Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes: Tome I-VII 9783110231922


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Spanish; Castilian Pages 5135 [5181] Year 2010

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Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes: Tome I-VII
 9783110231922

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Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes

TOME I

XXVe CILPR Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes 3–8 septembre 2007 Innsbruck

De Gruyter

Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes Innsbruck 2007 Éditeurs: Maria ILIESCU, Heidi SILLER-RUNGGALDIER, Paul DANLER

TOME I Discours d’ouverture Conférences plénières Section 1: Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Section 2: Contact linguistique: influences et interférences Section 3: Traductologie romane et historique

De Gruyter

ISBN 978-3-11-023193-9 (Tome I) Gesamt-ISBN 978-3-11-023191-5 (Tome I–VII) e-ISBN 978-3-11-023192-2 (Tome I–VII) Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet über http://dnb.d-nb.de abrufbar. © 2010 Walter de Gruyter GmbH & Co. KG, Berlin/New York Satz: Georg Rosensteiner Druck und Einband: Hubert & Co. GmbH & Co. KG, Göttingen ∞ Gedruckt auf säurefreiem Papier Printed in Germany www.degruyter.com

Avant-propos Le XXVe Congrès de la Société de Linguistique Romane s’est déroulé à Innsbruck, en Autriche, du 2 au 9 septembre 2007. 800 romanistes de 40 pays sont venus s’abriter au pied des sommets alpins, dans la vallée de l’Inn, pour y passer ensemble, dans la Romania submersa, les sept jours du Congrès. Dans les présents Actes les communications des 21 sections thématiques du Congrès destinées à la publication sont organisées comme suit: Tome I Section 1: Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Section 2: Contact linguistique: influences et interférences Section 3: Traductologie romane et historique Tome II Section 4: Phonétique et phonologie Section 5a et 5b: Morphologie et syntaxe Section 6: Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques Tome III Section 7: Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Section 8: Onomastique (toponymie et anthroponymie) Section 9: Constitution de la norme dans les langues romanes Tome IV Section 10: Sociolinguistique et dialectologie Section 11: Langue orale et langue écrite Tome V Section 12a et 12b: Pragmatique synchronique et historique; analyse du discours et analyse conversationnelle Tome VI Section 13: Philologie et linguistique des textes anciens; lexicographie diachronique Section 14: La place du roumain dans la Romania Tome VII Section 15: La place du romanche, du ladin dolomitique et du frioulan dans la Romania Section 16: La place du sarde dans la Romania Section 17: Le français du Canada et des États-Unis Section 18: Les langues créoles à base romane Section 19: Formation des mots et locutions

VI

Avant-propos

Les communications des sections 20 et 21 sont intégrées, avec l’autorisation des auteurs, aux sections 6, 13, 14 et 16 qui leur sont thématiquement proches. Chacun des volumes contient l’avant-propos des organisateurs, la table générale des matières et l’index des auteurs. Dans le premier volume se trouvent les communications des séances plénières, dans le septième volume celles de la table ronde. Nous savons gré à de nombreuses personnes sans l’aide desquelles nous n’aurions jamais pu ni mener à bien les travaux du Congrès, ni assurer la parution des Actes. Nos remerciements vont tout d’abord à notre comité d’organisation, c’est-à-dire à nos collègues Petra Braselmann, Barbara Hinger, Christine Konecny, Carmen Konzett, Eva Lavric et Werner Marxgut, qui tous nous ont accompagnés chaque jour et dont l’aide nous a été précieuse. Nous voudrions souligner ici l’apport de Werner Marxgut, qui nous a assuré son assistance dans toutes les questions informatiques du Congrès. Un grand merci à Paula Weitlaner, notre secrétaire administrative, qui a géré magistralement le côté financier. Nous sommes de plus très reconnaissants au groupe d’étudiants qui s’est tenu à la disposition de chaque section et qui a largement contribué au bon déroulement des travaux du Congrès. Un grand travail, difficile et très important, a été réalisé par les présidents et viceprésidents de chaque section. Ils ont poursuivi leur travail jusqu’à l’été 2008 et ont joué un rôle décisif pour garantir le niveau scientifique des communications imprimées dans les Actes. Notre Congrès n’aurait pas pu avoir lieu sans l’aide généreuse des sponsors: – Bundesministerium für Wissenschaft und Forschung – Universität Innsbruck; Zentrum für Kanadastudien der Universität Innsbruck; Frankreich Schwerpunkt der Universität Innsbruck – Istituto Italiano di Cultura (Innsbruck); Embajada de España (Vienne); Instituto Cervantes (Vienne); Istitut Ladin ‹Micurà de Rü› (San Martin de Tor/Bolzano) – Stadt Innsbruck; Land Tirol; Amt der Tiroler Landesregierung – Abteilung Kultur; Amt der Vorarlberger Landesregierung – Abteilung Wissenschaft und Weiterbildung – Innsbrucker Kommunalbetriebe; Tirol Werbung; Tourismusverband Innsbruck; Alpina Druck; Speck Handl Tyrol; Rauch Fruchtsäfte; Der Bäcker Ruetz La mise en page a été soigneusement revue par Georg Rosensteiner, étudiant à notre Université, après la lecture attentive et les corrections éventuelles, faites à l’aide de spécialistes compétents pour chacune des langues employées: Gilberte Tschirner Reynaud pour le français, Carla Leidlmair Festi pour l’italien, Isabel Arranz Sanz pour l’espagnol, António da Costa Pereira pour le portugais, Emili Casanova pour le catalan et Mercedes Brea pour le galicien. Nous avons beaucoup apprécié que la prestigieuse maison éditrice Walter de Gruyter se soit chargée de l’impression des Actes du Congrès de notre Société. Nos chaleureux remerciements s’adressent à Ulrike Krauß et à Cornelia Saier. Nous témoignons enfin notre gratitude aux personnes les plus concernées par le Congrès, les congressistes eux-mêmes. Un grand merci à tous.

Maria Iliescu, Heidi Siller-Runggaldier, Paul Danler

Emilio Ridruejo

Discurso inaugural del Presidente de la Société de Linguistique Romane

Sras. y Srs. Queridos congresistas: Es lugar común entre los psicólogos que la percepción del paso del tiempo cambia con la edad: para un joven filólogo tres años pueden haber sido una larga etapa en la que ha podido variar su estatus académico y profesional, su lugar de residencia e incluso su estado civil. Para los más veteranos, los tres años transcurridos desde nuestra reunión en Aberystwyth quizá han pasado mucho más rápidamente de lo que habríamos deseado. En nuestra Société de Linguistique Romane, que tiene ya una antigüedad de 83 años, los tres años que transcurren entre congreso y congreso son simplemente el intervalo entre latidos que marcan su vitalidad. Es verdad que este año nuestra reunión tiene algo de especial. Celebramos el vigésimo quinto congreso y las cifras tienen siempre algo de simbólico. No solo hemos pasado a la madurez, sino que en la ciencia la Societé de Linguistique Romane forma parte de la élite de las sociedades científicas clásicas. Muchos de los romanistas esperábamos habernos encontrado en Cagliari, en la soleada Cerdeña, de acuerdo con lo que habíamos previsto en Aberystwyth. Tendremos que esperar algo más. Los meritorios trabajos del Prof. Blasco Ferrer se encontraron con dificultades que consideró insuperables. Fue entonces cuando la audacia y el esfuerzo de nuestras colegas las Dras. Maria Iliescu, Vicepresidenta de la Société y Heidi Siller-Runggaldier, con la colaboración de Paul Danler, consiguieron que no se produjera la interrupción de la serie de congresos y debemos estarles muy agradecidos. En los ochenta años transcurridos desde el primer Congreso de Dijon, en 1928, solo había tenido lugar una suspensión durante la Segunda Guerra Mundial y costó reanudar la serie. No se hizo hasta 1951 en el Congreso de Lieja, algo reducido, y especialmente en el de Barcelona, en 1953, que supuso ya la continuación de los trabajos ordinarios de los romanistas. Este último congreso fue, como con justo orgullo cuenta Antoni Maria Badia i Margarit, el primer acto público en que se utilizó el catalán después de la Guerra Civil española de 1936-39. En el resurgir de la Société después de la guerra una figura clave fue la del Prof. Straka, a quien quiero rendir aquí un justo homenaje. No solo organizó el Congreso de Estrasburgo de 1962, sino que como Secretario fue muchos años el alma de la Revue de Linguistique Romane y marcó la orientación que llega hasta la actualidad. Hasta ahora, nunca se había hecho un congreso de la Société en Austria, a pesar de que en este país enseñaron grandes figuras de la Romanística, solo citaré a quien para muchos ha sido el romanista más destacado, Meyer Lübke. Dentro de Austria, la Retia e Innsbruck tenían los títulos más favorables para alojar nuestro Congreso. Veldidena, antecesora de Innsbruck, ya era una ciudad romana importante que aparece destacada en el Itinerario de

VIII

Emilio Ridruejo

Antonino. La Universidad de Innsbruck hace más de cien años que imparte enseñanzas de Filología Románica y en ella destacan varios centros especializados en Filología Francesa e Italiana. Es bien conocido su interés por los estudios de retorrománico. Este Congreso de Innsbruck presenta algunas novedades estructurales. Junto a las secciones clásicas, han aumentado las dedicadas a observaciones particulares, prestando atención en ellas al retorrománico, al sardo y al francés canadiense. Pero, sobre todo, me interesa destacar cómo se ha concedido mucha extensión a ámbitos científicos que no son los clásicos en nuestras reuniones: a la traductología, a la criollística, a los trabajos sobre la enunciación, a la pragmática y, en dos secciones, en la de Filología y en la de Lexicografía, a los medios instrumentales electrónicos. Creo que ello es prueba de la vitalidad de nuestra disciplina, lo que contradice las voces que se levantan a veces responsabilizando de nuestro escaso reconocimiento social al hecho de no estar en la vanguardia metodológica. Es verdad que el reconocimiento social y el éxito de una disciplina científica se basa, no solo en lo que aporta al bienestar inmediato de la sociedad, sino también en lo que sus hallazgos pueden contribuir al método de las demás ciencias. No hace mucho tiempo que hemos vivido un momento en el que los filósofos, los sociólogos, los historiadores, pero también los ingenieros y los arquitectos, leían obras de lingüística esperando encontrar en ellas alguna inspiración metodológica para sus respectivos quehaceres, algo que hoy sería más bien insólito. Ya en los años setenta Jakob Malkiel, Iorgu Iordan, Rebeca Posner o Germán de Granda, enfrentados con el desarrollo de la lingüística teórica en el ámbito anglosajón, testimoniaban el desplazamiento de la Lingüística y Filología Románicas de un lugar metodológicamente avanzado entre las materias lingüísticas. Pero me parece que en este momento, la Lingüística y Filología Románicas no solo se han incorporado con éxito a las corrientes más exitosas en la ciencia, sino que encabezan algunas de ellas. Lo vemos en la lista de las secciones de nuestro Congreso: los estudios discursivos, la pragmalingüística, la lingüística cognitiva, la lingüística de corpus. Además surgen aportaciones muy relevantes en el propio campo de la romanística: en el estudio de los modelos discursivos, en la dialectometría, en la criollística. En campos más tradicionales es por completo imposible prescindir de las investigaciones de los romanistas. En mi opinión, muchas de las dificultades metodológicas señaladas hace unos años, han quedado superadas. Especialmente las relativas al desdén por los estudios diacrónicos que durante décadas, desde luego más en América que en Europa, imperaba en la lingüística. Es más, la Lingüística Románica encuentra las condiciones más satisfactorias posibles para incorporar las innovaciones técnicas que han surgido: estudiamos la familia de lenguas mejor documentada en lo que se refiere a la lengua madre, el latín, y disponemos de textos de todas las etapas de la historia. También está a nuestro alcance el testimonio más extenso de toda clase de variedades geográficas y sociales. Por ello, el estudio de la Lingüística Románica puede ser, de hecho en cierta medida ya lo es, el más beneficiado por la tecnología puesta a nuestra disposición. Podemos manejar enormes cantidades de datos con facilidades hace poco casi inimaginables. Por esta razón, estoy seguro de que, como sucede en cualquier ciencia cuando la técnica facilita el acceso a nuevos datos, los modelos teóricos han de experimentar cambios. No obstante, en todo caso, hay que actuar con prudencia y en este punto hago mía la reflexión que en 1983 formulaba Malkiel en un ambiente singularmente proclive a los cambios

Discurso inaugural

IX

metodológicos: «la solución más satisfactoria –nos dice con respecto a esos cambios– consiste en tener la mente abierta a las teorías innovadoras, pero ser altamente selectivo y reflexivo al adoptarlas, y extraordinariamente remiso a abandonarlas por pretextos infundados». Si desde el punto de vista del desarrollo metodológico de nuestra disciplina la situación es buena, no se puede decir lo mismo con respecto a la consideración social. Y para ello existen razones de enfrentamiento mucho más difícil. De una parte, el cultivo en la Universidad de la Filología Románica, no parece estar en su mejor momento. Los estudios de Filología Románica como materia histórica y comparada son escasos en las universidades de África, Asia o Iberoamérica. Las grandes dificultades que experimenta en Norteamérica han hecho que se haya considerado oportuno editar la serie de artículos críticos que aparecen en los números 31 y 32 de la revista La Corónica. En Europa la situación es algo diferente, aunque también se reduce el número de alumnos en nuestras universidades. En realidad, si examinamos el panorama con más detalle, veremos que el estudio de las lenguas románicas no disminuye, más bien lo contrario, aumenta en Asia el estudio del francés y en África el del español y el del portugués. En Europa y en América, es verdad que están amenazadas las enseñanzas de Lingüística y Filología Románicas, pero en gran medida sucede como resultado de una crisis de crecimiento. En muchos países, porque se ha producido un alto grado de especialización y se han separado las especialidades de Filología Francesa, Italiana, Española, etc. En la Unión Europea y en otros países de su entorno, así como en varios países sudamericanos, está a punto de entrar en vigor, si no lo ha hecho ya, la reforma de las enseñanzas universitarias pactada en los llamados acuerdos de Bolonia. Esta reforma, en principio debería ser neutra para la impartición de nuestras disciplinas, pues aunque implique la reducción de la especialización en las enseñanzas de grado quizá podría compensarse en el posgrado. Hay, no obstante, un elemento de desconfianza profunda, porque en el momento actual en todo el mundo parecen tener éxito únicamente los estudios que conllevan una utilidad profesional y económica inmediata. Este hecho relega a un segundo plano casi todos los estudios de Humanidades. Y, naturalmente, no es fácil hacer percibir que el estudio histórico y comparativo de las lenguas también tiene su utilidad. En contrapartida el estudio de algunas de las lenguas románicas, las más difundidas, el español, el francés, el italiano, sí que es bien acogido por la sociedad. Sin embargo, lo que tiene atractivo en su estudio son dominantemente los aspectos más aplicados y favorables para el conocimiento instrumental de las lenguas. Como interesa el estudio de las lenguas, se presenta la apariencia de que también importan los estudios lingüísticos y filológicos. Sin embargo, el enfoque meramente utilitario de tales estudios supone una presión constante, a veces muy difícil de soportar, para que los curricula escolares se centren en los asuntos, en primer lugar, que atraigan estudiantes y, luego, que faciliten el uso instrumental de las lenguas. Ninguno de estos dos aspectos es por sí mismo negativo, al contrario. Lo que sí es negativo es que la Filología y la Lingüística Románicas se constituyan únicamente como la mera enseñanza del francés, del español o del italiano y que, para facilitar el atractivo de tales enseñanzas, se prescinda de asuntos como la poesía épica, el teatro de Molière o de la gramática del subjuntivo, para proponer, en cambio, materias como el Cómic Francés, el

X

Emilio Ridruejo

Cine Español o la Cocina Italiana. Todo ello está muy bien, pero no puede formar el núcleo duro de una licenciatura en Filología. Hay también motivos para ser optimista. Después del ingreso de Rumanía en la Unión Europea, este Congreso tiene lugar en unas circunstancias singulares: por primera vez existe una entidad política consolidada en la que se hablan todas las lenguas románicas mayores. Creo que debemos de congratularnos por ello. Es posible que suponga la oportunidad de un mayor interés por parte de los políticos y de una más fácil colaboración entre los romanistas europeos, a la vez que una puerta abierta a los de otras regiones. También la actual reforma de las enseñanzas universitarias puede ser vista como una nueva oportunidad. La reforma va a facilitar los intercambios de estudiantes y, también deberían hacerlo con los profesores. Algo que en nuestra disciplina es un necesidad casi ineludible. Quizá, sino ya en este Congreso, porque es algo apresurado, sí en el próximo, debería proponerse la creación de un instrumento administrativo específico dedicado a facilitar los medios mediante los cuales los investigadores preparen grupos de intercambio internacional. Igualmente podría utilizarse para preparar algo que ya ha sido sugerido antes por algunos de mis predecesores en la Presidencia. Sería muy conveniente que la Société hiciera las gestiones oportunas en colaboración con las Universidades o Centros de Investigación que estén prestos a ello para promover cursos internacionales de formación de investigadores. Creo que las nuevas legislaciones sobre cursos de posgrado facilitarán en algunos países el marco para dar validez académica a dichos estudios. La materia de nuestro trabajo no falta. Ars longa. Aprovechemos el tiempo del Congreso.

Sommaire

Conférences plénières Gerold Hilty La storia del romancio e la questione ladina…………………………………………...

3

Georges Kleiber Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore Le proverbe appelle la métaphore comme l’image les couleurs (Junji Idetako, Voyage au pays du proverbe levant)...............................................................................

19

Maria Manoliu Catégories cognitives, discours et grammaire romane……………..…...……………...

47

Marleen Van Peteghem Sur l’assignation du datif dans quatre langues romanes……………………………......

77

Eugeen Roegiest Aspects de typologie syntaxique dans quelques langues romanes: les séquences des pronoms clitiques...............................................................................

97

Gerd Wotjak Un hueso duro de roer: El significado léxico. Enfoques y sugerencias para su descripción..........................................................................................................

119

Section 1 Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Présidents: AUGUSTO CARLI / RITA FRANCESCHINI / NATASCHA MÜLLER Daniela Dorner La situation linguistique en Lorraine germanophone…………………………………

153

Shahzaman Haque Enjeux des politiques linguistiques: pratiques et comportements langagiers multilingues dans un pays monolingue.........................................................................

163

XII

Sommaire

Gabriele Iannàccaro / Vittorio Dell’Aquila Pre-vedere il cambiamento: analisi e previsione dell’evoluzione degli usi dei codici in territori plurilingui...............................................................................

173

Thomas Johnen A semi-comunicação entre um paciente hispanofalante e sua intérprete portuguesa na conversação com uma médica alemã num hospital de Hamburgo........

185

Minh Ha Lo-Cicero Étude de la traduction portugais – français: problèmes de cohérence textuelle dans un fragment de discours amoureux – Cartas de Amor. Lettres à la fiancée de Fernando Pessoa……….……………………………………...

195

Marinella Lörinczi Ai confini orientali dell’Unione Europea. Interferenze del romeno nell’ungherese dei csángók moldavi………………………………………………….

205

Carmela Perta La varietà francoprovenzale della Puglia tra mantenimento e perdita linguistica.........

215

Cécile Petitjean Représentations linguistiques et plurilinguisme: enjeux et méthode............................

223

Juan Sánchez Méndez Pautas para el estudio del contacto histórico de lenguas en el mundo andino: a propósito del multilingüismo en el Quito colonial........................................

233

Maria da Graça Sardinha A lexicografia e a didáctica do português.....................................................................

241

Section 2 Contact linguistique: influences et interférences Présidents: MAURO FERNÁNDEZ / ALAN BAXTER / JÜRGEN LANG Everton Leopoldino Altmayer Perfil lingüístico da comunidade trentina da cidade de Piracicaba – Brasil..................

251

Jean-David Bellonie Représentations et pratiques du français et du créole martiniquais d’élèves scolarisés au cycle 3.…………………………...……………………………

259

Sommaire

XIII

Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu L’analisi del code switching nel contatto tra lingue geneticamente imparentate..........

269

Claudio Cicotti Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren (les Italiens du Luxembourg).............................................................................

279

Vlad Cojocaru Dynamique des champs toponymiques en zones bilingues...........................................

287

Mª Teresa Echenique Elizondo Locuciones adverbiales de origen románico en la lengua vasca...................................

295

Mauro Fernández La partícula con en el chabacano, el español de Filipinas y el taglish..........................

305

Daniela Ibba El paradigma habeo + participio en el Libro Verde del Racional del Archivio di Stato di Cagliari………………………………………...……………

315

Vicente Lagüéns Gracia Variación interna y contacto lingüístico en la scripta aragonesa medieval: a propósito de la alternancia de las formas de perfecto -aron y -oron........

325

Emma Milano Ai margini di una ricerca su lingua e dialetto nel centro di Napoli: questioni di metodo......................................................................................

337

Gilles Petrequin Les calques sémantiques et le vocabulaire des institutions parlementaires dans le français du XVIIe siècle............................................................

347

Katja Ploog Mécanismes discursifs entre contact de langues et dynamiques linguistiques..............

357

François Poiré / Svetlana Kaminskaïa / Rémi Tremblay Conséquences du contact avec l’anglais sur la réalisation de la liaison et du schwa en français de Windsor, Canada.................................................

365

Joan Rafel / Avel·lina Suñer La interferencia de las L1 de los inmigrantes (chino, árabe y rumano) en la interlengua española en cuanto a la expresión de la definitud..............................

375

XIV

Sommaire

Elisabeth Ravaoarimalala L’usage post-colonial du français à Madagascar, une ancienne colonie de la France, pays membre de l’Union Européenne......................................................

391

Vincent Rivière Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan.........................................................

401

Agata Šega La distribution spatiale des anciens romanismes en slovène………………………….

411

Isabelle Simões Marques Plurilinguisme et immigration dans la littérature portugaise contemporaine................

421

Eeva Sippola Sobre los marcadores discursivos en el chabacano de Ternate.....................................

431

Maria Francesca Stamuli Greco di Calabria e morte di lingua. Forme innovative e semi-parlanti……………...

441

Orest Weber / Brikela Sulstarova / Pascal Singy / Patrice Guex Contacts de langues et tabous sexuels: étude de l’imaginaire linguistique de personnes plurilingues d’origine subsaharienne vivant en Suisse romande..................

451

Klaus Zimmermann El manejo de las lenguas en contacto (interferencia, transferencia, préstamo, code switching etc.) desde la perspectiva del constructivismo neurobiológico............

461

Mériem Zlitni Impact du langage des métiers et professions des Italiens de Tunisie sur la variété dialectale d’arabe tunisien: réflexion sur un cas de contact de langues (XIXe- XXe siècles)........................................................................

475

Section 3 Traductologie romane et historique Présidents: ALBERTO GIL / BRIGITTE LÉPINETTE / MARCELLO SOFFRITTI Jörn Albrecht Cicéron, Horace, Saint-Jérôme, Pierre-Daniel Huet et la traduction «libre». Histoire d’un malentendu millénaire……………..……………………………………

487

Maria Elisete Almeida Problemas na tradução em francês do sujeito gramatical português..............................

499

Sommaire

XV

Vahram Atayan / Alberto Gil / Ursula Wienen Saarbrücker Übersetzungsbibliographie – un outil de recherche sur la traduction et l’interculturalité dans une perspective historique.…………………….

509

Vahram Atayan / Mónika Kusztor Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione nella teoria della traduzione...........................................

519

Anders Bengtsson La proposition participiale à travers deux traductions du XVe siècle.............................

529

Minne G. de Boer Quatre châteaux blancs. Comparaison des traductions romanes du roman Beyaz Kale d’Orhan Pamuk...........................................................................

539

Tatjana Djurin François Rabelais chez les Serbes – amour de la langue et une traduction inventive...

547

Cornelia Feyrer Diversification scientifique, interculturalité et mondialisation: des univers contradictoires? – Les traducteurs au croisement de la spécialisation technique et de la mondialisation du savoir....................................

555

Juan F. García Bascuñana Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans.................

565

Gerda Haßler La traduction des topics et focus de l’oralité simulée....................................................

575

Magdalena Mitura La déontologie du traducteur: entre Georges Mounin et Paul Ricoeur..........................

589

Martina Nicklaus C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano.............................................................

599

Christina Parkin La traduction à vue – une forme hybride entre l’interprétation et la traduction écrite...

613

Myriam Ponge Traduction de la ponctuation et contraintes linguistiques (à partir d’une étude comparée de traductions espagnoles de A la recherche du temps perdu)......................

623

Fabio Ruggiano Tra La vida es sueño e La vita è sogno: il genere scomparso del rimaneggiamento......

633

XVI

Sommaire

Christian Schmitt Bovelles traducteur de Bovillus......................................................................................

643

Michael Schreiber «Quelle hypocrisie!» La traduction des exclamations dans les discours politiques.......

655

Germana H. Pereira de Sousa Entre Quarto de despejo et Le dépotoir: le journal intime de Carolina Maria de Jesus au Brésil et en France………………………………….…….

665

Aina Torrent-Lenzen Hacia una teoría de la traducción de fraseologismos (tomando como ejemplo el par de lenguas español-alemán)..........................................

673

Daniel Vázquez Touriño / Petr Polák De marionetas españolas a robots centroeuropeos: la traducción y la puesta en escena de El señor de Pigmalión en Praga..............................................

681

Christian Vicente Lingüística de corpus y traducción especializada: aplicaciones a la traducción francés-español de la economía.........................................

691

Titela Vîlceanu Fidélité linguistique et culturelle dans la traduction.......................................................

701

Victoria LuminiŃa Vleja Proyección y traducción de Góngora en Romania.........................................................

709

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

721

Table générale.................................................................................................................

729

Sommaire

Conférences plénières Gerold Hilty La storia del romancio e la questione ladina…………………………………………...

3

Georges Kleiber Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore Le proverbe appelle la métaphore comme l’image les couleurs (Junji Idetako, Voyage au pays du proverbe levant)...............................................................................

19

Maria Manoliu Catégories cognitives, discours et grammaire romane……………..…...……………...

47

Marleen Van Peteghem Sur l’assignation du datif dans quatre langues romanes……………………………......

77

Eugeen Roegiest Aspects de typologie syntaxique dans quelques langues romanes: les séquences des pronoms clitiques...............................................................................

97

Gerd Wotjak Un hueso duro de roer: El significado léxico. Enfoques y sugerencias para su descripción..........................................................................................................

119

Section 1 Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Présidents: AUGUSTO CARLI / RITA FRANCESCHINI / NATASCHA MÜLLER Daniela Dorner La situation linguistique en Lorraine germanophone…………………………………

153

Shahzaman Haque Enjeux des politiques linguistiques: pratiques et comportements langagiers multilingues dans un pays monolingue.........................................................................

163

XII

Sommaire

Gabriele Iannàccaro / Vittorio Dell’Aquila Pre-vedere il cambiamento: analisi e previsione dell’evoluzione degli usi dei codici in territori plurilingui...............................................................................

173

Thomas Johnen A semi-comunicação entre um paciente hispanofalante e sua intérprete portuguesa na conversação com uma médica alemã num hospital de Hamburgo........

185

Minh Ha Lo-Cicero Étude de la traduction portugais – français: problèmes de cohérence textuelle dans un fragment de discours amoureux – Cartas de Amor. Lettres à la fiancée de Fernando Pessoa……….……………………………………...

195

Marinella Lörinczi Ai confini orientali dell’Unione Europea. Interferenze del romeno nell’ungherese dei csángók moldavi………………………………………………….

205

Carmela Perta La varietà francoprovenzale della Puglia tra mantenimento e perdita linguistica.........

215

Cécile Petitjean Représentations linguistiques et plurilinguisme: enjeux et méthode............................

223

Juan Sánchez Méndez Pautas para el estudio del contacto histórico de lenguas en el mundo andino: a propósito del multilingüismo en el Quito colonial........................................

233

Maria da Graça Sardinha A lexicografia e a didáctica do português.....................................................................

241

Section 2 Contact linguistique: influences et interférences Présidents: MAURO FERNÁNDEZ / ALAN BAXTER / JÜRGEN LANG Everton Leopoldino Altmayer Perfil lingüístico da comunidade trentina da cidade de Piracicaba – Brasil..................

251

Jean-David Bellonie Représentations et pratiques du français et du créole martiniquais d’élèves scolarisés au cycle 3.…………………………...……………………………

259

Sommaire

XIII

Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu L’analisi del code switching nel contatto tra lingue geneticamente imparentate..........

269

Claudio Cicotti Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren (les Italiens du Luxembourg).............................................................................

279

Vlad Cojocaru Dynamique des champs toponymiques en zones bilingues...........................................

287

Mª Teresa Echenique Elizondo Locuciones adverbiales de origen románico en la lengua vasca...................................

295

Mauro Fernández La partícula con en el chabacano, el español de Filipinas y el taglish..........................

305

Daniela Ibba El paradigma habeo + participio en el Libro Verde del Racional del Archivio di Stato di Cagliari………………………………………...……………

315

Vicente Lagüéns Gracia Variación interna y contacto lingüístico en la scripta aragonesa medieval: a propósito de la alternancia de las formas de perfecto -aron y -oron........

325

Emma Milano Ai margini di una ricerca su lingua e dialetto nel centro di Napoli: questioni di metodo......................................................................................

337

Gilles Petrequin Les calques sémantiques et le vocabulaire des institutions parlementaires dans le français du XVIIe siècle............................................................

347

Katja Ploog Mécanismes discursifs entre contact de langues et dynamiques linguistiques..............

357

François Poiré / Svetlana Kaminskaïa / Rémi Tremblay Conséquences du contact avec l’anglais sur la réalisation de la liaison et du schwa en français de Windsor, Canada.................................................

365

Joan Rafel / Avel·lina Suñer La interferencia de las L1 de los inmigrantes (chino, árabe y rumano) en la interlengua española en cuanto a la expresión de la definitud..............................

375

XIV

Sommaire

Elisabeth Ravaoarimalala L’usage post-colonial du français à Madagascar, une ancienne colonie de la France, pays membre de l’Union Européenne......................................................

391

Vincent Rivière Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan.........................................................

401

Agata Šega La distribution spatiale des anciens romanismes en slovène………………………….

411

Isabelle Simões Marques Plurilinguisme et immigration dans la littérature portugaise contemporaine................

421

Eeva Sippola Sobre los marcadores discursivos en el chabacano de Ternate.....................................

431

Maria Francesca Stamuli Greco di Calabria e morte di lingua. Forme innovative e semi-parlanti……………...

441

Orest Weber / Brikela Sulstarova / Pascal Singy / Patrice Guex Contacts de langues et tabous sexuels: étude de l’imaginaire linguistique de personnes plurilingues d’origine subsaharienne vivant en Suisse romande..................

451

Klaus Zimmermann El manejo de las lenguas en contacto (interferencia, transferencia, préstamo, code switching etc.) desde la perspectiva del constructivismo neurobiológico............

461

Mériem Zlitni Impact du langage des métiers et professions des Italiens de Tunisie sur la variété dialectale d’arabe tunisien: réflexion sur un cas de contact de langues (XIXe- XXe siècles)........................................................................

475

Section 3 Traductologie romane et historique Présidents: ALBERTO GIL / BRIGITTE LÉPINETTE / MARCELLO SOFFRITTI Jörn Albrecht Cicéron, Horace, Saint-Jérôme, Pierre-Daniel Huet et la traduction «libre». Histoire d’un malentendu millénaire……………..……………………………………

487

Maria Elisete Almeida Problemas na tradução em francês do sujeito gramatical português..............................

499

Sommaire

XV

Vahram Atayan / Alberto Gil / Ursula Wienen Saarbrücker Übersetzungsbibliographie – un outil de recherche sur la traduction et l’interculturalité dans une perspective historique.…………………….

509

Vahram Atayan / Mónika Kusztor Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione nella teoria della traduzione...........................................

519

Anders Bengtsson La proposition participiale à travers deux traductions du XVe siècle.............................

529

Minne G. de Boer Quatre châteaux blancs. Comparaison des traductions romanes du roman Beyaz Kale d’Orhan Pamuk...........................................................................

539

Tatjana Djurin François Rabelais chez les Serbes – amour de la langue et une traduction inventive...

547

Cornelia Feyrer Diversification scientifique, interculturalité et mondialisation: des univers contradictoires? – Les traducteurs au croisement de la spécialisation technique et de la mondialisation du savoir....................................

555

Juan F. García Bascuñana Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans.................

565

Gerda Haßler La traduction des topics et focus de l’oralité simulée....................................................

575

Magdalena Mitura La déontologie du traducteur: entre Georges Mounin et Paul Ricoeur..........................

589

Martina Nicklaus C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano.............................................................

599

Christina Parkin La traduction à vue – une forme hybride entre l’interprétation et la traduction écrite...

613

Myriam Ponge Traduction de la ponctuation et contraintes linguistiques (à partir d’une étude comparée de traductions espagnoles de A la recherche du temps perdu)......................

623

Fabio Ruggiano Tra La vida es sueño e La vita è sogno: il genere scomparso del rimaneggiamento......

633

XVI

Sommaire

Christian Schmitt Bovelles traducteur de Bovillus......................................................................................

643

Michael Schreiber «Quelle hypocrisie!» La traduction des exclamations dans les discours politiques.......

655

Germana H. Pereira de Sousa Entre Quarto de despejo et Le dépotoir: le journal intime de Carolina Maria de Jesus au Brésil et en France………………………………….…….

665

Aina Torrent-Lenzen Hacia una teoría de la traducción de fraseologismos (tomando como ejemplo el par de lenguas español-alemán)..........................................

673

Daniel Vázquez Touriño / Petr Polák De marionetas españolas a robots centroeuropeos: la traducción y la puesta en escena de El señor de Pigmalión en Praga..............................................

681

Christian Vicente Lingüística de corpus y traducción especializada: aplicaciones a la traducción francés-español de la economía.........................................

691

Titela Vîlceanu Fidélité linguistique et culturelle dans la traduction.......................................................

701

Victoria LuminiŃa Vleja Proyección y traducción de Góngora en Romania.........................................................

709

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

721

Table générale.................................................................................................................

729

Conférences plénières

Gerold Hilty

La storia del romancio e la questione ladina

La storia del romancio comincia nell’anno 15 avanti Cristo, coll’occupazione dei Grigioni da parte di un esercito romano, seguita dall’integrazione della regione nell’Impero Romano, come parte della provincia Raetia, più tardi Raetia Prima. Il carattere e lo sviluppo del latino introdotto in una regione alloglotta per l’integrazione nell’Impero Romano sono determinati soprattutto dai cinque fattori seguenti: – l’epoca dell’integrazione – la provenienza dei coloni di lingua latina che entrano nella regione – l’effetto del sostrato o dei sostrati – i legami che continuano ad esistere coll’Italia e gli ostacoli che pregiudicano questi legami (frontiere geografiche, politiche, ecc.) – l’effetto di un superstrato o adstrato Nel caso del romancio il primo fattore non ha una parte importante, perché l’integrazione si effettuò, direi, nell’epoca classica, la cui lingua non era per così dire marcata, come, per esempio, la lingua importata nella Penisola Iberica, quasi due secoli prima. Del secondo fattore non sappiamo nulla di concreto. È probabile che la maggior parte dei coloni fosse originaria della Gallia Cisalpina e non, per esempio, del Mezzogiorno. Il terzo fattore, questo sì, dobbiamo esaminarlo con cura. Fin dal principio bisogna insistere sul fatto che l’immagine di un sostrato retico più o meno omogeneo in tutta l’estensione dei Grigioni è falsa. Che cosa sappiamo dei popoli che vivevano nei Grigioni e delle lingue che parlavano all’epoca dell’occupazione romana? Molto poco. E quel poco lo dobbiamo soprattutto all’archeologia. Secondo gli archeologi c’erano tre zone culturali, che si riconoscono in primo luogo per resti di ceramica (cartina 1, basata su Rageth 2000: 57). Una prima zona, denominata renano-alpina, comprende gran parte della Sopraselva, il Domleschg, la valle del Reno a nord di Coira, con un’estensione, fuori dei Grigioni, quasi fino al Lago di Costanza. Era una zona di impronta celtica, con affinità colle culture Hallstatt e Latène e con rapporti colla zona degli Elvezi. Una seconda zona, tripartita, nei Grigioni (Bregaglia, Mesolcina e parte superiore della Sopraselva) è costituita dai margini di una zona ticinese-lombarda, detta anche lepontica. La terza zona abbraccia l’Engadina Bassa e la Val Monastero, forse con alcune irradiazioni verso l’Engadina Alta e i Grigioni centrali; è il margine occidentale di una regione molto più vasta, la cui cultura è chiamata Fritzens-Sanzeno ed il cui centro si trova nel Tirolo meridionale. Cosa possiamo dedurre da questo panorama archeologico per la conoscenza delle lingue parlate nei Grigioni alla fine del secolo primo avanti Cristo? Visto che nella cultura materiale della zona renano-alpina c’è un’ impronta celtica, è probabile che in questa zona si parlasse una varietà di gallico imparentata colla lingua degli Elvezi.

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Gerold Hilty

Linguisticamente più sicura è l’interpretazione della seconda zona (tratteggiata nella cartina), abitata dalla tribù dei Leponzi, dei quali Cesare dice «Rhenus autem oritur ex Lepontiis, qui Alpes incolunt» (Bellum Gallicum, lib. IV, cap. X). I Leponzi sono celti. Lo provano le ca. 80 iscrizioni lepontiche conservate e lo prova il loro nome, derivato dalla radice indoeuropea leiku ‹abbandonare›, che abbiamo anche nel latino linquere e nel greco leipein. L’evoluzione ei > e è praticamente generale nelle lingue celtiche, l’evoluzione ku > p si dà soltanto in una parte di esse, tra cui il gallico. I Leponzi sono poi una tribù gallica e il loro nome si spiega probabilmente per il fatto che sono stati i primi ad abbandonare la Gallia per andare a vivere a sud delle Alpi, dove le loro testimonianze archeologiche cominciano ad apparire ca. 700 anni avanti Cristo. La presenza e l’influsso linguistico dei Leponzi nei Grigioni si possono provare per il nome della Lumnezia, che risale a *Leponitia (Schorta 1964: 735-736). Nelle due zone renano-alpina e lepontica dobbiamo poi fare i conti con influssi gallici, influssi che per il lessico sono stati recentemente studiati da Joachim Grzega. Questo autore ha calcolato 55 celtismi nel romancio, facendo ancora una distinzione importante fra celtismi importati, in gran parte, col latino nel processo di romanizzazione, e celtismi incorporati alla lingua dei Grigioni in loco. Soltanto il secondo gruppo, che comprende una trentina di parole, è il frutto dell’influsso del sostrato (Grzega 2000: 92; 2001: 274-275). Comparato con altre regioni della «Romania Gallica Cisalpina» il numero dei celtismi dei Grigioni è relativamente alto, più alto, per esempio, di quello di Liguria o Emilia-Romagna, e dello stesso ordine di grandezza di quello del Trentino o di Genova (Grzega 2000: 89). Non parlo qui del problema controverso di possibili influssi del sostrato gallico sul sistema fonologico latino, perché non sono problemi specifici dei Grigioni. Come vedremo, il sostrato gallico si fa sentire anche nella toponomastica. La terza zona, quella della cultura Fritzens-Sanzeno, si può chiamare «retica», perche coincide in larga misura con la zona nella quale si sono trovate iscrizioni retiche. Non si può parlare qui dei problemi del retico in genere. Personalmente credo che la lingua retica non sia un fantasma, che sia effettivamente esistita e che si possa provare una parentela certa del retico coll’etrusco (Rix 1998). Esistono, però, ancora numerosi problemi irrisolti, e forse irrisolvibili. Per la nostra prospettiva si può dire che i risultati delle ricerche archeologiche e le iscrizioni retiche giustificano l’ipotesi di un influsso retico soltanto per un dominio molto ridotto, limitato, più o meno, alla Bassa Engadina e la Val Monastero. È vero che le fonti antiche parlano ancora di tre tribù retiche, stabilite, forse, lungo l’itinerario da Chiavenna al lago di Costanza: i Rigusci, i Suanetes e i Calucones (FreiStolba 1992: 661). Ma per i Romani il nome di Reti era un nome collettivo, che poteva designare tutti gli abitanti delle Alpi centrali. Perciò non sappiamo se le tre tribù menzionate erano della stessa stirpe degli autori delle iscrizioni retiche. Ad ogni modo è probabile che nell’anno 15 avanti Cristo oltre al gallico, nelle due varianti indicate, e al retico si parlassero ancora altre lingue nei Grigioni. Ma non le conosciamo affatto, o tutt’al più solo indirettamente per le tracce che hanno lasciato nel romancio. Se nel lessico o anche nella toponomastica dei Grigioni troviamo forme che non si spiegano con elementi delle lingue menzionate, è possibile che abbiamo a che fare con tracce di tali sostrati. Ho tentato di farmi una idea di questa possibilità cercando elementi lessicali di etimologia sconosciuta nel primo volume del DRG. Ne ho trovato una dozzina, ma soltanto tre degli elementi in questione sono esclusivi del romancio; gli altri appaiono

La storia del romancio e la questione ladina

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anche in altre parti della Gallia cisalpina o magari in regioni più lontane della Romània e tali elementi difficilmente possono contribuire a comprendere la formazione della lingua romancia nei Grigioni. Ecco i tre elementi esclusivi: agniou ‹mugo› aina, ainar ‹scapecchiatoio›, ‹scapecchiare› alvat ‹strato di fieno tagliato dalla meta›

È evidente che queste parole appartengono al mondo rurale. Probabilmente, una volta terminato il DRG, in questo settore del lessico romancio il numero di elementi preromanzi si rivelerà alquanto più alto di quello dei celtismi. Pare che tale differenza si manifesti anche nella toponomastica. Ho studiato i nomi dei comuni dei Grigioni (coll’aiuto di Kristol 2005). Con tutte le riserve che si impongono in questo campo, il risultato può essere così formulato: il numero di nomi di origine ignota che possono risalire a un sostrato preromanzo è molto più alto di quello dei nomi di probabile origine celtica. Sono 70 contro 11. E come si vede nella cartina 2, la distribuzione geografica dei nomi di origine sconosciuta (punti neri) è istruttiva e significativa. Pare che abbiamo una concentrazione soprattutto in tre regioni, che possono considerarsi come punti di partenza o di arrivo dei passi grigionesi: Ilanz, per il Passo del Lucomagno e la Greina, Thusis per i Passi dello Spluga e del San Bernardino, Tiefencastel (il cui nome antico Pitini, attestato fino al Duecento, appartiene anch’esso al gruppo di nomi di origine sconosciuta) per i Passi del Septimer e del Giuglia. Ripeto che questa interpretazione è soggetta a molte riserve. Ma una cosa pare certa. Prima dell’integrazione nell’Impero romano i Grigioni conoscevano una popolazione abbastanza numerosa, preceltica o paraceltica, e i nomi di comune di origine celtica (punti grigi un po’ più grandi) non forniscono un’immagine molto differente della colonizzazione preromana rispetto a quella fornita dai nomi di origine sconosciuta. Linguisticamente è molto probabile che la popolazione menzionata appartenesse a stirpi differenti e parlasse varie lingue. Tutte queste lingue, come anche il celtico e il retico, si perdettero dopo l’integrazione dei Grigioni nell’Impero romano. È difficile voler ricostruire questo processo di perdita, a causa della penuria di testimonianze scritte in forma di iscrizioni o di allusioni contenute in opere storiografiche. Non conosciamo la data della sparizione delle lingue preromanze e i progressi della romanizzazione. Alcuni studiosi credono che l’occupazione militare dei Grigioni non sia stata seguita immediatamente da una romanizzazione profonda, e che la romanizzazione effettiva si sia compiuta solo alla fine dell’antichità e coll’aiuto di celti romanizzati (Helvetii e Vindelici) che sotto la pressione di popoli germanici abbandonarono le loro sedi più settentrionali per rifugiarsi nelle Alpi (Stähelin 1948: 332-333; Stricker 1992: 13; Walser 1994: 70-72; Liver 1995: 69). Non condivido questa opinione. Non abbiamo testimonianze concrete di tale fuga e ancor meno conosciamo il grado di romanizzazione dei popoli che si sarebbero rifugiati nelle Alpi. Ad ogni modo l’influsso celtico nel romancio, come abbiamo visto, non è superiore a quello dei domini linguistici comparabili nella Gallia Cisalpina. È vero che gli itinerari romani attraverso i passi grigionesi non presentano colonne miliari e che le

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iscrizioni romane dei Grigioni non sono numerose. Ma abbiamo un impressionante numero di testimonianze archeologiche che mostrano, per esempio, che fin dal primo secolo Coira fu un centro importante, caratterizzato da un’intensa attività di costruzione, di ricostruzione e di trasformazione, e sede, già nell’anno 2 dopo Cristo, di una cerimonia in onore del nipote di Augusto Lucio Cesare. L’archeologia ci mostra anche che il commercio per i passi grigionesi era intenso e che i Romani si stabilirono anche in quelle regioni che, a giudicare dai nomi preromanzi dei villaggi, erano abitate dalla popolazione indigena (Verein für Bündner Kulturforschung 2000: 4. 36-37). In più, si sa che fin dal principio i giovani grigionesi dovettero entrare nell’esercito romano, dove stavano in contatto costante con la lingua latina. Se la leggenda di un’attività missionaria di San Luzio fin dal secondo secolo possedesse una minima base storica, l’inizio precoce della cristianizzazione dei Grigioni sarebbe un altro elemento per spiegare la romanizzazione non soltanto superficiale dei Grigioni prima della fine dell’antichità. Tutti questi indizi non escludono naturalmente che la romanizzazione di alcune parti dei Grigioni sia posteriore. I tre primi secoli dell’era cristiana furono abbastanza tranquilli nei Grigioni, ideali per il consolidamento e l’approfondimento dell’influsso latino. I Grigioni formarono parte della provincia Raetia et Vindelicia, creata dall’imperatore Claudio. Nella prima metà del quarto secolo la grande provincia fu divisa in due parti: Raetia I e Raetia II. La capitale della Raetia I fu forse in un primo momento Brigantium, poi, al più tardi dalla metà del quinto secolo, Coira. Fin da 451 è attestata anche l’esistenza della sede vescovile di Coira. Capitale della Raetia II fu Augsburg. I secoli IV e V furono meno tranquilli dei precedenti. La minaccia di irruzioni germaniche fu costante. Dopo la fine dell’Impero Romano nel 476, la parte meridionale delle due province Raetia passò sotto dominio degli Ostrogoti, che per la vittoria di Teodorico su Odoacre estesero il loro influsso su tutta l’Italia. Quest’orientamento verso il sud durò fino agli anni trenta del sesto secolo. Allora la Raetia passò sotto il dominio dei Franchi, con la conseguenza di un radicale cambio di orientamento, da sud a nord. È il momento di chiederci qual era l’estensione del dominio del protoromancio alla fine del sesto secolo. Questo dominio coincide in genere coll’estensione della provincia Raetia Prima verso l’anno 370, ricostruita da Reinhold Kaiser (1998: 19) (Cartina 3), ma ci sono importanti eccezioni. Nella parte settentrionale il lago di Costanza non è più un limite assoluto. Si sa che nel sesto secolo gruppi di alemanni si sono stabiliti a sud del lago, determinando così una zona di bilinguismo sulla riva meridionale (Hilty 2001: 53-82). Il limite occidentale segue la frontiera provinciale soltanto fino alla regione del San Gottardo. Il limite meridionale esclude le parti della Raetia Prima che si trovavano a sud dello spartiacque alpino ed è determinato dai passi seguenti: San Gottardo, Lucomagno, Spluga, Bernina, Umbrail. Il limite orientale segue probabilmente la frontiera della provincia, includendo gran parte del Vorarlberg, ma per le considerazioni seguenti mi limiterò alla Svizzera orientale e al Principato di Liechtenstein. Il limite meridionale è il più problematico. È incontestabile che oggi esiste. Ma non sarebbe una vaticinatio ex eventu presupporre la sua esistenza più di un millennio fa? Qual è l’origine della frontiera linguistica in questione? I tre tratti costitutivi che distinguono i dialetti a nord della frontiera da quelli a sud sono: – la -s finale latina si conserva

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– i nessi latini formati da consonante + l (kl, gl, pl, bl, fl) si conservano – la k e la g davanti a a si palatalizzano

I due primi tratti sono abbastanza facili da spiegare. Sono arcaismi che, dal punto di vista dell’Italia settentrionale, si sono conservati in un’area laterale, in assoluta concordanza colle «norme areali» di Matteo Bartoli. Il terzo tratto non è un arcaismo, ma un’innovazione rispetto alla base latina. Il problema dell’origine e dell’estensione della palatalizzazione è controverso, come hanno mostrato accuratamente vari studi dei dieci ultimi anni. Non è questo il luogo di discutere le differenti teorie. Nelle mie considerazioni parto da due ipotesi che mi paiono convincenti: –

La palatalizzazione nei dialetti (reto)romanzi a nord delle Alpi non è un fenomeno nato nella Gallia settentrionale e irradiato verso est attraverso la Svizzera non ancora occupata dagli Alemanni, come pensava Walther von Wartburg, parlando del «dernier changement linguistique important auquel la Gaule et la Rhétie aient participé en commun» (Wartburg 1967: 55).



Tutta l’Italia settentrionale conosceva originariamente la palatalizzazione. Che la sua origine si trovasse nell’influsso di un sostrato celtico, di un superstrato slavo o di un superstrato francone, come è già stato proposto (Videsott 2001: 42-43 [note 45 e 46]), è irrilevante per la nostra argomentazione.

Partendo da queste due ipotesi possiamo affermare che il terzo dei tre tratti che costituiscono la frontiera meridionale dei dialetti grigionesi è simile agli altri due. Anche in questo caso la lingua dei Grigioni ha conservato un fenomeno, originariamente generale nell’Italia settentrionale, ma scomparso per lo più nella pianura padana. Un problema accesamente discusso a proposito è quello della datazione della palatalizzazione. Credo che possiamo accettare la cauta affermazione di Paul Videsott che, nel suo recente studio sulla palatalizzazione nell’arco alpino orientale, propone di fissare la fonologizzazione del fenomeno all’inizio del secondo millennio (Videsott 2001: 44). Questa datazione significa probabilmente che la palatalizzazione è posteriore agli due altri tratti costitutivi della frontiera meridionale dei dialetti grigionesi (conservazione della -s e dei gruppi con l). Si può vedere una prova della posteriorità menzionata nei fenomeni seguenti: –

I risultati della palatalizzazione non sono identici nelle differenti parti dei Grigioni.



Nella Retoromania sommersa della valle del Reno fra Sargans e il Lago di Costanza nessun toponimo la cui base latina presenta ca o ga conosce la palatalizzazione; nel Vorarlberg, invece, germanizzato più tardi, la palatalizzazione pare essere documentata in più di una dozzina di casi (Videsott 2001: 36-37). P. Videsott vorrebbe spiegare l’assenza della palatalizzazione nella valle del Reno col fatto «che – dopo una fase di bilinguismo – al momento dell’adozione del tedesco, gli stessi locutori neolatini abbiano abbandonato in moltissimi casi la palatale a favore della velare» (Videsott 2001: 41). Non escludo per principio tali fenomeni di regressione, ma nella regione menzionata, dove la germanizzazione comincia, come vedremo, già nel settimo secolo, mi pare più giusto

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spiegare l’assenza della palatalizzazione con il fatto che tale tendenza fonetica non aveva raggiunto il Lago di Costanza prima della colonizzazione alemanna, soprattutto se fissiamo la fonologizzazione del fenomeno all’inizio del secondo millennio. Aggiungo che la situazione della Retoromania sommersa prova con tutta chiarezza che la palatalizzazione non giunse alle regioni retoromanze per un’irradiazione diretta a partire dalla Gallia.

Come vediamo, il tratto della palatalizzazione presenta certe differenze rispetto ai due altri tratti costitutivi della frontiera meridionale dei dialetti grigionesi, ma il carattere fondamentale è identico: in tutti e tre casi si tratta di fenomeni fonetici che sono scomparsi nella pianura padana e si sono conservati nell’area laterale dei Grigioni. Lo stesso fenomeno si può osservare anche nel lessico, per esempio nella lingua della chiesa, studiata, più di otto decenni fa, dal mio maestro Jakob Jud (Jud 1973). Lo mostra chiaramente il termine per designare l’edificio del culto. BASILICA, base dei termini grigionesi, appartiene al primo strato irradiato da Roma. Il secondo strato, quello di ECCLESIA, non riuscì a entrare nei Grigioni (cf. anche LEI, s. BASILICA). Anche per altri termini ecclesiastici i Grigioni furono un «gesichertes Refugium», come dice Jud (quinquagesima invece di pentecoste, plebe invece di parochia ecc.) (Jud 1973: 166). Torniamo al momento storico del passaggio dal regno ostrogoto al regno merovingio. Nei due primi secoli della nuova situazione, la Rezia godé di una relativa autonomia. Politicamente fu governata da un praeses, che era un nobile del paese, ed ecclesiasticamente da un vescovo residente a Coira; i due titolari furono talvolta la stessa persona. Dopo la morte del vescovo Tello (c.765) i legami col regno, adesso carolingio, furono rafforzati, cosa che significò un orientamento più forte verso nord e una perdita di autonomia. Nel 806 Carlomagno introdusse la «fränkische Gaugrafschaftsverfassung» e il conte, che sostituì il praeses, era ora un tedesco che veniva nella Rezia accompagnato da nobili e ufficiali pubblici franconi. Nel 843 l’episcopato di Coira fu trasferito dall’arcivescovado di Milano a quello di Magonza e la Rezia divenne parte del regno francone orientale di Ludovico il Germanico (Liver 1995: 70). Come abbiamo visto, la riva meridionale del Lago di Costanza era già bilingue all’inizio del settimo secolo. Questa situazione si rispecchia chiaramente nelle vite del missionario San Gallo (Hilty 2001). E la colonizzazione alemanna continuò verso sud. Alla fine dell’ottavo secolo aveva raggiunto il conosciuto limite dello Hirschensprung. La progressione della germanizzazione, che includeva naturalmente un periodo più o meno lungo di bilinguismo, si può dedurre dal numero e dalla distribuzione dei toponimi di origine romanza sulle due rive del Reno. La regione del ducato di Liechtenstein e del distretto di Werdenberg è la parte toponomasticamente meglio conosciuta della Rezia sommersa, grazie ai lavori di miei allievi, soprattutto Hans Stricker che, dopo essere stato autore del Liechtensteiner Namenbuch (in sei volumi), sta preparando un’opera simile per il distretto di Werdenberg. La cartina 4 è eloquente. I punti neri indicano toponimi di origine romanza, la loro estensione corrisponde più o meno all’estensione del luogo designato. La densità e la distribuzione dei toponimi romanzi sono indicatori della progressione della lingua degli Alemanni. Non entro nei dettagli (cf. Hilty 2000). Mi limito ad accennare al fatto che all’estremità settentrionale del distretto di Werdenberg i nomi di origine romanza ammontano a 10% di tutti i toponimi, all’estremità meridionale a 25%. Nel Trecento l’onda di alemannizzazione giunse a Sargans, confluendo lì coll’altra onda che veniva dalla pianura della Linth, dove, nella prima metà del settimo secolo, la frontiera linguistica, che

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coincideva con la frontiera della Raetia Prima, aveva cominciato a spostarsi verso il Walensee, la cui estremità occidentale raggiunse dopo l’800. Nei secoli seguenti la lingua romanza si perdeva progressivamente nel Cantone di Glaris e nella regione del Walensee, fino a che le due onde di germanizzazione confluirono (Hilty 1968; 2001: 32-52). Allo stesso tempo nella valle del Reno fra Sargans e Coira l’esistenza della lingua romanza già era precaria, per l’influsso della nobiltà di lingua germanica nella Bündner Herrschaft e il numero crescente di monaci di lingua tedesca nel monastero di Pfäfers. Riguardo a Coira, all’inizio del Quattrocento la lingua d’uso era ancora romanza, ma lo strato superiore della popolazione era già germanizzato, e fu il tedesco –e non il romancio– a sostituire il latino come lingua amministrativa. Un avvenimento tragico indebolì definitivamente la posizione del romancio: il grande incendio di Coira nell’anno 1464. Per la ricostruzione della città vennero a Coira molti operai di lingua tedesca. Il risultato fu la sparizione progressiva del romancio a Coira (Liver 1995: 70). Un altro pericolo per la conservazione del romancio fu, fin dalla fine del Duecento, l’immigrazione nei Grigioni di gruppi di Vallesi di lingua tedesca alla ricerca di un nuovo spazio vitale. Invitati da signori feudali, in una prima fase si stabilirono nelle parti superiori delle valli, non abitate da popolazione romanza, ma a poco a poco occupavano anche il fondovalle, iniziando così la germanizzazione completa di certe valli. In questa maniera furono germanizzati, fra il Trecento e il Cinquecento, Davos, lo Schanfigg e il Prättigau. Le regioni germanizzate dai Vallesi rendevano in parte difficili i contatti diretti fra le differenti regioni romanze. Possiamo chiederci se la sparizione del romancio a Coira fu responsabile dell’evoluzione ulteriore poco favorevole al romancio. Soltanto in parte, perche dopo la germanizzazione della metà settentrionale della Raetia Prima, Coira già non poteva considerarsi come centro del dominio linguistico romancio e nel dominio rimasto, frammentato per ragioni topografiche, non esisteva una struttura politica unitaria. È vero che il vescovo di Coira possedeva un influsso non soltanto ecclesiastico, ma anche politico. Tuttavia il vescovato non si faceva garante di una politica linguistica favorevole al romancio. Fin dal nono secolo molti vescovi portavano nomi germanici e probabilmente non parlavano il romancio come lingua materna. E accanto al vescovato esercitavano un influsso importante le famiglie nobili potenti e i grandi monasteri come quello di Disentis. La mancanza secolare di chiare strutture politiche aveva favorito, insieme alla topografia montagnosa, la frammentazione dialettale del dominio linguistico romancio. Per ciò che riguarda le strutture politiche, alla fine del Trecento e all’inizio del Quattrocento si percepisce una nuova evoluzione che condusse a forme di organizzazione politica più democratiche. In opposizione ai grandi signori feudali, soprattutto al vescovo di Coira, i contadini, insieme ai nobili locali, si unirono in alleanze, e così nacquero le tre leghe che più tardi hanno dato ai Grigioni il nome di Graubünden: Gotteshausbund (1367), Grauer o Oberer Bund (1424) e Zehngerichtebund (1436). L’unione delle tre leghe nel 1471 è la base di uno Stato libero (Freistaat). Nella creazione di questo Stato due fatti sono significativi: la base è tripartita e non omogenea e la lingua ufficiale del Freistaat fu il tedesco (Liver 1995: 71-76). Prima di parlare della nascita delle forme scritte nelle differenti parti del dominio romancio nel Cinquecento, accenno rapidamente alle testimonianze scritte medievali. Sono pochissime, cioè soltanto tre.

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La prima testimonianza è una prova di penna in un manoscritto latino proveniente probabilmente da San Gallo. Nel decimo o undicesimo secolo un amanuense di lingua romancia scrisse cinque parole nella sua lingua materna per lagnarsi del fatto che non ricavava quasi nulla dalla sua fatica. La seconda testimonianza, probabilmente della parte finale dell’undicesimo secolo, è una traduzione interlineare dell’inizio di una predica pseudo-augustiniana. Pare che un predicatore abbia preparato una predica in romancio. È possibile che la traduzione interlineare fosse scritta nel monastero di Pfäfers. La terza e ultima testimonianza è costituita da una deposizione testimoniale dell’anno 1389 a un processo nella Val Monastero. In comparazione con altre lingue romanze la produzione di testi scritti medievali è scarsissima e mostra che non esisteva nessuna tradizione letteraria. Nel Cinquecento comincia la produzione scritta in lingua romancia. Fin dal principio essa mostra che esistevano allora già cinque domini dialettali: vallader, puter, surmiran, sutsilvan, sursilvan. I primi testi sono engadinesi. Primo in ordine cronologico è il poema epico di Gian Travers La chianzun dalla guerra dagl Chiaste da Müs (1527). Seguono la traduzione del Nuovo Testamento di Jachen Bifrun (1560) e quella dei Salmi di Durich Champel (1562). Nella Sottoselva la tradizione scritta comincia nel 1601, nella Sopraselva dieci anni più tardi. Fra il 1560 e il 1615 si conoscono 13 opere (di contenuto religioso) impresse in quattro delle cinque lingue regionali o idioms come si dice in romancio. Il quinto, il surmiran, appare per prima volta nel 1703 (Darms 1989: 827-828). Non è possibile qui riassumere la storia e le caratteristiche della produzione scritta in romancio. Insisto soltanto sul fatto che tutte e cinque le regioni dialettali hanno creato delle forme per scrivere la loro varietà linguistica. La storia degli idioms è complicata e piena di discussioni ortografiche, ma si può dire che ancora oggi nei cinque idioms (con certe differenze) si possono scrivere (e pubblicare) testi giornalistici e letterari, e persino regolamenti militari. Nessuno degli idioms tuttavia ha potuto imporre il suo uso fuori dalla sua regione di nascita. E così il romancio non possiede una lingua scritta, letteraria, generale e unitaria. Nella mancanza di una lingua scritta comune, portatrice di valori letterari e culturali, si rispecchiano la frantumazione del romancio al livello della lingua parlata e una coscienza linguistica unitaria piuttosto debole. La lingua parlata fin dal Novecento ha perduto terreno, a volte in modo allarmante. La coesione fra le differenti parti del dominio romancio è minacciata o già inesistente. Le regioni che resistono abbastanza bene sono la Sopraselva e la Bassa Engadina. Il numero di persone che nell’ultimo censimento, sette anni fa, hanno indicato il romancio come lingua materna, è di 35.000. E queste persone vivono in parte nella diaspora, in altri cantoni della Svizzera, 5000 per esempio nel Canton di Zurigo. La lingua che sostituisce il romancio è naturalmente il tedesco, nelle due forme dello svizzero tedesco come lingua di comunicazione parlata e del tedesco letterario come lingua scritta. Anche nelle regioni nelle quali il romancio resiste ancora, il tedesco è presente. Per un romanciofono fin dall’ inizio del secolo scorso è impossibile non parlare (e saper scrivere) anche il tedesco. Il risultato è praticamente un quadrilinguismo con due varietà parlate (il dialetto romancio e lo svizzero tedesco) e due varietà scritte (l’idiom rispettivo e il tedesco letterario), situazione linguistica poco stabile. Per aumentare la forza di resistenza del romancio, dando ai romanciofoni una coscienza collettiva più spiccata della lingua materna e conferendo a essa il prestigio di una lingua

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letteraria generale, comparabile con altre lingue letterarie, sono stati fatti vari tentativi di creare una lingua scritta unica per tutto il dominio romancio. Fino a 25 anni fa, nessuno di questi tentativi ha avuto successo. Nel 1982, incaricato dalla Lia Rumantscha, associazione culturale dei Grigioni romanci, il mio collega e amico Heinrich Schmid creò il Rumantsch Grischun, nuova forma scritta del romancio basata sull’idea di cercare sempre il denominatore comune fra le forme esistenti. Non voglio né posso presentare qui questo tentativo il cui destino non è ancora sicuro. Mi limito a dire questo: nessun altro specialista avrebbe potuto far meglio di Heinrich Schmid. Il Rumantsch Grischun è una creazione logica e pragmatica e costituisce, per me, l’ultimo tentativo possibile di dare forse al romancio l’unità indispensabile per sopravvivere. Col Rumantsch Grischun si cerca oggi di correggere le vicissitudini negative della storia. In che senso? Guardiamo la situazione all’inizio del secondo millennio. Abbiamo visto quali erano in quell’epoca i tratti fonetici più importanti che distinguevano il romancio dai dialetti della pianura padana. Abbiamo accennato anche al carattere in parte arcaico del lessico romancio, in opposizione col lessico dei dialetti lombardi. Abbiamo parlato della coincidenza topografica delle isoglosse menzionate coi grandi passi (Lucomagno, Spluga, Maloia, Bernina, Umbrail) e dell’orientamento politico ed ecclesiastico della Raetia Prima verso il nord a partire dall’epoca carolingia. Avremmo potuto parlare anche di fenomeni morfologici e sintattici. Non l’abbiamo fatto perche questi fenomeni appartengono in parte a un settore del sistema linguistico del romancio che ha un’altra fonte: l’adstrato germanico, che ha influenzato in vari aspetti il sistema del romancio, differenziandolo da quello dei dialetti italiani. Tutto sommato si può dire che alla fine del primo millennio il romancio possedeva tutto ciò che era necessario per essere indipendente dai dialetti lombardi e diventare una lingua neolatina autonoma. Questa è anche l’opinione di Max Pfister, che parla della «formazione di una particolare lingua romanza, il neolatino dei Grigioni» (Pfister 2000: 203) e di Johannes Kramer, che dice: «Das Bündnerromanische stellt sich als eine vom Italienischen unabhängige eigene romanische Sprache heraus» (Kramer 2000: 57). Cosa significa in queste due affermazione il termine lingua? In un articolo perspicace intitolato ‹Sprache› und ‹Dialekt› als linguistisches und soziolinguistisches Problem, pubblicato nel 1969, Klaus Heger si riferisce espressamente al romancio dicendo: «Selbstverständlich ist auch das Rätoromanische als Sprachgruppe einzustufen, der als Sprachen mit fixierter Norm das Surselvische und das Engadinische angehören» (1969: 60). Per Heger, il romancio non è poi una sola lingua, ma un gruppo di lingue con due membri, il soprasilvano e l’engadinese, che sono lingue nel vero senso della parola, perché possiedono una norma fissata, conditio sine qua non per essere una lingua. Evidentemente il romancio di oggi non si può considerare semplicemente come una lingua, perché manca il tetto sulle varietà realmente esistenti. Ma alla prospettiva teorica del mio compianto amico preferisco una prospettiva storica, che mi fa affermare che il romancio è una lingua virtuale. Mi spiego. La lingua della Raetia Prima all’inizio del secondo millennio possedeva tutti gli elementi per diventare una «particolare lingua romanza», come dice M.Pfister, «eine vom Italienischen unabhängige eigene romanische Sprache», come dice J.Kramer. Ma la storia ha impedito lo sviluppo che avrebbe condotto a questo risultato. Precisamente nei secoli nei quali, per esempio, l’italiano e il francese, facevano i passi decisivi verso forme sopradialettali e persino sopraregionali, il romancio perdeva la parte

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settentrionale del suo territorio e doveva vivere sotto la minaccia costante dell’avanzata del tedesco. Nelle frontiere della Raetia Prima il romancio avrebbe potuto diventare una lingua romanza normale, con centro a Coira. Ma nel territorio rimasto romancio, montagnoso, accidentato, di comunicazione in parte difficile, senza centro culturale e politico, indebolito dalle colonie vallesi, frantumato a partire dal Cinquecento da contrapposizioni confessionali, il romancio non è riuscito a creare una forma sopradialettale così da realizzare la lingua romanza virtuale della Raetia Prima. Nel titolo della mia conferenza figura anche il concetto della questione ladina. Che cosa ha a che fare la storia del romancio con questo concetto? Non molto. Nella sua storia il romancio non ha mai subito l’influsso di altre parti della cosiddetta Ladinia, e non ha mai formato nessuna unità reale con esse. Perché allora parlare della questione ladina? Perché da numerosi linguisti e in molti manuali il romancio è considerato come membro di un’unità retoromanza o ladina, formata dal romancio, dal ladino centrale o dolomitico e dal friulano. Il punto di partenza della questione ladina sono i Saggi ladini del grande dialettologo Graziadio Isaia Ascoli, pubblicati nel 1873. Sulla base di questi Saggi si è cominciato a parlare di una unità ladina, formula non impiegata dall’autore (Goebl 1990: 224) ma che, se si interpreta il termine di unità correttamente, corrisponde alle sue idee. Su questo problema insiste Hans Goebl da più di vent’anni in qua. Unità può designare una qualità (nel senso di qualità di ciò che è unito, unicità) o una cosa (gruppo, classe). Il primo senso è da scartare secondo Goebl nell’interpretazione di unità ladina. Ma bisogna dire che tanto propugnatori quanto avversari delle idee di Ascoli hanno dato all’unità ascoliana proprio questo senso. Così si spiega che nella lista delle lingue romanze in molti manuali il retoromanzo o ladino figuri accanto a lingue come il francese o l’italiano. Sullo stesso concetto è basata l’immagine colla quale Walther von Wartburg cerca di spiegare la configurazione attuale del dominio ‹retoromanzo›. Il dominio retoromanzo, dice, rassomiglia a una carota della quale due topi hanno cominciato a rodere una parte, un topo che veniva dal nord, uno che veniva dal sud (Wartburg 1956: 27). Questa immagine insinua l’idea che all’inizio esistesse un’unità nel senso di unicità (la carota intatta) e che la situazione attuale sia il risultato di una frantumazione di questa unità. Ma non è mai esistito storicamente un dominio linguistico retoromanzo reale, formato dai tre membri menzionati e unito da una lingua e una coscienza linguistica comuni. Non lo crede neanche Hans Goebl, che parte, nella sua interpretazione di unità ladina, dal secondo senso di unità. Unità ladina è un costrutto scientifico, astratto, che designa un tipo. «Un tipo qualunque», dice Ascoli, «si ottiene mercè un determinato complesso di caratteri, che viene a distinguerlo dagli altri tipi. Fra i caratteri può darsene uno o più d’uno che gli sia esclusivamente proprio; ma questa non è punto una condizione necessaria, e manca moltissime volte. I singoli caratteri di un dato tipo si ritrovano naturalmente, o tutti o per la maggior parte, ripartiti in varia misura fra i tipi congeneri; ma il distintivo necessario del determinato tipo sta appunto nella simultanea presenza o nella particolar combinazione di quei caratteri» (1876: 387).

Su questa base si può cercare di determinare il tipo retoromanzo o ladino, nella terminologia di H.Goebl il geotipo ladino. Ma un geotipo è un costrutto astratto, non una lingua al livello di lingue reali come l’italiano, il francese o lo spagnolo. Abbiamo già detto che nei confini retoromanzi o ladini

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non si è mai parlata una lingua unitaria reale. Il romancio appartiene al geotipo retoromanzo, ma non è diventato una lingua (virtuale) grazie a questa appartenenza. È diventato una lingua grazie alla topografia, che ha reso più difficili i contatti colla pianura padana, rinforzando così le differenze linguistiche che fin dall’epoca medievale esistevano, creando frontiere linguistiche che coincidono in gran parte cogli spartiacque; è diventato una lingua grazie all’orientamento politico ed ecclesiastico che, fin dall’epoca carolingia, separava i Grigioni dalla Lombardia; è diventato una lingua autonoma grazie agli influssi dell’adstrato tedesco e alla relativa autonomia politica e culturale di cui i Grigioni godevano da secoli. Ho detto sopra che per studiare e conoscere la storia del romancio non è necessario tener conto della questione ladina. Con questa affermazione non contesto l’esistenza di un’evidente parentela del romancio col ladino dolomitico e (un po’ meno) col friulano. Sarebbe interessante studiare questa parentela in una prospettiva storica, non soltanto tipologica. Ma questo sarebbe il tema di un’altra conferenza.

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Gerold Hilty

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Cartina 1

Zone culturali grigionesi prima dell’integrazione nell’Impero Romano (cf. Rageth 2000: 57)

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Comuni grigionesi con nome preromanzo (secondo i materiali di Kristol 2005)

Gerold Hilty

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Cartina 3

La provincia Raetia Prima verso l’anno 370 (cf. Kaiser 1998: 19)

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Cartina 4 Toponimi di origine romanza nella valle del Reno (secondo materiali inediti dello Werdenberger Namenbuch)

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Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore Le proverbe appelle la métaphore comme l’image les couleurs (Junji Idetako, Voyage au pays du proverbe levant)

Est-il vraiment utile d’essayer de cerner ce qui fait la spécificité sémantique des proverbes? Notre contribution essaiera de monter que oui. Il nous semble en effet qu’une approche générale de la sémantique des proverbes, qui essaie de se placer au-dessus des spécificités imagiques, thématiques et domaniales des proverbes particuliers donnés s’avère féconde pour la compréhension de la catégorie des proverbes. En faisant l’hypothèse d’une sémantique propre aux proverbes, qui rompt avec le pessimisme définitoire de la plupart des parémiologues «localistes», on est en effet conduit à dégager les principales conditions auxquelles une phrase doit satisfaire pour prétendre au statut de proverbe. Et la mise en avant de ce modèle sémantique général des proverbes fournit un intéressant tertium comparationis qui donne lieu à un replacement contrastif des plus stimulants et qui sert en quelque sorte de talisman sémantique pour décrire et expliquer le sens et le rôle des proverbes particuliers. Nous n’entendons pas traiter ici, bien entendu, le problème sémantique dans toute son ampleur ni sous toutes ses facettes et nous n’avons pas non plus la prétention de répondre à toutes les interrogations qu’il entraîne. Nous nous limiterons à deux aspects centraux de la sémantique du proverbe, à son statut de dénomination et au rôle que joue le sens figuré, et plus spécialement la métaphore, dans la constitution du sémantisme proverbial. Pour ce qui est du premier aspect, nous essaierons, dans le prolongement de nos recherches antérieures (Kleiber 1989; 1999a; 1999b; 2000a; 2000b; 2002), de préciser les conséquences sémantiques qu’entraîne l’hypothèse dénominative. Et quant au second, nous décrirons, dans la lignée de Conenna / Kleiber (2002) et en relation avec le premier aspect, les mécanismes à l’œuvre dans les proverbes dits non littéraux. Chemin faisant, nous serons amené à apporter des éléments de réponse nouveaux à la question: Pourquoi certains proverbes doivent-ils être «métaphoriques» et d’autres non? Trois étapes dans notre parcours. Tout d’abord un rappel-mise au point sur la notion de sens appliquée aux proverbes qui débouchera sur une deuxième partie consacrée au statut dénominatif des proverbes. La troisième abordera la dimension «figurative» du proverbe et proposera une nouvelle contrainte au sens général des proverbes en termes de catégorie hétérogène.

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1. Du sens des proverbes en général et en particulier 1.1 En particulier On peut envisager la question du sens des proverbes sous deux aspects, particulier et général. Le premier a trait au problème du sens propre à chaque proverbe: un proverbe particulier a-t-il un sens propre déterminé et si oui quel est ce sens? Le second concerne la catégorie du proverbe en général et la possibilité de définir sémantiquement cette catégorie: le proverbe constitue-t-il une catégorie sémantique spécifique ou non? En ce qui concerne le premier aspect, on se contentera de rappeler les principaux points d’accord ou de désaccord. Que les proverbes aient un sens ou du sens est une chose qui ne prête guère à discussion, puisque tous les observateurs ont noté qu’un proverbe ne pouvait être utilisé dans n’importe quel contexte ou situation, mais délimitait par avance une zone d’application. Mais à partir de là les divergences surgissent bien vite, aussi bien sur la stabilité de ce sens que sur sa nature et son statut. La question de la stabilité du sens d’un proverbe donne lieu à deux positions, celle qui défend l’idée d’un sens stable et celle qui, comme le soutiennentt Honeck (1997) et Visetti / Cadiot (2006), par exemple, préfère y voir un sens qui se trouve reconstruit à chaque utilisation du proverbe et qui est donc plutôt à envisager comme quelque chose de flou, de variable selon les situations et les individus. Militent en faveur de cette dernière position l’argument de la difficulté d’exprimer quel est le sens exact d’un proverbe et celui de la variation possible de sens selon les locuteurs, des enquêtes auprès des usagers révélant que, pour un même proverbe, des sens différents pouvaient être fournis par des locuteurs différents.1 Ces arguments ne restent toutefois pas sans réponse. Contre le premier, on peut faire valoir qu’il en va ainsi de beaucoup de mots et que ce n’est pas pour autant qu’il faut en conclure que leur sens est instable. C’est ainsi que Weinreich (1966: 447) souligne fort justement que, si la compétence des usagers pour formuler une définition sémantique adéquate s’avère plutôt réduite, leur compétence passive, pour reconnaître au sein de plusieurs définitions, laquelle est la meilleure, est nettement plus performante et prouve ainsi l’existence d’un sens lexical doté d’une certaine stabilité. La question de la nature du sens d’un proverbe donne lieu à deux débats. L’un concerne la nature du sens dans le cas des proverbes dits non littéraux comme Il n’y a pas de roses sans épines. La position classique consiste à distinguer deux types de sens, le sens du proverbe et un sens dit littéral qui correspond à celui de la phrase Il n’y a pas de roses sans épines en livrée non proverbiale. Une conception, qui s’auto-proclame moins «ringarde», rejette cette distinction et ne reconnaît donc plus qu’un sens au proverbe, qui est à la fois différent du sens littéral et du sens proverbial de la première position (Carel / Schultz 2002; Visetti / Cadiot 2006). Le deuxième problème porte sur l’opposition entre sens propositionnel et sens pragmatique. Certains considèrent, ainsi qu’en atteste la pratique lexicographique (Arnaud 1991: 17), que le sens du proverbe est sa valeur fonctionnelle, exhortative ou argumentative, et non son sens propositionnel. Pour Il n’y a pas de roses ––––––– 1

Cf. par exemple ci-dessous Arnaud (1992: 209) pour le proverbe Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Cf. aussi Visetti / Cadiot (2006).

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sans épines, cela signifie que c’est la mise en garde qu’entraîne le proverbe qui constitue finalement son sens et non pas un sens propositionnel général comme ‹il n’y a pas de choses agréables sans choses désagréables›. Il y a enfin le problème du statut de ce sens: est-il acquis par composition comme le sens d’une phrase standard ou est-il codé ou préconstruit, donné a priori, comme celui des expressions figées? La deuxième attitude est la plus répandue –et nous y reviendrons, lorsque nous aborderons la question du statut de dénomination du proverbe– mais la première n’est pas inexistante, surtout chez les psycholinguistes (cf. par exemple Honeck 1997).

1.2 En général L’évocation du caractère codé ou non du sens d’un proverbe conduit directement à envisager la question du sens d’un proverbe sous son aspect général: y a-t-il une sémantique des proverbes? C’est-à-dire la catégorie des proverbes a-t-elle ou non un sens qui lui est propre? A cet égard, deux courants se disputent aujourd’hui le marché parémiologique. Une tendance «optimiste» qui défend l’idée d’une caractérisation positive des proverbes2 et une tendance plutôt «pessimiste»3 qui estime, preuves à l’appui, que le scepticisme d’un Taylor est toujours de rigueur et qu’il n’est pas possible de spécifier les conditions qui permettent à une phrase d’accéder au statut de proverbe: The definition of a proverb is too difficult to repay the undertaking and should we fortunately combine in a single definition all the essential elements and give each the proper emphasis, we should not even then have a touchstone. An incommunicable quality tells us this sentence is proverbial and that one is not. Hence, no definition will enable us to identify positively a sentence as proverbial. Those who do not speak a language can never recognize all its proverbs, and similarly much that is truly proverbial escapes us in Elizabethan and older English. Let us be content that a proverb is a saying current among the folk. At least so much of a definition is indisputable, and we shall see and weigh the significance of other elements later. (Taylor 1931: 3)

Les «sceptiques» ne manquent pas d’arguments, et de différentes sortes. Ils peuvent souligner tout d’abord que l’hypothèse de «l’homogénéité» sémantique des proverbes ne va pas de soi, puisqu’on peut parfaitement plaider en faveur de l’hétérogénéité des proverbes et dire qu’au fond il ne faut pas «mettre tous les proverbes dans le même panier», comme le plaide fort joliment le titre de Michaux (2000). On peut renforcer un tel pessimisme en soulignant en plus qu’une analyse linguistique des proverbes est toujours trop courte et qu’en conséquence une description sémantique est par avance vouée à l’échec, parce ––––––– 2

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On peut ranger ici Milner (1969), Kanyo (1981), Krikmann (1984), Norrick (1985), Riegel (1987), Kleiber (1989; 1999a; 1999b; 2000a; 2000b; 2002), Conenna / Kleiber (2002), Arnaud (1991; 1992), Anscombre (1994; 1995; 1999; 2000) et la remarquable synthèse de Schapira (1999). On citera ici essentiellement, outre Taylor (1931), Whiting (1932), Franken (1995), Michaux (1995; 1996; 1998; 2000), Schapira (1997) et Gouvard (1996; 1997).

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qu’elle ne prend pas en compte la dimension discursive du proverbe (Michaux 2000). Le verdict de Michaux (1998: 218) est à ce propos sans appel: «L’analyse des théories d’Anscombre et de Kleiber met en lumière l’échec d’une approche purement sémantique du proverbe». On peut enfin invoquer un constat: même les travaux les plus récents n’ont pas réussi à proposer une définition sémantique unitaire achevée de la catégorie des proverbes. Les caractérisations proposées restent en effet encore trop générales4, souvent imprécises et commodément vagues, ou encore escamotent astucieusement sous un ensemble de descriptions de niveaux non linguistiques, toutes intéressantes5, l’épineuse question du sens définitoire. Elles ne sont globalement pas incorrectes –elles pointent généralement dans la bonne direction– mais se contentent d’indiquer qu’il s’agit de vérités générales ou collectives concernant essentiellement la nature, la conduite des hommes et leur rôle dans l’univers. Caractérisation qui, parce qu’elle convient aussi à la maxime –«La maxime, tout comme le proverbe, écrit Meleuc (1969: 69), énonce un universel à propos de l’homme»6– ne suffit pas à définir la spécificité sémantique du proverbe. On peut certes prétendre que c’est la différence «sujet collectif (proverbe)» – «sujet individuel (maxime)» qui assure le départ entre maxime et proverbe, mais le simple fait que certaines maximes et pas d’autres peuvent prétendre devenir des proverbes montre que la différence de paternité ne saurait être le facteur décisif. Ce qui manque, en effet, c’est la mise en avant des conditions auxquelles doit satisfaire une phrase pour pouvoir devenir proverbe ou non. Les «optimistes», dont nous sommes avec bien d’autres7, jugent que ce scepticisme n’est pas approprié, avant tout parce que nous possédons incontestablement une compétence du proverbe. Nous avons en effet une compétence de ce qu’est sémantiquement –et formellement aussi, mais le problème est un peu différent– un proverbe, même s’il y a des hésitations et des erreurs possibles dans les listes des énoncés parémiques et même si, bien souvent, nous ne pouvons pas définir en quoi consiste exactement cette compétence, comme le note Milner (1969: 50): «On dirait que chaque parémiographe sait intuitivement ce que c’est qu’un proverbe, et qu’il a pourtant une difficulté à donner de bonnes raisons pour admettre les uns et pour écarter les autres». Cette compétence se manifeste au moins de trois manières. Nous pouvons, en premier lieu, faire plus ou moins bien le départ sémantique entre une phrase qui est un proverbe (ou qui pourrait en être un) et une phrase qui n’en est pas (ou qui ne peut pas le devenir). C’est ainsi que l’énoncé générique: Les castors sont amusants

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L’analyse de Lakoff / Turner (1989) est à la fois trop faible en ce qu’elle n’arrive pas à traiter les proverbes non métaphoriques, comme nous le verrons ci-dessous, et trop puissante en ce qu’elle convient aussi pour des expressions figées non proverbiales (cf. l’expression jelly in vise traitée longuement comme proverbe pp. 186-189). L’essai de sémantique proverbiale de Visetti / Cadiot (2006) apparaît surtout comme trop puissant. Cf. par exemple Honeck (1997). Cf. Schapira (1997: 50): «[...] la maxime [...] doit nécessairement exprimer une opinion concernant l’homme et la condition humaine sous un de ses aspects: physique, psychologique, social et politique». Cf. note 2 ci-dessus.

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a fort peu de chances d’être considéré comme un bon candidat au statut de proverbe, même dans l’optique d’une interprétation métaphorique. Et si nous comparons les énoncés: Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer (Voltaire) Un sot savant est sot plus qu’un sot ignorant (Molière, Les femmes savantes)

nous ne ferons que du second une occurrence possible de proverbe, alors même que, comme le signale Arnaud (1991: 11), l’aphorisme de Voltaire satisfait à plusieurs des critères définitoires, notamment formels, des proverbes qu’il a postulés.8 Ce ne peut être une question d’auteur et donc de jugement individuel opposé au jugement collectif (Anscombre 1994; Michaux 1996; 1998; Gouvard 1996; 1997; 1999; Kleiber 1999a), qui guide notre choix, puisque le second aussi est l’oeuvre d’un locuteur particulier. C’est donc bien la preuve que c’est une question de moule ou de schème sémantique proverbial qui est en jeu. C’est cette même structure sémantique qui doit nous guider dans une autre manifestation, souvent signalée, de notre compétence sémantique proverbiale, à savoir l’aptitude à fabriquer des phrases, appelées formes proverbiales par Gouvard (1996: 48), qui cite en exemple: A pluie battante, eaux combattantes Celui qui bêche tôt cueillera9

qui, autant du point de vue formel, le côté le plus visible10, que du côté sémantique, peuvent passer pour des proverbes. Cette aptitude à confectionner des proverbes représente à notre avis un des arguments les plus forts en faveur de l’hypothèse d’un sens propre attaché à la catégorie des proverbes. Si l’on peut fabriquer des proverbes, c’est bien que l’on dispose d’un modèle de la structure sémantique des proverbes. Un troisième argument, qui relève toujours de notre compétence sémantique des proverbes, vient prolonger celui de la confection proverbiale. Il s’agit de notre capacité, toute relative, mais capacité quand même, d’interpréter11 un proverbe non connu, comme par exemple un proverbe sorti de l’usage ou un proverbe provenant d’une autre langue et culture. Nous avons pu le vérifier nous-même avec l’exemple.12 ––––––– 8

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A savoir les critères de lexicalité, d’autonomie syntaxique, d’autonomie textuelle et de valeur de vérité générale. Qui présente deux interprétations selon le rattachement de tôt à bêche ou à cueillera. Comme le prouvent les détournements des proverbes (Grésillon / Maingueneau 1984; Franken 1995; Sabban 1998), la forme constitue un des aspects les plus importants des proverbes (cf. Anscombre 1999; 2000). Rien de surprenant à cela si on accepte d’y voir des phrases qui forment une unité lexicale, c’est-à-dire une dénomination. Le fait de pouvoir exprimer ce sens est une autre paire de manches que nous retrousserons cidessous. Cité par Lakoff / Turner (1989: 161), qui signalent qu’il s’agit d’un proverbe traduit en anglais par W.S. Mervin dans Asian Figures.

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Georges Kleiber

Frog forgets he had a tail

qui nous était totalement inconnu et que nous avons pourtant réussi à interpréter comme il fallait. Certes, cela ne réussit pas toujours, nous l’avons souligné. Lorsque nous avons proposé à des informateurs le proverbe: La chance est chauve par derrière

peu ont compris ce qu’il signifiait réellement. Mais, même dans ce cas, il est intéressant de noter que l’essai d’interprétation ne se fait pas n’importe comment, mais se trouve subordonné à un schème sémantique. Arnaud (1992: 209) en apporte une belle preuve avec le proverbe: Pierre qui roule n’amasse pas mousse

qu’un des étudiants, auxquels il était demandé de donner le sens des proverbes proposés, a doté d’un sens différent du sens standard, mais un sens tout à fait compatible avec la sémantique des proverbes: Quelqu’un d’actif ne devient pas gâteux

La question est évidemment de savoir quelle est cette structure ou ce moule sémantique spécifique aux proverbes. Ce sera l’objet des deux parties suivantes qui reprendront, préciseront, rectifieront et prolongeront des éléments de réponse apportés dans Kleiber (1989; 2000a; 2000b; 2002) et Conenna / Kleiber (2002). Comme annoncé dans l’introduction, nous partirons de la notion de dénomination avec une triple hypothèse pour nous guider: (i) les proverbes constituent une catégorie sémantique. Ou, dit autrement, ils ont un sens que l’on peut définir et qui fait que l’on peut prédire quelles phrases peuvent accéder au statut de proverbes et dans quelles conditions. (ii) les proverbes sont des dénominations (iii) l’hypothèse (ii) est à l’origine de l’hypothèse (i) Triple hypothèse qui nous permettra, non seulement de jeter un peu plus de lumière sur la sémantique des proverbes, mais également d’éclairer de nouvelle manière aussi bien la problématique de la dénomination que celle de la relation entre le sens dit littéral et le sens du proverbe. Nous nous attacherons plus particulièrement à expliquer pourquoi certaines phrases ne peuvent prétendre au statut de proverbe que si elles sont envisagées dans une perspective de métaphorisation.

Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore

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2. Les proverbes: des dénominations d’un type «très très spécial»13 2.1 Quelques généralités Nous rappellerons d’abord rapidement six aspects qui nous semblent définitoires de la notion de dénomination.14 -1- la dénomination est une relation qui engage l’extra-linguistique, en ce qu’elle établit une relation entre une expression linguistique (simple ou complexe) X, appelée aussi dénomination ou name, et un ou des éléments de la réalité x (ou de ce que nous pensons être la réalité); -2- c’est une relation différente de la relation de désignation (désigner, renvoyer à, référer à, etc.), parce qu’elle suppose un contrat de dénomination préalable entre X et x; -3- elle a pour conséquence l’établissement d’une association référentielle durable ou stable qui se manifeste par une compétence référentielle, celle de pouvoir utiliser ensuite X pour x. -4- en cas de dénominations lexicales, par opposition à celle des noms propres, l’expression linguistique X devient le name ou la dénomination d’une catégorie (ou concept général et non individuel) et le sens lexical codé ou conventionnel de X est celui qui permet de décider de l’appartenance ou non à la catégorie. -5- si une unité lexicale (simple ou complexe) est une dénomination, elle a nécessairement un sens codé ou préconstruit, qui permet d’effectuer l’opération de catégorisation. -6- une dénomination présuppose l’existence du référent15 (individu, catégorie de choses) qu’elle dénomme;16 elle constitue ainsi un engagement ontologique en faveur des choses dont nous voulons qu’elles existent, c’est-à-dire dont nous voulons qu’elles soient stables et intersubjectivement partagées. Nous nous arrêterons plus longuement sur un septième aspect, qui nous semble fondamental pour comprendre quelle est vraiment la particularité sémantique et formelle des dénominations. Au niveau de la forme, c’est le statut d’unité lexicale, le fait de ––––––– 13 14 15

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Titre de notre article de 1999a. Pour plus de détails, on peut se reporter à Kleiber (1981; 1984; 2001; 2002; 2003a; 2003b). Cette présupposition existentielle ne nécessite pas un engagement en faveur d’une existence réelle. L’exemple classique de licorne rappelle que les entités fictives sont également concernées. Elle n’exige pas non plus que l’on postule un monde existant en soi, indépendant objectif et préxistant au discours. Nous avons montré dans Kleiber (1999c: ch.1) qu’il n’y avait pas de contradiction à affirmer, d’un côté, que le langage participe à la modélisation de la réalité, c’est-à-dire à l’établissement des êtres ou choses et propriétés de ce que nous croyons être la réalité, et, de l’autre, que les entités ainsi établies sont présentées comme des entités non linguistiques, c’est-àdire des entités ayant une existence en dehors du langage. Nous l’avons rappelé récemment avec le mot praleret: «Admettons que je rencontre dans un texte le nom inconnu praleret. Il m’engage à concevoir qu’il y a quelque chose qui s’appelle ou qui est un praleret ou du praleret, un quelque chose qui est conçu, non comme une entité linguistique, mais comme existant en dehors du langage, et, par défaut, dans la réalité, étant donné le statut privilégié du monde réel» (Kleiber 1999c: 29).

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constituer un tout formel (cf. la différence entre une unité simple comme courir et une combinaison d’unités courir très vite) qui se révèle déterminant; au niveau du sens, c’est le caractère de sens descriptif ou représentationnel (Kleiber 1999c: ch. 1) préconstruit ou codé qui prévaut: le sens de courir est un sens descriptif fixé a priori, par convention, qui doit être appris et qui se trouve enregistré dans les dictionnaires, alors que le sens descriptif de courir très vite résulte de la combinaison du sens a priori de ses constituants et ne figurera donc pas dans le dictionnaire.17 Ce sens descriptif ou représentationnel codé associé à une dénomination sert à faire la différence entre les choses, mais il ne permet pas de marquer sémantiquement le tout ou l’unité référentielle (ou catégorielle) –en somme, l’indication qu’il s’agit d’une catégorie de choses– puisque celle-ci est commune à toutes les catégories de choses. Il faut un élément supplémentaire qui est apporté, il est intéressant de le souligner, par l’unité formelle même que constitue la dénomination. Le tout ou unité ontologique est précisément marqué iconiquement par le tout formel que représente la dénomination. C’est ce qui est identique à toutes les dénominations, ce qui varie, c’est la forme de l’item, qui permet de savoir de quelle chose il s’agit. Il y a donc un signifiant identique pour toutes les dénominations, qui marque iconiquement qu’il s’agit sémantiquement d’une catégorie de choses. Et on peut parler à son propos de transparence ou de motivation, alors que pour l’autre partie du signifiant, la variable, spécifique à chaque dénomination, on parle, comme on sait, en cas d’item lexical simple, d’opacité ou encore d’arbitraire. Il faut donc postuler deux Stück de sens pour une dénomination: a) l’indication qu’il s’agit d’une (catégorie de) chose(s), en somme d’un «tout», avec ses limites b) la description ou représentation du type de choses dont il s’agit. L’élément a) est identique pour toutes les dénominations et est marqué iconiquement par l’unité formelle que constitue une dénomination. L’élément b) est celui qui varie de dénomination à dénomination.18

2.2 Mots construits, polylexèmes et proverbes Notre analyse permet d’expliquer «les irrégularités» que l’on constate dans le calcul sémantique des mots construits. Si le sens de poivrier ou pétrolier, comme le notent les spécialistes, ne dérive pas directement de la composition sémantique de poivr- / pétrol- et du suffixe -ier –poivrier renvoie à un arbuste et à un ustensile de table et pétrolier à un type d’industriel et à un navire– c’est parce que le facteur dénominatif entre en ligne de compte: lorsqu’un mot construit est devenu dénomination, son sens ne peut plus être totalement compositionnel, sinon il n’y aurait pas vraiment dénomination et vraiment de mot construit (Kleiber 2002; 2003a; 2003b). Le fait de devoir intégrer la notion de tout ou de catégorie référentielle entraîne une restriction par rapport au sens construit qui est à l’origine de la ––––––– 17 18

Pour plus de détails, cf. Kleiber (1984; 2003a; 2003b). La combinaison a)-b) donne lieu à ce que nous avons appelé ailleurs (Kleiber 2001) le paradoxe sémantique de la dénomination: une paraphrase où les traits que l’on avance pour définir le sens d’une dénomination ne seront jamais équivalents au sens de cette dénomination.

Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore

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discordance constatée entre un sens calculé par simple composition et le ou les sens attestés effectivement. Un palier de plus et nous sommes au niveau des polylexèmes ou dénominations comportant plusieurs unités lexicales, c’est-à-dire que nous touchons au domaine amplement labouré ces deux dernières décennies du figement lexical.19 Normalement, comme nous l’avons rappelé ci-dessus en opposant un item lexical tel que courir ou ophtalmologue à une séquence d’unités telle que courir très vite ou médecin spécialiste des yeux, il n’y a pas lieu de parler de dénomination pour les combinaisons d’unités lexicales. Les choses changent évidemment lorsqu’on a affaire aux mots composés comme fauteuil roulant, par exemple, et aux expressions figées en général (faire l’école buissonnière, passer l’éponge, etc). Leur combinaison forme bien une dénomination en ce qu’elle présuppose l’existence d’une chose: ils se voient assigner a priori une catégorie référentielle et cette relation codée a sa place dans les dictionnaires et nécessite un apprentissage. Apparemment, ils représentent toutefois une difficulté pour notre analyse des dénominations en ce que, contrairement aux items simples et aux mots construits, on ne dispose cette fois-ci plus de l’unité formelle que constitue la monolexicalité pour marquer iconiquement qu’il s’agit d’une (catégorie de) chose(s), en somme d’un «tout» avec ses limites. La polylexicalité est en effet un des traits définitoires du figement lexical (Gréciano 1983) et pose donc directement le problème du signifiant marqueur du «tout» commun à toutes les dénominations. La solution est apportée par le caractère figé, en somme la rigidité plus ou moins grande de la séquence. L’hypothèse que nous formulerons est que le caractère figé des polylexèmes a pour origine la nécessité de marquer formellement la partie sémantique informant qu’il s’agit d’une catégorie de choses. L’unité formelle nécessaire pour marquer la partie sémantique correspondant au tout de la chose est fournie par une rigidité interne, plus ou moins grande (cf. la notion de degré de figement). Cette rigidité interne a pour effet de conférer à l’ensemble les limites réclamées. C’est donc par la fixité interne qu’une séquence figée acquiert les limites externes qui lui permettent de surmonter l’obstacle de la polylexicalité et d’accéder au statut de dénomination. Se trouve réglée par là-même une autre question classique du figement lexical, celle de la non compositionnalité de son sens: la catégorie dénommée n’est plus accessible totalement par l’addition du sens des composants, parce qu’une expression figée est une dénomination. Ce n’est plus un tout construit, mais un tout préemballé, qui ne peut donc être, totalement du moins, identique au «produit» sémantique résultant de la combinaison sémantique des éléments constituant le polylexème. En effet, si c’était le cas, il n’y aurait plus aucune raison de donner ce tout comme un tout préconstruit. La non compositionnalité sémantique est une des étapes obligée des excursions dans le pays du figement et il est inutile d’y faire une halte de rappel en tirant sur la discordance entre le sens «littéral» de passer l’éponge et son sens d’expression figée. Avec les mots composés, la chose est nettement moins connue à cause de la relative transparence qui les caractérise. Mais il y a là également un écart entre le sens compositionnel et le sens de la dénomination. Prenons ––––––– 19

Pour avoir une vue d’ensemble du problème, cf., entre autres, Gréciano (1983), Gross (1996) et Mejri (1997).

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fauteuil roulant en tant que dénomination:20 si son sens était seulement compositionnel, on devrait obtenir un fauteuil roulant en mettant des roulettes sous les pieds d’un fauteuil, mais on n’obtient qu’un fauteuil avec des roulettes. Fauteuil roulant, en tant que dénomination, renvoie à une classe restreinte de fauteuils, ceux qui servent aux handicapés à se déplacer. Nous pouvons à présent revenir aux proverbes et les envisager dans cette perspective dénominative. Il nous faut tout d’abord rappeler brièvement quels sont les arguments qui soutiennent l’hypothèse de leur statut de dénomination:21 (i) Ils présentent, tout comme les expressions figées, la fixité formelle ou rigidité interne qui établit le «tout» formel qui est iconique de leur «tout» sémantique, comme le prouve, entre autres, le test de substitution synonymique ou quasi synonymique qui fait généralement perdre aux uns et aux autres leur statut. On le vérifiera sur le proverbe Qui dort dîne et sur l’expression figée casser sa pipe Qui roupille dîne / Qui dort bouffe pour Qui dort dîne Il a cassé sa bouffarde pour Il a cassé sa pipe Il a brisé sa pipe (réplique possible: Mais c’est: «il a cassé sa pipe»!)

On ajoutera que le côté formulaire des proverbes permet à certains, ce qui n’est pas le cas des expressions figées, de n’être énoncés que partiellement. On peut en effet compter sur le phénomène d’anticipation22 pour s’éviter de les exprimer totalement: Qui vole un œuf … (pour Qui vole un œuf vole un bœuf) Charité bien ordonnée… (pour Charité bien ordonnée commence par soi-même)

L’existence de variantes, souvent avancée pour remettre en cause leur statut d’expressions figées, ne représente pas un contre-argument totalement valide, puisque chaque variante peut être considérée comme étant une structure figée. (ii) Ils ont, comme déjà souligné ci-dessus, un sens préconstruit, stable, qui leur assure une place dans les dictionnaires et qui nécessite, pour certains du moins, un apprentissage et un stockage dans la mémoire sémantique de la mémoire à long terme, ce qui n’est absolument pas le cas des phrases standard, génériques ou non. «As an inventorized unit belonging to a particular language, écrit Norrick (1985: 1), a proverb has its own customary meaning, its standard proverbial interpretation». Ils entrent de ce fait dans le réseau ––––––– 20 21

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Dans ce cas, on n’a pas *un fauteuil très roulant. Pour plus de précisions, cf. Kleiber (1989; 1999a; 1999b; 2000b; 2002). Soulignons que l’hypothèse dénominative, si elle se trouve reprise par des auteurs comme Arnaud (1991), Anscombre (1994), Gouvard (1996; 1997), Anastassiadis-Syméonidis (1998), Mejri (1999), etc., reste fortement contestée. Parfois avec des arguments qui manquent leur coche comme chez Forest (1996: 73) ou Michaux (1998; 1999; 2000) et Visetti / Cadiot (2006), mais parfois aussi avec des arguments dont certains sont plus que sérieux (cf. à ce sujet les deux articles de Tamba 2000 et 2001). Qui n’est évidemment pas possible avec les énoncés proverbiaux, c’est-à-dire les proverbes fabriqués (cf. Celui qui bêche…?).

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sémantique des relations lexicales de synonymie (Tel arbre tel fruit / tel maître tel valet / tel père tel fils), d’antonymie (Deux patrons font chavirer la barque vs L’union fait la force)23, etc. (iii) La conjonction (i)-(ii), qui marque qu’aussi bien le côté signifiant que le côté signifié est préétabli, se manifeste dans la possibilité d’accompagner les proverbes et les expressions figées de l’expression comme on dit qui, en même temps qu’elle signale la particularité formelle et/ou sémantique du dit, souligne que le dire n’est pas librement celui du locuteur – il n’en est pas l’énonciateur (Anscombre 1994: 100) et, deuxièmement, que c’est celui d’un énonciateur «collectif», un on générique du type ON-vérité de Berrendonner (1981): Et, comme on dit, pierre qui roule n’amasse pas mousse (proverbe) Les carottes sont cuites, comme on dit (expression figée)

(iv) Le statut dénominatif des proverbes ressort également de leur capacité à fonctionner en situation de «nomination indépendante» (cf. le simple act of naming de Geach 1962) en tant que légende d’un tableau ou d’une représentation illustrant le proverbe. Une telle fonction d’emblème24, où le proverbe se rapproche, sans toutefois s’y assimiler, d’un emploi de nom propre, est, c’est révélateur, inaccessible aux simples phrases génériques, parce que ce ne sont précisément pas des names. Alors que Qui aime bien châtie bien, par exemple, peut apparaître sous une illustration25 représentant un père en train de corriger son fils et marquer ainsi que la situation particulière représentée est une occurrence de la catégorie dénommée par le proverbe, on ne saurait avoir une phrase générique telle que Les ânes sont têtus sous une photo montrant un âne qui refuse d’avancer.26

3. Proverbes métaphoriques et proverbes littéraux: comment s’en sortir 3.1 Signe-phrase et généricité Il nous faut à présent voir quelles conséquences a le statut de dénomination sur la sémantique du proverbe. Deux précisions sont encore préalablement nécessaires. En premier lieu, il faut rappeler que l’union de son statut de phrase à celui de dénomination, explique sa particularité linguistique: ––––––– 23 24 25

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Qu’il conviendrait d’étudier de près. Pour les proverbes antinomiques, cf. Kleiber (1999d). Sur la fonction d’emblème, cf. Ollier (1976) et Zumthor (1976). Citons également ici le cas des assiettes présentant des illustrations de proverbes, comme, par exemple, cette assiette de faïence vendue au marché aux puces de Neudorf, qui représentait les enfants de troupe en habits militaires jouant aux billes pendant la pause avec comme légende le proverbe Chassez le naturel il revient au galop. Pour cette question des titres et légendes de tableaux, cf. Bosredon (1997).

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Il est à la fois phrase et dénomination et ce double aspect, comme nous l’écrivions en 1989 (cf. aussi 1994a: 214), antinomique, fonde son originalité sémiotique. En tant que phrase, il ne devrait pas être signe (ou unité codée), puisque l’interprétation d’une phrase est une construction et non un donné préalable. En tant que dénomination, il est néanmoins une unité codée, c’est-à-dire un signe. Un signe-phrase donc, qui possède les vertus du signe sans perdre pour autant son caractère de phrase, de même que substantifs, verbes, adjectifs, etc., sont des dénominations qui conservent les attributs spécifiques des catégories grammaticales qu’ils représentent.

En second lieu, il faut rappeler un autre aspect du proverbe sur lequel nous avons beaucoup insisté (Kleiber 1989; 1994a; 2000a) et qui est au cœur du dispositif explicatif d’Anscombre (1994; 1995): les proverbes constituent des phrases génériques. A ce titre, ils expriment des régularités structurantes, law-like ou gnomiques, et non des assertions sur des faits particuliers. C’est ce qui les sépare des expressions figées phrastiques comme: Les carottes sont cuites La mariée est trop belle Un ange passe

Leur généricité, on le rappelle, se manifeste par deux propriétés communes aux simples phrases génériques: – comme les phrases génériques, ils ne se trouvent pas infirmés par d’éventuels contreexemples, comme le montrent les exemples suivants empruntés à Anscombre (1994: 103): Les singes mangent des bananes, mais pas Cheetah Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Et pourtant, ce globe-trotter a amassé une fortune

– ils autorisent, comme les phrases génériques, des inférences par défaut sur les situations particulières rencontrées. L’exemple des ânes têtus de ter Meulen (1985), appelé à la rescousse en 1989, nous servira à nouveau d’exemple. Admettons que, sur un sentier de montagne où deux personnes ne peuvent se croiser, je me trouve nez à nez avec un âne. Admettons encore que j’adhère à la vérité de la phrase générique: Les ânes sont têtus

A ce moment-là, la phrase générique me détermine un ensemble d’options pertinentes: je puis rebrousser chemin ou crier pour faire peur à l’animal, etc. La situation où l’âne recule de lui-même n’est pas exclue, mais sera considérée comme une situation récalcitrante (un contre-exemple) qui peut m’amener à changer ou non ma croyance sur la relation âne - être têtu. Il en va de même avec un proverbe tel: Chien qui aboie ne mord pas

S’il entre en vigueur pour la situation où, par exemple, un professeur engueule un élève, ce dernier pourra en tirer des conséquences meaningful sur l’attitude à adopter vis à vis de son aboyeur de professeur.

Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore

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3.2 Différents types de proverbes A ce stade de notre analyse, et sans contrainte supplémentaire, toute phrase générique devrait pouvoir devenir proverbe. Nous avons déjà vu ci-dessus avec: Les castors sont amusants

qu’il n’en allait pas ainsi et qu’il fallait s’interroger sur les conditions nécessaires pour qu’une phrase puisse accéder au statut de proverbe. Pour apporter une réponse, même seulement partielle, à cette question, nous classerons les proverbes en trois classes selon la relation qui relie leur sens dit littéral à leur véritable sens de proverbe, en faisant abstraction bien sûr de l’aspect dénominatif commun à tous les proverbes: -1- Il y a des proverbes du type de: Chat échaudé craint l’eau froide Pierre qui roule n’amasse pas mousse

qui présentent à la fois une projection métaphorique sur les hommes et une élévation abstractive d’une situation hyponymique à une situation hyperonymique. Ce type de proverbes ne concerne en effet pas les entités dont parle leur sens littéral –les deux proverbes cités ne portent ni sur les chats ni sur les pierres– mais s’appliquent aux hommes, ainsi que l’ont souligné la plupart des commentateurs: «Proverbs concern people, though they often look superficially as if they concern other things – cows, frogs, peppers, knives, charcoal» (Lakoff / Turner 1989: 166). Ce transfert métaphorique vers les hommes ne suffit toutefois pas, puisque le résultat obtenu pour Chat échaudé craint l’eau froide, à savoir: Homme échaudé craint l’eau froide

ne correspond nullement au sens du proverbe. Celui-ci ne s’atteint que par une montée abstractive de type hypo/hyperonymique. La brûlure par l’eau chaude n’est qu’un cas particulier d’une catégorie plus générale d’événements désagréables et le proverbe signifie en conséquence que ‹si quelqu’un a subi un événément particulièrement désagréable, il se méfiera d’événements qui entrent dans le même type que l’événement désagréable, mais pour lesquels il n’y a normalement pas de raison de se méfier›. -2- Le deuxième type de proverbes tels que: L’habit ne fait pas le moine C’est en forgeant qu’on devient forgeron Ce sont les cordonniers les plus mal chaussés

se distingue des premiers en ce qu’ils ne nécessitent nulle projection vers le domaine des hommes, puisque leur sens littéral s’applique par avance aux hommes. Il faut uniquement supposer, pour atteindre leur véritable sens, la montée abstractive d’un sens hyponymique vers un sens proverbial hyperonymique. Prenons, par exemple:

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C’est en forgeant qu’on devient forgeron

qui porte dès le départ sur les hommes, puisque le sens littéral parle des forgerons. Si l’on considère le sens du proverbe (via son application référentielle), on constate clairement qu’il dépasse le cadre des forgerons, puisqu’il s’applique plus ou moins à toute activité, pour signifier que c’est en exerçant cette activité qu’on devient un spécialiste de cette activité. Le sens littéral du proverbe n’est en somme qu’un hyponyme d’un sens hyperonymique, qui est celui du proverbe ‹si on s’exerce à une activité, on devient un spécialiste ou un expert de cette activité› et l’on a pu parler (Meyer 1995; 1997) de synecdoque de l’espèce pour le genre ou de conceptual synecdoche (Krikmann 1994: 121). -3- Il y a enfin les proverbes dits littéraux, parce que leur sens, si l’on fait abstraction de la conséquence qu’entraîne leur statut de dénomination, est celui de la phrase exprimée. Ils s’opposent aux proverbes des classes -1- et -2- appelés bien souvent proverbes métaphoriques ou proverbes à sens figuré: A petites causes grands effets A quelque chose malheur est bon Bien mal acquis ne profite jamais

Nul besoin de projection métaphorique vers les hommes ni de montée hypo/hyperonymique d’une situation particulière vers une situation plus générale pour atteindre le sens des trois proverbes cités. Celui-ci se trouve donné en quelque sorte directement par leur sens littéral, c’est-à-dire, d’une certaine manière et jusqu’à un certain point seulement (celui de la dénomination), compositionnellement.27 Les trois classes de proverbes ainsi distinguées suscitent trois interrogations corollaires, lesquelles permettent de mieux cerner certaines28 conditions auxquelles doit satisfaire une phrase générique pour devenir candidat au statut de proverbe: (i) Pourquoi une phrase telle que Pierre qui roule n’amasse pas mousse ne peut-elle devenir proverbe si elle se cantonne au domaine des entités impliquées, c’est-à-dire les pierres, et n’englobe donc pas, métaphoriquement ou non, les hommes? Autrement dit, pourquoi des phrases génériques portant sur des entités concrètes «non humaines» telles que l’or, les castors, etc.: L’or est jaune Les castors construisent des barrages

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C’est pour cette raison qu’Irène Tamba (communication personnelle) propose d’abandonner l’étiquette équivoque de sens littéral pour celle, plus claire, de sens compositionnel. Empressons-nous de dire qu’avec ces trois questions ce n’est qu’un aspect de la sémantique des proverbes qui se trouve abordé; nous laissons de côté volontairement tout le pan concernant la structure implicative, problème que nous avons longuement développé ailleurs (Kleiber 2000a), pas forcément correctement, nous en convenons fort volontiers. Soulignons que les phrases non proverbiales dont nous nous servons dans l’exposé des questions (i)-(iii) sont censées présenter une structure implicative.

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ne peuvent-elles prétendre au statut de proverbe, à moins de «sortir» des catégories concernées et de s’étendre aux hommes? (ii) Pourquoi n’y a-t-il pas proverbe sans montée hyperonymique pour des phrases telles que: C’est en forgeant qu’on devient forgeron Chat échaudé craint l’eau froide On ne tire pas sur une ambulance

Autrement dit, pourquoi des phrases génériques non proverbiales exprimant des situations particulières, déterminées, relatives aux hommes ou non, telles que: Le gazon n’est vert que si on l’arrose suffisamment Tout laboureur est guidé par son sillon

ne peuvent-elles devenir proverbes si l’on en reste à l’état de choses qu’elles décrivent et si l’on ne s’élève pas à un niveau interprétatif`où cet état de choses n’apparaît plus que comme un hyponyme ou une instanciation d’une situation plus générale? (iii) Pourquoi, enfin, les proverbes dit littéraux comme: Qui peut le plus peut le moins Bien mal acquis ne profite jamais L’union fait la force

ne nécessitent ni basculement vers les hommes ni montée «synecdochique»? Autrement dit encore, pourquoi une phrase générique telle que: L’amour est toujours une force

pourrait-elle accéder telle quelle au rang de proverbe?

3.3 Réponses antérieures A ces trois questions nous avons apporté naguère (Kleiber 2000a) des réponses que nous ne trouvons plus aujourd’hui totalement correctes. Nous mangeons bien volontiers notre chapeau, même s’il s’agit d’une attitude peu courante dans le «petit monde» des «chapeliers» de la linguistique. Nous avions proposé une réponse en deux parties. La première consistait à postuler le trait ‹humain›, la seconde revenait à faire jouer la maxime gricéenne de quantité. En restreignant les proverbes aux hommes, restriction amplement signalée, sous différentes formes, dans la littérature parémiologique, on arrive directement à répondre à la question (i). La nécessité de porter sur les hommes justifie en effet la nécessité d’une interprétation métaphorique pour les proverbes dont le sens littéral implique des catégories

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Georges Kleiber

concrètes non humaines (cf. Chat échaudé craint l’eau froide). Il y a un deuxième avantage à une telle condition sémantique. Elle permet de séparer les proverbes des dictons, qui ne portent pas sur les hommes, mais sur le temps ou d’autres domaines (cf. le dicton des boulangers Bon pain s’affirme le lendemain). C’est ainsi que: Petite pluie abat grand vent (cité par Buridant 1976; 1984)

n’est que dicton, si elle se cantonne au sens littéral en enregistrant une habitualité uniquement météorologique, mais fonctionne comme proverbe si elle se charge d’un sens figuré qui en fait une règle par défaut concernant les hommes. (Kleiber 1989) Notre réponse à (ii), c’est-à-dire au problème que constitue la nécessité d’une élévation hyperonymique pour aboutir au sens proverbial de proverbes tels que: Chat échaudé craint l’eau froide C’est en forgeant que l’on devient forgeron

reposait sur l’idée que la vérité des situations spécifiques exprimées par le sens littéral ne tient qu’en vertu d’un principe implicatif supérieur. Autrement dit, la situation «spécifique» n’est vraie que par héritage. Du coup, restreindre l’implication qui fait le sens du proverbe à ce niveau spécifique contreviendrait à la maxime de quantité gricéenne, puisqu’elle donnerait à croire qu’elle ne s’applique pas dans d’autres situations, mais est vraiment propre aux situations exprimées. Il y a donc montée jusqu’à la situation hyperonymique mère pour que la portée informative du proverbe soit pertinente. Se trouve expliquée par là également la question (iii), celle des proverbes dits littéraux qui ne nécessitent pas de montée abstractive. Dans: Qui peut le plus peut le moins L’union fait la force

une élévation hyperonymique n’a aucune raison d’être, parce que l’implication exhibée entre les deux situations littérales ne se fait pas par héritage: elle est directement informative, valide pleinement et spécifiquement au niveau situationnel exprimé, sans dépendance aucune avec un principe supérieur.29 Comme signalé ci-dessus, les deux parties de cette explication ne nous semblent plus satisfaisantes. La première doit être abandonnée, tant les contre-exemples sont nombreux. Si nous prenons un proverbe dit littéral tel: A petites causes grands effets

il est clair que son application ne se trouve pas restreinte aux hommes, mais peut concerner des situations «non humaines» assez diverses: comme celle, par exemple, où un petit coup de vent déracine un énorme chêne ou encore celle où un tout petit trou entraîne la rupture de tout le barrage. Inversement des proverbes apparemment restreints aux hommes comme: ––––––– 29

Pour plus de détails, cf. Kleiber (2000a).

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Charité bien ordonnée commence par soi-même

peuvent convenir à des situations impliquant des animaux: si un chiot écarte les autres chiots pour être le premier à téter au ventre de sa mère, il est possible de catégoriser cette scène comme une occurrence du proverbe Charité bien ordonnée … . La deuxième partie, déjà critiquée par Tamba (2001), a également été remise en cause dans Conenna / Kleiber (2002). Si dans les proverbes du type C’est en forgeant qu’on devient forgeron et Chat échaudé craint l’eau froide il y a élévation synecdochique d’un exemplaire ou instance particulière vers une situation subsumante, ce n’est pas parce que la vérité de la situation particulière ne s’explique que par celle d’une situation plus générale et donc qu’en bon gricéen on fait remonter cette validité jusqu’à la situation générique mère pour que la portée informative du proverbe soit pertinente. Une telle explication paraît en effet trop commode. Il se pourrait fort bien qu’une des particularités des chats soit de craindre l’eau froide après avoir fait l’expérience de l’eau chaude, ce qui enlève alors toute pertinence à notre explication en termes gricéens de l’ascension du proverbe Chat échaudé craint l’eau froide. Combien de fois n’avons-nous pas entendu notre ancien entraîneur de foot dire que c’est en jouant beaucoup que l’on devient bon footballeur, sans pour autant interpréter ses paroles en dehors du cadre du football, alors que l’on peut penser comme nous l’avons fait pour C’est en forgeant que l’on devient forgeron, que la vérité de la situation spécifique exprimée ne tient qu’en vertu d’un principe explicatif supérieur! Ajoutons qu’il semble également malvenu de postuler, comme le suppose notre analyse, que, dans les proverbes du type Chat échaudé craint l’eau froide, une projection métaphorique préalable vers le domaine des hommes précède l’application de la maxime de quantité et donc la montée hyper/hyponymique.

3.4 Appariement métaphorique et élévation hypo/hyperonymique Il nous faut donc reprendre entièrement les questions (i)-(iii) soulevées ci-dessus. Nous le ferons en deux étapes. Une première étape montrera que la montée abstractive constatée dans les proverbes du type Chat échaudé craint l’eau froide et C’est en forgeant qu’on devient forgeron s’explique à partir du processus métaphorique qui est à la source de la constitution du sens proverbial. La deuxième s’appuiera sur la notion de catégorie superordonnée pour rendre compte des conditions auxquelles doit satisfaire une phrase pour prétendre devenir proverbe. Pour la première étape, nous nous poserons la question: Que se passe-t-il lors de la première utilisation proverbiale d’une phrase générique du type de celles qui entraînent une montée abstractivo-hyperonymique? Notre hypothèse déjà défendue dans Conenna / Kleiber (2002) est que l’élévation hypo/hyperonymique trouve son origine dans le processus même qui est à l’origine de la constitution du sens proverbial. Reprenons à cet effet notre exemple-fil rouge de Conenna / Kleiber (2002): On ne tire pas sur une ambulance

dont le sens proverbial conventionnel enregistré par les dictionnaires est quelque chose comme ‹on ne s’attaque pas aux gens faibles ou sans défense›. Rappelons que Françoise

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Georges Kleiber

Giroud avait employé ce proverbe quand il n’était encore que phrase générique, dans un éditorial de l’Express pour une situation bien particulière, celle des élections présidentielles de 1974, à propos d’un Chaban Delmas, candidat déjà très affaibli et que les journalistes et politiciens accablaient de plus en plus. Le message de la célèbre éditorialiste était clair: il ne faut pas s’attaquer à quelqu’un qui est blessé, sans défense. Qu’observe-t-on? En premier lieu, qu’il y a un processus métaphorique à l’origine du sens proverbial de On ne tire pas sur une ambulance, parce que l’incompatibilité entre la situation dans laquelle se trouve le maire de Bordeaux et celle dénotée par la phrase On ne tire pas sur une ambulance déclenche un processus d’appariement analogique qui conduit à mettre en relief comme pivots analogiques le trait de ‹sans défense› et le trait ‹d’agression› amenant la construction du sens proverbial. Mais, en deuxième lieu, on constate surtout que le caractère générique de la phrase place l’appariement analogique également à un niveau générique. La situation générique dénotée par On ne tire pas sur une ambulance se trouve comparée à la situation générique dont la situation particulière de Chaban Delmas est un exemplaire (à savoir celle d’un candidat à une élection en perdition que l’on continue de malmener et qui ne représente donc plus un danger). On comprend alors pourquoi il y a élévation hypo/hyperonymique. L’appariement analogique ne peut que donner lieu à des traits communs qui par là-même subsument les deux types de situations génériques mises en jeu et donc à une interprétation plus abstraite. Si, ensuite, ce sens général obtenu pragmatiquement30 par ce premier emploi métaphorique se trouve lexicalisé ou conventionnalisé et que la phrase accède véritablement au statut de proverbe, alors intervient la dimension dénominative avec son corollaire de catégorisation. On peut à ce moment-là et à ce moment-là seulement comparer sous l’angle catégoriel le sens littéral au sens du proverbe. La relation entre les deux ne peut alors effectivement être qu’une relation de type général / particulier ou hypo / hyper ou encore, dans une conception cognitive à la Langacker, d’instance / schéma, et apparaître effectivement comme ressemblant à de la synecdoque. On voit ainsi que l’origine de la montée hypohyperonymique n’est qu’une conséquence du processus métaphorique originel d’application d’une phrase générique à une situation en dehors de son domaine d’application qui oblige à trouver un sens plus abstrait coiffant les deux types de situations ainsi appariées et de l’érection du sens métaphorique discursif obtenu en sens proverbial agissant dans un cadre dénominatif. Le sens général des proverbes de ce type provient ainsi directement du processus d’appariement déclenché par l’incompatibilité des situations et non pas d’un respect de la maxime de quantité gricéenne. Point besoin non plus de recourir ––––––– 30

Insistons sur ce point. Comme pour toutes les métaphores vives ou créatives, l’interprétation ou résolution métaphorique de On ne tire pas sur une ambulance relève d’un processus pragmatique et non d’un processus sémantique: autrement dit, au départ, c’est-à-dire lors de l’emploi premier fait par Françoise Giroud, la phrase métaphorique On ne tire pas une ambulance n’a pas changé de sens. La signification métaphorique obtenue l’est pas inférence à partir du sens littéral. Ce n’est que s’il y a stabilisation intersubjective de cette signification construite pragmatiquement, c’est-àdire conventionnalisation de cette interprétation, que la phrase acquiert réellement un nouveau sens et devient proverbe. La lexicalisation ou «congélation» de son sens discursif métaphorique la fait accéder au statut de proverbe. Tout comme les métaphores congelées, elle peut s’appliquer a priori à toute situation référentielle vérifiant son sens stabilisé, conventionnel.

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à la solution de Lakoff / Turner (1989), qui postulent une métaphore spéciale nommée The generic is specific pour rendre compte de l’emploi d’une situation particulière pour exprimer une situation générique. Le sort des proverbes dits littéraux se trouve aussi réglé: s’il n’y a pas lieu de parler à leur propos de relation du type hypo / hyper, c’est tout simplement parce que leur origine n’a rien de métaphorique. Point d’appariement métaphorique, point de montée abstractive! Ajoutons encore que notre réponse permet de dissiper l’embarras, souvent perceptible dans la littérature, concernant le caractère simultanément métaphorique et synecdochique (ou hypo / hyperonymique) que l’on se voit tenu de prêter aux proverbes du type de C’est en forgeant qu’on devient forgeron et Chat échaudé craint l’eau froide: ils n’ont, comme nous venons de le voir, rien d’hybride, tropologiquement parlant. Ils ne sont pas à la fois métaphoriques et synecdochiques ou hypo / hyperonymiques: si la relation entre le sens proverbial et le sens littéral apparaît être une relation d’appartenance catégorielle, c’est à cause du processus métaphorique originel qui entraîne la constitution d’un schéma coiffant l’instance ou sous-catégorie situationnelle exprimée par le sens littéral (et, bien sûr, également celle à laquelle appartient la situation particulière à laquelle se trouve appliquée la phrase générique). Il nous semble avoir fait un grand pas en avant et on pourrait en rester là, mais notre explication, pour spectaculaire qu’elle ait pu nous paraître31, ne représente en fait qu’un petit pas dans la résolution du problème posé par cette histoire d’ascension abstractivosituationnelle. Les questions que posent (i)-(ii)-(iii), même remodelées du fait de notre éclaircissement sur la relation hypo/hyperonymique, restent en effet entières et se laissent résumer en une question centrale: pourquoi certaines phrases génériques comme, par exemple: L’amour est toujours une force

pourraient-elles accéder telles quelles, donc «littéralement» en quelque sorte, au statut de proverbe et pourquoi d’autres comme: L’or est jaune Les castors construisent des barrages Le gazon n’est vert que si on l’arrose suffisamment Tout laboureur est guidé par son sillon

ne peuvent-elles endosser la livrée proverbiale sans sortir, elles, de leur aire d’application référentielle «littérale»? Autrement dit, pourquoi certains proverbes du type de: L’union fait la force

––––––– 31

Ô un instant, un instant seulement!

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peuvent-ils être proverbes en restant en somme32 littéraux, alors que d’autres du type de: C’est en forgeant qu’on devient forgeron Chat échaudé craint l’eau froide

ne le sont que moyennant l’abandon de leur sens littéral pour un sens proverbial dit figuré? Ce sera l’objet de notre deuxième étape explicative que d’essayer de répondre à ces questions.

3.5 Des catégories de niveau superordonné Nous aborderons cette étape en mettant en avant la notion de catégorie33, corollaire du statut de dénomination que nous avons reconnu au proverbe et ferons un petit détour par la sémantique du prototype (Rosch 1978) et sa dimension verticale. On sait que le modèle hiérarchique des catégories proposé par Rosch et al. (1976) propose une classification à trois niveaux, superordonné, basique et subordonné: – niveau superordonné (exemple: animal, fruit et meuble) – niveau de base (exemple: chien, pomme et chaise) – niveau subordonné (exemple: teckel, golden et chaise pliante) avec un statut cognitif privilégié accordé au niveau intermédiaire. Le niveau de base constitue «le niveau auquel les catégories véhiculent le plus d’informations, possèdent la cue validity la plus élevée et sont ainsi les plus différenciées les unes par rapport aux autres» (Rosch et al. 1976: 383). Le niveau subordonné apparaît par opposition comme un niveau contrastif où les noms subordonnés, comme l’a mis en relief Wierzbicka (1985), distinguent des sous-catégories au sein de la catégorie basique qui les subsume. Quant au niveau superordonné, il sert de niveau de réunion où les noms superordonnés ne servent pas à identifier des choses, mais servent à rassembler des catégories hétérogènes.34 Nous nous arrêterons au niveau superordonné. La particularité de ce niveau, par opposition aux deux autres, réside dans l’hétérogénéité des catégories basiques que regroupe une catégorie superordonnée, propriété qui se manifeste par l’impossibilité de lui faire correspondre une Gestalt commune ou de la représenter par une image (abstraite ou concrète) commune à toutes les catégories basiques rassemblées. Il n’y a pas de forme ni d’image générale correspondant à la catégorie superordonnée animal, alors qu’il y en a une pour chien et boxer. Si l’on tente de dessiner cette catégorie, ce ne peut être qu’un animal particulier que l’on représente. L’hypothèse que nous ferons est que les proverbes dénomment des catégories non de niveau basique ou subordonné, mais de niveau superordonné, autrement dit, des catégories qui regroupent des situations hétérogènes. Que l’on considère les proverbes à sens non ––––––– 32

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Il n’y a pas équivalence entre les deux puisque s’y ajoute le facteur sémantique de la dénomination. Nous y reviendrons ci-dessous. Rappelons (cf. ci-dessus) que nous laisserons volontairement de côté la question de la structure sémantique implicative des proverbes. Pour la pertinence linguistique de cette tripartition, cf. Kleiber (1990; 1994b) et Theissen (1997).

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littéral comme les proverbes à sens dit littéral, on constate en effet qu’il est impossible de les représenter par une situation qui reflèterait toute la catégorie dénommée par le proverbe. Dès que l’on essaie d’illustrer le sens d’un proverbe littéral comme L’union fait la force ou A petites causes grands effets, c’est un exemple de situation particulière qui vient à l’esprit et non une situation qui résumerait la catégorie de situations dénommée par le proverbe. Il en va de même avec les proverbes du type non littéral comme Chat échaudé craint l’eau froide ou C’est en forgeant que l’on devient forgeron: l’illustration de la catégorie de situations dénommée aboutit à se représenter une sous-catégorie ou instance particulière de cette catégorie seulement. Les proverbes constituent ainsi une catégorisation de situations fort différentes, qui a priori n’apparaissent pas comme étant unies, homogènes. C’est le proverbe, grâce à la dénomination catégorielle de situations qu’il représente, qui opère leur réunion, par le biais d’un lien abstractif général35 commun aux situations ainsi rassemblées. Les situations qui forment la catégorie qu’il dénomme, sont, elles, des situations que l’on peut appeler basiques si l’on entend souligner par là que tout comme les noms basiques tels que pomme, chaise, etc., elles se laissent représenter de façon homogène, dans la mesure où elles mettent aux prises des entités et des actions pouvant être représentées par une image abstraite ou concrète commune, reflétant la catégorie. Si nous prenons le proverbe C’est en forgeant que l’on devient forgeron il s’applique à des situations mettant en jeu des activités particulières basiques dont chacune a son propre schéma ou forme (apprentissage du tennis, de la frappe à l’ordinateur, etc.), mais qui ne se laissent guère résumer par une forme ou schéma unique qui correspondrait à la catégorie ‹activité› ou ‹spécialité›. Avec cette contrainte hiérarchique, nous tenons la réponse aux questions que pose le caractère nécessairement figuré ou non de certains proverbes et, du même coup, au moins partiellement, à la question des conditions auxquelles doit satisfaire une phrase générique pour pouvoir devenir proverbe. Si les proverbes «imagés», donc des proverbes tels que: Chat échaudé craint l’eau froide C’est en forgeant que l’on devient forgeron

sont nécessairement des proverbes «imagés», c’est-à-dire des proverbes qui ne peuvent en rester au niveau de leur sens littéral, mais supposent une montée abstractive, c’est parce que leur sens littéral renvoie à une situation qui est homogène, de niveau basique, si l’on veut, et qui ne satisfait pas ainsi à la contrainte de hauteur et d’hétérogénéité catégorielles exigée par le proverbe. Ce résultat n’entre pas en contradiction avec notre explication précédente de l’élévation hypo/hyperonymique, puisque celle-ci montrait que l’appariement entre deux situations basiques particulières normalement incompatibles avait précisément pour conséquence une montée schématique à un niveau supérieur. Si l’on se tourne vers les phrases génériques, on comprendra pourquoi celles qui renvoient à des situations basiques (ou subordonnées), c’est-à-dire catégoriellement homogènes, ne peuvent, telles quelles, être des candidates au statut proverbial. Pour que: L’or est jaune

––––––– 35

C’est ici qu’il faudrait placer le développement sur la structure implicative commune.

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puissent candidater à un rôle de proverbe, il faut pouvoir les élever à un niveau de catégorisation superordonné, où elles serviraient de rassembleur à des instances situationnelles hétérogènes. On notera à cet égard que les deux dernières sont nettement de meilleures candidates que les deux premières, pour des raisons liées à la structure implicative que nous n’avons guère prise en compte ici (cf. Kleiber 2000a). L’essentiel est de retenir qu’une phrase générique qui s’avère valide à un niveau de catégorisation homogène ne peut sans montée à un niveau engageant des catégories de situations particulières hétérogènes prétendre acquérir les galons dénominatifs de proverbe. On comprend alors pourquoi les proverbes dits littéraux comme: A petites causes grands effets Bien mal acquis ne profite jamais L’union fait la force Qui peut le plus peut le moins

peuvent rester des proverbes en «habits littéraux» et pourquoi une phrase générique non proverbiale telle que: L’amour est toujours une force

pourrait théoriquement devenir sans figuration un proverbe. Les entités qu’ils mettent en jeu sont des entités abstraites, syncatégorématiques (Kleiber 1981: 39-40). Ces entités ne sont pas autonomes référentiellement, mais supposent elles-mêmes des entités référentielles autonomes, qui, parce qu’elles sont extrêmement diverses, satisfont à la contrainte d’hétérogénéité. L’abstractivité et dépendance référentielle inhérentes aux concepts en jeu dans ces proverbes et phrases génériques a ainsi pour corollaire leur application à des situations particulières hétérogènes et explique pourquoi, leur littéralité suffit à assumer la tâche de rassemblement de catégories situationnelles hétérogènes d’un proverbe. Ce qu’apporte en plus au sens compositionnel de ces proverbes littéraux la dénomination réside précisément dans l’érection en catégorie des situations hétérogènes rassemblées.

Conclusion Notre hypothèse appelle des commentaires sur différents points de l’analyse. Nous en évoquerons quelques-uns en conclusion. On notera tout d’abord que la différence entre proverbes et dictons (cf. Noël au balcon, Pâques aux tisons) s’éclaire d’une nouvelle

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manière. On voit que ce n’est pas du tout la métaphoricité qui fait la différence entre les deux, puisqu’il y a des proverbes qui sont littéraux comme les dictons. Ce n’est pas non plus le trait [+ humain] qui opère la distinction, puisque, comme nous l’avons vu, des proverbes tels que A petites causes grands effets s’appliquent parfaitement à des zones référentielles non humaines. En réalité, la différence est celle de niveau catégoriel: les dictons restent à un niveau de catégorisation homogène. Les situations dénotées par Noël au balcon, Pâques aux tisons sont toutes du même type et ne satisfont pas à la condition d’hétérogénéité.36 S’explique ainsi le passage, noté ci-dessus, au statut de proverbe du dicton: Petite pluie abat grand vent

Il devient proverbe en passant d’un niveau qui rassemble des situations homogènes à un niveau de catégorisation supérieur qui regroupe des instances assez diverses de…petitepluie-abat-grand-vent. Passage qui repose, d’une autre manière, le problème non résolu et signalé ci-dessus de l’application en retour du proverbe figuré à la situation dénotée par le sens littéral En deuxième lieu, le rapport entre le sens des proverbes littéraux et le sens des proverbes non littéraux se présente également sous un nouvel angle, puisque l’on voit fort clairement que si l’on cherche à exprimer le sens conventionnel des proverbes métaphoriques on aboutit à des formulations abstraites du niveau de celles des proverbes littéraux. Soulignons cependant qu’elles n’ont guère la qualité formelle de celles des proverbes littéraux et sont généralement fort maladroites (cf. ‹si quelqu’un a subi un événément particulièrement désagréable, il se méfiera d’événements qui entrent dans le même type que l’événement désagréable, mais pour lesquels il n’y a normalement pas de raison de se méfier› pour Chat échaudé craint l’eau froide), de telle sorte qu’elles ne pourraient pas, à cause de cet aspect formel, essentiel pour les proverbes comme l’ont montré quasiment tous les parémiologues, devenir proverbes. Cette difficulté à formuler le sens véritable de certains proverbes figurés est une des raisons du choix d’une dénomination non littérale (Kleiber 2000), l’autre raison, étant la valeur argumentative, fort bien mise en évidence dans Tamba (2001), de l’instance choisie comme dénomination. Bien souvent, il s’agit d’une instance dont la prototypicalité ou représentativité catégorielle justifie sa promotion dénominative pour le tout de la catégorie et qui assume (Kleiber 2000a; Tamba 2001) un rôle de garant de vérité, dans la mesure où elle correspond à une vérité universelle (cf. Pierre qui roule n’amasse pas mousse), alors que si l’on prend en compte la vérité au niveau du sens conventionnel elle ne correspond bien souvent qu’à une vérité de type ‹il est généralement vrai› ou même ‹il est beaucoup de fois vrai›.37 Troisièmement, la question du trait [+ humain], il faut le reconnaître, ne trouve pas dans l’affaire de réponse satisfaisante, mais se voit placée dans un nouveau cadre susceptible de relancer le débat, vraisemblablement par le biais de la notion d’interprétation par défaut et ––––––– 36

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Ils satisfont par contre à la condition d’implication et présentent des traits formels caractéristiques qui les rapprochent des proverbes. Pour la vérité générique du type quantificationnel ‹beaucoup› appliquée aux proverbes, cf. Kleiber (1999d).

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par celui de l’appariement métaphorique que nous postulons à l’origine des proverbes figurés. En quatrième lieu, on comprend mieux la raison d’être des proverbes, littéraux ou non: ils servent à dénommer des situations qui, étant donné leur caractère hétérogène, ne sont pas, disons pour aller vite, «concrètes», c’est-à-dire directement accessibles ou perceptibles. Les proverbes ont précisément pour mission d’identifier et de stabiliser par la dénomination qu’ils opèrent de telles catégories issues du regroupement de catégories homogènes particulières. Etant des dénominations, ils présupposent l’existence de telles catégories et ce, comme nous l’avons montré ailleurs (1989; 1994a: 221), parce qu’ils présupposent la vérité de la situation générique dénotée et nous dispensent donc de l’asserter. Cinquième point, on peut se demander pourquoi des situations «basiques» homogènes du type de: Les ânes sont têtus Les castors sont amusants

ne peuvent donner lieu à des dénominations, alors que semblable destin est possible pour les situations homogènes dénotées par les dictons: Noël au balcon, Pâques aux tisons

Pour des raisons de place, nous ne ferons que suggérer des éléments de réponse. Dans le cas de l’énoncé générique Les ânes sont têtus la dénomination n’a pas de raison d’être, puisque la vérité de la phrase générique se trouvant déjà donnée a priori par le stéréotype lexical être têtu attaché à âne, elle n’apporterait rien de plus que le sens compositionnel et ne dégagerait pas de nouvelle catégorie de situations. Pour la deuxième phrase générique (Les castors sont amusants), une dénomination irait à l’encontre de la vérité synthétique (pour un locuteur) qu’elle représente, puisqu’une dénomination est par définition conventionnelle, c’est-à-dire valide pour tout locuteur. Et, pour ce qui est des dictons, comme la vérité de la prédication exprimée n’est pas déjà donnée a priori par un stéréotype lexical, si on entend la promouvoir en vérité ‹pour tout locuteur› et si on entend donc stabiliser la régularité météorologique observée, la dénomination se trouve pleinement justifiée pour opérer une telle fixation par l’intermédiaire de la création d’une catégorie. L’implication joue ici un rôle crucial (Kleiber 2000a), mais, pour nous, c’est le moment de terminer, car Qui trop embrasse (les proverbes), mal étreint (leur sens)!

Bibliographie Anastassiadis-Syméonidis, Anna (1998): Le proverbe en grec moderne. In: Mejri, Salah / Clas, André / Gross, Gaston / Baccouche, Taïeb (edd.): Le Figement lexical. Préactes des 1es Rencontres Linguistiques Méditerranéennes (Tunis, 17-19 septembre 1998). Tunis: CERES, 77-85. Anscombre, Jean-Claude (1994): Proverbes et formes proverbiales: valeur évidentielle et argumentative. In: LFr 102, 95-107.

Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore

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Maria Manoliu

Catégories cognitives, discours et grammaire romane

Si l’on examine l’évolution des catégories grammaticales latines et romanes au cours des trois derniers millénaires, on se rend compte, peut-être avec surprise, que la distinction entre hommes et femmes a gagné un rôle de plus en plus important dans la grammaire du genre. Afin d’expliquer ce changement, qui a eu des conséquences importantes pour l’évolution de la grammaire romane en général, nous avons l’intention d’avancer des arguments en faveur de l’hypothèse suivante: La classification des noms latins selon l’accord en genre avec les déterminants repose tout d’abord sur la différence entre le sème [± Agentif] encodant une différence entre forces capables d’agir et des entités incapables d’agir, et non pas une différence entre [+ Vivant] et [- Vivant]1

Selon notre opinion, cette hypothèse a un grand pouvoir explicatif, car elle peut rendre compte des changements subis par plusieurs catégories grammaticales, notamment: (a) La disparition du genre neutre en tant que sous-classe nominale encodant le sème «Passif, incapacité d’agir» et la remotivation du neutre en tant que marque de l’indifférence envers le genre naturel et envers la quantification, ce qui le rend capable d’exprimer un degré réduit d’individuation. L’opposition entre «entités de sexe masculin» et «entités de sexe féminin» –encodée en tant que prototype des classes distributionnelles du féminin et du masculin– s’est appropriée la morphosyntaxe du genre grammatical dans son ensemble car, même dans la classe distributionnelle des noms neutres (v. roumain et italien), les morphèmes des déterminants ne connaissent que les formes du féminin et du masculin. En outre, la productivité et la fréquence des suffixes exprimant la différence entre femmes et hommes ont acquis des valeurs importantes, surtout depuis le milieu du XXe siècle sous l’influence des variables sociales.2 (b) Aussitôt que la différence entre [Capacité] et [Incapacité d’agir] au niveau des catégories cognitives cesse d’être vue comme le reflet d’un trait intrinsèque des référents, le rôle de l’actant le plus passif (le moins dynamique) devient un trait contextuellement attribué selon l’événement (ce qui était déjà le cas de la catégorie des «êtres capables d’agir» en indo-européen et, par suite, en latin). Sans

––––––– 1 2

Cf. Aristote 1991: Livre ∆. chapitre 12; Meillet / Vendryes 1960; Manoliu 1999; 2005. Pour les pourcentages croissants des noms féminins pour les professions prestigieuses, même en France et en Espagne, cf. Manoliu 2005.

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possibilité d’actualiser le trait [Incapable d’agir] par le sème inhérent du nom3, il est nécessaire de développer un nouveau marqueur, notamment la construction qu’on appelle «passif canonique ou analytique», afin de signaler que l’orientation discursive est centrée sur l’actant le moins dynamique. (c) Si la voix passive périphrastique est centrée sur le résultat, l’aspect perfectif résultatif devient en quelque sorte redondant, ce qui expliquerait le peu de succès que la tentative de refaire le résultatif a eu au cours de l’évolution des langues romanes, comme les changements fonctionnels affectant les formes temporelles composées et surcomposées le montrent. Examinons en bref ces trois changements fondamentaux de la grammaire romane.

1. La réinterprétation de l’Agent Dans la majorité des noms latins aucun morphème ne servait à marquer le genre de façon explicite. Par conséquent on ne pouvait reconnaître le genre du nom que grâce à son comportement en accord avec ses déterminants. On a étiqueté les quatre catégories d’accord les plus productives et les plus fréquentes de la manière suivante: (i)

masculin:

(1)

vir bonus… homme bon: MASC.SG «homme bon ... il»

(ii)

féminin:

(2)

femina bona… femme bonne: FÉM.SG «femme bonne ... elle»

(iii)

neutre:

(3)

vinum bonum… id… vin bon: NEUT.SG il: NEUT.SG «bon vin... il...»

(iv)

nomina communia

(4)

cives bonus citoyen bon: MASC.SG «bon citoyen»

is… il: MASC.SG

ea… elle: FÉM.SG

cives bona citoyen bonne: FÉM.SG «bonne citoyenne».

––––––– 3

A la perte de la distinction sémantique en question on doit ajouter la confusion produite par l’érosion des morphèmes du cas et l’ambiguïté des morphèmes du nombre (cf. §1.2.2).

Catégories cognitives, discours et grammaire romane

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1.1 Le genre grammatical et la catégorie cognitive de la Force puissante A. Arguments cognitifs et sociolinguistiques. L’hypothèse selon laquelle le neutre latin encode le sème [Inanimé] conçu comme [Non Vivant] ne peut pas expliquer sa disparition en tant que catégorie grammaticale. Ce qu’on appelle, «neutre» en roman a des fonctions qui ont très peu en commun avec le neutre latin. Par conséquent, en ce qui suit, nous avons l’intention d’apporter des arguments supportant une hypothèse inspirée par Antoine Meillet (1921: 225-229; 1937: 24-28), qui considère que la sous-catégorisation des noms indoeuropéens selon leur comportement en accord, relève d’une interprétation du monde centrée sur la capacité d’agir ou non, d’affecter ou non, d’une manière positive ou négative, la vie humaine. En d’autres termes, le sème en question se comporte comme un trait inhérent (non contextuel) des thèmes nominaux.4 Une définition intéressante du trait [(In)capable d’agir] en tant que trait inhérent des objets se trouve déjà chez Aristote (1991: Livre ∆, chapitre 12) sous le nom de δύναµις, δυνατόν – άδυναµία, άδύνατον («puissance, capable» – «impuissance, incapable»):5 On appelle «puissance» le principe de mouvement ou de changement, qui est dans un autre être ou dans le même être en tant qu’autre (έν έτέρω ή έτερων). Par exemple, l’art de bâtir est une puissance qui ne réside pas dans la chose construite; au contraire, l’art de guérir, qui est une puissance, peut se trouver dans l’homme guéri, mais non pas en tant que guéri. Puissance signifie donc le principe, en général, du mouvement ou du changement dans un autre être, ou dans par soi même en tant qu’autre [...]. […] «L’impuissance» est la privation de la puissance, le défaut d’un principe comme celui qui a été défini, soit absolument, soit pour un être qui devrait naturellement le posséder, ou encore dans le temps où il devrait naturellement le posséder déjà. Nous ne dirons pas, en effet, dans un même sens, que l’enfant, l’homme fait et l’eunuque sont impuissants à engendrer. – De plus, à chaque sorte de puissance correspond une impuissance opposée, tant à la puissance motrice qu’à celle qui produit le Bien.

Le concept de puissance s’y voit donc limité à un type spécifique, notamment à la capacité de faire quelque chose (mouvement ou changement). Dans ce sens il devient partiellement synonyme du modèle cognitif de la «causalité», que Lakoff (1987: 54-55) définit par l’ensemble suivant des propriétés interactionnelles: 1. Il y a un agent qui fait quelque chose. 2. Il y a un patient qui subit un changement d’un état à un autre. 3. Les propriétés 1 et 2 constituent un seul événement, elles se superposent dans le temps et dans l’espace; l’agent vient en contact avec le patient. 4. Ce que l’agent fait (mouvement ou exercice d’une volonté) précède le changement dans le patient. 5. L’agent est la source d’énergie, le patient est le but de l’énergie; il y a un transfert ––––––– 4

5

Pour l’interprétation du sème [Impuissant, Passif] comme sème inhérent des noms latins v. également Cameron (1985). Il nous paraît bien pertinent pour cette interprétation le cas de l’objet eau dénommé par deux mots en sanskrit selon qu’il s’agissait de «l’eau conçue comme force agissante, destructrice» (du genre féminin) ou de «l’eau conçue comme objet non agissant, potable», (du genre neutre) (cf. Meillet 1937: 24-28). Cf. Aristote, trad. par J. Tricot (1991: 193-194).

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d’énergie de l’agent au patient. Il y a un seul agent défini et un seul patient défini. L’agent est humain. a. L’agent agit volontairement. b. L’agent contrôle l’action. c. L’agent est responsable de son action et du changement. 9. L’agent emploie ses mains, son corps ou un instrument. 10. L’agent regarde le patient; le patient est percevable, et l’agent perçoit le changement. Il est très probable que seulement les six premières caractéristiques sont pertinentes pour la sous-catégorisation des noms en latin, car la force agissante n’est pas nécessairement un être humain et n’emploie pas nécessairement ses mains.6 En accord avec les découvertes archéologiques, anthropologiques et mythologiques (surtout, du XXe siècle), Eisler (1988: 36) nous fait remarquer, que dans les images mythiques de la Crète, où les humains, les animaux, les plantes, l’eau et le ciel sont des manifestations sur la terre de la Déesse, Mère de l’univers, on trouve la reconnaissance de notre unité avec la nature.7 Si l’on accepte l’hypothèse de la «force agissante» on peut mieux comprendre la sous-catégorisation des noms latins dans les classes distributionnelles suivantes: 6. 7. 8.

(i) «forces capables d’agir»: (5) féminin: terra «terre», arbor «arbre», et noms abstraits tels que virtus «vertu»8, collectifs familia «famille», tout comme femina «femme», ou masculin: ignis «feu», ventus «vent», tout comme vir «homme» etc. et (ii) «êtres incapables d’agir»: (6) neutre: saxum «pierre», templum «temple», tempus «temps», acetum «vinaigre»; la plupart des noms de fruit: pirum «poire», prunum «prune»; des génériques pour l’espèce: animal «animal» etc.

––––––– 6

7

8

Il n’est pas impossible de penser que, selon la mentalité latine, les forces de l’univers (personnes ou non) pouvaient agir volontairement en poursuivant un but. Cf. Eisler (1988: 36): «In the mythical images of Crete – the Goddess Mother of the universe, and humans, animals, plants, water, and sky as her manifestations here on earth – we find the recognition of our oneness with nature, a theme that is today also reemerging as a prerequisite for economical survival». En Crète les traces des cultures agrariennes de l’Europe antique ont résisté plus longtemps que dans d’autres régions européennes. Il s’agissait d’une société «gylanique» (c’est-à-dire caractérisée par la coopération plutôt que la dominance), où l’on considérait les humains comme partie intégrante de la nature. Pour l’interprétation des noms abstraits comme étant capables d’encoder des «forces agissantes» cf. plus bas Ernout / Thomas (1953: 207-208). Il s’agit en effet du fait qu’on conçoit les émotions, les états d’âme comme des forces qui peuvent contrôler les actions humaines.

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Catégories cognitives, discours et grammaire romane

Le fait que le trait [Animé] prend des attributs différents selon les catégories cognitives qu’elle encode a déterminé plusieurs changements selon le type de langue en question. Par exemple, Comrie (1981: 192) considère qu’il serait insuffisant de réduire l’Animé à un seul trait. En effet, il propose une hiérarchie de l’Animé qui combine plusieurs paramètres: […] the animacy hierarchy cannot be reduced to any single parameter, [...] but rather reflects a natural human interaction among several parameters, which include animacy in the strict sense [alias ‹living›: N.A.], but also definiteness (perhaps the easiest of the other parameters to extricate from animacy), and various means of making an entity more individuated -- such as giving it a name of its own, and thereby making it also more likely as a topic of conversation. The various individual parameters that we have discussed in this chapter are often closely related to one another, but there are also individual irreducible differences, and the over-all pattern is of a complex intertwining rather than of a single, lineary hierarchy.

Récemment, selon Luraghi (2007), qui s’occupe de l’origine du genre féminin en PIE (Proto Indo-européen), on devrait reformuler la hiérarchie de l’Animé de la manière suivante: I ANIMATE concrete animate + intentional + control highly individuated discrete plural count

II SEMI-ANIMATE abstract, - manipulated semi-animate - intentional + control less individuated continuous -

III INANIMATE concrete, +manipulated inanimate - intentional - control non-individuated collective

L’hypothèse que dans la culture des peuples anciens la distinction entre entités capables d’agir et entités considérées comme incapables d’agir était plus importante que la différence en genre naturel peut également rendre compte du fait qu’en PIE il n’y avait que deux genres grammaticaux, le neutre et le genre commun (généralement caractérisé par le trait [+ contrôle]). Le dernier a été plus tard divisé en masculin et féminin (Silvia Luraghi 2007). Le genre féminin aurait encodé la catégorie cognitive caractérisée par les traits du [semi-animé], y compris [+ contrôle], mais [- intentionnel] et [moins individualisé].9 B. Arguments linguistiques. Les arguments linguistiques à l’appui de cette interprétation sémantique des classes nominales latines ne manquent pas. (a) Le syncrétisme casuel. Le fait que les noms neutres ont toujours la même forme pour le cas sujet (nominatif) et le cas objet (accusatif) ne s’explique que par le fait que le neutre correspond à une catégorie cognitive encodant la classe des référents qui ne sont jamais conçus comme capables d’agir. En bref, au niveau sémantique, la classe des noms neutres ––––––– 9

Il nous semble bien intéressant de faire remarquer à ce point que cette hypothèse qui cherche à expliquer l’apparition tardive du genre grammatical féminin à côté du masculin en Proto IE nous renvoie à une structure sociocognitive de type patriarcal qui ne correspond aucunement à l’ancienne culture de l’Europe, où la Déesse occupe un rôle prédominant dans la religion (cf. Eisler 1988; Gimbutas 1991; Markale 1999; Ryan / Pitman 2000).

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est caractérisée par le sème inhérent [Incapacité d’agir / Passif]. En outre, le morphème neutre du nominatif et de l’accusatif singuliers, -m (de la 2-ème déclinaison), est identique au morphème de l’accusatif des noms masculins ou féminins. Comparer: (7) neutre: NOM/ACC: templum «temple»

non neutre: ACC: dominum «master»: MASC

et feminam «femme»: FÉM

Le syncrétisme du nominatif (le cas du thème et du sujet par excellence) et de l’accusatif, caractérisant toute déclinaison, nous rappelle le cas d’un groupe des langues ergatives où l’ergatif est le marqueur du nom exprimant l’agent, la force agissante, ce qui prouve que, dans ces langues, la distinction entre noms caractérisés par le trait [Capacité d’agir] et ceux caractérisés par le trait opposé, [Incapacité d’agir], est plus importante que la distinction syntaxique entre sujet et objet.10 Cette distinction pertinente se retrouve au niveau du comportement syntaxique du neutre latin. Comparer: (8)

Marcus saxum movit et Marcus: NOM pierre: ACC déplacer: PS «Marc déplaça la pierre»

(9)

saxum movit pierre: NOM déplacer: PS «la pierre se déplaça»,

où saxum «pierre» prend le même morphème, -m, qu’il soit objet direct (8) ou sujet (9). En bref, selon notre opinion, cela prouve que le morphème -m encode le sème [Non agissant], voire [Passif], plutôt que la fonction syntaxique d’objet direct. (b) Le morphème -s de sujet. Il y a assez de preuves qui suggèrent que le morphème -s dérive d’une marque du cas nominatif qui ne pouvait modifier que les Groupes Nominaux caractérisés par le trait [Capable d’agir] pour signaler qu’il s’agissait de l’actant agissant dans l’événement encodé linguistiquement (cf. Lyons 1968: 356; Wolfe: 1980). (c) Un autre argument favorisant cette hypothèse se trouve dans le comportement du complément d’agent. Selon Ernout / Thomas (1953: 207-208), la construction passive avec un ablatif précédé de la préposition a(b) est possible pour les noms portant les sèmes suivants: «personnes» (ex. a tyranno uapulaui, Sénèque: Controversiae 9.4,2 «je fus attaqué par un tyran»), «animaux» (superamus a bestiis, Cicerón: de Finibus 2,111 «nous avons été dépassés par les animaux»), «oiseaux» (ab aquila ... impositum, Cicéron: de Legibus. 1,4 «affligé par un vautour»); «états d’âme»: uirtus «vertu» (ab his uirtutibus tot uitia superari, «tant de vices à être surpassés par ces vertus», Cicéron: In Catilinam 2, 25); et même des objets (que nouns considérons) «sans vie», mais qu’on considérait alors comme «capables d’agir» (luna «lune», sol «soleil»).

––––––– 10

Cf. par ex.: animal «animal» (3e decl.), cornu «corne» (4e decl.).

Catégories cognitives, discours et grammaire romane

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La classe des noms «animés» (non neutres) se divisent en deux grandes sous-catégories distributionnelles, masculine et féminine, qui correspondent prototypiquement aux forces capables d’agir, tells que le vent, le feu, la terre, tout comme les hommes et les femmes (cf. Meillet 1921: 199-229; 1937: 24-28).11 Il n’est pas facile de déterminer dans quelle mesure on a gardé en latin l’interprétation sémantique du sème [± Féminin] ou du sème [± Incapacité d’agir] qu’ils avaient dans les langues italo-celtiques antérieures; en d’autres termes, dans quelle mesure l’idée qu’il y a des objets (in)capables d’agir était encore vivante et productive dans la mentalité des sujets parlant le latin. Mais il ne faut pas oublier que les métaphores reposant sur l’activité et la sexualité étaient le produit du contexte socioculturel romain. Il suffit de penser dans quelle mesure les forces de la nature étaient représentées par des hommes (dieux) et des femmes (déesses) dans la mythologie latine. Si l’on examine, même sommairement, les noms caractérisés par le genre grammatical féminin, on ne peut pas ignorer le fait que la catégorie cognitive qu’ils encodent est bien similaire au portrait de la déesse des cultures de l’Europe ancienne (8000 av. J.Chr --): fertilité, protection, mort, renaissance, etc.12 Comme dans toute autre langue, ces classes nominales correspondent en effet aux catégories cognitives prototypiques, à une classification des objets en accord avec la façon de concevoir l’environnement caractérisant une certaine communauté linguistique (cf. Lakoff 1987; 1990; Kleiber 1990). Après avoir analysé plusieurs modèles de la théorie du prototype amenant au modèle cognitif, Lakoff (1987: 56-57) présente une liste des caractéristiques pertinentes parmi lesquelles au moins deux soulignent le fait que les classes nominales sont dépendantes de la culture en question, car elles encodent une sous-catégorisation de l’état des choses par les humains, notamment: (i) Categories are organized into systems with contrasting elements. Human categories are not objectively «in the world» external to human beings [...]. Basic-level structures depend on human perception, imaging capacity, motor capabilities, etc. (Lakoff 1987: 56).13 et (ii) The properties relevant to the description of categories are interactional properties, properties characterizable only in terms of the interaction of human beings as part of their environment. Prototypical members of categories are sometimes describable in terms of

––––––– 11 12

13

Un nom tel que manus «main» du genre féminin a aussi le sens de «force». Cf. aussi Gimbutas 1991; Markale 1999; Ryan / Pitman 2000, qui apportent des preuves archéologiques, mythologiques et linguistiques pour la religion de la Déesse caractérisant la culture de l’ancienne Europe (surtout à partir des siècles 45 - 44 av. Jésus-Christ). Il n’est pas sans intérêt de rappeler le fait que le nom de «Eve» dans le livre de La Genèse est une translittération du mot hébreux signifiant «vie», et non pas un nom propre (cf. Quatro 2003: 38-39, 53). «Les catégories s’organisent dans des systèmes aux éléments contrastifs. Les catégories humaines n’existent pas ‹objectivement› dans le monde externe aux êtres humains [...]. Les structures fondamentales sont dépendantes de la perception humaine, de la capacité de concevoir des images, des capacités motrices etc.».

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clusters of such interactional properties. These clusters act as gestalts: the cluster as a whole is psychologically simpler than its parts (Lakoff 1987: 57).14

L’hypothèse centrée sur le rôle du trait inhérent sémantique [± Incapable d’agir] dans la sous-classification des noms latins ne contredit pas l’idée que l’évolution du genre grammatical ne s’explique pas simplement par la motivation sémantique, et/ou cognitive, pragmatique. Selon l’hypothèse de Brugman (1897), développée ensuite par Lehmann (1958) et Fodor (1959), en indo-européen, le genre grammatical se manifeste premièrement sous forme d’accord. Comme Jakobson (1963) le souligne, l’accord a une fonction phatique, assurant la cohérence textuelle surtout dans des langues à ordre plus libre où l’on a la possibilité d’insérer plusieurs constituants entre le nom et ses déterminants. La similitude des fonctions linguistiques aurait mené à la similitude morphologique entre le nom et ses déterminants (adjectifs, pronoms et formes verbales), sans référence au genre naturel (cf. Ibrahim 1973). La motivation sémantique a pu être assignée plus tard, ou même se perdre, une fois que la fonction phatique était devenue un trait-clé de la syntaxe.

1.2 Les facteurs favorisant la réinterprétation du genre neutre

1.2.1 Facteurs sociolinguistiques Selon notre hypothèse le changement dans la catégorie cognitive encodée par le genre neutre (en tant que reflet de l’incapacité d’agir) a été favorisé par plusieurs développements dans les conditions sociales, historiques et linguistiques, notamment: (i) A l’aube de l’ère chrétienne l’organisation sociale de l’Empire Romain est caractérisée par trois types de gouvernement, la République romaine, l’État-Cité (grecque) et l’État-Temple (hébreux, égyptien). (ii) Au niveau de la religion, le polythéisme méditerranéen rencontre le monothéisme, ce qui ouvre la voie pour le développement d’une nouvelle religion, la religion chrétienne.15 ––––––– 14

15

«Les propriétés pertinentes pour la description des catégories sont des propriétés interactionnelles, propriétés qu’on ne peut caractériser que dans les termes de l’interaction entre êtres humains et leur environnement. On peut quelquefois décrire les membres prototypiques de ces catégories comme des ensembles des propriétés interactionnelles. Ces ensembles agissent comme de gestalts [des ensembles structurés]: l’ensemble en tant qu’entier est psychologiquement plus simple que ses parties». Pour la sémantique du prototype cf. aussi Kleiber 1990. Comme Shlain (1998: 201-202) nous le fait remarquer, «In the sixth and the fifth centuries BC, a number of hitherto unfamiliar schools of thought emerged suddenly, appearing in locations across a wide geographical band extending from China to Greece; they included Jainism, Ascetism, Materialism, Sophism, Rationalism, and Legalism. In addition, the cult of Bhakti in India and Dionysus in Greece imbued this period with an intensely agitated aura. The ‹Axial Age› is the term historians use to describe this phenomenal period, during which many of the most influential religious leaders in history were contemporaries. Isaiah, Socrates, and Zoroaster all gave distinctive shape to peculiarly Western ideas. In the same brief period, Buddha, Lao-tzu, and Confucius emerged in the East».

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(iii) Le contact entre peuples à caractéristiques ethniques différentes, à traditions et à croyances diverses n’a pas abouti à une intégration totale, en dépit de la politique encourageant tout habitant de l’Empire à adopter la nationalité romaine. (iv) Enfin, on ne peut pas oublier le contact entre plusieurs types de langues encodant des catégories cognitives distinctes, reflet d’interprétations du monde bien différentes.16 Il n’est pas difficile de comprendre que la rencontre de ces modes de concevoir le monde a eu comme résultat la perte des identités religieuse, ethnique, civique et linguistique (cf. Mack 1995: 19-42), la réorganisation des catégories cognitives et, par suite, leur encodage linguistique. Il est très probable que la perte du genre neutre grammatical encodant la caractéristique de la catégorie cognitive correspondant aux référents conçus comme [Incapables d’agir] est une conséquence du changement dans la perception de l’état des choses quand ce trait a cessé d’être un trait non contextuel. Le rôle «d’être agissant» ou «non agissant» pouvait être assigné alors à n’importe quel participant, comme c’était déjà le cas pour les noms féminins et masculins. Par conséquent, le rapport entre genre grammatical (encodant des traits tels que «force dynamique», «incapacité d’agir», etc.) et genre naturel (correspondant à des catégories cognitives) devient de plus en plus vague. Il est de plus en plus évident qu’au niveau du genre naturel la seule distinction qui ait pu se conserver à travers la réorganisation cognitive repose sur la différence prototypique entre «sexe masculin» et «sexe féminin». C’est pourquoi le genre grammatical roman ne continue à être transparent (motivé) que dans le cas de la différence prototypique entre les sexes (masculin et féminin) et, occasionnellement, de grandeur.17 Mais dans la plupart des cas ce n’est que sa fonction phatique (notamment l’accord en genre, à côté de l’accord en nombre, entre le nom et ses déterminants) qui est à la base de la sous-catégorisation des noms. Du point de vue de l’accord du nom avec ses déterminants, le roumain a une situation particulièrement intéressante vu que c’est la seule langue romane où il y a une classe nominale bien productive encore, une classe qu’on appelle neutre, qui se caractérise par le fait qu’elle exige le masculin au singulier et le féminin au pluriel. Mais il ne s’agit pas uniquement du collectif ou du pluriel de la variété, comme en italien. L’origine du neutre roumain reste encore une question ouverte au débat. Après une présentation détaillée des –––––––

16

17

Il n’est pas sans intérêt de rappeler également l’approche de Muller (1945), qui a souligné que l’adoption de la religion chrétienne a influencé énormément la conscience des peuples romanisés, a relevé l’importance de l’homme du peuple y compris son langage de tous les jours, ce qui a déclenché des changements au niveau de l’encodage linguistique en latin vulgaire et tardif, ainsi qu’en roman. Le caractère conservateur de la langue, le lien entre langue et mentalité a été invoqué pour expliquer le fait que, dans des pays tels que la Grande Bretagne ou les Etats-Unis, le mouvement féministe a pu commencer plus tôt qu’ailleurs, notamment pendant le 19e siècle, parce qu’il a été favorisé par le fait que l’anglais n’encode pas les différences en genre naturel dans un genre grammatical (Shlain 1998: 387). Il y a quelques cas où l’on a remotivé la différence entre masculin et féminin pour les noms de chose comme différence en grandeur: ex. esp. hoyo «trou» - hoya «grand trou»; charco «flaque d’eau, petite mare» - charca «étang» etc.; fr. grêle - grêlon; carafe - carafon; it. buco «petit trou» - buca «trou, boîte à lettres»; gambo «tige» - gamba «jambe»; il coltello «couteau» - la coltella «grand couteau du boucher» etc.

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changements dans la sous-catégorisation des noms selon leur genre en roumain, Graur (1928: 260) arrive à la conclusion suivante: Mais si l’on écarte le latin, comment expliquer que le roumain ait senti le besoin de distinguer un genre inanimé? On pourrait songer à l’influence slave, qui conserve les trois genres de l’indo-européen; mais les neutres slaves que le roumain a empruntés sont devenus des féminins en roumain pour des raisons purement formelles: sl. greblo > greblă, sl. slovo > slovă, etc., qui montre que le neutre slave n’était pas compris par les roumains. Il ne semble pas que la question soit soluble; la linguistique en tout cas ne nous fournit pas de moyen pour la résoudre.

Selon notre opinion, quoique l’influence slave à elle-seule ne puisse pas rendre compte de cette particularité, il est impossible d’ignorer le fait que le roumain s’est trouvé à la rencontre de plusieurs langues qui connaissaient une classe des noms qui n’étaient ni féminins ni masculins: le substrat (cf. albanais18), le latin et le slave (et on y peut ajouter, le grec et plus tard les variétés germaniques). Dans les cas où la morphologie ne l’empêchait pas, le roumain a réinterprété la classe nominale en question comme signe d’une catégorie cognitive subsumant des objets dont on ne pouvait pas spécifier le genre naturel: qu’il s’agisse: (i) des choses – classe bien productive même aujourd’hui (tablou - tablouri «tableaux», calculator - calculatoare «ordinateurs» - compiuter - compiutere), (ii) des collectifs des êtres vivants (popor - popoare «peuples», stol - stoluri «groupes d’oiseaux») ou (iii) des pluriels de la variété (vin, masculin – vinuri «vins»; mătase, féminin – mătăsuri «soies»).19 D’ailleurs, fait bien connu, une indifférence analogue envers le genre et le nombre (individualité réduite) caractérise les pronoms neutres romans (cf. Manoliu 1990; Ojeda 1993; Smith 2007).

1.2.2 Facteurs linguistiques Le changement qui a eu lieu au niveau des catégories cognitives ne peut pas expliquer à lui seul la manière et les raisons de la redistribution des noms en roman en général et le fait que la majorité des noms neutres a été absorbée par la classe des noms masculins ou, moins souvent, par la catégorie des noms féminins. La nouvelle sous-catégorisation des référents n’a pas pu avoir un impact immédiat sur la structure grammaticale, comme la situation actuelle le montre, car la motivation sémantique du genre grammatical roman devient de moins en moins transparente. La fonction phatique du genre n’a pas besoin d’être liée à la distinction extralinguistique (voire cognitive). C’est précisément ce relâchement de la relation entre le genre grammatical et le genre naturel qui a permis l’intervention des facteurs linguistiques et la remotivation des affixes de genre sous la pression des facteurs sociolinguistiques. Fait avéré, l’évolution du système casuel et la nécessité de désambiguïser les moyens d’exprimer la différence en nombre ont constitué les facteurs linguistiques les plus importants. ––––––– 18

19

L’albanais connaît une classe nominale avec la même distribution que le neutre roumain (cf. Brâncuş 1963). Pour d’autres langues où l’on emploie le genre grammatical neutre pour dénoter un groupe composé d’hommes et de femmes ou quand on ne connaît pas le sexe, cf. Hock 2007.

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(a) L’évolution du système casuel En espagnol et en portugais, par exemple, la perte de la distinction casuelle a été favorisée par la chute du -s final au singulier et la généralisation des morphèmes de l’accusatif -os, -as et du nominatif -es au pluriel pour mieux préserver la différence en nombre. Il y a des cas où des noms neutres perdent leur -s étymologique au singulier quand -s devient le morphème du pluriel par excellence (cf. 10): (10) esp. cuerpo «corps», pecho «poitrine» – versus lat. corpus, pectus.

En italien et en roumain, la chute des consonnes finales -m et -s ne fait que généraliser la suppression de l’opposition morphologique entre nominatif et accusatif. Par conséquent la différence entre les masculins et les neutres reposant sur les syncrétismes casuels disparaît Comparer: (11)

Cl. Lat.: MASC

NEUT

FEM

NOM:

filius

templum porta

ACC:

filium

templum portam

«fils»

«temple» «porte»

Latin oriental filiu

templu

porta

«fils» «temple» «porte»

Cf. it. figlio, tempio, porta; roum. fiu, templu, poartă.

En gallo-roman, où la déclinaison bicasuelle résiste plus longtemps qu’ailleurs, le -s final devient le marqueur du cas sujet au singulier.20 D’ailleurs, on peut trouver déjà en latin familier l’emploi du morphème -s du masculin nominatif comme marqueur de tout sujet, y compris des neutres de la 2e déclinaison: (12) lat. corius «peau», dorsus «dos» chez Plaute, au lieu de corium, dorsum; balneus «bain», vinus «vin», fatus «destin», chez Pétrone, au lieu de balneum, vinum, fatum.

(b) Changements analogiques dans la morphologie du nombre Afin d’éliminer toute confusion entre singulier et pluriel, on a remplacé les morphèmes du pluriel ressemblant au féminin singulier (spécifiquement le neutre pluriel -a, dans ses variantes romanes) par des morphèmes caractérisant le pluriel: -s en Romania de l’ouest, masculin (-i) ou féminin (-e) en italien et en roumain (cf. (13) - (15)).21 (13) lat. tempus «temps.SG» - tempora «temps.PL» – it. tiempo – tiempi; roum. timp – timpuri (où -uri < a. roum. -ure < lat. ora); v. aussi lat. corpus – corpora – roum. corp – corpuri

––––––– 20

21

Il n’est pas sans importance de nous rappeler qu’en ancien français les noms de personne ont conservé plus longtemps des marques spécifiques du cas sujet (cf. Schøsler 2001). Pour les changements analogiques des pluriels ou singuliers neutres en roman cf. Smith 2007. Pour la motivation des pluriels neutres en italien cf. plus récemment Ojeda 1995; Acquaviva 2002. On peut trouver des détails concernant le rôle joué par la morphologie dans la recatégorisation des classes nominales en roumain dans Graur 1928.

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(14) lat. ossa roum. oasele os:NEUT.PL os-les:FEM.PL «os» «les os» Cf. v. lat. ossa exterae «os externes:FEM. PL», CIL, III: 9450: 7, in Rosetti 1986: 129.

Comparer aussi le pluriel italien en -a, exprimant le fait que les entités en question appartiennent à un tout, et -i, le marqueur du pluriel régulier (du discret). (15) ginocchio «genou» – ginocchi «genoux» mais gettarsi alle ginocchia «se jeter à genoux». frutto «fruit» – frutti «fruits» mais siamo alle frutta «nous sommes au dessert». Cf. lat. masc. locus «lieu» – loci «lieux», vs. loca, pluriel collectif «lieux en contact, région».

Dans d’autres cas on a réinterprété le morphème de pluriel comme morphème de singulier, surtout dans le cas du collectif (à bas degré d’individuation) ou des objets qu’on perçoit d’habitude en groupe, tels que les fruits ou les feuilles d’un arbre:22 (16) neutre: lat. folium «feuille» – folia «feuilles»; lat. pirum «poire» – pira «poires» mais fr. la poire, it. pera, roum. pară «poire», féminin singulier.

Le pluriel poétique (intensif) en -a des noms abstraits neutres est à la base de plusieurs noms féminins (cf. (17)): (17) lat. gaudium «joie» – gaudia (neutre), mais fr. la joie, it. la gióia (féminin). * * *

En bref, l’évolution du genre roman se caractérise par une lutte continue entre l’encodage des catégories cognitives en tant que sous-catégories nominales et la fonction phatique du genre grammatical, lutte qui a été continuellement alimentée par l’interférence de la morphologie. Le soi-disant neutre roman se rapporte d’habitude à deux types d’accord: (i) le rejet de tout accord entre une forme pronominale et un nom. En d’autres termes, les pronoms neutres ne sont pas contrôlés par un nom neutre comme c’était le cas en latin;23 (ii) l’accord, entre le nom et ses déterminants, qui exige une forme masculine au singulier et une forme féminine au pluriel.

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23

Pour la féminisation du neutre cf. Spitzer 1941: 339-371. On peut y ajouter la féminisation des pro-phrases: roum. asta nu-i bine! litt. cela non est bien (ADV), «ce n’est pas bon», esp. ¡A mi con esas! litt. «A moi avec ça (FÉM.PL)!», i.e. «Pour qui me prends-tu!?». En espagnol les pronoms neutres peuvent renvoyer à un nom déterminé par l’article neutre lo: Aspiro a que se piense aquí en lo religioso y se medite en ello (Unamuno, in Coste / Redondo 1965: 200). Quand l’adjectif s’accorde avec un pronom neutre, il prend le masculin singulier: v. fr. Cela doit être grand, une péniche (Queneau: 230).

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2. Le développement d’un passif périphrastique L’explication classique considère que le développement du passif périphrastique est une conséquence du changement typologique de l’ordre SOV à l’ordre SVO, car l’ordre SVO aurait favorisé l’expansion des formes périphrastiques au détriment des moyens morphologiques (synthétiques).24 Pourtant ce changement n’explique ni le fait qu’en roman il y a deux passifs, voire (i) réfléchi passif et (ii) passif canonique (composé d’un verbe auxiliaire, «être, aller, voir, etc.» et le participe passé), ni le fait que le réfléchi a pris les valeurs des formes en -tur du latin. Selon nous, afin d’expliquer les développements en question il faut tout d’abord trouver une définition du médio-passif latin qui puisse rendre compte de la relation entre les formes latines en -tur, le réfléchi et les deux passifs romans.

2.1 Le médio-passif latin Comme nous espérons l’avoir démontré ailleurs (cf. Manoliu 1994; 2004), ni l’hypothèse syntaxique (cf. fonction de transformer un verbe transitif en intransitif, Touratier 1984), ni l’hypothèse cognitive (cf. «low distinguishability of participants» Kemmer 1993) ne peuvent rendre compte de la variété des valeurs actualisées par le médiopassif latin. Afin de comprendre le fonctionnement de la voix en latin et son évolution en roman, nous nous proposons de mettre à l’oeuvre un modèle cognitif inspiré par le concept de figure que Langacker (1987: 120) définit comme: «the structure perceived as ‹standing out› from the remainder, which is represented by the ground». Selon notre modèle, le choix de la «figure» est la source d’une stratégie scénique qu’on peut assimiler métaphoriquement au jeu des lumières projetées sur la scène. Il s’agit d’une stratégie scénique que j’aimerais appeler «la mise-en-lumière», tout à fait différente de la stratégie scénique construite par les tiroirs temporels (premier-plan, arrière-plan, voire «foregrounding»).25 Tout comme les mouvements des lumières jetées par les projecteurs sur la scène, le locuteur peut reconstruire linguistiquement l’événement en projetant de la lumière d’abord sur un actant, en particulier, ou sur l’événement, dans sa totalité. En accord avec ce modèle, en latin la voix s’organise autour de «l’agentif» (correspondant à la catégorie cognitive de «force agissante») de la manière suivante:

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25

Selon Coseriu (1968), le type roman se caractérise par la tendance diachronique qui conserve (ou refait) des moyens synthétiques pour les catégories grammaticales encodant des caractéristiques inhérentes des référents (telles que le genre, le nombre, les temps absolus) et développe des moyens analytiques pour encoder des catégories grammaticales relationnelles (telles que le cas, les degrés de comparaison, la voix, les temps de relation). Cf., par exemple, Fleischman 1983; Fleischman / Waugh 1991; Manoliu 1994; Bertinetto / Squartini 1996; Vetters 1996.

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(i) L’actif est le signe d’une perspective qui met en lumière l’Agent comme point initial dans la reconstruction linguistique de l’événement, ce qui explique le fait que l’Agent correspond au sujet syntaxique et au thème.26 (ii) Le médio-passif (la forme en -tur) marque le fait que l’Agent ne constitue pas le point initial de la mise-en-lumière, ce qui le rend capable de projeter la lumière sur l’ensemble de l’événement.27 Le sujet du médio-passif peut être représenté par un sujet indéterminé (impersonnel, quand il est agentif): dicitur «il est dit (il y a un dit)» (ErnoutThomas 1953: 204-205); itur «on va», plutôt «il y a un déplacement de quelqu’un». Il peut correspondre à un Expérimentateur (verbes de sentiment: laetor «je me réjouis»); à un participant affecté (passif: amatur «il est aimé»), etc.28 Son référent peut partager le rôle d’initiateur avec le participant affecté (ou Bénéficiaire) (lavari «se laver»); avec l’objet qui change d’état ou de position (inchoatif: ignis extinguitur «le feu s’éteignit», moueri «se déplacer») etc. Le fait que l’actif est le terme neutre de la voix s’explique par sa compatibilité avec la stratégie perceptuelle «la plus normale», telle qu’elle est construite et conservée dans la mémoire sémantique d’une certaine communauté linguistique.29 Il est fort probable qu’au moins dans la culture occidentale cette stratégie conçoit les relations typiques entre les traits du nom, l’organisation discursive, le dynamisme communicatif (DC) et la syntaxe de la manière représentée par le schéma 1.30

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D’ailleurs l’idée que la voix encode le mouvement mental n’est pas du tout nouvelle (v. mouvement de la pensée, chez Guillaume; trajectoire, chez Langacker). Pour Gustave Guillaume (1971: 175) la voix «a trait à la situation que l’esprit humain attribue au sujet relativement à l’action exprimée par le verbe en logique constructive du langage». Les différentes voix sont le résultat des opérations de la pensée qui mettent en relation l’activité exprimée par le verbe et le participant dynamique (le sujet dynamique) et/ou l’objet adynamique (cf. Guillaume 1971: 178179). La voix active exprime le fait que la pensée part du sujet dynamique vers l’objet non dynamique. Selon Langacker (1987: 351-352), le passif impose un choix de la trajectoire qui renverse la relation entre l’image (figure) et l’arrière plan (ground) de la construction active. Cf. Flobert 1975; Kemmer 1993; Joffre 1995; Manoliu 2006. Selon Nava / Maldonado (2004) le moyen exprime le fait que l’événement est présenté comme ayant lieu dans le domaine (l’espace mental) du sujet. D’autres phénomènes viennent à l’appui de l’hypothèse que la différence entre Agent et Expérimentateur était pertinente pour la syntaxe latine: v., par exemple, la construction impersonnelle avec des verbes de sentiments tels que pudet «il me fait honte»; piget «il m’embarrasse», paenitet «il me fait regretter», etc.: ex. me pigeal stultitiae meae, (Cicéron: de Domo sua 29) lit. «me[Acc] embarrasse, il sottise [Gén] ma[Gén]», i.e. «il m’embarrasse, ma sottise». Selon Beaugrande / Dressler (1981: 89): «The semantic memory – at least in the most appealing sense of the term – reflects the inherent patterns of the organization of knowledge, e.g. the structures of events and situations (‹what is true about the world at large and how it fits together›)». Cf. aussi le modèle fonctionnel proposé par Traugott / Pratt (1980: 283).

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Schéma 1 traits

inhérent: Personne/ Force capable d’agir contextuel: Dynamique /«être agissant» discours: topique DC: information connue syntaxe: sujet ordre des mots: tête de phrase (SVO)

Tout autre changement dans la configuration de ces relations exige un marqueur de plus: morphologique ou syntaxique (ordre des mots, clitique, auxiliaire). Ces marqueurs sont soumis à plusieurs contraintes que l’actif ne connaît pas: transitivité, coréférence, etc. C’est le cas du médio-passif latin, du passif et du réfléchi romans. Une fois que la différence entre les traits inhérents [Capacité d’agir] et [Incapacité d’agir] perd son importance dans la perception de l’état des choses, son encodage linguistique devient obsolète et le rôle des participants devient un trait contextuellement assigné à n’importe quel nom. C’est, en effet, ce que plusieurs types de syntaxe essaient de modeler en stipulant une hiérarchie initiale où le verbe constitue le noyau et assigne les Cas aux Groupes Nominaux.31 Sans possibilité d’exprimer le rôle d’actant passif/affecté par le nom, il est nécessaire de développer un autre moyen pour signaler que l’orientation discursive a comme point initial l’actant le moins dynamique; ce sera précisément la fonction du passif canonique analytique. L’actant passif devient le sujet syntaxique et le thème de l’organisation discursive. Il faut préciser à ce point qu’en roman on conçoit la catégorie cognitive de «l’agentif» d’une manière différente qu’en latin, car ce sont les traits [Personne] et [Dynamicité] qui s’avèrent être plus importants dans l’organisation discursive et syntaxique (cf. Manoliu 1987; 1990).

2.2 Réfléchi: marqueur de coréférence et/ou d’une stratégie scénique Afin de définir la distinction entre moyen et réfléchi en latin, Kemmer (1993: 66) introduit deux traits: (i) la possibilité relativement réduite de distinguer les participants, c’est-à-dire dans quelle mesure on peut concevoir le fait qu’une seule unité psycho-mentale joue deux rôles dans l’événement, soit corps vs. pensée ou Agent vs. Patient, et (ii) le degré d’élaboration de l’événement, c’est-à-dire dans quelle mesure on peut distinguer les participants et les sous-événements qui composent l’événement en question dans la construction verbale.32

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Cf. Tesnière 1969; Chomsky 1965; Fillmore 1968; Anderson 1971 inter alia. (i) the relative distinguishability of participants in the event, i.e. «the degree to which a single physic-mental entity is conceptually distinguished into separate participants, whether body vs. mind, or Agent vs. unexpectedly contrasting Patient» et (ii) the relative elaboration of events (Kemmer 1993: 121) i. e. «the degree to which the participants and component subevents in a particular verbal event are distinguished».

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Le moyen se caractérise par un degré réduit d’élaboration de l’événement, ce qui entraîne une possibilité relativement réduite de distinguer les participants. Au lieu de cette définition nous préférons une définition reposant sur une hypothèse discursive, notamment sur la stratégie scénique de la mise-en-lumière, qui peut expliquer le fait que, tout comme les formes en -tur du latin, le réfléchi roman s’emploie dans deux cas où le sujet ne joue pas deux rôles, notamment (i) le réfléchi passif (le sujet est d’habitude topique et joue le rôle du participant affecté, qui est différent de l’agent) et (ii) le réfléchi à sujet non déterminé (quand ce n’est que le participant non-agentif qui est présent dans la reconstruction verbale de l’événement). En latin classique, quand il accompagne la forme active (ou même la forme en -tur), le réfléchi exprime explicitement la coréférence entre le sujet (ou le constituant le plus saillant) et un autre constituant, tandis que la forme en -tur (sans réfléchi) l’exprime implicitement, dans les cas où elle actualise l’implication conventionnelle selon laquelle le référent correspondant au sujet remplit deux rôles.33 Selon la description classique, conditionnée souvent par la traduction en langues modernes, le médio-passif latin a plusieurs valeurs parmi lesquelles au moins quatre impliquent le fait que le sujet réfère à un actant à double rôle: (18) (a) moyen réfléchi (passif intrinsèque): le référent du sujet a le rôle d’Agent et de Patient. lavari, tergeri (Plaute: Poenulus 219) «se laver, se nettoyer»;

(b) verbes de mouvement (le référent du sujet est l’initiateur du mouvement et l’entité qui change de position): ferri «s’enfuir, s’élancer», moueri «se déplacer, s’en aller», uehi «se transporter», uerti «se tourner»;

(c) inchoatif: le référent du sujet est l’initiateur et l’objet qui change (ou le lieu du changement): ignis exstinxitur «le feu s’éteignit»;

(d) factitif passif (le sujet renvoie au Patient affecté et à l’actant qui ne s’oppose pas à l’action en question) aduruntur (Cicéron: Tusculanes 27, 77) «ils se laissent brûler» (cf. Touratier 1984: 81).

––––––– 33

Pour les définitions des implications (angl. implicatures), conversationnelles et conventionnelles, cf. Levinson (1983; 2000) et plus récemment Jaszczolt (2002: 207-223). En bref, les implications conversationnelles sont des inférences tirées du contexte par le coénonciateur à l’aide d’un raisonnement plus ou moins spontané qui s’appuie sur les principes (les lois du discours) qui régissent l’activité discursive; les implications conventionnelles sont des inférences qui ne sont pas dérivées des principes pragmatiques tels que les maximes conversationnelles mais sont attachées par convention à des mots ou à des expressions: v., par exemple, les conjonctions adversatives, certains adverbes, etc. (cf. Maingueneau 1996: 77).

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Le fait que plusieurs valeurs du médio-passif latin et le réfléchi ont en commun un actant à deux rôles, le premier comme implication conventionnelle, le second, comme contrainte syntaxique, constitue le facteur qui a favorisé le remplacement du moyen latin synthétique par le pronom réfléchi.34 Mais, tout comme le morphème du moyen latin, le réfléchi roman développe une fonction nouvelle, celle d’encoder la mise-en-lumière de l’événement, ce qui lui donne la possibilité de fonctionner comme marqueur discursif même dans les cas où il n’y a pas de coréférence entre le sujet et un autre nom (c’est le cas de l’impersonnel et du passif). Son sujet peut correspondre au topique, puisque le topique se réfère à un constituant dont on parle et se répète souvent au-delà des limites de la phrase.35 Considérons l’énoncé suivant: (19) fr. Raymond voulait fuir, mais, en même temps, se cacher, ne pas être vu (Mauriac: Désert, 44).

En (19), le topique est «Raymond» (en tant que sujet de trois propositions: de l’actif dans la 1 ère; du réfléchi dans la 2e, et du passif dans la 3e), mais la deuxième proposition est centrée sur l’événement de «se cacher», et non pas sur Raymond tout seul. Cf. un exemple tel que (20), où Raymond est à la fois le topique et la figure: (20) Raymond voulait cacher son désespoir.

En bref, le niveau de la mise-en-lumière diffère du niveau de la cohérence textuelle (anaphore, topicalité) et du niveau informationnel (information connue vs. information nouvelle), quoique, comme nous l’avons déjà précisé, la structure de la construction linguistique non marquée les fasse souvent coïncider.36

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Quoiqu’elle mentionne le fait que le moyen latin et le réfléchi ont en commun l’identité référentielle entre deux actants, Kemmer ne fait pas la distinction entre le plan sémantique et la fonction pragmatique du moyen. Selon Kemmer (1993: 157): «the reflexive marker was extended to express middle semantics on the strength of the semantic property shared by the reflexive and middle (Initiator and Endpoint are the same entity)». Mais l’identité référentielle n’explique pas l’emploi du réfléchi dans les cas où cette «propriété sémantique» manque (passif et impersonnel). Cf. la définition de la topicalité scalaire chez Sells (2001: 360): Scalar Topicality is determined by the discourse measures of Referential Distance and Topic Persistence. Referential Distance is the measure how far back in discourse the previous mention of a referent is, from a given point; the lower the measure of Referential Distance, the more topical entity is. Topic Persistence measures how many times in succeeding discourse a referent is mentioned, from a given point; hence the higher the measure, the more frequent and topical the entity in question is. Dans les phrases rhématiques, quand on veut garder la perspective active, on emploie d’autres moyens pour indiquer que le sujet n’est pas le topique: v, par exemple, la position postverbale du sujet en italien, en espagnol ou en roumain (Vine trenul! «le train arrive!») ou la construction à sujet impersonnel il en français: ex. il arrive des trains.

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Maria Manoliu

3. L’aspect perfectif: un destin de Sisyphe 3.1 Une hypothèse discursive sur la perte du perfectum (accompli résultatif) Selon l’explication classique, les formes composées se sont développées pour recréer l’opposition morphologique entre infectum (inaccompli) et perfectum (accompli résultatif). Pourtant il nous reste encore à expliquer le blanchissage cyclique de la valeur aspectuelle du résultatif. Les temps composés et, à leur tour, les temps surcomposés sont remotivés afin de créer un riche paradigme des stratégies discursives et narratives, exprimant la hiérarchie des événements et la pertinence d’un événement par rapport à un point de référence cotextuel.37 Selon nous la cause de ce changement cyclique se trouve dans le fait que le passif canonique et les formes composées ont en commun la forme syntaxique (auxiliaire - verbe d’état ou de mouvement + participe passé) et la perspective centrée sur le résultat, comme le participe (passif/perfectif) le prédit.38 On trouve la construction analytique de l’aspect résultatif déjà attestée au 1er siècle av. JC (21): (21) in ea provincia pecunias magnas collocatas habent (Cicéron: de imperio Ch. Pompei, 18) «ils avaient investi de grandes fortunes dans cette province».

Des formes composées pour le plus-que-parfait et le passé antérieur se trouvent également en latin tardif: (a) imparfait de l’auxiliaire + participe passé: (22) si miles qui habebat iam factum testimonium aliud fecisset (Ulpiani digesta, 29) «si le soldat qui avait fait des témoignages avait fait autrement».

(b) prétérite de l’auxiliaire + participe passé: (23) Matheum quem ante te ibi habui missum (Blatt: Acta 39. 6 Italie. 6-7 siècles. In: Mihăescu 1960: 146) «Mathé que j’eus envoyé là-bas avant toi…».

On trouve des formes surcomposées en français, en occitan, en italien et en roumain mais leur valeur principale nous renvoie à la hiérarchie des événements plutôt qu’à l’aspect perfectif (cf. Carruthers 1994; Manoliu-Manea 1994; Price 2008). (24) fr. Dès que je l’ai eu vu, il s’est mis à courir (Price 2008: 322)

Vu le fait qu’en français parlé on préfère le passé composé au passé simple, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi on emploie le passé surcomposé au lieu du passé antérieur. ––––––– 37

38

Cf., par exemple, Fleischman 1983; Fleischman / Waugh 1991; Manoliu 1994; Bertinetto / Squartini 1996; Vetters 1996, inter alia. Même en latin classique les temps du perfectum étaient des résultatifs (cf. Mellet 2000).

Catégories cognitives, discours et grammaire romane

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(25) it. quand l’a avü consumá tüt (Piedmont, in Rohlfs 1969, 3: 49) «quand il a eu tout consommé» (26) roum. Ştefan-Vodă cel Bun, când s-au bătut cu Hroit ungurul, precum zic unii la Casen, iar letopisăŃul scrie că s-au bătut la Scheia pe Siretu, au fost căzut calul cu Ştefan-Vodă în războiu. Iară un Purice aprodul i-au dat calul lui (Neculce, 166 in Manoliu 1994: 288) «Le roi Étienne le Bon, quand il s’est battu (passé composé) avec Hroit, le Hongrois, comme on dit (présent) à Casen, mais le chronographe dit (présent) à Scheia, sur le Siret, le cheval a été tombé (passé surcomposé) avec le roi Étienne pendant la bataille. Et un huissier nommé Poux lui a donné (passé composé) son cheval…».39

3.2 La relation entre temps et aspect dans les études romanes La relation entre la catégorie morphologique de l’aspect, d’un côté, et le mode d’action lexicalisé (Aktionsart), de l’autre, a fait l’objet d’une littérature riche et contradictoire.40 On peut réduire la diversité d’opinions à deux grandes catégories: (1) les descriptions centrées sur l’aspect; et (2) les descriptions centrées sur le temps

3.2.1 Les hypothèses centrées sur l’aspect Par exemple, Hoepelman / Rohrer (1980: 134) parlent des valeurs aspectuelles telles que «perfectivité», «inchoativité», «ouverture à droite» afin de définir les temps du français: le passé simple est toujours inchoatif; le passé composé exprime qu’une personne possède (au moment de l’énonciation) la propriété d’avoir fait qc. à un moment du passé. Il est impossible de perdre cette propriété. [...] L’imparfait (à l’exception de l’imparfait de rupture) dénote un intervalle ouvert à droite à l’intérieur duquel se déroule une action ou un processus.

Pour Robert Martin (1971: 95, 96) la différence entre imparfait et passé simple repose entièrement sur une valeur qu’il définit de la manière suivante:41

––––––– 39

40 41

En roumain ancien et moyen, les formes surcomposées ont aussi la fonction d’indiquer l’importance de l’événement par rapport aux autres événements du co-texte. Elles servent à produire un effet cinématographique de «présentation au ralenti» (cf. Manoliu-Manea 1994: 286290). En roumain dialectal (en Transylvanie), les formes surcomposées à auxiliaire «être» suivies du participe passé expriment l’antériorité par rapport à un temps passé: N’am fost văzut lup până atunci (Rusu (ed.) 1984: 37) «je n’avais pas vu (lit. je n’ai été vu) un loup jusqu’à ce moment-là». Pour l’espagnol, cf. Lope Blanch 1972; Westmoreland 1988; Lubbers-Quesada 2004. Plus tard, Robert Martin (1980: 25) introduit une nouvelle dimension, notamment «la prise en charge de la valeur de vérité par le locuteur de l’énoncé dont il s’agit», mais il pense toujours que c’est la valeur aspectuelle qui définit l’opposition en question, tandis que l’antériorité n’est qu’une valeur secondaire.

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Maria Manoliu

... une vision analytique, décadente, durative, imperfective, s’oppose à une vision en tout point contraire, c’est-à-dire globale, incidente, ponctuelle et perfective [...] L’aspect ponctuelperfectif lie indissolublement le PS à la notion d’événement [...]. Grâce à l’aspect ponctuel qui évoque le fait dans sa globalité inanalysée, le PS confère au procès une certaine unité et, par suite, un certain relief: tiroir du premier plan, il produit une impression de nouveauté, un effet de surprise, que son rival est totalement incapable de donner. [...] L’aspect duratif-imperfectif de l’IMPF crée au contraire l’illusion d’un passé encore vivant, et ce temps grammatical semble conférer au locuteur le pouvoir d’évoquer, comme s’ils étaient en cours [...] des procès qui, de fait, sont depuis longtemps révolus [...] Il est le temps du commentaire, de l’explication, de la description, en un mot, du second plan.

3.2.2 Les hypothèses centrées sur le temps Dans son analyse sémantique de la catégorie de l’aspect en général, Eugenio Coseriu (1980: 16) considère que les langues romanes n’encodent pas l’aspect dans une catégorie grammaticale: Le système fondamental est [...] exclusivement de type «temporel». Si parfois on identifie l’imparfait et le passé simple (ou composé) romans, respectivement, avec l’imperfectif et le perfectif des langues slaves, c’est parce qu’on confond des effets secondaires avec les valeurs de langue.

Engel (1996) considère qu’en français contemporain l’emploi des temps dans le registre littéraire sert à construire une perspective pluridimensionnelle grâce à leur capacité d’indiquer des relations d’antériorité et de postériorité entre les événements. Engel propose le tableau suivant pour présenter sommairement les relations chronologiques exprimées par les temps du Passé FORMES SIMPLES COMPOSÉES SURCOMPOSÉES F plus difficile de raconter en fran/ cré/ < SR : = le créole > ou bien/ ? en créole + pourquoi ? SR : parce que le créole euh:: + mes parents ne veulent pas déjà que je parle ++ en créole +++ i(l) y a:: bon et puis à l'école seulement que je parle un petit peu créole avec mes copines et mes copains + E : d'accord SR : donc euh:: i(l) y avait des mots à trouver aussi:: euh:: donc si/ j'ai trouvé un tout petit difficile mais sinon ça allait E : ça allait ? tu étais plus à l'aise en français ou bien en:: en en créole ? +++ SR: euh:: hm:: + en créole et en français j'ai/ tout de suite ((chuchote)) (1s) en fait (1s) j'aime les deux en fait E : hm hm SR : = le français et le créole (1,1s) le créole c'est ma culture donc euh:: ++ je parle le créole j'ai toujours aimé parler le créole + mais ++ je (ne) peux pas parler créole chez moi E : hm hm SR : donc c'est avec mes copi::nes mes copains quand je rencontre mes copines et mes copains (aspiration) + que je parle créole avec eux mais:: c'est (que:: là, quand:: là) qu'on parle créole entre nous E : d'accord + ok

L’analyse rapide du discours de SR est très révélateur des écarts existant entre représentations et pratiques effectives des élèves, et en particulier de l’idéologie linguistique et de la sur-évaluation de la pratique du créole (mais aussi du français), dont doivent tenir compte tout chercheur travaillant sur ces questions. Tout comme SR, de nombreux élèves ont déclaré posséder une très bonne compétence linguistique aussi bien en compréhension qu’en production, que ce soit en créole ou en français. Après le test de performance proposé (28 élèves au total ont été enregistrés au cours d’une tâche de narration de la même histoire en français et en créole), les commentaires de SR nous donnent des éléments de réponse que nous pensons pouvoir généraliser. Les élèves des milieux populaires ont une compétence moyenne, notamment au niveau lexical, en créole (l.8-9) qu’ils expliquent par leur peu de pratique dû aux interactions limitées dans cette langue (l.4-6, 15-16, 18-20). Le créole est revendiqué comme marqueur d’identité (p.ex. «c’est ma culture» l.14) et est inscrit dans l’imaginaire collectif de la communauté d’appartenance. Il n’est pas pour autant pratiqué régulièrement, ni même maîtrisé. Cependant, malgré la place de plus en plus grande du français dans l’espace communicatif des élèves, le créole se maintient tout de même. Il existe donc une cohabitation entre les langues dans les différentes interactions au sein de l’entourage social de ces élèves, et le modèle de communication avec cet entourage s’apparente à des situations de bilinguisme (Deprez 1994: 52) qu’il reste à mieux décrire.

Représentations et pratiques du français et du créole martiniquais d’élèves scolarisés au cycle 3

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Bibliographie Barreteau, Daniel (2003): Du primaire à l’université en Martinique. 1. Les pratiques linguistiques. Rapport de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Université des Antilles et de la Guyane, http://www.univ-ag.fr/gerec-f/arec-f/ (2008 01 27). De Camp, David (1971): Toward a generative analysis of a post-creole speech continuum. In: Hymes, Dell (ed.): Pidginization and creolization of language. Cambridge: Cambridge University Press, 349-370. Deprez, Christine (1994): Les enfants bilingues: langues et familles. Saint-Cloud: coll. CREDIF, Essais / Didier. Ferguson, Charles (1959): Diglossia. In: Word 15, 325-340. Hazaël-Massieux, Marie-Christine (1996): Du français, du créole et de quelques situations plurilingues: données linguistiques et sociolinguistiques. In: Jones, Bridget / Miguet, Arnaud / Corcoran, Patrick (edd.): Francophonie. Mythes, masques et réalités. Enjeux politiques et culturels. Paris: Publisud, 127-157. Institut National de la Statistique et des études économiques: Nomenclatures, définitions, méthodes. In: INSEE, http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/accueil.htm (2008 01 27). Kremnitz, Georg (1983): Français et créole: ce qu’en pensent les enseignants. Le conflit linguistique à la Martinique. Hamburg: Buske. Koch, Peter / Oesterreicher, Wulf (2001): Langage oral et langage écrit. In: Lexikon der romanistischen Linguistik. Vol. 1-2. Tübingen: Max Niemeyer Verlag, 584-627. March, Christian (1996): Le discours des mères martiniquaises. Diglossie et créolité: un point de vue sociolinguistique. Paris: L’Harmattan. Prudent, Lambert-Félix (1993): Pratiques langagières martiniquaises: genèse et fonctionnement d’un système créole. Thèse de doctorat d’état, Université de Rouen. Putska, Elissa (2007): Le mythe du créole L1. In: Romanistisches Jahrbuch 57 (2006), 60-83. Reutner, Ursula (2005): Sprache und Identität einer postkolonialen Gesellschaft im Zeitalter der Globalisierung. Eine Studie zu den französischen Antillen Guadeloupe und Martinique. Hamburg: Buske. Romani, Jean-Paul (2000): L’interlecté martiniquais. Approches sociolinguistiques des rapports langue/idéologie dans une communauté antillaise. Thése de doctorat, Université de Rouen.

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Jean-David Bellonie

Annexes 1 Conventions de transcription et abréviations: fran/ SR : +, ++, +++ (1s) ((rires)) (est)

? = que::

auto-interruption du locuteur initiales du locuteur pauses brèves de moins d’une seconde pauses longues d’une seconde ou de plus commentaires hésitation sur l’interprétation chevauchement signale une question avec intonation montante tour de parole coupé par l’interlocuteur allongement (voyelle)

Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu

L’analisi del code switching nel contatto tra lingue geneticamente imparentate

1. Introduzione Lo studio della commutazione di codice o code switching (CS) è uno dei fenomeni linguistici maggiormente studiati e continua ad intrigare i linguisti di diversi orientamenti. Il suo particolare interesse scaturisce dai diversi aspetti che sono coinvolti nella produzione parlata che implica l’uso di code switching o l’enunciazione mistilingue (code mixing o CM). Nonostante i numerosi studi degli ultimi decenni, un gran numero di domande riguardanti CS / CM rimane tuttavia senza una risposta, fra esse: 1. CS e CM, che qui consideriamo due fenomeni differenti, compaiono principalmente o esclusivamente in coppie linguistiche geneticamente diverse, come la letteratura sociolinguistica pare suggerire? O possono occorrere in dialetti della stessa lingua? 2. In particolare, cosa succede quando CS / CM si riscontrano nell’uso di due o più lingue geneticamente affini (genetically closely related languages o GCRL)? 3. Quali implicazioni teoriche comporterebbero lo studio del CM nel contatto tra lingue geneticamente affini, quali l’italiano e il sardo? Investigare in questa direzione migliorerebbe la nostra comprensione del CS e del CM come fenomeni cognitivi? In accordo con Giacalone Ramat (1995) e Gardner-Chloros (1995), riteniamo che CS / CM si verifichino in qualunque coppia linguistica in cui una è la L1 e l’altra è la L2, o in cui una è dialetto/varietà 1 e l’altra è dialetto/varietà 2 di una data lingua. Il nostro obiettivo ultimo in questa sede è: (1) documentare l’occorrenza di CS / CM in GCRL e contribuire all’esiguo numero di studi esistenti su questo fenomeno; (2) evidenziare le difficoltà analitiche che si possono incontrare nel descrivere materiale linguistico proveniente da GCRL che contiene CM, come nel caso del contatto tra italiano e sardo; (3) indagare alla luce di questi dati sull’adeguatezza descrittiva di concetti acquisiti quali quelli di Embedding / Matrix language ed Embedded / Source language (Bokamba 1989; Sridhar / Sridhar 1980); e (4) proporre un’analisi preliminare di parlato proveniente da GCRL contenente CM che non solo permetta di rendere meglio conto delle caratteristiche del materiale osservato, ma che possa anche essere estesa all’analisi dell’alternanza di codice o dell’alternanza di stile tra dialetti della stessa lingua.

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Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu

2. La ricerca su CS/CM: il paradigma dominante e le problematiche insorte Esigenze di spazio c’impongono di non richiamare l’ampia gamma di ricerche su CS e CM prodotta per una gran varietà di coppie linguistiche. Pertanto, in questa breve revisione della letteratura metteremo a fuoco solamente quegli aspetti essenziali per la nostra analisi. Una versione più estesa di questo articolo sarà pubblicata in altra sede. Le precedenti ricerche hanno contribuito a convalidare l’occorrenza di CS e CM e a identificarlo come un comportamento verbale governato da regole, che implica l’uso di strategie interazionali socio-psicologiche e competenza comunicativa bi- e multilingue. Dal punto di vista descrittivo, la ricerca sul CM si è evoluta dal conteggio delle parole all’investigazione su costrittori sintattici non universali a tentativi di scoprire e descrivere la natura di certi costrittori sintattici ricorrenti tra due lingue in contatto (Bhatt 1997; Bokamba 1987; 1989; Mahootian 1996). Questi fondamentali risultati, tuttavia, nascondono un gran numero di sfide per la «teoria di base del CM». Un aspetto critico è rappresentato dalle nozioni di Embedding / Matrix language e Embedded / Source language. L’idea iniziale era che la lingua del discorso, quella che offre la struttura grammaticale primaria di un enunciato all’interno del quale sono inseriti elementi di una seconda o terza lingua sia la lingua base o matrice (Matrix language, ML in Myers-Scotton 1993); e la lingua che fornisce gli elementi da inserire sia la lingua di inserimento (Embedded language, EL in Myers-Scotton 1993). Questa distinzione, generalmente accettata per almeno due decenni, è stata di recente messa in discussione. Per esempio, Muysken (1997) critica l’idea che nel CM una lingua agisce come la lingua base in una produzione mistilingue, dal momento che l’abilità di produrre CM risulterebbe dalla conoscenza delle regole che governano entrambe le lingue. Questa argomentazione è confutata dai dati presentati in Bokamba (1988; 1989) e in Myers-Scotton (1993). In uno studio successivo Muysken (2000) differenzia tra tre sottocategorie di CM e tra tre tipi di CS: (1) inserimenti (insertions), che implicano l’inserimento di un costituente, solitamente una parola; (2) alternanze (alternations) che implica la giustapposizione di due lingue; e (3) lessicalizzazioni congruenti (congruent lexicalizations) in cui le due lingue coinvolte condividono la struttura grammaticale. Questa distinzione tra inserimento e alternanza del costituente proveniente da una lingua nell’altra potrebbe essere di interesse per il contatto tra lingue romanze, in quanto queste lingue avrebbero sub-sistemi morfologici piuttosto articolati. D’altro canto, la terza categoria suggerita da Muysken potrebbe essere assente o di difficile reperimento. Di fatto, la vicinanza tra i sistemi grammaticali di due GCRL quali l’italiano e il sardo potrebbe oscurare la possibilità di distinguere una lingua dall’altra. Mentre la distinzione tra lingua di base e lingua d’inserimento nella produzione con CM potrebbe essere facilmente data quando le lingue coinvolte sono geneticamente distanti o diverse, come nel caso dell’inglese e dello Swahili (Myers-Scotton 1993), o del francese e del Lingala (Bokamba 1988), essa non è facile nei casi in cui siano coinvolte GCRL, come suggeriscono, per esempio, Auer (1998) e Giacalone Ramat (1995). In questi casi Auer (1998) propone l’uso del termine code shifting per rendere conto della variazione conversazionale fra il dialetto e la varietà standard nel continuum delle parlate della Germania meridionale. Questo termine non sembra portare alcun contributo chiarificatore

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all’assunto, tuttavia è indicativo del tentativo di caratterizzare strutture linguistiche opache o sfuggevoli. In maniera simile, nell’analisi che Giacalone Ramat (1995) fa del materiale linguistico di diverse comunità dialettali bilingui italiane, si rileva la difficoltà di applicare il modello MLF di Myers-Scotton ai casi in cui il requisito di identificazione della lingua matrice sia raramente soddisfatto, dato l’alto grado di convergenza dei codici. Col conforto di precedenti studi (Bhatia / Ritchie 1996; Bokamba 1988; 1989; Sridhar / Sridhar 1980), riteniamo che la distinzione tra lingua matrice e lingua d’inserimento sia necessaria per l’analisi strutturale degli enunciati con CM. Inoltre, vorremmo mostrare che questa distinzione è difficile da sostenere quando è impossibile distinguere strutturalmente quale lingua controlli il discorso. Questa difficoltà è più marcata per GCRL nelle quali la grammatica converge naturalmente o la convergenza è frutto del contatto (italiano standard vs. sardo in Marongiu 2007, e lingala vs. kikongo in Bokamba 2007). Nel recente passato le poche ricerche su CS e CM tra GCRL in contatto potevano condurre all’erronea conclusione che CS / CM non si verifichino nel contatto tra lingue geneticamente imparentate. Viceversa, studi più recenti sembrano confutare questa ipotesi (Marongiu 2007) e suggerire quesiti importanti: (1) perché la ricerca su CS / CM non ha dedicato la stessa attenzione all’occorrenza di questo fenomeno nel contatto tra GCRL? E (2) in che maniera questa ricerca contribuirebbe all’indagine su CS / CM in genere? È probabile che le ricerche su CS / CM si siano eccessivamente concentrate sui costrittori sintattici nel contatto linguistico, nel tentativo di attribuirgli o togliergli valore universale. Poca attenzione è stata data ad aree d’indagine quali quelle che coinvolgono il contatto tra GCRL, ma anche l’alternanza linguistica in presenza di dialetti. In sostanza appare inappropriato affermare che CS / CM non si verifichino in GCRL, in quanto, come mostreremo, l’occorrenza di CS e CM sia in sardo che in italiano è abbondantemente documentata nella ricerca di Marongiu (2007) come non-marcata strategia interazionale.

3. Il contatto tra l’italiano e il sardo Il contatto tra italiano e sardo si articola in un sistema complesso datato diversi secoli. Non essendo questa la sede per un’analisi diacronica di questo contatto, sarà tuttavia opportuno menzionare le sue peculiarità. Esse sono: a) la vicinanza tipologica tra le lingue coinvolte, entrambe lingue romanze; b) la complessità della situazione linguistica, dove la varietà regionale della lingua nazionale (Italiano Regionale Sardo o IRS) è in competizione con diverse varietà del sardo in distribuzione diatopica: il logudorese e il campidanese, varietà di origine endogena; e il gallurese e il sassarese, di origine esogena su substrato logudorese; c) l’avanzato stadio di convergenza tra l’italiano e le varietà del sardo; d) l’estrema diversificazione e dialettizzazione interna al sistema del sardo; e) la drastica restrizione funzionale del sardo, in recessione nella sua relazione diglossica con l’italiano, che lo sta sostituendo nei suoi tradizionali domini d’uso, inducendolo piuttosto alla dilalia (Berruto 2000); e f) il recente cambiamento di orientamento (language attitudes) istituzionale verso le lingue minoritarie che si è concretizzato nell’approvazione della Legge Regionale n. 26/97 e della Legge Nazionale n. 482/99.

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4. CS e CM nel parlato da una scuola superiore professionale di Cagliari Nella sua ricerca empirica sugli usi linguistici degli adolescenti di un istituto professionale di Cagliari, finalizzata alla valutazione del grado di vitalità del sardo, rispetto alla lingua nazionale, realizzata fra il 2004 e il 2006, Marongiu (2007) ha stabilito che CS e CM sono strategie comunemente usate dai suoi informatori con scopi interazionali. La ricerca, che ha comportato l’uso di un questionario sociolinguistico, interviste individuali, e la registrazione di più di cento ore di parlato spontaneo degli studenti durante le ore di laboratorio delle materie professionalizzanti, ha indotto a concludere che: (a) CS / CM in italiano e sardo sono strategie comunicative comuni nella popolazione studentesca osservata; e (b) mentre, i parlanti sardo sono passati gradualmente all’uso della lingua nazionale come lingua dominante, gli studenti osservati sembrano trovare il sardo una lingua ereditaria ancora pregnante di valori etno-linguistici, che può essere usata con orgoglio per il suo valore identitario. La capacità degli studenti di passare dal sardo all’italiano e viceversa mostra la loro multipla identità, quella locale (e rurale) e quella nazionale. Tuttavia, la produzione linguistica degli informatori include anche enunciati opachi o ambigui che non si prestano ad una facile classificazione lungo la dicotomia CS / CM. Gli esempi 1 e 2 mostrano un caso di CS e uno di CM: Esempio 1:1 CS interfrasale – (in base al modello di Myer-Scotton (MLF) 1993). 1) St9: ita c'intrada! […] oh vai a posto devo fare il compito! oh capito? là ghi di bocciu!2 2) St9: fill'e bagassa per oggi poni su melloi3 ahah [ride] sulla carta […] torna!4 3) St9: tanto non e' la prima volta che: mesu-di’e mesu!5 [...] dopo ti raggiungo a te

Questo esempio mostra come diverse occorrenze di CS coinvolgenti l’italiano e il sardo siano prodotte dallo stesso parlante nello stesso evento comunicativo. Lo studente 9 frequentava la prima classe quando ha prodotto questi enunciati nell’interazione con i suoi compagni di provenienza rurale. Nella maggior parte dei casi, egli ha prodotto frasi idiomatiche o strutture stereotipate, spesso volgari o destinate a produrre ilarità (righe 1 e 2). Tuttavia, nella riga 3, interrompendo il suo turno conversazionale in italiano, egli dice l’ora in sardo, rispondendo ad una richiesta fatta in italiano da un compagno di provenienza rurale. L’esempio 2 mostra un caso di CM del tipo: ML + isola da EL, caratterizzato dalla ritenzione dell’originale morfologia del sardo da parte dell’elemento lessicale sardo inserito ––––––– 1

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5

Negli esempi, il parlato in sardo è trascritto in grassetto e italico, mentre gli altri tipi di transfer dal sardo sono riportati in italico solamente. Campidanese: ita c'intrada […] là ghi di bocciu! = it.: cosa c’entra! […] Guarda che ti picchio! camp.: boccire = it.: uccidere con una testata, usato come minaccia scherzosa. Camp.: fill'e bagassa! […] poni su melloi = it.: figlio di bagasca! […] metti il melone! (su melloi, metaforicamente: «l’oggetto della contesa»). Camp.: torra! = it. standard: ancora!/di nuovo! = Italiano Regionale Sardo (IRS) (registro basso): torna! Camp.: mesu-di’e mesu = it.: mezzogiorno e mezzo.

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in contesto linguistico italiano, di cui comunque rispetta la configurazione sintattica. In questi casi, il CS intrafrasale rispetta il principio dell’ordine del morfema postulato da Myers-Scotton (1993: 83). L’intervento comunicativo trascritto è stato prodotto dallo studente in risposta alla richiesta di descrivere le sue attività quotidiane, quando veniva video-intervistato da un suo compagno di classe. Esempio 2. CM o CS intrafrasale con l’inserimento del tipo: isola da EL. St3: prendo il treno alle due [ride] sono mezzo sbertidori6 prendo il treno alle due

Non tutti i nostri esempi s’inquadrano nel modello di riferimento teorico (MLF model) proposto dalla Myers-Scotton (1993). Le inserzioni dell’EL possono essere o non essere adattate alla morfologia della ML, ciò nonostante, nessun tipo di inserzione o adattamento dalla EL può essere considerato non-marcato nella produzione dei nostri informatori. Si veda l’esempio 3: Sample 3: CS intrafrasale con ML + costituente dell’EL a righe 1, 2 e 4, direzione: italiano  Sardo; CS interfrasale e CS intrafrasale a riga 3, direzione: sardo  italiano  sardo. 1) Ins.:7 perché ha fatto il barroso8 2) St7: è venuta una moto ed E. gli ha detto xxx squartarato9 di xxx 3) St7: [xxx] d’anta pigau fadendi su barrosu10 con quello di R. M. che d’è pitticcheddu11 4) St8: xxx stava dicendo le cose xxx anche io ho fatto il barroso12

Lo stralcio di conversazione riportato nell’esempio 3 include un CM del tipo ML + costituente della EL, che compare a riga 1 e a riga 4. Prodotto dal docente nella prima occorrenza e dallo studente 8 nella seconda, esso è stato morfologicamente adattato alla ML (campidanese: barros-u > barros-o), mentre, nel turno conversazionale dello studente 7 (riga 3) esso è usato in contesto sardo, perciò rimane morfologicamente inalterato. Analogamente, lo studente 7 adatta morfologicamente e fonologicamente al sistema della ML, qui l’italiano, il lessema sardo a riga 2 (campidanese: i-squartara-d-u > ø-squartara-to). lI turno conversazionale a riga 3 permette diverse interpretazioni. Secondo la prima, un CS è immediatamente seguito da un CM del tipo ML + isola della EL. Per quanto riguarda il CM, si tratta di un lessema dal sardo inserito in un enunciato in italiano; ciò farebbe supporre che l’italiano sia la ML. Tuttavia, ad un esame più attento dell’intero turno conversazionale, la ML sembrerebbe piuttosto essere il sardo, per cui «con quello di R. M.13 che d’è» sarebbe un CS intrafrasale all’interno di un enunciato sardo. In questo caso, il ––––––– 6 7 8 9 10

11 12 13

Camp.: sbertidori = it.: picchiatore. Ins. = insegnante. Camp.: barrosu = it.: prepotente. Cf. anche righe 3 e 4. Camp.: isquartaradu = it.: fracassato (letteralmente: squartato). Camp.: d’anta pigau fadendi su barrosu = IRS: l’hanno preso facendo il prepotente = it. standard: l’hanno preso mentre faceva il prepotente. IRS: che d’è = it. standard: che è. Camp.: pitticcheddu = it.: piccolino. Cf. riga 2. Qui riportiamo solo le iniziali (R. M.) del nome che nell’originale viene enunciato per intero.

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Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu

sardo determinerebbe la struttura del turno conversazionale, per cui gli elementi inseriti sono funzionali alla struttura sintattica della ML. Inoltre, la struttura sintattica riprodotta nel CM in italiano è tipicamente sarda, piuttosto che italiana, e il segmento italiano non è indipendente, dal momento che a suo completamento è inserito come nome del predicato l’aggettivo qualificativo sardo («pitticcheddu»). Questo tipo di CM è ricorrente in contesti informali nella produzione parlata dei sardi con basso grado d’istruzione, e potremmo classificarlo come IRS. Infatti, queste scelte interazionali sarebbero marcate nell’italiano standard, pur non compromettendone la comprensione a un interlocutore che non abbia familiarità col sardo, mentre un interlocutore bilingue potrebbe identificare in esso la struttura sarda soggiacente. Questa interpretazione ha un suo riscontro logico nell’analisi del segmento conversazionale riportato nell’esempio 3, ma estendendo l’analisi ad una conversazione più articolata, come evidenziato in Marongiu (2007), si può rilevare che l’italiano, e non il sardo, è la lingua matrice. Il punto da chiarire, che pare non essere stato preso in seria considerazione dalla letteratura sul CS, è se il contesto appropriato per l’analisi del CM sia la frase, come si tenderebbe a fare nell’analisi sintattica, o il discorso, che potrebbe coinvolgere due o più frasi adiacenti. Finora, la letteratura specialistica ha adottato (e anche noi) la frase come dominio appropriato per il CM, dove si realizzano i vincoli sintattici (Bokamba 1989). Ci sono altri aspetti strutturali oscuri che il modello di Myers-Scotton’s (1993) non è in grado di spiegare, ma sui quali non ci soffermeremo in questa sede. Sarà qui sufficiente indicare che sono tra questi incluse occorrenze di sequenze strutturate di isole in ciascuna delle lingue in contatto, e sequenze in cui la struttura grammaticale delle due lingue in questione è perfettamente sovrapposta (Marongiu 2007). L’applicazione del modello di Myers-Scotton all’analisi del CS intrafrasale si presta a una certa ambiguità nell’identificazione della LM nel corpus a disposizione. In generale, se il modello funziona bene quando i sistemi linguistici coinvolti nel contatto non sono tipologicamente imparentati, esso è di più complessa applicazione nei casi in cui le lingue in contatto siano GCRL. In questi casi sarebbe più appropriata l’adozione di un modello più flessibile. Comunque, andranno presi in considerazione la vicinanza strutturale tra i sistemi e il grado di convergenza raggiunto dalle lingue in contatto. Le strutture frasali delle occorrenze di CM non sono le sole a mettere in dubbio l’applicazione del modello di Myers-Scotton (1993) alle GCRL. Le più semplici e più comuni occorrenze di CS / CM che sollevano dubbi sulla determinazione della lingua matrice, intesa come la intende Myers-Scotton, nel contatto tra GCRL sono le commutazioni del lessico, come a riga 2 dell’esempio 4 che segue. Sample 4: 1) St19: xxx Abi- G. ti ‘occidi Abi- no: già là-ghe ce n’è già molto [.] ma ite xx là ghi:14 2) St19: ti do’ una bussinada! Xx esci! ti do’ una bussinada! quanto vuoi o: donami sa maglia:! Ritornami la felpa!15

––––––– 14 15

It. standard: Abi- G. ti uccide […] guarda che […] ma cosa xx guarda che. It. standard.: ti do una sberla! Xx spostati! ti do una sberla! [.] dammi la maglia! Restituiscimi [.].

L’analisi del code switching nel contatto tra lingue geneticamente imparentate

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In questo esempio lo studente di provenienza rurale 19, che frequenta la classe terza, sta svolgendo un’attività pratica con il suo compagno di banco di provenienza suburbana. Il suo compagno nasconde il cellulare di un altro compagno mentre lo studente 19 distrae la vittima raccontandogli di un fatto che gli era capitato il giorno prima col padre. Nei suoi turni conversazionali, lo studente 19 produce spezzoni di enunciati, mostrando particolare eccitazione. Egli alterna il sardo all’italiano e viceversa, ma la mancanza di adeguato contesto linguistico e la somiglianza tra le due lingue in contatto sia a livello lessicale che sintattico complica l’analisi e l’interpretazione del turno conversazionale di questo parlante. In questo caso, l’enunciato a riga 2 «ti do’ una bussinada!» può essere analizzato in due modi. Può essere considerato un’occorrenza di CM dove il presente indicativo del verbo italiano «dare», il predicato, è inserito vicino al suo oggetto, il nome sardo: «una bussinada». Infatti, in campidanese il verbo «dare» si traduce con «donai», e la prima persona singolare del presente indicativo in campidanese sarebbe «ti dono» o «ti dongu». Tuttavia, in questo contesto è più probabile che «ti do’» sia la forma sincopata della realizzazione variazionale del verbo sardo («ti do’(no)»), piuttosto che una voce del verbo italiano («dare»). Perciò, l’enunciato «ti do’ una bussinada!» potrebbe essere interpretato come un’occorrenza di CS interfrasale in sardo. In breve, come gli esempi riportati mostrano, nello stesso contesto o discorso i parlanti possono produrre segmenti di parlato che chiaramente contengono un enunciato con aspetti morfologici e sintattici caratteristici dell’italiano (standard o regionale sardo), e un secondo enunciato con aspetti morfo-sintattici o elementi lessicali provenienti dal sardo. Quando un enunciato con CM italiano-sardo contiene aspetti grammaticali che sono unici di ciascuna lingua possiamo identificare quale delle due lingue è usata in ogni parte della produzione, come negli esempi 1 e 2. Tuttavia, quando le due lingue condividono gli aspetti usati, come nell’esempio 3 e 4, è molto più difficile identificare e analizzare la struttura della produzione linguistica con CM. Per ritornare al primo quesito della discussione iniziale, i dati che abbiamo presentato mostrano chiaramente l’occorrenza di CS e di CM in sardo e in italiano. Il fatto che siamo stati in grado di descrivere le differenze tra le due lingue suggerisce che i due sistemi sono sufficientemente distinti. La vicinanza tipologica tra le due lingue non ostacola il discernimento. Sulla base di questi esempi, specialmente degli esempi 1 e 2, possiamo stabilire senza ambiguità quale sia la lingua matrice e quale la lingua di inserimento e possiamo riaffermare l’esistenza del CS e del CM. Tuttavia, per una parte del corpus linguistico a nostra disposizione, come documentano gli esempi 3 e 4, non siamo in grado di distinguere tra l’italiano e il sardo, pur potendo riconoscere i significati. Questi enunciati che non siamo in grado di attribuire inequivocabilmente all’italiano o al sardo possono essere assegnati a una zona intermedia (mixed-speech) italiano-sardo. Poiché le nozioni di ML (matrix language) e EL (embedded language) non sono confermate senza ambiguità dal nostro corpus di dati linguistici, né abbiamo evidenza statistica delle occorrenze di CS interfrasale o intr-frasale, o di mescolanza a livello lessicale, non possiamo affermare senza dubbi che questi fenomeni di contatto siano anomali o rari, o al contrario, regolari e frequenti. In accordo con le osservazioni di Bokamba (1989), vorremmo qui sostenere che gli stessi fenomeni hanno luogo nei casi di contatto tra due o più dialetti. L’esiguità della ricerca, a nostra conoscenza, su questo aspetto del CS / CM (Alfonzetti 1998; Berruto 1990; Franceschini 1998; Giacalone Ramat 1995; e Sobrero 1994 sui dialetti italiani nel

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Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu

loro contatto con l’italiano) è probabilmente il risultato della mancanza di attenzione rivolta ad esso, sia perché i parlanti e i loro interlocutori tendono a non monitorare il parlato informale nella stessa misura in cui lo fanno con altre occorrenze di parlato bi- o multilingue che sono di più facile analisi, sia perché l’individuazione di questi fenomeni di contatto è particolarmente difficile.

5. Conclusioni e implicazioni teoriche Se ritorniamo ai quesiti posti in principio, speriamo di avere mostrato che l’occorrenza di CS / CM non è limitata al contatto tra lingue tipologicamente lontane o non imparentate; che la commutazione di codice inter- e intrafrasale è una strategia comunicativa usata dai parlanti di tutte le lingue, e anche dai parlanti di qualunque dialetto di una data lingua. L’assenza di ricerche sistematiche su CS / CM nelle GCRL e nei dialetti è probabilmente dovuta all’inconsapevolezza dell’occorrenza di questi fenomeni in deteminati contesti, o alla mancanza di interesse in una specifica lingua o caso di contatto. Inoltre, sulla base dei dati provenienti dal contatto sardo-italiano, possiamo in generale confermare la validità dei concetti di CS, CM, lingua matrice e lingua di inserimento, anche se questi ultimi sono soggetti a particolari restrizioni quando usati per la descrizione di casi «opachi» di CM. I risultati del nostro contributo paiono confermare la validità dei concetti base di CS/CM e incoraggiano a estendere questo tipo di ricerca anche a casi di contatto linguistico che coinvolgono GCRL, e dialetti di qualunque lingua. L’occorrenza di questi casi di CS e CM in tutti i tipi di lingue e dialetti in situazioni di contatto indica chiaramente che questi fenomeni sono una strategia comunicativa comune nelle abitudini linguistiche dei parlanti multilingui e multi-dialettali, che questi usano per veicolare contenuto referenziale ma anche informazioni relative al rapporto identitario tra parlanti e dei parlanti con le lingue parlate. Alla luce di questa pervasività, pare appropriato concludere che i parlanti usano le loro lingue o codici, o repertori, come se fossero «serbatoi» aperti attraverso i quali possono accedere sequenzialmente o simultaneamente al materiale grammaticale rilevante, alle regole, ai principi necessari per la costruzione di un enunciato (Bokamba 1988; 1989). Ciò suggerisce che la grammatica del parlante multi-lingue e/o multi-dialettale è organizzata in modo da permettere la produzione di parlato in una lingua e possibilmente un dialetto, oppure la produzione in sequenza o simultanea di parlato con CS o CM. Queste possibilità diventano più realistiche quando si consideri la velocità con la quale il parlato viene prodotto senza monitoraggio. Dunque, CS e CM non sono strategie usate con poca frequenza da parlanti multilingui in contesti di contatto linguistico, ma, al contrario, strategie comunicative usate con elevata frequenza da parlanti competenti attivi in più di una lingua o dialetto. Questo fatto è di particolare interesse e ci induce a voler approfondire ulteriormente la ricerca nel prossimo futuro.

L’analisi del code switching nel contatto tra lingue geneticamente imparentate

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Claudio Cicotti

Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren (les Italiens du Luxembourg)

Pour les nouvelles générations qui peuplent le Grand-Duché, l’image de l’Italie, en particulier, n’est plus associée à l’immigration, aux «Gastarbeiter» (travailleurs saisonniers), aux «petites Italies». Ici les Italiens se sont très bien intégrés et ils se sont même luxembourgeoisisés. L’image que l’on a aujourd’hui de l’Italie est plutôt liée aux vacances, à la gastronomie et à la culture. Ni plus ni moins que dans d’autres pays ayant connu, dans le passé, une immigration italienne plus ou moins forte.1 Dans une société dans laquelle 34% de la population déclare connaître la langue italienne, où 25% la parle bien, où une personne sur quatre (surtout dans le sud du Grand Duché) est italienne ou a des origines italiennes proches, il semble difficile de distinguer de manière claire entre «autre» et autochtone. Les deux âmes cohabitent très bien. Aujourd’hui elles apparaissent unies à tel point que l’on peut socialement et historiquement considérer que la culture italienne s’est admirablement intégrée dans le Grand-Duché, bien plus qu’en France, en Allemagne ou en Belgique. Il fut un temps où cela n’était pas le cas. Les Italiens arrivent au Luxembourg vers 1890. Ils sont tout de suite considérés avec méfiance. Le rapport avec la population apparaît difficile. Ils constituent ce que l’on a nommé les «Petites Italies», surtout à Differdange, à Esch et à Dudelange. Ils sont bruyants, désordonnés, tout simplement «autres». Les Luxembourgeois appelaient les Italiens les «Bieren»2 (Ours), et comme les ours, on trouvait les Italiens sournois, amusants mais aussi dangereux. Heureusement ce sont de vieux souvenirs. Dans la mémoire collective, immigration ne correspond plus à désespoir. Le Luxembourg a tourné la page et a connu des Italiens différents, surtout de l’après-guerre à aujourd’hui. ––––––– 1 2

Fil conducteur du texte sera un précédent article de Cicotti, Claudio (2007: 109-114). Il existe trois explications (étymologiques) possibles pour l’utilisation de ce terme. Certains soutiennent que les premiers Italiens (les «Orsanti» ou «montreurs d’ours») arrivèrent au Luxembourg l’ours en laisse, en suivant les cirques; d’autres pensent que les Italiens furent comparés, de par leur statut de «Gastarbeiter», aux ours qui partaient hiberner; d’autres encore soutiennent que Bieren n’est autre qu’une reproduction onomatopéique que les Italiens, peu familiers à la langue luxembourgeoise, faisaient dans les bistrots lors de la commande d’une chope de bière (Bier); d’autres encore pensent que c’est à cause de la similitude physique des Italiens avec les plantigrades. Mais la raison vraie du mot se rattache probablement au Carnaval pyrénéen et à la Fête de l’ours.

280

Claudio Cicotti

Nous pouvons identifier trois phénomènes qui ont déterminé le succès d’une telle intégration: 1. La présence séculaire des Italiens dans le Grand-Duché: on en est aujourd’hui à la sixième génération d’immigrés. Il s’agit donc de personnes qui se reconnaissent pleinement dans la culture luxembourgeoise parce qu’ils sont Luxembourgeois; 2. L’arrivée de nouveaux immigrés qui s’ajoutent à la présence italienne et dont le nombre surpasse les anciens: les Portugais, puis les Slaves. Ce qui a déterminé une intégration «quantitative»; 3. Une plus récenté vague migratoire dans les trente dernières années qui n’est plus constituée de «Gastarbeiter» mais d’Italiens extrêmement spécialisés et cultivés qui travaillent pour les institutions européennes et auprès d’innombrables instituts financiers. Ce qui a déterminé une intégration «qualitative». Ces trois phénomènes ont certainement aidé à développer et anoblir l’image des immigrés italiens au Luxembourg. Bien plus que dans d’autres pays. L’étude du contact entre la langue italienne et la langue luxembourgeoise (une langue francique-mosellaine) doit tenir compte de la phase de «forte standardisation» du Lëtzebuergesch, une langue qui est née officiellement en 1984. Les actes législatifs déclarent que: 1. 2.

La langue nationale des Luxembourgeois est le luxembourgeois; Les actes législatifs et leurs règlements d’exécution sont rédigés en français; mais une langue autre que le français peut faire foi pour d’autres réglementations; 3. En matière administrative, contentieuse ou non contentieuse, et en matière judiciaire, il peut être fait usage des langues francaise, allemande ou luxembourgeoise; mais 4. lorsqu’une requête est rédigée en luxembourgeois, en francais ou en allemand, l’administration doit se servir, dans la mesure du possible, pour sa réponse, de la langue choisie par le requérant. «Donc une langue nationale, trois langues administratives possibles et surtout des usages officialisés sans langue officielle privilégiée».3 Une enquête sociologique avec le titre de Baleine4 (et puis Baleine / bis) a analysé les langues utilisées au Luxembourg. Les résultats démontrent que l’italien «vient en cinquième place des langues parlées au Luxembourg, après le français (99%), le luxembourgeois (82%), l’allemand (81%) et l’anglais (72%). Avec 34%, il devance largement le portugais (28%), l’espagnol (22%) et le néerlandais / flamand (13%)».5 Le français est la langue fédératrice de la société luxembourgeoise. Le luxembourgeois joue un rôle très important pour l’intégration des immigrés. ––––––– 3 4 5

À ce sujet cf. François Schanen (2004). Fehlen, Fernand (1998: 38). Fehlen, Fernand (2006: 39-40).

Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren

281

Le sondage Baleine/bis révèle que le français est majoritaire dans les connaissances linguistiques générales de la première génération des Italiens: 95,6% utilisent le français, 44,7% le luxembourgeois, 43,6% l’allemand, 24,5% l’anglais; par contre 97% de la deuxième génération utilise le français, 99,2% le luxembourgeois, 97,2% l’allemand, 63,7% l’anglais et 23,3% l’italien.6 Les Italiens utilisent principalement leur langue dans la communication écrite (51%), puis le français (33%), le luxembourgeois (30%) et l’allemand (19%). Ces chiffres démontrent que les Italiens se débrouillent assez bien avec le Lëtzebuergesch. Par contre 73% des Portugais utilisent leur langue maternelle, 24% le français et seulement 1% le luxembourgeois.7 Pour faire leurs courses 56,2% des Italiens utilisent le français, 37,9% le luxembourgeois, et seulement 0,4% l’allemand. 49% des Italiens écoutent la radio en luxembourgeois, contre 40,1% en français, 3,7% en allemand. Ce pourcentage augmente jusqu’à 63% parmi les jeunes (entre 14 et 24 ans). 43,2% des Italiens parlent l’italien comme langue principale avec les amis, 19,2% utilisent le français et 34,8% le luxembourgeois.8 Ce qui démontre que les jeunes Italiens se rapprochent sans trop de problèmes de la langue et de la culture des jeunes luxembourgeois. D’une certaine façon, le Lëtzebuergesch pénètre dans la langue des immigrés. Mais les mots luxembourgeois pénétrés dans la langue italienne ne semblent pas être nombreux. Voici les mots, qu’un Italien résident au Luxembourg comprendra sans difficulté: Smira de Schmier ‹tartine›, est très diffusé malgré la difficulté du mot. Beaucoup de mots proviennent du monde du travail, comme le bughetto du luxembourgeois Buggi, qui est un ‹petit wagon utilisé dans les mines pour le transport du minerai›. Intéressants sont aussi les mots des ouvriers des usines: chipa, qui provient du luxembourgeois skippen ‹verser›, est le mot pour indiquer le ‹lieu où les restes liquides des hauts-fourneaux sont jetés›. Ce reste liquide (Schlaak en luxembourgeois, Schlacke en allemand, slacca pour un italien) était transporté par des (H)umpe(n) / Humpen en luxembourgeois, des sortes de ‹poche de coulée›.9 Le mot sgnappa / sniapa, qui provient de Schnapps, est très diffusé au Luxembourg et partout dans les langues du nord-est de l’Italie et à la frontière franco-allemande.10 En 1995, en publiant une vingtaine d’expressions d’interférence entre italien et français et parfois luxembourgeois au Grand-Duché, Luciano Pagliarini11 a observé que l’expression lavorare sulla mina est un calque luxembourgeois pour op der Schmeltz schaffen (où Schmeltz est évidemment ‹l’implant sidérurgique› et pas ‹l’usine›). Dans la même liste de Pagliarini nous trouvons aussi: armare ‹fixer› à travers le fr. armer, buro ‹bureau› du fr. bureau, candela ‹pièce verticale pour la construction d’une maison› du fr. chandelle, cheffe ‹capo, responsabile› du fr. chef, cocco ‹charbon› du fr. coke, gattone du fr. gâteau, laminore du fr. laminoir, lampa a carbit du fr. lampe à carbure, macina du fr. machine, ––––––– 6 7 8 9 10 11

Cf. Fehlen, Fernand (1998: 132). Cf. Fehlen, Fernand (1998: 31). Cf. Fehlen, Fernand (1998: 134). Cf. Boggiani, Giuseppe (1999: 20). Cf. Kramer, Johannes (1985). Cf. Pagliarini, Luciano (1995).

282

Claudio Cicotti

portale du fr. portail, posore ‹ouvrier spécialisé dans les voies ferrées› du fr. poseur, raia du fr. rail. Les mots donnés par Pagliarini enregistrent surtout la dérivation directe du français. À ce propos, Johannes Kramer a observé que la langue d’origine n’est pas nécessairement le français du fait que beaucoup de mots de cette liste apparaissent en luxembourgeois aussi.12 Nous avons essayé de vérifier cette affirmation sur la base d’une liste de mots plus longue, publiée par Giuseppe Boggiani13, qui documente le contact entre italien et luxembourgeois. Boggiani (comme Pagliarini auparavant) juxtapose seulement l’italien et le français. Nous avons contrôlé la correspondance avec le luxembourgeois sur la base des anciens dictionnaires: le Luxemburger Wörterbuch14 (1950-1977), le Wörterbuch der luxemburgischen Mundart15 (du 1906), le Lëtzebuergesch-italienesch Dictionnaire16 et le Luxdico.com.17 Voici certains néologismes: NÉOLOGISMES

FRANÇAIS

LUXEMBOURGEOIS

accidente allocazione

accident allocation

allumetta assuranza

allumette assurance

aumentazione

augmentation

avione blocco (di case) bonbone bricco buatta ciapa cotisazione

avion bloc, pâté de maisons bonbon brique boîte chape (dalle) cotisation

Accident Zoulag / Allokatioun18 Fixspoun / Fixfeier Assürance/ Asserance Erhéiung19 / Augmentatioun Avion Block (Häuserblock) Bonbon Zill Dous Schapp Cotisatioun

ITALIEN STANDARD

incidente sussidio fiammifero assicurazione aumento aereo isolato caramella mattone scatola soletta quota

––––––– 12

13 14 15 16 17 18 19

Cf. Kramer, Johannes (1996); Bagola, Beatrice / Kramer, Johannes (2006: 168): «[…] on doit bien supposer que les éléments français sont passé dans la langue luxembourgeoise». Cf. Boggiani, Giuseppe (1999: 21). Luxemburger Wörterbuch (1950-1977). Wörterbuch der luxemburgischen Mundart (1906). Caldognetto, Maria Luisa / Boggiani, Jos (2003). Lulling, Jérôme / Schanen, François (2004). Lulling, Jérôme / Schanen, François (2004). Lulling, Jérôme / Schanen, François (2004).

283

Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren NÉOLOGISMES

FRANÇAIS

LUXEMBOURGEOIS

Direkter Direktioun Educatioun Sendung / Sendong Ficelle Gare Garage Gäipkuch / Kuch Gouvernement Gripp Anterprënner Invitatioun20 Isolatioun21 Lamp Lavette Magaséng Pick

preside presidenza istruzione trasmissione cordicella, spago stazione garage, autorimessa dolce governo influenza imprenditore edile invito isolamento lampada strofinaccio negozio piccone

maternella pelusa permesso permissione plafone

directeur direction éducation émission ficelle gare garage gâteau gouvernement grippe entrepreneur invitation isolation lampe lavette magasin marteaupiqueur maternelle pelouse permis permission plafond

asilo / scuola materna prato inglese patente autorizzazione, permesso soffitto

plancia plombiere

planche plombier

pubella pussiera questione reclamazione restorante retroproiettore

poubelle poussière question réclamation restaurant rétroprojecteur

Asill Wiss / Wis Permis Permissioun Plafond / Plaff(ong) / Plaffon / Plaffang Plancher Blachschléier/ Installateur Poubelle22 Polver / Stëbs Fro / Questioun Reklamatioun Restaurant Overheadprojekter

direttore direzione educazione emissione fissella gara garagio gat(t)o governamento grippa impresario invitazione isolazione lampa lavetta magazzino martello picco

ITALIEN STANDARD

asse, tavola idraulico pattumiera polvere domanda reclamo ristorante lavagna luminosa

––––––– 20 21 22

Lulling, Jérôme / Schanen, François (2004); Caldognetto, Maria Luisa / Boggiani, Jos (2003). Lulling, Jérôme / Schanen, François (2004). Caldognetto, Maria Luisa / Boggiani, Jos (2003).

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Claudio Cicotti FRANÇAIS

LUXEMBOURGEOIS

riservazione sciofaggio sciomaggio secretariato secretario/a servietta suggestione supa tarta tassa timbro tonna trottinetta usina

réservation chauffage chômage secrétariat secrétaire serviette suggestion soupe tarte tasse timbre tonne trottinette usine

Reservatioun Chauffage Chômage Zekretariat Zekretär/in Zerwéit Suggestioun Zopp Taart Tas Timber Tonn Trottinett Usin / Usine

vitessa

vitesse

Vitesse

NÉOLOGISMES

ITALIEN STANDARD

prenotazione riscaldamento disoccupazione segreteria segretario/a salvietta suggerimento zuppa, minestra torta tazza bollo tonnellata monopattino fabbrica, impianto siderurgico velocità

À cette catégorie on peut ajouter des cas d’adaptation graphique: cantina cava comanda crema maggiorità malora mina minorità

cantine cave commande crême majorité malheur mine minorité

Cantine Caven Commande Kräm Majoritéit Malheur Minn Minoritéit

mensa cantina, scantinato ordine panna montata maggioranza sfortuna miniera minoranza

Sur la base de cet échantillon nous pensons que la présence d’un mot français dans la langue luxembourgeoise peut aider la transmigration et l’adaptation vers l’italien du fait que presque la totalité des vocables analysés trouvent évidemment une correspondance dans la langue luxembourgeoise. Malgré cela, nous pensons qu’elle ne constitue pas pour autant une condition tout à fait indispensable pour la transmigration à l’italien. Dans la langue italienne des immigrés le phénomène du métaplasme est bien sûr diffusé, comme dans les mots «grando» ou «verdo». C’est un phénomène commun aux personnes non-italophones qui essaient de parler la langue italienne. En ce qui concerne la pénétration de la langue italienne dans le vocabulaire des Luxembourgeois, il faut remarquer que malgré l’absence d’une véritable recherche précise à ce sujet sur les domaines de la mode, de l’ameublement, des transports, du spectacle (des

Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren

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secteurs qui restent aux mains des Italiens), un secteur certainement productif est celui de l’alimentation. À partir des années cinquante et soixante les Luxembourgeois montrèrent un réel engouement pour un nouvel aspect de la culture italienne, la cuisine, un phénomène qui a atteint son sommet pendant les années soixante-dix; ce qui a augmenté notoirement la présence italienne dans le patrimoine lexical de la population grand-ducale. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les nombreuses cuisines régionales italiennes ne satisfaisaient pas les habitudes gastronomiques luxembourgeoises. Mais, à partir de l’après-guerre, la culture italienne ‹moderne› (avec ses deux produits ‹typiques› et ‹américanisés›: pizza et pâtes) représente pour les masses de salariés de cette époque, le symbole du dépaysement et du ‹dolce farniente› du temps des vacances... Vers la fin des années quatre-vingt démarre la vraie ‹success-story› de la restauration italienne... Par conséquent certains n’hésitent pas à souligner qu’une fois les feux des hauts-fourneaux des usines éteints, on s’est empressé de les remplacer par ceux des pizzerias!23

Aux usuels et connus pastasciutta/pastacciutta, pizza, spaghetti, nous pouvons ajouter: broccoli, cannelloni, cappuccino, gelato (souvent comme una gelato), gnocchi, grappa, lasagn(a)e, maccheroni (souvent écrit et prononcé: macaroni), martini, minestrone, mortadella, mozzarella, nutella, pasta, peperoni, polenta, ravioli, ricotta, rigatoni, salami (seulement au pluriel même s’il indique le singulier) etc. Nous relevons aussi l’utilisation de plusieurs mots d’origine italienne pour nommer injurieusement les Italiens dans le Grand-Duché: Bocia ou Botia (par écrit Bootsch(j)a), Maccaroni, Maccarouni (pl. Maccarouniën)24, Maccaronisfréisser (pl. -frësser), Spagetti (pl. Spagettiën). Adaptations graphiques comme: absente, derangiare (déranger), fromaggio, realità, satisfatto, secretario, securità sociale (mutua), transformare etc. ou locutions comme: fare/passare un colpo di telefono; gallicismes comme: avanti di ‹prima di›, cotisare ‹pagare i contributi›, essere pressato ‹avere fretta›, dare un colpo di mano ‹donner une main›, fermare ‹chiudere›, giocare a piano ‹jouer au piano›, mancare l’autobus ‹manquer l’autobus›, montare ‹monter›, parenti ‹genitori›, portabile ‹portatile›, rivenire ‹tornare›, schiare ‹sciare›, segnare ‹firmare›, stazionare ‹parcheggiare›, travaiare ‹lavorare›, ecc.25 Aujourd’hui, les Italiens sont banquiers, professeurs, assureurs, fonctionnaires, entrepreneurs ou exercent des professions libérales. Ils sont devenus maires, députés et ministres luxembourgeois et la mémoire de l’ancienne migration semble un souvenir lointain. Mais la trace d’un voyage commun entre Italiens et Luxembourgeois, qui dure depuis à peu près 120 ans, s’est- imprimée de façon indélébile dans l’histoire et la société du Grand-Duché. Et les «Bieren» italiens se sont transformés en parfaits Luxembourgeois.26 ––––––– 23 24 25 26

Lorenzini, Marcel (2004: 5-6). Aussi dans les variantes: Makrounen, Makrouniën, Makrounëssen (Gilles 2006-). Cf. Boggiani, Giuseppe (1999: 21). Cf. aussi Boggiani, Giuseppe / Caldognetto, Maria Luisa / Cicotti, Claudio / Reuter, Antoinette (edd.) (2007).

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Claudio Cicotti

Bibliographie Bagola, Beatrice / Kramer, Johannes (2006): La langue italienne au Luxembourg et à Montréal. In: Boggiani, Giuseppe / Caldognetto, Maria Luisa / Cicotti, Claudio / Reuter, Antoinette (edd.): Actes du Colloque international «Paroles et images de l’immigration. Langue, Littérature et cinéma, témoins de la présence italienne au Luxembourg et dans la Grande Région». Luxembourg: Université du Luxembourg, 159-178. Boggiani, Giuseppe (1999): L’immigrazione italiana e il suo impatto sull’identità culturale lussemburghese. In: Luxembourg – Italie. Hommage au père Benito Gallo. Dudelange: graph. CDMH, 17-41. – / Caldognetto, Maria Luisa / Cicotti, Claudio / Reuter, Antoinette (edd.) (2007): Actes du Colloque international «Traces de mémoire, mémoires des traces. Parcours et souvenirs de la présence italienne au Luxembourg et dans la Grande Région». Luxembourg: Université du Luxembourg. Caldognetto, Maria Luisa / Boggiani, Jos (2003): Lëtzebuergesch-italienesch Dictionnaire. Luxembourg: CLAE / Convivium. Cicotti, Claudio (2007): D’Italiener. In: Kmec, Sonja / Margue, Michel / Majeris, Benoît / Péporté, Pit (edd.): Lieux de mémoire au Luxembourg. Usage du passé et construction nationale. Luxembourg: Editions Saint-Paul, 109-114. Fehlen, Fernand (1998): Le Sondage «Baleine». Une étude sociologique sur les trajectoires migratoires, les langues et la vie associative au Luxembourg, Recherche, Etude, Documentation. Luxembourg: SESOPI Centre Intercommunautaire. – (2006): Présence des Italiens et de la langue italienne au Luxembourg. In: Boggiani, Giuseppe / Caldognetto, Maria Luisa / Cicotti, Claudio / Reuter, Antoinette (edd.): Actes du Colloque international «Paroles et images de l’immigration. Langue, Littérature et cinéma, témoins de la présence italienne au Luxembourg et dans la Grande Région». Luxembourg: Université du Luxembourg, 29-46. Kramer, Johannes (1985): Voci tedesche nel dialetto di Cortina d’Ampezzo. Parte seconda: N-S. In: Archivio per l’alto Adige 79, 185-205. – (1996): Bemerkungen zum Italienischen in Luxemburg. In: Romanistik in Geschichte und Gegenwart. Vol. 2. H. Buske Verlag, 219-222. Lorenzini, Marcel (2004): Avant-propos. In: Sushi mat Gaardebounen a Bacalhau. Dudelange: CDMH, 3-9. Lulling, Jérôme / Schanen, François (2004): Ludico.com. Esch-sur-Alzette: Schortgen. Luxemburger Wörterbuch (5 voll.). (1950-1977). Luxembourg: Linden. Pagliarini, Luciano (1995): Particularismes linguistiques des émigrés italiens au Luxembourg. In: Reuter, Antoinette / Scuto, Denis (edd.): Itinéraires croisés: Luxembourgeois à l’étranger, étrangers au Luxembourg / Menschen in Bewegung: Luxemburger im Ausland, Fremde in Luxemburg. Esch-sur-Alzette: Le Phare, 191-193. Schanen, François (2004): Parlons luxembourgeois langue et culture linguistique d’un petit pays au coeur de l’Europe. Paris: L’Harmattan. Wörterbuch der luxemburgischen Mundart. (1906). Luxembourg.

Vlad Cojocaru

Dynamique des champs toponymiques en zones bilingues

1. Toponymes roumains et hongrois En considérant les toponymes de la zone du Sud des Carpates Orientales de la Roumanie, une zone bilingue, aux locuteurs roumains et hongrois, et en analysant les deux plans, celui de la toponymie roumaine et celui de la toponymie hongroise, on peut remarquer, d’abord, une continuité des dénominations à tradition commune des deux langues: roum. Farcul, montagne vs hongr. Fark; roum. Apa Roşie, ruisseau vs hongr. Veresviz; roum. Cutfei, ruisseau, Cutechi, montagne vs hongr. Kutfej et Cuthegy; roum. BârzăuŃa, ruisseau vs hongr. Bardocz(a). On peut remarquer, à la fois, une série d’asymétries entre les deux systèmes, à la suite du passage d’un nom de lieu d’une langue à l’autre. Dans le cas du topon. Farcul, montagne du massif de Nemira, plus exactement la prolongation septentrionale de la montagne de Nemira, le nom roumain a le point de départ dans le syntagme hongrois *NemereFark ‹Queue de Nemira› (hongr. fark, farok ‹queue›). Les problèmes qui se manifestent sont: au plan toponymique roumain – l’existence du syntagme Coada Farcului ‹Queue de Farcul / Queue de la Queue?›, qui ne trouve sa raison d’être que dans les conditions de la démotivation du toponyme hongrois Fark; au plan toponymique hongrois – l’existence du topon. FarkHavas ‹Montagne de la Queue(?)›, qui semble être un non-sens, puisqu’on peut parler, normalement, de la ‹Queue d’une montagne›, mais non pas du contraire. Dans le cas du topon. Apa Roşie ‹L’Eau / Ruisseau Rouge›, ruisseau du bassin de la rivière Uzul, dans le même massif de Nemira, le nom a été assumé par les locuteurs hongrois qui ont créé la forme équivalente Veresviz, du hongr. veres ‹rouge› et viz ‹eau›. Le problème qui surgit est au plan toponymique roumain, où l’on trouve le syntagme-repère La Hotar la Veresviz ‹À la Frontière à Veresviz› qui contient deux contradictions: d’abord, la frontière de la Roumanie (Moldavie) avec la Transylvanie (Austro-Hongrie) n’avait jamais été sur le ruisseau de Veresviz; ensuite, le syntagme mentionné ci-dessus désigne un lieu qui n’est pas situé sur le ruisseau de Veresviz, mais à quelques kilomètres de celui-ci. Dans le cas des toponymes roumains Cutfei, hydronyme, Cutechi, oronyme, du hongr. Kutfej ‹Bout de la Fontaine›, Kuthegy ‹Montagne de la Fontaine› respectivement, le problème est l’asymétrie entre les deux plans toponymiques: à l’hydron. roum. Cutfei correspond l’hydron. hongr. Kutpatak, qui est le nom hongrois du ruisseau appelé par les Roumains Cutfei. Dans le cas du topon. roum. BârzăuŃa / hongr. Bardocz(a), le problème se manifeste au plan toponymique roumain: il s’agit de l’existence du toponyme BărduŃa, qui provient du

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hongr. Bardocza, forme hongroise équivalente de l’hydronyme roumain, mais qui pour les Roumains n’a plus de rapport avec ce dernier.

2. Le problème du terme spécifique Au cas mentionnés ci-dessus, une éventuelle tentative de régulariser ou de standardiser les dénominations alternatives ou équivalentes impliquerait des difficultés à identifier un noyau dénominatif constant et clair, à savoir le terme spécifique, selon la terminologie canadienne, des noms de lieux. Dans les syntagmes hongrois NemereFark et FarkHavas, le terme Fark a des valeurs différentes. Pour le premier cas, il doit être considéré comme un terme générique (fark ‹queue›), qui accompagne le terme spécifique ou le toponyme proprement dit Nemere, et peut être saisi, par la suite, comme désignant la prolongation de la montagne de Nemira, notamment comme la ‹Queue de Nemira›. Pour le dernier cas, à savoir topon. FarkHavas, le terme Fark est converti en noyau dénominatif du syntagme, voire en terme spécifique de celui-ci, accompagné de la désémantisation. Pour le cas du topon. Cutfei, seules les formes hongroises originaires, qui se trouvent, au fond, à la base des formes roumaines, laissent distinguer d’une manière claire et conséquente un noyau dénominatif: [Halász]Kut ‹Fontaine [des Pêcheurs]›, autour duquel on a forgé la structure toponymique entière, à l’aide des termes génériques – fej ‹tête, bout, fond›, hegy ‹montagne›, patak ‹ruisseau› (cf. topon. hongr. Kutpatak, Kuthegy, Kutfej). Néanmoins, dans ce cas la forme synonymique hongroise Kutfejpatak pour l’hydron. Kutpatak ‹Ruisseau de la Fontaine› introduit un facteur de distorsion dans la symétrie de la structure. Quant au plan toponymique roumain, on ne peut plus y déceler un noyau dénominatif commun à travers les formes Cutfei et Cutechi. Un problème différent pourrait surgir si nous tentions de substituer l’une par l’autre les deux formes équivalentes, roumaine et hongroise respectivement (plus exactement Apa Roşie et Veresviz), dans le syntagme La Hotar la Veresviz ‹À la Frontière à Veresviz›: la forme *La Hotar la Apa Roşie serait inacceptable pour les locuteurs roumains, à cause des différences existant au niveau de la référence géographique (le rapport de désignation est différent dans le cas des deux toponymes, voire roum. Apa Roşie et hongr. Veresviz). En fin de compte, quoique pour les Hongrois Bardocza constitue l’équivalent de l’hydron. roum. BârzăuŃa, et que Bardocza Feje désigne ‹la montagne de BârzăuŃa, située au bout de celle-ci› (hongr. fej ‹tête, bout, fond›), les Roumains qui ont accepté, eux-aussi, l’oronyme dans cette forme, voire BărduŃa, ne saisissent plus aucun lien entre cette montagne et le ruisseau dont elle a pris le nom.

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3. La théorie des champs toponymiques Ces asymétries apparentes peuvent être expliquées dans le cadre de la théorie des champs toponymiques, théorie qui prend en considération l’existence des structures spécifiques à la toponymie, appelées «champs» (cf. Moldovanu 1972: 73-100; 2005). Le champ toponymique est, pour le linguiste cité, l’ensemble dénominatif organisé autour d’un noyau, qui correspond à l’objet de l’importance socio-géographique maximale par rapport aux objets contigus ou situés dans sa proximité relative. Par rapport au noyau ou nucléus / centre toponymique, les autres toponymes représentent des subordinations de rangs différents, certains d’entre eux devenant à leur tour le point de départ pour d’autres toponymes. L’auteur qualifie les toponymes secondaires comme des «dérivés toponymiques», en adaptant à ce domaine, selon sa propre affirmation, la formule «dérivés syntactiques» utilisée par Jerzy Kuryłowicz (1960: 44) pour désigner les formations contenant une forme-base et un morphème syntactique, représentant la marque d’une fonction différente. Si l’opposition implique identité et différence au plan du contenu, alors nous pouvons considérer, souligne Dragoş Moldovanu, ces noms comme une structure, où l’élément commun est représenté par l’indice d’identification (le déterminatif), et l’élément spécifique constitue le terme générique ou appellatif géographique (le déterminé) qui s’applique à des objets de classes différentes (‹pierre›, ‹vallée›, ‹village›). Les relations entre les désignés, relations perçues d’une manière subjective, se manifestent par oppositions (privatives, graduelles ou équipolentes) au niveau des signifiants toponymiques, signifiants qui forment une structure spécifique.

Et le même continue: Les structures toponymiques ont à la base les mêmes types de rapports que les structures lexicales, voire des rapports de dépendance unilatérale entre une constante (la base) et plusieurs variables (les dérivés), d’une part, et des rapports de dépendance facultative (constellation) entre les dérivés, d’autre part. De telles oppositions s’appellent oppositions polaires, similaires à celles existant entre les bases et les dérivés lexicaux, et le processus de structuration s’appelle polarisation. Selon le degré de complexité du champ, les dérivés peuvent avoir des rangs différents (primaires, secondaires, tertiaires), marqués au cadre du schéma lexicographique par des indications de processus (polarisation, différenciation, extension, restriction), et graphiquement par des symboles de subordination (I→1→a→α). (Moldovanu 2005: XVIIIXIX; cf. idem 1995-2007)

D’après les ouvrages cités, les processus structurants sont: a) la polarisation proprement dite, par laquelle les toponymes désignant des objets appartenant à des classes géographiques différentes sont concentrés autour du noyau, objets (formes de relief, cours d’eau, formes de végétation, lieux habités, chemins etc.) situés dans une contiguité relative avec le noyau; b) la différenciation, par laquelle on désigne les parties d’un objet géographique dénommé, processus accompli à l’aide des délimitateurs lexicaux: Runcul de Sus / de Jos ‹Ronc d’en Bas / d’en Haut›, Runcul Mare / Mic ‹Grand / Petit Ronc› etc. Dans ce cas, les oppositions toponymiques sont constituées à base des oppositions lexicales (la

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différenciation met en opposition les dénotés correspondants appartenant au même champ lexématique hiérarchisé: «cours inférieur» – «cours supérieur», «affluent» – «cours principal» etc.); c) l’extension et la restriction, par lesquelles on change les dimensions du dénoté. La collecte quasi-exhaustive des toponymes sur le terrain par le chercheur-linguiste et l’identification et la localisation des référents géographiques désignés sur des cartes à 1/25000 nous permettent de refaire la manière dont le toponyme-noyau engendre, à l’aide des termes génériques ou appellatifs géographiques, d’autres dénominations secondaires. Ces dernières prennent, d’habitude, la forme d’un syntagme qui est au niveau du signifiant l’expression de la relation spatiale entre les référents géographiques secondaires et l’objet géographique dominant. Ex.: Considéré de la perspective du terme polaire Runcul, oronyme, l’hydronyme Pârâul Runcului signifie ‹le ruisseau qui prend sa source sur la colline / montagne dénommée Runcul›. Une telle approche de la toponymie d’un aréal géographique permet, d’une part, la compréhension de la manière dont les noms de lieux sont créés et utilisés, d’autre part on évite de traiter d’une manière atomisante, fragmentaire le matériel toponymique. En plus, ce n’est qu’en utilisant cette perspective qu’on peut analyser la dynamique des structures toponymiques d’une certaine zone et leurs interférences en zones bilingues.

4. L’emprunt toponymique En considérant les choses de la perspective ouverte par la théorie des champs toponymiques, on peut faire une première constatation: l’emprunt au niveau de la toponymie est réalisé d’une manière fragmentaire, maintes fois en ignorant le noyau dénominatif même de la langue-source. Pour illustrer cette remarque, on revient au champ toponymique hongrois unitaire, forgé autour du noyau (Halász)Kut: on a accepté en roumain seulement deux composantes du champ, voire choron. hongr. Kutfej et oron. hongr. Kuthegy > roum. Cutfei et Cutechi. Le premier nom a subi conséquemment un changement du rapport de désignation, voire en partant du choronyme qui désignait la zone au-dessus de la source du ruisseau, on a créé le nom du ruisseau même, l’hydronyme roumain Cutfei qui a supplanté au plan toponymique roumain l’hydronyme hongrois Kutpatak. En conséquence de la perte du noyau dénominatif (Halasz) Kut et par suite de la désémantisation des toponymes, la relation entre les deux composantes de la structure a été supprimée en roumain. On a abouti, ainsi, à un champ toponymique discontinu, désarticulé: le ruisseau s’appelle Cutfei, tandis que la montagne de sa proximité s’appelle Cutechi. Par conséquent, le champ roumain a subi un changement qui a refait son unité, mais sur des bases nouvelles. En partant de la dénomination du ruisseau, Cutfei, on a engendré le nom de la montagne, de cette manière on a abouti à la situation où le ruisseau s’appelle Cutfei, tout comme la montagne sur laquelle il prend sa source. En plus, le champ toponymique roumain, refait ainsi, a influencé par la suite le champ hongrois originaire même, le toponyme roumain Cutfei arrivant à concurrencer la forme hongroise originaire de l’hydronyme, voire Kutpatak: on a

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documenté sur le terrain, dans la communauté des locuteurs hongrois, à côté de cette formelà, le nom Kutfejpatak pour désigner le ruisseau. On peut mettre en évidence des influences réciproques similaires dans le cas du champ toponymique créé par le noyau dénominatif BârzăuŃa, hydronyme. Le toponyme roumain a été accepté, dans une première phase, par les locuteurs hongrois, qui ont tenté ensuite de supplanter ce nom par l’extension de la dénomination d’un affluent de BârzăuŃa, en espèce Apa Roşie / Veresviz, sur le cours du ruisseau principal. À la fois des fragments du champ toponymique roumain originaire ont été préservés sur le plan toponymique hongrois. Il s’agit de l’oronyme hongrois Bardocza Feje ‹Fond / Bout de BârzăuŃa› (cf. supra) qui désigne la montagne située entre les deux affluents constitutifs de BârzăuŃa. Sur le plan toponymique roumain, cette montagne nous apparaît à présent fragmentée par des dénominations plus récentes désignant des parties de cette montagne. D’autre part, l’oronyme hongrois a pénétré dans le plan toponymique roumain aussi sous la forme de BărduŃa, qui est utilisée jusqu’à présent par les locuteurs roumains. L’absence de tout lien étymologique, pour les Roumains, entre l’oron. BărduŃa et l’hydron. BârzăuŃa, aussi bien que la forme du toponyme roumain indiquent le fait que le premier nom est traité en roumain en tant qu’emprunt du hongrois, et non pas comme un dérivé roumain du noyau dénominatif BârzăuŃa. On a déjà relevé l’apparition isolée d’un toponyme développé du noyau Apa Roşie dans la zone couverte par l’hydronyme BârzăuŃa. Il s’agit du toponyme-repère La Hotar la Veresviz, témoin de la tentative d’extension, sur le plan toponymique hongrois, de l’hydronyme Veresviz, affluent de BârzăuŃa, sur le cours d’eau principal. Plus important dans ce cas est le fait que le toponyme cité ci-dessus, créé par les habitants hongrois de la zone, a pénétré dans le plan toponymique roumain aussi, quoique le rapport de désignation exprimé par ce toponyme y perde sa justification. En fin de compte, nous avons déjà démontré la manière dont un terme générique, qui détermine le terme spécifique ou noyau dénominatif, peut être converti en un toponyme proprement dit, voire en terme spécifique, l’élément commun d’une structure nouvelle, à la suite de son passage d’une langue à l’autre. C’est le cas de Farcul mentionné ci-dessus: en partant du hongrois NemereFark ‹Queue de Nemira› on est arrivé par son passage en roumain au toponyme Farcul ‹nom d’une montagne du massif de Nemira›. À la suite ce dernier a engendré sur le plan toponymique roumain un champ développé, fort, qui s’est imposé aussi sur le plan toponymique hongrois sous la forme de FarkHavas, où fark n’est plus traité et saisi comme un terme générique, avec sa signification de ‹queue›, mais comme un toponyme proprement dit, emprunté au roumain: ‹Montagne de Farcul› (‹Montagne appelée par les Roumains Farcul›). En guise de conclusion, on pourrait faire la remarque que l’emprunt fragmentaire d’un champ toponymique d’une autre langue peut provoquer la remodélation des relations entre les composantes du champ et les référents géographiques désignés. Le phénomène est similaire, dans une certaine mesure, à celui de l’emprunt lexical en général, qui est, luiaussi, contextuel, et non pas systématique et programmatique, plus exactement on emprunte un lexème à une certaine acception, et non pas le mot avec tous les sèmes qu’il a dans la langue-source. Or, en partant d’une remarque de Charles Bally, on peut relever la symétrie entre les modifications d’un champ toponymique en mouvement et les changements de sens d’un

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mot qui déclenchent un mouvement dans le champ associatif entier au milieu duquel se trouve le mot. D’ailleurs, Kurt Baldinger (1957: 9) soulignait le fait que du point de vue sémantique le mot ne pouvait plus être traité en tant qu’élément isolé. Si au niveau de la parole le mot existe dans son contexte, on peut affirmer, par conséquent, que le toponyme, lui-aussi, existe dans son contexte géographique, étant actualisé par une multitude de ‹valeurs› contextuelles, en espèce par les toponymes secondaires dérivés par polarisation en partant d’un noyau dénominatif. Le même linguiste affirmait aussi, dès lors, que, puisque le mot ne se manifeste au niveau de la parole que dans un contexte, on ne pourrait par conséquent réaliser que des dictionnaires fraséologiques de langue. En extrapolant, nous pouvons affirmer que la réalité toponymique n’est modelée d’une manière adéquate que par les dictionnaires toponymiques qui présentent le noyau dénominatif avec ses dérivés (cf. Moldovanu 1995-2007). En revenant aux considérations de K. Baldinger, le linguiste souligne le fait que l’un des principes de la recherche moderne, post-saussurienne, stipule que les choses doivent être considérées dans leur contexte, en dépendance les unes des autres, et non pas isolées. Le groupement à travers le nom de lieu des objets géographiques, groupement fait de la perspective subjective du dénominateur, représente, au fond, l’expression de ce principe – le dénominateur ne saisit pas les référents géographiques d’une manière isolée, mais dans leur connexion. En guise de conclusion, nous pouvons affirmer que le nouveau type de dictionnaire toponymique, voire le dictionnaire toponymique structural, de la perspective des champs toponymiques, explique de la manière la plus adéquate la réalité toponymique, tant du point de vue de la genèse des dénominations, que de leur fonctionnement. Des fragments de réalité toponymique, comme ceux discutés au début de cette approche (Farcul, Cutfei / Cutechi, Veresviz, BărduŃa) trouvent leur place et explication dans le cadre de ces structures toponymiques qui représentent la substance des entrées dictionnairiques. Le problème de l’intégration du nom propre, dont les thèses étaient discutées et établies dès 1982 par Eichler / Šrámek (1982: 9), peut bénéficier d’une perspective nouvelle qui tend sinon à infirmer, du moins à moduler l’affirmation de Gutschmidt (1982: 24): In der Toponymie gibt es aber Integration von Namen ohne Bezug zum ursprünglich benannten Objekt. [...] Die Kenntnis eines Objekts, von dem der Name übertragen wird, ist nicht obligatorisch.

La collecte quasi-exhaustive des noms de lieux et l’étude de la genèse des structures toponymiques et de leur fonctionnement dans la communauté des utilisateurs des toponymes nous permettent de prendre en considération les noms et les référants géographiques désignés, et de plus les rapports établis entre les noms et les objets désignés.

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Bibliographie Baldinger, Kurt (1957): Die Semasiologie. Versuch eines Überblicks. Berlin: Akademie – Verlag. Eichler, E. / Šrámek, R. (1982): Thesen zur toponymischen Integration. In: Sprachkontakt im Wortschatz. Dargestellt an Eigennamen. Leipzig: Karl Marx Universität. Gutschmidt, K. (1982): Zu extralinguistischen Aspekten der Integration. Bemerkungen zur Bedeutungsproblematik. In: Sprachkontakt im Wortschatz. Dargestellt an Eigennamen. Leipzig: Karl Marx Universität. Kuryłowicz, Jerzy (1960): Esquisses linguistiques. Wrocław / Krakow. Moldovanu, Dragoş (1972): Principii ale lexicografiei toponimice. In: ALIL 23, 73-100. – (1995-2007): Curs de toponimie. Universitatea Al.I.Cuza Iaşi. – (2005): Toponimia Moldovei în cartografia europeană veche (1395-1789). Iaşi: Editura UniversităŃii Al.I.Cuza.

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Mª Teresa Echenique Elizondo

Locuciones adverbiales de origen románico en la lengua vasca∗

1. El contacto histórico entre la lengua vasca y el mundo latino-románico La convivencia del euskera con las modalidades neolatinas surgidas del latín peninsular tiene larga tradición en la Romanística, debido principalmente a los estudios pioneros de Hugo Schuchardt después continuados por autores varios del mundo románico, entre los que cabe recordar a Ernst Gamillscheg, Gerhard Rohlfs, Jean-Joseph Saroïhandy o Joan Corominas, por citar ejemplos sobresalientes, y de vascólogos como Luis Michelena-Koldo Mitxelena, Antonio Tovar, Henri Gavel o Julio Caro Baroja, sin olvidar la atención dedicada a la lengua vasca por lingüistas generales como el propio Guillermo de Humboldt en su tiempo o, en nuestros días, por Theo Vennemann. Hay estudios globales sobre la historia conjunta de ambos dominios, tanto en su articulación temporal como en la implicación dialectal de la adopción de préstamos románicos por el vasco; en el presente trabajo me propongo estudiar la incorporación de locuciones adverbiales de origen románico por la lengua vasca, así como su particular incidencia cronológica y dialectal, acompañada de la teorización oportuna sobre su naturaleza y funcionamiento lingüísticos, sin olvidar el contraste con lo que hoy por hoy sabemos de tales locuciones y su historia en el campo románico. El comienzo de este contacto se remonta a una época en la que, sabiendo con certeza razonable que la lengua vasca era una realidad dentro de los límites que hoy ocupa, y aún en otros que rebasaban los actuales, apenas cuenta con unas pocas noticias dispersas y testimonios aislados para su reconstrucción, pues para el ámbito vasco y para sus manifestaciones culturales, como es bien sabido, hasta el siglo XVI fue momento de oralidad, siglo a partir del cual se constituyen sus tradiciones discursivas escriturales. Antes hay testimonios más o menos deslavazados de su existencia, residuales en muy gran medida, si bien suficientes para establecer su trayectoria histórica en forma paralela y contrastada con el curso de otras lenguas, principalmente ibéricas y celtas primero, latina y románicas después. Es importante subrayar que los testimonios de la lengua vasca en el pasado aparecen siempre en situación de contacto con otras lenguas: tal sucede en inscripciones aquitanas, en estelas y documentos medievales, en textos anteriores al siglo XVI (fecha de aparición de textos completos en lengua vasca), y aún en el XVI, en el recientemente aparecido manuscrito de Joan Perez de Lazarraga, así como después del ––––––– ∗

Este trabajo ha sido financiado por el proyecto HUM2005-02879/FILO del Ministerio de Educación y Ciencia.

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Mª Teresa Echenique Elizondo

XVI. El aislamiento que caracteriza a la lengua vasca es de orden tipológico, pero, hasta donde se nos alcanza, nunca ha estado culturalmente aislado, lo que vale también para la situación de convivencia en el plano lingüístico; a partir del siglo XVI, en cambio, es ya abundante la documentación escrita en sus diferentes modalidades dialectales, entre las que, además de textos literarios y religiosos, se encuentran gramáticas, diccionarios e, incluso, mapas lingüísticos. A partir del siglo XX la Vascología cuenta ya con el cultivo necesario para asomarse científicamente a la reconstrucción histórica y dialectal de la lengua vasca. Conviene aclarar, en todo caso, que hablar de contacto vasco-románico en la línea de autores como Hugo Schuchardt o Luis Michelena implica atender a la larga y prolongada convivencia en el tiempo de dos ámbitos lingüísticos bien diferenciados entre sí, tanto en el pasado como hoy. En ese contacto, eso sí, es posible rastrear influencias recíprocas de un campo sobre el otro, que en ocasiones han llegado a ser muy profundas, así como estudiar la incidencia del continuum vasco sobre el continuum latino-románico, y del latino-románico sobre el vasco, en los ejes temporal, geográfico y social, sin olvidar la existencia de otras lenguas en ese contexto histórico-geográfico-social; además de las modalidades propias del continuum latino-románico (el latín primero, convertido más tarde en castellano, navarro, aragonés, gascón-aranés-occitano, catalán, francés1, con sus propias migraciones y la consiguiente variación pluridimensional), hay que tener en cuenta el contacto del vascuence con lenguas paleohispánicas en el pasado lejano, y, por lo menos el árabe y hebreo, después. El análisis de esta huella latina y románica en el euskera ha resultado siempre de gran interés filológico, pues permite reconstruir aspectos de su propia evolución histórica y dialectal. Por lo que se refiere al romance, el influjo vasco es conocido desde sus orígenes, si bien es cierto que la concreción de tal influjo constituye objeto de valoraciones diversas y no siempre coincidentes entre sí. Sí cabe decir, en todo caso, que la posible influencia ejercida en época medieval por el vasco sobre el románico debió afectar también a los romances pirenaicos catalán, aragonés, navarro y gascón-occitano parcialmente (teniendo en cuenta que el vascuence iba retrayéndose hacia los límites actuales), en tanto su acción sobre el castellano fue más general dado su nacimiento en zona de estrecho contacto con la lengua vasca; también debió llegar su influencia hacia el dominio asturiano, gallego y portugués por vía marítima.

2. Complejos preposicionales en español. Morfemas ligados en vasco El vasco es lengua de núcleo final y en ella encontramos la categoría ‹posposición› en lugar de la categoría gramatical ‹preposición› propia de las lenguas de núcleo inicial, como las románicas. Gran parte de las posposiciones son, además, morfemas ligados, es decir, sufijos2 (vasc. buruz - cast. de memoria), que se aglutinan entre sí y en muchos casos han sufrido cambios morfofonológicos en el transcurso del tiempo, lo que puede dificultar su ––––––– 1 2

Sin olvidar que el contacto de la lengua vasca con el francés no se produce hasta el siglo XVI. Zabala / Odriozola (2004) las llaman ‹posposiciones sufijales›.

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identificación. En la tradición gramatical vasca estos morfemas aparecen agrupados como casos de la declinación vasca; de ahí que, según la interpretación que se haga de su naturaleza como morfemas autónomos o productos de combinación, no siempre haya acuerdo sobre su número en la declinación vasca. En consecuencia, no hay que perder de vista que, al ser el euskera una lengua aglutinante, no se da en ella la pluriverbalidad propia de las unidades fraseológicas del español, por lo que las locuciones prepositivas del romance corresponden en la lengua vasca a una categoría distinta; a ello hay que sumar el carácter más restringido de las posposiciones vascas desde el punto de vista semántico en comparación con las preposiciones románicas correspondientes3, lo que, en hablantes bilingües, puede entrañar ciertas dificultades en el trasvase de una lengua a la otra.4 Los complejos preposicionales del español pueden cubrir diferentes nociones. Me fijaré hoy en el tipo formado por preposición más sintagma nominal, en que el SN puede ser un nombre escueto5 singular (de rigor, a pupilo, a propos), un adjetivo (de primera) o un adverbio (de repente); mencionaré al final un caso con nombre escueto plural en español (de bruces). Añadiré, además, que estos complejos preposicionales carecen de variantes en español: no se puede modificar el número: *de rigores, ni el género (*de primero), ni la preposición en ninguno de ellos (*en primera; en rigor ‹en sentido estricto› es distinto a de rigor ‹necesariamente, por fuerza›).

3. Algunas notas sobre locuciones adverbiales vascas de origen latino-romance. Breve ejemplario Como he advertido más arriba, he elegido para este trabajo un solo tipo de locución, preposición más sustantivo, adjetivo o adverbio en castellano y su equivalente en euskera. En locuciones de origen románico, no siempre se encuentra morfema ligado en vascuence. Los ejemplos que forman la base del corpus estudiado proceden del Diccionario General Vasco (DGV) de Luis Michelena e Ibon Sarasola, herramienta de gran ayuda para el estudio vasco-románico en su diacronía; todos ellos se documentan con especificación de su amplitud dialectal y cronológica, que reproduzco literalmente en los ejemplos seleccionados;6 es verdad que no hay en el DGV clasificación gramatical de las entradas léxicas, pero su traducción castellana aclara, cuando hay varias, la acepción que corresponde a las locuciones. 3.1 DERREPENTE (V-gip ap. Elexp Berg), terrepente, derrefente, terrepent (Dv) ‹de repente, de pronto, inopinadamente, rápidamente›, derrepentean, terrepentean (Dv) ‹de ––––––– 3 4 5

6

Pérez Gaztelu, E. / Zabala, I. / Gràcia, Ll. (edd.) 2004: 42. Son bien conocidos ejemplos literarios del propio Pío Baroja en este sentido. Sin entrar en especificaciones como las señaladas en Espinal / Dobrovie-Sorin 2006, cuya aplicación al estudio de unidades fraseológicas podría abrir perspectivas renovadas. La ortografía de los ejemplos es anterior a la norma escrita común del euskera batua, dado que 1970 es la fecha límite del corpus de datos en que está basado el Diccionario General Vasco.

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repente, de pronto; pronto, rápidamente›, derrepenteko, terrepenteko (Dv) ‹subitaneus, soudain›, Terrepenteko alda ‹changement brusque› (Dv) derrepentsu, terrepentsu (Dv) ‹adj. Qualifiant un individu qui agit à l’improviste et par surprise› (Dv): (1) Derrepente iltzeko / indarrik etzuan (PE 49) (2) Derrepente il zaigu / ia illuntzian (Arrantz 33) (3) Kanoia terrepente bere ziloetarik ateratu eta han-harat ereman ondoan…uzkaili Zerb Azk 103. (4) Oraino gazte gaztea (Zugasti), jaz egin zituen partida gehienak irabazi zituen, terrepente batzuetan, nihork uste etzuelarik Egunaria. (5) Igaran igantian 12 ehün jentek Maria Madalenako bidia hartü die, izigarriko terrepentian. Txapelaren benedikatzia zen. Herr 13-4-1961, 3. (6) Bengantzak zeukan ate zabala / derrepentian itxi zan (PE 28). (7) Dudarik gabe asiko ziran / derrepentian iltzetik, / bañan oraindik bizi omen da / egun ortako gaitzetik Tx B I 179.

En los ejemplos (1) a (4), la locución castellana se utiliza con el valor adverbial ‹rápidamente› propio de ella, sin modificación formal (la variante terrepente es simplemente fonética), en tanto que los ejemplos (5) a (7) la locución se ha recategorizado con la adición del morfema inesivo. Lo llamativo es que los ejemplos (1) y (7), sin y con morfema inesivo, son variantes intercambiables. 3.2 DERRIGOR (V-arr), derrior (V-gip, G-azp) ‹forzosamente›, derrigorrean (V-arrgip, AN-larr), derriorrean (V-gip) ‹a la fuerza›, derrigorrez ‹a la fuerza›, derrigorrezko, derriorrezko (V-gip ap. Elexp Berg) adnom. ‹forzoso, obligado› derrigortu, derriortu ‹obligar›: (8) Matikulau nahi bozu, zeuk etorri biozu derrior. (9) Ori orrela delarik derrigor egin bear euskeraz predikuak Irigoyen Egan 1956-2, 65. (10) Mundu onetan artzen / badegu atsegin, / besterako derrior / bear da utsegin Uzt Sas 259. (11) Utsik etorri giñan da utsik / joan bear derriorrean Basarri 122. (12) Bakar bakarrik bainengoen, eta derrigorrez gañera Txill Let 21.

El ejemplo (12) corresponde al año 1957 y el autor del texto (Txillardegi) es guipuzcoano, mientras que el (9) pertenece al año 1956, siendo su autor (Alfonso Irigoyen) vizcaíno; ambos autores son cultos y los ejemplos corresponden prácticamente al mismo año, lo que muestra que hoy conviven en euskera diferentes etapas del proceso de transferencia como consecuencia del contacto lingüístico. Dicho con otras palabras, para uno de los autores derrigor tiene en sí mismo transferido el valor de la locución castellana,

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mientras que, en el otro caso, parece necesaria (o más conveniente, o más correcta o como se quiera interpretar) la recategorización mediante la adición del morfema instrumental. 3.3 APROPOS (V-gip), aprepos ‹a propósito, de propósito, adrede›, apropos(ta)ko ‹idóneo, adecuadamente› tb. ‹de mentirijillas›: aproposetan, aproposki (Urt) ‹a propósito›: (13) Izendatu ditudan mendi, sarobe eta aitz oek dira Gupuzkoako Probintziaren gordegarri, beraren muga-inguru guztian izakiak jakintsuro apropos ifiniak Izt C 35. (14) Guri konduta galtziagatik apropos ari al zera? Tx B I 61. (15) Auxen da ofiziyo / lastimagarriya, / Jangoikuak aprepos / guretzat jarriya Arrantz 25. (16) Pratika hauk aproposki eta pheituz enplegatuak ez direnean, ez dire baliatzen izpirituaren nahasteko He Gudu 145s. (17) Onek katalanok, izan be, jaiotzatik dira tratulari aproposak SM Zirik 115.

Es importante señalar que en castellano del País Vasco se usa también hacer algo a propos, decir algo a propos con el valor de ‹hacer algo a propósito, intencionadamente›. Pienso ahora, al igual que escribí cuando traté de la lexicalización de cast. a pupilo en vasc. apopilo ‹huésped› (Echenique 1997), que yo utilizaría a propos al hablar castellano y al hablar euskera, pero sin la menor duda adscribiría la locución al campo románico.7 De todas formas, dado el principio en que se basa la elaboración del DGV, a saber, el de recoger todas las palabras empleadas por los vascos en cualquier época independientemente de su procedencia8, principio que suscribo y aplaudo, resulta perfectamente legítimo incluirlo como voz vasca, siendo así que, por añadidura, va acompañado de ejemplificación escrita en lengua vasca. Quién sabe, además, si en el castellano de zona vasca la palabra no ha penetrado precisamente a través del euskera, como uno de los muchos latinismos y romanismos que han terminado por ser acogidos y rescatados en ella.

––––––– 7

8

Añadía también entonces (Echenique 1997: 241) algo que podría tener sentido también aquí: «De hecho, lo sorprendente en este caso es que el adyacente a pupilo de la locución adverbial castellana estar a pupilo, que en términos de Alarcos sería un objeto preposicional concordado, se haya lexicalizado». Es decir, el proceso ha partido de la sintaxis para terminar en el léxico. Ambos casos, apropos y apopilo, son paralelos en su comportamiento gramatical, pues ambos admiten concordancia (aproposa-aproposak, apopilo-apopiloak) y ambos, como producto de la lexicalización de otras categorías, pueden ser equivalentes desde un punto de vista funcional al adverbio. Dice Michelena en la Introducción al tomo I del DGV (Michelena / Sarasola 1987: XII): «Este Diccionario trata […] de recopilar todas las palabras que han sido utilizadas en la tradición escrita o recogidas por los lexicógrafos. No se trata, por lo tanto, de establecer qué palabras son ‹vascas›, sino de mostrar, en lo posible, las palabras y expresiones que han empleado los vasco-hablantes a lo largo de su historia».

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3.4 PRIMERAN (V-gip) ‹divinamente, maravillosamente›: (18) Primeran daki kantuak Etxba Eib. (19) Primeran ibili giñen Portugalen Elexp Berg.

El hecho de que en primeran no se haya soldado la preposición románica de (no parece haber existido nunca *deprimera o *deprimeran) podría explicarse por haber entrado más tarde en la lengua9, sin olvidar que primera puede ser también adjetivo en euskera: (20) Automobil txiki primera orrek / eta albuan dama guztia EusJok II 159.

Y también puede ser adjetivo primerako, primeroko: (21) Primerako egualdixa dago Elexp Berg.

En este caso, la generación de reglas recategorizadoras ha tenido lugar en el valor adjetival.

4. Recategorización Se puede pensar, a la vista de estos ejemplos, que el proceso de adaptación de locuciones romances por el vasco reproduce lo sucedido en la adaptación romance de locuciones latinas: derrigor, derrior ‹de rigor›, junto a otros ejemplos que muestran ya la gramaticalización propiamente vasca, como derrigorrez ‹a la fuerza› o derrigortu ‹obligar›, son paralelas a la transferencia del latín repente por de repente, ya desde el castellano antiguo, o de latín motu proprio como de motu propio (incluso en personas cultas) en la actualidad. El paso que transforma el latín repente en románico de repente es el mismo que lleva en vasco de derrigor, derrior a derrigorrez, derriorrez. El resultado, a su vez, del reanálisis como elemento léxico de repente, que puede ser sustantivo en tener un repente o palabra diacrítica en de repente (donde repente, que era adverbio en latín, se ha reanalizado como sustantivo y por eso ha adquirido el uso preposicional que perdura hasta hoy) es lo que sucede hoy en euskera, donde se puede utilizar derrepente con sus variantes tanto como locución, tal como se ha analizado en los ejemplos (1) a (7), o como sustantivo: derrepente batean, donde derrepente es sustantivo (‹*en un derrepente›). La cohesión entre sus componentes ha conducido a su recategorización, con los consiguientes procedimientos de flexión y composición o derivación, sin que pueda utilizarse la separación gráfica para garantizar la delimitación de ––––––– 9

Este indicio de diferencia cronológica en la adopción del romanismo podría servir tal vez para reforzar o rechazar en otros casos el momento de llegada a la lengua vasca de latinismos y romanismos.

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los ámbitos morfológico y fraseológico, como sucede en español.10 Más oscura queda la causa por la que la desautomatización es más fácil en los hablantes vascos en casos como derrepente (razón por la cual esta locución tenga quizá en euskera un carácter más popular, menos culto), pero no así en derrigor, derrigorrez. Según Contreras (2004: 269), entre las relaciones que se establecen entre los diferentes elementos que pueden conformar un complejo preposicional en las lenguas románicas, hay casos en los que la preposición deja de ser núcleo de un sintagma preposicional para convertirse en un prefijo; creo que así se concretan los casos vascos analizados (a excepción de primeran), que han pasado a convertirse en prefijo, con la diferencia de que en euskera la soldadura es total. El hecho de que en castellano de repente, de sea algo parecido a un prefijo, es la base para que se haya tomado así en vasco, salvo en de primera, que se adapta como primeran, con clara noción de que se trata de dos elementos. Podría pensarse que, en este caso, el bilingüismo implica un conocimiento mayor del romance (hablado y escrito), mientras que, cuando se adaptó al vasco derrigor o derrepente, no había seguramente familiaridad con la lengua (sobre todo con la lengua escrita castellana, no digamos con la lengua escrita vasca; en otras palabras, debe haber sido un préstamo más antiguo). Como, además, en euskera, no hay separación gráfica entre los prefijos y la palabra a la que acompañan, el resultado conduce con mayor facilidad a su lexicalización.

5. El reverso vasco-románico-vasco No quiero dejar de mencionar, aunque tan solo sea de pasada, lo sucedido en el castellano de bruces. La preposición de + vasc. buruz debió dar como resultado: de bruz(es), con plural que seguramente es posterior (quizá apoyado por otros plurales como: a todas luces, hacer las paces, darse de morros, darse de narices…). Teniendo en cuenta que las formas vascas antiguas del sufijo del caso instrumental son tanto -z como -(t)zaz (junto a -ez, aplicado a participios y a las denominaciones verbales, infinitivos, como jakinez, jakitez11), formalmente, en consecuencia, no habría problema en explicar esp. de bruces a partir de la preposición de + vasc. burutzez. Me parece, pues, perfectamente válida la etimología propuesta en su día por Tovar, según la cual romance de bruces, de bruços (para el portugués podría haber otras explicaciones; sería, en el caso de que hubiera filiación entre ambos, adaptación morfológica propia portuguesa) procedería del vasco buruz. Corominas rechaza la explicación aportada por Tovar porque no ha considerado la posibilidad que yo señalo ahora, esto es, que de buruz (con el sufijo del morfema del caso vasco instrumental, opaco para el romance) se haya pasado a la estructura prepositiva de buruz a de bruz y luego al plural de bruces, si no es que se ha tomado directamente de vasc. burutzez. Ello es tanto más probable cuanto que el propio Corominas (s.v. bruces, de) alude ––––––– 10

11

Cosa distinta es que determinadas locuciones puedan aparecer separadas o no en la escritura según su actualización en el discurso, diferente a su vez de la inclusión de ciertos componentes realmente constitutivos de ella en la locución; prescindo ahora de ambas consideraciones. Azcarate / Altuna 2001: 41, 101.

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a la existencia de buz ‹beso que se da a la mano por reverencia›, con quien podría haberse cruzado buruz; no me parece obstáculo, como alega Corominas, la suposición de influjo del vasco en el portugués (Echenique 2007).

6. Conclusiones El hecho de que estos complejos preposicionales carezcan de variantes en castellano (no se puede modificar el número: *de rigores, ni el género: *de primero, ni la preposición: *en primera en ninguno de ellos) ha ayudado seguramente a su adopción en vasco como una sola pieza léxica con función adverbial. Habría, tanto en romance como en euskera, dos fases en este proceso: una primera de adopción del préstamo con el valor originario (latino en romance, romance en vasco o, en el caso del castellano de bruces, adaptación del préstamo vasco en romance), lo que estaría hablando de transferencia de una lengua a otra; y una segunda fase en que la lengua de adopción lo habría acomodado a su morfosintaxis, por recategorización del producto lexicalizado mediante las oportunas reglas sintácticas. No he hecho más que asomarme, ofreciendo este breve apunte, a las posibilidades que el estudio de las locuciones adverbiales de origen romance en la lengua vasca pueden aportar al estudio Vasco-(guión)-Románico.

Referencias bibliográficas Azkarate, Miren / Altuna, Patxi (2001): Euskal morfologiaren historia. San Sebastián: Elkarlanean. Corominas, Joan / Pascual, José Antonio (1980-1991): Diccionario Crítico Etimológico Castellano e Hispánico (DCECH) (6 voll.). Madrid: Gredos. Contreras, Joan Miquel (2004): Los complejos preposicionales de las lenguas románicas. In: Pérez Gaztelu, Elixabete / Zabala, Igone / Gràcia, Llüisa (edd.): Las fronteras de la composición en lenguas románicas y en vasco, 261-280. Echenique, Mª Teresa (1997): Intrahistoria lingüística: a propósito del latín PUPILLUS y sus derivados. In: Estudios lingüísticos vasco-románicos. Madrid: Istmo, 237-244. – (2007): Notas para el establecimiento de conexiones léxicas luso-pirenaicas en la obra de Joan Coromines. In: Terrado, Javier / Casanova, Emili (edd.): Studia in Honorem Joan Coromines. Lleida: Pagès, 111-118. – (2008): Algunas notas sobre latín y romance en la fraseología hispánica medieval. In: Wright, R. (ed.): Latin vulgaire – latin tardif VIII. Actes du VIIIe colloque international sur le latin vulgaire et tardif (Oxford, 6-9 septembre 2006), 542-547. Espinal, María Teresa / Dobrovie-Sorin, Carmen (2006): Tipología semántica de los nombres escuetos. El caso particular de los nombres escuetos singulares contables. In: Fernández, Beatriz / Laka, Itziar (edd.): Andolin gogoan. Essays in honour of Professor Eguzkitza. Bilbao: Universidad del País Vasco, 327-346.

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Michelena, Luis / Sarasola, Ibon (1987-2005): Diccionario General Vasco-Orotariko-Euskal Hiztegia (DGV/EOH) (16 voll.). Bilbao: Real Academia de la Lengua Vasca / Desclée De Brouwer / Mensajero. Montoro del Arco, Esteban Tomás (2006): Teoría fraseológica de las locuciones particulares. Las locuciones prepositivas, conjuntivas y marcadoras en español. Frankfurt a. M.: Peter Lang. Pérez Gaztelu, Elixabete / Zabala, Igone / Gràcia, Llüisa (edd.) (2004): Las fronteras de la composición en lenguas románicas y en vasco. San Sebastián: Universidad de Deusto. Tovar, Antonio (1959): El euskera y sus parientes. Madrid: Minotauro. Zabala, Igone / Odriozola, Juan Carlos (2004): Los complejos posposicionales en vasco. In: Pérez Gaztelu, Elixabete / Zabala, Igone / Gràcia, Llüisa (edd.): Las fronteras de la composición en lenguas románicas y en vasco. San Sebastián: Universidad de Deusto, 281-316.

Mauro Fernández

La partícula con en el chabacano, el español de Filipinas y el taglish

La presencia sistemática de la partícula con en los criollos hispano-filipinos en ejemplos como (1) y (2) ha sido interpretada, desde el punto de vista que sugieren las lenguas románicas, como un sustituto de la preposición española o portuguesa a ante nombres animados y pronombres personales en función de objeto directo o indirecto: (1)

Yo ta busca tambien con Abdul (SyP1 10/5/2000) [‹También yo estoy buscando a Abdul›].

(2)

Si man conocihan kita antes ya puede era yo dale con uste tip! (SyP 27/02/2001). [‹Si nos hubiésemos conocido antes habría podido darle a usted un consejo›].

Por otra parte, el hecho de que algunos criollos portugueses de la zona tengan un marcador de apariencia similar, ku, kung, probablemente derivado de la preposición portuguesa con, ha sido considerado como un poderoso argumento a favor de un origen común de todos estos criollos, incluidos los filipinos, a partir de un protopidgin malayoportugués. En Fernández (2007a; 2007b), en cambio, la partícula con se interpreta, desde la óptica de las lenguas filipinas, como un marcador general de caso oblicuo, desarrollado en el español informal de los naturales de esas islas, es decir, como un rasgo debido a la influencia del sustrato / adstrato local en el español de los filipinos, heredado por las variedades acriolladas que emergieron in situ. Las razones en las que se apoya esta interpretación son en esencia las cuatro siguientes: a) Hay en los criollos filipinos usos de con que no tienen correspondencia en los demás criollos de la zona; por ejemplo, ante objetos de ‹régimen preposicional›, como en (3), con independencia de cuál sea la preposición equivalente en español o en portugués. Además, en zamboangueño se puede usar ante nombres inanimados como en (4), para introducir el segundo término de una comparación, como en (5), o formando parte de preposiciones compuestas, como en (6):

––––––– 1

SyP es el acrónimo de Serioso y Pendehadas, un foro de Internet ya desaparecido, que ligaba a los zamboangueños locales con los emigrantes dispersos por el mundo, especialmente con los de Estados Unidos, Canadá y Australia. En todos los ejemplos mantengo las grafías originales, a veces deliberadas y que, en todo caso, ilustran las vacilaciones en la plasmación escrita de una lengua que vive de y en la oralidad.

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(3)

[...] el componida del daan edificio del City Hall [...] depende con el alcaldesa del ciudad [‹el arreglo del antiguo edificio del Ayuntamiento depende de la alcaldesa de la ciudad›].

(4)

Ta man mis[s] yo con el comida de Isabela (Syp 29/11/2003) [‹Echo de menos la comida de Isabela›].

(5)

Más bonita yo con Kassie (SyP 18/04/2001) [‹yo soy más guapa que Kassie›].2

(6)

Tiene catorce generaciones estaba con Abraham hasta con David (El Nuevo Testamento na Chavacano, Mateo 1: 17) [‹Hay catorce generaciones desde Abraham hasta David›].

b) Si en vez de centrar nuestra atención en ejemplos como los ilustrados en (1) y en (2), tomamos en consideración la totalidad del repertorio de usos y lo contemplamos desde el punto de vista sugerido por las lenguas filipinas, se percibe lo que tienen en común todos ellos: en todos estos casos se usaría en las lenguas filipinas un marcador de caso oblicuo. En tagalo ese marcador tiene los alomorfos kay/sa en distribución complementaria, el primero para nombres de persona y sustantivos que denotan parentesco, y el segundo en los demás casos, incluidos los locativos; en cebuano los alomorfos son kang/sa, en Tausug, kan/ha, etc. Y en los criollos filipinos son con y na, aunque con una distribución algo diferente, pues el ámbito del primer alomorfo se ha extendido para incluir todos los sustantivos animados; en zamboangueño se extiende también a los inanimados cuando son determinados y específicos, para indicar que –contrariamente a lo esperado en las lenguas filipinas– no son el argumento enfocado, sino un oblicuo (Fernández 2007a). Lo que buscaban los filipinos en su aprendizaje informal del español era, pues, cómo dar cuenta en la nueva lengua de ese marcador oblicuo, y no cómo expresar los objetos directos o indirectos, nociones que en las lenguas filipinas resultan problemáticas. c) La afirmación anterior implica que considero que los criollos filipinos son la consecuencia de procesos locales, y no el simple desarrollo de un protopidgin exterior al archipiélago. En el caso concreto de esta partícula, la adopción de con se produjo por la confluencia fónica y funcional con kay/kang/kan, etc., sugerida ya por construcciones de régimen preposicional en español como hablar con alguien, enfadarse con alguien, encontrarse con alguien, enemistarse con alguien, acabar con alguien, etc. Desde ahí es explicable la extensión a otros verbos, como decir con alguien en vez de decir a alguien. La susodicha correspondencia fónica y funcional entre el con zamboangueño y el marcador oblicuo personal de las lenguas filipinas, se percibe con nitidez en la lista de oraciones siguiente, en la que se se dan las versiones en diversas lenguas filipinas de ‹dijo Jesús a Pedro›: (7)

ya ablá si Jesus con Pedro (zamboangueño) sinabi ni Jesus kay Pedro (tagalo) giingon ni Jesus kang Pedro (cebuano)

––––––– 2

En Fernández (2007b) se documentaba este uso comparativo para el zamboangueño, pero Eeva Sippola (comunicación personal, 1/11/2007) me ha informado de que también está presente en su corpus de ternateño, y me ha enviado este ejemplo: guapa Imelda con Cory [‹Imelda es más guapa que Cory›].

La partícula con en chabacano, el español de Filipinas y el taglish

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ginsiling ni Jesus kay Pedro (hiligainón) ipag-bayta’ ni Jesus kan Pedro (tausug), etc.

d) Y ya por último, en Fernández (2007b) insinuábamos que la adopción de con no se había producido directamente en los criollos, sino en el español no criollo que adquirieron los naturales más hispanizados, y añadíamos que se podía observar un proceso idéntico en la actualidad, en el contacto entre las lenguas filipinas y el inglés. En esta contribución pretendemos desarrollar este último punto, que consideramos decisivo, pues si pudiésemos documentar esos usos de con en el español filipino, ello sería un argumento muy poderoso en apoyo de una hipótesis endogenética, según la cual el grueso del input en la formación de los criollos hispano-filipinos habrían sido las variedades locales de español como segunda lengua (salvo parcialmente en el caso del ternateño). Pues bien, es posible documentar esos usos. Las muestras que han llegado hasta nosotros de las variedades de español filipino son pocas, sesgadas y, no han sido recopiladas ni mucho menos estudiadas sistemáticamente. Pero aún así, con un poco de perseverancia, es posible descubrir en ellas valiosas pistas para rastrear la génesis de los criollos. Obsérvense los ejemplos siguientes, todos ellos de la primera mitad del siglo XVIII: (8)

[...] dijo con Amá [‹le dijo a papá›] (1733)

(9)

[...] hablando con aquellos [‹diciéndoles›] (1733)

(10) [...] con vos bueno matar [‹es justo matarte›] (1733) (11) porque vosotros capil aquellos ya entregó su pueblo con el español [‹porque vosotros infieles [sois] los que entregasteis vuestro pueblo a los españoles›] (1733) (12) [...] hemos sentido mucho el corazón por la traición de Bamba Malinug y el sultán de Joló con Bapag Maulana [‹hemos sentido una gran aflición por la traición de Bamba Malinug y del sultán de Joló a Bapag Maulana›] (1733) (13) [...] matar con los joloanos y tirones [‹matar a los joloanos y a los tirones›] (1746) (14) [...] quieren acabar y consumir con la ley mahometana [‹quieren acabar [con] y extirpar la ley mahometana›] (1746)

Todos estos ejemplos proceden de cartas escritas desde Silangan, en las proximidades de Cottabato, excepto el (12), que pertenece a una carta escrita en Zamboanga. Esta última, con mucha probabilidad, fue escrita directamente en español. Las demás pudieron haber sido escritas originalmente en maguindanao o en tausug, y traducidas por intérpretes, bien inmediatamente antes de su envío, bien con posterioridad, hacia 1825. En cualquier caso, ni en la primera mitad del siglo XVIII ni hacia 1825 se hablaba un criollo en la zona de Cottabato, pues las fuerzas españolas se establecieron por primera vez en esa zona en 1852. Pero si fueron traducidas ya en el siglo XIX, es posible que el traductor fuese un

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zamboangueño.3 En Fernández (2006) hemos argumentado por extenso a favor de una formación tardía del zamboangueño, en la segunda mitad del siglo XIX; pero quien defienda una formación más temprana podría considerar poco probatorios los ejemplos anteriores, contraargumentando simplemente que se trata de un español contaminado por el criollo, o de un criollo acrolectal descriollizado en alto grado. Y para quien defienda que el criollo estuvo presente en Zamboanga desde su refundación en 1718, será también sospechoso, por la misma razón, el ejemplo (12), que, como ya hemos dicho, con toda probabilidad fue escrito originalmente en español por una zamboangueña muy hispanizada. Por el mismo motivo podría resultar también sospechoso cualquier ejemplo procedente de Manila. Quien dé crédito a las suposiciones sobre la existencia de un criollo en esta ciudad, en el barrio de Ermita, claramente delimitado y paralelo al español local, minimizará sin duda el valor probatorio de los muchos ejemplos manileños disponibles, alguno en lo que hemos dado en llamar criollo, pero otros en lectos más próximos al español, o incluso en español casi normativo si exceptuamos este uso de con que estamos comentando, y sin tomar en consideración la ortografía y el gusto por lo grandilocuente y lo almibarado que llevaba a algunos filipinos a escribir sobre «el filo del veneno», mucho antes de que Mario Benedetti redescubriese tan insólita expresión. Véanse como muestra estos dos ejemplos, procedentes de cartas escritas en Manila: (15) no hay quien atienda con ella más que yo [el autor de la carta se refiere a su esposa enferma] (hacia 1860) (16) [...] ha sido originado aquel auto tan desgraciado que á de haser morir conmigo al filo de su veneno (hacia 1860).

Para que nuestros ejemplos queden libres de la sospecha de «contaminación» por el criollo, lo mejor, pues, será acudir a textos producidos en lugares alejados de los escenarios geográficos de la criollización, y tan antiguos como sea posible. Y si pudiésemos, además, mostrar que el mismo proceso que atribuimos en el pasado a la influencia de un sustrato / adstrato filipino sobre las variedades locales de español continúa actuando hoy sobre las variedades locales de inglés, quedarán pocos resquicios para la duda. Pues bien, es posible presentar ejemplos de ambas cosas. En 1762, tras la invasión de los ingleses y la ocupación de Manila, Simón de Anda, que acababa de asumir los poderes de Gobernador General, envió una carta a todos los gobernadorcillos de las provincias de Pampanga y de Bulacan, indagando sobre la fidelidad de sus pueblos al rey de España y su disposición para luchar contra los ingleses. Los dos ejemplos siguientes proceden de la respuesta que envió el pueblo de Apalit, en la provincia de Pampanga: (17) por este motivo suplicaron con dicho Capitan para que sea puesto por escrito todo lo referido, que unieron (Apalit, Pampanga, 1762).

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Las cartas forman parte de una serie de documentos que van precedidos de una introducción confusa en lo que se refiere a las fechas, pero en la que se afirma: «la que hallé escritas en español fueron copiadas y trasferidas en castellano el que era de la idioma nuestra con prestado juramento de un secreto inviolable». Esto es: se hizo copia de las que estaban escritas en español, y se tradujeron al español las demás, sin especificar la lengua original de cada uno de los documentos.

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(18) También dicen, que sabe muy bien y afirma lo que Dios dixo al profeta Samuel, y dicho Samuel también dixo con los de Israel de esta forma: [...] (Apalit, Pampanga, 1762)

Es evidente que los textos anteriores están en español, y no en criollo. Se trata de un español algo reestructurado, lo que no se aprecia debidamente en la breve muestra que he seleccionado; pero si fuese posible incluir aquí el texto completo, se apreciarían vacilaciones en la concordancia, incongruencias en la selección de los tiempos verbales (como es típico de las variedades de español filipino como segunda lengua), y un trasfondo evidente de sintaxis filipina: español de contacto, claro está, pero español al fin y al cabo. El padre Navarro, que incluyó este texto en su colección de Documentos indispensables para la historia de Filipinas, nos dice en nota a pie de página que se trata de una traducción «hecha á su modo por los mismos interesados», «saturada de giros de dicción originalísimos» (Navarro 1908: vol. II, 74). Apalit es una población situada en la zona fronteriza entre Bulacán y Pampanga, provincias en las que no consta que haya existido un criollo, ni tampoco que se haya hablado en ningún momento el español como lengua regular. Había, por supuesto, nativos capaces de hablarlo e incluso de escribirlo, y este texto es una buena muestra de ello. Pero en ninguna de las dos provincias nos consta que haya habido colectivos que hubiesen hecho del español –de algún tipo de español– su lengua habitual con postergación de la lengua nativa, ni siquiera en algunos poblados de Bulacán utilizados por los españoles como lugares de descanso, por tener un clima mejor que el de Manila, ni tampoco en Macabebe, villa predilecta de los españoles en la Pampanga. Pero por otra parte, el hecho de que los principales del pueblo de Apalit pudiesen aventurarse a traducir por sí mismos, sin intervención de un intérprete, la larga carta que le escribieron al gobernador, y que –pese a los «giros de dicción originalísimos» que llamaron la atención del Padre Navarro– el texto sea plenamente inteligible y más que medianamente aceptable como segunda lengua, apunta a que algún papel tendría el español en la vida social de la comunidad, o al menos en la de sus sectores más privilegiados. Veamos otro ejemplo de la misma zona. Joseph de Manalastas fue un pampango al servicio del ejército español, que desempeñó un papel importante en las campañas militares para la expulsión de las tropas inglesas. El 30 de enero de 1763 envió una carta al gobernador Anda informándole de los últimos pormenores de su campaña militar. En esta carta encontramos: (19) Don Joseph Bustos, dos franceses y algunos de los de mi compañía, quienes traen sus fusiles, correspondieron graneando con dichos Malabares [= a dichos malabares]. (20) Luego al punto, se embarcó dicho Reverendo en una Banquilla que hallaron muy prompto los soldados de D. Joseph Busto, quienes llevó con dicho Reverendo a la otra banda [= a dicho Reverendo]. (21) Que pasen primero veinte soldados fusileros de los nuestros para acompañar con el Embajador de ellos [= al Embajador]. (22) [...] también pasaron a cuchillo los Sangleyes y Malabares con quantos encontraron dentro de dicha Iglesia [= a cuantos encontraron...].

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En el ejemplo (18), inmediatamente antes de que Samuel dijese con los de Israel, Dios le dijo al profeta Samuel. No desconocían, pues, los principales de Apalit el uso de a para introducir beneficiarios o destinatarios en español. Pero con se infiltra y aparece una y otra vez incluso en las circunstancias que más podían inhibir su uso, como es el caso de las cartas formales dirigidas a la máxima autoridad de España en el archipiélago. Esto nos permite deducir que su uso en circunstancias menos formales era mucho más frecuente. Si lo anterior es correcto, deberíamos esperar también casos de hipercorrección, tales como el uso de a en construcciones biactanciales que en español usen con o cualquier otra preposición distinta de a, pero que en las lenguas filipinas se construyan con un marcador de caso oblicuo. Pues en efecto, tales hipercorrecciones existen. En la misma carta del pueblo de Apalit encontramos casos evidentes de hipercorrección, que dejan traslucir que los actantes que se introducen han sido interpretados como oblicuos, independientemente de la preposición que se use, tal como se muestra en el ejemplo siguiente: (23) Cualquier hombre [...] que murmure al Reverendo Padre ó á los Padres pasageros [...].

Como vemos, en vez de murmurar contra, o sobre, o de los Reverendos, se murmura a los Reverendos o a los Padres pasageros. En tagalo tendríamos que usar aquí el oblicuo sa, ante nombre no personal, y en pampango king. Los autores de la carta refrenaron su tendencia a usar en este caso con, y se fueron a la forma que ellos ‹sabían› que era la correcta en español: la que se usa en decir a, que según el esquema sintáctico de las lenguas filipinas, debería emplearse también con el verbo murmurar. Wolff (2001), a partir de la forma y de los contenidos semánticos de los préstamos del español en tagalo, argumenta que con toda probabilidad el español se usaba entre filipinos de forma semejante a como se usa el inglés en la actualidad: como un código de distinción social. Ello implicaría que, durante la época colonial, el español tuvo en Filipinas una difusión mayor que la que se suele reconocer; pero esta amplia difusión, a diferencia de lo que sucedió en las colonias de América, no condujo a un cambio de lengua –ni tenía por qué hacerlo, al igual que ocurre hoy con el inglés– salvo en puntos muy concretos en los que las ventajas del cambio eran grandes, y los inconvenientes del abandono de las lenguas locales eran pequeños, por haberse producido algún tipo de segregación del entorno. Eso fue lo que sucedió en el Puerto de Cavite con los barrios de San Roque y Caridad, cuya economía dependía enteramente del Arsenal; o en Zamboanga con el fuerte; o en Ternate con una comunidad que llega a Filipinas ya «ladina en castellano», y que se mantiene al servicio de los españoles, aislada del entorno; o en Tamontaca con los hospicianos de los padres jesuitas. No es ninguna casualidad que sean ésos precisamente los lugares donde hay «criollos», cuyas peculiaridades resultan mucho más fáciles de entender si partimos del supuesto de que la mayor parte de ellas estaban ya presentes en el input (y esto incluye los famosos marcadores TMA, y otros elementos como quilaya y su parentela, masqui, y casi todos los demás en los que se ha pretendido ver la huella de un criollo antecesor externo). En esas versiones locales de español tenían que utilizarse con mucha frecuencia los marcadores nominales de las lenguas filipinas, especialmente los de caso oblicuo, de un modo similar a lo que observamos actualmente en variedades locales de inglés, o en esa alternancia constante –a veces incluso entrevero de lenguas– a la que se aplica el glotónimo despectivo de taglish. No se trata tanto de que los filipinos tengan un conocimiento parcial de la lengua inglesa cuanto de un mecanismo mediante el cual dotan al inglés de un sabor

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local. Los verbos ingleses que encontramos acompañados del marcador oblicuo filipino en estas variedades locales son los mismos que en chabacano llevan con. He localizado ejemplos con talk, tell, kiss, send, vote, answer, fight, see, love, greet, hurt, fear, give, believe, call, y seguro que hay muchos más. Limito aquí mis ejemplos a los que usarían el marcador oblicuo personal kay en tagalo (o su equivalente en otras lenguas filipinas), aunque naturalmente, los casos con el otro miembro de la pareja, sa, son mucho más abundantes. En los ejemplos (24) a (28) encontramos kay en su territorio propio, el de los nombres de persona: (24) I just want to say me and my friends had the chance to talk kay Kitchie last time she performed sa mayrics (24 de agosto de 2005 en www.chasys.net/blog/item/kitchie-nadalsucks). (25) Hello to [...] Kuya Edwin (paki tell kay Jem to pick easy songs dis [sic] time) [‹Saludos a [...] mi hermano mayor Edwin (por favor dile a Jem. [...])›] (15 de marzo de 2004 en websayt.com). (26) I prefer CHRISTmas tree ... I believe kay Christ (2 de diciembre de 2005 en www.dinagyang.com, The Ilonggo Online Community). (27) First, syempre, thank you kay Raymond. He is not just a spcl someone but [...] [‹Primero, naturalmente, gracias a Raymond...›] (23 de diciembre de 2006 en jr_1217. blogs.frienster.com). (28) It’s really hurt kay Yuri (15 de mayo de 2007 en pep.ph/news/13244/Yuri-Park-hopesfor-an-apology-from-Mark-Lapid).

Pero también disponemos de muestras en las que se observa que en taglish kay ha ampliado su territorio más allá de los nombres de persona y de parentesco, al igual que lo hizo su equivalente con en chabacano. Puede introducir pronombres personales oblicuos, como en (29) y (30): (29) paki sabi kay her [...] [‹por favor dile a ella [...]›] (31 de agosto de 2006 en www.rakista.com). (30) I am nagtatampo kay her [‹estoy enfadada con ella›] (4 de mayo de 2005, en www.xanga.com/marie8eljay).

Y también aparece el marcador personal oblicuo ante nombres comunes animados, cuando son referenciales y específicos en grado máximo, como en (31) y (32): (31) naloka ako kay the guy [‹me volví loca por el chico›] (31 de octubre de 2002 en www.peyups.com). (32) nilabas sa wallet niya ang blade, dumiretso kay other girl at ginuhitan ng ginuhitan ang braso nitong [‹sacó de la cartera una cuchilla, se fue derecha a la otra chica y le rajó el brazo una y otra vez›] (30 de mayo de 2007 en en www.pinoysg.com).

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Hay también, como esperaríamos, casos de kay con valor comparativo, como (33): (33) Mariel deserves someone much better kay Sam (29 de noviembre de 2005 en marielrodriguez.net/).

Puesto que el eje de la argumentación en Fernández (2007b) es que la preposición española con se identificó con el marcador personal de caso oblicuo (kay, kang, kan, etc.), resulta muy oportuno mostrar cómo esa misma identificación se está produciendo actualmente con la preposición inglesa with. En (34) se muestra el uso de with en un contexto tagalo, como un equivalente exacto de kay: (34) Mas kinilig talaga ako sa kanya kesa with Boyet [‹Realmente me siento más atraída por él que por Boyet›] (15 de mayo de 2003 en www.angelfire.com/music5/regine/gallery/ newsgallery/regines-sex-satisfaction-dingdong.htm).

Ya por último, deberíamos esperar también el reverso del ejemplo anterior: kay en un contexto inglés, como un equivalente exacto de with. Y a partir de ahí, podríamos esperar entonces casos en los que se usase en inglés directamente with con valor de kay, en contextos en los que no sería admisible tal preposición. Lo primero, kay como equivalente de with, es muy abundante. Por ejemplo, en (35) (35) wherein she expected to share her first kiss kay Larry (8 de abril de 2002 en www.grabeh.com/forum).

Lo segundo, el uso de with con valor de kay, lo tengo menos documentado, y es posible que no prospere como lo hizo con en el español de Filipinas y en los criollos, pues le falta el parecido fónico, carece del elemento oclusivo velar del marcador oblicuo personal en todas las lenguas filipinas, y que ha sido reconstruido como *ka(n)i para el proto-malayopolinesio. Pero aún siendo posiblemente algo fugaz, hemos podido capturar también este uso en el inglés filipino, como se muestra en (36) y (37) (36) We just both respect what we believe and the good thing is we both believe with God, Kamisama, Allah or what ever you call Him:) (2 de noviembre de 2006 en www.timog.com/forum). (37) Who I Want to Meet: someone i can talk to and someone someone who will listen with me all night long (www.friendster.com/5284174).

Resulta notable esta persistencia de la acción del sustrato/adstrato a través de contactos sucesivos con diversas lenguas. En Fernández (2008) hemos documentado esta misma tenacidad a propósito de las interrogativas indirectas del chabacano, y sin duda hay otros aspectos de la gramática de los criollos hispano-filipinos que no han sido analizados todavía desde la perspectiva de las lenguas de la zona. Pero a medida que se avanza en estos análisis, el viejo relato de la exogénesis va dejando paso a otro: los criollos hispanofilipinos tal vez no sean otra cosa que modalidades nativizadas del español de contacto local.

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Referencia bibliográficas Fernández, Mauro (2006): Las lenguas de Zamboanga según los jesuitas y otros observadores occidentales. In: Revista Internacional de Lingüística Iberoamericana 7, 9-26. – (2007a): El chabacano visto con otros ojos. Comunicación presentada en el Joint Summer Meeting of the SCPL and ACBLPE 2007. Universidad de Amsterdam, 18-20 de junio de 2007. – (2007b): Sobre el origen de con en chabacano. In: Schradder-Kniffi, Martina / Morgenthaler, Laura (edd.): La Romania en interacción: entre historia, contacto y política. Ensayos en homenaje a Karl Zimmermann. Frankfurt / Madrid: Vervuert / Iberoamericana, 453-474. – (2008): Las interrogativas indirectas en chabacano: un caso de acción del sustrato. In: Montero, Raquel / Doehla, Hans-Jörg (edd.): El iberorrománico y su difusión. Homenaje a Georg Bossong. Frankfurt / Madrid: Vervuert / Iberoamericana, 143-160. Navarro, Eduardo (1908): Documentos indispensables para la verdadera historia de Filipinas. Madrid: Imprenta del Asilo de Huérfanos. Wolff, John U. (2001): The Influence of Spanish on Tagalog. In: Zimmermann, Klaus / Stolz, Thomas (edd.): Lo propio y lo ajeno en las lenguas austronésicas y amerindias. Frankfurt: Vervuert / Madrid: Iberoamericana, 233-252.

Daniela Ibba

El paradigma habeo + participio en el Libro Verde del Racional del Archivio di Stato di Cagliari1

1. Introducción Este trabajo es una primera aproximación al estudio de los tiempos compuestos en el español hablado en la isla de Cerdeña en el periodo en que esta pertenecía a la Corona Catalano-aragonesa.2 Los documentos redactados en la isla en esta época resultan particularmente interesantes, debido al hecho de que en el Reino de Cerdeña convivían diferentes realidades lingüísticas, es decir, diferentes lenguas en contacto: italiano, sardo, castellano y catalán. En este trabajo hemos examinado un corpus constituido por el Libro Verde del Racional, esto es, una serie de documentos conservados en el Archivio di Stato di Cagliari, capital de la isla, y de los cuales hablaremos más adelante. Nuestro estudio se estructura de la siguiente manera: en primer lugar, contextualizaremos, desde el punto de vista histórico y lingüístico, la isla de Cerdeña; posteriormente ofreceremos una breve descripción del Archivio di Stato di Cagliari y de los documentos que alberga; a continuación trataremos de la formación de los tiempos compuestos en castellano y analizaremos las manifestaciones de haber + participio en el corpus analizado. A continuación desarrollaremos el objetivo de nuestro estudio, esto es, intentaremos demostrar cómo el uso de los tiempos compuestos en castellano –en estos documentos y en algunos contextos concretos– sufre las influencias del catalán, otra lengua hablada en la isla. Finalmente, ofreceremos unas breves conclusiones.

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Aprovechamos la ocasión para agradecer al personal del Archivio di Stato di Cagliari su disponibilidad y por habernos permitido consultar los documentos analizados en este trabajo. Asimismo, agradecemos la indispensable colaboración de Enrico Aymerich de la Associazione Araldica Genealogica Nobiliare della Sardegna, sin la cual no habría sido posible este trabajo. Por evidentes cuestiones de espacio no nos vamos a detener en el complicado problema de las relaciones existentes entre oralidad y escrituralidad: es una de las principales dificultades a los que se enfrenta desde siempre la Lingüística Histórica y al que bien apunta Cano Aguilar (2004), cuya postura compartimos plenamente.

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Daniela Ibba

2. El contexto histórico y lingüístico Antes de adentrarnos en la explicación de los fenómenos lingüísticos objeto de este trabajo, creemos conveniente contextualizar históricamente el territorio en el cual se escribieron los documentos que constituyen nuestro corpus, al fin de poder entender mejor el contexto lingüístico. Sin embargo, no nos vamos a detener demasiado sobre estas cuestiones en cuanto consideramos que no es la sede oportuna. Tal y como señalan Loddo (1974) y Casula (1984), lo que en historiografía se conoce como Cerdeña Aragonesa, comienza el año 1297 en Roma, cuando Papa Bonifacio VIII crea el Regnum Sardiniae et Corsicae, invistiendo solemnemente al monarca catalán Jaime II, rey de Aragón y de Valencia, y conde de Barcelona. Sin embargo, entre la investidura pontificia y el desembarco en Cerdeña transcurre un largo período, alrededor de veintiséis años, en el cual Jaime II tiene que luchar contra los dominadores de la isla. En los últimos años del siglo XIII Cerdeña estaba dividida en pequeños señoríos y, como es fácil entender, Jaime II tenía delante un panorama hostil y un territorio difícil de conquistar. Finalmente, en la segunda mitad del siglo XV comienza la verdadera incorporación del Reino de Cerdeña a la Corona de Aragón, por mano de Fernando el Católico el cual resolvió victoriosamente la batalla de Macomer, incorporando definitivamente las posesiones a la Corona. Esta situación histórica tuvo, como es de esperar, unas importantes consecuencias desde el punto de vista lingüístico. La dominación catalana nunca fue homogénea en todo el territorio y la poca comunicación entre sardos y catalanes pareció impedir, en un primer momento, que els sards fossin assimilats lingüísticament pels catalans i, per això, han mantingut la seva llengua fins als nostres dies. També és evident, però, que aquesta incomunicació havia d’afavorir la permanència de la llengua catalana […] mentre durés la dominació. (Nadal 1987: 80)

Parece que el catalán y el sardo fueron las dos lenguas que predominaban en la parte meridional de la isla a partir del siglo XIV (cf. Batllori 1970: 28; Arce 1970), aunque hay que señalar la excepción –en la zona norte– de la ciudad de Alguero. Así que las lenguas «coloquiales» en Cerdeña eran, principalmente, el catalán y el sardo y –con un uso secundario– el castellano y el italiano (cf. Nadal 1987: 85). Por lo que atañe a la utilización de la lengua en registros más formales, Arce (1970) señala que el catalán es la lengua predominante. Es evidente que el latín todavía tenía una fuerte presencia en los documentos oficiales de la Corona. Sin embargo, «tots els decrets emanats de la cort dels virreis són en llengua catalana (51 en total), a excepció de 13 que són en castellà» (Nadal 1987: 105). Creemos que estos últimos datos son esenciales para poder analizar correctamente los documentos que constituyen nuestro corpus. Sin embargo, no nos vamos a detener más en la descripción de la situación histórica y lingüística de la isla de Cerdeña. Nuestro objetivo era, simplemente, el de proporcionar al lector unos conceptos generales sobre este tema para que se pueda entender mejor la realidad histórica en la que se escribieron los documentos que se han analizado en este estudio.

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3. El Archivio di Stato di Cagliari: descripción del corpus Debido a la situación histórica descrita, en Cerdeña es posible encontrar una inmensa cantidad de documentos en catalán y en castellano. Uno de los códigos más preciados del Antico Archivio Regio es el llamado Libro Verde del Racional que nace en el siglo XIV con la finalidad de ofrecer un código de leyes para poder aplicar el derecho de la corona catalano-aragonesa a la isla de Cerdeña (cf. Di Tucci 1925). Para este trabajo se ha consultado la edición del Libro Verde publicada por Di Tucci (1925) y algunos de los manuscritos del fondo B4/43 conservados en el Antico Archivio Regio del Archivio di Stato di Cagliari. Una vez llevada a cabo la lectura de los documentos analizados para este estudio, creemos que cabe la posibilidad de que la persona que los escribió tuviera el catalán como primera lengua, ya que aparecen varias piezas léxicas de esta lengua: cap breu, empenyoramento, universidades, luyción, feu, entre otros.4 Aparte los lexemas de clara influencia catalana, consideramos que hay otros fenómenos lingüísticos que hacen patente la naturaleza lingüística del amanuense, entre los cuales recordamos el uso de raparando, saparado, etc. por reparando y separado: creemos que, en este contexto, la confusión de vocales se debe al sistema vocálico del catalán. Nos referimos, en concreto, a la vocal neutra [´], esto es, la pronunciación de la e y de la a en posición átona. En efecto, este sonido, por cuestiones de rasgos fonéticos, podía hacer que se confundiera la e átona por la a. La grafía de estas palabras reflejaría, a nuestro juicio, esta situación lingüística. No nos vamos a detener más en estas cuestiones, sin embargo, nos ha parecido importante señalar estos elementos, ya que la L1 del amanuense nos puede ayudar en la explicación de los fenómenos objeto de este estudio.

4. Los tiempos compuestos en español medieval En este apartado describiremos brevemente el proceso de formación de los tiempos compuestos en español, para que los lectores que no están familiarizados con este tema puedan contextualizar los fenómenos que son objeto de nuestro trabajo. En castellano medieval –de la misma manera que en las demás lenguas románicas– se disponía de dos auxiliares para la expresión de los tiempos compuestos: haber se destinaba a los verbos transitivos, y ser a los intransitivos o pronominales:5 (1) Ca en aquella tardança llegaron las nueuas del çesar a la rribera del njlo ante que tu ca el poder & el atreujmjento de tan grant enemjga commo esta de matar a ty a qual otro seria dado

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Cf. la página web http://www.archiviostatocagliari.it (febrero 2009). Las influencias detectadas son, principalmente, de carácter léxico y relacionadas con la terminología jurídica, sin embargo, nos ha parecido importante señalarlas. Cf. Company (1983), Romani (2006), Batlle (2002), entre otros.

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njn le avria sinon a el. O tu qujen quier que de los dioses soberanos eres enbiado sobre esta cabeça para fazer en ella lo que has fecho. (Alfonso X, General Estoria)

El gradual triunfo de haber como único auxiliar dependió de distintos factores. En primer lugar –contemporáneamente a la progresiva sustitución del auxiliar ser por haber– se estaba dando la competencia entre los verbos ser y estar. Asimismo, se estaba dando el lento triunfo del verbo tener, en lugar de haber, para expresar la posesión aunque era posible encontrar ejemplos de este último con valor posesivo, así como construcciones en las que estaba acompañado por un participio y en las que tenía valor resultativo: (2) a. Abonde-te del enbidioso que ha tristeza quando tú has alegría. (Anónimo, Bocados de oro, 1250) b. E quando las quisieren fazer caçar cuervos, echen los cuervos que ayan cosidos los ojos. (cf. Romani 2006: 247)

Fíjense que el ejemplo (2b) es ambiguo: la construcción que en él se reproduce puede interpretarse ya sea con significado resultativo, ya sea con valor posesivo. El proceso de reanálisis que llevó el verbo habere de poseedor de significado durativo al valor de «posesión» se debe a su total desemantización, así como al cambio sintáctico a través del cual se pierde la relación de predicación entre la frase nominal y el participio. A consecuencia de este reanálisis sintáctico, el participio se reinterpreta «semántica y sintácticamente junto con el verbo principal desemantizado habere» (cf. Romani 2006: 252).6 Esta noción de posesión inherente a la construcción haber + participio pasado, permite entender por qué hasta bien avanzada la Edad Media, existe la concordancia del participio en número y género con el complemento directo (Andrés-Suárez 1994: 64). La introducción del verbo tener para la posesión, con la consecuente pérdida de contenido semántico de haber, permitió que este último ganara terreno como auxiliar, utilizándose cada vez más en contextos marcados en los cuales no solía presentarse. Dicho esto, hay que recordar que los cambios causados por la gramaticalización no son cambios abruptos, sino que se da la «posibilidad de varias normas en una misma gramática» (Company 1983: 237): • concordancia del participio con el complemento directo (3) Et destas rrazones que ha dichas non se de qual dellas se viene mas. (Alfonso X, General Estoria)

• interpolación de elementos entre el auxiliar y el participio pasado (4) El conde de Tolosa dioles muy grand confuerto, / coydó con esse fecho con él salir a puerto, / ca me han castellanos fecho este grand tuerto. (Anónimo, Poema de Fernán González)

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El proceso de reanálisis que se acaba de describir se podría comparar al que se da en construcciones como «tengo entendido» o «llevo escritas tres cartas», presentes en el español actual. Dicho de otra forma, los verbos «tener» y «llevar» están sufriendo una pérdida de contenido semántico y una contemporánea reestructuración sintáctica que permite su interpretación con valor resultativo.

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• alternancia de ser ~ haber como auxiliares (5) a. Mas agora quando lo ha sabido por cierto no lo encubre ni aun Garci Lasso. (Anónimo, De Gonzalvo García a Jaime II, sobre el matrimonio de Doña Blanca) b. E lo meior que puede seer Mercurio en esta signification; es quando es parecido fuera delos rayos. (Alfonso X, Judizio de las estrellas)

• variación en el orden auxiliar-participio (6) Tornados son a mio Cid los que comién so pan, / él se lo vio con los ojos, / uéntangelo delant; / alegre es mio Cid por cuanto fecho han: / - ¡Oídme, cavalleros, non rastará por ál: / oy es día bueno e mejor será cras! (Anónimo, Cid)

Es evidente que la presencia de los elementos mencionados más arriba se ve modificada a lo largo de los siglos y va menguando a medida que se desarrolla el proceso de gramaticalización.7 Es importante mencionar el hecho de que en el siglo XVI se ha impuesto prácticamente la forma invariable del participio pasado, es decir, «la inmovilización del participio en la forma en -o se impuso en el siglo XV y se había hecho general ya en el siglo XVI» (Azofra 2006: 155). Podríamos así considerar que en el siglo XVI se ha concluido prácticamente el proceso de gramaticalización de haber + participio en español, entendiendo por tal «que siempre que [el participio] está regido por el auxiliar haber, ofrezca una desinencia […] indiferente al género y al número y [que] no hace referencia alguna al sujeto u objeto de la oración de la que forma parte» (Company 1983: 237).

5. Análisis del corpus Será ahora oportuno analizar los datos de nuestro corpus. Somos plenamente conscientes del hecho de que la extensión del corpus utilizado para este estudio es limitada, sin embargo, queremos remarcar la naturaleza de nuestro trabajo, es decir, el hecho de que sea una primera aproximación al estudio de algunas construcciones con haber + participio. Hemos señalado más arriba que los documentos que componen el Libro Verde del Racional consultados para este trabajo abarcan los siglos XV-XVII, esto es, el momento en que se está concluyendo el proceso de gramaticalización del paradigma habeo + participio en la Península Ibérica. Sin embargo, el análisis del corpus parece demostrar que los tiempos compuestos no habían concluido todavía este proceso en el «español isleño». En efecto, es posible encontrar casos en que el verbo haber todavía indica la propiedad o la posesión (7) a. E porque de derecho se tiene por claro que los eclesiásticos son tenidos a guardar los statutos hechos por los juezes temporales en lo que han respecto al bien comun. (1532)

––––––– 7

Cf. Romani (2006), Batlle (2002), Company (1983), Azofra (2006), entre otros.

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b. se a tal cosa se diesse lugar sería introduzir gran periudicio a los dichos privilegios y pragmáticas reales que principalmente han respecto a la buena guarda. (1532) c. los nuestros officiales reales en trigo que han menester para la provisión de sus cosas. (1600) d. con que sea el que se entendiere que han menester para provisión de sus casas. (1600)

así como se ha encontrado un ejemplo en el cual el participio precede al auxiliar:8 (8) vos mandamos tomédez a manos de nuestra Corte los dichos términos y saltos y pasturas […] dando nos luego noticia de lo que fecho avréys. (1488)

Los documentos analizados también presentan contextos de interpolación de elementos entre el auxiliar y el participio (9) a. Pedro Fortesa syndico de la nuestra ciudad de Caller a nos embiado nos ha suplicado pues que contra real carta. (1567) b. siguiendo lo que por su innata fidelidat ha siempre acostumbrado el qual yo estimo no tanto por lo que piden. (1602) c. Illustre Marqués de Bayona […] Hase visto lo que dize vuestra carta. (1611)

Asimismo, aparecen ejemplos en los que el participio todavía concuerda con el complemento directo: (10) a. por todol dicho anyo corriente hayan dadas y rezidas, las dichas sus cuentas. (1488) b. relació nos ha sido hecha que por essas mares andan tres galeras. (1510)

Dentro del análisis de la concordancia se han encontrado los contextos más «originales» del corpus: (11) a. hasta tanto que de la cogida siguiente se haian puestos otros treynta mil estareles de trigo nuevo. (1558) b. presentaron circa dello junctamente con otros memoriales que también se nos han dados por parte del estamento militar. (1567) c. por lo que toca a los alojamientos que se huvieren dados a la dicha gente. (1567) d. Por lo que toca a los alojamientos que se huvieren dados a dicha gente de guerra. (1567)

Lo que más sorprende de estos ejemplos es que al ser contextos de pasiva refleja la concordancia se da con el sujeto gramatical del verbo. En los diferentes estudios sobre la formación de los tiempos compuestos del español, la bibliografía menciona la presencia de casos de concordancia del participio con el complemento directo. Sin embargo, no se mencionan contextos de concordancia del participio pasado con el sujeto verbal: los ejemplos de (11) pueden entonces considerarse «novedosos». En un primer momento, pensamos que la presencia de contextos tan originales se debía a la marginalidad del territorio sardo respecto a los centros de origen del cambio lingüístico. ––––––– 8

La bibliografía señala, para estos contextos, la presencia de la sintaxis del español actual ya a partir de los siglos XII-XIII.

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La posición geográfica marginal con respecto al punto propulsor del cambio es un factor que hay que tener en cuenta. Sin embargo, puede que este no sea el único motivo. En efecto, creemos que es importante recordar cuanto se ha dicho anteriormente respecto al contexto lingüístico de la isla de Cerdeña, es decir, que la lengua que predominaba era el catalán, ya sea a un nivel coloquial, ya sea en los documentos oficiales de la Corona. Hemos querido hacer hincapié en este particular debido a que se ha encontrado el mismo contexto de (11) en algunos de los documentos redactados en catalán: (12) se ha haudes a supplir a les mesades del mes març e de abril propassades.

El proceso de gramaticalización de los tiempos compuestos en catalán tiene muchos elementos en común con el que se ha descrito para el castellano. Sin embargo, Batlle afirma que el catalán «s’insereix en el comportament més generalitzat de les llengües peninsulars, malgrat que presenta una cronologia més tardana en comparació amb el portuguès i el castellà».9 El hecho de que en Cerdeña fuera tan fuerte la influencia del catalán, junto con el elemento señalado por Batlle (2002) nos han conducido a considerar la posible influencia del catalán en la formación de los tiempos compuestos en el «castellano isleño». Vienen a corroborar estas suposiciones dos factores en los que queremos hacer hincapié. En primer lugar, el estudio de Ramos (2005: 194) en el que al analizar los tiempos compuestos en las formas pasivas en unas obras de finales del siglo XV, el autor afirma: Notem […] que la solució general quan apareix l’auxiliar haver és el manteniment de la concordança entre el subjecte i el participi […] però no amb l’auxiliar per un possible creuament entre la construcció presentacional i el temps compost.

Ramos justifica este fenómeno por una posible reinterpretación, por parte del hablante, del sujeto como si fuera el CD del verbo: podemos considerar que es algo normal teniendo en cuenta que se trata de construcciones de la diátesis pasiva.10 A continuación proponemos los dos ejemplos ofrecidos por Ramos (13.a y 13.b) junto con algunos presentes en Batlle (2002: 117-118) relativos a obras varias que abarcan los siglos XVI-XVII:11 (13) a. Com Tirant tramés la reyna de Feç a Costentinoble ab tot l’estol de les fustes que s’havia aturades. (Tirant lo Blanc) b. e a tots administrà justícia, car des que lo Gran Turch e lo soldà eren entrats dins lo imperi, no s’i havia feta justícia neguna. (Tirant lo Blanc) c. y dos galeres [que] havien fetes per a navegar a les Índies, que may se n’avien fetes así. d. Si se ha feta injúria/ preferesca la alegria/ de voler-me perdonar. e. An-se ordenades constitucions de molta importància. f. Afra/ cosa és aquesta, que may se ha trobada la real veritat d’això fin ara.

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11

Cf. Batlle 2002: 24. Recordemos que el SN que en la voz activa es el complemento directo, en la voz pasiva pasa a ser el sujeto gramatical (pero siempre OD desde el punto de vista semántico). Sólo se reproducen algunos pocos ejemplos reproducidos en Batlle (2002), por evidentes cuestiones de espacio.

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Daniela Ibba

A diferencia de los ejemplos proporcionados por Batlle (2002) y Ramos (2005) los ejemplos del Libro Verde presentan concordancia en los casos de sujeto de género masculino. Este hecho nos ha sorprendido en cuanto «la concordança es manté millor en contextos marcats (femení i, sobretot, femení plural) que no en contextos menys marcats (masculí)» (Pérez Saldanya 1998: 213). Considerados los elementos mencionados más arriba, creemos poder afirmar que los ejemplos representados en (11) son una clara influencia del catalán en el castellano hablado en Cerdeña. Probablemente, las personas que redactaron los documentos de nuestro corpus, utilizaban habitualmente el catalán como lengua de comunicación.

6. Conclusiones Este trabajo ha querido ser una primera aproximación al estudio del proceso de gramaticalización del giro latino habeo + participio. Somos plenamente conscientes de que se trata de una cuestión muy compleja, y también estamos convencidos de que sería necesario llevar adelante un estudio lingüístico más profundizado de los documentos en castellano y en catalán que se pueden encontrar en los archivos históricos de la isla de Cerdeña para llegar al fondo de esta cuestión. Nuestro objetivo principal era el de cotejar los ejemplos contenidos en el Libro Verde del Racional –esto es, en el castellano hablado en Cerdeña– con los ejemplos en castellano peninsular. La comparación nos ha permitido comprobar que, debido a la marginalidad del territorio sardo respecto a los centros de origen del cambio lingüístico, el proceso de gramaticalización de los tiempos compuestos concluyó, en el «castellano isleño», con retraso respecto al español peninsular. Asimismo, el análisis de estos documentos nos ha permitido reflexionar en las consecuencias diacrónicas del contacto entre lenguas: el estudio de los ejemplos analizados en (11) ha demostrado que en el territorio sardo el español pudo haber recibido influencias del catalán, debido al hecho de que este último predominara en la isla y, probablemente, en el habla de la persona que escribió los documentos analizados para nuestro estudio. Finalmente, queremos concluir sosteniendo la importancia del análisis de documentos como los que contiene el Libro Verde del Racional para un estudio más amplio de los diferentes fenómenos morfosintácticos del castellano moderno.

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Vicente Lagüéns Gracia

Variación interna y contacto lingüístico en la scripta aragonesa medieval: a propósito de la alternancia de las formas de perfecto -aron y -oron

1. En muchos de los estudios con que el aragonés medieval cuenta, se informa de la presencia en la documentación en ese romance de una llamativa mezcla de rasgos «propios» y «ajenos» (occitanos, catalanes o castellanos) en proporción variable, determinada, entre otros factores, por la cronología y el lugar de redacción de los textos. Claro que la confluencia de rasgos pertenecientes a diversas lenguas no es, ni mucho menos, específica de la documentación aragonesa en el período medieval, pero lo cierto es que en ella resulta especialmente relevante. No podía ser de otro modo, a poco que se piense en la situación geográfica del solar originario del Reino y de las tierras que Aragón ocupó en la expansión territorial de la Reconquista, así como en las circunstancias políticas, culturales y económicas que moldearon su historia, unida a Cataluña en la empresa común de la Corona, de un lado, y vinculada a la influyente órbita de Castilla, de otro. Por lo que aquí más interesa, bastará con recordar que la aceptación del castellano como lengua de prestigio y la progresiva penetración del mismo en el antiguo dominio geolectal del aragonés provocaron el proceso de sustitución lingüística que suele denominarse castellanización de Aragón. A él pudo contribuir de alguna manera la diferenciación diatópica del aragonés medieval1, dado que, efectivamente, su modalidad meridional, más uniforme, aunque abierta a influencias diversas, estaría menos diferenciada del castellano que la variedad altoaragonesa en una parte de sus rasgos principales. Sobre todo formulada de un modo tan sintético, esta explicación está sujeta a múltiples precisiones. Sin negar dicha diferenciación, una de ellas, especialmente relevante, incide en la plasmación en los textos oficiales –también en los septentrionales– de un modelo lingüístico tendente a sustituir algunos de los rasgos vernáculos más localistas por otros, prestigiados, generales en la scripta de Aragón y coincidentes con los del castellano. 2. Es obligado señalar que este último planteamiento fue ya expuesto, en lo esencial, por Navarro Tomás. Lo apunta en un trabajo temprano de 1909 acerca de los perfectos aragoneses medievales, sobre el que volveremos en seguida. Y lo expresa con precisión en las páginas introductoras al excelente repertorio, por él transcrito, de Documentos lingüísticos del Alto Aragón, que vio la luz en 1957, tras muchos avatares: En la competencia entre tales variantes [las apreciadas en los documentos], los notarios daban preferencia a aquellas formas que no sólo eran corrientes en el resto del territorio aragonés sino

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De la amplia bibliografía –y aún lo es más hoy– sobre este asunto, me ocupo en Lagüéns (1999: 182-186).

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que coincidían además con el uso castellano: capiella en vez de capialla, buena en vez de buana, maestro en lugar de mayestro, linares en lugar de linás, compraron mejor que comproron, es mejor que yes o ye, etc. (DLAA, IX).

Obsérvese en esta cita el entrecruzamiento de cuestiones atinentes a la variación diatópica interna y al prestigio en el uso de la lengua escrita notarial. A propósito de las variantes prestigiadas, se habla de coincidencias entre el aragonés y el castellano, sin recurrir expresamente a explicaciones basadas en el contacto de lenguas entre uno y otro romance.2 Vàrvaro (1970) advirtió que el prestigio de los textos en aragonés común, difundido desde Zaragoza (y otros centros regionales), tuvo más peso que el modelo lingüístico castellano: cuando se da una solución común a toda el área aragonesa opuesta a la correspondiente castellana (-it-/-ch- o cl-/ll-) la resistencia del resultado autóctono es muy tenaz y solo decae a finales del siglo XV –o incluso más tarde–, pero si la solución es estrictamente altoaragonesa y se encuentra ante un competidor común al aragonés central y al castellano (diptongo uá, conservación de sordas intervocálicas) nunca llega a ser dominante en la documentación y, en ocasiones, ni siquiera aflora en ella. 3. Recurramos en esta ocasión, para seguir profundizando en estas ideas, a un rasgo parcialmente divergente en aragonés y en castellano, ya apuntado en la cita de Navarro Tomás: la terminación de la tercera persona del plural de las formas de pretérito, pretérito indefinido o pretérito perfecto simple (en adelante, perfecto) de los verbos de la conjugación en -ar. Dejando de lado la identificación morfológica de los elementos constituyentes de la terminación verbal etimológica y la de los diversos resultados romances, cabe decir que la secuencia latina -AUERUNT, reducida pronto en -ARUNT, dio como resultado regular en castellano la desinencia -aron, mientras que en las fuentes aragonesas esa desinencia se presenta con diversas soluciones: -aron, variante coincidente con la castellana, y -oron, la propiamente aragonesa, que es explicada por la mayor parte de estudiosos por analogía, con ó tomada de la tercera persona del singular;3 la analogía produjo también la forma -ón, a la que solo indirectamente se atiende en estas páginas. Aunque la terminación -oron no sea exclusiva del aragonés, nada impide que se considere uno de sus rasgos característicos por su frecuencia tanto en la documentación histórica como en las hablas pirenaicas de ese dominio.4 4. El pequeño espigueo en la bibliografía sobre el tema que a continuación presento se inicia con el citado trabajo de Navarro Tomás (1909), entonces un joven de 25 años ya ––––––– 2

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El salto de la coincidencia al contacto está en Alvar (1953: 17), en el seno de una cita repetida, parafraseada y matizada (incluso por el propio autor) en muchas ocasiones. Gili Gaya (1925: 105) sugiere el origen etimológico de -oron: el paso de a > o se explica «por la atracción de una u de la sílaba siguiente, originaria o procedente de la vocalización de v». Y Cooper (1960: 272) encuentra apoyos a esta teoría en la temprana aparición de esta forma en Aragón y en la presencia de la misma en leonés medieval. Nagore (2003: 372) considera la hipótesis aceptable siempre y cuando se tenga en cuenta la traslación acentual latina, pero insiste en la fuerza de la analogía, en general, en el verbo. Sobre la historia y la extensión de los perfectos analógicos (especialmente los fuertes), véase el detallado estudio de Pato Maldonado (2004), con datos aragoneses.

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extraordinariamente curtido en asuntos de filología y archivística.5 Se sirvió el autor de la reconstrucción de varios tipos de perfecto de los verbos en -ar con datos documentales y de las hablas vivas de Aragón para mostrar que «los antiguos escritos notariales no reflejan exactamente el habla local, ni se apartan mucho del lenguaje de las obras literarias».6 En lo que a la tercera persona del plural se refiere, la forma -aron sería la propia del tipo literarionotarial, el más extendido en los documentos aragoneses y el prestigiado en los lugares pirenaicos que él recorrió. Por el contrario, las terminaciones -oron y -ón corresponderían al perfecto popular (concretamente, a dos de sus tipos: una y otra, al vulgar por antonomasia, y -oron, además, al tipo en -ó), que solo aparece de modo aislado en los documentos oficiales, aunque abunda relativamente en los libros de protocolos y en escritos privados (libros de sacristías, relaciones de cuentas municipales, etc.).7 En la información reunida por Navarro Tomás sobre estas dos últimas formas, hay diferencias importantes en cuanto a su uso y distribución geográfica:8 -oron abunda en dichos escritos privados y, además, «es el vulgarismo más frecuente en escrituras y textos aragoneses», con registros desde el siglo XIII al XVI en una extensa área que incluye desde Ansó hasta Aínsa y, por el sur, hasta Huesca y Barbastro, e incluso «hay datos hasta en documentos de Zaragoza»;9 la foma -on –dice– «es rarísima en el aragonés antiguo escrito» y, de hecho, la documentación medieval que de ella presenta se limita (con la indicación de discutible) a una hoja suelta de ––––––– 5

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Es encomiable su pionera labor en la filología aragonesa, vinculada a los intereses y objetivos del Centro de Estudios Históricos. Su tesis doctoral, que permanece inédita, versó sobre el herediano Libro de los Emperadores. (Universidad de Madrid, 1909), en el que, por cierto, se encuentra un caso aislado de -oron, según él mismo señala. La idea se repite a lo largo del trabajo y, casi con las mismas palabras, en las conclusiones; llega a afirmar que «las escrituras antiguas de esa región en lo que son precisamente más aragonesas es en aquello que presentan de forma excepcional y extraño a su lenguaje corriente» (1909: 316). Cf. Navarro Tomás (1909: 316-322). Esta clasificación, con algunas precisiones, se reprodujo en la obra de conjunto sobre el dialecto aragonés de Alvar (1953: 233-237) y se ha tenido en cuenta en diversos estudios posteriores, de entre los que cabe destacar la pormenorizada contribución al perfecto simple aragonés (y navarro) de Buesa y Castañer (1994). Para entender la oposición explícita propuesta por Navarro Tomás entre «libros de protocolos, donde los notarios tomaban sus apuntes rápidamente, sin preocuparse del estilo y sin sujetarse a las fórmulas oficiales» y las «escrituras definitivas», debe tenerse en cuenta que en la documentación aragonesa bajomedieval, a diferencia de lo que ocurre en otras áreas (como la catalana), la denominación protocolo puede referirse al libro en donde figuran los borradores notariales, en oposición a la de registro, aplicada al libro en donde se incluye la copia de los documentos en extenso (en el caso de que los notarios dispusieran de dos libros diferentes). Cuando Navarro Tomás habla de escritura definitiva alude de un modo muy claro a lo que en el vocabulario técnico diplomático suele denominarse original, esto es, documento autenticado por el notario que se entrega a los autores del acto jurídico documentado. En relación con las hablas vivas, me limitaré aquí a recordar que Navarro Tomás (1909: 320) señaló que en ellas las formas -oron / -ón no estaban entremezcladas, sino que su punto de separación, ateniéndose siempre a los lugares por él visitados, se hallaba entre Bielsa y Oliván, de una ribera a otra del Gállego; se refiere expresamente a las formas puyón, contón, plegón, recogidas en 1901 por Saroïhandy junto a -oron, pero indica que él obtuvo solo esta última. Es forma común, dice, en la Crónica de San Juan de la Peña y en la parte más moderna de las Ordinaciones de Barbastro (1396-mediados del XV), textos sobre los que habremos de volver.

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1425 con los gastos de un entierro depositada en el Archivo Municipal de Jaca y, sobre todo, a un fragmento de 1445 de un libro de cuentas del concejo de Alquézar (textos ambos incluidos en los DLAA: núm. 136 y 144).10 En todo caso, Navarro Tomás subrayó que la desinencia -oron era minoritaria frente a -aron y podía considerarse «un vulgarismo que los notarios y amanuenses procuraron evitar».11 Alvar (1953: 235) entremezcla con los datos sobre -oron aportados por Navarro Tomás su constatación de la presencia de dicha forma en las actas del concejo de Zaragoza, conservadas desde 1439.12 En su sintética y ajustada visión de conjunto de la lengua de los DLAA, Cooper (1960: 272) introdujo una precisión cronológica a propósito de -oron que merece la pena recordar: a mediados del XIII, en su opinión, se produce un cambio relevante en la consideración sociolingüística de dicha terminación: hasta entonces era una forma «respetable», atestiguada ya en la documentación latina de Aragón y preferida sobre -aron en un texto literario de principios del XIII (el Liber Regum, que él mismo acababa de editar); desde entonces, según deduce de los DLAA, -oron deja de considerarse una forma culta y pasa a ser minoritaria frente a -aron en los textos oficiales. Como veremos, la documentación de la que hoy disponemos restringe la validez de esta propuesta. La distribución de las formas en -aron y en -oron fue uno de los rasgos esgrimidos por Enguita / Lagüéns (1989) para comprobar la señalada variación interna en el aragonés medieval, así como la menor presencia en los documentos meridionales de los rasgos originarios de esa lengua y, en consecuencia, la nivelación en ellos del hibridismo dialectal: el cotejo de sendas series de documentos altoaragoneses y del concejo de Zaragoza, del último cuarto del siglo XIII, nos permitió confirmar la presencia exclusiva de -oron en los primeros (aunque escasa) y la de -aron en unos y en otros; de modo complementario, anotamos en ese trabajo la ya indicada repetición de -oron en los textos altoaragoneses del siglo XV. De ahí dedujimos que -oron parecía, en efecto, una terminación específica del aragonés norteño medieval y tenía continuidad histórica en esa área hasta nuestros días. Y lo cierto es que estas propuestas se recogieron sucesivamente en algunas visiones de conjunto sobre el aragonés medieval y en tratados generales de la historia lingüística hispánica.13 ––––––– 10

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En la edición del documento 136, Navarro Tomás transcribe montan en lugar de monton. Además de estos registros, uno anómalo en las Coplas del peregrino de Puey Monçón (texto aljamiado del siglo XVI). Una prueba: que fuera a veces enmendada y rehecha en -aron, como después tendré ocasión de comentar. Aporta ejemplos extraídos de las primeras páginas de esas actas (leuantoron, juroron, arbitroron, junto a romanioron, constituyoron, stablioron). Es comprensible, por lo dicho, que en el citado trabajo de Buesa y Castañer (1994) se atribuya erróneamente a Navarro Tomás tal constatación. Deberíamos haberla tenido en cuenta –y no fue así– los coautores de un estudio de 1989 que en seguida se citará. Efectivamente, las retomó Enguita (1991: 57-62; 2004: 577) en su bosquejo lingüístico sobre Aragón en la Edad Media y, más tarde, en la caracterización del aragonés medieval incluida en la Historia de la lengua española coordinada por Rafael Cano; asimismo, en un opúsculo muy útil sobre las lenguas de Aragón del que son coautores Martín Zorraquino / Enguita (2000: 20-21). En trabajos más recientes, todavía en prensa, a los que he tenido acceso gracias a la generosidad del

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5. Adentrémonos en las fuentes documentales. En primer lugar, he querido volver una vez más a los DLAA –de donde tomó Navarro Tomás una buena parte de los materiales de su citado artículo de 190914– ahora que acaba de cumplirse el quincuagésimo aniversario de la aparición de esa espléndida colección documental. He procedido al expurgo y a la clasificación de las formas -aron y -oron de los verbos en -ar que en ella se encuentran, con los siguientes resultados:15 Las formas en -aron se hallan mayoritariamente en los textos de los siglos XIII y XIV, sobre todo en escrituras notariales, declaraciones públicas y copias autenticadas mediante suscripción notarial: lixaron τ benificaron (12.45: Huesca, 1268), mostraron, pregaron (32.6,27: Huesca, 1275), atorgaron (33.62: Bespén, 1275; 84.29: Jaca, 1304), usaron τ costumpnaron (55.59,88,129: Huesca, 1283), demostraron (74.4: Laperdiguera, 1299), crebantaron (84.16: Jaca, 1304; 87.19: Valle de Sarrablo, 1306), presentaron (90.7: Aínsa, 1307; 98.3: Jaca, 1317), afrontaron (92.6,7: Torruellola de la Plana, 1309), fincaron (98.30: Jaca, 1317), demandaron (102.37: Huesca, 1326; 121.11,23: Graus, 1360), pronunciaron (105.16: Jaca, 1331), obligaron (109.47: Jaca, 1340), enuiaron, acordaron y trahtaron (110.23,34,35: Alquézar, 1341), acomendaron (120.5: Panzano, 1360), suplicaron (121.23: Graus, 1360), taxaron (125.10: Huesca, 1369), gobernaron, lexaron (131.27: Jaca, 1391), tiraron, leuaron τ tornaron (135.51,53: Jaca, 1420). No faltan registros de las formas en -oron en los DLAA de los siglos XIII y XIV, pero resulta llamativa su abundancia en los textos del siglo XV, especialmente en los que más se alejan del rígido formulismo notarial: atorgoron (13.24: Huesca, 1268; 67.13: Barbastro, 1293; 130.64: Banastón, 1390; 143.3: Jaca, 1441), costumpnoron (18.16: Urriés, 1271), leuoron (51.8: Santa Cilia, 1281; 136.12: Jaca, 1425; 144.40: Alquézar, 1445), apelloron, mostroron (67.50,53: Barbastro, 1293), demandoron (67.13,14,34: Barbastro, 1293; 145.92: Jaca, 1464), nompnoron τ afrontoron, mandoron τ pregoron (92.32,35: Torruellola de la Plana, 1309), pagoron (102.32: Huesca, 1326; 144.90: Alquézar, 1445), enantoron ‹procedieron› (126.6: Ansó, 1370), replegoron (135.29: Jaca, 1420), tiroron (135.31: Jaca, 1420; 145.62: Jaca, 1464), costoron (138.22,24,43,50: Jaca, 1430; 144.40: Alquézar, 1445), juroron, lixoron (141.4,8: Jaca, 1441), obligoron (143.9: Jaca, 1441; 146.32: Boltaña, 1465), liuroron (144.51: Alquézar, 1445; 146.26: Boltaña, 1465), puyoron, troboron, trauessoron, intimoron (145.49,50,60,65: Jaca, 1464), deposoron (146.20: Boltaña, 1465). La diferencia entre el número de formas distintas en -aron (26) y en -oron (24) no parece, en principio, relevante. Tampoco, el que se da entre el número de documentos que ––––––– 14

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autor, Enguita ha prescindido ya de ese rasgo diferenciador. De entre las obras generales, citaré la muy valorada de Echenique / Sánchez Méndez (2005: 157). Es sabido que los DLAA se publicaron en tierras norteamericanas (en donde Navarro Tomás estaba exiliado) muchos años después de haber sido transcritos. Reproduzco las formas con las abreviaturas desarrolladas (aquí y a lo largo del trabajo); es habitual la ausencia de -n suplida por la lineta. Los registros se presentan por orden cronológico, agrupando los que figuran en un mismo documento; no obstante, si una forma aparece repetida en varios textos, se enumeran juntas las datas correspondientes también ordenadas cronológicamente. Se localizan dichas formas por el número de documento y línea(s) en la edición de Navarro Tomás, para que el lector pueda comprobar en ella, si lo considera conveniente, la tipología de cada escrito y el nombre del notario, en su caso, que lo suscribió.

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solo contienen una u otra (16/14). Aun así, habrá que valorar algunos aspectos relativos a la diferencias cronológicas y diafásicas en los registros anteriores que confirman, en esencia, las propuestas de Navarro Tomás. La distribución cronológica de esas formas está en buena medida condicionada por la tipología de los textos: muchos de los 18 documentos del siglo XV (el conjunto más escaso de esta colección constituida por 150 instrumentos) son escritos particulares, en los cuales «el dialecto es más espontáneo e intenso que en las escrituras notariales» (DLAA: IX) y es en ellos, sí, en donde más casos de -oron se acumulan. En relación con esto, conviene resaltar que son esos textos menos formales (apuntes notariales en los protocolos, relaciones de bienes, actas de sucesos cotidianos, etc.) y, asimismo, algunos de los documentos redactados en pequeños enclaves altoaragoneses los que mayoritariamente contienen otras formas analógicas de perfecto fuera de nuestro propósito presente.16 Aún recordaré, en confirmación de la línea expuesta, alguna corrección significativa de los propios escribanos: demandaron 102.37, por ejemplo, está reescrito con claridad sobre demandoron, sin duda porque es la primera de ellas la forma que el notario consideraba culta y prestigiada, aunque fuera la segunda la que plasmó espontáneamente por escrito.17 Solo un análisis diplomático de cada documento –que obviamente no cabe aquí– permitiría deducir, y no de un modo seguro, la mayor o menor relevancia de los factores externos considerados (esto es, la tipología y localización precisa del texto) en lo tocante a la selección de las formas que nos ocupan.18 No hará falta insistir, por otro lado, en que ––––––– 16

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En el texto 51 (Santa Cilia, 1282), por ejemplo, acerca de un pleito sobre unas ovejas, junto a la citada forma leuoron se recogen fiçon 7, prison 8 y quison, así como diçieron 11, escriuie 15, façie 16, etc. Y en este sentido, aunque apenas podamos detenernos aquí en ello, merece la pena al menos indicar la riqueza de formas de perfecto que presenta un interesante fragmento del libro de cuentas del concejo de Alquézar de 1445 (doc. 144), varias veces aquí citado, sobre el que el propio Navarro Tomás anotó: «Letra grande y clara; la o no se confunde con la a ni con la e. Al lado de coston 10, liuron 14, degaston 45, etc., con abreviatura, se halla de una parte costoron 40, liuroron 51, etc., y de otra degaston 60, coston 71, escritos sin abreviatura» (DLAA: 211). En él se hallan también las formas dioron (143.11, 144.19 / dieron pássim) y stioron (144.33,37), que no he incluido arriba por sus irregularidades específicas. Lo mismo ocurre con la forma otorgamos 122.8, rehecha sobre otorgomos. A ambas correcciones se refiere expresamente Navarro Tomás en sendas notas a los documentos. En algunos casos parece que el tipo documental es más importante que la localización: -aron se da, por ejemplo, en una declaración de un señorío (doc. 33) y una cédula del sobrejuntero de Huesca (74) firmados en los pequeños enclaves de Bespén (en el somontano de Huesca) y Laperdiguera (en el de Barbastro); está también -aron en el doc. 120 que, aunque suscrito por el notario público de Panzano (lugar cercano a Huesca), recoge un inventario de la iglesia oscense de San Pedro el Viejo; -oron se halla en unas interesantes declaraciones sobre un intento de asesinato en el protocolo de 1464 de Blasco Jiménez, notario de Jaca (doc. 145). Pero, en otros casos, es justo lo contrario: -oron figura en el doc. 19, escritura de venta signada en Urriés (junto a Sos del Rey Católico, en el norte de la actual provincia de Zaragoza); o en el 130, que reproduce una escritura de donación de bienes al monasterio de San Victorián, suscrita por el fedatario de Banastón, lugar cercano a Aínsa, en el Sobrarbe. Y hay, en fin, casos particulares, como el del doc. 67 que es una sentencia del justicia de Barbastro, pero las formas anotadas, en -oron no aparecen propiamente en ella, sino en un preámbulo en torno a las fianzas (concejo de Alquézar) y otros pormenores procesales.

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hablamos de una tendencia general, llamémosla diafásica, en la sugerida distribución de esas formas y que, por lo tanto, no sorprende hallar algunas excepciones a la misma e incluso, aunque con escasa frecuencia, la alternancia de una y de otra terminación en los mismos documentos: afrontaron~afrontoron, nompnoron, mandoron, pregoron, en un deslinde acordado en Torruellola en 1309 (en el que también aparece mandomos); leuaron, tornaron, tiraron~tiroron, replegoron (junto a tornomos) en una viva descripción del enfrentamiento de los vecinos de un pueblo con un recaudador de impuestos copiada en el protocolo de 1420 de un notario jaqués.19 6. Para comprobar lo que ocurre en el área zaragozana, he acudido en esta ocasión a una amplia serie de documentos notariales de los siglos XIV y XV, casi todos inéditos, depositados en el Archivo Histórico de Protocolos Notariales de Zaragoza (AHPZ).20 Son de similar tipología documental: en su mayor parte, recibos de pagos o albaranes (a veces también denominados ápocas en la documentación aragonesa) insertos en protocolos notariales. Todos ellos, además, tienen data tópica en la ciudad de Zaragoza (Z) o en algún municipio cercano. En 35 de los documentos considerados aparecen formas de tercera persona del plural de perfectos de verbos de la primera conjugación. En 12 de ellos, dichas formas terminan exclusivamente en -aron: enterraron (Z, 1337)21, mandaron (Z, 1345)22, tocaron (Z, 1367 y 1387)23, cremaron (Z, 1371)24, pasaron (Z, 1372 y 1387)25, pesaron (Z, ––––––– 19

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Adviértase, además, que las formas de un mismo verbo pueden presentarse con ambas variantes: atorgaron~atorgoron, costumpnaron~costumpnoron, mostraron~mostroron, etc., de modo que parece que la naturaleza del significante de los lexemas nada tiene que ver con la selección de una u otra terminación; verdad es, sin embargo, que algunas formas populares solo aparecen con -oron (puyoron, troboron), lo que no sé hasta qué punto es casual. La mayor parte de ellos se integra en el proyecto CORDAL: Recuperación y difusión del patrimonio histórico multicultural del Reino de Aragón: Corpus documental de actividades laborales femeninas, siglos XIV-XV (Ministerio de Educación y Ciencia, ref. HUM2005-04174); el equipo de investigación está ingregrado por M.ª del Carmen García Herrero (coord.), M.ª Isabel Falcón Pérez, J. Luis Corral Lafuente, Asunción Blasco Martínez, Vicente Lagüéns Gracia y Ana del Campo Gutiérrez. Otros han sido transcritos por Ana del Campo para su tesis doctoral, en curso de elaboración, sobre Rituales y creencias en torno a la muerte en Zaragoza durante la segunda mitad del siglo XIV, dirigida por la Dra. García Herrero, de la Universidad de Zaragoza; agradezco vivamente a la citada doctoranda la localización de las formas, cuya transcripción he comprobado en el AHPZ en todos los casos. En las notas siguientes se indica, para cada registro, la tipología documental básica del texto de donde se ha transcrito y el nombre del notario que lo emitió; entre parentésis, de nuevo el año del protocolo o registro (prot./reg.) y el número de folio (f.) en donde aparece. Aún añadiré que no resulta fácil advertir en la letra gótica aragonesa la diferencia entre y en ciertas posiciones; a menudo, la transcripción debe apoyarse en el tipo de enlace entre dichas grafías y la consonante siguiente, que no siempre es claro ni uniforme. En este sentido, debo reconocer que en lo tocante a la identificación de esas vocales en algunas de las formas que a continuación presentaré (y muy particularmente en enterroron y montoron) las dudas solo han podido resolverse, y parcialmente, tras un detenido cotejo con otras secuencias gráficas idénticas o similares en los mismos documentos. Albarán, not. Pedro Sánchez de Monzón (prot. de 1337, f. 130v.). Carta de donación, not. Pedro Sánchez de Monzón (prot. de 1345, cuaderno 1, ff. 36v-37v.). Albaranes, autorizados por Sancho Martínez de la Peyra (prot. de 1367, cuaderno C, fol. 200r.) y Gil Panicero (reg. de 1387, f. 119r.).

