Menudean las referencias en las descripciones de carácter dialectal (por ejemplo, ALARCOS LLORACH, 1964 : 152 ; ALCINA-BLECUA, 1984 : 2 8 3 ; HERNÁNDEZ ALONSO, 1 9 8 6 : 1 9 8 - 9 ; MORENO FERNÁNDEZ, 1 9 9 6 : 2 1 5 ; MARTÍNEZ MARTÍN, 1 9 9 2 : 4 9 9 ; VAQUERO, 1 9 9 6 :

12-13 ; ZAMORA VICENTE, 1965) y entre ellas conviene destacar el trabajo de CUERVO (1955) por trazar continuas relaciones entre las formas actuales y las formas antiguas. Del mismo modo que CUERVO, Α. Μ. ESPINOSA (1930) y A. ALONSO (1930) conceden especial

1

Cfr. LAPESA (1981 : § 116 2 y§ 1351).

La variación vocálica en español antiguo

115

relevancia al fenómeno estudiado y describen detalladamente el comportamiento de la variación en el español de América.2

3. Los resultados obtenidos sobre las alteraciones de timbre de las vocales átonas en las obras analizadas muestran que la variabilidad se manifiesta en palabras de cualquier procedencia genealógica, i. e. afecta a todos los componentes del léxico : se documenta tanto en términos patrimoniales como en los préstamos de la más variada procedencia, aparece también en las voces creadas con la aplicación de reglas de formación de palabras. Es muy importante la variación vocálica registrada en los paradigmas verbales de la segunda y tercera conjugaciones a finales de la Edad Media (e. g. complir > cumplir, vevir > vivir, ove > uve, etc.), pero este aspecto no ha sido considerado en nuestra investigación ;3 tampoco se analizan las alternancias vocálicas producidas por yod o wau (confesiónconfisión, jogar-j ugar)* Los ejemplos recogidos en nuestro corpus pueden ser agrupados de la siguiente forma : 1) Alternancias entre /e/ e /i/ : ninguno-nenguno,5 asesino-asisino, artificio- arteficio, civilcevil. 2) Alternancias entre loi y /u/ : abundar-abondar, puridad-poridad, abobilla-abubilla, robírubí. 3) Alternancias entre /a/ y /e/ : lamentación-lementación, revelación-ravelación, aledañoaladaño. 4) Alternancias entre /a/ y loi : atorgar-otorgar, Salamón-Salomón. 5) Alternancias entre /e/ y loi : oscuro-escuro, genealogía-genoalogía. 6) Alternancias entre Iii y /u/ : cirujano-çurujano. Se detectan, sin embargo, diferencias notables entre los fenómenos expuestos en (1)—(6). El más frecuente de ellos es la variación entre las vocales lei e Iii y es también muy abundante la alternancia entre loi y /u/, aunque quizá en menor medida que los trueques entre vocales de articulación anterior. El resto de alternancias (a-e, a-o, o-é) tiene un carácter más esporádico y disperso. La variación entre Iii y luí se ha registrado en nuestro corpus en un solo caso. Las palabras documentadas con polimorfismo vocálico pueden mostrar uno de los dos comportamientos siguientes : en algunos términos, la forma antigua {logar, eglesia) es sustituida por una variante nueva que entraña un cambio en el timbre de la vocal (lugar, iglesia), de ahí la aparición de la alternancia. En otros términos, se registran variantes alternantes de manera más o menos esporádica, pero en ningún caso se produce un cambio en la forma estándar, e. g. revelación-ravelación, entención-intención.

2 3 4 5

Para la complicada situación de judeoespañol, vid., por ejemplo, Sala (1971). Para más indicaciones sobre el corpus y consideraciones metodológicas, vid. Clavería (1991). Cfr. Pensado (1984b). Al consignar los ejemplos documentados, se simplifican y unifican, siempre que es posible, las variantes registradas según la forma estándar actual; se proporciona el infinitivo en los verbos y el singular, en los sustantivos y adjetivos.

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3.1. Alternancias entre /e/ e /i/ Como ya se ha señalado, es la alternancia más importante por la frecuencia de aparición con la que se presenta. Puede afectar a voces de las más variada procedencia o formación genealógica :6 1) Palabras patrimoniales y derivadas de base patrimonial. Se han registrado casos como carpintero-carpentero, centura-cintura, fenida-finida, mordidura-mordedura, postremeríapostrimería, siguranza-seguranza, sabiduría-sabedoría, sentimiento-sintimiento, servidumbre-servedumbre, venenosa-venino. También aparece variación en ningunonenguno, un término de valor gramatical en el que la forma con /el, concorde con la etimología ( N E C U N U S ) , se restringe a documentos del siglo XIII, mientras que la forma con /i/ se explica por influjo de nin y es la única registrada a partir de esta época. 2) Préstamos. La aparición de variaciones de timbre es mucho más frecuente que en las palabras patrimoniales y derivadas. Lo es sobre todo en los préstamos del latín, pero también aparece en algunos préstamos de otra procedencia : Latinismos. Entre los más importantes por su frecuencia de aparición se hallan certeficar-certifícar, cerimonia-cirimonia-ciremonia, ceviles-civiles, edeficio-edificio, femenino-feminino, fegura-figura, estoria-istoria, omecida-omicida, eglesia-iglesia, medicina-medecina-melecina, pertenencia-pertinencia, previlegio-privilegio, sacreficiosacrificio, santeficar-santificar, trenidad-trinidad, vertud-virtud, vesitar-visitar. Cabe destacar, además, a medio camino entre los préstamos del latín y las palabras derivadas, muchos latinismos integrados por las secuencias di(s)-/de(s)-, in-/en-, que pueden experimentar también alternancias entre lei e Iii : définieión-difinición, di(s)famardefsjfamar, defirencia-difer encía, delicvio-diluvio, de(s)ciplina-di(s)ciplina, desimulardisimular ; enorme-inorme, envidia-invidia, empidir-empidir, enclinar-inclinar, engenioingenio, entención-intención. Otros préstamos : se ha registrado alternancia en préstamos del árabe asesino-asisino, rincón-rencón ; en préstamos del francés o del occitano debujar-dibujar, girifalte-gerifalte, lesonja-lisonja. Al margen de la clasificación genealógica, cabe destacar que a menudo la alternancia entre vocales afecta a nombres propios sea cual sea su origen y transmisión : AlemaniaAlimania, Alexandre-Alixandre, Beringuella-Berenguella, Guevara-Guivara, EsidoroIsidro, Vergilio-Virgilio.

3.2. Alternancias entre/o/y/u/ Se repite en esta alternancia la tipología registrada en las vocales de articulación anterior.

6

Para la adscripción genealógica de las palabras, se utiliza el DCECH y en alguna ocasión (1974).

BUSTOS

La variación vocálica en español antiguo

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1) Palabras patrimoniales y derivadas de bases patrimoniales. Abobilla-abubilla, asosegarasusegar, fermosura-fermusura, gostar-gustar, logar-lugar, mercadoría-mercaduría, polgar-pulgar, sabidoría-sabiduría,7 sotil-sutil. 2) Préstamos latinismos. Sensiblemente menos frecuentes que en la alternancia entre /e/ e /i/, se han registrado ejemplos como abondar-abundar y toda su familia, 8 capítolcapítulo, disposición-dispusición, geometría-geumetría, homilde-humilde, ínsola-ínsula, poridad-puridad, púrpora-púrpura, sepoltura-sepultar/sepultura, sojeto-sujeto, soplicarsuplicar. Préstamos de otra procedencia. Únicamente se ha registrado estupaza para el antiguo estopaza 'topacio' y la alternancia rubí-robí, tomados del francés y del catalán respectivamente según el DCECH. Las alternancias afectan, en ocasiones, a nombres propios cualquiera que sea su procedencia : Agostín-Agustín, Jovenal, Portogal-Portugal.

3.3. Alternancias entre /a/ y /e/ Son menos frecuentes que los dos tipos de variaciones examinadas anteriormente, pero igual que ellas se registran en todo tipo de palabras. En el corpus se han hallado casos de variación timbrica en palabras patrimoniales y voces derivadas de bases patrimoniales : así las parejas asconder-esconder, aladaño-aledaño, desamparar-desemparar ; fallecer-fellecer, razón-rezón. Todos los anteriores son términos patrimoniales cuya base etimológica tiene /a/ o bien son derivados de una forma también con /a/. Por el contrario, las alternancias del tipo adarredor-aderredor, añadireñadir, asperar-esperar, astragado-estragado, dinarada-dinerada, enemistad-enamistad, entrame ten-entre me ten, romería-romaría, trabajo-trebajo, trasquilar-tresquilar, pertanescer-pertenecer, piedad-piadad proceden de /e/ etimológica o de un primitivo con /e/. Se ha registrado, además, un caso de fialdad que alternó con el más frecuente fieldad, forma antigua de fidelidad {DCECH, s. v. FE). Por último cabe destacar la alternancia entre consegrar-consagrar, cuyo origen se halla en la misma forma latina : la variante con /a/ es la propia del latín tardío, mientras que en latín clásico era CONSECRARE. La variación entre /e/ y /a/ aparece también en latinismos y préstamos de otras procedencias : Latinismos y helenismos. Astrología-estrología y estrolabio, atrayendo-atreyentes, lamentación-lementación, aniverario-enaversario son términos cuya base etimológica tiene /a/ ; abraico-ebraico, carestía-caristía-carastía, malencolía-melancolía, raptilias-reptilias son alternancias con una base etimológica en /e/. Existen, además, palabras que presentan en el corpus una sola forma que contrasta con el timbre vocálico de la etimología y de la forma actual : tal es el caso de megos, con cambio de /a/ a /e/ ; latrina, frente a la forma moderna con /e/, supone que en algún momento de la historia de esta palabra ha existido la alternancia entre /a/ y /e/ y la generalización de esta última solución en la lengua

7

Para el problema de -dor/duria, vid. MALKIEL ( 1979).

8

Cfr. CLAVERÍA (1995).

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Gloria Claverta Nadal

estándar ; 9 y las variantes pargamino, revalación, de base etimológica en /e/. Se ha documentado también la alternancia monesterio-monasterio, cuyo origen se halla en la misma forma latina pues la forma monesterio se remonta a una variante del latín vulgar monisterium. Se registran, además, variaciones en préstamos como avantaja-aventaja, fray-frey, mansejaria-mensageria, palafrén-palefrén. Y formas sin alternancias, pero significativas como entena frente al actual antena.10 Aparecen los nombres propios Rabeca-Rebeca, Mandoza-Mendoza, y Barnabé Pernaso, Esclepio, Pentacosta, Vaspasiano.

3.4. Alternancias entre /e/ y loi La variación de este tipo se manifiesta de forma bastante más restringida. Aparecen ejemplos con base etimológica en /e/ : asesegar-sosegar, en el que la primera es la forma antigua que es sustituida por la forma con loi en los siglos XIII y XIV ( D C E C H , s.v. SOSEGAR). Trebejar-trobejo y provochó 'aprovechó' son ejemplos en los que se documenta aisladamente una sola forma en loi. De forma completamente aislada ha aparecido la alternancia conecida-conocer. La variante ascorosa, de controvertida etimología, se documenta con loi en el corpus, variante que aparece aún en NEBRIJA {DCECH, s. v. ASCO). En los latinismos se recogen hespital-hospital, escuro-oscuro, veluntad-voluntad cuya base etimológica es loi ; el helenismo genealogía, transmitido por vía latina, alterna con genoalogía. En los préstamos de otra procedencia destacan ergullo-orgullo y rendón, procedente del francés randón, que contrasta con el actual rondón.

3.5. Alternancias entre /a/ y loi La alternancia más importante es atorgar-otorgar en la que la forma con /a/ deja de aparecer a partir del siglo XIV. 11 Se registra también maravedís-morabetinos, un arabismo que como muchos otros se presenta en la lengua antigua con múltiples variantes {DCECH, s. v. MORABITO). Aparecen, además, nombres propios transmitidos por vía culta latina como Salamón-Salomón, Saturno-Soturno.

3.6. Alternancia entre Ν y /u/ Como ya se ha señalado con anterioridad, únicamente se ha recogido en cirujano-çurujano. La forma con /u/ en la sílaba inicial se ha documentado en dos ocasiones, en el siglo XV {El Corbacho) y principios del XVI {Cancionero General). Al no haberse registrado

9

10 11

Letrina se encuentra por primera vez en NEBRIJA {DCECH, s. v.). En nuestro corpus, sin embargo, aparece en el Libro conplido. Según el DCECH se podría tratar de un préstamo del catalán. La alternancia se gesta con la tendencia a la pérdida de wau en el mismo latín, cfr. VÄÄNÄNEN (1968 : 76-77) y DECLC, s. v. ATORGAR.

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la alternancia entre /i/ y luí en otros casos, creemos que se trata de un tipo de variación muy restringida, circunscrita probablemente a este término cuya variante en /u/ tuvo cierta extensión en la lengua antigua (DCECH, s. v. CIRUGÍA).

4. El corpus de obras que se ha presentado proporciona una idea de las características, funcionamiento y frecuencia de la variación timbrica del vocalismo átono en la Edad Media. Los resultados son equiparables a los hallados en otros estudios que se ocupan de este fenómeno, tanto en estadios lingüísticos del pasado como en la actualidad. E. g. TERRADO ( 1 9 9 1 ) encuentra en el análisis de documentos jurídicos medievales de Teruel el mismo tipo de alternancias y también en PARODI (1995) aparece un comportamiento similar en los documentos americanos del primer cuarto de siglo X V I ; lo mismo ocurre con las variantes gráficas de Santa Teresa (GARCÍA-MACHO / PASCUAL, 1990) o con las opiniones que J. de VALDÉS incluye en su Diálogo de la lengua sobre si tal o cual variante le parece más adecuada : así se sabe que J. VALDÉS prefería rencor, renacuajo, rebaño a rancor, ranacuajo, rabaño (LOPE BLANCH, 1969 : 78), prefería también taxbique, fraila, trasquilar a las correspondientes formas con e (LOPE BLANCH, 1969 : 81), priorizaba vanidad, invernar, escribir, aliviar, disfamar en lugar de las formas que contenían i (LOPE BLANCH, 1969 : 80), se inclinaba por ospitai en lugar de espital, y por la variante con u en abundar, rufián, ruido, cubrir, jaula, tullido, riguroso (LOPE BLANCH, 1969 : 8 6 - 8 7 ) . No se debe olvidar, sin embargo, tal como señala LOPE BLANCH (1969 : 15), que « la alternancia subsistía en no pocos vocablos, según el propio Valdés refleja en sus escritos, en los cuales aparecen con frecuencia formas como nenguno, quiriendo, puniendo y escrevir ». Del mismo modo las alternancias persisten en las descripciones que se han hecho para el español actual (e. g. CUERVO, 1955 ; ESPINOSA, 1930). 1 2 Existe, pues, sin ninguna duda un nexo que une las alternancias antiguas con las que se registran en la actualidad. En el corpus analizado, al margen del análisis pormenorizado de cada una de las voces registradas, se perfilan unas condiciones de comportamiento que permiten ensayar un intento de explicación del funcionamiento de la variación vocálica en posición inacentuada. N o hay que olvidar, sin embargo, que las observaciones que siguen se derivan del reflejo del fenómeno en la lengua escrita : 1) Hay una tendencia muy importante a que las alternancias se produzcan entre vocales con la misma localización, de ahí que los trueques registrados más frecuentemente sean entre e-i y o-u. La importancia de este tipo de alternancias aumenta al considerar que se producen también en el área de la morfología verbal y por influjo de una semiconsonante.

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No se ha documentado el cambio a > i de añidir que mencionan tanto ESPINOSA (1930 : 88-89) como CUERVO (1955 : 589). Tampoco han aparecido los cambios de timbre del tipo a > u, O > i que recoge ESPINOSA ( 1930 : 8 9 - 9 0 , 1 0 1 - 1 0 2 ) .

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Gloria Claveria Nadal

Las variaciones de timbre entre vocales de localización anterior se deben en muchas ocasiones a procesos de influencia entre sonidos (asimilación o disimilación), por cuanto frecuentemente en la misma palabra aparecen dos o más vocales con la misma localización (una de ellas en posición acentuada). Ello es especialmente recurrente en las palabras derivadas y en los latinismos que tienen mayor tendencia a estar integradas por tres sílabas como mínimo (PATTERSON / URRUTIBÉHEITY, 1975). Cuando la alternancia afecta a vocales posteriores, no parece que sea tan importante la asimilación entre vocales con la misma localización (o-u). En este caso, apunta una tendencia a secuencias vocálicas del tipo o-ά > u-á (logar > lugar, polgar > pulgar, abondar-abundar) y o-í> u-í (sotil-sutil, homilde-humildé). 2) Después de las alternancias entre e-i y o-u, aparecen como más importantes las variaciones en las que interviene /a/ con lo que se demuestra que, a pesar de ser la vocal más estable, no se encuentra al margen del cambio (PENSADO, 1984a : 227). Esta vocal frecuentemente alterna con /e/, mientras que mucho más raramente el cambio se produce con loi. La alternancia entre /a/ y /e/ se registra, en varias ocasiones, en contacto con /r/ : razón-rezón, raptilias-reptilias, Rabeca-Rebeca ; ejemplos paralelos a rencor-rancor, renacuajo-ranacuajo, rebaño-rabaño mencionados por J. de VALDÉS. MENÉNDEZ PIDAL ( 1 9 4 0 : epígrafes 1 7 4 , 1 8 3 ) vincula la alternancias al contacto con r." En estas circunstancias se encuentran también adarredor-aderredor, romería-romaría, trabajo-trebajo, trasquilar-tresquilar, carestía-carastía, Pernaso, pargamino, Barnabé. La variabilidad entre /a/ y /e/ tiene como claro motor la influencia entre sonidos. Son muchos los ejemplos en los que en la misma palabra aparece otra vocal, también /a/ o /e/. Se llega incluso en algunos ejemplos a cambios por reordenación de sonidos (metátesis) como en enaversario-aniversario y malencolía-melancolía. De hecho, el que la alternancia se dé entre /a/ y /e/ o entre /a/ y loi viene determinada en buena medida por el resto de las vocales de la palabra. Se percibe, además, cierta tendencia a que la alternancia sea favorecida cuando la vocal aparece en contacto con nasal (ALONSO, 1 9 3 0 ) . 3) La aparición de las alternancias en posición inicial se relaciona con la existencia de ciertos prefijos (en latín y en romance) que hacen que algunas secuencias de fonemas en esta posición tengan una alta frecuencia de aparición (dis- > de(s)-, in- > en-, ex- > es-, sub- > so-). Así se podrían explicar las alternancias entre de(s)-di(s) : definición-difinición, debujar-dibujar ; en-in : envidia-invidia ; so-su : sojeto-sujeto ; es-as-os-is : asconder-esconder, astrología-estrología, hespital-hospital, escuro-oscuro, estoria-istoria.lA Ello explica, aunque sólo en parte, que el cambio de timbre de la vocal sea más frecuente en posición inicial de palabra y especialmente en posición pretónica. La misma estructura acentual del espafíol motiva este comportamiento, pues, para que la alternancia se presente en posición postónica, es necesario que aparezca un patrón acentual proparoxítono y éste es mucho menos frecuente que los otros patrones acentuales.

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14

Cfr. PENSADO (1984a : 234, 237). Se podría también relacionar con la aparición del alófono de e abierta en contacto con r múltiple (cfr. NAVARRO, 1918 : 52-53), aunque no se ha podido comprobar este hecho desde el punto de vista acústico (MONROY, 1980). Explicación semejante propone ARIZA (1989 : 61) para rebaño y rencor, que habrían cambiado a > e por influjo del prefijo re.

La variación vocálica en español antiguo

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4) Las alternancias suelen registrarse en palabras de tres sílabas o más de tres sílabas, pues en ellas se da una mayor probabilidad de coocurrencia de varias vocales átonas susceptibles de entrar en fenómenos de influencia entre sonidos (asimilación y disimilación). Ello explicaría que la alternancia afecte a menudo a préstamos y derivados, que suelen ser palabras constituidas por un mayor número de sílabas (PATTERSON / URRUTIBÉHEITY, 1975).

5) En las alternancias vocálicas registradas en préstamos de otras lenguas, la variación puede explicarse por el mismo proceso de préstamo (arabismos) o por la existencia de alternancia en la misma lengua de la que procede el empréstito (consecrare-consacrare, monasterium-monesterium). La alta frecuencia de aparición en la variabilidad entre e/i en los latinismos puede estar determinada por ser las vocales más frecuentes del latín tardío (HERMAN,1968 ; CLAVERÍA, 1 9 9 1 : 1 9 2 . 1 9 3 ) . 6) 6) La aparición de la alternancia de vocales en bastantes nombres propios, muchos de ellos de origen clásico, constituye buen indicio, como indicó M* R . LIDA ( 1 9 5 0 : 364-ss.), de la actitud de la época a la que pertenece el corpus frente al mundo clásico. Con toda seguridad, en la lengua hablada, existió un mayor número de ejemplos variación en el timbre de las vocales átonas, el reflejo hallado en la lengua escrita proporciona, sin embargo, una idea de las principales líneas maestras del funcionamiento de este fenómeno en la época estudiada.

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Robert de

DARDEL

(Groningen, Pays-Bas)

Un double ordre de base en protoroman

1. Le présent essai tend a confirmer, par un exemple protoroman, qu'un système linguistique peut posséder simultanément plusieurs bases (ou ordres de base) en relation éventuellement synonymique. 1

2.

2.1. En synchronie, on peut dire que deux termes (X et Y) sont synonymes (selon la formule X # Y) lorsque leur distribution est entièrement ou partiellement la même. Lorsqu'elle est entièrement la même, c'est-à-dire selon les dimensions sémantique, diastratique, diaphasique et diatopique, nous avons affaire à la synonymie absolue ; l'exemple qu'en donne ULLMANN (1969 4 : 180) est celui des termes spirante # fricative. Lorsque la distribution diffère selon une ou plusieurs de ces dimensions, nous sommes en présence d'une synonymie relative, qu'illustre par exemple le couple lycoperdon iïvessede-loup, dont la distribution est différente dans les dimensions diastratique ou diaphasique. La synonymie relative est un phénomène banal, incorporé traditionnellement à toute description grammaticale. Il en va autrement de la synonymie absolue ; exceptionnelle, on l'a longtemps minimisée, voire escamotée, au nom de l'économie et de l'uniformité de la langue (cf. par exemple GREVISSE, 198011 : 146, note 64) ; et ce n'est que récemment, surtout dans le cadre de la linguistique des variétés, qu'elle a été observée, décrite et reconnue comme un phénomène, sinon constant, du moins normal (BERRENDONNER [e.a.], 1983 : 1 3 6 - 1 5 0 ) .

2 .2.

En diachronie, la synonymie résulte de la jonction de termes venant d'horizons distincts, mais que le hasard réunit dans le même système. La synonymie relative est viable et peut se maintenir longtemps, du fait que l'un de ses termes ou les deux ont chacun aussi une distribution propre ; la synonymie absolue, en revanche, une fois formée, cédant aux besoins économiques de la langue, tend à se dissoudre par une exploitation des dimensions

1

Une version antérieure de cet essai a bénéficié de remarques fort pertinentes de la part de madame Ans DE Κοκ (Université d'Amsterdam), queje tiens à remercier.

124

Robert de Dardel

pertinentes ou par la disparition d'un des termes ; si la langue la connaît, elle n'en a pas moins tendance à la rejeter.

2.3. Pour mon propos, il faut inclure dans la notion de synonymie non seulement le mot, comme font la plupart des théoriciens, mais aussi les unités de sens aux autres niveaux : mots composés ou dérivés, syntagmes et propositions. À ces niveaux-ci, cependant, où l'on a affaire à des structures relationnelles, la synonymie est fondamentalement d'ordre syntaxique (syntagmes et propositions) ou morphologique (mots composés et dérivés) et ne se double qu'accessoirement d'une synonymie lexicale.

3.

3.1. J'entends par ordre de base, ou base, l'ordre des constituants majeurs toniques du noyau dans les propositions le moins marquées (cf. DARDEL, 1996 : S3). Les principales marques qui, en roman, transforment une base en une non-base sont la déixis, l'anaphore, la dépendance grammaticale du contexte, l'emphase et l'interrogation. On admet en général qu'une langue naturelle ne possède qu'une seule base productive. Ou bien on pense que, s'il y en avait deux, l'une serait quand même plus marquée que l'autre, laquelle pourrait seule prétendre pleinement au statut de base. Ce point de vue, le plus souvent implicite, se manifeste dans le fait qu'on parle couramment, au singulier, de « la base » d'une langue donnée. Il y a pourtant à ce sujet une remarque de GREENBERG (1978 2 : 79, trait universel 6), aux termes de laquelle toutes les langues à base VSO ont SVO comme l'une de leurs bases alternatives ou comme leur seule base alternative. Il faudrait examiner des langues spécifiques pour savoir, au cas probable où ces bases sont synonymes, quels sont les contextes éventuellement propres à chacune ; je n'ai pas poussé mes investigations dans cette direction. Pour les langues mortes, le statut synonymique de deux bases est évident dans le cas où l'une remplace immédiatement l'autre en diachronie, puisque cela implique, en synchronie, leur coexistence, si brève soit-elle. Aussi, dans une perspective typologique, LEHMANN (1978 : 34) admet-il la coexistence de deux bases au moment où une langue est ambivalente VO/OV, c'est-à-dire passe d'un système cohérent OV à un système cohérent VO ou inversement.

3.2. Envisagé dans cette dernière optique, je pense que le protoroman présente passagèrement des bases en relation synonymique.

Un double ordre de base en protoroman

125

3.2.1.

Tel queje le décris ici, le protoroman est reconstruit à partir des parlers romans, à l'aide du comparatisme historique. Il représente donc, sous une forme abstraite et hypothétique, les structures du latin parlé de l'antiquité dont sont issus les parlers romans. Par une analyse spatio-temporelle, le protoroman se laisse décomposer en plusieurs synchronies, dont la plus ancienne, celle que prolonge notamment le sarde, paraît remonter au premier siècle avant notre ère (DARDEL, 1996 : 8).

3.2.2.

Or, dans des synchronies postérieures, auxquelles participe la Romania continentale, à l'exclusion donc du sarde, nous avons, sur la foi de critères comparatifs, d'une part la base VSO, suivie de SVO, d'autre part, simultanément, une troisième base, OVS. VSO est la plus ancienne des bases productives protoromanes et se maintient longtemps dans plusieurs parlers romans, à savoir en ibéro-roman, sarde et roumain ; aussi y est-elle encore attestée en tant que règle positionnelle productive (DARDEL, 1996 : 79) ; en voici un exemple espagnol : et vençio el rey don Sancho al Rey don Alfonso, 'et le roi don S. vainquit le roi don A.'. La seconde de ces bases, OVS, qui se forme plus tard que VSO et disparaît tôt, n'est guère attestée que dans des constructions figées, tels les futurs et conditionnels du type infinitif + auxiliaire, et dans des proverbes (DARDEL, 1996 : 79) ; en voici un exemple espagnol : Achaques quieren las cosas 'Les choses veulent des prétextes'. La dernière venue des bases protoromanes, SVO, caractérise plus particulièrement la Romania continentale centrale : le gallo-roman et l'italo-roman. Comme les bases VSO, respectivement SVO, d'une part et OVS d'autre part se reflètent dans les parlers romans d'une aire commune, il s'agit de bases protoromanes momentanément contemporaines, en ce sens que OVS se situe, dans le temps, à cheval sur les deux autres bases. Comme aussi bien VSO et SVO que OVS fonctionnent dans des propositions non marquées, ces bases forment vraisemblablement, en tant que structures syntaxiques, des couples synonymiques, VSO # OVS d'abord, SVO # OVS ensuite. Comme le comparatisme historique à lui seul ne permet pas de dégager de doublets diastratiques ou diaphasiques, cette variable-ci est à écarter. Comme enfin le protoroman, une reconstruction abstraite, est langue seulement, jamais parole, nous sommes en présence d'une synonymie ancrée dans le système. J'estime donc, par hypothèse, que, dans la période d'ambivalence causée par la coprésence de plusieurs bases, il y a, au niveau de la syntaxe positionnelle, synonymie entre les bases en question, le sujet parlant pouvant, au moins dans certains contextes, passer de l'une à l'autre dans les deux sens.

3.2.3.

Il n'est pas utile d'expliquer ici en détail l'origine des bases VSO, SVO et OVS (cf. à ce sujet DARDEL, 1997) ; je me contente de préciser qu'elles viennent d'horizons distincts, conformément au processus supposé par la théorie. Si l'existence de VSO et de SVO est admise en typologie, il n'en va pas de même pour OVS. On dit et répète, en effet, qu'une base OVS est impossible et n'existe pas ; il y a à cette prise de position deux raisons : on n'en a pas trouvé d'exemple sûr et elle est incompatible avec la structure discursive, qui privilégie universellement, dans les bases, l'ordre thème + rhème. Le premier de ces arguments est infirmé par le protoroman, qui offre,

126

Robert de Dardel

par ailleurs, une explication plausible de la genèse de OVS. Quant à son caractère exceptionnel, qui est l'essence du deuxième argument, il est justement confirmé, en protoroman, par la prompte disparition de cette base en tant que construction productive.

3.2.4.

3.2.4.1. 11 faut reconnaître que mon hypothèse d'une synonymie des bases n'est que faiblement étayée. Non seulement, pour les raisons indiquées plus haut, la base OVS s'éclipse de bonne heure, mais aussi, en vertu des contraintes du comparatisme historique, la reconstruction opère au niveau strictement syntaxique et non à celui de la réalisations au moyen de lexèmes, de sorte qu'il n'y en a peut-être pas d'exemples lexicaux dans les parlers romans.

3.2.4.2. En revanche, comme je vais essayer de le montrer, mon hypothèse est significativement confirmée par un postulat typologique, à savoir la tendance universelle à la parallélisation de l'ordre de détermination de la base, aux niveaux d'analyse inférieurs ; parmi les corrélations qui en résultent, certaines constructions, en vertu de leur « resserrement » (BALLY ; cf. DARDEL, 1996 : 63), offrent une plus grande résistance à l'évolution positionnelle et reflètent encore, en roman, l'alternance V[S]0 / [S]VO # OV[S], non seulement au niveau de la syntaxe et de la morphologie, mais aussi, en partie, à celui où se réalisent des unités lexicales. En ce qui concerne tout d'abord la seule synonymie syntaxique ou morphologique, les deux séquence VO et OV observées aux niveaux inférieurs dans la plupart des parlers de la Romania continentale ne sont rien d'autre que les reflets des bases en présence. Au niveau du syntagme verbal, on peut citer le type d'opposition qu'illustre le français il faut garder la raison face à il faut raison garder, ou bien le futur de l'ancien roumain, où l'ordre de détermination passe pour être libre, comme le montrent les exemples vremu ucide 'nous tuerons' (VO) face à face vremu 'nous ferons' (OV), Codex de Voronet, (MEYER-LÜBKE, 1890-1906 : 2, 152). Au niveau du composé nominal prédicatif produit par la nominalisation d'un syntagme verbal, on a par exemple l'espagnol papafigo 'becfigue' (BORK, 1990 : 110) face à gatatumba 'simulation' (BORK, 1990 : 335), l'occitan gardabratz 'garde-bras, partie de l'armure qui protégeait Parrière-bras' (BORK, 1990 : 95) face à terragarda 'action de visiter les fonds de terre' (BORK, 1990 : 334), le français torchepot 'marmiton' (BORK, 1990 : 83) face à chambrule 'le charbon, maladie qui attaque les moissons' (BORK, 1990 : 334). Plus éloquents, cependant, sont ceux des composés prédicatifs où la synonymie fait surface aussi au niveau lexical. Il s'en trouve dans une grande partie de la Romania continentale. En voici quelques occurrences : catalan lligacama # camalliga 'jarretière' (BORK, 1990 : 330) ; occitan liacamba 'jarretière' # français du sud-est camaligo 'jarretière' (BORK, 1990 : 330) ; français passetout 'ce qui surpasse tout' # toutpasse (BORK, 1990 : 329) ; gallo-roman, toponymes Gratteloup # Lougrate ; Orléans perchaqueue # couparche 'mésange à longue queue' (BORK, 1990 : 330) ; Lorraine lefcoue, Savoie liva-cava # Valais cova-rëva 'bergeronette' (BORK, 1990 : 330) ; Savoie levakii 'celui qui rue souvent' # faire

Un double ordre de base en protoroman

127

ki-lèvo 'faire bascule', fiançais moderne jouer à cul-lève 'en remplaçant le perdant chacun à son tour' (BORK, 1990 : 330) ; italien, toponymes Crevacuore # Corcrevà ; roumain cascä-gurä # gurä-cascä 'badaud', litt, 'ouvre-bouche' (BORK, 1990 : 329 ; CIOBANU / HASAN, 1970 : 107-108, selon qui la seconde forme est plus usuelle que la première). Dans certains cas d'appellatifs, il pourrait bien s'agir à l'origine de synonymes absolus ; il est en effet concevable qu'à un moment donné, à la faveur de la synonymie des deux schémas morphologiques, un concept reçoive une désignation double qui lui soit propre, conformément aux descriptions de la linguistique des variétés. Ce statut de synonymes absolus n'est évidemment plus guère présent dans les exemples romans, ce qui explique la survie de chacun des deux termes, dont, au demeurant, la proximité soit sémantique, soit diatopique est des plus frappantes. Le problème de l'origine de l'ordre OV dans les composés prédicatifs, si anomal en roman, est exposé par BORK (1990 : 327-343) ; mais son explication (ibidem : ch. 7) n'est pas satisfaisante, parce qu'elle rend compte des composés seulement et non des syntagmes. Pour la synonymie qu'on est bien obligé de supposer au départ, la seule explication plausible à ce jour me paraît être l'hypothèse d'une double base en protoroman.

3.2.4.3.

La corrélation que je viens de signaler entre les positions respectives de V et de O sont observables aussi, dans une structure voisine, entre V et le complément circonstanciel (C). À côté des bases VSO, OVS et SVO, le protoroman connaît les constructions VSC, CVS et SVC, où C est Thématique et non marqué (par exemple dans le rhétoroman s tin Is tschèls trapassa ils teis laud 'Ta louange s'élève aux cieux', CVS). Aux niveaux inférieurs, il résulte de cette situation, par parallélisation, les structures positionnelles inverses V[S]C / [S]VC # CV[S], dont voici un exemple français : tatemou 'lâche, celui qui frappe mollement (dans le combat)' (BORK, 1990 : 90) face à ventvole 'léger, qui vole au vent, girouette' (BORK, 1990 : 333). Ici aussi, on trouve des synonymes lexicaux : picard parlepeu 'homme taciturne' # peuparle ' sournois' (BORK, 1990 : 330), roumain Vede-Bine U Bine-Vede et Aude-Bine # Bine-Aude, noms donnés dans les récits populaires (« basme ») à des chiens fabuleux (CIOBANU / HASAN, 1970 : 107-108).

3.2.4.4.

Pour résumer, on peut donc dire que la synonymie provoquée par les systèmes ambivalents VSO / SVO # OVS, se propage du niveau syntaxique des bases à la fois aux structures propositionnelles parallèles et aux niveaux d'analyse inférieurs, où elle se réalise notamment dans la combinaison lexicale des composés nominaux prédicatifs. Ce dernier point est la manifestation la plus tangible de mon hypothèse.

3.2.5.

Vu que le roumain atteste les deux variantes positionnelles synonymiques, on doit admettre que l'état de double base remonte au moins à l'époque ou Rome occupe la Dacie, aux IIe et IIIe siècles. Cette date, relativement tardive cependant, par référence au témoignage négatif du sarde, empêche de rattacher, comme on l'a souvent fait, les termes OV du couple synonymique à la base latine SOV, alors improductive depuis longtemps.

128

Robert de Dardel

4. En conclusion, si l'analyse développée dans cet essai est correcte, elle apporte deux renseignements. À la linguistique romane, elle apprend qu'il existe au début de notre ère une période où, au moins dans une partie des contextes, le rapport séquentiel entre le verbe et l'objet ou complément circonstanciel non marqués est libre aux divers niveaux de l'analyse, et elle rend compte par là d'une série de synonymies positionnelles des parlers romans. À la typologie, elle fournit un cas précis d'ordre de base double à relation synonymique.

Références bibliographiques

A. / LE GUERN, M. / P U E C H , G . (1983) : Principes de grammaire polylectale, Lyon, Presses Universitaires de Lyon. BORK, H. D. (1990) : Die lateinisch-romanischen Zusammensetzungen Nomen + Verb und der Ursprung der romanischen Verb-Ergänzung-Komposita, Bonn, Romanistischer Verlag. CLOBANU, F. / HASAN, F. (1970) : Formarea cuvintelor in limba romàna, vol. I, Compunerea, [Bucurejti], Editura Academiei Republicii Socialiste România. DARDEL, R. de (1996) : À la recherche du protoroman, Tübingen, Niemeyer. - (1997) : « Les bases positionnelles protoromanes », in : Vox Romanica, 56, 10-23. GREENBERG, J.H. (19782 [1963]) : « Some universale of grammar with particular reference to the order of meaningful elements », in : Greenberg, J.H. (éd.), Universals of Language, Cambridge (Massachusetts) / London (England), The M.I.T. Press, 73-113. GREVISSE, M. (198011 [1936]) : Le bon usage, Paris / Gembloux, Duculot. LEHMANN, W.P. (1978) : « The great underlying ground-plans », in : Lehmann, W.P. (éd.), Syntactic Typology, Hassocks (Sussex), The Harvester Press, 3-55 (= ch. 1). MEYER-LÜBKE, W. (1890-1906): Grammaire des langues romanes, 4 volumes, Paris, Welter. ULLMANN, S. (19694 [1952]) : Précis de sémantique française, Berne, Francke. BERRENDONNER,

Walter DE MULDER / Anne VANDERHEYDEN (Arras, France)

Vers une sémantique diachronique cognitive ? Réflexions sur l'évolution de la préposition sur

1. Introduction : petite histoire de sur

Dans son livre Diachronic Prototype Semantics, D. GEERAERTS défend une approche « prototypique » de la sémantique diachronique. Nous nous proposons dans ce petit texte de contrôler si l'évolution sémantique de la préposition sur permet de confirmer du moins quelques-unes des hypothèses qu'il avance. L'espace nous manque pour présenter l'évolution sémantique de sur dans sa totalité. Nous partirons de l'idée généralement répandue (RAITHEL, 1888 ; GAMMILSCHEG, 1955 : 245 ; GROUSSIER, 1997), que le sens de base d'une préposition spatiale comme sur est son sens spatial et nous essaierons de déterminer dans quelle mesure on peut dire que ce sens est aussi son sens « prototypique ». Nous étudierons ensuite quelques autres emplois de la préposition, pour autant qu'ils permettent de vérifier les thèses de GEERAERTS.

2. Le sens spatial « prototypique » ?

Dans son livre Diachronic Prototype Semantics, D. GEERAERTS défend une approche « prototypique » de la sémantique diachronique. Nous nous proposons dans ce petit texte de contrôler si l'évolution sémantique de la préposition sur permet de confirmer du moins quelques-unes des hypothèses qu'il avance. L'espace nous manque pour présenter l'évolution sémantique de sur dans sa totalité. Nous partirons de l'idée généralement répandue (RAITHEL, 1888 ; GAMMILSCHEG, 1955 : 245 ; GROUSSIER, 1997), que le sens de base d'une préposition spatiale comme sur est son sens spatial et nous essaierons de déterminer dans quelle mesure on peut dire que ce sens est aussi son sens « prototypique ». Nous étudierons ensuite quelques autres emplois de la préposition, pour autant qu'ils permettent de vérifier les thèses de GEERAERTS. La cible (l'objet à localiser) et le site (l'objet qui sert à localiser)1 de sor peuvent être en contact. Le site sert alors de «soutien» (GODEFROY, 1892 : 518) ou de « support» (MOIGNET, 1976 : 324) à la cible :

1

Les termes « cible » et « site » sont empruntés à VANDELOISE

(1986).

Waiter De Mulder / Anne Vanderheyden

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[la] [lb] [le]

Aucassins fu armés sor son ceval Sur un perrun de marbre bloi se culchet Sur piez se drecet, mais il ad grand dolur

(M-Auc. 10, 1) (M-Roland 12) (M-Roland 3324)*

GODEFROY (1892 : 518) signale en outre que sor « marque qu'un objet est au-dessus d'un autre, sans pour cela être soutenu par lui » : [2a] [2b] [2c]

Gabriels lievet sa main, sur lui fait son signacle Li rois a fait sor aus tendre le pavillon li ciel furent auvert sor luy

(G3 - Roland 2847) (G - Roum. D'Alix. Ρ 31d) (G - Bern. 102,13)

Les mêmes valeurs, qu'on retrouve déjà pour la préposition latine super, sont attestées en moyen français et en français moderne, comme il ressort des exemples suivants : [3] [4] [5] [6]

Li chastiaus de Haindebourch siet sus une haute roce, par quoi on voit tout le pays d'environ (II 50, 20 ; Β 186)4 Et si trouvèrent plus de trois cens chaudières, faites de cuir à tout le poil, pendues sus le feu, plainnes de char et d'yawe, pour faire boulir (I 71,11 ; Β 187) La tasse est sur la table L'oiseau plane sur la vallée (Lexis 1979, s.v. sur)

Il n'empêche qu'en français moderne, sur exprime « normalement » un rapport vertical avec contact. La liste des fréquences de sus et sur dans les Chroniques de FROISSART, établie par BEKKERS, montre qu'en moyen français l'emploi avec contact (467 occurrences) était beaucoup plus fréquent que celui sans contact (7 occurrences).5 Nous avons constaté la même tendance en ancien français, à partir d'un contrôle des emplois de sur dans l'œuvre de CHRÉTIEN de Troyes.6 Bref, le sens avec contact est plus fréquent depuis l'ancien français, mais les dictionnaires ne signalent pas ce genre d'informations pourtant utile. On peut en effet se demander si ce sens spatial, défini par les deux traits [+verticalité] et [+contact], est aussi le sens prototypique. Cela n'est pas évident, le sens le plus fréquent n'étant pas nécessairement le sens prototypique (KLEIBER, 1990 : 62, 75) puisque le statut prototypique d'un sens dépend aussi d'autres facteurs : - le sens prototypique est le premier à être appris par les enfants (CLARK, 1974 e.a.) ; - il est mentionné en premier par les sujets parlants lorsqu'on leur demande d'expliquer le sens de la préposition (LINDSTROMBERG, 1997 : 19), etc. Ces facteurs ne peuvent toutefois être contrôlés pour des états dévolus de la langue. En outre, GEERAERTS (1997 : 35, 39) montre qu'au moins dans certains cas, le sens le plus fréquent est aussi celui dont sont dérivés les autres emplois moins centraux et moins

2 3 4

5

Exemples cités par MOIGNET (1976 : 324) (M). Les exemples sont empruntés à GODEFROY ( 1892) (G) et à WALDMANN ( 1906) (W). Les exemples sont de BEKKERS (1931) (B), une étude de l'emploi des prépositions dans les cinq premiers tomes des Chroniques de Froissart publiée pour la Société de l'histoire de France par Siméon Luce. Quelques exemples ont été pris aux trois tomes suivants du premier livre. SHEARS (1922 : 40) prétend cependant que l'emploi de sur pour exprimer la superposition sans contact est encore fréquent en moyen français. BEKKERS (1932 : 218) par contre note que dans les Chroniques de Froissart, « à la différence de sus, sur ne s'emploie pas pour exprimer la position supérieure sans l'idée de contact ». Plus particulièrement, dans Erec et Enide, La Chevalier au lion, Le Chavalier de la chorrete, Cligès et Le conte du Graal, dans l'édition CFMA.

Vers une sémantique diachronique cognitive ?

131

fréquents. Par conséquent, la fréquence, même si elle n'est pas seule décisive, constitue au moins un indice assez fort de prototypicalité (KLEIBER, 1990 : 108). Le sens central ou prototypique de sor comme celui de sus et de sur serait donc celui de contact sur l'axe vertical. D'ailleurs, d'après GEERAERTS (1997 : 24, 39) le fait que ce sens ne change pas au cours de l'évolution est un indice de prototypicalité : nous verrons en effet que les autres sens sont plus sujets à variation.

3. Une préposition monosémique ou polysémique ?

Selon VANDELOISE (1986 : 195), le sens spatial de la préposition sur en français moderne se définit par la relation de porteur/porté. Cette notion de porteur/porté se définit par trois traits : 7 a) le porteur est généralement plus bas que le porté ; b) le porté est généralement en contact avec le porteur ; c) le porteur s'oppose à l'action de la pesanteur sur le porté. Ces traits ne constituent pas des conditions nécessaires et suffisantes pour l'emploi de sur : à l'opposé de (a), sur peut désigner une relation horizontale ou une relation verticale « inversée » (où le porteur est plus haut que le porté) : [7]

la mouche sur le plafond / l'affiche sur le mur / la clef sur la porte

Le trait (c) n'est pas nécessaire non plus : [8]

la nappe sur la table / le point sur la ligne.

Seul le trait (b) est donc nécessairement impliqué par sur et par la relation porteur / porté. 8 Mais il peut y avoir à notre avis relation verticale avec contact sans support, que ce soit en ancien français, en moyen français ou en français moderne : [9] [10] [11]

un riche home qui se gisoit sor un drap de soie (Y 5357-58) Quant il fu venus sus le place où li desconfi estoient, et où ses frères gisoit, si fu tous esmerveilliés (IV 119, 14 ; B 188) La pluie crépite sur le toit (TLF p. 1137, s.v. sur)

Ces exemples nous semblent montrer que la relation de support n'est inférée que si le contexte d'usage de la préposition le permet.

7

8

En fait, il en donne cinq, mais le trait « une partie est généralement cachée par le porteur » n'est invoqué que pour analyser sous, tandis que le trait « le porteur est généralement plus grand que le porté » découle de ce que le porteur sert de point de référence et doit donc être plus saillant que la cible. II n'est donc pas surprenant que VANDELOISE (1986: 68) considère ce trait comme la seule caractéristique déterminante, c'est-à-dire comme la seule caractéristique « qui décrit au moins un type d'usages de cette préposition qui ne peut être décrit par les autres caractéristiques ».

132

Walter De Mulder ! Anne Vanderheyden

Cette observation suggère que le sens de base de sur doit être réduit au maximum KLEIN et NÜSE (1997 : 14) ne retiennent que le trait [contact avec surface] 9 - et que les autres éléments de sens sont apportés par les connaissances linguistiques ou extralinguistiques évoquées par des éléments dans le contexte de sur. Une analyse de ce genre se justifie par rapport à l'observation que sor, sus et sur peuvent exprimer l'objectif d'un mouvement : [12] [13] [14]

Cligés sor l'erbe qui verdoie descent a pié (C 3462-63) Pour amener le dit engien sus les quatre roes jusques as murs (IV 195,6 ; Β 186) Je débouche sur une place dont les efforts qu'elle fait pour être un parc ont quelque chose d'attendrissant, d'inutile et de solennel (TLF 1136, s.v. sur)

Il s'agit en effet d'une tendance générale : les prépositions spatiales statiques peuvent indiquer un endroit sur le trajet d'un mouvement - le point de départ, le point d'aboutissement, etc. - si elles sont accompagnées d'un verbe de mouvement (MEYER-LÜBKE, 1974 : 486 ; GAMMILSCHEG, 1957 : 2 4 6 - 2 4 7 ; BRUGMAN, 1981 ; TAYLOR, 1989 : 128 e.a.). C e sens est

sélectionné sous l'influence du verbe, comme il ressort aussi du fait que sus en moyen français n'a pas tout à fait le même sens que vers dans ce contexte : BEKKERS (1931 : 193) soutient en effet, à partir d'exemples comme [15] que sus est employé quand la personne, l'objet sont près de celui qui fait l'action exprimée par le verbe alors que vers est employé quand il y a une certaine distance à parcourir pour atteindre le lieu indiqué par le complément de la préposition : [15]

Si les en mena dans abbes avoeeh lui ; et passèrent derrière Raimes, et les mist en ce bois, qui regarde vers le Percelet et sus le caucie (II48,7 ; Β 118,193)

Bref, la préposition semble garder son sens de base et c'est le verbe, donc un élément du contexte, qui décide de l'interprétation de la préposition en contexte : rapport spatial statique ou point d'aboutissement d'un mouvement. Cela suggère que la préposition ellemême a un sens plus abstrait qui n'intègre pas l'idée d'aboutissement ou de support. Ces idées sont apportées par le contexte et on peut donc parler d'une théorie « à deux niveaux », qui distingue le sens propre de la préposition de l'apport du contexte. Notre objectif ici n'est pas de choisir entre la théorie prototypique et cette théorie « à deux niveaux ».10 Nous ferons simplement observer que si on réduit le sens de sur à l'idée de [+contact avec surface] (KLEIN /NOSE, 1997 : 14), il reste à expliquer ce qui oppose sur à d'autres prépositions qui peuvent exprimer le contact avec une surface, comme à et contre. On peut évidemment soutenir que sur exprime un type de contact qui est différent dé celui exprimé par à et contre, mais comment préciser de quel type de contact il s'agit sans avoir recours aux notions de verticalité, de support, etc. ? " En outre, comme le fait remarquer TAYLOR (1993 ; 1994), si les différentes significations spatiales

9

10 11

KLEIN et NÜSSE précisent que surface a alors le sens général du mot Oberfläche en allemand et désigne « face supérieure ou plus grande surface d'un objet, mais qui n'est ni l'arrière ni le dessous ». Il vaut sans doute mieux dire qu'il s'agit de la zone active (CUYCKENS, 1991 : 201) ou de la surface fonctionnellement ou perceptuellement saillante (ZIFONUN e.a., 1997 : 2116) de l'objet en question. Pour plus de détails, voir TAYLOR (1993 ; 1994). Comme il ressort de VANDELOISE (1986 : 202) : « Plus que le contact seul, c'est donc le contact impliqué par la relation porteur /porté qui motive l'emploi de la préposition sur ».

Vers une sémantique diachronique cognitive ?

133

que la préposition acquiert (support, objectif d'un mouvement, etc.), donnent lieu, au cours de son histoire, à des transferts métaphoriques, il vaut mieux les intégrer au sens propre de la préposition. Cela s'impose surtout si l'on accepte que les gens « entendent normalement signifier par [un] mot ce qu'ils présument être le sens que lui attribuent les autres locuteurs de la communauté linguistique (WIERZBICKA, 1 9 8 5 : 2 1 5 ) » (KLEIBER, 1 9 9 0 : 7 3 ) . Résumons : sor, sus et sur expriment une relation verticale avec contact. Ce sens est prototypique dans la mesure où - il s'agit du sens le plus fréquent tout au cours de l'évolution ; - on peut expliquer les sens secondaires de sur tels que le support ou l'objectif d'un mouvement à partir de ce sens de base. Nous voudrons ajouter à cela un autre argument, emprunté à GEERAERTS (1997) : les sens obtenus par transferts métaphoriques semblent sujets à variation au cours de l'évolution, alors que le sens spatial reste stable. Cette observation s'explique si l'on accepte que les autres sens sont périphériques par rapport au sens spatial. Nous illustrerons d'abord cette idée à l'aide du sens temporel de sur.

4. Le sens temporel

On sait que le temps est couramment conceptualisé en termes spatiaux ( M E Y E R - LÜBKE, 1 9 7 4 : 5 1 1 ; LAKOFF / JOHNSON, 1 9 8 0 : 5 0 - 5 4 , e.a.). On comprend donc que les prépositions spatiales s'emploient pour exprimer des rapports temporels. GODEFROY attribue à sor deux sens temporels : - « durant, environ, vers, en parlant du temps » : [16]

Que laisies nos aves sor l'eur del desconfire

(G - Roum. D'Alix., foo 32, Michelant)

- « un acheminement vers » : [17]

Si revenions au roi Phelipe qui estoit sor l'aage de vint ans (Ménestrel de Reims, ß 22, Wailly)

On trouve des exemples du même type chez FROISSART : [18] [19]

Il se partirent un jour, sus l'eure dou souper Li bleds sont sur le meurir

(I 85, 17 ; Β 197) (G - IV, 393, Luce.)

Mais ce n'est qu'à partir du moyen français (selon WARTBURG à partir de 1 5 5 0 , s.v. super) qu'on trouve aussi sur pour indiquer la succession immédiate de deux actions ; dans ce cas, sus est souvent suivi de substantifs résumant une situation précédente, comme parolles, estât, etc. : [20] Cilz consaulz et avis pleut grandement au roy de France, et dist que ensi seroit il fait. Adone, par le commandement dou roy, sus eel arrest, se départirent li doi mareschal (Froissart, Chron, V 23,1 ; Β 199) Nous poserons deux questions à ce sujet ; la première concerne le statut de cette extension métaphorique, la seconde son rapport avec les sens spatiaux.

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Walter De Mulder / Anne Vanderheyden

Commençons par la question concernant le statut : RAITHEL (1888 : 27) et SNEYDERS-DE VOGEL (1927) soutiennent que sor n'avait pas de sens temporel en ancien français et que ce sens ne se répand qu'à l'époque du moyen français. WARTBURG (1966 : 431, s.v. super), par contre, trouve sor au sens temporel de « vers, environ » vers 1180 et es tre sor l'aage de vers 1260.12 TOBLER-LOMMATZSCH (1971 : 857, s.v. sor) donne entre autres l'exemple suivant de Chrétien où il traduit sor par « während, binnen » : [21]

Sor le mengier ot molt paroles

(Pere. 8253)

Une vérification des romans de CHRÉTIEN nous a toutefois appris que sor ne s'y emploie presque pas dans son sens temporel. Bref, on ne saurait affirmer sans plus que le sens temporel n'existait pas en ancien français, mais il semble bien que sor temporel soit peu employé à l'époque de l'ancien français et qu'il soit devenu plus vivant en moyen français, époque où sus et sur acquièrent aussi le sens de succession temporelle immédiate qui n'est pas attesté dans notre corpus en ancien français. Ce fait est remarquable dans la mesure où super avait déjà un sens temporel en latin : d'après LEWIS / SHORT (1975), super pouvait se traduire par during ou at. Ce genre de fluctuations montre clairement que les sens non centraux, périphériques n'ont pas la stabilité du sens central prototypique et confirment donc l'idée d'une structuration prototypique du sens de la préposition (GEERAERTS, 1997 : 24).

Notre deuxième problème concerne l'origine de ces sens temporels : on les explique généralement comme un transfert conforme à la métaphore généralisée qui conçoit le temps en termes de l'espace, mais les différents auteurs divergent sur la source de la métaphore. Ainsi, [16] est rattaché par GODEFROY plutôt au sens spatial statique, alors qu'il nous semble préférable d'expliquer [17] à partir du sens «dynamique», où la préposition désigne l'aboutissement d'un mouvement. RAITHEL (1888 : 27) situe néanmoins l'origine de tous les sens temporels dans l'emploi spatial statique de sor. D'autre part, dans [18], sus exprime selon BEKKERS (1931 : 197) un moment approximatif, ce qui suggère un rapprochement avec le sens de proximité spatiale que sus peut exprimer, comme il ressort des exemples suivants : [22] [23 ] [24]

Et sour le roy Frison s'arrieste (G - Richars li Biaus, 2211 ) Tant que sor mer vit un chastel (P 861 ) li rois fu envoiiés ens ou fort chastiel de Bercler, séant sus le grosse rivière de Saveme (I 33, 13 ; Β 191)13

MOIGNET (1976 : 326) rapproche ainsi sor le soir, « vers le soir », de sor mer. Les choses se compliquent davantage si l'on considère le sens de succession temporelle immédiate, illustrée par [20]. BEKKERS (1931 : 199) signale que ce sens suppose aussi qu'il y ait « corrélation » entre les deux actions ou situations reliées par sus. De même,

12

13

Voir aussi le Robert Historique, s.v. sur. En français moderne, cet emploi semble être beaucoup plus restreint et ne se présente que dans des noms de villes comme Boulogne-sur-mer ou Bar-sur-Aube (MÉNARD, 1980 : 290). BEKKERS (1931 : 191) note explicitement que la préposition sus finit par exprimer la proximité et est souvent synonyme de « près de ». On peut se demander s'il s'agit d'un sens à part ou s'il s'agit d'une illustration de la quasi-règle de tolérance ou d'idéalisation de HERSKOVITS (1986 : 79) selon laquelle le contact entre la cible et le site n'est pas nécessaire si la distance entre les deux n'est pas trop grande et s'il n'y a pas d'autre objet saillant entre eux.

Vers une sémantique diachronique cognitive ?

135

montrent qu'en français moderne, l'objet de sur temporel n'est pas un simple localisateur temporel, mais correspond à un événement, introduisant du coup un jeu subtil de continuité et de discontinuité discursive. De même, RAITHEL (1888 : 28) note que l'interprétation de sor mon desfoi dans [25] peut être soit temporelle, soit causale : FRANCKEL / PAILLARD ( 1 9 9 7 : 2 0 7 )

[25]

certes, j'ocis ton fil trestot sor(s) mon desfoi, si je ne l'océise, il m'océit, ce croi (Floovant, cité par Raithel 1888 : 4)

Qu'il soit difficile de distinguer temporalité et causalité, peut s'expliquer par notre conception quotidienne du rapport de cause à effet qui veut que la cause précède généralement l'effet et qui fait qu'un événement qui en précède immédiatement un autre est automatiquement interprété comme sa cause (post hoc, propter hoc ; cf. RADDEN, 1 9 8 5 ) . 1 4 Ce que montre cet exemple, c'est qu'il est souvent difficile d'assigner une interprétation et une origine précises à un nouveau sens qui se développe et qu'assez souvent un nouveau sens peut avoir des origines diverses. Cela n'est guère surprenant si le sens est organisé de façon prototypique, puisque dans ce cas, les différents sens d'un mot ne sont pas nettement séparés les uns des autres, mais forment des complexes qui se superposent et dont les limites sont floues (GEERAERTS, 1 9 9 7 : 11, 5 8 - 6 0 ) .

5. Conclusions provisoires

Les limites de cet article ne nous permettent de décrire en détail les différents sens métaphoriques que la préposition sur a acquis au cours de son histoire, comme celui de supériorité et de domination, de gage, de thème, le sens adversatif, celui de modèle ou de conformité, de manière, de responsabilité, etc. Nous nous contentons de rappeler trois observations qui confirment la pertinence de l'approche prototypique en sémantique diachronique : Primo, le sens central est stable, alors que les sens « dérivés » et périphériques peuvent disparaître (ou presque) et redevenir plus importants après, comme nous l'avons montré pour le sens temporel. Secundo, les sens non-spatiaux peuvent tous être dérivés du sens spatial, alors qu'il paraît plus difficile de les dériver d'un autre sens, ce qui confirme le statut central du sens spatial. Tertio, la source et le point final des transferts métaphoriques ne peuvent être nettement définis, ce qui confirme l'idée que les différents sens ne peuvent être nettement séparés. L'application de la théorie du prototype se heurte toutefois à deux limitations ; comme le signale GEERAERTS ( 1 9 9 7 ) lui-même, la théorie du prototype se sert des mêmes mécanismes que la sémantique historique traditionnelle pour expliquer les évolutions de sens, notamment la métaphore et la métonymie. Ce faisant, elle hérite aussi des problèmes qu'ils posent. En outre, on peut se demander si la notion de prototype est encore la même, puisque

14

On pourrait dire tout aussi bien que le complément de sur exprime un objectif à atteindre (l'obéissance des ordres) et que la cause est une cause finale (ZIFONUIN, 1997 : 2152).

136

Walter De Mulder / Anne Vanderheyden

l'on ne saurait se baser en sémantique diachronique sur les critères plutôt psychologiques dont on se sert en sémantique synchronique.

Références bibliographiques

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Vers une sémantique diachronique cognitive ?

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Loreto DÍAZ SuÁREZ (Uviéu, España)

Las preposiciones per y por en el asturiano del s. XIII

1. En una buena parte de la geografía asturiana existe hoy el uso diferenciado de los continuadores de las preposiciones latinas PER (> ast. per) y PRO (ast. por) al igual que sucede en otras lenguas románicas como el francés o el sardo, aunque la distribución semántica no sea idéntica, o como sucedió en el gallego-portugués medieval. Si nos remitimos a las monografías dialectales, teniendo siempre en cuenta que no existen de todo el dominio, la extensión geográfica del fenómeno se correspondería con el centro y el oriente de Asturias. Así, la reflejan las monografías correspondientes a Sobrescobiu, Sudeste de Parres, L.l.ena, Uviéu, Altu Ayer, Cabu Pefles, Cabrales, Cabranes, Lianes y, en el sur del dominio asturiano-leonés, en Oseya de Sayambre. En estas zonas se constata, igualmente, la tendencia a la contracción con el artículo y la asimilación de la vibrante a la líquida lateral, con formas del tipo : pel, pela, pelo, peles, pelas, pelos, pol, pola, polos, poles, polas. Por lo general, los estudios dialectales coinciden en establecer que per se emplea para indicar relaciones de tiempo : (pela seronda diben pel prau ; per abril o mayu) ; de lugar en donde y sitio a través del que se pasa : (baxaben pel ríu abaxo ; tiré per allí) y en algunas las de medio o instrumento : (llamólu pel teléfonu de la tienda). En cuanto a por, indica, entre otros valores, causa (por mor del fríu), sustitución (failo por mí), modo, y agente de la llamada voz pasiva. Esta diferenciación se refleja perfectamente en las obras lingüísticas y lexicográficas del siglo XIX. Así, en la gramática de Juan JUNQUERA HUERGO aparece constatada la existencia de per y por aunque sin precisar con claridad sus valores (JUNQUERA, 1869 [1991] : 245-246). El vocabulario de LA VERDE RUIZ, del año 1880, presenta entradas distintas para per y por explicando sus valores : per . - [significa] por, precediendo á nombre que exprese tiempo, lugar ó cosa que como tal nos figuramos. Antes de los artículos la, los, las pierde la r. Si la sigue el artículo el se funde en una sola dicción : pel (LAVERDE, 1880 : 38) por . - Lo mismo que en castellano, fuera de los casos en los que se emplea per. Antes de los artículos la, lo, las, pierde la r. Seguido del articulo el forma con este una sola dicción : pol (LAVERDE, 1 8 8 0 : 3 9 )

Según la Gramática de la Llingua Asturiana de la ALLA, se usa per para indicar : a) paso a través de un sitio : anduvieron pel monte venti dies, b) situación en el espacio o en el tiempo : la xente ta peles cases / vémonos pela mañana, c) instrumento o medio : unvióme una carta per corréu certifícáu ; y por ·. a) b) c) d)

causa o motivo : posóse del autobús pola to culpa, 'a favor de ' : la llucha pola vida, modal, lleváronlu a la policía pola fuerza, agente : un actu presidíu pola conseyera. (ACADEMIA, 1998 : 248-250)

140

Loreto Díaz Suárez

La distinción per / por está también presente en los textos literarios asturianos del siglo XVIII que ofrecen, en general, un modelo de lengua de tipo central. Así, por ejemplo, en la obra poética de Xosefa XOVELLANOS (BUSTO, 1997) la distribución concuerda perfectamente con la situación actual. Sistemáticamente se emplea per en los campos espacial : (agarróme pela manu [p. 136] ; qu'anden pela ciudá espantayaos [p. 152] ; per todes partes [p. 130]) y temporal : (tanta de la xente había como allá per San Matéu [p. 136] ; pela tardi [p. 182] ; pel iviernu [p. 144]). En cambio, por aparece fundamentalmente en el campo nocional (por fuxir de la doctrina [p. 158] ; por ñon ser aborrecidu [p. 179] ; Dios sea por todu benditu [p. 182] ; Anguaflo yá baxó el cincu por cientu [p. 150]. ), distribución que coincide prácticamente con la del Quixote de la Cantabria (CANO, 1979 : 93) y, en general, con la situación en la lengua literaria de los siglos XVII al XIX (CASTAÑÓN, 1976 : 255-260).

2. PER en'latín expresaba nociones fundamentalmente espaciales y temporales. Entre ellas destaca la de movimiento 'a través', 'por encima', además del movimiento 'en todas las direcciones'. De la idea de movimiento se pasa a la de extensión y lugar . Según BASSOLS, se debilitarán estos valores en latín vulgar y expresará también 'distribución' y 'transmisión o sucesión'. En cuanto al tiempo indicaba duración ininterrumpida. En sentido figurado aporta valores instrumentales para indicar la persona por medio de la cual se ejecuta una acción. Se documenta también en concurrencia con ab para indicar el agente de la pasiva (BASSOLS 1992:156). PRO en latín significaba 'delante' con la idea de algo que queda detrás. De este significado va a derivar la acepción de 'en favor, en defensa de' y la de sustitución o equivalencia 'en lugar de' y 'como' respectivamente. De aquí se derivará la acepción de proporción y de ésta se evolucionará a la de causa, que adquiere a veces matices de finalidad e instrumento, ya en latín vulgar (BASSOLS, 1992 : 162)

3. En su estudio sobre por y para en la Iberorromania, T. RLIHO habla de la escasez de documentos escritos en asturiano medieval motivo por el cual se dificultaría el estudio de los valores de las preposiciones (RLIHO, 1979 : 78). Sin embargo debemos afirmar que el dominio asturiano-leonés se caracteriza en el siglo XIII por una ingente cantidad de documentos notariales, existentes tanto en el norte como en el sur, si bien es cierto que algunas de las grandes colecciones documentales como las de la Catedral de León, Carrizo (en la actual provincia de León), o de los monasterios de San Pelayo y Santa María de la Vega en Asturias, vieron la luz después de la publicación del trabajo de RIIHO. También son de publicación reciente las fuentes que he elegido como base para obtener el corpus objeto de estudio. Uno de los problemas que nos plantean nuestros textos medievales es justamente el de la utilización con frecuencia de una abreviatura para las preposiciones que nos ocupan sin que sea posible poder determinar cuándo estamos ante un continuador de PER o PRO. Teniendo en cuenta esto, uno de los criterios de selección del corpus que manejé fue justamente el de la transcripción fiable. Me interesaba que viniera

Las preposiciones per y por en el asturiano del s. XIII

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indicado tipográficamente cuándo aparecen las preposiciones abreviadas en el manuscrito y son desarrolladas por el editor, y cuándo aparecen como formas plenas. Por ello elegí tres volúmenes de la colección de Fontes de la Llingua Asturiana en la que el desarrollo de las abreviaturas se indica con un subrayado o con cursiva (DocCatedralUviéu 1, DocBalmonte, y DocCatedralUviéu 2) con un total de 375 documentos datados entre los años 1208 y 1300, escritos la mayoría en asturiano. Del corpus obtenido tan sólo he tomado como objeto de estudio aquellas preposiciones que aparecen como formas plenas, no abreviadas. El estudio del sistema preposicional asturiano en esta época plantea al menos dos problemas fundamentales : por un lado, el desconocimiento de la procedencia del escriba, que podría plasmar su idiolecto en el texto, además de la posibilidad de influencias latinizantes. Otra cuestión a tener en cuenta es que en la Edad Media puede hablarse de una tendencia en los textos notariales hacia un modelo de asturiano de tipo central. Ello no imposibilita un análisis de la frecuencia de aparición y el uso de per y por en la documentación seleccionada. Hemos obtenido un total de 1700 registros de los cuales un 92 % corresponden a por y un 8 % a per, con las contracciones y asimilaciones de ambas preposiciones con el artículo : pel, pella, pello, pellas, pellos, pol, pollas, pollos. También hemos considerado la variante compuesta pora con 174 registros, para con una sóla documentación, y no hemos constatado el empleo de pera, tan frecuente en la documentación gallego-portuguesa medieval (RllHO, 1979 : 73). Además como indicador de la situación al sur del dominio hemos tenido en cuenta la documentación de StaafiDialLéonais. Hay una primera consideración que debo hacer y que enlazaría con la distribución posterior del fenómeno en el norte del dominio. Se trata de la práctica inexistencia de per (tan sólo un registro sobre 400 de por) en la documentación de Balmonte, que lingüísticamente se corresponde con el asturiano occidental donde hoy no se constata el fenómeno. Hemos realizado una clasificación desde el punto de vista semántico, intentando reagrupar las formas obtenidas en torno a tres campos de significación : 1) Campo espacial ; 2) Campo temporal ; 3) Campo nocional (área sustitutiva, final, causal, intrumental, modal), siempre teniendo en cuenta que en el campo nocional no se puede hacer siempre una división categórica de cada una de las formas asignándole una de las áreas, puesto que la mayor parte de los registros conllevan matices que los adscribirían a dos o más áreas y, en muchas ocasiones, el contexto no nos ayuda. Sin embargo consideramos que este tipo de organización del material nos es útil para poder analizar la distribución del uso de per o de por en el asturiano medieval.