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1377)26, leuaron (Z, 1380 y 1402)27, prestaron (Z, 1395)28, adjugaron τ pronunciaron (Alagón, 1418)29, lexaron, juraron (Z, 1455)30, obligaron, renunciaron (Z, 1479).31 Se trata de 16 atestiguaciones de 14 formas distintas. En 22 de esos textos, aparece para esa persona verbal solo -oron: enterroron (Z, 1345)32, costoron (Z, 1355 y 1401)33, fincoron (Z, 1356 y 1385)34, cantoron (Z, 1360 y 1395)35, cremoron (Z, 1361, 1367, 1394, 1395 y 1401)36, lixoron (Z, 1367)37, dexoron (Z, 1368)38, comproron (Z, 1368 y 1390)39, troboron (Z, 1377)40, leuoron (Z, 1380, 1385 y 1394)41, pesoron (Z, 1388)42, obligoron, liuroron, asignoron y confessoron (Z, 1390)43, atorgoron (Z, 1390, 1396 y 1409)44 y montoron (Z, 1399).45 En total, 37 registros de 17 formas diferentes (algunas de ellas, como obligoron, muy repetidas en los textos en que aparecen). Conviene destacar que en escritos de idéntica o similar naturaleza y de la misma mano (protocolos de Pedro Sánchez, por ejemplo), se presentan indistintamente formas en -aron y en -oron (enterraron, mandaron vs. enterroron). En una ocasión, alternan en un mismo ––––––– 24 25

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Albarán, not. Pedro Sánchez de Monzón (prot. de 1371, cuaderno 2, f. 52r.). Albaranes, notarios Sancho Martínez de la Peyra (prot. de 1372, f. 112r.) y Gil Panicero (reg. de 1387, f. 119r., ya citado). Carta de donación, not. Gil de Borau (reg. de 1377, f. 101v.). Albaranes, notarios Gil Panicero (prot. de 1380, f. 53r.) y Juan Blasco de Azara (prot. de 1402, f. 383v.). Carta de donación, not. Domingo Martín de Aguilón (prot. de 1395, f. 198r.). Requerimiento al lugarteniente del Justicia, not. Lope de Albero (prot. de 1418, ff. 46v-48r.). Compromiso de arbitraje, not. Miguel de Valtueña (prot. de 1455, ff. 16v-17r.). Contrato autenticado por el not. Juan de Aguas (prot. de 1479, ff. 52v-53r.). Albarán, not. Pedro Sánchez de Monzón (prot. de 1345, cuaderno 1, f. 40r.). Albaranes, notarios Pedro López de Ansó (prot. de 1355, cuaderno 1, f. 1r.) y Martín de Aguilón (prot. de 1401, f. 72rv). Albaranes, notarios Pedro Loarre (prot. de 1356, f. 59r.) y Juan López de Barbastro (reg. de 1385, f. 37r.). Albaranes, notarios Simón de Capiella (prot. de 1360, f. 227r.) y Juan López de Barbastro (prot. y reg. de 1395, f. 93v.). Ápocas de gastos por las almas de difuntos: notarios Pero López de Ansó (prot. de 1361, f. 68r.), Pedro López del Frago (prot. de 1367, f. 145r.), Pedro de Carlos (prot. de 1394-1397, fol. 48r.), Juan López de Barbastro (prot. y reg. de 1395, f. 74r.) y Martín de Aguilón (prot. de 1401, f. 72v.). Albarán, not. Domingo Pérez de Acelín (prot. de 1367-1368, f. 194r.). Albarán, not. Sancho Martínez de la Peyra (prot. de 1368, ff. 309v-310r.). En ese mismo doc. y, asimismo, en un extenso contrato de aniversario, not. Juan de Capilla (reg. de 1390, ff. 63v-64rv.). Carta pública de defunción, not. Domingo Pérez de Acelín (prot. de 1377, ff. 26v-27r.). Albaranes autenticados por Gil Panicero (prot. de 1380, f. 53r.), Juan Aragonés (prot. de 1385, f. 30r.) y Domingo Martín de Aguilón (prot. de 1394, f. 58r.). Albarán, not. Juan López de Barbastro (prot. de 1388, f. 8v.). Carta de contratación de un aniversario de 1390, antes citada. En el doc. cit. de 1390 y en sendos albaranes emitidos por Juan de Capilla (prot. de 1396, f. 81v.) y Domingo Pelagut (prot. de 1409, f. 58r.). Albarán, not. Domingo Pelagut (prot. de 1399, cuad. 1, f. 60r.).

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texto los registros de una y de otra forma: «Item en cadaun dia costaron gueuos quatro dineros mialla. [...] Costoron ciertas medicinas pora vna faxadura dos sueldos» (Z, 1399).46 En conclusión, al menos en estos textos de protocolos, las formas -aron y -oron parecen variantes libres. Las datas pueden resultar engañosas si no se tiene presente que se trata, sin más, de una muestra documental tendente a ilustrar la presencia de -oron en la documentación zaragozana. De hecho, como veremos en seguida, esta forma tenía plena vigencia en otros textos zaragozanos del siglo XV. 7. Presento a continuación otras referencias extraídas de textos ya publicados, de variada tipología, sin ánimo alguno de exhaustividad: 7.1 Figuran algunas formas en -oron (untoron, leuoron) en la versión aragonesa de un Ceremonial para las coronaciones reales encargado por Pedro IV, que se compuso en latín, en 1353, por uno o varios eclesiásticos de la Cancillería real, muy probablemente de origen catalán, y se tradujo después al catalán y al aragonés; el códice en el que se conserva la citada versión aragonesa es, con toda probabilidad, del siglo XV. Tal atestiguación de -oron en un texto extremadamente culto y formal parece, aunque aislada, relevante.47 7.2 La alternancia entre -aron y -oron se da también en textos cronísticos, según se comprueba, por ejemplo, en un interesante fragmento de la Crónica de los estados peninsulares copiado en el ms. 245 de la Biblioteca de Catalunya en la segunda mitad del XIV (Avenoza 1994: 245): arriboron, plegoron, matoron, compeçoron, pero también clamaron, crebantaron y escaparon. Y, sobre todo, en la llamada Crónica de San Juan de la Peña, también del siglo XIV, en la que figuran 107 ocurrencias de -oron (52,71%) y 96 de -aron (47,29%), según indica Nagore (2003: 371), quien dice textualmente que «lo típico del aragonés medieval como moderno es -oron» y busca testimonios antiguos para mostrarlo en el Liber Regum, ya aquí citado, y en el Libro de los muros de Huesca (14441465), con -oron también mayoritario.48 7.3 Aun con las limitaciones que impone la consulta del CORDE, el repaso a los listados documentales de -oron en él incluidos resulta muy revelador de la trayectoria histórica de la forma en el Medievo. Entresaco algunas muestras representativas del área aragonesa:49 7.3.1 Se anotan registros notariales bajomedievales jaqueses y de las Ordinaciones de Barbastro de 1396 (ordenoron, exceptoron) y sus adiciones de c. 1450-1525 (ordenoron).50 Ya del cuatrocientos, no faltan formas del área zaragozana, por ejemplo, en documentos parroquiales de Lécera de 1466 (açotoron, tornoron, troboron). ––––––– 46 47

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Albarán, not. Juan Blasco de Azuara (reg. de 1399, cuaderno 3, f. 930v.). Cf. Enguita / Lagüéns (1992: 75). Conviene añadir al respecto que en lo que a este rasgo preciso atañe no cabe pensar en una posible influencia del catalán sobre el aragonés, dado que, al menos con los datos de que dispongo, -oron no parece que haya sido nunca una forma propia de esta terminación en esa lengua. Se hace eco, sin embargo, de los datos aportados por Navarro Tomás sobre el carácter vulgar de la forma y su carácter minoritario frente a -aron. En aras a la brevedad exigida en esta publicación, remito a dicho corpus para las referencias bibliográficas de los repertorios expurgados. Debo reconocer que, en este caso, mi comprobación de los registros en las fuentes editadas ha sido muy parcial y que en ningún caso he acudido a la documentación original. Recuérdese que ya se había fijado en ellas Navarro Tomás; junto a las transcritas, aparecen formas de otras conjugaciones (estatuyoron, stablioron, etc.).

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7.3.2 Pero el conjunto más compacto de formas corresponde a textos relacionados con la Corte del Justicia de Ganaderos de Zaragoza, de entre 1493 y 1511:51 afogoron, clamoron, conselloron, crebantoron, degolloron, demandoron, despolloron, diputoron, entroron, furtoron, juroron, leboron, lygoron, mandoron, matoron, obligoron, paroron, pasoron, penyororon, prendoron, pronuncioron, rescatoron, rogoron, saquoron, tomoron, tornoron, troboron o ytoron, entre otras. 7.3.3 En las fuentes literarias, aparte de alguna muestra aislada extraída de los textos heredianos y de ciertos registros poéticos dudosos del XV (como levoron, en rima con apartaron, en un poema de Pedro de Santafé incluido en el Cancionero de Palacio), merece ser destacado el alto número de formas -oron en una versión aragonesa, de hacia 1500, del Strategematon de Sexto Julio Frontino:52 atoron, cercoron, conseioron, consumoron, curoron, demandoron, enuioron, escamporon, gastoron, leuoron, lexoron, liuroron, mandoron, ocuporon, ordenoron, passoron, posoron, reintegroron, serroron, sobroron, soltoron, tiroron, tornoron, turboron o vsoron. 7.4 No resulta difícil seguir presentando más testimonios zaragozanos de -oron –en alternancia con -aron– en otros textos de tipo administrativo recientemente exhumados, como el Libro-registro del merino de Zaragoza de 1387 (obroron y costoron pássim vs. obraron 38.13, costaron 39.18, etc.; picoron 49.28, montoron 50.19, pesoron 59.16, empeçoron 61.23,31, etc.) y el Libro de la fábrica del Puente de Piedra de Zaragoza, de principios del siglo XV (conselloron 101.23, 102.4, troboron 101.26, ordenoron 102.5,16 aproboron et firmoron 117.33, protestoron 118.21,23, diputoron et nombroron 119.24, juroron 120.3, pesoron 125.33, etc.); o, aunque en menor abundancia, en los estatutos tardomedievales de la Hermandad de la Transfixión de la Virgen, de entre 1311 y 1508 (ordenoron pássim vs. ordenaron 16.4, 18.9, 23.18, etc. y otras variantes anómalas: ordoron 15.10, ordeneron 18.4; entroron 38.4, etc.).53 8. Pero no es cuestión de seguir acumulando referencias y sí de concluir. La hipótesis sobre la caracterización altoaragonesa de -oron y la recurrencia a esta forma como marcador de la variación diatópica interna en el aragonés medieval, según ha sido aquí recordado, se apoyaba en un cotejo documental que en su momento pareció, aunque parcial, suficientemente representativo. Sin embargo, la presente ampliación del corpus ha permitido una matización no exenta de interés: la forma -oron abunda también en los textos del área de Zaragoza de los siglos XIV y XV, lo que implica que no puede seguir considerándose una variante exclusiva de los textos septentrionales. Se trata de un rasgo lingüístico bastante extendido en la documentación de las dos modalidades señaladas del aragonés medieval. Por lo tanto, la distinción entre -aron / -oron no resulta relevante a la hora de establecer las diferencias entre dos grandes áreas internas (área altoaragonesa originaria / área meridional más tarde reconquistada) en el aragonés escrito de la Edad Media. Dicho de otro ––––––– 51

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La colección, editada por J. A. Fernández Otal (Zaragoza, Institución Fernando el Católico, 1995), posee un gran interés lingüístico. Dicha versión aragonesa debió de hacerse a partir de una traducción al catalán del texto latino originario, con fecha ad quem de 1384. Cito por número de página y línea en las ediciones de Sarasa (2004), Iranzo Muñío (2005) y Cortijo Ocaña (2004).

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modo, las formas -aron / -oron más que marcadores diatópicos serían, en todo caso –y no con carácter general–, variantes diafásicas o diastráticas en la scripta aragonesa. Si damos el salto, casi siempre arriesgado, de la scripta a lo que la lengua hablada en el Medievo pudo ser, cabe pensar que en el área altoaragonesa -oron fue una forma general, pues de otro modo no se entendería la acumulación de testimonios suyos en los textos –con pertinencia diafásica en ciertos documentos privados–, de un lado, y su continuación allí hasta nuestros días. Más dudosa resulta la propuesta para el área del llano, pues al tratarse hoy de un territorio totalmente castellanizado no cabe recurrir a argumentos complementarios que despejen lo que la lengua antigua escrita en parte oculta; en todo caso, creo que la extensión de -oron hubo de ser también grande en ella, pues cómo interpretar si no su frecuente presencia en textos de esa zona y, además, de dispar tipología. En el estrato culto, -oron luchaba en competencia con la variante -aron, la general en castellano, que acabó imponiéndose progresivamente también en el habla a través de la castellanización. Aunque escapa al análisis documental precedente, cabe pensar que la expansión de ese proceso haría que en una fase avanzada del mismo -aron y -oron pasaran a ser variantes diastráticas en la lengua castellana en Aragón: -aron sería en esa variedad la forma prestigiada, regular en la escritura y en el habla cuidada; -oron, por el contrario, sería en ella una forma no prestigiada, rechazada en la escritura y restringida al habla popular. Y, en fin, en esa pugna -oron acabaría cediendo ante el triunfo de la forma castellana general. Huelga decir que las propuestas anteriores están en buena medida condicionadas, una vez más, por la limitación de los materiales allegados. El análisis, además, se ha restringido aquí a una terminación verbal, de modo que parece necesario seguir ampliándolo a otros rasgos para así profundizar en el conocimiento de la variación interna del aragonés medieval y su relación con el contacto de lenguas, tan fecundo en Aragón y de tantas consecuencias en un proceso de sustitución lingüística afortunadamente no consumado.

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Emma Milano

Ai margini di una ricerca su lingua e dialetto nel centro di Napoli: questioni di metodo

In questo contributo intendo presentare alcune considerazioni emerse nell’ambito di una ricerca su italiano/dialetto in un quartiere del centro di Napoli, i Quartieri Spagnoli. I Quartieri Spagnoli, la cui fama in quanto quartiere tra i più malfamati del capoluogo partenopeo è largamente diffusa, si sono sviluppati, com’è noto, per accogliere le milizie spagnole, nel corso del Cinquecento, per iniziativa del Viceré don Pedro de Toledo. Da sempre caratterizzati in senso popolare, oltre che fittamente abitati, presentano da un punto di vista urbanistico elementi di notevole interesse che hanno giocato un ruolo determinante nella definizione della loro ‹identità storico-sociale›. Delimitati da tre strade connotate dal punto vista commerciale e abitativo in senso alto o medio-alto, i Quartieri si configurano come un reticolo intricato di vicoletti in cui è facile perdersi, scappare e nascondersi.1 Le caratteristiche della struttura urbanistica del quartiere, il cui carattere chiuso, delimitato richiama alla mente l’originaria relazione con la sua difendibilità e ha fatto sì che esso venisse ‹percepito› come una sorta di città nella città, garantiscono ancora oggi una certa ‹impenetrabilità› ed hanno nutrito una ricca letteratura sul «colore locale» e sui «quartieri di malavita», che da tempo si è avvertita la necessità di superare e demistificare. Da un punto di vista linguistico i Quartieri Spagnoli sono inoltre tra quelle aree della città caratterizzate da una buona conservazione del dialetto. I parlanti intervistati sono un gruppo di artigiani da decenni attivi nella zona dei Quartieri, con un’età a partire dai 50 anni e un’istruzione elementare.2 Essi appartengono a quella fascia sociale per la quale è stata osservata da un lato una dialettofonia quasi esclusiva, per quanto fondata su una varietà dialettale che rivela indizi significativi di interferenza con l’italiano, dall’altro un rapporto lingua/dialetto parzialmente conflittuale poiché la competenza dell’italiano non è un dato acquisito.3 La ricerca ha previsto l’analisi di tutti i ‹frammenti› di italiano presenti in enunciati di base dialettale e di tutti i frammenti dialettali in enunciati di base italiana. La tipologia delle questioni emerse nel corso dell’indagine sarà in questa sede esemplificata a partire dai testi prodotti da quattro parlanti, un barbiere, un calzolaio, un tappezziere e un falegname. ––––––– 1 2 3

Cf. Ferraro 2004: XVII-L. Per la scelta degli artigiani come componente privilegiata del campione cf. Milano 2006b. La città di Napoli, differentemente dal passato, si caratterizza nell’ambito di una forte vitalità del dialetto per una variabilità degli usi linguistici a seconda del quartiere (cf. De Blasi 2002: 124136).

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Tutti gli informatori del campione hanno il dialetto come lingua madre e l’italiano come seconda lingua. Sebbene il loro ‹modo di parlare› sia prevedibilmente differenziato, in nessuna circostanza si delinea un uso esclusivo o maggioritario del dialetto; l’analisi del corpus ha evidenziato piuttosto la presenza considerevole di varietà spostate verso il polo dell’italiano. In tutti i testi peraltro dialetto e italiano sono variamente ‹combinati›. Come vedremo tutte le fasi della ricerca hanno lasciato emergere all’interno del corpus una doppia tipologia di comportamento nella gestione del discorso bilingue sia da un punto di vista quantitativo che qualitativo. L’analisi linguistica ha previsto diverse fasi: innanzitutto la distribuzione delle commutazioni dall’italiano al dialetto e dal dialetto all’italiano, quindi la distribuzione delle commutazioni intra e inter-frastiche; trattandosi inoltre di segmenti di diversa estensione, si è proceduto alla loro catalogazione in base al tipo lessicale e morfosintattico e alla categoria strutturale interessata. L’ultimo stadio dello studio ha riguardato l’analisi funzionale dei segmenti frammisti. Per quanto concerne la direzione delle commutazioni, essendo il corpus caratterizzato da una maggiore presenza di italiano che di dialetto, non meraviglia la maggiore quantità di commutazioni dall’italiano al dialetto, rispetto a quelle dal dialetto all’italiano (288 vs. 74). A livello di variazione individuale all’interno del corpus emerge tuttavia una notevole difformità e si incominciano a delineare le tipologie di comportamento sopra menzionate. I testi prodotti dal calzolaio e dal barbiere, diversamente da quelli del falegname e del tappezziere, presentano una quantità maggiore di commutazioni in entrambe le direzioni (dall’ital. al dial.: 195 vs. 93; dal dial. all’ital.: 63 vs. 11) e risultano caratterizzati da più frequenti switching in una direzione e nell’altra. Per quanto riguarda la distribuzione delle commutazioni dall’italiano al dialetto in relazione alla ripartizione degli switching inter- e intra-frasali, si segnala innanzitutto l’ampia attestazione di entrambe le categorie di commutazione (146 vs. 142). Relativamente alla distribuzione individuale, rileviamo tuttavia di nuovo delle notevoli differenze all’interno del corpus. Agli estremi opposti si collocano infatti i testi del barbiere, che presenta una larga maggioranza di commutazioni intrafrastiche (68 vs. 45), e del tappezziere, che invece esibisce una maggiore quantità di commutazioni interfrastiche (41 vs. 18). Condivide con il barbiere la preferenza per le commutazioni intrafrastiche il calzolaio, benché con uno scarto minimo (43 vs. 39). In una posizione intermedia si colloca questa volta il falegname nel cui testo le due tipologie presentano valore paritario. L’esame per ordine di frequenza delle categorie sintattiche più rappresentate nel nostro campione in rapporto alla loro distribuzione interindividuale evidenzia di nuovo notevoli differenze all’interno dei testi esaminati, confermando la difformità di comportamento dei nostri informatori. Alcuni testi sono infatti caratterizzati dalla presenza massiccia e prevalente solo di certe categorie. Alcune categorie sono d’altronde presenti principalmente solo in certi testi. A questo proposito basti citare il caso, per le commutazioni intra-frasali, dei determinanti (28 occorrenze su un totale di 34) o delle preposizioni (11 su un totale di 15), e, per gli switching interfrasali, delle macrostrutture parziali (41 occorrenze su 49); tutte categorie rappresentate in prevalenza nei testi del barbiere e del calzolaio. Di contro i testi del tappezziere e del falegname risultano principalmente caratterizzati dalla massiccia presenza di commutazioni di frasi e di macrostrutture.

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Considerato lo statuto particolare della categoria lessicale dei determinanti e di alcune preposizioni, considerabili come un’area di persistenza del dialetto nel tessuto italiano4, e il fatto che la categoria delle macrostrutture parziali riguarda segmenti di testi i cui confini sintattici non coincidono con unità di livello superiore, spesso privi di valori funzionali, tali dati sembrano confermare il carattere ‹misto› dei testi del barbiere e del falegname, caratterizzati da una forte commistione di codici. Qui di seguito si riporta un esempio di macrostruttura parziale tratta dal testo del barbiere caratterizzata dalla presenza di un SP appartenente alla struttura frasale precedente e un SV + SN con valore di soggetto seguito a sua volta da un avverbio di luogo appartenenti ad un’altra unità frastica: andavo a scuola uscivo dalla scuola vico Tiratorio giravo a sini. a destra via san mattia a sinistra ci stav [o bbarbjer´] e andavo a lavorare all’epoca [a] mattina si tirav.. a se ne andava [a lutS´] veniva alle cinque alle sei di pomeriggio noi tenevamo noi tenevamo [e] sedie di legno mettevamo sopra [a] soglia [r a r o negottsj´ nun tS´ stav´ na lavaman´ kka] ci stava un pezzo di vetro forato dentro al muro tipo ci stava un pezzo di vetro forato dentro al muro tipo [p appod!dZa a batSinell o pennell´ sta rrobb´ e s´ faSeva] e io andavo nel gabinetto che ci stava [na] vaschetta vicino al muro.

La sequenza in esame sembra peraltro esemplificare la tipologia di commistione di codici che caratterizza il testo di questo parlante, nella cui produzione linguistica si ha spesso l’impressione che i contorni delle varietà si confondano, che una varietà si sfrangi nell’altra, rendendo controversa l’attribuzione di una forma ad una varietà o all’altra. Una riflessione attenta merita per esempio, all’interno della macrostruttura parziale in oggetto, la forma [stavə] dallo statuto ambiguo; essa presenta infatti una vocale tonica coincidente con lo standard e una vocale atona centralizzata tipica del dialetto, estesasi anche ad alcune varietà regionali di italiano.5 L’alternativa è dunque considerare la forma [stavə], in virtù della vocale tonica centrale bassa, inserzione di italiano, magari di una varietà di italiano più marcata in senso locale, italiano regionale per esempio, all’interno di una sequenza dialettale, oppure, in virtù della vocale atona centralizzata, frammento in dialetto in una varietà meno marcata in senso locale, all’interno di una sequenza più decisamente connotata in senso dialettale. In altre parole, a quale dei due tratti, centralizzazione di a atona o conservazione di a tonica, va attribuito valore preponderante nella attribuzione della forma ad una varietà o all’altra? L’ipotesi che tra i tratti che caratterizzano una varietà si possa individuare una gerarchia è formulata per esempio da Auer (1998: 22): «[...] very likely, phonological or morphonological parameters, do not play the same role in the members’ task of assigning utterances to ‹codes›. [...] However, what exactly a given variable contributes to this task is hard to say at the present stage of research». In questione è dunque da una parte lo statuto di ‹varietà›, ovvero cosa sia una varietà linguistica e quali tratti coovarianti siano necessari e sufficienti per definirla, ––––––– 4 5

Cf. Alfonzetti 1992: 201-203. La forma può essere attribuita alla varietà cui appartiene il costituente maggiore di cui essa è membro, o alla varietà dei costituenti alla sua destra e alla sua sinistra (cf. Berruto 1985: 71). Questa operazione, euristicamente utile, non ci dice nulla sullo statuto della forma per il parlante.

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dall’altra è quali e quante siano le varietà in gioco, in un caso di contatto linguistico come quello in esame. Sotteso a tali interrogativi è il problema della frattura tra teoria della commutazione di codice e prassi dell’interazione comunicativa: The analysis of CS presupposes clear concepts of what can be taken as a single code or a single language. However, in dealing with real data, and assuming an emic approach as well as taking the intuition of speakers into account, these distinctions are often blurred.6

In casi come questo, in definitiva l’analista non può non prendere atto della coalescenza su uno stesso segmento di tratti diversamente caratterizzati: che una forma possa apparire più connotata di un’altra in senso dialettale o italiano è infatti un dato incontrovertibile. Quanto tale dato però rifletta lo statuto della forma per il parlante è un’altra questione, di difficile se non impossibile risoluzione. La necessità di ripensare una serie di questioni dalla parte del parlante è stata peraltro recentemente percepita come prioritaria insieme all’esigenza di approfondire il versante della variazione inter- e intra-individuale.7 Che il parlante infatti non sia un’entità monolitica emerge con una certa evidenza ogni qualvolta si analizzino dati di parlato spontaneo, eppure se a proposito dell’analisi del parlato monolingue si dà per scontata la sua variabilità, nell’analisi del parlato bilingue si tende ad assumere come punto di riferimento varietà idealizzate che poco hanno a che vedere con la loro attualizzazione nella concreta interazione comunicativa.8 Ritornando alla forma in oggetto in un’ottica più centrata sul parlante un indizio dirimente può essere fornito dall’analisi intratestuale, ovvero dall’analisi microscopica filologica del singolo testo. Nel caso specifico per esempio è significativo che poco dopo nel testo di questo parlante occorra la forma [stevə] più marcata in senso dialettale rispetto a [stavə], ma anche la forma [stava] che presenta una facies decisamente italiana: mettevamo sopra [a] soglia [r o negottsj´ nun tS´ stav´ na lavaman´ kka] ci stava un pezzo di vetro forato dentro al muro tipo [p appod!dZa a batSinell o pennell´ e s´ faSeva] e io andavo nel gabinetto che ci stava [na] vaschetta vicino al muro [Sakkwav o pennell´ kos´ e ppurtav´ rind´] poi quando ritornava a luce alle sei di sera alle sette di sera [stev´ nu matSell´ rind o negottsj´].

Nel testo di questo parlante si individuano dunque tre varianti ‹stava› o ‹stavo› (7 occorrenze), ‹stevə› (4) e ‹stavə› (2). Più ricorrenti risultano i tipi più orientati verso i due poli estremi del continuum italiano dialetto (‹stava› e ‹stevə›), rispetto al tipo ‹stavə› di incerta attribuzione. Il primo occorre in sequenze decisamente orientate verso il polo dell’italiano: «parlando con decenza ci stava la sputacchiera». La seconda in segmenti più decisamente orientati verso il polo del dialetto: [kill´ a ke ffatSev´ tre bbarb´ o jworn´] dalla mattina alle otto che si apriva perché poi [nun tS´ stev a kjusur all epok´]

––––––– 6 7 8

Franceschini 1998: 51. Gardner-Chloros 1995: 86. Milano 2006a.

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L’unico altro caso in cui la vocale atona finale si è dileguata potrebbe in realtà essere risultato di un processo di cooarticolazione considerato che la forma è seguita da una parola iniziante per vocale: «ci stav [o bbarbjerə]». Prima di cedere alla tentazione di liquidare la forma ‹stavə› come fenomeno di esecuzione, osserviamo che nel testo di questo parlante si registrano frequentemente anche in altri punti alternanze simili a quella di ‹stavə› / ‹stevə›. Un esempio è costituito da ‹settimanə› / ‹səmmanə› nel brano che segue: allora per esempio dicevo [vitSin o proprietarj´ sjent´ nu pok´ i´ tu a mme m´ rai rieSimilalir a settiman´ n´ vo¥¥´ unn´S´ no t´ n´ potts´ ra rieS e ttSiNk´] va bene mi sta bene [...] e andai a lavorare [a kistu kka kistu kka faSev´ tre bbarb o jworn´ e nu ta¥¥ e kapill a s´mman´ dZir´tje ma i´ kka nun v´ preokkupat´...].

La prima occorrenza di ‹settimana› [settimanə] si rileva all’interno di una sequenza decisamente dialettale ed è caratterizzata dalla conservazione delle pretoniche e della geminata -tt- dello standard, ma allo stesso tempo dalla centralizzazione della atona finale del dialetto (o dell’italiano regionale). In definitiva, relativamente alla caratterizzazione delle forme in esame sembra cruciale chiarire lo statuto del tratto della centralizzazione della atona finale in questo testo; a tal fine possono risultare rilevanti, insieme al contesto di occorrenza, altre caratteristiche testuali, quali per esempio la velocità d’eloquio, gli accenti di parole e frase, la posizione delle pause, le abitudini articolatorie del parlante, ecc.. Poiché per esempio nel testo prodotto da questo parlante la velocità d’eloquio è generalmente piuttosto ridotta, il fenomeno della centralizzazione dell’atona finale raramente può essere considerato risultato di processi di cooarticolazione. Ma c’è di più: in questo testo la centralizzazione è un fenomeno che non occorre quasi mai in sequenze italiane come unico fenomeno, connotato in senso locale, tale tratto cooccorre invece quasi sempre in segmenti caratterizzati dalla presenza di altri fenomeni dialettali. Considerato dunque che generalmente in casi come quelli esaminati le forme con facies italiana e centralizzazione dell’atona finale occorrono generalmente in cotesti fortemente marcati in senso dialettale, il fenomeno in oggetto potrebbe essere considerato risultato di una sorta di attrazione esercitata da varianti connotate in senso locale nel contorno testuale in cui esse occorrono. In sostanza un’operazione come quella appena condotta implica una riconsiderazione dei fenomeni di contatto linguistico in una prospettiva più duttile rispetto a quella tradizionale in cui la commistione presuppone sempre il passaggio da una varietà all’altra, così come osserva Gardner-Chloros (1995: 71): We should consider the possibility that speakers can simply let down the mental barriers between the two languages at various different levels – for example, switching can take place at the phonological level only – rather than assuming that they constantly shift from one pre-set frame to another.

La questione sottesa è in fondo ancora una volta quella, così centrale e discussa dalla bibliografia sul contatto linguistico, della lingua base; come suggerisce la studiosa, laddove infatti «the base-language paradigm implies that one is either operating within one set of linguistic norms or another», si presuppone un inquadramento troppo rigido del comportamento bilingue.

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A proposito del carattere misto della tipologia di testo in esame si osservi infine il seguente brano, prodotto dallo stesso informatore, il barbiere, in cui si rileva in maniera forse ancora più evidente la continua alternanza di italiano e dialetto che rende difficile l’individuazione della lingua base, oltre che la presenza di segmenti di incerta attribuzione ad una varietà o all’altra. Emblematico di questa tipologia di fenomeno è il caso di [addZə su¯¯atə] per «ho sognato» in cui alla forma dell’ausiliare dialettale segue un participio che, pur presentando l’innalzamento della vocale pretonica del dialetto, esibisce un nesso palatale come lo standard: scende [na] macchina lentamente [na] macchina americana bianca o beige [na] cosa così lui [k a mana destr´] sopr [o volant´ k a sinistr´] io rimasi [k o pennell´ MfattS´ a kkillu lla akkus»si we tSi ritSEtt i´] è capitat´ [na] cosa stranissima [ritS´ k E suttSe. e vist a ki.] e tu ti stai sopra [a] sedia facendot [a] barba io [addZ´ suْْat´] due notti fa [a tte Ngopp a seddZa].

Anche in questo caso poco dopo si registra la forma dialettale concorrente [addZə sunnatə]. Conferma ulteriormente il carattere misto dei testi del barbiere e del calzolaio il fatto che nei testi di questi due parlanti la terza categoria di commutazioni intrafrasale attestata in ordine di frequenza è quella dei gruppi sintagmatici, categoria composita che include, analogamente a quella delle macrostrutture parziali (la differenza è che il range è frasale), segmenti i cui confini sintattici non coincidono con unità di livello superiore, spesso altrettanto privi di valori funzionali. Diversamente da quanto osservato finora per i testi prodotti dal barbiere e dal calzolaio, la maggioranza delle commutazioni nei testi del falegname e del tappezziere è costituita invece da occorrenze di commutazioni che riguardano porzioni di testo strutturalmente conclusi, ovvero frasi e macrostrutture, i cui confini coincidono con i confini sintattici superiori, il tipo di commutazione paradigmaticamente accompagnato, secondo la bibliografia, da valori funzionali. Possiamo osservare un esempio nel brano seguente in cui si registrano due commutazioni di frase con una chiara funzione espressiva: prima si viveva adesso no per il semplice motivo che se camminavo anche di notte per le strade potevo camminarci tranquillamente [mo fa paur´] anche se non succede niente [fa paur´].

Se in definitiva per i testi del tappezziere e del falegname si può affermare che l’attribuzione di funzione nella quasi totalità di casi di commutazione è piuttosto agevole, l’analisi dal punto di vista funzionale delle commutazioni nei testi del barbiere e del calzolaio ha lasciato emergere invece la percentuale piuttosto alta di commutazioni anche inter-frasali, cui risulta piuttosto difficile attribuire una funzione. Ne riporto un esempio: e che significa per sbaglio numeri sbagliati cioè gioco tre e [E aSSut´ kwatt´ Era dZu:ka tre e addZ´ dZukat´ kwatt´] e so’ usciti.

La distribuzione delle commutazioni dal dialetto all’italiano in relazione alla ripartizione delle commutazioni intra- e inter-frasali e in relazione alla categoria morfo-sintattica del segmento frammisto conferma le tendenze emerse finora. Nella stessa direzione vanno la quasi totale assenza o l’esiguità di commutazioni dal dialetto all’italiano nel testo del tappezziere (2) in quello del falegname (9) e la loro più cospicua attestazione nei testi del

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barbiere (22) e principalmente del calzolaio (41), il cui testo presenta i più estesi brani dialettali. A proposito di questo parlante si osserva inoltre una maggiore ampiezza di categorie morfosintattiche coinvolte da commutazione dialetto-italiano (intra- e interfrasale). Per quanto consapevoli della non meccanica equazione tra considerazioni metalinguistiche e produzioni linguistiche il seguente brano a proposito del rapporto del calzolaio con il dialetto e il quartiere sembra offrire qualche interessante spunto di riflessione. [a kka Ngopp´ kka kka vEn´n´ a matin´ vEn´n´ a nnur´ a sott´ aNkor´ kaa akkappatoj´ Ng woll´ k e ppapoSS´ o per´ ven´n´ k e] p antofol [o per´ tSir ja famm´ sti Skarp´ e t abbuff´n e parol´ p´k:kE kill´ kill E o] linguaggio che sta qua sopra qua e allora se io non collaboravo [komm´ riSevan´ llçro a mme m avess´r´ a vesta Ngap´ Ñ komm a kkwand´ na femm´n´ mEtt´ a vest´ Ngap o marit´ Ñ e ka:pi] e allora praticamente se tu non li contraccambi così [kill´ s´ pi¥¥´n´ akkavallament´ nun t´ pavan´ ne mmaNk´].

Tale informatore, originario di Maddaloni (CE), si è trasferito a Napoli da ragazzino quando ha iniziato il suo percorso professionale da apprendista calzolaio; sembrerebbe dunque che per lui l’acquisizione del ‹linguaggio che sta qua sopra qua›, ha rappresentato un’arma di difesa contro la sopraffazione, un’arma da esibire con l’orgoglio di chi è riuscito in un ambiente indubbiamente non facile a farsi accettare e rispettare. L’orgoglio per quanto è riuscito a costruire professionalmente rappresenta d’altronde per questo informatore una sorta di compensazione per aver abbandonato la scuola precocemente, così come possiamo leggere nel brano seguente: [p´k:kE pç a Skol´ nun vulEtt ii kkju onestamente faSEtt a sikonda media e mm jev´ e fratel l´ mii´ tutt´ diplomat e laureat´ pe:rç m addZ imparat´ nu m´stjer´ ke me fir e affron!ta a tt utt´ kwant´].

In realtà la passione per il proprio mestiere, l’orgoglio per ciò che si è stati in grado di costruire è una costante all’interno del campione di artigiani di questa ricerca. Un orgoglio rafforzato dalla consapevolezza che in un quartiere ad alto tasso di criminalità come il loro l’alternativa più facilmente percorribile poteva essere la strada, il contrabbando, o peggio. Se dunque all’interno del campione costante è tale atteggiamento, quello che sembra invece variare è il rapporto con un percorso d’istruzione interrotto molto, per alcuni troppo, presto. A questo proposito, forse non a caso, in termini diversi rispetto al calzolaio si esprime il tappezziere, il cui testo è quello più spostato sul versante dell’italiano: io sono andato a scuola fino a undici anni ma non vi piaceva studiare assolutamente no allora no [pç aropp´ mi so ttrwat´ pentit´ pe:rç] e perché ma pentito per tante cose culturalmente per sapere determinate cose invece i vostri figli hanno studiato sì i miei figli sì ma difatti la differenza è stata anche se i miei figli mi domandavano un qualcosa che io [nn a sapev´ tS addZ´] cercato sempr [e maSke:ra].

Le confessioni di Santino sul suo rapporto con l’istruzione svelano la consapevolezza di un’assenza: la sua condizione di artigiano ben realizzato nel lavoro non colma del tutto il vuoto lasciato dal percorso di istruzione incompiuto.

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Un’ulteriore variabile che potrebbe avere qualche ripercussione sul piano linguistico si può ravvisare inoltre nelle diverse tipologie di rapporto con il pubblico implicate dalle differenti attività dei nostri informatori. Il barbiere e il calzolaio interagiscono quotidianamente con un pubblico piuttosto vasto e vario, essenzialmente interno al quartiere, il primo per lungo tempo. Il tappezziere e il falegname hanno invece una clientela più ristretta e più selezionata e un rapporto con i clienti, spesso esterni al quartiere, meno continuo. In definitiva, questo primo sguardo ai dati lascia emergere una notevole variazione individuale che pare sottendere un diverso status delle varietà in parlanti differenti. Se per alcuni informatori infatti (il falegname, ma principalmente il tappezziere) sembrerebbe attestarsi una maggiore disinvoltura nella gestione del codice lingua ed un ricorso al dialetto più funzionale, per altri, il calzolaio e il barbiere, l’alternarsi tra un codice ed un altro appare continuo, meno ‹controllato›, talvolta addirittura ‹caotico›. Nelle produzioni linguistiche di questi due parlanti stabilire confini netti tra i codici è un’operazione complessa, i contorni delle varietà si confondono e l’attribuzione delle forme all’una o l’altra delle varietà in contatto risulta piuttosto arduo. In realtà, questi due testi pongono all’analista problemi di tipo diverso. Nel testo del calzolaio l’impressione che i contorni delle varietà si confondano, si sfrangino si pone principalmente ad un livello sintagmatico, ed è dovuta alla alta frequenza di commutazioni che investono da un punto di vista sintattico categorie complesse, segmenti i cui confini sintattici non coincidono con unità di livello superiore, cui spesso non è possibile attribuire valori funzionali, ovvero macrostrutture parziali e gruppi sintagmatici. In quest’ottica per questo testo il punto cruciale sembrerebbe riconducibile a quello più generale delle difficoltà che l’analisi dei fenomeni di contatto, in quanto innanzitutto fenomeni di parlato spontaneo, pongono a descrizioni grammaticali basate su categorie analitiche astratte tipo ‹frase›, ‹clausula›, ecc. (Gardner-Chloros / Edwards 2004: 106-108). La questione, che ha in qualche modo a che vedere con quella della segmentazione del continuum del parlato e dell’unità di analisi del parlato, pone un interrogativo di fondo, ovvero fino a che punto ad essere problematica è la natura dei fenomeni o l’inadeguatezza degli strumenti di analisi. Nel testo del barbiere la difficoltà di stabilire confini netti tra i codici è invece principalmente connessa alla alta frequenza di forme ‹ibride› la cui attribuzione ad una varietà o all’altra è un’operazione complessa. In questo testo sembra infatti di assistere all’‹emersione› di una sorta di varietà ‹mista› caratterizzata dalla co-presenza di varianti più o meno marcate nella direzione del dialetto o dell’italiano. La scelta più che tra un codice e l’altro spesso parrebbe essere tra una variante e l’altra; la questione cruciale dunque sembra giocarsi, più che sul piano del contatto tra codici, su quello della variazione linguistica tout court. Quello di codice misto è un concetto su cui la linguistica del contatto ha insistito ultimamente, considerandolo una della possibili emanazioni delle situazioni di contatto linguistico.9 Nel nostro caso si potrebbe dire che a generare una tale fenomenologia di contatto lingua e dialetto è, in una situazione di forte vicinanza strutturale tra le due varietà, da una parte una competenza sbilanciata delle due varietà, dall’altra la percezione di una forte fluidità e la mancanza di conflittualità tra di esse. L’impressione è che sia per il barbiere che per il calzolaio l’opzione più che sul piano della scelta tra una varietà o l’altra, ––––––– 9

Cf. Auer 1998.

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si giochi su quello della variazione stilistica, di registro, o, per dirla con le parole del nostro calzolaio, che si tratti di una questione di parlare più o meno ‹corretto, buono›, a seconda dell’interlocutore che c’è di fronte. io mo sto parlando con voi perché siete due persone per bene e sto parlando civilmente ma qua [si ven´ kwakker uno nun dditS´ maNk´] buonasera [a kka Ngopp´ kka vEn´n´ a matin´ e t abbuff´n e parol´ p´kke kill´ kill E o] linguaggio che sta qua sopra qua allora a me I miei fratelli non mi sopportano proprio per sto fatto qua mo se mi [v´resser e par!la ku ttutt e ddoj e vuj´ riS´] come mai stai facendo o corretto stasera stai [parlann´ bbwon´] perché io [kka] è raro che puoi trovare qualcuno e puoi parlare corretto.

In conclusione, l’analisi del rapporto lingua / dialetto nel centro di Napoli lascia emergere una dimensione individualistica dei fenomeni di contatto. Come osserva GardnerChloros (1995: 86): Code-switching is a highly individualistic phenomenon […]. Some speakers come up with intra-sentential switching which violates every conceivable grammatical constraint […]. Others provide not a single example of this grammatically intense mixing, but switch more often. […]. Sociolinguistic and individual factors should be seen as equally important.

Pertanto aspetti quali la quantità e la qualità delle commutazioni, le diverse strategie di commutazione, la possibilità o meno di individuare la lingua base, oltre che, o insieme, alla profondità, alla continuità, alla distanza strutturale e allo statuto sociolinguistico delle varietà in contatto, appaiono strettamente connessi ad una dimensione squisitamente individuale della gestione del discorso bilingue. L’approfondimento di tale dimensione, in chiave intra- e inter-testuale, rappresenta a nostro avviso un passo indispensabile ai fini di un più ‹realistico› inquadramento dei fenomeni di contatto.

Bibliografia Alfonzetti, Giovanna (1992): Il discorso bilingue. Italiano e dialetto a Catania. Milano: Franco Angeli. Auer, Peter (ed.) (1998): Code-Switching in Conversation. Londra / New York: Routledge. Berruto, Gaetano (1985): ‹l pulman l-è nen ch-a cammina tanto forte›. Su commutazione di codice e mescolanza dialetto-italiano. In: Vox Romanica 44, 59-76. De Blasi, Nicola (2002): Per una storia contemporanea del dialetto a Napoli. In: Lingua e stile XXXVII, 123-157. Ferraro, Italo (2004): Quartieri spagnoli e Rione Carità. Napoli: Clean. Franceschini, Rita (1998): Code-switching and the notion of code in linguistics. In: Auer, Peter (ed.), 51-72. Gardner-Chloros, Penelope (1995): Code-switching in community, regional and national repertoires: the myth of the discreteness of linguistic systems. In: Milroy, Lesley / Muysken, Pieter (edd.): One Speaker Two Languages. Cambridge: CUP, 68-89. – / Edwards, Malcolm (2004): Assumptions behind grammatical approaches to code-switching. In: Transactions of the Philological Society 102:1, 103-129.

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Emma Milano

Milano, Emma (2006a): Tra lingua e dialetto: affinità e discrepanze nel parlato bilingue e monolingue dei testi di alcuni parlanti di area flegrea. In: Sobrero, Alberto / Miglietta, Annarita (edd): Lingua e dialetti nell’Italia del Duemila. Galatina: Congedo, 265-288. – (2006b): «Cosa i parlanti dicono…». A proposito di un’indagine sul campo nei Quartieri Spagnoli. In: De Blasi, Nicola / Marcato, Carla (edd): Lo spazio del dialetto in città. Napoli: Liguori editore, 23-32.

Gilles Petrequin

Les calques sémantiques et le vocabulaire des institutions parlementaires dans le français du XVIIe siècle

1. Introduction Cette communication prend en partie sa source dans le programme de recherche TLFÉtym (cf. Buchi 2005), mené à l’ATILF (Nancy, France) sous ma direction, et qui consiste dans la révision des notices étymologico-historiques du Trésor de la Langue française informatisé (TLFi). M’occupant plus particulièrement de la refonte des articles consacrés aux anglicismes, j’ai eu l’occasion de noter quelques insuffisances de la lexicographie française dans l’analyse d’un certain nombre d’emprunts faits à l’anglais par le français (cf. Petrequin 2006) et je proposerai donc ici quelques réflexions nées de cette expérience. Je me limiterai à un type particulier d’influence: celui qui se traduit par des emprunts lexicaux sous forme de calques, en négligeant les faits d’ordre morphologique, phonétique, graphique, etc. Par français, j’entendrai la variété parlée en France métropolitaine, et je me limiterai essentiellement au XVIIe siècle. En ce qui concerne la période antérieure à la Révolution de 1789, la doxa veut que l’influence de l’anglais sur le français date surtout de la seconde moitié du XVIIIe siècle, période dite de l’anglomanie (cf. HLF VI/2: 1222-1236), et qu’avant cette date la langue française ait accueilli peu d’anglicismes; en réalité, il y avait eu déjà une «minianglomanie» au XVIIe siècle, mais celle-ci est aujourd’hui lexicalement quasi invisible et, qui plus est, pratiquement non étudiée. La raison de cette invisibilité relative tient au fait que la majorité des emprunts faits à l’anglais avant le XVIIIe siècle se présente non pas sous forme d’emprunts bruts (signifiant et signifié) mais sous celle de calques, qu’il s’agisse de calques dits formels (ou structuraux) ou de calques dit sémantiques. Il faut en effet avoir conscience qu’entre le début du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle la répartition entre les emprunts bruts et les emprunts par calque s’est complètement modifiée: les emprunts par calque sont aujourd’hui largement minoritaires par rapport aux emprunts directs de lexèmes anglais, mais la situation était exactement l’inverse à l’époque préclassique et classique, la plus grande partie des transferts linguistiques à partir de l’anglais se faisant alors sous forme de calques, type d’emprunt qui heurte au minimum le système phonétique du français. Non sans paradoxe, la période du français dit classique (en gros, du début du XVIIe siècle à la Révolution française) est la moins bien décrite sur le plan lexicographique, ce qui induit naturellement des conséquences fâcheuses en ce qui concerne l’étude de l’influence de l’anglais pour la même période. Mais la principale raison de l’insuffisance dans la description des anglicismes à l’époque classique est d’ordre méthodologique. Elle tient au

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fait que les dictionnaires actuels adoptent le point de vue de l’usage contemporain: sont considérés comme anglicismes, les lexèmes susceptibles de se rencontrer dans les ouvrages publiés depuis généralement le début du XIXe siècle (le TLF, par exemple, n’envisage la langue qu’après 1789). Tous les dictionnaires d’usage adoptent donc nécessairement une vision rétroactive sur la langue qu’ils décrivent: partant de l’état présent du lexique, ils ne documentent que l’histoire des lexies conservées. Par le fait même, ils n’enregistrent, pour un concept ou un élément de la réalité, que la désignation qui s’est imposée dans l’usage, et ignorent toutes les formes linguistiques concurrentes qui ont pu coexister à une époque mais qui, à un moment donné, sont sorties de l’usage. Conséquemment, demeure occultée toute une partie du lexique français de l’époque classique. Notons que l’on retrouve la même approche épistémologique chez les principaux dictionnaires des anglicismes, que ce soit le tome 18 du FEW (1967), l’excellent dictionnaire de Höfler (1982) ou celui de ReyDebove / Gagnon (11980; 21982). La situation est encore aggravée en ce qui concerne les calques. Quoique bien décrits par les lexicologues sur le plan théorique, les transferts par calque ont été jusqu’à maintenant presque totalement négligés par les lexicographes qui ont traité des anglicismes, qu’il s’agisse là encore du FEW (1967), de Höfler (1982) ou de Rey-Debove / Gagnon (21982). Quant au TLF (1971-1994), il néglige très souvent de les mentionner comme tels. La conséquence concrète de cette double carence est que nous avons une vision totalement déformée, voire fausse, de l’importance quantitative des anglicismes en français à l’époque dite classique.

2. Un cas particulier: le vocabulaire des institutions parlementaires Il est un champ lexical très représentatif de l’importance des emprunts par calque à l’époque classique, c’est celui du vocabulaire politique et plus particulièrement celui des institutions parlementaires. Je prendrai pour point de départ un extrait de l’article Chambre des Communes du TLF (1977, t. 5: 1137); il s’agit d’un passage de la rubrique «Étymologie-histoire» de cet article: L’expr. Chambre des Communes (3) est la trad. de l’angl. House of Commons (1621 ds NED) désignant la chambre basse du Parlement anglais, Commons, plur. de common «commune» issu du fr. commune (sens 1), désignant d’abord le peuple p. oppos. à la noblesse, puis l’ensemble des représentants de celui-ci dans le Parlement anglais (ca 1415 ds NED).

On est en droit de se demander, d’un point de vue diachronique, comment et pourquoi, le syntagme français Chambre des Communes est la traduction (sic TLF) du syntagme House of commons. House, en anglais, n’a pas le sens de chambre législative, du moins pas à l’époque où l’emprunt s’est opéré, comme nous le verrons. De la même façon, pourquoi et comment le vocable House, dans les différents syntagmes anglais où il apparaît (House of Lords, Lower House, Upper House) est-il systématiquement traduit en français par Chambre? Seule une étude non rétroactive, et de nature sémasiologique, permet de

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répondre à cette question, qui n’est pas sans intérêt pour l’histoire de l’influence de l’anglais sur le français. En ce qui concerne l’histoire du vocabulaire politique français, l’opinion dominante demeure que la plupart des emprunts faits à l’anglais datent de la seconde moitié du XVIIIe siècle, c’est à dire des années pré-révolutionnaires et révolutionnaires, sujet bien étudié par les ouvrages de Gohin (1903), de Frey (1925) ou de Gunnar von Proswitch (1956; 1966). Il a été peu remarqué, sauf par Barbier (1921), que le XVIIe siècle avait déjà largement contribué à l’enrichissement du vocabulaire politique français par de nombreux emprunts sémantiques faits à l’anglais. Sur le plan historique, cet enrichissement lexical trouve sa raison d’être à la fois dans le renforcement des relations diplomatiques entre la France et l’Angleterre au début des années 20 du XVIIe siècle (en 1625 Charles 1er, roi d’Angleterre, épouse Henriette-Marie de France, sœur de Louis XIII) mais aussi et surtout dans la dégradation de la situation politique et religieuse que connaissent, durant les décennies 1640-1650, le royaume de France et celui de Grande-Bretagne. La période de profonde instabilité politique que traverse l’Angleterre à partir de la guerre civile, qui éclate en 1642, et la part de plus en plus importante prise par la France dans les «affaires d’Angleterre» expliquent l’intérêt grandissant des Français pour la spécificité du système parlementaire anglais et la pénétration de plus en plus importante, dans le lexique français, de termes d’origine anglaise permettant de rendre des réalités ou des idées auxquelles l’opinion française était demeurée jusqu’alors totalement indifférente, et pour lesquelles elle va finir par se passionner. Cette évolution lexicale est très sensible quand on compare les textes publiés entre le début et la fin du XVIIe siècle. Le premier gros ouvrage rédigé directement en français et consacré à la GrandeBretagne est l’Histoire générale d’Angleterre d’Ecosse et d’Irlande d’André Du Chesne [1584-1640], volume de près de 1500 pages in-folio, publié en 1614. La description des institutions britanniques tient en dix lignes, qui ont un intérêt linguistique et historique important … de par leur apparente imprécision: La Iustice meslee, qu’ils nomment Parlement, est composee des trois Ordres du pays, & represente le corps de toute l’Angleterre. Il s’assemble ordinairemẽt de 3. en 3. ans au Palais de Westmynster, mais iamais que par lettres patẽtes & mãdemẽts expres emanez des Roys, lesquels ont puissance souueraine en iceluy, de decerner, cõmander, arrester, & ordonner des loix à leur plaisir, & de les receuoir ou refuser si bõ leur semble, voire contre la volonté des Estats. Il est vray, que si les ordonnances portants coup à la Couronne n’y sont authorisees, elles sont le plus souuent reuoquees en doute. (1614: 14-15).

La terminologie employée, Justice meslée, les États [s.-e. du Royaume], les trois Ordres du pays, par son absence de pertinence, est symptomatique du regard distant porté, en ce début du XVIIe siècle, sur les institutions anglaises: le Parlement anglais est évoqué dans les mêmes termes qui servent, à l’époque en France, pour parler à la fois des États généraux (États du Royaume) qui rassemblent les trois ordres (clergé, noblesse, tiers-état) et des Parlements, qui sont des Cours de Justice (Justice meslée). Cette assimilation des deux types d’institution, le Parlement anglais (qui ne possède pas trois ordres) et les États généraux et les Parlements français peut avoir deux causes intellectuelles selon les textes. La première, nous l’avons dit, est le relatif désintérêt, chez beaucoup d’auteurs des années 1600-1630, pour la spécificité des institutions parlementaires anglaises. La seconde, plus

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pertinente chez un auteur comme Du Chesne, peut être aussi d’ordre idéologique et peut s’expliquer par l’une des sources de l’auteur. L’un des informateurs de Du Chesne est en effet le juriste Jean Bodin [1530-1596], qui avait assez longuement expliqué dans Les six livres de la République (1576) que la souveraineté politique, je cite, «appartient pour le tout sans diuision aux Rois d’Angleterre, & que les estats n’y ont que voir», de sorte que le pouvoir du Souverain «n’est en rien altere, ny diminue pour la presence des estats» (L. I, ch. VIII, ed. 21579: 98). Pour Bodin, le Parlement anglais, qui ne peut s’assembler que «par lettres patentes, & mandements expres emanés du Roy» (1579: 97) –passage repris par Du Chesne, cf. supra–, n’a qu’un rôle consultatif, un peu comme les États généraux en France, réunis encore fréquemment au XVIe siècle. La réalité anglaise, on le sait, est en vérité assez différente. Sur le plan linguistique, l’assimilation (volontaire ou non, selon les textes) du Parlement anglais aux institutions françaises se traduit par le fait que, jusque dans les années 40 du XVIIe siècle, les écrivains français utilisent le terme chambre, sur le modèle de Bodin qui a créé, semble-t-il, les syntagmes «basse chambre [du Parlement anglais]» et «haute chambre [du Parlement anglais]» (1579: 98), à l’imitation du vocabulaire utilisé en droit français: on sait en effet qu’aussi bien les États généraux que les Parlements français étaient divisés en diverses chambres, comme l’explique encore le Dictionnaire de l’Académie française en 1694 et en 1740 (sv. chambre). Mais celles-ci n’étaient pas qualifiées de haute ou de basse. Notons, par ailleurs, qu’il est vraisemblable que les adjectifs haut et bas ne calquent pas chez Bodin les équivalents anglais (Upper / Lower House), mais qu’ils renvoient plutôt au fait que l’une des chambres est composée des nobles et l’autre des roturiers: cette interprétation scalaire sous-tend encore, en 1704, l’article haut du Dictionnaire de Trévoux, qui explique le sens de l’adjectif dans le syntagme chambre haute: HAUT, signifie aussi, Elevé en pouvoir, en dignité. Excelsus, eminens, sublimis. Ainsi Dieu est qualifié dans l’Evangile, le Très-haut; & sur la terre on dit, Haut & puissant Seigneur. C’est àpeu près dans ce même sens, que l’on dit […] la Chambre Haute, en parlant du Parlement d’Angleterre; pour dire, la Chambre où sont les Evêques & les Seigneurs, par opposition à la Chambre Basse, c’est-à-dire, la Chambre où s’assemblent les Communes, ou les Deputez des villes qui représentent le Tiers Etat. (notre surlignement).

L’adaptation du vocabulaire parlementaire anglais en français va être profondément renouvelée à partir de 1640. La question des droits du Parlement devient cruciale en Angleterre dès cette époque alors que la France s’accorde de plus en plus un droit d’ingérence dans les affaires anglaises. La spécificité du rôle et du fonctionnement du Parlement anglais devient alors un fait d’actualité majeur pour les Français, spécificité qu’il convient de rendre par des termes plus appropriés que par le passé. C’est dans les milieux diplomatiques, semble-t-il, que se forge la nouvelle terminologie. C’est en effet dans les lettres échangées, dès 1640, entre l’ambassadeur français Jean de Montereul [1613-1651]1 et Richelieu que l’on voit apparaître pour la première fois des syntagmes qui tentent de rendre au plus près une partie du vocabulaire politique anglais, l’ambassadeur prenant soin de nommer les réalités anglaises par des calques, notamment en ––––––– 1

Jean de Montereul effectuera deux séjours en Angleterre comme ambassadeur auprès de Charles Ier, le premier entre février 1640 et juin 1641, le second entre août 1645 et la fin 1648.

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ce qui concerne le Parlement. Ainsi peut-on lire dans une lettre à Richelieu datée du 23 mai 1641: Le Vendredi, 17 May [1641], le Sr Pime [sic = John Pym] fit sçavoir à la Maison Haute de la part de la Basse, qu’après avoir examiné les desseins de ceulx qui avoient pris la fuitte, […] Il demanda ensuitte qu’on députa quelques uns des deux maisons du Parlement pour s’assurer de Portsmut […]. (Ministère des Affaires Étrangères, Paris [Archives diplomatiques: Angleterre liasse 48: 23 mai 1641]).

Entre 1640 et 1643, sont ainsi créés par Montereul et ses collègues (Brienne, les frères Bellièvre), qui sont en contact direct avec les réalités insulaires, toute une série de syntagmes qui calquent directement les dénominations anglaises: Maison Haute, Maison des Seigneurs, Maison des Pairs, Maison Basse, Maison des Communes. Cette terminologie se développe parallèlement à une seconde série de syntagmes similaires, construits sur le lexème chambre par analogie formelle avec la dénomination des réalités institutionnelles françaises: Chambre Haute, Chambre des Seigneurs, Chambre des Pairs, Chambre Basse, Chambre des Communes. Mais les diplomates ne sont pas les seuls, au moment où éclate la guerre civile anglaise, à adopter la nouvelle terminologie. En effet, la série formée sur maison se retrouve, dès 1644, dans les feuilles volantes rédigées en français et paraissant à Londres: c’est notamment le cas du Mercure anglois, gazette francophone anonyme qui commence de paraître en juin 1644 et dans laquelle on retrouve largement employés les syntagmes formés sur maison. Citons un seul exemple: […] tous deux ont esté amenex [sic] au Parlement: La ou estant a genoux, Monsieur Lenthall, qui est la bouche [= speaker] de la maison des Communs [sic], leur declara au non de lauthorité [sic]de ladite maison […]. (Mercure anglois [13/6/1644], n° 2: 6).

À partir du début de 1649, avec le procès puis l’exécution de Charles Ier (30 janvier 1648 [vs] / 9 février 1649 [ns]) les publications de propagande vont se multiplier, aussi bien de la part des Royalistes que des Parlementaires. Beaucoup de ces textes ont été immédiatement traduits en français, et ont été largement diffusés sur le continent. Ils vont alors contribuer à faire mieux connaître au grand public la spécificité du système parlementaire insulaire et à introduire durablement en français le vocabulaire des institutions anglaises. Je ne donnerai que deux exemples, tirés de textes qui eurent alors une large diffusion en France. Le premier texte est l’ouvrage de l’historien Claude Saumaise [1588-1653], rédigé en 1650 pour défendre la mémoire du roi exécuté. Saumaise décrit ainsi le Parlement, qui avait alors cessé de fonctionner: «[…] ce Parlement estoit diuisé en deux ordres, qu’on appelloit Maisons, l’vne Haute, l’autre Basse: celle-là composée de Seigneurs, & celle-ci des Deputez du peuple» (1650: 54-55). Le second texte est la traduction française (en 1652) du pamphlet bien connu de John Milton, Eikonoclastès (1649), texte résolument parlementaire et anti-royaliste, où l’on trouve: «Et quant à son instance, en cas que lui [le roi] & la Maison des Pairs entreprissent de commander à la Maison des Communes: elle n’a point de parité; Car, ni lui [le roi], ni les Pairs ne représentent qu’eux-mêmes; là où les Communes sont tout le Roiaume» (1652: 116). Il importe de souligner la large distribution, en terme de variation diaphasique, des syntagmes formés sur maison. Loin de ne se rencontrer que dans une seule catégorie de

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textes, ces syntagmes se trouvent, nous l’avons vu, aussi bien dans les lettres diplomatiques, que dans les gazettes ou les pamphlets, dans les traductions de textes officiels anglais, ou dans des ouvrages de polémique rédigés sur le sol français. Les syntagmes Maison Haute et Maison Basse étaient même si bien entrés dans le lexique courant des Français des années 1660 qu’on les trouve employés dans des vers burlesques de Charles Robinet, datés du 15 novembre 1665: «Dans Oxford, gaillarde Cité, La Britanique Majesté, Avecque poids, sagesse & grace, Devant la Maison Haute & Basse, Id est devant le Parlement, Fit harangue derniérement» (Rothschild (ed.) 1881-1889, vol. 1: 387, vers 75-80). Ajoutons que les nombreux dépouillements que nous avons effectués (Petrequin, en préparation) permettent d’affirmer qu’entre 1640 et 1660 les différents syntagmes formés sur maison sont majoritaires, tous types de textes confondus, par rapport à ceux formées sur chambre, qui continuent naturellement d’être employés conjointement. La vogue des syntagmes formés sur maison conduit cependant à un paradoxe. Malgré la faveur qu’ils ont rencontrée durant près de 30 ans, ces syntagmes deviennent de plus en plus rares après 1670 et finissent par disparaître des textes. Une des dernières attestations se rencontre sous la plume du voyageur Henry Misson de Valbourg, qui note précisément, en 1698, l’inexactitude des dénominations employées en France: «Nous appellons ordinairement ces deux Chambres, Haute & Basse, en François; Mais ce n’est point du tout le langage Anglois: On dit Chambres, ou plûtôt, Maison des Seigneurs, & Maison des Communes» (1698: 44). Dans l’état actuel de la documentation, toute la terminologie formée sur maison est absente des textes du début du XVIIIe siècle.2 Révélateur de cette désaffection linguistique est le fait que la série formée sur maison n’a laissé aucune trace dans la lexicographie française de la fin du XVIIe s. et du début du XVIIIe s. Richelet, en 1680, n’enregistre rien concernant le Parlement anglais, mais Furetière (1690) ne parle que de chambres du parlement d’Angleterre (cf. s.v. chambre; parlement). De même, en 1694, le Dictionnaire de l’Académie, qui d’ailleurs enregistre encore l’équivalence obsolète les Estats d’Angleterre (cette expression disparaît dès l’édition de 1718), ne documente que la série formée sur chambre. La seule mention du syntagme Maison haute se rencontre, subrepticement, dans l’article haut, déjà cité, de l’édition de 1704 du Dictionnaire de Trévoux: «on dit La maison ou la Chambre Haute, en parlant du Parlement d’Angleterre». À la fin du XVIIIe siècle, Féraud (1787-1788, vol. 1: 402, s.v. chambre) condamnera sans appel le rendu de House par chambre: «Rem. Quoique le nom Anglais des deux Chambres du Parlement d’Angleterre signifie maison et non pas chambre, on doit pourtant dire les deux Chambres, et non pas les deux Maisons, comme a dit aûtrefois le Traducteur Gaulois du Procès de Charles I». Critiquant avec mépris une traduction parue en 1649, Féraud ignore visiblement que l’usage des syntagmes construits sur maison prévalait très normalement au milieu du siècle précédent, et qu’il ne s’agissait donc pas d’une étourderie du traducteur. Il faut donc faire un double constat. D’une part, l’indéniable lexicalisation des calques formés sur maison, qui se rencontrent, rappelons-le, dans des dizaines de textes de toute ––––––– 2

Par exemple chez les Philosophes anglophiles, tels Montesquieu, Voltaire, Diderot, etc. On retrouve cependant ces syntagmes à la fin du siècle, cf. De Lolme (1790: 220).

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nature pendant au moins trois décennies. D’autre part, l’absence presque totale de lexicographisation de ces calques, ce qui, pour le dire en passant, relativise en partie le critère de l’enregistrement lexicographique pour apprécier la diffusion réelle de certains lexèmes dans un état de langue donné.

Conclusion Comment expliquer ce retournement de situation? Il semble que l’usage concomitant pendant près d’un demi-siècle, dans un contexte précis –celui des affaires d’Angleterre– des deux séries de calques a permis à celle formée sur chambre de se charger d’une valeur sémantique nouvelle, valeur suffisamment spécifique et désambiguïsée pour imposer en définitive les syntagmes construits sur chambre, ce dernier terme bénéficiant sans doute du fait que, dans l’inconscient linguistique des locuteurs français, le terme de parlement appelait plus naturellement le substantif chambre que maison. Autrement dit, après une période d’instabilité lexicale, caractérisée par une multiplicité de variantes concurrentes cherchant à rendre compte d’une réalité étrangère, le système de la langue a progressivement éliminé les éléments considérés comme redondants, en investissant les lexies formées sur chambre de valeurs sémiques nouvelles leur permettant d’assumer sans ambiguïté une nouvelle fonction désignative, d’abord dans un contexte anglais puis, après la Révolution, dans un contexte français. Le résultat de ce processus est l’emprunt par le français chambre (haute / basse) d’un sens nouveau (/institution exerçant un pouvoir législatif/), le transfert s’effectuant entre deux lexèmes non homonymes (angl. house / fr. chambre). Ajoutons encore, que l’on assistera, comme bien souvent dans le cas des relations lexicales entre la France et la Grande-Bretagne, à un phénomène d’aller-retour. C’est vraisemblablement sous l’influence du français chambre que l’anglais chamber, au XIXe siècle, a pris un sens législatif, ce qui explique que l’on trouve en anglais les calques chamber of deputies (1848), upper chamber (1850), lower chamber (1881), formés sur les expressions françaises3 chambre des députés, chambre haute, chambre basse … juste retour des choses entre deux langues qui n’ont jamais cessé de s’enrichir mutuellement.

––––––– 3

On trouve aussi popular chamber, sans doute par calque de l’allemand Volkshaus.

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Mécanismes discursifs entre contact de langues et dynamiques linguistiques

1. Problématique: mécanismes discursifs et changement linguistique Le contact de langues est supposé fournir l’un des vecteurs de restructuration que les systèmes linguistiques subissent en continu, restructurations qui peuvent, par ailleurs, être conditionnées par des vecteurs universels (innovation) ou intralinguistiques (tradition unilingue). Or, la tradition / transmission plurilingue ne constitue pas une donnée immédiate et reste souvent délicate à établir formellement au-delà de l’emprunt. L’objectif de l’exposé sera de discuter les mécanismes discursifs du changement linguistique induits par contact tels qu’ils ont été décrits par Thomason (2001) en les confrontant aux dynamiques linguistiques telles qu’elles s’observent dans les villes d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et de Santiago (Chili). Les corpus d’étude sont constitués de données orales recueillies dans les deux cas d’interactions spontanées avec des locuteurs urbains natifs des langues étudiées. A l’issue, nous discuterons les perspectives pour une redéfinition de la notion même du mécanisme discursif.

2. Etat des lieux: dynamiques linguistiques fortes et caractéristiques sociales Par dynamique linguistique nous entendrons ici la configuration discursive d’une communauté de vie donnée, définie par le nombre, la densité et l’hétérogénéité de ses membres. L’organisation de la socitété, dont les rapports de force entre les membres, détermine les modalités de communication, et les caractéristiques de la variation. Face à une norme standard –explicite et virtuelle– l’on trouve différents usages non standards plus ou moins normalisés. L’étude des dynamiques linguistiques consiste donc à identifier et à décrire les traits non standards présents dans les discours comme manifestations structurelles d’un procès social. L’initiative de comparer deux espaces communicationnels aussi différents que ceux d’Abidjan et de Santiago résulte tout d’abord du constat que la francophonie reste essentiellement monocentrique, alors que le monde hispanophone semble admettre plus facilement une organisation polycentrique et que leurs dynamiques linguistiques divergent considérablement. Nos terrains d’étude sont donc deux centres urbains majeurs, aux caractéristiques sociolinguistiques très différentes, mais dont la langue urbaine (romane) montre dans les deux cas un éloignement remarquable de la norme standard. Mais face à la constitution progressive d’une ‹variété› nouvelle comme vecteur de l’identité urbaine et

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dotée d’une certaine autonomie et stabilité, à Abidjan, l’affirmation des normes d’usage alternatives n’est pas de nature à mettre en cause l’unicité de l’espagnol au Chili (Ludwig 1998). Il n’en reste pas moins que l’identité linguistique chilienne est particulièrement forte – reconnaissable de l’extérieur et revendiquée par les Chiliens eux-mêmes, tout comme celle des Abidjanais. La différence majeure réside dans le fait que la situation abidjanaise est marquée par un plurilinguisme historique accentué, tandis que le contact linguistique à Santiago est limité à la phase fondatrice; par ailleurs, l’expansion fonctionnelle du français s’est déroulée à Abidjan en moins d’un siècle, contre une présence de l’espagnol à Santiago pendant 450 ans.

3. Restructurations et mécanismes discursifs: l’exemple abidjanais 3.1 Restructurations Une restructuration se manifeste comme modification du réseau de microsystèmes d’une construction, qui peut concerner des traits fonctionnels ou formels de la structure. Le ‹poids› d’une restructuration est déteminé par sa représentation dans les discours sociaux. Quatre restructurations avérées dans l’usage du français à Abidjan seront esquissées dans le suivant: LA, LE / LUI, QUE et l’usage du paradigme sujet. Considérons cet extrait du récit Cendrillon (corpus Ploog ABJ97, B46Y:IV.10.04-07): 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

epiləfisdyrwa / akçmçãseadikε / l iivølafijla ep ilεdøzç)kçmãseadãse + Zyzkã:: ep ilamaradla / εletεZalu εladəmãndealafijla + kçmãlafijlafεpusç:ti ep imε)nã + lafijla / εlavεlεse ep i + (nakalafijlalezaeSape) ep i + lamaradla / εtε + Zaluz wazola + akrie + kokoriko (...) mε)tnã + lakçmãseakuri ep i + lεSosysç)tçmbe mε)lərwa + apriSəvala ləfisdyrwa + apriSəval / ilapuse + (l i)laf i + Zyzkã::: εlalezabilasç)kite / mε)nã / ç)di + fεtεfini (ç)nadi) + tuləmç)nakavəni + εsee / Sosykε/lapεsç)kε + Sosyvarãntreasç) + pjela / ivamarjeləfisdyrwa

Et puis le fils du roi a commencé à dire QUE LUI il veut la fille-là Et puis les deux ILS ont commencé à danser pendant un moment Et puis la marâtre-LA elle était jaloux elle a demandé à la fille-LA comment la fille (-LA, ELLE) a fait pour sortir Et puis maintenant la fille-LA elle L’avait laissée Et puis maintenant encore la fille-LA LEUR a échappé. Et puis la marâtre-LA était jalouse (l’) oiseau-LA, a crié kokoriko maintenant elle a commencé à courir Et puis les chaussures sont tombées mais le roi a pris (le) cheval-LA le fils du roi a pris (le, un) cheval il a poussé ELLE L’a fui (pendant longtemps) et là les habits-LA sont quittés maintenant on dit (la) fête est finie on a dit tout le monde n’a qu’à venir essayer (la) chaussure QUE la personne QUE (la) chaussure va rentrer à son pied-LA il va marier le fils du roi

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En ligne 15, l’on note que LA, issu du démonstratif là (catégorisé adverbe et déterminant discontinu en français standard) fonctionne comme marqueur de clôture pour les propositions relatives. Trois autres structures non standard à proprement parler sont attestées avec LA: la réduction de la détermination au seul paradigme postposé LA (lignes 8, 11), avec des valeurs respectivement démonstrative si le constituant est pronominal, ou définie s’il est nominal-lexical; l’emploi de LA comme marqueur thématique avec des constituants non nominaux; sous forme de constituant syntaxique ou de ‹cas sémantique› locatif.1 Les arguments de troisième personne avec un rôle de bénéficiaire et [+animé] sont repris par les clitiques issus du paradigme direct (lignes 6, 12), alors que les référents inanimés n’entrent pas dans les positions clitiques. Si le constituant non standard privilégié pour marquer un argument verbal secondaire est LE, la conscience normative conduit, en corollaire, à une ‹surproduction› de LUI dans les situations de parole particulièrement formelles. Ceci qui peut être interprété comme neutralisation de l’opposition [±direct] en présence d’une valorisation des traits [±animé] et [±formel]. Le complémenteur QUE suit la dynamique engagé par le français parlé, en se généralisant comme joncteur propositionnel verbal (lignes 1 et 15) et nominal (ligne 15). Dans les discours rapportés, le marquage de la partie régie par QUE a une valeur davantage énonciative que grammaticale, en apparaissant plus fréquemment comme reconfirmation de la distanciation énonciative que dans la zone contiguë au verbe régisseur.2 Malgré un contexte général qui semble renforcer la grammaticalisation des clitiques sujet, on observe un emploi accru du pronom seul, lié à l’expression de l’idée d’une opposition ou en position enchâssée. On assiste à l’émergence de quelques sujets-Ø, notamment lorsque le premier argument porte le trait [-animé] ou dans des contextes structuraux de densité particulière de la zone antéverbale.3 Dans l’ensemble, on peut donc constater un léger affaiblissement de la servitude subjectale caractéristique du français moderne au profit d’un thème propositionnel. En résumé, notons que la réorganisation morphosyntaxique de l’abidjanais a tendance à s’articuler davantage autour d’exigences pragmatiques (la hiérarchisation énonciative et thématique) qu’autour de contraintes grammaticales.

3.2 Mécanismes discursifs Défini comme l’emploi de matériaux de construction issus de deux ou plusieurs langues par un même locuteur dans la même interaction (Thomason 2001: 132), le code-switching massif (susceptible de provoquer des changements stables) a dû se limiter aux toutes premières phases de la dynamique abidjanaise, lorsque le multilinguisme ambiant n’était pas encore trop hétérogène. Dans le contexte actuel où le bilinguisme est en rapide diminution, ce mécanisme ne semble pouvoir être actif qu’à l’intérieur de certaines ––––––– 1 2 3

Ces deux traits ne sont pas illustrés dans l’exrait présenté; pour plus de détails cf. Ploog 2006b. Cf. Ploog 2004. Pour une description détaillée des caractéristiques des paradigmes sujet, cf. Ploog 2001.

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communautés numériquement fortes, comme les Diula, dont une forte proportion parvient encore à maintenir l’usage de la langue ethnique. L’alternance situationnelle entre différentes langues (code alternation, Thomason 2001: 136) marque le plurilinguisme individuel en situation de diglossie; or, l’expansion rapide et massive du français jusque dans la communication intrafamiliale rend cette alternance caduque. La familiarité passive avec une ou plusieurs langues ethniques, qui désigne la présence d’une langue dans l’environnement sociolinguistique d’un locuteur mais non pratiquée par lui (Thomason 2001: 139), est certainement la réalité la plus répandue du plurilinguisme individuel abidjanais: alors que la génération des plus de 40 ans possède encore de véritables compétences bilingues et préserve un usage partiel de la langue ethnique plus d’un tiers des jeunes urbains grandissent aujourd’hui avec le français L1. La proximité typologique entre les langues en contact observée par Thomason ne peut être invoquée dans le cas abidjanais. Toutefois, deux des phénomènes structuraux retenus peuvent résulter d’une familiarité passive avec une langue ethnique: le marqueur LA présente une congruence à la fois formelle et fonctionnelle avec le dioula, où cette forme est suffixe nominal locatif; l’utilisation des formes LE / LUI pour les seuls référents animés (opposé à Ø pour les inanimés) est convergente avec la majorité des langues niger-congo de la subrégion.4 La négociation désigne l’approximation du comportement du locuteur aux caractéristiques projetées du répertoire de son interlocuteur en élaborant un inventaire de règles de correspondance (borrowing routines, Thomason 2001: 142) pour gérer la distance interlinguistique; ce fait constitue alors une modalité relative à l’accomodation (Beebe / Giles 1984), mécanisme qui peut être invoqué pour les quatre phénomènes retenus à l’étude: la généralisation de QUE comme marqueur énonciatif de frontière, la surgénéralisation des constituants PRO à valeur contrastive, ainsi que la redistribution des clitiques objet LE / LUI sur le trait [±formel] comme dynamique de négociation standard / non-standard en conséquence à la première, sur le trait [±animé] – et, à plus forte raison, l’équivalence presque complète du fonctionnement du marqueur LA. Le ‹mécanisme› désigné sous le terme d’acquisition de langue seconde fait appel à différentes stratégies chez les locuteurs (Thomason 2001: 146-148). On constate une proximité avec la notion d’interlangue, bien que Thomason ne l’utilise pas: – L’emprunt structural visant à combler des carences de la langue cible peut être invoqué dans le cas de l’habilitation du trait [±animé] pour les constituants clitiques sujet et objet. La notion de ‹carence› (gap) est en effet subjective et liée au crible du locuteur, structuré notamment (entre autres) par la langue première. – La superposition du modèle de la langue première à la langue cible peut notamment expliquer la valorisation des multiples fonctions du marqueur LA, comme le marquage redondant des locatifs nominaux. ––––––– 4

Il n’existe pas, à notre connaissance, de corpus contrôlés fournissant des données qui permettraient l’étude des deux premiers mécanismes pour le cas abidjanais. L’attrition n’a été étudiée qu’au travers d’enquêtes épilinguistiques très sommaires, cf. Ngalasso / Ploog 1998 ou VaroqueauxDrevon 1995.

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– La neutralisation d’un trait fonctionnel (qui représente les premiers paliers d’acquisition) s’observe dans les cas de sur-généralisation de QUE comme marqueur relatif et pour la sous-spécification de la position de sujet. En ce qui concerne l’acquisition bilingue de deux langues premières (Thomason 2001: 148), la conception du mécanisme correspond à la description de comportements non standards qui correspondent, sur le plan quantitatif, à la surgénéralisation d’une construction de la langue cible ou, sur le plan qualitatif, à la complexification interne de la langue cible par innovation. Le premier mécanisme est caractérisé en abidjanais par l’utilisation ‹excessive› de QUE comme introducteur d’une séquence prédicative, la généralisation de PRO et les effacements du clitique sujet, ainsi que par le LA enclitique, qui assume – en français standard aussi, mais dans une moindre mesure – le rôle d’un marqueur discursif; le second par le constituant locatif LA et l’habilitation de nouveaux traits fonctionnels dans le paradigme clitique objet. Le mécanisme de la modification délibérée décrit le transfert volontaire (conscient) d’éléments / traits fonctionnels d’une langue à une autre (Thomason 2001: 151). Ce phénomène a été principalement envisagé sur le plan lexical, mais tous les niveaux sont a priori concernés. On peut considérer ici les cas de marquage à valeur emblématique: l’opposition de LE / LUI selon le trait [± formel] qui indiquent une catégorisation sociale et la ritualisation de PRO comme introducteur de tour de parole, analogue à ce que l’on observe dans certains genres textuels de tradition orale.

3.3 Bilan Les caractéristiques esquissées en 3.1 peuvent s’interpréter comme résultant de la mise en oeuvre d’au moins d’un des mécanismes de contact de langues mises en exergue par Thomason (2001) et résumés en 3.2. La force explicative du classement reste cependant assez faible en raison de l’attribution possible (voire nécessaire) de plusieurs mécanismes à une construction donnée. En outre, certains phénomènes ne s’intègrent pas à la typologie: le double-marquage d’actants, par exemple, est lié, d’une part, à la grammaticalisation des clitiques, et, d’autre part, aux exigences pragmatiques gouvernant l’élaboration de l’actant par une position nominale (PRO y compris). Il apparaît que l’inventaire dressé par Thomason (2001) représente un ensemble hétérogène de phénomènes, où les comportements observés chez les bilingues (alternances et négociation) alternent avec les paramètres de compétence (familiarité passive, acquisition de langue seconde et bilingue de langues premières) et la motivation (modification délibérée). Il n’est peut-être pas possible d’observer directement un mécanisme discursif.

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4. Mécanismes discursifs entre exigences pragmatiques et sociales Cette section cherche à mettre en perspective la notion de mécanisme à partir des données chiliennes et abidjanaises en discutant notamment le rôle des exigences pragmatiques et sociales régissant la mise en discours; trois vecteurs seront considérés, à savoir, la gestion de la linéarité, celle de la référentialité et celle de l’interlocutivité. La linéarité décrit le déroulement incontournable qui contraint l’intégration syntacticodiscursive (TOP, subordination) en vue de l’élaboration du sens. Dans cette perspective, un rôle énonciatif revient au changement de l’ordre des mots et des rapports hiérarchiques dans la structure syntagmatique. Parmi nos observables, ce sont notamment les balises de segmentation et de regroupement de sous-ensembles dans la chaîne qui sont à considérer: en abidjanais, on compte ici le LA de clôture pour les expansions nominales; en espagnol chilien, la particule discursive PO constitue à cet égard un support intonatoire pour la clôture de la partie focale. En français comme en espagnol, la généralisation du QUE comme joncteur nominal indique également que cette position assume principalement une fonction de segmentation: 2. según la mama y según (el~la) neurólogo que la llevó el niño era como hiper- hiperactivo (SAN06:prof-5.violencia4.5:21)

La gestion de la référentialité du discours décrit d’un côté les hiérarchies sémantiques intrinsèques entre constituants ce qui est illustré par le trait [± animé] pertinent pour l’élaboration du paradigme clitique et l’utilisation d’un constituant locatif comme sujet de prédications statiques; de l’autre, on y comprendra la gestion des hiérarchies informationnelles, illustrée par le paradigme de détermination qui oppose LA / Ø en français populaire d’Abidjan (phase pidgin) ou le double-marquage des constituants sujet, qui trouve une description plus satisfaisante à travers l’interprétation focale de l’antéposition du constituant nominal qui complète le constituant clitique, discursivement non marqué. La surabondance des constituants PRO en français et en espagnol semble tenir à la mise en relief opérée par ce constituant. Un autre phénomène relatif à la mise en relief est le marqueur po, originalité presque emblématique du parler chilien, qui clôture l’élément rhématique de l’énoncé: 3. aquí hay institutos técnicos pero los cabros no po no quieren por qué porque siempre le inculquen no tú tení que de chico le dicen no tú tenís que (SAN06.conc5.médico1.3:42) 4. se casa el hijo también tiene que ser médico o el hijo (del) médico tiene que casarse con una: médica tambien po (SAN06.conc5.médico11.4:42)

Le troisième vecteur discursif est constitué par la gestion de l’interlocutivité. Nous comprenons par interlocutivité la relation interpersonnelle (immédiate) et sociale (permanente, sous-jacente) de la prise de parole. Une seconde fonction de l’emploi de po, consiste ainsi à (r)établir une harmonie argumentative avec l’interlocuteur. Des exemples de la socioindexicalité (non emblématique) sont offerts par la sous-catégorisation sociale opérée par l’opposition de LE / LUI selon le trait [±formel] et le renforcement du queísmo et du dequeísmo en espagnol du Chili tel qu’il ressort de notre corpus Santiago s’articulent

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de manière analogue: si, sur le plan social, l’on peut interpréter ces caractéristiques comme hypo- et hypercorrections (respectivement), elles constituent, sur le plan structurel, de simples surgénéralisations de règles contructionnelles, qui mènent à une sous-spécification syntaxique grammaticale. Il apparaît que les forces discursives observées dans le corpus Santiago sont analogues à celles dégagées du corpus Abidjan. Si le contact linguistique ne constitue donc pas une condition nécessaire à la mise en oeuvre des mécanismes discursifs, il convient d’attribuer les processus structurels responsables des restructurations aux vecteurs de la gestion de l’élaboration du discours: nous définirons le mécanisme comme la force discursive mise en oeuvre en fonction des schémas interactionnels, qui donne l’impulsion à un processus structurel, qui constitue le ‹principe actif› qui donne lieu à un phénomène structurel observable.

5. Conclusion Nous poserons que l’hétérogénéité structurelle des discours est fonction de l’hétérogénéité sociale de la communauté. L’articulation des exigences pragmatiques et des indices sociaux dans les stratégies d’élaboration du discours déterminent l’actualisation des mécanismes et, par là même, les caractéristiques de la dynamique linguistique; les sources structurelles elles, en déterminent le (seul) résultat formel. En corollaire, l’on peut s’interroger sur les caractéristiques de mécanismes réellement spécifiques au contact.

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– (2004): Stratégies et structures du discours rapporté dans les récits abidjanais. In: Marnette / Rosier (edd.): La circulation des discours. Editions De Boeck-Duculot, 297-306. – (2006a): Andanzas entre dinámica lingüística y heterogeneidad discursiva: el camino hacia la realidad lingüística de Santiago de Chile. In: Actos del XIV congreso de la ALFAL, Monterrey (19-23 oct.2006, CD-ROM). – (2006b): Du continuum pragmatico-sémantique aux types prosodiques de LA en (français) abidjanais. In: Queffelec (ed.): Des inventaires lexicaux du français en Afrique à la sociolinguistique urbaine. Hommages à Suzanne Lafage (Le français en Afrique n°21), 303-324. – / Reich, Uli (2006): Urbane Prozesse: Migration und Sprachdynamik in Lima, São Paulo und Abidjan. In: Krefeld, Thomas (ed.): Modellando lo spazio in prospettiva linguistica. Frankfurt: Peter Lang, 215-256. Rabanales, Ambrosio (2000): El español de Chile: presente y futuro. In: Onomazein 5, 135-141. Thomason, Sarah (2001): Language contact: an introduction. Edinburgh: Edinburgh University Press. Varoqueaux-Drevon, Isabelle (1995): Sentiments et comportements linguistiques. La représentation de la langue française en tant que langue de scolarisation en Côte d’Ivoire. In: Cahiers des Sciences Humaines 31/1, 83-101.

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Conséquences du contact avec l’anglais sur la réalisation de la liaison et du schwa en français de Windsor, Canada

1. Introduction La communauté francophone de la région de Windsor dans le sud-ouest de l’Ontario constitue un des plus vieux établissements français en Amérique (cf. Thériault 1999). Depuis 1701, cette communauté traditionnellement rurale s’est transformée peu à peu sous l’effet de l’industrialisation de Windsor, ville jumelle de Detroit aux États-Unis, tout en voyant diminuer son poids démographique relatif dans cette province canadienne. Conséquemment, il est de plus en plus difficile pour les locuteurs français d’éviter l’influence directe de la langue anglaise, en particulier chez les plus jeunes qui très tôt sont en contact quotidien avec la communauté majoritaire. Deux phénomènes constitutifs de la phonologie de toutes les variétés de français retiennent notre attention. En premier lieu, nous regardons la réalisation (ou nonréalisation) du schwa dans différents environnements segmentaux et prosodiques. En français canadien, le schwa est habituellement analysé comme montrant une distribution similaire au français standard (cf. Walker 2001). En second lieu, la réalisation (ou nonréalisation) de la liaison est l’objet de notre étude. Encore une fois, en langage spontané, il est rapporté (cf. Carton 2001) que la distribution de la liaison en français canadien diffère peu du français standard.1 Par contre, plusieurs études montrent que même en dehors des contextes de contact linguistique, le schwa et la liaison montrent des signes évidents de changements en cours tels un nombre accru de schwas finaux prononcés et de moins en moins de liaisons facultatives réalisées (cf. Durand / Laks / Lyche 2002), en plus d’une augmentation du nombre de liaisons sans enchaînement (cf. Encrevé 1988). Nous cherchons donc à savoir si les changements observés dans la réalisation du schwa et de la liaison dans la communauté de la région de Windsor sont attribuables aux tendances observées dans la francophonie mondiale ou encore s’il s’agit de phénomènes locaux potentiellement causés par le contact avec l’anglais. Pour ce faire, il est important dans une première étape de comprendre si les locuteurs les plus fortement influencés par l’anglais montrent un comportement différent des autres membres de la communauté, ce ––––––– 1

Deux autres phénomènes dont nous ne parlerons pas dans cet article ont été étudiés. Il s’agit de l’affrication des occlusives dentales devant les voyelles fermées antérieures, typique du français canadien non acadien et de l’aspiration des occlusives en début de mot, caractéristique de l’anglais nord-américain, fréquemment réalisée en français canadien (cf. Walker 2001).

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qui constitue le principal objectif de la présente étude. À partir d’un corpus de huit locuteurs provenant des données du projet Phonologie du français contemporain (cf. Durand / Laks / Lyche 2005) codé pour le sexe, l’âge et le degré d’influence de l’anglais, des analyses statistiques sont menées à l’aide du logiciel Goldvarb 2.1 (cf. Tagliamonte 2006).

2. Contact avec l’anglais Historiquement, le franco-ontarien appartient au même domaine dialectal que le français parlé au Québec, seule province canadienne majoritairement francophone. Venant de la vallée du St-Laurent, les premiers francophones à peupler la région des Grands Lacs ont conservé tout au long de leur histoire des contacts avec le foyer d’origine. Un afflux constant bien que peu nombreux de nouveaux arrivants a fait en sorte que du point de vue linguistique cette variété de français canadien diffère peu du français parlé dans la vallée du St-Laurent, même si elle est souvent décrite comme une variété conservatrice du dialecte (cf. Mougeon / Canale / Béniak 1979). Les contacts demeurent nombreux entre les deux groupes qui partagent aussi les mêmes médias nationaux de langue française. Le fait de vivre en situation minoritaire constitue le principal facteur de changement pour la variété en question. Malgré l’existence d’écoles, de groupes communautaires et d’institutions publiques opérant en français, il est quasiment impossible d’éviter un contact soutenu avec la langue anglaise, en particulier pour les plus jeunes et ce depuis au moins trois générations. Bien que l’alternance codique ne soit pas un trait majeur de ces jeunes locuteurs (et parfois moins jeunes) l’hésitation lors d’une conversation en français, plusieurs constructions copiées sur l’anglais et des traces évidentes dans la prononciation de l’influence de l’anglais tant au niveau segmental que prosodique sont monnaie courante dans cette communauté. Il devient alors difficile dans un cadre sociolinguistique variationniste de distinguer l’effet de l’âge de celui du contact avec l’anglais comme prédicteur externe de la variation observée dans le parler de la communauté ou encore dans les changements en cours. Plusieurs études récentes ayant comme objet le français de cette région en sont arrivées à cette conclusion. Chow / Poiré (2007) ont isolé l’âge comme principal facteur externe du conditionnement de la variation des /R/ sans pouvoir exclure totalement l’influence de l’anglais tandis que, et l’âge et le contact ont été identifiés comme facteur conditionnant la réalisation des glissantes par Poiré / Gurski / Kelly (2007). Un constat similaire se retrouve dans Poiré / Kelly / Williams (2006) au sujet de la réalisation des voyelles nasales. Nous cherchons donc principalement à l’aide d’une analyse statistique à régressions à distinguer l’importance du facteur âge de celui de l’influence de l’anglais dans la réalisation du schwa et de la liaison, deux aspects fondamentaux de la phonologie française susceptibles d’être l’objet de changement en cours dans plusieurs communautés d’Amérique et d’Europe. La section suivante explique comment les données ont été codées dans le but de réaliser une analyse statistique de la variation dans la réalisation du schwa et de la liaison. Les

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résultats sont ensuite présentés. Une discussion de ces résultats vient clore notre présentation.

3. Méthodologie 3.1 Le corpus Le protocole d’enquête du projet Phonologie du français contemporain (PFC) vise à faire accomplir quatre tâches à douze locuteurs2 d’un même point d’enquête (cf. Durand / Lyche 2003). Il s’agit de la lecture d’un texte et d’une liste de mots, d’une entrevue semidirigée de type sociolinguistique et d’une conversation libre entre deux des locuteurs choisis. Quatre hommes et quatre femmes du corpus PFC Windsor (cf. Poiré / Kelly / Williams 2006) ont été retenus. Pour les fins d’analyse statistique, en plus du sexe, deux facteurs non linguistiques ont été inclus dans la base de données. Nous avons divisé les locuteurs en quatre groupes d’âge (1 = 17-33, 2 = 41-43, 3 = 61-66, 4 = 74-84) et deux groupes selon l’influence relative de l’anglais sur le français (1 = usage non restreint du français, 2 = usage restreint). Cet indice d’usage et de restriction est inspiré des travaux de Béniak / Mougeon (1989) et Mougeon / Béniak (1991) et établi à partir des renseignements obtenus lors de la conversation semi-dirigée. Le tableau 1 résume la répartition des locuteurs selon ces trois facteurs. Tableau 1. Facteurs sociaux de huit locuteurs analysés pour la réalisation du schwa et de la liaison Groupes Indice Locuteur Âge Sexe d’âge français L 74 1 2 f Rg 74 1 2 m H 65 2 1 f Rb 66 2 1 m D 43 3 2 f C 41 3 2 m Rn 17 4 1 f M 21 4 2 m

––––––– 2

Pour la méthode de sélection des locuteurs dans une telle enquête linguistique, cf. Milroy / Gordon (2003).

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3.2 Le codage de schwa Il est important de noter en premier lieu qu’il s’agit de coder les sites de réalisation potentielle d’un schwa. Par exemple, le mot tellement peut être prononcé en deux ou trois syllabes selon la réalisation du schwa correspondant au deuxième e graphique. Le codage du schwa repose sur trois groupes de facteurs.3 Le premier a trait à la position relative de la syllabe comportant un schwa dans le mot, que celui ne comporte qu’une seule syllabe (l’article le par exemple) ou plus d’une (depuis, tellement). Quatre possibilités sont retenues: un monosyllabique (de), la première syllabe d’un polysyllabique (demain, demander), la syllabe non finale et non initiale d’un polysyllabique (tellement) et la fin de mot à finale consonantique prononcée avec ou sans e graphique (mère, mer). Le second groupe de facteurs prend en compte le contexte gauche de la syllabe contenant un schwa (consonne en coda dans la syllabe précédente, voyelle de la syllabe précédente, début de groupe intonatif). Finalement, le troisième groupe spécifie le contexte droit de cette syllabe (consonne, voyelle, frontière de groupe intonatif).

3.3 Le codage de la liaison Le codage PFC vise aussi à décrire l’ensemble des réalisations possibles des liaisons obligatoires, facultatives et interdites.4 La nature de la consonne de liaison ainsi que les conséquences du phénomène sur l’environnement immédiat (par exemple, la dénasalisation de certaines voyelles nasales appartenant au mot liaisonnant) sont aussi incorporées à la base de données. Certaines réalisations sont quasiment absentes de notre corpus comme par exemple la liaison épenthétique et la liaison non enchaînée. Nous n’avons donc retenu comme facteur structuraux que le nombre de syllabes du mot liaisonnant (monosyllabique, plus d’une syllabe), les autres facteurs n’ayant eu aucun impact sur l’analyse statistique. Les trois facteurs externes (âge, sexe et influence de l’anglais) sont aussi incorporés à l’analyse.

3.4 L’analyse statistique Nous avons analysé les deux ensembles de données (schwa et liaison) à l’aide du logiciel Goldvarb 2.1 (http://www.york.ac.uk/depts/lang/webstuff/goldvarb/, consulté en mai 2007) qui attribue à chaque facteur un poids relatif dans la réalisation de la variable dépendante (réalisation du schwa ou de la liaison). Dans un premier temps, les facteurs ne contribuant aucunement à la variation du phénomène sont éliminés. Ensuite, chaque facteur restant reçoit un indice allant de 0.000 à 1.000. Plus un indice est supérieur à 0.500, plus il contribue à l’apparition de la variable. Un indice inférieur à 0.500 indique une participation ––––––– 3

4

La justification du choix de ces facteurs est expliquée dans Durand / Lyche (2003). Rappelons seulement que la distribution du e graphique est un excellent prédicteur des lieux de réalisation potentielle du schwa. Selon les typologies de Delattre (1947) et Encrevé (1988).

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moindre au conditionnement de la variable. L’étendue de la variation entre les indices est un bon indicateur de l’importance de la variable. Ce type d’analyse traitant les variables linguistique binaires, par exemple, présence ou absence du schwa, a été utilisé avec succès depuis plus de trente ans (cf. Cedergren / Sankoff 1974) dans le cadre de la sociolinguitique variationniste et permet de pondérer le rôle respectif des facteurs tant structuraux que sociaux.

3.5 Synthèse du codage Pour les fins de l’analyse statistique de la réalisation du schwa et de la liaison, trois facteurs non structuraux ont été retenus: l’âge, le sexe et l’influence relative de l’anglais (indice d’usage et de restriction ou indice français). Les facteurs structuraux varient selon le phénomène étudié. En ce qui concerne la liaison, seule la nature du mot liaisonnant s’est avérée pertinente. Dans le cas du schwa, trois groupes de facteurs ont dû être inclus dans la base de donnée: la position du schwa dans le mot, le contexte gauche et le contexte droit de la syllabe contenant la voyelle en question. Le tableau suivant résume tous les facteurs retenus. Tableau 2. Les facteurs retenus pour les analyses statistiques (variables indépendantes). Facteurs non structuraux: Âge 17-33 41-43 61-66 74-84 Sexe Homme Femme Usage et restriction Plus restreint Moins restreint Facteurs structuraux: Codage liaison: Nature du mot liaisonnant Monosyllabique Bisyllabique et plus Codage de schwa: Position Monosyllabique Première syllabe d’un polysyllabique Syllabe non finale, non initiale d’un Polysyllabique Fin de mot Contexte gauche Consonne Voyelle Début de groupe intonatif Contexte droit Consonne Voyelle Fin de groupe intonatif

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Nous verrons dans la section suivante que tous les facteurs codés n’ont pas été retenus par l’analyse statistique, voulant dire qu’ils ne sont pas impliqués dans la variation de la réalisation des variables à l’étude.

4. Résultats 4.1 La réalisation de schwa Le tableau 3 résume la distribution des schwas pour l’ensemble du corpus. Tableau 3. Réalisation phonétique de schwa (8 locuteurs) Total Réalisé Non réalisé # 1434 325 1109 Schwa % 100 23 77 Notons que le grand nombre de schwas non réalisés est attribuable au fait que tous les mots à finale consonantique (par exemple mère) constituent une cible potentielle de réalisation de la voyelle et sont donc pris en compte et codés. Mais tout comme pour le français standard, le francais canadien ne réalise habituellement pas le schwa final sauf pour des raisons rythmiques ou phonotactiques. Le tableau 4 présente les résultats de l’analyse statistique pour la non-réalisation de schwa. Tableau 4. Facteurs favorisant la non-réalisation de schwa. (résultats de GoldVarb 2.1) Corrected mean (Input): 0.924 Log likelihood: -350.189 Significance: 0.036 Facteurs évalués Poids Étendue Fin de polysyllabique 0.837 Milieu de mot 0.326 Type de mot et position 81 Première syllabe 0.033 Monosyllabique 0.026 1 (les plus âgés) 0.831 3 0.628 Âge 59 2 0.283 4 (les moins âgés) 0.233 1 (moins restreints) 0.730 Indice français 36 2 (plus restreints) 0.363 Consonne 0.561 Contexte à droite Voyelle 0.428 19 Frontière 0.367

Conséquences du contact avec l´anglais sur la réalisation de la liaison et du schwa en français de Windsor

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On remarque premièrement que parmi les facteurs structuraux le contexte gauche est non significatif (absent du tableau). Les autres facteurs sont présentés par ordre d’importance selon l’ampleur de l’étendue de variation. Si, sans surprise, le type de mot et la position du site de réalisation potentielle dans ce mot demeure le principal facteur impliqué dans le phénomène, le plus significatif pour nous demeure l’interaction de deux des trois facteurs non structuraux (le sexe des locuteurs n’a pas été retenu par l’analyse), à savoir l’âge et l’indice français. Dans le cas de l’âge, les deux groupes extrêmes s’opposent clairement, les plus jeunes semblant se démarquer de la tendance traditionnelle tant canadienne qu’européenne du nord qui est de ne pas réaliser le schwa. Par contre, les groupes d’âge intermédiaires sont inversés et ne respectent pas la tendance de la non-réalisation du schwa allant des plus vieux aux plus jeunes. Il est important de noter que les deux locuteurs dans la soixantaine (groupe d’âge 2) sont restreints dans leur usage alors que les deux locuteurs dans la quarantaine (groupe d’âge 3) ne le sont pas (cf. tableau 1). Les résultats de l’analyse statistique pour l’indice français montrent clairement que les locuteurs plus restreints tendent fortement à ne pas réaliser la voyelle en question. Nous pensons donc que l’interaction entre l’âge et la restriction d’usage se manifeste ici de manière complexe, ne nous permettant pas d’isoler clairement l’influence des deux facteurs. Il devient alors difficile d’affirmer à partir d’un corpus de cette taille qu’il s’agit d’un changement en cours dans la communauté (moins de schwas réalisés en fonction de l’âge) ou encore qu’il s’agit d’une conséquence du contact avec l’anglais (les plus restreints réalisant moins de schwas).

4.2 La réalisation de la liaison Le tableau 5 donne pour les huit locuteurs le nombre de liaisons réalisées ou non. Rappelons que tous les sites de liaisons possibles ou impossibles, ou encore facultatives, font l’objet d’un codage. Tableau 5. Réalisation de la consonne de liaison (8 locuteurs) Total Réalisée Non réalisée # 744 314 430 Liaison % 100 42 58 Le tableau 6 précise les résultats de l’analyse statistique. La variable dépendante est la réalisation phonétique de la consonne de liaison. Tableau 6. Facteurs favorisant la liaison. (résultats de GoldVarb 2.1) Corrected mean (Input): 0.317 Log likelihood: -402.330 Significance: 0.013 Facteurs évalués Poids Étendue Monosyllabique 0.721 Type de mot 67 Polysyllabique 0.048 Femmes 0.544 Sexe 10 Hommes 0.437

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Contrairement à la réalisation du schwa, il est remarquable que la réalisation de la liaison soit principalement conditionnée par la longueur du mot liaisonnant (le monosyllabique étant le principal prédicteur). En ce qui a trait aux facteurs externes, ni l’âge ni l’influence de l’anglais ne contribuent à la variabilité du phénomène (absents du tableau). Une très légère différence liée au sexe (étendue de 10 seulement) ressort des résultats de l’analyse statistique.

5. Discussion et conclusion Dans le traitement du schwa, les facteurs d’âge et d’influence de l’anglais ressortent comme significatifs et il est peu probable qu’une séparation claire de leur influence sur la réalisation de cette voyelle soit possible. Il s’agit en fait d’un exemple classique d’une variation dans le système linguistique conditionnée par l’interaction de plusieurs facteurs internes et externes à la langue. Par contre, nous croyons qu’il sera possible d’isoler le changement propre au français canadien en comparant les données de cette étude à celles impliquant des communautés canadiennes ne subissant pas l’influence de la langue anglaise. Le défi sera alors d’essayer de comprendre quels aspects de la phonologie du français sont modifiés sous l’influence de l’anglais. Par exemple, si l’organisation rythmique de la langue change, il se peut que les positions fortes ou faibles réglant la syncope du schwa changent aussi, entraînant de ce fait une distribution différente des voyelles réalisées ou non. Dans le cas de la liaison, aucun des deux facteurs qui nous intéressent (âge et indice français) ne s’est montré significatif. Par contre, le facteur structural du type de mot favorise fortement la liaison après des mots monosyllabiques. On peut donc conclure que dans le cas de la liaison, le système demeure très stable dans cette communauté et que les principes qui sous-tendent le phénomène, outre la nature du mot liaisonnant, ne font pas l’objet d’une influence de la langue anglaise. Encore une fois, une comparaison avec d’autres communautés canadiennes ou européennes nous permettra de mieux comprendre s’il s’agit d’une exception dans la francophonie.

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La interferencia de las L1 de los inmigrantes (chino, árabe y rumano) en la interlengua española en cuanto a la expresión de la definitud

1. Introducción Autores como Larsen-Freeman / Long 1994, y Odlin 2003, entre otros, defienden la idea de que los errores que aparecen en la adquisición de una lengua meta (L2) pueden deberse tanto a las interferencias de la lengua materna (L1) de los aprendices con la L2, como a factores universales comunes a cualquier proceso de aprendizaje. No existe un acuerdo sobre el porcentaje de errores que corresponden a la interferencia entre la L1 y la L2 (cf. el capítulo 1 de S. Fernández 1997, para esta discusión). Sin embargo, algunos errores en la interlengua responden claramente a patrones sintácticos de la lengua L1 y no son comunes a otros grupos de aprendices con una L1 distinta. Así, por ejemplo, en aprendices de catalán cuya lengua materna es el penyabí, lengua en que los complementos del nombre se anteponen, es común hallar errores como los de (1) en los que se replica la estructura de la lengua materna. (1) a. gel de jocs ‹juegos de hielo› [L1 penyabí]

(Contreras / Fullana 2005: 35)

b. ESO de segon ‹segundo de ESO›

Asimismo, en el grupo de aprendices rumano, es habitual encontrar el uso de estar por ser y viceversa, calco de la construcción que el verbo copulativo tiene en rumano. (2) a. (un lugar) pero está muy guapo y para mí [L1 rumano] (Lamuela 2005) b. cuando te miran detrás está muy fácil c. la jefa del bar donde fui yo camarero estaba de Perú, d. yo soy loco por la música de mi país

En este trabajo analizaremos cómo se manifiesta la definitud en la interlengua de aprendices de español (L2) cuyas L1 son el chino, el árabe y el rumano. Hemos escogido estas L1 porque las dos primeras (chino y árabe) son distintas tipológicamente respecto a la ––––––– 1

Esta investigación ha sido subvencionada por el MCyT (HUM 2006-07317 y la Generalitat de Catalunya (2005 SGR 00427).

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L2 mientras que el rumano pertenece al grupo de las lenguas románicas, justamente como la L2 elegida. La expresión de la definitud en esta lengua presenta divergencias respecto al español. Creemos que esta estrategia comparativa nos permitirá detectar con más fiabilidad qué errores se deben a la interferencia de la L1 de los aprendices y cuáles cabe imputar a la secuencia universal de aprendizaje. El SN es una estructura compleja que integra aspectos léxicos y funcionales, y que resulta difícil de manejar en toda su versatilidad por un aprendiz de ELE. En este trabajo hemos analizado los errores que tienen que ver con la expresión de la definitud en el corpus recopilado por el GALI (Gabinet d’Assessorament Lingüístic per a la Immigració). Se ha partido de un corpus de 18 transcripciones codificadas, 6 por cada grupo de L1 estudiada. Los entrevistados son hablantes adultos que llevan en España entre 6 meses y 2 años de residencia. La mayoría de ellos no ha recibido instrucción formal en español. Poseen competencias lingüísticas diversas en la L2, hecho que tiene que ver con el grado de inmersión en la lengua 2, con la habilidad natural de los aprendices o con otras variables de índole sociolingüística. En esta primera fase del proyecto del GALI se han estudiado los contrastes tipológicos entre las distintas interlenguas pero no se ha hecho un estudio longitudinal (como en Fernández 1997), siguiendo la pista a los entrevistados durante un determinado periodo de tiempo para verificar sus progresos en el manejo de la interlengua y para proponer estrategias de reparación según los errores cometidos. El GALI tiene previsto emprender un estudio longitudinal, una vez estén establecidas las pautas de diferenciación entre las diversas interlenguas de acuerdo con la L1 de los aprendices. La expresión de la definitud presenta grandes dificultades para los hablantes de ELE porque supone el conocimiento y manejo de habilidades discursivas y gramaticales para introducir referentes nuevos en el discurso o para retomar otros que son conocidos por los interlocutores. Aunque haya unas constantes en su uso, a veces también depende del enfoque que el hablante da a la experiencia que comunica. Por lo general, los hablantes con un menor manejo de la L2, en fases muy tempranas de su interlengua, tienen la tendencia de introducir solo el elemento léxico, prescindiendo de cualquier actualizador, como ocurre con los pídgins procedentes de lenguas flexivas. En otros casos, se hace difícil discernir si la omisión del actualizador tiene que ver con el carácter orientado de la pregunta propuesta por el entrevistador. El trabajo se organiza del modo siguiente. En el apartado 2 se explicará qué cabe entender por definitiud. En el 3 se describirán brevemente las estrategias que tienen las distintas L1 para expresar definitud. En el apartado 4 explicaremos los mecanismos en que se manifiesta la definitud en español. Los errores de interlengua se analizarán en la sección 5 y, en la 6, se propondrán las líneas maestras que, a nuestro entender, caracterizan los errores de los distintos grupos de interlenguas analizadas.

2. La definitud: la expresión de la definitud en español Como es bien sabido, un SN es definido cuando el hablante lo utiliza para señalar un referente conocido por él y que supone que también lo será para el receptor (cf. (3)).

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(3) a. He visto a su madre. (definido) b. El director está de viaje. (definido)

La indefinitud de un SN puede ser de dos tipos: específica, si el hablante indica un referente conocido por él pero no de su interlocutor, y no específica (o genérica), cuando el hablante no señala un referente específico. (4) a. He comprado un coche. (indefinido específico) b. Un coche es peor inversión que un piso. (indefinido genérico)

Como han señalado muchos autores (Leonetti 1999a; 1999b y las referencias allí citadas), la definitud del SN no va necesariamente ligada a la presencia de artículos, aunque así sea en la mayoría de ocasiones. La caracterización de la definitud solo puede hacerse en términos pragmáticos. Por una parte, depende de los participantes en el acto comunicativo como referente, hablante, oyente, etc. y, por otro, por el modo como se articula la información dada (o temática) y nueva (o remática) en el ámbito de la frase. En español, los argumentos se realizan como sintagmas nominales. Es decir, como construcciones cuyo núcleo es un sustantivo. Del tipo de sustantivo dependerá la complejidad del sintagma a que dé lugar. Los nombres propios y los pronombres son inherentemente referenciales y definidos puesto que se asocian a un referente no ambiguo (cf. Longobardi 1994). (5) a. Neruda fue cónsul en Rangún. b. Picasso vivió hasta los 90 años.

Los sustantivos comunes tienen una proyección más compleja y, para desempeñar algunas de sus funciones, necesitan la presencia de especificadores. Un sujeto preverbal exige un artículo determinado puesto que se trata de una información dada (si es que está conectada con el discurso previo) y hace referencia a una entidad conocida por ambos interlocutores. La ausencia del artículo (cf. (6a)) comporta la agramaticalidad de la secuencia, excepto si aparece modificado por complementos (cf. (7a)) o bien en estructuras coordinadas (cf. (7b)) (cf. Laca 1999: 908 y ss.). (6) a. *Coche está aparcado frente a la puerta. b. El coche está aparcado frente a la puerta. (7) a. Eléctricas letras verdes intermitentes anunciaron la llegada del vuelo. [M. Vázquez Montalbán, El delantero centro fue asesinado al atardecer, 213] (Ejemplos tomados de Laca: 1999: 908)

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b. Fotógrafos y cámaras de televisión llegaban con la obsesión puesta en los ojos y en los codos. [M. Vázquez Montalbán, El delantero centro fue asesinado al atardecer, 213]2

La hegemonía que tiene la presencia del artículo determinado en la posición de sujeto contrasta con las alternancias que se producen en la posición de complemento directo o de complemento de régimen verbal. (8) a. Encontré Ø secretaria. b. Encontré una secretaria / a una secretaria. c. Encontré a la secretaria. (9) a. Llenó la botella con Ø vino. b. Llenó la botella con el vino. (10) a. Adornó la habitación con Ø cuadros. b. Adornó la habitación con unos cuadros. c. Adornó la habitación con los cuadros.

En los ejemplos de (8)-(10) pueden apreciarse perfectamente las lecturas definida, indefinida específica e indefinida genérica motivadas por la presencia o ausencia de determinante ante nombres escuetos. La selección del determinante puede variar si el nombre aparece modificado por complementos. (11) a. Llenó la botella con *(un) vino extraordinario. (cf. (9)) b. Adornó la habitación con *(unos) cuadros horribles. (cf. (10))

La presencia o ausencia de artículo ante sustantivos precedidos por una preposición se rige por principios similares a los constatados para los casos del complemento directo y el complemento de régimen. Si bien en este caso abundan asimetrías –en ocasiones sujetas a gran variación dialectal– como las que presentamos sucintamente en (13). (12) a. El robo de Ø coches b. El robo de unos coches c. El robo de los coches

––––––– 2

Lo mismo ocurre, según indica Laca 1999: 908, con sujetos en plural modificados por elementos como así, de estos / esos, de este tipo, como este / ese que son semánticamente análogos a demostrativos, aunque, debido al plural, designan a todos los individuos de la clase referida por el sustantivo. (i) a. Muebles así, de estos / esos, de este tipo, como este / ese ya no se encuentran. b. Es una suerte que existan personas así, de estas / esas, de este tipo, como esta / esa.

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(13) a. Vamos a casa / *a hospital (ejemplos tomados de Di Tullio 2005: 149) b. el aspecto de mendigo/ #el aspecto del mendigo3

3. Expresión de la definitud en las L1 estudiadas 3.1 Expresión de la definitud en chino El chino es una lengua aislante en la que los nombres y adjetivos son invariables en cuanto a marcas de flexión para el género, número u otro tipo de información morfológica. A diferencia del español, en chino no existen artículos, por lo que la determinación del sustantivo depende o bien de las partículas que acompañan al nombre o bien de la posición que este ocupa en la oración. Serán definidos aquellos nombres que estén acompañados de demostrativos, (14), o posesivos, (15), en tanto que recibirán una interpretación indefinida aquellos que se combinen con ciertos cuantificadores o con numerales (Gràcia 2003; Norman 1988). (14) nèi bĕn shū aquel CLAS. libro (15) wo de chèn shān4 yo PART. camisa (‹mi camisa›) (16) a. yī un

zhī CLAS.

qiān bĭ lápiz

b. wŭ jià fēi jī cinco CLAS. avión

Como se puede observar en los ejemplos de (16), los sustantivos suelen estar introducidos por unos elementos, denominados clasificadores, que varían según el tipo de clase a la cual pertenece el nombre en cuestión. Las clases, por lo general, se establecen de acuerdo con la forma o propiedades de la entidad a la cual se refiere el sustantivo.

––––––– 3

4

No es objetivo de este trabajo describir minuciosamente la casuística que presentan las alternancias presencia / ausencia de determinante. Solo las necesarias para poder explicar las interferencias entre la L1 de los aprendices y el español. Para más detalles, cf. Laca 1999: §§13.4.4., 13.4.5. y 13.4.6. Como vemos en la glosa de (15), el chino no posee pronombres o adjetivos posesivos. Para expresar la posesión, se emplean los pronombres personales, generalmente seguidos de la partícula de, delante del nombre.

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Tal como se ha comentado al principio de este apartado, en chino el carácter definido de un nombre puede obtenerse también mediante el orden de palabras en la frase.5 En el ejemplo (17) se observa la alternancia entre la interpretación definida, (17b), e indefinida del sustantivo libro (shū), (17a). La definitud se marca configuracionalmente mediante la anteposición, (17b) (datos de Norman 1988: 160). (17) a. Wŏ mèi gĕi ta shū yo NEG dar ella libro (‹(yo) le di un libro a ella›) b. Shū wŏ mèi gĕi ta libro yo NEG dar ella (‹(yo) le di el libro a ella›)

3.2 Expresión de la definitud en árabe Los nombres y los adjetivos en árabe pueden tener marcas de flexión de género (masculino y femenino), número (singular, dual y plural), caso (nominativo, acusativo y genitivo) y definitud (definido e indefinido). El artículo definido del español corresponde al morfema al-, que se adjunta como prefijo a la forma nominal en árabe. Esta forma carece de flexión tanto de género como de número. (18) almalikatu DEFreina (‹la reina›)

En el árabe estándar moderno la indefinitud tiende a expresarse mediante la ausencia del morfema de definitud, (19a). Sin embargo, en árabe clásico se expresaba a través del morfema -n, que se adjuntaba como sufijo al nombre, (19b). (19) a. malikatu reina (‹una reina›) b. malikatun reina + INDEF. (‹una reina›)

––––––– 5

Como ocurre también en español, el orden de los elementos en la oración está determinado por las funciones discursivas (tema – rema) y no sintácticas, tal como se muestra en (i). (i) a. Wŏ mài gěi tā huàr le. [REMA] yo vender a él pintura PERF. b. Huàr, wŏ mài gěi tā le. [TEMA] pintura yo vender a él PERF.

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Los numerales se sitúan en una posición prenominal en todos los casos6, (20), mientras que los demostrativos preceden al nombre sólo cuando éste es definido, (21). Si es indefinido, debe posponerse, (22). (20) talātu kutubin tres libros (21) hāulāi nnisā estas DEFmujeres (‹estas mujeres›) (22) kitābuka hādā libro + tuyo este (‹este libro tuyo›)

Para expresar la posesión en árabe, el pronombre personal se adjunta al nombre que, necesariamente, tiene que ser indefinido. A diferencia del español, el posesivo concuerda en género y número con el poseedor y no con el objeto poseído. (23) tullābu + ka estudiantesNOM + tuyo ‹tus estudiantes›

3.3 Expresión de la definitud en rumano El nombre en rumano tiene flexión de género (masculino, femenino o neutro) y de número (singular o plural). Puede ser determinado o indeterminado. Posee asimismo una declinación con dos casos: nominativo / acusativo y genitivo / dativo. En general, no existe un morfema unívoco para cada una de estas informaciones gramaticales y predomina el sincretismo (cf. Lamuela 2005). La distinción entre nombres determinados e indeterminados se expresa mediante un artículo pospuesto. (24) a. lup / lupul

‹(un) lobo› / ‹el lobo›

b. capră / capra ‹(una) cabra› / ‹la cabra› c. lupi / lupii

‹(unos) lobos› / ‹los lobos›

d. capre / caprele ‹(unas) cabras› / ‹las cabras›

––––––– 6

Tal como ocurre en español, los complementos del sustantivo van pospuestos al núcleo nominal. (i) a. allugatu l`arabīyatu DEFlengua(SG, MASC, NOM) DEFárabe(SG, MASC, NOM) (‹la lengua árabe›) b. kitābu lwaladi libro(SG, MASC, NOM) DEFniño(SG, MASC, GEN) (‹el libro del niño›).

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El artículo indeterminado funciona, a grandes rasgos, como el artículo indefinido en español y se expresa como un elemento antepuesto al nombre. (25) a. un lup ‹un lobo› b. o capră ‹una cabra›

Los adjetivos posesivos van pospuestos al nombre determinado y concuerdan en género y número con el nombre, (26). (26) câinele tău perro+DET tuyo

En rumano se combinan la distinción de caso y el uso de preposiciones distintas para caracterizar funcionalmente los elementos de la frase. Así pues, el sujeto va en caso nominativo / acusativo. (27) a. Drumu-l se îngustează camino.N-A det. PRON estrecha.Pl. ‹El camino se estrecha› b. Pisica bea lapte gato.N-A.DET beber.pl. leche N-A ‹El gato bebe leche›

El complemento directo no humano es un sintagma nominal en caso nominativo / acusativo vinculado directamente con el verbo. (28) Închideti această usă cerrar.IMP.DEM. puerta.N-A ‹¡Cerrad esta puerta!›

Sin embargo, el complemento directo va introducido por la preposición pe cuando se refiere a seres humanos (cf. (29)) y también a animales o entidades inanimadas personalizadas de alguna forma, por ejemplo, los animales designados por un nombre propio y a colectivos presentados como un ente global (cf. (30)). (29) a. L-am întâlnit pe Ion (ejemplos tomados de Lamuela 2005) PRON.-encontrar.PERF PREP. Ion ‹He encontrado a Ion› b. Îl vezi pe profesorul Ionescu? PRON.veure.pl. PREP. professor.DET. Ionescu ‹¿Ves al profesor Ionescu?› (30) a. Vulpea l-a păcălit pe urs Zorro.DET. PRON.-engañar.PERF PREP. ós ‹El zorro ha engañado al oso›

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b. Steaua a învins pe Dinamo Steaua ganar.PERF. PREP. Dinamo ‹El Steaua ha ganado al Dinamo›

La preposición pe permite distinguir entre complementos directos humanos indeterminados genéricos (referidos a todos los miembros de su especie) (cf. (31a)), indeterminados específicos (cf. (31b)) y nombres escuetos (cf. (31c)). (31) a. Caut un profesor busca.Pl. un profesor ‹Busco un profesor› b. Caut pe un profesor busca.Pl. PREP. un profesor ‹Busco un profesor (concreto)› c. Caut Ø profesor busca.Pl. profesor ‹Busco profesor›

4. Errores en la interlengua De acuerdo con el análisis de los datos, la omisión del artículo determinado es el error más habitual en los aprendices de todas las lenguas y la regla más afectada es la que pide la presencia del artículo determinado para los nombres que ya han sido actualizados (porque ya han aparecido antes en el discurso, se determinan en la misma frase mediante un complemento o bien el contexto los delimita claramente). También se produce la presencia innecesaria en nombres no actualizados, aunque en mucha menor medida. Con el artículo indeterminado, el error más repetido es la omisión, mientras que la elección entre determinado e indeterminado crea pocas dificultades. En cuanto al resto de determinantes, su adquisición presenta pocos problemas, puesto que hay pocos errores en todos los grupos. Los que presentan más resistencia son los demostrativos, debido a la complejidad de sus valores deícticos y correferenciales, y también a las diferencias con la L1. En el caso de los posesivos, es habitual usarlos de forma redundante, ignorando el valor posesivo del artículo en español, o bien posponerlos en el grupo árabe, tema del que hablaremos en el §5.

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4.1 Errores en el grupo chino

4.1.1 Definido El error dominante en el grupo chino es la omisión del artículo tanto en su valor genérico, (32), como referencial, (33). En este segundo caso, el artículo definido supone la recuperación de un referente conocido o bien que ha aparecido antes en el discurso. (32) a. *MAO: los perros, los gatos, los pájaros +... *YIN: ah, sí, sí +... *MAO: te gustan? *YIN: te gusta Ø perro. b. *MAO: qué es lo que más te ha gustado. *HUW: e: Ø paella.

La omisión del artículo afecta tanto a sujetos preverbales, (33) (cf. (6)), como los objetos directos, (34) o los sintagmas nominales precedidos por una preposición, (35). (33) a. *YIN: y Ø perro, Ø perro, oi, entra aquí b. *YIN: Ø perro tirar. (34) *MAO: ha encontrado la rana? *YIN: ah, sí, ha encontrado Ø rana, sí. (35) a. *MAO: y aquí? *YIN: aquí, e perro con Ø niña, niña dormir, e así [?]. b. *HUW: los programas son para Ø empresa y Ø banco

Aunque no tenemos un balance cuantitativo y hay bastante variación entre un hablante y otro, la omisión del artículo definido sigue una correlación de menor a mayor: sujeto preverbal, sujeto posverbal, objeto directo, objeto de la preposición, aunque algunos hablantes como YIN, con un estadio de interlengua poco avanzado, lo omitan sistemáticamente. Es mucho más marcado el error de incluir el artículo definido cuando no se debería utilizar, como ilustra un ejemplo como el de (36). (36) *HUW: porque aquí la cultura la cultura del China es muy diferente

El artículo indefinido se omite, aunque en menor grado que el definido, ante sustantivos que desempeñan funciones diversas. (37) a. *HUW: ai:, tengo animales en China de mi e:n mi casa. *MAO: qué animales? *HUW: Ø perro y Ø [= kaDo] [*] +...

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b. *MAO: qué es una ciudad grande, es un pueblo? *YIN: m: yo: +... *YIN: es Ø ciuda(d). *MAO: es una ciudad. c. *MAO: qué es esto? *YIN: Ø pajar. d. *MAO: venga, qué hay aquí? *YIN: 0. *MAO: Ø niño +... *YIN: sí, Ø niño con Ø perro. e. *HUW: sí pero [= in] [*] normalmente [= in] [*] casa de Ø amiga.

Pese a que la posesión se expresa mediante estructuras distintas en chino y español, se encuentran pocos errores en la interlengua. En hablantes con un estadio de interlengua poco desarrollado (por ejemplo, YIN) se omite el posesivo, (38) y (39). En etapas de interlengua más avanzadas el posesivo comparece, aunque, en ocasiones, sin la concordancia correcta.7 La omisión del posesivo menudea en las transcripciones de hablantes que también eliden el artículo, probablemente porque no han desarrollado aún en su gramática interiorizada la capa funcional del SDet, que contiene ambos elementos. (38) *HUW: Ø hermana es más mayor y Ø hermano es más joven (39) *HUW: sí, mi ciudad, China, allí en Ø ciudad

4.2 Errores en el grupo árabe A diferencia del chino, el árabe sí posee una marca de definitud. Sin embargo, hay numerosos casos de omisión del artículo definido en funciones diversas. (40) a. *MAO: cuál es el deporte que te gusta? *RAN: bueno, Ø basketball@eng +... *MAO: hm. *RAN: Ø futbol, Ø balonmano. b. *MAO: si lo quiero preparar yo, qué tengo que hacer? *RAN: a ver +... *MAO: irme a un restaurante, no. *RAN: te traigo Ø lista de mi madre, [?] +...

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Como el chino no es una lengua flexiva, los errores más frecuentes son los de concordancia entre el artículo, el nombre y el adjetivo, tanto en género (el ciudad, una mes, la cine, un gente, la tamaño, de la profesor, una restaurante, la chico, una chico, lo chico, lo niño, los familias, la perrito, un pareja, la perro, la ciervo, la tronco), como en número (un meses, un pueblos, mi compañeros, una empresas, una patatas, los pollo, luego pone la comidas, los perro, la abejas).

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c. *RAN: xxx el chico ha subido [//] el árbol [= e] [*] está buscando en Ø bujero, en Ø árbol.

Tampoco son frecuentes los errores en el uso de los posesivos, aunque pueden encontrarse numerosos casos de posposición, sobre todo en hablantes con un estadio de interlengua muy incipiente, lo que constituye un calco claro de la estructura correspondiente en la lengua 1 (cf. (22)). (41) *ZHD: porque [//] estaba muy guapa que: +... *MAO: más que las hijas. *ZHD: más que las hijas suyas.

4.3 Errores en el grupo rumano Como ocurría con los grupos de L1 analizados antes, la omisión del artículo definido es el error más frecuente. No hemos encontrado ningún caso de omisión en sujetos preverbales, es poco habitual con el objeto directo, (42), y más abundante cuando está regido por preposición (43), siguiendo la jerarquización entre presencia y ausencia de determinante que porpone Laca (1999). (42) *MAO: qué es, durante todo el colegio? *COC: Ø francés lo tenía desde más antes. (43) a.*MAO: qué otras lenguas estudiabais? *DOD: [/] en Ø clase primeras estudia: y: la inglés y la alemán. b.*DOD: es una agente de policía y sabe todas sus trampas y lo quiere meter a Ø cárcel y poco a poco [//] casi, empieza con los pies y se va arriba, arriba y por la fin de película lo meten a [/] la: cárcel. c. *DOD: últimamente que domingo está más trabajo, te vas a la once, a las doce y Ø lunes cuando está más más difícil la vía, te vas a Ø fábrica a las seis de Ø mañana.

En rumano los casos de omisión del artículo indeterminado siguen los mismos patrones observados para el artículo determinado. No se eliden frente a sujetos preverbales, son escasos con objetos directos y más frecuentes después de preposición. (44) *MAO: qué es lo que más miras en la tele? *DOD: mira, ahora, es que antes no tenía, me cambiaré el piso y no tenía tele, ahora me compro Ø tele pero no me miro mucho (45) a. *DOD: después te vas [/] en < Ø taller> [= taler] [*] de esto con coches+... b. *MAO: cómo albóndigas? *DOD: sí, lo pones aquí e:, en la cocina:, lo haces [/] con Ø olla, no sé quántos minutos lo pones +...

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6. Interpretación de los errores Los errores en la interlengua hallados en los grupos de aprendices dan lugar a un mapa en el que pueden observarse, por un lado, tendencias generales comunes a cualquier proceso de aprendizaje y otras que revelan claramente interferencias con la L1. Como hemos advertido antes, la base de datos de que disponemos no nos permite actualmente hacer un estudio dinámico del proceso de aprendizaje, por lo que algunas de las tendencias apuntadas en este apartado deberán cotejarse más adelante con datos procedentes de un corpus de carácter longitudinal. Sin embargo, como las entrevistas de algunos hablantes tipifican en algunos casos estadios diferentes de evolución en la interlengua, sí pueden hacerse algunas suposiciones acerca de cómo se expresa la definitud en ELE, sobre todo si se comparan con datos procedentes de la adquisión del español y del catalán como L1. El error más común en todos los grupos es la omisión del artículo determinado. Sin embargo, este error es más frecuente en el grupo chino que en los dos restantes. Esto puede deberse, por un lado, a que los hablantes del grupo chino entrevistados poseen una interlengua poco desarrollada, que roza a veces la ininteligibilidad. La dificultad que encuentra el grupo chino puede achacarse también a que no existe en esta lengua un elemento similar al artículo y que la definitud se expresa por otras vías, como por ejemplo la posición en la oración (cf. (17)). En los dos grupos restantes, en los que sí existe una partícula similar al artículo determinado del español, la omisión del artículo sigue la jerarquía establecida por Laca, que sugirió hace muchos años A. Alonso. Es decir, es más frecuente (por orden de menor a mayor) en sujetos pospuestos, objetos directos y objetos de preposición, y no se produce prácticamente ante sujetos antepuestos. Pueden apuntarse dos motivos para estos hechos. En primer lugar, porque los hablantes entrevistados, particularmente los de rumano, poseen un nivel de interlengua bastante desarrollado y, en segundo lugar, porque tanto en árabe como en rumano los sujetos son información dada y, por lo tanto, hacen referencia a un ente conocido. Los errores de supresión del artículo indefinido son mucho menos frecuentes. También son esporádicos los casos en que se añade un artículo no requerido. Esto ocurre sobre todo detrás de preposición.

7. Conclusión El mapa de errores que hasta aquí hemos dibujado parece encajar en la propuesta de Hawkins (2001: cap. 6). Dicho autor propone que existen fases diversas en la adquisición de los SNs en inglés como lengua extranjera, proceso que denomina desarrollo incrementativo en la adquisición del SDet. En una primera fase de pidginización, el aprendiz manejaría los elementos léxicos: nombres, adjetivos, etc. pero no podría manifestar las relaciones gramaticales existentes entre ellos, por ejemplo la concordancia en

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número, la posesión, la deixis (demostrativos) o la definitud (artículos) porque no se ha desarrollado todavía la capa funcional que domina al SN. En una segunda fase, el aprendiz iría construyendo de modo progresivo las categorías funcionales que dominan a los elementos léxicos y que permiten expresar relaciones más complejas, por ejemplo, la distinción discursiva entre un referente conocido o retomado en el discurso con otro que aparece por primera vez. Este desarrollo del SDet que corona a los SNs puede deducirse también a partir de los datos que nos suministra la adquisición infantil de una L1. En los siguientes ejemplos vemos como María, un bebé en distintas fases de desarrollo del lenguaje, va articulando poco a poco la arquitectura del SDet (Ø > o). (46) María – 1;09 – Tramo 130 (López Ornat et al. 1994) (María sentada sobre la mesa. Mamá ha salido un momento) Padre: Oye, María, estás muy fea. María: Noo. Padre: Sí, sí. María: Ø Nene ápa (=guapa) Padre: El nene está fea (47) María – 1;11 – Tramo 262 (María en el salón con el triciclo) Madre: Tiene pelitos, papá. Padre: ¿Dónde? María: Aquí. Tien(e) suso o pie. Aquí o pies. Madre: ¿En el pie tiene pelitos? ¿Está sucio? María: Sí Madre: No, está limpito. María: Tá limpito. Tá sucio o pie. Madre Porque anda descalzo, ¿sabes? Anda descalzo y claro, se le ponen los pies llenos de cosas.

El mismo proceso puede observarse en catalán según observa Llinàs (2006) (Ø > a > el/la). (48) a. Ø Busa iaetes (La bruja come galletas) (Llinàs 2006) b. Ø Onaies por (Las olas me dan miedo) (49) a. A moto nanat (La moto se ha ido) (Llinàs 2006) b. ¿Vità a buixa? (¿Vendrá la bruja?)

Según observa Llinàs (2006), el hecho de que no esté desarrollado el SDet en fases primerizas de la adquisición de la L1 provoca la posposición de elementos que tienen que ver con el carácter definido y referencial de un SN, como los demostrativos, (50), y los posesivos, (51).

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(50) a. Lliba quei (aquel libro) (Llinàs 2006) b. Botiga quella (aquella tienda) c. Potu llapis quet (llevo este lápiz) (51) a. Palina meva (mi madrina) (Llinàs 2006) b. No fiquis a llitet meu (no te metas en mi camita) c. Cutut a paper meu (ha caído mi papel)

Los ejemplos de (49) pueden ponerse en relación con la posposición del posesivo que encontramos en árabe (pero no en los otros grupos), cf (41). La pregunta que cabe formularse es si estos errores se deben a una interferencia de la L1 o bien responden a una fase de interlengua similar a la que manifiestan los aprendices de L1 estudiados por López Ornat y otros (1994), y Llinàs (2006). La revisión de estos errores en todo el conjunto de la entrevista permite proponer sin lugar a dudas que los hablantes del grupo árabe poseen ya una estructura embrionaria del SDet, ya que se detectan en sus transcripciones artículos determinados e indeterminados, cuantificadores y, esporádicamente, incluso demostrativos. La posposición del posesivo en la interlengua del grupo árabe no está motivada, pues, por la secuencia universal de aprendizaje sino que es en este caso un calco claro de su L1, el árabe. Este mismo error, sin embargo, es una fase del desarrollo general del aprendizaje de la L1 para los hablantes de López Ornat y otros (1994), y Llinàs (2006). Vemos, pues, como un mismo error puede corresponder a la interferencia de la L1 en algunas interlenguas o bien ser un reflejo de la secuencia universal de aprendizaje.

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L’usage post-colonial du français à Madagascar, une ancienne colonie de la France, pays membre de l’Union Européenne

Introduction Notre contribution porte sur l’usage post-colonial du français à Madagascar. En effet, si l’usage du français a dépassé un siècle, force est de constater que le nombre de gens maîtrisant cette langue ne suit pas le même rythme.1 Dans le domaine de l’enseignement le problème touche principalement les enseignants2 dont l’une des lacunes majeures réside dans l’usage adéquat des outils linguistiques pour la transmission exacte des connaissances. C’est pourquoi, nous voudrions orienter nos études sur les moyens de les aider à éviter de faire des erreurs linguistiques flagrantes. Nous nous proposons ainsi de mettre à leur disposition une grammaire contrastive malgache française. Celle-ci s’appuiera principalement sur les différences d’énonciations notées entre les deux langues et les difficultés des malgaches dans l’apprentissage du français. De surcroît, elle sera basée sur le travail de H-M. Dubois.3 Il va de soi que la réalisation d’une telle grammaire ne sera définitive qu’après le test d’usage auprès des enseignants des écoles, collèges et même lycées des différentes régions de l’île.4 Dans cet exposé, nous ferons, en premier lieu, un tracé historique de l’usage du français dans l’enseignement depuis la colonisation, de ses incidences qui expliquent la position et l’usage actuels de la langue française, propos qui nous conduira à l’émission de propositions dans la troisième partie de notre travail. ––––––– 1

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A notre avis, les apprenants doivent avoir accompli l’enseignement secondaire pour connaître le français. Selon l’INSTAT/DSM/EPM 2005: ils constituent les 11,2% de la population malgache (18,5 millions en 2005 [source: UNFPA]). Selon la dernière communication du Directeur de l’INFP (Institut National de Formation Pédagogique) au sein du projet «Appui au Bilinguisme», le pourcentage des enseignants de l’école primaire capables d’enseigner en français est de 1% (15/02/08). Le chiffre n’est pas officiel. Rabenoro Irène (2006) lors de son intervention au Colloque sur le bilinguisme et l’interculturalité rapporte que «18,25% des enseignants du primaire ont une connaissance suffisante du français» selon le PASEC (Programme d’Analyse du Système Éducatif). Dubois, Henri-Marie (1922-1924) a établi les Difficultés ordinaires des malgaches dans l’étude du français dans un petit fascicule. Le problème est que dans les anciens livres malgaches, l’éditeur et les dates de parution ne sont pas toujours indiqués. Il existe 22 régions à Madagascar.

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1. Historique de la langue d’enseignement en usage depuis la colonisation Dès le début de la colonisation5, une sorte de rivalité s’est établie entre le malgache6 et le français. L’administration coloniale chercha avant tout à former des gens capables de parler français en vue de les seconder dans la gestion des affaires administratives. D’office, le français devint langue de scolarisation. L’ambition fut d’en faire une langue maternelle. Une politique de diffusion de l’usage du français fut alors mise en place. C’est ainsi que dans l’administration, à partir du 14 février 1916, toute circulaire non rédigée en langue française était considérée comme nulle et non avenue. Cependant, les résultats obtenus ne furent pas à la mesure de l’attente. Un basculement répétitif de la langue d’enseignement s’ensuivit. Si le malgache fut admis pour expliquer les leçons, très rapidement, il fut remplacé par le français. L’entreprise parut difficile car le 17 février 1929, l’usage des parlers locaux fut à nouveau jugé convenable. Mais cela ne résolut nullement le problème. D’où le retour vers le français le 14 octobre 1933.7 En vue de stimuler les élèves, ceux qui maîtrisaient bien le français furent admis à poursuivre leurs études dans les écoles françaises, à partir du 12 novembre 1951. Lorsque le pays obtint l’indépendance, en 1960, il a été souligné dans la Constitution que les langues malgache et française étaient les langues officielles de Madagascar. Toutefois, le français prédomina toujours dans l’enseignement, même la grammaire malgache fut expliquée en français. Qui plus est, l’étude du malgache en tant que matière ne fut pas encore équipée. Elle consistait en l’analyse des nouvelles, textes et poèmes écrits durant la colonisation. En 1964, des règles sur l’orthographe du malgache avaient été établies. L’importance fut aussi donnée aux thèmes et versions malgache français, exercices qui, à notre avis, étaient très productifs dans l’apprentissage de la langue. En effet, sans pouvoir avancer un pourcentage du nombre, nous pensons que les scolarisés des années 60 ont plus ou moins bien maîtrisé le français. En 1972, les étudiants avaient milité pour un programme d’enseignement plus adéquat et adapté aux réalités et besoins du pays. Cela entraîna le renversement du régime en place et l’avènement de la République démocratique de Madagascar (RDM). Les conséquences immédiates en furent l’instauration de la malgachisation par la Constitution de la RDM. Dans le Livre Rouge8, les langues malgache et française furent mentionnées comme langue d’enseignement en attendant la réalisation d’un malgache commun.9 En 1990, Madagascar a fait le choix de renouer avec la francophonie et de donner au français la fonction de langue d’enseignement dès l’école primaire, en complémentarité de

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En 1896. La langue malgache, d’origine austronésienne est la langue standard de Madagascar. Il en existe des variantes régionales mais elle est à peu près comprise partout dans le pays. Cf. les datations chez Esoavelomandroso, Faranirina (1976). Le livre rouge du Président de la seconde République (1975-1993) Didier Ratsiraka, qui fut une réplique exacte du Livre rouge de Mao Tsé Toung. Ce projet n’a jamais abouti.

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la langue malgache.10 En 1997, un décret a accru les horaires de l’enseignement du français.11 Toutefois, lors de notre visite d’écoles à Mahanoro12, les enseignants des classes primaires recourent à la langue malgache en toute matière, faute de matériel pédagogique suffisant. Ranaivo Velomihanta et Vololona Randriamarotsimba trouvent dans cette situation une ambiguïté du statut pédagogique du français oscillant entre langue étrangère et langue seconde, difficultés d’application des textes officiels qui se limitent à des considérations vagues et qui laissent surtout transparaître une absence de véritable politique linguistique, pratique scolaire en butte à des problèmes de formation ainsi qu’à des manuels et/ ou méthodes inadéquats.13

Dorénavant, le problème est beaucoup plus préoccupant dans les campagnes que dans les villes où les apprenants ont l’opportunité d’être en contact avec la langue française de multiples façons.

2. La position et l’usage actuels de la langue française Venons-en donc à l’analyse des retombées de ces changements fréquents sur l’usage de la langue française dans le pays. Vu le fait que les enseignants n’ont pas été préparés ni suffisamment équipés pour la mission qu’ils devaient accomplir, les résultats de la malgachisation ont déçu. Certaines personnes ont pointé du doigt l’instauration d’un système partial dont elles sont les premières victimes car même si elles ont le bac elles ne sont même pas capables de s’exprimer en bon français et du coup, se trouvent exclues des emplois.14 Serait-ce un échec du système ou un manque de persévérance?15 De leur côté, les parents se sont sérieusement inquiétés sur l’avenir de leurs enfants. Ainsi, comme d’un commun accord, beaucoup de gens se sont tournés vers la langue française. Ce fait se concrétisa par l’affluence des apprenants à l’Alliance française.16 Les ––––––– 10

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Selon l’ABM (Appui au bilinguisme à Madagascar). C’est un projet franco-malgache né en 2003 unissant la coopération française, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, et le ministère malgache de l’éducation. Selon l’ABM. Visite d’écoles primaires publiques que nous avons effectuée à Mahanoro du 01 au 04 décembre 2004, dans le cadre de l’ABM. Ranaivo, Velomihanta / Randriamarotsimba, Vololona (2005). La capacité en langue étrangère est requise ou présentée comme un atout dans les offres d’emploi allant même jusqu’au recrutement des gens de maison et de gardiennage. En effet, nous avons interviewé des enseignants de la période de malgachisation qui regrettent que celle-ci fut abandonnée au moment où elle commença à porter ses fruits. «Un étudiant sur mille vient apprendre le français à l’Alliance française». Cf. http:// www.alliancefr.mg/Alliances/aftana.php (08 02 2009).

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institutions d’expression française sont également devenues très prisées. L’accroissement de leur nombre, d’année en année, l’atteste. Après tout, les gens apprécient leur langue: dans les journaux, lorsque la substantialité d’un fait relève d’un fond spécifiquement culturel, ils y recourent. Ils n’en sont pas moins conscients de leur impossibilité de s’y enfermer et de se soustraire aux langues étrangères, principalement le français, qui sont devenues un outil indispensable dans toute perspective d’intégration sociale et d’évolution professionnelle. Sommairement, nous pouvons classer les utilisateurs du français en quatre catégories: a – ceux qui sont restés pratiquement unilingues composés d’analphabètes17 et de gens peu doués en langue.18 b – ceux qui ont un certain acquis mais n’ont pas l’opportunité de le pratiquer. c – ceux qui paraissent bien parler français mais dont la maîtrise n’est pas toujours certaine. d – ceux qui l’utilisent presque sans faille. Pour mieux apprécier l’usage du français, nous allons essayer d’examiner les erreurs. Quelles sont donc les erreurs de français fréquentes? Prenons-en quelques exemples tirés des supports médiatiques ou de la vie quotidienne: 1. Pierre et Marie fait au lieu de Pierre et Marie font. 2. Il n’avait même pas mangé le plat de riz que j’ai préparé au lieu de que j’avais préparé. 3. Les pneus usés sur le toit de la maison accélèrent l’embrasement et très vite, les flammes envahissent les trois mètres carrés d’habitation: Je n’ai même plus senti le feu19 au lieu de je ne sentais même plus. 4. J’avais dit que je viens au lieu de j’avais dit que je viendrais. 5. Un grossiste de Talatamaty a été pris à partie par trois hommes armés.20 6. Payer 20% à l’entrée de la finition21 pour verser les 20% lorsqu’on va entamer la finition. 7. Vous pas fanatiques pour vous n’êtes pas fanatiques. 8. Les jeux des îles de l’Océan Indien vont dominer l’actualité et éclipser les événements qui ont l’habitude de siéger à la «une» des journaux.22

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Les sans instructions constituent les 33,8% de la population malgache. Source: INSTAT/DSM/EPM 2005. Toutefois, les enfants des rues qui mendient arrivent à se débrouiller en français et même en anglais dans l’exercice de leur fonction. L’HEBDO de Madagascar, n° 0078 du samedi 12 au vendredi 18 août 2006, page 4. L’HEBDO de Madagascar, n° 0078, du samedi 12 au vendredi 18 août 2006, p. 4. Lors d’une interview d’un opérateur économique sur MATV (une chaîne de télévision locale bilingue: malgache-français).

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9. Selon les responsables du Service des domaines, ces terres doivent revenir à l’État ont déclaré les membres de la délégation de ces habitants.23

L’analyse de ces exemples nous amène à mettre en évidence les erreurs suivantes: ● Les erreurs sont d’ordre sémantique: – Le locuteur utilise l’expression tel qu’il l’entend ou l’interprète sans en vérifier la signification exacte, il fait du psittacisme: cas 5. Nous pensons qu’il s’agit là d’une erreur car ‹prendre quelqu’un à partie consiste à lui imputer le mal qui est arrivé›. Or, le fait relaté concerne un vol à main armée. – Il fait du malgachisme en transposant l’expression malgache en français: cas 6. ● Des erreurs d’ordre socio-culturel: – En malgache, les gens font usage d’un mode de référencement où l’on sous entend quelque chose supposé connu de l’autre. C’est l’exemple du cas 8 où nous pourrions nous poser la question sur le choix du verbe éclipser ainsi que sur l’importance de ces événements à la une des journaux. L’auteur se réfère-t-il aux faits politiques ou sociaux du jour, qui sembleraient briller par leur redondance: cas 8. – Le locuteur préfère rester dans la nébulosité et construit des phrases où le sujet grammatical n’apparaît pas nettement ou reste vague soit pour ménager la susceptibilté des autres soit pour laisser libre cours aux commentaires: cas 9. Par ailleurs, le phénomène pourrait s’expliquer par la structure du malgache où le sujet est post posé au groupe verbal. ● Des erreurs d’ordre syntaxique: – L’inexistence des auxiliaires avoir et être en langue malgache fait que le locuteur les omet, comme dans le cas 7, ou se trompe sur le choix de l’un ou l’autre. – Étant donné que les verbes ne sont pas conjugués en langue malgache, il n’est pas rare que le locuteur se trompe et n’accorde pas le verbe au sujet: cas 1. – En malgache, le pronom à la troisième personne ne porte pas toujous la marque du nombre.24 Par manque de réflexe langagier, le locuteur pourrait omettre d’accorder le verbe au sujet: cas 1. – L’expression de la négation ne comporte qu’un élément à mettre devant le verbe, d’où l’occurrence de la construction 7. – Le caractère simple de l’expression de temps en malgache explique la difficulté des gens à concorder les temps des verbes: cas 2, 3, 4. Cette occurrence est assez fréquente, même chez ceux qui s’expriment assez bien en français. Comment remédier aux erreurs?

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La Gazette de la Grande île du 6 août 2007, p.3. Le quotidien, vendredi 24 août 2007, p.23. En malgache, il n’y a ni genre ni nombre à l’exception des démonstratifs que l’on pourrait ajouter à izy [il(s)/elle(s)] pour le pluriel: izy ireo, si besoin est.

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3. Nos propositions A notre avis, la solution pourrait logiquement se situer au niveau de la méthode de transmission des connaissances elle-même. L’enseignant fera converger ses efforts à créer une prédisposition à accueillir une nouvelle langue, chez l’enfant. Dès le début, celui-ci sera amené à énoncer ses acquis avec clarté, d’abord avec sa langue maternelle. En effet, s’habituer à énoncer ses acquis avec clarté et intelligence dans sa propre langue l’y préparera. Et, progressivement, il sera initié à une langue nouvelle où l’enseignant essayera, subrepticement au début, d’éveiller l’apprenant sur l’existence de l’écart entre L1 et L2.25 Quels sont donc ces écarts? Outre ceux déjà énumérés ci-dessus, signalons la particularité des formes verbales malgaches dont l’usage est fixé par le centrage de l’énonciation.26 Et nous pourrions encore en citer d’autres. Et c’est à juste titre que nous sommes convaincus de l’utilité d’un complément de méthode qui, d’une part, aidera l’enseignant dans sa tâche, et d’autre part lui fera mieux appréhender certaines difficultés grammaticales françaises chez ses apprenants. Ainsi, notre démarche consiste à collecter les erreurs des malgaches en français, aussi bien dans les outils médiatiques bilingues, français – malgaches, que dans la pratique quotidiennne du français. Nous les analyserons ensuite en vue d’en trouver les causes: telles que la méconnaissance de la grammaire et principalement les écarts dans la formulations des idées, phénomène émanant du domaine socioculturel ou autre. Effectivement dans la description de la chose, la langue procède d’emblée par la recherche de la similarité d’aspect possible, ou par la description de ses traits pertinents. Or d’aucuns savent que le moyen de rendre la même opération n’est pas le même dans L1 et L2. D’où cet exemple suivant de présentation contrastive de L1 et L2, vue sous les angles syntaxique et sémantique: Malgache27

Français

ADJ + ADJ: efamira 2N: tovipetraka ADJ + N: efajoro NVC: caus. + VA: fampiharana manavaka

N: ‹carré› N: ‹homothétie› N: ‹rectangle› N: ‹injection›

––––––– 25 26

27

L1: langue maternelle; L2 Langue étrangère, le français en l’occurrence. La langue malgache dispose de trois formes verbales: active, objective et circonstancielle. Elle utilise la forme active pour orienter l’énoncé sur le responsable de l’action, la forme objective sur celui qui la subit et la forme circonstancielle sur tout complément circonstanciel (de lieu, de temps, de moyen, de cause, de manière...). Abréviations: ADJ: adjectif; N: nom; VA: verbe à la forme active; VP: verbe à la forme passive; VC: verbe à la forme circonstancielle; NVA: nom construit du VA; NVP: nom construit du VP; NVC: nom construit du VC; Réc.: réciproque; Caus.: causatif; rés.: à aspect résultatif; prog.: à aspect progressif; PP: participe passé; pos: marque de la possession; trad. lit.: traduction littérale. an[a]: est une préposition.

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L’usage post-colonial du français à Madagascar

N + ADJ: tora-droa Groupe NVA: mpanasajoro

N: ‹puissance› N: ‹bissectrice›

N + pos. + N: faribolana VA: mijadona VA: miiba vs miabo VA + VA: tsy mivaky miabo

N: ‹cercle› ADJ: ‹perpendiculaire› ADJ: ‹négatif› vs ‹positif› N + ADJ: entier positif

N + VA réc.: todika mifanohitra N + Pos. + N: ovan-kabetsahana N + Pos. + N: sehon-kevitra

N + ADJ: ‹sens opposé› N + ADJ: ‹variable quantitative› N: ‹initiative›

VA: réc.: mifanahantsahana VA: réc.: mifandraika VP rés. + VP prog.: voavaky ary ekena VP rés. + VP prog.: hita taratra Radical rédupliqué: kolikoly Construction selon le complément de point de vue: ADJ + an[a] + isa: maro an’isa vs vitsy an’isa N + ara[ka] ‹selon, suivant› + N: vesatra ara-bola NVC + an[a]: manière + groupe N: fiheverana ankapobe Tsy + VP rés. + VP prog.: tsy resy resena Tsy + VP rés. + VP prog.: tsy hay lazaina VP rés. + VP: azo afotitra NVA: f-: fandrehitra N + {an[a] + N}: lieu: vary an-koraka N + {an[a] + N}: lieu: jono am-parihy

ADJ: ‹proportionnel› ADJ: ‹conforme› PP: ‹lu et approuvé› ADJ: ‹manifeste, évident› N: ‹corruption› N: ‹majorité› vs ‹minorité› N + ADJ: ‹Charges financières› N: ‹concept› ADJ: ‹invincible› ADJ: ‹indicible› ADJ: ‹inversible› ADJ: ‹combustible› N + ADJ: ‹riz pluvial› N + ADJ: ‹pêche lacustre›

Quelles conclusions pouvons-nous tirer de ce tableau? a – Nous pouvons remarquer que le VA réciproque, en malgache peut être rendu par un adjectif en français: ex: mifanahantsahana et mifandraika (trad. lit.: ‹être en conformité avec ...›) sont des VA à la forme réciproque pour dire ‹proportionnel›. b – Les noms français peuvent avoir comme correspondant des noms, mais aussi des expressions adjectivales, des groupes nominaux, des groupes verbaux en malgache. c – Quelques adjectifs comportant le préfixe de la négation française ‹in-›sont rendus en malgache par des constructions utilisant l’alliance des mots tels que tsy maty vonoina (trad. lit.: ‹qui ne meurt pas quand on le tue›) pour ‹immortel›, tsy resy resena (trad.lit.: ‹qui n’est pas vaincu quand on cherche à le vaincre› pour ‹invincible›.

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Certains adjectifs français construits à partir des noms tels que ‹économique› de ‹économie›, ‹financier› de ‹finance›, etc… sont rendus en malgache par l’usage de araka ‹selon, suivant› + N. Ainsi, économique se dit ara-toekarena (trad. lit.: selon l’économie), ‹financier›: ara-bola (trad. lit.: ‹selon l’argent›).

d – Les adjectifs français en ‹-ible› ou ‹-able›, sont rendus en malgache: soit par l’usage de azo + VP. Ex. azo savazoroina (trad. lit.: ‹que l’on peut diagonaliser›) pour ‹diagonalisable› azo afotitra (trad. lit.: ‹que l’on peut inverser›) pour ‹inversible› Tsy azo ekena (trad. lit.: ‹que l’on ne peut accepter› pour ‹inacceptable›. soit par l’usage d’un NVA f-: Exemple: fihinana (trad. lit.: ‹qui se mange› pour ‹comestible›), fandrehitra (trad. lit.: ‹qui est à brûler› pour ‹combustible›). e – Certains adjectifs français sont parfois rendus par des expressions de lieu (an[a] + nom) fonctionnant comme expansion d’un nom. Exemples: jono an-dranomamy ‹pêche continentale›; jono an-drenirano ‹pêche fluviale›; etc…; vary an-koraka ‹riz aquatique› horaka ‹rizière, terrains marécageux, humides›; vary antanety ‹riz pluvial›. En outre, dans la mesure du possible, nous nous proposons d’offrir des solutions à certaines difficultés syntaxiques françaises. En voici quelques exemples: ● Compréhension de l’usage des différents temps du passé en français. En ce qui concerne la compréhension de la différence entre l’usage de l’imparfait et du passé composé en français. Dans le cas où le temps imparfait sert de background à un événement ponctuel: le premier pourrait être exprimé en malgache par l’usage du locatif démonstratif suivi du NVC du verbe correspondant et le passé composé par le VA au temps passé: Nifanena taminy izahay tany am-pitsangantsanganana. ‹Nous l’avons rencontré pendant que nous nous promenions›. Rencontrer (VA au passé) – avec lui – locatif démonstratif – préposition ana – NVC de se promener. Nous avons pu expérimenter l’exactitude de cette mise en contraste sur plus de cinq exemples. L’usage n’est cependant pas exclusif car une permutation de la formulation par l’usage du VA (avec le complément + indrindra (juste) + no (lorsque) + phrase utilisant le verbe au temps passé serait également possible): Nisakafo indrindra izahay no niantso ianao. ‹Nous étions en train de manger quand tu as appelé›. Manger (VA au passé) – juste – nous – lorsque – appeler (VA au passé) – tu. ● Compréhension de l’usage du subjonctif Lors des activités de traduction, nous avons pu constater, à maintes reprises, la correspondance de quelques constructions impersonnelles et de certaines locutions

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conjonctives des phrases françaises requérant le subjonctif avec les phrases malgaches faisant appel à l’usage du VC. Tsy azoko antoka ny hahatongavany. ‹Je ne suis pas sûr qu’il/elle vienne›. Ne – suis – pas – sûr – je arriver (VC au futur) il. Mety ny andehananao avy hatrany. ‹Il est important que vous partiez tout de suite›. Convenable + l’article défini ny + VC au présent + vous + tout de suite. … alohan’ny handehananao. … ‹avant que tu ne partes›. (avant + l’article défini ny+ VC au futur + tu).

Conclusion En définitive, nous sommes convaincus qu’une telle démarche explicative formera progressivement un esprit discursif chez l’apprenant et le mènera à faire usage à bon escient de la nouvelle langue qu’il apprend. A cet effet, nous nous attèlerons à la poursuite de la recherche des règles qui feront comprendre les écarts entre L1 et L2. Et mieux encore, cette méthode nous facilitera l’accès au multilinguisme qui, géré avec efficience, sera un instrument fonctionnel complémentaire dans le développement humain, en conformité avec l’article 18 de la Politique générale de l’éducation nationale. Aussi, toutes suggestions de collaboration contribueraient à l’enrichissement de ce travail.

Bibliographie Babault, Sophie (2000): Contacts de langues et dynamique socio-langagière à Madagascar: Approche descriptive et interprétative des usages du français chez les lycéens Majungais. Thèse de doctorat en linguistique – Directeur de thèse: Caitucoli Claude, ROUEN. Direction des statistiques des ménages, Institut National des Statistiques (2006): EPM: Enquête périodique auprès des ménages 2005. Rapport principal. Dubois, Henri-Marie (1922-1924): Difficultés ordinaires des malgaches dans l’étude du français. Antananarivo. Esoavelomandroso, Faranirina (1976): Langue, culture et colonisation à Madagascar: malgache et français dans l’enseignement officiel (1916-1940). In: Omaly sy Anio 3-4, 105-165. Rabenoro, Irène (2006): La mise en place d’une politique bilingue malgache-français. Communication au colloque sur Le bilinguisme et l’interculturalité, du 20-23 mars 2006 à Mayotte. In: Mme Irène Rabenoro PDF 67.1 ko. Rakotozafy, Mathilde Nivoarison (1985): Problèmes d’Analyse Contrastive du Français et du Malgache. Thèse pour le Doctorat d’Etat dirigé par le Pr Christian Touratier. Aix-en Provence. Rakotoson, Michèle (ed.) (1996): Être francophone à Madagascar. In: Revue Dialogues, dossier n°48-49. Ranaivo, Velomihanta / Randriamarotsimba, Vololona (2005): Des langues-cultures aux pratiques de classe en contexte diglossique: quelle cohérence? L’exemple de Madagascar. In: Actes du colloque international de l’Université Paris-X-Nanterre, février 2005: Appropriation du français

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et construction de connaissances via la scolarisation en situation diglossique. Ouvrage multimédia sur CD-rom sous la direction de Colette NOYAU. Ravaoarimalala, Elisabeth (1996): Français et malgache en contact. Pédagogie des erreurs. Mémoire pour l’obtention du DEA dirigé par le Professeur Vérin Pierre. Paris: Inalco. – (2004): La néologie lexicale dans le malgache contemporain. L’évolution de la langue malgache vue à travers l’étude des néologismes (4 voll.). Thèse dirigée par Narivelo Rajaonarimanana, pour l’obtention du doctorat nouveau régime en études africaines. Paris: Inalco. – (2005): Moderniser sa langue pour mieux apprendre les langues étrangères. In: Blampain, Daniel / Thoiron, Philippe / Van Campenhoudt, Marc (edd.) (2005): Mots, Termes et contextes. Actes des septèmes journées scientifiques du réseau de chercheurs Lexicologie Terminologie Traduction. Bruxelles, Belgique. Les journaux: L’HEBDO de Madagascar. La Gazette de la Grande île. Le quotidien. (de 2004 à nos jours).

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Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan

L’universitat de Tolosa lo Miralh es au bèth miei de mas recèrcas, tant plan per son ròtle formator coma per sa situacion geografica. En efèit, segon la geografia dialectala establida de l’occitan, la riba esquèrra de Garona es gascona, e la riba dreta es lengadociana. Dumpuèi aqueth observatòri a la broa deu flume-termièra que designa lo nom occitan de l’universitat de Tolosa II lo Miralh (Le Miralh o Lo Miralh, MIRACULUM), ma tòca es de cercar, enlà lo destriament reputat lineari, lo gras d’influéncia de l’occitan tolosan dins la zòna de l’Isla de Baish (30 km de Tolosa, costat gascon). Delà los critèris tradicionaus (isoglòssa f- / h-, -n- / -Ø-...), e sens los renegar, trabalhi tanben a recampar continuitats o gradacions mes finas dins l’organizacion morfologica e l’estructura sillabica. La variacion f- / h- depend en efèit de la complexitat de l’ataca sillabica, es doncas possible de botar au lum ua logica deu tractament de la consonanta (distribucion). L’isoglòssa -n- / -Ø- presenta per contra particularitats qu’un estudi diacronic sol sufís pas a espepissar, coma las influéncias deus dialèctes son plan importantas, lo contèxte a ua part màger. L’estudi de la reparticion deu pronom neutre Ac [ak] e de la preséncia l’article definit [le], tipicament tolosan, pemeten tanben de mílhor comprénguer quina es la zòna d’influéncia deu parlar tolosan suus parlars vesins. La morfologia verbala presenta a l’encòp trèits deu gascon e trèits deu lengadocian tant plan dins los morfèmas finaus coma dins lo radicaus. Lo tractament fonetico-fonologic de las consonantas e grops consonantics finaus es en cors d’elaboracion. Permet d’analizar d’un biais menimós las transicions entre los dialèctes, mès tanben de bastir ua caracterizacion globala de la variacion dins l’espaci occitan. A l’articulacion de las questions morfologicas e fonologicas, l’analisi deu -s plurau en ligason hè l’objèt d’ua recèrca aprigondida per fin de precizar las modalitats de la variacion. La frequéncia deu fenomèn permet d’ahortir aquera recèrca sus corpuses rics. Per fin d’analizar mílhor l’influéncia deu tolosan suu parlar gascon vesin e donc de véser la distància entre las isoglòssas que desseparan lo gascon deu lengadocian, devath l’influéncia d’ua vila importanta, nos arrestaram, per aquera publicacion, a l’estudi de tres fenomèns. Prumèr, vejam lo tractament deu pronom neutre Ac [ak], segond, la preséncia de l’article tipicament tolosan [le] e deu pronom objèt de la medisha forma, tresen, analizem las partcularitats de la morfologia verbala. Lo còrpus sus quin son fondadas las recèrcas entrepresas es, per la màger part, orau. Nombroses enregistraments audiovisuaus e videòs de locutors natius, qu’avón l’occitan gascon coma lenga mairala o coma ua de sas duas prumèras lengas, estón realizats per jo.

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1. Lo pronom neutre Ac [ak] 1.1 Definicion AC, AG, AT, AU (l.), A, BAC, BAT (g.), BA (l.), VA (m.), OC, GOC, OT (g. b.), (rom. hec, hoc, lat. ac, hac, hoc), pron. relat. Le, cela, en gascogne, Guienne et Béarn, v. va, ba, hou, lou. [...] Ac se contracte avec les infinitifs et impératifs: pèr aima-c, pour aimer cela; per hè-c, pour le faire; pèr frounsi-c, pour le froncer; pèr da-c oc à entène, pour le donner à entendre; demando-c, demande-le; minjo-c, mange-le.1

1.2 Tractament dins la zòna de l’Isla de Baish

1.2.1 Tractament de la vocala

1.2.1.1 En proclisi La realizacion de la vocala demòra coma dins son emplec tonic generau: centrala, baisha, non labializada, non redonda [a]. _Va plàver doman, ac sentissi. [at•sE)ˆtisi] Mn Caubet (espontanèu, 08/06/2003)

1.2.1.2 En enclisi La realizacion fonetica associada a la vocala veng posteriora, non baisha e labializada [O], aquesta realizacion es pas possible que dins duas situacions: 1.2.1.2.1 Lo vèrbe que davanteja s’acaba per [s] o [t•s] La finala deu vèrbe se va sonorizar per assimilacion regressiva. Cau pas aver paur, ditz ac. [did•zOk] Mn Lasserre (espontanèu, 19/10/2003)

1.2.1.2.2 Lo vèrbe que davanteja s’acaba per ua vocala Se nòta aquiu ua insercion consonantica en ligason. Aquera insercion epentetica veng de la forma anciana deu gascon ancian que mantenguèva lo morfèma de la segonda persona deu singular. güèra-s-ac. [wEroz°Ok] Mn Lasserre (espontanèu, 19/10/2003)

––––––– 1

Cf. Mistral (1979: 16).

Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan

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1.2.2 Tractament de la consonanta Aquera va conéguer mantunas realizacions foneticas. A cada cambiament de contèxte, per assimilacion regressiva, se va generalament realizar en geminacion de la finala deu mot que davanteja, o se va realizar en africada davant ua constrictiva, o se va simplament sonorizar davant vocala. Demòra oclusiva sorda sonque davant [h] e en enclisi. Ac èi pas tot comprés. [aV°Ejpas] Mn Andreetta (espontanèu, 07/08/2003) T'ac disi, capitaràs pas. [tad_dizi] Mn Bajon (espontanèu, 19/02/2004) Ac sei pas, doman, ça’m par… [at•sEjpas] Tot lo monde (espontanèu) Ac hèu cada maitin. [akEw] Mn Baron (09/03/2003) Torna-s-ac a díser [turnozOkadize] Mn Andreetta (espontanèu, 07/08/2003)

1.3 Reparticion geografica Sus l’Atlàs Lingüistic de la França2, Tolosa se tròba còsta lo punt 760 a l’èst, e l’Isla de Baish se tròba completament a la punta èst deu Gèrs. Lo fassicule n°34 d’aqueth nos permet de véser la reparticion geografica deu pronom neutre. Dins lo contèxte a las ac, es present dins la màger part deu sud de la Gasconha, e aquò, dincas Tolosa. En espiar mes precisament, se compreng que lo pronom es tipicament gascon, vist qu’apareish pas brica costat lengadocian, e que s’espandís dincas Tolosa. Mentre que se poderé pensar que l’importància de la vila influence fòrça los parlars vesins, sus aqueste sicut, es gaireben lo contrari. En efèit, notam, dins aqueste contèxte, ua cèrta omogeneitat, notadament dins lo tractament de la consonanta, dins l’airau que costeja Tolosa (Gèrs, Hauta-Garona, Arièja), levat au punt 760: [alazak awzak alezOk delazak endelezak alazak delzOk]

L’airau descriut aquiu ensús seguís la vath de Garona e la vath d’Arièja. Sens nada conclusion a la lèsta, se pòt díser que per aqueste fenomèn, l’influéncia deu parlar Tolosan s’espandís sonque a las ribas de Garona. L’isoglòssa se sarra donc vertaderament d’aquera.

2. L’article definit [le] e lo pronom objèt [le] L’article de Nègre (1978: 963) e lo memòri de Ferrier (1879) nos entre-senhan sus la preséncia, dins la zòna estudiada, de l’article e deu pronom. ––––––– 2

Cf. Gillieron / Edmont (1968).

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La carta que dressa Nègre3 hè aparéisher que l’airau deu pronom le es sensiblament mes espandit que lo de l’article, notadament en Coserans, Comenges, e dins Gèrs, dincas Aush e Leitora. La zòna que nos interessa especificament es doncas au diguens de l’airau de le tant plan coma article e coma pronom. La vila d’Aush es còsta l’Isla de Baish, a quauques 40 km. Aqueth parlar gascon a doncas lo pronom le, mès l’article es lo, se ne cresèm l’Atlàs lingüistic de la Gasconha.4 La zòna gascona entre Aush e lo Biarn a per article e pronom lo. S’analizam ara lo tractament de l’article le costat lengadocian, notadament dins las vaths de Garona e d’Arièja, podèm notar particularitats. En nos apuejar suu memòri de Ferrier / Roques (1879) e suus enregistraments realizats per jo dins Arièja, a Saurat, podèm notar ua contraccion. Las Pouésios bariados de Daveau, de Carcassonne, l’un des plus brillants poëtes du Languedoc, donnent après une voyelle, et par conséquent semblables de position et d’appui, à ceux de la chanson à Dona Clamença, deux exemples de l’article pluriel es. On le trouve dans une ode sur le passage de la mer Rouge: Sap pas qu’él fa toumba lés latches goubernaires Coumo toumbo lé blat joux l’oulan das ségaïres? Qu’és cèdres dal Liban dabant él soun toumbats? Et tandis qu’és souldats dé fatigo ranquéjoun, Lé poplé d’Abraham dins Suèz és dintrat.5

La forma au plurau càmbia dins aqueste contèxte. Passam doncas de la forma les a la forma els realizada [es]. Ferrier establís notadament ua similituda de tractament dambe l’article Pirenenc eth / eths. Enregistraments en Arièja permeten tanben d’ahortir aquera reduccion: Le pòrc es bon. [lepOrkesbu] Vam tuar le pòrc. [bant{jalpOrk]

Que sia au plurau o au singular, i a ua reduccion de l’article. Godolin es un deus poètas occitans tolosans màger deu sègle XVIIen. Aquiu un extrèit: Les Corrièrs non corren [...] non les arrèsten a las pòrtas [...].

La transcripcion en grafia normalizada lèva l’informacion de la realizacion fonetica sigura de la finala, per autant, podèm véser que l’iniciala es mantenguda. Entà Godolin (1648), rares son los cases on la reduccion es efectiva, ne podèm trobar çaquelà: Mès se boulèts quel sou me placio [...] (grafia originala) Mès se volètz que’l son me placia [...] (grafia normalizada)

Lo gascon de l’Isla de Baish fonciona en manténguer las inicialas, que sia per l’article o peu pronom. ––––––– 3 4 5

Cf. Nègre (1978: 963). Cf. Allières (1971). Cf. Ferrier / Roques (1879: 122-123).

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Vam tuar le tesson. [bantyaletesun] Le tessoun, le vam tuar. [letesun leBantya]

Se l’iniciala es mantenguda coma generalament dins lo parlar tolosan, la finala se pòt realizar de mantuns biaisses diferents. Ua comparason deus articles tolosans e deus articles deu gascon tolosan de l’Isla de Baish van esclairir las similitudas e las diferéncias. Un segond tablèu de las contraccions entre la preposicion de e los articles nos vam perméter d’avalorar mes menimosament l’espandiment de l’influéncia deu parlar tolosan suu parlar gascon vesin. Article tolosan singular vocala plurau + [p,t,k] + vocala +C ≠ [p,t,k]

masculin le [le] l’ [l] les [les] [lez] [lej], [li]

femenin la [la] l’ [l] las [las] [laz] [laj]

exemples: le pòrc, la taula l’òme, l’ora les pòrcs, las taulas les òmes, las oras les dròlles, las femnas

Article de l’Isla de Baish singular Vocala plurau + [p,t,k] + vocala +C ≠ [p,t,k] [ h]

masculin le [le] l’ [l] les [les] [lez] [lej], [li] [les]

femenin la [la] l’ [l] las [las] [laz] [laj] [las]

exemples: le pòrc, la taula l’òme, l’ora les pòrcs, las taulas les òmes, las oras les dròlles, las femnas los haures, las hemnas

Contraccion preposicion / article tolosan singular vocala plurau + [p,t,k] + vocala +C ≠ [p,t,k]

masculin del de l’ dels

[del] [del] [des] [dez] [dejz] [dej]

femenin de la de l’ de las

exemples: [dela] [del] [delas]

del prat, de la taula

[delaz] [delaj]

dels òmes, de las oras

de l’òme, de l’ora dels prats, de las taulas dels dròlles, de las femnas

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Contraccion preposicion / article de l’Isla d Baish singular vocala plurau + [p,t,k,h]

masculin deu de l’ deus

[du] [del] [des]

femenin de la de l’ de las

exemples: [dela] [del] [delas]

deu prat, de la taula de l’òme, de l’ora deus prats, de las taulas

+ vocala

[dez]

[delaz]

deus òmes, de las oras

+C ≠ [p,t,k]

[dej]

[delaj]

deus dròlles, de las vacas

La sola oposicion que podèm botar en valor, es la présencia de la vocala [u] a l’Isla de Baish en contraccion dambe la preposicion davant consonanta au singular. Aquera vocala se torna trobar, coma l’avèm vist aciu ensús, dins la parlar d’Aush que costeja e qu’es dejà en zòna gascona mes caracteristica. Aquò pòt explicar lo hèit de totjorn servar l’iniciala, çò qu’es pas forçadament los cas dins lo parlar tolosan.

3. Morfologia verbala La morfologia verbala de la zòna estudiada presenta mantunas particularitats que la demarcan de fòrça parlars vesins o aluenhats. Per mes de clartat, destriaram l’estudi deus tèmas e de las desinéncias.

3.1 Lo tèma gascon tolosan

3.1.1 Lengadocian Força vèrbes an pas qu’ua forma de tèma a tots los tempses. Tots los vèrbes que venguen de la forma latina -are son d’aqueths. Aqueth fenomèn es pas pròpi au parlar gascon de l’Isla de Baish. Dins Occitània sancèra, los vèrbes acabats en -ar sèrvan un medish tèma dins tots los paradigmes. pres: canti/ subj: cantei/ pret: cantègui/ subj seg: cantèssi

En lengadocian, lo subjonctiu segondari seguís la bastison deu subjonctiu primari. Coma en lengadocian, cèrts vèrbes gascons se bastissen atau. Avèm plan un medish rasic peu present de l’indicatiu e per l’imperfèit, e n’i a plan un segond peu subjonctiu primari, segondari e peu preterit, es lo cas de díser, ríser etc. Los vèrbes qu’èran acabats en latin per -ire, s’an pas qu’ua forma infinitiva, son acabats en occitan per -ir. Cèrts vèrbes pòden èster vius dins un parlar dambe duas formas infinitivas, mès an obligatòriament la forma en -ir.

Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan

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Seguiram la classificacion classica, en díser que son vèrbes deu segond grope. Seguiram l’estudi de Sauzet / Ubaud (1995), en ajustar que pòden aparténguer, a la conjugason sufixada o mièja sufixada. A la lèsta, aquiu quauques vèrbes deu lexic mes corrent: agir, bastir, draubir, dromir, finir, legir, mentir, morir, partir, seguir, sentir, servir, sortir

Sens vóler hèr generalitats, tots aqueths vèrbes seguissen totjorn la variacion deu tèma quand l’infinitiu es unic.

3.1.2 Gascon Lo gascon de l’Isla de Baish bastís pas tots los paradigmes deus sos vèrbes atau. Es çò que pòt mercar ua de las variacions entre gascon e lengadocian. inf: véser/ pres: vesi/ subj: vejai/ pret: vesogui/ subj seg: vesossi

Es aquiu lo subjonctiu primari qu’es diferent deus autes tempses. Tots los vèrbes que seguissen aquera diposicion hèn partida de la classa a conjugason radicala.6 créser, vóler, vàler, càler, póder, aver

3.1.3 Dus infinitius per un vèrbe Cèrts vèrbes de l’Isla de Baish an dus infinitius, un que sembla lo lengadocian, l’aute lo gascon. Es lo cas de aver / àuger. Notam un desplaçament d’accent sus la penultièma. Lo desplaçament d’accent es caracteristic de la conjugason gascona. Trobam atau ténguer per tenir en lengadocian, póder per poder, sàber per saber, la tièra es longa. Aqueth desplaçament d’accent mena vèrbes a cambiar de vocala tematica. Las duas formas se costejan dins lo lexic corrent. Podèm trobar dins ua medisha frasa las duas, sens que lo locutor n’àuja pas consciéncia. Los exemples son a títol indicatiu, la tièra es mes longa. sortir/sòrter, dromir/dròmer, legir/léger

Dus nivèus d’oposicion possibles caracterizan aquera organizacion, se pòt comprénguer mílhor per un esquèma. Sonaram lo tèma gascon (TG), lo tèma deu Present de l’Indicatiu (PI), lo tèma possiblament comun au Subjonctiu e au Preterit (Pret / Subj), enfin lo tèma deu Subjonctiu Primari (Subj I), e lo comun au Preterit e au Subjonctiu Segondari demorarà (Pret). Aquiu doncas ua proposicion d’organizacion deus tèmas de l’Isla de Baish.

––––––– 6

Cf. Sauzet / Ubaud (1995).

408

Vincent Rivière

TG

PI (1)

Pret/Subj (2)

PI/Prêt (1)

Subj I (2)

3.2 Ua desinéncia especifica Las desinéncias au preterit deu parlar estudiat, se ne cresèm Ronjat (1932) e Tourtoulon (1870), an ua particularitat. Se bastissen dambe lo vocalisme deu gascon e lo consonantisme deu lengadocian. Prengueram per exemple, lo vèrbe hèr / far, a la prumèra persona deu preterit. Gasc: hascói/ Leng: faguèri/ Gasc Isla de Baish: hascogui

Vertaderament, aqueras desinéncias son la pròva que lo parlar de transicion dialectala de l’Isla de Baish se bastís dambe elements deus dus dialèctes. S’ajustam a aquò, la preséncia deu pronom le, de l’article de la medisha forma, e deu pronom ac, notam ua influéncia sigura deu parlar tolosan suu parlar de l’Isla de Baish. Per autant, en espiar mes precisament la situacion dialectala de l’Isla qu’es pas qu’a 30 km de Tolosa, vesèm tanben qu’aqueras influéncias dejà aflaquidas dins la zòna estudiada, s’amortissen, coma se pòt notar sus l’ALF, de tira apuèi. Se notam que las isoglòssas son sarradas a l’entorn de Tolosa e que son influéncia lingüistica es flaca, vist l’importància de son activitat economica e son importància politica dins l’istòria occitana, demòra d’explicar.

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Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan

409

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Agata Šega

La distribution spatiale des anciens romanismes en slovène

1. Les anciens romanismes en slovène Notre analyse se base sur quelque 130 anciens romanismes en slovène (ARS) que nous avons identifiés dans une étude préalable.1 Nous n’avons pris en considération que les emprunts directs et anciens, à savoir ceux empruntés directement2 à un parler roman au cours de la période du slave commun et du protoslovène qui commence avec l’immigration des Slaves et se termine à la fin du onzième siècle. Nous nous sommes imposé cette restriction temporelle parce qu’il s’agit d’une période limitée aussi bien d’un point de vue historique que linguistique. Historiquement, il s’agit d’une période caractérisée par trois processus extrêmement importants: l’établissement permanent des Slaves sur des territoires nouveaux, l’adoption d’une nouvelle religion, en fait la christianisation, et finalement la formation d’une société féodale qui arrive également à son terme vers la fin du onzième siècle. Linguistiquement, il s’agit de la période précédant la différenciation dialectale du slovène, qui selon les slavisants remonte au début du douzième siècle, et avant le commencement d’une germanisation intensive. Plus tard, les influences linguistiques romanes se font moins importantes en dehors des territoires sur lesquels ceux parlant le protoslovène, et plus tard le slovène, restent en contact direct avec les romanophones. Nous avons choisi de prendre en considération surtout le critère de la distribution spatiale de chacun des étymons latins qui se trouvent à l’origine des ARS.

2. La distribution spatiale des ARS 2.1 Formes examinées Il faut tout d’abord souligner que nous avons choisi d’interpréter le terme ‹distribution spatiale› au sens le plus large possible. Nous avons, par conséquent, rassemblé plusieurs ––––––– 1 2

Présentée d’une manière plus détaillée dans Šega 2006. Les problèmes liés à l’identification des emprunts directs sont nombreux. Cf. Šega 1998: 69-72 et 2000 ainsi que 2.2.5 ci-dessous.

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Agatha Šega

séries de données concernant la diffusion des étymons examinés tant dans la Romania continua que dans la Romania submersa.

2.1.1 Distribution des étymons se trouvant à l’origine des ARS dans la Romania continua Nous avons rassemblé, en premier lieu, toutes les données accessibles sur la distribution de nos étymons sur le territoire de la Romania continua. Dans le cadre d’une telle recherche, nous n’avons pas eu intérêt, bien entendu, à entrer dans le détail pour toutes les aires de la Romania. Le réseau des données est plus dense pour les aires limitrophes du territoire de l’actuelle Slovénie, tandis que pour le reste de la Romania continua nous avons tenu compte surtout des informations fournies par le dictionnaire étymologique des langues romanes de Meyer-Lübke (REW). Les aires d’extension des formes romanes héréditaires des étymons se trouvant à l’origine des ARS sont plus ou moins larges, mais notre analyse a montré que ces formes sont également attestées presque systématiquement en Italie du Nord.

2.1.2 Distribution des étymons se trouvant à l’origine des ARS dans les langues slaves Nous avons aussi relevé les emprunts anciens et directs provenant des mêmes étymons latins que les emprunts slovènes dans les autres langues slaves. Dans le cadre des langues slaves, nous avons pris en considération tant le slave oriental et occidental que le slavon3, mais nous avons, bien entendu, consacré une attention spéciale aux langues slaves méridionales. Parmi ces dernières, le croate joue un rôle particulièrement important, non seulement parce qu’il est limitrophe avec le slovène et qu’il contient un nombre relativement important d’anciens romanismes, mais aussi parce que nous avons la chance de disposer d’un nombre considérable de données, relevées et commentées par le célèbre romaniste Petar Skok.4

2.1.3 Distribution des étymons se trouvant à l’origine des ARS dans les langues non romanes et non slaves sous forme d’emprunts directs et anciens Nous avons tenu compte également des emprunts anciens à nos étymons par d’autres langues sur le territoire ayant fait partie de l’empire romain, à savoir les langues germaniques et celtiques, le hongrois, l’albanais ou le berbère. Nous pouvons, assez souvent, constater la présence du même étymon sous forme d’emprunt ancien et direct dans plusieurs langues ou dans plusieurs groupes de langues. Cela arrive surtout lorsqu’il y a

––––––– 3 4

La présence de l’emprunt en slavon confirme son ancienneté. Cf. surtout Zum Balkanlatein I-IV dans ZrP 1926: 385-410; 1928: 398-413; 1930: 484-532; 1934: 175-215 et 424-499.

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motivation extrinsèque de l’emprunt5, c’est à dire au cas où le signifié a été adopté avec son signifiant.

2.1.4 Emprunts indirects par l’intermédiaire des langues slaves provenant des étymons qui se trouvent à l’origine des ARS Nous avons pris en considération les cas où une langue non slave emprunte au slave relativement tôt un mot qui, du point de vue du slave, est un ancien romanisme. À première vue, ces données semblent peut-être marginales, mais elles sont souvent très importantes parce qu’elles corroborent l’hypothèse sur l’ancienneté de l’emprunt en slave. Ainsi, l’existence du slavisme allemand régional pogaetsschen ‹panis subcinericius› au 13e siècle et de la forme latine médiévale de même sens pagachia au 14e siècle6 ne font que confirmer la présence du romanisme pogača7 en slave méridional avant cette époque.

2.2 Classement des données et leur importance En principe, les étymologues décident de l’ancienneté et de la langue d’origine de l’emprunt en fonction des substituts, c’est à dire des sons qui, dans la langue cible, remplacent les sons de la langue source de l’emprunt. Ils peuvent cependant le faire seulement quand les substituts ne sont pas les mêmes pour les différentes périodes de l’emprunt et pour les différentes langues sources. Mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Vu que l’image phonique de certains mots ne peut pratiquement pas nous fournir d’informations qui confirmeraient ou réfuteraient leur statut d’emprunts anciens et directs, l’étude des données sur l’aire d’extension d’un certain étymon peut apporter certains résultats et aide parfois à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre dans les cas difficiles, sous condition que l’on se rende bien compte de certaines limitations.8 L’analyse de chacune des 130 séries des formes relevées a montré que, presque sans exception, les étymons examinés n’ont pas été empruntés exclusivement par le slovène. Nous pouvons constater que les aires de distribution de nos formes pourraient être classées en plusieurs types. Elles se montrent, en principe, proportionnellement croissantes avec l’ancienneté de l’emprunt. Les quelques exceptions à cette règle sont extrêmement rares et donc d’autant plus significatives.9

––––––– 5 6 7 8 9

Cf. Hope 1965: 154. Cf. LLMAI 2: 467. Emprunté de FOCACEA, REW 3396 ‹sorte de gâteau›. Pour la bibliographie cf. la note 2. Cf. 2.2.6 ci-dessous.

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Agatha Šega

2.2.1 Premier type: les étymons empruntés par toutes les langues slaves Les romanismes les plus anciens qui connaîssent la plus large extension territoriale ont une caractéristique commune: quand ils figurent dans les langues slaves orientales et occidentales, on peut les trouver également dans le slave méridional. Ceci pourrait nous faire supposer que ces mots ont été empruntés en slave occidental et oriental par l’intermédiaire du slave méridional ou qu’ils sont passés du slave méridional tout d’abord en slavon puis, par la suite, en slave occidental et oriental. On peut, par ailleurs, constater que les emprunts parallèles existent très souvent aussi dans d’autres langues non-slaves.

2.2.2 Deuxième type: les étymons empruntés par le slovène (éventuellement aussi par le croate) et par le slave occidental (éventuellement aussi par le slave oriental) Nous avons classé dans ce deuxième type les emprunts slovènes et éventuellement croates qui n’ont pas d’emprunts parallèles dans les langues slaves méridionales de l’est, à savoir le serbe, le macédonien et le bulgare, mais qu’on peut trouver dans les langues slaves occidentales, parfois aussi dans les langues slaves orientales. Cette distribution de l’emprunt donne raison à supposer que le mot n’est pas un romanisme direct mais qu’il a été emprunté par l’intermédiaire de l’allemand.10

2.2.3 Troisième type: les étymons empruntés par le slovène, les autres langues slaves méridionales et le russe (éventuellement par d’autres langues slaves orientales) Une telle aire de distribution rend vraisemblable l’hypothèse qu’il s’agit d’un emprunt direct dans les langues slaves méridionales, tandis qu’en russe, le mot a pu être emprunté par l’intermédiare du slavon. Cela est naturellement d’autant plus probable quand l’emprunt est attesté aussi en slavon. Les éventuelles formes slaves orientales seraient dans ces cas-là des russismes plus ou moins récents.

2.2.4 Quatrième type: les étymons empruntés par toutes les langues slaves méridionales Ce type rassemble les emprunts qui se trouvent dans toutes les langues slaves méridionales. Après l’analyse de ces mots, nous avons pu établir deux règles: a) Quand l’étymon est présent sous forme d’emprunt direct et ancien à l’extrême ouest de l’aire linguistique du slave méridional (c’est à dire en slovène) et aussi à l’extrême est (c’est à dire en macédonien et en bulgare), il se trouvera sans doute aussi dans la zone centrale, c’est à dire en croate et en serbe. La situation contraire nous permet de supposer l’intermédiare d’une autre langue dans le processus de l’emprunt. Cette autre langue est en principe l’allemand pour le slovène et le grec pour le macédonien et le bulgare. ––––––– 10

C’est à dire de l’ancien haut allemand ou, un peu plus tard, du moyen haut allemand.

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b) Quand l’étymon existe sous forme d’emprunt ancien et direct en macédonien et en bulgare, il existe comme emprunt direct et ancien aussi en slovène. Il est vrai qu’il existe quelques emprunts anciens et directs en macédonien et en bulgare que les autres langues slaves méridionales ne connaissent pas et que nous pouvons donc considérer comme des termes caractéristiques de la latinité orientale. Nous pensons aux célèbres mots kopona ‹balance› ← CAMPANA, REW 1556 et komka(va)m ‹je donne la communion› ← COMMUNICO, REW 2090. Quelques anciens romanismes directs, plus exactement quatre selon nos recherches, apparaissent dans la partie centrale et orientale de l’aire linguistique du slave méridional, c’est à dire en croate, serbe, macédonien et bulgare, tandis que le slovène ne les connaît pas. Il s’agit des étymons suivants: CALX, -CE, REW 1553 → cro.serb.-mac.-blg. klak ‹chaux›, BASILICUM, REW 973 → cro.-serb. bosiljak, mac.-bulg. bosilek ‹basilique›, COTONEA, CYDONEA, REW 2436 → cro. katunja, serb.-mac.-bulg. djulja, dunja ‹coing› et VITTA, REW 9404 ‹bande, bandage› > *VITTEA11 → cro.-serb. bječva, bičva ‹chaussette›, au pl. aussi ‹pantalon›, bulg. bečvi(šta). Pour le signifié ‹chaussette; pantalon› le slovène utilise un autre romanisme d’un âge tout aussi respectable, à savoir hlača avec exactement le même sens ‹chaussette› et au pluriel ‹pantalon› ← CALCEA, REW 1495 ‹chaussette›. Il est possible que deux anciens romanismes ayant le même sens se soient divisés en quelque sorte l’aire linguistique du slave méridional, d’autant plus que les emprunts de CALCEA prennent au centre et à l’est de ce territoire le sens de ‹vêtement de femme, gilet de drap› ou tout simplement celui de ‹drap›, et il manque donc sur ce territoire un signifiant pour le sens ‹chaussette; pantalon›. Pour deux des quatre signifiés recouverts par ces emprunts, le slovène utilise des germanismes plus récents, à savoir bazilika ‹basilique› et kutina ‹coing›. En ce qui concerne le mot klak qui, comme nous l’avons préalablement mentionné, n’existe pas en slovène, force est de constater pourtant que ce mot croate a été attesté aussi dans un village à seulement 30 km de la frontière avec la Slovénie. Puisque le mot archaïque klak a pratiquement disparu en Croatie en faveur de son synonyme d’origine slave apno que le slovène utilise comme seul terme désignant la ‹chaux›, il n’est pas exclu, à notre avis, que klak ait autrefois existé aussi en slovène. Les deux germanismes plus récents mentionnés pour ‹basilique› et ‹coing› dissimulent peut-être, eux aussi, l’existence de romanismes parallèles à ceux que connaissent les autres langues slaves méridionales. Nous savons que, dans l’histoire d’une langue, les emprunts plus récents remplacent souvent d’autres mots empruntés dans une période plus éloignée de l’histoire. Les anciens romanismes en slovène témoignent en grande mesure de ce processus: dans notre langue qui a subi une influence lexicale allemande relativement forte12, il s’agit le plus souvent de germanismes plus récents qui supplantent des romanismes plus anciens. Nous nous limiterons à citer l’exemple du signifié ‹suc d’origine végétale, préparé pour être soumis à la fermentation alcoolique, moût› qui, dans une phase plus ancienne du développement du slovène, était désigné par le mot mast, ancien romanisme provenant de MUSTUM (REW 5783) et attesté exclusivement comme forme dialectale. Le slovène standard ne connaît que le verbe mastiti qui en dérive,

––––––– 11 12

Ce dérivé a été supposé par Petar Skok dans ERHSJ 1: 145. Cette influence commence à se faire sentir très tôt, déjà au onzième siècle.

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tandis que le substantif mošt, employé aujourd’hui à la place de mast pour ‹moût›, est un germanisme plus récent, du moyen haut allemand most.13

2.2.5 Cinquième type: les étymons empruntés par le slovène et le croate Les mots connus comme des anciens romanismes en slovène avec cette aire de distribution sont parfois tout simplement des emprunts plus récents au croate. Cela risque d’être vrai lorsque le mot existe en croate standard ou littéraire alors qu’il n’existe pas dans les dialectes slovènes. Il s’agit dans la plupart des cas de mots qui désignent des plantes et des animaux de la Méditerranée. Citons par exemple le mot slovène spužva qui est évidemment passé par le croate spužva, emprunté à son tour au mot dalmate qui continue le latin SPONGIA, REW 8173 ‹éponge›. Nous le savons à cause du substitut croate u pour la voyelle o nasale du vieux slave où l’emprunt direct aurait un o en slovène. L’exemple cité n’est pas problématique, la différence de substitut témoigne tout simplement que le mot a été emprunté indirectement. Mais il y a des cas ou les substituts sont les mêmes en slovène et en croate. Les deux résultats de l’emprunt sont donc homophones, ce qui rend la tâche du linguiste presque impossible lorsqu’il veut distinguer un ancien romanisme direct en slovène d’un croatisme plus récent. Les romanismes slovéno-croates que nous pouvons classer avec certitude parmi les emprunts directs et anciens ont le plus souvent la même aire de distribution que le mot miza ‹table› ← MENSA, REW 5497, c’est à dire qu’ils sont attestés aussi bien en slovène (soit seulement dans les dialectes, soit aussi dans la langue standard, ce qui est le cas de notre exemple) que dans les dialectes croates occidentaux.

2.2.6 Sixième type: les étymons empruntés exclusivement par le slovène Le groupe peut-être le plus intéressant parmi les emprunts que nous analysons contient les anciens romanismes empruntés aux étymons qui, de toutes les langues slaves, méridionales ou autres, ne sont attestés qu’en slovène. Il semble que ces mots aient été adoptés un peu plus tard que les mots ayant une aire d’extension plus large et témoignent des contacts linguistiques du slovène avec l’ancien frioulan. Ils n’appartiennent pas d’ailleurs, dans la plupart des cas, au slovène standard. Ils ne sont attestés que sur un territoire très limité, dans les dialectes de l’extrême ouest de la Slovénie. L’aire de distribution de l’emprunt kudati ‹penser› ← COGITARE, REW 2027 en est un bon exemple: on ne le trouve que dans les dialectes archaïques de l’extrême ouest de l’aire linguistique slovène, séparés du centre non seulement par des montagnes mais aussi, encore récemment, par une frontière politique. Deux anciens romanismes de ce groupe méritent sans doute une attention toute spéciale: le slovène les a empruntés aux étymons qui n’ont pas survécu dans les langues romanes.14 Nous les avons marqués de la lettre grecque α après le numéro de l’article qui précéderait si le mot se trouvait dans le REW:15 podreka ← *PATRIARCA, REW ––––––– 13 14 15

Emprunté également au lat. MUSTUM. Cf. Bezlaj, ESSJ 2: 196. À l’exclusion, bien sûr, des formes savantes tardives qui ne nous intéressent pas. Nous suivons en ceci l’exemple de Rocchi 1990.

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6296α ‹patriarche d’Aquilée› et jer ← *JERU(M), REW 4192α ‹prêtre, saint (homme)›.16 Le premier mot survit dans le nom de famille Podreka qui est assez commun à l’extrême ouest du territoire linguistique slovène. Le mot est attesté comme appellatif aussi en croate, une seule fois dans un texte daté de 1275.17 Le deuxième emprunt est exclusivement slovène, attesté pratiquement sur le même territoire que podreka et kudati. Les toponymes basés sur l’appellatif jer que l’on peut trouver en Slovénie centrale montrent cependant que l’aire de distribution de cet emprunt a dû être beaucoup plus large autrefois.

3. Les résultats et la conclusion Nous avons de justes motifs à supposer que les anciens romanismes en slovène ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Un nombre relativement important de doublettes18 révèlent que la couche plus récente des germanismes19 est venue se superposer sur la couche la plus ancienne des emprunts d’origine romane, nous empêchant ainsi de nous faire une juste image de la situation linguistique à la fin du premier et au début du deuxième millénaire. A l’extrême est de l’aire du slave méridional, c’est au grec d’exercer la même influence que l’allemand à l’ouest. Le plus grand nombre de reliques lexicales romanes se rencontre sans doute sur la côte croate, surtout parmi les noms de poissons et les toponymes de la région côtière. Ajoutons encore quelques observations sur le sens de nos emprunts. Ils se basent exclusivement sur les substantifs latins et gardent, dans la plus grande majorité des cas, le sens qu’ils avaient au moment de l’emprunt. Ils apparaissent dans un nombre assez restreint de champs sémantiques. Après leur immigration, les Slaves ont été confrontés à des objets et des activités qu’ils ne connaissaient pas auparavant. Les anciens romanismes désignent donc surtout des plantes, des fruits et des animaux dont l’habitat est caractérisé par un climat plus doux de celui du pays d’origine des Slaves (češnja ‹cerise› ← CERASEA, REW 1823), ils désignent des termes du bâtiment (mir ‹mur de pierre› ← MURUS, REW 5764), de viticulture (mošt ‹moût› ← MUSTUM, REW 5783) et des objets de culture matérielle parmi lesquels nous devons mentionner les objets domestiques (vrč ‹cruche, jarre› ← URCEUS, REW 9080) et les vêtements (hlače ‹chaussette, pantalon› ← CALCEA, REW 1495). Le dernier groupe sémantique que nous mentionnerons contient les mots liés à la religion chrétienne (kum ‹parrain, compère› ← COMMATER, REW 2082; pogan ‹païen› ← PAGANUS, ––––––– 16

17

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19

Les deux étymons supposés seraient donc d’origine grecque (du gr. patriarkhês «chef de famille; patriarche» et hierós «saint»), cf. Bezlaj, ESSJ 3: 72 et 1: 226. En croate, le terme plus ancien est remplacé bientôt par l’emprunt plus récent patrijarh, attesté déjà en 1405. À côté de l’exemple mast ← MUSTUM contre mošt ← mha. most mentionné plus haut, citons encore ocel ‹acier› ← ACIALE, REW 103 contre jeklo ← aha. acchil, mha. eckel (Bezlaj, ESSJ 1: 225). Pourtant encore relativement ancienne, puisqu’il s’agit de mots empruntés à l’ancien haut allemand ou, du moins, au moyen haut allemand.

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REW 6141). C’est justement parmi ces derniers que l’on trouve, d’un côté, un nombre relativement élevé d’anciens romanismes qui ont été empruntés par la majorité des langues slaves et, de l’autre, quelques termes empruntés, selon toute évidence, exclusivement sur le territoire du patriarchat d’Aquilée, auquel appartenait à l’époque le territoire actuel de la Slovénie. Dans le cas de jer et de podreka, nous pouvons même parler d’étymons qui sont, selon toute évidence, caractéristiques du protoroman de la région en question, tout comme les anciens romanismes bulgares kopona et kumkavam, dont nous avons parlé plus haut20, sont caractéristiques du protoroman de l’est du territoire slave méridional actuel. À notre avis, le nouveau dictionnaire étymologique des langues romanes qui est en préparation ne devrait pas négliger ce type d’informations s’il veut vraiment présenter le plus exhaustivement possible le lexique des langues romanes. Car si ces étymons ne sont pas attestés dans les langues romanes, les anciens romanismes en slovène et en croate témoignent suffisamment de leur existence dans une phase ancienne du développement du protoroman régional. Nous voudrions terminer avec une pensée du célèbre romaniste Aurelio Roncaglia, exprimée il y a certes presque 30 ans mais n’en étant pas pour autant moins vraie.21 Dans l’extrait que nous citerons, Roncaglia pense plutôt aux questions phonologiques, mais le texte pourrait aussi bien se rapporter aux problèmes lexicaux. Le linguiste italien formule d’une manière beaucoup plus élégante que nous ne pourrions le faire une opinion que nous ne pouvons que pleinement partager: Si nous voulons vraiment accroître les données, élargir les fondements positifs de nos connaissances, il faudra que notre recherche revienne à l’histoire: aux interférences entre les différentes langues qui, dans les dimensions réelles de l’histoire, ne vivent pas isolées; et donc que la linguistique romane s’ouvre plus largement à la considération de ce qui s’est passé au delà même des limites du monde latin.

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––––––– 20 21

Cf. 2.2.4. b). Cf. Roncaglia (1982: 122).

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Isabelle Simões Marques

Plurilinguisme et immigration dans la littérature portugaise contemporaine

Nous nous proposons d’étudier, à partir d’une sélection de cinq œuvres littéraires portugaises (quatre romans et un recueil de nouvelles)1, les manifestations plurilingues des personnages, tous migrants en France. Nous nous intéressons aux interférences et aux influences présentes dans leurs discours et ceci non pas dans leur langue cible (le français) mais dans leur langue source (le portugais), langue des œuvres littéraires choisies. Notre point de vue est différent de celui qui est communément pris en compte. En effet, notre intérêt porte sur les répercussions que ces migrants, locuteurs de langue portugaise, ont pu subir au contact d’un autre pays et d’une autre langue, elle aussi romane – le français. De plus, étant donné que notre corpus est littéraire, nous tenterons de cerner les moyens par lesquels les auteurs recréent l’altérité dans la voix de leurs personnages et quelles sont les fonctions et les valeurs de ce mimétisme langagier. Le thème de l’immigration dans la littérature portugaise a toujours été présent depuis les récits des navigateurs, en passant par les aventures des premiers portugais au Brésil et plus récemment aux XIX° et XX° siècles à travers les récits, les poèmes et les correspondances des migrants et des écrivains vers les continents américain et européen. Durant la deuxième moitié du XX° siècle, une forte immigration s’est développée, favorisée par un climat économique défavorable et un gouvernement dictatorial, entraînant la fuite, la plupart du temps illégale, de migrants économiques et politiques. Les années soixante ont connu le plus grand nombre de départs du Portugal principalement vers l’Europe et surtout vers la France. Les œuvres littéraires, dont nous avons retiré notre corpus, en sont le reflet, ce qui nous permet en outre de voir s’il y a des différences ou au contraire des stabilités linguistiques d’un point de vue diachronique.

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Clímaco, Nita (1967): A salto. Lisboa: edição da autora. (NC). Ventura, Mário (1975): Morrer em Portugal. Amadora: Livraria Bertrand. (MV). Gonçalves, Olga (1978): Este verão o emigrante là-bas. Lisboa: Livraria Bertrand. (OG). Nery, Júlia (1984): Pouca terra… pouca terra. Lisboa: Edições Rolim. (JN). Lehning, Maria João (2003): D’acordo. Lisboa: Editorial Presença. (MJL).

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1. Cadre théorique Notre intérêt de porter notre étude sur un corpus littéraire est lié au fait que nous considérons que la littérature a comme principal outil la langue. Toute langue d’écriture est une construction à l’intérieur de la langue commune (Gauvin 2001). Selon Meschonnic (1999: 117), «la littérature est la réalisation maximale de l’oralité, elle l’est chaque fois qu’elle s’accomplit comme une subjectivation maximale du discours». Ceci crée du continu entre l’oralité et l’écriture, inséparable du dialogisme inhérent au texte littéraire, tel que Bakhtine a pu le définir à partir de l’hétéroglossie propre au roman moderne. C’est dans ce sens que les écrivains des œuvres choisies pratiquent, selon nous, un plurilinguisme (externe selon Maingueneau et textuel selon Gauvin). En effet, ils insèrent dans leurs œuvres de multiples voix en langues étrangères, leurs œuvres sont profondément hétérogènes du point de vue du langage. Le texte devient alors une traversée de langues. Le fait que les auteurs s’approprient et restituent ainsi la voix de leurs personnages dans les dialogues contribue à la pluralité et à l’hétérogénéité des discours (Gauvin 2002). De plus, pour Maingueneau (2004), l’écrivain s’approprie la langue qu’il utilise selon le genre de texte et de thématique. L’écrivain est ainsi confronté à une interaction de langues et d’usages et doit négocier à travers un code langagier qui lui est propre. L’écrivain peut répartir ces langues selon sa propre économie, l’altérité linguistique est un geste littéraire et politique. En effet, si le thème de l’immigration a souvent été traité dans la littérature portugaise, le fait de donner littéralement la parole à ce type de personnage migrant et de reproduire ainsi son discours bilingue est assez marginal. C’est ainsi que les auteurs de notre corpus ont fait le choix de faire entrer dans la littérature une variété de langue sans prestige social. La voix des immigrés portugais en France se caractérise par un langage unique, mélangeant et / ou alternant des éléments morphosyntaxiques, sémantiques et lexicaux du portugais et du français. Le contexte de notre corpus se situe donc au niveau du contact des langues de par la migration des personnages, migration qui s’opère à plusieurs niveaux: géographique, social et linguistique. Leur production linguistique est donc intrinsèquement liée à l’entredeux et à l’hybridation de leurs discours où identité et altérité cohabitent. Tous ces locuteurs appartiennent à une communauté linguistique (Bloomfield 1970) distincte des autres locuteurs portugais car ils appartiennent au sous-groupe formé par les immigrés portugais vivant en France. Selon Hamers et Blanc (1983), il existe une identité culturelle bilingue lorsqu’on reconnaît un groupe social comme ayant un mode de vie spécifique ou parlant avec un accent qui lui est propre. De plus, selon Fishman (1989), le langage est le ciment du groupe, c’est l’élément qui le distingue des autres. Au fil des ans et du contact avec d’autres populations, les immigrés s’éloignent de leur langue d’origine en ceci que, selon Labov (1976), la fidélité envers la langue est peu présente et que cette conscience linguistique est peu importante. Allant dans le même sens, Dabène et Moore (1995) affirment que la première génération de migrants est plus perméable aux changements linguistiques car elle en a moins conscience et les auteurs caractérisent le parler des migrants comme un «dialecte de contact». De plus, selon Grosjean et Py (1991), il y a une restructuration de la compétence de la première langue lorsque les migrants sont en contact prolongé avec la langue d’accueil (dans notre cas le français). La première langue des

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migrants est influencée par la seconde à tous les niveaux. Les études sur le contact des langues renforcent l’hypothèse que ces changements ne sont pas idiosyncrasiques mais au contraire des marques constitutives de cette communauté, ces variantes finissant par intégrer la langue des migrants. Les manifestations qui caractérisent ce que l’on peut appeler «d’interlangue des migrants», «immigrant speech» ou «dialecte de contact» sont de différents ordres. L’individu bilingue dispose de deux systèmes morphosyntaxiques qu’il peut employer alternativement ou en les mélangeant dans son discours. Tout d’abord, le code-mixing est utilisé, en règle générale, dans des conversations informelles. Selon Weinreich (1953), le code-mixing est une déviation par rapport aux normes de deux langues. Pour Hamers et Blanc (1983: 204): Il peut être aussi un code spécifique du bilingue, qui lui permet d’exprimer des intentions, des attitudes, des rôles, une identité sociale, culturelle ou ethnique. Il remplit alors des fonctions sociales ou stylistiques dans des situations de contact de langues.

Dans de nombreuses productions en code-mixing, il existe des marques d’interférences grammaticales, qui à leur tour le renforcent (cf. Gardner-Chloros 1995). Traditionnellement, on considérait que le code-mixing était la marque d’une quelconque dégénérescence de la part du locuteur bilingue qui montrait une perte ou un manque de compétence dans ses deux langues. Muysken (2006) la réfute totalement, car pour lui le bilingue est compétent dans ses deux langues. De plus cette manifestation peut aussi être envisagée comme une des stratégies de communication du sujet bilingue (Hamers / Blanc 1983). Relevant du code-mixing, l’interférence est, selon Mackey (1976: 347), «l’utilisation d’éléments appartenant à une langue tandis que l’on en parle ou que l’on en écrit une autre». Il distingue l’interférence de l’emprunt en affirmant que l’interférence est du domaine de la parole (personnelle et contingente) tandis que l’emprunt est du domaine de la langue (collective et systématique). Calvet (1993) est du même avis car, pour lui, l’emprunt est collectif et l’interférence individuelle. Mackey ajoute que l’élément emprunté peut se restreindre géographiquement et communautairement et qu’il peut ne concerner qu’une petite tranche de la communauté linguistique. L’interférence est un élément transitoire et instable et elle est variable selon le registre et le contexte. Valdman (2000) considère que l’interférence affecte la phonologie et la morphosyntaxe tandis que l’emprunt affecte le lexique. Muysken (2006) précise que, contrairement au code-mixing, l’interférence ne véhicule pas de sens spécifique. Le terme interférence, souvent généralisé et utilisé à tort, peut comporter une certaine charge négative d’où le recours par certains auteurs à une autre dénomination comme «transfert» (Clyne 2003) ou «cross-linguistic influence» (Kellerman 1987; Sharwood-Smith 1994).

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2. Analyse du corpus A présent, nous nous proposons d’analyser les manifestations bilingues dans notre corpus. Celui-ci comporte des éléments propres de l’alternance de langues (emprunts) et du mélange de langues (interférences et influences).

2.1 Emprunts et interférences lexicales Selon Mackey (1976), il convient de faire la distinction entre les éléments lexicaux qui ont été intégrés au dialecte (emprunts) et ceux que l’on rencontre dans un énoncé d’un locuteur bilingue. C’est sans doute la forme d’influence interlinguistique la plus commune, la structure la moins rigide, la plus proche de la réalité extralinguistique avec une plus grande ouverture par rapport aux influences étrangères, étant donné que le lexique s’adapte aux modifications du monde extralinguistique (cf. Martins 1997). Haugen (1972) définit l’emprunt lexical comme un mécanisme de reproduction de règles, propres à une langue dans l’utilisation de l’autre langue, qui est mené à bien à travers deux procédés, l’importation et la substitution, que ce soit au niveau morphologique ou phonético-phonologique. Deux catégories générales se dégagent de notre corpus. D’une part, les emprunts qui n’ont subi aucune adaptation ou substitution, intègrent des dialogues où s’insère du codeswitching. Peu nombreux, ils concernent essentiellement le monde du travail, comme nous pouvons le vérifier dans les termes suivants, place (p.198, OG), femmes de ménage (p.152, OG), bâtiment (p.152, OG), surveillant (p.200, OG)

D’autres emprunts sont en rapport avec le domaine de la santé, maladie (p.152, OG), antibiotiques (p.152, OG), lit (p.152, OG), arrêt de maladie (p.197, OG)

Certains emprunts sont liés aux conditions de vie et au monde extérieur, étage (p.105, OG), bidonville (p.163, OG), foyers (p.133, OG), habitation (p.133, OG), trottoirs (p.154, OG), couloir (p.200, OG)

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D’autre part, les manifestations en contexte de code-mixing sont beaucoup plus nombreuses et s’accompagnent d’interférences lexicales qui sont, pour la plupart, des termes concrets et pratiques reflétant le quotidien des migrants. Plus concrètement, il s’agit, là aussi, principalement du monde du travail, de la santé et des vacances. Concernant le travail, nous rencontrons les termes suivants, chomagem (p.95, NC) (en français chômage/en portugais desemprego), entreprisas (p.95, NC) (entreprises/empresas), ferma (p.6, MV) (fermes/quintas), algerianos (p.173, OG) (algériens/argelinos), batimento (p.5, MV, p.56, JN) (bâtiment/construção civil), machina (p.201, OG) (machine/máquina), usina (p.98, NC, p.198, OG, p.151, OG, p.154, OG, p.53, JN) (usine/fábrica), tornor (p.151, OG) (tourneur/torneiro), máquina de pliar (p.197, OG) (machine à plier/máquina de dobrar), birus (p.57, JN) (bureaux/escritórios), uvrieiro (p.150, MJL) (ouvriers/obreiros)

Dans le domaine de la santé, congé de maladia (p.94, NC) (congé maladie/baixa), malada (p.152, OG, p.201, OG) (malade/doente), maladias (p.149, MJL) (maladies/doenças), alocações (p.94, JN) (allocations/subsídios)

Finalement l’interférence vacanças (p.95, NC, p.5, MV, p.145, OG, p.146, OG, p.158, OG, p.201, OG, p.55, MJL) (vacances/férias) est récurrente dans notre corpus. La grande majorité de ces emprunts et de ces interférences lexicales correspondent, à ce que Mackey (1976: 351) définit comme «l’interférence culturelle», c’est-à-dire «l’élément étranger qui peut être le résultat de l’effort produit en vue d’exprimer de nouveaux phénomènes ou de nouvelles expériences dans une langue qui n’en rendait pas compte». En effet, la plupart des migrants portugais, provenant de la campagne, sont allés travailler dans des zones urbaines et industrielles et les réalités liées à ce type de travail leur étaient totalement inconnues auparavant. En analysant de plus près notre corpus, nous nous apercevons que les interférences lexicales ont des caractéristiques communes, comme le fait que les personnages reprennent la structure morphologique du français et l’importent en portugais en effectuant quelques adaptations. Les termes conservent les mêmes traits morphologiques de la langue d’origine, comme le genre et le nombre, comme c’est le cas, par exemple, des termes suivants, termes féminins en français et en portugais, valisas (p.72, OG) (valises/malas), pubela (p.96, OG) (poubelle/lixo), moqueta (p.79, JN) (moquette/alcatifa), usina (p.98, NC, p.151, OG, p.152, OG, p.154, OG, p.53, JN) (usine/fábrica)

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termes masculins en français et en portugais, batimento (p.5, MV, p.83, OG, p.56, JN) (bâtiment/construção civil), uvrieiros (p.150, MJL) (ouvriers/obreiros)

Ces termes adaptent les traits orthographiques et phonologiques de la langue portugaise. Cependant, nous constatons deux exceptions où la morphologie portugaise se substitue à la morphologie d’origine, chaufagem (p.95, NC) (chauffage/aquecimento), chomagem (p.95, NC) (chômage/desemprego)

Le genre féminin portugais vient se substituer au genre masculin français, en leur attribuant le suffixe portugais -agem, trait caractéristique et très commun des termes lexicaux portugais du genre féminin. Un cas intéressant d’influence concerne l’adjectif algerianos (p.173, OG), formé sur la règle française et selon l’adaptation phonologique française (algériens) et non sur la forme adjectivale portugaise (argelinos), sans doute dû à une plus grande fréquence d’emploi de ce terme en France.

2.2 Morphologie verbale La grande majorité de notre corpus est composée de verbes soit portugais soit en contexte de code-mixing (interférences et influences). La plupart des verbes concernent le quotidien et la réalité concrète, notamment dans le domaine du travail, foram desembuchados (p.95, NC) (ont été débauchés, licenciés/foram despedidos), foi desembuchado (p.99, NC) (a été débauché, licencié/foi despedido), embauchei (p.5, MV) (embauché/empreguei), remplaçar (p.152, OG) (remplacer/substituir), ser deplaçado (p.151, OG) (être déplacé/ser deslocado)

Trois verbes de mouvement sont présents dans notre corpus, arriva (p.136, OG) (arrive/vem), arreta (p.149, MJL) (arrête/pára), chercha (p.149, MJL) (cherche/procura)

Deux verbes concernent les sentiments et les relations sociales, taquinar (p.53, JN) panicar (p.96, JN) qui n’ont pas un équivalent par une lexie simple en portugais. En effet, le verbe taquiner a, en français, une connotation d’amusement que le sémantisme des équivalents portugais comme contrariar, implicar ou importunar ne comportent pas. Le verbe paniquer en portugais est créé à travers une construction périphrastique (entrar em pânico). Ceci peut expliquer le recours au procédé de code-mixing.

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D’après ces exemples retirés du corpus, nous vérifions que les temps, les accords et la conjugaison appartiennent à la langue portugaise tout en se basant sur les radicaux des verbes français qui sont importés directement (comme embauchei, arriva, taquinar) ou en subissant une substitution orthographique (comme panicar). Le verbe debuchar (p.149, MJL) (déboucher/desemtupir) et le participe passé desembuchado (p.95, NC, p.99, NC) (débauché, licencié/desempregado) ont tous les deux subi une substitution phonologique et morphologique avec le recours au préfixe portugais (-des).

2.3 Interférences sémantiques Les interférences sémantiques, présentes dans notre corpus, sont lexicales et verbales. Pour le lexique, il s’agit, comme l’a étudié Haugen (1972), de ce qui correspond au «loanshift», c’est-à-dire à l’importation, non d’une forme lexicale, mais d’un signifié qui subit une extension sémantique. Grosjean (1982) ajoute que ces interférences sémantiques du lexique ne sont pas seulement motivées par la ressemblance formelle entre les mots des deux langues, mais qu’il peut y avoir, dans certains cas, une motivation de nature simplement sémantique. De ce fait, nous rencontrons certains termes ou expressions dont le sémantisme a changé par influence du français comme c’est le cas du terme cinturas (p.98, OG). Ce terme déjà présent dans la langue portugaise est rivalisé par la langue d’accueil qui lui confère une autre signification. Le terme portugais cinturas, qui désigne la ceinture corporelle, est concurrencé par le terme français ceintures qui a un double sens, non seulement le même sens qu’en portugais, mais aussi celui de ceinture de sécurité pour les automobiles. C’est cette acception qui est adoptée par le personnage à la place du terme portugais cinto. Il en est de même pour les cas d’influence sémantique verbale. Les verbes marchar (p.96, OG) et habitar (p.146, OG, p.163, OG, p.198, OG) existent en portugais. Le verbe habitar existe avec le même sens malgré le fait que son synonyme morar soit sans doute plus utilisé. Nous pensons aussi que l’influence de l’usage courant et générique du verbe habiter en français a contribué à ce que les locuteurs l’incorporent avec une certaine facilité dans leurs discours portugais. Dans le cas de marchar, le verbe français marcher comporte l’acception fonctionner que ne connaît pas le verbe portugais et c’est précisément dans l’acception du français que le personnage utilise ce verbe lorsqu’il regrette la panne de l’ascenseur. En ayant recours à cette interférence, le personnage confère ainsi à un verbe portugais une acception nouvelle, en lui élargissant son sémantisme. Les sujets bilingues adoptent ainsi le sémantisme français qui se superpose et s’ajoute au sémantisme originel du portugais.

2.4 Interférences syntaxiques Les interférences syntaxiques sont assez rares dans notre corpus et nous n’avons enregistré que deux occurrences que l’on retrouve dans des rares cas de dialogues exolingues, où un personnage bilingue parle avec un locuteur français monolingue. Il ne

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s’agit plus d’influence sur la langue première du locuteur mais bien d’influence de la langue première sur le français, langue seconde. Tout d’abord, dans l’énoncé, Problème la manque d’argent (p.177, OG), le déterminant utilisé est féminin au lieu du déterminant masculin, sans doute par influence de la construction portugaise (a falta de). Ensuite, dans l’énoncé, Allez se coucher au métro (p.191, OG), nous rencontrons un pronom réfléchi portugais à la troisième personne du singulier à la place d’un pronom personnel français (tu ou vous).

2.5 Interférences phonologiques et graphiques Selon Weinreich (1953), l’interférence au niveau phonologique survient lorsqu’un locuteur bilingue impose les principes phonologiques d’un de ses systèmes linguistiques, en principe du système dominant (L1), dans l’utilisation de l’autre plus faible (L2). L’interférence graphique est, selon le même auteur, le transfert dans une langue des règles d’écriture d’une autre langue. Lorsque cela survient au niveau de l’orthographe, celle-ci est transférée à l’autre langue ou bien s’appliquent des formes qui ne se rencontrent dans aucune des deux langues. Les cas les plus représentatifs présents dans notre corpus sont sans doute les suivants, guardian (p.198, OG), birus (p.57, JN), quartière (p.149, MJL), uvrieiros (p.150, MJL). Ici, nous assistons à une retranscription de la perception orale et de la prononciation qu’ont les sujets bilingues des termes français. En effet, ces structures phonologiques sont assez difficiles à assimiler par un locuteur portugais. De plus, en portugais, toutes les lettres se prononcent, même celles en dernière position, d’où cette reproduction du r muet dans les termes quartière et uvrieiros. Ceci renforce l’idée de Mackey (1976: 359) concernant l’identification interlinguistique, qui est selon lui «l’habitude qu’ont les bilingues de ramener les caractéristiques d’une langue à celles de l’autre langue». Ici, l’intervention des écrivains pousse le mimétisme jusque dans la retranscription graphique.

3. Conclusions Nous rencontrons une certaine stabilité et homogénéité du corpus constitué à partir des différentes œuvres avec la récurrence de certains phénomènes (comme vacanças, usina, habitar, batimento et malada/maladia). Ceci montre que ces interférences sont partagées et que ces variantes ont été intégrées par les sujets bilingues, d’où, selon l’hypothèse de Mackey, la possibilité de leur conférer le statut d’emprunt dans cette communauté bilingue. Ces variantes ont, nous semble-t-il, intégré la langue des migrants. Les écrivains ont transposé dans leurs œuvres les interférences sans doute les plus courantes et les plus représentatives de cette communauté linguistique aux yeux des lecteurs portugais monolingues (et éventuellement bilingues), les manifestations en code-mixing n’étant pas accompagnées de traduction. Ceci peut expliquer le fait que les interférences les plus

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fréquentes (lexicales et verbales) concernent les traits sans doute les plus superficiels de la langue n’empêchant pas ainsi la compréhension des lecteurs. Nous pouvons nous questionner sur le statut de ce parler bilingue dans la langue et la littérature portugaises. Le parler bilingue des migrants a souvent été stigmatisé et dévalorisé par les monolingues, car il s’éloigne de la «pureté» de la langue portugaise parlée au Portugal, mais s’agit-il réellement de langue ou de variante de langue? Que dire alors des nombreux régionalismes, accents et parlers portugais à travers le monde? Le point de vue des écrivains est différent car ils connaissent cette communauté migrante en France2, ils ont ainsi un autre regard et une autre démarche. Le fait de raconter et de décrire des tranches de vies quotidiennes et des réalités vécues dans la terre d’accueil, favorisent ainsi des conversations informelles, plus propices aux manifestations bilingues et permettent d’approfondir la caractérisation des personnages et de les montrer sous un angle différent. Pour terminer, nous pouvons nous interroger sur l’intentionnalité de ces écrivains. S’agirait-il d’une volonté de donner une identité et un vécu, de rendre le statut de personne, de sujet parlant à ces migrants et d’offrir une vision différente de cette communauté, par le biais de leur langage et, plus spécifiquement, de leur parler luso-français?

Bibliographie Bloomfield, Leonard (1970): Le langage. Paris: Payot. Calvet, Louis-Jean (1993): La sociolinguistique. Paris: P.U.F. Clyne, Michael (2003): Dynamics of language contact. Cambridge: Cambridge University Press. Dabène, Louise / Moore, Danielle (1995): Bilingual speech of migrant people. In: Milroy, Lesley / Muysken, Peter (edd.): One speaker, two languages: cross-disciplinary perspectives on codeswitching. Cambridge: Cambridge University Press, 17-44. Fishman, Joshua (1989): Language and ethnicity in minority sociolinguistic perspective. Clevedon: Avon Multilingual Matters. Gardner-Chloros, Penelope (1995): Code-switching in community, regional and national repertoires: the myth of the discreteness of linguistic systems. In: Milroy, Lesley / Muysken, Peter (edd.): One speaker, two languages: cross-disciplinary perspectives on code-switching. Cambridge: Cambridge University Press. Gauvin, Lise (2001): L’imaginaire des langues: du carnavalesque au baroque. In: Littérature 121, 101-116. – (2002): Passages de langues. In: Dion, Robert (ed.): Ecrire en langue étrangère, interférences de langues et de cultures dans le monde francophone. Québec: Editions Nota Bene, 23-37. Grosjean, François (1982): Life with two languages. An introduction to bilingualism. Cambridge: Harvard University Press. – / Py, Bernard (1991): La restructuration d’une première langue, l’intégration de variantes de contact dans la compétence de migrants bilingues. In: La Linguistique 26, 34-60. Hamers, Josiane / Blanc, Michel (1983): Bilingualité et bilinguisme. Bruxelles: Pierre Mardaga Editeur.

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Nita Clímaco, Olga Gonçalves et Maria João Lehning ont séjourné en France.

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Haugen, Einar (1972): The analysis of linguistic borrowing. In: The Ecology of language. Stanford: Stanford University Press, 79-109. Kellerman, E. (1987): Aspects of transferability in second language acquisition. Unpublished doctoral dissertation. Katholieke Universiteit te Nijmegen, Holland. Labov, William (1976): Sociolinguistique. Paris: Editions de Minuit. Mackey, William (1976): Bilinguisme et contact des langues. Paris: Klincksieck. Maingueneau, Dominique (2004): Le discours littéraire, paratopie et scène d’énonciation. Paris: Armand Colin. Marques, Isabelle Simões (2007): Quand les langues s’emmêlent: alternance, mélange, interférences dans l’expression de l’injonction dans le roman portugais de Olga Gonçalves, Este verão, o emigrante là-bas. In: Carreira, Maria Helena Araújo (ed.): De la suggestion à l’injonction dans les langues romanes. Saint Denis Université Paris 8: Travaux et Documents 32, 297-315. Martins, Cristina dos Santos Pereira (1997): Bilinguismo e manifestações verbais bilingues. Uma breve sinopse teórica. In: Revista Portuguesa de Filologia XXI, separata. Meschonnic, Henri (1999): Poétique du traduire. Paris: Editions Verdier. Muysken, Peter (2006): Two linguistic systems in contact: grammar, phonology and lexicon. In: Bhatia, T. / Ritchie, W.C. (edd.): The handbook of bilingualism. Oxford: Blackwell Publishing Ltd, 147-168. Sharwood-Smith, Michael (1994): Second language learning: theorical foundations. London: Longman. Valdman, Albert (2000): Emprunt et démarcation entre français et créole dans la zone Sud. In: Latin, D. / Poirier, C. (edd.): Contact de langues et identités culturelles. Québec: Presses Universitaires de Laval, 316-320. Weinreich, Uriel (1953): Languages in contact. The Hague: Mouton.

Eeva Sippola

Sobre los marcadores discursivos en el chabacano de Ternate

1. Introducción En este artículo investigamos el uso de los marcadores discursivos en el chabacano, una lengua criolla con base léxica española, hablada en Filipinas. El chabacano de Ternate, la variedad en que basamos nuestro análisis, es principalmente una lengua oral con pocos textos escritos disponibles. El uso de marcadores discursivos, aunque marginal desde el punto de vista de la función sintáctica, caracteriza el habla de una manera considerable, tanto en el chabacano como en su lengua de adstrato, el tagalo. La motivación para realizar el trabajo nace de la dificultad para encontrar las definiciones o las traducciones exactas de estas partículas en nuestro trabajo con los hablantes nativos de chabacano, y de la constatación de que esta característica de la lengua hablada ha sido poco explorada en anteriores investigaciones sobre el chabacano. El chabacano es el nombre común de las variedades criollas hispano-filipinas que se hablan en el pueblo de Ternate y la ciudad de Cavite –situados al norte del archipiélago, en la bahía de Manila de la Isla de Luzón–, y también en la ciudad de Zamboanga y sus alrededores, la ciudad de Cotabato y la de Davao –al sur del archipiélago, en la Isla de Mindanao. La mayoría de los hablantes del chabacano viven en Zamboanga y el chabacano de Zamboanga es la única variedad que actualmente tiene una alta vitalidad. Las variedades norteñas del chabacano están perdiendo vitalidad y conviene aprovechar la oportunidad y centrarnos especialmente en las características del habla, mientras todavía tengamos acceso a ella. El objetivo de este trabajo es trazar una presentación preliminar de las partículas discursivas en el chabacano de Ternate y analizar sus funciones. El material del análisis consta de un corpus de aproximadamente 45.000 palabras formado a partir de conversaciones naturales grabadas entre 2003 y 2006 en Ternate. Entre las partículas discursivas más comunes destacadas en trabajos anteriores, hemos seleccionado como punto de partida las que aparecen más de 100 veces en nuestra muestra. Además, consideramos necesario investigar el sistema pragmático más ampliamente, sin olvidar otras palabras o mecanismos que son fundamentales para la expresión de la modalidad y el manejo de la conversación (para una discusión sobre la definición de las partículas y los marcadores discursivos ver Cortés Rodríguez / Camacho Adarve (2005: 141), Fischer

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(2006: 5-7), Fraser (2006: 189-190)).1 Por consiguiente, incluimos en el análisis algunas palabras y expresiones con funciones parecidas a las de las partículas seleccionadas. Sin embargo, hemos optado por excluir interjecciones e información prosódica, porque el material contiene sobre todo textos individuales, y las transcripciones no contienen suficiente información prosódica. El trabajo consta de; un repaso a la investigación anterior, una presentación del conjunto de los marcadores investigados con un breve comentario sobre las agrupaciones según las funciones y una descripción tentativa de dos de los marcadores o pares de marcadores. El artículo tiene un carácter eminentemente descriptivo e intenta sentar las bases para una futura investigación más profunda.

2. Antecedentes Hasta ahora los marcadores discursivos del chabacano no han sido estudiados en profundidad, y la información sobre los mismos se encuentra principalmente en los diccionarios chabacanos y en un limitado número de trabajos que los mencionan de modo tangencial. El diccionario de Riego de Dios (1989) es el más extenso en la presentación de las partículas, pero muchas veces carece de definiciones exactas así como de ejemplos, como es comprensible debido a la naturaleza del trabajo. Sin embrago, tiene entradas con sinónimos de diferentes variedades chabacanas, por lo que podemos concluir que las diferencias aparecen especialmente entre las variedades norteñas y las de la isla de Mindanao. Estas diferencias se explican en parte debido a las diferentes lenguas de sustrato o adstrato. Sobre el chabacano de Cavite, Llamado (1972: 84) menciona la siguiente serie de enclíticos: ya ‹ya›, pa ‹todavía, aún›, mas ‹más›; nga ‹verdaderamente, realmente›; ba el marcador de pregunta, pala ‹así que›; din / rin ‹también›, siempre ‹siempre, desde luego›; daw / raw / dice ‹se dice›; numa / lang ‹solamente›; sana que expresa un deseo como ‹ojalá›, kaya / sera que expresan posibilidad ‹puede ser›, nose ‹parece que› o probabilidad; muna ‹aún, hasta ahora›, naman ‹en vez de›2, dinabe ‹como consecuencia›. Las partículas están agrupadas principalmente según el campo semántico, y según Llamado (1972: 84), las partículas del mismo grupo no aparecen en la misma frase por algún tipo de semejanza, o por una contradicción lógica. Por ejemplo, daw / raw y dice ‹se dice, se sabe› se alternan entre sí. La mayoría de las traducciones aquí presentadas son de la tesis original de Llamado (1969: 165-167). ––––––– 1

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La modalidad es un término polisémico que se opone al de contenido proposicional y que marca la distinción entre «lo dicho» (la proposición) y la actitud subjetiva o la fuerza ilocutiva con que «eso se dice» (la modalidad) (Martín / Portolés 1999: 4144 siguiendo a Lyons 1977: 155-161; Palmer 1986). En el tagalo tiene los significados ‹también›, ‹verdaderamente› y una función enfática (English 1986: 927).

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La mayoría de los trabajos existentes que incluyen las partículas discusivas han sido realizados sobre la variedad de Mindanao. Esta variedad es el punto de partida para Riego de Dios (1989) y el análisis gramatical de Forman (1972). Forman clasifica las entradas aquí tratadas como partículas postpuestas a la palabra o frase principal. El único comentario sobre la función discursiva hace referencia a que muy probablemente las partículas también marcan puntos del discurso y modifican los significados; algo equivalente a los auxiliares modales y adverbios del inglés (Forman 1972: 97). La posición de las partículas en las oraciones se define por la atribución de los predicados, y se sitúan inmediatamente después de estos, con algunas excepciones. En una construcción con un predicado complejo las partículas pueden aparecer después de la primera palabra completa, y ciertas partículas, particularmente gayot, pueden aparecer también después de otros elementos de la oración (Forman 1972: 217-218). De ahí que la posición de estas partículas en la oración es similar a la que ocupan en las lenguas filipinas (Forman 1972: 235). Un trabajo más reciente de Vázquez Veiga / Fernández (2006) trata las partículas enfáticas gayod, gane, gale desde el punto de vista de la pragmática. Se marca la distinción entre el grupo de modificadores semánticos «intensificando la cualidad o la cantidad del enunciado o parte del mismo» (gayod), y de modificadores pragmáticos del decir «intensificando la actitud y dando mayor fuerza al acto ilocutivo» (gane, gale) para las partículas estudiadas. También usan la distinción entre unidades léxicas descriptivas (gane, gayod) y unidades léxicas no descriptivas (gale), basada en la distinción semántica general ‹comunicar› vs. ‹señalar› y sitúan las partículas en una escala de la manifestación de la modalidad gayod – gane – gale. Por lo tanto, en los trabajos anteriores sobre el chabacano de Zamboanga (Forman 1972: 235; Vázquez Veiga / Fernández 2006: 30) queda demostrado que el origen de estas partículas son las lenguas filipinas. Del mismo modo, la mayoría de las entradas para las variedades de la bahía de Manila se encuentran en el diccionario tagalo de English (1986).

3. Los marcadores discursivos más frecuentes en el chabacano de Ternate Las entradas seleccionadas de los trabajos anteriores que aparecen más de 100 veces en nuestra muestra son: ja, din (rin), lang, pa, kajá, numá, ba, tamjén (con las variaciones tambjén y tamén), daw (raw) y nga.3 Incluimos también las partículas agóra y kabándo, que habitualmente marcan el comienzo de un enunciado o turno. Las entradas se presentan en la tabla 1 por orden de frecuencia en los textos investigados, con información sobre el origen de la forma, breves apuntes sobre el significado y la función, la posición, y algunas notas adicionales. ––––––– 3

No hacemos un análisis estadístico ni nos referimos a porcentajes, porque las muestras son de orígenes y situaciones muy diferentes, con un número de participantes variable y, por ello, poco comparables entre sí para el propósito de investigar la frecuencia de los marcadores. A pesar de ello, creemos que estas cifras sí podrían ofrecer unas pistas para la investigación y la esquematización del sistema discursivo.

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Tabla 1. Los marcadores discursivos en el chabacano de Ternate en orden de frecuencia en un corpus de 45.000 palabras. Si centramos la atención en la forma y posición de las partículas, generalmente éstas son palabras monosilábicas provenientes del tagalo. Una excepción a la forma tagala son numá y tamjén cuando tienen una función similar a la función de lang o din (rin). Cabe mencionar que la polifuncionalidad es un rasgo característico para los marcadores de discurso (Fischer 2006: 12). En el chabacano varios marcadores se pueden usar para funciones e interpretaciones diferentes. En el tagalo estas partículas se clasifican como enclíticas de segunda posición que siguen a la palabra de contenido en la oración, junto a las partículas enclíticas pronominales. (Himmelmann 2005: 360; Anderson). En el chabacano, sin embargo, la posición de las partículas no es tan restringida, y algunas de ellas se sitúan al final o al comienzo de la oración. Los marcadores integrados en el enunciado y más estrictamente conectados con la palabra a la que focalizan son ja, lang, pa, numá, ba, tamjén, daw (raw) y nga. En el otro extremo de esta dimensión están los marcadores de la estructura de la conversación o de información, agóra, kabándo, kajá y, en algunos usos, din (rin). Las partículas agóra,

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kabándo y kajá se sitúan casi sin excepción al comienzo de la oración. Din (rin), que típicamente está en la posición de las enclíticas del tagalo, puede situarse también al final del enunciado. Según Fraser Gupta (2006: 247), para marcadores discursivos parece haber dos posiciones sintácticas canónicas en las lenguas del mundo, prepuesta y postpuesta a la oración, como es el caso de agóra, kabándo, kajá y din (rin) en el chabacano. Otra dimensión importante es la expresión de la modalidad, ya explorada en el trabajo de Vázquez Veiga / Fernández (2006). Los marcadores se dividen entre los que forman parte del contenido proposicional de la oración en la que aparecen, y los que son modificadores pragmáticos del decir, afectando a la totalidad de la oración. Por un lado podemos agrupar a nga, daw (raw), kajá, ba como marcadores que afectan a la totalidad del enunciado y funcionan realmente como modificadores pragmáticos. Por otro lado tenemos los marcadores que muchas veces forman parte del contenido proposicional de la oración, tanto numá, lang, tamjén, como din (rin), kabándo y agóra, que estructuran los turnos y la información linealmente. Las partículas adverbiales ja y pa se sitúan en el medio de estos dos grupos. Sin embargo, esta clasificación es descriptiva e introductoria, y de ningún modo definitiva. Es necesaria una investigación más detallada para determinar las funciones de los marcadores y para precisar su clasificación. A continuación miraremos más detalladamente algunos casos interesantes que presentan polifuncionalidad para un marcador o funciones compartidas para marcadores diferentes.

3.1 Din / rin y tamjén Din significa ‹también› en chabacano, igual que en tagalo. En tagalo tiene varios otros significados como por ejemplo ‹por fin›, ‹finalmente› y ‹bastante› o ‹no demasiado› (Schachter / Otanes 1972: 420). En el ejemplo (1) la partícula está postpuesta al constituyente a que se refiere o al que focaliza. Como en tagalo, cambia la d en r en posición intervocálica, tal como vemos en el ejemplo (1). 1)

mi marídu méstru rin, di akí rin na bahra. sábi rin éli tЀabakáno. 1POSS-marido-maestro-RIN, de-aquí-RIN-LOC-Ternate. saber-RIN-3-chabacano4 Mi marido también es maestro y también es de aquí, de Ternate. También sabe chabacano.

2)

ajá kon tédi pastór din ta jamá kel luterán? allá-con-2PL-pastor-DIN-IPFV-llamar-DEF-luterano? Allí con vosotros, ¿los luteranos también lo llaman pastor?

––––––– 4

Las abreviaciones de las glosas son 1-1. persona, 2-2. persona, 3-3. persona CTPL-aspecto contemplativo, DEF-definido, DEM-demostrativo, IPFV-aspecto imperfectivo, LOC-locativo, OBJ-objeto, PFV-aspecto perfectivo, PL-plural, POSS-posesivo, Q-marcador de pregunta, RELrelativizador. Los marcadores se indican con mayúsculas en la glosa. Las traducciones al español transmiten libremente el sentido y no siguen exactamente la estructura del ejemplo chabacano.

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Sin embargo, a veces din (rin) está al final de la enunciación y parece tener una función estructuradora de la conversación o información, señalando la finalización del turno o del tema, aunque es posible que los usos en el tagalo puedan ofrecer explicaciones alternativas. En el ejemplo (3), se trata de un caso en que din (rin) podría referirse a que finalmente habló el protagonista, pero en el (4) el interlocutor no está apuntando a nada en sus alrededores, sino que confirma simplemente que así fue el caso. Es interesante que dikél rin parece una fórmula hecha bastante común. En el ejemplo (5), el interlocutor podría referirse en parte al apellido de la familia, pero en contra de esta suposición va el hecho de que el nombre completo del hermano es información nueva, y la entonación no señala una pausa entre el nombre y el apellido. Estos ejemplos y el uso muy frecuente de din (rin) nos sugieren que podría ser considerado como un marcador pragmático cuya función es estructurar la conversación. 3)

ja hablá rin. ja tirá komígu kun kutЀílju. PFV-hablar-RIN. PFV-tirar-1OBJ-con-cuchillo Dijo: Me atacó con un cuchillo.

4)

agóra, kel mánga pamílja kel ja kedá ja akí... el pélu prjétu, négru, négru. dikél rin. ahora-DEF-PL-familia-REL-PFV-quedar-ya-aquí.. DEF-pelo-negro, negro, negro. así-RIN. Ahora, las familias que se quedaron aquí... tenían el pelo muy negro. Así era.

5)

tjéni ba bo ermánu? – tjéni ermánu úna, ai nómbrí álen kastíljo rin. tener-Q-2-hermano? – tener-hermano-uno, DEF-nombre-Alen Kastíljo-RIN ¿Tienes hermanos? – Tengo un hermano. Su nombre es Alen Kastíljo (también?).

Junto a din (rin) se usa un sinónimo de origen iberorrománico – tamjén. Din (rin) y tamjén tienen funciones y significados similares, pero din (rin) es más frecuente en el corpus. Ambos pueden situarse marcando el final del enunciado u oración, tal como en los ejemplos (4) y (6). Pueden estar en el mismo enunciado como vemos en el ejemplo (7), aunque no es muy común. Tal vez las diferencias en la frecuencia con que aparecen se deban al creciente bilingüismo en el chabacano y el tagalo de los hablantes, porque hay evidencia del empleo de las partículas enclíticas del tagalo en el habla bilingüe así como en el cambio de códigos en tagalo y en inglés (Bautista 2004: 230). En cuanto al chabacano, en esta fase podemos afirmar solamente que las similitudes y las diferencias entre las funciones de estos marcadores necesitan más investigación. 6)

asé /divide/ kel mihótru di pagá, dikél numá tamjén. hacer-dividir-DEM-1PL-CTPL-pagar, así-nomás-también Dividimos lo que tenemos que pagar, así nomás.

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7)

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tjéne mánga kabáw méstra, tjéne kabáw doktóra i halos tódu tjéni ja rin tamjén akí. hay-PL-acabado-maestra, hay-acabado-doctora-y-casi-todo-hay-ya-RIN-también-aquí. Hay profesores y doctores, y de casi todas las profesiones también aquí.5

3.2 Daw / raw y ta hablá Raw es una partícula idiomática ‹se dice› que expresa que el hablante cuenta una opinión ajena o común, y afecta a la oración en su totalidad.6 Como en tagalo, cuando no está en posición intervocálica tiene la forma daw, aunque algunos hablantes las usan en variación libre en todos los contextos fonémicos (Schachter / Otanes 1972: 423). Daw (raw) es común en el chabacano de Ternate y se sitúa después de la primera palabra de contenido, tal como vemos en los ejemplos (8) y (9). 8)

korjósu raw mi kása. bonito-RAW-1POSS -casa Se dice que mi casa es bonita.

9)

el dimótru platikáda raw kómu mótru mánga páhru. DEF-1PL.POSS-habla-RAW-como-1PL-PL-pájaro Se dice que hablamos como si fuéramos pájaros.

Otro fenómeno interesante, evidente en el ejemplo (10), es la repetición de la partícula discursiva en varias oraciones del enunciado. Además de la función de expresar información ajena o común, creemos que la partícula se puede usar para marcar la línea temática en un texto, es decir, para enfatizar los temas o acciones principales. 10) pag ta parí raw kel mánga nána, ta andá kel asúwan, ta saká raw na estómagu del nána kel krijatúra. cuando-IPFV-parir-RAW-DEF-PL-madre, IPFV-ir-DEF-espíritu.maligno, IPFV-sacar-RAWLOC-vientre-de.DEF-madre-DEF-niño Se dice que cuando las madres dan a luz, va el espíritu maligno y se lleva el bebé del vientre materno.

Para señalar la información ajena o común, también se puede usar la expresión ta hablá ‹se cuenta, se habla›, tal como vemos en los ejemplos (11) y (12). Normalmente esta expresión está prepuesta o postpuesta a la oración como una expresión independiente sin ––––––– 5

6

La traducción se ha hecho tomando en cuenta que el informante se refería a hombres y mujeres, aunque por lapsus usaba las formas del sexo femenino. En el chabacano de Zamboanga daw tiene una forma paralela dol. Prepuesta significa ‹parece que› y expresa inseguridad; y postpuesta significa que es opinión ajena o común (Forman 1972: 96-97).

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hacer referencia al sujeto. En el ejemplo (12) se usan los dos recursos, ta hablá y daw. Daw (raw) es mucho más frecuente que ta hablá, que además solo hemos encontrado en las muestras de personas con más de 45 años. Tal vez la entrada dice de Llamado (1972: 84) sea un verbo gramaticalizado similar, pero este marcador no está en uso en el chabacano de Ternate. 11) el mánga méstru i méstra akí ta insinjá, mánga akabá na mánga bwén koléhju i unibersidád kómo /De La Salle University, University of the Philippines/… i kel, i el ótru koléhju i unibersidád ki tjéni, ta hablá. Se dice que los profesores que enseñan aquí son de buenas universidades y colegios, como De la Salle University, University of the Philippines... y de otros colegios y universidades que tenemos. 12) kósa ánjo ba keljá, ta hablá, el manga kahón daw ajá na pantjón di kabíti síti... ta makwan daw ta salí na... ajá na nítsu. ¿Cuándo fue? Se contaba que los ataúdes allá en el cementerio de la ciudad de Cavite... cómo se decía... salieron… de los nichos.

4. Conclusión A manera de conclusión, podemos afirmar que la influencia de las lenguas filipinas es evidente en la forma y posición de una gran parte de los marcadores discursivos más frecuentes en el chabacano de Ternate. Sin embargo, los marcadores no se limitan a las partículas enclíticas del tagalo, sino que se deberían tratar como un conjunto heterogéneo tanto por la forma como por las funciones discursivas. Los pares din (rin) – tamjén, y daw (raw) – ta hablá han demostrado que existen marcadores con funciones parecidos, pero de forma y posición diferentes. También la polifuncionalidad se ha manifestado en din (rin) en cuanto a la estructura de la conversación o la información, y en daw (raw), que, además de poder ser usado para la expresión de la información ajena, se puede usar como enfatizador. Por tanto, el sistema pragmático del chabacano debería ser investigado como un sistema independiente, aprovechando los avances teóricos sobre las unidades de segmentación y los marcadores discursivos. No obstante, la definición y la categorización según la forma, la posición y significados que se atribuyen al adstrato siguen siendo importantes puntos de referencia para la investigación del chabacano. En esta categorización preliminar no hemos pretendido profundizar distinguiendo varias funciones posibles y sus relaciones, sino que dejamos esta tarea para investigaciones futuras que probablemente se concentren en un grupo de marcadores con funciones o posiciones más restringidas.

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Maria Francesca Stamuli

Greco di Calabria e morte di lingua. Forme innovative e semi-parlanti

1. Greco di Calabria e morte di lingua Oggetto di questo intervento è l’emergenza di parole innovative (innovative words) nelle esecuzioni di tre semi-parlanti (semispeakers)1 del greco di Calabria (o bovese). Nella letteratura sulla morte di lingua le parole innovative sono segnalate come uno dei più significativi fenomeni di obsolescenza lessicale.2 In particolare, secondo Gal (1989: 329) esse si caratterizzerebbero come words which use the word-formations patterns of the language, are interpretable by the context but do not appear in the standard or dialect dictionaries. The word-formation devices narrow users3 use productively are structurally distinguishable from the ones they have lost.

Per il greco questa osservazione è confermata soltanto da un gruppo molto sparuto di forme, per le quali gli strumenti di derivazione sembrano innovarsi a causa di fenomeni serpeggianti nella varietà per il contatto con i dialetti romanzi e a prescindere dalle attuali condizioni di decadimento.

1.1 L’enclave: condizioni di decadimento e rilievo del dato Il territorio tradizionale dell’alloglossia greco-calabra comprende alcune comunità della provincia aspromontana di Reggio Calabria a ridosso dello stretto di Messina. A Condofuri, Amendolea, Gallicianò, Roccaforte, Rochudi, Bova, la parlata greca è stata documentata insieme a quella di Cardeto a partire dal XIX secolo.4 Sebbene con la legge 482 del 1999 il ––––––– 1

2 3

4

Utilizzo qui il problematico termine di semi-parlante (semispeaker) in accezione ampia, per indicare generalmente informatori di una varietà definibile come morta o in decadenza. Per una sintesi della discussione riguardante il termine coniato da Dorian (cf. Dorian 1981), cf. Moretti (1999: 29). Dorian (1989), Cambpell (1990), Grenoble / Whaley (1998), Dal Negro (2003), Janse / Tol (2003). Per narrow users Gal intende giovani che usano la lingua in via di sostituzione in contesti molto limitati, marcati in senso generazionale: la varietà non è adoperata con parlanti della stessa età, ma solo con la generazione dei nonni o, raramente, dei genitori (cf. Gal 1989: 319). Per la definizione dell’enclave linguistica greco-calabra cf. Rohlfs (1974).

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territorio della minoranza greco-calabra sia stato allargato5, le poche informazioni che si posseggono delle condizioni dell’alloglossia sono limitate all’enclave tradizionale. Gli studi linguistici e dialettologici sull’area concordano nello stabilire che la varietà greca è ormai uscita fuori dall’uso. Nell’intera enclave non si parla più spontaneamente in greco: come sottolineava Marianne Katsoyannou già dieci anni fa’ per Gallicianò, l’ultima tra le comunità grecofone in cui la varietà è stata sostituita dal locale dialetto calabrese, il greco non è utilizzato che su richiesta.6 In questo intervento saranno considerati dati lessicali elicitati mediante richieste di traduzione dall’italiano al greco. Le forme valutate riguardano le risposte fornite da un singolo7 informatore per ognuno dei punti in cui il greco era ancora d’uso comunitario negli anni ’70: Gallicianò, Bova, Ghorìo di Roghudi.

2. Gli informatori: note di biografia linguistica I tre informatori qui considerati presentano tutti, pur nella loro diversità, una biografia linguistica segnata dalla dismissione comunitaria del greco. Agostino S., anziano originario di Ghorìo di Roghudi, ha imparato la varietà da bambino, forse come L1 e comunque in condizioni di uso familiare e comunitario. In particolare, l’uso del greco sembra per lui legato al ricordo della madre: ZlD shl˝ !l9`m` D!ok`sDfv`lD !ui`s` . !Nk9D . lt !DkhFD Z-\ lt . s9h o9t!q9h . D!Fi¢t . !Fqhs` . k` l`!s9hm` lh ch!s˝RDu` !`kc˝y`sh . !k9`u`sh Z--\!! !oi`D sN !F`k` . !oi`D sN j`!eD . m` !o`rD i` sh9

!DBhrD m` !j`lhrD !stmch ct!kh` . lh !e9hihr9D m` !o`rD99 !kDc˝Y9` !kDc˝Y9` m` lh !o9DrD . mt mt !j9Nq9D¢D oD¢˝ m9Nm j`!rj`¢D\ con la mamma parlavamo sempre. La mattina mi diceva: «Alzati, lavati, prendi il latte, prendi il caffè, non andare perché devi fare quel lavoro, non correre, va piano piano, non cadere».

La varietà è stata abbandonata in età adulta per lo stigma cui era soggetta: quando i ricchi, quelli che avevano i soldi, sentivano parlare i nostri genitori, che per lo più erano tutti contadini o pastori, li ripudiavano [...] e allora sì, ci si vergognava di parlare il greco.

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6

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Sei delibere emesse tra il 2001 e il 2006 dal Consiglio Provinciale di Reggio Calabria in applicazione della legge 482 introducono nell’area alloglotta anche Bova Marina, Palizzi, San Lorenzo, Melito Porto Salvo, Staiti, Samo, Montebello Jonico, Bagaladi, Motta San Giovanni, Brancaleone. Katsoyannou (1995: 35-36): «Il n’est pas de domaine que lui [au gréco] soit réservé en exclusivité; connaître et parler cette langue sont deux choses bien différentes et il nous semble caractéristique que nos informateurs affirment souvent, selon leur propre formulation, de ‹parler en gréco sur demande›. En d’autres termes, il n’existe pas de domaine ou de situation de communication dans laquelle le gréco puisse être considéré comme le moyen de communication habituel non marqué». Il protocollo è stato somministrato ad almeno tre informatori (due anziani tra gli 80 e i 65 anni, e un giovane non oltre i 45 anni di età).

Greco di Calabria e morte di lingua. Forme innovative e semispeakers

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La storia di Attilio N., informatore anziano originario di Gallicianò, è solo parzialmente diversa. Come Agostino, anche Attilio ha imparato il bovese in condizioni di uso comunitario: ZDok`!sDfv`lD !lNmN D!s˝RhmÖh !f9kNr9@ . cDm !hj`lD !`Ö9h\+ ZD!fN !ohrsDF` sh h !fkNr9` sh ok`,

!sdfF`lD D!lh rsN F`Ö9hs˝R`!mN CDm˝ Dlak`!sd j`!mDm` . cDm˝ !hR9D¢` !l9`MjN h Ch m` ok`!sDf9`

rshm˝ D!k9`c`\ parlavamo solo quella lingua, non avevamo altra [...] io credevo che la lingua che parlavamo noi a Gallicianò non la parlava nessuno, non sapevo nemmeno che la parlavano in Grecia.

L’emigrazione trentennale ha portato Attilio ad abbandonare la varietà bovese come lingua di comunicazione. Oggi, egli usa il greco esclusivamente per la produzione di poesie e canzoni. Come nel discorso di Agostino, inoltre, anche in quello di Attilio emerge il diffuso sentimento di vergogna che i greco-calabri hanno provato nell’usare la varietà greca: Z!`lakDF` l9D st wqhrsi`!mt st qhwt!Ch . rshl˝ ak`!sh` !NCD rsN !q9hFh i`!sh !stsh . `m!cqDoNmcN m` ok`!sDr9t shM˝ !fkNr9`\ litigavo con la gente di Roghudi, qui in piazza a Reggio perchè loro si vergognano di parlare la lingua.

Le modalità di apprendimento del greco dell’informatore giovane di Bova, Bruno T., sono diverse. Questi si è avvicinato alla varietà bovese nell’adolescenza, al liceo, in concomitanza con un percorso politico legato alla rivendicazione delle identità locali: ci siamo avvicinati al greco parlando, subito, dall’inizio [...] quindi io uscivo, mi sedevo qua fuori, con questi anziani… ce n’era uno ch’era bravissimo, ma c’erano tanti altri che lo parlavano una giornata intera [...] a me, a Tito, agli altri ci dicevano: «Voi siete matti, invece d’andare avanti e di..». Noi invece pensavamo cose diverse, ma tenga conto che siamo pure nel Sessantotto.

3. Forme non attestate e parole innovative Gli elementi non attestati nei repertori di riferimento del bovese8 e forniti9 da questi tre informatori su uno spoglio di 208 forme lessicali piene sono 12: Agostino: 1. lo sputo: Zrsh!lh`\; 2. la graffiatura: [Fq`e9ih!l9h`\; 3. muoveva: Z!hFhrd\-

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9

I repertori di riferimento utilizzati qui per il bovese sono l’ΙΛΕΙΚΙ e il LGII (per le abbreviazioni si vedano i riferimenti tra parentesi tonde in Bibliografia). Per forme non attestate si intendono lessemi non riportati in questi dizionari. Tutti gli elementi lessicali qui in analisi sono stati elicitati mediante questionario di traduzione dall’italiano al greco.

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Attilio: 1. il capitombolo: Z$jts˝r9t!stlah\; 2. incubo: ZdR9`rsh!lh`\. Bruno: 1. il capitombolo: Zods9h!lh`\; 2. il capitombolo: Z$j`s˝r9`k`!sta9tk`\; 3. gobbo: Z!Fhlan\; 4. gola: Z!Ö9Dh\; 5. sveglio: Z!`jrhm9n\; 6. rauca: Z$l9d!lak`w`s`\; 7. foruncolo: Zj`!ktRDqN\-

Poiché 8 forme lessicali non sono riconducibili a processi di formazione di parola, tra questi 12 elementi non attestati solo 4 possono essere definiti, in base alla definizione di Gal (1989: 329) sopra riportata, parole innovative.

3.1 Forme non riconducibili a processi di formazione di parola Alcune forme non attestate sono riconducibili a lessemi documentati nei dizionari del bovese e/o del calabrese con lo stesso significato di quello ad esse attribuito dall’informatore supponendo un rimaneggiamento esclusivamente fonetico della base lessicale. Si veda, per esempio, la forma Z$l9d!lak`w`s`\ resa da Bruno per it. rauca: rispetto al cal- Zlak`!w`s`\ ‹rauca› (NDDC: 406), l’elemento lessicale prodotto da Bruno presenta, a inizio di parola, raddoppiamento consonantico ed epentesi di [e]. Rispetto al bov. Z!`R9tm9N\, Z!`s˝rtm9N\ (ΙΛΕΙΚΙ I: 364), la variante [ks] della forma Z!`jrhm9n\ resa sempre da Bruno per it. sveglio è invece riconducibile a interferenza col ngr. έξυπνος ‹sveglio›, ‹intelligente›. Soprattutto negli ultimi dieci anni, Bruno, come gli altri semi-parlanti, è stato spesso a contatto con il neogreco: egli ha più volte frequentato corsi intensivi di lingua in Grecia. Le forme rese da Attilio e Bruno per it. il capitombolo (cf. rispettivamente Z$jts˝r9t!stlah\ e Z$j`s˝r9`k`!sta9tk`\) rientrano in un ventaglio di alloforme10 in cui si inserisce anche quella riportata in AIS 749: Zh $jts˝r9t!stlatk`\. Si noti però che nella forma Z$jts˝r9t!stlah\ resa da Attilio sembra più chiaramente leggibile l’origine composizionale del lessema calabrese, antico composto di matrice greca11 non più analizzato dagli informatori. Sul piano morfologico, invece, la forma Z!Fhlan\ resa per it. gobbo da Bruno è una paronimia12 dovuta al passaggio del cal. Z!fhlat\ m. ‹gobba› (NDDC: 338) dalla classe dei nomi a quella degli aggettivi. Più complesso è il caso della traduzione resa da Agostino per it. muoveva (cf. (3)). La forma potrebbe essere riconducibile, con caduta dell’elemento iniziale, dell’aoristo ––––––– 10 11

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Cf. cal. Zjts˝r9h!sqtl9?k?\, Zjts˝r9t!stlatkt\, Zjts˝r9h!stl9tkt\ m. ‹capriola› (NDDC: 233). Il composto presenta due elementi lessicali mantenutisi sia in neogreco che in calabrese ma non in bovese. Si vedano per il neogreco le forme o κότσος ‹crocchia di capelli raccolti sulla nuca› (ΛΚΝ: 746); η τούµπα ‹ruzzolone, capitombolo›, ma anche ‹caduta con la testa all’indietro› (ΛΚΝ: 1350). Per il calabrese si vedano Z!jts˝r9t\, Z!jvNs˝r9t\, Z!jNs˝r9t\ ‹costola del coltello, dorso della scure›, ‹nuca› (NDDC: 224) e [!tumbu] ‹tonfo› (NDDC: 735). In greco è attestato soltanto bov. Z!jNs˝r9N\ ‹lato di dietro della nuca, ma anche di un utensile› (ΙΛΕΙΚΙ III: 232; LGII: 262). Per il tipo in composizione si veda il bov. Zjts˝rN!oDkDjN\ ‹parte di dietro dell’accetta› (ΙΛΕΙΚΙ III: 275). Cruse (1986: 54): «involving identity of root, but difference of syntactic category, as, for instance, with act: actor, race: racy».

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ZsR˝h!mhFhrD\ del bov. Zs˝Rhmh!F`N\ ‹mando via›, ‹allontano qualcuno› (ΙΛΕΙΚΙ III: 329; LGII: 283-284). Il cambiamento di significato sarebbe dovuto 1. al mantenimento del solo tratto lessicale iperonimico ‹muovere› e 2. all’uso inaccusativo della forma, per cui al transitivo [s˝Rhmh!f`N s` !oqNu`s`\ ‹muovo le pecore› si opporrebbe un inaccusativo Zs˝Rhmh!f`N\ ‹muovo›.13 La forma Zj`!ktRDqN\ resa da Bruno per it. foruncolo va probabilmente avvicinata al ngr. ο καλόγερος ‹foruncolo› (ma anche ‹eremita›, ‹monaco›, cf. ΛΚΝ: 645-646). In ΙΛΕΙΚΙ III: 39 e nel LGII: 200 sono attestate per il bovese solo forme toponomastiche (cf. Calòjero, Calojéro, Rocca Calojéro, Calòjeri), tutte ricondotte all’ell. ñ καλόγηρος ‹vecchio saggio›, ‹sacerdote›, ‹monaco›. Da tale forma deriva anche il ngr. ο καλόγερος ‹foruncolo› e, secondo Rohlfs, anche i cal. [ka!lNjaru], [ka!lNxDrN] ‹specie di cardo›, ‹uomo aspro e ruvido› (NDDC: 120), attestati in area catanzarese. Il secondo lessema, in particolare, potrebbe confermare anche per la forma resa da Bruno una matrice greca: il passaggio intermedio -F- interv. > -χ- > - [R]- è attestato in otrantino e in altri dialetti neogreci14, mentre la chiusura della vocale posteriore è un tratto tipico del vocalismo bovese15 e di quello siciliano del calabrese meridionale. La forma Z!Ö9Dh\ resa da Bruno per it. gola, invece, non sembra riconducibile a nessun lessema attestato, pur essendo utilizzata da Bruno insieme ad altri lessemi foneticamente e morfologicamente simili.16

3.2 Forme riconducibili a processi di formazione di parola: le parole innovative Seguendo la definizione sopra riportata di Gal (1989: 329), le forme innovative rese dai tre semi-parlanti per il campione analizzato sono solo 4: le forme Zrsh!lh`\ e [Fq`e9ih!l9h`\ rese da Agostino rispettivamente per it. sputo e per it. graffiatura, la forma ZdR9`rsh!lh`\ resa da Attilio per it. incubo e la forma Zods9h!lh`\ resa da Bruno per it. capitombolo. Queste forme presentano tutte una base lessicale riconducibile a lessemi verbali documentati negli idioletti dei singoli informatori con la medesima forma e significato uguale o contiguo. Si vedano le traduzioni di Agostino per it. sputo con bov. Z!rshm9N\ ‹sputo› (ΙΛΕΙΚΙ V: 331; LGII: 430) e di it. graffia con la forma [fq`!e9iDh\, prestitio dell’it. graffiare integrato in bovese nella classe dei verbi in -éwo.17 In corrispondenza con ZdR9`rsh!lh`\ si veda invece la perifrasi Z!j`mh m` !R9`rsh\18 ‹e` hlo`tqhqd› utilizzata da ––––––– 13

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Cf. Lyons (1968: 356-358) sull’ing. move. Nel caso del greco la ricodifica nominativo / accusativa potrebbe essere incoraggiata dalla perdita della diatesi media (cf. Katsoyannou 1995: 271-273). Rohlfs (2001b: 27-28), Rohlfs (2001b: 52). Come sottolinea Katsoyannou (1995: 91) il vocalismo bovese tende alla riduzione dei gradi di apertura. In altri momenti dell’intervista Bruno utilizza, sempre in riferimento a ‹gola› le forme [sN !c9Dkh\ e [!c9dCDFNi\- Rohlfs (2001b: 120-121). Cf. bov. Z!R`c˝y9N\ < gr.a. σκιάζω, 1. ‹ombreggio, faccio ombra› 2. m. pass. ‹aver paura›, ‹essere terrorizzato› (ΙΛΕΙΚΙ V: 20; LGII: 462).

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Attilio per tradurre it. impaurire. Per Zods9h!lh`\, infine, si noti la forma [m` oD!s9Nh]19 resa da Bruno per it. cadere. La sequenza -imía assume quindi le forme di un elemento suffissale produttivo non attestato la cui emergenza è dovuta a diverse concause: 1. perdita delle funzioni derivazionali del suffisso bov. -ía; 2. presenza della sequenza fonetica -[h!lh`\ in fine di parola in un buon numero di lessemi bovesi; 3. interferenza con uno schema romanzo di formazione di parola.

3.2.1 Il suffisso -ía e la percezione dei semi-parlanti Il suffisso -ía è documentato come produttivo in bovese da Rohlfs (2001b) e Καραναστάσης (1997). Nelle due grammatiche è descritto come atto alla formazione di sostantivi astratti. Rohlfs aggiunge che la forma ha in alcuni casi il valore dell’it. -áta, con concretizzazione di deverbali, e che mantiene la funzione del suffisso del gr.a. -έα nella formazione di nomi indicanti alberi in calabrese. Probabilmente, il passaggio in età bizantina da gr.a. -έα a gr.biz. -ία e la mancata sinizèsi nel dialetto greco-calabro fanno confluire i due suffissi in una stessa forma che continua per questo ad avere le funzioni di almeno due elementi suffissali ancora produttivi in neogreco: il deverbale -ία e il denominale -ιά (continuatore per forma e funzione proprio dell’antico suffisso -έα). Quest’ultimo elemento è utile in neogreco non solo a formare denominali indicanti piante ed alberi, ma anche forme che designano ‹l’effetto prodotto da uno strumento› o ‹durata temporale›:20 si vedano i ngr. βραδιά ‹sera›, χιονιά ‹nevicata›, δαγκωνιά ‹morso›. Essi corrispondono in bovese a [vra!Cia] ‹sera›, [BiN!mh`] ‹nevicata›, ZC`Mf`!mh`] ‹morso›, lessemi che Rohlfs attribuisce a concretizzazione di forme deverbali. Dall’analisi delle retroversioni fornite da Agostino, Attilio e Bruno per 26 forme riconducibili a suffissazione con -ía, al suffisso non sembrano però attribuite le funzioni appena descritte. Nello spoglio emerge che le forme bovesi denominali con base lessicale concreta e denotante frutta (8/26)21, utili a indicare nomi di albero, sono quelle di cui è maggiormente percepito il processo derivazionale e la sua funzione semantica.22 Nella retroversione delle forme in cui l’elemento suffissale non presenta questa funzione (18/26)23, la percezione del significato del suffisso si frammenta. Questo avviene sia nelle ––––––– 19

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Nella forma utilizzata dal semi-parlante il paradigma di bov. ZoD!s9Nm9N\ ‹salgo›, ‹mi arrampico› < it. petto (ΙΛΕΙΚΙ IV: 168-169; LGII: 398) converge in quello di bov. Z!oDs9N\ ‹cado› < aor. 1πεσα del gr.a. πίπτω (ΙΛΕΙΚΙ IV: 167-168, LGII: 403). ΝΓ: 132, ma anche Jannaris (1968: 290). Le forme somministrate sono: 1. bov. ZoDqs˝Rh!jh`\ ‹pesco›, 2. bov. [i ru!Cia] ‹melograno›, 3. bov. Zh `lhc9`!kh`\ ‹albero di mandorle›, 4. bov. Zh lh!kh`\ ‹melo›, 5. bov. Zh s˝RDq`!rh`\ ‹ciliegio›, 6. bov. Zh rt!s˝Rh`\ ‹albero di fichi›, 7. bov. Zh `o9h!Ch`\ ‹pero›, 8. bov- Zh k`q`m!fh`\ ‹albero di arance›. Si vedano, per esempio, i testi prodotti dai tre informatori in retroversione di bov. Zh `lhc9`!kh`\ ‹albero di mandorle›: 1. Agostino: ‹la pianta delle mandorle›; 2. Attilio: ‹e.. la la.. pianta.. e.. sarebbe la pianta delle mandorle›; 3. Bruno: ‹la cosa la... mandorla, mandorlo›. Le forme somministrate sono: 1. bov. Zh N!rsqh`\ ‹inimicizia›; 2. bov. Zh `f`!oh`\ ‹amore›; 3. bov. Zh rsN!wh`] ‹povertà’; 4. bov. Zh eh!kh`\ ‹l’amicizia›; 5. bov-

ZC`mf`!mh`\, ZC`mf`!lh`\ ‹morso›; 6.

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risposte concordanti con quanto riportato nei dizionari (Agostino 10/18, Attilio 10/18, Bruno 18/18), sia in quelle non concordanti. Tutti gli informatori sembrano recuperare per lo più le forme mnemonicamente, ricorrendo a derivazione dove sono meno sicuri. Tra tutti, Bruno recupera più coerentemente le funzioni derivazionali di -ía, forse rapportandole ai risultativi italiani.24 D’altra parte, tutti i semi-parlanti forniscono forme italiane non attestate derivate mediante il suffisso it. -ata almeno in un caso che corrisponde sempre ad una domanda di retroversione in cui la forma -ía è compresa nella sequenza -imía: si considerino per Bruno e Agostino le retroversioni rese per bov. [`Mf`kh!lh`] con, rispettivamente, *l’abbracciata e *l’angalata, e per Attilio la forma *la fornata resa per bov. Zetq9h!lh`\.

3.2.2 Forme lessicali bovesi con terminazione in [-i!mia] La sequenza -imía è presente in diversi lessemi del bovese. In alcuni casi, come per il biz. γνωριµία (lessema attestato in neogreco anche nella forma ossitona di γνωριµιά) poteva essere già attestata nell’antica forma greca. In altri casi, le forme documentate in -imía per il bovese (ed a volte non in tutti i dizionari: bov. Zetq9h!lh`\ e bov. Z`Mf`kh!lh`\ rnmn riportati solo nel LGII) sono descritte come il prodotto della suffissazione con bov. -ía di forme lessicali a loro volta derivate tramite un altro suffisso, il deverbale bov. -ma: si veda, al riguardo, il bov. [suri!mia] ‹fischio› < bov. [!surima] ‹fischio› + -ía, dove il bov. [!surima] è derivato dal verbo bov- Zrt!q`N\ < a.gr. συρίζω ‹io fischio›.

3.2.3. L’emergenza di un nuovo suffisso: -imía Si è detto che la lessificazione della terminazione -[i!lh`\ come un autonomo suffisso derivazionale può essere motivata da fenomeni di interferenza tra schemi derivazionali delle varietà romanze e strategie di formazione di parola del bovese. Tale ipotesi mi pare presenti un riscontro nei testi di traduzione resi dai tre informatori. Particolarmente interessante è il brano prodotto da Agostino per la resa di it. la graffiatura, dove la neoformazione è immediatamente tradotta da un elemento lessicale italiano, graffiata: ZZ--\!!!!! !hrD9 Z--\ !l9h` Fq`e9iD!l9h` Z--\ !lh` . Fq`e9h!l9h` !tm` Fq`!e9i`s` Z--\ Fq`e9h!l9h` . !h, rD Fq` Fq`e9h!lDmN . Fq`e9h!l9DmN\-

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24

bov. Zh `fqNmh!lh`\ ‹conoscenza›; 7. bov. Z`mf`kh!lh`\ ‹abbraccio›; 8. bov. Z`m`ft!kh`\ ‹nausea›; 9. bov. Zh N!Rh`\ ‹monte boscoso›; 10. bov. ZwiD!qh`\ ‹manata›, ‹fascio›; 11. bov. ZC`!s˝Rh`\ ‹morso›, ‹boccone›; 12. bov. ZCNm!ch`\ ‹dentata›; 13. bov. Zh wiN!mh`\ ‹nevicata›; 14. bov. Zuq`!Ch`\ ‹sera›; 15. bov. ZfqN!s9h`\ ‹pugno›, ‹colpo di pugno›; 16. bov. Zetq9h!lh`\ ‹infornata›; 17. bov. Zq`!c9h`\ ‹bastonata›; 18. bov. Zh kh!Sh`\ ‹sassata›. Poichè Bruno si è accostato al greco come L2 nell’adolescenza, le sue competenze riflesse sono diverse da quelle dei due informatori anziani che hanno imparato il bovese in situazioni totali (cf. Weinreich 1974: 313) e senza mai accompagnarlo a un tirocinio grammaticale.

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La traduzione fatta dall’informatore della propria neoformazione suggerisce una relazione tra bov. -imía e it. -áta in accordo con quanto visto in sede di retroversione. Una seconda equiparazione è stabilita tra ZFq`e9h!lh`\ e ZFq`e9h!l9DmN\, relazione confrontabile con quella tra l’it. graffiato e graffiata, per cui in accordo con Scalise (1995: 490) graffiato → *graffiata.25 Quest’analogia può essere corroborata da una terza corrispondenza, quella di lungo periodo tra il suffisso participiale it. -ato (cal. -átu, lat. -atus) e il suffisso participiale bovese -méno.26 Si vedano, per esempio, le forme Za9q`wD!l9Dmh\ . Za9q`!w`sn] fornite da Attilio in traduzione di it. rauca, dove si nota il mantenimento della base lessicale e l’alternanza del solo suffisso participiale. Sembra dunque plausibile una relazione del tipo

Questa relazione, con l’opacizzarsi di alcune funzioni di -ía, motiva la rianalisi di una sequenza fonetica in cui il vecchio suffisso era già presente. Poiché l’emergenza di -imía è comune a tutti gli informatori e asseconda fenomeni di variazione e di interferenza presenti da lungo periodo nella varietà, essa non mi sembra caratterizzare le parole innovative greco-calabre come emergenze lessicali dovute esclusivamente alla condizione di decadimento della varietà. Piuttosto, questa rianalisi sembra confermare tendenze di lungo periodo dovute a contatto con le varietà romanze.

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27

Per la produttività del suffisso in italiano cf. Serianni (1989: 639), Scalise (1995: 490). Cf. la presenza del suffisso -áto negli aggettivi gr.a. δροσ âτος, στηθâτος, φευγâτος, τρεχâτος (cf. Rohlfs 2001: 114). Si noti che la vocale tematica [i] tende ad essere generalizzata dai miei informatori rispetto alle altre.

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Contacts de langues et tabous sexuels: étude de l’imaginaire linguistique de personnes plurilingues d’origine subsaharienne vivant en Suisse romande

1. Introduction La finesse et l’intérêt du regard que les personnes plurilingues portent sur des phénomènes transcodiques tels que l’alternance codique conversationnelle ou situationnelle n’est plus à démontrer (cf. Dewaele 2007; Gumperz 1982; Lüdi / Py 2002). Elles s’expliquent notamment par les multiples questions pratiques, identitaires et émotionnelles que pose un quotidien avec plusieurs langues et cultures (cf. Burck 2004; Romaine 1995), ainsi que par cette fonction interprétative du plurilinguisme qui tend à favoriser chez les sujets parlants une prise de conscience de la complexité des rapports entre langues et schématisations du monde (cf. Lüdi / Py 2002). Une approche éclairante des contacts de langues passe donc, de toute évidence, par l’étude de l’imaginaire linguistique (cf. Houdebine 2003; Singy 2004; Weber 2003) des personnes plurilingues qui les parlent. C’est dans cette perspective que nous tentons ici d’apporter une contribution à l’étude des pratiques transcodiques pouvant survenir lors d’échanges plurilingues à thématique sexuelle entre migrants et migrantes originaires des pays dits francophones d’Afrique subsaharienne. On se penchera plus particulièrement sur la manière dont ils parlent de leur usage des langues africaines et du français dans ces interactions, ainsi que sur les explications qu’ils livrent concernant les phénomènes d’alternance décrits. L’un des attraits particuliers de l’étude sociolinguistique d’échanges qui traitent de sexualité réside dans l’impact attendu de règles de tabous (cf. Allen / Burridge 2006) définissant le degré d’(in)appropriété de thèmes, termes et expressions dans des contextes d’interaction donnés. A cet égard, la littérature disponible laisse à penser que les tabous sexuels pèsent d’un poids considérable sur les pratiques verbales des communautés migrantes d’origine subsaharienne (cf. Zuppinger et al. 2000). Or, diverses études conduites sur d’autres terrains suggèrent que les effets de tabou sont vécus avec plus d’acuité dans la langue première que dans la langue seconde (cf. Harris et al. 2003; Morsly 1998). Plus généralement, les personnes plurilingues tendent d’ailleurs à voir dans leurs langues secondes des vecteurs sémiotiques émotionnellement plus neutres que dans leurs langues premières (cf. Pavlenko 2002). Lorsqu’il s’agit d’évoquer des contenus touchant à la sexualité, l’utilisation de langues secondes paraît donc douée d’un potentiel ouvrant et objectivant dont on peut se demander dans quelle mesure il est repéré et, le cas échéant, mis à profit par les migrants plurilingues d’origine subsaharienne.

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Orest Weber / Brikela Sulstarova / Pascal Singy / Patrice Guex

Sans compter la place que l’alternance codique occupe dans les interactions quotidiennes des populations migrantes francophones venues d’Afrique subsaharienne (cf. Van den Avenne 2001), deux autres aspects sociaux et linguistiques confèrent un intérêt considérable à la présente incursion dans leurs représentations métalinguistiques. D’une part, le rapport des populations subsahariennes aux différentes langues de leurs répertoires plurilingues apparaît souvent marqué par la situation postcoloniale. Ainsi, le français jouit certes d’un prestige important en tant que langue d’éducation et de promotion sociale, mais les langues premières sont à leur tour fréquemment investies comme des emblèmes d’identités ethniques (cf. Singy / Rouiller 2001; Van den Avenne 2001). Le second aspect clé relève de la situation socio-sanitaire de cette population. Les personnes migrantes d’origine subsaharienne paient actuellement un tribut particulièrement lourd à l’épidémie du VIH/sida (cf. ONUSIDA 2007) et il est donc crucial d’arriver à leur transmettre des messages de prévention de portée optimale. Or, dans le domaine du VIH/sida, une communication médico-préventive efficiente passe inévitablement par une information aussi compréhensible et ouverte que possible à propos des pratiques sexuelles pouvant conduire à la transmission du virus. C’est dans ce contexte qu’a vu le jour l’idée d’une recherche centrée sur les perceptions que les migrants et migrantes subsahariens ont de la communication préventive face-à-face sur le VIH/sida et la sexualité. Impliquant des sociolinguistes et des médecins, cette étude interdisciplinaire a généré des résultats dont une sélection est présentée dans cette contribution.

2. L’enquête L’étude en question1 visait pour l’essentiel à évaluer le contenu de deux hypothèses en partie fondées sur une enquête exploratoire (cf. Singy et al. 2004). La première d’entre elles admettait qu’une prévention exclusivement communautaire porte en elle deux facteurs limitatifs potentiels: la crainte, chez certaines personnes migrantes subsahariennes, d’être stigmatisées et celle d’une non-garantie de la confidentialité (cf. Guex / Singy 2003). La deuxième hypothèse s’attachait à vérifier si le français et les langues africaines sont perçues comme complémentaires pour des échanges plurilingues portant sur le sida et la sexualité (cf. Harris et al. 2003; Morsly 1998; Singy / Rouiller 2001). Afin de soumettre à vérification ces hypothèses, des entretiens semi-directifs ont été conduits auprès d’un échantillon de 46 personnes (cf. tableau) reflétant de manière indicative la diversité de la population migrante subsaharienne francophone de Suisse romande qui compte environ 50'000 personnes (cf. Singy / Guex 2008). Les principales variables prises en compte sont le pays origine, le genre, le statut légal, la religion et le niveau de formation. Les enregistrements des entretiens ont été intégralement retranscrits et soumis à une analyse de contenu qui visait une pondération quantifiée des opinions sur une série de questions clés, tout en procédant à l’identification des principaux thèmes ––––––– 1

Financement: Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique, Subside n° 3300C0-105998/1.

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Contacts de langues, genre et tabous sexuels

développés dans les réponses. S’ajoutait à cette double analyse une investigation ponctuelle de certains phénomènes discursifs formels spécifiques (utilisation des pronoms, formes passives/actives, modalités, mises en relation sémantiques récurrentes, etc.). Tableau I: Echantillon Genre Origine

Statut de séjour Formation Religion

Femmes 23 Hommes Guinée 7 Cameroun Congo-Kinshasa 7 Rwanda/Burundi Sénégal 6 Togo/Benin Autres pays 6 Naturalisés ou établis (permis C) Permis de travail ou d’étudiant (permis B) Requérants d’asile (permis N) et sans-papiers Universitaire 11 Obligatoire Post-obligatoire 14 Illettrés Chrétiens 30 Musulmans

23 6 6 8 6 20 19 19 2 14

3. Résultats choisis Deux ensembles de résultats empiriques ont été sélectionnés afin de rendre compte des perceptions que notre population cible a de la dimension transcodique des échanges relatifs à la sexualité. Relevant de l’approche quantifiée décrite à l’instant, le premier ensemble livre un aperçu global et succinct de la manière dont les enquêtés disent en parler avec des amis ou des amies de même origine. Le second volet de résultats vise pour sa part une illustration et discussion des termes précis dans lesquels les personnes migrantes enquêtées décrivent et analysent les phénomènes transcodiques survenant dans des interactions intracommunautaires à thématique sexuelle.

3.1 Langues choisies pour évoquer la sexualité avec des proches partageant le même répertoire plurilingue: pratiques rapportées L’un des objectifs de notre protocole d’entretien résidait dans une investigation des pratiques langagières rapportées par les personnes interviewées afin, notamment, de comprendre comment elles parlent habituellement de sexualité avec des proches. Interrogé sur les langues utilisées pour parler de ce type de contenus avec des amis ou amies de même sexe et de même répertoire linguistique, l’échantillon enquêté se révèle très partagé (cf. graphique 1). Un peu moins de la moitié des réponses éligibles (20/43) se portent sur un recours exclusif aux langues africaines, alors que trois personnes interviewées uniquement disent se servir du seul français. Le solde des réponses (20) fait état d’une

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utilisation alternée du français et des langues africaines, plusieurs sujets enquêtés parlant à cet égard d’un «mélange» de langues (cf. graphique 1). Graphique I: Langues rapportées pour parler de sexualité avec des amis de mêmes langues

3 langues africaines 20

français alternance codique

20

sans réponse 3

La place que le code switching et/ou le code mixing prennent dans ces réponses révèle une sensibilité remarquable à ces phénomènes transcodiques dont on sait pourtant qu’ils tendent à échapper à l’attention des sujets parlants, a fortiori dans des contextes informels de communication (cf. Gumperz 1982). Sous une autre forme, cette même sensibilité se manifeste dans la diversité des explications et rationalisations que les personnes enquêtées formulent au sujet des origines et fonctions des dites pratiques transcodiques, diversité dont nous tenterons synthétiquement de rendre compte dans les lignes restantes de cet exposé de résultats.

3.2 Pratiques transcodiques à thématique sexuelle: descriptions et explications des personnes migrantes interviewées A l’analyse des discours relatifs aux interactions plurilingues à thématique sexuelle il apparaît tout d’abord que personne ou presque n’évoque en détail des pratiques transcodiques ayant le français comme langue principale (langue matrice). Les descriptions qui dominent sont, d’une part, les «mélanges» non spécifiés entre français et langues africaines, et les interactions basées dans une langue africaine avec des passages occasionnels au français d’autre part. On ne s’étonnera donc guère de voir le dernier de ces schèmes communicationnels plurilingues occuper une place centrale dans notre propos.

3.2.1 Des lacunes lexicales à combler? Lorsqu’ils s’expriment sur les motivations avérées ou potentielles pouvant conduire des personnes migrantes subsahariennes à passer plus ou moins ponctuellement au français dans le cadre de conversations plurilingues sur la sexualité, certains membres de l’échantillon font référence aux ressources sémiotiques de leurs langues premières africaines. En l’espèce, ils font état de lacunes au plan de leurs lexiques liés à la sexualité.

Contacts de langues, genre et tabous sexuels

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Ce point de vue peut être illustré par les propos de cette interviewée guinéenne, qui se projette dans une rencontre hypothétique avec une médiatrice de prévention VIH/sida de profil linguistique comparable au sien: Supposons qu’elle [la médiatrice] parle toutes les langues, alors là je peux lui parler en poular et en français. Parce que si j’ai quelque chose à dire qui n’existe pas en poular, je dirai ça en français.

Parmi les réalités dont il est dit qu’elles ne peuvent être dénotées d’un seul mot dans des langues africaines figurent notamment le «préservatif» ou le «sida», tous deux étant décrits comme occidentaux dans leur origine et nouveaux pour les communautés linguistiques africaines. Cependant, cette explication du code switching en termes de lacunes lexicales ne fait pas l’objet d’un accord général parmi les personnes enquêtées, il s’en faut. Ainsi, cet homme béninois, interrogé sur un éventuel effet facilitant de l’emploi du français pour l’évocation de la sexualité, dit ne rien voir d’autre qu’une «connerie» dans une conception des langues africaines comme lexicalement déficientes: Dans ma langue je peux tout exprimer. Tous les mots qui existent en français existent dans ma langue. Parce que j’ai déjà une fois entendu ici les gens dire … que nous, nos mots sont limités, qu’on n’a pas beaucoup de mots. C’est faux. C’est faux. C’est des conneries.

A l’instar de quelques autres sujets interviewés, cet homme béninois saisit manifestement l’occasion de notre entretien de recherche pour valoriser, de quelque manière, sa langue première et son groupe d’origine qu’il estime attaqués. Il semble notamment voir dans l’idée que le lexique des langues africaines pourrait être plus limité que celui d’autres idiomes une stigmatisation possible des locuteurs et locutrices subsahariens; c’est du moins ce que suggère la juxtaposition immédiate de nous et de nos mots dans «j’ai entendu ici les gens dire que nous, nos mots sont limités». Quoique marginal d’un point de vue quantitatif, ce type de discours épilinguistiques rend compte d’enjeux identitaires très sensibles qui peuvent se révéler lorsque, dans un contexte sociétal non exempt de stéréotypes racistes, les langues africaines apparaissent questionnées quant à leur complétude ou richesse lexicale. On notera d’ailleurs que l’omnipotence sémiotique (cf. Mahmoudian 1982) des langues africaines n’est que rarement contestée en tant que telle par la population interrogée sur les interactions plurilingues à thématique sexuelle. Même dans le discours des personnes qui attestent de la nécessité occasionnelle de recourir au français en raison de lacunes lexicales, ce n’est en effet pas tant le potentiel sémiotique des langues africaines, que le caractère économique de leur usage qui est pointé. Les propos de cette interviewée congolaise en témoignent: Par exemple le préservatif, ça ne fait pas partie des réalités africaines. Donc quand un Africain … dans sa langue nationale … veut citer le préservatif, il a une très grande phrase à faire, quoi … en français on peut dire le préservatif, tout simplement.

Enfin, plusieurs personnes interviewées expliquent la nécessité ou l’utilité de passer ponctuellement au français pour parler de sexualité par le caractère restreint de leurs connaissances personnelles du lexique relatif à la sexualité dans leur langue première,

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indépendamment de toute considération sur l’existence ou non de ce lexique dans la langue africaine en question. Souvent les sujets enquêtés expliquent leurs limites en ces matières par des traits de leur biographie linguistique, rapportant par exemple des cours de biologie et d’éducation sexuelle tenus exclusivement en français. Plusieurs femmes soulignent aussi le rôle crucial des tabous sexuels dans les interactions intrafamiliales. Dans les propos de cette enquêtée rwandaise, ce sont surtout les échanges mère-fille qui sont décrits comme décisifs en matière d’acquisition de mots pour parler de sexualité: Dans notre culture, les langues maternelles ne nous ont pas transmis cette éducation, mais la langue d’adoption, la culture d’adoption qui est le français, elle nous a transmis les mots pour dire ces choses-là … Parce que dans ma culture d’origine, ma mère ne m’en a pas causé.

En résumé, il apparaît que plusieurs membres de l’échantillon enquêté identifient, dans le lexique de leurs langues africaines relatif à la sexualité, des lacunes qui rendent la nomination de ce type de réalités peu économique, voire impossible dans la seule langue première. En tant que telle, la situation apparaît donc favorable à la création néologique ou à une systématisation du code switching vers le français pouvant à terme déboucher sur des emprunts. En l’occurrence, les pratiques semblent tendre vers la dernière de ces solutions, nombre de sujets enquêtés alléguant un usage fréquent de termes français dans des discours à thématique sexuelle tenus principalement dans des langues africaines. Il est toutefois à noter que ces termes continuent, pour l’heure, à être très souvent perçus comme des éléments français «mélangés» à leurs langues premières. D’autre part, nos résultats révèlent le fort investissement identitaire des langues africaines par certaines personnes interviewées, prenant parfois une coloration défensive. Cette tendance paraît, quant à elle, susceptible de contrecarrer une évolution vers le code switching systématique ou l’emprunt au français, en favorisant un certain purisme linguistique, voire l’émergence de créations lexicales à partir des seules ressources linguistiques des langues africaines.

3.2.2 Tabous et marquage d’identités par le choix de langues Les représentations des personnes enquêtées concernant les pratiques transcodiques dans les échanges qui traitent de sexualité ne s’épuisent toutefois pas dans la problématique du manque de ressources lexicales ou de l’économicité des langues utilisées. Un grand nombre d’explications et de rationalisations avancées à cet égard présentent notamment le code switching ou le code mixing comme une ressource permettant de limiter l’impact de ces règles sociopragmatiques et socioculturelles que sont les tabous sexuels. Concrètement, nombre de sujets interviewés semblent estimer que les effets de ces tabous peuvent être réduits grâce à l’utilisation du français plutôt que des langues africaines pour nommer des réalités d’ordre sexuel. Cette position ressort par exemple de l’extrait que voici, tiré d’un entretien avec une femme mauritanienne: Notre langue est une langue où on a honte de beaucoup dire sur l’intimité, sur l’homme et la femme, c’est un peu renfermé, en français c’est ouvert.

Une partie de l’échantillon perçoit ainsi clairement le potentiel ouvrant et objectivant de l’utilisation de langues secondes pour l’évocation de contenus sexuels qui ressortait

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d’études préexistantes (cf. introduction). Pour les tenants de cette position, tout se passe comme si les langues choisies pour parler de sexualité entre personnes migrantes subsahariennes actualisaient des ensembles de règles socioculturelles variables, inégalement restrictives quant à la mention explicite de contenus d’ordre sexuel. Concrètement l’emploi du français semble mettre en vigueur des règles propres à la culture dite «d’adoption», «occidentale» ou «européenne» (cf. aussi Singy et al. 2008), apparemment plus permissive que les cultures d’origine. A en juger selon ces discours métalinguistiques, on a donc ici affaire à un usage métaphorique du code switching (cf. Gumperz 1982), les passages alternatifs d’une langue à l’autre actionnant des arrière fonds normatifs variables en matière de tabous, tout en fonctionnant comme des marqueurs d’identités culturelles ou ethniques (cf. Le Page / Tabouret-Keller 1985). Ces interrelations entre code switching, identités sociales et tabous sexuels affleurent dans de nombreuses interviews. Il est cependant des contenus, dans les discours que nous avons recueillis, qui les décrivent de manière particulièrement éloquente, dont voici un tiré de la rencontre avec une femme congolaise qui explique quelles langues elle utilise pour parler de sexualité avec son mari de même origine: J’ai une double culture maintenant. Alors, je joue avec ça. Quand je parle en swahili, ben, je me fais la femme de là-bas. Quand j’ai des intérêts en tant que femme européenne, je parlerais en français. … Une fois on regardait la télé … c’était du porno et là j’ai dit à mon mari, t’as vu cette femme, c’est une pute, t’as vu comment on est en train de faire l’amour avec elle. Et moi, je suis là pour toi seule et à partir de maintenant … je veux que ça se passe autrement. Et ça en swahili c’est très difficile de le dire, parce qu’une femme africaine ne peut pas le dire, que tu veux qu’on te fasse l’amour comme une pute, tandis qu’en français c’est normal, alors j’utilisais le français. Il a rigolé, donc, c’était trop osé. J’ai osé en français, mais après pour amortir j’ai passé en lingala ou en swahili.

Ce discours sur l’alternance codique dans des discussions à thématique sexuelle suggère ainsi que certains membres des communautés migrantes sondées –en l’occurrence, surtout des femmes– utilisent sciemment les langues de leur répertoire plurilingue comme emblème pour endosser des identités spécifiques (dans l’extrait cité, il s’agit par exemple de féminités «européenne» vs «africaine»). Dans les interactions avec d’autres personnes biculturelles, ce code switching métaphorique semble ainsi leur permettre de contourner ou du moins d’atténuer le poids de tabous sexuels et, partant, de faire valoir plus efficacement leurs vues et intérêts regardant la sexualité.

4. En guise de conclusion On conclura cette contribution par la mise en évidence de quelques aspects des résultats qui devraient intéresser tant les spécialistes du langage que les professionnels ayant pour tâche de parler de santé sexuelle avec des migrants subsahariens, médecins et responsables de la prévention VIH/sida en tête. Se confirme notamment l’idée d’une certaine complémentarité fonctionnelle entre langues africaines et français, qui va indiscutablement dans le sens de notre seconde hypothèse de recherche et parle en faveur de settings

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cliniques autorisant l’émergence de pratiques transcodiques. Ainsi, l’utilisation des idiomes africains domine manifestement les échanges communicationnels habituels entre migrants et migrantes subsahariens plurilingues y compris lorsqu’il est question de sexualité, et les langues premières font parfois l’objet d’un investissement identitaire considérable. Mais, du point de vue de nombreuses personnes migrantes enquêtées, le français devrait également avoir sa place dans la communication plurilingue sur la santé sexuelle. Le recours au français apparaît notamment propre à assurer une fonction ouvrante, réduisant l’impact des tabous sexuels sur les échanges, ainsi qu’une fonction économique, permettant par exemple de dénoter d’un seul mot une réalité appelant l’emploi de circonlocutions dans les langues africaines. Il faut toutefois rappeler que l’ensemble de nos observations repose sur des données méta-discursives et ne se rapporte donc qu’indirectement aux pratiques effectives des sujets parlants. Ces observations soulignent clairement l’importance de poursuivre l’investigation sociolinguistique des échanges plurilingues à thématique sexuelle, dans le contexte migratoire étudié comme dans d’autres. Grâce à une analyse détaillée d’interactions dites naturelles, il s’agirait notamment de décrypter plus en détail la manière dont les mots et expressions français renvoyant à la sexualité sont formellement incorporés dans le discours en langues africaines. Compte tenu des réalités sanitaires africaines, il paraitrait par ailleurs indiqué de se pencher sur les conditions dans lesquelles l’usage de pratiques transcodiques impliquant les langues premières et les visitors languages pourrait faciliter la communication préventive VIH/sida avec les personnes subsahariennes restant en Afrique.

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Contacts de langues, genre et tabous sexuels

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Klaus Zimmermann

El manejo de las lenguas en contacto (interferencia, transferencia, préstamo, code switching etc.) desde la perspectiva del constructivismo neurobiológico1

1. Introducción A pesar del florecimiento de los estudios de lenguas en contacto en los últimos 50 años persiste a nivel teórico de los procedimientos y fenómenos de contacto una cierta arbitrariedad en los intentos de sistematizar el campo de fenómenos y, por lo tanto, un cierto desorden en el uso de la terminología, no obstante las contribuciones de lingüistas tan destacados como Werner Betz (1965), Uriel Weinreich (1953) y Einar Haugen (1950; 1956).2 Las propuestas nuevas y valiosas de Clyne (1967), Payrató (1984), Gómez Capuz (1998) no contribuyen, sin embargo, a una sistematización satisfactoria. En lo que sigue propongo una sistematización desde la perspectiva del hablante (y de la comunidad) que está confrontado con la lengua no nativa y su procesamiento cognitivo de las dos lenguas, reconocimiento central que ya había planteado Uriel Weinreich. Hoy en día se puede apoyar esta «intuición» de Weinreich con datos de la neurobiología y la psicolingüística. La primera parte de mis planteamientos presentan el marco teórico del procesamiento cognitivo, la segunda parte, la clasificación de los hechos de contacto derivada de la teoría presentada antes, y explicaciones acerca de la difusión.

2. Un breve esbozo de la teoría cognitivo-constructivista de la lengua3 La base epistemológica del constructivismo neurobiológico (Maturana 1980; Roth 1996; 2003; Schmidt 1992) es que nuestro comportamiento cognitivo (y por ello todo tipo de comportamiento lingüístico y social) está determinado por las limitaciones y capacidades ––––––– 1

2

3

Este artículo es una versión revisada y aumentada de Zimmermann (2005a). En Zimmermann (2006a; 2008; 2009) se tratan otros aspectos del contacto lingüístico bajo la misma perspectiva. Hay varios autores que lamentan este desorden en la terminología y la mezcla de criterios para los sistemas propuestos: Clyne (1967: 217-220); Payrató (1984); Gómez Capuz (1998: 99); Zimmermann (2005a: 9); Jansen (2005: 63). Una presentación más detallada se encuentra en Zimmermann (2004; 2006a).

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Klaus Zimmermann

cerebrales. La representación del mundo en nuestro sistema cognitivo no es un reflejo objetivo del mundo real (von Glasersfeld 2003) sino a) limitada por las capacidades sensoriales de los seres humanos; b) un producto de la actividad cerebral que construye una representación del mundo a partir de las señales eléctricas que llegan al cerebro. En la construcción participa no solamente el cortex (cognición racional) sino también el sistema límbico que interviene en el procesamiento de afectos y sentimientos y de la diferenciación de lo relevante y no relevante. Las «representaciones» en el cerebro no son representaciones objetivas sino «construcciones» o constructos a partir de las señales eléctricas. Las construcciones son: a) parciales y superficiales dependiendo de las capacidades sensoriales del ser humano; b) limitadas por las capacidades del cerebro humano; c) inferencias de relaciones entre los hechos percibidos; d) imaginaciones; e) «enriquecidas» por valoraciones antropocéntricas por un lado y éstos, diferenciados por factores como sexo, cultura, grupo social, grupo generacional, grupo religioso e individuo, etc. Para tener «realidad cognitiva» un concepto ligado a un representante material (signo lingüístico) debe ser procesado por cada individuo (autopoesis).4 Por ello, a pesar de la diferenciación mencionada, todas estas «representaciones» son inevitablemente individuales, ya que cada cerebro tiene que procesarlos por sí mismo e internalizarlos a su manera.5 El resultado de la construcción individual es que las representaciones son también individuales. No obstante, los seres humanos, para convivir, necesitan un cierto grado de homogenización de los constructos semánticos. Esto se hace en los múltiples actos de interacción-comunicación, la praxis discursiva (donde se enfrentan las construcciones individuales) por medio de la viabilización intersubjetiva, un proceso que integra lo que se viene a llamar negociación de significados (cf. Teubert 2007: 17) para asegurar el entendimiento momentáneo (Kallmeyer 1987). Es ahí donde se produce nuestra ficción del código común (a nivel del significante y significado). De ahí se deriva el postulado del constructivismo: Todo tipo de ciencia humana que versa sobre aspectos en los que interviene el cerebro debe tener en cuenta el procesamiento del mundo por el sistema cognitivo. Cabe añadir que la neurobiología no tiene la posibilidad de observar la representación cognitiva, sino (por el momento) tan sólo determinar las condiciones y los lugares neurofisiológicos. Sin embargo, por medio de arreglos y control del input al cerebro en experiencias también es posible, basándose en las construcciones de la lingüística como input controlado, confirmar o refutar hipótesis de la teoría lingüística. ––––––– 4

5

Ideas claves de la teoría constructivista del lenguaje, como la de la autopoiesis, se encuentran ya en la obra de Humboldt, cf. Zimmermann (2006c). Es esta conformación individual la que es el origen de lo que llamamos talento individual. Son diferencias mínimas en comparación con otra especie, pero altamente importantes dentro de la especie a nivel social y selección genética. Paradójicamente, gran parte de nuestra vida social está basada en la diferenciación individual, la selección de compañeros y amigos, de esposos y esposas, de diplomas en la educación, de candidatos para puestos de trabajo, etc. Sin embargo, en la sociolingüística (y otras ciencias) hacemos abstracción de estas diferencias postulando la existencia de caracteres sociales homogéneos.

Los procedimientos del manejo de las lenguas en el contacto

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3. Aspectos de la teoría constructivista del contacto de lenguas El acercamiento constructivista del contacto de lenguas parte del hecho de que todo tipo de actividad verbal está guiada por el cerebro y, por ello, todos los factores que influyen en la producción y recepción de enunciados pasan por la percepción y el tratamiento cognitivo. Además, los factores que –como tradicionalmente se dice– influyen o hasta determinan el comportamiento interactivo y lingüístico son influyentes tan sólo en la forma como están construidos por la cognición. Los factores no actúan como tales de manera objetiva –como una teoría objetivista de las ciencias pretende– sino tan sólo en su forma de construcción cognitiva. Esto no significa la negación de la existencia de factores externos (sociales, políticos, económicos) ni tampoco su importancia en la conformación de los conceptos. Esto significa que no basta con observar estos factores externos sino que la teoría de la influencia (que reclama cierta forma de causalidad) debe incluir su carácter de construcción, lo que a nivel metodológico tiene como consecuencia la elucidación de la forma construida en la cognición de los individuos y su relevancia para ellos con el fin de poder determinar su impacto. Esto implica que también factores como ideologías, mitos, proyectos políticos futuros y «creencias religiosas», así como errores y «falsas» construcciones pueden influir en el comportamiento contactológico de lenguas. Por ello, propongo diseñar la teoría del contacto de lenguas según varios principios: a) partir de la visión del procesamiento del cerebro individual; b) en la fase original del contacto directamente frente a la L2; y c) en la fase de recepción de productos del contacto de un individuo A por un individuo B (fase de difusión). Cada cerebro ha construido una forma individual de lo que llamamos comúnmente lengua (de cuya característica cognitiva sabemos poco en concreto), pero sí que no es estática sino bastante flexible y dinámica y que, además, no es (en la terminología de Humboldt) un ergon, sino energeia (una capacidad creativa). Con este axioma me sostengo en los hallazgos de la neurofisiología y en sus planteamientos teóricos (que son, hay que admitirlo, a veces todavía especulativos). Sin embargo, se puede relacionar esta teoría con planteamientos anteriores no explícitamente basados en la neurofisiología. Ya Uriel Weinreich (1953), el fundador de la lingüística del contacto moderna, igualmente insiste varias veces en su libro sobre el axioma que es «el individuo el lugar de procesamiento» del contacto y Eugenio Coseriu (1974: 176), disertando sobre el cambio de lenguas y apoyándose, sin duda, en W.v.Humboldt, localiza sus causas en el habla (el intercambio de mensajes verbales entre los individuos), o sea, la conformación del enunciado y de sus partes para expresar y comunicar algo en un contexto histórico para alguien. A modo aclarativo agregaría que en esto no debemos olvidar el aspecto de la construcción cognitiva de los significados, sean conceptuales (léxicos) o gramaticales. Entonces, el esbozo de una teoría constructivista del contacto no es nuevo en su totalidad. Es en parte la continuación de un pensamiento existente no aceptado plenamente y, por otra parte, un ensayo de formularlo en su perspectiva radical. Por supuesto, una teoría sobre el funcionamiento cognitivo es otra cosa que la metodología para investigarlo. No tenemos medios para observar el procesamiento cognitivo en actu. Nuestra primera base de datos son inevitablemente los productos del procesamiento. Estamos relegados a hacer observaciones indirectas y deducciones a partir de ellos, con la ayuda de otros métodos.

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Klaus Zimmermann

Querer explicar el contacto de lenguas con una base constructivista tiene algunas consecuencias, que voy a resumir brevemente. Parece un presupuesto inadvertido en la lingüística (probablemente consecuencia del impacto del pensamiento de la normativización de algunas lenguas, en el occidente, y de la teoría estructuralista del sistema, independiente del hablante y, por ello, monosistemático y «limpio») que la mezcla de lenguas es un hecho extranormal, casi escandaloso. La observación de los hechos y la teoría cognitiva, sin embargo, preconizan que a nivel cognitivo básico es un fenómeno mucho más normal de lo pensado. Son factores de construcción como identidad y otredad, rechazo, estética glotocentrista y otros factores culturales los que intervienen y matizan, regulan e, incluso, impiden el proceso «natural».6 Muchos contactos ocurren en situaciones en las que el hablante tiene que actuar / interactuar inmediatamente en el marco de dos lenguas. En estas situaciones llegan al cerebro elementos y estructuras de la otra lengua en forma no analizada, es decir, como cadena de elementos acústicos (para quedarnos –simplificando– en lo oral) que deben procesarse activamente en el momento de la comunicación misma. En este momento el enfoque hacia el interlocutor es primordial; la confección del enunciado está orientada hacia el interlocutor: ¡Que lo entienda y que sea efectivo (para lograr sus metas interactivas)! Ante las exigencias de lo inmediato de estas situaciones, los seres humanos no tienden a preocuparse de la separación de las lenguas o variedades ni del criterio de mantener la lengua pura. Obedecer a esta última norma es una actitud construida históricamente (en sociedades particulares). Por ello, la ocurrencia de interinfluencias en situaciones de contacto desde el punto de vista del cerebro debe ser concebida como el caso no marcado y el deseo de hablar «como nativos» el caso marcado. Como sabemos, entre miembros de las clases cultas en Europa es lo contrario, gozando preferencia el deseo de hablar una L2 como el nativo y considerándose mala la mezcla (sin embargo, con variaciones nacionales evidentes). Este deseo y otros tipos de construcciones culturales, religiosas, profesionales, etc. deben formar parte de una teoría del contacto lingüístico. A partir de la teoría básica que voy a delinear en lo que sigue, la única manera de dar cuenta de estos factores es hacer investigaciones sobre el tratamiento del contacto en diversas culturas, sociedades, tiempos, grupos, individuos y, posiblemente, diferentes ámbitos de encuentro e interacción interlingüística. Se pueden correlacionar los comportamientos diferentes (o similares) con estos factores y ámbitos.

––––––– 6

Cabe aclarar que «natural» para mí es una construcción metodológica, no una entidad real, para medir el impacto de los factores culturales. Una idea de esta situación menos influida por construcciones culturales e ideológicos la podemos observar todavía entre niños hasta cierta edad.

Los procedimientos del manejo de las lenguas en el contacto

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4. Una tipología sistemática de los procesos de contacto De acuerdo con la visión del procesamiento cerebral como instancia central propongo definir algunos fenómenos del contacto de lenguas desde esta perspectiva.7 Tomo como prototipo el hecho de la existencia de una L1 y una L2. Este enfoque nos permite diferenciar claramente cinco tipos de (inter-)influencias estructurales, basándonos en los criterios de la actividad cognitiva cerebral, que es fundamentalmente diferente en cada caso y la «decisión» de comunicar básicamente en L1, L2 o en ambas al mismo tiempo o de cambiar de estrategia en el curso de la interacción. Todos los fenómenos descritos a continuación pueden ser tan sólo fenómenos del momento del habla o pueden difundirse en viabilizarse entre la comunidad lingüística en forma más duradera a nivel de la lengua (lo que vemos en casos como las variedades étnicas estables).8 A. Incorporar elementos de L1 en L2 (interlengua del hablante), o sea, la percepción de L2 y de sus elementos y estructuras por el cerebro marcado por L1 con el objetivo de hablar una L2. La lengua interactiva de base es una lengua en su calidad de L2 para el hablante. Llamamos a este proceso interferencia. La neurolingüística todavía no ofrece explicaciones suficientes sobre el cómo del procesamiento neuronal en bilingües. Unos primeros resultados sugieren que ocurre, en parte, en regiones cerebrales idénticas (área de Broca) y, en parte, en otras regiones (Halsband 2007: 15-17; Hirsch 1997), con diferencias que dependen de la edad de adquisición de la L2. Además, el uso de lenguas modifica el cerebro. El individuo que ya dispone de una L1 y con ello «caminos» y una red de conexiones lingüístico-cognitivas establecidas por y en el cerebro, particulares de esta lengua, hace uso de esta red establecida en la percepción y producción de una L2, lo que conduce a lo que llamamos interferencia.9 B. La incorporación de elementos o estructuras de L2 en L1 del hablante. La lengua interactiva de base es la lengua materna del hablante. Llamamos a este proceso transferencia.10 Desde el punto de vista constructivista, hay que rechazar el término ––––––– 7

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Jansen (2005: 72-131) propone otro criterio para la crítica de los sistemas tradicionales y su nueva sistematización. En este campo elabora una sistematización basada en la teoría del signo lingüístico de F. de Saussure, es decir, desde la perspectiva del estructuralismo clásico. Con ello llega a excluir los casos de préstamos semánticos, calcos y neologismos que imitan el modelo de formación de palabra de L2 como casos de préstamos sui generis. Sin embargo, su campo de sistematización se restringe a los préstamos de L2 a L1. Cf. Weinreich (1953), Zimmermann (1992: 49), Jansen (2005: 67-68). Para presentaciones sistemáticas de neurolingüística del bilinguismo cf. Fabbro (1999) y Paradis (2004). El tipo transferencia incluye lo que en terminología tradicional se llaman: préstamos no integrados, cuya procedencia de otra lengua es todavía sentida por los hablantes (al. Fremdwort), préstamos integrados (al. Lehngut; a nivel léxico: al. Lehnwort), préstamos semánticos, calcos, neologismos que imitan el modelo de formación de palabra de L2 (al. Lehnprägung). Un cuadro comparativo de la terminología alemana, más diferenciada, y la española se encuentra en Gómez Capuz (1999: 100). Considerando el contexto político de algunas transferencias hay que mencionar que existen casos de transferencias impuestas por hablantes aloglóticos, cf. Zimmermann (2005b: 121-131).

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préstamo. De hecho, se trata de una re-construcción de un signo lingüístico que por casualidad proviene de otra lengua. Sin embargo, cada adquisición de un signo (conjunto de significado y significante), también en L1 es un intento de re-construcción.11 La diferencia es que desde una visión metalingüística se ahueca (se abomba)12 el proceso por darle alta importancia debido al hecho de que proviene de otra lengua o variedad. En el proceso de re-construcción / adquisición pueden darse –por varias razones– modificaciones en la construcción, tanto a nivel del significante, tanto a nivel del significado, tanto a nivel del valor social del elemento, tanto en relación con otros elementos antes existentes (por ejemplo en el campo semántico). Por ello, en muchos procesos de transferencias se pueden observar modificaciones, lo que contradice la sugerencia de la metáfora «préstamo». Además, provocan una reorganización del sistema semántico, pragmático y sociolingüístico de L1 del hablante, algo que el cerebro procesa inconscientemente. El proceso de viabilización intersubjetiva, que es una secuencia masificada de re-construcciones (con modificaciones y adaptaciones múltiples) puede, en términos de sistema, desembocar en una consolidación colectiva. C. El hablar dos lenguas sin base estable en una sola lengua. Llamamos a este proceso mezcla de lenguas o lenguas híbridas. Podemos distinguir dos tipos de mezcla, la mezcla estructural y la mezcla comunicativa. En la mezcla estructural se hace uso de elementos estructurales, gramaticales y léxicos de dos lenguas por no distinguir la identidad de las lenguas. Es un proceso de uso masivo de interferencias y transferencias simultáneas, por ejemplo: el habla de niños bilingües precoces (Kielhöfer / Jonekeit 1983), la fase formativa de lenguas criollas (Zimmermann 2006a); productos viabilizados, estabilizados, son el language intertwining, caso ejemplar, el michif en Canadá (Bakker 1995) y la media lengua en el Ecuador. También el proceso de koineización (Trudgill 1986: 127ss.), que se supone operador en la formación de variedades de español en América a partir de inmigrantes con diferentes variedades dialectales de España (Granda 1994), es un proceso de contacto y mezcla en el que hubo un interdialecto o una hibridación de dialectos de forma que los hablantes transfirieron rasgos de otros dialectos a los suyos de manera recíproca hasta estabilizarse una forma que (idealmente) todos hablaron de la misma manera.13 En la mezcla comunicativa se usan dos lenguas alternativamente pero respetando grosso modo la identidad estructural de cada una (ejemplos: code-switching y sobre todo codemixing, cf. Auer 1984; 1998; Muysken 2000). Creado probablemente en situaciones de ––––––– 11

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Por ello, el «falso préstamo» sí es una transferencia, una transferencia que utiliza material parcial existente o falsamente imaginado en L2. Desde el punto de vista cognitivo no importa el hecho de que el hablante se equivoque, lo que cuenta es que el cerebro lo procesa como si fuera un elemento de L2. Se mezclan varios objetivos del análisis de los fenómenos de contacto. El de la política identitaria que quiere atribuir logros de invención de conceptos relacionados con técnicas culturales a un pueblo, el de explicar el procesamiento cognitivo del contacto, el de las consecuencias en el sistema, y finalmente el de las actitudes sociales frente a los productos del contacto (para el último aspecto cf. la planificación lingüística en Francia y su crítica por Jansen 2005: 199-225). Un tal proceso de koineización se produjo ya en la formación del latín en la Península Ibérica a partir de 218 a.C. de la mezcla de dialectos distintos llegados de Italia (Wright 2004) y otra del castellano medieval (Tuten 2003).

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interlocutores bilingües para objetivos estilísticos, identitarios, entre otros, una vez experimentado este procedimiento los hablantes pueden utilizarlo, como se ha demostrado, como variedad específica entre bilingües. Quiero advertir: En una variedad de contacto puede darse interferencia, transferencia, language intertwining y code switching simultáneamente. D. Sería falso reducir los estudios sobre el contacto de lenguas a la detección de elementos de una lengua en la otra o la mezcla, es decir, la detección positiva de algo existente anteriormente. El contacto como situación puede, además, provocar la creación de fenómenos que no existieron antes en ninguna de las dos lenguas en contacto. Un ejemplo tajante es la creación de simplificaciones y reducciones de complejidad.14 Este fenómeno se puede observar tanto en la pidginización (Zimmermann 2006a) así como en contactos de otra índole, como el español andino (cf. Escobar 2000).15 También pueden resultar estructuras más complejas en la lengua receptora, por ejemplo la eventual diferenciación de ser y estar en el castellano provocado por la influencia del vasco (cf. Echenique 2005: 83). Otros ejemplos son los neologismos cuyos elementos no provienen de dos lenguas, sino de una sola en la situación de contacto para crear una nueva identidad específica, por ejemplo, la de inmigrantes. El famoso verlan de los jóvenes inmigrantes magrebíes en Francia es un procedimiento de un grupo de alógenos de habla francesa (de padres bilingües) haciendo uso de un procedimiento bien conocido en la lengua francesa, pero en desuso en el momento de su reinvención por los inmigrantes alógenos. E. Cabe añadir que una situación de contacto puede tener otras consecuencias, como la de la clara separación de las lenguas implicadas, el deseo del aprendizaje de la L2 en forma perfecta, queriendo evitar cualquier «mezcla», guardando (y construyendo) la integridad y pureza de las dos lenguas. Esta separación tajante de lenguas, basada en un determinado concepto de lengua (desarrollado en capas sociales cultas en Europa) puede –a nivel social– desembocar en el establecimiento de una diglosia en la que hay una distribución de uso de dos lenguas según dominios sociales.16 A pesar de que la diglosia es un fenómeno social, la distribución del uso de lenguas por ámbitos sociales tiene su contrapartida en el sistema cognitivo, como estrategia y patrón de decisión. La perspectiva constructivista, además, implica que la concepción de lenguas, su identidad y su alteridad frente a otras también son construcciones cognitivas. Este hecho es conocido desde hace tiempo por los lingüistas, pero no sacamos las conclusiones ––––––– 14

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Transferencias («préstamos») producen en la lengua réplica o una sustitución, una ampliación del léxico (de un significado antes inexistente) o una ampliación con reorganización de un campo semántico. Sinner (2003) propone considerar, además, un caso de ampliación con significados que no existieron en la lengua donativa ni en la lengua réplica antes de la transferencia. Como lo veo, creo que los casos que está discutiendo resultan en la reorganización del campo semántico. Resume Escobar (2000: 249-250) sus estudios sobre el español de los quechuahablantes bilingües: «[...] encontramos características que no corresponden ni a rasgos de variedades diatópicas, diastráticas o históricas del español, ni son réplicas del sistema quechua. Nos encontramos ante innovaciones bilingües [...] Ninguna de las dos lenguas es pasiva en el contacto». El estudio pormenorizado de tales casos, no obstante, nos enseña –a pesar de un esfuerzo enorme de enseñanza institucional durante años– que ni siquiera en estos se logra la separación tajante produciendo los hablantes (inter-)influencias sobre todo de tipo de interferencia durante toda la vida.

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pertinentes: la dialectología y la sociolingüística nos enseñaron que no hay fronteras discretas y objetivas de lenguas y variedades, sino que construimos nuestros conceptos de las lenguas a partir de criterios históricos de relevancia. Y estos criterios son variables: lo que se construye como criterio pertinente en un momento histórico y en un área cultural no lo hacen los hablantes en otra época u otro contexto político.17 Además, a partir de esta construcción política y social, muchas veces los hablantes o agentes especializados intervienen en la estructura y el estatus de sus (u otras) lenguas para transformarlas de tal manera que quepan en el concepto construido (por ejemplo, por medio de la planificación lingüística). El purismo18 es, sin duda, una de estas medidas para reestablecer conceptos de lengua cuya validez se vio amenazada por las «mezclas» consecuencia del contacto. El concepto de lengua (con el atributo construido o no construido de purismo) y el concepto del buen hablante (con el atributo construido o no construido de perfección de manejo de la L2) que quiere o tiene que hablar una L2 tienen, por lo tanto, un impacto clave para el manejo cognitivo de las alternativas de comportamiento en la situación de contacto. Solo el querer hablar una L2 como un nativo de L2 provoca el esfuerzo de eliminar interferencias de la L1 en la L2.19 No dar relevancia, un hablante o una comunidad de hablantes, a la «integridad estructural y auténtica» de la propia lengua o de la otra (un objetivo que no es natural sino una construcción social) abre todas las posibilidades de interferencias, transferencias y mezclas. Aun más, conocemos casos de contacto en los que la producción de interferencias, transferencias y de la mezcla se cultivan, es decir, se convierten en una meta intencional y un hábito positivamente valorado del comportamiento lingüístico.20

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Esto se ve en la construcción cognitiva de la diferencia de las lenguas románicas (la diferencia entre el gallego y el portugués, la diferencia entre el francés y el franco-provençal, pero también la diferencia entre el castellano y el catalán) en comparación con la construcción del bávaro, suabo o schwyzertütsch como dialectos y no como lenguas y aun del niederdeutsch durante cierto tiempo, no por error lingüístico sino como construcción política. También se ve en la construcción o no construcción de lenguas apartes en muchas zonas que consideramos zonas de transición de lenguas (p.ej. en el continuo entre castellano y portugués en el fronterizo en Uruguay). Cf. la colección de artículos sobre aspectos del purismo en varios contextos culturales: Brincat / Boeder / Stolz (edd.) (2003), también Zimmermann (2006b) para el caso de lenguas amerindias. Además, esta actitud está muchas veces relacionada con la motivación o no de integración en una comunidad lingüística ajena (cf. la muy conocida diferenciación entre integrative and instrumental L2-Learning (Lambert / Gardner 1972)). Por ejemplo, ciertos grupos profesionales y generacionales actualmente en Alemania, pero también hablantes de lenguas indígenas en Iberoamérica integrando un vocabulario ajeno y practicando un code switching para adquirir con ello prestigio y valor en su comunidad nativa, cf. Hamel (1988); Schrader-Kniffki (2003).

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5. De la construcción individual a la construcción colectiva En un primer paso se analizó la parte individual del procesamiento de dos lenguas. A pesar del aspecto inevitablemente individual cabe reconocer su aspecto colectivo. Las lenguas fueron creadas como instrumentos para remediar las deficiencias individuales, para permitir lo que comúnmente se llama interacción y comunicación. Los hablantes (los cerebros de los hablantes) llegan hasta cierto grado a una uniformización parcial de estos constructos individuales por medio de una actividad cognitiva en el momento mismo de los intentos de comunicación con otros sujetos que llamamos viabilización intersubjetiva y comunicativa. Este proceso es muy variado y dinámico en el transcurso de los años. Me limito a esbozar un escenario inicial. Primero hay que destacar que la diferencia del procesamiento cognitivo entre interferencia y transferencia produce una situación inicial diferente. La transferencia inicial ocurre en un sólo individuo y su difusión se produce por imitación-reconstrucción, mientras que la interferencia puede, en situaciones de contacto de grupos por la actuación de las redes cerebrales establecidas por L1, producirse de manera paralela, no idéntica pero con un alto grado de similitud, en cada individuo afectado por el contacto en cuestión. En el transcurso de la viabilización, tanto las estrategias de manejo como las construcciones lingüísticas idiosincráticas, que se refieren tanto a la construcción de las formas de significantes como a la de los significados (conceptuales y funcionales) que inevitablemente tiene que hacer cada cerebro individual, están comparadas con las de otros individuos escuchando sus mensajes y ajustadas en la praxis comunicativa.21 Si el hablante comparte sus estrategias y resultados de construcciones con los de otros individuos, en un segundo paso percibe las de otros individuos en la misma situación o situaciones similares. Por la viabilización comunicativa se puede producir una estrategia supraindividual, sea de un grupo o de la comunidad entera. Está claro que a lo largo de procesos de contacto puede producirse en un momento posterior algo inverso. El individuo ya está infiltrado por las estrategias elaboradas por otros (por ejemplo la segunda generación por sus padres o de miembros de alto prestigio, líderes sociales (Labov 2001)) y se contenta en imitarlas o rechazarlas.22 ––––––– 21

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Ya Wilhelm von Humboldt había reconocido el papel del hablar con otros para la uniformización lingüística, si tomamos su concepto de «Objectivität» de la palabra como unidad de significado y significante viabilizado: «[…] el hablar es condición necesaria del pensar del individuo en apartada soledad. Sin embargo, en su manifestación como fenómeno, el lenguaje sólo se desarrolla socialmente, y el hombre sólo se entiende a sí mismo en cuanto que comprueba en los demás, en intentos sucesivos, la inteligibilidad de sus palabras. Pues la objetividad se incrementa cuando la palabra formada por uno le es devuelta al resonar en boca ajena» (Humboldt 1990: 77). Últimamente la neurofisiología (Vilayanur Ramachandran) postula la existencia de neuronas espejo (mirror neurons) en el cerebro que posibilitan la capacidad de sentir lo que siente el otro. En experiencias neurofisiológicas de chimpancés se demostró que cuando un individuo que observa la acción de otra se activan en el cerebro del observador las mismas áreas cerebrales que en el actor. Por medio de estas neuronas seríamos capaces de entender los pensamientos de los otros.

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6. La construcción diferente de «factores idénticos»: consecuencias metodológicas Había dicho antes que todo «factor» externo y extracerebral no actúa sino en la forma en la que está procesado y finalmente construido en el sistema cognitivo de un individuo y en forma viabilizada en un grupo de individuos. Hay factores «científicamente» detectables que ni están percibidos por un individuo o grupo, otros que se construyen diferentemente según el grupo social o cultural determinado o según el individuo. Aun puede tratarse de la construcción ilusoria de factores que no existen en la realidad pero que –aunque sean fantasmas– tienen un estatus de «realidad cognitiva» y como tal influyen en el comportamiento (por ejemplo, la construcción de una lengua como divina). Incluso si los miembros de una comunidad han desarrollado una construcción semejante en cuanto a visión de una situación de contacto, puede haber conclusiones divergentes en cuanto a cómo reaccionar frente a esta situación: un individuo evalúa su posición en esta situación como persona indefensa que debe someterse a las presiones de asimilación y otro evalúa tales presiones como injustas, como un factor que se puede cambiar y, por ello, se resiste a ellas e, incluso, establece estrategias de defensa, autoafirmación y revitalización.23 Entonces es esta forma de construcción cognitiva de la realidad y el proyecto de cómo enfrentarla en el futuro la que es decisiva para el comportamiento, y no el factor en sí mismo. Por ello, es ella la que se tiene que abordar en la socio y psicolingüística, en la lingüística del contacto y no un factor en su forma presumidamente «objetiva». Una de las tareas de la lingüística y, por ende, también la del contacto debe ser entonces la reconstrucción de las construcciones de la situación del contacto de cada individuo o grupo, los procesos de viabilización de estas construcciones individuales en un grupo, lo que eventualmente produce una construcción compartida por el colectivo, la detección de construcciones divergentes en el grupo y la dinámica entre las actitudes frente a los retos del contacto en el área del comportamiento lingüístico, socio y psicolingüístico. Son todas las actitudes manifestadas las que deben analizarse, tanto las mayoritarias como las minoritarias. Cabe notar que a nivel teórico todas las construcciones y actitudes individuales son igualmente importantes ya que demuestran que siempre hay alternativas de construcción y de comportamiento. A nivel teórico no hay excepciones, sino alternativas, sólo a nivel empírico y desde una perspectiva estadística las construcciones minoritarias parecen excepciones. Sin embargo, son estas alternativas la prueba del fenómeno de construcción y las que permiten –por comparación– reconocer el perfil específico de cada proceso de contacto concreto. Para tener acceso a las construcciones tenemos que recurrir a métodos cualitativos como la observación del comportamiento (análisis estructural de los resultados lingüísticos del contacto; análisis conversacional de tipo etnometodológico del comportamiento lingüístico / uso de las lenguas) así como entrevistas narrativas y temáticas.

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Lastra (2006) describe un tipo de «resistencia» entre los chicimecos-jonaz contra préstamos, muy llamativo en comparación a lo que sucede en otras comunidades indígenas en México (cf. Hekking 1995; Hill / Hill 1986; Zimmermann 1992).

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Impact du langage des métiers et professions des Italiens de Tunisie sur la variété dialectale d’arabe tunisien: réflexion sur un cas de contact de langues (XIXe- XXe siècles)

1. Bref aperçu sur l’histoire des contacts linguistiques en Tunisie Un des traits marquants de l’histoire de la Tunisie depuis la plus haute antiquité est constitué par l’ampleur des contacts entre les peuples, les civilisations et les langues qui se sont produits sur son sol. Un tel phénomène s’explique par le fait que ce pays appartient, du point de vue géographique, ethnique et culturel, au complexe méditerranéen. Son territoire, situé à l’un des passages les plus fréquentés, est une zone de mouvement et de choc, et sa position stratégique a déterminé et façonné en grande partie son histoire culturelle mais aussi linguistique. La Tunisie a en effet toujours attiré la convoitise et a souvent été envahie par différents peuples provenant de diverses régions du monde ce qui en a fait un pays singulier dont l’histoire est surtout une suite de conquêtes, de faits coloniaux et de luttes d’influences politiques et culturelles.1 Les contacts linguistiques entre la Tunisie et l’Europe se sont considérablement développés, dès le Moyen âge et pendant les temps modernes, par l’intermédiaire de multiples échanges qui ont entraîné des mouvements de populations et des contacts humains et linguistiques importants essentiellement avec des parlers romans. On assiste à cette époque à la naissance de la mouvance commerciale des nations romanes ce qui les conduit très tôt à prendre pied sur les côtes du Maghreb. Ainsi, avec l’ouverture des ports musulmans aux commerçants occidentaux, commença l’heure de gloire du commerce entre les grandes républiques maritimes italiennes et les villes des côtes tunisiennes. Au fil des siècles, le nombre d’Européens, tout particulièrement d’origine italienne, vivant en Tunisie a considérablement augmenté grâce à l’arrivée massive de marchands et de commerçants installés dans des fondouks, ainsi que d’esclaves de confession chrétienne et d’origine diverses capturés lors des attaques des corsaires et dont certains ont décidé de rester en Tunisie une fois libérés en se convertissant à l’Islam et en devenant des renégats.2 ––––––– 1

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Nous signalons au passage que Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Turcs et enfin Français ont, respectivement et à des époques différentes, conquis la Tunisie en y laissant des traces plus ou moins importantes dans divers domaines et en lui conférant ainsi un passé linguistique très complexe. Pasotti (1970: 12) explique: «Molti [rinnegati] diventarono celebri ed ebbero funzioni importanti. Certuni assunsero anche il comando supremo. Numerosi erano gli Assan, Iussuf, Mami, Morato,

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La rencontre et les contacts fréquents entre arabophones et populations parlant diverses langues romanes sont probablement à l’origine de l’apparition, vers le XVIe siècle, de la langue franque méditerranéenne, langue véhiculaire composite très particulière qui se serait développée afin de faciliter les rapports commerciaux et l’intercompréhension entre Orientaux et Occidentaux et qui résulte d’un contact fréquent entre diverses langues.3 Par la suite, et en particulier à la fin du XIXe siècle, cette langue de relation et de dialogue a été remplacée par une autre langue composite et hybride élaborée, d’une certaine façon, par l’importante communauté italienne de Tunisie pour communiquer aussi bien avec les Européens qu’avec les Tunisiens. Nous en reparlerons très brièvement dans la partie qui suit.

2. Caractéristiques sociolinguistiques des Italiens de Tunisie et de la population arabo-musulmane La Tunisie a accueilli sur ses rivages pendant plusieurs siècles des Italiens provenant de diverses régions et possédant des langues et des cultures différentes. A la fin du XVIIIe siècle, les gens de langue italienne constituaient à eux seuls une considérable partie de la colonie européenne. Toutefois, la composition de la collectivité italienne s’est totalement transformée pendant le XIXe siècle et plus particulièrement à la suite de l’affirmation du protectorat français (1881-1956). La période 1815-1861 est marquée par l’arrivée, par vagues successives, de réfugiés politiques fuyant les répressions et les émeutes qui ont précédé l’Unité italienne, ainsi que par l’installation d’un grand nombre de juifs Livournais venus pratiquer le commerce (Davi 2000: 101). Il s’agissait d’un groupe social cultivé et plutôt aisé matériellement. A partir de 1861 et jusqu’aux années Trente du XXe siècle, on assiste à une forte migration d’Italiens d’origine essentiellement sicilienne qui ont choisi de quitter le Sud de l’Italie pour la Régence où s’offraient de plus larges possibilités d’emploi grâce aux –––––––

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Mustafa che si dicevano Genovesi, Napoletani, Ferraresi, Veneziani o Messinesi. Erano segretari e uomini di fiducia dei commercianti, degli armatori e degli alti funzionari turchi e tunisini, soldati e ufficiali nelle milizie, capitani o rais di navi di ogni genere, capitani dei porti, Caid delle dogane, e persino governatori delle città. Col titolo di Caid, Aga, e Bei, alcuni diventarono anche capi dell’esercito e della marina e, ancor più in alto, Pascià e Capi di Stato». Selon Pasotti (1970: 1214), il se pourrait que la présence de renégats d’origine latine dans les différentes sphères du pouvoir ait favorisé la diffusion de certains termes et expressions italiennes dans le dialecte parlé par la population arabo-tunisienne. Minervini (1996: 264) précise que «in una situazione fortemente segnata dal plurilinguismo [...] la lingua franca si configura come una varietà distinta dalle lingue romanze al cui lessico attinge: essa è creazione dei parlanti arabofoni o turcofoni, che delle lingue ‹cristiane› di maggior circolazione nell’area (italiano e spagnolo) conoscono solo un limitato settore lessicale, ignorandone largamente la grammatica e adattandone la pronuncia al proprio sistema fonologico». Pour de plus amples détails sur l’apparition, l’emploi et l’évolution de la langue franque dans le temps, il serait loisible de consulter l’ouvrage de Cifoletti (2004).

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importants travaux publics amorcés par la France dès l’avènement du protectorat. Ce nouveau groupe de migrants était constitué de prolétaires majoritairement pauvres et illettrés. L’important déplacement de gens de l’Italie méridionale vers la Tunisie a considérablement modifié la physionomie et la consistance numérique de la colonie italienne. En effet, l’élément sicilien, représentant plus de 75% de l’ensemble de la communauté italienne (Loth 1905: 106), en formait la base populaire, tandis que l’intelligentsia était composée majoritairement de Livournais. Concernant les langues parlées par cette colonie, il semblerait que les Italiens de Tunisie formaient un groupe non homogène dont les membres provenaient de diverses régions d’Italie et appartenaient à des classes socioculturelles distinctes. La scission socioéconomique et culturelle existant au sein de ce même groupe était également perceptible d’un point de vue linguistique. D’une part, il existait une bourgeoisie aisée et intellectuelle, formée essentiellement de juifs Livournais qui s’exprimaient vraisemblablement à l’écrit comme à l’oral dans un italien parfait. D’après les recherches menées par Cohen (1964: 11), tout porte à croire que cette partie de la collectivité était bilingue, voire trilingue, puisqu’elle parlait un français de bon niveau et utilisait couramment l’arabe, ce qui représentait un atout de premier ordre lui permettant d’entretenir une relation privilégiée avec les Tunisiens et d’avoir un rôle d’intermédiaire dans tous les domaines. Cohen (1964: 5) dit à ce propos: [Les juifs Italiens] parlaient l’italien soit exclusivement, soit conjointement à l’arabe ou au français ou aux deux. L’italien parlé par les Grāna4 ne ressemble pas au dialecte méridional parlé par la grande majorité des Italiens de Tunis. Aucun contact particulier n’existe d’ailleurs entre les deux groupes.

De l’autre, nous avions une majorité de Siciliens sous-développés, profondément imprégnés de leur propre culture et vivant au quotidien en rapport constant avec les classes sociales tunisiennes les plus modestes. Il semblerait que ce groupe présentait un taux d’analphabétisme important et ne possédait, dans la majeure partie des cas, aucune connaissance de sa langue nationale car ses membres auraient quitté l’Italie à une époque où la scolarisation n’était obligatoire que pour deux ans selon la Legge Coppino de 1877 (Pendola 2001: 17). A ce propos, De Mauro (31986: 57-59) souligne que l’émigration italienne a particulièrement touché les régions où le pourcentage d’illettrisme s’élevait à plus de 75%. Selon le linguiste, les migrants italiens étaient en grande partie analphabètes et par conséquent monolingues. Ce phénomène aurait également été observé en Tunisie où les migrants d’origine sicilienne étaient en majorité illettrés à leur arrivée. Ainsi, il semblerait que le répertoire linguistique de ce groupe comprenait essentiellement le dialecte sicilien, ou plutôt l’un des dialectes parlés en Sicile selon la province d’origine. ––––––– 4

La collectivité juive vivant en Tunisie pouvait être divisée en deux communautés distinctes. Hagège (2003: 311) précise que «l’une était constituée de ceux qu’en dialecte judéo-arabe on appelait Twānšā, ou Juifs tunisiens, et l’autre de ceux qu’on appelait dans ce même dialecte Grānā, ou Juifs italiens, principalement livournais (nommés gornim dans les textes en hébreu) [...]».

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Dans les premières décennies qui ont suivi son installation, le langage oral de la collectivité sicilienne de Tunisie aurait subi deux transformations majeures en perdant ainsi toute ressemblance avec le ou les parlers des Siciliens d’Italie. La première transformation consisterait dans l’uniformisation des différents parlers par le phénomène de la koinéisation (Bartens 2000: 9), en d’autres termes la naissance d’une variété dialectale commune ou koinè conséquemment à l’augmentation de la communication intercommunautaire. D’après Pendola (2000: 84; 2001: 14), le parler tunisien aurait été employé pour l’uniformisation de la langue de la communauté sicilienne. Il semblerait que lorsque deux termes d’origine sicilienne indiquaient le même objet, ils étaient abandonnés et le terme correspondant au dialecte tunisien était emprunté.5 En second, la koinè se serait transformée en une langue de contact composite mélangeant le sicilien, l’arabe dialectal, l’italien et le français. Cette langue commune de l’oralité, qui, selon certains témoignages, était comprise par la population multiethnique et plurilingue de la Tunisie, se serait développée afin de répondre spontanément à un besoin quotidien d’intercommunication entre des groupes de langues maternelles différentes.6 Concernant la situation sociolinguistique de la population tunisienne avant l’établissement du protectorat français, Kouloughli (2007: 100-106) affirme que celle-ci était caractérisée par l’emploi de la langue turque en tant que langue officielle de l’administration. La variété littéraire de l’arabe était réservée à l’écrit, et à un usage religieux et partiellement juridique. Seule une minorité d’arabophones instruits en avait une bonne connaissance. Sinon, l’ensemble de la population, sans distinction de classe sociale ou de niveau d’instruction, employait dans tout type de communication orale la variété dialectale d’arabe tunisien. Durant l’époque coloniale, la langue turque va disparaître du paysage linguistique tunisien et sera remplacée bien évidemment par le français, langue du colonisateur, qui va cumuler les fonctions culturelles et techniques ne laissant à l’arabe classique qu’une fonction essentiellement littéraire et religieuse. Quant à l’arabe parlé, il sera cantonné à des usages quotidiens, intimes et informels.

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Pendola (2000: 84; 2001: 14) donne l’exemple du mot abricot lequel possède plusieurs désignations dans les divers dialectes de Sicile: varcocu, bbarcocu, piricoculu, pricocu. Ces différents termes auraient donc été remplacés par l’équivalent en arabe dialectal mešmāš que les Siciliens de Tunisie ont adopté sous la forme musce mesce. D’après Berruto (2002: 183-184), cette variété d’italien, fortement mélangée à la langue du pays d’accueil, subit généralement des interférences au niveau lexical et beaucoup moins en morphosyntaxe. Le linguiste parle dans ce cas de variété rilessicalizzata, soit une langue ayant gardé sa base morphologique, syntaxique et phonologique, mais possédant un lexique très varié emprunté en grande partie à la langue parlée sur place. Pour de plus amples détails sur le langage hybride qui était employé par la collectivité sicilienne de Tunisie, consulter Pendola (2000; 2001). En guise d’information, nous tenons à ajouter que le journal satirique Simpaticuni (conservé aux Archives Nationales de Tunisie), paru pour la première fois à Tunis le 18 juin 1911 et édité jusqu’en 1933, utilise dans ses chroniques divers registres linguistiques, dont le sicilien parlé en Tunisie. Malgré le fait que cette langue ait été souvent employée de manière caricaturale et hyperbolique, il faut savoir que les chroniques de ce journal représentent à ce jour la première et l’unique transcription de ce langage de l’oralité. Cf. à ce sujet l’article de Somai (2000).

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3. Métiers et professions pratiqués par la communauté italienne de Tunisie Concernant le type de métiers pratiqués et l’impact qu’ils auraient eu sur le langage et la vie quotidienne des autochtones, il est important tout d’abord de comprendre quel était l’état d’esprit des Italo-tunisiens. D’après certains historiens (cf. Davi 2000; Pasotti 1970), la communauté italienne de Tunisie aurait essayé de se distinguer par rapport aux autres communautés étrangères à travers son travail et son génie. En effet, afin d’exprimer leur italianité et de prouver qu’ils représentaient une entité autonome et puissante, ces gens ont travaillé rigoureusement pour la modernisation de leur pays d’accueil. Ainsi, dans une Tunisie sans routes, sans chemins de fer, sans infrastructures scolaires, commerciales, industrielles et bancaires, les familles bourgeoises et intellectuelles italiennes ont pris l’engagement de répondre à ces défaillances économiques. La collectivité italienne, laborieuse et dynamique, a donc été une source de richesses pour la Tunisie et a laissé d’innombrables traces dans divers domaines contrairement aux autres groupes qui s’y sont installés.7 Comme il a été mentionné précédemment, les migrants d’origine sicilienne présentaient des caractéristiques différentes par rapport à celles de leurs compatriotes déjà installés en Tunisie. En effet, tandis que les juifs Livournais formaient la classe intellectuelle, scolarisée et ayant reçu une solide formation débouchant en général sur des professions libérales, les Italiens méridionaux représentaient la classe analphabète et monolingue n’ayant pas reçu d’éducation scolaire et n’ayant aucune qualification. Ainsi, ces différences culturelles et sociales auraient vraisemblablement déterminé la configuration professionnelle de l’ensemble de la collectivité. En effet, selon certains historiens, la minorité intellectuelle aurait plutôt exercé des professions dans des domaines tels que la médecine, la pharmacie, l’enseignement, le grand commerce, le droit, alors que les méridionaux auraient pour la plupart été actifs dans des emplois à moindre qualification et auraient travaillé par exemple comme ouvriers, artisans, agriculteurs, maçons et pêcheurs.8 Il est important de souligner que la marginalisation sociale et culturelle des Siciliens de Tunisie n’a pas pour autant empêché la réalisation d’échanges réciproques avec le peuple tunisien, bien au contraire. En effet, la communauté sicilienne et le peuple tunisien cohabitaient dans les mêmes quartiers populaires et pratiquaient les mêmes petits métiers puisqu’ils partageaient la même condition socio-économique précaire. Les affinités existant entre ces deux groupes auraient fortement contribué à leur rapprochement et à la naissance d’un climat de solidarité et de relations de proximité (voisinages, rapports avec les commerçants, rencontres familiales et associatives) propices à l’intercommunication et au dialogue. Et puisque la langue véhicule la culture, au sens large du terme, du peuple qui la ––––––– 7

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Concernant l’apport des Italiens de Tunisie, Salmieri (2007: 246) souligne que «il n’y a pas de domaine de l’activité d’un groupe humain moderne où ils n’aient joué dans la société tunisienne un rôle pionnier ou tenu une place honorable [...]». Il est important de préciser que la collectivité italienne de Tunisie constituait un véritable Etat dans l’état, et qu’elle avait su se suffire à ellemême pendant près d’un siècle grâce notamment aux diverses institutions qu’elle avait réussi à fonder. Sur ces différents aspects socio-historiques, cf. Loth (1905) et Pasotti (1970).

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parle, des mots se référant à certaines activités quotidiennes et techniques de travail ont intégré le vocabulaire tunisien. A titre d’exemple, les Siciliens maîtrisaient l’art de la pêche et auraient transmis tout leur savoir aux pêcheurs tunisiens, ce qui pourrait expliquer la richesse du lexique maritime arabo-tunisien. La communauté sicilienne aurait donc eu un impact considérable sur la vie quotidienne des Tunisiens qui auraient adopté de nouvelles habitudes dans divers secteurs ce qui, par conséquent, aurait permis l’enrichissement linguistique du dialecte tunisien. Par contre, la classe bourgeoise italienne a certes eu un rôle de premier ordre dans le développement de la vie économique, sociale et culturelle de la société tunisienne, mais le langage technique des métiers qu’elle pratiquait aurait laissé moins de traces dans la variété dialectale d’arabe tunisien puisque les contacts avec les autochtones auraient été moins fréquents. Néanmoins, il est tout de même possible de remarquer que la langue italienne a eu un impact sur l’arabe dialectal tunisien, souvent par l’intermédiaire du parler sicilien et par conséquent des Siciliens qui ont, à un moment donné et pour plusieurs raisons, adopté des termes italiens dont certains sont passés dans le langage courant des locuteurs tunisiens. Malgré ces considérations sociolinguistiques, nous sommes dans l’incapacité de dire avec précision si ces emprunts sont d’origine italienne ou bien sicilienne, le parcours de chaque terme étant en effet difficile à retracer puisqu’il est question d’une langue orale, non codifiée et officiellement non écrite.

4. Impact linguistique du langage des métiers pratiqués par les Italiens de Tunisie sur l’arabe dialectal tunisien Dans cette partie, nous proposons de donner quelques exemples d’emprunts relatifs au monde du travail qui auraient été assimilés par le parler arabo-tunisien au cours de la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, soit à une époque où vivait en Tunisie une importante communauté italienne. Certains documents nous ont été d’une grande utilité, tout particulièrement le Dictionnaire pratique arabe-français de Beaussier, ainsi que les deux dictionnaires de Nicolas et l’ouvrage de Machuel. Premièrement, nous commençons par un terme significatif dans le monde professionnel qui est la journée de travail. En effet, nous retrouvons dans le parler tunisien ğurnāt-a, soit journée de travail littéralement. Beaussier (1958: 139) indique que ce terme, désignant la «[...] journée de travail d’ouvrier», proviendrait probablement de l’italien GIORNATA, ayant le sens de giornata di lavoro, et aurait été intégré à une époque plus ou moins récente. Ce terme est employé aussi dans certaines expressions courantes tunisiennes telles que marka eğ ğurnāt-a, correspondant au français il a marqué sa présence au travail ou à l’italien fare presenza. Un autre terme significatif dont la langue source est incertaine, puisque nous avons la forme FESTA en italien et également en sicilien (Piccitto 1985: 50-51), est celui du jour férié ou giorno di riposo qui donne en arabe tunisien fīšta (Airo’ 2004: 150). Un secteur dans lequel nous retrouvons quelques termes d’origine italo-sicilienne est celui des charretiers. En effet, il faut savoir que ce métier était pratiqué à l’époque par les Siciliens et les Maltais. Nous avons par exemple karrūsa (fr. carrosse) < CARROZZA, ainsi

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que le substantif désignant le cocher krārsi qui dérive du tun. karrūsa et non du terme équivalent en italien cocchiere (Beaussier 1958: 858; Nicolas [s.a.]: 54; Piccitto 1977: 603). Nous avons aussi karrīta (fr. charrette) dont l’origine serait CARRETTA (Nicolas 1938: 250), mais dont la langue source est incertaine puisque la même forme existe en italien et en sicilien (Piccitto 1977: 600), ainsi que le terme désignant l’it. carrettiere (fr. charretier) selon le même procédé que le terme précédent, soit kerārtī (Machuel 191953: 109; Nicolas 1938: 250). Certains termes sont relatifs aux institutions telles que la poste. Selon Beaussier (1958: 89), būst-a < POSTA aurait été intégré par le dialecte arabo-tunisien à une époque moderne (cf. Machuel 191953: 133; Nicolas [s.a.]: 274; Piccitto 1990: 898). Il se pourrait qu’à partir du terme būst-a ait été créé būst-āğī (fr. facteur; it. postino), formé d’une base lexicale italienne et d’un suffixe d’origine turque āğī (Nicolas 1938: 22), mais ceci reste à vérifier car il est probable que ce terme soit aussi un emprunt au turc. Nous avons un autre cas similaire qui est bānka < BANCA (Beaussier 1958: 78; Nicolas 1938: 21). Cet emprunt à l’italien aurait par la suite donné bankāğī (it. banchiere) qui se réfère à la profession de banquier. Outre ces emprunts désignant des noms de professions et qui ont une forme hybride, nous avons aussi des emprunts directs qui ont uniquement été adaptés phonétiquement comme par exemple avukātu, avukātū (fr. avocat), dérivant fort probablement du sicilien AVUCATU ou encore AVVUCATU (Piccitto 1977: 342-344). Certains termes relatifs à des noms d’instruments, lesquels sont employés dans divers métiers, auraient une origine italienne. Par exemple, nous avons les formes forka, furka, désignant la fourche à deux branches ou dents utilisée dans le domaine de l’agriculture, qui dériveraient soit de l’it. FORCA (Beaussier 1958: 744; Nicolas [s.a.]: 158), soit du sic. FURCA (Piccitto 1985: 153). Le tunisien bāla (Machuel 191953: 131; Nicolas [s.a.]: 259) qui désigne la pelle, instrument employé dans plusieurs secteurs professionnels tels que la maçonnerie par exemple, proviendrait de PALA, forme attestée en italien et en sicilien (Piccitto 1990: 468). L’emprunt aurait subi une adaptation à la phonétique arabo-tunisienne puisque nous avons un passage de [p] à [b]. Un autre exemple cité dans Beaussier (1958: 606), Machuel (191953: 133) et Nicolas ([s.a.]: 272) est t-rūmba, t-rōmba (fr. pompe, clystère) < TROMBA. Beaussier (1958: 606) et Nicolas (1938: 161) donnent aussi la forme t-runbāğī (it. pompiere; fr. pompier) correspondant au nom de la profession. Un autre secteur dans lequel il est possible de retrouver un grand nombre d’emprunts à la langue italienne et au parler sicilien est celui de la pêche. A ce propos, Oman (1963: 1) insiste sur la difficulté que représente l’étude du langage maritime arabe. En effet, les apports linguistiques ont été variés ce qui explique fort probablement l’étymologie incertaine de beaucoup de termes. Le secteur de l’ichtyonymie demeure encore parmi les secteurs techniques les plus complexes et les plus stratifiés car il est impossible de savoir avec précision à quelle période et par l’intermédiaire de quelle langue les ichtyonymes ont été véhiculés dans le lexique tunisien. Pour ce qui est des emprunts au langage maritime italo-sicilien, il est possible de citer quelques exemples qui sont encore employés actuellement par les pêcheurs tunisiens et que nous avons retrouvé dans l’ouvrage de Gateau (1966). Nous avons les formes īsa, īssa, soit le fait de «hisser, d’élever au moyen d’un cordage simple ou d’un palan» (Gateau 1966: 5), qui dériveraient vraisemblablement de la forme impérative du verbe italien issare et qui est

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précisément ISSA. Une autre forme du même type qui aurait été empruntée par le dialecte tunisien est lārga, provenant certainement de l’impératif du verbe it. largare, soit LARGA. Le terme, également mentionné par Nicolas ([s.a.]: 206), est utilisé dans le sens de «démarrer ce qui est amarré, laisser aller un cordage, filer une manoeuvre, donner du mou [...]» (Gateau 1966: 87). Un terme qui permet d’avoir une idée sur l’impact de l’activité des Italiens dans le domaine de la pêche est tunnāra dont l’origine est fort probablement l’it. TONNARA. Ganiage (1960: 11) en donne une définition: En Tunisie comme en Sicile, les madragues, plus communément désignées ici sous le nom de thonaires, se présentent sous la forme de réseaux de filets installés pour toute une campagne, des pièges en forme de labyrinthe que l’on tend près des côtes sur la route immuable suivie par les thons au cours de leurs migrations saisonnières.

Nous allons passer à un terme désignant un nom de métier quelque peu particulier. Il s’agit de rūbafīkia < ROBA VECCHIA, «[...] dans le sens de vieux habits, de vieux effets, de linge usagé» (Ben Nitram 1942: 189). Cette expression d’origine italienne désignait à l’époque, soit au début du XXe siècle, et jusqu’à une période très récente, les marchands ambulants qui ramassaient et revendaient les vieux effets. Actuellement, rūbafīkia désigne le marché aux puces ou bien la friperie. Pour ce qui est de la terminologie des mécaniciens tunisiens, il est important de préciser que le secteur a connu une évolution considérable vers les années vingt du XXe siècle avec le développement de l’industrie de l’automobile, soit à une époque où la langue française était dominante dans tous les secteurs et où l’influence de l’italien était de moins en moins importante. Baccouche (1966: 152) explique que «la majorité écrasante des mots [formant ce lexique] est d’origine française, excepté quelques uns qui, semble-t-il, sont d’origine italienne [...]». A titre d’exemple, un terme dont Baccouche n’a aucun doute quant à son origine italienne est balānku ou bālānku (fr. palan) < PALANCO (Baccouche 1966: 153; Beaussier 1958: 29). A partir des années trente et quarante, la langue du colonisateur, en l’occurrence le français, a commencé à s’imposer dans tous les domaines de la vie en limitant ainsi l’influence de l’italien et du parler des Siciliens de Tunisie sur l’arabe dialectal tunisien. Avec le départ progressif mais néanmoins inéluctable des Italiens après l’indépendance de la Tunisie en 1956, les diverses variétés de langues employées par cette collectivité ont cessé d’influencer le tunisien.

5. Conclusion En guise de conclusion, nous pouvons dire qu’il est difficile d’affirmer avec certitude la période précise de l’adoption des termes italiens et siciliens par le dialecte tunisien. Ces emprunts sont certes le fruit de longs contacts entre la population arabophone de Tunisie et une colonie italienne parmi les plus importantes colonies étrangères. Toutefois, selon Baccouche (1994: 70):

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C’est [...] pendant le XIXe s. et le début du XXe s. que les contacts entre la population tunisienne et une colonie italienne, dynamique et plus proche des couches populaires que la colonie française, se sont intensifiés, et que les emprunts faits à leur langue par le dialecte tunisien ont trouvé le temps de s’intégrer et de se stabiliser.

Actuellement, il est possible de relever que les emprunts à l’italien constituent un ensemble clos, renfermant approximativement une centaine de termes, qui aurait cessé d’être alimenté, et par conséquent de s’enrichir et de se renouveler avec le temps, puisque les nouveaux besoins auraient été satisfaits par le recours essentiellement au français (Baccouche 1994: 70). Concernant le type d’emprunts d’origine italo-sicilienne présents dans le parler tunisien, Baccouche (2002: 710) précise: L’apport linguistique italien, essentiellement lexical, constitue un corpus divers, fermé et bien intégré au tunisien. Les domaines concernés sont en particulier l’industrie, le bâtiment, l’agriculture, la pêche et les arts.

Aujourd’hui, un grand nombre d’entreprises commerciales italiennes a ouvert ses portes sur le sol tunisien ce qui a engendré la formation d’une petite collectivité d’origine italienne. Pourtant, et contrairement à ce que prétend Airo’ (2004: 152-154), nous ne pensons pas que cette nouvelle situation ait un réel impact linguistique sur le parler arabotunisien. En effet, comme nous l’avons constaté plus haut, les contacts entre Italiens et Tunisiens au cours des XIXe et XXe siècles ont été quotidiens ce qui explique la réciprocité des échanges linguistiques entre les deux communautés. Par contre, il semblerait que les contacts entre ce nouveau groupe d’Italiens et les autochtones soient assez rares voire inexistants, puisqu’ils seraient cantonnés uniquement dans un espace bien déterminé qui est celui du travail. De plus, nous assistons de nos jours à l’hégémonie de l’anglais et du français ce qui ne favorisera certainement pas de nouvelles interférences linguistiques entre, d’une part, l’idiome italien et ses variétés, et de l’autre, le dialecte tunisien.

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Section 3 Traductologie romane et historique

Jörn Albrecht

Cicéron, Horace, Saint-Jérôme, Pierre-Daniel Huet et la traduction «libre». Histoire d’un malentendu millénaire

1. Introduction Dans presque tous les ouvrages de traductologie qui comportent une partie historique – sauf quelques honorables exceptions dont je parlerai plus loin– Cicéron, Horace et SaintJérôme sont présentés comme les premiers défenseurs de la traduction dite «libre». On cite à ce propos quelques passages célèbres, que je présenterai au paragraphe 2 avant d’en discuter les détails. Mais d’abord j’aimerais montrer à l’aide de quelques citations prises dans des auteurs modernes que le mythe des auteurs classiques comme précurseurs de la traduction «libre» est largement répandu. J’ai choisi un petit nombre d’exemples caractéristiques. Valentín García Yebra dans son article «Un curioso error en la historia de la traducción» donne une longue liste d’exemples analogues.1 Valéry Larbaud parle uniquement de Saint-Jérôme et de son «grand principe» de rendre plutôt le sens que les lettres; retenons pour le moment un détail important: Larbaud a bien vu que Saint-Jérôme avait besoin de «répondants»: Il y [dans sa lettre à Pammachius] énonce son grand principe: rendre plutôt le sens que les mots des textes [...] selon sa coutume, il nous présente ses références et se cherche des répondants: Térence, Plaute, Cicéron. (Larbaud 1997: 46; cf. infra 2)

En parlant de Cicéron, Georges Mounin s’exprime de façon plus prudente. Selon lui le grand rhéteur ne recommande ni ne prescrit rien, il pose seulement le problème: Fin dal I secolo a. C. Cicerone, parlando della sua traduzione dei Discorsi di Demostene e di Eschine, pone infatti il grande problema teorico che dominerà la traduzione per duemila anni: se bisogna essere fedeli alle parole del testo (traduzione letterale) o al pensiero contenuto nel testo [...]. (Mounin 1965: 31)

M. Kloepfer est plus catégorique: il parle de principes (‹Grundsätze›) de la traduction libre chez Cicéron: Die von Cicero formulierten Grundsätze der freien Übersetzung werden von Quintilian und dem jüngeren Plinius übernommen [...]. (Kloepfer 1967: 23)

––––––– 1

García Yebra 1994: 58-60.

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Bien que généralement bien informé en ce qui concerne l’histoire des idées, George Steiner va encore plus loin, il emploie le terme de précepte: The first period [of the history of translation] would extend from Cicero’s famous precept not to translate verbum pro verbo, in his Libellus de optimo genere oratorum of 46 B.C. and Horace’s reiteration of this formula in the Ars poetica some twenty years later [...]. (Steiner 1975: 236)

Chez Wolfram Wilss les choses se présentent de façon beaucoup plus raffinée: il parle d’un principe de traduction visant l’auto-affirmation rhétorique; selon lui Cicéron se montre imbu de sa conception rhétorique et stylistique de la traduction ambitieuse et agressive à la fois pour arriver à une polarisation méthodique des deux principes ut interpes – ut orator. Einer der Protagonisten dieses auf rhetorische Selbstbestätigung abzielenden Übersetzungsprinzips war Cicero, und er war es vermutlich auch, der –in seiner ambitioniertaggressiven Konzeption von der rhetorisch-stilistischen Funktion der Übersetzung befangen– die übersetzungsmethodische Polarisierung ut interpres, ut orator in programmatischer Schärfe vorgenommen hat. (Wilss 1977: 30)

2. Les «textes témoins» 2.1 Cicéron Dans son libelle De optimo genere oratorum (46 av. J.-C.), Cicéron soutient avoir librement transposé en latin deux discours d’orateurs grecs célèbres. Il précise qu’il n’a pas traduit mot pour mot mais plutôt de façon libre et idiomatique parce que son but était de donner une idée de l’art oratoire attique à ses lecteurs. Les traductions dont il parle sont perdues, nous ne savons même pas si elles ont jamais existé. Jetons un coup d’œil sur le texte et ses traductions. Ainsi l’argumentation, traitant de problèmes de traduction sur la base de textes traduits, prendra un caractère «métatraductologique»: Converti enim ex Atticis duorum eloquentissimorum nobilissimas orationes inter seque contrarias, Aeschinis et Demosthenis; nec converti ut interpres, sed ut orator, sententiis isdem et earum formis tamquam figuris, verbis ad nostram consuetudinem aptis. In quibus non verbum pro verbo necesse habui reddere, sed genus omne verborum vimque servavi. (Cicero 1976: 364; la plupart des éditions donnent Aeschini et Demostheni) That is to say I translated the most famous orations of the two most eloquent Attic orators, Aeschines and Demosthenes, orations which they delivered against each other. And I did not translate them as an interpreter, but as an orator, keeping the same ideas and the forms, or as one might say, the «figures» of thought, but in language which conforms to our usage. And in so doing, I did not hold it necessary to render word for word, but I preserved the general style and force of the language. (ibid.: 365)

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J’ai mis en latin les deux plus célèbres discours des deux Attiques les plus éloquents, Eschine et Démosthène, discours dont l’un répond à l’autre; je les ai mis en latin, non pas en traducteur mais en orateur; les pensées restent les mêmes, ainsi que leur tour et comme leurs figures; les mots sont conformes à l’usage de notre langue. Je n’ai pas cru nécessaire de rendre mot pour mot; c’est le ton et la valeur des expressions dans leur ensemble que j’ai gardés. (Trad. par H. Bornecque 1921, cité d’après Ballard 1995: 39sv.) Io li ho resi [i discorsi] comportandomi non da semplice traduttore [ut interpres] ma da scrittore [sed ut orator], rispettandone le frasi, con le figure di parole o di pensieri, servendomi tuttavia di termini adatti alle nostre abitudini latine. Non ho quindi ritenuto necessario rendere ogni parola con una parola [verbo verbum reddere]; e tuttavia ho conservato intatto il significato essenziale ed il valore di tutte le parole [...]. (trad. italienne sur la base de la traduction française de Georges Mounin, cf. Mounin 1965: 31) Y por eso traduje los dos discursos más célebres de los dos oradores áticos más elocuentes, dos discursos que se oponían entre sí: uno de Esquines y otro de Demóstenes. Y no lo traduje como intérprete, sino como orador, con la misma presentación de las ideas y de las figuras, si bien adaptando las palabras a nuestras costumbres. En los cuales no me fue preciso traducir palabra por palabra, sino que conservé el género entero de las palabras y la fuerza de las mismas. (Trad. par Vega 1994: 77) Denn ich habe von den Attikern die gegeneinander gerichteten edelsten Reden der beiden beredtesten Redner, des Aischines und des Demosthenes, übersetzt; und ich habe sie nicht wie ein Dolmetscher, sondern wie ein Redner übersetzt, unter Wahrung des Sinnes und der Wortund Redefiguren, aber mit Worten, die unserer eigenen Sprache angemessen sind. Dabei habe ich es nicht für nötig gehalten, Wort für Wort wiederzugeben, sondern habe die Art der Wörter insgesamt und ihre Bedeutung beibehalten. (Seele 1995: 81)

Retenons pour le moment que les traducteurs hésitent en ce qui concerne les termes les plus importants; interpres peut être le traducteur ou l’interprète au sens moderne; orator semble plus clair, mais le traducteur italien a choisi scrittore (écrivain). Néanmoins presque tous les traducteurs gardent la valeur concessive de la formule par laquelle Cicéron semble vouloir s’excuser: non necesse habui, je n’ai pas cru nécessaire.

2.2 Horace Comme nous le verrons par la suite (§5.2), les célèbres vers d’Horace comportent une ambiguïté syntaxique que seul le contexte peut résoudre. Cependant, aucun traducteur moderne ne s’est fait prendre au piège qui est peut-être à l’origine du malentendu millénaire dont il est question ici. publica materies privati iuris erit, si / non circa vilem patulumque moraberis orbem, / nec verbo verbum curabis reddere fidus / interpres [...]. (Epistula ad Pisones, connue comme «Art poétique». Horatius 1929: v.131 suiv.) In ground open to all you will win private rights, if you do not linger along the easy and open pathway, if you do not seek to render word for word as a slavish translator [...]. (trad. H.R. Fairclough in: Horatius 1929: 461)

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You may acquire private rights in common ground, provided you will neither linger in the one hackneyed and easy round; nor trouble to render word for word with the faithfulness of a translator [...]. (Robinson 1992: 40) Des matériaux qui sont le bien de tous deviendront ta propriété, si tu ne t’attardes pas dans un cercle banal, accessible à tous, si tu ne t’astreins pas dans ta traduction à un servile mot à mot [...]. (trad. par F. Richard, in: Horatius 1931: 271) [difficulté grammaticale éludée] La materia pública será de propiedad privada si no permaneces en un círculo bajo y manido, ni procuras reproducir palabra por palabra como fiel traductor. (Garcia Yebra 1994: 55) No trates de verter, escrupoloso / intérpete, palabra por palabra [...]. (Daniel Ruiz Bueno 1972; cité d’après García Yebra 1994: 49) [difficulté grammaticale conservée; cf. infra 5.2] War der Stoff Gemeingut, kann er doch rechtsgültig dein Eigentum werden. Nur mußt du dich nicht in dem bequemen, oft betretenen Kreise aufhalten, mußt nicht peinlich Wort für Wort mit Dolmetschers Treue wiedergeben [...]. (Wilhelm Schöne, cf. Horatius 1967: 239)

Une certaine tendance à la traduction «interprétative» se montre surtout dans les termes que les traducteurs ont choisi pour rendre fidus interpres. ‹Slavish translator› chez Fairclough, Richard parle d’un ‹servile mot à mot›. La traduction de Daniel Ruiz Bueno, l’avant-dernière dans la liste, est la plus intéressante parce que, comme l’exige PierreDaniel Huet, dont il sera question dans un instant, l’ambiguïté du passage est maintenue dans la traduction. Seulement, on ne peut pas se défaire de l’impression que Ruiz Bueno a pris le syntagme à valeur prédicative, fidus interpres, comme une sorte de vocatif, ce qui est à exclure pour des raisons morphologiques; il s’agit bien de nominatif.

2.3 Saint-Jérôme (Ep. 57, V, 2 suiv.) Dans la célèbre épître à son ami Pammachius, Saint-Jérôme se défend contre les accusations de prendre trop de libertés dans ses traductions: Ego enim non solum fateor, sed libera voce profiteor me in interpretatione Graecorum absque scripturis sanctis, ubi et verborum ordo mysterium est, non verbum e verbo, sed sensum exprimere de sensu. [...] sufficit mihi ipsa translatoris auctoritas, qui ita in prologo earundem orationum locutus est: (citation de Cicéron, cf. supra) [...] Sed et Horatius, vir acutus et doctus, hoc idem in Arte poetica erudito interpreti praecipit: (Citation de Horace, cf. supra). (Epistula: 57, V, 2 suiv.) Porque yo no solamente confieso, sino que proclamo en alta voz que, aparte las sagradas Escrituras, en que aun el orden de las palabras encierra misterio, en la traducción de los griegos no expreso palabra de palabra, sino sentido de sentido. [...] Bástame la autoridad misma del traductor, que en el prólogo de las mismas oraciones dijo así: [...] El mismo Horacio, varón ingenioso y docto, da en su Arte poetica ese mismo precepto al intérprete inteligente: [...]. (Vega 1994: 84 suiv.) Ich gebe es nicht nur zu, sondern bekenne es frei heraus, daß ich bei der Übersetzung griechischer Texte – abgesehen von den Heiligen Schriften, wo auch die Wortfolge ein Mysterium ist – nicht ein Wort durch das andere, sondern einen Sinn durch den anderen

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ausdrücke. [...] Mir genügt die Autorität des Übersetzers selbst, der sich im Vorwort zu den genannten Reden so geäußert hat: [...] Aber auch Horaz, ein scharfsinniger und gelehrter Mann, schreibt genau dasselbe in der ‹Ars poetica› dem gebildeten Übersetzer vor. (W. Buchwald, cité d’après Störig 31973: 1 suiv.)

Le texte et ses traductions ne présentent pas la moindre difficulté. Contrairement à Cicéron et Horace, Saint-Jérôme traite effectivement le sujet de la traduction et il défend effectivement une traduction qui veut rendre le sens du texte et non les signifiés des mots dont il se compose. Et il se réfère aux deux auteurs classiques qui lui servent de répondants. Seulement, il reste le problème de savoir s’il faut vraiment voir dans le syntagme sensum exprimere de sensu l’équivalent de la «traduction libre» au sens moderne du terme. Et ce qui n’est pas clair non plus ce sont les motifs pour lesquels le traducteur de la Bible prend à témoin les deux auteurs classiques. Cependant, une chose est sûre, c’est l’auteur de la Vulgate qui est à l’origine de cette longue tradition selon laquelle les deux auteurs classiques seraient les premiers propagateurs d’une présumée «traduction libre».