3.1. Campo espacial Indicando relaciones espaciales nos encontramos tres partículas : per, por, y la forma compuesta pora. La primera distinción semántica opondría per y por a pora ya que esta se emplea fundamentalmente indicando 'dirección hacia donde' : [la]

que mande guiar el muro pora socastiello por hu el teuier por bien a. 1270 DocCatedralUviéu 2, 91

Loreto Diaz Suàrez

142

[ 1 b] [ 1 c]

et pella Carrera qui uie/i de Arganza pora la ponte de Entralgo a. 1273 DocCatedralUviéu 1, 106 camion que ue de Seueres pora el trobano et pora otras partes a. 1296 DocCatedralUviéu 1, 185

En cuanto a per y por, introducen el valor de 'lugar por donde, paso a través de' [2a] [2b] [2c] [2d] [2e] [2f] [2g]

enfronte camion per hu ha entrada et salida este forno a. 1264 DocCatedralUviéu 1, 79 & déla otra parte sale pella Reguera de la Cuerua a. 1269 DocCatedralUviéu 2, 86 déla otra parte commo se estrema pella Cortina del forno a. 1272 DocCatedralUviéu 1, 103 ordeno que quando el arcipreste andar pella tierra sacando suas adrías et sos dezmos a. 1291 DocCatedralUviéu 1,171 que aparescamos con ellos en Ouiedo per ante los vicarios del obispo lluego acabo del mes a. 1293 DocCatedralUviéu 2,178 que les meten la cerca por las casas déla personas a. 1270 DocCatedralUviéu 2,90 que todos los uezinos de Ribadeo anden por toda la tierra a. 1282 DocCatedralUviéu 2,130

Es mucho mayor la frecuencia de aparición de per en estos contextos, teniendo en cuenta la proporción global de registros obtenidos. Además, de las constataciones de por, un tercio pertenece a zonas donde hoy no existe la distinción (Castropol, Ribadeo, Balmonte), y los restantes registros aparecen concentrados en un documento del año 1270, en el que además se observa una vacilación en el empleo : [3]

& vaya aderecho per la camara de Alffonsso Miguelliz clérigo & por hy aderecho por los pies de las casas a. 1270 CDCatedralUviéu 2, 90

Por lo tanto, podemos hablar de una tendencia bastante reforzada al predominio de per en contextos de tipo espacial, lo que indicaría su entronque con los valores latinos de PER y su pervivencia hasta hoy.

3.2. Campo temporal Aparecen mayoritariamente por y pora. Tan sólo hemos localizado un caso de per, en el sur del dominio, expresando duración en el tiempo : [4]

este pan se deue dar cadanno ata la fiesta de sant Migayel de setembrío per todo el dia a. 1245 StaaffDialLéonais 126

Esta situación podría explicarla el hecho de que muchas de las expresiones con valor temporal que aparecen en los documentos notariales son fórmulas fijadas que aparecen en casi todos los textos : [5a] [5b] [5s] [5d] [5e]

& fagades ende toda uostra veluntat por siempre atodos tiempos a. 1258 DocBalmonte 63 yela Carta ficar firme et estaule por siempre a. 1240 DocCatedralUviéu 1,12 dadas ye outorgadas por ia mais a. 1208 DocBalmonte 20 tan solamentre por en uoítros dies la tierra a. 1263 DocCatedralUviéu 1, 72 por entodos mios dies a. 1267 DocCatedralUviéu 1, 92

En este sentido se pronuncian MARTÍNEZ, 1979 : 90 y CANO, 1996 : 26. Aunque también se recogen expresiones temporales que parecen responder a fórmulas y con el empleo sistemático de por :

Las preposiciones per y por en el asturiano del s. XIII [6a] [6b]

143

sea Juyz por uno anno a. 1247 DocCatedralUviéu 1, 19 por esto deuedes adar cada anno por la ffiesta de san Martino II soldos por foro a don Fieman Pel/z a. 1263 DocCatedralUviéu 1, 72

En cuanto a pora con valores temporales aparece casi exclusivamente en la documentación de Balmonte al igual que la única constatación de para. Responden a formulismos prefijados : [7a] [7b]

la carta e la donaçion que fosse firme & ualiosso pora siempre qe ffagades toda uostra ueluntad para ssempre atodos tempos

3.3.

Campo nocional

3.3.1.

Sustitutivo

a. 1295 DocBalmonte 145 a. 1292 DocBalmonte 142

En contextos que introducen idea de sustitución ya sea indicando cambio, representación, precio, etc., mayoritariamente se emplea la preposición por, continuadora de los valores latinos de PRO. No hemos constatado el empleo de PER : [8a] [8b] [8c] [8d] [8e] [8f] [8g]

3.3.2.

coHcamio hio por un cornejal a. 1232 StaaflDialLéonais 15 teniente la notoria por Adam Giraldez a. 1289 DocCatedralUviéu 2, 166 Garcia Gomez escusador por Ruy Gomez a. 1292 DocCatedralUviéu 2, 172 ses morabetinos que dizia/it que pecharant por ella a. 1296 DocCatedralUviéu 1,191 que vaya el prior o so mandado por el a. 1243 StaaflDialLéonais 30 délo que dizipor nomme del dean a. 1294 DocCatedralUviéu 2, 189 nl94 Gonzalo Sauatianiz fiador al monesterio por el concello a. 1269 DocBalmonte 100 η 178

Final

Predomina el empleo de por, y, aunque menos frecuente, se documenta la forma compuesta pora que incluso puede alternar en los mismos contextos : [9a] [9b] [9c] [9d]

ye aquesta heredat uendemoí por comprar desti precio otra heredat mas cerca de nos a. 1249 DocBalmonte 43 auiemos mucho mesterpor pagar deldas a. 1258 DocCatedralUviéu 1, 52 esta heredat viendo por meter me eraia confreria de Recastro & por dar de vestir amio filio & pora otras cosas a. 1267 DocCatedralUviéu 2, 72 esta heredat uendi hyo por sacar mios fillos de prison & de montes & por los qu/tar de hyra de rey a. 1266 DocBalmonte 90

Otro valor de finalidad, entrelazado con el de causalidad, indicador de una acción todavía no realizada, lo aportan ciertos casos de construcciones de por + infinitivo, posición en la que nunca se documenta la forma per. Así lo encontramos tanto en fórmulas fosilizadas como en otras que no responden a una fijación : [10a] [10b] [ 1 Oc] [lOd] [10e]

fecha la carta un dia por andar de genero esto foe dos dias por andar del mes de agosto VII dies por andar de ochubre térras lauradas ye por laurar domado ye por domar tierras lauradas et por laurar domado et por domar

a. 1289 DocCatedralUviéu 1, 155 a. 1291 DocCatedralUviéu 1, 172 a. 123 5 StaaflDialLéonais 20 a. 1259 DocBalmonte 67 a. 1296 DocCatedralUviéu 1, 182

Loreto Diaz Suárez

144 [lOf]

& connuceo que ficarant della por pagar los XXVIIII morabe/inos a. 1259 DocCatedralUviéu 2, 58 [ 1 Og] non reman nada por dar a. 1213 StaaffDialLéonais 10 Este tipo de construcciones son frecuentes en el asturiano actual : tan les cames por facer ; tien tolos problèmes por iguar (Academia, 1998 : 250).

3.3.3.

Instrumental

Ya hemos visto que en latín posclásico este valor podían aportarlo ambas preposiciones. Ello explica la presencia en el s. XIII de per y por en contextos similares : [lia] [lib] [11c] [lid]

sabant todos per esti escripto a. 1267 DocCatedralUviéu 1, 90 que nos compramos de Nicolao Iohanniz de Abilles per cartas Rouradas a. 1264 DocCatedralUviéu 1, 83 Elper esta carta uos damos el jur a. 1286 DocCatedralUviéu 1, 143 luego de mano por esta carta uos damos el iur a. 1297 DocCatedralUviéu 2,202

De todos modos hay mayor frecuencia de empleo de per. Lo mismo sucede en expresiones del tipo : [12a]

yo otorgo sahiarla et guarirla per mi et per todas mias bonas de todo omne a. 1253 DocCatedralUviéu 1, 32 [12b] et otorgo deuos lo guaresçer per mj & per todas mias bonas de todo omme a. 1287 DocCatedralUviéu 2, 150 [ 12c] otorgamos de uos lo guaresçer et por sienpre per nos et per nosíras bonas a. 1289 DocCatedralUviéu 1, 166 [ 12d] & de non yr contre ellos per nos njn per otri en njnguna manera a. 1293 DocCatedralUviéu 2, 179 η 190 [ 12e] que líos los non enbarguemos daqui endelantre per nos njn per otri a. 1293 DocCatedralUviéu 2,178 [12f] assi poderia sseer que uos sen veluntat del rey procurariedes morte del dean per uos ho per otri a. 1294 DocCatedralUviéu 2,189 Algunas de ellas responden a fórmulas y aparecen introducidas por per. En estos contextos la aparición de por se concentra en la zona de no distinción representada por la documentación de Balmonte : [13a] [13b] [13c]

3.3.4.

otorgamos de uos guarir esta donation por nos ye por nossa bonas atodo tiempo a. 1259 DocBalmonte 73 otorgamos deuos asaluar pomos & por todas nosíras bonas atodo tiempo a. 1262 DocBalmonte 85 otorgo de uola saluar atodos tempos por mi & por mias bonas a. 1268 DocBalmonte 94

Causal

Para indicar causa propiamente dicha suele aparecer por : [14a]

& yo por estas razones non recibi suas presentaciones

a. 1294 DocCatedralUviéu 2, 184

Las preposiciones perjy por en el asturiano del s. XIII

145

[14b] dixeron que por que yera escr/pta en papel que sse temían que se rromperia ho mollarla a. 1300 DocCatedralUviéu 1,210 [14c] si alguno omme uos la contrariar o corrompe/· sea por ende maldito a. 1254 DocBalmonte 51 y en sólo dos ocasiones per : [15]per miedo ne« per forcia

a. 1263 DocCatedralUviéu 1, 75

Cuando la causalidad presenta ciertos matices instrumentales hay mayor presencia de per : [16a] esta carta que Rodrigo fizo per mio mandado a. 1287 DocCatedralUviéu 2,147 [16b] uos tenedes preso este mismo dean per mandado que dizedes que auedes de nuestro ssennor el rey a. 1294 DocCatedralUviéu 2,188 [16c] per albidrio de ornes buenos StaafïDialLéonais 126 De todos modos debemos tener en cuenta que por está mayormente representada : [ 17a] yo Rodr/go la fiz por mandado de Vedrò Alfonso [17b] et por rogo délas partes fize este escr/'pto

a. 1278 DocCatedralUviéu 1,125 a. 1266 DocCatedralUviéu 1, 88

Otro tipo de causalidad instrumental lo constituye el funcionamiento como agente de la voz pasiva. Este es uno de los valores que PER aportaba en latín y constatamos su empleo en el s. XIII, junto con por : [18a] [18b] [18c] [18d]

ala taxacion fecha per el arcediano Martin Lopez iulgar per nos cabildo de Sant Saluador deue se iulgar pel Dean et pel Cabildo de saη Saluador signada por algún notario publicu

a. 1285 DocCatedralUviéu 2, 139 a. 1287 DocCatedralUviéu 2,149 a. 1260 DocCatedralUviéu 1, 65 a. 1298 DocCatedralUviéu 2, 203

Este tipo de ejemplos, dado su matiz instrumental-causal enlazaría con los expuestos en el apartado 3.3., del tipo : [19]

assi poderia sseer que uos sen veluntat del rey procurariedes morte del dean per uos ho per otri a. 1294 DocCatedralUviéu 2,189

donde al propio valor instrumental se añade el de 'realizador de una acción'. Si bien, como ya hemos indicado, en el asturiano actual el agente de la voz pasiva viene introducido por la preposición por, lo que indicaría que este estadio medieval se resolvió en el empleo de por en estos contextos, cabe reseñar que aún en el s. XVIII se constata un uso de per introduciendo un agente de la voz pasiva en El Quixote de la Cantabria en el registro : « un conventu de Frayles fechu per el mismu San Francico » (CANO 1 9 7 9 : 9 3 )

3.3.5.

Modal

En contextos modales, menos frecuentes en la documentación estudiada, se registra la forma por, en locuciones que pueden considerarse fosilizadas del tipo : [20a] [20b] [20c] [20d] [20e] [20f] [20g]

aquien ellos teuieren por bien cada uno dellos teuierewt por bien & por guisado nen por venturia seant traudas en oblidamento uos otorgamos por ¡«perpetuimi auos todo uos lo do por quito & por uendudo et nos cabildo ia dicho auemos por firme todo esto et prometo auer por firme todo

a. 1280 DocCatedralUviéu 2,122 a. 1274 DocCatedralUviéu 2, 109 a. 1259 DocCatedralUviéu 1, 61 a. 1236 StaaffDialLéonais 21 ni 15 a. 1261 DocBalmonte 82 a. 1278 DocCatedralUviéu 1, 125 a. 1294 DocCatedralUviJu 2, 193

Loreto Dica Suárez

146 4.

Podemos concluir que en el s. XIII en asturiano per se emplea sistemáticamente en las relaciones espaciales y de forma abundante en las de tipo instrumental, y con algún uso como agente, mientras que por se utiliza en los demás contextos. En cuanto a la repartición geográfica del fenómeno, en el norte del dominio no se documenta en los textos procedentes del occidente (DocBalmonte) y sí en los de DocCatedralUviéu 1, y DocCatedralUviéu 2, en concordancia con el asturiano moderno. Por lo tanto, se puede afirmar que en el s. XIII nos encontramos en un momento de evolución de los usos de per y por que continúan los valores de PER y PRO latinas, con alternancia de ambas en algunos de ellos, como en el caso del agente o de algún tipo de causalidad con matices instrumentales que van a resolverse en asturiano en el empleo de por, y otros usos claramente diferenciados de per en contextos espaciales e instrumentales que enlazarán con la situación actual.

Referencias bibliográficas

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Las preposiciones

per y por en el asturiano

del s. XIII

147

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D o c u m e n t a c i ó n d e la C a t e d r a l

d'Uviéu

(sieglu XIII) [2], ALLA, Uviéu. StaaffDialLéonais = STAAF. E. (1907 [1992]) : Étude sur l'ancien dialecte léonais des chartes du ΧΙΙΓ siècle. Upsala. [Reimpr. ALLA, Uviéu]

Maria Eugènia Lamoglia DUARTE (Rio de Janeiro, Brasil)

O portugués do Brasil no contexto das línguas románicas

1. Introduçâo

Neste texto pretendo reunir os resultados de alguns trabalhos que tenho realizado na tentativa de acompanhar o percurso da mudança em progresso na representaçâo do sujeito pronominal no portugués brasileiro (PB), um comportamento que o afasta do portugués europeu, do espanhol e do italiano, ao mesmo tempo que o aproxima do francés. Na primeira parte, säo apresentados muito brevemente resultados diacrônicos que permitem associar a perda gradativa dos sujeitos nulos de referencia definida à reduçào do nosso paradigma flexional verbal. Em seguida, comparo a realizaçào do sujeito referencial no PB e no portugués europeu (PE) com base em amostras sincrónicas de lingua oral. Concluo essa parte argumentando que o sistema defectivo de sujeitos nulos do portugués brasileiro atual constituí urna etapa da mudança paramétrica em direçâo aos sujeitos obrigatoriamente preenchidos. A seçâo seguinte apresenta evidéncias do « encaixamento » da mudança em nosso sistema (cf. WEINREICH / LABOV / HERZOG, 1986). Trata-se do aparecimento de estruturas com o sujeito deslocado à esquerda, incompatíveis com sistemas pro-drop, mas características de sistemas näo-pro-drop, como o francés. Faz-se, entäo urna comparaçâo entre dados do francés medieval, lingua que exibia um sistema defectivo de sujeitos nulos ao mesmo tempo que começava a apresentar o sujeito em construçào de deslocamento, um quadro muito semelhante ao que se vé hoje no portugués do Brasil. Finalmente, a partir dos fenómenos discutidos ñas seçôes anteriores, sao apresentados alguns dados que permitem levantar algumas hipóteses em relaçâo ao prosseguimento da mudança em direçâo ao preenchimento dos sujeitos expletivos (nao referenciais).

2. O portugués brasileiro e as línguas románicas de sujeito nulo

A perda gradativa da propriedade que leva à omissäo do sujeito em certos contextos (« Avoid Pronoun » Principle) tem sido relacionada à reduçâo drástica do paradigma flexional verbal, motivada por mudanças na seleçâo de pronomes pessoais (cf. GAL VES, 1993). Em primeiro lugar deu-se a substituiçâo, em grande parte do territòrio nacional, das formas pronominale tu e vói por você(s), que se combinam com as formas verbais de terceira pessoa ; mais recentemente, o pronome de primeira pessoa do plural nos encontra-se em franco processo de desuso, sendo substituido pela forma pronominal a gente, que também se combina com a forma verbal de terceira pessoa do singular. A reduçâo flexional fica evidenciada na comparaçâo dos très paradigmas ilustrados a seguir :

Maria Eugènia Lamoglia Duarte

150 Pes. /Nú. 1* sing. 2* sing.

Pronomes Paradigma 1 Paradigma 2 Eu am o am o Tu ama s — ama Você ama 3* sing. Ele/Ela ama ama am a mos am amos Γ plur. Nos — A gente ama am aw 2* plur. Vos — Vocês am am am am am a m 3* plur. Eles/Elas am am Tabela 5 : Paradigmas Pronominais e Flexionais no PB

Paradigma 3 amo am a am a —

am a —

am am am am

Este foi O ponto de partida de urna pesquisa diacrònica que realizei (DUARTE, 1993) com base em textos de peças populares brasileiras escritas entre 1845 e 1992, que buscou observar se essa tendência ao preenchimento do sujeito pronominal de referencia definida poderia ser de fato relacionada à reduçào dos nossos paradigmas flexionais. Os resultados revelaram um alto índice de sujeitos nulos (77 % em média) enquanto estava em vigor O paradigma 1, compatível com a riqueza funcional a que se refere ROBERTS (1993a). A partir de 1937, com um paradigma contando com apenas quatro formas distintivas (paradigma 2), esse índice cai para 52 %, e, finalmente, para 30 %, a partir de 1975, quando os paradigmas 2 e 3 coexistem. Os trabalhos seguintes procuraram investigar a expressäo do sujeito pronominal em amostras sincrónicas do portugués brasileiro' (DUARTE, 1995) e do portugués europeu 2 (DUARTE, 1996). O Gráfico 4 mostra as ocorréncias de sujeito de referencia definida expresso ñas duas variedades. Vê-se que, enquanto no PE a « opçâo » recai preferencialmente sobre o sujeito nulo, em PB esta se dá sobre o pronome pleno, mesmo com referente [+animado], como ilustram os exemplos abaixo : [1] [2]

[3] [4]

1

Eia, disse logo que [pro], fava de férias e que [pro], morava ali ao pé do liceu. (PE) O nosso guarda-redesi, que horror ! Na altura [pro]¡ já estava bastante magoado. [pro], Tinha por título o pássaro de ferro. E [pro], sabe por que é que [pro], se chamava pássaro de ferro ? (PE) A casai virou um filme quando eia, teve de ir abaixo. (PB) Nova Trento, é do tamanho da rua Sâo Clemente de Botafogo. Eia, i desse tamanho. Eia, näo tem paralelas. (PB)

A amostra do PB faz parte do Projeto R e c o n t a t o NURC-RJ, tendo sido gravada em 1992 com informantes universitários, distribuidos em très faixas etárias. A amostra do PE foi extraída de NASCIMENTO et al. (1986) e leva em conta os mesmos fatores considerados na análise do PB.

O portugués do Brasil no contexto das linguas románicas

151

100%-

90% 80%-

70% 60%-

50%40% 30% 20% 10%-

0% la. pes.

2a. pes.

3a. pes.

Gráfico 4 : Sujeito pleno de referencia definida en PE e PB A análise dos sujeitos de referência arbitrària (DUARTE, 1997a) ñas duas variedades confirma a mesma tendência encontrada para os sujeitos de referência definida. Comparemse os r esultados no Gráfico 5 : 90%

80%

80% 70%

65%

60% 50% 40% 30% 20% 10%

0% suj. pleno

suj. nulo

Gráfico 5 : Sujeitos de referência f+arbj em PE e PB Tem-se quase urna inversäo na escolha da forma para representar o sujeito [+arb] ñas duas variedades. Enquanto no PE, a posiçâo do sujeito fica nula (seja com o uso de se, seja com o verbo na 3 a pessoal do plural), no PB säo privilegiadas as formas pronominais plenas, preenchidas näo só na sua primeira mençâo, mas também em contextos que levariam a urna categoria vazia numa lingua de sujeito nulo. Eis alguns exemplos típicos do PE e do PB : [5] Se [pro] se gostou urna vez de urna coisa, [pro] tem que se continuar fiel àquele estilo. (PE) [6] [pro] Näo falavam em tapeçaria nessa altura ; [pro] só se referem a uns leves trabalhos, [pro] nem sequer dizem a palavra bordado. (PE) [7] Mas a gente pode ter a sua formaçâo politica, até séria e consciente. Agora, quando em atividade artistica [pro] quer criar e [pro] quer erguer problemas humanos com certa profundidade, [pro] tem que erguer aqueles que [pro] conhece... (PE) [8] Voce quando voce viaja, você passa a ser turista. Entäo voce passa a fazer coisas que voce nunca faria no Brasil. (PB) [9] Quando eles querem eles fazem. Quando eles querem eles acham dinheiro. (PB)

152 [10]

Maria Eugènia Lamoglia Duarte Hoje em dia, quando a gente levanta as coisas, é que a gente vê tudo o que aconteceu. Mas na época a gente näo podia acreditar . A gente näo acreditava nisso, primeiro porque a gente era novo.

Em vista disso, näo é leviano dizer que no PE o sujeito pleno näo parece ser urna opçâo em contextos encaixados, ou naqueles em que há um tópico bem definido no contexto precedente ; o sujeito nulo é a forma näo marcada de expressäo do sujeito pronominal. No PB, ao contràrio, essa forma näo marcada está se tornando a realizaçâo fonética do pronome. Pódese dizer que esse sistema defectivo de sujeitos nulos referenciais que o PB exibe hoje constituí urna etapa da mudança em direçâo ao sujeito pleno obrigatório.

3. O portugués brasileiro e o francés - lingua de sujeitos plenos

A análise da amostra sincrónica do PB comparada com o PE, revelou, entre os sujeitos pronominais expressos, um índice de 7 % de estruturas com deslocamento à esquerda (DE). Ora, sabe-se que, por força do Principio « Evite Pronome », tais estruturas säo incompatíveis com as línguas de sujeito nulo. DURANTI e OCHS (1979) já chamavam a atençâo para esse fato ao näo encontrarem urna só ocorrência dessa estrutura em análise do italiano oral. RIVERO (1980) e Inés DUARTE (1987) igualmente afírmam, com relaçâo ao espanhol e o portugués europeu, que sujeitos deslocados à esquerda só aparecem em confîguraçôes em que näo haja adjacéncia sintética e tém necessariamente interpretaçâo de foco. As estruturas encontradas na amostra analisada revelam que tais restriçdes näo ocorrem no PB. Pronomes retomam SNs e outros pronomes sintaticamente adjacentes sem interpretaçâo focalizada, com ou sem pausa, seja em sentenças raizes seja em encaixadas ; os SNs retomados podem ser definidos, indefinidos, quantificados ou ter referência arbitrària. E, sobretudo, o sujeito composto de primeira pessoa, em virtude da crescente perda do pronome nòs e da flexäo correspondente -mos, desencadeia invariavelmente na fala dos mais jovens urna estrutura de deslocamento à esquerda (DUARTE, 1995 e no prelo) . Vejamse os exemplos a seguir : [11] [12] [13] [14]

Eu acho que o povo brasileiroi ele¡ tem urna grave doença. Eu acho que um trabalho sèrio¡ ele¡ tena que começar por ai. ... qualquer pessoa, que vai praticar um esporte e/α, tem que se preparar. Eue a Paula¡ a gente¡flcava dizendo : « Herodes tinha razäo ! »

Ora, ao contràrio do que foi dito em relaçâo ao italiano, ao espanhol e ao PE, sabe-se que urna das características do francés falado é justamente a retomada de sujeitos nomináis e pronominais tónicos por um pronome clitico - ou seja, a construçâo de DE do sujeito. Quando mais informal o discurso oral maior parece ser a freqüéncia da estrutura em questäo. Isso é o que demonstram os trabalhos de BARNES (1986) e BLANCHE-BENVENISTE (1993). Sabe-se também que o fiancés medieval exibia um sistema defectivo de sujeitos nulos, antes de se tornar urna lingua de sujeitos plenos obrigatórios (cf. VANCE, 1989). Particularmente interessante para que se possa entender o que se passa com o PB é o fato de que, no francés medieval, segundo VANCE (ocit. ), enquanto a ocorrência de sujeito nulo näo referencial ainda se dà sem restriçdes, a ocorrência de pro referencial é limitada por certos condicionamentos :

O portugués do Brasil no contexto das linguas románicas

153

a) em sentenças raizes, ele näo ocorre geralmente em posiçâo inicial absoluta e prefere as formas de primeira e segunda pessoas do plural (nous / vous), o que a autora atribuí à exclusividade e tonicidade da flexäo (-ons / -ez) ; b) nos contextos encaixados - que incluem todos os tipos de subordinadas - näo há restriçâo de pessoa, que, neste caso, dependerá do tipo de verbo e do tipo de oraçâo. Portante, o elemento flexional (Agr) é um licenciador de pro durante esse período e a prova disso é a ocorrência de pro näo-referencial (expletivo). Entretanto, a identificaçâo de pro referencial näo se faz de maneira uniforme ; está em jogo um sistema defectivo de identificaçâo, que envolve flexäo apenas parcialmente. De um lado, Agr forte tem condiçâo de identificar os pronomes nous e vous. De outro, Agr fraco précisa do reforço de um SN ou pronome presente no contexto anterior para identificar as outras pessoas. Este elemento pode ser o sujeito expresso ou o objeto da oraçâo raiz, ou ainda estar no período anterior ou no contexto pragmático, desde que obedeça a urna única condiçâo : ser o tópico discursivo. Observem-se os exemplos extraídos de VANCE : [15] [16] [17]

pro Me semble de prime face que ensuirvoloit les anciennes vesves de jadis, (ex. 114) Me parece, à primeira vista, que eia quería seguir as viúvas do passado. Et pro ly direz que je me racommande humblement a elle. (ex. 107) E Ihe diréis que eu me recomendo a eia humildemente Et quant Saintré¡ fit prest pour monter a cheval, pro¡ print congié de son hoste et de pluseurs autres, (ex. 100) E quando Saintré estava pronto para montar seu cavalo, despediu-se de seu anfitriào e de vàrios outros.

O sujeito pronominal ainda näo se comporta como um clítico, mas já começa a dar mostras de se cliticizar ao verbo, em virtude de mudanças rítmicas que se processavam no francés medieval e que viriam a favorecer, no francés moderno, a construçâo com DE, sempre que entre sujeito e verbo se interpöe algum elemento. O exemplo (142) de VANCE (1989 : 230), reproduzido em (18) a seguir mostra reunidas urna característica do francés moderno, na retomada do sujeito, e urna do francés medieval, no uso do sujeito nulo em urna coordenada, claramente identificado pelo tópico, e em urna completiva, identificado por Agr : [18]

« Madame »,, dist il froidement, « elle, se racommande tres humblement a vostre bonne grace et pro¡ dis que projl'avrezj briefement. » A minha senhora, diz ele fríamente, eia manda recomendaçôes a sua graça e diz que a terà brevemente.

Como em PB, vé-se no francés um sistema defectivo de sujeitos nulos, com o quai a lingua conviveu por mais de 150 anos e que deve ser, segundo ROBERTS (1993b : 415), « parte natural do processo de perda de sujeitos nulos ». Embora VANCE enfatize o fato de que näo se pode atribuir a perda do uso do sujeito nulo, tal qual ele aparece no período medieval, à erosäo do paradigma flexional, há urna relaçâo inequívoca entre seu uso e formas verbais ricamente flexionadas por um lado, enquanto, por outro, se vé urna nítida relaçâo com o tópico discursivo. Quanto ao processo de cliticizaçâo do pronome sujeito e o aparecimento das construçôes com DE no francés, os exemplos a seguir sugerem que o mesmo parece estar começando a acontecer em PB : [19]

As minhas amigasf> que achavam ridículo véu e grinalda, hoje em dia elas, 'täo casando de véu e grinalda.

154

Maria Eugènia Lamoglia Duarte

4. Consideraçôes fináis - o prosseguimento da mudança

Se se leva etn conta o feixe de propriedades que caracterizan! as línguas de sujeito nulo (RAPOSO, 1992) e o encaixamento da mudança em direçâo ao sujeito pronominal pleno, espera-se-ia que o PB se encaminhasse em direçâo ao preenchimento do sujeito näo referencial. Um traballio que apenas se inicia (DUARTE, 1997b) já permite vislumbrar o inicio desse processo. A hipótese principal com que se trabalha é o fato de que o preenchimento constante do sujeito referencial contribuirá para desenvolver um sistema prosódico que levará o falante a preencher com material fónico a posiçâo estrutural do sujeito expletivo. E de que recursos o sistema lançarà mäo para preencher o sujeito nulo näo referencial ? Algumas estratégias já observadas säo as seguintes : 1) uso de você substituindo a posiçâo de pro expletivo em construçôes existenciais : [20a] Em Kioto você tem aquela confusilo de ruas. (« Você tem » em vez de « pro há ») [20b] Você vé muito concreto na tua frente. 2) movimento de sujeito de infinitivo para a sentença raiz : [21 a] Vocês parecem que [cv] näo pensam na vida. [21b) A senhora näo dá pra [cv] ver direito porque 'tá meio apagado. [21c] Eles eram pra [cv] chegar às seis horas. [21 d] A gente näo adianta [cv] discutir isso agora 3) projeçâo de um argumento externo para verbos inacusativos : [22a] Sempre que eia come carne de porco eia solía urnas bolinhas na mäo. [22b] Eia cresce a unha rapidinho. 4) anteposiçâo de argumentos internos de verbos inacusativos : [23 a] Isso acontece [ cv ] bastante là. [23b] Entäo a base faltava [ cv ], né ? Outras estratégias incluem o uso do demonstrativo isso, seja em lugar do dêitico nulo, seja em sentenças impessoais, seja retomando um sujeito sentencial na sentença raiz. Naturalmente, esse processo, que poderá levar à perda da possibilidade de licenciar o sujeito nulo, é graduai e faz parte de um conjunto maior de mudanças sofridas pelo nosso sistema pronominal (cf. TARALLO 1993 e KATO / TARALLO, no prelo). O percurso da mudança näo

pode ser determinado com precisäo, mas é assim que urna mudança se instala num sistema, e, segundo ROBERTS (1993b : 412), « visto que o PB é um exemplar vivo de mudança, podemos encontrar testemunhos vivos para a mudança em progresso ».

O portugués do Brasil no contexto das línguas románicas

155

Näo pretendo, pois, sugerir que um dia « falaremos francés » ; mas, quando se comparant os fatos aqui brevemente resumidos, suspeita-se de que, entre a frase dita pelo Rei Louis XIII quando criança - « Ma mére¡ elle, a dit » - que resultou em reprimendas de seu preceptor Héroard, em principios do séc. XVII, 3 e o que se ouve (e se lê) de crianças e jovens hoje, näo vai urna grande distância, a näo ser a que se refere ao tempo.

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3

Esta informaç3o consta do diàrio de Héroard, o preceptor de Louis XIII, publicado na Alemanha. A obra que faz referência ao diàrio e apresenta o fenòmeno a que faço referência é : G. ERNST, Gesprochenes Französisch zu Beginn des 17. Jahrhunderts. Direkte Rede in Jean Héroards «Histoire particulière de Louis XIII» (1605-1610), Tübingen, Niemeyer, 1985. Devo tal referência a Françoise GADET e a M. da Conceiçflo PAIVA.

156

Maria Eugènia Lamoglia Duarte

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Maria Cristina EGIDO FERNÁNDEZ (León, España) Los numerales en la documentación medieval leonesa

1. Para ofrecer esta visión general sobre el paradigma de los numerales en el antiguo romance leonés nos hemos centrado en el análisis de documentos del S. XIII, procedentes tanto de la zona de León como de Asturias. Entre la documentación consultada se encuentra la de los archivos del monasterio de Sahagún, San Isidoro, Catedral y monasterio de Carrizo, en León y de los fondos documentales de San Vicente y monasterio de San Pelayo, en Asturias. En total, alrededor de 1300 textos, de los que hemos extraído únicamente las formas propias de los numerales cardinales, debido a los obligados límites de amplitud del presente trabajo. A continuación se expone la situación de este paradigma.

2.

2.1.

En las unidades, procedentes del lat. unu(m)-una(m), encontramos las formas UNO, UNA. A diferencia de los textos de la zona castellana que, en el mase, antepuesto al sustantivo presentan la forma apocopada un desde las primeras décadas del S. XII, 1 la documentación leonesa registra hasta épocas más tardías la forma plena UNO, alternando con UN : [1]

doles un boe que fu de Dominico Garcia uno carro uieio, uno trilo (Sh. 1628-1224)

2.2.

En toda la documentación estudiada, para dos existe diferenciación de género ; la forma general para el masculino es DOS, tanto en los doc. leoneses como asturianos. Esporádicamente se recoge algún caso de DOUS, con el diptongo decreciente propio de las variedades occidentales, que está generalizada en la actualidad en todas las hablas occidentales asturleonesas : 2 [2a] [2b]

Que la ecclesia sea bien alumbrada e bien seruida e que tengades y dos monges o dos monges o dos capellanes (Sh. 1727-1254) e devo adexar de[pos] de mia muerte en logar sobredecho dos bues e duas vacas e XII reciellos (S. P. 145-1283)

M . PIDAL (1966 : doc. 4 2 - 1 2 1 2 , 5 1 - 2 3 0 ) y (1969 : 233). M . PIDAL ( 1 9 6 2 : 9 1 ) ; R. CASTELLANO ( 1 9 5 7 : 197) ; CANO (1977 : 120) ; A . M . FUENTE (1995 : 47) ; G" ARIAS (1974 : 216) ; VILLAR, A. ( 1 9 9 1 : 1 2 2 y 180).

Maria Cristina Egido Fernández

158

[2c] [2d]

E yo domna Tareysa enpresto uos XII morauedis pora dos iugos de boes por III anos (A. M. C. 280-1251) Eia primera rrenda seer dada del dia τ de la era desta carta a dons annos (A. M. C. 519-1283)

En el femenino, durante todo el S. XIII predomina duas : [3 a] [3b] [3c] [3d]

« . . . t e a mio finamiento devo de lexar enno logar duas casas e un orrío, dos boes e duas vacas (S. P. 150-1286) Mando al cabillo mio lecho con duas colchas-una blanca he otra cardena-duas sauanas, dos fazeruelos (C. L. 2134-1254) yo don Anton recibí dos niuiellos de quatro dientes τ duas bezerras moseas de dos dientes duas bestias asnales duas forças (A. M. C. 422-1268) fazemos carta de uendicion de las duas ochauas de la jugueria (S.V. 1255)

La excepción la aporta la documentación de Sahagún donde, en el femenino, aparece dos desde comienzos del siglo, en un principio alternando con duas, pero desde 1230, aprox., se impone el masculino. 3 En el resto del dominio leonés se observa la progresiva sustitución por dos a partir de la segunda década del S. XIV : [4a] [4b] [4cj

et de dos archas, doi ella menor que feziesse ende fazer dos cartas en un tenor » e por el dia del entrojio bonas dos gallinas

(Sh. 628-1222) (S. I. 1327) (S. P. 234-1364)

Constatamos igualmente la forma dues, que recoge STAAFF en su estudio (1907 : 281), en algunos textos de Sahagún : [5a] [5b] [5c]

las dues son de VIII palmos Mandemos fazer dues cartas que fezies dues cartes partides por a.b.c.

(1699-1245) (1761-1257) (1828-1282)

En el primer caso aparece en un añadido posterior al texto original escrito por otra mano ; tanto en este caso como en el segundo la explicación se encuentra en la procedencia de los escribas. Algo distinto nos parece el tercer caso en el que nos encontramos probablemente ante un femenino plural en -es, propio de las variantes asturianas centrales. 4 Se trata de un texto escrito en Potes, con unos rasgos dialectales muy marcados que se ajustan totalmente a la escritura normativa.

4

Aparecen casos esporádicos de dos en S.I. o Carrizo, en textos escritos en Mayorga, comarca de los Oteros, etc. En las hablas actuales se registra duas como general en occidente (R. CASTELLANO, 1957 : 197 ; G. ALVAREZ atestigua duas/dues (1985 :284), también VILLAR, 1991: 122 y 180). No se registras en la doc. de San Vicente o San Pelayo plurales fem. en -es. Sólo a partir del S. XIV aparecen casos esporádicos. Que no aparezcan escritos no quiere decir que no existan en el habla de esa zona central. Al igual que otros rasgos dialectales, se considera vulgar y no se refleja en la escritura más ajustada a la norma. Sólo en algunos textos más vulgarizados o debidos a escribas menos cultos se filtran las variantes propias del habla. Dues también aparece esporádicamente en el Cid (PIDAL, 1969 : 158) y BERCEO (DCECH, S.V. dos). Vid. también ALVAR / POTTER (1983 : 8 8 ) .

Los numerales en la documentación medieval leonesa

159

2.3.

TRES, CUATRO, CINCO no presentan alternancias destacables en ninguna de las documentaciones estudiadas. QUATRO, con grafía latinizante, es la forma común en todos los textos, mientras que para CINCO alternan las grafías « ç » (çinco) y « c » (cinco).

2.4.

En seis alternan los resultados con diptongo decreciente SEIS (SEYS), producto de la vocalización de la ñ/J implosiva del lat. sëx (ALVAR / POTTIER, 1983 : 88), y el resultado sin /i/, más cercano al latín, SES. Esta última es mayoritaria en los documentos asturianos de San Vicente y San Pelayo ; en los de León se reparten al 50 % ambas formas : [6a] [6b] [6c] [6d] [6e] [6f]

Esto foe ses dias de junio (S. P. 158-1289) Era de mille e trezientos e trinta e ses annos (S. P. 172-1298) Ffecha la carta vintj e ses dias de abril (S. V. 1299) La qual carta flue ffecha sseys dias de mayo, era de mill e trezientos e treynta e dos annos (Sh. 1878-1294) uos vendemos por ses morauedis de los dineros blancos de la primera guerra (A. M. C. 531-1283) Era de mill e CCC et veynte et seis dias (S. I. 314-1288)5

2.5. Tampoco siete presenta alternancias destacables cuando se presenta sin formar números compuestos.6 Una variante sin diptongo aparece en el doc. 434 de Carrizo, en la parte correspondiente a la fecha : « era de mille τ CCC τ SSETE annos (Asterga) ». La ausencia de diptongo puede explicarse por influjo cultista O por el origen del escriba, Iohan GIL, que, por otros rasgos que presentan sus textos, parece ser gallego.

2.6.

El lat. octo ofrece como resultado más general en toda la documentación OCHO, forma común en el castellano, que presenta, como es sabido, inflexión de la loi por la yod < /kt/ y palatalización de este grupo cons. (PIDAL,1980 : 143 ; ALARCOS,1981 : 242) :

6

Como se puede observar, la alternancia seys/ses no está en relación con que aparezca el numeral aislado o formando números compuestos. Ses aparece también en los doc. de San Bartolomé de Nava (VIEJO, 1993 : 12 ). En el área castellana se documenta desde los primeros textos la forma con diptongo (PIDAL, 1986 : 16 : seismal ; 1969 : 317 : seys), aunque M.PIDAL (1986 : 85) afirma que alternan -eis/-es hasta el S.XIII. En algunas hablas asturianas actuales estuvo presente, al menos hasta los años 60, seyes, con l-y-l antihiática y abertura de la /-i/ final. M. J. CANELLADA (1944 : 23) y FDEZ.-CAÑEDO (1963 : 48) lo recogen para Cabranes y Cabrales ; en los compuestos aparece, en cambio, seis. De las alternancias que puedan presentar estos numerales cuando se combinan para crear las decenas o centenas, se tratará en un apartado posterior.

Maria Cristina Egido Fernández

160 [7a] [7b] [7c]

domingo, ocho dias de ochubre, era de mille trezientos e veynte ocho annos (Sh. 1857-1290) Facta carta ocho dies de genero (S. P. 150-1286) rreçebimos de uso en precio τ en rrouraçion .CC morauedis a ocho soldos (A. M. C. 461-1275)7

La excepción la marcan cuatro textos presentes en la doc. de Carrizo, dos, en la de la catedral de León, uno, y otro en la doc. de Sahagún. En estos se registran las formas diptong a d a s UECHO, VUECHO :

[8a] [8b]

[8c] [8d]

Ffecha la carta en era de mille τ dozientos τ nonaenta τ vuecho annos (A. M. C. 378-1260) recebi de uso domna Eluira Rodríguez mill y vuecho çientos morauedis (...) Me otorgo yo domna Çara que recebi estos mill τ uecho çientos morauedis sobredictos (A. M. C. 478-1277) en era de mill e duzientos e nonaenta e vuecho annos (Sh. 1784-1260 ; escrito en León) era de mill e dozientos e nonaenta e vuecho annos (C. L. 2221-1260)

Pertenecen a distintos escribas, pero tienen en común que todos han sido escritos en León. Todos los casos, menos uno, presentan además del diptongo el apoyo labial [w], reflejo fonético de la vocal labiovelar. En otro doc. de Carrizo aparece la forma dudosa VOCHO : [9]

do a uso don Pedro Iohan ciudadano de León vocho cientos morauedis de bonos dineros leoneses (408-1265)

En una nota de la transcriptora se interpreta como una confusión del escriba que pretendía escribir en números romanos. Desde luego no creemos que se pueda interpretar como un diptongo /wo/, puesto que en el resto del texto aparece siempre /we/. Sí se podría interpretar como una forma inflexionada ocho que cuenta también con el incremento fonético labial, puesto que loi es una vocal labializada, pero curiosamente, el escriba utiliza sistemáticamente la grafía « u » para el fonema labial en esta posición (uso, uestro, etc.). Nos inclinamos, pues, por la interpretación de la confusión del escriba. Los estudios sobre las hablas leonesas actuales no recogen formas [wëôu] [gwëcu] para ocho. En todos los trabajos consultados se registran resultados sin diptonación, con el cierre, eso sí, de la vocal final [ö£u].8 La falta de diptongación no puede atribuirse al tipo de yod (< kt), puesto que en esas mismas zonas se recoge [nweóei]. Una explicación posible de por qué no triunfaron las formas [wëôu] < öcto en las áreas occidentales podría estar en la posible confusión con [wëôu] < 5c(u)lu, pero no habría tal confusión en el centro ( [ w ë y u -gweyu] < öc(u)lu. En la documentación, los resultados diptongados son minoritarios y se concentran en la zona de Léon. Es muy posible que se trate de un rasgo

En muchos casos, en los mismos textos que tienen ocho, con inflexión, aparecen otros resultados sin inflexión más característicos del leonés (p. ej. uey, uuey < hodie), pero concretamente el numeral presenta siempre la forma inflexionada. También es general ocho en los docs, que estudia ONÍS (1909) y en los del San Bartolomé de N a v a (VIEJO, 1993 : 13) ; vid. también LAPESA (1998 :

.

50). CANO ( 1 9 7 7 : 73 y 120) ; R. CASTELLANO ( 1 9 5 4 : 156) ; PÉREZ GAGO ( 1 9 9 5 : 105) ; VILLAR (1991 : 52 y 164) ; A . M . FUENTE (1995 : 4 5 - 4 6 y 165) ; G" ARIAS (1974 : 5 3 - 5 4 ) ; FDEZ.-CAÑEDO ( 1 9 6 3 : 4 9 ) ; CANELLADA ( 1 9 4 4 : 23) ; G. ALVAREZ (1985 : 203). Hueyto e s f o r m a general en la documentación aragonesa (POTTIER, 1947 : 1 4 5 ) .

Los numerales en la documentación medieval leonesa

161

de estilo de un grupo de notarios pertenecientes o formados en el mismo scriptorium. Por otro lado, este rasgo muestra la vacilación real que debía existir en ese momento entre la tendencia más dialectal hacia la diptongación [wëSo] (como [ w e y o ] o [nueôe]) y la tendencia normativa más castellanizante que acabaría generalizándose, como vemos en los resultados leoneses actuales, por las propias circunstancias de uso del vocablo.

2.7. NUEUE es el resultado general procedente del lat. nöuem. En algún caso aparece con apócope y ensordecimiento de la cons. final :9 [10a] Fecha çinco dias de mayo era de mill CCC veinte e nueue annos [10b] en era de mili e doçientos e nouaenta e nuef annos

(Sh. 1862-1291) (Sh. 1786-1281)

En bastantes ocasiones registramos la variante gráfica latinizante NOUE en documentos de los primeros treinta años del siglo o en las fechas de datación de los mismos : [lia]

do et uendo toda la meetad de las noue partes que ey et auer deuo (Sh. 1679-1235) [11b] Era de mille τ CCC τ diez τ nueue annos, noue dias de iunio (A. M. C. 503-1281)10

2.8.

Como resultado procedente del lat. decern tenemos el diptongado DIEZ, tanto en los casos en que aparece sólo como en los que forma parte de compuestos, aunque se constatan en esta última circunstancia, dos excepciones con diz que trataremos en el apartado correspondiente : u [12a] [12b] [12c]

por preçio que rescebimos d vos, convien a saber : diez morabetinos (S. P. 165-1293) tres de diez quinnones que aya el abbat (S. V. 320-1290) ho mando ye diez morauedis se yo finar (C. L. 2275-1268)

2.9. Igualmente es regular la evolución de ündecim (> 1. v. undece).12 Presenta variación gráfica entre ONZE con sonora y ONÇE con la sorda : [13a] [13b]

quatro mueyos sson de trigo ye los onçe de çeuada (A. M. C. 531-1284) que el rey don Fernando mando fazer a onze dineros minos tercia (S. P. 175-1299)

'0

Vid. PLDAL (1980 : 169).

N

Las hablas actuales presentan variación en le diptongo [nwébe], [nwáfee], [nwótee] (R. CASTELLANO, 1954 : 197) y también en el cierre de la vocal final [nwébi] (Vid. FDEZ.-CAÑEDO, 1963 : 48). En A.M.C. :« que fue fecho noui dias de febrero » (566-1296). No se registran (probablemente por ser considerados demasiado vulgares para la escritura) casos de vacilación en el diptongo y acento en el primer elemento([día0]/ [díeG]) como los que atestigua

|2

R. CASTELLANO para el bable occidental (1954 :65-66). Vid. tb. G" ARIAS (1974 : 59).

Ya en lat. vulgar la terminación -im era sustituida por -e/-i (sedece, tredeci) (ALVAR / POTTER, 1983 : 8 8 ; PIDAL, 1980 : 242.

162

Maria Cristina Egido Fernández

Según M. PLDAL (1980 : 163), la evolución general en cast. Para el grupo /d'c/ fue la desaparición de la dental13 y la sonorización de la sorda (> dz > z), de ahi que sea onze la forma que se considera general en cast, antiguo. Sin embargo, como es sabido, en toda la franja norte peninsular, la distinción entre sordas y sonoras nunca fue clara, lo cual se muestra en este caso en la variabilidad gráfica « ç »/ « ζ ».' 4

2.10.

La misma variabilidad gráfica encontramos en duodëcim > dodze > DOZE / DOÇE y tredëcim > tredze > TREZE/TREÇE (ALVAR / PorriER, 1983 : 89) : [14a] deuo adar doce marauedis de la moneda blanca [14b] escriui esta carta doze dias demarço era de

(C. L. 2376-1277) (Sh. 1822-1280)

Esta evolución general en la doc. leonesa contrasta con la que se registra en la documentación asturiana, donde recogemos el resultado característico del leonés para el grupo formado por dos oclusivas DOLZE, con transformación de la primera en IV : [15a] Era de mille e trezientos e dolze annos (S. P. 135-1274) [15b] Et deuedesnos dar cada un anno en el dicho monesterio a salvo dolze morabetinos e a finamiento postremero de uso deuedesnoslo lexar poblado de dos bues dolze reciellos e dolze fanegas de erga (S. P. 175-1299) [15c] (...) por dolze morabetinos de los dineros quel rey mando fazer (245-1368)15 También se recogen en los textos asturianos de S. Pelayo pertenecientes al S. XIV resultad o s TRELZE:

[16a] Fecha carta treize dias de febrero (2-1326) [16b] devo dar por mi e por todos mios bienes duzientos e treize morabetinos carta que foe fecha en Oviedo treize dias del mes de ochubre (192-1356) Aunque las formas más generales proceden de tredëcim, hemos d hacer referencia a dos casos que aparecen en la documentación de Sahagún en los que este numeral sigue el esquema de « composición »' 6 dècem (et) tres : [17a]

Don AlfFonsso Tellez e dona Maria razonauan que dizetres de los uassalos que hi an sean quitos de portalgo también los dizetres todos los uassallos sobredichos también los dizetres como todos los otros den el portalgo en sant Ffagunt (Sh. 1717-1252) [17b] Ffecha la carta en Palencia por mandado del rey, diez e tres dias andados del mes de mayo

(Sh. 1753-1255)

15

Quizá absorbida por la prepalatal africada /z/ (LLOYD, P., 1993 : 334) Idéntica variación gráfica se encuentra en la documentación de la Abadía de Santillana del Mar (G. CARRIL, 1994 : 308). Vid. tb. ALARCOS (1981 :270-271) y ALONSO, A. (1976 :246-ss). Los doc. asturianos occidentales estudiados por LAPESA recogen dolze hasta finales del S. XV (1998 :51) ; vid. tb. STAAFF (1907 : 242-243). M. PIDAL (1962) destaca que en la actualidad no aparecen formas dolce en las variedades leonesas, dato confirmado por los demás estudios consultados. Seguimos la clasificación tipológica que hace M. MARÍN (1991 :327).

Los numerales en la documentación medieval leonesa

163

Como es sabido, el latín utilizaba distintas variantes en los numerales. Junto a las formas compuestas undëcim, duodëcim, tredëcim, fusionadas con el elemento menor delante, empleaba formas yuxtapuestas tipo decern duo, decern tres, o con vinculación decern et duo, decern et tres.17 Los ejemplos que registramos presentan esquemas algo diferentes : DIZETRES, siguiendo a M . MARÍN ( 1 9 9 1 : 3 2 7 ) , es un caso de composición con fusión, puesto que se ha alterado el primer elemento (diez > diz), quizá por el desplazamiento del acento (LAUSBERG, 1964 : 246) ; DIEZ E TRES, en cambio, conlleva un esquema con vinculación por medio de la conj. « e » en el que no se ve alterado ninguno de los componentes. M. PIDAL (1980 : 243) hace referencia a que esta tendencia analítica presente ya en latín, se manifestó en algunas regiones con resultados dizedos, dizetres debidos a la analogía con la formación analítica dieciséis que acabó triunfando sobre la etimológica.18

2.11.

Catorce y quince presentan mayoría de formaciones regulares procedentes de quattuordecim (> 1. v. quattordece) > C A T O R Z E y qui)ndecim (> 1. v. quindece) > QUINZE respectivamente. 19 Nos encontramos, asimismo, con la variación gráfica ç/z : [ 18a]

mando que le den mas por los diezmos que negechi catorze morauedis (A. M. C. 5 6 6 - 1 2 9 6 )

[18b] martes catorze días andados del mes de nouiembre [18c] Era de mille e CCC e quinze annos [18d] dar uso quinze stopos de buena çeuada [18e] Mando al común de los clérigos de Ssant Ffagunt quinze marauedis

(C. L. 2570-1292) (S. P. 138-1277) (S. I. 321-1291) (Sh. 1852-1289)

Hemos de destacar, por otro lado, un nuevo caso de compuesto con vinculación por medio de conj. (dece et quattuor) que registramos en la doc. de S. Pelayo ; presenta, además de la forma fem. duas, el rasgo leonés de la diptongación ye (< et) : [19]

Estas duas sortes assi determinadas por sos términos vendemos a uso con sos derechos por precio que recebimos de vos diez ye quatro soldos de real moneda » (S. P. 110-1259)

2.12. A partir de dieciséis, nuestros documentos siguen formaciones compuestas también por adición con el elemento mayor delante.20

|8

Vid. IORDAN / MANOLIU (1972 : 2 6 9 ) y LAUSBERG (1964 : 2 4 5 - 2 4 6 ) .

diezetres aparece en un doc. murciano de 1272 (D.C.E.C.H. : s.v. tres). STAAFF, que reproduce el doc. 1717, no hace ninguna referencia en su estudio a esta formación especial del numeral. Vid. GRANDGENT (1970 : 235 ; LAUSBERG (1964 : 2 4 5 ) .

En el caso de onze, doze, treze (< undecim, duodecim, etc.) es el elemento menor el que aparece antes.

Maria Cristina Egido Fernández

164

En época antigua aún hay restos en castellano de la forma etimológica sedêcim > SEZE, que aparece en obras de Berceo o en los doc. de la zona de Aragón y después sería sustituida por la forma compuesta aunque hayan quedado derivados lexicalizados de aquella en algunas zonas. 21 Registramos esta forma SEZE en dos doc. de sahagún pertenecientes al mismo escriba : [20a] [20b]

era de mili e CCC e seze annos era de mili e CCC e seze annos

(1817-1278) (1819-1279)

En el resto de los casos, como se ha dicho anteriormente, nos encontramos formaciones regulares que ofrecen vinculación sin que se produzcan modificaciones en ninguno de los dos elementos : [21a] flecha diez e sseys dias de abril era de mili e CCC e XXVII annos (Sh. 1853-1289) [21b] (de la moneda) quel rey don Alffonso mando fazer a diez e seys dineros el morabetin (S. P. 165-1293) [21c] veynte τ cinco mille morauedis de la moneda noua que el rey don Alffonso mando fazer a diez τ ses dineros (A. M. C. 548-1288)^ [21 d] Ffecha esta carta diez τ siete dias de abril era de mille τ CCC τ XXIIII annos (A. M. C. 540-1286) [2le] (de) tres de diez quinnones que aya el abbat o diez et ocho morauedis de la moneda pequeña (S. I. 320-1290) [21f] Era de mille e CCC e diez e ocho annos (S. P. 143-1280) [21a] Fecha la carta en Leon diez e nueue dias de setenbrio (C. L. 2567-1292) [21h] Era de mille τ CCC τ diez τ nueue annos (A. M. C. 503-1281) Como excepciones a esta regularidad localizamos dos formas en la doc. de Carrizo que, aunque presentan el mismo esquema con vinculación, hay modificación en el primer elemento : [22a] [22b]

Ffecha esta carta enna era de mille τ CCC" τ diz τ sseys annos era de mille τ CCC τ dies τ sseys annos

(490-1277) (492-1278)

En el caso de dies, creemos que no se trata de una modificación real, sino, simplemente, de una falta del escriba ; en ninguna otra parte del texto se da confusión alguna entre zé/s. Por último, se registra el resultado DIZEOCHO en Sahagún : [23]

Ffecha la carta en San Ffagunt, diez dias de febrero, era de mili e CCC e dizeocho annos (1821-1280)

con un esquema en el que se da fusión entre los dos elementos con la modificación el primero (diz) en contraste con la forma plena anterior (diez). Tanto en DIZ τ SSEYS como en este caso la reducción diez > diz viene dada por el desplazamiento de la tonicidad en el compuesto. 23 Los resultados que ofrecen estos numerales en las hablas astur-leonesas actuales difieren bastante de la aparente regularidad que muestran los textos. Las variantes van desde :

Vid. ALVAR / POTTER (1983 : 89) ; PIDAL (1980 : 242) ; POTTER (1947 : 146). 2]

Sobre la alternancia seys/ses, ver atrás pág. 2 Vid atrás dizetres. Vid, también X. VIEJO (1993 : 12). G. CARRIL (1994 : 309) : diçiseis, diçiocho aún en el S. XIV. En los doc. aragoneses : diziseys, diz i siete, dizesiete, diziocho (POTTER, 1947 : 146).

Los numerales en la documentación medieval leonesa

165

a) diacisiete, diaciocho, diacinueve con la vacilación del dipt, je/ja, propia de occidente ; b) diciasiete, diciaocho, dicianueve (bable occidental, quizá por influencia del gall.) ; c) diciséis, dicisiete, deciséis, decisiete, etc. en el bable de Somiedo, Cabranes, Cabrales, así como en las hablas de Luna, Cepeda, Maragatería, Bierzo, Cabrera y Omaña. 24

3.

Como señalan ALVAR / POTTIER (1983 : 89), las decenas en español proceden de sus respectivos antecedentes latinos, aunque se dan discrepancias de evolución que tienen un carácter exclusivamente fonético.

3.1. La evolución esperable para vlgmti/tfíginta, sería *viinti > vinti ; "triinta > trinta, y, de ahí, el resultado de algunas lenguas romances como cat. -prov. Vint.25 En español, a partir de viinte/triinta se produjo la disimilación de la primera de las dos /ii/ : cast. ant. veinte > v[é]inte. Sin embargo no es tan clara la pronunciación [ei] en todos los casos : existe también vente, trenta, que, según ALVAR / POTTIER (1987 : 89) procede de un cambio vlgmti > vlglnti (siguiendo la ley de FOUCHÉ) > veente > vente /trenta. La documentación astur-leonesa que analizamos ofrece resultados variados para ambos numerales. Hay, en principio, una clara diferencia entre los textos asturianos y los leoneses : en los s e g u n d o s alternan las variantes VEYNTE y VINTE ; a u n q u e es VEYNTE la

mayoritaria, se observan diferencias claras entre los documentos más orientales de Sahagún, con predominio casi absoluto de este resultado, los de León (catedral y S. Isidoro) todavía con alguna presencia, aunque esporádica de VINTE, y los más occidentales de Carrizo donde ambas formas alternan casi al 50 % : [24a] [24b] [24c] [24d] [24e]

Fecha veynte e siete días de nouenbre (C. L. 2626-1299) peche al rey o a quien sua uoz ouier cient τ uinte morauedis (A. M. C. 489-1278) recebi de uos F. I., canbiador, vinte τ ocho morauedis de los dineros blancos (A. M. C. 527-1284) uendemos a uos por veynte τ ocho morauedis (A. M. C. 485-1277) peche a la otra parte veynte marauedis era de mili e CCC e veynte e çinco annos (Sh. 1840-1287)

En los del área asturiana la que predomina claramente es VINTE, mientras que veynte es excepcional ; en la mayor parte de los casos, además, se presenta con cierre de la /-e/ > /-i/ (VINTI) : 2 6

25

26

V i d R . CASTELLANO ( 1 9 5 4 : 198) ; CANO ( 1 9 7 7 : 120) ; CANELLADA ( 1 9 4 4 : 2 3 ) ; FDEZ-CAÑEDO (1963 : 49) ; PÉREZ GAGO (1995 : 106) ; A . M . FUENTE (1995 : 165 - tb. daciséis : dacisiete, etc.) ; E. MIGUÉLEZ ( 1 9 9 3 ) .

•viinti no cambia su h¡ breve en /e/ por metafonía de la /-i/ final : viinti > viinte > vinte (resultado del portugués, por ejemplo). vinte/ vinti son también formas únicas en los doc. asturianos occidentales hasta el S.XV en el que se generaliza veynte, según LAPESA, por cultismo castellanizante (1998 : 61). Vid. también X. VIEJO ( 1 9 9 3 : 1 4 ) .

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Maria Cristina Egido Fernández

[25a] Ffecha la carta vintj e ses días de abril (S. V. 1299) [25b] e bevemosvos ende vino por precio que recebimos de vos vinti morabetinos de real moneda (S. P. 109-1259) [25c] a salvo cada un anno pol dia de S. Martino, la collecha fecha, vinti e cinco morabetinos de los dineros novos (S. P. 156-1289) El resultado VENTE, con reducción del diptongo decreciente, aparece alternando con veynte, pero sólo en textos de la zona de León y de forma muy esporádica :27 [26a] τ dos cestos de çentenoenque iazen vente τ quatro estopos (A. M. C. 566-1296) [26b] cinquaenta ; sexaguita > sesaenta-sessaenta ; septuagmta > setaenta ; etc.29 Junto a estas formas se encuentran en cast. ant. otras reducidas quaranta, cinquanta, etc. y, aisladamente, formas analógicas de veynte, treynta, como quareynta, ocheynta, etc.30 A partir de la segunda mitad del S. XIII se observa como rasgo destacable en la evolución de este paradigma, la pérdida de la vocal interna /a/, que dará lugar posteriormente a las formas modernas : quarenta, cinquenta, sesenta, etc. M. PLDAL, siguiendo a JUD, considera que la evolución -aénta > -énta pasa por el estadio intermedio de reducción de a > e, quareenta, seteenta, etc. La reducción de a > e y su ulterior supresión se explicaría por el frecuente uso proclitico de estos numerales : setaenta y dos, tres, etc.

Aunque es esporádica en los textos, suponemos que seria mucho más frecuente en el habla en la que se daría una situación semejante a la actual, donde, en el habla descuidada o en sociolectos bajos, suele oírse vente y no veinte. Es la forma general en las variedades actuales de ambas 2s

29 jo

provincias (CANO, 1977 :120 ; MIGUÉLEZ, 1993 : s.v. vente ; A. M. FUENTE, 1995 :166 ; etc.)

Las formas actuales alternan entre trenta, trainta, treinta. Vid ALVAR / POTTIER (1983 : 9 0 ) ; HANSSEN (1913 : 88) ; PIDAL (1980 : 243). HANSSEN (1913 : 88) ; CRADDOCK (1985 : 427).

Los numerales en la documentación medieval leonesa

167

Estamos de acuerdo con CRADDOCK en que no sería esta la razón de la reducción, puesto que se produce paralelamente en palabras como quaresma, cinquesma que no son susceptibles de aparecer en esas posiciones, aunque es claro que se puede ver e ellas la analogía con los cardinales. Pero, lo que es m á s importante, las estadísticas elaboradas por CRADDOCK, demuestran que esa reducción no se produce al mismo tiempo en toda la serie sino que se da mucho antes en quaraenta > quarenta que en los otros números. 31 Esta es la situación que encontramos en los documentos objeto de este estudio. En primer lugar, hay una diferencia clara entre los asturianos y los leoneses : los primeros presentan sistemáticamente estos numerales en su forma más antigua, sin reducción de la /a/: [28a] [28b] [28c] [28d] [28e]

Et la parte que contra ellos fos que pechas a la otra parte quaraenta morabetinos (S. P. 146-1284) e peche a uso quanto en esta karta cunta in dubio e sobresto todo sesaenta morabetinos (S. V. 1249) e peche a vos ho al que vostra voz tevier quanto e sobresto todo cinquaenta morabetinos de real moneda (S. P. 127-1270) vos viendo e vos otorgo por precio que recibimos de vos setaenta morabetinos (S. P. 167-1294) por preçio que recebi de vos ochaenta morabetinos de la moneda nova (S. P. 154-1287)

Los del área leonesa presentan sistemáticamente la forma reducida para QUARENTA y alternan con y sin /a/ en los demás casos : [29a] [29b]

[29c] [29d] [29e]

)2

deuo a uos domna Mioro e a uestro fiyo Yucaph quarenta estopos de centeno por parte de la abadesa (A. M. C. 413-1266) Mando a D. M . e el deue a mi cinquaenta maravedís Et todo omne bueno e buena mugier que ssea de creer que lo den ffasta çinquaenta maravedís » (Sh. 1853-1289) uendo a uso por setenta e çinco morauedis de los dineros blancos de la guerra (C. L.2538-1290) era de mili e dozientos e nonaenta e vuecho annos (C. L. 2221-1260) Mando al conuento de San Esidro ochaenta morauedis pora pitançia (A. M. C. 566-1296) 32

M. PIDAL (1980 : 243) ; CRADDOCK (1985 : 427-ss). Finalmente CRADDOCK plantea que la forma de partida para la modificación de toda la serie es quarenta ; los demás números siguieron el mismo camino por analogía con este. Por su parte, la reducción prematura de quaraenta>quarenta se debería al influjo de los trisílabos veynte, treynta que, en ese momento atraviesan por el proceso de cambio hacia los bisílabos véinte, tréinta. Además de los cambios en el vocalismo se observa en todas estas formas cambios en el consonantismo, respecto de sus étimos, que sólo son explicables por el influjo analógico de las unidades con las que están relacionados : quinquaginta > (disimilación de /w/ en qui) > cinquaenta ; sexaginta> sesaenta (con influencia de la /s/ de seis) ; sept(u)aginta > eliminación de /w/ en /tua/ favorecida por la analogía con siete. Para ochenta, PIDAL (1980 : 243) parte de octfujaginta aunque se puede pensar en analogía con los demás números de la serie. Por último, nonaginta > nonaenta > novaenta, por analogía con nueve ; aunque PIDAL (1980 : 243) supone un étimo novaginta . Vid. también CRADDOCK (1985 : 426).

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168

Muy esporádicamente se recoge el resultado CINQUANTA, que supone la supresión de la vocal tónica y que fue el camino que siguieron el cat. francés o italiano :33 [30a] [30b]

de los nouenta marauedis, que uso dexemos los cinquanta e que nos dedes los quaranta (Sh. 1847-1289) esta vina uso vendo por cinquanta τ çinco morauedis τ medio dellos dineros blancos

(A. M.C. 533-1284)

3.3. Cuando todos estos numerales se incrementan combinándose con las unidades siguen, por lo general, el esquema tipológico de la vinculación en el que se mantienen separados los tres elementos : DECENAS + E ( E T ) + UNIDADES ; incluso en casos en los que el español posteriormente ha adoptado esquemas con fusión (p. ej. veinticinco) de los componentes : VINTJ E SES (S. V. 1299) ; VEYNTI E QUATRO (S. P. 161) ; TREYNTA Ε DOS (C. L. 2580) ; QUARENTA E OCHO ( S h 1 8 7 7 ) ; CINQUENTA X CINCO ( A . M . C . 5 0 3 ) ; SESENTA ET CINCO

(S. I. 314) ; SETENTA E ÇINCO (C. L. 2538) ; etc. Se documenta, no obstante, algún caso aislado que presenta el esquema deceno+ unidad : VINTEQUATRO ( C . L . 2 3 1 9 ) ; VENTE SES ( A . M . C . 5 4 8 )

4.

4.1. Procedente del lat. cëntum aparecen las dos variantes conocidas : CIENTO y CIEN-CIENT. Por regla general, aparece apocopado (cien-cient) cuando precede a un sustantivo : [31a] que uos demos cien morauedis de la moneda noua (S. I. 312-1286) [31b] yo mando que lo pennoren por coto de cient morabetinos e el que non ovier los cient morabetinos mandovos quel recaldedes commo aparesca ante mi (S. P. 96-1253) Cuando forma números compuestos generlamente aparece la forma completa : « me dieron en prezio de ÇIENTO τ VEYNTE morauedis . Et quito a MARTINO de LOS ÇIENTO τ ÇINQUENTA morauedis que me deue, los cinquenta ». Sin embargo, este reparto de formas no es sistemático y se registran casos como los siguientes de Carrizo o Sahagún : [32a] por precio que recebi de uso cient xseptaenta morauedis (A. M. C. 521-1283) [32b] et mando que den a una buena mugier o a sus herederos çient e XX maravedís (Sh. 1852-1289) [32c] se me pagar los çiento morauedis por el Natal primero que uien Mando que den mas a las mías fiias que oue de Mayor Arias, çiento estopos de trigo (A. M. C. 566-1296)

33

También extendido en ant. aragonés (POTTIER, 1947 : 148). LAPESA documenta cinquanta en textos asturianos occidentales del S. XIV (1998 : 61). En las hablas astur-leonesas actuales se emplean generalmente formas iguales a las castellanas ; sin embargo, se puede oír esporádicamente cincuanta, como en la Cepeda Baja (A. M. FUENTE, 1995 : 166).