3. Commentaires historiques (du 15e au 17e siècle) Pour les premiers siècles des temps modernes j’ai choisi quelques passages qu’on peut considérer comme documents historiques à leur tour, passages qui démontrent qu’à partir de la Renaissance on a repris la discussion sur les différentes façons de traduire en se référant aux textes classiques qui n’ont jamais été, paraît-il, complètement oubliés. Le traité De interpretatione recta du Toscan Leonardo Bruni (vers 1420) est notoire à cause du fait que l’auteur emploie le verbe traducere au sens de «traduire», sens qui n’est pas attesté en latin classique. Nous savons aujourd’hui qu’on rencontre cet emploi déjà beaucoup plutôt, mais seulement de façon sporadique. A la fin de son traité l’auteur parle de Cicéron et d’Horace et il est licite de présumer qu’il s’apprêtait à donner des commentaires sur les deux passages en question, mais son texte s’arrête brusquement. Niclas von Wyle, humaniste allemand de la première heure, un des premiers traducteurs de Pétrarque, défenseur d’un littéralisme extrême, voit dans Horace un propagateur de la prétendue traduction libre et prend ses distances: «je sais bien qu’Horace disait qu’un traducteur et un interprète ne devaient pas rendre mot pour mot, mais moi je suis de l’avis contraire»: [...] ich waiß auch daz mir so wyt vßlouffe hier inne erloupt gewesen wer nach dem uns oracius flaccus in siner alten poetrye (als du waist) shribet, daz ein getrüwer tolmetsch und transferyerer nit sorgfeltig sin soll, ain jedes wort gegen aim andern wort zu verglychen, sondern syge gnug, daz zu zyten ain gantzer sin gegen ain andern sine verglychet wird. (Niclas von Wyle 1478; cité d’après Seele 1995: 95)

Il y avait d’excellents latinistes dans tous les pays latins à l’époque. Gregorio Morillo, humaniste espagnol, a parfaitement saisi le sens du vers célèbre: la plupart des commentateurs se trompent, dit-il, parce qu’ils n’ont pas compris que le sens du passage dépend des vers précédents: aquel verso trae dependencia desde arriba.

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Algunos romancistas dicen que Horacio dio más anchura a este camino [de la traducción], y que el intérprete no está obligado palabra por palabra, tomando aquel verso del arte poética [...] Y engáñanse, que antes Horacio estrecha más esta ley, y aquel verso trae dependencia desde arriba, Publica materies privati iuris, etc., donde dice que el que de un argumento de historia muy sabida y común, que otro haya escrito, quisiese escribir y hacer suyo el trabajo, que no lo traduzca palabra por palabra (como debiera hacer un fiel intérpete) [...]. (Gregorio Morillo, vers 1603, cité d’après García Yebra 1994: 63)

Un commentaire particulièrement amusant nous provient de l’époque des «belles infidèles». Les traducteurs de cette tendance prenaient Horace à témoin pour justifier leurs versions extrêmement libres. L’avocat et écrivain Paul Pelisson, bien que favorable à ce type de traduction, s’était pourtant bien aperçu de l’interprétation fautive. Il se sert d’un artifice d’argumentation pour disculper ses amis: un excellent latiniste comme Perrot D’Ablancourt se serait trompé dans l’interprétation du vers d’Horace? Jamais! Il avait seulement un peu détourné le «sens naturel» pour l’adapter à ses propres fins: Cette erreur [dans l’interprétation des vers d’Horace] est venue peut-être de quelques excellents hommes de notre temps qui publièrent [...] ces Huit merveilleuses Oraisons de Cicéron en notre langue et mirent ces vers au devant de leur traduction, non par erreur, à mon avis, mais à dessein, détournant un peu (comme il est quelquefois permis) ce passage de sa signification naturelle. [...] Ainsi ce passage, qu’on allègue pour établir la liberté des traducteurs, établit plutôt la contrainte et la servitude à laquelle ils sont obligés. (Paul Pellisson 1651, cité d’après Zuber 21995: 143.)

Pierre Daniel Huet (1630-1721), précepteur du Dauphin, évêque d’Avranches, auteur de nombreuses œuvres parmi lesquelles son Traité sur l’origine des romans est peut-être le plus connu, est un des commentateurs qui mérite une attention particulière. Dans son traité De optimo genere interpretandi il défend une conception de la traduction qui s’oppose rigoureusement aux idées de son temps. Aliud est enim accurate scribere aliud interpretari: bien écrire est une chose, traduire une autre. Huet réfute énergiquement l’idée que les deux auteurs classiques ont propagé la traduction libre. De leurs remarques sur les traducteurs ressort tout au contraire que les deux auteurs étaient d’avis qu’un traducteur doit rendre son texte scrupuleusement mot pour mot. CAUSABON contre FRONTON: Unde [du fameux passage de Cicéron] illud prorsus efficitur, quicunque sententiis iisdem, & earum formis, verbis ad vernaculam consuetudinem aptis, vi verborum, & genere servato, iisque appensis, non numeratis auctorem convertat; eum oratorem, si forte, aut aliud quidvis agere, non interpretem: quisquis vero non sententias modo sententiis exaequet, sed verbum etiam pro verbo reddat; nec verba solum appendat lectori, sed annumeret, eum demum interpretis munere fungi. (Huet 2002: 156) D’où ressort directement que quiconque voudrait convertir un auteur en conservant les mêmes idées et également leurs formes en mots adaptés à l’usage vernaculaire, en préservant également l’effet des mots et le genre [du texte], en les pesant en bloc sans les compter pièce par pièce, celui-ci agit peut-être en orateur ou en quoi que voudrez mais pas en traducteur. Par revanche celui qui ne se contente de rendre des idées par d’autres qui leur ressemblent, mais qui rend également un mot par un autre, non seulement en «pesant» les mots en bloc au lecteur mais en les lui énumérant – celui-ci seul fait son devoir de traducteur. (Ma traduction, Jörn Albrecht)

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Cujus loci [les vers d’Horace] ea mens est, in materiam ab aliis jam occupatam, & publici juris, non ita esse involandum, ut verbum pro verbo reddatur, quasi fidi interpretis officium exequatur poeta; [...]. Illud ergo, ex Horatii sententia, fidi interpretis munus est, verbum verbo diligenter referre. (Huet 2002: 156) Le sens de ce passage est le suivant: Les matériaux qui ont déjà été employés par d’autres et qui appartiennent au domaine du droit public ne doivent pas être repris par le poète sous forme d’une traduction mot pour mot, comme s’il exerçait le métier d’un traducteur fidèle. [...] Selon l’opinion d’Horace la tâche d’un fidèle traducteur est donc celle de rendre tout consciencieusement mot pour mot. (Ma traduction, J.A.)

4. Trois types de «transtextualité» dans l’antiquité: interpretatio, imitatio, aemulatio L’interprétation des remarques sur les différentes méthodes de traduction chez les auteurs de l’antiquité présuppose la connaissance de certaines doctrines qui faisaient partie du système complexe de la rhétorique classique. Dans le cadre de la doctrine des genera elocutionis il y avait un rapport entre genre de texte et méthode de traduction, qui constituait une évidence pour Cicéron:

4.1 interpretatio (mutatio, translatio, transpositio, versio, conversio, etc.) En ce qui concerne la traduction stricto sensu il faut d’abord distinguer entre deux domaines qui correspondaient à des degrés consécutifs dans le système de l’enseignement: a) Au premier degré, c.-à-d. dans le cadre de l’enseignement de la grammaire (ars recte loquendi), la pratique de la traduction était soumise à un littéralisme servile. b) Au second degré, c.-à-d. dans le cadre de l’enseignement de la rhétorique (ars bene dicendi), la manière de traduire dépendait du genre de texte à traduire: α) Dans la traduction des historici (équivalent moderne, grosso modo, les textes informatifs) une fidélité non seulement par rapport à l’invention, mais également relatif à la disposition et à l’élocution était de mise; β) Dans la traduction des rhetores et des poetae (équivalent moderne: des textes expressifs) le traducteur devait seulement rester fidèle à l’invention; par contre il pouvait prendre des libertés plus ou moins grandes vis à vis de la disposition et surtout pour ce qui concerne l’élocution (tropes, figures de mots et figures de pensées).

4.2 degrés de «liberté» Dans le domaine de la littérature (au sens large du terme) on distinguait trois types de «transtextualité», trois manières de se servir de textes écrits par d’autres auteurs, soit dans

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une langue étrangère, soit dans la même langue. Les limites entre les catégories sont floues et varient d’un auteur à l’autre: Par interpretatio on entendait une reformulation relativement proche du texte source (avec une certaine marge de liberté); il s’agit de la traduction proprement dite. Le terme (fidus) interpres chez Cicéron et Horace se réfère sans aucun doute à ce type d’activité. L’imitatio, qu’on rencontre surtout dans le domaine de la poésie, était une œuvre nouvelle qui s’inspire d’un texte source (équivalent moderne: traduction libre). L’aemulatio était le terme technique pour une pratique littéraire qui part d’un texte modèle avec le but de le surpasser, de «faire mieux». Ce genre était très fréquent pas seulement dans l’antiquité mais également au moyen âge (cf. l’adaptation des romans courtois français en Allemagne aux 12e et 13e siècles).2

5. Commentaire critique des textes classiques à la lumière de la traductologie moderne Parmi les historiens de la traduction les voix exprimant un certain doute envers l’interprétation traditionnelle des passages célèbres que nous avons examinés se multiplient. Par manque d’espace je dois me contenter de quelques exemples.

5.1 Cicéron Dieter Woll, latiniste et spécialiste de la traduction, reste prudent dans son interprétation du célèbre passage cicéronien: il admet que Cicéron a peut-être vraiment voulu recommander sa méthode de traduction, mais seulement pour des cas très spécifiques. Il ne donne aucune théorie générale de la traduction: Überspitzt ausgedrückt, wollte er [Cicero] also gar nicht primär übersetzen, wenn man darunter im Normalfall den Versuch versteht, einen Text in einer bestimmten Sprache als solchen dem dieser Sprache nicht Mächtigen zugänglich zu machen. Die Übersetzung war ihm nicht Mittel zu diesem hermeneutischen Dienst am Text, sie war ihm Mittel zu einem anderen, didaktischen Zweck, nämlich ein Muster für daran sich orientierende andere Redetexte in lateinischer Sprache zu liefern. (Woll 1988: 346)

García Yebra est plus catégorique et, personnellement, je partage son opinion. L’argumentation du grand rhéteur part d’une présupposition qui constitue une évidence à son époque: un traducteur ou interprète professionnel traduit normalement mot pour mot; c’est «son boulot» – sit venia verbo. Et ses remarques à propos de sa façon de procéder dans un cas très spécifique ont la valeur d’une explication, il ne s’agit pas de recommandation ni de prescription: ––––––– 2

cf. également «augmentative Bearbeitung», Schreiber 1993: chap. 2.3.1.

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Cicerón sólo menciona al traductor, al interpres, para marcar la diferencia entre la manera de verter propia de éste y la sua propia, es decir, la que correspondía a un orator. Sólo indirectamente puede deducirse de sus palabras qué entendía por verter como interpres: era sin duda, lo que hoy llamamos «traducir literalmente». [...] Cicerón nunca pretendió dar normas para la actividad de los traductores [...]. (García Yebra 1994: 50)

Il est vrai que Cicéron exprime un certain mépris pour les traducteurs de son temps, comme le démontre le passage suivant pris dans une autre œuvre: Si enim Zenoni licuit, cum rem aliquam invenisset inusitatam, inauditum quoque ei rei nomen imponere, cur non liceat Catoni? nec tamen exprimi verbum e verbo necesse erit, ut interpretes indiserti solent [...]. (Cicero 1983: 3, 15) S’il était permis à Zénon d’imposer à une chose jusque ici inconnue un nom jamais entendu, pourquoi cela ne serait pas permis à Caton? Il ne sera pourtant pas nécessaire de procéder mot pour mot comme les traducteurs peu éloquents ont l’habitude de le faire. (Ma traduction, J.A.)

Il faut y voir le signe d’une certaine condescendance que Cicéron manifestait vis-à-vis d’une activité indigne d’un écrivain, mais rien ne laisse supposer qu’il aurait voulu changer quelque chose à la pratique commune de son époque.

5.2 Horace En ce qui concerne Horace il a déjà été question de l’ambiguïté syntaxique du vers célèbre de l’art poétique. C’est la focalisation du syntagme fidus interpres, qui a une valeur prédicative, qui décide du sens global de la phrase. Au niveau purement syntaxique, deux interprétations sont possibles: a) Et tu ne t’appliqueras pas à rendre mot pour mot, tel un fidèle traducteur (un traducteur rend mot pour mot). b) Et, tel un fidèle traducteur, tu ne t’appliqueras pas à rendre mot pour mot (un traducteur ne rend pas mot pour mot). Comme l’avait déjà constaté Gregorio de Morillo au 17e siècle, la première version est imposée par le contexte, trae dependencia desde arriba.3 Contrairement à ce qu’on prétend depuis deux mille ans, Horace ne s’adresse pas aux traducteurs, mais aux poètes: Al ecribir estos versos, Horacio no da consejos a traductores, sino a jóvenes poetas [...]. (García Yebra 1994: 55)

5.3 Saint Jérôme Revenons une dernière fois à Pierre-Daniel Huet. L’auteur de La meilleure méthode de traduire ne tenait pas en haute estime l’auteur de la Vulgate. L’argument ne peut pas être ––––––– 3

cf. en haut §3 et Seele 1995: 94.

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approfondi en ce lieu. La seule chose qui importe dans ce contexte, c’est qu’il fut un des premiers à avoir reconnu que Saint-Jérôme avait besoin d’un répondant pour se défendre contre les accusations de ses adversaires: Quum igitur de interpretandi ratione dissereret apud Pammachium, ad animum continuo succurrit Horatianus ille versus, qui a superioribus disjunctus in Hieronymi sententiam facile detorquetor. (Huet 2002: 162) C’est pourquoi, quand il exposait une méthode de traduction à Pammachius, il lui vint tout de suite à l’esprit ce vers d’Horace, qui, isolé des vers précédents, se prêtait facilement à une interprétation dans le sens de Jérôme. (ma traduction, J.A.)

Que l’auteur de la Vulgate ait voulu effectivement défendre une méthode de traduction qui se distinguait d’une version interlinéaire est sûr. Il reste seulement deux problèmes exégétiques à résoudre. Est-ce que Saint-Jérôme voulait vraiment propager une traduction «libre» au sens moderne du terme, voire une traduction «pragmatique»? Sûrement pas. Ce qu’il envisageait, c’était probablement un type de traduction qu’on qualifierait aujourd’hui de «philologiquement correcte», c.-à-d. sans violation des règles de la langue cible. Le deuxième problème est plus intéressant. García Yebra se rallie à l’hypothèse de Pierre Daniel-Huet selon laquelle Saint-Jérôme se souvenait uniquement de deux vers sans contexte, puisqu’il avait juré, lors de sa grande crise religieuse, de ne plus jamais jeter un coup d’œil dans l’œuvre d’un auteur païen. L’hypothèse de la nécessité de se procurer un «répondant» me semble plus vraisemblable.

6. Conclusion [...] y más creçe esta dificultad de traduçir por estar obligado el traductor a seguir la lengua del author palabra por palabra, según enseña Horaçio en la Poética diciendo: [...]. La qual sentencia la entienden ordinariamente al revés y quieren hacer deçir a Horacio que el fiel intérprete no ha de traducir palabra por palabra, y en este viçio caen ordinariamente los que toman las sentençias de los authores sacadas por otros y se fían de alegaciones ajenas no leyendo ni estudiando los authores en sus libros enteros. (Baltasar de Céspedes, avant 1615, cité d’après García Yebra 1994: 63) No comprendo cómo los franceses, tan eficaces difundidores de lo suyo, no la [la obra de Huet] han traducido. Alguna vez he pensado que esto puede tener dos causas: que la obra está escrita en latín, y que su autor era obispo. Actualmente ni el latín, ni los obispos están de moda. (García Yebra 1994: 62)

Les deux dernières citations parlent pour elles-mêmes; je me contenterai d’un bref commentaire. Trop de chercheurs qui travaillent dans le domaine de l’histoire de la linguistique ou de la traduction se servent de sources de seconde ou de troisième main. Ils basent leur argumentation sur les citations isolées qu’ils y trouvent. Jetons de temps en temps un coup d’œil dans les œuvres originales, même si celles-ci sont en latin. Et suivons

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le conseil de Valentín García Yebra: n’ayons pas peur des évêques, même s’ils sont passés de mode.

7. Bibliographie sélective 7.1 Textes Cicero, Marcus Tullius (1976): De optimo genere oratorum. Hubbell, H. M. (ed.). Cambridge, Mass. / London: William Heinemann, 349-373. – (1983): De finibus bonorum et malorum. Rackham, H. (ed.). Cambridge, Mass. / London: William Heinemann. Hieronymus, Eusebius Sophronius (1980): Liber De Optimo Genere Interpretandi. Epistula 57. Bartelink, G. J. M. (ed.). Leiden, texte 11-21. Horatius Flaccus, Quintus (1929): Epistula ad Pisones (Ars poetica). In: Faiclough, H. Rushton (ed.): Horace. Satires, Epistles and Ars Poetica. Cambridge, Mass. / London: Harvard University Press. – (1931): Œuvres. Texte établi, traduit et annoté par François Richard. Vol. 1. Paris: Garnier. – (1967): Sämtliche Werke. Lateinisch und deutsch. München: Heimeran. Huet, Pierre-Daniel (2002): De optimo genere interpretandi. Réimpression de la 2e éd 1683. In: DeLater, James Albert: Translation Theory in the age of Louis XIV. Manchester / Nothhampton Ma: St. Jerome, 137-172.

7.2 Travaux scientifiques Albrecht, Jörn (1998): Literarische Übersetzung: Theorie, Geschichte, kulturelle Wirkung. Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft. Ballard, Michel (1995): De Cicéron à Benjamin. Traducteurs, traductions, réflexions. Lille: Presses Universitaires de Lille. Boskamp, Sandra (2001): Lateinische Übersetzungsreflexion in der römischen Antike. Mémoire de fin d’étude. Heidelberg (non publié). Bruni, Leonardo (1928): De interpretatione recta [1420]. Baron, Hans (ed.). Leipzig / Berlin: B.G. Teubner. García Yebra, Valentin (1994): Un curioso error en la historia de la traducción. In: García Yebra, Valentin: Traducción: Historia y Teoría. Madrid: Gredos, 48-64. Kloepfer, Rolf (1967): Die Theorie der literarischen Übersetzung. Romanisch-deutscher Sprachbereich. München: Wilhelm Fink. Larbaud, Valery (1997): Sous l’invocation de Saint Jérôme. [11946]. Paris: Gallimard. Mounin, Georges (1965): Teoria e storia della traduzione. Turin: Einaudi. Rener, Frederick (1989): Interpretatio: Language and Translation from Cicero to Tytler. Amsterdam / Atlanta: Rodopi. Robinson, Douglas (1992): Classical theories of translation from Cicero to Aulus Gellius. In: TEXTconTEXT 7, 5-55. Schreiber, Michael (1993): Übersetzung und Bearbeitung. Zur Differenzierung und Abgrenzung des Übersetzungsbegriffs. Tübingen: Narr.

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Maria Elisete Almeida

Problemas na tradução em francês do sujeito gramatical português

Escolhemos tratar dos problemas que apresenta a tradução do sujeito gramatical na passagem de português para francês, essencialmente porque ela pode dar lugar a inúmeros erros. Um certo número desses erros pode explicar-se pelo domínio insuficiente da relação sujeito-verbo em francês, mas há muitos outros que não se compreendem senão ao nível duma má compreensão dos textos portugueses, nomeadamente nas situações em que o sujeito da frase portuguesa não apresenta realização gramatical, ou seja, nos casos de sujeito zero. O não reconhecimento do verdadeiro sujeito referencial, que pode passar despercebido quando nos cingimos a um texto português, aparece com toda a evidência na passagem de português para francês. A relação sujeito-predicado é de tal maneira fundamental, que um erro a nível do sujeito arrasta, fatalmente, uma interpretação falsa da mensagem e contrasensos interpretativos bastante graves. Seleccionámos, como corpus, alguns extractos de O Dragão de Fumo de João de Aguiar1, uma vez que eles apresentam, alternadamente, passagens narrativas com passagens em diálogo. Ora, a mudança repentina dum tipo de discurso para outro pode arrastar dificuldades interpretativas, especialmente no que diz respeito ao uso da terceira pessoa que pode passar sub-repticiamente de um emprego delocutório para um emprego elocutório, sem que nada na forma manifeste essa mudança de isotopia.

1. O sujeito é um pronome pessoal Na ausência de sujeito nominal –nome próprio, substantivo, grupo nominal–, o sujeito pode ser representado por um pronome pessoal anafórico. Como a flexão pessoal do português é suficientemente rica, não é indispensável o recurso a um pronome anafórico e o seu emprego é bastante raro. No nosso corpus, podemos encontrar alguns exemplos que suscitam um comentário, na medida em que, a priori, não é obrigatório o recurso ao pronome. A presença deste faz com que não haja problemas de interpretação, mas eles surgem, muitas vezes, a nível da tradução, uma vez que podemos perguntar-nos se o clítico francês é suficiente ou deve ser reforçado por um pronome tónico. ––––––– 1

Aguiar, João de (1998): O Dragão de Fumo. Porto: Asa, 131-136.

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1.1 O pronome pessoal em posição frontal

1.1.1 Emprego elocutivo No caso de eu devia ter ficado, o carácter indiferenciado da forma do imperfeito devia, comum à terceira e à primeira pessoas, incita fortemente o enunciador a recorrer a eu para eliminar toda e qualquer ambiguidade. Como o eu desambiguizante não possui valor enfático, a tradução pelo clítico francês é amplamente suficiente: J’aurais dû rester. Em contrapartida, no exemplo: eu estive mesmo para telefonar-lhe, o morfema eu não desempenha um papel desambiguizante uma vez que a forma verbal estive é marcada na primeira pessoa. Esse eu redundante é, pois, enfático, como o confirma, aliás, o uso de mesmo que não é rigorosamente indispensável. É, portanto, claro que o personagem, apaixonado pela heroína, procura atrair a atenção dela sobre a sua própria pessoa. Assim, somos tentados a traduzir em francês por: Moi, j’ai même failli vous téléphoner. No terceiro exemplo, o recurso ao pronome tónico é incontornável já que o sujeito está separado do verbo por uma partícula classificada, tradicionalmente, de advérbio. A única tradução possível é a seguinte: Moi aussi, je veux / voudrais aller dans le téléphérique. Vemos que o pronome eu coloca, habitualmente, problemas de tradução já que ora equivale a je, quando é simplesmente desambiguizante, ora corresponde a moi je, sempre que há ênfase e tematização do sujeito.

1.1.2 Emprego alocutivo O alocutivo você coloca, igualmente, alguns problemas de tradução. Este alocutivo familiar convém, perfeitamente, a uma conversa entre colegas. Menos íntimo do que tu, é também menos formal do que a senhora ou a senhora professora, embora, habitualmente, nenhum deles se utilize entre colegas do mesmo nível e sobretudo da mesma idade. Este tom de meia-familiaridade é difícil de traduzir em francês em que o único alocutivo possível é vous. O caso de você estava tão distraída não coloca problemas de maior, uma vez que nós temos um você de desambiguização antes do imperfeito indiferenciado estava, que determina a tradução, pura e simples, por um vous clítico em francês: Vous étiez si distraite. Em contrapartida, no caso de: soube que você também tinha sido convidada, o problema é um pouco delicado, dado que nós temos um caso de ênfase com você também. Donde resulta que tenhamos que apelar, simultaneamente, para o ‹vous› pronominal e para o ‹vous› clítico: j’ai appris que ‹vous› aussi ‹vous› aviez été invitée.

1.1.3 Emprego delocutivo Na proposição Como ‹ela› esperava, o recurso a ela tem como principal objectivo evitar toda a ambiguidade entre a referência a Rita e a que é feita aos outros convidados. Como se trata dum pessoal desambiguizante, é traduzido pelo clítico elle sem o menor problema.

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1.2 Inversão do pronome pessoal de sujeito As únicas dificuldades que podem surgir, quando o pronome português se apresenta invertido, são de ordem formal, uma vez que a sua inversão não levanta qualquer problema aos lusófonos, ao passo que, para os francófonos, se trata duma expressão feita que obedece a regras fono-morfo-sintácticas particulares. Assim, na incisa, responde ela, o pronome português traduz-se pelo enclítico francês ligado ao verbo por um traço de união: répondelle. De igual modo, no masculino, explica ele traduz-se por explique-t-il, mas o estudante português esquece, normalmente, que o recurso ao -t- eufónico é indispensável em francês, em caso de final vocálica do verbo. Há, normalmente, muitos erros a este nível. Mas os problemas que acabamos de abordar são mínimos quando comparados com os que se colocam em caso de sujeito zero.

2. Sujeito não realizado (sujeito zero) Vamos examinar, em primeiro lugar, o caso do sujeito zero saturável em português por um pronome pessoal, que se traduz em francês por um clítico pessoal sujeito. Assim, desde o início do texto, no segundo parágrafo: Quando entra na sala, não comporta sujeito, mas o contexto indica-nos, sem hesitação possível, que se trata de Rita. O que não impede que um estudante desatento e um pouco fraco em morfologia verbal francesa não seja tentado a traduzir entra por il entra, visto que o último referente nomeado é o masculino Salvador. De facto, para escolher o bom clítico, o leitor tem de antecipar o ela que figura na incisa: como ela esperava. É na incisa que se encontra a chave da referência e é muito mais perturbador do que se o autor tivesse utilizado ela desde o início do parágrafo antes da forma verbal entra. O leitor é, assim, incitado pelo autor a uma particular vigilância. A solicitação permanente para o trabalho por parte do leitor é um dos traços da arte dos romancistas modernos. Os alunos que saltam a incisa imaginam que o sujeito principal do enunciado –Salvador– é também o sujeito da subordinada circunstancial de tempo, como acontece, regularmente, na escrita clássica. Neste extracto, embora Rita seja a heroína do romance, a maior parte dos verbos com sujeito zero tem como sujeito contextual Alexandre. É, pois, necessário, na tradução francesa, antepor o clítico il a todos esses verbos. Quando o verbo está no início da frase, em português, como é o caso de Continua a falar, os alunos não esquecem a colocação do clítico sujeito pois sabem que, em francês, excepto no imperativo, nenhuma frase pode começar por um verbo. Em contrapartida, quando o verbo se situa no interior da frase, e nomeadamente em subordinada, acontece, frequentemente, os estudantes utilizarem o verbo francês sem o clítico de sujeito. Vejamos o exemplo: Salvador encolhe os ombros e afirma que acha muito esquisita essa ideia. Em português, o nome próprio Salvador é denominador comum a todo o enunciado complexo que se lhe segue, não se repete antes do verbo coordenado afirma, nem antes do verbo subordinado acha. Ora se, em francês, o verbo coordenado pode passar sem clítico sujeito (Salvador hausse les épaules et affirme), em contrapartida, o verbo subordinado exige o

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suporte do clítico sujeito correspondente (affirme qu’il trouve très bizarre cette idée). Em francês, o verbo da subordinada tem que ser precedido de sujeito, incluso se ele for o mesmo do verbo principal (Je crois que je dois te répondre). Em português, pelo contrário, se o sujeito profundo for o mesmo nas diferentes proposições da frase complexa, não é necessário anaforizar esse sujeito na subordinada. Seria, aliás, considerado deselegante praticar esse tipo de redundância. O que dissemos acerca de ele, podemos dizer sobre o plural eles. Tomemos o caso da seguinte frase: Por que ∅ hão-de ‹os dois› estar ali a fazer sala quando ∅ podiam... qualquer outra coisa ‹que› ∅ fizessem infinitamente melhor [...]. E ali ∅ estão agora a ouvir as historietas de Salvador. Quando ∅ podiam... Todos os verbos desta sequência possuem o mesmo sujeito profundo, isto é, os dois, que figura uma única vez no início da sequência. Em contrapartida, em francês, o sujeito nominal, tous les deux, deve ser anaforizado antes de todos os verbos subordinados pelo clítico de sujeito ils: Pourquoi ‹tous les deux› doivent-‹ils› rester là à faire salon alors qu’‹ils› pourraient... autre chose qu’‹ils› feraient infiniment mieux [...]. Et ‹ils› sont là maintenant à écouter les petites histoires de Salvador. Quand ‹ils› pourraient... O texto francês não se cansa de repetir o ils anafórico, ao passo que, em português, é-se tentado, a todo o momento, a suprimir pelo menos alguns. Passemos à análise do caso em que o sujeito zero tem um valor alocutório e pode ser posto em correspondência com você.

2.1 Sujeito zero de valor alocutório A interpretação alocutória dum verbo delocutivo não é nada fácil. É certo que numa vulgar conversação ninguém se engana no valor alocutório de ∅ sabe? ou – ∅ ‹Foi› dar um passeio? Em contrapartida, na escrita, no caso dos diálogos reportados, a passagem da forma delocutiva ao valor alocutório pode suscitar dificuldades, sobretudo se o texto apresentar alternância de narrativa e diálogo, como acontece, frequentemente, no romance. Sem o apoio do gesto e da entoação, a interpretação é, essencialmente, contextual. Ora, na Madeira, a oposição foi / fui, muitas vezes, não é respeitada na oralidade – em que fui é substituído, com frequência, por foi. Daí resulta uma certa confusão entre as duas formas e um estudante madeirense pode perfeitamente interpretar Foi dar um passeio como Je suis allé me promener. Com certeza que os estudantes mais atilados não cometem este tipo de erros, mas aqueles que não tomam a precaução de situar a frase no contexto e se atêm à tradução palavra por palavra estão, regularmente, expostos a enganarem-se na pessoa. Tomemos o seguinte contexto: Alexandre intervém: – ∅ ‹Foi› dar um passeio e não me disse nada? Uma vez que Alexandre é o sujeito de intervém, alguns alunos imaginam que ele fala de si próprio na frase que se segue e traduzem assim: Alexandre intervient: – Je suis allé faire une promenade et vous ne m’avez rien dit? Encontramos o mesmo tipo de erro na frase: Se calhar ainda ∅ estava deitada. Esquecendo que Salvador se dirige a Rita, em vez de interpretarem como Peut-être étiez‹vous› encore couchée, vão traduzir por: ‹Elle› était peut-être encore couchée. Como sabem que é bastante indelicado, em francês, utilizar il / elle, pronome do ausente, na presença do alocutário, a única explicação possível para este erro é que eles começam por se enganar,

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em português, antes de passarem ao francês. O erro situa-se, não por falta de competência em francês, mas por má compreensão do texto português, o que, a nosso ver, é mais grave. Isto prova que eles interpretam o sentido das frases sem saírem do contexto frástico. Estão enclausurados na gramática da frase e não foram, suficientemente, exercitados a praticar a gramática textual. Em português, esta lacuna é mais grave do que em francês visto que o carácter obrigatório dos clíticos de sujeito limita os erros de interpretação. Em contrapartida, em português, a economia dos significantes requer do interpretante uma atenção mais aturada perante o contexto. Teremos ocasião de voltar a falar sobre isto. Uma insuficiente formação gramatical em português provoca efeitos secundários desastrosos na aprendizagem das línguas estrangeiras. Um erro deste tipo pode muito bem escapar a um docente de Literatura Portuguesa que se preocupe apenas com uma abordagem englobante e estética do texto. Pelo contrário, em Linguística Contrastiva, nenhum dos erros na atribuição da pessoa pode passar despercebido. O que acontece com o singular passa-se também com o plural. É assim que a frase: espero que ∅ ‹gostem› da cozinha da Mary é traduzida por j’espère qu’ils aiment la cuisine de Mary. Neste caso, ao erro de pessoa vem juntar-se o erro de tempo verbal. Com efeito, o presente do conjuntivo gostem recebe, em contexto, uma interpretação futura, como acontece, muitas vezes, em português, com o presente, qualquer que seja o modo, indicativo ou conjuntivo. No momento em que o Dr. Salvador diz isto, os convidados ainda não começaram a comer. Por conseguinte, a única interpretação coerente com o contexto é esta: j’espère que ‹vous aimerez› la cuisine de Mary. Quando os estudantes lusófonos escrevem j’espère qu’‹ils aiment› la cuisine de Mary, há toda a probabilidade de eles também se enganarem no modo ao traduzirem o conjuntivo português por um conjuntivo francês. Mas, naturalmente, este erro não é perceptível, já que, em francês, na terceira pessoa do singular ou do plural, o presente do conjuntivo e do indicativo partilham a mesma forma. O que nos leva a pensar que eles se enganem de modo é que aqueles que não cometem erro de pessoa utilizam um conjuntivo marcado: *j’espère que ‹vous aimiez› la cuisine de Mary, seguindo, assim, o uso português. Um outro emprego do mesmo verbo no texto em estudo demonstrará a justeza da nossa hipótese: Espero que ∅ ‹seja› uma boa surpresa. → J’espère que ‹ce soit› une bonne surprise. Vamos terminar a análise dos erros sobre a pessoa a partir do sujeito zero, abordando a confusão mais grave e que diz respeito à primeira e à terceira pessoas.

2.2 Confusão entre elocutivo e delocutivo É evidentemente no imperfeito que esta confusão pode causar problemas, devido à queda da flexão que faz com que a forma verbal seja a mesma no elocutivo e no delocutivo. Razão pela qual a frase: ∅ ‹Estava› no alto da Guia, que significa ‹J’étais› au sommet de la Guide apresenta, exteriormente, a mesma forma que a frase precedente ‹Estava› deitada, em que o verbo delocutivo assume valor alocutório: ‹Vous étiez› couchée, mas que é interpretada pelos alunos como um delocutivo puro: ‹Elle était› couchée. Eis por que a frase que se lhe segue: ‹Estava› no alto da Guia recebe a mesma interpretação delocutiva: ‹Elle était› au sommet de la Guide. A frase que vem imediatamente a seguir: ‹Fui› experimentar o teleférico deveria, em princípio, colocar o aluno no bom caminho. Mas encontramos, aqui,

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a confusão já assinalada entre foi e fui, de tal maneira que aquilo que poderia ter constituído uma ajuda permanece ineficaz. Daí o contra-senso massivo: ‹Elle était› sur le sommet de la Guide → ‹Elle a essayé› le téléphérique. A confusão entre a primeira e a terceira pessoas é a mais grave já que ela tem lugar em português e torna, a priori, impossível qualquer boa tradução. Quanto mais um autor é engenhoso na escrita, economizando ao máximo os signos, mais importante se torna o trabalho interpretativo do leitor. O que é, muitas vezes, o caso na literatura moderna onde a actividade de análise do leitor é constantemente posta à prova. Relativamente ao enunciado português complexo: ∅ ‹ia› a um supermercado e ∅ ‹comprava› uma sopa chinesa, em geral, é mal traduzido, não apenas devido ao sujeito zero, mas também por causa dos dois imperfeitos com valor de irreal do passado, que devem ser traduzidos, em francês, pelo conditionnel passé. A frase ∅ ‹Podia› ter ido ‹consigo› não levanta qualquer tipo de dificuldade, uma vez que a presença de consigo incita, fortemente, a interpretar a forma podia como um elocutivo. Vamos agora abordar o caso mais difícil de tradução do sujeito zero. É o caso em que o pronome pessoal português de referente não-animado é traduzido, em francês, por um demonstrativo.

2.3 Problema da tradução do sujeto zero por um clítico demonstrativo

2.3.1 Em independente Vejamos a sequência Espero que ∅ ‹seja› uma boa surpresa seguida da resposta – não é desagradável. Como o referente da anáfora zero é um sintagma nominal feminino –uma boa surpresa– o estudante português, que sabe que a frase francesa começa, invariavelmente, por um pronome ou por um clítico, vai escolher o francês elle, partindo da ideia de que, em português, ela se pode substituir à anáfora zero: ela não é desagradável. Se o autor não recorre ao pronome ela, é porque ele se encontra na incisa que se segue: – responde ‹ela›. Não se pode ter, a tão pouca distância, dois ela de referente diferente: um reenviando para surpresa e o outro para Rita. Em francês, o problema é idêntico e não se pode emitir o seguinte enunciado: *Elle n’est pas désagréable – répond-elle. O clítico, obrigatório no início da primeira frase, só pode ser um demonstrativo. Existe, teoricamente, uma escolha entre o demonstrativo não-marcado ce, o demonstrativo reforçado cela e, finalmente, ça, o mais corrente e possível neste contexto já que ele não se encontra em contacto imediato com est. Temos, pois, as três possibilidades seguintes: ce / cela / ça n’est pas désagréable. Numa conversa informal e familiar como esta, a forma mais esperada é ça. O problema é que nenhum dos nossos estudantes portugueses, incluindo os melhores em francês, teve a ideia de utilizar ça, que os docentes de literatura continuam a cortar, infatigavelmente, nos trabalhos dos alunos, como se a palavra estivesse empestada. Maillard (1989) mostrou, na sua tese de doutoramento, que a palavra ça, que possui três séculos de existência, pode surgir das melhores penas literárias, nomeadamente Mme de

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Sévigné, Choderlos de Laclos e Victor Hugo, sem esquecer os maiores autores do século XX: Céline, Queneau, Sartre, Camus ou Samuel Becket.

2.3.2 Em subordinada Há pouco dissemos que, em subordinada, os estudantes esquecem, regularmente, a colocação dum clítico sujeito antes do verbo. Acontece assim, em particular, em português, com as subordinadas comparativas hipotéticas introduzidas por como se em que o sujeito não se encontra realizado, em virtude de ser o mesmo da principal. Vejamos o seguinte enunciado: Acha muito esquisita essa ideia de pôr a cultura numa loja, como se fosse uma peça de roupa. Os estudantes traduzem em regra: *Il trouve très bizarre cette idée de mettre la culture dans une boutique comme si était une pièce de vêtement. Mesmo os bons alunos deixam vazia a posição pré-verbal. Os mais avisados utilizam o pronome elle. Não é impossível fazer uso do pessoal, mas como o referente é não-animado, é muito mais natural e mais esperado, em francês, a utilização do demonstrativo ce: comme si ‹c’›était une pièce de vêtement. O problema é que os estudantes nunca ou quase nunca pensam em utilizar ce, cujo uso é completamente automatizado em francês, devido ao seu estatuto de clítico. Em caso idêntico, o pronome cela, embora não seja interdito, não é muito comum. Quanto a ça, exclui-se completamente antes duma forma do verbo être com inicial vocálica como était, ainda que *comme si ‹ça› était se possa ouvir na Bélgica. Mas o seu uso é bastante periférico e totalmente banido do francês standard. Encontramos, um pouco, o mesmo problema com a frase: O tédio começa a atacar-lhe os nervos como se ‹∅› fosse veneno injectado nas veias. Uma vez mais, os estudantes esquecem o clítico pré-verbal. Ao mesmo tempo que também esquecem o artigo partitivo antes de poison e o possessivo antes de veines: *comme si était poison injecté dans les veines. A tradução francesa requerida é, evidentemente: comme si ‹c’›était du poison injecté dans ses veines. Os melhores estudantes, aqueles que têm uma boa prática do francês oral, são os únicos a pensar colocar um clítico antes do verbo subordinado, mas, muitas vezes, utilizam erradamente o reflexivo se, homófono do ce demonstrativo: *comme si ‹s’›était du poison injecté dans ses veines. Quanto à ausência do clítico possessivo antes de veines, pode parecer curiosa por parte dos alunos madeirenses, já que, na Madeira, o uso do possessivo é muito mais corrente do que em Portugal continental. Todo aquele que traduz nas veias por dans les veines faz, simplesmente, tradução literal e esquece que é madeirense. Vamos terminar com um caso já abordado doutro ponto de vista: espero que ∅ ‹seja› uma boa surpresa, regularmente traduzido por: *j’espère que soit/soye une bonne surprise. No entanto, de passagem, gostaríamos de dizer uma palavra no que diz respeito a outros erros que se sobrepõem, em certas traduções, à ausência do clítico. A saber: o conjuntivo em vez do indicativo e o conjuntivo morfologicamente incorrecto. A única tradução correcta, neste contexto, é a seguinte: j’espère que c’‹est› une bonne surprise. Os estudantes mostram bastante admiração em podermos utilizar o présent de l’indicatif após o verbo espérer, quando, nas gramáticas tradicionais, se diz que este verbo deve ser seguido de futur de l’indicatif. É certo que este caso acontece imensas vezes – j’espère que tu feras

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un bon voyage / j’espère que tu arriveras à l’heure, etc. – mas o uso do présent de l’indicatif é perfeitamente corrente, tanto nas cartas como na conversação quotidiana, sempre que a situação se impõe: j’espère que tu ‹es› content, pode dizer-se a uma criança que acaba de receber uma prenda. Pode mesmo utilizar-se o passé composé: j’espère que tu ‹as› bien ‹réussi› ton examen. Trata-se, aqui, duma espécie de abreviação de: j’espère que tu vas m’apprendre que tu ‹as› bien ‹réussi› ton examen. Também nas cartas é de uso corrente escrever: j’espère que vous ‹êtes› en bonne santé, enquanto o português utiliza um presente do conjuntivo: espero que ‹estejam› de boa (bem de) saúde.

2.4 Problema da tradução do sujeito focalizado Resta-nos ver o caso da focalização do sujeito que, em português, se faz sem a ajuda de clítico, ao passo que, em francês, a focalização exige o suporte dum clítico demonstrativo. Vejamos a frase: ‹É› Alexandre ‹que› lho oferece. O sujeito profundo de oferece é Alexandre. Esse sujeito é focalizado pelo focalizador é... que. Por um lado, o focalizador não comporta flexão do relativo, mantido na forma invariável que. E, por outro, a posição pré-verbal antes de é permanece vazia. Em contrapartida, em francês, esta posição tem que ser preenchida pelo demonstrativo ce, elidido em c’: ‹C’› est Alexandre ‹qui› le lui offre. Outra diferença é que o francês, que flexiona o pronome relativo, opõe o focalizador do sujeito c’est... qui ao focalizador do complemento c’est... que. Todos os tipos de complemento são focalizados por c’est... que, incluindo os circunstanciais, como, por exemplo: ‹C’› est dimanche ‹que› je pars. Deparamo-nos com muitos erros na tradução dos estudantes: não apenas o ‹c’› está, muitas vezes, ausente, mas o relativo qui é substituído por que, decalcado do português, e a sequência le lui aparece, frequentemente, invertida sob a forma lui le quando não é, pura e simplesmente, reduzida a lui. Um dos erros mais vulgares é então: *Est Alexandre que lui offre.

3. Em jeito de conclusão Deploramos que os exercícios estruturais tenham passado de moda, dado que, apesar do seu carácter um pouco rebarbativo, podem ajudar os alunos a aprender um certo número de oposições que apresentam, em francês, um carácter mecânico. Para além disso, também já o dissemos, uma insuficiente formação em gramática portuguesa faz-se sentir, intensamente, na aprendizagem das línguas estrangeiras e, nomeadamente, do francês. De acrescentar ainda que o declínio dos estudos clássicos é, em parte, responsável pelo recuo da análise gramatical. É evidente que um aluno não pode aprender a flexão latina se não fizer análise gramatical e análise lógica. E, por último, lamentavelmente, o gramático já não pode contar −salvo raras e honrosas excepções que só confirmam a regra− com todos os docentes de literatura para o ajudar nessa tarefa. De facto, eles poderiam colaborar no sentido de ensinar os alunos a fazer comentários de texto, apoiando-se numa análise gramatical, aliás

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indispensável para apreciar verdadeiramente o estilo dum autor e a habilidade com que ele gere, da forma mais livre, a ordem das palavras na frase. Pessoalmente, apelamos para uma maior convergência entre a abordagem literária e a abordagem gramatical dos textos. Apelamos também para que, por seu lado, a linguística deixe de ser um debate formal entre teorias opostas e se coloque, humilde mas eficazmente, ao serviço da aprendizagem das línguas maternas e estrangeiras. Entendemos, por isso, que a linguística contrastiva, que nunca se perde no teórico puro, mas trabalha a partir de factos de língua observáveis, teorizando, a pouco e pouco, a sua prática comparativa, presta um enorme contributo à aprendizagem das línguas. Pensamos que não seria mau voltar-se a uma espécie de filologia, moderna e enriquecida por tudo o que nos ensinou o funcionalismo de Praga, a gramática cognitiva, a pragmática, a gramática textual e, porque não, certas descobertas da gramática generativa e transformacional, que fornecem um esclarecimento interessante sobre fenómenos como a topicalização ou a focalização, sobre os quais a filologia tradicional pouco tinha a dizer. Tratar-se-ia duma filologia relativamente ecuménica, que iria beber um pouco em todo o lado e que entraria, obrigatoriamente, na formação dos literatos, sensibilizando-os para todo o trabalho que dissesse respeito à língua, operado por todos os grandes autores. Eis a razão por que escolhemos um escritor português que, apesar de ser um romancista actual e muito original, nem por isso deixa de ser perfeitamente respeitador da sintaxe da sua própria língua e cujas obras, desde a sua publicação, constituem já grandes clássicos, no sentido etimológico do termo, isto é, obras dignas de serem estudadas na classe, na classe de linguística portuguesa ou na classe de linguística contrastiva.

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Vahram Atayan / Alberto Gil / Ursula Wienen

Saarbrücker Übersetzungsbibliographie – un outil de recherche sur la traduction et l’interculturalité dans une perspective historique

1. Introduction Le but de la présente contribution est de discuter les possibilités de recherches historiques dans le champ de la théorie de la traduction mises à disposition par les outils informatiques et en particulier les applications possibles de la Saarbrücker Übersetzungsbibliographie (SÜB), une base de données des traductions des langues romanes vers l’allemand. Les voies de la communication entre les cultures romanophones et germanophones ont toujours été assez variées. Bien sûr, les contacts directs et la réception des textes originaux français, italiens ou espagnols en Allemagne ont joué ici un rôle essentiel. Mais les traductions ont constitué et constituent, elles aussi, un élément central dans cette communication. Elles sont pour cette raison un objet d’analyse d’une grande importance pour les recherches sur l’interculturalité, la linguistique et la traduction dans une perspective historique (ce qui a été signalé par plusieurs auteurs, dont Albrecht 1995; Enklaar / Ester 1995; Lüsebrink / Nohr / Reichardt 1997; Wurm 2008). Surtout les traductions des textes non-fictionnels, qui ont souvent garanti la transmission des acquis scientifiques et techniques, des idées philosophiques et religieuses mais aussi des informations de l’actualité en général entre les nations et cultures européennes devraient constituer le centre d’intérêt de ces disciplines.

2. Base de données 2.1 Objectifs La condition préalable à la réalisation de telles recherches est, évidemment, l’accès aux traductions en question, c’est-à-dire, la récolte et la classification thématique des traductions comme l’a constaté Lépinette (2003: 70). Les bibliographies existantes des traductions des langues romanes vers l’allemand mettent à disposition des données précieuses. Pourtant, les travaux des années 50 et 60 existent, pour des raisons évidentes, seulement sous forme imprimée, excluant la possibilité de conduire des recherches

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automatiques et des analyses statistiques (c’est le cas p.ex. de la bibliographie des traductions franco-allemandes de Fromm 1950-1953), d’autres, plus récents, se portent sur une période limitée (c’est le cas de la bibliographie très vaste et très bien structurée des traductions franco-allemandes de 1770-1815 de Lüsebrink / Nohr / Reichardt 1997) ou utilisent des descriptions thématiques et des mots-clés peu compatibles avec les classifications des grandes bibliothèques (comme dans la bibliographie des traductions italo-allemandes de Hausmann / Kapp 2005). En outre, les données recueillies ne sont pas toujours complètes, phénomène du reste peu surprenant. Ainsi, la bibliographie de Hausmann / Kapp indique à peu près 470 titres non-fictionnels jusqu’à 1800, tandis que la version actuelle de la SÜB en contient plus que le double. Les problèmes cités ne réduisent aucunement l’importance de ces œuvres bibliographiques, qui sont sans aucun doute d’une grande valeur scientifique et pratique. Par contre, ils confirment la nécessité de la collecte systématique de traductions romano-allemandes, qui est l’objectif de la SÜB. Dans le cadre de ce projet, financé par la Deutsche Forschungsgemeinschaft et réalisé en collaboration entre l’Université de la Sarre, l’Ibero-Amerikanisches Institut Preußischer Kulturbesitz, Berlin, et l’Universitäts- und Landesbibliothek Bonn, sont recueillies dans une base de données accessible en ligne (http://fr46.uni-saarland.de/sueb) les traductions monographiques non-fictionnelles du français, de l’italien, de l’espagnol et du portugais vers l’allemand publiées entre 1450 et 1912, contenues dans les bibliographies existantes ou identifiées sur la base des recherches systématiques à partir des données obtenues.

2.2 Structure de la base Les données bibliographiques de base –l’auteur, les titres originaux et traduits, le traducteur, l’année et le lieu de parution etc.– sont enrichies dans la base de données par les informations classificatoires et les mots-clés. La base de données prévoit aussi la possibilité d’effectuer dans le futur à partir de ces informations des recherches sur l’intégration intertextuelle des œuvres en question. Il s’agit ici de la conception suivante: un texte est produit toujours dans un champ textuel particulier constitué par les textes l’ayant précédé et relevant plus ou moins de la même thématique et du même genre discursif, qui l’influencent donc d’une manière ou d’une autre (Adamzik 2004: 46, 94; Gil / Wurm 2009; Wurm 2008). Une fois publiés, les textes –originaux ou traductions– commencent à influencer, à leur tour, les textes qui seront produits plus tard. Cette double relation intertextuelle –avec les textes précédents et suivants– représente une part des facteurs socio-culturaux conditionnant la traduction et les effets socio-culturels qu’elle produit (cf. à ce sujet entre autres Lépinette 2003). Le poids culturel au sens large des originaux, de la langue de départ (LD) et sa culture de même que l’influence des traductions sur la languecible (LC) et la culture-cible seraient donc identifiables, du moins en partie, au moyen d’une analyse de textes issus de la même thématique, qui ont précédé la publication de l’original ou suivi la parution de la traduction. C’est justement ici que les informations supplémentaires ajoutées aux données de base de la bibliographie devront être utilisées: dans la limite des possibilités techniques mises à disposition par certains moteurs de recherche bibliothécaire il est prévu pour chaque couple original-traduction la possibilité de l’analyse de son intégration intertextuelle (Ill. 1).

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Ill.1: Champs intertextuels dans le processus de traduction Le moteur de recherche de la SÜB devrait permettre d’effectuer, sur la base de la classification et des mots-clés, des recherches portant sur les textes en langue source précédant l’original ou sur les œuvres germanophones précédant ou suivant la traduction dans certaines grandes bibliothèques (Ill. 2., cf. aussi Atayan / Gil / Wurm 2007; Atayan 2009).

Ill.2: Structure de la SÜB

2.3 La distribution thématique des données A l’état actuel des travaux, sont enregistrées dans la base de données les informations sur plus de 5000 traductions, dont à peu près 70% avec l’original (env. 1600 originaux doivent encore être identifiés), parmi elles env. 1900 traductions de l’italien, 2500 traductions du français et presque 500 traductions de l’espagnol. Toutes les données ont été classifiées sur la base de la Dewey Decimal Classification. En outre, seront intégrées dans la base les données relevant des monographies non-fictionnelles contenues dans la bibliographie des traductions du français des années 1770-1815 de Lüsebrink / Reichardt (Lüsebrink / Nohr / Reichardt 1997). Quelles tendances peut-on observer en ce moment? La traduction se fait toujours en fonction d’intérêts liés au contexte historique et au rôle de la culture d’origine dans le

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champ en question. Par conséquent, il est à supposer que l’on trouvera une certaine corrélation entre les processus historiques et l’activité de traduction. Cette tendance sera illustrée ici par l’exemple des traductions du français et de l’italien pour les périodes, choisies, certes, d’une façon un peu arbitraire, de 1550 à 1700 et de 1701 à 1800, en faisant la distinction assez générique entre quatre champs: Histoire / Actualité politique / Géographie (H/A/G), Religion / Philosophie (R/P), Sciences humaines (SH) et Sciences / Technique (ST). H/A/G R/P SH ST Total1 1550-1700 363 (53%) 210 (31%) 49 (6%) 45 (7%) 686 1701-1800 364 (27%) 465 (34%) 175 (13%) 180 (13%) 1350 Tab. 1: Distribution thématique des traductions français → allemand Nous enregistrons d’abord une augmentation massive en ce qui concerne les traductions du français au cours du 18ème siècle, et cela sans prendre en considération les traductions parues dans les éditions périodiques, qui ont été selon Lüsebrink / Reichardt / Nohr (1997: 35) un vecteur de première importance des contacts entre la France et l’Allemagne dans la deuxième moitié du siècle. Il semble évident que cela est lié à l’influence politique et économique tout comme au poids de la science et de la philosophie françaises de cette période.

Ill. 3: Distribution thématique des traductions français → allemand En outre, deux champs –Histoire / Actualité politique / Géographie et Religion / Philosophie– restent dominants pendant plus de 200 ans (cela changera à la fin du 18ème et au 19ème siècle). Ce phénomène aussi semble facilement explicable dans le contexte historique: le premier champ est particulièrement pertinent aux 16ème et 17ème siècles à cause des guerres européennes, des conflits internes en France ainsi que des découvertes ––––––– 1

Les chiffres totaux dans les statistiques des traductions du français et de l’italien sont supérieurs à la somme des quatre catégories en question à cause de la présence de quelques groupes thématiques de moindre importance, qui ne seront pas discutés ici.

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géographiques, qui revêtent, elles aussi, une dimension politique. La diminution considérable de son poids relatif et des chiffres absolus au 18ème siècle est par contre liée à la relative stabilité interne en France, qui ne produit plus de grandes «nouvelles» politiques. Le champ de la religion et de la philosophie garde par contre son importance, due sans doute à l’actualité toujours persistante des conflits théologiques d’une part et, d’autre part au développement de la philosophie dans la même période de l’autre, tandis que les sciences, la technique et les sciences humaines enregistrent une très forte croissance. C’est ainsi qu’on arrivera après la Révolution française et dans les années napoléoniennes, avec une forte influence de la politique et la situation générale française à l’échelle européenne, à la distribution constatée par Lüsebrink / Reichardt / Nohr (1997: 40), qui ont révélé une parité approximative des trois champs –Sciences / Technique, Religion / Philosophie et Politique interne française– autour de 19-23% des monographies non-fictionnelles (12-15% du total des monographies traduites). Pour les traductions de l’italien, nous constatons les mêmes tendances en ce qui concerne la distribution et la redistribution thématique, mais dans le cadre d’une chute générale des chiffres absolus de traductions (sauf dans le champ des sciences et de la technique, dans lequel la croissance est pourtant plutôt modeste). H/A/G R/P SH ST Total 1550-1700 242 (34%) 255 (36%) 80 (11%) 69 (10%) 704 1701-1800 138 (25%) 200 (36%) 55 (10%) 98 (18%) 558 Tab. 2: Distribution thématique des traductions italien → allemand

Ill. 4: Distribution thématique des traductions italien → allemand Aux 16ème et 17ème siècles, les chiffres des traductions de l’italien atteignaient le niveau des traductions du français, ce qui est explicable par l’importance encore persistante de la production intellectuelle italienne au 16ème siècle, malgré la dominance politique française et espagnole, dans le champ de la religion, des sciences et de la culture, mais aussi par un

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certain poids politique maintenu par Venise, Gênes, l’Etat papal et le royaume de Savoie. Cette importance est toujours perceptible au 17ème siècle, surtout dans le champ de l’actualité politique et de la géographie, soutenu par les voyages et la présence politique de Vénitiens et des Génois à l’Orient. Et c’est ici qu’on constate la plus forte diminution du nombre de traductions au 18ème siècle. Pour résumer les tendances identifiées entre 1550 et 1800, nous constatons qu’il y a deux champs dominants – Histoire / Politique / Géographie et Religion / Philosophie et une très rapide augmentation dans le champ scientifique, ainsi qu’une corrélation générale entre le poids politique, économique et culturel d’une nation / langue et le nombre de traductions.

3. Applications concrètes Les données de la SÜB offrent au traductologue essentiellement trois perspectives de recherche: l’interprétation des données dans leur contexte historique et socio-culturel, comme suggère Lépinette 1997 et 2003 (3.1), l’interprétation des données dans le contexte textuel (3.2) et l’analyse linguistique de la traduction (cf. Gerstenberg 2006; Henschel 2005) (3.3). Ici, nous ne pourrons que tracer les grandes lignes de ces axes de recherche.

3.1 L’interprétation des données dans leur contexte historique et socio-culturel Dans certains cas, la bibliographie permet de retracer le développement d’un certain thème –comme les campagnes contre les Jésuites au 17ème siècle– et de mieux le situer dans son contexte historique et traductologique en identifiant, si possible, les auteurs des textes et les traducteurs – personnages extrêmement intéressants dans le processus de transculturation. C’est ici que jouent les facteurs suivants: le nombre de traductions différentes, les décalages de temps entre l’original et le ou les textes cibles (cf. Lépinette 2003: 74) ou l’interdiscours, à savoir, selon Amossy (2000: 97) «les opinions qui circulaient à l’époque telles qu’on peut les retrouver dans des documents». Ainsi, p. ex., la bibliographie nous montre toute une série de pamphlets contre les Jésuites, dont le fameux Anti-Cotton…ou la Coppie d’vne lettre escrite à Monseignevr Paulino…2, pamphlet de 1611, dans lequel on reproche aux Jésuites surtout le fait de s’approprier des biens d’autres ordres religieux. Systématisées et analysées, ces données sont susceptibles de fournir également des informations précieuses aux champs scientifiques liés au domaine de la traduction.

––––––– 2

Pour les titres complets des œuvres citées dans le texte, voir la base de données de la SÜB.

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3.2 L’interprétation des données dans le contexte textuel Une première question dans ce domaine serait celle des genres de textes: la bibliographie offre au lecteur une vue d’ensemble sur les dénominations des genres apparaissant dans les titres des textes (apologies, lettres, discours, édits, sermons, traités etc.), qui diffèrent souvent des dénominations des textes cibles, même dans les cas où un terme adéquat existe (ainsi, l’original cité sous 3.1 parle d’une Coppie d’vne lettre […], tandis que la traduction Von der Jesuiten Gewissen... opte pour Ein […] Discours […] in form eines Brieffs […]). Dans ce contexte, il faut souligner non seulement les différences possibles entre la terminologie historique et la terminologie actuelle des genres (cf. Gerstenberg 2006: 90) mais aussi l’originalité des additions et des omissions survenues lors de la traduction des titres, sujet ayant déjà fait l’objet d’une étude par Atayan (2009, cf. aussi Henschel 2005: 116). La bibliographie peut donc contribuer à retracer l’histoire d’un certain genre de texte dans les pays concernés et à en relever les caractéristiques, la structure, les particularités linguistiques ou les potentialités en ce qui concerne sa fonction communicative. Un autre champ de recherche est constitué par certaines interrogations qui concernent le côté textuel-intertextuel des textes cible, ainsi p. ex. la question de savoir s’il s’agit d’une vraie traduction ou bien plutôt d’une adaptation (cf. Schreiber 1993), pourquoi un texte de départ et sa traduction se trouvent dans le même document ou en quoi deux traductions se distinguent l’une de l’autre (si elles se distinguent). P. ex., si on compare les deux traductions (Von der Jesuiten Gewissen... et Glaubwuerdige Copey eines Schreibens…) du texte déjà cité (Coppie d’vne lettre), on constate qu’une très grande partie de la première traduction est profondément différente de la deuxième, bien que parfois le lecteur nourrisse déjà certains soupçons –cf. l’original de 1611: 5: […] que ces bons Peres receus parmy eus les chasseroient quelque iour […] et la traduction des verbes (receus / chasseroient): eynnisten / außbeissen (Von der Jesuiten Gewissen 1611: 91) et einnisten / außbeissen (Glaubwuerdige Copey 1611: 3)–, mais que la fin de ces deux traductions est presque tout à fait identique. Par ailleurs, étant donné que les textes font souvent référence à d’autres œuvres, il serait intéressant de comparer les titres de ces textes de référence avec les traductions indiquées dans le texte cible, et d’élargir ainsi, le cas échéant, la bibliographie.3 Quelquefois la référence à un autre texte se fait voir déjà dans le titre d’un ouvrage (Anti-Cotton…).

3.3 Analyse linguistique de la traduction Les problèmes que pose l’étude de textes anciens sont bien connus; nous aimerions relever seulement certains aspects qui nous ont paru intéressants dans ce contexte (plutôt historique) de la bibliographie et qui relèvent des différents niveaux de la langue.4 Dans le domaine du lexique, en tant qu’objet d’études morphologiques, sémasiologiques ou ––––––– 3

4

Exemple: «Examen general de l’Institution des Iesuites» (Coppie d’vne lettre: 9), «Examen gnug der Jesuiten Lehr und Leben» (Von der Jesuiten Gewissen: 94), «Durchgehend examen deß Jesuitischen stiffts und Ordens» (Glaubwuerdige Copey eines Schreibens: 7). Pour une description détaillée de ces aspects linguistiques, cf. l’étude de Gerstenberg (2006).

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onomasiologiques, ce sont surtout les aspects suivants qui s’avèrent intéressants pour le traductologue: le vocabulaire des langues spécialisées (cf. des traités comme Art du cirier, Art du perruquier etc.); l’utilisation et la propagation de désignations nouvelles dans l’original ainsi que dans la ou les traductions5, l’utilisation, la propagation et l’intégration dans la langue cible de mots étrangers, l’étude de mots-clés, mais aussi l’étude de connecteurs, l’étude de noms propres (cf. Henschel 2005: 22ff.), la graphie des mots etc. En syntaxe, on rencontre le problème de la complexité des phrases (surtout dans les textes allemands), les questions traductologiques liées à la syntaxe d’un genre de texte déterminé (cf. Gerstenberg 2006: 94ff.) ou bien la question de certaines structures spécialisées, p. ex. présentatives ou focalisantes. Seraient à souligner également les aspects argumentatifs voire rhétoriques du discours: les questions rhétoriques et leur traduction6, l’évocation d’émotions7 ou les métaphores. Ainsi, le texte de départ (Coppie d’vne lettre: 14) ne contient pas les deux métaphores évoquées dans sa traduction (Schaffskleider et Woelffs haar), qui accentuent la critique: Der abgelebte Ertzbischoff [...] hatte ein [...] gebawete Behausung zu Bruessel / welche den Jesuitern [...] wol gelegen / darumb [...] dieselbe von ihnen gar eyfferig begeret wuerde / haben demnach im anfang Schaffskleider uber angezogen / und den Ertzbischoff zur verkaeuflichen uberlassung bereden / wie aber ein solches bey jme nit stat finden wollen / die Woelffs haar wieder herfuer gethan und durch einen mit jhme Ertzbischoffen angefangenen Proceß jhn der Behausung verlustig […]. (Von der Jesuiten Gewissen: 99) (C’est nous qui soulignons)

Viennent ensuite les questions d’humour ou d’ironie comme dans l’exemple suivant: D’après ce texte, les Bénédictins ont accueilli les Jésuites, ceux-ci, en récompense les persécutent. La présentation de ce petit épisode se termine en: «Voila des hostes charitables» (Coppie d’vne lettre: 9). La traduction allemande montre un cas d’expansion structurelle de cette phrase ironique: «Und hat man hiebey ein schoen Exempel danckbarer Gaeste zumercken» (Von der Jesuiten Gewissen: 94). Un dernier point que nous aimerions mentionner est le redoublement lexical, c’est-à-dire de substantifs ou adjectifs, dans le texte cible. Il y a plusieurs raisons à cela (cf. Henschel 2005: 119, 133), soit p. ex. qu’il s’agisse, dans la langue cible, d’une formule typique pour ce genre de texte;8 soit qu’il s’agisse de l’explication d’un mot étranger, un cas qui est assez fréquent dans les textes (cf. Henschel 2005: 117-118).

––––––– 5

6 7

8

Exemple: «la religion, quilz disent reformee» (Edict dv Roy svr la pacification des troubles 1570: §5); «jrer Religion / die sie Reformatiue nennen» (Friedßhandlung in Franckreich: §5). Exemple: cf. Coppie d’vne lettre: 12; Von der Jesuiten Gewissen: 97; Glaubwuerdige Copey: 9-10. Exemple: «Ie ne peus raconter sans larmes […]» (Coppie d’vne lettre: 22); «Ohne weinen kan ich […] nicht erzehlen […]» (Von der Jesuiten Gewissen: 106); «So kan ich auch nicht ohne hertzliches bedauern erzehlen […]» (Glaubwuerdige Copey: 19). Exemple: «S Ç A V O I R faisons, Que […]» (Edict…: 1); «[…] So thun wir kund und zuwissen /dz/ […]» (Friedßhandlung…: 1).

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4. Conclusions Grâce à sa collecte de données, la bibliographie permet en général le repérage de nouvelles questions scientifiques en matière de traductologie et la mise sur pied facile de corpus de recherche en traduction suivant un thème précis, un mot-clé, un auteur ou traducteur etc. Les données collectées confirment l’influence des processus historiques et du développement social et scientifique sur la traduction. Par les liens intertextuels établis, la bibliographie contribue donc à l’explication de causes et effets thématiques historiques en matière de traductologie.

Bibliographie Adamzik, Kirsten (2004): Textlinguistik. Eine einführende Darstellung. Tübingen: Niemeyer. Albrecht, Jörn (1995): Der Einfluß der frühen Übersetzertätigkeit auf die Herausbildung der romanischen Literatursprachen. In: Schmitt, Christian / Schweickard, Wolfgang (edd.): Die romanischen Sprachen im Vergleich. Akten der gleichnamigen Sektion des Potsdamer Romanistentages (27.-30.09.1993). Bonn: Romanistischer Verlag, 1-37. Amossy, Ruth (2000): L’argumentation dans le discours. Paris: Nathan. Atayan, Vahram (2009): Elektronische Übersetzungsbibliographien als translationswissenschaftliches Werkzeug. In: Gil, Alberto / Schmeling, Manfred (edd.): Kultur übersetzen: Zur Wissenschaft des Übersetzens im deutsch-französischen Dialog. Berlin: Akademie Verlag, 167180. – / Gil, Alberto / Wurm, Andrea (2007): Saarbrücker Übersetzungsbibliographie. In: Gil, Alberto / Wienen, Ursula (edd.): Multiperspektivische Fragestellungen der Translation in der Romania. Hommage an Wolfram Wilss zu seinem 80. Geburtstag. Frankfurt: Lang, 191-205. Enklaar, Jattie / Ester, Hans (edd.) (1995): Wechseltausch. Amsterdam: Rodopi. Fromm, Hans (1950-1953): Bibliographie deutscher Übersetzungen aus dem Französischen 17001948 (6 voll.). Baden-Baden: Verlag für Kunst und Wissenschaft. Gerstenberg, Annette (2006): Fortsetzung der Politik mit anderen Mitteln: Verteidigungsschriften für Henri II (1551-1552). Gattung, Sprache(n) und kommunikative Aspekte. In: Dahmen, Wolfgang et al. (edd.): Historische Pressesprache. Romanistisches Kolloquium XIX. Tübingen: Narr, 79-112. Gil, Alberto / Wurm, Andrea (2009): Die Bedeutung der romanischen Sprachen im Spiegel ihrer Übersetzungen: Übersetzungen aus dem Spanischen. In: Ernst, Gerhard / Gleßgen, MartinDietrich / Schmitt, Christian / Schweickard, Wolfgang (edd.): Romanische Sprachgeschichte. Ein internationales Handbuch zur Geschichte der romanischen Sprachen und ihrer Erforschung (HSK = Handbücher zur Sprach- und Kommunikationswissenschaft). Berlin / New York: de Gruyter, 3391-3401. Hausmann, Frank-Rutger / Kapp, Volker (2005): Bibliographie der deutschen Übersetzungen aus dem Italienischen (2 voll.). [CD-Rom]. Tübingen: Niemeyer. Henschel, Christine (2005): Italienische und französische Reiseberichte des 16. Jahrhunderts und ihre Übersetzungen. Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft. Lépinette, Brigitte (1997): La historia de la traducción – Metodología. Apuntes bibliográficos. In: LynX Documentos de Trabajo. Vol. 14/1997, 24p. – (2003): Traduction et histoire. In: Lépinette, Brigitte / Melero, Antonio (edd.): Historia de la

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Vahram Atayan / Mónika Kusztor

Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione nella teoria della traduzione

1. Introduzione È opinione diffusa nella translatologia che i testi tradotti siano spesso più espliciti rispetto ai testi di partenza, che cioè verbalizzino nella lingua d’arrivo informazioni presenti solo implicitamente nella lingua di partenza. Secondo questa «ipotesi dell’esplicitazione» (termine introdotto da Blum-Kulka 1986) la traduzione, in sostanza, come ha formulato Weissbrod (1992: 153), «turns the implicit (in the source-text) into the explicit (in the translation)». Molti studi degli ultimi decenni sembrano partire da questa idea, e considerano in certi casi l’esplicitazione come un tratto generale dei testi tradotti (cf. Baker 1996), oppure cercano di precisare la descrizione del fenomeno in questione tramite analisi esemplari o basandosi su metodi statistici a partire da corpora di testi tradotti (siano qui citati solo alcuni studi significativi: Englund Dimitrova 2005; Klaudy 1993; 1998; 1999; Olohan / Baker 2000; Pápai 2001; Séguinot 1988; Shlesinger 1991; Steiner 2005; Whittaker 2004). Nel presente contributo analizzeremo la compatibilità di certe posizioni in questo campo con la definizione generale sopra citata e precisare poi alcuni dei concetti impiegati, in particolare quelli di esplicito e implicito, applicando l’idea di base anche, e soprattutto, alle componenti non referenziali del significato di enunciati linguistici – cercheremo cioè di esplicitare che cosa a nostro avviso l’esplicitazione non è, per poi fare qualche esempio di quello che noi intendiamo per esplicitazione (cf. Kusztor / Atayan 2003).

2. Esplicitazione a livello del sistema linguistico Nella ricerca sull’esplicitazione viene spesso presupposta una correlazione diretta tra il numero degli elementi linguistici e un grado elevato di esplicitezza. Si parla in particolare dell’esplicitazione obbligatoria dovuta alla mancanza vs. presenza di certe categorie grammaticali a livello della langue (Klaudy 1999: 9-11). Ora, è senz’altro vero, come afferma Klaudy, che nella traduzione dal russo in una lingua che possiede l’articolo definito questo deve obbligatoriamente venir ‹aggiunto›, come è anche vero che certe differenze nella struttura lessicale possono rendere obbligatoria una scelta semanticamente più ricca

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Vahram Atayan / Mónika Kusztor

nella traduzione (ne è un esempio il lessico di parentela). Tuttavia queste differenze sistematiche possono essere responsabili dell’impressione intuitiva di esplicitazione solo se prendiamo in considerazione degli enunciati costruiti e isolati. Ma, come ha constatato già Jakobson (1959: 236), più il contesto è ricco più è in grado di compensare tale effetto. Se consideriamo il lessema fratello in una traduzione in ungherese possiamo constatare che non esiste nel lessico di base di questa lingua un corrispondente allo stesso livello di specificità: l’ungherese dispone infatti di due lessemi diversi per indicare il fratello maggiore o rispettivamente quello minore, cioè öcs e báty. In una situazione comunicativa concreta però, se è chiaro co- e contestualmente di chi si tratta e tale informazione risulta rilevante e saliente nel discorso attuale, essa può venir verbalizzata nella traduzione tramite l’elemento lessicale appropriato. Oppure essa non è rilevante dal punto di vista pragmaticocomunicativo, o per dirlo nella terminologia di Sperber / Wilson (1986; cf. anche Pym 2005: 39) non crea effetti contestuali, come p.e. nel seguente dialogo: «– Perché non hai ancora consegnato il tuo contributo? – Mio fratello era malato». Per il valore comunicativo di giustificazione è sufficiente il tratto semantico generico (parente vicino) e perciò l’‹esplicitazione› referenziale –fratello grande / piccolo– non crea ulteriori effetti semantici o pragmatici.

3. Esplicitazione e strumenti statistici Negli ultimi anni sono stati intrapresi diversi tentativi di applicare i metodi della linguistica dei corpora all’analisi dell’esplicitazione. L’idea centrale di tali approcci, è, come propone Steiner (2005: 11), di effettuare il passaggio dal livello complesso e astratto, in cui viene definita l’esplicitazione, alle low-level data della superficie linguistica. Il fenomeno stesso viene definito in un modo relativamente generico: We assume «explicitation» if in a translation [...] meanings (not only ideational, but including interpersonal and textual) are realized in the more explicit variant which are not realized in the less explicit variant, but which are in some theoretically-motivated sense implicit in the latter.

Per realizzare questo passaggio vengono tra l’altro presi in considerazione i parametri Explicitness lessicogrammaticale, Directness e Density, messi in correlazione con elementi linguistici quantificabili e analizzabili statisticamente, quali la percentuale di content words, la proporzione tra nomi, verbi, avverbi e aggettivi, il numero di parole per frase, la relazione tra forme finite e infinite del verbo ecc. Ora, anche se, come dimostrano i singoli esempi illustrativi, possono esservi co-occorrenze tra l’esplicitazione intesa secondo la definizione sopra citata e le differenze nei parametri utilizzati per l’analisi quantitativa, il presupposto che queste co-occorrenze siano sistematicamente obbligatorie, o almeno statisticamente rilevanti al punto da permettere la constatazione di una subnorma, non è evidente per i seguenti motivi: la definizione di base parte da un concetto chiaramente semantico, meaning, che in sé rende necessarie un’analisi e un’interpretazione semanticopragmatica concreta dei testi in questione. Nell’analisi puramente statistica però ciò non è possibile senza un’annotazione semantica concreta e molto ricca di ogni singolo enunciato.

Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione

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Prendere in considerazione quale punto di partenza una scelta più o meno vasta di fenomeni lessicogrammaticali analizzati senza un’interpretazione concreta può, perciò, al massimo rendere conto di certi tratti semantici presenti in un testo e assenti nell’altro –p.e. informazione di natura temporale nella forma finita del verbo assente nella forma infinita– senza tuttavia poter garantire che questi tratti facciano effettivamente parte del senso compreso dall’interlocutore o dal lettore, cioè che siano salienti. Se il concetto di esplicitazione deve essere uno strumento di analisi destinato a rendere conto dell’impressione intuitiva e preteorica secondo la quale i testi tradotti sono in qualche modo più espliciti, informativi ecc., un approccio statistico di questo tipo sembra poco adatto. Una scelta limitata di tratti semantici identificabili a livello lessico-grammaticale come indicatori di esplicitazione crea però anche un’altra difficoltà. Infatti, i diversi livelli e tipi di informazione comunicata (semantica, pragmatica, argomentativa ecc.) possono manifestare diversi gradi di salienza nella comunicazione e di esplicitazione nella traduzione, e devono ovviamente essere considerati in funzione della loro relativa importanza nel discorso. Il concetto di esplicitazione dovrebbe perciò essere applicato a elementi e strati concreti del senso di uno o più enunciati rilevanti nel cotesto e nel contesto, attuali dal punto di vista pragmatico-comunicativo, passando cioè per un’interpretazione.

4. Il concetto interpretativo di esplicitazione 4.1 Una proposta di definizione Per definire l’esplicitazione si partirà dunque da una situazione comunicativa concreta con un co- e contesto particolari e due espressioni linguistiche E1 e E2 possibili in tale situazione. Considereremo E2 più esplicita di E1 se 1. per certi elementi del senso semantico-pragmatico e/o testuale salienti nella situazione data, un’interpretazione identica (I1) di tutte e due è quella più probabile e plausibile, 2. inoltre, per gli stessi elementi esiste per E1 una possibilità alternativa non del tutto impossibile o improbabile di interpretazione (I2), legata a I1 a livello semantico o pragmatico, 3. e infine la probabilità dell’interpretazione I1 è maggiore per E2 rispetto a E1. E1 sarebbe più implicita o potenzialmente ambigua di E2 per gli elementi del senso in questione. Gli atti linguistici indiretti più o meno convenzionali sarebbero, secondo questa definizione, una versione più implicita dell’atto diretto corrispondente, dato che l’interpretazione più probabile di «Potresti andare a comprarmi il giornale?» è identica a quella di «Vai a comprarmi il giornale», e dato che esiste almeno in teoria un’interpretazione alternativa del primo enunciato – si può rispondere, anche se non troppo seriamente, «Sì, ma non lo faccio» alla prima domanda e non alla seconda. In più considereremo come esplicitazione anche i casi in cui l’interpretazione alternativa di E1 risulta improbabile o esclusa, ma solo dopo un trattamento inferenziale relativamente

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complesso rispetto a E2: si tratterebbe qui dunque, nella terminologia della teoria della pertinenza, degli stessi effetti contestuali ottenuti però, nel caso della versione più esplicita, con minori sforzi interpretativi.

4.2 Esempi di esplicitazione a livello interpretativo Illustreremo ora questi tipi di esplicitazione tramite alcuni esempi autentici tratti per lo più dal mensile francese Le monde diplomatique (LMD) e discuteremo in particolare alcuni casi di esplicitazione o implicitazione della componente argomentativa del senso. 1a. Mais, d’autre part, Tesi (T) M. Chávez n’a cessé de provoquer des divisions au sein de ses alliés. Argomento1 (A1) Ses compagnons d’armes lors du putsch de février 1992 [...] ont considéré que le MVR ne leur laissait aucune place dans la nouvelle donne politique. A2 Plus tard, pendant les campagnes électorales, le parti de gauche Patria para todos (PPT) a été implicitement poussé à quitter la coalition du Pôle patriotique. (LMD, 11.2000, Hégémonie politique dans le respect de démocratie, Pablo Aiquel) 1b. T Auf der anderen Seite provoziert Hugo Chávez unaufhörlich Differenzen mit seinen Verbündeten. A1 Seine Putschgefährten vom Februar 1992 [...] finden, dass die MVR ihnen in der neuen politischen Realität keinen Spielraum lässt. A2 Während der Wahlkampagne wurde die Linkspartei Patria para todos (PPT) stillschweigend aus der Koaliton des «Patriotischen Pols» hinausgedrängt. (Was meint Hugo Chávez mit Bolivarismus? dt. Andrea Mahrenzeller) 1c. Ma, da un altro lato, T Chávez non ha mai smesso di fomentare divisioni tra i suoi alleati. A1 Francisco Arias, Yoel Acosta e Jesús Urdaneta, suoi alleati durante il golpe del febbraio 1992, hanno ritenuto che il Mvr non lasciasse loro alcuno spazio nel nuovo assetto politico. A2 Così come, più tardi, durante le campagne elettorali, il partito di sinistra Patria para todos (Ppt) è stato implicitamente spinto a lasciare la coalizione del Polo patriottico. (Egemonia politica e rispetto della democrazia, Traduzione di G.P.)

Nel primo esempio si tratta di un’argomentazione coordinata (cf. Atayan 2006: 207-209; Lo Cascio 1991: 128) nella quale la tesi –Chavez provoca divisioni nel suo proprio campo– viene illustrata con due esempi concreti. Tra questi esempi sussiste, a livello testuale, oltre a una certa equivalenza argomentativa, anche una relazione temporale, marcata esplicitamente nell’originale francese da plus tard, la quale ovviamente può, nel contesto attuale di esemplificazione, rendere accessibile anche l’interpretazione argomentativa con due argomenti paralleli. Nella versione italiana la relazione argomentativa è segnalata in un modo più esplicito da così come, un marcatore di equivalenza funzionale a livello testuale, che, nel contesto argomentativo, facilita ovviamente l’accesso all’interpretazione di due argomenti coordinati (cf. Atayan 2006: 281-289). L’interpretazione, in teoria forse possibile per il testo francese, di una relazione puramente temporale-narrativa sembra esclusa o almeno alquanto improbabile nella traduzione; la versione italiana corrisponde cioè alla nostra definizione di esplicitazione nei confronti di un elemento di senso argomentativo. Se invece prendiamo in considerazione la versione tedesca, in cui il marcatore temporale è stato eliminato, possiamo innanzitutto constatare che

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l’interpretazione temporale rimane ancora quella più probabile, visto che, in base al principio di iconicità, la sequenza lineare di enunciati viene interpretata tipicamente come una sequenza temporale degli eventi ad essa corrispondenti. Cioè l’interpretazione identica della localizzazione temporale sembra quella più probabile per le versioni francese e tedesca. Visto però che un’interpretazione alternativa in cui A2 sia una spiegazione di A1 non è del tutto esclusa, si tratterebbe nella versione tedesca di un’implicitazione dell’elemento temporale del senso (cf. anche Pym 2005: 35-36). L’esempio 2 illustra l’esplicitazione legata alla riduzione dello sforzo interpretativo. 2a. Bundeskanzler Schröder hat [...] zur Bekämpfung des Rechtsextremismus den «Dreiklang» Repression / Jugendausbildung / Aufmunterung zur Zivilcourage angeschlagen. In der öffentlichen Diskussion lag danach das Schwergewicht eindeutig auf dem Grundton Repression, respektive NPD-Verbot. T Gegen einen Verbotsantrag beim Bundesverfassungsgericht sprechen vor allem pragmatische Gründe. A1 Ein Verbot würde nur dazu führen, dass der Rechtsradikalismus sich ein neues legales Gewand überzieht. A2 Und die bisher kontrollier- und infiltrierbaren Rechtsgruppen könnten in den Untergrund abtauchen. (LMD, 10.2000, Rechte Gewalt und Fremdenhass im neuen Deutschland, Christian Semler) 2b. [L]e chancelier Gerhard Schröder proclama sa volonté de se battre sur un triple terrain: répression, formation professionnelle des jeunes, encouragement du courage citoyen. Mais le débat public qui s’ensuivit mit surtout l’accent sur la répression, notamment l’interdiction du NPD. T Pourtant, le Conseil constitutionnel hésite à prendre une telle décision, pour des raisons pragmatiques. A1 En effet, non seulement l’ex-NPD pourrait se reconstruire rapidement une façade légale, A2 mais son interdiction risquerait de faire plonger dans la clandestinité des groupes jusque-là contrôlables et infiltrables. (Derrière les violences xénophobes de l’été)

Nell’originale tedesco vengono presentati due argomenti coordinati contro un’eventuale domanda di vietare la NPD. Il marcatore und segnala questa relazione argomentativa. Nella versione francese (che contiene anche un errore di senso) tale relazione è annunciata già in A1 (non seulement), di modo che l’enunciato viene direttamente interpretato come primo elemento della serie, e il lettore non è più costretto a produrre e rifiutare altre ipotesi. Si tratta perciò qui di una riduzione dello sforzo inferenziale.

5. Esplicitazione e implicitazione delle funzioni argomentative Gli esempi che seguono illustrano i casi di esplicitazione o implicitazione legati a elementi argomentativi quali argomento, controargomentazione, rinforzo argomentativo e inversione argomentativa (cf. Atayan 2006: 360-375; 2007: 65-66; Lo Cascio 1991: 189190). Nell’esempio 3, tratto da un testo sulla richiesta, presentata da Israele ai paesi arabi, di risarcire i danni degli immigrati ebrei considerati in Israele come profughi, l’argomento A1 viene giustificato tramite un esempio concreto argomentativamente subordinato, il caso di

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Shlomo Hillel (A11). Nella versione tedesca l’esemplificazione, facilmente interpretabile come tale anche nell’originale, viene segnalata con so, diventando così una realizzazione più esplicita della funzione argomento. 3a. T CE serait une tâche difficile, A1 car les juifs des pays arabes ont émigré avec un encouragement marqué et une aide massive de l’Etat d’Israël. A11 M. Shlomo Hillel, ancien ministre travailliste et président de la Knesset [...], originaire d’Irak, a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’était nullement un réfugié, mais un immigrant sioniste. (LMD, 09.2000, De «dernière chance» en «dernière chance», Amnon Kapeliouk) 3b. T Das dürfte schwierig sein, A1 denn Israel hat damals die Auswanderung der Juden aus den arabischen Staaten unterstützt. A11 So hat der Labour-Politiker Schlomo Hillel, der aus dem Irak stammt, wiederholt betont, er sei ein zionistischer Einwanderer – also kein Flüchtling. (Arafat und Barak in der Sackgasse von Camp David, dt. Edgar Peinelt)

Nell’esempio 4, che corrisponde alla prima parte dell’esempio 2 discusso in precedenza, il testo originale è interpretabile come una relazione controargomentativa diretta (cioè un’aspettativa non realizzata, cf. Anscombre 2002) o un contrasto tra le dichiarazioni di Schröder e il dibattito pubblico. Mentre nel testo originale rimane comunque possibile, anche se improbabile, l’interpretazione puramente narrativa –dichiarazioni di Schröder come primo evento, dibattito pubblico come secondo– nella traduzione solo l’interpretazione controargomentativa diretta segnalata tramite mais sembra probabile, di modo che anche qui possiamo constatare un caso di esplicitazione della funzione di controargomentazione diretta. 4a. Bundeskanzler Schröder hat [...] den «Dreiklang» Repression / Jugendausbildung / Aufmunterung zur Zivilcourage angeschlagen. Controarg. dir. (CAD) In der öffentlichen Diskussion lag danach das Schwergewicht eindeutig auf dem Grundton Repression, respektive NPD-Verbot. (LMD, 10.2000, Rechte Gewalt und Fremdenhass im neuen Deutschland, Christian Semler) 4b. [L]e chancelier Gerhard Schröder proclama sa volonté de se battre sur un triple terrain: répression, formation professionnelle des jeunes, encouragement du courage citoyen. CAD Mais le débat public qui s’ensuivit mit surtout l’accent sur la répression, notamment l’interdiction du NPD. (Derrière les violences xénophobes de l’été)

Nell’esempio 5, dopo una lunga serie di argomenti che esemplificano la tesi precedentemente esposta, viene indicata una specie di ‹circostanza aggravante› («Et le monde entier regardait»). Nonostante l’interesse del mondo intero gli attori politici statunitensi hanno agito, secondo gli autori, in un modo poco degno di un paese democratico. La verbalizzazione di tali elementi contra-implicanti, che avrebbero dovuto di per sé rendere improbabile una situazione, che però malgrado tutto si è verificata, è un tipico mezzo di presentare tale stato di cose come un argomento particolarmente forte. Nella versione tedesca troviamo aggiunto un frequente marcatore di questa funzione argomentativa di rinforzo, und dies (alles) (cf. Atayan 2006: 381-403), la quale può perciò venire identificata più facilmente. L’esempio potrebbe dunque essere considerato come un caso di esplicitazione.

Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione

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5a. Car soudain on «découvre». Un suffrage où «chaque voix compte», une élection nationale, le choix sacré de l’électeur? T Non. A1 Un scrutin foncièrement inégalitaire; A2 la souveraineté de chaque Etat, qui décide qui participe au vote, [...] un sénateur élu vingt-deux jours après son décès et remplacé par sa veuve. Rinforzo (R) Et le monde entier regardait. (LMD, 12.2000, La présidence affaiblie. Démocratie à l‘américaine, Serge Halimi, Loïc Wacquant) 5b. Und dann kann man plötzlich interessante Entdeckungen machen. Ist dies wirklich eine Wahl, in der «jede Stimme zählt»? Die Entscheidung einer Nation? Der unantastbare Beschluss des Wählers? T Mitnichten. A1 Wir entdecken ein durch und durch inegalitäres Wahlverfahren. A2 Wir entdecken, dass jeder Bundesstaat für sich darüber entscheiden kann, wer an der Wahl teilnehmen darf, [...] einen Senator, der drei Wochen nach seinem Hinscheiden gewählt wird und dessen Sitz seine Witwe übernehmen darf. R Und dies alles unter den Augen der ganzen Welt. (Wahlen in den USA. Demokratie in Amerika, dt. Bodo Schulze)

Nell’esempio 6 l’autore presenta un controargomento contro l’opinione secondo cui Ralf Nader sarebbe il responsabile della sconfitta di Gore citando le elezioni del congresso del 1994. Nell’originale il frequente segnale di rinforzo argomentativo et ce (Atayan l.c.) introduce un’informazione sulla durata della situazione precedente, in cui i democratici controllavano almeno una camera del parlamento, il che avrebbe dovuto in sé rendere meno probabile un cambiamento. Nelle traduzioni viene ripresa la stessa informazione che può ovviamente essere interpretata nello stesso senso argomentativo, ma viene eliminato il marcatore, creando l’effetto di implicitazione. 6a. La défaite de M. Gore sera reprochée au candidat des Verts. [...] Pourtant, en 1994, ce sont MM. Clinton et Gore qui, à force de démobiliser les électeurs démocrates, ont offert le contrôle du Congrès aux républicains. R Et ce pour la première fois depuis quarante ans. (LMD, 12.2000, La présidence affaiblie, Serge Halimi, Loïc Wacquant) 6b. La sconfitta di Gore sarà rinfacciata al candidato dei Verdi. [...] Eppure, nel 1994, sono stati R proprio Clinton e Gore che, a forza di demotivare gli elettori democratici, hanno regalato ai repubblicani, R per la prima volta da quarant’anni, il controllo del Congresso. (La presidenza più debole, Traduzione di P.M.)

Nell’esempio 7 viene realizzata infine un’esplicitazione dell’inversione argomentativa. 7a. T [Gli americani, gli inglesi e i francesi] il nazismo lo hanno lasciato espandersi per alcuni anni. A Gli Stati Uniti sono intervenuti dopo essere stati attaccati dai Giapponesi a Pearl Harbor e tra l’altro rischiamo di dimenticarci che sono state Germania e Italia, dopo il Giappone, a dichiarare guerra agli Stati Uniti e non viceversa [...]. (La Repubblica, 31.5.2003, Amare l’America e marciare per la pace, Umberto Eco) 7b. T Den deutschen Nazismus ließen sie [die Amerikaner, die Engländer und die Franzosen] einige Jahre ungestört sich ausbreiten. A Erst als sie von den Japanern in Pearl Harbor angegriffen worden waren, haben die USA eingegriffen. Übrigens vergessen wir leicht, dass es

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nach Japan Deutschland und Italien waren, die den Vereinigten Staaten den Krieg erklärt haben, nicht umgekehrt. (Vom Recht auf Widerspruch, Deutsch von Henning Klüver)

In questo testo di Umberto Eco la tesi secondo la quale i paesi occidentali hanno reagito troppo tardi nei confronti del pericolo nazista viene giustificata tramite l’esempio dell’intervento degli Stati Uniti nella seconda guerra mondiale, avvenuto solo dopo Pearl Harbor. Ovviamente, il fatto di intervenire in sé non può essere un argomento che prova l’esitazione. L’orientazione argomentativa di «sono intervenuti» deve perciò essere invertita (cf. Ducrot 1995). Questo viene effettuato tramite l’indicazione temporale nell’enunciato e un meccanismo discorsivo del tipo: dopo X può implicare solo tardi. Tardi implica però in generale un fatto argomentativamente debole, un non-argomento (per questo motivo l’uso del marcatore controargomentativo ma è possibile in «Sono intervenuti ma tardi», ma sembra escluso al di fuori dei contesti molto particolari in ??«Sono intervenuti ma presto/subito»). Inoltre, una posteriorità temporale implica iconicamente anche una relazione causale – gli Stati Uniti sono intervenuti non solo dopo ma anche a causa di Pearl Harbor. E qui viene attivato il meccanismo complementare a quello discusso nell’esempio 5 – un fatto di cui si conosce la causa di solito non è un argomento forte: «Sono intervenuti, ma solo perché sono stati aggrediti» (cf. Atayan 2006: 344-360). L’elemento temporale-argomentativo segnalato da dopo viene esplicitato nella traduzione tedesca con il marcatore erst, un tipico invertore argomentativo, dando luogo all’esplicitazione di questa funzione.

6. Conclusione In questo contributo abbiamo tentato di definire un concetto di esplicitazione e implicitazione, che da un lato sia in grado di render conto dell’intuizione secondo cui i testi tradotti sono più espliciti e esprimono di più rispetto all’originale, e che dall’altro non prenda in considerazione indistintamente tutti gli elementi di senso possibili o realizzabili in modo più o meno univoco alla superficie linguistica –fatto che sembra quasi inevitabile nell’analisi puramente statistica– ma esclusivamente quelli che manifestano la maggiore importanza comunicativa o (nella terminologia cognitivista della teoria della pertinenza) producono più effetti contestuali. Le conseguenze più rilevanti di tale approccio sono, a livello di analisi, sia una chiara preferenza per l’interpretazione concreta nel contesto particolare, che limita –finché non esistono i corpora annotati a un livello semanticopragmatico assai astratto– l’applicazione dei metodi statistici, sia la necessità di prendere in considerazione diversi livelli e elementi del senso linguistico attualizzati nel contesto e nella situazione data. È stato illustrato anche l’ultimo fattore tramite esempi che rappresentano i processi di esplicitazione e implicitazione degli elementi argomentativi di tipo diverso. Naturalmente resta ancora da fare l’analisi precisa delle dipendenze e delle correlazioni tra l’esplicitazione semantico-referenziale, pragmatica, testuale e argomentativa. Il fatto che la maggior parte degli esempi che abbiamo presentato riguardi casi di esplicitazione o di implicitazione legati ai marcatori discorsivi –come si è visto già nel lavoro di Blum-Kulka (1986)– è ovviamente legato anche alla scelta del campo

Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione

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argomentativo. Ciò che distingue il presente approccio è però, a nostro avviso, il tentativo di prendere in considerazione diverse dimensioni semantico-pragmatiche e di definire l’esplicitazione nell’ottica del soggetto interpretante. Non possiamo ovviamente –visto il quadro limitato di questa comunicazione– constatare una netta tendenza o confermare l’ipotesi dell’esplicitazione, visto che per la maggior parte degli elementi argomentativi analizzati abbiamo trovato esempi sia di esplicitazione che di implicitazione. Possiamo dire però in ogni caso che i concetti, le teorie e i modelli semantico-pragmatici della Textlinguistik e della teoria dell’argomentazione sembrano promettenti per lo studio dei fenomeni di esplicitazione e/o implicitazione.

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Vahram Atayan / Mónika Kusztor

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Anders Bengtsson

La proposition participiale à travers deux traductions du XVe siècle

1. Introduction Dans une étude précédente, présentée à Poitiers en 20061, nous avions tenté de faire un survol de la traduction de l’ablatif absolu latin dans quelques traductions du XIVe siècle. Deux constatations serviront de prolégomènes à la présente communication. Il s’avère premièrement que, par rapport à l’original latin, la traduction par Jean de Vignay de l’Epitoma rei militaris de Végèce est plus remarquable que la traduction anonyme de 1380 et que celle de Jean de Meun de 1284, puisqu’elle conserve le plus souvent les ablatifs absolus tels quels. Cela n’arrive jamais chez Jean de Meun, ce qui est peut-être compréhensible, vu qu’il appartient à l’époque de l’ancien français. Force est de constater que la traduction anonyme n’est pas si littérale qu’on pourrait le supposer, car notamment le second livre est littéral d’après l’éditrice.2 En ce qui concerne la Vie de sainte Geneviève en prose, traduction exécutée dans le dernier tiers du XIVe siècle, les différentes manières de traduire l’ablatif absolu n’ont rien d’anormal. Enfin, le Miroir historial de Jean de Noyal conserve un certain nombre d’ablatifs absolus en les transposant en propositions participiales, souvent en combinaison avec une construction relative de transition. La prose historique latine, en présentant des événements qui se succèdent et s’enchaînent, use abondamment des ablatifs absolus, ce qui pourrait expliquer la haute fréquence de propositions participiales détachées dans le texte vernaculaire. Toujours est-il que la méthode employée le plus couramment dans ce texte est la résolution des absolus ablatifs en propositions principales, souvent coordonnées. Deuxièmement, nous avions noté la présence de la locution figée voiant tous dans la Vie de sainte Geneviève, de toute évidence une proposition participiale à l’origine, un accusatif absolu en l’occurrence. Ce qui est remarquable, c’est qu’elle est attestée surtout dans l’hagiographie et qu’elle semble tout à fait insolite dans les autres œuvres. L’accord avec le syntagme nominal est propre au moyen français, ce qui indique peut-être qu’on le considère à présent comme une proposition participiale à part entière. Ainsi, les descendances de l’accusatif absolu et de l’ablatif absolu se sont mélangées en Moyen français au point d’être considérées comme étant la même construction. Qu’en est-il donc dans les textes du XVe siècle? Précisons d’emblée que cette étude est axée sur deux traductions de Jean Miélot, le Miroir de l’humaine salvation et les Vie et ––––––– 1 2

Bengtsson 2007. Merisalo dans Le livre de l’art de chevalerie de Vegesce (1989: 12).

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Anders Bengtsson

miracles de saint Josse. Ecclésiastique, copiste et traducteur, Miélot fut d’abord au service de Philippe le Bon, ensuite chanoine à Lille avant d’enfin entrer au service de Louis de Luxembourg. Spécialisé dans les œuvres hagiographiques, il traduisit notamment le Miroir de l’humaine salvation, les Miracles de Nostre Dame et le Miroir de l’ame pecheresse. Une autre traduction, les Vie et miracles de saint Josse, serait également de Miélot. Les traductions choisies ont toutes les deux été composées à la même époque, la première en 1448, la seconde une année plus tard.3 Faut-il par conséquent considérer ces deux textes comme des traductions exécutées par Miélot? Avouons-le d’emblée, la technique de traduction diffère ainsi que les traductions de manière globale, ce qui fait qu’il y aura peutêtre lieu de remettre en cause l’attribution du dernier texte. C’est justement la traduction de l’ablatif absolu et l’occurrence de propositions participiales qui nous aideront à formuler un bilan préliminaire.

2. Le Miroir de l’humaine salvation La traduction de Speculum humanae salvationis, le Miroir de l’humaine salvation, offre en réalité peu de particularités. Afin d’illustrer comment Jean Miélot traduit l’ablatif absolu dans cette œuvre, nous avons reproduit un certain nombre d’exemples pertinents. Il n’est pas surprenant que la temporelle soit le moyen le plus habituel pour rendre l’ablatif absolu latin4, pour preuve les dix-neuf temporelles que nous avons relevées dans notre extrait. L’exemple numéro 1 est tout à fait régulier à cet égard. (1) Sed, veniente morte, non valet ad punctum prorogare; (II, 14) (1a) Mais quant la mort vient, il ne le puet ralongier de riens. (II, 14-15)

Nous relevons en outre la traduction d’un ablatif absolu qui revient deux fois, à savoir evaginato gladio. La première fois que cet ablatif apparaît, on assiste à une transposition, puisque Jean Miélot, en intercalant dans la proposition participiale la conjonction temporelle, crée la phrase suivante en français, ce qui est peut-être une tournure plus élégante: (2) cumque evaginato gladio ipsum occidere voluisset, dixerunt quidam quod puer hoc ex insipientia fecisset: (XI, 47-48)

––––––– 3 4

Jönsson (2004: VII). Cf. également Lutz / Perdrizet (1907: 108, 109). Cf. Bengtsson (2007: 18).

La proposition participiale à travers quelques traductions du XVe siècle

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(2a) Et comme il eust tire son espee pour le vouloir mettre a mort, aucuns lui dirent que cest enfant avoit fait cela par non scavoir.5 (XI, 55-57)

Ailleurs, ce même ablatif absolu est rendu par un syntagme prépositionnel, ce qui, d’après nos recherches, est très fréquent dans les textes du XIVe siècle:6 (3) Forsan cum Petro, evaginato gladio, percusisset (XIX, 21) (3a) Par aventure il fraperoit de son espee desgainee (XIX, 25-26)

Mais il arrive souvent que Jean Miélot se serve d’une proposition participiale détachée pour rendre l’ablatif absolu. Neuf occurrences de cette construction se retrouvent dans l’échantillon, ce qui est un chiffre plutôt élevé, mais peut-être pas anormal pour le XVe siècle:7 (4) ipso nesciente, Maria per Spiritum Sanctum concipiebat (VII, 6) (4a) la vierge Marie concut par le Saint Esperit, ledit Joseph n’en sachant riens (VII, 7-8)

Tout comme dans notre étude précédente, nous relevons rarement la même proposition participiale deux fois mais, dans le cas du Miroir de l’humaine salvation, nous avons la chance d’en trouver deux. Ces exemples montrent une traduction on ne peut plus fidèle, étant donné qu’elle est quasiment identique dans les deux cas, mais il est vrai que les deux occurrences se trouvent dans le même chapitre, voire dans le même paragraphe. (5) Presentiam filii sui divitias esse computavit, et eo presente, paupertatem suam sibi sufficere affirmavit: (XXXV, 45-46) (5a) Elle reputoit la presence de son fil lui estre toute sa richesse, et lui present elle affermoit que sa povrete lui souffisoit. (XXXV, 55-57) (6) Presentiam sui Filii super omnes divitias computasset, et eo presente, paupertatem suam regnum aestimasset? (XXXV, 49-50) (6a) Elle reputoit la presence de son fil lui estre dessus toutes richesses, et lui present sa povrete lui sambloit estre un royaume. (XXXV, 60-61)

Parmi ces propositions participiales détachées, apparaît également la formule anaphorique ce fait, correspondant à quo facto, que nous avions déjà rencontrée à plusieurs reprises dans les textes du XIVe siècle. Cet exemple souligne le caractère anaphorique observé ailleurs dans ces textes:8 ––––––– 5

6 7 8

Le lecteur s’étonnera peut-être de voir les graphies tire et scavoir au lieu de tiré et sçavoir dans cette citation, mais nous suivons à ce sujet fidèlement le texte de l’édition dans toutes nos citations du Miroir de l’humaine salvation. Cf. Bengtsson (2007: 18). Muller-Lancé (1994: 236). Muller-Lancé (1994: 245).

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Anders Bengtsson

(7) Quo facto, praedictus equus et duo adulescentes disparuerunt (XV, 69) (7a) Ce fait, ledit cheval et les deux jouvenciaux se esvanuirent (XV, 83)

Signalons enfin deux occurrences avec voiant. Cette locution ou, pour reprendre le terme de Brunot, cette formule de l’épopée9 qui ressemble tant à une proposition participiale n’apparaît pas avant le XIIe siècle d’après Aspland, qui l’a étudiée dans les œuvres en vers en ancien français. La locution, issue du latin, existe par conséquent dès l’ancien français, mais il est difficile de savoir si les auteurs la considéraient comme une proposition participiale à cette époque.10 Dans le cas du Miroir de l’humaine salvation, il ne faut pourtant pas exclure la possibilité d’une logique claire derrière l’accord au pluriel, car nous avons bien affaire à un syntagme nominal au pluriel dans les deux cas. Peut-être le traducteur les considère-t-il tout simplement comme des propositions participiales détachées? (8) Post hoc angelus Domini in forma hominis de coelo descendit, videntibus custodibus, lapidem de ostio revolvit; (XXXII, 27-28) (8a) Apres cecy l’angele de Nostre Seigneur descendi du ciel en fourme d’homme et veans lesdits gardes, il osta ladicte pierre de l’huis du monument. (XXXII, 32-35)

Certes, il plane un doute sur cette interprétation: il s’agit peut-être tout simplement d’une traduction littérale de l’ablatif absolu, comme dans le second exemple qui, lui, n’est qu’une proposition participiale littérale en somme: (9) Quadragesimo die bis se suis discipulis demonstravit, et ipsis videntibus, per nubem candidam coelos penetravit. (XXXIII, 5-6) (9a) Le quarantieme jour il se moustra deux fois a ses disciples, et iceulx le veans, une blanche nuee le prist et le esleva tan hault qu’il trespercha les cieulx. (XXXIII, 6-9)

Pour finir, on n’oubliera pas les autres formes verbales, introduites après le XIIe siècle, qui ont été transformées en prépositions ainsi que voiant. Nous pensons à ce sujet à durant, pendant, moyennant et nonobstant. C’est que l’on observe dans la traduction une occurrence du participe présent moyennant, une forme verbale qui apparaît d’abord chez le traducteur Nicole Oresme en 1377:11 (10) Et hoc fieret mediante quadam puella, cujus ortum praefiguravit in quadam stella. (III, 8384) (10a) Et se devoit ce faire moyennant une pucelle de laquele la naissance estoit prefiguree en une estoille. (III, 87-89)

––––––– 9 10 11

HLF (1905: 465). Cf. à ce propos Bengtsson (2007: 10). FEW 6: 1, 585b (par conséquent sous medianus et non sous mediante).

La proposition participiale à travers quelques traductions du XVe siècle

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Le bilan de cette partie n’aura par conséquent rien d’original, puisque c’est un travail linguistique certain dans le sens que la traduction est exécutée par une personne habile. La traduction de Speculum umanae salvationis se caractérise par une très grande variation en offrant dix-neuf temporelles, neuf propositions participiales détachées, quatre syntagmes prépositionnels, deux principales, une hypothétique et même une construction gérondive. Mais, en même temps, on peut affirmer qu’elle n’a rien d’extraordinaire. Nous avons examiné la traduction francaise pour repérer d’autres propositions participiales issues du traducteur, mais c’est une recherche vouée à l’échec. Toutes les propositions participiales relevées émanent bel et bien d’ablatifs absolus latins.

3. Les Vie et Miracles de Saint Josse Dans l’autre traduction attribuée à Jean Miélot, le contraste avec le Miroir de l’humaine salvation est frappant. Les Vie et Miracles de Saint Josse auraient été traduits vers 1449 par Jean Miélot.12 De prime abord, on s’aperçoit que la traduction diffère sous plusieurs points par rapport à la source latine. Une autre réserve doit néanmoins être apportée en ce qui concerne la source latine: c’est que l’on n’a pas jusqu’à ce jour retrouvé la source latine originale.13 La source latine à laquelle nous, et l’éditeur d’ailleurs, avons recours est un exemplaire qui appartient à la version amplifiée d’Isembard, dont il subsiste seulement trois manuscrits tardifs (des XVIe et XVIIe siècles). Le manuscrit est chronologiquement assez éloigné de l’archétype et, s’il y a des différences, il s’agit en fait d’additions faites après 1449, ce qui expliquerait en partie le manque de fidélité dans la traduction. Quoi qu’il en soit, nos propres recherches sur la traduction de l’ablatif absolu ne souffrent pas de ce défaut. Mais, en revanche, l’accès à une copie plus ancienne de la source latine nous serait d’une grande utilité. Sous un seul point, cette traduction ressemble à la précédente: elle est également variée. Or, c’est surtout une construction qui est en vedette ici, à savoir le syntagme prépositionnel, dont on relève neuf occurrences. Ensuite, on relève six temporelles, cinq propositions participiales détachées et trois principales. À cela s’ajoutent deux relatives, une construction gérondive, une phrase complétive et pour finir deux occurrences où l’ablatif absolu est transformé en participes adjoints. Mais cela ne regarde que la traduction de l’ablatif absolu: en effet, l’échantillon tiré de cette œuvre renferme un grand nombre de propositions participiales, à savoir 23 en tout. Cela veut dire que le traducteur, s’il s’agit toujours de Miélot, a créé 18 propositions participiales de plus. L’approche pour cette traduction ne sera et ne pourra donc pas être la même que pour le Miroir de l’humaine salvation, car, ce qui saute aux yeux, c’est la fréquence de propositions participiales détachées: ces occurrences supplémentaires, pour ainsi dire, répondent parfois à d’autres constructions en latin, mais il arrive aussi qu’elles n’aient pas d’équivalent du tout. Ceci ––––––– 12 13

Cf. Jönsson (2004: VII). Jönsson (2004: XVII).

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peut être dû à la source latine ou au traducteur, qui a pu lui-même les créer en français. À cet égard, la différence entre les deux traductions de Jean Miélot est remarquable. Voici d’abord une phrase qui contient deux occurrences de la proposition participiale détachée, dont une sert de transition introduisant un chapitre. On notera le caractère anaphorique (au moyen de l’adjectif démonstratif ces) dans cet exemple, qui est une traduction assez fidèle de la source latine en dépit de la réduplication synonymique. Le second exemple pose sans doute plus de problèmes, car, à en juger par la source latine, il s’agit là d’un ablatif instrumental, tactu divine pietatis, qui est transformé en proposition participiale. Les deux constructions se ressemblent cependant sur un point, puisque chacune est antéposée à la principale: (11) His sic igitur ad publicam utilitatem Britonum leto successu ordinatis, rex de reditu ad seculum penituit tactu divine pietatis proponensque sibi exemplum Loth socieque conjugalis. (fol. 13v) (11a) Ces choses doncques ainsi faittes et ordonnees par bonne adventure pour le bien publicque des Bretons, le roy saint Judichael se repenty de ce qu’il estoit retourné au siecle et, lui feru de la clemence divine, se mectoit au devant l’example de Loth et de sa compaignie. (14.16-19)

Toutefois, la différence la plus saisissante dans la Vie de saint Josse, c’est sans doute la présence d’un pronom personnel tonique au lieu d’un substantif dans la construction, ce qui semble être un trait propre à cette œuvre et qui est plutôt rare dans le Miroir de l’humaine salvation. On se souvient peut-être des deux occurrences de lui present (cf. exemples 5 et 6). Ce genre de construction n’a pas d’équivalent dans la source latine, car le sujet est un substantif dans la majorité des ablatifs absolus, tous textes confondus. Nous avons néanmoins relevé plusieurs constructions de ce genre dans la Vie de saint Josse en prose: neuf occurrences contiennent le pronom personnel lui ou luy, une seule la forme au pluriel eux. Il faut peut-être supposer que cette construction est tardive.14 La phrase suivante en est un bel exemple, mais, ainsi qu’il ressort de la source latine, la construction correspond cette fois à un participe adjoint en latin: (12) clamat sibi nis superesse reclamat affectusque fame repetit: (fol. 22) (12a) Il cryoit hault et recryoit qu’il ne lui estoit riens demouré, et, lui tourmenté de faim, recommençoit a cryer plus hault en disant: (19.15-17)

L’examen de la traduction confirme en outre l’hypothèse selon laquelle les propositions participiales se trouvent souvent en tête de phrase; leur fonction semble être celle d’une anaphore résomptive, un phénomène très récurrent dans la Vie de saint Josse. L’occurrence reproduite ci-dessous introduit un nouveau chapitre, ce qui n’est pas sans exemple dans cette œuvre: (13) Duce igitur comitante properat ad locum Runiacum (fol. 26v)

––––––– 14

Muller-Lancé (1994: 55 et suiv.).

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(13a) Le duc Haymon doncques accompaignant le saint confés, il se hasta d’aler au dit lieu de Rugny, (21.23-24)

Ici, on s’aperçoit que le pronom personnel de la principale, il, renvoie au complément d’objet direct dans la proposition participiale détachée. Il n’est donc pas question d’une incidence nominale dans cet exemple. À quelques lignes d’intervalle dans ce passage de taille, se trouvent deux propositions participiales, toutes les deux composées d’un pronom personnel et d’un participe présent, phénomène évoqué auparavant. Ce qui étonne également, c’est que la source latine ne contient pas d’ablatifs absolus, mais seulement des participes adjoints: agens cura et se comendantes. Ensuite, à la différence de la langue moderne, l’ablatif absolu en latin et son équivalent en français, la proposition participiale détachée, peuvent renvoyer au sujet de la phrase principale. Le passage suivant contient justement une proposition participiale à incidence nominale. (14) Ut igitur verum comprobaret in rei exibitione quod ipsa veritas suis spopondit in promissione dans danti prosperit de celo viteque plurima subsidia suo direxit egeno, cuius et agens cura fideles regionis illius pie sollicitavit ut que sancto manu liberalitatis extenderent igne charitatis inflammavit, qui ergo sanctu pia ducti devotione se comendantes deo eius interventione quatuor ei naves cibo potuque plene refertas mittunt ne famis periclitaretur attenuatione. (fol. 23v) (14a) Affin doncques que Dieu, qui est toute verité, esprouvast par le don et presentation de la chose devant ditte ce qu’il a enconvenencié aux siens, c’est assavoir le donnant a regardé du ciel l’autre donnant et a drechié pluseurs aydes a son diseteux duquel, luy ayant la cure, il a debonnairement sollicité les bons et loyaulx chrestiens de celle region de Pontieu et les a enflammé du feu de charité, affin que au saint homme ilz extendissent leur main plaine de liberalité, lesquelz, meus par devotion envers le saint confés, et eulx se recommandans a Dieu, par l’intercession duquel luy envoyerent quatre nefz chargies de viande et de beuvrage, affin qu’il ne perillast de faim. (20, 13-21)

Signalons enfin que, s’il y a parfois des passages où l’on n’observe aucune proposition participiale détachée, il y en a d’autres qui en renferment plusieurs. Ainsi, à la fin du chapitre racontant l’histoire de saint Josse célébrant la messe à la fête de saint Barnabé, nous assistons à quatre propositions participiales en cascade. Ce passage renferme entre autres une proposition participiale composée d’un pronom personnel et d’un participe présent, et parmi les quatre occurrences, seulement deux propositions participiales répondent à des ablatifs absolus dans la source latine: lequel respondant et Et lors toute la court du cyel se esjouyssant et luy rendant grans loenges, tandis que les deux autres correspondent à des participes adjoints. La source latine fournit tout court expositus et solitus à cet endroit. Mais pour une fois, on assiste à un modelage étroit sur l’original du point de vue syntaxique, car il faut remarquer la traduction fidèle du pronom relatif quo et qui, qui sont tous les deux rendus par lequel. Ce n’est sans doute pas par hasard que ce pronom relatif apparaît ici, car il semble que sa fortune soit liée à l’extension de la prose.15 ––––––– 15

Cf. à ce sujet Marchello-Nizia (1997: 208).

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De même, Jokinen16 a observé une abondance de relatives de transition dans son étude sur les pronoms relatifs du XVe siècle. Le caractère anaphorique est évident dans ce passage ainsi que dans d’autres qui ne sont pas reproduits ici, faute de place. (15) Qui igitur angelorum hominumque expositus spectaculo dum strenue pugnat dum glosetriumphat in mundo huius theatro rex regum huic vocat cum sanctis coronandum in celesto palatio, quo respondente: --- Qui idus decembris solitus domo cinerea penis virtutum regna petit sidera totaque poli jubilante curia cum laude excipitur in gloria. (fol. 45) (15a) Et luy exposé longuement au regard et a la veue des angles et des hommes, et puis qu’il eut combatu vaillamment et tryumphé glorieusement ou theatre de ce monde, c’est en lieu publicque comme on voit, es quarrefours et lieux communs des citez, jeux et esbatemens, le roy des roys l’appella pour le couronner avecques ses sains ou palais du ciel, lequel respondant: — Lequel desloyé de sa maison cendreuse, c’est de son corps, quant il trespassa le .xiii’. jour de decembre l’an de grace .vi.c. liiii., le jour sainte Luce, demanda le royaulme celestien. Et lors toute la court du cyel se esjouyssant et luy rendant grans loenges, il fu receu en la gloire pardurable, qui est sans fin. (31.1-6, 9-13)

4. Remarques finales Dans les limites qui nous sont ici imparties, nous avons établi une comparaison entre deux traductions de Jean Miélot du XVe siècle à l’aide de quelques passages pertinents. Mais il faut avouer qu’il a été malaisé d’établir des parallélismes probants entre les deux textes. Dans un premier temps, nous avions vu que le Miroir de l’humaine salvation est une bonne et fidèle traduction. Il faut néanmoins constater qu’elle n’a rien d’extraordinaire, car les différentes manières de traduire l’ablatif absolu n’ont rien d’inhabituel sauf que le nombre de propositions participiales est supérieur à ceux qui ont été relevés dans les traductions du XIVe siècle. C’est peut-être un trait propre au XVe siecle. Dans un second temps, nous avions noté une traduction des plus variées dans les Vie et miracles de saint Josse. Le plus intéressant est peut-être le fait que l’on observe dix-huit propositions participiales issues du traducteur, qu’il s’agisse de Jean Miélot ou non. Ces propositions participiales détachées ne répondent pas toujours à des ablatifs absolus, comme on l’a vu, mais parfois à des participes adjoints. Il faut peut-être abandonner l’idée que Jean Miélot en soit l’auteur. Moins élégante que celle du Miroir de l’humaine salvation, elle s’écarte parfois de la source latine de telle façon qu’il y a peut-être lieu de remettre en cause son attribution. Nous pensons également à la présence d’un pronom personnel tonique au lieu d’un substantif dans la proposition participiale détachée, ce qui était rarissime dans l’autre traduction. Nous ne savons pas pourquoi il en est ainsi. ––––––– 16

Jokinen (1978: 22).

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Cependant, pour arriver à des conclusions plus sûres en ce qui concerne l’œuvre de Jean Miélot, il faudra d’abord élargir notre corpus. Un examen minutieux des manuscrits latins qui ont servi de sources aux traductions sera ensuite essentiel pour un travail de ce genre, notamment en ce qui concerne la Vie de saint Josse. Mais il semble bien que l’étude d’un élément syntaxique, à savoir l’ablatif absolu, par le biais de quelques traductions, apporte des résultats qui nous incitent à continuer nos recherches.

Bibliographie Aspland, Clifford William (1968): The So-called Absolute Construction in Old French, types voiant touz, oiant toz. In: AUMLA: Journal of the Australasian universities language and literature association 30. Canberra, 151-168. Bengtsson, Anders (2006): La Vie de sainte Geneviève. Cinq versions en prose des XIVe et XVe siècles. Stockholm: Almqvist & Wiksell International. – (2007): Quelques observations sur la traduction de l’ablatif absolu en moyen français. In: Galderisi, Claudio / Pignatelli, Cinzia (edd): La traduction vers le moyen français. Actes du IIe Colloque de l’AIEMF. Université de Poitiers – CESCM. 27-29 avril 2006. Poitiers: Brepols, 205222. HLF = Brunot, Ferdinand (1905): Histoire de la langue française des origines à 1900. Vol. 2. Paris: Armand Colin. Jokinen, Ulla (1978): Les relatifs en moyen français. Formes et fonctions. Helsinki: Suomalainen Tiedeakatemia. Jönsson, Nils-Olof (2004): Vie et miracles de saint Josse de Jean Miélot: publiés avec introduction, notes et glossaire. Turnhout: Brepols. Le livre de l’art de chevalerie de Vegesce. Traduction anonyme de 1380 (1989): Löfstedt, Leena / Merisalo, Outi / Suomelä-Härmä, Elina / Salminen, Renja / Eerikäinen, Lauri Juhani (edd.). Helsinki: Suomalainen Tiedeakatemia. Lutz, Julius / Perdrizet, Paul (1907): Speculum humanae salvationis: Kritische Ausgabe. Übers.von Jean Mielot (1448). Die Quellen des Speculums und seine Bedeutung in der Ikonographie besonders in der elsässischen Kunst des 14. Jahrhunderts. Mit der Wiedergabe in Lichtdruck (140 Tafeln) der Schlettstadter. Vol. 1. Leipzig: Karl W.Hiersemann. Marchello-Nizia, Christiane (1997): La langue française aux XIVe et XVe siècles. Paris: Nathan. Muller-Lancé, Johannes (1994): Absolute Konstruktionen vom Altlatein bis zum Neufranzösischen. Tübingen: Gunter Narr. TLFi = Trésor de la Langue Française informatisé. Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) / Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) / Université Nancy2 (accessible in Internet).

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Quatre châteaux blancs. Comparaison des traductions romanes du roman Beyaz Kale d’Orhan Pamuk

Inspiré par les travaux de Mario Wandruszka (1969) basés sur la comparaison de nombreuses versions d’un certain nombre de romans dans les principales langues européennes, j’ai commencé un projet qui vise à comparer le turc avec les langues romanes. Je profite de l’attribution du Prix Nobel au romancier turc Orhan Pamuk, parce que ce prix garantit l’existence de nombreuses traductions, bien qu’elles paraissent avec un certain retard. En ce moment je possède onze traductions, dont quatre des sept traductions qui existent dans les langues romanes, à savoir les traductions en français, en italien et en portugais, ainsi que la deuxième traduction espagnole. Depuis peu il semble qu’il existe une traduction en catalan, et une traduction roumaine, mais je n’ai pas encore pu les obtenir. Je n’ai pas réussi à trouver non plus la première traduction espagnole, complètement épuisée. Cette première traduction avait été faite sur la version anglaise, comme cela apparaît de la description du titre; la traduction portugaise a été faite sur la version française, comme on peut le constater facilement en comparant les textes, même quelques phrases. Les autres ont été faites sur le texte original. C’est déjà une première constatation importante qui regarde la politique éditoriale et peut-être l’intérêt académique pour les langues étrangères moins communes dans les différentes cultures. En anticipant sur la discussion je peux déjà dire que les stratégies de traduction sont bien différentes: l’italien est assez fidèle à l’original, ce qui est possible par l’emploi d’un registre très littéraire, souvent utilisé pour les traductions, qui est favorable aux phrases longues et à un usage bien dosé de constructions participiales et gérondives. Cette traduction est plutôt orientée vers la langue source. Le français, par contre, a une stratégie orientée vers la culture objet, très sensible à l’acceptabilité pour le lecteur français, et ainsi bien disposée à couper des passages qui rendraient le style un peu lourd, au dam de la fidélité au texte. La même stratégie, d’ailleurs, a été adoptée pour la version anglaise. Comme curiosité je peux dire que la version néerlandaise est orientée à la fois vers la source et vers l’objet: connaissant très bien le turc, la traductrice reprend les moindres détails du texte turc, mais ajoute beaucoup de particules et autres petits mots typiques pour le néerlandais, ce qui aboutit à un grand verbiage: c’est la traduction qui compte de loin le plus de mots. Pour le moment j’ai fait une base de données sur le premier chapitre du roman, comportant 132 phrases, d’une longueur qui varie de 2 à 60 mots. Le nombre total des mots est de 1835, soit une moyenne de 13,9 mots par phrase. Le même chapitre compte en italien 2771 mots, c’est-à-dire sur deux mots turcs viennent 3 mots italiens.

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Je donne tout de suite un exemple de la situation, prenant le cas où l’écart numérique est le plus sensible. A guise de glosse j’ai utilisé une espèce de latin fait à la maison, qui me permet de rendre compte de l’ordre des mots. 69. Avucuna bıraktığım renkli hapları çocuk gibi seviyordu. (7 mots) palmae a-me-positas coloratas pillulas pueri instar amabat. Le Pacha adorait les petites pastilles colorées que je posais dans sa paume. (13 mots) Con la felicità di un bambino, contemplava le pasticche colorate che gli lasciai nel palmo della mano. (17 mots) Le gustaban como a un niño las coloridas píldoras que depositaba en la palma de su mano. (17 mots) O Paxá adorava as pequenas pastilhas coloridas que eu lhe punha na palma da mão. (15 mots)

Je pourrais analyser la phrase turque ainsi: Le verbe ‹il aimait› se trouve à la fin de la phrase. L’objet direct, renkli hapları, ‹pastilles colorées›, correspond bien avec les traductions. Çocuk gibi veut dire ‹comme un enfant›. Bıraktık est le participe ‹laissé›, auquel s’ajoute une désinence qui indique le sujet du participe, qu’on ne peut rendre directement dans les langues européennes, et qui doit se traduire ici comme ‹que j’avais laissées›; avuc est ‹la paume›, mot pourvu de la désinence -u- pour indiquer le possessif et puis la désinence du datif, donc ‹dans sa paume›. Le français a triché, parce qu’il ne traduit pas ‹comme un enfant›. La vraie correspondance numérique –de 7 à 17– se voit dans l’italien et l’espagnol. Elle s’explique par la nécessité d’ajouter des articles et des prépositions, par un fait lexical, à savoir le besoin de préciser palma della mano, et –en italien– par la scission du verbe ‹aimer› en contemplare con felicità. Ici nous ne voyons même pas l’effet des formes agglutinantes du verbe, qui tant de fois crée des phrases plus longues, par exemple dans la phase turque la plus courte du chapitre: 126. Ben gitmiyordum. Ego non-ibam. J’en étais dispensé, moi. (5 mots) Io non andavo. (3 mots) a los que yo ahora no iba. (7 mots) A mim, dispensaram-me. (4 mots)

Le texte turc peut être aussi concis, parce qu’il incorpore la négation -mi- dans la forme verbale, comme le montre l’italien, et qu’il laisse implicite le complément de direction ‹aux travaux forcés› de la phrase précédente comme le montre l’espagnol (sous la forme d’un pronom relatif). Ensuite je veux considérer la phrase la plus longue du premier chapitre, l’autoportrait du narrateur. 20. Soluk renkleri, sonraları yıllarca uydurduğumuz Pallidos colores, recentioribus annis a-nobis-imaginatarum o olmayan ülkelerin, hiç yaşamamış hayvanların, illarum haud-exsistentium regionum, nunquam «victorum» animalium, inanılmaz silâhların düşsel renklerini hatırlatan bu insan

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incredibilium armorum oneiricos colores reminiscens ille homo yirmi üç yaşındaydı, Floransa’da, Venedik’te «bilim viginti tri-ennis-erat, Florentia Venetia(que) «scientiam ve sanat» okumuştu, astronomiden, matematikten, et artem» didicerat, astronomiam, mathematicam, fizikten ve resimden anladığına inanıyordu; tabiî physicam et picturam intellexisse credebat; evidenter kendini beğenmişin tekiyidi, kendinden önce yapılan sibi placens quidam-erat, eum ante (= ante eum) factarum şeylerin çoğunu yutmuştu, hepsine de dudak rerum multitudinem (se) ingurgitavit. omni etiam labra büküyordu; daha iyilerini yapacağından kuşkusu abstinebat; magis bona (= meliora) (eum) facturum esse dubium yoktu; benzersizdi; non-erat; sine-aequali-erat; herkesten akıllı ve yaratıcı olduğunu biliyordu. omnium ingenios(issim) et creativ(issim)um se esse sciebat. (21) Kısaca, sıradan bir gençti. Breviter, ordinarius iuvenis-erat. Cet homme – qui me rappelle maintenant les couleurs oniriques des contrées qui n’ont jamais existé, ou des créatures fabuleuses, ou encore ces armes incroyables que nous devions imaginer par la suite, et des années durant – était âgé de vingt-trois ans. Il avait étudié les sciences et les arts à Florence et Venise; il croyait posséder des notions d’astronomie, de mathématiques, de physique et de peinture. Évidemment c’était un garçon plein de suffisance; il avait ingurgité la majeure partie de tout ce qui avait été fait avant lui et il considérait le tout avec un certain dédain; il était persuadé qu’il pouvait faire mieux, convaincu qu’il était d’être plus intelligent et plus imaginatif que tous les autres; Quest’uomo, che riporta alla mente le tinte sbiadite, l’iride immaginaria di quelle contrade inesistenti, dei mai vissuti animali, delle armi incredibili che poi per anni e anni avemmo a inventare, quest’uomo aveva studiato a Firenze, a Venezia, «scienze ed arti», supponeva di intendersi d’astronomia, matematica, fisica e disegno; ovviamente presuntuoso, si era impadronito di molto di quanto prima di lui era stato fatto, e storceva la bocca sprezzante di tutto; sicuro di realizzare cose migliori, si sentiva senza pari e sapeva di essere fra tutti il più intelligente e creativo; Aquel hombre, cuyos colores pálidos recordaban los tonos oniricos de los países inexistentes, los animales que nunca vivieron y las armas inverosímiles que más tarde estuvimos inventándonos durante tanto tiempo, tenía entonces veintitrés años. Había estudiado «ciencias y artes» en Florencia y Venecia. creía entender de astronomia, matemáticas, física y pintura; por supuesto, era un engreído que había engullido debidamente todo lo que se había hecho antes de él y que lo juzgaba con desprecio. No dudaba de que él haría cosas mejores, de que era inigualable, sabía que era más inteligente y creativo que nadie;

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Esse homem – que me recorda agora as cores oníricas das regiões que nunca existiram, ou as criaturas fabulosas, ou ainda essas armas inacreditáveis que havíamos de imaginar mais tarde, anos a fio – tinha vinte e três anos de idade. Estudiara ciências e artes em Florença e Veneza; acreditava possuir noções de astronomia, de matemática, de física e de pintura. Evidentemente, era um rapaz cheio de jactância; havia ingurgitado a maior parte de tudo o que fora feito antes dele e considerava essa totalidade com certo desdém, estava persuadido de que podia fazer melhor, convencido de que era mais inteligente e imaginativo que todos os outros; em suma, era um jovem como os outros.

Dans cette phrase le sujet se trouve au début, comme dans chaque phrase turque, mais il est précédé d’une relative très complexe, qui en français et en portugais correspond au texte mis entre parenthèses. Le noyau du sujet est bu insan ‹cet homme›, et le participe est hatırlatan ‹qui rappelait›. L’objet direct du participe est soluk renkleri ‹les couleurs pâles›, repris par düşsel, dérivé de düş ‹songe›, donc ‹comme vu en songe›. Dans la reprise il y a trois génitifs qui dépendent de ‹couleurs›; ils regardent des régions imaginaires, des animaux inexistants et des armes incroyables, et de toutes ces choses le narrateur dit que lui et son maître vont les inventer dans les années futures. C’est ce qu’il exprime par un participe actif uydurduğumuz, qui incorpore le sujet -umuz, c’est-à-dire ‹nous›, avec valeur intemporelle, ici équivalent à ‹que nous devions imaginer›. Le traducteur italien est le seul qui a vu que ‹cet homme› est le sujet du participe et que c’est lui qui imagine ces couleurs: le premier renkleri est rendu par ‹le tinte sbiadite›, le second par ‹l’iride immaginaria›: Pamuk le présente comme un visionnaire qui imagine ce qui va se passer dans le futur. Dans les autres textes c’est le lecteur qui voit l’homme. Les autres traducteurs n’ont pas vu non plus que le participe s’applique aux trois groupes nominaux: tout cela appartient encore au futur. Le prédicat de ce sujet comprend bien neuf verbes alignés en parataxe; ils sont au plusque-parfait (-muştu) ou bien à l’imparfait et ensemble ils font un magnifique portrait du jeune homme du début de l’histoire. C’est ça le sens de cette longue phrase: le portrait est compris dans une seule phrase: ça fait partie de la rhétorique de Pamuk. La traduction italienne est la seule à réussir un effet comparable, mais comme dans les langues romanes le noyau précède les compléments, le prix à payer est la reprise du groupe nominal quest’uomo. Les autres traductions scindent la phrase en trois: dans la première phrase on parle de l’âge du jeune homme; la césure entre la deuxième et la troisième phrase varie. Pour le reste le portrait a été bien rendu dans toutes les traductions: mais de nouveau l’italien fait mieux dans un détail: il concrétise le dédain que le jeune homme éprouve pour les autres par l’image de la bouche tordue, qui était également présente dans l’original. J’ai analysé en détail les premières dix phrases du premier chapitre, mais je me limiterai à mentionner les points saillants. Dans la première phrase Türk gemileri peut être interprété comme ‹les navires turcs› ou comme ‹des navires turcs›: la différence, évidente au singulier, est neutralisée au pluriel. Les traducteurs font des choix différents. Et pourtant le choix détermine la situation initiale du roman: est-ce qu’on s’attendait à rencontrer des navires turcs, ou était-ce une complète surprise. Dans la cinquième phrase korkan ‹craignant›, participe qui se réfère à ‹notre capitaine› a comme objet direct une construction hypothétique, littéralement ‹que s’il tombait prisonnier on l’aurait fait punir›, construction extrêmement compliquée que les traducteurs résolvent chacun à sa manière. La phrase 8 parle de la prédestination; la

Quatre châteaux blancs. Comparaison des traductions romanes du roman Beyaz Kale d’Orhan Pamuk

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traduction française dit: Beaucoup d’hommes croient que la vie n’est pas déterminée à l’avance. Mais le texte turc dit birçokları bilir ‹beaucoup de gens savent›: il n’est pas question d’une croyance, mais d’une certitude, qui d’ailleurs est l’apanage d’une élite. La traduction française falsifie donc la position idéologique du narrateur. La phrase 9, qui donne un commentaire à la possibilité de donner un sens à la vie, est très difficile à traduire parce que le turc utilise trois constructions avec participe, dans trois contextes grammaticaux différents. Bilenler sont ceux qui savent: substantivisation du participe. Baktıklarında est le participe de ‹regarder› au cas ablatif, ce qui s’interprète comme un circonstanciel temporel: ‹lorsqu’ils regardent›; d’ailleurs, ici la combinaison geri baktık, ‹en regardant en arrière›, a été résolue par la paraphrase ‹quand ils se retournent vers le passé pour contempler leur vie›. Le troisième, yaşadıkları, est un participe de ‹vivre›, qui incorpore le sujet, à savoir la troisième personne du pluriel: ‹les choses (şeyler) qu’ils ont vécues›. Une phrase turque si compacte crée des problèmes pour n’importe quel traducteur dans n’importe quelle langue. La phrase 10 est l’une des plus complexes du texte. Pour en parler j’ai d’abord besoin de plus d’information sur le roman. Le livre présente une confrontation entre l’Ouest et le Règne Ottoman, sous la forme d’une collaboration entre un savant florentin, capturé dans une bataille navale, et l’homme à qui il est confié, qui est son Hodja, c’est-à-dire son maître. Celui-ci est l’astrologue de la cour du sultan enfant Mehmet IV, qui voudrait connaître davantage les progrès de la science occidentale. L’action se déroule entre environ 1650 et 1683, lorsque Mehmet assiège Vienne et perd définitivement la guerre contre l’Autriche et ses alliés. Dans le roman le Hodja est un sosie du florentin. Il cherche à s’accaparer de tout le savoir de l’occidental, mais en même temps il acquiert ses souvenirs. L’autre, cependant, s’orientalise et devient un savant ottoman. A la fin, dans le château blanc, dans les Balkans, le hodja s’échappe vers l’occident et assume la personnalité du florentin, l’élève reste en Turquie et commence à écrire ses souvenirs. Par la suite nous saurons que la vieille table de la phrase numéro dix, où il écrit son livre, est la même table que lui-même avait introduite dans leur bureau d’études, parce qu’il n’y avait pas de table dans une chambre turque. Mais nous pouvons donner également une interprétation selon laquelle c’est le narrateur moderne qui s’est mis à sa table pour écrire le roman: c’est l’interprétation normale qui s’impose à la première lecture. Pour les deux existe le problème évoqué par le passage gemilerinin renklerini düşleyip: rendu en français par ‹alors que j’évoque les couleurs des navires turcs surgissant, fantomatiques, du brouillard›. Pour le florentin ça ne doit pas être difficile, parce qu’il a été présent à cet épisode: si c’est un problème, c’est parce que maintenant il s’est tellement introduit dans la peau de l’autre qu’il a perdu ses propres souvenirs. Pour le narrateur moderne ce passage est symbolique pour le problème du narrateur d’un roman historique: comment faire sentir au lecteur l’atmosphère de la période en se servant de mots qui, comme tous les mots, ne donnent qu’une idée abstraite de la réalité. Dans ce contexte il est important de noter que düsleyip ne signifie pas du tout ‹en évoquant›, mais avec la deuxième signification donnée dans le dictionnaire turc TDK qui se traduit littéralement comme: ‹porter à la vie dans son esprit›. Il s’agit donc de l’imagination de l’écrivain, qui doit éveiller l’imagination du lecteur et créer l’image au lieu de représenter une image déjà disponible. L’italien l’a compris en se servant de vagheggiando.

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Pour terminer je voudrais parler de trois problèmes de paratexte: la couverture, le titre et la devise du livre. Un roman historique doit faire appel aux connaissances historiques du lecteur; sinon il flotte dans le vide. Cela veut dire que le savoir initial consiste dans le cliché, d’origine scolaire, télévisionnaire ou autre, qui a cours dans une culture. Comme le sujet du roman est la rencontre entre la culture occidentale et la culture ottomane, la couverture du livre de poche turc semble parfaite. Elle représente un florentin et un pacha avec dans le fond une reproduction de l’Aya Sophia. Si on regarde de près cette image, elle devient douteuse. Le jeune homme florentin est l’homme à la monnaie romaine de Hans Memlinc, que l’on suppose peint en 1478, et le pacha a été promu sultan, non pas Mehmet IV, qui régnait de 1649 à 1687, mais Moustapha III, qui l’a été un siècle plus tard, de 1757 à 1774. C’est donc une confrontation d’outre-tombe, avec un décalage chronologique de trois siècles. D’ailleurs, les couvertures sont pleines d’anachronismes. La traduction anglaise, ainsi que l’espagnole, présente un contemporain du jeune homme de Memlinc, à savoir Giuliano De’ Medici de Botticelli, également de 1478. La traduction italienne a aussi un portrait de sultan, mais là il s’agit de Soliman le Magnifique, contemporain et rival de Charles Quint. Ce qui se passe, c’est que les éditeurs qui choisissent l’image sont beaucoup plus postmodernes que l’auteur lui-même: ils opèrent dans un espace historique générique, sans rapport à la réalité de l’époque. Le titre du roman est Beyaz Kale. Le traducteur doit savoir ce que signifie le mot turc kale. Il dispose de plusieurs moyens pour le savoir. Il pourrait consulter le dictionnaire monolingue, et alors il trouve une définition que je pourrais traduire ainsi: «un édifice muni de grosses murailles, de tours et de créneaux, construit pour donner protection sur les routes où l’on peut s’attendre à l’arrivée de l’ennemi, dans des villes d’importance militaire ou dans d’étroits passages en montagne». Je me demande si château donne l’association juste. Il y a le château de Barbe-Bleue, le château de Versailles ou les châteaux de la Loire. Mais ce qui a été décrit ici n’est pas la première chose à laquelle on pense en disant château. Un autre moyen pour trouver l’équivalent est de regarder les combinaisons dans lesquelles on utilise le mot en turc. Cela m’a donné une solution plus satisfaisante: l’expression uçan kale traduit l’avion américain qui s’appelait Flying Fortress, la forteresse volante. Cela veut dire que lorsque les journalistes turcs devaient traduire Flying Fortress le premier mot qui leur venait à l’esprit était kale. Donc nous aurons La forteresse blanche. Un troisième moyen pour trouver le mot juste est de lire attentivement la description et partant analyser le référent du mot. C’est ce que j’ai fait: j’ai suivi le lent progrès à travers la Bulgarie et la Roumanie jusqu’au moment où nos protagonistes sont arrivés au kale qui s’appelle Doppio. Nulle part je n’ai pu localiser ce Doppio, ce qui est compréhensible parce que c’est une invention de l’auteur mentionnant le motif du double, donc du sosie. Mais en me concentrant sur l’adjectif blanc j’ai trouvé la solution, une semaine avant que je ne découvre le titre annoncé de la traduction roumaine (qui plus tard a été changé, cf. la bibliographie). C’était Citatea albă; ‹Civitas illa alba›. C’est l’ancien nom roumain d’une ville en Bessarabie qui en turc s’appelait Akkerman et en russe Belgorod. Actuellement, elle se trouve dans la Bessarabie ukrainienne et porte le nom de Bilhorod Dnistrovsky. Le dernier problème que je voudrais mentionner est celui de la devise proustienne, qui pose un dilemme intéressant de traduction. Pamuk a repris la devise de la traduction turque de Yakub Kadri Karaosmanoğlu. Cette traduction n’est pas fidèle, comme l’ont vu

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plusieurs traducteurs. Mais elle s’applique bien au texte, et alors la traductrice française qui elle, bien entendu, a cité le texte de Proust lui-même, suggère autre chose que ne le fait la traduction turque. Voyons les textes. Alâkamızı uyandıran bir kimseyi, bizce meçhul ve meçhullüğü derecesinde cazibeli bir hayatın unsurlarına karışmış sanmak ve hayata, ancak onun sevgisiyle girebileceğimizi düşünmek bir aşk başlangıncından başka neyi ifade eder?

Je cite la traduction italienne, qui est correcte, bien qu’elle ait isolé la première partie dans une phrase séparée: Qualcuno stimola il nostro interesse. Ebbene, considerarlo coinvolto negli elementi di un’esistenza a noi sconosciuta – seducente appunto in quanto misteriosa – e pensare che potremo essere iniziati alla vita esclusivamente attraverso l’amore di quel qualcuno, che cos’è se non lo sbocciare d’una passione?

En espagnol: El hecho de que creamos que alguien que despierta nuestro interés anda mezclado en una vida para nosotros desconocida y de un misterio sumamente atractivo y el que pensemos que solo podremos iniciarnos en la vida gracias a su amor, ¿que demuestra sino el inicio de un amor?

Le texte proustien est: Que nous croyions qu’un être participe à une vie inconnue où son amour nous ferait pénétrer, c’est, de tout ce qu’exige l’amour pour naître, ce à quoi il tient le plus, et qui lui fait faire bon marché du reste.

Les différences pourraient être résumées dans les points suivants: 1) Dans le texte français nous ne trouvons pas l’expression ‹une personne qui stimule notre intérêt›. Ce n’est pas Mademoiselle Swann qui l’intéresse, mais le milieu auquel elle appartient: la jeune fille est le seul moyen dont il dispose pour pénétrer dans ce milieu. 2) La vie ne doit pas être lue comme ‹existence›, mais comme ‹milieu›. 3) Son amour dans le texte français est ambigu entre l’amour qu’éprouve la femme et l’amour pour la femme. Je pense que cette dernière interprétation est juste: le narrateur se sert d’elle pour s’avancer dans la société. 4) Karaismanoğlu ne connaissait pas l’expression ‹faire bon marché de›, à savoir dédaigner et en a fait une traduction à sa façon. 5) Proust personnifie l’amour, comme une sorte de puissance qui doit être nourrie (par exemple par le snobisme) et qui seulement alors peut se développer. La conclusion est que la citation de Proust est beaucoup plus cynique que le traducteur turc veut le faire comprendre. Mais dans le roman il est question d’un monde inconnu où les protagonistes peuvent pénétrer seulement en s’aidant mutuellement. Le sosie conduit l’autre dans ce monde inconnu. Il ne s’agit pas d’une force aveugle, mais de la fascination de chacun des personnages pour l’autre.

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Ainsi, j’espère avoir pu donner une idée des problèmes de traduction qui se présentent lorsqu’un texte n’est pas traduit d’une langue indoeuropéenne à une autre, mais d’une langue bien plus différente de structure comme le turc.

Bibliographie Pamuk, Orhan (1994a): Beyaz Kale. Istanbul: Đletişim. – (1994b): El astrólogo y el sultán. Barcelona: Edhasa. – (1996): Le château blanc. tr. Munevver Andac. Paris: Gallimard. – (2001): The White Castle. tr. Victoria Holbrook. London: Faber and Faber. – (52006a): A cidadela branca. tr. Manuela Vaz. Lisboa: Presença. – (2006b): De witte vesting. tr. Veronica Divendal. Amsterdam / Antwerpen: Arbeiderspers. – (2006c): Il castello bianco. tr. Giampiero Bellingeri. Torino: Einaudi. – (2007a): El castillo blanco. tr. Rafael Carpintero. Barcelona: Mondadori. – (2007b): FortăreaŃa albă. tr. LuminiŃa Munteanu. Bucureşti: Curteaveche. – (2007c): El castell blanc. tr. Carles Miró. Valencia: Bromera. Wandruszka, Mario (1969): Sprachen, vergleichbar und unvergleichlich. München: Piper.

Tatjana Djurin

François Rabelais chez les Serbes – amour de la langue et une traduction inventive

Il y a plus de quatre siècles que François Rabelais nous fait rire. Sa langue et son style uniques, son érudition et sa fantaisie ont créé un univers romanesque habité par des personnages invraisemblables. Dans des conversations et situations parfois très étranges, ces personnages présentent des idées et des théories différentes: ils critiquent la société, la nature humaine et les coutumes, en les étouffant dans un rire qui est le propre de l’homme. Si riche et si complexe, le texte rabelaisien a posé beaucoup de problèmes aux traducteurs; parmi toutes ces difficultés, son onomastique métaphorique qui compte plusieurs centaines de nouveaux mots et expressions par lesquels Rabelais a identifié les personnages, les peuples et l’espace dans lequel l’action du roman se déroule. Les quatre premiers livres du roman comptent 3500 noms propres environ. L’œuvre contient presque tous les types onomastiques: anthroponymes, toponymes, ethnonymes, zoonymes et noms théophoriques. D’après leur origine, les noms propres pourraient être divisés en deux grand groupes: realia (noms que Rabelais a empruntés à la littérature, à l’histoire et à la tradition) et noms de fiction (noms que Rabelais a créés pour son univers romanesque). Tous ces noms ont leur rôle dans le roman: soit qu’ils représentent l’allégorie d’un personnage historique ou un événement, soit que leur étymologie et leur sémantique révèlent différentes significations. Aucun n’est donné par hasard. Le nom met en relief le caractère et les habitudes des personnages et il participe au procédé de la polarisation des personnages dans l’univers romanesque de Rabelais. Et c’est justement pour cette raison que les noms propres ne devraient pas être considérés comme des unités lexicosémantiques isolées, mais ils devraient plutôt être mis en relation avec la fonction littéraire et les personnages du roman. Tous ces noms transparents révèlent donc différentes idées et caractéristiques des personnages rabelaisiens formant ainsi le cadre spirituel et spatial à travers lequel les personnages principaux avancent dans leur Quête. L’œuvre littéraire de François Rabelais avait été présente dans la culture serbe même avant la traduction de Stanislav Vinaver. Mais lue surtout en français ou en allemand, elle avait peu de lecteurs et son influence n’était pas forte. La traduction de Stanislav Vinaver a été publiée en 1950, et le fameux rire de Rabelais a finalement éclaté en serbe. La même année, dans un article publié dans le magazine littéraire Književnost (cf. Vinaver 1950: 386-389), le traducteur a présenté sa propre vision de l’œuvre de Rabelais, envisageant aussi toutes les difficultés de la transposition de son style unique dans une autre langue. Vinaver compare l’abondance verbale et musicale du roman au folklore serbe et au langage quotidien qui représentent une source linguistique inépuisable. Considérant les métaphores comme les porteurs principaux de cette exubérance verbale de Rabelais, Vinaver a essayé de les garder. Etant donné que les métaphores rabelaisiennes ont depuis

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toujours présenté un défi immense lancé aux traducteurs, le traducteur serbe, lui aussi, s’est chargé d’un devoir difficile. L’analyse des formes serbes de ces noms révèle plusieurs procédés du traducteur. Le procédé le plus souvent employé est la transcription. La transcription permet à Vinaver de transposer dans le texte serbe les noms issus de la tradition, de la littérature et de l’histoire: les anthroponymes qui représentent des allusions aux personnages historiques et littéraires et les toponymes qui déterminent l’espace romanesque. La transcription permet au traducteur une transposition adéquate des noms à peine modifiés dans le système phonétique et orthographe serbe, de sorte que l’onomastique rabelaisienne reste presque intacte, proche de la forme originelle et toujours liée au monde réel duquel elle provient. Platon est Platon, Guillaume du Bellay est Gijom di Bele, Bretons sont Bretonci, Coudray est Kudrej, Bourdeaulx est Bordo. Un autre procédé important est la traduction adéquate. Dans sa traduction, Vinaver utilise des substantifs appartenant au fonds lexical serbe, par exemple Kobasice pour les Andouilles ou Ujdurmaši, du substantif d’origine turque ujdurma ‹la chicane›, pour les Chiquanous, dérivé du verbe chicaner. Parfois ces noms sont modifiés par des suffixes: Mošnjar, du substantif mošnje ‹couilles›, pour Couillatris. Parfois ces correspondants représentent des néologismes personnels que Vinaver a créés à partir des éléments lexicaux serbes, tel que Praznivrč, du verbe prazniti ‹vider›, et du substantif vrč ‹broc, verre›, pour Verrenet. De cette manière la combinaison de différentes significations des éléments du fonds lexical serbe permet à Vinaver de créer une nouvelle réalité poétique qui rend ses noms comiques. Dans le cadre de l’humour, de nouveaux mots serbes naissent. Très motivés et pittoresques, ils nous révèlent le monde rabelaisien enrichissant en même temps notre langue de nouveaux mots et tournures comiques. Le procédé suivant est la traduction partielle qui est en fait la combinaison de deux procédés précédents. Les noms traduits partiellement contiennent deux éléments dont l’un est transposé dans le texte serbe par le procédé de transcription et l’autre représente le correspondant adéquat. Tandis que le double serbe transmet au lecteur le caractère et les habitudes des héros, l’élément transcrit suggère l’origine et l’étymologie du nom en le liant à l’œuvre de Rabelais. Le nom d’une autorité burlesque, Artus Culletant devient en serbe Artus Zadnjar où le deuxième élément est la traduction adéquate un peu modifiée du nom cul ‹zadnjica›. Par un autre procédé intéressant Vinaver substitue des éléments culturels serbes aux éléments culturels français, rendant les noms d’une tradition moins connue transparents et facilement compréhensibles pour le lecteur serbe. Au nom de fiction, Bringuenarilles, du substantif bringueur ‹sauteur›, et du substantif narille ‹narine›, est substitué le correspondant qui contient deux éléments appartenant au fonds lexical serbe, Prpac Bembelj. Le substantif prpac appartient au folklore serbe. C’est le chef des prporuše, les jeunes gens qui, couverts de branches et de feuilles, pendant la sècheresse ont chanté pour faire tomber la pluie. Bembelj est un substantif d’origine turque qui désigne une sorte de haricots blancs. Bien que les deux substantifs existent en serbe, ils n’étaient jamais employés ensemble, dans un syntagme. Aussi ce nom comique révèle-t-il le génie créateur du traducteur et reste dans le domaine de fiction rabelaisienne ou plutôt vinaverienne. Le procédé de substitution est également présent dans la catégorie de toponymes. Par exemple, les isles de Thohu et Bohu, un toponyme rabelaisien, a deux variantes dans le

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texte serbe: Darmarska ostrva et ostrva Dar i Mar. A ce nom d’origine hébraïque qui révèle les caractéristiques de ces îles désertes, est substitué le nom serbe d’origine turque darmar ‹désordre, tumulte›. L’autre variante serbe représente le même nom mais décomposé en deux éléments dont chacun a sa propre signification: dar ‹cadeau›, et mar ‹soin, souci›. Mises l’une à côté de l’autre, ces deux variantes serbes semblent être en contraste. Le nom darmar a une connotation péjorative, tandis que les noms dar et mar ont une connotation positive. Il paraît donc peu vraisemblable que ces deux variantes puissent se rapporter au même toponyme. Mais Vinaver ne traduit pas le lexique. Il traduit l’idée de Rabelais. Il prend le chemin de Rabelais menant de l’ensemble aux détails et des détails à l’ensemble, le chemin souvent sinueux, ce qui empêche le lecteur d’envisager en même temps les deux, l’ensemble et les détails. Le procédé de substitution est surtout représenté par les correspondants serbes des cuisiniers-guerriers: aux ustensiles de cuisine, aux plats, aux comestibles, aux épices de la cuisine française de l’époque de Rabelais sont substitués les spécialités culinaires et les noms d’ustensiles de notre région, empruntés à la langue turque il y a plusieurs siècles. De cette manière le monde des géants de Rabelais devient habité par les cuisiniers dont les noms désignent les plats turcs, tel que Musakije, du substantif musaka ‹moussaka›.1 Un autre emprunt turc est le nom d’un ustensile de cuisine, Avanko, du substantif avan ‹mortier›. Il y a aussi des spécialités culinaires serbes, telles que Gužvara, du verbe gužvati ‹froisser›.2 Un autre nom, Hoschepot, le ragoût à base de bœuf haché, est traduit par un patronyme dérivé du nom commun du folklore serbe, klin-čorba ‹potage aux clous›, le plat fait du rien, le plat des gens pauvres. Au nom commun est ajouté le suffixe patronymique -ić ce qui permet au traducteur de l’introduire dans notre système onomastique – Klinčorbić. Bien qu’ils ne soient pas les correspondants adéquats des anthroponymes rabelaisiens, tous ces noms restent dans le même domaine sémantique d’alimentation et de cuisine, parfaitement compréhensibles pour le lecteur serbe. Les deux procédés suivants révèlent une grande liberté créatrice de notre traducteur. Un aspect de cette liberté touche directement au texte rabelaisien. C’est le procédé d’addition. La traduction serbe contient des noms qui n’existent pas dans la version française. Là où il y a un seul élément onomastique Vinaver ajoute un autre élément formant ainsi une identification complète – prénom et nom. Le nom du marchand de Taillebourg, Dindenault, est probablement dérivé du substantif dandin. Cependant Vinaver y reconnaît les substantifs dinde et dindon, à partir desquels il crée la forme serbe Ćur-Ćuranko. Ćuranko représente un nom dérivé du substantif ćuran ‹dindon›, tandis que le premier élément, ćur, représente une onomatopée utilisée pour attrouper les dindes. Au premier coup d’œil il semble que Vinaver ait raté le sens de ce nom, mais le nom dinde en serbe peut désigner une personne peu intelligente, tandis que l’onomatopée ćur, traduit parfaitement ce thème du mouton jeté à l’eau entraînant dans l’abîme troupeau et marchand. ––––––– 1

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Le plat fortement condimenté et épicé qui se cuit au four et qui est, dans sa variante serbe, composé de pommes de terre, de hachis de porc et d’oignon. C’est le nom populaire d’un plat dont la pâte s’étend en de grandes feuilles très fines que l’on froisse et plonge dans un mélange de fromage, d’œufs, de sel et d’huile. Ensuite ce mélange se verse dans une terrine, se couvre d’une dernière feuille de pâte et se cuit au four.

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L’autre procédé, encore plus libre, est le procédé d’invention vinaverienne. A partir des éléments du fonds lexical serbe, le traducteur crée de nouveaux mots. Ces noms, très souvent dérivés, ont leur base dans la langue serbe, mais de nouvelles combinaisons extraordinaires des éléments lexicaux rendent ces noms comiques et autonomes. L’anthroponyme rabelaisien Painensac, un syntagme nominal, devient en serbe Hlebotorbić, nom composé des substantifs hleb ‹pain›, et torba ‹sac›, auquel Vinaver ajoute le suffixe patronymique -ić pour le rendre plus proche de notre système onomastique. Ou bien un ethnonyme, Papimanes, composé du substantif pape et mane, élément emprunté au grec mania, devient Papomahnitaši, du substantif papa ‹pape› et du nom déverbatif mahnitaši, dérivé du verbe, mahnitati, lui-même dérivé de l’adjectif archaïque, mahnit ‹frénétique›. Certains noms de ce groupe contiennent des verbes et représentent de vraies phrases. Le nom propre au sens scatologique, Maschemerde, du verbe mâcher et du substantif merde, en serbe devient Grizigovno, du verbe gristi ‹mordre›, et du substantif govno ‹merde›. Cette expression vinaverienne fera partie du langage familier pour désigner une personne qui a été trompé par quelqu’un. Voilà comment Vinaver crée de nouveaux mots et expressions serbes. Beaucoup de ces néologismes personnels sortent du roman et continuent à vivre dans notre langue. Le procédé caractéristique de Vinaver est tout de même la juxtaposition de la transcription du nom originel (version francisée du nom grec ou hébreu) et de sa traduction en serbe. Ces noms ont deux éléments: la transcription garde la forme originelle et l’atmosphère phonétique et sémantique que crée ce nom, tandis que la traduction rend possible la compréhension du sens, ce qui est très important si l’on tient compte du fait que le lecteur serbe lit le roman sans commentaires critiques. Le procédé de juxtaposition est dominant dans la traduction des noms des membres de la compagnie des géants. D’abord Vinaver crée ces correspondants à partir des éléments du fonds lexical serbe: l’écuyer de Gargantua, Alexandre, dont le nom signifie sauveur des guerriers, devient Aleksandar-Branič où le substantif branič signifie le défenseur. Pareillement les compagnons de Pantagruel: Eusthènes, dont le nom signifie le fort, devient Eusten-Silni, de l’adjectif silan ‹fort, puissant›. Ensuite, Vinaver utilise la dérivation pour créer la forme serbe du nom d’Epistemon, le sage, précepteur de Pantagruel enfant et compagnon de Pantagruel adulte, qui devient Epistemon-Znajša, où znajša, dérivé du verbe znati ‹savoir›, représente un substantif inventé par le traducteur. Le page de Gargantua, Rhizotome dont le nom signifie couperacines, dans la version serbe devient Rizotom-Korenjar, du substantif koren ‹racine›. Finalement, notre traducteur utilise le procédé de composition pour former les correspondants serbes des deux noms: Ponocrates, précepteur de Gargantua, dont le nom signifie le bourreau de travail, devient Ponokrat (Trudoljubivi), nom composé du substantif trud ‹travail, labeur› et de l’adjectif dérivé du verbe ljubiti ‹aimer›. L’autre, Xenomanes dont le nom grec signifie le passionné de l’étranger, devient Ksenoman-Stranstvoljub, composé du substantif stranstvo, dérivé de l’adjectif stran ‹étranger›, et du verbe ljubiti

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‹aimer›.3 Un seul anthroponyme est traduit par un syntagme nominal, Eudemon, dont le nom signifie le fortuné, qui devient Eudemon (Pod-dobrom-zvezdom-rodjen), signifiant qu’Eudémon est né sous une bonne étoile. D’abord transcrits et ensuite adéquatement traduits, ces noms révèlent les caractéristiques des héros et mettent en relief leur rôle dans l’œuvre, le devoir qu’ils accompliront. Quant aux toponymes traduits par le procédé de juxtaposition, la situation est un peu différente. La patrie des géants, Utopie, empruntée à Thomas More, est un pays imaginaire. Sa position géographique dans le roman de Rabelais est indéfinie. Chez Vinaver aussi. Ce toponyme a plusieurs variantes: la transcription, Utopija, et deux versions de la juxtaposition de la transcription du nom originel et de sa traduction en serbe – UtopijaGdejka et Gdejka-Utopija, où la traduction représente aussi un toponyme de fiction, un dérivé vinaverien de l’adverbe gde ‹où›. Plusieurs variantes de ce toponyme rendent sa position vague. La patrie des géants, située en Chinon, ou peut-être en Asie, ou bien en Afrique, suit ce mouvement si caractéristique du roman: Utopie de Rabelais et UtopijaGdejka de Vinaver, indéfinies et mobiles, changent leur position sur la carte géographique et évoluent comme les héros du roman et tout l’univers rabelaisien d’ailleurs. La variété des formes serbes donnent une grande liberté au traducteur, liberté dont il était privé par l’absence des commentaires critiques. S’il a besoin de souligner l’origine antique de ces noms, il utilise l’élément transcrit. S’il met en relief la signification, il utilise l’élément traduit. Parfois il utilise les deux éléments ensemble. Alors ces noms deviennent de vrais anthroponymes où la forme transcrite devient le prénom qui identifie la personne comme «bonne» en la rangeant parmi les exemples antiques, tandis que la forme traduite devient le nom qui met en relief la signification de l’anthroponyme en révélant les habitudes et le rôle du héros, ou de tout un peuple. Cependant, dans le groupe de toponymes cette identification double n’assume qu’apparemment le rôle de situer plus précisément certains endroits. Plusieurs variantes serbes multiplient ces toponymes en les rendant indéfinis et peu clairs. Aussi semble-t-il justifié de conclure que le traducteur serbe participe dans la création du monde de fiction de Rabelais, mystérieux et toujours mobile. Par tous ces procédés le traducteur transmet les idées de Rabelais au lecteur serbe, en utilisant tous les éléments de notre langue, mais en même temps, par son style personnel et poétique, il crée de nouveaux mots et expression dont certains n’ont jusqu’alors jamais été inscrits dans nos dictionnaires. Vinaver a inventé plusieurs centaines de mots nouveaux pour l’onomasticon rabelaisien. Ces noms sont génialement baptisés pour devenir serbes, pour que leur signification et leur mélodie soient proches des lecteurs serbes, pour qu’ils soient compréhensibles, facilement reconnus et comiques. Les mots, les tournures et les expressions à partir desquels ces noms sont créés, toujours dans des combinaisons fantastiques, ont leur base dans le fonds lexical et la musique de la langue serbe desquels ils puisent leur force, leur expressivité et leur comique. Et justement ce lien indissoluble entre le sens d’un mot et la mélodie d’une langue fait naître divers noms pittoresques qui présentent le mieux cette grande entreprise ––––––– 3

Ce nom est créé d’après le modèle onomastique serbe formant les anthroponymes en -ljub, tels que Rodoljub ‹qui aime son peuple, patriote›, Miroljub ‹qui aime la paix›, ou Slavoljub ‹qui aime la gloire›.

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de Vinaver, le chef-d’œuvre de traduction inventive. Si l’on prend en considération l’aspect technique, la traduction de Vinaver passe très souvent outre les canons permis et l’on peut conclure qu’il opte pour une approche différente, une autre poétique de la traduction littéraire – la poétique qui compte surtout sur l’invention. Mathématicien, musicien et poète, Stanislav Vinaver a su joindre ses trois grandes amours justement dans sa merveilleuse traduction du texte rabelaisien. Un témoin précieux, Zoran Gluščević, qui fréquentait la maison de Vinaver à l’époque où la version serbe du roman était en train de naître, nous a transmis ses souvenirs. Vinaver a utilisé différents dictionnaires de l’ancien français et du moyen français, mais il a aussi créé ses propres dictionnaires. Quand il trouvait un mot ou une phrase qui n’avaient pas de correspondants adéquats en serbe, une nuance que Rabelais avait inventé juste pour une situation spécifique du roman et personne n’a eu le temps de l’inscrire dans un dictionnaire, Vinaver notait plusieurs variantes en serbe, et faisant des combinaisons précises, presque mathématiques, il choisissait celle qui correspondait le mieux à la mélodie de langue. Et c’est justement la raison pour laquelle sa traduction nous paraît parfois trop libre. Mais cette liberté n’est pas occasionnelle et ce ne sont pas les fautes – c’est la traduction de la mélodie d’une langue. Le sens est toujours authentique, mais, pour Vinaver, le sens sans musique ne signifie rien – le sens comprend les deux, la sémantique et la musique (cf. Gluščević 1995: 75-76). L’onomastique vinaverienne révèle donc toute la richesse de notre langue: la phonétique, la prosodie, la morphologie, le lexique et la syntaxe, tous les niveaux de la langue, la tradition littéraire et notre folklore. Comme Rabelais, Vinaver ne doute pas de sa langue. Il croit que le serbe est capable de transmettre l’idée complexe de Rabelais et il se sert de tous les moyens linguistiques et extralinguistiques pour la traduire. Par conséquent, les deux, le roman de Rabelais et sa version serbe, mettent en relief les connaissances linguistiques de l’écrivain et du traducteur, leur estime de la langue, mais avant tout, ils révèlent l’amour de leurs propres langues auxquelles tous les deux croyaient et qu’ils ont rendues célèbres chacun à sa manière. Par ses acrobaties linguistiques, Rabelais a prouvé aux contemporains que le français était aussi expressif et riche que le grec, le latin ou l’hébreu, et Vinaver a honoré sa propre langue (Vinaver 1953: 3): Par ma traduction de Rabelais j’ai voulu rendre hommage à ma propre langue qui est merveilleuse, vigoureuse, expressive et libre. Sans amour du serbe, cette traduction ne franchirait pas les obstacles qui doivent être franchis pour nous rapprocher de Rabelais. Traduire Rabelais, c’est aimer Rabelais, mais c’est surtout aimer sa propre langue d’un amour immense.

Bibliographie Dauzat, Albert / Dubois, Jean / Mitterand, Henri (1964): Nouveau dictionnaire étymologique et historique. Paris: Larousse. Gluščević, Zoran (1995): Sećanja na Vinavera. In: Vinaver, Milica / Brajović, Tihomir / Marčetić, Milovan (edd.): Reč 13: In vinaveritas. Beograd.

François Rabelais chez les Serbes – amour de la langue et une traduction inventive

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Diversification scientifique, interculturalité et mondialisation: des univers contradictoires? – Les traducteurs au croisement de la spécialisation technique et de la mondialisation du savoir

1. Diversification scientifique, mondialisation et traduction A l’ère de la mondialisation, au sein d’une société, les informations et le savoir sont considérés comme une valeur qui détermine la perception de la réalité individuelle et celle de la réalité globale des communautés langagières et culturelles. Les champs scientifiques et techniques manifestent un degré de spécialisation et de différenciation de plus en plus élevé, ce qui entraîne une offre de plus en plus large de savoir et de connaissances qui sont, de nos jours, aussi bien à la disposition des experts que des profanes. Il en résulte que le savoir peut se manifester sous des formes de représentation tout à fait différentes, encastrées dans divers contextes sociaux et divers cadres interactionnels. En raison de l’internationalisation et de la coopération transdisciplinaire mondiale, la gestion d’informations et de savoirs et aussi la traduction sont devenues une nécessité sociale. Aussi le profil de la traduction englobe-t-il aussi bien la réalisation de communications à l’intérieur de champs spécialisés que vers l’extérieur. L’examen de paramètres relatifs à la sociologie de la traduction place les implications de l’intégration des traducteurs dans le processus de traitement de l’information et du savoir au centre des analyses scientifiques. Les configurations interactives spécifiques de nature technique aussi bien que culturelle, pragmatico-sociale et langagière impliquent, du point de vue des partenaires interactionnels concernés, différents univers et réalités individuelles et collectives entre lesquels les traducteurs doivent faire la navette. Cet aspect est extrêmement manifeste dans la communication médicale et sa traduction, puisque le champ de la médecine comprend un univers très vaste de situations communicatives, de degrés de spécialisation assez hétérogènes, de sortes de textes et de configurations interactives à tous les niveaux de la communication spécialisée mais aussi profane. C’est pourquoi le présent article vise à présenter quelques paramètres pertinents de la communication et de la traduction médicale ainsi que des défis techniques, interactionnels, culturels et sociaux auxquels les traducteurs se voient parfois confrontés en essayant de trouver un équilibre entre les exigences de la matière et communication au sein d’un champ technique et celles de la sociéte du savoir mondialisé. Étant donné les exigences didactiques qui en résultent, les différents univers et réalités impliqués sont abordés aussi en considérant la didactique de la traduction médicale, puisque les traducteurs et traductrices doivent réaliser une sorte d’alternance codique pour arriver à un produit de translation fonctionnel et adéquat.

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2. Domaines spécialisés, cultures de spécialisation et traduction Il y a quelque temps, la radio autrichienne a diffusé une émission sur le travail des traducteurs et interprètes au cours de laquelle on a cité la sinologue Karin Hasselblatt qui a déclaré «Sans les interprètes et les traducteurs, les cultures se désagrègeraient en unités séparées. Notre monde serait une maison dotée de centaines de pièces, mais sans aucune porte». Dans ce dictum, les traducteurs et les interprètes deviennent des navetteurs de cultures au sein d’un même monde. Si on suit le fil de cette pensée, en élargissant la métaphore, l’on peut considérer les différentes pièces de la maison comme des mondes ou des univers indépendants, mais en même temps interconnectés entre eux. Et ces mondes sont déterminés par leur propre spécificité et complexité. Ceci concerne aussi –ou même d’une manière encore plus prononcée– les domaines spécialisés avec leurs cultures de spécialisation. Dans ces mondes, il existe des situations de communication, des types de textes et des configurations interactionnelles très différenciées. Ces configurations spécifiques, de nature technique aussi bien que culturelle, pragmatico-sociale et langagière impliquent, du point de vue des partenaires interactionnels concernés, différents univers et réalités individuelles et collectives entre lesquels les traducteurs et traductrices doivent faire la navette et réaliser une certaine alternance codique. Leur environnement professionnel est déterminé par les paramètres de l’internationalisation, de la globalisation et des processus de gestion d’informations et de savoir qui passent d’un domaine de spécialisation à un autre. La traduction en tant qu’élément du marché global et le quotidien du traducteur et de la traductrice se caractérisent par un changement de langues et de cultures sous forme d’un switching permanent entre des mondes et contextes de travail et des partenaires d’interaction changeants qui présentent tous leur propres intentionnalité et skopoi communicatifs et textuels. Ce qui en résulte pour la traduction, ce sont différents défis techniques, interactionnels, culturels et sociaux auxquels les traducteurs et traductrices se voient confrontés en essayant de trouver un équilibre entre les exigences de la matière et communication au sein d’un champ technique et celles de la sociéte du savoir mondialisé. C’est pourquoi, selon l’opinion de Risku (1998: 234), p. ex., la «gestion du moi-même» du traducteur et de la traductrice comprend aussi la capacité de pouvoir estimer quel rôle il ou elle doit assumer dans la spécifique situation d’interaction. Les traducteurs et les traductrices doivent se doter de connaissances et de savoir semi-professionnels aussi bien dans le champ spécialisé en question que dans son discours spécifique avec ses normes techniques, mais aussi ses orientations sociales. La facticité de ce transfert polyforme qui dépasse les limites des langues, cultures, et champs techniques exige aussi une certaine sensibilité pour les raisons et les normes du comportement propre à la culture du champ technique en question. Ceci est justement d’une pertinence spécifique quant à la médecine et à la communication et interaction au sein du domaine médical, due à sa complexité et sa pertinence sociale et universelle indéniable.

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3. Les univers de la médecine – Gestion du savoir et gestion de qualité en traduction Ursula Lehr, chercheuse en gériatrie, est p. ex. connue pour son dictum «Le vieux médecin parle le latin, le jeune médecin parle anglais. Le bon médecin parle la langue du patient». On se demande donc ce que parlent le traducteur et la traductrice? Ces deux-là doivent savoir parler la langue de tous. Ils sont considérés comme médiateurs entre les langues et cultures, mais aussi entre les adhérents d’une ou de plusieurs spécialités (avec tous leurs degrés de technicité). Et ils sont également considérés comme médiateurs vers le monde des profanes hors du domaine technique, chacun déterminé et socialisé dans sa langue, sa culture avec ses propres conventions et normes. Les traducteurs et traductrices doivent donc correspondre à l’exigence de savoir parler la langue des producteurs du texte source dans son monde et son cadre technique ou non et interactionnelle aussi bien que celle du récepteur dans sa réalité, et de livrer un produit de translation fonctionnel apte à tous les skopoi de la communication intentionnée par les acteurs concernés impliqués dans l’interaction en question. Mais la plupart des traducteurs et traductrices en communication médicale ne sont pas des médecins (cf. O’Neill 1998: 69), ils sont des ‹autodidactes› avec ce que Löning (1994: 105) appelle des «connaissances semi-professionnelles» ce qui pose aussi certains défis pour un curriculum et une didactique spécifique au sein des institutions de formation. Il existe de multiples approches et liens didactiques à établir avec le sujet de la communication médicale et sa traduction juste en fonction de l’accent qu’on veut placer: soit sur les contenus médicaux, la langue technique médicale et sa terminologie, sa culture du domaine spécifique et les aspects sociologiques impliqués; soit sur les processus de transfert, les situations interactives et communicatives du travail et les interconnexions complexes impliqués au niveau de l’économie, du système sanitaire et de la politique de santé d’un pays concret, soit sur les exigences des requêtes de traduction et des profils de travail ou bien sur la didactisation et la préparation à la vie professionnelle. La somme de tous ces facteurs détermine les différents profils professionnels et ainsi aussi le profil didactique que nécessite le champ de la médecine et de la traduction médicale. La question cruciale déterminante de tout travail de translation est, comme toujours, la question de la qualité et des critères de qualité pour le travail professionnel. Nos diplômés travaillent de plus en plus dans des profils professionnels où ils / elles sont responsables de la genèse non pas d’une reproduction, mais plutôt d’un nouveau produit, soit un texte adapté aux conditions d’un nouveau cadre fonctionnel. Toute action communicative est interconnectée à une sorte d’action de valorisation et d’évaluation. A l’évaluation individuelle et de la part d’autrui s’ajoutent des modèles d’évaluation déterminés par une société ou une culture quelconque (cf. Horn-Helf 2007: 20). Les normes de comportement socialisées déterminent notre évaluation langagière, pragmatique et culturelle que nous effectuons dans la communication de tous les jours dans la plupart des cas automatiquement et de façon implicite, sans nous en rendre compte. A travers des situations d’évaluation différentes et différents cadres interactionnels, se créent des relations de valeurs différentes et ainsi des configurations sociales, des mondes sociaux différenciés dans lesquels l’individu agit et communique.

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Au sein des sciences économiques aussi bien qu’au sein de la traduction, la gestion d’informations, celle du savoir et de la qualité sont fortement interconnectées. L’information est considérée comme une ressource précieuse (Teubner 2002: 4). Cette conception est aussi intéressante pour la traduction. Les traducteurs et traductrices deviennent ainsi des professionnels dans le domaine de la gestion d’une des ressources les plus importantes de nos économies. Aussi, une gestion d’informations réussie, englobe-telle également une bonne gestion du savoir – et tout cela dans une conception qui place au centre des facteurs économiques l’individu humain en tant qu’agent actif et interactif. La gestion d’informations et de savoir requiert dans la traduction – tout comme dans l’économie – une performance d’intégration perpétuelle de réseaux d’informations et de savoir. Nous revenons donc à la question de la qualité du produit de translation: la réalisation d’une performance de traduction de haute qualité requiert un management de translation adéquat. Si nous suivons une perception économique, celle-ci doit prendre plusieurs perspectives en considération: la perspective de la qualité du produit, celle de la qualité de l’usage et celle de la qualité du processus de traduction. D’un côté, une haute qualité de produit ne peut se former que si la qualité du processus est élevée, de l’autre côté la qualité de l’usage, à savoir pour l’usager, ne peut être disponible que si la qualité du produit, donc du translat, est élevée. Il existe donc une sorte de chaîne d’efficacité entre ces paramètres (cf. Feyrer 2005). La réalisation d’une telle performance compte parmi les compétences primordiales de transfert pour un travail de traduction adéquat. Il s’agit donc d’arriver à agir de manière adéquate dans les mondes techniques dotés de configurations interactionnelles divergentes et leurs exigences différentes quant aux performances des acteurs concernés par l’interaction. Vu de la perspective de la traduction, les stratégies de gestion d’informations et de savoir deviennent de pertinents facteurs productifs pour le travail du traducteur et de la traductrice. Leur profil professionnel devient de plus en plus complexe et si l’on considère l’information et le savoir comme une ressource économique, la tâche primordiale du traducteur consiste dans la réalisation et gestion de cette ressource en tant que matière première pour un futur traitement de la part des récepteurs. Une certaine économie y est aussi centrale. Aussi arrivons-nous à la notion de ‹pertinence› ou bien de ‹relevance›. Derrida (1999: s. p.) y trace un dessein assez exigeant des traducteurs et traductrices en disant que ce sont ceux qui savent travailler «dans la multiplicité des langues et l’impureté de la limite». C’est probablement justement le cadre des différents facteurs pragmaticointeractionnels et situatifs qui constitue ces «impuretés de la limite» dans le transfert de langues et cultures, générales ou bien spécialisées. Les traducteurs et traductrices doivent être à même d’évaluer la pertinence d’informations et d’éléments constitutifs du savoir pour pouvoir réaliser leur travail de transposition. Ceci comprend aussi – tout comme dans l’économie – une certaine orientation vers les exigences de la clientèle. Quant à la formation des futurs traducteurs et traductrices, cette conception de client s’étend à une dimension additionnelle, à savoir celle des étudiant(e)s en tant que clients de l’institution de formation. Dans le monde de la formation et dans le quotidien professionnel, les valeurs pertinentes et les critères d’évaluation ne sont pas toujours les mêmes. Au sein du marché du travail, il existe d’autres exigences et critères d’évaluation pour une performance adéquate en matière de traduction que dans le cadre de la formation. Ceci pose un réel défi, à intégrer dans tout accès didactique. C’est avec raison – et il est

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symptomatique – que Hönig (1998: 378) distingue résolument «le monde réel du marché du travail» de celui de la situation de formation.

4. La communication médicale et sa traduction à l’ère de la mondialisation Le champ spécialisé de la communication médicale, un champ de recherche et de savoir doté d’une large gamme de degrés techniques et qui englobe de multiples configurations interactionnelles très différenciées, se révèle à plus d’un titre apte à démontrer la complexité du travail de traduction en ce qui concerne la réalisation de l’interaction entre les acteurs issus de différents mondes, univers et réalités d’un même champ thématique. Cela implique des aspects du transfert de langue et de culture, des paramètres interactionnels et sociaux, des caractéristiques de la diversité des mondes spécialisés et profanes dans le cadre de la traduction concrète. En considérant l’aspect didactique et le monde de la formation, il en résulte donc, aussi à cet égard, différents univers de la traduction, à savoir l’univers des exigences de la pratique professionnelle et l’univers de la formation.

4.1 Les profanes et leurs mondes – la communication vers l’extérieur du domaine technique Dans le domaine de la médecine, le champ de tensions entre, d’une part la communication technique et, d’autre part, la gestion et le transfert de savoir vers l’extérieur du domaine spécialisé, englobe des domaines de vie très hétérogènes. Une des questions cruciales pour le travail de traduction est de se rendre compte comment et à quels niveaux on travaille comme traducteur et traductrice avec et entre ces mondes et réalités différentes. Voyons, comment un premier accès didactique pourrait être effectué pour donner une idée des mondes intersectés dans l’univers de la traduction médicale: Souvent, c’est justement par l’intégration de différents mondes et réalités interactionnels et de différents modèles d’orientation langagiers et culturels que le succès d’une interaction et d’une communication est rendu possible. Les textes de publicité offrent, aussi en matière technique, souvent une bonne possibilité pour voir comment différents mondes et réalités sont projetés les uns sur les autres en intégrant une multitude de stéréotypes et aspects d’orientation culturelle et sociale. La publicité travaille avec des contrastes, avec l’interconnexion de réalités et de mondes différents sous forme de métaphores et stéréotypes, avec des comparaisons et des projections d’un domaine de la vie sur l’autre. Dans le cadre de la publicité médicale, le personnage de Einstein p.ex. est un motif très utilisé aussi bien dans la publicité orientée vers l’extérieur que dans celle orientée vers l’intérieur de la matière ce qui permet aux étudiant(e)s d’élaborer d’intéressantes comparaisons aux niveaux langagier, sémantico-pragmatique, mais aussi socio-culturel. Ainsi les étudiant(e)s d’un cours de traduction médicale à l’Institut de traduction et d’interprétariat de l’Université d’Innsbruck se voyaient un jour confronté(e)s, comme premier accès à la matière, avec une publicité profane pour un appareil auditif. Il s’agissait

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d’un dépliant publicitaire disponible dans des magasins spécialisés en audiophonologie (des audioprothésistes p.ex.), des pharmacies et des cabinets médicaux. Le slogan Si petit, si génial essayait de persuader de l’efficacité de ce produit en promettant le plus petit système auditif du monde avec deux microphones tout en renvoyant au mot clef IQ-nano figurant comme relais à la personne de Einstein qui était représentée visuellement à plusieurs reprises de manière Warholiescque sur le dépliant (Interton GmbH [s.a.]). De cette manière on fait allusion à notre savoir lexical, notre formation de base. Einstein représente le génie, l’intelligence, donc l’on compare les appareils auditifs avec la nanotechnologie. Le mot clef est ici la technologie intelligente, donc la transposition d’un univers de vie sur l’autre avec toutes ses connotations incluses, ce qui doit aussi être réalisé dans la traduction. Les étudiant(e)s voyaient donc, à l’exemple de quelques mots illustratifs à traduire et à l’exemple des associations stéréotypées universelles reliées à un personnage célèbre du monde scientifique, l’interdépendance et l’interconnexion d’univers techniques, historiques, spécialisés et sociaux devant l’arrière-plan de la traduction et de la transposition interculturelle.

4.2 Les spécialistes et leurs mondes – Les mondes à l’intérieur des domaines spécialisés Comme nous l’avons vu, la traduction s’effectue généralement dans des mondes et configurations complexes. Mais à l’intérieur du champ technique peuvent aussi exister des mondes différents et des configurations interactives divergentes. Une sorte de texte intéressante pour la didactique est le document de visite (cf. Feyrer 2002). Généralement, il s’agit d’un dépliant composé d’éléments publicitaires et de savoir médico-scientifique fondé, et sur la base duquel le référent pharmaceutique construit son entretien de vente avec le médecin. Le document de visite est utilisé dans les entreprises pharmaceutiques pour donner des informations sur le produit, dans le but d’aider le référent de l’entreprise pharmaceutique à vendre au médecin le produit, en l’occurrence le médicament. Dans la plupart des cas, les référents pharmaceutiques ne sont pas des médecins, mais ils doivent ‹se débrouiller› dans une situation de discours technique vis-à-vis d’un spécialiste du domaine pour vendre un produit et pour le persuader des qualités supérieures de ce dernier. Ceci requiert des connaissances techniques fondamentales et un savoir médical structuré, facilement accessible dans cette situation d’entretien – tous ces éléments sont fournis par le document de visite. Ces textes sont en quelque sorte une chaîne argumentative stucturée, servant au référent pharmaceutique, et sont, en même temps, des dépliants publicitaires pour le médecin. Les textes révèlent, à part une densité d’informations, un caractère appellatif prépondérant, le cadre actionnel de traduction requiert donc une forme spécifique de gestion de savoir et d’informations. Aussi les documents de visite, mélange de publicité, de stratégies de marketing et de faits scientifiques, constituent-ils une sorte de texte spécifique. Pour faire ressortir le contraste entre la communication vers l’extérieur du domaine et vers l’intérieur, les étudiant(e)s du même cours de traduction médicale se concentraient, après la traduction du dépliant mentionné au sujet du système auditif, sur un document de visite présentant un médicament contre l’hypertonie dont le message de base publicitaire mettait une fois de plus l’accent sur les stéréotypes évoqués par le personnage d’Albert Einstein. Sur la page initiale de ce document de visite (Takeda Pharma 2003)

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figure Einstein, penché sur un jeu de stratégie, le regard fixé sur le lecteur / la lectrice en posant la question sélectivié ou affinité?. La série à laquelle appartient ce document de visite était même nommée pour un prix publicitaire. Dans la Medical Tribune, on soulignait que beaucoup de lecteurs et de lectrices étaient fascinés par le génie de Einstein: «Bei Blopress waren viele LeserInnen ‹fasziniert vom Genie Einstein›» (Medical Tribune 2008). Mais du point de vue du traducteur et de la traductrice, dans ce cas-là, il fallait acquérir déjà un savoir de base plus profond. Cette fois d’autres qualités de Einstein sont évoquées. Le slogan sélectivité ou affinité n’est compréhensible que si l’on connaît le fonctionnement du métabolisme de l’agent en question. Il s’agit de l’affinité de réception au niveau moléculaire du métabolite de ce médicament contre l’hypertonie dont l’agent manifeste une affinité de réception supérieure à d’autres agents. Cela veut dire que les étudiant(e)s faisaient face à une publicité à l’intérieur du champ que l’on ne comprend qu’avec certaines connaissances médicales. La tâche du traducteur et de la traductrice peut, déjà à cet égard, être relativement complexe en tant que médiateur entre langues et cultures et aussi cultures techniques. En didactique, il s’agit de trouver des moyens pour assurer une qualité de processus adéquate et ainsi de produit et d’usage. Pour les étudiant(e)s, il est important de trouver une certaine auto-gestion de soi-même, intégrable aussi bien dans le travail individuel que dans le travail en équipe.

4.3 La médecine, les aspects d’une culture de spécialisation et la traduction La configuration interactionnelle complexe de la translation vit de l’échange et du transfert d’unités d’informations et de savoir entre ces mondes et les personnes qui y agissent dans leur contexte technique, mais aussi culturel et social. Pour démontrer que l’aspect culturel joue un rôle primordial non seulement dans la communication de tous les jours, mais aussi – et peut-être avec une complexité encore plus profonde – dans les cultures des domaines spécialisés, nous nous sommes par la suite concentrés sur l’analyse et la traduction d’un autre document de visite, à savoir une présentation d’un kit de sondage urinaire intégrant de l’eau. Il s’agissait d’un produit d’Astra Tech, à savoir de LoFric Hydro-Kit (cf. LoFric 2008). La page initiale de ce document de visite est dominée par la photo d’un dauphin, juste en train d’émerger de la mer devant un arrière-plan pittoresque d’une côte méditerranéenne. Vu la tâche du traducteur et de la traductrice d’effectuer une traduction adéquate fonctionnelle aussi au niveau culturel et pragmatique, c’est l’information non-verbale sur laquelle il faut mettre l’accent et le focus dans ce cas: l’eau est au niveau universel le symbole de la vie. Ceci prouve aussi une recherche dans les lexiques de symboles: «L’eau est la source et le symbole de la vie, et le culte des eaux se retrouve dans toutes les mythologies» (Julien 1989: 113). Au centre de la visualisation et de l’illustration de notre document de visite se trouve donc comme symbole de la mer et de l’eau, ce dauphin qui était jadis le symbole de l’emblème royal du dauphin français. Si cette publicité est reprise telle qu’elle dans la traduction en français, il pourrait en résulter, sans que cette entreprise ne s’en rende compte, une connotation additive non-voulue et nonintentionnée et probablement inadéquate. Cela aussi fait partie de la tâche du traducteur et de la traductrice, d’indiquer de telles interférences culturelles qui dépassent le cadre de la

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traduction technique. Blaikner-Hohenwart (2007: 214) parle à l’égard des limites floues entre la traduction technique et la traduction esthétique avec raison de «fuzzy edges».

5. Conclusions La médecine est une science qui, dans son universalité et internationalité, comprend une gamme de degrés de spécialisation extrêmement vaste et qui constitue, à l’ère de la mondialisation et de l’internationalisation du savoir technique ainsi que du savoir général, un caléidoscope dynamique de mondes communicatifs, interactionnels et textuels. Selon la spécificité des interactants et des situations communicatives, la médecine implique différentes formes de représentations dans lesquelles le travail traductionnel peut être intégré à différents niveaux d’action. Ainsi, le travail du traducteur et de la traductrice s’effectue-t-il dans des mondes individuels aussi bien que collectifs dont les ‹appartenants› agissent dans des réalités techniques, sociales, langagières et culturelles intersectées. C’est un des aspects pertinents pour la traduction médicale dont les étudiant(e)s ont pris conscience. La configuration interactionnelle complexe de la translation vit de l’échange et du transfert d’unités d’informations et de savoir entre différents mondes et les personnes qui y agissent dans leur contexte technique, mais aussi culturel et social. Quant à l’aspect culturel, Mudersbach (2002: 169), pour sa part, s’avance même jusqu’à poser la question de savoir si la traduction ‹per se› n’est pas fondamentale pour aboutir à une réelle compréhension d’aspects culturels. Cette question se pose aussi dans le domaine des cultures techniques. Ainsi, pour les traducteurs et traductrices, toute commande de traduction constitue un élargissement de leurs compétences langagières, culturelles, mais aussi professionnelles dans le cadre de l’interaction technique en question. À part les déterminants économiques qui engagent à effectuer un travail satisfaisant pour tous les acteurs concernés, la compétence d’expert et le management de soi-même des traducteurs et traductrices comprend surtout une compétence de transfert adéquate, orientée aussi bien vers l’intérieur que vers l’extérieur du domaine spécialisé. Les domaines techniques, tout comme tout autre monde et réalité globale ou bien individuelle, ne manifestent pas une orientation linéaire, ils sont plutôt interconnectés à d’autres domaines de la vie quotidienne, professionnelle et sociale des individus de sorte qu’il en résulte des réseaux et configurations interactives complexes. Pour cette raison, Risku (2004: 13), pour sa part, parle aussi du «rôle central d’identités sociales» en tant que «facteurs déterminants». Ceci pose aussi des défis à la didactique de la traduction médicale. Il en résulte donc, aussi à cet égard, différents univers de la traduction, à savoir l’univers des exigences de la pratique professionnelle et l’univers de la formation. Comme j’espère l’avoir démontré par ces quelques exemples, un facteur primordial pour un travail de traduction efficace et fonctionnel est une intégration de et une coopération entre différents mondes interculturels, dans le domaine du quotidien aussi bien que dans le domaine des contextes spécialisés. Il existe des mondes langagiers, culturels, pragmatiques, situatifs et textuels. Il existe des mondes individuels et institutionnalisés, subjectifs et collectifs, abstraits et concrets, globalisés et mondialisés pour n’en nommer que quelques-

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uns. Parmi eux, les mondes de la communication technique – et pas seulement celui de la médecine – sont aussi fortement interconnectés avec toute la gamme de la vie sociale et individuelle. Dans ce profil complexe d’exigences réside le défi pour le travail du traducteur et de la traductrice. Aider le plus tôt possible les futurs traducteurs et traductrices au cours de leur formation à développer une certaine sensibilité pour ces phénomènes et les aider à comprendre cette perspective de codes et de discours techniques comme une des compétences cruciales en traduction, est un des défis de la didactique de traduction.

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Juan F. García Bascuñana

Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans

1. Introduction Lorsqu’on approche de Charles d’Orléans (1394-1465) on est sans doute frappé par la rumeur linguistique qui imprègne son œuvre. Car au-delà de sa langue de création (le français), nous sommes devant un poète fortement influencé par cette diversité linguistique qui caractérise le XVe siècle où la traduction est bel et bien présente (cf. Chevalier 1994: 11-12). L’un des aspects qui ne laisse pas de nous surprendre c’est ce plurilinguisme plus ou moins explicite qui se dégage de l’ensemble de sa production poétique. Certes, il est avant tout un poète français, et il serait inutile de discuter là-dessus, mais il est vrai aussi qu’il n’a pas écrit seulement en cette langue. On connaît bien certains de ses poèmes écrits en latin et en anglais, même si ceux-ci ne sont pas trop nombreux: tout juste quelques rondeaux ou quelques ballades et une carole. On a même douté que ce soit le poète luimême l’auteur des ‹poésies anglaises› et on a fini souvent par les attribuer à un des chevaliers d’Outre-manche qui fréquentaient la cour de Blois, après le retour du duc de sa captivité. Mais au-delà de ces doutes et de ces controverses, il est certain que le plurilinguisme n’est pas étranger à la vie et à l’œuvre de Charles d’Orléans. Et cela dès sa naissance. Sa mère appartenant à la famille milanaise des Visconti, l’italien devient tôt pour lui une langue très proche. Sans compter l’influence des nombreux Italiens faisant partie de la suite ducale, parmi lesquels il faudra retenir le nom de son secrétaire, Antoine Astesan (cf. Stevenson 1992: 65-66), qui s’essaiera à traduire en latin les poésies de son maître. Mais avant que celui-ci n’entreprenne cette tâche, Charles d’Orléans lui-même aurait rimé en latin, une langue qu’il connaissait grâce à l’enseignement reçu de son précepteur Nicole Garbet, un bon latiniste qui s’était chargé de l’instruction du prince et qui l’avait introduit dans les œuvres élémentaires sur la grammaire latine: entre autres le Donat, le Doctrinale puerorum d’Alexandre de Villedieu, le Catholicon de Giovanni Balbi (Champion 1908: XIX). Mais au-delà de cette connaissance de diverses langues, il faut se poser la question à propos de leur présence chez Charles d’Orléans et du rôle effectif de la traduction dans son œuvre. On a dit et on a répété, et nous venons de le signaler ci-dessus, que Charles d’Orléans est avant tout un poète français, car c’est en cette langue qu’il a écrit pratiquement toute son œuvre. Mais on ne peut négliger la partie de cette œuvre rédigée en d’autres langues, c’est-à-dire ses poésies latines et anglaises.

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2. Charles d’Orléans et la langue latine: entre création et traduction La relation de Charles d’Orléans avec le latin est plus complexe qu’il ne semble à première vue. Elle se situe, il est vrai, dans la réalité linguistique de l’époque, mais dans le cas de notre poète elle revêt des formes et des caractéristiques diverses (cf. García Bascuñana 1995: 101-102). Il faut distinguer dans cette relation de Charles d’Orléans avec la langue latine trois aspects fondamentaux, qu’il faut bien délimiter pour cerner avec rigueur notre question: d’une part, la partie de son œuvre écrite directement en latin; d’autre part, une certaine présence plus ou moins explicite du latin dans ses poésies; puis finalement, la traduction latine, faite par Antoine Astesan, de la plupart de poèmes des Charles d’Orléans. Voyons tout d’abord le cas des poèmes écrits directement en latin. Si on tient compte de l’édition de P. Champion (Paris, 1923, nouv.éd.1982), sans doute le recueil le plus complet des poésies du duc d’Orléans, fondé sur le manuscrit 25458 de la BNF (manuscrit O)1, celui-ci n’aurait écrit qu’un poème intégral en latin. Il s’agit d’une des quatre caroles qui figurent dans cette édition.2 Mais à part cette carole latine, nous comptons quelques ballades où le latin est bien présent, même s’il apparaît alternant avec le français, dans un de ces jeux linguistiques si chers à ce manieur de langues qu’était Charles d’Orléans: Laudes Deo sint atque gloria, Hoc tempore, pre cordis gaudio, Exultemus cum Dei Filio, Misso nobis a Patris gracia. Hunc profete vere predixerant Nasciturum de pura virgine, Ut salvaret hos qui perierant, Pro parentum dampnati crimine. Tunc natus est stirpe regia, Flos ascendens de Jesse gremio: Illi honor et benedictio Qui nos replet tanta leticia. Laudes Deo sint atque gloria! Sint induit se carni hominis, Ut per carnem, carnem redimeret, Sic amorem demonstrans servulis, Quos creavit ne ipsos perderet.

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Pour avoir un aperçu complet avec la description et l’étude des différents manuscrits contenant les poésies de Charles d’Orléans, cf: Charles d’Orléans (1982): Poésies. (1923). Champion, P. (ed.), VII-XXI. Charles d’Orléans écrivit surtout des ballades et rondeaux, plus d’une centaine de ballades et un très grand nombre de rondeaux (à peu près 435). À part cela, il faut compter un bon nombre de chansons, puis cinq complaintes et quatre caroles.

Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans

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O miranda Regis clemencia! Qui non parcens corpori propio, Se obtulit diro supplicio, Nostra sanans cruore vicia. Laudes Deo sint atque gloria!

Nous sommes devant un texte qui suscite de nombreuses questions. La premère concerne la paternité même du poème. Charles d’Orléans, a-t-il écrit vraiment cette carole, ou plutôt s’est-il borné à copier, plus ou moins correctement, l’une des poésies qu’il avait trouvée à l’occasion d’une lecture religieuse. Dans le livre édité par Mary-Jo Arn (cf. Arn 2000), on nous signale que pendant son long emprisonnement de près de vingt-cinq ans, Charles d’Orléans aurait fréquenté à Londres les bibliothèques des chartreux, des franciscains et des clunisiens de Bermondsey.3 Ce qui l’aurait mis en contact avec des œuvres théologiques et plus exactement avec la poésie religieuse de son temps. Charles d’Orléans a tout probablement écrit cette carole, mais en essayant d’imiter une poésie religieuse qu’il connaissait bien. En fait, grâce à l’enseignement de son maître Nicolas Garbet, notre poète s’est servi tout naturellement du latin ecclésiastique propre au Moyen Âge. En tout cas, cette poésie représente une exception évidente dans l’œuvre de Charles d’Orléans, aussi bien pour sa forme que pour sa thématique. La carole est une forme à peine utilisée par les poètes français. Maurice Grammont dans son Petit traité de Versification française (1969: 90-103) ne fait pas mention de cette forme très employée en Angleterre, et elle ne se rencontre pas non plus dans les Arts de seconde Rhétorique du XVe siècle. D’autre part, malgré la bonne connaissance que Charles d’Orléans avait de la poésie religieuse, cette thématique est normalement absente de son œuvre.4 Mais ici le poète semble sentir le besoin de suivre un usage de l’époque et fait ce poème pour célébrer Noël; et puisqu’il est en Angleterre il se tient à l’usage anglais et rédige donc une carole. Il ne s’agirait pas en principe d’une traduction, puisqu’il n’y parmi ses poésies française aucun autre poème qui lui ressemble. C’est-à-dire que d’une façon naturelle le poète habitué à cette polyphonie linguistique qui l’environne ne doute pas au moment de bien distinguer sa poésie française de sa poésie latine ou de sa poésie anglaise, ces deux dernières peu abondantes et pourtant plus significatives qu’il ne semble. Charles d’Orléans se servira aussi de sa bonne connaissance du latin pour rédiger des poèmes5 où le français alterne tout naturellement avec le latin. C’est surtout le cas des ballades 103a, 103b, 104, 104a et 123f du manuscrit 25458 de la BNF [cf. ci-dessus], puis des chansons 86 et 87.6 C’est avec ce même naturel ––––––– 3

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P. Champion (1908: XXXI) nous dit aussi à ce propos qu’à une époque, pendant son exil forcé en Angleterre, le prince «se prit, pour passer le temps, à transcrire des cantiques et des oraisons». À part cette carole, le seul poème complet à thématique religieuse que nous trouvons chez Charles d’Orléans c’est la ballade 76 (de l’édition de P. Champion): une invocation à la Vierge Marie pour lui demander d’intercéder pour la paix aux moments les plus sanglants de la Guerre de Cent Ans: «Priés pour paix, doulce Vierge Marie, / Royne des cieulx, et du monde maistresse […]». Il s’agit surtout des poésies fortement ironiques, où l’emploi du latin sert à Charles d’Orléans à bien jouer sur l’humour moyennant des jeux de mots. Voyons, par exemple, la première strophe de la ballade 123f: «Parfont conseil, eximium, / En ce saint livre exortatur, / Que l’omme, in matrimonium, / Folement non abutatur; / Raison? le sens habetatur / De omni viro, quel qui soit: Fol non credit tant qui reçoit».

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donc, bien que peut-être avec plus d’efforts, que Charles d’Orléans n’hésitera point à rimer des vers anglais, sa «langue apprise» pendant sa longue captivité Outre-manche. Mais il faut être très prudents au sujet de ces ‹poésies anglaises›, car il ne s’agit souvent que des traductions de ses poèmes français, faites très probablement par d’autres. Par contre, on connaît bien le compilateur du long recueil latin du manuscrit 873 de la Bibliothèque de Grenoble. Pierre Champion (cf. Orléans 1982: XII-XV) nous renseigne à propos de l’humaniste italien Antonio d’Asti (connu comme Antonio Astesano, ou très souvent aussi comme Antoine Astesan, avec son nom francisé), qui fut le secrétaire du duc d’Orléans pendant quelques années. Charles d’Orléans l’avait connu lors de sa malheureuse aventure italienne7, quelques annnées après son retour de sa captivité anglaise. C’est à la cour princière de Blois qu’Antonio Astesano commença à connaître la poésie de son maître, ce qui le porta, probablement, vers les années soixante8 du siècle, à la traduire en latin, à partir du livret personnel de son maître (le manuscrit 25458) qu’il avait même copié pendant son séjour à Blois. Astesan est un de ces humanistes du XVe siècle qui pensent que la poésie ne peut acquérir sa vraie valeur littéraire qu’exprimée en latin. Il considère même que la richesse linguistique de cette langue ne fera que perfectionner ces vers écrits dans une ‹langue imparfaite› ou en tout cas moins parfaite que le latin, coïncidant ainsi avec ce qu’affirmait à ce propos Nicole Oresme (Marchello-Nizzia 1979: 359). En fait, le latin d’Astesan est une langue sans doute bien maîtrisée mais quelque peu plate et maniérée, loin du latin quelque peu maladroit mais ‹naturel et spontané› de son maître. Ce latin savant d’Astesan convient peu à une poésie spécialement subtile et pleine de jeux linguistiques où l’emploi d’autres langues sert à enrichir un discours poétique très personnel. Toute la riche complexité de la poésie du prince, où les mots dialectaux ou argotiques occupent une place non négligeable, est démontée dans cette traduction au profit d’une langue neutre et cultivée, chère à ces humanistes proches d’Astesan. Mais on ne peut douter que l’humaniste italien a su vraiment apprécier la poésie du prince, car lorsqu’il entreprend de traduire les poèmes de son maître en latin, il fait précéder sa traduction d’une préface rimée en hexamètres, où il fait de Charles d’Orléans un nouvel Ovide, qui une fois traduit en latin pourra devenir l’égal des poètes antiques.9 C’est pour dire l’importance accordée à cette poésie, et une preuve que celle-ci a bien circulé dans les milieux humanistes.

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Après son exil anglais de plus de vingt ans, Charles d’Orléans avait tourné ses regards vers l’Italie: il réclama à Filippo Maria Visconti la principauté d’Asti qui lui revenait de par sa mère, Valentina Visconti. Mais cette aventure italienne aboutit dans un grand échec militaire et politique qui fit que le prince renonça définitivement à toutes ses revendications dynastiques et se retira à Blois pour se réfugier définitivement dans la poésie. P. Champion (in Charles d’Orléans 1982: XIV-XV) nous parle de ce manuscrit de Grenoble qui contient les poésies antérieures à 1453, puisque le recueil se terminait avec la ballade Comment vois je ces Anglois esbahis qui fait allusion à la reconquête de la Guyenne par les Français. Il nous dit aussi que la traduction ne pouvait être antérieure à l’an 1461, puisqu’elle contient une épitaphe de Charles VII qui était mort cette année-là. De là que le traducteur assume toute la responsabilité de son entreprise: «Si quod in hoc libro quod dignum laude putaris / Invenies, ipsi laus sit habenda duci; / Si vero offendes aliquid quod crimine dignum / Exstet, ego culpam solus habere velim».

Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans

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3. À propos de l’œuvre anglaise de Charles d’Orléans. Si les ‹poèmes latins› de Charles d’Orléans –aussi bien les originaux que ceux qui ont été traduits– posent des problèmes et suscitent des questions, son œuvre anglaise devient un dilemme inextricable. Il est vrai qu’il existe un petit nombre de poésies écrites directement en anglais attribuées au prince. Mais on s’est posé très souvent la question à propos du (des) vrai(s) auteur(s) de ces compositions anglaises, la plupart des chansons. A.E.B. Coldiron (2000), dans son livre Canon, Période, and the Poetry of Charles d’Orleans, considère cette poésie anglaise du prince, sans oublier non plus sa poésie latine, sous tous les points de vue, et se pose de nombreuses questions concernant la dichotomie création / traduction. Une question pas facile à répondre et que se sont toujours posés les connaisseurs de l’œuvre de Charles d’Orléans. En tout cas, ce qu’il faudrait faire c’est bien axer notre thématique sur un fait qui semble incontestable: notre poète a vécu vingt-cinq ans en Angleterre10, et il semble qu’il est parvenu à bien connaître l’anglais. Mais cela n’autorise point à affirmer qu’il a écrit directement en anglais tous les poèmes qu’on lui attribue en cette langue. Il est vrai qu’il y a dans certains manuscrits contenant ses poésies un bon nombre de poèmes en anglais. Mais on est loin d’avoir l’assurance qu’il ne s’agisse pas de traductions ou tout simplement de poèmes rédigés par des Anglais fréquentant la cour de Blois. C’est pour cette raison qu’il faut être très prudent à l’heure de décider à propos de la langue originale d’un bon nombre de ces poèmes11, surtout quand on a affaire au manuscrit contenant la plupart des ‹poésies anglaises› de Charles d’Orléans (Londres, Brit. Libr., Harley 682). Ce manuscrit réunit cent quarante-deux poèmes anglais attribués au prince, dont une partie n’a pas d’équivalent parmi ses poésies françaises. Beaucoup n’ont pu donc éviter de se poser la question là-dessus. À notre avis toutes ces poésies proviendraient donc de deux sources différentes qu’il faut bien établir: une partie de ces poèmes ne seraient que des traductions anglaises, faites en partie –mais on est loin d’en avoir l’assurance–, par Charles d’Orléans lui-même, et plus ou moins adaptées de certaines de ses poésies françaises. Mais la question se poserait surtout à propos des poèmes ‹non traduits›: sont-ils vraiment des poèmes écrits directement par le prince en anglais, ou bien il ne s’agit que des poésies écrites par des Anglais visitant Blois, comme on l’a signalé plus haut? (cf. Fox 1965: 433-462). Pour faire une distinction claire et bien délimiter les deux sources, il faut confronter les deux manuscrits, celui de la Brit. Libr. (cf. supra) et le manuscrit 25458 de la BNF. Nous pensons que dans ce manuscrit-ci il n’y aurait aucun poème anglais provenant de la ––––––– 10

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Entre 1415, année de la défaite d’Azincourt, et 1440, quand a lieu la fin de sa captivité aux derniers moments de la Guerre de Cent Ans, grâce aux bons offices des Bourguignons, ses anciens ennemis. En fait si nous examinons attentivement, par exemple, le manuscrit O de la BNF, celui qui a servi à l’édition de P. Champion de 1923, nous constatons qu’un bon nombre de poèmes de ce manuscrit ont été écrits par certains des princes-poètes ou poètes tout court de passage à Blois. Cela faisait partie de ces jeux poétiques si chers à Charles d’Orléans et à son épouse Marie de Clèves.

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traduction d’un poème français antérieur. C’est le cas, par exemple, des chansons 138 et 139. Avec toute la prudence qu’on voudra, on peut signaler que ces deux poèmes sont des versions originales, écrites tout problablement en Angleterre dans les premières années de la décennie de 1430, quelques ans avant le retour de Charles d’Orléans en France. Dans ces chansons apparaît toute une série de thèmes propres à Charles d’Orléans, mais rien ne nous fait penser qu’il s’agisse de traductions. Voyons tout d’abord la chanson 138: Myn hert hath send Glad Hope in hys message Unto confort plesans joye and sped. In pray to God that Grace may him leed Wythouth lettyng or daunger of passage. In tryst to fynd profit and avantauge Wythin short tymto the help of his ned. Myn hert hat send Glap Hope in hys message. Unto confort plesans joye and sped. Till that he come, myn hert yn ermytage Of thoght shall dwel alone God gyve hym med! And of wysshing of tymys shal hym fed. Glad Hope folyw and sped well this viage! Myn hert hath send Glad Hope in hys message!

À la lecture de cette chanson on pourrait être tenté de conclure qu’il s’agit d’une traduction, étant donné la présence constante dans ces vers anglais des figures allégoriques chères à Charles d’Orléans (mon cœur, espoir, joie, ermitage,…), mais si nous révisons attentivement toutes ses poésies (spécialement les ballades et les chansons) dont la structure et le contenu sont proches, nous devrons admettre que malgré cette proximité rien ne nous permet d’affirmer que nous ayons affaire vraiment à des traductions. Voyons, par exemple, en détail toute les incipits du manuscrit de la 25458 de la BNF qui s’ouvrent par les mots ‹mon cueur›: aucun ne présente une suite dans ce premier vers qui puisse nous porter à conclure que nous sommes devant une traduction. Il est vrai que l’expression ‹joyeux espoir› nous la trouvons dans un bon nombre de poésies du prisonnier d’Azincourt mais jamais dans celles qui débutent par ‹mon cueur›. Et pourtant on compte un très bon nombre d’incipits commençant par ces deux mots: «Mon cueur a envoyé querir» / «Mon cueur au derrain entrera» / «Mon cueur est devenu hermite»12 / «Mon cueur, estouppe tes oreilles» / «Mon cueur, il me fault être mestre» / «Mon cueur m’a fait commandement», et ainsi de suite jusqu’à seize premiers vers de ballades et rondeaux. En fait, ce ne serait pas par hasard que l’autre chanson anglaise (la 139, la suivante dans le manuscrit) présente aussi dans son premier vers ce «Glad Hope» si cher à notre ‹Charles d’Orléans anglais›. C’est vrai que cette chanson-ci qui débute par «Whan shal thow come, Glad Hope, fro the vyage?» pourrait nous faire penser au beau rondeau 280 («Quand Pleur ne pleut, Souspir ne vente, / Et que cesseee est la tourmente / De Dueil, par le doulx temps d’Espoir, / La nef de Desireulx Vouloir / A Port Eureux fait la descente»). Mais au-delà de certaines ––––––– 12

Peut-être l’incipit qui est le plus proche de cette chanson 138 rédigée en anglais.

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coïncidences qui sont plutôt la conséquence d’un poésie très personnelle, avec des points de repère très marqués, rien ne nous autorise à dire qu’il s’agirait d’une simple traduction; on ne trouve aucun poème français de notre poète qui puisse être l’origine immédiate et littérale de ce poème. Mais on ne peut oublier pourtant qu’on a affaire à un seul poète qui puise dans une source qui n’appartient qu’à lui. En tout cas, on est bien loin du cas de la ballade 6, où nous sommes clairement devant une traduction littérale, qui nous permet de penser que quelqu’un (Charles d’Orleans luimême?) avait traduit mot à mot cette ballade. La comparaison des deux versions est bien nette et explicite. Voyons tout d’abord la première strophe française de cette ballade, une des premières écrites par Charles d’Orléans, peut-être avant même la lointaine et funeste journée d’Azincourt: N’a pas long temps qu’alay parler A mon cueur, tout secrettement, Et lui conseyllai de s’oster Hors de l’amoureux pensement Mais il me dist bien fellement: ‹Ne m’en parlez plus, je vous prie; J’ameray tousjours, se m’aist Dieux, Car j’ay la plus belle choisie. Ainsi m’on rapporté mes yeulx›.

Passons maintenant à la version anglaise, faite tout probablement longtemps après sa version originale en français, peut-être vers la dernière époque d’exil du duc d’Orléans: Not long a-goo y hyed me apase In secret wise myn hert forto counsayle Himsilf forto withdrawe as for a space Out of lovys paynfulle througth and trauayle To which he seide me nay sett there a nayle Speke me no more therof y hertly pray For god wot loue y shalle me payne. For y haue chose the fayrist that be may As me reported hath myn eyen twayne.

D’autres poèmes «anglais» figurent dans le manuscrit de la British Library qui ne sont que des traductions plus ou moins littérales des originaux français, et qui précisément, à cause de cette littéralité, nous permettent de bien les distinguer des poèmes anglais, écrits tout probablement, au moins en partie, par Charles d’Orléans lui-même. Il s’agirait de faire une distinction très nette entre les uns et les autres, et en même temps de ne pas oublier non plus ces autres poèmes ‹anglais›, écrits sans doute par quelqu’un (ou quelques-uns) de ces chevaliers d’Outre-manche qui fréquentaient la Cour poétique de Blois.

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4. Conclusion Notre démarche nous conduit directement à une conclusion que peut-être certains jugeront audacieuse: la poésie de Charles d’Orléans, au-delà de sa valeur poétique indéniable, est en partie le résultat de cette atmosphère ‹plurilingue› propre au XVe siècle13 où la traduction occupe un lieu d’exception. Charles d’Orléans, comme on l’a dit, est surtout un poète français, l’autre grande voix poétique française du siècle, à côté de Villon, mais son œuvre a encore quelque chose de plus. Elle surgit au milieu de cette ‹rumeur plurilinguistique› qui appartient, et non pas par hasard, à ce dernier siècle du Moyen Âge. Charles d’Orléans, le poète français, qui aime les ‹vieux mots› et les ‹tournures désuètes›14, connaît le latin et l’anglais (et bien sûr l’italien), et aime aussi s’exercer à écrire en ces langues, même si tous les poèmes ‹étrangers› qu’on lui attribue ne lui appartiennent pas. Mais en tout cas, il aura la chance de voir, sans devoir attendre la postérité, beaucoup de ses poèmes traduits très tôt en anglais et, surtout, en latin de la main d’un humaniste. Mais tout cela appartient à un état d’esprit propre, comme on l’a dit, au XVe siècle. D’ailleurs, cela coïncide, et non pas par hasard –en plein essor de l’humanisme–, avec une relatinisation du vocabulaire français, et avec l’éclosion, en tant que langues capables de rivaliser avec le latin, de certaines langues vulgaires, y compris des langues non romanes (cf. Chevalier 1994: 9-10). Tout compte fait, il s’agit pour Charles d’Orléans d’un choix personnel, fruit d’une formation classique, propre à une époque où le latin faisait partie du ‹plan d’étude› des princes, mais où jouaient aussi un rôle capital les connaissances et les choix linguistiques personnels. C’est pour cette raison aussi que Charles d’Orléans n’hesitera pas à emprunter des mots qu’il considère nécessaires pour donner du relief à sa poésie. De là à s’exercer à écrire en d’autres langues (soit en anglais, soit en latin) il n’y avait qu’un pas à faire. Même si ce n’était qu’un tout petit pas, compte tenu du nombre ‹réduit› de ses poésies non françaises. En tout cas, il s’agirait de bien distinguer les poèmes originaux ‹anglais› et ‹latins› des poésies traduites du français (entre elles la traduction latine d’Antonio Astesano du manuscrit de Grenoble). C’est donc la tâche que nous nous sommes imposée et que nous sommes probablement loin d’avoir accomplie. Mais se poser la question, encore une fois, au sujet d’une époque et d’une œuvre spécialement complexes, nous semblait convenable, voire nécessaire. Au fait, nous n’avons fait que nous interroger à propos d’un poète sur lequel on continue à se poser des questions ou plutôt de nouvelles questions (cf. Coldiron 2000).

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D’une certaine façon, elle répond à ce brassage linguistique dont parle, non pas exactement dans le même sens, Bernard Cerquiglini dans Une langue orpheline (2007: 165-210). Son emploi fréquent de la déclinaison bicasuelle n’est qu’une preuve évidente de cet amour de l’archaïsme et des argotismes.

Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans

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Références bibliographiques Arn, Mary-Jo (ed.) (2000): Charles d’Orleans in England (1415-1440). Cambridge: D.S. Brewer. Cerquiglini, Bernard (2007): Une langue orpheline. Paris: Les Éditions de Minuit. Champion, Pierre (1908): La librairie de Charles d’Orléans. Paris: Honoré Champion. – (1911): Vie de Charles d’Orléans. Paris: Honoré Champion. Chevalier, Jean-Claude (1994): Histoire de la grammaire française. Paris: PUF «Que sais-je?». Coldiron, A.E.B. (2000): Canon, Période, and the Poetry of Charles d’Orleans. The University of Michigan Press. Fox, John (1965): Charles d’Orléans, poète anglais. In: Romania 86, 433-462. García Bascuñana, Juan F. (1995): Traducción y neologismos en francés medio. In: Lafarga, Francisco / Ribas, Albert / Tricás, Mercedes (edd.): La traducción. Metodología, historia, literatura. Ámbito hispanofrancés. Barcelona: PPU, 99-105. Grammont, Maurice (1969): Petit traité de versification française. Paris. Marchello-Nizia, Christiane (1979): Histoire de la langue française aux XIVe et XVe siècles. Paris: Bordas. Orléans, Charles d’ (1982): Poésies (2 voll.). Champion, Pierre (ed.). Paris: Honoré Champion. Stevenson, Robert Louis (1992): Charles d’Orléans. traduit de l’anglais, présenté et annoté par Jacques Drillon. Paris: Gallimard.

Gerda Haßler

La traduction des topics et focus de l’oralité simulée

Dans cette contribution, nous traiterons d’abord de quelques problèmes linguistiques de l’oralité simulée et nous caractériserons la structure informative des discours oraux en posant la question de savoir si ses éléments sont utilisables dans l’oralité simulée. Nous restreindrons notre analyse aux traductions française, italienne, espagnole, portugaise et allemande d’un roman. Il paraît intéressant d’étudier, dans ce contexte, si les solutions dans ces langues respectives sont différentes de l’original et si elles sont déterminées par des restrictions culturelles et linguistiques.

1. L’oralité simulée et sa construction L’oralité simulée (cf. Berg 1999) se construit par l’utilisation d’éléments linguistiques du langage parlé et quotidien que le médium de l’écriture permet. L’écriture est privée de quelques moyens qui dépendent de l’oralité, tels que le son, l’intonation, le rythme, les pauses, et elle doit y suppléer pour créer l’impression de l’oralité. De plus, on évite normalement certaines caractéristiques de l’oralité, comme des répétitions, des ruptures de phrases, des erreurs. Dans l’exemple (1) du discours parlé utilisé par Annette Becker (2002: http://elies.rediris.es/elies17/cap312.htm), nous pouvons voir des éléments linguistiques qui ne se prêtent pas à la création d’oralité simulée: (1) Entonces... estuve estu... estuve viviendo en un apartamento... que él compartía con otros muchachos... pero, cuando yo llegué allá, este... Parte de ellos se fueron,

Si le locuteur en question avait eu plus de temps, s’il avait écrit, par exemple, le résultat aurait été probablement le suivant: Estuve viviendo en un apartamento que él compartía con otros muchachos, pero cuando yo llegué allá parte de ellos se fueron.

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Gerda Haßler

L’usage de tels éléments du langage parlé n’est pas exclu de la création de l’oralité simulée, par exemple dans la caractérisation de la manière de parler de certains personnages. Mais l’auteur ne peut pas exagérer leur emploi parce qu’ils signalent la planification que le locuteur est en train de réaliser avant ou pendant la transmission de son message. Dans le texte écrit, ils irritent le lecteur. Ainsi, un auteur qui veut donner l’impression d’oralité au texte entier ou au langage de ses personnages doit utiliser les moyens moins considérés comme déficients. En dehors d’éléments lexicaux marqués stylistiquement, c’est la structure informative qui se prête très bien à cette finalité.1

2. La structure informative comme élément de l’oralité Quand le locuteur s’adresse au destinataire, dans un acte de communication, plusieurs facteurs, en dehors des éléments linguistiques avec leur valeur représentative, entrent en action. Le message s’organise en fonction du jugement que le locuteur porte sur l’information dont le récepteur a besoin. Le locuteur sépare ce que celui-ci devrait savoir (le thème) de ce qu’il ignore probablement (le rhème), tout en mettant en relief un constituant de la phrase (le focus) et marquant les limites référentielles de la séquence (le topic) (cf. Gutiérrez Ordóñez 1997: 17). Dans les langues romanes, la structure informative thème-rhème non marquée coïncide, dans la plupart des cas, avec la structure sémantique prédicative et la structure syntaxique du syntagme nominal et du syntagme verbal. Le rhème présente aussi un ordre informatif: le dernier élément du rhème apporte plus d’information, c’est-à-dire que les compléments circonstanciels ou adjoints, qui sont les moins prévisibles à partir de la structure sémantique du verbe, sont plus importants. Dans les énonciations, tout se passe comme si le locuteur donnait une réponse à une question réelle ou hypothétique. Cet arrangement correspond à une segmentation identique de la question respective. Nous utilisons le schéma de Gutiérrez Ordóñez pour l’espagnol qui permet de voir la segmentation des questions et des réponses en information nouvelle et savoir qu’on a déjà (cf. Gutiérrez Ordóñez 1997: 22): information connue (énoncés informatifs)

information nouvelle

information connue (questions)

¿Quién el vecino.

compró el coche ayer?

El coche lo compró ayer

¿Cuándo ayer.

compró el vecino el coche?

El vecino compró el coche

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Pour plus d’information sur la structure informative cf. Combettes / Schnedecker / Theissen (2003); Drubig / Schaffar (2001); Gutiérrez Ordóñez (1997); Hasselgård (2002); Jacobs (1992); Molnár / Winkler (2006); Reis (1993); Rizzi (1997; 2001); Vallduví (1992); Welke (2002); Zubizarreta (1998; 1999).

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La traduction des topics et focus de l’oralité simulée

¿Qué el coche.

compró el vecino ayer?

El vecino compró ayer

¿Qué compró el coche.

hizo el vecino ayer?

Ayer el vecino

¿Qué el vecino compró el coche.

sucedió ayer?

Ayer

L’ordre des mots, qui est le moyen fondamental de la structuration de l’énoncé selon la valeur informative, peut être utilisé dans la langue parlée ainsi que dans la langue écrite. Mais il y a deux autres types de structures informatives qui s’expriment surtout par l’intonation et l’accent et qui seraient, de cette manière, restreintes à la langue parlée: la focalisation et la topicalisation. Dans certaines circonstances et avec une finalité communicative, le locuteur souligne la dimension oppositive d’un certain segment du discours et le focalise. Son intention communicative est celle d’attirer l’attention du récepteur sur le focus et de vaincre en lui une prédisposition éventuellement contraire. De cette manière, le focus est constitué par la différence entre présupposition et assertion: «Focus, or focus of the assertion: The semantic component of a pragmatically structured proposition whereby the assertion differs from the presupposition» (Lambrecht 1994: 213). La réponse «naturelle» correspond au schéma de distribution d’information nouvelle et d’information connue. La modification de cet ordre naturel met en relief la présence de l’élément déplacé (Gutiérrez Ordóñez 1997: 34-36). Ainsi la réponse naturelle à la question ¿Quién toca el piano? est El piano lo toca Juan. Si nous voulions mettre en relief l’élément Juan, par une simple antéposition, on aboutirait à l’énonciation Juan toca el piano. Mais, dans le code écrit, cette séquence serait ambiguë: elle pourrait être aussi bien une réponse à la question ¿Qué hace Juan? Pour éviter cette ambiguïté, le locuteur utilise, dans la réalisation parlée, l’accent d’insistance: JUAN toca el piano.2 En espagnol, les antépositions focalisantes de compléments d’objets se distinguent des réponses normales par le fait que le complément n’est pas repris par un pronom atone (Gutiérrez Ordóñez 1997: 36): (2) (a) El piano lo tocará Juan. (b) ¡El piano Ø tocará Juan!

En anglais et en allemand, chaque constituant peut porter l’accent et exercer la fonction de focus: (3) (a) Leslie sent the book to DANA yesterday. (b) Leslie sent the book to Dana YESTERDAY.

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Nous marquons la présence de l’accent dans une syllabe par des majuscules.

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Gerda Haßler

(c) Leslie sent THE BOOK to Dana yesterday. (d) Leslie SENT the book to Dana yesterday. (e) LESLIE sent the book to Dana yesterday.

La focalisation est un remède très approprié pour créer de l’oralité simulée parce qu’elle donne l’impression de spontanéité et de réponse à une situation. Comme l’antéposition focalisante rompt l’ordre naturel thème-rhème, il faut l’accompagner de traits qui évitent la confusion prévisible (Gutiérrez Ordóñez 1997: 36). L’accent d’insistance est un moyen fiable, mais restreint au code oral. De plus, les langues ont développé des structures d’emphase qui permettent l’antéposition focalisante sans ambiguïté, mais ce n’est qu’en français que ces constructions sont acceptées comme courantes: (4) (a) C’est le président qui a signé le papier hier. (b) C’est le papier que le président a signé hier. (c) C’est hier que le président a signé ce papier.

Comme on peut voir avec l’exemple de l’espagnol, ces constructions donnent plutôt l’aspect de lourdeur que de spontanéité dans l’oralité (Gutiérrez Ordóñez 1997: 37): (5) (a) El decano es quien ha convocado junta para el lunes. (b) Junta es lo que ha convocado el decano para el lunes. (c) El lunes es para cuando ha convocado junta el decano.

Il y a quelques moyens lexicaux qui permettent la désambiguïsation de l’anticipation. Cette fonction est remplie, entre autres, par les adjectifs espagnols menudo, lindo, bonito: (6) ¡Bonito papel me has hecho representar!

D’autre part, le topic introduit une unité ou une séquence à laquelle la prédication suivante va se référer. Le topic résulte de l’information que le locuteur présume comme connue: «Pragmatic presupposition: The set of propositions lexicogrammatically evoked in an utterance which the speaker assumes the hearer already knows or believes or is ready to take for granted at the time of speech» (Lambrecht 1994: 52). Le topic peut être connu parce qu’il a été mentionné auparavant, par le contexte situationnel ou bien par la connaissance du monde du locuteur ou du récepteur: «PRAGMATIC ASSERTION: The proposition expressed by a sentence which the hearer is expected to know or believe or take for granted as a result of hearing the sentence uttered» (Lambrecht 1994: 52). Dans une phrase comme Ce livre, je l’ai bien lu, le locuteur clarifie que la portée de son assertion se limite à un livre déterminé et connu. Il y a beaucoup d’auteurs qui définissent les topics par des critères prosodiques:

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Los tópicos son constituyentes prosódicamente desgajados, recubiertos de curvas de entonación que finalizan en semianticadencia, que concretan la capacidad referencial de ciertos elementos integrados, por lo general clíticos, y que a veces van introducidos por expresiones especializadas como en cuanto a, por lo que respecta a, etc. (González Escribano 1991: 362)

Dans la langue parlée, les limites entre un topic et l’extraction d’un élément en modalité interrogative ne sont perceptibles que par des différences minimales d’intonation. C’est pourquoi les deux structures se prêtent bien à la création d’oralité simulée. On trouve même une certaine préférence pour la construction interrogative qui suggère spontanéité et dialoguicité. (7) (a) Mon frère, je le vois souvent. (b) Mon frère? Je le vois souvent. (8) (a) Mi hermano, no lo he visto desde hace años. (b) ¿Mi hermano? No lo he visto desde hace años.

Un autre critère qui sert à la reconnaissance des topics dans la langue parlée est leur séparabilité du reste de la phrase, qui se produit par une pause. Ce trait permet de marquer la différence d’autres fonctions qu’un élément peut assumer dans l’énonciation. La pause sert notamment à différencier le topic du thème et du focus qui ne se séparent jamais par des pauses du reste de la phrase (Gutiérrez Ordóñez 1997: 48): (9) (a) Esas tonterías, Juan las dijo ante el Rector. (topic, avec pause) (b) Esas tonterías las dijo Juan ante el Rector. (partie du thème, sans pause) (c) Esas TONTERÍAS dijo Juan ante el Rector. (focus, sans pause)

Il y a aussi des topics qui se trouvent à droite de la phrase. Cette dislocation à droite est fréquente dans la langue parlée allemande et elle est souvent reprise dans des traductions. Ainsi, dans la traduction d’André Cœuroy d’Effi Briest de Fontane on trouve la même structure de la phrase (10), même si le traducteur ne reprend pas la modification phonétique qui signale l’oralité. (10) (a) «Is doch ein Daus, unser Fräulein» (Fontane 2004: 17) (b) «Quel petit diable, notre demoiselle!» (Fontane / Cœuroy 1981: 31)

Dans la traduction de ce texte, il n’y que la structure informative qui est utilisée systématiquement pour créer de l’oralité simulée. Beaucoup d’autres marques d’oralité dans le discours des personnages ne sont pas reprises par le traducteur: (11) (a) «Glaub’ ich nicht» (Fontane 2004: 13) (b) «Je ne crois pas» (Fontane / Cœuroy 1981: 27) (12) (a) «‹Wohl möglich› sagt’ ich, ‹wohl möglich›; […]» (Fontane 2004: 14)

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(b) «C’est fort possible, ai-je dit» (Fontane / Cœuroy 1981: 28)

Le traducteur ne tient pas compte de l’élision du -e dans l’énonciation allemande (11), ce qu’il aurait pu faire par l’utilisation de la négation sans ne. Il ne reprend pas non plus la répétition du mot möglich dans (12) et il traduit même la forme raccourcie sagt’ ich par l’inversion ai-je dit qui appartient nettement au style écrit. Mais le traducteur tient compte de toutes les formes marquées de la structure informative qui relève de l’oralité. Ainsi Fontane avait transformé l’accent contrastif qui marque le focus dans l’énoncé (13) en lettres italiques: (13) «[…] Nie hältst du Zeit». – «Ich halte schon Zeit, aber der Besuch hat nicht Zeit gehalten». (Fontane 2004: 20)

Le traducteur met le focus sur le terme opposé dans la phrase (14) et il utilise une mise en relief du mot visiteur: (14) «[…] Tu ne t’occupes jamais de l’heure». – «Si, je m’en occupe; c’est le visiteur qui ne s’en occupe pas». (Fontane / Cœuroy 1981: 34)

Comme nous l’avons vu, l’organisation informative en thèmes, rhèmes, focus et topics peut aider dans la création de l’oralité simulée. Mais nous devons exclure les moyens typiques de la structure informative qui dépendent de la réalisation orale, c’est-à-dire l’intonation, l’accent d’insistance et les pauses. Nous analyserons maintenant l’utilisation des ressources réduites de la structure informative dans le roman Da Vinci Code et dans ses traductions qui disposent de moyens différents.

3. La structure informative dans le roman The Da Vinci Code et dans ses traductions Nous ne voulons pas juger du contenu ni de la qualité esthétique des traductions du roman qui a été vendu à plus de 40 millions d’exemplaires dans trente langues. Il est probable que les traducteurs n’étaient pas tous excellents et qu’ils cherchaient des solutions rapides aux problèmes de la traduction. Ce qui nous intéresse est plutôt la dépendance de leurs solutions aux ressources linguistiques respectives. Dès le début, le texte de Dan Brown est marqué par la tension et l’intensité des actions décrites. À ce propos correspondent, entre autres, les énoncés brefs du début du texte qui se terminent par des compléments circonstanciels.3 (15) Renowned curator Jacques Saunière staggered through the vaulted archway of the museum’s Grand Gallery.

––––––– 3

Pour mettre en relief la structure informative des énonciations, nous les séparons de l’unité du paragraphe et donnons la partie qui porte le plus d’information en italiques.

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(16) He lunged for the nearest painting he could see, a Caravaggio. (17) Grabbing the gilded frame, the seventy-six-year-old man heaved the masterpiece toward himself until it tore from the wall (18) and Saunière collapsed backward in a heap beneath the canvas. (Brown 2003: 3)

Nous avons identifié quatre séquences dans lesquelles Jacques Saunière occupe la position du sujet, le nom est substitué par le pronom en (16) et par une paraphrase qui indique son âge en (17). Il n’y a pas de marqueurs de focus ou de topics, c’est-à-dire que ces séquences ont la structure normale et se divisent en thème et rhème. Quand il n’y a pas de marqueurs de la structure informative, les éléments qui terminent les énonciations sont les plus rhématiques. Ce qui est le plus important au début du roman est donc la création de l’espace dans lequel le crime se passe. Le traducteur espagnol suit complètement ce modèle, mais il utilise des éléments plus familiers que dans le texte anglais (par exemple cayendo boca arriba). (15) e.4 Jacques Saunière, el renombrado conservador, avanzaba tambaleándose bajo la bóveda de la Gran Galería de del Museo. (16) e. Arremetió contra la primera pintura que vio, un Caravaggio. (17) e. Agarrando el marco dorado, aquel hombre de setenta y seis años tiró de la obra de arte hasta que la arrancó de la pared (18) e. desplomándose y cayendo boca arriba con el lienzo encima. (Brown / Estrella 2003: 13)

Les traductions portugaise et italienne maintiennent la même structure, tandis que la française ajoute l’élément de toutes ses forces dans la position du rhème. De plus, elle change la distribution de l’information, introduisant l’information sur l’âge du conservateur déjà dans la deuxième séquence et au début de la phrase: (15) f. Jacques Saunière, le célèbre conservateur en chef du musée du Louvre, s’élança en courant dans la Grande Galerie. (16) f. Le vieillard de soixante-seize ans saisit à deux mains le premier tableau qui se présenta sur sa droite, un Caravage et tira dessus de toutes ses forces. (17) f. Le grand cadre en bois doré se décrocha de sa cimaise (18) f. et Jacques Saunière s’écroula sous le poids du tableau. (Brown / Roche 2004: 9)

Le traducteur français a évité la traduction littérale de grabbing the gilded frame qui apparaît, dans l’original, comme un topic qui donne des informations sur les circonstances dans lesquelles l’action de ‹tirer le tableau du mur› se produit. Probablement la séquence (17) de l’original lui paraissait trop pesante à cause de sa complexité informative, c’est pourquoi il a transformé le topic en une phrase avec sa prédication propre et, par conséquent, avec un rhème. Dans le paragraphe suivant, il y a deux phrases thétiques qui consistent uniquement en un rhème ((20) et (21)). Les phrases thétiques expriment l’information complète sur un ––––––– 4

Les lettres après les chiffres dans l’énumération des exemples indiquent la langue de la traduction: e = espagnol, p = portugais, i = italien, f = français, a = allemand.

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phénomène et elles répondent à des questions telles que Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qu’il y a? (Rylov 1989: 11): (19) As he had anticipated, a thundering iron gate fell nearby, barricading the entrance to the suite. (20) The parquet floor shook. (21) Far off, an alarm began to ring. (Brown 2003: 3)

Les énoncés thétiques transmettent l’information d’une manière très compacte et ils ne s’appuient pas sur des phrases antérieures. Ces phrases s’utilisent pour donner l’impression d’une action immédiate et spontanée. Dans la traduction espagnole, portugaise, italienne et allemande, cette structure informative se maintient dans les deux phrases: (19) e. Tal como había previsto, cerca se oyó el chasquido de una reja de hierro que, al cerrarse, bloqueó el acceso a la sala. (20) e. El suelo de madera tembló. (21) e. Lejos, se disparó una alarma. (Brown / Estrella 2003: 13) (19) p. Como sabia que aconteceria, uma pesada grada de ferro desceu com estrépido ali perto, selando a entrada da galeria. (20) p. O soalho de madeira estremeceu. (21) p. Muito ao longe, um alarme começou a tocar. (Brown / Dias Correia 2005: 13) (19) i. Come da lui previsto, una pesante saracinesca di ferro calò nel punto da cui era passato poco prima, bloccando l’ingresso al corridoio. (20) i. Il pavimento di parquet tremò. (21) i. Lontano, un allarme cominciò a suonare. (Brown / Valla 2003: 11) (19) a. Augenblicke später fuhr ganz in der Nähe mit dröhnendem Krachen das stählerne Sicherheits-Trenngitter herunter. (20) a. Der Parkettboden bebte unter der Wucht des Aufpralls. (21) a. Irgendwo in der Ferne schrillte eine Alarmglocke. (Brown / van Poll 2006: 12)

Le traducteur français abandonne la structure thétique en construisant une phrase complexe à deux gérondifs: (19) (20) (21) f. Comme il s’y attendait, une énorme grille métallique s’abattit à l’extrémité est de la galerie, ébranlant le parquet et déclanchant une alarme qui résonna au loin. (Brown / Roche 2004: 9)

Cette construction donne l’aspect d’écrit et invite à une interprétation des actions dénommées comme fond de la narration. L’inclination à modifier la structure informative dans une traduction est plus perceptible dans le langage des personnages. Dans l’original du Da Vinci Code, l’auteur a trouvé une solution très fréquente pour marquer le focus: il le met en italiques. Sous (22) à (29), nous mentionnons quelques exemples dans lesquels le focus se marque de cette manière: (22) You sent someone to my room? (Brown 2003: 10)

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(23) My capitaine is waiting, sir. (Brown 2003: 11) (24) Teacher, all four confirmed the existence of the clef de voûte…the legendary keystone. (Brown 2003: 13) (25) Your agent said Jacques Saunière himself did. (Brown 2003: 20) (26) You have no idea what your meeting was about? (Brown 2003: 22) (27) Security took fifteen minutes to get here? (Brown 2003: 34) (28) Fache’s primary suspect in this murder is you. (Brown 2003: 65) (29) And also because it is partially my fault that you’re in trouble. It is your fault Saunière is trying to frame me? (Brown 2003: 69)

Dans les exemples (22), (24), (25) et (28), l’accent tombe dans la position du rhème et le transforme en focus. Dans l’énoncé (23), qui est une phrase thétique, l’accent se met au début du rhème. Dans les énoncés (26), (27) et (29) le focus ne correspond pas à la position du rhème sans accent. Il s’agit d’un focus informatif qui, dans le cas de (26) souligne les doutes du locuteur, dans la phrase (27), la durée de quinze minutes est mise en doute, en (29), la personne coupable est soulignée. L’emploi des italiques n’est pas utilisé dans la version espagnole et on ne le trouve que dans quelques cas dans les autres versions, par exemple: (22) p. Mandou alguém ao meu quarto? (Brown / Dias Correia 2005: 20) (25) p. O seu agente disse que foi o próprio Jacques Saunière que fez… (Brown / Dias Correia 2005: 33) (25) a. Ihr Mitarbeiter sagte mir, Jacques Saumière hätte selbst… (Brown / van Poll 2006: 34) (26) p. Não faz a mínima ideia do tema do encontro? (Brown / Dias Correia 2005: 36) (26) a. Und sie haben keine Ahnung, um was es bei dem Treffen gehen sollte? (Brown / van Poll 2006: 37)

Il est aussi intéressant de vérifier les traductions des énoncés (26), (27) et (29) dans lesquelles les italiques marquent le focus de contraste. Tandis que dans les traductions allemande et portugaise, on trouve aussi les italiques, les traducteurs espagnol et italien utilisent une locution usuelle qui marque l’oralité, mais pas la structure informative (esp. no tiene ni idea, it. non ha idea). (26) e. ¿Me está diciendo que no tiene ni idea del motivo de su encuentro? (Brown / Estrella 2003: 36) (26) i. Non ha idea dell’argomento dell’incontro? (Brown / Valla 2003: 34)

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La traduction française paraît à première vue être une erreur, mais cela peut s’expliquer par le caractère usuel de la construction avec demander qui correspond à l’oralité simulée: (26) f. Et vous ne lui avez pas demandé de quoi il s’agissait? (Brown / Roche 2004: 39)

Comme on l’a vu, dans la plupart des cas, les moyens linguistiques qui servent à l’expression de la structure informative sont repris dans les traductions ou substitués par d’autres moyens qui donnent l’impression d’oralité simulée, parfois avec une autre fonction que le marquage de la structure informative. Il y a plusieurs autres procédés qui servent à focaliser des éléments, qui donnent en même temps l’impression d’oralité. Ainsi, dans l’exemple (30) l’élément intriguing introduction est mis en relief par rapport au reste de la phrase par l’élément d’hésitation shall we say et les trois points. De cette manière, il reçoit aussi une fonction autonymique: il ne dénote pas seulement une introduction, mais aussi la manière de la désigner. (30) An audience member had just handed me a far more, shall we say…intriguing introduction. (Brown 2003: 9)

Les traductions espagnole, portugaise et italienne utilisent la même procédure, la française met en suspens le contenu de la phrase par les trois points, et, dans l’allemande, cela reste ambigu de savoir si la qualité de fascinant s’attribue à l’introduction ou à la manière de la présenter. (30) e. Un asistente al acto me ha hecho llegar una presentación, digamos, más fascinante. (Brown / Estrella 2003: 19) (30) p. Um dos membros do público acaba de facultar-me uma apresentação muito mais, digamos … intrigante. (Brown / Dias Correia 2005: 19) (30) i. Una persona del pubblico mi ha appena passato una presentazione assai più, per così dire…«seducente». (Brown / Valla 2003: 17) (30) f. Mais un de nos auditeurs vient de me proposer une introduction plus excitante… (Brown / Roche 2004: 18) (30) a. Jemand aus dem Publikum hat mir eine wesentlich faszinierendere Einführung zugänglich gemacht, wenn ich einmal so sagen darf. (Brown / van Poll 2006: 18/19)

Dans l’exemple (31), la structure informative se caractérise par la constance du thème: le sujet se trouve au début de cinq phrases très brèves, ce qui serait considéré de très mauvais style dans l’écrit, mais qui est usuel dans la langue parlée où nous n’avons pas le temps de réfléchir ou d’utiliser des moyens plus variés: (31) I really can’t imagine. I didn’t ask. I felt honored to have been contacted at all. I’m an admirer of Mr. Saunière’s work. I use his texts often in my classes. (Brown 2003: 23)

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Cette constance du thème et la brièveté se retrouvent dans les traductions, mais elles sont plus évidentes en tant que trait de style dans les langues qui disposent d’un pronom sujet atone. Nous mentionnons les exemples espagnol et allemand qui contrastent dans ce sens: (31) e. La verdad es que no me lo imagino. No se lo pregunté. Me sentí honrado por tener la ocasión de conocerlo. Soy un admirador de su trabajo. En mis clases uso muchas veces sus libros. (Brown / Estrella 2003: 36) (31) a. Ich weiß es wirklich nicht. Ich habe auch nicht nachgefragt. Ich empfand es als Ehre, von Monsieur Saunière angesprochen zu werden. In meinen Vorlesungen benutze ich seine Veröffentlichungen als Lehrmaterial für meine Studenten. (Brown / van Poll 2006: 38)

En français, qui a un pronom sujet obligatoire, l’oralité est plus restreinte par la construction d’une phrase complexe: (31) f. Je suis un grand admirateur des travaux de M. Saunière et j’étais flatté qu’il m’accorde un entretien. Je me sers beaucoup de ses ouvrages dans mes cours. (Brown / Roche 2004: 39)

Il est naturel que, dans la majorité des cas de création d’oralité simulée par la structure informative, ce soit la focalisation qui s’utilise. La focalisation peut poser des problèmes quand le focus se trouve au début de la phrase. Dans l’énoncé suivant, Brown a résolu ce problème en utilisant trois moyens: l’exclusion de l’élément focalisé et son insertion dans une phrase propre, la séparation par le mot monsieur et les italiques: (32) That, monsieur, is precisely the question you are here to answer. (Brown 2003: 39)

Cette solution a servi de modèle pour toutes les traductions à l’exception de la française. Celle-ci utilise le groupe entier pour répondre à cette question dans la construction emphatique avec c’est que: (32) f. C’est précisément pour répondre à cette question que nous vous avons fait venir, monsieur Langdon. (Brown / Roche 2004: 67) (32) e. Esa, Monsieur, es exactamente la pregunta que queremos que usted nos responda. (Brown / Estrella 2003: 57) (32) p. Essa é, monsieur, precisamente a pergunta a que pretendo que responda. (Brown / Dias Correia 2005: 57) (32) i. «Questa, signore» disse il capitano «è esattamente la domanda a cui lei deve rispondere». (Brown / Valla 2003: 55) (32) a. Genau das, Monsieur, ist die Frage, auf die wir von Ihnen gern eine Antwort hätten. (Brown / van Poll 2006: 61)

Mais il y a aussi des énoncés dans lesquels l’élément topicalisé est séparé du reste de la phrase et mis à gauche: (33) But the church, it is a fortress. (Brown 2003: 13)

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Cette construction simple ne s’utilise pas dans les traductions qui, comme la portugaise, l’italienne et la française, renoncent à une topicalisation, ou, comme l’allemande, utilisent une comparaison. Il n’y a que la traduction espagnole qui met en relief toute la proposition: (33) (33) (33) (33) (33)

e. Pero es que la iglesia es una fortaleza. (Brown / Estrella 2003: 25) p. Mas a igreja é uma fortaleza. (Brown / Dias Correia 2005: 25) i. Quella chiesa è una fortezza […] (Brown / Valla 2003: 23) f. Mais cette église est impénétrable […] (Brown / Roche 2004: 26) a. Aber die Kirche ist wie eine Festung, […] (Brown / van Poll 2006: 25)

La comparaison des traductions avec l’oralité simulée dans l’original nous a montré que ce ne sont pas tous les traits d’oralité qui peuvent être réalisés dans les traductions. C’est surtout la focalisation qui est le plus généralement reprise dans les traductions, mais elle est souvent marquée par des moyens différents. Les traducteurs ont trouvé des solutions qui changent partiellement le caractère du texte. C’est surtout dans la traduction française que le caractère du texte a été changé par l’utilisation de moins d’éléments de l’oralité. Le texte original peut donner des indications d’oralité, mais leur réalisation dans les traductions ne dépend pas seulement de la décision du traducteur, mais aussi des ressources linguistiques de chaque langue.

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Magdalena Mitura

La déontologie du traducteur: entre Georges Mounin et Paul Ricoeur

1. Remarques préliminaires La bibliographie concernant la traduction examine son objet de recherches sous différents points de vue: linguistique, stylistique, sociologique, psychologique, culturel. Ce champ complexe d’investigations s’articule d’ordinaire autour de quelques notions-clés, comme la fidélité, l’intraduisibilité, l’unicité ou la réception du texte traduit. Un très riche fond théorique laisse cependant parfois à désirer quant à l’intérêt porté à la personne du traducteur. Certes, la bibliographie consacrée aux différents aspects de la traduction accorde de plus en plus d’attention à la personne du traducteur. Le plus souvent pourtant ces remarques se placent en marge des considérations sur le processus même de la traduction. Dans cet article, nous nous proposons de faire du traducteur l’acteur principal et de réfléchir sur son statut, mais vu dans l’optique déontologique. Il convient tout d’abord de rappeler ce que recouvre la notion déontologie et de préciser quelle acception du terme déontologie du traducteur nous envisageons dans le présent travail. Selon Le Nouveau Petit Robert (Rey-Debove / Rey 2007: 679), la déontologie est un «Ensemble des devoirs qu’impose à des professionnels l’exercice de leur métier». L’étymologie à elle seule du mot (du grec «deon, -ontos», ‹ce qu’il faut faire›, et «logos», ‹discours›) dévoile la science morale qui traite des droits et des devoirs à remplir au cours d’une activité afin de respecter une éthique.1 Il s’ensuit que la déontologie, en tant que morale professionnelle s’insère dans l’horizon plus vaste de l’éthique étant la science de la morale au sens large. Qu’en est-il du traducteur? Le titre de l’article indique par l’intermédiaire des noms évoqués que le terme déontologie du traducteur que nous avons l’intention d’aborder doit être compris comme ayant un rapport au domaine de la traduction littéraire, française en l’occurrence. Nous tenons à souligner le caractère consciemment sélectif d’une telle approche. Sans prétention d’inscrire notre propos concernant l’éthique dans le contexte philosophique, il faut préciser que l’acception que nous envisageons circonscrit la réflexion exprimée par quelques théoriciens de la traduction. Elle porte principalement sur ––––––– 1

Dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Lalande (111972: 216) fait ressortir le caractère social de la déontologie. Il dit notamment: «Ce mot ne s’applique pas à la science du devoir en général, au sens kantien: il porte au contraire avec lui l’idée d’une étude empirique de différents devoirs, relative à telle ou telle situation sociale».

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l’ensemble des responsabilités du traducteur de textes littéraires, bien qu’une partie de notre article, celle concernant notamment Georges Mounin, ne se rapporte pas uniquement au texte littéraire en tant qu’un type à part, mais traite de la traduction des textes en général. Les dimensions somme toute assez réduites de cette étude d’une part, et la prolifération des théories de la traduction d’autre part, nous contraignent à limiter notre choix aux cas de Georges Mounin, Henri Meschonnic, Antoine Berman et Paul Ricoeur, particulièrement productifs pour un examen de l’évolution du statut du traducteur dans les études traductologiques françaises. La présence de Georges Mounin parmi les théoriciens sélectionnés peut étonner. Il est vrai qu’il se détache assez nettement de ces derniers et nous devons avouer que la raison pour le choisir n’était pas dictée uniquement par le besoin de montrer un progrès et une transformation considérable dans la perception du statut du traducteur, mais aussi par la nécessité de faire ressortir ce qui unit les trois autres. En outre, explicitement ou implicitement, tous abordent deux problèmes qui constituent leur dénominateur commun saillant dans l’attitude du traducteur face à son rapport au texte à traduire. Le premier est la visibilité du traducteur dans le texte traduit. Le deuxième se résume par l’opposition le propre / l’étranger dans l’espace de l’acte traductif. C’est autour de ces deux pôles que nous organisons nos observations sur les théoriciens en question.

2. La visibilité du traducteur: quelques précisions de base La notion de transparence, introduite par Walter Benjamin2, recouvre aujourd’hui des acceptions différentes. Par conséquent, au préalable il est nécessaire d’expliciter l’usage qu’en a fait chaque théoricien. Or, selon Mounin le traducteur transparent feint d’être absent et le texte qu’il produit feint de ne pas être une traduction. Ainsi Mounin (1955: 110) distingue-t-il deux grands types de traducteurs: Ou bien, pour le traducteur, traduire de telle sorte que le texte, littéralement francisé, sans une étrangeté de langue, ait toujours l’air d’avoir été directement pensé puis rédigé en français [...]. Ou bien, produire en traduisant toujours l’impression dépaysante de lire le texte dans les formes originales (sémantiques, morphologiques, stylistiques) de la langue étrangère – de façon que le lecteur n’oublie jamais un seul instant qu’il est en train de lire en français tel texte qui a d’abord été pensé puis écrit dans telle ou telle langue étrangère [...].

Remarquons qu’imperceptiblement la deuxième option porte un jugement de valeur inclus dans l’adjectif dépaysante. Mounin, en bon linguiste, se place décidément du côté de la traduction francisée. ––––––– 2

Benjamin (22002: 233). Benjamin perçoit la transparence à l’encontre de Mounin et en accord avec les trois autres théoriciens: «La vera traduzione è trasparente, non copre l’originale, non gli toglie luce, ma fa riverberare tanto più pienamente sull’originale, come rafforzata per suo tramite, la pura lingua».

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Cette compréhension rejoint le sens accordé, plus tard, par Meschonnic à la transparence, dans sa critique violente du phénomène. En revanche, la compréhension de la transparence chez Berman et Ricoeur est autre. De leurs travaux émane la conviction que le traducteur transparent fait entrevoir l’étrangeté du monde de l’original. Il ne la cache pas, tout au contraire la laisse filtrer librement dans la matière linguistique et culturelle du discours traduit. Qu’il nous soit pardonné le caractère fort sommaire de ce chapitre en ce qui concerne les trois derniers noms. Notre objectif n’était ici que de signaler le manque d’homogénéité dans l’application de la notion de transparence. S’ensuivra un commentaire plus approfondi dans le cas des théoriciens respectifs.

3. À la quête du même: Georges Mounin Le livre Les problèmes théoriques de la traduction a valu à Georges Mounin la renommée d’un représentant linguiste dans la traduction. Certes, dans les années 70, l’outillage méthodologique n’était pas propice aux questions de provenance philosophique sur la traduction. Effectivement, Mounin ne s’arrête que rarement sur la tâche du traducteur. En plus, il vise nettement la description des opérations linguistiques effectuées et non pas la réflexion du point de vue éthique. Il se propose alors de: Examiner aussi ce que font exactement les traducteurs quand ils traduisent: examiner quand, comment et pourquoi la validité de leurs traductions n’est pas réellement mise en cause par la pratique sociale, alors que –théoriquement– la linguistique tendrait à la récuser. (Mounin 1963: 9)

À la lumière de ces mots, il devient clair que le rôle du traducteur est considéré par le prisme des mécanismes linguistiques à résoudre et son statut en tant qu’instance autonome est négligé. Par ailleurs, il semble que ce qui guide les observations du théoricien soit la réduction du travail du traducteur à la recherche constante des ressemblances à retrouver entre les langues et les cultures: une équivalence dénotative dans laquelle il voit un garant de la possibilité de traduire. À ce propos, il dit: Donnez-moi, peut dire le traducteur, un seul point de référence commun, sur un thème donné, dans deux langues distinctes, et, muni de ce levier, je soulèverait le monde. Donnez-moi la seule universalité d’une référence commune au «présent», je peux redéfinir un système de communication pour toutes les notions de temps de langue à langue. (Mounin 1963: 209)

Toute insignifiante qu’elle puisse paraître, cette conviction semble fondamentale dans la perception du devoir du traducteur qui, en même temps, constitue la divergence majeure d’avec les points de vue des trois autres théoriciens. Mounin, quant à lui, cherche les points communs, l’identité, le semblable. Les trois autres, par contre, bâtissent leurs observations sur la quête et la préservation du différent, de l’Autre.

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Le traducteur dans l’approche de Mounin est fièrement considéré comme un lieu de contact entre les langues. Ceci étant, n’oublions pas que la perception de la traduction en termes de communication du même entraîne inévitablement une vision simpliste du transfert linguistique. Aussi, dans la vision de Mounin, le traducteur soucieux de sa responsabilité doit-il avant tout lutter consciemment contre les conséquences habituelles du bilinguisme, c’est-à-dire contre la violation de la norme linguistique et l’interférence. La certitude joyeuse de Mounin lui fait voir dans la linguistique une source des recettes suffisantes: [La linguistique] Décrivant ces obstacles, elle indique en même temps dans quelle mesure et comment les vaincre. Enseignant des analyses plus fines des faits de langue, elle enseigne au traducteur à calculer plus finement sa fidélité relative, à mesurer consciemment sa marge d’infidélité, d’intraduisibilité même. (Mounin 1963: 170)

Certes, la tâche primaire du traducteur est la compréhension de l’original. Cependant, selon Mounin, son travail doit se focaliser sur les maniements faits dans la langue vers laquelle on traduit. L’évolution postérieure de la pensée traductologique nous oblige aujourd’hui à dire que la conséquence néfaste pourrait être pourtant le danger d’effacement de ce que Steiner appellera plus tard le résidu: les endroits textuels qui d’une part sont porteurs des ambiguïtés, mais d’autre part contribuent à la littérarité de l’original et à la pluralité de ses lectures. Le traducteur préoccupé avant tout par la lisibilité risque de s’enfermer dans l’abri sûr de sa propre langue-culture et de gommer le non-dit de l’original.

4. Un travail de ré-écriture: Henri Meschonnic Dans son livre Poétique du traduire, Henri Meschonnic s’insurge à plusieurs endroits3 contre l’approche de la traduction qui s’appuie sur la vision dualiste du signe proposée par Mounin, car on ne traduit pas de la langue, mais du discours enfermé dans l’écriture. Le traducteur-passeur des informations qui rabaisse la traduction à l’acte de communication entre les langues devient selon lui Charon qui fait passer des morts. L’activité traductive ouvre à Meschonnic la voie pour établir un système philosophique entier. La notion centrale dans sa réflexion est la poétique du traduire entendue en termes d’éthique et de stratégie des corrélations entre l’identité et l’altérité. Ce théoricien prouve que seule la poétique offre le regard qui unit le langage et la littérature et fait que l’unité du langage est de l’ordre du discours, du continu et non pas de l’ordre du mot ou du sens qui relève du discontinu. La spécificité du discours régi par la poétique se manifeste dans le rythme qui est perçu comme «[...] organisation du mouvement de la parole dans l’écriture

––––––– 3

Cf. également Meschonnic (1986: 79) où il constate au sujet de la théorie du signe: «Non seulement sa linguistique est démunie devant le discours, sa poétique inexistante, sa philologie défaillante, mais son rapport à l’histoire des pratiques de traduction a quelque flou».

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[...]» (Meschonnic 1986: 75). C’est une caractéristique qui ne se borne pas à la prosodie, mais constitue la signifiance généralisée d’un texte. Meschonnic insiste sur le fait que, de même que l’auteur de l’original pendant la création de l’oeuvre, le traducteur est également obligé de suivre une certaine poétique. C’est grâce à cela qu’a lieu l’organisation subjective de la langue en discours. L’auteur de la Poétique du traduire est persuadé que l’historicité –l’interaction du moment, de la langue et de la littérature– contribue à l’originalité de l’oeuvre. Il en va de même avec la traduction qui est aussi une énonciation distincte de l’original, avec sa propre historicité. C’est précisément l’éthique du traduire qui, selon Meschonnic, garantit la «bonne»4 traduction, car elle permet au traducteur de veiller à ne pas faire une reproduction sous égide du signe, mais une réécriture. Elle appartient aux oeuvres, respecte le rythme de l’original sans se limiter au transport linguistique des énoncés. Il dit à ce propos: «Le rythme étant à la fois l’historicité et la spécificité du tout dont le sens n’est qu’une partie. Alors l’éthique et la poétique du traduire ne sont qu’une même recherche. Du rythme» (Meschonnic 1999: 221). Il en résulte une nécessité du déplacement fondamental des préceptes de la transparence traditionnelle. Le prétendu naturel de la traduction effaçante n’a rien à voir avec la question épineuse de la fidélité. La fausse fidélité du traducteur invisible est vite punie par le fait que ce type de traductions vieillit. Contrairement aux originaux qui sont actifs dans la substance mouvante de la littérature, la traduction sans poétique n’est pas capable de se mouvoir dans le milieu littéraire. La visibilité du traducteur est élevée au rang d’une condition obligatoire de la réussite de l’acte traductif: Plus le traducteur s’inscrit comme sujet dans la traduction, plus, paradoxalement, traduire peut continuer le texte. C’est-à-dire, dans un autre temps et une autre langue, en faire un texte. Poétique pour poétique. (Meschonnic 1999: 27)

En outre, la poursuite de l’illusion du naturel constitue la négation anti-éthique de l’essence de la traduction qui est la reconnaissance de l’altérité. Faire croire qu’il n’y a pas de traduction, équivaut au rejet annexionniste de l’autre par la personne dont le devoir réside dans la médiation du rapport avec l’étranger. Meschonnic s’exprime sans ménagement sur la quête du naturel chez le traducteur: Sa transparence fait son arrogance. Et sa faillite. Car il se trompe et il vous trompe précisément là où son honnêteté, et tous ses moyens, auraient été les plus indispensables: quand il s’agit de l’écriture, en littérature. Toutes ses vertus y couvrent ses impostures. On comprend qu’il n’aime pas qu’on le sache. (Meschonnic 1999: 162)

Une autre conséquence fâcheuse de la traduction effaçante est le fait qu’elle prolonge le mythe de Babel en faisant croire que le mal à cacher est la diversité des langues. Le ––––––– 4

Meschonnic (1999: 85) fait la différence entre la mauvaise et la bonne traduction. Quant à celle-ci, il dit: «La bonne est celle qui fait ce que fait le texte, non seulement dans sa fonction sociale de représentation (la littérature), mais dans son fonctionnement sémiotique et sémantique». Contrairement à Berman (1995: 97) qui voit dans la critique positive la potentialité d’une amélioration constante des retraductions successives, Meschonnic est d’avis que la bonne traduction ne se refait pas.

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théoricien, en accord avec la conviction que nous allons retrouver plus tard chez Paul Ricoeur, tient à récuser ce mythe quand il dit: Ce n’est pas l’hétérogénéité des langues entre elles qui fait problème. C’est l’enseignement de la transparence et de l’effacement. L’idée régnante continue, malgré tout ce qui est dit et affiché, de faire comme si la diversité des langues était un mal, à effacer. (Meschonnic 1999: 127)

5. Le respect du texte et de l’Autre: Antoine Berman Les travaux d’Antoine Berman ont beaucoup de points communs avec la réflexion de Henri Meschonnic pour ce qui est de la dimension philosophique du traduire. La vraie visée de la traduction que postule Berman est triple: éthique, poétique et philosophique.5 En précisant son acception du mot éthique, qui nous intéresse particulièrement ici, Berman (1999: 74) explique que, se réalisant dans la fidélité et dans l’exactitude, elle s’appuie sur «une certaine tenue de l’homme vis-à-vis de lui-même, d’autrui, du monde et de l’existence. Et vis-à-vis, bien sûr, des textes également». L’essence de l’acte éthique est donc la reconnaissance et l’accueil de l’autre en tant qu’Autre. Afin de suivre ce principe le traducteur doit faire un choix éthique conscient et volontaire et au lieu de dompter l’Autre, il doit l’inviter dans son espace linguistique. La quête du même si caractéristique pour la théorie de la traduction, surtout dans son courant linguistique, tue la dimension éthique, parce qu’elle constitue une appropriation ethnocentrique de l’Étranger. L’observance de l’éthique dans les devoirs du traducteur implique le contraire de l’annexion: l’ouverture à l’Autre, une disponibilité au dialogue avec lui, sans quoi la traduction n’existe pas. Quant à la question de la visibilité du traducteur, elle est la conséquence naturelle de la perception du rapport qui unit l’original et le texte traduit. Contrairement à Mounin et en accord avec Meschonnic, Berman (1984: 17; 1999: 70) est persuadé que la traduction ne se borne pas à la communication, car la notion de communication est trop abstraite pour être utile dans la définition de l’œuvre et de la traduction. En plus, ne reconnaître dans la traduction qu’une transmission de messages équivaut d’une part à mettre sur le même plan le texte technique et le texte littéraire et, d’autre part, à confondre la notion du texte et du message. Même si l’œuvre contient toujours une dose d’informations, son essentiel consiste à ouvrir à l’expérience d’un monde lequel y est à chaque fois construit. La caractéristique intrinsèque de l’œuvre littéraire est alors la manifestation comprise comme la présence d’un certain monde total. Par la suite, la traduction des oeuvres devient «la manifestation d’une manifestation» (Berman 1999: 76) contenue dans chaque texte. De même que Meschonnic, Berman est convaincu que le traducteur doit avoir l’audace d’inscrire les traces de son travail dans l’écriture d’un nouveau texte, et non pas se borner à une opération littéraire d’acclimation du sens dans une autre langue. Il faut que le ––––––– 5

Cf. Berman (1999: 96). La visée philosophique de la traduction se réalise dans son rapport à la vérité. Berman emprunte ici à F. Hölderlin le concept de la vérité de la traduction.

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traducteur soit guidé dans son activité par la passion de fidélité et d’exactitude qui sont immanentes à l’éthique. Elles se réalisent à travers l’accueil de la littéralité étrangère dans l’auberge de la langue accueillante. Un bon traducteur veille au danger d’une mauvaise traduction définie comme «la traduction qui, généralement sous couvert de transmissibilité, opère une négation systématique de l’étrangeté de l’oeuvre étrangère» (Berman 1984: 17). C’est ainsi que Berman exprime son refus envers la traduction qui se veut surtout accessible au public, parce qu’elle devient inexorablement une manipulation de la part du traducteur. À ce propos il dit: «Le traducteur qui traduit pour le public est amené à trahir l’original, à lui préférer son public, qu’il ne trahit d’ailleurs pas moins, puisqu’il présente une oeuvre ‹arrangée›» (Berman 1999: 71-72).

6. L’hospitalité langagière: Paul Ricoeur La dimension éthique de la traduction constitue un aspect central dans la conception ricoeurienne de la traduction. Paul Ricoeur place explicitement ses considérations sur le statut du traducteur «sous l’égide du titre L’épreuve de l’étranger» (Ricoeur 2004: 7) de Berman en indiquant ainsi clairement la parenté avec l’éminent prédécesseur. Il s’accorde avec Berman pour dire que le rôle du traducteur consiste en une médiation dans une situation inconfortable d’épreuve. La traduction est, dans son approche, l’espace où a lieu la rencontre avec l’altérité qui suscite la peur. Il est toutefois nécessaire de souligner qu’il ne s’agit pas uniquement de l’autre en dehors de nous, mais également de celui qui se trouve en moi. Au sens étroit du terme la traduction, selon Ricoeur, recouvre l’espace linguistique entre deux langues. Au sens large pourtant, elle touche la dimension philosophique de la compréhension: le fait de penser et de parler implique déjà la traduction, la reformulation et, par cette voie, la découverte de ce qui est peut-être étranger en nous pour nous-mêmes. C’est ainsi qu’à travers le processus de la traduction au sens large a lieu la construction de notre identité, la recherche constante du moi qui s’exhibe dans le désir d’exister. Paul Ricoeur souligne à plusieurs reprises que le traducteur doit renoncer à la traduction parfaite grâce à l’acceptation de l’altérité. Et c’est là où nous venons à sa compréhension de la dimension éthique de la traduction: Abandonner le rêve de la traduction parfaite reste l’aveu de la différence indépassable entre le propre et l’étranger. Reste l’épreuve de l’étranger. [...] Il me semble, en effet, que la traduction ne pose pas seulement un travail intellectuel, théorique ou pratique, mais un problème éthique. Amener le lecteur à l’auteur, amener l’auteur au lecteur, au risque de servir et de trahir deux maîtres, c’est pratiquer ce que j’aime appeler l’hospitalité langagière. C’est elle qui fait modèle pour d’autres formes d’hospitalité que je lui vois apparentée [...]. (Ricoeur 2004: 42-43)

Ainsi, la traduction est toujours une médiation avec l’autre, un terrain de l’hospitalité linguistique dont parlait Berman. Elle se résout par l’équivalence sans l’identité car il est toujours possible de dire la même chose d’une autre manière.

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Ricoeur emploie également un autre terme existant chez Berman: celui du désir de traduire. Il résulte de la curiosité envers l’étranger et est jugé indispensable dans la définition du devoir du traducteur. Ce théoricien pourrait alors faire sienne la constatation de Berman (1984: 23) que la traduction est un désir «d’établir un rapport dialogique entre langue étrangère et langue propre». Pour parler du travail du traducteur, Ricoeur (22002: 41) recourt à la terminologie freudienne. Il évoque le travail de souvenir et de deuil: la visée de la traduction est de préserver, néanmoins elle s’accompagne à chaque fois d’un consentement à la perte inévitable. Le travail de deuil est précisément le renoncement à la tradution parfaite. Un tel accord permet de concilier le désir jamais assouvi de fidélité envers l’auteur et le lecteur. C’est ainsi que le traducteur dépasse la paire connue en traductologie fidélité / trahison. Du moment où on assume la présence de l’étrangeté, on doit accepter aussi la nécessité des pertes dans la traduction, car l’étrangeté implique la différence face au propre et non pas son reflet. Ricoeur en conclut que, paradoxalement, le bonheur de la traduction réside dans la perte. Car même si la perte a lieu, elle ouvre l’horizon à l’hospitalité langagière. En d’autres termes, s’il est impossible d’atteindre l’absolu langagier cela est pleinement récompensé par l’ouverture au dialogue avec l’autre et la reconnaissance de l’écart entre l’adéquation et l’équivalence, car pour avoir lieu l’équivalence ne présuppose pas l’adéquation.

7. Conclusion Après cette revue des positions, nous proposons de formuler quelques remarques en guise de conclusion. Elles ne prétendent nullement établir des généralisations valables pour chaque situation de traduction littéraire, mais résument les positions des théoriciens choisis. 1. Tout projet éthique est déterminé par la façon de percevoir l’acte traductif. L’approche linguistique, donc communicationnelle, privilégie chez le traducteur le souci de lisibilité et d’informativité du texte traduit appuyées sur les points communs entre les langues et les cultures. Par contre, envisager cet acte avant tout comme un lieu du dialogue et des enjeux identitaires, ce qui constitue le cas de plus en plus fréquent dans la traduction littéraire, éveille le désir de respecter l’altérité en tant qu’enrichissement potentiel. 2. Le modèle du traducteur considéré auparavant comme idéal en raison de son effacement derrière le texte est devenu désuet. La fausse modestie a cédé la place à la présence visible et indispensable du sujet d’un nouveau discours-écriture. La conséquence en est le fait que l’attitude déontologique du traducteur des textes littéraires doit se manifester dans l’engagement conscient en tant que partenaire de plein droit de la création littéraire. 3. L’éthique du traducteur littéraire se réalise aujourd’hui principalement à travers ses responsabilités à l’égard de deux phénomènes. Le premier, plus général, dévoile le rapport du traducteur à l’essence de l’œuvre qu’il fait pénétrer dans le discours d’une autre langueculture et non pas s’y acclimater. Le deuxième, plus spécifique, constitue le terrain des

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tensions entre l’identité et l’altérité traité comme une phase indispensable dans la construction de sa propre identité. 4. Un des corollaires de la constatation précédente est qu’il faut cesser de voir le mythe de Babel par le prisme de la punition infligée aux hommes. La traduction n’est pas une conséquence contraignante de la diversité, mais une conséquence tout court qui assure la continuité de l’humanité. C’est précisément l’éthique de l’hospitalité face à l’Autre qui rend possible le moment où la pluralité des langues peut coexister dans un discours annulant la perte de langue paradisiaque.

Bibliographie Benjamin, Walter (22002): Il compito del traduttore. (trad. Gianfranco Bonola). In: Nergaard, Siri (ed.): La teoria della traduzione nella storia. Milano: Strumenti Bompiani, 221-236. Berman, Antoine (1984): L’Épreuve de l’étranger. Paris: Gallimard. – (1986): L’essence platonicienne de la traduction. In: Revue d’esthétique 12, 63-73. – (1988): De la translation à la traduction. In: Traduction, Terminologie, Rédaction. Vol. 1/1, 23-40. – (1995): Pour une critique des traductions: John Donne. Paris: Gallimard. – (1999): La Traduction et la lettre ou l’Auberge du lointain. Paris: Éditions du Seuil. Lalande, André (ed.) (111972): Vocabulaire technique et critique de la philosophie. Paris: Presses Universitaires de France. Meschonnic, Henri (1973): Pour la poétique II. Epistémologie de l’écriture poétique de la traduction. Paris: Gallimard. – (1986): Alors la traduction chantera. In: Revue d’esthétique 12, 75-80. – (1999): Poétique du traduire. Lagrasse: Éditions Verdier. Mounin, Georges (1955): Les Belles infidèles. Paris: Les Cahiers du Sud. – (1963): Les problèmes théoriques de la traduction. Paris: Gallimard. – (1986): Phonostylistique et traduction. In: Revue d’esthétique 12, 9-16. Rey-Debove, Josette / Rey, Alain (2007): Le Nouveau Petit Robert. Paris: Le Robert. Ricoeur, Paul (22002): La traduzione. Una sfida etica. (a cura di Domenico Jervolino). Brescia: Morcelliana. – (2003): L’intraducibile. In: Studium 5, 669-676. – (2004): Sur la traduction. Paris: Bayard. Steiner, Georges (1998): Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction. Paris: Albin Michel. Venuti, Lawrence (1999): L’invisibilità del traduttore. Una storia della traduzione. Roma: Armando Editore.

Martina Nicklaus

C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano

1. Corrispondenze problematiche Quando si traducono testi letterari italiani in tedesco, e questo è il punto di partenza per le osservazioni che seguono, non ci si rende subito conto dei problemi di equivalenza fra articoli italiani e tedeschi: un il italiano di solito corrisponde a un der tedesco, l’articolo indefinito un corrisponde a ein e un sintagma nominale senza articolo di solito si traduce con un sintagma analogo in tedesco. Bosco Coletsos / Costa (2004: 72) constatano infatti: «Gli articoli indeterminativo, unbestimmter Artikel, e determinativo, bestimmter Artikel, sono simili nelle due lingue […]» Questa apparente isomorfia chiara e facile –sono diversi i signifiants, ma identiche le funzioni– finisce per indurci a produrre delle sequenze tedesche come: [...] es war immer ein Dienstmädchen auf den Beinen, das die Lichter anzündete, das Bett machte, die frische Wäsche in die Schränke verstaute, die Türklinken putzte oder die frischgebügelten Handtücher in die Kommode beim Waschbecken legte. (Maraini / Kienlechner 1993: 40) [corsivo: M.N.]

Si tratta di un brano tratto da La lunga vita di Marianna Ucrìa di Dacia Maraini: [...] c’era sempre una serva che girava per le stanze accendendo un lume, rifacendo il letto, riponendo la biancheria pulita negli armadi, lucidando le maniglie delle porte, sistemando gli asciugamani appena stirati nel «cantaranu» accanto alla bacinella dell’acqua. (Maraini 1994: 34)

La traduzione tedesca è ovviamente corretta e accettabile, ma suona un po’ pesante e questo, secondo me, a causa dei tanti articoli definiti, cioè a causa di una interferenza. Mi sembrerebbe più efficace, e «più tedesco», tradurre con: [...] es war immer ein Dienstmädchen auf den Beinen, das ein Licht anzündete, Betten machte, frische Wäsche in die Schränke verstaute, Türklinken putzte oder frischgebügelte Handtücher in die Kommode beim Waschbecken legte.

Ad interessarci sono proprio i casi di non-corrispondenza come questo, che giustificano uno studio approfondito sul tema e che dimostrano come non abbiamo assolutamente a che

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fare con due ambiti funzionali1 paralleli (il che a sua volta è il motivo per cui l’italiano viene classificato come «artikelfreundlich», ‹articolofilo›2). Come base per le mie osservazioni ho scelto dei brani di testi letterari italiani e le loro traduzioni in tedesco. Si tratta di 10 testi di 1500-2000 battute ciascuno, tradotti nei corsi universitari per gli studenti di traduttologia (Literaturübersetzen) dell’università di Düsseldorf. Dove possibile, mi riferirò anche alle traduzioni già pubblicate in Germania. Dove necessario, citerò degli esempi di altre fonti non letterarie. Per quanto riguarda la terminologia vorrei premettere un breve chiarimento: determinazione viene intesa come attualizzazione di un’unità lessicale, con la determinazione quindi l’unità lessicale viene abilitata per la referenza; con le parole di Elisabeth Stark che si richiama a Coseriu: Nominaldetermination betrifft [...] den Umstand, daß durch Determination eines nominalen Elementes dieses aus seiner Virtualität als Lexikoneinheit heraustritt und zur Bezeichnung außersprachlicher Referenten [...] in einer konkreteren Aussage verwendet werden kann. (Stark 2006: 16-17)

La determinazione di sostantivi si fa tra l’altro tramite degli articoli definiti o indefiniti. Lo scopo dell’analisi degli esempi sarà di delimitare i valori semantici di questi due tipi di determinanti in italiano e in tedesco, cioè di definire la nozione di «definitezza / indefinitezza». Le espressioni «articolo definito» e «articolo indefinito»3 denomineranno quindi per ora solo due categorie formali. Nei testi italiani sono stati presi in considerazione: sintagmi nominali definiti al singolare o al plurale, introdotti con il, la, i, le (o allomorfi), sintagmi nominali indefiniti con l’articolo indefinito un o una (o allomorfi) e sintagmi nominali senza alcun determinante. Per ora non sono stati presi in esame sintagmi nominali con l’articolo partitivo, che sembra creare poche difficoltà di traduzione, corrisponde nella maggior parte dei casi all’articolo zero in tedesco. Sono stati analizzati poi solo quei sintagmi nominali la cui traduzione risulta difficile per l’impossibilità di utilizzare il pendant tedesco, come per es. in: Invece il Manzoni anzitutto ambienta il suo romanzo nel Seicento, Ø secolo4 che notoriamente non vende. (Eco 1963: 154) Dieser Manzoni dagegen siedelt erstens seinen Roman im 17. Jahrhundert an, einer notorisch unverkäuflichen Epoche. Zweitens [...] (Eco / Kroeber 1990: 141)

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Stark nega l’esistenza di un paradigma di articoli definiti / indefiniti per l’italiano (Stark 2006: 57); simile l’argomentazione per il tedesco di Vater (2001: 379) che vede nell’articolo indefinito «kein indefinites Gegenstück zum definiten Artikel». Nella mia analisi parlerò di ambiti funzionali degli articoli –ambiti funzionali imparentati– per evitare la collocazione prematura in un paradigma. Cf. per es. l’indicazione di Reumuth / Winkelmann (62001: 53): «Grundsätzlich ist zu bemerken, dass der bestimmte Artikel im Italienischen viel häufiger auftritt als im Deutschen». Nei lavori italiani si utilizzano le denominazioni articolo determinativo / articolo indeterminativo. I sintagmi nominali in questione saranno messi in evidenza tramite sottolineatura, da adesso in poi.

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[...], ein Jahrhundert, das sich bekanntlich schlecht verkauft. (M.N.)

L’assenza dell’articolo in italiano equivale all’articolo indefinito in tedesco, utilizzato sia nell’apposizione «einer notorisch unverkäuflichen Epoche…» che nel nominativo assoluto «ein Jahrhundert». Dall’analisi degli esempi sono emersi tre tipi fondamentali di non-corrispondenza che passo a descrivere brevemente. I pochi esempi che non si associano a questi tre gruppi centrali non verranno, per ora, considerati. Il primo tipo è quello meno eclatante: qui l’articolo definito al singolare viene tradotto e dev’essere tradotto in tedesco con un sintagma nominale senza articolo, al singolare oppure al plurale; ecco tre esempi: 1 Di questi tempi il romanzo fiume va per la maggiore, se diamo ascolto alle tirature. (Eco 1963: 154) Ø Historische Schmöker sind ja zur Zeit sehr beliebt [...]. (Eco / Kroeber 1990: 140) Heutzutage sind Ø Romane vom Typ «Wälzer» ja sehr beliebt [...]. (M.N.)

2 Permettetemi di non fare nomi. Se è vero che la discrezione è una virtù sempre auspicabile, ciò varrà tanto più nel mio caso, […]. (Di Costanzo 1999: 11) [...] Wenn es stimmt, dass Ø Diskretion / Verschwiegenheit immer eine wünschenswerte Tugend ist, dann wird dies umso mehr auf mich zutreffen / in meinem Fall gelten. (M.N.)

3 Benché io apprezzi l’eleganza nel vestire, non bado, di solito, alla perfezione o meno con cui sono tagliati gli abiti dei miei simili. (Buzzati 1968: 202) Obwohl ich Ø elegante Kleidung schätze / Ø Eleganz in der Kleidung schätze, [...].

Ho giudicato questi sintagmi con l’articolo definito come poco eclatanti, perché designano o una classe (il romanzo fiume) o un astratto (la discrezione), funzione descritta bene non solo nelle pubblicazioni sul tema, ma anche nelle grammatiche italiane5, nonché nelle grammatiche di Italiano L2 per tedeschi, dove si propongono proprio delle traduzioni come quelle sopra citate. Le grammatiche aggiungono anche il caso dei sintagmi nominali che designano delle entità non numerabili, i cosiddetti nomi di massa, che «si comportano» ––––––– 5

Cf. Dardano / Trifone 2002: 68-69; Renzi 21989: 387-89; Serianni 1989: 162.

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nella traduzione come i due tipi appena descritti: «L’acqua è più pesante dell’olio – Ø Wasser ist schwerer als Ø Öl» (Kirsten / Mack 1995: 74). Per il secondo tipo fondamentale di non-corrispondenza riferisco prima due esempi. Vorrei con te passeggiare, un giorno di primavera, col cielo di color grigio e ancora qualche vecchia foglia dell’anno prima trascinata per le strade dal vento, […]. (Buzzati 1968: 92) Ich möchte mit dir spazieren gehen, bei/unter Ø grauem Himmel / unter einem grauen Himmel, an einem Frühlingstag, wenn der Wind noch ein paar alte Blätter aus dem Vorjahr durch die Straßen weht […]. (M.N.)

Oppure: La brocca, come quelle di Grassano, […], era un’anfora di Ferrandina, di terra giallorosata, a stretture e rigonfi, come una immagine femminile arcaica, dalla vita sottile, dal petto e dai fianchi rotondi, con le piccole braccia ad ansa. (Levi 1990: 27-28) […] wie ein archaisches Frauenbild, mit Ø enger Taille, Ø runder Brust und Ø Hüften und Ø kleinen Armen als Henkel. (Levi / Hohenemser-Steglich 1973: 34) Der Krug war geformt wie ein archaisches Frauenbild, mit Ø schmaler Taille / mit einer schmalen Taille, Ø runder Brust und Ø runden Hüften, mit Ø kleinen Armen als Henkel. […] (M.N.)

Negli esempi di questo tipo un sintagma nominale definito e non necessariamente al singolare, incorporato in un sintagma preposizionale è stato tradotto o senza articolo o con l’articolo indefinito ein. I sintagmi preposizionali di questi esempi (dai fianchi rotondi, col cielo di color grigio etc.) esprimono –e questo è un dettaglio di non poca importanza– una qualità. Il cielo grigio è una qualità, in un certo senso una componente del giorno di primavera. Con qualche riserva, si potrebbe categorizzare qui anche l’esempio del titolo: «C’ha la fidanzata?» Questa breve frase ovviamente non proviene da un testo letterario, ma è la versione leggermente modificata di un esempio formulato da Renzi nella Grande Grammatica di consultazione, nel capitolo che tratta della determinazione nominale (Renzi 1989: 366). Comunque anche qui la scelta per tradurre l’articolo definito italiano dev’essere ein. C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin?

Il terzo tipo di non-corrispondenza è più sorprendente: un sintagma senza determinante in italiano viene tradotto con un sintagma introdotto dall’articolo indefinito in tedesco. E qui si può citare di nuovo l’esempio fatto più sopra: Invece il Manzoni anzitutto ambienta il suo romanzo nel Seicento, Ø secolo che notoriamente non vende. (Eco 1963: 154)

C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano

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Dieser Manzoni dagegen siedelt erstens seinen Roman im 17. Jahrhundert an, einer notorisch unverkäuflichen Epoche. Zweitens [...]. (Eco / Kroeber 1990: 141) [...], ein Jahrhundert, das sich bekanntlich schlecht verkauft [...] (M.N.)

Nelle traduzioni letterarie emergono quindi tre situazioni molto chiare di noncorrispondenza: 1. italiano: articolo definito al singolare tedesco: assenza di articolo, nome al singolare o al plurale la discrezione – Ø Verschwiegenheit il romanzo fiume – Ø historische Schmöker 2. italiano: articolo definito al singolare o al plurale in un sintagma preposizionale tedesco: articolo indefinito o assenza di articolo col cielo di color grigio – bei einem grauen Himmel / bei Ø grauem Himmel dai fianchi rotondi – mit Ø runden Hüften 3. italiano: assenza di articolo, nome al singolare tedesco: articolo indefinito, nome al singolare il Seicento, Ø secolo che – das 17. Jahrhundert, ein Jahrhundert, das

Quali sono i fattori, semantici o non semantici, che spiegano queste differenze tra le versioni italiane e tedesche?

2. Analisi degli esempi 2.1 La base per una spiegazione Sia nel primo che nel secondo tipo di corrispondenze problematiche è coinvolto l’articolo definito italiano (chiamato qui, per comodità, semplicemente il, senza enumerare allomorfi e le varianti di genere e numero), che evidentemente è utilizzabile in ambiti funzionali diversi da quelli del suo pendant tedesco der. Il determinante «articolo definito» come appunto il in italiano, avrebbe la funzione di segnalare che il referente del sintagma è conosciuto, noto (per es. Renzi 1989), familiare («familiar», Christopherson già nel 1939), identificabile («identifiable», Heine / Kuteva

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2006: 98)6 oppure percepito (Leiss 2000)7, per citare solo alcune descrizioni. L’approccio di Leiss, nel quale la definitezza viene considerata categoria generale della lingua sarà utile in seguito. Un po’ superficialmente si potrebbe concludere: in italiano i referenti di il romanzo fiume o di la discrezione oppure i referenti di i fianchi in dai fianchi rotondi e di il cielo in col cielo di color grigio verrebbero presentati come conosciuti, in tedesco no, visto che in tedesco si fa a meno dell’articolo definito. Se l’articolo definito segnala come noto il referente di un sintagma nominale, vuol dire che l’articolo definito, oltre a determinare, cioè a abilitare per la referenza, contiene anche l’istruzione di trovare / cercare un referente noto. La differenza è forse proprio qui: in tedesco e in italiano questo referente si deve trovare nel cotesto, nel contesto o nelle conoscenze comuni. Mentre però in tedesco il referente deve anche essere un’unità ben delineata / definita e percepita, un «Perzept» secondo Leiss, in italiano esso, per essere considerato noto e meritare l’articolo definito –e adesso cerco di adattare la definizione di Leiss– può essere anche soltanto percepibile: è sufficiente quindi la sola possibilità che possa essere percepito come unità ben delineata. Sarebbe effettivamente possibile precisare meglio per es. la discrezione o il cielo negli esempi di sopra e trasformare i loro referenti in unità percepite. In questo caso, anche la traduzione tedesca richiede l’articolo definito: Se è vero che la discrezione di quest’uomo… Wenn es stimmt, dass die Diskretion / Verschwiegenheit dieses Mannes… Vorrei con te passeggiare, un giorno di primavera, col cielo di color grigio della grande città… Ich möchte mit dir spazieren gehen, unter dem grauen Himmel der großen Stadt,

Simile la conseguenza di un cambiamento nel cotesto di la fidanzata: Ha visto la fidanzata? / Hat er die/seine Freundin gesehen?

A la fidanzata corrisponde, nella versione cambiata, un referente non solo noto, ma anche effettivamente percepito. Quindi, perché il referente di un sintagma nominale possa essere presentato come referente soltanto percepibile, ci vuole anche un cotesto semantico adatto. E oltre al cotesto semantico sembra rilevante anche la semantica del sintagma nominale stesso. La macchina in Carlo si è fatta la macchina (Kirsten / Mack 1995: 74) e la gonna in C’ha la gonna?8 (Chiuchiù 2003: 70) corrispondono a dei referenti solo percepibili (sempre nel senso degli esempi precedenti) e corrispondono a ‹ein Auto› / ‹einen Rock›. È ––––––– 6

7

8

Heine / Kuteva danno come «working definition» della funzione dell’articolo definito nelle lingue europee: «marking of identifiability of a referent of a noun phrase for both speaker and hearer» (2006: 98). Per Leiss l’articolo definito produce la trasformazione di un concetto in un’unità percepita, un percetto: «Transformation eines Konzepts in ein Perzept» (Leiss 2000: 265). Questa frase è tratta da un libro d’italiano per bambini e fa parte di una conversazione fra bambine sui vestiti delle loro bambole.

C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano

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impossibile invece interpretare il referente di il fratello in *C’ha il fratello? come solo percepibile.9 Cioè è impossibile chiedere: «*C’ha il fratello?» e intendere: ‹Hat er einen Bruder?›. Il determinante il svolge dunque due funzioni: può presentare il referente del sintagma nominale come percepito o come solo percepibile. Siamo di fronte quindi a un caso di diversificazione: a seconda dei tratti semantici del nome e dell’immediato cotesto il dev’essere tradotto o con der o con ein / Ø. Resta però da chiarire quali tratti del cotesto e del sintagma nominale stesso siano quelli decisivi. Se nel brano citato in apertura traduciamo le maniglie delle porte («[…] che venivano sempre lucidate da una serva [...]») con ‹die Türklinken›, secondo me accentuiamo troppo il carattere percepito dell’elemento «le maniglie»; Schanen (1996), che ha studiato il valore dimostrativo del ted. das, direbbe addirittura che focalizziamo questo elemento10, mentre il cotesto italiano invece suggerisce che le maniglie fanno parte di azioni eseguite regolarmente, azioni che, grazie all’informazione aspettuale e all’uso dell’avverbio «sempre», fanno parte dell’Hintergrund del racconto nella terminologia di Weinrich e che sono presentate nella loro «totalità»:11 «c’era sempre una serva che girava [...] lucidava [...]». Poiché in tedesco la categoria dell’aspetto verbale non esiste più (è esistita però un tempo nelle lingue germaniche), essa non può esprimere la totalità o non-totalità dell’azione descritta. Questa funzione, così Leiss, viene assunta in tedesco anche dagli articoli definiti. Omettendo l’articolo definito si contribuisce alla rappresentazione di un evento come totalità, mettendo l’articolo definito rappresentiamo l’evento come costituito da singole entità percepite.

2.2 Primo tipo Le considerazioni fatte permettono di spiegare l’uso dell’articolo definito negli esempi del tipo 1: Di questi tempi il romanzo fiume va per la maggiore, [...]. Se è vero che la discrezione è una virtù sempre auspicabile, […]. Benché io apprezzi l’eleganza nel vestire, [...].

Infatti, il tratto semantico totalità si trova nel cotesto di questi sintagmi nominali, nei sintagmi avverbiali («di questi tempi», «sempre», «di solito») e nel tempo grammaticale presente. Anche la semantica dei sintagmi nominali stessi contribuisce all’idea della totalità: discrezione, eleganza rappresentano delle unità astratte, non chiaramente delineate; ––––––– 9

10

11

È possibile invece utilizzare l’articolo partitivo al plurale per produrre l’effetto «unità percepibile, ma non percepita»: C’ha (dei) fratelli o (delle) sorelle. Il plurale qui designa una quantità non ben delineata e non delle singole unità. Schanen considera l’articolo definito tedesco, e anche gli dimostrativi, come «definitidentifizierend, auffällig-fokussierend und deshalb auch partikulär» (1996: 159). Leiss (2000: 14) parla di una categoria grammaticale superiore «Totalität / Nichttotalität» che incorpora sia la categoria verbale dell’aspetto che la categoria nominale di definitezza.

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romanzo fiume, come termine tecnico12, rappresenta un tipo di romanzo, una classe cioè, non un singolo libro. Bisogna aggiungere che grazie a questi segnali di totalità nel testo si traduce quasi intuitivamente nel modo giusto. Nel seguente esempio la traduzione di il con Ø sembra meno adatta, nonostante i tratti di totalità nel cotesto (imperfetto, di giorno in giorno): [Uno dei motivi, forse il principale, che faceva di Graziano uno scrittore inedito era la sua repugnanza a scrivere.] Il tavolo, la penna, la pagina bianca da riempire: ecco gli strumenti di una tortura che egli rinviava di giorno in giorno [...]. (Flaiano 1989: 50) [Einer der Gründe, vielleicht sogar der wichtigste, der aus Graziano einen nie gedruckten Schriftsteller machte, war sein Widerwille gegen das Schreiben.] ?Der Tisch, der Kuli, das weiße, noch unbeschriebene Blatt, das waren die Instrumente einer Tag um Tag aufgeschobenen Folter [...]. ?Ø Tisch, Ø Kuli, Ø Blatt, das waren die Instrumente [...]. (M.N.)

Per rendere l’idea della situazione descritta nella sua totalità, la scelta dell’articolo indefinito potrebbe essere un compromesso: Ein Tisch, ein Stift, ein weißes, noch unbeschriebenes Blatt, das waren die Instrumente [...].

Meno evidenti sono i segnali di totalità negli esempi non letterari con la fidanzata / la gonna / la macchina. Il cotesto del sintagma nominale, più precisamente i verbi avere e farsi, esprime appartenenza; la frase intera si riferisce a un fatto integrale, a un modo di essere. I sintagmi nominali stessi invece non contribuiscono all’idea della totalità, rappresentano delle unità facilmente delineabili e per questo anche numerabili. Devono rappresentare, e questa sembra l’unica condizione, delle unità che possono entrare in un rapporto di appartenenza per esprimere delle qualità – condizione evidentemente non soddisfatta dal lessema fratello.

2.3 Secondo tipo I sintagmi preposizionali di questo tipo –col cielo di color grigio / dai fianchi rotondi– esprimono delle «qualità» tramite le preposizioni con o da. I fianchi rotondi – runde Hüften nel sintagma dai fianchi rotondi sono dei fianchi percepibili, che potrebbero essere percepiti come entità individuali, e che appartengono, come direbbe Leiss, a un fatto (in questo caso: il corpo) presentato nella sua totalità.13 L’uso dell’articolo definito in tedesco li renderebbe invece oggetti effettivamente percepiti. ––––––– 12 13

Traduzione dell’espressione francese roman fleuve. Renzi (21989: 386) distingue l’espressione di «appartenenza inalienabile» (come in: dai fianchi rotondi) e di «appartenenza alienabile» (come in: farsi la macchina).

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Il cotesto semantico del sintagma nominale negli esempi del tipo 2, cioè le preposizioni con o da che indicano aderenza, quindi contiene il tratto totalità. Il sintagma preposizionale intero si riferisce chiaramente a un fatto integrale. Molto simile l’esempio seguente: Il tachimetro oscillava sui settanta-settantacinque, il furgone dinanzi a noi sembrava immobile e di fianco guizzavano lanciatissime le macchine libere e felici, uomini e donne tutti vivi, anche stupende ragazze a fianco di giovanotti, in fuori-serie aperte, coi capelli sventolanti al vento della corsa. (Buzzati 1968: 209) Die Tachonadel pendelte zwischen 70 und 75 Stundenkilometern, und der schwarze Wagen vor uns schien stillzustehen, während die freien und glücklichen Autos mit quicklebendigen Männern und Frauen in atemberaubendedem Tempo an uns vorbeirasten. Man sah auch Cabrio-Sondermodelle, mit jungen Männern an der Seite von wunderschönene Mädchen mit Ø im Fahrtwind wehenden (offenen) Haaren. (M.N.)

I capelli sventolanti sono una qualità delle ragazze, fanno parte di un’immagine integrale delle ragazze, per così dire.

2.4 Terzo tipo A questo punto dobbiamo tornare agli esempi del tipo: il Seicento, Ø secolo che [...]; ne cito altri due: In realtà non dormiva mai più di tre ore per notte. Ø Inconfondibile sintomo di folle ambizione, si mormorava. (Di Costanzo 1999: 11-12) Tatsächlich schlief er nie mehr als drei Stunden jede Nacht. Ein untrügliches Zeichen für maßlosen Ehrgeiz, wurde gemunkelt. (M.N.) […], non posso fare a meno di chiedermi, ancora una volta chiedermi, se sia proprio io quella cosa macilenta e solitaria che si è sdoppiata da me, a me sempre più estranea, quasi ostile, Ø ospite mai invitata ma inevitabile. (Allamprese 1991: 43) […], kann ich nicht umhin mich zu fragen, mich noch einmal zu fragen, ob das wirklich ich bin, dieses hagere und einsame Etwas, das sich von mir abgespalten hat, und für mich immer fremder, fast feindlich, geworden ist, wie ein ungebetener aber auch unvermeidlicher Gast. (M.N.)

I referenti di secolo, sintomo, ospite non vengono presentati come noti, né come effettivamente percepiti, né come percepibili. Questi lessemi fanno parte di costruzioni assolute e tendono a essere al singolare (e nei miei testi lo sono sempre). Sarebbe ipotizzabile anche il plurale:

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In realtà non dormiva mai e lavorava giorno e notte. Inconfondibili sintomi di folle ambizione, si mormorava. ?

Tatsächlich schlief er nie und arbeitete Tag und Nacht. Untrügliche Zeichen für maßlosen Ehrgeiz, wurde gemunkelt.

Tuttavia né in tedesco né in italiano il plurale suona bene. L’uso del plurale presuppone la numerabilità, categoria di sintagmi determinati. Il plurale in queste costruzioni non suona bene, perché non c’è determinazione, e di conseguenza non c’è neanche l’articolo zero. Secondo me, i sintagmi posposti di questo tipo aggiungono delle informazioni semantiche e hanno piuttosto un valore attributivo (come nell’esempio sopra) o avverbiale (come nell’esempio che segue).14 La non-determinazione in italiano che comporta una translation (traslazione) come la intende Tesnière, si trova anche in altre situazioni: [... non conosci le favole antiche …] Mai passasti sotto gli alberi magici […], né camminasti nella notte verso il lume lontano lontano, né ti addormentasti sotto le stelle d’oriente, cullata da piroga sacra. (Buzzati 1968: 92)

Potremmo allora «osare» tradurre cullata da piroga sacra con ‹pirogengewiegt› o ‹einbaumgewiegt›, per rendere il carattere avverbiale di piroga sacra, utilizzando l’opzione tedesca per una traslazione, la formazione di parole composte. Né qui, né negli esempi del terzo tipo possiamo infatti semplicemente omettere l’articolo del sintagma nominale nella traduzione tedesca: *[...] gewiegt von Ø heiligem Einbaum. *[...] siedelt seinen Roman im 17. Jahrhundert an, Ø Jahrhundert, das sich bekanntlich schlecht verkauft. ?Tatsächlich schlief er nie mehr als drei Stunden jede Nacht. Ø untrügliches Zeichen für maßlosen Ehrgeiz, wurde gemunkelt. *[...] für mich immer fremder [...] geworden ist, wie Ø ungebetener [...] Gast.

L’omissione dell’articolo qui non è una soluzione, perché in tedesco è prevista in generale per la funzione che abbiamo già descritto: Ø Diskretion, Ø Eleganz etc.15 Torniamo agli esempi del terzo tipo, alla traduzione della non-determinazione italiana con ein in tedesco. L’articolo indefinito segnala sia in tedesco che in italiano la numerabilità del referente.16 Segnala anche, come l’articolo definito in determinati casi, che il referente del sintagma ––––––– 14

15

Con le parole di Wilmet (1986: 80): «[...] l’article Ø spécialise l’intension du vocable intégré au cotexte»; mettendo un nome senza articolo (per Wilmet: un nome con l’articolo zero) si aggiunge al cotesto solo l’intensione di questo nome. Visto che qui, nei casi di astratti, nomi di massa e denominazioni di classi, si tratta sempre di determinare, il non mettere un articolo in tedesco è un segno di determinazione e costituisce quindi un articolo, l’articolo zero.

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nominale non è percepito, per lo meno non dal destinatario. Il referente di un sintagma nominale indefinito quindi ha un profilo delineato perché viene presentato come numerabile, ma non è ancorato nella realtà perché non è percepito da tutt’e due gli interlocutori17 – due tratti che predispongono un tale referente a essere referente nuovo, non noto. Scegliere l’articolo indefinito per la traduzione tedesca –das 17 Jt., ein Jt. das...– significa segnalare che l’informazione «ein Jahrhundert, das sich bekanntlich schlecht verkauft» è un’informazione nuova, un’informazione aggiunta. E questo non è in contraddizione con il valore del sintagma italiano. Che il referente di «eine Information» venga anche presentato come numerabile non sembra dar fastidio. Anzi, la numerabilità del referente comunque non sembra molto accentuata dall’articolo indefinito tedesco, come si è visto sopra, nelle frasi del tipo «hat er eine Freundin / ein Auto etc.», dove indubbiamente non si vuole esprimere un cifra. Comunque la scelta dell’articolo ein in tedesco sembra una soluzione semanticamente non perfetta, solo accettabile.

3. Conclusioni La funzione dell’articolo definito in italiano viene realizzata in tedesco in molti casi con l’articolo definito: gli articoli der/il contengono infatti l’istruzione di trovare un referente noto per il sintagma nominale. In tedesco il referente noto dev’essere un referente percepito, in italiano il referente noto dev’essere o percepito o solo percepibile. Un referente solo percepibile è un fatto visto nella sua totalità (tipo 1: la discrezione) oppure un fatto che fa parte di un fatto totale (tipo 2: dai fianchi rotondi, avere la fidanzata). Un referente solo percepibile in tedesco richiede l’articolo zero (nel caso di astratti, nomi di massa, denominazioni di classe: tipo 1) o l’articolo indefinito ein (nel caso di entità numerabili: tipo 2). Per dirlo in parole semplici: ted. der è più «definito» di it. il; ein è più «definito» di uno.

uno ?

il ein

? der

Ø

––––––– 16

17

Cf. per es. Vater (2001: 388) e, per l’italiano, Stark (2006: 63): «Der unbestimmte Artikel indiziert durch seine ursprüngliche Bedeutung als Numerale Zählbarkeit (in Opposition zum Partitiv) und damit Konturiertheit, [...]». Renzi (1989: 370) distingue l’uso specifico (il referente è solo noto al parlante) e non-specifico (il referente non è noto né al parlante, né all’interlocutore).

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Verifichiamo quindi un dislocamento degli ambiti funzionali paralleli degli articoli il/uno italiani e der/ein tedeschi. Resterebbe da chiarire in che misura questo dislocamento prosegua nelle successive gradazioni di definitezza. Un determinante ancora più indefinito di ein, che si collocherebbe in questo schema a sinistra di ein e all’altezza dell’ambito di uno, potrebbe essere irgendein. Infatti, sembra che uno si presti in alcuni casi a tradurre irgendein: [...] c’era sempre una serva che girava per le stanze accendendo un lume, [...]. (Maraini 1994: 34) [...] es war immer irgendein Dienstmädchen auf den Beinen, das ein Licht anzündete, [...].

Resterebbe anche da spiegare meglio perché ein in tedesco può essere una soluzione per esprimere la non-determinanza in italiano (tipo 3). Naturalmente le osservazioni fatte finora descrivono degli usi prototipici degli articoli in questione, in primo luogo nell’italiano letterario. Ciò significa che le eccezioni non mancano, ad esempio in alcune espressioni fraseologiche italiane e tedesche. Non bisogna però disperare, come ci invita a fare proprio una di queste: Immer mit der Ruhe! – Facciamo con Ø calma!

Bibliografia

1. Testi letterari: Allamprese, Luciano (1991): La mia inseparabile compagna. Milano: Mondadori. Buzzati, Dino (1968): La boutique del mistero. Milano: Mondadori. Di Costanzo, Giuseppe (1999): Il Progetto. Nardò: BESA Editrice. Eco, Umberto (1963): Dolenti declinare (rapporti di lettura all’editore). In: Eco, Umberto: Diario minimo. Milano: Mondadori. – / Kroeber, Burkhart (1990): Manzoni, Alessandro: Die Verlobten. In: Eco, Umberto / Kroeber, Burkhart: Platon im Striptease-Lokal. München: Hanser. Flaiano, Ennio (1989): Una e una notte. Milano: Bompiani. Levi, Carlo (1990): Cristo si è fermato a Eboli. Torino: Einaudi. – / Hohenemser-Steglich, Helly (1973): Christus kam nur bis Eboli. Zürich: Europa-Verlag. Maraini, Dacia (1994): La lunga vita di Marianna Ucría. Milano: Rizzoli. – / Kienlechner, Sabina (1993): Die stumme Herzogin. München: Piper.

2. Testi linguistici e grammatiche: Bosco Coletsos, Sandra / Costa, Marcella (2004): Italiano e tedesco: un confronto. Alessandria: Edizioni dell’Orso. Chichiù, Angelo et al. (2003): Viva l’italiano 1. Libro operativo di lingua italiana per bambini. Perugia: Guerra.

C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano

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Christopherson, Paul (1939): The Articles: A Study of their Theory and Use in English. Kopenhagen: Munksgaard. Dardano, Maurizio / Trifone, Pietro (2002): Grammatica italiana modulare. Bologna: Zanichelli. Heine, Bernd / Kuteva, Tania (2006): The changing languages of Europe. Oxford: Oxford University Press. Kirsten, Gerhard / Mack, Barbara (1995): Grammatica italiana per tutti. Stuttgart: Klett. Leiss, Elisabeth (2000): Artikel und Aspekt. Die grammatischen Muster von Definitheit. Berlin: de Gruyter. Renzi, Lorenzo (ed.) (21989): Grande grammatica italiana di consultazione. Vol. 1: La frase. I sintagmi nominale e preposizionale. Bologna: Il Mulino. Reumuth, Wolfgang / Winkelmann, Otto (62001): Praktische Grammatik des Italienischen. Wilhelmsburg: Egert. Schanen, François (1996): ‹das›: Demonstrativ? In: Pérénnec, Marie-Hélène (ed.): Pro-Formen des Deutschen. Tübingen: Stauffenberg, 147-160. Serianni, Luca (1989): Grammatica italiana. Italiano comune e lingua letteraria; suoni, forme, costrutti. Torino: Utet. Stark, Elisabeth (2006): Indefinitheit und Textkohärenz. Entstehung und semantische Strukturierung indefiniter Nominaldetermination im Altitalienischen. Tübingen: Niemeyer. Vater, Heinz (2001): Die Einsamkeit des ‹unbestimmten Artikels›. In: Adamzik, Kirsten (ed.): Sprachkontakt, Sprachvergleich, Sprachvariation. Tübingen: Niemeyer, 379-397. Wilmet, Marc (1986): La détermination nominale. Paris: PUF.

Christina Parkin

La traduction à vue – une forme hybride entre l’interprétation et la traduction écrite

Pour la pratique de la traduction, la traduction à vue est un élément incontournable, mais souvent sous-estimé. Elle est pratiquée par des interprètes et des traducteurs dans des contextes typiques pour l’interprétation et dans les instituts de formations des traducteurs et interprètes partout dans le monde, elle est enseignée soit comme sujet indépendant soit comme exercice préparatoire pour l’interprétation ou elle est utilisée comme test d’aptitude. Par contre, les chercheurs dans le domaine de la traductologie l’ont quelque peu négligée et la mentionnent avant tout comme élément de comparaison pour les études concernant l’évaluation de la performance d’interprètes ou l’analyse du processus de l’interprétation simultanée. On trouve également des réflexions sur l’utilité de la traduction à vue comme exercice préparatoire dans les cours d’interprétation simultanée. Seul quelques rares articles et une thèse doctorale portent sur la traduction à vue comme discipline à part. De cette situation découle une multitude de désignations et de définitions. Il serait donc important de définir clairement la traduction à vue avec ses variantes avant de la classer comme souscatégorie de la traduction écrite ou orale ou comme discipline propre en tenant compte du contexte communicatif et des différentes étapes du processus.

1. Définition de la traduction à vue Une des premières définitions de la traduction à vue formulée par Jean Herbert est comme suit: La traduction à vue est un cas particulier où l’interprète prend un texte qui lui était jusqu’alors inconnu et […] le ‹lit› dans une langue autre que celle dans laquelle ce texte est écrit, à la cadence d’une lecture normale sans traduction. (Herbert 1952: 7)

La définition ne contient que quelques caractéristiques de la traduction à vue: le texte source est fixé sur papier ou sur écran et se trouve de façon permanente devant les yeux du traducteur. Le traducteur produit un texte cible oral, il n’a pas de possibilité de corriger la traduction émise, le traducteur doit être flexible et réagir vite pour compenser d’éventuelles lacunes linguistiques. Il est intéressant que Herbert parle d’«interprète». On en peut déduire que cette forme de traduction ne peut être réalisée que par un interprète professionnel ou que le traducteur est automatiquement un interprète quand il réalise une traduction à vue.

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Christina Parkin

D’autres aspects manquent à cette définition: le cas échéant, le traducteur peut préparer le texte à l’avance, faire des annotations ou souligner des mots-clés. Dans d’autres situations, aucune lecture préalable n’est prévue et le traducteur à vue est obligé de «lire» un texte inconnu à haute voix dans la langue cible. Les attentes de l’auditoire par rapport à la qualité de la traduction est une autre déterminante qui dépend du contexte communicatif. Et pour finir, le traducteur doit tenir compte du fait qu’il ne traduit pas seulement d’une langue à l’autre mais également du code écrit vers le code oral. Je proposerai donc une définition plus complexe pour la traduction à vue: La traduction à vue est un phénomène à part dans le domaine de la traduction avec plusieurs variantes où un texte écrit, en général non seulement conçu pour les partenaires présents dans la situation de communication directe mais pour un public plus large, est traduit oralement avec ou sans préparation simultanément à la lecture d’une langue source vers une langue cible dans un débit équivalent à la langue parlée.

Ayant formulé une définition de la traduction à vue, j’évoquerai les variantes de la traduction à vue.

2. Variantes de la traduction à vue et le contexte de leur application En modifiant légèrement le schéma de classification qu’Amparo Jiménez Ivars a établi dans le cadre de sa thèse doctorale (1999), on peut distinguer 6 variantes de la traduction à vue: 1) La traduction à vue spontanée sans préparation préalable Curvers et altri (1986: 98) ont façonné le terme traduction à l’œil pour cette variante. La définition de Herbert citée ci-dessus en décrit bien les caractéristiques. 2) Traduction à vue avec préparation (traduction à vue) Dans ce cas, le traducteur a la possibilité d’effectuer une recherche sur la terminologie et le contenu du texte, et il peut faire des annotations dans le texte. Il se familiarise avec les difficultés du texte et a pu réfléchir préalablement à des solutions à présenter lors de la formulation de la traduction. 3) Traduction à vue avec but explicatif (synthèse ou résumé) Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une traduction intégrale du texte, mais d’un résumé des arguments les plus importants, une traduction complète étant trop longue ou trop complexe. Dans ce contexte, le traducteur peut s’éloigner du texte, voire même le modifier. La traduction à l’oeil, la traduction à vue et la synthèse sont pratiquées dans des réunions en petit comité, donc dans un cadre permettant facilement de définir les exigences envers la traduction et des questions par rapport au texte et la traduction.

La traduction à vue – une forme hybride entre interprétation et traduction

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Mais il faudra également mentionner les autres variantes de la traduction à vue. 4) Traduction à vue dans un contexte d’interprétation consécutive Ici, c’est l’interprète qui réalise la traduction d’un texte écrit que l’intervenant a lu à haute voix. Comme le traducteur à vue a le texte sous les yeux, il peut faire des annotations lors de la lecture et ainsi traduire uniquement les parties que l’orateur a présentées. Cette variante est une variante mixte entre la traduction à l’œil et la traduction à vue. 5) Simultanée avec texte (interprétation à vue) Pour cette variante, un interprète qui pratique la simultanée en cabine dispose du manuscrit du discours et peut ou doit suivre à la fois les paroles de l’intervenant et le texte écrit pour tenir compte d’omissions ou de changement dans le texte. L’interprétation à vue peut être classée comme une combinaison de l’interprétation simultanée et de la traduction à vue avec un cumul des difficultés des deux formes de traduction. 6) Dictée de la première version d’une traduction écrite Dans cette catégorie, il s’agit de la traduction à vue avec préparation qui sera enregistrée en tant que première version d’une traduction écrite. Le texte produit sera retravaillé ultérieurement. Cette variante largement pratiquée dans les années 1970 et 1980 gagne en importance grâce aux logiciels de reconnaissance vocale permettant de dicter la traduction d’un texte directement à l’ordinateur. Néanmoins, c’est un cas à part car le traducteur se retrouve seul à son bureau et la phase orale n’est qu’une étape intermédiaire et le traducteur n’est pas en contact direct avec les destinataires de la traduction. Il devient donc apparent que ce qui est communément dénommé traduction à vue est, en fait, un regroupement de plusieurs variantes allant de la traduction écrite jusqu’à l’interprétation simultanée.

3. Tentatives de classification de la traduction à vue comme variante de l’interprétation ou de la traduction écrite En ce qui concerne la classification de la traduction à vue comme sous-forme de l’interprétation ou de la traduction écrite, les auteurs qui se sont penchés sur la question, ont eu recours à divers critères comme le passage du code écrit au code oral, la possibilité de reprendre la traduction et de la corriger et la simultanéité de la lecture et la traduction. La plupart de ces auteurs l’ont donc groupée sous l’étiquette d’interprétation simultanée («une des variantes élémentaires de l’interprétation simultanée moderne» Van Hoof 1962: 37). D’autres ont constaté qu’il s’agit d’un «point de coïncidence entre l’interprétation et la traduction ou bien d’ une modalité intermédiaire entres les deux» (Pratt 1990: 597).

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Christina Parkin

Plusieurs chercheurs soulignent le caractère hybride de la traduction à vue. Selon Karla Déjean Le Féal (1981) il s’agirait même d’une forme doublement hybride: «Du point de vue de sa pratique, elle participe souvent de la simultanée alors que du point de vue méthodologique, elle s’apparente à la consécutive» (Déjean Le Féal 1981: 95). A cela se rajoute le fait que «si la forme du message original la rapproche de la traduction écrite, son oralité la soumet à la même loi que celle qui régit l’interprétation, à savoir l’instantanéité de la compréhension et de la reformulation des contenus cognitifs» (ibid.). Or, à part le fait que l’interprétation consécutive est, contrairement à la simultanée, composée de deux phases –notation et présentation– il faut tenir compte d’autres différences fondamentales entre la traduction à vue et l’interprétation consécutive. Lors de la notation, l’interprète transforme les contenus perçus acoustiquement en symboles, abréviations et sigles. En plus, il effectue ses notes dans la langue de source, dans la langue cible ou il crée un mélange des deux. C’est-à-dire, il travaille et structure les informations contenues dans le texte et ne garde que des indicateurs –souvent éloignés du texte original– pour créer le texte dans la langue cible. La comparaison proposée par Mme Déjean Le Féal n’est donc pas applicable et nous allons nous limiter à une comparaison entre la traduction à vue, la traduction à l’œil et l’interprétation simultanée. Par la suite, il faudra évaluer quels sont les éléments communs entre la traduction à vue et l’interprétation simultanée d’un côté et la traduction écrite de l’autre, et j’essaierai de démontrer les particularités de la traduction à vue. Pour ce faire, on va analyser la situation de communication et les différentes phases du processus de la traduction à vue.

4. Situation de communication Dans la traduction écrite, le traducteur se trouve dans une situation de communication indirecte, le traducteur effectue le rôle d’intermédiaire entre l’auteur et le récepteur, il n’y a pas de contact direct entre les partenaires. Le texte représente le point de liaison. La transmission du message va de façon unilatérale de l’auteur au récepteur par le biais du traducteur. Auteur texte original

texte traduit

récepteur(s)

traducteur

L’interprétation simultanée est réalisée dans une situation de communication directe avec une unité spatiale et temporelle. L’orateur s’adresse directement à un auditoire bi- ou multilingue, le texte original et l’interprétation sont perçus simultanément.

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La traduction à vue – une forme hybride entre interprétation et traduction

orateur

public (récepteur(s) et interprète)

texte original

texte traduit interprète

La dimension temporelle est donc la même pour toutes les personnes impliquées dans la situation de communication, la dimension spatiale semble – à première vue – identique également. Or, il existe une séparation de fait entre l’orateur et le public, puisque l’interprète se trouve dans sa cabine, ce qui le relègue dans la position d’un transmetteur du message capable de nuancer celui-ci par la présentation et la formulation du texte cible tandis que l’interaction directe a lieu entre l’intervenant et le public. Dans la traduction à vue les deux situations de communications sont entrelacées: auteur texte original

texte traduit traducteur

récepteur(s)

Contrairement à la traduction simultanée, il n’y a pas de séparation physique entre le traducteur et les récepteurs. Seul l’auteur du texte original n’est pas présent, mais participe à la communication par le biais de son texte, tandis que le traducteur et les deux parties impliquées dans la communication peuvent interagir directement en posant des questions concernant le texte et en fournissant des explications supplémentaires. On pourrait imaginer une ligne de séparation verticale comparable à celle de la traduction écrite entre l’auteur et les récepteurs de premier degré (traducteur à vue) et deuxième degré (destinataire de la traduction). Dans ce schéma il y a deux relations triangulaires entrelacées. Le triangle entre le traducteur, le texte traduit et le récepteur est fermé parce qu’une communication bilatérale impliquant le traducteur comme partenaire à part intégrale est possible. Cette interaction directe entre le traducteur et le récipient est une source supplémentaire de stress pour le traducteur, car la traduction doit être présentée immédiatement sans hésitation visible au débit d’une lecture normale tout en n’offrant qu’une marge limitée pour des corrections ou modifications du texte énoncé. Si on tient compte de la situation de communication lors d’une traduction à vue, celle-ci se trouve effectivement sur le point de coïncidence entre l’interprétation (communication orale directe) et la traduction écrite (réception et traduction d’un texte écrit par un auteur non présent sur les lieux de la communication).

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Christina Parkin

5. Processus de la traduction à vue Nous essayerons une analyse du processus de la traduction à vue afin de classifier les différentes étapes dudit processus comme appartenant au domaine de l’interprétation ou de la traduction écrite. Pratt découpe le processus comme suit: Texte => lecture => compréhension du message => traduction mentale => phonation (Pratt 1990: 599)

Ce schéma ne tient pas compte de la simultanéité des phases en partie entrelacées. Lors de la traduction à vue, le traducteur ne procède pas de la lecture d’une phrase entière à la traduction pour reprendre la lecture à la fin de la phonation; il est plutôt obligé de coordonner la lecture avec la compréhension du message et la formulation du texte dans la langue cible. Il doit répéter ces actions jusqu’à la traduction complète du texte. Pour le décodage du contenu de l’extrait de texte, il faut procéder simultanément à plusieurs démarches comme le retrait des informations enregistrées dans la mémoire, la combinaison de ces informations avec les informations actuellement reçues ainsi que l’enregistrement des éléments à traiter ultérieurement.Cette simultanéité de plusieurs activités est à priori typique pour l’interprétation simultanée et requiert l’enregistrement d’informations dans la mémoire à court terme. On pourrait donc présenter le processus comme suit: Lecture 1er extrait du texte

mémorisation décodage

formulation

retrait de la mémoire lecture 2e extrait du texte

décodage enregistrement

formulation du texte cible

retrait de la mémoire lecture 3e extrait du texte

décodage enregistrement

formulation etc.

Nous essayerons de classifier chaque étape du processus en tant que phénomène de la traduction écrite ou de l’interprétation. a) texte: Le texte source fixé sur papier ou sur écran fait définitivement partie du domaine de la traduction écrite et contient des éléments typiques du code écrit. b) lecture: A première vue, cette étape semble l’équivalent de la lecture pour la traduction d’un texte écrit. Le lecteur décode le message contenu dans un mot ou une phrase transmis par un signal visuel sans le soutien d’un signal acoustique. Or, il faut tenir compte du fait que la traduction écrite n’est pas soumise à des restrictions temporelles et

La traduction à vue – une forme hybride entre interprétation et traduction

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que le traducteur peut, à sa guise, relire les extraits de texte déjà traités. Lors de la traduction à vue avec préparation, le traducteur dispose d’un laps de temps infini pour une première lecture du texte et il peut s’assurer de bien comprendre le message du texte et discerner ses difficultés. Lors de la présentation de la traduction, la situation se présente autrement: le traducteur procède à la traduction d’un texte qui lui est familier, mais il doit néanmoins effectuer la lecture à un débit conditionné par les attentes des auditeurs. La phase de la lecture lors de la traduction à vue est donc fondamentalement différente de celle pour la traduction d’un texte écrit. La pression due aux exigences d’une présentation fluide de la version du texte en langue cible rapproche la phase de réception de la traduction à vue, et encore davantage la traduction à l’œil, de l’interprétation simultanée. On peut donc dire que, en ce qui concerne la lecture, la traduction à vue se trouve sur le point de jonction entre la traduction écrite et l’interprétation simultanée. c) mémoire: Pour analyser cette étape, on peut recourir au modèle des efforts conçu par Daniel Gile, même si Gile constate: «There does not seem to be a memory effort similar to the one in simultaneous mode, since the information is available at any time on paper» (Gile 1995: 183). Mais selon les arguments évoqués ci-dessus, le traducteur à vue doit – comme l’interprète– coordonner plusieurs actions. Il doit enregistrer une partie des informations perçues, mais pas encore traitées ou traduites pour les analyser dans le contexte d’informations contenues dans le prochain extrait du texte, même s’il a le texte sous les yeux. Dans la situation de communication directe, il est de plus obligé de passer à la lecture du prochain extrait de texte avant d’avoir terminé la phonation de la phrase précédente et il doit surveiller la cohérence du texte cible. Le rôle de la mémoire peut varier selon la complexité du texte linguistique et syntactique du texte et quand il y a une grande différence structurelle entre la langue de source et la langue cible. Dans les phrases subordonnées allemandes, le verbe se trouve en dernière position ce qui oblige le traducteur de lire la phrase au complet avant de passer à la traduction. Il en va de même pour la traduction des participes et gérondifs français vers l’allemand; le traducteur doit chercher le sujet de la phrase et remodeler l’ordre des différentes parties de la phrase pour l’adapter à la structure allemande. Donc, plus il y a de différences entre la langue source et la langue cible plus la mémoire est sollicitée, ce qui rapproche la traduction à vue de l’interprétation simultanée. d) décodage: Ici, il faut tenir compte de différences dans le débit du traitement des informations: le traducteur d’un texte écrit est comparativement libre par rapport au temps, un interprète simultané dépend des informations livrées progressivement par l’orateur et de la capacité de sa mémoire. Une fois de plus, la traduction à vue se trouve au milieu entre la traduction écrite et orale. La vitesse du décodage est conditionnée par la situation de communication directe où le traducteur doit rendre une traduction intelligible et fluide, mais a quand même une marge de manœuvre suffisamment grande pour choisir lui-même l’ordre dans lequel il lit ou relit les informations pour décoder le message. En résumé, on peut dire que la présence physique du texte de langue source en version écrite rapproche le processus de décodage de la traduction à vue avec préparation de la traduction écrite parce que le traducteur a la possibilité d’effectuer ce décodage en plusieurs

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étapes et de relire le texte ou certains extraits du texte. Or, comme il est obligé de réaliser, surtout en cas de traduction à l’œil, en parallèle le décodage, la formulation et la présentation de la traduction, il est soumis à des contraintes comparables à celles de l’interprétation simultanée qui réclament des stratégies et des solutions proches de cette forme de traduction orale. Donc cette étape du processus est également à classer entre la traduction écrite et l’interprétation simultanée. e) formulation du texte cible: L’auditeur perçoit la traduction grâce à des signaux acoustiques. C’est la raison pour laquelle la traduction doit tenir compte des exigences du médium de l’oralité et assurer le transfert du code écrit au code oral car les textes écrits et les textes oraux se différencient par rapport à la syntaxe, la complexité linguistique et la densité des informations. Le traducteur à vue doit donc réduire le degré de complexité et l’adapter à la situation de communication orale en découpant les longues phrases, en reprenant quelques éléments du texte ou en rajoutant des explications. Contrairement à l’interprète qui traite un texte présenté dans le code oral, le traducteur à vue est obligé de transposer des éléments inhérents au code écrit comme la ponctuation, parenthèses, majuscules, etc. par des explications supplémentaires, l’intonation, éventuellement même des gestes. Le changement de canal et de médium est un problème typique pour la traduction à vue. La production orale du texte cible relève du domaine de l’interprétation surtout en respectant le facteur du stress auquel est exposé le traducteur qui doit rendre, sans corrections ni hésitation –un texte orale cohérent et compréhensible– pour un public présent sur les même lieux que le traducteur. Cette transposition d’éléments stylistiques d’un code à l’autre est unique pour la traduction à vue. Suite à l’analyse des différentes phases du processus, nous pouvons conclure que, en tenant compte de la simultanéité de la réception et la production, de l’effort de la mémoire et des stratégies d’anticipation et de mémorisation de certaines parties du texte, la traduction à vue se trouve effectivement sur le point de coïncidence entre la traduction écrite et l’interprétation simultanée. Le facteur de la préparation y joue un rôle important: la traduction à l’œil est plus proche de l’interprétation simultanée que la traduction à vue, car l’étape de la lecture est limitée à un seul contact avec le texte ce qui exige du traducteur une rapidité du traitement des informations et une flexibilité dans la traduction qui s’apparente à l’interprétation. Dans sa comparaison entre la traduction à vue et l’interprétation simultanée Viezzi a néanmoins constaté: «Reading and listening do indeed represent the initial stages of the two processes of sight translation and simultaneous interpretation, but the two processes are by no means parallel» (Viezzi 1989: 133).

6. Conclusion La traduction à vue avec ses variantes est bel et bien une modalité hybride entre la traduction écrite et orale avec ses propres caractéristiques pour lesquelles il faut avoir recours à des techniques spécifiques. Le traducteur à vue doit acquérir une certaine rapidité

La traduction à vue – une forme hybride entre interprétation et traduction

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de réaction et une flexibilité pour la formulation du texte cible ainsi qu’une résistance au stress, ce qui relève du domaine de l’interprétation. On peut donc observer une plus grande proximité entre la traduction à vue et l’interprétation simultanée qu’entre la traduction à vue et la traduction écrite. Les hypothèses formulées dans cet article seront vérifiées dans le cadre d’une thèse doctorale par le biais d’une analyse de performance d’interprètes et de traducteurs expérimentés et étudiants pour la traduction à vue d’un texte français vers l’allemand.

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Myriam Ponge

Traduction de la ponctuation et contraintes linguistiques (à partir d’une étude comparée de traductions espagnoles de A la recherche du temps perdu)

1. Introduction 1.1 Problématique La ponctuation, en tant qu’elle est intimement liée à l’expression du «style» d’un auteur, acquiert parfois une importance telle, qu’oser la modifier semblerait presque relever du sacrilège –si l’on en croit, par exemple, ces propos de Baudelaire, à l’adresse de son éditeur: «Je vous avais dit: supprimez tout un morceau, si une virgule vous déplaît dans le morceau, mais ne supprimez pas la virgule, elle a sa raison d’être».1 La ponctuation peut ainsi relever de la signature d’auteur, assurant l’expression d’une voix singulière au travers d’un découpage spécifique de la phrase. Plus généralement, compte tenu de son rôle privilégié dans la structuration d’un texte – tant d’un point de vue sémantico-syntaxique que rythmique–, il nous a semblé intéressant d’examiner ce qu’il advenait de la ponctuation d’un texte littéraire lors de ses traductions dans une autre langue. En portant notre attention sur ces signes linguistiques particuliers (non-alphabétiques, quasi-universels, donc a priori aisément exportables d’une langue à l’autre), nous avons cherché à comprendre quelle pouvait être la marge de liberté des traducteurs dans ce domaine, en tentant de mettre au jour les mécanismes linguistiques qui semblaient présider à leurs choix. Par le biais de cette première étude, nous souhaitons attirer l’attention sur l’importance de la ponctuation dans la construction du sens d’un texte et de sa réception, tout en proposant un éclairage original sur des problématiques traductologiques plus générales. A cet égard, à l’instar des analyses développées par Chevalier et Delport (1995), nous en viendrons à révéler certaines dérives «orthonymiques» en la matière, et à déceler ainsi, compte tenu de leur systématicité, des «figures de traduction».

––––––– 1

Citation reprise par Védénina (1989: 2).

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1.2 Corpus et questions méthodologiques La base empirique sur laquelle reposent les analyses que nous exposons, résulte d’une observation minutieuse de la ponctuation des trente premières pages de A la recherche du temps perdu (1914: 3-34)2 confrontée à celle de trois de ses traductions en langue espagnole. Parmi les versions espagnoles consultées, figure la désormais classique traduction de Salinas (1920: 9-47); contemporain de celui de Proust, ce texte a connu, sans modifications majeures –si l’on excepte quelques réajustements–, de nombreuses rééditions jusqu’à nos jours (2006).3 Les deux autres traductions retenues sont celles plus récentes de Manzano (2000: 9-35) et Armiño (2000: 7-29). Le texte de Proust nous paraît intéressant à plus d’un titre pour aborder la question de la ponctuation et de ses traductions. Compte tenu de son statut d’œuvre de référence, la Recherche du temps perdu présente l’avantage d’être un texte largement diffusé, pour lequel on dispose de plusieurs traductions, y compris pour une même langue.4 De plus, la comparaison entre deux langues romanes telles que le français et l’espagnol, autorise une étude contrastive de la ponctuation non opacifiée par de trop nombreuses questions de réajustements syntaxiques. Enfin, le type de prose considéré permet d’appréhender la ponctuation dans la diversité de ses signes –l’extension caractéristique de la phrase proustienne favorisant l’examen des modes de segmentation interne (dont nous ne pourrons donner ici qu’un aperçu). Cette étude soulève par ailleurs quelques questions d’ordre méthodologique. Le texte de Proust ayant fait l’objet de plusieurs éditions et rééditions, il est tout d’abord nécessaire de s’assurer que les éditions du texte-source sont bien conformes à celles dont pouvaient disposer les traducteurs.5 Aussi, depuis que l’œuvre est entrée dans le domaine public, des corrections ont été apportées et les remaniements du texte varient selon les personnes en charge de son établissement (Tadié pour La Pléiade-Gallimard, Milly pour GF-Flammarion et Raffali pour Bouquins-Laffont).6 Cependant, en retenant pour notre analyse le début de Du côté de chez Swann, publié du vivant de l’auteur, nous évitons d’avoir à considérer une ponctuation qui serait à la merci de trop nombreuses variations éditoriales. Dans les exemples traités, ce type de biais a pu être neutralisé. Seules les ponctuations dont nous avons pu nous assurer du caractère indiscutable, par la confrontation des différentes éditions du texte7, ont été prises en compte (les cas isolés de virgules douteuses ont été écartés ou alors signalés comme tels). ––––––– 2

3 4

5

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L’extrait analysé commence à la première ligne du roman et s’achève par «[…] l’odeur de vernis particulière à cet escalier» (1914: 3-34; 1946: 11-44; 1965: 13-45). Nous avons pu consulter et comparer entre elles les éditions de 1920, 1975 et 2006. Un corpus espagnol pourrait encore intégrer les textes de Canto et Gómez de la Serna, par exemple. Gardons à l’esprit que Salinas (1920) ne disposait pas de La Pléiade (1954), à laquelle se référent explicitement Armiño (2000, dans ses notes introductives) et Manzano (El Mundo 21/11/1999). Cf. l’article de Lepape (1988) sur la question des éditions du texte proustien, et de ses virgules. La première édition (1914) publiée par Grasset (version numérisée par la Bibliothèque Nationale de France); les éditions suivantes chez Gallimard (1919; 1946; et la nouvelle édition de 1954); ainsi que d’autres éditions plus récentes chez Laffont et Flammarion (pour apprécier d’éventuelles

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2. Des unités structurantes Tous les éléments de ponctuation ne font pas l’objet du même traitement lors du passage d’une langue à l’autre; ils méritent d’être distingués selon le type et le degré de contraintes qu’ils exercent sur les choix du traducteur. Cette différenciation reflète en partie les distinctions fonctionnelles entre les signes du système de ponctuation eu égard aux niveaux du texte qu’ils affectent.

2.1 L’unité-paragraphe L’unité sémantique de paragraphe, relevant de la macro-syntaxe, exerce la plus forte des contraintes. Le retrait alinéaire, qui indique le début du paragraphe, est un marqueur important de structuration textuelle. Compte tenu de la densité de la prose considérée, les traductions n’ont pas manqué de respecter scrupuleusement le découpage du texte en paragraphes (au nombre de 28, pour notre extrait). Dans le passage étudié, l’unique découpage d’un ordre légèrement supérieur, associant retrait alinéaire et saut de ligne (le «super-paragraphe» d’Anis)8, a cependant été simplifié; la disparition du saut de ligne (entre les paragraphes 9 et 10) pourrait s’expliquer par sa faible visibilité au regard de l’ensemble des découpages de la partie considérée (Combray, I).

2.2 L’unité-phrase Par le terme de phrase, nous nous contenterons de renvoyer ici à l’unité délimitée typographiquement par les bornes encadrantes de majuscule et de point. Le fondement sémantique qui sous-tend la définition traditionnelle de la phrase, l’assimilant généralement à une unité de «sens complet»9, lui confère une autonomie appréciable lors du processus de décryptage d’un texte. Les traductions semblent respecter ce découpage, en restituant le texte original phrase à phrase. Néanmoins quelques cas de recoupes de l’unité phrastique apparaissent dans les traductions de Salinas et Manzano.

–––––––

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variations éditoriales). Pour notre travail de comparaison avec l’espagnol, il convient simplement de s’appuyer sur des textes conformes aux éditions Gallimard de 1919 (référence pour Salinas), et de 1954 (pour ses successeurs). Cf. l’édition Gallimard-Folio Classique (1988): «texte est conforme à celui de l’édition de 1919, il conserve sa ponctuation et ses alinéas, mais il corrige quelques fautes d’impression évidentes»; et Gallimard-NRF (1965): «conforme au texte de l’édition de la Pléiade revu et établi sur les manuscrits autographes par Pierre Clarac et André Ferré». D’après Anis (1988: 120). Expression maintes fois relevée dans notre analyse comparée des définitions traditionnelles de la phrase (tant en français qu’en espagnol), cf. Ponge (2006: 83).

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2.2.1 Cas de suppression de points La succession de phrases courtes peut favoriser leur fusion au sein d’une même unité typographique-phrase: Je frottais une allumette pour regarder ma montre. 10 Bientôt minuit. (Proust) Encendía una cerilla para mirar el reloj: faltaba poco para la medianoche. (Manzano)

Les deux propositions sont alors explicitement reliées par le deux-points, qui tend à souligner le lien logique et sémantique qui les unit. Compte tenu de son rôle conjonctif, ce signe rompt par ailleurs avec le rythme de segmentation insufflé par l’adjonction, après le point, du syntagme nominal «bientôt minuit». L’option retenue par Manzano vise à privilégier la dimension explicative, par la corrélation des propositions. Dans la plupart des cas, les suppressions de points sont néanmoins liées à la présence d’articulations grammaticales. La conjonction de coordination invite par exemple à relier deux propositions au sein d’une même unité-phrase: Justement il a cru entendre des pas ; les pas se rapprochent, puis s’éloignent. Et la raie de jour qui était sous sa porte a disparu. (Proust) Precisamente ha creído oír pasos: pasos que se acercan, y después se alejan y la rayita de luz bajo la puerta ha desaparecido. (Manzano)

La présence de cette même conjonction conduit ici Salinas à relier les propositions, en usant de la ponctuation plus faible du point-virgule: […] (il détacha ce mot d’un ton d’emphase ironique pour ne pas avoir l’air pédant). Et c’est dans le volume doré sur tranches que nous n’ouvrons qu’une fois tous les dix ans, [...]. (Proust) [...] –destacó esta palabra con un tono de énfasis irónico, para no parecer pedante–; y, en cambio, en esos tomos de cantos dorados que no abrimos más que cada diez años, [...] (Salinas)

Mais dans certains passages, ce même traducteur va plus loin, en choisissant d’ajouter lui-même des articulations grammaticales entre des propositions originellement juxtaposées. Ici, c’est par l’intermédiaire de la conjonction de coordination: Ils firent quelques pas dans le parc où il y avait un peu de soleil. Tout d’un coup, M. Swann prenant mon grand-père par le bras, s’était écrié […]. (Proust) Anduvieron un poco por el jardín, donde había algo de sol, y, de pronto, el señor Swann, agarrando a mi abuelo por el brazo, exclamó […]. (Salinas)

Dans l’exemple suivant, le souci d’explicitation du traducteur atteint un niveau supérieur, puisqu’il choisit de relier deux propositions en les subordonnant: ––––––– 10

Pour mettre en évidence les éléments de comparaison, nous avons adopté la même signalisation que Sergo (2004), dont nous avons eu connaissance du travail, suite à notre rencontre au CILPR 2007.

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Or mon grand-père était curieux de tous les petits faits qui pouvaient l’aider à entrer par la pensée dans la vie privée d’hommes comme Molé, comme le duc Pasquier, comme le duc de Broglie. Il fut enchanté d’apprendre que Swann fréquentait des gens qui les avaient connus. Y como mi abuelo sentía gran curiosidad por todas las menudas circunstancias que le ayudaban a penetrar con el pensamiento en la vida privada de hombres como Molé, el duque de Pasquier, el duque de Broglie, se alegró mucho al saber que Swann se trataba con personas que los habían conocido. (Salinas)

2.2.2 Cas d’ajout de points Les rares cas où la traduction introduit un découpage supplémentaire sont associés à des passages de discours rapportés. Dans l’exemple suivant, il s’agit d’un extrait de discours indirect libre où domine l’expression de la modalité exclamative: mon Dieu! il est au moins dix heures, on doit avoir fini de dîner! (Proust) ¡Dios mío! Lo menos son las diez. Ya habrán acabado de cenar. (Salinas)

Dans cet autre exemple, la segmentation supplémentaire vise à souligner le passage au discours direct, appuyé par une explicitation d’ordre métalinguistique: […] sans qu’elle distinguât bien si c’était à cause du rôle ridicule que s’y donnait toujours Swann ou de l’esprit qu’il mettait à les conter : « On peut dire que vous êtes un vrai type, monsieur Swann ! » (Proust) [...] sin que acertara a discernir si era por el papel ridículo con que Swann se presentaba así propio en estos cuentos, o por el ingenio con que los contaba. Y le decía: «Verdaderamente es usted un tipo único, señor Swann». (Salinas)

2.3 Bilan et orientations de l’analyse Même si les bornes typographiques de majuscules et points du texte original sont généralement conservées, préservant l’intégrité de l’unité-phrase, nous avons pu relever quelques cas où cette distribution avait été modifiée. Les changements survenus dans les traductions tendent alors à expliciter, voire renforcer ou créer des liens logiques (via la coordination ou la subordination) entre des propositions initialement juxtaposées. Dans les rares cas où des segmentations supplémentaires apparaissent, lorsqu’elles ne sont pas de type explicatif, elles affectent simplement l’articulation du discours rapporté et répondent ainsi à des critères énonciatifs (visant, par exemple, par des «recoupes», à dynamiser l’expressivité du passage). Cet aspect laisse entrevoir la pertinence de la distinction des niveaux sémantico-syntaxique (à l’origine de l’unité traditionnelle de la phrase) et énonciatif, pour analyser la ponctuation. Il est intéressant de noter qu’aucun traducteur n’ait entrepris de remodeler profondément la structure phrastique proposée par l’auteur de la Recherche; la phrase longue appartient en propre à ce texte, au point de s’apparenter à une

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sorte de modèle qu’on ne saurait enfreindre. Le fait que certains traducteurs aient choisi par ailleurs de relier des phrases plus courtes en les intégrant à une seule et même unité typographique, semble témoigner de la prégnance du modèle de la phrase longue. Ces remarques ponctuelles concernant les types de remaniements pouvant affecter une des unités linguistiques les plus stables, sont révélatrices des mécanismes généraux à l’œuvre dans les choix de traduction. Ainsi le phénomène «d’explicitation» aperçu ici au détour de quelques exemples, s’avère déterminant dans les pratiques de traduction, au point d’être assimilé à une «figure de traduction» par Chevalier et Delport (1995: 45-46); notre étude complémentaire des modifications ponctuationnelles au niveau intra-phrastique rend compte de l’extension du procédé. De même, la coexistence des dimensions énonciatives et syntaxiques, à l’origine ici de la distinction de cas particuliers de phrases affectées par des recoupes, n’est que plus évidente au niveau d’analyse inférieur.

3. Eléments d’analyse de la segmentation intra-phrastique11 3.1 Modes de segmentation dit «logique»12 D’un point de vue typographique, notons que le français, à la différence de l’espagnol (et d’autres langues), répond à des normes qui font précéder d’«une espace fine»13 ses pointsvirgules et deux-points. Pour leur étude, ces signes nécessitent d’être considérés, non pas isolément, mais inscrits dans un système hiérarchisé, dans lequel virgule, point-virgule et point sont classés selon leur force de segmentation. Si les deux-points appartiennent aussi à cette série paradigmatique, ils présentent la particularité d’avoir un sémantisme propre (valeur annonciative et conjonctive), qui les distinguent des autres signes. Les effets de sens associés aux modifications de ces signes de ponctuation résultent de leur pouvoir disjonctif différencié. Prenons l’exemple d’une unité typographique-phrase divisée, par des pointsvirgules, en trois propositions indépendantes: C’est minuit ; on vient d’éteindre le gaz ; le dernier domestique est parti et il faudra rester toute la nuit à souffrir sans remède. (Proust)

Les traductions ont, chacune à leur manière, modifié cette répartition. Si Manzano en maintient l’équilibre, il atténue néanmoins la force de disjonction entre les propositions: Es medianoche, acaban de apagar el gas, el último criado se ha ido y tendrá que pasar toda la noche sufriendo sin remedio. (Manzano)

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Compte tenu de l’ampleur de la question, nous ne pouvons présenter ici qu’un aperçu de quelquesunes de nos analyses (dont nous espérons rendre compte dans des publications à venir). Cf. «signes logiques» d’après le classement de Catach (21996: 64-71). Drillon (41998: 386).

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Quant aux deux autres traducteurs, par l’intermédiaire des deux-points, ils introduisent une hiérarchisation de l’énoncé, en ajoutant une nuance explicative: Es medianoche: acaban de apagar el gas, se marchó el último criado, y habrá que estarse la noche entera sufriendo sin remedio. (Salinas) Es medianoche: acaban de apagar el gas; el último criado se ha ido y habrá que permanecer toda la noche sufriendo sin remedio. (Armiño)

Un rapport de dépendance logique (cause à effet) est ainsi introduit entre la première proposition et le(s) segment(s) suivants. La coexistence des deux-points avec d’autres signes de segmentation de force distincte (virgules ou point-virgule) induit par ailleurs de nouvelles organisations des rapports entre les segments. De nombreux effets de sens résultent ainsi du renforcement ou de l’atténuation des segmentations entre les unités. En dehors d’un cas précis de suppression de deux-points (Salinas 1920: 9)14, la plupart des modifications intra-phrastiques tendent à «sursémantiser» les énoncés, en explicitant des liens logiques (soit par la seule ponctuation, en usant notamment des deux-points; soit par l’ajout de connecteurs: conjonction de coordination y, aux côtés ou en lieu et place de virgules, remplacement de points-virgules chez Salinas par porque, précédé d’une virgule (1920: 9), soulignement des deux-points par a saber (1920: 38), etc.). Au-delà des coupes sémantico-syntaxiques qu’ils génèrent, ces signes logiques investissent aussi le champ énonciatif. L’examen de leur traitement différencié selon les traducteurs mériterait d’être poursuivi, en tenant compte par exemple de segmentations stylistiques (ex. rythme d’ouverture: «Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, […]. Et, […]»), où peuvent s’affronter choix énonciatifs d’auteur et de traducteur.

3.2 Segmentation et énonciation La notation des modalités interrogative et exclamative requiert en espagnol une délimitation graphique de leur portée par des signes d’ouverture et de fermeture (dont le texte-source ne permet que de présupposer la borne initiale). Peuvent ainsi intervenir aux côtés de déterminants logiques, des critères énonciatifs (la «modalité d’énoncé»15 varie selon les traducteurs: cf. exclamation, en 2.2.2). Quant aux marques qui délimitent des incises (parenthèses, tirets et virgules doubles), elles proposent divers modes de nivellement énonciatif (cf. les traductions): [...] goûter grâce à une lueur momentanée de conscience le sommeil où étaient plongés les meubles, la chambre […]. (Proust)

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Pour une analyse plus précise de cet exemple, ainsi que d’autres cas de remaniement interne affectant les deux premières phrases de la Recherche, cf. Ponge (2006: 342-346). Otaola Olano (1988) oppose ainsi «modalidad de enunciado» à «modalidad de enunciación».

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[...] saborear, gracias a un momentáneo resplandor de conciencia, el sueño en que estaban sumidos los muebles, la alcoba [...] (Salinas) / [...] saborear –gracias a una vislumbre momentánea de la conciencia– el sueño en el que estaban sumidos los muebles, la alcoba [...]. (Manzano)

Ces segmentations visent à faciliter l’interprétation du texte, en assurant le repérage d’unités de second ordre. La multiplication des tirets doubles (propre à Manzano) induit néanmoins un autre rapport au texte; la sur-segmentation de la page modifie la progression du lecteur au sein des phrases proustiennes, en se détachant du rythme initial de la Recherche. Les traductions procèdent par ailleurs à quelques allègements formels afin de moderniser la présentation de leur texte (réorganisation de l’alternance guillemets / tirets pour les paroles rapportées, suppression du signe composé «virgule-tiret»16 désormais étranger aux scripteurs contemporains).

4. Conclusion Les modifications ponctuationnelles n’affectent pas de la même manière l’ensemble du texte: à la stabilité des longues périodes ou des paragraphes s’oppose la plus grande malléabilité des unités énonciatives, de rang inférieur. Examiner la ponctuation nécessite de prendre en compte les caractéristiques fonctionnelles des signes au sein d’un système hiérarchisé, et surtout d’évaluer leur mode de signification en fonction du lien privilégié qu’ils entretiennent avec les niveaux syntactico-sémantique ou énonciatif. Cette distinction est déterminante pour apprécier la variabilité de leur traitement dans les traductions, et les effets de sens qui découlent d’éventuels remaniements. Bien que le passage du français à l’espagnol autorise bien souvent une transmission «littérale» (point à point) de la ponctuation, nous avons pu voir émerger de réels choix de traduction.17 La systématicité de certaines options (liens privilégiés de mots exclamatifs avec la ponctuation du même nom, préférence pour la coordination, etc.) témoigne de la prégnance d’une «orthonymie» (Chevalier / Delport 1995: 9) sous-jacente. Le phénomène général «d’explicitation» semble sous-tendre ainsi la plupart des remaniements ponctuationnels observés. Dans leur ensemble, les modifications proposées par les traducteurs sont avant tout guidées par un souci d’aide à la lecture (ex. d’ajout de virgules, tirets, etc.). Ceci dit, si cette préoccupation s’accompagne d’une constante recherche de «normalité» en matière de ponctuation, elle peut induire des déperditions sémantiques: en ne relayant pas la singularité d’une ponctuation, la traduction risque d’estomper les effets de sens générés par ce biais dans le texte de départ. ––––––– 16

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Evoqué en 1946 par Larbaud (1997: 229). Ex. in Proust «[…] lui, – mon corps, – se rappelait […]» (1965: 15; 1987: 27), simplifié en: «[…] el otro, mi cuerpo, se iba acordando […]» (Salinas), ou «él –mi cuerpo– recordaba [ / iba recordando] […]» (Manzano / Armiño). Nous avons pris soin d’exclure de ces choix, ce qui relèverait de l’adaptation à des normes typographiques différentes (cf. étude comparée de ces normes par Veloso 2004).

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L’ensemble de ces remarques nous permet de souligner, pour conclure, que ponctuer consiste avant tout à suggérer une «analyse» (au sens étymologique) du texte, en proposer une interprétation par sa segmentation; ainsi, chaque traducteur, par le mode de ponctuation qu’il propose, vient inscrire sa grille d’analyse au cœur du texte qu’il traduit.

Bibliographie Anis, Jacques (1988): L’écriture: théories et descriptions. Paris / Bruxelles: Ed. Universitaires / De Boeck. Catach, Nina (21996): La ponctuation. Paris: PUF. Chevalier, Jean-Claude / Delport, Marie-France (1995): L’horlogerie de Saint Jérôme: problèmes linguistiques de la traduction. Paris: l’Harmattan. Dejong, Nadine (1998): La ponctuation appartient-elle à l’auteur ou à son traducteur? (A travers la traduction française qu’a réalisée Albert Bensoussan de El beso de la mujer araña de Manuel Puig). In: Defays, Jean-Marc / Rosier, Laurence / Tilkin, Françoise (edd.): A qui appartient la ponctuation? Actes du colloque international et interdisciplinaire de Liège (13-15 Mars 1997). Bruxelles: Duculot, 289-302. Drillon, Jacques (41998): Traité de ponctuation française. Paris: Gallimard. Larbaud, Valéry (1997): Sous l’invocation de Saint-Jérôme. Paris: Gallimard. Lepape, Pierre (1988): Pour une poignée de virgules. In: Traverses 43. Paris: CNAC / CCI, 5-9. Otaola Olano, Concepción (1988): La modalidad (con especial referencia a la lengua española). In: RFE, 97-117. Ponge, Myriam (2006): La ponctuation: opposition oralité / scripturalité (domaine hispanique). Thèse de doctorat, Université Bordeaux 3. Lille: ANRT. Proust, Marcel (1914): Du côté de chez Swann. Vol. 1: A la recherche du temps perdu. Paris: Grasset. – (1919; 1946; 1954; 1965; 1988): Du côté de chez Swann. Vol. 1: A la recherche du temps perdu. Paris: Gallimard. – (1987): A la recherche du temps perdu. Paris: Laffont. – (trad. Armiño, Mauro [2000]): Por la parte de Swann. Vol. 1: A la busca del tiempo perdido. Madrid: Valdemar. – (trad. Manzano, Carlos [2000]): Por la parte de Swann. Vol. 1: En busca del tiempo perdido. Barcelona: Lumen. – (trad. Salinas, Pedro [1920]): Por el camino de Swann. Vol. 1: En busca del tiempo perdido. Madrid: Espasa/Calpe. – (trad. Salinas, Pedro [1975; 2006]): Por el camino de Swann. Vol. 1: En busca del tiempo perdido. Madrid: Alianza. Sergo, Laura (2004): Rhetorische Stilmittel in Presseinterviews: Ein deutsch-italienischer Vergleich am Beispiel der Interpunktion. In: Franceschini, Rita / Stillers, Rainer / Moog-Grünewald, Maria / Penzenstadler, Franz / Becker, Norbert / Martin, Hannelore (edd.): Retorica: Ordnungen und Brüche. Beiträge des Tübinger Italianistentag. Tübingen: Narr, 131-145. Védénina, Ludmilla (1989): Pertinence linguistique de la présentation typographique. Paris: Peeters / SELAF. Veloso, Isabel (2004): Ortotipografía comparada (francés-espagnol). In: Thélème, Revista Complutense de Estudios Franceses 19, 183-194.

Fabio Ruggiano

Tra La vida es sueño e La vita è sogno: il genere scomparso del rimaneggiamento

Il materiale teatrale che va sotto il nome di Commedia aurea spagnola è ancora oggi oggetto di studi che cercano di stabilirne consistenza e limiti temporali. In questa sede mi propongo di indagare quella pratica letteraria molto in auge in Italia tra il Diciassettesimo e il Diciottesimo secolo, nota come rimaneggiamento, che accomunò molti autori italiani nel trasporre dallo spagnolo opere teatrali originali, lasciandone riconoscibili i tratti sostanziali, manipolando altresì la lingua nel passaggio, in modo da cavarne fuori il senso originario per sostituirlo con uno più organico alla tradizione e al gusto del pubblico di destinazione. In alcuni casi il risultato era tale da possedere una vera e propria identità letteraria, più o meno valida, e il suo modello non era recuperabile (e in certi casi non lo è ancora oggi) se non usando una certa dose di immaginazione. Per motivi di spazio non posso che accennare all’esistenza della detta schiera di autori, rimandando per maggiori informazioni soprattutto agli studi di Maria Grazia Profeti.1 Per quanto riguarda il presente contributo mi concentrerò solo su un’opera frutto di rimaneggiamento, La vita è un sogno, tratta da un celebre modello: La vida es sueño di Pedro Calderón de la Barca. L’opera è tradita come composta da Giacinto Andrea Cicognini, ma visti i pesanti dubbi di paternità che gravano su gran parte del corpus di Cicognini, in questa sede il nome dell’autore sarà mantenuto solo per comodità. Nell’opera in esame si osserva che, tra le possibili modalità di intervento sul testo originale, il contributo di maggiore originalità è fornito dalla lingua e dalle scelte drammatiche, soprattutto riguardo all’ideazione dei personaggi. Ad una prima lettura de La vita è un sogno potrà sembrare che Cicognini sfrutti l’originale quasi esclusivamente per trarne la trama, riservandosi di reinventare con larga autonomia tutte le battute. Si nota infatti, nel testo italiano, un rapporto con il modello scevro da tentativi non solo di diretta imitazione, ma direi anche di fedeltà. A ben guardare, però, emergono continui degli ammiccamenti al testo spagnolo, che viene trattato quasi come una riserva a cui attingere all’occorrenza. Cicognini ingaggia un gioco al gatto e al topo con il testo modello, punzecchiandolo a piacimento, facendo riecheggiare nel suo testo parole, sintagmi, nomi, opportunamente decontestualizzati e stravolti nel significato. Tale rete di rapporti va intesa per capire a fondo l’arte del trasporre senza tradurre.

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Per una panoramica sul genere cf. in particolare Profeti (ed.) (1996-1997).

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All’inizio del dramma sulla scena fanno il loro ingresso Rosaura e il servo, Clarín / Picariglio. Essi sono stati disarcionati e sono sconsolatamente a piedi, in un bosco, in terra straniera. Sia nel modello2 che nel testo italiano3 è Rosaura, al suo ingresso, che parla del suo cavallo fuggito. L’animale viene così presentato: La vida es sueño: Jornada primera, escena primera Ros. Hipogrifo violento/ que corriste parejas con el viento,/ ¿dónde, rayo sin llama,/ pájaro sin matiz, pez sin escama,/ y bruto sin instinto/ natural, al confuso laberinto/ destas desnudas peñas/ te desboscas, arrastras y despeñas?/ Quédate en este monte,/ donde tengan los brutos su Faetonte;/ que yo, sin más camino/ que el que me dan las leyes del destino,/ ciega y desesperada/ bajaré la aspereza enmarañada/ deste monte eminente [...]. Cla. [...] y dos los que del monte hemos rodado,/ ¿no es razón que yo sienta/ meterme en el pesar y no en la cuenta?/ Ros. No te quiero dar parte/ en mis quejas, Clarín, por no quitarte,/ llorando tu desvelo,/ el derecho que tienes tú al consuelo./ Que tanto gusto había/ en quejarse, un filósofo decía,/ que, a trueco de quejarse,/ habían las desdichas de buscarse./ Cla. El filósofo era/ un borracho barbón: ¡oh! ¡quién le diera/ más de mil bofetadas!/ Quejárase después de muy bien dadas./ ¿mas qué haremos, señora,/ a pie, solos, perdidos y a esta hora/ en un desierto monte,/ cuando se parte el sol a otro horizonte?

La vita è un sogno: atto I, scena I Ros. Fermati, alato animale, e dove mi precipiti? Pic. Ferma, ferma, ohime: m’hò havuto à rompere il collo: ah, ah vi hà scodellato ancor voi, che diavol di Cavalli son questi. Tò, tò, non è maraviglia, la mia è una Cavalla, & il vostro le dà di naso, guardate come le corre dietro: eh poveretti, e si son rotolati giù per quel Burrone. Ros. Se haveransi rotto il collo, sarà nostra sventura, perché ne converà gire per questi boschi à piedi. Pic. E dove diavol mi cacciate voi per questi monti? Non mi par già che sia tempo di cercar i funghi. Ros. Fu colpa de’ destrieri, che ombrando, spinti dal furore ne fecero tracciare il sentiero. Pic. Ma cara signora, che colpa ne ho io, se i vostri humori, e le vostre bestialità mi fanno provar tanti disagi? Ros. Taci, più volte ti dissi, che non mi palesassi per donna.

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Per il testo originale uso la seguente edizione: Calderón de la Barca (1977). Per la traduzione Calderón de la Barca (1996). Nella trascrizione uso un criterio conservativo: unici interventi che opero sono lo scioglimento del titulum e un uso moderno delle maiuscole.

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Pic. Naso a pozzuolo, non saltiamo di palo in frasca, siamo ne’ boschi, nessuno ci ascolta, rispondetemi a tuono. Ros. Horsù, t’intendo, habbi patienza, conforta il tuo male con il mio, che l’haver compagni nelle miserie diminuisce il tormento. Pic. Sì ma? canchero il vostro male non è antidoto per sanare il mio Ros. Se non sana, almeno giova per alleviarlo.

Nel testo fonte sviluppatissimo è il livello retorico. In poche righe si affollano figure retoriche quali l’iperbole (parejas con el viento), l’antitesi (rayo sin llama ecc.), la metafora (confuso laberinto), l’antonomasia (Faetonte). Al livello formale, a parte la suddivisione in versi legati dalla rima, si notano gli iperbati, l’enumerazione binaria e il ritmo ternario, la paronomasia (y apenas llega, cuando llega a penas); dal punto di vista fonico diverse allitterazioni (destas desnudas peñas / te desboscas, arrastras y despeñas?), almeno un enjambement nettissimo (sin instinto / natural). Al contrario il testo di arrivo è reciso. Spariscono le enumerazioni e l’abbondanza verbale, insieme alla profondità retorica. Si potrebbe dire che la Rosaura italiana si presenti lanciando un urlo scomposto, in linea con gli eventi che hanno luogo. Non manca, però, una certa finezza linguistica, sia nella scelta lessicale alato / precipiti, che crea una scarna e per questo equilibrata analogia interna, sia nel termine animale, sineddoche per ‹cavallo›. Da notare la sottile relazione che si istaura tra il modello e il rimaneggiamento. Il verbo despeñar, letteralmente ‹gettarsi da una rupe›, viene traslato dal valore medio originario al valore transitivo, acquisendo una certa forza deittica. Quello che nell’originale era pura narrazione di eventi, azione riportata, nell’italiano diventa azione (pseudo)agita. Per quanto riguarda alato animale, poi, il riferimento è senz’altro allo spagnolo hipogrifo. Si direbbe una glossa metalinguistica, ad un tempo esplicativa e semplificativa di un termine, Faetonte, potenzialmente poco perspicuo per il pubblico. Cicognini sembra prevenire l’impreparazione del pubblico, e ne tiene conto nel rimaneggiare. La scelta lessicale operata, però, non va giudicata solo nell’ottica della banalizzazione, ma nel più ampio quadro dell’abbassamento del tono aulico del testo originale. Il grondante testo modello non è andato del tutto perduto, basta soffermarsi già sulla battuta successiva di Picariglio per osservare che l’eloquenza della Rosaura spagnola è passata mutatis mutandis al servo italiano. Salta all’occhio ancora dal confronto con l’originale la descrizione, carica di implicità deittica, della caduta dei cavalli nel burrone: «[...] si sono rotolati giù per quel burrone». Essa ricalca da vicino le parole di Clarín: «[...] del monte hemos rodado», dette a proposito di sé e della padrona. Si ripete dunque, a distanza di poche righe, il ‹riciclaggio› verbale, con lo svuotamento delle parole del loro senso originario, fino a renderle dei semplici mattoni da riusare per nuovi scopi espressivi. In generale si nota che il testo italiano propone una entrata in scena focalizzata sull’azione, in cui le battute fungono innanzitutto da precisazioni didascaliche degli eventi. L’astratto ippogrifo dello spagnolo, che sparisce nel folto del bosco (nessun accenno sul perché), cede il posto alla concretezza dei due cavalli che in preda all’istinto sessuale (come si evince dalla salace battuta di Picariglio) perdono l’orientamento e finiscono nel burrone. Il testo italiano dunque si distingue fin dalle prime mosse per un richiamo, persino crudo e spoetizzante, all’azione, mediante una stretta aderenza delle battute alla messinscena, del

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tutto originale rispetto al modello. Nello stesso tempo nella messinscena si inseriscono alcuni particolari afferenti alla dimensione corporea, fino a raggiungere la volgarità.4 Oltre che al livello retorico e drammatico, la differenza di prospettiva emerge anche da alcune osservazioni sintattiche e pragmatiche. Per quanto riguarda la sintassi si osservino, da una parte i versi: «Quédate en este monte,/ donde tengan los brutos su Faetonte; [...]», dall’altra la prima battuta: «Fermati, alato animale, e dove mi precipiti?». Si nota la coincidenza denotativa dell’imperativo, che mantiene anche il pronome enclitico, ma il resto è diverso. Nell’originale abbiamo l’ellissi del soggetto, un complemento di stato in luogo e una proposizione subordinata relativa al congiuntivo potenziale (tengan); nell’italiano un vocativo e una coordinata interrogativa diretta, uno schema che riproduce con più naturalezza l’andamento del parlato. Anche se non si può trascurare la tessera retoricamente ricercata alato animale, di cui si è detto. Emerge in questo breve stralcio lo sforzo di fare convivere, nel testo frutto del rimaneggiamento, l’originale, la tradizione e le istanze del pubblico. Sullo stesso punto del testo si può osservare dal punto di vista pragmatico, che la domanda introdotta da ¿dónde / e dove non sembra avere lo stesso valore illocutivo nelle due versioni. La Rosaura spagnola si chiede effettivamente dove sia finito il cavallo, sparito nel bosco. Il fatto che il cavallo potrebbe averla disarcionata non è neanche accennato. Quindi il valore illocutivo della domanda coincide con il livello locutivo. Altro discorso è il rilievo dell’artificio retorico dell’apostrofe ad un animale. Anche se la domanda non è altro che una domanda, è chiaro che Rosaura non si aspetta risposta dal cavallo. Invece nel testo italiano il personaggio non tanto vuole sapere dove il cavallo la stia precipitando, quanto lo sta pregando di non farlo. Per cui insita nella domanda c’è una indiretta forza illocutiva di richiesta. Nel testo spagnolo, del resto, Rosaura non viene disarcionata: come indicato dalla didascalia, baja a lo llano mentre parla, seguita da Clarín. Una azione che contraddice fattualmente la frase di Clarín: del monte hemos rodado. Questo perché le azioni sono secondarie, ciò che conta è la descrizione delle stesse. Vi è come una idealizzazione, una stilizzazione dell’atto, tale che discendere un pendio può ben rappresentare, se così viene descritta a parole, una caduta rovinosa. Vale la pena soffermarsi su alcuni aspetti della rappresentazione legati sia al testo che allo spettacolo. I cavalli nelle intenzioni di Calderón non entrano in scena: l’autore spagnolo li fa sparire tra le rocce, senza altre specificazioni. Il testo italiano, invece, lascia supporre che il disarcionamento potrebbe avvenire in scena. Nel qual caso la cronaca in diretta, fatta da Picariglio, dei cavalli che cadono nel burrone potrebbe avvenire in presentia. Macchine di scena quali cavalli alati dovevano essere espedienti comuni, raffinati ma non troppo sofisticati, e di grande presa sul pubblico. Tali macchine giovavano, ––––––– 4

Cf. Sanesi (1954: §II, 192): «[...] il nostro Cicognini ha pur qualche merito, e sopra tutto, possiede un senso più vivo e più sicuro della tecnica teatrale e delle necessità della scena; sicché il più delle volte, abbrevia e condensa il testo e imprime alla favola un movimento più rapido». Cf. inoltre Mancini (1955: 41): «Il dialogo [ne La vita è un sogno ndr] tende a una schietta sobrietà, e solo manchevole assolutamente risulta il disegno dei caratteri visti attraverso canoni alquanto irrigiditi e privi dell’indagine delle reazioni suscitate in essi dalle passioni che violentemente li agitano»; (Ivi: 43): «[...] alla sovrabbondante espressione calderoniana [Cicognini] sostituisce un linguaggio ben rapido e quasi sbrigativo».

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come sostiene Mamone (2000: 1261), a «spostare lo spettatore dalla dimensione quotidiana della realtà in un tempo e in uno spazio fantastici». Di fronte allo stupore per il cavallo volante, che disarciona il personaggio, il testo perde gran parte del suo ruolo. La forza evocativa tutta mentale delle citazioni mitologiche, il piacere intellettuale dei giochi retorici, cedono il passo all’impatto visivo, tattile, del puro spettacolo. Siamo di fronte ad un episodio dell’eterno scontro tra la parola e l’immagine. Poteva sembrare dalle prime osservazioni che il testo di Cicognini puntasse ad una rappresentazione realistica, ma a ben guardare, più che realismo direi che l’originale e il rimaneggiamento presentino due irrealismi uguali e opposti, uno diretto verso l’affabulazione, l’altro verso il suscitamento della maraviglia. Accenno solamente, in questa sede, all’esistenza di più di una versione della stessa opera La vita è un sogno.5 Le due versioni seicentesche italiane presentano delle scelte linguistiche tali da far subito pensare a due diversi adattamenti operati da compagnie teatrali sulla base del diverso pubblico che dovevano soddisfare. Un fenomeno che può essere definito rimaneggiamento secondario, e che dipende dalla prassi di diffusione dei testi teatrali nel Seicento. Prima della fissazione a stampa, infatti, i copioni circolavano per anni manoscritti, passando di mano in mano tra le compagnie che li rappresentavano. Il risultato era che al momento dell’edizione, l’originale era già solo uno degli esemplari esistenti, sempre che fosse rintracciabile. Il contributo fornito dalla comparazione di tali testi può essere prezioso per rivelare i caratteri di rappresentazioni davanti a pubblici diversi in quanto ad estrazione sociale, istruzione e forse anche collocazione geografica.6 Relativamente a Bv e Vv ho rilevato che la seconda non presenta tratti innovativi, cioè riconducibili all’originale spagnolo, non presenti in Bv. Al contrario semplifica e a volte corrompe, il testo di Bv. La precisazione mi serve per proporre un’osservazione ancora sulla prima battuta, mettendo a confronto le due versioni: «[(Bv) atto I, scena I] Ros. Fermati, alato animale, e dove mi precipiti?»; «[(Vv) atto I, scena I] Ros. Fermati ò animale, ove mi precipiti?». ––––––– 5

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Nelle mie ricerche ne ho rintracciate tre, due direi sinottiche, una assimilabile ad un canovaccio, settecentesca, con testo francese a fronte. L’edizione che chiamo Bv, e che è quella che uso per il confronto con l’originale spagnolo, è del 1669, stampata a Bologna dagli editori Eredi del Peri. Quella che chiamo Vv è del 1664, stampata a Venezia dall’editore Pezzana. Quella francese è stata stampata a Parigi col titolo La vie est un songe dall’editore Briasson nel 1738. Cf. Profeti (1996: 17) a proposito della trasmissione dei testi: «Percorsi non soltanto geografici [...], ma tra luoghi teatrali diversi, e quindi tra pubblici diversi [...]. Certo, il pubblico di Palazzo Barberini per Le armi e gli amori di Rospigliosi, o la corte dei Medici in Toscana, per il Carceriere di se medesimo. Ma anche le corti di Modena, Mantova e Ferrara, a cui potranno essere destinati Los empeños tradotti dal cavalier Bentivoglio. O i saloni privati durante il carnevale, il teatrino allestito nella sua casa romana dall’Ameyden; o i ritrovi delle Accademie a Firenze, gli Incostanti per la Finta Mora di I. Cicognini, i Rinvigoriti ‹nel loro stanzone di Borgo Tegolaia›, per l’Amistà pagata del Calamari o per Le gare dell’amore e dell’amicizia dell’Adimari. E infine i teatri pubblici dove si vende e compra spettacolo, e dove allora si dovrà indulgere a inserimenti vernacoli e buffi, come nel caso dell’adattamento de Gli impegni nati per disgrazia dovuto al Parrino. E nei percorsi tra questi luoghi un posto di rilievo dovrà essere affidato agli attori professionisti [...]».