Los numerales en la documentación medieval leonesa

169

4.2. Se mantienen los resultados etimológicos en el caso de DOZIENTOS (docientos) - DUZIENTOS (< dücenti) y TREZIENTOS (treçientos) (< trecenti) que son generales en toda la documentación estudiada. 34 En los textos asturianos predomina DUZIENTOS, con cierre de la átona inicial : « DUZIENTOS sueldos » (S. V. 1263) ; « DUZIENTOS e vinti morabetinos » (S.P. 120-1266). En los de Léon, en cambio, son casos esporádicos (A. M. C. 3 8 2 - 1 2 6 1 ; C.L. 2 1 7 9 - 1 2 5 7 y 2227-1261).35 Se registra asimismo el resultado DUCENTOS y TREZENTOS en dos textos de Carrizo (580-1218/52 ; 5 3 0 - 1 2 8 4 ) que muestran otros rasgos de influencia gallega

4.3. Respecto al resto de las centenas, siguen las siguientes formaciones : Es regular QUATROCIENTOS-QUATROÇIENTOS (Sh. 1821 ; A. M. C. 4 5 8 ) aunque se registra QUATRO CENTOS (A. M. C. 390) como variante puramente gráfica. Con grafía latinizante aparece QUINGENTOS (A. M. C. 43 y 104), pero la forma general es QUINIENTOS. 3 6

De sexcenti, tenemos SESCIENTOS (Sh. 1823 ; A. M. C. 4 7 8 ) y S E Y S Ç I E N T O S (A. M. C. 523, 532, etc.). Son muy escasas las muestras para setecientos y novecientos pero, en todos los casos conservan el diptongo de la forma simple, pese a la atonicidad de la vocal en estos compuestos : « SIETEÇIENTOS e diez morauedis (C. L. 2 3 8 6 - 1 2 7 9 ) ; « SIETE CIENTOS morauidis » (A. M. C. 4 0 0 - 1 2 6 3 ) ; « NUEUECIENTOS morauedis » (C. L. 2 2 3 5 - 1 2 6 2 ) . También es regular OCHOÇIENTOS-OCHOZIENTOS (A. M. C. 540 ; S. I. 335 ; S. P. 138 ; Sh. 1753), y ya han sido comentadas en su momento (pág. 3), las variantes con diptongac i ó n VOCHOCIENTOS, UECHOÇIENTOS, VUECHO ÇIENTOS ( A . M . C . 4 0 8 , 4 7 8 , e t c . )

14

M

Se mantienen estas formas en castellano hasta principios del S. XVI en que son sustituidas por las analógicas doscientos, trescientos, resultado de la presión de los numerales simples (ALVAR /POTTIER, 1 9 8 3 : 9 1 ) .

En las hablas actuales, las formas varían entre las analógicas de la forma simple, pero con cierre en el vocalismo (duscientus) ( P . GAGO, 1 9 9 5 : 1 0 5 ) , las variantes occidentales sobre dous : douscientos, duascientas (CANO, 1977 : 121) y las que son etimológicas, semejantes a las de los textos [düjentos] [tre(jentos] (CANELLADA, 1 9 4 4 : 2 3 ) ; docientos, trecientos (FDEZ-CAÑEDO, J6

1963:48).

Explicable, según ALVAR, no sólo por la eliminación de la /-g-/ (*quinëntos), sino por la fuerza analógica de la terminación -ientos que impidió la palatalización en *quiñentos ( 1983 : 91 ).

Maria Cristina Egido Fernández

170 5.

Mil ( < lat. m i l l e ) muestra variantes gráficas que van desde la forma MILLE, hasta MIL, pasando por la etapa intermedia MILL:37

[33a] [33b] [33c] [33d]

Era de mille e trezientos e quatre annos Era de mill e trezientos e trinta e siete annos Fecha eia carta su la era de mil ye CCtos ye LXX eno mes de maoo, sol era de mil CCC τ VII anos

(S. P. 119-1266) (S. V. 1299) (Sh. 1676-1233) (A. M. C. 430-1269)

Con todo, la forma predominante es mill, que es la que se emplea ya en el Cid o en J. Ruiz. COROMINAS / PASCUAL (D. C. E. C. H., s. V. mil) suponen que la grafía « 11 » responde a una pronunciación palatalizada [mil] y se reduciría a « 1 » precisamente por la « repugnancia del castellano por la palatal III en fin de sílaba », aunque se mantendría cuando precedía a palabra de inicial vocálica. A la vista de la alternancia MILL/MIL, que presentan nuestros textos, no creemos que se pueda considerar como general la realización palatal de MILL, si lo hacemos así habría que interpretar también la grafía « 1 », en MIL, como palatal (si pensamos en una pronunciación estable), y. no lo creemos posible. En posición final de sílaba realmente es difícil mantener una realización palatal, representada por MILL, muy diferenciada de la no palatal, representada por MIL. En nuestra opinión, la alternancia escrita en los textos no es una alternancia real en el habla. Si los notarios escriben MIL, es porque la pronunciación palatal, si existió alguna vez, ya no se distingue. En cambio, muchos siguen escribiendo MILL por la presión normativa en la escritura, que considera más apropiada la grafía « 11 ».

6. Por último, haremos una breve referencia al esquema que se sigue en nuestra documentación para formar la frase numeral (entendida como la combinación de cuatro elementos : unidades, decenas, centenas y millares, o de menos de cuatro : millares, centenas y decenas o centenas y decenas). Como ya se ha ido viendo en muchos de los ejemplos expuestos, la combinación de estos elementos sigue el orden actual : millar+ centena* decena* unidad, pero introduce entre todos los elementos un coordinador, a diferencia del esquema actual donde se ha suprim i d o : MILLAR + COORD. + CENTENA + COORD. + DECENA (+ COORD. +) UNIDAD :

[34a] [34b] [34c]

37

Era de mille e trezientos e trinta e siete annos (S. V. 1270) Recebimos τ pornombrada mientre por quatro mili e quinientos morauedis (Sh. 1866-1267) peche en couto al rey cient Tquarenta morauedis (A. M. C. 497-1279)

Mille se generaliza, por ejemplo, en Carrizo, a partir de 1280, en la fecha de los documentos. Desde nuestro punto de vista es una muestra más del uso de formas latinizantes o cultistas en una de las partes formularias del texto que ya no tiene ningún reflejo en el habla en ese momento.

Los numerales en la documentación medieval leonesa

171

7. Como resumen a todo lo expuesto hasta aquí, podemos extraer las siguientes conclusiones :

7.1. Nos encontramos ante un paradigma, el de los numerales cardinales, que en la documentación medieval del área astur-leonesa, presenta algunas diferencias significativas con el castellano aunque también muchos rasgos en común. Las principales diferencias se muestran, por ejemplo, en el uso sistemático de la distinción genérica DOS-DUAS, en la diversa evolución fonética que presentan formas COMO VINTI/ VINTE, TRINTA, DOLZE,

DUZIENTOS, etc. o en la preferencia, especialmente de la zona asturiana, por algunos resultados más cercanos a la etimología (SES, QUARAENTA, CINQUAENTA, etc.).

7.2. Aún así, al encontrarnos ante textos escritos, que pretenden seguir la norma más prestigiosa (el modelo castellano), estaremos lejos de encontrar reflejada fielmente la riqueza de variantes presentes en la actualidad, y también en época medieval, en las hablas de este dominio dialectal. No obstante, y aunque minoritariamente, aparecen reflejadas también algunas de esas variantes (uecho, dues, dolze, seze, etc.) que son indicio de la presencia de resultados más dialectales en el habla de ese momento y de la alternancia de resultados comunes con el castellano con los propiamente leoneses.

7.3. Se observan ciertas diferencias de uso en algunos numerales entre la zona asturiana y la leonesa (doze/ dolze, p. ej.), y, en otros casos, entre los documentos más orientales, más castellanos, de Sahagún y los centrales u occidentales de S. Pelayo, Carrizo o S. Isidoro, etc. Es una prueba más de que el dominio dialectal leonés nunca ha sido uniforme, y que la fragmentación que se constata en la actualidad entre todas las variedades existentes a uno y otro lado de la montaña ya estaba ahí, en los orígenes de lo que después llamarían los estudiosos dialecto leonés.

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Annick ENGLEBERT (Bruxelles, Belgique)

Si, car, que, et, or... signes de ponctuation de l'ancien français

1. Préliminaires

S'il est une chose que chacun retient de l'apprentissage scolaire de la grammaire du français, c'est que la phrase se définit comme une unité commençant par une majuscule et se terminant par un point. Bien sûr, un linguiste digne de ce nom ne pourra que protester avec véhémence devant une telle « définition ». Mais si l'on veut rester réaliste, on se doit d'admettre que la linguistique n'a encore rien trouvé de mieux, ni surtout de plus efficace pour aider à reconnaître une phrase. L'expérience pédagogique qui consiste à dépouiller un texte actuel de ces attributs que sont les majuscules et la ponctuation, et à demander à des élèves de délimiter les unités phrastiques du texte dépouillé est de ce point de vue très révélatrice (cf. ENGLEBERT / UYTTEBROUCK, 1993a; 1993b). Si l'on compare les résultats de cette expérience, on constate invariablement a) d'une part qu'il ne se trouve pas, parmi les versions restituées, deux textes présentant le même découpage (ce sont surtout les circonstants et autre compléments mobiles qui posent problème) ; b) d'autre part que les élèves ont tendance à laisser « hors phrase » toute une série d'éléments {et, en effet, donc...). La conclusion est incontournable : la ponctuation est désormais devenue indissociable de la structuration du texte, qu'elle organise et, parfois, désambigüise - comme dans les extraits suivants : [la] [lb]

Les Bois-Brûlés ne sont plus, exterminés. (Y. Berger, Le Sud, p. 36) Comme, stupéfait, je ne trouve rien à dire, il ajoute : - Bon voyage. (San-Antonio, Descendez-le à la prochaine, p. 129)

d'où l'intérêt grandissant de la linguistique actuelle, du moins appliquée au français contemporain, pour la ponctuation et ses fonctions.

2. Ponctuation et limite de phrase

En comparaison, la ponctuation de l'ancien français n'a que peu attiré l'attention. Et pour cause, réagiront certains sur un ton où l'on discerne une pointe de sarcasme, puisque les anciens textes n'étaient guère ponctués. Certes, les manuscrits conservant des textes en ancien français ne semblent présenter aucun signe graphique systématiquement lié à la démarcation des différentes unités

176

Annick Englebert

linguistiques. Si l'on parvient à repérer des points, des commas, 1 des virgules, les règles de leur distribution nous échappent encore 2 - véritable frustration pour le philologue, qui ne peut s'aider d'aucun manuel de grammaire (les grammaires médiévales sont des grammaires du latin), d'aucun manuel de ponctuation (le plus ancien traité de ponctuation en français daterait du XVI e siècle), ni, cela va de soi, d'aucun informateur. 3 Incapables d'interpréter les règles de la ponctuation ancienne, les éditeurs scientifiques des textes anciens préfèrent tout simplement faire abstraction de ces marques pour leur substituer les signes de ponctuation contemporains, dans leur usage contemporain.4 Mais puisque le rôle de la ponctuation est de structurer et d'orienter la lecture du texte, comment, en l'absence de marques de ponctuation, l'ancienne langue, ou plutôt l'ancien « scripteur »5 structurait-il son texte ? comment le lecteur médiéval « scandait »-il sa lecture, comment déterminait-il où placer les pauses ? Dans les textes en vers, le problème est moins sensible. Les manuscrits montrent des retours à la ligne systématiques en fin de vers. Par ailleurs, la structuration syntaxique du vers n'est pas libre ; la structure de la phrase tend à épouser celle du vers... Ces contraintes concourent à orienter la compréhension du texte en vers. Mais dans les textes en prose, le problème se révèle, crucial. Seules les lettrines ont jusqu'ici attiré, bien peu au demeurant, l'attention par leur rôle structurateur (cf. BORDIER et alii, 1973). Mais entre deux lettrines (que séparent parfois plusieurs colonnes de texte interrompu), comment le texte s'agençait-il ? comment les paragraphes se détachaient-ils ? comment les phrases se découpaient-elles ? Mon hypothèse est que l'ancienne langue disposait, s'ajoutant aux procédés morphosyntaxiques que connaît encore la langue actuelle mais dont le rôle structurateur s'est aujourd'hui opacifié (§ 3), de diverses stratégies, parmi lesquelles la spécialisation d'une poignée de grammèmes dans le balisage des unités linguistiques (§ 4-5), stratégies multiples et suffisamment efficace, initialement, pour la dispenser des procédés typographiques développés ultérieurement. Je me propose d'étudier ces procédés à travers le texte Placides et Timeo ou les secrés as philosophes, texte didactique en prose dont la localisation dans le temps est quelque peu controversée mais que des particularités grammaticales m'inclinent à situer à l'aube du XIV e siècle. Le texte cité est celui de l'édition de Cl. THOMASSET (Genève, Droz, 1980). Pour les besoins de la cause, il est cité sans les marques de ponctuation présentes dans l'édition critique. Le signe # sera utilisé comme démarcateur des unités linguistiques traitées.

1 2 3 4

5

Point-virgule inversé. À l'exception notoire des points qui démarquent les chiffres romains (p. e. : .xxiiii.), convention uniformément respectée. Je rejoins ici le sentiment de MARCHELLO-NIZIA ( 1978 : 32). On frissonne en pensant que c'est sur ces textes reponctués, redécoupés que la majorité des grammairiens de l'ancien français travaillent actuellement. Certains inconscients ou imprudents plongent ainsi tête baissée dans l'anachronisme. J'utilise ce terme pour désigner indifféremment l'auteur du texte ou l'un de ses copistes.

Si, car, que, et, or... signes de ponctuation de l'ancien français

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3. Les concordances morphologiques

Les concordances morphologiques de nombre, genre, personne et/ou cas sont les signes visibles des relations qui s'établissent entre certains éléments qui constituent des syntagmes (accord du déterminant avec le nom auquel il se rapporte) : [2]

pour ce dist # li philosophes # que on ne doit mie donner # as pourchiaus # pierres precieuses # car il ameroient mieuls ordure et qui dist et enseigne a fol sapience il donne # as pourchiaus # pierres precieuses # car # le fol# resamble # le coq # qui treuve # le saflr # si le sent dur et n'y peut mordre ne il ne le peut user s'ameroit mieuls avoir trouvé # ./. pois pourry # ou # .1. grain # de blé que if bon safir gros # qui vaut # grant avoir # (§11)

ou entre divers syntagmes qui constituent des phrases (accord du verbe avec son sujet) : [3]

mais # vous savés # et # il est voirs #, que se # aucuns semme fourment ou aucunne bonne semenche # quant # aucuns grains chiet # sur aucunne dure roche ou sur le chemin pavé les oysiaus le menguent ou # il pourrit et meurt sans faire fruit et sans mouteplier (§ 12)

Inversement, la rupture dans les marques de cohésion sera interprétée comme un signe de démarcation des unités linguistiques : [4a] [4b]

mais les corps ne sont pas ingaux et de ceje vous mes essample Flumatiques sont plains de mauvaises humeurs et sont de froide nature

(§424) (§ 428)

4. Les balises

Ces procédés de concordances morphologiques ont été conservés dans la langue actuelle, même si leur rôle dans la cohésion textuelle n'est pas toujours perçu. 6 Toutefois, les concordances morphologiques ne sont pas suffisantes ; il arrive fréquemment qu'une suite d'éléments concorde parfaitement en nombre, genre, personne et/ou cas sans pour autant constituer une seule unité linguistique. Elles ne sont pas davantage nécessaires ; il arrive également que des éléments constituant une seule unité linguistique discordent en nombre, genre, personne et/ou cas' notamment dans les cas d'accord dit ad sensum? En d'autres termes, ces procédés morphosyntaxiques ne sont pas pleinement fiables. Les procédés plus spécifiquement syntaxiques le sont davantage. Ils seront étudiés ici sous l'intitulé générique de « balises ».

6

7

II est d'ailleurs regrettable que l'apprentissage scolaire des règles d'accord ne soit pas présenté sous cet angle aux élèves. L'efficacité de l'enseignement aurait pourtant beaucoup à y gagner. Dans le texte étudié, on trouve en outre, à l'intérieur même des groupes nominaux, de fréquentes discordances en cas - il s'agit là d'un signe évolutif : [i]Et chus vent aqueult le sperme et le fait hors venir. (§ 259)

Annick Englebert

178 4.1.

Les balises du groupe

L'agencement des éléments du groupe nominal tend à refouler les articles en tête de groupe. Lorsqu'ils sont présents, les articles (ou les complexes, déictiques et personnels, intégrant un article) 8 dénoncent donc la limite initiale du groupe nominal. [S]

# / 'ame si samble # le candaille ou # la lampe clere qui est mise dedens # le lanterne et vous savés que se # le lanterne est obscure que # la lumiere qui est mise dedens si est enclose que elle ne peut # sa clarté demonstrer, si ne tient mie en # la lumiere qui est dedens mais a # /'oscurté de # le lanterne, car c'est certaine cose que se # celle lumiere estoit en # une clere lanterne # la clarté em parroit dehors (§ 424)

En contrepoint, l'agencement des éléments du groupe verbal tend à refouler en tête de syntagme les éléments clitiques, c'est-à-dire essentiellement les pronoms personnels. Lorsqu'ils sont présents, les éléments clitiques, conjoints du verbe, démarquent donc la limite initiale du groupe verbal : [6a] [6b]

les sanguins qui ne prendent partie d'autre complexion si doivent estre tels comme ces vers # le dient (§ 427) pour ce # vous reting je biaus douis fieux a ma doctrine et si ne # le vauls mie retenir (§433)

Toutefois, certaines de ces formes conjointes coïncident morphologiquement avec des éléments qui n'assument pas la fonction de balise (vous est aussi bien pronom conjoint que pronom disjoint). Dès lors, leur présence ne saurait être un signe pleinement fiable d ' u n e limite du groupe verbal. Les balises du groupe nominal sont en ce sens plus fiables que celles du groupe verbal. 9

4.2.

Les balises du syntagme

Les prépositions, et locutions prépositionnelles, marquent la limite initiale des syntagmes dits « prépositionnels » : [7]

4.3.

se aucuns semme fourment ou aucunne bonne semenche quant aucuns grains chiet # sur aucunne dure roche ou # sur le chemin pavé, les oysiaus le menguent ou il pourrit et meurt # sans faire fruit et # sans mouteplier (§ 12)

Les balises du prédicat

L ' a n c i e n n e langue ne se contente pas de ces g r a m m è m e s que la langue contemporaine a conservés (en opacifiant toutefois leur rôle de balise - j ' y reviendrai dans mes conclusions).

8

9

Cette analyse des déictiques et personnels, autrement dits démonstratifs et possessifs, renvoie à WILMET (1998), auquel est empruntée une grande part de la terminologie grammaticale utilisée ici. Certes, une forme comme LE peut être utilisée soit comme article, soit comme pronom conjoint. Mais dans l'un et l'autre cas, elle marquera la limite initiale d'un groupe, nominal dans le cas de l'article, verbal dans le cas du pronom.

Si, car, que, et, or... signes de ponctuation de l'ancien français

179

C'est au niveau du balisage du prédicat et de la phrase qu'elle présente les traits les plus originaux.

4.3.1.

Le SI de reprise

Nombre de philologues ont eu l'attention attirée par un SI dit « de reprise », qui surabonde dans les textes médiévaux, et dont une des fonctions est de reformuler le sujet logique de l'énoncé. Ce SI se positionne invariablement entre ce « sujet » et le syntagme verbal, c'està-dire devant le prédicat grammatical ; il marque donc la limite initiale de ce prédicat : [8a ] flume # si est dit de « fluo » qui vaut a dire decourre car c'est toute chose qui peult decourre (§ 428) [8b] tele menniere de gens sont dur en sens et # si deviennent volentiers ydropique (§ 428)

4.3.2.

Le NE négatif

En l'absence du SI de reprise - dont l'apparition en tête de prédicat n'est pas une obligation, d'autres éléments semblent remplir cette même fonction de balisage du prédicat. Ainsi, le morphème négatif NE marque-t-il toujours la limite initiale du prédicat (il précède notamment les pronoms conjoints qui, eux, marquent l'initiale du groupe verbal) : [9a] [9b]

qui fumerait la roche, la roche # ne recheveroit ne la craisse du fïens ne la semenche ne # ne rendrait après fruit (§ 433) Quant le sperme de l'omme vient tout seul le marris # ne le rechoit mie (§ 260)

Des confusions sont toutefois possibles entre ce NE et le NE coordonnant (v. § 4), qui perturbent le balisage.

4.3.3.

ALNS

AINS semble également spécialisé dans le balisage de prédicats. Son rôle est toutefois plus complexe, en ce qu'il agit également comme coordonnant polémique. Il marque de fait la limite initiale du prédicat coordonné et s'oppose dans cette fonction à MAIS, qui peut démarquer aussi bien des mots, des groupes que des phrases. Comparez : [10a]

[10b]

ainsi est l'ame carquie du corps qu'elle ne peut de ses vretus ouvrer # ains # le couvient sous le mauvais corps languir tout ainsi comme la blanche moule et le blanq bos sont sous la rude escorche (§ 425) a nature jugier ne furent mie philosophes concordans # ains # moult souvent s'entrecontredisoient (§ 2)

et [lia]

moult de gens s'en merveillierent pour quoy le philosophe avoit plus tost receu le fil a .1. petit roy que le fil a .1. grant empereur # mais Timeo ne le dist mie a cascun (§ 10) [1 lb] placide tout ossi belle ame ossi nette ossi grant ossi sage et ossi fourmee non mie fourmee # mais creee a li plus petis enfes (§ 424) [1 le] la lumiere qui est mise dedens si est enclose que elle ne peut sa clarté demonstrar si ne tient mie en la lumiere qui est dedens # mais a l'oscurté de le lanterne car c'est certaine cose que se celle lumiere estoit en une clere lanterne la clarté em parroit dehors (§ 424)

Annick Englebert

180 4.4. Les balises de la sous-phrase

Les conjonctions, et locutions conjonctives, de subordination sont à la sous-phrase ce que la préposition est au syntagme. Elles marquent la limite initiale de la sous-phrase enchâssée : [12a]

[12b]

mais vous savés et il est voirs # que # se aucuns semme fourment ou aucunne bonne semenche # quant aucuns grains chiet sur aucunne dure roche ou sur le chemin pavé les oysiaus le menguent ou il pourrit et meurt sans faire fruit et sans mouteplier (§ 12) et je vous demande savoir # comment homs par nature est plus fol Ii uns que li autres pour quele raison et # comment ce peut estre (§ 423)

Il est à noter que les subordonnants QUE et COMME ne constituent pas strictement des balises de phrases ; on sait en effet qu'ils peuvent translater d'autres unités que des sous-phrases (notamment dans les constructions comparatives). Toutefois, même dans les cas où ils ne sont pas enchâsseurs de phrases, QUE et COMME se positionnent à l'initiale du groupe translaté (cf. ex. [12b]), de sorte que leur fonction de balise initiale n'est jamais occultée.

4.5. Les balises de la phrase D'autres morphèmes se sont encore spécialisés dans la délimitation de phrases. C'est de cette manière que s'interpréteront notamment CAR et OR.

4.5.1.

La balise CAR

CAR démarque la limite initiale de la phrase qu'il introduit, ainsi que, conséquemment, la limite finale de la phrase qui le précède : [13a] [13b]

c'est le menniere de gens dont il est plus et presque tous les oysiaus le sont # car # il ont plus menniere et partie du fu que de nul autre element (§ 430) pour ce biaus fieux douls je ne le vauls pour ce que mon sens et ma semence fust en lui perdue et oublie a mon avis # car # il estoit terre de mauvaise rente et de mauvais rendement # car # li melencolieus sont avers et tenans (§ 433)

Sur cette fonction syntaxique se greffe une valeur sémantique : la phrase introduite par le mot CAR développe une explication, une justification de la phrase qui précède. On peut sans peine le paraphraser par 'c'est-à-dire', 'en effet' ou plus simplement encore le remplacer par un double-point (:) : [14] flume si est dit de fluo qui vaut a dire decourre # car c'est toute chose qui peult decourre (§ 428)

4.5.2.

La balise OR

Tout comme CAR, le morphème OR se spécialise dans l'introduction d'énoncés autonomes, surtout injonctifs, dont il marque la limite initiale - démarquant par là même la limite finale de l'énoncé précédent : [15a] [15b]

a le vérité dire la terre ne Γiaue n'a point de clarté de soi # or # alons a l'air (§ 196) maistres ce dist placides # or # m'avés vous grant bonté faite mais puis que dieus a tout en soy et avoit quant tout estoit ensamble dites moy ou il estoit (§ 37)

Si, car, que, et, or... signes de ponctuation de l'ancien français [15c]

181

maistres par amours dist placides # or # me dites comment le terre ou nous sommes et les fleuves les yaues et les fontaines et les puis sont plus douches que les yaues de le mer (§113)

Le mot CAR prend occasionnellement en charge la même capacité à introduire des énoncés injonctifs : [16]

maistres pour dieu dist placides vous qui parlés de corps car me dites que est corps

(§ 77)

La tradition grammaticale assimile souvent CAR et OR à des coordonnants. Ils s'en distinguent toutefois en ce que, d'une part, ils ne peuvent relier n'importe quel type d'éléments (ils ne sont jamais coordonnants de syntagmes, par exemple) et, d'autre part, ils ne sont jamais dupliqués (on ne les trouve jamais devant l'un et l'autre des éléments qu'ils mettent en relation - cf. § 5). Par cette double propriété, CAR et OR rejoignent AINS (cf. § 4.3.3.), tous trois se démarquant des coordonnants.

5. Les coordonnants

Les coordonnants agissent entre éléments homofonctionnels. Si l'on excepte CAR, OR et AINS, dont la spécialisation vient d'être rappelée et rend douteuse leur statut de coordonnant, les coordonnants relient aussi bien des groupes, des syntagmes, des phrases... [17a] [17b]

mais qui fumerait la roche, la roche ne recheveroit ne la craisse du fiens ne la semenche ne ne rendrait après fruit (§ 433) mais vous savés et il est voirs, que se aucuns semme fourment ou aucunne bonne semenche quant aucuns grains chiet sur aucunne dure roche ou sur le chemin pavé les oysiaus le menguent ou il pourrit et meurt sans faire fruit et sans mouteplier (§ 12)

Ils permettent donc de baliser, au moins, l'initiale d'un groupe y qui occupe la même fonction qu'un groupe χ qui le précède, que ces groupes soient des syntagmes ou des phrases. Les coordonnants présentent la particularité de pouvoir démarquer tantôt uniquement la 2 e unité d'un couple d'unités homofonctionnelles (ex. [18]), tantôt l'une et l'autre des deux unités d'un couple d'unités homofonctionnelles (ex. [19]). [18a]

et plus est clers et # espés Ii uns que li autres car quant li corps est de grosse carnure de pesant matere et # de dure memoire et de rude que la partie deriere est si petite ou # si carquie de merencolie que memoire n'y peut arester l'ame ne peut en tel corps monstrer ne # faire paroir ses vretus (§ 425) [18b] j'ay esprouvé et # congnu fol par nature quant je vis en li les signes de melencolie des quels signes les sages dames se doivent prendre garde quant elles se marient ou # quant elles veullent faire ami, car de fol et # de melencolieux se mal non n'en peut venir (§ 432) [ 19a] et # plus en fait la femme et # plus en vorroit faire (§ 269) [19b] c'est chose qui avient ne par soy ne peut estre si comme le halle qui fait noirchir et comme umbres qui fait blanchir ce qui s'i aporte par nature ou # bonté ou # mauvaistié qui par eus ne peuent estre (§ 66) Dans ce second cas de figure, ils balisent la limite initiale de l'un et l'autre des groupes homofonctionnels reliés.

Annick Englebert

182

Cette duplication, voire cette multiplication, des balises est possible non seulement pour les coordonnants, mais aussi pour certaines balises de sous-phrases, rangées traditionnellement dans la classe des « conjonctions de subordination ». Cette situation est toutefois limitée à un cas de figure strictement circonscrit ; elle n'apparaît que dans le cas de phrases complexes dont la sous-phrase est elle-même une phrase complexe : Prase complexe

Phrase matrice

Sous-phrase Phrase complexe enchâssée

Sous-phrase

Phrase matrice

Figure 1 :Structre des phrases à que dupliqué et lorsque la phrase complexe enchâssée antéposé la sous-phrase à la phrase matrice. Le « subordonnant » de la première sous-phrase (il s'agit le plus souvent de QUE) est formulé non seulement en tête de celle-ci, mais encore en tête de la phrase matrice de la phrase complexe enchâssée : [20a] vous savés # que se le lanterne est obscure # que la lumiere qui est mise dedens si est enclose que elle ne peut sa clarté demonstrar (§ 424) [20b] et sachiés que quant Ii homs et le femme habitent ensamble # que quant Ii homs maries plus en fait et plus se refroide (§ 269) Pour la seconde occurrence de ce « subordonnant » dupliqué, la fonction d'« enchâsseur » est abandonnée ; seule subsiste celle de balise, tout à fait limpide. Il s'agit par la duplication du subordonnant de la première sous-phrase d'indiquer que l'on n'est pas sorti de la sousphrase en question.

6. Conclusion

Le dernier cas de figure évoqué ici, pour être assez peu représenté dans les textes français du Moyen Âge,10 n'est pas moins tout à fait significatif des stratégies grammaticales développées par l'ancienne langue pour structurer les groupes en phrases et les phrases en textes. La structuration du texte ou de tout autre produit d'énonciation étant indispensable pour assurer l'efficacité de la communication, la langue doit nécessairement intégrer des éléments structurateurs de l'énoncé.

10

Peu mais suffisamment quand même pour attirer l'attention des linguistes - cf. notamment WILMET ( 1 9 7 8 ) .

Si, car, que, et, or... signes de ponctuation de l'ancien

français

183

Partant de l'hypothèse de cette nécessité, on saisit mieux le rôle syntaxique joué en ancien français par des éléments trop souvent considérés comme parasitaires (QUE, Si dits « de reprise »...) ou dont le rôle a surtout été considéré sous l'angle sémantique (les articles, les prépositions,...). À l'analyse, il apparaît clairement que nombre de ces éléments endossent le rôle de balises, que ce soit là leur seule fonction ou que cette fonction syntaxique se superpose à d'autres, sémantiques (p. e. l'article balise, certes, mais quantifie aussi le nom) ou syntaxiques (les subordonnants balisent, certes, mais enchâssent également...). Ces éléments-balises rendent visibles les limites des différentes unités linguistiques qui constituent le texte - du groupe à la phrase - bien plus efficacement que les marques morphologiques de concordance. Certes l'analyse détaillée ici part de l'observation d'un seul texte. Mais il n'est pas pour autant imprudent de conclure de cette seule étude que la structuration du texte français du Moyen Âge était intégralement prise en charge par la grammaire. Les procédés développés par la suite relèveront de la typographie. Lettrines, majuscules, signes de ponctuation se superposeront dans un premier temps à ces procédés strictement grammaticaux. Les procédés typographiques novateurs s'affirmeront progressivement et contribueront à reléguer à Γ arrière-plan la nécessité de balises." Aujourd'hui, l'article marque toujours la limite initiale du groupe nominal ; la conjonction de subordination, celle de la sous-phrase enchâssée. Mais cette fonction n'est plus perçue, parce qu'elle n'est plus pertinente - du moins à l'écrit. La restriction est importante - et c'est sur ce point queje conclurai. Du fait que la langue française est une langue de tradition écrite (cf. ENGLEBERT, 1996), les grammaires du français sont essentiellement des grammaires de l'écrit. Et les concepts qui y sont développés supportent mal la transposition à l'oral. Il n'est pas exclu que la fonction de balise, mise en évidence ici par le biais de l'étude d'un texte du moyen âge, soit sortie du sentiment linguistique du locuteur francophone uniquement parce qu'elle est devenue étrangère à la variété de français que les grammairiens se sont donné à étudier. Il serait intéressant de voir si ce concept peut éclairer la structuration de l'oral, c'est-à-dire d'une variété de langue, en tout état de cause, qui ignore les lettrines, les majuscules et développe un système de « ponctuation » qui se superpose mal à celui de l'écrit.

11

Le bouleversement évolutif de la syntaxe a probablement contribué à l'émergence de ces nouveaux procédés là où la syntaxe a cessé, même provisoirement, d'être explicite.

184

Annick

Englebert

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Gerhard ERNST (Regensburg, Allemagne) / Martin-Dietrich GLESSGEN (Iena, Allemagne) / Christian SCHMITT (Bonn, Allemagne) / Wolfgang SCHWEICKARD (Iena, Allemagne)

Une histoire des langues romanes : pourquoi et comment ? Notre sujet est particulièrement vaste et vous excuserez si en tentant d'être brefs nous nous limitons aux grandes lignes de ce projet commun, projet qui n'est pas seulement celui des quatre rédacteurs responsables mais aussi celui d'un grand nombre de collègues qui assistent aux travaux de ce congrès.1 La fin de ce XX e siècle est une période de spécialisation toujours croissante dans tous les domaines et ce ne vaut pas la peine de démontrer en détail jusqu'à quel point cette constatation est vraie aussi pour la linguistique romane. Il suffira, peut-être, d'évoquer brièvement les tendances actuelles du Romanistenverband allemand (c'est-à-dire l'Association des romanistes des pays de langue allemande), qui est en train de se décomposer pour céder la place aux associations des hispanisants, italianisants, spécialistes des langues romanes balkaniques, lusitanistes, catalanistes, et - derniers dans l'ordre chronologique - les galloromanistes. Or, il est vrai que le mot romaniste peut être défini comme « spécialiste DES langues romanes », mais aussi comme « spécialiste D'UNE langue romane ». Les deux définitions se reflètent aussi dans le cadre de notre Société de linguistique romane, qui accueille les membres qui s'occupent exclusivement d'une seule langue romane tout aussi comme leurs collègues qui traitent une pluralité si non la totalité des langues romanes. Je ne dis pas ici que l'un fait un travail plus utile ou plus noble que l'autre ; et je suis pleinement d'accord pour dire que l'activité scientifique exige aujourd'hui la spécialisation pour les raisons que nous connaissons tous. Mais permettezmoi de parler ici en faveur d'une linguistique romane dont l'objet est une famille de langues issues d'un même tronc et soumises ensuite à l'influence millénaire du latin. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'être spécialiste dans tous les domaines : les romanistes ne sont pas des surhommes ni des « superfemmes ». Et à vouloir trop faire on risque de rester amateur partout. Mais il y a une spécialisation innée à l'idée même de la linguistique romane : c'est la recherche comparative ou, si vous voulez, contrastive. Je ne me sers pas de ces mots comparatif et contrastif dans le sens strict des termes techniques, mais plutôt dans un sens plus vaste : Pour le romaniste qui a étudié plusieurs langues romanes il ne manque jamais le regard comparatif, même s'il ne traite qu'une seule : la « conscience romaniste » transforme sa vision : ce que j'ai trouvé pour telle ou telle langue est-il vraiment spécifique ou est-ce un phénomène répandu dans plusieurs langues ? Et dans le deuxième cas : comment se fait-il que deux ou plusieurs langues ont un phénomène en commun ? Est-ce une tendance qui résulte de l'origine commune de ces langues ? Ou est-ce qu'il y a plutôt un cas

1

Heureusement, une grande partie des auteurs du premier volume nous a déjà envoyé ses manuscrits, d'autres manuscrits nous parviendront dans les semaines à venir. Quant aux deux autres volumes, nous avons déjà trouvé les auteurs dans la majorité des cas, ce qui nous fait espérer voir publiés les trois volumes prévus entre l'an 2000 et 2003.

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Gerhard Ernst / Martin-Dietrich Glessgen / Christian Schmitt / Wolfgang Schweikard

d'emprunt ? Ou sommes-nous confrontés à des évolutions parallèles qui regardent plusieurs langues, même au-delà des frontières d'une famille linguistique ? Certes, on ne trouvera pas ces aspects partout dans nos recherches de romanistes, mais il faut voir que les connaissances qu'un linguiste peut avoir de plusieurs langues lui permettent de faire des recherches d'un type inconnu ou peu connu dans les linguistiques liées à une seule langue. Une linguistique romane conçue dans ce sens se situe entre la linguistique d'une seule langue et la linguistique générale, en participant aux deux et en stimulant les deux. En cela, la linguistique romane a une utilité scientifique paradigmatique et je suis sûr que, de cette façon, elle conservera longtemps une place honorable parmi les sciences de la communication. Ce qui est vrai pour la linguistique romane en général est valable d'une façon particulière pour ses recherches en diachronie, où la comparaison est très souvent un élément méthodique constitutif. Il nous a paru raisonnable de nous servir de cette spécialisation particulière à la romanistique pour rassembler dans un seul ouvrage (en plusieurs volumes) les efforts qui visent à une histoire comparée des langues romanes. Or, il y a aujourd'hui un certain avantage de la linguistique synchronique sur la linguistique diachronique : la linguistique synchronique a connu, dans les dernières décennies, un élargissement considérable de ses perspectives et de son champ d'application. La grammaire structurale a été suivie d'une multitude de recherches très diversifiés, dont je nomme ici les centres d'intérêt les plus importants : -

-

la variation linguistique en fonction des aspects diatopiques, diastratiques et diaphasiques ; les règles pragmatiques comprenant la langue comme moyen de communication utilisé selon les intentions du locuteur ; les différents types de textes et leurs éléments constitutifs ; la conscience linguistique des locuteurs ; les nombreuses dépendances et interdépendances qui existent entre la norme (littéraire) et les variétés non-standard et l'attitude des locuteurs (et des groupes sociaux) face à la norme ; les apports dus à la traduction et à la communication supranationale.

La linguistique diachronique, en revanche, telle que nous la connaissons à partir des manuels à grande diffusion, ne connaît pas, ou mieux pas encore, cette richesse de perspectives. Les manuels - à peu d'exceptions près2 - décrivent en général l'histoire d'une seule variété du système, c'est-à-dire l'évolution du dialecte littéraire qui a réussi, et ne s'occupent guère des variétés non littéraires (comme langue parlée, langues de spécialisation etc.). Leur conception de la naissance et de l'évolution des langues romanes est en général trop marquée voire définie par le principe de la langue nationale. La diversité des études synchroniques y fait défaut ou peut s'en faut, et pourtant, nous le savons tous, le grand nombre de perspectives ne date pas de notre ère, il forme un élément constitutif de toutes les époques, de toutes les coupes synchroniques possibles.

2

Cf. l'excellente Storia della lingua italiana di L.SERIANNI et P.TRIFONE, qui a une conception très proche de la nôtre, mais qui est limitée au seul domaine italien. Cf. en outre ANTOINE / MARTIN ( 1 9 8 5 ) , ANTOINE / MARTIN ( 1 9 9 5 ) .

Une histoire des langues romanes : pourquoi et comment ?

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Un manuel, tel que nous l'avons conçu, doit alors profiter des progrès atteints dans la linguistique synchronique et partir d'un concept selon lequel la recherche linguistique en diachronie doit constituer une « verticalisation » de la linguistique synchronique. On ne conçoit pas l'histoire des langues romanes comme une description historique unidimensionnelle ; il s'agit plutôt de réinterpréter l'histoire des langues romanes comme celle de continuums variant à tout moment de leur histoire en fonction des données sociales, de la dimension géographique ainsi que de la situation de parole ou d'écriture. C'est donc la description d'un continuum en unités distinctes qui s'impose. En d'autres mots : le changement de paradigme fondamental observé dans la description synchronique doit, par conséquent, être doublé d'un changement de paradigme dans la description diachronique. En examinant l'évolution des langues romanes sous un aspect fonctionnel il est indispensable de traiter la question des critères qui déterminent cette évolution et celle de la position des règles normatives à l'intérieur du diasystème. Étant donné que sur les différentes possibilités existant à l'intérieur d'un diasystème seules quelques-unes arrivent à s'imposer, une description historique partant des faits variationnels pourra également contribuer à faire mieux comprendre la relation qui existe entre les variétés actuelles et la norme, et ceci pas seulement pour l'époque actuelle. En résumé : la complexité accrue des méthodes en linguistique synchronique met en évidence la nécessité d'un nouveau type de manuels qui respecte mieux la complexité de l'évolution multidimensionnelle des langues romanes et tienne compte des nouvelles perspectives méthodiques élaborées dans les dernières décennies. Cet élargissement des perspectives est susceptible de contribuer à un intérêt grandissant pour l'étude historique des langues romanes, domaine souvent négligé sinon abandonné dans les dernières décennies, malgré son utilité paradigmatique. Le manuel que nous préparons porte pour le moment un titre allemand et un titre français : Romanische Sprachgeschichte et Histoire des langues romanes. À vrai dire, les deux titres ne se correspondent pas exactement. Un titre français plus proche de nos idées aurait été Histoire linguistique de la Romania. Quelle est la différence ? Un titre Histoire linguistique de la Romania fait voir plus clairement que notre intention primaire n'est pas de choisir un nombre déterminé de langues et d'en écrire (ou plutôt faire écrire) l'histoire. En ce cas, il se poserait inévitablement le problème : combien de langues faut-il décrire ? Dix, douze, une vingtaine ou encore plus ? Le problème devient encore plus aigu dans la perspective diachronique. Prenons un exemple : Quelle est la langue que devaient apprendre les commerçants de l'Allemagne méridionale qui, vers la fin du Moyen Âge, faisaient leurs affaires dans l'Italie du nord ? Ce n'était pas l'italien : ils se servaient de manuels de conversation vénitiens. Faut-il, pour cette raison, accueillir le vénitien parmi les langues à considérer dans notre manuel ? Pour la synchronie actuelle personne n'y penserait, mais dans un manuel d'histoire linguistique de la Romania la langue vénitienne pourrait trouver une place. Nous avons pourtant trouvé une solution plus pragmatique : chaque fois que c'était possible on a indiqué dans le titre de l'article un certain espace géographique dont il faut faire l'histoire linguistique sous un point de vue donné. Ainsi, pour garder l'exemple, l'auteur qui traitera de l'histoire du langage économique en Italie pourra y inclure le cas du vénitien là ou il y a quelque chose à dire et pourra y renoncer dans le cas contraire. De la même façon , un article sur un certain aspect linguistique dans la péninsule des Balkans tiendra compte ou non du cas de l'aroumain. Des réflexions analogues valent pour les autres zones de la Romania.

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Gerhard Ernst / Martin-Dietrich Glessgen / Christian Schmitt/ Wolfgang Schweikard

Mais, comme très souvent dans la vie, les belles idées se frottent à la dure réalité. Il y a ainsi, pour vous donner un exemple, quelques raisons pour traiter ensemble les variétés linguistiques des Alpes orientales, des sources du Rhin jusqu'aux frontières orientales de l'Italie. Mais, dans la majorité des cas, il était impossible de trouver un auteur pour cette région toute entière. Et ainsi on va lire dans ce manuel des articles séparés pour le rhétoroman suisse, pour les dialectes ladins et pour le frioulan. Cela ne signifie pas que nous voulons donner à cette région une importance qui ne lui convient pas en comparaison avec d'autres zones de la Romania : ce n'est qu'un reflet de la situation actuelle des recherches en linguistique romane. De toute façon, pour maintenir l'unité de conception, on a donné aux auteurs d'articles parallèles de brèves descriptions des thèmes et sous-thèmes à traiter, de manière à mettre en relief, au moment de la consultation, les aspects comparatifs. La situation actuelle de la linguistique historique romane se reflète aussi dans les problèmes rencontrés dans notre recherche d'auteurs pour tel ou tel article. Donner une dimension diachronique à la linguistique variationnelle - c'est un beau programme et c'est vite dit ; mais ce n'est pas si facile à réaliser, à commencer par le recrutement des auteurs. Prenons encore un exemple : en linguistique synchronique la typologie des textes, la description et l'analyse de différents types de texte sont des domaines de recherche généralement reconnus et vous trouverez ainsi des études de types de texte comme les recettes de cuisine, le reportage sportif, les petites annonces etc. Mais il était extrêmement difficile de trouver un auteur disposé à entreprendre, à titre d'exemple, l'histoire d'un ou de deux types de texte, comme, disons, l'histoire linguistique de la lettre commerciale en Espagne ou des demandes de mariage en France. D'autres fois, on s'est vu confronté à des lacunes imprévues : en élaborant le plan du manuel nous avions pensé d'une façon un peu schématique à six articles sur l'histoire du français hors d'Europe. Mais l'état des recherches n'est pas le même pour les différentes zones : S'il n'y a pas de problème pour l'histoire du français au Canada, pour d'autres régions - comme les Antilles - le matériel à disposition est particulièrement maigre. Mais justement le constat d'une lacune peut initier un nouveau projet de recherche. Pour donner un exemple : les discussions menées autour d'un article du premier volume ont fait naître l'idée d'une thèse de doctorat consacrée à l'histoire du français en Guadeloupe. Un autre domaine de recherche s'est avéré particulièrement problématique : vous serez d'accord que le rôle et la situation dans le monde d'une langue et d'une culture nationales se mesurent, entre autres, d'après la quantité et la qualité des traductions que l'on fait à partir de cette langue. Alors, dira-t-on, rien de plus logique que d'étudier dans l'histoire de ces traductions les hauts et les bas d'une langue dans les échanges internationaux. Mais ici c'est l'étendue du domaine ainsi que la spécialisation des chercheurs qui créent des problèmes : on ne peut pas demander à un spécialiste de livrets d'opéra italiens et de leurs traductions en allemand de se prononcer sur les manuels d'économie traduits, au cours des siècles, de l'italien en hongrois. Dans ce cas, il y a une seule solution : la limitation à titre d'exemple - à un ou deux types de textes, en y ajoutant, si c'est possible, des regards sommaires sur d'autres secteurs et / ou des indications bibliographiques. Dans la deuxième moitié de cet exposé j'ai parlé surtout des problèmes et des lacunes de la recherche que nous avons rencontrés dans la réalisation du projet d'une Histoire des langues romanes. Mais nous trouvons que c'est l'un des aspects les plus intéressants de notre travail : Il ne s'agit pas seulement de registrer et de décrire la somme de notre savoir actuel à propos de l'histoire linguistique de la Romania : Si ce projet contribue à ouvrir de nouveaux domaines à la recherche historique, si nous réussissons à inciter les auteurs

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à se consacrer à des thèmes encore insuffisamment explorés, nous dirons à la fin que nos efforts n'ont pas été complètement inutiles.

Références bibliographiques ANTOINE,

G. / MARTIN, R . (éds.) ( 1 9 8 5 ) : Histoire de la langue française des origines à nos

j o u r s . 1 8 8 6 - 1 9 1 4 , Paris, Éditions d u C N R S .

- (1995) : Histoire de la langue française des origines à nos jours. 1914-1945, Paris, Éditions CNRS. ERNST, G . / GLESSGEN, M . - D . / SCHMITT, C. / SCHWEICKARD, W . ( 1 9 9 5 ) : « Histoire des langues romanes. Manuel international d'histoire linguistique de la Romania », Revue de linguistique romane 59, 659-662. SERIANNI, L. / TRIFONE, P. (éds.) ( 1 9 9 3 - 1 9 9 4 ) : Storia della lingua italiana, 3 vols., Torino, Einaudi.

Adela GARCÍA VALLE (València, España)

El arcaísmo lingüístico en los Fueros : una cuestión de morfología nominal

1. Un minucioso análisis lingüístico de documentación notarial nos permitió llegar a la conclusión de que sólo las palabras que mantienen una apariencia latina desde sus primeras documentaciones, con anterioridad a finales del siglo XI, han de considerarse arcaísmos. El hecho de presentar reminiscencias latinas no es razón suficiente para establecer que algunas palabras sean arcaísmos, ya que esta característica la poseen también los cultismos y latinismos. El estudio del polimorfismo gráfico de un buen número de palabras entresacadas de abundantes documentos notariales medievales nos facilitó el reconocimiento de los auténticos arcaísmos, distinguiéndolos de las formas cultas, por un lado, y de las palabras cuya apariencia latina no es razón suficiente para considerarlas como tales, por otro. Nuestro objetivo ahora es trasladar esta cuestión a los Fueros. Un estudio grafonómico de algunos de ellos nos permitirá conocer si se puede hacer extensible la conclusión a la que llegamos en el caso de la documentación notarial a otros tipos de escrituración en las mismas fechas. Pretendemos, pues, centrar este estudio en una cuestión concreta, la del arcaísmo visto desde el punto de vista morfológico. Para avanzar en el análisis resulta necesario comprobar si los resultados obtenidos de la documentación notarial coinciden con los entresacados ahora de los Fueros y, de esta manera, poder distinguir y establecer ya una separación tajante entre arcaísmos, voces cultas y palabras romances.

2. Hemos elegido al azar los textos completos de algunos Fueros que han servido como corpus para este estudio. Se trata de los siguientes, el Fuero de Valfermoso de las Monjas (Lapesa, 1985), a partir de ahora (V.), de 1189, el Fuero de Madrid (Sánchez Galo, 1932), (M.), de 1202, el Fuero Juzgo (R.A.E., 1815) (J.), del siglo XIII, y del Fuero de Jaca (Molho, 1964) hemos seleccionado de entre todas las redacciones que se conocen, la redacción B1 (J., B), del siglo XIII, y las dos redacciones anteriores al siglo XIII, la del Fuero concedido a Jaca por Sancho Ramírez (J. S. R.), y la redacción Ap (J. Ap)2 que recoge cuatro capítulos de los Fueros Antiguos de Jaca. Así pues, disponemos de una muestra de la redacción en latín anterior al siglo XIII, la del Fuero de Valfermoso, y la del Fuero concedido a Jaca por Sancho Ramírez, y de principios del XIII, la del Fuero de Madrid, así

1 2 Procedente de París, Archives Nationales J.J.N.N. Estos Fueros antiguos de Jaca están contenidos en el documento X 15 del Archivo Municipal de Pamplona.

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como de las redacciones en romance, tanto castellano, la del Fuero Juzgo, como navarro, la del Fuero de Jaca, en su versión Β, o aragonés, la redacción A p de este Fuero. De este modo, la comparación entre la escritura de los Fueros y la de la documentación notarial resulta posible dado que para el estudio de los documentos notariales 3 disponíamos de escritos datados desde el siglo XI hasta el XIII, tanto en latín como en romance castellano y navarro principalmente, y localizados en diferentes áreas lingüísticas peninsulares y, en ocasiones, extrapeninsulares.

3. El estudio lingüístico de los documentos notariales nos llevó a reducir, por un lado, el número de palabras entendidas tradicionalmente como cultas y, por otro lado, a establecer una distinción tajante entre arcaísmos y voces cultas. Para todo ello fueron determinantes dos factores, el de la variabilidad gráfica y el del tiempo. En el primer caso, el polimorfismo gráfico patente en todos los documentos notariales medievales, es decir, la variabilidad ortográfica con que se presentaban las palabras analizadas, dejó de manifiesto claramente que no estábamos ante voces cultas en el caso de muchas de las palabras consideradas hasta ahora como tales.4 En el segundo caso, el factor tiempo hizo evidente una clara distinción entre arcaísmos, voces cultas y palabras romances, por un lado, y, por otro, dentro de las voces cultas, entre cultismos, latinismos y semicultismos ; nos referimos a los últimos años del siglo XI o los primeros del XII, tras la introducción de las reformas carolingias en la Península Ibérica, tal como apuntaba W R I G H T ( 1 9 8 9 ) . Asi, el latín medieval, constituido en lengua de prestigio tras estas reformas, facilitó la entrada de un nutrido grupo de palabras para acabar con

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BARRENA O S O R O ( 1 9 8 9 ) , Diez de SALAZAR FERNÁNDEZ ( 1 9 8 5 ) , ENRIQUEZ FERNÁNDEZ ( 1 9 8 8 ) , GARCÍA ARANCÓN ( 1 9 8 5 ) , HIDALGO d e CISNEROS ( 1 9 8 8 ) , LÓPEZ CASTILLO ( 1 9 8 4 ) , MARTÍN GONZÁLEZ ( 1 9 8 7 ) , MENÉNDEZ PIDAL ( 1 9 6 6 ) y ( 1 9 8 6 ) , MUNITA LOINAZ ( 1 9 8 4 ) , UBŒTO ARTETA ( 1 9 6 2 ) y VELAZQUEZ SORIANO ( 1 9 8 9 ) .

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La conservación de la vocal postónica, el mantenimiento del grupo interior -NF- sin asimilarse y convertirse en -f-, los grupos iniciales pi·, cl-,fl- sin palatalizar procedentes de PL-, CL-, FL-, y la presencia de di y bi cuyo origen era Dy y By latina respectivamente, etc., no son indicios de cultismo, sino soluciones romances también debidas al contexto fónico o fonético en el que se encuentran, a la intención de evitar una posible homonimia, etc. Son varios los autores que apelan a razones estrictamente lingüísticas que expliquen los arcaísmos fonéticos en romance, tanto entre los que se alejan de planteamientos tradicionales, como es el caso de Badia MARGARIT ( 1 9 7 2 ) , SÁNCHEZ SALOR ( 1 9 9 5 ) , WRIGHT ( 1 9 8 0 ) , etc., cuanto de algún autor como MALKIEL ( 1 9 7 0 ) , para quien la resistencia a la diptongación de palabras como don, doña, conde, convento, apóstol, hombre... puede deberse a diferentes causas: bien a condicionamientos fonéticos en el caso de la atonicidad de los títulos de don, dueña, bien a la acción del grupo interior nasal + dental en conde, o nasal + labial en hombre, bien a la transmisión culta de apóstol o a la oral de convento, por acción conjugada en este último caso de influencias « latinisantes et gallicisantes ». WRIGHT (1993 : 231) advierte que los errores de pronunciación, basados en proferir un sonido para cada letra, que se encuentran en la historia de la evolución del espaflol y que algunos especialistas interpretan como cultismos son sólo síntoma de la falta de competencia o experiencia. Además, WRIGHT ( 1 9 8 8 : 2 5 8 ) está convencido de que « la evolución retardada de las palabras denominadas « cultas » (o « semicultas ») se puede explicar sin necesidad de atribuírsela a una capa del habla totalmente arcaica ».

La documentación notarial se ha extraído de :

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la vacilación gráfica anterior. Se trata de las auténticas voces cultas, que no han de entenderse, por tanto, como casos de trasmisión y pervivencia del latín. Ello lleva consigo, a su vez, que las palabras de apariencia latinizante documentadas con anterioridad a finales del siglo XI dejen de considerarse como cultas, ya que se trata, o bien de voces romances con alguna de las posibles soluciones neolatinas originadas por factores tales como los condicionamientos fónicos, la homonimia, etc., o bien de los auténticos arcaísmos lingüísticos. Estos últimos se reconocen, por un lado, por presentar apariencia latina sin apenas variaciones o alteraciones gráficas, a diferencia de las voces romances con más variantes gráficas y adaptaciones al romance desde sus primeras documentaciones, al menos con anterioridad a finales del siglo XI, y, por otro lado, por tratarse de palabras propias principalmente de dos ámbitos considerados arcaizantes, el eclesiástico y el jurídico-notarial. BASTARDAS (1960 : 271-272) explicó que los arcaísmos se encuentran principalmente en las fórmulas notariales ; y, desde nuestro punto de vista, consideramos que hay que distinguir, además, entre los gráficos y los gráfico-fonéticos, por lo que parece acertada la precisión de WRIGHT (1987 : 621) de que las viejas pronunciaciones no están obligadas a desaparecer por el simple hecho de que surjan otras nuevas, sino que pueden sobrevivir. En cuanto a las voces cultas, la vía de introducción utilizada por ellas es la que permite distinguir los cultismos de los latinismos. Es decir, los primeros se caracterizan por presentar variaciones o alteraciones gráficas que informan de que su introducción se llevó a cabo por vía oral, mientras que los segundos se reconocen por la inexistencia de variantes gráficas coexistentes, lo cual informa de que se introdujeron por vía escrita sin originar vacilaciones en la escritura ni en la pronunciación. Veamos si tras el análisis grafonómico de los Fueros pueden mantenerse estas mismas consideraciones teóricas que surgieron a partir del estudio de documentación notarial fundamentalmente. Nos interesa sobre todo presentar a continuación el corpus seleccionado y analizado ahora, esto es, las variantes halladas de las palabras más destacadas, o la ausencia de variaciones gráficas otras veces.3 En primer lugar, destacan algunas palabras que, tras el análisis forai, podrían interpretarse de la misma manera que en la documentación notarial, ya como romances, ya como cultismos, al documentarse con posterioridad a finales del siglo XI e introducirse, sin duda por vía oral, tal como informan las adaptaciones gráficas al romance que presentan para acabar con un evidente caos ortográfico. Nos referimos a avenencia, calumnia y conveniencia, por un lado y , por otro, a homicidio,6 que podría interpretarse como cultismo

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No vamos a detenernos en presentar todas las variantes gráficas halladas en los documentos notariales para no extendernos en exceso, en caso de que se desee conocerlas, véase GARCÍA VALLE (en prensa).

Abenencia(s), (J. II, IV) y avenencias (J. V, VII). Calumpnia, calumpjiis (V.), calonia, caloniam (J. S.R.), calonja (J. Ap), calonja, calonia, calonies (J.), calompnia, calonia, caloña, calumpnia(s), calumpniam, calonna, calupnia, calumnia, calomnia, calumpnie (M.), calonna(s), calomnia (J. II, III, V, Vili, IX, X, XI), calomna (J. VII, Vili, IX). De nuevo, la variante con -p- entre m y η se encuentra en la redacción intencionada en latín, sin duda por el afán cultista de evitar la asimilación de m y Η (PÉREZ SALAZAR, 1992 : 782). Conuenença, conuinences, conuinenças, conuinenca (J. B), convenencia (J. II).

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o como arcaísmo, en cualquier caso todas consideradas tradicionalmente, es decir, en buena parte de los estudios anteriores, como semicultismos. En el caso de avenencia, a pesar de su escasa aparición en los Fueros, cuando se presenta lo hace con una forma ya estable en el siglo XIII ; la única variación que manifiesta, la de la confusión B/V, no es relevante sino característica de estas fechas, frente a la gran variabilidad con que aparecía en los documentos notariales, con modificaciones de las vocales, incluida la tónica. Esta variante que acabó por imponerse puede tratarse, por lo tanto, de un cultismo o de una de las diversas formas romances con que se presentaba en los escritos. Calumnia se encuentra en los Fueros con múltiples variantes y variaciones casuales, al igual que en la documentación notarial. Ante tal variabilidad gráfica, no sería de extrañar la necesidad de que se introdujera la variante culta para acabar con ella, pero la documentación tardía, de nuevo, de múltiples variantes romances hace sospechar que la forma calumnia podría ser también una más de ellas. Con la palabra conveniencia ocurre algo similar. Hallada con múltiples variantes en la documentación medieval, en los Fueros se presenta también con diversas formas escritas, con vacilaciones en el vocalismo tónico y átono, pero únicamente romances. La ausencia en los Fueros de la forma supuestamente semiculta, conveniencia, hace que nos decantemos por considerar que se trata de una más de las posibles soluciones romances de la que no se hace uso en el ámbito forai, aunque no puede descartarse que aparezca en otros Fueros no consultados, por lo que la consideración de que se trate de un cultismo cuyo objetivo fuera acabar con tan gran vacilación no puede descartarse. Las variantes halladas en el documentación notarial de la palabra homicidio hicieron pensar en dos posibles soluciones ; o bien se trataba de un cultismo introducido para acabar con la gran vacilación gráfica de esta palabra, o bien, basándonos en una explicación de geografía fonética, se trataba de un arcaísmo propio del área de Navarra, teniendo en cuenta que en Castilla se documentaban solamente variantes romances. Sin embargo, al hallar en los Fueros esta supuesta forma arcaica navarra también documentada en área castellana, la explicación por cultismo se impone en el caso de homicidio. Por otro lado, algunas de las palabras que tras el análisis de la documentación medieval se constituyeron en latinismos siguen manteniéndose como tal al analizar el corpus extraído de los Fueros1 Se trata de las palabras apostólico, diácono y subdiàcono. Son tres palabras propias del ámbito eclesiástico y, en los tres casos, la variante latina, documentada con posterioridad a finales del siglo XI, se impone a las romances, a apostoligo, por ejemplo, documentada tanto en los escritos notariales como en los forales en femenino, apostoliga ; además, su vía de introducción debió ser la escrita ya que no se presentan en ningún caso variaciones gráficas, excepto la de c/ch para /K/ en diácono, sin duda, debida al afán cultista del encargado de la redacción.

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Homicidium, homiciero, (V.), homicidium (J. S. R.), homizidio, omezidio, omezidi, ohomizidio, omyzier (J. Ap), homecidi, omiçidi, omicidi, homicidis, omeçier, omicier, homicier (J. B), omicidio, homizidio, omizidio, homicidium (M.), omizilio, omizillo, omecillo(s), omecillio, omicilio, omicillio, omezillio, omezilio, omezilliero, omizeros (J. II, III, VI, VII, Vili, XI y XII). Apostolica (J. Ap), diácono, diáchono(s), y subdiàcono (J. III, V y XII).

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Semicultismos, pero por motivos diferentes a los aducidos hasta ahora en algunos estudios serían las palabras alienado, autoridad y fruto.8 El hecho de caracterizarse por presentar una solución que combina el latín y el romance no es motivo suficiente para considerarlas como tales. Sin embargo, a este hecho se unen otros más determinativos como el de tratarse de palabras documentadas tardíamente, tanto en el ámbito notarial como en el forai, que debieron introducirse oralmente, de ahí las vacilaciones gráficas con que se presentan ; y, asimismo, por convivir con las variantes latinas y, sobre todo, romances, adoptando una solución que no es la propiamente latina ni la esperada en romance, y que acaba por desplazar a las demás (autoridad y fruto), o por formar un doblete con una de las formas romances (alienado-ajeno). Así pues, de la palabra ajeno se documentan principalmente variantes romances y, sobre todo, en el Fuero Juzgo. Ahora bien, el hecho de haber encontrado una variante con forma latina y romance, por la adaptación gráfica a la scripta del área occitano-navarra, la de allenamenti, hace que podamos seguir manteniendo la propuesta explicativa extraída de la documentación notarial de que alienado (aquí en los Fueros se halla alieno) es un semicultismo. En el caso de autoridad, la documentación notarial dejó claramente de manifiesto que no podía sostenerse una explicación evolutiva cronológica, ya que las variantes latinas se documentaban más tardíamente que las romances. En los Fueros se documentan simultáneamente las variantes que mantienen el grupo latino -CT- y las que lo reducen a -c-, lo que permite interpretar esta palabra como un semicultismo. Fruto convive en los Fueros, al igual que en los documentos notariales con variantes romances, las que presentan la solución -it-, y latinas, las que mantienen el grupo -ct-, éstas últimas, sin duda, como casos de utilización de grafías latinas tanto en la redacción de apariencia latinizante como en la redacción en romance, por ejemplo la del Fuero Juzgo. La aparición de frutta en el Fuero de Valfermoso, con una solución romance especial, que además se presenta en este caso con una geminación, en convivencia con otras variantes en otros Fueros, indica que estamos ante un semicultismo que convivió con diversas soluciones antes de desplazarlas. Por otro lado, serían palabras romances, tal como parecía indicar la documentación notarial y ratifica ahora la forai, atendiendo a diversos razonamientos, y a diferencia de lo establecido en algunos estudios anteriores que las consideran como voces cultas o arcaicas,

g Alienamentz (J. B), alieno (M.), ageno, -a, -as, ateno, -a, -os, -as, ayeno, -a, -as, enaienada, -as (J. I, II, III, IV, V, VI, VII, Vili, IX, Χ, XII). Auctoritatis (J. S. R.), auctoritate, autoridad, autoridatQ. Ap), ésta última con ensordecimiento de la dental final, y auturitat (J. Β.), con ensordecimiento final también y con cierre de la vocal átona. Frutta (V.), fruyt(z),fruit(z),fruytal(s) (J. B),fructo (M.),fructo(s),fructeros (J. II, IV, V VIII).

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las palabras árbol, clérigo, colación, concilio, conde, derecho, hermano, infante, infanzón, juez, juicio, merced, obispo, arzobispo, plazo y pleito? La documentación de la palabra árbol en una pizarra visigoda , con la vocal postónica mantenida, como se encuentra mayoritariamente en los Fueros, fue un claro indicio de que se trataba de una solución romance, la que ha permanecido en el castellano, a diferencia de otros romances {arbre). El mantenimiento de la postónica se debe o bien al contexto fónico, según BUSTOS TOVAR ( 1 9 7 4 : 2 5 ) , O bien al hecho de que la vocal esté en contacto con sonante siguiente, según BADÌA MARGARIT ( 1 9 7 2 : 1 4 4 - 1 4 5 ) . En el caso de las palabras clérigo, plazo y pleito, el mantenimiento del grupo inicial sin palatalizar puede interpretarse, tal como considera B A D Ì A MARGARIT ( 1 9 7 2 : 1 4 8 - 1 5 0 ) , siguiendo el criterio de la cronología que explica que se conservaran en una primera etapa algunas palabras con los grupos iniciales CL-, PL- y FL-, antes de producirse una palatalización generalizada en una segunda etapa. En cuanto a clérigo, la presencia temprana también en los Fueros de la variante latina, convierte a las formas con algún rasgo evolutivo en romances claramente, y las otras variantes halladas con el grupo el- mantenido también contribuyen a reforzar la explicación de la cronología. Al mantenimiento del grupo pl- en plazo pudo contribuir, además, una posible influencia arcaica, y en el caso de pleito la solución -it- es dialectal ya que tras asentarse en el romance aragonés pasó a los otros romances (COROMINAS y PASCUAL, 1 9 9 1 , v o l I V : 5 7 8 ) .

De la palabra colación sólo hemos encontrado en los Fueros variantes romances, terminadas en -cionl-zion, igual que al estudiar la documentación notarial. Por ello parece

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Arbore (V.), arbre(s) (J. B), ârbor(es), arbol(es) (J. VIII). Clericus (J. Ap), clerc, clergues, clers (J. B), clerigo(s) (M. y J. II, III, IV, V, IX, XII). Colacion, collazion (M.) Concilium (V.), concilium, concilio, conzilio, conzelo, conzeio, conceio, concejo (M.), conceio (J. II, III, IV,V, VIII, IX, XII). Comte (J. B), comdes (M.), conde (J. II, III, V, VI, IX, XII), cuende (J. VIII). Dreiteira(s), dreitero (V.), dreyt(es), dreit, dreitura, dreyturera (J. B), derecho (J. I, II, III, IV, V, VII, Vili, IX), derechuras (J. V). En estas formas se observan algunas características de la scripta navarra como la pérdida de la e pretónica, la alternancia de las grafías y/i para representar la yod semivocal, y la evolución del grupo latino -CT- a -it-, igual que en aragonés, auqnque este resultado no sea el único posible en la scripta navarra en la que también puede encontrarse la solución -ch- como en castellano. Las formas dreitura y dreyturera son derivados del occitano antiguo dreit, procedente de -ECT- (Ciérbide MARTINENA, 1988 : 66 y 236) Ermano, iermanos (V.), germano (M.), hermano, -a, -os, -as, ermano, -a, -os, -as (J. III, IV, VI, VII, IX, XI, XII). Efant(z), enfant(z), enfant (J. B); infançones (J. S. R.), ynfançones (J. Ap), jnfancon, infancon, yfançons, infançon(s), infançona, ifanços, ifançons, infançonia (J. B). Iudex (V.), iudex, iudize (M.), iudez(es) (J. II), iuez(es) (J. II, III, IV, V, VII, Vili, IX, XII), iueces (J. Vili, IX, Χ, XI, XII). ludido (V.), iudicium (J. S. R.), iudizio (J. VIII), yuizio(s) (J. II, V), iuyzio (J. I, II, V), iuyeios (J. XII), iuicio(s) (J. VI, VII, XII), iuizio (J. VII, Will) juicios (J. XII). En las variantes romances se observa la pérdida de la -d- intervocálica, la vacilación gráfica al escribir la segunda vocal del diptongo -uil uy -, la representación de la prepalatal fricativa inicial con las grafías j / i, y la indistinción gráfica para representar la predorso-dento-alveolar africada sonora con grafías propias de la sorda y de la sonora, c y z. Merce, merçe (J. Β), merced (i. III, IV, V, IX, XI), mercet (J. VI). Bispe (J. B), obispo(s), obispado (J. II, III, IV, V, VI, VII, IX, XII), arzobispo (J. XII). Plazo (V.), plazto, plait (J. B), plazo(s) (M.), plazo(s) (J. I, II, V, VII, Χ, XI). Pleyto(s) (J. I, II, III, VII, VIII, IX, Χ, XII). La forma plait, al igual que pleyt, tiene una clara influencia galorománica.

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confirmarse la idea de WRIGHT (1989 : 54-55) de que ésta es la solución romance más corriente d e -ATIONEM.