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In Vv il cavallo non è alato. Eppure il testo mantiene precipiti, che perde gran parte della sua forza deittica. La compagnia forse disponeva di mezzi inferiori rispetto a quella che metteva in scena il copione di Bv, pur non rinunciando a portare in scena la sagoma di un cavallo. Si profila la fattispecie di una rappresentazione povera, con pretese artistiche limitate. Tornando al confronto con lo spagnolo, nel prosieguo della scena si rivela subito una netta eterogeneità tra i modi espressivi di Picariglio e di Clarín: mentre l’italiano si dilunga in lazzi e improperi, lo spagnolo accenna un unico intervento buffonesco, l’invettiva contro il filosofo. Nello spagnolo si nota innanzitutto la parenteticità della battuta, breve e senza conseguenze. Inoltre la battuta è costruita con arguzia concettuale, sul filo del paradosso logico. Criticando l’opinione del filosofo che la sofferenza debba essere ricercata a patto di potersene poi lamentare, e ottenere per questa via un grande piacere, il servo risponde che darebbe volentieri un sacco di botte al filosofo, in modo che poi possa con diritto lamentarsene e così trarne piacere. Nell’italiano il livello è diametralmente opposto, infimo. Al paradosso dello spagnolo corrisponde un banale luogo comune (del tipo: mal comune mezzo gaudio), e alla battuta sofisticata corrisponde una imprecazione. Si noti il gusto per il particolare degradante e osceno, un tipo di comico totalmente assente nello spagnolo. Notevole è il termine scientifico antidoto, che non ha corrispettivo nell’originale, dove si parla di derecho que tienes tú al consuelo. Si passa dalla sfera della giurisprudenza al campo semantico medico, entro cui si inserisce anche il verbo sanare. Si potrebbe pensare che in questo modo l’autore italiano tenti di recuperare per altra via una parte dell’elevatezza dissipata nello scambio di battute. Si tratterebbe però di un intervento isolato, che produrrebbe solo l’inserzione di un’immagine eterogenea rispetto al contesto, e soprattutto fuori luogo in bocca al servo scurrile e irascibile. Preferisco intendere la scelta lessicale nell’ottica dell’attribuzione al servo di un linguaggio il più possibile sopra le righe della espressività. Obiettivo ricercato con le ingiurie, i proverbi e gli idiomi, oppure, come in questo caso, inserendo nel discorso termini scientifici carichi di suggestione esotica. Il seguito della scena permette di cogliere una profonda divergenza di natura culturale tra i due autori, che riguarda il ruolo attribuito al teatro nella società. Divergenza che può ben rispecchiare concezioni e aspettative dei due pubblici. Quando Picariglio sostiene che i suoi guai derivano dagli humori e dalle bestialità della padrona, si ode un richiamo alle desdichas y locura in cui Clarín lamenta di essere finito insieme a Rosaura. E ancora il servo italiano dice ad un certo punto: «E dove diavolo mi guidate voi per questi monti [...]», rivolto a Rosaura che pretende di continuare il cammino senza cavalli. Mirabile ammiccamento al Fetonte (mitologica guida del carro del Sole in concorrenza con Apollo), appellativo con cui la Rosaura spagnola apostrofa il cavallo. Quindi Picariglio accusa senza mezzi termini la padrona delle proprie disgrazie, mentre Clarín ha un atteggiamento empatico nei confronti della sfortunata donna. Esempio ulteriore del rapporto tra Picariglio e Rosaura è il dialogo, assente nell’originale spagnolo, alla fine della prima scena del primo atto. Pic. [...] ma che diavol vi mosse à far questa pazzia? Ros. Desio d’honore, sdegno contro un empio, ed animo alla vendetta solo mi trassero dal regno di Moscovia, e mi condussero in queste campagne di Pollonia.

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Pic. Più tosto furore, ò bestialità dovevate dire. Ros. L’offese d’honore si vendicano con il sangue. Mi offese il prencipe Astolfo, e con promessa d’essermi consorte, lusingandomi a’ suoi inganni, ottenne da mè i frutti di quel fiore, che ben custodito in donna honesta risplende. Pic. Ah, ah, ah mi fate ridere, siete pur semplice, che cos’è honore? Io non sò per mè, che cosa sia, e non l’ho mai veduto. Ros. Li animali vili, e pusillanimi, come tu, non lo prezzano. Pic. Horsù andiamo a desinare alla prima osteria, che troviamo, e vedete se l’oste sopra l’honore vi darà da mangiare; sapete com’è l’honore hoggidì è giusto, giusto come il fiato d’Inverno, che come è ispirato, non si vede. Ros. sono tue soffistiche oppinioni, perche non hai onore. Pic. Sono tutte vostre pazzie, perche n’havete troppo. Ros. Perche n’ho troppo? Pic. Perche lo gettate. Ros. Pur troppo lo getto, ma voglio racquistarlo. Pic. Come il rè farà una giostra, all’hora sarà tempo.

Picariglio è uno zanni, e in quanto tale ha licenza di sbeffeggiare e insultare il padrone, secondo lo schema dell’improvvisa. Solo che lo schema stesso prevede che il padrone sia un inetto e meriti le ingiurie del servo, cosa che qui non dovrebbe essere, perché il personaggio serio, Rosaura, è nell’originale realmente portatore di valori moralmente impegnativi, come l’onore e la fedeltà ai principi. Il testo rimaneggiato opera allora una manipolazione del personaggio serio, sfumando i contorni del sistema morale di cui è il campione, riuscendo in tal modo a renderlo vulnerabile alla dissacrazione del sarcasmo del servo. L’orizzonte moralistico originario va perduto, e con esso la dimensione intellettuale dell’opera, ma l’effetto comico ne guadagna moltissimo, favorito persino dalla collaborazione dei personaggi (si osservi il botta e risposta finale, dove Rosaura diventa spalla di Picariglio, porgendogli la battuta). Cicognini non sfugge allo schema dell’improvvisa, alla riconoscibilità delle maschere, cui fa da contraltare la libertà verbale delle battute. Quest’ultima si concretizza nel registro dell’unico personaggio buffo della commedia con il ricorso ad un repertorio variegato di amenità, oscenità e espressioni popolari. Per quanto riguarda personaggi seri, bisogna tenere da parte gli innamorati, continuazione fedele delle maschere modellate sulla tradizione petrarcheggiante, con l’aggiunta di una patina barocca di metafore e allegorie a volte arzigogolate. Gli altri, nobili di vario grado, mostrano di indulgere nel discorso alle figure retoriche e al concettismo, o in alternativa, ai cultismi e ai termini pseudoscientifici di sapore esotico. Una veste linguistica che rivela una difficoltà di fondo nella costruzione di alcuni personaggi, superabile solo grazie al riutilizzo del materiale del testo originale. Laddove, infatti, la commedia dell’arte non fornisce modelli comprovati, l’autore italiano lascia che i personaggi aderiscano più strettamente agli alter ego spagnoli, pur

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rivestendoli di uno strato di grossolanità consono ad un teatro di intrattenimento quale si proponeva di essere quello italiano. Un proponimento di fondo, però, che può lasciare lo spazio a momenti di felice caratterizzazione. I modelli mancanti della commedia dell’arte sono quelli seri, visto che tutte le maschere dell’arte mirano, direttamente o indirettamente, a suscitare il riso. Il filosofo è un ciarlatano oppure un pedante, il cavaliere un fanfarone, il padrone un inetto, più o meno tronfio, che finisce per essere gabbato. Risultato, l’autore che si trova a fronteggiare argomentazioni genuinamente moralistiche o filosofiche, descrizioni seriamente poetiche e auliche, non ha a disposizione contenitori dentro cui versare i contenuti del testo spagnolo. Quindi deve arrangiare dei personaggi nuovi, ispirati sì agli originali, ma adattati alla sensibilità e alle aspettative del pubblico italiano. Vale a dire che, se nei personaggi buffi, come anche negli innamorati, marcato è l’influsso dell’improvvisa, nei personaggi seri la tradizione italiana lascia ampio spazio all’originale, opportunamente rimodellato sulla scorta di quelle che l’autore italiano intuiva essere le aspettative del pubblico. Ne deriva nella resa finale una sorta di doppiaggio transcodicistico, una mediazione che mantiene gli elementi dell’originale più prossimi alla sensibilità del nuovo pubblico, svuotandoli dell’orizzonte referenziale originario. In essi si infondono nuovi significati, che funzionano solo se inseriti nel contesto in cui il testo viene reimpiantato. In questa veloce e parziale carrellata sono stati analizzati alcuni criteri su cui si basava il rimaneggiamento italiano di opere teatrali spagnole nel Seicento. Si è visto che il risultato del processo traspositivo era un’opera autonoma, dentro la quale il testo originale echeggiava vagamente, mantenendosi solo in alcuni casi riconoscibile. Le qualità letterarie delle opere a confronto sono da giudicare sulla base di parametri diversi, legati alle tradizioni teatrali in cui si inseriscono, al gusto e alle mode letterarie imperanti, alle aspettative del pubblico e alla stessa funzione che il teatro aveva all’interno dei meccanismi sociali dell’epoca nei diversi contesti. Il confronto tra edizioni italiane della stessa opera ha ampliato la portata del ragionamento, lasciando intravedere differenze sostanziali tra pubblici di estrazione sociale diversa. Un quadro, quindi, che si arricchisce di sfumature e promette interessanti scoperte in un campo ai margini tra la traduttologia e altre discipline, come la storia del teatro, della lingua, della letteratura e dello spettacolo.

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1. Introduction De toute évidence, les mathématiques et la philologie ne se marient pas. L’histoire monumentale de Brunot ne parle qu’en quelques mots sur la langue des mathématiques (1906: 56), et les grands ouvrages des XVIe et XVIIe siècles n’ont pas encore trouvé l’attention des spécialistes. Et pourtant des œuvres comme Bachet, Claude Gaspard (Sieur de Méziriac) (1624): Problemes Plaisans et Delectables, qui se font par les nombres. Partie recueillis (sic) de divers Autheurs, partie inventez de nouveau avec leur demonstration. Lyon: Pierre Ligaud & Associez.

ou plus spécialement Bourdin, Pierre (1645): Le Cours de Mathématiques, représenté par figures, & clairement expliqué, avec quantité de connoissances & pratiques nouvelles. Le tout en faveur de la Noblesse, & de ceux qui veulent apprendre la Mathématique du temps rapportée à la Milice. Paris: François Pélican. (souvent suivi de: L’optique. Comprenant la cognoissance de l’œil, de la lumière et des couleurs. Paris: François Pélican.)

auraient mérité des études approfondies comme bien d’autres encore. Plus inconnus encore restent les débuts de la langue des mathématiques étant donné que le premier ouvrage, la Géometrie en francois que Charles de Bovelles a faite en 1511 à partir de son Geometrici introductorij liber (Paris 1501) sur la demande d’artisans qui ne connaissaient pas le latin, a été perdu selon les informations de Colette Dumont-Demaizière (1973: 31) qui mentionne encore deux autres titres pratiquement inaccessibles: • Chuquet, Nicolas (1484): Le Triparty, traité d’arithmetique. commençant par: «Ce livre a honneur de la glorieuse et sacree trinite est divise en troys parties». Lyon • La Roche, Estienne de (dit Villefranche) (1520): Larismethique nouellement composee, par maistre Estienne de la Roche dict Villefrãche natif de Lyõ sus le Rosne, divisee en deux parties [...]. Lyon. La première édition de Bovelles n’a jamais été étudiée; seule l’édition de 1542 qui a paru sous le titre de Livre singulier & utile, touchant l’art et practicque de geometrie est respectée dans les manuels lexicographiques. Ceci est d’autant plus surprenant que Geoffroy Tory, autre défenseur du ‹vulgaire françois›, philologue et imprimeur en parle en termes hautement élogieux:

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[...] en remettãt le bon estudiãt a Euclides, & a la Geometrie en francois de messire Charles Bouille, en la q)lle il me semble avoir autant fructifie & acquis dimmortalite de son nom, quil a en tous ses autres Liures & œuvres latins quil a faicts studieusement. Nous nauons point encore veu de tel Auteur en langage Francois. Pleust a Dieu que beaucoup daultres feissent ainsi [...]. (1529. (Éd. 1970): II, XII)

Avec l’exemplaire conservé à la Centrale Bibliotheek de l’Universiteit Gent dont nous sommes en train de préparer une édition critique, il nous est survenu un exemplaire qui permet l’accès à la formation de cette langue de spécialité. Il s’agit en effet du texte de la traduction en langue vulgaire que Bovelles a achevée le 7-7-1511. Selon lui, cette traduction de son propre texte latin a été faite, selon ses propres paroles, sur la demande d’artisans qui ne comprenaient pas le latin. Bovelles a reconnu la nécessité d’un tel travail et avance, non sans orgueil, l’assertion que ses pages dans la langue du peuple sont «moult necessaires aux gẽs mechaniques cõe aux massons et aux charpẽtiers pour creer vasseaulx de toutes sortes & capacites & les reduire les ungs aux aultres» (1511, finis). Notre contribution a pour but de montrer • comment s’est constituée la langue de spécialité française des mathématiciens jusqu’ici inexplorée; • dans quelle mesure la traduction a contribué à l’élaboration et à l’enrichissement de la langue nationale; • quels ont été les principes directeurs du traducteur pour intégrer les latinismes et se faire comprendre par les artisans et s’il a réussi à réaliser ce projet. Nous pensons ainsi contribuer à un desideratum défini au siècle passé par Vaganay: «Il convient donc d’inviter les chercheurs à lire tous les livres français du seizième siècle afin de combler la lacune qui existe dans nos dictionnaires entre le Moyen Age et le dixseptième siècle» (1904: 579). En effet, depuis cette date, rien n’a changé car les œuvres originales sont peu connues et l’étude des traductions fait toujours défaut, tant en France que dans le reste de la Romania où de tels textes n’ont que très rarement trouvé l’intérêt des philologues.

2. La genèse d’une science utile: les mathématiques Le programme des auteurs et théoriciens du XVIe siècle était clair et fut accepté par la société en général; les fameux propos de Abel Mathieu correspondaient à la volonté générale de l’époque: «[...] l’autheur escrive en François de la maniere de mesurer la terre: de la cognoissance des estoilles: des figures: du poinct: de la ligne: du cercle: du coing: de la figure a trois a quatre ou a cinq coings: et d’autres semblables» (Brunot 1906: 217), selon la devise de Tory déjà cité «escripre en François, comme François que nous sommes» (ed. 1970: II f XII). Le patriotisme linguistique a créé –comparablement à Regiomontanus, Adam Riese, Albrecht Dürer en Allemagne ou Pacioli, Perro, Cardano en Italie– les œuvres de Chuquet ou Vieta en France où la géométrie a connu une évolution plus lente que l’algèbre (Cajori 1894; Suter 1872: 169). La France, par conséquent, connut un retard

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respectable sur l’Allemagne et l’Italie où les premiers manuels parurent autour de 1400 (cf. Eis 21967: 10s.; Stein 31974: 687) resp. en 1494 (cf. Stein 31974: 699), mais la «culture de l’écrit» fit partie du programme linguistique (Berschin / Felixberger / Goebl 1978: 190ss.; Gleßgen 2007: 358ss.) de la Renaissance, en France. En France, les textes mathématiques commencent avec Chuquet, Forcadel, Peletier du Mans, Bovelles, la Roche, Stevin (Brunot 1906: 56); Petit de Julleville connaît encore Brissère, Cathalan de Savonne, La Taysonnière, Trenchant, Chauvet, Fustel et Sosselin (1897: III, 687s.). La langue vulgaire étant pauvre, il fallut faire des emprunts aux langues qui servaient auparavant de moyens de communication; Peletier du Mans parle du problème existant pour tout traducteur: «Nous avons si grande pauvreté de mots artisans que si nous en voulons parler, il nous faut user de circonlocution pour dire ce que la langue grecque et latine dit en un mot: ou bien nous sommes contraints d’usurper termes tout nouveaux déguisés» (François 1959: I, 157). Ce qu’il veut dire par cette assertion est que la nécessité force les mathématiciens ou les traducteurs à franciser p.ex. lt. cubus par cube ou à créer des formes nouvelles comme cube → cubique, cubiquer ou coulonne → coulonnaire et, en premier lieu dans les mathématiques appliquées, c’est-à-dire la trigonométrie, la géométrie descriptive, le calcul des probabilités et les sciences physicomathématiques, à se servir d’un langage accessible et compréhensible par les artisans et les techniciens comme l’exprime Charles de Bovelles à mainte reprise: • «Mais à présent voulõs parler des deux principaulx. C’estassavoir de la pyramide et de la coulonne car ilz sont plus usites et cognus que les aultres & aussy de pl’ grãde utilite en la pratique de Geometrie a cause des edifices materielz esquelz on a souvẽt affaire de pyramide ou de coulonne» (fo 30). • «Et sont ces choses utiles principallemẽt aux charpentiers et massons» (fo 32). • «Aultre q)stion praticq) et mechaniq)» (fo 32). Il écrit ou, plus exactement, traduit pour des ouvriers et des artisans qui ont besoin de faire le calcul ou d’effectuer un mesurage, et il le fait d’abord contre sa volonté, comme il le dit dans l’édition de 1542: «[...] ut eis vulgarẽ Geometriam conscriberem: pertinaci eorum petitiunculę, repulsam non dedi. Quanq) dum eorum desiderio, morem gerere acquievi, praeter institutu) meu) egi» (p. 2). Quant à la réception de cet ouvrage, on peut retenir que Brunot (1906: 56) et Petit de Julleville (1897: III, 687) ne l’ont «pas rencontré», et qu’est restée introuvable cette édition que Dumont-Demaizière date entre 1511 et 1514 en remarquant que «c’est le premier traité de géométrie qui ait été imprimé en français»; Wightman lui attribue l’année 1547 comme année de publication. Les éditions de 1542, 1547, 1551, 1555, 1557, 1566 et 1605-1608 (Cantor 1892: 349; Chasles 1837: 480s.; Dumont-Demaizière 1973: 34s.) documentent l’importance fondamentale de ce traité pour la formation de cette langue sectoriale, mais plus significatif reste ce que François a écrit dans son histoire de la langue française: L’année 1566 [!] voit un mathématicien, Charles de Bovelles, d’abord adversaire déclaré des langues vulgaires, publier une Géométrie pratique, non à vrai dire de son plein gré, mais afin de satisfaire un vœu des practiciens. Il n’abandonnait pas pour cela son cher latin. La concession n’en est que plus remarquable. (1959: I, 116)

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Et significative est également l’interprétation donnée par Dumont-Demaizière qui n’est pas prête à reconnaître que, pour Bovelles, écrire dans une autre langue que celle des universitaires, nécessitait une explication: Dans la dédicace, en latin, de l’édition de 1542, l’auteur dit qu’il a composé cette géométrie, en français, à la sollicitation de ses amis, avec peine, n’ayant point l’usage d’écrire en cette langue. (1973: 35)

Il s’agit là de la bouderie habituelle des latinisants connue depuis le Moyen Age (Wolff 1971: 193ss.) et, de plus, Bovelles, devancé dans l’usage de la langue vulgaire par le seul Triparty en la science des nombres (Augé 1929: II, 254a) de Chuquet (ca. 1445-1500) paru en 1484, savait bien distinguer entre la fonction du latin et les possibilités que lui offrait sa langue maternelle (1533) non standardisée (Schmitt 1982) et peu enrichie dans le domaine des sciences exactes.

3. Bovelles traducteur Quiconque analysera les quelques quarante pages de la Geometrie en francois (1511) ne doit jamais oublier que Bovelles traducteur ne connaissait pas de modèle qui aurait pu être imité. Son prédécesseur Chuquet (1484) s’étant occupé de l’arithmétique, le français ne disposait pas d’un vocabulaire vulgaire suffisant. Il fallut donc instrumentaliser les procédés habituels des traducteurs que sont (1o) l’emprunt, (2o) le changement sémantique des signes linguistiques par terminologisation ou changement de terminologisation préexistante et (3o) la formation des mots par dérivation suffixale ou préfixale, composition et/ou par changement de classes de mots. Le procédé de l’emprunt est celui qui s’impose avant tout dans les langues romanes toujours peu développées au début du XVIe siècle, étant donné qu’elles se caractérisent par peu de distance de leur langue-mère et qu’elles partagent presque tous les procédés morphologiques avec le latin (Gleßgen 2007: 257ss.). Ce dernier aspect est d’une importance essentielle car la contiguïté généalogique contribue à la transparence et à une meilleure compréhension ainsi qu’à une motivation spéciale des signes linguistiques. Peu importe si coalterne ou concentriquement et (h)endecagone / (h)eptagone / decagone étaient exclusivement utilisés dans l’enseignement universitaire professé en latin ou s’il connaissaient déjà un usage restreint en français: le traducteur était sûr que son lecteur avait présents à l’esprit soit les mots latins (co)alternus, (con)centricus et la série (h)endecagonus, (h)eptagonus, decagonus ou qu’il était capable de s’expliquer coalterne par alternatif/-ve (13e s. resp. 1401), concentrique/-ment par centre (13e s.) et la série en -gone par diagonal (< lt. diagonalis) «ligne tracée d’un angle à l’autre» (13e s.) et qu’il dominait en général la grammaire du latin médiéval. Bovelles s’est servi du latin, son texte fourmille de latinismes attestés pour la première fois dans sa Geometrie en francois (1511):

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mfr. ambligone (< lt. ambligonium) mfr. concentrique (< lt. concentricus) mfr. coulonne (< lt. columna) mfr. decagone (< lt. decagonus) mfr. (h)endacagone (< lt. (h)endecagonus) mfr. ennagone (< lt. ennagonus) mfr. eptagone (< lt. (h)eptagonus) mfr. octogone (< lt. octogunus) mfr. exacedre (< lt. hexacedron) mfr. dodecedre (< lt. dodecahedrum) mfr. tetracedre (< lt. tetracedrum) mfr. ycocedre (< lt. icohedrum) mfr. irresoluble (< lt. irresolubilem) mfr. obtus/-e (< lt. obtusum)

mfr. parallelogramme (< lt. parallelogrammum) mfr. perpendiculaire (< lt. perpendicularum) mfr. proportionable (< lt. proportionabilum) mfr. quadrer (< lt. quadrare) mfr. rhombe (< lt. rhombus) mfr. rhomboide (< lt. rhomboides) mfr. schalenon (< lt. scalenum) mfr. secteur (< lt. sectorem) mfr. semidyametre (< lt. semidiametrum) mfr. sequente (< lt. sequentem) mfr. superparticulaire (< lt. superparticularem) mfr. ysochele (< lt. isoscelum) mfr. ysopleure (< lt. isopleurum)

On peut constater différents degrés d’adaptation et d’intégration qui affectent soit la prononciation, soit la morphologie; si La Roche (1520) et Chuquet (1484) préfèrent, en général, une variété plutôt populaire pour -arius (→ mfr. -ier), cf. perpendiculierement, superparticuliere, Bovelles opte plutôt pour l’alternative savante (Chaurand 1977: 48f.) en prenant parti pour mfr. -aire, c’est-à-dire à perpendiculier et superparticulier il préfère perpendiculaire resp. superparticulaire. Il se sent obligé de suivre la tradition de l’enseignement universitaire: On sait que les latinistes du XVIe siècle (Stotz 2000: II, 231ss.) n’hésitaient pas à utiliser des règles dérivationnelles et l’existence d’un dérivé par -ique permettait, comparablement à la paire -iser / -isation en français moderne (Schmitt 1988), la «fabrique» d’un autre sur -icité (< lt. -icitatem), comme c’est le cas pour mfr. sp(h)érique (< lt. spaericum) et sp(h)ericité que le PRob date de 1671 et qui se trouve déjà dans la Geometrie en francois de 1511. Les verbes cubiquer (1511; < lt. cubicus/-are ou mfr. cubicus?) et revolver (1511; < lt. revolvere ou mfr. revolu?) représentent des cas analogiques, et qui oserait dire avec conviction si coulonnaire (1511; < lt. columnarium ou mfr. coulonne?) ou dodecedrique (1511; < lt. dodecedricus ou mfr. dodecedre?) sont des formations savantes selon les conventions ou normes du français sectoriel ou de purs emprunts au latin plus ou moins intégrés? Et il ne semble pas impossible d’interpréter la genèse de mfr. tetracedrique (1511), tetragonique (1511) ou ysocedrique (1511) à partir d’une formation préexistante telle que dodecedrique ou d’établir une analogie dérivationnelle entre mfr. -cedre et -cedrique, éventuellement influencée par des lois similaires du latin médiéval ou moderne (Stotz 2000: II, 324ss.). Tous les procédés euromorphologiques semblent être possibles (Schmitt 1993), tout comme il est permis d’expliquer les nombreux composés soit comme latinismes (attestés ou virtuels, non attestés) soit comme résultats de procédés morphologiques du français médiéval ou renascentiste: mfr. demi cercle (1511) et dodecagone (1511) peuvent donc constituer des compositions latines tout court ou s’expliquer comme compositions savantes de demi + cercle et dodeca + -gone. Mais on n’hésitera pas à expliquer mfr. superbiparciensseptiens (Roche 1520) comme emprunt au latin super + bi + parciens + septem ou mfr. superbiparciensquintes comme pur latinisme (< super + bi + parciens + quintas) étant donné que le français populaire ne connaît pas de composés de quatre éléments

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morphématiques et superbipartiens se trouve dans les textes mathématiques latins un peu négligés par Stotz (2000). Mais, en général, toutes les explications sont possibles tant que nos connaissances sur les langues sectorielles restent si modestes. En ce qui concerne la terminologie française des mathématiques et les procédés morphologiques appliqués par Charles de Bovelles on est donc en droit de dire qu’il s’agit d’une langue vulgaire entée sur la langue de spécialité latine. Cette greffe permet d’avoir des équivalences transparentes, facilement accessibles pour un locuteur de langue romane et possédant un minimum de connaissances du latin, mais crée en même temps une dépendance de la langue vulgaire d’une tradition pluriséculaire dont les débuts se doivent aux origines gréco-latines. Avec la Geometrie en francois (1511) nous disposons du premier manuel de la science de l’espace en langue française, mais on peut mettre en doute si le public ciblé, c’est-à-dire les gens mécaniques, les maçons et les charpentiers («Et sont (cõme dit est) moult necessaires [ces regles, C.S.]) aux ge)s mechaniques cõe aux massons et aux charpe)tiers pour creer vasseaulx de toutes sortes & capacites & les reduire les ungs aux aultres: et aussy pour cõparer une tour au cõble dune maison et toute la tour a toute la maison tant les corps que les supfices [...]»; 1511: fo 41) auront pu trouver accès à un texte aussi distant et écarté de leur langue usuelle. La traduction ne suit pas les principes actuels d’une équivalence ‹pragmatiquement équivalente› (Albrecht 2005: 32ss.) mais constitue plutôt un texte latinisant ou du français écorché et truffé de mots étrangers, de mots latins d’origine grecque, en général. C’est peut-être pour cette raison que Marguerite de Navarre parle dans ses Dernières Poésies de la géométrie avec des mots qui ne flattent pas le traducteur: Marguerite de Navarre: «Puis j’assemblay ce livres fantastiques Beaulx et plaisans où les mathématiques Lire l’on peult, mais qui bien s’y adonne La volunté de la chair habandonne. Car le sçavoir en est si très exquis Que pour l’avoir tout l’homme y est requis [...] Et par dessus eslevay au naïf Ronds et carrez, triangles et compas Reigles, lignes et sphere, ce que pas Je n’entreprends de toutes les nombrer. Tant y en a, que les seul remembrer Et les nombrer n’est pas en ma puyssance» (Lefranc 1896: 188).

D’après Abel Lefranc (1896: 188) ces vers se réfèrent à Bovelles (cf. aussi Mahnke 1937: 115ff.), et tout philologue comprend le grand écart entre Marguerite et le génie universel picard lorsqu’on s’occupe de la translation de la Geometrie en francois qui n’est pas faite pour permettre une communication entre les savants et le peuple, malgré une riche impression tabellaire et de nombreuses explications pratiques aidant à rendre le texte plus accessible.

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4. Bovelles et la lexicographie française Si Bovelles traducteur a trouvé peu de sympathie auprès des littéraires, les lexicographes, au moins, auraient dû lui prêter une attention spéciale. Or, il n’en est rien, comme le montre l’étude exemplaire de quelques termes spéciaux. Trois termes indiquent l’année 1511 comme datation première: angulaire concentriquement dodecedre

1511 1511 1511

(Dauzat, DG cite p. 46 [d’une œuvre comprenant 41 pages]) (DG cite, sans aucun doute, l’édition de 1542) (DG cite p. 43; la graphie est celle de l’édition de 1542)

Pour angulaire la première datation est de 1377, mais les exemples prouvent que seule l’édition de 1542 a été consultée par Hatzfeld / Darmesteter (DG). Pour d’autres termes mathématiques la situation lexicographique se présente de la façon suivante (en respectant les données de DDM, BlW, DG, FEW et PRob, sans égard aux normes orthographiques peu respectées): lemme (h)eptagone obtus octocedre orthogone parallel(l)gramme pent(h)agone perpendiculairement quadrangulaire rhombe rhomboide schalenon secteur sequente tetracedre trapeze ysocedre ysoc(h)ele

datation 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542 1542

référence DG; DDM DG; BlW; DDM; FEW 1534 DG FEW (Bovelles Arith., 15 ro) DG; FEW; DDM DG; FEW, 13e s. (hap.), 1542 DG; FEW 1512 DG DG DG; DDM; BlW DG; DDM; FEW DG; DDM; BlW DG; DDM (secant); FEW 1634 (secant 1542) DG; DDM; FEW (tous tetraèdre) DG; DDM; BlW; FEW DG (icocedron); DDM (isocedron) DG; DDM; BlW (tous isocèle)

PRob 2003 1542 1542 1542 1542 1542 1520 1512 1488 1536 1542 [1542] 1542 1634 1542 1542 1551 1542

Les deux listes permettent de conclure qu’aucune attestation n’est due à la première édition de la Geometrie en francois et que la lexicographie française s’est servie avec plus ou moins de précision du Liure singulier & utile, touchant l’art et practique de geometrie (Paris 1542) de Charles de Bovelles qui a été fouillé assez hâtivement par Hatzfeld / Darmesteter (DG 1900) qui ont présupposé une certaine identité entre les deux éditions, d’où les trois renvois à l’édition de 1511 dans les cas de angulaire, concentriquement et dodecedre. Etant donné que la fouille de la Geometrie en françois (1511) n’a jamais été faite systématiquement on peut s’attendre à un enrichissement considérable des datations premières ainsi que des termes spéciaux qui doivent leur existence à la créativité de Bovelles traducteur de Bovillus qui a francisé lt. curcumductio (→ circunduction, 1511), lt.

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dodecedricus (→ dodecedrique), lt. infinitus dans le sens algébrique (FEW IV 669b) attesté jusqu’ici de 1636-1675 (→ infinit) et bien d’autres.

5. Résultats et perspectives Nous espérons avoir documenté quatre centres d’intérêt pour la philologie romane et française: • malgré des études assez récentes sur Charles de Bovelles (Dumont-Demaizière 1973; Magnard 1997; Margolin 2002; cf. aussi Trédanel (ed.) 1982), nos connaissances des activités intellectuelles (Victor 1978) de ce savant universel s’avèrent toujours assez restreintes; • de même, nos connaissances sur les méthodes appliquées dans la traduction de textes scientifiques à l’époque de la Renaissance sont toujours très limitées, voire insuffisantes; • moins connus encore sont les procédés d’intégration de latinismes qui peuvent provenir des textes classiques de l’antiquité mais également être dus à l’européisation des langues sectorielles, typique des XVe et XVIe siècles; • en dépit de la haute qualité attribuée en général à la lexicographie française il faut se méfier des entrées et des datations qui se trouvent dans les manuels d’aujourd’hui qui sont toujours en quelque sorte les victimes du concept romantique d’une lexicologie pour laquelle les langues savantes étaient dépourvues d’intérêt philologique et étymologique. Espérant pouvoir publier ce texte essentiel pour les mathématiques et l’histoire de sa langue de spécialité nous voulons faire une modeste contribution pour améliorer cette situation inacceptable et pallier au manque de connaissances dans un domaine central de cette discipline définie dans le PRob (32003: 862) par les paroles de Kant comme «science de toutes les espèces d’espace».

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«Quelle hypocrisie!» La traduction des exclamations dans les discours politiques

1. Introduction Les exclamations ne sont pas un objet favori de la linguistique. Le livre de Josselyne Gérard sur l’exclamation en français commence par le constat suivant: «L’exclamation n’a jamais tenu une place importante dans la grammaire française» (Gérard 1980: 1). Cette observation est encore plus vraie à propos de la traductologie. Dans les manuels de traduction, on ne trouve que quelques remarques isolées à propos de ce sujet apparemment marginal. Les auteurs d’une introduction à la traduction de l’allemand en italien affirment, par exemple, que le traducteur italien doit ajouter un point d’exclamation dans la traduction d’une exclamation allemande où ce signe fait défaut: Wie schön wäre Italien ohne die Italiener. Come sarebbe bella l’Italia senza gli Italiani! (Esposito-Ressler / Furno-Weise 1999: 24)

Les auteurs d’un autre manuel disent le contraire à propos de la traduction italienne de l’impératif allemand: ils recommandent d’omettre les points d’exclamation dans la traduction (Pasotti / Sartirana 1993: 10). Quelle est la base empirique de ces ‹règles›? Et quelles sont les structures et les fonctions de l’exclamation qu’un traducteur devrait connaître? Dans ma communication, j’analyserai l’usage et la traduction des exclamations dans un corpus multilingue de discours politiques: les débats du Parlement européen.

2. Définitions Il n’est pas facile de donner une définition précise de l’exclamation puisque les phrases exclamatives n’ont pas de trait grammatical commun dans le sens d’un critère nécessaire et suffisant: «[…] there is no single element that is present in all and only exclamatives» (Zanuttini / Portner 2003: 78).1 Néanmoins, quelques linguistes, comme les auteurs de la ––––––– 1

Cf. aussi Roguska 2007: 56, pour l’allemand.

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Comprehensive grammar of the English language, donnent une définition restrictive de la phrase exclamative: «Exclamatives as a formal category of sentence are restricted to the type of exclamatory utterance introduced by what or how» (Quirk et al. 1985: 833). Or, si on limite la classe des phrases exclamatives aux constructions introduites par certaines particules exclamatives, comme le font Quirk et al. (cf. aussi Radford 1997: 93), on exclut de nombreuses constructions à fonction exclamative. C’est la raison pour laquelle Michaelis et Lambrecht postulent une entité syntaxique abstraite, l’abstract exclamative construction, qui intègre des constructions de structures diverses (Michaelis / Lambrecht 1996: 376). D’autres auteurs préfèrent une définition sémantique ou pragmatique de l’exclamation. Milner évoque un critère sémantique: […] en fait, c’est l’interprétation qui rassemble les exclamatives: toute phrase qu’on désigne de ce nom implique l’expression d’un haut degré, soit dans l’ordre de la qualité […], soit dans l’ordre de la quantité. (Milner 1978: 253)

Dans la Grande grammatica italiana di consultazione, on trouve la définition suivante, basée, elle, sur un critère pragmatique: «Una frase esclamativa connota come inatteso in tutto o in parte il contenuto di una frase […]» (Renzi et al. 2001: 127).2 Cette conception de la phrase exclamative inclut, par exemple, les constructions qui se distinguent d’une phrase déclarative par la seule intonation (exprimée, dans le code graphique, par le point d’exclamation): È arrivato Mario! (Renzi et al. 2001: 127)3

Les auteurs de la grammaire la plus importante de la langue néerlandaise, l’Algemene Nederlandse Spraakkunst, donnent aussi une définition pragmatique. Selon eux, les phrases exclamatives servent à exprimer des émotions, par exemple, l’étonnement, l’irritation ou la frayeur: «Een gemeenschappelijk kenmerk van uitroepende zinnen is dat ze uitdrukking geven aan een vorm van emotie, zoals verbazing, ergernis of schrik» (Haeseryn et al. 1997: 1433). Dans la Gramática descriptiva de la lengua española, l’exclamation est définie comme un acte de langage expressif, dans le sens de Searle: La exclamativa es un acto de habla expresivo, en el sentido de Searle (1979), cuyo propósito es manifestar que el hablante se encuentra afectado por algo. Lo expresado es, así, dado por verdadero. (Alonso-Cortés 1999: 3996)4

Pour les besoins de la traductologie, une définition pragmatique de l’exclamation semble plus adéquate qu’une définition structurelle puisqu’on ne traduit pas les structures mais les fonctions qu’elles expriment. Il me semble pourtant utile de faire une différence terminologique entre l’exclamation comme catégorie pragmatique (acte de langage expressif) et la phrase exclamative comme catégorie grammaticale (construction syntaxique qui peut exprimer un tel acte de langage) (Alonso-Cortés 1999: 3995). Certains linguistes germanophones définissent un troisième type de catégorie, le Satzmodus, pour intégrer les ––––––– 2 3 4

Cf. aussi Zifonun et al. 1997: 671, pour l’allemand. Cf. aussi Riegel et al. 2004: 401, pour le français. Cf. aussi la notion de «commentaire affectif» dans Larrory 2004: 3.

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traits structurels et fonctionnels (cf. Altmann 1987: 28s.; plus sceptique: Näf 1987: 157). Frank Liedtke souligne cependant qu’il n’y a pas de lien fixe entre forme et fonction et qu’un type de phrase est plus ou moins approprié à exprimer un acte de langage particulier en fonction du contexte: «Ein Satztyp Sj ist je nach Kontext C in unterschiedlicher Weise dazu geeignet, einen Illokutionstyp Ai zu indizieren» (Liedtke 1998: 266). Nous verrons dans la suite quelles sont les constructions exclamatives utilisées dans le contexte des discours politiques au sein du Parlement européen.

3. Exemples Les exemples suivants seront tirés des Débats du Parlement européen, le ‹compte rendu in extenso› des interventions prononcées par les députés européens en séance plénière à Strasbourg ou Bruxelles (source: DVD-ROM des Débats de 2005). Pour repérer les énoncés perçus par les rédacteurs du compte rendu comme ‹exclamations›, j’ai sélectionné d’abord les énoncés suivis d’un point d’exclamation. Comme toutes les exclamations n’ont pas de trait structurel commun, c’était le seul procédé ‹sémasiologique› praticable. Ensuite, j’ai exclu les énoncés suivants: les impératifs, que je traiterai dans une autre étude, et les appellatifs suivis par le point d’exclamation, notamment en allemand (p.ex. Herr Präsident!; Verehrte Kolleginnen und Kollegen!). Les exemples cités seront tirés de trois langues romanes (français, espagnol, italien) et de trois langues germaniques (anglais, allemand, néerlandais). Dans les citations qui suivent, je citerai d’abord la langue-source, ensuite les traductions dans les deux autres langues de la même famille (romane ou germanique), enfin les traductions dans les trois langues de l’autre famille. On notera, par ailleurs, que certaines traductions ne sont pas faites directement à partir de la languesource, mais par le biais d’une langue ‹pivot›, d’habitude l’anglais ou le français. Néanmoins, les Débats du Parlement européen, constituent, à mon avis, un corpus multilingue particulièrement intéressant pour la traductologie.

3.1 Structures déclaratives La plus grande partie des exclamations prises en considération ont la forme d’une phrase déclarative. Pragmatiquement, ces énoncés combinent les fonctions expressives et assertives. Si un tel énoncé ne contient pas de moyen spécifique d’emphase (à part le point d’exclamation), la traduction, d’habitude, ne pose pas de problème structurel, comme dans notre premier exemple (sujet du débat: l’Espace de liberté, de sécurité et de justice): (1) Luc Frieden – […] Le Conseil a notamment adopté neuf règlements, sept directives, plus de trente décisions ou décisions-cadres. C’est beaucoup! El Consejo ha adoptado, en particular, nueve reglamentos, siete directivas y más de treinta decisiones o decisiones marco. ¡Es mucho!

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[…] il Consiglio ha adottato nove regolamenti, sette direttive e oltre trenta decisioni e decisioni quadro: non è poco! The Council has, in particular, adopted nine regulations, seven directives and more than thirty decisions or framework decisions. That is a lot! Der Rat hat insbesondere neun Verordnungen, sieben Richtlinien und über 30 Beschlüsse bzw. Rahmenbeschlüsse erlassen. Das ist nicht wenig! In het bijzonder heeft de Raad negen verordeningen, zeven richtlijnen en meer dan dertig besluiten of kaderbesluiten goedgekeurd. Dat is niet niks! (Parlement européen: 11 avril 2005)5

Ici, les auteurs des traductions vers l’italien, l’allemand et le néerlandais ont opté pour une litote, probablement pour des raisons stylistiques, mais une traduction plus littérale aurait été possible. Dans l’exemple suivant, l’orateur allemand utilise un procédé syntaxique d’emphase: la topicalisation du pronom objet. Le traducteur néerlandais utilise le même procédé. Les auteurs des traductions romanes et anglaise ont dû recourir à une phrase clivée (sujet du débat: l’ouverture des négociations avec la Turquie): (2) Bernd Posselt – […] Der Kollege Cohn-Bendit hat selbst ein wenig differenziert zwischen selbstverständlichen Europäern und einem Schritt nach Eurasien. Das war eigentlich ein ganz kluger Ansatz. Den hat er aber wieder zunichte gemacht, als er gezielt begonnen hat, diejenigen, die die Lage kritisch sehen, als rassistisch zu diffamieren. Und das weise ich zurück! Mr Cohn-Bendit himself drew a subtle distinction between those who are self-evidently European and a shift towards Eurasia. That was actually a very astute line for him to take, although he then threw his chance away by starting to deliberately and slanderously accuse those who take a critical view of the situation as racists, and that is something I repudiate! De heer Cohn-Bendit heeft zelf een subtiel onderscheid gemaakt tussen natuurlijke Europeanen en een stap in de richting van Eurazië. Dat was eigenlijk een heel verstandig uitgangspunt van hem, dat hij weer tenietdeed toen hij degenen die kritisch tegen de situatie aankijken begon uit te maken voor racisten. Dat werp ik verre van mij! M. Cohn-Bendit a lui-même établi une subtile distinction entre ceux qui sont évidemment européens et un déplacement vers l’Eurasie. C’était réellement intelligent de sa part, même s’il a alors laissé passer sa chance en commençant à qualifier de manière délibérée et calomnieuse de racistes ceux qui adoptent une position critique à l’égard de la situation, et c’est une chose que je récuse. El propio señor Cohn-Bendit ha hecho una sutil distinción entre quienes son manifiestamente europeos y el cambio hacia Eurasia. Ha sido una línea muy astuta por su parte, aunque después ha desaprovechado la oportunidad empezando a acusar de forma deliberada y difamatoria de

––––––– 5

Mes italiques, dans tous les exemples. M.S.

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racistas a quienes adoptan un punto de vista crítico respecto a la situación, y es algo que repudio. L’onorevole Cohn-Bendit stesso ha fatto una sottile distinzione tra chi è evidentemente europeo e uno spostamento verso l’Eurasia. Ha davvero adottato una linea molto intelligente, anche se poi ha sprecato una buona occasione diffamando intenzionalmente coloro che esprimono un parere critico sulla situazione tacciandoli di razzismo. E’ un’accusa che respingo! (Parlement européen: 28 septembre 2005)

D’ailleurs, les versions française et espagnole ne comportent pas de point d’exclamation. L’omission du point d’exclamation est assez fréquente dans les traductions – indépendamment de la langue-cible. On a l’impression que les traducteurs négligent parfois le caractère exclamatif du texte-source. Regardons l’exemple suivant (sujet du débat: le projet de budget général 2006): (3) Richard Seeber – […] Deshalb muss uns klar sein: Man kann nicht mehr Europa für weniger Geld haben! We must not, therefore, be in any doubt about the fact that you cannot have more Europe for less money. Daarom dient ons helder voor ogen te staan dat meer Europa voor minder geld onmogelijk is. Par conséquent, nous ne devons absolument pas douter du fait que moins d’argent ne permet pas d’obtenir plus d’Europe. Por tanto, no cabe duda que no podemos tener más Europa por menos dinero. Pertanto non dobbiamo dubitare: non si può avere più Europa per meno soldi! (Parlement européen: 26 octobre 2005)

Ici, les traducteurs anglais, néerlandais, français et espagnol ont sensiblement réduit le caractère exclamatif de l’énoncé en transformant la proposition principale en proposition subordonnée tout en omettant le point d’exclamation. (Peut-être, l’anglais a-t-il servi de langue-pivot.)

3.2 Structures averbales Le deuxième groupe de nos exemples est composé de structures averbales (syntagmes ou mots isolés). L’exemple suivant comporte une particule exclamative suivi d’un nom – un type de construction qui existe dans toutes les langues citées et qui ne pose donc pas de problème structurel (sujet du débat: l’ouverture des négociations avec la Turquie): (4) Françoise Grossetête – […] Pour rassurer l’opinion publique, le Conseil nous affirme aujourd’hui que la Turquie sera, grâce à cela, très différente. Ou bien alors on nous dit que les conditions de négociation seront tellement difficiles qu’elles feront capoter ces négociations. Quelle hypocrisie!

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Para tranquilizar a la opinión pública, el Consejo sostiene hoy que, a resultas de su adhesión a la Unión Europea, Turquía será muy diferente. O si no, se nos dice, las condiciones de negociación serán tan difíciles que harán naufragar las negociaciones. ¡Qué hipocresía! Per rassicurare l’opinione pubblica, il Consiglio afferma oggi che la Turchia sarà molto diversa quando aderirà all’Unione europea. Poi ci dice che le condizioni dei negoziati saranno talmente difficili da fare affondare i negoziati. Che ipocrisia! In order to reassure public opinion, the Council today maintains that Turkey will be very different as a result of its joining the European Union. Then, we are told that the negotiating conditions will be so difficult as to ruin these negotiations. What hypocrisy! Um die Öffentlichkeit zu beruhigen, erklärt der Rat uns heute, die Türkei werde sich auf diese Weise grundlegend wandeln. Oder man erklärt uns, die Verhandlungsbedingungen seien so schwierig, dass diese Verhandlungen daran scheitern werden. Welche Scheinheiligkeit! Om de publieke opinie gerust te stellen houdt de Raad vandaag vol dat Turkije heel anders zal worden als het tot de Europese Unie toetreedt. Vervolgens wordt ons gezegd dat de onderhandelingsvoorwaarden dermate lastig zullen zijn dat deze onderhandelingen op een mislukking zullen uitlopen. Wat een hypocrisie! (Parlement européen: 28 septembre 2005)

Les phrases exclamatives ‹complètes›, à savoir les phrases verbales introduites par une particule exclamative, si chères aux grammairiens et linguistes, sont rares dans les textessource analysés. Il n’en reste pas moins que, dans l’exemple suivant, les traducteurs anglais, français et espagnol ont transformé l’exclamation averbale du texte allemand en phrase exclamative ‹complète›. Le traducteur italien a choisi une phrase déclarative. Seul le traducteur néerlandais a gardé la structure averbale du texte-source (sujet du débat: liberté et sécurité): (5) Martin Schulz – […] Dazu sagen Sie –und das ist richtig, Herr Clarke–, dass wir verstärkt zusammenarbeiten müssen. Ich zitiere Sie: «In der globalen Welt kann kein Land diese Herausforderungen alleine bewältigen». Sehr richtig! Mr Clarke says, and he is right to do so, that we need to work together more, and I will quote him verbatim: «in our globalised world, no single nation can tackle these problems alone». How very true that is; […]. Daarover zegt u terecht, mijnheer Clarke, dat wij intensiever moeten samenwerken. Ik citeer u: «In onze gemondialiseerde wereld kan geen enkel land deze problemen alleen oplossen». Heel juist! M. Clarke déclare, et à juste titre, que nous devons davantage travailler ensemble, et permettezmoi de le citer: «dans notre monde globalisé, aucun pays ne peut régler ces problèmes seul». Comme cela est vrai; […]. El señor Clarke dice, y tiene razón, que debemos trabajar más juntos, y repito textualmente sus palabras: «en nuestro mundo globalizado, ninguna nación puede abordar estos problemas por sí sola». Cuánta verdad hay en eso; […].

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Ministro Clarke, lei afferma, a ragione, che dobbiamo intensificare la cooperazione. La cito letteralmente: «nel nostro mondo globalizzato, nessun paese è in grado di risolvere questi problemi da solo». E’ proprio vero. (Parlement européen: 7 septembre 2005)

Dans les traductions anglaise, française et espagnole, l’interpellation directe à l’adresse de M. Clarke a été supprimée. Ce procédé renforce le nivellement stylistique dans ces traductions. L’exemple suivant confirmera cette tendance. Cette fois-ci, la langue-source est le français (sujet du débat: le projet de budget général 2006): (6) Gérard Onesta – […] D’abord, je ne veux pas laisser dire dans cet hémicycle, que le Bureau bricolerait, dans l’urgence l’injection en fin d’année des capitaux que nous n’avons pas su utiliser. Non! Il s’agit bien d’une politique à long terme, […]. En primer lugar, no puedo consentir que se diga en esta Cámara que la Mesa improvisaría, en la urgencia, con la inyección a finales de año de los capitales que no hayamos sabido utilizar. Esto no es así. Se trata de una política a largo plazo, […]. Innanzi tutto, non vorrei che si affermi in quest’Aula che, alla fine dell’anno, l’Ufficio di presidenza, in tutta urgenza, potrebbe trovare il sistema per eseguire un’iniezione di capitali con le risorse inutilizzate. Al contrario, questa è una politica di lungo termine, […]. Firstly, I do not wish to let it be said in this Chamber that, at the end of the year, the Bureau might urgently contrive an injection of the capital that we were unable to use. That is not the case. What we are really talking about is a long term policy, […]. Erstens kann ich nicht akzeptieren, dass hier gesagt wird, das Präsidium wolle am Jahresende in aller Eile eine Kapitalabschlagszahlung mit den Mitteln fabrizieren, die wir nicht zu nutzen vermochten. Dies ist ganz und gar nicht der Fall! Es handelt sich vielmehr um eine langfristige Politik, […]. Ten eerste wil ik niet over mijn kant laten gaan wat in dit Parlement wordt beweerd, namelijk dat het Bureau in aller haast zou rommelen, als het aan het eind van het jaar nog een bestemming moet vinden voor de middelen die we niet konden uitgeven. Nee! Het betreft wel degelijk een langetermijnbeleid, […]. (Parlement européen: 26 octobre 2005)

Comme dans l’exemple précédent, il y a un seul traducteur qui a gardé la structure de l’exclamation, d’ailleurs, de nouveau, le traducteur néerlandais. Les traductions vers l’espagnol, l’anglais et l’allemand comportent une phrase déclarative complète (peut-être, l’anglais a-t-il servi de langue-pivot). Le traducteur italien a utilisé un connecteur, al contrario, au lieu de l’exclamation. Ce procédé réduit nettement le caractère expressif du discours.

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Michael Schreiber

4. Conclusion Voici trois remarques en guise de conclusion: 1. Étant donné que la plupart des exclamations dans les discours politiques analysés ont la forme d’une phrase déclarative ou d’une phrase averbale, la traduction ne devrait pas poser de problème d’ordre structurel aux traducteurs dans les langues romanes et germaniques citées. 2. Les différences structurelles entre les textes-source et les textes-cible sont souvent dues à la tendance des traducteurs à niveler le caractère expressif des discours. On pourrait argumenter que ces traductions sont faites pour être lues. Mais ceci est aussi valable pour la version écrite des textes-source dans les comptes rendus. J’ai plutôt l’impression que certains traducteurs sous-estiment la fonction expressive des exclamations, car dans la traduction des questions rhétoriques que j’ai analysée dans une autre étude, la tendance au nivellement stylistique est moins sensible (cf. Schreiber 2009). 3. Je terminerai par une exclamation adressée aux traducteurs: Courage! La traduction des exclamations est un peu comme le loto: c’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros!

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«Quelle hypocrisie!» La traduction des exclamations dans les discours politiques

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Entre Quarto de despejo et Le dépotoir: le journal intime de Carolina Maria de Jesus au Brésil et en France1

1. L’étrange journal de l’écrivain favelada

Quando infiltrei na literatura Sonhava so com a ventura [...] O meu nome circulou a Nação. Surgiu uma escritora favelada. Chama: Carolina Maria de Jesus [...] Depôis começaram a me invejar. E assim, eu fui desiludindo2 (Jesus 1996)

Carolina Maria de Jesus s’est infiltrée dans l’univers littéraire brésilien par la porte des médias. Son entrée fracassante a provoqué des fissures dans la charpente de cette «république des lettres blanches et cultivées», «monde des accords et des crases3» (Lajolo 1996: 10-17). Pour un public avide de spectacles, la presse a offert un phénomène de ventes – la matière d’un best-seller: la favelada qui écrit. Peu de temps après, les médias ont découvert qu’il n’y avait plus grand-chose à en tirer. Carolina a été oubliée au Brésil. La réalisation de son rêve de devenir écrivain l’a entraînée contradictoirement dans un monde de désillusion, et de solitude, mis à jour par le dévoilement du côté pervers du succès. Le spectacle a continué, toutefois, pour le public étranger. En effet, à l’étranger, son oeuvre traçait un tout autre chemin et a été traduite en plusieurs langues, dont le farsi, le japonais, l’allemand, l’anglais, le français, l’espagnol, le néerlandais. Cependant, le récit autobiographique de Carolina de Jesus, dans ses journaux Quarto de despejo (1960), Casa de alvenaria (1961) et Diário de Bitita (1986)4, va à l’encontre de cette autre histoire de l’auteur, que l’on peut lire dans le paratexte des traductions de ses oeuvres, que nous ––––––– 1

2 3

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Travail réalisé grâce au soutien du CNPq (Centre national pour la recherche – Brésil/PDE, no 202395/2006-5). Nous avons ici respecté l’orthographe originale de Carolina Maria de Jesus. Crase en portugais est la contraction de la préposition a et de l’article défini féminin a, marquée par l’accent aigu ‹à›. L’emploi normatif de la crase dans la langue écrite est une marque de maîtrise de la langue cultivée. L’édition française, Journal de Bitita, par la Métailié, date de 1982. Elle a été réalisée à partir des manuscrits que Carolina de Jesus avait confiés à Clélia Pisa, en 1977, peu avant sa mort.

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pouvons entendre dans les émissions radios, dans les films et dans tant d’autres réfractions de sa production. La résolution de ce conflit n’a été possible que dans les pages de cet «étrange journal», selon l’expression de Carolina de Jesus, dans la tension entre fiction et réalité. La part de fiction est donnée par la recherche d’un scénario capable de rendre la trajectoire de sa vie, par la confection d’une trame narrative qui soit à même de reproduire le parcours qui l’a menée de Sacramento à São Paulo. Sa trajectoire se répète dans l’écriture de sa vie, l’écriture de son destin. Depuis son enfance, Carolina avait une obsession pour l’écriture, mais petite fille d’esclave, elle n’avait pu fréquenter l’école que pendant deux courtes années. L’attraction exercée par la grande ville et la nécessité de trouver du travail l’ont conduite à la mégalopole de São Paulo, dans les années 1940/1950, qui représentait à cette époque le coeur du développement et de la modernisation du pays. Toutefois, comme tant d’autres Brésiliens, Carolina a fini par échouer dans la favela: la modernisation était un leurre. C’est en effet à la favela du Canindé, en 1958, que le jeune reporteur Audálio Dantas fera la découverte de l’auteur. Devant l’aubaine de la présence d’un journaliste à la favela, Carolina s’est vantée de tenir un journal. Le jeune reporteur s’est vite rendu compte qu’il avait entre les mains une première. Après avoir examiné les manuscrits de Carolina, Dantas décide de plaider la cause de cette femme noire auprès de la maison d’édition Francisco Alves et réalise donc une édition du journal à partir de vingt cahiers. Cette édition, Quarto de despejo, a vu le jour en août 1960 et est devenue un succès immédiat. L’édition française de cette publication, Le dépotoir5, a été réalisée par les éditions Stock, en 1962, traduite par Violante do Canto. Le dépotoir: le journal d’une favelada se promène dans les rues de la favela et de São Paulo. Dans un seul mouvement, il réunit la boue et les fleurs articulées selon divers moments temporels. La favela est décrite dans ses pires aspects: la violence, l’inutilité de la vie, la répétition du cadre de la faim. Les jours sont retracés selon une linéarité chronologique, comme un registre des faits, toujours les mêmes. Aujourd’hui, plus de 40 ans après la publication de son journal au Brésil, et après l’ostracisme dans lequel est tombée Carolina de Jesus, morte dans sa fermette de Parelheiros, dans les environs de São Paulo, en février 1977, à l’âge de 63 ans, l’intérêt pour l’étude de son oeuvre soulève des questions qui concernent la légitimation et, postérieurement, l’institutionnalisation de son oeuvre. Passée cette première vogue d’engouement, entre 1960 et 1961, l’intérêt témoigné à l’égard de l’oeuvre a continué malgré tout, ce qui explique les raisons pour lesquelles les intellectuels, les chercheurs, les académiciens continuent à étudier son oeuvre et à encourager et soutenir de nouvelles publications. L’oeuvre de Carolina de Jesus subsiste parce qu’elle sécrète une surprise, au-delà de la nouveauté de l’écrivain favelada et de la vente de son histoire en tant que marchandise. L’inusité de l’oeuvre se trouve dans le point de vue d’en bas, dans le langage raturé, aspects par lesquels nous voyons se former dans l’oeuvre le questionnement de la littérature, mais aussi du social. Le langage fracturé de Carolina est composé de vocabulaire classique (elle affirme qu’elle parle et écrit le classique, ce qui à cet égard la rend différente ––––––– 5

Sa continuation, Casa de Alvenaria, en français Ma vraie maison, a été publiée à son tour par les éditions Stock en 1964.

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des autres favelados) et de la syntaxe de la langue orale. Selon Marisa Lajolo (1996: 1017), il s’agit d’un langage fait d’hypercorrection (par l’emploi des pronoms et du vocabulaire précieux) et d’hipoconcordância ‹hypoaccord›. Ce langage montre la contradiction qui est à la base de sa condition: être un écrivain de la favela dans un pays comme le Brésil. Le style précieux de l’auteur (la recherche de mots rares, les inversions, la thématique romantique, comme la nature, l’enfance) est le résultat de l’imitation de la poésie de facture romantique et parnassienne. Désirant l’ascension sociale, et utilisant l’écriture comme échelle, Carolina ne pouvait qu’adhérer aux valeurs dominantes. L’écrivain ignorait toutefois que la vogue précieuse avait succombé au mouvement d’épuration de la langue littéraire initié au Brésil par le mouvement Moderniste, dans les années 1920 (Candido 2003). La singularité de l’oeuvre, au-delà de la spectacularisation de la misère, se trouve dans sa valeur esthétique, qui consiste dans la contradiction du langage, dans la vision interne et d’en bas, dans les répétitions, dans la diversité des langages, dans le caractère imitatif du langage littéraire académique, et, finalement, dans la langue orale. Ce que l’auteur appelle le «portugais classique» est l’imitation des modèles et oeuvres qui ne correspondent plus au goût en vogue. Le témoignage de Carolina est contondant et inhabituel dans nos lettres, mais la valeur esthétique de son oeuvre est au-delà de son contenu. La valeur esthétique est dans la forme. La contradiction que ce langage composite représente est constitutive de l’oeuvre et produit par conséquent l’effet esthétique et sa valeur. Voilà les raisons pour lesquelles, parmi tant d’autres, l’oeuvre de Carolina de Jesus continue à susciter des questions, comme celles que nous posons à présent, dans le domaine de la traduction de son oeuvre en France.

2. L’étrange journal en français: Le dépotoir À partir des caractéristiques du langage littéraire de Carolina de Jesus traitées ci-dessus, il nous faut à présent cerner le contexte de sa traduction en France, en prenant compte de la question suivante: Comment la traductrice rend-elle en français le contexte de la narratrice, ses réflexions sur l’écriture, son langage composite? Pour ce faire, nous allons examiner la traduction mise en oeuvre par Violante do Canto, dans Le dépotoir. Car, en effet, si la verbalisation en français de ce contexte est faite par un langage lisse, homogène, ne reproduisant pas les fractures du langage de Carolina de Jesus, comment alors la traductrice transmet-elle au lecteur 1) le tableau de la misère et de la faim, toujours présente en ce moment de la vie de Carolina, avant la parution de son premier livre; 2) l’espace de la favela en contraste avec la ville de São Paulo, la contradiction São Paulo ‹ville jardin› versus la favela du Canindé; 3) le désir d’écriture de l’auteur, dévoilé par le double jeu / je du narrateur / personnage; 4) les singularités du style de l’écrivain favelada? Cet univers composite qui fait de l’écriture de Carolina quelque chose de très particulier dans l’univers des lettres brésiliennes disparaît-il de l’oeuvre traduite? Si c’est le cas, quel

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intérêt peut-on voir à ce texte traduit en français, surtout en ce qui concerne le public lecteur de 1962, date de la parution de l’oeuvre en France? La base théorique pour l’évaluation et la comparaison des oeuvres de Carolina traduites en français est fondée dans les études de la traduction. En effet, depuis les années 70, avec les études de Even-Zohar, et plus tard, dans les années 80, avec les études de Lefevere, les études de la traduction sortent du cercle linguistique pour s’intéresser à ce qui se trouve autour de la production littéraire, les marges de la littérature, dans ses relations avec le politique, le social, le culturel, et enfin, avec les luttes centre-périphérie. Le critique de Tel-Aviv part des études des formalistes russes et des structuralistes tchèques (Chklovsky, Eikhenbaum) (Even-Zohar 1979). En effet, Even-Zohar souligne l’immense contribution de ces écoles qui, par opposition à l’école de Genève, d’où vient Saussure, ont su accentuer la nature dynamique du système littéraire. À partir de là, EvenZohar réfléchit également sur la place de la traduction dans la formation du système littéraire. La principale question à poser serait: y aurait-il un système littéraire particulier formé à partir des oeuvres traduites? Pour répondre à cela, il faut partir de l’analyse des oeuvres et de ses rapports avec le système dominant, la formation du canon. Selon EvenZohar (1999), l’oeuvre traduite occuperait une place primaire lorsqu’elle influe directement dans la formation du canon local, ou secondaire quand l’oeuvre traduite est adaptée selon les codes en vogue du système d’arrivée. Dans le dernier cas, le traducteur essaie de retrouver des modèles déjà prêts pour le texte traduit, il adapte donc le texte étranger aux normes de traduction déjà existantes (Milton 1998). Par exemple, la quatrième de couverture de la première édition du Dépotoir exhibe un texte, sans signature, que nous devons sans doute attribuer à l’éditeur, où il est fait un rapprochement entre ce journal et l’oeuvre très connue de la jeune Anne Franck: C’est aussi que Le dépotoir est un livre exceptionnel, un témoignage d’un intérêt humain aussi indiscutable que le journal d’Anne Franck par exemple.

Il est évident que la position que les traductions de littérature brésilienne occupent dans le système littéraire français est secondaire, le traducteur adéquant la plupart du temps les textes à sa propre langue. La publication en France de Carolina de Jesus est le résultat de la supervalorisation de deux aspects liés à la production de son oeuvre: le premier est le poids de son témoignage, et le deuxième, en étroite relation avec le premier, est le fait que ce témoignage se soit transformé en best-seller. C’est ce que montre le paratexte de l’oeuvre française: aussi bien la couverture, exhibant une photo de l’auteur dans la favela, que la préface de Dantas, la quatrième de couverture, les autres photos et les illustrations, tout semble converger vers la formation d’une image chez les lecteurs français, celle de la pauvresse qui écrit. Venutti (2002: 235) souligne que le coût de la traduction incite les maisons d’édition à investir dans la traduction de best-sellers de façon à garantir un succès de ventes. L’observation n’est pas négligeable par rapport à cette première traduction de Carolina de Jesus en France, car Venutti affirme que la tendance dans l’investissement de best-sellers est devenue prédominante au point d’attirer l’attention des maisons d’édition vers les textes étrangers qui ont obtenu un succès commercial dans leur culture d’origine, de sorte que le processus éditorial et de traduction soit orienté par l’espoir d’une performance semblable dans une langue et culture différentes (Venutti 2002: 236).

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Malgré cela, la force du témoignage de Carolina doit également être prise en compte. Le contexte d’ouverture politique, de démocratisation, et d’effervescence culturelle de ce début des années 1960 au Brésil précédait aussi l’oeuvre. Le monde entier voulait entendre la voix qui était arrivée à percer la frontière entre la favela et la ville, d’où toutes ces traductions en boucle. Le lancement du journal de la favelada, donc, en plus du simple succès médiatique, doit être compris comme un événement dans le sens où, finalement, et pour la première fois, un témoignage de la vie des favelas d’Amérique du Sud, authentique et sans médiation, serait à la portée de tous. Le phénomène de la femme noire, pratiquement illettrée, qui délivrait le témoignage de son expérience de vie, dans la misère la plus absolue, choquait et attirait les lecteurs du monde entier. Publier ses journaux relevait alors plus d’un intérêt humain, que simplement de l’appât du gain. L’édition française est précédée de la présentation de Audálio Dantas, qui appelle Carolina de Jesus «ma soeur» et lui attribue les qualités d’une journaliste. Cette préface, traduite en français, servait à présenter l’oeuvre au public brésilien. Elle remplira le même rôle, cette fois-ci, pour le public français. La traduction maintient également les illustrations du plasticien brésilien Cyro del Nero, et dans la préface, les photographies, prises par Audálio Dantas, de Carolina dans sa baraque, le numéro 9 de la rue A, et de la favela du Canindé. Les clichés ainsi que les gravures dépeignent l’univers de désespérance de la favela et la réalité de la faim, «la jaune», comme Dantas la nomme dans sa préface, et confèrent de l’authenticité au récit. Le sous-titre, journal d’une favelada, attire l’attention du lecteur vers l’origine sociale de l’auteur. Le paratexte de ce premier journal publié servait de bouclier à de possibles attaques contre la publication, mais servait surtout à créer la légende de la poète des pauvres. Malgré toutes ces cartes de visite autour de l’oeuvre, certains critiques ont mis en cause l’authenticité de l’oeuvre et ont attribué le lancement de ses oeuvres à la mauvaise conscience des intellectuels brésiliens.6 La traduction du journal de la favelada a été réalisée par Violante do Canto, traductrice connue du portugais du Brésil et spécialiste en littérature brésilienne et portugaise en France. À l’époque, le début des années 60, elle écrivait pour le Magazine littéraire. Dans Le dépotoir, il n’y a aucune référence du traducteur à propos de son approche du texte. En réalité, le travail de la traductrice consiste basiquement à mettre dans un français homogène et correct le quotidien de la favelada brésilienne, tout en voulant donner l’illusion au lecteur francophone que ce style est exactement celui de l’auteur. Dantas, l’éditeur du texte original, affirme dans sa préface qu’il n’a pas changé l’écriture de Carolina: Le journal aujourd’hui publié occupe vingt cahiers [...]. J’ai choisi des passages, sans en changer un seul mot, pour composer le livre. [...] Je dois avouer que, dans certains passages, j’ai dû mettre par-ci par-là une virgule, pour éviter une fausse interprétation du texte. [...] Tous les noms qui sont cités sont authentiques. (Dantas 1962: 16)

Nous savons, toutefois, qu’il y a apporté quelques modifications, surtout par rapport au vocabulaire précieux, comme le constate le travail comparatif du manuscrit et du texte ––––––– 6

Cf. De Sousa, Germana H. P. [s.a.]: Carolina Maria de Jesus: o estranho diário da escritora viralata. Thèse de doctorat, Université de Brasília-UnB., encadrée par Bastos, Hermenegildo, soutenue le 07/12/2004. Non publiée.

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publié réalisé par le chercheur Elzira Divina Perpétua.7 L’intention de Dantas était de rendre l’écriture de Carolina de Jesus plus proche de celle que le public attendait d’une favelada. La traductrice n’a peut-être pas le même objectif, mais elle n’essaye pas de reproduire en français ce mélange d’anachronisme et de langage populaire, comme nous pouvons le réaliser par l’exemple ci-dessous: Langue source: (Quarto de despejo, 13) Passei o dia indisposta [...]. A noite o peito doia-me [...]. Procurei meu filho João José. Êle estava na rua Felisberto de Carvalho, perto do mercadinho. O onibus atirou um garoto na calçada e a turba afluiu-se. Êle estava no nucleo. Dei-lhe uns tapas e em cinco minutos êle chegou em casa. Ablui as crianças, aleitei-as e ablui-me e aleitei-me. Esperei até as 11 horas, um certo alguem. Êle não veio. Tomei um melhoral e deitei-me novamente. Quando despertei o astro rei deslizava no espaço. Langue d’arrivée: (Le dépotoir, 19-20) Toute la journée, je me suis sentie mal fichue [...]. Le soir, la poitrine me faisait mal [...]. J’ai cherché partout mon fils João José. Il était dans la rue Felisberto de Carvalho, près du marché. L’autobus avait renversé un gosse sur la chaussée, les gens s’étaient attroupés et João était au beau milieu. Je lui ai donné une gifle, et cinq minutes plus tard il était à la maison. J’ai lavé les enfants, je les ai couchés, je me suis lavée et je me suis couchée. J’ai attendu jusqu’à onze heures, un certain quelqu’un. Il n’est pas venu. J’ai pris un cachét et je me suis recouchée. Quand je me suis réveillée, l’astre roi glissait dans l’espace.

En effet, le texte en langue source illustre bien le langage fracturé de Carolina de Jesus, avec les inversions pronominales (deitei-me, dei-lhe), le vocabulaire précieux (les verbes pronominaux aleitar-se, abluir-se, afluir-se), le lyrisme et les métaphores (o astro rei deslizava no espaço), l’emploi de vocabulaire du portugais normatif, standard (le verbe despertar pour acordar; atirar pour jogar; l’adjectif indisposta pour doente). Cela correspond à l’aspect d’hypercorrection du texte de Carolina de Jesus. Il faut souligner, d’autre part, l’orthographe de certains mots, où il manque les accents toniques (doia-me pour doía-me; onibus pour ônibus, etc). Ce mélange de lyrisme, vocabulaire classique, orthographe et syntaxe problématiques rend le texte de Carolina unique, car ce langage composite évoque le locus d’énonciation de l’auteur et tient lieu de signature poétique. Le texte en langue d’arrivée, cependant, efface les aspérités du style, en traduisant en français standard, voire familier, le vocabulaire précieux ou classique du portugais du Brésil tel qu’il est employé par l’auteur: mal fichue pour indisposta; gosse pour garoto; les gens pour turba; et les formes verbales attroupés pour afluiu-se; lavé(s) et couché(s) pour ablui (-me) et aleitei (-me, -as). Le vers lyrique, avec sa métaphore classique «astre roi», ––––––– 7

Perpétua, Elzira Divina (2000): Traços de Carolina Maria de Jesus: gênero, recepção e tradução de Quarto de Despejo. Thèse de Doctorat soutenue à Belo Horizonte: UFMG. FALE. Inédite.

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est, toutefois, maintenu. La traduction de do Canto rajoute donc une couche vers la spectacularisation de la vie misérable de Carolina Maria de Jesus. Au lieu de la voix authentique de l’auteur, chargée des fractures inhérentes à sa condition sociale de femme noire, habitant les marges de la ville, nous avons la voix de la traductrice qui essaie de renvoyer au public lecteur français une image de cette misère, certes, mais sans rehausser les aspects formels de la lutte pour l’inclusion sociale et dans le système littéraire menée par l’auteur brésilienne. Nous avons donc ici un appauvrissement du style de l’auteur, et une simplification du phénomène Carolina Maria de Jesus. Par ailleurs, le texte étant ponctué de notes du traducteur (quarante-deux au total), le lecteur se rend vite compte qu’il s’agit bien d’un texte traduit et des difficultés de cette traduction. Les notes du traducteur (NdT) jalonnent la lecture rappelant au lecteur le travail de la traduction. Par les notes, nous retrouvons la voix du traducteur qui se superpose à celle de l’auteur pour contrôler le sens du texte. Pour Genette (1987), la NdT est également un paratexte. Ce texte en marge est un lieu privilégié où le lecteur peut entendre la voix du traducteur. En effet, la NdT renvoie le lecteur au travail de lecture préalable réalisé par le traducteur et exhibe le savoir encyclopédique, la recherche autour du texte, mis en oeuvre pendant cette quête de la maîtrise du sens. Dans le cas présent, les NdT font référence à un certain vocabulaire laissé en portugais dans le texte: toponymes, anthroponymes; et aussi des mots qui renvoient au quotidien de la favela, et à l’univers linguistique et culturel brésilien, tels que pinga, favelados, entre autres. Les notes peuvent donc être subdivisées en 4 catégories: 1)

Toponymes (noms de rues et de villes), noms et prénoms de politiciens ou de personnages de l’histoire brésilienne, tels que Carlos Lacerda, Adhemar de Barros, Janio Quadros, Juscelino Kubistchek, Lampião;

2)

Éléments lexiculturels: sabia, feijoada, pinga, caipirinha, Zé, favela, batucada;

3)

Dates historiques, telles que celle de l’abolition de l’esclavage;

4)

Sigles, tels que I.A.P.T.C., C.M.T.C.

Les NdT de type 1 et 2 constituent la majorité. Le journal de Carolina de Jesus étant non seulement un registre de sa vie personnelle, mais également un registre de la vie politique du pays, il contient une grande série de références aux personnalités qui dominaient la scène politique de l’époque. L’auteur consignait ces événements politiques comme une forme de dénonciation de l’injustice sociale dans laquelle elle vivait au Canindé. L’autobiographie ici croise l’hétérobiographie: le pays, le monde, est vu par la vision interne de la narratrice / protagoniste. En ce qui concerne les notes de type 2, ces éléments lexiculturels constituent très souvent un obstacle à la traduction. Selon Fabrice Antoine Le lexiculturel est donc ce qui, au-delà des mots, des lexies, s’actualise spontanément chez le locuteur natif. Le lexiculturel appartient donc au non-dit, et il constitue […] une sorte de valeur ajoutée aux mots. (apud Henry 2000: 235)

Par cet effort d’explication des éléments lexiculturels, la traductrice essaie de rapprocher le lecteur français de l’univers linguistique et culturel de l’auteur. Il s’agit d’une manoeuvre

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de séduction de ce public, une espèce de rappel du locus d’énonciation de l’auteur. Ce faisant, toutefois, la traductrice renvoie aussi le lecteur à son propre discours; les explications de vocabulaire constitutives de ces notes de type 2 sont facilement trouvables dans un dictionnaire, pour la plupart. Les notes, plus les présentations, les préfaces et la quatrième de couverture, tout le paratexte, en somme, exprime déjà cette étrangeté du journal. C’est donc par cette légitimation du paratexte, qui confère de l’authenticité au témoignage de Carolina, les notes du traducteur y comprises, que l’on retrouve une certaine compensation à cette quasiimpossibilité de la traduction de recréer les fractures du langage composite de Carolina Maria de Jesus.

Bibliographie Candido, Antonio (1997): Formação da Literatura Brasileira – Momentos decisivos. Rio de Janeiro: Itatiaia. – (2003): Literatura e subdesenvolvimento. In: A educação pela noite e outros ensaios. São Paulo: Ática. Dantas, Audálio (1962): Préface. In: Jesus, Carolina Maria de: Traduction française par Violante do Canto: Le dépotoir. Paris: Stock. Even-Zohar, Itamar (1979): Polysystem Theory. In: Poetics Today 1, 1-2, 287-310. Traduction Teoria del Polisistema realisée par Ricardo Bermudez Otero. In: Poetics Today 11, 1, 9-26. – (1999): La posición de la literatura traducida en el polisistema literário. Traduit par Montserrat Iglesias. In: Iglesias, Montserrat (ed.): Teoría de los polisistemas, Estudio introductorio. Madrid: Arco, 223-231. Genette, Gérard (1987): Seuils. Paris: Éditions du Seuil. Henry, Jacqueline (2000): De l’érudition à l’échec: la note du traducteur. In: Meta XLV, 2. Jesus, Carolina Maria de (1960): Quarto de despejo. São Paulo: Francisco Alves. Traduction française par Violante do Canto (1962): Le dépotoir. Paris: Stock. – (1961): Casa de alvenaria. São Paulo: Francisco Alves. Traduction française par Violante do Canto (1964): Ma vraie maison. Paris: Stock. – (1986): Diário de Bitita. Rio de Janeiro: Nova Fronteira. Publication française (1982): Journal de Bitita. Paris: A.M. Métalié. – (1996): Meu estranho diário. Levine, Robert / Meihy, José Carlos Sebe Bom de (edd.). São Paulo: Xamã. Lajolo, Marisa (1996): Poesia no Quarto de despejo, ou um ramo de rosas para Carolina. In: Meihy, José Carlos Sebe Bom de (ed.): Antologia Pessoal, poemas de Carolina de Jesus. Rio de Janeiro: Ed. UFRJ. Lejeune, Philippe (1996): Le pacte autobiographique. Paris: Ed. du Seuil. Milton, Jonh (1998): Tradução: teoria e prática. São Paulo: Martins Fontes. Oliveira, Ubiratan (1996): O polissistema literário identificado por Even-Zohar. Literatura comparada: diálogos e tendências. In: Organon – UFGRS, Vol. 10, 24. Venutti, Lawrence (2002): Escândalos da Tradução. Bauru-SP: EDUSC.

Aina Torrent-Lenzen

Hacia una teoría de la traducción de fraseologismos (tomando como ejemplo el par de lenguas español-alemán)

1. Introducción: objetivos y método El objetivo del presente estudio es analizar algunos aspectos de la traducción de fraseologismos del español al alemán.1 Concretamente, se tratarán las técnicas de traducción2 más usuales y los principales problemas que comporta la búsqueda de binomios fraseológicos equivalentes.3 Nuestras reflexiones se basan en gran parte en la perspectiva que ofrece la lingüística pragmática, disciplina esencial cuando se investiga en el campo de la fraseología, tal como señalan Kühn (1985; 1994), Wotjak (1983: 67), Zybatow (1998: 152) y otros autores. Ante todo cabe delimitar las unidades fraseológicas que se van a considerar, pues sabido es que la fraseología constituye un ámbito lingüístico no discreto. De acuerdo con una visión lo más amplia posible dentro de una definición estricta de la fraseología (cf. Ruiz 1997: 63-71; Zybatow 1998: 149), se tendrán en cuenta fraseologismos con un mínimo de idiomaticidad. Por el contrario, no se tratará la traducción de refranes, colocaciones ni tampoco de unidades fraseológicas con función denotativa identificadora.4 Se propone aquí una definición de fraseologismo idiomático (término equivalente a locución y a unidad ––––––– 1

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Aunque el término fraseologismo no aparece en las obras normativas es frecuentemente utilizado por diversos autores. Bajo técnicas de traducción entendemos aquellos «[p]rocedimiento[s] visible[s] en el resultado de la traducción, que se utiliza[n] para conseguir la equivalencia traductora a microunidades textuales» (Hurtado 22004: 642). En el presente estudio, se seguirán en gran parte las pautas terminológicas que ofrece la obra de Amparo Hurtado Albir (22004). Igualmente, se ha tenido en cuenta la terminología utilizada en los estudios sobre la teoría de la traducción de fraseologismos indicados en la Bibliografía. Por binomio fraseológico entendemos un grupo de dos unidades fraseológicas, una en la lengua original (LO) y otra en la lengua terminal (LT), que el traductor considera como posibles equivalentes, independientemente de si verdaderamente lo son o no. Los refranes, las colocaciones y las locuciones con función denotativa identificadora entrarían en una concepción lata de la fraseología (cf. Ruiz 1997: 56-63). Sobre el término locución con función denotativa identificadora, cf. Torrent-Lenzen / Uría Fernández (2006: 172-174) y TorrentLenzen (2007): se trata de los llamados términos, los cuales comprenden también los innumerables objetos de la vida cotidiana; Corpas Pastor (2000a: 494) los denomina locuciones conceptuales denominativas; sobre el tema, cf. igualmente Burger (22003: 48-49) y Ruiz (1997: 108).

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fraseológica (UF) idiomática) basada en la que ofrecen Ruiz (1997: 74, 99), Seco et al. (2004: XII) y Zybatow (1998: 149): un fraseologismo idiomático es una agrupación más o menos fija de palabras que asume una función gramatical determinada (nominal, adjetiva, verbal, etc.) y cuyo significado no puede deducirse necesariamente de los significados de sus componentes.5 La experiencia práctica que me permite tratar este campo traductológico es el diccionario español-alemán de fraseologismos idiomáticos del español de España que estamos elaborando un equipo vinculado a la Universidad de Ciencias Aplicadas de Colonia (Fachhochschule Köln) e integrado por una lingüista, autora de este artículo y directora del proyecto, y cuatro traductores licenciados.6 En nuestro diccionario, concebido como de descodificación, todas las unidades fraseológicas vienen acompañadas de ejemplos procedentes de Internet, los cuales figuran en versión bilingüe: ello constituye el corpus sobre el que se ha trabajado en la elaboración de este estudio.7 Está claro que la traducción de fraseologismos encierra dificultades, sobre todo por el hecho de que estos disponen de un significado semántico complejo (cf. Kühn 1994: 421) y, en gran parte, potencial (cf. Broeck 1981: 82; Koller 1994: 359; 2007: 607), lo cual significa que no denotan de manera directa y precisa (cf. Koller 1994: 364-365), y porque las lenguas no coinciden en relación con las imágenes metafóricas que son la base de la mayoría de las locuciones (cf. Broeck 1981: 73), con lo cual es difícil establecer una relación absolutamente equivalente en todos los sentidos (cf. Wotjak 1983: 72).

2. Clasificaciones de la equivalencia traductora Dos de los puntales terminológicos de la traductología son el concepto de equivalencia por un lado y la diferenciación del mismo por otro (cf. Hurtado 22004: 203-204), pues aunque en principio lo más esencial sea la equivalencia de contenido o equivalencia denotativa –esto es, la identidad con la realidad descrita–, en relación con determinadas unidades de traducción8 y en determinados contextos puede ser preferible optar por otras

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Vemos, pues, que las características esenciales de las locuciones son la fijación y la idiomaticidad, si bien estos dos rasgos se presentan en una u otra unidad en grado muy diverso (cf. Ruiz 1997: 74). La fijación no siempre implica idiomaticidad, pero un alto grado de idiomaticidad siempre implica un alto grado de fijación (cf. Ruiz 1997: 103). Por orden alfabético: Jutta Beßler, Michael Erkelenz, María Teresa Marín Martínez y Lucía Uría Fernández. Cf. una presentación del proyecto en Torrent-Lenzen (2007). Los objetivos didácticos de nuestro diccionario nos permiten modificar ligeramente los ejemplos procedentes de Internet: por regla general, mejoramos la ortografía y acortamos las oraciones para hacerlas entendibles en un contexto más reducido. La unidad de traducción es un grupo de signos con un determinado valor comunicativo (cf. Hurtado 22004: 234-237; Zuluaga 1999: 538) que al traducir es considerado de modo unitario por el traductor; su estructura puede ser muy variable (cf. Hurtado 22004: 234-273).

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clases de equivalencia (cf. Hurtado 22004: 212): diasistemática, figurativa, connotativa, etc.9 En estrecha relación con este aspecto que acabamos de exponer se dan distintos grados de equivalencia (cf. Hurtado 22004: 212). En las investigaciones teóricas sobre la traducción de fraseologismos se recalca que los grados de equivalencia constituyen un continuum que va de la equivalencia total o plena hasta la ausencia de equivalencia (cf. Corpas Pastor 2000a: 490), dándose las llamadas equivalencia plena, equivalencia parcial y equivalencia nula (cf. Corpas Pastor 2000a: 516; Koller 2007: 605), términos que, en nuestra opinión, son de productividad muy distinta según si se utilizan desde el punto de vista de la fraseología contrastiva o desde el punto de vista de la teoría de la traducción. En el presente estudio definimos la equivalencia fraseológica plena desde el punto de vista de la pragmática en función del valor comunicativo total (cf. Wotjak 1983: 71) que pueda tener la solución traslaticia en relación con una unidad de traducción que contenga un fraseologismo.

3. Reproducción fraseológica y equivalente desfraseologizado Existen dos tipos básicos de equivalentes para la traducción de fraseologismos en lo que a la forma o estructura interna se refiere: la reproducción fraseológica (o equivalente fraseológico)10 y el equivalente desfraseologizado (el cual, en nuestra teoría, puede constar de más de una palabra).11 Por ejemplo, como tres en un zapato podría corresponder a wie die Sardinen in der Büchse (equivalente fraseológico); y a zurdas podría corresponder a mit der linken Hand (equivalente desfraseologizado). Veamos un ejemplo de cada caso: Íbamos ––––––– 9

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Por ejemplo, en la siguiente oración importa reproducir el efecto retórico-comunicativo, humorístico y ligeramente irónico, relacionado con las implicaturas convencionales de la lítotes, que constituye la estructura base de la locución no quedarse manco: En relación con la hospitalidad, no nos quedamos mancos (propuesta de traducción: Gastfreundlich sind wir auf jeden Fall). El reforzamiento de la idea asertiva afirmativa que implica la locución española a través del procedimiento retórico de negar la idea contraria es expresado en alemán a la perfección con el fraseologismo adverbial auf jeden Fall. En cambio, en el siguiente ejemplo importa reproducir el valor emotivo que adquiere la UF esperar el santo advenimiento en este contexto concreto: Estoy yo aquí esperando el santo advenimiento hasta que me den las notas del examen, porque de ello depende totalmente lo que vaya o pueda hacer en el futuro (traducción propuesta: Bevor ich nicht endlich diese verdammten Noten bekomme, kann ich im Hinblick auf meine Zukunft nichts entscheiden). Obsérvese, en este último ejemplo, que no hemos reproducido la ironía implícita en la locución esperar el santo advenimiento. Consideramos que al traducir locuciones importa ante todo reproducir la ironía cuando esta descansa en el uso que se hace de la locución. Es en la traducción mediante el equivalente fraseológico donde interviene la fraseología contrastiva como punto de partida (cf. Koller 2007: 605). Un resumen de las distintas técnicas de traducción según los diversos autores lo encontrará el lector en van Lawick (2006: 101-109).

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sentados en el seiscientos como tres en un zapato (propuesta de traducción: Wir saßen im Seat 600 zusammengedrängt wie in einer Sardinenbüchse); Pedro toca la guitarra a zurdas, con las cuerdas al revés (propuesta de traducción: Pedro spielt Gitarre mit der linken Hand und der umgekehrten Saitenanordnung).

3.1 El equivalente fraseológico Imaginándonos casos ideales de equivalencia plena, al traducir un fraseologismo en principio habría que procurar que se dieran el mismo significado denotativo y connotativo, la misma base metafórica, la misma frecuencia de uso, las mismas implicaturas y las mismas restricciones diasistemáticas (cf. Corpas Pastor 2000a: 490-491). Está claro que es la solución óptima al traducir, pero, tal como señala Wotjak (1983: 72), este tipo de equivalencia fraseológica es muy raro. Ejemplos de equivalencia plena entre el español y el alemán serían los binomios pasar un ángel y ein Engel fliegt durchs Zimmer o estar con el agua al cuello y jmdm. steht das Wasser bis zum Hals.

3.2 Los falsos amigos fraseológicos La búsqueda de un equivalente fraseológico comporta el consabido problema de los falsos amigos. Numerosos investigadores han criticado una y otra vez la tendencia del traductor a buscar correspondencias fraseológicas, también cuando estas son inapropiadas (cf. Corpas Pastor 2000a: 502). Ello ocurre porque el traductor se empeña en querer reproducir la base figurativa. De ahí la importancia de postular la prioridad de la equivalencia en relación con el valor comunicativo total.12 De acuerdo con Corpas Pastor (2000b: 117, 120 y 124), llamaremos filtro al análisis que permitirá detectar falsos amigos fraseológicos y en el que habrá que considerar todos los elementos semántico-pragmáticos fraseológicos y contextuales. Un caso típico de falsos amigos fraseológicos entre el español y el alemán lo constituye el binomio saber dónde le aprieta el zapato una persona y [wissen,] wo jmdm./jmdn. der Schuh drückt. El parecido de los campos semánticos activados es grande. No obstante, la UF alemana hace referencia a penas, problemas, etc., mientras que en la UF española se habla de límites, no vividos necesariamente como algo negativo; este último punto redondea el significado de la UF española, en la cual interviene el aspecto semántico culminante de «saber-qué-le-conviene-a-uno-a-partir-de-laslimitaciones-dadas». En el ejemplo siguiente se ve claramente que es imposible emplear la locución alemana en la traducción: Cada persona sabe dónde le aprieta el zapato, los ––––––– 12

La base figurativa puede cobrar especial importancia según el tipo de texto o el autor. El estudio de Heike van Lawick (2006), por ejemplo, muestra la necesidad de respetar la base figurativa al traducir a Bertolt Brecht, un autor que trabaja con numerosos somatismos, los cuales forman parte de su universo simbólico. Del mismo modo, el estudio de Werner Koller (2007: 609-610) analiza hasta qué punto pueden variar los criterios a este respecto según si el texto original es un texto literario o un texto informativo.

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excesos con la comida siempre son malos (propuesta de traducción: Jeder sollte seine eigenen Grenzen kennen. Maßloses Essen ist auf jeden Fall ungesund).

3.3 El equivalente fraseológico contextual En la búsqueda de binomios fraseológicos equivalentes, ocurre en numerosos casos que una determinada UF de la LT es plenamente equivalente pero solo en algunos contextos, mientras que en otras situaciones da lugar a traducciones claramente incorrectas. Teniendo en cuenta este hecho, proponemos la introducción de un nuevo término en la teoría de la traducción de fraseologismos, que sería el de equivalente fraseológico contextual, el cual vendría a ser el reverso de lo que podríamos llamar falsos amigos fraseológicos contextuales. Por ejemplo, la UF española todo se andará en principio no corresponde a la UF alemana alles zu seiner Zeit, puesto que en la locución alemana intervienen los significados «algo-no-tiene-que-suceder-en-el-ahora» y «todo-tiene-que-venir-a-su-debido-tiempo» (cf. Drosdowski / Scholze-Stubenrecht 1998: 638), esto es, la ocurrencia con demasiada anterioridad de un hecho podría ser algo negativo, desfavorable, etc. En cambio, la locución española expresa simplemente la esperanza de que todo llegue algún día (en principio, cuanto antes mejor), tal como puede comprobarse en el siguiente ejemplo: Me gustaría tener un trabajo para no tener que vivir de mis padres, pero bueno, todo se andará (propuesta de traducción: Ich hätte gerne einen Job, um nicht mehr von meinen Eltern abhängig zu sein. Aber was soll’s, der Tag wird kommen). No obstante, se dan contextos en los que una traducción con alles zu seiner Zeit sería posible: A–¡¿Todavía vives de tus padres?! ¡¿Y por qué no te buscas un trabajo?! B–Todo se andará: de momento, tengo otros problemas más importantes, y en la vida hay que saber establecer prioridades (propuesta de traducción: A–Du lässt dich noch immer von deinen Eltern finanzieren! Und warum bitte suchst du dir keinen Job? B–Alles zu seiner Zeit! Im Moment habe ich ganz andere Probleme und man muss eben im Leben Prioritäten setzen). Aquí es el interlocutor A, que no emplea la UF, quien considera que algo debería tener lugar en el ahora, mientras que B, quien usa la UF en su réplica, piensa que no debería de ser así necesariamente. Es, en realidad, su uso en esta réplica y en este contexto interactivo concretos lo que añade a la UF española el valor semántico de «no-debe-ser-ahora-necesariamente», que está muy cerca del significado de la UF alemana de «debe-ser-más-tarde», contenido que, en principio, la locución española no tiene. Las consideraciones expuestas anteriormente muestran que algunos fraseologismos contienen información semántica que puede ser activada o desactivada según el contexto. Para referirse a esta capacidad que tienen las locuciones de adaptar su significado al contexto, algunos autores emplean el término fraseoactividad propuesto por Gréciano (1994), si bien en su estudio esta autora analiza ante todo aspectos estilísticos. De todos modos, la equivalencia fraseológica contextual no siempre se da motivada por la flexibilidad semántica de las locuciones. Consideremos, por ejemplo, los binomios acabar en el arroyo / in der Gosse landen y sacar a alguien del arroyo / jmdn. aus der Gosse ziehen: la UF alemana se asocia necesariamente al consumo de drogas, a la prostitución o al alcoholismo, mientras que la española no, siendo posibles oraciones del tipo: Muchos

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licenciados en paro acaban en el arroyo (propuesta de traducción: Viele arbeitslose Akademiker enden in absoluter Armut), si bien la referencia al mundo de las drogas, de la prostitución y del alcoholismo también viene posibilitada por la UF española, tal como lo muestra el siguiente ejemplo: Nuestra fundación ha sacado del arroyo a decenas de prostitutas y les ha dado un hogar (propuesta de traducción: Unsere Stiftung hat schon viele Prostituierte aus der Gosse gezogen und ihnen ein Zuhause gegeben). En este caso, la equivalencia contextual se da por el hecho de que el significado de la UF española es más amplio que el de la alemana.

4. Otras técnicas Otras técnicas para la traducción de fraseologismos serían la modificación creativa de una locución ya existente en la LT13, la omisión (cf. Corpas Pastor 2000b: 128-129), técnica que en la gran mayoría de los casos se debería compensar14, la invención de un fraseologismo y el calco, técnica esta última que consiste en reproducir el esquema semántico-conceptual de la UF del original en el texto en LT.15 El calco es fuente de creación neológica, tal como recalca Corpas Pastor (2000a: 493, 510); no obstante, es evidente que solo es viable cuando hay coincidencia de determinados valores culturales. Así pues, difícilmente se obtendría un efecto parecido al del texto en LO si se tradujera al alemán, mediante un calco, la locución española como un ajo para expresar la seriedad de una persona. La inviabilidad del calco se hace patente de manera especial justamente en la traducción de locuciones de estructura comparativa (como un ajo, como una cabra, etc.). Ello se debe a que el significado de una UF de estructura comparativa se concentra en los valores metafóricos asociados con el dominio origen (esto es, la cabra, el ajo, etc.), los cuales cambian enormemente de una cultura a otra (cf. Schäffner 1998: 281, 284). Tal como acabamos de ver y como señalan Corpas Pastor (2000b: 128-129) y Wotjak (1983: 56, 72-73), la compensación es una importante técnica en la traducción de fraseologismos, que aquí valoraremos como solución adicional y que consiste en compensar las pérdidas motivadas por una equivalencia parcial o por una omisión añadiendo en otro lugar del texto la información en cuestión. Cabe diferenciar entre diferentes tipos de compensación, la cual puede ser, entre otras cosas, emotiva (por ejemplo: Mi vecina me pone a cien. Siempre está metiendo las narices en cosas que no le incumben; traducción propuesta: Meine Nachbarin ––––––– 13

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Veamos un caso de modificación creativa en relación con el ejemplo: La maestra se quedó seria como un ajo al enterarse de nuestra jugarreta, para cuya traducción proponemos modificar la locución alemana dumm aus der Wäsche gucken: Die Lehrerin guckte bitterböse aus der Wäsche, als sie von unserem Streich erfuhr. Cf., a continuación, un ejemplo de omisión compensada: ¿Por qué me has quitado todos los pósters de la pared, vamos a ver? (traducción propuesta: Kannst du mir mal bitte verraten, warum du alle meine Poster von der Wand genommen hast?). No presentamos ejemplos ni de la invención ni del calco por no aparecer estas técnicas en el corpus que hemos utilizado.

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macht mich wahnsinnig. Sie steckt ihre Nase immer in fremde Angelegenheiten. Die ist echt unmöglich)16, figurativa, rítmica, etc. La compensación también puede consistir en reproducir fraseologismos donde no los hay en el original (cf. Koller 1994: 361).

5. Conclusión A modo de conclusión, vamos a resumir las principales ideas expuestas. En una teoría de la traducción de fraseologismos, cabrá distinguir, en relación con las técnicas de traducción, entre el equivalente fraseológico y el equivalente desfraseologizado. Otras técnicas posibles son el calco, la manipulación, la invención y la omisión (compensada). Consideramos la compensación como una técnica adicional fundamental. Igualmente, hemos resaltado la importancia del contexto a la hora de determinar el significado de las unidades fraseológicas y de encontrar soluciones traslaticias y nos atrevemos a postular que una relación de equivalencia entre un binomio fraseológico dado en la gran mayoría de los casos no existe independientemente del contexto. Por lo que respecta a las relaciones de equivalencia que se establecen en la búsqueda de binomios fraseológicos hemos propuesto la introducción de un nuevo término, el de equivalencia fraseológica contextual: pensamos que puede enriquecer la teoría de la traducción de fraseologismos y ser útil para el trabajo del traductor.

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En nuestro trabajo científico con el uso de fraseologismos hemos podido observar que la locución española meter las narices tiene connotaciones fuertemente insultantes que no tiene necesariamente la alemana seine Nase in etwas [hinein]stecken.

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Daniel Vázquez Touriño / Petr Polák

De marionetas españolas a robots centroeuropeos: la traducción y la puesta en escena de El señor de Pigmalión en Praga

El trabajo que aquí presentamos recoge los primeros resultados de una investigación que no ha hecho más que comenzar y cuyo objetivo es registrar el éxito de la obra El señor de Pigmalión en Europa para poder ahondar en algunas de las características del llamado teatro de vanguardia en España. Esta comunicación se centrará, por tanto, en la versión que se llevó a cabo de esta obra en el Teatro Nacional de Praga en septiembre de 1925, bajo el impulso de Karel Čapek, el dramaturgo checo más importante del período de entreguerras y uno de los intelectuales clave del movimiento expresionista en Europa Central. Lo que aquí se pretende es analizar la forma en que los castizos muñecos que aparecen en la obra experimental del escritor catalán se adaptan al ideario expresionista del escritor que dio al mundo el término robot.

El señor de Pigmalión, fortuna y significado Francisco Ruiz Ramón (101976), en su Historia del teatro español clasifica a Jacinto Grau (Barcelona, 1887 – Buenos Aires, 1958) entre los autores innovadores del período anterior a la Guerra Civil. En efecto, Grau, al igual que Valle-Inclán o García Lorca, luchó por modificar radicalmente el teatro de su época, que consideraba adocenado, mediocre y en absoluto artístico. Echaba la culpa de ese estado a los escritores, a los que reprochaba su esclavitud al gusto del público siguiendo los modelos gastados del teatro benaventino, las astracanadas o el teatro lírico; a los críticos, desconocedores absolutos de las novedades teatrales de Europa; a los empresarios, cuyo único ideal artístico –como se ve en El señor de Pigmalión– era la ganancia económica; y a los actores, anclados en maneras melodramáticas y patéticas que impedían la realización de innovaciones dramáticas. Este último aspecto del teatro es una de las finalidades que Grau persigue con la creación de sus muñecos y que enlaza su pieza con intentos similares de Valle-Inclán y su teatro de marionetas o García Lorca con sus guiñoles; pero, para lo que aquí nos interesa, los muñecos de Grau presentan similitudes estéticas muy llamativas con los robots de Čapek y con los personajes en busca de autor de Pirandello. Para comprender el espíritu del teatro de Jacinto Grau es necesario señalar, además, que este intelectual pertenecía a la llamada generación regeneracionista, y que su actividad como dramaturgo se engloba en una filosofía más profunda. Como explica con acierto David Vela (1996: 44),

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la regeneración del teatro que Grau demanda en su farsa es igualmente la regeneración de toda la sociedad: la alienación y despersonalización que sufren los autómatas o los actores del teatro español eran fiel reflejo de la deshumanización de la sociedad que sustentaba ese teatro.

A pesar de poseer una cultura por la que era muy respetado en el ámbito teatral, del acierto en sus juicios acerca de arte dramático de la época y del indudable interés de muchas de sus obras, Jacinto Grau tuvo poca fortuna. La mitad de sus piezas quedó sin estrenar, y las que se estrenaron tuvieron mucho más éxito en el extranjero que en España. Rechazado una y otra vez, como Valle-Inclán, por los empresarios, el teatro de Grau ni siquiera ha tenido la satisfacción de un reconocimiento póstumo de su obra. María Dolores Albiac (2007) achaca este desdén a la doble condición de dramaturgo rupturista y personalidad conservadora. Sus piezas, en efecto, no acompañan la revolución estética con un ataque a las instituciones tradicionales, como sucede en el teatro de Lorca o ValleInclán, y Pigmalión es un ejemplo de esto. No cabe descartar, teniendo en cuenta que los críticos teatrales no podemos sustraernos al mundillo de las tablas que estudiamos, que una de las razones por las que Grau permanece en el olvido sea la de que se le considera un autor gafe, capaz de llevar el fracaso a cualquier proyecto relacionado con su persona. Tras ser rechazada por varios empresarios y publicada en 1921 en Madrid, el estreno de El señor de Pigmalión se llevó a cabo el 14 de febrero de 1923 en el parisino Teatro Montmartre por la compañía Théâtre de l’Atelier, que dirigía Charles Dullin. Él mismo dirigió la puesta en escena sobre la traducción de Francis de Miomardre e interpretó a Pigmalión, mientras que el papel de Pedro de Urdemalas estuvo a cargo de Antonin Artaud. Debió de ser el estreno parisino lo que llamó la atención de Karel Čapek, a la sazón director del Teatro Nacional de Praga, quien introdujo la pieza de Grau en el programa de la temporada 1925. La traducción corrió a cargo de Kateřina Vodňanská, y la dirección de escena, al contrario de lo que se ha repetido a menudo (Ruiz Ramón 101976; Fernández Vázquez 1992), estuvo en manos de Karel Dostal. El hermano de Karel Čapek, Josef – dibujante, escritor e importante escenógrafo del expresionismo teatral– llevó a cabo la creación de decorados y figurines. Según Vela (1996), el tratamiento estético de Josef Čapek influyó mucho en la escenografía de Bartolozzi para el estreno madrileño de 1928. El espectáculo tuvo en Madrid un éxito moderado, y la crítica destacó precisamente la escenografía y los figurines de Bartolozzi, que resaltaban tanto la muñequización como el carácter folclórico de los personajes. Después de Madrid, la obra se puso en pie en Roma, bajo dirección de Luigi Pirandello, y nos consta que un teatro de Leópolis (Lviv, Lvov), entonces en Polonia y hoy en día en Ucrania, solicitó al Teatro Nacional de Praga el texto y los derechos para representar esta pieza. La obra pretende ser una fusión de diversos elementos estéticos que obedecen a diversos objetivos éticos y que, desgraciadamente, no llegan a imbricarse en una unidad dramática coherente. La distribución de estos elementos se corresponde con la distribución en actos de la obra, de manera que: El prólogo tiene rasgos de sainete y sirve de sátira a la situación del teatro de la época. Empresarios mezquinos e ignorantes, actores llenos de ínfulas, rechazo de lo español: estos rasgos sirven a Grau para enmarcar –con una estética realista– el experimento de Pigmalión.

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El primer acto, en el que Pigmalión muestra por fin sus muñecos, plantea cuestiones filosóficas más profundas. Pigmalión, presentando a sus muñecos, representa un Prometeo que desafía a los dioses y es castigado con su pasión por Pomponina. El segundo acto se desarrolla casi por completo sin la presencia de personajes de «carne y hueso», y el espectador asiste a las rencillas y planes de venganza que los muñecos tienen entre sí y contra su creador. Cada uno de los personajes se comporta conforme al carácter proverbial del tipo folclórico que representa, de forma que la sensación que se produce es la de presenciar un remedo de la sociedad humana que invita a pensar en el mundo como teatro. Finalmente, el tercer acto enfrenta por fin las pasiones de los muñecos con las de su creador y de los demás personajes «humanos» que, en virtud del efecto enmarcador del prólogo, se identifican con el público de la pieza. El plan, urdido por el más perverso de los muñecos, Pedro de Urdemalas, lo culmina únicamente Juan, el tonto, cuando remata a su creador. Los muñecos creados por Pigmalión para sus farsas corresponden a tipos folclóricos españoles que representan la quintaesencia de distintos vicios de la especie humana. No así las muñecas, que obedecen a un estereotipo más general de dama extremadamente bella y frívola. Los varones artificiales a los que la adaptación praguense tuvo que hacer frente son los siguientes: – Capitán Araña: El nombre de este personaje proviene del proverbio «Capitán Araña, que embarca a todos y se queda en la playa». Su función en la obra corresponde perfectamente a este proverbio, puesto que impulsa a los demás muñecos a escapar del teatro y él mismo es incapaz de rebelarse. Como se verá más adelante, este es uno de los referentes que la adaptación checa pierde. – Mingo Revulgo: Según Albiac (2007: 7), «es el nuevo rico, vulgar y ostentoso». En el imaginario popular este personaje es el que se ríe de lo aristocrático, de cuaquier concepto de lo elevado. En la pieza, por su pragmatismo extremo, es el que guarda el dinero de la compañía de Pigmalión. – Don Lindo: El epigrama 3 de Juan de Iriarte lo define así: «Quien se acicala y repule,/ quien presume en el vestir,/ o quiere que gusten de él,/ o gusta mucho de sí». Estos son, efectivamente, sus principales rasgos en la pieza, pero su actuación es una de las más importantes para el desarrollo de la obra. Don Lindo está enamorado de Pomponina con una pasión idéntica a la de Pigmalión o el Duque, elemento que sirve para estrechar los lazos entre el mundo real y el de las máquinas. – Periquito entre ellas: La definición del Diccionario de la Real Academia Española habla de un «hombre que gusta de estar siempre entre mujeres». Su intervención en la pieza es mínima, y por eso su carácter folclórico no llega a mostrarse. – Enano de la venta: Se suele aludir a este personaje ficticio cuando alguien profiere bravatas o amenazas que luego no puede cumplir. En la obra forma parte, con el Capitán Araña, Ambrosio y Bernardo, del grupo de bravucones que «caldean el ambiente» lo suficiente para que Urdemalas pueda llevar a cabo sus planes. – Ambrosio, el de la carabina: El nombre de este personaje deriva del dicho «Ser algo más inútil que la carabina de Ambrosio». Esta es, efectivamente, su función en la pieza. – Bernardo, el de la espada: «La espada de Bernardo, que ni pincha ni corta».

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– El tío paco: Este personaje folclórico representa la experiencia, el desencanto y el desengaño, expresado en el dicho «Ya vendrá el tío Paco y pondrá las cosas en su sitio». En el texto dramático de Grau, este personaje sirve de contrapeso a las bravuconadas del grupo anterior. – Lucas Gómez: Se dice de este personaje que «en política se metió y apenas sabía firmar». Lucas Gómez es la quintaesencia de la grosería impúdica, y su malévolo analfabetismo complementa el desencanto del Tío Paco y la verborrea vacía de Pero Grullo en la oposición a los ideales que encarna Pigmalión. – Pero Grullo: Se trata del famoso filósofo ficticio que «a las manos cerradas llamaba puños». Su palabrería vacía es uno de los medios que Pedro de Urdemalas utiliza para incitar la rebelión de los muñecos. – Juan, el tonto: Se trata del típico «tonto del pueblo». Por lo que respecta a la adaptación es importante señalar que, en el texto de Grau, la simplicidad de Juan es eminentemente malévola. No en vano, es él quien remata a su creador. – Pedro de Urdemalas: Es un personaje folclórico de larga tradición, tratado ya literariamente por Cervantes, entre otros. Representa la maldad pura, con una visión de la destrucción como base de la renovación vital.

El proceso de traducción del texto dramático La traducción de un texto dramático no está ajena a la tensión –propia de cualquier traducción– entre la fidelidad a los elementos culturales del original y la adaptación de esos elementos al contexto cultural del receptor. Sin embargo, dado que el texto dramático no es más que una parte del producto artístico final (la puesta en escena), no puede ser considerado como unidad encerrada en sí misma, sino más bien como una estructura dinámica que se va formando y evolucionado en base a sugerencias de muy variada índole, incluyendo elementos de la práctica teatral (actor, escena, música, público). Como la adaptación cultural se produce también en esos elementos extratextuales, la traducción se puede ver condicionada y afectada por ellos. Más aún que en otros casos, es imposible codificar la actitud del traductor hacia el texto de la obra dramática, puesto que se trata de toda una estructura variable, subordinada no solamente al gusto y capacidades del traductor, sino también a la creatividad de los demás participantes en el proceso. En la traducción de este tipo de textos se hace especialmente necesaria cierta flexibilidad: «una vez acertar el matiz semántico, otra vez el estilo y entonación» (Levý 1962: 34). En su Diccionario de teatro, Patrice Pavis (52002) aborda las particularidades de la traducción de un texto dramático, especialmente cuando, como el caso que nos ocupa, la traducción se lleva a cabo con vistas a una puesta en escena. La traducción del texto dramático está determinada, explica Pavis, por la naturaleza del discurso teatral, que se realiza como acto comunicativo oral entre dos o más personajes pero cuyo destinatario final es el público. Como consecuencia, el traductor ha de tener en consideración dos contextos alrededor del hecho lingüístico: por una parte, el contexto en el que se mueven los

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personajes, en el que se realiza el acto de comunicación; y, por otra, el contexto sociocultural (a veces, como en este caso, muy diferente del original) del espectador. A esta consideración hay que añadir una más: el hecho de que el texto que resulta de la traducción es uno de los varios componentes del producto artístico final: la puesta en escena. En este sentido, Pavis considera necesaria la presencia en el proceso de traducción de dos personas: el profesional de la traducción y el responsable de la puesta en escena, que condicionará con su visión del espectáculo las decisiones del traductor. En el libretto utilizado durante los ensayos en el Teatro Nacional de Praga se puede apreciar que el trabajo del director de escena se produjo después, con la traducción ya terminada, y no en colaboración con la traductora. Sus intervenciones consistieron, ante todo, en supresiones de escenas con poca tensión dramática y en modificaciones del registro de algunos personajes (sobre todo de los empresarios), que la traductora había dejado en un tono neutro y el director convierte en réplicas más coloquiales cuando no abiertamente vulgares. Aplicando el esquema de Patrice Pavis acerca de la serie de concretizaciones del texto dramático al caso del estreno de El señor de Pigmalión en Praga, se obtiene una imagen mucho más clara de los objetivos de Karel Čapek al poner en pie la obra del dramaturgo español. Como se verá a continuación, las múltiples transformaciones que sufrió el texto, desde su escritura por Jacinto Grau hasta la recepción por el público praguense, eliminaron muchos componentes específicos de la tragicomedia para quedarse con la trama de los muñecos casi desnuda. Así pues, el texto publicado por Grau –llamémosle original (T0)– es traducido y adaptado para la puesta en escena de París en una serie de procesos. No conocemos estos procesos en profundidad, pero lo que nos interesa es que de ellos surgió un nuevo texto (T1) que es el que se tradujo en Praga. En este texto ya se había suprimido casi en su totalidad el prólogo, renunciando de esta manera a los aspectos más sainetescos de la representación, pero también en buena medida al juego de teatro dentro del teatro que suponía la confrontación de actores «reales» con actores autómatas en la versión original. Este texto francés, por tanto, es traducido por Vodňanská sin un criterio fijo en lo que a cuestiones culturales se refiere. En esta fase (T2), las referencias culturales que pudieran aportar los muñecos en el original están definitivamente perdidas. Sobre este texto, el director de escena realizó algunos cambios más, como se ha dicho, destinados principalmente a condensar la acción dramática y resaltar en conflicto del Pigmalión demiurgo y su recién creada humanidad. Se llega así al texto que debieron aprender los actores (T3), texto al que se añaden los demás niveles semánticos propios de la representación (voz y cuerpo del actor, luces, objetos, decorados, etc.) antes de ser finalmente descodificado por el espectador (T4). La competencia hermenéutica del nuevo espectador debe ser tenida en cuenta –explica Pavis– ya en el proceso de traducción, pero en el caso que nos ocupa esto no sucede en absoluto, al menos en lo que se refiere al valor folclórico de los muñecos. Parece razonable pensar que los responsables del espectáculo (Karel Čapek como director artístico del Teatro Nacional y Karel Dostal como director de escena) abandonaron voluntariamente cualquier rasgo folclórico de la caracterización de los muñecos (salvo, paradójicamente, el de Juan el tonto) en aras de una mayor atención a temas como el mito prometeico y la deshumanización de la sociedad industrial, mucho más cercanos a su público y al ambiente cultural en el que creaban.

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El análisis cuidadoso de la traducción demuestra un desinterés absoluto por verter los valores semánticos materializados en los muñecos de Grau. Los tipos folclóricos representados por las creaciones de Pigmalión eran prácticamente desconocidos para el espectador praguense de aquella época. Fue su primer acercamiento al mundo sainetesco y popular español, pero no tuvo mucha resonancia. Aunque en algunos estudios hispánicos encontramos informaciones sobre el éxito de la obra (Albiac 2007), la realidad es más bien todo lo contrario. La obra se representó en ocho ocasiones durante el mes del septiembre de 1925 y no se ha vuelto a poner en escena hasta hoy día. En la prensa no aparecen ni críticas ni valoraciones. En la revista oficial del Teatro Nacional de Praga hemos encontrado sólo dos menciones breves sobre la pieza dramática de Grau.1 Si sucedió esto en la más prestigiosa escena checoslovaca, que tenía interés por las novedades de todo el mundo y donde se discutía fervorosamente sobre Antonin Artaud, Alexander Tairov o Luigi Pirandello y el Teatro Grottesco italiano, se puede hablar de fracaso. Las razones principales las podemos buscar tanto en el nivel extralingüístico como en la traducción misma. Tal y como se ha señalado antes, la traducción, en el contexto teatral, es un paso intermedio entre el mundo de la literatura y el del teatro como realización del texto a través de los instrumentos escénicos (luz, música, ambiente) y recursos de interpretación (voz, mímica, movimientos). El sujeto receptor percibe la totalidad de estos recursos como unidad sui generis en la cual el material lingüístico tiene que dar paso a los demás elementos y pierde lógicamente su primacía. Si el texto llega a manos de un director artístico visionario (como es el caso de Čapek) puede suceder lo que anticipa Patrice Pavis diciendo que entre el traductor y el director interviene el director artístico, basándose en la lectura del original, y comienza a ordenar el espectáculo según su selección personal, preparando así el terreno de la representación futura. Čapek sometió la obra de Grau a un análisis detallado cuyo resultado es, a nuestro juicio, la adaptación de El Señor de Pigmalión y no su fiel repetición. La traductora Kateřina Vodňanská mantuvo la posición de una traductora fiel al original sin tomarse licencias, tal y como lo expone Corvin (1995: 900) en su Diccionario enciclopédico del teatro: «La adaptación está completamente fuera de control: adaptar significa escribir una obra dramática distinta, sustituir al autor. Traducir quiere decir reescribir conforme al original, sin añadir, sin eliminar sin desarrollar, sin acortar, no cambiar las escenas ni las réplicas». De las pocas decisiones estilíticas que se pueden rastrear en la traducción está la de aplicar distintos sociolectos en el habla de distintos personajes. Las pocas réplicas del Conserje están traducidas utilizando el habla coloquial del estrato sociocultural bajo de Praga. A Pigmalión y, sobre todo, al Duque de Aldurcara les conservó el tono elevado, culto, a veces incluso con una sintaxis forzada. Pero es aquí donde termina su arte. Lo que sigue con la entrada de los muñecos en el argumento de la obra es lo que Jiří Levý denomina «el naturalismo traductor» (Levý 1962: 25). Es cuando se respeta rigurosamente el perfil formal de la obra pero no se logra mantener su valor significativo y estético. ––––––– 1

La primera tiene relación con la actriz Jarmila Kronbauerová que protagonizó Pomponina «como si viviera inmensa alegría de sí misma». Otra referencia es la advertencia de la representación misma para el día 29 de septiembre de 1925.

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El efecto de esta actitud es desastroso. La cantidad de datos que habrá podido tener un checoslovaco de los años veinte del siglo pasado sobre la cultura española era mínima. El público no tenía ni idea de quién era Pedro Urdemalas.2 Por lo tanto, chistes como el de la tercera escena del primer acto, cuando sale este personaje diabólico se pierden. En español se lee: Pigmalión: Este es Pedro Urdemalas. Don Lucio: ¡Si que tiene cara de urdirlas mal!

En la versión checa esta réplica se reduce a algo inoportuno y torpe como: «Eso parece». En la versión final fue afortunadamente suprimido por el director artístico. Otra discrepancia que aparece en el texto es la figura de Juan, el tonto. La traductora opta por un personaje proverbial equivalente en el ambiente de la cultura popular checa. El problema es que Hloupý Honza representa al hombre bueno e ingenuo, todo lo opuesto al personaje de la obra de Grau. Siendo éste el único muñeco próximo a su mentalidad cultural, la sensación de ambigüedad debió de ser notable y quizá se pudo haber evitado eligiendo a otro personaje del acervo popular. Los demás muñecos no reciben ningún trato especial por parte de Kateřina Vodňanská. Al presentarlos, Pigmalión comenta que se trata de personajes populares españoles. Al carecer de individualización alguna y moverse dentro del ambiente de la farsa, la impresión que debieron producir en el espectador debió de estar más cercana a los personajes de la commedia dell’Arte. Entre las causas de esta fallida adaptación cultural, está el hecho de que con toda probabilidad la obra no fue traducida directamente del castellano sino del francés. Es probable que Charles Dullin enviara a Karel Čapek el texto de la representación de París y de esta forma fue traducido el texto francés (ya entonces bastante modificado) a la lengua checa.3 Para esta afirmación tenemos varias pruebas indirectas, siendo la más relevante la desaparición de la casi totalidad del prólogo. Teniendo en cuenta que Vodňanská no suprime nada por su cuenta, hay que pensar que el texto que ella recibió ya carecía de esta parte costumbrista. La traductora (por cierto, no muy conocida) se dedicó sobre todo a la traducción de las letras francesas. En su trayectoria de traductora no figura ningún texto español ni hispanoamericano salvo El Señor de Pigmalión. Aquí se comete otro error que estriba en la asignación de la traducción de una obra que nace de un contexto típicamente español a una persona que lo desconoce.

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La primera (y la última) traducción de la obra cervantina del mismo título al checo se llevó a cabo en el año 1962. Los traductores fueron V. Hvíždala a J. Černý. Como curiosidad, recordemos la carta oficial de la Agencia Literaria de Leópolis en que se pedía al Teatro Nacional de Praga el texto de la obra de Grau en checo para poder traducirlo al polaco y representarlo en Varsovia o en Leópolis. El intercambio de los textos dramáticos sin conocer versión original y servirse de traducciones de tercer grado (español-francés, francés-checo, checopolaco) fue simplemente práctica habitual en aquella época, de forma que es probable que, en las sucesivas adaptaciones, los elementos culturales españoles hayan llegado casi a desaparecer.

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¿Muñecos o robots?: el expresionismo y la obsesión prometeica Una vez arrojada alguna luz sobre la traducción y puesta en escena de El señor de Pigmalión, que aunaba los problemas de una traducción fiel a los de una adaptación creativa, cabe preguntarse cuáles fueron las razones que llevaron a Čapek a buscar y montar esta pieza, qué es lo que llamó la atención de Karel Čapek cuando vio la tragicomedia de Grau en París. La respuesta se halla en la afinidad artística entre ambos escritores coetáneos que nunca llegaron a conocerse: su cercanía a diversos postulados del expresionismo. La corriente del expresionismo alemán tuvo mucho impacto sobre la dramaturgia de Karel Čapek en la década de los veinte. La recién proclamada Checoslovaquia (1918) no había escapado, a diferencia de España, de los acontecimientos trágicos de la Primera Guerra Mundial. No obstante, ambos territorios habían vivido la intensa agitación política y social. En aquella época culminó en la obra de Čapek su etapa expresionista con la publicación de tres obras dramáticas de mucha importancia. En concreto, se trata de R.U.R. (1920, Rossums Universal Robots), Sobre la vida de los insectos (en Broadway se estrenó como Insect Comedy) del año 1921 y Adán El Creador del año 1927. En estas piezas dramáticas encontramos varios puntos de contacto con la obra del escritor catalán. En primer lugar, tenemos que mencionar los elementos grotescos tal como los definió el profesor Wolfgang Kayser en su trabajo «Un intento de definir la esencia de lo grotesco» (Kayser 1960). Ambos artistas emplean en sus textos respectivos recursos como monstruos, autómatas, máscaras y, sobre todo, muñecos. La llamada «muñequización» y «animalización» de la realidad tienen mucho que ver con el aire desorientado de la época y con el arte pictórico del Bosco o el mismo Goya. También se nota la huella de la idea de Über-marionette de Edward Gordon Craig.4 Lo grotesco refleja esta metamorfosis ontológica del hombre moderno después de la guerra y con la ayuda de lo visual descubre la inmoralidad y la desfiguración de la época. La mayoría de los protagonistas en las obras dramáticas de Grau y Čapek son personajes tipo (sean robots, muñecos, insectos) que reúnen toda una galería de defectos como la maldad, hipocresía, cobardía, egoísmo, avaricia, ira, vanidad, celos, etcétera. Así, con los detalles externos se nos sugiere el mismo desajuste grotesco entre, por ejemplo, el aspecto, cargo o nombre y su validez interior. Es éste precisamente uno de los méritos permanentes del expresionismo (y también de nuestros escritores), que consiste en haber previsto la estrecha vinculación entre la degeneración interior del hombre y su exteriorización en los hechos palpables.5 A pesar de todo lo feo, descarado y violento, en estos textos subyace un propósito ético. La fuerte línea moralizante a veces devalúa el mensaje de las obras que luego no pueden evitar su esquematismo incurable. El vacío espiritual producido por la guerra y la degeneración social (hechos extralingüísticos) son factores que se reflejan en el empleo de la fuerza motor cuyo objetivo estriba en crear nuevos hombres (R.U.R., El Señor de ––––––– 4

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El director británico Peter Brook fue fascinado por la idea de que en las situaciones extremas cae en desuso cualquier límite puesto por el mundo civilizado y que esta caída supone el despertar de lo animal en cada ser humano (Brook 1976). Respecto al expresionismo en España, más concretamente en la obra de Valle-Inclán, cf. JerezFarrán (1990: 571).

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Pigmalión) o una humanidad entera (Adán El Creador). Pero esta idea de la regeneración vital se muestra muy pronto como elemento destructivo. Los pigmaliones terminan por ser asesinados por sus propias invenciones. El mensaje artístico tiene evidentemente matices sociales y filosóficos y expresa un gran desacuerdo con la realidad circundante. Grau se asemeja a Luigi Pirandello en cuanto al tono trágico del final de su obra, mientras que en el caso de Čapek es el humanismo fervoroso el que gana la partida (dos robots se enamoran; todas las historietas con los insectos fueron una pesadilla). La última observación va a referirse al problema del género. Las obras de carácter expresionista oscilan entre comedia y tragedia de acuerdo con las antiguas culturas grecoromanas. Dentro de cada mundo ficticio de las creaciones expresionistas coexisten lo bello y lo feo, la virtud y el vicio, la luz y la sombra, el bien y el mal. Toda la serie de oposiciones binarias se compenetra, intercambia múltiples modos para terminar fundiéndose. Según el teórico del teatro del absurdo Jan Kott, lo grotesco germina en el mundo trágico y por eso todas las situaciones grotescas parecen ineludibles (Kott 1964: 105). Los protagonistas lógicamente pierden su lucha con «lo absoluto». Mientras que en la tragedia la pérdida del héroe (Edipo, Antigona, Hamlet) equivale a la confirmación y el reconocimiento de «lo absoluto», la caída del personaje grotesco desencadena la desacralización y ridiculización de la divinidad que se convierte en el mecanismo ciego, una especie de autómata (Kott 1964: 106). Los rasgos que acabamos de mencionar están muy presentes en las piezas teatrales de Grau y Čapek. Su núcleo emotivo emana sensaciones mixtas, híbridas, es decir tragicómicas.

Conclusiones De esta manera, lo grotesco metamorfoseado en la «muñequización», lo ético y lo tragicómico forman tres constantes de la dramaturgia de ambos artistas. Resulta que, en realidad, no hemos encontrado más puntos en común que nos expliquen por qué se interesó Karel Čapek por El Señor de Pigmalión y qué fue exactamente lo que le empujó a ponerlo en escena del Teatro Nacional de Praga. Por esta razón, no podemos estar de acuerdo con František Černý (2000: 495), cuando admite parcialmente que El Señor de Pigmalión podría ser plagio de R.U.R. Černý no encuentra argumentos convincentes para su juicio, ya que para ser plagio escasean en la obra de Grau bastantes elementos constitutivos. Sospechamos, con Fernández Vázquez (1992: 7), que el verdadero motivo de todo lo ocurrido estriba simplemente en la fascinación por la temática prometeica igual que por los personajes artificiales que se rebelan contra su creador, que indudablemente evocaron en Čapek a sus propios robots. Es probable que le fascinara el descubrimiento de una obra de otra literatura nacional que explotaba el mismo tema y planteaba cuestiones similares a las de su R.U.R. Creemos que ambas obras se conectan entre sí temáticamente, pero el contexto del que nacen es completamente distinto, lo que influye considerablemente en la práctica de la traducción. En la pieza de visión futurista R.U.R. reconocemos el impacto de la industrialización de la región centroeuropea, desde la cual emergen mundos utópicos, visiones subjetivas, el hombre-masa anónimo u hombre reducido a la categoría del objeto. Los robots siempre actúan colectivamente como un solo cuerpo. Pero en El Señor de

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Pigmalión nos encontramos con el microcosmos de la farsa tradicional española. Cada uno de los personajes-tipo está relativamente individualizado a pesar de que el autor trazó sus caracteres con pocas líneas de acuerdo con los principios de la farsa. Cuando los muñecos obran, reconocemos en cada uno de ellos el atributo fundamental que les fue conferido. Debemos constatar, por tanto, que la traducción nada innovadora y la modificación considerable por parte de Čapek con el propósito de dar un mensaje de vocación universal suprimió todo lo español, sainetesco, original. Nos atrevemos a juzgar que en Praga se representó más bien otra versión de R.U.R.: ¿con muñecos en lugar de robots?

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Christian Vicente

Lingüística de corpus y traducción especializada: aplicaciones a la traducción francés-español de la economía

1. Introducción En este trabajo nos proponemos presentar una introducción a las relaciones entre lingüística de corpus y traducción especializada. Veremos en primer lugar por qué los traductores necesitan corpus. En segundo lugar describiremos, en líneas generales, el proceso de creación de un corpus, respondiendo a algunas preguntas muy frecuentes entre aquellos que se acercan por primera vez a la lingüística de corpus, ya sean traductores o no. En último lugar, veremos algunos ejemplos concretos de aplicaciones de la lingüística de corpus al trabajo terminológico del traductor especializado, en este caso en el campo de la economía y en los idiomas francés y español.

2. ¿Por qué los traductores necesitan corpus? ¿Qué desea el traductor especializado? ¿Escribir correctamente –lo que habitualmente se entiende como seguir estrictamente la norma terminológica oficial– o bien imitar la lengua real de los especialistas? Aquellos que consideran que la corrección reside principal o exclusivamente en el diccionario o la terminología de referencia, tienen una visión que podemos denominar normativista. En cambio, los que consideran que se debe privilegiar principal o exclusivamente la autoridad de los textos reales, tal y como los especialistas los redactan, tienen una visión que podemos denominar descriptivista. La traducción especializada es una de las zonas de conflicto históricas de estas dos filosofías. Para entender las relaciones entre normativistas y descriptivistas, resulta imprescindible recordar previamente las relaciones entre norma y uso. La lingüística general fijó hace ya tiempo estas nociones: la oposición entre ambas deriva de la oposición clásica entre langue y parole. No sería realista afirmar, y hasta donde sabemos nadie lo hace, que norma y uso no se influencien mutuamente: Así, el sistema educativo y las demás instituciones lingüísticas oficiales imponen al uso ciertos valores lingüísticos que el hablante aprende a respetar obligado por diversos factores, entre los cuales destacan la amenaza del fracaso académico, social, laboral, etc. Y evidentemente el uso influye en la norma: incluso en los

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países más academicistas, la norma oficial sólo podría escapar del todo a la realidad del uso si aceptara el paradójico precio de perder totalmente su capacidad de influencia sobre él. Los valores lingüísticos de la norma están contenidos en las gramáticas y los diccionarios normativos prestigiosos en cada ámbito cultural y lingüístico; todos juntos forman una red de reglas y modelos que el discurso correcto debe respetar. Sin embargo, el problema de las reglas y los modelos se plantea de un modo particular en el ámbito de la traducción especializada ya que, si bien la norma gramatical se respeta normalmente, el respeto de la norma léxica plantea ciertas dificultades. La norma léxica es más difícil de respetar por ser más dificil de enunciar y, sobre todo, más subjetiva. En cualquier producción lingüística, cuando se trata de elegir la palabra más precisa o de reformular un enunciado, nunca hay una sola respuesta posible. Con mayor o menor fortuna, todas las decisiones léxicas son discutibles hasta cierto punto, en función de las preferencias, de los conocimientos, de la sensibilidad de cada hablante. Los traductores son formados, entre otras cosas, para adecuar sus producciones al significado del texto original, pero no para producir todas las soluciones posibles. Deben por tanto elegir, siguiendo un modelo léxico externo. Lo cual les lleva a menudo a preguntarse cuál debe ser ese modelo cuando existen varios en competencia. En efecto, en el ámbito de las lenguas especializadas, existen diversos modelos terminológicos. Por ejemplo, no es raro que la norma terminológica oficial, contenida en los diccionarios, glosarios, etc., no coincida con aquello que es observable en la realidad de los textos especializados de un campo. También puede suceder que la norma terminológica oficial no ofrezca en absoluto soluciones al traductor para un problema concreto, mientras que los textos disponibles sí que contienen soluciones. Para salvar esos problemas, los traductores especializados profesionales han recurrido siempre a la comparación con textos denominados paralelos, es decir textos escritos por los propios especialistas en sus lenguas, asumiendo que la verdadera norma léxica se deduce de la observación del uso real. Podríamos denominar esto como principio de la primacía del hablante real, y para una definición precisa (e incluso luminosa) de dicha noción, remitimos al prólogo (1996: V) del Collins Cobuild English Dictionary.1 Esta filosofía, típica de la lexicografía inglesa, se caracteriza por no juzgar la corrección de las formas presentadas y limitarse a levantar acta de su existencia en producciones lingüísticas reales. En el caso del traductor, éste necesitará conocer los hábitos terminológicos de los redactores nativos o del destinatario de su traducción en el ámbito especializado en cuestión, creando corpus y explotándolos adecuadamente. Ahora bien, en la práctica, ¿cómo hacerlo? ¿qué es exactamente un corpus, cómo se analiza y qué se puede obtener de él? Es lo que veremos en las seguientes páginas.

––––––– 1

«All the statements that Cobuild makes are based on an examination of the English language in use, as represented in The Bank of English – our present collection [...] The examples are all taken from this corpus, and represent real language in use; that is to say, each example is a chunk of language that served a purpose in a real text or conversation, and is not made up [...] Every entry in this dictionary is based on the evidence of the corpus».

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3. Crear un corpus 3.1 ¿Qué es un corpus? Podemos definir un corpus como un «conjunto de producciones lingüísticas reales (en cualquier formato) reunidas con el objeto de caracterizar o describir, según una metodología predeterminada, una lengua o una variedad de una lengua de la que son representativas». Esta definición incorpora varios elementos fundamentales. En cuanto al origen, los datos deben ser auténticos. Más concretamente, no pueden haber sido producidos para servir de objeto de investigación: primero existen en la lengua real, y sólo después el lingüista los analizará. Por lo que se refiere al contenido, debe ser cuidadosamente escogido, según unos criterios preestablecidos. Por ejemplo, si queremos estudiar el portugués escrito en Brasil deberemos, como mínimo, estar seguros de que nuestras fuentes escritas son exclusivamente brasileñas. Los criterios de selección se fijan antes de comenzar y deben respetarse escrupulosamente. Por lo que respecta a la representatividad, un corpus debe ser representativo de una lengua o de una variedad de lengua en un momento determinado. Para ello, es necesario que tenga una extensión y una calidad suficientes. El problema de la representatividad es uno de los más temibles de la lingüística de corpus, y todavía no ha sido totalmente resuelto2, por lo que se trata de una de principales líneas de investigación de la disciplina.

3.2 ¿Para qué sirve un corpus? En términos generales, un corpus sirve para estudiar los fenómenos lingüísticos a partir de datos reales, evitando así el recurso a la introspección, que la lingüística de corpus considera, en el mejor de los casos, como sólo parcialmente fiable.3 No será necesario recordar que la lingüística tradicional ha sido básicamente introspectiva y, salvo excepciones, poco inclinada a trabajar con ejemplos reales.4 La necesidad de estudiar sólo ejemplos reales es tal vez el único dogma de la lingüística de corpus. En segundo lugar, un corpus sirve para conocer la frecuencia de los fenómenos lingüísticos. El lenguaje es un sistema probabilístico donde ciertos fenómenos son más frecuentes que otros. En el caso del léxico, hay formas más frecuentes y formas menos ––––––– 2 3 4

cf. Sinclair (ed.) (1987). cf. Sinclair (1991; 1996). En un esfuerzo encomiable, el especialista en lingüística de corpus Michael Stubbs (1996: 29) decidió demostrarlo haciendo un recuento del número de ejemplos usados por varios influyentes lingüistas del pasado siglo: según sus cálculos, Saussure en el Cours de Linguistique Générale no analiza ni un solo texto real; lo mismo ocurre con Lyons en los dos volúmenes de Semantics; Chomsky analiza 28 oraciones inventadas por él mismo en Syntactic Structures y 24 en Aspects of a Theory of Syntax; y, lo más paradójico, ni Austin ni Searle ni Grice analizan actos de habla real en su teoría de los actos de habla.

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frecuentes; para una misma forma, hay sentidos más y menos frecuentes; y finalmente, todos los elementos descritos se relacionan entre sí con frecuencias diversas. El conocimiento de estas frecuencias nos ayuda enormemente a describir una lengua y a compararla con las demás. En tercer lugar, un corpus sirve para mejorar los recursos lexicográficos típicos (diccionarios monolingües o bilingües, glosarios, etc.) haciéndolos representativos de la lengua real. Este uso es menos antiguo que el anterior, pero también tiene cierta historia (en español, destaca el caso del monumental diccionario de María Moliner). Por último, y este uso es más moderno, un corpus sirve para crear nuevos tipos de recursos lexicográficos (diccionarios combinatorios, de colocaciones, de fraseología, etc.) que no podrían existir sin la lingüística de corpus y que afortunadamente son cada vez más frecuentes (cf. Bosque 2004; Zinglé 2003).

3.3 ¿Qué tipos de corpus existen? Podemos clasificar los corpus en función de muy diferentes criterios. En función del soporte, hay corpus impresos en papel, corpus digitalizados, corpus de grabaciones sonoras, corpus de grabaciones en video, corpus mixtos, etc. En función de los idiomas tratados, existen corpus monolingües, corpus multilingües, corpus de textos originales, corpus de textos traducidos, etc. En función del periodo temporal que abarcan, puede haber corpus sincrónicos y corpus diacrónicos o históricos. También podemos hablar de corpus abiertos (que siguen alimentándose) y corpus cerrados. En función de las informaciones extra que incluyen, podemos hablar de corpus anotados (con marcas sintácticas u otras) y de corpus no anotados. Igualmente en función de las informaciones extra, tenemos corpus paralelos (por ejemplo de textos que tocan el mismo tema en idiomas diferentes) y alineados (el original y la traducción aparecen pegados, frase a frase). Por último, en función de la variedad o el registro de lengua, los corpus pueden ser especializados, no especializados, dialectales, etc. Estos son sólo algunos ejemplos de la enorme variedad de corpus existentes.

3.4 ¿Por qué usar corpus en formato electrónico? Desde el punto de vista del soporte, los corpus en formato electrónico tienen ciertas ventajas sobre los demás. En primer lugar, ocupan menos espacio: como muchos habrán tenido la oportunidad de comprobar, la Enciclopedia Británica, que en papel ocupa varias estanterías, puede ocupar también un simple CD-Rom. Del mismo modo, un corpus, que suele contener millones de páginas, es más fácilmente almacenable en soporte electrónico. Por supuesto, sólo es necesario crear corpus tan grandes cuando se va a trabajar a largo plazo en un tema determinado. Para hacer trabajos más puntuales, un corpus más pequeño puede ser ampliamente suficiente. En segundo lugar, los corpus en formato electrónico tienen una mejor accesibilidad y pueden ser analizados con mayor rapidez, gracias a programas informáticos diseñados a tal efecto. En tercer lugar, los corpus en formato

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electrónico son más fácilmente reutilizables: un corpus en formato electrónico puede ser dividido, combinado, extendido o completado indefinidamente.

3.5 ¿Cómo encontrar documentos en formato electrónico? Los documentos en formato electrónico pueden encontrarse básicamente en Internet o en las colecciones de documentación en CD-Rom, que pueden ser de muy diverso tipo: documentación profesional, colecciones de artículos científicos, bibliotecas virtuales, revistas electrónicas, prensa electrónica, etc. Hoy día, Internet es probablemente el modo más simple de conseguir documentación. La mayoría de las páginas Web pueden ser grabadas como archivos de texto. Este sistema es útil si se tiene la intención de crear un corpus relativamente pequeño. Sin embargo, si el objetivo es crear un corpus grande, es preferible automatizar el proceso, usando aspiradores de páginas web. También es posible utilizar bases de datos comercializadas. El interés de cada recurso es variable en función del tipo de corpus que deseamos crear. Así, la mayoría de las bibliotecas virtuales ofrecen obras exclusivamente literarias, que no interesarán al estudioso de la traducción científica y técnica. El interés de éste se dirigirá más probablemente hacia los escritos técnicos de los profesionales y, en general, hacia la prensa y las publicaciones especializadas en su campo de trabajo.

3.6 ¿Cómo se construye un corpus de calidad? No existe consenso científico acerca de cómo es el corpus ideal, de calidad máxima: el problema de la calidad de los corpus es análogo al de su representatividad, y es una de las principales líneas de investigación actuales de la disciplina. Como es evidente, no cualquier texto, por el simple hecho de estar en formato electrónico, puede ser un objeto fiable y pertinente de análisis. Para el caso de la traducción científica y técnica (es decir, de cómo crear corpus que sean útiles en ese ámbito) existen algunas preguntas que siempre habría que plantearse y que ayudarán a decidir si el corpus es razonablemente representativo del fenómeno que se pretende estudiar. Resumiendo mucho, serían las siguientes: ¿Cuál es la antigüedad de los textos? ¿Los autores de los textos son fiables, representativos del uso real y del estado actual de los conocimientos de ese campo? ¿Han sido modificados los textos? ¿Qué nivel de lengua especializada pretendemos analizar? (¿vulgarización, enseñanza, comunicación entre especialistas, teoría científica?) ¿Se trata de textos puros, que sólo pertenecen a la especialidad que queremos analizar, o bien son mixtos? Para terminar, ¿se trata de textos en versión original o de traducciones? Y en este último caso, ¿se trata de traducciones con estatuto de traducción oficial o no? Estas serían algunas de las preguntas que se plantean habitualmente.

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3.7 ¿Cómo se analiza un corpus en formato electrónico? Con un calculador de concordancias. Como dijimos anteriormente, los corpus existen desde que existe la lingüística. Sin embargo, desde que existe la informática popular, el estudio de corpus se ha informatizado, volviéndose así mucho más rápido y fiable en aquellas tareas en las que el ordenador aventaja al humano. Los calculadores de concordancias son diseñados por informáticos o por lingüistas con competencias informáticas. Una concordancia es, en su definición más simple, una lista alfabética de palabras del corpus analizado con el contexto inmediato en el que aparecen. La palabra buscada puede aparecer en el centro, dejando así ver el contexto a la izquierda y a la derecha. El objetivo es contextualizar esas palabras. A partir de ahí, cada programa incluye sus propias opciones, pero las más comunes son la detección de formas simples y sus estadísticas, la detección de formas complejas y sus estadísticas y la detección de formas asociadas y sus estadísticas. Veamos ahora algunas aplicaciones de esos programas.

4. Analizar un corpus para la traducción especializada El análisis de un corpus representativo mediante un calculador de concordancias permite acceder a diversas informaciones interesantes para el traductor especializado. En nuestro caso, hemos utilizado ZTEXT5 y ConcappV4.6 Por razones de espacio, nos limitaremos a presentar aquí tres ejemplos, obtenidos a partir de nuestro corpus de referencia de la lengua especializada del comercio electrónico en la prensa generalista y especializada (CCEP7). El primer ejemplo es la detección de la terminología invisible y de significados nuevos en términos ya conocidos. La creatividad léxica de los especialistas va siempre por delante, como es natural, de la publicación de esos elementos por parte de los lexicógrafos. El análisis de nuestro corpus de referencia mostró la existencia de términos ausentes de los recursos lexicográficos disponibles. Veamos dos ejemplos para la lengua francesa: regroupeur (sitio web que reúne información acerca de un mercado electrónico concreto y sus actores y los presenta de un modo teóricamente imparcial a los compradores en línea con el fin de permitirles dirigirse en todo momento hacia las mejores ofertas) y commerce nomade (tipo de comercio electrónico basado en la compra-venta de productos y servicios desde un teléfono móvil). ––––––– 5

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Programa creado por Henri Zinglé, de la Universidad de Nice-Sophia Antipolis. Una detallada descripción del mismo puede encontrarse en Zinglé (1999). Programa creado por Christopher Greaves, de la Universidad Politécnica de Hong-Kong. Disponible en http://www.twc.it. Actualmente, nuestro corpus CCEP contiene todos los artículos relacionados con el comercio electrónico que han sido publicados entre 1995 y 2006 en los periódicos franceses Le Monde (892 artículos) y Les Echos (2123 artículos) y los periódicos españoles El País (1299 artículos) y Expansión (3734 artículos).

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En este caso, el programa lleva a cabo, en el lugar del traductor, una tarea mecánica en la que es eficaz: la detección de las novedades léxicas que un corpus especializado contiene en un momento concreto. Después, el traductor podrá adoptar las formas encontradas, si considera su corpus digno de confianza y si, eventualmente, dichas formas han sido validadas por un especialista del campo. Por lo que se refiere a la detección de significados nuevos en términos ya conocidos, un calculador de concordancias proporciona al traductor listas completas de ocurrencias de los términos, con contextos reales. Sobre esa base, el traductor puede sacar conclusiones y ser así menos dependiente de las intuiciones y las opiniones, siempre valiosas, pero a menudo fragmentarias y variables, del hablante nativo único. Ni que decir tiene que el traductor especializado desea utilizar los términos con el sentido que éstos tienen en los textos de los especialistas, que son su modelo. Ahora bien, esos sentidos no tienen por qué coincidir totalmente con los que aparecen en los diccionarios. Tomemos como ejemplo el término francés intermédiaire: tanto en la lengua corriente como en la lengua de la «economía clásica», este término presenta connotaciones peyorativas, más o menos evidentes según los diccionarios, pero que en todo caso afloran en los ejemplos.8 Sin embargo, intermédiaire carece de connotaciones negativas (y presenta connotaciones positivas) en la lengua especializada del comercio electrónico, como muestra la concordancia siguiente: Ainsi, iPin vérifie la solvabilité d’un client avant qu’un achat ait lieu, et dispose d’une solution de paiement sécurisée. De son côté, Mobileway est un intermédiaire entre producteurs de contenus et opérateurs mobiles de treize pays, et joue le rôle de plate-forme de compensation tant pour la distribution de données que pour la collecte de l’argent […]. (Les Échos, 6 de mayo de 2002)

Como se deduce del ejemplo, un intermédiaire es a menudo, en la lengua especializada del comercio electrónico, el garante de la seguridad de las operaciones, tanto para el vendedor como para el comprador. Sus servicios son deseados por todas las partes implicadas en las transacciones, lo que no sucede con el intermédiaire clásico. Las connotaciones negativas desaparecen por tanto, y el traductor deberá ser consciente de ello para utilizar el término con propiedad. El segundo ejemplo es la determinación de la frecuencia de los términos. Los programas de concordancias pueden proporcionar al traductor las frecuencias de ocurrencia de cada lexía en un corpus determinado. De este modo, es posible saber cuál es la frecuencia total o relativa de una lexía con respecto a otra u otras en un corpus representativo de una lengua especializada concreta. El traductor podrá después utilizar esta información para elegir entre las diferentes posibilidades léxicas que se presenten. ––––––– 8

Trésor de la Langue Française (2004) Entrada Intermédiaire «[...] 2. Écon. […] Il faudrait [...] supprimer tout intermédiaire entre le producteur et l’acheteur (FLAUB., Corresp., 1872, p. 455)». Grand Robert de la Langue Française (2001) Entrada Intermédiaire: [...] «Le mot intermédiaire, qui est un des plus beaux du vocabulaire humain […] est devenu le mot honteux du vocabulaire français. Le rôle d’intermédiaire, qui est dans la civilisation moderne un rôle égal à celui du créateur (...) relève tout juste, chez nous, du démarcheur ou de l’entremetteur. GIRAUDOUX, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, p. 131».

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Así, descubrimos en nuestro corpus CCEP que, en francés, los términos más comunes para referirse a esa plaga llamada en español correo basura o spam, son, por orden de frecuencia, el anglicismo spam (584 ocurrencias), y el neologismo creado por l’Office Québecois de la langue française (y rechazado por la Académie française) pourriel (126 ocurrencias). Muy alejados aparecen courrier indésirable (24), courriel indésirable (22) y message non sollicité (21). Esta información le resultará muy útil al traductor para producir un texto que resulte natural e idiomático en la lengua de llegada. El tercer ejemplo de información obtenida gracias a las aplicaciones de la lingüística de corpus es el de la descripción de las colocaciones y la fraseología. La lingüística de corpus proporciona aquí respuestas mucho más empíricas que las que podría proporcionar la intuición del hablante nativo, cuya atención se concentra más fácilmente en las irregularidades que en las regularidades léxicas. Por lo que se refiere a las colocaciones, el traductor que redacta en una lengua extranjera o incluso en su lengua materna se pregunta a menudo qué preposición acompaña a un verbo o un sustantivo. Tomemos el muy básico ejemplo del enunciado el comercio en Internet: un hispanohablante podría traducirlo al francés palabra por palabra como *le commerce en Internet, evidentemente incorrecto desde el punto de vista colocacional. Un programa de concordancias le indicaría que la colocación estadísticamente más frecuente es sur Internet, mientras que la forma en Internet no figurará. Por lo que se refiere a las unidades fraseológicas, es cierto que el hablante nativo puede a menudo proporcionar información, sobre todo a posteriori, declarando por ejemplo que la expresión A es más natural que la expresión B, cuando ambas se le presentan. Por ejemplo, muchos francófonos podrían confirmar que moutonnier aparece más a menudo acompañado de comportement que de conduite. No obstante, los mismos francófonos tendrían más dificultades para enunciar espontáneamente las diferentes combinaciones posibles de una expresión. Por ejemplo, ¿cuáles son los formantes que pueden acompañar al sustantivo reprise en la lengua especializada de la economía? Según nuestro corpus, reprise économique, reprise graduelle, reprise de la croissance, reprise industrielle et reprise boursière, ejemplos relativamente previsibles, pero también reprise cyclique9, reprise avortée10 et reprise au ralenti11, que sin duda hubieran sido más difíciles de enunciar espontáneamente, incluso para un hablante nativo.

5. Conclusión En este artículo hemos postulado una reorientación lingüística y descriptiva del problema de la norma en traducción especializada, basada en la lingüística de corpus y la autoridad de los textos reales. Debido a que el objetivo del traductor especializado es adaptarse plenamente a su destinatario, desde el punto de vista léxico y estilístico debe ––––––– 9 10 11

Les Échos, 13 de mayo de 2002. Les Échos, 15 de noviembre de 2004. Les Échos, 24 de marzo de 2005.

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basar sus decisiones en la lengua real de los especialistas, especialmente cuando los recursos disponibles no le ofrecen soluciones. Como hemos intentado demostrar, algunas herramientas de la lingüística de corpus, como los programas calculadores de concordancias, pueden aportar soluciones a ciertos problemas léxicos que a menudo encuentran los traductores. Pueden ayudarles muy especialmente a no depender en exceso de los diccionarios disponibles y a buscar, cuando sea necesario, sus propias soluciones en los textos reales. Las informaciones generadas a partir de un corpus representativo y un programa de concordancias son, desde nuestro punto de vista, el complemento ideal para las fuentes de documentación clásicas. Los diccionarios tradicionales van siempre, y no puede ser de otro modo, a cierta distancia de la realidad de la lengua y, además, contienen a menudo decisiones dogmáticas (como el rechazo de ciertos elementos léxicos por ser préstamos) que los alejan de la lengua real de los especialistas. La lingüística de corpus puede completar esos recursos, proporcionando al traductor especializado un acceso directo a las informaciones presentes en los textos reales.

Bibliografía Bosque, Ignacio (ed.) (2004): Redes. Diccionario combinatorio del español contemporáneo. Madrid: Editorial SM. Collins Cobuild English Dictionary (1996): London: Harper Collins Publishers. Imbs, Paul / Quemada, Bernard (edd.) (2004): Trésor de la langue française informatisé. Paris: CNRS Éditions. Robert, Paul / Rey, Alain (edd.) (2001): Le Grand Robert de la langue française. Paris: Dictionnaires Le Robert. Sinclair, John (ed.) (1987): Looking Up: Account of the COBUILD Project in Lexical Computing. London: Collins Cobuild. Sinclair, John (1991): Corpus, Concordance, Collocation. Oxford: OUP. – (1996): Preliminary recommendations on Corpus Typology. Technical report, EAGLES (Expert Advisory Group on Language Engineering Standards). Stubbs, Michael (1996): Text and corpus analysis. Computer-assisted studies of language and culture. Oxford: Blackwell. Zinglé, Henri (1999): ZTEXT: un outil pour l’analyse de corpus. In: Travaux du LILLA 3, 69-78. Nice: Université de Nice-Sophia Antipolis, 151. – (2003): Dictionnaire combinatoire du français. Expressions, locutions et constructions. Paris: La Maison du dictionnaire.

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Fidélité linguistique et culturelle dans la traduction

A un premier examen, les notions de fidélité et d’altérité semblent s’exclure réciproquement. Notre opinion est qu’il existe pourtant des degrés de fidélité et d’altérité et que ce sont la fonctionnalité de la traduction et le type de texte qui déterminent cette relativisation. Evidemment, on peut parler d’une stratégie dominante, mais le traducteur alterne, sans équilibrer, les deux façons d’aborder la traduction dans le cadre du même texte. La compétence du traducteur, en tant que formule intégrative –compétence de communication et compétence interculturelle– est conditionnée par la praxis sociale et présuppose, non seulement l’internalisation des règles linguistiques et des attitudes par rapport aux langues en rapport de traduction, mais aussi le développement des habiletés d’évaluation critique de la traduction. Pour que le système culturel de la langue source s’insère dans celui de la langue cible, il faut que le traducteur ouvre le premier système, potentiellement opaque pour y laisser entrer les éléments transférables, pour initier et ensuite finaliser avec succès le processus d’acculturation, dans une démarche conjuguée avec les lecteurs de la traduction. Notre point de vue est, en effet, un processus d’accommodation, de placement dans le système d’attente des récepteurs de la traduction. Au niveau microtextuel, l’accommodation devient visible par la manipulation efficiente des culturèmes. Quoique le terme de Kulturem ait été lancé par Els Oksaar (1988) et qu’il jouisse d’une grande popularité, il ne figure pas encore dans les dictionnaires. Le culturème remplit une double fonction: transmission d’information et transfert ou intertrafic culturel. Par voie de conséquence, le transfert présuppose entropie ou perte d’information (surtout au niveau virtuel ou connotatif). En ce sens, Cordonnier (1995) soutient le décentrage de la traduction et l’immersion dans la culture de la langue source par l’intermédiaire d’une politique annexionniste. Le traducteur agit dans le cadre de l’épistème de son époque, tributaire d’une doctrine narcissiste sur le monde. L’auteur rejette toute hiérarchisation culturelle apriorique ou postérieure et propose le syntagme «rapport et apport des cultures» (Cordonnier 1995: 164), qui doit être interprété comme relation réciproque bénéfique entre les deux systèmes en cause. L’identification des culturèmes en traduction dépend du protocole d’expérience du traducteur (connaissances linguistiques et encyclopédiques) et leur transfert se fait de façon anthropocentrique, selon les attentes des lecteurs. La monoculturalité du culturème en est affectée et, de cette façon il devient relatif, soumis à un processus d’évolution interculturelle. Dans ce qui suit nous examinerons systématiquement la problématique des culturèmes (et des traductèmes), en nous appuyant sur la traduction en anglais du roman Le rouge et le noir de Stendhal. Notre analyse propose aussi une typologie des culturèmes identifiés dans

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le roman tandis que nos commentaires s’arrêtent uniquement sur les culturèmes les plus représentatifs pour chaque catégorie. Les anthroponymes (noms de personnages historiques, noms de personnages et d’œuvres littéraires, noms d’écrivains célèbres) et les toponymes sont transférés et quelquefois adaptés au système morphologique et/ou phonologique de la langue source. Leur transfert est motivé par le désir du traducteur de rendre la couleur locale du texte source. A titre d’exemple: Napoleon Bonaparte, Julien Sorel, J.J. Rousseau, Verrières, France.

Dans la plupart des cas, les traducteurs gardent la nomenclature des formes d’adresse et des titres officiels en français, pour faciliter aux lecteurs l’immersion dans la culture qui leur est présentée. Pourtant, il y a des situations où celles-ci sont équivalentes: Lettre Anonyme Madame, (Sthendal 1990: 149) (Sthendal 1938: 157): ANONYMOUS LETTER Madame (Sthendal 1976: 136): The anonymous letter reads as follows: Madam, (Sthendal 1991: 127): ANONYMOUS LETTER Dear Madam,

L’intervention du traducteur est différente dans les trois cas présentés au-dessus. Ainsi, dans la première traduction, garde-t-on la forme d’adresse du français, spécifique aux lettres à caractère officiel. Dans la deuxième traduction, on opte pour une solution de compromis: la forme d’adresse des lettres officielles est «Dear Madam» en anglais – présente explicitement dans la troisième traduction, où l’on enregistre l’équivalence. La motivation, dans le second cas, semble être le désir de la traductrice de garder la structure syntaxique de la langue source (un seul terme à la place du syntagme usuel en anglais). C’est un cas d’interférence ou de transfert négatif au niveau syntaxique. la marquise de R. (Sthendal 1990: 154) (Sthendal 1938: 163): the Marquise de R. (Sthendal 1976: 142): the Marquise de R. (Sthendal 1991: 133): the Marquise de R.

La solution proposée par les trois traducteurs est un compromis: le terme «Marquise» est neutralisé du point de vue morphologique – il présente l’article défini «the», mais en même temps la particule de noblesse «de» en est gardée, en dépit du fait que l’anglais dispose, lui aussi, d’une particule spécifique: «of». sire de Vergy (Sthendal 1990: 155)

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(Sthendal 1938: 165): the Lord of Vergy (Sthendal 1976: 143): the lord of the manor of Vergy (Sthendal 1991: 134): the squire of Vergy

On remarque le manque de continuité des traducteurs dans la façon de rendre les titres nobiliaires – cette fois-ci ils préfèrent la particule anglaise «of». L’équivalence du titre nobiliaire «sire», qui fonctionne en français comme forme d’adresse également, ne peut être faite directement, vu qu’il existe un certain degré d’asymétrie culturelle, qui d’ailleurs n’est pas tellement grand. Le terme «lord» indique le titre nobiliaire et s’utilise aussi comme formule d’adresse à condition qu’il soit déterminé par l’adjectif possessif «my»: «My lord». Le terme «squire» dénote un titre nobiliaire accordé aux grands propriétaires du milieu rural, mais ne s’emploie pas comme formule d’adresse. En ce qui concerne la dénomination des fonctions et des institutions officielles, on peut affirmer qu’elles sont rendues avec une grande précision et rarement transférées: ministre de l’intérieur (Sthendal 1990: 25) (Sthendal 1938: 14): Minister of the Interior (Sthendal 1976: 27): the Home Secretary (Sthendal 1991: 7): Minister of the Interior

Les deux premières traductions recourent au calque, alors que la troisième est un équivalent culturel (un culturème de la langue cible). La traduction de l’infrastructure juridique révèle des vides culturels: M. le procureur général (Sthendal 1990: 550) (Sthendal 1938: 331): Attorney-General (Sthendal 1976: 494): the District Attorney (Sthendal 1991: 512): the public prosecutor

En France, «procureur général» est un titre accordé aux hauts fonctionnaires du Ministère Public ou à des chefs du Parquet auprès de la Cour de Cassation, de Comptes ou d’Appel. En Angleterre et dans le Pays des Galles le terme «attorney-general» désigne le procureur général et le principal conseiller de la Couronne pour les questions judiciaires. Le titre «district attorney» est à présent spécifique au système juridique américain, où il désigne le procureur général, tout comme son équivalent britannique «public prosecutor». Les options différentes des traducteurs mettent ainsi en évidence l’existence d’un vide culturel, d’une asymétrie culturelle entre le système juridique français et le britannique. Les termes qui dénotent l’idéologie de l’époque sont transférés directement, sans commentaires, quoiqu’ils constituent des éléments-clé dans la lecture du roman: tout aussi hônnêtes gens que ceux d’aujourd’hui (Sthendal 1990: 268)

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(Sthendal 1938: Vol. 2, 10): just as good fellows as we have to-day (Sthendal 1976: 243): just as decent fellows as they are today (Sthendal 1991: 240): just as honest as they are today

Le syntagme «honnête homme» indiquait dans la France du XVIIème siècle l’idéal éthique de l’époque – homme du monde, défini de façon éclectique, comme aristocrate et adepte de l’hédonisme et du stoïcisme. La traduction altère le sens de cette référence culturelle dans les trois cas, en insistant sur l’idée d’honnêteté ou de décence, alors que le lexème «good» est utilisé de façon ambiguë (‹aimable›, ‹décent›). Le juge de paix, hônnête homme (Sthendal 1990: 269) (Sthendal 1938: Vol. 2, 11): the justice of peace, an honest man (Sthendal 1976: 244): The justice of peace, a decent sort of fellow (Sthendal 1991: 240): the magistrate, who’s a decent fellow

Il est intéressant de remarquer dans ces exemples, que la première et la troisième traduction varient les solutions proposées comme équivalent du terme «honnête homme» – «honest man» et «decent fellow» (par rapport à «good fellow» et respectivement «honest», antérieurement proposés); cette fois encore le sens en est détourné, faussé. La catégorie suivante dans notre taxinomie est représentée par les termes religieux. A titre d’exemple, on a: - l’abbé Chélan (Sthendal 1990: 26) (Sthendal 1938: 15): the Abbé Chélan (Sthendal 1976: 28): Father Chélan (Sthendal 1991: 8): Father Chélan

A l’origine, le terme «abbé» dénotait uniquement la personne qui remplissait une fonction supérieure dans l’ordre religieux de l’église catholique; ultérieurement, il a été employé pour désigner toute personne qui prenait les habits. Au XIXème siècle, l’abbé ne remplissait pas de devoirs ecclésiastiques, le plus souvent il devait s’occuper de l’éducation des grands élèves. Le premier traducteur recourt à un transfert, guidé par le désir de renforcer la couleur locale; dans les deux autres, on nous fournit un équivalent culturel, les traductrices rendant correctement le terme «abbé» par «Father» (terme générique) et non pas avec «abbot», qui se réfère, de façon restrictive, uniquement au rang ecclésiastique supérieur. Les unités de mesure (divisions monétaires, mesures agricoles, unités territorialesadministratives) sont difficiles à traduire parce que, dans beaucoup de cas, il y a un vide culturel entre la langue source et la langue cible: il a dû lui compter de beaux louis d’or (Sthendal 1990: 24)

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(Sthendal 1938: 12): he was obliged to pay him in fine golden louis (Sthendal 1976: 25): he had to pay him a good round sum in golden louis (Sthendal 1991: 5): He had to hand over a handsome sum in gold coin

Les deux premières traductions recourent au transfert, alors que, dans la troisième, on utilise la neutralisation, le terme métonymique «louis» (selon le nom du roi qui a demandé cette émission monétaire) étant remplacé par son hypéronyme en anglais – «coin». il a élargi la promenade de plus de six pieds (Sthendal 1990: 26) (Sthendal 1938: 15): he has widened the avenue by more than six feet (Sthendal 1976: 27): Monsieur de Rênal made the promenade some six feet wider than before (Sthendal 1991: 8): he widened the promenade by more than six feet

L’unité de mesure «pieds» est adaptée dans les trois traductions. Ces correspondances sont standards, la seule alternative du traducteur étant la conversion de ces unités en mètres. l’un de ces hôtels à façade si plate du faubourg Saint-Germain, bâtis vers le temps de la mort de Voltaire (Sthendal 1990: 278) (Sthendal 1938: Vol. 2, 21): one of the typical town houses, with their lifeless fronts, of the Faubourg Saint-Germain, built about the date of Voltaire’s death (Sthendal 1976: 252): one of those large private houses in the Faubourg Saint-Germain,which have such insignificant façades and were built round about the time of Voltaire’s death (Sthendal 1991: 249): one of those houses with very flat fronts in the Faubourg Saint-Germain, built around the time of Voltaire’s death

En tant qu’unité administrative-territoriale, le terme «faubourg» est un hétéronyme du mot anglais «suburb», la différence se situant au niveau de la connotation, «faubourg» évoquant une périphérie typiquement française. Dans la taxonomie des culturèmes on peut inclure aussi des termes appartenant au domaine de l’architecture. son château de Vergy (Sthendal 1990: 151) (Sthendal 1938: 160): his country house at Vergy (Sthendal 1976: 140): his country house at Vergy (Sthendal 1991: 130): his château in Vergy

Le terme «château», qui date de la période médiévale, orthographié sans majuscule, référait à la forteresse et plus tard, à la résidence d’un seigneur – construction de dimensions impressionnantes, située au milieu de la propriété. Les deux premières

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traductions neutralisent le terme du français par «country house», dépourvu de force descriptive. L’équivalent anglais qui évoque la même image référent est «castle». La troisième traduction reprend le terme français. Les deux solutions proposées semblent se situer aux extrêmes: neutralité par rapport aux deux cultures /vs/ fidélité maximale par rapport à la culture de la langue source. Le fait que ce château était aperçu de trois ou quatre lieues de distance, au grand détriment de toutes les maisons de campagne ou soi-disant châteaux du voisinage (Sthendal 1990: 152) (Sthendal 1938: 161): The fact of the matter was that this mansion was visible from a distance of three or four leagues, to the great detriment of all the country houses or so-called châteaux of the neighbourhood (Sthendal 1976: 140): The fact is that this château could be seen from three or four leagues away, to the great detriment of all those country houses or would-be châteaux of the neighbourhood (Sthendal 1991: 130): The fact is that this château could be seen from three or four leagues away, to the great detriment of all the neighbouring country houses or so-called châteaux (130)

Le contexte nous aide à comprendre le choix des traducteurs dans le paragraphe antérieur. Le texte source véhicule en parallèle les termes «château» et «maison de campagne», l’équivalent de celui-ci étant «country house». Cependant, aucun traducteur ne fait appel au lexème «castle». Dans la première traduction, «château» est rendu par «mansion» (‹manoir›) terme qui dénote une résidence somptueuse, pas une forteresse. Il est pourtant évident qu’il n’est pas actualisé par le lexème «château». On remarque le transfert de ce culturème chez les trois traducteurs, justement parce qu’il ne présente pas un grand degré de résistance au transfert, et également que, dans le premier cas, le traducteur est préoccupé par le critère esthétique – éviter la répétition du mot «château», quoiqu’il figure deux fois dans la phrase d’origine. Les deux dernières traductions manifestent un degré plus élevé de fidélité par rapport au texte et à la culture source.

En guise de conclusions Dans la traduction du roman Le rouge et le noir en anglais, les traducteurs ont préféré l’intervention indirecte et discrète. La complémentarité de la traduction envisage notamment ce degré d’implicite culturel détectable en fonction du niveau de compétence culturelle du lecteur. Les deux premières traductions sont préfacées par des notes des traducteurs, où ils définissent leur position et donnent quelques explications générales concernant la marque socio-historique afférente (l’atmosphère de l’époque présentée dans le roman), sans expliquer les culturèmes. La troisième traduction est accompagnée de notes explicatives finales, qui ne font qu’aider le lecteur à identifier correctement les culturèmes sélectés par la traductrice. Il est évident que les trois traducteurs se placent dans un système d’expectative dans lequel la compétence culturelle du lecteur est implicitement évaluée en

Fidélité linguistique et culturelle dans la traduction

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fonction des concessions que le traducteur lui fait. L’intervention massive de la traductrice dans le troisième cas, même si elle n’est pas faite au niveau intratextuel, tout en laissant au lecteur la liberté de faire la lecture des notes explicatives en parallèle avec le texte, après la lecture du texte intégral du roman ou pas du tout, est justifiée en quelque sorte par la nonproximité temporelle et la conception non-élitiste sur la traduction à la fin du XXème siècle.

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Proyección y traducción de Góngora en Romania

1. Introducción y objetivos Góngora está situado en un momento decisivo de la literatura y de su época, una época que, por su experiencia románica, pertenece al Clasicismo y al mismo tiempo supera los límites de esta corriente literaria, siendo considerado uno de los poetas más importantes del Barroco español que abrió camino hacia la modernidad. La percepción de la obra gongorina tuvo que superar una serie de obstáculos causados por el cambio paradigmático del Barroco al Modernismo, cambio que había originado mutaciones significativas en plano estético. El artículo destaca la importancia de la traducción de Góngora desde el punto de vista lingüístico y cultural, comparando algunas traducciones al rumano y al francés. La revalorización y difusión del arte gongorino a través de la traducción es un aporte del patrimonio románico al desarrollo de la cultura. Nos interesa centrar la atención en la observación de la traducción de la obra gongorina considerada en el contexto de la recepción románica, dirigiéndonos hacia un enfoque contrastivo. Pondremos en contexto versiones originales y algunas traducciones suyas al rumano y al francés para examinar si la traducción de Góngora ha sido cosa factible y dentro de qué limites particularizables en cada caso.

2. La traducción de Góngora al rumano La divulgación de Góngora en la literatura rumana se debe principalmente al poeta y filólogo Darie Novăceanu, discípulo de Dámaso Alonso, hispanista rumano que realizaba en los años ochenta las primeras equivalencias rumanas más próximas de los poemas gongorinos, publicadas en una edición bilingüe1 acompañada de comentarios competentes. Hasta aquella época Góngora casi faltaba2 en el diálogo rumano con la poesía universal. El ––––––– 1

2

El libro sobre Góngora (Novăceanu 1982) reúne, en realidad, tres trabajos: uno de presentación general, otro de traducciones y el último de comentarios y notas. Hubo algunas traducciones pioneras: en 1919 Antonian Nour ya había hecho una variante rumana del soneto En el cristal de tu divina mano. En el mismo período Nicolae Iorga traducía unos romances y escribía sobre la vida y la obra del poeta cordobés en una impresionante Historia de

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poeta rumano era consciente de que teníamos que empezar a comunicarnos con todas las culturas del mundo y, para que el diálogo fuese concreto, teníamos que conocer al máximo aquellas culturas, especialmente su poesía. La convicción de que las virtudes de la poesía rumana, entre las cuales su capacidad de recepción y asimilación, eran ilimitadas, había empezado a esbozarse mucho antes. Estudiando a Góngora, Darie Novăceanu se ha dado cuenta de la riqueza del rumano, de que su arte poético permitía esta fidelidad en el descubrimiento de su propio idioma. El hispanista rumano tuvo que estudiar los textos rumanos, la literatura rumana para conocer e interpretar los medios más precisos y aplicarlos a su trabajo. Y cuando más ha amado a Góngora ha sido cuando ha podido reconstruir en rumano cosas como las que él escribió con sus mismas palabras. Esta tarea de Darie Novăceanu –la traducción y la investigación sobre Góngora– no fue la única (había traducido a Juan Ramón Jiménez, García Lorca, Sábato, Borges, García Márquez, etc.), sin embargo fue la tarea cumbre de su actividad de traductor. Tradujo también al español a muchos poetas rumanos representativos (Tudor Arghezi, George Bacovia, etc. y más tarde, en 2006, iba a publicar en Prensas Universitarias de Zaragoza, en una Antología poética general, su traducción al español de Lucian Blaga, con notas, estudio introductivo y epílogo). Novăceanu considera a Góngora un revolucionario, porque quiso y realizó un idioma español nuevo, paralelo al idioma común, pero un idioma de poesía, de su poesía. La conclusión a la que llegó después de traducir a Góngora fue que el poeta no siguió la línea tradicional, desvió muchos caminos, tapó y abrió otros. No pocos han sido los esfuerzos de Góngora por ennoblecer el idioma castellano. Algunos no vieron en el poeta cordobés más que un escritor de poesía aristocrática, extravagante y selecta, cosa incompleta, porque, antes de todo, su ideal fue el de elaborar un vocabulario más elevado. Góngora decía que al Imperio español le debía corresponder un idioma noble, solemne, imperial y universal. Y ese idioma él lo utilizó en su obra poética. La importancia de las traducciones de esta obra al rumano se nota, decididamente, en las influencias culturales y lingüísticas. Cada pueblo hace de su lengua la depositaria y el vehículo de toda su cultura espiritual. Las lenguas son espejos en los cuales se encuentran las caras de todas las edades culturales de la humanidad. La palabra pronunciada o escrita es creadora de imágenes y sentidos, lo que muestra tanto el acercamiento del hombre a la realidad circundante, como sus vueltas o desvíos en su difícil tentativa de asimilación del universo. Por eso ocurre a veces que los sentidos de algunas palabras actuales no pueden ser descifrados en todas sus determinaciones, sino sólo apelando a las mentalidades de las épocas en que fueron plasmados. Así, al analizar el léxico gongorino, notemos que representa a veces (véase en el soneto traducido la palabra hebra), junto a la sintaxis, una de las fuentes de la oscuridad. No será superflua la insistencia sobre estos problemas, teniendo en cuenta sobre todo que el ––––––– las literaturas románicas en su desarrollo y sus relaciones. En 1942 Olga Caba, traductora de formación inglesa, publicaba su versión de dos otras «joyas poéticas» gongorinas. Pero el primer estudio importante para el hispanismo rumano y para el conocimiento de la obra gongorina pertenece al crítico literario George Călinescu, quien tenía un gran talento de descifrar los textos de Góngora, aunque reconociendo que en Soledades hay criptografías imposibles que irritan y desesperan y que su autor es un poeta de clave.

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léxico sufre mutaciones y matizaciones semánticas notables. Oscura, incluso opaca en la estructura de algunos neologismos, gracias a las mutaciones fonético-semánticas intervenidas, la influencia latina es fácilmente perceptible en un gran número de neologismos derivados o compuestos. Los creadores de literatura perciben, en general, la traducción como un acto eminentemente frustrante. En el problema de la restitución del sentido el acento recae sobre la producción de los efectos similares con el original, aunque se utilizan medios diferentes. La literalidad no significa necesariamente fidelidad en el sentido creador. Para traducir a Góngora e interpretar su mundo se han violentado muchas veces los moldes de la lengua de llegada. La misión del traductor de poesía es, tal como la de Ulises, llena de empeño. Circe representa aquí las tentaciones del arte. Surge, pues, la cuestión legítima de si son los poetas los mejores traductores. La traducción de poesía es una actividad posible y muy necesaria que los traductores y los teóricos de la traducción invistieron con virtudes creadoras. Aunque los principios de la traducción pueden ser atribuidos a la lingüística, su realización sigue más bien la naturaleza de un arte, en el cual la aptitud personal de sentir las posibilidades artísticas de las dos lenguas es de la mayor importancia. Traducir significa crear.

3. El corpus de traducción En el caso de Góngora, la pregunta de si son los poetas los mejores traductores tiene una respuesta afirmativa, en lo que nos concierne, si pensamos en las variantes rumanas debidas a George Călinescu, Darie Novăceanu o Dumitru Radulian. Los últimos, poetas de la misma generación, nos ofrecen la oportunidad para volver a constatar que no hay recetas ni normas generales y que la traducción poética es a la vez fidelidad e infidelidad. A continuación nos detendremos sobre tres versiones románicas de un soneto gongorino para analizar en qué medida consiguen una lectura de su significación.3 El texto español:4 Ilustre y hermosísima María, mientras se dejan ver a cualquier hora en tus mejillas la rosada Aurora, Febo en tus ojos y en tu frente el día, y mientras con gentil descortesía mueve el viento la hebra voladora que la Arabia en sus venas atesora y el rico Tajo en sus arenas cría;

––––––– 3 4

Término empleado por Meschonnic (1973: 287). Millé, 235, según Novăceanu (1982: 324).

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antes que de la edad Febo eclipsado y el claro día vuelto en noche obscura huya la Aurora del mortal nublado; antes que lo que hoy es rubio tesoro venza a la blanca nieve su blancura, goza, goza el color, la luz, el oro.

La versión de Darie Novăceanu:5 Mult prea frumoasă şi gingaşă Marie, cît timp pe-obrajii tăi va fi să-nfloară, aprinsă, Aurora, pe frunte ziua clară, iar în privire Febus va fi lumină vie, cît timp va trece vîntul cu aripa uşoară prin părul tău ca iarba înăltă şi mlădie, ce din Arabii stinse i-a fost dat să vie aici, pe Tajo, mîndră să răsară, pînă ce Febus nu va îngenunchea sub vreme, ziua în noapte-adîncă schimbîndu-se şi norii, curgînd peste-Auroră, vor stinge diademe, pînă ce focul însuşi, al dragostei, nu moare, umerii albi topind albul ninsorii, te bucură de rază, de aur, de culoare!

La versión de Dumitru Radulian:6 Maria, preaslavită şi frumoasă,…/ Maria, preaslăvită şi frumoasă, atîta timp cît tot se mai zăreşte că Aurora-n chipul tău trăieşte, Febus e-n ochii-Ńi, ziua-n frunte-Ńi iasă, şi vîntul jucăuş părul nu-Ńi lasă şuviŃa zburătoare ce-o-ndrăgeşte Arabia sau cu dragoste o creşte Tago-n Ńărîna lui cea nisipoasă, şi pîn’ nu-Ńi intră anii în eclipsă şi nu e ziua noapte-ntunecoasă şi zorii, sub nori ucigaşi, nu-s lipsă,

––––––– 5 6

En Novăceanu (1982: 325) el soneto aparece fechado 1582. Radulian (1982: 103).

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încă pîn’ nu-i comoara ta senină mai albă chiar ca neaua cea pufoasă culege aur, şi culori, lumină.

La versión de Lucien-Paul Thomas:7 Sonnet 1583 O! ma noble Marie aux traits harmonieux, Tandis que chaque instant laisse paraître encore Sur votre joue en fleur, les roses de l’Aurore Sur votre front, le Jour et Phébus en vos yeux, Tandis que, tendrement irrévérencieux, Le vent fait voltiger les tresses que décore Tout ce dont l’Arabie en ses veines se dore Et que nourrit le Tage aux sables généreux; Avant donc que Phébus du temps soit éclipsé, Et le jour lumineux en sombre nuit mué, L’Aube se dérobant au nuage de mort; Avant que la beauté de ces richesses blondes, Plus blanche que la neige blanche, la confonde, Ah! Cueillez la nuance et la lumiere et l’or!

Al leer las traducciones confrontadas no podríamos afirmar que una u otra de las versiones rumanas fuera más «semántica». Los poetas rumanos no se proponen una fidelidad absoluta en cuanto al nivel léxico. Son versiones «comunicativas», en las que se buscan, primeramente, efectos poéticos similares a los del original. Los dos traductores, personalidades poéticas destacadas, han restituido de forma diferente la musicalidad única de este soneto, acordándolo discretamente a su propio registro poético, pero permaneciendo fieles a su letra y acercándose cada uno a su manera al sentido léxico, a la forma sutil de las palabras, a su espíritu. Los casos de «infidelidad» con respecto al sentido nacen de una visión personal acerca de lo poético y no de diferencias lingüísticas insuperables, pues el español y el rumano son lenguas afines. Por ejemplo, la traducción del verso final nos hace entrever el acogedor espacio de las imágenes rumanas equivalentes: el color, la luz, el oro frente a rază, aur, culoare y aur, culori, lumină en las traducciones rumanas y la lumière et l’or en la francesa. El cambio operado en el plano paradigmático o de la «selección» (el verbo «gozar» no aparece repetido en ninguna de las variantes) no sacrifica la cualidad estilística del verso francés, porque la audacia de la imagen se recupara mediante la interjección «Ah!». ––––––– 7

Thomas (1931: 76) fecha el soneto un año más tarde.

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El tópico literario del carpe diem del presente soneto orienta la lectura y la traducción hacia los colores específicos de Góngora (oro, rojo, blanco) en la descripción de la belleza femenina que, en el espléndido soneto De pura honestidad templo sagrado, escrito también en 1582, cuando tenía sólo 21 años, asemejaba a un templo, en una imagen sacro-profana. El topoï mujer-templo se vuelve hoy lugar común, por repetición, pero la intensidad con la cual la mujer descrita en los sonetos gongorinos eclipsa la naturaleza no queda igualada. En cuanto a la versificación, la traducción de Lucien-Paul Thomas sigue la transposición de la sugestión sonora, resalta la exactitud léxica, con un mínimo desvío de la «arquitectura» original, desvío que no le quita mucha luz. La lectura pone de relieve una discreta línea melódica asegurada por el ritmo y la repetición de dos palabras clave (jour, blanche). La versión francesa no sigue las rimas del poema original en los tercetos (ABBA, ABBA, CCD, EED). En cambio, encontramos la rima original en los tercetos y la rima abrazada ABBA, BAAB en los cuartetos en la versión de Darie Novăceanu y el alexandrino rumano de 14 sílabas (por las rimas femeninas de tipo vreme/diademe). De los tres traductores, Dumitru Radulian es el más fiel a las rimas del poema original ABBA, ABBA, CDC, EDE y sigue su medida clásica endecasílaba, muy utilizada también en la poesía moderna, que hace que los versos sean fácilmente retenidos en la memoria y que se perciban como un verdadero refrán: culege aur, şi culori, lumină. Las versiones en rumano consiguen reproducir de una forma casi natural la musicalidad del poema original, intentando «traducir» el efecto que tuvo sobre los autores mismos. Acerca de Lucien-Paul Thomas podemos decir que insiste en guardar la medida clásica, pero no podemos hablar de rima clásica. La equiparación francesa es muy exacta y no pierde la soltura y la simetría de ideas del original. Lucien-Paul Thomas admite que no todas las particularidades gongorinas, las audacias sintácticas, que constituyen una de las causas esenciales de la dificultad poética y, en última instancia, una de las fuentes de la originalidad, pueden ser asimiladas en francés. El se esforzó por acomodarse lo más exactamente posible el sentido y la forma, realizando versiones rítmicas cada vez que la naturaleza del texto se lo permitía «sans porter atteinte à la fidélité». Con respecto a sus variantes para Soledades y Polifemo, el traductor francés decía: Nous avons accepté, pour ces poèmes, un mouvement de la phrase qui s’écarte souvent de la tradition française comme celui des Solitudes et du Polyphème s’écartait de la tradition espagnole. Mais ce mouvement, qui sépare des mots habitués à marcher côte à côte, qui réunit des idées étonnées de se trouver ensemble, ne répond pas seulement à une volonté de latinisation, qui n’est parfois qu’un prétexte à des libertés: c’est une syntaxe psychologique et plastique, qui cherche à se rendre indépendante des instruments grammaticaux, en faisant jaillir, dans un rythme imprévu des vocables, dans un contact inusité des pensers et des images, des étincelles qui sont refusées à la servitude de l’ordre enchaîné et traditionnel.8

Estamos ante un soneto y tres versiones en las cuales la forma es significativa, en las cuales los sonidos y aun su equivalente gráfico, las letras, se convierten en sentido. Las podemos leer como tres poemas acertados en rumano y en francés que atestiguan la opinión ––––––– 8

Thomas (1931: 47).

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de la mayoría de los traductores de que un poema bien traducido es otro poema. Entre estas tres versiones no podemos establecer una gradación rigurosa con respecto a la fidelidad al sentido. Para ilustrar esta afirmación reproducimos la primera estrofa con sus tres versiones, apuntando con (1) la versión de Lucien-Paul Thomas, con (2) la versión de Dumitru Radulian y con (3) la versión de Darie Novăceanu: Ilustre y hermosísima María, O! ma noble Marie aux traits harmonieux, (1) Maria, preaslăvită şi frumoasă, (2) Mult prea frumoasă şi gingaşă Marie (3) mientras se dejan ver a cualquier hora Tandis que chaque instant laisse paraître encore (1) atâta timp cît tot se mai zăreşte (2) cît timp pe-obrajii tăi va fi să-nfloară (3) en tus mejillas la rosada Aurora, Sur votre joue en fleur, les roses de l’Aurore (1) că Aurora-n chipul tău trăieşte, (2) aprinsă, Aurora, pe frunte ziua clară (3) Febo en tus ojos y en tu frente el día, Sur votre front, le Jour et Phébus en vos yeux, (1) Febus e-n ochii-Ńi, ziua-n frunte-Ńi iasă, (2) iar în privire Febus va fi lumină vie, (3)

El «enfrentamiento» de las tres versiones, si hubo tal, se ve así como un abrazo fraterno, escenificando una miscelánea que nos hace pensar en el soneto Las tablas de el bajel despedazadas elaborado por Góngora en cuatro lenguas. La polifonía obtenida en este caso, muy parecida, se ve reforzada por otro efecto, el de repetición en otro plano, de eco realizado por la traducción simultánea. Notemos el grado de asimilación intencional, que se convierte en vehículo de una intertextualidad mediante la cual los poetas traductores interactúan. De cuán eficaz puede ser semejante estrategia de asimilación creativa en el plano de la traducción nos convence el análisis de cada variante. En los poemas gongorinos todo se vuelve significativo: la disposición de las palabras, la rima empleada, el metro, la estrofa, la selección de ciertas palabras que tienen ciertas connotaciones. A veces, la intención del poeta es la de producir efectos como la opacidad, la ambigüedad, que lleva a varias intrepretaciones. Eso explica por qué la subjetividad dio lugar también en el caso de las traducciones presentes a variantes a partir del original. Fortunato Israël definía la traducción literaria como un acercamiento: Entre l’original et l’objet traduit, il ne saurait donc y avoir relation d’identité mais plutôt équivalence de fonction et de message, ce qui suppose l’existence à la fois d’invariantes et de variantes. A condition de situer son propos dans cette perspective, Genette a raison: le

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traducteur littéraire fait toujours «autre chose» puisqu’il y a transgression de la lettre, déplacement, écart, autrement dit appropriation.9

El modelo, la opción de traducción propuestas por los traductores en cuestión es al mismo tiempo producción y reproducción de texto poético. Este cumple con éxito los requerimientos de la traducción poética, antes mencionados, ser poeta (hablar la lengua de la poesía universal) y conocer la lengua en la cual fue creada la respectiva poesía. Es sabido que las grandes traducciones son el resultado de unos encuentros fascinantes, en tiempo y espacio, entre creadores congeniales y al mismo tiempo el resultado de la capacidad de vivir en el interior de una personalidad poética. Algunos traductólogos hablaban incluso de una quema, de una desaparición, una destrucción del original para permitir su reaparición, su renacimiento, en una forma nueva, en la traducción. Podemos concluir, al final de esta breve incursión en el mundo de las «lecturas paralelas» configurado por las traducciones que tenemos de Góngora, que el soneto gongorino es «leído» por los tres traductores en variantes fieles, tal como el autor mismo fue fiel al modelo italiano de Torquato Tasso. La asimilación fértil de las influencias italianas y la nivelación del terreno lingüístico son evidentes e importantes. Dominan la emoción el rigor clásico del soneto, «barroquizado» por la presencia del desengaño considerado típico del siglo XVII y el deseo de asombrar, maravillar la mirada y la mente. El intelectualismo es dueño de lo sensorial. Por su belleza y su fidelidad las variantes denotan, en igual medida, un piadoso respeto por Góngora y una aventura intelectual con riesgos asumidos. Con respecto a la pregunta «¿Qué es lo que traducimos, forma o contenido, letra o sentido?», Meschonnic decía: «Hoy en día ya no oponemos lo bello a lo exacto. Más bien visamos lo bello a través de lo exacto».10 Es lo que constatamos, de hecho, al final, cuando podemos leer las tres traducciones como tres poemas acertados, confirmando una observación de la Escuela de la Manipulación, según la cual «un poema bien traducido es otro poema».

Conclusiones La opción por definir lo poético en términos de estructura lingüística específica, basada en la solidaridad entre un significante y un significado supone la opción de la fidelidad con respecto a esta estructura, es decir, con respecto a una forma y un contenido percibidos en su unidad indivisible. Es este el motivo por el cual se sostiene que sólo el traductor poeta puede traducir, auténticamente, poesía. Parece que los requerimientos capitales de la traducción poética son los de ser poeta (hablar la lengua de la poesía universal) y de conocer la lengua en la cual se ha creado la respectiva poesía, en su espíritu profundo y sutil. Desde el punto de vista lingüístico, se trata de requerimientos objetivos. Otro ––––––– 9 10

Israël (1990: 17-18). Meschonnic (1973: 363).

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requerimiento, subjetivo esta vez, pero no menos importante, es la afinidad entre el traductor y el autor. Los problemas originados por la traducción de Góngora en lenguas románicas son bastante variados, pero las clases de dificultades más importantes con las cuales se confronta el traductor rumano o francés son, en última instancia, de orden práctico. Los traductores de los cuales nos hemos ocupado coinciden en la opinión de que a Góngora no se le puede leer, sino estudiar. De cualquier modo, es cierto que la traducción moderna de poesía tiende a identificar lo textual con el reflejo del alma del poeta y de aquí se derivan con frecuencia adecuaciones artísticas que presentan la unicidad del texto como objeto de lectura independiente o intertextual. Lo más importante en este tipo de investigación sería, por una parte, destacar el papel de la traducción en la creación de intercambios culturales y lingüísticos, con especial atención en la valoración del patrimonio ideológico y cultural de los rumanos y por otra parte establecer las filiaciones necesarias para la comprensión de la compleja problemática del fenómeno de la traducción.

Bibliografía Alonso, Dámaso (1950): La lengua poética de Góngora. Madrid: C.S.I.C. – (1955): Estudios y ensayos gongorinos. Madrid: Gredos. Georgescu, Paul Alexandru (1986): Valori hispanice în perspectivă românească. Bucureşti: Cartea românească. Israël, Fortunato (1990): Traduction littéraire: l’appropriation du texte. In: Actes du Colloque International ESIT. Paris: Didier Erudition, 17-28. López Martínez, María Isabel (2003): Los clásicos de los Siglos de Oro y la inspiración poética. Valencia: Pre-Textos. Meschonnic, Henri (1973): Pour la poétique II. Paris: Gallimard. Mounin, Georges (1971): Los problemas teóricos de la traducción. Madrid: Gredos. Novăceanu, Darie (1982): Luis de Góngora y Argote. Polifem şi Galateea. Bucureşti: Editura Univers. Radulian, Dumitru (1982): Sonetul spaniol în Secolul de Aur. Cluj: Editura Dacia. Rico, Francisco (1983): Historia y crítica de la literatura española, Siglo de Oro: Barroco. Madrid: Crítica. Thomas, Lucien-Paul (1931): Don Luis de Góngora y Argote. Paris: La Renaissance du Livre. Vleja, LuminiŃa (2004): La mirada de los modernos a Góngora. In: Caiet de semiotică 15. Timişoara: Editura UniversităŃii de Vest, 251-261. – (2007): Un experiment poetic romanic: Góngora şi gongorismul. Timişoara: Excelsior Art.

Index des auteurs Table générale

Index des auteurs

AARLI, Gunn: IV, 281-290 ABETE, Giovanni: II, 3-12 ACCIARDI, Daniela: IV, 291-300 AGUILERA, Vanderci de Andrade: IV, 269-278 ALBRECHT, Jörn: I, 487-498 ALFONZETTI, Giovanna: V, 3-12 ALMEIDA SANTOS, Isabel: III, 475-484 ALMEIDA, Maria Elisete: I, 499-508 ALTMAYER, Everton Leopoldino: I, 251-258 ALVAR EZQUERRA, Manuel: II, 605-612 ÁLVAREZ PÉREZ, Xosé Afonso: II, 613622 ALLETSGRUBER, Julia: VI, 3-10 AMENTA, Luisa: II, 251-262 AMORUSO, Chiara: IV, 3-12 ANDERSSON, Carina: IV, 301-310 ANDREI, Diana: V, 331-338 ANTELMI, Donella: V, 13-22 APARECIDA FERREIRA, Sandra: II, 593602 APRILE, Marcello: II, 837-846 AQUINO-WEBER, Dorothée: IV, 13-24 ARBOR ALDEA, Mariña: VI, 11-20 ARJOCA-IEREMIA, Eugenia: VI, 399-408 ARRANZ SANZ, María Isabel: III, 3-12 ATAYAN, Vahram: I, 500-518; I, 519528 AUGUSTO, M. Celeste: III, 13-22 AVOLIO, Francesco: IV, 25-36 AZEVEDO MAIA, Clarinda de: III, 485494 BAIWIR, Esther: IV, 37-46 BALAŞ, Oana Dana: VI, 409-418 BARBATO, Marcello: II, 13-22 BARBÉRIS, Jeanne-Marie: V, 339-346 BARBOSA MACHADO, José: VI, 21-30 BARBOSA, Plínio A.: II, 45-52 BARME, Stefan: VII, 303-310 BARONIAN, Luc: VII, 231-240

BASTARDAS RUFAT, Maria-Reina: III, 209-218 BATLLORI DILLET, Montserrat: II, 23-32; II, 419-430 BAUER, Roland: VII, 3-10 BECHET, Florica: VI, 419-428 BEGIONI, Louis: II, 263-272 BELLONE, Luca: VI, 31-42 BELLONIE, Jean-David: I, 259-268 BENACCHIO, Federica: VII, 41-50 BENARROCH, Myriam: II, 623-632 BENGTSSON, Anders: I, 529-538 BERNAL, Elisenda: VII, 361-374 BERNHARD, Gerald: III, 495-508 BILLIEZ, Jacqueline: IV, 47-56 BLANCO VALDÉS, Carmen F.: VI, 43-50 BLANCHE-BENVENISTE, Claire †: IV, 565-576 BLASCO FERRER, Eduardo: VII, 145-168 BLAUTH-HENKE, Christine: IV, 311-320 BLECUA FALGUERAS, Beatriz: II, 23-32 BOKAMBA, Eyamba G.: I, 269-278 BONHOMME, Marc: III, 509-518 BOUCHARD, Jacynthe: VI, 51-60 BOURMALO, Laetitia: V, 347-356 BOUTIER, Marie-Guy: III, 219-228 BRUMME, Jenny: III, 519-528 BUCHI, Éva: VI, 61-68 BUENAFUENTES DE LA MATA, Cristina: II, 633-642 BURIDANT, Claude: II, 273-290 BÜRKI, Yvette: V, 357-366 BUSON, Laurence: IV, 47-56 BUSQUET ISART, Núria: IV, 321-328 CAJOLET-LAGANIÈRE, Hélène: VII, 241250 CALATAYUD, Josep Vicenç: V, 143-152 CALVO RIGUAL, Cesáreo: VII, 375-384 CANAC-MARQUIS, Steve: VII, 273-282 CANO GONZÁLEZ, Ana María: III, 229238

722 CANTERO SERENA, Francisco José: II, 33-44 CARRERA DE LA RED, Micaela: III, 23-32 CARRERA, Aitor: IV, 57-70 CASANOVA, Emili: III, 239-248; VII, 385-394 CASCONE, Adriana: VI, 69-78 CATALÀ TORRES, Natàlia: III, 33-42 CÉU CAETANO, Maria do: VII, 395-404 CHAUVEAU, Jean-Paul: VII, 251-260 CIAMA, Adriana: VI, 429-438 CICOTTI, Claudio: I, 279-286 CLUA, Esteve: IV, 329-338 COIMBRA, Rosa Lídia: II, 45-52 COJOCARU, Vlad: I, 287-294 COLELLA, Gianluca: II, 651-660 CONDEI, Cecilia: IV, 339-348 CONGOSTO MARTÍN, Yolanda: II, 53-66; II, 661-672 CORAY, Renata: VII, 11-20 CORDIN, Patrizia: II, 291-300 CORNILLIE, Bert: V, 23-38 CORRADINI, Maria Sofia: VI, 87-96 CORRAL DÍAZ, Esther: II, 673-680 COSTĂCHESCU, Adriana: III, 43-52 CRESTI, Emanuela: IV, 349-358 CUREA, Anamaria: V, 367-376 D’ACHILLE, Paolo: VII, 405-414 DANLER, Paul: V, 377-386 DARDANO, Maurizio: VII, 415-424 DE BOER, Minne G.: I, 539-546 DE CONCA, Massimiliano: VI, 79-86 DE ROBERTO, Elisa: VI, 329-338 DELBECQUE, Nicole: III, 53-68; III, 6984; V, 23-38 DELL’AQUILA, Vittorio: I, 173-184; VII, 61-74 DEPAU, Giovanni: IV, 71-80 DERMARKAR, Cynthia: IV, 83-98 DÉTRIE, Catherine: V, 387-396 DEULOFEU, Henri-José: IV, 359-370 DEVILLA, Lorenzo: IV, 99-108 DI SALVO, Margherita: IV, 109-116 DI TULLIO, Ángela: II, 431-442; III, 5368

Index des auteurs

DÍAZ GÓMEZ, Liliana: II, 53-66 DIDRIKSEN, Anders Alvsåker: V, 323330 DINCĂ, Daniela: III, 249-258 DJURIN, Tatjana: I, 547-554 DOMÈNECH, Germà Colón: IV, 199-212 DOMÍNGUEZ FERRO, Ana Mª: VI, 43-50 DORNER, Daniela: I, 153-162 DÖRR, Stephen: VI, 97-104 DRĂGHICI, Gabriela - Mihaela: VI, 439448 DRAGOMIR, Camelia: VI, 449-466 DRAGOMIR, Mioara: VI, 467-480 DROUIN, Patrick: VII, 291-300 DUARTE, Isabel Margarida: V, 397-406 DUFRESNE, Monique: VI, 51-60 DUFTER, Andreas: II, 443-458 DUMITRESCU, Domnita: IV, 371-388 DUPUIS, Fernande: VI, 51-60 DUPUY, Estèle: VI, 105-114 DURIAGINA, Irina: IV, 389-396 DUTKA-MAŃKOWSKA, Anna: V, 407-416 EBERENZ, Rolf: III, 529-542 ECHENIQUE ELIZONDO, Mª Teresa: I, 295-304 EDESO NATALÍAS, Verónica: V, 417-426 EGGERT, Elmar: II, 681-690 ENGHELS, Renata: II, 301-310 ENRIQUE-ARIAS, Andrés: VI, 115-124 ERNST, Gerhard: III, 543-552 EUFE, Rembert: II, 459-470 FATTIER, Dominique: VII, 311-320 FELECAN, Daiana: III, 259-266 FELECAN, Nicolae: III, 259-266 FELECAN, Oliviu: III, 267-276 FERNANDES, Gonçalo: V, 39-48 FERNÁNDEZ, Mauro: I, 305-314 FERRER, Ramon: III, 239-248 FESENMEIER, Ludwig: III, 85-96 FEYRER, Cornelia: I, 555-564 FILIPPONIO, Lorenzo: II, 67-76 FINCO, Franco: VII, 21-30 FLOREA, Ligia Stela: V, 49-62 FLOREA, Marie-laure: V, 63-72 FLORESCU, Cristina: II, 691-700

Index des auteurs

FONT ROTCHÉS, Dolors: II, 33-44; IV, 397-406 FONTANOT, Roberto: VII, 31-40 FRANCESCHI, Temistocle: II, 701-712 FRANCESCHINI, Rita: VII, 549-552 FRANK, Birgit: V, 73-80 FRENGUELLI, Gianluca: VII, 425-434 FUERTES GUTIÉRREZ, Mara: III, 553-562 FUSCO, Fabiana: VII, 41-50 GADET, Françoise: IV, 117-126 GAGLIA, Sascha: II, 77-86 GALEOTE, Manuel: VI, 125-134 GALLO, Alessandro: III, 277-282 GAMBACORTA, Carla: II, 711-720 GARCÉS GÓMEZ, María Pilar: V, 81-90 GARCÍA BASCUÑANA, Juan F.: I, 565574 GARCÍA FOLGADO, María José: III, 553562 GARCÍA PÉREZ, Rafael: II, 721-730 GARCÍA SÁNCHEZ, Jairo Javier: VII, 435444 GARRAPA, Luigia: IV, 407-416 GÂłĂ, Anca: V, 427-436 GERMAIN, Jean: III, 283-290 GERNER, Hiltrud: VI, 185-192; VI, 213220 GERSTENBERG, Annette: IV, 417-426 GIAUFRET, Anna: V, 91-100 GIL, Alberto: I, 509-518 GIULIANI, Mariafrancesca: II, 87-96 GLEßGEN, Martin-Dietrich: VI, 135-150 GOICU, Viorica: VI, 481-490 GOLDBACH, Maria: II, 311-320 GONÇALVES, Miguel: V, 101-114; VII, 553-562 GONZÁLEZ I PLANAS, Francesc: II, 471480 GONZÁLEZ MARTÍNEZ, Déborah: VI, 151-162 GONZÁLEZ RODRÍGUEZ, Ruth: II, 53-66 GORDÓN, María Dolores: III, 291-298 GRECO, Paolo: II, 321-330 GRIMALDI, Lucia: III, 563-572 GRINSHPUN, Yana: V, 437-446

723 GROSSMANN, Maria: VII, 405-414 GRÜBL, Klaus: III, 573-582 GUARRO I PICART, Beatriu: V, 447-456 GUEX, Patrice: I, 451-460 GUIDO, Luca: III, 277-282; VII, 159-168 HAAS, Pauline: III, 97-106 HACK, Franziska Maria: VII, 83-92 HAQUE, Shahzaman: I, 163-172 HÄRMÄ, Juhani: V, 115-122 HARMEGNIES, Bernard: II, 127-136; II, 137-146 HASCOËT, Nathalie: IV, 427-436 HAßLER, Gerda: I, 575-588 HAVU, Eva: IV, 127-136 HEINEMANN, Sabine: VII, 51-60 HEINZ, Matthias: II, 97-106 HELKKULA, Mervi: V, 457-466 HERRERO INGELMO, José Luis: V, 123134 HERRMANN, Dorit: IV, 437-444 HILTY, Gerold: I, 3-18 HINZELIN, Marc-Olivier: II, 311-320; II, 331-340 HÖCHLE, Katharina: IV, 169-180 HOMMA, Yukiyo: III, 107-114 HUMMEL, Martin: IV, 445-462 IACOBINI, Claudio: II, 731-740 IANNÀCCARO, Gabriele: I, 173-184; VII, 61-74 IBBA, Daniela: I, 315-324 IEMMOLO, Giorgio: II, 341-350 IKEDA, Satoshi: II, 741-748 INGHAM, Richard: VI, 163-174 INGRASSIA, Giorgia: VII, 145-168 IRSARA, Martina: VII, 75-82 ISOSÄVI, Johanna: IV, 127-136 ISQUERDO, Aparecida Negri: IV, 137146 JALENQUES, Pierre: III, 115-124 JEŽEK, Elisabetta: VII, 445-454 JIMÉNEZ, Jesús: II, 107-116 JOHNEN, Thomas: I, 185-194 JOUET (LUNDSTRÖM), Maria: II, 481-490 KAISER, Georg A.: VII, 83-92 KAMINSKAÏA, Svetlana: I, 365-374

724 KEERSMAEKERS, Beatrijs: V, 23-38 KIESLER, Reinhard: II, 351-360 KISS, Sándor: II, 361-368 KLEIBER, Georges: I, 19-46 KLINGEBIEL, Kathryn: VI, 175-184 KONECNY, Christine: III, 125-134 KONZETT, Carmen: IV, 463-472 KRAMER, Johannes: VII, 321-332 KRISTOL, Andres: IV, 147-160 KUNSTMANN, Pierre: VI, 185-192 KUSZTOR, Mónika: I, 519-528 LAGERQVIST, Hans: V, 135-144 LAGÜÉNS GRACIA, Vicente: I, 325-336 LAMBERT, Patricia: IV, 161-168 LAVINIO, Cristina: VII, 169-178 LAVRIC, Eva: IV, 473-482 LAZARD, Sylviane: III, 583-594 LEHTINEN, Mari: II, 117-126 LEJEUNE, Pierre: III, 135-144 LEROY, Sarah: III, 299-306 LÍBANO ZUMALACÁRREGUI, Ángeles: II, 749-758 LIBROVA, Bohdana: VII, 455-464 LINDGREN, Charlotte: IV, 300-310 LIVESCU, Michaela: VI, 491-496 LLITERAS, Margarita: II, 759-768 LLORET, Maria-Rosa: II, 107-116 LLUNA, Xavier: V, 143-152 LO-CICERO, Minh Ha: I, 195-204 LÖFSTEDT, Leena: VI, 193-206 LÓPEZ BERNASOCCHI, Augusta: VI, 125134 LÓPEZ DÍAZ, Montserrat: V, 467-476 LOPORCARO, Michele: II, 497-506 LÖRINCZI, Marinella: I, 205-214 LUBELLO, Sergio: II, 769-778; III, 595604 LUCAS, Petronela: V, 477-484 LÜDI, Georges: IV, 169-180 LÜDTKE, Jens: III, 605-614 LUPŞAN, Karla: VI, 497-504 MADUREIRA, Sandra: II, 45-52 MAGDA, Margareta Manu: VI, 505-518 MAGRI-MOURGUES, Véronique: V, 153162

Index des auteurs

MAIDEN, Martin: II, 311-320 MAILLES, Alain: IV, 181-190 MAINGUENEAU, Dominique: V, 163-170 MAŃCZAK, Witold: VI, 207-212 MANCHO DUQUE, Mª Jesús: II, 779-788 MANES GALLO, M. Caterina: V, 485-494 MANNO, Giuseppe: V, 171-180 MANOLIU, Maria: I, 47-76 MARÁDI, Krisztina: II, 789-798 MARCELINO CARDOSO, Suzana Alice: II, 643-650 MARÍ TUR, Roser: IV, 321-328 MARÍN, Rafael: III, 97-106 MARONGIU, Maria Antonietta: I, 269278; VII, 179-188 MARTEL, Pierre: VII, 241-250 MARTIN, Robert: VI, 213-220 MARTÍNEZ LÓPEZ, Juan A.: IV, 281-290 MASSON, Chantal-Édith: VII, 241-250 MASTRACCI, Marcello: V, 189-198 MASTROFINI, Roberta: IV, 483-496 MATT, Luigi: II, 799-806 MATTHEY, Anne-Christelle: VI, 221-228 MATUTE, Cristina: VI, 135-124 MAZZIOTTA, Nicolas: VI, 229-238 MEKLENBORG SALVESEN, Christine: VI, 239-248 MELKA, Francine: III, 145-154 MELLET, Sylvie: V, 199-208 MENSCHING, Guido: VI, 87-96; VII, 189198 MEULLEMAN, Machteld: II, 369-378 MIHĂILĂ, Maria: III, 307-314 MILANI, Matteo: III, 615-628 MILANO, Emma: I, 337-346 MIOTTI, Renzo: VII, 93-104 MITURA, Magdalena: I, 589-598 MOLINA, Caterina: V, 513-522 MONEGLIA, Massimo: IV, 497-506 MORI, Olga: III, 315-324 MOTA, Jacyra Andrade: IV, 191-198 MOUTINHO, Lurdes de Castro: II, 45-52 MULLER, Claire: VI, 249-258 MUNTEANU COLÁN, Dan: VII, 333-342 MUNTEANU, Eugen: III, 325-336

Index des auteurs

NEUMANN-HOLZSCHUH, Ingrid: VII, 261-272 NICKLAUS, Martina: I, 599-612 NIKITIN, Sergey: III, 337-348 NISSILLE, Christel: VI, 221-228 NOCENTINI, Alberto: III, 349-354 O’NEILL, Paul: II, 311-320 OCTAVIO DE TOLEDO, Álvaro: II, 507522 OESTERREICHER, Wulf: VII, 563-578 OLESEN, Lone Elisabeth: VII, 199-206 OLIVEIRA, Ruth de: II, 491-496 OSTHUS, Dietmar: III, 629-642 OZOLINA, Olga: II, 379-386 PACIARONI, Tania: II, 497-506 PAGANI-NAUDET, Cendrine: III, 643-652 PAGLIARDINI, Angelo: VI, 259-268 PANUNZI, Alessandro: IV, 507-516 PAPA, Elena: III, 355-364 PARKIN, Christina: I, 613-622 PARPALĂ, Emilia: VI, 519-526 PASSAROTTI, Marco: VI, 269-278 PATERNOSTRO, Giuseppe: IV, 517-526 PATZELT, Carolin: III, 155-162 PELO, Adriana: VI, 279-288 PELLETIER, Julie: III, 163-172 PEÑA MARTÍNEZ, Gemma: V, 495-502 PEREA, Maria-Pilar: IV, 199-212 PEREIRA DE SOUSA, Germana H.: I, 665672 PÉREZ SALDANYA, Manuel: II, 585-592 PERKO, Gregor: VII, 465-470 PERTA, Carmela: I, 215-222 PESCHEUX, Marion: V, 209-218 PETITJEAN, Cécile: I, 223-232 PETREQUIN, Gilles: I, 347-356 PFÄNDER, Stefan: IV, 83-98 PICCALUGA, Myriam: II, 127-136 PIERNO, Franco: III, 653-662 PIGNATELLI, Cinzia: VI, 289-296 PIQUER FERRER, Esperança: III, 365-374 PITAR, Mariana: V, 503-512 PLOOG, Katja: I, 357-364 POCIÑA LÓPEZ, Andrés José: VII, 343358

725 PÖCKL, Wolfgang: VII, 471-476 POCH-OLIVÉ, Dolors: II, 127-136; II, 137-146 PODHORNÁ-POLICKÁ, Alena: IV, 213222 POIRÉ, François: I, 365-374 POLÁK, Petr: I, 681-690 POLETTO, Cecilia: VII, 105-112 POLZIN-HAUMANN, Claudia: III, 663-672 PONGE, Myriam: I, 623-632 PONS, Lídia: V, 513-522 POP, Liana: V, 219-230 POPESCU, Mihaela: VI, 297-310 PRAT SABATER, Marta: II, 807-816 PRŠIR, Tea: IV, 527-534 PURDELA SITARU, Maria: VI, 527-538 PUSCH, Claus: IV, 83-98 PUSTKA, Elissa: II, 147-156 RABATEL, Alain: V, 521-530 RAFEL, Joan: I, 375-390 RAIMONDI, Gianmario: III, 375-384 RAVAOARIMALALA, Elisabeth: I, 391400 REINHEIMER RÎPEANU, Sanda: VI, 539548 REMBERGER, Eva-Maria: VII, 189-198 REMYSEN, Wim: III, 673-684 RENDERS, Pascale: VI, 311-320 RENZI, Lorenzo: IV, 223-232 RÈTARO, Valentina: II, 3-12 REVELLI, Luisa: III, 385-394 REYNAUD, Natacha: II, 817-826 RÉZEAU, Pierre: VII, 273-282 REZENDE, Letícia M.: V, 181-188 RIATSCH, Clà: VII, 113-122 RIBEIRO, Sílvia: VII, 477-486 RICKETTS, Peter T.: VI, 79-86 RIDRUEJO, Emilio: II, 387-396; VII, 579584 RINCK, Fanny: V, 531-540 RINDLER SCHJERVE, Rosita: VII, 207216 RINGENBACH, Jean-Loup: VI, 321-328 RINN, Michael: V, 231-240 RIO-TORTO, Graça: VII, 477-486

726 RITTAUD-HUTINET, Chantal: IV, 233242; IV, 535-544 RIVIÈRE, Vincent: I, 401-410 RODRÍGUEZ PEDREIRA, Nuria: VII, 487498 ROEGIEST, Eugeen: I, 97-118 ROLANDO, Andrea: III, 395-406 ROMANO, Antonio: IV, 25-36 ROSENBERG, Maria: VII, 499-508 ROSSEBASTIANO, Alda: III, 407-416 ROSSI, Fabio: II, 827-836 ROST BAGUDANCH, Assumpció: II, 2332 RUGGIA, Simona: V, 199-208 RUGGIANO, Fabio: I, 633-642 RUHSTALLER, Stefan: III, 291-298; III, 417-426 RUSSO, Michela: II, 837-846 SALA, Marius: VI, 549-554 SAMPSON, Rodney: II, 157-164 SÁNCHEZ LANCIS, Carlos: II, 633-642 SÁNCHEZ MÉNDEZ, Juan: I, 232-240; III, 685-694 SÁNCHEZ, Cristina: II, 507-522 SANDRÉ, Marion: V, 251-260 SANT’ANNA, Marco Antônio Domingues: V, 261-270 SARDINHA, Maria da Graça: I, 241-248 SATORRE GRAU, Fco. Javier: II, 523-532 SAURA RAMI, José Antonio: III, 427-438 SCARPELLO, Iolanda: IV, 3-12 SCHIRRU, Carlo: II, 165-174 SCHIRRU, Giancarlo: II, 175-184 SCHMID, Stephan: II, 185-194 SCHMITT, Christian: I, 643-654; III, 695706 SCHREIBER, Michael: I, 655-664 SCHROTEN, Jan: II, 533-546 SCHWEICKARD, Wolfgang: VI, 61-68 SCURTU, Gabriela: VI, 555-564 SEARA, Isabel Roboredo: V, 241-250 ŠEGA, Agata: I, 411-420 SEGUÍ, Agustín: II, 195-202 SIMINICIUC, Elena: V, 271-280 SIMÕES MARQUES, Isabelle: I, 421-430

Index des auteurs

SINGY, Pascal: I, 451-460 SINNER, Carsten: III, 707-716 SIPPOLA, Eeva: I, 431-440 SIVERSEN, Annelise: II, 397-406 SKROVEC, Marie: IV, 83-98 SKUTTA, Franciska: V, 541-548 SMITH, John Charles: II, 311-320 SOARES DA SILVA, Augusto: III, 173186; IV, 243-256 SORNICOLA, Rosanna: II, 3-12; II, 547564 SOUSA FERNÁNDEZ, Xulio: IV, 257-268 SOUVAY, Gilles: VI, 185-192; VI, 213220 SPAMPINATO BERETTA, Margherita: V, 3-12 STAMULI, Maria Francesca: I, 441-450 STAN, Camelia: VI, 565-572 STEINFELD, Nadine: VI, 339-350 ŠTICHAUER, Jaroslav: II, 565-574 STOICHIłOIU-ICHIM, Adriana: VII, 509516 STOLOVA, Natalya I.: III, 187-196 STREBEL, Barbara: VII, 11-20 STRIK LIEVERS, Francesca: VII, 445-454 STROMBOLI, Carolina: VII, 517-526 SUFLEłEL-MOROIANU, Rodica: III, 439448 SUGETA, Shigeaki: VII, 217-228 SULSTAROVA, Brikela: I, 451-460 SUÑER, Avel·lina: I, 375-390, II, 431-442 SVENSSON, Maria: V, 281-290 SWEARINGEN, Andrew: II, 311-320 SZANTYKA, Izabela Anna: V, 549-558 SZLEZÁK, Edith: VII, 283-290 TAYALATI, Fayssal: III, 97-106 TELETIN, Andreea: V, 559-566 TELLES, Célia Marques: II, 203-212 łENCHEA, Maria: II, 575-584 TEODORESCU, Cristiana-Nicola: V, 567576 THIBAULT, André: VII, 291-300 THÖRLE, Britta: IV, 545-554 THORNTON, Anna M.: VII, 527-536 TIHU, Adina: VI, 573-582

Index des auteurs

TIMOTIN, Emanuela: VI, 583-592 TOMÁS ARIAS, Xavier: III, 449-456 TOMESCU, DomniŃa: III, 457-462 TORRENT-LENZEN, Aina: I, 673-680; II, 585-592 TORRUELLA, Joan: II, 847-856 TREMBLAY, Rémi: I, 365-374 TRIMAILLE, Cyril: IV, 99-108 TSIRLIN, Marc: VI, 351-360 TUCCI, Ida: IV, 555-564 TZANAVARI, Mirsini: III, 197-206 ULLOA, Azucena: VII, 537-546 VALENTE, Simona: II, 407-416 VAN DEYCK, Rika: II, 213-230 VAN DROM, Andy: III, 717-726 VAN PETEGHEM, Marleen: I, 77-96 VANDE CASTEELE, An: V, 291-300 VANDERSCHUEREN, Clara: II, 301-310 VANELLI, Laura: VII, 123-134 VAZ, Ana Margarida: II, 45-52 VÁZQUEZ TOURIÑO, Daniel: I, 681-690 VELANDO CASANOVA, Mónica: III, 727736 VELINOVA, Malinka: VI, 361-370 VELOSO, João: II, 231-240 VERVECKKEN, Katrien: III, 69-84

727 VIARO, Mário Eduardo: II, 593-602 VICARIO, Federico: VII, 135-142 VICENTE, Christian: I, 691-700 VIDESOTT, Paul: VI, 371-382 VIEJO LUCIO-VILLEGAS, María: II, 53-66 VÎLCEANU, Titela: I, 701-708 VINTILĂ-RĂDULESCU, Ioana: VI, 593602 VIREDAZ, Rémy: II, 241-248 VLAD, Daciana: V, 301-310 VLEJA, Victoria LuminiŃa: I, 709-718 VÖLKER, Harald: VI, 383-394 WEBER, Orest: I, 451-460 WIENEN, Ursula: I, 509-518 WILLEMS, Dominique: IV, 565-576 WIRTH, Aude: III, 463-472 WOTJAK, Gerd: I, 119-150 WÜEST, Jakob: V, 311-320 YANAPRASART, Patchareerat: IV, 169180 ZAFIU, Rodica: VI, 603-612 ZAMBONI, Alberto: II, 165-174 ZAMORA SALAMANCA, Francisco José: III, 737-746 ZIMMERMANN, Klaus: I, 461-474 ZLITNI, Mériem: I, 475-484

Table générale

TOME I

Conférences plénières Gerold Hilty La storia del romancio e la questione ladina…………………………………………...

3

Georges Kleiber Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore Le proverbe appelle la métaphore comme l’image les couleurs (Junji Idetako, Voyage au pays du proverbe levant)...............................................................................

19

Maria Manoliu Catégories cognitives, discours et grammaire romane……………..…………………..

47

Marleen Van Peteghem Sur l’assignation du datif dans quatre langues romanes……………………………......

77

Eugeen Roegiest Aspects de typologie syntaxique dans quelques langues romanes: les séquences des pronoms clitiques...............................................................................

97

Gerd Wotjak Un hueso duro de roer: El significado léxico. Enfoques y sugerencias para su descripción..........................................................................................................

119

Section 1 Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Présidents: AUGUSTO CARLI / RITA FRANCESCHINI / NATASCHA MÜLLER Daniela Dorner La situation linguistique en Lorraine germanophone…………………………………

153

730

Table générale

Shahzaman Haque Enjeux des politiques linguistiques: pratiques et comportements langagiers multilingues dans un pays monolingue.........................................................................

163

Gabriele Iannàccaro / Vittorio Dell’Aquila Pre-vedere il cambiamento: analisi e previsione dell’evoluzione degli usi dei codici in territori plurilingui...............................................................................

173

Thomas Johnen A semi-comunicação entre um paciente hispanofalante e sua intérprete portuguesa na conversação com uma médica alemã num hospital de Hamburgo........

185

Minh Ha Lo-Cicero Étude de la traduction portugais – français: problèmes de cohérence textuelle dans un fragment de discours amoureux – Cartas de Amor. Lettres à la fiancée de Fernando Pessoa……….……………………………………...

195

Marinella Lörinczi Ai confini orientali dell’Unione Europea. Interferenze del romeno nell’ungherese dei csángók moldavi………………………………………………….

205

Carmela Perta La varietà francoprovenzale della Puglia tra mantenimento e perdita linguistica.........

215

Cécile Petitjean Représentations linguistiques et plurilinguisme: enjeux et méthode............................

223

Juan Sánchez Méndez Pautas para el estudio del contacto histórico de lenguas en el mundo andino: a propósito del multilingüismo en el Quito colonial........................................

233

Maria da Graça Sardinha A lexicografia e a didáctica do português.....................................................................

241

Section 2 Contact linguistique: influences et interférences Présidents: MAURO FERNÁNDEZ / ALAN BAXTER / JÜRGEN LANG Everton Leopoldino Altmayer Perfil lingüístico da comunidade trentina da cidade de Piracicaba – Brasil..................

251

Table générale

731

Jean-David Bellonie Représentations et pratiques du français et du créole martiniquais d’élèves scolarisés au cycle 3.…………………………...……………………………

259

Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu L’analisi del code switching nel contatto tra lingue geneticamente imparentate..........

269

Claudio Cicotti Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren (les Italiens du Luxembourg).............................................................................

279

Vlad Cojocaru Dynamique des champs toponymiques en zones bilingues...........................................

287

Mª Teresa Echenique Elizondo Locuciones adverbiales de origen románico en la lengua vasca...................................

295

Mauro Fernández La partícula con en el chabacano, el español de Filipinas y el taglish..........................

305

Daniela Ibba El paradigma habeo + participio en el Libro Verde del Racional del Archivio di Stato di Cagliari………………………………………...……………

313

Vicente Lagüéns Gracia Variación interna y contacto lingüístico en la scripta aragonesa medieval: a propósito de la alternancia de las formas de perfecto -aron y -oron........

325

Emma Milano Ai margini di una ricerca su lingua e dialetto nel centro di Napoli: questioni di metodo......................................................................................

337

Gilles Petrequin Les calques sémantiques et le vocabulaire des institutions parlementaires dans le français du XVIIe siècle............................................................

347

Katja Ploog Mécanismes discursifs entre contact de langues et dynamiques linguistiques..............

357

François Poiré / Svetlana Kaminskaïa / Rémi Tremblay Conséquences du contact avec l’anglais sur la réalisation de la liaison et du schwa en français de Windsor, Canada.................................................

365

732

Table générale

Joan Rafel / Avel·lina Suñer La interferencia de las L1 de los inmigrantes (chino, árabe y rumano) en la interlengua española en cuanto a la expresión de la definitud..............................

375

Elisabeth Ravaoarimalala L’usage post-colonial du français à Madagascar, une ancienne colonie de la France, pays membre de l’Union Européenne......................................................

391

Vincent Rivière Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan.........................................................

401

Agata Šega La distribution spatiale des anciens romanismes en slovène………………………….

411

Isabelle Simões Marques Plurilinguisme et immigration dans la littérature portugaise contemporaine................

421

Eeva Sippola Sobre los marcadores discursivos en el chabacano de Ternate.....................................

431

Maria Francesca Stamuli Greco di Calabria e morte di lingua. Forme innovative e semi-parlanti……………...

441

Orest Weber / Brikela Sulstarova / Pascal Singy / Patrice Guex Contacts de langues et tabous sexuels: étude de l’imaginaire linguistique de personnes plurilingues d’origine subsaharienne vivant en Suisse romande..................

451

Klaus Zimmermann El manejo de las lenguas en contacto (interferencia, transferencia, préstamo, code switching etc.) desde la perspectiva del constructivismo neurobiológico............

461

Mériem Zlitni Impact du langage des métiers et professions des Italiens de Tunisie sur la variété dialectale d’arabe tunisien: réflexion sur un cas de contact de langues (XIXe- XXe siècles)........................................................................

475

Table générale

733

Section 3 Traductologie romane et historique Présidents: ALBERTO GIL / BRIGITTE LÉPINETTE / MARCELLO SOFFRITTI Jörn Albrecht Cicéron, Horace, Saint-Jérôme, Pierre-Daniel Huet et la traduction «libre». Histoire d’un malentendu millénaire……………..……………………………………

487

Maria Elisete Almeida Problemas na tradução em francês do sujeito gramatical português..............................

499

Vahram Atayan / Alberto Gil / Ursula Wienen Saarbrücker Übersetzungsbibliographie – un outil de recherche sur la traduction et l’interculturalité dans une perspective historique.…………………….

509

Vahram Atayan / Mónika Kusztor Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione nella teoria della traduzione...........................................

519

Anders Bengtsson La proposition participiale à travers deux traductions du XVe siècle.............................

529

Minne G. de Boer Quatre châteaux blancs. Comparaison des traductions romanes du roman Beyaz Kale d’Orhan Pamuk...........................................................................

539

Tatjana Djurin François Rabelais chez les Serbes – amour de la langue et une traduction inventive...

547

Cornelia Feyrer Diversification scientifique, interculturalité et mondialisation: des univers contradictoires? – Les traducteurs au croisement de la spécialisation technique et de la mondialisation du savoir....................................

555

Juan F. García Bascuñana Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans.................

565

Gerda Haßler La traduction des topics et focus de l’oralité simulée....................................................

575

Magdalena Mitura La déontologie du traducteur: entre Georges Mounin et Paul Ricoeur..........................

589

734

Table générale

Martina Nicklaus C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano.............................................................

599

Christina Parkin La traduction à vue – une forme hybride entre l’interprétation et la traduction écrite...

613

Myriam Ponge Traduction de la ponctuation et contraintes linguistiques (à partir d’une étude comparée de traductions espagnoles de A la recherche du temps perdu)......................

623

Fabio Ruggiano Tra La vida es sueño e La vita è sogno: il genere scomparso del rimaneggiamento......

633

Christian Schmitt Bovelles traducteur de Bovillus....................................................................................

643

Michael Schreiber «Quelle hypocrisie!» La traduction des exclamations dans les discours politiques.......

655

Germana H. Pereira de Sousa Entre Quarto de despejo et Le dépotoir: le journal intime de Carolina Maria de Jesus au Brésil et en France………………………………….…….

665

Aina Torrent-Lenzen Hacia una teoría de la traducción de fraseologismos (tomando como ejemplo el par de lenguas español-alemán)..........................................

673

Daniel Vázquez Touriño / Petr Polák De marionetas españolas a robots centroeuropeos: la traducción y la puesta en escena de El señor de Pigmalión en Praga..............................................

681

Christian Vicente Lingüística de corpus y traducción especializada: aplicaciones a la traducción francés-español de la economía.........................................

691

Titela Vîlceanu Fidélité linguistique et culturelle dans la traduction.......................................................

701

Victoria LuminiŃa Vleja Proyección y traducción de Góngora en Romania.........................................................

709

Table générale

735

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

721

Table générale.................................................................................................................

729

736

Table générale

TOME II

Section 4 Phonétique et phonologie Présidents: MICHELE LOPORCARO / ALAN YVES CHARLES MORIN / FERNANDO SÁNCHEZ MIRET Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida................

3

Marcello Barbato Dio mio. Un frammento di grammatica storica.............................................................

13

Montserrat Batllori Dillet / Beatriz Blecua Falgueras / Assumpció Rost Bagudanc Nuevas reflexiones sobre la existencia de la labiodental sonora en la evolución del español....................................................

23

Francisco José Cantero Serena / Dolors Font Rotchés Patrones melódicos coincidentes en español y en catalán.............................................

33

Rosa Lídia Coimbra / Lurdes de Castro Moutinho / Ana Margarida Vaz / Plínio A. Barbosa / Sandra Madureira Análise contrastiva dos contornos prosódicos de duas variedades do Português.........

45

Yolanda Congosto Martín / Liliana Díaz Gómez / María Viejo Lucio-Villegas / Ruth González Rodríguez Estudio contrastivo de la entonación del castellano de Don Benito y del asturiano de Mieres en el marco del Proyecto AMPER.......................................

53

Lorenzo Filipponio La quantità vocalica nei proparossitoni etimologici al confine tra toscano e gallo-italico..............................................................................

67

Sascha Gaglia La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali.

77

Mariafrancesca Giuliani La notazione del raddoppiamento consonantico interno ai nessi clitici nelle scritture italoromanze delle origini................................................

87

Table générale

737

Matthias Heinz La diachronie des structures syllabiques en espagnol et en catalan: analyses quantitatives et textuelles................................................................................

97

Jesús Jiménez / Maria-Rosa Lloret Entre la articulación y la percepción: Armonía vocálica en la península Ibérica.........

107

Mari Lehtinen L’utilisation des traits prosodiques comme indices conclusifs dans des émissions radiophoniques...............................................................................

117

Myriam Piccaluga / Dolors Poch-Olivé / Bernard Harmegnies La transparence lexicale en modalité orale; le cas du couple espagnol – français........

127

Dolors Poch / Bernard Harmegnies Centralización y reducción en las lenguas románicas...................................................

137

Elissa Pustka Farrebique, Biquefarre – et l’accent aveyronnais d’aujourd’hui..................................

147

Rodney Sampson La qualité des voyelles prothétiques en roman..............................................................

157

Carlo Schirru / Alberto Zamboni Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale (in comparazione con l’area ladina dolomitica)............................................................

165

Giancarlo Schirru Alterazione di consonanti lunghe in italoromanzo........................................................

175

Stephan Schmid Les occlusives palatales du vallader.............................................................................

185

Agustín Seguí El sufijo átono ´-aro y el caso de los quechuismos epentéticos (chacra > chácara, chucru > chúcaro)..........................................................................

195

Célia Marques Telles Grafemas e fonemas: representação de africadas e fricativas no Castelo Perigoso......

203

Rika Van Deyck La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre et l’avènement du mode antérieur en gallo-roman........................................................

213

738

Table générale

João Veloso Rimes /VGNS/ en position finale de mot en portugais: une contrainte «sensible au mot»..................................................................................

231

Rémy Viredaz Du vocalisme latin aux vocalismes romans: quel scénario reconstruire?.....................

241

Section 5a Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Luisa Amenta Avere a/da + infinito: un confronto tra siciliano e italiano….......................................

251

Louis Begioni Aktionsart et aspect verbal en français..........................................................................

263

Claude Buridant La substantivation de l’infinitif en français contemporain: aperçu historique et perspectives romanes, ou du «nerbe» au «vom» et réciproquement.........................

273

Patrizia Cordin La selezione dell’ausiliare per i verbi con l’infinito in -si in alcune varietà settentrionali dell’italiano: un percorso dal XV secolo ad oggi.........

291

Renata Enghels / Clara Vanderschueren La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués.....................................................................

301

Maria Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John Charles Smith / Andrew Swearingen À la recherche de l’arbitraire dans la morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux..........................

311

Paolo Greco Sulla diatesi delle costruzioni participiali italiane alla luce di dati tardo-latini............

321

Marc-Olivier Hinzelin L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques................................

331

Giorgio Iemmolo La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano: un’analisi contrastiva.................

341

Table générale

739

Reinhard Kiesler À propos de la structure du groupe verbal dans les langues romanes...........................

351

Sándor Kiss Grammaticalisation du verbe pronominal à sens non-actif – du latin aux langues romanes...........................................................

361

Machteld Meulleman Les constructions existentielles en français, en espagnol et en italien..........................

369

Olga Ozolina Grammaticalisation et classes lexico-grammaticales dans la langue française (rapports attributifs).......................................................................................................

379

Emilio Ridruejo Sobre el proceso de gramaticalización de siquiera.......................................................

387

Annelise Siversen Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare – ¿Un caso de gramaticalización?....................................

397

Simona Valente Gli inserti velari nella morfologia verbale di alcuni testi campani antichi....................

407

Section 5b Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Montserrat Batllori Dillet La periferia izquierda del sintagma nominal: artículo ante posesivo en español medieval...................................................................

419

Ángela Di Tullio / Avel·lina Suñer La extensión del artículo indefinido evaluativo ante nombres de cualidad en función de atributo: un estudio contrastivo.....................

431

Andreas Dufter Subordination et expression du sujet en ancien français...............................................

443

Rembert Eufe La genèse de que et la subordination en latin et français..............................................

459

740

Table générale

Francesc González i Planas La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés...........................................

471

Maria Jouet (Lundström) L’ordre des mots dans le ms. Vu 20, le Roman d’Alexandre en prose (Kungliga Biblioteket, Stockholm)...............................................................................

481

Ruth de Oliveira Détachements thématiques en portugais du Brésil: fonctionnements et spécificités....

491

Tania Paciaroni / Michele Loporcaro Funzioni morfologiche dell’opposizione fra -u e -o nei dialetti del maceratese.............................................................................................

497

Cristina Sánchez / Álvaro Octavio de Toledo À propos de la distribution et de l’évolution des schémas de quantification interrogative et exclamative dans les langues romanes.................................................

507

Fco. Javier Satorre Grau «Todo», ¿adverbio? Estudio de la palabra simple y de las unidades fraseológicas de las que forma parte.................................................

524

Jan Schroten Pronombre tónico, pronombre átono y pronombre nulo: sus características en español........................................................................................

533

Rosanna Sornicola I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana......................................................................

547

Jaroslav Štichauer Evolution des prépositions et emplois locatifs en français préclassique et classique et la notion de locativité forte/faible..........................................................

565

Maria łenchea Les distributifs aléatoires en roumain et en français.....................................................

575

Aina Torrent-Lenzen / Manuel Pérez Saldanya Los activadores negativos en catalán antiguo...............................................................

585

Mário Eduardo Viaro / Sandra Aparecida Ferreira Sémantique diachronique du suffixe portugais -eiro.....................................................

593

Table générale

741

Section 6 Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques Présidents: MAURIZIO DARDANO / MANUEL ALVAR EZQUERRA / GERHARD ERNST Manuel Alvar Ezquerra Presencia de las lenguas románicas en el Nuevo Tesoro Lexicográfico del Español (s. XIV-1726)..............................................

605

Xosé Afonso Álvarez Pérez Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca..........

613

Myriam Benarroch L’apport des dictionnaires de Jerónimo Cardoso (XVIe siècle) à la datation du Dicionário Houaiss (2001)..................................................................

623

Cristina Buenafuentes de la Mata / Carlos Sánchez Lancis El género gramatical: norma y diacronía en el español en contraste con el catalán.....

633

Suzana Alice Marcelino Cardoso A expressão do «existencial» no português brasileiro: ter, haver e existir segundo dados do projeto Atlas Lingüístico do Brasil....................

643

Gianluca Colella I costrutti condizionali conversazionali in italiano........................................................

651

Yolanda Congosto Martín Historia lingüística del ár. QĀDÛS en iberorromance....................................................

661

Esther Corral Díaz Algunas prendas de amor en la lírica gallego-portuguesa.............................................

673

Elmar Eggert La variación de designaciones en el lenguaje específico del castellano del siglo XV (en dos traducciones independientes de la enciclopedia latina de Bartolomé el Inglés)..........................................................

681

Cristina Florescu Les particularités lexicales du roum. linişte ‹tranquillité; silence› vs. ses équivalents français............................................................................................

691

Temistocle Franceschi Una fratellanza occulta: «sèdano» e «prezzémolo»......................................................

701

742

Table générale

Carla Gambacorta Per una edizione critica della Fiorita chietina di Armannino giudice. Sondaggi sulla lingua....................................................................................................

711

Rafael García Pérez Los marcadores rectificativos en un diccionario histórico............................................

721

Claudio Iacobini Le parole per guerra e per duello nelle lingue romanze in relazione con le altre lingue europee: tipi morfologici e rapporti lessicali...............

731

Satoshi Ikeda A propos du lexème beau en français contemporain.....................................................

741

Ángeles Líbano Zumalacárregui El desarrollo industrial en la Baja Edad Media: análisis comparativo de la terminología navarro-aragonesa y vascongada...................

749

Margarita Lliteras Lexicalización de adjetivos en locuciones nominales y en nombres compuestos (de luna llena a plenilunio)............................................................................................

759

Sergio Lubello Le prime voci del DAGI (Dizionario dell’antica gastronomia italiana)........................

769

Mª Jesús Mancho Duque Testimonios de la tradición culta en el léxico matemático del Renacimiento..............

779

Krisztina Marádi Pirates, Zombies, Chevaux de Troie L’effet de la cybercriminalité sur notre vocabulaire.....................................................

789

Luigi Matt I motori di ricerca in Internet come fonte per la lessicologia e la lessicografia............

799

Marta Prat Sabater La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas.......................................

807

Natacha Reynaud El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas...............................................................................................

817

Fabio Rossi Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950 (LesMu)....................................

827

Table générale

743

Michela Russo / Marcello Aprile Il Cartulario del Monastero di Conversano. Lessico e stratigrafia linguistica.............

837

Joan Torruella Estudio contrastivo del léxico catalán, aragonés, castellano y leonés de los siglos XIII y XIV....................................

847

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

859

Table générale.................................................................................................................

867

744

Table générale

TOME III

Section 7 Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Présidents: PETER KOCH / NICOLE DELBECQUE / ROLAND LANDHEER † María Isabel Arranz Sanz Fraseología rota en las letras de las canciones de Joaquín Sabina: musa y memoria...

3

M. Celeste Augusto Une gauche qui n’est pas ‹gauche›: parcours lexico-sémantique des notions de gauche dans les langues romanes.............

13

Micaela Carrera de la Red Pragmática de merced en la historia de las lenguas romances: el portugués y el español en la Edad Media..................................................................

23

Natàlia Català Torres Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva..........................................

33

Adriana Costăchescu Mode d’action et espace...........................................................……...…...…………...

43

Nicole Delbecque / Ángela Di Tullio Así como atributo adnominal comparativo-evaluativo..................................................

53

Nicole Delbecque / Katrien Verveckken La grille événementielle de mouvement et l’aspectualité. Le cas des verbes espagnols entrar et salir...................................................................

69

Ludwig Fesenmeier «Se souvenir» en français et en italien: différence(s) de centrage................................

85

Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs........................................

97

Yukiyo Homma Réflexion sur quelques emplois a priori insolites de la préposition SUR.....................

107

Table générale

745

Pierre Jalenques Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter......

115

Christine Konecny Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica........................

125

Pierre Lejeune Comment traduire en français le pretérito perfeito composto portugais.......................

135

Francine Melka L’entrée polysémique dans le dictionnaire monolingue et bilingue..............................

145

Carolin Patzelt La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas en las lenguas románicas..............................

155

Julie Pelletier La variation terminologique..........................................................................................

163

Augusto Soares da Silva Tirer le sens vers le haut et vers le bas: flexibilité et limites de la polysémie...............

173

Natalya I. Stolova La evolución del campo conceptual de movimiento: una perspectiva cognitiva onomasiológica....................................................................

187

Mirsini Tzanavari Analyse des profils cooccurrentiels dans le corpus romanesque d’Hervé Bazin..........

197

Section 8 Onomastique (toponymie et anthroponymie) Présidents: EVA BUCHI / ALBERTO NOCENTINI / FRANCISCO VILLAR LIÉBANA Maria-Reina Bastardas Rufat Les reflets du suffixe -ŪCEU dans l’anthroponymie romane. Productivité, chronologie, typologie.............................................................................

209

Marie-Guy Boutier Le nom de Spa, témoin d’un thermalisme antique dans la cité des Tongres. Sept étapes pour l’étymologie de Spa...........................................................................

219

746

Table générale

Ana María Cano González Antroponimia y diacronía en las lenguas románicas.....................................................

229

Emili Casanova / Ramon Ferrer Pervivència i mobilitat en toponímia: el cas de la Vall d’Albaida................................

239

Daniela Dincă Moyens d’expression des relations casuelles des noms propres de personne en français et en roumain....................................................

249

Nicolae Felecan / Daiana Felecan Structuri antroponimice şi toponimice în łara Oaşului................................................

259

Oliviu Felecan InterferenŃe româno-maghiare în antroponimia din nord-vestul României...................

267

Alessandro Gallo / Luca Guido Una nuova banca dati sui toponimi della Sardegna.......................................................

277

Jean Germain Doit-on dater les lexèmes d’après des mentions anthroponymiques?...........................

283

María Dolores Gordón / Stefan Ruhstaller Colectivos mozárabes con sufijo -ĒTUM en nombres de lugar granadinos...................

291

Sarah Leroy Noms propres et transcatégorisations. Le cas des toponymes événementiels...............

299

Maria Mihăilă La formation des noms de personne en roumain...........................................................

307

Olga Mori Aspectos teóricos relevantes de las designaciones urbanas..........................................

315

Eugen Munteanu Le nid ethno-choronymique «juif» en roumain. Approche historique et systématique

325

Sergey Nikitin Teoria del segno toponomastico orale attraverso materiali raccolti sulla comunicazione quotidiana della città di Monza………………....................................

337

Alberto Nocentini Qualche riflessione sui toponimi prelatini con vocalismo in -a....................................

349

Table générale

747

Elena Papa GIS e toponomastica: un approccio complementare.....................................................

355

Esperança Piquer Ferrer Algunas reflexiones entorno a los conceptos «BONUS» y «MALUS» aplicados a la antroponimia medieval...........................................................................

365

Gianmario Raimondi Antroponimia familiare in un quadro diglottico: il caso della Valle d’Aosta...............

375

Luisa Revelli Cognomi come nomi, nomi come cognomi. Appellativi femminili in Piemonte e Valle d’Aosta......................................................

385

Andrea Rolando La toponymie et l’histoire des langues romanes...........................................................

395

Alda Rossebastiano Il dizionario dei nomi di persona in Italia: dubbi, scelte, problemi e risultati............

407

Stefan Ruhstaller Artículo modelo del Diccionario etimológico de los nombres de lugar de la provincia de Sevilla..............

417

José Antonio Saura Rami Glosas sobre toponimia prerromana altoaragonesa.......................................................

427

Rodica SufleŃel-Moroianu Termes géographiques d’origine latine et romane en roumain.....................................

439

Xavier Tomás Arias Quelques mots anciens de l’aragonais d’après la microtoponymie du Haut-Aragon (Espagne)................................................................

449

DomniŃa Tomescu Dérivation lexicale et dérivation onomastique dans les langues romanes....................

457

Aude Wirth Anthroponymie et scripta: le digramme «-ez» dans les anthroponymes lorrains du XIIIe au XVIe siècle.............................................

463

748

Table générale

Section 9 Constitution de la norme dans les langues romanes Présidents: FRANZ LEBSANFT / ANTHONY LODGE / ANDRÉ THIBAULT Isabel Almeida Santos Gramática e constituição da norma: o caso do vernacular português...........................

475

Clarinda de Azevedo Maia A selecção do dialecto da antiga província da Estremadura como modelo de língua exemplar na tradição gramatical portuguesa: fundamentos históricos da sua ‹excelência idiomática›……........................................

485

Gerald Bernhard Concezione e percezione dell’italiano standard nella regione della Ruhr (Germania).............................................................................

495

Marc Bonhomme Norme et formation du français classique. La position de Gilles Ménage....................

509

Jenny Brumme El castellano de Cataluña. Revisión de una norma constituyente a partir de la perspectiva histórica.....................

519

Rolf Eberenz El Universal vocabulario (1490) de Alfonso Fernández de Palencia y la norma del castellano cuatrocentista: latinismos y formación de palabras..............

529

Gerhard Ernst «qu’il ny a ny ortographe ny virgule encorre moins devoielle deconsol et pleinne delacunne»: la norme des personnes peu lettrées (XVIIe et XVIIIe siècles).................

543

Mara Fuertes Gutiérrez / María José García Folgado La concepción de la norma en las gramáticas del español del siglo XVIII...................

553

Lucia Grimaldi Dalla LSU alla LSC: Itinerari della standardizzazione del sardo...................................

563

Klaus Grübl Les multiples origines du standard: à propos du concept de koïnéisation en linguistique diachronique...............................

573

Sylviane Lazard Stabilité et fluctuation dans la langue documentaire milanaise à la fin du XVe siècle (analyse du testament de Ludovic le More)..................................................................

583

Table générale

749

Sergio Lubello Una norma per l’italiano dopo l’unità: tra Ascoli e Manzoni.......................................

595

Jens Lüdtke Acerca de la constitución temprana de la norma del léxico culto en América..............

605

Matteo Milani Panorama delle prime grammatiche tra latino e volgare italiano..................................

615

Dietmar Osthus L’histoire sociale et la constitution de la norme linguistique – les modèles français, espagnol et portugais................................................................

629

Cendrine Pagani-Naudet Ellipse, omission, pléonasme... À qui la faute?.............................................................

643

Franco Pierno Vers un nouveau modèle de planification linguistique? Analyse des récentes prescriptions de l’Église catholique en matière de minorités linguistiques..................

653

Claudia Polzin-Haumann À propos de la constitution de la norme dans l’enseignement des langues...................

663

Wim Remysen Le discours normatif des chroniqueurs de langage canadiens-français: arguments avancés pour justifier certains emplois qui ont cours en français du Canada...............

673

Juan Sánchez Méndez Modelos normativos e ideología: contribución a la historia de los modelos normativos en pugna en el siglo XIX hispanoamericano..............................................

685

Christian Schmitt La constitution de la norme linguistique et la formation du français, langue nationale: Henri Estienne...............................................................

695

Carsten Sinner ¿Es neutro el español neutro?........................................................................................

707

Andy Van Drom Le français québécois: l’expression d’une nation. Une exploration socio-linguistique du statut de la langue française au Québec...........

717

Mónica Velando Casanova La evolución de la norma morfosintáctica del español en las gramáticas de la RAE...

727

750

Table générale

Francisco José Zamora Salamanca Variedades nacionales del español estándar (con algunas reflexiones sobre los casos de Argentina y Chile)...................................

737

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

749

Table générale.................................................................................................................

757

Table générale

751

TOME IV

Section 10 Sociolinguistique et dialectologie Présidents: FRANÇOISE GADET / ROSANNA SORNICOLA / GEORGES LÜDI Chiara Amoruso / Iolanda Scarpello Il dialetto nei discorsi degli immigrati: intrecci di sistema e scelte d’uso.................…

3

Dorothée Aquino-Weber La lettre de la peu-lettrée des Mémoires d’un forban philosophe (1829) à la lumière des méthodes de la sociolinguistique historique........................................

13

Francesco Avolio / Antonio Romano Ai margini dell’area Lausberg: le varietà di Aliano e Alianello nei risultati di un’indagine dialettologica e fonetica.....................................................

25

Esther Baiwir L’impact relatif de la langue-toit sur une famille lexicale des dialectes locaux: les cas de ‹voisin›, ‹voisiner›, ‹voisinage› dans les dialectes de Wallonie....................

37

Laurence Buson / Jacqueline Billiez Quels parallèles entre les représentations du parler plurilingue et celles du parler pluristyle chez les enfants?.......……...…...…………...

47

Aitor Carrera El gascó a l’alta conca de la Garona: la Vall d’Aran entre el Comenge i el Coserans. Aproximació dialectològica.......................................

57

Giovanni Depau Osservazioni sul code switching italiano-dialetto nell’area urbana di Cagliari............

71

Cynthia Dermarkar / Stefan Pfänder / Claus Pusch / Marie Skrovec Le français global – émergence, variation, francoversaux: un nouveau corpus de la francophonie actuelle.............................................................

83

Lorenzo Devilla / Cyril Trimaille Variantes palatalisées/affriquées en français hexagonal: quel(s) statut(s) sociolinguistique(s) pour quel destin?.................................................

99

752

Table générale

Margherita Di Salvo La Campania dialettale: teorie dei parlanti sulla propria lingua....................................

109

Françoise Gadet Sociolinguiste dans une grammaire: la variation pour une grammaire du français......

117

Eva Havu / Johanna Isosävi Les stratégies d’adresse dans différents types de texte.................................................

127

Aparecida Negri Isquerdo Revisitando os conceitos de rural e urbano no português do Brasil: contribuições do Projeto ALiB......................................................................................

137

Andres Kristol Atlas linguistique audio-visuel du francoprovençal valaisan ALAVAL. La morphosyntaxe du clitique sujet et le problème de la notion pro-drop……...........

147

Patricia Lambert Différenciation et essentialisation sociolinguistiques: entrons dans un lycée…...........

161

Georges Lüdi / Katharina Höchle / Patchareerat Yanaprasart Dynamiques langagières et gestion de la diversité: l’exemple d’une grande entreprise pharmaceutique internationale basée en Suisse.....

169

Alain Mailles Exigences d’une linguistique scientifique en dialectologie...........................................

181

Jacyra Andrade Mota O valor estilístico de variantes estigmatizadas no português do Brasil, com base em dados do Projeto ALiB............................................................................

191

Maria-Pilar Perea / Germà Colón Domènech Cronoestratigrafía dialectal........................................................................…………...

199

Alena Podhorná-Polická Expressivité des «mots identitaires» dans l’argot des jeunes……………...………….

213

Lorenzo Renzi Come cambia l’italiano contemporaneo........................................................................

223

Chantal Rittaud-Hutinet La variation, le flou et les erreurs dans trois états d’un français régional.....................

233

Table générale

753

Augusto Soares da Silva Convergence et divergence entre le portugais européen et le portugais du Brésil: un projet de sociolexicologie cognitive……………………………………………….

243

Xulio Sousa Fernández Xeolingüística e cambio lingüístico: gheada e seseo no ALPI e no ALGa....................

257

Vanderci de Andrade Aguilera Crenças e atitudes lingüísticas: o que dizem os falantes das capitais brasileiras sobre os que falam diferente na localidade...............................

269

Section 11 Langue orale et langue écrite Présidents: CLAIRE BLANCHE-BENVENISTE † / EMANUELA CRESTI / DOMINIQUE WILLEMS Gunn Aarli / Juan A. Martínez López ¿Son las expresiones fijas elementos propios del lenguaje oral?..................................

281

Daniela Acciardi L’uso di perché nel parlato spontaneo (archivio C-ORAL-ROM)…...........................

291

Carina Andersson / Charlotte Lindgren Représentation de l’oral à l’écrit dans les traductions en français de livres suédois pour enfants.....................................................................

301

Christine Blauth-Henke Du nouveau sur la réduplication totale dans les langues romanes à l’âge des corpus...

311

Núria Busquet Isart / Roser Marí Tur Los dialectalismos en los chats en catalán.....................................................................

321

Esteve Clua Distancia lingüística entre los dialectos del catalán a partir de los datos del COD.......

329

Cecilia Condei Les dialogues romanesques: l’insertion de l’oral dans l’écrit.......................................

339

Emanuela Cresti Clitici e relazioni anaforiche nell’articolazione dell’informazione: una ricerca corpus-driven nel parlato italiano (C-ORAL-ROM)..................................

349

754

Table générale

Henri-José Deulofeu Portée sémantique et rattachement syntaxique vers l’amont des constituants périphériques non «phrastiques» en français parlé........................................................

359

DomniŃa Dumitrescu Sobre la atenuación cortés en español y rumano: unas estrategias comunes................

371

Irina Duriagina Certaines méthodes de distinction des ‹régionalismes› et des ‹dialectismes› dans les scriptae: Normandie.........................................................................................

389

Dolors Font Rotchés La entonación de las interrogativas absolutas: publicidad versus habla espontánea.....

397

Luigia Garrapa L’elisione vocalica ai confini di parola nel Fiorentino parlato e l’interazione fra morfologia, fonologia, frequenza d’uso e variazione di registro.............................

407

Annette Gerstenberg Question de genre, question de style. Quelques remarques sur la base d’un corpus oral.........................................................

417

Nathalie Hascoët Discours, gestes et intonation dans l’analyse conversationnelle...................................

427

Dorit Herrmann Le parlé dans l’écrit. L’usage de la langue française dans la presse quotidienne régionale à la frontière franco-suisse…...……...................

437

Martin Hummel La diachronie du système adverbial des langues romanes: tradition orale et tradition écrite....................................................................................

445

Carmen Konzett Chercheurs en débat: quelques caractéristiques des discussions scientifiques pendant des colloques de linguistique en France.....................................

463

Eva Lavric La chica esa – ton collègue là. Les auérismes ou: Comment co-construire les référents dans la conversation...........................................

473

Roberta Mastrofini Gradi di inaccusatività in italiano: parametri di individuazione e analisi su corpus.....

483

Table générale

755

Massimo Moneglia Predicati generali ad alta frequenza nei corpora orali delle lingue romanze.................

497

Alessandro Panunzi Il verbo essere nel parlato italiano: strutture semantiche e linee di variazione.............

507

Giuseppe Paternostro Per una sociolinguistica del parlato: profili di parlanti fra competenza comunicativa, competenza testuale, competenza linguistica....................

517

Tea Pršir L’apport de la prosodie à la reformulation et à la répétition lors du passage de l’écrit à l’oral...................................................................................

527

Chantal Rittaud-Hutinet Question orale: une concurrence verbale / vocale?.......................................................

535

Britta Thörle Le locuteur collectif revisité. A propos de la production collective des énoncés en espagnol.....................................

545

Ida Tucci La modalità nel parlato spontaneo e il suo dominio di pertinenza. Una ricerca corpus-based (C-ORAL-ROM Italiano).............................................…...

555

Dominique Willems / Claire Blanche-Benveniste † Verbes «faibles» et verbes à valeur épistémique en français parlé: il me semble, il paraît, j’ai l’impression, on dirait, je dirais........................................

565

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

579

Table générale.................................................................................................................

587

756

Table générale

TOME V

Section 12a Pragmatique synchronique et historique; analyse du discours et analyse conversationnelle Présidents: DOMINIQUE MAINGUENEAU / LIGIA STELA FLOREA / ALAIN RABATEL / VICENT SALVADOR Giovanna Alfonzetti / Margherita Spampinato Beretta L’arte dell’insulto o il ‹rispondere per le rime›.........................................................…

3

Donella Antelmi Comunicazione turistica: ethos e identità......................................................................

13

Bert Cornillie / Nicole Delbecque / Beatrijs Keersmaekers Compromiso vs involucración del hablante: una reflexión crítica a partir de dos casos de variación lingüística...............................

23

Gonçalo Fernandes O princípio da cortesia em português europeu..............................................................

39

Ligia Stela Florea Construction et fonctions du récit dans l’entretien médiatique.......……...…………...

49

Marie-laure Florea Portrait d’autrui et image de soi: l’éthos dans la nécrologie de presse..........................

63

Birgit Frank Les actes de langage indirects: une perspective prototypique…..…………………….

73

María Pilar Garcés Gómez El proceso de gramaticalización de los marcadores discursivos de correlación...........

81

Anna Giaufret Quand la casquette change: la négociation de l’ethos dans les interactions médiatiques..........................................

91

Miguel Gonçalves Opposition et rupture énonciative du discours: or, ahora bien et ora bem..............................................................................................

101

Table générale

757

Juhani Härmä Paratextes français dans les dissertations finlandaises des siècles passés: aspects textuels et énonciatifs........................................................................................

115

José Luis Herrero Ingelmo Reformuladores de recapitulación: de complementos de modo a marcadores del discurso (en resumen, en síntesis, en suma, en conclusión, en definitiva)....................

123

Hans Lagerqvist Prolégomènes à une théorie modale pour le français……………………………........

135

Xavier Lluna / Josep Vicenç Calatayud Análisis comparado de estructuras lingüísticas de los aforismos en catalán y en francés.......................................................................

143

Véronique Magri-Mourgues Construction du stéréotype et modalisation..................................................................

153

Dominique Maingueneau L’énonciation aphorisante.............................................................................................

163

Giuseppe Manno Comment quantifier le travail de figuration (face-work) dans les textes écrits directifs?......................................................................................

171

Letícia M. Rezende Nominalisation et discours ........................................................................…………...

181

Marcello Mastracci La lingua speciale della musica nelle recensioni musicali nei quotidiani italiani…….

189

Sylvie Mellet / Simona Ruggia Quand même, à la croisée des approches énonciatives.................................................

199

Marion Pescheux La focalisation anaphorique dans des discours définitionnels: pour une sémantique paradigmatique et syntagmatique................................................

209

Liana Pop «Bonjour // donc je me présente...» (Deci et donc: approche contrastive roumain-français)……………………………….

219

Michael Rinn Le scénario pathétique du marketing social..................................................................

231

758

Table générale

Isabel Roboredo Seara Le weblog: frontières d’un nouveau genre....................................................................

241

Marion Sandré Les mésaventures de l’interaction: l’interruption, signe d’une difficulté interactionnelle ou mécanisme de régulation?..…………………………...………….

251

Marco Antônio Domingues Sant’Anna Subversão de gêneros: Um modo de dizer, um modo de ser? – um estudo na parábola do Bom Samaritano...............................................................

261

Elena Siminiciuc L’ironie dans les éditoriaux de la presse satirique. Étude de cas..................................

271

Maria Svensson Analyse des marqueurs corrélatifs – application de l’analyse de discours genevoise..

281

An Vande Casteele Las construcciones apositivas en el artículo periodístico informativo: un análisis pragmático-discursivo.................................................................................

291

Daciana Vlad La polémique – phénomène discursif transgénérique...................................................

301

Jakob Wüest La structure des discours politiques..............................................................................

311

Section 12b Pragmatique synchronique et historique; analyse du discours et analyse conversationnelle Présidents: DOMINIQUE MAINGUENEAU / LIGIA STELA FLOREA / ALAIN RABATEL / VICENT SALVADOR Anders Alvsåker Didriksen L’utilisation de donc dans les articles de recherche……………..................................

323

Diana Andrei L’influence de la théorie de l’énonciation sur la non prise en charge dans le texte journalistique..................................................

331

Table générale

759

Jeanne-Marie Barbéris La deixis spatiale dans la narration à la troisième personne: là, un adverbe empathique?...........................................................................................

339

Laetitia Bourmalo Étude de la représentation sémantique de soldat dans le discours des chansons de tradition orale du pays de Guérande: présentation de la démarche d’étude et exemple de la construction discursive d’une sous-représentation du soldat, celle de la fille-soldat........................

347

Yvette Bürki Mecanismos argumentativos en textos de opinión en la prensa judeoespañola de entre siglos (ss. XIX-XX)................................................

357

Anamaria Curea Le concept de subjectivité dans trois approches de l’énonciation du XXe siècle: défis théoriques (Charles Bally, Emile Benveniste), défis analytiques (Catherine Kerbrat-Orecchioni)…….................................................

367

Paul Danler L’interface entre la valence et la pragmatique à l’exemple du français........................

377

Catherine Détrie Apostrophe nominale et dynamique textuelle...............................................................

387

Isabel Margarida Duarte Le discours rapporté dans la presse portugaise, le futuro perfeito et l’effacement énonciatif..........………………………………………………………

397

Anna Dutka-Mańkowska L’altérité énonciative dans des textes de presse français et polonais: le conditionnel journalistique et ses traductions en polonais........................................

407

Verónica Edeso Natalías La cohesión textual: el caso de ah.................................................................................

417

Anca GâŃă La dissociation argumentative dans l’étape de la confrontation...................................

427

Yana Grinshpun La structure syntaxique [Ô+GN] à l’épreuve des genres..............................................

437

Beatriu Guarro i Picart Valors i antivalors a la publicitat. Recursos lingüístics emprats en la seva reproducció....................................................

447

760

Table générale

Mervi Helkkula Continuité énonciative et débuts de texte……………………………...……...………

457

Montserrat López Díaz Quand un discours feint d’argumenter contre lui-même…………………...................

467

Petronela Lucas Macro-actes et dérivation. L’exemple du discours électoral du candidat socialiste Lionel Jospin...............................................................

477

M. Caterina Manes Gallo Créativité langagière et raison computationnelle..........................................................

485

Gemma Peña Martínez L’anaphore conceptuelle: organiser et expliquer la science..........................................

495

Mariana Pitar Type de texte et modalité. Le cas du texte injonctif......................................................

503

Lídia Pons / Caterina Molina Sintagmática interna, sintagmática externa y sintagmática contextual en la publicidad de televisión…………………...........................................

513

Alain Rabatel La scénographie énonciative johannique dans le récit de l’arrestation de Jésus (Jean, 18, 1-12)..................................................

521

Fanny Rinck Des genres textuels aux communautés discursives. La recherche en sciences humaines entre modèle scientifique et modèle savant..........

531

Franciska Skutta La cohérence cachée……...…..……………………………………………………….

541

Izabela Anna Szantyka I pronomi dimostrativi in italiano e in francese – gli elementi di un’analisi contrastiva (ricerca in corso).........................................................................................

549

Andreea Teletin Usages des formes allocutives dans le discours publicitaire français, portugais et roumain....................................................................

559

Cristiana-Nicola Teodorescu Distance et tension dans le discours politique communiste roumain.................……...

567

Table générale

761

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

579

Table générale.................................................................................................................

587

762

Table générale

TOME VI

Section 13 Philologie et linguistique des textes anciens; lexicographie diachronique Présidents: DAVID TROTTER / ANDREA BOZZI / FRÉDÉRIC DUVAL Julia Alletsgruber Approche du lexique de l’agriculture dans des chartes françaises du XIIIe siècle...…

3

Mariña Arbor Aldea Lais de Bretanha galego-portugueses e tradición manuscrita: as relacións entre B e L

11

José Barbosa Machado Marcadores temporais e espaciais na História do mui Nobre Vespasiano Imperador de Roma (Lisboa, 1496)..............................................................................

21

Luca Bellone «Mamma mia ‹ome tu sse› giallo! ‹Un tu avra› mmia le terizie?»: osservazioni lessicali sulle denominazioni dell’itterizia nella lingua e nei dialetti d’Italia............................................................................................

31

Carmen F. Blanco Valdés / Ana Mª Domínguez Ferro Francesco da Barberino y el Zibaldone Colocciano 3217.……...…………..………...

43

Jacynthe Bouchard / Fernande Dupuis / Monique Dufresne Le développement des clivées et la périphérie de gauche en français médiéval...........

51

Éva Buchi / Wolfgang Schweickard À la recherche du protoroman: objectifs et méthodes du futur Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom)…...………………………………………………….

61

Adriana Cascone Riflessioni sul latino del Codex Comanicus (ff. 1-55)...................................................

69

Massimiliano De Conca / Peter T. Ricketts La concordance de l’occitan médiéval et le troubadour Arnaut Daniel......................

79

Maria Sofia Corradini / Guido Mensching Les méthodologies et les outils pour la rédaction d’un Lexique de la terminologie médico-botanique de l’occitan du Moyen Age...............................

87

Table générale

763

Stephen Dörr Pour une lecture analytique et approfondie du Roman de la Rose................................

97

Estèle Dupuy La voix passive et les auxiliaires factitifs en moyen français: Maillage inter-verbal des systèmes valentico-référentiels............................................

105

Andrés Enrique-Arias / Cristina Matute El estudio morfosintáctico de la lengua de la Biblia de Alba: un acercamiento a la variación discursiva y dialectal del español en el siglo XV........

115

Manuel Galeote / Augusta López Bernasocchi Hacia una nueva edición del Vocabulario español-náhuatl (1555) de fray Alonso de Molina..............................................................................................

125

Martin-Dietrich Gleßgen Élaborations philologiques et linguistiques sur la base de corpus textuels en français ancien – architecture du projet.......................................................

135

Déborah González Martínez A expresión do conselho na lírica profana galego-portuguesa......................................

151

Richard Ingham L’anglo-normand et la variation syntaxique en français médiéval...............................

163

Kathryn Klingebiel Les mots grammaticaux dans la COM: causalité et conjonctions causales…………...

175

Pierre Kunstmann / Hiltrud Gerner / Gilles Souvay Dictionnaire électronique de Chrétien de Troyes: état actuel du projet…...………….

185

Leena Löfstedt Les guillemets, comment s’en passer............................................................................

193

Witold Mańczak Le problème de l’origine des langues romanes dans le livre de H. Lüdtke et celui de R. Kiesler...............................................................................

207

Robert Martin / Hiltrud Gerner / Gilles Souvay Présentation de la seconde version du DMF (Dictionnaire du Moyen Français).........

213

Anne-Christelle Matthey / Christel Nissille L’irruption de l’informatique dans la rédaction du FEW..............................................

221

764

Table générale

Nicolas Mazziotta Ponctuation de la proposition dans les chartes originales écrites en français à Liège..

229

Christine Meklenborg Salvesen «Ne sai que face» – le CP en ancien français……………………………...………….

239

Claire Muller Analyse textuelle et analyse phrastique du dispositif dans les plus anciennes chartes françaises: les relations entre structure interne et genre textuel........................

249

Angelo Pagliardini Banche dati testuali e biblioteche telematiche come implementazione tecnologica della filologia.................................................................

259

Marco Passarotti Per una treebank dell’italiano antico…………………………………………….........

269

Adriana Pelo La coordinazione esplicativa in italiano antico.............................................................

279

Cinzia Pignatelli De l’approche quantitative à l’interprétation philologique: en naviguant dans le «Projet Charrette».......................................................................

289

Mihaela Popescu L’expression du potentiel et de l’irréel en latin, français et roumain. Une reconsidération....................................................................................

297

Pascale Renders L’informatisation du FEW: quels objectifs, quelles possibilités?.................................

311

Jean-Loup Ringenbach La bibliographie du Dictionnaire de Godefroy.............................................................

321

Elisa De Roberto Estrazione e doppia dipendenza del relativo in italiano antico.....................................

329

Nadine Steinfeld Étymologie-origine, étymologie-histoire et déonomastiques: le cas de poubelle (avec une annonce de la création de la base des mots fantômes)....

339

Marc Tsirlin Construction VS en français d’aujourd’hui: un vestige de la norme antérieure ou un modèle syntaxique nouveau?..........................................

351

Table générale

765

Malinka Velinova Le relatif-interrogatif dont en ancien et en moyen français……..................................

361

Paul Videsott Le plus ancien document en français de la chancellerie royale capétienne – édition et considérations linguistiques..........................................

371

Harald Völker Edición de textos, hipertextos y lexicografía................................................................

383

Section 14 La place du roumain dans la Romania Présidents: MARLEEN VAN PETEGHEM / RODICA ZAFIU / SANDA REINHEIMERRIPEANU Eugenia Arjoca-Ieremia Les semi-adverbes du roumain. Regard spécial sur măcar…………………..................

399

Oana Dana Balaş Esp. tal y rum. asemenea. Correspondencias semántico-discursivas entre el español y el rumano..........……………………………

409

Florica Bechet Sur les noms roumains de la pupille..............................................................................

419

Adriana Ciama Verbos de deslocação: entrar / sair. Análise comparativa português-romeno.............

429

Gabriela-Mihaela Drăghici Verbos direccionales en español y rumano...................................................................

439

Camelia Dragomir La spécificité des périphrases verbales roumaines. Considérations sur le fonctionnement de quelques opérateurs aspectuels de phase inchoative......................

449

Mioara Dragomir Etnonime şi horonime în cronicile moldoveneşti..........................................................

467

Viorica Goicu Les verbes en -onner – empruntés en français et en roumain…………...……………

481

766

Table générale

Michaela Livescu ImportanŃa prepoziŃiilor de şi la pentru morfologia (istorică) a limbii române............

491

Karla Lupşan Urmările enclizei articolului hotărât românesc.............................................................

497

Margareta Manu Magda Limba română în «epoca integrării europene»..............................................................

505

Emilia Parpală «Le cirque politique»: la construction métaphorique dans le journalisme roumain actuel...............................................................................

519

Maria Purdela Sitaru «Latinisme» româneşti..................................................................................................

527

Sanda Reinheimer Rîpeanu Le roumain şi adverbial dans le groupe verbal……………………..............................

539

Marius Sala Le quatrième pied de la romanité: le roumain...............................................................

549

Gabriela Scurtu Autour de l’impersonnel (domaine français – roumain)...............................................

555

Camelia Stan L’articolo indefinito in rumeno……………………………………………………….

565

Adina Tihu Le haut degré en roumain: tendances dans le langage de la presse avec un regard spécial sur le domaine publicitaire....................................

573

Emanuela Timotin Les noms de la fièvre en roumain ancien (XVIe-XVIIIe siècles)..................................

583

Ioana Vintilă-Rădulescu Variantes littéraires libres en roumain et en français………………….……………...

593

Rodica Zafiu L’évolution des connecteurs adversatifs du roumain en perspective romane...............

603

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

615

Table générale.................................................................................................................

623

Table générale

767

TOME VII

Section 15 La place du romanche, du ladin dolomitique et du frioulan dans la Romania Présidents: HANS GOEBL / CLAU SOLER / FEDERICO VICARIO Roland Bauer Verifica dialettometrica della Ladinia di Graziadio Isaia Ascoli (a 100 anni dalla sua morte).............................….….…………………………….…..

3

Renata Coray / Barbara Strebel Biographies langagières rhéto-romanes. Une recherche en cours.................................

11

Franco Finco Per una retrodatazione della palatalizzazione di CA e GA in friulano............................

21

Roberto Fontanot L’Istria settentrionale fra veneto e friulano...................................................................

31

Fabiana Fusco / Federica Benacchio Contatto, convergenza, mixing: il caso friulano – italiano.…………..…...…………..

41

Sabine Heinemann Consonantizzazione e protesi in friulano.......................................................................

51

Gabriele Iannàccaro / Vittorio Dell’Aquila Survey Ladins. Usi linguistici nelle valli ladine…...………………………………….

61

Martina Irsara Il sistema dimostrativo avverbiale ladino......................................................................

75

Georg A. Kaiser / Franziska Maria Hack Sujets et sujets nuls en romanche..................................................................................

83

Renzo Miotti L’abbassamento vocalico in friulano, antico alto tedesco e spagnolo e il continuum «dittongo» ~ «vocale lunga» tra diacronia e sincronia. Un’interpretazione dinamica.........................................................................................

93

Cecilia Poletto Particelle frasali in ladino e in altre varietà italiane settentrionali................................

105

768

Table générale

Clà Riatsch Ideologia linguistica e maschera satirica. Reto Caratsch e Giuseppe Gangale.............

113

Laura Vanelli Ipotesi tipologiche sul friulano (e sul ladino dolomitico) su base morfologica: la formazione del plurale...............................................................................................

123

Federico Vicario Dal lessico all’antroponimia. Appellativi personali in carte friulane tardomedievali...

135

Section 16 La place du sarde dans la Romania Présidents: EDUARDO BLASCO FERRER / IOANA NICHITA / ROSITA RINDLERSCHJERVE Eduardo Blasco Ferrer / Giorgia Ingrassia Sardo e lingue romanze a confronto. Nuove prospettive per la genesi dell’accusativo preposizionale..................................

145

Luca Guido Il fattore linguistico e toponomastico in Sardegna: uno studio sul processo di romanizzazione..................................................................

159

Cristina Lavinio Indagini sociolinguistiche recenti in Sardegna..............................................................

169

Maria Antonietta Marongiu Il contatto sardo – italiano: un caso di language shift o di language loss?...................

179

Guido Mensching / Eva-Maria Remberger La periferia sinistra romanza: topicalizzazione, focalizzazione e interrogazione in sardo...........................................

189

Lone Elisabeth Olesen Il sardo scritto contemporaneo. Un progetto pilota di corpus linguistico.....................

199

Rosita Rindler Schjerve Code switching nel sardo – un segno di disintegrazione o di ristrutturazione socio-linguistica?..........................................................................

207

Shigeaki Sugeta Cento tratti distintivi del sardo tra le lingue romanze: una proposta……………….…

217

Table générale

769

Section 17 Le français du Canada et des États-Unis Présidents: PIERRE RÉZEAU / JEAN-PAUL CHAUVEAU / TOM KLINGLER Luc Baronian L’apport linguistique québécois en Louisiane...............................................................

231

Hélène Cajolet-Laganière / Pierre Martel / Chantal-Édith Masson

Le dictionnaire général du français de l’équipe FRANQUS: quelques aspects originaux de la description lexicographique......................................

241

Jean-Paul Chauveau Dialectes et français dans la formation des français expatriés en Amérique................

251

Ingrid Neumann-Holzschuh Nivellement linguistique et koïnèisation en Louisiane.................................................

261

Pierre Rézeau / Steve Canac-Marquis Matériaux du XVIIe siècle pour l’histoire du vocabulaire français dans les manuscrits de Louis Nicolas............................................................................

273

Edith Szlezák Les conséquences intralinguistiques de l’étiolement du français chez les franco-américains du Massachusetts.............................................

283

André Thibault / Patrick Drouin Le lexique de Joseph Zobel, auteur antillais: extraction semi-automatique des particularismes lexicaux...........................................

291

Section 18 Les langues créoles à base romane Présidents: DAN MUNTEANU COLÁN / MARIE-CHRISTINE HAZAËL-MASSIEUX / JOHANNES KRAMER Stefan Barme El origen del pronombre personal sujeto nan del papiamentu: materia ibero-románica, fonética africana.....................................................................

303

Dominique Fattier Comparaison entre un créole et sa base romane: ordre des mots et structure informationnelle des énoncés en créole haïtien.................

311

770

Table générale

Johannes Kramer Les langues créoles et la linguistique romane...............................................................

321

Dan Munteanu Colán Ruptura o continuidad en los criollos románicos..........................................................

333

Andrés José Pociña López A papiaçam de Macau: História e caracterização sociolinguística de um crioulo oriental de base portuguesa..

343

Section 19 Formation des mots et locutions Présidents: MARIA GROSSMANN / FRANZ RAINER Elisenda Bernal Nuevos prefijos: implicaciones para la morfología y la lexicografía............................

361

Cesáreo Calvo Rigual Trattamento nella lessicografia monolingue (italiana) e bilingue (italiano – spagnolo e catalano) dei verbi sintagmatici: panorama attuale e proposte future........................

375

Emili Casanova L’evolució dels prefixos des- i es- en català a la llum de la Romània..........................

385

Maria do Céu Caetano Da importância dos dicionários etimológicos para a análise morfológica. Os sufixos -eiro et -ário................................................................................................

395

Paolo D’Achille / Maria Grossmann I composti aggettivo + aggettivo in italiano......................…………..…...…………...

405

Maurizio Dardano Note su N-tore in italiano antico...................................................................................

415

Gianluca Frenguelli Nuove tendenze nella formazione delle parole dell’italiano………………………….

425

Jairo Javier García Sánchez Derivados regresivos de formas en -ĀTUS en español...................................................

435

Francesca Strik Lievers / Elisabetta Ježek Verbi sintagmatici in italiano antico e moderno: un’analisi corpus-based...................

445

Table générale

771

Bohdana Librova La particule séparable re – facteur de cohésion textuelle en français médiéval...........

455

Gregor Perko Le suffixe -issime dans le paysage dérivationnel du nom propre en français...............

465

Wolfgang Pöckl Le confixe: élément rebelle à vocation internationale………………………...............

471

Sílvia Ribeiro / Graça Rio-Torto Denominações compositivas de estrutura VN, NN, NprepN e NA: nexos intralexicais.........................................................................................................

477

Nuria Rodríguez Pedreira Les adjectifs préfixés négatifs en perspective contrastive français-espagnol...............

487

Maria Rosenberg Polysémie et effets de blocage des formations agentives en français...........................

499

Adriana StoichiŃoiu-Ichim Aspects de la composition allogène en roumain contemporain....................................

509

Carolina Stromboli L’alterazione ne Lo cunto de li cunti di Giovan Battista Basile………………………

517

Anna M. Thornton Il tipo fuggifuggi............................................................................................................

527

Azucena Ulloa Concurrencia histórica de los derivados agentivos en -dor y -nte….…………………

537

Table ronde Le plurilinguisme en Europe et l’avenir des langues romanes Rita Franceschini Le sfide a livello europeo: alcuni segnali positivi.........................................................

549

Miguel Gonçalves O português língua não materna em Portugal: Uma resposta aos desafios do plurilinguismo e da multiculturalidade....................................................................

553

Wulf Oesterreicher Le plurilinguisme européen, les univers scientifiques et les défis d’une

563

772

Table générale

hiérarchisation des langues……………………………..……………………………. Emilio Ridruejo L’avenir des langues romanes.......................................................................................

579

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

587

Table générale.................................................................................................................

595

Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes

TOME II

XXVe CILPR Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes 3–8 septembre 2007 Innsbruck

De Gruyter

Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes Innsbruck 2007 Éditeurs: Maria ILIESCU, Heidi SILLER-RUNGGALDIER, Paul DANLER

TOME II Section 4: Phonétique et phonologie Section 5a/5b: Morphologie et syntaxe Section 6: Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques

De Gruyter

ISBN 978-3-11-023195-3 (Tome II) Gesamt-ISBN 978-3-11-023191-5 (Tome I–VII) e-ISBN 978-3-11-023192-2 (Tome I–VII) Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet über http://dnb.d-nb.de abrufbar. © 2010 Walter de Gruyter GmbH & Co. KG, Berlin/New York Satz: Georg Rosensteiner Druck und Einband: Hubert & Co. GmbH & Co. KG, Göttingen ∞ Gedruckt auf säurefreiem Papier Printed in Germany www.degruyter.com

Avant-propos Le XXVe Congrès de la Société de Linguistique Romane s’est déroulé à Innsbruck, en Autriche, du 2 au 9 septembre 2007. 800 romanistes de 40 pays sont venus s’abriter au pied des sommets alpins, dans la vallée de l’Inn, pour y passer ensemble, dans la Romania submersa, les sept jours du Congrès. Dans les présents Actes les communications des 21 sections thématiques du Congrès destinées à la publication sont organisées comme suit: Tome I Section 1: Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Section 2: Contact linguistique: influences et interférences Section 3: Traductologie romane et historique Tome II Section 4: Phonétique et phonologie Section 5a et 5b: Morphologie et syntaxe Section 6: Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques Tome III Section 7: Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Section 8: Onomastique (toponymie et anthroponymie) Section 9: Constitution de la norme dans les langues romanes Tome IV Section 10: Sociolinguistique et dialectologie Section 11: Langue orale et langue écrite Tome V Section 12a et 12b: Pragmatique synchronique et historique; analyse du discours et analyse conversationnelle Tome VI Section 13: Philologie et linguistique des textes anciens; lexicographie diachronique Section 14: La place du roumain dans la Romania Tome VII Section 15: La place du romanche, du ladin dolomitique et du frioulan dans la Romania Section 16: La place du sarde dans la Romania Section 17: Le français du Canada et des États-Unis Section 18: Les langues créoles à base romane Section 19: Formation des mots et locutions

VI

Avant-propos

Les communications des sections 20 et 21 sont intégrées, avec l’autorisation des auteurs, aux sections 6, 13, 14 et 16 qui leur sont thématiquement proches. Chacun des volumes contient l’avant-propos des organisateurs, la table générale des matières et l’index des auteurs. Dans le premier volume se trouvent les communications des séances plénières, dans le septième volume celles de la table ronde. Nous savons gré à de nombreuses personnes sans l’aide desquelles nous n’aurions jamais pu ni mener à bien les travaux du Congrès, ni assurer la parution des Actes. Nos remerciements vont tout d’abord à notre comité d’organisation, c’est-à-dire à nos collègues Petra Braselmann, Barbara Hinger, Christine Konecny, Carmen Konzett, Eva Lavric et Werner Marxgut, qui tous nous ont accompagnés chaque jour et dont l’aide nous a été précieuse. Nous voudrions souligner ici l’apport de Werner Marxgut, qui nous a assuré son assistance dans toutes les questions informatiques du Congrès. Un grand merci à Paula Weitlaner, notre secrétaire administrative, qui a géré magistralement le côté financier. Nous sommes de plus très reconnaissants au groupe d’étudiants qui s’est tenu à la disposition de chaque section et qui a largement contribué au bon déroulement des travaux du Congrès. Un grand travail, difficile et très important, a été réalisé par les présidents et viceprésidents de chaque section. Ils ont poursuivi leur travail jusqu’à l’été 2008 et ont joué un rôle décisif pour garantir le niveau scientifique des communications imprimées dans les Actes. Notre Congrès n’aurait pas pu avoir lieu sans l’aide généreuse des sponsors: – Bundesministerium für Wissenschaft und Forschung – Universität Innsbruck; Zentrum für Kanadastudien der Universität Innsbruck; Frankreich Schwerpunkt der Universität Innsbruck – Istituto Italiano di Cultura (Innsbruck); Embajada de España (Vienne); Instituto Cervantes (Vienne); Istitut Ladin ‹Micurà de Rü› (San Martin de Tor/Bolzano) – Stadt Innsbruck; Land Tirol; Amt der Tiroler Landesregierung – Abteilung Kultur; Amt der Vorarlberger Landesregierung – Abteilung Wissenschaft und Weiterbildung – Innsbrucker Kommunalbetriebe; Tirol Werbung; Tourismusverband Innsbruck; Alpina Druck; Speck Handl Tyrol; Rauch Fruchtsäfte; Der Bäcker Ruetz La mise en page a été soigneusement revue par Georg Rosensteiner, étudiant à notre Université, après la lecture attentive et les corrections éventuelles, faites à l’aide de spécialistes compétents pour chacune des langues employées: Gilberte Tschirner Reynaud pour le français, Carla Leidlmair Festi pour l’italien, Isabel Arranz Sanz pour l’espagnol, António da Costa Pereira pour le portugais, Emili Casanova pour le catalan et Mercedes Brea pour le galicien. Nous avons beaucoup apprécié que la prestigieuse maison éditrice Walter de Gruyter se soit chargée de l’impression des Actes du Congrès de notre Société. Nos chaleureux remerciements s’adressent à Ulrike Krauß et à Cornelia Saier. Nous témoignons enfin notre gratitude aux personnes les plus concernées par le Congrès, les congressistes eux-mêmes. Un grand merci à tous.

Maria Iliescu, Heidi Siller-Runggaldier, Paul Danler

Sommaire

Section 4 Phonétique et phonologie Présidents: MICHELE LOPORCARO / ALAN YVES CHARLES MORIN / FERNANDO SÁNCHEZ MIRET Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida................

3

Marcello Barbato Dio mio. Un frammento di grammatica storica.............................................................

13

Montserrat Batllori Dillet / Beatriz Blecua Falgueras / Assumpció Rost Bagudanc Nuevas reflexiones sobre la existencia de la labiodental sonora en la evolución del español....................................................

23

Francisco José Cantero Serena / Dolors Font Rotchés Patrones melódicos coincidentes en español y en catalán.............................................

33

Rosa Lídia Coimbra / Lurdes de Castro Moutinho / Ana Margarida Vaz / Plínio A. Barbosa / Sandra Madureira Análise contrastiva dos contornos prosódicos de duas variedades do Português.........

45

Yolanda Congosto Martín / Liliana Díaz Gómez / María Viejo Lucio-Villegas / Ruth González Rodríguez Estudio contrastivo de la entonación del castellano de Don Benito y del asturiano de Mieres en el marco del Proyecto AMPER.......................................

53

Lorenzo Filipponio La quantità vocalica nei proparossitoni etimologici al confine tra toscano e gallo-italico..............................................................................

67

Sascha Gaglia La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali.

77

Mariafrancesca Giuliani La notazione del raddoppiamento consonantico interno ai nessi clitici nelle scritture italoromanze delle origini................................................

87

VIII

Sommaire

Matthias Heinz La diachronie des structures syllabiques en espagnol et en catalan: analyses quantitatives et textuelles................................................................................

97

Jesús Jiménez / Maria-Rosa Lloret Entre la articulación y la percepción: Armonía vocálica en la península Ibérica.........

107

Mari Lehtinen L’utilisation des traits prosodiques comme indices conclusifs dans des émissions radiophoniques...............................................................................

117

Myriam Piccaluga / Dolors Poch-Olivé / Bernard Harmegnies La transparence lexicale en modalité orale; le cas du couple espagnol – français........

127

Dolors Poch / Bernard Harmegnies Centralización y reducción en las lenguas románicas...................................................

137

Elissa Pustka Farrebique, Biquefarre – et l’accent aveyronnais d’aujourd’hui..................................

147

Rodney Sampson La qualité des voyelles prothétiques en roman..............................................................

157

Giancarlo Schirru Alterazione di consonanti lunghe in italoromanzo........................................................

165

Carlo Schirru / Alberto Zamboni Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale (in comparazione con l’area ladina dolomitica)............................................................

175

Stephan Schmid Les occlusives palatales du vallader.............................................................................

185

Agustín Seguí El sufijo átono ´-aro y el caso de los quechuismos epentéticos (chacra > chácara, chucru > chúcaro)..........................................................................

195

Célia Marques Telles Grafemas e fonemas: representação de africadas e fricativas no Castelo Perigoso......

203

Rika Van Deyck La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre et l’avènement du mode antérieur en gallo-roman........................................................

213

Sommaire

IX

João Veloso Rimes /VGNS/ en position finale de mot en portugais: une contrainte «sensible au mot»..................................................................................

231

Rémy Viredaz Du vocalisme latin aux vocalismes romans: quel scénario reconstruire?.....................

241

Section 5a Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Luisa Amenta Avere a/da + infinito: un confronto tra siciliano e italiano….......................................

251

Louis Begioni Aktionsart et aspect verbal en français..........................................................................

263

Claude Buridant La substantivation de l’infinitif en français contemporain: aperçu historique et perspectives romanes, ou du «nerbe» au «vom» et réciproquement.........................

273

Patrizia Cordin La selezione dell’ausiliare per i verbi con l’infinito in -si in alcune varietà settentrionali dell’italiano: un percorso dal XV secolo ad oggi.........

291

Renata Enghels / Clara Vanderschueren La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués.....................................................................

301

Maria Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John Charles Smith / Andrew Swearingen À la recherche de l’arbitraire dans la morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux..........................

311

Paolo Greco Sulla diatesi delle costruzioni participiali italiane alla luce di dati tardo-latini............

321

Marc-Olivier Hinzelin L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques................................

331

Giorgio Iemmolo La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano: un’analisi contrastiva.................

341

X

Sommaire

Reinhard Kiesler À propos de la structure du groupe verbal dans les langues romanes...........................

351

Sándor Kiss Grammaticalisation du verbe pronominal à sens non-actif – du latin aux langues romanes...........................................................

361

Machteld Meulleman Les constructions existentielles en français, en espagnol et en italien..........................

369

Olga Ozolina Grammaticalisation et classes lexico-grammaticales dans la langue française (rapports attributifs).......................................................................................................

379

Emilio Ridruejo Sobre el proceso de gramaticalización de siquiera.......................................................

387

Annelise Siversen Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare – ¿Un caso de gramaticalización?....................................

397

Simona Valente Gli inserti velari nella morfologia verbale di alcuni testi campani antichi....................

407

Section 5b Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Montserrat Batllori Dillet La periferia izquierda del sintagma nominal: artículo ante posesivo en español medieval...................................................................

419

Ángela Di Tullio / Avel·lina Suñer La extensión del artículo indefinido evaluativo ante nombres de cualidad en función de atributo: un estudio contrastivo.....................

431

Andreas Dufter Subordination et expression du sujet en ancien français...............................................

443

Rembert Eufe La genèse de que et la subordination en latin et français..............................................

459

Sommaire

XI

Francesc González i Planas La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés...........................................

471

Maria Jouet (Lundström) L’ordre des mots dans le ms. Vu 20, le Roman d’Alexandre en prose (Kungliga Biblioteket, Stockholm)...............................................................................

481

Ruth de Oliveira Détachements thématiques en portugais du Brésil: fonctionnements et spécificités....

491

Tania Paciaroni / Michele Loporcaro Funzioni morfologiche dell’opposizione fra -u e -o nei dialetti del maceratese.............................................................................................

497

Cristina Sánchez / Álvaro Octavio de Toledo À propos de la distribution et de l’évolution des schémas de quantification interrogative et exclamative dans les langues romanes.................................................

507

Fco. Javier Satorre Grau «Todo», ¿adverbio? Estudio de la palabra simple y de las unidades fraseológicas de las que forma parte.................................................

523

Jan Schroten Pronombre tónico, pronombre átono y pronombre nulo: sus características en español........................................................................................

533

Rosanna Sornicola I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana......................................................................

547

Jaroslav Štichauer Evolution des prépositions et emplois locatifs en français préclassique et classique et la notion de locativité forte/faible..........................................................

565

Maria łenchea Les distributifs aléatoires en roumain et en français.....................................................

575

Aina Torrent-Lenzen / Manuel Pérez Saldanya Los activadores negativos en catalán antiguo...............................................................

585

Mário Eduardo Viaro / Sandra Aparecida Ferreira Sémantique diachronique du suffixe portugais -eiro.....................................................

593

XII

Sommaire

Section 6 Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques Présidents: MAURIZIO DARDANO / MANUEL ALVAR EZQUERRA / GERHARD ERNST Manuel Alvar Ezquerra Presencia de las lenguas románicas en el Nuevo Tesoro Lexicográfico del Español (s. XIV-1726)..............................................

605

Xosé Afonso Álvarez Pérez Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca..........

613

Myriam Benarroch L’apport des dictionnaires de Jerónimo Cardoso (XVIe siècle) à la datation du Dicionário Houaiss (2001)..................................................................

623

Cristina Buenafuentes de la Mata / Carlos Sánchez Lancis El género gramatical: norma y diacronía en el español en contraste con el catalán.....

633

Suzana Alice Marcelino Cardoso A expressão do ‹existencial› no português brasileiro: ter, haver e existir segundo dados do projeto Atlas Lingüístico do Brasil....................

643

Gianluca Colella I costrutti condizionali conversazionali in italiano........................................................

651

Yolanda Congosto Martín Historia lingüística del ár. QĀDÛS en iberorromance....................................................

661

Esther Corral Díaz Algunas prendas de amor en la lírica gallego-portuguesa.............................................

673

Elmar Eggert La variación de designaciones en el lenguaje específico del castellano del siglo XV (en dos traducciones independientes de la enciclopedia latina de Bartolomé el Inglés)..........................................................

681

Cristina Florescu Les particularités lexicales du roum. linişte ‹tranquillité; silence› vs. ses équivalents français............................................................................................

691

Temistocle Franceschi Una fratellanza occulta: «sèdano» e «prezzémolo»......................................................

701

Sommaire

XIII

Carla Gambacorta Per una edizione critica della Fiorita chietina di Armannino giudice. Sondaggi sulla lingua....................................................................................................

711

Rafael García Pérez Los marcadores rectificativos en un diccionario histórico............................................

721

Claudio Iacobini Le parole per guerra e per duello nelle lingue romanze in relazione con le altre lingue europee: tipi morfologici e rapporti lessicali...............

731

Satoshi Ikeda A propos du lexème beau en français contemporain.....................................................

741

Ángeles Líbano Zumalacárregui El desarrollo industrial en la Baja Edad Media: análisis comparativo de la terminología navarro-aragonesa y vascongada...................

749

Margarita Lliteras Lexicalización de adjetivos en locuciones nominales y en nombres compuestos (de luna llena a plenilunio)............................................................................................

759

Sergio Lubello Le prime voci del DAGI (Dizionario dell’antica gastronomia italiana)........................

769

Mª Jesús Mancho Duque Testimonios de la tradición culta en el léxico matemático del Renacimiento..............

779

Krisztina Marádi Pirates, Zombies, Chevaux de Troie L’effet de la cybercriminalité sur notre vocabulaire.....................................................

789

Luigi Matt I motori di ricerca in Internet come fonte per la lessicologia e la lessicografia............

799

Marta Prat Sabater La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas.......................................

807

Natacha Reynaud El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas...............................................................................................

817

Fabio Rossi Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950 (LesMu)....................................

827

XIV

Sommaire

Michela Russo / Marcello Aprile Il Cartulario del Monastero di Conversano. Lessico e stratigrafia linguistica.............

837

Joan Torruella Estudio contrastivo del léxico catalán, aragonés, castellano y leonés de los siglos XIII y XIV....................................

847

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

859

Table générale.................................................................................................................

867

Sommaire

Section 4 Phonétique et phonologie Présidents: MICHELE LOPORCARO / ALAN YVES CHARLES MORIN / FERNANDO SÁNCHEZ MIRET Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida................

3

Marcello Barbato Dio mio. Un frammento di grammatica storica.............................................................

13

Montserrat Batllori Dillet / Beatriz Blecua Falgueras / Assumpció Rost Bagudanc Nuevas reflexiones sobre la existencia de la labiodental sonora en la evolución del español....................................................

23

Francisco José Cantero Serena / Dolors Font Rotchés Patrones melódicos coincidentes en español y en catalán.............................................

33

Rosa Lídia Coimbra / Lurdes de Castro Moutinho / Ana Margarida Vaz / Plínio A. Barbosa / Sandra Madureira Análise contrastiva dos contornos prosódicos de duas variedades do Português.........

45

Yolanda Congosto Martín / Liliana Díaz Gómez / María Viejo Lucio-Villegas / Ruth González Rodríguez Estudio contrastivo de la entonación del castellano de Don Benito y del asturiano de Mieres en el marco del Proyecto AMPER.......................................

53

Lorenzo Filipponio La quantità vocalica nei proparossitoni etimologici al confine tra toscano e gallo-italico..............................................................................

67

Sascha Gaglia La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali.

77

Mariafrancesca Giuliani La notazione del raddoppiamento consonantico interno ai nessi clitici nelle scritture italoromanze delle origini................................................

87

VIII

Sommaire

Matthias Heinz La diachronie des structures syllabiques en espagnol et en catalan: analyses quantitatives et textuelles................................................................................

97

Jesús Jiménez / Maria-Rosa Lloret Entre la articulación y la percepción: Armonía vocálica en la península Ibérica.........

107

Mari Lehtinen L’utilisation des traits prosodiques comme indices conclusifs dans des émissions radiophoniques...............................................................................

117

Myriam Piccaluga / Dolors Poch-Olivé / Bernard Harmegnies La transparence lexicale en modalité orale; le cas du couple espagnol – français........

127

Dolors Poch / Bernard Harmegnies Centralización y reducción en las lenguas románicas...................................................

137

Elissa Pustka Farrebique, Biquefarre – et l’accent aveyronnais d’aujourd’hui..................................

147

Rodney Sampson La qualité des voyelles prothétiques en roman..............................................................

157

Giancarlo Schirru Alterazione di consonanti lunghe in italoromanzo........................................................

165

Carlo Schirru / Alberto Zamboni Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale (in comparazione con l’area ladina dolomitica)............................................................

175

Stephan Schmid Les occlusives palatales du vallader.............................................................................

185

Agustín Seguí El sufijo átono ´-aro y el caso de los quechuismos epentéticos (chacra > chácara, chucru > chúcaro)..........................................................................

195

Célia Marques Telles Grafemas e fonemas: representação de africadas e fricativas no Castelo Perigoso......

203

Rika Van Deyck La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre et l’avènement du mode antérieur en gallo-roman........................................................

213

Sommaire

IX

João Veloso Rimes /VGNS/ en position finale de mot en portugais: une contrainte «sensible au mot»..................................................................................

231

Rémy Viredaz Du vocalisme latin aux vocalismes romans: quel scénario reconstruire?.....................

241

Section 5a Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Luisa Amenta Avere a/da + infinito: un confronto tra siciliano e italiano….......................................

251

Louis Begioni Aktionsart et aspect verbal en français..........................................................................

263

Claude Buridant La substantivation de l’infinitif en français contemporain: aperçu historique et perspectives romanes, ou du «nerbe» au «vom» et réciproquement.........................

273

Patrizia Cordin La selezione dell’ausiliare per i verbi con l’infinito in -si in alcune varietà settentrionali dell’italiano: un percorso dal XV secolo ad oggi.........

291

Renata Enghels / Clara Vanderschueren La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués.....................................................................

301

Maria Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John Charles Smith / Andrew Swearingen À la recherche de l’arbitraire dans la morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux..........................

311

Paolo Greco Sulla diatesi delle costruzioni participiali italiane alla luce di dati tardo-latini............

321

Marc-Olivier Hinzelin L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques................................

331

Giorgio Iemmolo La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano: un’analisi contrastiva.................

341

X

Sommaire

Reinhard Kiesler À propos de la structure du groupe verbal dans les langues romanes...........................

351

Sándor Kiss Grammaticalisation du verbe pronominal à sens non-actif – du latin aux langues romanes...........................................................

361

Machteld Meulleman Les constructions existentielles en français, en espagnol et en italien..........................

369

Olga Ozolina Grammaticalisation et classes lexico-grammaticales dans la langue française (rapports attributifs).......................................................................................................

379

Emilio Ridruejo Sobre el proceso de gramaticalización de siquiera.......................................................

387

Annelise Siversen Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare – ¿Un caso de gramaticalización?....................................

397

Simona Valente Gli inserti velari nella morfologia verbale di alcuni testi campani antichi....................

407

Section 5b Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Montserrat Batllori Dillet La periferia izquierda del sintagma nominal: artículo ante posesivo en español medieval...................................................................

419

Ángela Di Tullio / Avel·lina Suñer La extensión del artículo indefinido evaluativo ante nombres de cualidad en función de atributo: un estudio contrastivo.....................

431

Andreas Dufter Subordination et expression du sujet en ancien français...............................................

443

Rembert Eufe La genèse de que et la subordination en latin et français..............................................

459

Sommaire

XI

Francesc González i Planas La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés...........................................

471

Maria Jouet (Lundström) L’ordre des mots dans le ms. Vu 20, le Roman d’Alexandre en prose (Kungliga Biblioteket, Stockholm)...............................................................................

481

Ruth de Oliveira Détachements thématiques en portugais du Brésil: fonctionnements et spécificités....

491

Tania Paciaroni / Michele Loporcaro Funzioni morfologiche dell’opposizione fra -u e -o nei dialetti del maceratese.............................................................................................

497

Cristina Sánchez / Álvaro Octavio de Toledo À propos de la distribution et de l’évolution des schémas de quantification interrogative et exclamative dans les langues romanes.................................................

507

Fco. Javier Satorre Grau «Todo», ¿adverbio? Estudio de la palabra simple y de las unidades fraseológicas de las que forma parte.................................................

523

Jan Schroten Pronombre tónico, pronombre átono y pronombre nulo: sus características en español........................................................................................

533

Rosanna Sornicola I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana......................................................................

547

Jaroslav Štichauer Evolution des prépositions et emplois locatifs en français préclassique et classique et la notion de locativité forte/faible..........................................................

565

Maria łenchea Les distributifs aléatoires en roumain et en français.....................................................

575

Aina Torrent-Lenzen / Manuel Pérez Saldanya Los activadores negativos en catalán antiguo...............................................................

585

Mário Eduardo Viaro / Sandra Aparecida Ferreira Sémantique diachronique du suffixe portugais -eiro.....................................................

593

XII

Sommaire

Section 6 Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques Présidents: MAURIZIO DARDANO / MANUEL ALVAR EZQUERRA / GERHARD ERNST Manuel Alvar Ezquerra Presencia de las lenguas románicas en el Nuevo Tesoro Lexicográfico del Español (s. XIV-1726)..............................................

605

Xosé Afonso Álvarez Pérez Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca..........

613

Myriam Benarroch L’apport des dictionnaires de Jerónimo Cardoso (XVIe siècle) à la datation du Dicionário Houaiss (2001)..................................................................

623

Cristina Buenafuentes de la Mata / Carlos Sánchez Lancis El género gramatical: norma y diacronía en el español en contraste con el catalán.....

633

Suzana Alice Marcelino Cardoso A expressão do ‹existencial› no português brasileiro: ter, haver e existir segundo dados do projeto Atlas Lingüístico do Brasil....................

643

Gianluca Colella I costrutti condizionali conversazionali in italiano........................................................

651

Yolanda Congosto Martín Historia lingüística del ár. QĀDÛS en iberorromance....................................................

661

Esther Corral Díaz Algunas prendas de amor en la lírica gallego-portuguesa.............................................

673

Elmar Eggert La variación de designaciones en el lenguaje específico del castellano del siglo XV (en dos traducciones independientes de la enciclopedia latina de Bartolomé el Inglés)..........................................................

681

Cristina Florescu Les particularités lexicales du roum. linişte ‹tranquillité; silence› vs. ses équivalents français............................................................................................

691

Temistocle Franceschi Una fratellanza occulta: «sèdano» e «prezzémolo»......................................................

701

Sommaire

XIII

Carla Gambacorta Per una edizione critica della Fiorita chietina di Armannino giudice. Sondaggi sulla lingua....................................................................................................

711

Rafael García Pérez Los marcadores rectificativos en un diccionario histórico............................................

721

Claudio Iacobini Le parole per guerra e per duello nelle lingue romanze in relazione con le altre lingue europee: tipi morfologici e rapporti lessicali...............

731

Satoshi Ikeda A propos du lexème beau en français contemporain.....................................................

741

Ángeles Líbano Zumalacárregui El desarrollo industrial en la Baja Edad Media: análisis comparativo de la terminología navarro-aragonesa y vascongada...................

749

Margarita Lliteras Lexicalización de adjetivos en locuciones nominales y en nombres compuestos (de luna llena a plenilunio)............................................................................................

759

Sergio Lubello Le prime voci del DAGI (Dizionario dell’antica gastronomia italiana)........................

769

Mª Jesús Mancho Duque Testimonios de la tradición culta en el léxico matemático del Renacimiento..............

779

Krisztina Marádi Pirates, Zombies, Chevaux de Troie L’effet de la cybercriminalité sur notre vocabulaire.....................................................

789

Luigi Matt I motori di ricerca in Internet come fonte per la lessicologia e la lessicografia............

799

Marta Prat Sabater La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas.......................................

807

Natacha Reynaud El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas...............................................................................................

817

Fabio Rossi Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950 (LesMu)....................................

827

XIV

Sommaire

Michela Russo / Marcello Aprile Il Cartulario del Monastero di Conversano. Lessico e stratigrafia linguistica.............

837

Joan Torruella Estudio contrastivo del léxico catalán, aragonés, castellano y leonés de los siglos XIII y XIV....................................

847

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

859

Table générale.................................................................................................................

867

Section 4 Phonétique et phonologie

Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola

Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida

1. Introduzione Oggetto di questa ricerca è la variabilità fonetica della /a/ tonica in un gruppo di parlanti dell’isola di Procida.1 Le realizzazioni di questa vocale si disperdono in un range piuttosto ampio, distribuendosi prevalentemente lungo l’asse anteriore-posteriore del trapezio. Di particolare interesse sono le realizzazioni più arretrate; esse sono tipiche di certe fasce sociali e stili di parlato e costituiscono una marca distintiva delle varietà parlate in area napoletana (cf. Radtke 1997: 59; Sornicola 1997: 332). In questo contributo si indagano gli aspetti strutturali del fenomeno, mettendo in luce le relazioni che sussistono tra la tendenza all’arretramento, la posizione della variabile nella struttura prosodica, i fenomeni di allungamento. Come si evince dal titolo, è possibile che le realizzazioni arretrate di /a/ siano un aspetto segmentale di un determinato setting articolatorio, che caratterizza porzioni più ampie di parlato. Il concetto di setting, inteso come una particolare configurazione dell’apparato vocale sottostante a sequenze di più segmenti2, si presenta come uno strumento interessante per lo studio della variazione sociolinguistica e dialettologica, e ha dato risultati degni di attenzione, soprattutto relativamente alla realtà anglosassone.3 Nel caso del presente studio, l’ipotesi di un setting arretrato della lingua4 potrebbe consentire una trattazione organica dei fenomeni di arretramento di /a/ e di altri fenomeni spesso compresenti, quali i processi di nasalizzazione, le rese dark della laterale, certi tipi di fonazione non modale, inserendoli nel ––––––– 1

2

3

4

Procida è una piccola isola di circa diecimila abitanti, situata poche miglia a nord di Napoli, nel complesso geologico dei Campi Flegrei. Pur se geograficamente a ridosso della grande conurbazione napoletana, Procida se ne distacca per facies linguistica, tradizioni, stili di vita, mentalità. Per una caratterizzazione dettagliata dell’habitat socilinguistico procidano cf. Sornicola (2006; 2007). «A phonetic setting can be defined as any co-ordinatory tendency underlying the production of the chain of segments in speech towards mantaining a particular configuration of the vocal apparatus. More specifically, a setting consists of one or more featural properties held in common by two or more speech segments in close proximity in the stream of speech» (Laver 1994: 396). Cf. ad esempio Esling (1978); Trudgill (1974); o i più recenti studi di Marotta, Barth e Barbera sull’Inglese di Liverpool (Barbera / Barth 2007; Marotta / Barth 2005). Con ‹setting arretrato della lingua› si traduce l’inglese ‹tongue retracted setting›. Per una descrizione dettagliata di questo genere di setting si rimanda a Laver (1980: 43-56; 1994: 409412).

4

Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola

quadro di un sistema più ampio e coerente. Questa ricerca è però solo agli inizi e richiederà l’analisi di una complessa varietà di aspetti acustici e articolatori e l’utilizzo di metodologie diversificate. Si è scelto di partire con lo studio della /a/ come case study, seguendo una strategia suggerita da Laver, il quale sottolinea l’importanza metodologica di concentrarsi su segmenti ‹chiave›, sui quali gli effetti di un determinato setting siano particolarmente evidenti (Laver 1994: 402).

2. Metodologia Il materiale su cui si basa il presente lavoro è parte di un più ampio corpus utilizzato in Sornicola (2006). Questo corpus consisteva di 19 interviste di parlato spontaneo e semispontaneo, condotte con la tecnica dell’intervista libera (Como 2006; Sornicola 2002) nell’isola di Procida, nell’arco di un triennio, dal 2000 al 2002. Scopo del lavoro era indagare l’incidenza dei processi di italianizzazione in rapporto alle varietà dialettali di base. I parlanti erano divisi in due gruppi, a seconda dell’area (procidana o napoletana) di provenienza delle famiglie di origine. Per gli scopi del presente lavoro sono state selezionate 5 interviste condotte a 5 parlanti adulti di sesso maschile, appartenenti al gruppo 1 di famiglia procidana. Si tratta di due capitani di lungo corso (da ora in poi indicati con le lettere A ed I) e tre pescatori della Marina della Corricella (C, M, V). L’età dei parlanti va dai 33 anni di V ai 64 di M. Il grado di istruzione varia dalla III elementare al diploma di Istituto Nautico. Si riassumono le principali caratteristiche del campione nella tabella 1: Tabella 1 I parlanti INFORMATORE

ETÀ

M C V I A

64 46 33 63 55

ISTRUZIONE

III elementare scuola media licenza media diploma istituto nautico diploma istituto nautico

PROFESSIONE

pescatore e marinaio pescatore e motorista capo-barca pescatore a giornata e muratore capitano superiore di lungo corso capitano di lungo corso

Le interviste selezionate5 sono state condotte alla Marina della Corricella per M, C, V, mentre quelle di I e A presso il Circolo dei Capitani di Procida. In tutti i casi erano presenti ––––––– 5

Le interviste sono state selezionate sulla base dei seguenti elementi: durata superiore ai 30 minuti, qualità buona dell’audio, valutazione dell’interesse linguistico e sociolinguistico del parlato. In linea generale, le produzioni dei cinque parlanti appaiono orientate verso un registro italianizzante, con casi di code-switching e interferenze con la varietà dialettale di base. A questo riguardo, però, la variazione individuale è significativa e alcuni parlanti presentano differenze di registro e un diverso atteggiamento nei confronti del dialetto e dell’italiano. Queste caratteristiche saranno prese in considerazione più avanti nell’analisi dei dati.

Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida

5

all’intervista anche altri partecipanti, circostanza che ha reso meno invasiva la presenza dell’intervistatore e ha assicurato un materiale più spontaneo (cf. Labov 1972; Milroy 1987). Dopo aver effettuato un ascolto delle registrazioni, sono stati scelti i tipi lessicali e le categorie grammaticali (es. infiniti in -are) che avevano un’alta incidenza numerica nei testi e che potevano fornire materiale consistente per un’analisi acustica delle realizzazioni di /a/.6 La scelta è stata inoltre finalizzata ad ottenere diversi tipi sillabici e intorni fonetici, così da poter valutare gli effetti sulla variabile del contesto di sillaba aperta e chiusa, della posizione in fine di parola tronca, dei segmenti nasali adiacenti, nonché di eventuali fenomeni di coarticolazione con la laterale /l/. Sulla base dei tipi lessicali e delle categorie grammaticali scelte si è proceduto alla segmentazione e etichettatura di tutte le loro occorrenze in circa 24 minuti di registrazione per ciascuno dei cinque parlanti, per un totale di circa 120 minuti di parlato e 600 tokens selezionati. Il lavoro di segmentazione e etichettatura è stato svolto su tre livelli: 1) un livello frasale più ampio, in cui è inserita la parola; 2) il livello della parola; 3) un livello fonetico in cui viene segmentato solo il segmento vocalico oggetto d’analisi. Tale procedura consente di recuperare facilmente la parola in cui la variabile vocalica è inserita e la posizione sintattico-prosodica in cui si trova. La segmentazione è stata effettuata in maniera completamente manuale. Per assicurare l’affidabilità e la consistenza della procedura è stata definita una lista di criteri visivi e uditivi, sulla base delle pratiche riportate in bibliografia7, e ci si è attenuti ad essi in maniera sistematica.8 Per l’etichettatura si è utilizzata una trascrizione ortografica, con l’aggiunta di simboli speciali per l’annotazione di alcuni aspetti prosodici.9 I files di etichettatura sono stati quindi inseriti in un data-base, nel quale si riporta un codice identificativo del token vocalico, la sua posizione temporale nel file audio, la parola in cui è inserito e il contesto frasale, il contesto fonetico e i risultati di tutte le analisi acustiche effettuate (durata, formanti, intensità, pitch). Le analisi acustiche10 hanno riguardato per il momento i segmenti vocalici, senza essere estese a unità fonologiche di livello più alto. Delle vocali è stata misurata la durata, la ––––––– 6

7 8

9

10

Sono state selezionate e analizzate tutte le occorrenze degli infiniti in -are, participi in -ato, imperfetti in -av-, forme di I p. pl. del presente indicativo, nomi/aggettivi in -ano, parole terminanti in -ità, i monosillabi qua, là, fa, le parole in cui /a/ è seguita da /l/ o /ll/, i lessemi anni, avanti, barca, casa, madre, mare, napoli, padre. Per una rassegna cf. Recasens (1999) e relativa bibliografia. Il lavoro di segmentazione ed etichettatura è stato svolto da due degli autori, che si sono confrontati ripetutamente per controllare l’omogeneità delle procedure. Il programma utilizzato è Wavesurfer 1.8.5. In particolare, è stata segnalata la presenza di pause piene, dovute in genere a fenomeni di esitazione, e tutta la gamma di interruzioni, disfluenze, false partenze, cambi di progetto, tipici del parlato. Inoltre, sono state individuate all’interno del contesto frasale più ampio le pause prosodiche di livello superiore, segnalate con il simbolo |, e le pause silenti, segnalate con il simbolo (.). Le registrazioni sono state effettuate con l’uso di un registratore analogico. Per sottoporle ad analisi acustica, le registrazioni sono state trasferite su supporto digitale e campionate a una frequenza di 16 KHz e 16-bit di accuratezza.

6

Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola

struttura formantica, i valori relativi di intensità e pitch. La durata è stata ottenuta direttamente attraverso il processo di segmentazione e etichettatura con Wavesurfer. Per quanto riguarda la struttura formantica, sono stati misurati i valori delle prime due formanti. La terza formante e in genere le formanti più alte erano spesso non ben identificabili, a causa del frequente rumore di sottofondo e della qualità non ottima del segnale.11 Per valutare l’incidenza di processi di nasalizzazione è stata controllata l’eventuale presenza di una formante tra i 200 e i 300 Hz, indice di nasalità, ed è stato registrato (attraverso l’analisi visiva del sonagramma) l’eventuale indebolimento delle formanti, in particolare della prima.12 I valori di intensità e pitch sono stati misurati manualmente, selezionando i picchi delle rispettive curve. Le misurazioni sono poi state normalizzate rispetto a un valore medio di ciascun parlante. Infine, visualizzando l’onda e seguendo i suggerimenti presenti in bibliografia13, si è valutata la presenza di fonazione non modale di tipo creaky o breathy e l’incidenza dei fenomeni di desonorizzazione, evidenti soprattutto in fine enunciato. In questa sede si presenteranno i dati relativi alla durata e alla struttura formantica, concentrandoci sugli aspetti che al momento sembrano più rilevanti, in particolare le variazioni in rapporto alla posizione della variabile nella struttura prosodica.14

3. Risultati Per visualizzare il range di variabilità della vocale sono stati plottati su un grafico F1-F2 (fig. 1) i valori formantici di tutti i tokens analizzati. Nel grafico si evidenzia la notevole dispersione della variabile /a/ soprattutto sull’asse anteriore-posteriore, e in parte minore anche su quello aperto-chiuso. Le realizzazioni vanno da esiti più avanzati (con F2 intorno ai 1500-1600 Hz) a valori via via più arretrati, fino a realizzazioni decisamente arretrate con F2 tra i 1200 e i 1000 Hz. L’obiettivo di fondo di questa ricerca è stato indagare sull’esistenza di una possibile strutturazione interna a un range di realizzazioni così ampio. Ci siamo chiesti cioè quali siano i fattori di tipo strutturale, ma anche di tipo pragmatico, o di tipo sociolinguistico che ––––––– 11

12 13 14

I valori formantici sono stati calcolati selezionando manualmente sul sonagramma (in Praat 4.4.3.1) una porzione il più possibile stabile delle formanti e il più possibile vicino al centro della durata vocalica. Nella porzione selezionata sono stati ottenuti in automatico misurazioni di F1 e F2 per ogni 5 ms. di segnale, quindi sono state ricavate le medie di queste misurazioni. Quando le formanti individuate automaticamente da Praat presentavano evidenti sovrapposizioni nel tracciato e i dati forniti apparivano plausibilmente erronei, si è proceduto a una misurazione manuale, selezionando un punto stabile e centrale della vocale sul sonagramma e misurando le formanti con l’analisi FFT, e cercando poi una conferma con l’analisi LPC (in 84 casi, cioè il 7% su 1200 misurazioni di formanti, è stata necessaria la misurazione manuale). Per una rassegna degli indici acustici della nasalità cf. Sampson (1999: 6-9). Cf. Gerrat / Kreimann (2001); Gordon / Ladefoged (2001). Si rimanda ad altre sedi la pubblicazione completa dei risultati e l’approfondimento di altre prospettive di analisi.

Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida

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influiscono sugli esiti della variabile. Siamo consapevoli che un approccio adeguato a tale di problema richiederà probabilmente il ricorso a una pluralità di fattori. Gli studi dei dettagli fonetici in un contesto di parlato conversazionale dimostrano, infatti, la complessità di livelli secondo i quali un dettaglio fonetico può essere analizzato e la molteplicità di informazioni strutturali, pragmatiche e sociolinguistiche, che ciascun dettaglio può convogliare.15 Figura 1 Tutte le vocali del campione

In questo contributo ci concentreremo su dei fattori propriamente strutturali, analizzando in particolare il rapporto tra arretramento delle realizzazioni vocaliche e posizione della variabile nell’enunciato, e il rapporto tra arretramento e durata. Questa strada permette già di evidenziare alcuni patterns interessanti, ma siamo coscienti del fatto che si tratta solo di una parte della strutturazione interna di questo range di variabilità e che altri fattori andranno analizzati.16 Distinguendo le realizzazioni in posizione interna di enunciato da quelle in posizione finale, prima di pausa prosodica e prima di pausa silente, comincia a evidenziarsi una prima strutturazione interna dei dati. In figura 2 si riportano i valori medi delle formanti e le relative deviazioni standard, in rapporto alla posizione nell’enunciato.17 Le realizzazioni di /a/ in posizione interna si collocano intorno ai 650 Hz di F1 e i 1350 Hz di F2, mentre sono più arretrate e leggermente più basse in posizione prepausale, con valori medi della F2 che scendono a circa 1250 Hz prima di pausa prosodica e a circa 1200 Hz prima di pausa silente, con alcune realizzazioni ancora più arretrate che si avvicinano ai 1000 Hz. Per avere un termine di paragone, si consideri che i valori degli speakers dei telegiornali campani in uno studio di Albano Leoni / Cutugno / Savy (1998) si collocano intorno ai valori medi di 700 Hz per la F1 e 1500 Hz per la F2. Sembra dunque che le nostre realizzazioni in posizione interna si avvicinino ai valori medi degli speakers dei telegiornali ––––––– 15 16

17

Per questo approccio alla variabilità cf. Local (2003; 2007) e la bibliografia ivi citata. In particolare, riteniamo che l’analisi pragmatica sarà un’altra strada maestra da seguire in futuro e che potrà svelare altri patterns importanti. Nella elaborazione di questo grafico sono stati esclusi i valori del parlante I, le cui realizzazioni di /a/ erano prive di significativi fenomeni di arretramento. Cf. a questo proposito la figura 4.

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Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola

campani (risultando comunque un po’ più arretrate), mentre in posizione finale le realizzazioni si presentano come molto più arretrate e leggermente più basse.18 Figura 2 Realizzazioni di /a/ in rapporto alla posizione nell’enunciato

Ai dati sulla struttura formantica fanno da pendant i dati sulla durata delle vocali. I valori medi e il range di variazione sono rappresentati in figura 3.19 Dal grafico risulta con molta evidenza l’effetto del cosiddetto allungamento prepausale.20 Le vocali hanno una durata media intorno ai 90 ms. in posizione interna, mentre si collocano intorno ai 150 ms. in posizione prepausale.21 Dati più dettagliati sono presentati nella tabella 2, nella quale si riportano le durate medie e le deviazioni standard, distinguendo tra le vocali in sillaba aperta, quelle in sillaba chiusa, e quelle in posizione finale di parole tronche. Come è evidente, le durate vanno quasi a raddoppiarsi nel passaggio dalla posizione interna a quella finale.22 L’incremento ––––––– 18

19

20

21

22

Tale relazione tra arretramento di /a/ e posizione finale di enunciato è stata descritta anche per il Sannio Beneventano in Maturi (2002: 44-45). Nel grafico il trattino orizzontale indica la mediana, la ‹scatola› rappresenta la maggioranza dei dati che si dispone intorno al valore medio (cioè i dati tra il primo e il terzo quartile), mentre il resto dei dati si disperde lungo le linee verticali, fino ai cosiddetti ‹baffi› che indicano gli estremi del range. Questo fenomeno è documentato in molte lingue ed esiste una vasta bibliografia a riguardo. Per la situazione italiana cf. Sorianello (1994). Come si vede, la differenza tra vocali prima di pausa prosodica e vocali prima di pausa silente è minima e i rispettivi valori potrebbero essere raggruppati insieme. Il grafico mostra anche che il range di variazione è molto più ampio in posizione finale, quando le durate diventano maggiori. Inoltre, l’analisi dei valori dei singoli informatori ha evidenziato come il pattern di allungamento in fine enunciato sia sostanzialmente lo stesso in tutti i parlanti, producendo percentuali di allungamento tra l’80% e il 90%.

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Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida

colpisce in maniera molto simile le vocali in sillaba aperta e quelle in sillaba chiusa. La differenza di durata tra sillaba aperta e chiusa è di circa 10 ms. in posizione interna e di circa 20 ms. in posizione prepausale. L’allungamento colpisce in maniera ancora più cospicua le vocali finali di parole tronche, che vanno a raddoppiarsi. Figura 3 Durate di /a/ in rapporto alla posizione nell’enunciato

Tabella 2 Durate medie in ms in rapporto alla posizione nell’enunciato e al tipo sillabico INTERNA

tutte sill. aperta sill. chiusa tronche

88 90 80 60

σ 28 28,5 21 6

PREPAUSALE

150 156 137 130

σ 50,5 50 39 54

ALLUNG

ALLUNG %

62 66 57 70

85% 86,5% 85,5% 108%

Di un certo interesse sociolinguistico è la variazione individuale che si riscontra nei valori formantici. In figura 4 si riportano i valori medi di F1 e F2 in fine enunciato per ciascun parlante e le relative deviazioni standard. Dal grafico appare evidente che il parlante I presenta valori molto meno arretrati (sostanzialmente simili a quelli riportanti da Albano Leoni e collaboratori per gli speakers dei telegiornali campani). Dall’altro lato, invece, i parlanti M, C ed A presentano valori decisamente arretrati, e il parlante V presenta il maggior grado di arretramento (anche se con un grosso range di variabilità), raggiungendo in alcuni casi valori della F2 molto bassi, fin quasi ai 1000 Hz. Le caratteristiche sociolinguistiche e psicologiche dei parlanti spiegano almeno in parte queste differenze. Il parlante I, che in pratica non presenta consistenti fenomeni di arretramento, è l’informatore con il livello socio-culturale più alto, ha un diploma di istituto nautico, è stato capitano superiore di lungo corso e ha guidato petroliere in diversi paesi del mondo. Il suo italiano non ha un forte accento dialettale e gli slittamenti verso il dialetto sono rari. Non stupiscono dunque i valori formantici delle sue realizzazioni di /a/ (tuttavia,

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Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola

si consideri anche che l’altro capitano di lungo corso, il parlante A, presenta esiti comunque arretrati, anche se in maniera leggermente meno accentuata degli altri). Figura 4 Valori medi (Hz) e σ delle formanti per parlante in posizione prepausale

Anche il parlante V, che presenta il maggior grado di arretramento, ha caratteristiche sociolinguistiche peculiari. Non ha una posizione sociale di rilievo, è muratore e pescatore a giornata, ma tende a presentarsi ‹un gradino al di sopra degli altri›, più esperto, più istruito. Il registro usato è un italiano regionale, con tratti di italiano popolare. Il parlato è meno ipoarticolato di quello degli altri parlanti e meno lax. La lenizione delle consonanti (fenomeno massiccio nei parlanti M, C e A) è poco presente e spesso si trovano fenomeni di segno opposto di desonorizzazione (come la pronuncia [ˈNttʃi] della parola ‹oggi›), da intendere probabilmente come ipercorrettismi. Ci sono dunque segnali linguistici e psicologici che fanno trasparire in questo parlante una forte ambizione e un desiderio di ascesa sociale. Troviamo significativo che nel contempo V presenti un grado accentuato di arretramento della /a/. Sembra quindi che per parlanti di livello socioculturale medio-basso l’arretramento di /a/ goda di uno status sociolinguistico particolare e che, pur appartenendo anche al sostrato dialettale, il fenomeno non venga bloccato nel parlato italianizzante. Si tratta, ovviamente, di osservazioni ancora provvisorie, ma che sono state confermate dall’analisi impressionistica del più ampio corpus di 19 parlanti (cf. Sornicola 2006).

4. Conclusioni L’intento della nostra ricerca è stato descrivere il range di variabilità della /a/ tonica in un gruppo di parlanti procidani, quali sono i limiti di questo range e quale è la sua strutturazione interna, cioè quali sono i parametri strutturali, pragmatici e sociolinguistici che influiscono sugli esiti della variabile fonetica. In questa sede abbiamo cominciato a

Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida

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indagare gli aspetti strutturali che incidono sulle realizzazioni di /a/; in particolare, abbiamo rilevato una marcata tendenza all’arretramento in posizione finale di enunciato, dove abbiamo anche riscontrato gli effetti consistenti dell’allungamento prepausale. Individuata questa relazione tra posizione nell’enunciato, durata e timbro delle vocali, bisognerà ragionare sugli eventuali rapporti gerarchici tra queste variabili, ma è ancora presto per tirare conclusioni a questo riguardo. Abbiamo poi riscontrato delle differenze individuali nel grado di arretramento delle realizzazioni, almeno in parte spiegabili con le caratteristiche sociolinguistiche dei parlanti, e abbiamo rilevato come gli esiti arretrati sembrino essere bloccati solo parzialmente dal processo di italianizzazione e siano presenti anche in parlanti che mostrano ipercorrettismi in altri settori del sistema, come nel consonantismo. Abbiamo inoltre ipotizzato che le realizzazioni arretrate di /a/ siano l’effetto di un particolare setting articolatorio, ipotesi che sarà opportuno approfondire in futuro, allargando l’analisi a unità più estese del singolo segmento vocalico. In questo contesto, sarà di estremo interesse studiare il rapporto tra arretramento e fenomeni di nasalizzazione, che pure sembrano consistenti. Un’altra direzione da indagare sarà quella dell’incidenza di fattori pragmatici sull’arretramento, aspetto che non è stato affrontato in questa ricerca, ma che potrebbe essere rilevante. Infine, bisognerà estrapolare dal data-base i dati relativi ai singoli tipi lessicali e alle diverse categorie grammaticali. Si potrà così verificare se alcuni tipi lessicali sono più soggetti di altri al fenomeno dell’arretramento, come è stato suggerito in Radtke (1997: 59) e Sornicola (1997: 332).

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Marcello Barbato

Dio mio. Un frammento di grammatica storica*

1. Introduzione L’italiano mio deriva dal latino MEU attraverso uno stadio dittongato (> *mieo > mio) o per chiusura della vocale in iato: MEU > (méu) > mio? La questione divide gli studiosi sin dagli albori della disciplina. Per la prima ipotesi si schierano, per esempio, D’Ovidio e Rohlfs, per la seconda Lüdtke, Lausberg e Castellani.1 Come appare dalla tabella seguente le lingue romanze (per il sardo cf. Wagner 1941: §53) differenziano gli esiti di E tonica davanti a -A e davanti a -U (tra parentesi tonde le forme analogiche):

logud. rum. fr.a. prov. cat. port.

MEU(M) meu meu [mjeu] < *[mu] mien mieu meu meu

MEA

MEI

MEOS

mia mea < [mea] moie < [mea] mia (meva) minha

mei [mjei] (mien) miei -

mios (miens) mieus meus meus

Le forme maschili sing. presuppongono generalmente una [], le forme femminili una [i] o, nel caso del fr.a. e del rum., una [e]: in ogni caso la -A, a differenza della -U, ha prodotto la chiusura della vocale tonica.2 ––––––– *

1

2

Ringrazio Yves Charles Morin, Fernando Sánchez Miret, Stephan Schmid e Rémy Viredaz per le osservazioni espresse in occasione del congresso. Ribadendo non solo l’utilità ma la necessità dei volgari antichi per la risoluzione dei problemi diacronici romanzi, spero di essere stato fedele alla lezione di Arrigo Castellani, indimenticato animatore dei congressi di questa società. La base di dati è costituita dai seguenti lessemi: CREARE (REW 2305), E(G)O (Lausberg 1971: §708), DEUS (REW 2610), GALAIA (REW 3643), ILLAEI/ILLAEIUS (Lausberg 1971: §720), JUDAEUS (REW 4598), MEUS (Lausberg 1971: §751), REUS (REW 7274), *ROMAEUS (REW 7368), più alcuni nomi propri (MATTHAEUS, ANDREAS, ecc.). Ove non altrimenti indicato i dati dei paragrafi seguenti sono tratti da Lausberg e dall’REW. Non ci si occupa ovviamente delle forme atone del possessivo. La chiusura davanti ad -A conosce alcune eccezioni che saranno trattate in un lavoro a parte, insieme alla discussione sulla natura di tale chiusura.

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Marcello Barbato

Il principio di dissimilazione è stato enunciato limpidamente da Lüdtke (1956: 143ss.): la vocale tonica si dissimila dalla finale in una sorta di anti-metafonia: «offener Tonvokal vor geschlossenem Folgevokal, geschlossener Tonvokal vor offenem Folgevokal». Prevedibilmente gli esiti davanti a -I si allineano a quelli davanti -U (cf. MEI > rum. mei [mjei], prov. miei), ma le cose appaiono meno chiare con le vocali medie, che si comportano ora come le vocali alte, ora come la -A, provocando chiusura: cf. MEOS > cat. meus vs logud. mios; E(G)O > nap.a. eo vs umbro a. io (Castellani 1976: 84; Barbato 2001: 118).

2. Italiano Se è vero che le lingue romanze presuppongono normalmente una [] davanti a -U, come si spiegano allora le forme it. mio, dio, rio? Nel 1886 Francesco D’Ovidio avanzava il sospetto che io sia passato per uno stadio *ieo (p. 33): Non so se quest’ultima ipotesi l’abbia sinora accampata pubblicamente alcuno, ma di certo me l’ha accennata più volte il collega Monaci, il quale, condóttovi da forme di quell’Italia centrale di cui egli è così solerte esploratore, opinava appunto che anche mio Dio risalgano a m e u s D e u s pel tramite di un mieo Dieo [...].

L’ipotesi Monaci-D’Ovidio diventa presto la vulgata neogrammaticale (cf. la bibliografia cit. in Castellani 1952: 76n.) e arriva fino all’opera di riferimento per l’italiano (Rohlfs 1966-1969: §§88 e 427). Come prova del fatto che [i] sia dovuto a riduzione di un precedente dittongo Rohlfs adduce il pis.a. mieie ‹mie› (in realtà anche lucch., cf. Castellani 1952: 50). Tuttavia questa forma si deve probabilmente interpretare come originata dal plurale ambigenere miei (attestato nelle stesse varietà) con l’aggiunta di «-e come segno del femm.» (Castellani 2000: 289). Secondo Monaci (1955: §15) e Rohlfs (1966-1969: §88), anche il sen. mie ‹mio›, Die ‹Dio›3 e i nomi toscani Dietisalvi, Dietaiuti sarebbero tracce dell’antico dittongo. Ma secondo Castellani (1958: 119) queste forme si spiegano per indebolimento della vocale finale in protonia sintattica e assimilazione alla vocale precedente (mio > mie). Se i riscontri fin qui citati all’ipotesi della monottongazione non persuadono, altre prove sembrano più consistenti: – L’onomastica fornisce anche casi con dittongo conservato: Donodieo in un doc. sen. del 1282 e Maççieo in un doc. prat. del 1305 (OVI). – Il dittongo è attestato anche nelle varietà peri-toscane: una lauda assisiate trecentesca mostra a breve distanza mio e mieo (Monaci 1955: §17) e rima pie ‹piede› < *piee4 con mie ––––––– 3 4

In realtà genericamente tosc. (cf. GAVI, s.v. dio). Cf. pieie in una lauda perug. (ibid., 1595, v. 3). Com’è noto il perug. a. fonde -i in -e.

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Dio mio. Un frammento di grammatica storica

< *miee (Monaci 1955: §19). Sempre ad Assisi troviamo Dieo nelle Preci dei Disciplinati di S. Stefano (prima metà sec. XIV, OVI). – Altri casi di riduzione del dittongo sono documentati in tosc.a.: cf. fio < fr.a. fieu (DELI 587) o il toponimo Macìa (Firenze 1193) < MACERIA, attestato come Macieia nel 1138, Maciea nel 1146 (Larson 1995: 380s.). Non tutti però aderiscono all’ipotesi tradizionale. Nella romanistica tedesca si registra l’opinione discorde di Lüdtke (1956) discussa oltre, da cui dipende probabilmente l’affermazione di Lausberg (1971: §187) secondo cui nel possessivo l’it. presuppone [i] anche al masch. singolare. Nella romanistica italiana invece è stato Arrigo Castellani ad opporsi strenuamente all’ipotesi Monaci-D’Ovidio, stabilendo una nuova vulgata. Secondo Castellani (1952: 75ss.) in lat.volg. si deve presupporre un’oscillazione [du mu] / [deu meu] da cui rispettivamente deo meo e dio mio. L’esistenza di uno stadio dittongale alla base di Dio, mio, io sarebbe smentita dall’occorrenza di tali forme in aree che non conoscono il dittongamento (urbin.a., venez.a.); le forme col dittongo (es. Dieu, ieu, mieu nel codice Saibante-Hamilton)5 non sarebbero i precedenti di dio mio, ma delle forme alternative che muovono dalle basi con la vocale aperta. Secondo Castellani (1976: 84) anche le condizioni dell’umbro a. parlano a favore di una chiusura originaria. La tabella seguente illustra la situazione della Formula di confessione umbra (1075-1080): DEU

E(G)O

MEU

MEI

MEA

MEAE

deu

io

meu

mei

mia

mie

Qui il dittongamento incondizionato è inesistente (in deu, meu, mei abbiamo invece metafonia sabina // > [e]), eppure troviamo io, mia, mie, segno che la chiusura sarebbe indipendente dal dittongamento. L’argomento non è persuasivo perché l’eventuale chiusura davanti a vocale media in EO e MEE non giustifica quella davanti a -U (cf. sopra, §1). Del resto mie potrebbe essere analogico su mia, mentre la chiusura in EO potrebbe essere dovuta alla protonia sintattica, come altrove nella Romania.6 Per dirimere la questione occorre distinguere il problema della chiusura in E(G)O da quello della chiusura davanti a -U. Occorre insomma verificare se i tipi Dio, mio, rio si incontrano solo in aree che conoscono la dittongazione o anche in aree che la ignorano.7 La posizione Monaci-D’Ovidio sembra confermata dalle varietà antiche a sud del toscano (Ernst 1970: 128; Formentin 1998: 129s., 327s.; Barbato 2007: 114s.):

––––––– 5 6 7

Il ms. duecentesco che è il più importante testimone della poesia didattica settentrionale. Cf. guasc. jou, cat. jo < *JO (DECat 4, 890). Ove non segnalato altrimenti le forme sono tratte dall’OVI. Per poter escludere l’influsso toscano si è limitato lo spoglio ai testi precedenti il 1350.

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Marcello Barbato

DEU MEU

roman. dio mio

nap. dio mio

sic. deu meu

Dalla tabella risulta chiara l’opposizione tra il roman. e il nap. (che conoscono il dittongamento metafonetico) e il sic. (che lo ignora).8 Le forme nap.a. remmieo, rimmiey ‹romeo, romei› e l’opposizione tra iudiey ‹giudei› e iodey ‹giudee› sembrerebbero inoltre attestare ancora lo stadio dittongale in posizione metafonetica, sebbene, dato il risultato normale in it., potrebbe trattarsi anche di forme semidotte (Formentin 1998: 130). Nei testi di area mediana che, a differenza del roman., ignorano il dittongo ma presentano metafonia sabina ci attendiamo l’assenza della chiusura. E in effetti i volgari abr. del Duecento (Ugolini 1959: gloss.) hanno Deu, meu, reu (anche come sostantivo, ‹peccato›), iudeu. L’Elegia giudeo-it. (Contini 1960: I 35ss.)9 ha alternanza Dio/Deo/Deu, ma, se è vero che è scritta nella «koinè giudaica dell’Italia mediana, il cui centro direttivo è Roma» (ibid., p. 35), la forma Dio si potrebbe imputare al roman. o comunque alla frequente oscillazione / presente nel ms. (cf. ibid. stilla ‹stella› e dece ‹dice›). È vero che le Ystorie dell’Exultet barberiniano (fine XIII-inizio XIV sec.) presentano alternanza deu/deo/dyu/dyo (Baldelli 1971: 143); ma si tratta del primo testo meridionale «affatto, in ordine cronologico, in cui si reperiscano elementi di origine toscana: il digramma ch, l’articolo el» (ibid., p. 155). Le forme mio e dio (alternanti con meo e deu) compaiono anche nella Leggenda di Santa Caterina di Buccio di Ranallo (aquil., 1330), ma occorre tenere presente due circostanze: 1) nel poema sono presenti reminiscenze dell’Inferno dantesco, 2) il manoscritto è dell’inizio del secolo XV (Mussafia 1885: 3, 5). In questo testo normalmente abbiamo la rima dio : io, ma in singoli casi ricorrono anche le rime deu : io, deu : seo, e dio : teo, che come nota Mussafia sono facilmente ortopedizzabili risp. in dio : io, deu : seu (o deo : seo) e deu : teu (o deo : teo). Facendo un passo avanti, possiamo concludere che Buccio lettore di Dante sfrutta a scopi rimici l’allotropia tra la forma toscana dio e quella aquil. deu (o forse la formazione di compromesso deo). Castellani osserva che il Laudario dei Disciplinati di S. Croce di Urbino (inizio sec. XIV) non presenta dittongo ma ha mio e rio e alternanza Dio/Deo, io/eo. Ma va detto che il ms. è della metà del ’300 al più presto, e che la sua veste linguistica non è facilmente individuabile (Bettarini 1969: 7s.). Venendo alle varietà moderne, un’importante conferma dell’ipotesi dittongale viene dal corso che ovunque presenta una vocale chiusa in corrispondenza del dittongo toscano (cf. Barbato 2005-2006). Ebbene qui abbiamo MEU > mé(j)u (ALEIC 1224)10, *TOU > tó(j)u (ALEIC 1233). ––––––– 8

9 10

Nel nap. Regimen Sanitatis mio alterna con meu e meo che si possono considerare forme non dittongate d’influsso mediano. Come risulta dall’OVI in sic.a. esiste anche minoritario Diu, forma che ritorna nel volgarizzamento della Regola di San Benedetto del cod. cass. 629, di probabile origine lucana (cf. Formentin 1994). In caratteri ebraici, ma il testimone più autorevole (F, XIV sec.) è vocalizzato. Tranne al p. 4 (Brando), il più vicino alla terraferma, che ha il toscaneggiante míu.

Dio mio. Un frammento di grammatica storica

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Le antiche condizioni mediane si continuano nei dialetti moderni che presentano innalzamento metafonetico: MEU > Sora [me] (Merlo 1919: 134), Monte Compatri: méu (Diana 1995: 154), Subiaco méu, Cervara méo, Castelmadama meju, abr. mé (Rohlfs 19661969: §429). Di contro nell’area periromana che, a differenza della capitale, conserva l’antico dittongo metafonetico (Rohlfs 1966-1969: §101) troviamo la chiusura: Velletri mio, Nemi tio ‹tuo› (ibid., §429). I dialetti a metafonia napoletana presentano regolarmente chiusura: ad es. in agnon. DEU > *dio > [ddojjə], MEU > *mio > [mojjə] (Ziccardi 1910: 411); in altamur. DEU > *dio > [dd], MEU > *mio > [mi] (Loporcaro 1988: 218, 225, 245). Più a sud, in area meridionale estrema, dal VDS risulta che il salent. presenta ora mìu (Lecce, Vernole) ora mèu (Gallipoli, Muro Leccese, Salve).11 È impressionante che l’estensione della prima forma ricalchi esattamente quella della zona di dittongazione metafonetica, che si arresta a nord della linea Gallipoli-Maglie-Otranto (Grimaldi 2003: 16). Analogamente in Calabria si oppongono il sett. miu e il merid. meu (Rohlfs 1966-1969: §429), in armonia con la divisione tra la zona dittongante e quella non dittongante separate dalla linea Vibo Valentia-Stilo (Rohlfs 1966-1969: §100). Se non bastasse, nella zona Lausberg la metafonetica Oriolo ha [mij] (AIS 9, p. 745), la valle del Sinni, non dittongante, [mej] (Lausberg 1939: 1, 133). Venendo all’area gallo-italica, tra i testi raccolti in Monaci (1955) non abbiamo mai chiusura ma sempre meu (nel Contrasto di Raimbaut de Vaqueiras) meo me (§§478 e 489). La mancata chiusura in piem. e lig. è in accordo con la generale assenza di dittongamento in queste varietà (ibid., §12). Nel milanese di Bonvesin abbiamo Deo reo meo, dove probabilmente, come argomenta Salvioni (1911: 372s.), la // era già confluita con la /e/ in sillaba libera.12 Stupisce dunque di trovare Dio nel S. Grisostomo volg. (pav., 1342), che altrimenti ha MEU > me (Salvioni 1890-1898: §137); ma non è impossibile che a questa altezza il toscanismo si insinui già nel termine più elevato.13 Anche la Disputatio roxe et viole (lomb., sec. XIII) ha Dio accanto a Deo, meo; ma il ms. Ambrosiano N. 95 Sup è della prima metà del sec. XV (Biadene 1907: 99) e il testo originario è stato sottoposto a un evidente processo di italianizzazione.14 Il ver.a. ha una situazione simile agli altri volg. sett. (Deo, meo, me’), mentre il venez. «sembra più vicino a condizioni di tipo toscano-mediano» (Bertoletti 2005: 54s., 229s.): qui infatti compaiono le alternanze mei/mie(i) e Deo/Dio (Stussi 1965: XXXIXss.). Ora non a caso in venez.a. è documentata, seppur minoritariamente, la dittongazione spontanea di [], anche con ulteriore passaggio a [i]: cf. Piro ‹Piero›, tavilio < TABELLIO, e anche ninte ‹niente› con riduzione del dittongo di altra origine. Il grado intermedio tra [] e [i] potrebbe ––––––– 11

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13

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Accanto al tipo indeclinabile mia, già attestato in salent.a. (cf. Sgrilli 1983: 120). Il fatto che Dìu sia l’unica forma anche nell’area di mèu sarà dovuto senz’altro a influsso letterario. La -o finale poteva cadere opzionalmente, cf. Disputatio rosae cum viola (Contini 1960: I 671ss.), vv. 41-44. Così si spiegherà anche l’unica occorrenza di Dio (contro cinque Deo) negli Stat. trent. del 1340 ca. Cf. ad es. il v. 43 A queste parole la Roxa responde con grande baldó che corrisponderà più o meno a un originario A ste parol la Roxa respon con gran baldó.

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Marcello Barbato

essere rappresentato dai testi del codice Saibante-Hamilton già ricordati da Castellani: Dieu (Proverbia, Patecchio, Pamphilus), mieu ieu (Pamphilus). Dall’OVI risulta che le forme mio, Dio ritornano in emil.a. (Serventese dei Lambertazzi e dei Geremei, Leggenda di S. Margherita, Vita di San Petronio, Capitolo dei Battuti di Modena).15 Ma anche qui la chiusura cooccorre col dittongo spontaneo. Il primo testo citato (Contini 1960: I 843ss.) inoltre ci offre l’alternanza Germie’ (= Geremei, v. 18), Germî (id., v. 32, 73, 85 ecc.), Germio (= Geremeo, v. 141). Abbiamo dunque qui documentata in sincronia la trafila [jo] > [io] ipotizzata per il toscano. Anche in area sett. le condizioni antiche continuano piuttosto fedelmente nei dialetti moderni. Da REU abbiamo lomb. retemp ‹inverno› (+ TEMPU), mesolc. rekó ‹crosta lattea› (+ CAPU). Rohlfs (1966-1969: §428) riporta lig. mè, piem. (Castellinaldo) me, piem. (Valsesia) mè, posch. mè, mil. mè, romagn. mi (con [i] da *[je]: ibid. §93). D’Ovidio (1886: 50) segnala anche i nomi propri emil.-romagn. Tadí Matí < *Tadieo *Mattieo. La conclusione che si può trarre da questa rassegna inevitabilmente sintetica delle varietà italoromanze antiche e moderne è che la chiusura di E tonica in iato davanti a -U si verifica solo in aree che conoscono il dittongo (spontaneo o condizionato). Conclusione che riafferma la validità dell’ipotesi Monaci-D’Ovidio contro la ricostruzione di Castellani.

3. Paralleli romanzi La situazione italiana conosce paralleli in altre varietà romanze. Kramer (1977: 67; 1978: 59) illustra la situazione in ladino dolomitico:

DEU REU MEU

marebb. [dio] [rio] [mio]

bad. [di] [ri] [mi]

livinall. [dio] [ruo]16 [mio]

gard. [die] [rie] [mie]

fass. [die] [re] [mi]

Pur non potendosi escludere che queste forme siano esiti di /i/ (Elwert 1943: §49; Kramer 1977: 75), sembrerebbe più probabile un loro collegamento alla dittongazione incondizionata di // (Elwert 1943: §32; Kramer 1977: 61). Significativo che in fass. DEU ha dato normalmente [die], «aber in der Redensart dẹ te l pae ‹Gottvergelts› ist es nebentonig entwickelt» (Elwert 1943: §38).17 La situazione è perfettamente analoga in friul.: DEU > [dio] > [dj] > [do]/[], MEU > [mio] > [mjo] > [ ] (Francescato 1966: 78ss., 197). Anche questi esiti si possono collegare alla dittongazione incondizionata (cf. BELLU > [bjel], PEDE > [pi t]), anche se in linea teorica non si possono escludere esiti di /i/ (NIDU > [ni t]). ––––––– 15

16 17

Oltre che in testi più ibridi come le Arringhe di Matteo dei Libri e le poesie dei Memoriali bolognesi. Da [rio] con assimilazione (Kramer). Resta irregolare REU > [re] (ibid.).

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Dio mio. Un frammento di grammatica storica

Il romancio non conosce dittongazione incondizionata bensì dittongazione metafonetica [] > [je] (> [i]) davanti a -U e -I (Lausberg 1971: §196). Un quadro semplificato dell’evoluzione del possessivo è offerto da Lausberg:

sopras. engad.

MEUS

MEUM

MEA

MEAS

mes -

miu mieu

mia mia

mias mias

Il confronto tra la forma engad. mieu e quella sopras. miu fa credere che anche qui si sia passati per uno stadio dittongato18, sebbene ancora una volta non si possa escludere del tutto che miu sia esito di /i/ (cf. -ITU > sopras. -iu, Lausberg 1971: §166). Anche per gli altri lessemi è attestata l’evoluzione [] > [j]; ma secondo Widmer (1959: 37ss.) per la presenza della semivocale velare spesso il trittongo è regredito (> [e]) o si è assimilato (> [ja]/[jo]): cf. Müstair Diau, Engiadina bassa güdeu, Surmeir gidia, Dia, Sutselva Diou.19 Come risulta dall’FEW (3, 57; 5, 53; 10, 458) un’analoga assimilazione [jeu] > [jou] si trova talvolta nelle varietà francesi. Altre volte troviamo [i]: area orientale area occidentale franco-prov.

nam. diu, Tourc. di, St-Omer diu, pik. dyü, Possesse diu poit. diu a.bress. di, Lyon. dzô, Crém. dyü

Ebbene si tratta di varietà che presentano anche in altri contesti la monottogazione, cf. per l’area orientale Wüest (1979: 193), Carton (1990: 603 [picc. pî ‹piede›]), Boutier (1995: 295 [wall. bin ‹bene›]), per l’area occidentale Gauthier (1995: 373 [pittav.a. bin, cil]) e per il franco-provenzale Martin (1990: 681). La monottongazione sta certamente anche dietro alla forma antico valdese dio e a diverse forme occitaniche (prov.a. [Montalba] romio, lim. roumiu) e guasconi (bearn. judiu, roumiu, land. jusìu).20 Anche in area catalana troviamo una fenomenologia simile: in Rossiglione infatti il capcinés ha diu che Coromines (1971: 315n.) spiega come stadio successivo a un dittongato *dieu. Anche per lo spagn. Dios, mío (a. mió) la spiegazione tradizionale ipotizza uno stadio dittongato. Questa ipotesi sembra sostenuta dalla documentazione effettiva di forme con ––––––– 18

19 20

In realtà la forma mieu è solo alto engad. Il basso engad. ha in entrambe le funzioni meis equivalente formalmente al mes sopras. (HWR, s.v. miu). Per la mancata dittongazione di // in queste forme cf. sopras. temps < TEMPUS, pez < PECTUS (Lausberg 1971: §639). Per un quadro dettagliato delle varianti cf. nel DRG le voci dieu (5, 225ss.) e güdeu (7, 966ss.). Secondo Nüesch (1979: II 82) «Die altwaldens. Formen Dio, mio, yo (io) [risentono forse per la vocale finale della tradizione grafica it., ma] sind nicht durch das ‹i› als zudem noch lautlicher Italianismus zu erklären, sondern es handelt sich hier lediglich um eine phonetische Weiterentwicklung eines Diphtongs (resp. Triphtongs), die in einem grossen Teil des okzit. Sprachraumes belegt ist». Così anche Wunderli (1969: 49s. e c. 1) che mostra la quasi generale riduzione del dittongo in area occitanica. Cf. anche Ronjat (1930-1941: §209 [p. 372]). Per il guasc. Rohlfs (21970: 118) segnala le forme dittongate miéu, tiéu e l’alternanza Diéu/Diu assieme ad altri casi di monottongazione.

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dittongo in varietà antiche e moderne (Menéndez Pidal 111962: §10.2).21 Tuttavia è probabile che almeno in castigliano gli esiti in questione si spieghino con un passaggio [u] > [eu] > [jo]. Come illustrato da Yakov Malkiel (1975-1976) l’evoluzione [eu] > [jo] si inquadrerebbe all’interno di quella rivoluzione del vocalismo protospagnolo che coincide con la nascita dei dittonghi ascendenti e che porta alla scomparsa anche degli altri dittonghi discendenti: /au/ passato a /o/, /ai/ a /e/, /oi/ a /we/ (cf. *[koiru] > cuero) e /iu/ confluito appunto con /eu/ (cf. *[perdiu] > perdió). La chiusura [u] > [eu], che rimaneva inspiegata nella ricostruzione di Malkiel, è stata ricondotta convincentemente all’effetto della semivocale velare che come jod chiuderebbe le vocali mediobasse sottraendole alla dittongazione (Pensado 1989).

4. Conclusioni Cerchiamo di tirare le fila del nostro discorso. Nella maggior parte delle lingue romanze tonica davanti a -U ha dato [] e succedanei. In italiano, in spagnolo e in alcune altre varietà romanze abbiamo invece [i]. Il fatto che tutte queste varietà conoscano una dittongazione condizionata (nap., sopras.) o incondizionata (tosc., venez., friul., lad., cast.), e che alcune varietà a queste cronologicamente o geograficamente vicine presentino il dittongo negli esiti in questione (assis.a., ven.a., engad., leon., arag.a.), fa ritenere che [i] sia legato alla dittongazione [] > [j] o (in spagnolo) a un fenomeno parallelo alla dittongazione.22 Un’altra ipotesi possibile è che della chiusura di E sia responsabile l’apertura tardolatina di -U in -O. Secondo Lüdtke (1956: 143ss.) infatti la differenza dell’italiano e dello spagnolo rispetto alle altre lingue romanze risiede nel fatto che qui la -O < -U varrebbe come vocale aperta e provocherebbe la chiusura della tonica (MEU > MEO > mio come MEA > mia). Sembrerebbe provarlo il fatto che, specularmente, diverse varietà che hanno conservato [] hanno conservato anche la -U (regolarmente come il sardo, il rum. e l’it.merid., o irregolarmente come le altre, dove normalmente -U > [o] > ∅): E

-U > [o] (tosc., venez., friul., lad., cast.) -U > [u] (sardo, rum., port., cat., prov., fr., engad., it.merid.)

[dios] [dus]

[mio] [mu]

Ma se fosse così ci attenderemmo: a) che in tutte le varietà in cui si è verificata apertura di -U ci sia chiusura della vocale tonica (vs spagn.a. Dieos, it.a. mieo, it.sett.a. meo); ––––––– 21

Spagn.a. Dieos (Berceo), arag.a. Dieus (DCECH 2, 498ss.), astur.-leon. Dieus (Zamora Vicente 1967: 99). Anche per il tosc. non è necessario postulare il dittongo a tutti i costi: si può pensare che, mentre [vne] diventava [vjne], [mo] è diventato [mio]. 2

22

Dio mio. Un frammento di grammatica storica

21

b) che in tutte le varietà in cui si è conservata -U ci sia una vocale tonica aperta (vs cal. miu, sopras. miu); c) che in tutte le varietà in cui si è verificata chiusura della vocale tonica questa chiusura coinvolga anche EO (vs nap.a. mio - eo). A sua volta si potrebbe ribattere ad a) che l’apertura della vocale finale è una condizione necessaria ma non sufficiente per la chiusura della tonica, a b) e c) che ammettere che in sopras. o nap. [i] sia lo stadio successivo di un dittongo, non vuol dire che si debba postulare questo stadio anche per le altre varietà. Ma così facendo si rinuncia a una spiegazione unitaria di tutti gli esiti romanzi o, per usare le parole di Francesco D’Ovidio (1886: 27), a un’«ipotesi che ci lascerebbe bellamente concordi tra loro, nei primi passi, sì tutte le favelle romanze, e sì tutte le ĕ in iato e fuori iato».

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Montserrat Batllori Dillet / Beatriz Blecua Falgueras / Assumpció Rost Bagudanch

Nuevas reflexiones sobre la existencia de la labiodental sonora en la evolución del español

1. Introducción El objetivo de esta investigación radica en examinar las hipótesis que se han postulado en torno a la existencia o inexistencia de la labiodental sonora /v/ en la evolución del español a la luz de la fonética experimental, en la línea de la fonología evolutiva –cf. Blevins (2004).1 Así, nuestros postulados se asientan en datos empíricos procedentes del análisis del habla espontánea de la lengua española.2 El problema de la confluencia de b-v en español es complejo: b- y v- iniciales etimológicas, -b- (< -p- lat.) y -v- (< -b-, -u-, -f- latinas) convergirán en el fonema oclusivo bilabial sonoro /b/ del español actual. En lo que concierne al español, según A. Alonso (1955: 337-341), esta concurrencia de soluciones en un mismo fonema oclusivo sonoro /b/ es propia del norte de España –Castilla la Vieja– y existiría ya a finales del siglo XV, aunque el uso general distinguiría los dos fonemas: oclusivo bilabial /b/ y fricativo labiodental /v/. En lo referente a las propuestas en torno a los fonemas del romance primitivo y del español medieval, es necesario observar con D. Alonso que suelen coexistir los alófonos oclusivo bilabial [b] y fricativo labiodental [v] pero raramente la aproximante3 bilabial [β] y [v]. Por su parte, Alarcos argumenta la existencia de la distinción fonológica oclusiva bilabial /b/- fricativa labiodental /v/ aduciendo como ejemplo el contraste entre [ṷebos] (< ŎPUS) y [ṷevos] (< ŎVOS). Parece lógico pensar, además, que si la fricativa labiodental sorda /f/ se sonoriza lo haga en una labiodental sonora /v/. Sin embargo, Sánchez-Prieto (2004: 446) establece que el contraste fonológico en el castellano drecho se daba entre oclusiva bilabial /b/ y fricativa o aproximante bilabial /β/. Así pues, en la descripción histórica la cuestión se complica porque debe explicarse la relación que mantienen el alófono aproximante bilabial [β] y el fricativo labiodental [v], ––––––– 1

2 3

Como se expresa en Blevins (2004): «Evolutionary Phonology is a new theory of sound patterns which synthesizes results in historical linguistics, phonetics, and phonological theory». En el marco de esta misma línea de investigación cabe destacar la tesis de Magister de Rost (2006). Tradicionalmente la bibliografía de historia de la lengua, gramática histórica y dialectología españolas describe este alófono como fricativa bilabial sonora. Sin embargo, en fonética experimental se ha demostrado que no se trata de una fricativa (puesto que no presenta ninguna de las características de las fricativas), sino de una aproximante bilabial.

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por una parte, y el aproximante bilabial [β] y el oclusivo bilabial [b], por otra, en todo este proceso evolutivo – cf. Ariza (1994: 50-55), Penny (1976; 2004: 602), entre otros autores. En cuanto a los restos del fonema fricativo labiodental /v/ García de Diego (31978: 35) comenta que las áreas de la v labiodental han quedado muy reducidas en la región occidental, señalándose en Extremadura la zona de Serradilla y Garrovillas […] ofreciendo más vitalidad en algunas zonas orientales de Valencia y Baleares.

Asimismo, Zamora Vicente (1960: 144) dice que «el norte peninsular habría sido partidario de la b bilabial, pero en el sur existió la v labiodental» y añade: quizá una causa remota estará en los hábitos articulatorios de los primitivos habitantes de la península, entre los cuales los vascos son un componente. La imposibilidad vasca de articular labiodentales […] pudo actuar como activador de la bilabialización.

En contraste, Ariza (1994) establece que en Serradilla no existe la labiodental sonora y da una serie de pautas a favor de la inexistencia del fonema labiodental sonoro en la historia del español. Quilis (1991: 442) establece que el fonema fricativo labiodental /v/ procede de los fonemas latinos /u/ consonántico inicial e intervocálico, además de poder obtenerse también de la sonorización de /f/ en posición intervocálica. La sonorización de las fricativas sordas intervocálicas es un proceso bastante general analizado por distintos autores dentro de los estudios diacrónicos y, entre otros, por Aguilar / Blecua / Machuca / Marín (1993) en lo referente al habla espontánea actual. Ellos documentan casos de sonorización de la consonante fricativa labiodental en habla no cuidada, aunque con una frecuencia muy inferior a la de la sonorización de la fricativa alveolar. Históricamente, dicha sonorización es poco frecuente, lo cual se ha explicado por el hecho de darse dos soluciones distintas dependiendo de la posición de la consonante en la palabra. De acuerdo con esto, Quilis (1991) argumenta que, al consumarse la aspiración de /f-/, el fonema labiodental sonoro /v/ quedó aislado como correlato sonoro de /f/, quedando como rasgo pertinente el fricativo, lo que lo contraponía con el fonema oclusivo. Así las cosas, nuestro objetivo es explicar por qué confluyeron los resultados de ambas evoluciones en la realización aproximante bilabial –cf. Alcina / Blecua (1975: 310-315)– y aportar argumentos a favor de considerar la existencia de un fonema labiodental sonoro en el romance primitivo, lo cual pone en duda Ariza (1994: 54-58). Como hemos avanzado, nuestra hipótesis recurre, por una parte, a la fonética sincrónica, y, en particular, al estudio del habla espontánea, donde puede atestiguarse el proceso de sonorización de /f/, documentado también en la adquisición del sistema fonológico por parte de los niños (Bosch 2004). Hemos analizado dos aspectos en el habla espontánea: en primer lugar, los casos de sonorización de /f/ y, en segundo lugar, la vacilación esporádica entre la realización labiodental y la bilabial. Los resultados permiten postular una hipótesis de la evolución de estos elementos que explica un proceso propio del español medieval y no necesariamente del valenciano actual, cuyo sistema lingüístico se ve acotado por un estándar prestigiado. El prescriptivismo fija las realizaciones y no da pie a que se consoliden las evoluciones fonético-fonológicas favorecidas por el habla espontánea.

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A nuestro parecer, el sistema medieval tuvo que ser similar al del valenciano actual en que el fonema oclusivo bilabial /b/ se opone al fricativo labiodental /v/. Esto comportó que, en aquellas voces en las que se producía la sonorización intervocálica de [f], el resultado posterior confluyera con el de las voces que presentaban una labiodental de origen distinto. El cambio se acomoda, por tanto, a los postulados de la fonología evolutiva (Blevins 2004).

2. Diseño experimental El estudio se basa en un corpus de habla espontánea formado por grabaciones de entrevistas de aproximadamente una hora y media de duración realizadas en un entorno insonorizado, en las que investigador e informante conversan sobre diversos temas. Los locutores son tres varones de un mismo nivel sociocultural y que tienen el castellano como lengua materna. Los tres estaban familiarizados con el entorno de grabación y conocían al entrevistador, factores que facilitan un mayor grado de informalidad y naturalidad en las entrevistas puesto que se hallan más relajados. Las variables que se han tenido en cuenta son el contexto y el acento. La primera nos interesa puesto que, atendiendo a la bibliografía, parece que una posición intervocálica o precediendo a una vibrante simple favorece el proceso de sonorización que supondría el inicio del cambio. Se han establecido cuatro categorías contextuales: posición intervocálica, ante consonante líquida, después de pausa (en todos los casos, seguida de vocal) y entre consonante y vocal. El acento supone la segunda de las variables estudiadas, para comprobar si la posición inacentuada influye en la relajación de las realizaciones. Se han analizado todas las realizaciones de la fricativa labiodental sorda que aparecen en las entrevistas, aunque al tratarse de un corpus no preparado el número de casos para cada uno de los contextos no está equilibrado. El número total de sonidos analizados es de 258 (95 para el primer informante, 127 para el segundo y 36 para el tercero). Los segmentos que forman el corpus se han analizado acústicamente con el programa Praat v.4.4.21 a partir de oscilogramas, espectrogramas de banda ancha y frecuencia fundamental (F0). Como el principal propósito del estudio es caracterizar las distintas manifestaciones acústicas de la fricativa labiodental sorda, se ha realizado una clasificación a partir de dichas representaciones siguiendo los criterios que se especifican más abajo. Una vez determinadas las distintas categorías, se ha estudiado su frecuencia de aparición en cada uno de los informantes. Finalmente, se ha analizado la duración de la consonante en función de las diferentes variables. Los datos obtenidos se han tratado estadísticamente con el programa SPSS v. 14.

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3. Resultados 3.1 Manifestaciones acústicas El primer paso en el estudio experimental ha consistido en observar las características acústicas de cada una de las fricativas labiodentales que aparecen en el corpus para comprobar si efectivamente existen realizaciones sonoras, tal como se predice en la hipótesis. A pesar de que en las descripciones de habla de laboratorio aparece únicamente una manifestación posible, que corresponde a una fricativa sorda, en el presente corpus se han podido establecer cuatro categorías: fricativa labiodental sorda, fricativa labiodental sonora, fricativa labiodental parcialmente sonorizada y aproximante. La realización fricativa sorda corresponde a la estructura que se suele describir para una consonante de este tipo, y se caracteriza por ser una onda aperiódica continua que presenta en el espectrograma energía dispersa en frecuencias altas y sin ningún tipo de indicio de sonoridad (cf. la figura 1). Las manifestaciones que hemos clasificado como fricativas sonoras se distinguen de la fricativa sorda por presentar una barra de sonoridad en las frecuencias bajas del espectrograma, lo que corresponde a la vibración de las cuerdas vocales a lo largo de la emisión del sonido, aspecto que corrobora la presencia de curva de F0 a lo largo del sonido (figura 2). Si se segmenta la señal aislando únicamente la consonante y su contexto inmediato, se percibe como [v]. Estas realizaciones son similares a la consonante labiodental sonora presente en otros sistemas fonológicos, como el del valenciano.

Figuras 1 y 2. Espectrogramas de las secuencias difíci(l) –en el que se aprecia una realización labiodental sorda (fig.1)– e y filosofía –en el que se aprecia una realización sonora de /f/.

Se han hallado también casos en los que se aprecia barra de sonoridad, pero en los que ésta no se mantiene a lo largo de toda la consonante, sino que ocupa únicamente una porción del segmento (figura 3). El análisis auditivo, sin embargo, no muestra signos de sonoridad. Son las que hemos denominado fricativas parcialmente sonorizadas. Finalmente, se han detectado realizaciones que hemos clasificado bajo la categoría de aproximante, puesto que su estructura acústica no corresponde a la de una fricativa, sino que se trata de una onda periódica que presenta formantes (figura 4). Si se segmenta la señal aislando únicamente la consonante y su contexto inmediato, estas realizaciones se perciben claramente como una aproximante bilabial sonora [], aunque al escuchar el

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sonido incluido en la palabra el oyente probablemente reconstruye la información e interpreta una /f/.

Figuras 3 y 4. Espectrogramas de las secuencias (prime)ra fue –realización parcialmente sonorizada; la línea horizontal representa la curva de F0– y profes –realización aproximante.

Las tres manifestaciones que presentan sonoridad, y que no corresponden a la estructura acústica que se describe en la bibliografía para una [f], podrían considerarse formas relajadas de la fricativa labiodental sorda, que no se encuentran en estilos de habla muy formales, pero aparecen en mayor o menor grado en situaciones más espontáneas.4 El primer paso en la relajación sería la forma parcialmente sonorizada, seguida de la sonorización del segmento completo, mientras que la realización aproximante supone un grado más avanzado de reducción.

3.2 Distribución de las categorías fonéticas Las diversas manifestaciones de la fricativa labiodental sorda descritas en el apartado anterior aparecen en los tres locutores analizados, aunque en diferente proporción. En dos de ellos se han encontrado ejemplos de las cuatro categorías, mientras que en el tercero aparecen únicamente tres de ellas, ya que no se ha localizado ningún caso de aproximante. Los siguientes diagramas de sectores muestran la frecuencia de aparición de cada una de las realizaciones en los tres informantes:

––––––– 4

Esta explicación estaría en la línea de estudios como el de Machuca (1997) para las oclusivas, o Blecua (2001) para las vibrantes, entre otros.

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Figura 5. Porcentaje de aparición de las diferentes categorías en cada locutor.

A pesar de que los porcentajes de las categorías varían en función del locutor, se puede constatar que la variación respecto a la realización esperada, la fricativa sorda, es general y significativa. En dos de los informantes, aunque se trata de la categoría con una mayor frecuencia, aproximadamente el 30% de los casos presentan sonoridad. En el otro locutor las formas sonoras o parcialmente sonorizadas superan con creces a las realizaciones sordas, que suponen únicamente el 34,3% de los casos analizados. La fricativa sonora [v] es la realización que predomina en el informante 3 (54,29%), y la segunda en frecuencia en el segundo (18,56%). El primer locutor es el que presenta un menor porcentaje de fricativas sonoras (8,9%), pero es precisamente el que muestra más casos de fricativa parcialmente sonorizada, que podemos considerar un primer paso hacia la sonorización de la /f/ (19,4%). Finalmente, las realizaciones aproximantes son mucho menos frecuentes, pero resulta interesante hallar ejemplos claros en dos de los locutores, ya que se demuestra que es posible alcanzar este tipo de manifestación como realización de /f/, que coincide con el alófono de otro fonema (/b/). Una vez descrita la frecuencia de aparición de los diferentes tipos de realización de forma global se ha pasado a analizar la influencia de las variables en este parámetro. Para ello, así como para el análisis de la duración (§3.3), se han obviado los datos correspondientes al locutor 3, ya que el número de casos es insuficiente para realizar un tratamiento estadístico fiable. La prueba de χ2 muestra que ni el acento ni el contexto inmediato de la fricativa influyen de forma significativa en el tipo de manifestación. De hecho, se han hallado casos de diferentes realizaciones en palabras idénticas (en la palabra profesor, por ejemplo, aparece como fricativa sorda, fricativa sonora y aproximante).

3.3 Duración Los resultados del análisis de la duración muestran diferencias en función de la manifestación acústica. De modo general, cabe comentar que las realizaciones sordas y/o parcialmente sonorizadas presentan una duración mayor que las sonoras y, en este grupo, las aproximantes resultan las más breves en ambos informantes. Se ofrece un resumen gráfico de estos datos en la figura 6.

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Figura 6. Valores medios de duración de la consonante en función del tipo de realización para los informantes 1 y 2.

Las pruebas estadísticas de comparación de medias (anova) indican que las diferencias son lo suficientemente representativas como para poder distinguir el segmento en función del tipo de realización, al menos en el caso del segundo locutor: (F=11,729, p *['kar]. Secondo la distinzione tra controllo e compensazione proposta da Vékás / Bertinetto (1991), da intendersi come una revisione della dicotomia classica tra [lingue] stress-timed e [lingue] syllabletimed (cf. Bertinetto 1989 con relativa bibliografia per una rassegna sul tema). Mentre il toscano e l’italiano standard sono sistemi prevalentemente a controllo, in cui si mantengono le vocali atone e i fenomeni di coarticolazione sono meno frequenti, i dialetti gallo-italici tenderebbero verso una tipologia a compensazione, con frequente caduta delle vocali atone, forti coarticolazioni e, come si è detto, compensazione ritmica (Filipponio 2007b: 98-99). Vékás e Bertinetto sottolineano che controllo e compensazione non vanno interpretati come elementi di una dicotomia, bensì come poli di un continuum. Probabilmente dietro la somma di fenomeni che possono essere classificati sotto la formula compensazione si agita l’effetto profondo di una determinata tipologia di accento, tradizionalmente definito come intensivo, che ha predisposto il ritmo dell’italo-romanzo settentrionale alla serie di cambiamenti oggi visibili in stadi diversi e differenziati della loro evoluzione (Filipponio 2007a: §3.4); accento, però, da intendersi come somma o interazione di correlati fonici (cf. Lehiste 1970: 106-153), evidenti perlopiù attraverso i loro epifenomeni. Tale predisposizione ritmica, peraltro, potrebbe essere individuata come la radice profonda del cosiddetto sostrato celtico (Filipponio 2007c: 378). Considerazioni complessive sugli argomenti toccati in questa nota, e più in generale nel par. 1, sono raccolte in Filipponio (in stampa). Secondo la distinzione di Pellegrini (1992: 275-276), che vede il Veneto assai meno influenzato dalla presenza celtica, come risulta confermato, per quanto ne sappiamo (Filipponio 2007c: 358367), anche dalle fonti storiche e dalle testimonianze archeologiche. Secondo Loporcaro (2005: 105) tutta l’Italia settentrionale aveva escluso «ab origine» la presenza di vocali toniche lunghe nei proparossitoni. Gli esempi dall’emiliano (cf. infra) dimostrano invece che deve essere intercorso un lasso di tempo tra l’allungamento di vocale tonica in sillaba libera e la compensazione ritmica.

La quantità vocalica nei proparossitoni etimologici al confine tra toscano e gallo-italico

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376), quello di Gaggio Montano, varietà della media montagna (Filipponio 2007b: 98; 2007c: 373ss.), e quello del capoluogo Bologna (Coco 1970).7 PĔTRA >

['preda] Lizzano > [...] > ['preda] Bologna > ['tevdo] Lizzano > ['tevd] Porretta > ['tEvd] Gaggio > ['tavd] Bologna SĬCCU > ['sek>o] Lizzano > ['ßek>] Porretta > ['ßEk>] Gaggio > ['ßak>] Bologna PĔLLE > ['pEl>e] Lizzano > ['pEl>] Porretta > ['pE>lå] Gaggio > ['pEl] Bologna TĔPĬDU

Come si può vedere, la Ĕ di TĔPĬDU si è allineata timbricamente alla Ĕ di PĔTRA, che trovandosi davanti a nesso di muta cum liquida va considerata in sillaba aperta, e non a quella di PĔLLE, in sillaba chiusa. Dunque la compensazione ritmica non ha bloccato in partenza l’allungamento di vocale tonica in sillaba libera nei proparossitoni etimologici, ma ne ha indirizzato successivamente le sorti, con le conseguenze ritmiche e timbriche qui evidenti: infatti, la [e] di TĔPĬDU, come quella di SĬCCU, è stata poi coinvolta nel processo di abbassamento tipico in area cisalpina (Zamboni 1995) delle vocali toniche brevi primarie e secondarie di timbro alto e medioalto (Filipponio 2007b: 98), come documenta la sincronia bolognese-appenninica. Lo stesso discorso vale per le vocali della serie posteriore, dal momento che in lizzanese STŎMĂCU dà ['Stomgo], con vocale tonica di timbro analogo a FŎCU > ['fogo] e diverso da NŎCTE > ['nçt>e]. In generale, i dialetti dell’area emiliana, come quelli lombardi meridionali (cf. supra gli esempi del cremonese) e quelli liguri centrali, si sono fermati al primo stadio della compensazione, mantenendo dunque vocali toniche lunghe nei parossitoni e negli ossitoni secondari.8 Scorrendo però l’indice delle parole in dialetto bolognese analizzate da Coco (1970: 135-156) si nota l’esistenza di un numero non ridotto di proparossitoni etimologici con vocale tonica lunga. Una parte consistente di questi va ricondotta ai casi in cui la vocale lunga si è ricostituita per fenomeni secondari, di diversa cronologia: due in particolare, l’allungamento della vocale tonica di fronte al nesso di [r] + occlusiva, attestato anche in lizzanese e quindi da considerarsi alto in cronologia, per cui, per esempio, d d PŎRTĬCU > ['pçr go] (Lizzano), ['por g] (Bologna), e l’allungamento secondario delle vocali toniche brevi basse e mediobasse [a], [E], [ç] (Filipponio 2007b: 96; Uguzzoni 1974: 250), che interessa la media montagna (cf. supra la sequenza degli esiti di PĔLLE) e il piano a est di Parma, per cui, per esempio, PĔCTĬNE > ['pEten] (Bologna, ma a Lizzano ['pEtne]), e SILVĀTĬCUS > [ßal'vadg] (Bologna, ma a Lizzano [sal'vadgo], cf. Filipponio 2007b: 97). I proparossitoni sottoelencati non fanno invece parte di queste due categorie, e dunque si può sospettare che siano effettivamente sfuggiti alla compensazione rimica, conservando la vocale tonica lunga originaria o esito dell’allungamento di vocale tonica in sillaba libera. > ['tEvla]; MĀCHĬNA > ['mEΩna]; *FRĀGŬLA > ['frEvla]; ASPĂRĂGU > ['ßpErdz]; w j d w DIĂBŎLU > ['djEvel]; ĂSĬNUS > ['EΩen]; QUARĒSĬMA > [k a'ra Ωma]; JŬVĔNE > [' za ven]; TĂBŬLA

––––––– 7 8

Cf. infra la prima cartina del par. 2. Per quanto riguarda gli ossitoni primari di sillaba libera, cf. la nota 2. In realtà, i dati del bolognese suggeriscono anche per questa struttura di parola uno schema allungamento-contrazione analogo nei risultati a quello dei proparossitoni (anche se diversamente motivato): per esempio, PĔDE > ['pa] (Coco 1970: 8); BŎVE > ['ba] (Coco 1970: 19), come TĔPIDU > ['tavd] e STŎMACU > ['ßtamg]. Il tema, però, non può essere approfondito in questa sede.

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Lorenzo Filipponio

> ['rawver]; SŎCĔRU > ['ßotser]; ['ßpigwel]; PERĪCŬLU > ['prigwel]

RŌVĔRE

ŎPĔRA

> ['ovra];

PAUPĔRU

> ['pover];

SPĪCŬLU

>

Per il momento non faccio considerazioni sulle qualità fonetiche e lessicali di questo gruppo di parole, ma mi limito a registrarne l’occorrenza e a verificare se l’ipotesi prospettata è plausibile. Un modo per farlo è confrontare gli esiti bolognesi di questi proparossitoni con quelli riscontrabili sull’Appennino, partendo dal presupposto summentovato per cui la risalita verso il crinale ci permette di sondare in qualche modo la diacronia stessa del bolognese. Dunque, se effettivamente si tratta di buchi nel tappeto della compensazione, dobbiamo aspettarci che questi proparossitoni abbiano dappertutto vocale lunga.9 In effetti, nella mia indagine in quest’area (cf. Filipponio 2007a: §§2.2.5, 2.2.14) ho potuto verificare che, per i casi in cui ho raccolto sistematicamente i dati, e cioè quelli di d w TĂBŬLA > ['tEvla] e JŬVĔNE > [' za ven], tutti i dialetti analizzati, con sporadiche oscillazioni attribuibili alla forza del condizionamento ritmico, attestano vocale tonica lunga. Lizzano: ['tavola], ['dÌZovne]; Porretta: ['tEvla], ['dzo>ven]; Gaggio: ['tavola], ['dÌZçven]

Per quanto riguarda questo caso specifico, quindi, le trascrizioni di Malagoli per Lizzano (1930: 137, «távvola»; 1930: 138, «gọvvne») non sono valide, e, vista la corrispondenza dei dati su tutto il fronte appenninico, sembra alquanto improbabile pensare che si tratti di un’innovazione degli ultimi decenni irradiata dal capoluogo: l’ipotesi di partenza sembra dunque confermata. Per avere ulteriori conferme della sua validità, si può verificare se questa situazione si manifesta uniformemente fino al confine linguistico con il toscano, ovvero fino alla linea La Spezia-Rimini, o Carrara-Fano (Pellegrini 1992: 285): bisogna allora risalire di qualche chilometro lungo il bacino del Reno verso il crinale, in un’area amministrativamente già toscana, cioè nel territorio di Sambuca Pistoiese, proprio dove Harald Weinrich (1958: 167ss.) raccolse una serie di dati sui proparossitoni etimologici, osservando la sistematicità del fenomeno che oggi chiamiamo compensazione ritmica.10 ––––––– 9

10

Postulare la conservazione della quantità vocalica dopo l’assestamento determinato dalla compensazione ritmica, fatte salve le due innovazioni precedentemente indicate (allungamento davanti a [r] + occlusiva; allungamento secondario di [a], [E], [ç] brevi), rende molto più lineare la determinazione del percorso che ha portato all’insorgere della pertinenza fonologica della quantità vocalica nell’italo-romanzo settentrionale, come hanno dimostrato Morin (2003: 121) e Loporcaro (2005) riproponendo una tesi classica (Lüdtke 1956: 257ss.). Del resto, è proprio tale pertinenza, dal punto di vista del parlante, la maggiore malleveria della conservazione della quantità, in un contesto fonetico-fonologico caratterizzato da progressiva cancellazione del vocalismo atono e generalizzato indebolimento consonantico (Filipponio 2007b: 98-99). Sul rapporto tra vocale tonica breve e consonante postonica non posso soffermarmi in questa sede, salvo indicare ex silentio, mediante le trascrizioni adottate, l’esistenza di un close contact (Martinet 1966; cf. la discussione in Filipponio 2007a: §3.2.2; 2007b: 97; in stampa). L’inchiesta di Weinrich a Castello di Sambuca mette proprio in rilievo l’importanza del rapporto nei proparossitoni tra vocale tonica e consonante postonica (da lui trascritta come geminata, ma cf. la nota prec.) in prossimità del confine tra «Ost- und Westromania» (Weinrich 1958: 169).

La quantità vocalica nei proparossitoni etimologici al confine tra toscano e gallo-italico

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2. Tra gallo-italico e toscano: Sambuca Pistoiese L’attuale territorio di Sambuca Pistoiese si trovava in epoca romana nella Regio VIII Æmilia, dal momento che il confine con la Regio VII Etruria corrispondeva alla linea spartiacque. Questo può avere comportato influenze sostratiche di tipo gallo-italico, alle quali è andato sovrapponendosi il controllo amministrativo pistoiese, iniziato con l’avanzata longobarda da sud, che costrinse nel corso dell’VIII secolo i bizantini a rinserrarsi dietro a un limes situabile in area mediomontana (Zagnoni 2004: 20). Il territorio tra lo spartiacque e il limes, chiamato iudicaria pistoriensis, fu riconquistato da Bologna soltanto tra la fine del XII e l’inizio del XIII secolo, mentre le valli della Sambuca rimasero sotto Pistoia.

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Lorenzo Filipponio

Queste vicende storiche hanno determinato una situazione linguistica assai complessa, con una notevolissima differenziazione tra le singole frazioni, oltretutto penalizzate dalla difficoltà di comunicazione trasversale tra le valli dovuta alla conformazione del territorio. Per questo l’inchiesta sul campo ha toccato sette località, indicate nella cartina sottostante11, in cui le crocette rappresentano le principali vie di comunicazione medievali: quella lungo la Limentra Occidentale, grosso modo corrispondente all’attuale S.S. 64 Porrettana, era l’importantissima via Francesca della Sambuca, che collegava Bologna alla Toscana; quella lungo la Limentra Orientale rappresentava un percorso alternativo che si ricongiungeva poi più a nord al ramo principale, nella zona del massiccio del Montovolo-Monte Vigese, dove la Limentra Orientale confluisce nel Reno.

Questa prima inchiesta sambugana ha avuto sostanzialmente due obiettivi, e cioè la verifica della quantità della vocale tonica nei proparossitoni, per così dire, estravaganti e quella dello stesso parametro nei proparossitoni soggetti a compensazione, considerando la presenza o l’assenza di questo fenomeno come uno dei tratti più profondi e dirimenti nella distinzione tra dialetti gallo-italici e dialetti toscani, cioè nella tracciatura della linea Carrara-Fano. Lo spazio qui a disposizione permette una presentazione per il momento sommaria dei risultati.12 Partendo da un rapido sguardo ai proparossitoni che nel bolognese manifestano ––––––– 11

12

Nelle esemplificazioni successive così abbreviate: Torri, TR (Treppio), CR (Carpineta), LA (Lagacci), SP (San Pellegrino), CS (Castello), PA (Pàvana). Sulla stessa latitudine di Castello di Sambuca, ma lungo la Limentra Occidentale, si trova Taviano, che ospita la sede del Comune di Sambuca Pistoiese, che nel 1991 contava 1641 abitanti. Per quanto riguarda il metodo di analisi, sono state preparate novanta frasi contenenti in posizione non finale di frase o di sintagma le parole bersaglio; le frasi sono state lette da me in italiano e fatte ripetere in dialetto dagli informatori; le registrazioni sono state fatte con il DAT Sony TCD1100 con microfono a cravatta Sony ECM-717, poi campionate con Multispeech a 22050Hz-16bit e analizzate spettrograficamente (timbro e durata) con Praat. Il supporto tecnico mi è stato fornito

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compensazione ritmica, va subito osservato che, nel confronto tra gli esiti delle varie frazioni, a Torri il fenomeno risulta completamente assente: anche nei casi in cui gli informatori di tutte le altre località rispondono stabilmente con vocale tonica breve, il torrigiano attesta infatti esiti come VĪPĔRA > ['vi∏era], con gorgia, di contro a un generalizzato esito ['vip>era] (TR, CR, LA, CS) o ['vip>ara] (SP, PA), e STŎMĂCU > ['stç>maxo], con gorgia ed esito timbrico mediobasso della vocale tonica, che si oppone a quello di ['Stomago] (TR, CR), ['Stomego], (LA, SP, CS), ['Stom>go] (PA). Ciò suggerisce una piena toscanità di questo dialetto, parlato peraltro nella valle sambugana su cui Pistoia, dopo la determinazione definitiva dei confini con Bologna del 1219 (Lodo di Viterbo), ha più direttamente esercitato la sua epicrazia (Rauty 1990).13 In effetti, le maggiori oscillazioni nella manifestazione della compensazione ritmica si rilevano proprio lungo la Limentra Orientale, a Treppio e a Carpineta; del resto, anche il dialetto di Monte di Badi, senza dubbio gallo-italico (Filipponio 2007b: 19), presenta tratti di forte conservatività e interferenze con il toscano.14 Nella valle più a ovest, dove il Reno fa da confine tra Emilia e Toscana, e dove si trova Lagacci, l’opacizzazione dei tratti gallo-italici a favore della rimonta toscana è fenomeno recenziore, dovuto sì allo spopolamento e alla dipendenza amministrativa da Pistoia, ma soprattutto alla presenza della linea ferroviaria BolognaPistoia, che dal 1864 ha facilitato i collegamenti con il capoluogo. Invece, la valle della Limentra Occidentale, ben protetta a sud dal passo della Collina (932m s.l.m.) e affacciata a nord sul bacino di Porretta, è senz’altro quella che ha mantenuto più intatti i caratteri galloitalici, come si può vedere da questa piccola antologia esemplificativa.15 ['manigo] (TR, CR); ['manego] (LA, SP, CS); ['man·dga] (MĂNĬCA, PA) FĪCĀTU > ['fegato] (TR, LA); ['fegato] (CS); ['fegado] (PA) MĂNĬCU >

––––––– 13

14

15

dal Laboratorio di Fonetica dell’Università di Pisa, per gentile concessione di Giovanna Marotta, che ringrazio. Svariati dati lessicali (Filipponio 2007d) sembrano confermare l’appartenenza del torrigiano al toscano come un fatto consolidato nei secoli. Un discorso a parte andrebbe fatto per il dialetto di Treppio, che manifesta compresenza di elementi gallo-italici e toscani (Bonzi 2000), ma la cui base non è né emiliana appenninica né pistoiese rurale. Fino alla metà del secolo scorso, a Treppio si udiva l’esito retroflesso l-, -ll- > [Í] (Rohlfs 1966: 218, 331), cosa che ha scatenato un dibattito non ancora sopito sul treppiese come colonia garfagnina (Bonzi 2000; Giannelli 2000: 128-129) o come relitto ligure o genericamente preindoeuropeo (Ambrosi 1956; Barbagallo 1958). Il tema merita una ricerca specifica, e in ogni caso, per quanto concerne il trattamento della vocale tonica nei proparossitoni, il treppiese appare oggi coerentemente inserito nel sistema sambugano. Basta scorrere rapidamente gli esempi qui riportati per rendersi conto del fatto che la quantità della vocale tonica nei proparossitoni etimologici è solo uno degli aspetti interessanti della fonetica e della fonologia di questi dialetti. Un discorso più complessivo verrà fatto in altra sede, ove sarà possibile anche fornire evidenze spettrografiche e dati numerici a supporto dell’impianto descrittivo ed esplicativo. Per quanto riguarda il metodo di trascrizione in questo testo, si tenga conto del fatto che il crono [] è stato attribuito considerando sempre il rapporto di durata tra vocale tonica e consonante postonica e non le loro durate assolute, fatti salvi i rarissimi casi di estrema velocità di eloquio in cui irrimediabilmente la soglia di compressione ha alterato i rapporti quantitativi: così il segno [] indica un rapporto ‘V/C > 1.5. Nei casi di realizzazione enfatica della consonante postonica mi sono riservato di adottare per essa il crono o il semicrono (cf. la nota 9).

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Lorenzo Filipponio

> ['pEgora] (TR, CR); ['pegora] (LA, SP, CS, PA) > ['vedova] (TR, LA); ['vedova] (SP, CS, PA) *RŪGĬDU > ['ruvido] (TR); ['ruvido] (SP); ['ruvedo] (CS)

PĔCŎRA VĬDŬA

Dunque la compensazione ritmica mostra ancora solide attestazioni nella valle della Limentra Occidentale, manca del tutto a Torri, vacilla a Treppio, oscilla a Lagacci. Torniamo ora all’elenco dei proparossitoni estravaganti, per verificare se anche in quest’area di confine tali parole presentano stabilmente vocale tonica lunga ASPĂRĂGU > [a'Sparago]

(LA, CS); ['ßparago] (SP); [a'ßparago] (PA) ['djavolo] (LA, CS, PA); ['g’avolo] (SP) *FRĀGŬLE > ['fragole] o ['frçle] (dappertutto) JŬVĔNE > ['dÌZovane] (TR, CR, LA, SP, CS); ['dÌZovne] (PA) MĀCHĬNA > ['maZina] (TR, CR); ['maZena] (LA, SP, CR); ['maZna] (PA) ŎPĔRA > ['çpera] (toscano: TR, LA, SP); ['ovra] (PA); ['çp>era] (CS) (!) PAUPĔRU > ['pçvero] (TR, LA, SP); ['pçvro] (CS); ['povero] (CR); ['povro] (PA) PERĪCŬLU > [pe'rigolo] (TR, CR, SP); [pe'rikolo] (LA, CS) (!); [pe'rikolo] (PA) (!) w w QUARĒSĬMA > [k a'rezima] (TR, LA, SP, CS); [k a'reΩma] (PA) RŌVĔRE > ['rovere] (LA, SP, CS) SŎCĔRU > ['sçSero] (toscano < ['swçSero]: LA); ['soZero] (TR, CR, SP, CS); ['ßoZro] (PA) SPĪCŬLU > ['spigolo] (TR); ['Spigolo] (LA, SP); ['Spigolo] (CS) (!); ['ßpigolo] (PA) (!) TĂBŬLA > ['tavola] (dappertutto) DIĂBŎLU >

Come si può vedere, a parte alcuni esiti timbrici toscani e le poche oscillazioni contrassegnate con (!), il quadro si presenta uniforme e corrispondente a quello mostrato dal dialetto di Bologna. Si può quindi concludere che l’analisi della quantità della vocale tonica nei proparossitoni etimologici nei dialetti di Sambuca Pistoiese contribuisce da un lato a determinare il tracciato della linea Carrara-Fano in un’area linguisticamente frammentata e di confine, dall’altro ci mostra che la compensazione ritmica non ha completamente uniformato i proparossitoni gallo-italici, almeno tra il crinale e Bologna. E, come si era visto nel caso di Malagoli per Lizzano, anche per Castello di Sambuca si può proporre la correzione del MĀCHĬNA > «mážžena» registrato da Weinrich (1958: 168). Queste eccezioni possono certamente essere motivate. A un primo sguardo, si rilevano cultismi o comunque parole poco usate in dialetto (a detta degli informatori stessi, che hanno addirittura rigettato ĂSĬNUS, indicando sempre la variante somaro); molte parole con [a] tonica, evidentemente più resistente alla compensazione per le sue proprietà fonicoarticolatorie; ricorrenza di casi con [v] postonica. Sarà il tema di una prossima ricerca: in questa sede, come detto, ci siamo accontentati di registrare il fenomeno.

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Sascha Gaglia

La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali∗

1. Introduzione In generale, la metafonesi può essere definita come variazione della vocale tonica, originariamente innescata da -u ed -i finali (cf. Maiden 1991; Rohlfs 1966; Tekavčić 1980; tra gli altri). Nel dialetto campano di Piedimonte Matese (provincia di Caserta) la metafonesi esibisce l’innalzamento delle vocali medie (cf. Gaglia 2009):1 (1a) [E] - [e]:

['vEkkja]

‹vecchia›

vs

['vekkju]

‹vecchio›

(1b) [e] - [i]:

['mese]

‹mese›

vs

['misi]

‹mesi›

(1c) [ç] - [o]:

['bbçna]

‹buona›

vs

['bbonu]

‹buono›

(1d) [o] - [u]:

['rossa]

‹rossa›

vs

['russu]

‹rosso›

Nel dialetto salentino di Cutrofiano (provincia di Lecce) la vocale [e4] alterna sia con [i], sia con il dittongo [je]. Al contrario, la vocale [o4] non viene dittongata ma innalzata (cf. Garrapa 2004).2 (2a) [e4] - [i]:

['me4se]

‹mese›

vs

['misi]

‹mesi›

(2b) [e4] - [je]:

['de4nthe]

‹dente›

vs

['djenthi]

‹denti›

(2c) [o4] - [u]:

['mo4nte]

‹monte›

vs

['munti]

‹monti›

––––––– ∗

1

2

Quest’articolo rispecchia i risultati più importanti della mia tesi di dottorato (cf. Gaglia 2009). Il lavoro è stato svolto nel centro di ricerca collaborativo di Costanza, finanziato dalla fondazione tedesca per la ricerca (Deutsche Forschungsgemeinschaft). Sono grato a Christoph Schwarze, Luigia Garrapa e Christine Kaschny che hanno discusso con me il presente articolo. Non esemplifichiamo né la neutralizzazione, né la cancellazione di vocale finale, che è tipica di molti dialetti centro-meridionali. Nel dialetto di Piedimonte Matese essa è però un fenomeno postlessicale e non concerne quindi il condizionamento della metafonesi (cf. Gaglia 2009). Seguendo Bloch / Trager (1942) e Grimaldi (2003), Garrapa (2004) usa per le vocali medie [e4] ed [o4], che possono essere definite come vocali medio-alte abbassate, la trascrizione fonetica [E] ed [O].

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Sascha Gaglia

Nei paragrafi seguenti analizzeremo questi due tipi di metafonesi all’interfaccia fra fonologia, morfologia e lessico chiedendoci se, sul livello sincronico, il fenomeno possa essere definito fonologico, morfo-fonologico, morfologico oppure come selezione di base. In quanto segue distinguiamo fra il processo che realizza la metafonesi e le condizioni che la motivano. Adotto il termine ‹fonologico› qualora le condizioni siano esclusivamente fonologiche (tratti fonologici, sillaba, accento, etc.). Con il termine ‹morfo-fonologico› mi riferisco a processi le cui condizioni sono sia morfologiche (persona, numero, etc.) che fonologiche. Quando si tratta di processi le cui condizioni sono esclusivamente morfologiche e le quali non si lasciano descrivere in termini fonologici, uso il termine ‹morfologico›. Uso il termine selezione di base, invece, se una variazione paradigmatica va compresa come scelta tra varie unità nel lessico. Abbiamo scelto i due dialetti menzionati perché presentano due tipi di vocalismo diversi (sistema campano / italiano a sette vocali toniche per Piedimonte Matese vs sistema a cinque vocali toniche per Cutrofiano) e tipi di metafonesi diversi.3 Mostreremo che nel dialetto di Piedimonte Matese la metafonesi viene innescata da una regola morfologica anche se il fenomeno si presenta fonologicamente quasi sempre trasparente, soprattutto per i nomi e gli aggettivi. In certi casi queste due categorie esibiscono però anche la possibilità della selezione. Per Cutrofiano invece, il fenomeno si presenta in maniera pienamente lessicalizzata.

2. Analisi 2.1 La metafonesi a Piedimonte Matese

2.1.1 L’innalzamento come risultato di regole sincroniche Nel dialetto in questione, la metafonesi è osservabile regolarmente nella 2ª persona singolare (cf. Gaglia 2009).4 Ciò concerne non solo le forme dell’indicativo presente ma anche quelle dell’imperfetto, del passato remoto e del congiuntivo imperfetto. In tutti questi casi la vocale finale è -i. L’innalzamento può riguardare qualsiasi vocale media tonica della base radicale, come anche la vocale tematica della seconda classe verbale. Il fenomeno è invece assente nella 1ª persona del singolare (indicativo presente e imperfetto) e nella 3ª persona del plurale nonostante la -u finale. Lo dimostriamo sulla base del paradigma di mettere:5 ––––––– 3

4 5

Il sistema vocalico di Cutrofiano corrisponde ai sistemi della zona che Lausberg (1939) definisce Randgebiet (zona ‹marginale›). Casi metafonetici: 93.7% (= 178 di 190 casi analizzati). Mettere appartiene alla seconda classe verbale. Assumiamo /e/ come vocale tematica soggiacente di tutte le celle rilevanti del paradigma tranne la la e la 3a persona (singolare e plurale) del passato remoto.

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La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali

Tabella 1 Paradigma di mettere 1ª sing. 2ª sing.

IND. PRES. ['mettu] ['mitti]

IMPERFETTO [mEt'tevu]

PASS. REM. [mEt'tEtte]

[mEt'tivi]

[mEt'tisti]

CONG. IMPERF. [mEt'tesse] [mEt'tissi]

3ª sing.

['mette]

[mEt'teva]

[mEt'tEtte]

[mEt'tesse]

1a plur.

[mEt'timmu]

[mEttE'vammu]

[mEt'tEttəmu]

[mEt'tessəmu]

2a plur.

[mEt'tite]

[mEttE'vate]

[mEt'tistəve]

[mEt'tissəve]

3a plur.

['mettənu]

[mEt'tevənu]

[mEt'tEttənu]

[mEt'tessənu]

Calabrese (1985; 1988; 1998) spiega l’assenza dell’innalzamento della vocale tonica nella 1ª persona singolare e nella 3ª persona plurale dell’indicativo presente assumendo che la vocale soggiacente alla desinenza è /o/ e non /u/. Essendo /o/ una vocale media, non può innescare metafonesi. Una spiegazione di questo genere sarebbe anche immaginabile per il dialetto campano di Piedimonte Matese. Sosteniamo però che il fenomeno possa essere definito indipendentemente dal contesto fonologico se consideriamo anche la variazione della vocale tematica da /e/ verso [i] nella 2ª persona plurale dell’indicativo presente, del passato remoto e del congiuntivo imperfetto. Dal punto di vista diacronico la vocale finale *-i (< -ĒTIS), che innescava la metafonesi originariamente, ha subito un cambiamento verso -e.6 Assumiamo quindi, che il condizionamento è divenuto fonologicamente opaco, trasformandosi da una regola fonologica in una regola morfologica che include sia la 2ª persona singolare e plurale sia la 1ª persona plurale dell’indicativo presente. La metafonesi nei verbi è del tutto regolare e riguarda non soltanto la posizione davanti ad una vocale finale alta. Per i nomi e gli aggettivi, invece, la sua distribuzione è più ristretta.7 La differenza più importante è che in queste categorie la metafonesi ha luogo soltanto davanti ad -u ed -i. L’innalzamento della vocale tonica innesca alternanze che riguardano il genere ed il numero:8 Tabella 2 Nomi (N) ed aggettivi (A) alternanza Genere Numero Genere / Numero

fem. sing. N: [tSuttSa'rElla] A: ['bbçna] N: A: [suffi'SEnde] N: -

fem. plur. N: [tSuttSa'rElle] A: ['bbçne] N: A: [suffi'SEnde] N: ['rete]

masc. sing. N: [tSuttSa'rellu] A: ['bbonu] N: ['mese] A: [suffi'SEnde] N: ['ritu]

masc. plur. N: [tSuttSa'relli] A: ['bboni] N: ['misi] A: [suffi'Sendi] N: -

––––––– 6

7

8

Cf. Rohlfs (1968: §531) che postula la metafonesi per la 2a persona plurale di alcuni dialetti laziali, nonostante -e in posizione finale. Una soluzione diversa viene offerta da Maiden (1996: 167). L’autore assume *-i in posizione finale e aggiunge che la vocale tematica innalzata potrebbe essere dovuta anche ad un influsso analogico della 3a classe verbale, per es. dormite. Cf. anche Leonard (1978: 85) per una tale argomentazione. Solo il 46.5% dei nomi e degli aggettivi (121 casi su 260) mostrano il fenomeno nei contesti rilevanti (cf. Gaglia 2009). Trattiamo i nomi e gli aggettivi insieme dato che la metafonesi si realizza nella prima classe di declinazione (-u, -i) e nella seconda (-e, -i) per ambedue le categorie lessicali.

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Sascha Gaglia

Bisogna quindi trattare le condizioni della metafonesi, come si presentano in questo dialetto, in termini morfologici, anche se la trasparenza fonologica è intera nei nomi e negli aggettivi.9 Non assumiamo dunque delle condizioni morfo-fonologiche, cioè un’interazione di un tratto fonologico (per es. [alto]) e della categoria morfologica, ma un contesto esclusivamente morfologico (3a, b).10 Rendiamo conto della trasparenza fonologica mediante regole di formato fonologico. (3a)

Innalzamento di /e/ → [i] e /o/ → [u] in sillaba tonica V



[] (3b)

V

{2a persona & 1a persona plurale ind. pres. / masc. sing. & masc. plur.}

[alto]

Innalzamento di /E/ → [e] e /ç/ → [o] in sillaba tonica V



= [basso]

V

{2a persona / masc. sing. & masc. plur.}

[]

2.1.2 È la metafonesi davvero il risultato di regole d’innalzamento? Fino a questo punto abbiamo analizzato la metafonesi come fenomeno determinato da regole sincroniche. Nel seguente paragrafo discutiamo invece se è possibile caratterizzarla anche attraverso la selezione di una base metafonetica lessicalizzata. La possibilità di un trattamento di questo tipo viene offerta dalla morfologia derivazionale (cf. Lieber 1982 per l’Umlaut tedesco e Gaglia 2009 per la metafonesi).11 Per gli esempi in (4a) e (4b) osserviamo il seguente comportamento: mentre le parole derivate in (4a) usano come base derivazionale quella con la vocale metafonizzata, le parole derivate in (4b) vengono costruite sulla base non metafonetica.12 Chiamiamo questi due tipi di selezione M1 e M2. (4a) parole semplici: parole derivate:

['freSka] / ['freSke] vs ['friSku] / ['friSki] [friSka'rellu], [friS'kEttu], [rifriS'kata] (base metafonetica = M1)

––––––– 9 10

11 12

La morfologizzazione del processo è stata proposta tra gli altri da Maiden (1991) e Fanciullo (1994). Adottiamo il modello fonologico Featurally Underspecified Lexicon (FUL) di Lahiri / Reetz (2002). Il modello prevede dei tratti fonologici monovalenti, e dunque non binari, che possono essere sottospecificati. Specifichiamo le vocali (V) /i, u/ col tratto [alto] ed /E, ç/ col tratto [basso] per il dialetto di Piedimonte Matese (cf. Gaglia 2009). Le vocali medie /e, o/ non dispongono di alcuna specificazione per l’altezza ([]). Per quanto riguarda il tratto [alto] (oppure [+ alto]) come innesco fonologico della metafonesi, cf. Calabrese (1985; 1988; 1998), Kaze (1989) e Dyck (1995), tra gli altri. Cf. Scalise (1997), Grossmann / Rainer (2004). L’abbassamento da /e/ verso [E] in posizione protonica in (4b) è un fenomeno del tutto fonologico (cf. Gaglia 2009).

La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali

(4b) parole semplici: parole derivate:

['mese] vs ['misi] [mE'sEttu], [mE'sattSu], [mE'sata]

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(base non metafonetica = M2)

Come conseguenza, per la metafonesi delle parole semplici questo vuol dire che il tipo M1 può implicare sia una regola metafonetica sia la selezione di una base metafonetica lessicalizzata che diviene visibile alla superficie attraverso la morfologia derivazionale. Figura 1 Metafonesi del tipo M1 ['freSka]

['friSku] (metafonesi) regola selezione

/freSk-/

[friSka'rellu]

/friSk-/

D’altra parte non c’è bisogno di assumere una base metafonetica lessicalizzata per la metafonesi di M2, visto che la parola derivata viene sempre costruita sulla base non metafonetica. Concludiamo che la metafonesi di questo tipo viene condizionata esclusivamente da una regola d’innalzamento: Figura 2 Metafonesi del tipo M2 ['mese]

['misi] (metafonesi)

[mE'sEttu]

regola /mes-/

La possibilità di servirsi della morfologia derivazionale per il nostro obiettivo è dovuta alla variazione delle vocali anteriori protoniche. Per le vocali posteriori che si neutralizzano sempre verso [u] tale osservazione non è possibile così come non è possibile per tutti i dialetti che dimostrino la neutralizzazione verso schwa anche delle vocali anteriori (è questo, per esempio, il caso di molti dialetti centro-meridionali; cf. Rohlfs 1966: §128).

2.2 Innalzamento e dittongazione a Cutrofiano come selezione di base13 Come s’è detto al §1, il dialetto di Cutrofiano esibisce sia l’innalzamento sia la dittongazione di [e4] (2a, b).14 La vocale media anteriore [e4] deriva dalla vocale latina -Ĕ––––––– 13

14

Tutti gli esempi del dialetto di Cutrofiano sono stati presi da Garrapa (2004) tranne quelli in (5) e (6) che riguardano la morfologia derivazionale (cf. Gaglia 2009). La metafonesi si presenta soltanto nei nomi e negli aggettivi. Ci sono soltanto alcuni verbi che esibiscono la metafonesi, ma non in maniera sistematica, per es. ['vjeni], ['Mfjethu] ‹io intreccio› vs ['le4ggu] ‹io leggo›, ['pre4diki] (cf. Garrapa 2004: 653).

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Sascha Gaglia

(DĔNTEM > ['de4nthe]) oppure, in certi casi, da -Ē- (MĒNSEM > ['me4se]) ed -Ĭ- (PĬSCEM > ['pe4SSe]).15 L’innalzamento concerne le forme che derivano da -Ē- (2a), la dittongazione soltanto le forme che derivano da -Ĕ- (2b).16 La vocale media posteriore [o] nel contesto di metafonesi, viene invece soltanto innalzata e non dittongata (2c) e deriva da -Ŏ- (NŎCTEM > ['no4tte]) oppure, in certi casi, da -Ō- (VŌCEM > ['vo4tSe] vs ['vutSi]) ed -Ŭ- (NŬCEM > ['no4tSe] vs ['nutSi]).17, 18 Come si è già detto, questo tipo di vocalismo con sviluppi acontestuali rappresenta il sistema che Lausberg (1939) definisce zona ‹marginale›.19 Sosteniamo che non sia possibile definire la metafonesi nel dialetto considerato come un processo attivo sincronicamente (cf. Gaglia 2009). Complessivamente, i principali argomenti contro una eventuale natura regolare della metafonesi a Cutrofiano sono i seguenti: a)

Pochi casi metafonetici: 18 di innalzamento, 26 di dittongazione (su un totale di 612 esempi analizzati) (cf. Garrapa 2004).

b)

Dittongazione e innalzamento di [e4] (cf. (2a) vs. (2b)): Come genera il parlante l’output corretto? Questo non sarebbe un problema se si potesse assumere /E/ (< -Ĕ-) soggiacente per la dittongazione ed /e/ (< -Ē-) per l’innalzamento (oppure /E1/ ed /E2/, per quanto riguarda i dialetti lucani della Mittelzone; cf. Fanciullo 1988: 677).20 I fattori qui sommati escludono però definitivamente una tale regolarità sincronica del fenomeno.

c)

Dittongazione davanti ad -u ed -i, innalzamento davanti ad -i, per es. ['tjemphu] / ['tjemphi] vs ['me4se] / ['misi]: Il fatto che -u si presenta nel contesto della dittongazione ma non in quello dell’innalzamento, esclude la possibilità che ambedue i processi metafonetici siano regolari.21 Nemmeno tramite la classe di declinazione è possibile

––––––– 15

L’esito regolare di -Ē- ed -Ĭ- è /i/, per es. ['kina] / ['kinu] < PLĒNUM, ['friÍÍa] / ['friÍÍu] < lat. tardo (cf. Garrapa 2004: 654). Nel materiale riunito da Garrapa (2004) non si trova nessun caso di metafonesi del tipo -Ĭ- > [e4] (non metafonetico) vs [i] (metafonetico), per es. ['pe4SSe] vs *['piSSi]. Fa eccezione ['no4tte] che non subisce l’innalzamento nel contesto di metafonesi (*['nutti]). L’esito regolare di -Ō- ed -Ŭ- è /u/, per es. ['fjuru] / ['fjuri] (< FLŌREM), ['russa] / ['russu] (< RŬSSUM) (cf. Gaglia 2009). Barbato (2002: 36) osserva questo tipo di vocalismo anche al confine fra Campania e Basilicata e nel Salento. Bisogna aggiungere che Fanciullo (1994: 577) non tratta le opposizioni metafonetiche come derivazioni da una vocale soggiacente ma come opposizioni fonematiche astratte (per es. /oF/ ~ /uM/ per trov´l´ vs truv´l´ ‹trovalo›). In caso contrario -Ē- ed -Ĭ- etimologiche subirebbero l’innalzamento anche davanti ad -u. Nei dati presentati da Garrapa (2004) non compaiono casi di questo tipo. L’autrice dà soltanto esempi per FRĬGDUM

16

17 18

19

20

21

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stabilire dei parametri per il fenomeno, dato che sia la dittongazione sia l’innalzamento sono osservabili per la prima e per la seconda classe (cf. (2a) e (2b)).

L’argomentazione contro una eventuale natura regolare della metafonesi viene sostenuta anche dal fatto che per quanto riguarda la dittongazione, le parole derivate esibiscono il dittongo in posizione protonica, come si osserva in (5). (5)

parole semplici: parole derivate:

['tjemphu] ‹tempo›, ['djenthi] ‹dente›, etc. [tjem'phattsu] ‹tempaccio›, [djenthi'tSe4ÎÎu] ‹dente-DIM›, etc.

Per quello che concerne l’innalzamento, affrontiamo gli stessi problemi come nel dialetto di Piedimonte Matese. Come nel caso del dialetto campano, anche a Cutrofiano le vocali medie posteriori vengono neutralizzate in [u]. L’unica possibilità di ottenere indicazioni sulla base selezionata viene offerta di nuovo dalla derivazione da basi che contengano una vocale media anteriore, in questo caso [e4]. Le vocali anteriori non subiscono nessuna variazione in sillaba protonica. I casi rilevanti per la derivazione sono pochi. Tutti però selezionano la base non metafonetica:22 (6)

parole semplici: parole derivate:

['me4se], [pa're4te], [fu're4se] ‹contadino› [me4si'tSe4ÎÎu], [pare4'te4ÎÎu], [fure4'se4ÎÎu]

Mentre nel dialetto campano la selezione della base non metafonetica accenna alla regolarità del processo metafonetico, senza aver bisogno della rappresentazione di una base metafonetica nel lessico, per Cutrofiano proponiamo invece l’assenza di una regola metafonetica in generale. La metafonesi in questo dialetto si presenta in maniera pienamente lessicalizzata.23

3. Conclusione Gli obiettivi della nostra ricerca erano: a) svolgere un’analisi della metafonesi in due dialetti italiani meridionali con sistemi vocalici e tipi di metafonesi diversi per cercar di capire se la metafonesi nei dialetti analizzati fosse da definire come processo fonologico, morfo-fonologico o morfologico; b) stabilire un criterio per evidenziare l’esistenza o ––––––– 22 23

lo sviluppo regolare da -Ē- ad /i/ e un caso per -Ĭ- > [e4], davanti ad -i però, che rappresenta un’eccezione alla metafonesi (cf. note 15 e 16). In questo caso si tratta di forme diminutive. A questo risultato giunge anche Garrapa (2004), che ipotizza un contatto linguistico con i dialetti campani-napoletani per la dittongazione (cf. Grimaldi 2003 per altri dialetti salentini). Abbiamo potuto confermare i risultati di Garrapa (2004) includendo nell’analisi la morfologia derivazionale.

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Sascha Gaglia

l’assenza della lessicalizzazione del processo metafonetico. In caso di lessicalizzazione, la metafonesi si può realizzare come selezione di base. Per Piedimonte Matese abbiamo dimostrato che la metafonesi viene innescata esclusivamente dalla categoria morfologica. La morfologia derivazionale evidenzia inoltre l’eventuale lessicalizzazione del fenomeno. La metafonesi può essere definita come selezione e allo stesso tempo come il risultato di una regola d’innalzamento, se la base metafonetica funziona anche come base per le parole derivate; altrimenti il fenomeno viene condizionato esclusivamente da una regola sincronica. Nel dialetto di Cutrofiano la metafonesi si presenta invece esclusivamente come selezione di base.

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La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali

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Mariafrancesca Giuliani

La notazione del raddoppiamento consonantico interno ai nessi clitici nelle scritture italoromanze delle origini

1. Introduzione In questo contributo intendo presentare una prima classificazione ed interpretazione fonetica delle notazioni italoromanze pre-quattrocentesche accomunate dal raddoppiamento della consonante iniziale dei clitici pronominali e avverbiali collocati in seconda posizione all’interno di nessi proclitici o enclitici (d’ora in poi mi riferirò al fenomeno attribuendogli l’etichetta RC). L’indagine è stata condotta nel quadro di una ricerca sulla rappresentazione del confine di parola e in particolar modo del raddoppiamento fonosintattico (RF) nei testi del corpus TLIO (cf. http://www.ovi.cnr.it/index.php?page=la-banca-dati).1 Ho interrogato il corpus per forme e cooccorrenze di forme avvalendomi del software GATTO. Il fenomeno era stato evidenziato in passato da Castellani (1966) e (2000) per il lucchese antico e, più di recente, da Formentin (1994) per il napoletano antico, con ampi riscontri nei testi centro-meridionali. Entrambi gli studiosi segnalano in particolare la frequente notazione geminata di l- del clitico oggetto di terza singolare e plurale nella proclisi e nell’enclisi verbale. L’ampio e documentatissimo contributo di Formentin è peraltro un punto di riferimento fondamentale per la ricognizione delle condizioni prosodiche alla base del rafforzamento rappresentato dalle suddette scrizioni. Più di recente Waltereit (2004) ha esaminato il raddoppiamento della consonante iniziale di parola rappresentato nei testi toscani ad uso del TLIO interpretandolo alla luce di una regola di prosodia di frase che renderebbe tonici, e dunque incondizionatamente geminanti, tutti i morfemi che occupano le prime posizioni all’interno di sequenze costituite da due o più monosillabi atoni. Ci confronteremo con quest’ultima tesi valutandone l’applicabilità rispetto a dati testuali che necessitano senza dubbio di un inquadramento filologico e scriptologico funzionale al recupero delle stratificazioni culturali interne alla scrittura. Più in generale si proporrà un approccio ermeneutico valido nello studio della diacronia del RF anche come risultato della confluenza e del livellamento di fenomeni di geminazione di matrice non univoca.

––––––– 1

La ricerca è stata condotta con il supporto di un finanziamento CNR (Promozione ricerca 2004). Ringrazio Giovanna Marotta e Pär Larson per aver letto e commentato una versione preliminare del contributo. Resta mia la responsabilità di eventuali inesattezze.

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Mariafrancesca Giuliani

1.1 I dati Riporto di seguito in maniera schematica i dati ricavati dall’interrogazione del corpus. Per i testi che offrono un numero alto di occorrenze di RC ho indicato soltanto i tipi rappresentati. Negli altri casi, invece, ho registrato, nel dettaglio le attestazioni indicative e il numero totale delle occorrenze, riportando la pagina ed il rigo di riferimento solo per le attestazioni uniche di specifici testi. Nella presentazione dei dati distinguo tra proclisi ed enclisi seguendo un ordine geografico (si adottano le abbreviazioni linguistiche del TLIO: cf. http://ovipc44.ovi.cnr.it/TlioAbbr/).2 Conservo le grafie delle singole edizioni. 1) a. In proclisi L u c c h . a . : Lett. lucch., 1295-98; Libro mem. Donato, 1279-1302; Ingiurie lucch., 133084: tipi me / te / ce / (n)de / ne / ve / vo lla, -o, -e, -i diede, ve / ce ll’àno / avemo / aveste; Lett. lucch., 1295-98: tipi li lli avemo posti, li / le ll’àe / avea; Ingiurie lucch., 1330-84: te nne volesse / paghi (2+1), ve nne pentrete (1). P i s . a . : Bestiario toscano, XIII ex.; Stat. pis., a. 1327: ne lli mena / debbia (1+1), vi sse ravoluppa (1); Palamedés pis., c. 1300; Barlaam e Iosafas (S. Genev.), XIV pi.di.; ve / te ll’à mandato / mossato (1+1), Stat. Pis., a. 1327: ve ll’àe (1); Ranieri Sardo, 1354-99 (pis.): tipo si nne faccia / venne (7). P i s t . a . : Mazz. Bell., Storia (ed. Gorra), 1333, pag. 452.11: ne lla potessemo menare. P r a t . a . : Doc. Prat., 1288-90, pag. 163.16: li mm’à. F i o r . a . : Zucchero, Santà, 1310, Pt. 3, cap. 2, pag. 141.34: vi lla metete. S e n . a . : Laudario S.M. d. Scala, XIII ex./XIV po.q. (testo di tradizione multipla), 4.92, pag. 26: me ll’uccida (1), cf. anche la variante di S1 (manoscritto senese, sec. XIV) te lle per te le di S (manoscritto senese, sec. XIV) accolto nell’edizione per la lauda II, r. 22 (riferimento in Manetti: 306). b. In enclisi L u c c h . a : Lett. lucch. (1295-1303): tipi ma(n)datecello, gittoselli, prendetevelli, ma(n)dastecella, diecciella, ma(m)dre(m)volle, ma(n)darnolla, assengnardelli, cf. ib. anche p(ro)meterelli; Ingiurie lucch., 1330-84, 293 [1375], pag. 79.17: fatello. P i s . a . : Guittone, Lettere in prosa, a. 1294 [le lettere, pubblicate dal Meriano in edizione diplomatica, sono tradite dal canzoniere Laurenziano Red. 9, notoriamente pisano], 14, pag. 181.18: ànoll’aprezo; Bestiario toscano, XIII ex., cap. 30, pag. 52.17: strappacella. T o s c . o c c . a . (la marca è riferita a manoscritti linguisticamente ibridi che mostrano, tuttavia, tratti fonetici e morfologici di base pisano-lucchese): Inchiesta San Gradale, XIV pm., cap. 52, pag. 171.2: riconovelli; Comm. Rim. Am. (C), XIV pm., ch. 188, pag. 980.6: fecello. P i s t . a .: Doc. Pist., 1300-1: mandollicci (2), diellicci (4), mandolli(n)mi (1) e dielli(n)mi (2), cf. anche diellilli (-lli vale prob. ‹-gli›); Lett. pist., 1320-22: fatella (2); cf. anche partelli, fessello in Itinerarium volg., XIV s.m. (testo con tratti fonetici e morfologici di tipo pistoiese). P r a t . a .: Doc. prat., 12961305, pag. 262.16: regollocci. F i o r . a . : Libro giallo, 1321-23; Doc. fior., 1325: ricievella / ricevella (12 esempi in totale), cf. anche Doc. Fior., 1311-13, pag. 96.10: ricevettelli; Zucchero, Santà, 1310: tipi chonvienello, fatello, meschiatella, votassello, bevendolle, chambiandolla; faciassi (1); Storia San Gradale, XIV po.q.; Dom. Benzi, Specchio umano, a.

––––––– 2

Non ho considerato i testi settentrionali ed ho escluso dall’esame le notazioni sicuramente legate alla manifestazione del RF in contiguità con forme verbali tronche (cf. Loporcaro 1997), nonché le geminazioni riconducibili a fenomeni di assimilazione sincronica.

La notazione del raddoppiamento consonantico interno ai nessi clitici nelle scritture italoromanze

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1347; Marchionne, Cronaca fior., 1378-85: fecello / fecella / fecelli (3 esempi in totale); Novelle Panciatich., XIV m. (fior.), 142, pag. 149.28: diselle. C a s o l . a . : Lett. casol., XIII ex., pag. 390-1: diedemilli (3). S e n . a . : Laudario S.M. d. Scala, XIII ex./XIV po.q.: varianti in S1: menatemell’a per menatemel’a di S accolto nell’edizione (lauda I, r. 33) e posertella per posertela di S accolto nell’ed. (lauda XIII, r. 93) (cf. Manetti: 306). G r o s s e t . a . : Andrea da Grosseto (ed. Selmi), 1268, L. 2, cap. 44, pag. 146.2: conducello. T o s c . a . (localizzazione incerta): Legg. G. di Procida, 1282-99, pag. 50.12: puosellelli (oggetto diretto + oggetto indiretto). 2) a. In proclisi U r b i n . a . : Poes. an. urbin., XIII, Jacopone, Laud. Urbinate, XIII ui.di.: la mme retolli (1); tipo me tte smira (8); li tTi dài (1); me llo remanni (1); tipo me sse lassa (4); tipi me / te / se li / nne cale / fece; lo mm’aio (1), tipo me / vo ll’à (3+1), me ss’è / esclanta (2+1), tipo me / te nn’à / ò. M a r c h . a . : Ritmo S.Alessio XII sm., 201, pag. 26: set ne gìo; Poes. an. abruzz.>march., XIII sm., 70, pag. 121: le nne dine (1), li sse enclena (1); me ct’ài (1). b. In enclisi U r b i n . a . : Poes. an. urbin., XIII, Jacopone, Laud. Urbinate, XIII ui.di.: tipi clamomenne, facissimmenne, pomessenne ‹mi se ne può›, ffacçotenne, détenne ‹te ne deve›, dammecte, darmecte, accusomecte, cf. ib. anche aiaténne, diginne, credevanne, pativinne, volerenne con notazione geminata di C- del clitico che segue il morfema verbale. M a r c h . a . : Poes. an. abruzz.>march., XIII sm., 70, pag. 121: dilomme. 3) a. In proclisi A b r u z z . a . : Legg. Transito della Madonna, XIV in.: vi sse paròne / appicciàro (1+1), ne lly ayute (1), me·llo fa’ adsapere / me·lli manda (1+1), te lla / llo manda / dico (1+1), se·lli inclina / degia (2+1); me nne degia / vagio (1+1); te nne porragio / rengratia (1+1); se nne gìo / andao (2+1); Proverbia pseudoiacop., XIII: te ‘nne fare / se ‘nne leva (1+1); Cronaca volg. isidoriana, XIV ex.: tipo senne portaro / se nne andao (6). A q u i l . a . : Buccio di Ranallo, S. Caterina, 1330; Cronaca, 1362: me nne vone / vagio (3), se nne senavano (1); me sse scarcia / declina (1+1); me tte (cte) à / fare (1+1); me lla / llo dèa / perdoni (1+1), tipo ne lli dero / toccò (5). b. In enclisi A b r u z z . a . : Storie Exultet barb., XIII ex., 8, pag. 123.14: averello acceptu; Legg. Transito della Madonna, XIV in.: trassesello (1), mèctesella (1), cf. ib. anche sacciatèllo e miselli. A q u i l . a . : Buccio di Ranallo, S. Caterina, 1330, 1341, pag. 391, col. 1: rechandoselle; Cronaca, 1362: feceselli, fareselli (1+1). 4) a. In proclisi R e a t . a . : Apologhi reat., XIV: si llo lusingava / macinava (1+1), me / te nne attraynarà / voglo (1+1), si nne prese / dolse (1+1). V i t e r b . a . : Stat. Viterb., c. 1345, pag. 160.39: le ssi spolglo (le è clitico oggetto femminile plurale, probabilmente con funzione di complemento d’argomento; spolglo è un presente indicativo terza persona plurale, cf. Bianconi: 110) R o m . a . : Miracole de Roma, XIII m.: senne diero / deo / portaro (3 esempi in totale); St. de Troia e de Roma Amb., 1252/58, St. de Troia e de Roma Laur., 1252/58: me tte consenti (1), ve

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nne adionze (1), Anonimo Rom., Cronica, XIV: me lla / llo conservassi / contradice (1+1), ne llo credeva menare (1), ve·sse retrovaro (1); St. de Troia e de Roma Amb.: ve ll’assidiao (1). S a b . a . : Mascalcia L. Rusio volg., XIV ex.: tipo se nne fa / mecta; la (n)ne leva (1). b. In enclisi G i u d e o - i t . m e d i a n o a . : Elegia giudeo-it., XIII in., 72, pag. 40: bennerelli ‹venderli›.3 R o m . a . : St. de Troia e de Roma Laur., 1252/58, St. de Troia e de Roma Amb., 1252/58: misesello; Anonimo Rom., Cronica, XIV: credennosello (1), feceselli (1), menaoselli (1); St. de Troia e de Roma Ricc., XIV, pag. 180.34: lasciasselli; cf. anche nei testi citati i tipi teneanollo, poneanolle, affonnavanolli, manicavanolle, scortellavanollo, lasciasselli, ddestrugerelli, esserelli, confonnerelli, caccierelli con notazione geminata di C- del clitico che segue il morfema verbale; St. de Troia e de Roma Laur., 1252/58: annao / retornao senne (1+1). S a b . a . : Mascalcia L. Rusio volg., XIV ex., cap. 175, pag. 309.20: lassasella. C a s s i n . a . : Ritmo cass., XIII in., 57, pag. 12: credotello. 5) a. In proclisi N a p o l . a . : Regimen Sanitatis, XIII: si / se lle / lli mangia / mangi (3); Destr. de Troya, XIV: tipi me / se / le / ve / ne / nde llo ascriva / gittava / promese / portaro, tipi le / se / nce / nde / ve lle remettea / rendeo, nce lle volere fare entrare (1), nde lli fecero portare (1); le ll’avea (1), se ll’ave / avea (1+1). C a m p . a . (localizzazione incerta): Detto dei tre morti, XIV pm.: se ll’ày (1), me ll’acacto (1). b. In enclisi N a p o l . a . : Destr. de Troya, XIV: tipi narraolello, conceseselelle, pensavasello, portarosselle, fànelle, portarosendelle, feceroncelle, averevello, portastevolle; tipi accrescesselesse, agravavalesse, profferendolesse. Cf. anche le geminate rappresentate frequentemente dopo la desinenza verbale: Regimen Sanitatis, XIII: dícollo, comándallo, despreçillo, sácello, prováillo, tenérella, mandúcalle, pássalle, dígilli, pótilli, dáinocte, péctenacte, génerasse, stéctesse; Destr. de Troya, XIV (napol.): tipi averriallo, avessella, sàpelle, abattevalli, combattevalle, portaremolle, demenavanolle, abattendolli, abassandolle, avendollo, ssaperello, constrengerella, darenomme, abattevanosse, adastavasse, aderizandosse, appressemaresse. C a s e r t . a .: Stat. casert.., XIV pm.: dicallo, dicanollo (1+1). Nota: come rileva Formentin (1994), nei testi campani soprattutto d’area napoletana lloccorre prevalentemente in relazione al clitico neutro e femminile plurale di terza, anche in assenza di condizionamenti prosodici individuabili. Per tali clitici si dovranno ricostruire delle basi toniche, plausibilmente *ILL(H)OC / *ILL(H)AEC. La laterale lunga nel maschile plurale lli è invece di matrice analogica, più rara è la scrizione in geminata del clitico maschile singolare: cf. ad es. Destr. de Troya, L. 37, pag. 312.13 «suo figliolo procreato de Circe lisignollo». 6) b. In enclisi M e s s . a . : Giovanni Campulu, 1302/37 (mess.): mìselli (1), prìsellu (1), corrumperelli (1).

––––––– 3

Ricordo che nella koiné giudaica caratteristica dell’Elegia giudeo-italiana si è riconosciuta una tipologia linguistica mediana modellata prevalentemente sulla parlata di Roma (cf. Breschi 1992: 469).

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Commentando i dati si dovrà evidenziare che, in proclisi e in enclisi, RC compare con maggiore frequenza e varietà (in rapporto ai clitici target) nei testi prodotti e diffusi tra Marche e Abruzzo, ovvero nell’area propulsiva degli usi grafici più tipici del filone testuale ascritto a matrici benedettine e francescane. Il fenomeno si presenta con particolare vivacità e frequenza nei testi del Laudario urbinate (che offre interessanti esempi di geminazione per la C- di te, ti e ne < INDE)4, così come nelle testimonianze per ti, si, lo, la, le, li del codice A del napoletano Regimen Sanitatis, testo in cui, con suggestiva specularità rispetto alle connessioni qui tracciate, Sabatini (1975: 45 e 49; cf. anche Formentin 1994: 212, n. 175) ha riconosciuto indizi di rapporti con aree mediane contermini in relazione al metro e al colorito linguistico. In testi toscano-occidentali, mediani e centro-meridionali coevi o più tardi rispetto a quelli prima considerati il raddoppiamento di C- è segnato prevalentemente per il clitico di terza persona singolare e plurale con funzione di oggetto diretto.5 In ambito toscano si distingue per notazioni grafiche peculiari il pist. Libro di entrate ed uscite di Mino tesoriere, 1300-1 [= Doc. Pist., 1300-1], con -cci e -mmi, in enclisi dopo il clitico oggetto di terza lli nelle forme mandollicci (2), diellicci (4), mandolli(n)mi e dielli(n)mi (2), con un riscontro isolato per l’enclitica -cci nel Memoriale dei camarlinghi del Ceppo dei poveri di Prato (1296-1305) [= Doc. prat., 1296-1305]. Colpisce, per contrasto, la quasi totale assenza del fenomeno in area fiorentina se si eccettuano le notazioni della Santà di Zucchero Bencivenni con ll- per i clitici di terza, soprattutto dopo alcune forme di imperativo di seconda persona plurale e dopo alcuni gerundi.6

2. Le condizioni della geminazione È evidente che la fenomenologia grafica qui analizzata non ricade nel campo di applicazione del RF di matrice assimilativa (approfondita nella sua diacronia da Loporcaro 1997), ma propone piuttosto una casistica di geminazioni vincolate ad un condizionamento prosodico. In particolare si deve presupporre che la condizione prosodico-sillabica alla base della geminazione, manifestata anche nella forma della conservazione della geminata etimologica propria di alcuni clitici, sia la produzione di una rima pesante in coda alla sillaba accentata (cf. Marotta 1991). È possibile che la geminata etimologica conservata per i continuatori di ILLE e di INDE all’interno dei nessi proclitici così come nell’enclisi verbale abbia costituito a lungo andare ––––––– 4

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Secondo la Bettarini, editore del Laudario di S. Croce di Urbino, il codice è databile alla metà del ‘300 o poco dopo e «Nonostante l’età avanzata, […] è lo specchio fedele d’un modello molto antico e autorevole» (cf. la Premessa alle pagg. 7-8). Sarà opportuno tener conto del fatto che molti testi mediani e meridionali appartenenti al corpus sono pervenuti attraverso copie più tarde a volte anche di un secolo. La Baldini, editore della Santà, nota che Lapo di Neri Corsini, cui si deve la trascrizione del testo, usava doppie e scempie in modo spesso arbitrario, per cui «anche in fonosintassi la grafia doppia può non indicare un reale raddoppiamento; cf. i ffiori 77v39, di ffiori 77v40, 77v42, de’ llupini 68v19, li ppuote 22v31, ecc.» (cf. in generale il prospetto linguistico a pag. 61).

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un modello di riferimento per la produzione di consonanti lunghe anche nell’attacco degli altri pronomi e avverbi atoni, se esposti, in condizioni prosodiche e sillabiche analoghe, a mutamenti della struttura segmentale per fenomeni di riassegnazione dell’accento verbale (A) o per il condizionamento di accenti secondari (B). Possiamo ricostruire con un buon margine di sicurezza la struttura accentuale dei sintagmi composti da verbi e clitici sulla base delle prove fornite dai testi in versi. Si dovrà presupporre naturalmente l’esistenza di una congruenza tra ritmo e prosodia anche solo a livello di esecuzione, se non di schema ritmico. Per l’enclisi e la proclisi si potranno ipotizzare rispettivamente le condizioni (A) e (B). La lunghezza delle C- delle enclitiche potrà essere considerata il prodotto e talora la condizione stessa della mobilità dell’accento verbale, accento la cui assegnazione dipendeva indubbiamente dalla lunghezza e dal peso sillabico e fonico della forma verbale target (A). Le forme verbali evidenziate in corsivo negli esempi trascritti di seguito sono probabilmente accentate sulla desinenza piuttosto che sulla radice, presentando una consonante geminata primaria o secondaria nell’attacco dei clitici collocati al margine destro della parola dopo morfemi verbali (a1) o dopo altri clitici (a2): a1)

[1] Poes. an. urbin., XIII, 15.55, pag. 574: De me, dolçe Madonna, aiaténne cordollo, / [...]. [2] Jacopone, Laud. Urbinate, XIII ui.di. (tod.), 10.179, pag. 524: E ll’amarore dello increscemento / vollo tollare via co la sperança / d’averenne sì gran restoramento, / [...].

a2)

[1] Poes. an. urbin., XIII, 25.83, pag. 598: AccusomecTe, Amore, del mio manecamento, / [...]. [2] Buccio di Ranallo, S. Caterina, 1330 (aquil.), 1341, pag. 391, col. 1: undi lu imperadore, / rechandoselle a core / [...].

In maniera analoga, come già segnalato da Formentin (1994: 207-208), in antichi testi romani, napoletani e siciliani si registra la geminazione innovativa dell’attacco consonantico del morfema desinenziale di terza persona plurale, presumibilmente condizionata dall’avanzamento dell’accento lessicale; Rohlfs (1966: 442, §312) osserva, difatti, che nei dialetti settentrionali e meridionali si riscontra una tendenza al ritmo parossitono delle forme verbali: cf. per la terza plurale tipi come calabrese trasportánu / trasportánnu, principiánu / pricipiánnu. Alcuni esempi antichi: [1] Miracole de Roma, XIII m. (rom. > tosc.), 34, p. 577.29: et que cosa nùmeranno co le deta? [2] Regimen Sanitatis, XIII (napol.), 498, p. 577: e géneranno febre, cride a mene. [3] Destr. de Troya, XIV (napol.), L. 3, p. 62.38: plu nde assaporano plu lo desideranno […].

Nel caso della geminazione interna ai nessi proclitici si deve ipotizzare, invece, l’incidenza di un accento secondario condizionato sintatticamente (B), ovvero legato alla formazione di un’unità accentuale composta dal verbo e dal nesso proclitico.7 ––––––– 7

Waltereit (2004) chiama in causa un accento frasale non legato ad una sede sillabica fissa, ma determinato dalla struttura ritmica, sintattica e pragmatica dell’enunciato. Pare plausibile pensare

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Ho riportato rispettivamente in (b1) e (b2) alcuni contesti tratti da testi marchigiani e abruzzesi che attestano la probabile assegnazione di una prominenza prosodico-ritmica alla prima o alla seconda di due proclitiche in sequenza, in coincidenza, dunque, del clitico che precede il target di RC (b1) o in coincidenza del clitico stesso target di RC (b2) (ho segnalato la possibile prominenza secondaria con un accento grave): b1)

[1] Poes. an. urbin., XIII, 1.72, p. 541: com’omo l’ama sì Lì nne cale. / [2] Jacopone, Laud. Urbinate, XIII ui.di. (tod.), 4.38, p. 496: E vòllovo cuntare, / si mè sse lassa fare, / le sovrane belleçe / e le molte adorneçe, / [...]. [3] Buccio di Ranallo, S. Caterina, 1330 (aquil.), 922, p. 386, col. 1: no mè cte fare fare / così vetoperare.

b2)

[1] Poes. an. urbin., XIII, 1.15, pag. 539: Fin ke lo Patre me llò remanni, / te vo’ per fillo; tuctor apello: / [...]. [2] Poes. an. urbin., XIII, 18.37, p 579: Amor, ke mm’ài mustrata / la cosa ke mme place / e ppoi la mmè retolli; / [...]. [3] Buccio di Ranallo, Cronaca, c. 1362 (aquil.), quart. 1071, p. 248: Entrò cinquanta sette, como me ssè declina. /

Una spiegazione diversa dovrà essere adottata, invece, per le proclitiche interne ai tipi sintagmatici te / ve ll’à e similari, tipi attestati ad ampio raggio nei testi esaminati. In tali casi la notazione della doppia prevocalica ricade nella fenomenologia del raddoppiamento delle code consonantiche in posizione pre-vocalica avantonica esaminata da Formentin (1997) sulla base di occorrenze tratte da testi toscani, mediani e centro-meridionali. L’allungamento consonantico che interessa, ad esempio, la preposizione in seguita da attacco vocalico tonico in «inn alto» o «inn una» si realizza per una regola di risillabazione in fonosintassi che legittima -C a confine di parola e di morfema attribuendole una forza segmentale maggiore che davanti ad attacco preconsonantico o prevocalico atono (cf. anche Bafile 2003). Si può affermare che per lo stesso motivo nel fiorentino anteriore al ’300 la preposizione articolata conserva la laterale lunga solo davanti ad attacco vocalico tonico, per cui dell’oro contrasta con dela casa e del’amico (cf. Castellani 2002: 10), come accade tuttora per le forme non ridotte dell’articolo e delle preposizioni articolate proprie di alcune varietà toscane nord-occidentali, meridionali e orientali (cf. Agostiniani 1980; Rohlfs 1968: 103-104 parr. 416, 420). Non si può escludere che, almeno a livello grafico, la lunghezza consonantica conservata in contesti come te / ve ll’à sia stata estesa analogicamente alle forme non elise del clitico di terza (forme contigue con un attacco di parola2 consonantico), nonché agli altri clitici. Tale ipotesi appare plausibile soprattutto se applicata ai contesti

––––––– ad una prominenza prosodica sintatticamente condizionata (cf. Bertinetto 1981: 102-105), ossia subordinata ad un accento primario entro un sintagma, nel quadro di processi di ristrutturazione prosodica correlati alla formazione di unità accentuali compatibili con la proclisi.

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rappresentati in (b2), in cui il clitico target del raddoppiamento è probabile sede di un accento secondario nel quadro della prosodia di sintagma o di frase.

3. Conclusioni ermeneutiche tra grafia e fonetica Nel tracciare delle conclusioni sulla fenomenologia linguistica che si tenta di ricostruire a partire dalla testimonianza offerta dai testi non si potrà trascurare la specificità e l’autonomia della grafia, che rappresenta il parlato solo in forme mediate, spesso con soluzioni riferite a tratti sovralocali o segnate da fenomeni di conservazione assenti nella dimensione dell’oralità. La ratio puramente grafica di alcuni casi di raddoppiamento che coinvolgono soprattutto i grafemi , rappresentati da aste che sovrastano il rigo di pertinenza, è stata ribadita per documenti toscani (e soprattutto fiorentini), veneti e meridionali da Castellani (1952: 15), Stussi (1965: XXX), Formentin (1995: 72) e Larson (2001: 79, 89): tale evidenza filologica induce a valutare con una marcata cautela interpretativa la tesi di Waltereit (2004), che assegna condizioni prosodiche e segmentali analoghe alle proclitiche pronominali e avverbiali così come a congiunzioni e preposizioni come di, spesso seguita da notazioni con consonante doppia soprattutto per attacchi in s, f e l. Si ritiene, in altre parole, che le geminazioni consonantiche qui analizzate compongano un quadro unitario rimandando all’interazione tra verbo e clitici e alle ristrutturazioni prosodiche correlate; escludiamo, tuttavia, che l’incidenza della prosodia di frase o di sintagma possa essere testimoniata nella stessa misura e con condizioni analoghe da altre scrizioni geminate contigue con monosillabi atoni. La ricostruzione dei condizionamenti prosodico-sillabici che producono esiti fonetici pertinenti al punto tale da accedere al vaglio della rappresentazione grafica necessita evidentemente di sondaggi mirati e selettivi, condotti eventualmente su morfemi assimilabili per struttura formale, funzioni e distribuzione morfosintattica. Non potremo invece trascurare il fatto che RC compaia soprattutto in testi che si distinguono per soluzioni grafiche ipercorrettive o arcaizzanti o che indulgono comunque a tratti grafici conservativi, tratti quasi del tutto assenti nella più innovativa scripta fiorentina, che, come si è visto, restituisce pochissimi esempi del fenomeno.8 Basti segnalare che il nesso grafico ipercorrettivo per [tt] compare anche in attacco di parola in alcuni testi toscano-occidentali già considerati (cf. ad es. in Doc. Pist., 1300-1, pag. 201.15 e 203.11: che cti reghoe; pag. 207.6: a cTura) e ricorre ripetutamente soprattutto nei testi mediani. Proprio a Firenze, viceversa, RC sarà caduto progressivamente in disuso nella prassi ––––––– 8

Forme grafiche del tipo me-llo, di’-mello e metelli compaiono ripetutamente anche in testi veneti e, in misura minore, in testi emiliani, genovesi e bergamaschi. Tali forme appartengono presumibilmente ad un retroterra grafico condiviso da centri di scrittura toscano-occidentali e settentrionali, perpetuato anche quando l’effettivo dato linguistico cominciò a dileguarsi in quei centri della Toscana nord-occidentale raggiunti da orientamenti linguistici e grafici di segno diverso, di matrice probabilmente fiorentina.

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fonetica e grafica, forse nel quadro dei livellamenti e dei mutamenti analogici che hanno accompagnato l’affermazione del RF di matrice fonologica o modellato paradigmi verbali fondamentalmente rizotonici, che contemplano l’accento sulla desinenza solo come marca di specifici modi e tempi verbali.

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––––––– 9

Per lo scioglimento delle abbreviazioni relative ai testi esaminati si rimanda alla bibliografia dei testi del corpus TLIO (http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/ricbib.htm).

Matthias Heinz

La diachronie des structures syllabiques en espagnol et en catalan: analyses quantitatives et textuelles

1. Comment rendre compte diachroniquement d’évolutions dans le domaine syllabique? Il existe une masse considérable de travaux sur le domaine syllabique dans les langues romanes et notamment en espagnol et en catalan, dans maintes perspectives théoriques et philologiques. Il semble toutefois qu’il y ait un certain manque d’études sur la présence des différents types syllabiques en diachronie, et ceci soit d’un point de vue textuel soit d’un point de vue quantitatif. Voilà le point de départ de cette contribution. Pour étudier de façon empirique les évolutions diachroniques dans le domaine syllabique il y a deux approches possibles qui, bien entendu, sont à retenir comme complémentaires: a) l’étude qualitative de formes lexicales individuelles, considérées à un moment donné ou au long de l’histoire des langues envisagées, en y incluant aussi les phénomènes de contact avec d’autres langues historiques; étude, soit dit d’emblée, indispensable dans un premier temps pour comprendre le fonctionnement de systèmes syllabiques et b) l’étude quantitative, c.-à-d. fréquentielle des différents types syllabiques à partir de documents textuels de plusieurs époques pour connaître la présence effective de certains modèles de syllabes («Silbenbau») dans une langue déterminée. Tandis que la première approche est celle qui est suivie dans la majorité des travaux ayant pour thème la syllabe, il n’en est pas ainsi pour la seconde, qui figure dans beaucoup moins d’études (cf. 2.2). Malgré les problèmes méthodologiques et techniques qu’elle implique, une telle approche quantitative promet des éclaircissements sur la ‹physionomie phonique› des langues dans un sens plus global. Elise Richter, dans son essai d’une «Chronologische Phonetik des Französischen» des origines, pose clairement le problème de la reconstruction phonétique, en constatant que la phonétique historique devrait nous conduire d’un point de départ donné à un point d’arrivée donné et que la tâche consiste à esquisser une trajectoire qui n’a laissé aucune trace dans la conscience des locuteurs mais qui certes a été suivie.1 Pour ce qui est du domaine syllabique, il s’agit donc de «historiar ––––––– 1

«Die historische Phonetik führt von einem gegebenen Ausgangspunkt zu einem gegebenen Endpunkt, z.B. [lat.] PRETIAT > [fr.] prise, wobei die Aufgabe darin besteht, mit Hilfe phonetischer Kenntnisse den Weg nachzuzeichnen, von dessen Zurücklegung im Bewußtsein der Sprechenden keine Spur bleibt, der aber ganz bestimmt zurückgelegt worden ist» (Richter 1919 / 1977: 369).

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Matthias Heinz

las modificaciones sufridas, dentro de una lengua histórica, por su organización silábica» (Catalán 1971: 77).2 Aussi convient-il de rendre compte de l’aspect quantitatif de la typologie syllabique de l’espagnol et du catalan, dans le but de saisir des changements dans la distribution et fréquence de certains types (ou prototypes) syllabiques. Les deux langues voisines, espagnol et catalan, différentes à bien des égards, sont naturellement vouées aux analyses contrastives. Leurs différences au niveau prosodique sont remarquables et méritent d’être observées d’un point de vue quantitatif et diachronique. Ici nous présenterons une tentative d’étude fréquentielle des types syllabiques en espagnol et en catalan basée sur une variété de textes.

2. Analyse fréquentielle de types syllabiques Selon le critère de leur fréquence, Quilis (1992: 60-62) donne 7 principaux types syllabiques pour l’espagnol:3 CV CVC V VC CVV CCV CVVC

(de) (por) (a) (el) (ley) (gru.po) (bien)

Núñez-Cedeño (2000: 456, 460) suivant Malmberg (1949), Granda (1966) et d’autres appelle le type CV prototype du patron syllabique de l’espagnol; ce type est en fait un modèle syllabique attesté universellement dans les langues du monde. Toutefois, si nous regardons le comportement de l’espagnol médiéval quant à la répartition syllabique tel qu’il résulte de nos analyses, c’est Catalán (1971: 81) qui a raison quand il dit que «el español antiguo –desde finales del siglo XI hasta el siglo XIII y, menos claramente ya, hasta bien avanzado el siglo XIV– no estaba estructuralmente inclinado a dar preferencia al paradigma silábico /C1V/». L’auteur parle de «proliferación de las sílabas cerradas» (Catalán 1971: 78) ––––––– 2

3

L’importance fondamentale de l’étude des structures syllabiques dans le cadre de la description linguistique est évident: «¿Por qué estudiar la estructura silábica? [...] La estructura silábica interactúa [...] con otros aspectos de la organización lingüística. Esto se ve más claramente si consideramos la distribución secuencial de los fonemas. Se puede afirmar facilmente que la unidad de organización lingüística sobre la que operan las restricciones fonotácticas es la sílaba y no, por ejemplo, el morfema o la palabra» (Harris 1991: 14). Quilis se réfère aux calculs de Guerra (1983) qui servent de comparaison pour notre étude (cf. infra, 2.2). Dans une perspective différente, Núñez-Cedeño (2000: 460), qui n’admet pas de combinaisons de deux éléments vocaliques, compte 9 types au total.

La diachronie des structures syllabiques

99

dans la langue ancienne, tendance qui se manifeste p.ex. dans la haute fréquence de formes avec élément enclitique (dixol ‹le dijo› etc.).4 L’accroissement du type CV est un phénomène plus récent (cf. infra, 2.2). Ce sont là largement les tendances que nous indiquent aussi les résultats de nos analyses. En catalan le nombre de types syllabiques est plus élevé. Il y a 12 (ou 13)5 types exemplifiés en détail chez Bonet / Lloret (1998: 64), Lloret (2002: 209), Badia i Cardús (2002: 126-131) et d’autres, à commencer par le type CV. En voici une description sommaire de Hualde (1992: 383): The canonical syllable type is CV. The least complex syllable is V, e.g.: anar [.ná] ‹to go›. […] The most complex syllable would be the result of combining a complex onset (plosive or /f/ plus a liquid) with a rhyme with a complex coda, as in transmission [trns.mi.sjó] ‹transmission›, grocs [ r ks] ‹yellow, m.p.›, embrions [m.brjóns] (or [m.bri.óns]) ‹embryos›, bruscs [brúsks] (or [brúskus] [sic]) ‹rude, m.p.›.

Ce dernier type, CCVCCC, représenté par des formes comme bruscs, montre bien la haute complexité syllabique que peut atteindre le système catalan. Dans l’ensemble, on peut énumérer les paradigmes suivants (cf. Lloret 2002: 209): V CV VC CVC CCV CCVC VCC CVCC CCVCC VCCC CVCCC CCVCCC

(i) (mà) (ós) (pas) (cru) (crim) (els) (carn) (brusc) (erms) (text) (bruscs pl.)

2.1 Statistique des types syllabiques dans des textes espagnols Pour en savoir plus sur la présence effective dans différentes phase de l’histoire de la langue espagnole de certains types syllabiques tels que le type CV ou de types plus complexes comme CVC, CCV etc. nous avons dressé et analysé un corpus. Il se compose d’échantillons de 6 textes de différentes phases du castillan ancien. Les données fournies par ce corpus nous permettent des comparaisons avec les résultats des analyses fréquentielles de Guerra (1983) et des observations par rapport aux textes choisis. Corpus espagnol: Cantar de Mio Cid (environ 10.000 mots graphiques) ––––––– 4 5

Cf. la loi Tobler-Mussafia; à propos des questions liées à l’apocope cf. Tuten (2003: 160-173). Badia i Cardús (2002: 131) indique en plus le type CVCCCC (contexts, mixts).

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Vida de Santo Domingo de Silos de Berceo (10.000 mots) Lapidario alfonsí (10.000 mots) Libro de los fueros de Castilla (20.000 mots) El Conde Lucanor (Prólogo: 793 mots, Exemplos: 10.000 mots) Celestina (Prólogo: 2467 mots, texte: 10.000 mots) Il s’agit de portions assez larges, extraites de la première et de la seconde moitié des 6 échantillons d’oeuvres de l’espagnol médiéval (phase précoce, moyenne, tardive). Les 73.000 mots du corpus sont l’équivalent d’un total d’environ 140.000 syllabes.6 Dans les tableaux suivants sont reproduits les types syllabiques les plus fréquents et ont été omis ceux dont l’occurrence n’est que marginale (cf. Quilis 1992: 62):7 – syllabes ouvertes CV (de), V (a), CVV (rey), CCV (pro); – syllabes fermées nues VC (el) et couvertes CVC (por), CVVC (bien). Quant aux analyses empiriques, ici nous devrons nous limiter à l’analyse de deux textes à titre d’exemple.8 Dans un document de l’ancien espagnol plus avancé tel le Conde Lucanor (1335), on observe toujours une haute fréquence de syllabes fermées du type CVC et VC. Tout de même, si l’on considère le texte des Exemplos qui constituent la presque totalité de cet ouvrage, on voit augmenter le type CV, pendant que le prologue, qui témoigne d’une tradition discursive distincte du texte narratif, est caractérisé par des valeurs bien différentes (38.4% de CV et 25.6% de CVC par rapport à 43.1% et 20.2% dans les Exemplos, cf. tab. 5). Nous avons là la preuve que des particularités textuelles peuvent être reflétées par la répartition fréquentielle des types syllabiques.

––––––– 6

7

8

Les textes proviennent du corpus créé dans le cadre du groupe de recherche «Diskurstraditionen romanischer Sprachen und mehrdimensionale Analyse diachroner Korpora» au sein du Réseau de recherche SFB 441 «Linguistische Datenstrukturen» de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG), situé auprès de l’Université de Tubingen. Ce groupe de recherche vise à mettre en relation traditions discursives et structures grammaticales dans des documents historiques de plusieurs langues romanes. La segmentation et la détection semi-automatique des types syllabiques a été possible grâce à des outils électroniques élaborés au sein dudit projet, TraDiscTokenizer (segmentation syllabique) et CountSyllables (calculs). Conformément à la documentation textuelle telle quelle, la segmentation syllabique respecte la division des mots comme elle se trouve dans les textes; cela pour éviter toute sorte de spéculation sur des réalisations phoniques présumées. Les cas de resyllabification potentielle ne sont donc pas notés. Par conséquent, il se produit une image de la répartition syllabique basée sur la langue écrite des textes. Pour une analyse plus détaillée du corpus espagnol cf. Heinz (2008).

101

La diachronie des structures syllabiques Conde Lucanor 50 40 30 %

Prólogo Exemplos

20 10 0

CV

CVC

VC

CVV

V

CCV

CCVC

Prólogo

38,37

25,58

13,51

5,71

7,59

4,91

3,32

Exemplos

43,06

20,16

13,58

8,32

8,03

4,83

1,34

Types syllabiques

Tab. 1: Fréquences de types syllabiques (Conde Lucanor, Prólogo vs Exemplos) Il est instructif de voir comment ces tendances-là sont encore plus évidentes dans le dernier texte en ordre chronologique du corpus espagnol. Il s’agit de la Celestina, pièce écrite vers la fin du 15e siècle (1499). Comme dans le cas du Conde Lucanor, le prologue et le texte de l’œuvre montrent des différences dans leur respective distribution syllabique (p.ex. le type CV: 43,83 vs 49,81%, cf. Tab. 2). Ces différences, semble-t-il, tiendraient à des traditions discursives9 diverses qui comportent des choix lexicaux et grammaticaux bien distincts, reflétés finalement même par les types syllabiques détectés. En outre, n’oublions pas que l’introduction de mots savants (cf. l’étude minutieuse de Bustos Tovar 1974) avec des structures souvent plus complexes que celle des mots hérités, qui, eux, ont subi une série de réductions phonétiques, constitue un facteur important qui peut influencer aussi le plan phonétique, voire syllabique en ce que les emprunts peuvent restituer (ou restaurer) des structures déjà périmées. Dans les deux textes, le Conde Lucanor et la Celestina, la distribution des types syllabiques dans le prologue correspond plutôt à celle que nous avions observée dans des phases antérieures de la langue. Cependant la fréquence des types syllabiques dans le texte narratif et dialogique présente plutôt les tendances d’une phase plus avancée de l’évolution du système syllabique espagnol (cf. la comparaison avec les données de Guerra 1983 dans le paragraphe suivant). Celestina 60 50 %

40

Prólogo

30

Texto

20 10 0

CV

CVC

V

VC

CCV

CVVC

Prólogo

43,83

23,49

9,62

7,22

5,56

4,02

CVV 2,71

Texto

49,81

19,43

10,32

6,35

5,05

3,06

3,12

Types syllabiques

Tab. 2: Fréquences de types syllabiques (Celestina, Prólogo vs Texto) ––––––– 9

À propos de la notion de tradition discursive (allemand Diskurstradition) cf. Koch (1997), Aschenberg / Wilhelm (2003), Kabatek (2005).

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2.2 Comparaison avec Guerra (1983) En dressant une statistique des fréquences de types syllabiques, il est possible de vérifier et compléter les données pour les phases anciennes de l’espagnol apportées par le travail très utile de Guerra (1983) sur la distribution fréquentielle de types syllabiques dans les siècles. Guerra se basa sur 45.000 syllabes (tirées de quatre ouvrages en prose) par siècle, l’échantillon de base est donc plus ou moins comparable au nôtre (qui compte 140.000 syllabes réparties en six textes de trois siècles). Par rapport aux résultats de l’étude de Guerra (1983) –bien plus étendue que nos analyses exemplaires–, nos données se voyent dans une large mesure confirmées. Le tableau 3 montre l’accroissement général du type CV et le maintien presque égal du type VC pendant que les types CVC et V diminuent. Diachroniquement, c’est le prototype syllabique CV qui présente le mouvement (vers le haut en l’occurrence) le plus marqué; au cours des siècles sa préférence pour les syllabes ouvertes deviendra un trait prédominant du paradigme syllabique de l’espagnol moderne. Fréquences de types syllabiques (Guerra 1983) 60

%

50 40

S. XIII

30

S. XV

20

S. XX

10 0

CV

CVC

V

VC

CVV

CCV

S. XIII

43,7

22,72

13,06

7,58

4,71

3,28

CVVC 3,04

S. XV

47,41

21,91

12,23

7,23

3,83

2,66

3,16

S. XX

52,64

19

9,58

8,34

3,18

3,07

2,6

Tab. 3: Fréquence de types syllabiques en esp. (siècles XIII, XV, XX; cf. Guerra 1983)

2.3 Analyse fréquentielle de textes catalans Vu la typologie phonologique du catalan contemporain, c.-à.-d. la complexité et le nombre de ses types syllabiques, les analyses fréquentielles de la syllabation catalane font supposer un comportement nettement divers de l’espagnol. Le corpus catalan analysé est, pour le moment, plus restreint que celui pour l’espagnol, mais son extension est envisagée. Il consiste en 3 échantillons de textes en prose du catalan médiéval et moderne avec un total de 30.000 mots graphiques, ce qui équivaut à près de 55.000 syllabes.10 Les résultats sont encore provisoires mais on y trouve déjà quelques tendances relativement claires. Corpus catalan: Tirant lo Blanc (ca. 12.500 mots) Bíblia (ca. 12.500 mots) Diari (ca. 6.000 mots) ––––––– 10

Il s’est révélé plus difficile que pour l’espagnol de repérer des textes disponibles et aptes à être soumis à l’analyse semi-automatique.

103

La diachronie des structures syllabiques

En effet, les résultats de l’analyse de textes catalans sont différents de ceux de l’espagnol à plusieurs égards. Tout d’abord, il est remarquable que la présence des types syllabiques (légèrement différents de ceux de l’espagnol) en tant que distribution fréquentielle semble se maintenir de façon assez stable. Les pourcentages varient plutôt peu entre le texte de 1490, une traduction de la Bible du 20e siècle (terminée en 1970)11 et les extraits actuels d’un quotidien. Observons rapidement quelques résultats. Généralement, les valeurs pour l’échantillon Tirant ne sont pas très éloignées de celles des échantillons Bíblia et Diari (Tab. 4): Fréquences syllabiques Cat 50 40 Tirant

%

30

Bíblia 20

Diari

10 0

CV

CVC

V

VC

CCV

CVCC

Tirant

41,86

23,96

10,20

5,62

4,84

4,75

3,00

Bíblia

40,51

21,89

9,47

7,07

4,85

3,77

CCVC

2,23

Diari

40,70

24,24

8,38

7,30

4,85

4,31

2,34

Tab. 4: Fréquence de types syllabiques en cat. (Tirant, Bíblia, Diari) Il en résulte que les quatre types CV (environ 41%), CVC (entre 21,9 et 24,2%), V (entre 8,3 et 10,2%) et VC (entre 5,6 et 7,2%) sont les plus fréquents. Pourtant, par rapport à ce qu’on a vu pour l’espagnol, ces types syllabiques n’atteignent même pas les valeurs relevées pour l’espagnol du treizième siècle (cf. Tab. 3). Par contre, la présence de types syllabiques à coda ou attaque complexes comme CVCC (de 3,8 à 4,8%) et CCVC (de 2,2 à 3%) reste élevée; en espagnol, le type CCVC (tras) atteint à peine 1%.

3. Conclusions Quant à l’aspect textuel, on a vu qu’il peut y avoir des divergences entre les parties d’un texte comme le prologue et le texte narratif qui, eux, peuvent avoir un reflet dans la distribution des types syllabiques (cf. 2.2). Guerra (1983: 13) mentionne explicitement le problème de la typologie des textes: «Desconocemos hasta qué punto el estilo de las obras y de los fragmentos seleccionados haya podido condicionar los resultados estadísticos [...]». Afin de pouvoir préparer un corpus plus large il faudra bien comprendre l’influence que peuvent avoir les différents textes et les traditions textuelles qui y sont reflétées. ––––––– 11

Toujours est-il que ce genre textuel est plutôt conservateur en ce qu’il ‹transporte› souvent les sédiments d’une multitude de traditions discursives anciennes (chronique, psaumes, narrations…). Or, afin que le corpus soit représentatif ont été choisis des extraits soit de l’Ancien Testament soit du Nouveau Testament qui reflètent les diverses traditions.

104

Matthias Heinz

Quant à la structure syllabique, les analyses présentées montrent qu’en espagnol la fréquence du type syllabique CV augmente sensiblement au cours des siècles. Les résultats indiquent plutôt la stabilité quantitative de tel type en catalan. De même le type CVC diminue en espagnol et, à ce qu’il semble, se conserve plutôt bien en catalan. Comme dans la majorité les langues romanes, on note en catalan une présence quantitative importante des syllabes ouvertes du type V et CV, qui est toutefois moindre en comparaison avec l’espagnol. Dans des variétés de prononciation du catalan central (surtout dans un style allegro), il y a de nombreux cas d’assimilation (Bonet / Lloret 1998: 117-186) dont peut résulter une simplification de coda selon des restrictions phonotactiques. Ainsi on a (1) tirant

[ti.an]

(2) aquests flors

[.kts.fl s]

à côté de (3) aque[st] ome

D’autre part, on constate, dans certaines variétés, un accroissement de complexité si l’on considère la gémination possible (cf. Bonet / Lloret 1998: 93-96) dans des formes du type (4) poble

[p b.bl]

Vu la fréquence bien plus élevée en catalan de types complexes comme CCV, CVCC et CCVC, on peut conclure que, dans l’ensemble, le catalan tend plutôt à ne réduire que lentement sa complexité syllabique. Cela tient à des raisons inhérentes à son système phonologique, son «phonological make-up» comme l’exprime Recasens (1991: 230) dans son étude acoustique de l’organisation temporelle du catalan: In spite of Catalan being a Romance language, its phonological make-up does not fully-accord with that of other syllable-timed languages such as Italian or Spanish. Indeed Catalan allows consonant clusters [of] up to three segments in syllable-final position and has a schwa in unstressed position.

Malgré les phénomènes d’assimilation que montrent en particulier les parlers du catalan (oriental) central, le système syllabique du catalan se caractérise par le fait qu’il admet («allows» comme dit Recasens) des codas et en général des syllabes assez complexes. En revanche, la ‹trajectoire› diachronique de l’espagnol va vers la réduction de structures syllabiques complexes.12 Cela se manifeste dans un nombre plus restreint de segments admis en coda syllabique, CC au lieu de CCC, et même de telles séquences il n’y a réellement d’occurrences que dans les cultismos (trans.portar, abs.tracción etc.).

––––––– 12

Cette tendance vers une syllabation généralisée CV.CV… avec affaiblissement de consonnes en coda est d’autant plus visible synchroniquement dans les variétés méridionales de la péninsule et dans les aires dénommées tierras bajas (ou de la flota) de l’Amérique, même dans des prononciations soignées du style lento.

La diachronie des structures syllabiques

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Matthias Heinz

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Jesús Jiménez / Maria-Rosa Lloret

Entre la articulación y la percepción: Armonía vocálica en la península Ibérica*

1. Presentación La armonía vocálica es un fenómeno asimilatorio por el cual todos o algunos de los rasgos de una vocal se extienden a otras vocales, situadas normalmente en las sílabas adyacentes. En la bibliografía se han descrito fundamentalmente dos modelos de asimilación de acuerdo con las relaciones de prominencia que mantienen el segmento que desencadena la armonía y los elementos modificados por el proceso asimilatorio. En el modelo prototípico los rasgos se extienden desde un elemento situado en una posición privilegiada desde el punto de vista perceptivo –la raíz, la sílaba tónica, la sílaba inicial…– hasta elementos situados en una posición relativamente débil –los afijos, las sílabas átonas, las sílabas no iniciales… Ocurre así, por ejemplo, en tangale (lengua del grupo chádico occidental, de la familia afroasiática) y en yoruba (lengua del grupo benue-congo) (Baković 2000). En la primera lengua, el valor para el rasgo [± RLA] ([± Raíz Lingual Avanzada]) de los sufijos depende del valor de la vocal de la raíz: /tuRaíz+O/ [tuo] ‹martilleo›, con raíz [+ RLA], vs. /wdRaíz+O/ [wd] ‹cultivo›, con raíz [– RLA]. En yoruba, sólo existen prefijos, y el valor para [± RLA] de las vocales de éstos depende también de la raíz: /E+weRaíz/ [ewe] ‹labio›, con raíz [+ RLA], vs. /E+ Raíz/ [  ] ‹mandioca›, con raíz [– RLA]. En el segundo modelo de asimilación, los rasgos se extienden desde segmentos asociados a una posición poco prominente, esto es, el detonante es un elemento débil (o weak trigger, cf. Walker 2005). En el dialecto italiano de la isla de Grado, situada en la región del Friuli, encontramos un patrón de este tipo: las vocales altas postónicas, que son átonas y por lo tanto poco prominentes, provocan el cierre de las vocales medias tónicas de la penúltima sílaba (m[]t-i ‹metes›, r[u] mp-i ‹rompes›, vs. m[e] t-o ‹meto›, r[o] mp-o ‹rompo›), o de la antepenúltima sílaba (m[u] nig-a ‹monja›, en que la vocal interna provoca el cierre de la vocal tónica, o [u]vin-i ‹jóvenes› vs. [o] ven-e ‹joven›, en que la vocal final provoca el cierre de la vocal tónica y también de la intermedia). El fenómeno es analizado por Walker (2005) como una extensión del rasgo [Alto] desde las vocales cerradas hasta las ––––––– *

Este trabajo forma parte del proyecto de investigación HUM2007-65531/FILO financiado por el MEC y el FEDER (http://www.ub.edu/lincat) y en el caso del primer autor también del proyecto HUM2006-13295-C02-01. La segunda autora forma parte del grupo de investigación 2005SGR01046 de la Generalitat de Catalunya.

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vocales tónicas precedentes, de manera que se genera una secuencia de vocales homogénea por lo que respecta a la altura. Patrones como éste parecen revertir, como indica Walker (2005: 918), la habitual priorización de los rasgos asociados a las posiciones fuertes en los procesos de asimilación (sobre esta cuestión, cf. Beckman 1998). A grandes rasgos, en los dos modelos presentados la asimilación parece comportar los mismos beneficios estructurales. Desde el punto de vista del emisor, la armonía reduce la complejidad del conjunto porque uniformiza los segmentos y, por lo tanto, simplifica los movimientos articulatorios. Desde el punto de vista del receptor, la armonía aumenta la perceptibilidad de los rasgos asimilados, ya que pueden ser identificados en los segmentos originales y también en cada uno de los elementos a los que se extienden. En tangale y yoruba, la estructura resultante es máximamente simple por lo que respecta a la articulación, ya que todas las vocales de la palabra tienen el mismo valor para [± RLA]; igualmente, en el dialecto de Grado se genera una secuencia de vocales altas contiguas. Por otra parte, en ambos casos, el rasgo se extiende a un ámbito cuya prominencia es mayor que la del segmento original. Así, es evidente que, si el valor para [± RLA] tiene algún tipo de significado en tangale y yoruba, éste se percibirá mejor si el rasgo se realiza en todas las vocales de la palabra, y no sólo en las vocales de la raíz. Del mismo modo, la sílaba tónica es el elemento de mayor prominencia de la palabra, y por lo tanto en el dialecto de Grado también se aumenta la perceptibilidad del rasgo [Alto] extendiéndolo hasta ese elemento. Los casos presentados son relativamente sencillos porque los beneficios articulatorios y perceptivos confluyen en una misma estructura. No obstante, a menudo encontramos patrones en que sólo una de estas fuerzas motrices resulta clara. Precisamente por la amplia variación que presenta, en las causas y en los resultados, la armonía vocálica ha atraído la atención de los estudiosos de la teoría de la optimidad desde el inicio de esta corriente. En algunos trabajos, como en la propuesta de Cole / Kisseberth (1994), la armonía se atribuye a principios que favorecen la extensión de los rasgos con el doble objetivo de simplificar la articulación de las secuencias y de favorecer la percepción del rasgo extendido. El trabajo de Pulleyblank (2002), que atribuye la armonía a la dificultad de tener especificaciones adyacentes diferentes para una mismo rasgo, se basa en la tendencia a la inercia de los articuladores y por tanto se centra en las ventajas articulatorias del proceso (cf. también Smolensky 1993). Finalmente, la existencia de casos en que los rasgos se extienden desde posiciones débiles, pero no siempre con un claro beneficio articulatorio, está detrás de propuestas como la de Walker (2005; 2006), en que la armonía se justifica sobre todo por los beneficios perceptivos de la asimilación. El objetivo de este trabajo es analizar los fundamentos funcionales –perceptivos y/o articulatorios– que subyacen en algunos de los procesos de armonía vocálica encontrados en la península Ibérica. En la península se documentan ejemplos de armonía que responden al modelo prototípico, en que los rasgos se extienden desde elementos prominentes, morfológica o perceptivamente, hasta elementos situados en posiciones consideradas débiles. Ocurre así, por ejemplo, en la armonía del catalán de Valencia (§3) y, al menos en parte, del de Tortosa (§4). Pero también existen armonías como la del andaluz y la del asturleonés (§2), en que los rasgos asociados a posiciones débiles se propagan hacia elementos situados en posiciones fuertes.

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2. Armonía vocálica desde posiciones débiles: el andaluz y el asturleonés La armonía vocálica del andaluz es un ejemplo de asimilación controlada normalmente desde un elemento situado en una posición débil: las vocales átonas de la última sílaba, que pertenecen en general a la flexión. La armonía se documenta fundamentalmente en las provincias de Almería, Córdoba y Granada; nuestros datos, en concreto, se corresponden con la variedad hablada en la ciudad de Granada. En esta variedad la s final se debilita como una aspiración e incluso llega a desaparecer (para simplificar, en los ejemplos reflejaremos tan sólo las realizaciones sin aspiración final). El debilitamiento de la s final comporta la abertura de la vocal átona precedente (y la palatalización de a), así como la armonía de la abertura –del rasgo [– RLA].1 Este rasgo se propaga como mínimo hasta la sílaba tónica. Sucede así en las palabras llanas de dos sílabas, en que la s puede ser un sufijo gramatical: la marca de plural o de segunda persona del singular: nene-s [n n ], mono-s [m n], boca-s [b kæ], tiene-s [tj n ]; una parte del morfema de primera persona del plural: ve-mos [b m], o una (parte de) terminación de palabra sin una clara adscripción morfológica: tes-is [t si], lej-os [l h], Londr-es [l nd ]. La abertura se puede extender también desde los pronombres personales enclíticos acabados en s hasta el verbo que les sirve de base: ver-nos [b n]. En las palabras llanas de más de dos sílabas, la armonía afecta a la vocal tónica, y se puede extender también hasta el inicio de la palabra, sobre todo en los casos en que las vocales son idénticas: momentos [mom nt]~[mm nt], relojes [rel h ]~[r l h ]; horrorosos [oro s]~[r s], dolorosos [dolo s]~[dl s]. El proceso de abertura no afecta a las vocales altas no finales, aunque estos elementos no bloquean la asimilación; es decir, una vocal alta no impide que la abertura se propague hasta las vocales medias que la preceden: cojines [koh n ]~[kh n ], cotillones [koti n ]~[kti n ]. En las palabras esdrújulas con una vocal media tónica, la armonía se extiende hasta esta vocal sin tener en cuenta el timbre de la vocal intermedia. Si la vocal intermedia es alta, el proceso de abertura no la afecta en ningún caso: cómicos [k mik], cólicos [k lik]; si se trata de una vocal media, puede abrirse opcionalmente, una abertura que es más generalizada cuando todas las vocales tienen el mismo punto de articulación: tréboles [t ol ]~[t l ], monótonos [mon tn]~[mn tn] (como en las palabras llanas de más de dos sílabas, el rasgo armónico se puede extender hasta las sílabas pretónicas). Finalmente, el debilitamiento de s final en palabras agudas también provoca la abertura de la vocal precedente, que puede ir acompañada de la extensión del rasgo [– RLA] hasta el inicio de la palabra: vez [b ], tos [t ], tené-is [ten j]~[t n j]. Igualmente, el debilitamiento de j (/h/) final perteneciente a la raíz también suele comportar la abertura de la vocal precedente y la armonía de [– RLA]: reloj [rel ]~[r l ]. Respecto a los fundamentos funcionales del proceso, la posibilidad de que el motor de la armonía del andaluz sea la economía articulatoria, plausible en palabras de dos sílabas como [n n ], y compatible con pronunciaciones homogéneas como [mn tn] o [t l ], ––––––– 1

Tradicionalmente se ha relacionado el debilitamiento de la s con la aparición de vocales abiertas – o laxas– en posición final (cf., entre otros, Alarcos 1958; Alonso et al. 1950; 1983; Navarro Tomás 1939; Zubizarreta 1979); para un análisis alternativo, cf. Hualde / Sanders (1995).

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queda en entredicho en casos de asimilación que generan secuencias de vocales heterogéneas como [kh n ], [kti n ] o [k mik], y de pronunciaciones como [t ol ]. La alternativa supone considerar que el factor catalizador de la armonía es el beneficio perceptivo que comporta, en la línea de las propuestas de Walker (2005; 2006) y Jiménez / Lloret (2007). En principio, se podría pensar que la armonía es una estrategia para recuperar el morfema s; sin embargo, esta asunción presenta el problema de que la armonía aparece también en secuencias en que el valor morfológico de la s se puede recuperar por otras vías como [b m], e incluso en ejemplos en que dicho valor es dudoso como [l nd ]. Como hipótesis más general, se puede suponer que la armonía es una estrategia para hacer más perceptible, no el morfema s, sino el rasgo [– RLA]. Esta interpretación de la asimilación ha de cumplir unas condiciones formales mínimas: básicamente, el dominio al cual se extiende el rasgo armonizado ha de ser más perceptible que la vocal en la que se encontraba originariamente. Analicemos, por ejemplo, la palabra dolorosos. En esta palabra, y considerando únicamente el punto de vista prosódico, son como mínimo más prominentes que el núcleo de la sílaba final, sos, la sílaba tónica y la palabra completa. Pues bien, los patrones de extensión del rasgo de abertura desde la vocal final en andaluz se ajustan a esta gradación perceptiva. En el grado mínimo, la armonía se extiende únicamente al elemento más prominente de la palabra, la vocal tónica: [dolo s]. Este alcance mínimo se manifiesta también en pronunciaciones como [t ol ], en que la vocal postónica se mantiene cerrada a pesar de no ser incompatible con el rasgo extendido. El mismo patrón de extensión mínima, pero desde una vocal alta final, se observa en el asturiano del valle del Lena (Hualde 1989). En esta variedad, las vocales tónicas se cierran un grado cuando la palabra acaba en u. El proceso, analizado por Hualde como una extensión del rasgo [Alto] desde la vocal final, afecta a la vocal tónica en las palabras llanas y esdrújulas: [pe lu] ‹palo›, [n nu] ‹niño› vs. [pa los] ‹palos›, [ne na] ‹niña›; [pe au] ‹pájaro›, [ke ndanu] ‹rama seca› vs. [pa aa] ‹pájara›, [ka ndanos] ‹ramas secas›. En las esdrújulas, las vocales postónicas internas se mantienen inalteradas, aunque, como en [pe au], sean perfectamente compatibles con el rasgo extendido. La pronunciación de los esdrújulos como [t l ] o [mon tn] en andaluz, con extensión del rasgo de abertura a la vocal tónica y a la vocal postónica interna, admite diferentes lecturas. Por una parte, la uniformización del dominio de [– RLA] se puede entender como una estrategia para evitar que un rasgo se propague saltándose segmentos intermedios compatibles, puesto que, por simple inercia articulatoria, es preferible que un rasgo se extienda sobre un dominio continuo que no que lo haga sobre dominios discontinuos. Por otra parte, si se acepta que la vocal tónica y la postónica conforman una unidad, el pie métrico principal (PMP), la extensión de la armonía a la vocal postónica en los esdrújulos se puede interpretar en clave perceptiva, ya que en este caso [– RLA] se asociaría a un dominio más prominente que la vocal tónica: el pie métrico que la contiene, cf. [mo(n t)PMPn]. En el montañés de Tudanca encontramos un ejemplo similar de asimilación, que genera secuencias de vocales homogéneas hasta la sílaba acentuada: la centralización de la u final se extiende a la vocal tónica en las palabras llanas y a la tónica y a la postónica en las esdrújulas (las letras mayúsculas indican la centralización de las vocales): [sekÁlU] ‹secarlo, m. sg.›, [sÉkU] ‹seco› vs. [seka lo] ‹secarlo, m. incontable›, [se ka] ‹seca›; [ ÁnAnU] ‹zángano›, [orÉAnU] ‹orégano›. Hualde (1989) sugiere que el rasgo propagado desde la vocal final es [– RLA], y analiza el proceso en términos

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prosódicos como una asimilación desde la vocal final hacia todas las vocales del pie métrico principal –la vocal tónica y la postónica–; en cambio, Walker (2006) sugiere que la armonía se dirige hasta la vocal tónica, como en el asturiano de Lena, y que restricciones articulatorias causarían la uniformización del dominio de [– RLA] en los esdrújulos. En la extensión máxima, a todos los elementos de la palabra, nos encontramos con la maximización extrema de la percepción del rasgo [– RLA]. Es evidente que, desde el punto de vista auditivo, esta extensión cumple los requisitos de perceptibilidad, puesto que la palabra es el componente principal que contiene la sílaba sos en [dl s] (y también la sílaba loj en [r l ]). El análisis articulatorio, por otra parte, es plausible cuando la extensión máxima genera secuencias homogéneas, como [dl s], pero no cuando encontramos secuencias alternantes para el rasgo extendido como [kh n ] o [kti n ], que muestran que el beneficio articulatorio no es más que un efecto colateral. En el estadio de extensión máxima, la armonía se puede interpretar como un ejemplo de extensión controlada morfológicamente, ya que la abertura afecta a todos los elementos de la palabra compatibles con el rasgo [– RLA]. En el noroeste de la península encontramos de nuevo un ejemplo similar de extensión máxima en la centralización del montañés pasiego (Hualde 1989), que se extiende desde la vocal u final más allá de la sílaba tónica a toda la palabra: [AtrIstOnÁU] ‹triste›, [IskAlOfrjÁU] ‹tembloroso›, e incluso a los elementos que conforman el grupo clítico: [kUn Il mAyÍstrU] ‹con el maestro›, [pUl kAmÍnU] ‹por el camino›. En el montañés pasiego las secuencias generadas son homogéneas por lo que respecta a la centralización, a diferencia del andaluz, en que a veces encontramos series discordantes respecto de la abertura; por esta razón, la centralización del pasiego también puede ser analizada como un proceso de simplificación articulatoria máximo, aunque eso no significa que se deban excluir necesariamente los factores perceptivos del análisis.

3. Armonía vocálica desde posiciones fuertes: el valenciano La armonía del valenciano responde al modelo prototípico de extensión de rasgos: las características se propagan desde el elemento más perceptible de la palabra, la sílaba tónica, a las sílabas átonas, menos prominentes. Las a átonas finales se convierten en [ ] y [] cuando están precedidas por las vocales medias tónicas / / y / /; en otras palabras, las vocales / / y / / propagan sus rasgos de punto de articulación –[Palatal] y [Labial], respectivamente– hacia las a postónicas finales (Jiménez 1998; 2001; 2002): terra [t r ], histèria [ist j ]; cosa [k z], història [ist j]. Los rasgos de punto de articulación no se extienden desde una vocal diferente de / / y / /: mira [m a], lluna [$u na], copa [ko pa], capa [ka pa]. La asimilación tampoco afecta en ningún caso a las vocales no bajas: pele ‹yo pelo› [p le], moro [m o], gerros ‹jarras› [d% ros]. Por otra parte, si la vocal tónica y la vocal baja no son estrictamente adyacentes, si están separadas por una vocal postónica interna, tampoco hay armonía: mèdica [m &ika], ròtula [r tula]. El domino máximo de la armonía es la palabra morfológica, de manera que las vocales de los pronombres enclíticos no se ven afectadas por el proceso: pela-la [p l la], cou-la ‹cuécela› [k wla].

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La armonía del valenciano permite una interpretación articulatoria bastante simple, ya que reduce el número de gestos articulatorios en dos vocales adyacentes y, a diferencia del andaluz, sólo afecta a vocales contiguas, de manera que no se generan secuencias heterogéneas como *[r plik ], no deseables articulatoriamente. Además, el esfuerzo de mantener dos vocales abiertas –esto es, caracterizadas como [– RLA]– diferenciadas es especialmente elevado en esta variedad, ya que las vocales [ ] y [] se realizan muy abiertas y la distancia que las separa de [a] es muy reducida. Por todo ello, los resultados se pueden atribuir a una restricción contraria a la presencia de vocales caracterizadas como [– RLA] con un punto de articulación diferente detrás de una vocal media abierta. En principio, el beneficio perceptivo de la armonía sería un efecto secundario de la simplificación articulatoria, y no un detonante del proceso. Se llega a esta conclusión cuando se observa que las vocales desencadenantes de la armonía, las vocales tónicas, ya son prominentes por naturaleza, y el rasgo de articulación extendido es, por lo tanto, bastante perceptible. Sin embargo, se podría suponer que la mejora perceptiva se encuentra en la base del proceso si se admite que el dominio de la armonía está determinado métricamente, como se ha apuntado en Cabré (1993) y Jiménez (2001; 2002). Así, si en palabras como carxofa ‹alcachofa› [kat% f] las dos últimas sílabas conforman el pie métrico principal, los rasgos pasarían, de realizarse en la sílaba más prominente del pie, xo, a estar asociados al componente prosódico que domina inmediatamente a esta sílaba, el pie métrico principal, formado por xofa, más prominente que la sílaba tónica: [ka(t% f)PMP]. La ausencia de asimilación en *[(r pli)PMPk ], aunque pueda deberse a razones puramente articulatorias, podría guardar relación con el hecho de que la vocal final no forma parte del pie métrico encabezado por la vocal tónica. En algunas variedades del sur de Alicante, los rasgos de punto de articulación se extienden a las vocales bajas situadas a ambos lados de las vocales medias abiertas (Montoya 1989: 100): afecta [ f kt ], carxofa [kt% f]. Desde el punto de vista articulatorio, como estas asimilaciones también generan secuencias homogéneas de rasgos, se puede entender como una extensión del fenómeno provocada por una restricción general en contra de la adyacencia entre vocales caracterizadas como [– RLA] con distintos puntos de articulación. Pero, por otra parte, si se considera que en este caso el dominio de la armonía es la palabra completa, se podría suponer que el aspecto perceptivo también es un factor relevante en la ampliación de la asimilación, puesto que los rasgos acaban asociándose a un componente más prominente que el segmento original.

4. Armonía vocálica desde posiciones fuertes y débiles: el tortosino En el catalán de Tortosa encontramos un ejemplo de armonía en que los rasgos se extienden en algunos casos desde la sílaba acentuada, como en valenciano, pero también se pueden extender desde una vocal átona. En concreto, las vocales medias pretónicas pueden presentarse como cerradas por la influencia de una vocal cerrada del mismo punto de articulación –palatal o labial– en las sílabas siguientes (Morales en prep.). Así, las secuencias de vocales del tipo e…i y o…u se convierten en i…i (firir~ferir ‹herir›, dilicat~

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delicat, dispidir~despedir) y u…u (absulut~absolut, cunsumir~consumir, upurtú~oportú), respectivamente. La asimilación de las vocales medias a una vocal alta de distinto punto de articulación se documenta también, pero en el caso de e…u se limita a unas pocas palabras: bitum~betum ‹betún›, minut~menut ‹pequeño›, y en el caso de o…i sólo ocurre en casos lexicalizados: ambutir, por embotir ‹embutir›, avurrir, por avorrir ‹aburrir› (las formas sin armonía embotir i avorrir reflejarían una pronunciación calcada de la ortografía). Para analizar las bases funcionales del proceso, nos centraremos en las secuencias del tipo e…i, en que la asimilación es más común y sistemática.2 La vocal e se cierra delante de una i tónica (firir~ferir, milic~melic ‹ombligo›) y delante de una i átona (dilicat~delicat, Binicarló~Benicarló), y, en algunas palabras, en ambos contextos a la vez (dispidir~despedir, inimic~enemic). La armonía no afecta en ningún caso a las vocales medias tónicas: privilegi/*priviligi, col·legi/*col·ligi. El proceso sólo es viable si genera secuencias de vocales homogéneas por lo que respecta a la altura y al punto de articulación. Por eso, las vocales medias tónicas se convierten en opacas para la expansión de los rasgos de una i postónica: pretèrit/*pritèrit, negoci/*nigoci, al igual que sucede, respecto de la i tónica, con cualquier vocal pretónica que no sea una i: melodia/*milodia. En los ejemplos anteriores el rasgo de altura se extiende desde una vocal i hasta las vocales e precedentes que se encuentran en la palabra. Con algunas restricciones, el proceso también puede afectar a la vocal final del primer elemento de un compuesto: antrimig~antremig ‹en medio›, y a elementos proclíticos como los pronombres átonos o los numerales: mi/me diuen coses ‹me dicen cosas›, quatri/quatre pins ‹cuatro pinos›. Si el pronombre no es estrictamente adyacente al elemento que causa la armonía, no existe asimilación: me’n/*mi’n tiren ‹me tiran algunos›; según Morales (en prep.), la ausencia de asimilación en este caso se debe a que los grupos de pronombres generan un acento secundario y las vocales acentuadas no son un blanco del proceso.3 Por último, Morales (en prep.) documenta algunos casos de asimilación hacia la derecha en posición pretónica: dissicat~dissecat, ginicòleg~ginecòleg, de manera que se excluyen las vocales postónicas (llibre/*llibri ‹libro›, digue/*digui ‹diga›, origen/*origin). Aunque la extensión del rasgo [Alto] a otros elementos aumenta su perceptibilidad, la armonía del tortosino no sigue en general las pautas esperadas en un proceso regido por criterios perceptivos: no se generan secuencias alternantes por lo que respecta a la altura, y la armonía se produce tanto desde vocales asociadas a una posición débil –las átonas– como desde la vocal más prominente de la palabra –la tónica. El análisis articulatorio, en cambio, no plantea problemas, justamente porque no se generan secuencias de altura alternante (*milodia). Un patrón asimilatorio así se puede derivar de una restricción contra la contigüidad –en la palabra o en el grupo clítico– entre una vocal media y una vocal alta del mismo color, basada en la inercia articulatoria (Pulleyblank 2002). Un tratamiento como este suscita dos cuestiones fundamentales: en primer lugar, por qué el resultado final contiene una secuencia de vocales altas, y no una secuencia de vocales ––––––– 2

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Morales (en prep.) indica que tienden a realizarse sin asimilación los préstamos, el léxico aprendido o técnico, las palabras que neutralizan e como a en posición inicial y las que contienen algunos afijos, como la terminación de condicional -ia o el sufijo nominal -ia. La vocal átona final del primer componente de un sintagma, con ciertas limitaciones, también puede ser afectada por el proceso: vàter/vàtir immens, pero vàter/*vàtir pintat ‹váter pintado›.

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medias. Cuando la vocal que desencadena el proceso es una vocal tónica, los segmentos se igualan tomando como referencia los rasgos del segmento más prominente, la vocal tónica (cf. Beckman 1998, p. ej.). En las posiciones átonas, se considera que las vocales cerradas son preferibles a las medias (cf. Prince / Smolensky 2004, p. ej.), un factor que justificaría por qué en las secuencias de vocales átonas la igualación se decanta también por la más cerrada. La prominencia de los segmentos interviene, pues, en la selección de los resultados de la armonía. Y también parece intervenir en la resolución de la segunda cuestión: qué vocales medias son inmunes al proceso armónico. Por una parte, como indica Morales (en prep.), las vocales que reciben un acento primario (*pritèrit) o secundario (*mi’n tiren); por otra, las vocales postónicas (*llibri, *origin). Si se acepta que, como en valenciano, la sílaba tónica y la postónica forman un único componente –el pie métrico principal–, las vocales inmunes al proceso serían precisamente las que se asocian a una posición prominente, bien por recibir un acento primario o secundario, bien por pertenecer al pie métrico principal: [($ e)PMP], [o( d% en)PMP]. Nos encontraríamos, pues, con un uso de la estructura métrica, no para delimitar los elementos afectados por la armonía, como parece ocurrir en andaluz o valenciano, sino para proteger algunas vocales del proceso.

5. Conclusiones En conclusión, la armonía vocálica comporta en general dos tipos de beneficios: por una parte, el aumento en la perceptibilidad del rasgo extendido, y, por otra, la reducción del número de gestos articulatorios. El análisis que hemos presentado nos ha permitido comprobar que estos dos factores no siempre coinciden en los procesos armónicos. La armonía del andaluz se adecua claramente a un patrón de tipo perceptivo: los rasgos se extienden normalmente desde un elemento débil, las vocales finales átonas, pertenecientes en general a la flexión, a un dominio más prominente desde el punto de vista perceptivo: la palabra completa, la sílaba tónica y un dominio intermedio que algunos autores identifican como el pie métrico principal. La extensión de los rasgos no siempre conlleva un beneficio articulatorio, ya que en casos del andaluz como [kti n ] o [k mik] el resultado final presenta un perfil alternante para el rasgo extendido. En las variedades asturleonesas encontramos una gradación similar en el dominio de la armonía: desde la extensión mínima del asturiano de Lena hasta la extensión máxima de la centralización en montañés pasiego, pasando por el estadio intermedio del montañés de Tudanca. En un punto bastante diferente del andaluz encontramos la armonía del tortosino, que genera secuencias de vocales altas, homogéneas desde el punto de vista articulatorio, y no parece estar regida por criterios puramente perceptivos: los rasgos se extienden hacia segmentos que no se pueden englobar en un único constituyente cuya prominencia sea mayor que la de la sílaba original. En valenciano, finalmente, encontramos un modelo estructuralmente ambiguo: aunque la armonía genera únicamente secuencias homogéneas y ésta parece ser la causa principal del proceso, se puede interpretar que los rasgos se extienden a un componente superior a la sílaba tónica en la jerarquía prosódica: el pie métrico principal, en la variedad más extendida, o toda la palabra, en algunas variedades del sur de Alicante.

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Mari Lehtinen

L’utilisation des traits prosodiques comme indices conclusifs dans des émissions radiophoniques

1. Introduction Cette contribution portera sur le rôle de la prosodie dans l’indication de la conclusion dans des émissions radiophoniques. Comme de nombreux phonéticiens l’ont déjà constaté il y a longtemps, un contour mélodique descendant indique typiquement la conclusion dans beaucoup de langues, dont fait partie le français.1 Cette étude ne portera cependant pas sur le contour descendant mais sur un contour légèrement plus compliqué, consistant en une montée mélodique immédiatement suivie d’une chute. Il s’agit, malgré tout, d’un contour de base relativement fréquent. En effet, la forme de ce contour ressemble à celle du «contour d’implication», inclus par Delattre (1966) parmi les dix intonations de base du français.2 La forme et les fonctions du phénomène abordé ici ne correspondent cependant pas tout à fait à celles du «contour d’implication». Pour cette raison, j’ai choisi de l’appeler plutôt la figure HB (‹H› pour ‹haut› et ‹B› pour ‹bas›). Selon la profondeur de la chute, le phénomène comporte deux variantes différentes: la «variante forte» et la «variante faible». En plus d’une forme acoustique légèrement différente, les fonctions discursives des deux variantes ne sont pas tout à fait pareilles. Les deux variantes de la figure dite HB semblent être liées à l’indication de la conclusion, mais à des degrés différents. D’un autre côté, le phénomène n’est pas complètement conclusif non plus, mais il permet aussi une suite. Il s’agit donc, dans un certain sens, d’un «cas limite» entre les signes conclusifs et les signes continuatifs. En effet, le phénomène semble jouer un rôle relativement complexe sur le plan discursif. Il s’associe aussi fréquemment à d’autres traits prosodiques saillants. Dans ce travail, les analyses seront focalisées sur les fonctions discursives de la figure HB. Ainsi, faute de place, cet article comportera peu de détails phonétiques concernant la forme acoustique du phénomène. La présente étude est basée sur les recherches que j’ai menées dans le cadre de ma thèse de doctorat. Le corpus de ma thèse consiste en six émissions radiophoniques dans lesquelles on entend parler cinq grands philosophes français: Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Maurice Merleau-Ponty, Michel Foucault et Gaston Bachelard. Les émissions ont été transmises par différentes stations françaises entre 1948 et 1973. Dans cet article, mes ––––––– 1 2

Pour des références, cf. notamment Hirst / Di Cristo (1998). Cf. aussi notamment Portes (2004), Mertens (1987) et Rossi (1999).

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remarques concerneront avant tout une interview radiophonique de Jean-Paul Sartre. Cette émission, qui m’a semblé particulièrement riche sur le plan du sujet abordé, a été transmise par France Inter en 1973. La durée de l’émission est de 26 min 57 sec3, et elle comporte en tout 109 occurrences du phénomène étudié.4 Méthodologiquement, ce travail s’appuie avant tout sur l’analyse conversationnelle (Sacks / Schegloff / Jefferson 1974; etc.) et sur l’approche interactionnelle de l’étude de la prosodie, développée en particulier par Couper-Kuhlen / Selting (1996; 2001). Je me suis également beaucoup inspirée de la «théorie de la contextualisation» de Gumperz (1982; 1992) ainsi que des travaux de nombreux linguistes et phonéticiens travaillant sur la prosodie du français (Delattre 1966; 1967; Di Cristo 1975; 1998; Fónagy / Bérard / Fónagy 1983; Fónagy / Fónagy 1983; Léon 1999; Mertens 1990; Morel / Danon-Boileau 1998; Portes 2004; Rossi 1999; etc.). Les analyses acoustiques ont été effectuées avec le logiciel Praat (Boersma / Weenink 2004-2007).

2. Présentation générale de la figure HB 2.1 La forme acoustique de la figure HB La figure HB consiste donc en une montée mélodique (montée de la F0)5 immédiatement suivie d’une chute. Les mouvements sont produits pendant deux syllabes consécutives à la fin d’un groupe prosodique6 (GP). Typiquement, la montée est portée par la syllabe pénultième et la chute par la dernière syllabe du GP. Si le dernier mot du GP est un mot monosyllabique, les deux mouvements sont le plus souvent produits à l’intérieur de la même syllabe (sauf si les deux derniers mots du groupe sont des mots monosyllabiques; dans ce cas, les mouvements se répartissent sur deux syllabes, comme d’habitude). La forme de ce contour ressemble donc à celle du «contour d’implication» de Delattre (1966), sauf que les mouvements sont donc dans la majorité des cas portées par deux syllabes. Les amplitudes des mouvements sont variables; en raison de leur succession rapide et de leurs courtes durées, il ne s’agit normalement pas de mouvements très larges. La figure HB comporte donc deux variantes différentes selon la profondeur de la chute. Dans le cas de la «variante forte», la chute est plus grande que la montée, tandis que dans la «variante faible», la montée est plus grande que la chute. Autrement dit, dans le cas de la «variante forte», le niveau mélodique baisse à la fin à un niveau inférieur par rapport au niveau initial, tandis que dans le cas de la «variante faible», la mélodie reste à la fin à un niveau mélodique supérieur par rapport au niveau initial. ––––––– 3 4 5 6

La durée totale du corpus étudié est de 162 min 32 sec. L’ensemble du corpus étudié comporte 162 occurrences de la figure HB. La fréquence fondamentale. Le groupe prosodique (GP) est «[…] défini comme une unité suprasegmentale, délimitée par une variation perceptuelle significative d’un ou de plusieurs paramètres prosodiques» (Di Cristo 1975: 98).

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2.2 Les fonctions typiques de la figure HB Du point de vue structurel, les deux variantes de la figure HB apparaissent typiquement à la fin d’une unité de construction de tour (UCT) et elles créent un point de transition pertinent (PTP). Le contour peut apparaître aussi bien à l’intérieur d’un tour qu’à la fin d’un tour, mais il semble donc toujours terminer une unité qui pourrait constituer un tour complet. Dans les monologues, le phénomène apparaît typiquement à la fin d’un ensemble structurel et sémantique autonome. Il est à noter que malgré le fait que les deux variantes terminent typiquement une UCT, du point de vue pragmatique les différentes variantes ne jouent pas exactement le même rôle. En effet, la «variante forte» semble typiquement contribuer à indiquer l’achèvement d’un acte discursif, comme par exemple celui d’une question ou d’une réponse. La «variante faible», quant à elle, semble indiquer l’inachèvement d’un acte; elle apparaît typiquement à la limite d’un changement de point de vue ou à la fin d’une parenthèse ou d’une autre unité structurelle qui n’est pas complètement autonome par rapport à ce qui va suivre. La «variante faible» peut aussi apparaître à la fin d’une liste; dans ces cas, elle crée l’impression d’une liste incomplète. D’une manière générale, on pourrait dire que la «variante forte» semble servir à autonomiser ce qui est dit par rapport à ce qui va suivre, tandis que la «variante faible» semble indiquer un certain lien de dépendance entre ce qui précède et ce qui va suivre. Par rapport à cette relation d’autonomisation et de non autonomisation, les fonctions du contour semblent être similaires dans l’ensemble du corpus étudié (aussi bien dans les dialogues que dans les monologues). Sur le plan interactionnel, la figure HB semble typiquement faire appel à celui qui écoute, d’une manière ou d’une autre.7 Pour cette raison, même dans le cas de la «variante forte», l’effet conclusif du phénomène n’est pas très fort; en effet, ce type de prosodie appelle la réaction de l’interlocuteur et anticipe ainsi une certaine continuité thématique dans le discours.8 Le contour peut aussi être employé pour faire référence au champ commun des connaissances; il peut notamment s’agir d’une référence à quelque chose qui a déjà été mentionné antérieurement ou qui constitue un fait reconnu. Sur le plan modal, surtout lorsque le contour est produit d’une manière répétitive, il semble aussi constituer un moyen pour mettre en valeur la subjectivité de la position présentée et/ou pour anticiper un consensus entre les interlocuteurs par rapport à la position présentée (Morel / Danon-Boileau 1998). Pour cette raison, le phénomène semble véhiculer ––––––– 7

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Mes analyses intercontextuelles portant sur l’ensemble des occurrences de la figure HB suggèrent que l’apparition de ce contour rend pertinente la production des signes approbatifs par celui qui écoute (réponse minimale par une particule discursive approbative, «recyclage» intonatif immédiat, tour lexical complet prenant une position convergente, etc.). Il est aussi à noter que –la montée mélodique étant une composante essentielle de la figure HB– cette hypothèse est soutenue notamment par les résultats de Morel / Danon-Boileau (1998: 15) selon qui une «montée intonative marque iconiquement un appel à l’attention de l’autre». Les changements radicaux du sujet apparaissent rarement immédiatement après une occurrence de la figure HB.

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typiquement une certaine «nuance d’évidence».9 Les fonctions modales et interactionnelles mentionnées sont le plus souvent indiquées également par des moyens lexicaux10, syntaxiques11 et/ou structurels.12

2.3 Exemples des occurrences de la figure HB Je vais maintenant illustrer la figure HB à l’aide de quelques exemples. Faute de place, les exemples présentés seront relativement courts et ils ne seront donc pas analysés en détail du point de vue phonétique. Les conventions de transcription utilisées peuvent être trouvées en annexe. Les mots portant la figure HB sont écrits en italiques dans les transcriptions. Les quatre premiers exemples ont été pris dans l’interview de Jean-Paul Sartre, transmise donc par France Inter en 1973. Dans l’exemple (1), une «variante forte» de la figure HB est portée par le dernier mot du tour de l’interviewé. Exemple (1) (corpus.sartre.rad): 01: I: vous êtes contre toute sagesse? 02: (0.8) 03: S: oui parc’ que la sag↑esse suppose 04: .hhhh \#un#\ (.) cCitoyen bien établi 05: dans l’État? (0.4) et qui à c’ moment-là? 06: décide de s’adapter au monde . or ce citoyen 07: n’exis/te/ pas . c’est une fable . (0.5) 08: il existe des opprim↑és et des exploitTés . 09: (0.4) >\*et des*\< exploitT↑eurs? (0.3)  10: et je ne vois ni↑ chez les uns ni chez  11: les autres? .hhhh une sa/gesse/ qu’on /puisse/  12: leur ens↑eign↓er . 13: I: = il n’y a pas de sa/gesse/ ex↑emplaire , 14: S: = non (.) ça n’ peut /pas/ exister . […]

Dans cet exemple, le contour montant – descendant (porté par le mot ‹enseigner›, ligne 12) sert à souligner le fait que le locuteur est arrivé à la conclusion de son tour. En plus, il met en valeur la subjectivité de la position présentée dans le tour. Ce type de prosodie ajoute aussi un certain effet de «légèreté» à ce qui est dit – un peu comme si ce qui est dit était déjà censé être connu par l’interlocuteur. Le phénomène semble créer, ici aussi, un appel à la réaction de l’interlocuteur: en effet, le PTP qui se produit est immédiatement saisi par l’intervieweur dont la question porte sur le même sujet que la question précédente. ––––––– 9

10 11 12

Cf. aussi les travaux portant sur l’accent d’insistance du français (notamment Fónagy / Léon 1979; Heinz 2006; Marouzeau 1925; Séguinot 1976). Présence des éléments lexicaux (notamment des adverbes ou des particules) approbatifs. La répétition redondante d’une structure syntaxique, etc. L’insertion d’une parenthèse ou d’une autre unité complémentaire, la référence (souvent explicite) à une unité structurelle antérieure, etc.

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Dans l’exemple (2), la «variante forte» de la figure HB apparaît dans un contexte d’occurrence similaire. En plus, cet extrait comporte trois occurrences de la «variante faible» du phénomène: Exemple (2) (corpus.sartre.rad): 01: I: est-ce qu’il y a chez vous Jean-Paul Sartre 02: une difficulté d’écrire . 03: (1.1) 04: S: \*o::h*\ oui↑ comme chez tout l’ m↑onde c’est 05: diffic↑ile d’écrire . ( . ) donc (0.3) c’est ( . )  06: ça m’est diff↑ic↓ile (0.6) , [8.5 sec supprimées]  07: MAIS ( . ) CECI n’a r↑ien de de partic↑ul↓ier *il y  08: a des tas d’ gens*? ( . ) \qui font d’au-\ d’a↑utres  09: gen’’ de métiers? (0.3) pas artistiques?  10: >qui ont également des diffic↑ult↓és< , .hhhhhhh  11: on n’ peut pas d↑ire que le métier d’écrivain soit  12: un métier spécial . (0.5) c’est pas un métier  13: privil↑ég↓ié . 14: (0.8) 15: S: c16: (0.5) 17: I: >xxx pour v↑ous le temps de l’écriture< . vous 18: écrivez à quel moment .

La «variante forte» de la figure HB (portée par le mot ‹privilégié›, ligne 13) apparaît, ici aussi, à la fin de la réponse de l’interviewé. En plus, il y a donc trois occurrences de la «variante faible» du contour. Ces occurrences (portées par les mots ‹difficile›, ligne 06; ‹particulier›, ligne 07; et ‹difficultés›, ligne 10) apparaissent toutes à la fin d’un certain aspect ou d’une unité informative de la réponse. Malgré une certaine autonomie structurelle et sémantique évidente des unités terminées par les occurrences de la «variante faible», ces unités ne semblent pas être complètement autonomisées par rapport à la suite, mais elles sont plutôt contextualisées comme des éléments du cadrage par rapport à ce qui va suivre. En effet, cet extrait illustre assez bien les différents degrés de la conclusion typiquement véhiculés par les deux variantes du phénomène: malgré le fait que les deux variantes terminent une UCT et permettent, en principe, la transition du tour, la «variante faible» indique l’inachèvement de la réponse et anticipe ainsi une suite, tandis que la «variante forte» autonomise l’unité précédente par rapport à ce qui va suivre et indique ainsi l’achèvement de l’acte. En plus, la figure HB semble, ici aussi, faire discrètement appel à l’interlocuteur: les occurrences répétitives de la figure HB semblent créer une nuance modale anticipant un consensus entre les interlocuteurs (ou au moins l’absence des réactions discordantes de la part de l’interlocuteur). Dans les exemples (3) et (4), la «variante forte» de la figure HB apparaît d’abord à la fin de la question de l’intervieweur et immédiatement après, au début de la réponse de l’interviewé: Exemple (3) (corpus.sartre.rad):  01: I: .HHH de la même manière? vous n´ pouvez  02: pas entrer? à l'Académie fr↑anç↓aise

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 03: S: = bien ent↑end↓u  04: (0.6)  05: S: .h qu’irais-j´ F↑Aire avec ces vieux  06: messieurs 07: (1.5) 08: S: @ce sont des gens qui ont été .hhhhh 09: (0.8) élL-@ ,? […] Exemple (4) (corpus.sartre.rad): 01: S: […] je pense que S’ILS lisaient un certain 02: nombre de livres que j’ai écris? (0.6)  03: >mais ils les ont sans doute p↑as l↓us<  04: I: = c’est c’ que vous reprochiez d’ailleurs  05: à C↑am↓us  06: S: = just↑em↓ent 07: (0.4) 08: S: si on commençait par lire-euh (0.4) L’Être 09: et le Né/ant/ […]

La «variante forte» de la figure HB n’apparaît pas très fréquemment à la fin d’une question dans le corpus étudié. Cela semble cependant se produire lorsque la question réfère au champ commun des connaissances des interlocuteurs, comme c’est le cas dans les exemples (3) et (4) ci-dessus. Le fait que le contour soit immédiatement «recyclé» dans la réponse de l’interviewé met en valeur le fait que la réponse donnée correspond à la réponse anticipée dans la question. L’absence de pause entre la question et la réponse contribue, elle aussi, à créer cet effet. Le tour de l’interviewé ne se termine donc pas aux mots portant la «variante forte» de la figure HB dans ces deux exemples. Les expressions ‹bien entendu›, dans l’exemple (3) (ligne 03), et ‹justement›, dans l’exemple (4) (ligne 06), constitueraient cependant déjà des réponses complètes aux questions posées par l’intervieweur. Comme l’intervieweur ne saisit pas le PTP qui se produit, l’interviewé en profite pour élaborer sa réponse. Dans l’exemple (4), il y a aussi une occurrence de la «variante faible» du phénomène (ligne 03). Malgré le fait que cette occurrence apparaît à la fin d’un tour, elle constitue, ici aussi, un signe anticipant une suite. Autrement dit, la réponse est encore inachevée lorsque celle-ci est interrompue par la question de l’intervieweur (lignes 04 et 05). Après avoir répondu à cette question intermédiaire (ligne 06), l’interviewé revient (ligne 08) au sujet abordé avant l’interruption. Dans les exemples (5) et (6) ci-dessous, la figure HB apparaît dans des causeries radiophoniques de Maurice Merleau-Ponty et de Gaston Bachelard. La causerie de Merleau-Ponty a été diffusée par R.D.F. en 1948 et celle de Bachelard par R.T.F. en 1954. Faute de place, ces exemples ne seront cependant pas analysés ici. Exemple (5) (corpus.merleau-ponty.rad): 01: M-P: […] >dans Andromaque , ( . ) \par exemple< ( . ) 02: on\ sS↑ait (0.3) qu’Hermione a↑ime Pyrrhus , (1.0) 03: et au m↑oment m↑ême où elle envoie O/reste/ le 04: tuer? (0.4) au/CUN/ spectateur ne se m↑épr↓end 05: (0.8) >cette ambïguité? d´ l’amour et de la haine . 06: qui fF↑ait que l’amant< , ( . ) aime mieux perdre

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07: 08:

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l’aimé ( . ) que d´ le laisser à un autre (0.3) n’est p↑as une ambiguïté fondam↑ent↓ale

Exemple 6 (corpus.bachelard.rad): 01: B: […] pris dans son intégralité ? (0.3) mthhh. 02: L’HOMME est un être ( . ) qui non seule\ment\ 03: p↑e:::↓nse (0.3) .hhh . […]

3. «Schéma emphatique» Comme je l’ai déjà dit plus haut, la figure HB s’associe aussi fréquemment à d’autres traits prosodiques. Pour finir, je vais présenter brièvement un phénomène –que j’ai choisi d’appeler le «schéma emphatique»– consistant en des variations de plusieurs paramètres prosodiques, associées à une occurrence de la figure dite HB. Ce phénomène apparaît en tout 18 fois dans l’interview radiophonique de Jean-Paul Sartre déjà mentionnée plus haut.13 Le «schéma emphatique» s’étend toujours sur plusieurs énoncés. Il se caractérise par une accentuation particulièrement claire, par un débit ralenti, par des pauses allongées et par de fortes montées de l’intensité et de la mélodie (F0) à la fin des GP. Le segment marqué par ces traits se termine toujours par une occurrence de la figure HB. Ce schéma peut apparaître aussi bien au milieu d’un tour qu’à la fin d’un tour. Les fonctions discursives du phénomène semblent cependant être plus ou moins pareilles dans les deux cas. La première fonction de ce type de prosodie semble consister à mettre en valeur la position présentée. Souvent, il s’agit d’une réponse dans laquelle l’interviewé doit justifier ses choix ou ses dires, ou bien expliquer des principes primordiaux de sa philosophie. La figure HB, qui est donc toujours produite à la fin de ce schéma, est le plus souvent une «variante faible» du contour. Dans cette position, la figure HB sert à indiquer la fin du segment marqué et elle permet un changement d’aspect ou de modalité plus facile. Dans l’exemple (7), le «schéma emphatique» apparaît dans un passage où l’interviewé explique pourquoi il avait refusé le prix Nobel: Exemple 7 (corpus.sartre.rad):14  01: I: pourquoi avoir refusé le prix Nobel .  02: (0.7)  03: S: parce que je vois pas pourquoi?  04: \*euh mm une*\ (0.8) c’est aux lec/teurs/ à dire c’ que j’ /vaux/ Ca n’est pas à ces messi↑eurs-l↓à

4. Conclusion La figure dite HB semble donc constituer un phénomène discursif relativement complexe dans le corpus étudié. Ce contour mélodique montant – descendant comporte donc deux variantes: la «variante forte» et la «variante faible». Ces deux variantes se distinguent par des formes acoustiques légèrement différentes: dans le cas de la «variante forte», la chute est plus grande que la montée, tandis que dans le cas de la «variante faible», la montée est plus grande que la chute. En plus, les fonctions discursives de ces deux variantes sont donc légèrement différentes. En effet, les deux variantes apparaissent typiquement à la fin d’une UCT, mais la différence, c’est que la «variante forte» indique également la conclusion d’un acte, ce qui n’est pas le cas de la «variante faible». De la même manière, la «variante forte» sert à autonomiser ce qui est dit par rapport à ce qui va suivre, tandis que la «variante faible» indique plutôt un lien de dépendance. Sur le plan interactionnel, les deux variantes semblent typiquement appeler la réaction de l’interlocuteur. Par conséquent, le contour anticipe une suite thématique dans le discours. Du point de vue modal, le phénomène semble contribuer à présenter ce qui est dit comme quelque chose qui est déjà censé être connu par l’interlocuteur. Le contour véhicule donc typiquement une certaine «nuance d’évidence». La figure HB s’associe aussi fréquemment à d’autres traits prosodiques. Elle peut notamment apparaître à la fin du «schéma emphatique». Dans cette position, le contour sert typiquement à indiquer la fin du segment marqué et il permet un changement d’aspect ou de modalité plus facile. En conclusion, il est difficile de dire si la figure HB constitue réellement un signe conclusif ou pas. Sur le plan structurel, le phénomène semble donc être surtout conclusif: il termine une UCT et il crée un PTP. Il est cependant à noter que sur le plan interactionnel, seulement la «variante forte» du contour indique la fin d’un acte, et les deux variantes appellent la réaction de l’interlocuteur et anticipent ainsi une suite thématique. En effet, si on envisageait un continuum dont les extrêmes représentaient la ‹continuité› et la ‹conclusion›, la figure HB devrait y être placée à un point imprécis entre les deux extrêmes. De même, les différentes variantes du phénomène devraient être placées dans ce continuum de manière que la «variante forte» s’y trouve nettement plus près de l’extrême conclusif que sa «collègue faible».

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Annexe: Conventions de transcription LOCUTEURS B Gaston Bachelard I Intervieweur M-P Maurice Merleau-Ponty S Jean-Paul Sartre MÉLODIE (F0) ? mélodie clairement montante à la fin d’un groupe prosodique ,? mélodie légèrement montante à la fin d’un groupe prosodique . mélodie clairement descendante à la fin d’un groupe prosodique , mélodie légèrement descendante à la fin d’un groupe prosodique ↑ forte montée mélodique à l’intérieur d’un groupe prosodique ↓ forte chute mélodique à l’intérieur d’un groupe prosodique / / élément prononcé plus haut que son entourage \ \ élément prononcé plus bas que son entourage INTENSITÉ ET NIVEAU SONORE et élément prononcé avec plus d’intensité que dans l’entourage et élément prononcé avec moins d’intensité que dans l’entourage ET niveau sonore exceptionnellement élevé par rapport à l’entourage *et* niveau sonore exceptionnellement bas par rapport à l’entourage ALLONGEMENTS ET AMUÏSSEMENTS que: allongement vocalique (un deux-points correspond à un dixième de seconde) tT allongement consonantique qu´ amuïssement vocalique ou consonantique DÉBIT > < débit nettement accéléré par rapport à l’entourage < > débit nettement ralenti par rapport à l’entourage PAUSES SILENCIEUSES ET RESPIRATIONS (0.4) pause silencieuse (durée indiquée en dixièmes de seconde) (.) micropause (durée 0,2 secondes ou moins) = enchaînement immédiat de deux énoncés .h inspiration clairement audible (un ‹h› correspond à un dixième de seconde) h. expiration clairement audible (un ‹h› correspond à un dixième de seconde) .H inspiration exceptionnellement forte (un ‹h› correspond à un dixième de seconde) H. expiration exceptionnellement forte (un ‹h› correspond à un dixième de seconde) .fhf inspiration par le nez (durée et niveau sonore indiqués comme ci-dessus) fhf. expiration par le nez (durée et niveau sonore indiqués comme ci-dessus) .mth claquement de lèvres au début d’une inspiration (durée et niveau sonore indiqués comme cidessus) G coup de glotte

AUTRES SIGNES [ ] chevauchement de parole #et# voix craquante @et@ changement de la qualité de la voix; voix marquée [...] tour continue / commence au milieu dans les exemples cités

Myriam Piccaluga / Dolors Poch-Olivé / Bernard Harmegnies

La transparence lexicale en modalité orale; le cas du couple espagnol – français

1. Introduction Depuis quelques décennies, un nombre croissant de travaux scientifiques ont été consacrés aux réactions du locuteur face à la similarité formelle qu’entretiennent les unités lexicales de langues différentes (Cf., par exemple, de Groot et al. 1994; Sánchez-Casas et al. 1992; Dijkstra et al. 1999; Lemhöfer et al. 2004). Ces recherches, ne traitant, à de rares exceptions près (Bowers et al. 2000), que du contact de l’anglais avec d’autres langues, et dont les résultats sont pratiquement tous publiés en anglais, ont popularisé le terme anglais cognate (litt.: cognat), qui, pour Voga et Grainger (2007) réfère à des équivalents traductifs ayant un degré de recouvrement formel relativement élevé du fait de leur origine étymologique commune.1 La question qui sous-tend la plupart de ces études est relative aux structures du lexique mental chez les bilingues2 qui, pour les uns, se subdivise en autant d’entités indépendantes que le locuteur connaît de langues (hypothèse des représentations séparées) et, pour les autres, constitue une entité unique complexe (hypothèse des représentations partagées). Les sujets de ces expériences sont donc nécessairement des bilingues ayant atteint un degré de maîtrise substantiel dans les langues qu’on utilise pour les tester. Les tâches auxquelles ils sont soumis relèvent, dans la grande majorité des cas, soit de la décision lexicale (indiquer si un item donné relève ou non du lexique d’une langue déterminée: Dijkstra et al. 1999; Lemhöfer et al. 2004), soit de la traduction de mots isolés (fournir un équivalent lexical dans une autre langue: de Groot et al. 1994; Sánchez-Casas et al. 1992) au départ de stimuli scripturaux. Le but est de déterminer si le sujet s’acquitte de la tâche mieux ou plus vite en présence de cognats, considérés comme de possibles points de perméabilité des lexiques mentaux les uns aux autres. Par nature, ces travaux, qui se centrent sur le comportement du bilingue avéré, négligent le cas de l’apprenant d’une langue qui lui est étrangère et plus généralement, celui du locuteur ignorant d’une langue qui est mis au contact d’éléments de celle-ci. Nous pensons pourtant que la compréhension des phénomènes cognitifs impliqués ––––––– 1

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«For a given pair of languages, cognate words are typically defined as translation equivalents that have a relatively high level of form overlap due to their sharing a common etymological root» Voga / Grainger (2007: 938). À l’instar de Romaine (1995), nous entendons ici par bilingue le détenteur de deux langues au moins.

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Myriam Piccaluga / Dolors Poch-Olivé / Bernard Harmegnies

dans ces situations est d’un grand intérêt pour la compréhension de la structuration du (des) lexique(s) des sujets bilingues. Par ailleurs, il nous paraît essentiel d’ouvrir systématiquement ce questionnement au groupe des langues romanes, non seulement pour l’intérêt intrinsèque de l’étude de celles-ci, mais aussi parce que les relations qu’elles entretiennent entre elles sont extrêment riches de potentialités pour ce genre de recherches. Nos travaux se centrent en conséquence sur les effets, sur le locuteur monolingue de langue romane, de l’exposition à des unités lexicales issues d’une autre langue romane qu’il ignore, mais dont les éléments du lexique présentent une similarité formelle variable avec ceux de sa langue maternelle. Nos objectifs de recherche nécessitent de disposer de paires inter-langue d’unités lexicales à signifié commun et à signifiants variablement similaires. Ce constat pourrait, en première analyse, conduire à contraster le comportement du sujet confronté, tantôt, à un ensemble de paires d’unités lexicales inter-langue appartenant à la catégorie des cognats et tantôt à un autre ensemble n’y appartenant pas. Comme le notent cependant Piccaluga et Harmegnies (2008) les recherches recourant aux cognats tendent généralement à fondre en une seule catégorie des paires inter-langue d’unités lexicales qui, si elles sont effectivement en équivalence sémantique et possèdent, de facto, une origine étymologique commune, ne présentent cependant pas une égale similarité formelle inter-langue. Il est pourtant patent que les vicissitudes de l’histoire des langues ont, au départ d’étymons communs, donné naissance à des formes actuelles diversemment éloignées de leur origine. Ainsi, par exemple, au départ du latin GAMBA plusieurs transformations ont été nécessaires pour aboutir au français jambe, alors que l’italien a conservé la forme gamba, très proche de l’original latin. A contrario, l’espagnol dormir et le français dormir apparaissent équidistants du latin DORMĪRE. En outre, les aléas historiques de l’évolution des langues ont également conduit à une grande diversité des relations entre phonie et graphie. En catalan, par exemple, graphie et phonie peuvent sans difficulté se déduire l’une de l’autre, du fait de la récente (1913) normalisation de l’orthographe; toute différente est par contre la situation en français, où les sons de la langue peuvent être notés par une grande diversité de lettres ou groupes de lettres. La similarité entre les signifiants de langues différentes associés aux mêmes signifiés ne doit donc pas être vue comme une propriété dichotomique, mais bien comme un gradient susceptible de variations. Du point de vue du sujet confronté au lexique d’une langue (L2) qui n’est pas la sienne propre (L1), les unités lexicales peuvent ainsi paraître dotées d’un pouvoir d’évocation plus ou moins fort selon que leurs caractéristiques formelles se rapprochent plus ou moins de celles d’unités lexicales de L1 ayant le même signifié: la notion de transparence au sens où nous l’entendons (Piccaluga / Harmegnies 2008), réfère ainsi au degré de similarité formelle caractérisant deux unités lexicales provenant de deux langues différentes et ayant en commun le même signifié. Par ailleurs, la transparence ne peut être considérée comme une propriété essentielle, qui lierait dans l’absolu deux unités lexicales inter-langue, mais bien comme une caractéristique contingente, susceptible de déclinaisons variables en fonction de la modalité communicative (écrit vs oral). Or, l’essentiel des recherches antérieures se consacre exclusivement à l’étude de sujets confrontés à des stimuli scripturaux. Dans la présente contribution, qui revêt un caractère exploratoire, nous tentons de décrire le comportement du sujet tantôt face à des stimuli scripturaux, tantôt face à des

La transparence lexicale en modalité orale; le cas du couple espagnol – français

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stimuli auditifs. Nous cherchons plus particulièrement à déterminer dans quelle mesure la similarité phonique inter-langue exerce des effets différents sur une tâche de recherche d’équivalent lexical à l’audition et à la lecture.

2. Dispositif expérimental 2.1 Corpus Afin de mener à bien notre recherche, nous avons résolu de nous centrer sur des unités lexicales provenant des langues française et espagnole. L’intérêt de ce choix provient certes en premier lieu de la proximité qui caractérise ces deux langues, eu égard à leur commune origine latine. Mais ce sont aussi leurs différences qui nous ont intéressés. De ses contacts nombreux et complexes avec d’autres langues (notamment germaniques) à diffusion septentrionale, le français a en effet conservé des mots d’origine non latine; il a vu, par ailleurs, nombre de transformations s’appliquer aux étymons latins, sollicités plus ou moins tardivement dans l’évolution de la langue. L’espagnol, de son côté, a souvent gardé plus de proximité, dans son stock lexical d’origine latine, avec les étymons; cependant, il a intégré un nombre important de mots d’origines diverses (en particulier arabe) là où le français a conservé des termes d’origine latine. En bref, les lexiques des deux langues dans leur état actuel offrent ainsi une très large panoplie de degrés de similarité variables entre signifiants pour des paires d’unités lexicales à signifié commun. Pour les niveaux élevés de transparence, on peut ainsi noter l’existence de nombreux cognats (par exemple le français ignorer vs l’espagnol ignorar au départ du latin IGNORĀRE) ou des emprunts d’une des deux langues à l’autre (par exemple, l’espagnol capó emprunté au français capot). Pour les niveaux plus bas de transparence, les unités peuvent notamment provenir de fonds étymologiques différents (par exemple respectivement l’arabe et le latin médiéval pour almibar et sirop), voire d’étymons latins différents (par exemple, l’espagnol boda, du latin VOTA et le français mariage, par dérivation de marier, du latin MARITĀRE). Pour les besoins de l’expérience, nous avons élaboré une liste de 54 unités lexicales françaises. Chacune se caractérise par l’identité de son signifié avec celui d’une unité lexicale espagnole et un degré variable de similarité de son signifiant avec celui de l’unité lexicale espagnole. Afin de regrouper les paires d’unités lexicales en classes de transparence, nous avons eu recours à la procédure introduite par Piccaluga (2004), qui permet, sur base de règles d’équivalence syllabique quantitative et d’équivalence phonémique qualitative, de classer les paires d’unités lexicales inter-langue en l’une ou l’autre des trois catégories mutuellement exclusives transparent, semi-transparent et non transparent. Le critère de similarité utilisé ici est purement phonique et ne tient aucun compte des aspects graphiques.

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2.2 Sujets Tous les sujets de l’expérience sont hispanophones natifs, vivent en Espagne et étudient à la Faculté des Lettres de l’Université Autonome de Barcelone. Ils ont été recrutés sur la base d’un questionnaire d’histoire linguistique permettant de statuer sur des critères tant d’inclusion (connaissance de l’espagnol en tant que langue maternelle, résidence permanente en pays hispanophone, utilisation fonctionelle quotidienne de l’espagnol) que d’exclusion (séjour prolongé en pays francophone, utilisation régulière du français à titre de langue de communication, étude du français en tant que matière dans au moins un cursus académique ou scolaire). Deux échantillons indépendants parallèles ont ainsi été constitués, le premier d’un effectif de 18 sujets et le second d’un effectif de 14.

2.3 Tâches Pour tous les sujets, dans toutes les conditions, la tâche consistait en l’identification d’un mot espagnol correspondant à un mot français présenté en isolation. Dans la moitié des cas, les mots français étaient exposés visuellement et, dans l’autre moitié, auditivement. Pour chaque mot français traité, le sujet était de surcroît prié de procéder à l’évaluation subjective de son degré de sécurité dans l’effectuation de la tâche. Une échelle de Likert à six niveaux (1: très peu sûr; 6: très sûr) a été, à cet effet, utilisée. Les 54 mots utilisés sont équipartis dans les trois catégories de transparence (18 à transparence faible, 18 à transparence moyenne et 18 à transparence élevée); ils se répartissent également en deux sous-ensembles de 27 unités (liste 1 et liste 2), chacun de ceux-ci comportant 9 représentants de chaque catégorie de transparence. Dans le premier groupe de sujets, chacun a reçu les 27 mots de la liste 1 en modalité écrite et les 27 mots de la liste 2 en modalité orale, alors que dans le groupe 2, chaque sujet a reçu les 27 mots de la liste 1 en modalité orale et les 27 mots de la liste 2 en modalité écrite. En d’autres termes, tous les sujets ont eu à traiter tous les mots, mais les mots traités dans une modalité par le groupe 1 l’ont été dans l’autre par le groupe 2 et vice-versa. Dans chaque groupe, c’est d’abord l’exercice en modalité orale qui a été présenté aux sujets et ensuite l’exercice en modalité écrite. Toutes les données ont été recueillies dans le cadre d’une passation collective, chaque groupe de sujets ayant fait l’objet d’une passation séparée. Pour la modalité orale, les mots étaient émis au moyen d’un dispositif informatique relié à une installation audio de haute qualité, dans une salle bien insonorisée et dotée de haut-parleurs plafonniers équidistants et couvrant toute la superficie du local. Dès l’audition de chaque mot, les sujets pouvaient écrire leurs réponses sur un formulaire préalablement mis à leur disposition. Pour la modalité écrite, les sujets répondaient à même une feuille réponse où apparaissaient chacun des mots écrits.

2.4 Élaboration des mesures Nous avons cherché à construire, pour chaque unité lexicale, d’une part un score exprimant la qualité de son traitement par les sujets et d’autre part une évaluation de la

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sécurité subjective des sujets. Le score de qualité et le score de sécurité devaient bien sûr être calculés tant pour la modalité écrite que pour la modalité orale, en sorte de pouvoir procéder ultérieurement à des comparaisons. Pour une modalité déterminée (oral ou écrit), le score de qualité est la proportion des sujets ayant proposé un mot espagnol correspondant au mot français (par exemple, pour abolir, 86% des sujets ont fourni le correspondant espagnol abolir: le score est donc de 0,86). Le score de sécurité, quant à lui, est la moyenne des évaluations fournies par les sujets de l’échantillon (1: peu sûr; 6: très sûr), ramenée sur 100; par exemple, pour abolir, le score de sécurité est de 76.2.

3. Résultats Comme le montre la figure 1, le score de qualité, en modalité de présentation orale, évolue de 0.08 (transparence faible), à 0.42 (transparence moyenne) et finalement 0.59 (transparence forte). Une analyse de variance univariée montre que cet accroissement est très significatif (F=14,234, dl=2, p ə > i, u >

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a (sur un échantillon de 67 langues) (Kitto / De Lacey 2006) i (Lombardi 2003) e, o > a (pour voy. inaccentées) (Gouskova 2003) où «>» = «est préférable à»

Malgré les différences de détail, on y observe le statut privilégié du schwa, et en ce qui concerne les voyelles périphériques, plus elles sont fermées, plus elles sembleraient favorisées (constat qui s’accorde bien avec notre premier déterminant). Les bases du troisième déterminant s’expliquent sans difficulté. Les structures, phonologique ou morphologique, qui sont déjà en existence peuvent bien guider le choix final de qualité dans une voyelle prothétique. Dans les deux dernières possibilités, la voyelle prothétique copie effectivement certains traits phonétiques présents dans un segment consonantique ou vocalique voisin ou adjacent dans le mot où celle-là commence à se présenter.

La situation en roman Revenons maintenant à nos moutons romans pour voir dans quelle mesure cette taxonomie synchronique recouvre les faits diachroniques dans la Romania et leur propose quelque sorte de base explicative. D’abord, il sera commode de rappeler rapidement les trois grands types de prothèse qui se sont produits dans l’évolution des langues romanes. TYPE 1: c’est le type le plus ancien, dont les premières attestations sûres datent du début du deuxième siècle de notre ère. La voyelle prothétique s’est développée devant des séquences consonantiques initiales composées de /s/ + obstruante, et, dans un premier temps, elle a adopté de toute évidence la valeur de [i], voyelle fermée, antérieure, non-arrondie. Plus tard, vers la fin de l’Empire et le début du Moyen Age, cette voyelle (directement assimilée aux autres cas de [i] bref inaccentué) est passée régulièrement à [e] dans la quasi-totalité des variétés de l’ouest de la Romania pour se modifier davantage ultérieurement dans certaines variétés individuelles. TYPE 2: chronologiquement c’est le deuxième type à se faire voir en roman. Il affecte les mots qui commencent par la rhotique /r-/ après le renforcement de celle-ci au statut d’une géminée. Il se présente notamment en gascon, sarde, italien méridional, rhétoroman et aroumain. Ses origines remontent au moins au 10e siècle de notre ère dans la zone pyrénéenne. Ailleurs, la première évidence philologique date d’un peu plus tard. La voyelle prothétique, semble-t-il, a adopté une qualité ouverte [a] qu’elle a généralement conservée. TYPE 3: ce type date sans doute de la deuxième moitié de la période médiévale car il présuppose la syncope de la voyelle originale inaccentuée en syllabe initiale de mot ou de groupe clitique. La prothèse sert à resyllabifier les groupes consonantiques qui formeraient

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Rodney Sampson

autrement des séquences phonologiquement inacceptables. On trouve largement ce type de prothèse dans les dialectes de l’Italie du Nord et certains dialectes du Centre, en rhétoroman et en plusieurs variétés galloromanes. Ici, la qualité de la voyelle est variable: typiquement [a], mais d’autres qualités apparaissent aussi.

Prothèse dans les langues romanes Dans quelle mesure les observations des phonologues sur les principes de l’épenthèse et surtout sur le choix de qualité de la nouvelle voyelle qui en résulte peuvent-elles jeter de la lumière sur les divers résultats dans les trois grands types de prothèse qui se sont produits en roman? Pour ce qui est du TYPE 1, le choix original d’une qualité fermée et antérieure [i] s’accorde bien, semble-t-il, avec les déterminants (2a) et (2b). Vu qu’il n’y avait pas de schwa en latin, la réalisation [i] aurait été sélectionnée grâce à sa fermeture et sa durée relativement brève. Elle aurait donc possédé, au plus haut degré, une proéminence minimale perceptuelle. Et, à en croire les constats de bien des phonologues généralistes, [i] représenterait la voyelle inaccentuée la moins marquée, en l’absence d’un schwa. Mais, pour en arriver à une description plus riche et satisfaisante, il est nécessaire de reconnaître la participation éventuelle d’encore un déterminant (2d), c’est-à-dire de voir dans la qualité [i] le résultat de l’influence de la consonne suivante, en l’occurrence la sibilante [s]. En fait, il y a déjà longtemps, certains romanistes et latinistes (comme Richter 1934; Prinz 1938) avaient attribué le choix de la qualité [i] à cette influence. Leurs remarques se fondaient sur les ressemblances articulatoires et acoustiques qu’ils avaient cru discerner entre [i] et la sibilante [s]. Depuis là, cette observation s’est avérée bien fondée, et on note que plus récemment les phonologues comme Clements / Hume (entre autres) ont proposé d’associer formellement les consonnes coronales, comme [s], et les voyelles antérieures en leur assignant le même trait phonologique de [+ coronal] (Clements / Hume 1995); cf. (4). On ne s’aventurerait donc pas en disant que la voyelle prothétique aura copié la coronalité de la consonne adjacente en adoptant, elle aussi, une articulation antérieure. (4) Voyelle antérieure Racine | C Place | V Place | Coronale

Obstruante coronale Racine | C Place | Coronale

(Clements / Hume 1995; Rose / Demuth 2006)

La qualité des voyelles prothétiques en roman

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Ainsi, il paraît probable qu’un ensemble de facteurs, phonologiques et phonétiques (2a, 2b et 2d), auraient concouru à fixer, dans un premier temps, la qualité fermée et antérieure [i] pour ce type de voyelle prothétique. Ultérieurement, cette voyelle a souvent subi, on le sait, des modifications dans différentes variétés romanes; cf. des exemples sous (5). Mais ces modifications sont dues, il faut y insister, à l’opération de changements phonétiques réguliers à l’intérieur de la variété en question. (5) /i-/ prothétique, quelques évolutions ultérieures [e] (esp., fr., occ., etc.), [a] (alguerès, Bethmale [gasc.]; Schönthaler 1937), [ə] (cat. or.), [Ø] (port.europ.).

Passons aux prothèses de TYPES 2 et 3 où les circonstances sont à première vue assez différentes. Les faits historiques indiquent que, pour les deux types, la voyelle prothétique a adopté d’abord une valeur ouverte [a]. Mais, exceptionnellement, certaines variétés romanes ont été affectées par notre cinquième déterminant (2e) dans une prothèse de TYPE 2, en sorte que la voyelle prothétique tire sa qualité de celle de la voyelle suivante. C’est le résultat qu’on rencontre dans certain dialectes sardes; cf. sous (6). Dans ces dialectes, la qualité de la voyelle prothétique copie celle de la voyelle accentuée suivante en matière d’antériorité et arrondissement (déterminant 2d). Mais on note dans le dialecte cité qu’une articulation fermée pour la voyelle prothétique est exclue; il y a neutralisation et une valeur moyenne dans la voyelle-copie reproduit une qualité tant fermée que moyenne dans la voyelle originale. (6) erríu ‹rivière›, arrána ‹grenouille›, orróᾩa ‹roue›, orrúßiu ‹rouge› (dial. de Busachi, Sardaigne mér.: Wagner 1941: §75).

Ailleurs, c’est la qualité [a] qui l’emporte généralement. Quels seraient les déterminants qui ont provoqué ce résultat? Certes, l’abandon du schwa [ə] comme phonétisme se laisserait expliquer par l’inacceptabilité de cette voyelle en position initiale de mot dans la quasi-totalité des variétés romanes à l’époque où ces types de prothèse commencent à se produire. Mais, comme nous l’avons vu, les études sur une large fourchette de langues indiquent que, faute d’un schwa, c’est plutôt une voyelle fermée comme [i] qui serait plus typiquement utilisée en syllabe inaccentuée. Chez les romanistes qui se sont penchés sur cette question, on trouve souvent qu’un facteur jugé d’importance centrale tant pour la création de la prothèse de TYPE 2 que dans le choix de qualité pour la nouvelle voyelle qui en résulte serait l’influence exercée par l’expansion énorme dans l’emploi de AD- préfixal, surtout devant les racines verbales contenant déjà le préfixe RE- (p.ex. AD-RESTARE > (fr.) arrêter, (ital.st.) arrestare, (esp.) arrestar). Vu la fréquence de mots de ce type, aussi bien des verbes que des formes déverbales, il semble légitime de poser que ces formes auraient pu agir comme locomotive dans la fixation d’une qualité [a] pour la voyelle prothétique dans l’ensemble des mots à /r-/ initial. Si cela est, on aurait affaire ici à une intervention d’un déterminant de type morphologique ou morpholexical, donc de catégorie (2c). Pourtant, même si ce déterminant a bien pu jouer un rôle significatif, il nous semble bien probable que le déterminant phonologique de catégorie (2d), déjà invoqué pour expliquer le phonétisme dans la prothèse de TYPE 1, aurait contribué aussi au choix de la voyelle [a].

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Rodney Sampson

Bien sûr, étant donné notre schéma sous (4) et la coronalité incontestable de la rhotique /r/ en roman primitif, tout appel à l’intervention de ce déterminant risque de sembler hardi à première vue, car selon ce schéma c’est une voyelle antérieure qui serait prévue. Mais dès qu’on adopte une vision plus évoluée de ce déterminant phonologique, une solution suggestive commence à se dessiner. La nature de cette version plus élaborée est précisée dans l’analyse interphonologique effectuée récemment sur l’épenthèse vocalique dans une langue africaine (le sesotho) par Rose / Demuth (2006). En ce qui concerne la qualité de la voyelle épenthétique dans cette langue, ces phonologues constatent que la place d’articulation de cette voyelle est copiée sur celle d’un autre segment contigu. Mais l’opération de copier suit deux chemins différents en fonction de la distinctivité du trait de place d’articulation dans le segment déterminant. Ainsi, si le trait est distinctif dans ce segment, le trait est copié directement par la voyelle épenthétique. Mais là où le trait n’est pas distinctif, une voyelle également sans spécification de place (ni coronale ni dorsale) est insérée. Ce principe s’applique bien aux résultats de la prothèse en roman. Ainsi, pour revenir à notre premier type de prothèse, on notera que la coronalité de la consonne [s] était distinctive (vu l’opposition entre /s/ et la labiale /f/). Ce serait grâce à ce fait que la voyelle prothétique a pu copier la coronalité de la sibilante pour prendre une qualité antérieure. Mais, dans la prothèse de TYPE 2, la consonne /r/ en roman médiéval, en l’absence d’une opposition avec d’autres types de rhotique, reste inspécifiée en matière de place. Et, étant donné que la voyelle /a/ est, elle aussi, inspécifiée pour la place, l’attribution de la qualité [a] à la voyelle prothétique devant la rhotique [r-] tiendrait donc, en partie au moins, au parallélisme phonologique entre ces deux segments; cf. (7). (7)

/a/ Racine | C Place | V Place

Rhotique Racine | C Place

non-spécification de place

De cette façon, dans le choix du phonétisme de la voyelle prothétique tant du TYPE 1 que du TYPE 2, on peut discerner le jeu d’un déterminant phonologique particulier (de catégorie 2d). Mais, comme on l’a vu, d’autres déterminants encore (p.ex morphologiques) y auraient sans doute joué un rôle supplémentaire. Finalement, pour passer rapidement à notre dernier type de prothèse, le TYPE 3, on note d’abord que, contrairement à ce qu’on trouve dans les TYPES 1 et 2, la voyelle prothétique, typiquement [a], peut apparaître dans une diversité de contextes phonétiques; cf. (8).

La qualité des voyelles prothétiques en roman

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(8) Celerina (haut engad.) algurd'er < RECORDARE, al'ver < LEVARE, al'dYm < LAETAMEN mais mner < MINARE, 'fčygra < VECTURA Valsesia (piém.sept.) aržan'te < R(E)CENTARE, al'ke (< LECCARE), an'vò ( CjCi b. Cːi > CiCj

3.1 Mutazione della prima parte della consonante

3.1.1 Laterale (2)

-Cː- > -[r]C-

– allèvo, allévo, allievo ‹vitello, nuovo nato› / arlèvo, arlévo, arlievo [arˈlɛvo], [arˈljɛvo], ALT 178 ‹vitello›: forme diffuse soprattutto in Toscana orientale e meridionale; – stollo [ˈstolːo] ‹palo del pagliaio› (< longob. *STOLLO; GDLI, GRADIT s.v.) / storlo [ˈstorlo], ALT 133 ‹palo del pagliaio›: 34 (Massarosa LU); 36 (Piazzano fraz. di Lucca); 48 (Cerreto Guidi FI); 50 (Porciano fraz. di Lamporechio PT); 96 (Campi di Bibbiena fraz. di Bibbiena AR); 107 (Rosignano Marittimo LI); 142 (San Vincenzo LI); 179 (Portoferraio LI); 195 (Santa Fiora GR); 198 (Piancastagnaio SI);

––––––– 4

Per altri esempi di esame della fissione consonantica cf. Selkirk 1991: 192; Inkelas / Cho 1993: 564-565.

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Giancarlo Schirru

3.1.2 Nasali (3)

-Cː- > -[r]C- (-[l]C-)

– gemma / germa [ˈʤɛrma], ALT 155a ‹gemma›: 71 (Fauglia PI; un solo informatore); – gatto mammone, gatta mammona / gatto marmone, gatta marmona, ALT 365a ‹esseri immaginari spaventa bambini›: 30 (Ronta fraz. di Borgo San Lorenzo FI: gatto m-); 54 (Figline di Prato fraz. di Prato: gatta m-); 85 (San Donato in Collina fraz. di Rignano sull’Arno – Bagno a Ripoli FI: gatta m-); 87 (Cavriglia AR: gatto marmione); 146 (Suvereto LI: gatto m-); 203 (La Pila fraz. di Campo nell’Elba LI: gatto m-). Poco documentata la risoluzione con laterale; riscontriamo solo due esempi che necessitano però di una discussione: – ammanaccare ‹gesticolare›, ALT 496 ‹gesticolare› (56 Legri fraz. di Calenzano FI; 81 Barberino Val d’Elsa FI; 83 Pozzolatico fraz. di Impruneta FI; 84 Greve in Chianti FI; 85 San Donato in Collina, comune di Rignano sull’Arno – Bagno a Ripoli FI; 112 Querceto fraz. di Montecatini Val di Cecina PI, dove è presente anche ammanaccone ‹persona che gesticola quando parla›) / armanaccare (diffuso in lucchese e in fiorentino), almanaccare, 33 (Pietrasanta LU: un solo informatore). Nella lessicografia il tipo ammanaccare è considerato come derivato da almanaccare ‹divinare› (cf. ad es. GDLI, GRADIT s.v.); in realtà si può sostenere, vista la diffusione in Toscana del verbo smanaccare (ben attestato nelle varietà centrali e occidentali) avente il medesimo significato di ‹gesticolare›, che i due lessemi siano geneticamente legati, e differiscano nel prefisso; – cannocchiale / colnocchiale in pisano, Pieri (1891: 152), in cui la presenza della laterale è attribuita al mutamento di [r] preconsonantico in [l] nel pisano rustico. Ma il Pieri ipotizza che la «distrazione» della geminata possa avvenire solo «per r»: gli esempi più in basso in §3.1.3 possono invece costituire argomento per ipotizzare un passaggio [nː] > [ln].

3.1.3 Ostruenti (fricative e occlusive piane o affricate) (4)

-Cː- > -[r]C-, -[l]C-, -NC-

– matassa / matarza [maˈtarʦa] che presuppone */maˈtarsa/, ALT 366 ‹matassa›: 174 (Cortona AR); molto diffusa in aretino con lo stesso significato la forma tarza [ˈtarʦa], verosimilmente derivante dalla precedente (cf. GDLI s.v. tarsa in cui la trafila *matarsa è solo ricostruita); – nòcchia / nòrchia, ALT 110 ‹nocciola›; 409 ‹malleolo›: 88 (San Giovanni Valdarno AR); 89 (Pian di Sco` AR); 131 (Ambra fraz. di Bucine AR); 223 (Orbetello GR); 177 (Marciana LI: ‹malleolo›); – suzzare [sudˈːzare] ‹asciugare› / surzare [surˈʣare], ALT 528 ‹suzzare›: 23 (Orsigna fraz. di Pistoia: ‹comprimere delicatamente senza strizzare, riferito ai panni lavati›); 49 (Gello fraz. di Pistoia: ‹assorbire, detto solo del terreno›); – mezzo [ˈmetːso] / melzo, milzo ALT 114 ‹mezzo›: 144 (Castagneto Carducci LI: [ˈmelʦo] ‹molto bagnato›); 57 (Vaglia FI: [ˈmilʦo] ‹bagnato fradicio; troppo maturo›);

Alterazioni di consonanti lunghe in italoromanzo

169

– pacciame [patˈːʃame] ‹foglie morte› (forma onomatopeica di origine settentrionale secondo GDLI) / palciame [palˈʧame] (145 ‹insieme di foglie morte›; 145a pacciame): 26 (Treppio fraz. di Sambuca PT: ‹insieme di foglie marce›); – pataffione, patoffione ‹grassone› (per la possibile etimologia cf. DEI, GDLI s.v.; per le forme provenzali del tipo pataflō, pataflet, patoùfle, e il loro significato, cf. FEW: VIII 36) / patanfione, patonfione, ALT 432a ‹grassone›: 84 (Greve in Chianti FI); 87 (Cavriglia AR); 105 (Sestino AR); 133 (Monte San Savino AR); 135 (Olmo fraz. di Arezzo); 145 (Bolgheri fraz. di Castagneto Carducci LI); 174 (Cortona AR); 197 (Castiglion d’Orcia SI); 200 (Celle sul Rigo fraz. di San Casciano dei Bagni SI); 201 (Cetona SI); – schiappa, stiappa ‹scheggia› (da schiappare ‹scheggiare›) / schiampa, stiampa, ALT 148 ‹scheggia›; le forme innovate sono diffuse in Lunigiana e Lucchesia: 6 (Casola in Lunigiana MS); 9 (Vinca fraz. di Fivizzano MS); 14 (Camporgiano LU); 15 (Vergemoli); 16 (Pieve Fosciana LU); 18 (San Pellegrino in Alpe fraz. di Castiglione di Garfagnana LU); 33 (Pietrasanta LU); 36 (Piazzano fraz. di Lucca); 37 (Pescaglia LU); 45 (Pontito fraz. di Pescia LU); – sbaggiola ‹altalena› (aretino; la forma sarà da riallacciare a bàggiolo ‹sostegno architettonico per marmi e pietre› < BAIULUM, su cui cf. LEI: IV 481-82) / sbangiola, ALT 364a ‹altalena attaccata di corda›: 94 (Talla AR); 95 (Castel Focognano AR); 96 (Campi di Bibbiena fraz. di Bibbiena AR).

3.1.4 Occlusive (piane o affricate) (5)

-Cː- > -SC-

– forbicicchia ‹forfecchia, forficola› (genere d’insetti) / forbicischia, ALT 231 ‹forcecchia›: forma molto diffusa, soprattutto nelle varietà occidentali; cf anche la forma forbicistia, molto diffusa, che sarà uno sviluppo secondario della precedente; – nappo ‹recipiente in metallo› (< lat. med. nappus < germ. *KNAP, GRADIT s.v.), ALT 166a ‹nappo (è la stessa cosa del fiasco o il piatto su cui viene posato?)›, annappo (questa forma in 116 Volterra PI) / naspo, annaspo, 116 (Volterra PI); 212 (Pereta fraz. di Magliano in Toscana GR); – pattona ‹castagnaccio› (< *PACTŌNA(M) < pactus ‹denso›, GDLI, GRADIT s.v.) / pastona, ALT 304a pattona: 58 (Molin del Piano fraz. di Pontassieve FI: ‹polenta di farina di castagne›); la forma sarà dovuta anche all’influsso di pastone ‹mangime per animali›.

3.2 Mutazione della seconda parte della consonante Il fenomeno è testimoniato già in età medievale. Sono noti in toscano antico occidentale i casi di -mm- > -mb- (cambera, sembola, gombere ‹vomere›) e -nn- > -nd- (in nel > in del, tendere ‹tenere›) (Castellani 2000: 306), e in aretino antico sono presenti forme come sembola, cimbice, gombeto ‹gomito› (Castellani 2000: 401-2; fiamba ‹fiamma› è invece attribuita a influsso mediano). In proposito il Castellani osserva:

170

Giancarlo Schirru

Mi sembra che la sola spiegazione unitaria, che possa valere tanto per le forme del toscano occidentale e del toscano orientale antichi (e moderni) quanto per le forme d’altra varietà popolari moderne, tra cui lo stesso fiorentino, sia quella d’una tendenza di mm e nn a dissociarsi – soprattutto se di nuova formazione (raddoppiamenti nei proparossitoni) – in mb e nd. (Castellani 2000: 401)

Altre forme, oltre alle precedenti, sono riscontrabili nelle varietà moderne; per esempio: – giomèlla ‹quantità che si prende con due mani›, giommèlla; giomellata, giommellata o giu- / giombèlla, giombellata, o giu-, ALT 462 ‹manciata›: 19 (Brandeglio fraz. di Bagni di Lucca: giombèlla, giombellata e giumbèlla); 22 (Prunetta fraz. di Piteglio PT: giombèlla e giombellata); 45 (Pontito fraz. di Pescia PT: giombèlla); 49 (Gello fraz. di Pistoia: giombèlla); – donnola / dondola [ˈdɔndola], ALT 198 ‹donnola›: diciannove punti diffusi in tutta la Toscana.

4. Analisi La fenomenologia illustrata può essere ordinata in un rapporto d’implicazione: dato il seguente ordine dei modi diaframmatici, in caso di alterazione la prima parte della consonante ha sempre un esito collocato più a sinistra, la seconda al contrario si muove verso destra: (6)

vibrante

laterale

nasali

fricative

occlusive

Tale rapporto risponde a una scala di forza consonantica. (Lass 1984: 177-181; Vennemann 1988: 9)

I nessi consonantici eterosillabici hanno forza crescente: quindi se sono oggetto di una mutazione in un processo non assimilativo, la consonante collocata nella coda sillabica tende a indebolirsi, mentre la consonante collocata in attacco tende a incrementare la propria forza (cf. la «legge della coda» e la «legge del contatto» esaminate in Vennemann 1988: 21, 40). Pertanto dai casi esaminati si può trarre la conclusione che la prima parte della consonante lunga originaria è collocata nella coda sillabica, mentre la seconda parte è collocata nell’attacco della sillaba successiva. Il fenomeno può quindi essere inserito tra le prove a favore dell’ambisillabicità delle consonanti lunghe dell’italiano esaminate da M. Loporcaro (1996). Impostiamo l’analisi in tratti dei fenomeni osservati assumendo le seguenti premesse: per prima cosa tutti i tratti sono intesi come esprimenti opposizioni bilaterali, data la scarsa fondatezza logica e fonetica dell’opposizione privativa (cf. gli argomenti in Belardi 1970). Ogni tratto è associato direttamente alle marche segmentali, senza gerarchia interna o nodi intermedi; pertanto anche le operazioni di associazione, diffusione e dissociazione sono

Alterazioni di consonanti lunghe in italoromanzo

171

operate solo su tratti terminali. Infine nella rappresentazione lessicale sono usati solo tratti distintivi: l’analisi dell’inventario fonologico italiano è operata attraverso la ricerca di tutte e sole le opposizioni logicamente necessarie e sufficienti. I rapporti di implicazione riassunti in (6) si possono quindi rappresentare fonologicamente attraverso le seguenti specificazioni: (7) [+ consonantico] [+ sonorante] [- sonorante] [- nasale] [+ nasale] [+ continuo] [- continuo] [- laterale] [+ laterale] vibrante laterali nasali fricative occlusive

Tra le sonoranti italiane, i segmenti /ʎ/ e /ɲ/ non possono essere coinvolti nei processi qui esaminati, né in input né in output (cf. quanto si osserva in Marotta 1995: 19-20). Sulla base della classificazione illustrata in (7) i mutamenti esaminati nel §3 sono esprimibili mediante le seguenti regole autosegmentali: (8)

Laterale: -Cː- > -[r]C- (§3.1.1)

(9)

Nasali: -Cː- > -[r]C-, -[l]C- (§3.1.2)

172

Giancarlo Schirru

(10) Ostruenti: -Cː- > -[r]C-, -[l]C-, -NC- (§3.1.3)

Questa regola ha lo svantaggio di essere applicabile anche ai nessi di tipo SC di cui dissocia la prima consonante dalla specificazione del tratto [sonorante], e quindi ne consente la mutazione in una sonorante (potrebbe essere corretta inserendo la specificazione [α continuo] nel medesimo nodo di [- sonorante]): tale fenomenologia era però effettivamente attestata nel diasistema toscano. Nel livornese rustico fino a qualche decennio fa s preconsonantico si poteva mutare in una laterale (più o meno palatalizzata e fricativa, resa con nelle testimonianze grafiche; cf. Rohlfs 1966-1969: §266; Giannelli 2000: 62 e n. 195). Il fenomeno è largamente presente (con diverse realizzazioni sonoranti di tipo laterale o anche vibrante) per influsso toscano nei dialetti della Sardegna settentrionale e in còrso (Blasco Ferrer 1984: 134; Durand 2003: 138 e n. 2). (11) Mutamento della seconda parte della consonante (§3.2):

5. Conclusioni L’inalterabilità delle geminate è una condizione molto diffusa, ma non può essere considerata come inviolabile; esistono casi di alterazione di consonanti lunghe, come quelli presi qui in esame. Le geminate risultano inalterabili soprattutto nei processi di lenizione che sono strettamente dipendenti dal contesto (e probabilmente non vanno considerati nel quadro dei processi assimilativi): la lenizione interviene quando un segmento è collocato in una posizione fonologicamente debole (cf. anche Kenstowicz 1994: 414). La descrizione della «geminazione distratta» delle varietà toscane può essere operata mediante rappresentazioni che fanno uso dell’associazione multipla e non richiede necessariamente una rappresentazione sequenziale. In ogni caso processi di questo tipo non sembrano avere la proprietà di verificare o falsificare l’uso dell’OCP nelle rappresentazioni fonologiche. Gli argomenti per l’uso dell’OCP in fonologia segmentale risiedono in assunti

Alterazioni di consonanti lunghe in italoromanzo

173

teorici più generali: il principio, sviluppato in particolare dalla scuola fonologica di Londra, secondo cui le grandezze oggetto dell’analisi fonologica sono proprietà che si estendono linearmente (cf. la riflessione in De Dominicis 2003: 15-20). Le alterazioni esaminate confermano, e aiutano a comprendere, il particolare statuto fonologico della coda sillabica italiana: in particolare mostrano come solo i tratti di modo diaframmatico siano alterabili in coda, mentre i tratti di luogo e il tratto [sonoro] sono oggetto di mutamento esclusivamente in attacco sillabico (cf. l’analisi proposta in Marotta 1995).

Bibliografia ALT = Giacomelli, Gabriella (ed.): Atlante lessicale toscano. consultato nella versione Web, http://serverdbt.ilc.cnr.it/altweb/ (8 2007). Belardi, Walter (1970): L’opposizione privativa. Napoli: Istituto Orientale. Bertinetto, Pier Marco / Kenstowicz, Michael / Loporcaro, Michele (edd.) (1991): Certamen Phonologicum II. Papers from the 1990 Cortona Phonology Meeting. Torino: Rosenberg & Sellier. Blasco Ferrer, Eduardo (1984): Storia linguistica della Sardegna. Tübingen: Niemeyer. Castellani, Arrigo (2000): Grammatica storica della lingua italiana. Bologna: Il Mulino. De Dominicis, Amedeo (2003): Fonologia. Modelli e tecniche di rappresentazione. Roma: Carocci. Durand, Olivier (2003): La lingua còrsa. Una lotta per la lingua. Brescia: Paideia. Giannelli, Luciano (2000): Toscana. Ospedaletto (PI): Pacini. Goldsmith, John A. (1990): Autosegmental and metrical phonology. Cambridge (Ma): Blackwell. Guerssel, Mohamed (1977): Constraints on phonological rules. In: Linguistic Analysis 3, 267-305. – (1978): A condition on assimilation rules. In: Linguistic Analysis 4, 225-254. Hayes, Bruce (1986): Inalterability in CV phonology. In: Language 62, 321-351. Inkelas, Sharon / Cho, Young-mee Yu (1993): Inalterability as prespecification. In: Language 69, 529-574. Keer, Edward W. (1999): Geminates, the OCP and the nature of CON. Tesi di dottorato diretta da Alan Prince, Rutgers State University of New Jersey. Disponibile in: Rutgers Optimality Archive, roa.rutgers.edu/index.php3 (8 2007). Kenstowicz, Michael (1994): Phonology in generative grammar. Cambridge (Ma): Blackwell. Lass, Roger (1984): Phonology: an introduction to basic concepts. Cambridge: CUP. Leben, William R. (1980): A metrical analysis of length. In: LingI 11, 497-509. Loporcaro, Michele (1996): On the analysis of geminates in Standard Italian and Italian dialects. In: Hurch, Bernhard / Rhodes, Richard A. (edd.): Natural phonology: the state of the art. Berlin: Mouton de Gruyter, 153-187. Marotta, Giovanna (1995): Sindrome delle coronali e coda sillabica in italiano. In: QDLUF 6, 15-34. McCarthy, John J. (1986): OCP effects: gemination and antigemination. In: LingI 17, 207-263. Odden, David (1988): Anti antigemination and the OCP. In: LingI 19, 451-475. Parker, Stephen (1992): Geminate alterability: another OCP violation. In: Linguistic Analysis 22, 4650. Pieri, Silvio (1890): Fonetica del dialetto lucchese. In: AGI 12, 1, 107-134. – (1891): Fonetica del dialetto pisano. In: AGI 12, 2, 141-160. Rohlfs, Gerhard (1966-1969): Grammatica storica della lingua italiana e dei suoi dialetti. Torino: Einaudi.

174

Giancarlo Schirru

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Carlo Schirru / Alberto Zamboni

Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale (in comparazione con l’area ladina dolomitica)

1. Introduzione Nel complesso dibattito sulla partizione e classificazione delle lingue romanze (LR) o meglio delle varietà neolatine e in particolare sulla posizione del tipo ‹cisalpino› o altoitaliano (ossia italiano settentrionale, IS) è stato sottolineato negli ultimi anni (cf. Zamboni 1990; 1993; 1995) un tratto fonologico dipendente dalla distinzione lausberghiana (1971: §163) tra gli esiti vocalici in sillaba tonica aperta e quelli in sillaba chiusa. Come si sa, si tratta d’una distinzione di grande rilievo tipologico-classificatorio che coincide quasi completamente con la tradizionale partizione tra Romània settentrionale e meridionale: in particolare, essa comporta da un lato lo sviluppo di posizioni fo r ti (eventualmente lu n g h e) contro altre d eb o l i (dove il friulano costituisce per esempio un sottotipo assai specifico), mentre dall’altro produce la formazione di sistemi no n quantitativi che conservano piuttosto stabilmente il vocalismo finale. Una spia a tutt’oggi poco valorizzata di settentrionalismo è data qui dai fenomeni d’abbassamento (e centralizzazione) di /e/ neolatina (< lat. /ĕ, ĭ/) in posizione, che nelle loro disordinate manifestazioni fanno tuttavia intravedere un quadro soggiacente unitario e tendenzialmente organizzato per subaree: cf. /ë/ (IPA /ə/?) in varie zone galloitaliche (piem. sëka, trësa, vësku), /セ/ (la soluzione più diffusa), /a/ (non raro in Emilia, bol. sac ‹secco›, vandi) e ancora una centrale bassa /ă/ (IPA /ウ/?) o simili nel ladino dolomitico sellano (bad. sëk, livin. săk, gard. sëk &c.), con la vistosa eccezione dei dialetti veneti (e di quelli ladini più a contatto con essi) che nel vocalismo e nella struttura della parola mostrano caratteristiche assai più prossime al toscano. Se tratti del genere, con le loro implicazioni sistematiche, risultano poco osservati in termini fonologici generali, la loro considerazione fonetica –a tutti i livelli– è pressoché nulla. Stanti le condizioni di compattezza areale e tipologica che offrono, le parlate ladine in questione meritano un primo assaggio sperimentale, che muove dalla recente pubblicazione dell’Atlante Ladino Dolomitico (ALDI) promosso da Hans Goebl, atlante corredato da un supporto informatico che registra fonicamente le risposte alle domande del questionario.

176

Carlo Schirru / Alberto Zamboni

1.1 Protocollo sperimentale Per le finalità dell’analisi, il protocollo sperimentale è metodologicamente omogeneo allo studio precedente (Schirru / Zamboni 2004), del quale rappresenta peraltro una verifica e una prima estensione areale, ricalcandone essenzialmente la procedura usata. L’indagine concerne infatti ancora i materiali sonori dell’ALD-I ed è tesa principalmente alla messa in luce dei tratti acustico-formantici delle vocali accentate contenute nelle chiavi lessicali di riferimento. Nello specifico essa ha riguardato una serie di registrazioni affini al campione dolomitico precedente, provenienti questa volta da quattro località del Trentino occidentale (Pinzolo, punto 69, in alta Val Rendena; Spiazzo, p. 70, posto a metà della Val Rendena; Creto, p. 76, nelle Giudicarie; Storo, p. 77, nella Valle del Chiese), con l’aggiunta di alcune chiavi supplementari ai fini di un ulteriore approfondimento. Nel complesso, la presente analisi concerne dunque le seguenti chiavi lessicali, località e genere del parlante: castagna, 69 (Pinzolo, m.), 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); cresce, 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); freddo, 69 (Pinzolo, m.), 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); fresco, 69 (Pinzolo, m.), 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); legna, 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); sacco, 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); secco, 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); voglio, 69 (Pinzolo, m.), 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.); battezza, 70 (Spiazzo, m.), 77 (Storo, f.); bestemmia, 69 (Pinzolo, m.); carriola, 69 (Pinzolo, m.); figlia, 69 (Pinzolo, m.), 70 (Spiazzo, m.), 76 (Creto, f.), 77 (Storo, f.). Fig. 1. Punti e "movimenti" ACB per chiave lessicale e per tutte le località, rispetto alle medie dell'it. st. secondo Ferrero et al. 1978

Fig. 2. Punti C, per chiave lessicale e per tutte le località, rispetto alle medie dell'it. st. secondo Ferrero et al. 1978

castagna battezza

F1 (Bark)

i 4

figlia carriola

bestemmia

2

voglio

u e

cresce

o

E

freddo

O

6 cresce legna

figlia battezza castagna carriola

i

F1 (Bark)

2

e

4

u

freddo

o E 6

fresco

legna

fresco

O

cresce

castagna

secco

a

a

secco

voglio bestemmia

8

8

sacco

sacco

14

12

10

F2 (Bark)

8

6

14

12

10

8

6

F2 (Bark)

Come si può osservare, tali località corrispondono quasi del tutto a quelle presenti nella lista delle 77 oggetto di rilevamento in Ettmayer (1995 [1902], da 1 Fucine in Val di Sole a 77 Ponte di Legno, Alta Val Camonica), che ha infatti: 32 Pinzolo; 34 Spiazza (sic), già Pieve Rendena; 44 Praso, in prossimità di Creto (ALD-I), frazione di Pieve di Bono; 47 Storo. Operativamente, si è passati dal canonico esame uditivo-percettivo iniziale (ai fini della scelta delle chiavi lessicali dal corpus dell’ALD-I, in accordo con le ipotesi fonologiche di

177

Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale

riferimento) all’esame acustico approfondito delle vocali accentate relative, con l’uso basilare del programma Multi-Speech e, a titolo di verifica, anche del programma Praat. Il segnale acustico è stato acquisito in formato ‹.wav› a 44 KHz e ricampionato di norma a 22 KHz. Da un punto di vista timbrico, viste la tipologia, quasi da laboratorio, del parlato e la presenza di parlanti variegati soprattutto nel genere, la rilevazione formantica iniziale in Hz è stata trasformata in Bark, con lo scopo di minimizzare l’ampiezza di tali differenze. Per l’essenziale, sono state effettuate sia le rilevazioni di base sulle durate temporali che le opportune misurazioni in frequenza delle prime due formanti, in corrispondenza dei noti tre punti focali –iniziale, centrale e finale (cf. Hillenbrand et al. 1995; Flege et al. 2003)– dei segmenti monottongali (in presenza di dittonghi si è pertanto tralasciata ogni porzione di natura approssimante), indispensabili ai fini della connessa localizzazione e distribuzione tipologica all’interno di uno spazio cartesiano. I valori sono stati infine integrati nella banca dati precedente e opportunamente codificati per rispondere alle finalità dello studio. Fig. 3. Media di tutti i punti C, rispetto allo schwa e alle medie dell'it. st. secondo Ferrero et al. 1978

Fig. 4. Punti e "movimenti" AB per chiave lessicale, su tutte le loc. e rispetto alle medie dell'it. st. secondo Ferrero et al. 1978

2

2

4

schwa

u in presenza di "voglio"

e

F1 (Bark)

F1 (Bark)

i

o E O

6

4

castagna bestemmia battezza figlia carriola figlia voglio i

u

e cresce

o

E

freddo fresco

6

O

cresce legna

in assenza di "voglio"

a

a

secco

8

8 sacco

14

12

10

F2 (Bark)

8

6

14

12

10

8

6

F2 (Bark)

Per esigenze di sintesi, ma volendo anche rendere più agevole ogni possibile confronto per mezzo, tra l’altro, di rispettivi centri di gravità acustici, in un primo tempo sono state quindi calcolate le due medie formantiche per vocale, ottenute a partire dai dati sui tre punti focali già detti, convertite a loro volta nelle rispettive medie formantiche comprensive degli insiemi in analisi; in un secondo momento sono state quantificate le medie relative ai soli punti centrali delle vocali, in funzione della presenza e assenza dei dati sulla chiave lessicale voglio (elemento di contrasto, stante la soggiacenza posteriore della tonica < lat. /ŏ/) a causa della sua peculiarità fonologica rivelatasi conforme alle attese. All’interno del poligono acustico si è poi provveduto, per ogni chiave lessicale e località, alla stima delle distanze euclidee sull’evoluzione timbrica (o movimento) fra i punti iniziale e finale dei segmenti vocalici e delle rispettive differenze percentuali fra singole formanti.

178

Carlo Schirru / Alberto Zamboni

1.2 Risultati: aspetti temporali Sul piano temporale, spiccano innanzitutto le ampie oscillazioni fra singole realizzazioni da attribuire ipoteticamente, per un verso, alle peculiarità dei locutori e alle caratteristiche più o meno marcate nella produzione; per un altro, ad una qualche distinzione fra due tipologie distinte apparentemente da allungamenti relativamente maggiori in sillaba aperta. La basilare propensione per la seconda ipotesi, pur in un quadro di indubbia influenza della prima, troverebbe conferma in alcuni casi quali, da un lato, il contesto in sillaba aperta di castagna, le cui produzioni oscillano in una forbice compresa fra i 97 ms, rilevati a Spiazzo per una voce maschile alquanto neutra, e i 191 ms rilevati a Creto per una voce femminile che pare marcata tuttavia da una qualche enfasi sillabica. Dall’altro, il contesto chiuso da occlusiva in secco, caratterizzato dal valore minimo assoluto (59 ms) e prodotto senza particolare marcatezza da voce femminile ancora a Creto, opposto al valore massimo corrispondente di 119 ms, prodotto in maniera relativamente neutra a Storo, sempre da voce femminile; oppure il contesto strutturalmente affine di sacco, contraddistinto da un minimo di 70 ms, osservato sempre a Creto sulla stessa locutrice, in opposizione ad un massimo di 158 ms, osservato questa volta a Storo ma ancora su voce femminile. In attesa di uno studio specifico ed esauriente sulla problematica, la seconda ipotesi troverebbe una qualche conferma sul piano statistico. Infatti, ad una prima indagine basata sull’ANOVA, pur nell’irrilevanza –anche se in condizione prossima alla soglia (P = 0.06)– delle differenze fra singoli dati, i valori estremi per chiave lessicale appaiono per converso statisticamente significativi, in relazione alla tipologia sillabica aperta (P = 0.004) o chiusa (P = 0.002) dei rispettivi segmenti. Nello specifico si osservano comunque, fra località, le seguenti oscillazioni temporali in ms: fresco 89-152 (rispettivamente Spiazzo-Pinzolo); freddo 83-119 (Spiazzo-Storo); legna 93-150 (Spiazzo-Storo); sacco 70-158 (Creto-Storo); cresce 117-166 (Creto-Storo); voglio 123-177 (Spiazzo-Pinzolo); figlia 113-169 (Spiazzo-Creto). Inoltre, le differenze in battezza, osservate a Spiazzo e a Storo (148-175 ms) sono verosimilmente da attribuire alle peculiarità dei parlatori. D’altro canto, su bestemmia e carriola (pur esso contrastivo), rilevate unicamente a Pinzolo, si osservano rispettivamente 135-151 ms. Rispetto poi, per un momento, al corpus precedente sul ladino centrale, si segnalano discrepanze di qualche peso solo sui massimi relativi a secco, sacco e cresce, riscontrati questa volta, nello stesso ordine, a La Valle (142 ms, v. f.), Corvara (224 ms, v. m.) e a Colfosco (187 ms, v. f.).

1.3 Risultati: aspetti timbrici Sul piano frequenziale, la fig. 1 mostra le singole localizzazioni all’interno di uno spazio cartesiano dei segmenti vocalici, unitamente ai corrispondenti medi dell’italiano standard, anch’essi qui trasformati in Bark. A prescindere dalle modulazioni interne ai segmenti, la manifesta complessità lascia trasparire per l’essenziale un abbinamento distributivo fra un nucleo alquanto coeso di punti di esistenza, relativamente centrale, medio-medio-basso / antero-mediano, e un insieme più periferico, distribuito nelle zone antero-mediana / medioalta-alta e anteriore medio-bassa-bassa –anche esterna al vocalismo italiano di riferimento– ma anche in quella posteriore medio-alta-alta del poligono.

179

Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale

Fig. 5. Punti C, per chiave lessicale, rilevati a CRETO su voce femminile, rispetto all'italiano st. e allo schwa

2

castagna

voglio

u

cresce secco

e E

fresco

O

6

carriola

sacco

4

u

voglio

figlia

o

schwa

bestemmia

castagna

i

F1 (Bark)

F1 (Bark)

2

figlia

i 4

Fig. 6. Punti C, per chiave lessicale, rilevati a PINZOLO su voce maschile, rispetto all'italiano standard e allo schwa

e o E

freddo

O

fresco

6 schwa

legna freddo

a

a

8

8 14

12

10

F2 (Bark)

8

6

14

12

10

8

6

F2 (Bark)

La figura 2, concernente i soli punti vocalici C, permette di meglio distinguere fra chiavi che paiono partecipare maggiormente del primo insieme fra i quali secco, cresce, fresco e freddo, e chiavi che paiono partecipare maggiormente del secondo, come figlia, castagna, legna, sacco ma soprattutto voglio. La figura 3 fornisce una sintesi indicativa del fenomeno in quanto riproduce l’accostamento fra il punto di esistenza di un timbro centrale /ə/, dunque dello schwa (con, in Bark, i noti valori formantici di base di 500 e 1500 Hz), e la rappresentazione omnicomprensiva dei segmenti in analisi, costituita da punti di convergenza (o centri di gravità) connessi alla presenza o assenza di voglio nel calcolo delle medie relative. Pur circoscritta entro un valore di distanza euclidea (dE) di 0.29 Bark, l’influenza di voglio sulle restanti chiavi produce visibilmente una maggiore centralizzazione complessiva dei punti (e una riduzione della dE dallo schwa da 0.30 Bark a 0.07 Bark) lungo una linea, tangenziale ad /ə/, di tendenza all’innalzamento su F1 del 2.08% e alla posteriorizzazione su F2 del 2.42%, in direzione della zona di esistenza dei fonemi /u/ alto e /o/ medio-alto italiani. La figura 4 riassume le modulazioni frequenziali in Bark interne ai segmenti vocalici delle chiavi in esame. La maggiore stabilità in assoluto (0.1) viene riscontrata su figlia prodotta a Spiazzo, contrapposta al massimo della variabilità (2.37) osservata a Creto su legna.

180

Carlo Schirru / Alberto Zamboni

Fig. 7. Punti C, per chiave lessicale, osservati a SPIAZZO su voce maschile, rispetto all'italiano standard e allo schwa

Fig. 8. Punti C, per chiave lessicale, rilevati a STORO su voce femminile, rispetto all'italiano standard e allo schwa

2

2

4

u figlia

e

o

fresco

freddo

E 6

battezza

O

cresce

legna castagna

4

legna

12

o freddo

E

O

secco

6 castagna

secco

a

cresce

8

sacco

14

u

e

a 8

voglio

figlia schwa fresco

voglio

schwa

battezza

i

F1 (Bark)

F1 (Bark)

i

10

F2 (Bark)

8

6

sacco

14

12

10

8

6

F2 (Bark)

Al di là di tali valori, su battezza si ha una realizzazione più stabile a Storo che a Spiazzo (0.24/1.38); su bestemmia e carriola, prodotte a Pinzolo, si ha un buon grado di stabilità (rispettivamente 0.26 e 0.31); su castagna si ha progressivamente minore stabilità nell’ordine Storo, Spiazzo, Pinzolo, Creto (0.6/0.71/0.76/1.38); su cresce, Creto, Storo, Spiazzo (0.39/0.51/0.59); su figlia, Spiazzo, Storo, Pinzolo, Creto (0.1/0.71/0.77/1.06); su freddo, Spiazzo, Creto, Pinzolo, Storo (0.22/0.66/1.03/1.31); su fresco, Creto, Spiazzo, Storo, Pinzolo (0.56/0.62/0.68/0.74); su legna, Storo, Spiazzo, Creto (0.59/1.13/2.37); su sacco, Storo, Creto, Spiazzo (0.19/0.26/0.87); su secco, Spiazzo, Storo, Creto (0.99/1.05/1.72); su voglio, infine, nell’ordine Creto, Pinzolo, Storo, Spiazzo (0.16/0.75/1.31/1.53). Per quanto variegato, dal quadro in osservazione traspare infine per certi versi una maggiore caratterizzazione di alcune località di studio su altre. Si osserva infatti una sorta di predominanza di Creto (v. f.) e Spiazzo (v. m.) sui restanti Storo (v. f.) e Pinzolo (v. m.), che necessita naturalmente di ulteriore specifica indagine anche perché pare indipendente dal genere dei parlatori, dovuta al fatto che: a Creto si producono 4 casi di maggiore fluttuazione timbrica relativa (in ordine decrescente su legna, secco, castagna, figlia) e tre di maggiore stabilità relativa (in ordine crescente su fresco, cresce, voglio); a Spiazzo, rispettivamente tre (in ordine decrescente su voglio, sacco, cresce) e tre (in ordine crescente su secco, freddo, figlia); a Storo, 1 (su freddo) e tre (in ordine crescente su castagna, legna, sacco); infine a Pinzolo, 1 solo caso di maggiore instabilità su fresco. Ulteriori indicazioni utili vengono prodotte dall’analisi dei dati in funzione delle singole località. Le figure 5, 6, 7, 8 –indicanti tutte le rilevazioni su Creto, Pinzolo, Spiazzo e Storo nel solo punto C– unitamente alla tabella 1 e figura 9 –indicanti le rilevazioni singole e corrispondenti medie globali sui punti C delle sole chiavi comuni alle quattro località– mettono infatti in luce un altro tipo di differenziazione per un verso fra le realizzazioni di Creto e Storo, per un altro, fra le corrispettive di Pinzolo e Spiazzo. Focalizzando le sole chiavi comuni, i singoli punti sul poligono vocalico mostrano una fisionomia globale con, nel caso di Creto e Storo, un’ampia area di esistenza, distribuita nel senso dell’apertura ma in misura ben maggiore –e con una pendenza positiva– nel senso dell’antero-posteriorità. Ciò a causa principalmente del posizionamento in voglio,

181

Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale

decisamente posteriore su entrambe le località e prossimo al tipo italiano /u/ a Storo, e adiacente al tipo /o/ a Creto. Nel caso di Pinzolo ma soprattutto di Spiazzo, si evidenzia invece una zona di esistenza nettamente più ridotta distribuita: a Spiazzo, in una banda stretta sull’asse dell’apertura, protesa verso il basso a partire praticamente dalla posizione dello schwa; a Pinzolo, in una fascia obliqua medio-medio-alta, relativamente più larga, a pendenza negativa verso l’interno del poligono e con la parte bassa centrale sovrapposta tangenzialmente allo schwa. Fig. 10. Punti C relativi a LEGNA, per località, rispetto all'italiano st. secondo Ferrero et al. 1978 e allo schwa

Fig. 9. Medie globali sui punti C, per località e chiavi comuni, rispetto all'italiano st., secondo Ferrero et al. 1978, e allo schwa

2

2 Pinzolo

u

e o E

6

Creto

O

Storo (f)

Spiazzo (m)

6

8 14

12

10

8

O

S. Martino (f)

a

Chiavi comuni: castagna figlia freddo fresco voglio

a

o

schwa

E

Creto (f)

schwa Spiazzo

u

e

4

F1 (Bark)

F1 (Bark)

Storo

4

Ornella (m)

i

i

8

Corvara (m) Colfosco (f) La Valle (f)

10 20

6

18

16

14

12

10

8

6

F2 (Bark)

F2 (Bark)

Nelle medie globali corrispondenti, oltre ad un posizionamento più o meno posteriorizzato rispetto allo schwa si evidenzia, per l’essenziale, una distribuzione contrapposta nel senso dell’apertura fra Pinzolo e Spiazzo, ed una rispettiva in senso antero-posteriore fra Storo e Creto. Più nello specifico si osserva un’apertura progressiva in Bark sull’asse della F1 nell’ordine Pinzolo (4.08) < Storo (4.39) < Creto (4.46) < Spiazzo (5.02); parallelamente si osserva una maggiore posteriorizzazione progressiva sulla F2 nell’ordine Spiazzo (11.04) < Storo (11.02) < Pinzolo (10.81) < Creto (10.49). Fig. 12. Punti C su LEGNA e SECCO, per località-varietà, rispetto allo schwa e ai fonemi dell'italiano standard

Fig. 11. Punti C su SECCO, per località, rispetto allo schwa e ai fon. dell'it. st. secondo Ferrero et al. 1978

2

i Creto (f)

4

u schwa

e

o

Storo (f)

E 6

Spiazzo (m)

O

Ornella (m)

i e

Creto (f)

u schwa

o

Storo (f) Spiazzo (m)

E

O

6

Ornella (m) S. Martino (f)

8

Colfosco (f)

Corvara (m)

legna secco

4

a

S. Martino (f)

8

F1 (Bark)

F1 (Bark)

trentino occidentale ladino centrale

2

a Colfosco (f)

Corvara (m)

La Valle (f)

La Valle (f)

10

10 20

18

16

14

12

F2 (Bark)

10

8

6

20

18

16

14

12

F2 (Bark)

10

8

6

182

Carlo Schirru / Alberto Zamboni

1.4 Comparazioni col precedente studio sul ladino centrale In relazione alle chiavi lessicali legna e secco, comuni a tre delle località (Creto, Storo e Spiazzo) esaminate in questa sede e a cinque (Colfosco, Corvara, La Valle, Ornella, San Martino) di quelle considerate nel precedente studio del 2004, si può inoltre procedere ad un primo confronto fra trentino occidentale e ladino centrale. Premessa l’assenza di differenze temporali statisticamente significative in funzione della chiave lessicale tra il tipo trentino occidentale (P = 0.204) e ladino centrale (P = 0.89), come si può osservare (figg. 10-12), a livello timbrico emergono in effetti due tipologie distinte ma nel contempo accomunate con: il gruppo trentino occidentale (B) –cui partecipa tuttavia visibilmente anche Ornella–, distribuito per l’essenziale a cavallo del poligono vocalico italiano, nella fascia antero-mediana e ad altezza medio-medio-bassa; il gruppo ladino centrale (A), posizionato decisamente al di fuori del poligono, in una banda ancora antero-mediana ma con un grado di apertura prossimo o superiore ad /a/ italiano. Ciò che accomuna i due gruppi è dunque il posizionamento antero-posteriore, equivalente soprattutto in legna come evidenziato nei valori medi corrispettivi (fig. 13). In effetti, lo scostamento su F2 rispetto alla posizione dello schwa (11.2 Bark) è in legna dell’11.53% in A (12.66 Bark) e dell’11.60% in B (12.67 Bark); in secco, del 4.36% in A (11.71 Bark) e dell’1.75% in B (11.4 Bark). Ancora a livello di medie –e sempre rispetto alla posizione dello schwa (F1 = 4.74 Bark)– si noti, per terminare, il divergere in apertura fra legna e secco con in A una crescita del 3.3% (nell’ordine 6.91, 7.26 Bark - 31.40%, 34.71%) e in B una diminuzione del 4.18% (5.45, 5.2 Bark - 13.03%, 8.85%).

1.5 Conclusioni Lo studio rappresenta una prima conferma alle ipotesi di partenza sulla varietà trentino occidentale in merito all’aspetto temporale (vocali tendenzialmente più lunghe in sillaba aperta) e all’aspetto timbrico (tendenza alla centralizzazione). Anche in questa sede la ricerca ripropone comunque l’esigenza di ulteriori e più ampi studi di natura oggettiva al fine di disporre di dati confrontabili in maniera più diretta e sistematica, tali anche da permettere il ricorso ad analisi statistiche appropriate.

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Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale

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SESSO

F1

F2

Creto Pinzolo Spiazzo Storo Creto Pinzolo Spiazzo Storo Creto Pinzolo Spiazzo Storo Creto Pinzolo Spiazzo Storo Creto Pinzolo Spiazzo Storo Creto Pinzolo Spiazzo Storo

castagna castagna castagna castagna figlia figlia figlia figlia freddo freddo freddo freddo fresco fresco fresco fresco voglio voglio voglio voglio media media media media

f m m f f m m f f m m f f m m f f m m f f m m f

3.91 3.47 5.51 5.79 3.07 4.35 4.64 3.46 5.51 4.47 5.2 5.11 5.44 4.28 4.99 4.3 4.35 3.83 4.77 3.28 4.46 4.08 5.02 4.39

10.74 11.7 11.12 12.85 11.41 11.63 11.06 12.36 11.79 9.68 11.06 11.48 11.79 10.41 10.87 10.93 6.73 10.64 11.09 7.5 10.49 10.81 11.04 11.02

Fig. 13. Punti C su LEGNA e SECCO per varietà, rispetto allo schwa e ai fonemi dell'italiano st.

legna

2

secco

F1 (Bark)

LOCALIT A'

i

u schwa

e

4 trentino occ.

o

E

O 6

a 8

ladino centr.

10 20

18

16

14

12

F2 (Bark)

10

8

6

Stephan Schmid

Les occlusives palatales du vallader

1. Introduction La présente contribution porte sur la nature phonétique d’un type particulier de consonnes du romanche parlé en Basse-Engadine (Suisse), à savoir les occlusives palatales [c ]. Après une brève caractérisation sociolinguistique du vallader, nous envisagerons ces deux consonnes du point de vue diachronique, géolinguistique et typologique, en posant aussi le problème de leur transcription phonétique. La partie principale de notre étude consiste en la présentation d’une recherche empirique qui vise à saisir la nature articulatoire de ces consonnes avec les outils de la phonétique acoustique. Afin de distinguer [c ] par rapport au lieu et au mode d’articulation de leurs consonnes ‹voisines› [t d] et [k ], un corpus de mots lus par trois locutrices natives du vallader a été constitué au laboratoire de phonétique de l’Université de Zurich. Des mesures et calculs ont été effectués quant à la dimension temporelle et spectrale des sons obtenus. Selon les résultats de l’analyse acoustique, la différentiation entre occlusives palatales et affriquées postalvéolaires semble être moins nette que ce à quoi nous nous étions attendus, ce qui pourrait amener les locuteurs du vallader à abandonner dans le futur la distinction entre ces deux catégories.

2. Le vallader Selon l’article 4 de la Constitution fédérale, le romanche est la quatrième langue nationale de la Confédération suisse. Néanmoins, le romanche peut être considéré comme une langue ‹virtuelle› (Hilty à paraître). Il existe bien une tradition scripturale séculaire documentée pour chacun des cinq idiomes rhéto-romans parlés dans le canton des Grisons (à savoir le sursilvan dans la région du Rhin antérieur, le sutsilvan dans la région du Rhin postérieur, le surmiran dans les vallées de l’Albula et du Julier, le puter en Haute-Engadine et le vallader en Basse-Engadine et dans la Val Müstair), mais la tentative d’introduire une norme standard unifiée est relativement récente. Dans le recensement fédéral de la population réalisé en l’an 2000, 35 095 personnes se sont déclarées locuteurs natifs du romanche, ce qui correspond à 0,5% de la population suisse (Lüdi / Werlen 2005: 7); seules 5 138 personnes ont indiqué le vallader comme langue principale (Gross 2004: 31). Du point de vue sociolinguistique, on peut donc

186

Stephan Schmid

qualifier le vallader de ‹langue menacée›, d’autant plus que tous les locuteurs du romanche parlent aussi le suisse allemand.

3. Les occlusives palatales 3.1 Le système consonantique du vallader Le système phonologique du vallader compte 27 phonèmes consonantiques (Schmid 2007: 33): Labial Occlusive

Alvéolaire

pb fv

Fricative Affriquée Nasale

m

Vibrante Latérale

Postalvéolaire

td sz ts dz n r l

Palatal

Vélaire

c

k

 t d

Approximante

Glottal

h   j

w

Tableau 1: Phonèmes consonantiques du vallader

Il s’agit d’un système assez ‹économique› et typologiquement non marqué, avec la seule exception de la région palatale, où l’on trouve deux consonnes relativement rares dans les langues du monde, à savoir les occlusives /c /. En outre, du point de vue articulatoire et perceptif ces consonnes sont très proches des affriquées postalvéolaires /t d/. Néanmoins, il faut noter la grande fréquence de ces consonnes dans le lexique du vallader. Il est vrai qu’on ne trouve pas beaucoup de paires minimales qui exploitent l’opposition entre /c/ et /t/, comme par exemple chatta ‹(elle) trouve› vs. tschatta ‹(la) patte›; toutefois, les occlusives palatales apparaissent dans divers contextes phonotactiques, non seulement à l’initiale du mot (1a.) et entre voyelles (1b.), mais aussi après consonne (1c.) et à la finale du mot (1d.). (1)

a. b. c. d.

chan ‹chien› vacha ‹vache› grazcha ‹merci› fich ‹beaucoup›

giat ‹chat› magöl ‹verre› gövgia ‹jeudi› bös-ch ‹arbre›

Il est donc non seulement difficile de distinguer entre occlusives palatales et affriquées postalvéolaires, mais il est également difficile de prononcer ces groupes de consonnes. C’est pourquoi on les trouve souvent dans des proverbes (2a.) et dans des virelangues (2b.).

187

Les occlusives palatales du Vallader

(2)

a. b.

Chi chi tschercha, chatta ‹Celui qui cherche, trouve›. I d’eira ün chatschader sün üna tschücha chi vaiva tschüf tschinch chamuotschs ‹Il y avait un chasseur sur une souche qui avait attrapé cinq chamoix›.

3.2 Origine diachronique et diffusion diatopique des occlusives palatales L’origine diachronique des occlusives palatales est due à divers processus phonologiques: K-A -Ū -O -Ŭ -E -I

[c] [k] [t]

Gchan ‹chien› chüna ‹berceau› corp ‹corps› cuort ‹court› tschêl ‹ciel› tschinch ‹cinq›

[]

Jgiat ‹chat›

[ ] [d]

[]

giantar ‹déjeuner›

[]

gün ‹juin› gö ‹jeu› giuven ‹jeune›

gust ‹goût› dschender ‹gendre›

Tableau 2: Origine diachronique des obstruentes palatales du vallader

Le lexique connaît de nombreuses exceptions (liées en partie au traitement des latinismes et des italianismes), mais il est clair que le processus phonologique le plus productif est la palatalisation de K,G devant la voyelle A. En outre, on repère les occlusives palatales devant la voyelle et comme résultat de yod. La palatalisation des occlusives vélaires latines devant A est considérée comme un trait caractéristique des parlers ‹rhéto-romans› dans le sens vaste du terme, autrement dit non seulement du romanche des Grisons, mais aussi du ladin dolomitique et du frioulan. Cependant, la diffusion aréale des occlusives palatales est plus vaste et couvre aussi quelques dialectes gallo-italiques situés dans l’arc alpin, par exemple dans le Canton du Tessin ou même dans le Piémont, plus précisément dans la Valsesia (Berruto 1974: 30; Romano et al. 2005). En effet, comme l’a montré le romaniste zurichois Heinrich Schmid (1956: 53-80), la palatalisation de K,G devant la voyelle A constitue une innovation par rapport au latin et devait être répandue dans toute l’Italie septentrionale (cf. aussi Vigolo 1986; Videsott 2001: 28-30), mais elle représente aujourd’hui un trait conservateur, typique des régions latérales.

3.3 Considérations typologiques Les occlusives palatales ne sont pas seulement marginales à l’intérieur des langues romanes, elles sont aussi typologiquement marquées. Ainsi, si l’on consulte la base de données UPSID qui recueille les inventaires des phonèmes de 451 langues représentatives du point de vue des familles génétiques (Maddieson 1984; Maddieson / Precoda 1991), on constate que les occlusives palatales sont beaucoup moins fréquentes que les affriquées postalvéolaires, qui à leur tour sont moins fréquentes que les occlusives vélaires.

188 c  t d k 11.97% 09.53% 41.69% 25.06% 89.36% Tableau 3: Fréquence des obstruentes palatales et vélaires selon UPSID

Stephan Schmid

56.10%

Si le vallader est une variété de langue en danger par son statut sociolinguistique, les occlusives palatales pourraient être menacées à leur tour par la position qu’elles occupent dans le système linguistique. En effet, dans la partie orientale de la Basse-Engadine, le phonème sonore // est en train d’être abandonné en faveur de l’approximante /j/. Ce n’est pas par hasard que ces consonnes ont disparu dans de nombreux parlers de l’Italie du Nord qui les possédaient autrefois (cf. 5.). Avant de nous interroger sur le destin de ces sons en vallader, nous allons aborder le problème de leur description phonétique.

3.4 La caractérisation phonétique des obstruentes palatales Il faut dire que la caractérisation des obstruentes palatales ne fait pas l’unanimité des romanistes qui se sont penchés sur le vallader. Les descriptions diffèrent par rapport au mode d’articulation, au lieu d’articulation et aux symboles API choisis pour la transcription phonétique des ces consonnes. Or, si quelques-uns les traitent comme des occlusives palatales, d’autres les considèrent comme des affriquées alvéolo-palatales. Par conséquent, on adopte des choix différents dans la transcription phonétique: par exemple, les manuels de Haiman / Benincà (1992: 29, 33) et de Liver (1999: 64) emploient pour le vallader les symboles des occlusives palatales [c ], tandis que dans le dictionnaire français-vallader de Gilbert Taggart (1990: 11) on trouve les symboles des affriquées alvéolo-palatales [t d] typiques du polonais (Jassem 2003: 103).1 Les consonnes palatales du romanche figuraient sur la liste des ‹sons difficiles› des dialectes suisses qui faisaient l’objet d’un programme de recherche inauguré par Eugen Dieth, fondateur du laboratoire de phonétique de l’Université de Zurich. Les résultats d’une enquête expérimentale menée chez huit locuteurs provenant de diverses localités des Grisons montrent non seulement des différences entre deux types d’articulation, mais aussi des différences entre les dialectes du romanche. En effet, sur la base de l’observation de palatogrammes, Brunner (1963) distingue une affriquée postalvéolaire d’une consonne non affriquée et articulée avec plus de contact dans la région palatale, ce qui serait plus évident dans le sursilvan que dans les autres variétés de romanche. À plus de quarante ans de distance, la présente étude reprend le programme de recherche de Dieth et Brunner en y appliquant une démarche acoustique plutôt qu’articulatoire. Dans le paragraphe suivant, nous présenterons les premiers résultats de notre enquête empirique.

––––––– 1

Notons que de telles divergences se retrouvent aussi dans la description d’autres langues: par exemple, les obstruentes palatales du hongrois sont caractérisées comme des affriquées par Szende (1999: 104), tandis que Sziptár / Törkenczy (2000: 82-83) les considèrent comme des occlusives.

Les occlusives palatales du Vallader

189

4. Étude acoustique 4.1 Données et méthode Les données qui nous ont permis de mener la présente enquête ont été recueillies grâce à la collaboration de trois locutrices natives de vallader (MN, MP, MD), âgées d’environ 30, 50 et 70 ans. Les locutrices ont été enregistrées dans une maison privée et dans des bureaux de notre laboratoire avec un enregistreur portable Marantz PDM 671 sur carte flash et avec un microphone Sennheiser ME66 (directivité supercardioïde/lobe, réponse en fréquence 5020 000 Hz ± 2,5 dB). Les enregistrements, réalisés avec une fréquence d’échantillonage de 44.1 kHz et une quantisation de 16 bit, ont été sauvés sur ordinateur comme fichiers sonores avec une extension «.wav». En ce qui concerne la structure linguistique du corpus, les trois locutrices ont lu 45 syntagmes qui contiennent les consonnes / c t d k j / à l’initiale du mot. Pour faciliter la segmentation, les mots ont été placés à l’intérieur de syntagmes du type ella tschüffa, la giuvna, il chucal (autrement dit après /a/ et /l/ et avant une voyelle tonique). En outre, pour chaque consonne, on a cherché des séries de mots qui contiennent sept voyelles différentes (par exemple chasa, checla, chicra, chombra, chucal, chüna, chöntcha) afin de neutraliser une éventuelle influence coarticulatoire du contexte vocalique sur les propriétés spectrales de la consonne en question. Finalement, les syntagmes ont été lus à l’intérieur de trois phrases cadre Eu n’ha dit __ la prüma, seguonda, terza jada (‹j’ai dit __ pour la première, deuxième, troisième fois›), afin de réduire une éventuelle influence du contexte prosodique sur la durée des sons en question. Pour l’analyse acoustique, effectuée à l’aide du logiciel Praat (Boersma / Weenink 2008), nous avons tenu compte des paramètres de durée, d’intensité, et de certaines propriétes spectrales liées aux timbres des différentes consonnes (cf. 4.4).

4.2 Durée Pour l’analyse de la dimension temporelle des occlusives et des affriquées, il faut considérer non seulement la durée totale du segment, mais aussi le rapport entre la phase de relâchement et cette durée totale. L’histogramme de la figure 1 montre les moyennes arithmétiques pour toutes les réalisations produites par les trois locutrices. On constate qu’en général les consonnes sourdes sont plus longues que les sonores. Quant au lieu d’articulation, les durées moyennes sont de 159 ms pour [t], de 157 ms pour [c] et de 136 ms pour [k]; l’occlusive palatale est donc beaucoup plus proche de l’affriquée postalvéolaire que de l’occlusive vélaire. Quant au rapport entre la phase de relâchement et la durée totale du segment, la consonne palatale dépasse de 48% la consonne postalvéolaire, dans laquelle la phase de tenue remonte à 46% de la durée totale. En tous les cas, les palatales montrent un rapport de durée entre les deux phases presque identique à celui des postalvéolaires et se distancient clairement des vélaires. Sur la base de ces données temporelles, on peut ainsi affirmer que les obstruentes palatales du vallader se rapprochent plus des affriquées que des occlusives.

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Stephan Schmid

Figure 1: Durées moyennes des trois locutrices (ms)

Cette impression est confirmée si nous comparons les trois locutrices par rapport au pourcentage du relâchement sur la durée totale. L’histogramme en figure 2 montre que les trois locutrices se comportent de façon constante, puisque la plus jeune (MN) présente toujours les pourcentages les plus hauts. En effet, elle est la seule à produire des relâchements relativement longs dans les consonnes postalvéolaires, tandis que les autres locutrices présentent un pourcentage plus élevé dans les palatales. La séparation des données selon les trois locutrices confirme dès lors les considérations faites sur la base des moyennes du corpus entier.

Figure 2: Pourcentage du relâchement sur la durée totale (comparaison entre les trois locutrices)

Nous allons à présent laisser de côté les occlusives vélaires, pour nous concentrer sur la différence entre consonnes palatales et postalvéolaires.

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Les occlusives palatales du Vallader

4.3 Intensité Dans les langues du monde, certaines fricatives présentent un volume plus haut que d’autres: par exemple, les sibilantes produisent un bruit plus fort que les labiodentales et les interdentales. Sur la base de l’impression auditive, on pourrait postuler que les postalvéolaires sont articulées avec une friction plus intense des palatales.

c

MD 62.7

MP 61.1

MN 58.9

Moyenne 60.9



63.0

62.1

57.1

60.7

t

62.4

62.1

60.8

61.8

d

62.0

65.2

58.7

62.0

Tableau 4: Intensité moyenne dans la phase de relâchement (dB)

Cependant, le tableau 4 ne montre aucune différence significative par rapport à l’intensité de ces deux catégories de sons. En mesurant l’énergie moyenne dans la phase de relâchement, on obtient des valeurs presque égales pour les deux lieux d’articulation, avec environ un seul décibel de plus sur soixante pour les postalvéolaires. De plus, dans le cas de la première locutrice, ce sont les palatales qui présentent une intensité légèrement plus élevée. Pour l’instant, l’énergie globale du bruit de friction ne semble guère permettre de distinguer les palatales des postalvéolaires.

4.4 Timbre Il faut remarquer que l’analyse acoustique des consonnes non voisées est beaucoup plus ardue que celle des voyelles, par exemple, à cause de la nature apériodique du signal. On trouve en effet une grande variabilité dans le spectre acoustique, qui peut changer de forme à tout instant. C’est pourquoi, notamment dans l’analyse acoustique des fricatives, on recourt souvent à la notion de centre de gravité proposée par Forrest et al. (1988) et appliquée avec succès dans une étude comparée des fricatives de sept langues différentes (Gordon et al. 2002). Le centre de gravité est une espèce de centroïde spectral obtenu en multipliant toutes les valeurs de fréquence dans le spectre numérique par les valeurs respectives d’intensité, pour ensuite diviser la somme de ces produits par la somme de toutes les valeurs de fréquence du spectre. Le centre de gravité est considéré comme un témoin de la brillance d’un son; il est corrélé avec la grandeur de la cavité antérieure de la bouche, dans le sens où sa valeur augmente pour les articulations antérieures, tandis qu’elle diminue pour les articulations postérieures. Or, le tableau 5 montre que même cette méthode ne permet pas de distinguer clairement les palatales et les postalvéolaires en vallader, vu que les moyennes pour les trois locutrices se situent toutes entre 4600 Hz et 5000 Hz. Le centre de gravité des palatales est légèrement plus haut, ce qui confirme l’impression d’un timbre plus clair. D’un point de vue articulatoire, on peut interpréter ce résultat en affirmant que la cavité de résonance des

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Stephan Schmid

postalvéolaires est plus longue à cause de l’avancement des lèvres, tandis que les palatales seraient produites avec une position écartée des lèvres.

c

MD 4303

MP 5579

MN 5012

Moyenne 4965



3882

6089

5005

4992

t

4050

5402

5112

4855

d

3589

6032

4325

4649

Tableau 5: Centre de gravité (Hz)

Mais on note aussi une très grande variabilité entre les trois locutrices. En général, les valeurs de MD sont constamment plus basses alors que celles de MP sont constamment plus hautes. En outre, dans le cas de MN, le centre de gravité de l’affriquée postalvéolaire dépasse celui de la consonne palatale, en dépit de la tendance générale. Quelles conclusions peut-on donc tirer de ces résultats préliminaires? Le manque de différenciation entre les deux catégories est-il le reflet de la substance physique des sons, ou est-il plutôt dû à la nature approximative de la méthode du centre de gravité? Pour pouvoir répondre à ces questions, d’autres analyses complémentaires seront nécessaires. Sur le plan acoustique, l’examen des enveloppes spectrales peut ajouter des informations sur le caractère plus ou moins compact ou diffus des sons. De plus, l’inspection des transitions des formants à travers l’équation des loci a été appliquée avec succès par Romano et al. (2005) aux occlusives palatales du dialecte de la Valsesia.

5. Conclusions Dans l’état actuel de la recherche, il n’est pas possible de se décider de façon catégorique en faveur de l’une ou de l’autre transcription qui ont été proposées pour les obstruentes palatales. Si l’on adopte une vision large de la palatalité, comme celle de Keating / Lahiri (1993: 79-81, 95) dans leur analyse du tchèque, les symboles des occlusives restent plausibles. Si l’on veut insister sur la nature d’affriquée de ces consonnes, on peut les transcrire ‹à la polonaise›, même si la prépondérance de l’élément alvéolaire est encore à démontrer. Mais il est aussi certain que les deux catégories de consonnes sont susceptibles d’être confondues. Déjà Weinreich (1953: §2.2) observait que les germanophones de la Tumliastga réinterprétaient les occlusives palatales du sutsilvan comme des affriquées postalvéolaires. Au début de notre contribution, nous avons mentionné le fait que les occlusives palatales devaient être plus répandues dans l’Italie du Nord. Ainsi, Politzer (1967: 49) a montré que dans certains parlers de la Val di Non les occlusives palatales ont été remplacées par les affriquées postalvéolaires dans le courant du vingtième siècle. Nous ne pouvons pas exclure que tel sera le destin du vallader.

Les occlusives palatales du Vallader

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Agustín Seguí

El sufijo átono ´-aro y el caso de los quechuismos epentéticos (chacra > chácara, chucru > chúcaro)

Resumen: Los ‹sufijos átonos› ´-ago, ´-alo, ´-ano y ´-aro son semánticamente vacíos. Los derivados que los emplean deben su origen a cambios muy diversos. Uno es la epéntesis vocálica (cerniclo > cernícalo). A este grupo pertenecerían, según Pharies, los quechuismos chácara < chacra y chúcaro < chucru. Pero estos son las mismas palabras que les dieron origen, solo que mal escuchadas en razón de la fonética de la lengua indígena que silabiza chac-ra en lugar de cha-cra. Ambos préstamos forman parte, además, de un importante grupo de quechuismos creados de la misma manera y por la misma razón fonética, pero no necesariamente con la misma terminación (Atahuallpa > Atahuálipa) ni por la motivación estética que suponen Pharies y Malkiel. En las lenguas indoeuropeas, la derivación sirve para crear un vocablo a partir de otro, sea pasando de una clase de palabras a otra (duro > dureza, rojo > enrojecer), sea permaneciendo en la misma clase. Este segundo caso abarca al menos dos tipos de cambio: el morfológico (abad > abadesa, feo > feísimo) y el semántico (reloj > relojero > relojería, conde > condado, pera > peral). Curiosamente, en español existe un grupo de sufijos cuyo empleo no conlleva cambio ni de clase de palabras ni de otra categoría morfológica, e incluso tampoco de significado. Se trata de cuatro terminaciones átonas, ´-ago, ´-alo, ´-ano y ´-aro (por ej. vástago, trápala, retruécano, gándara) a las que Menéndez Pidal dio el nombre de ‹sufijos átonos›, a pesar de no ser sufijos (por no tener un significado propio), y a pesar de ser igualmente átonas otras terminaciones como las deverbativas ´-a, ´-e, ´-o, y otras como ´-bulo, ´-culo, ´-ulo, etc. (Pharies 2002: 100)

Hablaré entonces preferentemente de ‹terminaciones átonas› (aunque la expresión ‹sufijo átono› está consagrada por el uso), y me limitaré a las cuatro indicadas, ya que ´-amo (páramo) podría ser considerada como variante de ´-ano (existen légamo y légano). Los elementos definitorios del fenómeno tratado son, como vemos, los siguientes: 1) El bisilabismo de la terminación. 2) La acentuación proparoxítona del derivado y el consiguiente carácter átono de la terminación. 3) La vocal -a- en la penúltima sílaba. 4) El carácter semánticamente vacío de las terminaciones: murciélago significa lo mismo que murciego, y en casca > cáscara ambas palabras significan lo mismo. Sobre el tercer elemento definitorio se ha especificado lo siguiente:

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Agustín Seguí

Las consonantes [...] son indiferentes, según se ve en murciégano y murciégalo > murciélago, de murciego, o en las alternancias sótano y antiguo sótalo, Huércanos y Huércal(o) Overa. (Lapesa 1988: §5.3)1

En castellano hay una gran cantidad de palabras como las antes descritas, que poseen al menos las tres primeras de estas cuatro características, por ej. el arabismo márfaga ‹tela gruesa y tosca› < márfaqa, el latinismo sábalo ‹pez marino› < savalus, el helenismo de transmisión latina bárbaro < barbarus < βάρβαρος, etc. A veces sólo se conoce la forma derivada y no la primitiva; así ocurre en ráfaga, bálago y tantos otros. Los esdrújulos latinos que se han conservado no bastan para explicar un fenómeno tan amplio; en cambio, la toponimia prelatina abunda en nombres como N a i ă r a y [...] T a m ă g a y B r a c ă r a , con sus variantes B r a c ă n a y B r a c ă l a , semejantes a los actuales Huércanos, Nuévalos, Solórzano. El sustantivo páramo es indudablemente prerromano, y probablemente lo es también légamo o légano. Parece tratarse, por lo tanto, de un hábito heredado de las lenguas peninsulares anteriores al latín. (Lapesa 1988: ib.)

Pero el problema del origen no es lo que interesa prioritariamente en el presente trabajo. Importa mucho más el hecho de que algunas de las palabras aquí mencionadas tengan ya un étimo esdrújulo y poco más o menos la misma terminación. En otros casos, por el contrario, el étimo no es esdrújulo pero el derivado sí: se trata de la extraña afición del español a formar derivados mediante la añadidura de un incremento inacentuado con vocal a (relámpago, ciénaga, médano, cáscara, agállara, de lampo, cieno, meda, casca, agalla). (Lapesa 1988: §5.3)

Sustituyendo el sufijo monosilábico por el bisilábico inacentuado, el derivado resulta esdrújulo y con una sílaba más que el primitivo, sin que se produzca un cambio de significado. Semejante atentado al principio de economía impulsa a buscar claridad en al menos tres niveles: la descripción, la historia y la motivación del fenómeno.2 La descripción ya ha tenido lugar; a la motivación y la historia dedicaré aquí sólo las consideraciones necesarias para explicar el caso especial de los quechuismos. Observemos en un plano general, esto es, sin distinguir entre los derivados con étimo esdrújulo y los otros, los tipos de cambio que conducen a derivados esdrújulos con una de ––––––– 1

2

En realidad no son del todo indiferentes, puesto que son todas sonoras (Menéndez Pidal 1905: 387), además de no abarcar más que el repertorio mencionado (-g-, -l-, -n-, -r- y eventualmente -m-), pero aquí estos datos son secundarios. Podemos reacomodar estas tres categorías de otras maneras, distinguiendo entre la descripción (el ‹cómo›) y la explicación (el ‹por qué›); o entre la sincronía (forma y función: ‹cómo› es ese tipo de derivación y ‹para qué› sirve) y la diacronía (evolución y motivación: ‹cómo› surgió y ‹para qué› se lo creó). El ‹cómo› de la diacronía es también un ‹de dónde›. Y el ‹para qué› de la diacronía puede ser entendido asimismo como un ‹por qué›; el término ‹motivación› abarca ambos aspectos, pero no sería imposible diferenciar, en su interior, entre la razón y la finalidad. El recurso a los conceptos de ‹plantilla› y ‹analogía› (cf. infra) nos permitiría también referirnos, dentro de la diacronía, a la causa agente o motriz (‹qué› o ‹quién› produjo el cambio) y a la modal (‹cómo› se produjo). Si preferimos considerar que el agente del cambio es la comunidad de hablantes, la plantilla sería la causa instrumental.

El sufijo átono ´-aro y el caso de los quechuismos epentéticos (chacra > chácara)

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las cuatro terminaciones en cuestión. En el caso de ´-aro hallamos las siguientes siete variantes: 1) cambio de vocal (passere(m) > pájaro, cicere(m) > chícharo, pōculum > búcaro), 2) cambio de consonante (lampada > lámpara, pōculum > búcaro), 3) metátesis (*mūrica > múcaro, adáraga > adágara), 4) cambio de acento (zebbâra > címbara, šikálli > jícara), 5) epéntesis vocálica (čákra > chácara, čúkru > chúcaro) y 6) paragoge (náqar > nácara, hálhal > fárfara, pfîfer > pífano, swîzzer > esquízaro, quizás también picar > pícaro, papar > páparo) [..., más la variante especial] 7) adición de -V1 r V2 (Pharies 2002: 101) como unidad.

El caso 7, donde V = vocal y -r- = una de las posibles consonantes, se da por ej. en casca > cáscara, galla (lat.) > gállara, alicante > alicántara. Los casos 5-7 implican un incremento en la cantidad de sílabas, siendo 7 el caso más especial porque introduce la terminación en bloque en lugar de hacerla surgir añadiendo una vocal. Se trata, como puede verse, de un modelo silábico-acentual ya existente en latín y griego (palabras esdrújulas con una de las cuatro terminaciones antedichas), pero que en castellano y otras lenguas se difunde ‹por analogía› (como dice Pharies) en forma doble: o creando proparoxítonos a partir de paroxítonos (casos 4-7, sin aumento de sílabas en 4), o modificando al menos la terminación para convertirla en una de las cuatro aquí tratadas (casos 1-3), o efectuando ambas cosas (segundo ejemplo del caso 4). De los tipos de cambio mencionados, el quinto es la epéntesis, intercalación de uno o más fonemas en el interior de una palabra. A veces se intercala una consonante (tenré > tendré), otras veces una vocal (Inglaterra > Ingalaterra). El resultado, como se ve, no es necesariamente esdrújulo, pero puede llegar a serlo por dos caminos distintos: por ser ya proparoxítono el término primitivo (χρονικός > plural neutro chrōnica, -orum > corónica además de crónica), o por introducirse dicho patrón a partir de un término primitivo paroxítono (cerniclo > cernícalo). Este último es el caso de los quechuismos que menciona Pharies: chúcaro ‹arisco, esquivo› < čúkru ‹duro›, y chácara ‹alquería, granja› < čákra ‹íd.›. Ahora bien: estos dos ejemplos de epéntesis vocálica esdrujulizante no tienen nada que ver con el caso de cernícalo ni, por ende, con las terminaciones átonas aquí tratadas. Primero, no hay razón para creer que el sufijo del término quechua sea -ru / -ra; anteponiéndoles una -a-, entonces, no obtenemos una terminación derivacional -aro / -ara. Además, estos dos vocablos pertenecen a un grupo de quechuismos esdrújulos epentéticos donde no necesariamente aparecen los sufijos átonos. En quechua no hay más que palabras llanas; sus hablantes incluso paroxitonizan a veces en castellano: Desde el Ecuador hasta el Norte de la Argentina indios y mestizos aplican a formas agudas y esdrújulas españolas la acentuación paroxítona del quechua (hácer, ánis, árroz, sabádo, pajáro, arbóles). (Lapesa 1988: 552, e.d. §127)

Por otra parte, la estructura silábica del quechua es (C)V(C) (Hartmann 31994: 8), «de tal manera que –salvo marginalmente– no es posible ni siquiera mediante líquidas intermediarias la silabización CCV» (Calvo Pérez 1993: 48). Nos dice Garcilaso: aunque es verdad que aquella mi lengua general del Perú tiene algunos vocablos con letras muta cum liquida (como papri, huacra, rocro, pocra, chacra, llaclla, chocllo), es de saber que para el deletrear de las sílabas y pronunciar las dicciones se ha de apartar la muta de la liquida:

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Agustín Seguí

como pap-ri, huac-ra, roc-ro, poc-ra, chac-ra, llac-lla, choc-llo y todos los demás que hubiere semejantes. (Garcilaso 1995: 426 = libro 7, final del cap. IV)

Esta división silábica, impensable en castellano, es seguramente lo que llevó a los conquistadores a oír una vocal inexistente entre las dos consonantes así separadas; la creación esdrújula predominó durante varios siglos (la hallamos incluso en Porras Barrenechea, pról. de 1952 a González Holguín 1989: xliii), pero actualmente se ha recuperado la forma quechua original; la epéntesis solo subsiste en chacarero (ya en Lizarraga 1987: 212, 217); existió asimismo en las dos variantes del diminutivo, chacarita (actualmente solo en el nombre propio de un barrio de Buenos Aires, su cementerio y su club de fútbol) y chacarilla (Lizarraga 1987: 175, 249), pero hoy en día diríamos chacrita. Nos encontramos, entonces, con un fenómeno que, sin relacionarse con los ‹sufijos átonos›, forma parte de un grupo interesante de epéntesis vocálicas creadas en algunos quechuismos que diferían de sus étimos por 1) el incremento de la cantidad de sílabas, 2) el patrón acentual proparoxítono imposible en quechua, 3) la ignorancia y consiguiente desatención de algunas formas quechuas de división silábica, 4) la conservación de la última consonante (cuando no se la oía mal) en lugar de la adopción de la de algún sufijo átono, y 5) la conservación del significado original (al menos en la intención originaria, independientemente de alteraciones posteriores como la de chúcaro). Esta lista de rasgos no coincide con la de los que revelan los sufijos átonos antes tratados. Veamos más ejemplos de dicho grupo. Comencemos con Atahuallpa, nombre del quasi emperador incaico traicionado y asesinado por Francisco Pizarro. Actualmente usamos la forma antedicha o alguna de sus variantes casi puramente alógrafas (Atahualpa, Atagualpa, Atau Huallpa, etc.), pero los conquistadores difundieron, desde el primer contacto, formas hoy extrañas, como Atabaliba. El problema de esta variante, escrita como paroxítona, es que se trata de una forma imposible; sin embargo, sigue apareciendo sin acento en las ediciones actuales de las crónicas, incluso en aquellas en las que se afirma que se ha modernizado la acentuación. Oyendo Atahuallpa, los conquistadores pueden haber percibido Atabáliba (Araníbar, en Garcilaso 1995: 668), nunca Atabaliba. Observemos de paso que la última ‹b› de Atabaliba es simple sonorización de la bilabial oclusiva sorda /p/; la primera ‹b›, en cambio, transcribe la semiconsonante /w/. En las primeras crónicas y demás documentos de la época coexisten ambas variantes de la última sílaba: la sonorizada Atabáliba y la sorda con sus dos sub-variantes: Atagualpa y Atabálipa (incluso Atapálipa, en Pérez Fernández 1995: 142); caso hubo en que la última consonante se transmitió en su variante oclusiva sorda, pero no la bilabial sino la velar /k/: Tabálique, Tabálica y Atabálica (cf. las referencias completas a las fuentes en Seguí 2006, aquí me limito a introducir el acento según las reglas actuales del castellano). El paso de las cuatro sílabas de Atahuallpa a las cinco de Atabáliba es, entonces, fruto de una epéntesis vocálica: /'waλpa/ > /'walipa/. La penúltima sílaba de la forma quechua original termina en /λ/, fenómeno absolutamente desconocido en castellano. No es de extrañar, entonces, que los conquistadores escucharan /li/, que es lo que más se le asemeja en su lengua materna. También los alemanes, que carecen de /λ/, escuchan /li/ o /lj/; en un método de enseñanza del quechua ayacuchano para alemanes se explica la pronunciación de la /λ/ española diciendo sensatamente que «corresponde aproximadamente a la pronunciación de [...] Familie» (Hartmann 31994: 3). Los mejores quechuistas iniciales notaron que no había que

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añadir una sílaba: o bien castellanizaron la sílaba concluyéndola en ‹ele›, como Betanzos, Murúa y Guaman Poma, o bien la terminaron en ‹elle›, como Garcilaso, por una exigencia fonética: en efecto, en sus «Advertencias acerca de la lengua general de los indios» nos dice este último autor: «L sencilla no la hay, sino ll duplicada» (1995: 5); aunque nos limitemos al quechua cusqueño, la advertencia parece insólita, ya que dicho dialecto cuenta actualmente con ambos fonemas (Calvo Pérez 1993: 45), pero seguramente se trata de un cambio por influencia del castellano, puesto que un clásico de la lexicografía cusqueña coincide con Garcilaso (González Holguín 1989: 9 «Al lector»). El nombre de Incurabaliba que se nos da como de uno de los principales capitanes incas (Sancho 1986: 119) deberá leerse en forma estrictamente análoga al que acabo de discutir: Incurahuallpa. Y el del Capitán General Chilicuchima (Sancho 1986: 65) se leerá sin epéntesis, como lo hacen Betanzos (en tres variantes), Garcilaso (Challcuchima), Guaman Poma (ídem con -o- en lugar de -u-) y otros. El valle de Xaquixaguana (Lizarraga 1987: 170) es el de Sacsayhuaman, con epéntesis en el primer componente. A título de curiosidad, indico una forma moderna y totalmente antojadiza de transcribir Atahuallpa como Ataw-íliapa (Kauffmann-Doig / Ligabue 2003: 46, 62), que contraviene dos de las reglas antedichas: la inexistencia de esdrújulas y de /l/ en quechua. Incluso en sílabas no finales del quechua, las semiconsonantes de sílaba acentuada permiten la adición de una vocal neutra: layqa /'layqa/ ['layəqa] o ['laεqa] (Calvo Pérez 1993: 46s); así, las dos sílabas se oyen casi como tres. El fenómeno no es enteramente general, puesto que se limita a las semivocales de sílaba acentuada; y no hay epéntesis total porque, de haberla, el producto sería una serie de palabras propiamente esdrújulas, lo que va contra el sistema acentual quechua. No obstante, su cercanía a la epéntesis hace que el hablante de una lengua que admite esdrújulas que no conoce los fenómenos descritos oiga una palabra esdrújula: /'layəqa/, /'čakara/ y /ata'walipa/. Un caso excepcional que no responde del todo a la descripción precedente pero conlleva el mismo efecto esdrujulizante es el de kkechuwa (Lira 1944: título). En los caps. IV y V de la crónica de Betanzos (1987: 19 ss) nos encontramos con el nombre de Alcabic¢a, jefe del pueblo que poblaba el valle del Cuzco a la llegada de los incas.3 La comparación de esa grafía con la del manuscrito (en fotocopias que debo a la gentileza de María del C. Martín Rubio), me permitió ver que el grafema ‹¢› de la edición reciente corresponde a una ‹ç› del manuscrito, por más que el ganchito inferior aparezca bastante recto en el manuscrito.4 Cieza de León escribía Alcaviquiça (1996: II, 100); por analogía con Atabaliba deducimos que Cieza pronunciaba Alcavíquiza; la conclusión, entonces, es que el término quechua original sería /alka'wiksa/ (el apóstrofe no significa oclusión glotal sino acento), y que, en la versión de Cieza, este antropónimo es otro caso de ––––––– 3

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Su nombre aparece escrito siempre así, salvo el Alcabicca de p. 15 que seguramente es error de imprenta o de lectura. La mejor confirmación de esta equivalencia es la escritura de palabras no indígenas con el mismo grafema ‹ç›: ‹çercano›, ‹Provinçias›, ‹Paresçiole›, ‹obediçiesen›, ‹çiudad›, ‹conoçido›, etc.; la editora trascribe incluso ‹cabeza› y no ‹cabe¢a› en el cap. XXVII, por no citar más que un ejemplo. Otra confirmación de lo que digo es la inexistencia de la grafía ‹¢› en el español del S. XVI. Una tercera confirmación es que el trazado casi recto de la cedilla sigue siendo en nuestros tiempos un fenómeno normal en la escritura manuscrita de algunos franceses y portugueses.

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incremento de la cantidad de sílabas con paso al acento proparoxítono. Una mejor notación sin aumento de la cantidad de sílabas, pero desarmando la composición nominal, la hallamos en un cronista indígena que escribe Allcay uicça (Pachacuti 1993: f. 8r);5 otras igualmente sin aumento de sílabas: «los naturales del Cuzco, llamados alcyvisas y cullumchima» (Murúa 2001: 53); «una de las naciones naturales de este valle del Cuzco fueron y son los Alcabisas» (Sarmiento de Gamboa 2001: 61). Curiosamente, el aumento epentético de sílabas no sucedió solamente con palabras quechuas llegadas a oídos españoles: el cronista indio Guaman Poma de Ayala hizo otro tanto con una palabra castellana de alcurnia latina: «como el profeta rrey dauid nos dize en el pezalmo» (1936: f. 1), y «como el profeta ysayyas en el pesalmo rrogaua a dios por el mundo y pecadores» (1936: f. 51). La forma corriente en el castellano de la época parece haber sido psalmo, sin epéntesis, como puede verse en el título de López de Cárdenas 1562.6 El caso es interesante en Guaman Poma porque el resultado de la epéntesis no es una palabra esdrújula y, además, porque la comparación entre los dos autores nos hace pensar que, en el Mundo Andino, es posible que tales cambios epentéticos se hayan debido a la influencia de la fonética quechua. Véase por ejemplo la pronunciación y grafía del tíguere y los tígueres que nos presenta un gran cronista y quechuista en lugar de tigre(s) (Betanzos 1987: 94 y 152 entre otros lugares, acentos añadidos por mí). Otro tanto dígase del topónimo Tarma ampliado a Tárama (Betanzos 1987: 220, acento añadido por mí), así como del sustantivo común líquilla o llíquilla por lliqlla (Cantos de Andrade 1999: 134, acento añadido por mí). Pero la epéntesis no se generalizó mucho: los cronistas escribían correctamente aclla, llaqta, etc. Concluyo la lista con un quechuismo distinto. Entre los posibles cambios mencionados por Pharies como formadores de sufijo átono, luego de la epéntesis (caso 5) figura la paragoge (caso 6), es decir, el añadido de una vocal final que también redunda en el aumento de la cantidad total de sílabas (feliz > felice) y, eventualmente, en el paso de la pronunciación llana a la esdrújula. Un ejemplo de este último caso, que parece coincidir totalmente con los dados por Pharies, es el del nombre de Guáscar (hermano y rival de Atahuallpa) ampliado a Guáscara (Cieza 1996: II y III, passim, escrito siempre sin acento). Finalmente, importa mencionar otro aspecto en el que también se distinguen los quechuismos epentéticos proparoxítonos de los proparoxítonos castellanos con sufijos átonos. Para explicar de dónde salieron los segundos, Menéndez Pidal, que niega su modernidad (1905: 399), los documenta «empleados en las tierras occidentales del Mediterráneo, africanas o europeas, denunciando en ellas la existencia de lenguas prelatinas muy emparentadas entre sí» (1953: 54). Malkiel, en cambio, supone (aunque no exprese exactamente así su desplazamiento de la relación causal) que, si el cambio derivativo no conlleva modificación morfológica ni semántica, la motivación tendrá que radicar en el ––––––– 5

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La edición citada de esta última obra reproduce el manuscrito en transcripción facsimilar, además de incluir su transcripción paleográfica; ello permite ver que la ‹ç› aparece escrita a veces con su arco inferior bien curvo (sobre todo en la primera mitad del ms.) y otras con su variante mucho más recta (sobre todo en los folios finales). Acentos añadidos por mí, pero también figuran en la transcripción digital modernizada; debido precisamente a esta modernización, no cito del texto sino solamente de la portada, reproducida en forma fotográfica.

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patrón silábico-acentual resultante, y postula una preferencia de tipo auditivo; refiriéndose sólo a los cambios 4-7 de los arriba enumerados, y planteando el problema en términos de causa final (el ‹para qué› de la diacronía en mi n. 2), pregunta (1966: 355): What possible advantage attaches to these peculiar amplifications and to scores of others? The only persuasive explanation is that, after a certain turning-point (as yet unidentified), the proparoxytonic stress pattern became so immensely attractive to speakers of Hispano-Romance that they have ever since indulged in adding ‹senseless› syllables to a steadily increasing number of words, as if to squeeze them into their favorite mould. Since indisputably the achievement of neither clarity nor economy of message is at issue –in fact, one observes the reverse of the latter proclivity– purely esthetic delight in a characteristic syllabic-accentual arrangement can alone have acted as the prime mover.

Pharies opina que «la motivación [...] la identifica Malkiel [...] con bastante precisión», pero él prefiere especificar el valor estético diciendo que se trata de terminaciones «cuya única razón de ser es la de crear adornos rítmicos» (2002: 83, cf. también 64 y 101). Ahora bien: nada de esto se aplica a los quechuismos epentéticos aquí estudiados, cuyo ‹primer motor› fue claramente la ignorancia de ciertos patrones fonológicos del quechua. Llegamos así a las siguientes conclusiones: 1) Los quechuismos como chácara y chúcaro forman un grupo cuyos cinco rasgos comunes indiqué más arriba, pudiendo ahora añadírseles uno más: su formación epentética o (muy excepcionalmente) paragógica. 2) En los quechuismos epentéticos, el motor de su creación hay que buscarlo en la fonética quechua y no en las causas postuladas por Menéndez Pidal y otros (sustrato prerromano) o Malkiel y Pharies (motivación estética) para los ‹sufijos átonos›. 3) Dicho grupo (o al menos los derivados epentéticos) forma parte, a su vez, de otro mayor, compartido con los vocablos españoles deformados por epéntesis en el Mundo Andino, tanto esdrújulos (tíguere) como no esdrújulos (pesalmo), al menos en el caso de que pueda sostenerse (como supongo) que la causa de estas epéntesis reside (a diferencia de corónica) también en una deformación analógica de la fonética quechua.

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Célia Marques Telles

Grafemas e fonemas: representação de africadas e fricativas no Castelo Perigoso

1. Introdução Em sua edição do Castelo perigoso, João Antônio de Santana Neto (1997) observa que o estabelecimento de relação entre grafemas e fonemas no português arcaico é uma tarefa bastante difícil e delicada. Lembra também que entre os séculos XII e XVI ocorreram profundas transformações no sistema fonológico do português (Santana Neto 1997: 102). Santana Neto, em uma das edições que apresenta, propõe uma leitura moderadamente conservadora «de modo a não modificar os traços fonológicos do texto», procurando «manter a ortografia do manuscrito base e as marcas de flutuação da língua», fazendo, entretanto, algumas interferências no texto (Santana Neto 1997: 112). É o Castelo perigoso um texto adaptado e traduzido para a língua portuguesa do tratado ascético-místico, escrito por Frère Robert para Soeur Rose e suas companheiras de claustro. Entre os manuscritos da tradição portuguesa, Santana Neto edita dois dos códices alcobacenses, os de notação 199 e 214. O primeiro é um códice membranáceo, escrito em letra gótica semi-cursiva, datando da primeira metade do século XV1, enquanto o segundo, em papel, acha-se escrito em letra gótica cursiva, datando da segunda metade do século XV.2 O tratado Castelo perigoso é o primeiro tratado da coletânea de sete tratados, dos ––––––– 1

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Santana Neto (1997: 76-77) descreve o códice: «O primeiro, ms. 199 (ant. 276), é um códice membranáceo (pergaminho), medindo 285×204mm, com duas folhas de guarda soltas, oito fólios da ‹Tábua dos Capítulos›, antecedendo ao texto de cento e cinqüenta e dois fólios, contendo de vinte para vinte e três linhas, em letra gótica semicursiva da primeira metade do século XV, tendo as iniciais em vermelho e azul. As tintas utilizadas na ‹Tábua dos Capítulos› são as mesmas usadas para as capitais: vermelho e preto / esmaecido. O códice compõe-se de vinte cadernos com a ligadura em cordão contendo sempre oito fólios». É mais preciso, pouco mais adiante: «O códice é constituído por 160 fólios membranáceos com a dimensão aproximada de 285×200mm, repartidos em vinte cadernos, de oito fólios cada» (Santana Neto 1997: 87). Santana Neto (1997: 77) descreve também o códice: «O segundo é o ms. 214 (ant. 275). Em papel de 292×207mm, com cem folhas, contendo um número variável de linhas, em letra cursiva de, ao que tudo indica, cinco mãos, dos fins do século XV ou início do XVI. Apresenta quatro folhas de guarda iniciais e duas finais. [...]. O papel do texto apresenta em algumas folhas a marca d’água no. 11410: uma mão de cinco dedos com uma flor de cinco pétalas na vertical do dedo médio. Segundo Briquet [...], esse papel é da segunda metade do século XV. Na folha de guarda inicial, há a informação a lápis e em caligrafia moderna de que se trata de uma mão com a estrela. Esta

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quais, certamente, os três primeiros seriam da autoria do Frère Robert (Santana Neto 1997).3 É o códice 199 o que Santana Neto vai tomar como texto de base para a sua edição, a partir do fato de considerá-lo o codex optimus. Ao indicar as suas normas de transcrição, Santana Neto traz uma série de advertências quanto às características gráficas do manuscrito 199, mas nada registra quanto ao emprego de , , e (Santana Neto 1997: 113-115). No que tange ao uso do , afirma ele que o uso da cedilha «não afeta o valor fonético da forma em que ocorre» (Santana Neto 1997: 116). Quanto ao uso de , de e de , afirma que ocorrem indistintamente, ora com valor vocálico, ora com valor semi-vocálico (Santana Neto 1997: 113). A análise grafemático-fonética mostrou, entretanto, que nem a marca da cedilha deixa de afetar o valor fonético da forma, nem há uso indistinto dos grafemas.

2. A análise grafemático-fonética 2.1 A escolha do modelo ortográfico Ao tentar-se utilizar a edição «moderadamente conservadora» de Santana Neto (1997: 112), verificou-se que os grafemas nos dois manuscritos são empregues de modo diferenciado, segundo o usus scribendi de cada um dos copistas. A análise inicial –do que agora se vem fazendo– mostrou, no caso do uso da cedilha na scripta do copista do ms. 199, que não é irrelevante o percentual entre o uso de e de , diante de qualquer fonema vocálico: o percentual de uso do é de 95.17% frente ao de , que é de 4.82%. Desse modo, na direção dos estudos grafemático-fonéticos que se vem fazendo em textos quinhentistas e em textos quatrocentistas (Telles 1999; 2003; 2005), verificou-se –––––––

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informação confirma a datação anteriormente mencionada. A folha 1r apresenta desenhos e rabiscos, aparecendo tanto em tinta preta quanto a lápis, posteriores ao texto» (Santana Neto 1997: 77). Santana Neto (1997: 93) resume o conteúdo do texto do tratado: «Inicia-se com a alegoria simbólica da Virgem Maria e do castelo [...]. Destinado inicialmente às pessoas do claustro (Soeur Rose e suas companheiras), alargou-se, posteriormente, para todos. Percebe-se uma divisão em duas partes: a primeira (cap. 1-23) ensina a edificar um castelo no coração, objetivando tê-lo habitado por Jesus Cristo; a segunda (cap. 24-66) procura instruir sobre como defender esse castelo contra ladrões e traidores, abrindo-se as ‹fossas ou cavas bem fundas da alta humildade›, chama a atenção (cap. 30-34) para o dia do Juízo Final como incentivo para essa defesa e adverte que nada acontecerá aos corações em que habite o Filho de Deus, pois Ele reforçará os ‹seus cavaleiros em batalha› (cap. 25). Anima as pessoas devotas, abordando as dores de Cristo (cap. 4145), chegando a falar da chaga do lado, ‹porta misteriosa do Coração de Jesus›. Esclarece que três víveres alimentam o ‹coração namorado›: a palavra de Deus, a memória de sua Paixão e, finalmente, o corpo sacramentado de Jesus (cap. 55). Retoma os conselhos de defesa (cap. 57-62) e conclama o temor a Deus (cap. 64-5), finalizando no capítulo 66».

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quão interessante seria uma análise entre os dois manuscritos e as regras de ortografia preconizadas no século XVI. A escolha da obra de Pêro de Magalhães de Gândavo fundamentou-se nas observações de Leonor Carvalhão Buescu sobre a ‹modernidade› da ortografia de Duarte Nunes do Leão: De um modo geral, e tendo em vista os critérios ortográficos dos seus dois antecessores, podemos verificar que a ortografia de Nunes de Lião apresenta uma feição notavelmente moderna e não difere substancialmente da que foi utilizada até às reformas ortográficas do nosso século, principalmente, ao que nos parece, por dois aspectos fundamentais (em que residia o «exotismo» dos restantes sistemas ortográficos referidos): o uso dos acentos, que passam a marcar não a abertura mas a tonicidade; e o estabelecimento das normas actuais do uso de ç (conservando qu e abolindo k). Separa-os mais de meio século fecundo em inovações e conquistas culturais. Se a obra de Barros é nitidamente renascentista, a de Nunes de Lião é já decisivamente moderna, especificamente barroca, no esforço a cada passo demonstrado para relacionar graficamente as formas portuguesas com os seus étimos latinos. Isto é, intentando restituir à sua forma erudita a terminologia já tradicional, procurando para o vocabulário, sintaxe e fisionomia ortográfica uma filiação «genealógica» (Buescu 1978: 39).

em confronto com os objetivos didáticos das regras de ortografia de Gândavo: Situada entre ambas, a obra de Gândavo apresenta-se como documento expressivo duma cultura em expansão «democrática», visando objectivos estritamente didácticos (Buescu 1978: 39).

2.2 A seleção do corpus documental Para a análise documental, foram selecionados, tanto no ms. 199 como no ms. 214, os treze primeiro capítulos, para utilização como corpus de amostragem. A escolha levou em conta o estado de conservação do ms. 214, de modo a permitir poder ser feito o cotejo entre os dois manuscritos até o décimo terceiro capítulo. Por outro lado, trata-se, ainda, de um conjunto de treze capítulos (como vai indicado no Quadro 1) que encerram um dos círculos de argumentação, contido no segundo caderno (f. 9r-16v) e nos primeiros fólios do terceiro caderno (f. 17r-18r, L. 5) do ms. 199. No ms. 214 ocupa os fólios 1r-9r, L. 22.

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Quadro 1: Tábua dos capítulos 1-134 Primeiro capitollo C(apitul)o segundo

com q(ue)m deve aauer paz q(ue)m quis(e)r edificar alghũu castello. q(ue) o homem deue p(er)curar e buscar confesor disc(re)to e sabedor, que tenha poderio de absoluer e legar ~ C(apitul)o terceiro Que sem confisom n(os) nom podemos saluar E poem este autor exempllo ~ C(apitul)o quarto em que poem out(r)o exenplo he semelhauil E diz mais q(ue)auergonha q(ue)ohomem há em a (con)fissom he grã parte da peendença ~ C(apitul)o q(ui)nto q(ue)opecador deue adecrarar as circonstancias do pecado ~ C(apitul)o seysto q(ue) falla dos pecados mortaaes e Ramos q(ue) delles p(ro)cedem ~ C(apitul)o setjmo da enueja. e diu(er)sas maneiras dla ~ Capi(tul)o oito da yra. e diuersas speçias dela ~ Capi(tul)o nono da p(re)giça. e decomo pecam os Religiosos em mujtos modos ac(er)ca deste pecado ~ C(apitul)o (decim)o desa meesma. Edecomo nom ha cousa tã vill E detam grã dapno como p(er)der t(em)po. C(apitul)o xi da auareza. Edecomo a p(ro)p(r)iedade em os Religiosos he torpe pecado ~ C(apitul)o xij da gargantoice. Edediuersas specias e Ramos dla E aq(ui) trauta dos Religiosos ~ C(apitul)o (decimo da luxuria. Edecomo este pecado he mais graue e feeo em os Religiosos e terceir)o Religiosas: ~

A análise inicial permitiu que se observasse: a) que no códice 199, para o fonema [s], em posição inicial absoluta, usa-se o , enquanto em posição final absoluta aparece o . Em posição medial (em qualquer contexto) acha-se sempre o , que pode ser simples ou dobrado . Nesse caso, o apresenta um percentual de uso muito mais elevado, 82.25%, frente àquele do , que é de 17.74%. Para o correspondente sonoro [z] são empregues o e o , o primeiro com um percentual bastante alto, 93.75%, enquanto o segundo é utilizado num percentual bem pouco significativo, 6.25%. Por sua vez, o é sempre usado equivalendo ao fonema africado [dz]. b) que o códice 214 documenta um uso bem menos regular. O fonema [s] em posição final é sempre grafado . Em posição inicial e medial (em qualquer contexto) tem-se sempre , com os percentuais, respectivamente, de 69.85% e 30.14%. Por sua vez, o fonema [z] é grafado de quatro formas, , , e , com os percentuais seguintes: 49.16% de , 45% de , 5% de e apenas 0.83% de . Esses dados apontam para o fato de que a grafia do códice 214 mostra ser de mão menos hábil do que a do códice 199. O levantamento feito levou em conta dezessete equivalências para a série dos fonemas africados e fricativos [ts], [dz], [tš], [dž], [s], [z], [š], a saber: ––––––– 4

Transcrição semidiplomática, com base na edição de Santana Neto (1997: 131-149). Mantêm-se a união e a separação das formas lexicais; desenvolvem-se as abreviaturas com o auxílio de parênteses ( ); usam-se os parênteses uncinados < > para as intervenções do editor, acrescentando ou retirando elementos.

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eq. [s]; eq. [s]; eq. [s]; eq. [s] eq. [z]; eq. [z]; eq. [z]; eq. [z] eq. [ts]; eq. [ts] eq. [dz] eq. [tš] eq. [dž]; eq. [dž]; eq. [dž]; eq. [dž] eq. [š].

2.3 As articulações no primeiro tratado de ortografia Para documentar a conscientização fonológica do usuário da língua portuguesa não existem descrições anteriores a 1536. É, portanto, nos gramáticos quinhentistas que se vai buscar a teorização com que se embasará a descrição proposta. Em se tratando de relação entre scripta e fala, deu-se preferência ao primeiro tratado de ortografia da língua portuguesa, as Regras que ensinam a maneira de escrever e a ortografia da língua portuguesa, de Pêro de Magalhães de Gândavo (1981), pelas razões anteriormente expostas. Enquanto Fernão de Oliveira e João de Barros são homens na primeira metade do século XVI, Pêro de Magalhães de Gândavo e Duarte Nunes do Leão pertencem a uma geração posterior (Nagel 1969: 110). A escolha pela obra teórica de Gândavo, além das razões apontadas, prende-se também a outras observações de Maria Leonor Carvalhão Buescu: [...] a divulgação e a democratização cultural permitida pela imprensa projecta-se, através da obra de Gândavo, no sentido duma circulação que ultrapassa largamente os circuitos de educação palaciana e aristocrática («background» da obra de Barros) e também a especialização por vezes polêmica da de outro dos gramáticos do séc. XVI, Fernão de Oliveira [...]. (Buescu 1981: [3]; 1984: 113)

Mas, por outro lado, não se pode esquecer de que é um trabalho que teve três edições quinhentistas: a primeira em 1574, uma segunda em 1590 e uma terceira em 1592 (Buescu 1981: [3-4]; 1984: 113-114; Nagel 1969: 110-111). No que tange aos problemas de grafia, logo no início do seu tratado, Gândavo adverte: [...] ha muitos vocabulos em que se comette vicio, & são tantos que seria cousa muy comprida querer aqui exprimir & tratar de raiz como se hão todos de escreuer. Porque hũs se escreuera com c, outros com s, & outros com z: cada hum em fim segue sua origem, & assi hũs per descuido, & outros por não saberem latim (que he a fonte donde manou a mayor parte destes nossos vocabulos) costumão trocar muitas vezes hũas letras por outras, o que realmente se nam pode fazer sem offenderem â pronunciação desta nossa linguagem. E se os Portugueses nisto quisessem aduertir com diligencia mostrandose hũ pouco mais curiosos desta arte de que tão pouco se prezão, não aueria pela ventúra tantos que praguejassem desta nossa lingua: porque com saberem bem escreuer, saberião bem pronunciar os vocabulos, & com os saberem bem pronunciar, ficaria a mesma língua parecendo melhor aos naturaes que a professam. (Gândavo 1981: 7-8)

A escolha pelo uso dos grafemas , , , , e fundamenta-se na afirmativa de Gândavo de que:

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Célia Marques Telles

AS LETRAS que se costumão muitas vezes trocar hũas por outras & em que se cometem mais vicios nesta nossa linguagem, são estas que se seguem, conuem a saber, c, s, z, & isto nace de não saberem muitos a differença que ha de hũas ás outras na pronunciação. E assi ha nesta parte erros tão manifestos, & tambem recebidos de algũas pessoas, que cuidão que dous ss, em meyo de parte, tem muito mais semelhança de z, que de c, no que totalmente se enganão, porque dous ss, tem mais semelhança de c, que de z, assi como remissão, profissão, etc. E hum mais de z, que de c, (digo em meyo de dição entre duas vogaes), assi como, casa, peso, etc. que se esteuer diante consoante ainda que seja em meyo de parte, hum sô terà a mesma força que tem dous, assi como defensão, descanso, curso, etc. Esse fim que esta letra s, em principio de dição, & em meyo diante cosoante, & em meyo dobrado entre duas vogaes, sempre tem hũa mesma força & se pronuncia de maneira que parece ter mais semelhança de c, que de z, & em meyo singello entre duas vogaes mais de z, que de c, (como ja tenho dito.) Mas ainda que isto assi pareça, nem por isso terão licença de pôr c, em lugar de s, nem s, em lugar de z, nem z, em lugar de s, nem s, em lugar de c, porque na verdade seria corromperem a verdadeira pronunciação dos vocabulos, & muitas vezes significar hũa cousa por outra, assim como, passos que se escreuem com dous ss, quando significão os que se dão com os pês, & paços quando se entendem pellas casas reaes com c. (Gândavo 1981: 9-12)

Mais adiante, esclarece Gândavo a pronúncia da africada: [...] ao menos conheção a differença que ha na pronunciação do c, ao s, & do s, ao z, porque se caîrem nella, com mais facilidade poderão vedar muitos erros conforme ao sentido da orelha que nesta parte não he pouco fiel. E pera saber como se ha de fazer esta differença, entendam que quando pronunciarem qualquer dição com c, hão de fazer força com a lingua nos dentes debaixo de maneira, que fique algum tanto a ponta dobrada pera dentro, & quando for s, porão a lingua mais folgadamente pera cima que fique soando a pronunciação á maneira de assuuio de cobra, que esta foy a causa porque os Antiguos formàram o s da feição da cobra, & o c, à maneira de meyo circulo que fica dobrado semelhante à lingua quando a pronuncia. Quanto esta letra z, composerão os Gregos de duas letras, conuem a saber, do s, & do d, & assi a pronunciação della não he outra cousa, senão a de um s, carregado por respecto daquelle d, que lhe formão diante, o qual d, não deixa soltar a lingua tão liuremente como quando o mesmo s, per si se pronuncia. (Gândavo 1981: 13-14)

Consideradas essas relações entre escrita e «pronunciação», passa-se ao exame da scripta do texto do tratado Castelo perigoso.

3. A scripta das africadas e das fricativas no Castelo perigoso Tanto no códice 199 como no 214, registraram-se oito casos de relações grafemáticofonéticas unívocas: eq. [ts], eq. [ts], eq. [dz], eq. [tš], eq. [dž], eq. [dž],

Grafemas e fonemas: representação de africadas e fricativas no Castelo Perigoso

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eq. [dž], eq. [dž]. Os grafemas , , e são usados para mais de um fonema, a saber: eq. [s] ∨ [z], eq. [s] ∨ [z], eq. [s] ∨ [z], eq. [š] ∨ [s] ∨ [z]. O levantamento nos treze primeiros capítulos do tratado, nos manuscritos alcobacenses 199 e 214, mostrou o resultado indicado no Quadro 2 abaixo. Quadro 2 – Freqüência das relações grafemático-fonéticas nos dois manuscritos ms. 199 ms. 214 Total % Total % eq. [ts] /_a, o 80 57.97% 66 74.15% /_e, i 58 42.03% 23 25.84% eq. [ts] /_a, o 4 57.14% 44 43.56% /_e, i 3 42.85% 57 56.43% eq. [dz] 103 100% 124 100% eq. [tš] 7 100% 6 100% 7 eq. [dž] 34 100% 38 100% eq. [dž] 46 100% 21 100% eq. [dž] /_a, o, u 0 0 32 94.11% /_e 0 0 2 5.88% eq. [dž] 9 100% 2 100% eq. [š] 17 100% 23 100% eq. [s] /s#_s 7 6.82% 14 22.22% /Cn_V 8 7.84% 1 1.58% /Cl_V 1 0.98% 0 0 /V_V 86 84.31% 48 76.19% ∨ eq. [s] 37 100% 51 100% eq. [s] 3 100% 1 100% eq. [z] 0 0 55 100% eq. [z] 81 100% 58 100% eq. [z] 4 100% 6 100%

Tem-se portanto, nos dois scriptores, uma variação grafemática para a representação dos fonemas [ts], [dž], [s] e [z]. Nos dois manuscritos as duas grafias para [ts], (no 199, ––––––– 5

6

7

Em alguns casos, o scriptor do códice 214, alternando o emprego do s cursivo , escreve um s redondo de forma cursiva semelhante a . No códice 214 registram-se 185 casos de emprego do cursivo em posição inicial absoluta, que não foram levados em consideração na análise. e sobrepostos indicam a seqüência gráfica do . Do mesmo modo e , colocados após C, indica tratar-se de consoante nasal ou lateral . O sinal # indica posição final absoluta.

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Célia Marques Telles

95.17%; no 214, 46.84%) e (no 199, 4.82%; no 214, 53.15%), ocorrem tanto diante das vogais e , como diante de e de .8 Tanto no códice 199 como no 214, registrou-se equivalência unívoca para o . Os grafemas , e são usados para mais de um fonema, a saber: eq. [s] ∨ [z], eq. [s] ∨ [z], enquanto eq. [z] apenas no códice 214. O levantamento nos treze primeiros capítulos do tratado, nos manuscritos alcobacenses 199 e 214, mostrou o resultado indicado no Quadro 3 abaixo. Quadro 3 – Freqüência das relações grafemático-fonéticas nos dois manuscritos9 ms. 199 ms. 214 Total % Total % eq. [s] /V_#_V 4 3.92% 18 6.61% /#_V – – 190 68.85% /V_V 98 96.07% 64 23.52% eq. [s] /V_#_V – – 2 3.92% /V_V 22 100% 49 96.07% eq. [z] /V_V 85 92.39% 59 49.16% eq. [z] /V_V – – 54 45.00% eq. [z] /V_V) 7 7.60% 6 5.00% eq. [z] /V_V – – 1 0.83%

Tem-se portanto, nos dois scriptores, uma variação grafemática mais marcada para a representação dos fonemas [s] e [z].

4. Considerações finais Esses registros mostram um comportamento mais sistemático no scriptor do códice 199. O códice 214, por sua vez, corrobora, na scripta do copista 1, todas as observações assinaladas por Pêro de Magalhães de Gândavo nas Regras que ensinam a maneira de escrever e a ortografia da língua portuguesa, pois nele são documentados os fatos assinalados como «vícios»: – a grafia do dígrafo em meio de palavra equivalendo à fricativa sonora [z]. – a grafia do dígrafo no início de palavra equivalendo à fricativa sonora [s].10 – as letras que costumam ser trocadas são , e . – a grafia do dígrafo em meio de palavra equivalendo à fricativa sonora [z]. ––––––– 8

9 10

Além desse emprego, registra-se o uso de para [s], para [z] e para [k], que não foram levados em conta. O uso de eq. [s] em posição final absoluta é categórico. Cf. na nota 6.

Grafemas e fonemas: representação de africadas e fricativas no Castelo Perigoso

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Desse modo, ao considerar os percentuais de uso indevido dos grafemas pelo scriptor do códice 214, acredita-se estar diante de uma mão pouco hábil, podendo notar-se a interferência da oralidade na scripta do texto dos treze capítulos.

Bibliografia Buescu, Maria Leonor Carvalhão (1978): Gramáticos portugueses do século XVI. Lisboa: Instituto de Cultura Portuguesa / Secretaria de Estado da Cultura / Ministério da Educação e Cultura. – (1981): Introdução. In: Gândavo, Pêro de Magalhães de: Regras que ensinam a maneira de escrever e a ortografia da língua portuguesa: com o diálogo que adiante se segue em defensão da mesma língua. [1574]. Lisboa: Biblioteca Nacional. Ed. fac-similada da 1. Ed, 1-41. – (1984): Historiografia da língua portuguesa: século XVI. Lisboa: Sá da Costa. Gândavo, Pêro de Magalhães de (1981): Regras que ensinam a maneira de escrever e a ortografia da língua portuguesa: com o diálogo que adiante se segue em defensão da mesma língua. [1574]. Lisboa: Biblioteca Nacional. Ed. fac-similada da 1. ed. Introd. de Maria Leonor Carvalhão Buescu. Nagel, Rolf (1969): Die Orthographieregeln des Pêro de Magalhães de Gândavo. In: Flasche, Hans (ed): Aufsätze zur portugiesischen Kulturgeschichte. Vol. 9. Münster Westfalen: Aschendorffsche, 110-135. Santana Neto, João Antônio (1997): Duas leituras do tratado ascético místico «Castelo perigoso». São Paulo: Universidade de São Paulo / Pós-Graduação em Filologia e Língua Portuguesa. Tese orient. por Heitor Megale. Telles, Célia Marques (1999): Um livro de rotear quatrocentista. In: Estudos Lingüísticos e Literários 23-24, 33-42. – (2003): Características grafemático-fonéticas de um manuscrito em letra gótica cursiva. In: Leão, Ângela Vaz / Bittencourt, Vanda O. (edd.): Anais do 4. Encontro Internacional de Estudos Medievais. Belo Horizonte: PUCMG / ABREM / CNPq / FAPEMIG, 731-741. – (2005): Edições semidiplomáticas de textos quatrocentistas não literários. In: Telles, Célia Marques / Souza, Risonete Batista de (edd.): Anais do 5. Encontro Internacional de Estudos Medievais. Salvador: Quarteto, 77-84.

Rika Van Deyck

La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre et l’avènement du mode antérieur en gallo-roman

1. Problématique Pourquoi le phonème /ae/ en provenance de /a/ tonique libre (type pere < PATER), solidement ancré dans le système phonologique du gallo-roman, a-t-il disparu?

2. Hypothèse L’hypothèse formulée consiste à lier le sort du phonème /ae/ à celui des palatales arrondies /ü/ /ö/ et /œ/. Il disparaît quand celles-ci se seront constituées en série phonologique complète, c’est-à-dire quand, dans l’évolution cyclique des modes phonétiques, les modes croissant et tendu (du début du XIIIe à la fin du XVIe siècle) l’emporteront sur les décroissant et relâché qui dominent du VIIe jusqu’à la fin du XIIe siècle dans la Gaule du Nord (cf. Matte 1982: 69). Dans le même temps, les voyelles nasalisées se constituent en série complète sous l’action convergente de mouvements d’allongement, de fermeture et de centralisation du timbre au contact de la nasale, même si des différences s’observent selon les régions et selon les genres littéraires. Ces évolutions majeures, propres au gallo-roman, déstabilisent le phonème /ae/, menacent sa survie et rendent une réorganisation du système vocalique inévitable. Elles coïncident avec l’introduction d’un nouveau mode: le mode antérieur.

3. Méthode La recherche est menée selon l’optique cosérienne aux trois niveaux d’abstraction, celui de la langue en général, celui d’une langue historique donnée (in casu l’ancien français issu du gallo-roman) et celui du discours concret (in casu la Chanson de Roland d’après le ms. d’Oxford, Bodleian Library, Digby 23, fol. 1 r° - 72 r°, vers 1170, sigle CR). Selon la conception de Eugnio Coseriu l’architecture «dia» des paramètres de variation comprend en

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elle toutes les variations de la langue; diachronie, diatopie, diastratie et diaphasie (diamésie y comprise) sont réunies tout en un, solidairement. C’est dans ce sens que nous avions établi une liaison systématique entre les données de la diachronie, scriptae médiévales, et celles de la diatopie, dialectes actuels, dans le but de documenter les étapes intermédiaires d’évolutions historiques importantes, telle la palatalisation du /ū/ long latin en /ü/ ou encore la nasalisation des voyelles (cf. Van Deyck 1992: 43-58; 2000: 449-460; 2002: 627-635). La présente étude prolonge ces travaux. Afin de mesurer le chemin parcouru par les systèmes vocaliques successifs, les données de la CR ont été confrontées à celles de chansons de geste du cycle de Guillaume d’après le ms. B.N., fr.774 (le Couronnement Louis, fol. 18ª - 33b, composition: 1131, sigle CL, le Charroi de Nîmes, fol. 33b - 41d, composition: 1144, sigle CN: d’après De Poerck et Van Deyck 1970 et la Prise d’Orange, fol. 41d - 53, composition: 1148, sigle PO), ainsi qu’à celles de l’oeuvre testamentaire de François Villon d’après le ms. Coislin (B.N. fr. 20041, fol. 107 v° - 153 v°, seconde moitié du XVe siècle: Van Deyck 1974), soit le corpus gantois de textes versifiés d’ancien français. Seules les formes réalisées à l’assonance ou à la rime ont été retenues en raison de leur capacité à isoler les timbres distinctifs du système vocalique sous examen: les phonèmes et leurs allophones. C’est sur cette base que Hermann Suchier (1906) avait établi le système vocalique de l’ancien français, fondement de nos connaissances en la matière. L’examen ne porte donc que sur les voyelles toniques. Puisque la tonicité est devenue phonologiquement pertinente en roman à la faveur du mode décroissant (du VIIe au IXe siècle) après que la composante dynamique de l’accent se soit développée aux dépens de la mélodique, il n’y a pas de conflit entre le phonème /ae/ en provenance du /a/ tonique libre (per < PAREM, CR 64) et le /ə/ neutre (non arrondi) en provenance du /a/ atone (espee < SPATA, CR 345).

4. Argumentaire 4.1 Mise en perspective du gallo-roman dans la Romania Le vocalisme du gallo-roman présente des particularités qui le distingue des autres systèmes romans. Il compte deux séries de phonèmes que les autres langues romanes n’ont pas: une série de palatales arrondies /ü/ /ö/ et /œ/ et une série de voyelles nasalisées /ã/ /ẽ/ /ĩ/ /õ/ /œ/. Il est vrai que des dialectes du sud du Portugal et des Açores les ont également systématisées (Lausberg 1963: §237; Martinet 1965: 275-276; Rochet 1976: 24); les ressemblances entre les systèmes vocaliques à palatales arrondies et à nasales ont été soulignées par Barros-Ferreira (1994: 327-328). Certains parlers de la côte italienne du Sud présentent des palatales arrondies (Haudricourt / Juilland 1970: 45-50), sans qu’elles aient abouti à des séries phonologisées complètes. Une comparaison méthodique de ces divers systèmes vocaliques pourra jeter une lumière nouvelle sur la problématique. La question est de savoir pourquoi le gallo-roman est seul à avoir développé les séries en question et comment il l’a fait. La recherche portera donc sur les causes de leur constitution et sur les modalités de leur développement, car leur évolution prédit le sort du phonème /ae/.

La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre

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4.2 Au niveau de la langue en général: un potentiel de virtualités à explorer Le bouleversement prosodique (Lausberg 1963: 144 svv., 190 svv.; Haudricourt / Juilland 1970: 25-26, 33, 36, 45-46; Matte 1982: 64 svv.) crée un nouveau potentiel de virtualités que les langues romanes ont exploité diversement: à toutes choses égales, elles ont fait des choix particuliers dans les solutions possibles données à l’instabilité. Parmi les faits marquants qui sont la conséquence du changement typologique d’où sont nées les langues romanes et qui ont déterminé les systèmes de transition hybrides de l’évolution historique latin/roman, on relèvera – Le rythme organise globalement le segmental, mais son action diffère. Il pourra passer de descendant à ascendant, d’où la possibilité du passage de l’enclise à la proclise ou d’une bascule des diphtongues (de la Chaussée 1974; Matte 1982: 127; Van Deyck 1991). – La tonicité devient phonologique: l’opposition entre élément tonique et atone n’est plus une question de réalisations phonétiques; elle est devenue fait de langue. Elle ouvre la voie à une redistribution des possibilités de phonologisation, telle la jonction entre tonicité et structure syllabique ouverte ou fermée. – Une redéfinition du rapport quantité/qualité, avec phonologisation de la dernière en roman. Elle entraîne inévitablement une multiplication articulatoirement insoutenable de degrés d’aperture dans le système vocalique. La fusion des semi-fermées /ĭ,ē/ et /ŭ,ō/, commune à la plupart des langues romanes (Spore 1972: 26-29), devait remédier au problème; toutefois, la possibilité de la réaliser soit dans le sens d’une fermeture du timbre, soit dans celui d’une ouverture conduisait vers la création de systèmes vocaliques romans différents (cf. Tableau 1). – Une réduction syllabique, plus ou moins importante selon les variétés de roman, causée par l’amplification de la composante dynamique de l’accent aux dépens de la mélodique. Elle est en accord avec la fermeture de la syllabe qui est le propre des modes relâché et décroissant; des phénomènes de palatalisation ou de nasalisation vocaliques, toutes présentes en puissance en roman, ne se produiront cependant que là où l’intensité accentuelle est suffisante pour réaliser l’implosion consonantique requise. – Une harmonisation vocalique romane dans le sens d’une fermeture du timbre sous l’effet de /ī/ ou de /ŭ/ final atone, l’assimilation métaphonique se réalisant sous forme de palatalisation ou de vélarisation. Chaque langue historique a arrêté soit le choix alternatif de l’un ou de l’autre de ces procédés ou encore celui des deux à la fois (Lausberg 1963: §§193-199, 272-274). Le phénomène est considéré comme «Gemeinromanisch» par Lausberg (cf. §198), mais selon Spore (cf. §63) il serait plus limité.

4.3 Au niveau du gallo-roman: quels choix seront arrêtés? Le bouleversement prosodique a instauré un accent dynamique plus fortement marqué en gallo-roman que dans les autres parlers romans. Quand les rapports quantité/qualité auront changé sous l’effet de cet accent d’intensité, celui-ci amplifiera davantage les oppositions de timbres ouverts et fermés en gallo-roman. Les diphtongaisons spontanées dites françaises des semi-fermées palatales et vélaires (/ĭ,ē/ et /ō,ŭ/), intervenues après les romanes des /ĕ/ et /ŏ/ ouverts en sont la preuve, mais aussi la phonologisation des

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Rika Van Deyck

oppositions qualitatives de voyelles ouvertes et fermées dans le système vocalique français (p.ex. peu vs peur) ou encore l’instauration de positions fortes et faibles due à un accent dynamique prononcé qui aura rendu la structure syllabique pertinente. Celle-ci aura à son tour une fermeture de la syllabe pour conséquence qui favorisera une implosion consonantique marquée en position faible, fin de syllabe. Le phénomène est à son tour à l’origine des mouvements de palatalisation et de nasalisation vocaliques. Il importe de souligner que diphtongaison et fermeture du timbre sont deux modalités d’un même changement (Lausberg 1963: §§134; Wüest 1979: 119): la jonction de ces mouvements est révélatrice des évolutions à venir. L’option du gallo-roman de combiner, dans une harmonisation vocalique précoce, palatalisation et fermeture des timbres de /ĭ,ē/ et de /ō,ŭ/ confondus sous l’effet d’un /ī/ final devenu yod (p.ex. VENI > VINI > ving; FUI > fui) (Lausberg 1963: §273) prédisait le mode antérieur.

4.3.1 Le sort de /ae/ vs /ε/ ouvert et /e/ fermé: la thèse de la centralisation vocalique Matte (1982: §7.2 et surtout §10.5) défend une centralisation généralisée du vocalisme latin due au relâchement articulatoire amorcé dès le Ier siècle dans l’Empire et qu’il situe dans le cadre des tendances globales du latin de la Gaule du Nord. Le mode relâché, qui est l’aboutissement et le complément du mode décroissant, est responsable des changements majeurs intervenus dans le vocalisme du gallo-roman (du VIIe au Ixe siècle) et de l’ancien français (du IXe au XIIIe siècle) (cf. 51 et 69). Le phénomène se traduit par un recul des timbres vocaliques par rapport à ceux nettement antérieurs ou postérieurs du système vocalique de langues tendues. Matte en donne la raison: plus une voyelle d’un système vocalique donné s’approche de la voyelle neutre [ə], plus elle est centripète et moins elle exige d’énergie (cf. 51) et les conséquences: Aussi le mode relâché est-il fortement marqué par la diffusion entre les voyelles et les consonnes qui l’entourent. En plus l’atténuation de la tension des lèvres et de la langue mène à une centralisation des voyelles, car tout déplacement des organes tend à être atténué: projection des lèvres, écartement des commissures, élévation, avancement et recul du dos de la langue. Le timbre des voyelles d’une langue relâchée tend à être moins haut (aigu) ou moins bas (sombre), selon le cas, que celui des voyelles d’une langue tendue et le système des oppositions vocaliques est plus centripète (cf. 6.1.3). (Matte: 61)

Il avance douze phénomènes de centralisation phonétique pour étayer l’hypothèse, dont la simplification précoce de la triphtongue /aeε/ en provenance de la diphtongaison de /a/ tonique libre (Matte: §10.5 sous 8.). Il précise les modalités de cette évolution: «[...] au VIe siècle les voyelles e, o et a toniques libres, allongées sous l’accent d’intensité, se ferment par l’arrière (régressivement), se centralisent un peu et passent à ei, ou, et aee, respectivement, diphtongues décroissantes. [...]», (p.ex. SAPA > sae:ve > saeεve > sève) (Matte: 106). En commentant les étapes de l’évolution, il établit un lien révélateur entre les mouvements d’allongement, de fermeture et de centralisation de ces timbres sous l’effet conjoint de la tonicité et de la structure syllabique ouverte. Ces mouvements convergent quand le mode décroissant domine. Notons que la centralisation vocalique avait été évoquée comme facteur de l’évolution des voyelles françaises par Straka (1952: 304-306), par Fouché (1966) et par Pope (1966:

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217

§256), mais sans que son impact réel n’ait été démontré. Tout en admettant l’importance du rôle de la centralisation vocalique dans les évolutions historiques, il nous semble qu’il faudrait nuancer la thèse pour ce qui est des toniques entravées qui sont restées préservées de la centralisation des timbres grâce à la jonction de la tonicité et de la structure syllabique fermée (type pas < PASSUM). En adoptant la thèse de la centralisation de Matte, nous pouvons établir que le phonème /ae/ est plus long et plus fermé que /a/ (cf. aussi Nyrop 1914: §171; Lausberg 1963; Pope: §99), mais de plus que son timbre est centralisé. Nous ne retiendrons pas les hypothèses selon lesquelles [ae] se situe au niveau articulatoire de [e:] fermé allongé (cf. Haudricourt / Juilland 1970: 57, hypothèse généralement adoptée), ni celle selon laquelle elle se situe au niveau de [ε] ouvert allongé (cf. Herslund 1976: 8-10; Walker 1981: 9-10 cités par Y.- Ch. Morin, à paraître). C’est que le timbre occupe une position distincte dans les systèmes vocaliques régis par le mode décroissant; il ne se confondra avec /ε/ ouvert ou /e/ fermé que quand, en moyen français, le mode croissant l’emportera dans l’évolution cyclique des modes phonétiques du français.

4.3.2 Les rapports entre /ae/ et /ü/ et le mode phonétique antérieur: La thèse gantoise des deux /u/ De Poerck (1953) a défendu la thèse des deux /u/. Cette thèse pose que le système vocalique du gallo-roman se distingue de celui de l’italo-roman. Il se basait pour ce faire sur le témoignage des graphies du latin mérovingien, sur le témoignage du britto-roman et du vieil anglais, des grammairiens latins, des latins provinciaux et des Serments de Strasbourg. La fusion des semi-fermées, commune aux deux systèmes, s’est soldée en gallo-roman, non pas par l’ouverture des timbres, idée reçue de la tradition grammaticale (cf. Schwann-Behrens 1932: §17), mais par leur fermeture: le /ē/ long fermé s’est confondu avec le /ĭ/ bref ouvert et le /ō/ long fermé s’est confondu avec le /ŭ/ bref ouvert. En sa qualité de monophtongue, ce dernier devait inévitablement entrer en concurrence avec le /ū/ long fermé. L’action métaphonique qui fermait effectivement en gallo-roman le timbre des /ō,ŭ/ toniques réalisés dans la syllabe précédente en /ū/ sous l’effet du /ī/ long final, devenu yod, (type ILLOI > lui) annonçait ce mouvement. Or, la concurrence des deux /u/ est responsable de la palatalisation du /ū/ long fermé du latin en un /ü/ arrondi: c’est la naissance de la première palatale arrondie du gallo-roman que compléteront /ö/ fermé et /œ/ ouvert aux divers degrés d’aperture à la faveur du mode décroissant (cf. Tableau 2). La conséquence en est que le gallo-roman a ajouté aux deux séries latines uniques de palatales rétractées et de vélaires arrondies, des palatales arrondies. L’innovation aboutira à l’instauration du mode antérieur (Matte 1982: 69). Nous avons réargumenté cette thèse (Van Deyck 1992) en établissant une liaison méthodique entre les scriptae médiévales et les dialectes actuels. Nous avons analysé les raisons de l’absence de /ü/ dans certaines zones du gallo-roman qui ont refusé la palatalisation du /u/ long latin. Une confrontation des assonances de la CR avec des dialectes d’aujourd’hui (patois de la Suisse romande et dialectes wallons) démontrait que les îlots de maintien du /ū/ long latin coïncidaient avec des zones où la fusion des semi-fermées vélaires /ō,ŭ/ s’était faite conformément au système italique et non à celui du gallo-roman:

218

Rika Van Deyck

Dans le Val d’Anniviers, le résultat est /o/ fermé en position tonique et libre (cf. no < 1220) et // ouvert en position tonique et entravée (cf. or < URSUS, CR 2549, buche, CR 1523) (Van Deyck 1992: 53); à Liège /oe:/ en position tonique et libre (cf. heûre < HORAM) et // ouvert en position tonique et entravée (cf. boke < BUCCAM) (Remacle 1948: §24; De Poerck 1953: 81). Seuls les contextes phonétiques particulièrement favorables à la palatalisation ont pu produire la palatale arrondie /ü/: à savoir les /u/ conditionnnés par un yod, que ce soit par action métaphonique (en Suisse et en Wallonie: cf. rluk, lû < *ILLOI comme lui, CR 239) ou sous l’effet de tout yod subséquent (en Wallonie: lûre < LUCERE comme luisent, CR 1322). La diatopie actuelle documente donc les étapes de l’évolution historique. La fermeture du timbre des vélaires d’aperture moyenne apparaît dès lors non plus comme un effet corrélatif de la palatalisation de /ū/ long en /ü/ (De Poerck 1953: 79; Wüest 1979: 124), mais comme sa cause directe (Van Deyck 1992: 47). Notons que les prémisses de la thèse des deux /u/ se trouvaient déjà dans Ronjat (1930), en particulier dans ses affirmations sur le sort d’un /ŭ/ émanant des /ō,ŭ/ et sur sa diphtongaison tardive (cf. §§65, 84, 192), et encore dans Suchier (1906: 22, note 1 et 28) qui exprimait son hésitation quant à la qualité exacte du timbre en provenance des /ō,ŭ/. HONOREM vs onur, CR bots < BUCCAM vs urs,

4.3.3 Palatales arrondies, voyelles nasalisées et le mode antérieur Les langues à palatales arrondies sont en mesure de développer des voyelles nasalisées. Ces innovations, virtuellement présentes dans toutes les langues romanes, sont complémentaires (cf. supra). Nous avons tenté de démontrer qu’une convergence de phénomènes a dû produire les deux séries de phonèmes qui caractérisent le système phonologique du gallo-roman. Le catalyseur qui les engendre, c’est la concomitance de mouvements de fermeture, d’allongement et de centralisation du timbre vocalique (aspect qualitatif), à condition toutefois qu’ils soient présents avec suffisamment de force (aspect quantitatif) pour pouvoir aboutir. A défaut, certains parlers attestent des stades provisoires avec des réalisations instables de timbres ou fermés ou longs ou centralisés dans les contextes propices à la palatalisation ou à la nasalisation. La palatalisation s’accompagne partout de mouvements complémentaires de fermeture de /o/ en /u/ ou de /o/ en /ö/ (Haudricourt / Juilland 1970: 50). Quant à la nasalisation, Matte avait indiqué pour l’ancienne langue la convergence de l’allongement et de la centralisation du timbre au contact avec la nasale (1982: 114, 119). Ronjat (1930: t. I: §§77 et 691 et t. II: 468) avait démontré sur base de parlers vaudois qu’une géminée nasale (cf. foenno < FĒM(I)NA) ou un groupe consonantique (cf. kumånsu < *COMĬN(I)TIO) ferment et centralisent les semifermées antérieures. Jacques Allières (1994: 133-140) indiquait que dans le domaine gascon, les aires de fermeture de /a/ tonique libre attestent le type /kå/ < CANE au timbre incertain, intermédiaire entre /a/ et /oe/, qui s’oppose phonologiquement à /ka/ < caru et /ko/ < core (ALG 2210, points 694e, 696, 696e et 696s) (cf.: 136; aussi Ronjat: §109). La zone landaise fournit pour -ĒNU (FĒNU, PLĒNU) des timbres /e/, /oe/ ou /ej/, /oej) (ALG, VI, 2128) qui accusent la centralisation du timbre tonique au contact d’une nasale. Dans ces dernières évolutions, la nasale arrête la diphtongue au cours de son développement, d’où l’instabilité du timbre. Or, la disparition de /ae/ coïncide avec la stabilisation de ces séries.

La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre

219

Quand les modes croissant et tendu vont l’emporter sur les décroissant et relâché, du XIIIe au XVIe siècle, les siècles de transition du moyen français voient le suprasegmental changer: le rythme, de descendant qu’il était, deviendra ascendant, avec pour conséquence au niveau vocalique, la bascule des diphtongues. C’est dans cet intervalle que des réalisations phonétiques intermédiaires vont entrer en concurrence avec /ae/. Elles sont dues à l’évolution systématique des voyelles toniques comme à l’altération de voyelles au contact d’une palatale, d’une vélaire ou d’un nasale, évolutions rendues possibles par le nouveau potentiel de virtualités contenu dans le mode décroissant. Elles ont fragilisé la position de /ae/ solidement établie dans le système vocalique régi par ce mode jusqu’au XIIIe siècle. L’avènement du mode antérieur, corrolaire du mode croissant, arrêtera son sort.

4.4 Au niveau du discours: des solutions créatives

4.4.1 Les assonances de la Chanson de Roland (Oxford) démontrent que le vocalisme de ce texte forme un système provisoire et instable avec comme particularités saillantes la présence de phonèmes singuliers: – /ae/ issu de /a/ tonique libre Le phonème est très solide: il construit 22 laisses masculines et 8 féminines sur un total de 291 laisses; son rendement discursif est élevé: il représente 12,8% des timbres à l’assonance, ce qui le range en troisième position respectivement après /i/ et /u/. Le timbre n’assonne ni avec /e/ fermé, ni avec /ε/ ouvert cler CR 157 (< CLARUM); tref CR 159 (< TRABEM); errer CR 167 (< -ARE) vs /e/ fermé qui ne compte que 8 occurrences messe CR 1559 (< MISSAM); arcevesque CR 158 (< dér. de EPICOPUM) vs /e/ ouvert destre CR 47 (< DEXTERAM); feste CR 53 (< FESTAM); serf CR 3729 (< SERVUM). Les 13 occurrences de (Damne)deu(s) CR 123, 137 etc. (< DOMINE DEUM) avec la seule de liwes CR 2750 (< LOCOS), tolérées dans une laisse en /ae/ sont un indice de la centralisation du timbre. – /ü/ Seul phonème de ce qui deviendra la série des palatales arrondies; son rendement discursif reste faible: il totalise 4,9% des timbres à l’assonance murs CR 237 (< MUROS); plus CR 242 (< PLUS); brun CR 1039 (< BRUNUM); cumune CR1316) (< COMUNAM) luisent CR 1322 (LUCENT); lui CR 239 (< *ILLOI); recut CR 2816 (*RECIPUIT) – /ã/ nasalisé Seul phonème, avec son allophone /ẽ/, de ce qui deviendra la série des voyelles nasalisées. Phonème à rendement élevé qui représente 11,7% des timbres à l’assonance

220

Rika Van Deyck

avant CR 319 (< ABANTE); anz CR 551 (< ANNOS); champ CR 553 (< CAMPUM); tant CR 394 (< TANTUM) assonne avec gent CR 395 (< GENTEM); present CR 397 (< PRESENTEM < PRAESENTEM) Ce système s’actualise au travers de réalisations phonétiques instables dont témoignent les graphies. Le tableau ci-dessous résume les évolutions accomplies: Tableau 1: Evolution régulière des voyelles toniques de la Chanson de Roland Lat. rép.

Lat. imp.

Lat. méd.

→ 27 av. JC

→ 476

→ fin XVe

ī

ī (= 11)

ī [

vīvat

ī]

scrīptum

ĭ

La Chanson de Roland (ms. d’Oxford) ± 1170

i

14%

į įē[

fĭdem/crēdo

ẹi

4,9%

įē]

mĭssam/dēb(i)tam

ẹ (e²)

0,2%

ę[ ę]

pědem těrram

ię ę (e1)



10,7% 5,7%

a[ a]

pater passum

æ (e³) a

a

12,8% 11,7%

ŏ[ ŏ]

sŏror pŏrtam

uę o

0,4% 3,4%

u

15,9%

(=i²) ē + ōē

ē

ě + āē

ę

ā

ā

ŏ

ŏ7

ō

ō ųō[

hōram

ų ọ]

cŭrsum

(=u²) ŭ

ų

ū

ū

(=u1)

ū[

mūrum

ü 4,9% ū] plūs A ce stade le phonème /ae/ n’est pas menacé. Cette situation perdure dans les chansons de geste du XIIe-XIIIe siècle des scriptae du Centre (CL, CN, PO): elles partagent les

La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre

221

modalités d’assonance de la CR. Mais elle perdure même au-delà dans les scriptae conservatrices du Nord, c’est ce dont témoigne le Renaut de Montauban versifié, d’après le ms. R, composé vers 1440 (Verelst 1988).

4.4.2 Les rimes de l’œuvre de François Villon (Van Deyck 1974, I: 153-169; Rychner / Henri 1974, II: 276-304) attestent qu’au XVe siècle, dans les scriptae du centre, le phonème /ae/ a disparu et elles prouvent que les palatales arrondies et les voyelles nasalisées se sont constituées en séries complètes. Les étymons des formes à la rime informent sur la réorganisation des phonèmes et de leurs allophones dans le système vocalique en question. – le phonème /ae/ s’est confondu avec /ε/ ouvert ou /e/ fermé /ae/ en provenance de a tonique libre s’est confondu avec /ε/ ouvert issu de /ĕ/ bref tonique entravé: rime en -er: mer:clamer:escumer:armer VT 138, 140, 141, 143 (MAREM: -ARE); rime en -ier, -er: torcher:cher VT 1227, 1229 (< -ARE:CARUM); cher:plancher VT 1873, 1875 (CARUM: -ARIUM) rime en -ier, ïer: mendïer:hier VT 429, 431 (< yod + -ARE:HERI) rime en -el: cruel:eternel VT, 25, 27 (< CRUDELEM: -ALEM); perpetuel:coustel VT 421, 423 (< -ALEM:CUSTELLUM); criminel:Rueil:Rosnel:ysnel VT 1363, 1365, 1368 (< -ALEM:germ.SNEL); criminel:Colombel:bel:Juvenel VT 1929, 1931, 1932, 1934 (-ALEM:BELLUM) rime en -ès, -ais: laiz:palaiz VT 1768, 1770 (< LAXOS:PALATIUM < a + yod) rime en -est, -aist: est:plest VT 265, 267 (< EST:PLACET < a + yod) /ae/ en provenance de a tonique libre s’est confondu avec /e/ fermé: rime en -é: lé:Mathieusalé VT 62, 64 (< LATUM) rime en -ié, ïé: estudïé:dedïé VT 201, 203 (< yod + -ATUM); entaichié:pechié VT 482, 484 (< yod + -ATUM)

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rime en -és,-iés: dez:eschaudez:vuidez:cuidez VT 1693, 1695, 1696, 1698 (< DATOS: < -ATOS, -ATIS) rime en -ee, -iee: changee:enraigee VT 490, 492 (< -ATAM) Mais il y a hésitation entre /e/ fermé ou ouvert: rime en -ès, -ais: Diomedés:detz:des:cades VT 130, 132, 133, 135 (< DIGITOS: DE + ILLOS:CAPITTETUS) (classé par Rychner / Henry 1974: 286) sous /e/ ouvert. – Le phonème /ü/ est incorporé dans une série de palatales arrondies: les phonèmes /ö/ fermé et /œ/ ouvert l’ont complétée aux divers degrés d’aperture. Cependant des variantes contextuelles subsistent; elles sont la trace de réalisations provisoires avant que la phonologisation ne soit complètement arrêtée. /ö/ fermé: rime en -eu: jeu:jeu VT 1736, 1738, rime incertaine (cf. Fouché 1952-1961: 521; Chastelain 1908: 17-19); rime en -eux: deulx:d’eulx VT 1335, 1337; rime en ieu: Dieu:lieu VT 49, 51; yeulx:mieulx:cieulx:victorieux VL 18, 20, 21, 23; cheveulx:vieulx:tieulx:neufz VL 242, 244, 245, 247; precieulx:cielx VL 326, 328; 838, 840; venimeuses:ennuyeuses VT 1429, 1431 /œ/ ouvert: rime en -euf: seuf:estuef VT 729, 731; Merebuef:beuf VT 1046, 1048; rime en -eur: cueur:douleur:Cueur:seigneur VT 282, 284, 285, 287; douleur:seur:cueur:rigueur VT 943, 945, 946, 948; honneur:deshonneur:mineur:teneur VT 951, 953, 954, 956; fleur:folleur:couleur:douleur VT 959, 961, 962, 964; rigueur:langueur:vigueur:cueur:cueur VT 978, 981, 982, 985, 988; serviteur:cueur VT 1182, 1184; honneur:Seigneur:contreroleur VT 1945, 1947, 1950, 1951; pescheur:prescheur VT 294, 296; Seelleur:valleur VT 1198, 1200; collateur:bienfaicteur VT 1330, 1332;

223

La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre

rime en -eurs, -eux: pleurs:douleurs VT 89, 91; mais aussi messeigneurs:rongneux VT 1206, 1208; executeurs:debteurs VT 1921, 1924. rime en -eure: eure: pleure:queurre:sequeure VT 578, 580, 581, 583; heure:demeure VT 1741, 1743; demeure:meure VT 177, 179. De multiples étymons produisent les phonèmes attestés à la rime (cf. infra 4.5). L’instabilité graphique est la trace de la bascule des diphtongues, devenues ascendantes à la faveur du mode croissant (de la Chaussée 1974: 202; Matte 1982: 127; Van Deyck 1991). Pendant les siècles de transition du moyen français, les palatales arrondies se sont manifestées comme des réalisations phonétiques diverses, sous forme de variantes contextuelles, avant qu’elles ne se soient stabilisées aux degrés d’aperture de la semifermée /ö/ et de l’ouverte /œ/ constituant avec /ü/ une série phonologisée complète. C’est la concurrence des diverses réalisations de /ö/ qui a provoqué la disparition du phonème /ae/. Le tableau ci-dessous rend compte du chemin parcouru compte tenu de l’évolution cyclique des modes phonétiques: Tableau 2: Mise en perspective des systèmes vocaliques latins et gallo-romans latin classique

latin impérial

ī

ū

ī į(

ē æ œ

ō

ē + œ…

ā

āū

ā

mode croissant et tendu système standard stable accent musical non distinctif

trois degrés d’aperture

ū ų( ę + æ…

ō ŏ7 au

relâchement articulatoire système de transition concurrence entre le qualitatif et le quantitatif fusion œ… + ē et æ… + ę déstabilisation des degrés d’aperture

224

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ancien français archaïque et classique moyen français la Chanson de Roland (Oxford, environ 1170) François Villon (milieu XVe siècle) i

ü

ẹ ei

u ọ

ẽ ę ie

o7

ẽ ue

i

œ ü





ę

ö7

u õ

ọ o7

æ ãa mode décroissant et relâché système instable accent dynamique distinctif qualitatif: pertinent quantité romane émergence de palatales arrondies et de nasales quatre degrés d’aperture

a

ã

a

mode croissant stabilisation du système

séries phonologisées de palatales arrondies et de nasales quatre degrés d’aperture

4.5 Les stades intermédiaires Des phénomènes concomitants d’allongement, de fermeture et de centralisation des timbres régis par le mode décroissant, produiront des voyelles arrondies quand le mode redeviendra croissant. Ces timbres émergent comme des réalisations phonétiques contextuelles avant d’accéder au statut de phonème; ces sons intermédiaires sont autant de concurrents possibles du phonème /ae/ qui fragilisent sa position dans le système vocalique.

4.5.1 Evolution des palatales arrondies Les rimes de Villon prouvent qu’en l’absence du phonème /ae/, les palatales arrondies et les voyelles nasalisées se sont phonologisées. Le chemin parcouru lors de leur évolution permet de dégager les réalisations phonétiques intermédiaires. Or les diverses sources de /ö/ et de /œ/ produisent autant de concurrents de /ae/, capables de le déstabiliser. Deux évolutions régulières et cinq conditionnées les ont produits. Les étapes de ces évolutions sont données d’après Matte (cf.: 129-130):

La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre

225

Evolutions régulières:

i. ō long/ ŭ bref tonique et libre > [ou] > [eu] (les deux composantes sont centralisées) > [eö] (descendant) > [öö] (ascendant) (XIIIe) > /ö/ fermé ou /œ/ ouvert (XIVe); > /ö/ fermé rime en -eux: deulx:d’eulx VT 1335, 1337 (< DUOS:ILLOS); rime en ieu: yeulx:mieulx:cieulx:victorieux VL 18, 20, 21, 23 (< OC(U)LOS:MELIUS:CAELOS: yod+ -OSOS); cheveulx:vieulx:tieulx:neufz VL 242, 244, 245, 247 (< CAPILLOS:*VECLOS:TALES: NOVES); precieulx:cielx VL 326, 328; 838,840 (< PRETIOSOS:CAELOS); venimeuses: ennuyeuses VT 1429, 1431 (< -OSAS); >/œ/ ouvert: rime en -eur: cueur:douleur:Cueur:seigneur (< COR:DOLOREM:SEIGNOREM) VT 282, 284, 285, 287; douleur:seur:cueur:rigueur (< DOLOREM: SE(C)URUM:COR:RIGOREM) VT 943, 945, 946, 948; rime en -euf: seuf: estuef (< *SIVEM < l.cl.SITEM anal. de NIVEM > noif; «seuf pour soif est une forme particulière due à l’influence de la labiale suivante» Fouché: 395) VT 729, 731 + rem.; Merebuef:beuf (BOVEM) VT 1046, 1048;

ii. ŏ bref tonique libre > [u ] (descendant) > [uoe] (ascendant > [öoe] > /ö/ fermé ou /œ/ ouvert rime en -ieu: yeulx:mieulx:cieulx:victorieux VL 18, 20, 21, 23 (< OC(U)LOS:MELIUS: CAELOS: -OSOS); rime en -eur: cueur:douleur:Cueur:seigneur (< oxyton COR:DOLOREM:SEIGNOREM) VT 282, 284, 285, 287; douleur:seur:cueur:rigueur (< DOLOREM:SE(C)URUM: COR:RIGOREM) VT 943, 945, 946, 948;

226

Rika Van Deyck

Aux évolutions régulières s’ajoutent des évolutions conditionnées par /i/ ou par /u/, diphtongues combinatoires qui documentent les étapes intermédiaires d’où sont nées les palatales arrondies à statut de monophtongues. Seules les diphtongues nasales se maintiennent articulatoirement comme diphtongues après le XIVe siècle (Matte 1982: 10.5.9).

iii. ĭ bref, ē long confondus + u > [eu] (les deux composantes sont centralisées) > [eö] (descendant) > [öö] (ascendant) XIIIe) > /ö/ fermé ou /œ/ ouvert (XIVe) rime en -eux: deulx:d’eulx VT 1335,1337 (< duos:ILLOS); rime en -ieu: cheveulx:vieulx:tieulx:neufz VL 242, 244, 245, 247 (< CAPILLOS:*VECLOS:TALES: mais aussi NOVES);

iv. /ŏ/ bref + u > [u ] (descendant) > [uoe] (ascendant) > [öoe] > /ö/ fermé ou /œ/ ouvert (manque dans atte) rime en -eu: jeu:jeu VT 1736, 1738 (< JO(C)UM: -utum), mais rime incertaine (Fouché 1952-1961: 21; Chastelain 1908: 17-19); rime en -ieu: Dieu:lieu VT 49, 51 (DEUM: LO(C)UM);

v. i + /ĕ/ bref > [ieu] (descendant) > [ieu] (descendant) > [ieu] (vélarisé) rime en ieu: yeulx:mieulx:cieulx:victorieux VL 18, 20, 21, 23 (< OC(U)LOS:MELIUS:CAELOS: -OSOS); cheveulx:vieulx:tieulx:neufz VL 242, 244, 245, 247 (< CAPILLOS:*VECLOS:TALES:mais aussi NOVES) Dans ces cas il y a anticipation de i devant le /ĕ/ bref

La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre

227

vi. /ĕ/ bref + u rime en ieu: Dieu:lieu VT 49, 51 (DEUM:LO(C)UM); yeulx:mieulx:cieulx:victorieux VL 18, 20, 21, 23 (< OC(U)LOS:MELIUS:CAELOS: -OSOS); precieulx:cielx VL 326, 328; 838,840 (< PRETIOSOS:CAELOS); rime en -eur: douleur:seur:cueur:rigueur (< DOLOREM:SE(C)URUM:COR:RIGOREM) VT 943, 945, 946, 948;

vii. a + u > [ieu] (e vélarisé et u centralisé) > [yeö] (descendant) (XIIIe) > yöö] (ascendent) > [yö] XIVe) rime en -ieu, -eu: cheveulx:vieulx:tieulx:neufz VL 242, 244, 245, 247 (< CAPILLOS:*VECLOS:TALES: mais aussi NOVES) 4.5.2 L’évolution des voyelles nasalisées renforce cette concurrence. La nasalisation se réalise sous l’action conjointe de mouvements de fermeture, d’allongement et de centralisation du timbre vocalique (Van Deyck 2000; 2002). Un stade provisoire de nasalité fait apparaître des timbres intermédiaires résultats soit d’allongement, soit de fermeture, mais aussi de centralisation du timbre (cf. supra).

5. Effets et conclusion Une réorganisation du système vocalique du gallo-roman est devenue inévitable quand l’évolution cyclique des modes phonétiques fait passer les modes décroissant et relâché au mode croissant. Sous la pression des palatales arrondies /ae/ passe à /e/ fermé ou ouvert. Ceci pourrait avoir des conséquences directes pour la composition des textes versifiés. L’hypothèse selon laquelle la mise en prose de textes versifiés serait la conséquence du fait que le vocabulaire traditionnel n’était plus utilisable quant aux formes en /ae/ mériterait d’être vérifiée; des différences de périodisation du phénomène observé, s’observent selon les régions et selon les genres. La prise en considération des trois niveaux de la recherche, au trois niveaux d’abstraction correspondants, fait que la description des données observées gagne en cohérence. Une grammaire comparée des scriptae médiévales du gallo-roman et une confrontation des résultats avec ceux des autres systèmes romans permettraient de préciser les modalités

228

Rika Van Deyck

de la diversification des systèmes vocaliques romans. Une confrontation méthodique des données de la diachronie (scriptae médiévales) et de la diatopie (dialectes d’aujourd’hui) permettrait de préciser les étapes de l’évolution historique et d’étayer l’hypothèse formulée.

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Rimes /VGNS/ en position finale de mot en portugais: une contrainte «sensible au mot»

1. Introduction En portugais européen1, certaines structures phonologiques, apparemment en contradiction avec les contraintes phonotactiques de la langue en ce qui concerne la constitution de la coda syllabique, ne sont admises qu’à la limite droite du mot (cf. section 4 de cet article). Une observation attentive de cette donnée nous permettra de réfléchir sur deux implications importantes: d’un point de vue primairement descriptif, elle nous permettrait d’atteindre une connaissance plus approfondie de la phonologie du portugais; d’un point de vue plutôt théorique, elle nous permettrait d’obtenir des données supplémentaires concernant une réévaluation de l’importance du mot en tant qu’unité pertinente pour la description linguistique. Dans les sections suivantes de cette étude, le sujet central de notre recherche sera développé sous la perspective de cette double implication.

2. Les contraintes phonotaxiques du portugais: restrictions en coda La constitution des codas syllabiques du portugais obéit aux restrictions résumées en (i). En bref, elles expliquent «la tendance, manifestée par le portugais, à ouvrir ses syllabes» (Barbosa 21983: 211) et exemplifient la contrainte EVITEZ CODA que nous avons proposée dans Veloso (2008).

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Dans ce texte, il sera question de la variété européenne du portugais seulement. Pour cela, le terme portugais ne désignera dorénavant que le portugais européen.

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(i) Propriétés des codas syllabiques du portugais (i-a): En portugais, les codas vides sont plus fréquentes que les codas remplies (Barbosa 2 1983: 211-212; Barroso 1999: 161; D’Andrade / Viana 1994: 41-42; Vigário / Falé 1994: 468, 472; Vigário / Martins / Frota 2006).2 (i-b): Les codas remplies du portugais n’admettent qu’une seule consonne (Mateus / D’Andrade 2000: 53).3 (i-c): Les consonnes admises en coda syllabique en portugais appartiennent à un sousensemble très réduit des phonèmes de la langue, constitué seulement par /L R S/ et la «nasale théorique» (Barbosa 21983: 177, 181-182, 212; 1994: 150 suiv.; Barroso 1999: 143; Mateus 1995: 292; Mateus / D’Andrade 1998: 21-23; 2000: 11-12, 52-54; Mateus et al. 5 2003: 1046-1047).4 (i-d): Les diphtongues suivies de coda remplie ne sont pas admises (seule exception: la possibilité de diphtongue suivie de /S/) (Mateus / D’Andrade 2000: 51).

3. L’importance phonologique du mot Bien qu’il soit accepté comme une unité fonctionnelle importante et accessible à l’intuition linguistique de tous les locuteurs de n’importe quelle langue, le mot n’a pas, pourtant, une définition complètement stable et définitive, fondée sur des critères exclusivement linguistiques. L’inexistence de tels critères a motivé chez quelques auteurs – surtout parmi les auteurs de l’école structuraliste– l’intention de remplacer le mot, dans la description linguistique, par d’autres unités plus objectivement définissables et identifiables, comme le morphème (cf., p. ex., Bauer 2004: 108; Coates 1999: 10; Dubois et al. 1991: 327; Gleason 1967: 39, 90; Martinet 1960: 114 suiv.; Mounin 1968: 60-63; Rosa 2006: 43). Néanmoins, divers phénomènes phonologiques mettent en relief que le mot (quoi que ce soit!) joue un rôle saisissable dans le fonctionnement de certains aspects fondamentaux de la langue, étant donné qu’en beaucoup de ces manifestations la phonologie n’est pas «aveugle» au mot. Les harmonies vocaliques (cf. les exemples du finnois dans Van Der Hulst / Van De Weijer 1995: 498-499), le rapport, dans la plupart des langues du monde, entre l’accent et la périphérie du mot (Kager 1995: 368), le rapport, en quelques langues, ––––––– 2

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La prédominance des syllables ouvertes n’est pas exclusive du portugais. Elle correspond à une tendance universelle (Blevins 1995: 218 suiv.; Cohn 2001: 195), vérifiée d’une façon très particulière dans toutes les langues romanes (Glessgen 2007: 142; Mateescu 2003: 1). Cependant, à notre avis l’hypothèse de l’existence de codas branchées en portugais –dans les rares séquences Liquide + /S/ médiales avant syllabe commencée par une bruyante et dans les syllabes fermées contenant une voyelle nasale suivie de /S/ en coda– ne peut pas être exclue. Barbosa (21983: 177, 181-182 suiv.; 1994: 150 suiv.) et Barroso (1999: 143), entre autres, incluent les semi-voyelles (/j/, /w/) dans l’ensemble des éléments consonantiques admis par les codas du portugais.

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entre l’accent et les propriétés morphosyntaxiques du mot (cf. la description du système d’accent nominal et verbal du portugais dans Mateus / D’Andrade 2000: 109 suiv. et dans Mateus et al. 52003: 1050 suiv.), des phénomènes comme la liaison en français (Dell 1985: 41-42; Durand 1990: 30 suiv., 190 suiv.) et, finalement, les conditions de minimalité du mot en diverses langues (McCarthy / Prince 1995: 321-322; Plénat 1993; Veloso 2007; Vigário / Martins / Frota 2005: 902) exemplifient cette position. Une mention spéciale doit être faite aux restrictions segmentales en certaines positions lexicales (surtout aux limites du mot, ce que Blevins (1995: 218 suiv.) appelle «Edge Effect», en anglais):5 considérons les exemples du yakima sahaptin, qui n’admet les attaques branchées qu’en début et finale de mot (Hargus / Beavert 2006), et du portugais, qui n’admet pas les phonèmes /K/, /I/, /3/ en début de mot (cf., p. ex., Barbosa 21983: 179180; Mateus / D’Andrade 2000: 11). Tous les exemples que nous venons de mentionner ont en commun un fait très pertinent: dans tous ces cas, le mot est l’unité qui gouverne, qui déclenche ou qui empêche certains phénomènes phonologiques (sélections phonématiques, propriétés prosodiques comme l’accent, etc.).

4. Les possibilités phonotactiques «exceptionnelles» admises à la limite droite du mot en portugais En partant de l’observation des phénomènes mentionnés dans les paragraphes précédents, nous avons posé la question suivante: outre la restriction qui empêche la présence de /K/, /I/, /3/ en position initiale de mot (citée auparavant), y aurait-t-il en portugais d’autres contraintes phonotactiques dépendantes de la position lexicale? Trois possibilités phonotactiques de cette langue, admises exclusivement en finale de mot, nous suggèrent cette interrogation: (1) les mots terminés par /n/6, /ks/ et /ps/; (2) les mots terminés par une diphtongue nasale (/VGN/);7 (3) les mots terminés par une diphtongue nasale suivie d’une chuintante (/VGNS/).8 Le Tableau 1 inclut quelques exemples de chacune de ces conditions.

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Jones (1931) se penche déjà sur la comparaison d’un certain nombre de phénomènes phonologiques trouvés en finale de mot en plusieurs langues. Cette nasale dentale clairement articulée après la voyelle qui la précède ne se confond pas avec la nasale théorique mentionnée ailleurs (cf. note 10), dont l’articulation segmentale a été perdue. Cf. note 8. V = Voyelle; G = Semi-voyelle (Glide); N = Archiphonème Nasal; S = Archiphonème Chuintant.

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TABLEAU 1. Structures phonotaxiques exclusivement admises à la limite droite du mot en portugais A. Mots terminés par /n/, /ks/, /ps/ B. Mots terminés par C. Mots terminés par /VGNS/ /VGN/ a) Mots terminés par /n/ pão [o5}v}] ‹pain› a) Mots où /S/ final correspond au gérmen Z!YD3lDm\ ‹germe› morphème de pluriel ontem [!N}s5}i}] ‹hier› abdómen [5a!cNlDm] ‹ventre› homem [!Nl5}i]} ‹homme› mãos [l5}v}R] ‹mains› irmãos [h3!l5}v}R] ‹frères› ciclâmen [rh!jk5lDm] ‹cyclamen› ruim [!≤t}i}] ‹méchant› alemães[5k0!l5}i}R] ‹allemands› oxímoron [N!jrhlN3Nm] ‹oxymore› b) Mots où /S/ final ne correspond plâncton [!ok5}jsNm] ‹plancton› pas au morphème de pluriel b) Mots terminés par /ks/ Guimarães [fhl5!35}i}R] (toponyme) tórax [!sN3`jr] ‹thorax› Ruivães [≤ti!u5}i}R] (toponyme) ónix [!Nmhjr] ‹onyx› Coimbrões [jvh}!a3n}i}R] (toponyme) telefax [sDkD!e`jr] ‹télécopie› Magalhães[l5f5!K5}i}R](antroponyme) telex [sD!kDjr] ‹télex› Delães [c0!k5}i}R] (toponyme) c) Mots terminés par /ps/ Rebordãos [≤0at3!c5}v}R] (toponyme) fórceps [!eN3rDor] ‹forceps› bíceps [!ahrDor] ‹biceps›

4.1 Mots terminés par /n/, /ks/ et /ps/ Ces terminaisons violent, d’une part, les contraintes qui gouvernent les codas du portugais selon l’établi en (i-b) et (i-c); d’autre part, l’occurrence de combinaisons telles que /ks/ et /ps/ en coda syllabique violerait le Principe de Sonorité (Selkirk 1984: 116). Les mots du portugais appartenant à ce groupe correspondent, bien sûr, à des sousensembles lexicaux très réduits, marqués et exceptionnels (cf. exemples dans la colonne A du Tableau 1). Il s’agit, pour la plupart, d’emprunts érudits tardifs, importés directement du latin classique et du grec ancien pour être intégrés dans le lexique culte et de spécialité. En plus, pour ce qui est des mots terminés par /n/, il faudrait même mentionner que ces mots sont en train de subir, à l’état actuel de la langue, des procédés de «régularisation» qui visent à l’effacement total de la consonne nasale finale (Veloso en préparation). Toutefois, au moins dans les registres soignés de la langue, ces codas sont souvent articulées de la façon indiquée par les transcriptions phonétiques contenues dans le Tableau 1. Surtout, il faut absolument considérer l’inexistence en portugais de mots avec /n/ segmental ou avec /ks/ ou /ps/ en coda non-finale. C’est-à-dire, si l’on dispose, quoique rarement, de mots comme ceux dans la colonne A du Tableau 1, on ne trouve jamais en portugais, par contre, de mots tels que «*ca[n].to», «*te[ks].to» ou «*o[ps].to».9

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D’après Mateus / D’Andrade (2000: 53), [ks] et [ps] finaux ne correspondent pas à des codas branchées: ils y sont interprétés comme des segments hétérosyllabiques, séparés par un «noyau vide».

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4.2 Mots terminés par une diphtongue nasale Le Tableau 1 (colonne B) illustre un autre ensemble de cas: les mots du portugais terminés phonétiquement par une diphtongue nasale, correspondant, au niveau phonologique, à une structure comme10 (ii) Représentantion phonologique (niveau prosodique) de la diphtongue nasale en portugais [[VG]Noyau[N]Coda]Rime Cette «rime surchargée» violerait la contrainte qui empêche le remplissement d’une coda après un noyau rempli par une dipthongue (cf. (i-d)). Une fois encore, cette violation est admise en finale de mot seulement. En fait, sauf dans un nombre très réduit de mots, comme, p. ex., «cãimbra» [!j5}i}a35] ‹crampe›, «zãimbo» [!y5}i}au] ‹strabique [pop.]›, «muito» [!lt}i}st] ‹beaucoup/très›, «bendito» [a5}i}!ditu] ‹béni›, «Bemposta» [a5}i}!oNRs5] (toponyme), «Benfica» [a5}i}!ehj5] (toponyme) et «benfiquista» [a5}i}eh!jhRs5] ‹sympathisant de l’équipe de football de Benfica›11, les diphtongues nasales ne se trouvent qu’en finale de mot: des mots comme «*pão.to», «*fein.ta», «*mão.tra» sont non seulement inexistants en portugais, ils sont aussi inacceptables dans cette langue.12

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Cf. note 4 pour une interprétation différente du statut prosodique de la semi-voyelle de ces diphtongues. La légitimation prosodique de la nasalité associée phonétiquement aux voyelles nasales du portugais indiquée en (ii) se fonde sur l’interprétation courante auprès d’études phonologiques de la langue comme celles de Barbosa (21983: 92 suiv., 210; 1994: 137), Barroso (1999: 126, 143, 159) et Mateus / D’Andrade (2000: 21 suiv., 23, 130, 131-132). D’autres auteurs (Lüdtke 1953: 213; Morales-Front / Holt 1997: 402-403) acceptent que les voyelles nasales du portugais correspondent déjà, à l’état actuel de la langue, à de vrais phonèmes dont la nasalité est une propriété inhérente et distinctive. «Bendito», «Benfica», «Bemposta» et «benfiquista» sont, du point de vue de leur formation, des mots composés dont le premier élément («bem» [a5}i}] ‹bien›) présente la diphtongue nasale en position finale. Des mots comme «cãimbra» et «zãimbo» sont des mots rares, très souvent soumis à des régularisations qui suppriment la diphtongue nasale de la position non-finale (cf. Mateus / D’Andrade 1998: 18-19; 2000: 47). Des mots comme «cãozinho» [j5}v}!yhIt] ‹petit chien› (pluriel: «cãezinhos» [j5}i}!yhItR] ‹petits chiens›) ou «ladrãozeco» [k5c35}v!}yDjt] ‹petit voleur› (pluriel: «ladrõezecos» [k5c3n}i}!yDjtR] ‹petits voleurs›) –présentant, à la surface, une diphtongue nasale en position non-finale– appartiennent à ce que la tradition descriptive portugaise appelle «formes Z-évaluatives» (cf., entre autres, Villalva 2000: 321). Ces noms résultent de la combinaison d’un nom et d’un suffixe évaluatif (comme un diminutif, p. ex.), les deux éléments conservant chacun son individualité morphologique (flexion nominale) et phonologique (accent, réduction des voyelles nonaccentuées). C’est-à-dire, ils correspondent, en effet, à deux items nominaux (cf. Vigário 2003: 47 suiv.; Villalva 2000: 321). En face de cette explication, la diphtongue nasale continue alors à occuper la position finale de mot, du point de vue de la structure interne de celui-ci: [[cãe(s)]N_Pluriel#[zinhos]Suff_Pluriel]NomComposé.

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4.3 Mots terminés par /VGNS/ Les exemples de la colonne C du Tableau 1 nous font revenir à la question centrale de ce travail: les mots du portugais terminés par une diphtongue nasale suivie d’une chuintante (/VGNS/), correspondant à la structure syllabique proposée en (iii).13

(iii) Représentation phonologique (niveau prosodique) de la diphtongue nasale suivie d’une chuintante en portugais

[[VG]Noyau[NS]Coda]Rime On trouverait ici, alors, des rimes encore plus «surchargées» que celles que nous avions trouvées dans la section précédente, en résultat de la violation simultanée de deux contraintes importantes qui gouvernent les codas du portugais: d’une part, contrairement à ce qui a été stipulé en (i-b) ci-dessus, on y trouve apparemment des codas branchées (bien qu’un des éléments de telle coda soit non-segmental, comme la nasale théorique);14 en plus, elles présentent une diphtongue suivie de coda remplie, contrairement à ce qui est présenté en (i-d). Une explication alternative pour ces cas (si l’on considère pour l’instant seulement les mots de a) de la colonne C du Tableau 1) consisterait à considérer la chuintante finale comme extra-syllabique, comme exemplifié en (iv).15 (iv) La représentation prosodique de «mãos» [l5}v}R] ‹mains› (portugais) [[[m]Attaque[[aU]Noyau[N]Coda]Rime]σ[S]Pluriel]Mot On doit souligner, pourtant, que cette explication ne peut pas s’appliquer aux mots terminés par /VGNS/ où /S/ ne correspond pas au morphème de pluriel (cf. Tableau 1, colonne C, b)). Pour ce qui est de ces mots-ci (où cette consonne fait partie de la représentation lexicale du mot, ce qui rend obligatoire sa légitimation prosodique dans un constituant syllabique, selon le Principe de Légitimation Prosodique de Itô 1986: 2), le problème reste encore à expliquer.16 ––––––– 13

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Cf. notes 4 et 10 pour des explications phonologiques différentes de la place de la semi-voyelle et de l’archiphonème nasal dans ces syllabes. Cf. note 13. Une autre explication pourrait se trouver encore dans le comportement prosodique tout à fait particulier de la fricative coronale, qui se montre fréquemment «invisible» aux contraintes syllabiques en beaucoup de langues différentes (cf. Durand 1990: 209 suiv., 217; Freitas / Rodrigues 2003; Kaye 1996; Parker 2002: 8 suiv.). Ces mots comprennent presque exclusivement des toponymes et des antroponymes, pour la plupart descendants de génitifs latins (p. ex.: lat. VIMARANIS > port. Guimarães). A leur origine, donc, la consonne qui réalise /S/ appartenait aussi à un morphème flexionnel; ces mots pourraient alors

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Eu égard aux cas mentionnés dans les sections 4.1 et 4.2 –qui démontrent que la limite droite du mot en portugais permet des structures syllabiques non admises ailleurs–, on propose d’accepter que la limite droite du mot en portugais joue en effet un rôle très spécial en ce qui concerne la structuration des codas syllabiques de cette langue. C’est le fait même que toutes ces structures phonologiques se trouvent en finale de mot qui peut expliquer la réalisation de celles-ci dans cette position lexicale.

5. La tolérance prosodique de la limite droite du mot en portugais A partir de l’observation des cas étudiés dans la section 4, on pourrait donc postuler, pour le portugais, un «relâchement», en finale de mot, des contraintes prosodiques très restrictives qui gouvernent la structuration phonotactique des codas syllabiques de cette langue. Nous proposons la désignation de TOLÉRANCE PROSODIQUE DE LA LIMITE DROITE DU MOT, formulable dans les termes de (v), pour faire référence à ce phénomène.17 (v) TOLERANCE PROSODIQUE DE LA LIMITE DROITE DU MOT (PORTUGAIS) En portugais, les contraintes restrictives de la coda syllabique sont relâchées à la limite droite du mot, des rimes surchargées y étant admises conséquemment. La limite droite du mot en portugais serait, par conséquent, non seulement une frontière morpholexicale: elle serait aussi, de ce point de vue, une position prosodique, un domaine phonologique où certaines contraintes concernant les structures syllabiques –des contraintes «sensibles au mot», alors– opèreraient d’une façon spécifique18, en exemplifiant en cette langue l’«Edge Effet» mentionné par Blevins (1995: 218) et en confirmant la nécessité d’inclure le mot dans l’inventaire des unités descriptives de la langue.

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s’expliquer comme ceux où, en portugais contemporain, /S/ correspond au morphème de pluriel (cf. (iv) dans le texte). Toutefois, dans la synchronie actuelle une telle explication n’est plus valable. On doit en conclure alors que, pour ces mots-ci, l’explication proposée en (iv) ne saurait s’appliquer. Nous pourrions, certainement, nous interroger sur les raisons qui rendent cette tolérance possible. A notre avis, sa motivation découlerait de deux sortes de raisons. D’une part, elle aurait à voir avec le fait que c’est la limite droite du mot du portugais (et des autres langues indo-européennes) qui abrite les procédés flexionnels. Une deuxième explication, qui s’appliquerait aux terminaisons /VGNS/ seulement, aurait à voir avec le comportement prosodique tout à fait spécial de /S/ (cf. note 15). Cette violation des contraintes phonotactiques dans cette position lexicale pourrait avoir, en outre, une fonction délimitative, comparable à ce qui se passe avec l’accent des langues à accent fixe (Kager 1995: 367).

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6. Remarques finales Nous défendrons, dans ces remarques finales, la nécessité d’entamer une analyse comparative de ce phénomène dans le cadre plus vaste des langues romanes. A notre avis, l’espagnol nous offre des évidences comparables à celles qui ont été discutées ici. Etant aussi une langue très restrictive en ce qui concerne le remplissement de la coda syllabique (bien que moins restrictive que le portugais, selon Veloso 2008), l’espagnol n’admet pas l’occlusive dentale voisée /d/ en coda syllabique, sauf s’il s’agit d’une coda en finale de mot (cf., entre autres, Navarro Tomás 31926: 99-100; Quilis 1993: 204-205). Des mots espagnols comme «sed» ‹soif›, «huésped» ‹hôte›, «césped» ‹pelouse›, «juventud» ‹jeunesse›, «Madrid» ‹Madrid›, «Cid» ‹[le] Cid›, «ciudad» ‹ville› et tous les impératifs en 2ème personne du pluriel nous en offrent quelques exemples.19 Il nous semble possible de trouver ici un indice de l’existence, en espagnol, du même type de «relâchement» prosodique formulé en (v) pour le portugais. Il nous reste alors à voir si la TOLÉRANCE PROSODIQUE DE LA LIMITE DROITE DU MOT se laisse identifier en d’autres langues romanes et s’il s’avère possible de l’accepter comme une marque typologique capable de contribuer, avec toutes les autres qui sont déjà étudiées dans tous les niveaux de la grammaire, à une individualisation de cette famille linguistique.

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––––––– 19

Semblablement à ce qui se passe en portugais avec les structures phonotactiques exceptionnelles légitimées par la TOLÉRANCE PROSODIQUE DE LA LIMITE DROITE DU MOT, l’«articulation implosive de /d/» de l’espagnol (selon la terminologie phonétique de cette langue – cf. Quilis 1993: 204) donne origine à des phénomènes de régularisation, parmi lesquels on trouve le simple effacement de la consonne dans les registres moins soignés de la langue (cf. Navarro Tomás 1926: 99-100; Quilis 1993: 205).

Rimes /VGNS/ en position finale de mot en portugais: une contrainte «sensible au mot»

239

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João Veloso

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Rémy Viredaz

Du vocalisme latin aux vocalismes romans: quel scénario reconstruire?1

1. Position du problème L’opposition latine de quantité vocalique s’est perdue dans les langues romanes, mais le produit des longues est généralement plus fermé que celui des brèves correspondantes. Abstraction faite de la métaphonie (§§3, 4.1), les traitements peuvent être résumés comme suit:2 Latin Traitements sarde roumain normal méridional transition avant-poste

Ī

Ĭ

Ē

i

ę

i i

ẹ ẹ

ę ę ę

i i i

Ĕ

ę ę

ĂĀ

a a a a a a

Ŏ

Ō

Ŭ

ǫ o

Ū

u u

ǫ ǫ



u u

ǫ ǫ

u u

Aires géographiques respectives:3 – «Sarde»: Sardaigne sauf Sassari; Corse du sud; en Italie du sud, zone archaïque4 regroupant l’extrême sud de la Lucanie et l’extrême nord de la Calabre. – «Méridional» (ou «sicilien»): Sicile, Calabre méridionale et centrale, Salento central et méridional, Cilento méridional. – «Zone de transition» (Randgebiet): zone intermédiaire étroite, voire interrompue par endroits, entre la zone archaïque ou l’avant-poste et l’aire à traitement normal. – «Avant-poste» (Vorposten): aire peu étendue de Lucanie centrale comprenant notamment Castelmezzano et Sant’Arcangelo. – Traitement «normal» («roman normal»): le reste de la Romania. ––––––– 1 2 3

4

Il n’est possible de publier ici qu’un résumé. Une version plus complète sera publiée séparément. Cf. Lausberg (1939: 81-86; 1969: 144-152, §§154-164). Carte provisoire sommaire (pour l’Italie du sud): Lausberg (1939: 260). Délimitation de la zone archaïque: Rensch (1964: 50). Délimitation de l’avant-poste: Bigalke (1976: 47); Lüdtke (1979: 92). Trois de ces cartes sont reproduites chez Martino (1999: 119-124). C’est-à-dire présentant de notables archaïsmes linguistiques, indépendamment de la question traitée ici (cf. Lausberg 1939: 144-148, 185-190).

242

Rémy Viredaz

Le but de notre étude sera de tenter de reconstituer le processus qui a conduit du système latin aux différents systèmes romans.

2. Théories existantes 2.1 Le modèle traditionnel5 part d’un système latin Ī Ĭ

Ē Ĕ

Ā Ă

Ō Ŏ

Ū Ŭ

dans lequel toutes les oppositions de quantité (à l’exception de A) se sont transposées simultanément en oppositions de timbre: ị į ẹ ę a ǫ ọ ų ụ d’où un système à 5 degrés d’aperture, lequel se simplifiera de manière différente selon les régions (*į, *ų > *i, *u en sarde, *ẹ, *u en roumain, *ẹ, *ọ en roman normal). Principale difficulté: dans le monde, les langues à 5 degrés d’aperture vocalique distinctifs sont rarissimes; et les exemples que nous avons pu identifier sont toujours des dialectes ou langues de faible extension ou/et dans lesquels les syllabes inaccentuées présentent des systèmes très réduits – ce qui n’est pas le cas du roman.

2.2 Haudricourt / Juilland (1949: chap. 1), ont proposé un modèle très différent Premier stade: l’évolution des timbres ne change pas la structure. Dans les régions où la quantité est perdue à ce stade, il en résulte le traitement sarde. Les diphtongues ae et au tendent à se monophtonguer. Toutefois, il y a moins de place dans la série d’arrière (asymétrie des organes de la parole), d’où une plus grande résistance à la monophtongaison de au qu’à celle de ae. Deuxième stade: ae > ę long, devenant le corrélat du ę bref; ĭ peut alors se relâcher en ẹ. Là où la quantité se perd à ce stade, il en résulte le traitement roumain. Troisième stade: là où la quantité s’est conservée plus longtemps, au a dû se monophtonguer dans le parler vulgaire, d’où une restructuration des voyelles d’arrière à leur tour; monophtongaison toutefois freinée par l’influence du parler urbain. La perte des quantités à ce stade produit le traitement normal.6 ––––––– 5

6

Citons seulement Meyer-Lübke (1890: 54); Lausberg (1969: 145-146, §157); Tekavčić (1972: 2027); Vincent (1988: 32). Un quatrième stade, à monophtongaison de au achevée avant la perte des quantités, est supposé à tort par Haudricourt / Juilland pour le francoprovençal.

243

Du vocalisme latin aux vocalismes romans

En résumé, deux processus a priori panromans (évolution des timbres, perte des quantités) produisent des résultats différents par le seul effet d’une chronologie relative différente. Avantages: la distribution spatiale des différents traitements prend un sens simple, et l’on évite le système à 5 degrés. En revanche, divers détails du modèle pourraient être contestés ou modifiés.7 Dans la suite, nous rassemblerons des indices pouvant éclairer l’évolution du vocalisme.

3. La métaphonie 3.1 Après la perte des quantités, on restituera (au moins pour les régions à traitement normal) un système à 4 degrés en syllabe accentuée: i ẹ ę a ǫ ọ u Vu le grand nombre de langues ou dialectes où *ę, *ǫ deviennent diphtongues dans des conditions diverses, il faut sans doute supposer dès le roman commun une tendance à une prononciation diphtongue [ε ~ εæ, キ ~ キオ]. Hors accent, on ne restitue que 3 degrés: i e a o u 3.2 Devant un *i, *u de syllabe finale ou posttonique, beaucoup de langues romanes ont fermé *ẹ, *ọ accentués en *i, *u et/ou *ę, *ǫ accentués en *ie, *uo ou en *ẹ, *ọ, phénomène appelé métaphonie.8 Dans le cas de *ę, *ǫ > *ie, *uo, il serait étrange que la voyelle posttonique ferme seulement le début de la voyelle tonique. On pensera plutôt que la diphtongue est antérieure à la métaphonie (§3.1), d’où *[εæ], *[キオ] > *[eε], *[oキ], allophones devenus ultérieurement *[ie], *[uo] dans de nombreux dialectes ou langues, mais *[e], *[o] fermés dans d’autres. 3.3 Il ne faut pas parler de métaphonie provoquée par «Ī, Ŭ» de syllabe finale. S’il y a métaphonie devant -UM, c’est que -UM, hors des monosyllabes, a été traité comme un *-Ū et est devenu *-u même en roman normal (Lüdtke 1965).9 En revanche, -UD est devenu *-o en ––––––– 7

8

9

Les modifications apportées par Lüdtke (1956: 54-58, 175-188), ne nous paraissent toutefois pas justifiées. – Nos conclusions concordent à plusieurs égards avec celles de Franceschi (2004: 6467), dont nous n’avons eu connaissance qu’après notre exposé. Rohlfs (1966: §§5-8, 91-92, 96, 101, 112-113, 117, 123); Lausberg (1939: 4-12, 40-41; 1969: 168173); Lüdtke (1956: 75-121). Lüdtke pense que -UM est devenu *-Ũ nasal long puis *-Ū avant la perte des quantités, mais l’évolution a peut-être été différente. Campanile (1973) présente des arguments contraires

244

Rémy Viredaz

roman normal, et cette désinence s’est étendue aux dépens de *-u en fonction de nominatifaccusatif neutre (ibid.: 493-5). Hors de la flexion nominale, -UM est également devenu *-u, avec quelques exceptions comme MĒCUM > *mẹko (*o analogique de CUM > *kon). De son côté, -US est devenu régulièrement *-os en roman normal, où il ne produit pas de métaphonie au témoignage du romanche: BŎNUS, BŎNUM > sursilvan buns (prédicatif), bien; DĔUS, DĔUM > engadinois Deis (vocatif archaïque), Dieu. Cependant les neutres du type TEMPUS ont adopté presque partout la finale *-u du type FERRUM. Certaines régions ont perdu *u posttonique de bonne heure, le confondant avec *o, qui ne provoque pas de métaphonie. D’autres ont confondu *e, *o posttoniques avec *i, *u plus tard, ce qui a souvent, au contraire, phonologisé les alternances métaphoniques jusque-là allophoniques. 3.4 La métaphonie romane s’est produite après la perte des quantités latines. Une datation antérieure10 n’est pas vraisemblable: (a) Le traitement est identique pour AE et Ĕ (partout), pour Ō et Ŭ (roman normal et zone de transition), pour Ē et Ĭ (idem et avant-poste). (b) La métaphonie suppose une délimitation claire entre les voyelles capables de fermer la voyelle accentuée et celles qui n’ont pas cette capacité; donc un petit nombre de degrés d’aperture dans les voyelles posttoniques, ce qui ne serait pas le cas dans un système à 5 degrés d’aperture phonétiques (*ị long, *į bref, *ẹ long, *ę bref ou long, *a bref ou long, pour la série antérieure) mais bien dans un système *i, *e, *a (§3.1). (c) Si le timbre des voyelles accentuées dépendait à la fois de leur quantité propre et de l’influence des voyelles suivantes (influence elle-même variable selon la rapidité du débit), cela ferait tant de timbres différents que l’on comprendrait mal la relative régularité observée en roman. (d) Les conditions dans lesquelles les finales en Ŭ induisent ou n’induisent pas la métaphonie sont complexes et dépendent en partie de facteurs morphologiques. Elles ne se comprennent que si la métaphonie agit après le passage de U latin à *o et *u romans et après les substitutions analogiques ultérieures *o → *u ou *u → *o (étudiées par Lüdtke 1965: 490-495 et dont nous avons cité une partie §3.3). Cette datation de la métaphonie entraîne une révision du tableau des traitements romans (§1): ce sera l’objet de la suite (§§4.1, 4.3, 4.6). Devant consonne + *y, en revanche, la fermeture a dû commencer avant la perte des quantités au vu du traitement régional U > *u (CŬNEUM > *kuññu dans une partie du roman normal, Křepinský 1965; PŬTEUM > *puću en Gaule du nord, Wüest 1979: 123).11

––––––– 10 11

intéressants, mais son hypothèse -UM > *-Ŭ bref est contredite par la métrique. Nous reviendrons sur la question du M final dans la version complète de cette étude (cf. n. 1). Lausberg (1947: 301; 1948: 308); Lüdtke (1956: 88; 1979: 61); Rensch (1964: 29-30). A vrai dire, les arguments a-d ci-dessus n’excluent pas entièrement la possibilité d’une influence des voyelles posttoniques sur la voyelle tonique dès avant la perte des quantités. Mais ils montrent du moins que cette influence était faible, sans incidence phonématique, et que les règles romanes sur la métaphonie dépendent uniquement de l’état du système après la perte des quantités.

245

Du vocalisme latin aux vocalismes romans

4. Les traitements romans 4.1 Zone archaïque En Italie du Sud, on sait que Ē, Ō en condition de métaphonie ne sont pas traités comme mais comme Ī, Ū (Lausberg 1939: 40). La métaphonie étant postérieure à la perte des quantités (§3.4), il faut restituer, pour l’aire archaïque (Lucanie du sud, Calabre du nord), la chronologie suivante:12 1° Perte des quantités latines selon la formule que nous appellerons A1: Ĕ (AE), Ŏ

Ī Ĭ

Ē

↓ i

↓ ẹ

AE Ĕ

Ā Ă

Ŏ

↓ ę

↓ a

↓ ǫ

Ō

Ū Ŭ

↓ ọ

↓ u

2° Métaphonie ancienne: *ẹ, *ọ > i, u devant *i, *u de syllabe finale (et *ę, *ǫ > *[ẹę], *[ọǫ] dans les mêmes conditions, sans incidence phonématique). 3° Simplification: *ẹ, *ọ > *ę, *ǫ: le système passe de 4 à 3 degrés d’aperture. 4° Métaphonie récente: *ę, *ǫ > *ie, *uo devant *i, *u d’une syllabe suivante. Remarques: 1. AE latin est traité comme Ĕ et non comme Ē13 (CAELUM > *ćęlu, *ćielu). 2. Le tableau 1° ne signifie pas qu’il n’existait aucune différence de timbre entre I, U longs et brefs (dans le latin régional à l’époque où la quantité s’est perdue), mais seulement que Ĭ, Ŭ étaient encore plus proches de Ī, Ū que de Ē, Ō.

4.2 Sarde Même en cas de métaphonie, le sarde ne présente aucune distinction entre les produits de > sarde um (Wagner 1941: 16-17, ainsi même de la perte des quantités et ne nécessite pas un stade intermédiaire à 4 degrés. En corse (et sarde du nord), la distinction dialectale entre lat. Ē, Ō et Ĕ, Ŏ (voire entre Ī, Ū et Ĭ, Ŭ) doit résulter d’une toscanisation du vocalisme (Hermann 1950). Donc, en Sardaigne et en Corse, le traitement a dû être celui que nous appellerons A2:

Ē, Ō et ceux de Ĕ, AE, Ŏ. La seule exception, lat. ŌM NŌMEN > lúmene) peut être survenue au moment

Ī Ĭ

↓ i

Ē Ĕ

AE

Ā Ă

Ō Ŏ

Ū Ŭ

↓ ę

↓ a

↓ ǫ

↓ u

––––––– 12 13

Conclusion semblable à celle de Fanciullo (1988: 678, §3.4), mais indépendante. Rensch (1964, index s. v. cielu); AIS (carte 1396 fieno).

246

Rémy Viredaz

Les emprunts basque du type phike ‹poix› < PĬCEM ne témoignent pas d’un ancien traitement de type sarde dans le roman pyrénéen. Ils sont plutôt antérieurs à la perte latine des quantités et montreront que le basque ancien ignorait déjà la quantité vocalique. Pour le roman d’Afrique, les emprunts berbères du type akikər < CĬCER ‹pois chiche› ne prouvent rien puisque le berbère n’a(vait) que deux degrés d’aperture (voyelles i, a, u). En revanche, la remarque de saint Augustin «Afrae aures de corruptione vocalium et productione non iudicant» (doctr. christ. 4, 10, 24) témoigne sans doute d’un traitement A2 ainsi que d’une perte précoce des quantités (peut-être le berbère ignorait-il déjà la quantité).

4.3 Avant-poste De la même manière que pour la zone archaïque (§4.1), la métaphonie prouve pour l’avant-poste (§1) une ancienne distinction entre *ẹ, *ọ et *ę, *ǫ: 1° Perte des quantités selon le schéma B1: Ī

↓ i

Ē Ĭ

AE Ĕ

Ā Ă

Ŏ

↓ ẹ

↓ ę

↓ a

↓ ǫ

Ō

Ū Ŭ

↓ ọ

↓ u

2°, 3°, 4° comme dans la zone A1.

4.4 Roumain Le roumain ne garde aucune trace de distinction entre *ọ et *ǫ, même en cas de métaphonie. Etant donné l’intensité des contacts alloglottes, le plus probable est que cette opposition n’a pas pu s’établir, d’où le schéma B2: Ī

Ē Ĭ

AE Ĕ

Ā Ă

Ō Ŏ

Ū Ŭ

↓ i

↓ ẹ

↓ ę

↓ a

↓ o

↓ u

Une différence qualitative entre Ū et Ŭ ainsi qu’entre Ō et Ŏ existait néanmoins déjà au vu des cas de Ŭ > *o (AUTUMNUS > toamnă) et de Ō > *u (CŌTEM > cute). Le traitement roumain ne doit pas être attribué prématurément à l’ensemble du roman «balkanique». Le vegliote relève du traitement «normal» (Ŭ traité comme Ō et non comme Ū, Hadlich 1965: 72, 83-84). Dans le reste du dalmate, la documentation disponible ne permet peut-être pas de distinguer *ọ et *u. Enfin, en albanais, les emprunts anciens sont antérieurs à la perte des quantités latines (et albanaises: Ū, Ŭ, Ō, Ŏ > y, u, e, o respectivement, Meyer 1906: 1045-1047). Ajoutons que l’état du roumain, dont l’archaïsme est proche de celui du sarde et des confins lucano-calabrais, n’est sans doute pas lié (comme on l’admet souvent) à la date de

247

Du vocalisme latin aux vocalismes romans

conquête, très récente, de la Dacie, ou à son prompt abandon par le colonisateur. D’une part, en effet, le roumain ne continue pas le latin de Dacie mais essentiellement celui de la rive droite du Danube (Mésie) (Dahmen 2003: 730-736); d’autre part, quand la Mésie s’est romanisée, elle a dû adopter non le latin de Rome, mais plutôt celui de provinces voisines déjà romanisées, donc de Dalmatie ou de Macédoine.

4.5 Traitement normal Formule C: Ī

↓ i

Ē Ĭ

AE Ĕ

Ā Ă

Ō Ŭ

Ū

Ŏ

↓ ẹ

↓ ę

↓ a

↓ ǫ

↓ ọ

↓ u

4.6 Zone de transition Dans la zone de transition (§1 et n. 3), également, la métaphonie témoigne d’une ancienne distinction entre *ẹ, *ọ et *ę, *ǫ (selon le schéma C ci-dessus).

4.7 Zone méridionale Le traitement méridional résulte vraisemblablement d’un ancien système à 4 degrés (de type A1?)14, dans lequel *ẹ, *ọ ne se seront pas confondus avec *ę, *ǫ mais avec *i, *u. D’après sa distribution géographique, ce fait doit résulter de l’influence grecque.

5. Conclusions Nous n’avons trouvé aucune confirmation d’un ancien système roman à 5 degrés. Nous avons retenu dans son principe le modèle de Haudricourt / Juilland, mais avec cinq traitements régionaux différents au moment de la perte des quantités, au lieu de trois (§4, schémas A1, A2, B1, B2, C). En Italie du Sud, les systèmes résultants ne sont passés de 4 à 3 degrés qu’ultérieurement (§§4.1, 4.3, 4.6, 4.7).

––––––– 14

La doctrine traditionnelle part au contraire du schéma C (roman normal; ainsi Vincent 1988: 34). – Lüdtke (1956: 57-58), pense à une fermeture de Ē, Ō en *Ī, *Ū antérieure à la perte des quantités.

248

Rémy Viredaz

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Section 5a Morphologie et syntaxe

Luisa Amenta

Avere a/da + infinito: un confronto tra siciliano e italiano

1. Premessa Il presente contributo ha per oggetto un’analisi della forma verbale perifrastica avere a/da + infinito in siciliano e in italiano alla luce del quadro teorico della grammaticalizzazione.1 Tale costrutto è particolarmente produttivo nel siciliano sin dalle sue fasi antiche e mantiene ancora oggi una sua vitalità dovuta anche alla polisemia della forma che permette di esprimere sia un significato modale che temporale. In particolare, in quest’ultima accezione la perifrasi viene a integrare il sistema verbale del siciliano contemporaneo per l’espressione del futuro: (1) Mâ ffari un piaçiri [Mi hai a fare (2 p.s. ind. pres. ai + a + inf.) = devi fare un piacere = modalità deontica]. (2) To pà av’a bbièniri puru dumani [Tuo padre ha a venire (3 p.s. ind. pres. avi + a + inf.) = verrà anche domani = futuro].

In tal senso, nel passaggio dal siciliano antico a quello moderno, la perifrasi ha compiuto un percorso di grammaticalizzazione dall’espressione della modalità deontica a quella della intenzione / predizione, sino a diventare una marca temporale secondo un conceptual shift, noto nei processi di grammaticalizzazione (cf. Bybee / Pagliuca 1987; Bybee / Perkins / Pagliuca 1994), che non viene inficiato dalla persistenza di attestazioni con significato modale anche nelle produzioni in siciliano contemporaneo. Pertanto, nella presente ricerca ci si soffermerà sulle caratteristiche sintattiche e semantiche della perifrasi nel siciliano antico e contemporaneo e si esamineranno: la ––––––– 1

Nel considerare perifrastico il costrutto avere a/da + infinito seguiamo l’approccio di Bertinetto (1986), il quale definisce le perifrasi come costrutti formati da un verbo modificatore che apporta informazioni grammaticali e da un verbo principale che mantiene il suo significato lessicale. Da un punto di vista teorico, la perifrasticità di un costrutto dipende direttamente dal grado di ausiliarità raggiunto dal verbo modificatore e dalla conseguente organicità semantica e sintattica dei costituenti. Il concetto di ausiliarità, così come quello di perifrasticità, può essere considerato secondo un approccio scalare, per cui diversi verbi condividono più o meno i tratti prototipici degli ausiliari temporali propriamente detti, quali la desemantizzazione, la perdita dell’autonomia sintattica e della possibilità di reggere argomenti propri.

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funzione del costrutto; il suo livello di grammaticalizzazione; le eventuali restrizioni nell’uso. A partire da quanto osservato per il siciliano, si confronteranno i dati ottenuti sia con le attestazioni di perifrasi in italiano antico sia con quelle dell’italiano contemporaneo, in cui, come è noto, la rilevanza della perifrasi per l’espressione della modalità è assolutamente secondaria e il suo uso è limitato a varietà diafasicamente formali. In tal senso, il confronto tra le attestazioni del siciliano e dell’italiano antico servirà a verificare se in questo stadio siano rintracciabili differenze significative che possano giustificare le diverse evoluzioni del costrutto. Sulla base dei parametri elaborati da Lehmann (1985; 1995), Heine (1993) e ripresi da Giacalone Ramat (2000) per la definizione del grado di perifrasticità di un costrutto, si esaminerà in particolare l’organicità sintattica dei costituenti, che sarà verificata in funzione della possibilità di interposizione di altro materiale lessicale tra il verbo modificatore e il verbo all’infinito. Inoltre, per definire il grado di desemantizzazione e di decategorizzazione del verbo avere e valutarne il suo statuto di ausiliare nel contesto della perifrasi, si esamineranno: a) la possibilità di avere di co-occorrere all’interno della perifrasi con verbi che abbiano lo stesso significato; b) i tempi e i modi in cui può essere coniugato tale verbo, dal momento che una riduzione delle possibilità di essere coniugato in tutti i tempi e i modi può essere una conseguenza della sua decategorizzazione; c) la possibilità di essere negato separatamente. Infatti, secondo uno dei criteri proposti da Lehmann (1985: 306) un verbo che si grammaticalizza come membro di una perifrasi perde la possibilità di essere negato separatamente dall’intero costrutto. Il corpus su cui si baserà l’indagine è costituito per il siciliano antico da alcuni testi della scripta della «Collezione di testi siciliani antichi dei secoli XIV-XV» e per il siciliano contemporaneo dai dati elicitati nell’ambito delle inchieste svolte per la parte sociovariazionale dell’Atlante Linguistico della Sicilia (ALS).2 Per quanto riguarda invece l’italiano, ci si è serviti per l’italiano antico di una selezione di testi tratti dal corpus della LIZ (Letteratura Italiana Zanichelli in CD-Rom) che appartengono allo stesso arco cronologico e agli stessi generi testuali della scripta siciliana per l’esigenza di una migliore comparazione tra la produzione in italiano antico e quella in siciliano. Per l’italiano contemporaneo ci si è basati sia sul corpus del Lessico di Frequenza dell’Italiano Parlato (LIP) sia sulle produzioni a codice bloccato italiano degli informatori dell’Atlante Linguistico della Sicilia.3

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3

Gli informatori del campione dell’ALS, a cui è stato chiesto di produrre cinque minuti di parlato a codice bloccato in siciliano che in questa sede sono presi in esame, sono differenziati per età, istruzione e prima lingua e ciò permette di avanzare considerazioni circa eventuali differenze nell’uso del costrutto che potrebbero dipendere da queste variabili. Va precisato che l’obiettivo dell’analisi non è quello di seguire la fortuna che il costrutto ha avuto nella tradizione letteraria o nella produzione colta ma di osservarne la diffusione nel parlato. A ciò si deve la scelta di escludere dal nostro corpus contemporaneo testi letterari scritti.

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2. La perifrasi aviri a/da + infinito in siciliano e italiano antico Per quanto riguarda l’ordine dei costituenti del costrutto e la sua organicità sintattica, lo spoglio delle attestazioni della perifrasi nel siciliano antico ha permesso di osservare che da un punto di vista strutturale il costrutto ricorre per lo più nella forma del tipo aviri a/ad + infinito, sempre con una anteposizione del verbo aviri all’infinito: (3) et videndu la sollicitudini di killi ki hedificavanu la chitati e la loru diligencia simili a killa di l’apa, la quali havi a ffari lu meli in lu tempu caudu et quietu (Ene, 1, p. 17) [lett. e vedendo la sollecitudine di quelli che costruivano la città e la loro diligenza simile a quella dell’ape, la quale ha a fare (3 p.s. ind. pres. aviri + a + inf. = deve fare) il miele nel tempo caldo e tranquillo]. (4) et ipsa si avi ad pagari di lu pannu oy stamigni novi li quali farrà in lu presenti annu (Cat, p. 144) [lett. e la stessa ha ad pagare (3 p.s. ind. pres. aviri + ad + inf. = deve pagare) il panno o la stamigna nuova che farà nel presente anno].

Per il siciliano antico non mancano, seppur quantitativamente assai meno rilevanti, attestazioni in cui l’infinito è legato al verbo aviri o direttamente o con altre preposizioni, quali da: (5) Deu sia cum vui; eu aiu andari altruvi (Spo, II, p. 174) [lett. Dio sia con voi; io ho andare (1 p.s. ind. pres. aviri + inf. = devo andare) altrove]. (6) et non ànnu da satisfariti per lu meritu e lo preciu di la mia morti (Spo, I, p. 58) [lett. e non hanno da soddisfarti (3. p.plur. ind. pres. aviri + da+ inf. = devono soddisfarti) per il merito e il prezzo della mia morte].

Differentemente, nelle attestazioni presenti nel corpus dell’italiano antico la perifrasi ricorre solamente nella forma avere a + infinito o in quella senza preposizione. In particolare, l’assenza di preposizione ricorre allorquando il verbo all’infinito è parimenti il verbo avere:4 (7) Accadde che toccò ad uno di loro essere il primo, e perché vedeva che il secondo aveva avere il doppio dal signore, lui adimandò che il signore gli facessi cavare un occhio, perché al secondo gli fussi cavato dua occhi. (Giordano da Pisa, Esempi, 147, Gli avari invidiosi).

Questa possibilità nell’italiano antico che il verbo avere ricorra sia come ausiliare sia come verbo all’infinito costituisce una prova del suo alto grado di desemantizzazione per cui lo stesso verbo può ricorrere con entrambe le funzioni. ––––––– 4

Ringrazio Laura Vanelli per avermi fatto osservare, in sede di discussione del contributo, che l’assenza della preposizione potrebbe inserirsi nella più generale tendenza dei testi quattrocenteschi all’omissione del «che» complementatore. In questa prospettiva, andrebbe meglio indagata la natura della preposizione nella perifrasi.

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In entrambe le varietà antiche, l’organicità sintattica del costrutto è comprovata dal fatto che generalmente non viene mai interposto altro materiale lessicale tra il verbo ausiliare e l’infinito. Le uniche eccezioni sono rappresentate dall’inserimento di un quantificatore multu, della negazione o dell’avverbio indi: (8) Et certe, visti et auditi li prodigii in la morti di Cristu, Pilatu, saiu cavaleri, avia multu essiri stupefactu: ki cosi sun kisti ki sunu avinuti sucta mia signuria? (Spo, II, p. 127) [E certamente, visti e uditi i prodigi nella morte di Cristo, Pilato, saggio cavaliere, aveva molto essere (3. p.s. ind. impf. aviri + inf. = doveva molto essere) stupefatto: che cosa sono queste che sono avvenute sotto la mia signoria?]. (9) Kistu avi non essiri, et kistu avi peiur cunditioni di essiri dampnatu, ka sequita miglur cundicioni esti essiri dampnatu ka non essiri (Spo, I, p. 87) [lett. questo ha non essere (3 p.s. ind. pres. aviri + inf. = deve non esistere), e questo ha peggior condizione di essere dannato, perché miglior condizione è essere dannato che non esistere]. (10) perturbano e fanno tumultuare que’ maestri e’ quali aveano indi a fabricare quella imagine umana. (Alberti, L.B., Libri della famiglia, 2. 52).

In particolare, l’esempio (9) mostra un caso del siciliano antico in cui, benchè la negazione sia interposta, ad essere negato è comunque l’intero costrutto. Pertanto, questa attestazione non sembra compromettere lo statuto di ausiliare del verbo avere che, in tale occorrenza, non viene comunque negato separatamente. Resta esclusa l’interposizione di nominali argomentali retti dal verbo aviri che comporterebbe la rottura dell’unitarietà del costrutto e dunque l’impossibilità di una sua interpretazione in senso perifrastico. In particolare, nel caso della formula avere a fare l’interposizione di un quantificatore (cf. es. 13) comporta che la perifrasi sia interpretabile nel significato di avere da fare: (11) comu jà sapimu d’issu, *appi a delectu prosecutarli cun paroli iucusi (Val, I, cap. 2, p. 20) [lett. come già sappiamo di lui, ebbe a diletto perseguitarli (3 p.s. ind. pass. rem. aviri + a + nome + inf. = ebbe diletto a perseguitarli) con parole scherzose]. (12) Avenne che Petruccio di Pepo Monaldeschi, come che d’animo e di nazione fosse guelfo, *avendo rispetto a pigliare la tirannia d’Orbivieto, per suo trattato fece venire a condotta degli Ubaldini dugento cavalieri a Cetona (Villani M. e F., Cronica, 2, 73). (13) e’ rettori, *ch’hanno poco a·ffare all’uficio, intendono più alle loro private cose ch’a’ benifici del Comune (Villani M. e F., Cronica, 4, 55).

Talvolta, in siciliano antico, il soggetto è collocato tra il verbo aviri e l’infinito. Tuttavia ciò non comporta una rottura del nesso perifrastico, dal momento che questa posizione sembra favorita dal ricorrere della perifrasi in una formula fissa, aviri ad fari raxuni, con il significato di dovere rendere conto, presente più volte nel testo del Caternu dell’Abate Senisio: (14) di li quali tucti di avi ipsu ad fari raxuni (Cat, p. 56) [lett. del quale tutto il giorno ha lui ad fare ragione (3 p.s. ind. pres. aviri + ad + inf. + nome = deve lui rendere conto)].

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In rare occorrenze si registra una posposizione del soggetto in strutture dislocate con ripresa dell’oggetto con la particella ndi/ni: (15) ndi purtau Benedictu salma ½ di machinatu a la mandra di li vaki et di li dui salmi ristanti ndi avi ad fari raxuni Rugeri et di li supradicti thumini xij (Cat, p. 129) [lett. ne portò Benedetto ½ salma di macinato alla mandria delle vacche e delle due restanti ne ha ad fare ragione (3 p.s. ind. pres. aviri + ad + inf. + nome = doveva rendere conto) Ruggero e dei sopradetti xij tomoli].