La palabra concilio se encuentra en los Fueros, igual que en los documentos notariales en escritos tempranos de apariencia latinizante, con numerosas vacilaciones gráficas que hacen, junto al hecho de documentarse ya en el siglo X en los escritos notariales, que no pueda considerarse ni como arcaísmo ni como cultismo. Su apariencia latina se debe únicamente, por tanto, al prurito latinizante de los escribas. En el caso de conde, tal como permiten comprobar los documentos notariales y los Fueros, la distribución diatópica se manifiesta claramente. Esto es, las soluciones -ndy -md- y la diptongación de la vocal tónica en ue la comparten las scriptas castellana y navarra, mientras que la solución -mt- junto con la ausencia de diptongación es propia únicamente de la navarra. Hay que hablar, pues, de distribución geográfica, en lugar de considerar que se trata de un semicultismo por la ausencia de la diptongación esperada en romance. En cuanto a la palabra derecho, tanto en los escritos notariales como en los Fueros, la presencia sin vacilaciones de la e inicial en algunas de sus variantes, junto a la ausencia en otras, señala que se trata de una alternancia romance, lo mismo que las vacilaciones consonánticas entre -eh- e -it-, de ahí que haya que hablar de variantes romances en todos los casos y no de semicultismo en alguno de ellos. De la palabra hermano hemos encontrado en los Fueros las mismas variantes que en la documentación notarial {germanos en la redacción con apariencia latinizante, iermano como forma romance incluso en un texto redactado aparentemente en latín y (h)ermano en textos romances). Ello induce a considerar que la forma (h)ermano es una variante romance que muestra la tendencia del castellano y de otros romances a evitar diptongos en posición pretónica (WRIGHT, 1 9 8 9 : 3 2 - 3 3 ) , de ahí que no haya que recurrir a la explicación por cultismo tampoco en este caso. De la misma manera, infante e infanzón son palabras propiamente romances y no semicultas, dado que en el corpus extraído de los Fueros, al igual que ocurría con el de la documentación notarial, son más frecuentes las variantes que mantienen el grupo -nf- desde sus primeras documentaciones. A este hecho se une el criterio de « la frecuencia de un rasgo » que basa la justificación del mantenimiento de -nf- en la escasa frecuencia de ese grupo, lo que implica que el intento de asimilación no prospere sino que fracase (BADÌA MARGARIT, 1 9 7 2 : 1 4 7 - 1 4 8 ) , por lo que las palabras con -nf- son también romances y no cultas o semicultas. En el caso de las palabras juez y juicio, no cabe duda, al comparar los resultados obtenidos del análisis de los Fueros con los de la documentación notarial, que las variantes latinas son arcaísmos gráficos, propios del ámbito jurídico, ya que se presentan tanto en los escritos más tempranos de una y otra documentación como en los más tardíos, incluso en los redactados en romance, alternando con otras variantes claramente romances, las de juez y juicio, eso sí, influidas posiblemente por el arcaísmo en el mantenimiento de la yod, que se caracterizan por presentan en los escritos evidentes alteraciones de la forma latina. El mantenimiento o presencia de la -d final en la palabra merced tampoco es razón suficiente para considerarla semicultismo. La variante que presenta esta -d final es la preferida en la scripta castellana y convive con otra variante, la de merce, propia únicamente de la scripta navarra, tal como queda de manifiesto al revisar la documentación notarial y forai. Este supuesto semicultismo no es tal, sino que se trata de una variante romance que atiende a una clara distribución diatópica.

198

Adela García Valle

El factor diatópico permite explicar igualmente la palabra obispo y su derivado arzobispo, üente a bisbe, como romances y no como semicultismos considerados así por el mantenimiento de la o- inicial. Esto es, mientras en Castilla sólo se utilizan las formas con o- inicial, en Navarra predominan las formas con aféresis (de ahí hispe en la documentación forai). Una vez más coinciden los resultados obtenidos de los escritos notariales y de los Fueros. WRIGHT ( 1 9 8 9 : 5 7 y 6 0 - 6 1 ) explica que algunos cambios se paralizan ante la repentina llegada de vocabulario nuevo que puede integrarse a los cambios, como parece que ha ocurrido con la síncopa de -co- en obispo, o « puede desorientar el progreso de ese cambio », por ejemplo la transformación de e- > o-, o el mantenimiento de la -/-. Es decir, el nuevo vocabulario, como los helenismos de la iglesia del siglo IV, no puede sufrir algunos de los cambios condicionados « que han perdido su vigor en la época del préstamo ». Una vez señaladas las voces cultas y romances, nos queda establecer, dentro del conjunto de palabras analizadas, cuáles son los auténticos arcaísmos. El número se reduce, sin duda, tal como ocurría al estudiar la documentación notarial. Como adelantábamos se trata de palabras con apariencia latina evidentemente pero sobre todo con una fecha de documentación muy temprana, anterior al menos a finales del siglo XI. Y esta forma latina, sin vacilaciones, o únicamente con algunas adaptaciones gráficas al romance, es la que presentan a lo largo de toda su manifestación en los escritos en los que se encuentran independientemente de que vayan redactados en latín o en romance y que daten del siglo XII o XIII ; asimismo conviven en muchas ocasiones con la variante romance a la que no desplazan. De entre los arcaísmos que pudieron señalarse en la documentación notarial, los que señalamos a continuación son los que se encuentran también en los Fueros y curiosamente presentan un comportamiento similiar al analizado en los documentos notariales por lo que resulta posible seguir manteniéndolos como tales arcaísmos. Se trata de las palabras judice,judicum, ya justificados arriba como arcaísmos, escripto, soneto, anno y argento,10 los cuatro primeros gráficos únicamente y los dos últimos gráfico-fonéticos también. La presencia de la -p- en escripto y escriptura desde sus primeras documentaciones, tal como se aprecia en los documentos notariales, y su mantenimiento y vitalidad durante el siglo XIII en escritos notariales y forales, incluso en los redactados en romance, hace que deba considerarse como un arcaísmo gráfico en convivencia con la forma romance que acabaría por imponerse pero mucho más tarde de la fecha que nos ocupa para este estudio. La prótesis de la e es simplemente una adaptación gráfica al romance. Por otro lado, en la escrituración notarial se documentaba la forma escriutas, en la que la u se entendía como

10

Escriupta (J. Ap), escripta, escriptz (J. B), escripto(s), escriptura (J. II, IV, VII, VIII, XII). Sant Çabastian (J. Ap), Sancta Crotz de May, Sant Miguel, Apostols de Sancta Maria , Santz Euangelis (J. B), Sane tos/santos padres, sancta religion, sancta escriptura, sancta católica e apostoliga eglesia, la Asumpcion de Sancta Maria, Dios el padre Sancto, sancta/santa fée, apostol San Paulo, los santos, santo babtismo, santa ley, ley sancta/santa, Sanctos ... don Agapito ..., Spiritu Sancto/Santo, Espíritu Sancto, Sancta Trinidad, sangre sancta, sanctos evangelios (J. II, III, IV, V, VI, XI, XII). Anno(s) (V.), anno Domini (J. S. R.), Anno Dominj (J. Ap), an (J. B), anno (Madrid), anno(s) (J. II, III, IV, V, VIII, IX, X, XI, XII). Arenço (V.), argent y arienços (J. B).

El arcaísmo lingüístico en los Fueros

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ultracorrección en lugar de la Aquí encontramos escriuptas con -up- como señal de refuerzo del mantenimiento de la -p- que no desaparece ni al escribir incluso la ultracorrecta u. La convivencia de variantes con -et- y -t- en el caso de la palabra sancto / santo, tanto en los escritos notariales como en los forales, indica que no se trata de una cuestión de evolución cronológica, sino que estamos ante una palabra arcaica, propia de los libros de fórmulas antiguos de los que se tomaba y que, sin duda, debía pronunciarse con reducción del grupo latino, por lo que no se trata de un arcaísmo fonético, sólo gráfico pero aún muy asentado en el siglo XIII como se desprende en esta ocasión de su convivencia con la variante romance en el Fuero Juzgo por ejemplo. La variante latina de la palabra año, es decir, anno, ha de considerarse también un arcaísmos gráfico ya que se documenta en los escritos notariales desde principios del siglo XI y sigue presentándose con esta forma hasta el siglo XIII en el que como puede comprobarse en los datos extraídos de los Fueros sigue teniendo plena vigencia e incluso una mayor presencia en este caso que las variantes romances. Palabra muy presente en las fórmulas de datación de los documentos debió tomarse, asimismo, de los formularios antiguos cuyos modelos de fechación estaban escritos en latín, por lo que no interpretamos que se trate de una forma romance, como podría pensarse a simple vista, teniendo en cuenta que en las frases en las que aparece se utiliza principalmente la redacción en latín. Argento, más que latinismo, como se ha venido considerando (COROMINAS / PASCUAL, 1991 : vol. I, 329-331), se trata también de un arcaísmo, por su presencia temprana y su convivencia, aunque no en los Fueros pero sí en los documentos notariales, con las variantes romances a las que acaba desplazando ; por esta razón debe interpretarse como un arcaísmo fonético y no sólo gráfico, mantenido en el siglo XIII, incluso en documentos en romances. Aquí en los Fueros se presenta con una adaptación al romance propia del área de Navarra, la apócope de -o debida a la influencia occitana. Del derivado ARGENTEUS sólo se documentan en los Fueros variantes romances, de ahí que sea posible la interpretación que ya apuntábamos en el caso de la documentación notarial de que argento se presente con forma latina para diferenciarse con claridad de los derivados romances de ARGENTEUS, en un intento, pues, de evitar la homonimia. Autores como WRIGHT no están de acuerdo en recurrir a la homonimia para explicar la falta de evolución de algunas palabras consideradas tradicionalmente cultismos ; sin embargo, en este caso, parece que ha surgido la posibilidad de evitar la homonimia con el mantenimiento del arcaísmo. WRIGHT comprende estos casos y explica que la difusión léxica permite conseguir la diferenciación, colocando uno de los términos al principio y el otro al final, y, dado que los significados están separados en la homonimia, semánticamente no se produce ningún problema. En cualquier caso, la escisión de homónimos en romance no ha de explicarse « ni como divergencias condicionadas fonológicamente ni como resultado de préstamos interdialectales » (WRIGHT, 1989 : 50).

4. Para concluir ya, concretamos que estos y otros arcaísmos son palabras cuya aparición debía ser frecuente en los libros litúrgicos y en los formularios latinos antiguos a los que se recurría para escribir « con corrección » sobre todo las fórmulas de los documentos notariales principalmente y de los forales también, aunque éstos últimos no poseían un estilo tan rígido como los primeros ; las fórmulas fijadas a las que se recurría eran fundamentalmente

200

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las de datación, y al hacer uso de ellas se otorgaba a los escritos una mayor apariencia de legalidad, autenticidad o solemnidad. Por otro lado, la emergencia de la oralidad en la escritura, que empieza a hacerse fuertemente patente en el siglo XIII, se aprecia en muchos casos por la presencia de las variantes romances en convivencia con las arcaicas, aunque éstas últimas siguen manteniéndose en la escritura, produciendo así este tipo especial de vacilación en el uso de estas palabras. En cualquier caso, quede de manifiesto que para poder hablar de arcaísmo, a la apariencia latina debe ir unida una fecha de aparición o documentación muy temprana en los escritos. Asimismo, la supuesta falta de evolución de los arcaísmos no debe interpretarse como un rasgo de conservadurismo, sino de innovación, tal como advirtió MICHELENA (1985 : 51) con respecto a un caso concreto, el de la no sonorización de las oclusivas sordas latinas intervocálicas en el alto aragonés y en zonas gasconas. La separación entre arcaísmos, voces cultas y romances no es, por tanto, una cuestión que sólo pueda mantenerse en el caso de la documentación notarial, ya que ha sido posible comprobar que los datos extraídos de los Fueros confirman las conclusiones extraídas al estudiar los documentos notariales, de ahí que, tras este análisis, se pueda establecer una generalización con repercusiones lingüísticas relevantes en cuanto al fenómeno del arcaísmo lingüístico puesto en relación con los cultismos, latinismos y semicultismos, por un lado, y con las palabras romances por otro.

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Michèle GOYENS (Louvain, Belgique)

L'alternance dans les constructions prépositionnelles des verbes français : Une étude historique de l'emploi de la préposition à

1. En étudiant la variation dans l'emploi de la construction directe et indirecte en français, on constate des alternances ressemblant à l'accusatif prépositionnel ou non prépositionnel de l'espagnol (Juan ve a/o los niños) : ainsi, les phrases Ne touchez pas aux objets exposés /vs/ Ne touchez pas les objets exposés ont apparemment le même sens ; d'après les dictionnaires toutefois, le verbe toucher a un emploi plus abstrait dans la première phrase, excluant la sensation de la personne qui touche. Il y a d'autres verbes de ce type ;' la variation entre la construction directe et la construction en à véhicule souvent une différence sémantique. Ce qui nous a frappée, c'est que des verbes demandant un complément indirect en français moderne, souvent appelé complément datif, ne remontent pas nécessairement à des verbes latins exigeant un datif ; inversement, l'étymon latin de verbes aujourd'hui transitifs, ne se construisait pas forcément avec l'accusatif. Qui plus est, comme l'ont montré G O U G E N H E I M (1951 : 149-ss), H A A S E (19752 : §§ 59, 105-ss, 125-ss) et L Ü D I (1978), aux X V I E et X V I I E siècles, beaucoup de ces verbes prennent un complément direct ou indirect, mais ne suivent pas l'évolution engagée dans l'histoire du français. Intriguée par ces faits, nous nous sommes proposé d'étudier de plus près l'évolution de ces verbes. Concrètement, nous présentons d'abord un bref aperçu historique de la préposition à et du sort du datif latin (1). Ensuite, nous étudions une série de verbes se construisant exclusivement avec un complément indirect en français moderne, le paradigme P2 d'après les conceptions de l'approche pronominale, mais attestés avec un complément direct, PI, dans le passé (2), ainsi que le cas inverse (3). Ces analyses nous permettront d'indiquer les stratégies d'analyse qu'il faut développer afin de décrire de façon adéquate la variation constructionnelle impliquant la préposition à dans le complément indirect en français (4).

2.

La préposition française à remonte aux prépositions latines ad, ab ou apud (TLF, 1:21). Ces origines différentes expliquent sa diversité sémantique : à renvoie à des notions se rattachant à un mouvement, une direction, un instrument, ou la séparation, l'origine,

1

Nous les avons sélectionnés à partir du Dictionnaire automatisé des valences des verbes français basé sur l'approche pronominale de verbes qui se construisent avec P 2 , le paradigme regroupant les pronoms lui, leur, y, etc. qui sont révélateurs des constructions indirectes en à. Signalons que LÜDI ( 1 9 8 3 ) a étudié des constructions indirectes telles que aider à qn qui apparaissent en français romand. (EGGERMONT - BROEDERS - V A N DEN EYNDE 1 9 8 9 ) , BLANCHE-BENVENISTE e.a. ( 1 9 8 7 2 ) et avons examiné les

Michèle Goyens

204

ou encore la relation, l'accompagnement. 2 Il est aussi le marqueur de l'objet indirect en français. Toutefois, pour exprimer l'objet indirect, le latin, langue flexionnelle, recourait au datif. Une série importante de verbes latins se construisait avec ce cas, qui prenait diverses valeurs : la tradition grammaticale a distingué ainsi la destination, l'enlèvement, l'intérêt, le détriment, le rapprochement, le but, la possession, etc. VAN HOECKE (1996 : 31) a montré que toutes ces valeurs se laissent grouper sous le dénominateur commun de « pôle vers lequel l'action ou le processus évoqué par le prédicat est orienté ». Afin de préciser les différentes nuances que prend cette valeur de base, les latinistes ont décrit les constructions concurrentes du datif (VAN HOECKE, 1996 : 19-ss), dont nous décrivons ici les plus pertinentes pour notre propos. 3 Ainsi, pour exprimer la destination, le latin recourt plus souvent aux prépositions ad ou in suivies de l'accusatif ; dans la langue parlée, cet emploi apparaît même lorsqu'il n'y a pas de connotation locative. La construction prépositionnelle avec ad > à se généralisera en français. Pour l'expression de l'éloignement, à côté du datif, le latin se servait aussi de la préposition ab suivie de l'ablatif, une construction qui va l'emporter en français, la préposition ab aboutissant à à. Enfin, l'appartenance pouvait être exprimée en latin non seulement par le datif, mais aussi par le génitif ou un possessif. Comme on le voit, le datif latin était concurrencé par d'autres constructions. D'ailleurs, au cours de l'histoire du latin, la valence verbale avait déjà subi des modifications (VAN HOECKE, 1996 : 31) : ainsi, certains verbes, prenant comme deuxième argument le datif en latin archaïsant, prennent l'accusatif en latin classique. Dans de nombreux cas, la construction concurrente est une construction prépositionnelle, les prépositions ad et ab exprimant le plus souvent la valeur envisagée. Ces deux prépositions, marquant respectivement la direction vers un objet, l'arrivée auprès de cet objet, la proximité, et l'éloignement, le point de départ, aboutissent toutes les deux à la préposition française à. Par conséquent, à marque en français non seulement l'objet indirect, remontant au datif latin, mais aussi des relations spatiales ou autres, dérivant des divers sens de ad et de ab. Si on ajoute à cela la préposition latine apud, « auprès de, chez, en présence de », exprimant des notions de relation et d'accompagnement et aboutissant également à à, on comprend l'emploi hétéroclite de la préposition à en français. Dans ce qui suit, nous nous concentrons plus en particulier sur les constructions où à est le continuateur du datif, marqueur de l'objet indirect. En ancien français, qui n'a plus que deux cas, le cas sujet, continuant le nominatif et le vocatif latins, et le cas régime, englobant l'ancien accusatif, génitif, datif et ablatif, l'objet indirect ne peut donc plus être marqué de façon univoque par un cas. 4 C'est pourquoi l'ancien français recourt souvent à la construction prépositionnelle en à pour le marquer (MOIGNET, 19762 : 295).

2

4

Pour des détails sur les différents emplois et sens de à, voir le TLF (1: 3-ss). Pour une description détaillée de toutes ces constructions concurrentes et pour des exemples, voir VAN HOECKE (1996 : 19-30), qui présente aussi une analyse très fine de la distinction entre le datif et l'accusatif latins. Les seules traces formelles du datif en ancien français sont véhiculées par les pronoms personnels li (< illi), lui (< *illui), lor, leur (< *illorum), le pronom relatif-interrogatif cui (< cui), le pronom démonstratif singulier celui (< ecce + *illui) et cestui (< ecce + *istui) et le pronom neutre autrui (< *alterui).

Voir MOIGNET (19762 : 3 7 , 4 8 ) et HERSLUND (1980 : 8).

L'alternance dans les constructions prépositionnelles des verbes français

205

Or, HERSLUND (1980 : 8), dans son étude sur les compléments datifs en ancien français, note, avec d'autres auteurs, que le complément d'objet indirect de verbes à deux ou à trois actants peut être exprimé à l'aide de deux constructions en ancien français, « l'une avec la préposition a, c o m m e en français moderne, l'autre sans préposition », et il donne les exemples suivants : 5 [1] [2]

A chascune ai son dru et promis et doné Chascun de vos donrai ou cité ou donjon

(Barbastre 2558) (Barbastre 122)

L'ancien français présente donc une nette hésitation entre une construction prépositionnelle et une construction non prépositionnelle pour marquer l'objet indirect. En français moderne par contre, l'objet indirect ne se marque plus que par la préposition à, ou les pronoms lui, leur du paradigme P2 d'après l'approche pronominale (BLANCHE-BENVENISTE, e. a. 1987 2 : 87).6

Depuis le latin jusqu'au français moderne, la marque du complément indirect, véhiculée d'abord par la flexion du nom, a évolué vers un élément syntaxique rendu formellement soit par un clitique (lui, leur), soit par un groupe prépositionnel introduit par à. On pourrait donc s'attendre à ce que les verbes se construisant avec P2 remontent à un verbe latin exigeant le datif ; et, inversement, que des verbes se construisant avec un complément direct, remontent à des verbes latins exigeant l'accusatif.

3.

Dans un premier temps, nous avons analysé une série de verbes 7 prenant exclusivement deux actants, un sujet et un complément du paradigme P2 : 8 il s'agit de verbes tels que déroger, faillir, obéir, participer, ressembler et songer. En gros, nous dégageons trois types évolutifs différents pour ce groupe de verbes. Dans un premier, l'étymon du verbe français se construit avec l'accusatif ou le datif. C'est le cas par exemple pour similare,9 qui est à l'origine de ressembler, et derogare (OLD 1: 523 ; BLAISE, 1967 2 : 259), donnant lieu à déroger. Les deux constructions sont toujours attestées en ancien français et en moyen français ; ainsi, le verbe déroger se construit essentiellement avec à au XIV e siècle (TLF 6 : 1219) :

5

8

9

Pour l'analyse du datif de verbes à deux actans, voir HERSLUND (1980 : 51-ss). MELIS (1996) a étudié les compléments datifs en français moderne et a montré que le complément datif est celui qui est commutable avec lui, leur, mais pas avec y. Ainsi, à Marie est un datif dans la phrase Jean parle à Marie, mais un complément prépositionnel dans Jean pense à Marie. Dans notre étude, nous n'utiliserons pas le terme datif, parce que les constructions en à étudiées ici ne correspondent pas strictement à ce critère. Pour les analyses qui suivent, nous avons consulté les dictionnaires suivants : OLD, TLL et BLAISE (19672) pour le latin, TL et GOD pour l'ancien et le moyen français, HUG et FURETIÈRE (1690) pour le français du XVIE et du XVIIE siècle respectivement, et enfin LIT et TLF pour le français moderne et des annotations historiques. MELIS (1996 : 51-ss) décrit les compléments datifs de verbes à deux actants en français moderne ; ces verbes regroupent ceux distingués ici, mais comprennent également ceux qui peuvent se construire avec PO seul. Le verbe similare se construit avec l'accusatif (FORCELLINI, 1965, IV : 374). L'adjectif similis peut aussi être à l'origine de ressembler ; il exigeait le datif ou le génitif (OLD II : 1763).

206 [3]

Michèle Goyens desroguer a droit naturel e

(Oresme, Éthique 182) e

mais à la fin du XV , au début du XVI siècle, la construction directe est encore bien vivante :10 [4]

derogeant en cela la dignité du souverain magistrat (Amyot, Les Vies des hommes illustres de Plutarque - Pompée 66)

En français moderne, c'est la construction en à qui l'emporte. On peut rattacher à ce type l'évolution de participer, emprunté à participare, exigeant l'accusatif ou le datif.11 En ancien français, la construction directe n'est plus attestée, mais elle réapparaît au XVIe siècle (HUG V : 651) : [5]

Et luy eust on donné tout le los et la gloire au lieu que Monsieur la participoit en tout (Brantôme, Mareschal de Cossé IV, 91)

pour disparaître de nouveau ; la construction indirecte, à l'inverse, reste attestée de l'ancien français jusqu'au français moderne, exception faite du XVIe siècle, qui semble ne pas la connaître : [6] [7]

Tous participent au meschief (Jehan Le Fèvre de Resson, Les Lamentations de Matheolus I, 1244) Un associé participe à tous les droits d'une société (Furetière, 1690, II)

Le second type englobe des verbes tels que faillir et songer. Leur étymon latin se construit uniquement avec l'accusatif ; ainsi, le verbe latin sommare (OLD II : 1790), étymon de songer, et faller e (OLD 1: 673 ; TLL VI : 181—ss), étymon de faillir, sont attestés avec un complément à l'accusatif. 12 À partir de l'ancien français, la construction en à apparaît [8], toujours concurrencée par la construction directe [9] : [8] [9]

sougnier a aucune rien (Jean de Grieviler, Entre raison et amour grant tourment V, 16 ; cf. TLF XV : 680) Après iceste, altre avisiun sunjat (Chanson de Roland 725)

Les deux constructions restent en compétition jusqu'au XVIIe siècle : [10] [11]

Lors sire rat va commencer à mordre Ce gros lien : vray est qu'il y songea Assez long temps (Marot, Epistres 11) S'il faut qu'on l'accuse d'avoir songé toutes les personnes où l'on peut trouver les défauts qu'il feint,... (Molière, L'Impromptu de Versailles, se. 4)

pour faire place, en français moderne, à la construction indirecte seule.13 Dans le troisième type {obéir, < empr. obœdire), le verbe latin ne connaît que la construction avec le datif (BLAISE 19672 : 566 ; OLD II : 1217). Dès l'ancien français, la construction directe [12] apparaît et fait concurrence à la construction indirecte [13] (TL VI : 937) :

10 11

12

13

Voir GOD (II : 525), HUG (III : 21-22), TLF (VI : 1219). L'OLD (II : 1302) et le TLL (X : 504-ss) relèvent, à côté de la construction accusative et dative, aussi des constructions avec le génitif et l'ablatif, ou encore des prépositions telles que de, ab, ad, cum. Pour fallere, le TLL (VI : 181—ss) relève aussi l'ablatif et des constructions prépositionnelles avec de et in. Exception faite lorsque le complément est une complétive ou une interrogation indirecte.

L'alternance dans les constructions prépositionnelles des verbes français [12] [13]

Quar il sont prest de / 'obëir Com a seignor li obéirent

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(Benoit de Sainte-More, Le Roman de Troie 3722) (Wace, Le Roman de Rou III, 4215)

Celle-ci semble disparaître au XVIe siècle ; HUG (V : 472) ne mentionne en effet que des constructions du type : [14]

Je priois tout le monde de les obéyr

(Monluc, Lettres VII, III, 358)

e

Elle refait toutefois surface au XVII siècle et l'emporte en français moderne.14

4.

Nous avons fait une étude similaire pour une série de verbes se construisant avec PI en français moderne, mais attestés avec un complément datif ou indirect à des époques antérieures, comme favoriser, supplier, empêcher, prier, prévenir et contredire. Les résultats vont dans le même sens. Examinons d'abord les verbes dont l'étymon latin se construit avec l'accusatif et le datif. Ainsi, empêcher (< impedicare , < supplier >, < requerir > im 15. und 16. Jahrhundert », in : Vox Romanica, 97, 161-192. - (1983) : « Sémantique, syntaxe et forme casuelle. Remarques sur la construction aider à qn en français romand », in : Dialectologie, histoire et folklore. Mélanges offerts à Ernest Schüle pour son 70e anniversaire, Berne, Francke, 85-97. MELIS, L. (1996) : « The dative in Modem French », in : Van Belle W. et Van Langendonck W. (éds), The Dative. Volume 1. Descriptive Studies, Amsterdam - Philadelphia, J. Benjamins, 39-72. MOIGNET, G. (19762 [1973]) : Grammaire de l'ancien français. Morphologie - syntaxe, Paris, Klincksieck. Oxford Latin Dictionary (1968-1982) : Oxford, Clarendon [sigle : O.L.D.] Thesaurus linguae latinae (1900-s) :, Lipsiae , B.G. Teubner. [sigle T.L.L.] TOBLER, A. / LOMMATZSCH, E. (1915-s.) : Altfranzösisches Wörterbuch. Adolf TOBLERS

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Cecilia

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(Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines, Francia)

El asno de sancho : ¿ un enigma ?

La construcción Ni de N2 en la que la cabeza del sintagma es semántica, aunque no sintácticamente N2 y no Ni, conocida bajo el nombre de el asno de Sancho desde su tratamiento por Nebrija, presenta una anomalía que no ha dejado de intrigar a los gramáticos tanto del español como de las otras lenguas romances a través de los años, sobre todo en este siglo a partir de la aparición del artículo de TOBLER (1921). Se trata entre otros de Alf LOMBARD (1931), Stanislav LYER (1938), André ESKENAZI (1967), Mariana TUTESCU (1969), Jacques THOMAS (1970) y M. REGULA (1972), y más especialmente en español, de Rafael LAPES A ( 1 9 6 2 ) , A l a r c o s LLORACH ( 1 9 7 2 ) , F r a n c i s c o Y N D U R Á I N ( 1 9 7 2 ) y S a l v a d o r GUTIÉRREZ ( 1 9 7 8 ) . SALVA ( 1 8 3 0 ) , BELLO ( 1 8 4 7 ) y GILÍ Y GAYA ( 1 9 5 8 ) f o m u l a n o b s e r v a c i o n e s al res-

pecto en sus gramáticas. Este interés, sin embargo, como se ve por la sucesión de los estudios, no ha conducido a un consenso en cuanto a la explicación gramatical de esta inversión semántica. No resulta necesario trazar aquí la historia de los diferentes tratamientos que ha recibido esta construcción en español pues de esto se ha ocupado Mario GARCÍA PAGE (1992). En cuanto a su origen, el artículo de Rafael LAPES A ha probado feha-

cientemente la procedencia latina. Se encuentra por lo demás esta construcción en las otras lenguas romances, no así en las lenguas germánicas. Analizaremos críticamente las grandes líneas que se han explorado a guisa de descripción y propondremos una nueva reflexión. Los principales intentos de explicación giran en torno al establecimiento de lazos de identidad entre N| y N2 recurriéndose sea a la noción de aposición sea a la de atribución. En el primero de estos casos se asimila el sintagma el asno de Sancho a construcciones del tipo de la ciudad de Alcalá en que igualmente dos sustantivos están unidos por la preposición de y que para muchos es una forma de aposición debido a la identidad que existe entre ciudad y Alcalá. Nos parece, no obstante, desde de una perspectiva funcionalista, que dicha identidad obedece a la semántica de ambos nombres y no corresponde desde el punto de vista de la forma a la yuxtaposición parentètica que caracteriza la aposición como recurso sintáctico. Tal como no sería exacto describir como un caso de aposición la relación que se establece entre Juan y primo en el sintagma mi primo Juan aunque Juan y primo sean una misma persona. Por lo demás, parece igualmente pertinente recordar que los casos en que en español se suele utilizar construcciones del tipo de la calle de Alcalá , sin que se caiga en el pleonasmo, se trata de oposiciones semánticas muy presentes, como es el caso de calle de Alcalá frente a ciudad de Alcalá, o de Guatemala o México (países) frente a sus capitales, ciudad de Guatemala y ciudad de México, etc. Se justifican y han quedado casi acuñadas dada la necesidad de evitar la ambigüedad, recurso que se apoya en el pasado : urbs Romae. En francés, por ejemplo, el sintagma ville de Paris no reemplaza a Paris, se refiere más bien al ayuntamiento o a la administración de la ciudad. En todo caso, ni estas construcciones Ni de N2, ni la aposición, trasmiten, como es el caso de el asno de Sancho, un contenido semántico ponderativo o expresivo. En realidad, más que ante una aposición, parece que estamos ante una clasificación, función muy cercana de la función genitiva latina que cumple muy habitualmente

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la preposición de : el libro de fìsica, la taza de café, el maestro de escuela. Es cierto, sin embargo, que en los sintagmas del tipo la calle de Alcalá, es el sustantivo término de la preposición el que resulta clasificado y no viceversa. Si se acepta este valor se estaría asignando un valor más - entre los tantos otros que se le atribuyen - a la preposición de (cf. LÓPEZ, 1970 : § 6.2). El significado de la preposición como en tantos otros casos estaría condicionado por los términos que pone en relación, o en otras palabras, es necesario tener en cuenta las relaciones semánticas. Y así en el asno de Sancho la preposición de estaría clasificando a Sancho dentro de la categoría de los asnos. Antes de pasar a examinar la otra solución propuesta, la de la atribución, es importante señalar que esta formulación permite establecer un paralelo con la forma de la comparativa superlativa. En efecto, la construcción superlativa utiliza la preposición de para presentar a un individuo o cosa como el poseedor más eminente de una cualidad o clasificarlo como tal, como es el caso de el asno de Sancho. Es claro que hay diferencias: la cualidad viene expresada en la comparativa por un adjetivo y no por un nombre, el número del primer término del sintagma puede ser singular o plural, el segundo es necesariamente plural. Es por estas razones sin duda que esta vía no ha sido explorada por la literatura al respecto. La otra explicación que se ha barajado es la de la asimilación de la contrucción en cuestión a la atribución : el asno de Sancho = Sancho es un asno, Sancho que es un asno... Esta equivalencia semántica no aporta tampoco la dimensión valorativa o expresiva de la construcción. No es una explicación sintáctica. En realidad, no es más que una paráfrasis. No muestra cómo se realiza la transformación. No ofrece, pues, una explicación sintáctica. Ni una ni otra de estas hipótesis aunque interesantes y agudas llega a proporcionar una explicación sintáctica convincente de la construcción Ni de N 2 en que N 2 es semánticamente el sustantivo al que se le atribuye las características de Ni. Quizás una mejor pista sea examinar otras construcciones Ni de N 2 no consideradas anómalas y donde se observan ciertas constantes en las relaciones sintáctico-semánticas algo similares de las de el asno de Sancho. Nos referimos a construcciones tales como la lentitud de las horas o el calor del verano. En estos ejemplos N! es un sustantivo con un contenido semántico abstracto y se entiende entonces que la calidad expresada es poseída por N 2 , en otras palabras, que las horas son lentas y que el verano es caluroso. Puede, en efecto, ser reemplazado Ni por el adjetivo equivalente, sin que se altere el significado del sintagma : las lentas horas, el verano caluroso. Esta transformación no es posible cuando Ni es un sustantivo concreto. No es tan anómalo entonces que desde el punto de vista semántico N 2 , bajo las condiciones indicadas, sea el nombre al que se atribuye el contenido semántico de Ni. Si se asimila el asno de Sancho a este modelo atribuyéndole entonces un valor abstracto y y metafórico a Ni es posible explicar a través de las relaciones que se establecen entre sintaxis y semántica, el contenido semántico antes considerado anómalo. La pragmática permite seleccionr el valor que debe asignarse a la secuencia el asno de Sancho, el denotativo, que el asno pertenece a Sancho, y el connotativo, que Sancho reúne las cualidades del asno. En efecto este tipo de construcciones no aparece sino en ciertos contextos de estilo vivo y muy frecuentemente en los diálogos. En este segundo caso, resulta que asno ha dejado de ser un sustantivo concreto, el nombre de un animal, y ha pasado a ser un sustantivo abstracto que representa las cualidades por las que dicho animal es conocido y que ejemplifica tal como un arquetipo. Es lo propio de la metáfora, ej. gala de Medina, flor de Olmedo. El desciframiento metafórico se ajusta pues muy exactamente al caso descrito en el párrafo anterior y recuerda el esquema Ν de Ν de la metáfora asociativa.

El asno de sancho : ¿ un enigma ?

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En la descripción del sintagma el asno de Sancho es necesario además notar ciertas constantes sintácticas relativas a la concordancia de género y número de los sustantivos que intervienen. En estas construcciones hay necesariamente identidad de género y número entre ambos sustantivos : e/ tonto de Juan, la tonta de Juana, las tontas de las vecinas, el inmundicia de Aguilera, en el caso de seres dotados se sexo indicado lexicalmente, y de número solamente en los otros casos : el asco de sopa, los ascos de sopas. En los frecuentes casos en que, como ya se expuso en el párrafo anterior, el primer sustantivo es metafórico, conviene recordar que de manera general los sustantivos concretos en usos metafóricos en los que éstos representan a un individuo que reúne las cualidades del sustantivo concreto llevan la marca del género correspondiente al sexo del individuo al que se le atribuye la calidad, tal como vemos en los siguientes ejemplos, Era idéntico a su padre, le replicó Victoria Guzmán. « Un mierda. » (GARCÍA MÁRQUEZ, 1981) y Es el menos inmundicia de los Aguilera. (BORGES, 1970). Igualmente nos parece importante señalar que de acuerdo a nuestro análisis funcionalista, Ni es siempre un sustantivo. En ningún caso analizamos el primer término como adjetivo o adjetivo nominalizado como han propuesto algunos gramáticos basándose en ejemplos como el tonto de Juan, la taimada de la portera, etc. A pesar del parentesco con adjetivos homónimos, se trata aquí de sustantivos y como tales son determinables por el artículo. Entendemos que la única clase sintáctica determinable por el artículo es la de los sustantivos. El adjetivo nominalizado es para nosotros un verdadero sustantivo precedido por la variante especial neutralizada del artículo, lo, por ejemplo : lo tonto, lo taimado. Esta variante hace que queden en suspenso tanto la marca del género como el número. En efecto no hay plural de lo tonto. Gracias a esta variante quedan soslayadas las referencias a lo concreto y específico que aportantanto la marca de género como el monema de número. Esta característica tan especial del español hace que el sustantivo pueda trasmitir el valor abstracto de la cualidad representada en otras lenguas exclusivamente por el adjetivo como se ve claramente en pares o tercetos de sustantivos tales como : lo tonto /vs/ el tonto o la tonta, la maravilla /vs/ lo maravilloso, lo bueno /vs/ el bueno, la bondaá, los pobres, la pobreza /vs/ lo pobre, el sabio, la sabiduría /vs/ lo sabio, etc. (HARE, 1994). En cuanto a la expresividad de la construcción, ésta está dada por varios factores que se conjugan en el sintagma. Fundamentalmente por el hecho del empleo de la metáfora que seimpre es expresiva, ej. gana una flor de sueldo. Pero este valor expresivo también proviene del hecho que la cualidad atribuida es expresada por un sustantivo lo que le confiere más fuerza que la que tendría si fuera expresada por un adjetivo. Este sustantivo, es más, antecede al sustantivo al que se refiere y la anteposición le confiere un valor enfático, cf. una preciosidad de casa /vs/ una casa preciosa. En conclusión, la descripción del sintagma necesita tener en cuenta las relaciones semántico-sintacticas que se establecen entre Ni de N2. Ni es un sustantivo abstracto que expresa una cualidad - metafóricamente cuando se trata de sustantivos concretos - lo que hace que semánticamente se atribuya la cualidad expresada por Ni a N2 como en otros casos en que Ni es un sustantivo abstracto no metafórico y cuando por ello no se plantea anfibología alguna. Es la anfibología de el asno de Sancho la que crea la apariencia de una inversión sintáctica. El sintagma el asno de Sancho , si se acepta la explicación expuesta, no sería entonces una anomalía sintáctica. La anfibología no es inusitada en el idioma y en el caso de está construcción que está muy viva en la mente de los hablantes, la ambigüedad se plantea difícilmente pues el contexto y el estilo suelen ser muy esclarecedores. Una vez más quedan ilustrados los estrechos que tejen entre sí sintaxis y semántica.

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Victor I A N C U (Bucureçti, Romania)

Indicativo presente del verbo sum-esse-fui nel romeno

Come nelle altre lingue neolatine, SUM-ESSE-FUI à nel romeno un verbo con molteplici valori e funzioni grammaticali : verbo ausiliario (entra nella struttura della diatesi passiva, del futuro anteriore - modo indicativo, del perfetto dei modi congiuntivo, condizionale ed infinitivo), verbo copulativo (forma, insieme al nome predicativo, il predicato nominale), verbo predicativo (quando significa « esistere » o « trovarsi »). Probabilmente appunto per ciò la sua evoluzione dal latino volgare fino al romeno attuale fu talmente tortuoso, con parecchi « deviazioni », con ritorni e « riassetti ». SUM-ESSE-FUI non è riuscito neppure oggi a stabilizzarsi ed a sistemarsi « geometricamente », come un vero paradigma funzionale. Il gioco dialettale-sovradialettale, popolare-colto, forme « accentuate » - forme « non accentuate » non è ancora finito. Per chi si avvia a spiegare le forme di oggi attraverso quelle latine, le distinzioni rilevate poco prima costituiscono una zavorra, ma anche una fonte di informazioni supplementari, utili soprattutto là dove le leggi fonetiche si verificano impotenti. Di conseguenza, nella presente relazione ci proponiamo di sottoporre ad una analisi approfondita l'evoluzione dell'indicativo presente del verbo ausiliario-copulativopredicativo essere dal latino al romeno contemporaneo.

1. La chiave spiegante la maggioranza delle forme dell'indicativo presente sta nel sunt (con la variante sìnt), della terza persona del plurale. Sull'origine e sull'evoluzione di questi mi sono fermato quasi dieci anni orsono in un articolo pubblicato nella rassegna biennale dell'Istituto di Linguistica e Storia Letteraria « Sextil Puçcaru » di Cluj. 1 Riassumendo ció che ho scritto allora ed aggiungendo qualche nuova osservazione, concluderemo : La forma sunt non può provenire dal SUNT, perchè, almeno nell'aria orientale della latinità, la caduta delle consonanti finali divenne una realtà linguistica fin dai primi secoli dopo Cristo (Cf. C.H. GRANDENT, 1965 : 1 5 2 - 1 5 3 & 1958 : 24). Quindi SUNT > s u . Sotto

questa veste su è resistito, in romeno, fino al dodicesimo secolo, quando -u finale cominciò ad affievolirsi, diventando dopo un certo tempo assillabico, in modo che verso il sedicesimo secolo, in alcune parlate dacoromene, sparisca completamente. 2 Oggi la forma senza u è generalizzata nel dialetto dacoromeno : (ei) nu-s aici = (essi) non sono qui ; (eie) nu-s

1

Si tratta del saggio Originea lui « sìnt », in : Cercetâri de lingyisticâ, XXXIV, 1989, 1, 35-37.

2

Vedere, al riguardo, la lunga controversia fra Al. ROSETTI ( 1 9 4 7 ) ; E. PETROVICI (195);

P. NEIESCU (1957) e altri, controversia dalla quale risulta chiaramente che la -u finale era nel secolo XVI una realtà fonetica solamente in alcuni testi, quindi solo in certe regioni del territorio dacoromeno.

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Victor lancu

de acord = (esse) non sono d'accordo. A quanto si vede, la forma monofonematica (monoconsonantica) ha una distribuzione limitatissima : agglutinata ad una parola che termina in vocale. Per il resto dei contesti, gli parlanti hanno « inventato » una forma con / protetico : quindi (ei) ìs acolo = (essi) sono lì ; (eie) ìs mulfumite3 = (esse) sono contente. Da dove allora sunt ? Dato che nelle parlate popolari appare saltuariamente, si potrebbe rispondere senza complicazioni : è una forma colta, una forma standardizzata, imposta dalle autorità accademiche in un periodo nel quale appellare al latino classico era un gesto quasi meccanico.4 Noi non appoggiamo una tale spiegazione. Tuttavia, per trattare più saldamente il problema, cercheremo di spiegare parallelamente anche l'origine dell'altra variante, molto più diffusa nel parlare popolare, cioè sìnt. Una volta, sìnt fu spiegato per il congiuntivo latino SINT.5 Ovviamente, nel caso del romeno non si può partire dal SINT, per almeno due motivi : a) a quanto detto nel precedente paragrafo, le consonanti finali Τ e (poi) Ν non giunsero fino a noi, per motivi ben conosciuti ; b) SI doveva evolvere, obbligatoriamente, in romeno, verso *se nel caso che I latina fosse stata breve, rispettivamente verso *fi se I latina fosse stata lunga. Nel 1977 (IANCU,1977 : 51-54), io ricorsi ad una spiegazione più sofisticata, però, secondo me, perfettamente plausibile. Ulteriormente questa soluzione fu assunta da molti altri.6 Che cosa dicevo, essenzialmente, nel saggio del 1977 ? Che abbreviata troppo la forma clasica SUNT (diventata su, a causa della caduta delle consonanti finali), i parlanti hanno ricorso ad un congiuntivo « migliorato » SINTUNT (dove, evidentemente, si riconosce la desinenza della terza persona del plurale - la terza e la quarta coniugazione : LEGUNT-NUTRIUNT). La forma latina si è svolta nel romeno, approssimativamente, secondo la linea seguente : SENTU (I > E ; le consonanti finali sono sparite) > sintu (forma del romeno comune risultata quale conseguenza della trasformazione della e tonica in posizione nasale in i, come in VENTU > vintu, MENTE > minte) > sintu (dove /' risultata da e + η si è mutata in i quando nella sillaba seguente c'era posizione dura : vintu > vântu, pemintu > pâmântu) > sìnt (con -u finale indebolita gradatamente fino alla scomparsa totale). Nell'articolo del 1989 formulavo però anche l'ipotesi che più normale fosse stato che, persa la parte finale di SUNT, i parlanti avessero ricorso non più ad un congiuntivo « migliorato », ma ad un indicativo « migliorato », cioè a SUNTUNT. Quindi SUNTUNT > SUNTU > sunt(u) > sunt. Questo sunt avrebbe potuto diventare, almeno in alcune regioni dacoromene se non dappertutto, sint, secondo il modello ADUNCUS > aduncu > adìnc ; UNQUAM > une à > încâ. Notavo però, sempre allora, che sìnt < SINTUNT non dovrebbe essere exclusa dalla combinazione, date le forme antiche e dialettali romene della prima e seconda persona del plurale sem-säm e se(isà(i (Al. ROSETO, 1968 : 156), forme che evidentemente non possono provenire se non

3

4 5

6

Questa protesi è un fenomeno di forte rilevanza nella struttura fonetica romena : vedi il pronome personale in dativo mi (< MIHI), che conosce pure la variante con la protesi della vocale î (imi). Partendo da questo modello, si sono create poi ì(i (< fi < TIBI), li (< i < ILLI), ìfi (< J» I, sotto l'influsso della U di SUMUS. Quindi SIMUS > SIMUS > sem-säm ; s m s > s m s > sefi-säfi.

2. E con questa descrizione siamo passati, quasi involontariamente, alla presentazione della prima e della seconda persona del plurale. Oltre le forme citate nel precedente paragrafo, che oggi esistono ancora soltanto nei dialetti sud-danubiani, 7 la lingua romena si è creata, a queste persone grammaticali, anche delle « corispondenti » della sunt, rispettivamente della sìnt. L'analogia si realizza sempre con i verbi della terza coniugazione : alla forma (ei = essi) culeg (colgono), dove la desinenza è 0, corrispondono nella prima persona del plurale culegem (la desinenza -em) e nella seconda culegefi (la desinenza -e/;). Seguendo questo modello, le sunt-sìnt (con la desinenza 0) hanno generato nella prima persona del plurale le forme suntem-sìntem (la desinenza -em) ed suntefi-sìntefi (la desinenza -efi).

3. La prima persona dei singolare conosce oggi quattro forme grammaticali distinte, con statuti e valori differenti nei diversi registri della lingua contemporanea : a) (nu-s acasà = non sono a casa ; ba-s de acord = sì che sono d'accordo) < SUM, ove M consonante finale si è persa fin dal latino tardo, 8 mentre -u, diventata vocale finale, è assordita gradatamente dopo il romeno comune (cioè dopo l'undicesimo secolo cf. D E N S U S I A N U , 1 9 6 1 : 6 3 - 6 5 ; ROSETTI, 1 9 6 8 : 6 8 1 - 6 8 3 ) . Non c'è dunque alcuna deviazione dall'evoluzione normale, cioè dall'evoluzione conforme alle leggi fonetiche : a) îs (îs prezent si eu = sono presente pure io ; acuma ìs supärat = ora sono afflitto) si è sviluppata dal -s, con î protetica, all'inizio della frase 0 dopo parole terminanti in consonanti, quando non si poteva dunque agglutinare al lexeme precedente ; c) sunt (sunt fericit - sono felice ; sunt pe munte = mi trovo sul monte ; sunt mereu deranjat de vecinii gàlàgiofi = sono permanentemente disturbato dai vicini chiassosi), forma estesa, presa in prestito dalla terza persona del plurale, 9 per ottenersi anche qui l'identità formale fra le due persone in causa, nelle coniugazioni seconda, terza e quarta : eu väd [= vedo] - ei ν ad [= vedono] ; eu culeg [= colgo] -ei culeg [= colgono] ; eu simt [= sento] ; -ei simt [= sentono]. Di conseguenza : (ei) sunt [= essi sono ] —> (eu) sunt [= io sono]. d) sìnt (sìnt fericit...), forma presa in prestito, anch'essa, dalla terza persona del plurale, come pure sunt, per realizzarsi l'identità di cui abbiamo apenna parlato.

7

Per una più esatta valutazione di queste forme nei dialetti sud-danubiani, vedi i capitoli consacrati al verbo nelle monografie diventate oramai classiche : Theodor CAPIDAN ( 1 9 2 5 - 1 9 2 8 - 1 9 3 6 ) ; Sextil PUÇCARIU ( 1 9 0 8 - 1 9 2 6 - 1 9 2 9 ) . 8 Û Vedere i libri citati nella nota numero 2. Un simile processo può essere accertato nell'italiano, ove la o di sono (< son < SUM, per analogia con canto) passa anche a son (< SUNT) : cf. Gerhard ROHLFS (1968 : 2 6 7 ) .

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Le quattro forme sono differenti pure come statuto funzionale. La sola accettata nella lingua standard è sunt. Nel linguaggio quotidiano, meno accurato, così come nella letteratura di finzione, è ammessa anche la forma numero lf-s). La seconda è « s e n t i t a » quale « inestetica », mentre sìnt funzionò come forma standardizzata fra 1953 e 1993 (cf. IANCU, 1996: 97-98).

4.

Attraverso mutamenti fonetici normali, le persone seconda e terza del singolare sono arrivate presto all'omonimia : lat ES > S, dopo la caduta della consonante finale, la stessa sorte avendo EST > E. S'intende che la lingua ha cercato dei mezzi propizi per eliminare tale indentità fastidiosa. La forma e (diventata in un'epoca anteriore ie) è rimasta a coprire le funzioni grammaticali della terza persona ma per la seconda persona non si è potuto ricorrere alla « classica » desinenza -i, poiché in tal modo si avrebbe arrivato ad altre omonimie ugualmente fastidiose : ei = a) pronome personale, terza persona del plurale, maschile, caso nominativo ; b) pronome personale, terza persona del singolare, femminile, caso genitivo-dativo. Di conseguenza, si è ricorso al prestito dalla forma del plurale, reso il fatto che lì la questione era stata risolta attraverso l'adozione della forma « simétrica » suntefi. Quindi ESTIS > e$ti > ie$ti (per la caduta della consomante finale s ; per la trasformazione del gruppo consonantico st séquito da i flessionaria in ft, come nel lat. TRISTI > tristi > tristi ; per la « preiotazione » : della vocale iniziale e, come pure in EXIT > ese > iese). « Trasferito » alla seconda persona del singolare, ESTIS si è creato subito un corrispondente alla terza persona, precisamente ESTIT, partendosi dal modello LEGIS / LEGIT. La forma ESTIT si è diretta normalmente verso E S T E , 1 0 rispettivamente ieste attraverso la « preiotazione ». In conclusione si può dire che il processo di cristalizzazione del paradigma del verbo SUM-ESSE-FUI al presente indicativo fu anche nel romeno abbastanza complicato, abbastanza tortuoso, così come in tante altre lingue romanze, però, come pure in quelle lingue, il processo stesso non si è abbattuto dalla normale via verso strutture sempre più duttili e più funzionali.

10

Pure qui si può invocare l'analogia con la lingua italiana : la forma este fu ammessa nel linguaggio colto ai tempi di Guinizelli e può essere reperita ancor oggi nel dialetto corso (cf. G. ROHLFS, 1968 :271).

Indicativo presente del verbo sum-esse-fui nel romeno

219

Riferimenti bibliografici

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Ulla JOKINEN (Helsinki, Finlande)

Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français : un bilan

Le travail sur l'ancien français du groupe dirigé par Bernard CERQUIGLINI et Christiane MARCHELLO-NIZIA, qui fut publié en 1973,1 nous a servi de modèle pour un travail similaire en Moyen Français. Le groupe de recherche qui s'était d'abord réuni, n'ayant pas persévéré, je me suis trouvée seule pour étudier la structure du syntagme nominal en Moyen Français. Je suis parfaitement d'accord avec mes estimées collègues Christiane MARCHELLO-NIZIA et Lene SCHOSLER qui démontrent d'une manière éclatante qu'uniquement les corpus vastes peuvent fournir des explications valables aux changements morphologiques et syntaxiques dans le système d'une langue. J'admets volontiers que mon travail, outre qu'il progresse très lentement ne donne que des résultats plutôt modestes. J'ai eu l'occasion d'exposer à divers colloques et séminaires l'avancement de mon travail. J'ai eu, en plus, la possibilité de publier séparément un article sur une partie de mon sujet, à savoir la locution verbale. 2 Les résultats présentés ci-dessous sont encore provisoires, car tout le matériel n'a pas été examiné. Espérons pourtant que les grandes lignes commencent à se dessiner. J'ai eu à traiter la période 1430-1530 qui était la seconde période distinguée à l'origine. Mes textes sont tous presque contemporains entre eux : les Arrêts d'Amour de Martial d'Auvergne (19 premiers chapitres ; 1460), 7 nouvelles des Cent Nouvelles Nouvelles (1462), une centaine de pages du tome I des Mémoires de Philippe de Commynes (1489) et le texte intégral du Roman du Jehan de Paris (1498). Par principe, ces textes sont d'une longueur égale, de quelque 20 000 mots chacun ; tous sont des textes de prose sans effets de style. Par ce choix, j'ai essayé d'éviter l'extrême sérieux scientifique et oratoire, aussi bien que le parler burlesque des farces et sotties. Avant de passer aux résultats concrets, il y a lieu de préciser le contenu sémantique de quelques notions de base. Pour commencer, nous adoptons la définition sur le SN donnée par la syntaxe du moyen français de MARTIN et de WILMET : 3 On appelle syntagme nominal une suite ordonnée de morphèmes réunissant autour d'un nom (le noyau du syntagme) un ou plusieurs déterminants (éventuellement le déterminant zéro) qui servent soit à sa qualification soit à sa caractérisation.

1

2

3

La recherche menée par le groupe CERQUIGLINI / MARCHELLO-NIZIA se limite au sujet de la phrase, mais elle est en même temps beaucoup plus profonde : le SN sujet le plus long compte neuf éléments, les SN sujet compacts les plus longs ont six éléments. Il ne serait pas justifié de les comparer avec nos constructions plus réduites. JOKINEN 1996. Notre étude a pour but d'élucider surtout l'existence /vs/ la non-existence de l'article défini dans les locutions verbales. MARTIN / WILMET (1980 : § 175). Notons que WILMET (1986) a donné ensuite deux autres

définitions du SN, l'une « maximale », l'autre « minimale ». Il a traité la même question aussi en 1983 et 1993 ; voir la bibliographie.

222

Ulla Jokinen

Pour pouvoir parler d'un SN, il faut que la structure en question contienne un nom. Les déterminants peuvent varier, en nombre et en contenu, mais ce qui est essentiel pour notre étude, c'est que le déterminant peut aussi être non-explicite, ce qui est le cas du déterminant zéro. Nous appelons prédéterminants les morphèmes qui précèdent le noyau et postdéterminants ceux qui le suivent, mais il y a aussi des prépostdéterminants, qui choisissent l'une ou l'autre de ces possibilités. Les déterminants, comme on sait, sont ou bien quantifiants ou bien caractérisants. Quelques grammairiens ont fait la différence entre groupe nominal et syntagme nominal. Nous utilisons seulement le dernier terme. Il existe une littérature abondante sur les déterminants venant d'auteurs tels que H . BONNARD, G . MOIGNET, G . KLEIBER, C . MARCHELLO-NIZIA, P. WUNDERLI, J. PERROT,

W. DITTMER. Il est significatif que dans la plupart des grammaires historiques on traite séparément les différents déterminants, mais passe sous silence leurs combinaisons. Un des premiers auteurs qui ont étudié la structure du syntagme nominal, est Christiane MARCHELLO-NIZIA ; elle a étudié avec quelques collègues la structure linéaire du syntagme nominal en ancien français ; pour des raisons pratiques, ils ont limité la recherche au sujet de la phrase. En se basant strictement sur des critères syntagmatiques et paradigmatiques, le groupe a pu établir quels paradigmes d'éléments accompagnant le centre (MARCHELLONIZIA 1973 : 385-399). Le groupe a pu relever 94 constructions différentes pour uniquement le sujet ; dans son histoire du moyen français, MARCHELLO-NIZIA récapitule ces recherches et dresse un tableau succinct sur les déterminants du nom (1979 : 112), en distinguant les cas où il n'y a pas de déterminant et, ensuite, ceux où le déterminant est le, un, des, du, mon, ce ou un autre mot de caractères divers. - Notons en passant que la Syntaxe du moyen français de Robert MARTIN et Marc WLLMET consacre 50 pages et 96 paragraphes sur 480 au syntagme nominal. Un ouvrage où le SN est aussi placé dans un cadre temporel, a récemment vu le jour : c'est Emergence et évolution du syntagme nominal en français de Michèle GOYENS. L'auteur étudie l'émergence du SN français à l'aide de deux traductions d'un même texte : De inventione de Cicéron, traduit du latin en ancien français par Jean d'Antioche (1282) et en français moderne par Henri BORNEQUE. En latin le SN, au sens où nous le prenons, n'existe pas ; en ancien français c'est d'abord la déclinaison qui régit les relations internes de la phrase ; la déclinaison disparue, on a recours à des éléments particuliers pour indiquer ces relations, ainsi qu'aux références cotextuelles. Les constructions deviennent de plus en plus complexes, pour aboutir dans le français moderne, à un agencement strictement réglé. Michèle GOYENS a constaté que la forme du syntagme nominal en ancien français est déjà beaucoup plus proche du français moderne que du latin. Quant à l'agencement syntaxique en français moderne, nous pouvons nous appuyer aussi sur les statistiques dressées par Maurice GROSS (1976a et 1976b) et Marc HUG (1989). Il n'y a pas lieu de s'étonner que les disparitions et combinaisons d'éléments produisent un grand nombre de formations. GOYENS a relevé en latin cinq classes de déterminants grammaticaux, une classe de déterminants mi-grammaticaux, mi-lexicaux et quatre classes de déterminants lexicaux (1994 : 91). Le nombre des structures différentes de 1 à 5 éléments dans l'ancien français est à peu près identique avec celui de la langue moderne (1994 : 161), l'auteur compte 89 structures différentes (1994 : 197) et finalement, dans le français moderne, 63 structures. Nous avons déjà mentionné les 94 structures pour le sujet en ancien français, relevées par le groupe de travail de Christiane MARCHELLO-NIZIA. Dans ces conditions, il est naturel de renoncer aux ambitions trop poussées et de présenter seulement les résultats que nos recherches ont produits jusqu'à maintenant. À partir du corpus

Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français

223

nommé au début, nous avons étudié la composition du SN dans les cas suivants : SN nondéterminé, SN indéfini, SN défini, SN déterminé par l'article possessif, SN déterminé par l'article démonstratif et par les quantifiants stricts tout et plusieurs. L'étude n'est toujours pas exhaustive, car la classe des « cas divers » reste inexplorée ainsi que les différentes structures du SN. Les pourcentages présentés indiqueront seulement les relations internes entre les types de SN examinés, et, non leur fréquence vis-à-vis d'une totalité. Pour ne pas répéter ce qui a déjà été publié, nous nous contentons de reproduire les résultats obtenus avec quelques commentaires. Le type le plus simple, syntagme non-déterminé, qui consiste en un noyau seul, est relevé dans 1609 cas, dont la plupart représentent le complément prépositionnel (716 ex.) et le COD (637 ex.). Le contexte immédiat ou la raison justifiant l'expression propre du syntagme sont : apostrophe, êtres ou objets uniques, personnifications, noms propres, expressions de référence générique, constructions comparatives, locutions verbales, énumérations et membres coordonnés en diverses fonctions. Comme nous voyons, les relevés se basent sur des critères syntaxiques, sémantiques ou discursifs. Dans l'annexe sont présentés les types relevés et quelques exemples de propositions entières. Quant au développement ultérieur des catégories grammaticales citées, il connaît une dichotomie nette : l'apostrophe, l'attribut et l'apposition se comportent syntaxiquement à peu près de la même manière dans l'ancienne langue que dans la langue moderne ; il n'y a également pas de changement dans la syntaxe des noms propres, des personnifications et des objets uniques - en raison de leur sémantisme ces trois groupes pourront être compris dans une même catégorie sémantico-syntaxique. Pour les énumérations et accumulations, nous avons gardé la syntaxe du Moyen Age. Il y a pourtant deux catégories qui servent du témoin du développement syntaxique et des modèles référentiels : les locutions verbales - dont l'abondance ne peut que nous étonner et la syntaxe plus que tolérante des groupes substantivaux coordonnés. Les moyens d'exprimer l'extension étaient défaillants en ancienne langue, on a, de toute évidence, recouru à l'intension. Les locutions verbales, source de discussions quelquefois assez âpres entre linguistes, nous ont incitée à mener une étude ultérieure : à partir du même corpus de moyen français, nous avons étudié la détermination du substantif qui entre dans une LV (JOKINEN, 1 9 9 7 : 1 9 5 - 2 0 2 ) . Nous avons constaté que, pour 4 0 5 ex. de SN non déterminé, nous avions 2 8 5 ex. de constructions à SN déterminé, soit 42,2 % du nombre total des constructions. Le nombre des constructions à syntagme non déterminé décline constamment dans les textes individuels : de 64 % à 51 %, mais la dispersion est grande et pratiquement toutes les possibilités peuvent se réaliser. La syntaxe de MARTIN et WLLMET ( 1 9 8 0 : § 2 0 9 ) et H . BONNARD dans un article de 1 9 7 8 s'accordent quant au sémantisme de base de la LV : MARTIN / WILMET ( 1 9 8 0 ) pointent le glissement du substantif qui échappe à toute quantification ; d'après B O N N A R D , c'est le verbe qui assume les fonctions surtout syntaxiques, le nom ayant une fonction exclusivement sémantique (BONNARD 1 9 7 8 : 166). La présence ou l'absence de l'article serait d'après BONNARD seulement (I.e.) l'effet d'un flottement auquel ne s'associe aucune différence de signifié. D'après cette constatation, la locution verbale suit - ou ne suit pas - l'évolution de la langue en général. Une autre particularité qui tient de l'ancienne langue est le rôle d'actualisateur de l'adjectif qualificatif, très marqué dans nos textes, et qui frappe aussi dans les LV. Les adjectifs en question sont surtout grant et bon, sans valeur de jugement ou d'estimation aucune. Si les caractérisants resserrent l'extension du noyau de syntagme dans la langue moderne

224

Ulla Jokinen

(WLLMET, 1986 : 17), nos textes ne présentent pas de différences sémantiques perceptibles, p. ex. entre faisant noise et faisant grant noise (CNN 185) ; encore moins pour bon qui dans faire bonne chere est déjà clairement lexicalisé. Nous avons donc étudié l'article zéro en tant que marqueur d'indéfini. De plus, l'indéfini est marqué au singulier par UNG/UNE et au pluriel par DES. L'inverseur DE accompagne aussi bien un substantif au singulier qu'au pluriel. D'après nos statistiques, les syntagmes non-déterminés comprennent en gros les deux-tiers (67,8 %) et les syntagmes indéfinis un tiers (32,2 %) du nombre total d'exemples de ces deux catégories. En attendant les résultats définitifs, on pourrait hasarder l'hypothèse que, vers 1500, l'article zéro se défend encore bien. L'article UNG/UNE dépasse de loin l'inverseur DE. Celui-ci s'introduit en premier lieu dans des compléments régimes du verbe. C'est pourtant le sujet de la proposition qui montre la plus grande poussée vers la particularisation - il couvre déjà 38,5 % des cas. UNG dans nos textes a trois acceptions : le numéral 1, « un certain » et l'article de sémantisme vide. Le numéral se confond souvent avec l'article (voir ex. [5]) ; en général, on n'a pas de difficultés à les distinguer. DE a une présentation faible (total 45 ex.), mais mérite néanmoins notre attention. DE s'introduit dans l'énoncé avec un contexte virtualisant : le substantif ou le syntagme se trouve dans une « situation forclusive », c'est-à-dire dans une phrase négative, interrogative ou hypothétique, quelquefois aussi dans des phrases de finalité restrictive, c'est-à-dire d'empêchement. DE sg. dans les phrases assertives devient de plus en plus rare ; DE et DES alternent sans qu'on puisse savoir pourquoi (ex. [7]) ; Commynes utilise DE et DES sans distinction, les deux formes correspondent au « partitif » moderne (voir ex. [8] et ex. [9]). Vu la grande fréquence du déterminant zéro et celle plutôt modeste du déterminant indéfini, il est intéressant de voir comment l'article défini se place dans ce contexte. Le singulier est beaucoup plus fréquent que le pluriel (sg. 5339 et pl. 1009), mais le comportement syntaxique selon le nombre ne paraît pas être significatif. D'autant plus remarquable est le rôle du syntagme défini : il couvre les trois quarts, plus exactement 72,8 % des syntagmes déterminés par les articles zéro, indéfini et défini. Le sujet tend déjà à être défini : 90,1 %, également le complément prépositionnel : 74,9 %. Le sujet défini, qui « remporte la palme », doit probablement ce fait à l'organisation du discours. Dans tous nos textes, il y a des actants qui évoluent sur la scène : chez Commynes, le roi, le conte, le duc..., dans les CNN : le marchant, le mari, la femme, /'abbé, /'abbesse, etc. ; dans les Arrêts : /'amant, la maîtresse ; dans JdP : le roy d'Espagne, le roy, la reine etc. L'emploi du défini qui repose sur la référence situationnelle ou cotextuelle, est seul possible. Les déterminants génitifs, formés en principe avec du, de la, des introduisent un nouveau type de SN double, nommé par Michèle GOYENS complexe nominal (CN) : la maison du marchant, le euer audit marchant (CNN 126). Aussi le nombre des compléments prépositionnels est-il assez élevé, 49 % du total des SN définis. Commynes se distingue particulièrement par un usage fréquent de ledit qui doit relever plutôt des habitudes d'écriture que d'une nécessité de références univoques (voir ex. [10] et ex. [11]). Ledit n'est nullement une particularité du style de Commynes, mais un trait généralement connu en moyen français, tout comme l'emploi de l'adjectif relatif lequel. Ledit, nullement nécessaire pour mettre en évidence le référent, marque tout simplement les thèmes du discours. La grammaire de MARTIN / WlLMET lui attribue la valeur anaphorique. Lequel, par contre, sert à éviter certaines ambiguïtés dans la langue juridique (MARTIN / WILMET, 1980 : § 446). Si la valeur d'anaphore de situation est évidente, l'auteur n'a nul besoin de précisions (ex. [13]).

Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français

225

Dans les catégories des possessifs et des démonstratifs, on ajoute une nouvelle dimension au sémantisme du déterminant, celle de deixis : personnelle dans les possessifs et locale dans les démonstratifs. En général, nous ne prêtons pas d'attention particulière aux formes des déterminants. Pour les possessifs cela n'est pourtant pas possible, car les deux séries de forme, atone et tonique, ont des fonctions syntaxiques différentes. Par contre, nous laissons sans considération la dichotomie sémantique et discursive entre les 1" et 2e personnes contre la 3 e personne, ainsi que la distribution entre les lexèmes unipossessifs son, ses et les lexèmes pluripossessifs leur, leurs. Ce qui est généralement valable pour la « possession » dans la linguistique, l'est naturellement aussi dans la construction du SN. Au premier abord, les syntagmes déterminés par un possessif offrent une image étonnamment moderne : sur les 2104 exemples, nous avons relevé seulement 84 cas, à savoir 4 % où la syntaxe moderne dévie de nos exemples. Par contre, la précision, surtout quant au référent, laisse souvent à désirer (ex. [14]). Rappelons encore quelques usages qui différent de ceux de la langue moderne : la « possession inaliénable », plus précisément celle des parties du corps, est presque toujours rendue par un syntagme à détermination possessive ; le type son dit amy, habituel dans les Arrêts, répète les sinuosités de la langue juridique médiévale ; « l'ellipse de possessif », type « sa bonté et aide », commenté en 1994, est aussi fréquent. Le quantifiant tout, qui a inspiré à maints linguistes - Peter RICHARD, Maurice GROSS, Knud TOGEBY - des analyses pertinentes, offre une gamme intéressante d'usages et de combinaisons. Tout peut se combiner avec d'autres quantifiants, bien que les déterminants quantifiants, en général, s'excluent mutuellement. Tout constitue, en ancien français comme en français moderne, une classe à elle seule qui, dans l'ordre linéaire précède toutes les autres. Tout non accentué est déterminant, mais il présente aussi un usage « substantival » ou accentué. Tout peut se convertir en adverbe, mais, dans cet usage aussi, il suit son déterminant en nombre et genre : « Elle était toute peureuse. » Tout est de règle quantifiant strict, mais au sens de « tout entier » il est caractérisant (MARTIN / WILMET, 1980 : § 175). Encore de nos jours, tout prête à l'équivoque, notamment en usage adverbial : c'est le cas de Vattribut indirect ou semi-adverbe traité par TOGEBY (1982 : § 320 sq.) : ils étaient tous jeunes ou : ils étaient tout jeunes. Dans nos textes aussi, il y a l'incertitude quant au référent (voir ex. [16] et ex. [17]).

L'usage dans nos 4 textes varie légèrement, mais présente pourtant clairement un trait commun : dans les combinaisons avec d'autres déterminants, l'article défini éclipse complètement le démonstratif et le possessif - nous avons seulement étudié les suites tout le, tout ce et tout son - dans les Arrêts tout le couvre 95 % de ces combinaisons, dans CNN 58 %, dans Comm. 54 % et dans JdP 81 %. Toutes les combinaisons possibles seront présentées à la fin de notre étude ; notons ici seulement que tout peut être suivi de nombre d'autres lexèmes, adjectifs, numéraux, participes passés, etc. Le degré de « substantivaron » doit être évalué chaque fois séparément. D'après MARTIN / WlLMET (1980 : § 193 et § 205) l'article défini dans tout le serait redondant - nous dirions que c'est notamment tout qui est redondant ; p.ex. dans les deux phrases suivantes, tout n'ajoute substantiellement rien au contenu sémantique du COD : il a invité les amis - il a invité tous les amis. Dans JdP, tout est même légèrement gênant (ex. [18] et ex. [19]).