Differentemente da quanto osservato per il siciliano, nell’italiano antico la posizione del soggetto sembra caratterizzarsi per una maggiore rigidità di collocazione, dato che mancano sia casi di interposizione che di posposizione. Per quanto riguarda il criterio della decategorizzazione legato ai tempi e ai modi in cui ricorre coniugato il verbo ausiliare, nei testi esaminati per il siciliano antico è stato possibile osservare che il verbo aviri è per lo più coniugato alla prima e alla terza persona singolare e plurale del presente indicativo nei testi di carattere regolativo, mentre in quelli di carattere più specificatamente narrativo ricorre nelle stesse persone anche dell’imperfetto. Ciò è dovuto in particolar modo al significato modale nel comparto della deonticità espresso dalla perifrasi in queste attestazioni. L’uso di tali tempi dal valore aspettuale imperfettivo, infatti, favorisce il mantenimento di un intervallo di tempo aperto in cui possa compiersi quanto prescritto in termini di modalità deontica: (16) Undi opera di lu cibu digestu carni et sangui et lacti quandu avi a lactari, et simenta quandu havi a generari, et criximentu quandu avi a crixiri, et restauramentu quandu avi a restaurari (Spo, II, p. 171) [lett. Dove opera del cibo digerito carne e sangue e latte quando ha a allattare (3 p.s. ind. pres. aviri + a + inf. = deve allattare), e semi quando ha a generare (3 p.s. ind. pres. aviri + a + inf. = deve generare), e crescita quando ha a crescere (3 p.s. ind. pres. aviri + a + inf. = deve crescere) e ristoro quando ha a ristorare (3 p.s. ind. pres. aviri + a + inf. = deve ristorare)]. (17) Ed essendo ragunato ivi tutto il popolo, lèvasi su santo Francesco e predica loro, dicendo tra l’altre cose come per li peccati Iddio permette cotali pestilenzie; e troppo è più pericolosa la fiamma dello ’nferno, la quale ha a durare eternalmente a’ dannati (Fioretti di San Francesco, 21). (18) Vinni kistu a sanctu Benedictu e ricuntauli la necessitate sua, comu unu soy crediture lu stringìa troppu pir dudichi soldi ki li avia a dari e non li avia. (Dia, 2, cap. 27, p. 66) [lett. Venne questo a santo Benedetto e gli raccontò la necessità sua, come un suo creditore lo pressava troppo per dodici soldi che gli aveva a dare (3 p.s. ind. impf. aviri + a + inf. = doveva dare) e non li aveva].

Nei casi in cui il verbo aviri sia coniugato al passato remoto, il costrutto esprime una modalità epistemica di certezza in quanto il riferimento [+ passato] e [+ compiuto] rendono l’evento descritto oggettivamente certo nella sua realizzazione: (19) Fatta chista vittoria et cachati chisti soy innimichi di Sichilia, lu Conti per li grandi soy fachendi appi a ppassari in Calabria et chamau unu so genniru (Con, cap. 18, p. 82) [lett. fatta

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questa vittoria e cacciati questi suoi nemici dalla Sicilia, il Conte per i grandi suoi affari ebbe a passare (3 p.s. ind. pass. rem. aviri + a + inf. = dovette passare) in Calabria e chiamò un suo genero].

In particolare, per l’italiano antico il costrutto al passato remoto assume una sfumatura di occasionalità, dovuta probabilmente al carattere aspettuale puntuale di questo tempo, che viene mantenuto anche nell’uso della perifrasi nella lingua odierna: (20) ‹C›onobbi un mercatante ne la città di Siena, el quale ebbe a·ttrafficare ben da sette heredità, cioè di suoi nipoti e d’altri suoi parenti, e perché rimasero piccolini ed egli aveva tutti e’ lor beni ne le mani, si fece egli stesso totore e dispensatore di tutti e’ lor fatti come gli piacque, e ciaschuno disertò molto di grosso, e mai da·llui non si poté vedere nessuna ragione. (Degli Agazzari, Assempri, 45, 2).

Le limitazioni osservate sull’uso dei tempi testimoniano come la decategorizzazione del verbo avere dipenda direttamente dalla funzione modale del costrutto che porta all’esclusione di tutti quei tempi che non risultano compatibili da un punto di vista aspettuale con il significato espresso dalla perifrasi. Le attestazioni presenti nel corpus analizzato permettono di osservare come non vi siano particolari restrizioni sintattiche nell’uso della perifrasi, dal momento che ricorre in vari tipi di subordinate, negli inserti di tipo dialogico dei testi narrativi e non di rado il verbo aviri regge due o più infiniti coordinati: (21) Così la santa Iscrittura è stesa a modo di padiglione, sotto la quale chi·cci abita, sì l’ha a guardare e a salvare e a difendere da gl’impedimenti delle tentazioni e da’ peccati. (Giordano da Pisa, Esempi, 241, Le tende nel deserto).

Inoltre, va osservato che in non poche occorrenze della scripta in siciliano antico la perifrasi si trova inserita in proposizioni coordinate con altre in cui ricorre il verbo duviri formando una sorta di dittologia sinonimica che ne rafforza l’interpretazione in termini di modalità deontica. In tali occorrenze, il cotesto frastico non sembra offrire indizi per la selezione dell’una o dell’altra forma che sembrano piuttosto alternarsi come varianti libere in tali testi: (22) lassau Eneas intru la cammara, cum la statua sua misi supra lu lectu, comu killa ki sapia zo ki divia essiri et ki avia a ffari (Ene, 4, p. 76) [lett. lasciò Enea dentro la stanza, con la sua statua messa sopra il letto, come colei che sapeva ciò che doveva essere e che aveva a fare (3 p.s. ind. impf. aviri + a + inf. =doveva fare)].

Da un punto di vista semantico, la perifrasi seleziona per lo più verbi che appartengono alla classe azionale dei verbi durativi (continuativi, stativi, risultativi) la cui azionalità favorisce l’espressione della modalità deontica espressa dal costrutto. In proposito, benché non si possano rintracciare combinazioni particolarmente più frequenti di altre, tuttavia una certa ricorrenza di combinazione si può notare con i verbi, diri (dire), dari (dare), fari (fare). In particolare, per le attestazioni con il verbo fari, che ricorrono con una certa regolarità nei testi narrativi, va osservato che, qualora questo verbo sia seguito da un

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nominale introdotto da con, il nesso perifrastico viene meno dato che il costrutto assume piuttosto il significato di avere a che fare/avere da fare con: (23) Et acerbamenti, però que issu *avia a fari con pessimi heredi (Val, 7, cap. 7, p. 1) [lett. e aspramente, dal momento che lui aveva a fare (3 p.s. ind. impf aviri + a + inf. = aveva a che fare) con pessimi eredi].

In base a quanto sin qui osservato, relativamente al significato espresso dalla perifrasi nel corpus del siciliano antico, il valore prevalente è quello modale, in particolare per ciò che concerne l’espressione della modalità deontica. Nondimeno, come si è visto, non mancano casi in cui la perifrasi esprime anche un significato modale di tipo epistemico di certezza, qualora il verbo aviri sia coniugato al passato remoto (cf. es. 19). Non è escluso che proprio a partire da queste forme, una volta che sia venuta meno la pregnanza del tratto [+ passato], il significato del costrutto sia scivolato verso il comparto della modalità epistemica di tipo non-certo e dunque predittivo-intenzionale, da cui si sarebbe poi innescato il percorso semantico che ha portato verso l’attestarsi di occorrenze di tipo temporale e in particolare futurale. Relativamente a questo stadio di lingua, comunque, nei testi considerati non sembra sia avvenuto nessuno slittamento semantico dalla modalità alla temporalità. D’altra parte, una preminenza di un significato modale nelle fasi antiche si giustifica anche in funzione del significato espresso da HABEO (AD) + INFINITO che costituisce l’antecedente latino della forma. L’italiano antico non mostra al confronto con il siciliano antico un diverso grado di grammaticalizzazione del costrutto o una sua diversa funzione. Le particolarità osservate nelle due varietà antiche di lingua mostrano come da un punto di vista sintattico le principali differenze siano costituite esclusivamente dalla possibilità, propria soltanto del siciliano antico, che il soggetto sia posposto all’infinito in strutture dislocate e quella, propria soltanto dell’italiano antico, di interporre elementi avverbiali tra modificatore e verbo all’infinito. Analogamente da un punto di vista semantico, il significato espresso dalla perifrasi è di tipo modale deontico e non si possono rintracciare in nessuna delle due varietà indizi di grammaticalizzazione in senso temporale.

3. La perifrasi aviri a + infinito nel siciliano e nell’italiano contemporaneo L’analisi delle produzioni di parlato a codice bloccato elicitate nell’ambito delle inchieste sociovariazionali dell’Atlante Linguistico della Sicilia sembra mettere in luce come la perifrasi rimanga un espediente formale particolarmente produttivo nel siciliano contemporaneo, dato che ricorre con una notevole frequenza nelle produzioni degli informatori ALS, senza che sia possibile rintracciare differenze di tipo diastratico o diagenerazionale: (24) mi nni vàiu:: ô pab, poi:: chî picciùotti diçirìemu si:: | s’am’a nnìesciri o am’a ghiri a bballari, oppuru nni štamu ô pab, // eh:: // (Ad., istr. bassa, Casteldaccia - Palermo) [lett. me ne

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vado al pub, poi con i ragazzi decidiamo se abbiamo a uscire (1 p.plur. ind. pres. aviri + a + inf. = dobbiamo uscire) o abbiamo a andare a ballare (1 p. plur. ind. pres. aviri + a + inf. ghiri + a + inf. ballari = dobbiamo andare a ballare), oppure ce ne stiamo al pub].5

In continuità con quanto osservato per il siciliano antico, i tempi in cui ricorre coniugata la perifrasi sono presente, imperfetto e passato remoto. In particolare, come già osservato, l’uso del passato remoto comporta l’espressione della modalità epistemica relativa ad una situazione narrata quale è realmente accaduta, quindi certa. Anche in questo caso, se prendiamo in considerazione il criterio dell’organicità sintattica, possiamo osservare che nel siciliano contemporaneo, le attestazioni delle perifrasi mostrano un grado molto alto di coesione tra gli elementi, dal momento che non si sono riscontrate occorrenze con interposizione di altro materiale lessicale tra modificatore e verbo all’infinito. In tal senso, le attestazioni del siciliano contemporaneo non presentano differenze di tipo sintattico con quelle del siciliano antico, se non nei termini di una affermazione delle tendenze che già si erano individuate, soprattutto relativamente ad una cristallizzazione dell’ordine dei costituenti. Inoltre, la perifrasi sembra selezionare come verbi all’infinito soprattutto fari (fare) e gghiri (andare) proprio in virtù del significato modale deontico e epistemico-intenzionale espresso dal costrutto. Proprio questo scivolamento nel comparto della modalità epistemica verso l’assunzione di significati intenzionali, con un ampliamento delle potenzialità semantiche del costrutto, può aver indubbiamente contribuito a mantenere la vitalità della perifrasi che nel siciliano contemporaneo è un costrutto particolarmente usato anche dai parlanti che non hanno notevoli competenze dialettali. Va notato che nel corpus esaminato per il siciliano contemporaneo non si sono riscontrate attestazioni della perifrasi con significato temporale. Per quanto riguarda l’italiano regionale di Sicilia, possiamo notare come nelle produzioni di parlato a codice bloccato italiano degli informatori ALS della generazione dei nonni di istruzione bassa e con prima lingua il dialetto, le occorrenze della perifrasi sono generalmente casi di code mixing per cui la forma ricorre come inserzione in siciliano in strutture italiane (cf. es. 25). In tal senso, sembrerebbe che la vitalità del costrutto nel dialetto non comporti un suo maggior uso anche nella variante regionale di italiano: (25) perché ora ci sono tante cose belle. I ragazzi che vi dovete sposare ata a ffari [lett. avete a fare (2 p.plur. ind. pres. aviri + a + inf. = dovete fare)] una bella festa (N., istr. bassa, Salemi – Trapani).

In altre occorrenze il nesso perifrastico viene meno per l’interposizione di argomenti del verbo avere: (26) insomma quando capita- poi / vado pure a Trapani- / dipende- durante la settimana se *ho spese da fare (G., istr. bassa, Valderice – Trapani).

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A proposito di questo esempio va notato che il verbo aviri ricorre alla prima persona plurale nella forma con ridotto peso fonologico (amu invece di avemu). Ciò, secondo quanto previsto nei processi di grammaticalizzazione, costituisce una prova del suo statuto di verbo modificatore.

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(27) poi:: / la domenica: verso: le otto c’è stato qualcuno- / che non *avendo niente da farealle otto / è venuto a bussare alla porta- / e ha dato la sveglia. (F., istr. bassa, Alcamo – Trapani).

Il confronto con i dati del LIP di informatori di altre regioni italiane, prodotti in una situazione comunicativa di scambio bidirezionale con presa di turno non libera, analoga a quella delle interviste ALS, mostra come l’impiego della perifrasi sia limitato a poche occorrenze al presente indicativo per l’espressione della modalità deontica prodotte da informatori dell’Italia centro-meridionale. In particolare l’attestazione riportata dell’informatore napoletano (cf. es. 29) può essere considerata un caso di mixing analogamente a quanto osservato per gli informatori ALS: (28) non e’ per disturbare la trasmissione pero’ io c’ ho da studia’ ragazzi (Roma). (29) ah vui dite ca io dico si’ s’ ha da fa’ o nun s’ ha da fa’ che v’ ’o dico a fa’ * eh e avite a essere voi avite ’a sape’ comm’ (Napoli).

Pertanto, ne consegue che la perifrasi dell’italiano contemporaneo presenta maggiori restrizioni nell’uso dei tempi di quanto non accada per quella del siciliano contemporaneo, dal momento che le uniche attestazioni ricorrono al presente, e al tempo stesso riduce la sua valenza semantica alla sola espressione della modalità deontica.

4. Conclusioni In base a quanto sin qui osservato, possiamo concludere che la perifrasi aviri a + infinito, che nella fase antica del siciliano mostrava un andamento parallelo a quella dell’italiano, si è poi espansa nel siciliano contemporaneo anche in domini diafasicamente meno controllati sino a diventare una struttura particolarmente produttiva del parlato contemporaneo. Ciò è dovuto senz’altro anche al venir meno nel paradigma verbale del siciliano contemporaneo sia della forma sintetica di futuro sia del verbo duviri di cui la perifrasi costituisce una sostituzione. Nel passaggio dalla fase antica a quella contemporanea del siciliano la perifrasi, dunque, se da un punto di vista sintattico mostra maggiori restrizioni, segno di una sua definitiva grammaticalizzazione, da un punto di vista semantico ha allargato le sue potenzialità parallelamente all’affermarsi del suo percorso di grammaticalizzazione. In italiano, invece, forse a causa della presenza di altri mezzi espressivi nel sistema verbale per l’espressione degli stessi significati, la perifrasi non trova attualmente riscontro nella produzione informale e mantiene una sua debole vitalità soltanto in registri alti e in contesti diafasicamente controllati in cui ricorre come formula per lo più stereotipata a causa di echi letterari. Le occorrenze registrate nei parlati bidirezionali di tipo informale non sono infatti particolarmente significative. Inoltre, nel parlato italiano contemporaneo, a differenza del siciliano, la perifrasi tende a cristallizzarsi sempre più nella formula non avere nulla da fare o avere da fare con q.no.

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Dunque, mentre per il siciliano la perifrasi ha continuato un suo coerente percorso di grammaticalizzazione, rispetto alle fasi antiche della lingua, consolidandosi da un punto di vista sintattico e ampliando le sue potenzialità semantiche, nell’italiano il costrutto ha ristretto i suoi domini di impiego finendo con il divenire una forma tipica solo di alcuni livelli di lingua da cui il parlato informale resta per lo più escluso.

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Louis Begioni

Aktionsart et aspect verbal en français

Les réflexions que nous présentons concernent la structuration de l’aspect verbal tant sur le plan sémantique que morphologique. Leur point de départ est constitué par la confusion existante dans les langues romanes sur la notion d’aspect. Très souvent, celle-ci concerne l’opposition inaccompli / accompli avec très peu de références au binôme imperfectif / perfectif relatif au signifié du verbe. Certes, cette dernière opposition est surtout opérative dans les systèmes verbaux des langues slaves. Toutefois, dans les langues romanes, certains phénomènes aspectuels ne peuvent être expliqués sans la prendre en considération. Par exemple, en français, des verbes fréquemment classés dans la catégorie des verbes défectifs ont des comportements irréguliers dans la conjugaison: ainsi, les verbes gésir, messeoir (verbe transitif / intransitif, signifiant ne pas être convenable) et paître n’ont pas de participe passé ni de formes composées. Inversement, le verbe déchoir ne peut être conjugué à l’imparfait. Il nous a semblé fondamental de consacrer une étude aux relations qui peuvent exister entre ces deux catégories. De la même manière, en italien, aucune grammaire n’explique la raison pour laquelle les verbes splendere ‹resplendir› et stare ‹rester› ne possèdent pas de participe passé et ne peuvent être conjugués à un temps composé. D’un point de vue théorique, nous considérerons donc les deux types suivants de catégorie aspectuelle pour les verbes: l’aspect intrasémantique qui est habituellement appelé aktionsart1 et l’aspect verbal directement lié à la phase de construction morphologique du verbe.

1. Cadre théorique de l’étude Notre travail se réfère aux principes théoriques de la psychomécanique du langage définis par Gustave Guillaume. Dans la construction de la langue, il faut souligner l’importance de trois concepts fondamentaux: le temps opératif, la sémantogénèse et la morphogénèse. Le temps opératif représente le temps des opérations mémorielles nécessaires à la construction du langage dans le cerveau humain. Ce temps infinitésimal est essentiel pour comprendre et distinguer les deux phases principales de cette construction ––––––– 1

L’aktionsart a été défini pour la première fois par František Čelakovsky, en 1853 et repris par Sigurd Agrell en 1908. Il s’agit des opérations du procès dans le sémantisme verbal.

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qui sont dans l’ordre chronologique la sémantogénèse et la morphogénèse. La sémantogénèse correspond à l’ensemble des opérations sémantiques, allant du général vers le particulier qui permettent au lexème d’arriver au terme de sa construction. Cette construction s’effectue sur une trajectoire temporelle en relation étroite avec le signifiant et génère à la fin du parcours sémantique le signifié de puissance c’est-à-dire le sens plein du lexème construit. La phase successive de morphogénèse permet de construire la morphologie de la langue et va permettre de distinguer le plan nominal du plan verbal. L’aktionsart sera construit dans la phase de sémantogénèse alors que l’aspect que nous avons défini comme verbal sera construit dans le cadre des opérations de morphogénèse. Dans ses écrits, Gustave Guillaume ne fait que poser la question de l’aspect intrasémantique sans expliquer véritablement son importance et son fonctionnement. Il centre ses réflexions sur l’aspect verbal en morphosyntaxe qui est prédominant dans les systèmes verbaux des langues romanes. Dans la leçon du 2/12/1938, il écarte l’aspect lexical en évoquant des raisons d’évolution de l’indoeuropéen vers les langues romanes. Dans sa définition du temps impliqué (17/4/1958 et suivantes), il n’envisage que ses relations avec la morphologie et le discours.

2. L’aktionsart L’aktionsart va permettre de distinguer à la fin de la sémantogénèse les lexèmes qui pourront devenir des substantifs ou des verbes. Ainsi, en français, le substantif la marche et le verbe marcher issus du même lexème march- comprennent l’ensemble des éléments sémantiques pouvant caractériser l’aktionsart. On le trouve également dans le sémantisme d’autres catégories linguistiques telles que l’adjectif, l’adverbe, etc. Sur le plan sémantique, l’aktionsart a donc une fonction discriminante fondamentale et constitue l’un des éléments sémantiques binaires permettant de distinguer les lexèmes. Nous postulerons qu’il est généré dès le début de la sémantogénèse. Il comprend des traits sémantiques qui vont caractériser la manière dont l’action du verbe sera envisagée et dont les deux sèmes les plus significatifs sont [+ duratif], [+/- limitatif]. Nous poserons que l’aktionsart correspond à une matrice caractérisée par les trois traits sémantiques fondamentaux, générés chronologiquement dans l’ordre suivant (sur l’axe du temps opératif): A. Le sème [+ duratif], constituant fondamental et obligatoire. B. Les traits sémantiques relatifs à l’opposition [+ limitatif] / [- limitatif] qui précisent si la limite de l’action envisagée est inscrite ou non dans le signifié. C. Les traits sémantiques caractérisant la phase du procès par rapport à son déroulement. On pourra ainsi distinguer des procès ingressifs, progressifs ou terminatifs (également dénommés conclusifs). Grâce aux éléments de cette matrice, il sera possible d’opposer les verbes imperfectifs aux verbes perfectifs. Comme tous les verbes, ces deux catégories possèdent l’élément sémantique [+ duratif]. Les verbes imperfectifs ne comportent pas de limitation inscrite

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dans leur signifié de puissance, le but et l’aboutissement du procès restent hors perspective. Pour les verbes perfectifs, les procès signifiés comportent et ce, indépendamment de toute action extérieure exercée sur eux, une limitation. Une fois commencé, le procès se déroulera nécessairement jusqu’à son terme qui en constitue l’achèvement. Ainsi les verbes français naître et mourir sont perfectifs dans la mesure où l’action de naître et de mourir ne peut se poursuivre dès le moment où l’on est né ou mort. On peut donc affirmer que la perfectivité est fondée sur la notion d’une action globale, concentrée ou condensée. Voici quelques exemples de verbes perfectifs français: {abattre, aboutir, arracher, arriver, atteindre, assommer, casser, couper, dire, entrer, fermer, mourir, naître, tomber, trouver, tuer, etc.}. Inversement, les verbes imperfectifs génèrent des procès qui peuvent se poursuivre sans limitation. L’action peut être interrompue par des circonstances extérieures, nous quittons alors la construction sémantique en langue et ces limitations relèvent alors du discours. C’est ainsi le cas des expressions suivantes manger une pomme ou travailler jusqu’à 20 heures. Les verbes manger et travailler n’ont pas de limitation de leur procès inscrite dans leurs signifiés, ils sont bien imperfectifs en langue, mais l’ajout de circonstances particulières peut donner un caractère perfectif à l’expression ainsi générée en discours. Ceci nous amène à distinguer l’aktionsart construit en langue de l’aspect discursif plus directement lié à des aspects syntaxiques. Voici quelques exemples de verbes imperfectifs: {admirer, adorer, aimer, briller, conserver, chercher, courir, dormir, durer, exister, habiter, manger, marcher, méditer, parler, régner, songer, travailler, venir, vivre, voyager, etc.}. En examinant attentivement la liste de ces verbes, on peut mettre en évidence des couples dichotomiques sémantiques imperfectif / perfectif: venir/arriver, chercher/trouver, parler/dire, etc. On peut trouver quelques rares verbes qui ne peuvent ni sur le plan sémantique ni sur le plan discursif accepter le concept de limitation. Ils sont complètement dépourvus de l’élément sémique [+ limitatif]. Ces verbes sont totalement duratifs et donc totalement imperfectifs. Il s’agit des verbes gésir, messeoir et paître qui ne possèdent pas de participe passé et ne peuvent être conjugués à une forme composée accomplie. Dans la catégorie des verbes perfectifs, il est possible de distinguer les verbes qui sont très proches de la limite et dont l’action est imminente et ne durera qu’un bref instant ou vient juste de se dérouler tels tomber, mourir, naître, partir, après l’action l’état perdure et la valeur du passé composé qui est un accompli du présent constitue un résultat durable: je suis tombé, je suis parti, il est mort. C’est pour cette raison que ces verbes sont conjugués avec l’auxiliaire être aux formes composées accomplies. Nous dénommerons ces verbes verbes perfectifs très momentanés (perfectifs TM), le procès momentané allant rapidement vers son point ou partant de son point d’accomplissement. Si l’on examine le cas du verbe déchoir, il ne peut être conjugué à l’imparfait. Il serait donc complètement perfectif et cela exclurait sa conjugaison au temps verbal inaccompli par excellence qu’est l’imparfait. L’opposition sémantique des verbes imperfectifs / perfectifs ne se confond pas avec celle des verbes transitifs / intransitifs. Le concept de transitivité / intransitivité est postérieur sur

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l’axe du temps opératif à celui de perfectivité / imperfectivité. Il s’agit d’un comportement syntaxique qui ne dépend pas de la construction sémantique de l’aktionsart. Ces deux répartitions se croisent: il y a des verbes perfectifs transitifs: atteindre, trouver et des perfectifs intransitifs: naître, mourir, arriver, entrer qui comportent des compléments circonstanciels souvent obligatoires. Inversement, il existe des verbes imperfectifs transitifs: admirer, chercher, redouter etc. et des imperfectifs intransitifs: courir, nager, voyager, etc. On peut, toutefois, observer le passage d’une catégorie à l’autre; ainsi, dans l’expression Que faites-vous? – J’écris (équivalente de je suis écrivain) écrire est imperfectif, alors que dans J’écris à la femme de mon cœur, écrire est perfectif en raison du contexte syntaxique. La présence d’un syntagme nominal objet peut avoir le même résultat: j’écris une lettre est rendu perfectif, j’écris des romans policiers ne l’est pas, etc. Cette détermination en discours permet de préciser l’aktionsart de l’expression verbale toute entière. L’aktionsart des auxiliaires des langues romanes. Le passage du système verbal latin à celui des langues romanes est caractérisé par de profondes modifications structurelles. L’une des plus importantes concerne l’introduction des auxiliaires, d’abord être puis avoir, qui vont permettre de différencier sur le plan aspectuel les nouveaux temps verbaux. C’est le cas, dans le passage du latin aux langues romanes, du passif synthétique amor ‹je suis aimé› qui est remplacé par amatus sum, de amavi ‹j’aimai›/‹j’ai aimé› qui est remplacé progressivement mais beaucoup plus lentement par amatus habeo.2 Ces transformations sont très vraisemblablement liées à l’aktionsart des deux auxiliaires qui vont permettre ainsi combinés avec le participe passé d’exprimer l’aspect verbal accompli. En effet, l’aktionsart de esse ‹exister›, ‹être› est totalement imperfectif et celui d’habeo est perfectif. Ainsi, il est difficile de dire j’ai tout seul. En général, on attend l’objet de ce verbe. Dans le passage aux langues romanes, on peut supposer que par un phénomène de désémantisation que nous appellerons saisie anticipée sémantique sur l’axe de la sémantogénèse en psychomécanique du langage, le signifié des deux auxiliaires se réduit à leur aktionsart, ce qui permet d’avoir une parfaite symétrie entre morphologie et sémantique:

Formes simples / Formes composées

Aspect verbal inaccompli / Aspect verbal accompli Dans sa leçon du 3 février 1944 série A, Gustave Guillaume (1990a) évoque pour les langues romanes le choix de avoir «tourné vers le passé» donc vers l’accompli et être exprimant par définition l’imperfectif en raison de son aktionsart. En conclusion, l’aktionsart domine car il est construit dans la phase de sémantogénèse. Il est hiérarchiquement, et ce, sur l’axe du temps opératif, supérieur à la notion d’aspect verbal morphologique, construite a posteriori. Aucun autre élément morphologique (aspect ––––––– 2

Herman, Joseph (1975): Le latin vulgaire. Paris: PUF. Collection «Que sais-je?».

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verbal) ou syntaxique (en discours) ne pourra modifier l’appartenance d’un verbe à l’une des deux catégories (imperfectif / perfectif) que nous avons définies. En français, l’interaction du fonctionnement morphosyntaxique de l’ensemble du système verbal avec l’aspect verbal (inaccompli / accompli) et d’autres éléments de type lexical comme les préverbes, les périphrases, etc. caractérise un système aspectuel complexe et nuancé.

3. L’aspect morphologique 3.1 Définition L’aspect verbal morphologique apparaît quant à lui au moment de la morphogénèse et nous avons préféré l’appeler aspect verbal. On distinguera donc en français et en italien l’opposition inaccompli / accompli qui caractérise les oppositions aspectuelles entre les formes simples et les formes composées des systèmes verbaux, des périphrases et autres constructions verbales. Sur le plan diachronique, cette structuration correspond dans une large mesure à la distinction aspectuelle du latin entre infectum et perfectum. Il est important d’insister sur le rapport hiérarchique existant entre aktionsart et aspect morphologique verbal. Ainsi, marcher est un verbe imperfectif quelle que soit la forme verbale à laquelle il est conjugué: Je marche est [+ imperfectif, + inaccompli] et il marcha est [+ imperfectif, + accompli]. Dans la chronogénèse, définie par Gustave Guillaume3, nous pouvons observer que l’aspect verbal se construit entre la chronothèse 1 du mode quasi-nominal et la chronothèse 2 du mode virtuel avec les oppositions des formes verbales suivantes: marchant (aspect verbal inaccompli) / ayant marché (aspect verbal accompli) Comme nous pouvons le constater, c’est l’auxiliaire (en particulier en raison de la valeur de son aktionsart) qui tend à porter la valeur aspectuelle. Du mode quasi-nominal au mode actuel, l’aspect verbal va donc caractériser l’opposition des différentes formes verbales et ce, en étroite interaction avec l’aktionsart.

3.2 L’opposition aspectuelle inaccompli / accompli Nous envisagerons de décrire la répartition de cette opposition aspectuelle tant en synchronie qu’en diachronie en montrant comment, dans les langues romanes, l’aspect des formes verbales latines est en quelque sorte passé derrière la temporalité en mettant l’accent sur l’antériorité temporelle. Ainsi, à l’indicatif, on passe de l’opposition aspectuelle de deux ensembles de trois formes (présent, imparfait, futur / parfait, plus-que-parfait, futur antérieur) à une opposition de deux séries de quatre formes (présent, imparfait, passé ––––––– 3

Guillaume, Gustave (1984): Temps et verbe. Théorie des aspects, des modes et des temps suivi de L’architectonique du temps dans les langues classiques. (original 1929). Paris: Champion.

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simple, futur / passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur, futur antérieur) pour lesquelles l’apparition de l’auxiliaire devient l’élément le plus marquant. Il devient le véritable marqueur aspectuel. Le participe passé qu’il conviendrait d’appeler participe / adjectif verbal tend à perdre sa verbalité opérative qui est transférée peu à peu sur l’auxiliaire. Dans la double structuration des systèmes verbaux des langues romanes les distinctions formes simples / formes composées et inaccompli / accompli semblent se superposer de manière isomorphique. Toutefois, en examinant de plus près le système verbal du français, on s’aperçoit que le passé simple et le passé antérieur posent un réel problème de structure. En effet le passé simple est une forme verbale simple qui a une valeur aspectuelle accomplie puisqu’elle est issue du parfait latin (perfectum) et dans le même temps elle exprime une valeur temporelle ponctuelle qui pourrait correspondre à la valeur d’aoriste du parfait en latin. En ancien français, le passé composé et le passé simple possèdent tous deux l’aspect verbal accompli et se distinguent de la manière suivante: le passé composé est l’accompli du présent et caractérise une action écoulée depuis moins de 24 heures alors que le passé simple se réfère à une action écoulée au-delà de 24 heures. En français classique, cette règle a disparu et peu à peu le passé composé a remplacé le passé simple, exprimant l’aspect verbal accompli d’une action même ponctuelle dans le passé très éloigné du moment de l’élocution. Cette chute du passé simple montre bien la force des cohésions systémiques liées aux équilibres existant entre les formes simples et les formes composées. Cette nouvelle structuration est étroitement liée à l’apparition de l’auxiliaire qui permet de concentrer sémantiquement et ce, grâce à la signification de son aktionsart, les valeurs de l’aspect verbal. Ainsi dans la phrase j’ai aimé, c’est la valeur perfective de l’aktionsart de l’auxiliaire avoir qui confère l’aspect verbal accompli. De la même manière, le présent du passif je suis aimé a un aspect verbal inaccompli directement dépendant de la valeur très imperfective de l’aktionsart de l’auxiliaire être. En français et ce, à la différence d’autres langues romanes (en particulier l’italien), les phrases *mangé le fromage, nous sommes passés au dessert et ?le fromage mangé nous sommes passés au dessert, ne semblent pas acceptables d’un point de vue grammatical car le verbe manger est imperfectif et a donc besoin d’un auxiliaire pour exprimer une valeur aspectuelle accomplie d’où la phrase correcte Après avoir mangé – ayant mangé – le fromage, nous sommes passés au dessert. Seuls les verbes perfectifs et en particulier les verbes perfectifs TM qui ont un aktionsart fortement marqué peuvent encore exprimer une valeur aspectuelle accomplie sans la présence obligatoire de l’auxiliaire: Les vacances finies, les élèves ont repris l’école ou bien Finies les vacances, les élèves ont repris l’école.

3.3 Les interactions entre aktionsart et aspect morphologique La valeur sémantique de l’opposition aspectuelle inaccompli / accompli correspond à une distinction du type non global / global.

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Analysons les exemples suivants: Le parlement a délibéré – délibéra – pendant quatre heures, le 5 février 1999. Ici, le verbe délibérer possède un aktionsart imperfectif, la forme verbale a une valeur aspectuelle accomplie, l’action passée est saisie dans sa globalité. Si l’on met cette phrase à l’imparfait de l’indicatif: Le parlement délibérait pendant quatre heures, le 5 février 1999, la valeur aspectuelle devient inaccomplie et l’action est alors saisie dans le passé dans sa non globalité (donc uniquement dans sa durée). La combinaison entre aktionsart et aspect verbal donne aux langues romanes une grande souplesse de combinaisons et permet des nuances parfois très subtiles: Dans la phrase En 1802, naquit Victor Hugo, il y a concordance entre l’aktionsart [+ perfectif TM] et l’aspect verbal accompli. L’action passée est saisie dans sa globalité et caractérise un événement ponctuel. En revanche, dans la phrase En 1802, naissait Victor Hugo, la combinaison de prime abord contradictoire entre l’aktionsart et l’aspect verbal non accompli, envisage une action non globale dont la limite au sens métaphorique peut être reculée. L’utilisation de l’imparfait tire en quelque sorte sur la limitation TM du verbe naître et donne une dimension temporelle étendue à cette naissance en sous-entendant les conséquences qu’elle aura sur les époques postérieures. Combiner un verbe perfectif TM avec un aspect verbal inaccompli tel l’imparfait rouvre en quelque sorte la limite sémantique du procès en la déplaçant en dehors du champ communicatif et permet ainsi une visée allocutoire nouvelle qui va impliquer de nouveaux destinataires du message. On parlera donc de modalité ouvrante. On pourrait considérer qu’il y a certaines incompatibilités entre l’aktionsart et l’aspect verbal. En français, c’est par exemple le cas du verbe paître qui possède un aktionsart totalement duratif donc imperfectif et qui pour cette raison n’a pas de participe passé. Il est donc incompatible avec une saisie globale de l’action dans le passé et il ne peut être conjugué à aucun des temps composés caractérisés par l’aspect morphologique accompli. Ainsi ce verbe ne possèdera que trois temps au mode indicatif: le troupeau paît le troupeau paissait le troupeau paîtra

et il n’aura pas de forme composée. C’est aussi le cas des perfectifs et surtout des perfectifs TM: l’incompatibilité entre l’aktionsart et l’aspect verbal liée à la forte composante du contenu sémantique de l’aktionsart. On pourra difficilement dire: * ou ?? Il tombait pendant des heures (perfectif TM + inaccompli dans le passé) * ou ?? Il naissait pendant des années (perfectif TM + inaccompli dans le passé) * ou ?? Je trouve pendant des années (perfectif + inaccompli dans le présent)

Tous ces exemples montrent bien que le contexte syntaxique est fondamental pour la détermination de l’acceptabilité d’une phrase.

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En raison de leur aktionsart spécifique qui entraîne rapidement le procès vers sa réalisation, les verbes perfectifs TM ont des nuances sémantiques particulières au passé composé et au présent de l’indicatif. Au passé composé, la valeur d’accompli momentané du présent est renforcée et dans le temps de l’élocution ces formes sont interprétées comme des présents qui sont le résultat d’un procès dont la limite vient d’être dépassée. A partir de là, le verbe a une valeur résultative qui perdure.

4. Réflexions conclusives et perspectives Nos recherches dans le domaine de la psychomécanique appliquée à la phase de sémantogénèse nous amènent pour ce qui est des relations entre aktionsart et aspect verbal à distinguer trois plans principaux de saisie: la construction de l’aktionsart dans la sémantogénèse, celle de l’aspect verbal dans la morphogénèse du verbe et l’aspect syntaxique global qui est construit en discours et qui est la résultante de toutes les interactions aspectuelles. Ces trois plans sont hiérarchiquement intégrés, du plan sémantique vers le plan syntaxique. L’aktionsart est donc l’élément aspectuel dominant qui est précisé d’abord par l’aspect verbal d’ordre morphologique puis par l’aspect syntaxique en discours. Pour rendre compte du fonctionnement des verbes dans les langues romanes, et en particulier en français, il conviendrait donc d’établir une classification sémantique précise mettant en évidence tous les éléments sémiques distinctifs non seulement au niveau de l’aktionsart mais également à celui des différentes phases du procès. Les démarches que nous avons envisagées dans cet article nous permettront de définir et de développer de nouvelles approches de la psychomécanique du langage appliquées fondamentalement à la phase de sémantogénèse en relation avec la phase successive de construction morphologique.

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Claude Buridant

La substantivation de l’infinitif en français contemporain: aperçu historique et perspectives romanes, ou du «nerbe» au «vom» et réciproquement1

1. Paramètres définitionnels La distinction entre nom et verbe est loin d’être une distinction universelle: comme l’a bien souligné G. Lazard, «la différenciation entre nom et verbe se manifeste, selon les langues, très inégalement dans les trois zones» qu’il a grossièrement définies au sein du continuum morphosyntaxique (Lazard 1984), soit: – la morphologie au sens traditionnel, comme l’étude des unités et de leurs combinaisons qui se situent à l’intérieur du mot; – la syntaxe immédiate, celle du syntagme, au sens ordinaire du terme, étudiant les combinaisons du mot avec ses satellites; – la syntaxe de proposition ou «phrastique», décrivant la nature du prédicat et des actants (et des circonstants). En représentation: Morphologie syntaxe immédiate syntaxe phrastique Et G. Lazard dessine in fine une échelle qui s’étendrait entre un pôle où la distinction entre nom et verbe serait à son maximum, dans toutes les parties du système, et le pôle opposé, où elle serait totalement inexistante, ainsi que pourrait l’illustrer un type «tagalog idéal». Si aucune langue ne se situe ni à l’un ni à l’autre pôle, les langues européennes se placent du côté du pôle de différenciation maximum, en en restant, malgré tout, assez éloignées. Dans une étude récente, H.-J. Sasse, examinant le degré de verbalité et de nominalité des unités de langue, cite notamment le murrinh-pata, langue non-pamanyungan du nord de l’Australie, où l’on trouve des «nerbes» et des «voms», c’est-à-dire des verbes à nombreuses propriétés nominales et des noms à nombreuses propriétés verbales. Ainsi mutmuthe «sourd» est un nerbe: il possède les traits définitoires des noms, mais il peut en outre incorporer un nom de personne, qui en fait un prédicat; le cayuga, langue iroquoise, présente aussi une gamme de degrés entre les deux extrêmes de verbalité et de nominalité (Sasse 2001). Historiquement, dans l’ensemble indo-européen, la substantivation de l’infinitif que l’on trouve dans les langues modernes, déjà manifeste en grec ancien, peut être considérée ––––––– 1

L’exposé constitue le point d’aboutissement d’un ouvrage paru chez Champion, en 2008, sur La substantivation de l’infinitif en français: étude historique.

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comme un retour à la forme nominale figée qu’il était à l’origine, avant de s’approprier progressivement différentes catégories verbales comme l’aspect, la voix, ainsi que le souligne M. Gawełko (Gawełko 2004: 615) à la suite de Disterheft (Disterheft 1980: 198). Dans la famille des langues européennes, l’opposition verbo-nominale peut également être graduée scalairement dans le mode quasi-nominal, mode élémentaire de la chronogénèse selon la psychomécanique du langage de G. Guillaume, mode in fieri à la limite du temps et de l’espace sans indication personnelle évoquant un procès tout entier sans y mêler d’accompli. Les trois formes de procès du mode quasi-nominal –infinitif, participe présent, participe passé–, ont été l’objet de très nombreuses études traitant de leur exploitation dans les différentes langues indo-européennes, tant sur le plan diachronique que synchronique. L’infinitif, en particulier, a été étudié dans le cadre des langues européennes, par W. Mayerthaler, G. Fliedl et C. Winkler, qui le situent dans un continuum verbo-nominal: N maximalement naturel..........................................…….. V maximalement naturel = Attracteur / prototype nominal = Attracteur / prototype verbal Une approche comparable, inspirée de la morphologie naturelle, se retrouve postérieurement chez P. Vogel, qui fait appel à des paramètres en partie complémentaires, référant in fine au modèle complexe de typologie des langues UNITYP élaboré par H. Seiler et son école. Selon P. Vogel, une double opposition complémentaire qui caractérise les processus sémiotiques, reposant sur les catégories aristotéliciennes de la désignation (tỏde: ce) et de la dénomination (toiỏnde: tel), se manifeste dans toutes les langues selon des propriétés déterminées: nominalité vs. verbalité, espace vs. temps, où spatio-temporel vs. que caractérisant, définitude vs. indéfinitude, indicativité vs. perfectivité, fonction référentielle vs. fonction qualifiante. L’orientation sémantique est, dans un cas, absolue, dans l’autre relationnelle (rapportée à des arguments), la fonction syntaxique oppose sujet vs. prédicat, la fonction sémantique agent vs. action (+ patient), et la fonction pragmatique le thème / topique vs. le rhème / non-topique. Dans les langues marquant les catégories de mots, les premières propriétés et fonctions sont représentées par les noms, avec comme caractéristique fondamentale la perfectivité et le bornage, les secondes par les verbes, avec comme caractéristiques l’imperfectivité et le non-bornage. Entre les deux pôles –qui opposent les noms (proto)typiques désignant des objets et des verbes (proto)typiques désignant des procès– existe une zone intermédiaire continue, un continuum avec des traits complémentaires, les noms qui ont le moins de traits typiques de nominalité ayant davantage de traits typiques de verbalité et vice-versa, les nominalisations provoquant une «objectivation» du procès jusqu’à la concrétisation et la pluralisation, phénomène que l’on a largement l’occasion d’observer tout au long de notre étude à paraître (Vogel 1996; 2000). Les langues romanes offrent une situation intéressante en exploitant à des degrés divers ce continuum. Comme je l’ai souligné dans «L’infinitif dans les langues romanes et germaniques: essai d’approche typologique» (Buridant 1990), l’infinitif, degré élémentaire du mode nominal dans la chronogénèse guillaumienne, est un mode bifrons, au point de partage du plan verbal et du plan nominal.

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Mais encore faut-il préciser brièvement les autres paramètres fondamentaux qui entrent en ligne de compte dans ses possibilités d’emploi: Son fonctionnement comme apport ou comme support: – comme apport, il peut être employé comme complément d’un verbe recteur pour former des syntagmes périphrastiques tendant à se figer, comme dans la formation du futur dans les langues romanes à partir de cantare habeo; – comme support, il fonctionne de manière autonome, comme dans l’infinitif jussif en ancien français: nel touchier! Son degré de virtualité, touchant la représentation du temps impliqué dans l’infinitif: entier de virtualité, le procès étant entièrement à accomplir entre son commencement et sa fin, ou entier d’anti-virtualité, le procès pouvant être considéré à ses différents stades, comme en espagnol. C’est précisément comme entier d’anti-virtualité que l’infinitif peut se substantiver en se référant à l’espace, en allant jusqu’à prendre toutes les fonctions du substantif pour entrer dans la catégorie des noms prototypiques, concrets et nombrables. Son incidence, au sens guillaumien, opposant les parties du discours prédicatives, associant une matière tirée de l’expérience de l’univers et une forme (comme le substantif, le verbe…), aux parties non prédicatives (comme le pronom, l’article…), l’incidence étant soit interne, comme dans le substantif, ou externe, de premier ou de second degré, comme dans l’adjectif ou l’adverbe. L’infinitif offre à cet égard une double incidence –externe, le rattachant au plan verbal et interne le rattachant au plan nominal–, selon la solution proposée par P. Duffley, que l’on peut représenter dans le schéma suivant: sémantème verbal Personne support Représentation de l’événement

La première incidence à la représentation de l’événement est de type interne, mais ensuite, l’événement lexicalement désigné est attribué à une personne-support, exosémantique. C’est en l’absence de ce support que l’infinitif peut facilement se substantiver, avec des degrés différents. D’autres paramètres peuvent compléter, affiner et préciser les paramètres précédents en leur apportant des traits complémentaires, dégagés en particulier par S. Rémi-Giraud (Rémi-Giraud 1988a; 1988b): – la situation de l’infinitif par rapport à l’acte d’énonciation: les formes verbales personnelles contiennent une référence à l’acte d’énonciation, le procès étant rapporté au référent, à l’actant, par un acte du locuteur, constituant du discours, alors qu’avec l’infinitif le locuteur ne peut situer le procès par rapport à l’acte d’énonciation. – la nature bifrons de l’infinitif comme acte et objet de pensée: par son statut syntaxique de constituant nominal, il représente un objet de pensée; mais il peut prendre les fonctions du constituant nominal en gardant son identité de procès, soit son cinétisme interne, comme il l’a fait en ancien français et comme il continue à le faire dans des langues romanes comme l’italien et l’espagnol.

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L’ensemble des considérations précédentes est illustré dans le tableau final de «L’infinitif dans les langues romanes et germaniques» (Buridant 1990: 160) où sont échelonnées sur deux vecteurs cinétiques les possibilités d’emploi de l’infinitif. Ce tableau mérite d’être affiné par les recherches que j’ai poursuivies depuis, touchant particulièrement le français contemporain.

2. Aperçu diachronique Dans l’histoire du français, l’infinitif offre un destin remarquable où sont exploitées toutes les possibilités de substantivation, depuis les débuts de l’ancien français jusqu’au français contemporain. Ce destin reflète, au cours du temps, l’évolution typologique du français, où s’opère, à la fin du moyen français au sens large, une fracture avec les autres langues romanes. On rappellera brièvement d’abord que la substantivation de l’infinitif est une possibilité de langue largement exploitée dans l’ancienne langue française, depuis les origines jusqu’au 17e siècle, avec la constitution dès le départ d’un noyau d’infinitifs ayant un statut pleinement nominal –infinitifs essentiellement substantivés–, mais surtout avec l’emploi d’infinitifs substantivés –accidentellement substantivés– apparaissant dans des contextes très variés, et présentant deux traits majeurs: – la possibilité d’être accompagnés d’un argument, i. e. d’une complémentation directe ou prépositionnelle propre aux substantifs, tout en gardant la caractérisation propre aux verbes par l’adverbe, par exemple; – la règle de distribution impérative entre formes fortes et formes faibles du pronom régime de l’infinitif: forme forte en antéposition vs. forme faible en postposition, fonctionnant au moins jusqu’au 13e siècle (Buridant 2000; 2005). Ces deux traits peuvent être illustrés par les exemples suivants, où le devant l’infinitif ne peut être interprété au 13e siècle que comme un article au regard de la forme forte: 1. Por lui querre s’achemina (Bible M, Rois, 15585) (Il se mit en route pour aller le chercher) 2. Et la fu mis le cors Gaheriet par desus ses deus freres: au metre le en terre poïssiez veoir molt granz pleurs (Mort Artu, 102, 12-14) (Et à fut déposé le corps de Gaheriet, au-dessus de ses deux frères. Que de larmes au moment de le mettre en terre) 3. El chastel avoit grant moleste / Del conte qui estoit ocis; / Mes n’i ot nul, tant fu de pris, / Qui voist après por le vangier (Erec, 4874-77) (Les gens du bourg étaient fort attristés par le meurtre du comte, mais il ne s’en trouva aucun, si valeureux fût-il, pour donner la chasse à Erec et en faire vengeance. Le = article)

De la vaste enquête que j’ai menée sur l’ancien et le moyen français, appuyée sur un très large corpus, développée dans l’ouvrage à paraître, il ressort que l’infinitif substantivé a été très largement employé dans un ensemble de constructions privilégiées (préposition de thématisante, constructions verbales…), et en particulier comme outil de thématisation dans

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la reprise économique du procès ou dans son annonce cataphorique (Buridant 2005). Ainsi dans cet exemple particulièrement représentatif, de séquences en cascades: 4. Chevalchant molt grant aleüre, / D’une forest molt tart issirent. / A l’issir une meison virent / A un chevalier, et sa fame, / Qui sanbloit estre boene dame, / Virent a la porte seoir. ............................... / Il descendent; et au descendre / La dame fet les chevax prendre, / Qu’ele avoit mesniee fort bele... / ................................ As uns commande oster les seles / Des chevax, et bien conreer. / N’i a celui qui l’ost veher, / Einz le firent molt volentiers. / Desarmer fet les chevaliers; / Au desarmer les filles saillent (Charrete, 2508-2535) (Tout en chevauchant à vive allure, ils ne sortirent que fort tard d’une forêt qu’ils traversaient. En passant la lisière, ils aperçurent le manoir d’un chevalier, et sa femme, une dame à l’air bienveillant, assise devant la porte... Ils mettent pied à terre. Elle fait sur-le-champ prendre les destriers, car elle avait une belle maisnie... La dame commande à ses fils d’ôter les selles des chevaux et de bien les panser. Aucun n’oserait refuser, tous obéissent de bon gré. Elle demande aussi qu’on désarme les chevaliers; ses filles s’élancent pour le faire. Trad. partielle de J. Frappier, CFMA, pp. 84-85)

Cependant, dans l’évolution du français, ces deux propriétés –rection verbale et position postverbale du pronom du verbe à l’infinitif–, fondamentales en ancien français, vont progressivement s’effacer, tout en se conjuguant avec d’autres facteurs constituant un drift évolutif: – à partir du 14e siècle, l’élimination de la forme prédicative tonique devant l’infinitif et la possibilité d’employer dès lors à cette place un pronom atone masculin le exclut la lecture comme article ou la rend de plus en plus équivoque. Le devant l’infinitif est dès lors interprété comme pronom dans un exemple comme: 5. Tous les chevaliers et escuiers que le roi y avoit envoyez pour le convoier (Jehan de Saintré, 124, 4) (Tous les chevaliers que le roi y avait envoyés pour le convoyer. Le: pronom anaphorique vs. «pour l’accompagnement»)

L’homophonie de l’article défini et du pronom personnel ne permettant pas toujours de distinguer entre les deux formes lorsque l’infinitif est un verbe transitif, comme l’observent R. Martin et M. Wilmet, avec cet exemple à l’appui (Martin / Wilmet 1980: 214, §352): 6. Et pour ce que le raconter seroit trop longue chose, je m’en passeray atant (Artois, 87, 128) (le raconter: «raconter cela»? ou «le récit»?)

– plus lentement, avec des prolongements jusqu’au 17e siècle et même au-delà dans des emplois de plus en plus marqués, s’efface la possibilité d’employer des infinitifs substantivés avec complémentation. – l’effacement à l’oral de la marque -r de l’infinitif, provoquant un risque de confusion avec le participe passé de la conjugaison en -er, dont peut témoigner précocement une forme comme le disné, venant d’un cas sujet li disners prononcé [dine]. – la montée en tête d’énoncé des constructions avec les formes en -ant, dans une zone thématique assurant la continuité référentielle avec le contexte antérieur, concurrençant directement, dans cette position, les infinitifs substantivés, comme dans cet exemple:

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7. Je l’ai rencontré néantmains sur les rens car en passant il me donna telle descharge sur mon healme que tumber me convint par terre sy rudement… (Artois, 78, 228-231). Concurrent de au passer, très largement répandu dans les séquences de joute en ancien français.

– le développement du vocabulaire abstrait dans les formations dérivationnelles en -tion, -ment, -ance, concourant à supplanter le vieil emploi commode, mais peu distinct à la longue, de l’infinitif substantivé (Heinimann 1963: 153; Wulff 1875: 59-60); – la réduction de la polyfonctionnalité des formes grammaticales, éliminant les éléments «transversaux» au profit de la monofonctionnalité, consacrée par la fracture de l’époque classique, contribuant à creuser l’écart typologique entre le français et d’autres langues romanes: • particules «séparées» éliminées au profit d’une répartition binaire entre adverbes et prépositions; • répartition tranchée entre articles et pronoms possessifs avec l’effacement de la combinaison article + adjectif + substantif du type un mien cousin; • répartition tranchée en deux séries distinctes entre article et pronom démonstratif avec l’effacement des formes du type cette-ci. L’infinitif substantivé, de nature bifrons, ne pouvait qu’accompagner le mouvement, non sans des périodes de florescence de la substantivation de l’infinitif comme procédé d’enrichissement de la langue, sous l’influence italienne au 16e siècle par exemple, et d’exploitation de ses ressources stylistiques par de grands auteurs comme Montaigne, usant de l’infinitif comme outil «philosophique».

3. Le français contemporain Le français contemporain n’aurait donc laissé subsister qu’un noyau historique d’infinitifs nominalisés –entièrement pour la plupart– et lexicalisés, en éliminant les possibilités de substantivation avec argument de l’ancienne langue. Cette conclusion est cependant réductrice –et je l’avais encore formulée dans mon étude sur «L’infinitif dans les langues romanes et germaniques: essai d’approche typologique»– et elle mérite d’être nuancée par la prise en compte de nouveaux développements dans la substantivation de l’infinitif dans le français contemporain et actuel. On peut encore trouver occasionnellement, chez certains auteurs, des infinitifs substantivés stylistiquement marqués, comme dans cet exemple remarquable, revivifiant, entre autres, l’emploi de la substantivation de l’infinitif pour les cinq sens: 8. L’acte sexuel a pourtant (comment l’oublier) le privilège extraordinaire... d’accomplir en son lieu propre comme la totalité des jouissances possibles de la vie, le toucher, le voir, l’entendre, le parler, le sentir, mais encore le boire, le manger, le déféquer, le connaître, le danser… (Annie Leclerc: Paroles, 14. Cité dans Vikner 1980: 257)

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Emploi remarquable aussi que le taper dans cet extrait de J. Giono, exprimant une façon particulière de frapper à la porte: 9. J’arrivais à Volx sur le point du jour. Avec la barre du frein je cognais contre la porte. La maîtresse ouvrait la fenêtre. «C’est toi, Janet?» Elle connaissait mon taper. (Giono, Jean (1929): Colline. Grasset, 27)

Un auteur comme François Bon use abondamment de l’infinitif dans l’un de ses premiers romans, soit pour souligner la «pétrification des gestes et des discours» (Michel P. Schmitt, Encyclopedia Universalis sur la Toile), comme dans cette phrase: 10. Assis reprendre le journal, l’ouvrir, déplier, froisser, replier, ne s’en sort pas. (Sortie d’usine, 10)

Soit sous forme substantivée, parmi d’autres nominalisations «objectivant» son style, finement analysé par D. Viart (Viart 2008: 20-21), dans la même œuvre: 11. Ceux qui de chaque côté venaient à la relation d’ordre et la constituaient en étaient traversés bien au-delà de l’obéir et du refus. (57). Le parler pour désigner la conversation machiste et obscène opposée au beau langage: Cela s’arrêtait aux mots, cette illusion de prise où ce parler jouait, ma femme disaient-ils comme ma bagnole (54). Le palper désigne un geste technique: Encore la main sait-elle mieux que l’œil comparer une épaisseur au dixième près ou reconnaître à l’ongle les trois triangles d’un pôle, l’ajustement exact d’un emboîtement à peine glissant H4g6 la voix répète H4g6 d’un palier, ou le cône d’un outil dans son mandrin sans que rien ne l’arc-boute, ne coince ou ne grippe, un palper, le métier oui sur le bout des doigts. (38). Joint à cette profusion d’infinitifs se repère aussi la nominalisation d’adjectifs: … l’aigu qui s’en déchirait semblait se creuser véritablement (83); Le poids muet et la tranquillité de l’immobile… (83); A la remontée du piston, courir, rejoindre là-bas l’ouvert qui semblait se déployer toujours plus à mesure qu’il avançait… (138); image éblouissante de l’infime (143) … et ce n’était qu’un mêlé grave, les voix d’une foule entendue au loin… (166)

Mais en dehors de ces nominalisations occasionnelles chez des écrivains maniant avec finesse cette ressource de la langue, des sources majeures de substantivation sont repérables en français contemporain. On notera d’abord une source importante de substantivation de l’infinitif dans le langage du sport, où la valeur dynamique de l’infinitif, susceptible cependant de pluralisation et de rection, est exploitée pour désigner une pratique, objet d’apprentissage et / ou d’exercices d’entraînement, comme dans les traités d’éducation physique et les instructions officielles: le lancer, le grimper, le poser du pied, le planter de bâton… Sur ce modèle se forment de nombreuses substantivations, comme en témoigne le lâcher, d’emploi très large, dans le domaine du sport ou ailleurs: le lâcher de la boule au bowling, le lâcher de la détente au tir à la carabine; le lâcher d’animaux dans des buts divers: le lâcher de pigeons, de faisans/ de lièvres, d’oiseaux, etc.; le lâcher-prise comme technique de relaxation...; le toucher en médecine, en musique (toucher d’un pianiste, d’un violoniste), en sport (le toucher de balle)… Mais un autre développement se produit, qui n’est en rien un résidu fossilisé d’un phénomène historique comme l’a relevé F. Kerleroux après F. Giacone, en en précisant les traits majeurs avec F. Schapira (Schapira 1996):

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sur le plan morphologique: noms invariablement masculins non pluralisés, flanqués d’un déterminant, généralement l’article défini, mais aussi indéfini, l’article possessif et même exceptionnellement l’article partitif. – sur le plan syntaxique et constructionnel: extensions limitées du syntagme nominal avec l’adjectif, mais inconstructibilité avec complément du nom. – sur le plan sémantique, la capacité d’abstraction et de dynamique de l’infinitif, particulièrement marquée dans le cas où l’infinitif substantivé se présente en association contrastée avec une autre forme nominalisée, comme le dire et le dit, où «l’emploi de l’infinitif en construction binaire pousse le premier terme vers une plus grande abstraction et tend, en même temps, à rendre le deuxième terme plus concret». Encore faut-il préciser dans quels domaines privilégiés se développent ces nouvelles modalités de la substantivation de l’infinitif. Une source majeure en est sans aucun doute le langage philosophique, dont la substantivation infinitive est un des modes privilégiés de l’épistémé, «les infinitifs philosophiques présentant tous le commun dénominateur du virtuel, d’un possible qui n’implique pas la réalité» (Schapira 1996: 197); cette virtualité est le support de l’abstraction conceptuelle spécifique de la philosophie, avec une nette influence de l’allemand, au moins au départ, où elle peut proliférer. Des termes-clés de la philosophie peuvent ainsi être répertoriés dans les bases de données et les ouvrages lexicographiques, les ouvrages et articles techniques spécialisés, pratiquement tous sous la forme d’un emploi au singulier avec l’article défini, avec souvent leur antithétique en non: l’être vs. le nonêtre; le savoir vs. le non-savoir comme déconstruction radicale de la doctrine socratique; l’agir; le devenir, notion-clé de la philosophie de Bergson; le paraître et l’apparaître, en opposition à l’être, une des thématiques privilégiées de la philosophie; le connaître, chez les néocriticistes de la seconde moitié du 19e siècle et dans la mouvance de l’existentialisme et du personnalisme. L’infinitif substantivé joue un rôle fondamental dans les tenants de la phénoménologie, chez Heidegger en particulier, dont les analyses passent par un véritable ressourcement étymologique dont il donne les clefs dans l’un des ses Essais et conférences, il est un élément majeur du processus de déconstruction et de dévoilement, que les traductions françaises peuvent rendre en renvoyant au texte original. Dans la traduction des Essais et conférences d’A. Préau, les exemples en sont innombrables, tel celui-ci: 12. Etre présent et à la disposition (upokheistai) caractérisent la présence d’une chose présente (das Anwesen eines Anwesenden). Les quatre modes de l’être dont on répond conduisent quelque chose vers son «apparaître». Ils le laissent devenir dans cette direction et le laissent s’avancer (lassen... an), à savoir dans sa venue parfaite. L’acte dont on répond a le trait fondamental de ce laisser-s’avancer, l’acte dont on répond est le «faire-venir» (Ver-an-lassen) (Heidegger (1958): La question de la technique. Essais et conférences. trad. P. Préau, 15-16. En note dans l’édition: «Ver-an-lassen est plus actif que an-lassen (laisser s’avancer). Le ver pousse pour ainsi dire le laisser vers un faire»)

Les calques se multiplient dans les traductions, sous forme d’infinitifs substantivés ou d’équivalents terme à terme, sans compter les non-traduits, illustrant une philosophie non

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exempte d’illusionisme et de faux-semblants dénoncés par H. Meschonnic (Meschonnic 1990: 329). Indépendamment de la filière proprement phénoménologique chez les philosophes allemands et leurs traductions en français, les constructions du type infinitif substantivé + préposition absolue sont aussi largement répandues dans la philosophie contemporaine: l’être-là, l’être-sur, l’être-dans… Ainsi chez S. Breton, dans son développement sur Fondements, cause et raison, au chapitre 2 de sa Philosophie buissonnière: 13. La foi qui se confie évoque en complément le roc de l’incassable. Le psalmiste évoque Dieu comme son «rocher». Il n’est de sûreté que par un être-sur dont la résistance ne fait aucun doute. Bâtie sur du sable, une maison mentirait à son nom. Condition indispensable, la fermeté du sol ne suffit pas. L’assurance d’un «être-sur» ménage à «ceux qui seront-là» l’espace d’un libre devenir, d’une libre inspiration. C’est pourquoi - qu’on excuse ce style prépositionnel, le seul, du reste, qui soit en situation2- l’être-sur est au service d’un être-dans qui a retrouvé, récemment, de par la vivacité des problèmes d’écologie, une importance dont les philosophes eux-mêmes ont fini par se soucier. Que signifie être-dans? Déjà, dans l’antiquité grecque, on s’était préoccupé d’une nomenclature qui en énumérait les divers sens, entre autres: «êtredans» comme les doigts de la main, comme l’effet dans la cause et les moyens dans la fin, ou les affaires de la république dans la république du roi: être-dans comme dans un lieu. Le poids du problème portait donc sur le lieu, sur l’être-là… (Breton, S.: Philosophie buissonnière. Millon, 24-25)

Mais depuis le début du 20e siècle, l’emploi de l’infinitif substantivé déborde largement le domaine philosophique pour s’infiltrer dans des domaines avoisinants tels que la psychologie, la psychanalyse, la sociologie et la critique littéraire. Et le mouvement s’accélère au cours de la deuxième moitié du siècle pour connaître une vogue remarquable: non seulement le langage scientifique emprunte les infinitifs-noms déjà existants et intensifie leur emploi, mais les sciences humaines –la linguistique notamment, la sémiotique et la critique littéraire– élargissent l’aire de la substantivation de l’infinitif, l’étendant à des verbes consacrés par la philosophie: le dire et le dit d’O. Ducrot, Le dire et le nommer de J. Derrida, Le s’entendre parler et le vouloir parler (Positions, 21), Boehm, I. (ed.) (2004), L’imaginer et le dire, Scripta minora, recueil d’articles de L. Basset. Lyon: collection de l’Orient et de la Méditerranée, etc. L’emploi de l’infinitif substantivé permet alors des nuances cultivées par les philosophes, les poètes, comme le traduire par rapport à la traduction, ainsi que le souligne H. Meschonnic, sur les traces de W. von Humboldt, dans sa Poétique du traduire (Meschonnic 1989): 14. Je dis «poétique du traduire», plutôt que «poétique de la traduction», pour marquer qu’il s’agit de l’activité, à travers ses produits. Comme le langage, la littérature, la poésie sont des activités, avant d’être des produits. Regarder le produit d’abord, c’est, selon le proverbe, quand le sage montre la lune, regarder le doigt. (Poétique du traduire, 11). Il étudie ainsi dans Jona et le signifiant errant les problèmes du traduire littéraire posés par la Bible (Jona et le

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Souligné par nous.

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signifiant errant. Paris: NRF, Le chemin, 29), le traduire revenant constamment dans ses analyses.

Le dire des grands poèmes que doit déchiffrer le lecteur et transposer le traducteur, comme le propose Y. Bonnefoy; l’écrire appliqué par H. Meschonnic à l’activité créatrice de V. Hugo, transcendant les genres; le penser, marquant un procès dynamique au regard de pensée; le parler revivifié comme infinitif dynamique dans des emplois particuliers où il se distingue de son emploi lexicalisé, le mourir, exprimant la mort comme passage –la période du mourir–, ainsi que le faisait Montaigne, s’inscrivant dans la durée et objet d’un travail –le travail du mourir– pour les thanatologues, ou d’un art dans le bien mourir ou le bel mourir, pouvant qualifier les artes moriendi fleurissant au 15e siècle soit en France soit en Allemagne; le croire, tendant à s’imposer dans le domaine de la théologie, au regard de la foi et de la croyance, dont il se distingue par l’engagement absolu et actif; le faire qui l’emporte volontiers sur la pratique, comme dans cet exemple particulièrement riche: 15. Entrevues, interview de L. Braun, philosophe, sur sa pratique de la photographie: – Où serait [alors] la différence entre l’usage commun de la photographie («art moyen» selon P. Bourdieu) et votre propre «faire»? Autrement dit: celui qui chemine vers l’essence trouve-t-il ici à se distinguer? Et comment?... Pour ce qui est du «faire» – qui vous préoccupe – rappelons que si tout était transparent, l’art ne serait que réalisation d’un projet énonçable: il n’y aurait plus, formellement, dans le produit, que ce qui se trouvait déjà défini dans l’idée. Par contre, si tout était opaque, il n’y aurait jamais, du côté du créateur, de maîtrise. La maîtrise, c’est précisément le «savoir-conduire» du faire – afin que celui-ci acquière sûreté et force, et qu’il ne soit pas pure réussite du hasard. La maîtrise, c’est la discipline du faire.

Le lire-écrire concurrence la lecture-écriture dans ce compte rendu, reprenant sous forme de citation le titre d’un ouvrage: 16. … L’ouvrage affirme [encore] un certain nombre de thèses, des plus neuves. L’école, par exemple, est la cause de l’alphabétisation, bien sûr; mais elle est aussi circulairement l’effet de celle-ci, l’effet de la demande sociale d’instruction; celle-ci se traduit, avant même l’érection des bâtiments scolaires, par l’inculcation, «en famille», du Lire-écrire. (E. Le Roy Ladurie (1977): compte rendu de Lire et écrire, l’Alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry. Furet, F. / Ozouf, J. et al. (edd.). De Minuit. In: Le Monde des Livres, 16 décembre 1977, 24)

L’infinitif substantivé peut être autre chose qu’un simple substitut: en faisant du Sénégal «le pays du donner et du recevoir», son premier président, Léopold Senghor, inaugure une nouvelle conception, humaniste, des termes de l’échange (Senghor, Léopold (1964): Liberté I. Négritude et humanisme. Seuil, 9), qui inspire une lignée de poètes, de journalistes et de chercheurs. Certains de ces emplois –où l’infinitif conserve toute sa valeur dynamique– sont le support de correspondances suggestives en homéotéleute et jeu sur une même base: 17. Sur huit jours de voyage, on en gagne deux à la veille de la Révolution… Un genre pictural, le voyage, émerge et contribue à «dessiller» les yeux des voyageurs, qui portent désormais un regard différent sur les pays traversés. L’ingénieur compose la route grâce à des repères que retrouve le voyageur. Celui-ci apprend à percevoir les distances. Une continuité s’instaure

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entre le voir et le mouvoir. Au XVIIIe siècle, la route, «grande oeuvre technique», fonctionne comme un révélateur spatial. (E. de Roux (2005): Les mues du paysage. Compte rendu de M. Desportes: Paysages en mouvement. Gallimard. Bibliothèque des histoires. In: Le Monde des Livres, 10 juin 2005, 1)

Des formations se répandent largement, dans toutes sortes de médias, à partir de modèles à succès, tout spécialement dans le domaine politique: – infinitif + adverbe du type le parler vrai, prôné par l’ancien ministre Michel Rocard: très nombreux exemples sur la Toile, entraînant le parler rare, remettant en selle l’oxymore le mentir-vrai, oxymore d’Aragon (1964), qui a sans doute servi de modèle à des essais portant sur l’écriture fictionnelle des écrivains, et répandu dans d’autres domaines. – infinitif + adverbe du type ensemble, dans le vivre ensemble, largement répandu, appelant à un aplanissement des apartheids de toutes sortes, à l’harmonie entre communautés contre les dérives du communautarisme, repris à la manière d’un slogan dans les médias. – ensemble d’infinitifs substantivés évoquant tout ce qui peut se rattacher à une technique, un art plus ou moins élaboré, où l’infinitif marque le procès d’une pratique à acquérir: • Au premier chef, savoir: sur le modèle du savoir-faire fleurissent les savoir- les plus divers, qu’enregistre le TLF s. v. savoir: savoir-décliner, savoir-dire, savoirécrire, savoir-être, savoir-lire, savoir-manger, savoir-mourir, savoir-rire, liste qui peut indéfiniment s’allonger, comme on peut le relever dans de multiples témoignages: le savoir-nager, le savoir-apprendre, le savoir-écrire, dont cet exemple remarquable: 18. Ces modalités du savoir constituent les étapes programmatiques de l’éducation interculturelle chez un spécialiste de la didactique du français en Allemagne: Il ne s’agit pas seulement de leur (i. e. les apprenants d’une langue étrangère, en l’occurrence le français) faire acquérir certains savoirs, mais aussi certaines façons d’être et d’agir, à l’intérieur de leur communauté linguistique et au-delà. Dans la perspective de l’éducation interculturelle, un individu apprend qu’à côté de la sienne, il existe d’autres civilisations a) qui se caractérisent par certains traits spécifiques (plan du savoir), b) avec les représentants desquelles il peut interagir (plan du savoir-faire), c) à condition d’être capable d’acquérir certaines connaissances et aptitudes (plan du savoir-apprendre), d) on attend de lui qu’il soit prêt à modifier son identité à la suite de son expérience d’une civilisation étrangère (plan du savoirêtre) (Abel, F. (2003): Vingt thèses sur le statut de la civilisation dans l’enseignement scolaire du français en Allemagne. In: Lexicografia en Europa y America, Homenaje a Günther Haensch en su 80 aniversario. Madrid: Gredos, 41-42. Le savoir-être constituant le but ultime de l’éducation interculturelle: L’étude des civilisations francophones dans l’enseignement scolaire du français en Allemagne est au service des fonctions sociales et pédagogiques de l’institution scolaire. Elle vise surtout le savoir-être des élèves, ibid., 41). Un savoir cheminer (site Savourer le monde sur la Toile).

• Sur le modèle du savoir-vivre se forge le savoir-mourir, objet du Manuel du savoir-vivre d’A. Ruellan, éd. Pierre Horay, 1979.

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Un autre procédé consiste à réactualiser la dynamique de l’infinitif modulé par bien, s’inscrivant souvent dans la mode des «recettes», des traités qui prétendent donner les clés faciles et des passeports pour le bonheur dans tous les domaines du quotidien, objet d’une abondante littérature évoquée dans le petit panorama dressé par W. Zaranowicz, qui parle du «récent créneau porteur de l’édition française, celui de l’‹équilibre intérieur›, vaste galaxie au croisement des rayons psy, bien-être, santé et spiritualité, répondant à l’engouement de plus en plus net pour les ouvrages pratiques, tendance mode d’emploi»: le bien manger, le bien maigrir, etc., objet d’innombrables guides, comme le bien vivre, qui peut être la matrice du bon vivre, mais aussi le mieux vivre, le bien penser pour désigner une méthode pour penser juste, l’exercice du raisonnement et du sens critique. Sur le modèle du bien être se forge le mal être, qui désigne une forme moderne du spleen, l’angoisse existentielle, ou toute sorte de malaise de vivre, petit ou grand, l’anxiété et les inquiétudes des jeunes, de telle communauté, de telle catégorie socio-professionnelle, associé à des termes plus ou moins synonymes qui peuvent en préciser la portée. Il ne faut pas exclure de ce renouvellement un phénomène de mode intellectualisante qui touche bien des domaines. En ce sens, un certain nombre d’attestations d’infinitifs substantivés relèvent du discours rapporté ou de la démarche autonymique, mis en relief par les guillemets ou les italiques et l’apparition simultanée de formes énonciatives les signalant comme telles, comme le souligne F. Kerleroux (Kerleroux 1996: 97). Dans les exemples qu’elle produit (italiques rendus ici par le soulignement en gras), l’IS est alors référé à un énonciateur explicite ou supposé connu par ce qu’on appelle / comme disait: 19. Mon ami à l’esprit un peu lourd ne saisit pas très bien les nuances du faire marcher (Péguy, Œuvres complètes, La Pléiade, I, 342). C’est le cœur qui lance le sang, ce qu’on appelle l’inspiration, le «oser faire» (P. Guyotat, Le Monde, 19/9/1987)

Mais surtout, si l’on prend du champ, la réactivation de l’infinitif substantivé comme procédé d’abstraction dynamique peut s’inscrire dans un processus plus large tendant à combler le vide laissé par des substantifs qui se sont à la limite sclérosés dans un sens concret depuis leur création, comme le substantif en -ment dans gouvernement, figé dans le sens concret d’«équipe dirigeante», ce qui explique le succès de gouvernance, transfuge du modèle anglais et diffusé par le monde économique, qui comme le gouverner désigne «l’art de gouverner», et entrant lui-même dans un vaste mouvement de réactivation du suffixe -ance, une pédale de la langue et du style, pour reprendre les termes d’A. François, dans de nombreuses formations: l’apprenance, autre forme du «métier d’apprendre» en concurrence du terme classique de «pédagogie», mais aussi la mourance, la bientraitance, sur le modèle de maltraitance. La perspective peut encore être élargie: une sorte de vide semble caractériser le français pour exprimer un processus, une phase durative et dynamique, au regard d’autres langues comme l’anglais, qui dispose sur ce point de la dérivation en -ing, principale façon de nominaliser un verbe, et c’est entre autres pour combler ce vide que tendent à se répandre en français des calques en -ing, comme le testing, qui désigne la façon de se soumettre à des tests, par exemple. Palsgrave, au 16e siècle, observait déjà le rapport d’homologie entre l’infinitif et les formes en -ing: 20. III. Annotacyons upon the Particyple. Regula Secunda.

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Si, en notre langue, la phrase est faite de telle manière que le participe présent en -ynge se trouve précédé d’une préposition, les Français, pour la même phrase, n’utilisent pas leur participe présent en -ant, mais leur infinitif présent… (L’éclaircissement de la langue française, éd. et trad. S. Baddeley, 675)

La substantivation de l’infinitif n’apparaît plus alors comme un phénomène isolé proliférant par un effet de mode, mais s’intègre dans un ensemble plus large tendant à créer en discours des «formes dynamiques», dans le système verbal en particulier, dont le français ne dispose pas toujours spontanément en langue. Du Moyen Age à nos jours, la substantivation de l’infinitif s’inscrit dans une évolution typologique tendant à réduire la polyvalence des formes au profit d’une catégorisation unique. Elle est aussi indissociable des options théoriques qui ont exploité dans des directions diverses toutes ses potentialités, échelonnées scalairement sur le vecteur spatial d’un côté et rectrices de complémentation verbale sur le vecteur temporel de l’autre. Située à la frontière du plan verbal et du plan temporel, la substantivation de l’infinitif peut atteindre deux pôles: – le pôle extrême de la substantivation, où l’infinitif subit la déperdition de la dynamique propre au procès verbal, jusqu’à la réification dans les emplois les plus concrets, marqués par la pluralisation: il est alors pleinement un nom; – le pôle de l’abstraction, expression d’un procès en puissance à l’extrême point du dynamique. Soit en représentation: Substantivation «concrète» Infinitif pleinement substantivé Déperdition de la dynamique verbale

Substantivation «abstraite» / dynamique verbale

Infinitif

4. Comparaisons avec d’autres langues romanes Un dernier point mérite d’être souligné: l’écart persistant du français par rapport à d’autres langues romanes comme l’italien, l’espagnol et le portugais, dont les particularités d’emploi de l’infinitif substantivé ont été examinées par M. Gawełko à partir d’un vaste corpus de traductions espagnoles, portugaises et italiennes de six ouvrages d’auteurs français, anglais, latins, complété de chapitres d’un ouvrage portugais et de deux ouvrages polonais et de leurs traductions. Des langues comme l’italien et l’espagnol continuent à exploiter largement la substantivation de l’infinitif avec complément:

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– en postposant comme en ancien français les pronoms atones: 21a. American beauty: Perché andare a vederlo? (Site Google sous ce titre). 21b. Il vederla gli diede molta goia (Exemple de F. Kerleroux 1996: 74)

– en pouvant construire l’infinitif avec des compléments complexes en toutes positions: à la substantivation close et figée de l’infinitif sans complément du français s’oppose ainsi la substantivation ouverte et dynamique de la plupart des langues romanes, parmi lesquelles les langues ibériques, et particulièrement l’espagnol, qui semble offrir le maximum de possibilités (Buridant 1990: 155), comme l’illustrent les traductions comparées d’une même œuvre rassemblées et commentées par M. Wandruszka (Wandruszka 1969: 247sqq.): • par la très riche subordination qui peut suivre l’infinitif: 22. Para nada nos vale el apretar el paso al vernos sorprendidos en el medio de la llanura por la tormenta (C. J. Cela, La familia de Pascal Duarte)

• par la fréquence d’emplois du circonstanciel, de même qu’en portugais, en particulier dans le tour préposition + article + infinitif, qui tend à la lexicalisation (ex. allao cantar), et ce pour des raisons économiques, en évitant, comme le gérondif, l’emploi d’une proposition à verbe fini, cet emploi connaissant une diversité de sens plus grande en italien marquée par la palette plus large des prépositions et des verbes (Gaweŀko 624): 23a. Al despedirme, Emilio ni me miro (J. C. Hortelano, Tormenta de verano). 23b. Cuarto jovenes mueren en el acto al estrellarse contra un puente (TVE, mardi 19/09/2006, émission de la nuit). 23c. Passado um bocado, ao ver que nada acontecia, resolver ir imediatamente para o jardim; mas … coitadinha da pobre Alice! Ao cegar à porta viu que se tinha esquecido da chave de ouro (Alice no País das Maravilhas, Mem Martins, Publicaçaões Europa-America, 1998, 15, ex. de M. Gaweŀko 2004: 620)

• par l’exploitation particulière de la bivalence de l’infinitif substantivé, qui peut conserver un minimum de dynamique verbale lui permettant d’admettre, en même temps, toutes les caractéristiques verbales, dont les références à la personne 3: 24. Al llegar la camarera con mi whisky (Tormenta de verano) (A l’arrivée de la femme de chambre avec mon whisky)

L’italien connaît des possibilités à peu près comparables, pour ne considérer que l’emploi de l’infinitif avec article, palier décisif de la substantivation. La nature verbale de l’infinitif peut s’y effacer graduellement et l’intégration au système du substantif peut être particulièrement poussée, selon une progression dégagée dans ses grandes lignes par G. Skytte (Skytte 1983: 49sqq.). Au premier degré, la nature verbale de l’infinitif pourvu d’article est encore pleinement maintenue, repérable dans la présence d’un sujet (et d’un objet I éventuellement) et la possibilité d’une forme composée:

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25a. mi rallegro veramente dell’aver voi presa moglie («je me réjouis vraiment de l’avoir (du fait d’avoir) vous-même pris femme» = je suis vraiment ravi que vous vous soyez marié) 25b. l’avere egli scritto questa lettera («l’avoir (le fait d’avoir) lui-même écrit cette lettre» = le fait qu’il ait écrit cette lettre)

Ce type avec sujet était fréquent en ancien italien, mais il est devenu très rare dans la langue moderne, même écrite (Brambilla 1964). Avec l’exclusion du sujet, la nature verbale de l’infinitif n’est que partiellement éliminée quand l’infinitif régit l’objet I: il leggere buoni libri è utile e bello («Le lire de bons livres est utile et agréable», qu’on opposera à la lettura dei buoni libri («La lecture des bons livres»), la substantivation franchissant un palier supplémentaire quand l’infinitif se construit avec un objet II prépositionnel: il leggere di buoni libri è utile e bello («le lire des bons livres est utile et agréable»), et quand l’infinitif se construit avec n’importe quel type de déterminants: il / questo solo pensare al lavoro da fare; a questo stridere que face la chiave («le / ce seul ‹penser› du travail à faire; à ce ‹grincer› que fait la clé») et la possibilité pour l’infinitif de dépendre d’une préposition, le degré d’intégration maximum dans le système du substantif étant pleinement atteint lorsque la fonction verbale est totalement éliminée, l’infinitif admettant alors toutes les caractéristiques du syntagme nominal: un parlare schietto («un parler franc»). On peut remarquer aussi que l’italien, davantage encore que l’espagnol, a la possibilité de faire occuper la position de sujet de phrase par: – un infinitif dit «verbal»: il leggere tutti questi libri mi stanca («Le lire tous ces livres me fatigue»); – un infinitif dit nominal: il leggere di tutti questi libri gli a confuso le idee («le lire de tous ces livres lui a brouillé les idées»). Le français ne connaît dans cette position que: – la proposition avec infinitif / une phrase complétive équivalente: voir Pierre me ravit / que tu puisses venir demain me ravit; – la construction avec complément déterminatif largement répandue en français contemporain: le voir des hommes de la Renaissance. Les fonctions de l’infinitif substantivé sont aussi plus variées en italien, comme celles du complément de nom et d’adjectif (Gawełko 2004: 622): 26a. Excellence, malgré ma bonne volonté à obéir. Nonostantela mia buona volontà nell’obbedirle, chiedo… 26b. Il mettait une certaine ostentation à le lire dans des endroits publics. Ch’egli ci mettesse una certa ostentazione nel leggerlo nei luoghi pubblici. Cf. espagnol et portugais: Ponia cierta ostentacíon en leerlo en los sitios públicos.Ele punha até uma certa ostentação em o ler nos lugares públicos.

La tendance nominale est également plus forte en italien, où l’infinitif correspond assez souvent à un substantif espagnol ou portugais, comme le relève M. Gawełko (Gawełko 2004: 631):

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27a. as águas do lago que se agitavam com a ondulação do canavial (Alice no País das Maravilhas, Mem Martins, Publicaçaões Europa-America, 1998, 142). Cf. espagnol et italien: el chapoteo del estanque se debería al tremblor de las cañas que crecían en él / lo stagno si sarebbe increspato sotto l’ondeggiare dei giunchi. 27b. donde hubiesen detenido la circulación y cerrado los comercios para permitir el desenvolvimiento de una manifestación pública (La peste). Cf. espagnol et italien: para permitir a realização de uma manifestaçaõ pública / per consentire lo svolgersi d’una manifestazióne publica.

L’infinitif aurait ainsi gagné du terrain en substantivation, comme le suggère S. Vanvolsem (Vanvolsem 1983), sans compter, du côté de l’espace, la possibilité de dérivation de certains infinitifs substantivés, susceptibles eux-mêmes de pluralisation, comme dans ces exemples: 28. – mangiare  un mangiarino; un buon/bel/eccellente mangiarino; un mangiarino estivo; Hotel Umbria, Attigliano: Pizzeria: Il mangiarino (Sites Internet répertoriés par le moteur de recherche Google). Io sono un «buon gustaio»… e mi piace anche cucinare cose buone per me e per gli altri… E bello dare piacere alle persone care, anche solo con un buon «mangiare». (Cucina, Site Internet par Google) – manicare «manger», ancien infinitif  manicaretto «bon petit plat». – essere «être» > «être humain»  un esserino / esserini à partir de la substantivation de essere «petit être, presque insignifiant» (insecte, bébé, etc.). Questo è un esserino speciale come tutti gli esserini no! Piu speciale di tutti gli esserini. (Site Internet) – sedere  un sederino «petit postérieur», sederone «gros derrière». – cantare «chanter» > «composition musicale à chanter»  cantarino, au Moyen Age «chanteur à gages».

C’est dire in fine que si le français contemporain connaît un ensemble ouvert et très productif d’infinitifs substantivés par dérivation impropre, qui n’est en rien la continuation d’une substantivation médiévale atrophiée (Kerleroux 1996), mais bien une exploitation nouvelle de cette forme pour ses capacités d’abstraction et de dynamisme, cette exploitation est restreinte et sans argument, au regard d’autres langues romanes comme l’italien et l’espagnol, et le portugais dans une moindre mesure, qui conservent la rection de l’IS, pouvant mener d’autre part la nominalisation plus loin que ne le fait le français par la dérivation. L’exploitation de l’infinitif est donc beaucoup plus large dans ces deux langues romanes, tant sur le plan verbal que sur le plan nominal. Soit en représentation finale, illustrant le cas de l’italien:

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PLAN VERBAL Dérivation

PLAN NOMINAL Pluralisation

Complémentation verbale

italien français

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Patrizia Cordin

La selezione dell’ausiliare per i verbi con l’infinito in -si in alcune varietà settentrionali dell’italiano: un percorso dal XV secolo ad oggi

La selezione dell’ausiliare con i verbi riflessivi, pronominali e reciproci –qui denominati verbi con l’infinito in -si per descrivere una loro comune caratteristica morfologica– nelle varietà non standardizzate dell’italiano mostra numerose oscillazioni, a differenza di quanto succede nell’italiano standard, dove tutte le forme di questi verbi selezionano un unico ausiliare (essere).1 Nel presente contributo tratterò in particolare alcune varietà geografiche settentrionali parlate nella provincia di Trento, dove si incontrano dialetti veneti e dialetti lombardi, e mostrerò come ampie oscillazioni siano presenti sin dai documenti volgari più antichi. Il confronto sincronico evidenzia come principale elemento in gioco per la selezione dell’ausiliare la persona del verbo, mentre il confronto diacronico esteso all’italiano antico suggerisce che anche la sottoclasse specifica alla quale appartengono i diversi verbi in -si possa incidere sulla scelta dell’ausiliare. I dati in diacronia mostrano che l’estensione dell’ausiliare avere su essere, ben attestata nelle lingue romanze, con i verbi in -si viene a scontrarsi con una opposta tendenza, e tuttavia nelle varietà meno standardizzate, quali i dialetti trentini, il dominio di avere rimane più ampio che nell’italiano, a causa della resistenza che tali varietà oppongono ad alcuni processi di ristrutturazione verbale che contribuiscono alla perdita di autonomia dei singoli costituenti e che sono frequenti nell’italiano, ma molto meno nei dialetti considerati.

1. La selezione dell’ausiliare con i verbi in -si nei dialetti trentini odierni I dati relativi alla selezione degli ausiliari nei dialetti trentini oggi risultano piuttosto fortemente influenzati da alcune variabili, quali l’età dei parlanti e la loro provenienza geografica e sociale: più forte è la vicinanza al modello italiano e maggiori incertezze si notano nell’uso dell’ausiliare. Nonostante le oscillazioni che le variabili menzionate comportano, si registrano tuttavia alcune tendenze più evidenti, presenti nel dialetto di parlanti anziani di città, e riportate negli esempi di seguito illustrati, dove figurano le coniugazioni al tempo presente del modo indicativo per i verbi in -si, distinti in sette classi:2 ––––––– 1

2

Si registra uniformità nella scelta dell’ausiliare con questi verbi anche nelle altre lingue romanze, almeno nelle varietà standard. Secondo la proposta di Jezek 2003.

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1. verbi riflessivi diretti (lavarse ‹lavarsi›): me son lavada, te te sei lavada, la s’ha lavada, ne sem lavade, ve se’ lavade, le s’ha lavade;3 2. verbi riflessivi indiretti (torse la colpa ‹prendersi la colpa›): me son tolta la colpa, te te sei tolta la colpa, la s’ha tolt la colpa, ne sem tolte la colpa, ve se’ tolte la colpa, le s’ha tolt la colpa; 3. verbi intransitivi (vergognarse ‹vergognarsi›): me son vergognada, te te sei vergognada, la s’ha vergognada, ne sem vergognade, ve se’ vergognade, le s’ha vergognade; 4. verbi intransitivi con corrispondente transitivo che ha significato diverso (endromenzarse / endromenzar ‹addormentarsi / addormentare›): me son endromenzada, te te sei endromenzada, la s’ha endromenzada, ne sem endromenzade, ve se’ endromenzade, le s’ha endromenzade; 5. verbi intransitivi con corrispondente transitivo che ha significato simile (desmentegarse / desmentegar ‹dimenticarsi / dimenticare›): me son desmentegada, te te sei desmentegada, la s’ha desmentgada, ne sem desmentegade, ve se’ desmentegade, le s’ha desmentegade; 6. verbi reciproci diretti (sposarse ‹sposarsi›): ne sem sposadi, ve se’ sposadi, i s’ha sposadi; 7. verbi reciproci indiretti (contarse i segreti ‹raccontarsi i segreti›): ne sem contade i nossi segreti, ve se’ contade i vossi segreti, le s’ha contà i so segreti;

In sintesi, al di là di alcune incertezze espresse da singoli parlanti, che evidenziano una situazione dinamica di cambiamento in atto, i dati risultano piuttosto omogenei per quanto riguarda le diverse sottoclassi dei verbi riflessivi / pronominali: come in italiano, infatti, la tendenza generale privilegia la scelta dell’ausiliare essere.4 Diversamente dall’italiano, però, si comportano le forme della terza persona singolare e della terza persona plurale, che richiedono sistematicamente l’ausiliare avere.5 Le possibili motivazioni che determinano una selezione dell’ausiliare diversa a seconda della persona saranno esaminate nel §3.

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I verbi sono qui coniugati al femminile per dare maggiore evidenza alla presenza o meno dell’accordo con il participio. A questo proposito, osserviamo che il participio mostra l’accordo anche dopo l’ausiliare avere, tranne nei casi in cui il clitico è oggetto indiretto. Con il si soggetto impersonale, invece, l’ausiliare dipende dal verbo: troviamo avere con i verbi che normalmente lo richiedono (se ha finì de laorar ‹si è finito di lavorare›) ed essere con i verbi che normalmente selezionano tale ausiliare (se è corèst da na banda a n’altra ‹si è corsi da una parte all’altra›). Si osserva, tuttavia, che la costruzione con il si impersonale ha un uso estremamente ridotto nei dialetti in esame. Il confronto con altri dialetti italiani evidenzia una grande variabilità nella selezione dell’ausiliare, che pare dipendere soprattutto dalla classe specifica cui appartiene il verbo in -si, e dalla persona del soggetto, e più marginalmente anche dal modo del verbo. In sintesi, si hanno dialetti con ausiliare unico essere (dialetti engadinesi, dialetti della val Bregaglia, terracinese moderno); dialetti con ausiliare unico avere (varietà francoprovenzali, lucane); dialetti con ausiliare misto con selezione determinata dalla persona (dialetti trentini, dialetti del Lazio meridionale); dialetti con ausiliare misto con selezione determinata dalla classe verbale (dialetti sardi dove avere è selezionato come ausiliare per i riflessivi con oggetto indiretto, dialetti romanci). Dati specifici per illustrare tale variabilità si trovano in Cennamo 2001; Cennamo / Sorace (in stampa); Giammarco 1973; La Fauci 1989; Ledgeway 2003; Loporcaro 2001; Manzini / Savoia 2005; Rohlfs 1969; Tuttle 1986.

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2. Sondaggi su antichi documenti in volgare Per sviluppare il confronto diacronico e verificare quali principali mutamenti nella richiesta dell’ausiliare con i verbi in esame si sono verificati nel tempo, sono stati scelti alcuni documenti in volgare dal XV secolo (che segna gli inizi della produzione in volgare nel Trentino) al XIX secolo. Si tratta di quattro documenti editi, sui quali sono stati condotti alcuni primi sondaggi, senza pretesa di uno spoglio sistematico. In particolare sono stati esaminati: una frottola di anonimo sulla sollevazione di Trento del 1435 (edita da Papaleoni 1889), un volgarizzamento anonimo di una commedia composta in latino del 1482 (la Catinia nell’edizione di Padoan 1969), la trascrizione di un processo alle streghe della valle di Non dei primi anni del Seicento (edita da Bertagnolli 1914), e infine la versione nel dialetto trentino di Rovereto della parabola del figliol prodigo, raccolta verso la metà del XIX secolo (pubblicata da Raffaelli 1986). Di seguito sono elencati alcuni esempi attestati nei testi menzionati, dove verbi in -si compaiono con il loro ausiliare.6 Frottola 93-94

Li s’han tirato rogna / paramixina a dosso Si hanno tirato addosso rogna paramixina 175-176 Io credo che el s’ha oferto / a lo inimico umano Credo che si ha offerto al nemico dell’uomo 319-320 Po che el s’è aparentato / con queli de Castelbarco Dopo che si è imparentato con quelli di Castelbarco 818-819 E sì me son pentito / se arquanto azo falito E così mi sono pentito se alquanto ho fallito

Catinia I. I IV. IV. V.

El pareva che de sì e del suo cargo el se avese desmentegado: imo el se avea dementegado Pareva che di sé e del suo carico si avesse dimenticato: infatti si aveva dimenticato E me ho acorto deli toi ingani, e sì me ne ho acorto perché te conosco Mi ho accorto dei tuoi inganni, e così me ne ho accorto perché ti conosco sì non credo che me abia dementegado così non credo che mi abbia dimenticato del qual me abia dementegado del quale mi abbia dimenticato cadaun se a appellado philosopho ciascuno si ha chiamato filosofo

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Nei riferimenti agli esempi riportati si indicano i versi per la frottola, le scene per la Catinia, le pagine dell’edizione Bertagnolli per la trascrizione dei processi. La versione volgare è seguita dalla traduzione letterale in italiano, dove mantengo l’ausiliare originale del testo. Non riporto invece in italiano il clitico per i soggetti pronominali di terza persona singolare e plurale, che nel dialetto lo richiedono sempre.

294 VI.

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Io credo niuno de voi haverse desmentegado, a que modo de sopra da mi e sta ditto Io credo nessuno di voi aversi dimenticato al modo che di sopra da me è stato detto

Processi - Ms 618, p. 305 M’erano tratenute per il d.° tempo le purgationi solite per otto mesi et più Mi (s’) erano fermate per il detto tempo le solite mestruazioni per otto mesi e più S’erano fatto tutte le preparationi S’erano fatto tutte le preparazioni M’ero anco confessata et comunicata Mi ero anche confessata e comunicata M’ho sempre governata bene mentre fui grossa Mi ho sempre comportata bene mentre fui incinta Ne so mai d’essermi discomodata in cosa alcuna che m’havesse potutto far disperdere, non che morir la creatura nel ventre, come se m’è smarita e persa Né so di essermi mai messa a rischio in cosa alcuna che mi avesse potuto far perdere, non che morire la creatura nel ventre, come mi si è smarrita e persa

Figliol prodigo chive el sa mes a far el malguerno qui si ha messo a vivere male el s’ha mes en viaz si ha messo in viaggio ‘l s’ha ‘nrabbià si ha arrabbiato ‘l credeva che ‘l se fuss pers e za mort Credeva che si fosse perso e già morto

In sintesi, pur con la cautela suggerita dalla diversa tipologia dei documenti considerati, dall’influsso (più o meno evidente) che l’italiano esercita su tali scritture, e dal numero limitato di esempi pertinenti, si può affermare che nei testi volgari dei secoli scorsi avere ed essere come ausiliari dei verbi in -si alternano liberamente nell’uso: entrambi compaiono con tutte le sottoclassi verbali in -si (verbi transitivi, intransitivi, reciproci), nella prima persona singolare e nella terza persona singolare e plurale del verbo (le uniche in cui sono coniugati i verbi in esame nei documenti riportati). Come nei testi in volgare di area trentina, l’uso di avere con i verbi in -si, accanto all’uso dell’ausiliare essere, risulta ampiamente attestato anche in testi toscani antichi, dai quali di seguito si riportano alcuni esempi:7

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Citati in Rohlfs (1969: 124). Avere appare come ausiliare con i verbi riflessivi sino al XVII secolo. Ancora Rohlfs (1969: 124) riporta a questo proposito gli esempi: s’ha sgretolato (Pulci), Egli s’avea portato la sera un uovo al letto (Doni).

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S’aveano longamente amato (Novellino) Io m’hoe posto in cuore di così fare (Novellino) che si era posto in cuore di provarsi (Novellino) M’ho posto in cuore (Decameron) Io pensato m’aggio (Tesoretto) Masino s’aveva molto difeso (Sermini)

3. Il ruolo della persona e della classe verbale I dati raccolti in sincronia e in diacronia suggeriscono che a incidere sulla selezione dell’ausiliare entra sicuramente in gioco la persona del soggetto, e lasciano aperta la possibilità che un certo ruolo possa essere svolto anche dalla specifica classe verbale cui appartiene il verbo in -si. Sulla prima causa dell’oscillazione, cioè la diversa persona del verbo, sono state proposte alcune ipotesi. In particolare, nei dialetti in esame si osserva una distinzione piuttosto netta: da una parte troviamo la prima e la seconda persona, che vogliono l’ausiliare essere, e dall’altra la terza persona, che richiede l’ausiliare avere.8 Tuttle 1986, commentando una simile opposizione presente in un dialetto in provincia di Novara, motiva la richiesta dell’ausiliare avere in presenza di una terza persona del verbo richiamando la animacy hypothesis o empathy hierarchy, che propone una scalarità pragmatica tra le diverse forme nominali / pronominali, distinguendo la persona del parlante (prima persona) e quella dell’ascoltatore (seconda persona) come maggiormente empatiche.9 Conformemente a tale distinzione pragmatica, secondo Tuttle la prima e la seconda persona dei riflessivi avrebbero un maggior grado di agentività e di empatia rispetto alla terza persona e riceverebbero perciò nei dialetti considerati una lettura media con la quale è richiesto l’ausiliare essere.10 Di origine fono-morfologica è invece la proposta che presentano Bentley / Eythórsson 2001, i quali affermano che il ricorso all’ausiliare essere, frequente nelle varietà dialettali italiane per la seconda persona di verbi che richiedono normalmente avere, altro non è che una marca per segnalare la distinzione tra due persone (la seconda e la terza), molto simili nella coniugazione del verbo avere stesso.11 Notiamo, tuttavia, a questo proposito che per ––––––– 8

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La situazione non sempre ricalca questa opposizione ed è molto variabile in altri dialetti italiani secondo i dati presentati da Manzini / Savoia 2005, sebbene la distinzione tra la terza persona e le altre si riscontri nel maggior numero di casi. Cf. Comrie 1983. «One might surmise that the parameters of agentivity and empathy are more vividly engaged in the 1st and 2nd persons which were thus more apt or suited for frequent expression by a middle-voice construction» (Tuttle 1986: 278). Gli autori portano come esempio il verbo avere nelle prime tre persone dell’indicativo presente dei dialetti abruzzesi, dove essere è entrato come ausiliare della seconda persona e in alcune varietà sia della prima che della seconda persona.

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quanto riguarda i dialetti trentini non esiste alcuna somiglianza tra seconda e terza persona (né nel verbo essere né nel verbo avere) che possa giustificare il passaggio ad un altro ausiliare; le varietà trentine portano inoltre una chiara marca che distingue tra la seconda e la terza persona nel clitico soggetto obbligatorio.12 Una spiegazione sintattica è infine presentata da Manzini / Savoia 2005 come conseguenza di differenze pragmatiche tra le diverse persone del verbo: per i due autori infatti i soggetti di prima e di seconda persona (con ancoraggio all’universo del discorso) occuperebbero una diversa posizione nella struttura della frase, più alta rispetto alla terza persona (con ancoraggio all’evento), che risulta strutturalmente più bassa e più strettamente connessa al verbo stesso (cf. Manzini / Savoia 2005: 729-731). Una rielaborazione delle ipotesi presentate da Tuttle 1986 e più recentemente da Manzini / Savoia 2005 ci permette di spiegare le differenze di persona (almeno per i verbi in -si) presenti nelle varietà trentine: si può supporre infatti che un’interpretazione mediale (che seleziona il verbo essere) sia assegnata alle forme del verbo riflessivo / pronominale con soggetto di prima o di seconda persona, in ragione del fatto che per le prime due persone si ha nell’universo del discorso un’identificazione tra soggetto e oggetto (e dunque un’identità presupposta). Con la terza persona, invece, tale identificazione richiederebbe un’operazione apposita di riconoscimento di identità (identità asserita), essendo soggetto e oggetto non ancorati all’universo del discorso, ma alla situazione dell’evento. In questo modo i verbi in -si alla terza persona sarebbero più simili ai verbi transitivi, e come questi richiederebbero la selezione dell’ausiliare avere. Anche per quanto riguarda la seconda possibile causa di oscillazione (la diversa sottoclasse verbale) sono state avanzate alcune ipotesi che spiegano l’alternanza degli ausiliari avere ed essere sulla base delle diverse funzioni dei verbi in -si (nella letteratura chiamati più frequentemente verbi riflessivi). Vincent (1982: 94) osserva che l’oscillazione è determinata dall’ambivalenza nell’uso di questi verbi, che possono essere sia mediopassivi che transitivi. Secondo lo studioso la scelta dell’ausiliare essere, che si afferma nell’italiano moderno, sarebbe determinata dalla preponderanza statistica della funzione medio passiva su quella transitiva. Anche Tuttle (1986: 265-266) rileva a proposito dei verbi in -si una «intersection of two conflicting currents» e nota che in italiano antico avere entra come ausiliare nel dominio di essere prima con i riflessivi diretti, poi con i riflessivi di interesse, quindi con i riflessivi intransitivi. Al fine di riconoscere le eventuali sottoclassi dei verbi in -si che favoriscono la selezione dell’ausiliare avere, è opportuno indicare i criteri che ci permettono l’identificazione: riconosciamo pertinenti la frequenza dell’ausiliare in una classe verbale specifica, la sua comparsa precoce in quella sottoclasse e infine la sua permanenza nel tempo. Sulla base di questi elementi, possiamo affermare che nell’italiano antico avere compare per primo, è registrato in testi più tardi (sino al XVI secolo) e ha frequenza più alta come ausiliare dei verbi con il clitico come oggetto indiretto. Gli stessi criteri non offrono purtroppo risposte chiare se applicati ai testi trentini, a causa della limitatezza delle fonti. Solo un’indagine estensiva sui primi testi (comunque datati non prima della fine del Trecento) potrebbe confermare l’ipotesi proposta per l’italiano. Per ––––––– 12

Come mostrano gli esempi di seguito riportati: Ti te sei nà via ‹tu sei andato via›. El Mario l’è nà a scola ‹Mario è andato a scuola›. Ti te hai lezù el libro ‹tu hai letto il libro›. El Mario l’ha lezù el libro ‹Mario ha letto il libro›.

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i dati relativi ai dialetti odierni in area trentina, abbiamo già notato che l’opposizione di sottoclasse non pare giocare un ruolo di rilievo nella selezione dell’ausiliare con i verbi in -si.13

4. La direzione del percorso evolutivo In numerosi studi sugli ausiliari nelle lingue romanze è stata osservata una tendenza generale all’espansione del dominio di avere (avoir, haber, ...) sul dominio di essere (être, ser, ...).14 Vincent 1982 documenta tale passaggio nella storia del francese, dello spagnolo, nel francese canadese, in varietà di francese regionale e popolare.15 Per l’italiano Serianni (1989: 393) nota: «si può rilevare una tendenza che opera nell’italiano contemporaneo: una lenta espansione di avere ai danni di essere».16 Anche nel quadro della Auxiliary Selection Hypothesis, basata su un’interpretazione scalare del concetto di inaccusatività (cf. Sorace 2000), si evidenzia e si motiva l’espansione dell’ausiliare avere in italiano e in altre varietà romanze, principalmente nei dialetti italiani, soprattutto nella periferia dei verbi inaccusativi.17 Negli studi menzionati tuttavia la selezione dell’ausiliare con i verbi in -si è trattata all’interno di una classificazione dei verbi molto più ampia e non riceve un’attenzione specifica. È utile perciò sintetizzare in alcuni passaggi chiave l’evoluzione che dal latino all’italiano moderno ha portato questa classe di verbi alla selezione dell’ausiliare essere. Il latino presenta per i verbi medi e deponenti (dai quali i verbi in -si discendono) l’ausiliare esse. Essere rimane come ausiliare dei verbi in -si anche nell’italiano antico, dove però sino al XVII secolo alterna con avere, soprattutto in alcune sottoclassi di riflessivi (diretti, indiretti e di interesse), che mantengono evidente la transitività del verbo. L’oscillazione è in seguito cancellata da una regola (dipendente da un tratto morfologico, secondo Bentley / Eythórsson 2003: 467) che sostituisce essere ad avere in tutti i verbi con morfema -si. Il passaggio dell’ausiliare da avere ad essere con i verbi in -si è segnalato anche in Rizzi (1982: 44, nota 22), dove è avvicinato ad altri casi di analoga sostituzione di ausiliare. In particolare, oltre che nei verbi riflessivi, Rizzi osserva che l’ausiliare essere subentra ad avere in italiano con i verbi che hanno come soggetto un si impersonale (la gente ha ––––––– 13

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Sembra invece che l’opposizione tra verbi con un riflessivo indiretto (che richiedono l’ausiliare avere) e altre classi di verbi con il -si (che richiedono l’ausiliare essere) valga almeno in alcune varietà del sardo (cf. Loporcaro 2001: 464-468). Non solo le lingue romanze, ma più in generale le lingue europee mostrano una penetrazione di avere nel dominio di essere. Un dato interessante citato da Vincent 1982 riguarda in particolare varietà francesi parlate in Canada dai bambini francofoni: in conformità con la maggior parte dei verbi, anche con i verbi riflessivi i bambini tendono ad usare avoir (25-46% dei casi risultanti da interviste). Serianni si riferisce in particolare a verbi come servire, vivere, sgusciare, e ai verbi meteorologici. Cf. Bentley / Eythórsson 2003; Cennamo 2001; Cennamo / Sorace (in stampa).

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festeggiato in piazza > si è festeggiato in piazza) e con i verbi modali seguiti da inaccusativo (ha voluto andare > è voluto andare). Il collegamento tra i tre casi di sostituzione di ausiliare suggerisce che il passaggio ad essere possa essere determinato in italiano da una regola di ristrutturazione, che comporterebbe la perdita di autonomia di singoli costituenti (in un caso la ristrutturazione si applica al ‹verbo + clitico›, in un altro al ‹si soggetto + verbo›, infine al ‹verbo modale + verbo›), e che impedirebbe l’assegnazione dell’ausiliare originariamente richiesto. Confrontando la situazione nei dialetti in esame con quanto ora osservato per l’italiano, notiamo rispetto ai casi considerati alcune importanti differenze: innanzitutto i verbi con morfema si mantengono avere alla terza persona; inoltre i verbi con soggetto impersonale si mantengono avere se il verbo lo richiede; infine i verbi modali selezionano l’ausiliare avere indipendentemente dal verbo. Il confronto evidenzia come l’autonomia dei singoli costituenti sia maggiore nelle varietà trentine, che oppongono una certa resistenza alla regola di ristrutturazione: mantengono infatti un’interpretazione autonoma sia il soggetto impersonale che il verbo modale.18 Con i verbi in -si l’interpretazione «analitica», che permette la lettura transitiva del verbo, è limitata alla terza persona, mentre scompare con la prima e la seconda persona. Tale limitazione è però coerente con il fatto che solo il clitico di terza persona (ancorato al discorso) richiede una distinzione tra soggetto e oggetto.

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––––––– 18

A conferma dell’ipotesi proposta, si nota che una forte tendenza alle costruzioni analitiche agisce negli stessi dialetti in altri casi oltre a quelli qui considerati; in particolare si osserva l’assenza di risalita del clitico con i verbi modali, la diffusa presenza di verbi analitici, l’espressione del caso indiretto dei pronomi relativi mediante ‹che + clitico›.

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Renata Enghels / Clara Vanderschueren

La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués

1. Introducción: la construcción con infinitivo en las lenguas románicas La construcción con infinitivo (CI) SN1 + verbo de percepción (VP) + SN2 + infinitivo expresa generalmente un acto de percepción directa de un evento por un perceptor (SN1). El evento percibido incluye un segundo participante –el participante subordinado o percibido SN2– responsable del proceso representado por el infinitivo. Se trata de construcciones del tipo siguiente: (1) Doce días tremendos, de preso en capilla, esperando el momento terrible; esperando [ver]VP [entrar]Inf [a un doctor joven y atrevido que le diría, sencillamente: «Vamos»]SN2. (SOL)

La función sintáctica del participante subordinado SN2 sigue siendo motivo de discusión: ciertos autores lo analizan como objeto directo (OD) del verbo de percepción, otros como sujeto del infinitivo. Efectivamente, el SN2 desempeña a menudo el papel semántico de fuente de energía del proceso expresado por el infinitivo y puede considerarse por tanto como el sujeto semántico de éste. Sin embargo, las marcas sintácticas del participante subordinado no siempre permiten confirmar este diagnóstico.1 Tres fenómenos sintácticos han sido nombrados en la literatura como indicadores formales de las funciones gramaticales (cf. Givón 2001: cap. 4), a saber (1) la concordancia o no entre un SN y el predicado, (2) su marca casual y (3) su posición. Cuanto más propiedades sintácticas manifiesta un constituyente, más se acerca a determinada función gramatical. En general, el sujeto concuerda con el predicado principal, contrariamente al OD y al OI. En cuanto a las marcas casuales, el nominativo se asocia con la función sujeto, el acusativo corresponde al OD y el dativo al OI. Finalmente, el orden de palabras prototípico de las lenguas románicas es SVO, con un sujeto situado al inicio de la frase –o por lo menos antepuesto al verbo– y los objetos pospuestos. Ahora bien, en español no hay concordancia entre el infinitivo y el SN2, ya que el infinitivo es uno de los modos no personales del verbo. Además, el SN2 recibe las marcas del caso acusativo o dativo y no del nominativo. No obstante, un estudio anterior de las marcas sintácticas del SN2 en español (Enghels 2007a; 2007b) demostró que la función del ––––––– 1

Para tener un panorama más amplio de los argumentos que han sido propuestos a favor de ambas hipótesis, cf. Enghels (2007a: 137-156).

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SN2 varía y depende en gran medida de las propiedades semántico-cognitivas de los constituyentes principales de la construcción. Así, los VVPvisual –de tipo ver y mirar– marcan el SN2 prototípicamente como el OD del VP, posponiéndolo al infinitivo y atribuyéndole el caso acusativo. Al revés, los VVPauditiva marcan el SN2 más bien como sujeto del infinitivo, anteponiéndolo a éste y confiriéndole el caso dativo.2 Por falta de flexión del infinitivo en español, el argumento de la concordancia no permite comprobar las correlaciones establecidas. En cambio, en portugués la situación se revela más compleja por la existencia del infinitivo flexionado, que sí establece concordancia con el SN2. El objetivo del estudio actual, que se basa esencialmente en un análisis empírico, es doble: (a) examinar si en portugués, como en español, se nota una correlación entre la posición del participante subordinado, sus marcas casuales y las características cognitivo-semánticas de los constituyentes principales de la construcción (2-3); (b) estudiar en qué contextos se establece la concordancia entre el SN2 y el infinitivo y comprobar si la concordancia puede considerarse como un indicio fiable de la función semántica del participante subordinado (4).

2. La posición sintáctica del participante subordinado3 Una comparación de la posición sintáctica del participante subordinado en ambas lenguas proporciona los resultados siguientes:

español portugués

SN2 preverbal # % 479 25,6% 638 83,5%

SN2 posverbal # % 1395 74,4% 126 16,5% cuadro 1

total # % 1874 100% 764 100%

Lo que inmediatamente llama la atención es el comportamiento completamente opuesto del SN2 en ambas lenguas: en español se pone detrás del infinitivo en la mayoría de los ––––––– 2

3

Al analizar un SN2 como acusativo o dativo nos basamos en lo tangible: un participante se marca como dativo cuando es introducido por la preposición a (en el caso de los SSNN) o aparece en la forma pronominal dativa. Partimos de la idea de que las marcas dativas, incluso en los casos de leísmo y del acusativo preposicional, señalan la agentividad del participante (para una explicación más detallada, cf. Enghels 2007a: 255-256). A fin de realizar los objetivos antedichos, hemos compuesto un corpus representativo del español y del portugués moderno, en particular del lenguaje narrativo escrito, literario y periodístico. El corpus español contiene 1874 frases ilustrativas provenientes de las bases de datos electrónicas CREA, CDE y SOL. El corpus portugués es algo más reducido y contiene 764 CCII, sacadas del periódico O Público (CETEMPúblico), de la novela A costa dos murmúrios (Lídia Jorge) y de la base de datos electrónica PALOP. Cf. también la bibliografía.

La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués

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casos (74,4%), mientras que el portugués prefiere claramente la anteposición del participante subordinado (83,5%). Los ejemplos siguientes ilustran estas tendencias prototípicas: (2) Ella sentada cerca, con el rostro hermoso graciosamente apoyado en las manos, en actitud de damita fina que ve trabajar a un esclavo, me contemplaba. (CREA) (3) É com orgulho que vejo Angola ser o primeiro país do continente africano onde se processam eleições orientadas por conceitos políticos e não meramente tribais. (PUB 1992)

Por consiguiente, el portugués resulta más fiel al orden de palabras canónico SVO. En este sentido, la concepción del SN2 como sujeto del infinitivo favorece su anteposición al infinitivo. Un estudio anterior (Enghels 2007a: 208) ha mostrado que en español el grado de dinamicidad del complemento infinitivo subordinado (Cinf) determina en gran medida el orden de las palabras en la CI. En los párrafos siguientes examinamos en qué medida este parámetro se destaca también en portugués. Al establecer una correlación entre la dinamicidad del SN24 y su posición sintáctica, obtenemos los siguientes datos estadísticos:

HUM ANIM INAN DIN INAN NO DIN ABSTR total

prev posv # % # % 468 91,4% 44 8,6% 15 88,2% 2 11,8% 48 78,6% 13 21,4% 64 67,4% 31 32,6% 43 54,4% 36 45,6% 638 83,5% 126 16,5% cuadro 2

total # % 512 100% 17 100% 61 100% 95 100% 79 100% 764 100%

Estos datos nos hacen observar que, al igual que en español, se establece una jerarquía de los tipos de SN2, relacionada con su tendencia a anteponerse al infinitivo: HUM > ANIM > INAN DIN > INAN NO DIN > ABSTR. Compárense las frases siguientes con un SN2 HUM (4) e INAN NO DIN (5): (4) Eu vejo alguns treinadores tirarem um ‹lateral› e meterem um médio, [...]? (PUB 1992) (5) Tal como os grandes senhores tradicionais que preferem ver desmoronar consigo a sua obra a deixá-la subverter nas mão [sic] de outrem, [...]. (PUB 1998)

––––––– 4

El participante subordinado se considera como dinámico cuando causa un cambio de estado físico o mental, expresado por el infinitivo. Participantes humanos (HUM) y animados (ANIM) se definen como potencialmente dinámicos, mientras que los inanimados (INAN) y los abstractos (ABSTR) generalmente no lo son. Sin embargo, dentro del grupo de los inanimados se destaca también un grupo de entidades auto-controladores capaces de cambiar un estado establecido. Se trata por ejemplo de elementos naturales como el viento, de vehículos como el coche y de vegetales.

304

Renata Enghels / Clara Vanderschueren

El segundo factor que influye en la posición del SN2, es la naturaleza semántica del infinitivo.5 Así, conforme al análisis anterior del corpus español (Enghels 2007a: 221) los infinitivos INAC –de carácter poco dinámico– inclinan a combinarse con SSNN2 pospuestos, mientras que los INERG y los TR –que son más dinámicos– prefieren un participante subordinado antepuesto. En portugués se observan claramente las mismas tendencias:

TR INERG INAC total

prev # % 382 94,1% 127 87,0% 129 60,8% 638 83,5%

posv #

% 24 5,9% 19 13,0% 83 39,2% 126 16,5% cuadro 3

total # % 406 100% 146 100% 212 100% 764 100%

Ya sabemos que en portugués la anteposición del SN2 predomina, pero según lo muestran los datos, la posición depende en parte de la dinamicidad del infinitivo: cuanto menos dinámico el infinitivo que lo acompaña, más posibilidad tiene el SN2 de posponerse. De la tabla se deduce efectivamente una jerarquía decreciente de INAC (39,2%) > INERG (13,0%) > TR (5,9%) similar a la del español. Veamos algunas frases ilustrativas de un SN2 pospuesto a un infinitivo INAC (6) y de un SN2 antepuesto a un infinitivo INERG (7) o TR (8): (6) Eu ainda estou à espera de ver passar os que «ultrapassaram» Homero, que é mais antigo, sobre cego e trôpego. (PUB 1995) (7) Estou a ouvir o noivo rir. (JOR: 48) (8) Eu agora queria era ouvir Nhá Rosa Calita contar uma história só para Chiquinho ir dormir sonhando com a filha de rei que o está a esperar. (PALOP)

Del análisis precedente podemos concluir provisionalmente que el portugués se caracteriza por una casi gramaticalización de la anteposición del SN2, marca prototípica de la función sujeto, mientras que un orden más libre y la posposición del SN2 son más frecuentes en español. Sin embargo, además de estas diferencias fundamentales, se nota en ambas lenguas un impacto similar del grado de dinamicidad del Cinf. ––––––– 5

Efectivamente, los infinitivos representan diferentes tipos de procesos que se clasifican según su grado de transferencia de energía (cf. Enghels 2007a: 209-219). Los infinitivos transitivos (TR), de tipo comer, implican un alto grado de transferencia de energía entre dos participantes, a saber el agente/sujeto y el paciente/objeto. Dentro del grupo de los intransitivos distinguimos los llamados inergativos (INERG) de tipo bailar y los llamados inacusativos (INAC) de tipo caer. Aquéllos representan una emisión de energía por parte de un participante dinámico, mientras que éstos implican una recepción de energía por un participante poco dinámico. Por consiguiente, en función de su grado de dinamicidad, los infinitivos se clasifican de la manera siguiente: TR > INERG > INAC.

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La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués

Antes de pasar al estudio de las demás marcas sintácticas del participante subordinado surge todavía otra pregunta: ¿se nota en portugués, como en español, una correlación entre la modalidad de percepción del verbo principal y la posición del SN subordinado? La tabla 4 muestra que esto es efectivamente el caso. Para ambas modalidades domina la anteposición, pero el porcentaje de casos con un SN2 pospuesto es más alto con los VVPvisual ver y olhar (25,8%) que con los VVPauditiva ouvir y escutar (6,9%): prev VPvisual VPauditiva

# 288 350

% 74,2% 93,1%

posv # % 100 25,8% 26 6,9% cuadro 4

total # 388 376

% 100% 100%

La hipótesis que hemos avanzado anteriormente para explicar esta diferencia sintáctica entre ambos tipos de VVP se basa en argumentos semántico-cognitivos. Para que la percepción auditiva se realice, los estímulos tienen que producir ruidos, mientras que para que la percepción visual suceda, basta que el estímulo esté presente en el campo visual del perceptor. Dicho de otro modo, los estímulos de la percepción auditiva son necesariamente dinámicos –humanos, animados o inanimados dinámicos– e implicados en eventos dinámicos –con infinitivos de tipo transitivo o inergativo– mientras que los estímulos de la percepción visual son dinámicos o no. En portugués, los VVPauditiva seleccionan efectivamente más frecuentemente constituyentes con un alto grado de dinamicidad como demuestra el cuadro siguiente:

VPvisual VPauditiva

SN2 DIN # % 234 60,3% 356 94,7%

SN2 NO DIN # % 154 39,7% 20 5,3%

total # % 388 100% 376 100% cuadro 5

Inf DIN # % 157 40,5% 351 93,4%

Inf NO DIN # % 231 59,5% 25 6,6%

De este modo los VVPauditiva se construyen más frecuentemente con constituyentes que, por su alto grado de dinamicidad, seleccionan prototípicamente SSNN2 antepuestos mientras que los VVPvisual pueden seleccionar también constituyentes menos dinámicos, que a su vez causan más naturalmente la posposición del SN2.

3. El caso del participante subordinado Ya sabemos que en español los mismos factores semánticos parecen determinar el caso del participante subordinado (cf. Enghels 2007b). Los SSNN2 dinámicos, acompañados de infinitivos TR e INERG reciben más frecuentemente las marcas del dativo –representadas por casos de leísmo y por el acusativo preposicional– que los SSNN2 no dinámicos, eventualmente seguidos por infinitivos INAC. Así la inclinación de los VVPauditiva a los CCinf dinámicos explica el número más alto de SSNN2 pronominalizados por le o precedidos de la preposición a en comparación con los SSNN2 subordinados a los VVPvisual.

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Además, ya que las marcas del dativo han sido identificadas como marcas de un grado de agentividad más alta, concluimos que los participantes subordinados a los VVPauditiva se marcan también más frecuentemente como sujeto del infinitivo que los participantes subordinados a los VVPvisual. En portugués la situación resulta muy diferente. En primer lugar, esta lengua no marca el OD como lo hace el español. Dicho de otro modo, prácticamente no hay factores de subjetividad potencial que llevan al uso de la marca preposicional ante el OD. En cambio, los pronombres sí tienen marcas de caso, pero el fenómeno del leísmo –o sea el uso del pronombre le para sustituir a un OD en determinados contextos– se observa muy raramente en la lengua escrita. Por consiguiente, en portugués las marcas del dativo son verdaderas marcas del OI y no del OD que por su alto grado de dinamicidad se comporta como sujeto. Sin embargo, en el corpus portugués se presentan tres situaciones llamativas en cuanto a la marca casual. En primer lugar, encontramos 5 CCII que contienen un SN2 precedido de la preposición dativa a. Se trata de ejemplos como: (9) Sempre ouvimos dizer ao sr. Silva Marques que poderíamos ficar descansados que nunca alguém nos tiraria o campo […]. (PUB 1993)

Nótese que todos los casos observados se caracterizan por la presencia de la colocación ouvir dizer y un SN2 humano pospuesto. La preposición a es una verdadera marca de la función de OI e introduce el objeto fuente de la actividad. Ouvir dizer es en realidad una colocación que forma un verbo compuesto de tipo dicendi, que por consiguiente entra en el esquema trivalente de los verbos de decir, a saber ouvir dizer uma coisa a alguém. Sabemos que en español, el uso de la preposición a detrás de esta colocación es casi obligatoria.6 En segundo lugar, en cuanto al caso de los pronombres portugueses, el corpus contiene solamente un ejemplo con un SN2 dativo: (10) [...], a TVI entrevistou o primeiro-ministro Cavaco Silva e foi com agrado que se lhe ouviu afirmar que está na mão do médico a decisão de requisitar ou não exames complementares de diagnóstico que ficam muito caros. (PUB 1994)

En esta CI, el dativo ocurre otra vez en el dominio de un VPauditiva + Infdicendi, lo que sugiere que el participante representado por lhe –o primeiro-ministro Cavaco Silva– se conceptualiza como la fuente de la información obtenida. Excepción hecha de dos casos, los demás ejemplos de nuestro corpus contienen un SN2 pronominalizado por una forma del acusativo. Efectivamente, varios autores (pej. Maurer 1968) señalan que el caso del pronombre SN2 es más frecuentemente acusativo que dativo o nominativo. Este fenómeno puede explicarse por el marcado de caso excepcional:7 el sujeto del complemento subordinado recibe el caso (acusativo) del VP principal porque el verbo subordinado, el infinitivo, es incapaz de asignarles caso (nominativo) a sus complementos. ––––––– 6 7

cf. Enghels (2007a: 247-250). cf. La definición de Di Tullio (1998: 201): «El verbo selecciona temáticamente la cláusula pero le asigna caso a su sujeto […]».

La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués

307

No obstante, dos ejemplos de nuestro corpus muestran que el caso nominativo no se excluye: (11) Você tem a certeza de que não ouviu antes ela dizer mentira, mentira, não tens demasiadas horas de voo? (JOR: 116) (12) Juro, ouvi várias vezes ela dizer exactamente como já reproduzi - nem mais uma palavra nem menos uma palavra. (JOR: 117)

Obsérvese que en ambos ejemplos –citados además por el mismo autor– se trata otra vez del VPauditiva ouvir, del infinitivodicendi dizer y de un SN2 humano. De este modo, la marca nominativa, junto con el verbo transitivo (dinámico) declarativo, subraya la agentividad del participante subordinado. Los elementos de la colocación ouvir dizer se separan por la anteposición al infinitivo del pronombre nominativo, posición prototípica del sujeto. Aun así, como ya se anunció en la introducción, la situación es más compleja en portugués por la existencia del infinitivo flexionado. Dado que la flexión señala la relación con un sujeto sintáctico, cabe averiguar en qué medida este fenómeno viene determinado por los mismos factores de dinamicidad y modalidad perceptiva.

4. La concordancia en la construcción con infinitivo8 Un primer análisis nos enseña que en la mayoría de los casos –a saber en el 58,1% de las construcciones analizadas (160 ejemplos)– la concordancia entre el SN2 y el infinitivo no se establece. Comparamos a título ilustrativo las CCII siguientes, con (13) o sin (14) concordancia: (13) E Luzolo permanecia com o mesmo ar que levara para o desaparecimento, tímido e calmo, sorrindo agora de felicidade, vendo se tornarem pessoas reais os fantasmas que desde a véspera espiava. (PALOP) (14) Do outro, os que recusando ouvir sapateiros tocar rabecão, pedem que os jornalistas se limitem a cumprir a nobre mas chã função de «novidadeiros de boca», como lhes chamavam nos primórdios da profissão. (PUB 1993)

Si aplicamos la hipótesis de la correlación entre las marcas sintácticas del SN2, por un lado, y la dinamicidad del Cinf, por otro, a la concordancia entre SN2 e infinitivo, sería lógico que ésta se produjera más frecuentemente con SSNN2 dinámicos que con SSNN2 no dinámicos, con infinitivos dinámicos (TR e INERG) que con infinitivos no dinámicos (INAC) y con VVPauditiva que con VVPvisual. ––––––– 8

Como las formas verbales del infinitivo flexionado de la primera y tercera persona singular no muestran sufijos explícitos, nuestro corpus se restringe a 240 ejemplos pertinentes, o sea ejemplos en los que la concordancia entre el SN2 y el infinitivo puede marcarse morfológicamente.

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Los datos estadísticos muestran inmediatamente que la dinamicidad del SN2 no determina el uso del infinitivo flexionado. Efectivamente, los participantes subordinados más dinámicos no concuerdan más frecuentemente con el infinitivo que los participantes menos o no dinámicos:

HUM ANIM INAN DIN INAN NO DIN ABSTR

+ concordancia # % 69 48,6% 2 22,2% 10 45,5% 19 46,3% 10 38,5% cuadro 6

- concordancia # % 73 51,4% 7 77,8% 12 54,5% 22 53,7% 16 61,5%

total 142 9 22 41 26

Tampoco es posible establecer una relación entre el tipo de infinitivo y la concordancia. Los infinitivos dinámicos no acarrean automáticamente la concordancia, y los infinitivos no dinámicos no ocasionan más frecuentemente la falta de concordancia:

TR INERG INAC

+ concordancia - concordancia # % # % 58 61,7% 36 38,3% 19 31,1% 42 68,9% 33 38,8% 52 61,2% cuadro 7

total 94 61 85

Finalmente, de la misma manera, el factor semántico-cognitivo de la modalidad no parece influenciar la ocurrencia de flexión. Los SSNN2 subordinados a los VVPauditiva no concuerdan más frecuentemente con su infinitivo que los SSNN2 subordinados a los VVPvisual:

VPvisual VPauditiva

+ concordancia - concordancia # % # % 70 48,3% 75 51,7% 40 42,1% 55 57,9% cuadro 8

total 145 95

En estudios futuros será de máximo interés analizar los datos más en detalle y examinar los factores que sí influencian el uso de la flexión en el Cinf, ya que el criterio de la dinamicidad resulta inadecuado como explicación del fenómeno. Hipotetizamos que los factores relevantes tienen que ver con la autonomía gramatical del Cinf, de acuerdo con lo que ya se ha formulado en viejos estudios sobre el INF FLEX en general (cf. Maurer 1968: 235) y en estudios más recientes como el de Scida (2004). Este último argumenta que el INF FLEX sólo aparece en estructuras bioracionales, en otras palabras, cuando se presenta como relativamente autónomo frente al V principal. En un estudio futuro analizaremos más en detalle el papel de esta autonomía y su manifestación concreta en las CCII.

La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués

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5. Conclusiones En resumidas cuentas, el análisis de tres fenómenos sintácticos en portugués ha mostrado que en esta lengua, como en español, las marcas del SN2 se atribuyen hasta cierta medida en función de parámetros de índole semántica-cognitiva. Sin embargo, este impacto resulta menos decisivo que en español. En cuanto a la posición del SN2 hemos observado que el portugués es –en mayor medida que el español– fiel al orden prototípico SVO y que la mayoría de los SSNN2 se ponen delante del infinitivo. Sin embargo, la posición puede variar en función del grado de dinamicidad del Cinf: cuanto más atribuyen las propiedades del Cinf un alto grado de dinamicidad al SN2, más se antepone como un verdadero sujeto. En cuanto al caso del SN2 el portugués presenta menos variación que el español, ya que el participante subordinado (pronominal) recibe casi siempre el acusativo. Sin embargo, las desviaciones de esta tendencia general se explican por la naturaleza semántica tanto del VP principal como del infinitivo: en todos los casos se trata de un VPauditiva acompañado de un infinitivo transitivo de decir, o sea verbos con un grado alto de dinamicidad. Las diferencias entre las modalidades de percepción visual y auditiva se observan, pues, también en portugués, aunque de una manera menos manifiesta. Por fin, contrariamente a la posición sintáctica del SN2 –y en menor medida el caso–, la concordancia en el Cinf no está determinada por el grado de dinamicidad de los constituyentes. Por eso sospechamos que la concordancia está sujeta a otros factores, que merecen ser examinados de manera más profunda. Para terminar, las propiedades semántico-cognitivas evocadas tienen un impacto diferente sobre las tres marcas sintácticas del participante subordinado en la CI portuguesa. Por lo tanto estas marcas experimentan un mayor o menor impacto por parte de los factores semántico-cognitivos, según la jerarquía siguiente: POSICIÓN > CASO > CONCORDANCIA.

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Renata Enghels / Clara Vanderschueren

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Maria Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John Charles Smith / Andrew Swearingen

À la recherche de l’arbitraire dans la morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux1

1. Introduction Dans notre projet de recherche «Autonomous morphology in diachrony: comparative evidence from the Romance verb», nous étudions la morphologie verbale romane sur les axes diachronique, synchronique et comparatif (relatifs à l’ensemble de la Romania et abordant les langues et les dialectes de ce vaste domaine de façon uniforme). Nous avons pour but de déceler l’évolution des paradigmes verbaux à partir du latin, le développement des irrégularités et le rôle joué dans ces processus par les structures dites ‹morphomiques›. De telles structures consistent en identités formelles souvent arbitraires et hétérogènes qui réapparaissent dans les paradigmes (cf. Aronoff 1994, ainsi que Maiden dans sa conférence plénière du CILPR 2004 – Maiden 2007). Il peut s’agir du résultat d’un changement phonétique dont le conditionnement a disparu depuis longtemps, ou bien de la disparition d’une motivation fonctionnelle initiale – ce qui permet de rendre compte, par exemple, de la distribution actuelle dans certaines langues romanes de l’ancien radical perfectif latin (PYTA – perfecto y tiempos afines; cf. Maiden 2000; 2001). Nous présenterons d’abord les deux phénomènes étudiés, le syncrétisme et le supplétisme, dont nous analyserons également l’interaction. Des questions théoriques ––––––– 1

Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet de recherche «Autonomous Morphology in Diachrony: comparative evidence from the Romance languages» [http://www.mod-langs.ox.ac.uk/ romance-morphology/], dirigé par Martin Maiden et John Charles Smith, financé par l’«Arts and Humanities Research Council» (grant AH/D503396/1), et mené par une équipe de six chercheurs (les auteurs du présent article) au sein du «Research Centre for Romance Linguistics» rattaché à l’Université d’Oxford. L’étude du syncrétisme et du supplétisme présentée ici s’inscrit dans une ligne de recherche menée au sein de ce projet par Maria Goldbach et Marc-Olivier Hinzelin. Une base de données électronique englobant la morphologie verbale des langues et dialectes romans (accessible par Internet dans un proche avenir) est en cours de réalisation dans le cadre de notre projet; elle permettra par exemple des recherches sur les structures ‹morphomiques› (cf. infra) ou les syncrétismes partagés par plusieurs dialectes romans, en révélant des patrons morphologiques qui se reproduisent dans des variétés parfois assez éloignées les unes des autres. Nous remercions Morgane Cariou et Christian Hinzelin d’avoir bien voulu relire le manuscrit. Les auteurs demeurent bien évidemment seuls responsables des erreurs et omissions pouvant subsister. Contact: marc-olivier.hinzelin [at] mod-langs.ox.ac.uk.

312 M. Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John C. Smith / Andrew Swearingen seront ensuite abordées dans une section où nous discuterons de notre analyse. La dernière section sera consacrée à un court bilan et à une présentation des buts de notre projet de recherche à Oxford.

2. Syncrétisme et supplétisme dans les langues romanes Au cœur de la présente contribution se trouve l’interaction entre deux phénomènes morphologiques qui constituent une déviation par rapport à la correspondance biunivoque supposée entre forme et sens. Là où il y a une correspondance entre un seul sens et plusieurs formes, on parle de supplétisme (ou de suppléance – suppletion en anglais): cette notion correspond à la synonymie en morphologie lexicale. Il s’agit d’une allomorphie du radical, dont le supplétisme constitue en quelque sorte le cas extrême, dans la mesure où il n’y a plus aucune ressemblance phonique entre les formes en question. Le cas inverse – celui où une forme unique a plusieurs sens, s’appelle syncrétisme et correspond à la notion d’homonymie en morphologie lexicale; cf. tableau (1). Déviations par rapport à la correspondance biunivoque entre forme et sens2 (1) déviation un sens  plusieurs formes en morphologie lexicale synonymie en morphologie flexionnelle supplétisme (ou allomorphie du radical) exemples aller: [v-]: v-ais3, [al-]: all-ons, [iȑ-]: ir-ai

une forme  plusieurs sens homonymie syncrétisme parler: [paȑl]: 1SG = 2SG = 3SG = 3PL PRES.IND = PRES.SUBJ

Sur la distribution du syncrétisme et du supplétisme dans les langues du monde, cf. entre autres, Baerman / Brown / Corbett (2005) et Corbett (2007); sur le supplétisme dans les langues romanes, cf. entre autres, Aski (1995) et Maiden (2004).

2.1 Syncrétisme de personne et de nombre dans les langues romanes La répartition du syncrétisme en général et de ces divers patrons flexionnels en particulier est assez inégale dans l’ensemble de la Romania: le syncrétisme atteint un point culminant dans les variétés gallo-romanes, en raison du nombre élevé de formes ––––––– 2

3

Dans les abréviations des catégories verbales, nous suivons les règles de glosage de Leipzig («Leipzig Glossing Rules»), cf. [http://www.eva.mpg.de/lingua/resources/glossing-rules.php (12 2008)]. Les exceptions sont PRES = présent (au lieu de PRS), IMPF = imparfait (PST.IPFV), PRET = prétérit / passé simple (PST.PFV), PLQPF = plus-que-parfait (–), SUBJ = subjonctif (SBJV), PART = participe (PTCP) et GER = gérondif (–). La division des formes [vǫ], [va] et [võ] en radical et désinence pose des problèmes, qui ne concernent cependant pas la distribution des radicaux commençant par v- et par al-.

Morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux

313

syncrétiques et de combinaisons de temps, mode et aspect impliquées. Les langues ibéroromanes connaissent surtout un syncrétisme de la 1re et de la 3e personne du singulier (désormais 1SG = 3SG) dans différentes combinaisons de temps et de mode; cf. tableau (2).4 En dehors de ces cas, il existe aussi des syncrétismes de temps, mode et aspect qui ne seront pas traités ici5, p. ex. esp. cantamos 1PL PRES.IND = PRET.IND, cat. cantem/canteu 1PL/2PL PRES.IND = PRES.SUBJ. Syncrétismes de personne dans les langues ibéro-romanes (2) beber/beure ‹boire› 1SG = 3SG IMPF.IND 1SG = 3SG COND 1SG = 3SG PRES.SUBJ 1SG = 3SG PST.SUBJ

galicien bebía bebería beba bebese

portugais bebia beberia beba bebesse

espagnol bebía bebería beba bebiera/-iese

catalan bevia beuria begui begués

Le daco-roumain présente une évolution historique intéressante en ce qui concerne le syncrétisme (cf. Maiden 2009 et tableau (3)). Le roumain du XVIe siècle connaissait plusieurs cas de figure: le syncrétisme 3SG = 3PL (PRES.IND – Ire conjugaison; PRES.SUBJ – toutes conj.), 1SG = 3PL (PRES.IND – sauf Ire conj.) et 1SG = 3SG = 3PL (IMPF.IND = PLQPF.IND – toutes conj.). Ce dernier type a disparu complètement aujourd’hui (syncrétismes encore existants en italique dans le tableau (3); cf. Feldstein 2004; Maiden 2009); par contre, un nouveau syncrétisme 1SG = 1PL IMPF.IND est apparu (cântam, râdeam, făceam, dormeam). Il existe aussi de nombreux syncrétismes de temps, mode et aspect qui ne seront pas traités ici, p. ex. cântaŃi 2PL PRES.IND = IMPF.IND = PRES.SUBJ, cântai 2SG IMPF.IND = 1SG PRET.IND, etc. Évolution historique du syncrétisme en daco-roumain: le roumain du XVIe siècle et le roumain standard contemporain (3) 3SG = 3PL PRES.IND 1SG = 3PL PRES.IND 3SG = 3PL PRES.SUBJ 1SG = 3SG = 3PL IMPF.IND 1SG = 3SG = 3PL PLQPF.IND

1re conj. ‹chanter› cântă – cânte cânta cântase

2e conj. ‹rire› – râd râdă râdea râsese

3e conj. ‹faire› – fac facă făcea făcuse

4e conj. ‹dormir› – dorm doarmă dormea dormise

Dans le domaine gallo-roman il existe divers patrons de syncrétisme6, 2SG = 3SG étant particulièrement fréquent. À la première conjugaison, toutes les personnes du singulier et la ––––––– 4

5

6

En galicien et en portugais, on trouve en outre des syncrétismes 1SG = 3SG au PLQPF.IND (bebera) et au FUT.SUBJ (beber; ce dernier survit également en espagnol de façon marginale: bebiere). Nous supposons qu’un syncrétisme de personne et/ou de nombre à l’intérieur d’un paradigme partiel pour une seule combinaison de temps, mode et aspect est plus pertinent qu’un syncrétisme qui se manifeste à travers le paradigme complet d’un verbe étudié. Pour ce terme, cf. Cabredo Hofherr / Boyé (2005).

314 M. Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John C. Smith / Andrew Swearingen 3PL sont syncrétiques au PRES.IND et à l’IMPF.IND en français; le lorrain et le haut-limousin se caractérisent par un syncrétisme 1PL = 3PL dans ces temps, cf. tableau (4).7 Syncrétismes dans les langues gallo-romanes8 (4)

PRES.IND

IMPF.IND

français standard parler

oïl: lorrain ‹chanter›9

[paȑl]

[∫ǡɶt]

1SG = 2SG = 3SG = 3PL

1SG = 2SG = 3SG [∫ǡɶtǡɶ] 1PL = 3 PL [∫ǡɶtǫ] 2SG = 3SG prèdzae 2SG = 3SG [∫ǡɶtǫn] 1PL = 3PL prèdzaon 1PL = 3PL

[paȑlǫ]

1SG = 2SG = 3SG = 3PL

francoprovençal: valdôtain prèdzé ‹parler› prèdze 2SG = 3SG

occitan: haut-limousin eimâ ‹aimer› eimâ 2SG = 2PL aimen 1PL = 3PL eimavo 1SG = 3SG eimǒvâ 2SG = 2PL eimǒvan 1PL = 3PL

2.2 Hypothèses théoriques sur le fonctionnement du syncrétisme Carstairs[-McCarthy] (1984) distingue entre le syncrétisme proprement dit, d’une part, qui représenterait une neutralisation, et l’adoption d’une forme par une propriété morphosyntaxique spécifique, d’autre part. Il développe ses idées en s’appuyant sur des données concernant le syncrétisme en latin exemplifiées dans (5). Adoption («take-over») (5) lat. regere aspect temps/mode voix 1SG 2SG 3SG 1PL 2PL 3PL

imperfectif FUT.IND

actif regam reges reget regemus regetis regent

passif regar regeris regetur regemur regemini regentur

PRES.SUBJ

actif regam regas regat regamus regatis regant

passif regar regaris regatur regamur regamini regantur

––––––– 7

En français standard, d’autres syncrétismes de personne et de nombre sont [paȑlǩȑe] 1SG = 2PL = 3SG FUT.IND, [paȑlǩȑõ] 1PL = 3PL FUT.IND, [paȑlǩȑǫ] 1SG = 2SG = 3SG = 3PL COND. En dehors de ces cas, il y a aussi des syncrétismes de temps, mode et aspect qui ne seront pas traités ici: [paȑl] 1SG = 2SG = 3SG = 3PL PRES.IND = PRES.SUBJ, parlions [paȑljõ] / parliez [paȑlje] 1PL/2PL IMPF.IND = PRES.SUBJ, parlez – parlai [paȑle] 2PL PRES.IND = 1SG PRET.IND. Sources des données dialectales: francoprovençal valdôtain: Nus (colline), Vallée d’Aoste – Bertolo et al. (1999); limousin: Pays du Haut-Limousin, Haute-Vienne (87) – Ruben (1866); lorrain: Kl[ein]-R[um]b[ach] = Petit-Rombach, Sainte-Croix-aux-Mines, Vallées vosgiennes d’Alsace, Haut-Rhin (68) – Urtel (1902). L’équivalent de l’infinitif ‹chanter› n’est pas enregistré dans le dialecte en question. FUT.IND, [paȑlǩȑa] 2SG

8

9

Morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux

315

Dans la IIIe (et la IVe) conjugaison latine, l’exposant principal du futur de l’indicatif est la voyelle [e] qui se trouve entre le radical {reg-} et les désinences de personne et de nombre {-s, -t, -mus, etc.}. La voyelle [a] en revanche, dans les deux colonnes de droite, est l’exposant principal du présent du subjonctif. Or, la 1SG FUT.IND (actif et passif) ne présente pas la voyelle [e] caractérisant le futur, cet ensemble de propriétés morphosyntaxiques ayant plutôt adopté la forme du présent du subjonctif. Contrairement au syncrétisme proprement dit que nous allons décrire ci-après, l’adoption ne peut pas être conçue comme une neutralisation entre les modes (indicatif et subjonctif) et/ou entre les temps (présent et futur), puisque l’indicatif et le subjonctif tout comme le présent et le futur diffèrent quant à leurs réalisations respectives dans le système verbal latin. C’est le cas dans les Ire et IIe conjugaisons, où, par exemple, (6)

laudabo et monebo réalisent les propriétés {1SG FUT.IND} et laudem et moneam réalisent les propriétés {1SG PRES.SUBJ}

Carstairs-McCarthy applique la notion de syncrétisme proprement dit à des phénomènes de neutralisation où une propriété morpho-syntaxique provoque l’effacement d’une distinction dans une autre catégorie morpho-syntaxique. La propriété qui déclenche cet effacement et la catégorie neutralisée doivent être réalisées d’une façon cumulative, c.-à-d. que toutes les deux partagent un exposant unique. L’exemple présenté par l’auteur est l’homonymie des datifs et ablatifs pluriels dans le système nominal latin; cf. tableau (7).10 Neutralisation / syncrétisme proprement dit (7) latin NOM.SG DAT.SG ABL.SG DAT.PL ABL.PL

IIe déclinaison

IIIe décl.

Ire décl.

IIIe décl.

M

M

F

N

dominus dominō dominō dominīs dominīs

cōnsul cōnsulī cōnsule cōnsulibus cōnsulibus

cūra cūrae cūrā cūrīs cūrīs

fulgur fulgurī fulgure fulguribus fulguribus

2.3 Supplétisme dans les langues gallo-romanes Le tableau (8) montre les différents degrés de syncrétisme dans le paradigme du verbe ‹aller› (< AMBULARE / *AMBITARE x VADERE x IRE) dans quatre variétés gallo-romanes. Nous constatons que les différents patrons de syncrétisme présents dans les langues galloromanes semblent influer sur les patrons de supplétisme dans les verbes du type ‹aller›. ––––––– 10

Dans toutes les déclinaisons et dans tous les genres, la distinction entre datif et ablatif que l’on observe au singulier est supprimée au pluriel. En outre, ce nivellement concerne les suffixes -īs et -ibus indifféremment, bien que ces deux éléments flexionnels ne soient pas apparentés d’un point de vue étymologique. On peut constater que la propriété de nombre qui déclenche la neutralisation de cas est réalisée d’une façon cumulative avec la propriété neutralisée, c.-à-d. avec la propriété de cas.

316 M. Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John C. Smith / Andrew Swearingen Notre interprétation de ces faits est la suivante: en lorrain, le syncrétisme 1PL = 3PL exige la présence du radical en v- à la 1PL; en haut-limousin, les syncrétismes 2SG = 2PL et 1PL = 3PL exigent la présence du radical en v- aux 2PL et 1PL. L’impératif, par contre, a conservé les formes anciennes nan et nâ parce qu’il n’est pas soumis aux contraintes puissantes de syncrétisme qui règnent dans le paradigme partiel du présent de l’indicatif; autrement dit, le paradigme de l’impératif est ‹autonome› par rapport à celui du présent de l’indicatif. Le supplétisme semble donc dépendre du syncrétisme qui exerçait son pouvoir à travers tout le système morphologique. Apparemment, il y a adoption («take-over») de la forme avec le radical en v-. Notre hypothèse de travail sera: c’est l’adoption et non la neutralisation qui prévaut dans la morphologie verbale gallo-romane. Supplétisme dans le verbe ‹aller› < AMBULARE / *AMBITARE x VADERE au PRES.IND (8) ‹aller›

1SG 2SG 3SG 1PL 2PL 3PL syncrétisme de la Ire conj. impératif

français standard aller vais vas va allons allez vont 1SG = 2SG = 3SG = 3PL va, allons, allez

oïl: lorrain

francoprovençal: valdôtain [nalǫ] allé [ve] (v)ó [ve] va(t) [ve] va(t) [vǡɶ] allèn [alǫ] allade [vǡɶ] van 1SG = 2SG = 3SG, 2SG = 3SG 1PL = 3PL [formes manquant va, allèn, allade

occitan: haut-limousin (ǒ)nâ vau/vô vâ vai van vâ van 2SG = 2PL, 1PL = 3PL vai, nan, nâ

dans la source]

3. Analyse et discussion Comparons maintenant les syncrétismes de personne du singulier en lorrain et en limousin dans (4) et (8) avec ceux de l’ibéro-roman, illustrés dans (9) à l’aide de l’espagnol: (9) esp. beber

IMPF.IND PRES.SUBJ 1SG bebía beba 2SG bebías bebas 3SG bebía beba

Nous voyons que dans (9) la 1re et la 3e personnes sont réalisées par homonymie. Dans ce cas, il est délicat de répartir les homonymies flexionnelles selon les catégories proposées par Carstairs-McCarthy. Il faut alors, pour savoir s’il s’agit d’une adoption, trouver quelle personne grammaticale a adopté la forme de l’autre. Est-ce que la 1re personne a adopté la forme de la 3e ou la 3e celle de la 1re? Sauf au présent de l’indicatif des verbes de la Ire

Morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux

317

conjugaison, la désinence {-a} ne signale pas, en effet, la propriété de la 3SG sans ambiguïté. D’autre part, on peut constater que l’homonymie en question provient très probablement d’un changement phonétique indépendant par lequel les consonnes finales -m et -t se sont amuïes: l’évolution de BIBERE en latin reconstruit à la 1SG et à la 3SG IMPF.IND et PRES.SUBJ a produit les formes suivantes: 1SG *BIBEAM > bebía, BIBAM > beba; 3SG *BIBEAT > bebía, BIBAT > beba. En conséquence, il serait peu convaincant de supposer qu’une case paradigmatique ait adopté la réalisation de l’autre. Pourtant, on ne pourra pas non plus ranger le syncrétisme de personne dans l’imparfait parmi les neutralisations dans le sens de Carstairs[-McCarthy] (1984), puisque les catégories de temps/mode et de personne ne sont pas réalisées d’une façon cumulative: le -í- réalise le temps et le mode de l’IMPF.IND et le -a réalise la personne (1SG = 3SG). Il est tout à fait probable que les patrons de syncrétisme s’égalisent à travers le système verbal d’une langue naturelle. Pourtant, sans preuves supplémentaires indépendantes, on ne peut pas savoir si l’effet de cette égalisation est le résultat d’un processus morphologique, telle l’analogie, ou si au contraire elle est issue des développements phonologiques réguliers, comme en ibéro-roman. C’est justement le lorrain qui nous donne le type de preuve indépendante dont nous avons besoin. En effet, dans l’exemple lorrain dans (4), nous remarquons que la 1PL et la 3PL sont réalisées par homonymie: [ȓǡɶtǡɶ]. Comme c’est le cas pour le syncrétisme de personne en espagnol, cette homonymie flexionnelle résulte peut-être aussi d’un changement phonétique. Dans le paradigme du verbe lorrain [nalǫ] ‹aller› dans (8), la 1PL n’apparaît pas dans la forme attendue *[alǡɶ], cette propriété flexionnelle ayant plutôt adopté la forme de la 3PL: [vǡɶ]. Cela ne peut être le résultat d’un simple processus phonologique. Il semblerait plutôt que le syncrétisme de personne existant dans les verbes réguliers de la Ire conjugaison ait favorisé le remplacement de la forme héritée par une forme adoptée qui établit le patron régulier de syncrétisme lorrain. Le paradigme du même verbe dans une variété occitane, le haut-limousin, confirme ce raisonnement. Les théoriciens de la morphologie flexionnelle distinguent entre les syncrétismes par neutralisation et les syncrétismes par adoption, cf. Baerman / Brown / Corbett (2005), Bierwisch (1967), Carstairs[-McCarthy] (1984), Stump (2001), Zwicky (1985a; 1985b) entre autres. Le phénomène de la neutralisation, comme dans le paradigme latin dans (7), est très souvent modelé par la sous-spécification des catégories grammaticales. Supposons, par exemple, que le datif et l’ablatif latins sont des sous-catégories casuelles d’un cas [oblique] avec les spécifications [+/– but] au singulier: DAT.SG [+ but], DAT.PL [Ø]; ABL.SG [– but], ABL.PL [Ø]. L’homonymie flexionnelle entre le datif et l’ablatif pluriels serait représentée par l’omission de la spécification [+] ou [–] pour la catégorie [but]. Le phénomène de l’adoption, au contraire, est modelé par des règles d’envoi qui rapportent la réalisation d’une propriété (ou bien d’un ensemble de propriétés) à celle d’une autre. Conformément au modèle de la Morphologie de réseau («Network Morphology») de Baerman / Brown / Corbett (2005), le syncrétisme de personne en lorrain peut être représenté de la manière suivante: (10) a. b.

propriétés morpho-syntaxiques

== ==

réalisations morpho-phonologiques «» [ǡɶ] «»

318 M. Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John C. Smith / Andrew Swearingen (10a) indique que le faisceau de propriétés {3PL PRES.IND} est réalisé par la suffixation de la désinence [ǡɶ] au radical. (10b) précise que la réalisation de l’ensemble de propriétés {1PL PRES.IND} est renvoyée à celle de {3PL PRES.IND}. La comparaison des syncrétismes lorrains et limousins dans (4) et (8) avec ceux de l’ibéro-roman dans (9) montre qu’une théorie de la morphologie ne permet pas une caractérisation adéquate de telle ou telle homonymie flexionnelle comme adoption ou neutralisation. Ce sont plutôt des approches diachroniques et variationnistes qui peuvent contribuer à révéler le caractère d’une homonymie flexionnelle donnée. En comparant les approches théoriques du syncrétisme avec celles du supplétisme et/ou de l’allomorphie du radical, on peut remarquer que les théories formelles ont davantage recours à la modélisation et à l’uniformisation du phénomène quand il est question de syncrétisme que quand il est question d’allomorphie du radical. En effet, les traitements théoriques de ce dernier phénomène se limitent en général à établir la liste de tous les allomorphes d’un radical dans les entrées ou dans les règles lexicales (au lieu de dériver un allomorphe radical d’un autre par des règles grammaticales). (11) a.

/wa/ → /y/ /u/ → /ø/

/ X __ [PART.PRES], X: boire, choir, croire, valoir, voir, vouloir, etc. / X __ [SG PRES.IND], X: vouloir, pouvoir

ou bien: b.

vouloir, entrée lexicale: /vul/, /vø/, /vœl/, /vœj/

Le fait que la recherche théorique et formelle accorde moins d’attention à l’allomorphie du radical qu’à l’homonymie flexionnelle s’explique sans doute par la distribution plus répandue de celle-ci par rapport à celle-là. Les questions centrales à propos de ces deux phénomènes sont: 1º, de savoir s’il y a des interrelations entre le supplétisme et le syncrétisme dans les systèmes verbaux des langues romanes; et 2º, comment ces deux phénomènes peuvent être représentés d’une manière adéquate dans un modèle théorique qui tiendrait compte non seulement de leur distribution synchronique dans une variante romane quelconque, mais aussi de leur développement diachronique et dialectal. On peut se demander par exemple si les syncrétismes verbaux ont une réalité psychologique pour autant qu’un locuteur natif organise ou réorganise des sections de son système verbal en exploitant les syncrétismes ou les cas de supplétisme qui existent dans sa langue maternelle. Est-ce qu’il y a des différences de conception entre les syncrétismes de temps et de mode d’une part et les syncrétismes de personne et de nombre d’autre part? Nous avons vu que ce n’est pas la théorie de la morphologie qui décide de ces questions. Ainsi, notre projet de recherche sur la «morphologie autonome» vise à explorer ces phénomènes avec des méthodes comparatives et diachroniques afin de trouver des descriptions théoriques plus adéquates.

4. Bilan et résumé Dans une perspective universelle, différents chercheurs ont constaté que:

Morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux

319

a.

le supplétisme (ou l’allomorphie du radical) affecte davantage les catégories verbales d’aspect, de temps et de mode que les catégories de personne et de nombre (Rudes 1980); b. le supplétisme se limite surtout aux langues dites synthétiques (fusionnelles) et apparaît dans une moindre mesure dans les langues analytiques (Rudes 1980); c. ce phénomène a une fréquence insignifiante par rapport aux autres types d’alternance, même dans les langues supplétives; d. à l’intérieur d’un système linguistique, les patrons du supplétisme/de l’allomorphie du radical tendent à s’égaliser de façon paradigmatique à travers tous les verbes avec alternance du radical (Maiden 1992; Rudes 1980, etc.); e. l’allomorphie du radical et le supplétisme sont favorisés par les verbes et les catégories verbales de haute fréquence (Bybee 1985); f. ces types d’alternance favorisent les verbes plutôt que les noms (Bybee 1985); g. la distribution des allomorphes du radical peut varier selon le choix des suffixes flexionnels (Carstairs-McCarthy 2001; 2002). Nous avons présenté dans cette contribution des faits de syncrétisme et de supplétisme qui existent dans toutes les langues romanes, ainsi que nos hypothèses sur l’interaction de ces deux phénomènes dans les langues gallo-romanes: le syncrétisme semble exercer une influence sur les patrons de supplétisme. Les approches théoriques discutées contribuent à la description et à une meilleure modélisation de ces deux phénomènes par rapport à celles que nous avons évoquées ci-dessus. La présente contribution n’est qu’une partie des recherches qui s’effectuent et se poursuivront dans le cadre de notre projet de recherche sur la morphologie verbale romane qui a pour but: • de rassembler autant de données que possible sur la morphologie verbale des langues romanes et de les mettre à la disposition de la communauté scientifique, p. ex. au moyen de notre base de données électronique; • de développer, à travers notre base de données, la technologie visant à détecter et à afficher des patrons morphologiques constitués par les structures morphomiques, le syncrétisme, le supplétisme, etc. sur les plans historique et comparatif; • de comparer et d’élaborer les modèles théoriques en relation étroite avec les données diachroniques et dialectales, p. ex. en utilisant l’extraordinaire richesse des atlas linguistiques (régionaux). Nous invitons donc tous les chercheurs qui s’intéressent à la morphologie verbale des langues romanes à nous contacter afin d’échanger des idées et des données sur ce sujet.

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320 M. Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John C. Smith / Andrew Swearingen Baerman, Matthew / Brown, Dunstan (2005): Syncretism in verbal person/number marking. In: Haspelmath, Martin / Dryer, Matthew S. / Gil, David / Comrie, Bernard (edd.): The World Atlas of Language Structures. Oxford: OUP, 122-125. – / Brown, Dunstan / Corbett, Greville G. (2005): The syntax-morphology interface. A study of syncretism. Cambridge: CUP. Bertolo, Liliana / Daval, Ferruccio / Morandi, Iris / Philippot, Lidia (1999): Patois à petits pas. Méthode pour l’enseignement du francoprovençal. Aoste: BREL. Bierwisch, Manfred (1967): Syntactic features in morphology: general problems of so-called pronominal inflection in German. In: Anonyme (ed.): To honor Roman Jakobson. Essays on the occasion of his seventieth birthday. 11 October 1966. Vol. 1. The Hague: Mouton, 239-270. Bybee, Joan L. (1985): Morphology. A study of the relation between meaning and form. Amsterdam: Benjamins. Cabredo Hofherr, Patricia / Boyé, Gilles (2005): L’irrégularité des paradigmes verbaux: deux types d’exception. In: Faits de langues 25, 161-164. Carstairs, Andrew (1984): Outlines of a constraint on syncretism. In: FoLi 18, 73-85. Carstairs-McCarthy, Andrew (2001): Umlaut as signans and signatum: synchronic and diachronic aspects. In: Booij, Geert / Marle, Jaap van (edd.): YM 1999. Dordrecht: Kluwer, 1-23. – (2002): How stems and affixes interact. Stem alternants as morphological signata. In: Bendjaballah, S. / Dressler, W.U. / Pfeiffer, O.E. / Voeikova, M.D. (edd.): Morphology 2000. Selected papers from the 9th Morphology Meeting, Vienna, 24-28 February 2000. Amsterdam: Benjamins, 49-57. Corbett, Greville G. (2007): Canonical typology, suppletion, and possible words. In: Language 83.1, 8-42. Feldstein, Ronald F. (2004): On the structure of syncretism in Romanian conjugation. In: Auger, Julie / Clancy Clements, J. / Vance, Barbara (edd.): Contemporary approaches to Romance linguistics. Amsterdam: Benjamins, 177-195. Maiden, Martin (1992): Irregularity as a determinant of morphological change. In: JL 28, 285-312. – (2000): Di un cambiamento intramorfologico: origini del tipo dissi dicesti, ecc., nell’italoromanzo. In: AGI 85, 137-171. – (2001): A strange affinity: ‹perfecto y tiempos afines›. In: BHS 78, 441-464. – (2004): When lexemes become allomorphs – On the genesis of suppletion. In: FoLi 38, 227-256. – (2007): La linguistica romanza alla ricerca dell’arbitrario. In: ACILPR XXIV. Vol. 3, 505-518. – (2009): On number syncretism in Romanian third person verb forms. In: Sánchez Miret, Fernando (ed.): Romanística sin complejos. Homenaje a Carmen Pensado. Bern: Lang, 381-407. Ruben, Émile (1866): J. Foucaud. Poésies en patois limousin: édition philologique complètement refondue pour l’orthographe. Augmentée d’une vie de Foucaud, par M. Othon Péconnet, d’une étude sur le patois du Haut-Limousin, [...] et d’un glossaire. Paris: Firmin Didot Frères, Fils et Cie. Rudes, Blair A. (1980): On the nature of verbal suppletion. In: Linguistics 18, 655-676. Stump, Gregory (2001): Inflectional morphology. A theory of paradigm structure. Cambridge: CUP. – (2002): Morphological and syntactic paradigms: arguments for a theory of paradigm linkage. In: Booij, Geert / Marle, Jaap van (edd.): YM 2001. Dordrecht: Kluwer, 147-180. – (2006): Heteroclisis and paradigm linkage. In: Language 82, 279-322. Urtel, Hermann (1902): Lothringische Studien. In: ZrP 26, 670-691. Zwicky, Arnold M. (1985a): How to describe inflection. In: Niepokuj, Mary / VanClay, Mary / Nikiforidou, Vassiliki / Feder, Deborah (edd.): Proceedings of the Eleventh Annual Meeting of the Berkeley Linguistics Society. Berkeley, CA: Berkeley Linguistics Society, 372-386. – (1985b): Rules of allomorphy and phonology-syntax interactions. In: JL 21, 431-436.

Paolo Greco

Sulla diatesi delle costruzioni participiali italiane alla luce di dati tardo-latini

1. La questione della diatesi delle costruzioni participiali con verbi transitivi in italiano La diatesi delle strutture participiali con verbi transitivi in italiano è un argomento che sembra porre problemi non immediatamente risolvibili: le analisi di coloro che più o meno recentemente se ne sono occupati divergono vistosamente nei risultati. In anni recenti Loporcaro (2003; 2006) ha avuto il merito di evidenziare questa carenza descrittiva sottolineando le diverse, spesso antitetiche, e a volte perfino incoerenti posizioni che gli studi di linguistica hanno assunto nei confronti di questo aspetto. Loporcaro (2003: 207-213; 2006: 209-212) discute in particolare quattro diversi approcci al problema della diatesi dei participi passati italiani: a) La diatesi è irrilevante / indecidibile (Cinque 1990: 25). b) La diatesi è sempre attiva (Salvi 31991: 90, anche se con una contraddizione). c) La diatesi è sempre passiva (Egerland 1996: 229-23; Salvi 1988: 90). d) La diatesi è a volte attiva ed a volte passiva (Belletti 1990; 1992). L’analisi di frasi come (1) e (2) dimostra che solo la posizione d) è adeguata alla descrizione di una lingua come l’italiano. La grammaticalità di (1), in cui la cliticizzazione dell’oggetto diretto non lascia dubbi sulla diatesi attiva del participio, e di (2) in cui invece il predicato salutata è evidentemente passivo, evidenzia che le costruzioni dipendenti participiali in italiano sono caratterizzate a volte da verbi attivi ed altre da verbi passivi. (1) Salutatala, si è accorto che c’era molta altra gente. (2) Salutata da tutti, Maria lasciò la sala.

Anche la posizione di Belletti (1990; 1992) non sembra tuttavia in grado di descrivere il comportamento delle costruzioni participiali italiane poiché, secondo Belletti (1990: 104; 1992: 33), le strutture participiali con predicati transitivi non sono passive, tranne in casi come (2) in cui «no lexical NP subject is present» (Belletti 1992: 40). L’interpretazione di Belletti si fonda sull’opposizione tra la grammaticalità di (2) e l’agrammaticalità di (3): (3) *Salutata Maria da Gianni, tutti uscirono dalla sala.

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Paolo Greco

L’esistenza di frasi come (4) invalida tuttavia l’ipotesi di Belletti. (4) Letto il discorso dal presidente, scoppiarono gli applausi.1

Sulla scorta delle analisi di Rosen (1981 [1988]: 58-65) e Legendre (1987: 87-104), le quali propongono una sottocategorizzazione del concetto di participio assoluto2, Loporcaro (2003: 203-206) ha introdotto una proficua distinzione all’interno delle costruzioni participiali italiane, suddividendole in base alla presenza o all’assenza di coreferenza tra gli elementi della reggente e quelli della subordinata. Questa diversa descrizione permette al linguista italiano di proporre un’articolata interpretazione dell’alternanza della diatesi nelle strutture participiali con verbi transitivi in italiano. Loporcaro (2003) suddivide le costruzioni participiali italiane in Participial Absolute Constructions (PAbs) e Participial Dependent Constructions (PDeps), utilizzando l’iperonimo Participial Circumstantial Complement (PCC) per riferirsi ad entrambe le strutture. Sotto l’etichetta PAbs, Loporcaro include dunque tutte le costruzioni participiali che non hanno legami di coreferenza con la reggente, mentre i PDeps rappresentano quelle strutture participiali che si trovano in relazione di coreferenza con la reggente:3 (5) Arrestati i manifestanti, tornò la calma [PAbs / passivo]. (6) Arrestati i manifestanti, la polizia poté sedare il tumulto [PDep / attivo]. (7) Arrestati dalla polizia, i manifestanti furono tradotti in carcere [PDep / passivo].

Si confrontino ora le seguenti frasi tratte da Loporcaro (2003: 235): ––––––– 1

2

3

Questo esempio è tratto da Dini (1994: 65). Sulle possibili motivazioni (di natura squisitamente semantica) dell’agrammaticalità di (3) e della grammaticalità di (4) cf. Loporcaro (2003: 255 n. 26). Rosen (1981 [1988]: 59) suddivide le strutture participiali assolute in dependent e absolute («[i]n the dependent type there is a coreference linkage between the participial complement and the higher clause, while in the absolute type there is none»), mentre Legendre (1987: 87) le chiama Participial Equi e Participial Absolutes («One type [sc. Participial Equi] involves coreference between the understood subject of the dependent clause and a nominal in the main clause. [...] The other type of construction [sc. Participial Absolutes] is properly speaking the absolute construction since there is no coreferential link between the two clauses»). In ogni caso, come si vede, il criterio in base al quale questa sottocategorizzazione viene operata è quello della presenza o assenza di coreferenza tra la reggente e la subordinata participiale. Ci sembra di un certo interesse sottolineare che questa distinzione si avvicina a quella che in grammatica latina si opera tra ablativi assoluti e participi congiunti; non a caso in Loporcaro (2006) le strutture PAbs vengono definite participi assoluti mentre i PDeps sono chiamati participi congiunti (l’iperonimo PCC viene invece sostituito da CDP, acronimo di Costruzioni Dipendenti Participiali). Come vedremo nel paragrafo 2, tuttavia, questa distinzione non ricalca esattamente l’opposizione che si aveva in latino tra strutture assolute e participi congiunti. Per questa ragione, e per evitare confusioni con la terminologia latina, quando ci riferiremo a dati italiani utilizzeremo in questo studio le etichette proposte da Loporcaro (2003).

Sulla diatesi delle costruzioni participiali italiane alla luce di dati tardo-latini

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(8) Erano scesi in piazza diecimila manifestanti in tumulto. a) Una volta arrestatili, la polizia poté sedare il tumulto. [PDep]. b) *Una volta arrestatili, il tumulto cessò. [PAbs].

L’opposizione tra la grammaticalità di (8a) e l’agrammaticalità di (8b) spinge Loporcaro (2003: 235) alla seguente conclusione: 1. I PAbs sono sempre passivi. 2. I PDeps possono essere attivi o passivi a seconda della loro configurazione strutturale. Secondo Loporcaro, dunque, i participi assoluti, in italiano come nel resto della Romània, sono necessariamente passivi. La differenza tra l’italiano e le altre lingue romanze è invece localizzata nel sottoinsieme complementare dei CDP, quello dei participi congiunti. Solo nei CDP participiali il cui soggetto è un elemento pronominale vuoto controllato per coreferenza – di solito, anche se non sempre, dal soggetto della reggente – è possibile la cliticizzazione dell’oggetto diretto iniziale (Loporcaro 2006: 218).4

Quest’ultimo passo tratto da Loporcaro (2006) introduce anche un altro punto che ci sembra utile sottolineare. A differenza di quanto abbiamo visto accadere in italiano, infatti, in portoghese, spagnolo e francese i costrutti participiali con verbi transitivi sono sempre passivi, indipendentemente dagli eventuali legami di coreferenza con la reggente. Si considerino i seguenti esempi tratti da Loporcaro (2006: 213-214). In (9) viene evidenziato che in portoghese nelle costruzioni assolute è grammaticale esclusivamente il participio passato usato per le costruzioni passive (Esta assembleia tem elegido muitos presidentes / O presidente foi eleito). In (10) viene invece sottolineato che in francese non è possibile la cliticizzazione dell’oggetto diretto nelle costruzioni assolute. (9) Eleito / *Elegido o presidente, a assembleia aplaudiu. (10) Le voleur surpris, Jean appela la police // *Le surpris / *surpris-le, Jean appela la police.

2. La diatesi dei Costrutti Dipendenti Participiali italiani alla luce di dati (tardo)latini In questo studio desideriamo insistere sulla nozione di PDep poiché, a nostro modo di vedere, questa categoria è suscettibile di una ulteriore suddivisione che renda conto dei differenti valori di diatesi che mostrano le costruzioni appartenenti a questa classe. ––––––– 4

Per la definizione di CDP, di participio assoluto e di participio congiunto nel quadro della terminologia di Loporcaro (2006) si veda quanto discusso nella nota precedente.

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Un’analisi dei diversi tipi di costruzioni participiali possibili in latino può in effetti a nostro avviso aiutarci a ritrovare la traccia secondo la quale si sono evolute le strutture participiali nelle lingue romanze. In questo paragrafo faremo dunque un passo indietro e descriveremo alcune caratteristiche delle strutture participiali presenti nel primo libro delle Historiae di Gregorio di Tours (VI secolo). Si tratta evidentemente di un corpus molto limitato, tuttavia riteniamo che la nostra analisi evidenzierà alcuni aspetti di un certo interesse generale. In latino c’erano due tipi principali di subordinate participiali: l’ablativo assoluto (e l’accusativo assoluto almeno dal IV secolo d.C.) e il participio congiunto. In epoca classica, queste costruzioni erano abbastanza diverse: i participi congiunti erano usati per descrivere azioni secondarie, generalmente compiute dal soggetto della reggente; gli ablativi assoluti erano invece caratterizzati da due aspetti principali: la loro indipendenza sintattica dalla reggente (la coreferenza esplicita tra i costituenti della reggente e quelli della subordinata participiale era esclusa o comunque marginale) e l’accordo morfologico (in ablativo) dei due elementi fondamentali della struttura.5 In epoca tarda, le funzioni dei participi congiunti e delle costruzioni assolute divennero sempre più simili, tendendo ad avvicinarsi fino al parziale collasso delle loro distinzioni. In Gregorio di Tours si tratta in effetti quasi della stessa costruzione: solo alcune piccole differenze le separano ancora. In particolare, la coreferenza tra i costituenti della reggente e quelli della costruzione assoluta è possibile a tutti i livelli.6 In tardo latino, da un lato l’uso intensivo delle strutture participiali e dall’altro il venir meno dell’obbligo di ‹assolutezza› delle costruzioni participiali, resero dunque molto più sottile e labile la distinzione tra costruzioni assolute e participi congiunti. Possiamo in effetti schematicamente raggruppare i tipi di costruzione assoluta che si ritrovano nelle Historiae lungo un gradiente articolato in tre livelli di decrescente distanza strutturale dai participi congiunti. Le strutture di grado 1 rappresentano sostanzialmente il prototipo di participio assoluto di stampo classico e sono caratterizzate da costituenti che hanno deboli legami di natura sintattico-semantica con quelli della reggente o non ne hanno affatto.7 ––––––– 5

6 7

In effetti già Bonnet (1890: 564-565) aveva notato che in autori classici come Cesare erano possibili legami di coreferenza tra i costituenti della reggente e quelli degli ablativi assoluti. In tempi più recenti ed in maniera più analitica è tornato su questo problema François Hoff. In Hoff (1989) viene infatti chiaramente mostrato che la vulgata secondo la quale in epoca classica i legami di coreferenza tra l’ablativo assoluto e la reggente erano interdetti non è confermata da un’analisi attenta dei testi classici. In Cesare, ad esempio, l’unico vero e proprio limite imposto dalla sintassi è quello della «coréférence entre le sujet de l’AA et celui de la phrase» (Hoff 1989: 419), mentre «la sémantique permet la coréférence entre le sujet de l’AA et un pronom non-sujet de la phrase» (Hoff 1989: 419). La differenza tra l’uso dei participi in età classica e nel periodo tardo è dunque legata soprattutto ad una più ampia libertà ed ad una maggiore frequenza dei rapporti di coreferenza tra reggenti e subordinate participiali, oltre che al venir meno anche della restrizione che impediva la coreferenza tra i soggetti delle due strutture. Su questi aspetti cf. Greco (2005). Un esempio di struttura di grado 1 è rappresentato dall’ablativo assoluto evidenziato in (11). Le costruzioni di questo tipo nel primo libro delle Historiae di Gregorio di Tours sono in totale 37 (33 ablativi assoluti e 4 accusativi assoluti).

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Le costruzioni di grado 2, anch’esse possibili in latino classico, si avvicinano maggiormente ai participi congiunti perché un elemento della reggente, quasi sempre il soggetto (non riespresso formalmente nella subordinata), funziona da esperiente o da agente dell’azione che si svolge nel participio assoluto.8 Le subordinate di grado 3, invece, sono caratterizzate dalla riespressione formale del soggetto della reggente all’interno della struttura assoluta (con la funzione di soggetto anche della subordinata ed il valore di agente o esperiente).9 Questo tipo di costruzione è attestato in età classica in maniera solo sporadica e comunque problematica.10 Si confrontino gli esempi (11)-(13) in cui vengono proposti rispettivamente un participio assoluto di grado 1, uno di grado 2 ed uno di grado 3. (11) Adveniente vero die, celebrata nuptiarum sollemnitate, in uno strato ex more locantur (47, 30, 12 – trad. it. «Giunto il giorno stabilito e celebrata la solennità delle nozze, si mettono più tardi, secondo l’uso, nello stesso letto» Oldoni 2001: 55).11 (12) Cognitum autem satellitem, mulier concipit peperitque duos filios (2, 6, 6 – trad. it. «Conosciuto poi il compagno, la donna concepì e partorì due figli» Oldoni 2001: 17). (13) Huic se Christus dominus noster nasciturum ac pro nobis passurum in victimae conmutationem monstravit, ipso in euangeliis sic dicente: Abraham exsultavit, ut viderit diem meum; et vidit et gavisus est (7, 9, 7 – trad. it. «A lui nostro Signore Cristo ha mostrato che sarebbe nato e che per noi avrebbe sofferto in sostituzione della vittima, dicendo Egli stesso nei Vangeli così: Abramo esultò, appena scorse la mia luce; vide e si rallegrò» Oldoni 2001: 55).

Il confronto tra l’esempio (14), in cui viene evidenziato un participio congiunto (dicens), e i brani presentati qui sopra renderà chiaro in che senso le costruzioni assolute da noi individuate nel primo libro delle Historiae si pongono lungo un gradiente che va dalla massima differenza con i participi congiunti fino al grado 3, in cui gli unici aspetti che differenziano la struttura assoluta dal participio congiunto sono la flessione degli elementi in ablativo e la doppia espressione del soggetto. (14) Sed diem illam omnibus hominibus oculi ipse Dominus manifestat, dicens: «De die autem illa et ora nemo scit, neque angeli caelorum neque filius, nisi Pater solos» (0, 5, 3 – trad. it. «Ma il Signore stesso manifesta che quel giorno è nascosto a tutti gli uomini dicendo: Nessuno

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Un esempio di struttura di grado 2 è rappresentato dall’accusativo assoluto evidenziato in (12). Le costruzioni di questo tipo nel primo libro delle Historiae di Gregorio di Tours sono in totale 50 (35 ablativi assoluti e 15 accusativi assoluti). Un esempio di struttura di grado 3 è rappresentato dall’ablativo assoluto evidenziato in (13). Le costruzioni di questo tipo nel primo libro delle Historiae di Gregorio di Tours sono in totale 6 (5 ablativi assoluti e 1 accusativo assoluto). Si noti che le definizioni appena proposte rappresentano una rivisitazione ed una semplificazione di uno schema proposto in Greco (2005: 191-192). Gli esempi in latino sono tutti tratti dal primo libro delle Historiae di Gregorio di Tours. I numeri racchiusi tra parentesi rimandano al paragrafo, alla pagina ed al rigo dell’edizione critica di Krusch / Levison (edd.) (1951).

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conosce il giorno e l’ora, non gli angeli dei cieli né il Figlio, soltanto il Padre» Oldoni 2001: 15).

Dal nostro punto di vista, le relazioni più interessanti sono però probabilmente quelle che intercorrono tra i participi congiunti e le costruzioni assolute di grado 2. Si confronti il passo presentato in (12) con il participio congiunto mostrato in (15). (15) Nam succensa mulier a libidine, operta peccati tenebris, pergit ad domum ecclesiae per tenebras noctis (44, 29, 3 – trad. it. «Allora la donna, intrisa di libidine e coperta dalle tenebre del peccato, si diresse nell’oscurità della notte presso la chiesa, casa del vescovo» Oldoni 2001: 53).

All’interno degli esempi (12) e (15) si ritrovano delle costruzioni participiali che sono evidentemente molto simili da un punto di vista strutturale a quelle che abbiamo presentato in (6) e (7), ovvero a quei participi che sono definiti da Loporcaro (2003; 2006) PDeps o participi congiunti. In precedenza abbiamo tuttavia mostrato che in latino le due costruzioni discusse in (12) e (15), pur condividendo numerose caratteristiche, non possono essere ascritte alla stessa categoria, e solo l’ultima può considerarsi un participio congiunto. La differente relazione tra i costituenti e lo stesso accordo morfologico in accusativo garantiscono invece alla struttura evidenziata in (12) lo statuto di accusativo assoluto. La categorizzazione proposta da Loporcaro (2003) potrebbe dunque a nostro avviso essere così riorganizzata:

Tabella 1 Il vantaggio di una tale rappresentazione è a nostro avviso dato dal fatto che si tratta di una descrizione fondata su dati diacronici. Rispetto al latino, infatti, in italiano contemporaneo solo le costruzioni di grado 3 sono scomparse, mentre le strutture assolute di grado 1 sono continuate dai PAbs, le costruzioni assolute di grado 2 sono invece equivalenti ai PAbsDeps, ed i participi congiunti sono rappresentati dai PartCong. Per di più, ci sembra che questa classificazione renda conto in maniera più esplicita del diverso comportamento della diatesi dei participi assoluti in italiano. In questa suddivisione infatti, i PAbsDeps sono sempre attivi, mentre i participi congiunti = PartCong ed i PAbs sono passivi. (16) Arrestati i manifestanti, tornò la calma = Celebrata la solennità delle nozze, si mettono più tardi, secondo l’uso, nello stesso letto [assoluto grado 1 = PAbs / passivo (PAbs)]. (17) Arrestati i manifestanti, la polizia poté sedare il tumulto = Conosciuto poi il compagno, la donna concepì e partorì due figli [assoluto grado 2 = PAbsDep / attivo (PDep)].

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(18) Arrestati dalla polizia, i manifestanti furono tradotti in carcere = La donna, intrisa di libidine, si diresse nell’oscurità della notte presso la chiesa [participio congiunto = PartCong / passivo (PDep)].

3. La diatesi delle costruzioni participiali con verbi transitivi in latino La questione della diatesi delle costruzioni participiali con verbi transitivi in latino pone difficoltà analitiche non facilmente risolvibili e resta a nostro avviso ancora aperta. Come vedremo più avanti, costituisce anzi probabilmente una problematica che, in termini tradizionali, risulta perfino mal posta. In particolare, da questo punto di vista, i participi passati si trovano in una posizione piuttosto complessa, e d’altronde, come abbiamo mostrato nei paragrafi precedenti, in certi contesti, la diatesi dei loro successori romanzi varia a seconda della lingua neolatina analizzata (in italiano sono ad esempio a volte attivi, mentre in francese, spagnolo e portoghese sono sempre passivi). A differenza di quanto accade nelle lingue romanze appena citate, non sempre in latino è possibile proporre test diagnostici della diatesi di un verbo. Se infatti per quanto riguarda le costruzioni assolute di grado 1 ed i participi congiunti al passato, la presenza del complemento d’agente in alcune di queste strutture ce ne garantisce il valore passivo, più arduo è invece il compito di determinare la diatesi delle costruzioni assolute di grado 2.12 In (19) presentiamo una costruzione assoluta di grado 1 all’interno della quale si riscontrano due elementi (visione angelica) che rappresentano l’evento da cui sono terrorizzati i custodi. In (20) invece è evidenziato un participio congiunto in cui il participio passato relicta è sicuramente passivo perché dotato del complemento d’agente ab inmortali Christo. (19) Sed resurgente Domino, custodibus visione angelica territis, cum non inveniretur in tumulo, nocte parietis de cellola, in qua Ioseph tenebatur, suspenduntur in sublimi, ipse vero de custodia, absolvente angelo, liberatur, parietibus restitutes in locum suum (21, 18, 3 – trad. it. «Ma quando il Signore risorse, i custodi furono atterriti da una visione angelica: non si trovava più nella tomba, mentre di notte, dalla cella nella quale era imprigionato Giuseppe, vengono innalzati in aria i muri e quello, grazie ad un angelo salvatore, è fatto libero, e intanto i muri sono messi di nuovo al loro posto» Oldoni 2001: 35).13

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Si noti che, a differenza di quanto è possibile ritrovare in alcuni testi di italiano antico (cf. Egerland 1996: 186-188; 2000: 609), non si riscontra nel primo libro delle Historiae alcun caso di struttura assoluta di grado 1 con participio passato ma costruzione transitiva. Tuttavia, dato il carattere limitato del nostro corpus, ovviamente non ci è possibile stabilire se questa configurazione rappresenti un’innovazione romanza o un fenomeno già latino. Come si vede, il brano presentato in (19) evidenzia numerose caratteristiche di un certo interesse. Per una discussione specificamente incentrata su questo esempio cf. Greco (2005: 48-52).

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(20) Ecce enim relicta ab inmortali Christo, qui mihi dotem promittebat paradisum, mortalis hominis sum sortita consortium (47, 30, 21 – trad. it. «Ecco, abbandonata da Cristo immortale che mi aveva promesso il paradiso, sono caduta in unione con un uomo mortale» Oldoni 2001: 55).

Non è invece possibile testare in maniera diretta la diatesi delle costruzioni assolute di grado 2. Possiamo tuttavia svolgere delle riflessioni e dei confronti di tipo strutturale che a nostro avviso evidenziano delle interessanti caratteristiche, in grado forse di indicarci i primi passi della tortuosa strada che ha portato al differente sviluppo della diatesi delle costruzioni participiali in italiano e nelle altre lingue romanze. In (21), (22), (23) presentiamo rispettivamente una costruzione assoluta di grado 2, un participio congiunto al passato ed un participio congiunto al presente. (21) Cognitum autem satellitem, mulier concipit peperitque duos filios (2, 6, 6 – trad. it. «Conosciuto poi il compagno, la donna concepì e partorì due figli» Oldoni 2001: 17). (22) Nam succensa mulier a libidine, operta peccati tenebris, pergit ad domum ecclesiae per tenebras noctis (44, 29, 3 – trad. it. «Allora la donna, intrisa di libidine e coperta dalle tenebre del peccato, si diresse nell’oscurità della notte presso la chiesa, casa del vescovo» Oldoni 2001: 53). (23) Ad ille terrenas divitias posponens, sapientia magis expetiit (13, 14, 4 – trad. it. «E quello, trascurando le ricchezze terrene, chiese piuttosto la sapienza» Oldoni 2001: 29).

La frase in (21) presenta a nostro avviso una doppia possibilità interpretativa: una di tipo morfologico-sintattico e l’altra di tipo semantico-sintattico. L’accordo morfologico tra cognitum e satellitem spinge infatti a considerare quest’ultimo elemento come il soggetto del participio e dunque ad interpretare la costruzione in senso passivo. Il ruolo semantico che svolge il costituente mulier all’interno del costrutto participiale e la possibile relazione di tipo transitivo che si può riconoscere nel rapporto tra il soggetto della reggente, il participio cognitum ed il sostantivo satellitem spingono invece a considerare quest’ultimo costituente come l’oggetto diretto del participio e non il suo soggetto. Secondo questa rappresentazione, l’elemento che svolge la funzione di esperiente e di soggetto dell’azione veicolata dal participio è mulier.14

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Si noti che, in maniera piuttosto interessante, le strutture del grado 2 sono estremamente frequenti con gli accusativi assoluti. Se infatti queste costruzioni sono molto comuni anche con gli ablativi assoluti (nel libro che abbiamo indagato si tratta di circa il 50% dei casi, ma nel campione analizzato da Helttula 1987, la percentuale sale al 72%), con gli accusativi assoluti rappresentano la quasi totalità dei casi (circa l’80% dei casi tanto nel nostro corpus quanto in quello della linguista finlandese). Questo dato ci sembra di un certo rilievo non solo perché evidenzia una chiara differenza tra le strutture participiali in ablativo e quelle in accusativo (che a volte vengono invece considerate, su basi generalmente fonetiche, delle costruzioni indifferenziate), ma anche perché getta una luce interessante sul caso cui sono flessi i costituenti degli accusativi assoluti. Su questo aspetto si veda comunque Greco (2005: 178-180).

Sulla diatesi delle costruzioni participiali italiane alla luce di dati tardo-latini

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Da un punto di vista semantico-sintattico dunque, a dispetto della teorica differenza di tempo e di diatesi dei participi, l’esempio in (21) risulta più simile a quello presentato in (23) che al periodo mostrato in (22).15 Si tratta evidentemente di un quadro all’interno del quale nozioni come quella di diatesi possono fluttuare verso interpretazioni diverse, mentre la sintassi e la semantica sembrano giocare ruoli differenti ed altalenanti, lasciando aperte soluzioni discordanti ed anche opposte. La questione della diatesi dei participi dei verbi transitivi latini risulta quindi, se interpretata in maniera tradizionale, probabilmente mal posta. Non bisogna d’altronde dimenticare che il latino in epoca tarda si trova in una fase all’interno della quale sono in ribollimento i complessi fenomeni di ristrutturazione dei valori della diatesi che hanno poi portato alla nascita del sistema verbale romanzo. Ci sembra dunque plausibile che, in questo contesto, la voce attiva, media o passiva dei participi possa aver rappresentato un aspetto secondario rispetto ad altri tipi di relazione. Proprio l’apertura a diverse interpretazioni della diatesi dei participi passati dei verbi transitivi (legata, come abbiamo visto, alle strette relazioni strutturali che in alcuni casi intercorrono tra costruzioni dotate teoricamente di voce diversa) potrebbe d’altronde essere alla base delle differenti direzioni prese dalle lingue romanze. Il francese, lo spagnolo ed il portoghese potrebbero in un certo senso aver seguito la strada tracciata dall’interpretazione morfologico-sintattica, mentre l’italiano quella dell’interpretazione semantico-sintattica.

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Abbiamo ampiamente discusso queste questioni in Greco (2005). Si noti comunque che anche Helttula (1987: 58) sottolinea che le strutture assolute al passato in cui «the participle expresses an action performed by the main subject» funzionano «as an active participium coniunctum with an object». Si tratta infatti, secondo Helttula, di «past participles [...] active in meaning» (Helttula 1987: 58). Per quanto riguarda la distinzione di tempo tra il participio presente e quello passato, ci sembra opportuno segnalare che, come abbiamo mostrato in Greco (2005: 161-171), nel primo libro delle Historiae i participi presenti vengono a volte usati anche con senso passato e perfettivo.

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Paolo Greco

Greco, Paolo (2005): La subordinazione participiale nel primo libro della Historia Francorum di Gregorio di Tours. In: MedRom 39, 3-71, 161-210. Helttula, Anne (1987): Studies on the Latin Accusative Absolute. Helsinki: Societas Scientiarum Fennica. Hoff, François (1989): Les ablatifs irréguliers: un nouvel examen du problème. In: Calboli, Gualtiero (ed.): Subordination and Other Topics in Latin. Amsterdam: Benjamins, 401-423. Krusch, Bruno / Levison, Wilhelm (edd.) (1951): Gregorii Episcopi Turonensis, Decem Libri Historiarum. MGH. Hannover: Hahn. Legendre, Géraldine (1987): Topics in French Syntax. PhD Thesis, University of California, San Diego. Loporcaro, Michele (2003): The Unaccusative Hypothesis and participial absolutes in Italian: Perlmutter’s generalization revised. In: RLin 15, 199-263. – (2006): Sintassi romanza, ovviamente comparata: il caso del participio assoluto. In: Dahmen, H. / Holtus, G. / Kramer, J. / Metzeltin, M. / Schweickard, W. / Winkelmann, O. (edd.): Was kann eine vergleichende romanische Sprachwissenschaft heute (noch) leisten? Romanistisches Kolloquium XX. Tübinger: Narr / Francke / Attempto, 207-221. Oldoni, Massimo (ed.) (2001): Gregorio di Tours. Storia dei Franchi. I dieci libri delle Storie. Vol. 1. Napoli: Liguori. Renzi, Lorenzo (ed.) (1988): Grande grammatica italiana di consultazione. Vol. 1. Bologna: Il Mulino. – (ed.) (31991): Grande grammatica italiana di consultazione. Vol. 1. Bologna: Il Mulino. Rosen, Carol (1981 [1988]): The relational structure of reflexive clauses. Evidence from Italian. New York / London: Garland Publishing [PhD thesis, Harvard University, 1981]. Salvi, Giampaolo (1988): La frase semplice. In: Renzi, Lorenzo (ed.), 29-113. – (31991): La frase semplice. In: Renzi, Lorenzo (ed.), 29-113.

Marc-Olivier Hinzelin

L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques1

1. Introduction Ce travail –qui est le fruit d’une recherche de plus grande envergure sur la position des pronoms clitiques objets romans (Hinzelin 2007)– a pour but d’élucider un problème de syntaxe romane peu étudié et encore mal compris: l’interpolation de différents éléments entre un pronom objet clitique (aussi nommé atone ou conjoint) et le verbe conjugué. Mon étude s’inscrit à la fois dans un axe de recherche comparative (en domaine roman) et historique et trace les lignes d’évolution pour quelques langues romanes. Je donne pour commencer les définitions des deux termes, essentielles pour l’analyse de structures d’interpolation: • L’interpolation est l’introduction d’un élément entre un pronom objet clitique et le verbe2, p. ex. du pronom sujet eu («je») entre le pronom objet lles («leur») et le verbe dans cette phrase de l’ancien portugais (a. port.): (1)

a. port. Isto que lles eu mãdo

«ce que je leur envoie»

(Martins 1994: 171)

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2

Ce travail a été réalisé dans le cadre des projets de recherche suivants: «Évolution et variation de pronoms explétifs et neutres dans les langues romanes» (dirigé par G.A. Kaiser, faisant partie du SFB 471 rattaché à l’Université de Constance et financé par la DFG) et «Autonomous Morphology in Diachrony: comparative evidence from the Romance languages» (dirigé par M. Maiden et J.C. Smith, rattaché à l’Université d’Oxford et financé par l’AHRC – grant AH/D503396/1). Merci à Christian Hinzelin pour la relecture du manuscrit. L’auteur demeure bien évidemment seul responsable des erreurs et omissions pouvant subsister. Contact: marc.hinzelin [at] googlemail.com. Chenery (1905: 1) qui est le premier à étudier ce phénomène de manière détaillée introduit ce terme: «Throughout this study, interpolation will be used to mean the interpolation, between an unstressed object-pronoun and its following governing verb, of another word or other words, not unstressed object-pronouns in similar construction». Cette définition pose un problème: si le verbe est l’hôte (angl. host), le pronom perd alors son caractère de clitique s’il n’est plus adjacent à celui-ci. Dans la section 4, je propose une théorie de l’interpolation et de la position des pronoms objets clitiques où le clitique n’a pas toujours le verbe conjugué comme hôte. Dans ce qui suit, le terme «interpolation» ne veut dire que l’existence d’une suite «clitique – mot / syntagme – verbe».

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Marc-Olivier Hinzelin

L’exordium est un élément introducteur tel que complémenteur, pronom relatif, pronom interrogatif, etc. dont la présence s’impose pour que l’interpolation soit admise.3 Le point de départ pour mon étude sont les recherches de Martins (1994) sur l’évolution de l’ordre des pronoms clitiques en portugais et de Sánchez Rei (1999) sur l’interpolation en galicien. •

J’essayerai de répondre aux questions suivantes au long du présent travail:4 • Dans quelles langues romanes existait l’interpolation au Moyen Âge et dans quelles langues existe-t-elle encore aujourd’hui? • La nature de l’interpolation par rapport aux éléments interpolables, aux exordia et à la fréquence de son apparition, a-t-elle changé? • Existe-t-il des différences à l’intérieur des langues romanes? • Peut-on observer une relation entre les phénomènes d’interpolation et de postposition de pronoms clitiques objets?

2. L’interpolation dans les langues romanes médiévales 2.1 L’interpolation en ibéro-roman L’ancien portugais présente une interpolation fréquente et variée en éléments interpolables; Martins (1994: 162-183) établit la classification suivante selon les éléments interpolables: A. Opérateur de négation (não – nõ, rarement nunca): que lhe nõ sega autorgado B. Adverbes (p. ex. ora, assy, adeante, melhor, bem, logo, etc.): que se adeãte segue C. Syntagmes prépositionnels (SP; p. ex. sobre este prazo, delle, atá áqui, de dereito, em sseu logo, per nos, etc.): como lhj per nos fosse mãdado D. Sujets (pronominaux ou lexicaux (SN); p. ex. eu, nos, el; o dito Monsteiro, etc.): Isto que lles eu mãdo E. Objets directs (plus rare, ordinairement avec interpolation d’un autre élément): que diga que llj eu Alguna cousa diuia F. Objets indirects (extrêmement rare): que as Ao dicto Monsteiro deuiã Algũas pessoas G. Adjectifs (rare): mester, neseçarjo, etc.: quanta lhe nesecarjo seja H. Participes passés (dans les temps composés; extrêmement rare): que lhys Assy escambhados Auyã I. Infinitifs dans les constructions de complémentation ou dans les structures avec auxiliaires (rare): e milhor se o auer poderem ––––––– 3

4

Dans la terminologie, je suis Chenery (1905: 35) qui se base sur Wackernagel (1892). (Ramsden 1963: 135-136 utilise également ce terme dans son étude comparative de la position des pronoms objets dans les langues romanes). Ce travail se limitera principalement à l’étude de l’interpolation avec des verbes conjugués.

L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques

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J.; L.; M.; N. Constituants de redoublement du clitique; Quantificateurs (Quant.); Interpellation; Petite proposition – proposition réduite (small clause); toutes ces constructions sont extrêmement rares (seulement un à trois exemples dans le corpus) O. Plus d’un constituant: E sse pela uentura a uos assj nõ adubardes Les contextes d’interpolation sont les suivants selon Martins (1994: 183-190):5 Dans la grande majorité des cas, elle est réalisée dans des subordonnées; en plus elle se trouve dans des propositions introduites par: a) un adverbe déclenchant l’antéposition du pronom clitique objet b) des quantificateurs (quantificateurs négatifs inclus) c) des syntagmes focalisés L’interpolation n’est jamais obligatoire, mais elle est très fréquente en ancien portugais (cf. Martins 1994: 193): elle est réalisée avec não ‹ne ... pas› dans 94,1% des cas et avec d’autres éléments dans 66,6% des cas. En ancien espagnol, on trouve une situation très semblable à celle de l’ancien portugais (cf. Chenery 1905; Meyer-Lübke 1897: 314-315; Ramsden 1963: 134-150; Sánchez Lancis 1993 entre autres). En ancien catalan, par contre, elle est inexistante: il n’y a aucun exemple de constructions d’interpolation (cf. p. ex. Fischer 2002; Ramsden 1963).

2.2 L’interpolation en gallo-roman De l’avis de beaucoup d’experts, l’interpolation avec des verbes conjugués existait en ancien français – Ramsden (1963: 134) et Moignet (1965: 62) donnent des exemples avec la particule par et les adverbes mal et plus. Surtout les exemples de Moignet sont souvent cités. Skårup (1975: 20-30) a étudié ce problème de façon exhaustive. Il a démontré que, dans la plupart des cas, il s’agit plutôt d’un préfixe verbal et non d’un élément interpolé. Dans d’autres cas, il s’agit d’erreurs d’édition ou du scribe. Un certain nombre d’interpolations présumées provient de textes anglo-normands. Cela suppose que l’on a affaire ici à des phénomènes de contact de langues ou d’une maîtrise imparfaite de la langue. De Kok (1985: 48-49, 173) ne trouve aucun exemple d’interpolation dans son large corpus. En ancien occitan, l’interpolation n’existe pas: il n’y a aucun exemple de constructions d’interpolation (cf. p. ex. Hinzelin 2007; Pape 1883; Ramsden 1963: 134).

2.3 L’interpolation en italo-roman En ancien italien, la situation est assez obscure quand on consulte les travaux sur le sujet. L’interpolation n’est pas discutée ou son existence est même niée (cf. p. ex. Tekavčić ––––––– 5

Les contextes d’interpolation sont par ailleurs les seuls contextes qui déclenchent la position préverbale obligatoire du pronom clitique objet.

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Marc-Olivier Hinzelin

1980: 195).6 Henz (1908: 8), par contre, donne des données sur l’interpolation sans équivoque, surtout avec des adverbes non, poi et, très fréquent, pur(e), mais aussi avec un syntagme nominal: Indessen finden sich, wenn auch nur spärlich, Beispiele in denen das Pronomen vom Verbum durch die Wörtchen non, poi und vor allem pur getrennt wird: ke ce non abbi quella dilectione ke me senior Dominideu commandao (Mon. 4, II), wo in dem Relativsatz das als tonlos zu betrachtende me vom Verbum sogar durch das Subjekts-Nomen getrennt ist; e lo no’ incresca la gran dimoranza (Mon. 37,9), acciò l poi struggha e aucida esso (61.6,70), anzi si pur aluma (26.7,18), el cavaliere l pur preghava (N. P. 148), vedendo il Re che sì pur ramarichava (148), das N. M. 87 löst hier che in ch’ e’ auf und schreibt si was mir richtiger erscheint, ella . . . mi si pur pone a sedere in grembo (N. P. 123), il Re li li pure proferea (148), ve la pur dirò (B. D. 5,10), oggi vi pure abbiam noi ingannati (6,10). [italiques – MOH]

3. L’interpolation dans les langues romanes modernes L’ibéro-roman présente un état très hétérogène, son extrémité ouest connaît encore des structures d’interpolation: en portugais européen (Magro 2004; Martins 1994, entre autres) on trouve des interpolations de la négation não et des pronoms sujets comme eu; en galicien (Álvarez et al. 1986; Freixeiro Mato 2000; Sánchez Rei 1999a; 1999b, entre autres), comme le montrent deux cartes de l’ALGa (Atlas Lingüístico Galego, Vol. 2: Mapa 193, 194), l’interpolation est présente dans les constructions «Eu lle non podo» et «Por iso che eu digo». En espagnol et en catalan, par contre, elle est inexistante. Pourtant, on est contraint de constater des différences entre l’interpolation médiévale et moderne en portugais. Comme le met en évidence Martins (1994: 276), elle se trouve chez certains locuteurs seulement et elle est optionelle: «A interpolação de não continua a ser, hoje em dia, uma opção para alguns falantes, embora excluída da gramática de outros [...]». Magro (2004: 5) résume ainsi la situation après son étude détaillée des dialectes modernes à partir du dépouillement du corpus CORDIAL-SIN – Corpus Dialectal com Anotação Sintáctica: A interpolação que sobrevive actualmente em PE [português europeu] (como aliás em Galego) reveste-se de características muito diferentes daquelas que tinha no português antigo, quer quanto às condições do seu funcionamento, quer quanto à sua produtividade.

––––––– 6

Tekavčić (1980: 195) affirme: «I sostituenti tonici neolatini sono relativamente liberi, mentre gli atoni stanno immediatamente accanto al verbo: fra mi e scrive in Laura mi scrive ogni settimana, fra me lo e manderà in Mi ha promesso che me lo manderà entro la fine del mese niente si può intercalare». Et il a même été jusqu’à constater, en ignorant les cas bien documentés de l’ancien portugais et de l’ancien espagnol: «Quest’aggruppamento dei sostituenti atoni attorno al verbo è una caratteristica romanza generale ed è una delle conseguenze della perdita dell’autonomia della parola, di cui si è già fatto cenno diverse volte» (Tekavčić 1980: 195).

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L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques

En gallo-roman, elle est inexistante avec des verbes conjugués en français. Dans le style littéraire, les interpolations de tout, rien, assez, trop, bien, mieux, etc. existent, par contre, avant l’infinitif (Grevisse 131993: 1009; de Kok 1985: 339-341; Ledgeway / Lombardi 2005: 105-106). En occitan, l’interpolation n’existe pas. L’italo-roman présente une variation plus grande: en italien standard, elle est inexistante. En italien méridional, cependant, –p. ex. dans le dialecte calabrais de Cosenza– Ledgeway / Lombardi (2005) décrivent l’interpolation de trois adverbes, sempre, cchiù et ancora. (Pour ce qui est d’autres adverbes et dialectes, cf. Ledgeway 2002: 119-120.) De même en italien septentrional, le dialecte triestin connaît l’interpolation des adverbes gnanca et sai (Benincà / Cinque 1993: 2325). (2)

calabr.

si sempre lava «il se lave toujours»

(Ledgeway / Lombardi 2005: 80)

La situation en roumain est décrite par Meyer-Lübke (1899), Tiktin (1905), Bredemeier (1976), Dobrovie-Sorin (1994), entre autres. Il existe seulement cinq adverbes interpolables: mai, prea, tot, cam et şi. Meyer-Lübke (1899: 766) décrivait déjà ce phénomène ‹curieux›: Merkwürdig ist, dass bis heute das Pronomen durch maĭ, prea und tot vom Verbum getrennt wird: nu-l maĭ schimba […] ‘er änderte ihn nie’ […] (3)

roum.

Îl mai văd.

«je le vois encore»

(Bredemeier 1976: 50; de Kok 1989: 31)

4. Discussion Le Tableau 1 compare l’interpolation dans les différentes langues romanes modernes et, si elle existe, on trouvera une indication de la fréquence des structures d’interpolation. Tableau 1: Existence et fréquence de l’interpolation avec des verbes conjugués gal. port. (EP) esp. cat. occ. fr. it. roum.         ancien         ‹moyen›        moderne  / ()7  = jamais,  = aucune donnée,  = rare et seulement interpolation de certains adverbes (et, éventuellement, de pronoms sujets), = parfois,  = fréquent,  = très fréquent

Le Tableau 2 donne les éléments interpolables (et leur fréquence) selon la classification établie par Martins (1994; cf. ci-dessus). Les données proviennent d’un dépouillement d’ouvrages qui traitent de ce phénomène ou de la position du pronom objet en général dans les langues étudiées. ––––––– 7

Dans des dialectes italiens (cf. ci-dessus).

336

Marc-Olivier Hinzelin

Tableau 2: Éléments interpolables avec des verbes conjugués8 Élément interpolé A. Négation B. Adverbe C. SP D. Sujet: a. pronominal b. SN E. Objet direct F. Objet indirect G. Adjectif H. Participe I. Infinitif J. Redoublement L.; M.; N. Quant., interpellation, small clause O. Plusieurs constituants

a.port.            

port.mod.  / ()    / ()        

gal.   ?  ? ? ? ?  ? ? 

a.esp.            

a.it.            

roum.            



 / ()









Pour ce qui est de l’exordium, le Tableau 3 montre la distribution et la fréquence de divers types en ancien portugais, portugais moderne, galicien, ancien espagnol et ancien italien. Tableau 3: Exordium dans les structures d’interpolation avec des verbes conjugués Nature de l’exordium (1) Conjonctions de subordination (2) Pronoms relatifs (3) Adverbes (3) Quantificateurs (aussi négatifs) (4) Syntagmes focalisés (5) Pronoms interrogatifs (6) Prépositions (avec Inf. flexionné)

a.port.       

port.mod.       

gal.       

a.esp.     ?  

a.it.     ?  

Il existe une corrélation entre interpolation et postposition de pronoms objets clitiques: les langues qui connaissent l’interpolation permettent la postposition (fréquente); cf. le Tableau 4.

––––––– 8

Tableaux 2 et 3: données selon Martins (1994), Magro (2004) – (ancien) portugais, Álvarez et al. (1986), Álvarez / Xove (2002), Sánchez Rei (1999a) – galicien, Ramsden (1963) – ancien espagnol, Henz (1908) – ancien italien, Bredemeier (1976) – roumain.  = non attesté,  = aucune donnée,  = attesté,  = fréquent,  = très fréquent, () = non attesté dialectalement.

L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques

337

Tableau 4: Corrélation de l’interpolation et de la postposition des pronoms objets clitiques (sans les cas ‹Tobler-Mussafia›) avec des verbes conjugués dans la Romania occidentale Phénomène

a.fr.

a.occ. a.cat. a.esp. a.port. & gal.

fr. & esp. & port. port. gal. occ. cat. mod. mod. mod. mod. (BP) (EP)           Interpolation           Postposition  = jamais,  = interpolation rare,  = souvent,  = fréquent

Cette corrélation est reprise dans Hinzelin (2007) pour proposer à la fois une théorie de l’interpolation et de la variation de la position des pronoms objets clitiques dans les langues romanes. Dans mon analyse (cf. le chapitre 5 de Hinzelin 2007), je considère l’interpolation comme signe visible de la possibilité d’attachement enclitique des pronoms clitiques à divers éléments situés à la périphérie gauche de la phrase (position C° dans une version simple) dans les langues romanes anciennes. Les clitiques ont un caractère affixal et ils sont incorporés à la tête en question (I° ou, de préférence, C°). Je considère que l’enclise, soit au verbe conjugué, soit au complémenteur, fonctionne de manière tout à fait identique: si le verbe se déplace à C°, le pronom est postverbal et enclitique au verbe, si C° est occupé par un autre élément, le verbe reste à I°, le pronom est préverbal et enclitique à l’élément à C°, p. ex. le complémenteur. Alors le pronom clitique ne se déplace pas. Avec la présence d’un syntagme entre pronom clitique et verbe, l’interpolation indique de façon claire et nette qu’un autre attachement qu’au verbe doit exister. La structure proposée d’une subordonnée avec interpolation en ancien portugais et en portugais ibérique moderne comme dans la phrase [...] que lhes ele entregou as cartas est la suivante: [CP [C° Complémenteur=clitique [SpecIP Sujet [I° Vfin [VP Objet]]]]].

5. Résumé Un examen méticuleux des interpolations dans les langues romanes médiévales et modernes révèle donc au moins l’existence de deux, voire de trois types différents (cf. aussi Hinzelin 2007: 79-86):9 A. L’interpolation proprement dite dans les anciennes langues romanes qui permet l’insertion de longs syntagmes et même de plusieurs syntagmes. L’interpolation est fréquente; un exordium est toujours présent: ancien portugais, ancien espagnol et, plus rare et seulement dans quelques textes, ancien italien. B. L’interpolation dans les langues romanes modernes: a. Seuls des adverbes et des pronoms sujets peuvent être interpolés. L’interpolation dépend d’un contexte qui la permet, p. ex. dans les ––––––– 9

Cf. aussi Barbosa (1996: 8) qui distingue deux types d’interpolation: «full interpolation» (interpolation de syntagmes complets – en ancien portugais) et «residual interpolation» (négation et certains adverbes seulement – en portugais européen).

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b.

subordonnées, – la présence d’un exordium est donc requise: portugais européen, galicien; L’interpolation adverbiale: il n’y a que des adverbes clitiques qui s’intercalent entre pronom objet clitique et verbe; la présence d’un exordium n’est plus requise: dialectes italiens, roumain.

L’interpolation est plus restreinte aujourd’hui qu’au Moyen Âge: les classes d’éléments interpolables sont réduites à deux: des adverbes (y compris la négation) et des pronoms sujets (seulement en portugais et en galicien) – cf. le Tableau 2. Cette restriction est le résultat visible d’une évolution en direction d’une grammaticalisation de l’interpolation dans les langues romanes modernes. Mon étude a montré l’existence d’une corrélation claire entre l’interpolation et une postposition fréquente des pronoms objets clitiques (en dehors des cas de la loi ToblerMussafia, c.-à-d. en dehors des constructions avec le verbe en initiale absolue, le seul cas de postposition qui existait en ancien français) dans les langues romanes médiévales et dans la Romania occidentale d’aujourd’hui. Ce lien se manifeste aussi dans le fait que les contextes permettant l’interpolation dans l’époque médiévale sont exactement ceux qui refusent la postposition facultative. (Pour de plus amples explications, cf. l’analyse et la discussion théoriques dans le chapitre 5 de Hinzelin 2007.)

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L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques

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Giorgio Iemmolo

La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano: un’analisi contrastiva*

1. Premessa Come è ben noto, la marcatura differenziale dell’oggetto (d’ora in avanti, MDO) è un fenomeno ampiamente attestato nelle lingue del mondo: essa consiste nel fatto che in alcune lingue l’oggetto diretto può apparire con una marca morfologica in relazione ad alcune proprietà semantico / pragmatiche del referente del sintagma nominale, come animatezza, definitezza e topicalità. Nonostante l’argomento abbia ricevuto grande attenzione nella linguistica romanza, sembra opportuno tornare ad occuparsene in relazione a un dialetto sostanzialmente poco studiato, il siciliano.1 Due gli obiettivi principali della ricerca: da un lato la descrizione del fenomeno in siciliano moderno, così da rendere possibile una ricognizione del grado di grammaticalizzazione del costrutto all’interno di questa varietà linguistica, dall’altro quella di inquadrare il fenomeno nell’area della Romània, attraverso un confronto con la situazione attestata in sardo ed in spagnolo. Dati i severi limiti di spazio, si è preferito comprimere la discussione teorica e schematizzare l’analisi dei dati per dare maggiore spazio alla discussione dei risultati.

2. Metodologia e corpus Il lavoro è stato condotto, per il siciliano, su dati raccolti sul campo attraverso questionari ed interviste in tre punti della Sicilia occidentale, Naro (AG), Canicattì (AG) e Palermo, mentre per ciò che concerne spagnolo e sardo ci si è basati su dati di parlanti

––––––– *

1

Ringrazio le prof.sse Anna Giacalone Ramat ed Elisabeth Stark e la dott.ssa Elisa Ghia che hanno letto una prima versione di questo lavoro, fornendomi utilissimi suggerimenti e critiche. Ringrazio inoltre coloro che, in sede di presentazione, ne hanno discusso con me alcuni parti, Roberto Rattu per i dati del sardo e un anonimo revisore per gli utili commenti. La responsabilità di quanto scritto rimane ovviamente solo mia. Gli unici studi pubblicati sul siciliano sono quelli di La Fauci (1991) e Sornicola (1997; 2000), di taglio prevalentemente diacronico.

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nativi e sulle rispettive grammatiche di riferimento.2 I parametri presi in considerazione durante l’analisi sono quelli che la ricerca linguistica ha dimostrato essere normalmente presenti nella realizzazione del fenomeno, ovvero animatezza, definitezza / specificità e topicalità per i sintagmi nominali, e telicità per ciò che riguarda la semantica verbale (cf. Bossong 1998; Lazard 2001; Næss 2003): Animatezza: umano > animato > inanimato Definitezza e Specificità: definito > indefinito specifico > indefinito non specifico Topicalità: topicale > non topicale Telicità: telico > non telico

Una gerarchia che comprende le precedenti è quella proposta da Silverstein (1976) che, intersecando le varie dimensioni, prende in considerazione il contenuto lessicale dei diversi tipi di sintagmi nominali: pronomi I e II pers. > pronomi III pers. > nomi propri > nomi di parentela > nomi comuni di persona > nomi di animali > nomi di cosa > nomi collettivi > nomi astratti

Varie sono state le motivazioni suggerite per la spiegazione del fenomeno: secondo diversi studi tipologici (Bossong 1998; Comrie 1979; 1989), esiste una correlazione fra un alto grado di individuazione (ovvero animatezza e definitezza) e l’agente di una frase transitiva, e fra un basso grado di individuazione e l’oggetto prototipico: in base a questo assunto, la MDO è una manifestazione della marcatezza del SN oggetto in diretta opposizione al ruolo sintattico e semantico che questo ricopre. La motivazione funzionale soggiacente a questa ipotesi è la necessità di una chiara distinzione fra le relazioni grammaticali all’interno di una proposizione, per cui la MDO sarebbe un strategia di disambiguazione atta ad evitare la possibile confusione fra le relazioni grammaticali dei SN di una frase transitiva che renda difficoltosa la loro decodifica da parte del parlante. La presenza di una marca esplicita per oggetti altamente individuati, in accordo con la teoria della marcatezza, da un lato rifletterebbe iconicamente lo status marcato dell’oggetto, mentre dall’altro faciliterebbe l’elaborazione e la comprensione dell’enunciato, coerentemente con il principio dell’economia.3 Una lettura (parzialmente) diversa del fenomeno è stata suggerita da Hopper e Thompson (1980) all’interno della loro teoria della transitività: secondo Hopper e Thompson, la transitività è una proprietà scalare della proposizione, determinata dall’interazione di dieci parametri semantici riguardanti le caratteristiche dei predicati e degli argomenti4, che possono essere condivisi in modo ––––––– 2

3

4

Il capitolo di E. Torrego Salcedo in Bosque / Demonte (1999) per lo spagnolo e Jones (1995) per il sardo. Cf. Comrie (1989: 128): «the most natural kind of transitive construction is one where the A is high in animacy and definiteness, and the P is lower in animacy and definiteness; and any deviation from this pattern leads to a more marked construction [...] The construction which is more marked in terms of information flow should also be more marked formally». I parametri sono i seguenti: il valore a sinistra indica maggiore transitività, mentre quello a destra minore transitività: A. Participants: 2 or more participants / 1 participant; B. Kinesis: action / nonaction; C. Aspect: telic / non-telic; D. Punctuality: punctual / non-punctual; E. Volitionality:

La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano

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variabile all’interno di una costruzione transitiva. In questo modo, una proposizione è interpretabile come più o meno transitiva a seconda della presenza di un numero maggiore o minore delle proprietà che identificano la frase transitiva. La transitività è concepita dai due studiosi come un trasferimento completo di un’azione reale da un partecipante a un altro: l’agente sarà consapevole e volitivo, mentre l’oggetto sarà altamente individuato (cioè definito, animato) e coinvolto (affected) dall’azione compiuta dall’agente, tanto più se questa è completa (ovvero telica) e reale. Inoltre, alla transitività è legata anche una funzione pragmatica, ovvero quella di mettere in rilievo (foregrounding) o di relegare sullo sfondo (backgrounding) le informazioni veicolate dall’enunciato. L’informazione foregrounded costituisce la parte centrale che viene di solito codificata attraverso la presenza di un numero maggiore di caratteristiche del modello transitivo (Hopper / Thompson 1980: 280 e ss.). La MDO, in questo contesto, avrebbe quindi la duplice funzione di indicare l’Alta Transitività della proposizione e di mettere in rilievo l’oggetto della proposizione. La correttezza dell’ipotesi è confermata da numerosi indizi interlinguistici: ad esempio, in numerose lingue, oggetti dotati di basso grado di individuazione si prestano a fenomeni di incorporazione o vengono espressi in frasi morfosintatticamente intransitive (Hopper / Thompson 1980: 257-259); inoltre, un basso grado di individuazione rende l’oggetto meno coinvolto, e di conseguenza riduce la transitività della proposizione: a questo proposito, si pensi ad esempio all’opposizione accusativo-partitivo del finlandese. Cercheremo di mostrare in ciò che segue, attraverso l’analisi dei dati tratti da siciliano, spagnolo e sardo, la validità del modello di Hopper e Thompson o eventuali punti problematici che esso pone.

3. La situazione in siciliano L’uso della preposizione davanti all’oggetto è in siciliano limitato essenzialmente agli oggetti [+ umano] e [+ definito]: infatti, viene regolarmente utilizzata davanti a pronomi personali, nomi propri e nomi di parentela, che costituiscono le classi di nominali più in alto nella gerarchia di animatezza (Silverstein 1976): 1. Chiddru chiama a mmia «Quello chiama me» 2. Canuscivu a Luvici «Ho conosciuto Luigi»

Un uso apparentemente anomalo della marca è quello segnalato da Rohlfs (1984: 63), in cui la preposizione viene usata in funzione di vocativo, esclusivamente con i pronomi ––––––– volitional / non-volitional; F. Affirmation: affirmative / non-affirmative; G. Mode: realis / irrealis; H. Agency: A high in potency / A low in potency; I. Affectedness of O: O totally affected / O nonaffected; J. Individuation of O: O highly individuated / O non-individuated.

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personali:5 in contesti del genere l’uso della marca può essere semplicemente ricondotto alla grammaticalizzazione della preposizione con i pronomi personali, che in siciliano non compaiono mai senza la preposizione. I nomi di parentela vengono marcati obbligatoriamente soltanto al singolare, mentre al plurale la presenza della marca è oscillante, in quanto diminuisce il grado di definitezza del referente: 4. Arrubbaru a so cuscinu «Hanno rapito suo cugino» 5. Arrubbaru (a) i so cuscini «Hanno rapito i suoi cugini»

L’uso della marca di fronte a nomi comuni umani ha una frequenza molto bassa, tranne quando questi sono preceduti da dimostrativi che aggiungono maggiore definitezza al referente: 6. Talia a ssu picciliddru «Guarda questo bambino»

Con i nomi di animali, la presenza della preposizione è quasi nulla, tranne in pochissimi casi in cui l’animale fa parte del contesto domestico e viene, per così dire, «antropomorfizzato»: 7. *Ammazzaru a u cani «Hanno ucciso il cane»

La marca è impossibile con SN inanimati e/o indefiniti (anche se umani), anche con verbi telici la cui presenza, secondo il parere di alcuni studiosi (cf. ad es. Romagno 2005), accresce la probabilità di marcatura: 8. *Ammazzaru a un cristianu a Giurgenti «Hanno ucciso un uomo ad Agrigento» 9. *Luvici distrudì a la casa «Luigi ha distrutto la casa»

Con il pronome indefinito unu, la marca ricorre in maniera regolare, nonostante l’indefinitezza del referente: 10. Vitti a unu ca ti circava «Ho visto uno che ti cercava»

E’ interessante notare come la marca sia obbligatoria con oggetti dislocati ripresi con clitic doubling, che possiedono un elevato grado di topicalità, anche in casi in cui ––––––– 5

Si veda ad esempio la frase «A ttia, vieni ‘cca» «Tu vieni qui», in cui la preposizione ha chiaramente funzione di vocativo.

La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano

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normalmente l’uso della marca non sarebbe favorito, come si nota nell’esempio seguente, nel quale il nominale dislocato corrisponde a quello dell’esempio (5): 11. A i to cuscini, li ‘ncuntrasti? «I tuoi cugini, li hai incontrati?» 12. Ad iddru lu pistaru a sangu, ad iddra nun la vittiru «Lui lo hanno picchiato a sangue, lei non l’hanno vista»

La presenza della marca sembra deviante dal modello generale sin qui delineato nel seguente esempio, in cui il pronome nuddru «nessuno» viene marcato nonostante sia inerentemente indefinito e non specifico: 13. Nun vitti a nuddru «Non ho visto nessuno»

In sintesi, il grado di obbligatorietà, ovvero di grammaticalizzazione della MDO in siciliano è limitato essenzialmente ad oggetti altamente individuati, nella terminologia di Hopper e Thompson (1980); vediamo brevemente il comportamento in base ai diversi parametri presi in esame: – la marca è obbligatoria nei pronomi personali tonici, in cui si è completamente grammaticalizzato il tratto [+ umano]; infatti, come già notato da Fiorentino (2003) per il napoletano, anche in siciliano il pronome personale di III persona (sing. iddru, plur. iddri) designa unicamente referenti umani, mentre per referenti non umani vengono utilizzati i rispettivi dimostrativi chistu «questo» e chiddru «quello»; – mostra inoltre un altrettanto notevole grado di obbligatorietà anche nei nomi propri di persona; – i nomi di parentela al singolare presentano la marca con altissima frequenza, purché il SN sia altamente definito (in questo caso la marca compare raramente con SN al plurale); – con O dislocati la marca assume carattere di obbligatorietà, anche con nominali che normalmente presentano una certa oscillazione (cf. ess. 8-9).

4. La MDO in spagnolo Lo spagnolo mostra un grado di grammaticalizzazione della MDO maggiormente avanzato rispetto alle altre lingue romanze, eccetto il rumeno: la comparsa della preposizione è governata principalmente dalle gerarchie di animatezza e definitezza, benché siano riscontrabili alcune significative eccezioni, su cui ci concentreremo, che fanno intravedere un’espansione della marcatura, attraverso un meccanismo che rianalizza la marca differenziale dell’oggetto come marca generale di accusativo (Pedersen 2005: 36 ss.), secondo un processo attestato, ad esempio, in giapponese (Bossong 1991). L’uso della preposizione è obbligatorio con pronomi personali, nomi propri e nomi di parentela, nonché

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molto frequente con nomi comuni e nomi di animali, ovviamente solo se definiti e/o specifici: 14. Veo a ellos «Vedo loro» 15. Trajeron a Jimena (Torrego Salcedo 1999: 1799) «Portavano Jimena» 16. El medico curò al herido (Torrego Salcedo 1999: 1787) «Il medico curò il malato» 17. Ama a su perro (Torrego Salcedo 1999: 1800) «Ama il suo cane»

La marca è inoltre obbligatoria in contesti topicalizzati, come le dislocazioni, anche con oggetti inanimati, purché definiti: 18. A la Gramàtica Liminar hay que despojarla de exceso de formalismo (Calvo Perez 1991: 16) «Si deve rimuovere l’eccesso di formalismo dalla Grammatica Liminare»

Al contrario di quanto affermato da Torrego Salcedo (1999: 1788), la presenza della marca non sembra modificare l’Aktionsart del verbo: negli esempi sotto riportati, la studiosa afferma che il verbo besar, atelico, diventa telico con l’aggiunta della preposizione, che rende possibile anche la presenza del locativo en la frente: ma diversi parlanti nativi, cui sono state sottoposte le frasi, ritengono che anche l’oggetto della frase (19a) vada sempre marcato: 19a. Besaron un niño «Baciarono un bambino» 19b. Besaron a un niño en la frente «Baciarono un bambino sulla fronte»

Come ben noto, è molto importante in spagnolo la restrizione di specificità:6 indefiniti non specifici possono essere opzionalmente marcati, come nel seguente esempio: 20. Necesitaban (a) un empleado «Avevano bisogno di un impiegato»

Allo stesso modo del siciliano, il pronome negativo nadie va sempre marcato: 21. No veo a nadie «Non vedo nessuno»

––––––– 6

Per una disamina acuta e dettagliata sul legame fra MDO e specificità in spagnolo, cf. l’ottimo lavoro di Leonetti (2003).

La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano

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In sintesi, il costrutto appare in spagnolo, confrontato alla situazione del siciliano, molto pù esteso: oltre ad essere utilizzato con oggetti umani, ricorre frequentemente con oggetti animati e in misura significativa con oggetti inanimati definiti e/o specifici. La presenza di sintagmi dislocati rende pressocchè obbligatorio l’uso della preposizione, mentre, come si è visto, la correlazione fra la presenza della marca e la telicità verbale sembra essere solo indiretta.7

5. La MDO in sardo La MDO è bene attestata in tutte le varietà di sardo8 e la sua distribuzione appare simile a quella già analizzata per il siciliano: compare infatti regolarmente con i nominali più in alto nella gerarchia di Silverstein (1976), ovvero pronomi personali, nomi propri e nomi di parentela, tutti [+ umano]: 22. Deu connosciu a tui «Io conosco te» 23. Appu vistu a Juanne (Jones 1995: 38) «Ho visto Giovanni» 24. Sa mulleri at bocciu a su pobiddu «La moglie ha ammazzato il marito»

La marca ricorre opzionalmente con i nomi comuni [+ umano], ad eccezione dei contesti dislocati, nei quali l’oggetto è topicale: se preceduti da dimostrativi, al contrario di quanto si è notato a proposito del siciliano, la marca è facoltativa, nonostante la maggiore definitezza del referente: 25. Zerriau d’asi (a) su meigu? «Hai chiamato il medico?» 26. A su sindicu anti bocciu «Il sindaco, l’hanno ucciso» 27. Castiaddu (a) custu pippiu «Guarda quel bambino»

L’uso della marca con SN plurali, il cui grado di definitezza è minore, è abbastanza raro, mentre è impossibile con nomi indefiniti, anche se hanno referenti umani: ––––––– 7

Per una posizione diversa sul ruolo della telicità, cf. von Heusinger / Kaiser (2007).

8

I dati di Jones sono tratti dalla varietà nuorese-baroniese, mentre i nostri provengono da quella

campidanese.

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28. Appu biu (a) is pippiusu «Ho visto i bambini» 29. Anti pigau *a una piciocca «Hanno rapito una ragazza»

Non si evince, come evidenziato anche per lo spagnolo ed il siciliano, nessuna particolare correlazione fra presenza della marca e la telicità: infatti, nell’esempio seguente, che costituisce la variante con ordine dei costituenti non marcato dell’es. (26), l’oggetto diretto non viene realizzato con la preposizione: 30. Anti bocciu su sindicu «Hanno ucciso il sindaco»

Infine, la preposizione è obbligatoria con il pronome negativo nisciunus, mentre, a differenza di quanto osservato in siciliano, la marca è adoperata facoltativamente con l’indefinito unu: 31. Non seu circhendi a nisciunus «Non sto cercando nessuno» 32. Appu biu (a) unu in s’arruga «Ho visto uno per strada»

6. Conclusioni Nella breve presentazione dei contesti in cui compare la marcatura nelle tre lingue in esame, sono state notate diverse similarità e differenze. La preposizione è obbligatoria, ovvero pienamente grammaticalizzata, con la serie tonica dei pronomi personali tonici con referente umano: ciò è confermato dall’agrammaticalità di frasi senza preposizione, come ad esempio sic. *vittì tia, spagn. *veo ti, sardo *appu biu tui. La marcatura è parimenti necessaria con i nomi propri e i nomi di parentela (questi ultimi ammettono delle oscillazioni in siciliano e in sardo con SN plurali) in tutte e tre le lingue, mentre vi sono ampie divergenze nell’uso della marca con i nomi comuni di persona, che in siciliano ed in sardo non vengono mai marcati anche se indefiniti specifici, al contrario di quanto avviene in spagnolo, dove la presenza del tratto [+ specifico] rende possibile l’uso della marca anche con oggetti inanimati. La telicità non sembra invece avere un ruolo rilevante per la comparsa della marca in siciliano e sardo, dove il fenomeno sembra regolato piuttosto dalle proprietà semantiche del referente oggetto, mentre in spagnolo si trova una situazione più complessa, in cui entra in gioco anche la lessicalizzazione della preposizione in alcuni verbi che di preferenza reggono un oggetto animato (cf. von Heusinger / Kaiser 2007). Infine, una funzione significativa va attribuita, a nostro avviso, alla topicalità dell’oggetto: in tutte e tre le lingue, la posizione dislocata dell’oggetto rende obbligatoria la presenza della preposizione, anche in contesti che normalmente non sembrano richiederla. L’animatezza

La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano

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sembra quindi il fattore principale per l’uso della marca in tutte e tre le lingue, mentre solo in secondo luogo entrano in gioco le restrizioni di definitezza e/o specificità: ciò è dimostrato anche dalla presenza della marca con pronomi negativi o indefiniti, obbligatoria sia in siciliano che in spagnolo e sardo, presenza dovuta al tratto [+ umano] del referente (cf. Leonetti 2003: 75). I dati del siciliano danno conferma ad un quadro sostanzialmente simile a quello delle altre lingue romanze, in cui il discrimine principale per l’uso della marca è segnato dall’animatezza del referente. Concludiamo con alcune osservazioni sul modello teorico adottato: la MDO nelle tre lingue qui esaminate sembra confermare parzialmente l’idea di Hopper e Thompson sulla presenza di maggiori caratteristiche transitive nelle proposizioni con oggetti altamente individuati. Se da un lato è vero che vi è una generale corrispondenza fra parametri di alta transitività e marcatura dell’oggetto, dall’altro va sottolineato che vi sono casi in cui l’uso della marca, benché teoricamente non consentito, compare, come notato negli esempi con pronomi negativi (la negazione segnala di solito una riduzione della transitività); al contrario, in casi in cui sarebbe attesa, la marca viene utilizzata solo nelle strutture frastiche marcate, come le dislocazioni. La generale funzione pragmatica sottesa alle costruzioni transitive è quella di mettere in rilievo le parti centrali del discorso; si potrebbe quindi ipotizzare, sulla base dell’obbligatorietà della marca con oggetti topicali, che vi sia un legame, ancora poco indagato (cf. Leonetti 2003) fra transitività, topicalità e caratteristiche semantiche dell’oggetto: è infatti ben noto come gli oggetti altamente individuati abbiano uno status altamente topicale nel discorso (cioè siano accessibili e tematicamente importanti: cf. Givón 1990: 901-908; Hopper / Thompson 1980).9 In questo modo, sarebbe possibile fornire una spiegazione unificata dell’uso della marca, creando un collegamento fra il livello semantico, sintattico e quello della struttura informativa della frase che permetterebbe una migliore comprensione del fenomeno.

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––––––– 9

Una tale spiegazione potrebbe rendere conto ad esempio dell’elevata frequenza di oggetti marcati in costrutti dislocati con ripresa clitica, fatto estremamente diffuso nelle lingue romanze, e unica condizione obbligatoria per l’uso della marca nell’italiano settentrionale, area tradizionalmente ritenuta estranea al fenomeno.

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À propos de la structure du groupe verbal dans les langues romanes

Combien de verbes «auxiliaires» peut-il y avoir dans le groupe verbal (GV) roman?1 Nous ne le savons pas et, à ce qu’il semble, la question n’a guère été posée de façon explicite. La plupart des grammaires ne la mentionnent même pas. Dans cette communication je me propose de présenter quelques-uns des problèmes concernant la structure du groupe verbal: la délimitation du GV, les questions touchant les «auxiliaires» et la structure du GV au sens strict. Je ne traiterai pas toutes les langues romanes, mais je me limite à donner quelques exemples de l’espagnol, du français et de l’italien.

1. La délimitation du groupe verbal En ce qui concerne la délimitation du «groupe verbal», il existe deux types fondamentaux d’analyse. L’analyse traditionnelle découpe la phrase en GN plus GV, ce qui correspond à sujet plus prédicat. Riegel / Pellat / Rioul, qui défendent cette analyse binaire pour le français, allèguent entre autres l’argument qu’«on peut substituer un seul élément à la suite [verbe + complément(s)] mais pas à la suite [sujet + verbe]». On trouve ainsi Jean écrit une lettre, parallèle à Jean divague, mais aucun substitut simple pour Jean écrit (Riegel / Pellat / Rioul 41998: 215). Cet argument est sans aucun doute valable pour des langues comme le français et l’allemand; par contre, dans beaucoup d’autres langues comme l’espagnol, l’italien et le latin, il est bien possible de substituer un élément simple à la suite [sujet + verbe], et c’est précisément le verbe, puisqu’il implique le sujet. Il s’agit du type de l’italien Scrive à côté de Gianni scrive et Scrive una lettera. En outre, pour beaucoup de phrases du type La nuit, tous les chats sont gris ou Quand le chat n’est pas là, les souris dansent, une analyse binaire en sujet plus prédicat n’est simplement pas possible. Une séquence comme la nuit, tous les chats n’a pas de sens hors de contexte. Enfin, le GN n’est pas un constituant obligatoire de toutes les phrases, comme le rappelle Doerfer (1975) en parlant des «phrases sans sujet», p.ex. l’it. Piove, Può darsi, le lat. Me miseret pueri ‹j’ai pitié de l’enfant›. On peut y ajouter des phrases impersonnelles comme le français il sera procédé à l’inauguration (Metzeltin 2001: 967), qui n’ont pas de vrai sujet non plus. ––––––– 1

Je tiens à remercier les participants de la discussion à Innsbruck de leurs suggestions et spécialement Mme Schøsler, qui m’a signalé les travaux de Van den Eynde / Van Durme (1998) et de Schøsler / Van Durme (1996).

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Le deuxième type d’analyse syntaxique est l’analyse ternaire ou quaternaire, favorisée par Jespersen et Tesnière, entre autres. Elle permet d’isoler le GV au sens strict du terme, c.-à-d. le verbe à une ou plusieurs formes et sans complément(s) ni circonstant(s) éventuel(s). C’est ce GV au sens strict qui m’intéresse ici. Il constitue le noyau du prédicat. Outre le verbe principal, il peut contenir des «auxiliaires» au sens large, des pronoms clitiques et des adverbes ainsi que quelques quantifieurs comme beaucoup et tout. Pour chacun de ces trois groupes d’éléments il faudrait décrire le nombre, la classification, les positions possibles dans la chaîne parlée et la combinatoire. Vu qu’on trouve des clitiques et des adverbes insérés entre deux formes verbales, la définition du GV au sens strict comme ‹composé d’un verbe à une ou plusieurs formes et sans complément ni circonstant› nous semble difficile à soutenir. Aussi la description structurale pose-t-elle des problèmes sérieux à cause des constituants discontinus. Dans la présente étude, je laisse de côté les clitiques et les adverbes, et je ne m’occupe que des auxiliaires.

2. Les «auxiliaires» Pour ce qui est des auxiliaires au sens large, ce que constate Chu (1989: 75) à propos des verbes modaux est toujours valable: «il n’y a jamais eu de consensus sur la délimitation de cette sous-classe». La tradition grammaticale française distingue d’un côté les auxiliaires avoir et être qui se construisent avec le participe passé pour exprimer les temps composés et le passif, de l’autre côté les semi-auxiliaires, qui sont «construits avec un infinitif, parfois avec un gérondif ou un participe, [et] servent à exprimer diverses nuances de temps, d’aspect ou de mode» (Grevisse 121986: §780). Or, il n’y a pas d’accord ni sur leur nombre ni sur leur classification (ib.: §789). Pour donner quelques exemples concernant leur nombre, Weinrich (1982: 249-262) énumère 24 «auxiliaires» au sens large, Cantera / de Vicente (21994: 157-161) comptent 33 «principaux semi-auxiliaires», et Riegel / Pellat / Rioul (41998: 253) signalent que «la liste de ces auxiliaires n’est pas fermée». La même incertitude existe pour l’espagnol et pour l’italien, pour lesquels ces verbes sont considérés comme composants de «périphrases verbales». Ainsi p.ex., dans García Fernández sont énumérées 100 périphrases verbales de l’espagnol avec au total 61 semi-auxiliaires. Pour l’italien, nous ne disposons pas de données quantitatives. Bertinetto (1991: 130) fait remarquer que le nombre de «verbes modificateurs» est limité, quoique l’inventaire soit «potentiellement ouvert». Concernant la classification, je ne donne que quelques exemples. Parmi les «verbes non recteurs» Blanche-Benveniste et al. distinguent d’un côté les auxiliaires et de l’autre côté les modaux. Les auxiliaires sont de trois types: les auxiliaires d’aspect sont ceux du passé composé (il a marché, il est resté); les auxiliaires de formulations sont l’auxiliaire du passif être (ce bar était fréquenté...), se faire pour le «passif participatif» (elle se fait expliquer...), et les verbes «causatifs» faire, laisser, voir (faites-moi prévenir); et les auxiliaires de dispositif sont des tournures en c’est, il y a, du type c’est à lui qu’on en parlait. Les verbes modaux incluent va, doit, sembler, commencer à, venir de, etc., qui «sont compatibles avec n’importe quels autres verbes» (Blanche-Benveniste et al. 1990: 90), p.ex. tu vas être

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content, il doit pleuvoir. Certains de ces verbes sont cités à une forme conjuguée parce qu’ils ne se trouvent jamais à l’infinitif dans son emploi modal (ib.: n. 45). Finalement, il y a les «quasi-modaux» comme avoir à, tâcher de, etc., qui sélectionnent le sujet, mais qui ne traitent pas «l’infinitif qui les suit comme un complément proportionnel à un pronom; on n’a pas de proportionnalité entre j’hésite à travailler et j’y hésite» (ib.: 93 n. 49). Si l’on compare cette classification avec celle de Riegel / Pellat / Rioul, on constate que seulement une partie des auxiliaires de Blanche-Benveniste et al. correspond aux auxiliaires de Riegel / Pellat / Rioul, tandis que le reste des auxiliaires, les modaux et les quasi-modaux correspondent aux semi-auxiliaires (fig. 1). construction Il a marché Il est resté Ce bar était fréquenté... Elle se fait expliquer... Faites-moi prévenir

Blanche-Benveniste et al. (1990: 88-94) auxiliaires d’aspect

Riegel / Pellat / Rioul (41998: 216) auxiliaires

auxiliaires de formulations

C’est à lui qu’on en parlait auxiliaires de dispositif Tu vas être content verbes modaux Il doit pleuvoir J’ai à faire «quasi-modaux» fig. 1: la classification des auxiliaires au sens large.

semi-auxiliaires

On voit donc qu’il n’y a pas de consensus en ce qui concerne la classification des auxiliaires. C’est un problème assez complexe qu’il faudrait étudier en rapport avec le problème de la définition de concepts comme les ‹périphrases verbales›2 et les ‹prédicats complexes› (Abeillé / Godard 2003). Toutefois, le concept même de ‹prédicat complexe› exige des précisions ultérieures. Il n’est pas tout à fait clair pourquoi une phrase comme Paul est fidèle à ses amis constituerait un prédicat complexe. La même incertitude existe d’ailleurs pour des séquences comme Lo quiere dar a María, comme l’a fait remarquer Leonetti (2005: 159) dans son compte rendu de Godard (2003). Et les différences entre les classifications ne font qu’augmenter si l’on considère les autres langues comme l’espagnol et l’italien.3 En ce qui concerne l’ordre des mots dans le GV, il faut considérer trois aspects, à savoir, l’ordre des formes verbales, celui des formes nominales, et les possibilités d’insertion d’autres éléments. Premièrement, en règle générale le verbe tête, c.-à-d. le verbe conjugué, précède les formes nominales (Abeillé / Godard 2003: 170, 171). Cependant, on trouve parfois l’ordre inversé, p.ex.: esp. y yo todo el verano comprando botijos no me estoy (JAR 158), Deseandito es lo que estoy (JAR 188), dans des expressions toutes faites: dicho sea de paso ‹soit dit en passant›. En italien, cette inversion est caractéristique du langage ––––––– 2

3

Les périphrases verbales ont été traitées par Bertinetto (1991: 129-161), Dietrich (1996), García Fernández (2006) et Gómez Torrego (1999), entre autres. P.ex., Serianni (1989: 391-398) distingue les verbes auxiliaires proprement dits, les verbes serviles ou modaux, et les verbes phraséologiques ou aspectuels.

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littéraire et poétique, p.ex. pagata io l’ho (Serianni 1989: 395). Deuxièmement, l’ordre des formes nominales suit des règles qui sont encore insuffisamment connues. On peut décrire cela soit en se référant à la forme (cf. ci-dessous), soit en se référant à la sémantique. Dans ce dernier cas, on essaiera d’établir les règles de séquence des verbes auxiliaires et des modaux ainsi que des séquences des verbes modaux. C’est ce qu’ont fait BlancheBenveniste et al. en proposant une esquisse de distribution des verbes modaux. Ils distinguent trois positions principales pour les divers types de verbes modaux, qui montrent l’ordre des formes nominales suivant (fig. 2). 1

2

3

Sujet +

va paraître commencer à cesser de + verbe recteur doit sembler finir de peut avoir l’air de être en train de continuer à … … … fig. 2: les positions et les séquences des auxiliaires (Blanche-Benveniste et al. 1990: 92).

On peut donc avoir des séquences comme: il va avoir l’air de commencer à cesser de fumer (ib.: 92). Pour l’espagnol et l’italien, ces possibilités de combinaison ne sont pas encore si bien décrites. Toutefois, les positions d’enchaînement du français sont, au moins en partie, valables aussi pour les langues sœurs. S’il est parfois difficile d’avoir une traduction littérale (cf. esp. ?va a parecer empezar a dejar de fumar; en italien le futur proche n’existe pas), dans d’autres cas les mêmes séquences sont possibles en espagnol et en italien. Ainsi on trouvera des constructions parallèles de: ils peuvent avoir commencé à se mettre à travailler (ib.: 91), dont les traductions sont esp. pueden haber empezado a ponerse a trabajar, it. possono aver cominciato a mettersi a lavorare. Troisièmement, il faut considérer les possibilités d’insertion. Il faut distinguer deux cas, celui des adverbes et celui du sujet. On sait qu’en français et en italien, «n’importe quel adverbe peut s’insérer entre» le verbe conjugué et la forme nominale, tandis que cette insertion est beaucoup plus restreinte en espagnol (Abeillé / Godard 2003: 154-156, 170). Abeillé / Godard citent quand même six adverbes espagnols qui peuvent s’insérer entre l’auxiliaire et le participe: casi ‹presque›, justo ‹juste›, meramente, sólo ‹seulement›, ya ‹déjà›, p.ex.: El tren había apenas llegado a la estación (Le train était à peine arrivé à la gare, Il treno era appena arrivato alla stazione). En outre, l’insertion d’adverbes et de groupes adverbiaux dans les périphrases verbales est courante aussi en espagnol, p.ex.: la gente iba ya saliendo (Gili Gaya 131981: 106). Quant à l’insertion du sujet, il existe plusieurs possibilités (cf. Abeillé / Godard 2003: 156-158, 171). Dans les phrases interrogatives, l’insertion d’un sujet nominal est possible d’après Abeillé / Godard pour l’italien, tout en étant exclue en français et en espagnol. Elles citent p.ex.: L’ha Maria comprata, la roba, oppure no? Par contre, les formes *A Marie achetée...? et *¿Ha María comprado...? sont exclues. Mais la situation de l’italien n’est pas tout à fait claire. Lepschy / Lepschy (1986: 152) excluent expressément l’inversion: selon eux, *Hanno i conigli mangiato? est agrammatical. En français, un sujet pronominal peut apparaître entre deux formes verbales, en espagnol seulement usted: Etiez-vous parti à Rome?, ¿Había usted partido a Roma? (Abeillé / Godard 2003: 158). En italien cette possibilité n’existe pas, comparez *Era Lei partito...? et *Puoi tu farlo? (Lepschy /

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Lepschy 1986: 152); on ne la trouve que dans les expressions toutes faites comme Vuoi tu sposare la qui presente...? Dans les phrases déclaratives, l’inversion d’après certains adverbes entraîne l’insertion du sujet pronominal entre l’auxiliaire et le participe en français: Peut-être est-il allé... Cette position est exclue dans les langues sœurs, cf. *è lui andato, etc. Toutefois, en général les possibilités et les restrictions d’insertion entre deux formes verbales sont encore insuffisamment connues. Regardant le français on peut renvoyer à l’étude de Krenn (1995: 141-202) sur la tmèse, de laquelle je cite trois exemples au hasard: ...qui ont, eux, déclaré que... (ib.: 168), Nous avons tous déjeuné... (ib.: 177), le spectacle doit lui aussi continuer... (ib.: 185). Naturellement, dans les groupes de verbes modaux et dans les périphrases verbales les possibilités d’insertion sont plus libres. Quant à la combinatoire, il existe des groupes verbaux à deux formes verbales et aussi à trois, à quatre, à cinq et même à plus de cinq formes, p.ex.: Il est sorti; Il doit être sorti; Il doit pouvoir commencer à comprendre ça (Chu 1989: 79); Ils peuvent avoir commencé à se mettre à travailler (Blanche-Benveniste et al. 1990: 91). Gómez Torrego (1999: 3347) donne un exemple à six formes verbales: Puede llegar a tener que volver a empezar a trabajar. Et Schøsler / Van Durme (1996: 10) ont l’exemple d’une «phrase théoriquement correcte, mais stylistiquement assez monstrueuse» à sept formes verbales: néerland. Jan zou Piet wel eens hebben willen zien blijven zitten werken ‹Jan would have wanted for once to see Piet keep on working›. Pour le néerlandais, Van den Eynde / Van Durme (1998: 22) et Schøsler / Van Durme (1996: 12) établissent dix positions possibles pour les auxiliaires au sens large; la méthode et les procédures peuvent être appliquées à d’autres langues (Schøsler / Van Durme 1996: 9). Or, cette application reste à faire pour les langues romanes. Ici, je me borne à examiner les groupes à trois formes verbales. Ils présentent normalement le verbe conjugué en première position, suivi de deux formes non-finies. Puisque pour ces deux formes non-finies on a le choix entre l’infinitif, le participe, et le gérondif, et qu’une de ces trois formes peut se répéter, il existe théoriquement 32 possibilités, c.-à-d., il y a neuf combinaisons possibles. Comme l’illustre la fig. 3, presque toutes ces combinaisons existent dans les langues romanes. formes verb.: 1. fin inf inf: 2. fin inf par: 3. fin par inf: 4. fin par par: 5. fin par gér: 6. fin inf gér: 7. fin gér inf: 8. fin gér par: 9. fin gér gér:

espagnol puede empezar a cantar debe de haber cantado ha podido cantar ha sido cantada he estado cantando puede estar cantando está empezando a cantar estaba siendo cantada ?continúa estando cantando

français il peut commencer à chanter il doit avoir chanté il a pu chanter elle a été chantée elle est allée s’amplifiant il peut aller croissant ––––––––––––––––––– ––––––––––––––––––– –––––––––––––––––––

italien può cominciare a cantare deve aver cantato ha potuto cantare è stata cantata sono stato cantando4 può stare cantando sta cominciando a cantare stava essendo cantata ?

fig. 3: les groupes à trois formes verbales.

––––––– 4

It. stare + gér. en temps perfectif est considéré agrammatical dans la langue standard (Bertinetto 1991: 132; Lepschy / Lepschy 1986: 185), tout en existant dans la langue familière.

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En français, la séquence gérondif plus infinitif semble exclue, de même que les séquences gérondif plus participe ou de deux gérondifs. Cette dernière construction est peut-être exclue aussi dans les langues sœurs; néanmoins, elle est théoriquement possible en espagnol: (?) continúa estando cantando. Ces restrictions de la combinatoire ne sont pas suffisamment décrites dans la plupart des grammaires. En outre, il faudrait dresser l’inventaire des catégories possibles pour chaque construction. Ainsi p.ex., la séquence verbe fini plus deux participes correspond soit au passif (elle a été chantée), soit aux formes surcomposées (elle a eu chanté: Riegel / Pellat / Rioul 41998: 252). Finalement, il faudrait faire les mêmes descriptions pour les groupes à quatre et à plus de quatre formes verbales.

3. La structure du groupe verbal au sens strict La description de la structure du GV au sens strict représente un problème non résolu. Beaucoup d’analyses ont été proposées; p.ex., on peut consulter Radford (1981: 75-76), qui donne six différentes analyses de la phrase anglaise he may have been writing a letter. Pour des descriptions plus récentes cf. p.ex. Abeillé / Godard (2003), García Fernández (2006), Radford (1997). Pour la grammaire générative se pose, entre autres, la question de savoir si les structures du groupe à plusieurs formes verbales se ramifient à gauche ou à droite. D’aprés Abeillé / Godard (2003: 161-162), qui posent des structures différentes pour l’espagnol d’une part, pour le français et l’italien d’autre part, la structure à complexe verbal de la fig. 4 serait celle de l’espagnol lo quiere dar a María, tandis que pour l’italien lo vuole dare a Maria la structure serait une structure plate (ib.: 163). «complexe verbal» SV V'

SN

vs.

«structure plate» SV V

Vinf

SN

V Vinf lo-quiere dar a-María lo-vuole dare a-Maria fig. 4: Structures de l’espagnol et de l’italien d’après Abeillé / Godard (2003: 163).

En grammaire structurale, c’est le verbe fini qui régit la forme non-finie sans que celle-ci se trouve dans la valence du verbe fini. Mais là il faut préciser encore. D’après Tesnière, les verbes auxiliaires «constituent précisément le nœud verbal de la phrase. C’est que ce sont des mots vides constitutifs» (21965: 398). La fig. 5 donne le stemma pour l’ex. d’Abeillé / Godard d’après le modèle de Wolf; la flèche discontinue y représente un rapport de dépendance, les flèches continues indiquent un rapport de valence. C’est donc le verbe principal qui dépend du verbe modal; celui-ci régit l’infinitif mais n’a pas de valence. Dans ce cas, les germanistes parlent de «Statusrektion».

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À propos de la structure du groupe verbal

v. modal vuole

= rapport de dépendance = rapport de valence

noyau verbal dare lo a Maria compléments fig. 5: stemma d’après Wolf (2002: 52; 1982: 37, sans distinction entre dépendance et valence). peut Alfred

donner

aime j’

à regarder...

le livre à Charles fig. 6: stemmas d’après Tesnière (21965: 107, 366).

Comparez les stemmas de Tesnière pour les phrases Alfred peut donner le livre à Charles et j’aime à regarder... (fig. 6). Dans le premier exemple, nous avons un verbe modal suivi d’un infinitif; or, aujourd’hui on est d’accord sur le fait que les verbes modaux ne sélectionnent pas leur sujet propre, puisque précisément ils forment un bloc avec l’infinitif. Par contre, dans le deuxième exemple, nous avons ce que Blanche-Benveniste et al. appellent un verbe «quasi-modal», qui, lui, sélectionne son propre sujet. En conséquence, pour les verbes modaux l’analyse de Wolf, dans laquelle le verbe modal figure en tant que «recteur», me semble plus appropriée (évidemment, il y a une structuration interne dans le groupe à plusieurs formes verbales). Cependant, cette position est en contradiction avec celle de Blanche-Benveniste et al., pour qui les auxiliaires ne sont pas des verbes recteurs. On devra donc revenir sur cette question. Pour l’instant, je dois la laisser ouverte et je passe aux conclusions.

4. Conclusions Nous avons vu que la description du GV pose toute une série de problèmes. Primo, ni l’analyse binaire ni l’analyse ternaire n’offrent une solution qui permettrait une délimitation satisfaisante dans tous les cas. L’analyse binaire en sujet plus prédicat n’est pas possible ni pour des phrases comme La nuit, tous les chats sont gris, ni pour les «phrases sans sujet» du type latin Me miseret pueri. Secundo, il n’existe pas de consensus sur les verbes auxiliaires, ni sur leur nombre, ni sur leur classification. Pour ce qui est de leur définition, il serait peut-être mieux de parler d’«emplois auxiliaires» de certains verbes. Quant à la description de leur ordre et leur combinatoire, nous disposons de bons débuts, mais il reste encore beaucoup de lacunes. Notamment, il nous faudrait des études approfondies pour l’espagnol et pour l’italien, ainsi que des études comparatives.

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Tertio, on n’a pas d’accord sur la description de la structure du GV. Ainsi, il y a l’alternative entre les analyses génératives et les analyses structurales, sans considérer d’autres théories. De plus, il existe plusieurs analyses différentes dans chacun de ces deux principaux cadres théoriques. Dans les premières versions de la grammaire générative, la question de savoir si les structures se ramifient à gauche ou à droite a posé problème. Aujourd’hui, on aurait d’autres analyses, que l’on trouve p.ex. dans Radford (1997), avec des «phrases auxiliaires» ou «phrases flexionnelles». Du côté de la grammaire structurale se pose la question importante de savoir si le verbe conjugué régit, ou non, la ou les formes nominales. Pour répondre à cette question il faudrait probablement distinguer plusieurs cas, et surtout on devrait dresser une liste de critères correspondants. Si les verbes modaux ne sélectionnent pas leurs sujets, alors que les verbes quasi-modaux en sont bien capables, il faudrait postuler deux structures différentes. A ces questions s’ajoutent d’autres problèmes comme ceux de la fréquence et du marquage stylistique, que je n’ai même pas mentionnés.5 Pourtant, une chose est certaine: la description de la structure du GV dans les langues romanes offre encore beaucoup de problèmes fascinants à résoudre. La complexité de la problématique découle du rôle essentiel que joue le GV dans les langues – non seulement romanes. Phénomène qui a déjà été perçu par Charles Bally il y a un demi-siècle: «Toute la grammaire est contenue dans le verbe».

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––––––– 5

Quant à la fréquence et au marquage stylistique, Chu (1989: 79) a constaté dans son enquête «que la combinaison de deux verbes modaux [= trois formes verbales] n’a déjà pas une fréquence notable» et que «la combinaison de trois verbes modaux est la suite la plus longue qu’on a pu trouver dans les exemples réels», c.-à-d. dans le français parlé, probablement familier. Par contre, si l’on regarde le français écrit, l’état des choses se présente bien différemment. Un échantillon montre presque un groupe à trois formes verbales par page (Tesnière 1965: 323-358): sur 36 pages, on trouve 29 groupes à 3 formes verbales et deux groupes à 4 formes verbales; un exemple réel d’un groupe à 5 formes verbales: «la syntaxe de notre informateur apparaît comme plus complexe qu’on aurait pu être tenté de le présupposer» (Denise François ap. Kiesler 1999: 242 n. 7).

À propos de la structure du groupe verbal

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Grammaticalisation du verbe pronominal à sens non-actif – du latin aux langues romanes

Dans la tradition de la description grammaticale du latin (qui est une tradition remontant bien loin dans le temps1), on ne parle pas de «verbe pronominal»; mais, pour rendre clair mon propos ici, j’étendrai l’emploi du terme à cette langue. Dans la grammaire descriptive des langues romanes, le verbe pronominal se définit comme un verbe accompagné d’un pronom personnel complément coréférentiel au sujet (ainsi, par exemple, chez Riegel / Pellat / Rioul 1994: 255), définition que l’on peut adopter comme point de départ; il est bien évident cependant que la «coréférentialité» devient problématique pour certains emplois caractéristiques de ces verbes et doit être souvent remplacée, comme nous le verrons, par «confusion sémantique du sujet et du complément» (malgré le caractère transitif du verbe de base, le complément d’objet pronominal ne peut être considéré alors comme un argument distinct du sujet: il se transmue en un opérateur appelé à modifier l’interprétation sémantique de la relation sujet / prédicat). Il est bien connu, d’autre part, que l’emploi du pronom personnel n’est pas exactement le même en latin et en roman, surtout à cause de l’absence des pronoms clitiques en latin. Il sera donc peut-être sage de restreindre la notion de complément, pour l’instant, au seul «objet exprimé à l’accusatif» (me, te, nos, uos en latin, avec la forme spéciale «réfléchie» se –éventuellement sese– à la 3e personne du singulier et du pluriel). Il est aisé de découvrir ou de construire en latin classique des expressions qui répondent à notre définition de base, et se caractérisent donc par l’identité référentielle du sujet et du complément d’objet. En illustration de cette tournure ‹réflexive›, citons au hasard (1) sese omnes flentes Caesari ad pedes proiecerunt (César, Guerre des Gaules 1, 31, 2) ‹ils se jetèrent tous aux pieds de César en pleurant›. (2) Nunc si potes […] erige te et confirma (Cicéron, Ad Quintum fratrem 1, 3, 5) ‹maintenant, si tu peux […], redresse-toi et fortifie-toi [moralement]›.

Cependant, quand on envisage les langues romanes, l’interprétation réflexive est loin de fonctionner pour tous les verbes. Ainsi, en français, elle est acceptable pour se jeter, se redresser ou se fortifier, mais elle ne sera pas possible, par exemple, pour X se situe ––––––– 1

Dans la forme plus ou moins standardisée que prend la grammaire latine au IVe siècle dans les traités des spécialistes, les questions de la voix verbale sont examinées sur une base morphologique, l’accent étant placé sur la valeur de l’opposition entre conjugaison active et conjugaison passive.

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quelque part ou X se rend quelque part. Dans ces phrases, il ne serait pas possible de parler d’une coréférentialité du sujet et de l’objet, puisque, sur le plan des arguments du prédicat, elles ne comportent pas de sujet et d’objet ayant une existence distincte: l’élément se n’admettrait pas de mise en relief ni de contraste avec un complément d’objet. Donc, pour certains types de verbes, le rôle du pronom réfléchi a dû changer à un point de la diachronie: le sens réflexif a cédé la place à un autre sémantisme. Ici, nous tâcherons d’approcher ce point et de cerner cette modification. En latin classique, on connaît bien la transformation grammaticale dont le point de départ est un verbe actif transitif et dont l’aboutissement est un verbe pronominal dénotant un ‹état› ou un ‹processus› et ayant ainsi le sémantisme d’un verbe intransitif simple (cf., entre autres, Ernout / Thomas 1953: 214; avec plus de détails, Dahlén 1964). Lors de sa naissance dans l’histoire du latin, une telle transformation devait impliquer un glissement de sens, que nous pouvons illustrer par l’exemple du verbe habere, en comparant deux occurrences de ce verbe munies du pronom se: (3) Quam bene se habuit! (Pétrone, Satiricon 38, 11) ‹quelle belle vie il a menée!› (trad. d’A. Ernout); ‹qu’est-ce qu’il s’est donné comme bon temps!› (trad. d’O. Sers). (4) Quoquo modo res se habet, non est facillima (Cicéron, Ad Quintum fratrem 2, 2, 1) ‹quelle que soit la situation, elle n’est pas très facile›.

Le pronominal qui se trouve dans (4) n’a certainement pas un sens réflexif (en fait, se habet est ici à peu près un synonyme de est), il apparaît cependant comme le résultat de la transformation d’un type de phrase que représente (3). Le sujet res de (4) correspond au complément d’objet d’une phrase où le verbe habere figurerait avec un sujet probablement ‹humain› (*X habet rem hoc modo). Au cours de la transformation, habere, verbe transitif, donc «à deux actants», a perdu son «premier actant» (le sujet), pour ne garder que son «second actant» (le complément d’objet, devenu maintenant sujet).2 Sémantiquement parlant, il n’y a plus de place, dans la phrase dérivée, pour un ‹agent›.3 Le pronom se possède ainsi, dès le latin, une double fonction: il ne sert pas uniquement à former des verbes réflexifs, mais aussi des verbes intransitifs nouveaux, qui sont en quelque sorte les dérivés des verbes transitifs correspondants. On peut tenter de reconstruire le processus de grammaticalisation qui a créé, pour le pronom se, un nouvel emploi, où le pronom ne se comporte plus de manière anaphorique, mais participe au jeu de la diathèse verbale. Étant donné que celle-ci fonctionne en latin classique essentiellement sur la base de l’opposition entre voix active et voix passive, nous pouvons considérer les nouveaux intransitifs du type se habet comme des formations qui s’opposent, elles aussi, aux formes actives, puisqu’elles se construisent avec un sujet qui, au point de vue sémantique, peut être qualifié de ‹patient› (dans certaines conditions, X se habet est synonyme de X habetur). Par conséquent, nous pouvons postuler désormais une opposition entre «voix active» et «voix non-active» en latin. Nous garderons cette terminologie malgré le fait que le sujet de ––––––– 2

3

Pour ce type de transformation, cf. Tesnière (1959: 272): «L’opération […] qui consiste à diminuer d’une unité le nombre des actants, constitue ce que nous appellerons la diathèse récessive». Aucun syntagme nominal ne se trouve au cas «agentif», cf. Fillmore 1968: 24.

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certains nouveaux intransitifs, formés à l’aide de se, échappe à la qualification de ‹patient›, puisque son référent garde une sorte de «contrôle» (Pinkster 1988: 25) sur le procès (fert ‹il porte› → se fert ‹il va, il se déplace›). Cette hétérogénéité du sujet n’empêche pas de traiter la grammaticalisation du «se intransitivant» dans un cadre syntaxique unitaire. Qu’est-ce qui se passe exactement lorsque la construction pronominale commence à perdre son sens proprement réfléchi? Il semble que l’on puisse souvent enregistrer, au début de cette modification, un décalage du sens primitif du verbe, qui peut être décrit comme une spécialisation sémantique. Le nouvel emploi du verbe, tout en restant fondamentalement ‹réflexif›, correspond à une situation typique, satisfait à un besoin spécifique. Il en est ainsi, par exemple, du verbe recipere signifiant ‹reprendre, retirer›, donc ‹se retirer›, si l’on veut, à la forme pronominale – toutefois, il existe des contextes typiques où son sens est nettement ‹se réfugier, se mettre en sûreté quelque part›: (5) Allobroges […] fuga se ad Caesarem recipiunt (César, Guerre des Gaules 1, 11, 5) ‹les Allobroges, en prenant la fuite, se réfugient auprès de César›.

Un décalage pareil s’observe pour le verbe subducere ‹retirer, enlever (en particulier de façon furtive)›; or, se subducere acquiert souvent le sens de ‹s’esquiver› comme dans (6) opportune subduxi me (Pétrone, Satiricon 6, 2) ‹je saisis cette occasion de m’esquiver› (trad. d’A. Ernout).

En même temps que se produisent ces modifications, la distinction s’efface entre les deux actants originaux du verbe: sujet et complément d’objet glissent vers un amalgame, un complexe sémantiquement inanalysable. On pourrait dire que sur le plan référentiel, se prendre soi-même pour objet et agir sur un autre ne correspondent pas toujours exactement aux mêmes paramètres – ce qui explique l’impossibilité de la coexistence de se avec un «véritable» complément d’objet: *se et alteros recipiunt serait impossible, à la différence de se et alios amat ‹il s’aime lui-même et il aime les autres›. Une nouvelle relation se développe ainsi à l’intérieur de la diathèse latine: le rapport entre le verbe actif transitif et un intransitif formé à l’aide du pronom se, combinaison dénotant à l’origine surtout le ‹mouvement› et la ‹jonction› (se mouere, se coniungere), avec des sujets ‹humains›, mais utilisée par la suite pour la désignation de toutes sortes de processus et d’états, avec des sujets ‹non-humains› également. Néanmoins, il est aisé de montrer que ces modifications de la diathèse ne conduisent pas, en latin, à la naissance d’une «voix pronominale» pleinement développée. En effet, le pronom «réfléchi» garde son autonomie syntaxique, n’a pas de place fixe et n’a rien encore d’un «clitique». Le pronom se est ainsi un «intransitivant»4 – nous savons cependant que l’intransitivant traditionnel en latin était le passif. Pour reprendre l’exemple du verbe ferre, les textes sont ––––––– 4

Pour ce type de transformation dans des langues différentes, cf. Cranmer 1976. En vue d’une généralisation, ajoutons Hopper / Traugott 1993: 113: «Middle voice constructions […] express situations where initiator and endpoint in the event are the same entity, but […] the conceptual difference is less than that in reflexive situations»; «generalization of reflexives into middles is very common cross-linguistically». Comme exemples non-romans, rappelons les équivalents de

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nombreux où son passif signifie ‹se porter → marcher, courir›. Comme dans tous les cas où un ancien tour entre en conflit avec une solution nouvelle qui le remplacera, on observe, en latin, une concurrence durable du passif et du pronominal, se trouvant dans un rapport de synonymie syntaxique. Cette situation existe déjà à la période classique: (7) aliique aliam in partem perterriti ferebantur (César, Guerre des Gaules 2, 24, 3) ‹et les autres, effrayés, couraient dans une autre direction›. (8) talis erat Dido, talem se laeta ferebat (Virgile, Énéide 1, 503) ‹telle était Didon; heureuse, elle marchait de cette manière›.

Cette coexistence du verbe passif et du verbe pronominal apparaît clairement en latin tardif (pour un traitement détaillé, cf. Norberg 1943: 158-174). Citons un texte du IVe siècle: (9) Mox autem recipit se episcopus in domum suam, et iam ex illa hora reuertuntur omnes monazontes ad Anastasim (Itinerarium Egeriae 24, 12) ‹peu après, l’évêque se retire dans sa maison, et à partir de ce moment-là, tous les moines retournent à [l’église de] la Résurrection›.

Comme le montrent les citations (7) ou (9), les passifs synthétiques qui ne font pas référence à un ‹agent› extérieur, donc distinct du sujet du verbe (ferebantur, reuertuntur) persistent en latin et cela jusqu’à l’époque postclassique; toutefois, pour ce type de sémantisme, les locuteurs tendent à choisir le tour pronominal de plus en plus souvent, et limitent l’emploi du passif aux cas où un tel agent est présent, du moins de façon virtuelle: (10) At ubi autem ceperit (= coeperit) se mane facere (Itinerarium Egeriae 29, 3) ‹mais quand il a commencé à faire jour›.

Le contraste entre les deux types de ‹non-actif› est perceptible dans les deux citations suivantes: (11) locus, ubi se montes aperiebant (Itinerarium Egeriae 1, 1) ‹l’endroit où la montagne s’ouvrait [= livrait un passage]›. (12) qui locus usque in hodie ostenditur (Itinerarium Egeriae 2, 2) ‹lequel endroit est montré aujourd’hui encore [par les habitants, par les guides, etc.]›.

À ce moment de l’évolution linguistique, les types aperiebantur et se aperiebant s’opposent sous la forme d’une différence «présentationnelle» (Kiss 2005: 221): sans se contredire sur le plan du sémantisme primaire, ils se distinguent par l’implication vs l’exclusion d’un ‹agent› extérieur. Qu’il s’agisse de verbes à sujet ‹humain›, comme X se fert ou de verbes à sujet ‹nonhumain›, comme X se habet, on constate que la langue latine a besoin, à un moment donné, d’un procédé particulier qui permette de dériver, à partir d’un verbe actif transitif, un –––––––

mouvoir ~ se mouvoir en allemand: bewegen ~ sich bewegen, et en russe: двигать ~ двигаться (avec soudure du pronom au verbe).

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intransitif pour le contenu duquel l’intervention d’un ‹agent› extérieur ne puisse pas être marquée, au moins pas de façon directe. Nous pouvons affirmer cela avec d’autant plus de certitude que les débuts de la grammaticalisation du pronom réfléchi intransitivant et le développement de nouveaux verbes pronominaux ne constituent que l’une des voies par lesquelles la langue a cherché et trouvé une solution du problème. La conversion du verbe transitif en un verbe intransitif en constitue une autre: le complément d’objet du verbe transitif pourra être utilisé comme sujet de l’intransitif, par une «passivation» qui n’implique pas de changement au niveau de la forme verbale. C’est ainsi que le verbe reuertor, à morphologie passive (cf. (9)), pourra être doublé, dès le latin classique, par un simple intransitif reuerto, ayant le même sens (‹retourner›): (13) hac pugna nuntiata ex itinere domum reuerterunt (César, Guerre des Gaules 2, 29, 1) ‹à la nouvelle de cette bataille, ayant rebroussé chemin, ils retournèrent chez eux›.

Ce type d’intransitivation devient courant dans les textes postclassiques –d’abord dans les sphères sémantiques du ‹mouvement›, de la ‹jonction›, du ‹changement› (cf. aussi Feltenius 1977)–, et transparaît, avec d’autres phénomènes du préroman parlé, dans la latinité écrite du Haut Moyen Âge: (14) ad partes uictoris […] mouit (Iordanes, Getica 309) ‹il s’est rendu auprès du vainqueur› (VIe siècle). (15) uouit, si uicturiam (= uictoriam) obtenebat, effecerit (= efficeret) Christianus (PseudoFrédégaire, Chroniques 3, 21) ‹il a promis de devenir chrétien, pour le cas où il obtiendrait la victoire› (VIIe siècle).

La disparition du passif synthétique latin va créer une situation nouvelle, dans la mesure où le passif analytique qui le remplace a souvent partie liée avec l’aspect ‹accompli›: à cause de la signification aspectuelle du participe passé, clausus est ou diuisus est remplacent mal clauditur et diuiditur, qui sont des ‹non-accomplis›. On peut supposer que cette modification de la forme du passif a à son tour contribué à la prolifération des nouveaux intransitifs pronominaux: se claudit et se diuidit sont des outils parfaitement adaptés à l’expression d’un procès ‹non-accompli›, présenté sans considération d’un ‹agent› extérieur. Effectivement, les langues romanes font apparaître, dès leur période ancienne, la situation à laquelle nous nous attendons d’après les antécédents latins. L’intransitivation pronominale est devenue un procédé pleinement productif, et le verbe intransitif qui en résulte est souvent «spécialisé» au point de vue sémantique, par rapport au verbe simple. Un exemple est fourni par porchacier en ancien français: au verbe actif transitif signifiant ‹chercher, poursuivre› correspond souvent un se porchacier, transposé dans la sphère sémantique des émotions, avec le sens de ‹avoir des soucis, être tourmenté›: (16) Li emperere […] │ Prent i chastels et alquantes citez. │ Li reis Marsilie s’en purcacet asez (Roland 2609-2612).

Le verbe se retorner apparaît dans le français des XIe-XIIe siècles avec le sens de ‹revenir› (cf. Nel reconurent, sempres s’en returnerent dans Alexis 120), qui signifie un emploi plus restreint par rapport au returnar ‹détourner› des Serments de Strasbourg et, de

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toutes manières, une transposition par rapport au sens étymologique. Les pronominaux nés par intransitivation envahissent le vocabulaire des états et processus psychiques: alegrava.s mio Çid e dixo (Cid 1659); Allora il lapidaro si rallegrò (Novellino 1, 57). Malgré cette profonde implantation des nouveaux verbes pronominaux dans le système de la diathèse –et cela sans doute depuis la période tardive du latin–, on peut évoquer au moins trois facteurs qui empêchent que l’on puisse parler de la constitution d’une véritable «voix pronominale» en roman. Le premier de ces facteurs, c’est que la correspondance formelle entre verbe pronominal et verbe simple peut être en défaut, du fait de l’absence du verbe simple. On a affaire alors à des verbes essentiellement pronominaux, comme s’évanouir, où le pronom apparaît comme une marque supplémentaire de l’intransitivité. Remarquons que le phénomène se retrouve pour des verbes originellement intransitifs5, comme pour le type s’en aller en français: (17) commo se va de tierra mio Çid el Canpeador (Cid 288). (18) Carles se dort, li empereres riches (Roland 718).

Un second facteur a été analysé ci-dessus pour le latin: c’est la possibilité de créer des intransitifs sans ajouter de marque formelle aux verbes transitifs originels. Ce procédé subsiste dans les langues romanes, la répartition lexicale des verbes pronominaux et des verbes «symétriques» (Dubois 1967: 25 et passim) étant passablement capricieuse, et la variation libre n’étant pas du tout exclue (fr. se casser ~ casser; s’augmenter ~ augmenter). L’évolution diachronique des emplois peut elle-même réserver des surprises: au sens de ‹revenir›, se retourner perdra son pronom et deviendra semblable à tornare italien et à tornar espagnol. Ajoutons enfin l’argument peut-être le plus important de la non-existence d’une voix pronominale en roman: c’est que l’acception ‹réflexive› du verbe pronominal subsiste malgré tout lorsque les locuteurs éprouvent le besoin de marquer une véritable identité référentielle entre sujet et complément (type il s’aime). On peut maintenir ces arguments malgré le fait que le verbe pronominal a conquis, en roman, de nouveaux terrains aux dépens du passif, grâce à l’interprétation qui fait référence de nouveau à un ‹agent› extérieur (‹humain› et ‹général›), dans cela se voit ou si vede. L’histoire du verbe pronominal latin et roman offre ainsi une belle illustration de la manière dont se constitue et se transforme le «matériel» grammatical: en cessant d’être un morphème autonome désignant une relation particulière entre les actants du verbe, l’élément se sera intégré, de plus en plus, parmi les outils grammaticaux participant à l’élaboration d’un rapport syntaxique central, la diathèse, qui prête une forme déterminée à la liaison des personnes, des choses et du Temps.

––––––– 5

Notons que l’intransitif muni d’un pronom réfléchi supplémentaire apparaît dès le latin tardif. Citons encore une fois l’Itinerarium Egeriae (25,7), pour le verbe ‹aller›: Recipit se episcopus et uadent se unusquisque ad ospitium suum, ut se resumant ‹l’évêque se retire et chacun va à son logement pour recouvrer ses forces›.

Grammaticalisation du verbe pronominal à sens non-actif

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Machteld Meulleman

Les constructions existentielles en français, en espagnol et en italien

1. Introduction Pour introduire des référents dans le discours, beaucoup de langues utilisent des constructions présentatives sur la base d’un verbe existentiel (Lambrecht 1994). Le français, l’espagnol et l’italien disposent à ce propos notamment de deux constructions: (a) Les présentatifs existentiels (PE), à savoir il y a en français, hay en espagnol et c’è en italien, dans lesquels le verbe existentiel a dans une large mesure perdu sa valeur sémantique d’existence suite à un processus de grammaticalisation (Givón 2001); (b) Le verbe existentiel intransitif (VEI) exister en français, existir en espagnol et esistere en italien avec postposition du sujet (soit par inversion, soit dans une construction impersonnelle). En anglais les constructions existentielles (CE) introduites par there ont fait l’objet de nombreuses études, entre autres dans le cadre de la grammaire générative (cf. Lasnik 1992), relationnelle (cf. Levin / Rappaport 1995) et cognitive (cf. Lakoff 1987). Pour les langues romanes, la plupart des études se sont concentrées sur la fonction discursive des structures en il y a au niveau macro-syntaxique (cf. Lambrecht 1994) ou sur la grammaticalisation des différents présentatifs existentiels (cf. Blasco Ferrer 2004). La Fauci / Loporcaro (1997) présentent une approche comparative dans le cadre de la grammaire relationnelle. La structure argumentale des CE reste toutefois très controversée quant au statut du SN mais encore et surtout quant au statut syntaxique (argument ou adjoint) du locatif (cf. Conti Jiménez 2005; Fernández Soriano 1999; Treviño 2003). A notre connaissance jusqu’à présent aucune étude comparative des deux constructions existentielles dans les trois langues romanes en question n’a été proposée. Dans cette contribution nous étudierons à partir d’une analyse empirique les différentes caractéristiques syntaxiques et distributionnelles des six verbes existentiels.1 Par la suite nous essaierons d’interpréter ces données et de voir notamment dans quelle mesure ces six constructions présentent une tendance plus ou moins prominente à la lexicalisation ou à la spécialisation pragmatico-discursive en tant qu’instruments présentatifs. ––––––– 1

Notre analyse empirique se base sur un corpus journalistique écrit de 1000 occurrences par verbe étudié (6000 au total). Pour le français nous utilisons le corpus du Monde de 1994 et 1996, pour l’espagnol le corpus journalistique de 2001 et 2002 du Corpus de Referencia del Español Actual et pour l’italien un corpus constitué d’articles sortis de Il Mondo, Il Tempo et Avvenire de 2006 et 2007.

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Nous commencerons par un bref relevé des propriétés syntaxiques des constructions existentielles présentatives (CEP) (§2), suivi de la présentation de notre analyse empirique des caractéristiques du SN postverbal (§3) et du locatif (§4). Nous terminerons par une conclusion.

2. Propriétés syntaxiques Une première différence importante entre les présentatifs existentiels dans les trois langues consiste en le choix du verbe existentiel.2 L’italien exprime l’existence par le verbe esserci et il y a accord entre le V et le SN postverbal.3 En revanche le français et l’espagnol utilisent une forme impersonnelle du verbe avoir et haber respectivement.4 Une deuxième caractéristique formelle intéressante est la présence d’une particule locative dans les trois présentatifs existentiels. Celle-ci est présente formellement dans tous les temps et tous les modes en français (y dans il y a) et en italien (ci dans c’è/ci sono), alors qu’en espagnol elle apparaît uniquement à l’indicatif présent hay sous la forme d’un -y enclitique. Lorsqu’il y a un autre élément locatif présent dans la phrase existentielle, il y a donc toujours cooccurrence avec le pronom locatif. Aussi pour la langue actuelle ce pronom locatif est-il généralement considéré comme un locatif grammaticalisé qui n’a plus de fonction syntaxique et qui est devenu un élément formel caractérisant les présentatifs existentiels.5 En revanche, pour les VEI exister, existir et esistere il n’y a jamais cooccurrence d’un locatif nominal et d’une particule locative. Lorsque le pronom locatif apparaît, il a toujours une fonction clairement anaphorique. Ainsi dans l’exemple (1) le pronom locatif y renvoie au SN les Etats-Unis dans la phrase précédente. (1) Et les Etats-Unis, ce n’est pas la France. Il n’y existe ni politique sociale, ni politique de la ville, ni revenu minimum d’insertion. (Le Monde, 13/01/1995)

Ces divergences formelles entre les différentes constructions existentielles dans les trois langues, quant au choix du verbe existentiel et quant à la présence constante d’une particule locative, constituent le départ de notre analyse comparative. Il y a notamment deux questions qui se posent: ––––––– 2

3 4 5

Le latin classique exprimait l’existence par esse, mais en latin vulgaire ce verbe a été substitué par habet, la forme impersonnelle du verbe habere. Le français et l’espagnol ont généralisé l’emploi de habet, alors que l’italien a continué à exprimer l’existence par esse. Ce choix était déjà assez clair en langue médiévale. La variante avec averci (et avervi) n’est usitée que très rarement dans la langue courante. L’emploi de il est en français est nettement moins fréquent et limité à des contextes littéraires. Dans la langue médiévale il y avait une distribution complémentaire quasi parfaite entre la présence d’un locatif nominal et pronominal dans les trois langues. L’impossibilité de la cooccurrence des deux types de locatifs pourrait constituer un argument en faveur d’une analyse du locatif comme argumental dans la langue ancienne (La Fauci / Loporcaro 1997).

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1) Peut-on considérer il y a, hay et c’è d’un côté et exister, existir et esistere de l’autre comme des structures fonctionnellement équivalentes? 2) Y a-t-il des différences syntaxiques et fonctionnelles entre respectivement il y a et il existe, hay et existe(n) et c’è et esiste/esistono? Afin de pouvoir formuler une réponse à cette question nous étudierons d’abord dans le détail les différentes caractéristiques du SN postverbal et ensuite celles du locatif.

3. Le SN postverbal 3.1 Statut discursif Il ressort de notre analyse empirique que la suite des verbes existentiels est le plus souvent constituée d’un SN faible (avec ou sans post-détermination).6 Tableau 1: Distribution de la séquence existentielle selon sa forme. SN faible SN fort pronom total # % # % # % # % il y a 767 77% 123 12% 110 11% 1000 100% hay 836 84% 6 0,5% 158 16% 1000 100% c’è 650 65% 254 25% 95 10% 1000 100% il existe 910 91% 32 3% 58 6% 1000 100% existir+SN 830 83% 152 15% 18 2% 1000 100% esistere+SN 814 81% 157 16% 290 3% 1000 100%

Ces données statistiques ne sont pas surprenantes, puisque les verbes existentiels représentent le contexte de la Restriction de définitude par excellence (cf. Leonetti 2008).7 En effet, les VE assument la fonction pragmatique d’introduire des référents dans le discours. Comme dans l’exemple suivant (2), il s’agit généralement de référents nouveaux (hearer-new dans la terminologie de Prince (1992)).8 (2) Lorsqu’on se remémore la négociation conventionnelle de 1989, il y a là, c’est certain, une avancée culturelle. (Le Monde, 05/01/1994)

––––––– 6

7

8

Nous entendons par SN faible les SN indéfinis, partitifs et avec article zéro. Par SN fort nous entendons les SN définis, démonstratifs et possessifs et les noms propres. Dans la littérature la Definiteness Restriction reste un sujet de controverse. Elle peut s’expliquer tant à partir d’une approche sémantique (cf. Milsark 1977) que pragmatique (cf. Prince 1992). Prince (1992) considère un référent comme hearer-new lorsqu’il ne fait pas partie du fond commun des interlocuteurs au moment de l’énonciation.

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En revanche il y a une nette différence entre les V existentiels quant à leur faculté d’introduire des référents forts. Ainsi il y a, c’è9, existir et esistere peuvent parfaitement introduire des référents connus mais inactifs (unused referents) comme les noms propres (3), là où hay et il existe ne permettent pas ce type de suite. Lorsque ces deux dernières constructions introduisent des SN forts, il s’agit toujours de SN grammaticalement définis mais pragmatiquement nouveaux comme les superlatifs (4). En fait ceci n’est nullement étonnant puisqu’il s’agit de constructions impersonnelles, souvent mises en rapport avec la restriction de définitude (cf. Dobrovie-Sorin / Beyssade 2004). L’on pourrait donc dire que c’est plutôt la locution impersonnelle il y a qui fait bande à part en admettant l’introduction de référents connus mais inactifs. (3) La chanteuse arrive en concierge, […] Sous les oripeaux, il y a Catherine Ringer en robe courte jaune et noir et collants écossais. (Le Monde, 02/02/1994) (4) Lo que le pido a este partido es que en las gradas haya la máxima euforia y el máximo apoyo a los jugadores. (Faro de Vigo, 15/06/2001)

Notons également que la séquence existentielle est deux fois plus souvent de nature pronominale derrière les présentatifs existentiels que derrière les VEI. Il s’agit alors de pronoms indéfinis comme quien dans l’exemple (5). (5) Hay quien opina que una cultura subvencionada es una cultura sin futuro, pero la marginación histórica del gallego merece una reparación. (El Cultural, 17/10/2002)

3.2 Distribution lexicale Notre analyse empirique relève également une différence dans la distribution lexicale des présentatifs existentiels et des verbes existentiels intransitifs. Voici les quatre noms postverbaux les plus fréquents en ordre décroissant pour les six verbes: (a) il y a: chose, personne, gens, cas (b) haber: persona, gente, diferencia, cosa (c) c’è: tempo, persona, ragazza, differenza (d) exister: solution, différence, politique, preuve (e) existir: posibilidad, diferencia, problema, riesgo (f) esistere: possibilità, differenza, prodotto, versione Les référents les plus fréquents derrière les présentatifs existentiels sont d’une part des lexèmes très vagues tels que chose ou personne et d’autre part des lexèmes abstraits tels que différence. Il est remarquable que les référents des SN les plus fréquents derrière les ––––––– 9

La fréquence relativement haute de SN forts derrière c’è a été souvent discutée dans la littérature. Selon Moro (1997) le présentatif italien n’est pas sujet à la restriction de définitude, l’italien étant une langue à sujet zéro. Toutefois pour d’autres auteurs la restriction s’applique également dans les CEP italiennes, mais selon d’autres paramètres (Leonetti 2008).

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VEI soient tous du second type, alors que le premier type de lexème est extrêmement rare. Cette différence distributionnelle correspond à celle observée pour les pronoms indéfinis. Cette observation pourrait indiquer une légère tendance vers une spécialisation lexicale partielle parallèle des deux types de constructions existentielles dans les trois langues, tant pour les pronoms que pour les SN.

4. Le locatif Passons maintenant aux différentes caractéristiques des locatifs dans la CEP. Tout d’abord nous dirons quelques mots sur la présence de locatifs dans les CEP. Ensuite nous passerons à la position de ces locatifs, et cela en fonction de leur forme morphosyntaxique.

4.1 Ancrage locatif Voici les données statistiques pour la présence de locatifs dans la CEP:

il y a hay c’è il existe existir+SN esistere+SN

Tableau 2: Présence de locatifs dans la CEP. LOC + Ø # % # % # 508 51% 492 49% 1000 447 45% 553 55% 1000 493 49% 507 51% 1000 487 49% 513 51% 1000 464 46% 536 54% 1000 442 44% 558 56% 1000

total % 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Il est remarquable que dans près de la moitié des occurrences il y ait absence de locatif dans les deux types de constructions existentielles et cela dans les trois langues. Toutefois dans ce cas le SN postverbal est souvent modifié par une relative restrictive classant le SN antécédent dans une sous-classe de son genre. Ainsi l’on pourrait paraphraser l’exemple suivant (6) comme parmi tous les trains, il y en a aussi qui arrivent à l’heure. (6) Loin des polémiques qui agitent les chancelleries, des discussions sur le retrait de l’ONU de Bosnie, le général Cot souligne qu’il y a aussi des trains qui arrivent à l’heure, des succès de la Forpronu qui sont souvent méconnus. (Le Monde, 01/02/1994)

Ici il s’agit en réalité d’une relation partie-tout où le tout ou la classe peut s’exprimer par un locatif. L’absence de locatif explicite dans ces exemples n’infirme donc pas

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nécessairement l’hypothèse locative10, puisqu’elle peut s’expliquer par l’existence d’un ensemble-localisateur implicite souvent associé à ce type de phrases existentielles (Furukawa 1996; Van De Velde 2005).

4.2 Position des locatifs Quant à la position des locatifs dans les CEP, trois cas de figure se présentent: 1) le locatif est initial, il se trouve devant le verbe existentiel et le SN 2) le locatif est intercalé, il se trouve entre le verbe existentiel et le SN 3) le locatif est final, il se trouve derrière le verbe existentiel et le SN. La catégorie grammaticale des locatifs pouvant influer sur leur position dans la CEP, nous opérons une distinction entre les SP et les adverbes locatifs. Comme le montre le tableau suivant, la position du SP locatif varie nettement selon les langues.

LOC = SP il y a hay c’è il existe existir+SN esistere+SN

Tableau 3: La position des locatifs SP dans la CEP. Locatif initial Locatif intercalé Locatif final # % # % # % 166 41% 81 20% 159 39% 229 62% 18 5% 122 33% 354 83% 12 3% 61 14% 152 38% 111 28% 136 34% 276 65% 24 6% 122 29% 182 63% 7 2% 102 35%

total # % 406 100% 369 100% 427 100% 399 100% 422 100% 291 100%

Là où les SP locatifs se trouvent de préférence en position initiale en espagnol et en italien (exemple 7), aussi bien pour ce qui est des présentatifs existentiels que des VEI, le français divise les SP locatifs préverbaux entre la position initiale et intercalée (exemple 8). Le locatif SP apparaît en position finale dans environ un tiers des cas dans les trois langues, sauf auprès du présentatif italien c’è qui semble mettre les locatifs SP systématiquement en position initiale. (7) Fidel mi ha assicurato: posso morire, ma a Cuba c’è una squadra ed un popolo pronti a fare andare avanti la Rivoluzione. (Il Tempo, 14/08/2006) (8) Il y a en Bosnie entre 1500 et 2000 volontaires de Croatie. (Le Monde, 01/02/1994)

En étudiant ces occurrences de plus près, on constate qu’il ne semble pas y avoir de restriction sur le type de SP locatif intercalé en français, ni quant au type d’ancrage locatif (spatial ou temporel), ni quant à la longueur. En effet il n’est pas rare de trouver des ––––––– 10

La locative hypothesis considère les constructions existentielles comme des constructions locatives (cf. Clark 1978; Freeze 1992).

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occurrences où il y a intercalation de deux locatifs (spatial et temporel) comme dans l’exemple (9). Il semble donc que, même si la différence est moins nette, il y a se comporte comme exister quant à la position des SP locatifs, en se distinguant ainsi des quatre autres verbes existentiels. (9) Comment traiter avec la Russie? Il y a eu pendant longtemps dans l’entourage du président Clinton la croyance un peu naïve qu’une Russie réformiste et démocratique serait par nature un partenaire facile et prévisible. (Le Monde, 26/02/1994)

Comme le montre le tableau suivant, la différence entre les langues est encore plus nette lorsque le locatif est un adverbe.

LOC = ADV il y a hay c’è il existe existir+SN esistere+SN

Tableau 4: La position des locatifs adverbiaux dans la CEP. Locatif initial Locatif intercalé Locatif final total # % # % # % # % 26 25% 62 61% 14 14% 102 100% 61 78% 9 12% 8 10% 78 100% 47 71% 15 23% 4 6% 66 100% 10 11% 78 89% 0 0% 88 100% 33 79% 9 21% 0 0% 42 100% 37 73% 14 27% 0 0% 51 100%

En espagnol et en italien l’adverbe locatif se trouve dans la grande majorité des cas en position initiale comme dans l’exemple (10). En revanche, en français il se trouve le plus souvent en position intercalée, tant pour le présentatif il y a (exemple 11) que pour le VEI il existe. (10) Ma perché questo strano fenomeno di una notte dello spirito che dura praticamente tutta la vita? Qui c’è qualcosa di nuovo rispetto a quello che hanno vissuto e spiegato i maestri del passato, […]. (Avvenire, 26/08/2007) (11) […], le CNPF avait dû faire des concessions qui n’étaient pas compatibles avec les exigences de la compétition. Il y a là une contradiction qui n’est pas soutenable. (Le Monde, 15/01/1994)

L’analyse comparée de la position des locatifs dans la phrase existentielle montre que même si la fréquence d’un ancrage spatio-temporel ne diffère pas pour les six verbes existentiels, cet ancrage n’occupe pas la même position dans les trois langues, le français admettant plus facilement l’intercalation des SP locatifs et préférant même cette position pour les adverbes locatifs. Comment donc expliquer cette différence de position? A notre avis il y a dans les phrases existentielles présentatives un conflit entre la pression syntaxique de l’ordre SVO

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et le principe thématique qui veut que le thème précède au rhème. Le locatif11 désignant le cadre spatio-temporel dans lequel apparaît le nouveau référant est un thème idéal et devrait donc se trouver de préférence en position initiale. C’est ce qui se présente en espagnol et en italien. En revanche en français la pression syntaxique de l’ordre SVO semble l’emporter sur la pression thématique, puisqu’un sujet explétif il apparaît en position initale et que le locatif suit généralement le SN. La différence de position des locatifs en français d’une part et en espagnol et en italien d’autre part pourrait donc être due à des caractéristiques syntaxiques propres aux langues en question et non spécifiques à la construction existentielle. Cette problématique n’étant pas dans le centre d’intérêt de cet article, nous n’approfondirons pas ici cette question pourtant très intéressante (cf. Roegiest / Meulleman 2005).

Conclusion Si les deux constructions existentielles dans les trois langues servent grosso modo un but communicatif commun, en l’occurrence l’introduction de référents dans le discours, elles présentent néanmoins d’importantes différences. D’une part les présentatifs existentiels il y a, hay et c’è se distinguent des verbes existentiels intransitifs exister, existir et esistere par une possible spécialisation lexicale partielle différente quant au type de référent introduit. Les PE introduisent en effet nettement plus souvent des référents plus vagues que les VEP, tant sous la forme de pronoms indéfinis que sous la forme de SN tels que chose, gente, personne. Les VEI de leur part introduisent presque exclusivement des référents abstraits. D’autre part les constructions existentielles hay et il existe s’opposent aux autres CEP par un respect plus strict de la Restriction de définitude. Il pourrait donc y avoir une spécialisation pragmatico-discursive quant au statut discursif (connu / inactif / nouveau) du SN introduit dans le discours. Cette question complexe mérite une analyse plus détaillée, notamment quant au statut sémantique du SN introduit (cf. la notion de spécificité). Finalement les constructions existentielles françaises il y a et il existe diffèrent des constructions existentielles espagnoles et italiennes par la position des locatifs dans la CEP. Là où l’espagnol et l’italien préfèrent mettre les locatifs en position initiale, le français intercale un nombre important de locatifs entre le verbe existentiel et le référent introduit. Nous estimons que ces différences syntaxiques et distributionnelles pourraient en partie s’expliquer par des différences formelles quant au choix du verbe existentiel et son emploi impersonnel ou non. Toutefois les différences constatées nous amènent avant tout à de nouvelles questions, notamment concernant d’éventuelles implications au niveau argumental. Y a-t-il un locatif présent dans la structure argumentale des deux types de ––––––– 11

Les CEP sont généralement considérées comme des constructions thétiques, qui par définition ne contiennent pas de thème (cf. Lambrecht 1994). D’autres auteurs affirment toutefois que dans les constructions existentielles le locatif assume toujours le rôle de thème, même s’il reste implicite (cf. Leonetti 2008).

Les constructions existentielles en français, en espagnol et en italien

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constructions? S’il en est ainsi, assume-t-il la même fonction? Et pourquoi est-il absent dans près de la moitié des occurrences? Toutes ces questions feront l’objet de nos futures recherches.

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Olga Ozolina

Grammaticalisation et classes lexico-grammaticales dans la langue française (rapports attributifs)

1. Introduction Dans la nominalisation de l’indice, dans le français contemporain, coexistent et collaborent activement adjectifs, constructions analytiques et substantifs adjectivés: industrie papetière-nappe / mot de papier-riveteuse à papier-franc papier; traitement aurique-joyaux / coeur d’or-peinture or; ville, plante aquatique-ville / plante d’eau; eau pluviale-eau de pluie; jour de neige jour neigeux-classe de neige-plan / iniciative neige; pull sport, or ou argent-voix argentée-son d’argent-son argentin. Souvent les adjectifs sont absents: de guipure ‹rideaux›, de chêne ‹plancher›, d’acajou ‹table›, de chaume ‹bâtiment›, cuir / de cuir / en cuir ‹semelle›; pneus neige, moulin à vent; service de thé, pomme vapeur. Il faut dire que l’ancien français exprimait les rapports attributifs synthétiquement et analytiquement à la fois: perrin XI-de pierre, rosin XII-de rose, chenin XIII-de chien. De plus, le même indice pouvait être exprimé par une série de dérivés de la même racine: lovinet-lovinace-lovis-de loup. L’objectif de la présente recherche est de montrer les particularités du fonctionnement des moyens d’expression de l’indice lié à la matière dans le français contemporain, de révéler le mécanisme de la corrélation sémantique entre les adjectifs, les constructions analytiques et les substantifs adjectivés, de définir le rôle et la place des constructions analytiques et des substantifs adjectivés dans le système des adjectifs français.

2. La variation des moyens d’expression du même contenu L’étude diachronique des unités corrélatives montre que dès leur formation les constructions analytiques et les substantifs adjectivés entrent activement en corrélation sémantique et fonctionnelle avec leurs variantes synthétiques en formant dans le système des adjectifs français des parallèles paradigmatiques à la structure différente du type: d’acier-aciéré-aciéreux-acier; vanillé-vanille-à la vanille ‹crème›; d’argent-argentéargentin-argenteux-argent; granit-de granit-en granit-granitique-granité-granitairegranitoïde (Ozolina 2004: 239-244; 2007: 257-263).

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Ce fait prouve que la création et le fonctionnement des constructions analytiques et des substantifs adjectivés, dans la langue française, ne peuvent pas être expliqués uniquement par des facteurs stylistiques comme le font certains linguistes romanistes (Georgin 1962: 102) mais ont pour base des facteurs purement systémiques. Les adjectifs, les constructions analytiques et les substantifs adjectivés convergent non seulement sur le plan sémantique (au niveau de la valeur grammaticale) et fonctionnel (fonctions syntaxiques dans la phrase) mais aussi dans le mécanisme même de la corrélation sémantique entre les unités à la structure identique et différente et ont tendance à la différenciation sémantique et stylistique. Soumis aux tendances de spécialisation propres à toute langue, les constructions analytiques et les adjectifs substantivés entrent en corrélation avec les adjectifs principalement en une (79%) ou deux (13%) significations (Ozolina 2006). Ils rivalisent aussi bien avec des unités étymologiquement identiques qu’avec celles qui ne le sont pas et obtiennent, au cours de l’évolution de la langue, des différences sémantiques, syntagmatiques, temporelles et stylistiques. Comparons ci-dessous quelques parallèles synonymiques à la structure identique et différente: • • • • • • • • • • •

industrie papetière-nappe de papier-feuille de papier-mot de papier-trace de papier-franc papier; eau argentine-éclairs d’argent-renard argenté-ton argent-pull sport, or ou argent-seau d’argentclous argentés; papier granité-terrain granitique-pierre granatoïde-drap granit-une âme de granit-le coeur le plus granitique-ville de granit; manche de corne-bête cornue; table de bois-pays boisé; lésions cutanées-sac de peau; ville aquatique-ville d’eau; roche calcaire-mur de chaux-fours à chaux; traitement aurique-joyaux d’or-peinture or-coeur/livre d’or; eau pluviale-temps pluvieux-eau de pluie; animal lanifère-bête à laine.

Pareillement aux adjectifs synthétiques, les constructions analytiques et substantifs adjectivés sont aptes à créer des combinaisons de mots figées au caractère terminologique: fourneau à gaz, service de thé, service à café, pneus neige, tank à pétrole, ver de terre. Ils forment également des constructions au volume sémantique large: initiatives neige de la jeunesse, train de neige, séjour de neige, classe de neige. L’analyse des adjectifs et de leurs équivalents sémantiques et fonctionnels montre que les constructions analytiques et les adjectifs substantivés ne sont pas isolés dans la langue. Dès leur formation, ils entrent activement en rapports systémiques avec les unités déjà existantes, ce qui prouve un caractère systémique de la créativité lexicale ‹affixale, analytique et sémantique›. Au cours de l’évolution de la langue les processus de grammaticalisation des structures «Préposition + substantif» ont contribué au rapprochement catégoriel des adjectifs, des constructions analytiques et des substantifs adjectivés. Ils possèdent la même valeur grammaticale, accomplissent les fonctions identiques et ont les mêmes caractéristiques syntagmatiques, ce qui permet, aujourd’hui, de les unir dans une seule et même classe lexico-grammaticale, celle des adjectifs. Les unités à la structure différente s’y trouvent en

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rapports hiérarchiques qui déterminent le rôle et la place des constructions analytiques et des substantifs adjectivés dans le système des adjectifs français.

3. Le rôle et la place des adjectifs, des constructions analytiques et des substantifs adjectivés dans le système des adjectifs français Malheureusement, nous sommes obligés de constater que des linguistes ont toujours du mal à définir la place et le rôle des adjectifs et de leurs équivalents sémantico-fonctionnels au sein des parties du discours. Il n’existe pas d’unanimité parmi des chercheurs sur les critères qui aideraient à réaliser la classification des parties du discours. Il est à remarquer que la majorité des linguistes estiment que tous les phénomènes linguistiques, quel que soit le niveau de langue, se caractérisent par la diversité d’aspects et de plans auxquels ils appartiennent. Les classes lexico-grammaticales ne représentent pas non plus de classes de mots homogènes aux frontières nettement marquées. A tout niveau de langue existent des unités transitoires qui comprennent des caractéristiques appartenant aux parties différentes du discours. On les appelle périphériques ou mots hybrides parce qu’ils cumulent les indices des parties du discours différents et comme telles constituent des catégories à part qu’on appelle classes de mots polyfonctionnelles. Ces classes existent parallèlement aux classes de mots constituant le noyau (centre) d’une partie du discours (Pechkovsky 1956: 151). Une pareille approche reflète une structure de champ des parties du discours. Tout champ linguistique unit des mots plus ou moins apparentés en classes lexicogrammaticales. Au sein du champ se passent des passages constants d’une catégorie à l’autre. Les frontières entre les catégories différentes sont floues. Les unités du noyau (centre) possèdent tous les critères propres à cette partie du discours: sa valeur grammaticale, ses catégories (formes), ses fonctions. Outre le noyau le champ possède aussi une vaste zone périphérique qui se divise en zones périphériques proches et éloignées. Tous les éléments du champ se trouvent en contact, se superposent et entrent en corrélation conformément au principe hiérarchique. Les adjectifs et leurs équivalents sémantico-fonctionnels – constructions analytiques et substantifs adjectivés – possèdent des indices qui se rapportent à des niveaux linguistiques différents: sémantique, morphologique, syntaxique et dérivationnel. Autrement dit, les parties du discours, dans les langues différentes, se situent à des niveaux différents de la structure de ces langues. Pour la langue française qui est une langue analytique l’indice morphologique n’est pas valable (Ilya 1975: 147). Notre champ du système des adjectifs français est constitué à la base d’adjectifs qualificatifs, d’adjectifs de relation et de leurs équivalents sémantiques et fonctionnels (constructions analytiques et substantifs adjectivés). La transposition du substantif en adjectif est le résultat de la corrélation entre les classes morphologiques de mots ou parties du discours et les classes fonctionnelles de mots au niveau syntaxique (Gak 1974: 147). Ce processus se réalise d’après le modèle suivant.

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Vinyle ‹substantif› → vinylique ‹tissu vinylique› – transposition morphologique ↓ → de vinyle ‹tissus de vinyle› – transposition syntaxique vinyle ‹tissus vinyle› – transposition syntaxique

Au centre du champ se trouvent les adjectifs qualificatifs, les adjectifs de relation occupent la périphérie. Les adjectifs désignant «fait de», «composé de» se rapportent à la périphérie proche. D’après leur sens ils se rapprochent des adjectifs qualificatifs tandis que leurs caractéristiques structurales, syntaxiques et dérivationnelles les apparentent plutôt aux adjectifs de relation. Les constructions analytiques et les substantifs adjectivés sont leurs équivalents sémantiques et fonctionnels: vinylique-de vinyle-vinyle ‹tissu›. Entre les adjectifs qualificatifs et les adjectifs de relation se trouvent aussi les adjectifs du type pierreux, caillouteux, rocheux qui, d’une part, expriment la présence de matière dans un objet et se rapprochent des adjectifs de relation mais, d’autre part, ils indiquent aussi le degré d’intensité de l’indice, ce qui permet de les rapporter aux adjectifs qualificatifs. Entre les deux catégories se trouvent également les adjectifs du type lardacé, ossiforme, conchoïde car ils expriment les particularités de la composition de l’objet. Néanmoins, d’après leurs caractéristiques grammaticales, l’objectivité et la constance de l’indice exprimé, ils sont proches des adjectifs de relation.

3.1 La classification des adjectifs français Les observations permettent de distinguer trois types principaux d’adjectifs: 1. Vrais adjectifs de relation n’ayant pas de significations qualificatives: vinifère, tellurique, houiller etc. Ces adjectifs expriment des rapports à un objet sans toutefois en indiquer la composition. Ils se remplacent facilement par les constructions analytiques: tremblement tellurique-tremblement de terre; mine houillère-mine de houille; navire pétrolier-navire à pétrole. A ce type on peut rapporter également les adjectifs dont le contenu sémantique complexe ne se détermine que par une périphrase. L’indice qu’ils expriment ne se prête pas aux connotations propres aux adjectifs qualitatifs. Dans ces fonctions s’emploient facilement constructions analytiques et substantifs adjectivés: certificat, problème pétrolier, problème acier, classe de neige. 2. Adjectifs cumulant les indices qualitatifs et relationnels désignant habituellement la structure, la composition de l’objet caractérisé: argileux, aqueux, gazeux. 3. Adjectifs qui ont perdu leur sens primaire ayant acquis des significations qualitatives: diamantin, argentin, glacial, métallin, farineux. Entre ces trois types il y a beaucoup de catégories transitoires ce qui pourtant ne signifie pas que la classification est défectueuse. Souvent, à l’intérieur du champ, les indices des constructions analytiques et des adjectifs de relation coïncident. Cela rend difficile la distinction entre ces deux catégories d’adjectifs. D’autre part, en cas de rapprochement des indices de ces deux types d’adjectifs, les différences sémantiques et fonctionnelles ne s’effacent pas toujours.

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3.2 Les particularités du fonctionnement des adjectifs et de leurs variantes sémanticofonctionnelles Possédant des indices communs, les adjectifs et leurs équivalents sémantiques et fonctionnels (constructions analytiques et substantifs adjectivés) ne sont pas entièrement identiques. Ils se distinguent aux niveaux sémantique, morphologique, syntaxique et dérivationnel. 1. Au niveau de la perception grammaticale de l’indice exprimé. Les adjectifs de relation, les constructions analytiques et les substantifs adjectivés désignent les caractéristiques et les propriétés d’un objet par le biais du rapport à un autre objet. Cette perception substantielle des caractéristiques opposent les trois unités aux adjectifs qualificatifs qui expriment des qualités non substantielles. Cumulant les caractéristiques qualitatives des adjectifs qualificatifs par leur forme et les caractéristiques substantielles par leur contenu, les adjectifs désignant la matière se placent entre les adjectifs qualificatifs, les constructions analytiques et les substantifs adjectivés. Leurs significations sont plus larges et abstraites. Ils caractérisent un objet sans le distinguer parmi les autres tandis que les constructions analytiques et les substantifs adjectivés mettent en relief cette caractéristique en la transformant en indice dominant. Quant à la distinction entre les constructions analytiques et les substantifs adjectivés, dans les premiers le rapport à la substance se mêle à l’expression de la substance même. L’importance de la substance diminue dans les constructions analytiques (Alova 1964: 213). 2. Au niveau structural les adjectifs de matière comme les adjectifs qualificatifs s’accordent en genre et en nombre avec leur déterminé. Les rapports de subordination unissent la construction analytique à son déterminé tandis que le substantif adjectivé est juxtaposé au sien. Cependant le substantif adjectivé est plus près de l’adjectif parce qu’il tend à l’accord avec son déterminé: des sièges coquilles (Humanité 1977: 7, 13), des fibres viscoses (ITF 1976: 5, 17). Il peut avoir les degrés de combinaison: les cheveux légèrement acajou (Simenon 1972: 49), et former des rangs homogènes avec les adjectifs: les fermetures bois et métalliques (Humanité Dimanche 1977: 146). Il apparaît plus souvent que la construction analytique dans les fonctions prédicatives: Tout serait brun, ocre, jaune (Pérec 1969: 27) ce qui montre son degré d’adjectivation plus élevé par rapport à la construction analytique. Pareillement à l’adjectif synthétique le substantif adjectivé suit immédiatement son déterminé et, à la différence de la construction analytique, l’indice qu’il exprime est très rarement précisé ou concrétisé: bagage de luxe en vinyle épais granit (Humanité 1977: 67); un support en fil de fer inoxydable (ITF 1976: 5, 17); une médaille de bronze en chocolat, un manteau à poil ras, un manteau à poil long (Ucherek 1974: 45). Mais le substantif adjectivé n’a pas complètement perdu les particularités syntaxiques du substantif d’être concrétisé ou précisé: robe de chambre nylon matelassé (HC 146), un bâtiment ocre banal (Humanité Dimanche 1977: 69). Au niveau des rapports, le substantif adjectivé et les adjectifs synthétiques tendent à avoir des significations générales contribuant au transfert du sens, à sa métaphorisation. La construction analytique domine dans l’expression des signification concrètes et se prête plus rarement que l’adjectif et le substantif adjectivé aux transformations métaphoriques. Les constructions analytique et les substantifs adjectivés sont les porteurs essentiels du sens «fait de», «composé de».

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Les adjectifs synthétiques, les constructions analytiques et les substantifs adjectivés forment un champs lexico-grammatical des adjectif français. Au centre du champ se trouvent les adjectifs qualificatifs simples possédant tous les indices de cette classe de mots. La périphérie proche comprend les adjectifs de relation, les constructions analytiques et les substantifs adjectivés constituant une classe au niveau de la langue mais n’ayant pas tous les indices de leur classe. A la frontière des adjectifs qualificatifs et des adjectifs de relation se trouvent des types transitoires cumulant les caractéristiques des deux sous-classes. Les adjectifs de relation, les constructions analytiques et les substantifs adjectivés qui forment une sous-classe d’adjectifs de relation au niveau de la langue leur succèdent et, ensemble avec la sousclasse des attributifs qualificatifs, s’opposent aux constructions analytiques et aux adjectifs substantivés qui constituent une classe fonctionnelle des adjectifs au niveau de la parole et occupent la périphérie éloignée.

4. Conclusion La présente recherche nous a permis de constater que la corrélation des variantes ‹adjectifs, constructions analytiques, substantifs adjectivés›, dans le français contemporain, se produit conformément à leurs fonctions dans la langue. Dans la classe lexicogrammaticale des adjectifs français elles forment un système dont les unités sont regroupées sur la base des convergences sémantiques et fonctionnelles. Néanmoins, il est difficile de déterminer les frontières des unités transitoires qui cumulent les indices des parties du discours différentes à cause du processus de création lexicale ainsi que le caractère périphérique de ces unités. La sphère de leur utilisation est vaste. D’après certains paramètres elles entrent dans une classe des mots, d’après les autres, elles font partie d’une autre classe. Ce phénomène illustre un principe fondamental de l’évolution de la langue, celui d’économie linguistique qui constitue la source principale de l’enrichissement de la communication. Le syncrétisme des parties du discours représente un moyen très puissant de l’accroissement de la permutabilité fonctionnelle du vocabulaire sans augmenter le nombre d’unités de langue.

Bibliographie Alova, N. (1964): Otnossitelnié prilagatelnié véchtchestvénnogo znatchénia i ikh sinonimi (na matérialé angliyskogo yazika). Kiev: KGU. Gak, V. (1974): Essai de grammaire fonctionnelle du français. Moscou: Vischaya chkola. Georgin, R. (1962): Les secrets du style. Paris: Sedes. Ilya, L. (1975): O périférii sintaksisa. In: Sbornik naoutchnih troudov. Moscou: MGPIIY, 91.

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Ozolina, O. (2004): L’évolution de la créativité lexicale: adjectifs de relation et leurs équivalents fonctionnels dans la langue française des XIe et XXe siècles. In: Le Français face aux défis actuels. Histoire, langue et culture. Vol. 1. Granada: Universidad, 239-244. – (2007): La variation des moyens d’expression dans l’ancien français. In: Actes du XXIVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes. Vol. 2. Tübingen: Niemeyer, 267-273. Pechkovsky, A. (1956): Rousky sintaksis v naoutchnom osvechtchénii. Moscou: Vischaya chkola. Ucherek, E. (1974): La préposition ‹à› dans le syntagme nominal en français contemporain. Wrotclaw: Wydawnictwo Naukowe.

Abréviation Choses = Perec, G. (1969): Les Choses. Moscou: Progrès. H = L’Humanité, 1971-1977. HC = Heures Claires, 1977. HD = L’Humanité Dimanche, 1971-1977. ITF = Bulletin scientifique de l’Institut textile de France. Paris: 1976. Vol. 5, n.17, 20; 1977, Vol. 6, n. 21. SDM = Simenon, G. (1972): Le destin des Malou. Moscou: Ecole Supérieure. Ucherek = Ucherek, E. (1974): La préposition «à» dans le syntagme nominal en français contemporain. Wrotclaw.

Emilio Ridruejo

Sobre el proceso de gramaticalización de siquiera1

1. Introducción La historia de siquiera del español parece, por la complejidad de su evolución y la riqueza de sus empleos en lengua antigua, un asunto adecuado para examinar los mecanismos pragmáticos que, junto a factores sintácticos y semánticos, condicionan los cambios gramaticales. La forma siquiera, que en la lengua actual funciona como un adverbio oracional de carácter inclusor (Borrego 1989), encierra problemas que atañen tanto a sus elementos constitutivos como a su evolución sintáctica y semántica. A primera vista se trata inicialmente de un compuesto de la conjunción si más verbo querer, pero hay dudas acerca de la combinación a partir de la cual se produce la gramaticalización. Si se parte, como es lo más lógico, de la prótasis de una oración introducida por la conjunción condicional, es imposible pensar que en el sintagma original se diera la combinación de si más el presente de subjuntivo del verbo querer y ello, porque en las lenguas románicas ha sido inaceptable un presente de subjuntivo en la prótasis de una oración condicional introducida por esa conjunción.2 Al contrario, no hay dificultad alguna para suponer que en su origen hay una oración condicional con presente de indicativo: si quiere. Pero, en tal caso, hay que dar cuenta cambio de modo. Palomo (1936) sostenía que el origen de la locución estaba en un sintagma que incluía el pronombre se para la expresión de un sujeto indeterminado: si se quiere. Este sintagma se habría reducido como resultado de la pérdida de la vocal -e- protónica: sisquiere, forma que, aunque no frecuente, efectivamente está documentada. Palomo (1936: 66) defendía que el sintagma si se quiere perdió con el tiempo su primitivo sentido condicional y llegó a adquirir un valor que llama plenamente optativo. Ahora bien, según este autor, habiendo desaparecido el sentido condicional, la conjunción resulta superflua y llega a desaparecer: ––––––– 1

2

Después de la presentación de esta comunicación y antes de su redacción definitiva, hemos tenido acceso al trabajo, en gran medida dedicado al mismo asunto, de J. Elvira (2007). Ello nos ha permitido eliminar del texto muchos puntos semejantes y centrarnos más en los contenidos complementarios. Inicialmente se pudo utilizar una oración condicional con futuro de subjuntivo en una construcción con sentido semejante. De hecho, el giro está documentado: «Todo hombre o toda muyller que prenga bendiction, si s’quisiere fillos de hermanos sean, del día que prengan bendición, si quiere sea iurada con otro, de quoanto que ganen su meatat deue auer de mueble et de heredat» (Fueros de la Novenera, 70, apud Rivarola 1976: 34).

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se quiere. La aparente conjunción si actual sería resultado de la evolución fonética de se, cuya vocal se cierra un grado por influencia metafónica del diptongo siguiente (una evolución similar a la del español vulgar tiniente < teniente). Según la propuesta de Palomo, la construcción inicial sería paralela a otros compuestos románicos con el pronombre reflejo junto con un verbo querer o semejantes (quiensequiera, cual si voglia, etc.). Sin embargo, la pérdida de la conjunción condicional habría dado lugar, antes del hipotético cierre de la vocal inicial, a se quier(e), pero esta combinación no se documenta con valor gramatical. Por otra parte, hay formaciones con la conjunción si en otros muchos compuestos románicos en los que también se pierde el sentido condicional y en los que no es fácil defender el cierre de la vocal de se > si (cf. más adelante, §3.). Por último, Palomo no resuelve la aparición del subjuntivo.

2. La forma: el subjuntivo Aceptando la existencia inicial de la conjunción si, el empleo del subjuntivo en siquiera no es difícil de explicar, al menos en su base formal. Sin duda, hay que partir de un giro con indicativo, que está bien documentado, incluso como locución conjuntiva: El alma que por soberuia en alguna cosa errare si quiere vuestro si quiere aieno por que fue Rebbelle esquantra dios/ perezçra de su pueblo/ [31] ca la palaura de dios desprecio & su mandamiento no uso (Biblia Escorial I. j. 8. Edición de Mark Littlefield. Madison: Hispanic Seminary of Medieval Studies, 1995. CORDE).

En el momento de la apócope extrema en español (siglo XII y principios del XIII), la locución pierde la vocal final: siquier, tal como está documentado muy ampliamente. Es muy probable que, cuando tiene lugar la restitución de la vocal final, la forma fuera reconstruida mediante la vocal -a en lugar de -e. Como sugiere Elvira (2007: 139) el cambio se explica por razones analógicas. La locución forma parte de un paradigma en el que se hallan otros compuestos con querer, en este caso no sometidos a la incompatibilidad existente entre si y el presente de subjuntivo (cualquiera, quiquiera, quienquiera, comoquiera, dondequiera), todos ellos, además, con morfos alternantes con y sin apócope (cualquier, quiquier, comoquier, dondequier, etc.), que se han mantenido como variantes posicionales. Este paradigma hubo de atraer a siquier y, al restituir la vocal final, se seleccionó la -a, de manera coincidente con las otras formas del paradigma (Meyer Lübke 1974 [1890-1905]: III, §219), en un fenómeno semejante a una inversión de regla (Vennemann 1972) generada analógicamente.3 ––––––– 3

Naturalmente, para que tuviera lugar tal cambio analógico, en el momento en que sucedió, ya había de estar avanzado el proceso de gramaticalización, de tal manera que existiera un grado suficiente de opacidad y no fuera posible analizar la forma resultante como una combinación sintagmática de si más el presente de subjuntivo, pues ello habría sido completamente inaceptable en su sintaxis.

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3. El significado de siquier(e) Siquier(e) experimenta un proceso de gramaticalización en cuanto que, a partir de un sintagma que incluye un elemento léxico y otro gramatical, da lugar a un nuevo instrumento con una función muy distinta de la del sintagma originario (Giancalone Ramat 1998). Y este proceso, junto con el que tiene lugar en los cuantificadores indefinidos, no puede ser considerado independiente del significado del verbo querer. De hecho la gramaticalización de siquier(e) como conjunción repite un proceso que ya tiene sus antecedentes en latín y en otras lenguas itálicas.4 La conjunción disyuntiva latina uel es etimológicamente un presente del verbo volo (Leumann / Hofmann / Szantyr 1979: II, 181) quizá incluso en su composición entra la conjunción si (*VEL- SI > uel) (Ernout 31953: 181). Lo mismo sucede con el umbro heri, que igualmente significa ‹si quieres› (Meillet / Vendryes 1979: §921). Y hay que tomar en consideración que en las lenguas románicas, ese mismo verbo volere da lugar a otros compuestos con si en italiano (qualsivoglia), en provenzal (qualquesvuelha) (Meyer Lübke 1974 [1890-1905]: II, §570) e incluso en castellano, pues se documentan en la lengua de Berceo siuuelqual (S. Millán, 84 c; Milagros 179 d), siuuelque (S. Domingo, 277 d; Sacrificio, 235 d) y siuuelquando (Loores, 35 d) (Alvar / Pottier 1983: 149), aunque junto con pronombres o adverbios relativos. Para Elvira, siquier(e) sería resultado de la inserción de quier en una estructura condicional. La forma quier habría adquirido un valor que él denomina «optativo», valor que quizá convendría denominar mejor de indefinición (dado que el término optativo puede inducir a error), en cuanto que se emplea por parte del emisor para comunicar que no especifica o selecciona lo referido. Sin embargo hay dificultades para considerar que siquier(e) sea una simple derivación de la conjunción disyuntiva quier mediante la inserción en una estructura condicional. Y ello porque cuando quier se ha gramaticalizado como conjunción disyuntiva ha perdido su carácter verbal y, por tanto, no puede ser el núcleo de la cláusula condicional que está en el origen de siquier(e). Además, la existencia de la variante no apocopada, si quiere, es prueba de su autonomía, dado que en castellano no está documentada la forma plena quiere como conjunción disyuntiva. En realidad, en siquier(e), como en quier (portugués y español), el problema es establecer la red inicial de relaciones sintácticas en la que el verbo querer se inserta y, en particular, identificar el posible sujeto originario al que se refiere el verbo querer. Esta es la dificultad que Palomo intentó resolver tomando como punto de partida la presencia de un pronombre se que funcionaría como marca de impersonalidad. Lombard (1938; 1948), al estudiar los cuantificadores compuestos con el verbo querer, defiende un uso impersonal de quiere a partir del cual se difundiría su presencia en toda la serie de indefinidos del tipo donde quiera, como quiera, etc. No obstante, sucede que ese empleo indeterminado de la tercera persona es totalmente excepcional en castellano.5 ––––––– 4

5

La evolución de querer se inscribe en todos estos casos dentro de una tendencia general de cambio semántico del tipo de las que examinan Traugott / Dasher (2002: 279 passim). Con el verbo querer solo hay un caso documentado de impersonal en tercera persona: «Si a Dios quisiere so del parto vezina» (Apolonio 252a, edición de C. Carroll Marden). Este texto puede

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Kärde (1943: 49), en cambio, supone que en los cuantificadores indefinidos construidos con quiere (-a) el sentido generalizador procede de la presencia de un relativo en función de sujeto (qui, quien, cual quiera, etc.) que produce ambigüedades estructurales. Y una explicación semejante es la proporcionada por Rivero (1991), quien señala que estas ambigüedades estructurales que dan lugar a la ausencia del sujeto de querer surgen en lenguas en las que es posible un sujeto nulo y se puede producir la elisión de un SN sujeto: SN (animado) hace cual (quien, donde, como, quien, etc.) [SN (animado)] quiere (hacer). Una vez que la locución con relativo y sin sujeto ha tomado el sentido de indefinido o general, la construcción se debió de extender con otros adverbios relativos o con si, sin que sea necesaria la presencia de una marca de impersonalidad, como el pronombre se, aunque esta puede también estar presente. De hecho, está documentado el empleo de siquier de manera que, con claridad suficiente, alude a un sujeto que puede ser considerado indeterminado o general, aunque no esté expreso. En algún caso incluso, se refiere al oyente, de suerte que el sentido no difiere del que tenía la locución disyuntiva latina uel: Dixoles ell essa ora: «obedescet me uos y oy, et si quier cras me matat» (Menéndez Pidal, R. (ed.) (1906): Primera Crónica General de España. Madrid: Bally-Bailliere, 466a.)

Es igualmente posible que quier, utilizado como un operador disyuntivo, aislado o en combinación con otro, tenga su origen también en el reanálisis de toda la serie de compuestos cuantificadores indefinidos con quier (e/a), a los que hay que añadir también siquier(e).

4. El empleo disyuntivo o alternativo de siquier(e) En la conjunción latina uel, el sujeto del verbo uolere inicialmente se refiere al oyente. Con él se le atribuye la facultad eventual de elegir aquello que se propone como objeto y con ello se implica la indiferencia del emisor sobre lo referido. Con querer también se propone un estado de cosas a cuya realidad su sujeto propende, pero sin que tal realidad sea aseverada (pues querer es un verbo opaco, que no presupone la verdad de su complemento). Además, con un sujeto indeterminado o general, no se puede atribuir a nadie en concreto la tendencia a que se haga efectivo el estado propuesto. De ahí que sea fácil que, en determinados contextos, querer pase a ser simplemente un predicado mediante el cual se plantean eventualmente estados de cosas. Es decir un predicado creador de mundos o un eventualizador. Este sentido es aún más fácil de alcanzar si el proceso de querer no es presentado como real, lo que se puede conseguir en las lenguas románicas bien mediante el empleo del subjuntivo o mediante su presentación como una condición. Esto es lo que sucede en el uso disyuntivo de siquier(e), el más frecuente en español medieval (Elvira 2007). Mediante la condición se define un mundo en el que tiene lugar, ––––––– explicarse como un cruce entre la construcción con querer y otra semejante con plazer o con un verbo parecido que exija la preposición a.

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con carácter meramente posible, un deseo que no se atribuye a nadie en concreto. Y este deseo recae sobre un evento cuya realidad el emisor no asevera.6 Ahora bien, si el contenido de una cláusula es planteado como una posibilidad que no se hace depender específicamente del emisor y aparece como una alternativa a otra información, también presentada como eventual, lo que realmente está siendo comunicado es una disyunción entre ambas informaciones, de manera que solo una de ellas se propone como cierta, pero sin compromiso alguno sobre ellas por parte del emisor:7 sea x si [se] quiere [que sea] [o] si [se] quiere [que sea] y: siempre, assi que pueda fazer lo que·l ploguiere d’ella & en ella: de uender, o de dar, o de E otorgo aun a uos que todo aquel que rayz ouiere, firme la aya & estaule & ualeduera / por cambiar, de prestar, de empennar, de dar por su alma, siquier sea sano, siquier enfermo (Roudil, Jean (ed.) (1962): Fuero de Baeza. La Haya: Van Goor Zonen, 60.)

Dado que el núcleo de la locución es inicialmente el verbo, querer, que es transitivo y exige un complemento, este complemento puede aparecer bien como un SN o bien bajo la forma de una oración subordinada con el verbo existencial ser desempeña esa misma función. No obstante, frecuentemente sucede también que los elementos que constituyen las alternativas desempeñan funciones sintácticas que están marcadas como incompatibles con la función de objeto directo. Entonces el verbo querer aparece sin ningún SN que ejerza esa función (aunque puede suponerse la elipsis de una oración completiva del tipo que sea x) y esta combinación sintáctica, junto con la falta de un sujeto expreso, oscurece el carácter verbal de querer:8 ––––––– 6

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En el Cantar de Mio Çid, siquier expresa un deseo irreal o contrafactivo: «ca yo casé sus fijas con ifantes de Carrión; / fizlo por bien, que fosse a su pro. / ¡Si quier el casamiento fecho non fosse oy!» (Menéndez Pidal, R. (ed.) (1969): Cantar de Mio Cid. Madrid: Espasa Calpe, verso 2958). Menéndez Pidal (41964: III, 854) cree que aquí siquier equivale a ‹ojalá›. El sentido optativo (para expresar un deseo) de siquier en ese texto puede derivarse de su valor como eventualizador: se emplea para introducir una circunstancia considerada eventual, pero son los supuestos inmediatos los que muestran esa eventualidad como fracasada en el momento de la enunciación, pues el casamiento ha tenido lugar. Como sucede con otros operadores creadores de mundos (como si condicional), cuando introducen una proposición que el contexto revela como irreal, esta solo puede ser entendida como el resultado de la formulación de un deseo sobre algo ya irrealizable. Lo que es más interesante de este empleo de siquier es que, aunque el proceso de gramaticalización comienza en virtud del significado de querer como predicado no factivo, una vez consumado el proceso de gramaticalización y constituido en un creador de circunstancias eventuales, siquier puede ser utilizado para mostrar la contrafactividad, si los supuestos concretos muestran la no vigencia de las circunstancias creadas. En algunos ejemplos, la alternativa puede aparecer todavía marcada con la conjunción disyuntiva o, pero pronto deja de ser necesaria pues, tal como explica Meyer Lübke (1974 [1890-1905]: II, §570) la simple oposición de los eventos da lugar a la disyunción: «E si as uerguença de seer yo tu mugier linda, ten me por barragana o siquier por huespeda» (Menéndez Pidal, R. (ed.) (1906): Primera Crónica General de España. Madrid: Bally-Bailliere, 43a). Avanzado el siglo XV la función disyuntiva de siquier(e) se ha desarrollado de manera que se utiliza para introducir elementos equivalentes o sinónimos, tales que uno explica o traduce el otro. Este uso es singularmente abundante en la obra de Juan de Mena. Se trata, así, de un operador

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Otrosy, destruyan / las presas nuevas sy enbargo fizieren a las viejas, sy quier de ayuso si quier de suso, sy quier de diestro sy quier de siniestro. (Gutiérrez Cuadrado, Juan (ed.) (1979): Fuero de Úbeda. Valencia: Universidad de Valencia, 281.)

7. El sentido inclusivo de siquier(e) A partir del uso de siquier(e) para introducir alternativas pueden derivarse otros sentidos documentados en español medieval. El más interesante es el que Elvira denomina adverbio de foco. Siquier(e) se emplea para señalar el límite mínimo, cuantitativo o cualitativo en el que se ha de incluir lo referido. Puede parafrasearse fácilmente con las locuciones adverbiales, al menos o por lo menos. Et yo dar le xv de mios fijos bien guisados de cauallos et de armas et de uiandas. si quier por x annos. (Menéndez Pidal, R. (ed.) (1906): Primera Crónica General de España. Madrid: BallyBailliere, 507a.)

¿De dónde resulta este sentido? El empleo de una conjunción disyuntiva es inaceptable si no se formulan varias alternativas entre las que elegir. Por eso, si mediante la locución siquier(e) se introduce una eventualidad que atañe a un solo elemento, tienen que estar implícitas también otras alternativas. El oyente debe activar los supuestos necesarios para colocar en un conjunto más extenso el evento referido. De esta manera, el giro se convierte, como señala Elvira, en un operador de significado procedimental que orienta al oyente sobre los supuestos que ha de manejar. Pero, además de obligar a considerar otras alternativas, si solo hay una explícita, de acuerdo con el principio heurístico de relación9, es porque esas otras alternativas carecen de interés comunicativo y, al contrario, la que se menciona, ha de serlo en virtud de la propiedad específica que se indica frente al resto. Tal propiedad, en definitiva, es lo que resulta comunicativamente de interés y especialmente sus rasgos diferenciales con respecto a las demás alternativas posibles. Si esas alternativas forman una serie ordenada, la mencionada establece un umbral cuantitativo o cualitativo. En el ejemplo de la Crónica General 507a queda muy claro que se parte de la posibilidad

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conversacional de reformulación no muy diferente al actual o sea (Casado Velarde 1996), si bien se usa sin necesidad de ninguna otra conjunción disyuntiva: «e yo, que quise dezir que era ya salido aquel día el sol, dixe que avía esclaresçido, siquier alunbrado, las cunas de Júpiter» (Juan de Mena (1989): Comentario a la «Coronación» del Marqués de Santillana. Edición de Miguel Ángel Pérez Priego. Barcelona: Planeta, 110. CORDE). Se trataría del principio heurístico que Levinson (2004 [2000]: 74) denomina M, de modo, si bien hay que tener en cuenta que Traugott (2004) muestra cómo los tres principios heurísticos que defiende Levinson no siempre pueden mantenerse distintos y pueden reducirse esencialmente al principio básico de mantenimiento de la cantidad de información.

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de entregar tropas durante un número indefinido de años, pero el umbral mínimo establecido está constituido en diez años.10

8. Siquier(e) concesivo El empleo de siquier(e) para introducir cláusulas concesivas está documentado con cierta frecuencia en español medieval.11 Rivarola da cuenta del origen de este sentido concesivo como una derivación automática a partir del empleo del modo subjuntivo en la cláusula subordinada y de la restricción de las alternativas (Rivarola 1976: 34). Bartol (1986: 184) propone una explicación de esta función a partir de su sentido como creador de disyuntivas (del tipo de quiera o no quiera) y Elvira (2007: 147) toma en consideración las prótasis de condicionalidad extrema del tipo aun si,...aun en el caso de que... El sentido concesivo de siquier(e) difícilmente puede separarse de su valor como inclusor. De hecho, se produce un desarrollo semejante en la constitución de aunque como conjunción concesiva a partir de una forma aun inclusiva. Ese sentido concesivo surge cuando se utiliza siquier(e) para introducir un evento tal que –como es propio del sentido inclusivo– se caracteriza por definir un umbral, a la vez que se induce al destinatario a ––––––– 10

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El uso actual más frecuente de siquiera tiene lugar en una construcción negativa con ni: ni siquiera. La forma negativa ni es obligada y no es posible otro alomorfo para la negación (no, nunca, etc.) de manera que se ha constituido ya una locución fija. Los ejemplos de ni siquiera son tardíos, quizá a partir de principios del siglo XVI. Los primeros documentados en el CORDE son de Torres Naharro (1517) y de Gabriel de Toro (1548). Sin embargo, rápidamente aumenta su empleo y la construcción ya aparece con frecuencia a finales del XVI y principios del XVII: «No sabéis adónde os ir, / todo el mundo está perdido, / no halláis a quién servir / ni siquiera un mal partido» (Bartolomé de Torres Naharro (1994): Comedia Soldadesca. Edición de Miguel Ángel Pérez Priego. Madrid: Turner. CORDE). Este empleo de ni siquiera constituye un caso concreto de su uso como introductor de un elemento dentro de un límite. La presencia del operador negativo ni revela que inicialmente hay una pluralidad de cláusulas negativas. De hecho no faltan ejemplos con siquiera en los que otro operador negativo está expreso. En todo caso, está implícito un conjunto más extenso, todos cuyos miembros también son afectados por la negación. En esa secuencia de elementos negativos, ni siquiera introduce aquel que, de acuerdo con el sentido que acabamos de examinar, se refiere, aunque negativamente, a un evento que alcanza el límite supuesto. Ni siquiera se presenta, de esta manera, en oposición equipolente con hasta o con incluso. Estas últimas formas funcionan como adverbios que se emplean para indicar una mención positiva a todos los miembros de una serie, de tal manera que se alcanza a uno explícito que ocupa, en tal caso, el extremo o límite (Borrego 1989). Tal uso es más abundante de lo que indica Elvira (2007: 146). Los ejemplos de siquier(e) cuyo valor este autor considera próximo al de las modernas expresiones acaso o quizá, responden probablemente a otro sentido distinto. Tanto los ejemplos que cita de la General Estoria (I, 151v) como de las Siete Partidas (272v) tienen sentido concesivo. Siquier no funciona allí como modificador adverbial de la oración en que se encuentra, sino que esta oración es, en cambio, subordinada de la que sigue.

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tomar en cuenta otras alternativas que no lo alcanzan. Simultáneamente, en virtud de supuestos previos, de esa alternativa cabe esperar una relación causal con otro acontecimiento o proceso. Pero si solo se dan estas circunstancias, siquier(e) no proporciona el sentido concesivo, sino simplemente causal en virtud de tales supuestos, tal como se ve en algún ejemplo documentado en español medieval: Et razonan que si quier esto la iustiçia lo manda, que qui menos pecare, menor pena aya por ello. (General Estoria II, 170v, apud Elvira 2007: 146.)

Ahora bien, si se proporciona otra información que se contradice con el desarrollo que se asume como esperado, entonces es cuando resulta el sentido concesivo (cf. Gutiérrez 2002: 145). En el ejemplo de Berceo que sigue, se percibe con claridad el mecanismo. Se propone, entre otras posibles, la eventualidad más extrema, la de la muerte. La expectativa que de tal acontecimiento se supone es que corresponda algún pesar, pero lo que se afirma es que el emisor «no daria nada». Y esta afirmación contradice la expectativa supuesta. Madre, si yo oviesse la cartiella cobrada, / E dentro en un fuego la oviesse quemada, / Siquiere luego muriese, yo non daria nada. (Gonzalo de Berceo (1972): Milagros de Nuestra Señora. Edición de Antonio G. Solalinde. Madrid: Espasa Calpe, Clásicos Castellanos, 817.)

9. Conclusiones Ni la forma de siquiera, ni el vaciamiento del significado léxico del verbo querer, que está en el centro del proceso de gramaticalización, pueden ser entendidos si no se tiene en cuenta que la locución conjuntiva se integra en un paradigma en el que entran igualmente los cuantificadores indefinidos compuestos con el mismo verbo. La pertenencia a ese paradigma es lo que da lugar a varios cambios de carácter analógico: la restitución de la vocal final como -a y también la ausencia de un sujeto expreso del verbo querer. Siquier(e) es utilizado como un eventualizador en virtud de la función gramatical de si y del significado no factivo del verbo querer. El vaciamiento léxico y el proceso de abstracción que es propio de las gramaticalizaciones no tiene lugar de manera puramente fortuita. La razón de la proclividad de querer a convertirse en un instrumento gramatical radica en dos propiedades semánticas: la posterioridad con respecto a la enunciación del proceso que es su objeto y, derivada de ella, la opacidad de este proceso. En virtud de estas propiedades, el objeto del verbo querer solo puede ser propuesto como algo posible, lo que hace de ese predicado un instrumento favorable a significar la eventualidad. La gramaticalización de siquiera hubo de comenzar a partir de efectos de sentido contextuales que adquiría. Con todo, como en cualquier otro cambio gramatical, tuvo que darse un mecanismo de reanálisis que extrajera un elemento (o varios) de un paradigma gramatical, para integrarlo en otro u otros. El reanálisis supuso dos fases: una primera en la que el sintagma ya no pudo ser vinculado con la mera combinación de los elementos que lo constituyen: la conjunción condicional si y el verbo querer. Tal opacidad semántica y sintáctica tiene lugar cuando no es posible reconocer un objeto, expreso o elíptico, del

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verbo querer, a la vez que tampoco se le puede atribuir como sujeto ninguno de los SNs presentes en el contexto ni existe una proposición que funcione como apódosis de la condición que puede introducir si. En la segunda fase, al elemento opaco se le atribuye una nueva función. Si la sintaxis y la semántica del sintagma no es conforme con las reglas de formación, se hace obligado buscar y atribuirle una función que sea coherente tanto con su aparición como con las reglas de la gramática. Todo ello de acuerdo con los principios heurísticos de interpretación de enunciados, quizá el principio de cantidad, que obliga al oyente a suponer que se ha proporcionado la información que es necesaria y suficiente. Los valores de siquiera como conjunción disyuntiva, concesiva y adverbio de inclusión resultan de los concretos supuestos contextuales que hemos examinado. En este aspecto, siquiera se comporta como otros elementos gramaticalizados en español medieval que muestran una alta dependencia del contexto hasta que posteriormente quedan fijados en una sola función.

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Emilio Ridruejo

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Annelise Siversen

Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare – ¿Un caso de gramaticalización?

1. Introducción En español antiguo la perífrasis verbal incoativa comenzar a con infinitivo tenía un uso variable de los marcadores de infinitivo. En siglos tempranos el infinitivo aparecía tanto con a y de como marcadores de infinitivo cuanto sin preposición: començo de peorar (Vida de Santa María Egipciaca, siglo 13, de Yllera 1979-1980: 184) començol a demandar (idem) et començaron ordenar como yrien cercar a Valencia (Primera Crónica General, siglo 13, de Yllera 1979-1980: 184)

También en italiano antiguo el uso de los marcadores de infinitivo en la perífrasis incoativa correspondiente variaba entre construcciones con a, di y sin preposición. Aquí unos ejemplos de 1301 y 1400: ...el comenzá de perseguir li cristiani. (CIR 1301) ..l’imperador comenzà construere el pallazo de Zulian... (CIR 1301) ..Alora Ziogimo sì començò a cavare.. (LM 1400)

Se ha sostenido frecuentemente, sobre este tipo de marcadores de infinitivo, que su elección y uso son arbitrarios y que no producen diferencias de significado. Por ejemplo, tanto Beardsley (1966: 155) como González Muela (1954: 57-58), en sus estudios de las construcciones de infinitivo en español antiguo, interpretan la variación de marcadores de esta construcción como opciones intercambiables, describiendo el uso de los diferentes marcadores como arbitrario.1 Aquí, sin embargo, propondré, desde una perspectiva funcional (Givón 1995; Harder 2005), que la base de su existencia puede ser una diferencia de función y significado.

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Cf. también, sobre la construcción correspondiente en francés: Reenen / Schøsler (1993).

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Ya que el uso variable en ambas lenguas ha desaparecido, quedando el marcador preposicional, a, como la única posibilidad obligatoria en la lengua moderna desde el siglo 18, interpreto el desarrollo de los marcadores de infinitivo en estas construcciones como una pérdida tanto de variación como de significado. En consecuencia, propongo interpretar estos cambios como un proceso de gramaticalización según los criterios de Lehmann (1985).2

1.1 Metodología y base teórica El punto de partida de la interpretación de este desarrollo es la teoría de gramaticalización de Lehmann (1985) quien junta varios procesos que tradicionalmente entran en el proceso de una gramaticalización bajo un solo concepto que concierne la autonomía del signo: The more freedom with which a sign is used, the more autonomous it is. The grammmaticalization of a sign detracts from its autonomy. Consequently, if we want to measure the degree to which a sign is grammaticalized, we will determine its degree of autonomy. (Lehmann 1985: 306)

Cuanto más libre en el uso, más autónomo es un signo, y la gramaticalización de un signo reduce esa autonomía. Por consiguiente, si queremos medir el grado de gramaticalización de una unidad lingüística tenemos que determinar su grado de autonomía. Esto tiene tres aspectos principales: pérdida de peso o desemantización, aumento de cohesión y pérdida de variación. Viendo que una pérdida de variación ya ha tenido lugar con respecto a los marcadores de infinitivo en ambas lenguas, propongo la hipótesis de que las construcciones han sufrido un proceso de gramaticalización. Para comprobar esta hipótesis he estudiado el desarrollo de las construcciones en español y en italiano según los criterios de Lehmann (1985), primeramente por vía de un estudio de las construcciones en busca de diferencias de significado, tanto desde un punto de vista diacrónico como desde un punto de vista sincrónico. El estudio se centra en la construcción española mientras el desarrollo de la construcción italiana, al que solo hago referencia al final de este artículo, servirá como perspectiva romance. El estudio de la construcción española se basa en material empírico del corpus histórico digitalizado de la Real Academia Española, Corpus Diacrónico del Español (CORDE), en el período desde 1200 hasta 1800, mientras que el estudio del italiano está basado en el corpus digitalizado de la Accademia della Crusca, Opera del Vocabolario Italiano (OVI).

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Hay que mencionar otro estudio, que también investiga una variación de marcadores de infinitivo desde ese punto de vista, pero en francés, el de Shyldkrot / Kemmer (1995). El estudio sincrónico de Lamiroy (2001) de las diferencias preposicionales entre el francés y el español también sobreentiende un proceso diacrónico de gramaticalización en este tipo de construcciones.

Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare

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Con el propósito de poder distinguir un cambio diacrónico de uso y significado de los marcadores de infinitivo he hecho un análisis de las diferencias sincrónicas entre las variantes de la construcción española, del material de los siglos XIII y XIVS, en cuanto a lo que defino como «el contexto interno» de las variantes con a y de. Esto es, los elementos lingüísticos que interactúan con el marcador de infinitivo: el tipo de verbo principal o el tipo de sujeto. El contexto interno ha sido examinado en textos donde las dos variantes aparecen de manera simultánea.

2. Las diferencias sincrónicas La diferencia sincrónica más clara concierne el uso de las diferentes construcciones en el período más temprano. Es una diferencia en cuanto a la tipología de los verbos principales y el tipo de acción que expresan, con respecto a su telicidad y atelicidad. Una gran parte de los verbos principales de la construcción, introducidos por de, expresa telicidad, mientras la mayoría de los verbos principales introducidos por a expresa atelicidad. El cuadro 1 muestra la cantidad de verbos principales télicos y atélicos en Gran Conquista de Ultramar (GCU), de 1293. Cuadro.1:Telicidad/atelicidad Verbos télicos

Construcción con «a» (31) 9 (29%)

Construcción con «de» (33) 20 (60,6%)

Verbos atélicos

21 (70,9%)

13 (39,4%)

La construcción incoativa mantiene su aspecto principal, esto es, el aspecto incoativo que siempre está presente por vía del verbo auxiliar, comenzar (Fogsgaard 2002). Sin embargo, la combinación con verbos principales con diferentes grados de telicidad produce una diferencia de significado entre las construcciones con a y de. Veamos, por consiguiente, qué es lo que se expresa, combinando comenzar con verbos principales télicos y atélicos.

2.1 Verbos atélicos El aspecto atélico expresa una acción sin hacer referencia a un término final. Esta solo termina por interrupción (Comrie 1976: 41-51). La acción expresada por comenzar y un verbo atélico es más bien caracterizada como «no-concluida» que «concluida». Un ejemplo ilustrativo es este: Vna conpanna de yentes [...] mudaron su estado & su manera & començaron a creer en otra guisa (GCU 1293).

Començaron a creer no denota una acción concreta con un principio y un final como hacer un nudo, sino un estado que empieza a existir. No es un estado que empieza y acaba y después del cual se puede volver a empezar otra acción, sino un estado que no necesita

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terminar, digamos que es «no-concluido». En cambio, los verbos télicos expresan lo contrario.

2.2 Verbos télicos Por verbo télico entendemos un verbo que denota una situación que lleva inherente la idea de un término final (Comrie 1976; Engerer 2003). En la situación se encuentra intrínseco un límite de la realización y los verbos principales télicos expresan acciones con un principio y una terminación. Sin embargo, la combinación con un verbo incoativo, comenzar, es notable, porque divide la acción en diferentes fases (Fogsgaard 2002: 249251). ..&començo de ferir & de matar enlos Turcos de guisa que.. (GCU 1293).

Ferir y matar son acciones télicas, acciones acabadas que no se dividen fácilmente en fases. No obstante, estas acciones, ferir y matar, se vuelven repetitivas con comenzar: se trata de una serie de acciones concluidas de matar y de herir y no de una acción concluida porque el objeto está en el plural. En el corpus del siglo XIII son muy frecuentes las acciones télicas que se combinan con comenzar y un objeto o sujeto en el plural, así indicando series de acciones concluidas. Por consiguiente, los verbos principales pueden expresar tanto conclusión de la acción como no-conclusión de la acción dependiendo del contexto o el grado de telicidad del verbo principal.

3. Desarrollo histórico Esta diferencia en el uso de verbos principales, sin embargo, no continúa: En el segundo período estudiado, 1400-1500, no ha sido posible encontrar una diferencia entre las construcciones con a y de con respecto al tipo de verbo principal. Interpreto este cambio como una estandarización, tanto del tipo de verbo principal que se pueda utilizar en la construcción, como del tipo de verbos principales que puedan ser combinados con los diferentes marcadores de infinitivo y su uso y significado. En el cuadro 2 se muestra la distribución de cada aspecto, en cada construcción ejemplificada por los casos registrados en tres textos de diferentes períodos históricos. Tanto en 1438 como en 1467 las acciones no-concluidas aparecen dos o tres veces más que las concluidas con ambos marcadores. En 1293, solo la construcción con a tiene estas características, mientras la construcción con de tiene una distribución más o menos equitativa de las acciones concluidas y no-concluidas.

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Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare

Cuadro 2: Carácter conclusivo o no-conclusivo de la acción 1293 construcción con «a» (GCU) 1293 construcción con «de» (GCU) 1438 construcción con «a» (AT) 1438 construcción con «de» (AT) 1467-1475 construcción con «a» (RPE) 1467-1475 construcción con «de» (RPE)

conclusión 7 16 8 3 19 13

No-conclusión 24 17 16 10 40 38

Por consiguiente, lo que la construcción con de puede expresar difiere de lo que puede expresar la construcción con a, y, además, depende del tipo de acción. Aunque la construcción con de también es capaz de expresar acciones no-concluidas, es la construcción con a la que principalmente expresa este significado por lo que deduzco que el uso de diferentes marcadores de infinitivo está conectado con construcciones con significados diferentes y que, por consiguiente, el uso de un marcador específico tiene un significado especial. Por consiguiente, en este caso, se puede hablar de una especialización. Sin embargo, esta especialización variable desaparece y, como consecuencia, el alcance semántico de las construcciones se reduce. ¿Es esto una desemantización o pérdida del contenido semántico como lo describe la teoría de gramaticalización? No todo el contenido semántico ha desaparecido, ya que el desarrollo muestra que la construcción de a conserva su empleo específico conectado a la no-conclusión durante todo el período de 1200-1800. En general la posibilidad de expresar diferentes tipos de acciones con esta construcción se reduce a las acciones no-concluidas y queda solo un marcador, a, pero antes de la desaparición de de, las construcciones con este marcador dejan de expresar conclusión. Igual que la construcción con a, cambian de significado y solamente pueden expresar noconclusion. Por eso es posible hablar de un reanálisis de la construcción y, más bien, de una desemantización del único elemento en la construcción que diferencia las dos construcciones: la preposicion de.

3.1 El desarrollo semántico de las preposiciones y la congruencia semántica ¿Cómo se puede hablar de una desemantización de la preposición o marcador de infinitivo? En la construcción incoativa moderna el contenido semántico prospectivo de la preposicion a tiene congruencia semántica con el significado incoativo del auxiliar (TalbiBoulhais 2003). En este caso, sin embargo, pienso que es posible conectar el contenido semántico de la preposición con el significado aspectual de los diferentes tipos de verbos principales, porque la preposición a tiene el significado prospectivo de avanzar o de dirigirse hacia una destinación futura, (por ejemplo como en empezar a + inf, romper a + inf, ponerse a + inf etc.), y este significado concuerda de manera semántica no solo en el aspecto incoativo, sino también con el aspecto que pueden expresar los verbos principales de la construcción con a: las acciones atélicas no-concluidas son acciones que no tienen una terminación visible y continúan en el futuro.

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En contraposición al contenido semántico de a, el contenido semántico de de no tiene congruencia con el significado del verbo auxiliar, comenzar, que es prospectivo. La preposicion de se utiliza en el tipo de perífrasis que principalmente es terminativa y retrospectiva (por ejemplo acabar de + inf, dejar de + inf, cesar de + inf, olvidarse de + inf etc.). Este significado de terminar algo o de mirar hacia el pasado tiene más congruencia semántica con el aspecto de conclusión que con el de incoatividad, si mirar hacia el pasado es lo contrario de comenzar algo, entonces es mirar hacia el futuro. Además, las acciones télicas y concluidas terminan y pueden difícilmente continuar en fases futuras, esto es, si se trata de solo una acción concluida. La única manera de empezar una acción que ya está concluida es la de empezar una serie de acciones concluidas y en este contexto es lógico el uso del de retrospectivo. Si se empieza un curso de acciones por una acción concluida a la cual otras acciones parecidas van a seguir, es necesario tener un punto de vista restrospectivo, todo el tiempo mirando hacia la acción ya hecha. En otros términos, es necesario un conector retrospectivo para dar sentido a la combinación de una acción concluida y el significado incoativo de comenzar. El significado retrospectivo que caracteriza la preposicion de unifica los diferentes aspectos temporales del auxiliar y del verbo principal. Entonces los marcadores de infinitivo tienen significados específicos que combinan con los significados de determinados verbos principales. Tienen «congruencia». Esta congruencia semántica, no obstante, desaparece en el caso de la construcción con de cuando empieza a combinarse con el mismo tipo de verbos que la construcción con a. Por consiguiente, hay un período en el que el contenido semántico de la preposición de no tiene congruencia ni con la acción expresada por el verbo principal ni con la acción expresada por el verbo auxiliar. Esto puede ser interpretado como una señal de neutralización temporal o desemantización del contenido semántico de la preposición que de esta manera solo tendría el contenido gramatical de marcador.

3.1.1 Las relaciones sintácticas de la preposición y la posición del pronombre átono Ahora que sabemos que las relaciones semánticas entre las preposiciones y los verbos de la construcción, en parte, eran diferentes de las relaciones modernas que siempre tienen congruencia semántica entre el auxiliar y el marcador de infinitivo, también surge la cuestión de las relaciones sintácticas. Desde un punto de vista sintáctico moderno el marcador de infinitivo introduce un complemento adverbial que está sintagmáticamente ligado al auxiliar. Los pronombres átonos y su posición en estas construcciones indican cómo han sido antes las relaciones sintácticas entre los verbos y el marcador de infinitivo. La posición moderna de los pronombres átonos en estas perífrasis es o proclítica, delante del auxiliar, o enclítica, detrás del infinitivo. En general, se dice que la posición del objeto del infinitivo delante del auxiliar es una muestra de que se interpreta la perífrasis como una unidad. Sin embargo, la posición de los pronombres átonos en el material diacrónico es bastante variada, y no siempre va delante ni detras de la construcción, sino también detrás del auxiliar o entre la preposición y el infinitivo:

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..& estonces començaronle a conbater.. (GCU 1293). ..& desque los vio començo de se tornar (GCU 1293).

Esta posición es la más frecuente en el período temprano. La posición delante del auxiliar solo se registra en el período mas tardío. Lo que se puede deducir de esta posición bastante variada es que el orden de los diferentes elementos de la construcción no era tan fijo como en el español moderno. El marcador de infinitivo no tenía una posición muy fija en la construcción, lo cual podría indicar que las relaciones sintácticas entre las partes de la construcción han sido más libres que hoy, especialmente la relación auxiliar-preposición, que tenía muchos pronombres interpuestos.3 Viendo esto en relación con la congruencia semántica, la preposición bien puede haber estado más ligada al verbo principal que al auxiliar, tanto semántica – como sintácticamente. Una consecuencia, que solo avanzo como una hipótesis que debe ser estudidada más a fondo, sería que la función de la preposición con el verbo principal puede haber sido la de complemento adverbial libre.

4. Conclusiones Resumiendo lo que he intentado explicar hasta ahora, tenemos ante nosotros varios procesos diferentes deducidos del cambio semántico. – Especialización del contenido semántico de la construcción como tal (acciones no concluidas) y probablemente también desemantización de la preposición de. Esta desemantización podría llevar a la desaparición de de y a la especialización de la preposición a. – Cambio sintáctico del complemento adverbial introducido por la preposición, que al ser autónomo posiblemente se convierte en un adverbial ligado. Esto también puede ser interpretado como una pérdida de autonomía sintáctica y un proceso de cohesión en la construcción como tal, que forma la perífrasis moderna. Todos estos procesos pueden ser interpretados como una pérdida general de autonomía o libertad, ya que indican todos un aumento de reglas en torno al uso del marcador de infinitivo en esta construcción. ¿Se trata de una gramaticalización? Basándome en los procesos ya mencionados mi respuesta es positiva, dado que todos forman parte de una gramaticalizacion, según Lehmann (1985). El uso de los marcadores de infinitivo en general en esta construcción se limita y todos los procesos son un paso hacia una mayor gramaticalización de los marcadores de infinitivo. En este caso no estoy hablando de una gramaticalización completa, ya que el marcador a todavía tiene cierto contenido semántico, pero de una parte del proceso gradual hacia ella. Sin embargo, hay ––––––– 3

Un punto de vista que también tiene Keniston (1937: 89).

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Annelise Siversen

unos problemas de este estudio de la gramaticalización de marcadores de infinitivo. En primer lugar, la causalidad entre los procesos no se establece de manera muy fácil porque los cambios afectan más que al uso de los marcadores de infinitivo. En segundo lugar, y ante todo, la respuesta a la posibilidad de una gramaticalización verdadera y general que afecta a más que los marcadores de infinitivo de solo una construcción, por supuesto, sigue abierta, aquí solo he mirado la variación de la perífrasis con comenzar.

4.1 Perspectivas romances Desde este punto de vista también es notable que la construcción italiana no experimente los mismos cambios. He intentado hacer un estudio correspondiente de la construcción italiana pero hay diferencias muy grandes, entre otras cosas en cuanto a la frecuencia pero también en cuanto al cambio semántico. La construcción italiana no es objeto de un reanálisis. En primer lugar hay una reducción temprana, muy pronunciada, de las construcciones con de, pasando a dominar las construcciones con a: Cuadro 3: Frequencia OVI

a

di

Sin preposición

1200-1300

503

7

32

1300-1400

4028

22

98

1400-1500

121

1

0

En segundo lugar las diferentes construcciones aparecen en ciertos tipos de textos antes que mostrar una preferencia en cuanto a un uso determinado de verbos principales. Tanto con respecto a la característica del dialecto usado, al género del texto y al material empírico es mucho más homogéneo el material italiano que el material español. Según mi opinión, todo esto indica que la variación es un rasgo genérico antes que una competición verdadera entre dos formas. La diferencia entre el desarrollo de la construcción italiana y la española es que una se gramaticaliza y otra no. Es interesante, en parte porque el concepto de gramaticalización es universal, en parte porque las dos lenguas tienen afinidad genealógica y desde una perspectiva superficial sufren los mismos cambios, pasando de usar dos marcadores de infinitivo a usar solo uno, con signos lingüísticos correspondientes. Es solo que no experimentan los mismos procesos de reanálisis y esto pone la relación entre las lenguas en una nueva perspectiva haciendo necesaria una renovada investigación de la relación entre las dos lenguas.

Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare

405

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Simona Valente

Gli inserti velari nella morfologia verbale di alcuni testi campani antichi

1. Introduzione Questo lavoro è dedicato alla presenza di un inserto velare non etimologico nel presente indicativo e congiuntivo di alcuni verbi, quale è stata rilevata in un corpus di testi campani del XIV e XV secolo. Il fenomeno degli inserti velari, diffuso, come è noto, in diverse lingue romanze antiche e moderne, raggiunge una notevole estensione in molti dialetti italiani meridionali, tra cui quelli campani, tanto da essere annoverato tra i principali indicatori morfologici di queste varietà.1 La morfologia verbale di varietà italiane meridionali antiche, con la parziale esclusione del siciliano, si configura come un dominio complessivamente poco esplorato. Per il napoletano antico, a parte studi non ampi e piuttosto datati, la maggioranza delle informazioni su tale ambito si trova infatti all’interno dei commenti linguistici delle edizioni critiche. La mancanza di studi pare connessa a motivi ascrivibili a livelli diversi. In primo luogo, il risveglio di attenzione nei confronti di varietà italo-romanze antiche, in particolare toscane, al quale si sta assistendo da alcuni anni sembra riguardare per lo più la sintassi. La morfologia ne appare infatti solo marginalmente toccata, nonostante essa, e in particolare il suo accentuato polimorfismo, sembri rappresentare un campo di grande interesse sia per ragioni storiche sia per ragioni concernenti la teoria della variazione. Alla carenza di studi non è forse estraneo il fatto che la morfologia del verbo meridionale antico possa apparire un dominio fortemente «perturbato». Le ragioni di tale impressione sembrano molteplici. Innanzitutto, i testi pubblicati in edizioni moderne, secondo criteri filologicamente affidabili, non sono numerosi. Per quanto il numero di edizioni di testi campani antichi sia sensibilmente cresciuto negli ultimi venti anni, per le esigenze di una analisi linguistica che tenga conto di una pluralità di variabili di tipo stilistico e sociolinguistico, la disponibilità di dati resta non ampia.2 A ciò bisogna aggiungere che ad una analisi che miri alla descrizione di varietà concepite «come strutture chiuse in competizione globale tra di loro»3, lo studio della morfologia del napoletano antico può risultare problematico per l’intenso contatto del volgare napoletano con altre varietà, in particolare con il toscano. La delicatezza di questo rapporto in relazione alla morfologia del verbo è stata considerata decisiva. Folena (1952: 77) scrive: «Per il ––––––– 1 2 3

Cf. ad esempio Rohlfs (1968: §535) e Sornicola (1997: 2002). Tale situazione, evidente per testi campani, è ancora più pronunciata per altre varietà meridionali. Varvaro (1989: 32).

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napoletano ‹un quadro completo della coniugazione [...] nel suo svolgimento storico› è, credo, difficilmente realizzabile». Secondo Formentin (1987: 71), la ragione di questa difficoltà è «la continua osmosi tra forme letterarie e dialettali». D’altra parte, l’idea di cogliere una lingua pura se è forse un’utopia per quanto concerne le varietà moderne lo è ancora di più per varietà antiche. A questo proposito, Varvaro (1989: 30) osserva: «non sorprende affatto che in testi scritti come tutti quelli che giungono fino a noi, e quindi di livello relativamente alto, appaiano fenomeni che immediatamente deludono chi confida nella purezza della parlata locale». Tale condizione si realizza ancor più in testi prodotti in una città come Napoli, da sempre crocevia di culture e tradizioni diverse. Il fenomeno degli inserti velari sarà osservato in un campione che include testi campani del XIV e XV secolo4, riconducibili, come si vedrà più avanti, a tipologie testuali e a livelli stilistici diversi.5

2. Contesti di occorrenza dell’inserto velare 2.1 Il presente indicativo Per quanto riguarda il presente indicativo, sono attestati inserti velari nella 1sg di verbi che paiono analizzabili nei gruppi che saranno denominati con le lettere (A)-(D).6 In modo analogo all’italiano antico e moderno e ad altre varietà romanze come lo spagnolo e il catalano7, sono stati rilevati inserti velari innanzitutto nella 1sg di verbi di II e III coniugazione con radice originariamente uscente in -N- (Gruppo A). Alcuni esempi sono citati di seguito: tenere e composti. tengo: Libro V, 84, 21; Ricordi 540, 5; 650, 5; Serventesi 35, 2; 44, 32; 131, 14; 168, 3; 189, 2; 192, 4; sostengo: Libro III, 65, 1; -lo XXXI, 262, 35; Serventesi 133, 17; 133, 56; 131, 37; 215, 3; Esopo LV, 108, 1.

––––––– 4 5

6

7

I testi analizzati con le relative abbreviazioni sono elencati nella bibliografia. Oltre che per tipologia testuale e per livello stilistico, i testi considerati si differenziano anche da un punto di vista diatopico, poichè provengono da zone diverse della Campania. Tuttavia, è stato osservato, ad esempio da De Blasi (1995: 176), che il ridotto numero di testi non napoletani localizzabili con certezza rende non ben osservabile la variazione diatopica, di cui qui pertanto non ci si occupa. Molto rare e presumibilmente italianizzanti sono poche forme del gruppo (A) che presentano un inserto velare alla 3pl. Ciò non sorprende poichè, come è noto, nei dialetti dell’Italia meridionale, il tema della 3pl tende a coincidere non con quello della 1sg come in toscano, ma con quello delle altre persone. In proposito, cf., tra gli altri, Rohlfs (1968: §537). Per l’italiano e per i dialetti italo-romanzi cf. ad esempio Rohlfs (1968: §535) e Tekavčić (1980: 349-356). Per lo spagnolo, cf., tra gli altri, Iliescu / Mourin (1991: 47) e Malkiel (1974). Il fenomeno è invece assente in portoghese e in francese, ma su queste lingue si rimanda ancora a Malkiel (1974: 321-322).

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venire e composti. vengo: Regimen 304; 306; Ricordi 646, 25; convengo: Libro VI, 89, 7; Esopo I, 68, 1. rimanere. remango: Serventesi 44, 25. porre e composti. pongo: Esopo vita, 42, 20; desspongo: Ricordi 637, 5; 671, 20; Serventesi 146, 5; impongolo: Libro VI, 89, 5.

In secondo luogo, con una parziale somiglianza con quanto riscontrato in altre varietà romanze, in particolare italo- e ibero-romanze, sono attestate con inserto velare forme di verbi con radice originariamente uscente in occlusiva dentale sonora (Gruppo B).8 All’interno di questo gruppo, è probabilmente utile fare una distinzione di tipo lessicale. Possono essere collocati in una prima sottoclasse (che si denomina B1) i verbi andare, credere e vedere, nei quali l’inserto pare più diffuso all’interno dei dialetti italo-romanzi, e in una seconda sottoclasse (che si denomina B2) altri lessemi verbali con radice originariamente terminante in occlusiva dentale sonora. Per quanto riguarda i verbi vedere e credere9, sono state rilevate le seguenti forme: vego ‹vedo›: Libro II, 60, 1; VII, 105, 27; XII, 129, 15; XII, 130, 27; XIII, 135, 4; XIV, 140, 38; XVIII, 182, 9; Detto 408, III, 12. crego ‹credo›: Libro XXX, 257, 33.

Per il gruppo (B2), è attestata invece la forma concego ‹concedo› (Libro XIII, 135, 22). Sono inoltre stati osservati inserti nella 1sg di verbi con radice originariamente uscente in -ND- (Gruppo C). Per questa classe, sono state notate infatti queste occorrenze: rengo ‹rendo›: Ricordi 540, 5; 548, 10; Libro II, 59, 15; sengo ‹scendo›: Ricordi 631, 15; intengo ‹intendo›: Ricordi 567, 10; 658, 30; 681, 25; resspongo ‹rispondo›: Ricordi 551, 35; 576, 5; 634, 20; 643, 25; 685, 30; -ve 678, 25.

Nuovamente con una similitudine con quanto riscontrato in altri dialetti italiani10, sono infine state rilevate forme di 1sg con inserto nel presente indicativo dei verbi essere, stare e dare (Gruppo D). Le attestazioni individuate per questa classe sono: songo ‹sono›: Serventesi 8, 24; 25, 29; 35, 31; 104, 2; 127, 1; 131, 2; 158, 5; 158, 8; 167, 6. stongo ‹sto›: Serventesi 47, 2; 118, 5; dongo ‹do›: Serventesi 35, 3; 89, 7; dago ‹do›: Serventesi 46, 17.

––––––– 8

9 10

In questo contesto, il tratto oggetto di analisi, marginalmente presente nello spagnolo standard, è invece attestato in alcuni dialetti, in cui sono registrate forme come veigo ‹vedo›. Si confronti, tra gli altri, nuovamente Malkiel (1974: 332ss). La forma veig ‹vedo› è inoltre attestata in catalano. Maiden (2004: 376) sottolinea inoltre che, nell’antico romeno come in diversi dialetti moderni, si introduce nel verbo ucide un alternante ucig limitatamente alla 1sg del presente indicativo e nel presente congiuntivo. Non sono attestate forme di 1sg del verbo andare. Cf. ad esempio Rohlfs (1968: §535).

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Simona Valente

2.2 Il presente congiuntivo Per quanto concerne il presente congiuntivo, le forme con inserto velare sono state riscontrate nel paradigma di verbi riconducibili quasi del tutto ai gruppi individuati in §2.1. Tali forme non sono tuttavia limitate alla 1sg, come nell’indicativo, ma sono estese, come in italiano, alle altre persone del singolare e alla 3pl.11 In primo luogo, come in diverse varietà romanze12, sono state riscontrate forme con inserto in verbi di II e III coniugazione con radice originariamente uscente in -N- (Gruppo A). Per questo insieme, sono state rilevate ad esempio le forme che seguono: tenere e composti. 1s tenga Serventesi 1, 364; 3s tenga: Libro VI, 85, 7; Ricordi 555, 20; Serventesi 1, 364; Esopo LIIII, 106, 28; astenga: Libro VI, 89, 30; appertenga: Brancati XLVII, 82; 3p tengano: Libro XXVI, 225, 12; Statuti IV, 65, 41. venire e composti. 1s venga De Jennaro 1c, 58; 3s venga: Libro XXXVII, 229, 13; Bagni1 89, 18; 107, 313; LettereSab I, 15, 9; Ricordi 546, 5; 557, 25; 603, 25; 604, 35; b- 609, 15; sopervenga: Libro 139, 8; pervenga: Libro XIV, 225, 13; 3p vengano: Ricordi 619, 25; 634, 35; subenganolo: Statuti IV, 64, 33. porre e composti. 1s ponga: Serventesi 68, 2; 3s ponga: Libro VIII, 109, 5; Serventesi 46, 4; 3s imponga: Libro III, 64, 19. rimanere. 3s romanga: Libro VII, 94, 35; re- Libro XIII, 135, 7; Regimen 664; LettereSab II, 124, 15.

In secondo luogo, un contesto di sviluppo del fenomeno pare costituito da verbi con radice originariamente uscente in occlusiva dentale sonora13 (Gruppo B). Come mostrano le forme citate, sono state innanzitutto rilevate varianti con inserto nel presente congiuntivo dei verbi vedere e andare (sottogruppo B1). 3s vega: Ricordi 102, 27. 3s vaga: Ricordi 514, 34, 11; 515, 9; 515, 19; 560, 30; 567, 10; Libro VI, 94, 36; XXIX, 247, 5; Statuti III, 62, 13; vagasende ‹se ne vada›: Libro VI, 93,10; 3p vagano: Libro XXI, 194, 29.14

Le occorrenze riscontrate per altri lessemi verbali del gruppo (B) sono:

––––––– 11

12 13

14

Tale distribuzione non è comune a tutte le varietà romanze che conoscono il fenomeno. Nello spagnolo ad esempio, all’interno dei verbi rilevanti, tutte le persone del presente congiuntivo presentano l’inserto velare. Su questa distribuzione, cf. Malkiel (1974: 324). Si confronti la nota 7. Per alcune peculiarità relative al congiuntivo, cf. anche Maiden (2004: 378). Su alcuni esiti simili a quelli riscontrati si rimanda alla nota 8. Su alcuni esiti simili in occitano moderno, cf. Iliescu / Mourin (1991: 63). È dubbio se si debbano attribuire al congiuntivo o all’indicativo le seguenti interessanti forme di 2sg: tienge (De Jennaro 1, c, 31), tienghe (Libro XXXI, 262, 21) e vighe (Libro XII, 129, 22).

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3s soccega ‹succeda›: Libro XII, 129, 28; procega ‹proceda›: Libro XII, 131, 8; XIII, 136, 38; concegale ‹concedale›: Libro XXX, 254, 37; 3p requegano ‹richiedano›: Libro 293, 10; occigano ‹uccidano›: Libro XXVI, 225, 12; XXIX, 244, 11.

Sono state inoltre riscontrate forme con inserto nel presente congiuntivo di verbi con radice uscente in -ND- (Gruppo C). Sono ascrivibili a questo insieme le seguenti attestazioni: 3s defenga ‹difenda›: Libro XII, 129, 13; intenga ‹intenda›: LettereSab IV, 128, 15.

In modo analogo a quanto si è osservato per il presente indicativo, nel presente congiuntivo sono state osservate forme con inserto nel paradigma dei verbi essere, stare e dare (Gruppo D). In particolare, sono state rilevate le varianti con inserto indicate sotto: 2s singhe ‹sia›: Vita VI, 477, 9; VI, 478, 13; VIII, 484, 5; 3s denga ‹dia›: Statuti III, 62, 12.

Un interessante tipo di ampliamento, rilevato solo nel congiuntivo, e che conosce alcuni parallelismi in area romanza15, riguarda alcune forme del verbo dovere (Gruppo E). Sono infatti attestate le seguenti forme: 3s deca: Statuti I, 58, 12; I, 59, 32; I, 59, 48; 3p decano: Statuti I, 58, 16; 17; IV, 63, 5; IV, 64, 2616; 3p degano: LettSab II, 124,10.

2.3 Cenni sulla variazione delle forme con inserto velare Dopo avere individuato i contesti di sviluppo dell’inserto velare, ci si soffermerà brevemente sulla variazione osservata all’interno di ciascuno di essi. Nell’ambito del gruppo (A), lo sviluppo di inserti appare piuttosto regolare. Nel Regimen tuttavia, per la prima persona del presente indicativo del verbo porre e dei suoi composti, sono selezionate le varianti etimologiche pono e propono. L’attestazione di tali voci è forse in relazione con la tipologia testuale del Regimen, che è un volgarizzamento e pare pertanto più esposto al contatto con il latino. All’interno del gruppo (A), oltre alle forme conservative appena menzionate, l’unica tipologia di varianti alle forme elencate in §2.1 e §2.2 è costituita da forme con palatalizzazione della consonante finale del tema. Tali varianti sono rare e occorrono quasi esclusivamente nelle raccolte poetiche quattrocentesche, dove sono in variazione con forme con inserto. Nel gruppo (B1), è rilevata una variabilità superiore a quella osservata all’interno del contesto (A). Nei testi in cui occorrono, le forme con inserto ascrivibili a verbi del gruppo (B1) sono infatti sempre in variazione con forme prive di tale tratto, quali vao e vado. Ciò avviene anche in opere, come il Libro, in cui le varianti con inserto sono particolarmente ––––––– 15

16

Iliescu / Mourin (1991: 63) segnalano ad esempio per l’occitano la forma di prima persona del congiuntivo dega. Fuori dal campione, una ulteriore occorrenza di questo tipo si trova nella Cronaca di Ferraiolo (72, 5) edita da Coluccia (1987).

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frequenti. Per quanto concerne la distribuzione all’interno del corpus, si osserva che le occorrenze relative al gruppo (B1) si concentrano nei testi trecenteschi. Per quanto riguarda i testi del XV secolo infatti, le varianti con inserto sono state rilevate solo nei Ricordi. Come si può notare dalle forme citate in §2.1 e §2.2, le occorrenze di forme con inserto di verbi del gruppo (B2) provengono tutte dal Libro, opera in cui esse figurano in variazione con forme etimologiche.17 Bisogna però rilevare che, mentre in testi come i Ricordi, le lettereSab e gli Statuti non occorrono contesti potenziali, in testi quali i Serventesi, nonostante l’abbondanza di contesti potenziali, si trovano solo forme etimologiche. Le forme con inserto riscontrate nel paradigma di verbi del gruppo (C) sono in variazione con forme etimologicamente regolari in entrambe le opere di una certa estensione in cui sono attestate, ovvero sia nel Libro sia nei Ricordi.18 Per quanto riguarda i testi per i quali non sono state notate occorrenze, al pari di quanto si è detto a proposito del gruppo precedente, occorre distinguere i casi in cui sono stati riscontrati contesti potenziali, come i Serventesi o l’Esopo e i casi in cui non sono stati osservati contesti potenziali come il Regimen, il Detto e gli Statuti. Per quanto concerne infine il gruppo (D), le forme con inserto velare nel presente indicativo si ritrovano solo nei Serventesi.19 Al presente congiuntivo invece, forme riconducibili a questo contesto sono state rilevate anche negli Statuti e nella Vita.20

3. Conclusioni I dati presentati possono in primo luogo fornire un tassello per la comprensione della genesi dell’inserto velare e per la connessa definizione del suo status teorico. A questo proposito, l’analisi ha mostrato la sostanziale stabilità di distribuzione paradigmatica dell’inserto velare. Al di là di un esiguo numero di casi, il formativo in velare è presente infatti nelle medesime posizioni del paradigma di verbi che costituiscono dei contesti variegati. Tra essi, figurano sia contesti analoghi a quelli toscani, come (A), sia contesti diatopicamente connotati. Ad eccezione dell’assenza di forme in velare nella 3p del presente indicativo, legata, con ogni probabilità, ad una più ampia tendenza riguardante il conguaglio tematico nel verbo campano, tale distribuzione è corrispondente a quella toscana e romanza sulla cui regolarità ha posto l’accento Maiden (2001) e (2003). Questa coincidenza distribuzionale sembra un elemento in grado di ridurre la presunta ––––––– 17

18

19

20

Ad esempio, accanto alle forme di 3s del pres. cong. soccega ‹succeda› e concegale ‹concedale› sono attestate le forme 3s socceda (Libro V, 87, 29) e 3p concedano (Libro IV, 70, 10). Nel Libro ad esempio, è attestato rengo ‹rendo› ma anche intendo e per il cong. defenga, ma anche intenda. Parimenti, nei Ricordi accanto alle tre occorrenze di intengo è attestato intendo (565, 15). In questa raccolta, songo e stongo costituiscono varianti minoritarie rispetto a so’ e sto (in un caso stao) largamente prevalenti. Sono inoltre molto meno frequenti di queste ultime sono e il raro son. L’estensione dell’inserto velare a contesti diversi da quelle attesi è sporadica. Si registra la 2s dell’imperativo singe (De Jennaro 3, 8) e la 2pl del pres. cong. tengati (Serventesi 149, 4). Sulla variazione del tema del verbo dovere negli Statuti, cf. Matera / Schirru (1997: 79).

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«lontananza» tra esiti meridionali, toscani e romanzi sottolineata da Fanciullo (1998: 236). È degno di nota che, rispetto a quanto si può osservare in dialetti moderni, tale coincidenza risulta qui con maggiore evidenza dal momento che è supportata dai dati relativi al congiuntivo, oggi, come è noto, scomparso nelle varietà oggetto di analisi. Ad esclusione del contesto (A), per il quale forme con inserto sono rilevate in quasi tutti i testi del campione, i dati presentati sembrano mostrare una diversa distribuzione delle forme con inserto nei testi del XIV e del XV secolo. Nei testi del XIV secolo, seppure con delle variazioni, le forme con inserto sono documentate in opere caratterizzate da registri stilistici diversi. Non paiono pertanto emergere elementi che suggeriscano di collegare le varianti con inserto ad un livello stilistico basso. Per il gruppo (B1) ad esempio, le forme con inserto occorrono in modo frequente in un testo di livello medio-alto come il Libro, in un testo religioso dotato di un certo grado di ufficialità come gli Statuti e in un testo di livello presumibilmente più basso come il Detto. All’interno dei verbi del gruppo (B2), la totalità delle attestazioni proviene dal Libro. Analogamente, per verbi del gruppo (C), le forme con inserto sono documentate oltre che nel Libro, in una lettera di cancelleria. Notevoli sono anche le forme attestate per i contesti (D) ed (E) negli Statuti dei Disciplinati di Maddaloni e, seppure in un solo caso, in una lettera della cancelleria angioina. L’esame dei testi del XIV secolo sembra dunque suggerire l’esistenza di un «sistema a pluralità di uscite»21 dotato di una notevole elasticità. In un simile sistema, spiegare l’occorrenza di varianti etimologiche come effetti dell’influenza di altre varietà, in particolare del toscano, non pare scontato. All’interno del contesto (B) ad esempio, tra le varianti del tipo creo, crego e credo non sembrano esserci elementi decisivi che inducano ad attribuire una delle varianti ad una fonte esterna, in particolare toscana. Nel Quattrocento la situazione appare diversa. La frequenza delle forme con inserto in contesti diversi da (A) pare diminuire sensibilmente. Per i contesti (B) e (C), la totalità delle attestazioni proviene da un testo di livello basso come i Ricordi di Loise De Rosa. Le occorrenze riconducibili al gruppo (D) sono state riscontrate quasi esclusivamente nei popolareggianti Serventesi.22 In opere di livello stilistico più elevato come le lettere del ‹Colibeto›, le rime e le lettere di Pietro Jacopo De Jennaro e il libro VIII del volgarizzamento pliniano di Giovanni Brancati non sono state notate attestazioni. Nel XV secolo dunque, al di fuori del contesto (A), le forme con inserti velari sembrano confinate in opere di livello stilistico tendenzialmente basso, come i Ricordi. Vari fattori di ordine storico-culturale, innanzitutto la crescente influenza della cultura e della lingua toscana, potrebbero infatti avere indotto a selezionare ad un livello stilistico basso le varianti con inserto, maggiormente connotate in senso locale, e a preferire in opere di livello più alto varianti già presenti nella scripta trecentesca convergenti con forme toscane e latine.

––––––– 21 22

Varvaro (1990: 74). È degno di nota che nei Serventesi e nella Vita di Esopo il contesto (D) è l’unico in cui appaiono forme con inserto. Tale dato potrebbe essere interpretato come un indizio del diverso valore stilistico associato a varianti del tipo dongo, stongo e songo. Su queste forme nel napoletano del Quattrocento, cf. Corti (1956: CLIX), Formentin (1987: 71) e De Blasi (1995: 183).

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Simona Valente

Bibliografia Testi

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Testi del XV secolo Brancati = Barbato, Marcello (ed.) (2001): Giovanni Brancati: Il libro VIII del Plinio napoletano di Giovanni Brancati. Napoli: Liguori editore. Colibeto = Formentin, Vittorio (ed.) (1987): Francesco Galeota: Le lettere del ‹Colibeto›. Napoli: Liguori editore. De Jennaro = Corti, Maria (1956): Le rime del ms. P1035 - Le lettere. In: Corti, Maria (ed.): Pietro Jacopo De Jennaro: Rime e lettere. Bologna: Commissione per i testi di lingua. Esopo = Gentile, Giovanni (ed.) (1988): Vita e favole di Esopo. Napoli: Liguori. Ricordi = Formentin, Vittorio (ed.) (1998): Loise De Rosa: Ricordi. Roma: Salerno. Serventesi = Bronzini, Giovanni Battista (ed.) (1979-1983): Serventesi, barzellette e strambotti del ’400 dal cod. Vat. Lat. 10656. In: Lares XLV, 72-96, 251-62; XLVI, 43-53, 219-237, 357-371; XLVII, 389-400; XLVIII, 213-247, 389-400, 547-570; XLIX, 413-445, 591-618. Vita = Petrocchi, Giorgio (1957): Francesco Del Tuppo: La vita d’Esopo. In: Petrocchi, Giorgio (ed.): Il Novellino con appendice di prosatori napoletani del ’400. Sansoni: Firenze, 457-530.

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– / Varvaro, Alberto (1987): Il regno angioino. La Sicilia indipendente. In: Asor Rosa, Alberto (ed.): La letteratura italiana. Storia e geografia. Vol. 2: L’età medievale. Torino: Einaudi, 457-488. – / Varvaro, Alberto (1988): Napoli e l’Italia meridionale. In: Asor Rosa, Alberto (ed.): La letteratura italiana. Storia e geografia. Vol. 3: L’età moderna. Torino: Einaudi, 235-325. Fanciullo, Franco (1998): Per un’interpretazione dei verbi ad ‹inserto› velare. In: AGI 83, 188-239. Folena, Gianfranco (1952): La crisi linguistica del Quattrocento e l’«Arcadia» di I. Sannazaro. Firenze: Olschki. Iliescu, Maria / Mourin, Louis (1991): Typologie de la morphologie verbale romane. I. Vue syncronique. Innsbruck: Amoe. Maiden, Martin (1992): Irregularity as a determinant of morphological change. In: JL 28, 285-312. – (2001): Di nuovo sulle alternanze ‹velari› nel verbo italiano e spagnolo. In: CFit 8, 39-61. – (2003): Il verbo italoromanzo: verso una storia autenticamente morfologica. In: ACISLI XXXV, 321. – (2004): Verso una definizione morfologica delle lingue romanze. La nuova fisionomia morfologica del romanzo. In: Aemilianense 1, 357-404. Malkiel, Yakov (1974): New problems in Romance interfixation (1). The velar insert in the present tense (with an excursus on -zer /-zir verbs). In: RPh 27, 304-355. Monaci, Ernesto / Arese, Felice (edd.) (1955): Crestomazia italiana dei primi secoli. Roma / Napoli / Città di Castello: Dante Alighieri. Rohlfs, Gerhard (1968): Grammatica storica dell’italiano e dei suoi dialetti. Morfologia. Torino: Einaudi. Sabatini, Francesco (1975): Napoli angioina: cultura e società. Napoli: Edizioni Scientifiche Italiane. Sornicola, Rosanna (1997): Campania. In: Maiden, Martin / Parry, Mair (edd.): The dialects of Italy. London / New York: Routledge, 330-338. Tekavčić, P. (1980): Grammatica storica dell’italiano. Vol. 2: Morfosintassi. Bologna: Il Mulino. Varvaro, Alberto (1989): La tendenza all’unificazione dalle origini alla formazione di un italiano standard. In: Foresti, Fabio / Rizzi, Elena / Benedini, Paola (edd.): L’italiano tra le lingue romanze. Atti del XX Congresso internazionale di studi della Società di linguistica italiana (Bologna, 25-27 settembre 1986). Roma: Bulzoni, 295-307. – (1990): Koinè nell’Italia meridionale. In: Sanga, Glauco (ed.): Koinè in Italia dalle origini al Cinquecento. Atti del Convegno di Milano e Pavia (25-26 settembre 1987). Bergamo: Lubrina, 6978.

Section 5b Morphologie et syntaxe

Montserrat Batllori Dillet

La periferia izquierda del sintagma nominal: artículo ante posesivo en español medieval*

1. Introducción Este artículo analiza la evolución de la construcción nominal con artículo ante posesivo en español medieval. La mayoría de los estudios que han centrado su investigación en esta estructura desde Lapesa (2000) han puesto de manifiesto que se trata de una configuración poco frecuente en los orígenes, cuyo uso aumenta a medida que adquiere carácter formulaico (cf. Clavería 1992) y pasa a utilizarse como estrategia discursiva de topicalización. Con el objetivo de ahondar mejor en su semántica y sintaxis se relacionará con otras construcciones medievales paralelas en que, en lugar del artículo, hallamos un numeral o un cuantificador. Examinaremos, pues, el siguiente patrón: DET/Q + POSESIVO + NOMBRE. El análisis que proponemos explica el proceso de gramaticalización y/o reanálisis que sufren dichas estructuras a la luz de los datos empíricos del período medieval. Se examina su evolución de acuerdo con la propuesta generativista de Roberts / Roussou (2003) y Roberts (2007). Se incorpora el análisis de la periferia izquierda oracional (cf. Benincà 2004; Poletto 2005; Rizzi 1997) que Roca (2006) aplica a la periferia izquierda del sintagma nominal: [SFuerza Fuerza [STópico Tópico [SFoco Foco [SFin Fin [SNum Num ...[SN]]]]]].

2. Semántica y sintaxis de las construcciones de det. + posesivo + nombre 2.1 el/la/los/las + posesivo + nombre Los comentarios de Lapesa (2000: 433-434), Clavería (1992: 357), Company (2006b: 11, 14) y Rinke (2006: 12) delimitan una serie de propiedades ampliamente asumidas tanto para el contraste entre las construcciones posesivo + nombre y artículo + posesivo + nombre, como para la caracterización de esta última como [+ marcada]. Se trata de una ––––––– *

Investigación subvencionada por el MCyT (HUM2005-08149-C02-02/FILO) y por la Generalitat de Catalunya (2005SGR00568). En memoria de mi padre: Ramón Batllori Cos.

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oposición expresiva, arraigada en el acto de habla, con características discursivas específicas, que se acomoda a un continuum de marcación cuyo polo [+ marcado] se halla al servicio de la expresión de un tópico discursivo que focaliza un poseedor conocido, mediante la mención de una cualidad o propiedad definidora del mismo. Company (2006b) propone un continuum de posesión según el cual la construcción artículo + nombre + SP es [– marcada], la de posesivo + nombre representa una marcación intermedia y artículo + posesivo + nombre es la estructura [+ marcada]. Resulta evidente que podemos añadir otros elementos a este continuum. Así, en el ejemplo de (1) sus fijas del campeador expresa una marcación intermedia sobreespecificada. Se especifica el poseedor del nominal introducido por el posesivo (sus fijas) mediante un SP introducido por de. Esta duplicación posesiva puede ser referencial desambiguadora (es decir, para desambiguar el poseedor) o no referencial o no desambiguadora (cuyo uso «no está motivado por la necesidad de desambiguar la referencia del poseedor», que es un tópico) – cf. Company (2002: 47-48). (1) Con que Riqueza en bio mios yernos amos ados. / A mis fijas siruades, que uuestras mugieres son; / Si bien las seruides, yo uos Rendre buen galardon. / Atorgado lo han esto los yffantes de Carrion. / Aqui Reçiben las fijas del Campeador; / Conpieçan a Reçebir lo que el Çid mando. / Quando son pagados atodo so sabor, / Hya mandauan cargar yffantes de Carrion. / Grandes son las nueuas por Valençia la mayor, / Todos prenden armas & caualgan a vigor, / Por que escurren sus fijas del Campeador atierras de Carrion. [Cid, vv. 2580-2590]

Se sabe que a lo largo de la Edad Media se atestigua la progresión de la estructura artículo + posesivo + nombre hasta constituirse en «uso casi general de estilo noble» y, en los siglos XIV y XV, en rasgo específico de la «lengua jurídica y cancilleresca» (en contraste con su declive en la «lengua literaria y coloquial»). Según Clavería (1992: 357) «en los siglos XIV y XV, el artículo ante el posesivo es característico de ciertas expresiones y fórmulas de los documentos que salen de la Cancillería, pero no es exclusiva de éstos». En los documentos no literarios anteriores al siglo XII se halla prácticamente ausente – cf. Batllori (1995). Los datos del Cantar de Myo Çid también muestran que se trata de una estructura minoritaria. Rodríguez Barreiro (2003: 287) establece que en el Cantar sólo un 7,56% de los nominales introducidos por posesivo van precedidos de artículo. El nominal puede desempeñar distintas funciones sintácticas – objeto directo en (2a) o complemento de régimen en (2b), por ejemplo. Esta autora demuestra que la función realizada, el tipo de verbo y la posición respecto a éste no juegan ningún papel en el uso de esta construcción. (2) a. Vo meter la uuestra seña en aquela mayor az. [Cid, v. 707] b. Commo yo fio por Dios & en todos los sos sanctos. [Cid, v. 2447]

Si extendemos el recuento a los datos del patrón estructural que nos interesa examinar, vemos que la frecuencia sigue siendo residual, también en textos literarios, desde los orígenes. Tabla 1. Frecuencia en el Cantar de Myo Çid según el contexto prenominal sin artículo DET/Q + posesivo + N núcleo vacío 82,3% 11,4% 5,8%

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En la Fazienda de Ultra Mar únicamente un 5,68% de los nominales van precedidos de artículo + posesivo, frente a un 94,32% de casos en que sólo aparece el posesivo: el porcentaje es inferior incluso al documentado en el Cantar de Myo Çid por Rodríguez Barreiro (2003). En cuanto a la construcción sintáctica, el nombre puede hallarse modificado por una oración de relativo, como muestran (3a) y (3b). (3) a. mate cada uno a los sos barones ques ayuntaren a la ydola. [Fazienda: 92] b. la su sennal que grant es, la su marauilla que fuert es, el so regno durable [es]... [Fazienda: 177]

Los textos literarios del XIV muestran un cierto incremento en la frecuencia del artículo seguido de posesivo. Según Hoyos Hoyos (1982: 209-210), en El Conde Lucanor se da un 35% de casos de artículo + posesivo + nombre. El fragmento inicial de los Soliloquios de Fray Pedro Fernández Pecha cuenta con un 97,6% con presencia de artículo y posesivo frente a sólo un 2,4% de posesivo (83 vs. 2 apariciones) –cf. Clavería (1992). Aunque tenderá a desaparecer en el siglo XVI, todavía hay ejemplos esporádicos en pasajes arcaizantes o de dicción elevada, citas bíblicas y documentos legales –cf. Keniston (1937: 246-247). En cuanto a las características sintácticas de estos nominales, Company (2006a; 2006b; en prensa) les atribuye escasa capacidad para llevar otros modificadores y considera que presentan limitaciones para concentrar modificación o expansión. Company (2006a) documenta casos de adjetivos y oraciones de relativo que modifican a los núcleos nominales de dichas construcciones, pero argumenta que: desde el punto de vista semántico son adjetivos u oraciones relativas especificativas que no describen ni especifican, no añaden información sobre el referente sustantivo en cuanto que operan como epítetos obvios que confirman las cualidades ya sabidas o esperadas del referente.

Asimismo, Company (2006b: 17) añade que: No se documentan en el corpus FN con modificadores adjuntos acumulados del tipo *todo el su gran señorío, *los sus dos blancos caballos, *las sus otras dos casas o *las otras sus dos casas, que son perfectamente posibles cuando la FN está encabezada por solo uno de los dos clíticos.

En este sentido, son interesantes algunos de los ejemplos de Clavería (1992), cf. (4a) y (4b), puesto que los adjetivos dicho y ssobredicho contribuyen a reforzar la interpretación del nominal como información conocida. Además, (4c) y (4d) constituyen contraejemplos a los comentarios de Company. (4) a. las dichas sus yeguas b. los otros ssus ffijos c. Pues, la buena nuestra dicha madre vejota poco curó de guardar matrimonio, salvo tomar consejo del monico por aver mala vejés. [CORDE, 1438. Alfonso Martínez de Toledo (1990): Arcipreste de Talavera (Corbacho). (ed.) de Marcella Ciceri. Madrid: EspasaCalpe, 258]

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d. todos los mjs vasallos que aqui son fj[n]ados serian por su señor este dja vengados. [Poema de Fernán González: fol. 43r]

2.2 un/uno/una/unos/unas + posesivo + nombre Se trata de una construcción mucho más residual que la que acabamos de examinar. Se documenta en textos literarios y en documentos no literarios a lo largo de la época medieval y admite una oración de relativo especificativa como modificador. Se atestigua con muchos más modificadores nominales que la estructura anterior. (5) a. fue veer sos ganados con un so amigo [Fazienda: 52] b. E tomo el saco acuestas e fuese para casa de vn su amigo en quien el mas fiaua; e quando fue a el marauillose el otro porque... [Zifar: 19]

A diferencia de la anterior, en este caso la construcción no desaparece a partir del siglo XVI, sino que llega hasta nuestros días, cf. los ejemplos de (6). (6) a. casándose todavía después con una su sierva. Y aún esto nos tendría sin sobresalto. [Las siete cucas, 1927 (CORDE)] b. con el fin de atender a los hijos de una su hermana recién viuda, de servirles de padre. [San Manuel Bueno, mártir. Miguel de Unamuno, 1931-1933 (CORDE)]

Según Company (en prensa: 96, 99) se caracteriza por «introducir nominales poseídos que son información nueva y que posteriormente van a mantenerse en la narración», aunque también puede introducir «una entidad que no es retomada en el discurso siguiente», y añade que los «poseedores también se caracterizan por ser altamente topicales». Si bien estamos de acuerdo con ella en que esta expresión presentará las características propias del artículo indefinido, pensamos que debe tenerse en cuenta en la evolución de su significado la trayectoria de gramaticalización que sufre el numeral UNUS desde el latín: es decir, el paso de cuantificador a indefinido específico y de éste a indefinido inespecífico y, posteriormente, genérico.

2.3 Numeral + posesivo + nombre Se atestigua también con otros numerales cardinales, como muestra (7). (7) a. Esto fazía él por su padre e por dos sus ermanos que eran buenos cavalleros. [El baladro del sabio Merlín con sus profecías, 1313-1498 (CORDE)] b. De lo que contesció a un rey que quería provar a tres sus fijos. [El Conde Lucanor, 13251335 (CORDE)]

Respecto a las construcciones con numerales superiores a tres, cabe mencionar que son frecuentes en traducciones e itinerarios bíblicos, sobre todo a partir del siglo XV.

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(8) a. sobre la red quatro sortijas de alambre sobre quatro sus cantones. [Biblia de Ferrara, 1553 (CORDE)] b. Et trayo ysay siete sus fijos delante semuel. [Biblia. Escorial I.j.8, 1300 (CORDE)]

Por otra parte, observamos que a partir del siglo XVI todavía se documentan. (9) a. manifesto vna muger quemada, que a ella y a otras dos sus compañeras, les dio el demonio sendas piedra. [Tratado de las supersticiones y hechicerías y de la possibilidad..., 1529 (CORDE)] b. del nueve del texto de Euclides, que, con otras tres sus semejantes, se formará un cuadrado debajo de [Breve compendio de la carpintería de lo blanco y tratado de ..., 1633 (CORDE)]

2.4 Cuantificador + posesivo + nombre Se trata de estructuras con las mismas implicaciones discursivas que las del epígrafe anterior. Los ejemplos siguientes muestran su productividad con: algún, en (10); mucho, en (11); ningún, en (12); cualquier, en (13), algunos pocos, en (14), y otro, en (15). (10) a. por quanto a nos es fecha rrelaçion que algunos nuestros arrendadores e rrecabdadores mayores por defraudar los arrendadores menores dexan de hazer los rremates de las rrentas que se hazen por menor. [Documentación medieval abulense…, 292, s. XV (CORDE); Camus (2005: 108, e.g. 6b)] b. andan desnudos; y súpose dellos que en algunas sus medecinas que beben, usan del argento. [Historia general y natural de las Indias, 1535-1557 (CORDE)] (11) a. & se espidieron dellos & de muchos sus omnes buenos que eran y; [General estoria II, 1275 (CORDE)] b. commo lo sopo el rey mando enforcar a nahaman en su casa & a otros muchos sus parientes que eran enel consejo que los judios muriesen. [Valerio de las historias eclesiásticas y de España, fol. 56v. (íd)] (12) a. e que ningun su heredero de donna Mayor Guillem non aya ... [Carta de donación [Documentos de Alfonso X dirigidos a ...], 1259 (CORDE)] b. mas el no quiso cullir esta moneda / nj dexo a ningun su amigo que la cullies / [Plutarco, III., 1379-1384 (CORDE)] (13) a. Tanto se le parece y se le entalla cualquier su movimiento, risa y ceño, que ... [Poesías, 1560-1578 (CORDE)] b. cobdiçia de moler mas apriesa o por su pereza o por qualquier su culpa, [Libro de las confesiones, 1500 (CORDE)]

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(14) mas cassio assi como dize mesala çenaua con algunos pocos sus amigos … [J. Fdez. De Heredia, Gran Crónica de España, I, 365r, 1385 (CORDE); Camus (2005: 108, e.g. 6c)] (15) a. otro su hermano [Keniston (1937: 247)] b. otros dos sus hermanos [Keniston (1937: 247)]

Keniston (1937: 246-247) hace referencia a su valor partitivo, cuyo significado remite al grupo poseído del cual el adjetivo que precede al posesivo indica la parte concreta que se menciona. Según Keniston (1937: 247), estas construcciones se dan hasta entrado el siglo XVI, aunque tienden ya a desaparecer en la segunda mitad del siglo. En relación a la periodización referente al uso de las estructuras con numeral o cuantificador indefinido, el CORDE evidencia su vitalidad en la época medieval. En el siglo XVI la mayoría de los ejemplos proceden de Biblias, itinerarios bíblicos, traducciones de textos clásicos, géneros literarios con tradición medieval (Espejo de Principes), obras pertenecientes a la mística y crónicas de Indias. Todo ello, en contraste con el bajo índice de frecuencia en el siglo XVII, hace suponer que se trata de arcaísmos revitalizados en un determinado tipo de obras.

3. Propuesta de análisis El latín carecía de determinantes y el caso morfológico aportaba el rasgo de especificidad. El desmoronamiento del sistema casual y el paso de un tipo de acentuación melódica a un acento libre conllevan el desarrollo de nuevas proyecciones tanto a nivel oracional como a nivel nominal –cf. Benacchio / Renzi (1987). De acuerdo con Vincent (1988: 62), ya en latín arcaico, el latín hablado presentaba un orden de palabras SVO (aunque el latín literario manifestase el orden SOV), lo cual supone un cambio tipológico con fuerte tendencia a la topicalización, que heredarán las lenguas románicas. En lo referente a los nominales, uno de los aspectos más conocidos es la génesis del artículo –cf. Vincent (1997) y Batllori / Roca (2000). Vincent (1997: 155, 163) establece que los artículos se originan en constituyentes nominales que funcionan como sujetos mediante un proceso de gramaticalización de tópicos, lo cual explica que en la época vulgar el uso de ille e ipse no sea frecuente con argumentos internos, excepto en casos de topicalización o dislocación. Así las cosas, es evidente que el nacimiento del romance implica el desarrollo de la periferia izquierda oracional y también nominal (cf. Camus 2005: 103) y que en este proceso tienen un papel fundamental el énfasis (uso de estructuras [+ marcadas] con finalidades expresivas) y la topicalización. En relación a los modificadores nominales latinos, según Bauer (1995), el posesivo aparece normalmente pospuesto en latín. En contraste, los numerales cardinales preceden sistemáticamente al núcleo nominal (la posposición es, por tanto, un orden [+ marcado]). En cuanto a los demostrativos, el orden menos marcado es la anteposición al sustantivo. Cabe tener en cuenta también el orden del adjetivo respecto al núcleo nominal. Bauer (1995: 67) observa la misma tendencia a la posposición que presenta la evolución de los

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genitivos. Distingue entre los adjetivos distintivos y los descriptivos. Los primeros son adjetivos derivados de nombres propios (gentilicios, etc.) o adjetivos que expresan algún tipo de afiliación social, natural, racial, etc. o de definición material, local, de cualidad física, etc. El orden [– marcado] de estos adjetivos es posnominal y su anteposición es un recurso retórico. Por otra parte, los adjetivos descriptivos suelen preceder al nombre y la posposición expresa un significado distintivo o enfático. En el paso al latín vulgar o tardío los adjetivos distintivos mantienen su posición posnominal, mientras que los descriptivos presentan posposición y la anteposición de estos adjetivos pasa a ser el orden [+ marcado], con significado figurativo o afectivo. En las nuevas estructuras nominales del romance la información se dispondrá como se muestra en (16) y ello dará lugar a una jerarquía de proyecciones en el interior de los nominales similar a la que se ha venido postulando para la oración, cf. (17): (16) [{rasgos relacionados con el discurso} {rasgos flexivos o de concordancia} {núcleo y sus argumentos}] (17) [SFuerza Fuerza [STópico Tópico [SFoco Foco [SFin Fin [SNum [SGén [SN [N [SADJ/SP/SCOMP]]]]]]]]]

Roca (2006: e.g. (90)) propone el análisis de (18a) para la lectura deíctica del demostrativo del español (en SFoco) y el de (18b) para la lectura anafórica (en STópico). (18) a. Lectura deíctica [SFuerza Fuerza [STópico Tópico [SFoc Foci [SFin Demi [SCo …… [SN ……]]]]]] [+ deixis] b. Lectura anafórica [SFuerza Fuerza [STópico Tópico [SFoc Foci [SFin Demi [SCo …… [SN ……]]]]]] [+ anaf]

Este análisis se halla en consonancia con la evolución que sufren los modificadores nominales desde el latín al romance –cf. Bauer (1995). Asimismo, permite explicar la génesis del artículo y el cambio semántico que conlleva. La implicación diacrónica que extraemos de la propuesta de Roca (2006) es que algunos elementos deícticos, cuantificadores o indefinidos específicos pueden reanalizarse como tópicos y adquirir así un significado anafórico, inespecífico o genérico. Pensamos que se trata de casos de reanálisis y no de gramaticalización en términos de Roberts / Roussou (2003). Clark / Roberts (1993) describen el reanálisis diacrónico como la relación existente entre la lengua exteriorizada (E-language) de una generación de hablantes y la lengua interiorizada (Ilanguage) de la siguiente generación –cf. también Roberts (2007). Lightfoot (1997: 268) comenta que, según Roberts, el reanálisis es «a particular type of parametric shift which involves different analyses for given strings of morphemes». Respecto a los datos que nos ocupan, las estructuras menos marcadas para la expresión de la posesión serían las de (19) y (20). En esta última el posesivo no está focalizado y, por tanto, en este sentido es una construcción neutra. Por otra parte, en los ejemplos de (23) a (31) el valor deíctico retrospectivo del posesivo, en términos de Company, se halla

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enfatizado y, por ello, el posesivo ocupa el núcleo del SFoco. Este posesivo podrá coaparecer con un demostrativo [+ deíctico] cuya proyección máxima ocupará la posición de Esp. de SFoco (en frases como ¡Bienvenido a esta su casa!), o bien con un artículo o demostrativo anafórico que se generará en STópico, cf. (23) y (24). Cuando el posesivo coexiste con un numeral o indefinido específico, o bien un cuantificador, estos elementos se habrán trasladado al Esp. del SFoco para concordar con el posesivo mediante la relación de concordancia especificador-núcleo, cf. (26), (27) y (28). Obsérvese, además, que en (25), (29), (30) y (31) estas construcciones admiten la presencia de un artículo o un demostrativo siempre que la lectura del artículo o del demostrativo sea anafórica. Finalmente, los enunciados de (21) y (22) reflejan la posibilidad de la lengua medieval de admitir catáforas paratácticas. El posesivo se genera o bien en el núcleo de STópico y adopta valor de tópico discursivo, o bien en el núcleo del SFuerza y adquiere valor catafórico –recuérdense los valores de la duplicación posesiva según Company (2002). Esto explicaría la inexistencia de (22) en español peninsular. (19) a. las fijas del campeador [cf. (1)] b. [SFuerza Fuerza [STópico las [SFoc Foc [SFin [SN fijas del Campeador]]]]] [+ anaf] (20) a. mis fijas [cf. (1)] b. [SFuerza Fuerza [STópico Tópico [SFoc Foc [SFin misi [SN fijas ti]]]]] (21) a. sus fijas del campeador [cf. (1)] b. [SFuerza Fuerza [STópico sus [SFoc Foc [SFin [SN fijas del campeador]]]]] [+ anaf] b’. [SFuerza sus [STópico Tópico [SFoc Foc [SFin [SN fijas del campeador]]]]] [+ deíxis / catáfora] (22) a. sus fijas que ha [Çid: v. 1424] b. [SFuerza sus [STópico Tópico [SFoc Foc [SFin [SN fijas que ha]]]]] [+ deíctico / catáfora] (23) a. e dadome auedes conorte al mi grant cuydado [Zifar: 16] b. [SFuerza Fuerza [STópico el [SFoc mii [SFin ti [SN grant cuydado ti]]]]] [+ anaf] [+ deixis] (24) a. las dichas sus yeguas (cf. Clavería (1992)) b.[SFuerza Fuerza [STópico las [STópico dichas [SFoc susi [SFin ti [SN yeguas ti]]]]]] [+ anaf] [+ deixis] (25) a. mete el un su cabo en el oido [Tratado de patología. 1500. CORDE]

La periferia izquierda del sintagma nominal: artículo ante posesivo en español medieval

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b. [SFuerza Fuerza [STópico el [SFoc unj [Foc sui] [SFin ti [SN tj cabo ti]]]]] [+ anaf.] [+ Q] [+ deixis] (26) a. un su fijo pequeño que avía [Calila: 176] b. [SFuerza Fuerza [STópico [SFoc unj [Foc sui] [SFin ti [SN tj fijo ti que avía]]]]] [+ numeral/Q o + indef. específico] [+ deixis] (27) a. dos sus ermanos que eran buenos cavalleros [cf. (7a)] b. [[[SFoc dosj [Foc susi] [SFin ti [SN tj hermanos ti que eran buenos cavalleros]]]]] [+ Q] [+ deixis] (28) a. algunos pocos sus amigos [cf. (14)] b. [SFuerza Fuerza [STópico [SFoc algunos pocosj [Foc susi] [SFin ti [SN tj amigos ti]]]]] [+ Q] [+ deixis] (29) a. asentaron la en vna silla apar del Rey & los dos sus fijos a los sus pies [Zifar, Esp. 36] b. [SFuerza Fuerza [STópico los [SFoc dosj [Foc susi] [SFin ti [SN tj fijos ti]]]]] [+ anaf.] [+ Q] [+ deixis] (30) a. toujeron por bien & por gujsado de enbiar estos dos sus criados a el [Zifar, Ms. Esp. 36] b. [SFuerza Fuerza [STópico estos [SFoc dosj [Foc susi] [SFin ti [SN tj criados ti]]]]] [+ anaf.] [+ Q] [+ deixis] (31) a. vistieron se de çiliçio matathias & aquellos çinco sus fijos & fazien grant llanto [General Estoria] b. [SFuerza Fuerza [STópico aquellos [SFoc cincoj [Foc susi] [SFin ti [SN tj fijos ti]]]]] [+anaf.] [+Q] [+deixis]

Este análisis permite dar cuenta de las características semánticas y pragmáticas de las construcciones de artículo + posesivo y explicar el cambio de significado de las estructuras de un + posesivo + nombre a partir de un reanálisis en que el numeral un deja de tener valor referencial para adquirir un significado discursivo –cf. Company (en prensa).

4. Conclusiones Se ha examinado la naturaleza, el significado y la evolución del patrón estructural en que un determinante o cuantificador y un posesivo introducen un nominal. El análisis propuesto se acomoda a los postulados de la gramática generativa e incorpora el análisis de la periferia izquierda oracional aplicado a la periferia izquierda del sintagma nominal. Da cuenta de las características semánticas y pragmáticas descritas para estas construcciones.

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Ángela Di Tullio / Avel·lina Suñer

La extensión del artículo indefinido evaluativo ante nombres de cualidad en función de atributo: un estudio contrastivo

1. Introducción Las gramáticas latinas y los estudios de gramática histórica de las lenguas románicas suelen coincidir en dos cuestiones relativas a la evolución del artículo indefinido: primero, que fue más lenta que la del definido, y segundo, que se produjo de forma asimétrica en distintas construcciones sintácticas. Uno de los contextos en los que tardó más en aparecer fue como introductor de un predicado nominal valorativo, el denominado «un enfático»1, que puede empezar a rastrearse en documentos escritos a partir del siglo XVIII y que se expande progresivamente hasta nuestros días en todas las lenguas románicas, tal como ilustran ejemplos como los de (1). (1)

a. Este hombre es un cobarde. b. Quest’uomo è un vigliacco. c. Cet homme est un lâche. d. Aquest home és un covard. e. Este homem é un covarde.

Esp. It. Fr. Cat. Port.

El propósito de este trabajo es detectar cuál fue el origen del artículo indefinido en su uso enfático e identificar los factores que han determinado su expansión en los registros escritos de épocas tan tardías. La estructura de este trabajo es la siguiente: se iniciará con una descripción de las propiedades gramaticales del un enfático; en segundo lugar, analizaremos los patrones de gramaticalización que van desde el numeral latino UNU(M) hasta los distintos valores del artículo y, por último, se propondrá una hipótesis acerca del origen del artículo enfático y su aparición en la lengua escrita.

––––––– 1

Seguimos la denominación propuesta en Fernández Lagunilla (1983) y Portolés (1993), entre otros.

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2. Delimitación del un enfático El uso del artículo indefinido ante un atributo fue descrito ya por Vicente Salvá en su Gramática de la lengua castellana (1990: §13.1.2): «[El artículo indefinido] en algunos casos comunica una énfasis especial a la frase, pues al decir de alguno que es un cobarde, no significamos que la cobardía es una de sus calidades, sino que es la principal y casi característica». En términos parecidos se expresó Bello (1970: §856): «El artículo indefinido da a veces una fuerza particular al nombre con que se junta. Decir que alguien es holgazán no es más que atribuirle este vicio; pero decir que es un holgazán es atribuírselo como cualidad principal y característica».2 Después de Bello, A. Alonso (1951: 155) habló de las «extensiones no lógicas sino afectivas del indefinido» y de su «uso estimativo», y Lázaro Carreter (1980: 43) aludió a los casos en que el artículo es obligatorio en presencia de modificadores, como un sol tibio, una virtud acrisolada, un mercurio purísimo, como parte de una «gramática del énfasis». A su vez, Fernández Lagunilla (1983) propone restringir el nombre tradicional de un enfático al que introduce los atributos que indican una propiedad de grado extrema predicada de sujetos humanos, en oraciones copulativas con el verbo ser. También se refieren a estas construcciones Bosque (1989), Suñer (1990) y Portolés (1993), quienes señalan propiedades formales, semánticas y pragmáticas de los atributos introducidos con el un enfático. A continuación reproducimos algunas de ellas. a) El atributo encabezado por un enfático indica que el individuo posee una cierta propiedad, por lo general considerada negativa3 en la comunidad, mientras que el mismo predicado sin el indefinido carece de tal «plus valorativo» (Bosque 1989). Así, si se dice de alguien que es adolescente, se le está atribuyendo la propiedad de tener una cierta edad, mientras que si se dice que es una adolescente, se la está asociando con un cierto estereotipo social, en el sentido de que, aunque esa persona no tenga esa edad, se comporta como tal. Estos estereotipos se asocian a características físicas, sociales, morales o anímicas que implican una apreciación subjetiva por parte del hablante. b) Son adjetivos sustantivados, como cobarde, inútil, loco, necio, infeliz, irresponsable, quejica, blandengue, holgazán o sustantivos, como héroe, caballero, señor, crápula. Todos ellos se atribuyen a referentes personales. Lo mismo ocurre con los sustantivos tomados en ––––––– 2

3

Las citas de Salvá y Bello ponen de relieve que este último autor tuvo en cuenta las palabras del primero en la descripción del un enfático. En esta nota queremos subrayar también que en estas dos primeras citas, los autores no reproducen textualmente ejemplos escritos sino que utilizan expresiones como «al decir de alguno que es un cobarde», «decir que es un holgazán es atribuírselo como cualidad principal y característica». Tal presentación de los hechos no excluiría que se refirieran a enunciados de la lengua oral. Volveremos a esta cuestión en el último apartado de este trabajo. Sobre el predominio de elementos negativos frente a los positivos (cf. es un señor, es un padrazo, es un lince,…), Fernández Lagunilla (1983) apunta a razones semánticas y pragmáticas. Aduce que existe una relación entre expresividad y negación que se basa en el carácter marcado que posee por lo general el término negativo. Asimismo debe tenerse en cuenta la mayor capacidad que tienen las palabras negativas para acoger sentidos figurados (cf. es un infeliz, un inconsciente, un inútil, un anormal...), lo cual encajaría con el sentido apreciativo subjetivo de la construcción.

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La extension del artículo indefinido evaluativo

sentido metafórico, como lince, zorro, zapallo, salame. Muchos de ellos provocan discordancias precisamente en este uso, como se ve en (2): (2)

a. Tu primo es un gallina. b. Su amiga es una salame. c. En Jordi és un pupes.

Esp. Pen. Riopl. Cat.

c) El predicado introducido por un enfático tiene propiedades categoriales que lo asimilan a los nombres. Así pues, a diferencia de los adjetivos, no admite adverbios de grado: (3)

a. *Es un {muy, bastante, demasiado, poco} holgazán. b. *És un {molt, força, massa, poc} gandul. c. *Il est un {très, beacoup / peu} fainé. d. *É un {molto / troppo} fannullone.

Esp. Cat. Fr. It.

Tampoco forma parte de construcciones comparativas ni consecutivas, que incluyen, por naturaleza, un intensificador, es decir, un adverbio de grado (cf. (4)). (4)

a. Es {tan / *tan un} holgazán. Esp. b. És {tan / *tan un} gandul. Cat. c. Il est {si / *si un} feinéant. Fr. d. É {cosí / *cosí un} fannullone. It.

No puede combinarse con sufijos (-ísimo) ni prefijos cuantificativos como re-, hiper- o super-.4 (5)

a. Es (*un) {viejísimo/ reviejo/ superviejo/ hiperviejo}. Esp. b. És (*un) {super/ megagandul}. Cat.

Los atributos formados por nombres modificados por adjetivos u otros elementos requieren que se les anteponga un enfático:5 ––––––– 4

5

En francés e italiano los prefijos valorativos super / hiper solo se documentan ante nombres pero no ante adjetivos (cf. (8)). El artículo indefinido un puede preceder atributos que contienen adjetivos de distinto tipo. Hay que tener en cuenta, sin embargo, que su valor sólo es enfático cuando el atributo presenta rasgos valorativos y tiene carácter focal, como se ve en el contraste entre el atributo clasificador de (i) y el valorativo de (ii). Sólo en el segundo caso y por el carácter valorativo del predicado nominal puede anteponerse en estructuras exclamativas como las de (iib) y competir con el adjetivo de grado extremo como en (iic). (i) a. Juan es un médico rubio cordobés que conocí el año pasado. b. *?Un médico rubio cordobés que conocí el año pasado, Juan. (ii) a. Juan es un médico excelente / desastroso. b. Un médico excelente / desastroso, Juan. c. (Un) excellente / maravilloso médico, Juan.

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(6)

a. Es un borracho empedernido / un auténtico héroe / un perfecto caballero. b.*Es borracho empedernido / *auténtico héroe / *perfecto caballero.

Esp.

(7)

a. És un fumador compulsiu / un pare meravellós / una professora esplèndida. Cat. b. És *fumador compulsiu / *pare meravellós / *professora esplèndida.

(8)

a. Tu es un mega super papa / un adorable petit ange / une femme splendide. b. Tu es *mega super papa / *adorable petit ange / *femme splendide.

Fr.

(9)

a. É un cafone patentato / un autentico eroe / un perfetto galantuomo. b. *É cafone patentato / autentico eroe / perfetto galantuomo.

It.

d) Por el hecho mismo de ser sustantivos son, desde un punto de vista aspectual, predicados inmanentes6 de manera que en español y catalán –lenguas en que existe la diferenciación ser y estar– funcionan como atributos del verbo ser, y no de estar. También pueden aparecer en función de aposición o como predicativo objetivo, siempre que admitan esa interpretación aspectual. (10) a. Es un holgazán / un profesor maravilloso / un encanto. Esp. vs. Está *un holgazán /* un profesor maravilloso / *un encanto. b. Tu amigo, un profesor maravilloso. c. A tu amigo lo considero un perfecto holgazán. (11) a. És un gandul / un professor meravellós / una calamitat. Cat. vs. Està *un gandul / *un professor meravellós / *una calamitat. b. El teu amic, un professor meravellós. c. Al teu amic el considero un gandul acabat.

e) La ponderación que se reconoce en los ejemplos anteriores se obtiene también con los sustantivos que Milner (1978) designaba como «nombres de cualidad». Estos se caracterizan por no tener un contenido denotativo independiente, ya que a menudo pueden aplicarse a todo tipo de entidades (personales, no personales e incluso proposicionales) mediante un juicio valorativo. Este tipo de sustantivos aparecen sistemáticamente precedidos por un: (12) a. Juan / La casa / El trabajo / Que no venga es un (verdadero) desastre / una maravilla / un asco / una mierda. b. Aquesta dona / La novel·la / El que ha dit és una meravella / un fàstic. c. Cette femme / Mon jardin / Que ton fils soit si sage est une merveille.

Esp. Cat. Fr.

f) Asimismo, como réplica a una oración que contiene un enfático, esta forma alterna con ningún y sus variantes morfológicas, como se ve en (13):

––––––– 6

Los predicados inmanentes se denominan también individual level predicates o predicados individuales.

La extension del artículo indefinido evaluativo

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(13) a. Este hombre no es ningún inútil / Estos hombres no son ningunos inútiles. Esp. b. Esta mujer no era ninguna tonta / Esas actrices no son ningunas tontas.

Aunque el un enfático puede aparecer también en contextos negativos, ningún y sus variantes flexivas –incluido el plural anómalo de ningunos o ningunas– supone un refuerzo enfático. Recapitulando, el un enfático aparece frente a nombres con o sin modificación y adjetivos sustantivados que tienen como denominador común el hecho de expresar una valoración por parte del emisor. a) Adjetivos sustantivados como en (14): (14) Tu hermano es (un) holgazán / (un) tonto / (un) avaricioso / (un) asqueroso / (un) pretencioso / (un) salvaje / (un) bruto.

b) Nombres simples como en (15): (15) Tu hermano es *(un) cerdo / *(un) animal / *(un) gallina / *(un) demonio / *(un) genio / *(un) burro.7

c) Nombres compuestos como en (16): (16) Tu hermano es (un) caradura / (un) sinvergüenza / (un) correveidile / (un) sabelotodo.

d) Atributos sustantivos asociados a modificadores valorativos, cf. (17): (17) Será *(un) magnífico pianista / Su padre era *(un) fumador empedernido / Es *(una) profesora excepcional.

c) Nombres de cualidad, como en (18): (18) Ese hombre es *(un) desastre. / La actriz es *(un) encanto. / Este vestido es *(una) monada. / Carlos es *(una) joya. / Su cuñado es *(una) calamidad. / Este trabajo es *(una) pesadilla. / Su coche es (una) birria.

3. Patrones de extensión de la gramaticalización de un De acuerdo con Givón (1981), Leonetti (1988), Elvira (1994) y Garachana (2003), vamos a suponer que el proceso de gramaticalización que conduce del numeral UNUS al artículo indefinido un, una ha seguido en español y en el resto de las lenguas romances la expansión que se representa en (19). ––––––– 7

Nótese que en estos casos la propiedad que se predica del sujeto tiene que ver con un estereotipo o cliché asociado al nombre que constituye el predicado.

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(19) Numeral (cuantificación) > Indefinido específico > Indefinido inespecífico > Indefinido genérico (cf. Givón 1981: 35; Leonetti 1988: 496).

Esta progresión afecta a los sintagmas nominales argumentales, que hacen referencia a objetos del mundo8, desde los concretos e identificables (al menos para el hablante) hasta los prototipos abstractos de la clase. Este uso no se consolidará hasta el S. XVI (cf. los ejemplos de (20)). (20) a. non vos daré a vos un dinero malo (Cid, c. 1140, 40). b. e entró en ella un gran ladrón e muy malfechor (Sendebar, 1253, CORDE). c. por dar tan grant poder a un mal traïdor (Alexandre, 1240-1250, CORDE). d. Esaú por un pobre manjar, la primogenitura a Jacob fuera dar (P. López de Ayala, Rimado de Palacio, c. 1378-1406, CORDE).

En cambio, los autores mencionados prácticamente no se refieren a la presencia de un en la función de atributo, que es el objeto de esta comunicación. Tales grupos nominales no son expresiones referenciales ni cuantitativas como las ordenadas en la cadena implicacional de (19), sino expresiones predicativas que atribuyen una cierta propiedad al sujeto del que se predican. La búsqueda de atributos con rasgos valorativos (tanto adjetivos sustantivados, como nombres acompañados por adjetivos / expresiones valorativas o los nombres de cualidad) en los distintos corpus diacrónicos arroja resultados un tanto desconcertantes. Aunque, como muestran los ejemplos de (21), desde los inicios es posible documentar con cierta frecuencia casos de un introduciendo nombres valorativos, su uso frente a atributos es casi testimonial porque predomina claramente la ausencia de determinante ante tales construcciones (cf. (22)). (21) a. non te riepto, ca eres una cativa bestia (Gonzalo de Berceo, 1246-1252, CORDE). b. por una maravilla esta cosa avien (Gonzalo de Berceo, 1246-1252, CORDE). c. Et tú eres un onbre tal, que non guardas nin condesas (Calila e Dimna, 1251, CORDE). d. por Dios nuestro Señor; tú eres un grand omne (Gonzalo de Berceo, 1264, CORDE). e. Sennor, paresçeme que sois un rrey muy poderoso (Libro de los gatos, c. 1400, CORDE).

––––––– 8

Sin embargo, en español medieval se encuentran numerosos casos de un usado en contextos en que el sustantivo no se refiere a ningún objeto específico como, por ejemplo, con verbos intencionales (i), negación (ii), futuros, condicionales o subjuntivos (iii), estructuras comparativas (iv), imperativos (v) o enunciados genéricos (vi) (cf. Leonetti (1988: 496)). i. Quando quiere folgar, que es mucho cansado, busca un árbol grande que sea fortallado (Alexandre, 1240-1250, CORDE). ii. Non dixerades una mentira por quant maña es España (7 Infantes, apud Leonetti 1988: 497). iii. E si fuese vuestro consseylo, que enviassedes un portero vuestro, tengo, que seria meylor (Anónimo, 1305, CORDE). iv. si tomaren della tanto como un garuanço (Alfonso X, c. 1250 CORDE). v. id a la gracia del Criador! Levedes un portero, tengo que vos avrá pro (Cid, c. 1140, v. 1380). vi. E deue se vestir el rey con una saya castellana a cuerda de scarlata uermella (Libro de las Coronaciones, 538, 11, apud Leonetti 1988: 497).

La extension del artículo indefinido evaluativo

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(22) a. quando uedieron qu’ el era ø omne muit esforçado (Liber Regum, 1194, CORDE). b. sodes ø ardida lanza (Cid, c.1140, 79). c. eres ø buen varón anciano (Alfonso X, c. 1250, CORDE). d. eres ø mal enemigo (Buen Amor, 1330-1343, CORDE).

La tendencia a utilizar predominantemente nombres escuetos en función de atributo, que se ilustra en los ejemplos medievales de (22), se mantendrá sin cambios significativos en la época clásica hasta el siglo XVIII, como ponen de manifiesto los ejemplos de (23). Todos ellos contienen algún elemento valorativo: un adjetivo antepuesto en (a), un adjetivo de grado extremo en (b) y un sustantivo de cualidad en (c) y (d). (23) a. De su negocio es gran hombre cada uno (Fray Hortensio Paravicino, Sermón de Santa Isabel, 1625, CORDE). b. porque una pelota muy hermosa o un muy hermoso vaso es magnífico don para presentar a un niño (Simón Abril, Traducción a la Ética de Aristóteles, 1577, CORDE). c. Es gloria ver a Celia, y es infierno apartarme tan presto de su vista (Lope de Vega, El molino, 1604, CORDE). d. ¡Esto sí que es maravilla! (Antonio Palomino Velasco, El Parnaso español pintoresco laureado, 1724, CORDE).

En el siglo XVIII, en cambio, los testimonios recogidos en el CORDE muestran la inversión de la frecuencia entre la construcción con sustantivos escuetos y los grupos nominales indefinidos. Así, en contextos similares, en los ejemplos de (24), procedentes de textos posteriores a 1700, el atributo va introducido por un (se han seleccionado las citas más antiguas registradas en el CORDE): (24) a. Ese D. Augusto es un gran hombre (B. Pérez Galdós. Torquemada y San Pedro. 1895, CORDE). b. Pasé a ver la fábrica, que es un magnífico edificio (Antonio J. Cavanilles. Observaciones sobre la historia natural..., 1795, CORDE). c. [...] que verdaderamente es una gloria el verlo (Antonio Palomino y Velasco. El Parnaso español pintoresco laureado, 1724, CORDE). d. [...] mas el mismo presentarse los objetos a la vista es una maravilla (Feijoo, Teatro Crítico Universal, 1734, CORDE).

Un contraste parecido se presenta en los adjetivos sustantivados mediante un, muy escasos antes de 1700 y abundantes a partir de tal límite; así, por ejemplo, de los 20 casos documentados en el CORDE de es un cobarde, el más antiguo corresponde al Duque de Rivas de 1834. Ahora bien, este uso es descrito ya por Vicente Salvá en su Gramática de la lengua castellana (1990, cf. también el apartado 2 de este trabajo), lo cual parecería sugerir que la construcción de atributo con un enfático estaba ya consolidado en la lengua en fechas muy anteriores a la publicación de la gramática de Salvá. Un resultado similar se obtiene al comparar los atributos formados por sintagmas nominales que contienen un modificador antepuesto como buen, gran, mal o pobre (cf. (25)).

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(25)

-1700 (%)

+1700 (%)

%variación

a. Es buen + N Es un buen + N

1111 (96’35) 42 (3’65)

1363 (80) 343 (20)

-16’35 +16’35

b. Es gran + N Es un gran + N

1787 (93) 118 (7)

201(49) 206 (51)

-44 +44

c. Es pobre + N Es un pobre + N

484 (99) 4 (1)

256 (70’9) 105 (29’1)

-28’1 +28’1

d. Es mal + N Es un mal + N

872 (94’7) 48 (5’3)

274 (52) 245 (48)

-42’7 +42’7

Con los datos hasta aquí apuntados, podría interpretarse que el uso del artículo enfático un ante atributos valorativos se consolida en las diversas lenguas románicas en el siglo XVIII. Tal hipótesis se enfrenta, sin embargo, con algunos inconvenientes: primero, los casos residuales de un enfático ante atributo desde los primeros documentos pero, sobre todo, porque resultaría una coincidencia harto sospechosa que se introdujera por generación espontánea en el mismo siglo en cada una de las lenguas románicas. Para resolver esta aparente contradicción plantearemos la hipótesis de que el uso de un parece responder a una opción estilística o de registro que habría estado presente desde mucho antes en la lengua. Las escasas documentaciones de esta construcción de que disponemos se deberían a dos razones primordiales. En primer lugar, a que en los corpus existentes se incluyen testimonios escritos en los que esta construcción aparece raramente por su carácter afectivo. Asimismo, la scripta medieval, en los primeros textos, o las retóricas aprendidas, en épocas posteriores, dejarían de lado este uso por ser muy característico de la oralidad. Refuerzan esta suposición las palabras de Meyer Lübke (1926: 312), quien se refiere a la dificultad en la datación de los cambios sintácticos por cuestiones de registro: [...] las diferencias sintácticas del lenguaje en los diferentes círculos sociales son mucho mayores que las fonéticas o morfológicas. Hay, por ejemplo, en Plauto giros que se encuentran luego en románico, y que Terencio, por ser más correcto, no emplea, ni tampoco los atildados estilistas del siglo de oro. Parece al pronto como si hubiese existido una continuidad en la lengua vulgar en cuanto a la sintaxis y que aquella por cualesquiera motivos se nos ofreciese interrumpida en la lengua escrita. Así acontece que Plauto emplea unus con un sentido sumamente atenuado, muy propio del artículo indefinido del románico.9 Pero en los documentos románicos más antiguos tal empleo de unus es rarísimo, y en rumano antiguo falta completamente; comienza a usarse y se difunde casi siempre a nuestra vista; por todas estas razones debe dudarse de estos hechos.

Esta sospecha se ve reforzada por una observación de Bourciez en Éléments de linguistique romane (1910: §557b): ––––––– 9

En términos parecidos se expresan algunos gramáticos del latín como Bassols de Climent (1987: 139, §211) y Pinkster (1995: 118-120), entre otros.

La extension del artículo indefinido evaluativo

439

Quant a l’article indéfini, son expression est devenue de plus en plus ordinaire entre 1600 et 1650: Vaugelas (I, 353) exigera qu’on écrive: ‹c’est une chose glorieuse› et non ‹c’est chose glorieuse› comme le faisait encore Malherbe suivant l’usage du Moyen Français.

Si nuestra suposición es correcta, la escasez de ocurrencias de un enfático desde los primeros documentos escritos hasta su generalización a partir del siglo XVIII se explicaría a partir de su estado «latente» en la lengua escrita, en términos de Menéndez Pidal (1969: 97). De acuerdo con esta línea de argumentación el un enfático debería emerger en fragmentos de textos donde se reflejara la oralidad (por ejemplo en los diálogos, transcripciones de juicios) o en escritos donde el autor manejara de forma imperfecta los moldes retóricos. En efecto, en textos medievales y renacentistas el artículo enfático, prácticamente ausente en registros narrativos o descriptivos, aflora en diálogos o en documentos con rasgos oralizantes. Puede observarse este contraste en obras como La Celestina (1499), donde aparece un / una enfático en 9 ocasiones (cf. a título de ejemplo (26)), todas ellas en diálogos, mientras que no se encuentra ninguno en la narración. (26) a. SEMPRONIO. ¿Cómo has pensado hacerlo, que es un traidor? (CORDE). b. CELESTINA. ¿En cortesías y licencias estás? No espero más aquí, yo fiadora que tú amanezcas sin dolor y él sin color. Mas como es un putillo, gallillo, barbiponiente, entiendo que en tres noches no se le demude la cresta (CORDE). c. SEMPRONIO. Ve tú donde quisieres, que antes que venga el día quiero yo ir a Celestina a cobrar mi parte de la cadena, que es una puta vieja (CORDE).

Lo mismo ocurre en catalán en obras como la novela caballeresca Curial e Güelfa (s. XV). El autor anónimo, gran conocedor de los elaborados moldes retóricos de la Cancelleria Reial, no usa el un enfático en su narración pero, sin embargo, este se le «escapa» esporádicamente ante nombres de calidad en los pasajes dialogados, probablemente como calco de una estructura presente en la lengua oral de su época. (27) a. De què·s mès tan gran crit e tanta remor en les loges que açò fonch una gran meravella (Curial e Güelfa. I). b. És cert que amor no és sinó una gran e ampla affecció (Curial e Güelfa. I). c. de què concebé tanta ira en lo seu cor que fonch una gran meravella (Curial e Güelfa. I).

En el Curial, el autor tiene muy presente esta presión estilística por lo que los atributos sin artículo enfático adecuados al registro escrito menudean en la obra, tal como ilustramos en (27), junto a las formas con artículo (cf. (28)) debidas seguramente a eventuales olvidos de la norma en pos de una mayor verosimilitud en los diálogos. (26) a. e dins son cor féu ø tan gran festa que fonch maravella gran. (Curial e Güelfa. I). b. de què ella hach molt gran plaer e dins son cor féu tan gran festa que fonch ø maravella gran (Curial e Güelfa. I). c. Boca de Far era ø gran senyor (Curial e Güelfa. I). d. qui·n ere ø gran maestre (Curial e Güelfa. I).

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Ángela Di Tullio / Avel·lina Suñer

e. e ab tan gran brogit de ministrers e trompetes que açò era ø maravella. (Curial e Güelfa. I).

3. Conclusión El recorrido seguido muestra claramente que el un enfático ante atributo se ha consolidado, expandido y, a veces, convertido en obligatorio a partir del siglo XVIII. Sin embargo, eso no significa que el un enfático irrumpiera en estas fechas en las lenguas románicas estudiadas. Tal coincidencia resultaría extraña si el proceso fuera tan tardío como parecen indicar los datos cuantitativos del español y del catalán. En cambio, si se entiende, en sintonía con Meyer Lübke y otros autores, que el un enfático era una opción estilística propia de la lengua oral, se explican las restricciones de su aparición. Aunque el trabajo se ha circunscrito primordialmente al español, la coincidencia de los resultados en calas en base a otras lenguas románicas, inducen a poner en duda que el siglo XVIII constituya la fecha en que realmente se produzca el cambio. El carácter afectivo, expresivo, enfático de este empleo del indefinido muy probablemente haya incidido en su represión de los registros más formales, por lo que cabe suponer que su desarrollo fuera muy anterior en la lengua hablada. En próximos trabajos propondremos un análisis formal del proceso que conduce del cuantificador UNUS al un enfático con valor focal.

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Andreas Dufter

Subordination et expression du sujet en ancien français*

1. Introduction Dans la syntaxe historique du français, la restriction progressive de l’emploi des sujets nuls a toujours constitué un thème de prédilection. Dès les plus anciens documents en langue d’oïl, le choix entre expression pronominale et non-expression du sujet diffère sensiblement de la situation attestée dans la latinité tardive, et continue à évoluer jusqu’à l’aube du français moderne. Parmi les facteurs qui se sont avérés pertinents pour la variation entre sujet pronominal et sujet nul, il y en a un qui sera au centre de cette contribution, à savoir le paramètre de la subordination. Comme le suggère l’exemple (1), la fréquence de sujets exprimés en proposition subordonnée dépasse de beaucoup celle des principales: (1) Ensi Øi pristrent congié por raler en lor païs, et Øi chevauchierent par lor jornees tant que ili vindrent a Plasence en Lombardie. [ConqV I 32]

Face à cette asymétrie, l’interprétation d’Amalia Rodríguez Somolinos pourrait sembler irrésistible au premier abord: selon cette auteure, «la syntaxe moderne» –qui exige l’expression du sujet– «se généralise plus rapidement dans les propositions subordonnées» que dans les principales en ancien français (2003: 279). Cependant, cette interprétation ne manque pas de surprendre quand on se rappelle que selon une généralisation bien établie dans la typologie linguistique, c’est plutôt dans les propositions principales que le changement linguistique se généralise en premier (Bybee 2002; Hooper / Thompson 1973; Matsuda 1998). Dans cette contribution, nous nous interrogerons sur ce statut apparemment exceptionnel de la subordination dans l’évolution grammaticale du français. Nous essaierons de montrer qu’il vaut mieux ne pas interpréter les données de l’ancien français comme l’a proposé Rodríguez Somolinos –si séduisante que soit cette interprétation– et que l’évolution linguistique observable est parfaitement en accord avec les résultats de la typologie.

––––––– *

Je tiens à remercier Claire Chesnais, Christine Meklenborg Salvesen, Wulf Oesterreicher et Elissa Pustka pour la lecture critique d’une version antérieure de cette contribution.

444

Andreas Dufter

2. Les sujets nuls dans l’histoire du français Le taux global des sujets nuls est en baisse plus ou moins continue en ancien français, alors qu’en moyen français, cette diminution semble ralentir, voire stagner. C’est également dans cette période que la variation entre les textes est encore plus perceptible, variation qui persiste jusqu’aux textes du seizième siècle (Franzén 1939: 14-34; Larrivée 2005; Schøsler 1984: 113-121; Vance 1997: 322-323). Ceci dit, la situation à l’intérieur des scriptae d’oïl au treizième siècle paraît relativement homogène si on la compare avec les textes en langue d’oc de la même époque (Sitaridou 2005). Rien d’étonnant peut-être à ce que l’extension innovatrice des pronoms sujets ait progressé davantage dans le discours direct que dans le récit (Foulet 1935; Rodríguez Somolinos 2003; Schøsler 2002; Vance 1997: 245-246), et que dès son apparition, la prose prenne de l’avance sur les textes versifiés (Schøsler 1999; cf. déjà Rentrop 1903: 45, 50). Examinant le Quadrilogue invectif d’Alain Chartier, texte datant de 1422, Lene Schøsler (2002) observe que la proportion la plus importante de sujets nuls se trouve dans le discours direct du Clergé, alors que le taux de non-expression n’atteint même pas 10% dans le discours du Peuple. De toute évidence, la grammaire innovatrice à sujet obligatoire s’est donc propagée from below, avec une longue période de transition. Faut-il voir dans cette situation une cohabitation de deux grammaires à l’intérieur de la communauté linguistique, voire chez les locuteurs individuels, comme l’a suggéré Kroch (1989) dans une discussion plus générale de plusieurs évolutions syntaxiques en anglais et en français? Existe-t-il, au Moyen Age, un français conservateur pro-drop à côté d’un français innovateur non-pro-drop? Malheureusement, l’asymétrie grammaticale évoquée au début ne semble pas cadrer avec une telle interprétation théorique. Pourtant, l’écart entre subordonnées et principales dans la non-expression du sujet a été signalé dans de nombreux travaux au moins depuis le dix-neuvième siècle, et pour une période allant des plus anciens documents en langue d’oïl jusqu’à l’époque de Rabelais et de la Pléiade (Buridant 2000: 432; Ellinger 1886: 8; Klatt 1878: §18; Morf 1878: 204; Rentrop 1903: 41; Sornicola 2005b: 530; Völcker 1882: 8). En outre, on retrouve la même asymétrie dans des textes qui relèvent du latin dit ‹vulgaire› (Sornicola 2005a) ainsi que dans les variétés linguistiques médiévales de l’Italie du Nord (Poletto 2006), de la Toscane (Palermo 1997: 142) et de la Castille (Neumann-Holzschuh 1997: 347-348). L’exemple (2), extrait d’un texte vénitien du quatorzième siècle, illustre cet emploi du pronom sujet en subordonnée qui correspond parfaitement aux normes de l’ancien français: (2) Ancien vénitien (Poletto 2006: 164) E Øi seria stado plu biado s’eloi avesse possedù lo reçimento de la soa mente.

Comme nous l’avons déjà dit, cette distribution des pronoms sujets peut surprendre d’autant plus qu’en règle générale, c’est sur les subordonnées que pèsent les contraintes prosodiques et syntaxiques les plus sévères (Heycock 2006; Ross 1973). Par conséquent, les subordonnées se montrent en général plus récalcitrantes à la variation et au changement (Givón 1976: 170-171), comme l’illustre d’ailleurs le caractère conservateur des subordonnées en ancien français dans la préservation de la flexion bicasuelle (Schøsler

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Subordination et expression du sujet en ancien français

2001). Comment faut-il interpréter alors la rareté des sujets nuls en subordonnée, qui s’observe dans les mêmes textes médiévaux? Une position radicale consisterait à soutenir que l’asymétrie statistique observée relève d’une différence grammaticale catégorique: la syntaxe de l’ancien français exigerait déjà l’expression du sujet en subordonnée, alors que dans les principales, la non-expression serait la norme au moins dans certains contextes syntaxiques. À notre avis, des auteurs comme Vanelli (1986: 269) et Thun (1989: 209) semblent suggérer une telle interprétation lorsqu’ils affirment que le pronom serait de rigueur après une conjonction de subordination. À la lumière d’un tel constat, tous les cas de non-expression du sujet que nous verrons dans ce qui suit devraient être interprétés comme des archaïsmes, ou bien des exceptions, ou tout simplement des fautes. Pourtant, la non-expression du sujet en subordonnée se rencontre aussi dans des textes qu’on ne qualifierait guère d’archaïques. De plus, elle ne paraît pas être limitée à des textes ou manuscrits d’une qualité médiocre. Bien que peu fréquente, la non-expression du sujet en subordonnée reste une option de l’ancien français dont il faut bien rendre compte dans la description grammaticale (cf. aussi Dupuis 1988: 48). Une deuxième tentative d’interprétation catégorique avait été proposée par Adams (1987: 9-10, n. 11) et a été reprise récemment par Mathieu (2006): selon ces auteurs, les sujets nuls en subordonnée se rencontreraient presque exclusivement dans les compléments propositionnels des verbes dits «de pont» (bridging verbs) comme dire, respondre ou savoir. Ceci implique que la non-expression du sujet en subordonnée se limite à un type de proposition à caractère plus ou moins indépendant, du moins en ce qui concerne la structure informationnelle et la force illocutoire. Au niveau pragmatique, ces subordonnées ressembleraient donc plutôt à des principales, ce qui rendrait licite à son tour la nonexpression du sujet. Cependant, les études sur corpus ne confirment pas l’intuition de départ, car on trouve autant de sujets nuls dans les propositions relatives et adverbiales que dans les complétives (Hirschbühler / Juncker 1988). Prenons comme exemple la Conqueste de Constantinople de Villehardouin, chronique en prose écrite au début du treizième siècle. Pour le premier volume de l’édition de Faral (1938 / 1939), le nombre d’occurrences de sujets pronominaux et de sujets nuls pour les trois types de subordonnées est indiqué dans le tableau 1 (cf. Dufter 2008).

Complétives Relatives (≠ qui) Adverbiales Pronoms sujets Ø

Tous les types

124

110

219

453

18

16

29

63

Tableau 1: Pronoms sujets vs. sujets nuls en subordonnée dans ConqV I

Il en ressort que la proportion de la non-expression du sujet ne diffère pas de façon significative entre ces trois types. Contrairement à ce que suggère Adams, il ne semble pas y avoir de restriction catégorique qui proscrive les sujets nuls dans certains types de subordonnées, contribuant ainsi à leur faible taux d’occurrence. Par conséquent, toute description syntaxique de l’ancien français doit rendre compte également de phrases comme (3), sans sujet exprimé dans la relative, ou (4), avec une proposition causale à sujet nul.

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(3) Et dont avint une aventure dont mult Øexpl pesa a cels de l’ost. [ConqV I 110] (4) Quant eles [les chartes, AD] furent faites, si fu la chose teüe que oni iroit en Babilloine (porce que par Babilloine Øi poroient miels les Turs destruire que par altre terre). [ConqV I 30]

3. Les raisons de la rareté des sujets nuls en subordonnée Il nous faut donc expliquer pourquoi les sujets nuls, bien qu’attestés dans tous les types de subordonnées, y restent partout un choix minoritaire. Une première hypothèse qu’on abordera très brièvement est celle des contraintes fonctionnelles. Un survol rapide des textes suffit à démontrer que dès les plus anciens documents, les pronoms sujets en subordonnée apparaissent également dans des contextes où il n’y a ni contraste, ni emphase, ni risque d’ambiguïté, cf. (5) et (6) (cf. aussi Schøsler 1988): (5) Melz Øi sostendreiet les empedementz / Qu’ellei perdesse sa virginitet. [Eulalie 16-17] (6) Øi dunet as povres, u qu’ili les pout trover. [Alexis 94]

Ainsi, la situation observée en ancien français se distingue clairement de celle de l’italien ou de l’espagnol modernes – cf. à titre d’exemple le vers de la Chanson de Roland cité dans (7a) et sa traduction italienne (b) et espagnole (c). (7) a. Oliveri sent qu’ili est a mort nasfret. [Roland 1965] b. Sente Olivieroi che Øi morir dovrà. [trad. Carlo Raimondo] c. Oliverosi siente que Øi de muerte está herido. [trad. Martín de Riquer]

L’ancien français ne se conforme donc ni au type pro-drop, ni à l’éventail de langues qu’on a récemment désignées par le terme semi-pro-drop en syntaxe générative (Alexiadou 2006; Koeneman 2006). Dans les langues semi-pro-drop, comme le finlandais ou l’hébreu, le choix entre expression obligatoire et expression facultative du sujet n’est pas guidé par le statut indépendant ou subordonné d’une proposition, mais par la personne grammaticale du noyau verbal. En ancien français, cependant, ni la personne grammaticale ni le rendement distinctif de la morphologie verbale ne s’avèrent cruciaux pour la répartition entre sujets pronominaux et sujets nuls. Une deuxième tentative d’explication a été avancée entre autres par Wartburg. Selon ce grand romaniste, le fait qu’il y ait presque obligatoirement un pronom sujet entre le subordonnant et le verbe fini dans les subordonnées de l’ancien français serait dû à une contrainte prosodique qui exige un élément tonique dans cette position (Wartburg 31970: 66). Or, les critiques de Wartburg n’ont pas tardé à signaler que le statut prosodique des pronoms sujets est souvent ambigu, étant donné qu’il n’y avait pas encore de distinction systématique entre formes atones et formes toniques (Spence 1973). De plus, là où un

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Subordination et expression du sujet en ancien français

pronom sujet connaît une allomorphie conditionnée par la prosodie, ce sont justement les formes atones et non les toniques que l’on rencontre en subordonnée (Franzén 1939: 34), comme dans l’exemple (8) de la Conqueste de Constantinople de Robert de Clari: (8) Jou ai un mien frere mainsné de mi, qui m’a soustraite me tere et me seignorie du Coine par traïson, dont g’estoie sires et dont je sui drois oirs. [ConqCl 53]

La troisième piste, que nous allons choisir dans ce qui suit, accorde un rôle primordial à la syntaxe. Parmi les régularités syntaxiques qui ont été postulées pour l’ancien français, l’ordre linéaire à verbe second (V2) a été considéré comme un principe fondamental (Adams 1987; Franzén 1939; Roberts 1993; Thurneysen 1892; cf. aussi l’évaluation plutôt positive de cette hypothèse dans Poletto 2006), mais aussi comme un épiphénomène statistique (Kaiser 2002; Mathieu 2006), qui n’aurait donc pas sa place dans la syntaxe de l’ancien français au sens strict du terme. Une position intermédiaire, qu’on trouve parfois dans les études consacrées à ce sujet, consiste à dire qu’il y a une forte contrainte V2 dans les principales, alors qu’en subordonnée, la position du verbe fini serait plus libre (Ingham 2005; Labelle 2007; Vance 1997). Il nous semble donc que Becker (2005: 356) a tout à fait raison de conclure sa discussion du statut de l’ordre linéaire V2 par un constat très simple: «Le débat […] reste ouvert». Notre contribution ne pourra évidemment pas aborder cette question dans toute sa complexité. Pourtant, il semblerait y avoir, au moins dans la prose du treizième siècle, suffisamment d’indices pour admettre que la prépondérance des propositions V2, dans les principales ainsi que dans les subordonnées, est un fait indéniable que l’on ne devrait peut-être pas reléguer entièrement au niveau discursif. Une deuxième contrainte proposée par Foulet (31965: 313), et acceptée comme généralisation valable par la grande majorité des linguistes, est celle qui proscrit les pronoms sujets postverbaux en subordonnée non-interrogative. Dans une perspective comme celle adoptée par la théorie de l’optimalité, il semble naturel de concevoir ces deux caractéristiques syntaxiques comme deux contraintes restreignant conjointement les ordres linéaires admis dans toutes les propositions subordonnées en dehors des interrogatives, cf. le tableau 2:

V2

*VSpron

a.  que il vint à Venise b.

que vint à Venise

*

c.  que à Venise vint d.

que à Venise vint il

e.

que vint il à Venise

* *

*

Tableau 2: Contraintes sur les subordonnées dans la prose du treizième siècle

Cependant, dans le tableau 2, ce sont deux candidats qui l’emportent. Au lieu de marginaliser la non-expression du sujet en subordonnée en en faisant un phénomène extragrammatical, une réflexion syntaxique devrait précisément s’interroger sur les contextes syntaxiques qui favorisent, voire exigent, les sujets nuls en dehors des propositions

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Andreas Dufter

indépendantes. Notre approche s’inscrit donc dans une ligne d’investigation qui a été inaugurée par les travaux de Dupuis (1988), de Hirschbühler (1989; 1990), de Hirschbühler / Juncker (1988), et de Vance (1997), et qui a surtout visé à découvrir des déterminants qui favorisent le choix de la variante (a) –le type fréquent que il vint à Venise– ou de la variante (c) –le type que à Venise vint, rare mais tout à fait grammatical. Dans ce qui suit, nous montrerons que ce choix est avant tout guidé par la structure informationnelle. Le petit corpus que nous avons examiné comprend deux textes en prose (Villehardouin, La Conqueste de Constantinople, t. 1, et Joinville, Vie de Saint Louis §1-132) ainsi que trois textes en vers (La vie de Saint Alexis, La chanson de Roland, et La chastelaine de Vergi). Nous avons pu en outre effectuer plusieurs recherches complémentaires dans un plus vaste ensemble de textes grâce à la Base de Français Médiéval (BFM1).

3.1 Contextes syntaxiques Dans notre corpus, les subordonnées où le verbe fini apparaît en troisième ou quatrième position sont très rares (cf. aussi Becker 2005; Hirschbühler 1989). C’est seulement vers la fin du treizième siècle, dans Joinville, qu’on en trouve quelques exemples incontestables. En général, ces subordonnées montrent déjà l’ordre moderne sujet-verbe-objet, ce qui implique, évidemment, qu’elles contiennent un sujet exprimé préverbal (9). Les subordonnées à verbe en première position, par contre, sont moins rares dans les premiers textes de l’ancien français que dans ceux du treizième siècle. Très généralement, elles privilégient la non-expression du sujet plutôt que l’expression pronominale (cf. aussi Hirschbühler 1989). Elles apparaissent plus fréquemment en vers qu’en prose et semblent être légitimées par la présence d’un trait [wh], c’est-à-dire que c’est surtout dans les relatives et dans les interrogatives indirectes (10) qu’on trouve le verbe en première position (Hirschbühler 1990). En prose, l’occurrence des phrases V1 semble encore beaucoup plus restreinte, et se limite principalement aux propositions introduites par se ou quant (11). De plus, la grande majorité des occurrences est constituée par des expressions figées telles que se fust ou quant vint. (9) Le gouvernement de sai vie fu tel que touz les jours ili ooit a note ses heures et une messe de REQUIEM sanz note. [StLouis 28] (10) Entr’ausi Øi ont devisé le leu / ou Øi assembleront tout a pié. [Vergi 372-373] (11) […] et l’endemain, quant Øexpl fu hore de tierce, si firent une assaillie cil de la tor de Galathas […]. [ConqV 1, 158]

Ce sont donc les subordonnées V2 qui sont de loin les plus nombreuses dans Villehardouin, dans la Chastelaine de Vergi et dans Joinville. Remarquons en passant que dans les structures Comp X verbe+fini … avec X ≠ sujet (c’est-à-dire, le type (c) dans le tableau 2), il ne semble pas y avoir de restriction catégorielle quant à la nature de X (pace Dupuis 1988: 49, selon laquelle il n’y aurait que des projections maximales). Sur ce point, nous partageons l’avis de Mathieu (2006) qui admet les projections maximales ainsi que les

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têtes syntaxiques en subordonnée dans la position préverbale. En particulier, on y rencontre souvent un quantifieur ‹flottant›, comme dans (12) à (14): (12) […] Jat portai en men ventre, / E Deus le set que tute sui dolente. [Alexis 453-454] (13) Sire, dist Guenes, mei l’avent a suffrir. / Jo ne lerreie, por tut l’or que Deus fist / Ne por tut l’aveir ki seit en cest païs, / Que jo ne li die, se tant ai de leisir. [Roland 493-496] (14) Ce fu mult granz domages, que mult estoient preu et vaillant. [ConqV I 54]

Ce même phénomène d’antéposition d’un quantifieur s’observe d’ailleurs également dans les principales, cf. (15) à (17): (15) E Guineman justet a un rei leutice. / Tute li freint la targe, ki est flurie. [Roland 3361-3362] (16) Tant parlerent que il dist qu’il donroit a l’ost .cc. mile mars. [ConqCl 31] (17) Mult fu grant dielx par tote sa terre. [ConqV I 48]

S’agirait-il de l’antéposition d’un quantifieur (le phénomène du QP-fronting), telle qu’elle a été décrite par Quer (2002) pour l’espagnol (18) et pour le catalan (19)? (18) a. A algún inmigrante detendrá, la policia. b. *A algún inmigrante la policia detendrá. (Quer 2002: 258) (19) Moltes revistes deu llegir. (Quer 2002: 256)

Même si cette interprétation nous paraît assez séduisante pour les cas cités jusqu’ici, il faut admettre qu’on ne trouve pas uniquement des quantifieurs en antéposition dans ces séquences. Il faut, en effet, tenir compte des exemples (20) à (22) dans notre analyse: (20) Le roy manda tous ses barons a Paris et leur fist faire serement que foy et loiauté porteroient a ses enfans. [StLouis 58] (21) […] et j’ai esté lonc tens si fole / que j’ai creü vostre parole, / que soventes foiz disiiez / que de cuer loial m’amiiez. [Vergi 581-584] (22) Ensi murent li .VI. message con vos avez oï, et pristrent consoill entr’aus, et fu tels lor consaux entr’aus acordez que en Venise cuideient trover plus grant plenté de vaisiax que a nul autre port. [ConqV I 18]

3.2 Structure informationnelle Face à cette diversité morphosyntaxique et sémantique des constituants préverbaux X, il semble naturel de chercher un dénominateur commun de ces expressions sur le plan pragmatique. C’est justement ce que propose Rinke (2003). Dans son travail, elle en arrive

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à la conclusion que les propositions comme que en Venise cuidoient trover dans (22) sont le résultat de l’antéposition d’un constituant topique. Plus précisément, cette linéarisation ressortirait d’une opération de mouvement vers la périphérie gauche, qui peut accueillir toute une série de projections fonctionnelles selon l’analyse ‹cartographique› proposée par Rizzi (1997). Selon Rinke, le constituant X monte ainsi jusqu’à la position de spécifieur du syntagme topique (TOPP) –cf. (23)– qui attire un constituant syntagmatique quelconque pourvu qu’il arrive avec un trait [+ topique]: (23) [ForceP que [TOPP[Spec,TOPP en Venise] [FocP[FinP[Fin+Agr Ø] [AGRP cuidoient [VP trover …]]]]]] Comp

X

verbe+fini



Cette analyse s’inspire évidemment d’un concept de topicalisation, lequel à notre avis a prêté à de nombreuses équivoques, puisqu’il a été utilisé maintes fois pour désigner n’importe quel mouvement vers la périphérie gauche, quel que soit le statut informationnel du syntagme affecté. Et comme on sait, la littérature consacrée aux propriétés prototypiques d’un topique est vaste. Nous nous bornerons ici à signaler qu’il semble très généralement admis que «topicalité» implique «référentialité autonome» (Gundel / Fretheim 2004; Jacobs 2001). À notre avis, il est souhaitable de réserver la notion de topicalisation aux opérations qui affectent réellement des syntagmes topiques. Or, tel n’est pas le cas dans les exemples (12) à (14), où l’élément préverbal n’est pas une expression référentielle, mais un quantifieur. Pour les mêmes raisons, il faudrait écarter les formes verbales non finies, qui sont pourtant solidement attestées en tête des subordonnées à sujet nul, comme fait (24), reconnoistre (25), et faire (26): (24) Et l’empereres Alexis lor dona tant, que fait fu. [ConqV I 202] (25) Li dus n’en ot pas le cuer lié, / qui pensse qu’il i a tel chose / que reconnoistre ne li ose. [Vergi 312-314] (26) Si vous requierent, sire, pour Dieu et pour ce que faire le devez. [StLouis 32]

De plus, il ne faut pas considérer comme des topiques les syntagmes quantifiés, indéfinis ou négatifs, qui sont cependant tout à fait légitimes dans la position préverbale des subordonnées du type que à Venise vint, cf. (27) à (32): (27) Si li preiuns que de tuz mals nos tolget. [Alexis 505] (28) Et pristrent conseil entr’els que il envoieroient bons messages encontre les pelerins et encontre le conte Loeys de Blois et de Chartein, qui n’ere mie encor venuz, por conforter et por crier merci qu’il aüssent pitié de la terre d’oltremer et que autres passages ne pooit nul preu tenir que cil de Venise. [ConqV I 54] (29) Turpins i fiert, ki nient ne l’esparignet, / Enprés sun colp ne quid que un dener vaillet. [Roland 1504-1505] (30) Soürs est Carles, que nuls home ne crent. [Roland 459]

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(31) L’evesque de Chartres me requist, fist le roy, que je li feisse recroire ce que je tenoie du sien. Et je li diz que non feroie jeusques a tant que mon chatel seroit paiés. [StLouis 336] (32) Por l’esperance qu’an lui ont […]. [Yvain 4013]

En outre, dans tous ces exemples, le sujet nul en subordonnée semble également susceptible d’être interprété comme topique. Vu sous cet angle, la non-expression du sujet serait plutôt à analyser comme relevant du topic-drop, dans les subordonnées comme dans les principales, et non comme étant la conséquence d’une ascension syntaxique du topique. Examinant les propriétés syntaxiques des subordonnées comme dans (24) à (32), Mathieu (2006) a argumenté récemment contre une analyse qui fait appel au concept de topicalisation. Selon Mathieu, la position préverbale des termes en italique serait due à un processus différent, appelé Stylistic Fronting. Ce processus n’opère pas dans les propositions principales déclaratives et se distingue entre autres par sa capacité d’affecter non seulement les syntagmes maximaux, mais aussi les têtes syntaxiques. Un premier argument fourni par Mathieu en faveur d’une distinction entre topicalisation –opération limitée aux principales– et Stylistic Fronting (SF) –opération à l’œuvre notamment dans les subordonnées– est justement la possibilité d’antéposer un infinitif ou un participe, ordre linéaire que Mathieu juge impossible en principale (2006: 225). Par ce même raisonnement, Mathieu (2006: 226) qualifie les exemples (24) à (26) comme relevant d’un phénomène différent. Or, il n’est pas difficile de trouver des contre-exemples en vers comme en prose, cf. (33) à (35) (cf. aussi Labelle 2007: 305): (33) Li reis en ad e dulur e pitet; / Aler i volt, mais il ad desturber. [Roland 2547-2548] (34) Aler vous em poés toutes les eures que vous vaurrés, car nous ne vous retenrom plus. [TristanProse 41] (35) Respundi li poples: Fait ne l’avez. [QLR 21]

Un deuxième argument avancé en faveur d’une analyse en termes de Stylistic Fronting nous paraît également peu convaincant. Selon Mathieu (2006: 221), le constituant non-sujet X en tête de subordonnée serait «défocalisé». De cette analyse, il ressortirait en particulier que ce constituant préverbal ne pourra jamais avoir une valeur contrastive dans son contexte d’occurrence. Cependant, il nous semble que dans des exemples comme (36), il y a une opposition très saillante entre la révélation de la liaison amoureuse et l’obligation de la celer, c’est-à-dire de garder le secret. Même chose dans (37): le refus de Lancelot contraste fortement avec la demande de Gauvain. (36) Ha! Dieus! trestout cest encombrier / et cest meschief por ce avint / qu’au chevalier tant mesavint / qu’il dist ce que celer devoit. [Vergi 944-947] (37) – En non Dieu, fet messire Gauvains, ja en tel maniere, se Dieu plest, ne vos departiroiz de ceanz, einz atendroiz monseigneur le roi. Et Lancelos dit que non fera. [Artu 72]

Notre thèse s’oppose donc à celle avancée par Mathieu. Nous considérons que dans les subordonnées du type Comp X V+fini (X ≠ sujet), il y a focalisation et non défocalisation du constituant préverbal X. Les subordonnées telles que que celer devoit relèvent de

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l’antéposition de l’élément qui est le plus saillant sur le plan de la structure informationnelle, c’est-à-dire d’un focus étroit, si focalisation étroite il y a dans la subordonnée en question. Si ce n’est pas le cas, la position préverbale accueille un pronom sujet topique ou même, s’il n’y a ni focus étroit ni topique, un pronom explétif. Les subordonnées V2 obéiraient donc à la hiérarchie d’antéposition dans (38). (38) Hiérarchie d’accès à la position initiale: Focus étroit >> topique >> autre.

Ce n’est peut-être pas un hasard si dans les langues à verbe initial, l’antéposition d’un constituant devant le verbe fini obéisse à une hiérarchie analogue, comme l’illustre Payne (1995): dans un premier groupe de langues V1, on ne peut rien antéposer du tout, dans un deuxième groupe uniquement des focus étroits, dans un troisième des focus ou, s’il n’y en a pas, un topique contrastif, dans un quatrième même un topique déjà introduit dans le contexte précédent. Dans les subordonnées de l’ancien français, le constituant X en antéposition peut être un focus contrastif, mais aussi un terme qui désigne par exemple une valeur limite ou emphatique sans établir de contraste, cf. (39): (39) Oliver sent que a mort est ferut. [Roland 1952]

C’est précisément la rareté des focalisations étroites ainsi que des topiques non-sujets qui explique la rareté du type que à Venise vint, et qui est, de ce fait, en très grande partie responsable de la prédominance statistique du type que il vint à Venise. Dans les principales, on retrouve exactement la même hiérarchie (38): un focus étroit peut également occuper la position initiale dans les propositions V2 (XFOC V+fini …), comme l’illustre (40) (cf. aussi Wehr 2007): (40) Mult fu grant dielx par tote sa terre. [ConqV I]

Pour comprendre l’asymétrie qu’il y a entre les principales et les subordonnées, il faut se rappeler que, dans les principales, des facteurs additionnels exercent une influence sur le choix d’un sujet nul ou d’un pronom sujet. Parmi ces facteurs, il faut d’abord nommer la continuité ou discontinuité du topique discursif, cette dernière favorisant naturellement l’expression du sujet pour désigner le nouveau référent. Deuxièmement, il y a des motivations rhétoriques qui entrent en jeu dans les actes de langage ‹forts›, comme dans l’auto-thématisation et dans les tentatives de prise de parole (cf. Detges 2003 pour les détails). Troisièmement, on peut supposer que les pronoms sujets contribuent aussi à une sorte de structuration du texte ‹en paragraphes›, ce que confirment les observations de Peigirsky (1901: 3), qui portent sur Villehardouin, et aussi celles de Vance (1997), établies principalement à partir de la Queste del Saint Graal: In beigeordneten Hauptsätzen mit gleichem Subjekte wird das im ersten Satze gesetzte Subjekt durch kein Pronomen in den folgenden Sätzen wieder aufgenommen, sobald sie unmittelbar aufeinander folgende Handlungen angeben. (Peigirsky 1901: 3) After a non-subject initial topic, the subject pronoun is more likely to be overt if the topic makes specific reference to an element of the preceding (or occasionally, following) discourse. (Vance 1997: 233)

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La variation entre pronom sujet et sujet nul en principale se distingue donc de celle observée en subordonnée de par son fonctionnement à la fois sur le plan syntaxique et sur le plan textuel. En outre, selon les textes, d’autres caractéristiques peuvent contribuer à favoriser la non-expression du sujet en principale. Pour la Conqueste de Villehardouin, il convient de rappeler principalement la fréquence très élevée des coordinations syndétiques (Stempel 1964: 367), qui rend la non-expression possible, ainsi que la tendance à la progression linéaire du topique (Combettes / Tomassone 1985), et enfin la tendance à la narration analytique (Schon 1960: 156), qui décompose pour ainsi dire les événements en plusieurs parties, tendance qu’illustre bien l’exemple (41) (cf. aussi Dufter 2008). (41) [Les premieres nés]i vindrent devant la ville et Øi aancrerent et Øi attendirent les autres. Et al maitin Øexpl fist mult bel jor et mult cler, et vinrent [les galies totes et li uissiers et les autres nés qui estoient arriers]j, et Øj pristrent le port par force, et Øj rompirent la chaaine, qui mult ere forz et bien atornee, et Øj descendirent a terre, si que li porz fu entr’ausj et la ville. [ConqV I 78]

4. Bilan L’interprétation globale qui émerge de ces observations faites à partir d’un corpus –assez restreint, il est vrai– semble s’imposer: la fréquence plus élevée de sujets pronominaux dans les subordonnées ne s’explique ni par des facteurs prosodiques, ni par une asymétrie syntaxique entre principales et subordonnées, mais plutôt par la structuration informationnelle qui affecte différemment les subordonnées et les principales. Dans la croissance progressive du caractère obligatoire des sujets pronominaux, il n’y a donc pas eu de changement syntaxique ‹à deux vitesses›. Il est à noter qu’on observe également une évolution dans l’emploi du pronom sujet en principale, comme cela a été signalé dans les études syntaxiques sur les traductions du latin vers l’ancien français (Büchsenschütz 1907; Franzén 1939: 30-34). Dans la mesure où les textes de l’ancien français privilégient l’ordre V2 –ordre qui semble quasiment de rigueur dans la prose de Villehardouin, par exemple– la position préverbale peut être exploitée non seulement pour le marquage du topique (cf. l’ordre linéaire «topique-verbe-reste» postulé par Vennemann 1974), mais en outre pour la focalisation ou, en principale, à des fins discursives macro-syntaxiques, notamment pour une sorte de ‹mise en paragraphe› linguistique. Vu sous cet angle, l’ancien français ne parviendrait plus à surprendre les typologues – au contraire: une autre généralisation typologique, le fameux Penthouse Principle de Ross (1973), selon lequel «More goes on upstairs than downstairs» dans la hiérarchie des propositions, se voit confirmée également par les textes médiévaux en langue d’oïl.

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Rembert Eufe

La genèse de que et la subordination en latin et français

1. Introduction – la question de l’étymologie de que Pour le latin, on peut énumérer une vingtaine de conjonctions. À juste titre, le fait que presque toutes ces conjonctions ont disparu a attiré l’attention des romanistes1, d’autant plus que s’est répandu un «élément à fonctions multiples et d’un emploi extrêmement fréquent, dont l’étymologie est encore peu sûre» (Herman 1963: 20). En français, cet élément a la forme que; il a été «utilisé en vue de la formation d’un très grand nombre de locutions conjonctives» (Herman 1963: 20), comme p. ex. pour que, parce que etc. Comme étymons de que, pivot de la subordination en ancien français comme en français moderne, les romanistes ont supposé différents éléments grammaticaux du latin. Geneviève Joly (2004: 286) énumère les quatre suivants: QUAM, particule pour la comparation (cf. Körting 1897); QUIA, selon Joly (2004: 286) «réduit de bonne heure à *qua»; QUID, adverbe interrogatif;2 QUEM, pronom relatif (acc. masc. sg.) «qui a donné le pronom que» (cf. surtout Jeanjaquet 1894 et Herman 1963: 127). A cette liste, il faut ajouter une autre forme du pronom relatif, à savoir QUAE (nom./acc. neutr. pl., nom. fém. sg.; Herman 1963: 127), de même que QUOD, pronom relatif (nom. et acc. neutr. sg.) et conjonction, en latin tardif d’une «importance toute spéciale [puisque] cette conjonction devient peu à peu susceptible d’introduire n’importe quelle sorte de subordonnée» (Herman 1963: 70). Pourtant, étant donné que la réduction de [o] latin à [ə] est liée à des conditions particulières (p. ex. [o] dans la syllabe accentuée suivante), il est impossible de ramener que directement à QUOD (Jeanjaquet 1894: 27-28).3 Compte tenu de cette diversité d’etymologies plausibles s’impose l’idée d’une concomitance de plusieurs éléments. De fait, Joly suppose une «évolution phonétique, qui a fait aboutir plusieurs mots latins à que» (Joly 2004: 286), et face aux utilisations de que en français moderne, Thomas Krefeld évoque «son étymologie controverse et en tout cas ––––––– 1

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Cf. la liste dressée par Herman (1963: 20). Toutes les langues romanes ont conservé tout de même si, quando et quomodo. Pour les fauteurs de cette étymologie cf. la discussion dans Herman (1963: 125-127). Remarquons à cette occasion que la conjonction ut était devenue comme quod une «conjonction universelle» (Leumann / Hofmann / Szantyr 1972: 632) en latin tardif; mais les langues romanes n’ont pas conservé la première.

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multiple» (Krefeld 1989: 11-12). Tenant compte de la variété des fonctions de que, servant de pronom interrogatif et relatif, particule de comparaison, conjonction etc., une coïncidence de plusieurs étymons se conçoit aisément. Dans ce qui suit, nous nous occupons en premier lieu de que en tant que conjonction introduisant des subordonnées. Pour comprendre la formation de que conjonction, il faut à notre avis considérer le développement de la subordination en général. Sous cette perspective, un facteur très important est la régression de l’Accusativus cum Infinitivo en faveur des subordonnées conjonctives en latin: leur croissante utilisation au lieu de l’AcI augmente le nombre de cotextes qui demandent des conjonctions ou peut être révélateur pour la préférence des structures avec conjonctions de la part des locuteurs. En outre, son analyse promet des éclaircissements sur l’aspect variationnel de la génèse de que (qui lui-même n’est attesté qu’indirectement dans les sources latines), à savoir dans quels registres et genres de texte elle se produit. C’est la raison pour laquelle nous présentons d’abord un tour d’horizon de la subordination en latin tardif, avant de discuter plus en détail l’idée de la formation de que à partir d’un pronom relatif (chap. 3) et de réfléchir sur les changements linguistiques observables (chap. 4).

2. La subordination en latin tardif – Accusativus cum Infinitivo ou subordonnées Sans aucun doute, l’AcI a connu en latin «una diffusione e una varietà di impieghi che non trova riscontro in nessun’altra lingua indeuropea» (Cuzzolin 1994: 36). Mais les subordonnées introduites par quod apparaissent depuis le latin ancien après des verbes de perception et de communication; elles peuvent avoir eu une «position importante dans l’oral avant et en dehors du [latin] littéraire» (Stotz 1998: 393). Dans les sources latines, la fréquence des conjonctives en général augmente dans les traductions du grec, dont les subordonnées sont introduites par ‘ότι ‹que; pourquoi›, rendu par quod ou quia, rarement par quoniam et quomodo.4 Dans ce contexte, il faut noter qu’au contraire des subordonnées avec quod, celles commençant par quia sont sans précédents dans la latinité ancienne et classique (Stotz 1998: 397). En dépit de la nette prépondérance de quia pendant l’Antiquité tardive, c’est à cette époque même que commence sa régression.5 Quant aux modalités de son usage, outre pour exprimer des nuances déclaratives, quia apparaît dans des tournures modèles, comme dicere quia, du style biblique mimétique. En outre, on a constaté des préférences divergentes eu égard à quod et quia dans les différents écrits de Saint Augustin: dans De civitate Dei il utilise les deux conjonctions selon un rapport de 23:1, tandis que ––––––– 4

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Ces traductions, en particulier de textes chrétiens, sont souvent considérées comme un facteur décisif pour la régression de l’AcI (dont l’usage n’a d’ailleurs jamais été codifié par les grammairiens!), mais il n’a fait qu’accélérer ce processus (Cuzzolin 1994: 21 et 14 en accord avec Jeanjaquet 1894: 8-9). Par conséquent, nous ne suivons pas Joly (2004: 286), qui suppose que *qua (< QUIA) a remplacé quod dans la latinité de la Romania occidentale.

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dans ses sermons quod est en minorité face à quia, leur rapport numérique étant de 2:5 (Stotz 1998: 397). Des observations semblables ont été faites concernant le choix entre AcI ou conjonctives: déjà chez Tertullien (ca. 155-230), Saint Cyprien (†258) et Lucifer de Cagliari (†370), l’AcI a une fréquence clairement inférieure dans les citations de la bible inclues dans leurs écrits (40,7%, 21,5% resp. 25,5%) en comparaison avec les passages ‹originaux›, où sa prépondérance est incontestable (97,1%, 91,5% resp. 68,4%, WirthPoelchau 1977: 21).6 Pour en revenir à Saint Augustin (354-430), un échantillon de ses écrits avant sa conversion présente 55 AcI et une subord. avec quod, une relation qui dans les Confessiones se voit réduite à 11:1 et dans les Sermones à 2:1. L’évêque Avit de Vienne (450/460-526?), ensuite, emploie dans ses lettres (496-517) 84 AcI (≈ 91,3%) et 8 subordonnées avec quod, tandis que ses sermons et épîtres contiennent seulement 53 AcI (≈ 73,6%), mais 19 subordonnées avec quod et quia. Ces chiffres reposent sur des différences qualitatives concernant les verbes utilisés dans les principales: Pierluigi Cuzzolin montre que les premiers à apparaître avec des subordonnées introduites par quod appartiennent à un groupe qu’il appelle factitifs (p. ex. mirari ‹s’étonner›). Ces verbes présupposent toujours la vérité de l’énoncé constituant leur complément (Cuzzolin 1994: 61-67), au contraire des assertifs (comme dicere ‹dire›) avec lesquels elle dépend fortement du sujet de la principale (encore plus avec les assertifs faibles comme credere ‹croire›). Par conséquent, dans leur cas le «legame molto forte che l’AcI stabilisce tra reggente [e] subordinata» s’est préservé plus longtemps (Cuzzolin 1994: 133). De ce point de vue, Saint Augustin ne présente pratiquement pas d’innovations (Cuzzolin 1994: 284); Cuzzolin estime que pratiquement jusqu’à la fin du sixième siècle encore, la subordonnée a représenté seulement «una delle due possibilità che il sistema di subordinazione ametteva, ma non soppiantò affatto l’AcI» (Cuzzolin 1994: 299-300). En effet, dans les Historiarum libri decem de Grégoire de Tours (538/39-594) Lore Wirth-Poelchau compte dans les deux chapitres qu’elle a dépouillés 110 AcI (≈ 79,7%) et 28 subordonnées (dans 18 cas introduites par quod et 10 cas par quia; Wirth-Poelchau 1977: 32). Alors que son analyse repose sur une partie du troisième et sur le neuvième livre de Grégoire, Paolo Greco en compare le premier, «traditionally considered to be more influenced by the sources than the other books» (Greco 2008: 371) avec le sixième, dont l’édition se base sur le même manuscrit. Les subordonnées introduites par quod sont toujours en minorité face aux AcI, de plus leur nombre est sensiblement inférieur dans le premier livre, où le rapport numérique est de 1:5,3 face à 1:3,3-3,9 dans les autres (Greco 2008: 373, 379). L’on doit pourtant tenir compte du fait que normalement, les subordonnées avec quod suivent la principale, au contraire des AcI qui peuvent la précéder également (Herman 1989: 137). Effectivement la différence numérique entre le premier et le sixième livre concernant les subordonnées introduites par quod et AcI exclusivement postposés est moins forte (1:3,4 face à 1:2,6, Greco 2008: 372-373). Mais du point de vue qualitatif, il est intéressant de constater que l’assertif dicere apparaît dans le premier livre cinq fois avec l’AcI et une subordonnée avec quod, face à 2 AcI et six subordonnées (trois fois quod, trois fois quia). En même temps, les assertifs faibles restent ceux à régir un AcI le plus fréquemment (Greco 2008: 375). ––––––– 6

À propos des cas d’AcI et de subjonctives difficiles à classer cf. Greco (2008: 371).

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Ensuite, l’impression d’un «autentico momento di rottura nella lingua latina […], avvenuto in maniera e in forme definitive solo a partire dal sesto secolo in poi, quando insomma l’unità linguistica e culturale dell’impero romano era ormai irrimediabilmente compromessa» (Cuzzolin 1994: 299) est confirmée par l’observation que dans les chartes mérovingiennes, l’AcI se trouve en minorité avec 61 apparitions (≈ 42,7%) face à 82 subordonnées (Wirth-Poelchau 1977: 38). En outre, l’AcI apparaît souvent dans des expressions figées protocolaires (Raible 1992a: 220).7

3. Une conjonction réflexe d’un pronom relatif? Concernant l’origine de la conjonction que, on peut avoir l’impression que parmi les chercheurs s’impose de plus en plus l’idée qu’elle dérive d’une forme du pronom relatif. Dans son analyse détaillée à ce propos, Jules Jeanjaquet arrive à la conclusion qu’un «relatif invariable» quem représente «la source immédiate de la conjonction que» (Jeanjaquet 1894: 51). En effet, quem «apparaît stéréotypiquement ici et là dans le latin vulgaire de l’Antiquité et du premier moyen âge, même en relation à des formes du pluriel»8, de telle sorte qu’il passe «comme graphie de ke/qu(a)e» (Stotz 1998: 134). De façon similaire, Herman (1963) suppose un élément latin que, provenant de quem et quae et «transcrit quae, quem, que, quid, prononcé [ke]». Il était utilisé comme «relatif indéclinable à valeur universelle […] dès la chute de l’Empire» en concurrence de quod, dont les usages de Grégoire de Tours au 6ème siècle «reflétaient encore une réalité parlée» (Herman 1963: 128). Il s’agissait d’un «quod fixe, neutre par rapport au genre comme forme universelle du pronom relatif» (Stotz 1998: 133), qui apparaît même chez les auteurs qui suivent la réforme carolingienne (p. ex. in papilione suo, quod erat extensum […] ‹dans sa tente, qui était dressée […]›). La coexistence des relatifs quod et que menait à leur interchangeabilité. En concomitance avec l’usage de quod non seulement comme relatif, mais aussi en fonction de conjonction, elle mena au 6ème ou 7ème siècle à la conjonction que, attestée entre autres dans une charte mérovingienne de 717: estromentum habibat quaem filius […] vindedisset ‹il avait un document que le fils avait vendu […]› (Vielliard 1927: 152). La naissance de que peut donc être résumée de la façon suivante: Non point que, poursuivant lentement son évolution, le relatif ait parcouru à son tour toutes les étapes par lesquelles avait passé quod; ‹que› apparaît bien trop tôt avec ses fonctions multiples pour qu’une semblable évolution ait eu le temps de se produire, à supposer qu’elle soit

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Le latin carolingien témoigne ensuite de la volonté de retourner à l’Antiquité: Alkuin (ca. 735804), chef de l’école de la cour carolingienne, emploie dans 10 de ses lettres 85 AcI (≈ 93,4% AcI), mais seulement 6 conjonctives avec quod (Wirth-Poelchau 1977: 46). P. ex., quem apparaît au lieu de qua dans coiugi, cum quem vixit ‹à l’épouse, avec laquelle il a vécu› sur une inscription, ou dans loca […], quem […] Boso […] fermaverat ‹les lieux […], lesquels avaient enfermé Boso […]› d’une charte mérovingienne (Stotz 1998: 134).

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d’ailleurs admissible; il n’y a pas eu création d’une conjonction nouvelle, mais fusion de l’ancienne avec le relatif, suivie d’absorption par ce dernier. Les deux mots ont pour ainsi dire marché l’un au-devant de l’autre (Jeanjaquet 1894: 51-52).

Si l’on accepte un tel développement, on pourrait même considérer quod comme un ‹avatar à l’écrit› du *[ke] protoroman: […] mais il est certain qu’après le septième siècle quod n’est plus qu’une forme savante et traditionnelle. […] Le quod des textes n’est que la demi-latinisation de ce que vulgaire; les auteurs et les copistes avaient conscience que le que qu’ils employaient en parlant n’était pas conforme à la langue classique qu’ils s’efforçaient d’écrire, mais incapables de reconstituer la déclinaison correcte, ils substituaient uniformément à leur que invariable la forme neutre singulier du relatif latin (Jeanjaquet 1894: 48-49, auquel se joint Vielliard 1927: 155).

Cependant, cette hypothèse part d’une vision trop schématique de l’espace variationnel latin-(proto)français. Suivons plutôt Herman qui suppose «que le relatif indéclinable à valeur générale que (quae, quem, quid, que dans les textes) avait pour concurrent et quasisynonyme un autre relatif à valeur générale, quod, et cela jusque vers le VIIe siècle au moins» (Herman 1963: 128-129). En fait ces deux formes sont celles qui remplacent le plus souvent les autres formes du relatif. Dans les Cartae Senonicae, p. ex., Herman compte 12 fois quem à la place d’autres formes du relatif et 10 fois quod (mais seulement 4 fois quid; Herman 1963: 126 avec données statistiques ultérieures).9 C’est sur ces observations que se base l’hypothèse de Robert de Dardel. Selon lui, *[ke] représente un syncrétisme sous la forme d’un *[ke]1, «subordonnant conjonctionnel issu directement, par une amplification sémantique, du subordonnant relatif *[ke]2, qui le précède dans le temps et l’englobe dans l’espace» (de Dardel 1983: 70).10 L’auteur tient ainsi compte du fait que *[ke]1 a remplacé *[ko]1 < QUOD dans toute la Romania occidentale et une grande partie de l’Italie.11 La descendance de la conjonction que du pronom relatif latin pourrait être confirmée par leurs formes dans la vie de saint Letghier. Datant du 10ème siècle, ce texte se base sur une vie latine composée à l’époque mérovingienne, peu après la mort du saint. Suivant l’édition de Foerster / Koschwitz / Hilka (61921: 78-91), la vie de saint Léger contient sept fois que comme pronom relatif (vers 10, 12, 25, 47, 209, 225, 236) et une fois comme correlatif (o que elpod, v. 40). A part cela, que sert quatre fois à relier une complétive (v. 87, 110, 120, 231), une phrase sujet (v. 232), une causale (v. 53, faisant partie de por cio que) et une finale (v. 222). Dans deux autres cas, la conjonction se présente sous la forme de l’abréviation (une complétive (v. 18) et une causale avec porroq; (v. 64)). Ensuite ––––––– 9

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Herman observe à cette occasion que quod remplace «d’autres formes du relatif surtout dans les cas où l’antécédent auquel il renvoie désigne quelque chose d’abstrait ou du moins quelque chose de vague, d’indéterminé ou de mal détérminé», gardant ainsi «quelque chose de son ancienne valeur de pronom neutre» (Herman 1963: 128). Pour de Dardel, *[ke]2 résulte d’un syncrétisme antérieur entre les formes du pronom relatif et QUID, «le seul qui ne soulève pas trop de problèmes sur le plan de l’évolution phonétique» (de Dardel 1983: 71, sans spécifier pourtant les problèmes d’une origine de QUEM ou QUAE). En roumain, par contre, că < [ko]1 (pour les complétives) contraste encore avec ce, correspondant à *[ke]2.

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apparaît aussi quae12, représentant sept fois un pronom relatif (v. 4, 8, 144, 148, 152, 164, 216), mais aussi une conjonction. Elle introduit une modale (v. 122), une causale (v. 124) et les deux complétives suivantes: etores temps / et siestbiens / quaenos cantumps / desant lethgier (v. 5-6) et porro·nexit uollí preier / quaetot ciel miel laisses por / deu (v. 147-148). Certes, il existe une certaine confusion entre et latins dans l’écriture médiévale, qui provoque parfois l’apparition de même au lieu de E latins indubitables. Mais la Vie de Saint Léger offre seulement trois autres occurrences de (dans irae (v. 79), missae cantat (v. 82) et pensæz ‹pensées› (v. 170)). De plus, eu égard au fait que les autres textes contenus dans la Base de Français Médiéval en contiennent très peu, on pourrait accepter les quae mentionnés quand même comme un indice de l’origine de que du pronom relatif.

4. La genèse de que – un cas de grammaticalisation? Un des mots-clés dans les débats récents qui concernent le changement linguistique est sans aucun doute celui de grammaticalisation. En réalité, dans le cas de que, on peut constater qu’il a été employé assez tôt: Antoine Meillet, déjà, décrit le développement des conjonctions dans les langues indo-européennes, en général, de la façon suivante: Quel que soit le point de départ, le trait commun à tous ces développements consiste en ce que, par l’effet de la répétition qui en a atténué progressivement la valeur expressive et en a fait oublier la signification propre, l’élément qui figure à la jonction de deux phrases tend à devenir un simple outil grammatical: il se ‹grammaticalise› pour ainsi dire (Meillet 1926: 169).

Meillet donne les exemples de vel, igitur, licet, originaires de verbes, et de ut final, remplacé dans les langues romanes par que. Celui-ci est remplacé à son tour par pour que, qui est devenu lui aussi «trop faible actuellement et paraît insuffisant» (Meillet 21926: 171). Toutefois, aujourd’hui, quelques décennies après Meillet, rien ne semble confirmer cette faiblesse de pour que en français moderne ou indiquer même sa disparition.13 Et la ténacité de que, utilisé depuis plus de 1000 ans comme ‹conjonction de base›, en fait plutôt un contre-exemple à la tendance supposée par Meillet. Donc, si l’on considère la grammaticalisation comme «routinization of an expressive technique» comportant la perte de son expressivité (Detges / Waltereit 2002: 188), alors il ne s’agit pas dans le cas de que d’une grammaticalisation. ––––––– 12

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Le début du manuscrit reproduit dans l’appendice de Foerster / Koschwitz / Hilka (61921) prouve au moins pour les trois quae des vers 4-8 qu’il s’agit de , pas de e caudatae sous la forme . Une recherche sommaire dans deux corpus tirés de Le Monde de 1994 (20 542 986 mots) et de 2002 (ca. 25 millions de mots) souligne la persistance de pour que (au moins dans le langage journalistique): cette conjonction apparaît avec 2 350 et 2 541 occurrences, tandis que afin que en présente respectivement 338 et 395.

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Pourtant, considérant la genèse des structures de subordination comme des résultats de différents types de grammaticalisation, Heine / Kuteva (2007: 235) mentionnent aussi des langues suspectes de complétiviseurs descendant directement de relatifs (p. ex. she / asher de l’hébreu). Les deux auteurs partent de la définition usuelle de grammaticalisation comme le «développement de formes lexicales vers des formes grammaticales, et de formes grammaticales vers des formes encore plus grammaticales» (Heine / Kuteva 2007: 32). Ils qualifient l’apparition de complétives originaires de propositions relatives comme trajectoire nominale («noun channel», à côté du «verb channel», du «demonstrative channel» et du «interrogative channel», Heine / Kuteva 2007: 230-244). Ainsi, ils tiennent compte de langues dont les complétiviseurs remontent à des fusions entre noms (plutôt avec un sens générique) et pronoms relatifs, tandis que dans d’autres cas le nom ou le relatif ont disparu. Ils admettent toutefois, que «ce procès diffère des autres […] d’une manière fondamentale: il implique qu’il y a déjà subordination, et qu’un type de subordination […] est ‹exaptée› pour un autre […]» (Heine / Kuteva 2007: 231). Cette observation se rapproche de la conception d’une dimension linguistique universelle Junktion dont la «tâche fondamentale» serait «celle de la concaténation de plus petites unités à des unités plus grandes» (Raible 1992a: 27). Junktion forme un continuum entre les pôles Integration et Aggregation, représentant un «canal de grammaticalisation idéal» (Raible 1992a: 154) – or, les phrases relatives s’y trouvent sur le même niveau que les autres types de phrases subordonnées. Du reste, nous nous rangeons à l’avis de Pusch (1991: 282), qui constate que le développement de mots grammaticaux d’un statut grammatical à un autre, plus grammatical, est difficile à saisir, car à la différence des trajectoires prototypiques du type lexème > morphème, leur sens résulte toujours de la gamme des fonctions déployées par les structures dont il fait partie. Et dans notre cas, pourquoi une relative devrait-elle être ‹moins grammaticale› qu’une complétive? La même question se pose d’ailleurs pour les interrogatives, qui ne doivent pas être laissées de côté, face à l’«étymologie multiple» de que (cf. ci-dessus; les interrogatives représentent la source des complétives dans de nombreuses langues européennes, Heine / Kuteva 2007: 243). Ainsi, même une définition de grammaticalisation plus large, moins précise en ce qui concerne les aspects sémantiques et pragmatiques que celle de Detges / Waltereit (2002) n’est pas pertinente quant à la la formation de que. A cette occasion, nous tenons à préciser que les langues romanes se distinguent nettement de langues germaniques telles que l’anglais et l’allemand: dans ces langues, les complétiviseurs se sont formés au cours de véritables grammaticalisations de démonstratifs. P. ex., angl. that remonte à des énoncés du type I understand that: [He will come], qui consistent en deux phrases séparées. Sous perte de l’emphase du démonstratif, elles sont réinterprétées comme des phrases complexes de la structure I understand [that he will come] (Heine / Kuteva 2007: 241). Certes, dans le développement de la subordination en latin et dans les langues romanes les démonstratifs ne sont pas complètement absents: ils ont laissé des traces dans certaines conjonctions comme it. però it. mod. ‹toutefois, cependant, mais›, ancien it. ‹c’est

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pourquoi› < lat. per hoc (Raible 1992a: 161, cf. aussi però che ‹parce que›14), mais ils ne se sont pas imposés en tant que complétiviseurs dans les langues romanes modernes.15 Similairement à that, quod indique un renvoi cataphorique: en fait, certains éléments conjonctionnels latins peuvent être utilisés soit anaphoriquement, soit cataphoriquement. Néanmoins, dans le dernier cas ceux-ci se trouvent souvent enrichis de quod, de sorte que propterea ‹c’est pourquoi› contraste avec propterea quod ‹parce que› et eo ‹de ce fait› avec eo quod ‹parce que› (Raible 1992a: 163). Mais au contraire de that, ce potentiel cataphorique caractérise aussi le relatif, sans emphase particulière. En tout cas, il met en évidence le poids de l’ordre des mots: le changement général du latin, avec sa préférence de SOV, vers les langues romanes à l’ordre SVO, donc avec les complétives après le verbe, comporte une forte augmentation des contextes qui permettent les conjonctives, en favorisant l’usage cataphorique d’éléments comme quod (cf. Raible 1992a: 220; 1992b). Selon Christian Touratier, une subordonnée avec quod en tant que «extraposition, ordinairement considérée comme marque d’emphase» serait «plus expressive» qu’un AcI (Touratier 2005: 85), ce qui pourrait avoir ultérieurement invité les locuteurs à son utilisation croissante. Un tel jugement invite à interpréter la diffusion des subordonnées aux dépens de l’AcI comme un cas de grammaticalisation même selon la définition de Detges / Waltereit (2002: 188) reportée en-dessus. Vu le moindre degré de fixation de l’ordre des mots en latin, nous doutons pourtant qu’il s’agisse vraiment d’une technique expressive; une telle interprétation nous semble trop conditionnée par les structures du français d’aujourd’hui. Celui qui accepte malgré tout l’interprétation de Touratier, devrait tenir compte du fait que même en postposition au verbe de la principale, jusqu’à Grégoire de Tours au moins, l’AcI était majoritaire. En conséquence, la grammaticalisation de la subordonnée conjonctive en tant que schéma syntaxique devrait être posée au 7ème ou 8ème siècle (allant de pair avec l’introduction de l’élément marqueur général *[ke] dans une grande partie de la Romania).16 On est tenté d’interpréter la subordonnée avec que comme une construction dans le sens de la construction grammar, d’autant plus que son imposition ressemble à la manière supposée par Lene Schøsler (à paraître 5) pour les schémas valenciels, à savoir transfert analogique d’un groupe de verbes à d’autres.17 Il se pose pourtant un problème fondamental: à l’origine, les constructions selon la grammaire des constructions se ––––––– 14

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A noter aussi la grammaticalisation de parce que avec un élément démonstratif, au contraire de perché en italien. Pareillement, en ancien français existent encore des formes comme par que (Schulz-Gora 1941). Faut-il tenir compte des bouleversements dans le domaine des démonstratifs (disparition des formes latines, grammaticalisation de nouvelles formes à partir de ecce + ille et ecce + ipse)? Ainsi, Krefeld remarque par rapport aux conjonctions composées avec que: «C’est par l’addition de que seulement, qu’une subordonnée intégrée se distingue clairement d’une principale coordonnée, car des critères syntaxiques, comme p. ex. la position finale du verbe conjugué dans la subordonnée allemande, n’entrent pas en compte» (Krefeld 1989: 31). En outre, l’infinitif se voit limité en particulier dans ses «utilisations ‹à valeur phrastique›», c’est-à-dire les constructions où «sa valence est saturée» (Krefeld 1989: 28). De même, on pourrait relier l’hypothèse de la formation de l’AcI à partir des verbes à deux accusatifs (Cuzzolin 1994: 37) au schéma spécialisé qui sert à «exprimer la communication, combinant deux éléments à l’accusatif» (Schøsler à paraître: 11).

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caractérisent par un sens non-compositionnel, c’est-à-dire qui n’est pas repérable à travers les significations de ses composants (p. ex. d’expressions idiomatiques). En examinant les différentes définitions présentes dans la littérature à ce sujet, Fischer / Stefanowitsch (2007: 5-7) constatent pourtant qu’il n’apparaît pas clairement si la non-compositionnalité est un trait définitoire indispensable pour les constructions. Pour eux, des «des structures syntaxiques abstraites et lexicalement inactivées, comme les catégories phrastiques» y sont bien incluses (Fischer / Stefanowitsch 2007: 6). Une telle approche permet de saisir la genèse de la subordonnée introduite par que comme la ‹conventionnalisation d’une construction abstraite›.

5. Conclusion Si l’on tient compte des publications très détaillées sur la formation de que, force est de constater que le sujet est bien exploré. Son composant central, l’élargissement fonctionnel de *[ke] au Moyen Âge semble être dans la lignée des phénomènes que William Croft appelle intraference: Different elements of the same language can interfere with each other if they share enough linguistic substance, in particular meaning. In this way, a word or construction from the same language can be used in a function normally expressed by a different word or construction in that language (Croft 2000: 148).

La ‹substance linguistique› partagée par les conjonctions et les pronoms relatifs serait naturellement de lier deux propositions. Pour le pronom relatif, cette fonction est rendue explicite par la Grammaire de Port-Royal, qui parle de «deux usages du relatif, l’un d’être pronom, et l’autre de marquer l’union d’une proposition avec une autre» (cité par Touratier 2005: 79). Cette caractéristique commune se trouve à la base du que polyvalent, des cas de que avec «une valeur difficilement discernable, où il est parfois malaisé de distinguer conjonction/relatif» (Buridant 2000: 565). Pour l’ancien français, Buridant donne l’exemple suivant: Seigneur, ce dist Morans, si Dieu ait en moi part, / Que nos fesimes molt que fol et que musart / Que pour faire tel murdre venimes ceste part – ‹Seigneurs, dit Morant, Dieu m’assiste, nous avons agi comme des insensés en venant ici accomplir ce meurtre›.18

Ici, «le premier que introduit la subordonnée après la formule d’adjuration, le second est explicatif» (Buridant 2000: 565). Un cas latin est cité par Herman (1963: 67):

––––––– 18

Cet exemple n’est pas très convaincant pour un locuteur germanophone, qui traduirait le deuxième que sans problème par la conjonction modale indem. Celle-ci montre toutefois une nette similarité formelle avec une expression relative (Präp. in + datif du pron. relatif dem).

468

Rembert Eufe

haec cartola, quem infantes tuos, quod naturalis sunt, in legitima hereditate secundum lege instituisse – ‹cette charte, qui instituait tes enfants, qui / parce qu’ils sont naturels, en légitime héritage selon la loi›.

Dans ce cas, quod peut indiquer soit une conjonctive causale, soit une relative.19 De telles structures invitent sans doute à des réanalyses de pronoms relatifs comme conjonctions sur la base du principe de référence: «Assume that the conventional semantics of the sound chain you hear corresponds to what seems to be meant in the situation» (Detges / Waltereit 2002: 156). Nous soulignons que de cette manière, les joncteurs en question ne perdent pas automatiquement leur sens original de pronom relatif.20 Mais revenons encore à Meillet, qui observe: […] dans la conversation courante, dans la langue familière, où les inflexions de la voix et les pauses indiquent assez les rapports entre les idées exprimées, on a relativement peu besoin de conjonctions […]. Les conjonctions sont surtout utiles dans le discours solennel ou rituel, où l’on dispose beaucoup moins librement des inflexions de la voix et des pauses; elles sont indispensables dans la langue écrite qui, sans conjonctions, devient aisément inintelligible. (Meillet 21926: 173-174)

Cette constatation soutient l’hypothèse de la généralisation des subordonnées avec *[ke] au 7ème ou 8ème siècle: pendant cette période, le savoir autour du latin classique, forme linguistique traditionnelle pour «le discours solennel ou rituel» et l’usage écrit, se perdait dans une large mesure. Ainsi, les tendances immanentes à la «langue familière» prédominaient et portaient à l’imposition de son mécanisme et son marquage de subordination.

Bibliographie Base de Français Médiéval. URL: http://bfm.ens-lsh.fr/ [29.08.2007, 20:00]. Buridant, Claude (2000): Grammaire nouvelle de l’ancien français. Paris: SEDES. Croft, William (2000): Explaining language change. An evolutionary approach. Harlow: Longman. Cuzzolin, Pierluigi (1994): Sull’origine della costruzione «dicere quod». Aspetti sintattici e semantici. Florence: Nuova Italia. de Dardel, Robert (1983): Esquisse structurale des subordonnants conjonctionnels en roman commun. Genève: Droz (= Publications romanes et françaises). Detges, Ulrich / Waltereit, Richard (2002): Grammaticalization vs. Reanalysis. A semantic-pragmatic account of functional change in grammar. In: Zeitschrift für Sprachwissenschaft 21, 151-195.

––––––– 19

20

Le che polivalente italien présente des cas similaires, comme le che dans la phrase «noi andiamo bbene al fàitə / ke-tt∫-abbiamo tutto il mare di fronte», qui pourrait être locatif ou causal (Sornicola 1981: 65-66) – ou les deux! Pour cette particularité des réanalyses cf. Detges / Waltereit (2002: 162).

La genèse de que et la subordination en latin et français

469

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470

Rembert Eufe

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Francesc González i Planas

La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés*

1. Introducción El asturleonés y el gallego-portugués modernos comparten la característica de tener la enclisis respecto al verbo como forma no marcada de la colocación de los clíticos pronominales. A partir de una descripción tipológica inicial y de asumir un marco teórico en el que se descompone el Sintagma Complementante (SC) en diferentes proyecciones funcionales, determinaremos la tipología del mirandés y del asturiano en el contexto de las lenguas iberorrománicas occidentales y evaluaremos la validez del marco teórico asumido. El presente estudio se ha realizado a partir del análisis de un corpus formado por 330 contextos de clíticos en asturiano y 312 contextos de clíticos en mirandés, obtenidos respectivamente de La memoria del mundu y Cuntas de la Tierra de las Faias.1

1.1 Tipología de la colocación de los clíticos pronominales en iberorrománico occidental Las diferencias tipológicas entre asturiano, gallego y portugués son la conservación o no de la mesoclisis y la posibilidad o no de interpolar determinados elementos léxicos (adverbios aspectuales y de negación) en contextos de proclisis (cf. tabla 1): TABLA 1. Diferencias tipológicas entre las lenguas iberorrománicas occidentales

Asturiano Gallego Portugués

Enclisis

Proclisis

Mesoclisis

Interpolación

[– marcada] [– marcada] [– marcada]

[+ marcada] [+ marcada] [+ marcada]

NO NO [– marcada]

NO uso literario en regresión

––––––– *

1

Quisiera mostrar mi más sincero agradecimiento a la Dra. Montserrat Batllori y al Dr. Xavier Frías Conde por sus valuosos comentarios. En todo caso, los posibles errores del texto son sólo míos. Bello, Xuan (1997): La memoria del mundu. Xixón: Llibros del pexe (puzzle de bolsu 25), 139pp.; Bárbolo Alves, António (2000): Cuntas de la Tierra de las Faias. Porto: Campo das Letras (Língua Mirandesa 2), 91pp.

472

Francesc González i Planas

Estudios anteriores confirman que el asturiano y el gallego-portugués presentan los mismos contextos causantes de la proclisis en verbos con el rasgo [+ finito] como se muestra en la tabla 2:2 TABLA 2. Distribución de la enclisis / proclisis según el contexto sintáctico Contexto

Asturiano

Gallego

Portugués

Focalización Interrogación/Exclamación (SQu) Negación Adverbio aspectual preverbal Subordinación Sujeto preverbal cuantificado (SQ) Sujeto preverbal (SD) Dislocación a la izquierda Subordinación + Dislocación

proclisis proclisis proclisis proclisis proclisis proclisis enclisis enclisis enclisis

proclisis proclisis proclisis proclisis proclisis proclisis enclisis enclisis enclisis

proclisis proclisis proclisis proclisis proclisis proclisis enclisis enclisis enclisis

Todos estos elementos condicionan de modo diferente la proclisis de los clíticos pronominales. La dislocación a la izquierda impide la proclisis en las oraciones subordinadas; mientras que la focalización obliga a la proclisis en las oraciones afirmativas.3 En los contextos de verbos con rasgo [– finito] lo normal es la enclisis; aunque en gallego-portugués la proclisis es posible si el contexto general lo permite (cf. tabla 2) o si se dan determinados contextos preposicionales (i.e. {de, para, até} + INFINITIVO / GERUNDIO). A diferencia del gallego-portugués, en asturiano sólo es posible la proclisis al infinitivo en los contextos de (1) (ALLA 1998: 367-368): (1)

a. b. c. d.

si completivo + INFINITIVO. Interrogativo / Exclamativo + INFINITIVO. Relativo + INFINITIVO. Adverbio nun + INFINITIVO.

Cuando el infinitivo forma parte de un «complejo verbal» (perifrástico o no), la proclisis es posible, aunque no es obligatoria, en los mismos contextos que para los verbos [+ finito] (ALLA 1998: 268-369). Según Sánchez / Rubiera (1985) la subida de clíticos es posible pero nunca es obligatoria. De hecho, tanto en gallego como en asturiano hay verbos que no permiten la subida de los clíticos como en (2) y (3) (Sobriño 2001: §3.1.1; ALLA 1998: 369): ––––––– 2

3

Se han utilizado las descripciones de Sánchez / Rubiera (1985), Lorenzo (1995), ALLA (1998) y Sobriño (2001) para el asturiano; Campos (1989), Freixeiro Mato (2001) y Sobriño (2001) para el gallego; Cunha / Cintra (1985), Duarte / Matos (2000) y Barrie (2002) para el portugués. La distinción entre focalización y dislocación no es clara en Sánchez / Rubiera (1985), puesto que las identifican como enfatizaciones y no determinan diferencias ni semánticas ni pragmáticas.

473

La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés

(2)

a. b.

Necesito igualu. Nun necesito igualu.

(3)

a. b.

Quedé contándo-ylo. Nun quedé contándo-ylo.

Lorenzo (1995: §3) pone de manifiesto la diferencia entre verbos epistémicos y verbos factivos en asturiano. Cuando el verbo flexionado de una oración principal es epistémico (p.e. talantar ‹pensar en algo› en (4)), es posible la proclisis al infinitivo, pero no así con los verbos factivos como en (5): (4)

a. b.

Talanta facelo güei. Talanta lo facer güei.

(5)

a. b.

Llamenté abandonalo. *Llamenté lo abandonar.

1.2 Marco teórico

1.2.1 La periferia izquierda oracional Para explicar la distribución de la enclisis y la proclisis hay que recurrir a la sintaxis de los focos y de los tópicos. A partir de Uriagereka (1995a; 1995b) y Raposo / Uriagereka (2005), hemos visto la necesidad de usar una estructura oracional ampliada en torno al SC. No obstante, propuestas como las de Barrie (2002) o Raposo (2000) se han comprobado insuficientes para explicar el orden de las palabras en oraciones del tipo de (6): (6)

... que/si {Elemento dislocado} {Elemento focalizado} [ST]

Para superar las limitaciones que suponen las estructuras oracionales de estos autores, hemos tenido que recurrir a una propuesta basada en Rizzi (1997) de descomposición del SC que reproducimos en (7): (7)

[SFuerza [Fuerzaº [STop* [Topº [SFoc [Focº [SFin [Finº [...]]]]]]]]]

De Rizzi (1997) aceptamos la recursividad del STop pero rehusamos la posibilidad de que aparezca un STop entre SFoc y SFin (cf. Benincà 2001). Aceptada la estructura oracional de (7), ampliamos la concepción de la proyección Foco de Rizzi con los presupuestos de Raposo / Uriagereka (2005) para la proyección F (y/o f), de modo que Focº es donde se adjuntan (por la izquierda) los clíticos.

1.2.2 Dislocaciones a la izquierda y sujetos preverbales Las dislocaciones a la izquierda son sintagmas que se ensamblan (Merge) directamente en la posición de especificador de STop y que su posición no se debe a ninguna operación de movimiento, aunque mantienen una relación de correferencia y concordancia con un argumento de la oración, el clítico. A partir de esta consideración y de las pruebas aportadas por Barbosa (2000) para el portugués, consideramos dislocaciones a la izquierda los sujetos preverbales no cuantificados; mientras que los sujetos preverbales cuantificados

474

Francesc González i Planas

o negativos consideraremos que se sitúan en la posición de especificador de SFoc gracias a una operación de movimiento desde la base. Según las conclusiones y los datos de Barbosa (2000), en una oración en que hay un objeto dislocado con clítico, después de éste siempre se percibe de manera clara una pausa en la entonación, como en (8). Por el contrario, entre un elemento focalizado y el verbo nunca se da esta pausa en la entonación, como en (9): (8)

[[Esses livros]IntP [dei-os]IntP]U

(9)

[[Só o Pedro]φ [o viu]φ]IntP

Los sujetos preverbales, en cambio, pueden o no presentar una pausa en la entonación como se muestra en (10): (10) a. b. c.

[Ele viu-o]IntP [[A aluna]φ [aceitou o emprego]φ [no restaurante]φ]IntP [[A aluna]IntP [aceitou o emprego no restaurante]IntP]U

Evidentemente, los sujetos de los ejemplos anteriores presentan diferencias a nivel fonológico, pero no a nivel sintáctico. Para explicar lo que sucede en la interfaz sintaxisfonología, Barbosa (2000) propone un filtro fonológico sobre la posición de los clíticos que reproducimos en (11): (11) *[CL X]IntP

Cualquier derivación que no cumpla con el filtro anterior cuando se apliquen las reglas de reajuste prosódico, fracasará en la Forma Fonética. Para evitar que se formen derivaciones que puedan fracasar, la sintaxis ha de poseer mecanismos que impidan la derivación de estructuras que contengan un clítico en el extremo izquierdo de una frase tonal. Es decir, la sintaxis debe de recorrer a la enclisis en aquellas estructuras en que es posible una violación de (11) en el nivel fonológico. A partir de estas consideraciones, en este estudio asumimos la teoría del Parámetro del Sujeto Nulo desarrollada por Barbosa (2000), de modo que situaremos los sujetos preverbales no cuantificados en la posición de Espec-STop.

2. Resultados 2.1 Clíticos con formas personales del verbo La distribución de la enclisis y la proclisis responde a las previsiones en los casos de oraciones negativas, interrogativas y exclamativas, y de presencia de un elemento focalizado o un adverbio en oraciones afirmativas. Los resultados generales se muestran en la tabla 3:

475

La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés

TABLA 3. Clíticos con formas personales del verbo en asturiano Tipo de oración

Enclisis

Afirmativa Negativa Interrogativa Exclamativa Subordinada Total

106 0 0 0 9 115

Asturiano Proclisis 12 22 7 1 88 120

Total

Enclisis

Mirandés Proclisis

Total

118 22 7 1 97 235

92 0 0 0 0 92

29 36 7 0 60 132

121 36 7 0 60 224

De las oraciones subordinadas del texto en mirandés, ninguna contiene elementos que bloqueen la proclisis (i.e. construcciones de tópico). Por el contrario, el 9,38% de las oraciones subordinadas en asturiano presentan enclisis, como en los ejemplos de (12), donde se aprecian construcciones de marco o dislocaciones que bloquean la proclisis. (12) a. b. c.

Asina taben les coses hasta qu’un dia[,] Don Pere d’Oumaña sintióse instisfechu. [Memoria, 36] nun-y lo podíes mentar a la cara porque, en sintiéndolu, remóntabase y espatuxaba gafo col so corpín pequeñu. [Memoria, 59] recordaba que lo poco que tuviera[,] echáralo en vino. [Memoria, 60]

Un caso que merece una atención especial es el de las oraciones con sujeto preverbal (cf. tabla 4). Los sujetos en posición inicial absoluta bloquean la proclisis como si de un elemento dislocado se tratasen, mientras que los que siguen a un complementante permiten la proclisis. Estas diferencias suponen un problema explicativo para la teoría del Parámetro del Sujeto Nulo asumido en este estudio, puesto que no predice por qué los sujetos no cuantificados permiten la proclisis en las oraciones subordinadas. TABLA 4. Sujetos preverbales y colocación de los clíticos4 Contexto Sujeto en posición inicial Sujeto cuantificado Adverbio + Sujeto Sujeto negativo/interrogativo Complementante + Sujeto Total

Asturiano

Mirandés

Enclisis

Proclisis

Total

Enclisis

Proclisis

Total

40 2 1 0 3 46

0 4 1 3 9 17

40 6 2 3 12 63

30 0 0 0 0 30

3 9 4 8 20 44

33 9 4 8 20 74

––––––– 4

Para evitar posibles desviaciones causadas por los contextos que provocan la subida de clíticos, no se han incluído las formas compuestas y las perífrasis verbales.

476

Francesc González i Planas

No obstante lo expuesto hasta ahora, en asturiano existen contraejemplos como (13) y (14) que son de gran interés: (13) a. b. (14) a. b. c.

dizse que la sidra más afamao d’Asturies mayábase nos llagares d’ellí. [Memoria, 51-52] Parezme que yá dixi que Ros llevábase muncho bien colos nenos. [Memoria, 63] Tol mundu xuntábase onde tuviera la máquina. [Memoria, 16] Dacuando, dalgún nenu grande asustábanos berrando. [Memoria, 29] Bien d’homes envidarán-y la suerte. [Memoria, 37]

En opinión de Sánchez / Rubiera (1985: 79), los casos de (13) no son agramaticales. Se trata de oraciones con verbos de lengua, cuya oración subordinada tiene el sujeto en posición preverbal. Estos verbos, junto con los verbos epistémicos, presentan peculiaridades semánticas con implicaciones en la proyección sintáctica de la periferia izquierda de la oración subordinada. En (13) tenemos unos contraejemplos que permiten afirmar que los sujetos preverbales de las oraciones subordinadas de una frase cuyo núcleo verbal es un verbo de lengua son realmente dislocaciones; mientras que los de las oraciones subordinadas de una frase cuyo verbo no es de lengua o epistémico son sujetos focalizados. En cambio, las oraciones de (14) tendrían que inducir a la proclisis por tratarse de sujetos cuantificados. Estos casos también se encuentran en portugués (cf. Barbosa 2000: ej. 171), de modo que deben interpretarse como sujetos dislocados con una lectura marcada.5

2.2 Clíticos con formas no personales del verbo

2.2.1 Infinitivos La enclisis al infinitivo en contextos no perifrásticos es lo habitual en asturiano, mientras que en mirandés es más frecuente la proclisis. La subida de clíticos tiene prácticamente la misma incidencia en ambas lenguas. TABLA 5. Colocación de los clíticos en infinitivos perifrásticos y no perifrásticos Asturiano no perifrástico perifrástico Enclisis al infinitivo Proclisis al infinitivo Enclisis V principal / auxiliar Proclisis V pral. / auxiliar Total

37 1 0 5 43

11 0 0 2 13

Mirandés no perifrástico perifrástico 18 16 2 4 40

4 8 1 19 32

––––––– 5

En el texto mirandés aparecen dos casos divergentes: (i) el calco de la fórmula declarativa usada en portugués para el bautismo; (ii) un sujeto enfático sin operador de foco (cf. Martins 2006).

477

La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés

Los casos de proclisis al verbo principal en asturiano son más frecuentes en los contextos en que hay una partícula negativa (4 casos de proclisis frente a 2 de enclisis) o un pronombre interrogativo (un único caso): (15) a. b.

Dientro del monasteriu había un laberintu, nel qu’ún nun se podía perder porque yera tan grande como’l mundu. [Memoria, 36] Nel monasteriu tuvieron a la tema a ver cómo-y podíen cobrar los impuestos [a] aquel nuevu hérue épicu. [Memoria, 46]

En mirandés, los datos parecen indicar que la distribución entre enclisis al infinitivo y proclisis al verbo principal depende sólo del contexto, como muestran los ejemplos de (16): (16) a. b.

[...] para QUIEN, nun acreditando, ls querga ver. [Cuntas, 14] [...] mas isso tamien el NUNCA l soubo dezir nien splicar. [Cuntas, 39]

En referencia a los infinitivos separados del verbo principal –no perifrásticos–, de un total de 25 del texto asturiano, sólo en 1 hay proclisis. En cambio, en el texto mirandés, de un total de 25, hay 16 con clíticos en posición proclítica. Esto pone de relieve que el asturiano prefiera la enclisis al infinitivo cuando éste está separado del verbo principal. En cambio, el mirandés prefiere la proclisis si el contexto lo permite, especialmente después de las preposiciones para, de y até, de operadores negativos y de elementos focalizados. En las oraciones con perífrasis verbales de infinitivo, en el texto asturiano sólo hay 2 casos de proclisis al verbo auxiliar de un total de 7 contextos de proclisis. Esto indica que la tendencia general es la enclisis al infinitivo y confirma que la proclisis es optativa. El asturiano, de hecho, trata las perífrasis de infinitivo (AUXILIAR + NEXO + INFINITIVO) como un conjunto; de modo que el nexo nunca actúa como causante de la proclisis. Por último, señalar que en mirandés la proclisis es obligatoria si el contexto lo permite, ya sea causada por el nexo de la perífrasis, ya sea causada por el contexto general de la oración.

2.2.4 Gerundios y participios Según ALLA (1998: 368-369), la enclisis es la posición por defecto de los pronombres clíticos de un gerundio; aunque es posible la proclisis optativa cuando éste está precedido por el operador negativo nun, o si forma parte de un complejo verbal y el contexto lo permite. TABLA 6. Colocación de los clíticos respecto al gerundio Asturiano Enclisis al gerundio Proclisis al gerundio Enclisis al auxiliar Proclisis al auxiliar

Mirandés

No perifrástico

Perifrástico

No perifrástico

Perifrástico

21 0 — —

6 0 0 2

5 0 — —

0 0 2 5

478

Francesc González i Planas

Todo parece indicar que en mirandés lo habitual es la enclisis a los gerundios no perifrásticos. Con gerundios perifrásticos, la enclisis se da con el verbo flexionado como en (17a); mientras que los contextos de proclisis obligan siempre a ella como en (17b): (17) a. b.

Als poucos fui-se lhebantando i toda sue lhuç se spalhaba naqueilha colcha branca. [Cuntas, 11] Un ou outro inda se fui aguantando mais uns dies. [Cuntas, 27]

En referencia a los participios, solamente en mirandés hemos localizado cinco ejemplos de formas compuestas con haber + PARTICIPIO. Curiosamente, en los cinco ejemplos se da la proclisis al verbo auxiliar. Visto el funcionamiento de las perífrasis de gerundio, hemos de suponer que la enclisis se produce con el verbo auxiliar – a diferencia del asturiano en el que la proclisis es optativa y la enclisis se permite tanto con el auxiliar como con el participio (ALLA 1998: 368-369).

3. Conclusiones Sobre la diversidad tipológica del asturleonés, se ha demostrado que las descripciones realizadas hasta la fecha sobre la distribución de la enclisis y la proclisis en asturiano eran correctas; que los contextos de proclisis en verbos finitos son los mismos para gallego, portugués, asturiano y mirandés, y que en mirandés no existen ni fenómenos de interpolación ni de mesoclisis, rasgos que lo separan del portugués y lo acercan al asturiano. No obstante, determinadas preposiciones (para, de, até) en mirandés causan la proclisis en verbos con el rasgo [– finito], característica que comparte con el diasistema gallego-portugués. Para los verbos con rasgo [– finito] en asturiano, los contextos de proclisis no obligan a ella y resulta optativa. De esta característica se deriva que haya un claro predominio de la enclisis respecto de la proclisis en estos contextos; mientras que en mirandés, la proclisis es siempre obligatoria y nunca optativa si el contexto así lo determina. Sobre las implicaciones teóricas de este estudio hay que destacar que el orden de las palabras en iberorrománico occidental y los contextos de distribución de la enclisis y la proclisis, permiten afirmar que la teoría de la periferia izquierda de Rizzi (1997) es válida para estas lenguas. De hecho, la teoría de Rizzi (1997) y la del Parámetro del Sujeto Nulo de Barbosa (2000) mejoran notablemente la propuesta de Raposo / Uriagereka (2005) sobre la colocación de los clíticos. La síntesis de estas tres propuestas permite generalizar que en el Espec-SFoc se sitúan los elementos causantes de proclisis (sintagmas focalizados, adverbios, etc.) o el verbo en los casos de enclisis.

La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés

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Maria Jouet (Lundström)

L’ordre des mots dans le ms. Vu 20, le Roman d’Alexandre en prose (Kungliga biblioteket, Stockholm)

1. Introduction Cette étude sur l’ordre des mots dans la première moitié du manuscrit Vu 20 de la Bibliothèque royale de Stockholm, Suède, fait partie de l’édition et de l’étude linguistique de ce manuscrit, que nous préparons dans le cadre de notre thèse de doctorat. Le ms. Vu 20 donne une version de la première (la plus ancienne) rédaction du Roman d’Alexandre en prose française. Le Roman d’Alexandre en prose est la traduction française (XIIIe s.) de la version I2 de l’Historia de Preliis, une version interpolée de la traduction latine qu’a fait Léon de Naples, Nativitas et Victoria Alixandri Magni Regis, vers le Xe siècle, du texte grec de Pseudo-Callisthènes (rédaction δ*). Dans un certain nombre d’études sur la langue, nous avons pu estimer que la composition de ce manuscrit anonyme et non daté a dû être faite vers le début du XIVe siècle (cf. Lundström 2008). Nous organisons cette étude à partir d’une série de traits retenus par Marchello-Nizia (1999: 41) comme pertinents pour l’étude de l’ordre des mots en ancien français: l’expression du sujet (puisque celui-ci n’était pas obligatoire en ancien français), la place du sujet nominal ou pronominal par rapport au verbe conjugué (n’étant pas encore fixe), la place du verbe conjugué (étant donné que V2 est considéré comme caractéristique de l’ancien français) et la place de l’objet direct nominal (fixe dès le XIIIe siècle). Étant donné que l’On était presque toujours exprimé en ancien français (Marchello-Nizia 1995; Schøsler 2000), l’expression ou non de celui-ci ne sera pas examinée ici. En effet, le fait que l’énoncé a un objet direct nominal est l’un des critères pour que l’énoncé soit pris en compte dans cette étude (voir le chapitre suivant). Les traits suivants seront donc étudiés: • l’expression du sujet: S ou Ø?1 • la place du sujet:2 SV ou VS? • la place du verbe conjugué: V2? V3? V1? • la place de l’objet nominal: VOn? OnV?

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Dans ce qui suit S désigne le sujet, V le verbe et On l’objet direct nominal. Sn représente le sujet nominal, Sp le sujet pronominal et Ø le sujet non exprimé. En ce qui concerne la position du sujet (nominal ou pronominal) et de l’objet direct nominal, il s’agit de la place par rapport au verbe conjugué.

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L’étude de ces traits et la mise en relation de nos résultats avec les recherches sur l’ordre des mots menées par Marchello-Nizia (1995; 1999; 2007) nous permettront de mieux situer le ms. Vu 20 dans le changement linguistique en cours et nous aideront à déterminer sa date de composition.

1.1 Sélection de propositions retenues L’exigence de comparabilité nous a imposé une sélection étroite des propositions à retenir. Ainsi, seules les propositions indépendantes/principales sont prises en compte, alors que les propositions subordonnées sont exclues.3 Nous ne retenons que des énoncés déclaratifs, qu’ils soient affirmatifs ou négatifs. Ceux-ci s’opposent aux énoncés interrogatifs (directs) et aux énoncés impératifs, qui sont donc exclus de cette étude, tout comme les énoncés passifs et emphatiques et les incises. En revanche, nous incluons les énoncés à verbe impersonnel, car il est intéressant d’étudier la présence ou l’absence du sujet dans ceux-ci. Nous retenons uniquement les énoncés dont le verbe est conjugué et transitif et dont le complément est un objet direct et nominal (désormais On). Par conséquent, les énoncés ayant un verbe intransitif ou pronominal (y compris les verbes pronominaux ayant un On) sont exclus. Cela exclut également les énoncés à objet indirect ou pronominal ou à attribut.4 Il s’agit uniquement de verbes simples. Les verbes composés ne sont pas retenus, puisque l’On dans ces propositions n’est pas celui du verbe conjugué (l’auxiliaire), mais celui du verbe à l’infinitif (verbe principal).5 Nous avons ensuite exclu les propositions dont le référent du sujet, non repris, est le même que dans la proposition précédente, avec laquelle elle est coordonnée par une des conjonctions de coordination et, mais et ne/ni.6 Le sujet peut être exprimé ou non. S’il est exprimé, il est nominal (Sn) ou pronominal (Sp). Seuls les pronoms personnels sont considérés comme Sp. Les pronoms démonstratifs et indéfinis sont rangés avec les Sn. Cela ne concerne que trois pronoms démonstratifs dans cette étude. Par ailleurs, nous appelons X un élément tonique autre que S, V ou On susceptible de se trouver en tête de proposition, dans la zone préverbale (cf. Skårup 1975). ––––––– 3

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Dans une étude préliminaire, dans laquelle nous avons seulement pris en compte les cinq premières pages du manuscrit Vu 20, nous avons constaté que dans les propositions subordonnées (à On) l’expression du sujet atteint 100%, le sujet exprimé est, à une exception près (sur 30 occurrences en tout), antéposé au verbe (SV), la place du verbe conjugué est toujours la deuxième (V2) dans la proposition et la place de l’On est, à une exception près, après le verbe (VOn). Les locutions verbales comportant un verbe et un substantif ont été inclues seulement si le substantif est le complément d’objet direct du verbe et le seul complément de ce verbe, comme dans prendre maladie (60). Ainsi des locutions comme avoir fiance que (136) ou avoir fiance en qqn (118) ont été exclues. Puisqu’il faut que le verbe soit conjugué et qu’il ait un On pour répondre à nos critères de sélection, les verbes composés ne qualifient pas pour être retenus, étant donné que le verbe conjugué (l’auxiliaire) d’un verbe composé n’a pas d’On; l’On d’un verbe composé est celui de l’infinitif. Il s’agit de 586 occurrences de et, six occurrences de mais (27, 45, 53, 75, 179, 218) et deux occurrences de ne/ni (66, 81).

L’ordre des mots dans le ms. Vu 20, le Roman d’Alexandre en prose (Kungliga biblioteket, Stockholm)

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Après la sélection de propositions selon les critères indiqués ci-dessus, le nombre d’énoncés déclaratifs retenus de la première moitié du ms. Vu 20 sont au nombre de 162, ce qui constitue le corpus pour la présente étude.

2. L’expression du sujet Il se trouve que si le sujet exprimé domine dans les déclaratives, il n’atteint cependant que 65% (106) des 162 déclaratives. Pour un ms. Du début du XIVe s. cela semble suivre le cours de l’évolution, car dans une étude se basant sur des critères d’analyse équivalents aux nôtres, Marchello-Nizia (1999: 42) relève dans la Chanson de Roland, choisie comme représentatif du XIIe siècle, 26% de sujets exprimés et dans la Queste del saint Graal, choisie comme représentatif du XIIIe siècle, 49% de sujets exprimés. Selon elle, c’est à partir du début du XVe siècle et jusqu’au XVIIe siècle que l’expression du sujet se généralise. Lorsque le sujet est exprimé, on a plus souvent un sujet nominal (63%) que pronominal. Lorsqu’il n’est pas exprimé (56 occ., 35% de toutes les déclaratives de cette étude), le verbe est presque toujours précédé d’un autre élément tonique (que nous appelons X), ce qui est une propriété des langues V2 (voir le ch. 4). Cet élément est le plus souvent l’adverbe si (dans plus de la moitié de toutes les occurrences, 33 des 56 occurrences sans sujet exprimé, soit 59%), mais il peut aussi s’agir d’autres adverbes, aprés (1), illeuc (2), ou d’un complément circonstanciel introduit par une préposition (par…, en…, au…: 10 occ.), d’un participe présent (ce disant, desfaillant…: 2 occ.) ou de la conjonction ains (2). Si on examine les contextes dans lesquels le sujet n’est pas exprimé, on s’aperçoit qu’il s’agit dans 14% des cas d’un verbe impersonnel (huit fois sur 56): (22, 25, 25, etc.), ainsi qu’il ressort de l’exemple /1/: /1/ En celui tens avoit en Masedoine un roi prous et ardis, mais mout estoit eschars et cruels. (22)

Cela concerne cependant exclusivement le verbe avoir. Toutefois, quand le verbe n’est pas impersonnel, l’identification du référent du sujet ne pose jamais de problème. Il est toujours clairement identifiable, par exemple parce que le sujet reprend le sujet précédent: /2/ Et quant il ot ce dit, si regarda la roine trop ententivement. (24)

L’identification du référent peut également être assurée par les désinences verbales de troisième personne du singulier ou du pluriel: /3/ Quant li message furent parti dou roi Alixandre, ordena en son leuc por demorer en l’ost Tolomé et puis si s’en parti et erra tant par ses jornees qu’il vint la ou sa mere estoit malade. (109) /4/ Mais por ce qu’il senbloit au roi desus dit que cele terre n’estoit belle ne profitable, si en desdeignerent le treu a recevoir, car tout hom desire plus les choses beles et larges que les petites. (177)

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Dans l’exemple /3/, le sujet reprend l’objet de la proposition précédente. Le choix d’une ponctuation différente pourrait faire de l’exemple /3/ un exemple de l’ordre SVO avec un sujet exprimé et préposé au verbe: Quant li message furent parti dou roi, Alixandre ordena en son luec por demorer en l’ost Tolomé […]. Cependant, nous avons choisi la première interprétation parce que le syntagme le/li roi(s) Alixandre(s) est très récurrent dans ce manuscrit et c’est quasiment toujours de cette façon que l’on réfère au héros du roman, et non pas par le/li roi(s) ou par seulement Alixandre. Il est également possible d’interpréter le nom propre Alixandre comme une construction apo koinou. Parfois il faut même chercher le référent du sujet non exprimé plus loin dans le contexte précédent que dans la proposition qui précède immédiatement, comme dans /5/: /5/ Ne demora gaires aprés que li rois Phelippes prist jor de bataille. Lors aparut un dragon qui aloit devant lui et son ost et oscioit ses henemis mout viguerousement quant que il ateignoit et par l’aide de celui dragon ot selui jor la victoire et desconfist ses henemis sans grant force. (34)

La cohésion avec la proposition précédente est très souvent assurée par l’adverbe si: /6/ Et quant il aprocha de la raine, si mist son chief en son giron et aprés la baissa. (36)

3. La place du sujet Lorsque le sujet est exprimé, l’antéposition au verbe conjugué (91% des sujets exprimés) dépasse largement la postposition (9%), mais la fréquence d’un sujet exprimé et antéposé n’atteint guère plus de la moitié (59%) de toutes les déclaratives à On examinées: /7/ Alixandre estort son cop, et le rois Nicolas cheï mort en la place. (57)

Il y a encore postposition du sujet dans 6% des déclaratives seulement, et, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, dans 35% des déclaratives le sujet n’est pas exprimé. Voici un exemple d’un sujet postposé: /8/ En celui jor conquist Alixandre mout grant victoire, car il somist a soi le roi Nicolas et toute sa terre, et le firent a coroner si home dou rëaume dou roi Nicolas des Aridiens. (57)

Le sujet est ainsi plus souvent non exprimé que postposé. La position du sujet ne semble pas être influencée par la nature, nominale ou pronominale, du sujet. Sn est toujours le plus commun, que ce soit en antéposition (64% des 96 sujets antéposés) ou en postposition (60% des 10 sujets postposés). Pour la quasi-totalité des déclaratives examinées, comme, nous venons de le voir, dans le cas d’un sujet zéro, mais aussi dans le cas d’un sujet postposé, le verbe se trouve précédé d’un autre élément tonique (X) saturant la première position tonique de la proposition, c’est-à-dire la zone préverbale. Il n’existe que deux exceptions dans la partie étudiée du ms. Vu 20 (voir la section suivante).

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4. La place du verbe conjugué Le verbe conjugué dans les déclaratives à On étudiées ici ne se trouve quasiment jamais en tête de proposition, ce qui est un grand changement par rapport à l’ancien français du début du XIIe siècle, où, selon les recherches de Marchello-Nizia (1995: 73), 13% des déclaratives commençaient par le verbe et où le schéma VOn était le quatrième en fréquence. Nous n’avons trouvé que deux exemples isolés de V1 (seulement 1% des 162 énoncés étudiés): /9/ Et ensint come il s’enclinoit, vit les letres ou pié de l’image, si les lut. (90) /10/ Quant li message furent parti dou roi Alixandre, ordena en son leuc por demorer en l’ost Tolomé et puis si s’en parti et erra tant par ses jornees qu’il vint la ou sa mere estoit malade. (109)

Et encore, même s’il se trouve en tête de la proposition dans ces deux exemples, le verbe n’est pourtant pas au début absolu de la phrase; dans les deux exemples il est précédé d’une subordonnée. Dans la très grande majorité des énoncés étudiés (91,5%), le verbe est le second élément de la proposition, V2, (148 occ. sur 162). Et si ce n’est pas V2, c’est le plus souvent V3 (7,5%, 12 sur 162). La zone préverbale des déclaratives à On que nous étudions est donc, à deux exceptions près, sur 162 occurrences au total, occupée par un élément tonique. Dans cette position initiale, nous retrouvons souvent le sujet (84 occ.), nominal (57 occ.) comme pronominal (27 occ.): /11/ Porrus ordena ses batailles et Alixandre, qui seoit sur Bucifar et aloit ordenant ces batailles, autresi comanda as Mediens et as Perciens que il deussent assenbler tout premierement as Indiens et cil le firent. (180) /12/ «Je aporte,» dist Alixandre, «le cors Netanebus». (45)

mais rarement l’objet direct nominal (On) (1 occ.): /13/ «Mais vos qui donés ces dons en tens de nessesité selonc son pooir as homes bessoignous et dignes est larges a soi et a son pueple. Sa seignorie sera essaucee et son comandement sera gardé. Tel roi loeront les anciens, tel roi est victorious, larges a mesure». (157)

Parmi les éléments toniques susceptibles d’occuper la zone préverbale, il s’agit couramment de l’adverbe si (33 occ.): /14/ Quant Alixandre entendi que Netanebus estoit ces peres, si fu mout corecés de ce que il avoit ocis, si prist le cors sur ses espaules et l’aporta ou palais devant la roine Olimpias sa mere. (45)

ou d’un autre adverbe (16 occ.): adonques (1), aprés (3), illeuc (3), lors (2), maintenant (4), le maintenant (1), or (1), ores (1):

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/15/ Quant Jaidus li evesques et tuit li autre prestre sorent la venue dou roi Alixandre, si s’en issirent avec la grant multitude dou pueple et alerent en un leuc qui estoit apelés Scopulus, douquel leu l’on pooit veoir Jerusalem et le temple, et illeuc atendirent la presence dou roi Alixandre. (96) /16/ Quant li rois de Perce ot entendu l’euffre des barons et dou pueple de Egipte, il en ot mout grant joie de l’onor qu’il li faisoient de offrir le rëaume en sa main et la gent en sa garde. Le maintenant entra ou rëaume d’Egipte et resut les cles des chastiaus garnissons et puisses resut les homages et les fëautés des homes liges et des homes dou païs. (21)

On peut trouver la conjonction de coordination ains (2 occ.): /17/ Et tant sachiés que li peres ne la mere ne resenbloit mie l’enfant, ains avoit propre fasson et propres senblances, […]. (40)

C’est assez fréquemment un complément circonstanciel (15 occ.), comme par exemple en celui tens (22, 68), en lor ostels (167), par l’aide de celui dragon (34), aprés un poi d’ans (26), etc.: /18/ «Et en lor ostels reconteront les bones euvres dou roi et sa grant science et ensi aprendront les enfans a loer et amer le roi et estre obeissant de lor enfance». (167)

un participe présent (3): /19/ Et ce dissant, il entendi ces mains et le prist par la destre main et le mena em pais en som pailais. (112)

ou le déterminant indéfini tout (1): /20/ Et tout feissent les Macedonois leur pooir et fussent mains que les autres, nequedent il se desfendoient si merveilleusement que aucune fois faisoient rëusser leur henemis, nomeement par le bon essample qu’il prenoient dou roi Phelipe lor seignor, qu’ensi vaillanment se portoit en la bataille qu’il n’en fust nus qui le veist quil ne deist qu’il estoit le plus prodom d’armes de tous, car il s’abandonoit si veguerousement a tos perils que il senbloit qu’il n’eust nulle doute de ses henemis. (69)

D’après nous, il s’agit dans l’exemple /20/ d’un déterminant indéfini à rapprocher à leur pooir, mais on pourrait éventuellement l’interpréter comme un adverbe. Comme nous l’avons vu, le manuscrit contient en effet, dans la partie étudiée, un certain nombre de propositions où le sujet antéposé au verbe est précédé d’un élément tonique: XSVOn (c’est-à-dire V3) dans 7,5% (12 occ.) des 162 déclaratives à On. Ce phénomène commence à se développer à la fin du XIVe siècle (Marchello-Nizia 1999: 49) et c’est en général un indice du figement de l’ordre SV (cf. Combettes 1988). Deux éléments toniques, dont le sujet, précèdent le verbe qui se retrouve ainsi en troisième position dans la phrase (V3).

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5. La place de l’objet nominal Dans cette partie du ms. Vu 20, l’On se place effectivement presque toujours après le verbe, à une exception près: /21/ «Mais vos qui donés ces dons en tens de nessesité selonc son pooir as homes bessoignous et dignes est larges a soi et a son pueple. Sa seignorie sera essaucee et son comandement sera gardé. Tel roi loeront les anciens, tel roi est victorious, larges a mesure». (157)

Cette occurrence unique de OnV représente seulement 0,5% des énoncés examinés et VOn est ainsi généralisé dans ce texte. Cela n’est pas étonnant, compte tenu du fait que l’objet nominal était presque toujours exprimé en ancien français (Marchello-Nizia 1995; Schøsler 2000) et que l’ordre VO est devenu obligatoire dès le XIIIe siècle (MarchelloNizia 1995; 1999: 41, 44).

6. Schémas relevés

Tableau 1. Schémas relevés dans le ms Vu 20

Le schéma le plus fréquent est SVO, qui représente un peu plus de la moitié (52%) des déclaratives étudiées, suivi de XVO, qui en constitue un tiers (33%). Ces deux ordres représentent ensemble 85% des énoncés étudiés. Pour mettre nos résultats en relation avec l’évolution de l’ordre des mots vers cette époque, nous empruntons aux études de Marchello-Nizia (1995; 1999; 2007) les chiffres de deux textes représentatifs du XIIe et du XIIIe siècle: la Chanson de Roland et la Queste del saint Graal.

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Tableau 2. Les schémas les plus fréquents dans la Chanson de Roland du XIIe siècle (cf. MarchelloNizia 1995; 1999; 2007)

Tableau 3. Les schémas les plus fréquents dans la Queste del saint Graal du XIIIe siècle (cf. Marchello-Nizia 1995; 1999; 2007)

Tableau 4. Les schémas les plus fréquents dans le ms. Vu 20 du premier quart du XIVe siècle

Les tableaux ci-dessus montrent les ordres des mots les plus fréquents dans chacun de ces textes, ce qui correspond à 84%, 86% et 85% respectivement. Dans le Graal du XIIIe siècle et dans le ms. Vu 20 du début du XIVe siècle ce sont les mêmes schémas (XVO et SVO) qui sont les schémas les plus fréquents, mais le taux de fréquence est inversé. Dans Vu 20, SVO domine (dans la moitié des déclaratives), suivi de XVO (un tiers) et dans le Graal c’est l’inverse. Dans Roland du XIIe siècle, la fréquence se répartit entre plusieurs schémas: XVO est le plus fréquent, suivi de OV(X) et, en troisième position, SVO, n’atteignant que 17%, et finalement VO, presque aussi fréquent (13%) que SVO. Comparons maintenant les résultats des traits étudiés ci-dessus (sections 2, 4 et 5) aux résultats de Marchello-Nizia (1995; 1999; 2007).

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Tableau 5. Comparaison des schémas les plus fréquents des trois textes

En ce qui concerne la non expression du sujet dans ces trois textes, elle décroît régulièrement de 74% au XIIe siècle, à 51% au XIIIe siècle et à 35% dans Vu 20. La place du verbe conjugué en seconde position de la proposition s’accroît de 76% au XIIe siècle à 89% au XIIIe siècle et à 91,5% dans Vu 20. V2 deviendra moins fréquent par la suite, avec le développement des constructions comme XSVO, XXSVO, etc., dont on voit le commencement dans Vu 20, mais cela reste à un taux assez modeste (7,5%). La place de l’objet direct nominal, finalement, va de deux tiers (66%) au XIIe siècle jusqu’au figement (97%) au XIIIe siècle et atteint dans Vu 20 99%.

7. Remarques finales Les résultats de cette étude nous permettent de conclure que l’ordre des mots dans le manuscrit Vu 20 suit le changement linguistique en cours et ils corroborent notre hypothèse que la langue du manuscrit date du début du XIVe siècle. Dans le ms. Vu 20, le sujet est exprimé dans deux tiers des énoncés étudiés, ce qui est une augmentation par rapport au XIIe siècle (où seulement un quart des énoncés contient un sujet exprimé) et au XIIIe siècle (où la moitié le fait), si nous confrontons nos chiffres à ceux de Marchello-Nizia (1995; 1999; 2007). Bien que la fréquence d’un sujet exprimé et antéposé n’atteigne guère plus d’environ la moitié (59%) de toutes les déclaratives à On examinées dans le ms. Vu 20, lorsque le sujet est exprimé, l’antéposition domine très largement (91% des sujets exprimés) sur la postposition, ce qui est également un accroissement par rapport au XIIe siècle (où deux tiers des sujets exprimés sont antéposés) et au XIIIe siècle (où trois quarts des sujets exprimés le sont). Le sujet est bien plus souvent non exprimé (35%) que postposé au verbe conjugué (6%) dans Vu 20. Le verbe en seconde position (V2) domine largement (91,5%), il est très rare en première position (1% soit 2 occ.), mais on le rencontre en troisième position (7,5%), précédé du sujet et d’un autre élément: XSVO. On y voit ainsi le commencement (modeste) du développement des constructions comme XSVO, XXSVO, etc., qui deviendront plus fréquentes par la suite au profit des constructions à V2. L’ordre VO est fixé dans Vu 20 (99%), mais c’était déjà le cas au XIIIe siècle (97%), alors qu’au XIIe siècle, seulement trois quarts des énoncés déclaratifs plaçaient l’On après le verbe. Parmi les schémas relevés, plus de la moitié des énoncés étudiés dans Vu 20 ont l’ordre SVO, suivi de l’ordre XVO (un tiers). Au XIIIe siècle, dans le Graal, ces deux schémas sont également les schémas les plus fréquents, mais le taux de fréquence est inversé: XVO

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(la moitié) est plus fréquent que SVO (environ un tiers). Au XIIe siècle, dans le Roland, la répartition est plus grande entre plusieurs schémas: XVO est, comme au XIIIe siècle, le plus fréquent (un tiers), suivi de OV(X) (21%), SVO (17%) et VO (13%). Ainsi, les observations faites dans cette étude montrent qu’en ce qui concerne l’ordre des mots, le ms. Vu 20 nous fournit des caractéristiques permettant de situer la langue vers le début du XIVe siècle, ce que nos études menées dans plusieurs domaines morphologiques et syntaxiques dans le ms. Vu 20 ont indiqué auparavant.

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Ruth de Oliveira

Détachements thématiques en portugais du Brésil: fonctionnements et spécificités

L’objectif de cet article est de proposer une analyse des fonctionnements et spécificités des détachements thématiques (ou focus) en portugais du Brésil (PB). L’approche suit l’orientation théorique de la grammaire générative et s’intéresse aux rapports entre structure informationnelle et syntaxe (Lambrecht 1994). L’étude se développe dans une perspective contrastive bilingue PB/français (R. De Oliveira 2005; B. Combettes 1998) et traite essentiellement deux types de structures présentant un élément détaché en zone frontale: (1) A Maria ela é chata / Marie elle est embêtante. (2) Eu, eu não quero saber / Moi, je ne veux pas le savoir.

Le corpus est composé1 de paires de questions / réponses. Nous nous intéressons particulièrement à ce qu’apporte la réponse dans ses différentes formes de reprise de l’élément focalisé. Ainsi, le terme focus désigne un marqueur expressif. A travers ces types de dislocation de la phrase, nous nous appuyons sur des données diachroniques pour commenter le rôle syntaxico-sémantique des pronoms personnels ((1) et (2)) et la valeur de certains éléments susceptibles de participer à ces phénomènes de reprise.

La notion de détachement thématique La notion de détachement thématique comporte deux concepts: celui de thème dont «la caratérisation précise» selon M. Wilmet «souffre de deux handicaps» (2003: 495): Obstacle mineur, la concurrence de sujet, de topique (anglais topic) et de foyer (anglais focus). Obstacle majeur, le cocktail des points de vue logique, psychologique, sémantique, grammatical.

––––––– 1

Les exemples s’inspirent d’un corpus de données attestées. Ces données, issues de la langue orale spontanée, ont été observées par des chercheurs du Centre National de la Recherche Scientifique (Cnpq-Brésil) et par l’équipe du NURC (Norme urbaine cultivée) de l’université de São Paulo (BR).

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Ruth de Oliveira

En ce qui concerne notre approche, à l’instar de M. Wilmet, nous emploierons thème dans l’acception de sujet logique, c’est-à-dire l’être, l’objet ou le concept «dont quelque chose est affirmé ou nié» (2003: 495). Le deuxième concept est celui de détachement, lequel comporte l’idée de dédoublement de l’élément représenté. L’analyse porte alors sur les ressources syntaxiques susceptibles d’être agencées et de ce fait de participer à la mise en scène conversationnelle. Celle-ci est associée aux fonctions discursives. Certains éléments et/ou constructions contribuent à un renforcement du thème avec plus ou moins de force que d’autres.

Le postulat Pour analyser les fonctionnements et les spécificités des structures présentées ci-dessus, le point de départ est le schéma SVO. Celui-ci concerne l’ordre des mots en PB comme en français: (1) A Maria é chata. / Marie est embêtante. (2) Eu não quero saber. / Je ne veux pas le savoir.

L’objectif ici est de démontrer qu’une fois cet ordre rompu certains mécanismes ayant d’abord fonctionné comme ressource marquée, ont à peu près perdu cette propriété et que d’autres mécanismes se sont mis en place et devenus l’une des spécificités de la thématisation en PB. Nous comparons les variantes observées en PB à celles du français et opposons structures non marquées (désormais Snm) à structures marquées (Sm) d’après le postulat suivant: On ne sait à peu près rien des techniques qu’employait le latin pour focaliser les constituants de l’énoncé. Mais du fait de la grande liberté de déplacement des unités sur la chaîne syntagmatique, on peut supposer que la focalisation latine ne devait pas se réaliser par des moyens syntaxiques. Les ressources syntaxiques de focalisation ne sont pas à exclure, mais il est probable que ce n’était là une solution ni fréquente ni essentielle. Certes, cette supposition ne repose que sur des arguments ex silentio. Mais, si elle est juste, le déplacement d’un constituant pour le focaliser est une innovation des langues romanes. En d’autres termes, c’est en conséquence de la réduction de liberté de mouvement des constituants que les solutions syntaxiques s’imposent comme moyen de focalisation: quand la syntaxe se fait rigide, tout mouvement peut devenir pertinent. R. Simone2 (1997: 48).

––––––– 2

Raffaele Simone (1997: 48).

Détachements thématiques en portugais du Brésil: fonctionnements et spécificités

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L’analyse, l’analyse comparée et les contrastes Pour ce qui est de (1) ce schéma correspond à une Snm du type: (1) A Maria é chata. / Marie est embêtante. [Comment est Marie?]

Soulignons3 d’abord que dans: 1) A Maria é chata.

La présence de l’article défini dans la Snm est neutre.4 Sa détermination n’apporte pas de connotations particulières au nom propre. Son emploi, purement dénotatif, diffère alors de l’usage que l’on en fait en français. En effet en français l’utilisation de l’article défini devant le nom propre (nom de personne) n’est normative que dans des cas bien précis. Par ellipse, par exemple, l’article défini permet parfois de trouver un nom propre inhabituellement actualisé, et demeurant néanmoins un nom propre: Tu connais vraiment «la» Marie?

Pour «tu connais vraiment la ‹Marie›, celle dont je parle?» (il ne s’agit pas d’un homonyme). On répertorie aussi des emplois tirés de l’italien où l’article défini se trouve devant des noms d’actrices, de chanteuses, etc. Ex.: la Callas. S’opposent à Snm (1) des structures telles que: 1a) A Maria ela é chata. / Marie elle est embêtante. 1b) A Maria ela é uma chata. / Marie elle est une embêtante. 1c) A Maria essa aí é uma chata. / Marie celle-là est une embêtante. 1d) Uma chata a Maria. Une embêtante, Marie.

lesquelles sont considérées comme Sm. Ces marquages se font d’une part, par le dédoublement pronominal du sujet: c’est le cas de 1a, 1b, et 1c. Ces structures se distinguent toutefois entre elles par le degré de marquage. Ainsi les constructions telles que 1a ont d’abord eu un statut privilégié parce qu’elles rompent l’ordre canonique de la phrase et présentent l’un des traits caractéristiques du détachement thématique, à savoir la reprise pronominale du sujet (A Maria ela / Marie elle). Il s’agit ici en effet du détachement le plus évident en PB5, et en français. Françoise Gadet (1989: 170) souligne que cela ––––––– 3 4 5

Je réponds ici à une question qui m’a été posée lors de ma participation au colloque. Pour plus de précisions, consulter entre autres J. Borges Neto (1996). A propos de ces séquences, Eunice Pontes (1987: 12) observe que «não só elas são abundantes em freqüência como em variedades de tipos. Algumas já tem sido notadas por outros estudiosos, mas

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Ruth de Oliveira

[…] constitue un stéréotype d’oral ou de parler familier que de présenter les formes comme ma mère elle a dit, généralement condamnées comme «redoublement» ou comme «redondance»; cette forme est cependant tout sauf nouvelle, cette «faute» étant déjà condamnée par les grammairiens du XVIIe siècle.

L’auteur parle alors «d’une tendance à la constitution d’un verbe agglutinatif, formé de la racine verbale et d’un clitique préfixé» et présente l’hypothèse de l’existence de deux formes différentes, à savoir: «Ton papa il boit beaucoup. Ton papa / il boit beaucoup. La première ne comporte ni pause ni intonation particulière». Dans les deux cas, on pourrait suggérer qu’il y a, dans les deux langues, un affaiblissement du degré expressif du marquage. Aussi, dans 1b alors qu’en PB le marquage s’accentue par la nominalisation du complément adjectival (A Maria ela é uma chata) le français préfère la reprise du SN par le démonstratif «ce» au lieu la forme pronominale, c’est-à-dire: Marie elle est une embêtante. > Marie c’est une embêtante.

Dans ce cas, le présentatif assume le rôle de focus et le SN se déplace souvent à droite de l’énoncé. C’est une embêtante, Marie.

Dans 1c, le détachement thématique se diversifie et s’intensifie dans les deux langues. On constate ainsi l’utilisation du démonstratif renforcé par une particule adverbiale (A Maria essa ai / Marie celle-là). D’autre part, pour ce qui est de (1d) le marquage est dû à la nominalisation de la séquence, procédé essentiellement expressif. Caractérisé par l’absence de forme(s) verbale(s) ces types de constructions permettent une certaine mobilité des éléments phrastiques. Dans (1d) il y a un déplacement du sujet vers la fin de la séquence alors que le complément adjectival nominalisé vient se placer en zone frontale. Soulignons que dans ce cas, en PB, la présence de l’article devant le nom propre permet d’éviter des ambiguités (comparons: uma chata a Maria # Uma chata Maria) alors qu’en français, compte tenu des rapports évoqués ci-dessus entre l’article défini et le nom propre, c’est la pause qui assure le sens de l’énoncé (Une embêtante / Marie # Une embêtante Marie). En somme, autrefois connotée par les seuls clitiques (1a), l’expressivité des détachements thématiques tend à s’intensifier par la diversification des procédés (1b, 1c, 1d). Pour ce qui est des Sm telles que: (2) Eu, eu não quero saber / Moi, je ne veux pas le savoir.

––––––– creio que a maioria delas ainda não foi objeto de nenhum estudo detalhado até o momento. Delas, a mais freqüente creio que é do tipo (1), em que pode haver ou não uma pausa depois do tópico: (1) Os livros, eles estão em cima da mesa».

Détachements thématiques en portugais du Brésil: fonctionnements et spécificités

495

celles-ci s’opposent en principe aux structures du type (1) car l’élément redoublé n’est pas un SN mais un pronom. Le point de départ étant: [Que s’est-il passé?] 2) Eu não quero saber. Je ne veux pas le savoir.

On peut obtenir: 2a) Eu eu não quero saber. Moi je ne veux pas le savoir. Eu / eu não quero saber. Moi / je ne veux pas le savoir.

Dans 2a que l’on considère ou non la pause ou/et l’intonation, la duplication du pronom sujet suggère dans nos deux langues une insistance un peu plus marquée que lorsque le sujet est nominal. En effet, en PB le détachement thématique du pronom sujet entraîne un triple marquage puisque la forme verbale dénote (dans la plupart des cas) la personne verbale (ici: quero # queres / quer / queremos / querem). Malgré l’impact de ce triple marquage (não quero saber > eu não quero saber > eu eu não quero saber) il est possible de moduler plus fortement la réponse en insistant sur les opérateurs de la négation. Cela peut se faire d’une part, à travers le renforcement de não par la particule adverbiale de négation pleine nem: Eu, eu não quero nem saber

D’autre part, ce reforcement peut s’opérer par l’utilisation de l’élément adverbial lá: Eu lá quero saber.

Déjà en français, parce que son système pronominal comporte deux séries de formes (moi/je, toi/tu, lui/il etc), on pourrait voir une distinction au niveau du degré de marquage du focus chaque fois qu’on peut établir une distinction entre formes fortes et faibles. Malgré ce constat, il semblerait que ce type de détachement thématique en français (Moi je ne veux pas …) ne connote –comme cela a été suggéré pour (1)– qu’un effet d’insistance atténué. C’est pourquoi pour moduler plus fortement la réponse on peut faire appel à d’autres éléments de la langue. Dans ce cas, tel que le PB, le français dispose des ressources de la négation. On sait par exemple qu’«en français moderne, le discours familier élimine […] ne ‹introducteur de négation›» (M. Wilmet 2003: 561), ainsi: Moi je ne veux pas le savoir. > Moi je veux pas le savoir.

Un autre procédé d’insistance est celui de la négation absolue: Moi je veux pas savoir. > Moi je veux rien savoir. > Moi je veux rien savoir du tout.

D’autres démarches syntaxiques sont toutefois possibles. Tel est le cas du déplacement à droite de la forme pronominale tonique: Je ne veux rien savoir moi.

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Conclusion D’après ce que nous venons d’exposer, en comparant les deux langues on obtient les contrastes suivants. Le détachement thématique (SN / clitique; pronom personnel / clitique) est un procédé syntaxique courant de la structure informationnelle en PB comme en français. Ayant néanmoins perdu de leur valeur de marqueur expressif dans le focus, les clitiques cèdent la place et/ou s’associent à d’autres éléments de la langue afin de faire apparaître en modulant, l’intention du locuteur. Pour ce faire, lorsqu’il s’agit d’emphatiser, on aura remarqué que le français, contrairement au PB, a eu tendance à déplacer le SN et/ou le pronom sujet vers la fin de l’énoncé (séquences 1 et 2). Dans les deux langues, l’utilisation des démonstratifs renforcés permet de constater que leur valeur locative se confond avec la valeur connotative péjorative / méliorative. En PB, les particules adverbiales vont jusqu’à se détacher du démonstratif sans toutefois se détacher de leur fonction de base. Une distinction peut ainsi être établie entre «Eu aqui» (proximité / affirmatif) et «Eu lá» (éloignement / négatif). Dans ce cas-ci, l’association «Eu lá» en tête d’énoncé signifie à elle seule la négation. Quant au français, la thématisation d’une information négative peut entraîner la disparition du pronom complément obligatoire (je ne veux pas savoir ce qui s’est passé < je ne veux pas le savoir > je ne veux rien savoir moi).

Bibliographie Borges Neto, J. (1996): Semântica de modelos. (1999: Introdução às Gramáticas Categoriais). Curitiba: Universidade Federal do Paraná. Combettes, Bernard (1998): Les constructions détachées en français. Paris: Ophrys. de Oliveira, Ruth (2005): «L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches et j’ai ma dignité moi!»: Moi…je: une analyse syntaxico-sémantique portugais (Brésil)/français. In: Journal TradTerm 11, 1-340. São Paulo: USP, Universidade de São Paulo. Gadet, Françoise (1989): Le français ordinaire. Paris: Armand Colin. Lambrecht, Knud (1994): Information structure and sentence form: topic, focus, and the metal representations of discourse referents. Cambridge: Cambridge Press. Larsson, Eva (1979): La dislocation en français. Etude de syntaxe générative. Sweden: Östen Södergård. Pontes, Eunice (1987): O tópico no português do Brasil. Campinas, SP: Pontes. Simone, Rafaelle (1997): Une interprétation diachronique de la «dislocation à droite» dans les langues romanes. In: Langue francaise 115. Wilmet, Marc (2003): Grammaire critique du français. Bruxelles: Ed. Duculot.

Tania Paciaroni / Michele Loporcaro

Funzioni morfologiche dell’opposizione fra -u e -o nei dialetti del maceratese∗

1. Introduzione L’area mediana1, è noto, ha fra i suoi tratti caratteristici il mantenimento della distinzione fra -u e -o in fine di parola (1):2 (1)

a. -Ŭ > -u: nasu ‹naso›, ruššu ‹rosso›, itu ‹andato› b. -Ŏ, -Ō > -o: mo ‹uomo›, io ‹io›, kwanno ‹quando›, camo ‹chiamo›, manno ‹mangiando›, maimo ‹mangiamo› (< *-MOS)

Su questa proprietà fonetica si innesta un altro tratto saliente del tipo mediano (e, in parte, alto-meridionale), l’opposizione morfologica tra un genere maschile che designa la «materia attualizzata» (2a) ed un genere neutro cui sono assegnati sostantivi designanti la «materia indeterminata e presa in generale» ((2b) Contini 1961-1962: 366), genere definito variamente «neoneutro», «neutro romanzo», «neutro centro-meridionale», definizioni tutte che mettono in rilievo la soluzione di continuità fra la situazione latina e quella romanza: (2)

a. lu ka ‹il cane› b. lo pa ‹il pane›3

––––––– ∗

1

2

3

Benché il lavoro sia stato concepito e redatto congiuntamente, a fini accademici a TP va attribuito il §2, a ML i §§1 e 3. Ringraziamo per molteplici motivi Marcello Barbato, Adriano Biondi, Rachele Delucchi, Lorenzo Filipponio, Heike Necker, Agostino Regnicoli, Michela Traballoni. Grazie inoltre a un anonimo giudice per i commenti e grazie a tutti coloro che a Macerata, San Severino Marche e Matelica si sono prestati a rispondere alle nostre domande. Si assume qui l’accezione più restrittiva di area mediana che presuppone il valore di confine linguistico attribuito da Rohlfs (1937) alla linea Roma-Ancona. Qui e nel séguito i dati, dove non altrimenti indicato, sono tratti da inchieste sul campo condotte da TP. La trascrizione fonetica impiega il sistema IPA semplificato, con š ž č ğ in luogo di [  t d], la reduplicazione del simbolo consonantico per notare la geminazione e l’accento acuto per notare l’accento tonico (solo sulle parole non piane). Su entrambi gli aspetti, (1) e (2), si è scritto moltissimo, sia per documentarli che per analizzarli. Tra gli studi in cui si descrive l’opposizione fonetica nel vocalismo finale per le parlate mediane

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Tania Paciaroni / Michele Loporcaro

Mentre è ovvio che la forma maschile lu continua ILLŬM, quanto all’etimo delle forme neutrali si distinguono due posizioni contrapposte. L’una, a partire da Merlo (1906-1907), fa derivare lo da un *ILLOC o ILL’HOC rifatto su HOC come l’ISTOC attestato in PL. Bac. 382 (Merlo 1917: 92). L’altra, a partire da Lüdtke (1965), sostiene la continuazione di lo < ILLŬD ≠ lu < *ILLŪ < ILLŬM, ove -VM sarebbe, già nel latino classico e postclassico, una mera grafia per [V]. Quest’ultima ipotesi lascia però inspiegati numerosi fatti, come dimostra Campanile (1973): dai prestiti latini nei dialetti britannici – cf. l’assenza di metafonesi in gall. coch/*cych < COCCUM, cethr/*cythr < CENTRUM che contrasta con la metafonesi da -ū (< -ō) in gall. lleidr < ladrī < brit. ladrü < LATRŌ – e dalla prassi metrica d’età imperiale – elisione, ad es. in Ilium et ex imo uerti Neptunia Troia VERG., Aen. I 625, incompatibile con l’inammissibilità dell’elisione nel cretico (− ∪ −) – si deduce che, almeno fino al V secolo d.C., -VM non aveva né foneticamente né fonologicamente valore di vocale lunga. Così insorta, l’opposizione morfologica (2) esibita dall’articolo – ed inoltre dal clitico oggetto diretto di III persona singolare, dai dimostrativi e dal pronome tonico – è universalmente considerata come ereditaria e trasmessasi ab origine sino ai dialetti odierni.4 L’unitarietà dell’area mediana s’incrina tuttavia quando si allarghi la prospettiva a considerare la flessione nominale. Confrontiamo due varietà mediane, il reatino (cf. Vignuzzi 1988: 625) e il maceratese (3):5 (3) a. b. c.

-V etimologica lu lo

(NOME) -Ŭ (NOME) -Ŭ -O

Esiti i. Rieti

ii. Macerata -u -o

Esempi Rieti lu spiritu lo spiritu tr o

= ≠ =

Macerata lu špiritu lo špirito tr o

‹l’anima› ‹l’alcol› ‹trovo›

A Rieti l’opposizione tra -u e -o è solo nell’articolo (oltre che nei pronomi personali, tonici e atoni, nonché nei dimostrativi), a Macerata si estende ai sostantivi. Il contesto decisivo è quello in (3b): mentre a Rieti il nome non numerabile lo spiritu ‹l’alcol› si distingue da lu spiritu ‹l’anima› solo per l’articolo, a Macerata si ha invece lo špirito. –––––––

4

5

odierne si ricordino Leopardi (1887); Campanelli (1896); Neumann v. Spallart (1904; 1907); Merlo (1920); Camilli (1929); Mengel (1936); Parrino (1967); Rohlfs (1966); Vignuzzi (1988); Breschi (1992); Avolio (1996). Tra i saggi sui volgari antichi Salvioni (1900); Baldelli (21983); Vignuzzi (1975-1976); Castellani (1976); Bocchi (1991); Formentin (2007). In più d’uno di questi lavori (e si veda anche Lorenzetti 1995: 81-198) si discute dei criteri semantici che presiedono nei dialetti in questione all’assegnazione dei sostantivi di genere neutro. Su tali aspetti semantici, pur importanti, non possiamo soffermarci in questa sede, sia per ragioni di spazio sia perché si tratta di una problematica ortogonale rispetto a quella puramente morfologica che qui focalizziamo. Ciò è vero indipendentemente dall’ipotesi etimologica adottata, con l’unica eccezione di Avolio (1996), che ritiene l’opposizione -u / -o di tradizione ininterrotta nei soli dimostrativi (ad esclusione di articolo e clitico oggetto). Il che – data l’identità di fonte diacronica fra i tre – appare difficilmente sostenibile. La presenza di una linea fra due campi indica opposizione, l’assenza di linea mancanza di opposizione.

Funzioni morfologiche dell’opposizione fra -u e -o nei dialetti del maceratese

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Sull’origine dei due tipi di sistemi (3i-ii), diverse sono le ipotesi in campo. Si aderisce qui all’idea che l’opposizione fonetica fra -u e -o (non solo nell’articolo ma ovunque essa ricorra) si sia perpetuata ininterrottamente.6 Diversa la posizione di Baldelli (21983: 204205), che citando un suggerimento di Contini (1953) argomenta: la -u moderna di Rieti [scil. nell’aggettivo e nel sostantivo] [è] frutto di una introduzione analogica, nascente dall’articolo, che non sarà passato a lo forse proprio per una opposizione funzionale: la distinzione con la forma neutra lo.

Motivo per sostenerlo è la situazione di testi volgari antichi quali il reatino Glossario del Cantalicio, quattrocentesco, che ha -o in tutti i sostantivi e aggettivi (lu capillo 3, lu magistro 113), laddove il dialetto odierno (cf. supra, (3i)) ha sempre -u. Ma d’altronde i testi mediani più antichi mostrano -u finale mantenuta nell’aggettivo e nel sostantivo di contro a -o da -Ō. Ad es. dal duecentesco Ritmo cassinese: quistu mundu 25, lo bostru audire 2 di contro a lo bollo pria mustrare 19, lo mello 86 (Formentin 2007). Del pari in area marchigiana il trecentesco Pianto delle Marie ha filgu perdutu 7, lu bonu seniore 49 di contro a prego 8, salutanno 18, quando 12, secutamo 63 ecc. (Salvioni 1900). Assumiamo, dunque, la situazione di Rieti (3i) come originaria dell’intera area mediana e il sistema di Macerata come effetto dell’innovazione che ha esteso analogicamente la distinzione -u / -o alle uscite del nome (così già Contini 1961-1962: 366).

2. Il genere maschile e neutro (inerente e flessivo) nei dialetti del Maceratese 2.1 Tipo prevalente: dialetto di Macerata Si è già detto dell’opposizione tra -u e -o nelle categorie lessicali in cui è etimologicamente motivata (articolo, clitico oggetto e sistema dei dimostrativi).7 ––––––– 6

7

L’ipotesi più economica è quella di un mantenimento ininterrotto come -u ≠ -o (così Merlo 1911; Maiden 1989; 1991; Avolio 1996), mentre Merlo (1920: 233) postula un passaggio intermedio -Ŭ > -o > -u. A favore della prima ipotesi parla una considerazione d’economia descrittiva, poiché la descrizione della metafonia (cf. Maiden 1989; 1991: 178) e della palatalizzazione di -LL- (nel cui contesto l’esito di -Ŭ agisce come -u- < -Ū- interna, cf. Merlo 1918) risulterebbe inutilmente complicata. Alcuni esempi: lu prušuttu, lu pio io ‹il prosciutto, lo prendo io› m. ≠ lo kašo, lo pio io ‹il formaggio, lo prendo io› n. I dimostrativi sono organizzati in un sistema a tre gradi di vicinanza: per il I grado sono impiegate le forme kwištu e štu m. ≠ kwešto e što n., per il II grado le forme kwissu e ssu m. ≠ kwesso e sso n., per il III grado le forme kwillu e llu m. ≠ kwello e llo n. Per ciascun grado di vicinanza le forme piene sono usate come pronome, quelle ridotte come modificatore del nome: ad es. pia štu prušuttu, n kkwillu ‹prendi questo prosciutto, non quello› m. ≠ pia što pa, n kkwello ‹prendi questo pane, non quello› n. Si rilevi, inoltre, che nelle forme piene di genere maschile la vocale tonica è metafonizzata, mentre nel genere neutro è

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Tania Paciaroni / Michele Loporcaro

Tale opposizione viene estesa alle restanti categorie lessicali in cui il genere è ugualmente contestuale (cioè determinato per accordo col nome controllore), participio passato (4i) e aggettivo (4ii), che in latino avevano -Ŭ tanto al maschile quanto al neutro singolare, mentre in maceratese, come si mostra in (4), conservano la -u flessiva originaria nel maschile singolare (4a) di contro ad -o innovativo nel neutro (4b): (4)

Esiti di -Ŭ nel participio e nell’aggettivo a Macerata

-V etimologica

Esiti -u m.



-o n.

a. b.

Esempi i. participio pppe ad ffinitu/*-o male ‹Peppe è finito male› lo vi ad ffinito/*-u ‹il vino è finito›

ii. aggettivo lu prešuttu kottu/*-o ‹il prosciutto cotto› lo vi kkotto/*-u ‹il vino cotto›

La medesima innovazione – con la medesima manifestazione fonetica – si è estesa infine alla categoria lessicale del nome (cf. supra, (3b)), con conseguenze strutturali diverse, perché il nome presenta il genere non come categoria flessiva ma come categoria inerente, eventualmente in relazione mediata con la classe flessiva a cui il singolo nome appartiene.8 Per il nome, dunque, il livellamento analogico sull’opposizione in (2) si è tradotto nella creazione di una nuova classe flessiva in -o correlata al genere neutro e parallela alla classe in -u / -i correlata al maschile: ad es., come si vede in (5), dall’unica forma FĔRRŬM della II declinazione latina derivano i due lessemi omoradicali maschile lu fer(r)u ‹il ferro (oggetto)›, pl. li -i (5a), e neutro lo fer(r)o ‹il ferro (metallo)› (5b):9 (5)

a.

ILLŬM FĔRRŬM

> lu fer(r)u ‹il ferro (oggetto)› m. (pl. li -i)

b. *ILLOC FĔRRŬM > lo fer(r)o ‹il ferro (metallo)› n. (non numerabile)

Si tratta di una situazione che per quest’area era già ben nota (la si osserva ad es. nella parlata di Servigliano, descritta da Camilli 1929), e che risulta dalle nostre inchieste nel ––––––– 8

9

sempre intatta, a riprova che nel primo caso si ha -u finale etimologica, nel secondo -o finale etimologica. Secondo la definizione di Hockett (1958: 231), «[g]enders are classes of nouns reflected in the behavior of associated words». Per classe flessiva si intende invece, con Aronoff (1994: 182), «a set of lexemes whose members each select the same set of inflectional realizations». Che la classe dei nomi in -o sia una classe non ereditaria dice eloquentemente il suo comportamento rispetto alla metafonia. Mentre nei dimostrativi (cf. supra, n. 7) la flessione per genere è segnalata dalle vocali finali e dalla metafonia (kwillu con innalzamento della tonica davanti a -u di contro al neutro kwello), nel nome la segnalazione della flessione è affidata alla sola vocale finale perché, quanto alla tonica, nel neutro come nel maschile compare la vocale metafonizzata, indice di una -Ŭ finale etimologica generalizzata. Abbiamo così lo fer(r)o ‹il ferro›, l oo ‹l’olio›, l ačito ‹l’aceto›, lo ruššo ‹il rosso›, lo vono ‹la bontà›. Forme neutre con vocale non metafonizzata si spiegano a) etimologicamente: l ro ‹l’oro› < AURUM, con < AU; b) per metaplasmo da nomi della III declinazione latina: lo peššo ‹il pesce› < PISCEM; c) per regresso secondario, analogico, della metafonia: lo fr(r)o ‹il ferro›, l llo ‹l’olio›.

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Funzioni morfologiche dell’opposizione fra -u e -o nei dialetti del maceratese

Maceratese, per Corridonia, Colmurano, Treia, Monte San Giusto.10 L’area maceratese non presenta, tuttavia, una distribuzione omogenea delle uscite -u / -o: vi si osservano, infatti, in dialetti parlati a pochi chilometri l’uno dall’altro, configurazioni diverse.

2.2 Il dialetto di S. Severino Marche Nel suo elenco delle parlate presentanti l’opposizione -u < -Ŭ ≠ -o < -Ŏ, -Ō, Merlo (1920: 260-261) annovera S. Severino Marche, basandosi sulle forme fornite da Leopardi (1887: 70-71): «organittu, l’annu scursu, ardru, tantu, quantu, di c. a pòzzo, meglio». Il dialetto odierno conferma la saldezza della distinzione etimologica fra -u e -o e della relativa distinzione tra maschile e neutro nelle parole funzionali (articolo, clitico e dimostrativo).11 Nella flessione del sostantivo e delle parole lessicali mostranti accordo, tuttavia, gli esiti di -Ŭ si scindono in un’alternanza tra -u e -o.12 Lo si mostra in (6), quanto all’accordo al maschile singolare (6a) e al neutro (6b) del participio passato (6i) e dell’aggettivo (6ii): (6) Esiti di -Ŭ nel participio e nell’aggettivo a S. Severino Marche -V etimologica

Esiti a.



-u/-o m. = n. b.

Esempi i. participio pppe  ffinitu/*-o male ‹Peppe è finito male› u žappju s  ššordo/*-u ‹il cappio si è sciolto› o vi  ffinitu/*-o ‹il vino è finito› o larde s  ššordo/*-u ‹il lardo si è sciolto›

ii. aggettivo u prišuttu trištu ‹il prosciutto cattivo› u prišuttu kotto ‹il prosciutto cotto› o vi ttrištu ‹il vino cattivo› o vi kkotto ‹il vino cotto›

Alcuni participi e aggettivi escono invariabilmente in -u (ad es. finitu ‹finito›, trištu ‹cattivo›), altri sempre in -o (ad es. ššordo ‹sciolto› o kotto ‹cotto›), ––––––– 10

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Se ampliamo lo sguardo all’intera area mediana, ritroviamo la stessa situazione in molti dialetti umbro-marchigiani che ugualmente hanno esteso l’-o a tutti i sostantivi neutri. Talvolta, come a Macerata e Servigliano, l’innovazione tocca la sola vocale finale, mentre la tonica mantiene la metafonia (il tipo lo fero): così ad esempio ad Ascrea, in provincia di Rieti (Fanti 1938-19391940). Più spesso l’innovazione si è spinta fino all’adattamento secondario della vocale tonica, lo fro, secondo condizioni ampiamente analizzate nei lavori di Maiden, in particolare (1989: 181ss.; 1991: 160ss., 177-179). Ad esempio: u prišuttu, u pio io ‹il prosciutto, lo prendo io› m. ≠ o kašu, o pio io ‹il formaggio, lo prendo io› n.; (kwi)štu / (kwi)llu prišuttu ‹questo / quel prosciutto› m. ≠ (kwe)što / (kwe)llo pa ‹questo / quel pane› n. Si noti che non subiscono alcuna alterazione gli esiti di -o protoromanzo (< -Ŏ, -Ō etimologiche), perché a questo risponde costantemente -o data qualsiasi vocale tonica: diko, pio, kwattro, kwanno, fatiavo, kredo, vedo, puso ‹pongo›, kko, sso, llo ‹qui, costì, colà›, mo, tto.

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Tania Paciaroni / Michele Loporcaro

indipendentemente dal genere maschile o neutro del nome controllore.13 La stessa diffrazione si è prodotta nei nomi in -Ŭ della II declinazione latina: da FĔRRŬM si ha fro sia maschile che neutro (7a), mentre da CĂMPŬM deriva il maschile kambu e da CĀSEŬM il neutro kašu (7b). La distinzione di genere è manifestata solo dalla flessione dell’articolo: (7) a.

b.

u fro ‹il ferro (oggetto)› m. < ILLŬM FĔRRŬM (pl. i -i) = o fro ‹il ferro (metallo)› n. (non numerabile) < *ILLOC FĔRRŬM u kambu ‹campo› m.
tú sab-es … nosotros est-amos … (ii) en el modelo generativo minimalista: tú sab-es … nosotros est-amos …=> tú sab-es … nosotros est-amos< Ø > …

En el modelo generativo minimalista, los rasgos de número y persona de la desinencia verbal son rasgos «ininterpretables» en el verbo, rasgos que causan anomalía interpretativa cuando no se eliden. La concordancia se analiza, pues, como una operación necesaria para elidir rasgos anómalos, por ser ininterpretables, en la forma verbal. En español, el sujeto del verbo finito puede ser nulo, y se interpreta a base de la desinencia del verbo, como en (1a). En el modelo minimista de la teoría generativa, el sujeto nulo se considera como una posición que recibe una copia de los rasgos pertinentes de la desinencia verbal, copia que permite la elisión de los rasgos en la desinencia verbal misma, posición en que son ininterpretables. Un fenómeno curioso es que los pronombres sujetos léxicos del español solo tienen interpretación «humana», o sea, el referente es siempre un ser humano (cf. Schroten 2001a). Es imposible interpretar el pronombre sujeto como referente de cosa. Por ejemplo, el pronombre ellas y el sujeto nulo en (3a) pueden interpretarse como refiriendo a las mismas personas a que refiere las alumnas. En (3b), el pronombre ellas no refiere a las cosas denotadas por las revistas, posibilidad de interpretación que sí tiene el sujeto nulo en (3b): (3) a. Las alumnas están en otra sala > Ellas están en otra sala / Están en otra sala. b. Las revistas están en otra sala > *Ellas están en otra sala / Están en otra sala.

Esta propiedad del español, que consiste en que el pronombre tónico sujeto tiene valor «humano», y no de cosa, se da también en el complemento directo. Consideremos el ejemplo (4), en que se usan los sintagmas nominales las alumnas, con referente de persona, y las revistas, con referente de cosa. El pronombre tónico concordado ellas en posición de complemento directo solo se permite con referente de persona, y su antecedente puede ser las alumnas, pero no las revistas: (4) a. Veo a las alumnas en otra sala > Las veo a ellas en otra sala / Las veo en otra sala. b. Veo las revistas en otra sala > *Las veo ellas en otra sala / Las veo en otra sala.

Un complemento directo humano y definido como las alumnas tiene que ir precedido de la preposición a, usada como «marcador de Caso», mientras que un complemento directo

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de cosa como las revistas no permite el uso de la preposición a. Esta es una propiedad típica del español, propiedad que señalo pero que no voy a discutir. Consideremos algunas propiedades del pronombre átono las y el pronombre tónico correspondiente ellas en (4a,b). El pronombre átono o clítico las es parte prosódica del verbo finito en el sentido de que no tiene acento y se apoya en la forma verbal finita. Este clítico tiene interpretación humana o de cosa. El uso del pronombre tónico en posición de complemento directo sólo se permite con complementos directos humanos, por lo que es necesario usar la preposición a. Los complementos directos de cosa no tienen disponibles formas pronominales tónicas. Es en este sentido en que hay paralelismo con el sujeto pronominal: no hay pronombres sujetos léxicos de cosa. Los pronombres clíticos se comportan en algunos aspectos como elementos desinenciales (cf. Mendikoetxea 1993). Uno de estos aspectos es la concordancia del pronombre átono con los pronombres tónicos en función de complemento directo, que tienen interpretación «humana». En el complemento directo nominal o pronominal que refiere a cosas, el aspecto desinencial del pronombre clítico es difícil de ver y demostrar, ya que no hay posibilidad de usar tanto el pronombre clítico como el sintagma nominal con referente de cosa en función de complemento directo, como se ve en (5): (5) a. Veo a las alumnas en otra sala / Las veo a las alumnas en otra sala. b. Veo las revistas en otra sala / *Las veo las revistas en otra sala.

La construcción que vemos en (5a), en que se combina el clítico acusativo con un complemento directo nominal es un caso de «doblado de clítico» y se puede considerar como un caso de concordancia: el clítico, que es parte prosódica del verbo, concuerda con el complemento directo. Esta «concordancia objetiva» tiene cierto parecido con la concordancia del sujeto y la desinencia verbal, que puede denominarse «concordancia sujetiva». En determinadas circunstancias se hallan construcciones con doblado de clítico obligatorio, o sea, el uso del clítico es necesario. Se trata de construcciones con complemento indirecto o dativo, del tipo que mostramos en (6): (6) a. Les gustan los ejercicios de fútbol a las alumnas. b. *Gustan los ejercicios de fútbol a las alumnas.

En este tipo de construcciones, la obligatoriedad del clítico y la concordancia con el complemento indirecto son fenómenos similares a la concordancia del verbo finito con su sujeto. También en este caso, la omisión del complemento indirecto léxico, como en (6c), o la sustitución por un pronombre tónico, como en (6d), da interpretaciones parecidas a las del sujeto nulo o pronominal: (6) c. Les gustan los ejercicios de fútbol. d. Les gustan los ejercicios de fútbol a ellas.

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Nótese que estos complementos indirectos o dativos también son «humanos», o sea, que refieren a personas. El sujeto nulo del verbo finito se interpreta a base de la desinencia del verbo finito, que tiene uno de los rasgos de número y persona siguientes: [1sg], [2sg], [3sg], [1pl], [2pl], [3pl]: (7) Los rasgos de la desinencia del verbo finito y su referente (a) [1sg] = yo (referente: «hablante»); (b) [2sg] = tú (referente: «interlocutor»); (c) (i) [3sg] = él / ella (referente: «persona que no es hablante ni interlocutor»); (ii) [3sg] = usted (referente: «interlocutor»); (iii) [3sg] = Ø (referente: «cosa»); (d) [1pl] = nosotros/-as (referente: «hablante más otra(s) persona(s)»); (e) [2pl] = vosotros/-as (referente: «interlocutores»); (f) (i) [3pl] = ellos/ellas (referente: «personas: ni hablante(s) ni interlocutor(es)»); (ii) [3pl] = ustedes (referente: «interlocutor(es) más otra(s) persona(s)»); (iii) [3pl] = Ø (referente: «cosas»).

La interpretación de hablante o interlocutor implica un valor [+ humano] del referente. La 3a persona refiere a interlocutores tratados con ustedes o a personas que no son ni hablantes ni interlocutores. Además, hay referente(s) llamado(s) «cosa(s)» que no tienen que ver con las «personas semánticas». Las terceras personas con referente de persona tienen interpretación semántica: los que tienen género masculino refieren a hombres o a personas y los que tienen género femenino refieren a mujeres (cf. Schroten 2001a; 2001b). El género de la «tercera persona de cosa» no tiene interpretación semántica, o, más bien, tiene interpretación «cero».

2. El complemento directo y la interpretación del pronombre átono En los pronombres átonos acusativos, que son los que se interpretan como complemento directo, se da una situación parecida a la de las formas desinenciales del verbo finito, como se ve en (8):

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(8) Los rasgos de los pronombres átonos acusativos y sus referentes (a) me = [1sg] (referente: «hablante»); (b) te = [2sg] (referente: «interlocutor»); (c)(i) lo/la/le = [3sg] (referente: «persona que no es hablante ni interlocutor»); (ii) lo/la/le = [3sg] (referente: «interlocutor»); (iii) lo/la = [3sg] (referente: «cosa»); (d) nos = [1pl] (referente: «hablante más otras personas»); (e) os = [2pl] (referente: «interlocutores»); (f) (i) los/las/les = [3pl] (referente: «personas: ni hablante(s) ni interlocutor(es)»); (ii) los/las/les = [3pl] (referente: «interlocutores»); (iii) los/las = [3pl] (referente: «cosas»);

En los nombres que tienen referente de cosa, el género es valor gramatical: no hay manera de interpretar semánticamente el rasgo de género masculino [+ masc] de libro o periódico o el rasgo de género femenino [+ fem] de novela o revista. Cuando se interpretan estos nombres, el rasgo de género se interpreta como «cero», o sea, que no tiene valor semántico. La hipótesis que propongo y que voy a elaborar y evaluar aquí es que los rasgos gramaticales con interpretación «cero» no son «visibles» y no tienen efectos de concordancia en el pronombre átono, por lo que éste no se permite y da resultados inaceptables y agramaticales, por ser «ininterpretable». El nombre de cosa en posición de complemento directo pierde, por decirlo así, la visibilidad del rasgo de género, con lo que pierde la capacidad de elidir el rasgo de género del pronombre átono. Más en concreto, la hipótesis que me propongo elaborar aquí es que la interpretación semántica del género de nombres de cosa es «cero», con lo que este rasgo léxico no puede desplegar ninguna actividad, como lo sería la participación activa en la regla de concordancia. El pronombre átono, por otra parte, es un elemento desinencial objetivo en que los rasgos de género y número tienen que ser elididos, ya que son ininterpretables en esta posición. Se resume esta hipótesis en (9): (9) Efectos de la interpretación del género de los (pro)nombres de cosa: = (a) en su posición sintáctica El género del nombre de cosa tiene interpretación «cero», al interpretarse el SD (=Sintagma de Determinante) de que forma parte. = (b) en el pronombre átono

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El género del pronombre átono es ininterpretable, debido a que el pronombre átono es parte prosódica del verbo. (10) Regla de concordancia (versión provisional) El género interpretado como «cero» es invisible en la aplicación de la regla de concordancia.

Nótese que dentro del SD la concordancia tiene como efecto que se eliminan los rasgos idénticos que comparten los determinantes y los adjetivos que acompañan al nombre. Por ejemplo, en (11) obtenemos el efecto siguiente: (11) Efectos de la concordancia en el SD (a) [SD:las muchas derrotas inesperadas italianas ] {=Efectos de la concordancia repetida=} (b) [SD: las muchas derrotas inesperadas italianas] {=Interpretación de =} [SD: las muchas derrotas inesperadas italianas]

El pronombre átono, pues, no se puede usar con complemento directo de cosa. Debe haber, por tanto, una alternativa al uso del pronombre átono, que es que no se genera ningún pronombre átono como parte del verbo finito, o que hay una variante «cero» del pronombre átono, sin valor de género. Considerando de más cerca la hipótesis de que la concordancia de género entre el complemento directo de cosa y el pronombre átono no se da, como efecto de la interpretación «cero» del género de cosa, es interesante que la situación con respecto a la concordancia del verbo finito con el sujeto de cosa es distinta. La diferencia consiste en que el sujeto de cosa no tiene concordancia de género con la desinencia verbal, ya que esta carece de valor de género. La sugerencia que tengo es que no es pura casualidad la ausencia de género en la desinencia del verbo finito, ya que su «ininterpretabilidad» haría imposible que el sujeto de cosa eliminase el rasgo «ininterpretable» de género. Con el complemento directo de persona, se da otra situación: el género gramatical puede y suele interpretarse como expresión del sexo del referente: hombre, mujer o persona. La interpretación deja intacto el género gramatical, por lo que se puede dar concordancia con el pronombre átono, y se eliminan los rasgos siempre ininterpretables en el pronombre átono que forma parte del verbo. Hay más, este pronombre átono a veces tiene otra forma: le o les como clítico acusativo con referente de persona(s) de sexo masculino. Este enfoque permite dar cuenta de un fenómeno difícil de explicar en el modelo minimalista, la imposibilidad de concordancia entre el pronombre átono acusativo y el complemento directo de cosa.

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Otro aspecto del pronombre átono es que se debe usar el pronombre átono cuando se expresa el pronombre tónico acusativo, con referente de persona, con rasgo semántico [+ humano] y siempre introducido por la preposición a, se ve en (12): (12) a. Y lo vi a él / *Y vi a él. b. Y me saludaron a mí / *Y saludaron a mí.

Sin embargo, se puede observar que el uso del clítico es común en contextos neutros, pero que el uso de un pronombre tónico enfático o contrastivo es admisible sin que vaya acompañado del pronombre átono concordado: (13) a. Y le vi a ÉL, no a ELLA. / Y vi a ÉL, no a ELLA. (con mucho énfasis) b. Y me saludaron a MÍ, no a TI. / Y saludaron a MÍ, no a TI. (con mucho énfasis)

Si es correcta esta interpretación de los hechos relativos a los pronombres tónicos, esto sugiere que la concordancia del complemento directo pronominal tónico con el pronombre átono es común, pero no totalmente necesario. El pronombre átono se comporta como un elemento desinencial que solo en circunstancias especiales se puede omitir.

3. Interpretación del pronombre átono Cuando el pronombre forma parte del verbo finito, como prefijo del verbo finito, comparable con la desinencia que es sufijo, es imposible que obtenga interpretación en esta posición. En el modelo que estamos esbozando, la desinencia verbal de sujeto se copia en la posición del sujeto si esta posición queda vacía. De manera similar, el pronombre átono acusativo se copia en la posición del complemento directo, posición con valor nominal y sintagma de determinante. Los rasgos que se copian son el género y el número. El género del pronombre tiene interpretación «cero». Una interpretación anafórica posterior da acceso al referente y lo identifica, o sea, le asigna valor referencial, como se muestra en (14): (14) ¿Visitaste [{SN}: la ciudad de Viena] &&&(i)? (Respuesta)

-- Sí, la visité.

Interpretación de la respuesta: Sí, la& visité [{SN}: &&] {regla de copia} Sí, la visité [{SN}: &&] {elisión de rasgos ininterpretables} Sí, la visité [{SN}: &&](i) {determinación del índice referencial, tomando el índice referencial (i) del antecedente apropiado, ya que tiene los mismos rasgos de género y número}

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En (14), el pronombre átono y clítico la se copia en posición de complemento directo. La copia hace posible eliminar los valores ininterpretables en el interior del verbo. En la posición de complemento directo hallamos el pronombre átono con los rasgos &, que no tienen interpretación pragmática del tipo «hablante» o «interlocutor» y vamos en busca de un antecedente, que es la ciudad de Viena, con género femenino interpretado como «cero». Y con esto obtenemos la interpretación exacta. En muchos contextos, el pronombre átono de cosa tiene valor definido, ya que tiene antecedente referencial, como en (15a) o referente pragmático, como en (15b): (15) a. Oí un trueno pero no vi el relámpago. ¿Lo viste tú? (lo = el relámpago que acompaña al trueno) b. (Después de oír el trueno?) ¿Lo viste tú también? (lo = el relámpago que acompaña al trueno)

Sin embargo, el complemento directo de hay puede ser un pronombre clítico, y eso que hay solo permite complemento directo indefinido: (16) a. Hay *los / muchos tulipanes en este país. b. (Después de mostrar tulipanes) – ¿Los hay también en tu país? (Interpretación: ¿Hay también tulipanes en tu país?)

En muchas situaciones pragmáticas, se nota que hay una interpretación por defecto, que es la interpretación de «persona», en cuyo caso el género léxico tiene valor semántico.

4. Efectos de la interpretación «humana» en el pronombre átono holandés En holandés se observa una diferencia nítida entre el pronombre con referente de persona y el pronombre con referente de cosa. Considérese el ejemplo siguiente: (17) a. Heb je het meisje(i) / het jongetje(j) gezien? – Ja, ik heb haar(i) / hem(j) gezien. (Has tú la chiquita(i) / el chiquito(j) visto? – Sí yo he la(i) / lo(j) visto) b. Heb je het boek(k) gezien? – Ja, ik heb het(k) / *hem / *haar gezien. (Has tú el libro(k) visto? – Sí, yo he lo(k) visto)

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c. Heb je de publicatie(l) gezien? – Ja, ik heb hem(l) / *het / *haar gezien. (Has tú la publicación(l) visto? – Sí, yo he la(l) visto)

Los nombres de cosa tienen género neutro o género masculino y el pronombre átono acusativo apropiado depende del género del antecedente: het con antecedente neutro y hem con antecedente masculino. Los nombres diminutivos todos tienen género neutro, los nombres diminutivos de persona también. Si se trata de nombres diminutivos de persona, que tienen género léxico neutro, es el género natural del referente, y no el género léxico, el que determina el pronombre átono apropiado: hem con antecedente masculino y haar con antecedente femenino. El género de los nombres de cosa en holandés no tiene valor semántico; supongo que se interpreta como «cero». Podemos suponer que este es el motivo por que el énfasis del pronombre átono de cosa es imposible, mientras que el énfasis es compatible con los pronombres normalmente átonos de persona, como se muestra en (18): (18) a. Heb je het meisje of het jongetje gezien? – HAAR heb ik niet gezien, HEM wel. (Has tú visto el chiquito o el chiquito? – ELLA he yo no visto, EL sí) b. Heb het boek of de krant gezien? – *HEM heb ik niet gezien, HET wel (Has tú visto el libro o el periódico? – EL he yo no visto, ELLO sí)

En estos ejemplos es fácil hallar el antecedente del pronombre enfático. Sin embargo, (18b) es completamente imposible e inaceptable, mientras que (148) es perfecto. En holandés, no hay marcador de Caso del complemento directo definido y humano ni otras propiedades parecidas a las del español. Sin embargo, el valor de persona es importante para determinar la posibilidad de énfasis o relieve del pronombre átono, lo que sugiere de nuevo que el pronombre átono de cosa se interpreta como «cero» en el curso de la derivación. Y, como sabemos, dar énfasis a una propiedad interpretada como «cero» no tiene sentido.

5. Modelo de los efectos de (pro)nombres «humanos» El modelo general sobre la diferencia entre los nombres «humanos», o sea, «nombres de persona», y «nombres de cosa» se resume en (19): (19) Interpretando el género del (pro)nombre en español En la derivación sintáctica: = (a) (Pro)nombre de persona con género [+/- femenino]

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Se interpreta como [+ PERSONA], normalmente con especificación [+/- femenino] (= [+/- de_sexo_femenino]); = (b) (Pro)nombre de cosa con género [+/- femenino] Se interpreta como «cero» (= Ø).

El paso siguiente es la hipótesis de que el género de los nombres de cosa y la interpretación «cero» sigue siendo visible a nivel de la interpretación pragmática y a nivel de la interpretación del discurso. Por ejemplo, usamos el pronombre lo para referir a el libro y usamos la para referir a la revista en la interpretación discursiva, en el contexto apropiado. Esta observación se resume en (20): (20) El género del (pro)nombre y su interpretación El género y su interpretación es visible en la interpretación discursiva.

Se sigue que tenemos que separar las reglas de interpretación semántica que son activas en la derivación sintáctica de las reglas pragmáticas y discursivas que se basan en los resultados de la derivación sintáctica. En los nombres y pronombres, la predominancia del valor referencial [+ humano] o [+ persona] es evidente, y tiene efectos sintácticos, léxicos y semánticos. La falta de este valor (pro)nominal tiene varios efectos, que requieren más investigación.

6. Resumen Hemos visto que el valor «humano», de interpretación de [PERSONA], de pronombres y nombres en español tiene efectos muy conocidos, pero en realidad poco comprendidos. Una comparación con algunas propiedades de los pronombres de cosa, o sea, pronombres que no refieren a personas, ha sugerido que el valor semántico [PERSONA] tiene otros efectos en la derivación sintáctica que el valor [- PERSONA]. Los efectos referenciales y pragmáticos, en cambio, son similares. El modelo minimalista de la gramática generativa ha permitido exprimir estas intuiciones de una manera más clara y verificable. Quiero señalar otra vez un aspecto tan evidente que nadie se ha fijado mucho. En base a nuestra hipótesis sobre los pronombres átonos de cosa y la imposibilidad de uso «doblado» surge una inquietud. Nuestra hipótesis ha sido que en sintaxis no es posible eliminar el rasgo de género del pronombre átono de cosa, ya que el complemento directo de cosa tiene rasgo de género interpretado como «cero», rasgo que es incapaz de eliminar el rasgo ininterpretable del pronombre átono. De modo que no se permite (21a):

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(21) a. *Lo(i) he leído [SD: el libro de la biblioteca](i) b. [El libro de la biblioteca](j) está[desinencia:] ahí.

La pregunta que surge es a qué se debe que el sujeto de cosa, por lo visto, es capaz de eliminar los rasgos ininterpretables de la desinencia verbal. O sea, ¿qué diferencia hay entre la concordancia «objetiva» en (21a) y la concordancia «sujetiva» en (21b)? La respuesta es evidente: la desinencia sujetiva, a diferencia de la desinencia objetiva, no afecta al rasgo de género: no hay rasgo de género en la desinencia verbal. Se sigue que no hay ningún rasgo de género que debe ser eliminado en la desinencia del verbo finito, por lo que los sujetos nominales con referente de cosa se comportan de la misma manera que los sujetos nominales con referente de persona. Esta diferencia entre los dos tipos de concordancia es tan evidente que no ha sido estudiada ni discutida mucho. Sin embargo, la pregunta que surge es interesante: (22) Pregunta curiosa y respuesta provisional Pregunta curiosa: ¿Es pura casualidad el que la desinencia del verbo finito en español tiene valor de persona y número, y no de género? Repuesta provisional: ¡No! Si la desinencia verbal incluyese un rasgo de género, el sujeto de cosa no sería capaz de eliminar este rasgo ininterpretable, de modo que la concordancia del sujeto de cosa y la desinencia del verbo finito sería imposible.

La respuesta provisional necesita mucho más apoyo para poder convertirse en una respuesta definitiva. Por ejemplo, habría que verificar qué pasa con las lenguas sin género (pro)nominal y con las lenguas en que hay géneros de nombres de cosa interpretables.

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Rosanna Sornicola

I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana

1. La categoria del neutro e la sua rappresentazione nelle lingue romanze In diverse grammatiche storiche delle lingue romanze si è spesso sostenuto che le manifestazioni del Genere Neutro nella morfologia nominale1 siano andate in gran parte perdute e che esse sopravvivano, in maniera per lo più priva di sistematicità, solo in alcune varietà romanze, come in rumeno, in sardo, in corso, nel retoromanzo grigionese e nei dialetti italiani meridionali.2 Già di per sé, questa distribuzione areale non è priva di interesse, e sembrerebbe congruente con un quadro di conservazione di relitti in aree che spesso si segnalano per il mantenimento di una latinità antica, in particolare nella morfologia: si pensi ad esempio al permanere di un sistema casuale nei nomi del rumeno e al mantenimento di forme del neutro nei pronomi personali e dimostrativi nei dialetti campani. Tuttavia le facies del neutro che si possono riscontrare nelle varie aree ora menzionate mostrano differenze strutturali non trascurabili. Le forme di Plurale in -a, in nomi che denotano frutta (i tipi italoromanzi centro-meridionali pera, mela, cirasa) o altre entità inanimate (soprattutto parti del corpo: cf. i tipi ampiamente diffusi in italoromanzo braccia, ciglia, dita, ginocchia, ossa), costituiscono ovviamente un tipo ben distinto dalle forme di Plurale che continuano i tipi latini in -ora. Queste ultime sono ancora oggi molto diffuse in area italoromanza centro-meridionale e compaiono, in maniera caratteristica, in alcune classi lessicali del rumeno (cf. GuŃu Romalo 1989: 20-21). La considerazione dei tipi in -a e di quelli in -ora come manifestazioni di una unica categoria di Neutro sarebbe problematica sotto più rispetti. Le diacronie dei due tipi sono infatti diverse (i primi continuano i neutri latini della II declinazione, mentre i secondi mostrano un tipo di flessione analogica sui Plurali neutri della III (CORPUS / CORPORA, TEMPUS / TEMPORA), già attestato nella latinità tarda (IV sec.), inizialmente in testi di livello sociolinguistico non ––––––– 1

2

In questo lavoro si farà esclusivo riferimento al problema del neutro nella morfologia nominale, senza considerare la questione, pur importante e per certi versi interrelata, delle forme neutre nella morfologia pronominale. Per il rumeno cf. Manoliu Manea (1989: 102-103); per il sardo Blasco Ferrer / Contini (1988: 838); per il corso Giacomo-Marcellesi (1988: 823); per le varietà grigionesi Ascoli (1880-1883: 439ss.); per i dialetti italiani centro-meridionali Rohlfs (1968: §§368, 370, 384).

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elevato, e continuato in scriptae tardo- e medio-latine).3 Sono inoltre diverse le loro condizioni sincroniche (lo statuto sistemico) nelle varietà romanze. In rumeno i morfi che continuano il tipo -ora (che compare nella forma -uri) contraddistinguono regolarmente i paradigmi di flessione del Plurale di alcune classi lessicali. Nei dialetti italiani meridionali invece, la flessione in -ora, pur frequente, non è regolarmente associata ad una precisa classe lessicale. Inoltre, uno stesso lessema può alternare tra la selezione della flessione in -ora e di altro morfo del Plurale, secondo fattori che possono essere di natura sintatticoprosodica (per la varietà siciliana esaminata cf 6.1). Anche la distribuzione dei tipi in esame varia considerevolmente da lingua a lingua. In sardo sopravvivono soprattutto le forme in -a in rapporto ai nomi di frutta, una fase ovviamente antica e classica. Il rumeno si caratterizza per i tipi in -ORA. I dialetti italiani meridionali mostrano non solo la sopravvivenza di molti lessemi con forme di Plurale in -ora, ma anche un notevole numero di nomi inanimati, e persino (in calabrese e siciliano) di nomi con il tratto [+ Umano], che formano il Plurale in -a (cf. Rohlfs 1968: §368). D’altra parte, anche la descrizione diacronica di una singola area può mostrare discontinuità, visibili tra l’altro nelle questioni di concordanza di nome e articolo e/o modificatore. Non è detto dunque che l’esame delle forme etimologicamente in rapporto al Neutro consenta una vera e propria discussione areale integrata della sopravvivenza del Neutro. Si dirà che questo è caratteristico di situazioni relittuali, e tuttavia in alcuni casi –come per l’appunto nei dialetti italiani meridionali e specie nel siciliano– non è affatto scontato che si tratti di relitti. Che i fenomeni morfologici ora ricordati configurino una vera e propria categoria di Genere Neutro è, ad ogni modo, controverso, per molteplici ragioni, alcune delle quali di natura teorica. Come è noto, tale categoria non è di per sé sintagmatica, ma costituisce una proprietà intrinseca dei lessemi (cf. Matthews 1991: 47). Le sue realizzazioni tuttavia hanno un considerevole risvolto sintagmatico nel fenomeno della concordanza. È stato ad esempio sostenuto che sia proprio la concordanza di un certo valore di Genere tra un nome ed un modificatore o un determinatore a comprovare che un lessema abbia quel valore come suo tratto intrinseco (cf. Corbett 1991: 105ss.). Anche se questa tesi non sembra soddisfacente, bisogna riconoscere che esiste un problema di circolarità delle definizioni: in base a che cosa infatti si può assegnare ad un lessema una specificazione di Genere? Una proprietà come la selezione di determinati morfi del Plurale, sebbene interessante, non è però decisiva, dal momento che tale selezione potrebbe a sua volta essere un fatto «fortuito», per l’appunto un relitto disgregato di una antica situazione sistemica andata perduta, come tale descrivibile a livello di proprietà idiosincratica del lessema. Per il rumeno, queste difficoltà hanno trovato espressione nel controverso statuto sistemico dei neutri (cf. Manoliu Manea 1989: 102-103). D’altra parte, nemmeno un elevato numero di lessemi che assumono uno schema flessivo spiegabile con una antica uscita di neutro può di per sé offrire garanzia che il fenomeno diacronico perduri in una rappresentazione sistemica. Infine, pone un problema la non corrispondenza tra valori semantici tradizionalmente associati al Neutro (non animatezza, significato collettivo, etc.) e i morfi del Plurale in ––––––– 3

Cf. Aebischer (1933) per i documenti notarili alto-medievali; Rohlfs (1968: §370) per un esame delle forme moderne dei dialetti italiani.

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esame. È vero che una tale corrispondenza raramente è riscontrabile in maniera esatta. Come ha osservato Meillet (1921: 228), la categoria di Genere doveva avere un pieno valore di opposizione di animato e inanimato in indoeuropeo, ma era diventata «inintelligibile à l’époque historique, où elle n’est qu’une survivance».4 I problemi teorici sono immediatamente collegati all’analisi degli schemi di concordanza storicamente attestati. La concordanza con l’articolo e con un predicato aggettivale o participiale provvisti di una flessione del Plur. in -a è attestata nelle varietà grigionesi, mentre quella con l’articolo e un modificatore con tale flessione si trova ancora nei Grigioni (Ascoli 1880-1883: 439) e, in fasi antiche, anche in testi italiani meridionali (per il napoletano cf. Formentin 1998: 291-293 e n. 844).5 In Italia meridionale tuttavia oggi il fenomeno non sembra più documentato, a parte qualche isolato relitto (a Ischia sopravvive a labbyə ‹le labbra›: Freund 1933: 69).

2. Gli schemi flessivi del Plurale in siciliano Il caso del siciliano è storicamente e teoricamente interessante. Esso mostra un quadro di tenuta del morfo -a del Plur. dei nomi inanimati, specialmente (benché non in maniera esclusiva) di quelli che provengono dai nomi della II declinazione latina. Non si tratta quindi di un piccolo insieme di relitti o di semplice conservazione di Plurali con significato collettivo. Si potrebbe dunque a prima vista ipotizzare un sistema con tripartizione di Genere del nome, insolito nella Romània, con una ancor più insolita diffusione dell’uscita -a a nomi animati e animati umani. Quest’ultimo fenomeno ha giustamente attratto l’attenzione di vari studiosi. Si è cercata ripetutamente una spiegazione in termini funzionali. Secondo Meyer-Lübke (1890-1906: II, §38) il siciliano «se trouve en très bonne voie de faire de -a la marque unique du pluriel dans les masculins en -u et en -i», e ciò sarebbe dovuto all’esigenza di mantenere una uscita del Plurale distinta per i nomi Masc., che altrimenti presenterebbero la stessa flessione -i dei nomi Femm.6, un’opinione condivisa da Rohlfs (1968: §368). Ma queste spiegazioni funzionali lasciano perplessi per il loro teleologismo che porta a scambiare l’effetto per la causa. Sembra pertanto opportuno tentare un esame della formazione del Plurale di un campione di lessemi del siciliano contemporaneo, suddivisi per tipi morfologici. Le caratteristiche riscontrate saranno poi riconsiderate in una dimensione diacronica.

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6

Al riguardo, cf. anche LHS: §§10-18. In napoletano, peraltro, si registra una certa variabilità di schemi di concordanza (Formentin 1998: 291-293 e n. 844). In sic. -e finale dà luogo ad -i.

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3. Il campione di lessemi esaminati 3.1 Il questionario Si prenderà qui in esame la situazione di una varietà siciliana nord-orientale, dell’area di Mistretta. Si è somministrato a due parlanti, una donna anziana (80 anni) e una più giovane (50 anni), un questionario in cui si è chiesto di formare il Plurale di circa centocinquanta nomi, a partire dalla forma del Singolare. Le due parlanti intervistate hanno mostrato tra loro scarti minimi e poche esitazioni o incertezze. La raccolta dei dati tramite questionario dovrebbe ovviamente avere una proiezione areale ben maggiore, che si spera di poter realizzare in seguito. Nonostante la dimensione diatopica dell’indagine sia per ora estremamente limitata, dall’analisi delle risposte al questionario emergono alcuni risultati che non sembrano fortuiti e che consentono di avanzare delle prime ipotesi provvisorie. Sono stati prescelti i seguenti gruppi di lessemi:7 1. Nomi inanimati (di frutta, vegetali, parti del corpo, fenomeni metereologici, oggetti materiali, entità astratte, azioni e risultati di azioni). Si tratta di lessemi che hanno in comune la flessione -u del Sing., ma che peraltro presentano una certa eterogeneità di struttura in sincronia (si notino i temi bisillabici, trisillabici, tetrasillabici) e trafile diacroniche diverse (sono molti i nomi che continuano lessemi della II declinazione latina, ma compaiono anche grecismi, arabismi, e formazioni romanze, nonché italianismi). Tutte le parole di questo gruppo non presentano suffissi derivazionali ancora individuabili in sincronia come tali: si ha infatti lessicalizzazione di suffissi etimologici risalenti a varia epoca in lessemi come tulàru, vinuòcchiu (tipi già latini), carruòçulu, curtigghiu (formazioni siciliane). agghiu ‹aglio›, aniètru ‹anello›, arànciu ‹arancia›, bagnu ‹bagno›, bucàtu ‹bucato›, cannavàzzu ‹pezzo di stoffa per pulire i pavimenti›, càntaru ‹vaso per l’acqua o per altro liquido›, cantàru ‹misura di peso›, cantu ‹canto›, carcàgnu ‹calcagno›, carru ‹carro›, carruòçulu ‹trabiccolo›, castiètru ‹castello›, catru ‹callo›, catu ‹catino›, catuòju ‹sotterraneo, casa angusta e buia›, càvulu ‹cavolo›, chiantu ‹pianto›, chianuòzzu ‹pialla›, ciariviètru ‹cervello (in senso fisico)›, cerèbru ‹cervello (sia in senso fisico che psicologico)›, citruòlu ‹cetriolo›, cufìnu ‹cesto›, culu ‹culo›, cuocciu ‹piccola escrescenza, foruncolo›, cuornu ‹corno›, cuorpu1 ‹colpo›, cuorpu2 ‹corpo›, cuotru ‹collo›, cuozzu ‹nuca›, cuppìnu ‹mestolo›, curtìgghiu ‹pettegolezzo›, cuscìnu ‹cuscino›, filu ‹filo›, fumu ‹fumo›, fùnnacu ‹fondaco›, furnu ‹forno›, ggìgghiu ‹ciglio›, ggiummu ‹ciuffo, fiocco›, gruppu ‹nodo›, gùvitu ‹gomito›, jìritu ‹dito›, juornu ‹giorno›, lampu ‹lampo›, lemmu ‹recipiente di terracotta per l’acqua o altro liquido›, lignu ‹legno›, liettu ‹letto›, linzuòlu ‹lenzuolo›, marmu ‹marmo›, niervu ‹nervo›, muòruvu ‹moccio del naso›, pilu ‹pelo›, pìritu ‹peto›, pirtùsu ‹buco›, piru ‹pera›, prunu ‹prugna›, pumu ‹mela›, puntu ‹punto›, puzzu ‹pozzo›, saccu ‹sacco›, sintuòmu ‹accidente fisico improvviso, svenimento›, suonnu1 ‹sonno›, ––––––– 7

Tutti i lessemi citati occorrono nella forma della varietà esaminata. Le sequenze di segmenti -ddre -tr- presentano foni cacuminali, che per semplicità non sono qui indicati come tali.

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suonnu2 ‹sogno; tempia›, tajànu ‹tegame›, tavùtu ‹bara›, tiempu ‹tempo›, tiettu ‹tetto›, trappìtu ‹pressa per le olive›, trìspitu ‹treppiede›, truonu ‹tuono›, trunzu ‹gambo di vegetale›, trussu ‹torsolo›, tulàru ‹telaio›, tuornu ‹tornio›, uocchiu ‹occhio›, uossu1 ‹osso del corpo›, uossu2 ‹nocciolo›, viddrìcu ‹ombelico›, vientu ‹vento›, vinuòcchiu ‹ginocchio›, vrazzu ‹braccio›, vuriètru ‹budello›, zuòcculu ‹zoccolo›. 2. Nomi animati con il tratto [- Umano]: aciètru ‹uccello›, jattu ‹gatto›, mulu ‹mulo›, sceccu ‹asino›. 3a. Nomi inanimati col suffisso -turi: caliatùri ‹arnese per tostare i ceci›, rascatùri ‹arnese del muratore per grattare la calce›, etc. 3b. Nomi animati col suffisso -turi: duttùri ‹dottore›, piscatùri ‹pescatore›, vanniatùri ‹banditore›, etc. 4a. Nomi inanimati col suffisso -aru: jangulàru ‹guancia›, masciddràru ‹mascella›, etc. 4b. Nomi animati col suffisso -aru: putiàru ‹bottegaio›, scarpàru ‹calzolaio›, etc. 5a. Nomi inanimati in -uni; denotanti oggetti, in alcuni casi ma non sempre con una idea accrescitiva: casciùni ‹cassetto›, cuddrurùni ‹frittella di farina›, radicùni ‹radice profonda di piante o altro›, scagghiùni ‹dente canino›; azioni: liccùni ‹leccata›, muzzicùni ‹morso›; entità individuate a partire da un processo: fittiùni ‹fitta intermittente›, da fittiàri ‹produrre fitte (detto di parti del corpo)›. 5b. Nomi animati in -uni; denotanti animali: scurzùni ‹scorpione›; esseri umani: latrùni ‹ladro›, patrùni ‹padrone›; può trattarsi di attributi sostantivati: babbasùni e babbiùni ‹sciocco›, mbrugghiùni ‹imbroglione›, minchiùni ‹sempliciotto, stupido, minchione›, tuntulùni ‹stupido›, etc.

4. Proprietà di selezione di morfi del Plurale dei nomi appartenenti alle classi individuate I nomi dei gruppi 2, 3a, 3b, 4a, 4b, 5a, 5b presentano regolarità e relativa univocità di selezione del morfo del Plurale. I nomi del gruppo 2 selezionano regolarmente il morfo -i (l’acietri, i muli, i scecchi). Tuttavia la selezione del morfo -a con questi lessemi non è sentita dagli intervistati come inaccettabile. In base ai loro giudizi è però emerso che tale morfo assegna al lessema un valore semantico di pluralità indistinta o generica, forse assimilabile ad un collettivo. I nomi dei gruppi 3a e 3b, 4a e 4b, 5a e 5b selezionano regolarmente il morfo -a. Varianti in -i sentite come italianizzanti sono accettate esclusivamente per 3b e 4b.

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I nomi del gruppo 1 mostrano invece una notevole irregolarità sincronica nella selezione del Plurale, che non sembra riconducibile in maniera chiara ad alcuna proprietà strutturale. Procederemo dunque ad esaminare le proprietà flessive dei lessemi del gruppo 1. Le uscite riscontrate sono -a, -ira, -ari, -i. Alcuni lessemi assumono solo l’uscita in -a, altri hanno solo l’uscita in -i, mentre un certo numero di lessemi presenta polimorfismo -a / -i, -a / -ira, -i / -ira, -i / -ari. La flessione -ira si riscontra prevalentemente in allomorfia con -a, ma soprattutto con -i (in qualche caso sia con -a che con -i).

A. Plurale in -a aniètru, cannavàzzu, càntaru, cantàru, carcàgnu, catuòju, ciariviètru, cerèbru, citruòlu, cufìnu, cuocciu, cuorpu 1, cuppìnu, cuscìnu, filu, ggigghiu, gùvitu, jìritu, juornu, lignu, linzuòlu, muòruvu, pilu, pìritu, pirtùsu, tajànu, trappìtu, trìspitu, truonu, tulàru, uossu1, uossu2, vinuòcchiu, vrazzu, vuriètru. Non pochi lessemi di questo gruppo hanno corrispondenti in italiano antico e/o moderno8 con uguale morfologia del Plurale (ggigghiu, cf. it. ciglia; jìritu, cf. it. dita; lignu, cf. it. legna; linzuòlu, cf. it. lenzuola; uossu 1, cf. it. ossa; vinuòcchiu, cf. it. ginocchia; vrazzu, cf. it. braccia; vuriètru, cf. it. budella). Differentemente dai lessemi siciliani9, alcune delle parole italiane corrispondenti ammettono Plurale polimorfico, non di rado associato a differenze di significato, o di distribuzione (cf. le braccia, ma i bracci (di mare), le budella, ma i budelli (= ‹meandri›), le ciglia vs i cigli (della strada), i calcagni, ma alle calcagna), o ancora a differenze diatopiche o diastratiche (i lenzuoli).10

B. Plurale in -ira culu, cuocciu, cuorpu1, cuorpu2, furnu, gruppu, liettu, marmu, puntu, suonnu2, tiettu, truonu, tuornu, trunzu, trussu, uossu1. La desinenza in questione è una variante del ben noto tipo di Plur. in -ora. I tipi siciliani in -ira trovano una corrispondenza nelle forme it. ant. còrpora, lèttora, màrmora, tèttora, presenti anche in varia documentazione notarile alto-medievale (cf. Aebischer 1933). Come si vede, si tratta di parole che nella forma del Sing. sono tutte bisillabiche. Torneremo fra poco su questa caratteristica strutturale, interpretabile anche in chiave diacronica.

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10

Forme come le anella, le cervella, le gomita sono attestate anche in it. ant. Si può notare la sola corrispondenza sic. ligni (Pl. singolativo), ligna (Pl. collettivo), cf. it. legni / legna. Si noti che hanno il Plur. in -a anche nomi con flessione in -i del Sing., come limùni ‹limone›, vacìli ‹bacile›.

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C. Plurale in -ari giummu (Plur. giùmmari)

D. Plurali in -i agghiu, arànciu, bagnu, bucàtu, càntaru, cantu, carru, carruòçulu, castiètru, catru, catu, càvulu, chianti, chianuòzzu, cuotru, cuozzu, curtìgghiu, fùnnacu, giummu, lampu, lemmu, liettu, marmu, muòruvu, niervu, saccu, sintuòmu, tavùtu, tiempu, truonu, tuornu, trappìtu, uocchiu, uossu2, viddrìcu, vientu, zuòcculu.

5. Lessemi con polimorfismo del Plurale I lessemi che hanno più uscite del Plurale possono essere divisi nei seguenti sottogruppi: 1. 2.

Lessemi con polimorfismo -a / -i: aniètri, cannavàzzu, càntaru, catuòju, cuornu, cufìnu, cuppìnu, cuscìnu, pirtùsu, trappìtu, truonu, uossu2. Lessemi con polimorfismo -a / -ira: cuocciu11, cuorpu1, filu, uossu1.

In alcuni casi la variante con -i è sentita dai parlanti come italianizzante: aniètri rispetto ad anètra, cufìni rispetto a cufìna, cuppìni rispetto a cuppìna, cuscìni rispetto a cuscìna, pirtùsi rispetto a pirtùsa. Per questi lessemi essa è considerata secondaria. In tutti gli altri casi la variante in -i è considerata «normale» (indigena) quanto la variante in -a. Si noti che quest’ultima è però talora (specie con i nomi di frutta) sentita come portatrice di un significato collettivo. Il lessema cuornu ammette la forma in -a quando ha un valore generico nell’espressione aviri i corna (detto del diavolo, o in maniera metaforica di persona estremamente acuta e percettiva), ma con un valore di Plur. singolativo, ad esempio con i numerali, richiede il morfo -i (ci spuntaru ddui cuorni). Il tipo truoni ammette tre forme di Plur.: truoni, truònira, trona. 3.

Lessemi con polimorfismo -i / -ira: culu, cuorpu2, cuozzu, furnu, liettu, marmu, puntu, tiettu, trunzu, truonu, trussu, tuornu.

Le forme in -i di questi lessemi sono sentite come indigene, al pari delle forme in -ira. I due tipi di varianti sembrano avere nell’odierna sincronia una distribuzione sintatticopragmatica diversa: le forme in -i, bisillabiche (forme brevi) occorrono in contesti prosodici non focali, mentre le forme in -ira, trisillabiche (forme lunghe), occorrono in contesti focali. ––––––– 11

Si noti peraltro che in alcuni testi sic. ant. questo lessema seleziona -i (VES: I, 248bss.).

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Si notino, in particolare, le seguenti corrispondenze e divergenze di schemi di formazione del Plur. dei lessemi cuorpu1 e cuorpu2, suonnu1 e suonnu2, uossu1 e uossu2: cuorpu1 ‹colpo›, Plur. corpa, cuòrpira; cuorpu2 ‹corpo›, Plur. cuòrpira, cuorpi suonnu1 ‹sonno›, Plur. suonni; suonnu2 ‹sogno; tempia›, Plur. suònnira uossu1 ‹osso del corpo›, Plur. ossa, uòssira; uossu2 ‹nocciolo›, Plur. ossa, uossi Infine, il lessema giummu presenta polimorfismo di uscite in -i e -ari (giummi, giùmmari).

6. Congruenza delle forme del Plurale dei lessemi siciliani con proprietà di codifica di Genere della base etimologica 6.1 Corrispondenze piene La situazione sincronica ora descritta per il gruppo 1. può apparire caotica. Non è possibile stabilire regolarità di formazione del Plurale (a parte la semplice condizione necessaria, ma non sufficiente che solo strutture bisillabiche assumono forme Plur. in -ira), ma bisogna demandare alle singole rappresentazioni lessicali le peculiarità flessive. Ma il quadro cambia se si considerano le possibili trafile diacroniche dei lessemi esaminati. È evidente innanzitutto che i lessemi dei sottogruppi 1.A e 1.B appartengono pressoché tutti a strati lessicali antichi, mentre i lessemi del gruppo 1.D mostrano caratteristiche di stratificazione più eterogenee. Accanto a latinismi e grecismi antichi sono qui presenti ovvi italianismi (bucàtu), formazioni siciliane come carruòçulu, arabismi come arànciu e fùnnacu (DELI: 1, 173 e 2, 446). Sono inoltre presenti tarde formazioni deverbali come lampu (LGII: 290; DELI: 3, 648). I nomina actionis cantu, chiantu, la cui struttura riconduce a formazioni participiali di epoca classica (CANTUS, -ŪS) o tarda (PLANCTUS, -ŪS), prive di oscillazione di Genere, mostrano in effetti anche nella varietà siciliana indagata una flessione del Plurale priva di varianti. A differenza dei lessemi antichi a struttura bisillabica dello stesso sottogruppo 1.D, lampi, canti e chianti non ammettono alternanza con forme lunghe in -ira, un fatto che potrebbe indicare che queste si siano diffuse in lessemi appartenenti ad uno strato antico e caratterizzati da polimorfismo di Genere (cf. avanti). L’analisi delle possibili corrispondenze flessive dei lessemi del gruppo 1. con le basi etimologiche, dove queste siano accertabili, deve ovviamente essere considerata con estrema cautela. Sono infatti molte le difficoltà metodologiche che sorgono in questa operazione. È appena il caso di ricordare le cospicue erosioni e i rimodellamenti delle flessioni casuali (metaplasmi e formazione di nuovi schemi di declinazione) che caratterizzarono il latino tardo, fattori che contribuirono entrambi ad alterare fortemente la morfologia flessiva, anche in rapporto al Genere e al Numero. A ciò si aggiunge che i nomi latini di varia epoca presentano un sensibile polimorfismo di Genere, specie quelli della II e IV declinazione, un problema complicato dal fatto che per un non trascurabile numero di

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lessemi l’unica informazione che abbiamo in merito al Genere è fornita dalle fonti grammaticali. Per tutti questi motivi, la ricerca di corrispondenze ha in questa fase un semplice valore logico di procedura di scoperta. Un notevole numero di lessemi del campione trova una corrispondenza diretta di flessione del Plurale nelle forme principali di basi latine e / o greche. Si elencheranno dapprima i lessemi sic. la cui forma di Plur. (in -a o in -i) è unica o nettamente predominante.

1. Forme in -a Rientrano in questo gruppo tutti i nomi di frutta che al Sing. hanno l’uscita in -u e appartengono ad uno strato latino: Sing. piru / Plur. pira; Sing. prunu / Plur. pruna; Sing. pumu / Plur. puma. Vi rientrano inoltre i seguenti lessemi: carcàgna < lat. tardo CALCĀNEUM, n. Una foma Masc. secondaria è documentata in San Girolamo, nella Mulomedicina Chironis e in Gregorio di Tours (ThLL: 3, 127, 10ss.). ciarivètra < lat. CEREBĔLLUM, diminutivo di CĔRĒBRUM ‹cervello›, n.; la variante Masc. cerebellus si trova in Oribasio (ThLL: 3, 858, 44ss.). cerèbra < lat. CĔRĒBRUM, n.; le varianti Masc. cereber, cerebrus sono registrate in Fulgenzio e Oribasio (ThLL: 3, 859, 1ss.). citròla, cf. il tipo lat. CITRIUM, n. attestato nelle Glosse (ThLL: 3, 1206, 58ss.). Per la forma diminutiva *CITRIŎLU(M) cf. REW: 1956. coccia, cf. gr. κοκκίον, n. (LGII: 250), che tuttavia pone qualche difficoltà etimologica per via dell’accento, dal momento che una forma κόκκιον, accentualmente congruente con la forma sic. non è attestata: cf. VES: 1, 248b, ss. che pensa ad un rifacimento sul Plur. COCCI del lat. COCCUS o COCCUM ‹granello› (per cui cf. ThLL: 3, 1394, 7ss.). cufìna < gr. bizantino κοφίνιον, n. nella Vita di S. Vito il Giovane (Sophocles: 687b; cf. LGII: 274; VES: 1, 277a, ss). cuppìna, il tipo lessicale è un derivato diminutivo del lat. CUPPA ‹coppa› (per cui cf. ThLL: 4, 1410, 43SS.); il passaggio dal Femm. al Neutro nel diminutivo potrebbe trovare riscontri nel processo morfo-semantico di varie lingue indo-europee, che volgono al Neutro i derivati diminutivi, quale che sia il Genere della base soggiacente alla derivazione: si pensi ad esempio al suffisso diminutivo gr. -ιον, n., ed al suffisso ted. -chen, n. (cf. Schwyzer 1959: 2, 36). fila < lat. FĪLUM, n. forma principale; una forma secondaria Masc. è registrata in Lucano e Arnobio (ThLL: 6, 1, 760, 60ss).

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ggigghia < lat. CĬLĬUM, n. (ThLL: 3, 1057, 9ss.). gùvita < lat. CŬBĬTUS, -Ī m. e CŬBĬTUM, n.; gr. di Sicilia κύβιτον, n. Secondo alcune fonti grammaticali l’alternanza tra Masc. e Neutro sarebbe in rapporto alla differenza dei significati ‹gomito (parte del corpo)› (m.) vs ‹cubito (misura)› (n.). Nel primo significato Nonio considera la voce Masc. (attestazioni a conferma si hanno in Plauto, Ovidio e soprattutto Celso), ma la forma Neutra è documentata in Plinio e Vitruvio (ThLL: 4, 1274, 28ss.). La vitalità del tipo Neutro sembra confermata anche dalla presenza di forme italorom. di Plur. in -a (cf. il tipo ant. le gomita: GDLI: 6, 968a). Che la voce, nel significato ‹cubito›, e almeno nei registri colti del lat., fosse Neutra è confermato dal passo di San Girolamo, secondo cui «quod -os genere masculino et non neutrali -a dicimus iuxta regulam grammaticorum, et in superioribus docui, non nos ignorantia hoc facere, sed consuetudine propter simplices quoque et indoctos, quorum in congregatione ecclesiae maior est numerus» (Comm. in Hiezechielem: XIV, 47, 5, 590). Per le attestazioni mediolat. della voce, nel significato ‹cubito› cf. LIMAL: 118. jìrita, cf. lat. DǏGǏTA, n. pl. nell’Itinerarium Antonini, ma una forma in -us, m. è attestata nelle iscrizioni (ThLL: 5, 1, 1122, 70ss). jorna < lat. DIŬRNUM, agg. ‹giornaliero, relativo al giorno›; cf. REW: 2700. ligna, cf. lat. LIGNUM, n. e specialmente il pl. class. LIGNA (ThLL: 7, 2, 1385, 44ss.). In lat. tardo compaiono forme di genere Masc. o più sporadicamente Femm. (ThLL: loc. cit.) linzòla < lat. LINTĔŎLUM, n., dim. di LINTĔUM, n. Una variante Masc. è registrata del tutto sporadicamente (ThLL: 7, 2, 1464, 38ss.). pìrita < PĒDĬTUM, n. ‹crepitus ventris›. pirtùsa, cf. lat. tardo PERTŪSIUM, nelle Glosse di Reichenau (REW: 6436). Una forma participiale pertusum da PERTUNDO compare come sost. in Plauto e Lucrezio in sintagmi preposizionali (LTL: 3, 684b). Per il lat. med. pertusum (Acc.) ‹foramen› cf. LIMAL: 485. tajàna < lat. TEGǍNUM, n.; gr. τήγανον, n. (LGII: 502). tulàra < lat. med. TĒLĀRIUM, n., forma principale; è registrata una variante secondaria Femm. (LTL: 4, 676a; Du Cange: 8, 46a). vrazza < lat. BRACCHĬUM, n. (ThLL: 2, 2156, 47ss). vinòcchia < lat. GĚNĬCULUM, n., (genuculum forma più tarda), dim. di GĔNU, -ŪS, n. La forma Masc. occorre solo come traslato nel linguaggio dell’architettura (LTL: 2, 585c; ThLL: 6, 2, 78ss.). ossa < lat. ŎS, OSSIS, n. sing., OSSA, n. pl. con ambiguità di schema morfologico tra II e III declinazione (e di IV declinazione nelle iscrizioni e in scrittori della tarda latinità);

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Prisciano attesta ossum come forma del sermo vulgaris, concessa agli antichi. Un tipo Masc. ossus si trova nelle glosse, nella Mulomedicina Chironis, in Oribasio e in Dioscoride (ThLL: 9, 2, 1092 ss.). Per le differenze di significato ‹osso del corpo (di uomini, animali)› e ‹parte interna di piante e frutta› cf. ThLL, loc. cit.

2. Forme in -i bagni < lat. BALNĔUM, ma con Plur. eteroclito BALNĔAE, -ĀRUM ‹luogo in cui si fa il bagno›, ma anche ‹azione del bagnarsi› (in Plinio) (ThLL: 2, 1704, 38ss.). La forma del Plur. lat. potrebbe giustificare il Plur. sic. in -i. canti < lat. class. CANTUS, -ŪS m. cati < gr. κάδος, m. (LGII: 193), lat. CĂDUS, m. (‹ampio vaso per liquidi›) forma principale; forma secondaria CĂDUM, n. (ThLL: 3, 37, 23). chianti < lat. tardo PLANCTUS, -ŪS m. cuotri < lat. COLLUS, -Ī m., voce rara sino al II sec. d.C.; è Masc. negli scrittori più antichi. Secondo Nonio sarebbe Neutra (una forma sing. in -um è attestata da Cicerone e Catullo: ThLL: 3, 1658, 73ss.). càvuli, cf. lat. CAULIS, -IS (CŌLIS), m., con varianti di forma (Nom. sing. cōles in Celsio, cōlus, sing. e cōli, pl. nelle glosse); gr. καυλός, m.; lat. tardo CĀULU(M) (DEI: 2, 831; DELI: 1, 220). Del lessema lat. si hanno prevalentemente forme oblique (ThLL: 3, 652, 18ss.). muòrivi < lat. MORBUS, -Ī m. L’attestazione del Masc. è dovuta ai grammatici, ma esistono sporadiche tracce di forme Neutre (ThLL: 8, 1478, 79ss). nièr(i)vi < lat. NERVUS, -Ī m. Una forma Neutra nervia è peraltro documentata in Varrone, Petronio e nelle glosse (Stefenelli 1962: 93). puzzi < lat. PŬTĔUS, -Ī m. forma prevalente, anche se non è l’unica. (una forma Neutra del Sing. è documentata sporadicamente, specie in rapporto al Plur. PŬTĔA, -ŌRUM: LTL: 3, 979ass.). sacchi < lat. SACCUS, -Ī m.; gr. σάκκος, m., entrambi presumibilmente prestiti da una base fenicia sáq ‹stoffa grossa, sacco› (LTL: 4, 181c; DELI: 5, 1116). suonni < lat. SOMNUS, -I m. ‹sonno›. vienti < lat. VENTUS, -I m.

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Rosanna Sornicola

viddrìchi < lat. UMBILICUS, -I m. uocchi < lat. ŎCŬLUS, -Ī m. zuòcculi < lat. SOCCŬLUS, -Ī m. ‹parvus soccus› (LTL: 4, 397b); cf. DELI: 4, 1468 per le difficoltà fonetiche della derivazione etimologica. Alcune forme presentano vacillazione di morfo del Plurale nella varietà siciliana e analoga vacillazione nella base etimologica: càntari e càntara, lat. CANTHĂRUS, -Ī ‹coppa per bere›, m., grecismo entrato come prestito in lat. in epoca ant. (gr. κάνθαρος, m.): ThLL: 3, 280, 61ss., che documenta anche un Nom. cant(h)arum come variante minoritaria. Cf. LGII: 208; VES: I, 150ss. per una descrizione dell’ampia diffusione areale del lessema. catuòi e catuòja, gr. κατώγειον, n. ‹sotterraneo; pianterreno› (LGII: 227); lat. med. m., CATODEUM, n. (LIMAL: 68 registra la forma in -us nelle Memorie Amalfitane, ma la forma in -um è documentata nel Codice Diplomatico Amalfitano).

CATODEUS,

corna e cuorni (con differenza di significato: cf. sopra) < lat. CORNŪ, -ŪS n., con ambivalenza di genere e di schema di declinazione. La forma Nom. cornus è documentata da Varrone, Gellio, Ambrogio e Marcello medico; la forma Acc. cornum si trova in Lucrezio, Ovidio, Livio e Petronio e in numerosi scrittori della tarda latinità (ThLL: 4, 962, 36ss.). trappìti e trappìta < lat. TRĂPĒTUS, m. e TRĂPĒTUM, n., entrato in lat. presumibilmente come grecismo della Magna Grecia. La forma neutra è attestata in Columella, Ulpiano, nelle glosse e nelle iscrizioni, mentre in Catone si trova la forma Masc. (LTL: 4, 785a; Du Cange: 8, 158a registra forme Neutre del lemma, con il pl. trapeta); gr. τραπητός, m. e τραπητόν, n.

3. Lessemi a polimorfismo -i / -ira Le proprietà di allomorfia dei lessemi di questo gruppo hanno una distribuzione lessicale che potrebbe riflettere processi diacronici intervenuti in latino tardo. Come è noto, nello schema a Plur. in -ora sono confluiti sia gli antichi neutri della III declinazione latina (corpus, tempus, marmor)12 sia dei lessemi della IV declinazione con vacillazione di paradigma tra IV e II, e uniformatisi infine a quest’ultimo modello. In alcune fasi latinoromanze (la cui cronologia è forse difficilmente determinabile in maniera precisa) devono però essere esistiti dei processi per cui i nomi bisillabici provenienti dalla II (e IV) declinazione potevano acquisire il suffisso -ora del Plur. Questo processo, fondamentalmente indipendente dal Genere, deve avere avuto una motivazione di ––––––– 12

Per

CORPUS, -ŎRIS,

MARMOR, -ŎRIS

ThLL: 4, 999, 6ss., registra solo qualche raro caso di Masc. in fonti tarde. Per una forma Masc. si trova solo in Plinio Valeriano (Lewis and Short s.v.).

I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana

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morfologia prosodica, dal momento che ne sono state investite in maniera molto regolare solo basi bisillabiche. L’intero processo sembra ben rappresentato nell’odierna sincronia della varietà siciliana indagata. I seguenti lessemi hanno allomorfia -i / -ira, con alternanza rispettivamente di forma breve e di forma lunga. Entrambe le forme sono sentite dai parlanti come ugualmente indigene. culi (forma lunga cùlira) < lat. CŪLUS, -Ī m. in Marziale; è voce poco documentata negli scrittori, ma presente nelle Iscrizioni: cf. culum, Acc., a Pompei (ThLL: 4, 1339, 42ss.). fumi (forma lunga fùmira) < lat. FUMUS, Ī m. secondo alcuni grammatici, ma anche documentato come Neutro in testi della tarda latinità (ThLL: 6, 1, 1540, 58ss.). furni (forma lunga fùrnira) < lat. FŬRNUS, -Ī m., con attestazioni quasi tutte post-class. dagli scrittori tecnici. Una forma Neutra fornum è però attestata in Nonio (ThLL: 6, 1, 1622, 3ss.). lietti (forma lunga lièttira) < lat. LECTUS, -Ī e -ŪS m. Il tipo LECTUM, n. è documentato da Ulpiano, nell’Itinerarium Antonimi, in Gregorio di Tours e in Gregorio Magno (ThLL: 7, 2, 1096, 33ss.). truoni, trona (forma lunga truònira), cf. lat. TŎNĬTRUS, -ŪS m. e TŎNĬTRUM, n. nella Vulgata (il Nom. TŎNĬTRU si basa solo sull’autorità dei grammatici: LTL: 4, 745c). Una forma pl. trònora è registrata anche in italiano ant. (DEI: 5, 3915, s.v. trono3). trunzi (forma lunga trùnzira) < lat. tardo TŬRSU(M), cf. lat. class. THYRSUS, Ī m. ‹gambo della pianta› (LTL: 4, 729b); gr. θύρσος, m. ‹thyrse›, θύρσιον, n. ‹autre de la plante› documentato in Dioscoride (Bally: 950c, 951a). tuorni e tuòrnira < lat. TORNUS, -Ī m. (LTL: 4, 750b); gr. τόρνος, m. (DEI: 5, 3831). Per ossa e uòssira ‹nocciolo della frutta› (uossu1), uno dei pochissimi casi in cui si ha alternanza -a / -ira, le due forme sono sentite in variazione libera, ma nel parlato sussiste la già rilevata differenza di forma breve e forma lunga. Altri lessemi esibiscono solo il Plur. in -ira. Si tratta di continuatori di basi latine Neutre: pùntira < lat. PŬNCTUM, n. suònnira < lat. SOMNĬUM ‹sogno›, n. tièttira < lat. TECTUM, n.; LIMAL: 858 registra numerose forme di Plur. in -ora, -oras. Particolarmente interessante sembra la corrispondenza che oppone suonni ‹sonni› (< lat. ‹sonno›) a suonnira ‹sogni; tempie› (< lat. SOMNĬUM, n. ‹sogno›). I lessemi cuorpu2, marmu e tiempu presentano caratteristiche peculiari. I primi due hanno Plur. in -i alternanti con Plur. in -ira (cf. it. ant. le còrpora, le màrmora); le forme lunghe potrebbero essere più antiche (la parlante anziana attesta un Sing. màrmuru, forse SOMNUS, -Ī m.

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rifatto sul Plur. màrmura / màrmira, ma non si può escludere che si tratti di un adattamento di una forma nominativo-accusativa MARMOR). Il lessema tiempu ammette solo un Plur. tiempi, ma si tratta di una situazione che ha riscontri in altre aree italiane.13

6.2 Corrispondenze parziali Altre forme sono prive di polimorfismo nella varietà siciliana esaminata, ma hanno cospicuo polimorfismo nella base etimologica: agghi < lat. class. ALLĬUM, ALĬUM, Plur. ALIA, n. in Plauto, Virgilio e nelle Iscrizioni; il ThLL: 1, 1619, 30ss. documenta l’uso volgare del Genere Masc. alius o aleus. AIS: 7, 1369 registra delle forme di Sing. agghia, Plur. agghi per la Sicilia occidentale e meridionale (la forma Sing. potrebbe essere un antico collettivo neutro rideterminato come Femm. Sing., secondo una trafila comune a molti neutri latini che hanno continuatori in italoromanzo). carri < CARRUS, -Ī m. e CARRUM, n. Secondo Nonio la voce per consuetudine sarebbe Neutra, ma da testimonianze più antiche risulterebbe Masc. (ThLL: 3, 499, 18ss.). castiètri < lat. CASTĔLLUM, diminutivo di CĂSTRUM ‹fortezza›; la forma Masc. è però largamente attestata (ThLL: 3, 525, 4ss.). Oscillazioni si ritrovano anche in greco biz.: nelle glosse e in Procopio si ha la forma greca κάστελλος, mentre Malalas ha prevalentemente il diminutivo neutro καστέλλιον. CASTĔLLUS

catri < lat. CALLUM, n. e CALLUS, m. Le due varianti sono registrate entrambe in esponente di lemma da ThLL, anche se la forma Masc. è data tra parentesi. In Cicerone e Plauto la voce è Neutra, ma in Nevio, Celso, Plinio, Sorano e nelle Glosse è Masc. Le forme m. pl. calli, callos sono documentate in Tertulliano, Rufino e Fulgenzio (ThLL: 3, 176, 18ss.). In un piccolo numero di lessemi la forma del Plurale non ha apparentemente corrispondenza con quella della base etimologica. Bisogna comunque tener presente che, con l’eccezione di PĬLUS, si tratta di nomi con scarsa documentazione attraverso la latinità. Tipi in -a anètra < lat. ĀNELLUS, m., diminutivo di ĀNULUS e ĀNUS. Che si tratti di Masc. si evince solo dai grammatici (ThLL: 2, 39, 77ss.). corpa ‹colpi›, cf. lat. class. CŎLĂPHUS, m. ‹colpo, percossa› (ThLL: 3, 1569, 77ss.); gr. κόλαφος ‹coup sur la joue, soufflet› (Bally: 1113a). Cf. DELI: 1, 255. ––––––– 13

Le forme pl. tèmpora, tèmpori sono documentate in it. ant. (GDLI: 20, 845a), specie come latinismi, mentre il Plur. in -i è di gran lunga prevalente sia nella documentazione antica che in epoca moderna.

I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana

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pila < lat. class. PĬLUS, -Ī m. (LTL: 3, 714c). vurètra < lat. botĕllus, diminutivo di BOTŬLUS, m., voce rara, attestata solo da Marziale e Apicio (ThLL: 2, 2146, 53ss.). Tipi in -i sintuòmi < gr. σύµπτωµα, -ατος, n. ‹affaisement; coïncidence; événement fortuit, ptc. événement malheureux; malheur, malechance; symptome› (Bally: 1831a; Sophocles: 1032 registra per il greco biz. il significato ‹ruins›). La voce è anche entrata come prestito tecnico in lat., SYMPTŌMA, n. ‹affectus cum morbo coniunctus› (LTL: 4, 642c).

7. Conclusioni Il quadro che emerge non può essere del tutto fortuito. Sebbene la prudenza sia d’obbligo, per i motivi ricordati in 6.1, le corrispondenze esaminate consentono alcune rapide conclusioni, che dovranno essere più ampiamente verificate. Per quanto riguarda i nomi del gruppo 1: 1. 2.

3.

4. 5. 6.

Non esiste una flessione -a generale per il Plurale dei nomi inanimati. La maggior parte dei Plurali in -i di nomi con caratteristiche semantiche di non animatezza, e appartenenti ad uno strato lessicale latino (o greco) sono non meno patrimoniali di quelli in -a e la distinzione delle due flessioni è un tratto idiosincratico dei singoli lessemi, che trova un notevole grado di corrispondenza nelle rispettive basi etimologiche. Il polimorfismo -a / -i, raro (al di fuori di casi di italianizzazione), esprime opposizione in termini di Plur. collettivo vs Plur. singolativo, come in altre aree italiane. Il polimorfismo -i / -ira compare in un numero non trascurabile di lessemi. Le forme in -ira potrebbero essere in rapporto a processi morfologici di fasi diverse. Arabismi, italianismi e formazioni lessicali che non appartengono agli strati più antichi prendono il Plurale in -i e raramente quello in -a, in quest’ultimo caso per influenza del significato collettivo della flessione. Questa influenza potrebbe giustificare anche la possibilità (mai univoca) che la flessione -a si trovi con nomi animati del gruppo 2.

La situazione descritta fa ipotizzare un sistema sincronico ibrido, in cui sono notevoli le componenti di conservazione di antiche proprietà morfologiche dei lessemi che costituiscono la base etimologica. Entro certi limiti, si potrebbe dire che resti di un Genere

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neutro, cristallizzati nella flessione del Plurale sono presenti nella varietà indagata in maniera cospicua. Essi costituiscono nell’odierna sincronia proprietà dei singoli lessemi nettamente sentite dai parlanti. Per quanto riguarda le ipotizzate innovazioni, con diffusione della flessione -a a nomi animati e umani, come tratto del Masc. in opposizione al Femm., esse sembrano implausibili. La netta differenza di proprietà morfologiche dei nomi dei gruppi 3, 4 e 5, rispetto ai nomi del gruppo 1 farebbe pensare piuttosto che la giustificazione vada cercata nella struttura dei lessemi, a formazione suffissale (antica o moderna) vs a tema semplice (o sentito come tale nei pochissimi casi in cui si ha una parola etimologicamente fornita di suffisso derivazionale). Poiché la gran parte delle parole a flessione del Plur. in -a sono trisillabiche (o tetrasillabiche), mentre la gran parte delle parole a flessione in -i sono bisillabiche nella forma breve, sarebbe forse possibile pensare ad una attrazione delle parole a suffisso derivazionale, sempre trisillabiche, nello schema del Plur. in -a, indipendentemente dai tratti semantici di animatezza e di Genere naturale ad esse assegnabili. Sia consentito accennare ad una questione finale, che sembra interessante dal punto di vista storico, ovvero come mai la varietà siciliana osservata presenti così numerose corrispondenze di proprietà di morfologia flessiva nei lessemi del gruppo 1 rispetto alle loro basi. Per molti rispetti il siciliano è giustamente ritenuto un dialetto dalla facies innovativa rispetto a quella di altre varietà centro-meridionali. Non mancano peraltro elementi che riconducono ad una latinità antica (per un esame di questa controversa questione, cf. Vàrvaro 1981), forse in rapporto alle protratte condizioni di bilinguismo greco-latino dell’isola (le condizioni di bilinguismo favoriscono spesso conservatività). Questa possibile implicazione storica del problema esaminato rimane senza dubbio da comprendere meglio, ma si può forse richiamare al riguardo, oltre alla notoria tendenza alla stabilità dei fenomeni morfologici, anche il carattere non incolto della latinità della Sicilia, attestato da varie fonti classiche.14

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––––––– 14

Cf. Poccetti / Poli / Santini (1999: 123).

I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana

563

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Jaroslav Štichauer

Evolution des prépositions et emplois locatifs en français préclassique et classique et la notion de locativité forte/faible

Introduction Dans les lignes qui suivent, nous nous proposons, dans un premier temps, de définir, à partir des critères syntaxiques, la notion de locativité forte par opposition à la locativité faible. Ainsi, les emplois prépositionnels de type en ville (locativité faible) seront opposés aux constructions prépositionnelles de type dans (la + une) ville représentant la locativité forte. Nous essaierons par la suite, dans une perspective diachronique, d’établir un lien entre, d’un côté, les constructions à locativité faible du français contemporain et, de l’autre, les emplois prépositionnels locatifs du français préclassique et classique afin de vérifier si la notion de locativité forte/faible est tout aussi opérationnelle sur le plan diachronique.

1. Critères syntaxiques On a souvent observé (Noailly 1999: 110; cf. aussi Danlos 1981: 59; 1988: 23) que certaines constructions attributives/prédicatives à valeur locative admettent la pronominalisation par les deux clitiques le et y. A la différence des phrases comme (1): (1) Cette chanson est toujours en vogue / Cette chaise est en bois // (1a) Celle-ci l’est aussi

pronominalisables uniquement par le comme le montre (1a), les constructions de type (2) sont pronominalisables aussi bien par le que par y, comme on peut l’observer dans (2a): (2) Jean est en prison // (2a) Jean est en prison et Serge (l’+ y) est aussi

On comprend que la construction X est en prison désigne un «référent dématérialisé et catégorisé fonctionnellement en termes d’état» (Cadiot 1997: 26) par opposition à X est dans (une + cette + la) prison où le mot prison désigne «une portion spécifique, définie ou indéfinie, d’espace» (ibid.). Il s’agit d’expliquer maintenant pourquoi cette construction admet la double pronominalisation, autrement dit, pourquoi le clitique y est à même de pronominaliser ce type de syntagme prépositionnel qui ne renvoie qu’à un «référent dématérialisé» et qui ne possède donc pas une vraie valeur locative. Si l’on admet que y

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Jaroslav Štichauer

pronominalise dans ce type de constructions les syntagmes prépositionnels locatifs, on est bien obligé de reconnaître que les suites du type X est (en prison + en classe + à l’armée) accusent un certain niveau de locativité, ce qui fait qu’elles sont interprétables à la fois comme locatives et comme prédicatives – comme le signale Danlos (1981: 59), elles peuvent être coordonnées avec les adjectifs composés prédicatifs.

1.1 Notion de locativité forte/faible Si l’on attribue aux suites pronominalisables par le le trait [+ Nom] représentant des attributs nominaux et adjectivaux comme dans (1) et à celles, locatives, pronominalisables par le clitique y le trait [+ Loc], on peut visualiser les quatre combinaisons possibles de ces deux traits dans le petit tableau suivant: Traits [- Nom], [+ Loc] [+ Nom], [+ Loc] [+ Nom], [- Loc] [- Nom], [- Loc]

Construction Il est dans un café Il est en prison Il est en vogue Il est à cent mètres du but

Pronominalisation Elle (y + *l’) est aussi Elle (y + l’) est aussi Elle (*y + l’) est aussi Elle (*y + *l’) est aussi

C’est à partir de ces propriétés syntaxiques que nous formulons l’hypothèse suivante: les constructions de type [- Nom], [+ Loc] correspondent à ce que l’on pourrait appeler la locativité forte, celles de type [+ Nom], [+ Loc] correspondent à la locativité faible.

1.2 Types d’emplois à locativité forte/faible L’opposition entre locativité forte et locativité faible ne se limite pas à ce type d’emplois. On peut en effet trouver d’autres exemples de cette dichotomie. Les quatre prépositions locatives concernées diffèrent en effet par la possibilité ou l’impossibilité de figurer dans des structures coordonnées de type: Prép1 + et/ou + Prép2 + Dét + GN. Alors que dans et sur peuvent être employées dans les exemples (3), les prépositions à et en se refusent à une telle coordination (cf. (4) et (5)): (3) larves vivant dans et sur le sol // circulation sur et dans les cours d’eau (4) *les oiseaux en et sur la cage (5) *Les flics grouillaient à et devant la Sorbonne (exemple emprunté à Ruwet 1982: 319).

Parallèlement à cela, on observe une différence de comportement syntaxique et d’autonomie d’emploi entre les quatre prépositions dans les constructions de type: Prép1 + Dét + GN1 + Prép2 + Dét + GN2 permutables avec: Prép2 + Dét + GN2 + Prép1 + Dét + GN1. Lorsque les positions de Prép1 et de Prép2 sont occupées par dans et/ou sur comme dans (6):

Evolution des prépositions et emplois en français préclassique et classique

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(6) Les bouteilles sont dans la cave sur deux étagères /sur deux étagères dans la cave

les deux constructions sont en principe identiques, la seule différence entre les deux étant attribuable au phénomène pragmatique de saillance qui n’est pas pertinent pour notre propos. Or leur acceptabilité diminue sensiblement si l’on emploie en pour Prép1 et/ou Prép2 comme dans (6a) et (6b): (6a) ?Les bouteilles sont en cave sur deux étagères / (6b) ??sur deux étagères en cave

1.3 Anaphorisation Les constructions de type X être en N (locativité faible) et celles de type X être dans/sur + Dét + N partagent aussi une autre particularité syntaxique, à savoir la possibilité / impossibilité de reprises anaphoriques. On peut observer en effet que les phrases (7) admettent toutes les deux la reprise anaphorique par y (cf. (8)): (7) Jean est (en prison)i // Jean est (dans une prison modèle)k (8) Il y(i+k) apprend un métier

Dans les constructions où le syntagme prépositionnel apparaît en position de circonstant, on peut également observer la possibilité de reprise anaphorique du même type, les exemples (9) et (9a) se prêtant tous les deux aux mêmes types d’anaphorisation, comme le montre (9b): (9) Paul aime se promener en (forêt)i (9a) Paul aime se promener dans (la forêt de Compiègne)k (9b) Il en(i+k) apprécie le charme

Il est également intéressant d’étudier la reprise anaphorique dans le cas des rapports entre la préposition dans et l’adverbe dedans. (cf. Berthonneau 1999). L’anaphorisation s’avère être, là aussi, un indice du niveau de locativité. Elle ne pose aucun problème dans les cas prototypiques comme (10): (10) Il est dans la chambre. Il est dedans

ce qui n’est plus le cas des configurations moins prototypiques. Il n’y a pas grande surprise à constater que la reprise est impossible dans les structures/locutions figées (cf. Danlos 1981: 56) comme dans (11): (11) Il est dans le pétrin. *Elle est dedans aussi

et qu’elle est plutôt problématique dans le cas des constructions elliptiques dans lesquelles le nom classifieur est effacé comme dans (12 – 12a):

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(12) Il (est + travaille) depuis des années dans (le vêtement + la chaussure) // (12a) ?Il (est + travaille) dedans depuis des années

Un cas particulièrement intéressant est celui des syntagmes prépositionnels Prép + (Dét) + N dans lesquels N désigne une portion d’espace telle que plaine, désert, île, etc. et qui admettent souvent la préposition dans. Or là aussi, la reprise anaphorique par dedans s’avère plutôt problématique et inacceptable comme dans (13) et (13a): (13) Il vit depuis des années dans une île déserte. ??Il se plaît beaucoup dedans // (13a) Il chasse souvent dans le désert. ??Il trouve dedans des espèces animales…

L’inacceptabilité de la reprise anaphorique par dedans est à rapprocher, comme nous allons le voir, des autres cas de locativité faible.

2. Hypothèses A ce niveau de l’analyse, posons un certain nombre d’hypothèses de travail: (a) la locativité comme propriété conceptuelle est corrélée à la syntaxe; (b) toute irrégularité syntaxique a un impact sur la prototypicité (cf. Kleiber 1990; Croft / Cruse 2004, etc.) de la configuration spatiale de la cible par rapport au site (dans la terminologie de Vandeloise 1986) et inversement; (c) la locativité est une catégorie scalaire, autrement dit il existe un continuum entre ce que nous appelons emplois à locativité faible et ceux à locativité forte. A partir de là, on peut représenter cette corrélation entre le syntaxique et le conceptuel / cognitif par les deux tableaux suivants: Construction Prép + Dét + N Prép1 + et + Prép2 + N Prép1 + N1 + Prép2 + N2 = Prép2 + N2 + Prép1 + N1 Anaphorisation par y/dedans

à + + +

en + +

dans + + + +

Conceptualisation spatiale Inclusion de la cible par rapport au site Relation contenant/contenu

à + +

en + +

dans + +

2.1 Locativité et prototypicité syntaxique et conceptuelle Si l’on s’en tient, à titre d’exemple, à ces seuls critères, on observe donc qu’une irrégularité syntaxique (due par exemple à une interprétation métaphorique et/ou au figement comme en (11) ou à l’inacceptabilité d’une reprise anaphorique comme en (13 – 13a) trouve son corollaire dans une anomalie sur le plan cognitif/conceptuel. Si une

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construction correspond à cette matrice idéale, elle atteint le plus haut niveau de prototypicité, autrement dit de locativité (locativité forte).

3. Perspective diachronique Le problème qui se pose maintenant est de savoir si l’on peut établir un lien entre ce qui vient d’être dit et les emplois, en français préclassique et classique, des prépositions locatives (notamment en et dans), et si le concept de locativité forte/faible s’avère opérationnel dans une perspective diachronique. Quand on observe des exemples d’emplois de en comme dans (14): (14) Avez-vous icy dez en bourse? (Rabelais, Tiers livre (1552), Frantext)

on voit que l’usage préclassique se rapproche des emplois locatifs non-référentiels, métaphoriques / figés au sens très large du terme (locativité faible): (15) avoir de l’argent en banque, avoir la victoire en poche

alors que la langue moderne les distingue nettement des emplois locatifs référentiels (locativité forte): (15a) avoir de l’argent dans une banque, avoir les clés dans une poche de sa veste

En comparant ce type d’emplois à ceux que l’on trouve dans d’autres langues romanes (cf. Goyens / Lamiroy / Melis 2002: 284), on voit qu’ils sont bien plus proches de l’usage du français préclassique ((16, it.) et (16a, esp.)): (16) avere la vittoria (in tasca + *nella tasca) / avere le chiavi nella tasca // (16a) empresa cotizada en bolsa / cotizada en la bolsa de Madrid

3.1 L’apparition de dans au XVIe siècle Marchello-Nizia (1992: 279) montre pour le XVe siècle, tout comme Brunot (1906: 382) pour le siècle suivant, que les différentes prépositions locatives, notamment a, en, et sus/sur, restaient encore largement indifférenciées quant au type d’emplois. La disparition progressive de la forme contractée ou/on (< en + le) (cf. Gougenheim 1974: 181) suivie, un peu plus tard, par celle de es (< en + les) entraîne un bouleversement du paradigme: en la / ou / on / es (cf. de Mulder 2008: 287). On admet depuis Gougenheim (1970: 66-76) que la préposition locative dans doit à Ronsard son entrée dans la langue littéraire française (cf. aussi Fahlin 1942: 158; Terreaux 1968; de Mulder 2008: 288), même si l’on trouve un certain nombre d’occurrences de dans dans les textes antérieurs à 1550 (Frantext donne, entre autres, trois occurrences de dans

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chez Jean Marot (Voyage de Venise, 1526), sept chez Antoine du Saix (1537) et pas moins de dix-neuf dans les Contes amoureux de Jeanne Flore. (cf. aussi Fahlin 1942: 160 et ss.). Le tableau suivant offre, en pourcentages et en chiffres absolus, par tranches de cinquante ans (1550-1600, 1600-1650, 1650-1700), le nombre d’occurrences (attestées dans FRANTEXT) de ces groupes prépositionnels (GP) régissant, à titre d’exemple, les compléments locatifs mer et chambre. La tendance générale est facilement observable: le type en + Dét + N, encore majoritaire au XVIe siècle, perd rapidement du terrain face à dans + Dét + N. Cette tendance est encore plus prononcée quand les compléments prépositionnels désignent des espaces à locativité inhérente comme c’est le cas du mot chambre (le cent pourcent correspond à la somme des emplois de dans et en avec chacun des deux compléments pour la période concernée: GP Dans la mer En la mer Dans la chambre En la chambre

1550-1600 24,6% (33) 75,4% (101) 5,8% (8) 94,2% (131)

1600-1650 64,3% (101) 35,7% (56) 74,9% (224) 25,1% (75)

1650-1700 89,7% (139) 10,3% (16) 96% (219) 4% (9)

Au XVIIe siècle, les emplois commencent à évoluer, mais on trouve encore abondamment des traces de l’ancien usage. Comme le dit Brunot (1924: 1060), «pour marquer la situation sur un lieu, on hésite toujours entre à, en, dans et sur». (cf. aussi Spillebout 1985: 214). On trouve ainsi chez Marie de Gournay (1626, FRANTEXT) des emplois «à l’ancienne» comme dans (17): (17) […] il monta en la chambre de la princesse où, s’asseant en une chaise prés du lict, il se mit fort tendrement sur les enquestes de son indisposition.

3.2 Témoignages des grammairiens Dans Le tretté de la grammęre françoęze (1550), Louis Meigret1 atteste la présence de dans qui n’apparaît cependant que comme simple variante de dedans, conformément à un usage plus ancien. En expliquant les différences d’emploi de l’article partitif (ibid.: 164), il laisse apparaître en parallèle des phrases comme dans (18) et (18a): (18) […] j’ey mis du broçhet, de la carpe dedans çet etang […] // (18a) […] j’ey mis ęn męs etables du mouton, du beuf, de la vache […]

qui semblent prouver qu’il ne perçoit aucune différence d’emploi entre en et dedans. En revanche –et c’est là que son témoignage revêt toute son importance– Meigret signale une différence très nette entre les syntagmes prépositionnels à déterminant zéro (en + N) et ceux à la forme canonique en + Dét + N: «Nou’ dizons bien on le męn’ęn prizon, sans ––––––– 1

Nous citons d’après l’édition de W. Foerster (1888), Heilbronn: Verlag von Gebr. Henninger.

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article: nou’ ne diron’ pas toutefoęs on desçęnt çe vin ęn caue, pour ęn la caue. Il faot aosi ęntęndre qe la locuçíon sans articl’ęt plus jeneralle, qe qi ęt par l’article […]» (ibid.: 168). Si l’on croit donc Meigret, la «locution sans article» s’oppose au syntagme en + Dét + N en ceci qu’elle n’a qu’un référent «dématérialisé», autrement dit l’opposition entre en prison vs en la prison correspond pour le XVIe siècle à l’opposition entre locativité faible et locativité forte (l’opposition en prison vs dans (une + cette + la) prison dans la langue moderne). D’autres grammairiens du XVIe siècle semblent être moins sensibles à cette évolution des emplois prépositionnels locatifs. Dans son Institutio Gallicae Linguae (1558), Jean Garnier2 ne consacre aux prépositions qu’un petit chapitre de trois pages (De praepositionibus) dans lequel il essaie de distinguer les emplois locatifs de à par rapport à en en s’en tenant à un usage antérieur et en ignorant dans: «[…] semper & ubique effertur per en: exemplum: Les Anges sont au ciel, & les hommes en terre […]» (p.72). La troisième édition (1632) de la Grammaire et syntaxe françoise de Charles Maupas, la dernière grande grammaire de l’époque préclassique, reflète fidèlement l’évolution en cours dans les premières décennies du XVIIe siècle. Maupas précise (pp. 344-345) que «Dans, Dedans, En, signifient bien de mesme sorte, à sçavoir, In, intra, intrò, intus. Mais leur syntaxe est différente. Dans, Dedans, se peuvent construire avec tous mots de quelque genre, nombre, ou maniére qu’ils soyent». Une trentaine d’années plus tard, Antoine Oudin (Grammaire françoise rapportee au language du temps, 1656) est déjà témoin d’un usage sensiblement différent: la préposition locative en co-existe au côté de dans, mais elle est confinée à des emplois précis ou encore elle semble admise dans les cas où la locativité est exprimée, du moins partiellement, par le verbe: «En se met aussi lors qu’on parle de chose non matérielle contenante: par exemple, il sçait en son ame, en son esprit, en sa conscience, […] on peut dire: il est logé en ce lieu là: il luy a dressé cette lettre là en son logis, &c» (p.311). Pour terminer ce bref aperçu historico-grammatical, ajoutons encore un dernier témoignage de la fin du XVIIIe siècle, à savoir celui de Condillac (Principes généraux de grammaire, 1798). S’appuyant sur une terminologie tout-à-fait moderne («A désigne seulement le lieu où est une chose: dans le désigne avec un rapport du contenu au contenant […]» (p. 213), Condillac ébauche dans les grands traits les différents types d’emplois locatifs en français contemporain («En diffère de dans, parce que le terme qu’il indique se prend toujours d’une manière indéterminée. J’étois en ville signifie je n’étois pas chez moi […]» (ibid.).

3.3 La locativité forte/faible en diachronie L’évolution des emplois prépositionnels entre le français préclassique et l’usage contemporain que l’on vient d’illustrer correspond donc bien au modèle désormais classique de changement linguistique (cf. Brinton / Traugott 2005: 26; Marchello-Nizia 2006) qui suppose qu’entre une forme / construction initiale A et une forme / construction ––––––– 2

Pour tous les autres grammairiens et lexicographes anciens, nous renvoyons aux éditions disponibles sur le site de la BNF: www.gallica.bnf.fr.

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finale B, il existe une période de transition pendant laquelle A et B coexistent: A → (A + B) → B. La phase A corrrespond à l’opposition, en français préclassique, entre les emplois à locativité faible de type en + DétØ+ N (en cave) et ceux à locativité forte de format en + Dét + N (en la cave), alors que la phase B (français contemporain) fait apparaître une opposition entre les syntagmes prototypiques à locativité faible de format en + DétØ + N (en forêt) et ceux à locativité forte de type dans + Dét + N (dans la/cette/une forêt), l’élément nominal N (la cible) étant fortement contraint quant à ses caractéristiques conceptuelles. Quant à la période de transition qui correspond grosso modo au XVIIe siècle (avec bien entendu des empiètements sur la fin du XVIe et le début du XVIIIe siècle), il est à supposer que les syntagmes prépositionnels régis par dans se sont imposés –pour une période dont la durée reste à déterminer– comme les seuls à être utilisés pour tout emploi à locativité forte indépendamment du cadre conceptuel / cognitif tel que nous le connaissons aujourd’hui. Nous expliquons ainsi les «suremplois» de type «j’ay nulle blessure dans la main» (Baro, 1628, Frantext) ou encore l’emploi de dans devant des compléments «bidimensionnels» comme désert, plaine, île (cf. les exemples (14) et (15) cités plus haut). En effet, on observe que devant ce type de compléments (sites), dans précède, sur le plan chronologique, à sur. On trouve couramment au XVIIe siècle des exemples comme (19): (19) Dans une plaine extremement verte nous crusmes voir une eminence couverte de neige […]. (Guez de Balzac, 1657, Frantext)

Le même constat vaut pour dans vs sur une île: le syntagme dans une isle est en effet attesté dès 1602 (Fauchet, Frantext), alors que sur une isle ne date que de 1681 (Bossuet, Frantext) et de 1794 (Mme de Staël) pour la version graphiée sur une île. On peut donc dire que l’emploi de dans devant certains noms désignant des portions d’espace constitue en quelque sorte des constructions résiduelles. Quand on compare le nombre d’occurrences de ces syntagmes que l’on peut trouver sur la toile, on s’aperçoit d’une nette, mais inégale évolution en direction d’une certaine «standardisation» des emplois: 147 000 occurrences de dans une île contre 975 000 pour sur une île, 56 000 occurrences pour dans une plaine contre 18 000 pour sur une plaine.

Conclusion La perte progressive de locativité des prépositions en et à a été constatée par de nombreux chercheurs: Goyens / Lamiroy / Melis (2002: 278) parlent de «‹déplacement› de A: le rôle basique de A ne coïnciderait plus avec son sens premier, locatif» et constatent par la suite (ibid.: 281) que «son sens original, locatif, s’est affaibli». De Mulder (2008: 285) fait remarquer pour sa part que «Le sens de la préposition en en français moderne n’est donc pas purement spatial». La notion d’emploi à locativité forte/faible nous permet de fournir, dans une perspective diachronique, un patron explicatif pour certains types d’emplois prépositionnels et de relier ainsi l’usage (pré)classique à celui du français contemporain.

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Les distributifs aléatoires en roumain et en français

1. Les distributifs aléatoires: définition et formes Nous nous proposons de faire une étude contrastive, dans une perspective morphosyntaxique et sémantique, des indéfinis que l’on peut qualifier de distributifs aléatoires (cf. Wilmet 1997), du type oricine, orice... / n’importe qui, n’importe quoi..., source de fautes interférentielles pour les apprenants roumains du français. Cette catégorie de termes comprend des pronoms et des adjectifs, ainsi que des adverbes. Les distributifs aléatoires font référence à un ensemble virtuel d’éléments du même type, parmi lesquels on peut choisir (extraire), de façon aléatoire, n’importe quel élément, sans aucune distinction (choix indifférent). Qu’il s’agisse d’une personne, d’une chose, d’une caractéristique, d’un certain lieu ou moment, d’une certaine manière d’agir ou d’une quantité, on a toujours affaire à des éléments virtuels; et l’on pourra préciser, avec Hadermann (1993), que ce n’est pas une tendance vers le particulier que l’on décèle dans le cas de ces distributifs, mais bien un mouvement vers le général. Selon Charaudeau (1992: 288), on se situe là dans le domaine de l’indétermination à valeur d’exemplaire (distinguée de la valeur d’unicité); parmi les identificateurs à valeur d’exemplaire, il distingue ceux qui expriment le mode d’indétermination aléatoire, qui «identifie l’être qui sert d’exemplaire comme si, en quelque sorte, il avait été tiré au hasard parmi les représentants de la classe: n’importe qui».1 L’idée d’indétermination ou de choix indifférent spécifique aux distributifs aléatoires est mise en évidence par les définitions et les paraphrases que l’on trouve dans les dictionnaires et les grammaires du roumain et du français. Certaines paraphrases du roumain comportent l’adverbe indiferent ‹indifféremment› (oricare ‹n’importe lequel›, oricine ‹n’importe qui›, oriunde ‹n’importe où› et oricum ‹n’importe comment› sont ainsi glosés dans le DLR par ‹indiferent care / cine / unde / cum›). On a aussi des structures du type roum. nu are / n-are importanŃă ‹cela n’a pas d’importance›, ‹peu importe›, fr. peu importe, n’importe (la dernière apparaît d’ailleurs dans les formes composées du français); par exemple, où qu’il aille est glosé par ‹peu importe (n’importe) où il va›. On rencontre également des gloses qui soulignent l’idée d’un ensemble global, de la généralité, de la totalité, réalisées à l’aide des adverbes pretutindeni / partout (par exemple: où qu’il aille ‹partout où il va›) ou des indéfinis de la totalité tout / tous les... ––––––– 1

À la différence du mode d’indétermination appelé exhaustif qui «identifie l’être dans sa valeur absolue de représentant de la classe: tout» (Charaudeau 1992: 288).

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On peut remarquer aussi l’emploi des verbes a vrea ‹vouloir›, a dori ‹désirer› / vouloir qui évoquent la liberté du choix, faisant référence à la subjectivité d’un «agent» qui effectuera le choix en fonction de ses désirs ou de sa volonté; ainsi oricare est glosé par ‹care vrei› (‹lequel tu voudras›), oricum par ‹cum doreşti› (‹comme tu le désires›), orice par ‹tot ce vrea cineva› (‹tout ce que quelqu’un veut›, DEX online). La présence du verbe a putea / pouvoir souligne la possibilité de choisir un élément à l’intérieur d’un champ virtuel, défini par le syntagme comportant un distributif aléatoire: R. Textul lui se poate traduce în orice limbă (http://www.google.ro (2005 08 25); ‹son texte peut être traduit dans n’importe quelle langue›). Le contexte discursif dans lequel apparaît le distributif aléatoire peut apporter des précisions dans le même sens: Fr. Je ne sais ni où ni quand. N’importe quand. Quand tu veux (http://www.google.fr (2005 08 25)) ou peut renforcer l’idée du choix indifférent: R. Viruşii vin de peste tot, de oriunde, fără discriminare, fără culoare... (http://lists.www1.haisoft.fr (2005 08 25); ‹les virus arrivent de partout, de n’importe où, sans discrimination, sans couleur›). Le point de départ de notre analyse est la constatation du fait que le roumain dispose d’une série complète et homogène de formes –pronoms, adjectifs et adverbes– fonctionnant comme distributifs aléatoires: oricine, orice, oricare, oriunde, oricând, oricum, oricât2, ce qui n’est pas le cas en français, où la situation est assez compliquée. Voici la série des formes que comporte le roumain standard3 (certains termes connaissent un double emploi, pronominal et adjectival): oricine, pe oricine, oricui – pronom (humain); orice – pronom et adjectif (non humain); oricare, oricărui(a) – adjectif et pronom; oricât, oricâtă, oricâŃi, oricâte – adjectifs (idée quantitative); oricând – adverbe de temps; oriunde, oriîncotro – adverbes de lieu; oricum – adverbe de manière; oricât (de) – adverbe4 de quantité / durée ou d’intensité. À la différence du roumain, le français possède deux séries de termes qui, tout en exprimant les mêmes distinctions de nature sémantique, ont un fonctionnement syntaxique distinct: – les formes composées n’importe + pronom / adjectif / adverbe interrogatif, employées surtout de manière autonome: n’importe qui, n’importe quoi, n’importe quel, n’importe lequel, n’importe quand, n’importe où, n’importe comment, n’importe combien; s’y ajoutent les formes quiconque et quelconque;5 ––––––– 2

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Étymologiquement, tous ces distributifs sont formés avec l’élément invariable ori- suivi d’un pronom / adjectif / adverbe interrogatif; ori- remonte, probablement, au latin VOLET (forme du verbe *VOLERE «vouloir»); on a aussi des variantes qui comportent l’élément -şi-: orişicine (< ori + şi + cine), orişicare (< ori + şi + care)…; le roumain ancien ou régional connaît également les formes vericine, verice..., dans lesquelles on peut identifier l’élément veri-, du latin *VELIS «tu veux», provenant du même verbe VOLERE. L’existence de la déclinaison multiplie les formes du roumain, car les pronoms / adjectifs en question varient en genre, en nombre et en cas. Oricât fonctionne aussi avec une valeur pronominale. Comme le fait remarquer Charaudeau (1992: 289), les pronoms n’importe qui et quiconque ne sont pas interchangeables. Quiconque «signale une indétermination exemplaire et aléatoire mais qui n’est envisageable que de manière potentielle: ‹Quiconque arrive en retard devra payer une amende› (toute personne susceptible d’arriver en retard)», tandis que n’importe qui «signale que

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– une série de termes composés (corrélatifs), employés dans les subordonnées de concession: qui que… (variante: qui que ce soit qui / que), quoi que…, quel(le)(s) que..., quelque (+ Adj / Adv) que…, quelques (+ N) que…, où que (variante: où que ce soit que)…; quelques formes composées fonctionnant dans les concessives, là où la série précédente présente certaines lacunes: à quelque moment que ce soit (*quand que), de quelque façon / manière que ce soit (*comment que). Ce qui nous semble donc essentiel, surtout dans une perspective contrastive, c’est précisément l’analyse du fonctionnement syntaxique des distributifs aléatoires. Nous distinguerons ainsi trois types d’emplois. Il y a d’abord un emploi que nous appellerons «autonome» (au niveau intrapropositionnel): les termes en discussion assument tout simplement une fonction syntaxique à l’intérieur d’une proposition (phrase indépendante ou proposition subordonnée). Les deux autres emplois mettent en jeu le niveau interpropositionnel (la phrase complexe): les distributifs aléatoires jouent le rôle de connecteur, tout en assumant une fonction syntaxique à l’intérieur de la proposition subordonnée qu’ils introduisent. Nous avons envisagé ici deux types de situations: les distributifs aléatoires sont employés dans des subordonnées dites intégratives pronominales ou adverbiales ou bien dans des subordonnées concessives.

2. Emploi «autonome» Les distributifs aléatoires peuvent assumer diverses fonctions syntaxiques à l’intérieur d’une phrase indépendante ou dans une proposition subordonnée (autre que les intégratives pronominales / adverbiales ou les concessives): R. Oricine poate spune orice. (‹n’importe qui peut dire n’importe quoi›) R. Mi-a spus că poŃi chema pe oricine. (‹il m’a dit que tu pouvais appeler n’importe qui›) Fr. L’avenir est la mobilité: pouvoir communiquer de n’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui mais pas n’importe comment et pas avec n’importe quoi... (http://www.routard.com/guide (2005 08 25))

Le distributif peut même constituer une phrase à lui seul, comme dans l’exemple que voici: R. Să plecăm de aici. – Unde? – Oriunde. (‹Partons d’ici. – Où? – N’importe où.›)

Comme nous l’avons précisé, les distributifs aléatoires expriment l’identité indifférente; l’indétermination concerne donc l’identification d’une personne, d’une chose, d’un moment, d’un lieu, etc. à l’intérieur d’un ensemble. Cet ensemble est souvent évoqué de façon implicite, en roumain tout comme en français (le distributif n’est alors suivi d’aucune détermination). Dans Poate veni oricând / Il peut venir n’importe quand, l’adverbe oricând ––––––– cette indéterminaion est envisagée de manière effective: ‹N’importe qui te le dira› (toute personne que tu interrogeras effectivement te le dira)».

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/ n’importe quand renvoie à l’ensemble (dont les limites ne sont pas précisées) des moments possibles où pourrait avoir lieu telle ou telle action. Dans les emplois que nous avons appelés «autonomes», cet ensemble virtuel peut être cerné ou délimité grâce à divers types de déterminations. L’ensemble est souvent identifié à l’aide d’un SP de lieu ou de temps: oriunde în spaŃiul Schengen (http://lists.frantaromania.com (2005 08 25); ‹n’importe où dans l’espace Schengen›); n’importe où en France (http://mobilier.2imahl.fr (2005 08 25)), n’importe quand durant la semaine (http://www.cra-arc.gc.ca (2005 08 25)). Le distributif peut être accompagné d’un complément partitif, comportant un nom / pronom qui définit l’ensemble d’où l’on peut extraire, de façon aléatoire, n’importe quel élément: R. oricare dintre acestea (‹n’importe laquelle de celles-ci›); Fr. n’importe lequel d’entre nous (Riegel et al. 1994: 212). L’ensemble peut être également défini au moyen d’une proposition relative, surtout dans la langue parlée (le distributif aléatoire est sujet ou COD): R. Oricine care se pricepe la mecanică... (http://www.google.ro (2005 08 25) ‹quiconque s’y connaît en mécanique›; trad. littér. ‹n’importe qui qui s’y connaît...›); Donnez n’importe combien que vous croyez pouvoir donner (http://www.google.ro (2005 08 25)); Ils font n’importe quoi que vous voulez (http://www.feedzilla.com.fr/news (2005 08 25)).6 Le distributif peut être le complément d’un comparatif: c’est l’indéfini altul / autre qui fait référence à tous les éléments du même type constituant l’ensemble des éléments évoqués: R. O zi ca oricare alta (http://www.agonia.net/index.php.poetry (2005 08 25) ‹une journée comme n’importe quelle autre›); R. la fel ca oriunde în altă parte. (http://www.journeyetc.com/ro (2005 08 25)); trad. littér. ‹pareil que n’importe où ailleurs›). On peut définir les limites de l’ensemble au moyen des relateurs prépositionnels marquant la limite initiale et la limite finale: R. Vinde orice, de la lenjerie intimă până la maşini (http://www.hotnews.ro/stiri (2005 08 25)) ‹il vend n’importe quoi, depuis la lingerie intime jusqu’aux voitures›). Un cas à part est représenté par les situations où le distributif aléatoire est accompagné d’un complément d’exception (de restriction) qui précise le fait que l’élément visé par l’énonciateur est exclu de l’ensemble des choix possibles: R. Oricine, numai Bush nu! (http://ro.altermedia.info (2005 08 25) ‹n’importe qui, sauf Bush›); Fr. N’importe où, sauf ici (http://www.chapitre.com (2005 08 25)). De l’idée d’identification indifférente dérive la valeur de qualification: un élément qui ne se distingue par aucune particularité ou qualité est médiocre, banal. Certains distributifs aléatoires tels que fr. n’importe quoi, n’importe comment peuvent exprimer cette valeur: Fr. C’est rédigé n’importe comment (PR, ‹sans soin, mal›); Fr. Arrête de dire n’importe quoi (PR). On ajoutera ici les formes quelconque du français (qui peut même devenir un véritable adjectif qualificatif: c’est très quelconque) et oarecare ‹quelconque› du roumain. Dans les constructions négatives où la négation porte précisément sur le distributif aléatoire, on insiste sur la qualité que devrait avoir l’élément choisi: R. Nu oricine poate fi istoric. (http://www.contrafort.md (2005 08 25) ‹n’importe qui ne peut pas être historien›); Fr. Investir, oui, mais pas n’importe comment! (http://www.finaperf.com (2005 08 25)). ––––––– 6

Les exemples français relèvent d’une langue parlée assez relâchée. On pourrait citer aussi un autre exemple où la proposition en que détermine un adverbe de temps: N’importe quand que j’ai eu besoin d’elles... (http://www.geocities.com (2005 08 25)).

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Les distributifs aléatoires en emploi autonome ont un fonctionnement comparable en roumain et en français. Nous allons illustrer cela par un certain nombre d’exemples très simples, mais significatifs, du roumain avec leurs équivalents en français. a) Pronoms R. Oricine te poate ajuta. – Fr. N’importe qui peut t’aider. R. PoŃi chema pe oricine. – Fr. Tu peux appeler n’importe qui. R. Te poŃi adresa oricui. – Fr. Tu peux t’adresser à n’importe qui. R. Cheamă-l pe oricare dintre ei. – Fr. Appelle n’importe lequel d’entre eux. R. Pentru tine fac orice. – Fr. Pour toi, je ferais n’importe quoi. R. Îi poŃi cere oricât. – Fr. Tu peux lui demander n’importe combien (n’importe quelle somme).

b) Adjectifs R. PoŃi citi orice carte din biblioteca mea. – Fr. Tu peux lire n’importe quel livre de ma bibliothèque. R. Oricare student poate răspunde la această întrebare. – Fr. N’importe quel étudiant peut répondre à cette question. R. Îi poŃi cere oricâte cărŃi. – Fr. Tu peux lui demander n’importe combien de livres / tous les livres que tu voudras.

c) Adverbes (de temps, de lieu, de manière, de quantité) R. Poate veni la noi oricând. – Fr. Il peut venir chez nous n’importe quand. R. PoŃi pleca oriunde / oriîncotro. – Fr. Tu peux partir n’importe où (dans n’importe quelle direction). R. PoŃi răspunde oricum. – Fr. Tu peux répondre n’importe comment. R. Aştept oricât. – Fr. J’attendrai aussi longtemps qu’il faudra. R. Îi poŃi cere oricât de mult. – Fr. Tu peux lui demander n’importe combien (n’importe quelle somme).

Comme on peut le constater, le seul cas qui pose problème, ici, est celui des distributifs quantitatifs: l’adjectif oricâŃi / oricâte a pour équivalent la locution adverbiale n’importe combien de ou l’indéfini de la totalité tous les N que + V, et l’adverbe oricât, qui exprime la quantité temporelle (durée), a pour équivalent aussi longtemps que + V.

3. Intégrative pronominale / adverbiale Les distributifs aléatoires peuvent être employés dans des subordonnées dites intégratives (cf. Moignet 1974; Le Goffic 1993), pronominales ou adverbiales. Le pronom ou l’adverbe est comparable ici à un relatif: il joue le rôle de connecteur, tout en remplissant, en même temps, une fonction syntaxique dans la subordonnée. L’intégrative peut être postposée ou antéposée par rapport à la régissante et elle doit être interprétée, du

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point de vue syntaxique, comme une subordonnée substantive (sujet, COD, COI) ou adverbiale (CC). La structure verbale à laquelle se trouve intégré le distributif aléatoire sert à déterminer, de manière plus ou moins précise, l’ensemble (personnes, choses, actions, moments, quantités...) à l’intérieur duquel peut se faire le choix de tel élément, ensemble qui est défini par rapport à la volonté d’un agent ou en fonction des coordonnées implicites de l’action exprimée par le verbe. Les exemples que nous proposons ci-dessous vont illustrer les principaux types d’équivalences entre le roumain et le français, pour cet emploi des distributifs aléatoires. a) Pronoms R. Cheamă pe oricine vrei. – Fr. Appelle qui / n’importe qui / quiconque tu voudras. R. Pe oricine ai chema va veni să te ajute. – Fr. N’importe qui tu appellerais / Qui que ce soit que tu appelles, il viendra. R. Cheamă-l pe oricare va fi disponibil. – Fr. Appelle n’importe lequel [d’entre eux] qui sera disponible / quiconque sera disponible. R. Voi face orice îmi vei cere. – Fr. Je ferai tout ce que tu me demanderas de faire. R. Ascult pe oricine vorbeşte, vorbesc oricui vrea să asculte. (http://www.google.ro (2005 08 25)) – Fr. J’écoute quiconque me parle, je parle à quiconque veut m’écouter. R. Citesc orice îmi pică în mână. (http://www.marcisoleil.bloging.ro (2005 08 25)) – Fr. Je lis tout ce qui me tombe sous la main. R. Orice mi-ai cere, îŃi voi da. – Fr. N’importe quoi que tu me demanderais (langue parlée) / Tout ce que tu me demanderas, tu l’auras.

b) Adjectifs R. PoŃi citi orice carte vrei. – Fr. Tu peux lire n’importe quel livre / tous les livres que tu voudras. R. Întreabă-l pe oricare student vrei. – Fr. Demande à n’importe quel étudiant [tu voudras].

c) Adverbes (de temps, de lieu, de manière, de durée, de quantité) R. Poate veni la noi oricând va vrea. – Fr. Il peut venir chez nous quand il voudra / n’importe quand. R. La ce oră? – Oricând vrei dumneata. (http://www.scribd.com (2005 08 25)) – Fr. A quelle heure? – Quand vous voudrez. R. Unii oameni aduc fericire oriunde se duc. (http://sintezagandirii.wordpress.com (2007 07 19)) – Fr. Certains hommes apportent le bonheur partout où ils vont. R. PoŃi pleca oriunde vrei. – Fr. Tu peux partir où tu voudras. R. PoŃi răspunde oricum vei vrea. – Fr. Tu peux répondre comme tu voudras. R. PoŃi să stai la noi oricât vrei. – Fr. Tu peux rester chez nous tout le temps que tu voudras. R. Îi poŃi cere oricât de multe cărŃi vrei. – Fr. Tu peux lui demander autant de / tous les livres que / n’importe combien de livres que tu voudras (langue parlée).

Si l’on considère les équivalents français des distributifs aléatoires roumains employés dans les intégratives, on constate qu’il n’y a pas toujours correspondance; on peut avoir

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recours à des structures assez variées –en tant que variantes possibles ou en tant qu’unique solution–, qui font intervenir: la série des formes composées en n’importe... (sauf dans le cas des adverbes), le pronom quiconque, le relatif qui ou qui que ce soit qui; l’indéfini de la totalité tout (+ ce qui / que), l’adverbe partout (+ où); les adverbes relatifs quand, où, comme (comme équivalents de oricând, oriunde, oricum); des structures diverses pour exprimer l’idée de quantité: autant de N que..., tous les N que, n’importe combien de… (dans la langue parlée). Pour ce qui est du mode employé dans l’intégrative, on rencontre en roumain l’indicatif présent ou futur ou, parfois, le conditionnel; en français on a l’indicatif présent ou futur, tandis que le conditionnel n’est utilisé que dans la langue parlée (après les formes composées en n’importe...).

4. Subordonnée concessive Les distributifs aléatoires sont souvent employés dans les propositions subordonnées concessives, appelées concessives relatives (GLR), qui apparaissent en position antéposée ou postposée par rapport à la principale. Dans ces constructions, l’idée de choix indifférent s’accompagne de l’idée d’opposition; dans la principale on rencontre souvent le terme corrélatif tot / toujours. Le pronom ou l’adverbe remplit une fonction syntaxique dans la subordonnée, jouant en même temps le rôle de connecteur au niveau de la phrase. Si l’on met en rapport les structures du roumain et leurs équivalents en français, on constatera que le français utilise essentiellement, dans les concessives relatives, la série des termes composés corrélatifs, mais on rencontre aussi d’autres types d’équivalences. Voici les principaux cas de figure: a) Pronoms et adjectifs R. Oricine aŃi fi, trebuie să fiŃi politicoşi. – Fr. Qui que vous soyez, vous devez être polis. R. Pe oricine ai chema, tot degeaba ar fi. – Fr. Qui que ce soit que tu appelles / Tu peux appeler n’importe qui, ce sera toujours en vain. R. Orice ai face, nu mă vei convinge. – Fr. Quoi que tu fasses / Tu peux faire tout ce que tu voudras, tu ne pourras pas me convaincre. R. Orice carte îi vei cere, tot degeaba va fi. – Fr. Quelque livre que tu lui demandes / tu peux lui demander tous les livres que tu voudras, ce sera toujours en vain. R. Pe oricare [din ei] l-ai chema, tot nu va veni nimeni. – Fr. Tu peux appeler n’importe lequel d’entre eux, aucun ne viendra. R. Oricare ar fi motivele tale, greşeşti. – Fr. Quelles que soient tes raisons, tu as tort. R. Oricâte cărŃi ai citi, nu vei putea fi niciodată un savant. – Fr. Quelques livres que tu lises / Tu peux lire tous les livres / autant de livres que tu voudras, tu ne seras jamais un savant. R. Oricât i-ai oferi, tot nu vei obŃine nimic. – Fr. Tu peux lui offrir tout ce que tu voudras, tu n’obtiendras toujours rien.

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b) Adverbes (lieu, temps, manière, durée, intensité) R. Oriunde / oriîncotro ai merge, tot nu vei găsi ce cauŃi. – Fr. Où que tu ailles / Tu peux aller n’importe où / où tu voudras / N’importe où tu iras (langue parlée), tu ne trouveras pas ce que tu cherches. R. Oricând ar reveni, voi refuza să-l întâlnesc. – Fr. À quelque moment qu’il puisse revenir / Il peut revenir n’importe quand / quand il voudra, je refuserai toujours de le rencontrer. R. Oricum ai întoarce lucrurile, tot nu-l vei convinge. – Fr. De quelque manière que tu tournes les choses / N’importe comment tu retournes les choses (langue parlée), tu ne réussiras pas à le convaincre. R. Oricât l-ai ruga, tot degeaba va fi. – Fr. Tu auras beau le prier, ce sera toujours en vain. R. Oricât de inteligent ar fi, nu va putea rezolva problema. – Fr. Quelque intelligent qu’il soit il ne pourra pas résoudre le problème.

Comme on peut le constater, on retrouve en français plusieurs types de structures équivalentes aux concessives relatives du roumain: – subordonnée concessive relative, dont le verbe est au subjonctif; certaines structures relèvent plutôt de la langue écrite (qui que (ce soit que), où que). On a parfois un problème concernant le choix du distributif aléatoire qui fonctionne comme connecteur; par rapport au roumain, le français présente des lacunes lexicales, dans le cas de certains adverbes qui introduisent des concessives: *quand que, *comment que, *combien que: le problème est résolu grâce aux formes composées: à quelque moment que, de quelque façon / manière que..., ou à l’aide d’autres structures, telle que avoir beau + infinitif. La langue parlée (cf. Internet) emploie parfois des formes renforcées –peu acceptables, d’ailleurs– du type: quelque que soient tes raisons. – proposition juxtaposée comportant le verbe pouvoir, dans laquelle on emploie des pronoms / adverbes en n’importe (comme termes autonomes); – intégrative comportant des formes en n’importe, le verbe étant à l’indicatif (présent ou futur) ou au conditionnel (l’idée d’opposition-concession est le fait du contexte); construction possible dans la langue parlée. Nous signalons également les constructions fautives utilisées par certains apprenants roumains du français, du type: *n’importe qui vous seriez... ou *n’importe quoi vous feriez / faites.

5. Conclusion Comme on vient de le montrer, le roumain possède un système simple et cohérent de distributifs aléatoires, à la différence de celui du français, qui est un peu plus compliqué, tout en présentant certaines lacunes. Il n’est donc pas étonnant que l’emploi des distributifs aléatoires soulève certaines difficultés d’acquisition pour les apprenants roumains. L’interlangue de beaucoup d’apprenants comporte des structures qui reproduisent celles de la langue maternelle (fautes interférentielles). C’est, assez souvent, le cas des constructions à valeur concessive, plus difficiles. En fait, les difficultés d’apprentissage s’accroissent en passant de l’emploi autonome aux intégratives et aux concessives.

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Il est donc nécessaire, pour commencer, de définir clairement et de façon systématique les trois types d’emplois que nous avons décrits. Il faut prendre en considération tous les facteurs syntaxiques et sémantiques en jeu (domaine sémantique, fonction syntaxique, emploi du mode), les lacunes lexicales (il faut trouver des équivalents adéquats pour compenser certaines lacunes du français), ainsi que le rôle du contexte dans l’interprétation de certaines constructions (que l’on retrouve dans les intégratives et dans les concessives). Il faut tenir compte des variantes possibles en fonction du niveau de langue, et attirer l’attention sur certains «modèles» très discutables que l’on trouve sur Internet. Dans le prolongement de cette analyse contrastive, on pourrait envisager une étude plus détaillée et plus nuancée des possibilités de traduction assez diverses dont dispose le français dans le domaine des distributifs aléatoires, à partir de l’analyse d’un corpus de textes traduits.

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Aina Torrent-Lenzen / Manuel Pérez Saldanya

Los activadores negativos en catalán antiguo

1. Introducción El objetivo del presente estudio1 es analizar las formas y las reglas de uso de los elementos que en la estructura oracional del catalán antiguo funcionaban como activadores negativos (ANs). Antes de entrar en materia y definir qué es un AN, introduciremos otros términos estrechamente ligados a este, a fin de dar una idea global de una serie de fenómenos interdependientes, relacionados con este aspecto de la negación. La modalidad oracional impone restricciones respecto a la aparición de ciertas palabras o expresiones, conocidas como términos de polaridad. La polaridad es, por lo tanto, una propiedad de las oraciones que determina el tipo de unidades que se pueden utilizar en ellas. Hay polaridad afirmativa, negativa e incluso modal (cf. Bosque 1999). Por lo que respecta a la negación, reciben el nombre de términos de polaridad negativa (TPNs) las palabras o expresiones que únicamente pueden utilizarse en contextos en que se niega o se suspende el valor de verdad de la oración. El indefinido res ‹nada›, por ejemplo, es un TPN y por eso su uso resulta agramatical en oraciones afirmativas (*Ha dit res ‹Ha dicho nada›), pero no en oraciones negativas (No ha dit res ‹No ha dicho nada›) o en otro tipo de contextos en los que se suspende el valor de verdad como en las interrogativas (Ha dit res? ‹¿Ha dicho algo?›, literalmente ¿Ha dicho nada?). De acuerdo con lo que se acaba de indicar, el adverbio no y los elementos que como él crean un contexto adecuado para la aparición de TPNs reciben el nombre de activadores negativos. Entre un AN y un TPN existe, así pues, una relación de interdependencia, desde el momento en que el primero aporta la propiedad sintáctica y semántica necesaria para legitimar el segundo (cf. Espinal 2002: 2753). La estructura resultante de esta interdependencia, esto es, el hecho de que en una oración concurran dos o más elementos negativos sin que se anule su negatividad, se conoce como concordancia negativa (cf. Mathesius 1933). Desde el punto de vista diacrónico, cabe interpretar este fenómeno dentro de la tendencia a la analiticidad en la evolución histórica de muchas lenguas y también del catalán. En el caso de la negación, el sistema sintético del latín clásico, basado ––––––– 1

El presente estudio se ha llevado a cabo dentro del proyecto «Per a una Gramàtica del català antic» (FFI 2009-13065 del Ministerio de Educación y Ciencia-FEDER), que tiene como objetivo la realización de una sintaxis colectiva sobre el catalán antiguo. Los ejemplos que se citan se han obtenido a partir del «Corpus informatitzat del català antic» (CICA), diseñado para la realización de dicha sintaxis y coordinado por Joan Torruella, Manuel Pérez Saldanya y Josep Martines (http://seneca.uab.es/sfi/cica/).

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en el uso de una única palabra negativa en las oraciones negativas, fue sustituido progresivamente por un sistema analítico, en un principio marcado expresivamente, en el que la partícula no u otros elementos equivalentes pueden coaparecer con otras palabras negativas sin que ello afecte la interpretación de la oración (cf. Pérez Saldanya 2004: 68-70).2 El grupo de los ANs incluye elementos y estructuras muy variados: preposiciones, adverbios, verbos, construcciones comparativas, etc. Podemos afirmar que constituyen una clase sintáctica desde el momento en que los elementos que la conforman muestran un comportamiento sintáctico determinado. No obstante, a menudo solamente es posible caracterizar esta clase con la ayuda de procedimientos pragmáticos. Es difícil, por ejemplo, justificar la existencia de una negación implícita en verbos del tipo sorprendre’s o dubtar si no se tienen en cuenta las expectativas del emisor en el momento de la enunciación (cf. Bosque 1980: 88). Los TPNs constituyen, asimismo, un conjunto heterogéneo como puede observarse en el cuadro siguiente, donde se recogen los TPNs ordenados por columnas, según su función, y por filas, según su origen (latino, románico o propiamente catalán). El símbolo «†» indica que son formas inexistentes en la lengua actual.3 indefinido determinante pronombre

cuantitativo tiempo

†null †ne(n)gun (> ningun)

cap

†nient, ne(n)gú (> ningú), re(s)

gens, gaire

†mica, †punt, gota

adverbio de lugar foco

†anc, †nunca †jamés, †jamai, mai

refuerzo

conjunción (ne >) ni

pas

enlloc

tampoc †mica

Además de los elementos recogidos en el cuadro, también funcionan como TPNs construcciones con el indefinido algun pospuesto (persona alguna, cosa alguna), usuales en el XV pero inexistentes en el catalán actual, y diferentes expresiones minimizadoras como persona en el món (cf. Pérez Saldanya / Torrent-Lenzen 2007).

––––––– 2

3

A pesar del carácter sintético de la negación latina, diferentes palabras negativas proceden en esta lengua de la fusión de construcciones de negación analítica. Este proceso de gramaticalización, documentable en muchas otras lenguas, explica el origen de palabras negativas como non (< ne oenum ‹ni uno›), nihil o nil (< ne hilum ‹ni siquiera un hilo›), etc. (cf. Buridant 2000: 708). No se incluyen el indefinido cap ‹ningún›, que solo empieza a documentarse a final de la edad media, ni el cuantitativo gaire, que funciona como TPN pero con el valor de ‹molt› (No parla gaire ‹No habla mucho›). Sobre los TPNs en diversas lenguas románicas, cf. Martins (2000).

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2. Descripción de usos Los ANs se pueden clasificar en dos grandes grupos, según si crean un contexto negativo o un contexto modal o no asertivo. En los apartados que siguen, delimitaremos los diferentes elementos que funcionan como AN en catalán antiguo y los ejemplificaremos a partir de su uso con TPNs. Tanto los ANs como los TPNs aparecen en cursiva.

2.1 Los activadores con valor negativo El adverbio no (o la forma arcaica non) era, y es, el AN por excelencia. Aunque este adverbio ocupa una posición preverbal, su ámbito abarca el conjunto de la oración.4 Los TPNs generalmente se situaban en posición posverbal: «no he res que dar-te pusca» (Diàlegs: 35v). No obstante, también podían aparecer en posición preverbal: «D’ayçò nuyl hom res no·n sabé» (Diàlegs: 22r). Notemos, por otra parte, que la negación también aparecía cuando los TPNs se utilizaban sin el verbo explícito, como ocurre en las respuestas a oraciones interrogativas: «Què poden noure? No res» (Sant Vicent, Sermons: 132); «Ara, vejam, quan hi entrà, qui·l reebé en sa casa. No degú sinó la verge Maria» (Sant Vicent, Sermons: 75). La situación descrita en el párrafo anterior tiene que ser, sin embargo, matizada, ya que algunos TPN muestran una mayor o menor capacidad de aparecer en posición preverbal sin necesidad de la negación explícita. El caso más significativo es el de la conjunción ni (o la más antigua ne) cuando precede una oración negativa. En los textos más antiguos la conjunción aparece junto al adverbio no como cualquier otro TPN: «ne no jurs per ta ànima» (Llull, Doctrina: 51). No obstante, el adverbio dejó pronto de utilizarse y, en este contexto, la conjunción se convirtió en un AN capaz de legitimar TPNs: «Ni u creem, senyor, ni u creuríem per res que sia» (Epistolari II: 141). Una situación particular presenta también el adverbio nunca, que se introdujo como cultismo a finales del XIV y se usó sobre todo durante el XV y XVI. Es interesante constatar que este adverbio se usa sistemáticamente en posición preverbal y se comporta como AN ya que aparece sin negación explícita y legitima TPNs: «nunqua la ha volguda corrompre ni conèxer carnalment» (Alcavota: 168). Sea por analogía a nunca o por relajación de la concordancia negativa, también el resto de expresiones temporales empiezan a documentarse en el XV, sin negación explícita cuando se anteponen al verbo y legitimando TPNs: «e jamés la reyna li dix res» (Martorell, Tirant: 340). Se trata, ciertamente, de un uso esporádico pero que marca un camino que más tarde seguirán otros TPNs en posición preverbal.5 Finalmente, también funciona como AN la preposición sens (o la variante antigua senes y la moderna sense), aunque en este caso su ámbito de incidencia se limita al sintagma ––––––– 4

5

El ámbito de la negación es el dominio sintáctico que se ve afectado por ella (esto es, sujeto y complementos del verbo en caso de negación oracional); el elemento negativo domina sintácticamente el ámbito (cf. Camus 2006: 1167). A diferencia del catalán, en castellano medieval los TPNs antepuestos funcionan desde antiguo como ANs (cf. Camus 2006: 1196, 1213). Para un estudio de este tema en relación con el catalán, cf. Solà (1976) y Pérez Saldanya (2004).

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preposicional que introduce: «e així farem fruit en paciència senes nulla oreeza» (Organyà: 119).6

2.2 Los activadores que crean un contexto modal Tal como se ha mencionado más arriba, en catalán antiguo –y en parte en el actual– los TPNs también podían ser legitimados por entornos no estrictamente negativos; concretamente, por elementos o construcciones que crean un contexto modal o no asertivo y que, en general, obligan a considerar dos estados de cosas: un estado positivo (que se da o podría darse) y otro negativo (que no se da o que podría no darse) (cf. Espinal 2002).7 Desde esta perspectiva, la posibilidad de usar TPNs se justifica por el estado de cosas negativo que estos elementos obligan a tener en cuenta. A continuación, se delimitan los diferentes ANs de carácter modal y se ejemplifican fundamentalmente a partir de la conjunción negativa ni (o ne) como TPN.8 a) Los predicados que expresan una idea de oposición, exclusión, rechazo, prohibición, duda, privación, impedimento, temor, sorpresa u otras emociones negativas: «per què cessaria ésser infamis ne confés» (Sueca: 156); «E havia tan gran remor per tot lo palau, que açò era cosa de gran spant de veure ni de sentir» (Martorell, Tirant: 905); «e la reyna e·ls inffants se meravellaren con ho poch bastar, ne la terra de Cathalunya con ho poch sofferir» (Muntaner, Crònica: 18vb). b) La interrogación, tanto la directa como la indirecta, la total o la parcial: «Digues-me, lo rey hon és ne què fa?» (Desclot, Crònica: 96); «Per què sotz desconsolatz ne tristz? Per la fraytura del pan?» (Diàlegs: 28r); «Lo emperador los demanà d’on venien ni hon eren anats» (Martorell, Tirant: 920). c) La interrogación retórica de valor negativo: «Ab quin ànimo ni ab qual lengua parlar poré que la pugua induir e moure a pietat, com sa altesa me avança en totes coses, ço és, en riquea, en noblea e en senyoria?» (Martorell, Tirant: 495). d) La prótasis de las oraciones condicionales o las construcciones equivalentes: «Per què·t prech carament –si tens amor a Déu ni karitat en tu habita– que hajes compassió de aquest afligit regne» (Martorell, Tirant: 93).9

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Tal como señala Camus (2006: 1185) para el castellano antiguo, la concordancia negativa era una estructura opcional, de manera que ANs como el adverbio no y, sobre todo, la preposición sens podía combinarse con TPNs pero también con elementos no negativos que, en este contexto, asumían un valor negativo: «e fo longament vista per contínues obres, fazén senes negligència, e senes tota tardetat» (Vides: 51); «él se n tornà a él senes alcun acabament» (Vides: 221). Llorens (1929: 28) y Camus (2006: 1180) usan, en este sentido, el término negación potencial. Si hemos elegido esta conjunción es porque se trata del TPN que presenta menos restricciones y, por tanto, del TPN que aparece en un mayor número de contextos por pequeña que sea la carga negativa de la oración. Cf. en Buridant (2000: 720-721) ejemplos con estructuras parecidas en francés antiguo: Car sachiez que mout li pesast se cele robe point usast.

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e) Las relativas sustantivas precedidas del cuantificador tot: «tot era de N[ostre] S[einor] zo qe él li volia donar ni él li prometia» (Organyà: 123); «ella se inclinarà a fer tot lo que la majestat vostra volrà ne manarà» (Martorell, Tirant: 442).10 f) El cuantificador poc: «Pochs encontres féu lo hu ni l’altre, que no romperen sinó çinch lançes» (Martorell, Tirant: 294).11 g) Las oraciones con modalidad imperativa: «Si no, veja la magestat vostra lo desorde del vostre imperi ni lo punt en què stava ans que Tirant vingués en aquesta terra» (Martorell, Tirant: 899). h) Los comparativos de desigualdad (pus/més, menys; millor, pitjor), así como otros elementos con un valor comparativo, como los adjetivos primer, darrer o el adverbio temporal (ab)ans: «La pus devota oració que may legim de sent Pau és aquesta» (Sant Vicent, Sermons: 89); «fets aquesta gràcia, la qual pens serà la derrera que jamés vos entench demanar» (Curial: 261); «lo feren exir primer que a negú» (Martorell, Tirant: 336); «Ab mà tremolant exugaré los meus trists ulls ans que res te diga» (Martorell, Tirant: 1040). Ciertamente, los ANs con valor modal constituyen una clase heterogénea pero, como se ha apuntado más arriba, todos tienen en común el hecho de que obligan a tener en cuenta un estado de cosas positivo y otro negativo. El estado de cosas negativo es evidente en los predicados que indican oposición, exclusión, rechazo, temor, etc. Todos ellos hacen referencia a la posibilidad de que pase una cosa y al intento o al deseo de que no se produzca. Lo mismo ocurre con las oraciones imperativas: hacen referencia a una acción que el hablante exige al oyente, pero que este podrá realizar o no. Asimismo, la interrogación y la prótasis de las condicionales designan situaciones que pueden ser ciertas o no, que pueden producirse o no. Por otra parte, las relativas sustantivas precedidas de tot tienen un valor genérico, no existencial, y, por lo tanto, se refieren a clases de elementos que pueden o no actualizarse en una entidad concreta. Finalmente, el cuantificador poc tiene un valor equivalente a ‹no mucho›, los comparativos de desigualdad a ‹no tan(to)›, etc. En definitiva, se trata de ANs que contienen una idea negativa más o menos explícita y que, en general, dejan abierta la posibilidad de un estado de cosas negativo. Este valor o posibilidad negativa, de hecho, es el que explica que funcionen como ANS i que puedan legitimar TPNs.

2.3 Los activadores de la negación expletiva o contextual Algunos de los ANs estudiados hasta aquí también funcionan en catalán antiguo, y en parte en el actual, como activadores de la llamada negación expletiva o contextual. En estos casos, el adverbio no ya no se comporta como un AN sino como un TPN, esto es, como un ––––––– 10

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En algún caso también se documentan ejemplos en los que la relativa es adjetiva y el antecedente tiene un sentido genérico: «Lo cavaller qui per or ni per argent dexa de fer sa honor, menysprea l’orde de cavalleria» (Martorell, Tirant: 177). El hecho que explica por qué poc podía servir de AN es de tipo semántico-metonímico, ya que denota una cantidad mínima en una escala de valores imaginaria, de modo que en un momento dado pudo adoptar las propiedades negativas del extremo inferior, en el cual se sitúa la negación o inexistencia (cf. Sánchez 1999: 2609). Compárese con el castellano actual: Poca gente estaría de acuerdo con ninguna de sus propuestas (cf. Sánchez 1999: 2609).

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elemento que concuerda con alguna idea negativa, explícita o implícita, que se actualiza mediante dicha partícula (cf. Pérez Saldanya / Torrent-Lenzen 2006).12 En catalán antiguo podían legitimar este tipo de negación algunos de los ANs que crean un contexto modal. Concretamente, los predicados de temor, duda y prohibición, los comparativos de desigualdad y el temporal (ab)ans: «ha paor que no sia per aquels liurada a penes perpetuals» (Diàlegs: 57r); «Lo primer ere que pensave e dubtave que Herodes no l’hagués matat. L’altre ere que dubtave que no se’n fos muntat ja el cel» (Sant Vicent, Sermons: 285); «E fé gitar En Marcel·lí, tot nud, sobre veyre trencat, e vedà que hom no li donés ayga ni lum» (Vides: 516); «diversses osts de regne de València foren pus tardans que no los de la dita ciutat» (Epistolari I, carta 89); «abans que no sofferissen les fleques dels arcs dels turchs, van brochar en ells» (Muntaner, Crònica: 112vb). Además de los ANs con valor modal mencionados, también la preposición sens (y variantes) presentaba esta negación cuando se combinaba con una oración: «senes altra demanda que ad éls no féu, aquela nuyt los manà aucir» (Vides: 45).

3. Del catalán antiguo al catalán actual En el presente trabajo hemos tratado de delimitar el conjunto de elementos que en catalán antiguo funcionaban como ANs. Se trata de un conjunto heterogéneo de elementos que crean un contexto negativo o que fuerzan a tener en cuenta un estado de cosas negativo, y que legitiman el uso de TPNs. Las limitaciones de espacio nos impiden analizar con detenimiento las peculiaridades combinatorias que presentan algunos TPNs y la evolución de los ANs hasta el catalán actual. Sobre estos temas solo apuntaremos algunos de los cambios más significativos a partir del cuadro que se reproduce a continuación. En este cuadro se recogen las posibilides combinatorias de los ANs con los TPNs tanto en la lengua antigua como en la actual. El símbolo «+» se refiere a la posibilidad de combinación y el signo «-» a la imposibilidad. Cuando estos símbolos aparecen a la izquierda de la barra inclinada (/) indican la situación en la lengua antigua, y cuando se encuentran a la derecha, la situación en la lengua actual.13

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El término negación expletiva ha sido criticado repetidamente (cf. Hunnius 2004), por delatar, el concepto de expletividad, un déficit analítico. Aquí solo lo utilizamos como término general para referirnos al fenómeno en cuestión, si bien en Pérez Saldanya / Torrent-Lenzen (2006) presentamos la alternativa terminológica negación contextual. En el cuadro, el término predicados se refiere a los verbos que contienen una idea negativa, de oposición, temor, sorpresa, etc., el término cuantificadores a los indefinidos, los cuantitativos y los adverbios de tiempo y lugar con valor negativo, y «N + algú» a los sintagmas nominales con el indefinido algun pospuesto (cosa alguna), inexistentes en el catalán actual. En el caso de la conjunción, ni1 precede una oración negativa y ni2 coordina constituyentes dentro de la oración. No se ha incluido en el cuadro el adverbio nunca, que ha desaparecido en catalán actual y que se comportaba como ni1. Tampoco se han incluido los TPNs antepuestos al verbo.

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Los activadores negativos en catalán antiguo

no ni1 sens predicados comparativos (ab)ans condicionales interrogativas tot + relativo

ni2

cuantificador

tampoc

†N algú

pas

no (expletivo)

+/+ +/+ +/+ +/+/+/+/+/+/-

+/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ +/+ -/-

+/+ +/+ +/+ -/-/-/-/-/-/-

+/ +/ +/ -/-/-/-/-/-/-

+/+ -/-/-/-/-/-/-/-/-

-/-/+/+/+ +/+ +/+ -/-/-/-

Como muestra el cuadro, en catalán antiguo todos los ANs podían legitimar los sintagmas coordinados con la conjunción ni (ni2), y todos excepto las construcciones «tot + relativo», los cuantificadores negativos. En cambio, solo los ANs con valor estrictamente negativo (no, ni1 i sens) legitimaban el adverbio tampoc y los sintagmas con el indefinido algun pospuesto, y únicamente el adverbio no podía coaparecer con el refuerzo pas. La negación expletiva, por otra parte, quedaba legitimada por un subgrupo de ANs modales y por la preposición sens (y variantes). Respecto al catalán actual, el cambio más significativo tiene que ver con los sintagmas coordinados por ni (ni2), que en la actualidad solo son posibles con los ANs que tienen un valor verdaderamente negativo. A causa del cambio anterior, la construcción «tot + relativo» dejó de comportarse como AN ya en la edad moderna. El último cambio importante se produjo en la misma época. Nos referimos a la preposición sens, que en la lengua antigua, pero no en la actual, presentaba negación expletiva cuando seleccionaba una oración.

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Aina Torrent-Lenzen / Manuel Pérez Saldanya

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Sémantique diachronique du suffixe portugais -eiro

1. Introduction1 Si l’on observe les suffixes du point de vue historique, il est faux d’affirmer quoi que ce soit sur l’impossibilité ou la difficulté de comprendre leur signifiés isolés. On pourrait dire la même chose sur une prétendue obscurité des formations suffixales. Le mot portugais sapateiro ‹chausseur›, par exemple, dérive du mot sapato ‹chaussure›, tout comme le mot saleiro ‹salière› dérive de sal ‹sel›. Il est vrai qu’il n’y a rien de commun entre un chausseur et une salière, et ce fait est la raison la plus souvent évoquée pour affirmer que les deux mots sont issus d’une dérivation imprécise et obscure. D’un autre côté, les mots carpinteiro ‹charpentier› et marceneiro ‹menuisier› ont un suffixe qui présente le même signifié que celui de sapateiro, puisque les trois mots désignent un métier, même si, actuellement, les radicaux des deux derniers ne sont plus clairs. De cette même façon, le suffixe de chiqueiro ‹porcherie› a le même sens que celui de galinheiro ‹poulailler›: pour les parlants du portugais la base galinh- est claire, mais non pas la base chic-. Le moment perdu de la création des mots et de leurs acceptions est entouré de nombreux facteurs de diverses natures (Malkiel 1966). En analysant ces derniers exemples, on peut inférer que c’est le suffixe –et non pas la base– qui porte le signifié central dans ces mots dérivés. L’action des métaphores et de l’amplification du sens est inévitable dans les mots. Par exemple, un maçon (pedreiro) ne travaille pas seulement avec des pierres (pedras), et un pot à bouillir (leiteira) peut être utilisé pour faire bouillir de l’eau et pas seulement du lait (leite). Le suffixe du mot barbeiro ‹coiffeur pour hommes› signifie ‹métier›, mais on utilise aussi ce mot pour désigner un insecte (le réduve) ou bien encore, un mauvais conducteur (un chauffard). Le point d’intersection des sens entre ‹coiffeur› et ‹réduve› se situe peutêtre sur le plan référentiel du visage, puisqu’on dit que, normalement, cet insecte pique le visage de ses victimes; quant au sens ‹chauffard› il y a sûrement une métaphore dérivée du mouvement du rasoir du coiffeur (cf. navalha, ‹rasoir, chauffard›). On conclut donc qu’il est important de distinguer le signifié de base (qui devient graduellement méconnaissable), le signifié du suffixe (qui devient souvent improductif, quoique quelques représentants du ––––––– 1

Le texte présent décrit de manière succinte le résultat des travaux du GMHP (Grupo de Pesquisa Morfologia Histórica do Português), développé à l’Université de São Paulo / Brésil (www.usp.br/gmhp). Je remercie Zwinglio O. Guimarães-Filho et Leandro Mariano (Institut de Physique de l’Université de São Paulo/Brésil) pour l’obtention de ces données quantitatives.

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sens éteint puissent encore survivre) et le signifié du mot dérivé (qui très souvent est imprévisible). Il faut également distinguer la productivité de la prolificité des suffixes. On dit qu’un élément de formation est productif seulement s’il est possible d’obtenir un grand nombre de néologismes à partir de sa capacité générative. La prolificité est cependant le résultat de la productivité. Un mot créé depuis plusieurs siècles peut se perpétuer et coexister avec un autre plus récent, mais les deux sont synchroniquement des résultats du même processus. En fait, pour affirmer avec certitude qu’un élément est prolifique, ce qui importe réellement, c’est le nombre des dérivations déjà générées par lui. En somme, un suffixe sera prolifique s’il dispose d’un grand nombre de dérivés en comparaison à d’autres suffixes et il faut souligner qu’il y a beaucoup de suffixes non-prolifiques dans le portugais actuel, comme, par exemple -engo, -isco, -eba etc. Et il sera productif s’il peut encore générer de nouveaux dérivés, lesquels peuvent survivre ou pas, dépendamment des accidents historiques. La connaissance de la prolificité découle, en retour, de l’exhaustion des données disponibles dans les dictionnaires ou dans les corpora. La productivité d’un suffixe dans la langue actuelle ou dans les périodes synchroniques passées est seulement accessible à partir de la connaissance de sa prolificité à travers l’imagination ou les reconstructions. Un suffixe prolifique n’est pas nécessairement productif, puisqu’il peut très bien ne plus former de néologismes après avoir engendré de nombreux mots. À titre d’exemple, le suffixe -eiro est très prolifique, mais sa productivité a diminué au siècle dernier à cause de la concurrence avec d’autres suffixes plus productifs: pour désigner une profession, il y a aussi -ista; pour les formations de gentilés, on utilise aussi -ense et -ano.2 Quelques mots ne satisfont pas les deux conditions nécessaires pour déterminer si l’on est en face du vrai suffixe -eiro et non pas en face d’une termination homophone:3 (a) le mot en question doit être une transformation d’un autre mot latin en -ARIUS; (b) le sens particulier du suffixe dans le mot en question doit être confirmé aussi dans la productivité d’autres mots dans l’histoire de la langue portugaise. Ainsi, on peut affirmer l’existence d’un même suffixe -eiro dans les mots sapateiro et primeiro ‹premier›, quoique leur transmission ait été différente: le premier mot est obtenu par détachement des autres mots venant du latin et le second est hérité directement, selon le développement phonétique normal. Ni l’opacité de la base prim-, ni l’obscurité sémantique du suffixe (bien entendu du point de vue de la langue actuelle) ne sont des critères valables pour écarter primeiro de la prolificité du suffixe -eiro. Il n’a pas de mots savants en -eiro (puisque la forme savante correspondante est -ário: PRIMARIUS > primário), à l’exception de quelques adaptations provenues de dérivations suffixales cognates du provençal, du français et de l’espagnol.4 ––––––– 2

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Nous pouvons constater la prolificité de 4482 mots formés avec le suffixe -eiro et ses flexions / allomorphes dans le dictionnaire de Houaiss / Villar (2001). Si l’on considère aussi l’homonymie, le chiffre monte à 4673. Par contre, on dénombre 3718 occurrences (79,6%) si l’on élimine les cas répétitifs avec: (a) des juxtapositions; (b) des formations par préfixation ou des compositions formées à partir d’autres racines; (c) des variantes orthographiques ou régionales du même mot; (d) des homonymes qui proviennent des réductions de juxtapositions. Dans le cas du -eiro, on comptabilise seulement à 28 mots (0,75%). Mentionnées dans ce travail, mais délibérément pas différenciées des mots portugais.

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D’un autre côté, les mots cadeira ‹chaise› < CATHEDRAM, madeira ‹bois› < MATERIAM, feira ‹foire› < FERIAM, freira ‹nonne› < fém. port FREIRE (< français ancien FRAIRE < FRATREM) ont été écartés, car ils ont des étymons qui n’ont pas à voir avec le suffixe étudié. Il faut aussi noter que le mot macaxeira ‹manioc› < tupi MAKAXERA est également écarté, bien qu’il se réfère à une plante –un des signifiés les plus prolifiques de -eiro en portugais– ce qui apparemment satisferait la condition b, mais en fait il s’agit du signifié du mot et non pas de celui d’un suffixe supposé. C’est sans aucun doute une coïncidence formelle très intéressante (Viaro 2003; 2004; 2005a; 2005b).5 Cependant, un vrai -eiro existe, par exemple, dans cajueiro ‹anacardier›, car seule la base caju ‹cajou› est d’origine tupi AKAIU. Trouver des paraphrases utiles pour définir le suffixe dans chaque cas (Rio-Torto 1998; 2004) reste difficile, puisque l’intuition du parlant et la méconnaissance du passé peuvent faire confondre des signifiés actuels ou usuels qui n’existaient pas encore au moment de la création du mot. Il est dangereux aussi de concevoir des intersections abstraites extrêmement larges à partir des noyaux sémantiques; bien sûr, celles-ci peuvent se révéler utiles pour la description, mais elles sont trop artificielles, si l’on cherche à comprendre comment les signifiés se sont développés, et comment est leur situation atuelle.

2. Paraphrases Ainsi, on peut se demander ce qu’est la paraphrase de chuveiro ‹douche› du point de vue diachronique. La solution ad hoc intuitive ‹objet qui a quelque chose à voir avec la pluie›, suggérée par la base chuva ‹pluie›, est artificielle et ne suffit donc pas. D’ailleurs, elle est équivoque, car le signifié du suffixe n’est que le signifié présent au moment de la création du mot. Le mot chuveiro est déjá documenté au XVIe siècle, mais avec un autre sens, celui de ‹pluie très forte›. Le sens actuel a été développé par métaphore à partir du signifié originel du mot, et non pas du suffixe (Rastier 2000). En partant du principe que ce ne sont pas plusieurs suffixes -eiro homonymes (Basílio 2004: 74-75; Rocha 1998: 129-130), mais un seul polysémique, on peut se poser les questions suivantes: comment des signifiés si distincts ont-ils dérivé les uns des autres? De combien de signifiés parlons-nous? Les paraphrases des suffixes que l’on peut répertorier à partir de ces mots actuellement connus, sont les suivantes: (A) X]eiro = celui qui est à X. X est un nom et le résultat est un nom ou un adjectif. Ce cas était déjà productif dans le système latin, par exemple: COQUINARIUS ‹qui est à la cuisine›: herdeiro < latin HEREDITARIUM. Autres mots: guerreiro, verdadeiro (XIII), costumeiro (XIV), passageiro, lisonjeiro, costeiro (XV), aduaneiro (XVII), pesqueiro, hospedeiro (XVIII), cafeeiro, hoteleiro, manufatureiro, financeiro, traiçoeiro, almiscareiro, rotineiro (XIX), usineiro, brigadeiro (XX). ––––––– 5

Dans 48 autres mots (1,3%), il n’est pas non plus possible de déterminer si le mot est formé par le suffixe, puisque ses étymons ne sont pas attestés. Le chiffre descend donc à 3642 mots parmi lesquels 1495 (41%) n’ont aucune datation dans le dictionnaire de Houaiss / Villar (2001).

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(B) X]eiro = celui qui (V) X. Dans ces cas, X, opaque ou pas, est un nom et le résultat désigne un être humain ou un adjectif. Le verbe V non-exprimé peut signifier ‹vendre›, ‹travailler avec›, ‹réparer›, ‹soigner›, ‹conduire›, ‹livrer›, ‹fabriquer›, ‹négocier›, ‹jouer›, ‹user› ou simplement ‹faire›. Les cas les plus anciens remontent aussi au latin, par exemple, cavaleiro < CABALLARIUM ‹celui qui soigne les chevaux›. Exemples: carvoeiro (IX), barqueiro (X), vaqueiro (XI), sapateiro (XII), escudeiro, mensageiro, jornaleiro, enfermeiro, tropeiro, pedreiro, tesoureiro, peixeiro, justiceiro, companheiro, arteiro (XIII), feiticeiro, ferreiro, carpinteiro (XIV), tapeceiro, tintureiro, costureiro (XV), cocheiro, marceneiro, livreiro, confeiteiro, casamenteiro, porqueiro, fiandeira (XVI), relojoeiro, carteiro, merendeira, bandoleiro (XVII), violeiro, carpideira (XVIII), carroceiro, jangadeiro, curandeiro, vidraceiro, joalheiro, fuzileiro, cabeleireiro, toureiro, leiteiro, muambeiro, bombeiro, barbeiro, boiadeiro, cervejeiro, funileiro, leiloeiro, garimpeiro, tropeiro, madeireiro, bilheteiro, carreteiro, ferramenteiro, perueiro, rendeira, sinaleiro, faxineiro, quituteiro (XIX), borracheiro, bicheiro, doleiro, verdureiro, charreteiro, sorveteiro, roqueiro, motoqueiro, lixeiro, pistoleiro, macumbeiro, seresteiro (XX). Dans carniceiro, le signifié du mot le plus commun au Brésil (‹cruel›) n’est pas le plus ancien ‹boucher› (XIII). Le mot padeiro ‹boulanger› (XIII) a besoin d’une information diachronique pour justifier la semi-opacité de sa base. Dans le mot carpinteiro ‹charpentier› (XIV), l’opacité est totale. Il est intéressant de constater qu’il y a une autre sorte de paraphrase du type B: barateiro (XVI) d’après l’adjectif barato ‹bon-marché› (et non pas d’après un objet direct) n’a pas besoin d’une autre paraphrase ‹qui (vend) X›. (C) Vpart]eiro = celui qui V (souvent). C’est le cas de: parideira (XVIII), namoradeiro (XIX), dadeira, faladeira (sans datation). La même paraphrase peut être appliquée à des animaux: poedeira (XVIII), armadeira (sans datation), à des plantes: trepadeira (XVIII) et dormideira (sans datation) et à des éléments inanimés: corredeira (XIX). La mention de la fréquence n’est pas nécessaire pour paraphraser quelques agentifs déverbaux, tel que lavadeira (XIX) et arrumadeira (XX). (D) X]eiro= celui qui (aime V) X. Dans ce cas, les valeurs les plus communes pour V sont ‹faire›, ‹voir›, ‹donner›, ‹aller à› etc. À partir de arteiro (XII), quelques mots ont acquis une valeur négative ou familière: mexeriqueiro (XV), noveleiro, aventureiro (XVI), trapaceiro, lambisqueiro, embusteiro (XVII), galhofeiro, bisbilhoteiro, caloteiro, festeiro (XVIII), cachaceiro, pagodeiro, beijoqueiro, arruaceiro, politiqueiro, ordeiro, novidadeiro, taberneiro (XIX), bagunceiro, biscateiro, barraqueiro, batuqueiro, loroteiro, fofoqueiro, encrenqueiro, maconheiro, metaleiro (XX). (E) X]eiro = celui qui provient de X. Dans ce cas, X est un lieu et le résultat désigne un être humain ou un adjectif. Ce cas est tardif et n’a pas beaucoup de productivité en portugais à cause des autres suffixes concurrents -ense et -ano, qui sont eux-mêmes très productifs. Probablement cette acception provient d’une origine agentive: mineiro, brasileiro, campineiro (XVIII), pantaneiro (XX). (F) X]eiro = arbre qui produit X. X est toujours un nom qui désigne un fruit. Il y a une tendance à égaler le genre du résultat au genre de X, ce qui est exceptionnel dans les dérivations portugaises. Il faut pourtant observer que les résultats ne sont pas toujours des arbres, ni même que X est toujours un fruit (loureiro, roseira, espinheiro, pimenteira). Ce sens remonte à la période latine. Les exemples les plus anciens sont sans doute: pereira (IX), castanheiro, loureiro, figueira, nogueira (X), pinheiro, espinheiro, pimenteira (XI),

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macieira, avelaneira, laranjeira (XIII), oliveira, ameixeira (XIV), pessegueiro, amoreira, roseira (XV). Ce suffixe a acquis néanmoins une grande productivité après l’expansion maritime portugaise: marmeleiro, cajueiro, mangabeira, cerejeira, limeira, bananeira, mangueira, jaqueira (XVI), limoeiro, jenipapeiro, coqueiro, goiabeira, tamareira, aboboreira, pitangueira (XVII), algodoeiro, mamoeiro, sabugueiro, ingazeiro, jabuticabeira (XVIII), tamarindeiro, abacateiro, tomateiro, cafezeiro, paineira, romãzeira (XIX), caquizeiro (XX). (G) X]eiro = celui qui est X. Où X est un adjectif et le résultat est aussi un adjectif. Ce cas curieux étend métaphoriquement le signifié de la base, en lui donnant un valeur connotative. Ce sont les cas de: certeiro (XIII), grosseiro (XVI), raseiro (XIX), canhoteiro (XX). (H) X]eiro = celui qui (V) dans X. Dans ce cas, X est toujours un lieu et le V est interprété comme ‹travailler›, ‹vivre›, ‹agir›. Ce sens apparaît sous les formes les plus anciennes, aussi bien en tant que relationnel qu’agentif. Exemple: fazendeiro (XII), qui peut être interprété comme ‹qui est de la ferme›, ‹qui travaille dans la ferme› ou ‹qui a une ferme›. Le sens H s’origine donc du sens relationnel A et a une grande proximité avec l’agentif B, puisque ces formes existent depuis la période latine: PORTARIUM > porteiro; OPERARIUM > obreiro, COCINARIUM > cozinheiro (XIII). D’autres cas: marinheiro, caseiro, granjeiro (XIII), chaveiro, carcereiro (XIV), camareira (XV), mineiro, roceiro, banqueiro (XVI), jardineiro (XVII), quitandeiro, açougueiro, guerrilheiro (XIX), cabineiro, goleiro (XX). (I) X]eiro = celui qui possède X. Les cas fazendeiro, granjeiro, banqueiro, quitandeiro apparemment se sont eux aussi transformés en possesseurs. Bien que cette transformation structurale soit grande, les sujets parlants ne distinguent pas les cas H et I. Il est intéressant d’observer la transformation sémantique, par exemple, de hospitaleiro (XIII) ‹celui qui était le propriétaire d’un hospital› (dans le sens ancien de ‹maison pour des hôtes› cat hostal, fr hôtel) et d’où a dérivé le sens usuel de ‹hospitalier›. (J) X]eiro = celui qui est dans X. H peut aussi développer un sens résultatif. Le résultat est normalement un adjectif. Exemples: traseira, dianteiro (XIII), rabeira (XVII). Mais X peut désigner aussi un être humain ou un objet: prisioneiro (XIV), cueiro (XV), pulseira (XVII). (K) X]eiro = objet dans lequel (se V) X. Cette valeur locative est dérivée du sens relationnel et du sens agentif. Les valeurs de V peuvent être ‹pêcher›, ‹faire›, ‹bouillir›, ‹prendre›, ‹transporter›, ‹garder› etc. Exemples: baleeiro (XIII), açucareiro, cuscuzeira (XVI), fruteira (XVII), chocolateira, cafeteira, saleiro, alfineteiro, paliteiro, cinzeiro, cartucheira, cristaleira, confeiteira, carteira (XVIII), banheira, leiteira, petroleiro, negreiro, camiseiro, saladeira, farinheira, papeleira, cigarreira, alfineteira, saboneteira, sorveteira, compoteira, charuteira, manteigueira (XIX), chaleira, churrasqueira, coqueteleira, lixeira (XX). (L) Vpart]eira = objet dans lequel se V. Le sens K a entraîné le sens L. Curieusement, tous les noms résultant sont féminins. Les formes déverbales sont toutes féminines et ont depuis très tôt une forme spécifique -deira: engomadeira (XVIII), namoradeira, escarradeira, espreguiçadeira, chocadeira (XIX), penteadeira, geladeira (XX). (M) X] eiro = objet dans lequel il y a X. Cette valeur a la même origine que K. Le résultat est presque toujours un nom, mais il y a aussi des adjectifs: bosteiro (XX). Quelques exemples: cancioneiro (XV), fogareiro, braseiro (XVI), romanceiro (XIX, de l’espagnol).

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(N) X]eiro = lieu où X est gardé. Le résultat est un nom. X est souvent une base opaque. Cette valeur (la même que pour le cas K) est dérivée du sens relationnel et du sens agentif (B et H). Exemples: galinheiro (XV), chiqueiro (XVI), mangueira (XX). (O) X]eiro = objet avec lequel (se V) X. Cette valeur est aussi dérivée du sens relationnel et du sens agentif (B et H). Les valeurs de V sont ‹retirer›, ‹protéger›, ‹capturer›, ‹jouer› etc. Exemples: joelheira (XIII), escumadeira (XVI), bombardeiro (XV), ratoeira, focinheira (XVII), tornozeleira, munhequeira (XX). Le cas de mosquiteiro (XVIII) a développé une autre paraphrase, c’est-à-dire, objet avec lequel on se (protège) de X. Il est aussi possible de penser à un déplacement du résultat sémantique vers des êtres animés: perdigueiro ‹(chien) avec lequel (on chasse) des perdrix›. (P) Vpart]eira = objet avec lequel se V. Les trois sens suivants sont dérivés de O. Le genre final est toujours féminin. Il s’agit d’un résultat concourant avec le suffixe -or/-ora. Exemples: batedeira, frigideira (XIV), nadadeira, mamadeira, enceradeira, atiradeira, britadeira (XX). (Q) X]eiro = lieu où il y a beaucoup de X. La transformation de l’objet en lieu (Q à partir de O) est déjà connu par N qui provient aussi de O. Probablement, Q est l’intermédiaire entre N et O. Exemples: pedreira (XIII), formigueiro, vespeiro (XVI), bicheira (XVIII). (R) X]eiro = quelque chose où il y a X. La valeur intensive de Q est perdue dans R. Les valeurs Q et R se confondent souvent. Exemples: letreiro (XIV) et oveira (sans datation). (S) X]eira = cela qui possède beaucoup de X. La nouvelle valeur collective est le résultatif de Q+R. Le résultat a presque toujours le genre féminin. Ce noyau sémantique présente souvent une connotation péjorative. Exemples: cabeleira (XV), barreira (XVI), sangueira (XVIII), poeira, catarreira, buraqueira, barulheira, chiadeira (XIX), desgraceira, sujeira, biboqueira (XX). Le mot sujeira ‹saleté› est déadjectival, puisqu’il est formé à partir de sujo ‹sale›. La paraphrase la plus appropriée serait: (cela) qui est très X. La confluence formelle du portugais muito ‹beaucoup, très› explique cette transition au niveau sémantique (Wierzbicka 1996: 77-78). (T) X]eiro = celui qui V beaucoup de X. En dépit de la proximité avec I, ce sens a été développé parallèlement à celui de S. C’est le premier cas de convergence sémantique. La connotation péjorative est aussi présente. Exemples: interesseiro (XVI), peidorreiro (XVIII), fricoteiro (XX). (U) X]eiro = X intense. Ce sens est dérivé de S+T. Il est associé à des suffixes diminutifs et augmentatifs, comme on peut observer à partir des interfixes -aç- et -alh- dans quelques dérivés. Exemples: nevoeiro (XV), aguaceiro (XVI), fumaceira, preguiceira (XIX). (W) V(part)]eiro = état dans lequel quelqu’un V (S) intensément. Cette spécification du sens de U est très usuelle dans le portugais moderne. Exemples: quebradeira (XIX), bebedeira, roubalheira, berreiro (XIX), tremedeira (XX), suadeira, gemedeira (sans datation). Les mots non-dérivés à partir du participe permettent quelquefois une interprétation ambiguë de la base: il est difficile de déterminer si roubalheira ‹vol important et scandaleux› provient de roubo ‹vol› ou de roubar ‹voler›, et si berreiro ‹criaillerie› provient de berro ‹cri› ou de berrar ‹crier›. (Y) X]eiro = état dans lequel quelqu’un est X. Dérivé de la valeur intensive S+T, mais déjà faibli. X peut être un nom ou un adjectif. Le sens s’est spécialisé dans le domaine des altérations organiques et des maladies. Exemples: cegueira (XV), gagueira (XVIII).

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(Z) X]eiro = acte typique de X. L’interprétation de la valeur permansive intrinsèque de W a permis nouvellement la formation d’une valeur péjorative, dans la langue familière, dans plusieurs dérivés. La base X peut être un nom ou un adjectif. Exemples: ladroeira (XVI), asneira, tonteira (XVIII), besteira (XX), bobeira, doideira (sans datation).

3. Formation des valeurs Pour établir la généalogie des signifiés de -eiro, issus des noyaux sémantiques listés cidessus, il faut observer qu’un mot X]eiro peut être à la fin du processus un adjectif ou un nom qui désigne une personne, un animal, une plante, un objet, un lieu, une collection, un état ou un acte. Ces noyaux peuvent caractériser aussi un aspect essentiel, locatif, intensif ou circonstanciel. La base peut renvoyer aussi à un nom ou à une action. À partir de ces données, il est possible d’imaginer un schéma de dérivations des noyaux sémantiques, cohérent avec la datation (Viaro 2007). Voici donc les fondements pour notre essai de généalogie des signifiés de -eiro en portugais: Avant le XIIIe siècle, les informations insuffisantes sur le suffixe -eiro font voir qu’au début il possédait seulement les noyaux sémantiques B, F, H, dérivés directement de la valeur A, tous présents en latin tardif et médiéval. Le suffixe désignait donc à l’origine uniquement des adjectifs (le sens le plus ancien de tous), des noms d’arbres et de professions, comme nous pouvons le constater aussi dans les autres langues romanes, quoique sa productivité soit différente dans chaque langue. De cette période, datent aussi des mots comme fevereiro, salgueiro (X), celeiro (XI), pardieiro, cabreiro e barreira (XII), avec des bases opaques. Au XIIIe siècle, les noyaux sémantiques G < A et I, J, O, Q < B / H se sont accrus. Beaucoup de ces valeurs étaient peut-être présentes à la période antérieure, surtout celles qui présentaient un sens redondant avec la base. Ce sont des adjectifs locatifs, des indications d’objets avec lesquels on peut faire quelque chose et des lieux où il y a quelque chose en abondance. C’est à cette époque que plusieurs mots sont documentés pour la première fois, la plus grande partie d’entre eux venant du latin, comme: primeiro, terceiro, cordeiro, ligeiro, dinheiro, poleiro, janeiro, padroeiro, matreiro, solteiro, caldeira, palmeira, maneira, peneira, fogueira e caveira. Au XIVe siècle, il y a l’apparition des noyaux sémantiques P, Q et R (à partir de O). Si l’on considère les données antérieures, les lieux où il y a quelque chose se généralisent, ainsi que les objets avec lesquels on fait quelque chose. Les documents révèlent des mots comme: estalajadeiro, candeeiro, estrangeiro, estaleiro, moleiro, cativeiro, estribeira, bandeira, esterqueira. Paralèllement aux changements sociaux du Portugal du XVe siècle, on constate dans les documents un grand nombre d’innovations. Les modalisations de l’agentif surgissent (D < B / H); les locatifs sont développés (M < O, N < Q / R); l’intensité est mise en valeur (S et T < R, U < S / T) et les mots qui marquent l’état apparaissent (Y < S / T). Les mots suivants qui surgissent à cette époque sont des cas qu’il faudrait étudier en détail, à un autre moment: ribeiro, faceiro, canteiro, ladeira, rameira, alcoviteira. Les grandes nouveautés des XVIe et XVIIe siècles sont les mots qui dénotent des personnes qui possèdent quelque chose en grande quantité, des actes typiques, ainsi que des objets dans lesquels on fait

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quelque chose (K < O, Z < Y). Les gentilés en -eiro (E < B / H) sont datés du XVIIIe siècle, ainsi que d’autres sens secondaires (C < D, L < K). La grande nouveauté du XIXe siècle est l’application du trait d’intensité à des actions (W < U). Aux XXe et XXIe siècles, il n’y a aucun nouveau noyau sémantique déterminé par -eiro.