Ulla Jokinen

226

La syntaxe de Commynes est régulière et offre peu de surprises, mais on notera pourtant une dichotomie concernant les lexies tous les S/ toutes les S :4 tout et toutes suivis d'articles définis marquent le défini ; tous et toutes suivis seulement du noyau du SN, marquent l'indéfini, ex. : [a] [b]

tout le contraire (187) desconfit toute la puissance (186)

contre : [c] [d] [e] [f] etc.

de tous pointz (173) se osta de toutes craintes (176) informé de toutes choses ( 186) arrester tous marchans d'Angleterre (208)

Notons aussi que, dans quelques rares cas, tout sg. peut avoir le sens « n'importe quel », « pas plus de », « tout ce qui est possible » : pour toute sécurité (CNN 203), ne cesserent toute nuit (JdP 50) ; pour toute recompence (Arr. 43 : 30) ; tout/toute se trouve-t-il ici dans une « situation forclusive » ? Somme toute, les contours de tout sont un peu flous. Il est fréquent dans les compléments prépositionnels, où nous avons inclus - faute d'autre groupe - les compléments de temps du type tous les jours, toute la nuit. Il est, par contre, pertinent que tout se combine le plus souvent avec l'article défini ou figure dans des constructions qui manquent d'autres déterminants. Étant donné que la ligne de démarcation entre le défini et l'indéfini est souvent diffuse nous supposons que tout sert surtout à expliciter cette différence. Le quantifiant plusieurs est marqueur de pluriel indéfini (71 ex. dont 11 ex. de pronoms). Il est invariable en genre et figure, outre comme prédéterminant, aussi comme pronom. Il désigne « plus d'un » - on peut se demander s'il a d'autres fonctions que celle d'un morphème grammatical. En tant que marque de pluriel il pourrait se substituer à l'article de ou des ; mais notons que cela n'est pas toujours possible : Soyez tranquille, ce sont des amis, et non : *Soyez tranquille, ce sont plusieurs amis. Plusieurs souligne donc le concept de multitude, mais assez faiblement : Commynes l'utilise, les Arrêts également, surtout quand il est question de répétition ou d'habitude, ex. : [g] [h]

les intelligences qu'il avait en plusieurs grosses villes ; Comm. 183 faire plusieurs dons ; Arr. 42

Les Arrêts d'Amour, texte juridique, offre des passages où un pluriel « intensif » devient pertinent : [i] [j] [k]

de complaire à plusieurs ; (38 : 10) entretenir plusieurs autres galants ; (39 : 21) faire plusieurs dons - pour un seul baiser (42)

Plusieurs n'est pas précédé d'autres déterminants, mais, par contre, suivi surtout à'autres et d'adjectifs qualificatifs. Nous avons 2 ex. qui font exception : [1] [m]

4

faire et autres plusieurs esbatemens (Arr. 70 : 16) et autres plusieurs fors (CNN 197 : 18),

S dans ce cas particulier, désigne « substantif » - SN équivaut partout à Syntagme Nominal.

Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français

227

mais nous les considérons comme expressions survenues accidentellement. Les déterminants non encore étudiés sont au nombre de 11 : aucun, autre, certain, chacun, maint, mesme, moult, nul, quel, quelque, tel. Us sont aussi bien quantifiants que caractérisants et expriment, entre autres, l'identité, l'ipséité et Paltérité. Si nous regardons les tableaux dressés par Michèle GOYENS et Christiane MARCHELLO-NIZIA, nous constatons que, à quelques réorganisations près, le syntagme nominal paraît être constitué dès l'ancien français

Annexe

1. Corpus 1.1. Syntagme nominal non déterminé 1.1.1.

Expressions types

a) b) c) d) e)

apostrophe êtres ou objets uniques : Dieu gart, Dieu merci personnifications : Fortune, Amour, Chagrin noms propres : le roy de Portugal, le conte de Warvic expression de référence générique : que jamais homme fist a femme (CNN 212) / y a il icy duc ou conte ? (JdP 68) f) nom en fonction d'attribut, d'apposition et dans les constructions comparatives : elle mesmes ne sont pas maistresses (Arr. 55 : 174) / le conte de Walerant, en son temps conte de Saint Pol (CNN 154 : 8) g) locutions verbales : avoir advis, sonner mot h) énumérations : n'eut plus cueur, puissance ne vouloir (CNN 125) i) membres coordonnés en diverses fonctions : en grant triumphe et honneur (JdP 87) / en vostre obeissance et joissance (CNN 122)

1.1.2.

Exemples

Fonctions [1] sujet : avoir la moittié des Joyes que amoureux cuident avoir quant il rencontre bonne dame (Arr. 25 : 79) [2] attr. : que dit demandeur, sa partie adverse, ne la peult ne doit appeller sa dame ou maistresse ne s'en dire serviteur (Arr. 25 : 839) [3] prép. : et faisait la guerre aux subjetz du roy par mer et par terre et se menassoient. (Comm. 197) [4] COD : car ils avoient appointement avec la maison de Bourgongne. (Comm. 210)

Ulla Jokinen

228 1.2.

Syntagme nominal indéfini [5] [6] [7]

[8] [9]

1.3.

Syntagme nominal défini

[10]

[11] [12]

[13]

1.4.

Une dame est appellante en la court d'Amours contre son amy qui luy a donné ung baiser contre son vouloir. (Arr. 78)

Syntagme nominal démonstratif

[15]

1.6.

Et ledit duc de Guyenne, estant retourné en son pays, renvoioit souvent vers ledici duc de Bourgongne pour le mariage de sa fille, et continuoit ceste poursuytte. (Comm. 189) Ledici conte de Warvic se trouva le plus foible. (Comm. 193) De laquelle sentence le diet amant, au tant qu'elle faisoit contre luy, en appella, et pareillement en appella la dicte dame en la court de seans, ou le procès a esté receu pour juger, joinct ung griefz, que le diet amant disoit estre hors le dit procès, en tant que le dit reformateur avoit donné sa sentence (Arr. 68 : 143-148) « Grant mercy », dit le maistre d'ostel. Et atant s'en part tout esmerveillé, et s'en vient au palaix ou il fit sont rapport au roy devant toute la baronnie et les dames, qui bien l'escouterent. Moult s'esmerveilloient les barons et les dames du raport que fait avoit le maistre d'ostel. (JdP 53 : 20-25)

Syntagme nominal possessif

[14]

1.5.

et les suyvirent si près qu'ils en tuèrent une partie devant qu'ilz peUssent gagner la ville (Comm. 184) En la court de seans c'est assis ung autre procès entre une dame, appellant, d'une part, et ung sien amy, intimé, d'autre part. (Arr. 78) Quant vint le lendemain au matin, le roy Jehan envoya de moult riches bagues a la pucelle, et si luy anvoya de vexelle d'or pour ung buffet, et ung aultre buffet de vaixelle d'argent et ung pavillon tout fait de fleurs de lys chargié de pierrerie le plus riche que l'on eust jamais vu (JdP 87) « Dieu ne pugnist plus gens comme il souloit du temps des enfants d'Israel et endure des mauvais princes et mauvaises gens. » (Comm. 192) et plusieurs de ses serviteurs domesticques, que, en lieu de le recueillir, luy tirèrent de grans coups de canon. (Comm. 194)

tenez aussi ce buleteau, dit elle, sur vostre teste, vous semblerez tout a bon escient estre une femme. - Or ça, dit il, de pardieu ça. Il fut affublé de ce buleteau, et si commence àthamiser, (CNN 119)

Syntagme nominal avec TOUT

[16]

ces intelligences que on luy disoit avoir au pays dudit duc n'estoit point vray, mais tout mensonge (...) (Comm. 182)

Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français [ 17] [18] [19]

accoimpaigné de gens d'armes, tous ses subjectz (Comm. 249) Dieu vous maintienge et toute vostre belle et noble compaignie. (JdP 75) Que plust a Dieu qu'il voulsist aller avecq vous aux nopces, car tout vostre estât en serait honnoré (JdP 40)

2. Tableaux de fréquences

2.1. Syntagme nominal non-déterminé Sujet 120 7,46 % Attribut 136 8,45 % Compl.prép. 716 44,50 % 39,59 % COD 637 Total 1609 100,00 % 2.2.

Syntagme nominal indéfini

Sujet Attribut Compl.prép. COD Total

2.3.

75 54 327 307 763

9,83 7,08 42,86 40,23 100,00

% % % % %

Syntagme nominal défini

Sujet Attribut Compl.prép. COD Total

2.4.

229

1774 149 3112 1313 6348

27,95 2,35 49,02 20,68 100,00

% % % % %

Syntagme nominal possessif

Sujet Attribut Compl.prép. COD Total

320 226 1083 475 2104

15,21 % 10,74 % 51,47% 22,58 % 100,00%

230 2.5.

Syntagme nominal démonstratif 174

Sujet Attribut Compi, prép. COD Total

2.6.

25,59 %

-

376 130 680

-

55,29 % 19,12 % 100,00 %

Fréquences relatives

2.6.1. non-dét. indéf. défini Total

2.6.2. non-dét. indéf. défini Total

2.6.3. non-déf. indéf. défini Total

2.6.4. non-déf. indéf. déf. Total

Sujet: 120 75 1774 1969

6,09 % 3,81 % 90,10% 100,00 %

Attribut : 136 54 149 339

40,12% 15,93 % 43,95 % 100,00 %

Complément prépositionnel : 716 327 3112 4155

17,23 % 7,87 % 74,90% 100,00%

COD: 637 307 1313 2257

28,22 % 13,60% 58,60 % 99,99 %

Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français

231

2.7. Fréquences relatives (déterminant) SN non-dét. SN indéfini SN défini SN possessif SN démonst. Total

1609 763 6348 2104 680 11 504

13,99% 6,63 % 55,18% 18,29% 5,91 % 100,00 %

2.8. Fréquences relatives (fonction) Sujet Attribut Compl.prép. COD Total

2463 565 5614 2862 11 504

21,41 % 4,91 % 48,80 % 24,88 % 100,00 %

Références bibliographiques

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Réflexions sur le syntagme nominal en Moyen Français

233

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Sándor KISS (Debrecen, Hongrie)

Fonctions et structures du subjonctif : leur évolution du latin tardif aux langues romanes

Les grandes transformations syntaxiques survenues en préroman apparaissent souvent comme les conséquences de certaines dispositions asymétriques qui ont caractérisé le système latin. Les changements subis par le système des modes constituent à cet égard un cas typique. En effet, l'ensemble des traits qui opposent indicatif et subjonctif en latin classique manque de régularité sur plusieurs points ; autrement dit, l'emploi du subjonctif latin montre une hétérogénéité, qui n'a pas facilité son maniement pour les sujets parlants. L'une des principales asymétries que l'on constate dans ce domaine, c'est, bien entendu, le conditionnement différent du subjonctif en proposition principale et en proposition subordonnée : le même mode verbal peut être exempt de contraintes contextuelles (le choix entre indicatif et subjonctif est libre en principale) et peut être soumis à ces contraintes dans une forte mesure (dans divers types de subordonnées, le subjonctif tend à devenir une marque figée de la subordination elle-même).1 D'autre part cependant, la valeur modale du subjonctif de la principale apparaît comme complexe, dans ce sens que ce mode entre dans des contextes à la fois caractéristiques et divergents : utinam ueniat et fartasse ueniat représentent respectivement le prototype du subjonctif de « nécessité » et celui du subjonctif de « possibilité », sans que la distinction entre ces deux pôles de la valeur modale soit toujours aussi nette. En ce qui concerne la valeur du subjonctif en subordonnée - dans la mesure où le choix entre modes y reste libre - , le trait de « non-réalité » ne semble pas suffire à la définir : il doit être doublé de celui de « virtualité », du moins en langue littéraire. Ainsi, uolo ut ueniat ou nescio an ueniat illustrent le subjonctif contextúellement obligatoire, habeo amicum qui ueniat porte le trait de « non-réalité » (but ou hypothèse - opposition avec un qui uenit « réel »), et sunt qui ueniant traduit un fait réel, mais présenté subjectivement comme virtuel : 'il y a certaines personnes (à identité incertaine) qui viennent' (Cf. WOODCOCK, 1959 : 114). S'ajouteront à toutes ces complications les règles relatives à l'emploi des temps du subjonctif : règles de la concordance des temps en subordonnée, règles de la phrase hypothétique en subordonnée et en principale. Pour juger des changements qui préparent la syntaxe romane des modes verbaux, on voudrait disposer naturellement de sources directes, c'est-à-dire de textes dignes de foi et reflétant l'évolution chronologique et la répartition géographique des phénomènes. Or, on sait bien qu'une telle documentation écrite ne nous est pas accessible, tout simplement parce qu'elle n'a jamais existé : ceux qui écrivaient le latin en Europe aux VI e -VIII c siècles s'en tenaient, peut-être plus encore que d'autres scripteurs en d'autres temps, à des modèles provenant de la tradition écrite, donc reflétant nécessairement l'usage linguistique d'une époque antérieure. Les traits de la langue parlée contemporaine qui peuvent s'infiltrer dans

1

Les termes subiunctiuus, coniunctiuus, qui traduisent hypotaktikê enklisis, témoignent bien d'une claire prise de conscience de cet état de choses chez les grammairiens de l'antiquité. Cf. CALBOLI, 1966-68 : 176-184.

236

Sándor Kiss

les textes de la période préromane sont dus à la nécessité de parler de réalités nouvelles, non encore nommées - ou à un manque de culture littéraire provoquant le relâchement des normes. En ce qui concerne cependant la syntaxe verbale, la documentation qui nous est offerte n'est pas sans intérêt quand on sait l'interroger avec tact et astuce : un chroniqueur perdu dans les méandres de son récit, un remanieur interprétant à sa manière la formulation d'une source mal comprise peuvent nous être du plus grand secours pour faire le départ entre les tours vieillis et l'expression spontanée. Donc, pour discerner les tendances de l'évolution préromane, je chercherai ici à utiliser la « koinè littéraire » latine du haut moyen âge, au lieu d'entreprendre immédiatement une reconstruction à partir des faits romans. Pour commencer par une mise en regard de la principale et de la subordonnée, on s'étonne peu de voir naître entre elles un nouveau parallélisme. En effet, le subjonctif va devenir moins automatique dans certains types de subordonnées où il a semblé obligatoire en latin classique. Dès le IVe siècle, le grammairien Diomède blâme ceux qui, par ignorance (« inperitia lapsi ») disent nescio quid facis, nescio quid fecisti au lieu de nescio quid facias, nescio quid feceris (Cf. KEIL, 1857-80 : I, 395, 15). Faisons remarquer tout de suite que précisément dans le cas de la question indirecte, il est très probable que l'indicatif est resté utilisable dans le langage parlé tout le long de la période classique et que par conséquent le latin tardif a tendu à supprimer un flottement durable en rétablissant dans la subordonnée un usage conforme à la valeur fondamentale des modes (Cf. HOFMANN-SZANTYR, 1965 : 539 ; MOIGNET, 1959 : 210-211). La même tendance se retrouve dans les subordonnées dites consécutives. Ainsi, l'opposition modale redevient libre dans ces subordonnées, et ce sera en gros la situation dans la période ancienne des langues romanes : il ne sevent li quels d'els la veintrat Roland 735, avec indicatif, face à ce subjonctif sémantiquement motivé : or ne saijo que face ibid. 1982 ; de même : Verá tras quien vino en alcança 'Il verra à la poursuite de qui il s'est mis' Cid 998, face à Non vido allí dös alçasse 'Il ne vit pas l'endroit où il pût se cacher' ibid. 2286b. D'une manière générale, le trait sémantique de la « nécessité » fonctionnera librement dans toutes les subordonnées de type complétif : c'est sur cette base que subjonctif et indicatif s'opposent dans Ne lesserat bataille ne lur dunt Roland 859 et II est jugét que nus les ocirum ibid. 884. Néanmoins, une variation libre des deux modes peut renaître dans la question indirecte en ancien italien, ce qui témoigne de la persistance d'une possibilité de lien entre « modalité de l'existence révoquée en doute » et « indication modale de la subordination » : Qui divisa come l'angelo di Dio parlò a Salomone 'il est raconté ici comment...' Novellino 6, mais domandò chille femine fossero ibid. 13.2 Dans l'ensemble cependant, le recul du subjonctif automatique va recréer, du moins pour un certain temps, une symétrie plus forte entre la principale et la subordonnée concernant l'emploi du mode verbal. Je reviendrai plus loin sur les relatives ainsi que sur le trait « possibilité ». Rien d'étonnant non plus à ce qu'une plus grande clarté commence à se manifester dans le sémantisme du subjonctif employé en proposition principale. Au fond, il s'agit d'une dissociation de deux valeurs rivales - « nécessité » et « possibilité » - dont le conflit peut engendrer des ambiguïtés en l'absence d'un contexte éclairant. Le premier indice d'une recherche de solution encore timide est fourni par un trait négatif des textes latins tardifs : le présent du subjonctif se spécialise de plus en plus dans un emploi volitif-optatif, c'est-à-

2

V. également, à propos du subjonctif « dubitatif », GSELL-WANDRUSZKA (1986 : 66-68).

Fonctions et structures du subjonctif

237

dire qu'il conserve le trait « nécessité », en se débarrassant de plus en plus de sa signification « potentielle ». Ainsi, omnes ad Martyrium conueniamus Itin. Eg. 30, 2 illustre l'utilisation normale du temps, tandis que quo pacto possimus super eum inruere ? Fredeg. III 71 (p. 112,13) est une réminiscence classique isolée (leçon d'un seul manuscrit d'ailleurs, en désaccord avec le possumus des autres). Mais quelle sera la structure à laquelle pourra s'accrocher la valeur que nous appelons « possibilité » ? Avant que se cristallisent les différentes solutions romanes, on assiste sur ce point à une curieuse phase de transition, où semble s'esquisser une innovation assez conséquente : ce seront certains temps de l'indicatif qui se chargeront de l'expression de la « possibilité », qu'il s'agisse de propositions principales isolées ou de l'apodose de phrases hypothétiques. En fait, cette orientation de la langue est moins surprenante qu'il ne paraît, si l'on considère, en latin classique, tous les emplois de l'indicatif qui se rangent sous l'étiquette de conatu : imparfaits et plus-que-parfaits dénotant l'action commencée et empêchée dans sa réalisation 2 (ERNOUT-THOMAS, 1953 : 380-381). Cicéron a écrit (Ad fam. 12, 10, 3) : Prœclare uiceramus, nisi Lepidus recepisset Antonium 'nous aurions vaincu, si...'. En latin tardif, il s'agit d'une tentative pour généraliser cette solution, comme cela ressort par exemple de la chronique mérovingienne de Frédégaire : Si Childerico (= Childericum) ubicumque potuissemus comperire, libenter eum super nos recipebamus ad regem 'Si nous pouvions trouver Childéric n'importe où, nous l'accepterions volontiers comme roi' Fredeg. III 11 (p. 96, 10), entre autres exemples. À la lumière de ce fait, nous pouvons dire que la solution, largement adoptée par la suite en roman, qui consiste à formuler une périphrase avec habere pour exprimer le trait modal de la « possibilité », est une variante plus raffinée et plus précise de l'utilisation de l'indicatif à un moment de la diachronie où la charge sémantique du subjonctif devait devenir moins lourde. C'est une autre question que la périphrase - dont la valeur de « possibilité » apparaît dès le haut moyen âge avec le fameux Sanare te habebat Deus, si confitereris (Pseudo-Augustin, Migne PL 39, col. 2214) - a été très lente à se grammaticaliser (Cf. WAGNER, 1939 : 82-83) et que son sémantisme continue à inclure, aujourd'hui encore, une valeur temporelle relationnelle. Une phrase comme e 'disse di volere vedere i nostri modi e, se lli piacessero, diverrebbe cristiano (Novellino 23) situe le procès dans une sphère temporelle (« futur dans le passé ») qui est par définition « incertaine » du point de vue modal. La tendance à utiliser l'indicatif dans les principales à valeur hypothétique finira d'ailleurs par déplacer le plus-que-parfait latin vers la zone de la « possibilité » en espagnol, cette transition étant bien observable à la période médiévale : à comparer Aquellos [sc. colpes] que gelos dieran non gelo avien logrado 'les coups qu'on lui avait donnés ne l'ont pas atteint' Cid 2452 et Sabed bien que si ellos le vidiessen, non escapara de muort 'il n'aurait pas échappé à la mort' ibid. 2774. Toutefois, pour écarter la menace de confusion qui pèse sur le subjonctif par la présence simultanée des traits de 'nécessité' et de 'possibilité', la langue n'aura pas recours uniquement à l'indicatif ; comme on y a fait déjà allusion plus haut, la solution peut être recherchée du côté des formes temporelles du subjonctif lui-même, qui obéiront à une nouvelle distinction des valeurs : face à la signification volitive-optative du présent, l'ancien plus-que-parfait - la forme en -issem qui deviendra 1'« imparfait du subjonctif » des langues romanes - gardera l'expression de la « possibilité » et viendra caractériser avant tout les propositions de type hypothétique. Dans les textes latins tardifs, ce temps traduit encore généralement l'hypothèse rapportée au passé : sa valeur de présent ne deviendra clairement visible que dans les langues romanes. Sur ce point cependant, nous devons nous interroger sur la confiance que l'on peut accorder aux textes. En effet, ceux-ci

238

Sándor Kiss

font encore largement usage de la forme en -rem du subjonctif - le « prasteritum imperfectum coniunctiui » - , qui n'a pourtant laissé presque aucune trace en roman. Cette forme, qui sert, entre autres emplois, à exprimer l'hypothèse, doit donc être considérée sans doute comme un instrument appartenant exclusivement à la langue écrite, comme une sorte de relique héritée de l'époque classique. Mais si une phrase comme nisi festinus ad resedendum pergerit, periculum ad degradandum haberit (pour pergeret, haberet) 's'il ne repartait aussitôt pour rentrer chez lui, il serait en danger d'être détrôné' Fr II 53 (p. 74, 14) n'a aucune chance de refléter l'usage parlé, il est très vraisemblable que l'hypothèse au présent pouvait s'exprimer déjà par le type habuisset (c'est ce qui semble ressortir du contexte de potuissemus recipebamus également, v. ci-dessus). La valeur temporelleaspectuelle de l'imparfait du subjonctif restera d'ailleurs flottante en roman tant que la tournure « habuisset habutum », marquant l'accompli, n'aura pas commencé à se grammaticaliser. (À comparer : Granz fu li colps, li dux en estonat, Sempres caïst, se Deus ne li aidast Roland 3438-9 et De vasselage est il bien alosez : Fust cretiens, asez oiist barnét ibid. 898-9 - respectivement passé et présent.) L'étude de la phrase hypothétique montre de nouveau que le subjonctif de la subordonnée subsiste en une sorte de parallélisme avec le subjonctif de la principale ; c'est ce qu'on a constaté pour les subjonctifs portant le trait de « nécessité » également. Il semble normal de retrouver le phénomène dans les subordonnées relatives pouvant présenter un subjonctif dont le trait « possibilité » souligne une sorte d'incertitude : Come può essere, trovarsi niuno in Melano che contradicesse alla proposta ? (Novellino 20). Et pourtant, ce type de subjonctif est déjà presque une obligation quand l'antécédent de la relative correspond à une extension sémantique « zéro » : Io non rispondo perch Ίο non odo cosa che mi piaccia (Novellino 26). Tout comme dans le cas de la question indirecte, le mode tend à redevenir instrument de subordination, en perdant son sémantisme propre. Néanmoins, notre hypothèse de travail se vérifie dans les grandes lignes, si nous considérons le latin tardif et le préroman. Les décalages du subjonctif dans les subordonnées sous le signe d'un parallélisme plus sûr avec la principale, la séparation plus nette des valeurs des temps du subjonctif et les diverses solutions tentées pour refondre la phrase hypothétique constituent autant de réponses à une exigence de réorganisation qui provenait d'un ensemble de dispositions asymétriques sur un point précis du système (Cf. Kiss, 1982 : 77).

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Fonctions et structures du subjonctif

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Valentina K O J E M I A K I N A (Moscou, Russie)

Les textes non littéraires dans le système de l'ancien français

Les historiens de la littérature française médiévale et les érudits qui s'intéressent à l'étude de l'ancien et du moyen français disposent d'instruments de travail remarquables, bien édités, dont le nombre ne cesse de croître. Or, les textes littéraires ou narratifs ne constituent pas la source unique pour étudier la langue de la France médiévale, il existe de très nombreux textes non littéraires, connus sous le nom générique de chartes. Les textes non littéraires écrits en ancien français ne sont pas suffisamment étudiés par les linguistes, quoique leur importance comme sources pour l'histoire de la langue, notamment pour l'histoire de la langue française littéraire est très grande. L'étude nécessaire de ces textes a toujours été soulignée par les romanistes, depuis le début du siècle précédent. En 1829 Jean-Jacques CHAMPOLLION-FIGEAC écrivait : « les actes publics, comme toute autre composition réfléchie, peuvent, autant au moins que les pièces en vers, servir à l'étude approfondie et chronologique de cet idiome » (1829 : 2). L'intérêt accru pour les textes non littéraires dans l'étude d'anciens états de langue découle de l'attention grandissante que les chercheurs portent aux problèmes de genèse de la langue littéraire écrite. L'analyse des chartes originales, datées et localisées permet d'approfondir et de compléter les connaissances déjà acquises sur la structure de l'ancien français. Historiquement, il a incombé aux dialectologues d'étudier les particularités de ces textes au niveau phonétique et partiellement, au niveau morphologique, car les caractéristiques phonétiques et morphologiques sont les marques primaires d'un dialecte. Mais dans le domaine de la morphologie on ne s'intéressait qu'aux variantes orthographiques des formes linguistiques. En dialectologie ces textes sont d'habitude analysés du point de vue de leur appartenance régionale afin de révéler des traits dialectaux. Dans la présente étude, la langue des chartes est appréhendée aux niveaux syntaxique et lexical, tandis qu'au niveau morphologique sont analysées les particularités fonctionnelles des formes linguistiques. Le but essentiel de l'étude est de révéler la spécificité de l'ancien français d'affaires, ainsi que de déterminer l'importance des textes non littéraires dans le processus de normalisation et d'unification de la langue de la période prénationale. Dans ce travail basé sur les textes non littéraires, sont soumis à l'analyse : 1) 2) 3) 4)

les particularités de la composition et de la langue ; la caractérisation stylistique ; les traits d'orthographe ; le formulaire des chartes et son analyse contrastée avec celui des chartes rédigées en latin ; 5) le système verbal et la syntaxe pour déterminer les moyens stylistiques de la langue d'affaires de la période prénationale ; 6) de plus, est entreprise une description du lexique des textes et la mise en évidence des traits stylistiques au niveau du lexique.

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Valentina Kojemiakina

L'étude des textes non littéraires est précédée de l'élaboration d'une méthode d'analyse de tels textes. Un ensemble de méthodes a été employé : descriptive, statistique, contrastée. Sont analysées 479 chartes en ancien français, datées du XIIIe siècle, conservées dans les départements de la Haute Marne et de l'Oise (884 pages de textes). Ces textes n'ont jamais été étudiés par des linguistes. Pour l'étude contrastée ont été choisis des textes littéraires, dont des manuscrits datés du XIIIe siècle. Ont été aussi utilisés les résultats de recherches déjà existantes sur la grammaire et la syntaxe de l'ancien français, ainsi que des travaux consacrés à la langue d'affaires des périodes ultérieures. L'étude a pour base théorique la supposition que la langue des chartes en ancien français n'était pas la fixation écrite du code oral de la langue locale de cette période, mais représente une langue écrite commune médiévale, répandue sur tout le territoire de la France. Bien que les chercheurs relèvent l'existence d'une langue commune , les études réalisées ne concernaient pas tous les genres de l'écriture française médiévale. L'analyse des chartes du XIII e siècle, écrites en ancien français, ainsi que l'étude contrastée de leurs caractéristiques et des traits linguistiques des textes littéraires, ont permis de faire les considérations suivantes. Le français d'affaires de la période prénationale est caractérisé par des traditions stables dans le formulaire des chartes et dans le choix des moyens grammaticaux et lexicaux qui sont déjà fixes pour chaque partie du formulaire du texte non littéraire. Les chartes en ancien français sont régies par les règles générales de la langue française de l'époque, mais on peut constater quelques particularités propres à ce genre de textes. 1) Dans les textes analysés on emploie largement le passé composé de l'indicatif, qui se rencontre souvent dans les œuvres poétiques contemporaines, mais rarement dans les textes prosaïques. Ce fait peut être expliqué, premièrement, par l'influence du langage parlé ; deuxièmement, par la spécificité de ces textes : les auteurs des chartes pouvaient avoir besoin de marquer une action dont les résultats se prolongent dans le présent ; troisièmement, par ce fait que le passé composé n'avait pas cette diversité de fonctions et de notions du parfait qui pouvaient rendre ambigu le texte officiel. 2) Dans les textes non littéraires les règles de la concordance des temps sont plus strictes que dans les autres genres littéraires de l'ancien français. 3) Une attention particulière s'attache à une forme du passé surcomposé, rencontrée dans une charte du XIII e siècle (alors que jusqu'à présent le premier emploi de cette forme verbale était daté du XV e siècle), ce qui témoigne d'une certaine influence du langage parlé. 4) Le fonctionnement des temps du conditionnel est plus normalisé que dans les autres genres de textes contemporains. On peut affirmer que l'emploi des temps et des modes dans les phrases conditionnelles se rapproche de l'état actuel du système verbal. La distinction entre les textes non littéraires et les textes littéraires en ancien français touche aussi d'autres faits langagiers, notamment ceux du style d'affaires qui apparaissent dans les chartes même à la période initiale du français écrit : par exemple, on y emploie largement les formes passives du verbe (y compris la forme passive de l'infinitif), qui sont rarement utilisées dans les textes littéraires. Dans le domaine de la syntaxe on constate d'autres traits spécifiques des textes non littéraires : par exemple, l'emploi de propositions complexes, avec une grande quantité

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de propositions subordonnées ; le sujet est présent dans toutes les propositions, tandis que, dans les textes littéraires, le prédicat verbal s'employait parfois sans sujet grammatical. L'analyse diplomatique a permis de faire les conclusions suivantes : dans toutes les chartes étudiées, malgré la diversité de leurs genres, on découvre des traits standards de la composition de la partie protocolaire, ainsi que de la partie principale de la charte. Toutes les chartes analysées avaient le même formulaire, de même que dans ces textes sont employées les mêmes moyens grammaticaux, lexicaux et syntaxiques. Cela permet de supposer l'existence d'un formulaire standard utilisé sur tout le territoire de la France et l'on peut affirmer qu'à cette époque-là le style d'affaires avait déjà commencé à se former et à se fixer dans la langue. L'analyse lexico-grammaticale des chartes a permis de noter les particularités suivantes de l'ancien français d'affaires : 1) De tous les traits typiques du style d'affaires, c'est le pléonasme qui est le plus souvent employé dans les chartes. L'expression pléonastique touche presque toutes les classes de mots : substantifs, verbes, pronoms, adjectifs, adverbes. Par exemple : [1]

Jehans ,et ses freres, acquitent entièrement le prieur et les freres do Vaul des Escoliers de toutes quareles, grauses, descordes, detes et controversies qu-il ont eues envers aus jusqu-au jour d'ui (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 102)

On peut imaginer que des facteurs extralinguistiques tels que la tendance à la clarté, à la compréhension correcte du texte d'affaires, ont entraîné l'emploi des formes pléonastiques. Mais, d'autre part, l'existence du pléonasme peut être suscitée par l'influence du langage populaire, qui se caractérise toujours par le pléonasme. 2) Les textes analysés, tout comme les textes d'affaires modernes, préfèrent les constructions analytiques aux verbes simples : par exemple : « pendre le seel » au lieu de « saeller » ; « porter garantie » au lieu de « garantir » ; « faire offre » au lieu d'« offrir ». On employait dans les chartes les constructions analytiques à côté des verbes simples : [2a] [2b]

nos avons mis nostre seial pendant en ces presantes lettres (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 50) nos, avons saiellees ces lettres de nostre seel (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 89)

L'utilisation des constructions analytiques, comme l'emploi du pléonasme, est un procédé stylistique qui confère au texte un ton solennel et rehaussé. 3) Dans les textes étudiés on rencontre un grand nombre de substantifs verbaux. Il est à noter que les substantifs verbaux, dans la période de l'ancien français, s'emploient plutôt dans les textes non littéraires. 4) Outre les constructions fixées pour chaque partie du formulaire de la charte, on y trouve aussi des éléments d'étiquette. En se répétant dans les mêmes formules et combinaisons de mots, les éléments d'étiquette deviennent, dès le début de la formation de l'écriture d'affaires, un des traits caractéristiques de ce genre de textes. La plupart des textes sont rédigés de manière neutre, officielle et sèche, mais certains éléments d'étiquette ont un caractère émotionnel et expressif, comme, par exemple, les épithètes. Ces épithètes, quoique peu nombreuses, se répètent dans différentes chartes, devenant des formes traditionnelles et formant avec le mot déterminé un cliché stable :

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244 [3 a] [3b] [3c] [3d] [3e]

l-enoraoble pere 1-avesque de Lengres (Documents linguistiques de laFrance..., 1974, n° 55) filz au noble barum (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 54) ma tres chiere fille Jehanne (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 130) honoré pere Guion (Documents linguistiques de laFrance..., 1974, n° 80) Nos, Jaques, humbles habes de la- Creste (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 62)

Les épithètes permanentes entrent aussi dans les formules-clichés. À la période de gestation de ces formules les épithètes servaient à mettre en relief un mot déterminé ; ensuite, elles sont devenues des termes obligatoires pour cette formule : [4a] [4b] [4c] [4d] [4e]

de sa prope volente (Documents linguistiques de laFrance..., 1974, n° 103) par lor foi donee corporement en ma main (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 102) en mum boen sen, de ma propre bouche et de mum boen apensement (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 130) de lor bone volunté et lor bone sancté (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 67) metre en corporel possesion (Documents linguistiques de la France..., 1974, n° 88)

Les textes non littéraires en ancien français sont caractérisés par une large utilisation des clichés ; les propositions indépendantes sont dans la plupart des cas des formules-clichés. La normalisation des moyens grammaticaux employés dans les chartes du XIII e siècle et leur arrangement littéraire permettent de constater que la langue des chartes est la langue littéraire de la période prénationale. Il est à noter que le français d'affaires de la période prénationale, avec ses tendances à la précision, à la non-ambiguïté des textes, à l'utilisation des formules-clichés, à l'emploi des formes verbales ayant une seule notion, à la construction nette des phrases, a, sans doute, contribué à l'unification et à la codification du français littéraire écrit. L'étude des particularités grammaticales et lexicales du style d'affaires rencontrées dans les chartes témoigne que les traits principaux de ce style, présents dans le français moderne, existaient déjà dans les textes non littéraires en ancien français, ce qui nous permet de conclure que le style d'affaires est un des plus anciens systèmes stylistiques du fiançais qui s'est formé à l'époque initiale de l'évolution du français écrit. Toutes les conclusions tirées de l'étude soulignent l'importance de la langue des textes non littéraires dans le processus complexe de formation du français littéraire écrit de la période prénationale. Les résultats obtenus permettent de parler d'une grande influence de la langue des textes non littéraires sur le devenir des normes de la langue française écrite médiévale.

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Nunzio

LA FAUCI

(Zurigo, Svizzera)

Strutture funzionali nell'evoluzione della flessione nominale dal latino a varietà romanze

Si consideri la flessione nominale latina dal punto di vista della sua funzionalità sintattica e del suo orientamento tipologico. La si ponga in rapporto con le dipendenze dei due nuclei categoriali della sintassi, il nucleo nominale ed il nucleo verbale, e con le dipendenze esterne a tali nuclei. La si osservi nella sua realtà fenomenica. La combinazione di tali punti di vista è imposta dalla complessità dell'oggetto e rivela importanti aspetti della sua organizzazione. A conoscenza di chi scrive, tale organizzazione non è mai stata adeguatamente posta in una luce grammaticale. Di conseguenza, essa non è mai stata utilizzata per dare forma grammaticale al processo diacronico del declino della flessione nominale latina e delle sue mutazioni romanze, che è poi il tema del presente contributo. 1 In latino la dipendenza sintattica del nucleo nominale trovava manifestazione nel « genitivo ».2 Le dipendenze sintattiche del nucleo verbale (e per questa via, complessivamente, del nucleo proposizionale) avevano manifestazione nei casi « accusativo » e « nominativo », esattamente in quest'ordine di marcatezza tipologica (cfr. LA F A U C I , 1988), caratterizzandosi la flessione nominale latina proprio come accusativo/nominativa. « Accusativo » e « nominativo » erano radicalmente 3 incompatibili con le dipendenze del nucleo nominale. 4 « Dativo » e, ancora una volta, « genitivo » erano i casi della manifestazione di dipendenze del nucleo verbale come di dipendenze del nucleo nominale : un tipico caso di non-marcatezza, da questo punto di vista. Del resto per alcune dipendenze adverbali manifestate dal « genitivo » non è difficile intravedere diacronicamente una più antica adnominalità. « Ablativo » è designazione cumulativa di un ampio numero di residualità semantico-funzionali : vi trovavano manifestazione dipendenze essenzialmente extra-nucleari. Esso entrava così anche in numerosi giri preposizionali, come per altri versi 1'« accusativo ». I giri preposizionali avevano del resto ruolo marginale (e nel latino canonico, nessun ruolo) nella manifestazione delle dipendenze nominali e delle dipendenze verbali. Le manifestazioni di tali dipendenze erano per l'essenziale apreposizionali.

1

2

3

4

Anche sintesi recentissime e promettenti, come OESTERREICHER (1996) O GECKELER (1996), finiscono infatti per ribadire su questo argomento i modi destrutturati e accumulativi tipici di una tradizione certo illustre, ma rispetto alla quale è indispensabile innovare concettualmente. Le denominazioni tradizionali dei casi latini compariranno d'ora in avanti sempre tra apici, per evitare che esse vengano confuse con le categorie tipologiche : « accusativo » sarà dunque il caso latino, accusativo, invece, il termine marcato dell'opposizione tipologica che contrasta con il termine non-marcato nominativo. Anche se, secondo BENVENISTE (1962), solo superficialmente: ma non è questa la sede per affrontare una simile discussione. II 'nominativo' non è certo estraneo al dominio della frase nominale, ma (lo si precisa solo per scrupolo di massima chiarezza) quel a cui qui ci si riferisce è appunto il nucleo nominale e non la frase nominale: ortus solis e non Non semper temeritas felix.

Nunzio La Fauci

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Queste osservazioni sembreranno banali. Le si trasformi però nell'attribuzione paradigmatica di tratti in modo canonicamente binario. Si oppongano sulla base di tali tratti le dipendenze sintattiche e non le loro manifestazioni (come si è sempre fatto e continua sostanzialmente a farsi). Se ne proponga su base teorica un'esplicita gerarchia. Si mettano in corrispondenza l'organizzazione per tratti delle opposizioni categoriali e un trattamento simile, anche molto semplice, delle manifestazioni, con casi e giri preposizionali. Si precisi quale fosse l'orientamento tipologico dell'opposizione nella manifestazione delle funzioni di oggetto e di soggetto. Ecco venire fuori un quadro grammaticale di grande interesse. Ottenuto questo schema, che viene presentato nella tabella 6, vi si potranno utilmente proiettare, come frecce, quelle tendenze evolutive che il latino testimonia sin dalle sue fasi più arcaiche : [+extra-nuclearel ·*—

[+adnominale] prep+ abl / acc [+preposi-zio- ( naie] Tabella 6

abl

gen

f-extranuclearel adnominalel f+adverbalel l· [-adverbale] oggetto soggetto dat e gen acc nom tipo : accusai.

tipo : nominai.

[-preposizionale]

Questo quadro organizza su una struttura grammaticale paradigmatica una serie di relazioni sintagmatiche. Per fare ciò, esso compie (e rivela qui solo parzialmente) cruciali scelte teoriche e descrittive. Alcune di queste sono state adombrate poco sopra. Si aggiungerà soltanto che l'ordine con cui vengono proposte le opposizioni categoriali ha una forma centripeta sintatticamente canonica. Sulla base di questo schema si rappresenteranno adesso alcuni fenomeni di mutamento subiti dalla flessione nominale latina nel processo millenario che ha condotto allo stato attuale di varietà romanze. Il quadro possiede due importanti qualità. Primo, l'unitarietà del quadro consente di intravedere nell'insieme quale sia stata la natura o anche solo il riflesso funzionale di tali fenomeni di mutamento. Questi ultimi perdono il loro carattere di vicende atomistiche, la cui correlazione è al massimo colta in una dimensione teleologica, e si integrano invece in una prospettiva che vede in opera il dinamismo interno della struttura. Secondo, la multifattorialità del quadro consente di articolare i differenti vettori del mutamento. Le incoerenze di tali vettori amplificano lo spettro di diversificazione della sostanza grammaticale complessiva, a cui ogni diversificazione è tuttavia sempre riconducibile. Insomma, si tratta di un'applicazione di quel programma di ricerca fondato sulla teoria del mutamento (linguistico) abbozzata in LA FAUCI (1997). Sin dalle sue fasi più antiche il latino tende ad una generalizzazione dell'opposizione tra adverbalità e non-adverbalità nella manifestazione flessiva delle dipendenze sintattiche. È certo che tale tendenza fosse collegata con un mutamento tipologico in atto che riguardava specificamente la flessione nominale. Da un sistema accusativo / nominativo questa inclinava verso un sistema attivo / stativo, se non ergativo / assolutivo (cfr. LA FAUCI, 1988 e 1991 ; ZAMBONI, 1998). Il cuore di tale mutamento stava nell'espansione funzionale della relazione grammaticale più intrinsecamente connessa con la sintassi verbale, la relazione

Strutture fimzionali nell 'evoluzione dellaflessionenominale

249

di oggetto, e comportava conseguenze nel ruolo della manifestazione di tale relazione, 1'« accusativo ». Allo stato, è difficile dire quale delle due vicende (generalizzazione dell'opposizione categoriale e mutamento tipologico) sia causa e quale sia effetto. Non è possibile escludere del resto che altre ragioni siano causa di entrambe. Ciò che è sicuro quanto alla diacronia della flessione nominale è che la generalizzazione dell'opposizione tra adverbale e non-adverbale provocava un progressivo annullamento della distinzione fenomenica tra adverbalità / non-adverbalità e adnominalità / non-adnominalità. Le manifestazioni delle dipendenze adnominali venivano inoltre spinte a confondersi con le manifestazioni delle dipendenze extranucleari. La declinazione nominale tendeva quindi a presentarsi come proiezione di uno schema funzionale con combinazioni ridondanti. Il segno maggiore di questa tendenza è rappresentato dai casi di sovrapposizione funzionale di « genitivo » e « dativo ». Ora, proprio là dove la flessione nominale inclinava a disperdere il contenuto fenomenico d'una partizione categoriale tra le dipendenze, una diversa manifestazione veniva a installarsi. Come si è detto, tale manifestazione equiparava però fenomenicamente dipendenze adnominali e non- adverbali con dipendenze extra-nucleari : segni di quella vicenda che è stata colta tradizionalmente solo nel suo aspetto superficiale (ma anch'esso senza dubbio esistente) di espansione del ruolo dei giri preposizionali, nel semplice quadro concettuale dello sviluppo dell'analiticità a scapito della sinteticità. Si tratta più compiutamente dell'allineamento e del disallineamento di partizioni categoriali e partizioni fenomeniche sulla base di spinte sistematiche. La permanenza di una manifestazione specifica delle dipendenze adnominali era sotto queste spinte altamente a rischio. Il « genitivo » e il « dativo », i casi che manifestano l'adnominalità e, per le ragione già dette, la non-adverbalità, subiscono prima la concorrenza dei giri preposizionali con de e con ad, vedono poi trasferita a questi ultimi la loro portata funzionale. 3 1 giri preposizionali con de e con ad sono un'autentica novità, ma non per il loro carattere fenomenico. In effetti, i giri preposizionali erano tutt'altro che estranei al latino, ma essi rientravano largamente nell'àmbito della manifestazione delle dipendenze extra-nucleari. La radicale novità costituita dai giri preposizionali con de e con ad consiste allora nel fatto che si tratta di manifestazioni di dipendenze non-extranucleari. Nel dominio fenomenico delle dipendenze extranucleari, infine, ogni distinzione casuale si disperse per una ragione nota : l'usura delle desinenze. Le preposizioni si accompagnavano così con nomi posti sotto una generica forma non-marcata, esito frequente, ma non esclusivo, della confusione tra le forme dell'« accusativo » e dell'« ablativo ». Questa è nelle sue grandi linee, quanto alla flessione nominale, la situazione del latino evoluto, o, se si vuole, del protoromanzo, e si trova rappresentata graficamente nella tabella 7 :

5

Su questa evoluzione e sui suoi correlati sintattici, soprattutto per quel che concerne gli esiti romanzi orientali cfr. ILIESCU / MACARIE ( 1 9 6 4 ) . Una sintesi recente, con una larga documentazione classificata per categorie fenomeniche superficiali, si trova nel recente MOLINELLI (1996).

Nunzio La Fauci

250 [+extra-nucleare]

f-extranuclearel ([+adnominale]) [-advertíale]

([-adnominale])

oggetto prep+ forma non-marcata

f+preposizionalel

dat-gen

f+adverbale] soggetto

forma non marcata

nom

tipo : stativo o assolutivo

tipo : attivo o erg.

f-preposizionalel

Tabella 7 Una fase tricasuale della declinazione latina è stata non di rado invocata come effettivo ente storico a cui riferire la concreta esistenza di serie di relitti romanzi altrimenti tra loro irrelati.6 La tabella 7 fornisce lo schema funzionale al quale deve avere obbedito tale fase tricasuale. Non si tratta, come si vede, di uno sviluppo della flessione nominale sotto il segno d'una stocastica irregolarità del mutamento, ma dello stato evoluto rispetto al latino, primordiale rispetto al romanzo d'una evoluzione dalle linee di fuga grammaticalmente ben delineabili. Dovunque, dalla dimensione diatopica alla dimensione diacategoriale, si trovino situazioni sistematiche riconducibili a questo schema, si può essere certi di essere di fronte ad una situazione di conservazione : ovviamente, di conservazione dell'innovazione romanza (che è il massimo della conservatività raggiungibile da un fenomeno romanzo) e non certo di conservazione di uno stato latino. Non si può infatti conservare ciò che non si è e non si è mai stati. Infatti a uno schema largamente simile è da ricondurre il sistema delle particelle clitiche ancora presente in molte varietà romanze. Pur se trasferito al dominio della morfosintassi verbale, tale sistema riflette una sensibilità a quelle distinzioni : p. es., un'opposizione residua tra « dativo » e « accusativo ». Le particelle clitiche romanze sono in effetti elementi tanto conservativi dal punto di vista della flessione nominale, quanto radicalmente innovativi dal punto di vista della flessione verbale : fossili nominali intrappolati e rifunzionalizzati nella flessione verbale, 7 ma proprio per questa via protetti e così testimoni di strutture flessive dalla correlazione funzionale ancora sufficientemente chiara. Un po' più avanti nello sviluppo, ma non troppo, è da collocare lo schema, illustrato dalla tabella 8, riflesso dai pronomi tonici di terza persona di varietà romanze centrali. Lo si prende in particolare considerazione perché tale schema è stato di recente chiamato da DARDEL / WÜEST (1993) a fare da chiave di volta per un'acuta ipotesi di doppia fase di semplificazione nella diacronia della flessione nominale protoromanza. Il suo carattere conservativo va invece correlato, secondo il sommesso parere di chi scrive, alla natura categoriale degli elementi a cui si applica. Il processo complessivo di sviluppo della flessione è infatti fondamentalmente unitario, ma tale unitarietà non significa affatto

6

T r a i lavori recenti p i ù rilevanti, es. DARDEL / WOEST ( 1 9 9 3 ) . ZAMBONI ( 1 9 9 8 ) f o r n i s c e u n

aggiornato stato della questione, con la proposta di plausibili schemi fenomenici in riferimento ad generale quadro tipologico generale dell'evoluzione della flessione nominale latina. Dove hanno costituito un sistema di riferimento alle funzioni proposizionali che la morfosintassi vertale latina non possedeva affatto: cfr. BOSSONG (1998).

Strutture funzionali nell 'evoluzione dellaflessionenominale

251

assenza di multiformità : la multiformità deriva anche dalla combinazione di parametri d'ordine e di natura grammaticale [-extranucleare] (f-adnominalel)

[+extra-nucleare] ([+adnominale]) [-adverbale]

oggetto prep+ forma non-marcata f+preposi-zionalel Tabella 8

forma non-marcata (< dat-gen o < acc) f-prcposizionalel

f+adverbalel soggetto φ — —• nom

Torniamo allo schema della tabella 7. Esso testimonia un'ambiguità funzionale che lascia comprendere alcune sue potenzialità evolutive. Perfezionando una tendenza che, come si diceva, risale al latino arcaico, l'opposizione adverbale / non adverbale si generalizza e neutralizza l'opposizione adnominale / non adnominale. 9 Ma ciò ha come conseguenza un ribaltamento dei valori di marcatezza. Quel che si trovava ad essere marcato dal punto di vista deH'adnominalità non lo era infatti dal punto di vista dell'adverbalità e viceversa. Tale ribaltamento è la via imboccata dalla maggioranza delle varietà romanze, ma non da tutte : l'area più orientale della Romània infatti reagì a questo sviluppo con un ribadimento di valori di marcatezza centrati sull'adnominalità. Si tratta di una reazione conservativa, congelatasi per via di un isolamento irrimediabile e precoce. Ma come ogni conservazione reattiva essa implicò importanti innovazioni nel rapporto articolato tra strutture funzionali e organizzazione fenomenica. Si tratta proprio di quelle innovazioni testimoniateci storicamente dal rumeno. Infatti, ribadire la marcatezza della dipendenza adnominale rispetto alla sua manifestazione nella flessione nominale significa sostanzialmente farne il nocciolo funzionale di tale flessione e ciò sotto forme antiche o rinnovate. Significa anche collocare

g

Com'è noto ed evidente sulla base della comparazione interlinguistica, l'area del pronome costituisce di frequente una zona di apparizione e di permanenza delle distinzioni fenomeniche correlate, nel campo dell'adverbalità, con l'opposizione tra la marcatezza funzionale del soggetto e la non-marcatezza di altre funzioni e questo in una scalarità che va, in decrescendo, dalla prima alla terza persona. Infatti, la definitezza e, spesso, l'animatezza sono fattori semantico-sintattici favorevoli all'apparizione e (quasi come conservanti) al mantenimento di tali caratteristiche fenomeniche. Nelle prime due persone il pronome dispone di ambedue i fattori intrinsecamente, nella terza del primo sempre intrinsecamente, del secondo eventualmente per via del collegamento con il suo antecedente grammaticale. La cosa stupisce pochissimo, se si pensa ai diversi destini che nel passaggio dal latino al romanzo sono toccati alle manifestazioni nominali e alle manifestazioni verbali delle opposizioni funzionali. La preminenza delle funzioni adverbali ha trovato modo di palesarsi nella ricca e strutturata fenomenicità della morfologia verbale romanza: sistemi di accordo, sottili articolazioni diatesiche, particelle clitiche hanno fornito alle funzioni grammaticali di soggetto e di oggetto (diretto e anche indiretto) un'ampia gamma di possibilità di manifestazione, incomparabilmente più ricca e sofisticata, quanto a distinzioni, della poverissima serie messa a disposizione dalla struttura grammaticale del latino. È questa una circostanza che priva d'ogni fondamento il luogo comune (divenuto spesso celata o scoperta ipotesi scientifica) che il passaggio dal latino al romanzo sarebbe una semplificazione, dal punto di vista grammaticale. Se il romanzo, come stiamo vedendo, semplifica infatti il rapporto tra struttura funzionale e sua manifestazione nel campo della flessione nominale, la flessione verbale e i suoi connessi dànno modo alla grammatica romanza di articolare molte manifestazioni della sua complessa architettura.

252

Nunzio La Fauci

la dipendenza adnominale sotto il segno della non-preposizionalità, a scapito delle dipendenze non-adnominali, spinte così verso la periferia e verso la preposizionalità. La tabella 9 rappresenta lo schema flessivo sul quale dovette attestarsi un presumibile protorumeno. Questo schema ebbe successivamente i suoi sviluppi, sui quali torneremo più avanti, concludendo. f-extranuclearel

[+extra-nucleare]

prep+ forma non-marcata f+preposi-zionalel Tabella 9

[+adnominale] ([-adverbale])

[-adnominale] (Γ+adverbalel) oggetto 1 soggetto forma non marcata — • nom

dat-gen f-preposizionalel

Abbandoniamo l'originale via percorsa dal romanzo più orientale e torniamo al percorso della quasi generalità delle varietà romanze. A partire dallo schema della tabella 7, il lessico nominale romanzo nel suo complesso non ha ovviamente percorso quelle vie intermedie dei pronomi di cui abbiamo detto. Tali vie costituiscono infatti sempre compromessi tra conservazione ed innovazione. La loro parziale, ma stupefacente stabilità diacronica è stata assicurata dai fattori grammaticali conservanti a cui si accennava. Questa stabilità non è stata del resto assoluta se, com'è noto e come diceva la freccia nella tabella 8, in alcune di quelle varietà romanze centrali (p.es., l'odierno italiano e l'italoromanzo settentrionale) le forme non marcate dei pronomi tonici hanno finito o stanno finendo per prevalere, occupando lo spazio anche della funzione grammaticale di soggetto e raggiungendo cosi, con un ritardo di numerosi secoli, lo stato già raggiunto universalmente dal nome. In generale, i processi che abbiamo delineato hanno agito in modo semplice e radicale verso l'elementare compattamento del rapporto tra partizione strutturale e partizione fenomenica. La semplicità e la radicalità hanno tuttavia trovato articolazioni diacroniche e diatopiche. L'opposizione adverbale / non-adverbale, dopo avere neutralizzato o spinto ai margini quella adnominale / non-adnominale, ha raggiunto essa stessa quel margine. Neutralizzata anche l'opposizione extranucleare / non-extranucleare, la partizione funzionale non-adverbale / advervbale ha finito per corrispondere alla partizione fenomenica preposizionale / non-preposizionale. Come fenomeno, la preposizionalità (tipico tratto da sintassi analitica) era del resto in sviluppo. Le due tendenze si sono venute incontro, ma l'incontro è divenuto cozzo e l'urto si è correlato tipologicamente con scalarità temporali e con distribuzioni spaziali. Il compattamento è infatti avvenuto in tempi diversi e secondo modi di diversa complessità. Sotto il segno positivo dell'adverbalità, nelle aree di maggiore conservazione dell'innovatività romanza (che sono le aree centrali), la distinzione funzionale tra oggetto e soggetto ha continuato ad avere uno specifico corrispettivo fenomenico. Soltanto la funzione di soggetto veniva infatti esclusa dalla copertura della forma non-marcata, ma non

Strutture fitnzionali nell'evoluzione

della flessione nominale

253

in tutti i contesti sintattici (cfr. SCH0SLER, 1973 ; PENSADO, 1986), di preferenza in particolare non in quei contesti che sono formalmente definibili come medi. 10 La forma nonmarcata, per altro, vi si trovava ancora a coprire residualmente e conservativamente anche qualche caso di dipendenza adnominale sotto il segno della non-preposizionalità. È quanto si trova rappresentato nella tabella 12, che schematizza una situazione all'altezza cronologica e alla distribuzione topologica del galloromanzo antico : ([+extranucleare]) ([+adnominale])

([-extranucleare]) ([-adnominale])

[-adverbale] oggetto

prep + forma nonmarcata

soggetto

forma non-marcata

nom

tipo : stativo o assolutivo

tipo : attivo oerg.

Γ+• preposizionale J Tabella

f+adverbale] 1

f-preposizionale

]

10

Solo più avanti, dopo l'inizio dell'epoca letteraria in alcuni casi (galloromanzo), prima di tale inizio in altri (italo-romanzo settentrionale e toscano), la forma non-marcata ha coperto ogni àmbito sintattico di ricorrenza della funzione grammaticale di soggetto, lasciando nel lessico sparse vestigia della forma marcata (soprattutto nomi designanti esseri umani), fossili molto significativi per comprendere quale fosse l'orientamento tipologico di tale residuo sistema oppositivo (cfr. LA FAUCI, 1991 ; ZAMBONI, 1998). In area galloromanza, l'eredità fenomenica dell'opposizione tra forma non-marcata e forma marcata fu declassata ad altra categoria grammaticale, dall'impatto sintattico minore : singolare (non-marcato), plurale (marcato). Del resto, nella zona di minima resistenza della non-adverbalità, in relazione con il tratto di definitezza / indefinitezza (altra opposizione funzionale cruciale per le relazioni argomentali nome-verbo), la spinta verso la preposizionalità fenomenica ha in apparenza proceduto con il cosiddetto articolo partitivo. Ma, a ben guardare, si tratta di un effetto a lunga distanza di un latente, ma non del tutto scomparso valore profondo dell'adnominalità. Questi sviluppi sono rappresentati nella tabella 11 : ([+extranucleare]) ([+adnominale])

([-extranucleare]) ([-adnominale])

[-adverbale]

f+ oggetto

prep + forma non-marcata [+ Tabella

preposizionale]

adverbale] 1

soggetto

forma non-marcata tipo : non più pertinente f-preposizionale ]

11

Quanto invece alle aree che hanno maggiormente innovato sull'innovazione romanza (Iberoromania, Italia meridionale), la forma non-marcata si è generalizzata precocemente, com'è noto. 11 Essa ha presto coperto tutte le funzioni sintattiche positivamente marcate per

10

11

La definizione formale di contesto sintattico medio (in opposizione a quella di contesto sintattico attivo) a cui qui ci riferiamo si trova in LA FAUCI (1988). Una larga applicazione dei concetti relativi ad una varietà romanza medioevale si trova in LA FAUCI (1992). Ma forse non così tanto e cosi assolutamente come si crede, ci ricorda SEIDL (1995).

Nunzio La Fauci

254

l'adverbalità. 12 La tabella 12 dà rappresentazione di questo schema massimamente semplice : ([+extranucleare]) ([+adnominale]) f-adverbalej prep + forma non-marcata [+ preposizionale 1 Tabella 12

([-extranucleare]) ([-adnominale]) f+adverbale] oggetto 1 soggetto forma non-marcata tipo : non più pertinente [-preposizionale /

Mossesi precocemente verso il massimo di uniformità possibile e quindi, ma solo in linea ipotetica, verso il massimo di stabilità strutturale, tali varietà sono proprio quelle in cui, in corrispondenza con oggetti con alto grado di definitezza, si sviluppa una marcatura dell'oggetto diretto che ha natura tipologica nuovamente accusativa, come viene illustrato dalla tabella 13 : ([+extranucleare]) ([+adnominale]) f-adverbalej

([-extranucleare]) ([-adnominale]) f+adverbale}

oggetto prep + forma non marcata tipo : accusativo f+ preposizionale]

prep + forma non marcata

soggetto forma non-marcata tipo : nominativo [-preposizionale J

Tabella lì Anche qui la preposizionalità entra cosi nel campo delle manifestazioni delle dipendenze adverbali, ma per ragioni diverse da quelle che ne hanno determinato l'ingresso nelle varietà romanze conservative, come quelle galloromanze. Lì infatti l'espansione della preposizionalità investe il punto di minore resistenza delle dipendenze adverbali, correlato con un tratto di indefinitezza e come lontano riflesso di una latente, ma non per questo assente dipendenza di tipo adnominale. In altre parole, si tratta di un'espansione che, nella prospettiva degli schemi esposti, si può considerare come proveniente dalla sinistra, dal lato delle dipendenze non-adverbali. Nelle varietà innovative si tratta invece del sorgere di un'opposizione tutta interna alle dipendenze adverbali, correlata per contrapposizione con la casella alla destra, la casella del soggetto. Il tratto definito / non definito è coinvolto in ambedue i processi, perché fornisce nelle due direzioni condizioni di scarsa opponibilità : ma si faccia attenzione, di segno rovesciato. Dal lato della non-marcatezza, alla scarsa opponibilità consegue cedimento, senza conseguenze tipologiche maggiori. L'oggetto meno dissimile per carattere sintattico dalle dipendenze non-adverbali finisce per diventare anche fenomenicamente non dissimile da tali dipendenze. Dal lato della marcatezza, la scarsa opponibilità è ragione per il ribadirsi anche fenomenico di un'opposizione, quella tra

12

Possiamo anche tentare di precisare, in cronologia relativa, quando ciò deve essere avvenuto: dopo il fissarsi del sistema oppositivo da cui avrebbero preso origine le particelle clitiche (cioè, com'è ovvio, successivamente al fissarsi dello schema della figura 2, lo schema protoromanzo da cui tutti gli altri derivano), ma prima del fissarsi del sistema oppositivo da cui avrebbero preso origine i pronomi personali tonici nelle varietà più conservative (cioè, prima del fissarsi dello schema della figura 3.

255

Strutture funzionali nell 'evoluzione della flessione nominale

oggetto e soggetto, che ritrova una forma tipologica accusativo / nominativa. Perché tale ribadimento si verifichi, si fa ricorso all'unica risorsa di manifestazione oppositiva rimasta nell'àmbito della marcatura dei nomi, la preposizionalità, aprendo in altra maniera una strada che rappresenta un'autentica innovazione fenomenica nell'àmbito del romanzo. Anche nel romanzo più orientale (che avevamo lasciato nella situazione illustrata dalla tabella 9) una forma non-marcata si generalizza per tutte le funzioni non-adnominali e nonextranucleari (lo ricordava in quella tabella la freccia). Una volta avvenuta tale generalizzazione, per ragioni simili a quelle delle varietà occidentali e meridionali e, come lì, in coincidenza con un tratto di definitezza, anche il rumeno ha sviluppato un oggetto con preposizione e ha cosi riesumato, in un contesto complessivo totalmente mutato, un'istanza tipologica accusativo / nominativa, come si evince dalla tabella 14 : Γ+extra-nucleare

prep+ forma non-marcata

1 [-adnominale] (f+adverbalel)

f-extranuclearel [+adnominale] (f-adverbalel)

oggetto

soggetto

prep + forma nonmarcata tipo : accusativo

forma non-marcata tipo : nominativo

[+ preposizionale J

,dat'-,gen'

f-preposizionale]

Tabella 14

In conclusione, pare lecito affermare che la lunga vicenda diacronica della flessione nominale latina si presenta in modo certo più articolato e complesso di quanto non lascino credere formulazioni pure non errate, ma soltanto sommarie come quelle che vi hanno visto un processo di semplificazione o il fenomeno-principe del passaggio da una morfosintassi sintetica ad una morfosintassi analitica. Alcuni degli studi recenti che abbiamo ricordato dimostrano proprio come non si stia rispondendo alla sfida di tale complessità con una resa concettuale. Processi fenomenici complessi richiedono infatti articolate prospettive d'insieme, che aiutino a capire. Ciò che sicuramente non richiedono è l'abbandono di ogni prospettiva d'insieme. In tale direzione, quanto si è presentato in queste pagine è ben lungi dal proporsi come risultato finale. Esso ha piuttosto la forma di un progetto che attende conferme e smentite dalla ricerca a venire.

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Nunzio La Fauci

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José LAGUNA CAMPOS (Zaragoza, España)

Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español

Como señala I. BOSQUE (1989 : 163-164) las formas no flexivas del verbo siempre han sido difíciles de analizar para los gramáticos de todas las épocas, porque se da en ellas una confluencia de propiedades de varias categorías, lo que ha hecho pensar a algunos que se trata en realidad de formas híbridas. Las formas no flexivas muestran a la vez propiedades nominales (es decir, funcionan como nombres) y propiedades verbales (es decir, como los verbos, tienen complementos). BOSQUE (1989 : 1 6 4 - 1 6 5 ) advierte que la idea de defender la naturaleza verbal de formas como las señaladas no está libre de problemas. Entre ellos está el tener que sugerir alguna solución que explique la morfología nominal que poseen.

También hay que indicar que las únicas formas no flexivas que poseen una flexión nominal claramente diferenciada son los participios, tanto los de presente como los de pasado.1 En la presente comunicación vamos a tratar de ver cómo a lo largo de la historia de la lengua española han ido apareciendo los participios, tanto los de presente como los de pasado. Intentaremos mostrar cuál es el uso y el valor que presentan en la actualidad y posteriormente trataremos de señalar cuál ha sido su evolución desde el latín, para ver si la diacronia nos permite aclarar algunos de estos problemas que en la actualidad se dan entre los participios y los adjetivos.2 Si miramos las gramáticas latinas, podemos decir que en latín solo existen tres formaciones participiales :3 amans (participio de presente), amatus (participio de pasado) y amaturus (participio de futuro activo).4 Como muestra BOSQUE (1989 : 165), en el español actual ya no tenemos participios de presente, salvo algunas formas lexicalizadas como Dios mediante. No obstante, algunos complementos de lo que ahora son adjetivos calificativos no sólo recuerdan su origen verbal sino que parecen incluso incompatibles con los adjetivos (ej. : Un pueblo distante dos kilómetros de la ciudad). Para BOSQUE existen, por lo tanto, restos de comportamientos verbales en algunos de nuestros adjetivos calificativos.

1

C f . I. BOSQUE ( 1 9 8 9 : 1 6 4 - 1 6 5 ) .

2

Muchos han sido los autores que se han ocupado de este tema, como una muestra de ello se puede ver BOSQUE (1989 : 163-177 y 1990 : 177-214). Para ver más bibliografía sobre el tema, además de la que BOSQUE recoge en estas obras, se pueden consultar otros títulos que citaremos más adelante.

3

BASSOLS ( 1 9 5 6 : 3 6 6 y ss). Como señala BASSOLS (1956

4

: 366), en el latín decadente se usa a veces el gerundivo (amandus) con valor análogo a un participio de futuro pasivo.

258

José Laguna Campos

Como señala A. GIL (1996 : 308), los adjetivos terminados en -nte proceden del participio de presente activo del latín, si bien entroncan con el uso adjetival originario latino y no con una función eminentemente verbal, que fue típica desde las épocas clásica y postclásica. Según STANKO SKERLJ,5 el participio de presente estaba predestinado para volver a ser en las lenguas románicas un adjetivo, ya que presentaba marcadas cualidades para la expresión sintética, mientras que el gerundio, a causa de su función eminentemente instrumental, iba ganando terreno para reemplazar al participio de presente en su función verbal, como medio de expresión de acciones secundarias. Sin embargo, como advierte ERNST RISCH, 6 desde el latín clásico no se puede hablar de equivalencia entre participio de presente y adjetivo, ya que el primero se utilizaba cuando no se ponía de relieve simplemente una cualidad del adjetivo. Por otro lado BASSOLS ( 1 9 5 6 : 3 6 7 - 3 6 8 ) muestra que el participio de presente si bien en el período clásico tiene un significado acusadamente verbal en cuanto expresaba acciones (como los verbos) y no cualidades (como los adjetivos), no obstante ya en latín arcaico y popular va ganando terreno su valor nominal sobre el verbal. Triunfa esta tendencia en romance, y así vemos que en español moderno las formas que continúan los antiguos participios de presente latinos no son aptas para expresar acciones, por lo cual se sustituye por el gerundio simple. En realidad, las formas -nt se han convertido en español en simples adjetivos (ausente) o sustantivos (cliente)? ALVAR y POTTIER ( 1 9 8 3 : 2 5 2 - 2 5 3 ) señalan que las formas del participio de presente se continuaron como adjetivos, toda vez que el empleo del participio de presente, según los usos latinos, ha sido una restauración de tipo culto, con escasas repercusiones. Rafael LAPESA ( 1 9 8 0 : 2 1 4 ) muestra que en la época medieval, sea por latinismo, por conservación arcaizante o por galicismo,8 el participio activo (o de presente) tiene bastante uso en algunos textos, y cita ejemplos de la Disputa del alma y del cuerpo como « un sabado esient, domingo amanezient / vi una vision en mio leio dormient », de Apolonio « todos eran creyentes que era transida », de Berceo « murmurantes estamos », « todos sus conoscientes », « merezientes érades de seer enfocados », « entrante de la iglesia enna somera grada ».

5

Stanko SKERLJ, Syntaxe du participe présent et du gérondif en vieil Italien. Avec une introduction sur l'emploi du participe présent et de l'ablatif du gérondif en latin, Paris 1926, apud Alberto GIL (1996).

7

8

Ernst RISCH, Gerundivum und Gerundium. Gebrauch im klassischen und älteren Latein. Entstehung und Vorgeschischte, Berlin/New York 1984, apud Alberto Gil (1996). Cf. VAANANEN (1985 : 243) muestra : « El participio de presente seflala una relación de concomitancia, sea temporal, sea modal, y ocupa el lugar de una oración circunstancial : Cotta pugnans occiditur 'C. fue muerto luchando (en lucha)' . Aunque con valor activo de ordinario, puede también acercarse a los verbos medio-pasivos : exercens 'el que se ejercita'. . Los participios de presente, cuyo carácter verbal está más o menos acusado, se emplean también ordinariamente como adjetivos. Aparte de las perífrasis con valor temporal del fr. ant., es el único valor que conservan en romance, habiendo pasado la función propiamente participial al gerundivo ». M. ALVAR y B. POTTIER (1983 : 253) también advierten que, en español, el empleo del participio de presente tiene un marcado carácter culto, por más que su utilización haya sido de cierta constancia en nuestra literatura medieval.

Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español

259

Nosotros, entre otros, hemos recogido los siguientes ejemplos : [la] [ 1 b] [ 1 c] [Id] [ 1 e] [ 1 f] [lg] [lh] [li]

Davan olor sovejo las fllores bien olientes Vinieron los amigos e los sus connoscientes vinién por descolgallo rascados e dolientes maguer que fue el fuego tan fuert e tan quemant fablolis voz del cielo, dolient e querellosa e quai lealtad traesa sabiente lo fare con ciriales en manos e con cirios ardientes ca non luzientes iva lidiar en campo el caballo faziente (= batallador) el asno maldoliente e de luengas pestañas, bien claras, parescientes

(MNS, 3)9 (MNS, 151) (MNS, 151 (MNS, 324) (MNS, 416) (MNS, 652) (MNS, 779) (LBA, 237)' (LBA, 433)

En el siglo XV, también señala LAPES A (1980 : 268), se adopta el participio de presente en lugar de la oración de relativo, del gerundio o de otros giros, y cita los siguientes versos del Marqués de Santillana : « ¡Oh vos, dubitantes, creed las estorias! », « yo sería demandante, / guardante su cirimonia, / si el puerco de Calidonia / se mostró tan admirante ». También LAPESA ( 1 9 8 0 : 277) advierte que en la Celestina y en el Corbacho, en la sintaxis, resaltan construcciones latinas de infinitivo o participio de presente : « tanto es más noble el dante que el recibiente »." Alberto GIL (1996 : 309) señala que en los mismos textos literarios citados por Lapesa ya se puede observar una tendencia contraria y cita a Fernández MURGA12 quien pone de relieve que los traductores de Toledo reproducían los numerosos participios de presente de Suetonio con oraciones de relativo. El mismo Alberto GIL aduce que esta tendencia a la desaparición del participio de presente la ha visto confirmada en su análisis del Corbacho. En el estudio del funcionamiento de estos adjetivos procesuales, que provienen de los participios de presente, Alberto GIL llega a la conclusión de que han perdido su función verbal, pero que se mantienen en el sistema, pueden regir un complemento preposicional, sustantivarse o quedar reducidos a un giro preposicional con mayor o menor grado de lexicalización.13 Como resumen y conclusión de lo expuesto sobre el participio de presente, podemos decir que ya desde su origen estos participios entroncan con el uso adjetival originario latino y no con una función verbal. Sin embargo, por latinismo, por conservación arcaizante o por galicismo el participio de presente tiene un uso frecuente en algunos textos medievales y preclásicos ; si bien se puede decir que se observa, desde el Corbacho, una tendencia a la desaparición del valor verbal de este participio. Este valor verbal será expresado por el gerundio o por oraciones de relativo. En la actualidad estos participios presentan el valor de adjetivos, pero mantienen algunas características, relacionadas con su origen verbal, como el hecho de que pueden regir un complemento preposicional, lo que hace que sean

9

10

BERCEO, G. DE, Milagros de Nuestra Señora, Edición de Michael Gerii, Madrid, Cátedra, 1989 ; a partir de ahora MNS. Ruiz, J., Arcipreste de Hita, Libro de buen amor, Edición de Alberto Blecua, Madrid, Cátedra, 1992 ; a partir de ahora LBA.

11

Cf. A. GIL ( 1 9 9 6 : 3 0 9 ) .

12

Félix Fernández MURGA, « El participio presente en italiano y en español », en Filología Moderna,

13

54, 1975, 3 4 5 - 3 6 6 , apud Alberto GIL (1996). Cf. A. GIL ( 1 9 9 6 : 316).

260

José Laguna Campos

diferentes de los adjetivos puros. Otras veces se sustantivan o quedan reducidos a un giro preposicional con mayor o menor grado de lexicalización. El participio pasado en latín, como señalan VÄÄNÄNEN (1985 : 249-250) y ALVAR / POTTIER (1983 : 279), era representado por un antiguo adjetivo verbal en -to, el cual atribuye al sujeto la cualidad expresada por el verbo, tanto en sentido activo como en sentido pasivo. VÄÄNÄNEN (1985 : 240-241) aduce que esta dualidad persiste en algunos participios de pasado : iuratus '(que ha) jurado', homo desperaíus 'un hombre desesperado', o los ejemplos citados por ALVAR y POTTIER (1983 : 279) : homo potus 'hombre que ha bebido', homo cenatus 'hombre que ha cenado'. De aquí, continúa Väänänen, el doble uso del adjetivo en -to : como participio pasado de los verbos activos : amatus 'amado', occisus 'matado', y como participio pasado con sentido activo de los verbos deponentes y de los verbos llamados semi-deponentes : secutas sum 'he seguido' (literalmente 'yo soy el que ha seguido'), ausus sum 'me atreví'. Estas últimas construcciones han servido como modelo a los verbos intransitivos activos, cuyas formas perifrásticas activas están, sin embargo, poco documentadas : Agnellus (S. VI) 95 in Pannonia deventi sunt. Debido a este doble valor activo y pasivo se explicaría el caso de los participios de pasado que, según ALCINA y BLECUA (1975 : 754), en su uso adjetivo han perdido el sentido pasivo : conocido, bebido, osado, entendido, etc. Para BASSOLS (1956 : 372) el hecho de que un participio sea pasivo o no, exprese anterioridad (o perfección) con respecto al tiempo del verbo principal, depende de la índole del verbo.14 Las gramáticas del español,15 cuando tratan del participio, hacen referencia a su doble valor, de verbo y de adjetivo. Pero algunas de ellas, como la de BELLO O la de ALCINA y BLECUA (1975 : 753), hablan de que existe un participio sustantivo o sustantivado, inmovilizado en género masculino y número singular para combinarse con el verbo haber y formar los llamados tiempos compuestos, y un participio adjetivo que admite las mismas construcciones que cualquier otro adjetivo. ALCINA y BLECUA denominan participio a las formas inmovilizadas con neutralización de género y número y adjetivo verbal y, a veces, participio adjetivo a las realizaciones concordadas. BOSQUE (1990 : 188) señala que las diferencias entre los participios pasivos y los adjetivos han sido objeto de atención en los estudios gramaticales (tradicionales y no tradicionales) en prácticamente todos los marcos teóricos. Añade que en la tradición gramatical española pocos autores toman como criterio diferenciador las propiedades categoriales definitorias de los adjetivos frente a las de los verbos. BOSQUE huye de las propuestas que defienden el carácter híbrido de los participios y no comparte la postura de NEBRIJA de considerar al participio como una categoría diferente del verbo y del adjetivo, pues entiende

14

Vid. también Samuel GILÍ GAYA (1961 : 199) : « Fuera de su construcción con verbos auxiliares, el participio es un adjetivo verbal, cuyo significado activo o pasivo, depende de la naturaleza del verbo de que procede, o de la acepción particular en que se usa cuando éste se presta a más de una. »

15

E. ALARCOS (1994 : 147-149) ; ALCINA y BLECUA (1975 : 7 5 3 - 7 5 4 ) ; BELLO y CUERVO (1847 : 158-161) ; S. GILÍ GAYA (1961 : 199-204) ; MARCOS MARÍN (1980 : 2 9 8 - 3 0 0 ) ; Real A c a d e m i a

Española (1973 :493-499).

Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español

261

que los participios pasivos no son categorías que estén a medio camino entre el verbo y el adjetivo y las analiza como formas verbales. Siguiendo a BASSOLS (1956 : 366-367) podemos decir que los participios en latín admiten dos usos : 1) Atributivo Determinan a un sustantivo atribuyéndole como característica una acción pasajera. [2a] [2b]

aqua fervens 'agua hirviendo' o 'que está hirviendo'16 amicus exoptatus 'amigo que (ahora) es deseado'.

2) Predicativo Completa el significado de un predicado. [3a] [3b]

Flens abiit 'marchó llorando' o más exactamente 'lloraba al marchar' res omnes relictas habeo (=relinquo).

Estos usos generales son también señalados para el participio en las gramáticas españolas, y así la Real Academia Española (1973 : 494) señala que el participio puede desempeñar en la oración tres oficios : 3) El de complemento predicativo, con el verbo ser u otros intransitivos [4]

Juan es estimado ; la niña viene cansada.

El de complemento predicativo del objeto directo de un verbo transitivo o pronominal. [5]

La dejé agradecida ; me quedé aturdido.

El de atributo de un sustantivo. [6]

Del árbol caldo todos hacen leña.

De estos tres oficios mencionados por la Real Academia el que mayores problemas plantea es el primero : complemento predicativo con el verbo ser u otros intransitivos, y fundamentalmente cuando va con el verbo ser.17 A continuación vamos a ver, en primer lugar, cómo nos aparecen en la actualidad los participios pasados y las cuestiones que suscitan, para posteriormente ir viendo si esos mismos problemas se plantean a lo largo de la historia de la lengua española, además de señalar otros usos que se han ido perdiendo. Vamos a basarnos fundamentalmente en PORROCHE ( 1 9 9 0 ) y e n BOSQUE ( 1 9 9 0 ) .

Como señala PORROCHE (1990 : 73-77), de acuerdo con su actuación en el discurso podemos señalar tres tipos de participios : 1) El participio de los tiempos verbales compuestos (por ej. : he comprado). Como ya hemos indicado antes se caracteriza por la no concordancia en género y en número con el elemento al que se refiere.

16

17

Ponemos también los ejemplos del participio de presente, aunque lo hemos estudiado con anterioridad. Vid. PORROCHE (1990 : 74). Cf. además, entre otros, Navas Ruiz (1977) ; PORROCHE (1988) ; ALARCOS (1970 : 9 0 - 9 4 y 1 6 3 - 1 7 1 ) ; GUTIÉRREZ (1986) ; M e r c e d e s SUÁREZ ( 1 9 9 7 ) ; M i l a g r o s ALEZA (1987) ; A m p a r o RICÓS (1995).

José Laguna Campos

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Durante la Edad Media se usaba haber como auxiliar de los verbos transitivos y ser para los verbos reflexivos e intransitivos. Esta oposición actancial-diatética aver / ser sucumbe en el siglo XIV para expresar la temporalidad (vid. A. RicóS, 1995 : 218). Milagros A L E Z A ( 1 9 8 7 : 2 4 ) recoge casos en los que aver hace su irrupción en construcciones oblicuas con verbos intransitivos, inaugurando un intento de competencia con ser. [7a] [7b] [7c] [7d]

arribado han las naves a Valencia an entrado fata la cintura la espada llegado ha cuando ovo corrido

(Cid, 1619) (Cid, 2247) (Cid, 2424) (Cid, 1590)

Por el contrario atestigua también ejemplos con ser : [8a] [8b] [8c]

Que Minaya Albar Faflez assi era llegado paso a paso D'Endrina so el portal es entrada, degrado fue venida

(Cid, 927) (LBA, 669 (LBA, 1317)

2) El participio verbal, que es el que aparece en las construcciones pasiva perifrásticas (ej. : el niño fite golpeado por su padre), en las construcciones absolutas (ej. : destruidas las defensas, los romanos atacaron) y en algunas de las construcciones en las que el participio aparece con estar o con otro verbo copulativo (ej. : La casa está construida ; Eso ya está dicho). Este participio mantiene en gran medida su naturaleza verbal, aunque manifiesta su naturaleza adjetiva en la concordancia en género y en número y, frente a las construcciones con haber, en el hecho de que admite la interpolación de adverbios.18 Para Mercedes SUÁREZ (1997 : 41 y ss.), en la lengua medieval, la perífrasis ser +participio pasado presenta una plurivalencia que resume de la siguiente manera : 1) Sirve para formar la pasiva perifrástica. [9a] [9b] [9c]

Estas palabras dichas, la tienda es cogida siempre sea bendicha e siempre adorada Pues bien deve ser notada la locura de cada uno que

(Cid, 213)19 (MNS, 316) (Corbacho, 48)20

2) También se utiliza para la formación del perfecto de los verbos pronominales : [ 10a] Tornado es don Sancho e fabló Albar Fáñez [10b] Bueltos son con ellos por medio de la llama

(Cid, 387) (Cid, 599)

3) Esta perífrasis sirve también para formar el perfecto de los verbos intransitivos. [lia] venido es a moros, exido es de christianos (Cid, 566) [11b] Ido es a Castiella Albar Fáflez Minaya (Cid, 871) [ 11 c] Los mandados son idos a todas las partes (Cid, 966)

18

M. PORROCHE (1990 : 75) cita los siguientes ejemplos : [i] Él fue repetidamente golpeado. [ii] Destruidas rápidamente las defensas. [iii] *Yo he repetidamente golpeado la mesa. Poema de Mío Cid, Edición de Ian Michael, Madrid, Castalia, 1976 ; a partir de ahora Cid. MARTÍNEZ DE TOLEDO, Α., Arcipreste de Talavera o Corbacho, Edición de J. González Muela, Madrid, Castalia, 1970 ; a partir de ahora Corbacho.

Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español

263

4) Y, finalmente, se utiliza esta construcción como expresión de un significado estativo. [ 12a] La çena es adobada {Cid, 1531) [ 12b] la puerta bien era çerrada (Cid, 39). En este punto cuarto es donde precisamente radican todos los problemas, pues en muchos casos no está muy claro el sentido en que se ha de tomar la perífrasis ser + participio pasado. Los diferentes autores21 que han tratado el tema desde un punto de vista diacrònico, aparte de las gramáticas históricas, van dando cuenta de los diferentes valores que puede tener esta construcción. Por ejemplo, somos vengados puede significar 'estamos vengados' o 'nos hemos vengado' f2 es desposado 'se ha desposado' o 'está desposado'. 23 Para la evolución de este tema de ser + participio nos parecen sumamente interesantes las conclusiones a las que llega Amparo RlCÓS en su obra ya mencionada. Ejemplos de construcciones absolutas podemos citar : [13a] [13b] [13c] [ 13d]

las arcas aduchas, prendet seyescientos marcos Recibiólo el Çid abiertos amos los braços Tovierongela en çerca complidas tres semanas que sy donzella es, perdida su virginidad, quando deve casar

(Cid, 148) (Cid, 203) (Cid, 665) (Corbacho, 49)

Ejemplos de construcciones del participio con estar : [14a] estades enfriada más que la nief de la sierra [14b] una blanca rodilla : esta de sangre tinta

(LBA ,671) (LBA, 1218)

Como señala MILAGROS A L E Z A ( 1 9 8 7 : 1 0 9 ) , « estar inicia su actuación en las obras del Mester de Clerecía, indicando, junto al participio pasado, un estado desconectado de la acción . Su proceso de reemplazar a ser se consumará a partir del siglo XIV. Con el auge de la construcción pasiva durante el humanismo se extinguirá el perfecto con ser »,24 Con otros verbos copulativos : [15a] [15b] [15c] [15d] [ 15e] [15f] [15g] [15h] [15i]

Los moros yacen muertos, de bivos pocos vea de die | e de noch enbueltos andan en armas e udieron la cosa que avie contecida avie con el grand miedo perdida la color si por ella non fuese yazriemos amortidos que levava furtadas de las ovejas mías yo torne en la mi fabla que tenia comencada desque ovo la dueña conplida la fazienda Por do muchos son fallados dañapdos que mueren subitamente

(Cid, 618) (Cid, 658b~659) (MNS, 216) (MNS, 223) (MNS, 621 ) (LBA, 335) (LBA, 671) (LBA, 1173) (Corbacho, 52)

3) El participio adjetivo o adjetivo verbal, que es un verdadero adjetivo y así, continúa PORROCHE, admite, aunque no de forma constante, la anteposición nominal (ej. : el enfadado muchacho), la modificación mediante adverbios de grado y el superlativo -ísimo (ej. : el muchacho muy enfadado [enfadadísimo]), y la coordinación y comparación con adjetivos

21

22 23

24

Cf. los libros ya citados de SUÁREZ (1997), ALEZA (1987), R i c ó s (1995) y además R. MENÉNDEZ PIDAL ( 1 9 4 4 - 1 9 4 6 ) ; R . CANO AGUILAR (1988) ; A . YLLERA (1980). Vid. SUÁREZ ( 1 9 9 7 : 4 2 ) , MENÉNDEZ PIDAL ( 1 9 4 4 - 4 6 : vol. II, 847, s.v. ser). Vid. YLLERA ( 1 9 8 0 : § 3.2.1.4.) y ALEZA ( 1 9 8 7 : 6 6 )

Cf. A. Ricós (1995 : 49).

José Laguna Campos

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(ej. : el muchacho estaba triste y enfadado ; el muchacho estaba más triste que enfadado,25 De estos participios adjetivos encontramos también abundantes ejemplos : [16a] [16b] [16c] [16d] [16e] [16f] [16g] [16h] [16i] [16j] [16k]

(Cid, 65) Martin Antolinez, el burgales conplido (MNS, 20) Illesa, incorrupta en su entegredat (MNS, 320) como rica reina de Dios santificada (MNS, 52) fizoli una fiesta en deciembre mediado (MNS, 32) la benedicta Virgen es estrella clamada (MNS, 76) Un monge beneito fue en una mongia (MNS, 407) cinto a la carona, correon desabrido (MNS, 877) pan bendicto (LBA, 701) desque fue en mi casa esta vieja sabida (LBA, 1149) pues que el arzobispo bendicho e consagrado fuera de ser por hordenado matrimonio segund la ley e mando punir a qualquier que (Corbacho, 47) por defrenado apetyto

Coordinados aparecen : [ 17a] venien por descolgallo rascados e dolientes (MNS, 151) [ 17b] levóme al logar temprado e abrigo (= abrigado) (MNS, 297) [17c] Enpero, muy muchos son amigos llamados que los fechos e el nombre en ellos es sobrepuesto e caresciente de verdad (Corbacho, 51 ) Modificados mediante adverbios :26 [18a] assi comino llego a la puerta, fallóla bien çerrada (Cid, 32) [18b] El rrey lo ha vedado, anoch d'el e[n]tro su carta |1 con grand rrecabdo e fuertemientre sellada (Cid, 42-43) [18c] non se abre la puerta, ca bien era çerrada (Cid, 39) [18d] de pie e de a cavallo mucho era arreziado (Cid, 1291) [18e] bermeja, bien tinta (LBA, 1035) [18f] que dan de las espuelas a los vinos bien tintos (LBA, 1216) Sigue diciendo PORROCHE que el participio adjetivo puede presentar la misma forma que el verbal o no. Existen algunos casos en los que el significado es el mismo, pero la forma varía según se trate de un participio verbal o adjetivo (ej. : florido / florecido ; harto / hartado ; contento / contentado ; despierto / despertado ; oculto / ocultado ; sano / sanado, etc.). Emilio RIDRUEJO ( 1 9 8 9 : 7 8 ) indica que los participios fuertes son sustituidos mediante un proceso analógico por participios débiles, pero, si permanece la forma etimológica, suele producirse una especialización semántica y deja de funcionar como participio : pasa, frente a pasado ; gasto, frente a gastado ; tinto, frente a teñido. Como señalan ALVAR y POTTIER

25

PORROCHE ( 1 9 9 0 : 7 5 ) indica que además admite transfomaciones exclamativas «modales» e interrogativas, imposibles en los casos en que el participio es verbal : [iv] El muchaco está enfadado (participio adjetivo) ¡Qué enfadado está el muchacho! ¿Cómo está el muchacho?

El muchacho fue enecerrado (participio adjetivo) *¡Qué encerrado fue el muchacho! •¿Cómo fue el muchacho? 26

Vid. M . SuÁREZ (1997 : 45 y ss.)

Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español

265

( 1 9 8 3 : 2 8 0 - 2 8 1 ) , buena parte de estas formas etimológicas se fijaron en un campo estrictamente nominal una vez que se generalizaron los participios regulares o se perdieron los verbos de cuyo sistema formaban parte (exsucto, pinso, rapio, vinco, etc.). De estos participios fuertes encontramos los siguientes casos usados como participios :

[19a] las arcas aduchas prendet seyscientos marcos (Cid, 148) [19b] Comidios' Mio Çid, el que en buen ora fue nado (Cid, 507), frente a ¡ Ya Canpeador, en buen ora fuestes naçido ! (Cid, 71 ) [19c] una blanca rodilla : esta de sangre tinta (LBA, 930 Como adjetivos se localizan : [20a] levóme al logar temprado e abrigo (= abrigado) (MNS, 297) [20b] dexale solo e triste con muchas sobervientas (= sobrevenir) (LBA, 212) [20c] bermeja, bien tinta (LBA, 1035) ; luego los escuderos, muchos frecuelos fritos (LBA, 1215^ [20d] que dan de las espuelas a los vinos bien tintos (LBA, 1216) Como resumen y conclusión de lo expuesto sobre el participio pasado, podemos indicar que ya en latín admitía dos usos : determinar a un sustantivo, atribuyéndole como característica una acción pasajera, es decir que podía funcionar como adjetivo y también podía tener un uso predicativo, completando la significación de un sustantivo a través de un índice verbal. Por otro lado, este participio pasado, en latín, podía tener un sentido activo o pasivo. Sin embargo, este valor activo o pasivo parece ser que dependía de la índole del verbo. Durante la Edad Media el participio pasado además de funcionar como adyacente (o atributo) de un sustantivo, entraba también a formar parte de diversas perífrasis verbales y así se utilizaba para la formación de los tiempos compuestos, con el auxiliar haber para los verbos transitivos y con ser para los verbos reflexivos, pronominales e intransitivos, sin embargo, esta oposición aver / ser cesa en el siglo XIV para expresar la temporalidad. Con anterioridad a este siglo se recogen casos en los que aver hace su irrupción en construcciones con verbos intransitivos. El verbo ser dejará de ser el auxiliar para el perfecto, una vez que con el humanismo se produzca el auge de la construcción pasiva. También durante la Edad Media sirve para formar la pasiva perifrástica con el auxiliar ser, y se utilizar también la perífrasis ser + participio para la expresión de un significado estativo. Esta construcción, en muchos casos, presenta un doble valor, y así, por ejemplo, somos vengados puede significar 'estamos vengados' o 'nos hemos vengado'. Posteriormente, en la obra del Mester de Clerecía, va a ir apareciendo el verbo estar, junto al participio pasado, para indicar un estado desconectado de la acción. Este proceso de reemplazar estar a ser se va a consumar a partir del siglo XIV. Por otra parte, el latín poseía un buen número de participios fuertes, pero, por un proceso analógico, fueron sustituidos por participios débiles. Si la forma etimológica se conserva, suele producirse una especialización semántica y deja de funcionar como participio. La mayoría de estos participios fuertes han pasado a ser adjetivos perfectivos. Como señala B O S Q U E ( 1 9 9 0 : 1 8 3 ) se puede decir que hay tres tipos de adjetivos perfectivos :

27

Para PORROCHE (1990 : 75) es precisamente la existencia, en algunos casos, de esta doble forma la prueba de que exiten varias funciones diferenciadas para los participios.

266

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1) Adjetivos perfectivos de uso general : limpio, contento, oculto, disperso, tenso, despierto, absorto... 2) Adjetivos perfectivos arcaicos y de uso dialectal o literario : calmo, nublo, trunco, pago, canso, salvo, abrigo, privo... 3) Adjetivos perfectivos lexicalizados y que, por tanto, no tienen carácter perfectivo : paso (uvas pasas), pinto (judías pintas), tinto (vino tinto). También indica BOSQUE que la lengua ha dejado de crear ya adjetivos perfectivos y señala que, cuando se formaban adjetivos perfectivos a partir de participios, el proceso de formación exigía dos condiciones :

1) La significación perfectiva en el modo de acción verbal o la presencia de un argumento eventivo en la estructura temática. 2) La presencia de un argumento interno regido por el verbo. Si falla alguna de las dos condiciones no hay adjetivo derivado, ni con morfología participial ni en forma truncada. Así, si falta argumento interno en el verbo, tenemos participios como tiritado, sonreído..., pero estos participios no se pueden usar como adjetivos. Lo mismo ocurre si falta significación perfectiva en el verbo : conducido, etc. funcionan como participios, pero no tienen valor de adjetivo. Si existe significación perfectiva y argumento interno en el verbo, y no hay forma adjetival truncada, el participio puede funcionar como verbo y como adjetivo, por ejemplo : enamorado, trastornado, equivocado, etc. Y, finalmente, si existe significación perfectiva y argumento interno en el verbo, y hay forma adjetival truncada, el participio funciona como verbo y la forma truncada como adjetivo : llenado / lleno ; limpio / limpiado ; sereno / serenado, etc. A lo largo del trabajo hemos ido viendo el funcionamiento de los participios a través del tiempo, y esperamos haber contribuido a que se conozca mejor esta parte de la oración.

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Sobre la naturaleza verbal y adjetiva del participio en español

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Yu-Chang Liu (Limoges, France) Mutation du système verbal de l'indicatif en français : le cas de la littérature épistolaire

1. Introduction

Cette communication a pour objectif de donner un bref aperçu des deux points fondamentaux de la recherche que nous menons dans le cadre d'une thèse1 en cours. D'une part, nous essayons, à travers une étude diachronique, de déterminer / 'époque au cours de laquelle la corrélation entre certains adverbiaux de temps et le passé simple (désormais PS) se rompt à l'avantage du passé composé (désormais PC). Nous tentons d'autre part de dégager les causes qui favorisent ce changement linguistique. Pour pouvoir répondre à ces interrogations, nous avons opté pour exploration d'un genre constamment « embrayé » : il s'agit de la littérature épistolaire et plus exactement de la correspondance. La correspondance est généralement considérée comme un discours immergé dans la situation du moi-ici-maintenant, malgré la possibilité d'historicité des faits passés. Notre corpus de base recouvre un certain nombre de correspondances allant du XVIIe siècle jusqu'au XIXe siècle. Nous avons principalement recours à la base de données FRANTEXT 2 afin de répertorier le plus d'informations phrastiques dans les œuvres épistolaires recueillies.

La thèse est intitulée : Du français classique au français contemporain : permanence et évolution dans la systématique des temps verbaux de l'indicatif. Le cas de la littérature épistolaire, sous la 2

direction de M. Ph. Carón. Les correspondances tirées des données textuelles de FRANTEXT sont : XVIIe siècle : Lettres 77-77 de N. de Peiresc ; Correspondance T1-T12 de Mersenne ; Lettres de Guez de Balzac ; Lettres de V. Voiture ; Lettres T1 de G. Patin ; Les lettres T1-T4 de R. de BussyRabutin ; Lettres de C. de Bergerac ; Correspondance TÌ-T3 de Madame de Sèvigné ; XVIII e siècle : Correspondance de Montesquieu ; Correspondance T90-92 et Lettres... à son Imprimeur de Voltaire ; Lettres à Sophie Volland et Correspondance TI 1 de D. Diderot ; Lettres à Condorcet et Lettres à M. de Guibert de J. de Lespinasse ; Lettres à La Marquise de Coigny du Prince de Ligne ; Lettres écrites du Donjon de Mirabeau ; Lettres de jeunesse, Lettres diverses et Lettres inédites à L. de Narbonne de Madame de Staël. XIXe siècle : Lettres à Joséphine de Napoléon I ; Lettres de France et d'Italie de P.-L. Courrier ; Correspondance générale de A. de Lamartine ; Correspondance T1-T4 de H. de Balzac ; Correspondance de J.-J. Ampère ; Lettres à la fiancée et Correspondance T1-T3 de

V. Hugo.

Yu-Chang Liu

270

Cependant, malgré le nombre considérable de données textuelles proposé par FRANTEXT, il nous arrive de sortir de ce cadre et d'essayer d'élargir 3 notre champ d'observation. Par ailleurs, nous adoptons tout au long de ce travail la méthode distributionnelle et statistique. Cette optique méthodologique répond à notre souci d'éviter une étude incohérente en raison du décalage du temps. Car la plupart des correspondances étudiées font partie d'un état de langue différent de l'état de langue actuelle. A. KLUM (1961 : 19) a fort bien souligné la pertinence de cette méthode : Il ne faut pas méconnaître l'importance et la valeur des informations d'ordre distributionnel et statistique. Ce serait là se priver d'informations très pertinentes, non seulement pour l'établissement exact de la fonction et de la signification d'un élément linguistique du point de vue descriptif, mais aussi pour la place, la « définition » d'un signe donné à l'intérieur de la catégorie dont il fait partie. Contrairement à l'étude sémantique pure, le distributionnalisme pourrait offrir un point de vue plus OBJECTIF. C'est le point de vue défendu par le linguiste K. TOGEBY (cit. GALET, 1977 : 67) qui a souligné qu'une étude sémantique présenterait un risque de subjectivité. Cela ne signifie pas pourtant que nous ne prendrons pas du tout en compte l'analyse sémantique qui est parfois indispensable pour justifier l'alternance d'un tiroir verbal ou d'un autre. Cette communication comportera deux parties. Dans un premier temps, il nous semble nécessaire de préciser succinctement nos contraintes méthodologiques concernant les occurrences adverbiales temporelles attestées. Dans un deuxième temps, en partant de la thèse d'Y. GALET, nous montrerons brièvement la situation des corrélations verbo-adverbiales dans la littérature épistolaire à travers le temps, c'est-à-dire du français classique jusqu'au XIX e siècle. Notre étude va pouvoir vérifier l'hypothèse suivante : la mutation linguistique de ces deux tiroirs verbaux, le PS et le PC, escorté d'un localisateur temporel commence au cours du XVIII e siècle. Mais à quel moment plus exactement ?

2.

Contraintes méthodologiques

2.1. Délimitation des occurrences adverbiales étudiées La présente étude se limitera essentiellement à l'analyse de quelques occurrences adverbiales de temps que M. N0JGAARD (1993) considère comme des « circonstanciels ponctuels ». Elles sont les suivantes : hier, le lendemain et la veille. Il est à souligner qu'en général, en français moderne, ces items ne sont pas classés dans le même niveau d é n o n ciation. L'adverbial hier est un embrayeur pur, parce que son point référentiel coïncide avec

3

Les correspondances étudiées qui sont absentes de la liste de FRANTEXT sont les suivantes : XVIIe siècle : Lettres familières d'E. Pasquier ; Lettres [inédites] de J.-L. Guez de Balzac ; Lettres de Madame de Maintenon, à diverses personnes et à M. d'Aubigné, son frère, Tl, 1-100. XVIIIe siècle : Correspondance de Madame de Graffigny, Tl, 1-100 ; Correspondance de l'abbé Galiani et de M"" d'Épinay, Tl, 1-100 ; Correspondance générale de J.-J. Rousseau, Tl, 1-100.

Mutation du système verbal de l'indicatif en français

271

le moi-ici-maintenant du locuteur ; tandis que les deux autres adverbiaux font partie des termes qui supposent un point de repère intra-linguistique différent de celui du moment de la parole. Cependant, nous verrons, qu'au XVII e siècle, ils se comportaient de même du point de vue de la corrélation verbo-adverbiale.

2.2. Acceptabilité / rejet d'un adverbial Étant donné que cette recherche est destinée à essayer de repérer l'époque du glissement linguistique du PS au PC en cooccurrence avec un adverbial de temps, ces occurrences adverbiales répertoriées ne peuvent se corréler que d'une façon rigide avec l'un ou l'autre tiroir verbal en question. De ce fait, nous renonçons à enregistrer des corrélations avec d'autres temps verbaux du passé tels que le présent historique, l'imparfait, le passé antérieur, le plus-que-parfait, etc. Par ailleurs, l'adverbial temporel relevé doit être un élément syntaxiquement indépendant de tous les autres constituants linguistiques de l'énoncé. Cette indépendance de l'adverbial est souvent marquée par sa mobilité : à la différence des adverbes de manière qui présentent un lien étroit avec le syntagme verbal et qui se situent d'une manière quasiobligatoire dans l'environnement de ce dernier, les compléments circonstanciels de temps sont susceptibles d'être repérés en diverses positions de l'énoncé : la postposition, l'antéposition et Γ intercalation. 4 De surcroît, la portée principale de ces adverbiaux en question est le prédicat de la proposition dans son intégralité. Il est à notre sens important d'insister sur le fait que ces deux éléments linguistiques, c'est-à-dire l'adverbial de temps et le tiroir verbal affecté, doivent indissolublement se trouver dans la même proposition ou au moins dans le même énoncé, si la portée contextuelle de l'adverbial s'exerce également sur d'autres syntagmes verbaux de la phrase. Cette restriction phrastique délimite donc notre cadre d'observation. Dans un souci de cohérence, nous renonçons donc à différents types de rôles qu'une occurrence adverbiale pourrait d'une manière occasionnelle assumer. Ces rejets ont essentiellement pour objectif d'éliminer des cas non-analogues du point de vue de leur fonctionnement et de ne pas fausser ainsi nos résultats. Nous allons énumérer au moins deux cas typiques de rejet : -

L'adverbial appartient au syntagme sujet de l'énoncé ou de la proposition où il se localise :

4

Notons que certains linguistes tels que H. NELKE (1993), M. N0JGAARD (1993 : 306) rejettent l'idée de l'emplacement en position intercalée d'un adverbial de temps, comme hier par exemple. Quant à Cl. GUIMIER (1996 : 150-153), il ne mentionne pas cette possibilité non plus. Pourtant, selon notre corpus de base, Γ intercalation de cet adverbial est possible, bien qu'elle représente un tout petit nombre (cf. infra). Nous avons moins de 2 % des cas d'hier dans cette position. Comme M. NOJGAARD le remarque : « Toutefois cette restriction n'a qu'une valeur statistique ; » (ibid.) Il est néanmoins à signaler que cette position est nulle pour les adverbiaux la veille et le lendemain dans notre champ d'observation.

Yu-Chang Liu

272 [1]

Madame, puis que le jour d'hyer m'a plus duré que les trois derniers mois que j'ay esté sans vous voir, et qu'il n'y a icy personne qui prenne mes lettres, trouvez bon queje vous escrive, et queje vous die que je ne fus jamais si amoureux. (V. Voiture, Lettres, Lettre 75 à Mme *, 269)

- L'adverbial relevé joue le rôle d'un des constituants du syntagme verbal : [2]

C'est une chose bien douce pour moi, mon * Adèle, que de commencer cette journée comme j'ai terminé celle d'hier, en t'écrivant. (V. Hugo, Lettres à lafiancée,1822, 210)

2.3. Principe du comptage Concernant nos comptages statistiques, nous avons rigoureusement adopté le principe suivant : nous n'avons compté qu'une occurrence d'un tiroir verbal par adverbial, tout en reconnaissant que la contrainte contextuelle peut s'exercer sur d'autres verbes qui suivent. Cette perspective a essentiellement pour objectif de rendre les comptages effectués crédibles. Car un adverbial escorté de tiroirs verbaux juxtaposés ne constitue réellement qu'une attestation. Examinons l'énoncé ci-dessous : [3]

J'en revins hier, et descendis chez monsieur le cardinal, à qui je trouvai tant d'amitié pour vous qu'il me convient par cet endroit plus que les autres, sans compter tous les anciens attachements que j'ai pour lui. (M"" de Sévigné, Correspondance T1 1646-1675, 1675, 718)

Nous pouvons constater que l'adverbial hier est, d'une manière limpide, directement incident à ces procès verbaux, revenir, descendre et trouver, de l'énoncé. Nous avons ainsi trois occurrences du passé simple escorté d'un localisateur temporel. Cependant, il nous a paru que, dans cet exemple, la première occurrence du PS suffisait pour témoigner de la tendance de la corrélation verbo-adverbiales au XVIIe siècle. Ainsi elle a un rôle emblématique. En outre, l'avantage de notre principe c'est qu'il n'y a pas de disproportion possible de la part de l'un ou de l'autre des tiroirs verbaux déterminés en accompagnement d'un indicateur de temps. Autrement dit, la restriction du comptage à une occurrence par adverbe nous semble assurer nos résultats. Ainsi le nombre d'occurrences de temps linguistique relevés est exactement le même que celui de l'adverbial concerné.

3. Tendances des corrélations verbo-adverbiales au fil du temps

Avant de montrer d'une manière explicite qu'il y a bien un glissement linguistique, il nous semble nécessaire d'élucider un point. Nous avons recours à un découpage en intervalle de « siècle » - bien que cette notion soit arbitraire - des correspondances étudiées. Une telle initiative à notre sens est commode, car elle va nous permettre de discerner la période du changement. Cependant, nous considérons que la langue est bien un continuum.

Mutation du système verbal de l'indicatif en français

273

3.1. Prédominance du PS au XVII e siècle Le tableau corrélatif d'Y. GALET (1977 : 117) illustre bien, sur le plan de la corrélation verbo-adverbiale, la discordance entre le français classique et le français moderne. Les adverbiaux de temps étudiés font appel quasi-automatiquement au temps verbal du PS : hier à 97 % et les deux autres, selon elle, à 100 %. Étant donné que ses observations portent sur divers genres de textes, il nous semble intéressant de voir la validité de ses résultats dans nos correspondances. Il est à souligner, qu'au XVII e siècle, l'attestation du PC avec l'embrayeur hier reste l'exception. Car nous remarquons à première vue, comme Y. GALET le constate, que la fréquence de la corrélation entre cette occurrence et le PC est encore rare, moins de 2 % en moyenne - 1,6 % plus exactement - , selon notre corpus de base. Nous ne relevons en effet que 13 cas où l'occurrence hier se combine avec le tiroir du PC contre 800 exemples où l'apparition de l'adverbial hier fait appel d'une manière absolue au PS. Quant aux adverbiaux le lendemain et la veille, dans le genre épistolaire au moins, ils n'entraînent pas à 100 % l'usage du PS durant la même période, ce qui va à l'encontre des observations d'Y. GALET qui concernent différents types de textes de l'époque. Nous avons 92,50 % pour l'un et seulement 73,08 % pour l'autre en alliance avec ce tiroir grammatical. En d'autres termes, nous avons respectivement un total de 120 le lendemain et de 26 la veille dont 9 du premier et 7 du dernier se corrélient avec le PC. Du point de vue syntaxique, il est aisé de constater qu'en se combinant avec le PS, ces occurrences adverbiales peuvent se localiser aussi bien dans la partie préverbale que dans la partie postverbale 5 de l'énoncé. Celle-ci, selon note relevé, semble être la tendance préférentielle de ces items. Il faut ajouter que l'embrayeur hier peut occasionnellement être repéré dans la partie préparticipale. Il y en a 8 occurrences en tout dans cette position précaire au XVII e siècle 6 où il se place entre l'auxiliaire et l'auxilié. Il s'agit dans ce cas des tiroirs verbaux du PS à la voix passive : [4]

Il fut bien résolu d'en faire une des propositions qui furent hier faictes en la compagnie par *Mr *De *Guise, mais je ne sçay si on l'aura faict. (Ibid., 1625, 162)

En revanche, les constatations faites sur ces mêmes adverbiaux en corrélation « clandestine » avec le PC nous montrent qu'ils ne se situent généralement qu'en position postposée. Ce phénomène nous amène à nous poser la question suivante : la position syntaxique d'un adverbe de temps jouerait-elle pour l'énonciateur un rôle décisif dans le choix du PS ou du PC ? Autrement dit, est-elle un facteur favorisant l'intervention du PC accompagné du localisateur temporel, tels que hier, le lendemain ou la veille ?

5

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L'adverbial de temps postposé correspond à ce que Cl. GUIMIER considère comme des adverbes intra-prédicatifs. Selon lui, en s'intégrant dans le syntagme verbal, l'adverbe devient un argument indissoluble. De surcroît, il estime que le « [fonctionnement intra-prédicatif] reste le mode de fonctionnement de base de ces adverbes [de temps] ». (1996 : 151) Notons qu'au XIXe siècle, nous avons relevé tout de même 5 occurrences d'hier se situant en position intercalée qui sont compatibles avec le PC.

Yu-Chang Liu

274 3.2. Période de dynamisme : le XVIIIe siècle

En observant minutieusement les occurrences recueillies, nous avons nettement l'impression que plus nous avançons vers l'époque contemporaine plus la rupture de l'alliance entre le PS et ces occurrences adverbiales est marquée. En effet, d'après notre comptage, nous constatons que la corrélation verbo-adverbiale, hier + PS, n'est pas aussi rigide qu'au siècle passé. Le pourcentage de cette combinaison a connu une « chute libre » par rapport au XVIIe siècle : il passe de 98,37 % à 48,47 %. Cet embrayeur temporel est donc loin de ne faire appel qu'au PS. Il est susceptible d'être employé avec le PS ou avec le PC, penchant même légèrement pour ce dernier au siècle des Lumières. Plus précisément, nous avons recueilli au total de 164 PS contre 177 PC. Par conséquent, la fréquence de la combinaison, hier + PC, prend une ampleur non-négligeable et même remarquable, passant de 1,60% à 51,91 %. En d'autres termes, nous passons de 13 occurrences du PC sur 813 d'hier avec le PC et le PS au XVIIe siècle à 177 sur 341 au XVIIIe. Nous pouvons ainsi dire que, contrairement au siècle précédent, la forme grammaticale préférentielle d'hier, c'est-à-dire le PS, perd de plus en plus de terrain, pour être presque complètement suppléée par sa forme concurrente qui est le PC chez certains épistoliers, en particulier chez les épistolières, telles que M me d'Epinay, Mlle de Lespinasse ou encore Mme de Staël. La fréquence de cette corrélation dépasse généralement 90 % chez elles. Cette perte de terrain du PS ne se limite pas uniquement à hier mais se propage également aux indicateurs temporels tels que le lendemain et la veille. Malgré le nombre peu fréquent des occurrences attestées, le PS n'occupe plus la position principale. Il réussit quand même à se maintenir, surtout lorsqu'il est employé avec l'adverbial le lendemain : selon le comptage effectué, celui-ci est le seul des trois marqueurs étudiés qui se corrélie encore avec le PS à une fréquence de 60 %. Quant à l'adverbial la veille, comme l'embrayeur hier, il s'emploie au siècle des Lumières plus fréquemment avec le PC à 62,50 % - qu'avec le PS - de 73,08 % au XVIIe siècle à 37,50 %. Dans le détail chronologique, il est important de souligner que selon notre corpus de base, la rupture de corrélation verbo-adverbiale n'est pas un phénomène de révolution, mais plutôt une sorte d'évolution linguistique au fil du temps. Car, hormis chez les épistolières mentionnées ci-dessus, l'association entre le PC et ces adverbes de temps ne prend pas brusquement une importance écrasante. C'est le cas par exemple de Voltaire (13 PS contre 10 PC) ou de Diderot (58 PS contre 20 PC), etc. Cette nouvelle alliance apporte cependant un contrepoids à la préférence combinatoire de la période antérieure, c'est-à-dire le PS + hier / le lendemain ou la veille.

3.2.1.

Hypothèses sur les causes déclenchantes du glissement linguistique

Contrairement à ce qui se passe au XVIIe siècle, nous remarquons que nos trois adverbiaux en cooccurrence avec le PC sont aptes à se localiser en antéposition et en postposition dans les correspondances du siècle des Lumières. Soulignons toutefois que Γ intercalation est totalement absente dans les énoncés relevés. Cet ensemble de constatations nous amène à renoncer à l'hypothèse selon laquelle la position d'un adverbial pourrait constituer une cause déclenchante de l'emploi du PC au lieu du PS avec ces items. En revanche il nous semble intéressant de souligner que par rapport aux épistoliers du siècle des Lumières, les quatre épistolières tendent à choisir de façon beaucoup plus

Mutation du système verbal de l'indicatifen français

275

massive le PC en présence de l'occurrence hier.7 Par exemple, chez les premiers, il y a au total 137 occurrences du PS contre 44 du PC tandis qu'inversement, chez les dernières, nous rencontrons 27 PS contre 136 PC. En d'autres termes, les écrivains hommes, en présence d'hier, ne recourent au PC q u ' à 23,03 % tandis que les écrivains femmes emploient ce même tiroir verbal à 83,44 %. Il nous semble donc légitime de considérer le

sexe d'un épistolier comme un des facteurs favorisant l'usage du PC accompagné d'un localisateur temporel, tel que hier? De surcroît, nous observons que les contemporains Montesquieu et Voltaire, nés tous deux à la fin du XVII e siècle, utilisent de manière divergente la corrélation verbo-adverbiale. L ' u n emploie exclusivement le PS escorté d'hier dans sa Correspondance. L'autre recourt avec une légère préférence au PS, soit à une fréquence de 56,52 %. Par ailleurs, D. Diderot, né en 1713, moins rigoureux que Montesquieu, associe plus facilement le PS que le PC avec hier. L'alliance du PS + hier chez celui-ci présente un pourcentage de 74,36 %. Pourquoi une telle diversité ? Nous savons que la plupart des évolutions linguistiques, telles que le changement de la prononciation de /we/ en /ε/ ou de la graphie -oi- en -ai- pour l'imparfait et le conditionnel, ont commencé à Paris, où se situait la Cour considérée comme la norme. Le fait que Montesquieu, originaire de Bordeaux, et D. Diderot, né à Langres, se distinguent du parisien Voltaire, nous amène à nous poser la question suivante : Le critère géographique

entraînerait-il une préférence de l'une ou de l'autre forme temporelle ?

3.2.2.

Époque de la rupture corrélative : à partir de la deuxième moitié du XVIII e siècle ?

Il est à noter que parmi les seize correspondances répertoriées du XVIII e siècle, trois d'entre elles sont datées explicitement entre 1716-1755, à savoir : Correspondance de Montesquieu, Correspondance générale de J.-J. Rousseau et Correspondance de Madame de Graffigny. Nous avons observé que ces trois correspondances favorisaient, surtout les deux premières, encore majoritairement l'association entre le PS et l'embrayeur hier. Nous avons répertorié 75 PS contre 32 PC, soit 70,09 % d'emploi du PS. Précisons que les deux premières n'attestent que la corrélation entre ces deux constituants linguistiques, PS + hier ; Madame de Graffigny, quant à elle, commence déjà à pencher pour une alliance entre le PC et hier, à presque 60 %. La comparaison que nous allons faire porte uniquement sur l'adverbial hier, en raison de la présence peu nombreuse des deux autres adverbes. Les correspondances qui datent d'après 1755, nous relevons au total 89 occurrence du PS accompagné de cet embrayeur contre du 145 PC. En d'autres termes, le PC l'emporte à 61,97 %. Cette constatation nous confirme ceci : bien que le glissement corrélatif ne soit pas une révolution brusque, cette évolution se dessine bien au cours de la deuxième moitié du XVIII e siècle.

7

8

Nous nous consacrons ici uniquement aux occurrences d'hier, à cause du petit nombre attesté de ces deux adverbiaux de temps. II nous semble toutefois que dans la variable sexe se loge en réalité la variable scolarisation. Mais cela reste à prouver.

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3.3. Dominance du PC au XIXe siècle En exploitant dans FRANTEXT les innombrables segments phrastiques datant du XIXe siècle, nous pouvons facilement constater la dominance souveraine de la corrélation entre le PC et l'adverbial temporel hier. Notre résultat manifeste que la phase d'hésitation entre ces deux temps linguistiques chez les épistoliers mentionnés au XVIIIe siècle n'existe pratiquement plus chez les auteurs cités de la première moitié du XIXe siècle. En co-présence avec l'adverbe hier, nous ne relevons au total que 10 emplois du PS contre 452 du PC, c'est-àdire que nous avons 2,16% des cas d'occurrences d'hier s'associant avec le PS contre 97,84 % avec le PC. Ces deux observations attestent, par conséquent, qu'à l'aube du français contemporain, le PS ne peut plus résister, comme à l'époque postclassique, à l'envahissement quantitatif du PC. Quant aux deux autres adverbiaux, le lendemain et la veille, l'évolution linguistique, nous semble-t-il, continue à s'orienter dans la même direction que le circonstanciel de temps hier, mais plus timidement. Nous avons relevé 8 occurrence de le lendemain avec le PS contre 12 avec le PC. Pour la veille, nous n'avons qu'une occurrence du PS contre 2 du PC. Toutefois, la fréquence de la corrélation PC + le lendemain / la veille dépasse 60 %.

4. Conclusion

Cette étude diachronique montre que la mutation linguistique est un continuum. Nous avons vu, par l'observation distributionnelle, qu'au XVIIe siècle la répartition des deux tiroirs du passé de l'indicatif, le PS et le PC, en cooccurrence avec un adverbial temporel, est limpide et contrastée, surtout en ce qui concerne hier. La fréquence de la combinatoire entre le PS et cet adverbe est élevée à 98,6 %. Cependant, il nous est arrivé de repérer quelques corrélations « clandestines » où le PC a réussi à s'infiltrer. Avec le temps, la coprésence du PC et des adverbiaux étudiés se généralise. Hier se corrélie avec le PC passant de 1,63 % à 51,53 %. Cette montée quantitative nous confirme que la rupture corrélative, le PS + hier, s'est bien passée à XVIIIe siècle, et plus précisément au cours de la deuxième moitié de cette époque. De ce fait, à l'aube du français contemporain, l'alliance entre le PC et ces adverbiaux s'est bien installée. De surcroît, la méthode distributionnelle et statistique nous a fait découvrir les deux hypothèses d'ordre sociolinguistiques qui pourraient être des causes déclenchantes de cette évolution linguistique : Ce sont le sexe de l'épistolier et la zone géographique à laquelle il appartient. Dans la mesure où le nombre d'auteurs est limité dans notre champ d'observation, il nous semble plus prudent d'élargir le champ pour pouvoir réellement valider la pertinence de ces deux critères proposés.

Mutation du système verbal de l'indicatif en français

277

Références bibliographiques

GALET, Y. (1977) : Les corrélations verbo-adverbiales, fonction du passé simple et du passé composé, et la théorie des niveaux d'énonciation dans la phrase française du XVII e siècle, Paris, Champion, 2 tomes. GUIMIER, C. (1996) : Les adverbes du français : le cas des adverbes en -ment, Paris, Ophrys. KL UM, A. (1961) : Verbe et adverbe. Étude sur le système verbal indicatif et sur le système de certains adverbes de temps à la lumière des relations verbo-adverbiales dans la prose du français contemporain, Uppsala. N 0 J G A A R D , M. (1992, 1993, 1995) : Les adverbes français. Essai de description fonctionnelle, 3 vols., Historisk-filosofiske Meddelelser, 66, Copenhague, Munksgaard. N0LKE, H. (1993) : Le regard du locuteur. Pour une linguistique des traces énonciatives, Paris, Kimé.

Witold MAÑCZAK (Cracovie, Pologne)

Développement phonétique irrégulier dû à la fréquence dans les langues romanes

1. Commençons par examiner un texte : [1]

Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui /'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Dans ce texte, environ un tiers des mots (à savoir les mots imprimés en italiques) présente des irrégularités du développement phonétique, qui sont, dans la plupart des cas, expliqués par le caractère atone de ces mots. Mais la division des mots en toniques et atones, qui est vieille de deux millénaires, s'appuie, en réalité, sur une fausse généralisation. Il est vrai que dans levant, avoir, émoi les syllabes le-, a-, é sont atones et qu'il y a les homonymies suivantes : [2a] [2b] [2c]

le vent = levant à voir = avoir et moi = émoi

mais il est faux d'en conclure que les mots le, à, et sont atones parce que les mots toniques sont traités de la même manière : [3a] [3b] [3c]

dix vers = divers vingt cœurs = vainqueur va tôt = Watteau

et personne n'en conclut que les mots dix, vingt, va sont atones. En outre, l'homonymie existe entre des groupes de mots comprenant des « proclitiques » et des groupes de mots composés uniquement de mots accentués : [4a] [4b] [4c]

j'en vois = Jean voit leur compte = l'heure compte l'on vient = Long vient

Pour expliquer toutes ces homonymies, il faut admettre que : 1) Tous les mots sont toniques. 2) Dans un groupe de deux mots, il n'arrive jamais que les deux mots soient accentués avec la même intensité ; autrement dit, l'accentuation Charles 'vient n'existe pas. Dans un groupe de deux mots, le cas plus fréquent est que le premier mot est accentué plus faiblement que le second, tandis qu'une accentuation inverse est plus rare. Autrement dit, l'accentuation du type 'Charles "vient est beaucoup plus répandue que celle du type "ou;, mon'sieur.

Witold Mañczak

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La vraie accentuation des groupes de mots examinés ci-dessus est la suivante : '/e "vent = le'vani, 'à "voir = a'voir, 'et "moi = é 'moi, 'dix "vers = di'vers, 'vingt "cœurs = vain'queur, 'va "tôt = Wa'tteau, 'j'en "vois = 'Jean "voit, 'leur "compte = 'l'heure "compte, 'l'on "vient = 'Long "vient. À mon avis, les formes réduites mentionnées ci-dessus s'expliquent par ce que j'appelle un développement phonétique irrégulier dû à la fréquence. Résumée au maximum, la théorie de ce dernier développement se présente comme suit. Il existe une loi synchronique selon laquelle les éléments linguistiques les plus employés sont plus courts que ceux qui sont d'un usage moins fréquent. Il existe une sorte d'équilibre entre le volume des éléments et leur fréquence. Mais le volume des éléments linguistiques n'est pas stable. Par suite du développement phonétique régulier, la longueur des mots peut changer sensiblement, comme le montre la comparaison de quelques mots latins et français : -

me (2 phonèmes) > moi (3 phonèmes) rem (3) > rien (3) bene (4) > bien (3) amicam (6) > amie (3) Augustum (8) > août (1)

augmentation de 50 % aucun changement diminution de 25 % diminution de 50 % diminution de 88 %

La fréquence des mots peut également varier : sire est ainsi moins employé de nos jours qu'au moyen âge, tandis que chauffeur est plus utilisé maintenant que dans le passé. Dans cet état de choses, il peut se faire que l'équilibre entre volume et fréquence soit bouleversé. Si un élément linguistique devient trop court par rapport à sa fréquence, on l'allonge, cf. août [u] remplacé par [ut] ou mois d'août. Si, au contraire, un élément linguistique devient trop long par rapport à sa fréquence, il est nécessaire que l'équilibre soit rétabli par la diminution de son volume. Et l'on sait qu'il y a des abrègements provoqués par l'augmentation de la fréquence, qu'un groupe de mots peut être réduit à un seul mot (chemin de fer métropolitain > métropolitain), qu'un mot composé peut être réduit à un seul élément (télévision > télé), que n'importe quel mot peut être amputé d'une partie de son corps (faculté > fac), mais les linguistes ont de la peine à comprendre que, à côté de ces abrègements pour ainsi dire « mécaniques », il y en a d'autres qui ont lieu dans les radicaux (avr-ai > aur-ai), les affixes (franç-ois [we] > franç-ais [ε]) et les désinences (cant-avit > chant-a). Si le développement phonétique irrégulier dû à la fréquence est assez avancé, il consiste en la chute d'un ou de plusieurs phonèmes {*siat > soit, cantare habetis > chanterez), mais quand l'évolution en question est dans sa phase initiale, elle consiste en une réduction partielle du phonème. Voici quelques exemples : - la quantité de la voyelle peut être réduite : nôtre > notre ; - le degré d'aperture de la voyelle peut être réduit (a > e > i ou a > o > u) : a. esse η > sin, cantamus > chantons ; - une voyelle pleine peut être remplacée par une voyelle réduite, cf. le futur fera de faire en regard du futur régulier plaira de plaire ; - une consonne palatale peut être réduite en une consonne non mouillée, cf. es los en regard du régulier ellos. Il y a 6 arguments à l'appui de la théorie du développement phonétique irrégulier dû à la fréquence.

Développement phonétique irrégulier dû à lafréquencedans les langues romanes

281

2. Nous avons dépouillé un dictionnaire de fréquence qui relève, entre autres, les 6000 mots français les plus usités. Les mots qui ont subi des réductions irrégulières s'y présentent comme suit : -

1er mille 2e mille 3e mille 4 e mille 5 e mille 6 e mille

99 8 6 % 9 8% 4 3% 2 2% 1 1% —

Test χ 2 409,55 > 11,07



Cet argument, à lui seul, suffirait à prouver que la théorie en question est juste. Mais il y en a encore d'autres.

3.

Si le morphème, mot ou groupe de mots apparaît dans une langue donnée sous une double forme, régulière et irrégulière, le développement phonétique irrégulier dû à la fréquence se caractérise par le fait que la forme irrégulière est, en général, plus employée que la forme régulière, par ex. Français est plus utilisé que François, et il en est de même pour aller et ambler, pour monsieur et monseigneur.

4.

Si les changements phonétiques irréguliers dus à la fréquence se produisent à l'intérieur d'un paradigme flexionnel ou d'une famille de mots, les réductions ont lieu plus souvent dans les formes les plus fréquentes que dans les formes plus rares. Par exemple, parmi les formes italiennes ho, hai, ha, abbiamo, avete, hanno, sont abrégés ho, hai, ha, hanno, ce qui s'explique par le fait que le singulier est plus employé que le pluriel et la troisième personne est plus utilisée que les autres. En français, le groupe intervocalique -tr- aboutit régulièrement à -rr-, cf. petram > pierre, tandis que le fait que patrem est devenu père s'explique par un développement phonétique irrégulier dû à la fréquence. Mais le dérivé parrain, qui est moins employé que père, présente une évolution normale. Une différence semblable existe en catalan entre le nom du père et celui du parrain.

5.

À côté du développement phonétique irrégulier dû à la fréquence, il existe une autre évolution consistant en des accidents phonétiques connus depuis longtemps sous les noms d'assimilations, dissimilations ou métathèses, en formes hypercorrectes et expressives. Toute cette évolution irrégulière se caractérise par le fait qu'elle a lieu, dans différentes langues, dans des mots divers. Le mot français chercher < cercher présente une assimilation, faible > flebilem, une dissimilation, alors que h dans herse est expressif. Mais il serait difficile de trouver, dans une langue indo-européenne, un mot signifiant « faible » avec

282

Witold Mañczak

une dissimilation, un mot signifiant « troubler » avec une métathèse ou bien un mot signifiant « herse » avec un phonème d'origine expressive. Bref, il n'y a aucun parallélisme entre les irrégularités dites assimilations, dissimilations, métathèses, etc., qui se produisent dans des langues différentes. À ¡'encontre des assimilations, dissimilations, etc., le développement phonétique irrégulier dû à la fréquence se produit, dans diverses langues, d'une manière plus ou moins parallèle, ce qui s'explique par le fait que les mots les plus fréquents sont partout à peu près les mêmes. Par exemple, le verbe signifiant « parler » présente un développement irrégulier dans beaucoup de langues, cf. fr.parler et it. parlare < parabolare, lat. aio < *agio (en face du développement régulier dans les substantifs adagium ou prodigium, qui étaient moins employés), sarde nau < narro, nas < narras, etc., angl. speak (en regard du régulier all. sprechen) ou bien russe dial, gryt < govorit.

6.

Quand on a à sa disposition un atlas linguistique, on peut observer que de deux (ou plusieurs) changements s'expliquant par un développement phonétique irrégulier dû à la fréquence, celui qui concerne le mot ou morphème le plus fréquent a une aire plus étendue que l'autre ou les autres. En français, le r final se maintient (aurum > or,florem > fleur, etc.), mais beaucoup d'infinitifs présentent une chute irrégulière du -r. L'examen des cartes de l'ALF montre que l'aire où le -r tombe dans les verbes en -er est plus grande que celle où le -r disparaît dans les verbes en -ir, et celle-ci est plus grande que l'aire où l'on constate une chute irrégulière de cette consonne dans les verbes en -oir. Ceci s'explique par le fait que les verbes en -er sont les plus fréquents, ceux en -ir sont moins fréquents et ceux en -oir, les moins employés.

7. Quand on a à sa disposition un dictionnaire de fréquence et un dictionnaire inverse, on peut examiner des séries de mots qui commencent ou se terminent par la même lettre ou les mêmes lettres. Parmi les dictionnaires de fréquence qui étaient à ma disposition, le meilleur était celui de l'anglais parce qu'il s'appliquait à 30 000 mots. Voilà pourquoi j'ai décidé de présenter quelques données statistiques relatives à l'anglais. En anglais, il y a 700 dérivés en -iness, par ex. laziness, parmi lesquels seul bussiness a subi un abrègement, et business est le mot le plus fréquent en -iness. Il y a 16 verbes faibles monosyllabiques en -ay, par. ex. play, parmi lesquels il y a un seul dont les formes présentent des réductions irrégulières, à savoir say (says, said), et say est le verbe le plus employé en -ay. Il y a 9 mots en -een, par. ex. seen, parmi lesquels il y a un seul dont la prononciation puisse être réduite, à savoir been, et been est le plus fréquent parmi ces mots. Il y a plus de 200 féminins en -ess, par. ex. princess, parmi lesquels seul mistress se réduit en Mrs. et Miss, et Mrs. et Miss sont les plus fréquents parmi ces féminins. Il y a 15 mots commençant par count-, par. ex. county, parmi lesquels seul country a subi un abrègement, et country est le plus utilisé parmi les mots commençant par count-. Il y a 62 mots commençant par jw-, par. ex. sweet. En a. anglais, ils ont été un peu plus nombreux parce que les mots modernes so, such, sister et sword présentaient sw-. En ce qui concerne les mots où îw- s'est réduit en s-, il est intéressant de noter que, du point de vue de la fréquence, so occupe la première place, such,

Développement phonétique irrégulier dû à la fréquence dans les langues romanes

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la deuxième, sister, la quatrième et sword, la dix-neuvième, à ceci près qu'il est indubitable qu'autrefais sword a été plus employé que maintenant. Il y a plus de 1000 mots d'origine germanique commençant par A-, parmi lesquels, dans l'orthographe officielle, seul it < hit a perdu le h-, et it est plus utilisé que tous les mots où h- a persisté.

8. Voilà ce que j'ai pu dire en 20 minutes sur le développement phonétique irrégulier dû à la fréquence. Mais il est possible d'apprendre davantage à ce sujet dans mes trois monographies (Mañczak, 1969, 1977 et 1987) et de nombreux articles que j'ai consacrés à ce phénomène, qui, à côté du développement phonétique régulier et du développement analogique, est le troisième facteur principal qui décide de la forme des mots dans toutes les langues du monde.

Références bibliographiques

MAÑCZAK W. (1969) : Le développement phonétique des langues romanes et la fréquence, Kraków, Uniwersytet Jagielloñski. - (1977) : Slowiañska fonetyka historyczna a frekwencja, Kraków, Uniwersytet Jagielloñ ski. - (1987) : Frequenzbedingter unregelmässiger Lautwandel in den germanischen Sprachen, Wroclaw, Ossolineum.

Christiane MARCHELLONIZIA (Fontenay / St-Cloud, France) Le tragique destin de moult en français : changement linguistique et structures sémantico-cognitives

1. De moult à très et beaucoup : une disparition non attendue

Nous analyserons ici un changement propre au français : la disparition du morphème moutf et son remplacement par très et beaucoup, alors que dans la plupart autres langues romanes les morphèmes issus du latin mult- ont perduré. Ce phénomène est d'autant plus curieux que moult est encore dans la compétence latente de nombreux locuteurs modernes (« Après moultes réflexions... »). Ce changement a suscité peu de littérature au total : deux ou trois études, traitant des nouveaux morphèmes plutôt que de la disparition de moult, et quelques brèves notes plus anciennes. L'apparition de beaucoup a été bien retracée par K . BALDINGER (1980 : 57-87), et son sémantisme et sa valeur sociolinguistique bien élucidés par S. M O N S O N É G O (1993 : 189-200). En revanche, la disparition de moult et l'explication de son remplacement n'ont été étudiées que dans la mesure où la documentation d'une part, et les concepts disponibles d'autre part le permettaient, comme le souligne BALDINGER lui-même, et seul Cl. B U R I D A N T (1992 : 41-45) a repris la question mais très brièvement, et seulement pour certains emplois de moult : il explique en effet un aspect du changement par une réanalyse subie par moult, nous y reviendrons. En autre dans aucune des trois études évoquées le développement parallèle de très n'est pris en compte, or il est après tout aussi inattendu que l'apparition et la généralisation de beaucoup. Il s'agit certes concernant beaucoup d'un phénomène de « grammaticalisation »2 fort classique, mais ce que les études précédentes n'expliquent pas, c'est : pourquoi cette grammaticalisation, et ici, et pourquoi moult disparaît-il ? C'est cette dernière question, la disparition de moult, fondamentale pour l'étude du phénomène dans son ensemble, que nous allons reprendre ici. On insistera donc sur la diachronie de moult, sur les changements qu'il subit et sur les variations dans lesquelles il entre avant de disparaître. Cela nous permettra de montrer que l'explication se trouve dans des mouvements généraux de l'évolution syntaxique du français d'une part, et de l'évolution des distinctions grammaticales d'autre part, c'est-àdire dans la forme même de la grammaire qui peu à peu se développe entre le proto-roman et le XVe siècle en français. Grâce aux très gros corpus récemment constitués, on peut désormais plus précisément pister et plus finement analyser les phénomènes de ce type.

1 2

Nous adoptons la graphie moult, la seule évocatrice pour un locuteur français actuel ; l'a. f. utilise molt, mult, mut, moult, mout, mon, mont.

Cf BURIDANT ( 1 9 9 2

:43).

Sur cette notion, voir entre autres E.

TRAUGOTT / Β. HEINE (1991).

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Cette étude illustrera, une fois encore, qu'en linguistique historique la disparition d'un terme (mot, construction, notion...) est aussi importante que l'apparition d'un nouvel élément.

2. Les grandes étapes du changement étudié : histoire croisée de trois morphèmes

Avant d'aborder le phénomène qui nous intéressera ici de façon centrale, à savoir le processus de disparition de moult, nous allons poser quelques jalons chronologiques et quantitatifs préalables, car le changement étudié ici concerne, nous l'avons dit, trois morphèmes. Après avoir précisé les valeurs de moult, nous indiquerons brièvement à partir de quand il y a apparition de beaucoup d'une part et de très hors ses emplois originels d'autre part, comme variantes de moult, et nous préciserons à partir de quand la fréquence des morphèmes s'inverse. Nous pourrons ensuite analyser après quels changements moult connaît ce déclin. Une étude menée sur 25 textes 3 nous a fourni les éléments nécessaire pour interpréter le phénomène, à partir de la fréquence relative des trois morphèmes, et des emplois et de la position de moult, car c'est là un facteur important dans l'analyse de sa syntaxe et de son évolution. L'histoire croisée des trois morphèmes concernés peut se résumer brièvement ainsi : - Moult est présent dès les plus anciens textes, et fort employé durant toute la période de l'ancien français (désormais AF). C'est un adverbe autonome, il peut être disjoint et parfois fortement du terme sur lequel il porte : en général il lui est antéposé, mais parfois aussi, bien que rarement, postposé ; du fait de son autonomie il peut occuper dans l'énoncé des positions fort diverses. C'est par ce morphème que l'on peut intensifier des unités de nature, de fonctions et de niveaux fort divers : il peut être incident à un adverbe {molt richement), à un adjectif épithète ou attribut (Molt est granz ; un molt grant hardement), à un substantif qu'il intensifie ou quantifie (Ansanble n'i ntrassent pas Dui home s'a molt peine non 'Deux hommes n'auraient pu y entrer sinon à grand peine' ; mout ont soufert de martire ; mout chevaliers ; mout de chevaliers), à un verbe (moult se duelt), à tout le prédicat verbal (mout s'en merveille ; molt set d'eschés 'il sait bien jouer aux échecs') ; et c'est ce dernier emploi qui permet sans doute d'avoir parfois dans le prédicat verbal un objet au singulier là où on attendait pour le sens un pluriel : il met en quelque sorte au pluriel l'ensemble du prédicat, y compris l'objet direct (Et a la porte sont alé U avoit mout siergant armé, Sone de Nansay 15204 : 'Et ils sont allés à la porte où se trouvaient de nombreux soldats armés' ; voir T - L t. VII col. 361). Mais

3

Nous devons ces chiffres aux concordances établies au sein de l'ex-Équipe d'accueil ELI « Linguistique et Informatique » de l'ENS-Fontenay-St Cloud (à présent UMR 8503 « Analyses de corpus »), ainsi qu'au corpus du Dictionnaire du Moyen Français - nous remercions les responsables de l'INaLF de nous en avoir autorisé l'accès. Je remercie vivement Simone MONSONÉGO de m'avoir communiqué le corpus des emplois de beaucoup dans le Donait français, premier texte sans doute à ignorer moult.

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on reviendra sur la question de la portée de ce morphème. Moult devient relativement moins fréquent au XV® s., et disparaît assez brutalement au XVIe s. Les premiers auteurs à ne plus l'employer ou presque sont le grammairien auteur du Donait français, John Barton, au début du XVe s., et Commynes, à l'extrême fin du même siècle. Dans le corpus du DMF (220 textes allant du début du XIVe s. au début du XVIe s., sept millions de mots-occurrences) en sont attestées environ 9000 occurrences ; dans le corpus FRANTEXT-XVr s., on ne trouve plus de l'adverbe que deux cents occurrences environ. - Comme moult, très existe dès le très ancien français. Mais il n'est alors qu'un préfixe, au total peu fréquent, et il n'est employé qu'avec un petit nombre de verbes (trespasser, trestorner, etc.) ou de déverbaux (trespas) marquant le passage, dans lesquels il peut être interprété comme conservant son sens originel dès lors qu'il ne fonctionne qu'avec ces verbes. Mais très vite on le trouve employé avec un petit nombre d'adjectifs (treschier, tresbel) ou d'adverbes (tresbien) auprès desquels il est devenu un préfixe « grammaticalisé » marquant simplement l'intensité. Cette fonction sémantique d'intensifieur est de plus en plus assurée par très pour les adjectifs et la plupart des adverbes, dès le début du XVe s., à partir des Quinze Joyes. Notons que parallèlement, très cesse de pouvoir intensifier les verbes ; trespasser, tressaillir, etc., sont devenus des verbes autonomes et souvent graphiés sans -s- : trepasser, trepas. Contrairement à moult, très ne peut être disjoint du terme sur lequel il porte, il le précède immédiatement, et possède ce trait en commun avec beaucouAinsi, la fréquence, la nature et les emplois de très ont changé entre le Xe et le XVe s. ; d'abord préfixe, il est devenu adverbe intensifieur de certaines catégories secondaires de morphèmes - adjectifs et adverbes. - Beaucoup apparaît comme métaphore à la fin du XIIIe s. (Nos engins getoient au leur et les leurs aus nostres, mes onques η 'oy dire que les nostres feissent biau cop. Joinville, Vie de saint Louis § 193 : 'Nos engins tiraient sur les leurs et les leurs sur les nôtres, mais je n'entendis jamais dire que les nôtres aient abouti à beaucoup de résultats', ou : '...aient réussi de beaux tirs') ; il se grammaticalise assez rapidement : même s'il est peu fréquent, dès le XIV e s. on en trouve des emplois où le sens guerrier ou alimentaire (boire un beau/bon coup) initial a disparu : coup, tout en conservant toutes ses autres valeurs nominales dans la langue, perd dans cette expression ses valeurs sémantiques et sa capacité d'être au pluriel et de se construire librement. En un siècle ce nouveau morphème va supplanter moult dans certains de ses emplois, comme intensifieur de verbe ou de nom, mais aussi comme intensifieur de quelques adverbes eux-mêmes intensifieurs (plus, moins, mieux, trop, bien). En AF. c'est moult qui intensifiait ces adverbes : moult par, moult trop, moult plus, moult très même (c'était le cas dans les autres langues romanes aussi, en catalan par ex.). - Tout au long des siècles et jusqu'à aujourd'hui d'autres adverbes et locutions servaient ponctuellement d'intensifieurs {fort, tout, bien, à foison, un grand nombre de...), mais leur rôle a toujours été relativement réduit, ils ont déjà été étudiés (BALDINGER 1980 ; MONSONÉGO 1993), et nous ne les évoquerons pas ici.

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3. L'énigme : pourquoi moult disparaît-il en français, et à cette époque, et au profit de ces deux adverbes-là ? Les étapes de l'analyse et les questions auxquelles il faut répondre

Outre ce problème propre d'évolution interne au français, une autre question se pose, dans le champ du comparatisme des langues romanes. Le français est la seule langue romane à avoir « renoncé » à cet adverbe, issu du latin multu-, pourtant si commode puisqu'il porte sur tous les termes possibles. Les autres langues romanes l'ont conservé (it. molto, csmuy/mucho, catalan molt/molts/molte, etc.). Si ce morphème avait subi une érosion phonique forte, au point par exemple d'être réduit à une simple voyelle, on comprendrait plus facilement sa disparition. Mais ce n'est pas le cas ; le mot certes est monosyllabique, et le -t final s'est amui devant consonne, mais bon nombre de monosyllabes à finale « masculine » ont également subi cette évolution sans pour autant disparaître. Et si les monosyllabes dans son cas avaient dû disparaître, pourquoi peu, plus, si, tant se sont-ils conservés ? Pour comprendre ce changement, l'analyse ne doit pas être limitée au moment du passage de moult à beaucoup, mais elle doit prendre le phénomène en amont : moult a commencé par subir divers changements avant même de céder la place. Tout d'abord, moult incident à un nom pouvait ou non s'accorder : qu'en est-il ? l'accord se faisait-il au hasard, ou selon une règle ? Depuis quand et jusqu'à quand, et où ? De la possibilité ou non d'accord on déduira sa nature, de déterminant ou d'adverbe. Ensuite, moult incident à un nom pouvait ou non se construire à l'aide de la préposition de : là encore, existait-il des régularités ? Depuis quand, dans quels dialectes ? Enfin, les positions possibles de moult sont variées : cela change-t-il ? Que dire de la portée de l'adverbe ?

4. Les valeurs de moult en ancien français

Le morphème moult avait au Moyen Âge deux valeurs sémantiques bien repérées par les grammaires, celles d'intensifieur d'une notion non comptable (Moult plore, Moult tost, Il est moult gram) et de quantifieur d'une valeur comptable (Si i avoit moult chevaliers ; en multes terres ; Chevalers i ot molt). Pour ce qui est de sa nature en revanche, les grammaires hésitent : était-ce un adverbe, invariable, ou un déterminant et un pronom variables en nombre et en genre ? Nous tenterons d'éclaircir ce point. Nous décrirons ensuite avec précision les constructions et les places possibles de moult ; cela nous permettra de préciser la question de la portée de ce morphème, car là encore les grammaires hésitent : portait-il toujours sur un terme précis, nom, verbe ou adjectif, ou pouvait-il intensifier le prédicat tout entier ? Tout cela nous permettra d'entamer l'étude proprement diachronique du phénomène, en voyant le ou les lieux où s'initie le changement, c'est à dire dans notre modèle le lieu où apparaît la variation, et les lieux où elle se propage le plus vite. Cela peut donner deux ordres d'indications : sur les endroits

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du système grammatical où il y avait un changement plus profond en cours qui a induit le changement de surface. On va donc étudier successivement les traits suivants pour répondre aux questions posées : - l'accord de moult lorsqu'il porte sur un nom, et - l'accord de moult lorsqu'il anaphorise un nom, à une fonction où la déclinaison est marquée en particulier (cas-sujet singulier ou cas-régime pluriel pour le masculin, marqués par -s/-z finaux : moulz), ou au féminin (normalement marqué par -e final) ; a-t-on moult chevaliers ou moulz chevaliers ? Il a moult joie ou: Il a moulte joie ? Moult en i a ou : Moulz/moultes en i al - les constructions (disjonction possible, postposition admise) ; - la position : antéposition au V, postposition au V, contiguïté au V ; - on en déduira la portée de l'intensifieur.

5. L'accord de moult : un trait de la morphologie anglo-normande

Si tout le monde s'accorde sur les valeurs de moult en ancien français, en revanche sur sa nature il y a hésitation, on l'a dit.4 Dès que moult apparaît dans la langue, avec sa valeur d'intensifieur il est toujours invariable et donc classé comme adverbe. En revanche dans son emploi de quantifieur, il est soit invariable, soit variable, s'accordant en nombre et en genre avec sa tête nominale : Seméïdemurad en Jerusalem mulz jurs (QLR3). L'analyse que nous avons menée sur un grand nombre de textes a permis de constater trois faits : 1) il n'y accord de moult avec le nom qu'il quantifie que jusqu'en 1180 environ ; 2) c'est exclusivement dans les textes composés ou copiés en anglo-normand5 que moult s'accorde ; 3) et il s'accorde suivant des règles très strictes : il faut que moult anaphorise, ou porte sur, un nom au pluriel - donc discret et nombrable : on a alors les formes moulz et multes ; comme on n'a pas *moulte joie, on déduit que la forme moult incidente à Ν (ambiguë car elle peut être soit cas-régime masculin

4

G. ZiNK écrit : « Il n'est pas jusqu'à l'étiquette de 'mots invariables' qui ne reçoive un démenti quand des termes tels que moult, quant, sovent, tant viennent à s'adjectiver (moutes merciz, tanz enemis, soventes foiz) (1989 : 235). En effet, si en général on le classe comme 'adverbe', on ajoute tout aussitôt que moult « s'emploie aussi comme adjectif » (MÉNARD 19883 : § 298, 2) ; voir aussi : TOGEBY (1973 : § 85) mout adjectif ou au neutre comme adverbial ; RHEINFELDER II2 (1976 : § 383) « adjectif avec valeur adverbiale au neutre » ; MOIGNET (1973 : 48 et 119) ; BONNARDRÉGNIER (1989 : § 121) comme « adverbe » à côté de assez, auques, trop, par, et § 124 comme

5

À notre connaissance G. ZINK (1989: 126) est le seul à signaler que l'emploi adjectif est « caractéristique des textes de l'Ouest » (Multes merciz, baruns. Chanson de Guillaume 620) ; ni

« adjectif substantiveur » ; RAYNAUD DE LAGE / HASENOHR (1993 : § 122).

RHEINFELDER e t ni POPE n e le font.

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masculin singulier correspondant à *moulte, soit adverbe) doit être interprétée comme un adverbe ; moult doit précéder (règle de position), et précéder immédiatement (règle de contiguïté) le nom sur lequel il porte. Cette règle s'applique systématiquement dans plusieurs textes : Vie de saint

Alexis,

Chanson de Roland, Voyage de saint Brendan, Gormont et Isembart, Lais de Marie de France, Quatre Livres des Rois, c'est à dire en fait de l'ensemble des textes de notre corpus composés et/ou copiés dans l'aire dialectale anglo-normande avant 1160 (Béroul n'offre aucune construction où l'accord aurait pu se faire) : [1]

[2] [3] [4]

Par multes terres fait querre sun enfant (Vie de saint Alexis 112 : écrit en1040, texte anglonormand) (également Voyage de St Brendan même région, vers 1120 : v. 614, 1459, 1772, 1830) De multes cunoisances (Roland 3090 ; version anglo-normande de cette épopée, 1100) multes genz garisseit (Les Quatre Livres des Rois 3/1 : adaptation de la Bible en dialecte anglo-normand du milieu du 12e s.) E de muz princes honurez (Marie de France, Lais, écrit vers 1170 : Milun 20 : 'honoré de nombreux princes')

Dans ces mêmes textes, l'accord est fait également pour l'emploi pronominal : [5] [6] [7] [8]

A mulz valut (Brendan 1830 : 'Il a été bénéfique à beaucoup') vostre salvatiun ροζ faire tut alsi a poi cume a multz, or nus garis (QLR 3, 4) sin ocistrent multz de Juda (QLR 4, 36) Lur cunestable ad retenu / E vint e noef des autres pris / E muz nafìez e muz ocis. (Marie de France Eliduc 250-252 : 'Il a pris leur connétable et fait prisonniers vingt-neuf des autres et en a beaucoup blessés et tués)

Tous les cas rassemblés dans le dictionnaire de TOBLER et LOMMATZSCH sont issus de textes copiés ou composés dans l'Ouest et offrant par ailleurs des traits dialectaux anglonormands (voir tome VI, colonnes 360-361). Et des trois cas recensés chez Marie de France, un se trouve dans un texte dont on a deux copies, l'une anglo-normande qui donne muz, l'autre copiée en Île-de-France fin XIII e s. : ce dernier manuscrit a corrigé en maintes •6

gens ! En revanche, dans ces mêmes textes, dès que l'une des conditions n'est pas remplie, moult ne s'accorde pas ; s'il est séparé du nom ne serait-ce que par une épithète, moult est invariable, c'est donc qu'il porte sur l'adjectif dont il est dans ce cas intensifieur : [9] mult granz colps s'entredunent (Roland 3587) mais *mutz granz colps... Et à plus forte raison si moult est séparé par le verbe du nom sur lequel il pourrait porter comme quantifieur, jamais il n'y a d'accord non plus : [10] mais

Mult unt otld e peines e ahans * Mulz unt oUd e peines e ahans.

(Roland 267)

Enfin, dès que le nom sur lequel il porte en le précédant immédiatement est non-discret, continu, il n'y a pas d'accord non plus :

6

Voir Milun vers 20, 228-229 de l'éd. J. Rychner des Lais, Paris, Champion, 1966.

Le tragique destin de moult en français [11] mais

En ma vie fis poi bien e mult folie * multe folie...

291 (Brendan 1446)

En résumé : - on a accord quand moult porte sur un nom nombrable au pluriel, et le précède immédiatement, ou s'il anaphorise un nom au pluriel ; - on n'a pas d'accord en revanche dans ces mêmes textes si le nom sur lequel porte moult est au singulier (moult joie), ou si moult et le nom au pluriel sont séparés par le verbe ou même simplement par une épithète. L'ancien anglo-normand et lui seul possède donc un paradigme de déterminants quantifieurs : zéro (chevaliers 'des chevaliers') / molz, moites (molz chevaliers 'beaucoup de chevaliers') / toz (toz les chevaliers), dont les deux derniers, molz et toz, peuvent être pronoms.

6. Moult/moulz

: variations sur l'accord, et moult invariable :

En anglo-normand, l'évolution qui se dessine se fait suivant le schéma classique suivant en trois étapes : règle 1 variation règle 2 + figement

état A : état Β : étatC :

une seule règle possible apparition d'une variante la variante est devenue la règle, et l'ancienne règle gouverne seulement les « figements » Tableau 15 : Évolution en anglo-normand La règle d'accord anglo-normande semble s'appliquer avec régularité avant 1160. Mais dans le dernier tiers du XII e siècle, la règle commence à devenir caduque ; ainsi Tristan et Yseut de Thomas, composé et copié dans le même dialecte, mais un peu plus tard, vers 1170, applique ou non l'accord : [12] mais

A molz ai veü avenir... E il redute le pais, Car il i ad mult enemis

(éd. Pléiade 345) 7 (2510)

Mais dès que l'on passe, au milieu du XII e siècle, à des textes écrits sur le continent, la situation est totalement différente. Dès Thebes en effet, il n'y avait plus d'accord : [13]

d'Archade ot mout gent o soi

(5558)

Dans plusieurs textes moult est invariable même juste devant un nom au pluriel : chez THOMAS comme on L'a vu, et dans Aliscans ou plus tard chez Jean RENART également : [14] [15]

Dame Guibor a mout saluz mandez s'avoit chevaliers et mout gent par cele sale a grant plenté

(Aliscans 7647) (Guillaume de Dole 96)

Bientôt ce ne seront plus que deux expressions figées qui garderont trace de cet accord qui suppose cependant que la règle anglo-normande ait été « empruntée » mais sous forme

7

Les deux manuscrits qui donnent ce passage, tous deux anglo-normands, donnent mult.

Christiane Marchello-Nizia

292

de figement sur le continent .de moultes choses, multes merciz, que l'on rencontre d'ailleurs très tôt, mais jamais systématiquement. Ainsi dans La Vie de saint Thomas Becket écrite en 1174 par Guernes de Pont-Sainte-Maxence qui n'était pas anglo-normand, mais dont le texte nous a été transmis dans six manuscrits tous anglo-normands, on a : [16]

De multes choses unt entr'els dous desputé

(4391 ; seul le ms Β donne pluisurs).

Au siècle suivant on trouve encore por moites choses et moutes merciz dans la Queste del saint Graal (vers 1230, manuscrit du XIIIe s. copié sur le continent, 118 et 166). Mais ce sont les dernières attestations, qui respectent les contraintes définies plus haut (pluriel, nombrable, sans épithète intercalée) : il s'agit sans doute de figements, puisqu'à côté de ces syntagmes dans tous les cas semblables moult est invariable.

7. La préposition de

Il est un phénomène qui a été considéré parfois comme « remplaçant » l'accord en train de disparaître : c'est l'apparition de la construction avec DE : moult de. Mais peut-on dire qu'il s'agit de remplacer l'accord ? Pas exactement, puisque d'une part l'apparition de DE ne précède pas la disparition de l'accord mais la suit, puisque d'autre part DE se trouvera en toutes constructions (avec un nom singulier ou pluriel) et pas seulement là où il y avait accord (avec un nom pluriel), et enfin puisqu'on ne l'emploie jamais systématiquement. De en effet apparaît assez tardivement ; on en a un cas dans Brendan : [ 17]

Mut i aveit d'isselites

(1681)

Mais c'est un isolât. Moult de n'apparaît dans aucun des autres textes anciens et anglonormands - sauf chez Thomas : Alexis, Roland, Gormont, ni chez Marie de France ou Béroul. Dès le troisième quart du XIIe s. en revanche, chez THOMAS (voir [12] ci-dessus et [18] ci-dessous), chez Chrétien de Troyes entre autres, moult...de apparaît en variation avec moult seul : dans Erec, sur cinq cas où moult est incident à un nom, il se construit quatre fois directement et une fois avec de ; dans Yvain, sur sept cas, on n'a que deux moult de. Et le fait que chez Chrétien moult de ait encore parfois un sens « partitif » montre bien que la grammaticalisation de moult de et l'incorporation de moult dans le syntagme ne sont pas totalement achevées (voir ci-dessous [18] et [19]). Mais le plus souvent le sens de moult de est simplement indéterminé ([20], [21], [25] et [26]). Parfois, en vers, il semble que le choix entre les deux soit dû à la scansion (comparer [22a]—[22b], [23a]-[23b], [24a]-[24b]). [18]

[19] [20] [21] [22a] [22b] [23a]

E leise mult de ses désirs (Thomas Tristan et Yseut éd. Pléiade v. 2184 : ' et elle sacrifie beaucoup de ses désirs' : seul cas de moult de) que mout avoit perdu del sane (Perceval 7214) que mout a la porte colanz / de ses genz moiz (Perceval 2484 : 'car la herse avait tué beaucoup de ses gens') .. .et porroies desvoier : il i a d'autres voies mout (Yvain 378-9 : 'il y a beaucoup d'autres voies') que molt i ot boens chevaliers (Erec 3) molt i ot de boens chevaliers (Erec 151) ou molt avoit arbalestriers (Cligès 1961 )

Le tragique destin de moult en français [23b] [24a] [24b] [25]

293

ou molt avoit de genz dolantes Mout i a paroles retretes Mout en i ot de bien garniz et fïsent molt honneur as messages

(Cligès 2080). (Jean Renart, Dole 314) (Dole 241, et 99). ,8

[26a] [26b]

et i ot mout gent et croisa mout de pueple

(Clari 8 : 'et ils firent grand honneur aux messagers') (Reims 19v° : 'il y avait beaucoup de monde') (ibid. : 'beaucoup de monde se croisa')

Il faut attendre la fin du XIII e siècle pour que de articule systématiquement moult et un nom, nombrable ou non, qui le suit, ou bien introduise un nom séparé de moult par le verbe, ou antéposé à moult. Cependant, on peut d'ores et déjà d'établir une chronologie peut-être explicative : la première apparition de moult de (Brendan) se situe en un cas où le nom était au pluriel mais où l'on ne pouvait attendre un accord car moult était séparé du nom : moult V de N. Ensuite et tout aussitôt parmi les premiers emplois de moult (...) de on trouve des cas avec un nom au singulier. Jusqu'à la fin du XII e s. moult + Ν l'emporte sur moult + de + N. Mais dès 1200 moult de N devient plus fréquent (Couronnement de Louis, Robert de Clari, Jean Renart) moult N ne subsiste plus que dans des fïgements : ainsi par exemple chez Clari, dans Queste del saint Graal (1230) ou dans les Récits d'un ménestrel de Reims (1260) (voir ci-dessus [26a]-[26b]). Et dès la fin du siècle, à partir de Joinville, moult de s'est généralisé.

8. La position et la portée du morphème moult

Mais que s'est-il passé qui ait motivé, ou accompagné ce changement ? C'est la portée du morphème moult qui est ici en cause. En AF., moult peut porter sur toute sorte d'éléments. L'ordre des constituants de la phrase, de type « Thème-V-X », favorise la position en tête des intensifieurs, c'est un phénomène bien repéré. Moult se place dans la majorité des énoncés en tête, juste devant le verbe (ou le verbe préfixé par l'intensifieur spécifique par : Moult par est gram : 'Il est particulièrement grand"), rien ne peut l'en séparer. De ce fait il est des cas où une ambiguïté naît sur la portée de l'adverbe : [27]

Mout en a conquis hauz amis

(Dole 294)

où trois interprétations sont théoriquement possibles : 1) il a gagné de très nobles amis (porte sur l'épithète) ; 2) ou il s'est gagné beaucoup de nobles amis (porte sur le GN objet) ; 3) ou il s'est beaucoup gagné de nobles amis (porte sur le GV). Il est par ailleurs des cas où la même construction ne peut supporter que l'interprétation 3), ainsi dans [28], ou seulement l'interprétation 1), ou 2).

8

En effet fere honneur est une expression figée dès cette époque : voir M a r c h e l l o - N i z i a (1996).

Christiane Marchello-Nizia

294

[28]

Seingneurs, dient les escharguetes, mout avez hui prouesces faites !

(Thèbes 5160)

Pour lever ce genre d'ambiguïté, ou parce que l'organisation de l'énoncé changeait (BURIDANT, 1992) - on passait de « T h - V - X » à « S - V - O » - , moult cessait de pouvoir aussi facilement se placer en tête (mais cette possibilité ne disparaît pas tout aussitôt), et l'on serait passé d'une grammaire où moult en tête pouvait porter sur l'ensemble du prédicat, à une grammaire où moult portait seulement sur un élément du prédicat, en général le nom objet ; moult aurait donc subi une réanalyse, sa portée se modifiant et se réduisant, et l'adverbe s'incorporant progressivement à son incidence ; on aurait eu l'évolution suivante : moult + [ V + (de) Ν ]

V + [moult] [ de Ν ] -> V + [ moult de Ν ].

L'hypothèse d'une réanalyse de ce type de moult est à notre avis confirmée par deux autres phénomènes. Tout d'abord, alors que jusque vers la fin du XIIe s. moult est plus fréquemment en tête de phrase qu'après le verbe, dans une seconde étape moult va se placer plus souvent après le verbe, et surtout juste auprès du terme intensifié. D'autre part, lorsque moult reste en tête, d'autres éléments que le préverbe par (Mult par est granz) peuvent désormais s'insérer entre moult antéposé et le verbe, dès lors que l'adverbe leur est incident ; de cette période de variation Robert de Clari est un bon représentant, qui écrit : [29a] des palais qui molt estoient grant et haut (ancienne règle) [29b] « et molt bien me vengerai d'aus ! » (nouvelle règle)

(Clari 77) (67)

Par la suite, de plus en plus, moult va se placer immédiatement devant l'élément qu'il intensifie ou quantifie. Cette évolution sera presque achevée au XV e s., et l'on peut comparer à [29] 'molt estoient grant' de Robert de Clari (début du XIIIe s.) cet énoncé [30] d'Antoine de la Sale (mi-1 XV e s.) : désormais moult précède son adjectif : [30]la hacquenee qui moult belle et bonne estoit

(Saintré 74)

Cette réanalyse de moult explique donc fort bien une partie locale de l'évolution qui a lieu concernant la position et le développement de moult de entre la fin du XIIe et le XV e siècle. Elle n'explique cependant pas que moult se soit rapproché non seulement du nom auquel il est incident, mais aussi de l'attribut, de l'adverbe, etc. Et de plus, une fois la réorganisation achevée, pourquoi alors avoir remplacé moult ?

9. Explication

Nous faisons l'hypothèse que le moteur de ce changement est triple, et qu'il ne s'agit pas de corriger une possible ambiguïté sémantique - que d'autres langues romanes supportent facilement d'ailleurs, et même encore le français (sans se faire TROP de souci/sans TROP se faire de souci). L'explication des changements qui affectent moult, et surtout de son remplacement par deux autres morphèmes, tient à trois grands faits d'évolution qui caractérisent le français plus que toutes les autres langues romanes.

Le tragique destin de moult en français

295

1) Il s'agit tout d'abord de l'évolution de l'ordre des éléments constitutifs de l'énoncé telle que l'ont décrite Th. VENNEMANN ( 1 9 7 4 ) , CL. BURIDANT ( 1 9 8 7 ) , B . COMBETTES ( 1 9 8 5 ) et C . MARCHELLONIZIA ( 1 9 9 5 ) , du passage d'une organisation pragmatico-fonctionnelle de l'énoncé à la constitution d'un noyau prédicatif syntaxique figé et —> SVO. Moult de par sa nature d'intensifieur-quantifieur était souvent en tête d'énoncé : or cela va devenir plus difficile ou impossible dès lors qu'il n'est pas un quantifieur du sujet. Ses constructions, sa valeur peut-être en ont été modifiées, cependant cela n'a pas été la cause de sa disparition : assez, peu, tant ont subi les mêmes changements sans disparaître. 2) Il s'agit ensuite du passage de la « disjonction » possible qui caractérisait le latin à la contrainte de « contiguïté ordonnée » qui caractérise l'organisation des syntagmes en ancien français, puis de la phrase en moyen français : moult pouvait être disjoint de l'élément sur lequel il portait, comme on l'a vu. Certes très de par sa nature de préfixe (dans les manuscrits il est graphié accolé au terme sur lequel il porte) était cohérent avec cette nouvelle règle de contiguïté et aurait été tout désigné pour remplacer son concurrent. Mais de plus en plus depuis le 13e s. moult précédait le terme modifié. Là non plus n'est pas la cause de sa disparition semble-t-il. Et d'ailleurs beaucoup, toujours contigu lui, dans ses premiers emplois et encore au XVe s., pouvait cependant se construire soit avant soit après le nom qu'il quantifiait ou intensifiait, avant que sa place ne soit définitivement fixée et « ordonnée » (des gens beaucoup —> beaucoup de gens). 3) Ce qui en revanche nous semble capital, c'est la distinction induite par le changement opéré : on a remplacé un adverbe portant sur plusieurs catégories de termes de différents niveaux syntaxiques et de nature fort diverse, par deux adverbes syntaxiquement sélectifs, l'un portant sur les constituants de rang supérieur, nom et verbe (GN sujet ou objet ou autre : beaucoup de gens ; Verbe : il a beaucoup parlé), l'autre sur les constituants de rang inférieur (adjectif : une très grande table, elle est très grande ; adverbe : il est venu très vite). La « cause » du changement serait non de surface, ou de type, mais plus abstraite, du côté des représentations cognitives du langage par les locuteurs eux-mêmes. Une telle substitution va exactement dans le même sens que celle que nous avons mise au jour à propos des démonstratifs : le français, bien plus que les autres langues romanes, a systématisé la distinction entre les éléments de niveaux syntaxiques différents, et a distingué systématiquement les paradigmes des déterminants et ceux des pronoms. Cette distinction entre un paradigme nettement pronominal {celui...) et un autre uniquement déterminant (ce...) s'est faite non seulement pour les démonstratifs, mais pour les possessifs, et pour chacun auprès duquel en moyen français a été créé chaque. C'est à la même période que moult, qui portait aussi bien sur les éléments têtes majeurs (prédicat, et noms, verbes) que sur les autres (adjectifs, adverbes), va céder la place aux deux adverbes très et beaucoup qui instaurent eux aussi, et à la même période, la distinction entre éléments de niveau syntaxique différent. Ce qui à notre avis est en cause dans ce changement, c'est la forme même de la grammaire, ainsi que les distinctions sémantiques, et sans doute d'ordre plus généralement cognitif, qui se matérialisent à travers l'opposition des divers paradigmes. Ainsi que l'ont montré depuis une dizaine d'années des études telles que celles de Joan BYBEE ( 1 9 8 5 ; 1 9 8 6 ; 1 9 9 4 ) , l'insertion de nouveaux éléments dans la grammaire des langues, par la grammaticalisation de nouvelles notions, a des répercussions sur l'ensemble du système ; nous pensons que cela est vrai aussi, a fortiori, des nouvelles notions métalinguistiques, telles que celle

296

Christiane Marchello-Nizia

évoquée ici : le système grammatical du français généralise, de paradigme en paradigme, la distinction, peu ou pas marquée en latin et en proto-roman, entre éléments de premier niveau et éléments de second niveau.

Références bibliographiques

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Rosa Ana MARTÍN VEGAS / Fernando SÁNCHEZ MlRET (Salamanca, España) Contribución a la morfofonología del catalán : estudio de las alternancias 0 ~ ny w ~b en la morfología nominal

1. El estudio de las alternancias fonológicas ligadas a distinciones morfológicas es lo que se conoce como morfofonología.1 Por ejemplo, la alternancia entre las vocales /o/~/u/ en parte de la flexión de los verbos catalanes con /o/ en la raíz se asocia a unas determinadas personas : así en el presente de indicativo de un verbo como dormir la hl aparece en las tres personas del singular {dormo, dorms, dorm ['dormu, dorms, dorm]) y en la tercera persona del plural (dormen ['dormán]), mientras que las otras dos formas del plural presentan la /u/ (dormim, dormiu [dur'mim, dur'miw]). Esta alternancia es bastante regular, es decir, tiene pocas excepciones (vid. M A S C A R Ó , 1 9 7 8 [ 1 9 8 3 ] : 4 9 - 5 1 ) . Además se extiende en el léxico catalán, ya que se aplica a préstamos como ingl. football —> fútbol [ fut'bol] ~ futbolista [futbu'lista], fr. exploiter-* explotar [ aksplu'ta] -explota [aks'pteto]. Frente a casos como el de la alternancia h/ ~ luí existen en catalán otras alternancias menos regulares, es decir, con bastantes excepciones. Vamos a estudiar dos de ellas, que a su vez manifiestan grados de extensión distintos. El objeto de nuestro estudio es delimitar precisamente los factores que explican esa diferente extensión.

2. La primera alternancia es la que se da entre 0 ~ lai, vid. [16]. 2 En la tabla [16] se recoge la situación de la alternancia en (a) sustantivos acabados en vocal tónica (=v), (b) adjetivos en ν y (c) sustantivos paroxítonos acabados en vocal átona (=v). En cada caso se separan por medio de una barra doble las formas sin Ini de las formas con /n/. En los sustantivos en ν [16a] la alternancia distingue entre singular (mà) y plural (man+s) ; los derivados tienen todos la Ini. Por otra parte, en los adjetivos acabados en ν [16b] el masculino singular no tiene Ini, mientras que esta consonante se encuentra en el plural, en el femenino y en todos los derivados. Por último, existen alrededor de doce sustantivos paroxítonos en ν [16c] en los que la alternancia se presenta entre la morfología flexiva, donde no aparece la Ini y la morfología derivativa, donde tenemos la consonante.

1 2

Agradecemos a Carmen PENSADO sus sugerencias sobre una versión previa de este trabajo. Cualquier error es responsabilidad exclusiva de los autores. La alternancia 0 ~ Ini se ha originado tras la pérdida de l-nl romance, como en PLENU > píen > pie 'lleno' frente a PLENA >plena 'llena'.

298 a. sustantivos en -v plu. sing. mans nuì 'mano' matins matí 'mañana' b. adjetivos en -v mase. sing. mase. plu. plens pie 'lleno' sans sa 'sano' c. sustantivos paroxítonos en -v plu. sing. homes home 'hombre' verges verge 'virgen' Tabla 16

Rosa Ana Martín Vegas / Fernando Sánchez Miret

derivado maneta 'manita' matinada 'madrugada' fem. sing. plena sana

fem. plu. plenes sanes

derivado plenari 'plenario' sanatori 'sanatorio' derivado homenet 'hombrecillo' vergeneta 'virgencita'

La frecuencia de la alternancia 0 ~ Ini no es la misma en los tres grupos de [16]. En el caso de los sustantivos y adjetivos en v, la alternancia tiene una frecuencia muy alta. En un recuento hecho a partir de los datos de MASCARÓ / RAFEL (1990) hemos contabilizado más de 3300 ejemplos de 0 ~ Ini. Esto hace que la repercusión de la alternancia 0 ~ Ini sea grande en la morfofonología del catalán (cf. SANCHEZ ML RET 1998). De hecho, en las gramáticas se considera que la formación por defecto del plural de los sustantivos acabados en vocal tónica es la adición de ns ; por su parte, entre los adjetivos esta regla es aún más general, ya que sólo hay dos excepciones : cru/crus 'crudo, -s', nu/nus 'desnudo, -s' (BADIA 1962 : 149, nl8). Sin embargo, existen sustantivos y adjetivos acabados en l-nl y que tienen, por consiguiente, el plural en -ns, p. ej. nen/nens 'niño, -s', gran/grans 'grande, -s'. También hay sustantivos en -v que no tienen Ini en el plural, p. ej. mercè/mercès 'merced, -es'. Es decir, la alternancia es opaca (vid. § 5.1).3 Dicha opacidad se traduce en una competencia entre tres clases de palabras : por un lado, las palabras con singular en -v y plural en -ns (= clase I), por otro, las que tienen el singular también en -v pero no tienen Ini en el plural (= clase II) y, por último, las que tienen /n/ en el singular y en el plural (clase III). La clase I es la más favorecida ya que adquiere nuevos miembros a expensas de las otras dos (cf. § 4.1). En SÁNCHEZ ML RET (1998) se defiende que esta capacidad de atracción de la clase I se debe a que es percibida como 'normal' en catalán debido a que es la más frecuente y a que casi es exclusiva dentro del léxico patrimonial. El cambio fonológico que da lugar a la alternancia es la pérdida de l-nl romance (p. ej. MANU > man > ma). De acuerdo con esto los análisis generativistas proponen para el catalán actual una regla de pérdida de Ini en posición final de palabra tras vocal tónica, que refleja en parte dicho cambio histórico (cf. MASCARÓ 1978 [1983] : 112-119 ; WHEELER 1979 : 270-275). Un análisis de este tipo está apoyado por el hecho de que la mayor parte de formas dentro de cada familia léxica tiene Ini (excepto en el caso de [16c] que, como sabemos, es un grupo muy reducido). Sin embargo, hay un argumento importante a favor de una regla 0 n. Dicho argumento es que las formas sin Ini son las formas básicas :

3

Una alternancia es « opaca » cuando no pueden establecerse claramente las circunstancias que la determinan. P. ej. no está claro para un hablante que no sepa gramática histórica por qué mercè tiene el plural mercès, mientras que seré 'sereno' tiene el plural serens.

299

Contribución a la morfofonología del catalán sing, mà vs. plu. mans ; mase, pie vs. fem. plena ; palabra base home, derivado Este es el motivo de que aquí adoptemos este último análisis con inversión de regla.

homenet.

3. La segunda alternancia que trataremos es /w/ ~ Ibi, ejemplificada en [17] 4 Esta alternancia distingue entre morfología flexiva y derivativa en los sustantivos [17a], mientras que en los adjetivos [17b] las formas de masculino tienen /w/ frente a las formas de femenino y a los derivados, que tienen /b/. a. sustantivos sing. clau 'clavo' arxiu 'archivo' b. adjetivos mase. sing. blau 'azul' nou 'nuevo'

Tabla 17

derivado clavar arxivar

plu. claus arxius mase. plu. blaus nous

fem. sing. biava nova

fem. plu. blaves noves

derivado blavejar 'azulear' novetat 'novedad'

Esta alternancia está mucho menos extendida en el léxico que la alternancia 0 ~ Ini. En MASCARÓ / RAFEL (1990) hemos encontrado 543 casos de alternancia /w/ ~ Ibi. Igualmente se trata de una alternancia opaca, puesto que tenemos casos de l-v/l que no alternan, p. ej. garneu/garneua 'astuto, -a', joliu/joliua 'hermoso, - a ' , soliu/soliua 'solitario, -a' ; igualmente hay casos de [-b-] que no alternan con /w/, p. ej. àrab [arsp] ~ arabisme [araBizma] 'árabe, arabismo', sap ~ saben 'sabe, saben' (cf. LLEÓ / MASCARÓ 1976). Para dar cuenta de los casos de alternancia, los estudios generativistas proponen la existencia de una regla de debilitamiento de Ibi en posición final (vid. LLEÓ / MASCARÓ 1976 ; MASCARÓ 1978 [1983] : 124-126). De nuevo hay motivos para suponer que tal regla estaría invertida en el catalán actual. Es decir, las formas básicas, como en el caso de nou 'nuevo', presentan /w/ y las formas complejas, como el femenino nova, tienen Ibi, por lo tanto la regla sería w —*b.

4. Las dos alternancias estudiadas manifiestan un comportamiento distinto tanto a lo largo de la historia como en su situación sincrónica. Mientras que la alternancia 0 - Ini se ha extendido a muchas palabras, son muy pocos los casos de extensión de la alternancia /w/ ~ Ibi. De hecho, son más los ejemplos en los que esta última alternancia tiende anivelarse, dando lugar en algunos casos a dobletes ( c l a u 'llave', claver/clauer 'llavero' ; blau 'azul', blavet/blauet 'azulito', vid. DECLC s.v. blau).5 Igualmente un experimento

4

5

La alternancia / w / ~ / b / se origina en el debilitamiento de ν, Β latinas en coda silábica, p. ej. CLAVU > klaB > clau [klaw] vs. CLAVARE > clavar [kbBa], No hemos encontrado ejemplos de nivelación de la alternancia 0 ~ Ini.

300

Rosa Ana Martín Vegas / Fernando Sánchez Miret

realizado con palabras artificiales muestra que ambas alternancias siguen siendo cualitativamente distintas.

4.1. En [18] tenemos voces patrimoniales que no conocían la alternancia 0 ~ Ini y que la han adquirido a lo largo de la historia.6 SCAMNU GLANDE RETUNDU BLANDU

> > > >

escort/escons glan/glans rodon/rodons blan/blans

—> —> —> —»

esco ~ escorts 'escaño, -s' già glans 'bellota, -s' rodò ~ rodons 'redondo, -s' bla- blans 'blando, -s'

Tabla 18 En [19] se recogen algunos préstamos que se han adaptado siguiendo el modelo de esta misma alternancia. En todos ellos la palabra tenía un sonido nasal en la lengua originaria que se ha perdido en su incorporación al singular catalán. cast, telón cast, pregón occ. faisan fr. camion it. violino Tabla 19

—> —> —> —>

teló ~ telons prego ~ pregons faisà ~ faisans camió ~ camions violi ~ violins

it. buffone Ά. fiorino it. bastione it. milione it. cannone

—> —> —>

—>

bufó ~ bufons fiori ~ florins bastió ~ bastions milió ~ milions cañó~ canons

Junto a los ejemplos de [ 18] y [l 9], en los que la adaptación se ha producido por medio de la pérdida de Ini, tenemos casos populares en los que la palabra no tiene ningún sonido nasal y el plural catalán lo añade : p. ej. bisturí/bisturís hace el plural popularmente bisturins.

4.2.

Sin embargo, la alternancia /w/~/b/ no ha conocido una extensión tan intensa. Algunos (muy pocos) casos de /w/ de origen distinto a ν, Β pasan a la clase con alternancia /w/ ~ Ibi. Algunos ejemplos son HEREDE > hereu, que adquiere un femenino hereva (coexiste con heretia), ROMAEU > romeu, con su femenino romeva (también romeua) y IUDAEU > jueu, con el femenino jueva (vid. las respectivas voces en el DECLC y BADIA 1 9 6 2 : § 85.1). Otro posible caso de extensión de la alternancia /w/ ~ Ibi es el de los posesivos. En catalán antiguo el sistema era meu, teu, seu, mia, tua, sua y actualmente las formas del femenino son : meva, teva, seva en catalán central, balear y parte del occidental y meua, teua, seua en el resto del dominio. Las formas mia, tua, sua fueron sustituidas por meua, teua, seua y luego se formaron meva, teva, seva quizá por analogia con otras voces con la alternancia /w/ ~ Ibi. Frente a esto, no hay casos de extensión de /w/ ~ Ibi paralelos a los que hemos visto para 0 ~ Ini en [19]. Es decir, préstamos como xenòfob, -a y esnob, esnobisme no se incorporan a la clase con alternancia (**xenofou ; **esnou).

6

En el tipo de palabras de [3] la Ini final se conservó debido a que era de origen distinto a la que se vio afectada por el proceso de pérdida (vid. § 5.1). Se trataba de una /η/ procedente de la simplificación de grupos consonánticos.

Contribución a la morfofortologia del catalán

301

4.3. Esta misma diferencia de comportamiento se observa en un experimento hecho con palabras artificiales y llevado a cabo con 20 hablantes de catalán occidental. 7 En el experimento se presentó individualmente a cada sujeto una serie de dibujos acompañados de texto. En primer lugar se les presentaba un texto del tipo « això és un mecullà» 'esto es un...' o « això és un clueu » junto con el correspondiente dibujo. A continuación se les presentaba un dibujo convenientemente modificado y acompañado del texto « això són dos_ » 'esto son dos...' o « això és una_ » 'esto es una'. Las respuestas de los hablantes eran anotadas por el experimentador. Los resultados del experimento pueden verse en las tablas [20] y [21]. item artificial : respuestas :

+s + ns otras

mecullà 18 2

solí 14 4 2

rací 10 8 2

bimorí 10 8 2

«= 0-/11/

Tabla 20 En la tabla [20] se analiza la posible extensión de la alternancia 0 ~ /n/. En la mayoría de casos (65 %) los sujetos produjeron formas sin alternancia (p. ej. sing, mecullà/plu. mecullàs). Esto está de acuerdo con la tendencia universal a la transparencia en las formaciones morfológicas. Sin embargo, es notable el número de casos en que los sujetos produjeron palabras con alternancia (27,5 %). item artificial : respuestas :

+ wa + va otras

clueu 9 3 8

malau 17 3

beliu 15 5

truliu 12 1 7

penlliu 12 1 7

> > > >

escon 'escaño' ant. glan 'bellota' ant. rodon 'redondo' ant. blan 'blando' món 'mundo'

DAMNU ANNU •íNGANNU SOMNU BANN

> > > > >

ant. dan 'daflo' ant. an 'año' ant. engan 'engaño' son 'sueño' ban 'bando'

Tabla 23 Igualmente el debilitamiento de [-6] adquirió pronto excepciones provenientes, por un lado, de la sonorización y fricativización de oclusivas sordas que luego quedan en posición final tras la pérdida de la vocal y, por otro, de oclusivas sonoras tras consonante que quedan en posición final (vid. DUARTE / ALSINA 1984 : 218-219) ; todos estos casos posteriormente se ensordecen ; vid. [24].

Q

Coromines parece atribuir el mantenimiento de l-nl en nan y nin a razones afectivas que reforzarían el cuerpo de estos monosílabos (vid. DECLC).

Contribución

a la morfofonologia

LUPU

>

¥ob

>

CAPU CORVU

> >

kab korb

> >

ORBU

>

orb

>

BALBU

>

balb

>

Tabla

del

303

catalán

llop ~ lloba 'lobo, -a' [Kop, XoBa] cap 'cabeza' ~ ant. cabeç 'almohadón' corb ~ corba 'cuervo, -a' [korp, kortto] orb ~ orba 'ciego, -a* [orp, orBJ balb ~ balba 'balbuciente' [balp, balBe)

24

Desde este punto de vista las dos alternancias nacieron con un cierto grado de opacidad. Sin embargo, la fuerza de las excepciones depende de su relación con el número de casos de la alternancia y ya sabemos que la alternancia 0 ~ Ini es más frecuente que la alternancia /w/ ~/bl (vid. §§ 2, 3). Por eso no es sorprendente que varios de los ejemplos de nuevas Ini finales [23] hayan acabado por pasar a la clase con alternancia, vid. [18], mientras que ninguno de los ejemplos de nuevas [b] finales ha adquirido la alternancia Iwl ~ Ib/. Además de lo dicho, la alternancia Iwl ~ Ib/ se volvió pronto aún más opaca, ya que aparecieron nuevos casos de Iwl final de distintos orígenes, de manera que Iwl alterna con v a r i a s c o n s o n a n t e s , c o m o s e e j e m p l i f i c a e n [ 2 5 ] ( c f . LLEÓ / MASCARÓ, 1 9 7 6 ) . 1 0 E s t o c r e a

una situación de ambigüedad, porque Iwl no se relaciona biunívocamente con un solo fonema alternante. La multiplicidad de fonemas con los que Iwl alterna dentro del mismo contexto silábico va en contra de la tendencia morfológica natural a la biunivocidad (cf. DRESSLER et al. 1987) y esto contribuye a la mínima extensión que ha tenido la alternancia Iwl ~ Ib/ en catalán. GRADU NUCE DECE PRETIU INCLUDERE Tabla

> > > > >

grau 'grado' nou 'nuez' deu 'diez' preu 'precio' incloure 'incluir'

~ ~ ~ ~

gradado 'gradación' noguera 'nogal' decàgon 'decágono' depreciar inclusió 'inclusión'

/w/ /w/ /w/ /w/ /w/

~/d/ ~/g/ ~/k/ ~/s/ ~/z/

25

En conclusión, la alternancia /w/ ~ Ibi se vuelve más pronto más opaca que su oponente 0 ~ Ini. Este es el primer factor que impide su extensión en el léxico.

5.2.

El contexto en que se produce la pérdida de Ini está muy delimitado, ya que el fenómeno se da exclusivamente en final de palabra,11 mientras que /w/ se origina en coda silábica (final de palabra o no) : NOVE > nou, BIBERE > heure. Esto es relevante, puesto que cuanto más preciso sea el contexto, más perceptible será la alternancia y, en consecuencia, tendrá más posibilidades de extenderse.

10

Para los distintos orígenes de /w/ vid. GULSOY (1977). Téngase además en cuenta que no todas las alternancias incluidas en [10] son comparables con /w/~/b/, puesto que varias de ellas implican cultismos.

11

Se exceptúa el tipo marginal de [le], p. ej. IUVENES > j o v e n s > joves.

304

Rosa Ana Martin Vegas / Fernando Sánchez

Miret

5.3.

La alternancia 0 ~ /n/ surge primordialmente en la morfologia nominai. 12 Por el contrario, la alternancia /w/ ~ Ibi tiene una presencia notable también en la morfología verbal.13 De nuevo, la alternancia /w/ ~ Ibi no está tan delimitada como 0 ~ /n/, por el hecho de estar presente casi por igual en la morfología nominal y verbal. Los tres aspectos mencionados hasta ahora hacen que la alternancia 0 ~ /n/ en catalán esté mucho mejor definida que la alternancia /w/ ~ Ibi, lo cual contribuye a su estabilidad y a su extensión. Lo que está mejor delimitado es más fácil de aprender y es un modelo claro que surte efectos en los procesos analógicos.

5.4.

La alternancia 0 ~ Ini está fuertemente ligada a la distinción morfológica sing./plu. La alternancia /w/ ~ Ibi, por su parte, va unida a la distinción entre masc./fem. Y ambas distinguen ocasionalmente entre flexión y derivación. Esto quiere decir que la alternancia 0 ~ Ini se relaciona con una categoría más prominente en la morfología del catalán que /w/ ~ Ibi, puesto que casi todos los nombres tienen singular y plural morfológicamente marcado, mientras que no sucede lo mismo con el género, que frecuentemente está marcado en el léxico (p. ej. la sal vs. el pal 'palo'). 14

5.5.

Como consecuencia del punto anterior, la alternancia 0 ~ /n/ tiene una mayor type Como ya hemos visto, los ejemplos de la alternancia 0 ~ /n/ son seis veces más numerosos que los de /w/ ~ Ibi.

frequency.

6. En conclusión, la explicación de la relativa extensión de la alternancia 0 ~ /n/ frente a la tendencia a la nivelación de la alternancia /w/ ~ Ibi parece sustentarse en tres factores. En primer lugar, lo que hemos llamado grado de definición de la alternancia : hemos observado que la alternancia 0~/n/ tiene un ámbito de desarrollo más definido (aparece casi exclusivamente en la morfología nominal y su contexto está más delimitado), por lo que las palabras implicadas forman un grupo compacto ; en otros términos, las conexiones entre las palabras que forman ese grupo son más fuertes. En segundo lugar, hemos visto que la alternancia 0 ~ Ini sirve, entre otras funciones, para marcar la categoría de número ; frente

12

Lo normal es que la /n/ final románica no se pierda en los verbos : PONET > pon 'pone (huevos)', 'ponen'. La encontramos en una serie de verbos muy frecuentes en cuyo paradigma se relaciona con otras alternancias : BIBERE > beure 'beber', BIBIMUS > bevem 'bebemos', junto a bec 'bebo', begut 'bebido' ; igualmente deure, devem, dec, degut 'deber...' ; moure, movem, moc, mogut 'mover...' ; escriure, escrivim, escric, escrit 'escribir... ; 'viure, vivim, vise, viscut 'vivir...'. Cf. el universal 36 de GREENBERG (1963) : « If a language has the category of gender, it always has the category of number. »

ponen

14

Contribución a la morfofonología del catalán

305

a esto, la alternancia /w/ ~ Ib/ no se relaciona con una categoría morfológica tan relevante. En tercer lugar, la alternancia 0 ~ Ini tiene una mayor type frequency. Estos tres factores hacen que el grupo de palabras con alternancia 0 ~ /n/ sea un foco de atracción para otras palabras patrimoniales o préstamos que, relacionadas formalmente con las anteriores, se someten al proceso de flexión de número (vid. algunos ejemplos en § 4.1). Los factores individuados aquí coinciden en líneas generales con los que B Y B E E ( 1 9 8 8 ) considera relevantes en la organización de la morfología, es decir, la frecuencia y las conexiones establecidas en función del parecido formal y semántico entre las formas. Los datos analizados en nuestro trabajo, demuestran que la frecuencia, las conexiones y la relevancia de las categorías marcadas son los factores decisivos para la extensión analógica de las alternancias, al menos para la parte menos regular de la morfología. 15

Referencias bibliográficas

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15

Esto no es tan claro para la parte más regular y productiva de la morfología, cf. SÁNCHEZ MlRET et al. (1998).

Rosa Ana Martín Vegas / Fernando Sánchez Miret

306 -

/ RAFEL, J . ( 1 9 9 0 )

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María Antonia MARTÍN ZORRAQUINO (Zaragoza, España) Sobre la gramaticalización de desde

luego

1. En el español estándar peninsular, desde luego constituye actualmente una locución adverbial que funciona como un marcador del discurso. Es decir : se trata de un « elemento periférico » ( A L C I N A / B L E C U A , 1 9 7 5 : § 7 . 3 . 6 ) , de incidencia « extrapredicativa » (i.e., va destacado normalmente entre pausas y presenta propiedades gramaticales claramente diferenciadas de las que caracterizan a los términos modificadores del núcleo oracional - el verbo - o de otros constituyentes incluidos en la estructura proposicional de la oración)1 ; 2) desde el punto de vista semántico, el signo desde luego carece de un contenido propiamente designativo o referencial : indica un comentario que refleja cierta actitud del hablante en relación con lo dicho o con lo que va a decir.2 1)

Con desde luego el hablante confirma un segmento del discurso como algo que se ajusta : a) a lo que él percibe, b) o a las expectativas que alberga sobre ello. He aquí un par de ejemplos que vienen a ilustrar lo expuesto : [1] [2]

Desde luego, en este coche cabemos todos. Desde luego, eres una persona muy buena (como yo ya me figuraba).

Desde luego se integra, pues, en el español actual peninsular, dentro del conjunto de los marcadores discursivos de modalidad ; más concretamente, a mi juicio, forma parte del grupo de las partículas discursivas de modalidad epistémica que indican evidencias3 (como claro, naturalmente, por supuesto, etc.), las cuales comparten las siguientes propiedades pragmáticas : 1 ) presentan como « libre de duda » o « evidente » un fragmento discursivo ; 2) confirman el sentido de dicho fragmento ; 3) refuerzan la aserción ; 4) pueden servir para establecer estrategias de cooperación conversacional, propiciando el acuerdo con el interlocutor, o marcándolo explícitamente, en relación con el segmento del discurso al que remiten.

1

2

Para las propiedades gramaticales de los marcadores del discurso en español, véase (en prensa: § 63.1.3 y ss.). Cf., asimismo,

Z O R R A Q U I N O y PORTOLÉS LÁZARO ZORRAQUINO (1994b y 1998).

Sobre el significado de los marcadores del discurso, véase MARTÍN ZORRAQUINO y PORTOLÉS (en prensa : §§ 63.1.4. y 63.1.5). Cf., asimismo, MARTÍN ZORRAQUINO (1994b y 1998). Para el concepto de modalidad y para la caracterización de la modalidad epistémica (y, concretamente, del tipo de modalidad epistémica que indica evidencias), véase PALMER (1986). LÁZARO

3

MARTÍN MARTÍN

María Antonia Martín Zorraquino

308 El ejemplo [3] permite identificar dichas propiedades : [3]

A : Hace un calor terrible. Β : Desde luego.4

2. El análisis de desde luego que acabamos de proponer se halla implícito en la definición que se ofrece para dicha locución en la última edición del diccionario académico (DRAE, 1992 : s.v. luego). Ahí se indica que este giro vale por « ciertamente, indudablemente, sin duda ». Y el reciente diccionario de uso del español - el Clave (1998 : s.v. luego) - aduce una definición explícita de la construcción : expresión que se utiliza para indicar asentimiento, conformidad o entendimiento : Le dije que me esperara y él me respondió que desde luego. Pero, mientras que este último diccionario no aporta ninguna otra acepción para la locución, el académico señala una segunda, que marca como poco usada (us.) : « Inmediatamente, sin tardanza ». Este segundo valor de desde luego no es sino una especialización, o concretización, del significado del sintagma desde + luego, integrado por la preposición desde seguida del adverbio luego, en su acepción primigenia, que la citada edición del DRAE ofrece como la primera de dicha voz : « prontamente, sin dilación », valor este que deriva, como se sabe, del lat. vulg. loco, y que se documenta en castellano (cf. C O R O M I N A S / P A S C U A L , 1980 : s.v. lugar), desde los primeros documentos (en las Glosas Emilianenses, con el significante lueco, y, como luego, en el Cantar del Cid, etc.).5 Este valor - ha de subrayarse - ya no se aduce como propio del español estándar actual, sino como vigente sólo en ciertas zonas hispánicas, en algunos diccionarios recientes : Clave (1998 : s.v. luego) o S E C O (1998 10 : s. v. luego). Precisamente en S E C O (1998 10 ) se declara, además, lo anticuado de esta acepción en la norma consagrada peninsular. 6 Veamos un par

4

Sobre el significado de desde luego y sus valores de sentido en español actual, véase MARTÍN ZORRAQUINO y PORTOLÉS LÁZARO (en prensa : §§ 63.6.2.4 ; particularmente, § 63.6.2.4. A).

5

COROMINAS y PASCUAL (1980 : s.v. lugar) advierten que « el adverbio latino ilico, « inmediatamente », propiamente compuesto de in loco « en el lugar, allí mismo » , fue restituido en latín vulgar, de acuerdo con las tendencias generales de este lenguaje, en su forma prístina, y abreviado en loco, de donde el fr. lues, el port, logo y el cast, luego [Zueco, med. s. Χ Glosas Emilianenses, 2, traduciendo a repente ; luego, en Cid, etc. ].» Cf. Clave (1998 : s.v. luego) : « En zonas del español meridional, pronto : Me dijo que no fuera tan luego » ; cf. SECO (199810 : s.v. luego) : « Adverbio que equivale a después. En España es anticuado, hoy regional, el uso en el sentido de « inmediatamente, al instante » (es normal, en cambio, en varios países hispanoamericanos) ». (Quien escribe estas líneas - hispanohablante nacida en Zaragoza en 1948 - desea confesar que nunca ha usado luego con este segundo sentido que nos ocupa ahora, ni lo ha oído emplear a otros en la región aragonesa o en otros lugares de la mitad norte peninsular.) Sobre las acepciones de luego en los países hispanoamericanos, las informaciones son divergentes. Según MORÍNIGO (1966), el sentido del que tratamos se asocia propiamente con lueguito (en Argentina, Chile, Guatemala, México y Panamá) (cf. MORÍNIGO, 1966 : s.v. lueguito, que se dice valer por « en seguida » y para el que se aporta, además, una acepción de carácter locativo : « cerca » - « ¿ Dónde vive ? - Aquí, lueguito » - ) ; en cambio,

Sobre la gramaticalización de desde luego

309

de ejemplos en los que puede identificarse la segunda acepción de desde luego que comentamos : [4]

Desde luego conocí que lo entendía

[5]

(E. Terreros y Pando, Diccionario castellano con las voces de ciencias y artes, 1786-1787, s. v. luego)7. He procurado, en el curso de la entrevista, reducir las cosas a lo más concreto posible, y determinar al ministro a que las ejecute desde luego. (M. Azafia, Diarios, 1932-1933. « Los cuadernos robados », 129)

A diferencia del marcador del discurso, este segundo tipo de desde luego funciona como un complemento circunstancial (como un constituyente intraproposicional o intraoracional : un modificador del núcleo predicativo),8 y su significado resulta recuperable a partir del análisis de los dos elementos que lo integran (desde + luego) : « desde este / ese mismo momento », « desde inmediatamente ». De esta segunda fórmula - de este segundo desde luego - deriva el primero, por un proceso de gramaticalización que todavía puede vislumbrarse en la última edición del diccionario académico, O en SECO ( 1 9 9 8 1 0 ) , y que se supone cumplido, para el español estándar peninsular, en el diccionario Clave ( 1 9 9 8 ) . 9 ¿ Cuándo y cómo se inicia ese proceso de gramaticalización en español ? ¿ De qué manera ha ido adquiriendo carta de naturaleza en el idioma ? ¿ Qué modificaciones implica en el funcionamiento de la lengua ? Aun cuando no logre dar cumplida respuesta a estas tres preguntas, voy a tratar de aportar, en la presente comunicación, algunas notas de interés sobre los tres aspectos aludidos.

3.

Antes de entrar en materia, una precisión metodológica. Aunque la gramaticalización de la construcción que nos ocupa refleja un tipo de proceso frecuente en español (sin embargo, en cambio, por lo visto, en efecto, etc. representan sendas muestras de una clase de cambio en cierto modo comparable al que cifra desde luego), el desarrollo de cada uno de los fenómenos implicados se ajusta a una historia particular, específica. Por ello, a pesar de que en todos los casos está en juego un re-análisis, o una re-estructuración (cf. HOPPER /

7 8

9

luego se corresponde, siempre según Morínigo (1966 : s.v. luego), con « algunas veces, de cuando en cuando » (en Colombia, México, Panamá, Perú y Puerto Rico). Sin embargo, una informante chilena me ha manifestado como vigente y usual en Chile el sentido de « en seguida, de inmediato » para luego (cf. asimismo Coraminas y Pascual, 1980 : s.v. lugar) ; de acuerdo con el testimonio de esta informante, en México, dicho sentido se expresa con luego duplicado : luego, luego (véase más adelante, en la presente comunicación). Terreros y Pando indica, para dicho ejemplo, que desde luego vale por ya. El autor señala asimismo el sentido de la expresión como « desde aquel punto ». Véase un excelente análisis y comentario sobre las diferencias, en el comportamiento sintáctico, entre los complementos circunstanciales (aditamentos) y los elementos « extrapredicativos » en español, en ALVAREZ MENÉNDEZ ( 1 9 8 8 ) y en FERNÁNDEZ FERNÁNDEZ ( 1 9 9 3 ) . Cf., asimismo, MARTÍN ZORRAQUINO ( 1 9 9 8 ) y MARTÍN ZORRAQUINO y PORTOLÉS LÁZARO (en prensa : § 63.1.3 y ss.). Cf. también Real Academia Española ( 1 9 8 9 4 : s.v. luego), que incorpora igualmente la acepción temporal de inmediatez para luego y desde luego ; véanse, asimismo, CASARES ( 1 9 4 2 : s.v. luego) o MOLINER ( 1 9 6 6 - 1 9 6 7 : s.v. luego), que también las aducen y ofrecen oportunos ejemplos con muy luego o luego, luego (véase más adelante, en el texto).

310

Maria Antonia Martín Zorraquino

TRAUGOTT, 1993 : passim), que invitan a abordar una explicación más giobalizadora o general de los datos, en la presente ocasión voy a ceñirme exclusivamente al análisis del problema que plantea desde luego.'0 Así pues : ¿ cuándo se inicia el proceso de gramaticalización de este elemento ? No puedo contestar con precisión a esta pregunta. No he podido examinar la documentación suficiente. Con todo, la revisión de algunos de los diccionarios más representativos de la lengua española nos permite apuntar algunas hipótesis. La construcción aparece destacada como una locución adverbial bastante tardíamente ; concretamente en el material lexicográfico que he examinado, en 1786-1787, es decir, en el diccionario del ESTEBAN TERREROS y PANDO (s.v. luego) (cf. supra, el ejemplo [4]) y, en dicho texto, con un valor exclusivamente temporal. La Real Academia Española incluye la locución mucho después : no la menciona todavía en 1852 (10". edición del DRAE) - sí la ofrece, en cambio, en la 13*. edición (1899) y en las sucesivas, incluida la vigente (la 21a), de 1992, en la que, según se ha indicado, se la considera ya como poco usada. Por otra parte, la Academia registra la segunda acepción de desde luego - la propia del marcador del discurso - a partir de 1925, en la 15* edición de su diccionario, donde se la define como « de conformidad, sin duda ». Si atendemos, pues, conjuntamente a los datos que aportan TERREROS y PANDO y la Real Academia Española, el proceso de gramaticalización que nos ocupa se habría desarrollado en los últimos doscientos diez años, margen cronológico que hemos de suponer bastante más amplio, dado el retraso con que los nuevos usos léxicos se incorporan a los repertorios lexicográficos, sobre todo en relación con la lengua oral. El despojo de textos anteriores a 1786 nos permitiría, pues, precisar dicho margen. Digamos, con todo, que en textos comprendidos entre 1797 y, aproximadamente, 1840, particularmente en los procedentes de los periódicos, o de las memorias o diarios personales, que suelen reflejar mejor el habla cotidiana, el valor temporal de desde luego anotado por Terreros y Pando es realmente frecuente. De otro lado, dicho sentido parece convivir ya con la acepción propia del segundo desde luego citado (el marcador del discurso). Es cierto que los ejemplos de este segundo tipo pueden resultar ambiguos (podrían analizarse como representativos del valor temporal de la locución), pero su colocación entre comas (sintomáticas de sendas pausas y, por tanto, de la probable ubicación del giro en el eje de la expresión de la enunciación y no en el del enunciado proposicional), junto con las inferencias deducibles del contexto en el que la construcción comparece, permiten asignar a los empleos aludidos de desde luego el valor de la partícula modal descrita. He incluido aquí seis ejemplos en los que podemos contrastar los dos tipos de desde luego de que tratamos ; los tres primeros [6], [7] y [8] incluyen, a mi juicio, al marcador del discurso, los tres siguientes [9], [10] y [11], a la locución temporal" :

10

En todos los casos citados se da la creación de un marcador del discurso - una unidad que opera en el eje de la expresión lingüística de la enunciación (del « decir ») - a partir de un sintagma que, encabezado por una preposición, funciona en la estructura proposicional y que tiene que ver, por tanto, con la expresión del enunciado proposicional. " Los textos analizados se recogen en la bibliografìa citada al final del texto. Recordaremos aquf que proceden, fundamentalmente, del Diario de Zaragoza (periódico publicado entre 1797 y 1907) y de las obras de R. MESONEROS ROMANOS, F. ESPOZ y MINA y M.J. de LARRA.

Sobre la gramaticalizaciön de desde luego

[6]

[7]

[8]

[9]

[10]

[Π]

311

¿ quién habia de contener la risa al ver a otro, deseoso de atraerse la benevolencia de sus oyentes, disertar sobre cualquier pintura achacándosela tan pronto aMengs o a Murillo como a Madrazo y Aparicio, y contando las vidas de todos estos artífices con tal exactitud, que, desde luego, nos dijo el lugar de España en que nació el primero y los años que hacía que Aparicio habia dejado a Italia, su patria ? (R. Mesonero Romanos, « Academia y letras », Mis ratos perdidos, sept. 1821,31b) Parece que en la moderna Europa no fue tan general la costumbre del baño, y, desde luego, puede asegurarse que perdió el carácter de manificencia que tuvo en lo antiguo (R. Mesonero Romanos, « Las casas de baños », Escenas Matritenses, Serie 1,227a) Le dije que obedecería, desde luego, y que en el momento que tuviese de oficio esa determinación de S.M. estaba pronto a entregarle el mando. (F. Espoz y Mina, Memorias, I, 296a) No tardó en presentarse otra señora, que, a juzgar por su aire, sus modales y vestido, califiqué desde luego de una gran persona (R. Mesonero Romanos, « Las tiendas », Escenas matritenses, Serie 1,108 b) dispuse que mi secretario particular se avistase con el jefe político interino ; que por la mañana contestaría a su oficio no haciéndolo desde luego en razón de hallarse en cama y algún tanto indispuesto el secretario de la capitanía general mas que durmiese tranquilo. (F. Espoz y Mina, Memorias, I, 292b) Dedicado desde luego que tomé posesión del mando en Galicia a estudiar la índole, posición y espíritu del pueblo gallego, formé muy pronto mi juicio. (F. Espoz y Mina, Memorias, I, 272 a)

4. ¿ Cómo se inicia el proceso de gramaticalizaciön de desde luego ? Para que se fije, en primer lugar, el valor temporal de la locución, es determinante el desarrollo de un segundo sentido para el núcleo adverbial que la integra, es decir, para el adverbio luego. Como ya se ha indicado, la acepción primigenia de luego es « al instante, inmediatamente » (de hecho, en las Glosas Emilianenses, lueco se da como equivalente de repente) (cf. η. 5). COROMINAS y PASCUAL (1980 : s.v. lugar) advierten que dicho sentido evolucionó pronto en romance a « después ». Los autores notan este segundo valor ya en los Milagros de Berceo (893a), si bien subrayan que « el etimológico permaneció con gran extensión » : es el único -aducen - que registra NEBRIJA (quien da luego por statim). Es también el único que ofrece COVARRUBIAS (1611) y, según se ha mostrado, constituye la primera acepción de la voz en las ediciones del diccionario académico (y ello, desde Autoridades, 1726-1739, hasta 1992 inclusive). Un ejemplo representativo de este primer sentido de luego lo constituye el ejemplo [12], documentado a principios del siglo XVI : [12]

Hacia la parte oriental [de Madrid], luego en saliendo de las casas sobre una altura que se hace, hay un suntuosísimo monasterio de frailes Hierónimos (citado por R. Mesonero Romanos, en « El Prado », Escenas Matritenses, Serie I, 76a y b)

La segunda acepción de luego (« después ») representa, en relación con la primera, una extensión, no marcada aspectualmente, de la posterioridad temporal : del luego « al instante, inmediatamente después », se pasó al luego equivalente a « después » simplemente (que, por no indicar « ingresividad » - « inmediatez » o « instantaneidad » - ha podido llegar a valer lo mismo que « además », por ejemplo : « la obra es aburrida, y, luego, está muy mal representada ») - ambos valores difieren claramente, en su significado y en su

312

María Antonia Martín Zorraquino

contorno suprasegmental, del luego ilativo (« pienso, luego existo »), del que no nos ocupamos aquí. La primera de las formas deíctico-temporales señaladas - la indicativa de la inmediatez (luego,) - se presta, dado su carácter marcado, a la intensificación, por medio de procedimientos lingüísticos diversos, que se manifiestan particularmente en el uso afectivo del lenguaje 12 ; ello explica la diversidad de fórmulas - todas ellas representativas de la intensificación de la « ingresividad » o « inmediatez » temporales - con que se va marcando, por lo menos desde el español clásico, el primer sentido de luego (« al instante ») : la gradación con muy (muy luego), la geminación o duplicación del término {luego, luego), la triplicación del mismo (luego, luego, luego, que ha dado lugar a la locución con tres luegos - hoy desusada, al menos, en español estándar peninsular : cf. DRAE, 1899 y ss.), la sufíjación apreciativa con diminutivo (lueguito), la combinación con la preposición desde (señaladora del propio punto de arranque o comienzo del contenido temporal) (desde luego), la fijación de ciertas locuciones o modos adverbiales, como de luego a luego o desde luego (« ya »), 13 etc. - giros vigentes hoy en muchos ámbitos hispanohablantes (y recogidos en diversos repertorios léxicos : cf. nn. 6 y 9). El empleo de todas estas fórmulas habría de verse favorecido, además, por la coexistencia, en la lengua, de la segunda acepción de luego citada (la indicativa de la simple posterioridad : luego2 'después' - ) : la convivencia de luegOi y luego-¿ habría de propiciar el uso de los diferentes giros indicados (muy luego ; luego, luego ; lueguito ; desde luego ; etc.) para recalcar el valor de luegO\ y, de otra parte, para deshacer la posible ambigüedad entre dicho valor y el de luegoi, precisando, así, la diferencia entre uno y otro sentidos. Centrándonos de nuevo en el ámbito cronológico situado entre 1797 y 1840, los ejemplos [13] a [15] nos permiten apreciar el uso de muy luego, como representativo de luegO\, en los textos del siglo XIX citados : [13] [14]

[15]

12

13

Pero muy luego varié de opinión (R. Mesonero Romanos, « San Isidro », Mis ratos perdidos, 21a) ¡ Qué campo tan fecundo para el observador ! (...) por poca que sea su penetración, muy luego descubre las intriguillas amorosas, sorprende las furtivas miradas de las niñas, las sonrisas de inteligencia de los mozos. (R. Mesonero Romanos, « El Prado », Escenas matritenses, Serie I, 78b) todos adolecían del espíritu de oposición a las instituciones liberales, como se vio muy luego por hechos manifiestos (F. Espoz y Mina, Memorias, I, 239b)

HOFFMANN ( 1 9 5 8 : 8 3 ) aporta, para ciertos adverbios, numerosos ejemplos de sufíjación superlativa y de geminación o reduplicación léxicas sintomáticos, en latín familiar, de la expresividad afectiva. En el español hablado actual puede apreciarse también la intensificación de alguna otra forma temporal denotadora de la inmediatez. Así, por ejemplo, en el español hablado de Andalucía yo he advertido el frecuente uso de en cuantito (que) - junto a en cuanto (que) - con el valor de « inmediatamente después que » : en cuantito (que) llegue, te La preposición desde marca el origen o punto de comienzo del momento o instante que denota el adverbio luego en su acepción primigenia (« desde inmediatamente »). Aparece construida con este adverbio y con otros, locativos (allí, aquí, etc.), en muchos diccionarios (cf. las ediciones del DRAE, incluso a partir de Autoridades, s.v. desde), como ejemplo de sintagma circunstancial frecuente (desde aquí, desde allí, desde luego, etc.). TERREROS y PANDO es el primero - que sepamos - que indica la fijación de una locución temporal equivalente a « ya » (cf. η. 7).llamará por teléfono, etc.

Sobre la gramaticalización de desde luego

313

La locución temporal desde luego constituye, pues, un procedimiento expresivo que permite recalcar la acepción primigenia de luego y distinguirla, además, de la equivalente a « después » (luegoi). En el ejemplo [16] - siempre dentro de un texto procedente del ámbito cronológico acotado - podemos apreciar este último valor del adverbio y contrastarlo con el de luegol (cf. ejs. [12], [13], [14 ]y [15]) : [16]

El Conservatorio de Música no ha podido sacar un maravedí a la nación. Primero se contentó con 600.000 reales, luego ya pidió 400.000, después hasta 80.000. Pero nada. (M. J. Larra, « Carta de Fígaro a su antiguo corresponsal », Revista Mensajero, 2-03-1835, 54a)

Ahora, ¿ cómo se pasa del desde luego « complemento circunstancial » al desde luego « marcador del discurso » ? A mi juicio, son varios los factores que favorecen el re-análisis o la re-estructuración del primer tipo de locución adverbial en la dirección señalada. Debe destacarse, en primer lugar, que la propia locución adverbial representa un procedimiento de énfasis o de refuerzo verbal, rasgo en el que viene a coincidir con alguna de las propiedades pragmáticas características de los marcadores discursivos que expresan evidencias destacadas supra. Este aspecto se pone especialmente de manifiesto en combinación con las construcciones verbales en primera persona estricta - especialmente frecuentes en los textos, tal como puede apreciarse en los ejemplos [17] a [20] que ofrecemos a continuación : [17]

[18] [19] [20]

Púseme a oír la conversación y, desde luego, conocí que los miembros de aquel respetable congreso eran de una casta de pájaros que yo digo que hacen su negocio a pie junto (R. Mesoneros Romanos, « Puerta del Sol », Mis ratos perdidos, marzo, 1821, 176) Lo traduje acá a mi modo y, desde luego, me aseguré de que mi amigo había hecho una gran cosa (R. Mesoneros Romanos, « Un baile », Mis ratos perdidos, enero 1821,136) Edificado quedé yo al oír tan sabias disertaciones y, desde luego, resolví en mi interior alistarme bajo las banderas del brillante artífice que oía nombrar con tanto aplauso. (R. Mesoneros Romanos, « Puerta del Sol », Mis ratos perdidos, marzo 1821, 186) Púseme en seguida a reflexionar sobre lo que había visto y oído en el discurso de aquella tarde y, desde luego, di la razón al cura. (R. Mesoneros Romanos, « Puerta del Sol », Mis ratos perdidos, marzo 1821, 18 b)

Y ello, sobre todo, cuando dichas construcciones aparecen en presente de indicativo (y particularmente, cuando se trata de verbos realizativos : « te doy la razón desde luego », « te aseguro desde luego », o de verbos de percepción « veo desde luego », etc.). Favorecen, de otro lado, el paso de una interpretación temporal a otra, más bien modal, en la que desde luego marca el acuerdo con el interlocutor - confirma las palabras de éste los contextos dialógicos. Un ejemplo como [21], en el que identificamos el uso temporal de desde luego : [21]

Vaya desde luego en hora mala todo mugeril encogimiento ; sépase por todos que nos hallamos ya de patas en el siglo ilustrado (Diario de Zaragoza, 10-05-1797, n° 111,442],

puede reelaborarse poniendo en boca de un emisor A todo el conjunto del texto, salvo desde luego, y convirtiendo en réplica de un imaginario interlocutor Β la locución citada : [2Γ]

A : Vaya en hora mala todo mugeril encogimiento, sépase por todos que nos hallamos ya de patas en el siglo ilustrado. Β : Desde luego.

314

Marta Antonia Martín Zorraquino

El intercambio resultante nos ofrecería un ejemplo de desde luego en el que el sentido temporal quedaría prácticamente diluido, mientras que cobraría mayor relevancia el acuerdo implicado por la locución, que serviría, asi, para confirmar lo dicho. (El ejemplo [8] citado supra, procedente de las Memorias de Espoz y Mina, permite reconstruir una situación comunicativa parecida a la que acabamos de ofrecer). 14 Pero el factor que determina la re-estructuración de desde luego, la culminación de su conversión en un marcador del discurso a partir de un sintagma circunstancial, es para mí, el desuso de la primera acepción de luego, suficientemente comentado supra (§ 2). La pérdida paulatina del valor de la inmediatez temporal para este signo ha ido tornando opacas tanto la base léxica de desde luego como la relación entre los dos constituyentes que integran la locución. En la actualidad, en el español estándar peninsular, se ha consagrado el proceso de gramaticalización expuesto. 15

5. ¿ Qué modificaciones implica, para el funcionamiento de la lengua, el cambio que hemos tratado de explicar ? A mi juicio, el fenómeno incide fundamentalmente en el microconjunto de los marcadores discursivos (y de las construcciones equivalentes) que indican la modalidad epistémica que expresa evidencias. La creación de desde luego dota a la lengua de una partícula que permite expresar la confirmación de un segmento del discurso a partir de la percepción - o la experiencia - del emisor, lo que conlleva una distinción entre este elemento y otras unidades periféricas - como sin duda, por ejemplo. Así, mientras que desde luego sirve para indicar el « acuerdo con el interlocutor » apuntando siempre al hablante como fuente o referencia de la aserción, sin duda se orienta hacia cualquier otro tipo de referente enunciador : el primer marcador señala el fragmento al que remite como « experimentado » o « conocido » por el emisor, mientras que el segundo no lo hace así necesariamente. Con los ejemplos [22] y [23] tratamos de ilustrar lo que acabamos de exponer : [22]

14

15

Me sorprendieron unos jóvenes que parecían extranjeros y que procedían, sin duda, de un colegio cercano. [El emisor no conoce necesariamente el colegio denotado ni tiene obligatoriamente experiencia de que los jóvenes referidos estudien en él]

Podríamos, así, imaginar que, en discurso directo, Espoz y Mina hubiera dicho, por ejemplo : « Obedeceré. Desde luego », confirmando - enfatizándolas - sus propias palabras. Perdido el valor de inmediatez temporal de luego, desde luego no puede analizarse como un giro integrado por la suma de desde + luego ; la preposición no marca ya, pues, el comienzo del instante o momento que denotaba luego, sino que apunta simplemente a la esfera del hablante (a la enunciación). Los textos literarios analizados (primer tercio del siglo XIX) permiten percibir el decaimiento del empleo de luego I en favor de luego2 (« después ») ; LARRA, por ejemplo, reserva el uso del primer valor de luego prácticamente para sus textos poéticos (cf. ed. cit., 355a, 357b, etc.) y no ofrece apenas casos de muy luego (en cambio, da numerosas muestras de luegov « después »).

Sobre la gramaticalización de desde luego [23]

315

Me ha llamado la atención el comentario de Juan que, desde luego, ha estudiado a fondo la cuestión. [Quien habla indica con desde luego que conoce el saber, o la preparación, de Juan sobre el asunto implicado.]

6.

Para terminar la presente comunicación, quisiera aportar dos observaciones que permiten corroborar lo que se ha propuesto hasta aquí.

6.1.

En la actualidad es posible detectar, al menos en ciertos ámbitos hispanohablantes, la creación de una nueva locución adverbial, análoga a desde luego y que muestra posibilidades parecidas de desarrollo. Según el testimonio de algunas informantes argentinas, en el español bonaerense, desde ya reflejaría un proceso de gramaticalización de características bastante semejantes a las que se han analizado para desde luego : a) desde ya expresa la intensificación de la inmediatez temporal (« Háganlo desde ya ») ; b) desde ya puede funcionar como marcador del acuerdo con el interlocutor o de la confirmación de lo dicho o lo inferido por el hablante (« Desde ya que son estúpidos »).

6.2. El proceso de gramaticalización que hemos analizado se ajusta a las propiedades prototípicas de un cambio de esa índole (cf. H O P P E R / T R A U G O T T , 1993 : 12 y s.) : el significado del elemento implicado a) se convierte en menos específico y en más general, b) se centra más en la actitud del hablante en relación con la situación comunicativa que en el contenido, propiamente dicho, de lo comunicado.16

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AZAÑA, M. (1932-1933) : Diarios, 1932-1933. « Los cuadernos robados », Barcelona, Crítica, 1997.

16

Sobre el interés de la perspectiva diacrònica para el estudio de los marcadores del discurso, con referencia particular al español, véase M A R T Í N ZORRAQUINO (1992 y 1994a).

María Antonia Martín Zorraquino

316 2

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Sobre la gramaticalizaciön de desde luego

317

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Michael L. MAZZOLA (Northern Illinois, États-Unis)

L'analyse à l'encontre de l'analogie : proparoxytons et paroxytons dans l'histoire du français Il est évident qu'il y a des cas où, pour de très bonnes raisons, l'analyse et l'analogie sont étroitement liées dans les études historiques de la langue française (cf. surtout KURYÈOWICZ, 1966). Pour cette raison-là, au dire de tout le monde - et l'accord a bien l'air d ' ê t r e u n i v e r s e l ( e . g . BOURCIEZ, 1 9 6 7 ; FOUCHÉ, 1 9 6 6 ; M E Y E R - L O B K E , 1 8 9 0 - 1 9 0 6 , 1 9 1 3 ; N E U M A N N , 1 8 9 0 ; P O P E , 1 9 3 4 ; R I C H T E R , 1 9 3 4 ; S C H W A N N & B E H R E N S , 1 9 1 3 ; SEIFERT,

1923 ; STRAKA, 1953, 1956, 1970), la syncope dans les proparoxytons, c'est-à-dire les formes conjuguées de verbes (e.g. collöcat > coll'cat) eut lieu bien avant qu'en paroxytons, c'est-à-dire les infinitifs (e.g. collocare). Ces exemples sont indiqués comme Syncope 1 et Syncope 2 respectivement en (26) sur la feuille distribuée : karrikáre syncope 1 k>g syncope 2 palatalisation a[>[e

lé [ > lié[



karrigáre kar(r)gáre 5ar§áre Sar§ére ¿arriére Sargiér

kárrikat kár(r)kat — —

èariat — —

fcarfcëO

kollokáre —

kollogáre kol(l)gáre kolgare kol§ére kolíjiére kolgiér

kóllokat kól(l)kat — —

kolôat — —

kdtëëO

Tableau 26 : Verbes À partir de ces exemples, nous voyons tout de suite que l'enquête fut encadrée d'une manière équivoque en termes morphologiques (e.g. formes conjuguées contre infinitifs) aussi bien que phonologiques (e.g. accent antépénultième contre pénultième). La mise en ordre des deux types de syncope avait d'ailleurs deux autres conséquences. La première était que la qualité des radicaux en syncopés était ainsi protégée pour profiter de la palatalisation sourde (i.e. collöcat > coll'cat ; carrïcat > carr'cat), caractéristique d'une bonne partie du nord de la France (cf. vacca > vache) pour aboutir par la suite à colchat, charchat ; tandis que le maintien des radicaux en non-syncopés (c'est-à-dire les infinitifs) devaient passer à travers une étape de sonorisation avant de se raccourcir à une étape postérieure. Ce procédé aurait alors mis en place une deuxième étape de palatalisation cette fois sonore, (collocäre > collogare > col(l) 'gare > colgare) ; aussi une caractéristique du nord de la France (cf. gamba > jambe). Ainsi, les formes dérivées de ce développement supposé - et il faut bien souligner « supposé » puisque cette approche traditionnelle n'a jamais été attestée ni témoignée à mon escient par des observateurs contemporains - seraient les infinitifs colgier, chargier (voisés) à l'encontre des formes conjuguées colchet, charchet (sourdes). Dans le cas de chargier, correctement dérivé de cet appareil, l'infinitif devait avoir une influence analogique sur la forme conjuguée pour expliquer la forme moderne charge. Dans le cas de coucher, par contre, l'influence analogique devait aller dans le sens contraire, c'est-à-dire de la forme conjuguée avec la palatale sourde vers l'infinitif. Le sens de l'analogie prétendue est indiqué par la flèche à la dernière ligne de (26).

320

Michael L. Mazzola

Pour résumer, l'uniformité du signe linguistique se défaisait peu à peu par l'introduction d'une variation paradigmatique amenée par un changement régulier phonétique (cf.VENNEMANN, 1972a: 184). Ces irrégularités auraient donné lieu à des «analogies conceptuelles» d'après la terminologie de VENNEMANN (1972a: 183). Mais durant le processus d'éliminer cette suppléance naissante, la directionalité de la prétendue analogie est fâcheuse puisque le sens dans lequel les paradigmes se régularisent d'après l'analyse traditionnelle a bien l'air d'être arbitraire. L'explication à partir de l'analogie semble donc échouer par son impuissance apparente à généraliser vis à vis la problématique en question. Autrement dit, la solution reste toujours à trouver : pourquoi est-ce que l'analogie va dans un sens pour un paradigme, mais dans le sens contraire pour un paradigme différent ? À l'égard du nivellement analogique lui-même, d'ailleurs, bien qu'il doive s'appliquer partout à travers le lexique - quoique d'une manière curieuse comme nous avons déjà vu et comme nous le verrons encore - il a l'air d'avoir été morphologisé. (J'en conclurai plus loin que ce n'est qu'illusoire et n'est possible que si on se laisse accepter l'analyse conventionnelle.) Ce même nivellement est traditionnellement soutenue pour les adjectifs et les noms, mais encore une fois avec un certain arbitraire vis à vis les sens analogiques. Voir (27) et (28). Pour cette raison, le but de la présente communication est de réexaminer l'approche conventionnelle à la loupe pour en mettre en cause les bases sous-jacentes. tenébriku Syncope 1 k>g t> d g>y Syncope 2 Incrément Palatalisation



tenébríka tenér(p)ka

tenérbigu







tenérbiyu tenérbyu tenérgli

— —

tenéròa tënérëë



g>y Syncope 2 Incrément Palatalisation

pédika pé(t)ka — — — —

férôijë

S pédiku

mániku —

piédigu piédiyu piédyu piép

mánigu mániyu mányu mânijë —

màn§ë

— — — — —

féraòa férôèë





— ρέδέ S péië g

ferátiku —

mánika mánka — — — —

mânôë mânÈë

Tableau 28 : Noms On se rappellera que le développement verbal aurait entraîné une distinction entre l'accent pénultième et l'accent antépénultième et ne visait que les radicaux en devant . Dans les cas des adjectifs et des noms, d'autre part, on va plus loin en ne visant que les proparoxytons avec la distinction entre les féminins (encore les radicaux en devant ) : tenebñca, ieratica par contraste avec les masculins (les radicaux en devant ) : tenebñcu, feraücu Pour cette raison, même aujourd'hui dans des études relativement récentes (KLAUSENBURGER, 1979 : 29), pour faire avancer une théorie de morphologisation,

L 'analyse à l'encontre de l'analogie

321

cette règle est, en s'appliquant uniquement aux formes féminines des adjectifs et des noms, considérée être morphologisée. Encore une fois, pourtant, comme dans le cas des verbes illustré en (I), l'environnement est équivoque : d'abord phonologique puisque seuls les proparoxytons sont visés ; ensuite phonologique puisque la règle ne vise que des radicaux en devant ; et enfin morphologique puisque seules ces formes féminines sont à la portée de la règle. Par conséquent, donnée une adhérence ferme et inébranlable à voir la problématique à travers une optique de morphologisation, il y a eu un accueil favorable à ce que l'on appelle « l a loi de Neumann» d'après le permier à la proposer en 1890. Presque universellement, des chercheurs tels que MEYER-LÜBKE, Elise RICHTER, Mildred Κ . POPE, BOURCIEZ, FOUCHÉ jusqu'à un article relativement récent de Georges STRAKA ( 1 9 7 1 ) , lui ont donné leur appui ou au moins ont bien voulu parler en sa faveur. Très succinctement, la loi veut que les radicaux en proparoxytons féminins subissent la syncope d'abord « because in words ending in I k a the fall of the unstressed penultimate vowel, being accelerated by the sonority of the vowel a, occurred before k intervocalic was voiced » (POPE, 1 9 3 4 : 1 4 1 ) . Par contre, les radicaux en proparoxytons masculins ne partagent pas ce changement. Il est plutôt le cas que « in the ending 'îkùm, (-'atíküm, -'fikùm), k voiced, opened and fell and the antepenultimate vowel brought thus into hiatus with the following final vowel consonantalised to jod, which being in initial position closed to d2 . » {ibid.). On a ainsi mis de côté le développement des masculins, c'est-àdire par un processus de voisement, l'aboutissement des occlusives à yod et le développement de l'affriquée palatale que j'ai appelé « incrément ». Le résultat fut alors un exemple de la morphologisation voulue et créé exprès par l'analyse conventionnelle qui continue à être acceptée jusqu'à nos jours. D'après ce procédé, illustré à la dernière ligne de (g Syncope 1 Syncope 2 Palatalisation a[>e[ èé [ > 6ié[

karrikáre karrigáre —

kárrikat kárrigat kár(r)gat

kar(r)gáre — Éáríjat 6ar§áre — ëargére — ¿arriére ëargiér £àr§ë6 Tableau 30 : Chronologie proposée Mais cette remise en ordre des procédés ne pourrait expliquer coucher/couche. Ici, au contraire, pour dériver ces exemples correctement, il faudrait appliquer la sonorisation de /k/ en /g/ avant la syncope 2, la syncope des paroxytons illustrée à (31). kollokáre Syncope 1 Syncope 2 k> g Palatalisation a[>e[ 6é[ > Cié[



kóllokat kól(l)kat

kol(l)káre







kolíáre kölöat — kolôére — kolíiére kolòiér kdlôë0 Tableau 31: Chronologie alternative Comme on voit en (31), la distinction entre Syncope 1 et Syncope 2 ne tient plus, mais ce qui est encore plus frappant c'est que la sonorisation non plus ne rentre en jeu dans ce contexte. Les règles, alors relevantes à la chronologie relative ne comprennent en effet qu'une seule règle de syncope et au besoin le voisement. Mais cette tentative d'expliquer le nivellement du paradigme en chaque cas ne fait plus rien que de jeter la question de la directionalité de l'analogie sur celle de la mise en ordre des règles. Autrement dit, l'arbitraire de la directionalité de l'analogie est maintenant devenu l'arbitraire de la chronologie des changements. Ce qui fait que nous n'avons vraiment pas d'idée pourquoi les règles se succèdent d'une façon pour charger!charge, mais d'une autre pour coucher!couche.

L 'analyse à l'encontre de l'analogie

323

On pourrait tirer des conclusions pareilles sur les paradigmes adjectivaux et nominaux. Pour dériver la palatale voisée (e.g. charger!chargé), il faut faire appliquer la sonorisation avant la syncope, ce qui donnerait tenerge et feroge et pour le masculin et pour le féminin. Pour dériver la palatale sourde en manche (comme pour coucher/couche), on n'a qu'à ordonner la syncope avant le voisement. Encore une fois, pourtant, cette procédure ne fait rien d'autre que de substituer l'ordre des changements pour la directionalité de la réduction des allomorphes. Une autre observation encore plus importante au sujet de (30) et (31), c'est que la mise en ordre de l'un et de l'autre n'ont pas de valeur explicative. Malgré l'ordonnancement de (30), on ne saurait rendre toutes les formes en question dans le contexte d'une seule dérivation. L'ordonnancement de (31), pourtant, devrait être considéré privilégié puisque (31) seul rend toutes les formes dans une seule dérivation illustrée en (32). k>g Emprunt Syncope 1 Syncope 2 Palatalisation a[>e[

karrikáre karrigáre

kárrikat kárrigat

— —

kar(r)gáre Caríjáre SarÇére òé[ > 5ié[ Carnière taríjiér Tableau 32 : L'emprunt











kollokáre

kár(r)kat



kóllokat kól(l)kat



£ár$at — —

ôàrtjëO

kol(l)káre kolÉáre kolíére kolòiére kolgiér



kdlCat — —

kôlôëO

Mais ce n'est possible que si nous envisageons la syncope comme un procédé tout à fait phonologique sans le moindre besoin d'introduire des traits morphologiques dans sa formulation et que nous introduisions des items donnant des palatales sourdes très tard dans la dérivation, c'est-à-dire après le voisement. Ce dernier, est, bien entendu, un indice sor de l'emprunt et en effet ces items seront considérés comme des emprunts dans la réanalyse à laquelle j'aimerais attirer l'attention du lecteur. La syncope est donc, d'après l'analyse proposée ici, un procédé purement phonologique et par conséquent la distinction entre les proparoxytons masculins ou féminins est inutile pour tenir compte du développement en question. Il s'ensuit alors qu'il faut bien écarter l'exclusion des radicaux en devant d'après la loi de Neumann. Il est plutôt le cas que toutes les affriquées palatales produites de intervocaliques sont dérivées par incrément, ce qui rend inutile la palatalisation (cf. la règle soi-disant morphologisée de KLAUSENBURGER). La différence entre les affriquées n'est donc que la pure réflexe de la qualité sourde ou sonore de la consonne précédente. À cette fin on annule la distinction entre Syncope 1 et Syncope 2 (voir (32). La syncope n'a donc rien à voir aux démarches préliminaires en (33) et (34). Ces derniers comprennent le voisement de intervocalique pour tous les items ; suivi par l'affaiblissement de /g/ > /y/, suivi à son tour par la syncope qui ne fait aucune distinction entre les proparoxytons.et les paroxytons. L'incrément peut alors s'appliquer à toutes les consonnes suivies de yod, le voisement de la palatale uniquement déterminé par la qualité voisée de la consonne devant yod comme illustré en (33).

Michael L. Mazzola

324

Sonorisation g>y Syncope Incrément Palatalisation a[>e[ U [ > òié [

mastikáre mastigáre mastiyáre mastyáre masëàre

mástikat mástigat mástiyat mástyat másóat





masòére masôiére masòiér mâcher

— —

màs£ë6 mâche

karrikáre karrigáre karriyáre karryáre kar(r)§áre öarijire £ar§ére ôarijiére Sardjiér charger

kárrikat kárrigat kárriyat kárryat kár(r)ijat óárgat — —

óárgeO charge

Tableau 33 : Verbes Appliquant maintenant cette procédure à d'autres items comme en (34), nous sommes à même d'observer cette problématique du développement palatal à partir d'une autre perspective. Ici nous trouvons la palatale sonore (colgier/colget) correspondante aux formes en français moderne avec la palatale sourde (coucher!couche). Aussi est-il toujours le cas que n'importe quelle forme contre l'analyse proposée ici, ne l'est qu'à condition de contenir une affriquée sourde correspondante à une consonne voisée intermédiaire devant yod, comme résumé en (35). Sonorisation g>y Syncope Incrément Palatalization a[>e[ òé[ > ¡Sié[

kollokáre kollogáre kolloyáre kollyáre kol(l)§áre

kóllokat kóllogat kólloyat kóllyat k [u],

Ex. : lat. dormire > daco-roumain (dr.), aroumain (ar.), mégléno-roumain (mr.), istroroumain (ir.) durmi (durni) (roum. litt, dormi « dormir ») ; lat. barbatu(m) > dr., mr. bòrbat ([bar'bat]) « homme », etc. Il est probable que le phénomène ait existé déjà en latin vulgaire, où il a affecté les voyelles ouvertes / ε / et / D /, qui se transforment en /e/ et loi (BOURCIEZ, 1967 : 101-102 ; SALA, 1 9 7 6 : 5 7 - 5 8 ) . 4

La fermeture des voyelles inaccentuées représente un processus naturel d'affaiblissement, en relation avec la concentration réduite d'énergie dans les voyelles diffuses (cf. STRAKA, 1 9 6 4 ) . De ce point de vue, il est comparable aux confusions de timbre vocalique attestées dans le même contexte dans d'autres langues (DRESSLER, 1985 : 48), y compris certaines langues romanes (infra).5 Ce processus présente en roumain quelques caractéristiques et une évolution historique spécifique par rapport aux processus d'affaiblissement que l'on enregistre dans d'autres langues romanes.

1.1.

Contrairement aux hypothèses formulées par certains chercheurs (voir, par exemple, SALA, 1976 : 212-ss.), le processus du roumain commun ne s'étend pas à la voyelle antérieure / e /. À part quelques exceptions accidentelles, parmi lesquelles on retrouve des mots comme roum. picior « pied » (lat. petiolu(m)), dont le [i] date certainement du latin vulgaire (cf. roum. dial. [Ki'tfor] ; URITESCU, 1991), le [e] atone est conservé dans la plupart des mots. Nous en citons quelques-uns, tirés d'un inventaire complet des mots d'origine latine que nous avons effectué sur la base de ILR II (pp. 129-173), en choisissant les formes qui présentent un [e] posttonique, contexte qui exclut l'analogie (voir infra) : pântece « ventre »

4

5

Le latin vulgaire connaissait aussi un autre type d'affaiblissement, notamment la syncope des voyelles (en général non ouvertes) brèves dans l'avant-dernière syllabe d'un mot accentué sur l'antépénultième syllabe et, moins fréquemment, dans la syllabe « intertonique ». Pourtant, la nature exacte de ces voyelles et la chronologie de la syncope ne sont pas toujours claires, et les syllabes en question s'avèrent plus faibles que d'autres syllabes atones uniquement dans certains dialectes romans (pour la bibliographie du problème, voir SALA, 1976 : 58 ; voir aussi une synthèse de la problématique dans POSNER, 1996 : 99-100). Par conséquent, nous nous garderons d'analyser cet aspect dans la présente étude. Pour MOHANAN (1993), la « réduction » vocalique en syllabe non accentuée est caractérisée par un déplacement vers la voyelle neutre (chva). Comme cette interprétation n'est pas acceptable pour la fermeture des voyelles en roumain (et dans d'autres langues romanes), on pourrait choisir une autre dimension par rapport à laquelle on peut établir, d'après l'auteur, la force d'un segment : le degré de sonorité. Ou plutôt, on pourrait adopter une des propositions de DONEGAN (1993), notamment le fait que les voyelles « colorées » idéales sont fermées ; cela supposerait également que leur articulation nécessite moins d'énergie.

Pour une typologie des processus phonologiques historiques

439

(lat. pantice(m)), pieptene « peigne » (lat. pectïne(m)), mestec « je mâche » (lat. mastico), vested « fané » (lat. vescídu(m)), piersec « pêcher » (lat. përsïcu(m)), galben « jaune » (lat. galbïnu(m)), înger « ange » (lat. angëlu(m)),judec « j e juge » (lat. indco), etc. Ce trait du roumain contredit la hiérarchie des voyelles d'après leur force intrinsèque établie par FOLEY ( 1 9 7 7 : 44-ss.) sur la base des processus phonologiques. Selon FOLEY, [a] est la voyelle la plus résistante aux processus d'affaiblissement (dans sa terminologie, l'élément phonologique qui se manifeste comme fa]), suivie de [o] et ensuite de [e]. La même hiérarchie est par ailleurs suggérée dans d'autres approches (voir, par exemple, STRAKA, 1 9 6 4 ; JAKOBSON / HALLE, 1 9 8 0 : 5 5 , pour la voyelle [a] ; DONEGAN 1 9 9 3 ) . Le roumain se distingue aussi d'autres langues romanes, lesquelles confirment surtout la résistance du / a / aux processus d'affablissement. En français, /a/ se transforme en chva tout en étant plus résistant à l'effacement que les autres voyelles. En syllabe initiale, /a/ ne se transforme en chva que dans un contexte spécifique : syllabe ouverte et précédé d'une palatale ou en hiatus par suite de l'effacement d'une consonne intervocalique. Le premier contexte ([a] précédé d'une palatale) rapproche [a] du [e], lequel se transforme en chva dans toutes les syllabes ouvertes initiales.6 La voyelle [o] en syllabe initiale tend généralement à se transformer en [u] sans relation avec la nature de la syllabe (cf. aussi STRAKA, 1964).7 Dans les dialectes italiens centro-méridionaux, ni le processus de fermeture ni le processus de confusion de timbre ne s'étendent à / a /, à l'exception de quelques contextes limités (en général la syllabe posttonique, avec l'exclusion de la finale dans certains dialectes, ce qui pourrait renvoyer à la fonction morphophonologique ;8 ROHLFS, 1966 : 107 ; M E R L O 1920 ; GLOSCO, 1985). Dans quelques dialectes italiens qui connaissent la confusion de timbre (voir, par ex., le dialecte de Calvello, en Lucanie ; GlOSCO, 1985 : 25), la voyelle loi est plus résistante à la transformation en chva 9 (en position prétonique, elle garde le timbre et se ferme). Le portugais ressemble au roumain en ce qui concerne l'affaiblissement du /a/ en position atone, mais ce processus n'exclut aucune voyelle, même si l'affaiblissement du / e / (par le processus de fermeture) semble plus tardif (RÉVAH, 1958 ; H A R T , Jr., 1955 ; cf. aussi WILLIAMS, 1938 : 40-ss.). 10 En sursilvain, /a/ est plus résistant à l'effacement (même à l'affablissement par transformation en voyelle neutre), surtout en position finale (CADUFF, 1952 : 58-ss.). De même dans les dialectes orientaux du catalan qui connaissent l'affaiblissement, dans lesquels / a / semble plus résistant surtout en position intertonique et finale (BADÌA ι MARGARIT, 1981 : 155—ss.).

6 7

Certaines variétés de québécois ont transformé ce processus en contrainte phonotactique. STRAKA (1964) suggère même le caractère plus faible du [e] par rapport à [o], mais il reste que la situation du [o] en français par rapport au processus d'affaiblissement est difficile à établir, sa transformation en [u] pouvant être interprétée comme un phénomène paradigmatique (HAUDRICOURT et JUILLAND, 1970 : 48-ss.).

8 9

10

MERLO (1920 :167) cite les pluriels neutres du type b^sra^a« les cerises ». Comme en général dans la plupart des langues romanes qui connaissent la « décoloration » des voyelles en position atone : le portugais, le catalan, le roumain (dans lequel la décoloration du /e/ n'est pourtant pas un processus d'affaiblissement). En fait, il est probable que l'affaiblissement des trois voyelles ait commencé en portugais vers la même époque, mais le processus a perdu son caractère naturel dès le XVe siècle à cause d'un phénomène spécifìque en contexte roman : la réapparition des voyelles ouvertes atones par suite de la contraction des nombreuses voyelles en hiatus. Ce phénomène affecte surtout le statut des voyelles prétoniques (TEYSSŒR, 1980 : 5 0 - 5 3 ; SILVA, 1996 : 6 1 - 6 3 ) .

440

Dorin Uritescu

Le roumain paraît donc présenter un conditionnement formel spécifique dans le processus d'affaiblissement des voyelles atones. Pour rendre compte de ce conditionnement, on pourrait prendre en considération les similitudes entre le roumain et l'albanais, ce qui renverrait à une influence du substrat. En effet, l'albanais ne ferme que les voyelles postérieures en position atone (PHILIPPIDE, 1927 : 575-576, 584-ss. ; Di GIOVINE, 1982, 18 et passim).11 On pourrait également intégrer dans l'explication de ce conditionnement une hypothèse formulée par plusieurs chercheurs, notamment le fait que / e / remplissait des fonctions morphologiques multiples en roumain (pour la bibliographie du problème, voir SALA, 1976 : 213-214). L'explication nous semble pourtant plus complexe, car il ne s'agit pas d'un processus phonétique bloqué dans des contextes morphologiques spécifiques, mais d'un changement général de la position du / e / dans la hiérarchie des segments d'entrée du processus d'affaiblissement. Nous proposons par conséquent une autre perspective, notamment la perspective guillaumienne (voir, par exemple, ROCCHETTI, 1982 ; 1986), dans laquelle on peut supposer que les phonèmes acquièrent un « sens », de nature « morphosémantique » dans notre cas, lié à leur fonction en tant que morphophonèmes. Ce sens morphosémantique pourrait influencer le comportement phonologique des phonèmes et s'ajouter aux déterminations purement phonologiques (comme le rendement fonctionnel, la nature des oppositions phonologiques, etc.).12 Par conséquent, le comportement phonologique du / e / par rapport au processus de fermeture des voyelles atones en roumain aurait pu être influencé par sa fonction morpho(phono)logique, beaucoup plus importante en roumain commun que la fonction du /a/ et du loi. Plus tard, ce rôle diminuera, suite à l'importance que prendra la modification du radical en roumain (cf. infra). L'aroumain et le mégléno-roumain (d'autant moins le dialecte moldave) ne continuent donc pas le roumain commun en ce qui concerne la fermeture du / e / atone, comme le croient la plupart des linguistes (cf. SALA 1976 : 213). À part le fait qu'en aroumain [e] est attesté dans les manuscrits du XVIIIe siècle, les formes du type ar. aràcoare « fraîcheur », crâpiturà « crevasse », etc. (CAPIDAN, 1932 : 251-ss.) ne peuvent s'expliquer que par la conservation tardive du [e] atone, transformé par la suite en chva dans des contextes spécifiques.

1.2.

Le processus [la, b] a subi toute une série de transformations, dont certaines datent du roumain commun et dont l'analyse ne sera qu'ébauchée ici.

1.2.1. La fermeture du [a] atone a été transformée en contrainte phonotactique et partiellement restructurée, par suite de quelques phénomènes :

11

Le bulgare présente aussi des similitudes partielles avec le roumain et l'albanais (cf. PHILIPPIDE,

12

Pour une discussion, dans une autre perspective, sur le rôle du conditionnement morphologique dans le changement phonétique, voir MAIDEN (1991 :67-ss. et passim.)

1927 : 2 7 5 - 2 7 6 ; ROSETTI, 1986 : 226-227).

Pour une typologie des processus phonologiques historiques

441

a) un processus mineur, notamment la transformation du [o] atone en chva dans certaines prépositions ou conjonctions non accentuées dans la phrase (la forme non accentuée étant généralisée) : [ks] « que » (lat. quod), [fars] « sans », etc., ce qui crée des oppositions marginales entre /a/ et chva du type [ka] - [ka] (lat. quam), adverbe de comparaison ; b) la postpositon de l'article défini et sa fusion avec le nom, ce qui augmente le nombre d'oppositions phonologiques : casa « maison » - casa « la maison », etc. Il en résulte deux contraintes phonotactiques : [2a] [2b]

* # [s] suivi de consonnes non nasales ; [a] —> [a] en position atone à l'intérieur du mot, la limite entre le nom et l'article défini ayant un statut de limite de mot (cf. le comportement du [o] dans l'article défini -lor dans la plupart des dialectes ; pour cette limite, voir aussi ROSETTI, 1986 : 496).

1.2.2. 1.2.2.1.

Déjà vers la fin du roumain commun, le processus [lb] est formalisé et partiellement restructuré, se transformant en un processus morphophonologique mineur, en daco-roumain et en istro-roumain : [3]

/ o / —> / u / en position atone, dans le paradigme des noms à changement d'accent au pl. et dans la flexion verbale (le type port « je porte » - purtàm « nous portons »).

Dans les verbes de la III e conjugaison, dans le paradigme de certains verbes appartenant à d'autres conjugaisons et dans les dérivés le / o / accentué a été généralisé en position atone par un phénomène de cohérence paradigmatique : tore / toarce / torcea « je tords / il tord / il tordait », omenesc « humain » (dérivé de om « homme »), rotar « charron » (dérivé de roatâ « roue »), etc. Comme l'accent se déplace vers la droite, cette généralisation a lieu en position prétonique. Les emprunts à d'autres langues, y compris les mots pénétrés du vieux slave, conservent la voyelle [o] en position atone et l'alternance morphophonologique ne s'étend pas aux verbes non latins : à comparer, par exemple, muri « mourir », d'origine latine, avec omorî« tuer », d'origine slave (URITESCU, 1994 : 130-141 ; 1977).

1.2.2.2.

En aroumain et en mégéno-roumain, le processus [lb] garde son caractère phonologique, mais se formalise et se transforme en processus phonotactique, par suite de deux phénomènes : a) l'affaiblissement de l'accent secondaire de l'article défini -lor, devenu clitique déjà en roumain commun (du moins dialectalement) ;

442

Doriti Uritescu

b) la transformation des féminins contenant la diphtongue accentuée / oa / en forme sousjacente (URITESCU, 1994 : 232-ss.). 13

1.3. À partir de ces stades, la fermeture tardive des voyelles atones, dans les dialectes roumains et dans les sous-dialectes du daco-roumain caractérisés par la récurrence du phénomène, se manifeste essentiellement par deux types de processus, qui impliquent des conditionnements formels distincts.

1.3.1. En aroumain et en mégléno-roumain, la fermeture se généralise à / e / (Faroumain du nord et le mégléno-roumain ; CAPIDAN, 1932 : 248-ss., 274-ss., 383-ss. ; CAPIDAN, 1925 : 109-ss. ; ATANASOV, 1984 : 493-ss.) ou à toutes les voyelles d'ouverture moyenne {loi, Id, /A/ ; l'aroumain du sud ; CAPIDAN, 1932 : 248-ss., 274-ss., 383-ss.). Le dialecte aroumain décrit par CARAGIU-MARIOTEANU (1968) semble être intermédiaire entre ces deux dialectes. Tous ces processus de fermeture présentent un trait commun : un seul conditionnement phonologique, à savoir la position atone. Cependant, il est probable que ces processus se soient transformés en contraintes phonotactiques au niveau de la norme, en acquérant par la suite des exceptions morphologiques (liées en général à la limite morphémique et au statut de la limite entre l'article défini et le nom). 14

1.3.2. En daco-roumain, les transformations analysées sous 1.2.2.1. déterminent l'apparition d'un conditionnement formel original (en contexte roumain) : une proéminence relative des voyelles prétoniques. Ce conditionnement est en relation avec deux traits structurels : a) le mouvement de l'accent vers la droite dans la flexion (surtout verbale) et dans la dérivation (c'est-à-dire, le déplacement de l'accent sur la désinence ou sur le suffixe) ; b) l'importance des processus de cohérence paradigmatique (en daco-roumain et en istroroumain). Il s'agit donc d'une contrainte formelle dont la constitution représente le résultat de l'action conjointe de deux phénomènes distincts : la formalisation (et

13

14

Les même facteurs, auquels s'ajoutent le caractère neutralisant et un processus mineur de labialisation du chva, contribuent à la formalisation du processus en daco-roumain et en istroroumain (pour les détails, voir URITESCU, 1994 : 130-ss. ; 1997). Pour les contraintes phonotactiques à exceptions morphologiques, voir LINELL, 1979 : 181. On pourrait aussi admettre qu'il s'agit de processus phonologiques « bloqués » dans certains contextes morphologiques (voir MAIDEN, 1991 : 70-ss.).

Pour une typologie des processus phonologiques historiques

443

la morphologisation) d ' u n processus phonologique naturel et une caractéristique de la structure accentuelle du roumain (URITESCU, 1997). 15

1.3.2.1. Par conséquent, les processus de fermeture des voyelles atones dans les sous-dialectes daco-roumains n'affecteront que les voyelles posttoniques. On constate donc essentiellement deux types de processus : [4]

Les voyelles d'ouverture moyenne se ferment en position posttonique (le sous-dialecte moldave et une petite aire linguistique dans les Carpates Occidentales).

Les exemples les plus significatifs sont constitués de formes dans lesquelles la voyelle atone peut être soit prétonique soit posttonique dans le p a r a d i g m e : ['blastïmî] / [blasta'mam] « il maudit / nous maudissons » ; [ ' r a z ï m ï ] / [ r a z a ' n a m ] « il appuie / nous appuyons » ; ['Raptïmï] / [ R e p t a ' n a m ] « il peigne / nous peignons » (ALR s.n. VII / 1882, 1986, 1892), etc. Ce genre de variation tend, par ailleurs, à restreindre le processus à la syllabe posttonique finale. [5]

Les voyelles d'ouverture moyenne se ferment en position posttonique finale (certaines aires du sous-dialecte de Criçana ; NALR-Cr. I / 24, 39, XX, L ; URITESCU, 1984 : 293 et c. 85).

1.3.2.2. Dans quelques aires dialectales appartenant à plusieurs sous-dialectes daco-roumains, le chva prétonique est transformé en [a] ou en une voyelle intermédiaire entre chva et [a] (le type padure pour pâdure [pa'dure] « forêt ») : 16 [6]

15

16

[a] —> [a] en position prétonique.

L'asymétrie entre les positions pré- et posttoniques est depuis longtemps constatée en linguistique générale et romane, et le caractère moins affaiblissant de la position prétonique peut être envisagé dans les termes de la hiérarchie naturelle des contextes faibles (cf. MAIDEN, 1995b, qui propose àjuste titre l'introduction des deux domaines prosodiques dans la structure des constituants prosodiques). Mais l'explication de l'asymétrie que nous constatons en roumain et dans d'autres langues romanes ne nous semble pas du tout ressortir à ce seul aspect naturel. Pour l'aire du phénomène et pour la bibliographie, voir NEAGOE (1984 : 245, 277, note 35 ; URITESCU, 1984 : 293, 315, notes 100-101). En fait, même si les aires dialectales sont discontinues, on peut accepter l'affirmation de PUÇCARIU (1974 : 266) : « Cette transformation du â se retrouve sur presque tout le territoire daco-roumain et est presque généralisée chez les Istroroumains » (notre traduction). Quant aux domaines prosodiques, le phénomène mériterait une analyse plus détaillée. Nous nous limiterons à signaler ici que les aires dialectales dans lesquelles le renforcement du chva se limite au « mot phonologique » (le type padure) sont en général plus étendues que celles où le processus atteint aussi le « groupe clitique » (le type ma marit, pour ma màrit « je me marie »). Il y a pourtant des aires dialectales (en Bessarabie) dans lesquelles ce processus ne caractérise que les clitiques prétoniques (le type ma màrit, pâdure ; cf. ALR I / II, c. 167, 204, 251, 252 ; nous nous proposons de revenir sur ces aspects).

444

Dorin Uritescu

Le processus [6] ne peut s'expliquer que par le conditionnement formel que nous avons analysé sous 1.3.2. : la proéminence relative des voyelles prétoniques (pour d'autres explications, difficiles à accepter, voir la bibliographie citée dans les ouvrages indiqués dans la note 16). Il s'agit donc d'un processus d'affermissement « formel » (dont l'origine est à chercher dans la forme, l'organisation de la langue). La coïncidence entre l'aire de la limitation de l'affaiblissement des voyelles atones à la position posttonique et celle où l'on enregistre le processus [6] 17 ne peut qu'étayer cette hypothèse.

1.3.3. Le roumain reconstruit donc un conditionnement formel qui existe dans d'autres aires de la Romania et qui, pour ainsi dire, est latent dans toutes les langues romanes, puisque dans toutes ces langues, l'accent se déplace vers la droite. Nous n'en citerons que quelques exemples.

1.3.3.1. La distinction entre les positions pré- et posttonique est clairement illustrée par les dialectes italiens, pour lesquels on peut adopter la caractérisation formulée par MAIDEN ( 1 9 9 7 ) : « L ' é v e n t a i l des voyelles inaccentuées n'est jamais plus vaste que celui des voyelles accentuées ; il est généralement plus réduit » (p. 9) ; « L ' é t e n d u e de la neutralisation n'est jamais plus importante à gauche de la voyelle accentuée qu'à sa droite » (notre traduction ; p. 10 ; cf. aussi MAIDEN, 1995a : 42-47). La distinction semble pourtant plus nette dans ce que MAIDEN (1997) appelle « une forme plus extrême de fusion », notamment la confusion de timbre vocalique par la transformation des voyelles en chva (ce que l'on pourrait appeler « décoloration » des voyelles). Ce processus d'afaiblissement se manifeste dans la plupart des dialectes centro-méridionaux d'Italie, dans lesquels / a / et parfois / u / résistent à l'affaiblissement en position prétonique (même si / o / est affecté par le processus de fermeture) : [sa'na] « sanare » ; [su'na] « suonare » ; [fra'nata] « frana » ; [fra'nata] « frenata », etc. (GiOSCO, 1985 : 28 ; cf. aussi MAIDEN, 1997). 18 L'italien connaît aussi un « renversement de la réduction du a au niveau du syntagme phonologique » (notre traduction), un phénomène qui se passe, comme en roumain, en position prétonique : li 'vuva ' 'mi « mes bœufs », avec un [a] introduit devant l'accent qui frappe toujours un élément dont le placement est obligatoirement en finale de syntagme phonologique, mais li 'vuva ' 'nira « les boeufs noirs », avec un chva

17

18

II s'agit du daco-roumain, par opposition à l'aroumain et au mégléno-roumain, car en istroroumain le processus d'affaiblissement des voyelles atones n'est pas récurrent. Cependant, pour l'istro-roumain, qui se regroupe avec le daco-roumain en ce qui concerne les transformations qui mènent à l'apparition du conditionnement formel dont il est question (supra, 1.2.2.1., 1.3.2.), il faut admettre la même explication, sans pour autant exclure l'influence croate, qui expliquerait la généralisation du processus d'affermissement au-delà du contexte originel. La fermeture des voyelles atones peut apparaître en position prétonique (comme en roumain commun et dans d'autres langues romanes, telles que le portugais), mais cette position semble résister davantage à des neutralisations plus drastiques (voir aussi la différence entre l'harmonie par fermeture et l'harmonie totale ; MAIDEN, 1995b).

Pour une typologie des processus phonologiques historiques

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maintenu devant un adjectif qui n'est pas de façon inhérente final de syntagme (MAIDEN, 1995b : 124)." Le français pourrait, en fin de compte, se rattacher à cette distinction par la différence entre la syllabe initiale et la position posttonique (cf. BOURCIEZ, 1967 : 31-ss.).

1.3.3.2. En portugais, où l'affaiblissement a commencé par un processus de fermeture, la différence entre les voyelles prétoniques et posttoniques dans le processus plus tardif de « décoloration » et d'affaiblissement est moins nette que dans les dialectes italiens (voir p o u r t a n t GONÇALVES VLANA, 1 9 7 3 : 1 4 2 ; MORAIS BARBOSA, 1 9 8 3 : 1 0 5 - s s . , 1 3 5 - s s . ;

MALMBERG, 1962). Cependant, cette distinction est bien illustrée par un phénomène qui rappelle celui des sous-dialectes daco-roumains et des dialectes italiens et que l'on a enregistré dans certains dialectes du Brésil où l'on constate une « restauration » des voyelles non affaiblies prétoniques (RÉVAH, 1958 ; cf. aussi MATTOSO CÁMARA Jr., 1977 : 47-ss. ; PAGLIUCHI DA SILVEIRA, 1986 : 144-ss.). À part les voyelles alternantes, dont la restauration est analogique et plus répandue en portugais, et les cas de restauration explicables par des facteurs de nature sociolinguistique (comme par exemple l'influence de la graphie sur la prononciation des classes cultivées), dans certaines zones du Brésil, comme la zone carioca, on a enregistré des formes du type cavalo, aparece, etc., dont le [a] prétonique n'est pas fermé (RÉVAH, 1958 : 397-398), ce qui pourrait renvoyer à un phénomène comparable à celui du roumain et de l'italien. 20

2.

En conclusion, le roumain présente quelques traits caractéristiques en ce qui concerne la mise en œuvre des processus phonologiques naturels d'affaiblissement des voyelles atones. L'explication de ces traits nous semble d'une portée plus générale et devrait, à notre avis, être prise en considération dans des recherches plus approfondies sur la typologie des processus phonologiques historiques dans les langues romanes. Tout d'abord, le statut du /e/ par rapport au processus d'affaiblissement des voyelles atones en roumain démontre le rôle de la fonction morphologique (ou morphophonologique) des phonèmes dans la détermination de la hiérarchie des segments d'après leur force intrinsèque. Deuxièmement, la distinction entre la position prétonique et la position posttonique, de longue date dans les études romanes de phonétique historique, semble loin d'avoir une simple détermination

19

20

À ce sujet, il ne serait pas sans intérêt de procéder à une comparaison plus poussée des dialectes italiens avec les sous-dialectes daco-roumains, en examinant également d'autres aspects, tels que, par exemple, l'effacement de la partie posttonique, qui en roumain semble en relation avec le renforcement de la syllabe prétonique (pour l'italien, cf. MAIDEN, 1995b). L'origine des voyelles atones en portugais brésilien est beaucoup débattue en linguistique portugaise et nous ne pouvons pas entrer dans les détails du problème. Il nous semble pourtant que tant le [a] prétonique que les voyelles prétoniques [e] et [o] à réalisation ouverte (dans certaines régions du Brésil ; RÉVAH, 1958 : 3 9 7 - 3 9 8 ; TEYSSŒR, 1980 : 103 ; cf. aussi SILVA, 1996 : 63)

pourraient refléter un phénomène semblable à celui que nous avons constaté en roumain et en italien.

446

Darin Uritescu

naturelle. En effet, cette distinction, qui sur le plan roman paraît moins nette dans le cas du processus d'affaiblissement par fermeture, peut être renforcée par l'intervention de certains facteurs ressortissant à la structure de la langue. Nous en avons mis en évidence deux : la dynamique de l'accent (facteur latent dans toutes les langues romanes) et l'importance des processus de morphologisation et de cohérence paradigmatique. L'action conjointe de ces deux facteurs peut avoir pour résultat la constitution d'une contrainte phonologique « formelle », notamment ce que nous avons appelé « la proéminence relative des voyelles prétoniques ». Ce conditionnement formel est de nature à déterminer des processus d'affermissement dont l'effet consiste en un éloignement encore plus grand entre les voyelles prétoniques et les voyelles posttoniques.

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Rika VAN DEYCK (Gand, Belgique)

Les voyelles nasalisées en diatopie et en diachronie

1. Préliminaires

Ceux qui ont travaillé sur les nasalisations savent que le problème est inextricable. À examiner les faits concrets, qui sont la conséquence de la nasalisation, l'on s'y perd : à en juger par les systématisations développées, en théorie, autour d'elles, force est de constater que les mêmes faits amènent des thèses contradictoires. Le métalangage élaboré au sujet du phénomène, l'enferme dans une perspective colorée par le modèle linguistique adopté : il est devenu presqu'aussi complexe que les faits eux-mêmes. L'histoire des nasales n'est pas encore écrite. Depuis Gaston PARIS (1872) et Herman SUCHIER (1893), les partisans d'une nasalisation par étapes et une nasalisation simultanée continuent à s'affronter. 1 Même la phonologisation des timbres en français contemporain reste contesté (SCHANE, 1968). De plus, à en juger par l'existence de parlers nasillants tel le béarnais (ALLIÈRES, 1994) ou des parlers italiens septentrionaux (MORIN, 1994), jusqu'à la certitude des limites géographiques du phénomène s'évanouit. La question semble indécidable (MORIN, 1994 : 82).2 Nous réargumenterons la thèse d'une nasalisation par étapes en l'interprétant à trois niveaux d'abstraction articulés les uns dans les autres : au niveau général du changement typologique, au niveau des langues historiques et au niveau particulier du discours selon le principe cosérien (la Chanson de Roland, sigle : CR).3 D'où une triple série de question : Pourquoi les nasales existent-elles ? Ce qui revient à se demander pourquoi le latin des provinces a cessé d'évoluer. Pourquoi, alors que la nasalité existe en puissance dans toutes les langues romanes, le français et le portugais ontils été les seuls à les systématiser ? Enfin, pourquoi les assonances de la Chanson de Roland sont-elles ce qu'elles sont ?

1

À la suite de G.PARIS (La vie de Saint-Alexis, Paris, Bibl. de l'École des Hautes étude, préface) : surtout HAUDRICOURT (1949), STRAKA(1955 : 2 4 5 - 2 7 4 & 5 0 1 - 5 3 1 ) , MARTINET (1965 : 117-122), D e la CHAUSSÉE (1974) ; d e p u i s SUCHIER (1906) : LOTE ( 1 9 4 0 - 4 3 : 145-170), ROCHET (1976), VAN REENEN 1987).

2

La nasalisation a suscité une littérature abondante; outre la monographie de ROCHET Β (1976), des recueils d'étude font le point : FERGUSON, C. / HYMAN L. / OHALA J. (1975), VAN DEYCK

3

R. (1994: 5-235). Selon le texte et la concordance réalisés d'après le ms. D'Oxford dans le Service de Linguistique française (sous la responsabilité de G. DE POERCK et de nous-même).

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2. Le changement typologique

Le changement typologique est amorcé par le bouleversement de la prosodie latine dès le IIIe siècle. La prosodie romane est l'effet de la disparition de la quantité latine à valeur phonologique, devenue inutile quand un accent d'intensité à valeur phonologique venait compenser la perte des corrélations de longueur. Cet accent d'intensité établira des oppositions qualitatives de timbres ouverts et fermés en amplifiant une tendance du latin, le timbre de la brève étant plus ouvert et celui de la longue plus fermé. Les oppositions qualitatives étant une conséquence de la prosodie romane, elles pouvaient faire l'objet d'un traitement différent dans les divers parlers romans. Le rapport quantité / qualité s'en trouve ébranlé, le système fonctionnel du latin des provinces menacé et, dans le même temps, de nouvelles systématisations se manifestent. Mais quand la quantité latine a disparu , vers le VIe siècle dans les parlers d'oïl et plus tard encore en franco-provençal , qui sont, de ce point de vue, plus conservateurs que les autres langues romanes, une nouvelle quantité s'est développée, au même moment, avec, à l'origine, la simplification des géminées. C'est que le bouleversement quantitatif ne se limite pas aux corrélations de longueur vocalique du latin classique, il se prolonge par un bouleversement des corrélations de longueur consonantique. La durée consonantique agira sur la voyelle qui précède : actualisée devant une consonne simple, la voyelle s'allonge, devant une géminée, elle s'abrège, à condition toutefois qu'elle soit tonique, soit âna : änna. Cette tendance, observée pour les géminées, se reporte sur toute séquence de deux consonnes quelque en soit la nature. Dès qu'elle sera compromise par la simplification des géminées, la nouvelle quantité vocalique maintiendra à elle seule l'opposition äna : änna > äna (< -η-) : äna (< -nn-). De variante combinatoire qu'elle était au départ, l'opposition devient phonologique. Dans ce processus, quantité et tonicité s'allient. La structure syllabique à valeur distinctive est donc l'effet de la quantité consonantique.4 Or, la nouvelle quantité vocalique (romane), associée à un accent d'intensité phonologique et conditionnée par la structure syllabique est incompatible avec le système phonologique du latin parce que toute voyelle fermée, comme toute voyelle ouverte pouvait être longue en position tonique libre et brève en position tonique entravée. Il s'y ajoute une autre incompatibilité : la monophtongaison des diphtongues latines ae en ë et au en q produit un timbre qui, parce qu'il cumule longueur vocalique et timbre ouvert déstabilise le système des oppositions qualitatives développées sous l'effet de l'accent d'intensité en ajoutant un degré d'aperture et entre en conflit avec les nouvelles corrélations de timbre, la longue devenant fermée, la brève ouverte, quand, dans la phase de transition, les deux types de corrélations coexistaient dans la même voyelle. Le latin des provinces est bloqué dans son évolution spontanée l'apparition des langues romanes est devenue de facto incontournable. Une symbiose nouvelle relie dorénavant tonicité, quantité romane et structure syllabique.

4

Sur le bouleversement prosodique, v. LAUSBERG H. (1963 : 144-svv. et 190-svv.), RONJAT J. (1930), HAUDRICOURT A. / JUILLAND A. (1970:25-26, 33,36,45-46), MATTE E. J. (1982).

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Du point de vue de la nasalisation, on retiendra que l'influence de la structure syllabique sur la voyelle qui précède est la conséquence du bouleversement consonantique : dans l'entrave, la durée consonantique stimule l'implosion, qui est une condition phonétique nécessaire bien que non suffisante à la nasalisation. Tandis que la réduction des diphtongues latines amorce des réorganisations en chaîne qui peuvent aboutir à la création et à la phonologisation de timbres vocaliques nouveaux. Un deuxième argument décisif au niveau typologique, c'est l'inversion de la portée du facteur phonétique perturbant, dont l'action s'exercera non plus sur l'élément qui suit, mais sur celui qui précède. Le mouvement est corrélé à l'apparition de la prosodie romane : il participe à la mutation du rythme quantitatif et descendant du latin classique en un rythme syllabique et ascendant. 5 On rappellera qu'en latin républicain, un accent d'intensité sur l'initiale fermait le timbre de la voyelle suivante (dîspllcet /vs/ placet), de même qu'en protoroman un élément palatal provoquait la fermeture suivi de la diphtongaison du a tonique et libre en ie (capüt /vs/ chief, loi de BARTSCH), mais aussi celle de e/i confondus en ii > i (cëram > cire), avec conséquemment une nasalisation en -ien {paganum > paiien) et en -in (racënum> raisin). L'une des manifestations les plus anciennes de cette inversion se trouve dans l'action métaphonique, soit l'harmonisation vocalique des semi-fermées palatales et vélaires toniques i/e et ü/ö actualisées devant un i final, fermé en yod, qui provoque le phénomène. Or, l'inversion observée forme la condition interne qui déclenche tant la création de diphtongues de coalescence que celle de voyelles et diphtongues nasalisées. On notera qu'un renversement tardif de la portée du facteur perturbant, observé dans les parlers conservateurs du nord de la Gallo-romania comme dans certaines régions du Portugal entraîne la nasalisation de la voyelle sous l'effet d'une consonne nasale actualisée avant elle, ce qui explique mont ou muito pour multum. Cette nasalisation, dite progressive, a laissé des traces, sans aboutir au niveau du système fonctionnel. 6

3. L e c h a n g e m e n t au n i v e a u des langues historiques

Le blocage du système fonctionnel du latin des provinces va de pair avec l'éclosion de tendances nouvelles, aux prises avec des facteurs déstabilisateurs. Parmi les nécessaires, c'est l'asymétrie des organes de la parole qui jouera un rôle dominant : parmi les contingents, la simplification des diphtongues latines ae et au. Les diverses réorganisations qui s'ensuivent instaurent autant de Romanias distinctes en matière de vocalisme. Quant aux convergences, on constate que les changements dus à l'abandon de la quantité latine touchent d ' a b o r d la série antérieure, suite à la réduction précoce de ae en ê, avant d'atteindre la série postérieure, au s'étant maintenu plus longtemps avant de se simplifier

5

Cf. VAN DEYCK R. (1991 : 97-svv).

6

Le phénomène est bien documenté : cf. e.a. LAUSBERG (1963 : § 133), RONJAT (1930 : § 109), MORIN (1994 : 43), BARROS-FERREIRA (1994 : 324) ; il est à mettre en rapport avec une palatalisation tardive de u en ü qui provoque une nasalisation en δ au lieu de àe pour unum (cf. la carte de un, commentée par TUAILLON G. (1972 : 207-235).

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en ö, la résistance de au s'expliquant par le manque d'espace articulatoire (LAUSBERG : § 241 ; HAUDRICOURT / JUILLAND, 1970 : 4 1 - 4 2 ) . Rien d ' é t o n n a n t d o n c que la nasalité ait

affecté d'abord les voyelles palatales avant de toucher les vélaires. La phase intermédiaire pendant laquelle timbre et quantité coexistent dans la même voyelle rend compte des spécificités des langues romanes (VON WARTBURG, 1945 : 45 ; RONJAT, I ; HAUDRICOURT / JUILLAND, 1970 : 2 5 - 2 6 , 3 5 - 3 6 ). L e r a p p o r t q u a n t i t é / qualité

n'ayant pas été traité de la même manière, c'est en particulier, la fusion des semi-fermées palatales i/e et vélaires u/o qui a fait la différence. De ce point de vue, on peut soutenir que le système vocalique « italique » est sans doute moins répandu qu'on ne le prétend généralement : si LAUSBERG (§ 156) y incorpore la Gallo-romania, la thèse des deux u (l'un issu du ü latin, l'autre de la fusion des ö/ΰ) développée à propos de la palatalisation du u en ii par G. DE POERCK et réargumenté par nous-mêmes s'oppose à une telle interprétation. 7 Les mouvements de palatalisation établissent des liens significatifs entre divers systèmes vocaliques romans. La palatalisation de ü en y est le propre des langues ayant abouti à un système vocalique à quatre degrés d'aperture : ils ont développé des timbres nouveaux pour dégager l'espace articulatoire et pour restaurer l'équilibre perturbé. C'est le cas du galloroman et du portugais, comme c'était le cas du grec et du suédois. Partout cette palatalisation s'est doublée de mouvements complémentaires de o en u ou de o en oe, soit dans le sens d'une fermeture du timbre et/ou de sa centralisation : il s'y ajoute une alternance entre la palatalisation de a en ae et de Κ en M (HAUDRICOURT / JUILLAND, 1970 : 50) que le français a réalisé toutes deux. Or, les langues romanes à nasales sont des langues à palatales arrondies (ü, oe, oe) : le français, comme certains parlers du Portugal ont systématisé les deux séries. 8 Ces mouvements de palatalisation sont corrélés à un traitement caractéristique des voyelles toniques, libres comme entravés, qui regroupe les parlers d'oïl du galloroman, le franco-provençal et les parlers d'Italie septentrionale (HAUDRICOURT / JUILLAND, 1970 : 45). La voyelle tonique et libre accuse un net allongement qui conduit, en français à une diphtongaison spontanée : l'évolution s'analyse comme une fermeture et une centralisation du timbre, conditionnement requis pour les palatales arrondies. De même, une présence nasale a pour effet de fermer le timbre, et/ou de le centraliser (MATTE, 1982 : 114, 119) et/ou de le vélariser.® Ces rapports sont confirmés par le donné dialectal. 10 Ces constats

7

Cf. DE POERCK G . (1953 : 2 3 - 9 2 ) et VAN DEYCK R. ( ? ? : 43-58).

8

M. BARROS-FERREIRA (1994 : 327-328) indique d'intéressantes ressemblances entre les systèmes vocaliques à palatales arrondies et à nasales des dialectes du sud du Portugal et des Açores. Voir

9

RONJAT indique une fermeture du timbre sous l'effet de la nasale, dès l'ancien provençal, pour ë(cf. ben < bene) et pour ö (cf. boun < bonum) (§ 66, 84, 93, 106); il documente la centralisation du timbre de e/( (< T/ë) en oe dans les dialectes vaudois (cf. foenno < ßmina, § 77) et la vélarisation de α en o (cf. mon/mo, pon/po pour manu, pane, § 109) comme celle de au en o (cf. outre < alterum, § 368, 650), mouvements complexes, à variantes, qui s'inscrivent sur des aires plus ou moins étendues. V. aussi LAUSBERG : § 230-237 sur l'action fermante de la consonne nasale. ALLIÈRES (1994 : 134-136) illustre, à partir des cartes de l'ALLOC, l'instabilité des timbres au contact d'une nasale implosive, avec, comme constantes, la fermeture de ë (vent < ventu) et de ö {punt < ponte) et la vélarisation de a (po < panem, mo < manu); des réalisations intermédiaires telles que pan, man se retrouvent en Suisse romande.

aussi LAUSBERG : ( 1 9 6 3 : § 237), MARTINET A. (1965 : 275-276) et ROCHET (1976 : 24)

10

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valent également pour le portugais." On observera corollairement que les îlots de survie du u en galloroman ne connaissent ni la nasalisation, ni la vélarisation des timbres (a > an : e > o ) qui se constate ailleurs (HAUDRICOURT / JUILLAND, 1970 : 118).

On observe donc des remaniements plus ou moins systématisés qui se recoupent largement. Quant aux convergences dues à la durée consonantique, on constate un traitement identique de la séquence k + i là où le galloroman diphtongue la voyelle tonique libre et que les parlers d'Italie septentrionale font passer a > e en fermant et centralisant le timbre : la durée consonantique longue forme entrave à la voyelle : k + i> tts (francien, portugais), k + i> tt (toscan, rhétique). C'est l'indice d'une forte implosion qui caractérise des parlers dominés par les modes décroissant et relâché, qui dominent selon E.J. MATTE le phonétisme galloroman du VII e au ΧΙΓ siècle. Ils entraînent une fermeture de la syllabe, accompagnée d'un affaiblissement de l'énergie neuromusculaire dans la région vélaire et pharyngale. 12 L'effet de ce mouvement se traduit pour la plupart des consonnes fin de syllabe par l'anticipation de leur articulation dans la voyelle qui précède et de leur amuïssement. C'est le corollaire de la transphonologisation de l'opposition consonne simple /vs/ géminée responsable de la pertinence de l'opposition syllabe ouverte /vs/ syllabe fermée. Les Romanias en matière de consonantisme ne coïncident pas avec celles en matière de vocalisme. Les langues qui ont exploité et un allongement vocalique 13 et une durée consonantique de façon marquée, ont systématisé les voyelles nasalisées : le français et le portugais (COSERIU, 1994 : 7 - 1 9 ; ROCHET, 1976 : 24 svv.) : d'autres parlers qui ont connu des tendances analogues ont amorcé des réalisations nasales sans les phonologiser.

4. Au niveau du discours

Au niveau des données concrètes du discours, l'analyse des assonances de la Chanson de Roland amène une foison de faits apparemment chaotiques. Mais, si on les interprète dans l'engrenage de contenants explicatifs qui s'articulent au niveau typologique et dans celui des langues historiques, ils prennent sens. Un examen des assonances de la La chanson de Roland, qui fournissent les timbres distinctifs du système fonctionnel, doit nous permettre de mesurer, dans la synchronie de l'œuvre, la phonologisation des timbres à nasalité.

11

12 13

M. BARROS-FERREIRA (1994 : 323-326), souligne l'évolution convergeante des voyelles atones et des voyelles nasalisées dans le sens d'une élévation (fermeture) et d'une centralisation (des atones) en portugais standard; tandis que les dialectes du nord accusent des mouvements de diphtongaison et de vélarisation. Cf. MATTE E. J. (1982 : 58-60, 144-145), en accord avec RONJAT (1930 : § 109, p. 118). L'allongement vocalique sous l'influence d'une consonne nasale est invoqué par MORIN (1994) comme argument explicatif majeur dans le débat.

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454 V + Cn Modalités d'assonance aN: eN: aiN:aigN

nombre de 26

étymons a] a[ a[+j ê]

eN: aN: eiN : uN: uiN: uigN : oN: oigN: oeN

8 7

ï] i]+i idem, sauf a, a[+ i ,1]+ j Ü] δ] δ] ul+j o[+j

total eN: eiN: eigN: aN

41 7

δ] δ]+j (14%) 6] ë]+j a]+j v[ë[

aN: aiN: aigN:agN

6

:eN: eiN: eigN uN:oN

1

Total

14 (5 %)

Total global

55(19%)

H+i idem augmenté de a] a[ a]+i Ü] ν[δ[ au]

exemples -ant