4. Conclusion L’analyse présentée a prétendu fournir une contribution au problème discuté. Ainsi, nos résultats ont montré que l’étude des valeurs sémantiques des suffixes –détachés du signifié de la base sur laquelle s’est formé le signifié du mot au moment de sa création (‹le premier sens›)– a besoin d’une méthodologie diachronique qui permet d’analyser la transformation de leurs signifiés à travers les siècles, associés à leur productivité. On pourrait construire un arbre généalogique avec les noyaux sémantiques présentés ci-dessus, mais les transferts de sens entre le suffixe et la base, et vice-versa, ou la présence de sens simultanés qui s’influencent mutuellement sont des faits qui éloignent toute hypothèse de caractère unidirectionnel. Seule l’étude des mots difficiles à être paraphrasés, ainsi que des mots archaïques et peu usuels, pourrait expliciter l’extension de la zone où les formations suffixales atypiques orbitent et la raison pour laquelle quelques signifiés deviennent plus ou moins productifs au détriment des autres exprimés par des suffixes différents.

Bibliographie Basílio, Margarida (2004): Formação e classes de palavras no português do Brasil. São Paulo: Contexto. Houaiss, Antônio / Villar, Mauro (edd.) (2001): Dicionário Houaiss da língua portuguesa. Rio de Janeiro: Objetiva. Malkiel, Yakov (1966): Genetic analysis of word formation. In: Sebeok, Thomas A. (ed.): Current trends in Linguistics. Vol. 3: Theoretical foundations. Paris / Den Haag: Mouton, 305-364. Rastier, François (2000): De la sémantique cognitive à la sémantique diachronique – les valeurs et l’évolution des classes lexicales. In: François, Jacques (ed.): Théories contemporaines du changement sémantique. Vol. 10: Mémoires de la Société de Linguistique de Paris. Louvain: Peeters, 135-164. Rio-Torto, Graça Maria (1998): Morfologia derivacional – teoria e aplicação ao português. Porto: Porto Editora. − (ed.) (2004): Verbos e nomes em português. Lisboa: Almedina. Rocha, Luís Carlos A (1998): Estruturas morfológicas do português. Belo Horizonte: UFMG. Viaro, Mário E. (2003): Para um estudo de semântica sincrônica dos sufixos derivacionais em português do séc. XIII. In: Grupo de Estudos Lingüísticos do Estado de São Paulo 51. Taubaté: GEL, 95. − (2004): A sufixação nas Cantigas de Santa Maria. In: Anais do Congresso Brasileiro de Língua Portuguesa 9. São Paulo: PUC, 335-338.

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− (2005a): Relação entre produtividade e freqüência na produção do significado. In: Estudos Lingüísticos 34. Campinas: GEL, 1230-1235. − (2005b): Os sufixos portugueses numa visão diacrônica. In: Anais do Centro de Estudos Lingüísticos e Literários do Paraná 16. Londrina: UEL. − (2007): Estudo diacrônico da formação e da mudança semântica dos sufixos -eiro/-eira na língua portuguesa. In: Massini-Cagliari, Gladys / Berlinck, Rosane A. / Guedes, Marymárcia / Oliveira, Taísa P. (edd.): Trilhas de Mattoso Câmara e outras trilhas. São Paulo: Cultura Acadêmica, 4584. Wierzbicka, Anna (1996): Semantics – primes and universals. Oxford: Oxford University Press.

Section 6 Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques

Manuel Alvar Ezquerra

Presencia de las lenguas románicas en el Nuevo Tesoro Lexicográfico del Español (s. XIV-1726)

No me cabe la menor duda de que uno de los proyectos lexicográficos más importantes desarrollados durante los últimos años en España es el Nuevo Tesoro Lexicográfico del Español (s. XIV-1726), NTLE, sin parangón en las demás lenguas románicas, si hacemos excepción del Dicionário dos dicionários portugueses dirigido por Dieter Messner en la Universidad de Salzburgo, o el tesoro del gallego confeccionado bajo la dirección de Antón Santamarina en la Universidad de Santiago. No es este el momento de realizar una comparación entre todas estas obras, que, por otra parte, serviría para realzar las bondades de cada una de ellas, y el adelanto que, en este dominio, han tomado sobre la labor lexicográfica llevada a cabo en el mundo románico. La empresa se ha coronado hace bien pocas semanas, pues los once volúmenes de que consta la obra han visto la luz a lo largo de la segunda mitad del pasado mes de julio.1 En los diez primeros se contienen las informaciones, mientras que el último, el más breve, es un índice inverso de todas las formas registradas. Hay que situar el punto de arranque de nuestro NTLE en el abandonado Tesoro Lexicográfico de don Samuel Gili Gaya (1960), al que hemos querido dar continuidad, aunque iniciando las tareas de nuevo. Por ello las diferencias entre ambas obras son notables, tanto por la cantidad de repertorios empleados, como por la manera de incorporar lo que hay en ellas, y por la presentación final de los materiales. Las fuentes que hemos utilizado nosotros son mucho más numerosas, y sus contenidos han pasado íntegros al NTLE, salvo nombres propios, frases que tan sólo son modelos de uso, y algún otro elemento, como explicamos en los preliminares de la publicación; tampoco hemos tenido en consideración la parte de los diccionarios alfabéticos en que la lengua de las entradas no es el español, aunque también con algunas excepciones. Me permito recordar aquí lo dicho en otro lugar: Registra éste –el Tesoro de Gili– 73 referencias2, de las cuales desecha 13, lo que quiere decir que su nómina efectiva es de 60, aunque, si tuviéramos en cuenta las diferentes ediciones manejadas de una misma obra, este número pudiera ampliarse, bien es verdad que con matices, porque cuando toma más de una edición de una obra la parte que tiene en cuenta es reducida.

––––––– 1 2

Nieto / Alvar Ezquerra 2007. Conviene aclarar que, en algunas ocasiones, bajo una sola referencia aparecen varios títulos, como en el caso de Siesso y Bolea, aunque solamente tiene en cuenta una de las obras reseñadas. La referencia de Covarrubias, por el contrario, agrupa las ediciones de 1611 y 1674 del Tesoro, así como el Suplemento.

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Manuel Alvar Ezquerra

En nuestro NTLE, que solamente considera las primeras ediciones, salvo el caso excepcional de Nebrija, el número de textos realmente incorporados es de1403, cifra que, por sí sola, da cuenta de la diferencia con respecto de la obra que nos sirvió como punto de partida. Esta diferencia se acrecienta, además, por el hecho de que nosotros hemos recogido la nómina de voces en su integridad, con pequeñas salvedades, mientras que don Samuel, con frecuencia, hacía una explotación muy selectiva.4

El NTLE es un repertorio acumulativo, un diccionario de diccionarios, en el que hemos recogido las palabras españolas que figuran en los elencos desde los inicios de nuestra lexicografía, los glosarios medievales (pocos y pobres, como bien es sabido), hasta el inicio de la publicación del Diccionario de Autoridades, esto es, desde el s. XIV hasta 1726. Es ésta la primera diferencia con respecto a la recopilación de Gili Gaya, en cuyo título se acotan las fechas 1492-1726. La coincidencia en el límite final, 1726, se explica fácilmente ya que es la de la aparición del primer tomo del Diccionario de Autoridades, obra que marca el arranque de una nueva etapa en la confección de diccionarios del español. Por lo que se refiere al s. XIV, nosotros hemos recogido varias obras anteriores al 1492 de Gili Gaya, en que data el Vocabulario de romance en latín de Antonio de Nebrija. No pretendo hoy hablar de la fecha de edición del Vocabulario, probablemente 1495, pero de ninguna manera 1492, pues, como todos sabemos, en él se registra el americanismo canoa, y si las naves de Colón no regresaron de su viaje descubridor hasta entrado 1493, necesariamente la impresión de la obra tuvo que ser posterior. El otro diccionario grande de Nebrija, el latinoespañol, sí es de 1492, como consta en el colofón, pero Gili Gaya no incorporó su contenido. Entre aquellos primeros glosarios en los que la técnica lexicográfica balbuciente apenas existía, y el diccionario académico, preludio de la lexicografía contemporánea, se desarrolla una importantísima actividad diccionarística dominada por las obras de carácter bilingüe y multilingüe, y con escasos representantes monolingües de gran volumen, pues, no lo olvidemos, la lexicografía monolingüe española no adquiere verdadera relevancia hasta entrado el siglo XVIII, con la labor académica, y con el extraordinario diccionario de Esteban de Terreros (1786-1793), ya fuera del periodo abarcado en el NTLE. No quiero decir con esto que sean pocos los repertorios monolingües anteriores a la publicación del primer diccionario de la Academia, sino que hay un predominio de los bilingües y multilingües, ya que estos son de carácter general, mientras que los monolingües, salvo excepciones, y entre ellas podríamos citar a Covarrubias con las consabidas reservas, son de carácter especializado, náuticos, etimológicos, de arcaísmos, de regionalismos, de arabismos, de agricultura y jardinería, de nombres de plantas y de aves, de farmacopea, de medicina, de derecho, etc. No ha resultado nada fácil establecer la lista de los diccionarios, en primer lugar, por la consideración de lo que se había de incluir; en segundo lugar, por la dificultad en la selección definitiva de los títulos, apartando unos y tomando otros; y en tercer lugar, por los inconvenientes en la búsqueda y selección de ejemplares, a lo que se unió una constante batalla por conseguir reproducciones con las que trabajar. ––––––– 3 4

Finalmente han sido 145. Nieto / Alvar Ezquerra (2008).

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Salvo raras excepciones, como la anónima lista de Vocablos castellanos5, monolingüe, de tan sólo 152 voces, los primeros repertorios que contienen el español lo presentan en relación con el latín, hasta que en 1505 aparece el Vocabulista aráuigo en letra castellana de Fray Pedro de Alcalá.6 Es en 1526 cuando vemos figurar el español junto a otra lengua romance, en una obra multilingüe de carácter temático, el Quinque linguarum vtilissimus uocabulista, publicado en Venecia por Franciscus Garonus, en el que las lenguas consignadas son el latín, el italiano, el francés, el español y el alemán. Después vendrán otros repertorios multilingües en los que aparece el español junto a otras lenguas romances y no romances. El primero de los diccionarios bilingües del español con una lengua románica es español-gallego, el Vocabulario del Bachiller Olea (ca. 1536), relación muy elemental de voces y de escasa consistencia, apenas conocido pues ha permanecido manuscrito hasta hace bien poco. Resulta sorprendente que tan sólo aparezca este repertorio bilingüe español-gallego durante el periodo considerado, si bien hay otros, más tardíos, con el portugués, aunque tampoco muchos. La única explicación que se me ocurre para ello es la proximidad de las lenguas, o el conocimiento mutuo, que hacen innecesario el recurso al diccionario. Por lo que se refiere al catalán, en el NTLE únicamente figura en una obra, y tardía, el anónimo Dictionario castellano (1642), que a veces se ha atribuido a Marcos Fernández. Pese al título, ese libro es un manual de enseñanza de lenguas, con unos diálogos, modelos para correspondencia y otros escritos; la lista de palabras, trilingüe castellano-francéscatalán, aparece tras todo ello, y no presenta un orden visible. Su interés, fuera del carácter pionero, es escaso, pues apenas alcanza el millar de registros, la mitad de los cuales son verbos. No hay ninguno más con las dos lenguas en el periodo considerado. En orden cronológico, la segunda de las lenguas románicas que aparece en repertorios bilingües con el español es el italiano, gracias a los dos glosarios que puso Alfonso de Ulloa, al final de la traducción del Orlando Furioso hecha por Jerónimo de Urrea (Urrea 1553a), y a continuación de su propia traducción de la Celestina (Urrea 1553b). Es también un pequeño glosario que acompaña a una obra literaria el siguiente de los repertorios bilingües español-italiano, el de Vicenzo Belando (Belando 1609). Ha permanecido pácticamente inédito un repertorio manuscrito de 1562 que contiene un vocabulario español-toscano, otro español-francés, y otro español-vizcaíno –el único publicado (Landuccio 1958)–, debidos a Nicolao Landucci (1562); la parte española de los tres es semejante, con ligeras variaciones, y está extraída del Lexicon de Antonio de Nebrija, motivo, junto a sus lagunas e imperfecciones, por el que no ha despertado gran interés. Hay otros repertorios, multilingües, en los que las voces constan en ambos idiomas, como el de Esteban Barnabé (en Barnabé 1660), español, alemán e italiano, las mismas lenguas que se consignan, aunque en otro orden, en una nomenclatura muy poco conocida de Matthias Kramer (1670), que es el primero de los libros que dio a la luz. Sin embargo, son escasas las nomeclaturas bilingües con el español y el italiano que conocemos, salvo la muy breve (unas 700 voces) de Perles y Campos (en el interior de Perles 1689), y la de Matías Chirchmair (en el interior de Chirchmair 1709), que no hemos recogido por la falta ––––––– 5 6

Ms. nº73 (12-7-2) de la colección Salazar y Castro, Real Academia de la Historia, Madrid. Cf. Alvar Ezquerra (en prensa).

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de originalidad en el léxico español, pues reproduce con pocas variantes el que aparece en la nomenclatura de César Oudin, de la que voy a hablar en seguida. No tardarían mucho en llegar los amplios repertorios bilingües con las dos lenguas, primero el de Cristóbal de las Casas (1570), y más tarde el de Lorenzo Franciosini (1620), que se convirtió en la obra cumbre de la lexicografía hispanoitaliana, desplazando a todo lo anterior porque en su extenso contenido tomaba mucho de quienes le precedieron, entre ellos Las Casas, como puede comprobarse en la consulta de los datos del NTLE. La lexicografía bilingüe del español y el francés es algo más tardía, pero no mucho, pues se inicia en 1565, con el Vocabulario de Jacques de Liaño, en cuyo interior hay otros elementos que no son vocabulario. Aunque es monodireccional francés-español, hemos recogido su léxico por ser el primero de los bilingües hispanofranceses. A finales del siglo XVI, en 1599, aparece un diccionario de cierta relevancia, debido a H. Hornkens, que no es bilingüe español-francés, pues las entradas son francesas, con su traducción al español y al latín. Sin embargo, lo hemos incorporado a nuestro NTLE por la enorme riqueza de su contenido, y porque es el referente inexcusable para los primeros repertorios con el español y el francés, a saber, para el diccionario de Jean Palet (1604), y para el conocidísimo Tesoro de César Oudin (1607), como se ve muy bien en el NTLE. También parece tener una gran deuda con Oudin otra obra plurilingüe español-francésflamenco, publicada por el impresor Trognesius7 pocos años después. Entre tanto, ya había aparecido la nomenclatura hispano-francesa del propio César Oudin (en Oudin 1604), y no tardarían mucho en llegar las también bilingües de Lorenzo de Robles (en Robles 1615), de Alejandro de Luna (en Luna 1620) –la de este último precedida de otro breve repertorio bilingüe–, a las que siguieron las de Antoine Oudin (1647), la muy pobre de Roziers (1659), la del sieur de Ferrus (1680), la de Monsieur Perger (en Perger 1704), la versión en español (con el latín y el francés) de la nomenclatura del prolífico jesuita francés Jean François Pomey (1705), debida al P. F. Thomas Croset, la breve del anónimo de Bayona de ¿1708?, y la bilingüe hispano-francesa de Matthias Kramer (1711), diferente de la que contenía el español, francés y alemán, publicada más de cuarenta años antes, y, como esa otra, extensa y de gran interés. Además de las nomenclaturas enumeradas hay otras8, también con las dos lenguas, que no hemos considerado oportuno incorporar en el NTLE, por su falta de originalidad. Dentro del panorama de la lexicografía bilingüe con el español y el francés no podía pasar por alto la Méthode de Jerónimo de Tejeda (1629), eclipsada por su más conocida gramática, aunque sea en aquella donde aparecen unas tiradas de palabras y expresiones de carácter diverso, pero elaboradas, creemos, con interés lexicográfico. También hemos recogido el vocabulario contenido en la parte correspondiente del modesto repertorio de faltriquera, unas 1200 entradas, de François Huillery (1661). Es ya en el siglo XVIII cuando aparece otro de los grandes diccionarios bilingües con el español y el francés, el de Francisco Sobrino (1705), habitualmente acusado de plagiario falto de escrúpulos, pues no sólo copió en esta obra el Tesoro de Oudin, sino también su gramática. El alcance del plagio puede apreciarse a través de los datos del NTLE, si bien nosotros hemos incorporado ––––––– 7 8

Anónimo 1639. Por ejemplo, la incluida en Fernández 1647.

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solamente la primera edición de Oudin, mientras que Sobrino debió manejar alguna de las últimas; de todos modos, las coincidencias de ambos son evidentes. Todos esos títulos nos demuestran la gran actividad lexicográfica, alfabética y temática, aunque no siempre totalmente original, que se desarrolló durante este tiempo con el español y el francés, unas veces, las más, en repertorios bilingües, y otras en los multilingües. La diferencia de las lenguas, y la proximidad geográfica (no sólo en la frontera pirenaica, sino también en Flandes), así como los continuos y variados contactos de índole muy diversa, hacían necesarios los diccionarios de todo tipo para que se pudiesen entender los hablantes de ambas lenguas. Es trilingüe otra obra de notable importancia, por su contenido, que no siempre ha sido bien valorada, debido al plagio del Tesoro de César Oudin, por más que éste, en sucesivas ediciones de su repertorio plagiara, a su vez, al otro. Estoy hablando del Tesoro españolfrancés-italiano de Girolamo Vittori (1609). El alcance del plagio queda bien patente a través de los datos de nuestro NTLE, aunque no es tan extremo como a veces se ha pensado. Aunque el portugués y el español ya habían aparecido juntos en alguno de los diccionarios multilingües, no es sino hasta entrado el siglo XVIII, y muy cerca de los límites cronológicos que nos hemos marcado para el NTLE, cuando aparece el primer repertorio bilingüe con ambas lenguas, como complemento del extenso vocabulario luso-latino de Raphael Bluteau (1721). Bien es cierto que casi un siglo antes, en las primeras ediciones de la Prosodia de Bento Pereyra (1634), figuraban los equivalentes españoles de algunas entradas, haciendo de esa obra un falso diccionario trilingüe, latín-portugués-español, que pronto sería bilingüe latín-portugués. Aunque en este último las voces españolas no figuran en las entradas, las hemos tomado para nuestro NTLE por ser el primero alfabético en el que figuran esas dos lenguas peninsulares. De este modo queda completada la recogida del léxico español de los primeros repertorios con cada una de las lenguas, por más que las entradas no sean voces españolas. Lo que he pretendido mostrar a través de esta comunicación no es un rápido panorama, aunque lo parezca, de los diccionarios con las lenguas neolatinas que precedieron a la actividad académica. Son muchos más los títulos recogidos, con lenguas romances y otras. La enumeración de todos los repertorios figura en las páginas iniciales de la publicación, con unas ligeras explicaciones de su contenido, los motivos de su incorporación –si es necesario darlos–, y alguna otra información que consideramos de interés para el usuario. Los comentarios también se extienden para aquellas obras de interés léxico que no han pasado a engrosar las columnas del tesoro, pues hemos creído necesaria una justificación, que en algún caso es muy extensa. Mi intención ha sido la de señalar la importancia que tiene para el conocimiento del léxico español, y de sus relaciones con las lenguas románicas, un proyecto como el que acaba de terminarse. A ello contribuye la cantidad de formas y de variantes registradas, organizadas bajo una sola entrada para cada palabra, lo que no solamente nos permite ver la evolución gráfica o la cantidad de soluciones adoptadas, sino también las contaminaciones que se producían por el lugar de impresión, tanto en la forma de las voces, sino también en los términos consignados, con frecuencia calcos de los de la lengua del autor o del lugar de impresión. Ello sin olvidar el interés que presenta para el estudio de la evolución de los

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sentidos de las voces, de la aparición de nuevas acepciones, o de las soluciones adoptadas para interpretar palabras y expresiones de las otras lenguas. Por otro lado, también deseaba dejar constancia del indudable interés que presenta para hacer la historia de los diccionarios que recogen nuestra lengua, no solamente por la cantidad y variedad que hay de ellos en el NTLE, sino también porque las informaciones se ordenan de forma cronológica, lo cual permite ver con mayor facilidad cómo se han ido produciendo los cambios (o las copias) a lo largo del tiempo. Queda fuera de toda duda el alcance que tiene el NTLE en la lexicografía de las lenguas románicas –y, por supuesto, del latín–, tanto en su faceta bilingüe como en la plurilingüe. Puede afirmarse que es el instrumento imprescindible para el estudio de los diccionarios del español con el francés o con el italiano, y, en menor medida –por la falta de obras–, con el portugués, el gallego y el catalán. Así podremos saber cómo han ido evolucionando los repertorios en los últimos siglos, cuáles son los movimientos que se han producido en el léxico, por qué los diccionarios actuales son como son, y qué podemos aprender de lo que hicieron nuestros predecesores, pues mucho de lo que se está ensayando hoy, y mucho de lo que deseamos para el futuro, ya estaba apuntado, se entreveía, o es bien evidente en esas obras que han permanecido olvidadas desde que los usuarios de su época dejaron de emplearlas. Bastaría con echar un vistazo a la fraseología, y no sólo a los refranes, para ver la preocupación de aquellos lexicógrafos por la descripción de la lengua, y por sus aplicaciones didácticas, especialmente con la vista puesta en el latín (Sánchez de la Ballesta o Baltasar Henríquez, entre otros), aunque también en las otras lenguas (como la Méthode de Tejeda). Por todo ello me atrevo a proponer, y no deja de ser un buen reto, que se realicen obras semejantes para todas las lenguas neolatinas, lo que nos permitiría tener un panorama amplio del léxico de nuestras lenguas recogido en los diccionarios, y en otras obras, lo que nos facilitaría el conocimiento de la evolución del léxico románico, la realización de trabajos contrastivos, y, en definitiva, saber cómo se han ido configurando nuestras lenguas y cómo, desde el léxico, se ha ido percibiendo la realidad que ha terminado en este mundo que nos ha tocado vivir.

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Presencia de las lenguas románicas en el NTLE

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Manuel Alvar Ezquerra

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Xosé Afonso Álvarez Pérez

Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca1

1. Presentación do proxecto Esta comunicación pretende presentar un proxecto de investigación, en marcha desde o ano 2004, que ten como obxecto o estudo do campo léxico da vaca, baseándose en datos dialectais do dominio galego; dada a vastidade do dominio, actualmente estase traballando sobre unha vintena de subcampos referidos á anatomía do animal. As dúas finalidades principais que pretende cubrir esta iniciativa detállanse a continuación.

1.1 Estudo de designacións referentes a certas partes da anatomía e características físicas da vaca É evidente a importancia que, dentro dun país eminentemente agrícola, como Galicia, acadou a vaca, un animal que provee os seus propietarios de leite, carne, coiro, etc. e que ascendeu á categoría de animal totémico da nosa cultura (Rodríguez Castelao 2004: 164165), o que implicou a creación dun rico tecido etnográfico ó seu redor (Benavente / Ferro 1995) e que os campos léxicos relacionados coa vaca sexan dunha riqueza inmensa dentro do galego, moito máis, incluso, cós asociados a outros animais domésticos como o can ou o porco, tamén con vencello estreito co ser humano. Esta riqueza non se manifesta unicamente no número de subcampos para os que se recollen designacións na fala (só no cuestionario do ALGa aparecen 66 preguntas referidas exclusivamente á vaca), senón tamén na variedade das formas recollidas e na diversidade de procedementos formativos que atopamos, como se tratará de pór de manifesto nas páxinas seguintes.

––––––– 1

Este traballo beneficiouse da axuda AP2003-3577 do programa FPU do Ministerio de Educación y Ciencia de España, que se desenvolve no seo do Instituto da Lingua Galega da Universidade de Santiago de Compostela.

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1.2 Proposta metodolóxica para o estudo de campos léxicos e análise de material procedente de enquisas dialectais O ALGa, como é habitual en atlas lingüísticos semellantes, prescinde nas súas páxinas de calquera anotación etimolóxica, e as referencias de tipo lexicográfico, morfolóxico ou motivacional son case inexistentes. Esta circunstancia comporta inconvenientes notables para a comparación cos resultados doutras áreas lingüísticas (un procedemento de análise que se está manifestando especialmente fructífero, con proxectos internacionais do talle do ALE ou ALiR e múltiples traballos monográficos en revistas), sobre todo cando o investigador que quere aproveitar estes datos non é experto en dominios lusófonos e se ve obrigado a camiñar sobre areas movedizas para interpretalos, caendo moitas veces en erros que serían reparables doadamente cunha mínima explicación, por sucinta que fose. A situación é máis incomprensible de termos en conta que para unha estruturación coherente da lenda (orde das formas, agrupacións, atribución de símbolos, etc.) é imprescindible un traballo preparatorio que atenda á etimoloxía e á historia da palabra; as novas tecnoloxías permiten un espazo virtualmente ilimitado máis alá do formato impreso, polo que nin sequera sería preciso modificar a actual estrutura do ALGa para poñer en papel todas estas anotacións. Por tanto, unha intención deste proxecto é ofrecer un modelo metodolóxico (en sentido amplo, tamén como mostra de material utilizable) para a análise dos campos léxicos galegos, con interese especial na súa aplicación a datos procedentes de enquisas dialectais, que poderán ser tratados tamén desde a perspectiva xeolingüística. Como se sinalou anteriormente, é esencial ofrecer esta información para a comparación interlingüística, pero, na situación actual do galego, tamén sería de enorme utilidade para a validación dalgunhas etimoloxías2 e o atesouramento de informacións lexicais serias que ofrezan bases sólidas para o traballo nun futuro dicionario histórico e/ou etimolóxico do galego.

2. Estrutura e material empregado Actualmente, o noso proxecto abrangue 16 subcampos (un deles, referido á morfoloxía dos cornos, está dividido en diferentes apartados) que tratan a apariencia física da vaca. Cada un presenta unha estrutura bipartita, con dous apartados claramente diferenciados. En primeiro lugar, preséntase unha relación das diferentes formas obtidas nas enquisas dialectais, clasificándoas motivacionalmente, segundo o procedemento de creación empregado para acuñar cada unha delas. Posteriormente, estes grupos de respostas represéntanse en diferentes mapas de Galicia, obtendo unha mostra cartográfica da distribución destas formas pola nosa xeografía, que vai acompañada dun sucinto comentario xeolingüístico. ––––––– 2

Cf. Álvarez Pérez (2007: 13-14) para un exemplo de explicación etimolóxica, baseándose en datos dialectais e refutando a hipótese do DCECH.

Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca

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En segundo lugar, cada unha das respostas é estudada individualmente desde diferentes perspectivas: etimoloxía, análise morfolóxica, primeiras documentacións, tratamento nas obras lexicográficas ou presenza na literatura.

2.1 Material primario Esta etiqueta abrangue os datos de enquisas dialectais das que se obtiveron as formas que serán representadas cartograficamente. Para este proxecto non se realizaron investigacións de campo, senón que se aproveitaron dous grupos de enquisas realizadas hai 30-40 anos; as razóns foron varias, especialmente o financiamento limitado no tempo e o progresivo abandono do medio rural galego, que comporta unha perda do rico léxico asociado á vaca. O material básico son os cuestionarios de enquisa do ALGa, investigación realizada entre 1974 e 1977 en 165 puntos do territorio galego que está actualmente en proceso de edición.3 Como material complementario, traballouse con 216 enquisas realizadas por estudantes universitarios da materia Lingüística Románica da Universidade de Santiago de Compostela, no ano 1969; ó tratarse de investigacións levadas a cabo por persoas sen preparación específica, é máis doado que penetren erros de diferente tipo, inda que, en xeral, trátase dunha fonte interesante que permite atopar procedementos de formación relevantes, que non sempre aparecen reflectidos nos datos do ALGa.

2.2 Material secundario Designo con este nome a todas as fontes empregadas para o comentario das respostas do material primario, desde as diferentes perspectivas reseñadas máis arriba. En Álvarez Pérez (2006) coméntanse polo miúdo as principais obras de referencia, polo que non me deterei niso, unicamente citarei tres recursos de importancia indubidable para o investigador de temática galega: García Gondar (1998), Santamarina (2003a) e Santamarina (2003b).

3. Designacións para o espiñazo da vaca A continuación comentarei brevemente as respostas obtidas para este concepto, centrándome nos procedementos de formación que se constatan e sen dar case ningunha nota etimolóxica ou de historia da palabra, xa que non dispoñemos do espazo necesario para incluír todo o comentario que se fixo a estas formas. Na web www.geolinguistica.org/cilfr pódense consultar os mapas a maior resolución. ––––––– 3

Pódese obter máis información sobre este atlas en González González (1994) e na bibliografía alí citada.

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Xosé Afonso Álvarez Pérez

Prescindindo de variantes fonéticas, nos 381 puntos de enquisa da nosa rede recollemos 63 lexías simples ou compostas diferentes, que podemos clasificar en 9 grandes grupos, que abranguen 20 apartados diferentes e que se poderían resumir en tres procedementos de formación principais: a) creacións baseadas na morfoloxía do espiñazo (sobre todo o carácter de estrutura alongada circular); b) designacións de partes anatómicas próximas (nalgúns casos por erro de enquisa); c) designacións de ferramentas e apeiros agrícolas similares na forma. A seguir, en diferentes apartados, detallo cada unha das formas; lémbrese que as cursivas representan as voces recollidas na fala viva, mentres que os ángulos marcan os significados.

3.1 Designacións referentes á morfoloxía. Forma alongada

3.1.1 ‹espiña› (143 puntos) – – – –

Formas non derivadas: espiña (espina, espiña) (4 puntos) Formas derivadas: con sufixo -azo: espiñazo (135 puntos); con sufixo -ela: espiñela (2 puntos) Forma con modificadores: espiña dorsal (1 punto) Formas problemáticas: españiso do lombo (1 punto)

Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca

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3.1.2 ‹fío› (83 puntos) – –

Sen modificador nin derivación: fío (2 puntos) Formas con modificadores que indican a localización a) ‹do lombo›: fío de lombo, fío do lombo (80 puntos) b) ‹do ril›: fío do riñón (1 punto)

3.1.3 ‹raia›; con modificador que indica localización: raia do lombo (1 punto) 3.1.4 ‹columna›; sen modificador nin derivación: coluna (1 punto)

3.2 Designacións referentes á morfoloxía. Forma curva (49 puntos) 3.2.1 ‹aro› (31 puntos) – –

Formas derivadas: con sufixo -elo: arelo (8 puntos) Con modificadores: a) ‹do lombo›: aro do lombo (15 puntos), arelo do lombo (7 puntos) b) ‹da caixa torácica (?)›: aro do tambo (1 punto)

3.2.2 Formas previsiblemente relacionadas con ‹aro› (18 puntos) – – –

Arambelo, arombelo (5 puntos) Aranguela, aranguelo (8 puntos) Aranquelo (5 puntos)

3.3 Designacións referentes á morfoloxía. Comparación das vértebras coas doas do rosario (8 puntos) – –

Sen modificador: rosario (6 puntos) Con modificador que especifica o lugar: rosario do lombo, rosario do lomo (2 puntos)

3.4 Designacións referentes á morfoloxía que inciden no carácter óseo do espiñazo (3 puntos) –

Con modificadores: a) óso do aranguelo (1 punto) b) óso do lombo (2 puntos)

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Xosé Afonso Álvarez Pérez

3.5 Designacións referentes á morfoloxía. Zona que sobresae na parte superior das costas (67 puntos) 3.5.1 Formas do tipo cerro, cerrizo, sarrizo, posiblemente relacionados con cerro cerro (< lat. CIRRU) e con serra (< lat. SERRA) (58 puntos) –



Base cerro (27 puntos) a) Forma non derivada, sen modificadores: cerro (2 puntos) b) Forma derivada con suf. -izo: cerrizo, zarrizo (23 puntos) c) Forma non derivada, con modificadores: cerro do lombo (2 puntos) Base serro (31 puntos) a) Formas derivadas a.1. Sufixos -azo e -ín: sarracín (1 punto) a.2. Sufixo -izo: sarrizo (13 puntos) a.3. Sufixo -ón: serrón (1 punto) a.4. Outras terminacións: sarriñouzo (3 puntos), sarritán (1 punto) b) Formas con modificadores b.1. ‹do lombo›: serro do lombo, serrón do lombo, serracil do lombo (9 puntos) b.2. do carrelo: serro do carrelo (1 punto) c) Outras respostas c.1. rezo, rizo (2 puntos)

3.5.2 Designación que significaba en orixe ‹liña na parte superior de algo›, raíz cern- (8 puntos) – –

Formas sufixadas: con suf. -illa: cernilla (1 punto); con suf. -izo: cernizo, sarnizo (6 puntos) Formas con modificador: cerengo do carrelo (1 punto)

3.5.3 ‹brote›: gromo (1 punto)

3.6 Partes próximas ó espiñazo do animal ou que o comprenden 3.6.1 Designación habitual para o lombo do animal (73 puntos) –

Construccións sobre lombo ‹lomo› a) Formas simples: lombo, llombo (67 puntos) b) Formas derivadas: cun suf. -elo: lombelo (5 puntos); cun prefixo so-: solombo (1 punto)

Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca

3.6.2 ‹Costelas›: costelas (1 punto) 3.6.3 ‹Riñones› (8 puntos) –



Forma castelá riñón a) Sen modificadores: riñón (4 puntos) b) Con modificadores: riñon do lombo (1 punto) Outras formas: reaz, res (2 puntos)

3.6.4 ‹Agulla›: agulla (1 punto)

3.7 Nomes de apeiros e ferramentas con semellanza morfolóxica (7 puntos) – –

Armón (1 punto) Arzón a) Sen modificadores (5 puntos) b) Con modificador ‹do lombo›: arzón do lombo (1 punto)

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3.8 Outras respostas

3.8.1 Designación habitual para el espinazo del cerdo: soá (4 puntos)

3.9 Formas problemáticas (12 puntos)

3.9.1 Posibles construcións sobre carro: carrelo (4 puntos); carriñouzo (1 punto); carrizo (5 puntos); relo (1 punto)

3.9.2 As crises (1 punto)

4. Conclusión Como se puido apreciar seguindo a relación de respostas, incluso as designacións para un concepto en apariencia tan anodino como ‹espiñazo da vaca› presentan un conxunto de gran riqueza en canto a número de formas e, sobre todo, de estratexias construtivas. Faise evidente, do mesmo modo, a necesidade dunha estruturación sólida das respostas, para poder contemplar en conxunto os diferentes procedementos e, o que nos leva ás liñas apuntadas na introdución, tamén unha explicación de cada apartado que aclare formas que nun principio poden parecer opacas, incluso ó lector máis ou menos versado en cuestións lingüísticas. Trátase de tirar todo o partido ó material xa enquisado, permitindo que se aproveite o mellor posible e facilitando a comparación con outras rexións. Aínda que non puiden citar ningún exemplo, polas limitacións de espazo, a análise de varias formas evidencia o importante papel que xogan os dicionarios e os textos literarios como fontes que poden explicar e contextualizar diferentes respostas problemáticas, especialmente as voces que aparecen moi esporadicamente, pero que resultan ter unha vitalidade na lingua moito maior da que aparece reflectida na rede de puntos. Ter unha serie de campos ben traballados e organizados pode ser un impulso importante para as investigacións no campo léxico galego, incluso na faceta etimolóxica, para a que son sempre interesantes os datos dialectais.

Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca

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Bibliografía citada Álvarez Pérez, Xosé Afonso (2006): Contribución al estudio del léxico relativo a la vaca: denominaciones para la cría. In: Villayandre Llamazares, Milka (ed.): Actas del XXXV Simposio de la Sociedad Española de Lingüística (León, 12-15 de diciembre de 2005). León: Universidad de León, http://www3.unileon.es/dp/dfh/SEL/actas/Alvarez_Perez.pdf (2008 01 10). – (2007): Estudio del campo léxico de la vaca en gallego: el pescuezo. In: Dialectologia et Geolinguistica 15, 3-22. Benavente Jareño, P. / Ferro Ruibal, X. (1995): Refraneiro galego da vaca. Santiago de Compostela: Centro de Investigacións Lingüísticas e Literarias Ramón Piñeiro. García Gondar, Francisco (1998-): Bibliografía informatizada da lingua galega (BILEGA). Santiago de Compostela: Centro de Investigacións Lingüísticas e Literarias Ramón Piñeiro, http://www.cirp.es/bdo/bil/ (2008 01 10). González González, Manuel (1994): El Atlas Linguistico Galego. In: García Mouton, Pilar (ed.): Geolingüística. Trabajos europeos. Madrid: Consejo Superior de Investigaciones Científicas. Rodríguez Castelao, Afonso Daniel (2004): Sempre en Galiza. Vigo: Galaxia. Santamarina Fernández, Antón (ed.) (2003a): Tesouro Informatizado da Lingua Galega (TILG). Santiago de Compostela: Universidade de Santiago de Compostela, http://www.ti.usc.es/TILG/ (2008 01 10). – (ed.) (2003b): Diccionario de diccionarios (versión 3). A Coruña: Fundación Pedro Barrié de la Maza.

Myriam Benarroch

L’apport des dictionnaires de Jerónimo Cardoso (XVIe siècle) à la datation du Dicionário Houaiss (2001)

1. Le Dicionário Houaiss et les dictionnaires de Jerónimo Cardoso: présentation 1.1 Le Dicionário Houaiss Le Dicionário Houaiss da Língua portuguesa, publié en 2001, est le dictionnaire de langue le plus abouti et le plus complet de la lexicographie portugaise actuelle. Présenté comme contenant près de 228 500 unités lexicales (Villar 2001: XV), il est à ce jour le plus important du point de vue du nombre d’entrées, si l’on laisse de côté le dictionnaire de Morais, dont la dixième édition, souvent citée, compte douze volumes (Silva 1949-1959). S’il se présente comme un dictionnaire général, il est aussi, aujourd’hui, le dictionnaire historique et étymologique le plus à jour de la langue portugaise: il accorde une place importante à la datation et antédate de nombreux lexèmes par rapport au dictionnaire étymologique de Machado (DELP). Le sondage réalisé par Alf Monjour (2004: 146) dans le but de comparer le Houaiss aux autres dictionnaires étymologiques du portugais établit que le Houaiss contient 85% des lemmes figurant dans l’ensemble de ces dictionnaires, soit plus du double de ceux du DELP.1 Monjour relève aussi que 71% des entrées de son échantillon d’analyse bénéficient d’une date de première attestation, antérieure, pour 8% d’entre elles, à celle du DELP et / ou du DENF (Monjour 2004: 148). Toutefois, il constate que pour 1,5% des entrées étudiées, la date de première attestation donnée est postérieure à celle des dictionnaires précédents, non qu’il s’agisse d’une rétrodatation argumentée mais parce que l’auteur semble tout simplement ne pas avoir tenu compte des données de Machado ou de da Cunha (Monjour 2004: 149-150). Si le dictionnaire Houaiss constitue un progrès remarquable dans la lexicographie étymologique et historique de la langue portugaise, il ne peut pour autant être considéré comme un véritable dictionnaire historique, et ceci pour plusieurs raisons. 1- Il ne contient pas de citations et ne donne donc pas les contextes dans lesquels apparaissent les lexèmes. ––––––– 1

Sondage effectué sur les lemmes compris entre aca- et ach- du Houaiss. Les dictionnaires étymologiques pris en compte par Monjour et cités dans sa bibliographie sont: DELP; DENF; Nascentes 1955; Constâncio, Francisco Solano (1836): Novo Diccionario critico e etymologico da lingua portuguesa. Paris; Coelho, Francisco Adolfo (1890): Diccionario manual etymologico da lingua portuguesa. Contendo a significação e prosodia. Lisboa.

624

Myriam Benarroch

On ne peut, par conséquent, vérifier si le lexème attesté dans le document cité en référence est bien celui figurant dans la nomenclature et non un homographe (nous avons nous-même été piégés à une première lecture, pour la datation de alcofinha (cf. infra 2.2.)). Pour la même raison, il est impossible de savoir si l’acception figurant dans le document cité en référence correspond à celle de l’entrée. 2- Les acceptions ne sont datées que très exceptionnellement. 3- Il en est de même pour les locutions. 4- Bien que citant, dans la rubrique «formes historiques» (= «f.hist.») des formes accompagnées ou non de leur date de première attestation, il ne mentionne pas leur acception et ne rend donc pas compte de l’évolution sémantique du lexème. Ces réserves n’en font pas moins du Houaiss, nous le répétons, le meilleur dictionnaire de la langue portugaise actuelle, y compris du point de vue étymologique. L’apport essentiel du Houaiss dans ce domaine réside dans le grand nombre d’antédatations de lemmes qu’il propose par rapport au DELP de Machado.2 Les rédacteurs du Houaiss ont disposé, en particulier, du fichier manuel d’Antônio Geraldo da Cunha sur le vocabulaire médiéval contenant près de 170 000 fiches dactylographiées.3 Dans sa bibliographie, Houaiss mentionne un dictionnaire de Jerónimo Cardoso, qu’il cite sous le sigle «JC», et qui est souvent donné comme document de première attestation, avec la date de 1562. En dépit de l’affirmation d’Alf Monjour (2004: 149) selon laquelle les rédacteurs du Houaiss «utilisent systématiquement les sources lexicographiques existantes (ce que leurs prédécesseurs n’ont pas toujours fait!)», nous avons constaté que la consultation de ce dictionnaire est loin d’avoir été systématique, bien qu’elle fût beaucoup plus fréquente que dans le DELP de Machado qui cite, dans quelques articles, un «Dicionário de Jerónimo Cardoso (1562)» sans en donner les références précises dans sa bibliographie qui ne le mentionne pas. Nous nous proposons de montrer ici, à travers quelques exemples, l’apport que constitue la consultation systématique des dictionnaires du lexicographe portugais du 16e siècle pour la datation des lemmes du Houaiss. Le corpus lexical sur lequel nous nous appuyons est constitué de trois ensembles: 1- les arabismes de la langue portugaise (directs et indirects) que nous avons étudiés (cf. Benarroch en préparation); 2- le vocabulaire lié à la navigation (cf. Benarroch sous presse a) et à l’expansion portugaise en Orient (cf. Benarroch sous presse b); 3- les entrées du Houaiss situées entre a et acu-. Mais présentons d’abord brièvement ces dictionnaires.

––––––– 2

3

Dans les recherches que nous menons sur les arabismes de la langue portugaise (Benarroch en préparation), le dictionnaire Houaiss nous a permis de proposer, pour un nombre important de lemmes, une date de première attestation antérieure à celle que nous avions fournie lors de notre thèse (Benarroch 2000). Quelques exemples: atabafar: 1562 > 1543; belmaz: 1562 > 1300; cabide: 1562 > 1540; eiva: 1562 > 1400; garrafa: 1562 > 1514; girafa: 1569-70 > 1400; rincão: 1569-70 > 1200. Ce fichier est conservé à la Fundação Casa de Rui Barbosa de Rio de Janeiro. À partir de ces fiches, Cunha a publié trois fascicules comportant les lettres A à D (IVPM). Un petit complément a été livré par la suite dans la revue Confluência (Cunha 1992). Après la disparition de l’auteur en 1999, la plus grande partie du fichier a été éditée sous forme de CD-Rom (Cunha 2002). Signalons que certains lemmes de IVPM manquent toutefois à cette version en CD-Rom (par ex. anil).

L´apport des dictionnaires de Jerónimo Cardoso à la datation du Dicionário Houaiss

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1.2 Les dictionnaires de Jerónimo Cardoso Jerónimo Cardoso (?-1568/69?) est l’auteur, entre autres ouvrages (poèmes, grammaire latine), d’une série de dictionnaires et de lexiques publiés entre 1551 et 1570, parmi eux: 1- le Dictionarium juventuti studiosae. C’est un dictionnaire onomasiologique latinportugais, composé de 3213 articles (Benarroch 2000: 96). La première édition, publiée en 1551, étant aujourd’hui perdue, nous ne disposons que de la réédition de 1562: c’est la date que nous retenons. Nous le citons sous le sigle «JC, A»; 2- le Dictionarium ex lusitanico in latinum sermonem de 1562 (JC, B), dictionnaire alphabétique portugais-latin. C’est le premier dictionnaire à nomenclature portugaise. Il comporte 12 066 articles (Benarroch 2000: 144); 3- le recueil intitulé Dictionarium latinolusitanicum & vice versa lusitanicolatinũ. Il fut publié le 20 juin 1570, après la mort du lexicographe, après avoir été revu, augmenté et achevé par l’humaniste allemand Sébastien Stockhammer. Toutefois, comme l’a relevé Paul Teyssier (1980: 10-11), l’ouvrage était prêt pour l’impression en juin 1569, comme l’indiquent le privilège en portugais, le visa de la censure inquisitoriale, la dédicace de Stockhammer au roi D. Sebastião ainsi que le colophon, qui portent tous la date de 1569. C’est donc cette date de 1569 que nous prendrons en compte pour la première attestation, et non celle de la publication. Ce recueil est composé de cinq parties, qui ne sont pas toutes de Cardoso: un dictionnaire alphabétique latin-portugais, le Dictionarium latinolusitanicum (JC, C) riche, d’après les calculs de Paul Teyssier (1980: 26), de 26 863 entrées latines; une réédition, revue et augmentée (12 788 articles, Benarroch 2000: 191), du dictionnaire portugais-latin de 1562: JC, B’;4 un petit dictionnaire des termes ecclésiastiques; la partie lexicographique d’un petit traité sur les monnaies grecques et romaines ainsi que sur les poids et mesures antiques, déjà publié à Coïmbre en 1561, et amputé de la partie épistolaire figurant à la fin de la première édition; enfin, un dictionnaire des noms propres, entièrement composé par Stockhammer. De ces trois ouvrages, seul le dernier, le plus volumineux et le plus complet, a été réédité. Paul Teyssier (1980: 11) mentionne onze rééditions, entre la fin du 16e siècle et la fin du 17e siècle.5 C’est l’une de ces rééditions, celle de 1677, qui figure dans la bibliographie de Houaiss et qui lui a donc servi de référence. Nous n’avons pas eu accès à cette édition. Toutefois, une première mise en garde s’impose dès à présent. Houaiss se réfère à l’édition de 1677 mais il donne comme date de première attestation 1562, c’est-àdire l’édition princeps du dictionnaire portugais-latin (JC, B). C’est-à-dire qu’il considère à priori que tous les lexèmes attestés dans l’édition de 1677 le sont aussi dans celle de 1562. Ce qui n’est pas sans poser de problèmes. Nous allons justement livrer à présent quelques réflexions sur les principes méthodologiques mis en œuvre dans le Houaiss.

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5

A l’exception de «B’» que nous avons ajouté par analogie avec «B», nous avons repris les désignations «A», «B», «C» utilisées par Paul Teyssier (1989: 360) pour citer les dictionnaires de Cardoso. 1588, 1592, 1601, 1613, 1619, 1630, 1643, 1677, 1694, 1695 (Lisbonne), 1695 (Coïmbre).

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2. Quelques réflexions sur les principes méthodologiques du Houaiss 2.1 Problèmes dus à l’utilisation de l’édition de 1677 du Dictionarium au lieu de l’édition princeps Nous avons montré dans notre thèse que certaines entrées attestées dans l’édition de 1562 manquent à la nomenclature de la réédition de 1569-70 ou sont attestées sous une forme différente (Benarroch 2000: 196-198). Or, comme nous l’avons dit plus haut, c’est l’édition de 1569-70 qui a servi de base aux rééditions successives et donc à celle de 1677, et non celle de 1562. Ce qui signifie que certains lexèmes présents dans cette première édition ne porteront pas, chez Houaiss, la date de 1562 (cf. infra 3.3.). D’autre part, la nomenclature du dictionnaire portugais-latin de 1569-70 (JC, B’) est plus riche que celle de la première édition: elle contient 722 entrées de plus (12 788 au lieu de 12 066, cf. Benarroch 2000: 191). Il convient donc de dater de 1569 et non de 1562 les nouvelles entrées de B’ (cf. infra 3.4.). Ces deux cas de figure, conduisant respectivement à une antédatation et à une rétrodatation montrent qu’il est indispensable de vérifier dans la première édition du dictionnaire portugais-latin que les lexèmes pour lesquels Houaiss donne la date de 1562 y sont bien attestés.

2.2 Datation absolue, variantes et dérivés Nous avons consulté, grâce à la version en CD-Rom du Houaiss, les entrées comprises entre a- et acu- pour lesquelles Houaiss donne «JC» avec 1562 comme date de première attestation. Dans la nomenclature du Houaiss, figurent des variantes phonétiques ou des dérivés portant la mention «1562 cf. JC» comme première attestation, bien qu’elles ne soient attestées ni dans le dictionnaire portugais-latin de 1562 (JC, B) ni dans aucun autre dictionnaire cardosien cité plus haut (A, B’ et C), comme nous avons pu le vérifier grâce au Concordancier des formes portugaises des dictionnaires de Cardoso (Teyssier / Verdelho). C’est le cas, par exemple, de abendiçoado, abendiçoar, abraçante, acauso. Acauso, donné comme «brésilianisme informel», est défini par «m.q. acaso», avec, dans la partie étymologique, «forme populaire de acaso». Or seule cette dernière forme est répertoriée dans JC, B. Pour abendiçoar et abendiçoado, que Houaiss définit respectivement par «m.q. abençoar» et «m.q. abençoado», il donne comme formes historiques affectées de la date de 1562 les lexèmes attestés comme entrées abendiçoar, abendiçoado, alors que seules les formes abençoar, abençoado (ou plus précisément abençoada) figurent dans JC, B. Le même problème se pose pour la datation des participes passés employés comme adjectifs et classés comme tels dans la rubrique «classe grammaticale». Pour la datation des flexions verbales, le principe énoncé dans la présentation du dictionnaire semble être clair et cohérent: Quand nous datons des verbes qui sont traditionnellement dictionnarisés sous la forme de l’infinitif personnel, la datation peut provenir de n’importe quelle flexion. La flexion de

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référence est alors citée, dans le champ de l’étymologie, comme forme historique (Villar 2001: XXII).6

Or les adjectifs abrochado, acentuado, acepilhado sont donnés avec la mention «1562 cf. JC» sans mention de la forme historique qui, chez Cardoso, est l’infinitif. Ce procédé est encore plus discutable lorsqu’il s’agit d’adjectifs déverbaux ayant acquis une vie autonome par rapport au verbe dont ils sont issus. C’est le cas, par exemple, de abraçante, absent de Cardoso, mais daté de «1562 cf. JC» du fait de la présence dans ce dictionnaire de l’infinitif. La question des dérivés n’est pas simple et le choix de leur introduction dans la nomenclature d’un dictionnaire pose problème. Houaiss écarte nombre de dérivés de Cardoso, ce qui peut se comprendre. Manquent ainsi, parmi les arabismes et pour ne citer que ceux qui figurent dans les dictionnaires à entrées portugaises (et sont donc supposés figurer dans l’édition de 1677): albardador, alcofinha, aldeamente, alvoroçadamente, atabalhoadamente, façanhosamente, jarrinho, mesquinhamente, rondador. Une catégorie de dérivés a attiré particulièrement notre attention: ce sont les diminutifs en -inho / -inha. Le portugais est beaucoup plus prolixe que le français en matière de diminutifs. Houaiss relève les diminutifs qui présentent un sémantisme particulier. Ainsi, pour alfacinha Houaiss donne d’abord le sens étymologique «laitue» (sans tenir compte du diminutif), mais aussi, sous la double étiquette «régionalisme» et «informel», celui de «Lisboète». Argolinha «petit anneau» est ici un jeu, médiéval ou actuel, mais le mot a aussi une acception culinaire. Pour bacorinho, il relève, outre la différence de sens entre Portugal et Brésil, l’emploi hypocoristique. Enfin, alcofinha semble être un lexème différent du diminutif utilisé par Cardoso et signifiant «petit panier»: c’est aussi un diminutif, mais d’un 2 alcofa «entremetteuse» dont l’étymologie est donnée comme étant «d’origine obscure». Bien qu’il ne soit pas exclu que ce 2alcofa soit une acception particulière de 1alcofa «panier», on ne peut considérer a priori le lemme de Cardoso comme la première attestation de ce lexème, y compris pour la datation absolue. C’est pourquoi nous n’avons pas modifié la date de première attestation mentionnée par Houaiss. Quelques mots, à présent, concernant la relation entre la date de première attestation donnée en début d’article et la rubrique «formes historiques» (= «f.hist.») située à la fin de la partie étymologique. Dans la présentation du dictionnaire, il est écrit que dans cette rubrique sont notées les «formes historiques avec des graphies différentes de la graphie actuelle» (Villar 2001: XXI, 4.2). Plus loin, l’auteur indique qu’il n’est pas fait mention d’une forme historique dans la partie étymologique «lorsque la seule date attribuée à une unité lexicale définie correspondait à une occurrence dont la graphie était la même que celle de l’entrée de l’article» (Villar 2001: XXII, 4.2.1). L’article acepção, où la datation porte la mention «cf. JC 1562», pèche par l’absence de rubrique «forme historique», alors que la seule forme attestée dans JC, B est aceição, forme enregistrée, du reste, par Machado avec ––––––– 6

Nous traduisons en français les passages empruntés à la présentation du Houaiss (= Villar 2001) ainsi que la métalangue utilisée dans les articles du dictionnaire.

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la référence explicite à Cardoso: «O Dicionário de Jerónimo Cardoso (1562) regista a var. aceição, de carácter menos culto» (DELP, s. v. acepção). La pratique de Houaiss concernant la datation des variantes n’est pas systématique. Nous venons de voir qu’il attribue une date de première attestation (1562) à une variante figurant dans la nomenclature mais non attestée à cette date. Mais parfois, il fait l’inverse. Ainsi pour samarra / chamarra, il date la première variante du XVe siècle et la seconde de 1899, alors que chamarra est attesté dans JC, B et doit donc porter la date de 1562 (cf. infra, 3.3).

3. Datation des lexèmes du Houaiss Nous allons maintenant voir dans quelle mesure une utilisation systématique des dictionnaires de Cardoso permet de modifier la date de première attestation dans le Houaiss. Nous nous intéresserons à 50 lexèmes (cf. tableau, infra). Nous n’avons pas pris en compte, naturellement, les lexèmes attestés chez Cardoso mais absents du Houaiss. Le Concordancier des formes-occurrences portugaises des dictionnaires de Cardoso nous a permis, en outre, de relever non seulement les lexèmes attestés dans les dictionnaires portugais-latin de 1562 (JC, B) et de 1569-70 (JC, B’) mais aussi ceux qui figurent dans les articles des dictionnaires à entrées latines (JC, A et JC, C).

3.1 Datation de lexèmes non datés chez Houaiss Dans sa «Présentation» du dictionnaire Houaiss, Mauro de Salles Villar indique que près de la moitié des unités lexicales figurant comme entrées portent la mention de la datation de l’année ou du siècle de première attestation en portugais (Villar 2001: XV). Dans notre corpus, nous avons trouvé six lexèmes non datés, ce qui est très peu. Cela s’explique sans doute en particulier par le fait que cet échantillon est composé d’un nombre important d’arabismes, qui ont souvent été répertoriés et datés par Machado. En effet, à une exception près –la lexie composée cristão-velho (1569, JC, B’)7– les lexèmes pour lesquels nous proposons une date sont des arabismes, directs ou indirects: aldravada (1562, JC, B), almofaçar (1562, JC, B), chirivia (1569, JC, C), desalforjar (1569, JC, C), ensumagrar (1562, JC, B). À l’exception de chirivia, ce sont des dérivés.

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Cristão-velho est sans aucun doute beaucoup plus ancien dans la langue, d’abord pour des raisons historiques, ensuite parce qu’il n’a existé que par rapport à cristão-novo qui est attesté dans Houaiss dès le XVe siècle.

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3.2 Antédatation absolue Nous antédatons 40 lexèmes (cf. tableau, infra). La consultation systématique de la nomenclature intégrale des dictionnaires de Cardoso permettrait déjà, sans même avoir recours au Concordancier, d’en antédater bien davantage Les antédatations vont de 4 ans (latoeiro) à 424 ans (alardeadeiro). Elles se répartissent ainsi: de 4 à 99 ans = 20; de 100 à 199 ans = 11; de 200 à 299 ans = 4; de 300 à 399 ans = 4; plus de 400 ans = 1. 3.3 Antédatation de variantes phonétiques Deux variantes phonétiques ont pu être antédatées dans notre corpus: chamarra (1899 > 1562 = 337 ans) et missagra (1868 > 1562 = - 296 ans). Chamarra, répertorié dans JC, B, est une variante de samarra, attesté au XVe siècle (Houaiss, s. v.). Missagra figure sous la forme misagra dans JC, B. Notons que la variante bisagra est répertoriée par Houaiss avec la date de 1522. 3.4 Rétrodatation Certains lexèmes ont à tort été datés de 1562 alors qu’ils ne font leur entrée que dans l’édition de 1569-70 du dictionnaire portugais-latin de Cardoso (JC, B’). Il convient donc de les rétrodater dans le Houaiss de 1562 à 1569. C’est le cas, par ex., de ronquidão et sotrancar.

4. Conclusion Pour les 50 lexèmes que nous avons examinés, la consultation des dictionnaires cardosiens nous a permis: – de proposer une première attestation pour six lexèmes; – d’antédater de manière absolue 40 lexèmes; – d’antédater deux variantes phonétiques; – de rétrodater deux lexèmes. Nous constatons ici la faible utilisation que les rédacteurs du Houaiss ont faite des dictionnaires de Jerónimo Cardoso. Seule l’édition de 1677 de ces dictionnaires mentionnée dans la bibliographie a été prise en compte, ce qui a engendré des erreurs dans la datation. Et surtout, cette édition n’a pas été consultée systématiquement, ce qui a conduit à ignorer un nombre important d’antédatations possibles. Nous plaidons donc, dans le cas d’une réédition du Dicionário Houaiss ou d’une éventuelle mise à jour de sa version électronique, pour une consultation systématique des éditions de 1562 et de 1569-70 des dictionnaires de Cardoso, qui améliorera considérablement la datation actuelle. Un examen attentif des articles de cette œuvre lexicographique permettra en outre de relever de nombreux sémantismes absents du dictionnaire brésilien. Nous en avons identifié quelques-uns au fil de cette étude, mais ceci est une autre histoire…

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Apport des dictionnaires de Cardoso à la datation du Houaiss 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Lexème açoutadura aframar agabamento ajoujar alardeadeiro alfacinha

Houaiss 1789 1789 1871 1712 1986 1690

Date JC 1569, C 1562, B 1569, B’ 1562, B 1562, B 1562, B

Antéd. - 220 - 227 - 312 - 150 - 424 - 138

Article JC Verberatio, onis. Açoutadura. Aframar. Amburo, is, rubefacio, is. Agabamento. Laudatio, onis. Ajoujar. Attono, as. Alardeadeira. Ostentatrix, icis. Alfaçinha. Lactucula, ae. (B’: Alfacinha).

7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29.

aldravada algarvio almofaçar arriós bêbera caravelão chamarra chancarona chirivia cizirão cristão-velho dandão desalforjar desancorar emastrear ensumagrar enxacoco ferragoulo gazua2 ginetário Giz godilão latoeiro

N. D. 1841 N. D. 1615 1651 1899 1899 1899 N. D. 1712 N. D. a1958 N. D. 1713 1614 N. D. 1660 1589 1600 1573 1615 1616 1566

1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1569, C 1569, C 1569, B’ 1562, B 1569, C 1562, B 1562, B 1562, B 1569, B’ 1569, C 1569, B’ 1562, B 1562, B 1569, B’ 1562, A, B

- 279 - 53 - 89 - 337 - 337 var - 337 - 143 - 396 - 151 - 52 - 91 - 20 - 31 - 11 - 53 - 47 -4

30. 31. 32. 33. 34. 35. 36.

marlotar maroma mascarra mentrasto missagra Nora papa-figo

1576 1609 1597 1601 1858 1662 1624

1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1562, A, B

- 14 - 47 - 35 - 39 - 296 var - 100 - 62

37. rabaça 38. riscoso

1720 1587

1569, B’ 1562, B

- 151 - 25

39. 40. 41. 42.

ronquidão safra2 saloio saramago

1562 1664 1629 1708

1569, B’ 1562, B 1569, B’ 1562, A, B

+ 7 rétro - 202 - 60 - 146

43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50.

sarrafar sotrancar sumarento surrador surrar taceira tiborna verruma

1661 1562 1720 1720 a1666 1721 1606 1616

1562, B 1569, B’ 1562, B 1562, B 1562, B 1562, B 1569, B’ 1562A; 1569B’

- 99 + 7 rétro - 158 - 158 - 104 - 159 - 37 - 54

Aldrauada. Ictus pessuli. Algarauio. Algarbiensis, &. e. almofaçar. Stringo, is, strigile ficare. Arrioz. Globulus, i. Bebera, figo. Præcox ficus. Carauelão. Lembus, i. Chamarra. Vestis mbricata. Chancarona. Pargus salitus. Siser, eris. A rayz da alchiriuia erua. Eruum, i. Cizyrão, ou eruilhaça. Cristão velho. Orthodoxus, a, um. Damdam de casa. Incubus, i, dusius, i. Mãticulator, aris. Enganar ou desalforjar. Desencorar. Soluere anchoram. Emmastear. Malos figo. Ençumagrar. Nautea perfundo. Enxacoco. Bilinguis, & e. Chlamys, idis. Ho mãto, ou ferragoulo. Gazua. Clauis adulterina. Ginetairo. Equorum domitor. Gis. Gipsum, i. Godilhão. Tuber, ris. A: Cuprarius, i. Ho latoeyro. B: Latoeiro, a. Orichalcarius, i. Marlotar. Contrecto, as. Maroma, s. corda. Rudens, entis. Mascarras. Nota, æ. Mentrastos. Mentrastrum, i. Misagra de mesa. Vertebra, æ. Nora dagoa. Antlia, ae. A: Ficedula, æ. O papafigo.; B: Papa figo. Cucullus, i., B: Papafigo ave. Ficedula, æ. Rabaças. Sium, ij, lauer, eris. Riscozo, s. perigozo. Periculosus, a, um. (B’: Riscoso) Ronco ou ronquidão. Ronchus, i. Çafra. Incus, vdis. Saloya. Villica, ae, rusticana, ae. A: Radix syluestris. O saramago. B: Çaramago. Raphanus syluestris. Çarrafar. Scarifico, as. Sotrancar. Intercipio, is. Sumarenta cousa. Succulentus, a, um. Çurrador. Alutarius, i. Çurrar. Macero, as. Taceira de ouriuez. Pergula, ae. Tiborna. Offa oleacea. A: Terebellum, i. A verruma; B’: Verruma. Terabellum,i.

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Bibliographie 1. Corpus Houaiss = Houaiss, Antônio / Villar, Mauro de Salles / Franco, Francisco Manoel de Mello (2001): Dicionário Houaiss da língua portuguesa. Rio de Janeiro: Objetiva. Houaiss CD-Rom = Houaiss, Antônio / Villar, Mauro de Salles / Franco, Francisco Manoel de Mello (2004): Dicionário eletrônico Houaiss da língua portuguesa. versão 1.05. Rio de Janeiro: Objetiva. JC, A = Cardoso, Jerónimo (1562a): Hieronymi Cardosi Dictionarivm Ivventuti stvdiosae […]. Conimbricae, Apud Ioannem Aluarum Typographum Regium. M. D. LXII. JC, B = Cardoso, Jerónimo (1562b): Hieronymi Cardosi Lamacensis Dictionarivm ex lvsitanico in latinvm sermonem. Vlissipone: ex officina Ioannis Aluari typograhi Regii. M. D. LXII. JC, B’ = Cardoso, Jerónimo (1569-1570): Hieronimi Cardoso Lamacensis Dictionarivm, ex Lvsitanico in Latinum sermonem. In: Dictionarivm Latinolvsitanicvm et vice versa Lusitanicolatinũ […] Item de monetis, ponderibus, et mensuris, ad præsentem vsum accomodatis. Noue omnia per Hieronimum Cardosum Lusitanum congesta. Recognita vero omnia per Sebast. Stokhamerum Germanum. Qui libellum etiam de propriis nominibus […]. Excussit Ioan. Barrerius Conimbricae. 12. kal. Iulij 1570. JC, C = Cardoso, Jerónimo (1569-1570): Dictionarivm Latinolvsitanicvm. In: Dictionarivm Latinolvsitanicvmet vice versa Lusitanicolatinũ […] Item de monetis, ponderibus, et mensuris, ad præsentem vsum accomodatis. Noue omnia per Hieronimum Cardosum Lusitanum congesta. Recognita vero omnia per Sebast. Stokhamerum Germanum. Qui libellum etiam de propriis nominibus […]. Excussit Ioan. Barrerius Conimbricae. 12. kal. Iulij 1570.

2. Références et ouvrages consultés Arveiller, Raymond (1999): Addenda au FEW XIX (Orientalia). édités par Max Pfister. Tübingen: Max Niemeyer. Baldinger, Kurt (1959): L’étymologie hier et aujourd’hui. In: CAIEF 11, 233-264. Benarroch, Myriam (2000): Des premiers dictionnaires (Jerónimo Cardoso) aux textes: l’apport lexical des arabismes dans la langue portugaise du XVIe siècle. Thèse de Doctorat en cotutelle: Université Paris 3 / Universidade de Évora (jury: Anne-Marie Quint, Adel Sidarus, co-directeurs, Paul Teyssier et Ivo Castro), 1075 pages manuscrites. – (sous presse a): Vento popa… capitoa! Le vocabulaire de la navigation dans le Dictionarivm ex lusitanico in latinvm sermonem (1569/70) de Jerónimo Cardoso. In: Hommage à Anne-Marie Quint. Paris: PSN. – (sous presse b): Échos de l’expansion portugaise dans le dictionnaire portugais-latin de Jerónimo Cardoso. In: Fourtané, Nicole / Guiraud, Michèle: La mémoire dans le monde luso-hispanophone. Actes du Colloque International Mémoire et Culture dans le monde luso-hispanophone (Université Nancy 2, 1-2 juin 2006). (2 voll.). Vol. 1. Nancy: Presses Universitaires de Nancy. – (en préparation): Dictionnaire des arabismes portugais du 16e siècle. Paris: Chandeigne. Biderman, Maria Tereza Camargo (2003): Dicionários do português: da tradição à contemporaneidade. In Alfa 47, 1, 53-69. Corriente, Federico (22003): Diccionario de arabismos y voces afines en iberorromance. Madrid: Gredos.

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Myriam Benarroch

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El género gramatical: norma y diacronía en el español en contraste con el catalán∗

1. Introducción Como es bien sabido, una de las reestructuraciones morfológicas más importantes en el paso del latín al español fue la que afectó al género gramatical (Menéndez Pidal 161980; Penny 1993; Rodríguez Díez 2005). La pérdida casual y la desgramaticalización del género neutro provocaron una serie de cambios en la determinación del género de muchas voces. Lo más frecuente fue asignar el género masculino o femenino en función de la terminación, de modo que la -a se reanalizó como marca de femenino y la -o como la de masculino. Sin embargo, los problemas surgen cuando no existe tal correspondencia, pues la palabra no termina en ninguna de estas dos vocales. Es sobre todo en estos casos en los que se da el mayor número de vacilaciones en cuanto al género y, aunque parezca que esta inestabilidad sólo correspondería a los orígenes del idioma, los problemas de asignación del género en la actualidad también son importantes. A este respecto, la norma es la encargada de establecer el género gramatical de aquellas palabras que pueden presentar dudas al hablante. Hasta hace bien poco, el usuario sólo podía acudir al Diccionario de la lengua española (DRAE) (2001) para poder solucionar los problemas relacionados con el género de determinados vocablos (cf. Buenafuentes / Sánchez Lancis 2006). Sin embargo, el Diccionario panhispánico de dudas (DPD), que vio la luz en 2005, se ha convertido en la obra de referencia normativa en la asignación del género de las palabras, entre otros aspectos de uso (cf. Buenafuentes / Sánchez Lancis 2008). En este sentido, el criterio empleado por el DPD en cuanto al género de las voces está basado, fundamentalmente, en el uso. Sin embargo, y pese a que siempre se tiene en cuenta el uso actual de los hispanohablantes, en muchas ocasiones se recurre a la diacronía para justificar que una palabra sea femenina o masculina. De hecho, este diccionario está plagado de numerosas referencias históricas que sirven para apoyar o contrastar las propuestas normativas. Esto es una muestra más de lo difícil que resulta separar norma, uso y diacronía. Así pues, el propósito de este trabajo es analizar las consideraciones diacrónicas del DPD en cuanto al género de las voces que aparecen recogidas en su interior, para poner de ––––––– ∗

La presente investigación ha sido parcialmente financiada con una ayuda del MEC y FEDER (nº de ref. HUM2006-13295-C02-02, FFI2008-00948/FILO y FFI2008-06324-C02-01) y de la CIRIT del Comissionat per Universitats i Recerca de la Generalitat de Catalunya (nº de ref. 2009SGR 1067).

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manifiesto la importancia de la diacronía en las cuestiones de tipo normativo. Como contraste, también se van a estudiar algunos casos del catalán, pues resulta interesante comprobar cómo otra lengua románica, estrechamente relacionada con el español, adopta en ocasiones soluciones diferentes en la fijación del género. A partir de este análisis, se quiere poner de relieve que la asignación de este rasgo morfológico no se debe al capricho normativo, sino que es fruto de un largo y complejo camino, sólo perceptible desde el punto de vista diacrónico.

2. Norma y diacronía 2.1 El criterio etimológico como norma Si se efectúa un rastreo de las entradas del DPD que presentan información sobre el género, se puede comprobar que, en muchos casos, aparecen indicaciones diacrónicas que dan cuenta de la evolución experimentada por las palabras que se incluyen en esta obra. Las referencias históricas que se emplean en el DPD pueden manifestarse de manera explícita. Así, el diccionario se sirve de expresiones como «en sus orígenes», «desde el punto de vista etimológico» o «como en latín». Sin embargo, lo más habitual es que se señale directamente el étimo latino del que procede la voz. Así ocurre, por ejemplo, en lemas como alfoz, boa, canal, herpes, prez o testuz. Son muchas y variadas las referencias que aparecen en el DPD que se relacionan estrechamente con el ámbito diacrónico. No deja de sorprender que un diccionario de uso actual de la lengua española dedique parte de la entrada lexicográfica a explicar al usuario cuál ha sido el camino que ha seguido una determinada voz en cuanto a su género. Incluso en ocasiones, el DPD realiza una exhaustiva historia de la palabra, como en el vocablo regaliz: regaliz. El étimo latino es femenino y, de hecho, en el español primitivo se usó en un principio la forma femenina regaliza, que posteriormente perdió la -a por influjo de la terminación en -z del sinónimo de origen árabe orozuz. La forma regaliz adoptó pronto el género masculino con el que se usa hoy en la lengua general culta [...]. Debe evitarse su uso en femenino (*la regaliz), achacable hoy, por lo general, al influjo de otras lenguas, como el catalán, donde el equivalente de esta voz mantiene el género etimológico. (DPD: s. v. regaliz)

Como puede observarse a partir de este lema, las informaciones diacrónicas que aquí se señalan son muy diversas: el diccionario muestra el género del étimo latino del que procede la palabra y cuál ha sido su evolución haciendo referencias incluso al período de la historia en que se produjeron. Además, también se señalan posibles causas de los cambios en el género como, por ejemplo, la influencia de otras palabras o el influjo de otras lenguas (en este caso, el catalán). Todo esto hace que sea necesario determinar los diferentes usos que se le confiere a la diacronía en el nuevo diccionario de dudas académico y, al mismo tiempo, explicar su aparición o su generalización en una obra de estas características.

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En primer lugar, lo más habitual es que se emplee la diacronía como criterio justificativo del género, es decir, el diccionario se sirve de lo histórico para reafirmar o rechazar el género de un vocablo. En este sentido, en muchas palabras, como en clímax, dracma, enfiteusis, índole o sazón, se indica que es masculina o femenina «como su étimo latino». De hecho, en la evolución del latín al español, la mayoría de las palabras tiende a conservar el género etimológico. De este modo, la normativa se sirve de la etimología del vocablo para determinar su género. Esta indicación resulta pertinente en estos casos ya que no existe una marca morfológica de género (-a ~ -o) y, por tanto, pueden presentar dificultades al usuario a la hora de conocerlo. También hay que tener en cuenta que no siempre que se ofrecen informaciones respecto al género de la palabra, el vocablo es de origen latino. En ocasiones, las voces proceden de otra lengua, pero el DPD se sirve de esa procedencia para justificar su género. Este es el caso de palabras como boa o gripe. Por otro lado, como se ha señalado, el DPD también utiliza la diacronía para rechazar el género de una palabra. No queremos decir con esto que el diccionario esté en contra del género etimológico de la palabra, sino que éste aparece como contraste a la solución en cuanto al género que la voz tiene en la actualidad. Normalmente, el diccionario señala que en latín la palabra tenía un determinado género y que, en la actualidad, la voz se emplea de manera general en otro distinto. De este modo, en vocablos como ánade, apocalipsis, crin, chinche u hojaldre, el DPD indica que «aunque el género etimológico es X, en español actual se emplea mayoritariamente en Y» (siendo X e Y los dos géneros que existen en español). Además, si se analizan más detalladamente los casos en los que el género etimológico ha cambiado con respecto al que tiene en la actualidad, se puede comprobar cómo la diacronía aparece en el diccionario con el fin de hacer más comprensible al usuario la evolución del género de la palabra con respecto a su étimo. Así, aunque se ha señalado que la tendencia general en la lengua española es la conservación del género etimológico, no siempre se da este hecho. Esto ocurre, por ejemplo, con las palabras que eran neutras en latín, las cuales, debido a la desgramaticalización del género neutro, han tenido que acomodarse necesariamente al femenino o al masculino. En esta reasignación, se podía seguir un proceso analógico mediante el cual el género de la palabra se acomodaba a la terminación (-o para masculino y -a para femenino). Sin embargo, existen neutros que terminaban en -e o en consonante, por lo que no pudieron adecuarse a la tendencia señalada. En estos casos, la acomodación del género es bastante heterogénea, de modo que es ciertamente difícil hallar una pauta de asignación. Por ejemplo, los sustantivos que terminan en -mbre no presentan una uniformidad en cuanto al género, ya que se puede hallar voces masculinas (por ejemplo, estambre o vislumbre), pero también femeninas (por ejemplo, hambre, herrumbre o lumbre) e incluso casos en los que se admiten ambos géneros (por ejemplo, cochambre o mimbre). Todas estas palabras tuvieron su época de vacilación genérica en épocas anteriores del español hasta que, por diferentes motivos, algunas de ellas acabaron por tener un género concreto y otras mantuvieron la posibilidad de ser masculinas y femeninas. En estos casos, la información diacrónica se hace indispensable. Sin embargo, en otros grupos de sustantivos, pese a la heterogeneidad genérica que presentaban en épocas anteriores del español, en la actualidad se señala un género

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determinado. Esto ocurre en palabras que terminan en -or, como calor, claror, color y olor, que en la actualidad son masculinas. En este sentido, resulta interesante observar que el catalán haya tomado otra opción distinta, de modo que en esta lengua las palabras cuya terminación es -or son, mayoritariamente1, de género femenino (la calor, la claror, la olor). Así mismo, se señala en la Gramàtica històrica catalana de Moll (1991: 132) que «han passat del gènere masculí al femení els abstractes en -ŌRE (AMORE, amor, DOLORE, dolor) [...]». De hecho, aunque en la mayoría de los sustantivos y adjetivos el castellano y el catalán coincidan en cuanto a su género, existen bastantes voces que tienen un género distinto en ambas lenguas. Tal es el caso de términos como esp. las afueras / cat. els afores, esp. el análisis / cat. l’anàlisi, esp. la costumbre / cat. el costum, esp. la dote / cat. el dot. Esto muestra claramente que el género de las palabras se halla supeditado a los efectos del cambio lingüístico y que este efecto es distinto según la lengua de que se trate. Por este motivo, la diacronía puede ser un recurso idóneo para ayudar a comprender los cambios de género experimentados por una voz no sólo en español sino también en otras lenguas. Por ello, se echa en falta un diccionario de uso como el DPD para el catalán. Así, en nuestra opinión, es muy necesario que el DPD aporte información histórica en estos casos, ya que ayuda enormemente a comprender el porqué del actual género de la palabra. Véase el caso de mar que, a nuestro modo de ver, refleja claramente la importancia que tiene la diacronía en el DPD: mar. Este sustantivo, neutro en latín, se ha usado en español en ambos géneros. En el español general actual es masculino [...]; pero entre las gentes de mar (marineros, pescadores, etc.) es frecuente su empleo en femenino, que también abunda en poesía [...]. De ahí que se emplee en femenino en las expresiones que describen su estado (mar arbolada, mar calma, mar gruesa, mar picada, mar rizada, mar tendida, etc.) o en locuciones propias del lenguaje marinero, como alta mar o hacerse a la mar [...]. (DPD: s. v. mar)

La misma ambigüedad en el género presenta esta voz también en catalán, por lo que tanto esta lengua como el castellano, en este caso, han seguido el mismo camino (cf. a este respecto el lema en el DIEC2). Sin embargo, consideramos que el uso diferencia de algún modo ambas lenguas, ya que parece que los castellanohablantes emplean con más frecuencia la palabra en masculino, mientras que los catalanohablantes se decantan por el femenino. De este modo, si se realiza una búsqueda en el Corpus de referencia del español actual (CREA), se puede observar cómo la aparición de la forma masculina es cinco veces superior a la femenina (5497 casos en 1668 documentos frente a 1185 casos en 540 documentos). En cambio, los resultados hallados en el Corpus textual informatitzat de la llengua catalana (CTILC) revelan una cierta preferencia del femenino en el uso del vocablo (7139 casos frente a 6949 del masculino). Como se puede comprobar, este tipo de indicaciones resulta de gran utilidad a la hora de comprender los cambios que se producen en el género de numerosas palabras, variación que sólo puede explicarse desde el punto de vista histórico. ––––––– 1

Cabe tener presente que la voz color en catalán puede emplearse en ambos géneros, según señala el Diccionari de la llengua catalana (DIEC2) del Institut d’Estudis Catalans.

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2.2 La historia de la lengua como norma En ocasiones, la información diacrónica remite en el DPD a la historia de la lengua. En estos casos, se hace también una clara referencia de tipo histórico al señalar la existencia de un cambio de género en una palabra en contraste con épocas anteriores. Esta especificación de tipo temporal puede ser más o menos concreta por lo que a un período de tiempo se refiere. Así, en primer lugar, tenemos aquellos vocablos que presentan un género distinto en relación con el español medieval, como sucede con olor: olor. [...]. Como se ve en los ejemplos, es un sustantivo de género masculino. Debe evitarse su uso en femenino, frecuente en el español medieval, pero relegado hoy al habla popular y ajeno, por tanto, a la norma culta. (DPD: s. v. olor)

En segundo lugar, ya más numerosos, se encuentran los que han sufrido un cambio de género en relación al español clásico. En este grupo, se pueden dar distintas posibilidades. Así, en los sustantivos apóstrofe y ganapierde se indica el valor femenino más o menos ocasional en español clásico (la apóstrofe, la ganapierde) en contraste con su uso actual exclusivamente en masculino (el apóstrofe, el ganapierde). En cambio, en los sustantivos referidos a personas como bachiller y cofrade, se comenta la existencia de las formas femeninas bachillera y cofrada en español clásico, para señalar que en la actualidad, en distinto grado, se ha impuesto el funcionamiento común en cuanto al género (el/la bachiller y el/la cofrade). En contraste con el grupo anterior, el sustantivo cicerón ‹persona de gran elocuencia›, de empleo generalmente sólo en masculino, parece haber conservado la posibilidad clásica de la forma propia de femenino cicerona, a tenor del comentario que se incluye en la entrada y del hecho de que el lema se explicita con ambas terminaciones (cicerón, -na), como se puede observar seguidamente: cicerón -na. [...]. Normalmente se usa solo en masculino, aunque hay algún ejemplo clásico del femenino cicerona: (DPD: s. v. cicerón -na)

Sin embargo, una consulta al Corpus diacrónico del español (CORDE) y al CREA sobre la existencia de la forma femenina en la historia del español nos da los siguientes resultados. Mientras que en el CREA no se encuentra ningún ejemplo, en el CORDE aparece sólo un caso con este significado, del español clásico de Quevedo de 1615-1645 («la cantó muy cicerona / esta comezón latina:»). Por ello, creemos que, tal vez, en un diccionario de uso del español actual como es el DPD, comentarios tan poco explícitos en relación tanto a lo histórico como a la caracterización del lema, pueden inducir a error, ya que contradicen el DRAE (2001), en donde sólo se recoge la forma masculina cicerón, pero curiosamente coinciden con el Diccionario esencial de la lengua española (DELE) (2006), el cual indica ambas formas como válidas en la actualidad (cicerón, na). Finalmente, el resto de vocablos que remite sólo al español clásico se refiere, a diferencia de los anteriores, a un uso masculino clásico ocasional (el hipérbole, el hipócrito) en contraposición a su empleo en español actual, ya sea siempre como femenino, en el caso de hipérbole (la hipérbole), ya sea únicamente como común en cuanto al género (el/la hipócrita, pero no *hipócrito).

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Por otra parte, otro grupo de vocablos que alude a etapas anteriores de la lengua española lo componen aquéllos que hacen referencia simultáneamente a los dos períodos comentados antes, es decir, tanto al español medieval como al español clásico. Se trata de un conjunto de palabras que han presentado todas ellas contrastes históricos muy diferentes en relación al género. Así, el uso de la forma cabro como masculino de cabra (en contraposición a macho cabrío, cabrón o chivo) en algunas zonas de España y América, se justifica al haber sido «normal» en español medieval y clásico. En cambio, en otras ocasiones, la presencia durante ese largo período de tiempo de una forma concreta no ha bastado para asegurar su pervivencia, como se indica con los vocablos fantasma y puente, mayoritariamente en otras épocas de género femenino, pero actualmente en español general masculinos. Además, también hay que incluir aquí los vocablos mercader, en el que la información histórica sirve para explicar la conservación en español de América del femenino medieval y clásico mercadera, a pesar de ser actualmente común en cuanto al género (el/la mercader); tigre, en el que a la inversa de la palabra anterior, los datos diacrónicos (común en cuanto al género (el/la tigre) en español medieval y clásico), simplemente se usan para indicar el contraste con el femenino culto tigresa, que se emplea actualmente; y vigía, usada como epiceno femenino en dichas épocas (la expresión la vigía podía referirse a un hombre), pero hoy común en cuanto al género (el/la vigía). Como se puede constatar en todos estos ejemplos, la información histórica es utilizada tanto para justificar o explicar la existencia o conservación de una determinada forma (cabro, mercadera), como para rebatir o rechazar su uso en la actualidad (la fantasma, hermafrodito, la puente), o simplemente para proporcionar una información adicional en la entrada sin ninguna intención normativa (la tigre, la vigía).

2.3 El uso actual como norma Al ser el DPD un diccionario de uso del español, resulta lógico y necesario que la mayor cantidad de referencias temporales que aparecen en las entradas que incorporan esta clase de información, tengan que ver con la lengua actual, es decir, con el «hoy». Sin embargo, este concepto de actualidad es empleado por el diccionario de muy diversas maneras de cara a explicar el género de un determinado vocablo y los cambios que ha podido sufrir. En primer lugar, la expresión temporal sirve como argumento para reforzar una concreta elección por parte del DPD. Así sucede, por ejemplo, en el caso de crisma ‹mezcla de aceite y bálsamo usada para ungir›, voz válida en ambos géneros, pero en donde se indica claramente que «hoy se prefiere el masculino». O también se puede incidir únicamente en los aspectos cuantitativos, al referirse al uso mayoritario que tiene un determinado género en un vocablo por parte de los hablantes. De este modo, este argumento es empleado para avalar el género de una serie de palabras de distinta procedencia, como son anatema, aneurisma y enema, todas ellas préstamos cultos del griego, en las que se explicita que «hoy es mayoritario y preferible el masculino», a pesar de ser usadas en ambos géneros; o albalá, del árabe, hoy también mayoritariamente masculina a pesar de su género etimológico femenino; o el compuesto español nomeolvides, en el que «hoy es mayoritario y preferible el masculino», aunque se emplee en ambos géneros.

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Por otro lado, el argumento temporal puede ser utilizado de forma negativa, es decir, de manera totalmente opuesta a lo visto hasta ahora, para explicitar aquellas opciones de género en una palabra que no son del todo válidas en la actualidad. En este caso, el DPD también puede llegar a proporcionar una cuantificación en los juicios de valor emitidos, como sucede con azuda, de género femenino y «muy escaso uso en la actualidad» frente al vocablo masculino preferido y mayoritario azud; con atalaya, en la que la pervivencia del género va unida a la de un significado determinado; o con estratego, en donde el diccionario se pronuncia explícitamente sobre la conveniencia o no de un género específico. Sin embargo, el DPD se puede limitar también a indicar el carácter anticuado de una forma genérica concreta, como es el caso de alerto como adjetivo masculino, usado en la actualidad como adjetivo de una sola terminación (alerta); su inexistencia, como ocurre con cofrada, forma femenina propia del español clásico que «carece de uso en la actualidad», ya que ha pasado a ser común en cuanto al género (el/la cofrade); o puede señalar claramente el valor normativo de una opción concreta, frente a otra de influencia externa a la lengua española, como sucede en aroma: aroma. [...]. En el español actual se emplea exclusivamente en masculino [...]. Debe evitarse hoy su uso en femenino (*la aroma), debido en muchos casos al influjo del catalán. (DPD: s. v. aroma)

En este último ejemplo, ciertamente, en catalán el vocablo aroma posee actualmente un único género femenino, tal y como indica el DIEC2 (s. v. aroma), pero una consulta realizada al CTILC nos demuestra el valor masculino que este sustantivo tuvo en esta lengua durante el siglo XIX (de 714 casos registrados en total que llegan hasta fines del siglo XX, 100 corresponden a su uso como masculino). Por todo ello, habría que tener también en cuenta el influjo de la terminación en la elección del género por parte del hablante castellano, así como la analogía con aquellos sustantivos femeninos que comienzan por vocal /a-/ (aunque en este caso no sea tónica) y llevan el alomorfo femenino del artículo el. Finalmente, la información temporal relativa al español actual puede aparecer de modo bastante neutro, es decir, sin que sea empleada de forma positiva o negativa, sino simplemente para señalar el uso hoy día de un determinado género, información que de hecho es la que acostumbra a dar un diccionario de uso de la lengua. Así, una referencia sólo al español actual se encuentra en los vocablos almíbar, análisis, emblema, epifonema, epigrama, ibis, yunque y zóster, en los que se indica que son masculinos. Por último, el resto de referencias temporales del español actual tiene que ver con una serie de sustantivos que, en términos generales, expresan oficios, cargos, etc., los cuales pueden ser desempeñados desde no hace mucho tiempo tanto por hombres como por mujeres, por lo que presentan ciertos problemas a la hora de expresar el género, debido fundamentalmente a factores culturales de tipo histórico (Buenafuentes / Sánchez Lancis 2006; 2008). Por ello, la explicación aportada por el DPD desde el punto de vista actual es muy necesaria para que el hablante sepa elegir la forma de expresión del género más adecuada, aunque sea simplemente a partir de usos nuevos en épocas recientes. Así, el empleo de los sustantivos bachiller, centinela y monarca como comunes en cuanto al género (el/la bachiller, el/la centinela, el/la monarca), se basa en el criterio de que hoy se

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usan o funcionan de este modo. Por contra, en el caso de árbitro, la Academia sólo admite la forma femenina la árbitra («el femenino es árbitra»). Y algo similar sucede con aeromozo y azafato, en donde es la forma masculina la que plantea problemas, por lo que el diccionario aporta una extensa justificación temporal. Finalmente, en algunas ocasiones no existe una solución única, como ocurre con alguacil y endocrino, que, a pesar de ser comunes en cuanto al género (el/la alguacil, el/la endocrino), «hoy designa también» alguacila la mujer que desempeña el cargo u «hoy sea normal» también la forma femenina endocrina; o con poeta, como se puede ver a continuación: poeta -tisa. [...]. El femenino tradicional y más usado es poetisa [...]. Modernamente se utiliza también la forma poeta como común en cuanto al género (el/la poeta): (DPD: s. v. poeta -tisa)

En este caso, la coexistencia del femenino tradicional junto con el moderno resulta ser la única determinación posible de uso en la actualidad. Si contrastamos las soluciones anteriores con las que ha adoptado la lengua catalana en el DIEC2, observamos más similitudes que discrepancias entre ambas lenguas. Así, el catalán establece las dos terminaciones de género para los sustantivos àrbitre / àrbitra y batxiller / batxillera; el valor común en cuanto al género para el sustantivo monarca (el/la monarca); y la coexistencia del femenino tradicional poetessa junto al moderno poeta. Pero, en cambio, curiosa e incomprensiblemente, sólo admite el femenino para el oficio de hostessa.

3. Conclusiones Como se ha podido comprobar a través del estudio pormenorizado de un diccionario de uso del español actual, la información diacrónica es de gran importancia a la hora de establecer la norma gramatical en relación al género. Ello no significa en absoluto que los datos proporcionados por la historia de la lengua sean la única información válida en estos casos, sino que la norma puede ser explicada y, sobre todo, justificada, con mayor o menor acierto, gracias al hecho de tener en cuenta la diacronía, es decir, el cambio lingüístico. De ahí que, en determinadas ocasiones, sean la etimología, los distintos períodos de la historia de la lengua o el simple uso en español actual, de manera independiente o complementaria, los elementos que ayuden a fijar la norma, en este caso, del género gramatical. Además, el contraste con otra lengua románica, como es el caso del catalán, con la que existen numerosos puntos en contacto a partir de este conocimiento histórico común, nos ayuda a entender mucho mejor la realidad normativa actual propia de ambas. Y, finalmente, la información histórica nos permite comprobar y contrastar los aciertos y errores, si es que así pueden llamarse, cometidos al haber adoptado una serie de soluciones, sin olvidar que, a pesar de la norma, y ya desde los orígenes de la propia lengua, volverá a ser el hablante, en definitiva, el que tenga la última palabra.

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Suzana Alice Marcelino Cardoso

A expressão do «existencial» no português brasileiro: ter, haver e existir segundo dados do projeto Atlas Lingüístico do Brasil

A história do Português do Brasil (PB) vem revelando a generalização de uma nova acepção atribuída ao verbo TER que, ao lado do sentido de ‹possuir›, assume, também, um sentido ‹existencial›. Esta comunicação traz, assim, um aporte de dados sobre os usos atuais, focalizando a questão não só na perspectiva diatópica, mas também diageracional, diastrática e diagenérica, com algumas incursões de cunho histórico, a partir do que vêm revelando os dados do projeto Atlas Lingüístico do Brasil (projeto ALiB). Para tanto, situamos o corpus base do trabalho, definindo as razões do recorte utilizado e oferecendo um pouco da história da sua constituição, para, a seguir, apresentar um panorama atual da expressão do sentido existencial no PB, descrevendo as situações de ocorrências e as diferentes possibilidades de uso.

O corpus base do trabalho O corpus base do trabalho se constitui a partir dos dados já reunidos pelo projeto ALiB, projeto que tem por objetivo a realização do atlas lingüístico do Brasil no que se refere à língua portuguesa. Iniciado em 1996, esse projeto concretiza o desejo de realização de um atlas nacional, desiderato que permeia a comunidade de dialectólogos brasileiros desde meados do século XX. Como se sabe, no território brasileiro se documentam diferentes usos lingüísticos que se distribuem pelos falantes, em proporções diferenciadas: línguas indígenas, as línguas autóctones –na atualidade, em número de 180, faladas por uma população de cerca de 460 mil índios–, línguas de imigração –presentes nos diferentes núcleos de imigrantes que se situam, particularmente, no sul do país– e a língua portuguesa, majoritariamente falada no país, introduzida, no continente, no século XVI. O projeto ALiB, objetivando a descrição e o mapeamento do português brasileiro, procura recobrir as diferentes áreas e as variadas situações dos usos lingüísticos. Tem como rede de pontos um conjunto de 250 localidades distribuídas por todo o território nacional – uma área de 8.511.000 km²–, para cuja seleção se procurou contemplar as diferentes situações culturais, as áreas de limites internos e internacionais bem como a representatividade do ponto para a sócio-história do país, além da densidade demográfica. Observe-se que a distribuição de pontos conforme a densidade demográfica explica o adensamento encontrado em certas áreas, como São Paulo, situado na Região Sul, e a rarefeita malha em outras, como a Região Norte, como se registra, por exemplo, nos

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Suzana Alice Marcelino Cardoso

estados do Amazonas e do Pará. Assim, a regional Norte, com uma densidade demográfica de 16,9, conta com 24 dos 250 pontos da rede ALiB, enquanto a Região Sudeste, com 8,5, tem um total de 80 localidades selecionadas. A Tabela 1 exibe, em detalhe, a relação número de localidades selecionadas/densidade demográfica, devendo-se, no entanto, chamar a atenção para o fato de que em alguns estados procedeu-se a uma aproximação para mais, na definição do número de pontos (por exemplo Roraima e Tocantins), e em outros ajustou-se para menos (como sucedeu com São Paulo). Os informantes previstos perfazem um total de 1.100, integrantes de duas faixas etárias –18 a 30 anos e 50 a 65 anos–, de dois níveis de escolaridade –curso fundamental (1ª à 8ª série iniciais) e universitário completo– e distribuídos pelos dois gêneros. O projeto ALiB tem, assim, o objetivo maior de mapear o português brasileiro numa perspectiva diatópica, oferecendo um controle sistemático das variáveis sociais o que vai permitir uma visão geosociolingüística da nossa língua majoritariamente falada, com resultados geolingüísticos focalizados numa perspectiva pluridimensional. TABELA 1 Localidades ALiB: relação entre o número de pontos e a densidade demográfica da região

REGIÃO

DENSIDADE DEMOGRÁFICA

Nº DE PONTOS

NORTE

16,9

24

NORDESTE

69,6

78

SUDESTE

108,5

80

SUL

37,8

44

CENTRO-OESTE

17,0

24

645

A expressão do «existencial» no português brasileiro

O recorte selecionado Para esta comunicação, tomam-se os dados coletados em três capitais brasileiras – Aracaju, Maceió e Recife–, situadas todas elas na Região Nordeste do país, considerandose não só a resposta específica obtida através da aplicação da pergunta 46 do Questionário Morfossintático –assim, formulada: «Como era esta cidade, antigamente, em termos de festas?»–, como também da observação a todo o corpo da entrevista, que compreende, além do citado Questionário Morfossintático, o Questionário Fonético-Fonológico, Questionário Semântico-Lexical, a que se acrescentam Questões de Pragmática, Questões Metalingüísticas e Temas para Discursos Semi-dirigidos. São ocorrências documentadas a um total de 24 informantes, oito por localidade, eqüitativamente distribuídos conforme o gênero, a faixa etária e a escolaridade, como se vê na Tabela 2. TABELA 2 – Informantes: Aracaju, Maceió e Recife Faixa I

Faixa II

Informantes Fundamental HOMENS MULHERES

Universitário

3 3

3 3

Fundamental 3 3

Universitário 3 3

Os dados observados constituem-se de um total geral de 1.285 ocorrências, assim distribuídas segundo o tipo de verbo: TER 1.227 95.5% HAVER 30 2.3% EXISTIR 28 2.2%

Uma brevíssima retrospectiva histórica A lição da história tem-nos mostrado que, com freqüência, um verbo cede lugar a outro. Assim, as orações existenciais que em latim se exprimiam com esse, passaram, no próprio latim, a construírem-se com habere. Habere e tenere, que permitiam um uso alternativo quando no sentido de ‹possuir›, vêm a distinguir-se pela especificação de habere em orações existenciais, estabelecendo-se, desse modo, entre esses dois verbos, uma relação de divergência de sentido. No português arcaico, ter e haver co-ocorriam em estruturas de posse, verificando-se, no entanto, que a partir do século XV a difusão de ter em tais estruturas se expande, restringindo o uso de haver, levando-o ao desaparecimento com tal uso. O português do Brasil vem demonstrando que as orações existenciais originariamente da competência de haver passam a ser construídas com ter. Ter caminha na direção de haver, ampliando o seu campo semântico com a noção existencial. Assim, se forma, do latim ao português, uma cadeia no tempo, no que se refere à expressão do sentido existencial:

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Suzana Alice Marcelino Cardoso

Latim – esse substituído por habere Português – haver Português do Brasil – haver ~ ter O português do Brasil vem demonstrando que as orações existenciais, originariamente da competência de haver, passam a ser construídas com ter, com largo uso, como se procura mostrar, a seguir, com dados do projeto Atlas Lingüístico do Brasil.

ter, haver, existir no português brasileiro O Questionário Morfossintático do projeto ALiB registra, sob o número 46, com a rubrica TER / HAVER em sentido existencial, pergunta que leva a apurar os usos desses dois verbos com tal valor semântico. O exame dos resultados obtidos a partir da documentação referente a três capitais, considerando-se a resposta específica e a totalidade do que se registra nos diferentes questionários, aponta para a expansão do uso de TER, com a configuração diatópica, diastrática, diageracional e diagenérica que se mostra nas Tabelas 3, 4, 5 e 6 exibindo, por outro lado, a rarefeita presença de haver e a baixa freqüência de existir, como a seguir se demonstra com os dados do projeto ALiB, aqui trazidos à consideração.

TABELA 3 – Distribuição diatópica: totalização das ocorrências Verbos

Cidades

TER

HAVER n° /oc.

EXISTIR

n° /oc.

%

%

ARACAJU

410

95

04

1

MACEIÓ

454

98

0

RECIFE

363

92

TOTAIS

1227

96

n° /oc.

Total geral %

n° /oc.

%

17

4

431

100

0

7

2

461

100

26

7

04

1

393

100

30

2

28

2

1285

100

647

A expressão do «existencial» no português brasileiro

TABELA 4 – Distribuição diastrática Variação diastrática Fundamental

Verbos

TER

HAVER

EXISTIR TOTAL

Universitário

n° /oc.

%

n° /oc.

%

667

97.4

560

93.3

3

0.4

27

4.5

15

2.2

13

2.2

685

100

600

100

TABELA 5 – Distribuição diageracional Variação diageracional Verbos

TER HAVER EXISTIR TOTAL

Faixa I

Faixa II

n° /oc.

%

n° /oc.

%

625 1 7 633

98.7 0.2 1.1 100

596 31 25 652

91.4 4.8 3.8 100

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Suzana Alice Marcelino Cardoso

Verbos

TABELA 6 – Distribuição diagenérica Variação diagenérica HOMEM MULHER

Total geral

n° /oc.

%

n° /oc.

%

n° /oc.

%

TER

480

95.0

747

95.8

1227

100

HAVER

5

1.0

25

3.2

30

100

EXISTIR

20

4.0

8

1.0

28

100

TOTAL

505

100

781

100

1285

100

Observa-se, do que registram as tabelas, uma clara preferência pelo uso de TER com sentido existencial, independentemente da região, faixa etária, escolaridade ou gênero, o que torna evidente que se vem repetindo, no português do Brasil, a história dos verbos existenciais no percurso latim-português. Se primitivamente para o latim, esse, que era o verbo da expressão do sentido existencial, se vê substituído por habere, que incorpora à expressão de posse, a existencial, que assim é passada ao português, no português do Brasil o verbo ter incorpora ao primitivo sentido de posse, o existencial.

Conclusão Os dados do projeto ALiB, parcialmente analisados, uma vez que foram considerados os resultados obtidos em três das 25 capitais que integram o corpus constituído, revelam uma tendência / preferência pelo uso de ter existencial em detrimento de haver, nas regiões consideradas e, independentemente dos fatores sociais que os distinguem, em todos os informantes registrados. Os dados evidenciam, dessa forma, uma mudança em curso que se vem operando no português brasileiro, atribuindo-lhe, assim, no que diz respeito a esse aspecto, um status diferenciado do português europeu.

A expressão do «existencial» no português brasileiro

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Bibliografia Cardoso, Suzana Alice Marcelino (1986): Ter / Haver no Português do Brasil: Mudança Lingüística e Ensino. In: I Simpósio sobre a diversidade lingüística no Brasil, 1986, Salvador-Ba. Atas. I Simpósio sobre a Diversidade Lingüística no Brasil. Vol. 1. Salvador: Instituto de Letras, 223225. Comitê Nacional do Projeto ALiB (2001): Atlas Lingüístico do Brasil: Questionários. Londrina: Ed. UEL. Gusmão, Camila / Cardoso, Suzana (edd.) (2007): TER e HAVER com sentido existencial no português do Brasil. Comunicação apresentada no Seminário Estudantil de Pesquisa (SePesq) do Instituto de Letras da UFBA. Silva, Rosângela Neres Araújo da (2004): Variação TER / HAVER na fala pessoense. In: Hora, Dermeval da (ed.): Estudos sociolingüísticos. Perfil de uma comunidade. João Pessoa, 219-234.

Gianluca Colella

I costrutti condizionali conversazionali in italiano1

1. Premessa Recentemente i costrutti condizionali sono stati oggetto di numerosi studi compresi in tre ambiti disciplinari: filosofia (Bennett 2003; Gauker 2005; Lycan 2001; Rescher 2007), linguistica (Athanasiadou / Dirven 1997; Dancygier / Sweetser 2005; Declerck / Reed 2001), psicologia (Evans 2007; Johnson-Laird / Byrne 2002). Quanto all’italiano, a parte Mazzoleni (1991) per la fase moderna e Mazzoleni (in stampa) per la fase antica, non si hanno ricerche capaci di offrire una descrizione esauriente delle forme e delle funzioni di tali tipi sintattici. In effetti esiste una varietà di usi piuttosto ampia di costruzioni introdotte da se, le quali si allontanano dalla configurazione ‹prototipica› rappresentata da (a) Se me lo chiede gli dirò la verità, (b) Se me lo chiedesse gli direi la verità, (c) Se me l’avesse chiesto gli avrei detto la verità. Questi ultimi sono ‹costrutti condizionali ipotetici› (il ‹periodo ipotetico› della nostra tradizione grammaticografica) e si distinguono dagli altri, perché caratterizzati da quattro tratti semantici [alternatività], [bicondizionalità], [causalità], [sequenzialità]; lo ha dimostrato di recente Dancygier (1998), che parla a tale proposito di costrutti ‹predittivi›.2 Alle predette condizioni di ‹prototipicità› non si attengono i seguenti enunciati: (1) Se t’interessa sapere l’ultima notizia, mi si è rotto il computer; (2) Se hai problemi, il mio numero lo trovi sull’elenco telefonico.

Come si vedrà tra breve, (1) e (2) appartengono a una categoria piuttosto ampia, i cui confini non sono ben tracciati. Parlerò a tale proposito di costrutti ‹conversazionali›, dal momento che essi appaiono soprattutto in contesti orali o di simulazione del parlato. La difformità terminologica è un problema per chi affronta lo studio dei costrutti condizionali; pertanto, laddove la mia posizione non si discosta da quelle proprie di altri studiosi, mantengo etichette immediatamente riconoscibili da tutti coloro che hanno una certa familiarità con la letteratura sui condizionali. Infatti l’aggettivo ‹conversazionale› è già presente in Athanasiadou / Dirven (1996; 2000) e in Dancygier (1998), dai quali ––––––– 1

2

Sono grato a Maurizio Dardano, Gianluca Frenguelli ed Elisa De Roberto con i quali ho discusso di alcune parti del mio lavoro; ovviamente resto l’unico responsabile di ogni inesattezza riscontrabile nelle mie pagine. Cf. anche Dancygier / Sweetser (2005).

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Gianluca Colella

dipende in parte la mia classificazione, nonostante non manchino differenze in più punti; in particolare io sovraestendo l’etichetta ‹conversazionali› anche a quei costrutti che non sono definiti in tal modo da quegli autori. Suddivido dunque la categoria dei conversazionali in: 1) metadiscorsivi, 2) metacomunicativi, 3) identificativi, 4) esplicativi, 5) confrontativi.3

2. Metadiscorsivi The biscuits are in the sideboard, if you want them è il noto enunciato che Austin (1956) pose all’attenzione degli studiosi per mostrare l’esistenza di un condizionale che sfugge alla classificazione della logica. Si tratta di un tipo sintattico che, oggetto di molte indagini da parte di molti studiosi, è stato variamente denominato: Austin conditional, biscuit conditional, illocutionary conditional, pragmatic conditional, speech act conditional, indirect conditional, utterance conditional, relevance conditional ecc.4 Per quanto riguarda l’italiano, Mazzoleni (1991), parlando di «condizioni su azioni linguistiche», afferma che «la protasi ‹condiziona› non il contenuto proposizionale dell’apodosi», ma l’azione linguistica con essa eseguibile. Preferisco però ricorrere all’etichetta ‹metadiscorsivi›5, usata anche da Lombardi Vallauri (1999: 98), per il quale tali costrutti «esprimono la condizione che deve verificarsi perché assuma rilevanza pragmatica l’evento codificato dalla principale». Nei due esempi: (3) Se ti viene fame, ci sono i biscotti nella credenza; (4) Se qualcuno mi cerca, sono nello studio.

la protasi introduce un atto linguistico6, per esempio, un’offerta (3) o semplicemente un contenuto proposizionale che può essere variamente interpretato (4). In (3) la clausola con se non ha valore condizionante: l’emittente fa capire che l’azione dipende dalla volontà del ricevente. Sia (3) sia (4) non possono essere considerati dei condizionali standard: manca l’implicito di bicondizionalità: chi parla non sta prospettando due alternative; inoltre il rapporto tra protasi e apodosi non è di causa / effetto (per esempio, in 3 il fatto che l’interlocutore abbia fame non è la causa della presenza dei biscotti nella credenza), né sequenziale (vale a dire, non è un rapporto temporalizzato, perché la situazione di Q è precedente a quella di P). Ciò è dimostrato dalla non grammaticalità dei seguenti enunciati: ––––––– 3

4

5

6

Per motivi di spazio non affronto il problema di quei costrutti, assai frequenti in contesti dialogici, con l’apodosi imperativa o interrogativa, per i quali cf. Montolío (1993: 528-530). Non mi è possibile ricordare qui la vasta bibliografia riguardante l’argomento. Uno studio recente sull’interpretazione semantica di tali costrutti è Siegel (2006). Montolío (1993; 1999) parla di ‹metadiscorsivi› a proposito di quei costrutti che io chiamo ‹metacomunicativi›. Cf. ancora Lombardi Vallauri (1999: 98): «la condizione si pone non rispetto al contenuto della principale, ma al performativo che la proietta e dunque all’atto linguistico costituito dalla sua enunciazione».

I costrutti condizionali conversazionali in italiano

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(5) *se non ti viene fame, non ci sono i biscotti nella credenza; (6) *solo se ti viene fame, ci sono i biscotti nella credenza; (7)

??

se ti viene fame, allora ci sono i biscotti nella credenza.

Aggiungo qualche notazione di carattere morfosintattico. Generalmente la protasi precede sempre l’apodosi, ma potrebbe presentarsi anche una configurazione sintattica inversa: (8) c’è lo yogurt Più e Più # minipasto molto buono soprattutto al pomeriggio se volete fare una buona merenda (BADIP).

Secondo Mazzoleni (1991: 770-771), i costrutti metadiscorsivi sono pressoché inaccettabili quando interviene la concordanza congiuntivo / condizionale: (9) ?Se ti venisse fame, ci sarebbero i biscotti nella credenza; (10) ??Se qualcuno mi cercasse, sarei nello studio.

Tuttavia in certe situazioni particolari, dove, per esempio, l’eventualità di un fatto è marcata mediante un introduttore complesso (per esempio nel caso in cui), un enunciato come (11), nonostante appaia inusuale, è del tutto ammissibile, se conferiamo al modo condizionale dell’apodosi il valore di ‹mitigatore pragmatico›: (11) Nel caso in cui ti venisse fame, ci sarebbero i biscotti nella credenza.

Un po’ diverso è il caso di (10), per il quale è forse possibile una lettura grammaticale, a patto che s’interpreti «sarei nello studio» (proposizione possibilmente isolata da una pausa) come ‹ti dico che sono nello studio, ma gli altri non lo devono sapere›. Riprendiamo dunque (10), dando evidenza tonale al verbo dell’apodosi: (12) Se qualcuno mi cercasse, SAREI nello studio.

Per quanto riguarda la cosiddetta concordanza ‹mista-reale› (con la protasi al congiuntivo e l’apodosi all’indicativo), non ci sono dubbi sulla grammaticalità degli enunciati: (13) Se ti venisse fame, ci sono i biscotti nella credenza.

Però si può osservare che (13) ha la possibilità di essere ricondotto a una forma ipotetica esprimente ‹irrealtà nel passato› (cf. anche Mazzoleni 1991: 771): (14) Se ti fosse venuta fame, ci sarebbero stati i biscotti nella credenza; (15) Se qualcuno mi avesse cercato, sarei stato nello studio.

Sulla scorta di Dancygier (1998), potremmo aggiungere che tale comportamento è in realtà una prova della natura effettivamente condizionale del costrutto che, pur essendo di natura non predittiva, può essere ricondotto alla forma dei predittivi mediante il

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Gianluca Colella

cambiamento del tempo e del modo. È ovvio che i costrutti metadiscorsivi perdono il loro status, se sono trasferiti in un dominio ipotetico. Athanasiadou / Dirven (2000: 21) riassumono in sette punti le caratteristiche di questi costrutti: (i) nessuna possibilità di usare allora; (ii) assenza di forme ipotetiche; (iii) nessuna possibilità di cambiare il tempo e il modo; (iv) presenza di una cesura intonazionale; (v) nessun uso esplicito di performativi; (vi) ambiguità dell’atto linguistico espresso dall’apodosi; (vii) ordine preferito: antecedente / conseguente.7 Sono caratteristiche alle quali sembra corrispondere un enunciato come (4), dove risalta in particolare (vi), vale a dire l’ambiguità: un aspetto che, per quanto riguarda l’italiano, non è stato finora approfondito. Il segmento «sono nello studio», infatti, può avere diverse implicature conversazionali; per esempio: ‹Di’ a X che io sono nello studio›, ‹Non dire a X che io sono nello studio›, ‹Io non voglio essere disturbato›, ‹Di’ a chi mi cerca che può trovarmi nello studio›. Pertanto il contenuto semantico delle due proposizioni non è sufficiente a rendere esplicito il significato dell’intero costrutto, ma occorre ancora una volta tenere conto di informazioni ricavabili dal contesto o da tratti soprasegmentali.

3. Metacomunicativi Finora sono stati esaminati enunciati introdotti da se «hearer oriented»; invece sono «speaker oriented» − come confermano Athanasiadou / Dirven (2000: 17) − i seguenti enunciati: (16) Se mi volete scusare, ora devo andare; (17) Se mi permetti, sei bellissima; (18) Se devo proprio dirti la verità, ti disprezzo.

A proposito di (16) e (17) Quirk et alii (1985: 1095) affermano che la clausola condizionale altro non è che una formula convenzionale di cortesia, capace di far apparire l’enunciato del locutore come dipendente dal permesso del ricevente. In (18) appare invece una formula che preannuncia qualcosa di negativo (all’orecchio di chi ascolta). Risalta allora la forte valenza pragmatica dei metacomunicativi i quali, proprio per tale ragione, sono spesso introdotti da clichés: (19) Se posso essere schietto sino in fondo, l’ho sempre considerato una merda, e so per certo che lui ha sempre pensato la stessa cosa di me (E. Rea: La dismissione. 2002: 327);8

––––––– 7 8

Per quanto riguarda ii) e iii) si notano, come ho già mostrato, alcune eccezioni. I passi della nostra narrativa citati provengono dal database Primo Tesoro.

I costrutti condizionali conversazionali in italiano

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(20) Sono pronto a fare qualsiasi cosa pur di cavarti dalle grinfie di quella donna e di quel Negrini, che, a dirti la verità, mi ha fatto schifo fin dal primo momento (A. Moravia: I racconti. 1952: 279).9

Esistono anche altri usi. La clausola condizionale può esprimere incertezza circa la conoscenza extralinguistica richiesta per una corretta interpretazione del contenuto proposizionale dell’apodosi; in (22) il dubbio è marcato anche dalla forma interrogativa: (21) perché a me pare che eh se si va a vedere ad esempio la dinamica delle retribuzioni nell’ultimo decennio vi è stata una riduzione del potere d’acquisto che se non erro si aggira intorno a circa quattro punti (BADIP); (22) Ma, se ho ben capito: sedurre una giovinetta ignara per poi abbandonarla alla sua crudele sorte non equivarrebbe ad insanguinarlo, questo nome? (T. Landolfi: A caso. 1975: 42).

Vediamo anche: (23) Ma il triangolo è una forma perfetta, mi dicevo, come è perfetta la Santissima Trinità, se è lecito il paragone (L. Malerba: Il serpente. 1966: 1662); (24) «Oh, è una razza meravigliosa, questa dei vostri negri; abili, discreti, capaci di far tutto cantando, ed è un peccato, se posso osare di esprimermi in tal senso, che la maggior parte di loro siano ancora soggetti a una condizione obbrobriosa come la schiavitù» (A. Barbero: Bella vita e guerre altrui di Mr. Pyle, gentiluomo. 1996: 291).

Nonostante che la protasi di (23) e (24) presenti un verbo modale o un’espressione come «se è lecito», il permesso che fittiziamente si chiede all’interlocutore altro non è che una formula rituale. In tal caso però sarebbe più corretto dare di questi costrutti una lettura ‹metalinguistica›. Infatti la clausola condizionale ricorre posposta alla principale (23) oppure incassata in essa (24): è di fatto un commento metalinguistico sull contenuto proposizionale dell’apodosi, una sorta di ‹correzione di tiro›. Tuttavia, implicitamente e, al tempo stesso, esplicitamente, chi parla chiede e cerca l’accordo con l’interlocutore (Quirk et alii 1985: 1095). Emerge pertanto anche il valore retorico dei metacomunicativi che impongono una condizione solo formalmente vincolante. Nei casi in cui la protasi è anteposta si suggerisce che il contenuto della principale che segue non è preciso o non è espresso in termini assoluti; pertanto tale contenuto non deve essere inteso in un senso diverso da quello che ha voluto trasmettere il locutore (cioè serve a prevenire un fraintendimento): (25) Potendo anzi, io lo so, si sarebbe addossato le angustie di tutti noi: anche perché (se posso parlare senza timore di venir fraintesa) convivono in lui in questi casi due opposte propensioni, il coraggio e il suo contrario (M. Pomilio: Il Natale del 1883. 1983: 28).

La clausola condizionale non si riferisce di necessità all’intera principale; può riferirsi anche a una porzione di essa:10 ––––––– 9

Si noti anche la forma implicita del condizionale, con protasi espressa dal costrutto ‹a + infinito›.

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(26) Marco è stato a Siena, se è quella la città dove fanno il palio.

Questi tipi, che sono assai frequenti, costituiscono molto spesso segmenti incidentali (27) oppure presentano l’ellissi della copula (28): (27) «Questa parola» seguitò Brent «è stata adottata particolarmente per indicare la scienza di costruire automi capaci di muoversi e perfino, in un certo senso, di ‹pensare›, se è lecito il termine, con un’apparente autonomia» (A. Campanile: Gli asparagi e l’immortalità dell’anima. 1974: 98). (28) Ogni volta che ti ho stretta, ho sentito il tuo corpo scosso da un fremito d’impazienza, se non addirittura di disagio (M. Mazzantini: Non ti muovere. 2002: 22).

4. Identificativi ed esplicativi11 Molto frequenti nel parlato di ogni giorno sono due tipi di costrutti, introdotti anch’essi da formule stereotipiche, che chiamo identificativi (29) ed esplicativi (30): (29) «Smettila! Ma sei pazzo?!». E a questo punto finalmente Madame ebbe una pausa e la guardò con intenzione e poi riprese a dire sorridendo, e sospirando: «Ecco, l’avete indovinato: se c’è una parola che non si doveva mai pronunziare alla presenza del signor Fabrizio è questa... parlare di pazzia, a lui [...]» (M. Prisco: Spirali di nebbia. 1966: 131); (30) Secondo Jibril il vecchio non è mai stato in Europa e se conosce la parola ‹Marseille› è perché gliene ha parlato qualche arabo che ha dei parenti in Francia (M. Maggiani: Il viaggiatore notturno. 2005: 24).

Vero è che di questi costrutti si mette in dubbio la natura ‹condizionale›: il se si ritrova «in espressioni particolari, che formalmente si presentano come delle ipotesi, ma che non sono delle ipotesi: piuttosto, rafforzano un’affermazione o l’indicazione di una causa» (Patota 2006: 305). Per quanto riguarda gli identificativi, risulta evidente il carattere stereotipico della protasi, costituita da formule come se c’è qualcuno che, se c’è una cosa che, le quali hanno un carattere prevalentemente emozionale, hanno cioè la funzione di enfatizzare, creando un’attesa, ciò che è espresso nell’apodosi.12 Nei costrutti esplicativi il contenuto dell’apodosi esprime in realtà la causa (e non la conseguenza, come avviene con il condizionale prototipico). Si segue dunque il pattern ‹Se ––––––– 10 11 12

Cf. Dancygier (1998: 103-109). Ho seguito qui la terminologia usata da Montolío Duran (1999). La costruzione sarebbe quindi una sorta di frase scissa; cf. Declerck / Reed (2001: 411-417) per l’inglese e López López (2004) per lo spagnolo.

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A allora è perché B›. L’apodosi, che non è introdotta necessariamente da è perché, può presentare anche un verbo dal valore esplicativo, come per esempio, ‹significare›: (31) «Perché non mi abbracci? Potremmo dormire abbracciati...»| Bube non rispose. «Se non mi vuoi abbracciare, significa che hai qualcosa» (C. Cassola: La ragazza di Bube. 1960: 102).

5. Confrontativi Consideriamo il noto detto: (32) Se Atene piange Sparta non ride.

Qui la protasi non contiene l’idea di eventualità che si ritrova nei metadiscorsivi; forse proprio per questo motivo abbiamo di fronte uno dei costrutti più difficili a definirsi, nonostante che su di esso abbiano fermato l’attenzione vari studiosi italiani, in particolare negli ultimi tempi. A tale riguardo ricordo che ha avuto successo l’etichetta di ‹biaffermativi› proposta da Mazzoleni (1991: 767): «Un costrutto bi-affermativo presenta [...] come contenuti proposizionali della protasi e/o dell’apodosi fatti comunemente noti come veri, che fanno parte delle conoscenze comuni condivise, e sono quindi ‹presupposti pragmaticamente›». È una definizione che in realtà non dice molto riguardo alla funzione dei costrutti in questione, i quali non sembrano dei veri e propri condizionali, ma sembrano esprimere altre relazioni logiche.13 Evitando di parlare di bi-affermativi, restringo il campo e tratto soltanto di quei tipi, in cui affiora da parte del parlante l’intenzione di confrontare due situazioni che esprimono un certo grado di somiglianza; in questi costrutti la protasi costituisce spesso il topic a cui si aggancia il focus dell’apodosi: (33) A: Sono preoccupato B: Se tu sei preoccupato, io sono disperato.

I confrontativi si possono facilmente confondere con altri costrutti annoverabili senza difficoltà tra i concessivi:14 (34) Se la notte mi aveva protetto [‹sebbene la notte mi avesse protetto›], la luce, restituendomi alle cose, mi restituiva a me stesso (M. Mazzantini: Non ti muovere. 2002: 93).

L’enunciato (35) Se tu sei preoccupato, io sono sereno.

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Sotto l’etichetta di ‹bi-affermativi›, Mazzoleni inserisce anche costrutti che presentano strutture profonde esprimenti altre relazioni logiche (avversatività, causalità, concessività, ecc.). A tal proposito Consales (2005) parla di «concessive con valore confrontativo».

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appare simile, almeno formalmente a (33), ma possiede una sfumatura concessiva; ciò si vede con chiarezza sostituendo se con un introduttore esplicitamente concessivo: (36) Anche se tu sei preoccupato, io sono sereno; (37) *Anche se tu sei preoccupato, io sono disperato.

È chiaro dunque che la sottile linea che separa un costrutto di natura concessiva da un costrutto condizionale confrontativo dipende anche dalla semantica dei singoli costituenti dell’enunciato. Vale a dire: non basta che entrambe le proposizioni siano vere, occorre anche che i due enunciati messi a confronto non siano in contrasto. Se ciò accade, si affaccia immancabilmente il valore concessivo. Ai costrutti fin qui descritti sono spesso contrapposti i cosiddetti ‹binegativi›, simili nella configurazione sintattica, ma con la protasi e l’apodosi esprimenti un contenuto falso o irreale: (38) Se tu sei bello, io sono un Adone.

Da un punto di vista funzionale si può dire che in questo caso non è la protasi a enunciare la condizione di verità, bensì l’apodosi: cioè il fatto che tu non sia bello è provato dal fatto che io non sono un Adone. Alcuni sostengono che i binegativi sarebbero comunque dei condizionali standard, o meglio, per essere più precisi dei ‹controfattuali indicativi› (Akatsuka 1986: 334): ciò sarebbe dimostrato dal fatto che è possibile sia inserire ‹allora› tra le due proposizioni sia trasferire il costrutto nel dominio ipotetico: (39) Se tu sei bello, allora io sono un Adone; (40) Se tu fossi bello io sarei un Adone.

Così non accade per i confrontativi. I seguenti enunciati non possono essere considerati grammaticali: (41) ??Se Atene piange allora Sparta non ride; (42) *Se Atene piangesse, Sparta non riderebbe.

Tuttavia non è sempre facile stabilire con precisione a quale classe appartenga un condizionale che non presenti una configurazione prototipica. Per esempio, (41) e (42) potrebbero avere una lettura grammaticale, se fossero interpretati come controfattuali. È necessario dunque tenere sempre conto del contesto. Consideriamo infine la coppia: (43) Se tua figlia è bella, la mia è una Venere; (44) Se tua figlia è bella, allora la mia è una Venere.

Si noterà che (43) può essere doppiamente interpretato: controfattuale indicativo o concessivo (‹Anche se tua figlia è bella, la mia è una Venere›); mentre (44) può essere interpretato solo come controfattuale indicativo, perché marcato dalla presenza di allora.

I costrutti condizionali conversazionali in italiano

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6. Conclusione Sulla base delle ultime ricerche (in ambito funzionalistice e cognitivistica) riguardanti la lingua inglese (e in parte anche la lingua spagnola), ho cercato di proporre una classificazione di alcuni tipi particolari di costrutti condizionali in italiano; ho tentato altresì di mostrare quante possibilità enunciative possano rendersi mediante la congiunzione se. Tuttavia sarà bene non dimenticare i rischi di una classificazione che pretenderebbe di essere esauriente. Vari studiosi affermano che non è possibile classificare i costrutti condizionali (e pseudocondizionali); ma Declerck / Reed (2001) − soltanto nell’ambito dei costrutti conversazionali, definiti ‹retorici› dai due studiosi − individuano cinque categorie, parzialmente coincidenti con le nostre (mancano gli identificativi e gli esplicativi, considerati a parte) e ben venti sottocategorie, alcune delle quali sono state giudicate superflue da Dancygier (2003). Forse non sarebbe corretto parlare di vere e proprie classi e sottoclassi di condizionali: infatti i costrutti qui esaminati hanno particolari funzioni pragmatiche e si svolgono in situazioni rituali e in contesti dialogici.

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Historia lingüística del ár. QĀDÛS en iberorromance1

1. Introducción El devenir histórico-lingüístico del término árabe  QĀDÛS en las lenguas iberorrománicas resulta especialmente interesante tanto por su propia evolución semántica y formal como por su distribución geográfica. Procede, a su vez, del griego xάδος KÁDOS, donde sólo ofrece el sentido de ‹recipiente›, ‹vaso›, por mediación del arameo, que le ha dado su forma característica de nombre de instrumento (cf. Corriente 1999: s.v. al/rcaduz), y está presente, según las fuentes consultadas, en las tres lenguas iberorrománicas que, como bien sabemos, se vieron más influidas por la impronta árabe: el español, el portugués y el catalán, así como en otras lenguas y variedades lingüísticas peninsulares –gallego, asturleonés, navarro-aragonés– y extrapeninsulares –siciliano–; en todas ellas bajo formas distintas:2 alcaduz, arcaduz (cast.), al/rcanduz o cadufo (ar.), arcanduz (nav.), alcabuz, por contaminación con arcabuz (tol., man. y mon.), alcatruz (gl. y pt.), (al)caduf, cad/túfol (ct.) y catusu (sic.). En unas, con el artículo definido árabe aglutinado, caso del español, el gallego y el portugués; en otras, con deglutinación, caso del catalán, aragonés y siciliano, lo que nos remite a la polémica existente en torno a dos cuestiones aún pendientes de resolver: la primera, ¿por qué muchos de los arabismos del español aglutinan el artículo árabe mientras que los franceses, italianos y sicilianos no lo hacen?; la segunda, ¿existen realmente diferencias entre el catalán, por una parte, y el español y el portugués, por otra?, y, en caso afirmativo, ¿cuáles son?3 Desde el punto de vista semántico aparecen documentadas fundamentalmente con los significados de ‹cangilón›, ‹cañería› y ‹recipiente›, acepciones ya existentes en árabe, aunque no todas están presentes en cada una de las variantes románicas; por ejemplo, según

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Este artículo responde a la conferencia que en su día presentamos bajo el título: Alcatruz ‹arte de pesca›. Historia lingüística del ár. qādûs en iberorromance. Dadas las limitaciones de espacio establecidas, nos es imposible desarrollar el tema en su totalidad. Así pues, nos limitaremos a la historia lingüística del término en iberorromance, sin profundizar en su especialización semántica como ‹arte de pesca›, cuestión que abordaremos en un próximo estudio específico. Abreviaturas utilizadas: castellano (cast.), aragonés (ar.), navarro (nav.), toledano (tol.), manchego (man.), hablas de los Montes de Toledo (mon.), gallego (gl.), portugués (pt.), catalán (ct.), siciliano (sic.). Un análisis del estado de la cuestión nos ofrece M. Winet (2006: 39-75).

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Dozy (1881), el aragonés ha especializado cadufo como ‹cangilón› y al/rcanduz como ‹desagüe› o ‹registro›. Por otro lado, la voz ya como étimo intrarromance ha dado lugar a nuevas formas derivadas: en castellano, arcaduzar; en catalán, alcadufada, alcadugar, cadufa(da), caduf(ej)ar, alcadufat, cadufo, encadufada y encadufar; y en portugués: alcatruzada y alcatruzar. Así mismo, el término ha dejado huella no sólo como apelativo sino también como nombre de lugar: el topónimo Alcaydús y Alcayduset en Menorca y catusu, ’u Catusu en Sicilia (Steiger 1991: 132-133).

2. Historia lingüística del término en español El primer testimonio documental del término en español data del siglo XIII (Partidas 1256-1263), bajo la forma alcaduz, con el sentido de ‹caño (de barro) por donde se conduce el agua›: Et si menor agua fuere, débenla traer por alcaduces de tierra ó por caños de plomo so tierra ó por canales (Siete Partidas, 3: 31: 4).

También documentada en plural, tanto con la grafía c como con z, alcaduces, alcaduzes, en el Fuero de Alba de Tormes (Anónimo 1279): E ponga alcaduces e sogas e binbres con que aten los alcaduzes4

Así como con -s final5, en el Tratado de Agricultura de Ibn Bassal (Anónimo 1300)6, en este caso, utilizado con más de un valor: el de ‹cangilón›, ‹balde de noria›, como se desprende del sintagma «alcaduçes del annora», y el de ‹recipiente›, ‹tiesto› o ‹maceta›, por el uso que según la obra se hace de ellos: Tomen los alcaduçes del annora e forandelos en fondo e fincan los de tierra buelta con arena. E pongan los alcaduçes asi como ponen los arboles en los lugares do quisieren que sean los alfasatques. E pongan los eguales con la fas de la tierra [...] e sienbran en cada foyo alcadus dos granos de los alfascaque. E pongan sobre la boca del alcadus vna presa de arena e non mas

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Cito por la edición de Américo Castro y Federico de Onís (1916), Centro de Estudios Históricos: Madrid (CORDE). La letra Y sīn representa gráficamente al fonema árabe dental, fricativo, sordo, predorsal (Baist 1891: 412ss.; Gairdner 1925: 19-20; Neuvonen 1941: §28; Steiger 1991: 50-51, 136ss.). En su evolución a la lengua romance no halló correspondencia en la /s/ medieval (prealveolar y apical) por lo que es frecuente encontrar en su lugar c o ç (originariamente una africada predorsodental sorda), rara vez z, y sólo en escasísima medida s. Una vez que las diferencias de sonoridad se neutralizaron entre c, ç – z y ambos elementos se asimilaron pasó a ser representada con z. En este caso, en posición final, tenemos por un lado el esp. arcaduz, port. alcatruz frente al cat. (topon.) Alcaydús (Menorca), Alcayduset (Menorca, Alcover) al igual que en sic. Catusu. Cito por la edición de J. M. Millás Vallicrosa (1948), Madrid / Granada: CSIC (CORDE).

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quando nasçieren los granos e cresçiern e esforçaren, quebranten los alcaduçes alli onde se están e non los saque que el arbol fara anchura propia e arredrara los de sy e mandamos los senbrar en el alcadus por tal que sean mas granados (fol. 40r)

El étimo árabe a partir del cual evoluciona el vocablo romance es, según la opinión más generalizada, el ar. cl.  QĀDÛS, procedente a su vez del gr. xάδος KÁDOS ‹jarro›, (DCECH: s.v.; Dozy 1881: II, 314), más concretamente, a través del andalusí alqadús ‫( ا‬Corriente 1999: s.v. al/rcaduz). Como se puede apreciar, el artículo determinado árabe ‫ أ‬al se ha conservado, tanto en la escritura como en la pronunciación, aglutinado al sustantivo, como parte integrante de la voz, perdiendo el significado que poseía en la lengua árabe. Por otro lado, el Vocabulista in arabico (1871: 278) y Alcalá (1883: 977-8) parten de la variante   QAYDŪS. Es más, Diego de Guadix (2005: s.v.), experto arabista franciscano del siglo XVI, que probablemente conocía la existencia de las obras de Pedro de Alcalá, dice textualmente en su Recopilación de algunos nombres arábigos: [...] consta de al, que, en arábigo, significa el, y de cayduz, que significa este dicho ‹caño›; de suerte que, todo junto, alcayduz significa el cayduz, .i., el dicho caño; y, corrompido, dizen arcaduz, y otros dizen arcadu[ç], y otros dizen alcaduz y éstos hablan con mayor propriedad y en menor corrupción [...].

Del mismo modo, distintos lexicógrafos de los siglos XVI-XVII, entre ellos Francisco del Rosal (DE, s.v.) y Covarrubias (Tesoro, s.v.), que la creen voz corrompida del latín AQUAEDUCTUS, también hacen referencia a la forma caiduz, manifestándose de la siguiente manera: Alcaduz, ò Arcaduz. ò corrupto de Aquę-ductu, como Aquę-dux; o Arab. que le llama Caiduç (F. del Rosal, DE, ¿1537-1613?, s.v.). Arcaduz y alcaduz. Antonio Nebris. Fistula, lae7, parece estar corrompido de aquaedux, quasi aquam ducens. Algunos quieren ser arábigo, de al artículo y caiduz, que dicen sinificar lo mesmo... (Covarrubias, Tesoro, 1611, s.v.)

Steiger, por su parte, aunque la hace proceder del ár.  QĀDÛS, siguiendo a Alcalá hace también referencia a la forma ár.   CAIDÚÇ ‹alcaduç de añoria› cuando trata la evolución fonética del fonema árabe /sīn/ en posición final (Steiger 1991: 132, 133 y 352 para alcaduz; 142, 143 para alcaduç). En cuanto a Neuvonen (1941: 145-146, s.v. alcaduz) sólo la menciona cuando recoge en su obra todas las teorías expuestas. Esta forma primera, con mantenimiento de -l, permanece viva todavía en los siglos XVI y XVII. De hecho, es la que utiliza Fernando de Rojas en La Celestina (c. 1499-1502).8

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Lat. FISTULA, -AE: f. ‹cañería, conducto, canal›. Cito por la edición de Lobera, F. J. / Serés, G. / Díaz-Mas, P. et al. (2000), Barcelona: Crítica, (CORDE).

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Celestina. ... ¡Ay, quién me vido y quién me vee ágora, no sé cómo no quiebra su corazón de dolor! Yo vi, mi amor, a esta mesa donde agora están tus pringas asentadas nueve mozas de tus días, que la mayor no pasaba de dieciocho años y ninguna había menor de cuatorce. Mundo es, pase, ande su rueda, rodee sus alcaduces, unos llenos, otros vacíos. Ley es de fortuna que ninguna cosa en un ser mucho tiempo permanece: su orden es mudanzas (p. 214).

En la obra de ingeniería Los veintiún libros de los ingenios y máquinas de Juanelo Turriano (Anónimo 1605), aparece documentada hasta 77 veces, sobre todo en plural (alcadus, alcaduz, alcaduzes, alcaduces, alcaduçes)9 como sinónimo de ‹caño› o ‹fístula›, aunque parece ser que, según se explica en la obra, estos alcaduces de barro podían también variar de forma: Y estos maderos, conviene que ellos sean muy gruessos, que en ellos se pueda cavar una canal tan ancha, quanto serán de ancho los caños o fístolas de plomo [...] o alcaduzes de barro, aunque para esto son muy mejores de plomo para este effecto (fol. 119r) [...] Y los alcaduces se encaxan el uno en el otro, y siempre la parte más ancha se a de poner enfrente del agua y lo más estrecho hacia el corriente de el agua. Ellos se encaxan como la figura lo demuestra. La A es asia el agua, B se encaxa en el otro alcaduz C. Y éstos se enbetunan con sus betunes muy bien donde se juntan los dos [...]. El segundo modo de alcaduzes son éstos B C D, los quales tienen aquella represa, que es E, la qual no dexa entrar el alcaduz más de quanto allega a la E [...]. Ay otro modo de alcaduzes, los quales llaman aguilones, los quales son quadrados, a modo de canales de madera, mas ellos no son más largos de tres palmos y medio. Y éstos los hazen alvedriados; mas, cierto, ellos no valen ninguna cosa, ni alvidriados ni por alvedriar, porque ay tanto trabajo en ellos, en buscar dónde se pierde el agua, como en los redondos. Y a más d’esto, ellos son de dos pieças y son más fáciles a romperse que no los redondos. (fol. 283v) [...] Y ase de poner en esta manera: que A esté abaxo asentada y B que vaya para arriba. Y házele de hatar al cabo de arriba una encavadura donde asiente el caño, por razón que el agua no tope en el caño o alcaduz al tiempo que sube para arriba [...]. (fol. 287v)

En cuanto a la forma moderna, arcaduz, con -r, aparece documentada por primera vez en el Cancionero de Baena (1379-a 1425)10, si bien también la encontramos documentada con -l en esta misma recopilación poética: Lo blanco es tornado color de axenuz, / la bestia empeçible turbó la montaña, / sobida en las nuves la sotil araña (40vb) soltóse la rueda, quebró el arcaduz. (Alfonso de Villasandino. Poesías (1405) [Cancionero de Baena], p. 148) Sube muy alto e non tartalea, / sigue tal regla como el alcaduz / que sube e desçiende mejor que avestruz (Lope del Monte, Poesías, [Cancionero de Baena] p. 622)

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Cito por la edición de Mariano Quirós García (2005), Salamanca (CORDE). Cito por edición de Brian Dutton / Joaquín González Cuenca (1993), Madrid: Visor (CORDE).

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Su uso debió de generalizarse, según los testimonios encontrados, a lo largo del siglo XV, desplazando a la forma primitiva y extendiéndose a la lengua literaria de la época, de ahí, su presencia en la literatura de los Siglos de Oro, tanto en poesía como en prosa: aparece documentada en San Juan de la Cruz, en Subida al Monte Carmelo (1578-c 1583); en Sta. Teresa de Jesús, en Libro de la Vida (1562-1566); en Mateo Alemán, en La Segunda Parte de la vida de Guzmán de Alfarache (1604); en M. de Cervantes, en El Quijote (1605); en F. de Quevedo, en Sueño del Infierno (1608) y en el Buscón (1626); en Góngora, en Soledades I (1613); en Lope de Vega, en El perro del hortelano (1613); en Juana Inés de la Cruz, en Poesía. Lírica personal (c 1666- a 1695. México) etc.11 Nebrija la recoge bajo tres formas distintas en su Vocabulario español-latino (1495): Arcaduz o alcaduz o acaduz. una cosa12

Ello significa que por lo menos las dos primeras variantes debieron de coexistir durante algún tiempo, hasta que definitivamente la forma con -r se superpuso a la primitiva con -l. Según Corominas-Pascual, la forma moderna con r quizá se deba a influjo de arca de agua ‹depósito›, o más bien al de arco, por el que forma la sarta de arcaduces de la noria (DCECH, s.v. arcaduz). Explicación que considero poco científica. Preferible es pensar como causa del cambio las usuales asimilaciones que se producían entre /r/ y /l/ en el castellano del siglo XVI, generalmente a favor de /r/, y puestas de manifiesto por gramáticos y ortógrafos del momento.13 Desde el punto de vista semántico, la voz, como hemos podido ir apreciando, también fue desarrollando nuevos valores: Neuvonnen (1941: 145-146; §5, 14, 26, 28, 37) la documenta con el sentido de: 1. ‹Caño (de barro) por donde se conduce el agua› 2. ‹Vaso›, acaso –dice– «‹cangilón de noria› ya en la General Estoria»: Correra el agua del su alcanduz (Biblia, números 247)14 Cuán fermosas las tus tiendas, Jacob, cuán fermosas las tus tiendas, Israel. Parecen como valles llanos de montañas, e como huertas regadas que están cerca los ríos, como tiendas que fincó Dios, como los árvoles cedros que están cerca las aguas. Correra agua del su alcaduz, e la semiente d’él crescrá a muchas aguas (GE, 671a53)15 cuenta alli maestre Pedro otrossi que ala serpiente dipsa, quel dizen en latin situla, que es cosa contralla delo que ella faze, por que situla dezimos en el lenguage de Castiella por uaso o alcaduz, que es tanto como cosa que tuelle a omne la sed por ell agua que a enel (GE, 717b21)

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Cf. el corpus que ofrece el CORDE. Cito por la edición de John O’Neill (1992), Hispanic Seminary of Medieval Studies, Madison. (CORDE). Cf. Juan de Valdés (1535): Diálogo de la lengua. Edición, Introducción y Notas, Lope Blanch, Juan M. (1969). Madrid: Castalia, 98-99. Castro, Américo / Millares Carló, Agustín / Battistessa, Ángel J. (1927): Biblia medieval romanceada. Buenos Aires. Alfonso X el Sabio (c 1275): General Estoria. Primera Parte. Edición de P. Sánchez Prieto-Borja (2002). Alcalá de Henares: Universidad. Corresponde a Biblia romanceada, números 247.

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Diego de Guadix (2005: s.v.), nos dice textualmente: arcaduz. llaman en España a vnos caños de tierra cozida de tal forma que son macho y hembra, para assí mejor y más al justo avenirse y casarse o encaxarse el uno con el otro.

También Juan Alonso y de los Ruyzes de Fontecha en su libro de farmacología, Diez privilegios para mujeres preñadas (1606)16, nos habla del objeto, asemejándolo a un ‹jarro›: Vurcenum, vaso para sacar agua, como alcaduz o jarro (párr. 1)

Dozy (1881, II: 314) define el término: ‹tuyau, conduit, canal, aqueduc›. El Vocabulista in arabico (1871: 278) ‹canalis›, y Alcalá (1883: 977-8) ‹alcaduç de anoria, alcaduç de caños›. Dozy / Engelmann (1869: 78-79) mencionan como étimo también la forma ‫ ا‬al-câdous que definen como ‹seau d’une machine hydraulique pour puiser l’eau et la porter en haut›, y nos advierten que el significado primitivo de la voz es ‹seau› (balde, pozal), pero que en español el término alcaduz desarrolló otro sentido ‹tuyau, conduit, canal›. Los tres significados hasta ahora documentados en las diversas obras consultadas ‹cangilón› (balde de noria), ‹cañería› (caño de barro, conducto, canal, acueducto) y ‹recipiente› (vaso, jarra, jarro) aparecen recogidos por F. Corriente (DA, s.v. al/rcaduz). Sin embargo, la voz va más allá, desarrollando nuevos valores metafóricos. CorominasPascual, además de los significados ‹caño de agua› y ‹cangilón de noria›, la documenta, en efecto, en Colombia y en portugués del Miño, de donde según él procede la acepción de ‹medio indirecto›, con que aparece documentada en Mateo Alemán, Guzmán de Alfarache, Cl. C. II, 143.19; en Tirso de Molina, El vergonzoso III, 677; y en Quevedo, Buscón, 220.8, o ‹enredo› (Quijote, II, xiv, Cl. C. V, 267). Y porque aquel sabe que el otro, aunque con buen celo, gobierna y guía, lo tuerce y desbarata, metiendo de traviesa sus enredos, por alcanzar a ser el solo dueño; y por el mismo caso buscará mil rodeos y arcaduces y, aliándose con sus enemigos, lo es de sus amigos porque venga a parar a su puerta la danza, puestos los ojos a su mejor fortuna (M. Alemán (1599): Primera parte de Guzmán de Alfarache, 36017) - ¡Y cómo si lo soy! -respondió el ya desnarigado escudero-. Tomé Cecial soy, compadre y amigo Sancho Panza, y luego os diré los arcaduces, embustes y enredos por donde soy aquí venido […] (Cervantes (1615): Segunda parte del ingenioso caballero don Quijote de la Mancha, 74518)

Covarrubias (2006), bajo una entrada doble (s.v. arcaduz y alcaduz), nos ofrece también lo que él define como «metáfora galana»: ––––––– 16 17 18

Cito por la edición de Mª Purificación Zabía Lasala (1999). Madrid: Arco Libros (CORDE). Cito por la edición de José María Micó (1992). Madrid: Cátedra (CORDE). Cito por la edición de Francisco Rico (1998). Barcelona: Instituto Cervantes / Crítica (CORDE).

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Cuando un negocio va encaminado secretamente por diversas personas y echando juicio y seso a montón, damos cuenta de ello a quien sabe la verdad, suele el tal responder No va el negocio por estos arcaduces (Covarrubias, Tesoro, s.v.)

Cesar Oudin, en su Tesoro de las dos lenguas española y francesa (1675), nos ofrece ya cinco entradas distintas para esta voz, todas con la forma alcaduz: Alcaduz, m. ou alcaduce, Acqueduct, tuyau, canal. Alcaduces de anoria, Les seaux ou pots de la poserague, qui puisent léau... Alcaduce de aguaducho, Le tuyau, ou buysine d’un acqueduct, canal. llevar una cosa por sus Alcaduzes, Conduire une affaire avec secret, prudence, par bons chemins. no va por essos Alcaduces, Celà ne vas pas par ce chemin là, ny par cette voye

En la actualidad, J. Casares en su Diccionario ideológico de la Lengua Española (DILE) nos remite en alcaduz, sin más información, a la forma con r: arcaduz. m. * Caño por donde se conduce el agua.|| Cada uno de los caños de que se compone una cañería. || Cangilón de una *noria. || fig. y fam. Medio o procedimiento para procurar u obtener alguna cosa.

María Moliner, en el Diccionario de uso del español (DUE), mantiene las dos formas, más una derivada, con el siguiente orden en las acepciones: alcaduz (del ár. and. «alquadús», cl. «qādūs», y éste del gr. «kádos»; ant.) m. Arcaduz. arcaduz (de «alcaduz») 1. m. * Caño por donde se conduce agua. ≈ Alcaduz, atanor. 2. Cada uno de los tubos que, empalmados, constituyen una *cañería. 3. Cangilón de noria. 4. (ant.) Medio de que alguien se vale para conseguir una cosa. Arcaduzar (ant.) tr. Conducir el ↓ agua por arcaduces.

Manuel Seco, en el Diccionario del español actual (DEA), no registra ni alcaduz, ni arcaduz, sólo cangilón. Finalmente, el DRAE contempla lo que sigue: alcaduz. (Del ár. hisp. alqadús, este del ár. clás. qādūs, y este del gr. καδος, tonel, cántaro).1. m. desus. arcaduz. arcaduz. (De alcaduz).1. m. Caño por donde se conduce el agua. 2. m. Cada uno de los caños de que se compone una cañería. 3. m. cangilón (|| de noria). 4. m. coloq. desus. Medio por donde se consigue o entabla alguna pretensión y negocio.

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2. Historia lingüística del término en navarro-aragonés, catalán, valenciano y balear En la parte más oriental de la Península, la voz es especialmente rica en formas y significados. De entre todas sus manifestaciones, la más generalizada es caduf y las variantes cadúfol, catúfol.19 Según Corominas (DECLC, s.v.), la presencia de la f- es debida a la influencia de cadaf, arabismo de sentido parecido20, y la aparición de la secundaria terminación en -ol, a la existencia mayoritaria del plural cadufos, en lugar del cacofónico plural cadufs. En cuanto a la -t de catúfol, el hecho de que esté presente igualmente en otras variantes peninsulares (en el portugués del Algarbe [alkatrúš], en portugués general, en las hablas del Alto Miño y en las hablas de Tras os Montes (alcatruz, alcatruzes)) así como en siciliano (catusu), hace suponer una base común más antigua, quizá ya existente en el árabe vulgar, en el que también habría que explicarlo por contaminación: quizá de un derivado mozárabe de TŬBUS o TŬBŬLUS, como ya sugirió M. L. Wagner. La 1ª documentación data de 1316 en un documento mallorquín (Bordoy Hist. Felanitx, I: 267: «Per gerras e per cadufs»). Desde el punto de vista semántico, la voz conserva su significado más primario: ‹nom del gerret de sinía i d’altres recipients d’aigua› (DECLC, s.v.); 1. ‹Cada un dels recipients de terra, de metall o de fusta, amples de boca i amb un foradet en el sòl, que van lligats a la corda o cadena de la sínia i serveixen per treure l’aigua i abocar la per regar›, 2. ‹Canonada d’obra que va per davall terra i condueix l’aigua bruta de les latrines a la claveguera (Lleida) o l’aigua del riu a la sequia (Horta de València›) (DCVB, s.v.). Aunque también ha desarrollado en este ámbito nuevos valores semánticos: ‹Idea desraonable, pròpia d’un cervell debilitat o caduc›: Aquest vell ja fa catúfols, ‹esser un infant molt petit i bellugadís›: Semblar un cadúfol. Llegando a calar popularmente en la sociedad, como se desprende de la siguiente adivinanza: «set que van, set que vénen; set que a les parents se tenen; set que pugen, set que baixen; set que pesquen, set que bresquen, i set que estan a l’aiga fresca» Són els catúfols de la sínia (DCVB, s.v.). Por otro lado, la voz ha sido especialmente productiva, dando lugar a numerosas formas derivadas: cadufa ‹recipient de terrissa, amb una o dues anses i sense broc, que serveix per beure›; cast. jarrito (DCVB, s.v.); ‹pitxer per beure› (DECLC, s.v.), cadufada 1. ‹multitud de cadufs o cadufes› 2. ‹Quantitat de liquid que cap dins un caduf o cadufa› (DCVB, s.v.), cadufejar ‹passar un liquid d’un recipient a un altre› (DCVB, s.v.), encadufar ‹s’hauria d’encadufar l’aigua› (DCVB, s.v.), etc. Del mismo modo, Iribarren (VN, s.v.) documenta la forma alcanduz como término que se atribuye a una especie de cerbatana infantil: ‹canuto, hecho con un trozo de rama de saúco desprovisto de médula, que emplean los chicos para lanzar, soplando en él, bolitas de estopa›, al tiempo que documenta la expresión navarra morros de alcanduz: ‹dícese del individuo morrudo, de labios gruesos y salientes›. ––––––– 19 20

Para otras variantes (gadúfol, cadup, alcaduf) cf. DECLC, DCVB. alcadafe (cast.) y alcadafe – alcadefe (pt.) ‹vaso para las escurriduras que caen al medir el vino›, y cadaf (cat.) ‹jarro para vino o aceite›. Del andalusí ALQADÁH < cl. QADAH. ‹jarro›. Derivados intrarrománico en cat.: cadafa, cadafada, cadafam, cadafet (F. Corriente, s.v. alcadafe).

Historia lingüística del ár. QĀDÛS en iberorromance

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3. Historia lingüística del término en portugués La solución en portugués (alcatruz) añade a lo ya visto nuevas particularidades. Desde el punto de vista formal, presenta, al igual que la voz en español, la conservación del artículo determinado árabe ‫ أ‬al, en este caso sin alteración fónica; sin embargo, por otro lado, y en este caso en consonancia con la variante catalana catúfol y la siciliana catusu, el ensordecimiento del fonema oclusido dental sonoro árabe dāl (‫)د‬. A ello hemos de añadir la existencia de una /r/ epentética, no frecuente, pero tampoco extraña ya que está presente también en otras voces como acemitre y acendría (cf. Corriente, op. cit.). Según el autor, podría deberse a una contaminación quizás con la raíz xtrf ‹andar pomposamente›, por la burla que hacían los andalusíes de una vasija que, a diferencia de las otras, no se mantiene en pie. Como apoyo a su justificación nos remite al refrán de Azzjjālī número 1659 que dice «como el arcaducillo, que ni tiene base en que sentarse, ni asa por donde cogerse» y a Ibn Quzmān 88/18/2 donde dice «me caigo de costado como arcaduz». Aparece documentada por primera vez, según Machado (DELP 21967, s.v.), en Em 1456: «[...] por conpra de dezoito alcatruzes [...]», Documentos das Chancelarias Reais Relativos a Marrocos, I: 360 (Alex). Del étimo ár. al-qādūs ‹cubo (de roda hidráulica); balde de noria; funil de moinho›, procedente a su vez del griego kádos ‹vaso; bilha; recipiente grande para líquidos; jarra›, aunque también recoge la procedencia etimológica propuesta por Pedro de Alcalá y Vocabulista in arabico, que parten de la forma qaídus. Aporta, igualmente, las diversas variantes iberorrománicas, alguna de ellas ya reseñadas (cat. alcaduf, caduf, cadúfol, catúfol; cast. arc. alcaduz, arcaduz, alcanduz; aragonés cadufo; asturiano caduf, cadufol), y recoge una nueva acepción no documentada en las otras lenguas y variedades lingüísticas: ‹como nome de ornato›, que atestigua con la siguiente cita: «mete no pescoço | seu colar dos alcatruzes», C. Ger., I: 327. Por su parte, Figueiredo (251996, I: s.v.) recoge también el término, manteniendo como 1ª acep. el sentido de balde de noria: ‹vaso de barro que levanta el agua en las norias›; como 2ª acep. ‹obra de orfebrería con forma de alactruz›, marcada como ant.; y como 3ª acep., en plural, ‹botas gruesas largas y malhechas› con la marca diastrática reg. Así como las formas derivadas alcatruzada y alcatruzar: alcatruz, [Do ár. al-caduz] 1. s. m. Vaso de barro, que levanta a água nas noras. 2. s. m. Ant. Obra de ourives, à feição de pequeño alcatruz: «Colar de três voltas feito de alcatruces esmaltados». Castanheda, Hist. da Índia. 3. pl. Reg. Botas grossas, largas e malfeitas. alcatruzada, 1. s. f. O conteúdo de um alcatruz ou a porção de líquido que um alcatruz comporta. 2. s. f. Pop. Cano de manilhas, que leva a água do caldeirão para a marinha, nas salinas do Sado. [Nota: Sá Nogueira, Ling. das Salinas, e Lepierre, Indúst. do Sal, não mencionam o termo.] alcatruzar, v. tr. Dar forma de alcatruz a: «Alcatruzava o lombo em corcovos». Arn. Gama Balio.

El Diccionario Portugués-Español VOX (2000) sigue recogiendo las tres formas: Alcatruz. s.m. arcaduz, cangilón de noria; pl. pop. zuecos grandes; bota grande y ordinaria.

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Alcatruzada. s. f. lo que contiene un arcatruz (con -r); conjunto de arcaduces o cangilones; arcaduz, caño conductor de agua en las Salinas. Alcatruzar. v. intr. dar figura de arcaduz o cangilón de noria; encorvar, combar; guarnecer de arcaduces; v. i. doblarse, inclinarse, hablando del cuerpo.

Por su parte, el Diccionario Portugués-Español Sopena (1966) añade a lo anterior la variante masculina alcatruzado, así como la forma verbal alcatruzarse ‹encorvarse›, ‹corcovarse›: Alcatruz. m. cangilón, arcaduz de noria, sombrero de copa alta. Alcatruzado, da. adj. Guarnecido de arcaduces. (figuradamente) encorvado, corcovado (anciano o enfermo). Alcatruzar. v. tr. poner cangilones a una noria, dar forma de arcaduz; (fig.) curvar, encorvar, arquear el cuerpo. Alcatruzar-se. v. r. encorvarse, corcovarse, doblarse por una enfermedad o por la vejez.

En este mismo diccionario, pero en sentido inverso: español-portugués, no se registran ni alcaduz, ni cadufo, sólo arcaduz: Arcaduz. m. aqueduto; alcatruz; tubos de barro para canalizaçao; (fig.) canal, meio para chegar a.

Esta forma lingüística, alcatruz, ha penetrado en español como lusismo, con cierta especialización semántica. Según Viudas (Diccionario extremeño 1980), el término alcatruz está presente en el extremeño con el significado de ‹vasija para el servicio de bodega›. También hay vestigios de la voz en canario (A. Lorenzo 1994)21 con el significado de ‹bajante›. El Diccionario etimológico de los portuguesismos canarios (1996), de Marcial Morera, la recoge con este mismo significado en La Palma: ‹tubo por el que baja el agua›. Sin embargo, no aparece registrada en el Tesoro Lexicográfico del español de Canarias. Especialmente significativo es el valor semántico que esta voz ha desarrollado en toda la región suratlántica, especialmente en la región onubense y en el litoral gaditano, como ‹arte de pesca›:22 Alcatruz: vasija tosca de barro que se emplea para pescar pulpos en lechos desnudos.23

También M. Alvar Ezquerra la documenta con este mismo valor en el litoral mediterráneo andaluz (cf. Tesoro lexico de las hablas andaluzas24): ––––––– 21 22 23 24

Cf. Morera, M. / Ortega, G. (1994): Diccionario de Canarismos. La Laguna: Francisco Lemus. Tema que reservamos para un estudio específico. [Sin autor] (1994): Las artes de pesca en el litoral gaditano. Diputación de Cádiz. Cita como fuente el siguiente artículo: Camiñas, J. A. / Barro, J. / Reina, J. A. (1988): Terminología usada en las pesquerías artesanales del litoral mediterráneo andaluz. In: Jábega 61, 70-79.

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Alcatruz (m.) Arte de pesca constituido por unas vasijas de barro o de lata unidas por un cabo, y que se cala en fondos de arena de forma parecida a un palangre de fondo. Se emplea para la captura del pulpo.

El término en cuestión no aparece recogido como tal ni en el DRAE ni el DCECH.

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Esther Corral Díaz

Algunas prendas de amor en la lírica gallego-portuguesa1

1. La praxis de la fin’amors establecía el proceso amoroso como un servicio que el enamorado rinde a su dama, concediendo y otorgando prendas que sellaban su compromiso, igual que en el sistema feudal señor y vasallo pactan su contrato con deberes y obligaciones mutuas, entre los que se contaban la percepción y el intercambio de regalos. «Les devoirs de la dame et de l’amoureux étaient d’une réciprocité formelle: à la manière du seigneur, la dame devait récompenser son vassal dévoué» –señala Cropp 1975: 366. La alusión a diferentes clases de dones se rastrea en los textos desde antiguo, destacando de forma particular en la construcción narrativa del roman. A este respecto, es bien conocida la importancia que ofrece el desarrollo del motivo del don contraignant (Frappier 1969) o don en blanc (Ménard 1981) en la materia artúrica.2 En la historia de la poética occitana se registra, desde sus inicios, el motivo de las dádivas otorgadas por la midons a su pretendiente como prueba de amor. El primero de los trobadors del que tenemos noticias, Guilhem de Peitieu, ya incluía en sus versos referencias visibles a ellas. Escribe en Ab la dolchor del temps novel: Enquer me nembra d’un mati que nos fezem de guerra fi e que.m donet un don tan gran: sa drudaria e son anel (ed. Pasero 1973: x, vv. 19-22)

Andreas Capellanus en su Tractatus De Amore confirma y enumera una por una las prendas que puede aceptar la enamorada, indicando que la dama podía recibir: scilicet orarium, capillorun ligamina, auri argentique coronam, pectoris fibulam, speculum, cingulum, marsupium, lateris cordulam, pectinem, manicas, chirothecas, anulum, pyxidem, species, lavamenta, vascula, respositoria, vexilum causa memoriae, et, ut generali sermone

––––––– 1

2

Este trabajo se inscribe en los Proyectos de Investigación El vocabulario de los trovadores gallego-portugueses en su contexto románico, subvencionado polo Ministerio de Educación y Ciencia con aportación de FEDER (HUM 2005-01300); y Cancioneiros galego-portugueses. Edición crítica e estudio (formato impreso e electrónico). Cancioneiro de cabaleiros, subvencionado por la Xunta de Galicia (PGIDIT06CSC20401PR). Sobre el tema cf. los estudios de Cooper-Deniau 2005 y Pasero 2005; acerca del galardon como recompensa del servicio amoroso, cf. Corral 2009.

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loquamur, quodlibet datum modicum quod as corporis potest valere culturam vel aspectus amoenitatem, vel quod potest coamantis afferre memoriam3

Adviértase que los elementos citados pertenecen al espacio femenino, y que la mayoría corresponden a referencias a piezas de vestimenta y accesorios. Como cabría esperar, las prendas que se enumeran en la lírica gallego-portuguesa conforman una serie bastante más limitada, dada la reducción de materia temática que lleva a cabo la escuela en sus géneros. Aunque no es tan extenso el elenco de objetos incorporados, su valor es significativo por las connotaciones textuales que adquiere. Hay que observar, así mismo, que estos regalos se emplazan mayoritariamente en una tipología amorosa particular, la cantiga de amigo, que inserta en sus versos abundantes elementos simbólicos relacionados con la descriptio de la amiga (cf. Brea / Lorenzo 1998: 111-127). En los otros géneros poéticos (amor, escarnio), se emplea a expensas y en dialéctica con la tipología de la canción de mujer, centralizadora y dominante en el sistema lírico del motivo. Por otra parte, conviene recordar que la indumentaria en la Edad Media ejercía un importante papel como configuración de imagen, de distintivo social y colectivo. En este sentido, señala el historiador M. Pastoureau que: Le vêtement médiéval est une réalité institutionnelle et normative et non pas une réalité individuelle, qu’elle soit affective, esthétique, ludique, psychologique ou phénomenologique: on ne porte pas les vêtements que l’on aime, on porte ceux que l’on doit porter (1995: 6)

Las prendas se ‹revisten›, pues, de un significado emblemático como representación de una simbología que desprende una serie de connotaciones que conocen tanto emisor como receptor, esto es, autor y público. En este trabajo pretendemos aproximarnos a este ámbito medieval. Aunque trataremos de estudiar el campo sémico de las prendas en la lírica gallego-portuguesa en su conjunto, por problemas de espacio nos ceñiremos sólo a un poeta en particular, Johan Garcia de Guilhade, representativo e ilustrativo de lo que acontece en la escuela. 2. De origen portugués, Guilhade pertenecía a la clase social de los caballeros (probablemente estuvo al servicio de la importante familia de los Sousa). Cronológicamente, sabemos que estuvo activo en una época en que la tradición estaba ya plenamente consolidada (segundo y tercer cuartos del siglo XIII), por lo que contaba con los instrumentos necesarios para conformar su producción y para participar con nuevas propuestas. Según la documentación de la época, vivió posiblemente en la corte de Alfonso III de Portugal y con seguridad, más tarde, en la del mecenas Alfonso X de Castilla y León, en donde se relacionaría con poetas que frecuentaban o residían permanentemente en el círculo regio. ––––––– 3

Esto es: «un pañuelo para la cara, cintas para el cabello, una corona de oro o de plata, un broche para el pecho, un espejo, un cinturón, un bolso, un cordón para el vestido, un peine, mangas, guantes, un anillo, un frasco de perfume, cosméticos, aguamaniles, pequeños vasos, bandejas, cintas que le recuerden el amado, y, en general, todo objeto pequeño válido para adornar su cuerpo o endulzar su belleza o algo que pueda recordarle a su amante» (Creixell 1990: 346-347).

Algunas prendas de amor en la lírica gallego-portuguesa

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Su producción poética sobresale en la escuela, tanto por el corpus conservado (54 cantigas, de diferentes géneros) como por su calidad poética. En este sentido, Guilhade destaca por su originalidad e inconformismo, que busca continuamente requiebros a los cánones establecidos, por su voluntad en desdibujar los límites definitorios de las tipologías, y por su dominio y viveza en la construcción de sus cantigas de amigo.4 3. El término más genérico para designar las prendas de amor que se intercambiaban los enamorados era dõas (< pl. DŌNA ‹regalos›), utilizado siempre en la forma plural. En la Edad Media este vocablo indicaba «peças, joias e outras cousas de ornato e limpeza que fazem o enxoval de uma senhor», según señala Viterbo en su Elucidario (1966: II, 199). Su uso era muy común (se registra también en textos en prosa como la Cronica Troyana, General Estoria, Miragres de Santiago, Crónica de Iria, etc), pero a partir del siglo XV esta forma léxica deja de emplearse (cf. Lorenzo 1977: 491). En el corpus de la lírica profana gallego-portuguesa5 se documenta el vocablo dõas en trece textos, de los cuales tres son atribuidos a Guilhade (70,6; 70,51; 70,54).6 En los tres se utiliza el término enmarcado en la expresión dar + dõas, muy común en la época.7 Las situaciones contextuales en las que aparece se insertan en los dos temas recurrentes, asociados al motivo de las ‹prendas›: el intercambio de éstas por parte de ambos pretendientes y el límite que se impone en la concesión de las dádivas. En el primer caso, se sitúan las cc. 70,6 y 70,54 de nuestro trobador. Amiga y amigo se dan y reciben regalos como prueba y garantía de su amor. Se dice: que lhi dey de mhas dõas e que mh-as dá el muy bõas: (70,6 vv. 8-9) Sempr'averá don Joan de Guilhade, mentr'el quiser, amigas, das mhas dõas (ca ja m'end'el muytas deu e muy bõas); (70,54 vv. 11-13)

Nótese la similitud de las dos citas: aparte de la expresión común (dar dõas), dõas ocupa la posición preeminente de rima, en combinación con la misma palabra rimante, bõas. ––––––– 4 5

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Sobre este trovador cf. Resende 1993 y Domingues 1992. Las cantigas se citan y reproducen a partir de los códigos numéricos y de los textos incluidos en Brea 1996. Para el cómputo textual se utiliza la base de datos de la lírica gallego-portuguesa MedDB que el Centro Ramón Piñeiro para la Investigación en Humanidades pone en red (http://www.cirp.es); también se emplea la información bibliográfica BiRMED, facilitada desde la citada página web. Las otras composiciones en que aparece dõas son: 14,10 de A. Nunes, 38,3 de F. Esquio, 60,4 de G. Eanes do Vinhal, 63,54 y 63,82 de J. Airas, 79,28 de J. Soarez Coelho, 116,19 y 116,29 de P. Amigo de Sevilha, y 128,11 de P. Gonçalves de Portocarreiro. Téngase en cuenta que los tratados legislativos medievales mencionaban la expresión dar dõas con el significado de ‹arras›. Así Alfonso X declara en el Fuero Real: «se o esposso dalgua molher der alguuas doas ou panos ou alguas cousas a ssa esposssa e morrer o sposo…» (Pimenta 1946: 82).

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En el segundo caso (el límite para los regalos), se inscribe la c. 70,51. Se trata de una composición bastante particular, pues introduce rasgos novedosos en el género de la canción de mujer y en la que, como en los dos textos anteriores, se inserta en la construcción dar dõas. La enamorada no quiere conceder más prendas por la falta de lealdade y por la indiscreción del amigo. Recordemos que una obligación moral exigida por el código de la fin’amors imponía a ambos pretendientes guardar secreto sobre el amor que profesaban. En esta cantiga, no sólo es el amante el que descubre su relación, cuando se dice: E, se lh'eu mhas dõas desse, amigas, como soia, a todo-lo el diria (70,51 vv. 15-17)8

Sino que es también la voz femenina la que desvela el nombre del amigo: «en Guilhade» (v. 10).9 4. Por otra parte, los términos específicos a los que se alude mediante el genérico dõas son varios. Concretamente Guilhade menciona en sus versos cintas, cordas, baraça y touca.10 Los tres primeros mantienen una estrecha relación formal y conceptual, pues su función principal se centra en ser objetos utilizados para ceñir y atar la indumentaria (o el pelo), lo cual les confiere unas connotaciones simbólicas evidentes, asociadas a la fidelidad, a la pertenencia al otro e incluso puede denotar una fuerte carga erótica. Téngase en cuenta, como subraya Ria Lemaire, que «les symboles constituent la clef de voûte du langage amoureux» (1988: 126), siendo una de las partes más importantes la referida a la vestimenta. Desde el mundo clásico el ceñidor, el cordón y la cinta constituyen accesorios que sugieren una sexualidad, más o menos encubierta11, una línea sémica que continúa y se mantiene con variaciones de matiz a lo largo de la Edad Media. Recordemos a este respecto el significado emblemático del cordón de Melibea como prenda en La Celestina12, o las múltiples huellas que se encuentran en la poesía folklórica tradicional con cordones y cintas que los amantes atan y desatan (cf. Frenk 1987: nº 237, 415). En cuanto a la frecuencia de registros, dentro de la parquedad del campo sémico de las prendas, la cinta (o cintas) se erige como el término más ampliamente empleado, incluso más que el genérico dõas. Aparece un total de dieciséis textos en los cancioneros gallego-

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Además, el apelativo cabeça de can (v. 8), dirigido al amante, es insólito y coloca la cantiga a los bordes del género satírico. De hecho, es catalogada como «escarnio de amigo» en Brea 1996 y como «parodia da cantiga de amigo» en Gutiérrez 2006: 176. Guilhade utiliza la autonominatio en ocho de sus cantigas de amigo (cf. la composición citada antes, 70,6). Consúltese, al respecto, Videira 2000. Ya nos hemos ocupado de touca en Corral 2010, por lo que obviaremos aquí su análisis. En La Iliada los ceñidores de Hera y de Venus representaban símbolos de belleza, y el cinturón de ésta última detentaba, además, propiedades mágicas. Cf., sobre el valor de estas prendas, Deyermond 1977 y Gómez Moreno / Jiménez Calvente 1995.

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portugueses13, de los cuales un tercio pertenece a Guilhade. Repárese, por tanto, que este vocablo está bastante extendido en la poética y que es particularmente apreciado por este autor. Los cintos y cintas eran «peças ricas, que podiam alcançar grande valor ao confeccionarse não só de coiro ou tecidos como de seda, mas tambén de ouro, prata, pérolas e outras pedras preciosas» (Morán 2001: 242), siendo utilizadas tanto por hombres como por mujeres para ceñir difentes tipos de vestimenta. García Cuadrado comenta el empleo iconográfico en el siglo XIII de la cinta como tocado femenino, «una banda de color, anudada en la parte posterior de la cabeza» (1993: 152). En las imágenes que ilustran las Cantigas de Santa María se distinguen cintas rodeando la cabeza de las mujeres doncellas. En la fachada occidental de la catedral de Estrasburgo se puede contemplar una doncella portando una cinta como símbolo de la virginidad. Los contextos en los que aparece la cinta (o cintas) no se apartan de los vistos antes en dõas, con ciertas variedades y ampliaciones, como cabría esperar. a) La alusión a los límites en la concesión de las prendas por parte de la enamorada se refleja en la 70,21. Dice la amiga: May-la donzela que muyt'á servida o seu amigo, (esto lh'é mester) dé-lhi sa cinta, se lhi dar quiser (70,21 vv. 15-17)

Otras dos composiciones más de Guilhade se refieren a este escenario, de forma más particular y añadiendo más detalles (70,45 y 70,54). En ambas se repite la misma situación: el amante no se conforma con las prendas ya otorgadas y solicita más, encontrándose con la oposición de la enamorada, que se muestra segura y firme en su decisión de no concederle más. En la primera, se señala que, a pesar de que la amiga le hizo regalos tan personales e íntimos como la baraça, la cinta y la touca, el amigo se declara sanhudo: dou-vos esta baraça guardad'a cint'e a touca ca nunca ja esse preyto mig'amigo, será feyto (70,45 vv. 9-12)14

En la segunda (70,54) el amigo cambia su actitud a queixos' (v. 3): ella le dio «a cinta que tragia» (v. 4) y «a corda da camisa», «mays el demanda-m'outra torpidade» (v. 15). Cinta y corda destacan de forma particular en la composición: desde el punto de vista formal, por la colocación simétrica de cinta y corda en el 4º verso de la I y II estrofa; desde ––––––– 13

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Son las composiciones: 6,9 (de A. Lopez de Baian), 18,8 y 18,29 (de Alfonso X), 25,31 (de D. Denis), 46,1 y 46,5 (de F. Paez de Talamancos), 60,3 y 60,13 (de G. E. do Vinhal), 70,6, 70,21, 70,36, 70,38 y 70,54 (de Guilhade), 77,10 (de J. Servando), 85,11 (de J. Bolseiro) y 116,19 (de P. Amigo de Sevilha). Cf. sobre la cantiga Domingues 1992: 85.

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la perspectiva conceptual, más que prendas de intercambio amoroso parecen expresar un equívoco sexual.15 b) Por otra parte, se cita el intercambio de regalos, enunciado a través de cordas e cintas, como elemento de la casuística cortés. En un escarnio literario enmarcado en la polémica de las amas que se inicia cuando J. Soarez Coelho se atreve a contemplar como senhor a una ‹ama de cría›, Guilhade construye un contradiscurso satírico, mencionando el intercambio de cordas y cintas entre los amantes como un acto habitual de la fin’amors: cordas e cintas muitas ei eu dadas Lourenço, a donas e elas a mi (70,38 vv. 15-16)

c) Como variante de la anterior situación surge un contexto, muy común, en el que se alude a la entrega de la cinta por parte de la enamorada como señal de amor, sin que se mencione expresamente el acto recíproco por parte del pretendiente. Así, a pesar de la cinta que le regaló la protagonista (70,36 v.9), el amigo la abandona por otra mujer. La escena adquiere tintes bastante sugestivos, por último, en la 70,6. La cinta consigue una relevancia inusual en la construcción textual como elemento visual exhibido públicamente del compromiso de los enamorados. En la cantiga, ya citada antes a propósito de dõas, la protagonista –mostrando una actitud atrevida, ajena a la tímida enamorada tradicional de la canción de mujer–, declara sin pudor, ante las acusaciones de que el amante alardeaba de su cinta, que no sólo fue ella quien se la dio, sino quien se la mandó ceñir y ostentar. Se subraya reiteradamente en el refrán de las cobras: mando-me-lh'eu que s'enfinga de mha cinta e x'a cinga. (70,6 vv. 5-6 y ref.)16

En cuanto a los otros dos términos que servían para atar, corda y baraça, presentan un uso más restringido y menos relevante en los cancioneros. Corda se registra en media docena de textos17, dos pertenecientes a Guilhade y a los que ya nos referimos en el ––––––– 15

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Gutiérrez García cataloga la composición como un «escarnio de amigo» tomando como indicio principal esta alusión encubierta (2006: 176). En una cantiga de escarnio bastante obscena dirigida contra un clérigo (acusado de que su impotencia le impide satisfacer a su amiga Marinha), J. Servando utiliza parte de los mismos términos en clave satírica: Por aquesto, Dom Domingo, nom digades que m’enfingo de trobar: eu doutra cinta me cingo e doutra Martin Colhar (77,10 vv. 9-13 y ref.). 60,13 (de G. Eanes do Vinhal), 70,38 y 70,54 (de Guilhade), 85,11 (de J. Bolseiro), 118,11 (de D. Pedro de Portugal), 120,43 (de P. da Ponte).

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apartado anterior, pues siempre se inserta este término en asociación con cinta, con el que mantiene una evidente función de sinonimia. Nos detenemos en la c. 70,54. El núcleo léxico corda es modificado por la alusión a la pieza de la vestimenta que ciñe, la camisa. La secuencia léxica corda da camisa es sólo empleada en otro lugar en los cancioneros por un poeta coétaneo de Guilhade, G. Eanes do Vinhal (60,13 v.15), con el que mantiene evidentes conexiones. Do Vinhal vivió también alrededor del círculo alfonsí y en su cancionero introduce referencias a las prendas de amor (aparte de la citada, en las cc. 60,3 y 60,4). La camisa era una pieza muy común de la época medieval y pertenecía al ámbito de la vestimenta interior, lo cual añade al objeto insinuaciones evidentes de tipo erótico.18 Por otra parte, hay que tener en cuenta la perspectiva formal al situarse este sintagma en posición final de verso en la composición; las cuestiones rimáticas pudieron ser aquí también relevantes a la hora de su inclusión. Finalmente nos referiremos a un término bastante desconocido, baraça. Procedente del árabe maraça, es un vocablo tan poco usual en los cancioneros que sólo se registra en otra composición (de escarnio). Aquí no aporta la significación de prenda de amor, sino que se mantiene el sentido propio de la palabra.19 El Diccionario de los Machado señala como acepción ‹cordón para cinxir la camisa ao corpo› (DELP: I, 388).20 Funciona, por lo tanto, como sinónimo de los dos objetos anteriores, corda y cinta. Guilhade, una vez más, emplea un léxico particular y único, al insertar un término raro –o de escaso uso– en un contexto amoroso, en donde los cánones tipológicos fijaban un determinado vocabulario para combinar en los versos. 5. En conclusión, las prendas de amor se inscriben como un motivo de la casuística cortés y constituyen un campo semántico que destaca por el significado emblemático y simbólico que aportan, sobre todo, en el género de la cantiga de amigo. Todos los elementos citados por Guilhade pertenecen al ámbito de la indumentaria femenina, destacando los objetos usados para ceñir alguna vestimenta (íntima, a veces) o para tapar el pelo (touca). Su uso no es ciertamente muy habitual, si bien tampoco se puede considerar raro. Guilhade, haciendo gala de su maestría, recoge motivos ya consolidados imprimiéndoles diferentes y variados significados (dõas, cintas, cordas), e introduce otros desconocidos (baraça) o en contextos novedosos (corda da camisa), como es habitual en su producción poética, caracterizada en el aspecto temático por la renovación e innovación.

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Sobre el uso de camisa en el ámbito gallego-portugués, consúltese Morán 2001: 124-129, así como Lorenzo 1990: 218. J. de Gaia menciona en sus versos «en saia de baraça» (66,7 v. 8); relacionado con este término se documenta baraçeo en el escarnio 116,23 de P. Amigo de Sevilha. Lorenzo 1977 no registra el término en su glosario.

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Elmar Eggert

La variación de designaciones en el lenguaje específico del castellano del siglo XV (en dos traducciones independientes de la enciclopedia latina de Bartolomé el Inglés)

Introducción: el período de transición La lengua castellana se desarrolla notablemente durante el reinado de Alfonso X, sobre todo por la vasta producción literaria y las traducciones de la escuela de Toledo. Se inicia, en el siglo XIII, la elaboración sistemática del lenguaje científico, como ya formuló Clavería Nadal (2004: 494): «En las traducciones elaboradas en el taller alfonsí se empiezan a gestar por primera vez en la historia del español diversas nomenclaturas pertenecientes a varias ciencias y técnicas». Así, el español adquiere cada vez más palabras formadas, creadas o prestadas para que expresen las nuevas ideas recibidas en textos ajenos o por la renovación de las condiciones histórico-sociales y científico-filosóficas. Aunque el castellano se sitúa todavía en plena Edad Media, la lengua va adoptando, en los siglos posteriores, las estructuras del español moderno. Es en esta fase muy decisiva del cambio del español antiguo al español moderno, en la que se puede investigar la formación de una lengua «oficializada». Steven Dworkin denomina los siglos bajomedievales como período de transición, tal como ya lo hizo Menéndez Pidal en su Historia de la lengua española (2005: 593-599). Dworkin, a su vez, se refiere no sólo a las estructuras gramaticales, como p.ej. Eberenz (1991), quien postula un «español medio»; sino también al léxico. Evoca, por un lado, la eliminación de palabras y, por otro lado, la introducción e incorporación masivas de latinismos en el español bajomedieval, sobre todo para el lenguaje especializado. Schmitt (1992: 310) confiere un papel importante precisamente a estos registros: «Junto con la ‹poesía cortesana-cultista (sobre todo latinizante) del siglo XV› [...] fueron los lenguajes especializados los que produjeron un cambio decisivo, tanto cualitativo como cuantitativo, de la lengua española».

La ampliación de la lengua La consolidación de la lengua para comunicaciones oficiales se realiza –como es bien sabido– en diferentes aspectos y en muchas fases que se vislumbran, p.ej., en el modelo de

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evolución lingüística de Einar Haugen (1966). La primera fase de la selección concierne a la determinación de una variedad (diatópica) para servir de medio de comunicación oficial, p.ej. en los ámbitos jurídico, político o económico. Esta variedad, al mismo tiempo, tiene que disponer de elementos lingüísticos capaces de cumplir con las funciones de un medio de comunicación. Le hace falta disponer de un caudal de palabras que le permita referirse a todo tipo de objetos, realidades o pensamientos (cf. Chabás 2001). Es este aspecto interno de enriquecimiento lingüístico el que se puede observar, sobre todo, a partir de la penetración del castellano en la corte alfonsí como lengua jurídica. Lo señala César Hernández (1992: 360): Los siglos XII y XIV fueron realmente los de la fijación del castellano y de su conversión en lengua de cultura [...]. El siglo siguiente se caracteriza por el intencionado enriquecimiento de la lengua, ennobleciéndola con préstamos importados, preferentemente del latín y del italiano, en ocasiones innecesarios.

La codificación de la lengua La codificación posterior de la lengua se basa en este enriquecimiento y se logra, primero, por la reducción de formas sinónimas y, segundo, por la fijación de las formas y sus significados. La ampliación del léxico, a causa de la necesidad de designar nuevos conceptos y objetos, llegó a tal punto que se manifestó en una multitud de variantes sinónimas. Esta variación no contribuye, sin embargo, a un lenguaje claro, sobre todo para el ámbito jurídico; por lo cual se procede a la segunda fase de selección de variantes, que conlleva la eliminación de muchas formas. A este fenómeno se le llama reducción o pérdida léxica, que se manifiesta también en la comparación de nuestras traducciones, como veremos más adelante.

El grado de fijación Como la lengua es un producto social que se basa en la convención no es suficiente tener a disposición un sinfín de palabras, sino que es necesario tener además formas fijadas de las palabras, con un significado determinado ya aceptado. Las palabras tienen que ser conocidas y estar aceptadas por los miembros de la comunidad lingüística o los portadores de los discursos de la época. Eso vale tanto más para el discurso especializado que hace referencia a objetos, a realidades muy precisas y bien delimitadas o a construcciones abstractas únicas. Si la designación no llega a referirse a la entidad intencionada, la comunicación especializada fracasa. Por eso, el grado de fijación de las palabras es importante para poder hablar de un léxico especializado provechoso.

Designación y variación La designación es un proceso del habla que relaciona un elemento lingüístico con una clase de objetos del mundo extralingüístico (cf. Hilty 2001: 910) y hay que diferenciarla de

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la denotación que vincula una entidad real o ficticia concreta a una unidad léxica. En ambos casos, la enunciación se dirige hacia cierta interpretación, por la selección de una palabra con un significado determinado. La relación entre el objeto del mundo extralingüístico y la manifestación lingüística es –como es bien sabido– bastante débil y variada, lo que ayuda a los hablantes a referirse a elementos por vías totalmente distintas, según sus intenciones respectivas. Como los elementos del mundo extralingüístico son percibidos por los hablantes como pertenecientes a clases de objetos, estos conceptos designan normalmente y denotan, en casos singulares, un ejemplar concreto único. La variabilidad de la designación es diferente en el lenguaje específico, para el cual es necesario tener una designación exacta y, en muchos casos, libre de evaluaciones o interpretaciones divergentes. Eso quiere decir que, en textos específicos, la designación de una entidad tiene que ser lo más constante posible. Si por la designación no se logra una correspondencia biunívoca, la aserción puede ser malinterpretada.

Traducciones como objeto de análisis de la fijación léxica Leyendo los textos bajomedievales topamos con un léxico que está en vías de fijarse. El grado de fijación de las unidades sólo se puede medir comparando textos que usen designaciones constantes (= referencia a clases referenciales idénticas). Esta constancia de la clase referencial la tenemos más asegurada partiendo de un texto idéntico, es decir, recurriendo a distintas traducciones de un texto. Si comparamos dos traducciones diferentes e independientes de un texto específico, podemos ver si la referencia a una entidad se hace por las mismas palabras o si, por el contrario, hay discrepancia en la terminología. En este caso, la terminología puede ser no fijada o, entretanto, haber cambiado. Claro está que dos traducciones nunca son idénticas, pero en cuanto a la terminología o a designaciones específicas, podemos percibir si un término ha cundido con un significado estable o no.

Breve descripción del Liber de proprietatibus rerum Entre las diferentes enciclopedias medievales destaca el Liber de proprietatibus rerum (LPR) de Bartolomé Ánglico por su vasta difusión hasta el siglo XVI. Fue redactado en latín a mediados del siglo XIII (~1240) por el franciscano Bartholomaeus Anglicus o Bartolomé el Inglés y es una de las tres grandes enciclopedias de la Alta Edad Media, junto con el Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré y el Speculum maius de Vincente de Beauvais de mediados del siglo XIII. El LPR quería presentar el mundo visible e invisible con el objetivo principal de explicar todos los lexemas y nombres propios de la Biblia que requerían esclarecimiento. Pero no se limitó a conceptos bíblicos, sino que incorporó también nociones y nombres propios que no figuraban en la Biblia para completar la nomenclatura de su tipología. El saber del mundo está ordenado según la perspectiva cristiana, parte de Dios y la esfera celeste de los ángeles, continúa explicando el hombre con sus cualidades, pasa después al mundo físico sublunar y termina describiendo

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fundamentos, orígenes y variaciones de los elementos naturales como los colores, licores y sabores. La influencia de la enciclopedia de Bartolomé el Inglés fue la más amplia de todas a causa de su clara presentación y debido además a la limitación de su extensión. La obra se tradujo a muchas lenguas romances, con lo que los conocimientos se ponían también al alcance de miembros de la nobleza laica que no tenían conocimientos suficientes para comprender tratados enteros. Hay traducciones a muchas lenguas (al italiano en 1309, al francés por Jean Corbechon en 1372, al inglés en 1398) y en el siglo XV se realizó la conocida traducción española de Vicente de Burgos, impresa en 1494 en Tolosa (Francia). Siguió de cerca la versión francesa de Corbechon, pero cotejando a veces manuscritos del original latino. Esta traducción está disponible en una transcripción electrónica en ADMYTE, bastante imperfecta. Además, hay otra traducción anterior al castellano que únicamente se conserva en un manuscrito en la British Library (Ms. Add. 30037) y que, hasta ahora, ha sido poco estudiada. Se trata de una redacción distinta y totalmente independiente del siglo XIV. Para poner este texto al alcance de la investigación estamos preparando una edición, primero en partes, del texto castellano. Para diferenciarlas, vamos a designar cronológicamente el manuscrito anónimo con la abreviatura Ms. y la versión castellana impresa de Vicente de Burgos con VB.

Análisis de las designaciones Reducción del abanico de formas sinónimas: lo caliente y lo frío, la superficie En cuanto a los conceptos abstractos, que son fundamentales para el lenguaje especializado, comprobamos en la traducción posterior de VB una reducción de las formas derivadas en comparación con la traducción del manuscrito. Mientras que el traductor del manuscrito se refiere a la cualidad abstracta del frío mediante los dos sustantivos sufijados frialdat y friura, VB ya sólo emplea la palabra frialdad. Lo mismo sucede con el polo opuesto, lo caliente, que corresponde a las formas sufijadas calor, calura y calentura en el manuscrito. En la traducción de VB ya sólo tenemos calor, aunque todavía con el artículo vacilante el o la. Otra diferencia en la terminología es la traducción de la palabra latina superficies. En el libro 19 del texto latino aparece 22 veces la palabra superficies, el manuscrito muestra dos veces superfiçie, pero 19 veces sobre faz / sobrefaz. Sin embargo, en VB encontramos la palabra superficie 10 veces, mientras que sobrefaz no aparece en absoluto. Es decir que la formación de un equivalente castellano a la palabra latina superficies, con material romance (sobrefaz), se ve suplantada por el cultismo superficie, como indica la consulta del corpus histórico CORDE con atestaciones absolutas y relativas.

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Análisis de las designaciones de los cuervos Aprovechamos la ventaja de disponer de dos traducciones independientes del mismo texto para llevar a cabo la comparación de las designaciones en el ámbito de las aves, con el fin de comprobar el grado de fijación de los términos específicos. Al hacerlo habrá que tener en cuenta las relaciones terminológicas.

La relación entre taxonomía especializada y común Las distinciones de los expertos se desarrollan también en el eje diacrónico y se basan en criterios científicos, modos de comportamiento, aspecto físico o lo que sería hoy la genética, etc.1 Sin embargo, la taxonomía de un ámbito, es decir el reflejo lingüístico de las diferenciaciones, depende de las agrupaciones o conceptualizaciones que los hablantes se hacen de los referentes. Si los expertos proceden a distinciones más finas, aun si éstas a menudo no se difunden, necesitan para cada subgénero así determinado una denominación, por lo común en latín, y en algunos casos acompañados de un nombre común. Sin embargo, sólo las distinciones habituales y tradicionales se reflejan en la lengua no especializada; éstas son visibles en nombres diferentes para las especies. Por consiguiente, hay que distinguir entre la taxonomía especializada y las distinciones populares. Cuando las dos terminologías se corresponden, tenemos dos casos básicos: a) si en español tenemos dos palabras para especies semejantes de una familia, eso quiere decir que son consideradas dos especies distintas, p.ej. el cuervo y la corneja; b) Si no se han diferenciado dos tipos de un género, se consideran pertenecientes a una familia y no reciben más que un nombre en el lenguaje común y especializado, p.ej. el cisne blanco o negro. Por el contrario, cuando la terminología popular discrepa de la diferenciación especializada, hay dos casos más complicados: c) Puede suceder que los biólogos no distingan algunos representantes de un género, p.ej. el grajo y la corneja, pero que los hablantes vean en ellos dos tipos distintos. Luego, la terminología popular dispone de dos términos para una especie. El caso d) es el más frecuente, cuando hay una palabra en el lenguaje común para un género que se divide científicamente en muchas especies, con nombres latinos sin equivalentes en el lenguaje común. En suma, los hablantes se forman una denominación (basada en algunos criterios), según sus clasificaciones y su saber enciclopédico. Observemos los ejemplos de las traducciones de nuestro texto. En la traducción se complica la diferenciación por el influjo de la lengua de origen.

Las traducciones de cornix y monedula Veamos la descripción de las aves semejantes al cuervo, con el fin de examinar la postura de los traductores acerca del problema de la designación de tipos diferentes de aves. ––––––– 1

Las diferenciaciones pueden surgir por razones etimológicas.

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La existencia de casi todas las especies de aves en el transcurso del tiempo la damos por supuesta. En nuestro caso, los traductores hallan tres palabras diferentes del latín en su texto que los incitan a suponer tipos diferentes de aves: cornix, corvus y monedula. Les queda la obligación de interpretar las afirmaciones del texto para identificar el ave designada. Primero van a pensar que son dos aves diferentes, porque reciben dos artículos distintos con término diferente: cornix y corvus. La tercera ave mencionada en el texto, monedula, puede ser una especie aparte o una subespecie de las primeras. Los términos pueden, entonces, estar en una relación de hiperonimia englobando a todas las especies semejantes. Es posible que, en el texto latino, los artículos no pretendan cubrir la totalidad de las especies, sino una selección, pero en este caso resultaría sorprendente que se distingan dos aves muy parecidas y otras semejantes no se incluyan. Es más probable que se trate de distinciones usuales en la época, pues no se diferenciaban más especies. La ciencia actual, sin embargo, pormenoriza las distinciones de las aves.

Adopción de conceptos en la traducción Partiendo del texto original, los hablantes, en nuestro caso los traductores, tienden a dirigirse hacia las agrupaciones del texto de origen. No obstante, si constatan una diferencia en la agrupación, de modo que en su lengua materna haya que seguir una diferenciación divergente y bien aceptada, la van a cambiar. P.ej. la traducción del alemán Haar lleva inevitablemente a la selección de una de las dos palabras cabello o pelo, reflejando dos concepciones diferentes de lo que en el ámbito alemán sólo es uno. De modo inverso, las dos palabras Blüte y Blume se traducen fácilmente por flor, pero por falta de precisión en la expresión permiten la adjunción de alguna explicación (sintagmática).

Traducciones en el Ms. y en VB Si los traductores2 no llegan a diferenciar claramente dos especies de aves, partiendo de su saber y de sus conceptos del mundo, tendrían dos soluciones: a) unificar los dos artículos y hablar de un tipo de ave con el término que les parece adecuado; b) reconocer que se trata de dos aves diferentes que hasta el momento no se han diferenciado, ni en su cultura ni en la lengua. En este último caso tienen que crear o encontrar un término que designe el ave y fomentar así la diferencia de la otra especie. Queda por ver 1) si la diferenciación de las especies cunde y 2) si se mantiene el término del texto de origen. Veamos el extracto de las aves en cuestión con las designaciones de las palabras en las traducciones. Se nota que los traductores identifican las aves de manera concienzuda y deliberada, porque no vacilan en sus denominaciones. La identificación y traducción de cuervo no plantea ningún problema en ninguna traducción. Sin embargo, cornix no tiene traducción ––––––– 2

Los traductores no se comportan de manera muy distinta a la de los otros hablantes en esta fase de la lectura, comprensión e interpretación del texto de partida, sólo tienen conocimientos de la otra lengua que les pueden ser útiles para la formación de una palabra.

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única. Constatamos que el traductor del manuscrito se ha decidido a traducir tanto monedula como cornix por corneja, mientras que Vicente de Burgos diferencia entre las dos aves y elige graja como traducción de cornix, identificando el ave que lleva la denominación latina cornix y que hoy en día llamamos corneja, siendo la graja. Para la monedula no dispone de palabra romance e introduce el latinismo monedula que, en lo sucesivo, desaparece.3 Constatamos una variación de designación de las aves, unas veces con la palabra corneia, otras con graja. Se nota claramente la diferencia de estrategia de la traducción. Por una parte, comprobamos que el traductor del manuscrito unifica las aves (solución a), mientras que VB reconoce la distinción que no ve reflejada en la lengua y opta por enriquecer el castellano con un préstamo del latín (solución b).

Hacia el estado actual de taxonomía Compárense las atestaciones absolutas y relativas de las palabras: en el siglo XIV se documenta sobre todo corneia (18 atestaciones), en pocas ocasiones graja (7); pero, un siglo más tarde, en tiempos de Vicente de Burgos, es la palabra graja la que más se usa (53), al lado de corneia (43). Las cifras relativas (en cuanto al número de palabras de cada siglo) sustentan la tendencia. Lo que destaca también es el declive en el uso de la palabra femenina graja. La palabra grajo no aparece hasta el siglo XVI de manera patente, pero se convierte en la palabra más usada en la lengua del siglo XX, a lo mejor en ciertas tradiciones discursivas. Según las clasificaciones actuales, grajo y corneja son lo mismo, es decir, las cornejas son tipos de grajos, emparentados con la graja. Ambas palabras se han mantenido en español, pero se han diferenciado para poder distinguir más subespecies de lo que se solía hacer antes; graja también ha servido de base para la derivación a grajilla. Como grajilla no aparece en absoluto en los corpus del español, se puede deducir que no es palabra muy conocida ni usada y sigue siendo un término del lenguaje especializado, probablemente por el hecho de la gran dificultad de distinguir esta ave de las otras especies.

Análisis de las designaciones de las lechuzas Las designaciones de las lechuzas también varían en las traducciones. El texto original contiene tres artículos que describen lechuzas con los tres lemas bubo, nycticorax y ulula, cuya identificación se hace difícil. El autor del texto tiene a disposición, para la designación de las lechuzas, estas tres palabras en latín, tal vez sin conocer la distinción exacta entre las tres especies de lechuzas. Además, es probable que bubo o nycticorax se usen en latín como hiperónimos para indicar la familia de las lechuzas. Las afirmaciones del texto no las diferencian claramente por criterio alguno, lo que dificulta la labor de los traductores ya en la fase de la interpretación del texto original. Como las traducciones no se pueden juzgar de forma aislada, hay que tener en cuenta el conjunto de términos emparentados. ––––––– 3

En CORDE no hay ocurrencias de la palabra monedula, salvo la palabra latina.

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Elmar Eggert

El traductor del manuscrito se deja llevar por la forma etimológica, por lo que relaciona bubo con las formas evolucionadas bufo o búho. VB, al ver la traducción francesa de chahuan, parece haberse decidido por el sentido de hiperónimo al elegir la palabra mochuelo para reflejar bubo. El término que aparentemente se emplea como hiperónimo es nycticorax en latín, que, por consiguiente, se traduce por la palabra general lechuza en ambas traducciones. No hay variación de designación para esta palabra. La designación ulula, que hoy en día podría ser la surnia ulula ‹la lechuza gavilana›, probablemente no corresponde a la especie concreta de un género, sino a un tipo cualquiera de lechuza. El traductor constata que es otro tipo de lechuza para el cual no tiene término y otra vez se decide por introducir al castellano el latinismo –con adaptación morfológica por el sufijo diminutivo– para adoptar la diferenciación en la lengua. Tampoco esta vez su propuesta se impone.

Conclusión En el período de transición de los siglos bajomedievales podemos darnos cuenta de unos cambios muy importantes en el léxico. La primera fase de la ampliación mediante la formación, creación o prestación de vocablos declina. Mientras que muchas variantes son eliminadas (friura, calura, calentura, sobre faz), en otros ámbitos sigue la necesidad de introducir neologismos, sobre todo en el ámbito de los lenguajes especializados. Como los términos del lenguaje especializado todavía no están bien fijados y las designaciones todavía varían, se constata el afán de construir sistemas taxonómicos con términos fijos. Así se nota en nuestra traducción del siglo XV una conciencia de establecer, adoptar o mantener diferenciaciones –como lo hemos visto en el ejemplo de los cuervos o de las lechuzas–, mientras que p.ej. la traducción anterior renuncia en algunos casos a subcategorizaciones y unifica varias especies bajo un hiperónimo. De este modo se verifica la importancia creciente del desarrollo del lenguaje especializado en la mente de los traductores, patente así en el cotejo de las traducciones castellanas del LPR.

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La variación de designaciones en el lenguaje específico del castellano del siglo XV

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Cristina Florescu

Les particularités lexicales du roum. linişte ‹tranquillité; silence› vs. ses équivalents français

1. Le cadre du champ notionnel Nous proposons une analyse des notions centrales comprises dans le champ notionnel désigné en roumain principalement par linişte, tăcere, pace, calm et délimité, en français, notamment à l’aide de silence, tranquillité, paix, calme. Notre étude vise, donc, les noms – c’est l’un des critères de sélection des lexèmes analysés. La sélection lexicale s’appuie sur la bibliographie suivante: a) dictionnaires roumains et français (spécialement celles indiquées dans la liste bibliographique finale). b) tous les textes de la bibliographie du DLR – la liste compte environ 2300 titres (littéraires, dialectaux, anciens, contemporains) – compris dans un logiciel en déroulement ayant pour objectif de créer une base de données sans précédent dans la recherche linguistique et informatique sur la langue roumaine. c) le Frantext catégorisé: http://www.frantext.fr/frtcategpass.htm. d) des adresses sur l’internet comme: www.infoportal.ro/articol (date d’accès: 01.01.2007-20.12.2007). On peut représenter concisément le champ notionnel comme suit: ‹absence d’agitation humaine (physique et psychique); absence de troubles, de perturbations atmosphériques; équilibre de l’âme ou atmosphérique; silence humain ou silence général de la nature, de l’atmosphère›. En dissociant les faits, il s’agit de quatre idées centrales (chacune comprenant/reflétant un faisceau significatif de sens, une fréquence représentative et une distribution diatopique significative). D’une part a) état d’équilibre, de calme, de tranquillité de la nature, de l’atmosphère, d’un certain lieu / endroit de la nature, etc.; b) état d’équillibre (physique et / ou psychique), de calme, de tranquillité d’une personne, d’un individu, état de tranquillité de son âme; c) état d’équillibre, de calme, de tranquillité d’un groupe social (population d’un pays, d’une localité, membres d’une famille, etc.); d’autre part d) absence d’une certaine manifestation sonore: a. bruit b. parole

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Cristina Florescu

2. Brève presentation du champ notionnel en français Le subst. masc. silence est emprunté au lat. SILENTIUM ‹silence›. Ce mot dénote et renferme dans son noyau central les idées no. 1, 2 et 4. La plus fréquente est la dernière qui désigne: ‹l’état de celui qui s’abstient de parler, fait de ne pas parler›, ‹se taire›, ‹fait de ne pas exprimer sa pensée oralement ou par écrit›, ‹calme, cessation de toute sorte de bruit›. Les sens désignés par les idées mentionnées sont utilisés avec une fréquence intensive et extensive qui rend les exemples inutiles. Les valeurs sémantiques de silence désignant ‹l’état d’équillibre, de calme, de tranquillité d’une personne, d’un individu, de son âme› ont des utilisations fréquentes, par exemple: «le silence de mon coeur me plongera dans le sein de la nature, et vous m’y verrez sans colère» (Estaunie, E. (1896): L’empreinte, 344) ou «Peut-être ce silence, c’est seulement le silence de mon coeur» (de Beauvoir, S. (1954): Les Mandarins, 576) ou «l’abbé de Prémord ne damnait personne et me permettait cette hérésie dans le silence de mon coeur» (Sand, G. (1855): Histoire de ma vie, 313). Le groupe sémantique le moins utilisé de silence est ce que comprennent les valeurs sémantiques désignant l’idée no. 3: état d’équillibre, de calme, de tranquillité d’un groupe social (population d’un pays, d’une localité, membres d’une famille etc.). Paix subst. fém. (< lat. PAX, PACIS) renferme dans son noyau sémantique central les idées no. 1, 2 et 3. La plus étendue et la plus fréquente est la troisième, à savoir ‹état d’équilibre, de calme, de tranquillité d’un groupe social›. La position la plus faible appartient à l’idée no. 4 qui désigne l’absence d’une certaine manifestation sonore. Tranquillité subst. fém. – emprunté au lat. TRANQUILLITAS ‹calme (de la mer, du vent)› – est le moins étendu et le moins fréquent de la série. La distribution des idées sémantiques no. 1, 2 et 3 est relativement égale. La position la plus faible appartient toujours à l’idée no. 4 (l’absence de bruit et de paroles). Calme subst. masc. est le plus récent, on le trouve en français depuis le XVème s. Son sens originaire désigne l’immobilité de la mer, l’accalmie de l’atmosphère. 3REW (no. 1779) et FEW considèrent qu’il est emprunté à l’italien, alors que TLFi accepte le point de vue conformément auquel le gr. χαΰµα ‹forte chaleur› est venu en français plutôt par l’intermédiaire d’une langue ibérique, probablement le catalan. Le mot comprend les quatre idées, la dernière, bien développée, fonctionnant analogiquement, au figuré. Par exemple: le calme de la campagne, de la nuit, d’une église. La synonymie avec silence, à cet égard, est toujours marquée lexicographiquement.

Les particularités lexicales du roum.linişte ‹tranquillité, silence› vs. ses équivalents français

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3. La situation du champ notionnel en roumain La série lexicologique prototypique roumaine renfermée dans ce champ notionnel comprend quatre mots dominants: linişte, tăcere, pace, calm. Tăcere subst. fém. a une position caractéristique pour les infinitifs longs du roumain présentés comme substantifs issus de verbes. Il provient du vb. roum. a tăcea ‹se taire›, ‹garder le silence› d’origine latine (< lat. TACĒRE). Il renferme seulement l’idée no. 4 et il est très bien développé du point de vue diaphasique, diatopique, dastratique. Sa fréquence est représentative pour l’idée qui exprime ‹le manque, l’absence d’une manifestation sonore (bruit ou parole)›. En français on dit (en utilisant silence): rompre le silence, le roumain utilise seulement a rupe tăcerea (et non pas *a rupe liniştea, par exemple). Le silence est d’or se traduit d’une manière obligatoire par son équivalent: tăcerea e de aur (proverbe très connu). Pace (< lat. PAX, PACIS), du point de vue de la distribution des idées prises en considération, présente la même situation que le mot français. Respectivement, pace renferme les idées no. 1, 2 et 3, dont la plus étendue et la plus fréquente est l’idée no. 3, ‹état d’équilibre, de calme, de tranquillité d’un groupe social›. L’idée no. 4 est très faible. Ex: pacea nopŃii ‹la paix de la nuit›, pacea padurii ‹la paix des bois›; pacea sufletului ‹la paix de l’âme›, pacea gândurilor ‹la paix des pensées›, lasă-mă in pace ‹Laisse-moi en paix!; Fiche-moi la paix!; Fous-moi la paix!; La paix!›; Ńara pe timp de pace ‹le pays en temps de paix›, cei doi duşmani au facut pace ‹les deux ennemis ont fait la paix›, familia manîncă în pace ‹la famille mange en paix›. Calm subst. neutre est un néologisme du XIXème s., emprunté au fr. CALME. La structure lexicale du substantif (nous ne prenons pas en considération l’adjectif calm, calmă) renferme toujours les idées no. 1, 2 et 3: Ex: calmul mării ‹le calme de la mer›, bărbatul afişează un calm imperturbabil ‹cet homme affiche un calme imperturbable›, e calm în Ńară ‹la situation est calme dans le pays›. Les idées numéros 2 et 3 comprennent les utilisations les plus amples et les plus fréquentes. L’antonymie avec état de nervosité engendre des locutions adverbiales qui sont en train d’enrichir leurs utilisations surtout dans le langage d’internet actuel (on peut invoquer aussi l’influence de l’anglais calm (le sens ‹confident, self-assured›): cu mult calm connaît des occurrences explosives spécialement dans le groupe des verbes d’attitude, de mouvement (les petits gestes et les gestes amples) et verba dicendi: observă, critică, rînjeşte cu mult calm ‹il observe, critique, grimace avec beaucoup de calme› curăŃă, desenează, sare, păşeşte cu mult calm ‹il nettoie, dessine, saute, marche avec beaucoup de calme› vorbeşte, minte, se exprimă cu mult calm ‹il parle, ment, s’exprime avec beaucoup de calme›

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Puisque la structure sémantique du roumain est moins connue (le Dictionnaire de l’Académie Roumaine DLR est en train d’être finalisé), nous vous présentons la synonymie du roumain pour ce groupe notionnel hiérachisé du point de vue du rapprochement du centre prototypique où nous avons placé les quatre mots présentés dans notre communication. 1. Dans la langue ancienne, moderne et contemporaine, populaire et littéraire, sur tout le territoire du pays: liniştire ‹apaisement› < vb. roum. LINIŞTÍ < roum. LINIŞTE tihnă ‹tranquillité; paix› < vb. roum. TIHNÍ < a. sl. TIHNIATI potolire ‹apaisement› < vb. roum. POTOLÍ < slvn. *POTOLITI

2. Dans la langue (littéraire) ancienne, sur tout le territoire du pays: (vieilli, pop.) tihneală ‹tranquillité; paix› < vb. roum. TIHNÍ < a. sl. TIHNIATI (vieilli) lin ‹calm al apei, al atmosferei; linişte sufletească› ‹le calme de l’eau, de l’atmosphère; le calme de l’âme› < lat. LENUS

3. Dans la langue littéraire (ancienne): comoditate ‹commodité› < fr. COMMODITÉ confort ‹confort› < fr. CONFORT odihnă ‹repos› < vb. roum. ODIHNÍ < bg. OTDIHNA răgaz ‹répit, trêve› < ? repaus ‹repos, pause› < m. lat. REPAUSUM astîmpăr [al omului] ‹cesse› [cf. ‹n’avoir (point) de cesse que›] < vb. roum. ASTÎMPĂRÁ < m.lat. *EX-TEMPERARE acalmie < fr. ACCALMIE

4. Synonymie partielle: (vieilli) molcomire ‹apaisement, rémittence, atténuation, adoucissement, soulagement› < vb. roum. MOLCOMÍ < adj. roum. MOLCOM,- Ă < bg. МЪЛКОМ (vieilli et pop. [poétique]) aşezare [= odihnă, astîmpăr] ‹apaisement, rémittence› < vb. roum. AŞEZÁ < lat. *ASSĔDIARE (vieilli) aşezămînt [= odihnă; potolire a unei răscoale] ‹repos; diminution de l’intensité d’une révolte› < vb. roum. AŞEZÁ < lat. *ASSĔDIARE (vieilli) odihneală [= linişte sufletească] ‹calme de l’âme› < roum. ODIHNĂ (vieilli) păciuire [= pacificare; împăcare] ‹pacification, (ré)conciliation› < roum. PACE (vieilli) răsuflare [= odihnă] ‹repos, souffle› [cf. reprendre son souffle] < vb. roum. răsuflá < RĂS- + vb. roum. SUFLÁ < m. lat. SUFFLARE (vieilli) linitate ‹tranquillité; silence› < roum. LIN

5. Synonymie partielle: (vieilli; rég. Munt., Mold.) paos [= linişte a naturii; repaus al omului] ‹accalmie, calme de la nature, repos de l’homme› < m. lat. *PAUSUM

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(vieilli, rég. Mold., Maram.) răzbun [= pace a grupului social; pace sufletească] ‹trêve› < prbl. vb. roum. RĂZBUNÁ [= vremea se răzbună ‹le temps se met au beau›] (rég. Olt., Munt.) potol [= astîmpăr al omului] ‹apaisement, adoucissement de l’homme› < vb. roum. POTOLÍ < slvn. POTOLITI (rég. Tr.) ogod [= linişte sufletească] ‹calme de l’âme› < slvn. OUGODЪ (rég. Tr.) tiposire [= tihnă a omului] < vb. roum. TIPOSÍ < ngr. τύπωσα (aor. τυπώνω) ‹paix, repos de l’homme› (rég. Tr., Olt.) tacă [= tăcere] < roum. TĂCERE ‹silence›

6. Synonymie partielle: (vieilli, rare) liníe [= linişte atmosferică] ‹calme atmtosphérique› < roum. LIN (vieilli, rare) lineaŃe [= linişte sufletească] ‹calme de l’âme› < roum. LIN + -eŃe (cf. blîndeŃe) (grécisme vieilli; Munt., Mold.) isihíe [= odihnă, tihnă (sufletească, socială)] ‹repos, paix [de l’âme, social(e)]› (vieilli, latinisme; aujourd’hui ironique) silenŃiu ‹tranquillité; silence› < lat. SILENTIUM

7. Synonymie partielle: (fig.) destindere ‹détente› < vb. rom. DESTINDE < DES- + (ÎN)TINDE (fig.) senin ‹sérénité < m. lat. SERENUS, -A (fig.) seninătate ‹sérénité› < SENIN

8. Synonymie partielle: (registre courant) st! ‹chut!› (populaire) Ńist! (argotique et populaire) mucles! ‹ta gueule!›

4. Le caractère spécifique de linişte dans le groupe des dérivés roumains en -işte1 Linişte est le plus représentatif pour le champ notionnel pris en considération, exprimant ‹les états d’équilibre, d’harmonie de la nature (humaine et atmosphérique), l’absence d’agitation, de bruit (humain et atmosphérique)›. Les quatre idées mentionnées plus haut se sont toutes développées d’une manière presque égale en dépit du fait que ce mot est relativement nouveau en roumain (par comparaison à pace et tacere). Pour ce qui est de son origine, toutes les sources le considèrent comme dérivé de l’adjectif roum. lin, lină (qui comprend aussi quelques valeurs substantivales) à l’aide du ––––––– 1

L’analyse de dérivés roumains en -işte a été comprise in extenso dans le projet CNCSIS (code 1609, a. 2007-2008): DLRI. Bază lexicală informatizată. Derivate. ‹Base lexicale informatisée. Dérivés›.

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Cristina Florescu

suffixe roumain -işte, transporté dans la langue roumaine par des mots slaves, d’origines différentes: slave ancien boişte ‹locul unde se găseşte o mulŃime de boi [endroit où se trouve un troupeau de bœufs]› < a. sl. BOJIŠTE; bolişte ‹epidemie [épidémie]› < a. sl. BOLIŠTE, cf. CADE; capişte ‹1) templu antic [temple antique]; 2) biserică neortodoxă [église non orthodoxe]› < a. sl. KAPIŠTE; lovişte ‹vîltoare, furtună [tourbillon, tempête]; tulburare sufletească [trouble de l’âme]› < a. sl. LOVIŠTE, etc. slavon tîrgovişte ‹loc unde se desfăşoară tîrguri [endroit où l’on organise des foires]› < slvn. TRǓGOVIŠTE; nirişte ‹ruină [ruine]› < slvn. NIRIŠTE; vorişte ‹curte, ogradă› [cour, enclos] < slvn. DVORIŠTE bulgare branişte ‹pădure [forêt, bois]; luncă [pré, prairie, herbage, boqueteau, saulaie = champ qui longe une eau courante; forêt bordant une eau courante ayant une végétation spécifique]› < bg. BRANIŠTE; mirişte ‹éteule; chaume› < bg. MERIŠTE; oişte ‹timon; flèche d’un chariot› < bg. OIŠTE; grădişte ‹loc de cetate [emplacement pour bâtir une cité, une forteresse]› < bg. GRADIŠTE serbe capişte ‹căpiŃă [meule]› < srb. KOPIŠTE; garişte ‹luncă cf. plus haut]› < srb. GARIŠTE; orlişte ‹loc sterp [terre infertile]› < srb. ORLIŠTE. Nous avons continué et complété l’étude de Sădeanu (1962) et nous avons identifié (Florescu 2007a) 140 mots dérivés en roumain à l’aide du suffixe -işte. Nous citons les 35 premiers mots dérivés (avec les initiales a-, b- et c-): alergărişte ‹course, hippodrome, champ de courses› < ALERGARE ‹course› alunişte ‹noiseraie, coudraie› < ALUN ‹noisetier, coudrier› ardişte ‹forêt brûlée› < A ARDE ‹brûler› arinişte ‹petite aulnaie› < ARIN ‹aulne› arzişte ‹terrain brûlé› < A ARDE ‹brûler› baraboişte ‹terrain sur lequel on cultive des pommes de terre› < BARABOI (régionalisme) ‹pomme de terre› barabulişte ‹terrain sur lequel on cultive des pommes de terre› < BARABULĂ (régionalisme) ‹pomme de terre› batişte ‹cour› < A BATE ‹battre› bătelişte ‹endroit de terre battue› < A BATE ‹battre› + -elişte bătucelişte ‹abri pour les moutons› < A BĂTUCI ‹battre, presser, compacter la terre› boarişte ‹pâturage pour le bétail› < BOAR ‹taureau sauvage› bobişte ‹terrain sur lequel on cultive des fèves› < BOB ‹fève› bolişte ‹maladie légère contagieuse› < BOALA ‹maladie› bourişte ‹partie d’un champ réservée au bétail› < BOUR ‹taureau sauvage› bradişte ‹sapinière› < BRAD ‹sapin› buchelişte ‹bout de terre qu’il faut retourner pendant longtemps / plusieurs fois› < cf. A BUCHISI ‹travailler, lire, etc. méticuleusement, avec difficulté› capişte ‹chef, meneur, dirigeant› < CAP ‹tête›

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căstănişte ‹endroit couvert de cupules de châtaignes› < CASTANĂ ‹châtaigne› cinstelişte ‹statue› (roum. cinste = honneur, hommage) < CINSTEALĂ (= roum. omagiere) ‹honneur, le fait de rendre hommage› ciocălăişte ‹terrain sur lequel il y a des épis de maïs› < CIOCĂLĂU ‹tiges / épis de maïs› cînepişte ‹plantation de chanvre› < CÎNEPĂ ‹chanvre› ciocănişte (= ciocălăişte) < CIOCAN ‹tiges / épis de maïs› cireşişte ‹cerisaie (épaisse)› < CIREŞ ‹cerisier› cocenişte (= ciocălăişte) < COCEAN ‹épi› codărişte ‹extrémité du fouet› < COADA ‹queque› + TOPORIŞTE ‹manche de la hache(tte), de la faux› coronişte ‹nom d’une plante herbeuse› < COROANĂ ‹couronne› cosirişte ‹terrain fauché› < COSIRE ‹fauchaison, fauchage› cotişte [=cătun] ‹hameau› < CUT ‹partie d’un village› crumpenişte ‹terrain sur lequel on cultive des pommes de terre› < CRUMPEN (régionalisme) ‹pomme de terre, patate› cucuruzişte ‹terrain sur lequel on cultive du maïs (régionalisme)› < CUCURUZ ‹maïs› cuibişte ‹petite vallée en forme de nid› < CUIB ‹nid› cuptorişte ‹endroit pour mettre le four› < CUPTOR ‹four› curechişte ‹terrain sur lequel on cultive du chou› < CURECHI (régionalisme) ‹chou› curpenişte ‹tas de tiges› < CURPEN ‹tige d’une plante sarmenteuse› cuŃurişte ‹femme qui trompe› < CUłURIE ‹femme qui médit des autres› Parmi tous ces mots, linişte est le plus riche, étant répandu dans tous les patois et extrêmement développé dans le roumain littéraire ancien, moderne et contemporain, dans le langage quotidien – de la conversation de tous les jours, dans le langage poétique et dans le langage ecclésiastique. Il comprend d’une manière égale (distribution et fréquence) les quatre idées mentionnées plus haut. Le fait caractéristique est que l’idée qui désigne l’absence de bruits (toute sorte de bruit) et de parole humaine connaît une amplitude qui va croissant. Par exemple, l’exclamation Linişte! est parfaitement synonyme de Tăcere! La situation unique de ce dérivé, linişte, parmi les autres mots roumains dérivés en -işte, la différence de distribution et de fréquence nous ont forcée de prendre en considération et de vérifier (minutieusement) l’éventuelle existence d’un étymon latin. Toutes les hypothèses ont été démontrées comme étant incorrectes.2 Cette recherche s’est avérée inutile. On considère d’une manière unanime que linişte est un derivé de lin + suff. -işte (cf. DA, Tiktin (1903-1923), CDDE, Scriban (1939), 1,2DEX). Dans CDER s. v. il y a le commentaire suivant: «probablement dérivé culte», [no es palabra genuinamente popular]. La présence du mot linişte dans les patois est donc interprétée comme une extension du roumain littéraire ancien (le langage religieux). ––––––– 2

Le mot en question est considéré d’origine latine in ResmeriŃă (1924) qui propose: lat. LENIS + STO, STARE. Les lois phonétiques infirment cette hypothèse, ainsi que celle qui a été soutenue in Pontbriant (1862): lat. LENITAS.

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Il y a des attestations fréquentes de ce mot dans la langue littéraire ancienne. Linişte, depuis ses premières attestations, est très bien intégré du point de vue sémantique au roumain littéraire ancien: il présente des constructions syntagmatiques claires, qui rendent bien possible une circulation antérieure aux premières attestations.3 Linişte ne peut être qu’un dérivé de l’adj. roum. lin, -ă (< lat. LINUS, -A, -UM), un mot très bien développé dans le langage religieux du roumain ancien. La structure sémantique de l’adjectif – base a facilité l’amplitude et l’extension unique du substantif roumain linişte, le plus riche du groupe analysé.

5. Des conclusions Une analyse contrastive roumaine – française pour la série des huits noms prototypiques (roum. linişte, tăcere, pace, calm et fr. silence, tranquillité, paix, calme) relève les faits suivants: 1) le roum. linişte est le plus ample du groupe notionnel que nous avons analysé, (et du groupe synonymique roumain) comprenant dans une proportion relative égale, les quatre idées; 2) l’idée no 4 (absence d’une certaine manifestation sonore) est répandue dans des proportions différentes, dans les huit noms; le roum. tăcere est le plus centré, au niveau dénotatif, sur cette idée; 3) le fr. silence et le roum. tăcere comprennent les valeurs sémantiques les plus faibles de l’idée no 3; 4) état d’équilibre, de calme, de tranquillité d’un groupe social (population d’un pays, d’une localité, membres d’une famille, etc.) –l’idée no 3– est également représenté dans le fr. paix comme dans le roum. pace; 5) la plus grande différence sémantique entre un mot français et son équivalent roumain se retrouve dans la relation: fr. calme et roum. calm.

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Cf. Florescu (2007a: 253-254).

Les particularités lexicales du roum.linişte ‹tranquillité, silence› vs. ses équivalents français

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Una fratellanza occulta: «sèdano» e «prezzémolo»

Tra le piante frequenti nelle nostre cucine ci sono due Ombrellifere, il «sèdano» e il «prezzémolo», i cui nomi italiani null’altro hanno in comune che la vocale finale. Nulla ne fa quindi sospettare la provenienza da un’unica base greca: dal lemma semplice se!li–non il primo, l’altro dal composto petrose!li–non. Ci proponiamo di tentar di comprendere i motivi di tale forte divergenza col ricostruire la storia delle due piante sul nostro territorio. Principiamo col sedano. In accordo colla sua precoce presenza sulle nostre coste, questa pianta era dotata di un nome latino, apiwm, che si continua come apio nell’Iberia, appiu nella parte maggiore della Sardegna, e acciu nel nostro Meridione, dalla Sicilia alla Campania e parte dell’Abruzzo. Anche il resto d’Italia ne fu in antico sicuramente ricoperto;1 oggi tuttavìa le attestazioni linguistiche indicano una reintroduzione bassomedievale dal Levante, a opera delle repubbliche di Venezia e di Genova, col nome di /sé¶lino/, identico al neogr. se!lino. In ciò vediamo la sostituzione di una varietà spontanea, di antica presenza nella regione, con una più evoluta. Al sedano verde, da sempre usato a aromatizzare brodi e intingoli2, si affianca ora un ortaggio da consumare sia crudo, in pinzimonio, sia cotto: il sedano bianco (il sedano per antonomasia), la cui coltura non a caso risulta particolarmente sviluppata nel Norditalia. I mercanti veneziani erano attivi a Costantinopoli già avanti il Mille, sicché non possiamo errar di molto collocando nei due secoli successivi l’ingresso della pianta nella repubblica: dove ebbe diffusione nell’intero territorio, inteso nella sua massima espansione storica. Dall’Istria a Trieste e Gorizia, dal Friuli alla Lombardìa orientale troviamo infatti il nostro vocabolo nell’identica forma del neogreco, sèlino, alternato alla var. successiva sèleno.3 Una sì perfetta conservazione del nome bisantino fino ai giorni nostri mostra che la sua importazione non può rimontar troppo indietro, altrimenti la veste originaria sarebbe stata sicuramente ricoperta dalla var. sèleno, più in carattere colla fonologia italoromanza (o norditaliana che dir si voglia).4 ––––––– 1 2

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Tanto che apium passò anche nell’alto tedesco antico (DEI). E che a Bologna, m’informa Gloria Sirianni, è preferito a quello bianco, meno profumato, nella preparazione della salsa verde per il lesso (che in Toscana si fonda invece sul prezzemolo). Nella zona orientale di serior venetizzazione si ha addirittura dittongazione in sièlino, sièleno, sièlena, classico caso di esagerazione (cf. Franceschi 1969). Per motivi fonetici dunque, oltre che cronologici (cf. la sua assenza in Sicilia, che fu ben più a lungo bisantina) e geopolitici mi pare di non dover accogliere l’ipotesi (emersa in un dibattito al Circolo Linguistico Fiorentino) di un’introduzione del sedano domestico nella Ravenna bisantina (che di sèlino per altro non conserva traccia), donde poi la Venezia l’avrebbe acquisito.

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La parte occidentale del territorio della Serenissima, con Trento, Brescia e Bergamo, nonostante il forte influsso plurisecolare di Venezia appartiene tuttora all’area dialettale lombarda. Non sorprende quindi la caduta dell’ultima vocale di sèleno; sì invece la labializzazione della nasale neofinale in sèlem, hèlem. In tale rara uscita presumiamo di identificare la fase reattiva succeduta nel padano a quella –d’influsso francese– di assorbimento di /n/ finale di sillaba nella vocale precedente, che restava nasalizzata.5 La variante labiale valeva infatti a contrastare tale tendenza, specie in fin di parola. In quasi tutto l’italoromanzo alla labiale successe la velare, sicché oggi /-m/ sopravvive soltanto in territorî di particolare conservatività, come qualche località trentina o istriana.6 Possiamo dunque assumere che in posizione finale l’attuale nasale velare padana fu preceduta dalla variante labiale; la cui particolar conservazione in sèlem attribuiremo, oltre che alla rara posizione in sillaba metatonica, alla seriorità dell’ingresso del vocabolo nel lombardo orientale. Ipotesi confortata dal caso parallelo dell’origano, altra pianta aromatica qui d’introduzione bassomedievale dal Levante, che in una variante lombarda cispadana suona règhem: forma a cui va certamente ricondotta quella toscana anomala règamo.7 Come vedremo anche a proposito del prezzemolo, il nostro vocabolo mostra una rilevante tendenza alla metatesi. Ben diffusa entro i confini della Serenissima fu la variante sènelo (a sua volta produttrice di altre minori var. metatetiche), che fu poi frantumata in più spezzoni dalla riaffermazione di sèleno, e si trova oggi in un’areola bresciano-veronese, un’altra trentino-bellunese, a Chioggia e Grado, e addirittura in Ancona.8 Ma questo sènelo varcò anche l’Adda, e subì la rotacizzazione del milanese medievale9, riuscendo a sènero, attualmente costretto in un’area torinese-astigiana e in una centroemiliana (la stessa di règhem). Di qui, per la consueta via Francisca, sènaro sfociò, presumibilmente nel Dugento, in Toscana, dove tuttora si mantiene nel settore nordoccidentale e –oltre una minore isola pisana con ulteriore variante metatetica sèrano10– in quello meridionale, specie interno, continuandosi nel limitrofo alto viterbese (e umbro), dove diventa sènnaro per il raddoppiamento della nasale in proparossitona caratteristico del romanico centromeridionale. Questo sènnaro si ripresenta pari pari nella Marca ascolana: zona conservatrice, che con quella tosco-viterbese costituisce una coppia di aree laterali rispetto al territorio intermedio umbro-laziale. Che di conseguenza fu sicuramente ricoperto in passato da tale fase, prima ––––––– 5 6 7

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Fase per altro tuttora presente nel Norditalia, ad es. in Romagna. Cf. p. es. domám risp. dimám «domani» AIS 1197. La conservazione della labiale è certo facilitata dalla mancanza di un femminile e di un plurale con cui concordare, come è invece il caso di àsen «asino». È certo a un adattamento romanico sènnelo, col frequente raddoppiamento di nasale in proparossitonìa del romanico centrale, che va ricondotta la forma sèndel rilevata dall’ALI ad Ancona (uno dei pochi porti adriatici peninsulari sensibili all’influsso veneziano). Sempre a sènelo si ricollega (per ulteriore incrocio con sèleno) il tipo sèneno, sènino, sènano presente in quel di Verona e nel bacino del Piave. Un’altra singolare var. è saéno, presente in areole ai due lati di Venezia, e che dovrebbe essersi prodotta da sé(l)eno > seéno. Successivamente regredita, mentre ben si mantiene nell’area laterale ligure (tanto che si trova impropriamente indicata quale innovazione generatasi in questo dialetto). Ad es. a Fauglia (AIS) e Lari (ALI).

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di cedere –presumibilmente nel corso del Trecento11– alla seriore innovazione lombarda sèllero, sèllaro:12 che interpreto come un incrocio di sènero col sèleno recato da una nuova ondata del bisantino sèlino – stavolta d’importazione genovese.13 Fu indubbiamente insieme colla generale estensione della coltura del sedano bianco che sèllaro, dopo avere invaso l’Italia nordoccidentale14 (passando anche a francese e a tedesco), dilagò giù per Romagna, Marche, Umbria e Lazio, raggiungendo l’area di acciu circa la metà d’Abruzzo. E la forma di lingua, sèdano? Abbiamo citato la minor var. pisana sèrano: che ebbe chiaramente a risalire la valle dell’Arno sino a Firenze, dove questo nome d’ortaggio dovette suonare a quegli orecchi urbani come una tipica pronuncia rustica, da appaiare al mirolla, coresto con cui il contado tuttora risponde ai cittadini midolla, codesto.15 Di conseguenza i fiorentini ritennero di doverla correggere in sèdano: forma che, documentata a Firenze sin dal Cinquecento, è andata man mano diffondendosi ai centri viciniori, giungendo infine, nonostante la sua modesta estensione territoriale, ad affermarsi come unica forma italiana.16 Passiamo ora a occuparci del prezzemolo, che rispecchia il peculiare habitat della pianta nel nome greco petrose!li–non «sedano della pietra». Quest’erba non mediterranea, che non cresce in pianure umide bensì in territorî sassosi, fu importata dalla Grecia nel Sudditalia. Di qui parte la divergenza fra le due storie, dell’apium locale e della pianta forestiera; la cui importazione (motivata dalla fama di virtù farmacologica, in particolare abortiva) presentò nella latinizzazione del nome, a causa della quantità lunga della penultima vocale, un caso di acuto contrasto fra i criterî accentuali delle due lingue, che trovò varie soluzioni. Totale adeguamento all’accentazione latina mostra un caso non italiano, il pietroselíne raccolto dall’Atlante Linguistico Italiano a Villa Badessa, colonia albanese in prov. di Pescara. Da noi, la soluzione primaria consisté nella metatesi vocalica petrosélīnum > petrosī⁄lenum: forma per cui possiamo ormai rinunciare all’asterisco, visto che si continua tuttora tal quale a Savelli, nella Calabria media, come petrusílinu:17 altro prezioso apporto dell’ALI.18 ––––––– 11

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Momento di forte influsso lombardo sullo Stato della Chiesa, ma non sulla Toscana (cf. Franceschi 1979). La collocazione temporale è confermata dal passaggio del modulo lombardo (nell’usuale formulazione pl. sèlleri) al francese: dove è attestato come scellerin all’inizio del Quattrocento, poi celleri (> ted. Sellerie) > céleri. Da sèlleru, sèllari appare invasa anche una parte (per altro minore nell’ALI di quanto paia dall’AIS) del Sassarese e del Nuorese, territorî che del sedano bianco hanno avuto tardiva conoscenza dal continente. Dove il raddoppio della consonante laterale (coerente colla proparossitonìa) contrastà alla rotacizzazione. Con un ritardo rispetto a Venezia attribuibile al terreno collinoso, che all’opposto aveva favorito l’importazione del basilico. Il sèlino toscano (Faré), di cui non conosciamo il riferimento storicogeografico, può interpretarsi sia come fase genovese primaria conservata in area laterale, sia come diretta importazione pisana. Donde raggiunse in seguito la Sardegna in un’areola sassarese e una nuorese. Da una var. sèlero > sèlre, viva in Piemonte, per la difficile pronuncia si generò l’ulteriore variante metatetica sèrel(o), presente oggi nel Pavese e in buona parte dell’Emilia-Romagna (donde ha raggiunto Fano). Forma derivata, per influsso italoromanzo, dal cotesto tuttora vivo in buona parte della Toscana. Quanto al toscano sènido (Faré, Penzig), sarà di uno dei tanti incroci generati da queste vari. Difatti /i/ tonico e atono sono qui regolare esito di /e/, laddove /í/ non potrebbe risalire a /é¶/. Per altro confermatomi da Gloria Sirianni per la zona viciniore di Borgia, come forma antica.

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Da petrosīlenum un’altra metatesi, stavolta consonantica, dovette condurre a un *petrosīnelum, antecedente di petrusí(n)nolo, che con forme variatissime ricopre la zona costiera abruzzese-molisana.19 Dalla sua interpretazione come diminutivo (piuttosto che da petrosīlenum, come si pretende) farei derivare quel *petrosīnum che, come petrosino e sim., domina il resto dell’area meridionale: tipo che ebbe vastissima fortuna, giacché si ritrova tuttora all’altro estremo d’Italia20, da un’areola istriana con petresín sino al territorio valtellinese e ticinese, con pedrensin, pidrisiñ, ecc.21, per tacer del francese antico persin, ancor vivo nei dialetti della Francia settentrionale. A questo tipo se ne sovrappose poi un altro, il petrosillum attestato nel latino medievale, che farei derivare anch’esso –mediante caduta della vocale metatonica e assimilazione consonantica progressiva, con conseguente abbreviazione della tonica– da petrosínolo. Donde il petrosillo abruzzese, umbro e toscano, che, insieme al tosco-umbro pretoséllo, piturzéllo ecc., vennero a spezzare la compattezza di petrosino; e di qui fors’anche la var. petrosilium22 che ha dato il perresilh provenzale, lo sp. perejil e il fr. mod. persil; e che, nella forma pl. petersilia, sta alla base dei tipi romancio-tedeschi. La storia linguistica delle due Ombrellifere appar dunque in opposizione dai tempi antichi sino a quelli moderni, in corrispondenza della diversa storia delle rispettive colture. Qui niente differenziazione medievale in una varietà locale (aromatica) e una forestiera (mangereccia): in cucina il prezzemolo non ha mai avuto altra funzione che di aroma per insaporire i cibi.23 Né potrebbe averne altre, perché in forti dosi risulta velenoso: un decotto di prezzemolo può risultar letale.24 L’assenza di importazioni colturali si riflette in quella di nette varianti nominali contrapponenti i territorî di Venezia e Milano. Si rileva al contrario l’ampia diffusione dell’antica base greco-latina (con ben modeste differenziazioni suffissali: -ino, -illo, -ello), interrotta da ampie zone di generici termini sostitutivi, sempre riferiti alle virtù aromatiche: come i sapori e le buone erbe, le erboline e erbucce e la vastissima e compatta area centrale di erbetta. ––––––– 19

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Come p´tèrn´sèll´, pertisè(n)n´l´, p´tèrn´sèll´, pr´d´n´sèn´l´, ecc.: dove le varianti con /é¶/ sono normale sviluppo locale di /í/ in proparossitonìa. Il modulo penetrò anche il serbo-croato (DEI). Scritture erronee (non ne trovo traccia in nessun luogo) sembrano essere invece le varianti proparossitone petròsino, petrùsinu e sim. attribuite dal Penzig a Campania, Calabria e Sicilia. A cui non mancano aderenze romance. Attestata da un petrosilio del IX sec. (DHLF), da porre anche alla base dei tipi romancio-tedeschi fondati su un pl. petersilia. Si può anche supporre uno sviluppo da petrosinum a petrosilium per sostituzione del suffisso -iliu a -inu, interpretato come diminutivo (DHLF). Catteristicamente padano (in accordo anche coll’assenza locale del vocabolo pietra, sostituito da sasso) è lo sviluppo petro- > peter-, col passaggio da ‹erba della pietra› a ‹erba di (san) Pietro›. Benché nei nostri ricettarî il prezzemolo si trovi consigliato per tanti piatti da giustificar detti come star bene dappertutto come il prezzemolo o essere sempre a mezzo come il prezzemolo (e cf., nella nostra tradizione favolistica, il nome di bambina Prezzemolina), il suo impiego gastronomico non sembra risalire oltre l’Italia medievale. Ciò verrebbe confermato anche dalla tradizione che tale uso culinario sia stato introdotto nella corte francese (insieme alla famosa forchetta) da Caterina de’ Medici, andata sposa a Enrico II nel 1533, accompagnata da trenta cuochi. Al proposito in Toscana si ricorda il caso, di non molti anni addietro, del prete che ricorrendo a tal mezzo per ottener l’aborto della sua perpetua, che aveva ingravidata, ne provocò la morte.

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Con questa tradizione gastronomica popolare non poteva tuttavìa confondersi quella dòtta, o semidòtta, del campo medico-farmaceutico: dove è risaputo che il prezzemolo era utilizzato per gli effetti sul ciclo ormonale femminile, sino a quello estremo di stimolare l’aborto. Venivano così a confronto due livelli culturali, di cui il più elevato aveva i numeri per imporsi sull’altro, specie ove si trascurassero le virtù gastronomiche della pianta. A tale maggior livello riconduciamo un modulo di straordinaria diffusione, caratterizzato dalla presenza di un /m/ non etimologico, prevalentemente norditaliano, ma ben presente anche nella Penisola. Si tratta certo d’una filiazione dell’antico petrosino, che s’è visto conservarsi nell’estrema areola lombarda settentrionale. Di qui infatti procedendo verso la Padana, dalle forme uscenti in velare o in /-ẽ/ si passa (già dal Luganese) a quelle in /-é¶m/, coi tipi petersèm e sim.; che –coll’aggiunta di una vocale d’appoggio in certe aree, come nel lig. persemmu, pursemu, o nel piem. pransemmu, pransumu25– appar dominare una vasta area. E non è tutto qui: il resto del Norditalia (compreso il Piemonte settentrionale) appare occupato dall’incrocio di questo tipo con quello precedente in -olo, donde forme quali pusèmero, persìmol, paninsèmul, purdunsèmul, ecc.; incrocio poi espansosi dall’area padana alla Penisola, sino al confine colle zone meridionali conservatrici di petrosíno e petrosínolo. Sui tipi fedeli alla nasale dentale dell’etimo greco vediamo così sovrapporsi quello nuovo, dal pedersémol trentino e emiliano al persémolo triestino ai toscani petrosémolo e pretesémolo – donde infine quel prezzémolo documentato a Firenze dal Seicento e divenuto ormai (anche in questo caso, nonostante la minoritaria estensione territoriale) l’unica forma di lingua.26 Ma come giustificare la var. lombarda in /-èm/ che sta alla radice di tutte queste forme? Possiamo indubbiamente riapplicare il criterio citato a proposito del sedano: la nasale labiale come reazione lombarda alla nasalizzazione in finale. Tuttavìa, se abbiamo potuto giustificare la conservazione di quella labiale sino ad oggi in sèlem (e règhem) col tardo ingresso del vocabolo, e colla postura in sillaba metatonica, nessuno dei due argomenti può valere per petersèm. Dove l’unica motivazione convincente della sopravvivenza di /-m/ può vedersi in un incrocio con «seme», ipotizzabile a livello non certo popolare (che nel Norditalia conosce «semenza» ma non «seme»), bensì semidòtto. Che è anche il solo che possa giustificare una così ampia diffusione per l’Italia del tipo innovato: con un accostamento al seme che ritorna nel persèmen emiliano, pretisémino toscano, perdusèmene del sardo meridionale.27 ––––––– 25

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Dove il mutamento della vocale tonica si deve a contatto con consonante labiale. In certe zone (di /l/ intervocalico > /r/ > Ø) si può aver tuttavìa confusione di questo tipo con quello d’uscita in -lo. Fuori del quadro rimane (se fededegno) il petrosèlino attribuito alla Toscana dal Penzig: forma che –se non altro per l’apertura della tonica, contrastante con tutta la storia di «prezzemolo»– si porrebbe in linea col sèlino di nota 13, ad attestare una reimportazione pisana medievale da Bisanzio di entrambe le piante. Ma si tratterà piuttosto di un equivoco col petrosellino citato per il passato –come diminutivo di petrosello– dal Novo Dizionario Scolastico del Petrocchi. Un etimo affatto diverso è inoltre alla base del tipo catalan-provenzale giusvert documentato dall’ALI, a cui fa riscontro il singolare verdesello d’un punto umbro-marchigiano. In quello settentrionale invece l’accostamento pare a «semola» (petrusímula), e così in talune località abruzzesi (cf. nell’Aquilano brodosímm´ l´ a Leonessa e purd´ símul´ a Scanno).

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Ciò postula una prescrizione farmaceutica non già della pianta, per un uso in decotto a fini abortivi (che non sarebbe per altro ricettabile), bensì di presumibili infusi di semi, atti a condizionare il flusso mestruale. Dopo avere a lungo ma invano cercato conferma d’una tale usanza nella tradizione del passato, ne ho ricevuto in extremis la conferma –addirittura per i tempi nostri– da un’amica botanica. Recita la ricetta di un opuscolo edito pochi anni addietro: «Contro le mestruazioni troppo abbondanti e dolorose, il miglior rimedio è rappresentato dai semi di prezzemolo somministrati in infuso. Bisogna versarne 20 g in una tazza d’acqua calda, filtrare il liquido e berlo».28 Anche qui, come per il sedano, vediamo dunque configurarsi un doppio canale: in base non più a una distinzione colturale, bensì culturale, con sovrapposizione dell’interesse farmacologico di petrosémolo a quello popolare di petrosillo ecc. E non meraviglia che la tradizione di livello superiore abbia finito per prevalere sull’altra, svantaggiata oltretutto dall’ampio cedimento a favore di forme generiche quali erbe buone, erbette e sapori.

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Testo pubblicato nel decennio scorso a cura della COOP, e di cui debbo la conoscenza all’amica botanica Elena Rossi Rovero. Questa attestazione d’una realtà teoreticamente postulata richiama l’esperienza di fegato (Franceschi 1985), dove la ricostruzione teorica di un documento imperiale fu comprovata dall’editto del 301. Ringrazio in ultimo della sua preziosa collaborazione il dott. Matteo Rivoira dell’Istituto dell’Atlante Linguistico Italiano di Torino, autore delle tavole che illustrano il testo (ottenute dalle relative carte dell’ALI, arricchite dei materiali forniti dall’AIS).

Carla Gambacorta

Per una edizione critica della Fiorita chietina di Armannino giudice. Sondaggi sulla lingua

La Biblioteca Nazionale di Parigi (Fondo Aragonese, proveniente da Blois) conserva un codice (il ms. 6 Italien), segnalato da Giuseppe Mazzatinti1, esemplato da anonimo «in civitate Thetis» a partire dal 13 settembre 1418, che tramanda un rifacimento della Fiorita di Armannino. Si tratta di una copia, redatta in volgare chietino (nel nostro testimone, a c. 23ra, si legge il titolo Frorita), di un esemplare forse veneto del testo di Armannino, notaio e poi giudice bolognese, trasferitosi nel 1320 a Fabriano, dove compose l’opera, terminata nel 1325 e dedicata a Bosone da Gubbio.2 La Fiorita, di cui fino a oggi sono editi soltanto alcuni brani, dovette avere una grande diffusione durante il XIV e il XV secolo, vista la ricca e articolata tradizione manoscritta, composta per lo più in volgare fiorentino o genericamente toscano. Di argomento storicoleggendario, con digressioni di carattere moraleggiante, la Fiorita è una vasta compilazione che, snodandosi nella maggior parte della tradizione in trentatré conti, narra la storia del mondo da Adamo ai cicli tebano e troiano, concludendo con accenni alla Tavola rotonda.3 La nostra redazione della Fiorita, tuttavia, esponendo i fatti notevoli della storia medievale italiana fino all’anno 1268, appare, come scrive Emanuela Scarpa che si è occupata della tradizione dell’opera, «contaminata con testi differenti, in particolare con la Cronica di Giovanni Villani». Dovrebbe infatti dipendere, sempre secondo la studiosa, dalla famiglia C, insieme ad altri codici, «portatori d’una redazione in 46 conti (in luogo dei 33 –o, secondo alcuni testimoni, 32– originali)».4 Si tratta di un manoscritto particolarmente interessante –di cui mi sto occupando insieme a Enzo Mattesini, al quale devo la segnalazione dello stesso– perché conserva un testo che rappresenta la sola testimonianza letteraria finora nota, e di ampia estensione, del volgare medievale chietino, una varietà abruzzese dell’area costiera, appartata e conservativa, che ––––––– 1

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Cf. Mazzatinti 1887: 11-33. Il Mazzatinti (1880: 1-55), inoltre, fu il primo a riunire alcuni dei vari testimoni della Fiorita. Su di lui si vedano le voci di Ghinassi 1962: 224-225 e di Ragni 1970: 377-379. Per la bibliografia su Armannino (sugli studi e sulle parti edite della Fiorita), oltre alle voci citate, rinvio essenzialmente ai lavori e alla bibliografia di Scarpa 1986: 5-63 e 1988: 87-130. Le fonti sono quelle comuni alla letteratura didascalica medievale: si va da Darete e Ditti a Virgilio, Orazio, Ovidio, Stazio, Giovenale, Boezio, Cassiodoro, Isidoro di Siviglia, alla Bibbia e alla Divina Commedia, solo per citarne alcune. Cf. Scarpa 1988: 90, nota 1.

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Carla Gambacorta

documenta inoltre, come ricorda Ugo Vignuzzi, la persistenza di un «gusto di tipo ‹cortese› che era stato largamente diffuso anche dalla Corte angioina nel secolo precedente».5 Il codice, del secolo XV, consta di 105 carte, con scrittura disposta a due colonne, per una media di 55 righe a colonna. Per una errata disposizione dei fogli l’incipit si trova a c. 23r, e anche in altri punti l’ordine del testo è alterato. Mutilo delle ultimissime carte, presenta, soprattutto nella parte inziale, macchie e lacerazioni. Nel corso del tempo vari studiosi, con diversi interessi, si sono occupati della Fiorita, che è comunque rimasta inedita, se si prescinde da singoli estratti, e l’unico lavoro sulla lingua della redazione chietina (relativo però soltanto ad alcune parti dell’opera) è quello di Vincenzo De Bartholomaeis, secondo il quale nella redazione abruzzese si avrebbe la compresenza di tre stratificazioni linguistiche: «il dialetto del traduttore, l’italiano letterario, e un dialetto dell’Italia superiore, che non esiterei ad assegnare alla sezione veneta».6 Il De Bartholomaeis ha condotto la sua indagine linguistica sulla trascrizione di alcuni brani del testo eseguita precedentemente dal Mazzatinti7, che si è rivelata non del tutto precisa e quindi non priva di errori di rilevanza linguistica. Il De Bartholomaeis nella sua analisi distingue cinque «coefficienti», contrassegnandoli con numeri romani: nel I inserisce le forme del volgare locale; nel II quelle della lingua letteraria; nel III i settentrionalismi; nel IV i latinismi e nel V «‹le restaurazioni improprie›, le ‹affettazioni letterarie›, le ‹grafie› e i ‹casi dubbj›».8 Ma l’attribuzione di molte forme all’una o all’altra varietà linguistica è dovuta sia alle errate letture del Mazzatinti, sia allo status delle conoscenze sui volgari mediani e perimediani che allora non aveva naturalmente raggiunto quelle acquisizioni di cui oggi ci possiamo avvalere. Di conseguenza, molte di queste assegnazioni, e soprattutto quelle classificate come settentrionalismi, sono da riesaminare. Osserveremo quindi alcuni di questi casi, seguendo lo schema offerto dal De Bartholomaeis, e raffrontando i risultati con le caratteristiche linguistiche di altri testi provenienti dall’area mediana e perimediana e soprattutto con un documento che si rivela di grande ausilio, perché coevo e della stessa area chietina, Lo Statuto di Orsogna della fine del ’300, inizi del ’400.9 La non puntuale trascrizione dell’edizione Mazzatinti porta il De Bartholomaeis a enumerare voci inesistenti nel testo.10 È ad esempio questo il caso, nel paragrafo dedicato a ––––––– 5 6 7 8 9

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Vignuzzi 1992: 608. Cf. De Bartholomaeis (1899: 117-134. La citazione è da p. 118). Mazzatinti 1887: 11-33. De Bartholomaeis 1899: 118. Scritto in volgare chietino, questo testo ci informa sulle competenze relative all’istituto della «bagliva» in Orsogna (Gambacorta 2000: 47-113). Nello studio del De Bartholomaeis varie forme, assegnate al volgare locale, sono in realtà il risultato di letture errate, come, ad esempio, ponginti, che nel ms. si legge pongienty 51va44; o bannere, nel ms. baner(e) 37ra32; banne, nel ms. ban(er)e 52rb6; inoltre i ripetuti fonesta e foneste per gli originali fonest(r)a 62rb32, 62va3 e fonest(r)e 50ra11, ecc. In questa sede non si esamineranno tutte le imprecisioni riscontrate, perché ciò che principalmente interessa è restituire alla fenomenologia dell’area centro-meridionale quelle forme elencate dallo studioso tra i settentrionalismi o tra le voci della lingua letteraria.

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E lungo, I breve, di depente, cioè ‹dipinte›, mentre nel manoscritto si legge de p(re)te, forma non dittongata e metatetica per ‹pietre›.11 Sempre per errate letture, tra gli esiti di E breve, troviamo al punto II, quello della lingua letteraria, la voce cavalieri, con dittongamento fiorentino, mentre nell’originale si legge cavaleri 36rb41.12 Il De Bartholomaeis, nel paragrafo relativo a O lungo, U breve13, rinvia al volgare settentrionale forme come fon e fono14, non correttamente trascritte in luogo del plurale fon(e), presente nel testo anche in forma estesa.15 Si tratta cioè di fo, terza persona singolare16, a cui viene aggiunto -ne epitetico. Infatti, accanto alle varianti «letterarie» quali sono, tengono, dicono, erano, ecc., nelle carte analizzate sono ampiamente documentate le forme verbali di terza plurale coincidenti con quelle di terza singolare, anche nei verbi della prima classe (le quale demustrava 36ra29, li baruni greci penza 36ra52, Et portavalo trece(n)to cavaleri 36vb1, ecc.). Il fenomeno si incontra in scritti medievali mediani e perimediani, e anche specificamente abruzzesi.17 Proseguendo nella disamina, il De Bartolomaeis colloca al punto III le forme baron, defension, sermon, stason, con caduta della -e atona finale, che in realtà, quando non è a tutte lettere, è nel testo abbreviata da un titulus posto in fine di parola (costantemente omesso nell’edizione del Mazzatinti, sia dopo nasale che dopo vibrante).18 Nel paragrafo dedicato alla -I finale inserisce tra i settentrionalismi la forma prite, di cui scrive: «dato l’i metafonetico, è da pensare piuttosto a un lapsus» (1899: 123). Ma nel manoscritto la forma è p(re)ite 36va13, con titulus sovrapposto a p, in cui si conserva, benché parzialmente in compendio, il dittongo ei tonico.19 Inoltre, egli assegna ancora alla varietà settentrionale gli esiti di -LJ- resi con il grafema () e dell’approssimante palatale J- (riduzione di un grado della laterale palatale) resi con , tipo artilgy, celgio, colgie, conselgiato, conselgio, descilgia, dicealgie, ––––––– 11 12

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Per la forma cf., ad esempio, Ambrosini 1964, s. preta (con ampi riscontri) e Baldelli 1983: 42. Mentre nelle carte esaminate non si ha nessun esempio di dittongamento della O breve, per la E breve si registrano i seguenti casi: fiera 36vb36 (ma fera 52va3), fieri 52va6, fiero 52va4. La forma cavaleri è sempre priva di dittongo; cavaleri 36rb41, 36vb1 (sing.) 37ra30 e cavalery 52rb44, 52va34. Per la situazione in altri testi abruzzesi, in cui è assente sia il dittongamento spontaneo del fiorentino sia quello metafonetico delle mediobasse, cf. Gambacorta 2000: 77-78, e note 76, 77. Nello stesso paragrafo si legge adure, spiegato come ‹odore› e inserito tra le forme del volgare locale, da valutare invece come ‹addurre› (adur(e) 50vb14). Enumerate tra i settentrinalismi anche nella morfologia del verbo, nel paragrafo del Perfetto. Nel brano da questoro p(ro)vedut(e) no(n) fone 50rb37. Ma frequente è la forma a tutte lettere in altre carte del codice: fone 7ra33, 12rb48, 12vb47, 13rb25 (sing.), 13va14, 14rb19, ecc. Regolare da FŬIT; cf. Mattesini 1985: 423. Cf. D’Achille 1982: 98; Gambacorta 2000: 97-100; Giovanardi 1983: 112. Per altri riscontri in testi medievali cf. Baldelli 1983: 45-46; Vignuzzi 1976: 183-192, soprattutto le pp. 188-191. Cf. inoltre Merlo 1908: 69-83; Rohlfs 1966-1969: §532. E infatti nel ms. le voci si leggono baron(e) 36ra15, 36rb12.47 e passim, defension(e) 36ra16, s(er)mon(e) 36ra21 e stason(e) 36ra43. Per il quale cf. Castellani 1952: 106-114; 1980: 487-491; Vignuzzi 1975: 184, nota 314 (con bibliografia).

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dolgia, famelgia, filgio, filgiolo, folgia, gilgio, maravelgia, melgio, molgie, ecc., ge e gie per il pronome di terza persona singolare e plurale ‹gli› (e farege) e, aggiunge, «[f]orse qui pure» puliese, folia, semelliante20, volio (1899: 124), così come gli esiti di -NJ- e -GN-, resi con il grafema , quali besongia, besongio, besongiosi21, compangi, compangia, ingengio, sengiore, sengiuri, ecc., e quindi beningiamentre22, dengio, inzengiò, lengio, magancia23, malingio, malingy, rengia, rengio, ecc. Ma anche in questi casi si tratta di grafie ampiamente diffuse nei testi della stessa area e presenti, si può dire senza eccezioni, nello Statuto di Orsogna.24 Sempre al punto III sono inserite voci con s derivante sia da -SJ-, come accasone, basava, basavalo, busardy, mason25, sia da -TJ- come rasone e stasone, mentre si tratta, come è noto, di un esito diffuso nei testi medievali centro-meridionali, e anche abruzzesi, come lo Statuto di Orsogna o, ad esempio, i Proverbia pseudoiacoponici, editi dall’Ugolini.26 Al volgare settentrionale è attribuita dal De Bartholomaeis la forma giuctuny, dal latino tardo GLUTTONEM, in cui il nesso GL- passa all’approssimante palatale j, con grafia gi.27 Già l’Ugolini (1959: 63-64), riferendosi proprio allo studio del De Bartholomaeis, aveva fatto notare che non è necessario pensare a dei settentrionalismi, visto che la tendenza di GL (e anche CL) a confluire nell’unico esito j ha varie attestazioni ancora nei moderni dialetti dell’area centro-meridionale. L’Ugolini ravvisa in antico tracce di questo fenomeno anche nella Fiorita, riportando una serie di forme, inserite invece tra i settentrionalismi dal De Bartholomaeis, come ogi 37ra10, ocgy 50vb26, 51ra18, vegio 36va18, 36vb32, vecgi 36va34 e vecgy 37rb14, cergio 50ra55, reingiuso 37rb34, regiusy 51va13, apparegyano 50rb28, sciarava 36va8, ingiostro 36va27, 50ra3128 (accanto a i(n)iost(r)o 50ra34.36 e i(n)iost(ri) 50rb34), alle quali si può aggiungere specgio 36va16, 36va20. L’imperfetta trascrizione fa introdurre al De Bartholomaeis tra le forme della lingua letteraria29 piangendo e bianchecza, che invece nel testo si leggono plangendo 36rb47, ––––––– 20 21 22 23 24

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Ma nel ms. è semelgiant(e) 50vb10. Nel ms. (e anche in Mazzatinti) bosengiosi 50rb36. Nel ms. beni(n)giament(e) 52va57. Nel ms. (e anche in Mazzatinti) maga(n)gia 51va37. Eccettuati i latinismi, infatti, la laterale palatale è sempre resa con il grafo , mentre la nasale palatale con il grafo , tranne in pengo ‹pegno›. Inoltre si hanno anche qui esempi di ge, gi e gie per ‹gli› (Gambacorta 2000: 71 e 73). Nel ms. mason(e) 37rb33. In ambedue i testi, per la serie colta in -TIONE, si legge rasone (Gambacorta 2000: 89; Ugolini 1959: 71, 74). Per gli esiti del nesso -TJ- fuori di Toscana cf. Rohlfs 1966-1969: §290. Anche nello Statuto di Orsogna è attestata la forma gianda, in cui il grafo rende il suono dell’approssimante palatale j, data anche ianna (Gambacorta 2000: 70). Che il De Bartholomaeis elenca nel paragrafo dedicato alla C, facendola derivare da INCAUSTRU (ma cf. REW 4357 *INCLAUSTRUM), se non si tratta di un errore di stampa. Che rimane senz’altro una componente sicuramente apprezzabile nella Fiorita, anche se in percentuale diversa da quella che risulta nello studio del De Bartholomaeis; ad esempio, nel paragrafo dedicato a O atona, accanto alle varie occorrenze di como (per il volgare locale), aggiunge, come forma del toscano letterario, come, da leggere invece nel ms. anch’essa como 51vb37.

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36va14.41 (+ 3), con il nesso PL- iniziale conservato, e branchecza 52ra33, con rotacismo della laterale. Infatti, nella Fiorita la conservazione dei nessi di consonante + L, se si eccettua il nesso CL (TL), risulta notevole (blanche 50vb24, 52rb48, blancho 52rb46, fla(m)ma 37ra18, flore 36rb41 e flury 52ra29, Floria 23ra6, flume 51ra32.33.35 [+ 8], glaczo 36va42, 51rb51, placere 51va32, placza 50va54 ‹piaccia›, plana 50rb25, plano 50ra28, 51vb45, 52rb1 [+ 2], ecc.), ed è probabile che la grafia abbia una reale corrispondenza con la pronuncia, dati gli esempi di rotacismo della laterale: oltre al già visto branchecza 52ra33, abbiamo infatti brundy 36va3, Frorita 23ra10, fruri 23ra8 (trascritto dal Mazzatinti fruti e inserito dal De Bartholomaeis tra gli scempiamenti di origine settentrionale), prano 52ra13 (nell’ed. Mazzatinti prato), sbrandore 50ra25 e, all’interno di parola, dobreri 36vb3, sembrant(e) 37va22. D’altra parte questa conservazione, che «non sarà soltanto grafica o soltanto per latinismo»30, è bene attestata nei testi mediani medievali.31 Sono inoltre ascritti tra i settentrionalismi, nel paragrafo dedicato alla -X- la voce esse32, e in quello di -SC- assiso 36va7 (che però è un latinismo). Sempre a causa di una errata lettura del Mazzatinti, il De Bartholomaeis rinvia alla varietà settentrionale la forma ipercorretta sensa, in luogo dell’originale senza 52ra3, e alla lingua letteraria la voce pensa, che è però penza 50vb23 nel codice. L’affricazione della s dopo nasale e liquida laterale, tratto genericamente centromeridionale33, è ben attestata nelle nostre carte: balzamo 36ra38.41, falza 50ra40, falzetat(e) 51va28, falzi 51rb38, 51va24 e falzy 51va27, falzo 51va29, i(n)zengiò 36rb37, ’malzamato 36ra32 ‹imbalsamato›, penza (3a plur.) 36ra52, penzato 37va43 (ma pensando 37rb38), penzero 37rb39, 52va52, revolze 51va54, sponza 36vb41 ‹sposa›, volze 50va41 ‹volle›, volze (3a plur.) 51va30.32.53 (+ 1), volze 52vb23 ‹si volse›. La sibilante è invece sempre conservata dopo r: accorse 62va4, aperse 51vb12, arsy 50rb49, ecc.34 Al volgare settentrionale è assegnata anche la forma giulusi35 ‹golosi› con passaggio di G- iniziale a j-36 (reso con il grafo ), per la quale si potrebbe anche postulare un incrocio con GLUTTONEM. Nei paragrafi relativi alle affricate palatali sorda e sonora, vengono enumerate tra i settentrionalismi le voci acconzato, acconzo, pizoli, zascauna, zascauno37, ze ‹ci›, zò ‹ciò›, ––––––– 30 31

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Baldelli 1983: 37. E anche abruzzesi; cf. D’Achille 1982: 81-82; De Bartholomaeis 1914: 60; Gambacorta 2000: 86; Giovanardi 1983: 103. Cf. inoltre Vignuzzi 1976: 130-135. Indispensabile il rinvio a Rohlfs 19661969: §§176, 177, 179, 183, 186, 247, 248, 249, 252. Per i tempi e i modi della palatalizzazione del nesso BL- nel territorio italiano cf. ora Pfister 2006: 5-24. Alcune zone del Meridione oscillano tra l’esito -ss- e quello -šš- da -X- intervocalico latino, come la Calabria, la penisola Salentina, la Lucania meridionale, Caserta e anche il Lazio meridionale (Rohlfs 1966-1969: §225). Ancora dei moderni dialetti (cf. Rohlfs 1966-1969: §267). Allo stesso modo che nello Statuto di Orsogna (Gambacorta 2000: 85, con bibliografia alla nota 112). Nel ms. giulusy 51ra6. Che si riscontra nell’Italia meridionale (cf. Rohlfs 1966-1969: §155). Per zascauna, -o, «che non è parola indigena (e può non aver partecipato a detta trasformazione) è forse possibile una pronuncia palatale» (Macciocca 1982: 45).

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fazo38, lanze, e inoltre lezeramente39, lezero, lizatre, manzare, zallo, che sono invece anch’esse grafie ricorrenti in testi mediani e perimediani; basterà qui ricordare la forma lezera delle Glosse in volgare cassinese del secolo XIII pubblicate da Ignazio Baldelli.40 Il De Bartholomaies nel paragrafo dedicato alla T colloca tra i settentrionalismi la voce armaduri41, in quello della D la forma frigya ‹frigida›42, e in quello della P caffo (dall’ar. kaff ‹palmo della mano› o qaffa ‹cambiare rapidamente una moneta fra le dita›).43 Alla lingua letteraria viene ascritto plombo per il corretto plo(m)mo 50rb42 del codice; nella Fiorita, non solo si riscontrano casi di assimilazione progressiva dei nessi -LD-, MB-, -ND-44, fenomeno caratteristico dei volgari e dei dialetti centromeridionali45, ma anche numerosi ipercorrettismi (non sono tali pondo e naturalmente donde dell’edizione Mazzatinti che il ms. legge po(n)no 36rb40 e do(n)ne 62va4), sintomatici di una maggior estensione del fenomeno (solo ess. a tutte lettere): affandy 51va23, colonda 37va5.10, colonde 37va20, condube 50vb2546, co(n)vende 50rb41, la preposizione articolata indeli 36rb8, 37va14 e indelo 36rb21.50, 37ra2 (+ 2)47, inoltre indemico 51vb40 ‹nemico›, sendo 52va22 ‹senno›, soprevende 52va50, vende 50rb39, 52rb20, 52va30 ‹venne›. In fonetica di frase (me) nde 23ra13 ‹me ne›.48 La trascrizione del Mazzatinti, inoltre, oscura un interessante fenomeno quale l’assimilazione di -NV- che passa a -(m)m-49 in co(m)me(n)de 51vb17 (in Mazzatinti convende), co(m)mer(e) 51rb16 (trascritto comvene), 51vb9, 52ra1 (trascritti convene), comere 51ra2 e co(m)men(e) 51rb48 (trascritti convene), i(n)midiosi 51ra14 (trascritto invidiosi) e inoltre vendeta, inserito dal De Bartholomaeis anche tra gli scempiamenti di origine settentrionale, e vendecta che in realtà corrispondono all’originale me(n)decta ––––––– 38 39

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Ma nel ms. faczo 62rb44 (e anche 36va44). Nel ms. (e anche in Mazzatinti) lezereme(n)t(e) 50vb32. L’altra occorrenza (riportata dal De Bartholomaeis [1899: 127] sempre come lezeramente) è nel ms. (e in Mazzatinti) lizeram(en)t(e) 50vb16. Cf. Baldelli 1983: 16-17. Ma oscillazioni tra sorda e sonora si incontrano in altri testi mediani antichi (cf. Vignuzzi 1976: 108-110, e nota 419). La caduta di -d- intervocalico è anche di alcune zone dell’Italia centro-meridionale, come il Lazio, l’Umbria sud-orientale, l’Abruzzo aquilano (Rohlfs 1966-1969: §216). Cf. DELI, s. càffo ‹dispari› e GDLI, s. caffo, 2: essere il caffo ‹essere il primo di tutti›. Nelle carte esaminate si registrano (-LD- > -ll-): ballanza 36vb34, cally 51ra2, callara 51rb43 (ma calda 51rb36); (-MB- > -mm-): li(m)mo 50ra56 ‹limbo›, ’malzamato 36ra32 ‹imbalsamato›, palo(m)me 50vb24, plo(m)mo 50rb42 (allato a plumbo 50rb45), e in fonetica di frase (in) moca 51va46 ‹in bocca›; (-ND- > -n(n)-): baner(e) 37ra32, 52rb6, grida(n)no 36rb46 (in Mazzatinti gridano), iurla(n)na 23ra9 ‹ghirlanda›, oltre a quelli sopra visti. Per questo fenomeno cf. Merlo 1919: 200-203, 213-215, 256-257, 270; Rohlfs 1966-1969: §§253254. E in compendio reco(n)dube 51rb14 ‹riconobbe›. E in compendio i(n)del’ 36va7, i(n)dela 50ra3, 51rb43.55 (+ 2), i(n)deli 51rb37, 52rb44, i(n)delo 36ra39.40, 36vb50 (+ 26) (ma i(n)nele 50rb42). False ricostruzioni anche in Gambacorta 2000: 85-86 (con bibliografia). Cf. Rohlfs 1966-1969: §254.

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36ra56, 36rb3.50 Tuttavia, anche se in misura largamente inferiore rispetto alla trascrizione del Mazzatinti, nelle carte esaminate si riscontra anche la forma «letteraria» con -NVintatto (in compendio) in co(n)vende 50rb41, co(n)vene 50vb8 e co(n)ven(e) 51rb6, co(n)ve(r)rà 52vb8 e i(n)vidia 50vb48. Dagli scempiamenti di origine settentrionale, elencati dal De Bartholomaeis, andranno espunte (in aggiunta alle voci già viste)51 tutte le forme verbali non correttamente trascritte del tipo àno per àn(e), averano per averan(e), cantarano per cantaran(e), fano per fan(e), pono per pon(e), senterano per senteran(e), serrano per serran(e), stano per stan(e), vano per van(e), ecc., dato che non si tratta di «aggeminazione evitata», come egli scrive (1899: 129-130), ma di forme in cui, alla terza persona singolare (usata, come già ricordato, anche per la terza plurale), viene aggiunto -ne paragogico.52 Ancora, nella morfologia del verbo vengono attribuite alla lingua letteraria le forme stanno e fanno, del tutto assenti nelle carte esaminate, che si leggono nel manoscritto stan(e) 50ra52, stauno 36rb11, 51rb54 e fauno 50rb46. Sempre al toscano letterario lo studioso fa risalire le forme verbali farà, faranno, sarà, starà, nelle quali però un titulus (ancora tralasciato nella trascrizione del Mazzatinti) abbrevia la vibrante: fa(r)rà 52va1, 62rb47, fa(r)ran(e) (3a plur.) 52va16, sa(r)rà (3a plur.) 52va17, sta(r)rà 37ra29.35. In un solo caso si ha il perfetto in -au nella forma gectau (in cui -AVIT > -àu), alla quale il De Bartholomaeis aggiunge incomenzau, erroneamente letto dal Mazzatinti in luogo di i(n)com(en)zan(e).53 Interessante risulta il lessico, con la presenza dei superlativi del tipo belledissima 23ra9 e grandedissimo 23ra7, e voci come finan(e) (3a plur.) 51va52 ‹finiscono› (cf. Finamore e Giammarco, s. finà’), mactiar(e) 51vb36 ‹bastonare› (cf. Finamore e Giammarco, s. mazzijà’), smentecar(e) 50rb14 ‹dimenticare› (cf. Finamore, s. smendecarse e Giammarco, s. sməndəcarsə), soppoczati 51rb54 ‹sprofondati› (cf. Finamore, s. suppuzzà’ e Giammarco, s. soppozzà ‹nascondere›), ecc., ancora dei moderni dialetti abruzzesi. Esaminati alcuni casi che il De Bartholomaeis rinvia alla varietà settentrionale o alla lingua letteraria, e stabilita la loro piena congruenza con la fenomenologia offerta da altri testi provenienti dalla stessa area o da aree contermini, si può tracciare una rapida conclusione.

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Che si incontra anche nelle carte 37va44, 51vb40 e 52va4. E oltre ai vari casi, sempre collocati al punto III tra le scempie, in cui si riscontra omissione del titulus come amaestramenti per a(m)mast(r)amenty 37ra15, crudele meti per crudeleme(n)t(e) 36va1, dime per di(m)me 52ra43, done per do(m)ne 36va38, suma per su(m)ma 52ra14, ecc., o letture come apetito per petito 51ra7, ecc. Sull’epitesi di -ne cf. Durante 1970: 249-264; Rohlfs 1966-1969: §336 (e §§335, 337). Per la diffusione nei testi mediani medievali cf. Baldelli 1983: 148. Bibliografia (per -ne, -e, -o epitetiche) in Vignuzzi 1976: 155, nota 620. La ricorrente omissione delle abbreviazioni induce lo studioso ad assegnare al punto V (quello delle «‹restaurazioni improprie›, le ‹affettazioni letterarie›, le ‹grafie› e i ‹casi dubbj›» (De Bartholomaeis 1899: 118) la forma mascli, che corrisponde nel manoscritto a masc(u)li 36ra18, con l tagliata.

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Alla luce di quanto è emerso da questo sondaggio preliminare, nelle carte trascritte della Fiorita (una trentina, in aggiunta a quelle già edite dal Mazzatinti), il volgare locale è molto più documentato rispetto a quanto si evince dalla disamina del De Bartholomaeis. Oltre ai casi già visti, restituiti alla fenomenologia dell’area centro-meridionale, appare ampiamente rappresentato il tratto patente del vocalismo tonico, e cioè la metafonesi di e, o chiuse prodotta solo da -I lunga finale54, allo stesso modo che nello Statuto di Orsogna (cf. Gambacorta 2000: 76-77).55 Inoltre, sono riconducibili alla medesima area anche peculiarità grafiche come pagese, trogiano, trogyana, trogyani e innogia, definite dallo studioso «affettazioni» (1899: 124), e che invece rappresentano interessanti grafie nei testi «di tipica tradizione mediana»56, in cui l’affricata palatale sonora ha mero valore grafico per rendere l’approssimante palatale j (data poi nel testo anche la forma Troya 37rb18).57 Il volgare che emerge dalle parti esaminate è molto ben marcato in senso municipale, con caratteristiche mediane e meridionali, nel quale si incontrano anche le componenti latineggiante e letteraria, che determinano l’ampia polimorfia del testo, come aveva già intravisto il De Bartholomaeis. È semmai l’elemento settentrionale, alla luce di quanto sopra esposto, che ritengo vada decisamente ridimensionato, anche se l’indagine andrà condotta sull’intero manoscritto, tenendo presente una possibile diversità di registro tra la lingua della narrazione e quella dei brani poetici. ––––––– 54

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56 57

Escludendo, quale unico caso prodotto da -U finale, il dimostrativo ‹questo› con le sole due occorrenze di quisto 23ra5.9 per estensione del paradigma (allato a questo 36ra26, 36rb1.30 [+ 48] e, in compendio [q con titulus] 50ra18.43.56 [+ 3]). Il De Bartholomaeis (1899: 119) assegna al volgare locale poche altre forme metafonetiche prodotte da -U finale, quali (é > i) assiso, digno e (ó > u) plumbo, ulmo, che si devono invece valutare come latinismi, anche per la presenza di dengio 50vb6, 51va40, 52ra18, olmo 50ra47.49.54 e plo(m)mo 50rb42, e inoltre vi inserisce quillo, erroneamente trascritto dal Mazzatinti in luogo di quello. Altre forme (con i e u toniche) spiegabili come latinismi sono: baptismo 36rb31, 50rb6, respundy 36vb30 (dati anche respuse 50ra43, 50rb15, 50vb1 [+ 5] e respusero 50ra11). Tra le numerose forme attestate, riporto, a titolo esemplificativo, solo alcuni casi che hanno anche il singolare: 1) é > i: accisi 36vb4 ‹accesi› (di contro ad acceso 36va9), frischy 36rb14 (ma fresco 50vb31), issi 36rb5, 51ra9 e issy 51ra5 (e esso 36rb32, 50vb31), niry 51vb50 (ma nero 36vb15, 51ra16.38), a cui si dovrà aggiungere dicty 50rb42, 52rb44 (e qui anche i(n)maledicty 51va51), in cui, più che al paradigma del verbo, la tonica è dovuta al condizionamento della finale, date le forme decto 37rb47, 37va46, 51ra53 (+ 1), decta 36ra39, 50vb6 e decte 37va3, 37va20. Inoltre quilli 23ra12, 36rb50, 37va11 (+ 4) e quilly 50ra5.8.9 (+ 11) (in compendio [q tagliato orizz.] 52va14), di contro a quello 36ra21.33.41 (+ 68) (in compendio [q con titulus] 36ra35, 50vb7.16 [+ 11]), quisti 50ra28, 50rb1, 51ra45 (+ 9) (in compendio [q tagliato orizz.] 52va16) (ma nel testo si trovano anche, sebbene in misura notevolmente inferiore, le forme della lingua letteraria questi 50rb8 e questy 51va24); 2) ó > u: iunty 50va45, 51va5, 51vb21 (+ 3) (da valutare come forma metafonetica per la presenza di iont(e) 52ra10 e in altre carte del ms. gionto 13vb16, ionto 8vb58, 13rb58, 15vb19 e io(n)to 9va58, ionta 10vb25, ionte 12rb47). Baldelli 1983: 276, e 145-147. Esempi anche in Ambrosini 1964: 123-126; De Bartholomaeis 1907: 19, 8; Mattesini 1990: 171; nello Statuto di Orsogna una simile grafia si incontra inoltre in posizione intervocalica di frase nella voce gierva ‹erba› (Gambacorta 2000: 71 e nota 54).

Per una edizione critica della Fiorita chietina di Armannino giudice

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Uno studio sistematico sulla lingua e sul lessico della versione chietina della Fiorita inoltre non può non avere risvolti sul piano ecdotico; per il nostro testimone, cioè, potrebbe non essere necessario supporre, come è stato fatto in passato, un antigrafo veneto. Data quindi l’importanza del testo, appare quanto mai essenziale e utile l’edizione critica della versione della Fiorita tramandata dal codice della Biblioteca Nazionale di Parigi, unica ampia testimonianza letteraria, finora nota, del volgare medievale chietino.

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Rafael García Pérez

Los marcadores rectificativos en un diccionario histórico

Introducción El presente trabajo forma parte de un proyecto de investigación que se centra en el estudio de la evolución de los marcadores discursivos del español, con el objetivo final de integrarlos en el Nuevo diccionario histórico de la Real Academia Española.1 En ese sentido, forma parte de un plan más amplio que concibe esta obra, como tuve ocasión de exponer en otro lugar (Pascual / García Pérez 2007: 28-33), desde una perspectiva relacional y que tiene en cuenta los resultados obtenidos en los campos de la Informática y la Lingüística. A continuación me propongo mostrar, por tanto, el proceso de constitución de un tipo de unidades que la Pragmática ha clasificado como marcadores reformulativos y, más concretamente, como reformuladores rectificativos. Se trata, en primer lugar, de determinar cómo surgen en nuestra lengua y, en segundo lugar, de especificar los procesos de transformación que hacen que estos sintagmas, libres en un principio, pasen a convertirse en unidades más bien fijas, desprovistas de su significado semántico composicional y dotadas de un contenido pragmático de gran importancia para la coherencia y cohesión del discurso.

1. Los marcadores rectificativos en la actualidad Los marcadores del discurso son objeto de estudio por parte de la Pragmática desde hace algún tiempo. Sobre los marcadores del español en general son destacables, entre otros, los trabajos de Martín Zorraquino (1999), Portolés (2001) o María Pilar Garcés (1996). En el marco de muchos de estos trabajos se han tratado también desde un punto de vista general, los reformuladores rectificativos. A grandes rasgos conviene recordar aquí que se trata de aquellos marcadores que permiten volver sobre lo ya expresado anteriormente, pero con la intención de corregirlo en todo o en parte. Los elementos que desempeñan esta función son variados, pues junto a marcadores en sentido estricto (mejor dicho, mejor aún, más bien...) nos encontramos también con construcciones menos gramaticalizadas, como la forma ––––––– 1

HUM 2007-63165 / FILO, financiado por el Ministerio de Educación y Ciencia.

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Rafael García Pérez

verbal digo.2 Por razones de espacio, me centraré en el primer grupo y, concretamente, en las unidades mejor dicho, mejor aún y más bien, cuyas funciones principales, que no han sido objeto de un tratamiento detallado hasta el momento, trataré de resumir a continuación.

1.1 Mejor dicho Se trata del reformulador más habitual3 y se usa muy a menudo cuando se trata de mejorar semánticamente un enunciado que, por una razón o por otra, se ha formulado de modo inapropiado o con cierta imprecisión. Es el caso de la sustitución de una palabra por otra más adecuada al contexto o a la intención del hablante, como en el ejemplo siguiente:4 «Quiero aprovechar esta ocasión para sugerir, mejor dicho, para apremiar a los fieles hispanos de la Diócesis a que erijan un santuario en Miami a Nuestra Señora de la Caridad del Cobre», dijo el obispo Carroll el 8 de septiembre de 1966 al terminar la Misa en el Miami Stadium. (2001)

Pero no solo se trata de palabras, sino también de oraciones o segmentos textuales: ‹Operación triunfo› no se ajusta con precisión a ninguno de estos dos modelos o, mejor dicho, comparte elementos que pertenecen a ambos (Cáceres, 2002), quizá a ello quepa atribuir su enorme éxito [...]. (2004)

A veces está bastante cerca de los marcadores reformulativos explicativos, pues no es raro que la corrección se lleve a cabo por medio de la precisión de la referencia, incluso de una extracción de consecuencias de tipo inferencial: Dieciocho años es edad de comenzar a trabajar: no quiere estudiar más, o mejor dicho: asistir a clases.

El uso de mejor dicho por motivos expresivos o estilísticos es especialmente interesante. Con él se puede tratar de potenciar algunas figuras del discurso, como la diáfora, que recojo en (1), o la sustitución5 (2): (1) [...] Nina Novak confiesa sentirse reconocida en su trabajo con la distinción que le adjudica el Premio Nacional de Danza 1996, pero insatisfecha con el rango artístico que tiene o, mejor dicho, que no tiene, porque considera una vergüenza que actualmente no se desempeñe como maestra de repertorio clásico del Teatro Teresa Carreño [...]. (1996)

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3

4 5

Aunque ya de por sí, como señala Portolés (2001: 142), los marcadores reformulativos de rectificación no se hallan totalmente gramaticalizados. Cf. Martín Zorraquino (1999: 4127), quien señala, además, que puede aparecer precedido de la conjunción o. Como este, todos los ejemplos que utilizo para este trabajo proceden del CREA. La sustitución como figura implica que «dans une formule attendue, cliché, syntagme figé, proverbe, citation, idée reçu on remplace certains lexèmes par d’autres, inverses ou étonnants» (Dupriez 1984).

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(2) […] y optó por tomar las negociaciones en propia mano o, mejor dicho, en propia pluma, pues decidió intercambiar correspondencia con el voluble empistolado que declaró la guerra «al ejército federal mexicano, pilar básico de la dictadura que padecemos, monopolizada por el partido en el poder y encabezada por el ejecutivo federal [...]». (1996)

1.2 Mejor aún6 Como mejor dicho, el hablante puede recurrir a mejor aún para corregir una palabra o expresión que se considera inadecuada, bien por motivos contextuales, de intención elocutiva o, simplemente, de uso: Ahora, en esta entrega escrita en su idioma natal, presenta al lector un cuarto de millar de textos breves o, mejor aún, de fragmentos, como a él le gusta denominarlos. (2003)

Ahora bien, al contrario de lo que sucede con mejor dicho, este reformulador puede no corregir en sentido estricto el segmento anterior, sino solo mejorarlo. El segundo elemento, pues, no invalida el primero; en realidad, ambos son compatibles, hasta el punto de que el enunciado inicial habría sido igualmente aceptable sin la rectificación. Funciona, sobre todo, cuando la corrección se refiere a lo designado, no al sustantivo o a la forma lingüística en general utilizada para designar. En estos casos, no es equivalente a mejor dicho. Si observa un mapa del mundo o, mejor aún, una fotografía de la Tierra tomada desde el espacio, verá que Sudamérica encaja con África como si los continentes fueran piezas de un rompecabezas. (2002)

1.3 Más bien7 Es equivalente de los anteriores en su uso como rectificador de palabras, sintagmas o fragmentos discursivos que el hablante considera poco adecuados a la realidad designada o a la situación comunicativa: [...] escribe y vive a toda velocidad, y ama a otra muchacha –más bien una muchachita–, fina y culta: Ada Kourí. (2003)

Puede ir precedido de la conjunción o, como mejor dicho y mejor aún; pero, contrariamente a ellos, también de la conjunción sino8, cuyo sentido adversativo pleno queda, en cierta medida, matizado: ––––––– 6 7

También tenemos la variante aún mejor, que presenta las mismas funciones que mejor aún. Naturalmente, los empleos como marcador del discurso excluyen aquellos en que se comporta como adverbio especificador de un sintagma («[...] cuyo ejercicio es más bien circular» por ejemplo). Cf. Martín Zorraquino (1999: 4127).

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Sin embargo, no son estrictamente monólogos, sino más bien soliloquios, discurso dirigidos a un interlocutor que permanece mudo, fuera de escena (por teléfono) o invisible [...]. (2002)

La conjunción puede desaparecer en cierto tipo de discursos, con lo que el carácter adversativo del segundo segmento se hace menos evidente aún y prima, sobre todo, la idea de matización: En esos años no hubo polémica, más bien apertura entre modernistas y primitivos. (2003)

Más bien, por ese carácter matizador, se utiliza con frecuencia para reinterpretar de modo subjetivo la conexión entre la forma lingüística y la realidad a la que se refiere, sin que ello cuestione por completo su adecuación inicial, avalada por otro tipo de circunstancias: Los huesos fueron hallados a las 10 a.m. en el garage [sic] –más bien un cobertizo– de la casa del pederasta en la calle Daubresse, en Jumet. (1996)

Como podemos apreciar en este párrafo, más bien un cobertizo no pone totalmente en entredicho el uso del término garaje, pues el lugar descrito bien podría interpretarse así por su función, sino que nos comunica la visión del propio hablante sobre su estructura externa. El uso en estos casos de mejor dicho y mejor aún es imposible. El recurso a estos últimos – que requeriría, además, un paralelismo sintáctico con el segmento anterior– se interpretaría en este contexto como una rectificación total.

2. Evolución histórica Como he tenido ocasión de señalar más arriba, estas unidades no se introducen en la lengua desde el exterior y como bloques léxicos ya constituidos, sino que son el resultado de un proceso de gramaticalización9, más o menos acusado, por el que ciertos grupos de palabras ya existentes, combinados libremente en el discurso, pasan a perder su significado individual para formar una nueva entidad más especializada, adecuada al desempeño de funciones discursivas. La creación de estos elementos es un paso importante en el enriquecimiento del léxico español y, por consiguiente, no puede obviarse su tratamiento en un diccionario histórico. Hasta el presente, estos estudios, así orientados, no han merecido ––––––– 8

9

Mejor aún no excluye totalmente una combinación con esta conjunción, pero es raro o, al menos, mucho menos frecuente que en el caso de más bien. De hecho no encuentro ejemplos en el CREA para este uso. Sobre los procesos de gramaticalización, cf. Traugott 1995; 2003 y Traugott / Dasher 2002. Pilar Garcés (2006), para el caso de los marcadores, y tomando como base los de ordenación, ha puesto de manifiesto la necesidad de ampliar este concepto en el sentido de que no se trataría solo de un proceso unidireccional –del léxico o el discurso a la gramática–, sino multidireccional, por cuanto puede darse también una dirección inversa.

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una atención detenida; no obstante, se han publicado ya algunos trabajos interesantes al respecto por algunos miembros del proyecto de investigación (cf., por ejemplo, Pilar Garcés 2006).

2.1 Mejor dicho Los primeros usos de mejor dicho aparecen en el s. XV. En estas fechas, el sintagma se interpretaba como un giro estilístico especialmente marcado en el que el adverbio mejor se anteponía al participio del verbo decir. El único ejemplo con que contamos10 tiene enorme relevancia, porque nos muestra cómo este participio, acompañado por el verbo ser, podía servir para reformular un segmento textual ocasionalmente: Si los amárades como perdederos, agora perdidos o de vos separados, que es mejor dicho, non denigraran vuestra alegría, así que el dolor ovo causa en non amar con prudençia [...]. (1424)

En ese sentido, aunque muchos de los ejemplos del s. XVI nos presentan un adverbio comparativo mejor que depende del participio dicho y carece de intención reformulativa, como sucede en el siguiente pasaje: [...] que no se ponga aqui el nombre del cauallero que gano el premio de auer lo mejor dicho y hecho [...]. (1531)

es evidente que la idea de «decir mejor» permitía (siempre que el hablante lo estimara necesario) la corrección perifrástica, es decir, una búsqueda de mayor propiedad en la linealidad discursiva. La formación del marcador de rectificación tiene, por lo tanto, antecedentes más antiguos de lo que a primera vista pudiera parecer. A partir de los Siglos de Oro, el adverbio y el participio tendieron a independizarse del resto del contexto lingüístico que constituía la perífrasis de reformulación, aunque aún el peso semántico del verbo estuviera presente y se tratara, más bien, de casos esporádicos. Como en la lengua actual, nos encontramos con que esta combinación sucede a una palabra o una frase que el oyente o lector debe sustituir por la nueva designación. El primer ejemplo del corpus es una rectificación basada en una figura retórica (figura etimológica), que, al potenciar la «presencia», es decir, al hacer más evidente un elemento considerado relevante en esa parte del discurso, actúa como mecanismo de refuerzo argumentativo:11 Assi honrauan los gentiles antiguamente su dios Baco; pero mucho me marauillo como Sant Anton, assi honrado, o mejor dicho desonrado, no haze daño en los hombres que se muestran ser mas locos que las bestias por quien le festejan. Dime: aqui que pastor teneys, es mudo o malo? (1532)

––––––– 10 11

Tanto este como todos los demás ejemplos del pasado proceden del CORDE. Para este concepto de «presencia» y su vinculación con las figuras retóricas, cf. Perelman / Obrechts-Tyteca (1989: 274-285).

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El segundo ejemplo, del s. XVII, tiene también mucho de estilístico, pues parece apoyar una cierta ironía bastante barroca: [...] y viendo éstos acaso a su Rey preso y despojado de sus reales vestiduras, postrándose delante de él en tierra, comenzaron a llorar con grandes alaridos su pérdida y cautiverio, nombrándole por su Rey muchas veces. Cosa que aunque él quiso negar, no pudo, y vino por ese medio a ser conocido, mejor dicho, regalado y servido, pero más guardado. (1625)

Solo a partir del s. XVIII encontramos ejemplos en textos más científicos que buscan la reformulación por motivos de claridad. También por primera vez aparece esta estructura lingüística precedida por la conjunción o: [...] del mismo modo convendría hacer una repartición o, mejor dicho, una asignación de los corregimientos de toda la provincia a los gobiernos de Yaguarzongo, Macas, Maynas y Quijos para que cada uno desterrase la gente de esta especie al paraje que le correspondiese [...]. (1747)

Estos usos son paralelos a los de la misma estructura interpretada como sintagma libre, al menos hasta finales del s. XVIII. A partir del s. XIX (más bien hacia mediados de la centuria), asistimos a una auténtica explosión del uso de mejor dicho como marcador discursivo. Subimos pues en una de estas, y no fué pequeño el chasco de Tirabeque cuando vió que era aquella la Dama blanca que habiamos de llevar, ó mejor dicho, que nos iba á llevar. (1842)

Es posible que una parte de estos hechos pueda explicarse por motivos relacionados con la constitución del corpus12, si bien no podemos dejar de lado, por las razones expuestas anteriormente, la hipótesis de una mayor difusión y afianzamiento de la unidad pragmática en el uso lingüístico con una especial intención comunicativa. En ese sentido, los empleos de siglos anteriores constituirían los primeros tanteos, y quedaría mejor explicada su aparición en contextos caracterizados por el juego lingüístico, en un momento en que aún no es tajante la separación entre su uso como sintagma libre y como marcador discursivo. Paralelamente, desde el mismo s. XIX se reduce el uso de mejor dicho como sintagma libre, que queda relegado a construcciones de tipo resultativo con estar o quedar, en general muy poco frecuentes.13

2.2 Mejor aún Tanto mejor aún como aún mejor aparecen en los primeros ejemplos como sintagmas libres con función de complemento adjetivo o adverbial y, por tanto, dependientes de un sustantivo o un verbo respectivamente. ––––––– 12

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Quizá con un corpus más equilibrado podría determinarse hasta qué punto se produce realmente un salto tan grande. Encuentro solo un ejemplo en el CREA.

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Mas aún mejor quiero yo d’esso, que aquel a qui falláremos que esse finque por siervo e los otros id a buena ventura. (1275) De plata o de oro, que es aún mejor metal. (1275)

Aunque el más antiguo, según los datos ofrecidos por el corpus, parece ser mejor aún, lo cierto es que la mayor parte de los usos corresponden a aún mejor. De hecho, solo contamos con dos ejemplos del primero hasta el s. XVI. Es interesante comprobar a este respecto, que la gramaticalización de estas unidades empezó por la forma mejor aún, quizá por ser la menos extendida en el uso y la que menos problemas de interferencias planteaba. Contrariamente a mejor dicho, la ausencia de una forma verbal con una fuerte orientación semántica favoreció la interpretación particular de mera «rectificación por mejora acumulativa».14 Ya encontramos un ejemplo en el s. XVII con una clara tendencia a desempeñar esta función: [...] como si dijera: Tus pechos son mejores que el vino y huelen á ungüentos preciosíssimos, ó tienen olor de boníssimos ungüentos; ó mejor aún: son la misma fragancia. (1607)

Su carácter todavía incipiente se pone de manifiesto si se compara con un segundo ejemplo del s. XVIII, donde mejor aún parece hallarse todavía a medio camino entre el sintagma libre y el marcador (un poco más inclinado, quizás, hacia el primero): El autor es todo mio, y hubiera publicado á cara descubierta aquellos tres discursos, si tuviera la aprobacion de alguna Sociedad, y mejor aún si fuera la de la Bascongada. (1793)

Tras estos dos ejemplos, descubrimos que solo a partir de mediados del s. XIX se produce la verdadera difusión de mejor aún como reformulador rectificativo. Ya en este momento, junto a los contextos en que el hablante trata de mejorar lo dicho anteriormente: El ensayo por la via húmeda lo practica del modo siguiente: el mineral debe estar calcinado (y tomar de él 100 granos, cantidad que él encuentra suficiente), con las precauciones indicadas, practicando la operacion en una cápsula de porcelana, ó mejor aun, en un crisol de platino. (1856)

aparecen rectificaciones en sentido estricto y, por lo tanto, mejor aún se presenta, de modo claro, como equivalente de mejor dicho: [...] fácil es apreciar, aun dada tambien la mayor exactitud en los resultados, que este procedimiento, ó mejor aún, que la tarifa uniforme de que se trata, lleva consigo una evidente falta de equidad [...]. (1881)

La variante aún mejor, quizá por la mayor tendencia a utilizar esta combinación como sintagma libre, tardó más tiempo en adquirir funciones pragmáticas. Los primeros ejemplos parecen ser del s. XIX: ––––––– 14

A esta función me he referido en la descripción del marcador actual.

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[...] para una caza; y le pintó indiscreta el banquete, el festejo y regocijo, que para celebrar se preparaban su boda, o aún mejor su sacrificio. (1834)

Algunos usos como reformulador pueden admitir la anteposición de la conjunción y: Como en aquéllos, su concha rudimentaria aparece formando parte de un tubo cuyo orificio superior está obturado por una lámina convexa agujereada al modo de una regadera, y aún mejor, de un isopo a lo que alude el nombre de spergilum, de aspergen, regar. (1926)

A pesar de que los primeros ejemplos son más bien tardíos, ya desde el s. XVI, todavía como sintagma libre (dependiente, por tanto, de una forma verbal), se había podido utilizar con intenciones rectificativas. Quizás este tipo de construcción constituya el origen inmediato de las funciones pragmáticas desarrolladas posteriormente por ambas variantes: [...] porque aunque muchos son muertos de hambre y por otras ocasiones, esas y esotras acarreó esta voluntad de adquirir estos bienes temporales, y aún mejor les podíamos decir males, por mucho oro y perlas que alcancen a los hombres [...]. (1535-1557)

2.3 Más bien En la lengua antigua era frecuente que bien se interpretara como un sustantivo y, en ese caso, más se interpretaba en su faceta de adverbio comparativo: [...] de guisa que aquél que fiziera más bien que a todos los otros Ángeles fue derribado de los ciellos. (1251-1255)

Más bien podía utilizarse como un bloque adverbial comparativo o superlativo (= mejor) si acompañaba a un adjetivo: ¡O duenna más excellente que todas quantas nascieron, e la más bien paresciente que mis oios nunca uieron! (1407-1463)

Como marcador del discurso, sin embargo, no se usaría hasta bastante más tarde. En el s. XVI encontramos ejemplos en que aún se comporta como locución adverbial, si bien parece que va preparando el terreno para su desarrollo pragmático posterior: No es necesario que un príncipe tenga todas las calidades que habemos dicho, más bien es necesario que parezca que las tiene [...]. (1595)

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Ya con una clara función de reformulador rectificativo, precisamente derivada de esa idea inicial del comparativo, al igual que en el caso de mejor dicho y mejor aún, aparecen ejemplos a partir del s. XVII, aunque con una cierta idea de matización: En 1530, Sebastián Gaboto, o más bien Caboto, sale de la bahía de Cádiz, para el Río de la Plata.

A finales del s. XVIII y, sobre todo, en el s. XIX, aumenta su número, y no es raro que más bien aparezca precedido de las conjunciones o y sino: Era poseído éste de las pequeñas naciones o más bien tribus de los Izancales, Pauganes, Zanquampúes y Chorros, que entendían poco de guerra. (1789) Esta ciudad del mundo fue en un principio gobernada, no sólo absoluta, sino más bien despóticamente. (1840-1857)

Como en la actualidad, podía introducir una rectificación completa, en la que la idea de matización se difuminaba; en ese caso, era equivalente de mejor dicho: Pero lo que no sabéis es que todas las tardes, todas las mañanas yo vagaba alrededor de los jardines para ver más de cerca a Carolina, o más bien las ventanas de su habitación [...]. (1834)

Paralelamente, también entre finales del s. XVIII y principios del s. XIX empieza a declinar el uso de más bien como comparativo y se extiende la idea de inadecuación, que es la que se ha mantenido hasta la actualidad, es decir la idea de que el elemento lingüístico principal al que acompañaba no se adecuaba por completo a la realidad designada. [...] aunque siempre creeré, que un modo tan insolente en nada convenga con la Religiosa vida, pudiendo ser más bien efecto del desentonado orgullo con que aquí se siente de todas las cosas [...]. (1764)

En ese sentido, se puede decir que la locución adverbial más bien terminó acercándose al marcador.

3. Conclusión Un diccionario histórico concebido desde una perspectiva relacional no puede obviar los procesos de transformación de esas palabras que, combinadas libremente en el discurso y dotadas de un significado composicional, pasan a convertirse en unidades con un amplio grado de fijación, capaces de desempeñar nuevas funciones pragmáticas. Como he tenido ocasión de mostrar con el ejemplo de los marcadores y, más concretamente, los reformuladores rectificativos mejor dicho, mejor aún y más bien, los cambios no solo afectan a los vocablos que componen estas nuevas estructuras, sino también a las conexiones entre ellas. Los reformuladores rectificativos constituyen una clase que evoluciona de modo paralelo, pues empieza a cobrar forma a partir de los Siglos de Oro

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Rafael García Pérez

para terminar integrándose y difundiéndose verdaderamente en el uso lingüístico hacia el s. XIX. Por otro lado, si necesariamente comparten una función básica común, no se trata de sinónimos absolutos. Cada una de ellas presenta también sus propias peculiaridades, que se explican mejor si se tiene en cuenta su distinto origen.

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Claudio Iacobini

Le parole per guerra e per duello nelle lingue romanze in relazione con le altre lingue europee: tipi morfologici e rapporti lessicali

1. Bellum e duellum in latino Le due parole latine bellum e duellum sono due forme allotrope originate dal diverso esito del nesso iniziale /dw/ del latino arcaico, che nella pronuncia del latino classico era di norma realizzato come un’occlusiva bilabiale sonora attraverso un comune processo di riduzione fonetica (cf. duenos > duonos > bonus, *duis > bis). La forma duellum rappresenta dunque la variante conservativa, mentre bellum è la variante foneticamente innovativa (cf. Ernout / Meillet 1959). In latino classico le due parole hanno avuto fortuna ben diversa. La parola bellum (il cui primo significato era quello di ‹guerra›) era ampiamente diffusa a ogni livello stilistico e organicamente inserita nel sistema giuridico e religioso di Roma. La parola duellum era invece di uso molto meno frequente e stilisticamente marcata. Pur se talvolta usato come sinonimo di bellum ancora in Livio e in Orazio, in epoca imperiale l’arcaico duellum continuava a essere utilizzato in questo senso quasi esclusivamente per le formule solenni del più conservativo linguaggio sacerdotale.1 Il termine duellum era talvolta usato (con i significati di ‹guerra; battaglia›) anche in opere letterarie per la sua coloritura arcaica (cf. Plauto Asin. 559: sicut ego possim, quae domi duellique male fecisti; Capt. 67-68: Abeo. Valete iudices iustissimi / domi duellique duellatores optumi). La permanenza nell’uso del termine, a cui certamente ha contribuito in maniera importante l’accostamento paretimologico con il numerale due, è stata favorita dalla progressiva specializzazione di senso: da un significato più generale e generico ‹guerra; battaglia›, al senso via via predominante nel latino di epoca imperiale di ‹combattimento gladiatorio›. Esempi che attestano tale specializzazione di senso sono molto frequenti nel latino tardo (cf. TLL s.v. duellum «duellum: duorum hominum bellum»; «pugnat cum gladiatore, ego tremens duellum inspicio et singulos ictus, quos ille perferebat»). Esempi di etimologie popolari si trovano, tra gli altri, in Isidoro da Siviglia (560-636) «bellum antea duellum vocatum eo quod duae sint partes dimicantium, vel quod alterum faciat victorem, alterum victum. Postea mutata et detracta littera dictum est bellum», e Paolo Diacono (720/30 ca.-799) «duellum bellum, videlicet quod duabus partibus de victoria contendentibus dimicatur». ––––––– 1

Ad esempio nei Ludi saeculares celebrati da Settimio Severo, i concetti di guerra e di pace venivano ancora espressi dai sacerdoti con i termini duellum e domus.

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Claudio Iacobini

2. Bellum e duellum dal latino alle lingue romanze Nelle lingue romanze contemporanee il rapporto tra le due parole è completamente diverso. Il sostantivo bellum non sopravvive. E’ stato infatti rimpiazzato nella grande maggioranza delle lingue romanze da parole che continuano il prestito germanico *werra. Il rumeno si differenzia parzialmente per aver adottato il prestito slavo rǎzboi. I continuatori romanzi della parola latina duellum hanno invece avuto una notevole forza espansiva, che, a partire dal XVII secolo, ha imposto il lessema di origine latina nelle lingue germaniche, in quelle slave e nelle altre lingue europee, tanto che duello (e i suoi corrispondenti nelle altre lingue europee) può essere ormai considerata una parola appartenente allo Standard Average European (cf. Haspelmath 2001; Iacobini 2005). In questo contributo intendiamo dimostrare che le ragioni e il momento del declino della parola bellum e dell’affermazione della parola duellum coincidono non solo temporalmente ma anche concettualmente. Contestualmente intendiamo contribuire alla critica dell’interpretazione etimologica riguardante l’affermazione dei derivati da *werra a scapito di bellum ancora accreditata da molti studiosi (cf. Gamillscheg 1970) e da alcune fonti autorevoli, tra cui l’Oxford English Dictionary «The Romanic-speaking peoples, who were obliged to avoid the L. bellum on account of its formal coincidence with bello – beautiful, found no nearer equivalent in Teut. than werra». Secondo tale interpretazione, la parola bellum sarebbe stata abbandonata nel sermo vulgaris per evitare possibili occasioni di confusione con l’aggettivo bellus ‹piacevole, grazioso›. L’affermazione del prestito germanico sarebbe dunque un caso di diffusione dal basso motivato essenzialmente dall’esigenza di porre rimedio a una possibile collisione omonimica. Siamo invece dell’avviso, così come argomentato in maniera molto convincente da Poli (1997), che l’affermazione del prestito germanico *werra a discapito del latino bellum dipenda piuttosto da una generale ristrutturazione dei campi concettuali relativi alla guerra e alla pace avvenuta in un contesto sociale elevato e mediata attraverso lo scritto, e non dalla diffusione per via diretta agli strati popolari del gergo militaresco dei soldati germanici.2 Come ricorda Poli, i mutamenti lessicali avvengono di norma successivamente a ristrutturazioni funzionali degli ambiti semantici in cui sono impiegati. La ristrutturazione semantica del termine per guerra è evidente, già in epoca longobarda, nell’identità sinonimica di populus con exercitus3, e nella contrapposizione tra pace e guerra, la prima vista in ottica cristiana come termine positivo e dono di Dio, la seconda come concetto esclusivamente negativo.4 Le ragioni e il momento del declino della parola bellum e dell’affermazione della parola duellum sono dunque da individuare nell’incontro delle lingue e delle culture latina e ––––––– 2

3

4

Fattore in comune fra le due interpretazioni è l’opinione che la diffusione del vocabolo germanico sia stata favorita dal modo di combattere e dalla organizzazione delle milizie propri delle popolazioni germaniche, ben diversi da quelli dei romani. Si pensi ai capitoli conclusivi dell’Editto di Rotari: «quod pro commune omnium gentis nostrae utilitatibus expediunt, pari consilio parique consensum cum primatos iudices cunctosque felicissimus exercitum nostrum augentes constituimus». Una concezione che segna dunque un netto cambiamento rispetto alla cultura latina.

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germanica, che ha avuto fra i primi e più importanti luoghi di scambio le cancellerie longobarde in Italia. Nell’insieme di leggi e di norme che, a partire dall’Editto di Rotari (Pavia 643), hanno tentato di conciliare le consuetudini giuridiche germaniche con il sistema ispirato al diritto romano e con i precetti morali del cristianesimo, la parola bellum ha perso il ruolo privilegiato che aveva nella cultura latina, mentre la parola duellum ha acquisito un nuovo valore in relazione alle pratiche di origine germanica dell’ordalia e del duello giudiziario. Tra le norme contenute nell’Editto di Rotari vi sono infatti quelle con cui si cerca pragmaticamente di regolare le procedure dell’ordalia nelle terre amministrate dai re longobardi, una volta constatata l’impossibilità di fare a meno di tale sistema di giudizio. La pratica del duello giudiziario si diffuse velocemente in tutta l’Europa altomedievale dal Baltico fino alla Sicilia. Il successivo sviluppo dei sistemi giuridici portò a una graduale delimitazione fino al divieto completo del ricorso al duello giudiziario sia da parte di amministrazioni laiche che ecclesiastiche. Si vedano, ad esempio, fra le leggi emanate dai papi, il Libro V cap. 15 delle Decretali di Gregorio IX (1234) dal titolo De clericis pugnantibus in duello. Una norma emanata originariamente da papa Alessandro III (1181), in cui si può leggere: Capitulum I: Clericus, iniens duellum, sive obtulerit sive susceperit, deponendus est; poterit tamen episcopus cum eo dispensare, si mors vel mutilatio membri non sit inde secuta. Capitulum II: Irregularis est clericus, non solum si ipse interficit per se, sed etiam si pugil, ab eo datus, adversarium occidat; nec excusat consuetudo. Poterit tamen cum eo circa beneficium habendum dispensari.

Da parte imperiale, basti citare il Liber Augustalis o Costituzioni melfitane (1231), in cui Federico II mira a restringere i privilegi baronali e a dichiarare il diritto all’uguaglianza dei cittadini dinanzi alla legge. Tale testo, che, pur nel rispetto della tradizione normanna, è ispirato al sistema giuridico romano, stabilisce l’abolizione del duello giudiziario. Estromesso dalle pratiche giuridiche, il termine duello continua a far parte del lessico dell’aristocrazia medioevale nell’ambito del codice cavalleresco, in cui il duello diventa una pratica altamente codificata, un modello culturale di riferimento per una società di nobili alla ricerca di uno statuto formale in cui riconoscersi al fine di contrastare gli interventi del potere religioso e del crescente potere degli stati. Per quanto riguarda invece i termini per ‹guerra›, come ricordato all’inizio del paragrafo, la parola bellum non ha avuto continuatori nelle lingue romanze (a parte i derivati aggettivali ripresi direttamente per via colta dal latino bellicus), il prestito di origine germanica *werra è rimasto isolato all’ambito romanzo e all’inglese, gli altri raggruppamenti linguistici europei, a cominciare da quello germanico, hanno scelto termini diversi, confinati all’interno di ciascun gruppo linguistico, come si può notare nell’esemplificazione seguente. LINGUE ROMANZE catalano, italiano, portoghese, spagnolo guerra; francese guerre; rumeno război; LINGUE GERMANICHE inglese war; danese, norvegese, svedese krig; tedesco Krieg; islandese strið; olandese oorlog; LINGUE SLAVE bielorusso, bulgaro, macedone, russo, sloveno, ucraino vojna; polacco woina; slovacco boj; ceco válka; croato, serbo rat; LINGUE

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BALTICHE lettone karš; lituano karas; LINGUE UGRO-FINNICHE estone sõda; finlandese sota; ungherese háború; GRECO pólemos; ALBANESE luftë.

Molto più interessante, sia a livello delle relazioni lessicali fra termini sinonimici in concorrenza sia anche a livello puramente morfologico, la vicenda dei continuatori romanzi del latino duellum.

3. Le parole per ‹duello› nelle lingue d’Europa: i tre tipi Le lingue oggi parlate in Europa esprimono il concetto di ‹duello› tramite tre principali tipi morfologici, a cui faremo riferimento con le denominazioni tipo romanzo, tipo tedesco e tipo greco. Il tipo romanzo è rappresentato da una parola di origine latina (cf. catalano, francese, rumeno duel, portoghese, spagnolo duelo, italiano duello) priva di struttura morfologica derivazionale o compositiva. Parole appartenenti a tale tipo sono state accolte in quasi tutte le lingue europee con trascurabili adattamenti fonico-grafici (cf. albanese, bulgaro, inglese, danese, duel, russo, ucraino duel’, estone, svedese duell, lituano duèlis, ecc.), mentre il tipo tedesco e il tipo greco sono rappresentati da parole composte i cui costituenti (un numerale e un nome per ‹battaglia, combattimento›) fanno parte dell’inventario lessicale indigeno di ciascuna delle lingue che li impiega.5 Il tipo tedesco, esemplificato dalla parola Zweikampf, ha origine da una reinterpretazione paretimologica del latino duellum, che trova giustificazione dal punto di vista formale nella forte somiglianza fra la parte iniziale della parola e il numerale latino duo, e dal punto di vista semantico nel fatto che il duello si svolge normalmente tra due contendenti. Nelle lingue che impiegano tale modello la nozione di duello è espressa tramite parole composte in cui il primo elemento significa ‹due, di due, fra due, coppia› e il secondo elemento significa ‹battaglia, combattimento›. Il tipo greco, esemplificato dalla parola monomakhía, è composto da un elemento iniziale mónos ‹unico, solo, singolo› e da un secondo elemento tratto dal nome mákhē ‹combattimento, battaglia; duello› (cf. monarkhía ‹signoria di uno solo›). Pur avendo in comune con il tipo tedesco la struttura compositiva, esso rende la nozione di duello in maniera diversa. Mentre nelle parole del tipo tedesco viene lessicalizzato il fatto che il duello si combatte fra due contendenti, il tipo greco mette in rilievo l’unicità dell’atto e la partecipazione del singolo. La struttura morfologica del composto permette infatti una doppia lettura del rapporto fra i costituenti: l’elemento mónos può indicare sia la singolarità del combattimento sia che il combattimento coinvolge persone singole (e non schieramenti di armati).6 ––––––– 5

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Per una rappresentazione schematica della distribuzione delle parole dei diversi tipi nelle lingue europee, si veda la tabella a fine testo. Per influsso del latino, nel greco antico dell’era cristiana monomakhía ha acquisito anche il significato di spettacolo gladiatorio (cf. i nomi monomákhos ‹gladiatore›, monomakho-tropheīon e

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In una stessa lingua il concetto di duello può essere espresso o da una parola appartenente a uno dei tre tipi individuati (è il caso delle lingue romanze e dell’inglese) oppure da più parole appartenenti a tipi diversi. La maggioranza delle lingue germaniche usa sia parole di tipo tedesco sia di tipo romanzo. Le lingue ugro-finniche utilizzano di preferenza il tipo tedesco, così come le lingue baltiche. Il tipo greco è presente, oltre che in greco, in alcune lingue germaniche settentrionali nelle quali costituisce una caratteristica conservativa. La maggior parte delle lingue slave impiega sia il tipo romanzo sia il tipo tedesco (es. serbo duel / dvoboj, bulgaro duel / dvuboj). Alcune lingue slave utilizzano anche un tipo peculiare (cf. polacco pojedynek), che si avvicina nel significato al tipo greco, ma se ne differenzia per la struttura morfologica: si tratta infatti non di una parola composta ma derivata, formata dal prefisso po- dalla radice -jedyn- ‹uno› e dal suffisso nominalizzante -ek. Tra i tre tipi, il tipo romanzo è indubbiamente quello che ha avuto una maggiore forza di diffusione: si è affermato nelle lingue romanze e nell’inglese (dove costituisce il tipo esclusivo), per poi diffondersi in quasi tutte le altre lingue europee. Parole del tipo romanzo sono presenti in tutte le lingue germaniche a esclusione dell’islandese, nelle lingue slave (a eccezione del polacco), nell’albanese, nel lituano e nell’estone. La diffusione del tipo greco è sul piano sincronico molto limitata, e in prospettiva diacronica ha visto restringere il proprio spazio.

4. I continuatori di duellum nelle lingue romanze La diffusione moderna dei termini per duello dipende in larga misura dalla legittimità e dal prestigio che, specialmente nel XVIII secolo, acquisì l’istituto del duello d’onore come pratica accettata socialmente, e regolata da un preciso codice e cerimoniale. Un istituto che ebbe sì origine medievale (basti ricordare le giostre descritte nei romanzi cavallereschi), ma che acquisì nuovi e diversi valori nella cultura moderna borghese dell’Europa occidentale. C’è infatti una cesura temporale e concettuale fra la fortuna alto-medievale del termine duellum e il suo accoglimento nelle lingue romanze. A questo proposito, è opportuno ricordare che le prime attestazioni nelle lingue romanze delle parole che continuano il latino duellum sono piuttosto tarde. L’italiano sembra essere la lingua che precede cronologicamente le altre: la parola duello è attestata poco prima dell’inizio del XV secolo nel senso più generico di ‹contesa, contrasto›, mentre nel significato più specifico di ‹combattimento regolato da norme fra due persone armate› è attestato a partire dai primi anni del XVI secolo. Una volta affermatosi, il termine duello ha avuto una diffusione piuttosto veloce a livello elevato. Si pensi alla fortuna editoriale dei volumi sulla scienza cavalleresca pubblicati in ––––––– monomakho-tróphos che corrispondono rispettivamente al latino ludus gladiatorius e lanista ‹allenatore di gladiatori›).

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prevalenza a Venezia (fra i titoli più fortunati: il Dialogo (1553) di Giovanni Battista Possevino, Il duello di Girolamo Muzio (1550), il Duello regolato a le leggi de l’onore (1551) di Fausto da Longiano, Il duello (1560) di Dario Attendolo). Letture che facevano parte del bagaglio culturale indispensabile per il gentiluomo e per il cortigiano. Nella storia della lingua italiana la parola duello ha dovuto superare la forte concorrenza sinonimica di termini come tenzone, certame, disfida, sfida che per un lungo periodo gli sono stati preferiti. A questo proposito, può essere sorprendente notare la pressoché totale assenza del termine duello nei due principali poemi cavallereschi italiani. Nell’Orlando furioso la parola duello non è attestata (l’assenza non è certo dovuta alla mancanza di possibili rime, essendo molte e frequenti le parole che finiscono in -ello, tra cui: annello, asinello, augello, battello, bello, capello, castello, coltello, fello, fratello, ostello, quello, ecc.), al suo posto sono usati: battaglia singular, singular certame, singular battaglia, prova d’arme, tenzon(e), lizza, giostra, giudicio e soprattutto pugna. I diversi termini sono usati come sinonimi talvolta a poca distanza l’uno dall’altro, come testimoniano i passi seguenti. Canto secondo, 16: finita che tra voi sia la battaglia, / se 'l conte Orlando, senza liti o giostre,/ e senza pur aver rotta una maglia, / verso Parigi mena la donzella / che v'ha condotti a questa pugna fella? Canto trentesimo, 29-30: né degno in prova d'arme esser rimesso: / e s'in ciò pur nol vogliono ubbidire, / voglino almen la pugna differire. / 30 Cinque o sei mesi il singular certame.

Nella Gerusalemme Liberata la parola duello appare una sola volta. Canto sesto, 15: ch'un cavalier […] / brama di far con l'armi or manifesto / quanto la sua possanza oltra si stende; / e ch'a duello di venirne è presto / nel pian ch'è fra le mura e l'alte tende / per prova di valore, e che disfida / qual piú de' Franchi in sua virtú si fida.

Passando alle altre lingue romanze, in catalano la parola duel è attestata già nel XV secolo. Le prime attestazioni del termine in francese si hanno intorno alla metà del XVI secolo, prima nella forma duelle, poco dopo in quella attualmente in uso duel. In spagnolo la parola appare sporadicamente intorno alla metà del XV secolo in testi giuridici. Nel secolo XVI è usata marginalmente, e considerata l’equivalente d’origine italiana del castigliano desafío. Solo a partire dal XVIII secolo duelo è di uso corrente nello spagnolo.

5. Duellum vs. singulare certamen La situazione attuale delle lingue romanze non deve far dimenticare che in latino la parola duellum non godeva di altrettanta fortuna. Per indicare il combattimento tra due uomini armati il latino classico usava infatti di preferenza la paola pugna o l’espressione singulare certamen (un’espressione molto vicina nel significato e nella struttura formativa al tipo greco monomakhía).

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E’ interessante notare che anche le lingue germaniche, prima di adottare il tipo tedesco Zweikampf, usavano denominazioni riconducibili al tipo greco. Nel medio altotedesco la forma corrente per duello era infatti il composto einwīg (il cui elemento iniziale ha valore ‹uno› e quello finale ‹combattimento, uccisione›) che si è conservato nell’islandese einvígi e nello svedese envig. Il tipo Zweikampf costituisce dunque per le lingue germaniche un’innovazione (risalente al XVII secolo)7, dalle quali si è diffuso nelle lingue baltiche (cf. lituano dvìkova composto da dvì ‹due› e kovà ‹battaglia›), in albanese (cf. dyluftím, composto da dy ‹due› e luftím ‹combattimento›), nelle lingue della famiglia ugro-finnica e in alcune delle lingue slave. La capacità espansiva di questo tipo (sostenuta dal prestigio e dal potere degli imperi e dei regni germanofoni) è stata molto probabilmente favorita dal fatto di permettere a ciascuna lingua di impiegare elementi propri per formare composti motivati semanticamente e morfologicamente.

6. Conclusioni Le parole latine bellum e duellum hanno avuto diversa fortuna. Il momento critico per entrambe è stato il valore che hanno assunto nei testi giuridici e canonici alto-medievali. Le ipotesi sulla diffusione di *werra a discapito di bellum basate sul conflitto omonimico e la diffusione nel sermo vulgaris dei termini impiegati dalle truppe di origine germanica è insoddisfacente. Per quanto riguarda duellum, l’impiego nei testi del latino medievale, dapprima per indicare i duelli giudiziari, e successivamente i confronti tra cavalieri, è stato il tramite attraverso cui la parola è arrivata nelle lingue romanze. La diffusione della cultura cavalleresca, e poi il duello regolato dal codice d’onore (una pratica che ha avuto una grande eco nella produzione artistico-letteraria specialmente nei secoli XVIII e XIX) ha determinato la pervasiva propagazione del termine secondo il tipo romanzo, specialmente tramite la lingua francese. Le parole che derivano da duellum costituiscono attualmente un europeismo non solo per l’ambito nozionale e la diffusione areale, ma anche perché non presenti in lingue vicine geograficamente, come l’arabo, che pur lessicalizzano la nozione di duello. Il tipo romanzo ha prevalso sul tipo greco, attualmente limitato a un piccolo numero di lingue, e recessivo nell’ambito germanico. La nascita e diffusione del tipo tedesco costituisce apparentemente una sfida al tipo romanzo. Se però si considera che il tipo tedesco Zweikampf nasce come un calco (sia pure paretimologico) di duellum, le parole formate secondo tale modello non possono essere considerate un tipo autonomo, quanto piuttosto un sotto-tipo del modello costituito dal tipo romanzo, e testimoniano ––––––– 7

La parola Zweikampf, che appare in tedesco nella prima metà del XVII, è frutto del purismo letterario dell’epoca sostenuto dalle Sprachgesellschaften, essa affianca la precedente parola di origine latina Duell, che si era affermata intorno alla fine del XVI secolo dopo apparizioni saltuarie in testi e glosse medievali.

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dell’interazione fra lingue germaniche e romanze, e della forza di diffusione che quest’ultime sono state in grado di esercitare nella storia della cultura europea. Tabella 1. Parole per duello nelle lingue europee contemporanee distinte per tipo LINGUE ROMANZE catalano, francese, rumeno italiano portoghese, spagnolo GERMANICHE danese inglese islandese olandese norvegese svedese tedesco SLAVE bielorusso bulgaro ceco croato, macedone polacco russo serbo, sloveno slovacco ucraino Greco Albanese BALTICHE lettone lituano UGRO-FINNICHE estone finlandese ungherese

tipo latino duellum

tipo greco monomakhía

tipo tedesco Zweikampf

duel duello duelo duel duel

tvekamp einvígi

duel duell duell duell duel’ duel duel duel duel’ duel duel duel’

envig

tweekamp, tweegevecht, tweestrijd tvekamp tvekamp Zweikampf

pajadynak dvuboj souboj dvoboj pojedynek poedinok

poedinok monomakhía

dvoboj souboj dvobij

duel

dyluftím

duèlis

divkauja dvìkova

duell

kahevõitlus kaksintaistelu párbaj

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Satoshi Ikeda

A propos du lexème beau en français contemporain

1. Introduction Le terme ‹beau› n’a pas souvent attiré l’attention des linguistes. En effet, peu d’analyses linguistiques ont été proposées pour ce terme. A côté de cette quasi-absence de travaux linguistiques sur ce sujet, nous notons une abondante analyse de ce terme effectuée par les philosophes et les esthéticiens, comme si l’on admettait que le terme ‹beau› ne concernait que le domaine esthétique. Or, contrairement à l’analyse faite par les philosophes et les esthéticiens, le terme ‹beau› présente, avec ses diverses valeurs hétérogènes, une grande complexité qui dépasse largement le cadre de l’esthétique. Certaines valeurs que nous observons dans les expressions comme ‹beau-père›, ‹l’avoir échappée belle›, ‹avoir beau + infinitif›, etc. nous indiquent qu’il y a un véritable problème linguistique. C’est pourquoi nous nous proposons d’analyser ce terme. Dans notre analyse, nous débuterons par une description fonctionnelle où une unité intrinsèque (sens lexical) est présentée pour diverses valeurs observées en discours. Avec ce sens intrinsèque, nous essayerons d’expliquer les valeurs qui nous ont semblé étrangères. Ensuite, nous chercherons à situer quelques significations esthétiques discutées par les philosophes et les esthéticiens en les réinterprétant à partir de notre analyse.

2. Présentation de l’hypothèse Commençons notre analyse par l’énoncé suivant: (1)Vous avez une belle truite.

Nous constatons que, dans cet énoncé, la partie ‹belle truite› ne signifie nullement la beauté de ‹truite›. Là, nous pouvons paraphraser ‹une belle truite› par ‹une grosse truite›, ‹une truite appétissante›. Comment arrivons-nous à avoir ces interprétations? La comparaison avec ‹une bonne truite› nous donne une première idée intéressante. En effet, avec ‹une bonne truite›, l’énonciateur appréhende la ‹truite› sur le plan du contenu en établissant un contact direct entre l’énonciateur et la ‹truite› et lui accorde une valeur positive sur le goût. Par contre, avec ‹une belle truite›, il y a nécessairement une distance entre l’énonciateur et la ‹truite›. Cette distance ne permettant à l’énonciateur une telle

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Satoshi Ikeda

appréhension directe, l’énonciateur saisit la ‹truite› en question sur le plan de la forme aperçue et lui attribue une valeur positive maximale. Autrement dit, avec le terme ‹belle›, nous observons une dissociation de l’objet ‹truite› sur deux aspects matière et forme. D’un côté, l’énonciateur construit une relation avec la matière de l’objet, mais cette relation n’est pas considérée; de l’autre côté, il établit une autre relation avec la forme de l’objet, et cette relation est considérée d’une façon maximale. En généralisant la description présentée ci-dessus, nous sommes amené à construire l’hypothèse suivante: (2) L’hypothèse L’énonciateur S0 construit, dans une distance D, un objet ou un élément X en relation avec un sujet S qui est lié à l’énonciateur S0 (=, ≠ S0). X se présente par X positif et son complémentaire X’. Avec le terme ‹beau›, L’énonciateur S0 constitue une double relation: d’un côté, la relation entre S et X est considérée d’une façon maximale; de l’autre côté, la relation entre S et X’ n’est pas considérée.

Dans cette hypothèse, S et X sont des paramètres qui varient en fonction du contexte où le terme ‹beau› se situe. Nous pensons que ces variations donnent diverses valeurs observées en surface de l’énoncé et que le fonctionnement impliqué par le lexème ‹beau› reste invariant.

3. Analyse des valeurs Avec cette hypothèse, nous analysons maintenant quelques valeurs représentatives et nous pensons que nos différentes descriptions confirmeront l’adéquation de notre hypothèse. Commençons par la valeur de relation de parenté.

3.1 Valeur de relation de parenté Nous constatons tout d’abord une singularité dans cette construction. A notre connaissance, il est extrêmement rare d’observer qu’un lexème ayant la valeur esthétique signifie également celle de parenté. Peut-on affirmer qu’il s’agit d’une spécificité française? Du point de vue historique, cette valeur est née avec le langage de courtoisie.1 Parmi les expressions possibles2, nous choisissons ‹ma belle-mère›. Nous devons observer une ––––––– 1

2

De ce fait, nous pouvons associer, à la valeur de relation de parenté, la valeur affective qui se manifeste dans l’exemple tel que ‹ma belle amie›. Le Grand Robert (21992) mentionne les expressions suivantes: beau-père1 au sens de ‹père du conjoint› (mil. 13e siècle), ‹beau-frère› (1386), belle-mère1 au sens de ‹mère de l’autre conjoint› (1400), ‹belle-soeur› (1423), beau-fils1 au sens de ‹fils d’un conjoint› (1468), belle-fille1 au sens de ‹femme de fils› (1470), belle-mère2 au sens de ‹marâtre› (1538), beau-fils2 au sens de ‹gendre›

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distinction entre ‹belle-mère› et ‹belle mère› qui signifie la beauté de la mère. Cette distinction s’opère soit par un changement d’accent à l’oral, soit par un trait d’union à l’écrit comme l’a signalé Svedelius.3 Notons également qu’avec ‹belle mère›, nous avons deux significations distinctes: ‹belle-mère›1 au sens de ‹mère de l’autre conjoint› et ‹bellemère›2 au sens de ‹marâtre›. Nous savons que de nombreuses langues les distinguent comme en anglais et notre description doit être capable d’expliquer le cas particulier du français. Voici notre description pour ‹ma belle-mère›: nous avons une relation d’identité entre l’énonciateur S0 et S marqué par ‹ma›. Avec la personne désignée par ‹ma belle-mère›, l’énonciateur S0 construit X positif et son complémentaire X’. X correspond à la personne envisagée du point de vue de la forme (symbolique) et X’ à la personne envisagée du point de vue de la matière (physique). Nous savons qu’entre S et la personne, il n’y a aucune relation biologique. Nous disons que la relation entre S et X’ n’est pas considérée. Bien qu’il n’y ait aucune relation au niveau de la matière, S0 construit une relation de parenté avec cette personne. Nous disons que la relation entre S et X est considérée comme quantitativement maximale au niveau de la forme. Avec cette double construction, nous arrivons à comprendre le sens de ‹mère de l’autre conjoint› et le sens de ‹marâtre›. Ici, X positif et X’ complémentaire signifient respectivement X symbolique et X’ physique.

3.2 Valeur liée à la notion négative Avec le lexème beau, nous avons de nombreuses expressions liées à la notion négative: ‹recevoir une belle gifle›, ‹avoir une belle peur›, etc. Nous pouvons y associer l’expression concessive ‹avoir beau + infinitif› et les expressions ironiques telles que ‹beau parleur›, ‹l’avoir arrangé de belle manière›, ‹en avoir fait de belles›, etc. Nous proposons d’analyser l’expression concessive, puis l’expression ironique. Considérons les exemples suivants: (3) Jean a eu beau travailler pour l’examen, il le rate. (4) *Jean a eu beau travailler pour l’examen, mais il le rate.

La contrainte observée avec ‹mais› ci-dessus nous indique que la notion d’opposition n’est pas construite par rapport au contexte extérieur4, mais qu’elle est intrinsèquement liée –––––––

3 4

(1557), belle-fille2 au sens de ‹fille de l’autre conjoint› (1570), belle-maman1 au sens de ‹mère de l’autre conjoint› (1673), beau-père2 au sens de ‹parâtre› (1690), ‹belle-petite-fille› (17e siècle), ‹beaux-parents› (1793), ‹beau-papa› (1896), ‹belle-famille› (1896), ‹beau-petit-fils› (1917), ‹belledoche› (1935), ‹beaux-enfants›. Nous remarquons l’absence de *‹bel-enfant›. Ceci peut être lié à celle de *‹beau-parent›. Sans le trait d’union, nous n’avons plus cette contrainte, le sens devient esthétique: bel enfant. Cf. Svedelius (1891: 33). Ce n’est pas le cas pour l’adverbe ‹beaucoup›, bien que cet adverbe soit composé par ‹beau› et ‹coup›: (3)’ *‹Jean a beaucoup travaillé pour l’examen, il le rate.› (4)’ ‹Jean a beaucoup travaillé

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au fonctionnement propre du lexème ‹beau›. Voici notre interprétation pour la valeur concessive: notons d’abord une relation de différence entre l’énonciateur S0 et S (=‹Jean›). L’énonciateur S0 construit un élément procès ‹travailler› par rapport à ‹Jean›. A partir de là, il construit une double relation entre ‹Jean› et ‹travailler›. X positif s’interprète comme le procès ‹travailler› vu du point de vue de la préparation d’un examen. X’ complémentaire s’interprète comme le procès ‹travailler› vu du point de vue du résultat. Avec le lexème ‹beau›, dans un premier temps (T1), l’énonciateur S0 considère que la relation de la localisation de ‹Jean› au procès X est quantitativement maximale: cela donne la glose ‹Jean a visiblement beaucoup travaillé›. Malgré cette localisation maximale, dans un deuxième temps T2, la relation de la localisation de ‹Jean› au procès X’ n’est pas considérée: cela correspond à la glose ‹Jean n’obtient aucun résultat concret›. D’où, la valeur concessive. Ici, X positif et X’ complémentaire signifient respectivement X préparation et X’ résultat. Nous proposons maintenant une description pour la valeur ironique avec l’exemple ‹Jean, c’est un beau parleur›. Comme dans le cas précédent, nous avons d’abord une relation de différence entre l’énonciateur S0 et S= ‹Jean›. Avec ‹parleur›, l’énonciateur S0 construit X apparence et X’ contenu par rapport à ‹Jean›. Avec X et X’, il constitue une double relation entre ‹Jean› et ‹parleur›. D’un côté, la relation entre S et X est considérée comme quantitativement maximale: cela signifie que ‹Jean› effectue en apparence une quantité importante de jolies paroles. De l’autre côté, malgré l’apparence considérable, la relation entre S et X’ n’est pas considérée: cela signifie que le contenu concret n’est aucunement présent. L’énonciateur S0 constate donc qu’il n’y a pas de correspondance entre l’aspect apparence et l’aspect concret, d’où la valeur ironique impliquée dans cet emploi. Dans cette construction, X positif et X’ complémentaire renvoient respectivement à X apparence et à X’ contenu.

3.3 L’expression ‹l’avoir échappé belle› Examinons maintenant l’expression ‹l’avoir échappé belle› avec l’exemple suivant: (5) J’ai failli vraiment avoir un accident. Je l’ai échappé belle.

Nous avons ici une relation d’identité entre l’énonciateur S0 et S par ‹je›. Avec l’événement ‹accident›, nous construisons X et X’ qui signifient respectivement la localisation apparente de ‹je› à ‹accident› et la localisation réelle de ‹je› à ‹accident›. Dans un premier temps T1, l’énonciateur S0 considère que la localisation de ‹je› à ‹accident› est quantitativement maximale en apparence. Dans un deuxième temps T2, la localisation réelle de ‹je› à ‹accident› n’est pas considérée. Remarquons également que cette ––––––– pour l’examen, mais il le rate›. Mais remarquons que l’aspect quantitatif est considéré de façon maximale avec ‹beaucoup›. Là, nous pensons que le fonctionnement de ‹beau› est bien présent, bien qu’il soit indirect.

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construction ressemble à celle de la valeur concessive, comme le témoigne la contrainte suivante:5 (6) * J’ai failli vraiment avoir un accident. Mais, je l’ai échappé belle.

La différence par rapport à la valeur concessive se manifeste dans la manière d’enchaîner les deux propositions. Dans cette construction, X positif et X’ complémentaire signifient respectivement X apparence et X’ réalité.

3.4 Valeur de jugement positif sur le climat Par cette appellation, nous voulons désigner un ensemble d’emplois tels que ‹il fait beau›, ‹il fait beau temps›, ‹la belle saison, les beaux jours›, ‹la mer est belle›, etc. Nous proposons d’analyser ‹il fait beau›, puis ‹la mer est belle›. Nous remarquons que l’expression ‹il fait beau› appartient à un paradigme: ‹il fait {beau / bon / chaud / froid / lourd / mauvais, et}›. A côté des expressions ‹il fait {bon / chaud / froid / lourd / mauvais}› qui impliquent un contact direct entre l’énonciateur S0 et le temps, l’expression ‹il fait beau› suppose une distance D qui est la source de la construction de cette valeur. Notons qu’il peut y avoir une relation d’identité entre l’énonciateur S0 et S, bien qu’elle ne soit pas explicite. Nous proposons ‹ciel› comme X positif. Nous avons alors ‹nuage› comme X’ complémentaire. A partir de là, nous avons une double relation: la relation entre S et ‹ciel› est considérée comme quantitativement maximale; et la relation entre S et ‹nuage› n’est nullement considérée. Cela nous donne ‹le temps clair et dégagé quantitativement›. Quant à ‹la mer est belle›, nous pouvons procéder avec la même analyse. En posant ‹mer› comme X positif, nous avons ‹mer agitée› comme X’ complémentaire. La double relation nous donne ensuite ‹la mer quantitativement calme›. Dans cette construction, X positif et X’ complémentaire signifient respectivement X positif et X’ négatif.

3.5 L’expression ‹Un beau jour› Pour dégager le fonctionnement de ‹beau› dans ces locutions, nous nous proposons de comparer ‹un beau jour› avec ‹un jour›. Voyons les exemples suivants: ––––––– 5

Les énoncés (5) (6) doivent être comparés avec (5)’ (6)’: (5)’‹*J’ai failli vraiment avoir un accident. J’y ai échappé›. (6)’‹J’ai failli vraiment avoir un accident. Mais, j’y ai échappé›. Cette comparaison nous rappelle directement celle entre (3)-(4) et (3)’-(4)’.

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(7) {Un beau jour / Un jour}, on trouvera un vaccin contre le sida.

Avec ‹Un beau jour› placé à la tête de l’énoncé, l’énonciateur considère que le ‹jour› de la découverte de ce vaccin est non seulement positif, mais aussi exceptionnel ou inattendu, ce qui ce n’est pas le cas avec ‹Un jour›. Ces différents éléments nous permettent de comprendre les contraintes suivantes: (8) On trouvera un vaccin contre le sida {?? un beau jour / un jour}. (9) {*Un beau jour / Un jour}, on ira manger un couscous dans ce restaurant. (10) {*Un beau jour / Un jour}, il y aura une troisième guerre mondiale.

Maintenant, examinons la construction de cet aspect exceptionnel ou inattendu. D’où ces aspects viennent-ils? Pour simplifier notre description, nous posons une relation d’identité entre l’énonciateur S0 et S, car cette distinction n’est pas pertinente pour cet exemple. Avec le jour où ‹on trouvera un vaccin contre le sida›, nous construisons X positif et X’ complémentaire. La relation maximale entre S et X nous indique que le jour en question est considéré comme très positif, c’est-à-dire important. Avec X’, la relation entre S et X’ n’est pas considérée. Cela signifie qu’un tel jour est irréel ou loin de la réalité. La combinaison de ces deux relations nous donne à la fois les aspects exceptionnel et inattendu du jour ou de l’événement. Ici, X positif et X’ complémentaire signifient respectivement X positif et X’ irréel.

3.6 L’expression ‹au beau milieu de› Examinons ‹au beau milieu de la conférence› avec les exemples suivants: (11) {Au beau milieu / Au milieu} de la conférence, il y a eu une panne d’électricité. (12) Il y a eu une panne d’électricité {?? au beau milieu / au milieu} de la conférence.

La contrainte ci-dessus nous rappelle notre analyse précédente. Mais la différence nous semble claire. Avec ‹Un beau jour›, nous ne pouvons pas avoir un élément négatif, comme (10) nous l’indique, ce qui n’est le cas pour ‹Au beau milieu›. Signalons également qu’avec ‹Au beau milieu›, nous avons une valeur intensive, ce qui n’est pas le cas avec ‹Un beau jour›. Nous examinons ici cette valeur intensive qui caractérise l’expression ‹au beau milieu›. Avec ‹milieu›, nous avons X et X’ qui correspondent respectivement à ‹milieu centré› et à ‹milieu non centré›, ‹autour du milieu›. Avec X, la localisation de l’événement ‹une panne d’électricité› à X est considérée quantitativement maximale. En plaçant la locution localisatrice à la tête de l’énoncé, nous avons une valeur intensive et inattendue à la fois. Ici, X positif et X’ complémentaire signifient respectivement X centré et X’ non centré.

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3.7 Valeur esthétique Pour terminer notre analyse, nous proposons d’analyser la valeur esthétique. Nous pensons qu’elle ne doit pas être considérée comme la première, contrairement à la position prise par les philosophes et les esthéticiens et qu’elle doit être une des valeurs possible que le lexème ‹beau› construit. En même temps, notre hypothèse doit être capable de capter quelques aspects développés par eux sur la notion de ‹beau›. Examinons l’exemple suivant: (13) Je pense que c’est une belle peinture.

Nous avons ici une relation d’identité entre l’énonciateur S0 et S par ‹Je›. En général, une peinture est un objet à regarder, de ce fait, il y a nécessairement une distance D entre le sujet regardant S et la peinture à regarder. Cette peinture se présente composée par sa forme X et sa matière X’. Etant donnés X positif et X’ complémentaire, l’énonciateur S0 construit une double relation. D’un côté, la relation entre S et la peinture en tant que matière n’est pas considérée par S0: il n’y a aucun lien possible entre S et X’ du point de vue de la matière. Autrement dit, à ce niveau-là, la peinture n’est qu’un ensemble des matières et elle ne présente matériellement aucun intérêt pour S. A côté de ce niveau, par la capacité cognitive, S construit un autre niveau X qui est de l’ordre de l’émergence de la forme dans la distance D. Il s’agit de l’objet peinture vu du point de vue de la forme phénoménale, c’est-à-dire de l’émergence de la forme aperçue par S. Là, l’énonciateur S0 considère que la relation entre S et la forme, à partir de la peinture, est quantitativement maximale. Cela signifie que l’énonciateur S0 accorde un intérêt maximal sur la forme de X localisé à l’extérieur de S. Cette relation est purement d’ordre symbolique ou d’ordre imaginaire, donc elle n’est pas réelle. Ainsi, nous arrivons à la double relation, comme dans les exemples précédents. La spécificité de la construction de la valeur esthétique se trouve fondamentalement dans le fait que le même objet peinture est conçu par cette double relation profondément contradictoire qui se présente dans l’opposition entre l’intérêt nul

et l’intérêt maximal. Là, nous pensons que cette description nous rappelle quelques aspects de la proposition kantienne du ‹beau›. Dans cette construction, X positif et X’ complémentaire signifient respectivement X forme et X’ matière. Signalons ici que parmi les cinq sens (vue, ouïe, odorat, goût, toucher), le terme ‹beau› au sens esthétique est possible seulement pour la vue et l’ouïe. Ceci s’explique par le fait que l’odorat, le goût et le toucher impliquent un contact direct entre le sujet et l’objet. Par conséquent, ces trois facultés annulent la distance D que le terme ‹beau› implique dans sa construction de la relation indirecte entre S et X. Notons que le terme ‹bon› n’a pas cette contrainte.

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Conclusion Nous avons examiné quelques valeurs représentatives du lexème ‹beau›. Nous avons remarqué que ces valeurs sont très éloignées les unes des autres. Mais malgré l’hétérogénéité importante entre les valeurs, nous pouvions les décrire systématiquement à partir d’une seule hypothèse. Nous avons également constaté que cette hypothèse était valable pour la construction de la valeur esthétique. A partir de là, nous espérons que notre description linguistique apportera quelques éléments de réflexion au domaine esthétique.

Bibliographie Crousaz, Jean-Pierre (21985): Traité du beau. Paris: Fayard. Duchacek, Otto (1960): Le champ conceptuel de la beauté en français moderne. Prague: Státni Pedagogické Nakladatelstvi. Gilson, Etienne (1964): Matière et forme poétiques particulières des arts majeurs. Paris: Vrin. Kant, Emmanuel (1965): Critique de la faculté juger. Paris: Vrin. Lacoste, Jean (1986): L’idée de beau. Paris: Bordas. Lalande, André (121976): Vocabulaire technique et critique de la philosophie. Paris: Presses Universitaires de France. Lévèque, Charles (1862): La science du beau (2 voll.). Paris: Librairie Auguste Durant. Rey, Alain (ed.) (21992): Le Grand Robert de la langue française. Vol. 1. Paris: Le Robert. Svedelius, Carl (1891): Etude sur la sémantique. Upsala: Josephsons antikvariat.

Ángeles Líbano Zumalacárregui

El desarrollo industrial en la Baja Edad Media: análisis comparativo de la terminología navarro-aragonesa y vascongada1

1. Introducción La interrelación de las diversas áreas de conocimiento que integran la lingüística y filología románicas quedó patente y bien determinada desde las primeras reuniones científicas en las que participaron conocidos expertos y recordados por todos, quienes determinaron las bases por las que nos movemos actualmente. En esta línea de relación, conexión e interdisciplinariedad deseamos incluir nuestra participación en este Congreso en el que plantearé mi aportación y trabajo, como filóloga, a un equipo formado por historiadores medievalistas quienes, sobre la base de la transcripción, edición y análisis de material fundamentalmente inédito, junto a otro de reconocido valor y, por lo tanto ya transcrito, se proponen particularizar aspectos concretos y específicos de la vida cotidiana bajomedieval. He tenido la oportunidad de comentar en ocasiones anteriores determinados resultados que con esta colaboración se han obtenido, y deseo ahora tratar desde la perspectiva lexicográfica este asunto apasionante de la concreción y posterior desarrollo del vocabulario que, para la articulación de la incipiente tecnología e industria, se va afianzando en los textos medievales, renacentistas y modernos, de la vertiente sudpirenaica; en concreto en las zonas aragonesa, navarra y vasca, íntimamente relacionadas histórica, cultural y lingüísticamente.2 El procedimiento de fijación lexicográfica para este tipo de actividad industrial obedece a los mismos patrones que se determinaron para los términos de los recursos naturales y de la vida cotidiana, pues el vocabulario de un idioma no está constituido por una colección de voces desordenadas y sin relación entre ellas;3 por otro lado, el léxico es una de las ––––––– 1

2

3

El presente trabajo se inserta en el marco del proyecto de investigación del MEC HUM200401444/HIST. Ya en un artículo anterior advertía (Líbano, en prensa): «En realidad es más, en lo que se refiere a los espacios lingüísticos que integran la frontera pirenaica, con frecuencia encontramos afirmaciones que resaltan por un lado su particularidad y riqueza y por otro la coincidencia de sus materiales léxicos en su perspectiva histórica y filológica». Como señala Cruse (2000: 179): «The vocabulary of a language is not just a collection of word scattered at random throughout the mental landscape. It is at least parly structured, and at various level. […] It is useful, at the outset, to distinguish two major types of structure, the linguistic and

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estructuras que más cambia, acomodándose básicamente a la fonética y gramática de cada lengua. La diatopía lingüística que he determinado responde a un criterio pragmático –pues hace ya tiempo que nos interesaba, y sigue interesándonos ahora, la particularización del léxico navarro y aragonés; hemos agregado nosotros la zona románica vasca de la que nos estamos ocupando en estos últimos años–, y dialectal al haberse identificado y caracterizado la variedad navarra y la aragonesa como paralela, idéntica, con escasas diferenciaciones estructurales. Por otro lado, en un trabajo en que se define la montaña pirenaica como eje central alrededor del cual va a girar un proyecto, no podía faltar la comparación léxica de la variedad románica del área vasca de la que vamos conociendo, aunque lentamente, aspectos fundamentales de su existencia y particularización. Nos resultaba sumamente difícil no responder a esta invitación, sobre todo si consideramos que partíamos con la ventaja de haber informatizado en soporte electrónico una serie de textos con la finalidad de comprender y conocer las transformaciones sociales, políticas, económicas, etc., que acontecieron en el País Vasco durante la Baja Edad Media. En cuanto a la cronología, siglos XIV al XVI, nos fue sugerida por el equipo de medievalistas con el que colaboramos; además, las centurias propuestas ayudarán a completar el trabajo adelantado sobre la particularización del romance en el País Vasco en la Alta Edad Media.4 Desde la perspectiva de la historia de la lengua, según advierten prestigiosos romanistas, las centurias posteriores al establecimiento del romance como oficial en la corte se caracterizan por toda una serie de fenómenos políticos, culturales y lingüísticos que conferirán una marcada personalidad al castellano (Eberenz 2006: 87);5 y desde el punto de vista de los cambios léxicos, faltan análisis sistemáticos de este largo e interesante periodo (Dworkin 2004: 644).6

––––––– 4

5

6

the psycholinguistic. No one with a congnitive linguistic bias would be willing to concede that these might be independent». Vengo ocupándome de la suerte del romance en el País Vasco desde los orígenes hasta el XIII; de manera que se continúa la cronología, al considerar ahora fuentes del XIV al XVI. «En realidad, nos vamos a ocupar, añade Eberenz, sobre todo del lapso de tiempo que va de fines del XIV a las primeras décadas del XVI, con algunos ejemplos más de la segunda mitad del XVI, […] Es un período caracterizado por una serie de circunstancias culturales que tienen una incidencia muy concreta en el devenir de la lengua». Cf. además Eberenz (2003: 65-66) y (2004: 111-135). Dworkin (2004: 647) afirma: «Aunque no se puede hablar de la creación de una lengua estándar en los siglos XIV y XV, se nota en los textos de la época un creciente grado de selectividad léxica. Llama la atención la riqueza cuantitativa del léxico medieval tal como se refleja en los textos del siglo XIII. Tal situación resulta, en gran medida, de la necesidad imperiosa de crear al nivel de la lengua científica […] un vocabulario adecuado de conceptos básicos». En los últimos años se ha trabajado con mayor dedicación el léxico medieval, como se deduce de las monografías de Müller (1987), Sánchez González (2000) o Menéndez Pidal (2003) entre otras.

El desarrollo industrial en la Baja Edad Media

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2. Estructura y caracterización general del léxico tecnológico e industrial La vida medieval se desenvolvía por situaciones cotidianas, sencillas y comunes de manera que el léxico en las primeras etapas de acomodación, cambio y evolución del latín al romance, estaba formado en su fundamento, por voces patrimoniales, herederas del latín, junto a otras de origen prerromano; se sumaron a ambos los préstamos de otras lenguas, germanismos y arabismos en los inicios (Clavería 2004: 474 y ss.). La mayor parte del vocabulario romance comienza a fijarse en los siglos XI-XIII, durante la Edad Media, pero es precisamente en este periodo bajo medieval cuando se determina, afianza y se establece su estructura, de manera que pueden observarse ciertos cambios anunciadores de lo que se convertirá posteriormente en el castellano moderno y contemporáneo.7 Hemos leído acerca del interés que despiertan las categorías gramaticales o la evolución sintáctica de los siglos XIV-XVI, sin embargo, por razones ya mencionadas al comienzo de mi intervención, me interesa resaltar las clases de palabras abiertas y su combinación formando unidades pluriverbales. 2.1 Las categorías léxicas sustantivo y verbo se presentan de forma variada en la nominación de ciertos aspectos relacionados con la industria, los ingenios tecnológicos, sus especificaciones y actividades con aquella relacionadas. 2.1.1 Como estructuras sintagmáticas de un solo término, los testimonios documentales ofrecen los sustantivos molino y acenna, procedentes del latín y del árabe, respectivamente, para nominar la realidad física de este ingenio. Sin embargo, si bien en principio pueden considerarse sinónimos y, de hecho, así los hallamos identificados en numerosos análisis lexicográficos8, los contextos que documentamos y la capacidad de creación de nuevos términos, los diferencia significativamente. Sin duda alguna el patrimonial posee la única acepción ‹molino›: Item, hun campo e tiras sito a la Cavalleria [...] que affruenta [...] con el camino que va al molino de Santa Cristina. 1483/12/14 Jaca. Protocolo notarial. Carta de dote;

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Ya lo advierte para el siglo XV Montero Cartelle (2006: 104): «lo que interesa del siglo XV, lo que siempre me ha llamado la atención, es su capacidad de asumir lo medieval y anunciar lo que conducirá al español actual». Sánchez González (2000 s.v. aceña) ac.1. «Molino harinero situado en el cauce de un rio» e incluye la siguiente cita del Diccionario Histórico (1242-1282) «Las acennas en Guadiana e los molinos e los canneros […] e si alguno quisiere fazer acennas o molinos o canneros o refazer fagalos […]» en Menéndez Pidal (2003, s.v., acenia, aaçenia, achenia, azenia, asean) leemos: (De orig. Ár.) f. ‹Aceña, molino› DRAE, s.v. aceña reza: «Molino harinero de agua situado en el cauce de un río, etc.» «Las aceñas eran molinos que aprovechaban la fuerza hidráulica mediante la instalación de una rueda vertical en el curso de la corriente la cual, a través de un sistema de entranajes, imprimía el movimiento sobre el eje de las ruedas de moler. Los molinos de pan empleaban el sistema de rueda horizontal o rodezno, movido mediante la fuerza del agua que caía desde un plano superior al de la rueda […]», afirma Rodríguez Molina (1999: 408). Para su etimología cf. Corriente (2003 s.v. acenia y aceña).

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non fasiendo embargo a los dichos molinos de Emparan en su mollo en quanto fuere en la represa. E ponemos todos avenidos en general so la dicha pena a cada uno que quanta ganancia 1319/05/06 Azpeitia, Lema 05;

pero el préstamo árabe, junto al de ingenio tecnológico: en razon de las otras açennas que agora començamos a faser con vos el dicho conçejo e con el dicho Juan Martines de Onnaz 1319/05/06 Azpeitia, Lema 05; de qualquier de nos que vos ni nos non ayamos embargo en ella e nos, el dicho conçejo, que desembargamos para que pase el agua para esta azenna que se faze para hazer la presa todos los otros heredamientos que fueron de nos 1319/05/06 Azpeitia, Lema 05;

nomina además la rueda de molino9, con el patrimonial procedente del latín r o t a y su derivado rodezno. Compárese para ello las dos citas siguientes en las que rueda y acenna figuran en contextos idénticos: por razon que el dicho mosen Juan tiene çiertos molinos e ruedas en el lugar llamado Mahala, que es en el dicho lugar de Lehaburu, para moler çeberas, 1425/03/19 Tolosa, Lema 239; para vuestros herederos e para vuestra voz los medios de los molinos e açennas de Emparan que fueron de Juan Lopes de Rexil 1319/05/06, Azpeitia, Lema 05;10 un molino farinero nuestro que nos hemos, sito entre dos ríos clamados Bolateca e Caldarés [...] por precio de diez florines d’oro [...] con sus muelas, canal, rodeznos11 1440/11/06 AyODJ

––––––– 9

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Acepción señalada por Corominas (DCECH: s.v. aceña) quien destaca tanto ‹molino harinero› como ‹noria, rueda de molino› en textos navarro-aragoneses; en los catalanes carece de a-. (sènia). Azeña es variedad vasco-bastanesa. Iribarren (1984: s.v. cenia) anota: «Aceña, canal de riego. En el Fuero General de Navarra aparece acenia y cenia en el sentido de aceña y molino». Por su parte, Valdeavellano (1993: 648-649) sostiene: «En los terrenos en los cuales el agua no abundaba como el Levante, el riego se efectuaba con la ayuda de elevaduras hidráulicas de tipos diversos, como las norias (na’ura) y las aceñas (saniya). Esta técnica hispanomusulmana del riego ha dejado sus vestigios en el actual sistema de irrigación de las huertas de Valencia y Murcia y sus huellas indelebles en la terminología española del riego». La aceña como el rodezno eran tipos de ruedas para el buen funcionamiento del molino. Córdoba (1996: 332-333) advierte: «Este tipo de norias fueron conocidas durante la Edad Media con el nombre de añoras y con el de norias hasta la actualidad. Su nombre no ha derivado de aquel con que fueron conocidas en al-Andalus as-saniya [por …] el español aceña con que fueron designados los molinos de rueda hidráulica […] ambos instrumentos utilizan una técnica común basada en el empleo de la rueda dentada para cambiar el sentido del movimiento». Cf. Fernández Zamora (2000) quien describe los molinos de rodezno y los de aceña, sus particularidades y similitudes. Córdoba (1996: 325) aclara: «Como bien es sabido, a lo largo de toda Europa han sido utilizados tradicionalmente dos tipos de molino hidráulico, el de rueda horizontal o rodezno – también llamado de canal o de cubo en la Península Ibérica […] y el de rueda vertical o azuda – conocido en la Península por el significativo nombre de aceña –». Roteçno con grafía sorda se atestigua en un documento del Cartulario de Cárdeña de 1065 Menéndez Pidal (1980: 312) y (2003: s.v. rueda). Ya Nebrija identifica el rodezno de molino como vertebra (DCECH: s.v.). Por otro lado,

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La canalización del agua necesaria para que estos nuevos elementos tecnológicos funcionaran adecuadamente se llevaba a cabo por medios diversos; como en el grupo anterior atestiguamos los sintagmas de etimología latina calçes, canal, presa y represa, junto a açequia / azequia variantes gráficas del arabismo. Los documentos aragoneses atestiguan los compuestos aguaductos, aguatornos; hay anteparas en un texto vascoromance: la dicha su ferreria de Aresterreçu con todas sus ferramientas e presas e calçes e açequias e anteparas e azenias e ruedas e fragoas 1497/08/17 Aya. Urrestarazu, Lema 258 un molino farinero nuestro que nos hemos, sito entre dos ríos clamados Bolateca e Caldarés [...] por precio de diez florines d’oro [...] con sus muelas, canal, rodeznos 1440/11/06 DVTII, de qualquier de nos que vos ni nos non ayamos embargo en ella e nos, el dicho conçejo, que desembargamos para que pase el agua para esta azenna que se faze para hazer la presa todos los otros heredamientos que fueron de nos 1319/05/06 Azpeitia, Lema 05, non fasiendo embargo a los dichos molinos de Emparan en su mollo en quanto fuere en la represa. E ponemos todos avenidos en general so la dicha pena a cada uno que quanta ganancia 1319/05/06 Azpeitia, Lema 05, que fueren fechos los dichos molinos, obiere nesçesario algund adobo o renuiebo o otro adobaçion alguna asi en la presa como en las azequias 1408/04/18 Lazcano, Lema 232, [...] el qual heredamiento & molinar [...] & podades hedificar & construir molino pora farina & pora mallyos en el dito molinar, con mualas & fustas & cequias, aguaductos & aguatornos12 & todas otras cosas necessarias al dito molino, 1311/11/11 San Victorián. A. H. San Victorián, la dicha su ferreria de Aresterreçu con todas sus ferramientas e presas e calçes e açequias e anteparas13 e azenias e ruedas e fragoas 1497/08/17 Aya. Urrestarazu, Lema 258.

Otro campo del desarrollo industrial que se va especificando en el vocabulario está relacionado con la industria de la minería y el hierro en las tres áreas dialectales que consideramos. Así, para identificar el taller o fábrica donde se extrae el mineral atestiguamos los lemas botiga, ferreria –más común–, mineras14, obrador15 y patio: –––––––

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algunos ejemplos del CORDE figuran en idéntico contexto: «o de pozo o muela o canal o paraphuso o rodezno o nadija assabiendas quebrantare, peche .x. […]» 1196 Anónimo Fuero de Soria ESPAÑA 10. Ordenamientos y códigos leg Galo Sánchez, Centro de Estudios Históricos (Madrid), «cum es de presa, si quebrar, o de rueda, o de rodezno, o de toda mision que hi ujmer, que el abbat […]» 1240 Anónimo. Del lat. AQUAE DUCTUS ‹conducto de agua›, ‹acueducto›, hoy anticuado […]. La palabra aguatocho [h.1440] parece ser duplicado de aguaducho: la -t- se explica por analogía con aguatel / auguatuel que con el significado de ‹compuerta› aparece en un texto jurídico aragonés de h.1400 (DCECH: s.v. agua). El aragonés actual emplea aguatiello para ‹albañal, cloaca› (Rolhfs, s.v.) y para ‹taladro hecho de una losa, por el cual tiene salida al agua de la acequia, para regar un solo regante› (Moneva y Pujol: s.v.). Azkue (1905: s.v.) antapara, antepara «saetín, canal del molino» Múgica (1981: s.v) s.v. antapara 1. Almenara, canal de desagüe, ac.2. Saetín, cauce, canal del molino. Para los testimonios del vocablo cf. DCECH, s.v. parar. El simple mina lo recogemos exclusivamente en los pluriverbales mina de coffor, saquar mina, rancar mena. Corominas (DCECH: s.v. mina) aclara que el vocablo significaba en un principio ‹mineral› y solo en las estructura complejas mina de fierro […] se identificaba con el ‹lugar donde se extraen los minerales› desde 1296. La primera acepción documentada es la militar ‹galería

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En la ferraria, obrador o patio que tiene el honrado Christoval Alaman, ciudadano de la ciudat de Jaca, clamada la Alffondiga [...] Johan de Casaus, quondam, cuytellero [...] Que como el teniesse la dita botiga, patio o ferraria [...] 1476/1/2 Jaca DLAA, 148 et empues que eillos houieron reparada la dicha ferreria et puesta en estado, que fueron o imbiaron sus minaqueros et gentes ferreria 1431 Aranaz AGN.PS2, Leg. 15, n.85.2 Domingo Peres de Aresterreçu, duenno e sennor de la casa e ferreria e mollinos de Aresterreçu 1497/08/17 Aya. Urrestazazu, Lema, 258 [...] por quanto no auiades por entonz mineras algunas para provision de nuestra dicha ferreria, vos dieron licencia et prometieron que ouiessedes a fazer et saquar mina en la dichas mineras 1431 Aranaz AGN.PS2, Leg. 15, n.85.2

En los nuevos ingenios se extraía carvon y fierro: que estas dichas cargas sean de quoatorze varas de marrega dos cargas de carvon e que los dichos montes los aya de sacar 1497/08/17 Aya. Urrestarazu, Lema 258, cessaron de obrar et fazer fierro las ferrerias començastes por buen tiempo.. a saquar mina en las dichas mineras et fazer fierro [...] 1431 Aranaz AGN.PS2, Leg. 15, n.85.2;

y gozaban de un equipamiento, herramientas y algunos elementos necesarios para su buen funcionamiento y producción. Figuran el iunque, exarcias16, maço, mallyos, martielhos, picos, rassas17, etc… no se podieren reparar por adovo e renuevo, el maço e el iunque e la voga e el fuso del maço […] que son e estan dentro en la dicha ferreria 1497/08/17 Aya. Urrestarazu, Lema 258, [...] un molino farinero nuestro que nos hemos, [...] por precio de diez florines d'oro [...] con sus muelas, canal, rodeznos, picos, martielhos, cequias, rassas, exarcias, dreytos presentes o seyentes del dito molino [...] 1440/11/06 Panticosa DVTII.

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subterránea para arruinar una fortificación›, para ‹excavación para extraer el mineral› se empleaba minero, minera. Tanto botiga como obrador se atestigua en textos aragoneses y resultan próximas al catalán según recoge el DCVB (s.v. botiga), «4.Obrador, casa o habitació on s’enxerceis un ofici; cast. taller, tienda»; s.v. obrador: «Lloc on treballa algú en les feines d’un ofifi, indústria, comerc; cast. taller, tienda». Si bien el sentido más general es el marino de ‹aparejos y cabos de un buque›, ‹conjunto de redes para pescar›, se encuentra además en el sentido de enseres o herramientas diversas en inventario aragonés de 1369 (DCECH: s.v. jarcia). Raseras ‹paletas de metal con varios agujeros› (Sesma / Líbano 1982: s.v.). En AUT., s.v. rasar se define «v.a. Raer e igualar con el rasero las medidas de trigo, cebada y otras cosas, rascador s.m. Instrumento para rascar o limpiar. Úsanle varios Artífices para limpiar o adelgazar los metales. Hácense de varias formas, según el uso a que se destinan». Cf. DCBV, s.v. raser.

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Se enumeran además tipos de recipientes como las fraguas18, para caldear los metales o forjar el mineral, los barquines19 y el cresuelo:20 la dicha su ferreria de Aresterreçu con todas sus ferramientas e presas e calçes e açequias e anteparas e azenias e ruedas e fragoas 1497/08/17 Aya. Urrestarazu, Lema 258, grant parte staua descubierta & se plouia toda la botiga & la anglumen en part de la pluuia staua ormosa, & el suelo todo verdoso & los barquines cubiertos con ropa [...] 1476/1/2 Jaca DLAA, 148, Item mas que li compraua olio pora de nuytes quel cremaua nel cresuelo [...] 1430/3/26 Jaca DLAA, 138.

2.1.2 Para determinar las actividades relacionadas con estos ingenios tecnológicos nos interesa destacar ciertas estructuras complejas con un verbo de significado genérico, poco preciso, fazer, saquar… y obrar21 a los que acompaña un sustantivo que especifica su valor, y en consecuencia la actividad y acción determinada por el verbo: por causa de la guerra [...] cessaron de obrar et fazer fierro las ferrerias [...] començastes por buen tiempo a saquar mina en las dichas mineras et fazer fierro [...] Aranaz 1431 AGN.PS2,Leg. 15, n.85.2 que el dicho maestre Pedro [...] ha de fazer un forno de piedra calzina para la yglesia e obras que abran necesarias 1507/10/24 Panticosa AHPH Et assi acordado [...] et fecho guiar la dicha agoa con grandes expensas comunes et començando obrar et saquar mina en las dichas mineras entre eyllos et vos [...] 1431 Aranaz AGN.PS2,Leg. 15, n.85.2

Estos ejemplos recuerdan a las construcciones con verbos de apoyo, que, según advierten Piera / Varela (1999: 4415), resultan muy productivas en el español actual: Entre los esquemas de estructuras complejas más productivos del español figuran los formados por ciertos verbos no copulativos de escasa entidad semántica (como hacer y dar) seguidos de

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DCECH, s.v. fragua, considera la forma antigua frauga y éste de *fravga *FRABICA procedente del lat. FABRICA ‹arte del herrero›, ‹fragua›, ‹arquitectura› derivado de FABER ‹herrero›, ‹artesano› 1ª doc. frauga, h.1210, Cronicon Villarense… fragua, h.1400 Glosarios publ. P. A. Castro […] Las formas de los demás lenguajes ibéricos son diferentes (cat. farga, arag. ant. froga, frauca, etc.). DCECH advierte: barquín, s.v. ‹fuelle grande›. Barquino ‹odre›, diminutivos de BARCA, por comparación de forma. 1ª doc.: varquino, Berceo; barquino ‹barriga›, Canc.Baena, ed. Lang 47vºa; íd. ‹odre› S.XVI. El diminutivo barquinet ya 1365, Inv.arag., BHisp.LVII, 449. DCECH reza: crisol, s.v. ‹recipiente para fundir materias a temperatura elevada›, del cat.ant. y dial. Cresol (ct. Gresol) ‹candil› y ‹crisol›, que junto con el it. crogiulo íd., presupone una base romance *CROSIOLU de origen incierto, quizá derivada del adjetivo prerromano *CROSU ‹hueco› que ha dado el fr. creux ñid; la i de la voz castellana se debe a influjo de otros compuestos cultos procedentes del gr. Χρυσός ‹oro› […] 1ª doc. Nebr […] El cast.ant. cresuelo significaba ‹candil› y se halla en el Alex. […] y en varios inventarios aragoneses de los años 1365-1403 […] crusuelo en doc. de la Rioja, a. 1289; posteriormente el vocablo cayó en desuso, aunque el femenino crisuela se aplica todavía en la Pícara Justina (1605) a la cazoleta inferior de los candiles destinada a recibir el aceite que cae de la candileja. Obrar de gran vigencia durante toda la Edad Media, continúa empleándose hasta hoy en día restringido a acepciones muy concretas y espaciales (DCECH: s.v.).

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un sintagma nominal […]. Este sintagma puede a su vez admitir artículo (hacer (una) alusión) o no admitirlo (hacer esquí) […] Se trata de casos en que el nombre complemento lleva prácticamente toda la carga semántica del predicado, mientras que el verbo apenas sirve para otra cosa que para dar a ese predicado su forma canónica de sintagma verbal.

Todas ellas resultaban habituales en la terminología jurídica medieval tal y como ponen de manifiesto los repertorios léxicos forales; y constituyen uno de los aspectos más novedosos e interesantes para comprender la evolución del léxico de una lengua: «porque los cambios afectan a algo más que a formas y significados»22

3. Consideraciones finales Argumentaré, para finalizar, que con los datos aportados en estos minutos de mi intervención sería quizá exagerado enumerar conclusiones definitivas sobre este asunto tan antiguo y de actualidad como constituye la terminología tecnológica e industrial; pues: Los «adelantos técnicos» han contribuido a marcar de forma decisiva la evolución histórica de ese periodo que llamamos Edad Media, ayudando al desarrollo del fenómeno urbano desde el siglo XI, incidiendo profundamente […] en la vida cotidiana de los individuos […] Igual que los vehículos a motor han cambiado nuestros hábitos de viajar y que los ordenadores han modificado nuestra conducta […] los avances técnicos medievales modificaron las costumbres de los contemporáneos (Córdoba 1999: 345).

Sin embargo, no me resisto a destacar la importancia que para una mejor especificación del léxico histórico supone la colaboración multidisciplinar y el trabajo en equipo con los historiadores, su profundo conocimiento de los textos y su experiencia completa nuestro espíritu filológico.

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Tomamos estas afirmaciones de Pascual / García (2007: 65): «Como construcciones están empezando a tenerse en cuenta en el análisis lingüístico sincrónico, especialmente en ámbitos como la lexicografía bilingüe y el tratamiento automático del lenguaje, desde el punto de vista diacrónico no se han explotado suficientemente. Su evolución, sin embargo, contribuye a iluminar muchos aspectos de la historia de la lengua que el tratamiento aislado de cada una de las partes de la Gramática ha dejado hasta ahora en la sombra».

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Margarita Lliteras

Lexicalización de adjetivos en locuciones nominales y en nombres compuestos (de luna llena a plenilunio)

1. Presentación El tratamiento de las relaciones entre las locuciones nominales o nombres complejos (luna llena, oso pardo, materia prima, ciencias puras) y los compuestos nominales (plenilunio, leopardo, primavera, purasangre) constituye todavía un problema pendiente que suele despertar interés en los estudios recientes de morfología y lexicología españolas. Entre los autores, las referencias a la proximidad de estos dos tipos de lexicalizaciones se ponen de manifiesto en las nuevas denominaciones de «compuesto sintagmático» para la locución y «compuesto léxico» para el tipo morfológico (Alvar Ezquerra 1993; Buenafuentes 2007; Bustos Gisbert 1986; Lang 1992; Val Álvaro 1999; Varela Ortega 2005: 80-84). Esta reforma de la terminología revela el propósito de mostrar cierta convergencia entre los resultados originados en procesos diferentes, unos en la lexicalización de los constituyentes del sintagma nominal (el adjetivo alto en alto cargo) y otros en la combinatoria de los elementos compositivos del léxico (el formante alti- en altiplano). Sin embargo, pese al acierto que supone integrar el estudio de las palabras complejas entre los procedimientos generales de la expansión léxica del idioma, lo que permite, entre otros aspectos, cuantificar la productividad relativa de unos tipos y otros, la amplitud de la perspectiva complica el reconocimiento de las condiciones particulares que determinan la lexicalización de una misma categoría gramatical en el compuesto sintagmático y en el compuesto léxico. Además, algunas investigaciones se orientan sobre todo hacia los sustantivos de la combinación (Ruiz Gurillo 2002: 112), mientras que apenas se han detenido otras en el análisis de los adjetivos que intervienen en estas formaciones lexicalizadas. Se defiende aquí la hipótesis de que las condiciones de lexicalización que regulan el comportamiento del adjetivo también permiten explicar la relación que contraen las locuciones nominales (capilla ardiente, cuatro gotas) con los nombres compuestos (aguardiente, cuatrimotor). Entendida la lexicalización, en términos generales, como el producto léxico de cualquier combinatoria sintáctica (Brinton / Traugott 2005: 48; Lyons 1980: 228), no cabe duda de que las propiedades que definen este cambio desde la sintaxis hasta el vocabulario dependen de las características específicas de cada constituyente gramatical del sintagma: bienestar y buena vida comparten bastantes propiedades importantes, entre estas la de formar parte del diccionario porque ambas se distinguen como unidades denominativas. Pero el análisis de la lexicalización de bien y buena responde a principios parcialmente diferentes, que dependen de la naturaleza adverbial del primero y del carácter adjetivo de

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buena en el sintagma nominal (la) buena vida. La lexicalización de clases gramaticales diferentes requiere en cada caso su propia explicación, tanto si el resultado es un compuesto léxico como otro de origen sintagmático. Las condiciones que regulan la formación de compuestos como purasangre, balarrasa, claroscuro o ricadueña no admiten la extrapolación a otros compuestos del tipo hojalata, tirachinas, compraventa o tentempié, ni tampoco se rigen por los mismos principios de otros compuestos sintagmáticos, aunque sean nominales, del tipo luna de miel o coche cama. Pero, en cambio, se defiende aquí que se relacionan estrechamente con las otras lexicalizaciones de puro, raso, oscuro y rico, aunque no sean compuestos morfológicos sino locucionales, como ciencias puras, cielo raso, cámara oscura o plomo rico. En este trabajo se opta por una descripción gramatical específica de la lexicalización que experimenta una sola categoría sintáctica tal como se manifiesta el proceso en la combinatoria sintagmática y en la morfológica. El estudio se dirige particularmente a la lexicalización de adjetivos primitivos en locuciones nominales y en compuestos nominales formados por adjetivos antepuestos o pospuestos al sustantivo. En cambio, el análisis de la lexicalización de los adjetivos derivados denominales (polar, inglés) y participiales (fijo, seco) requiere un tratamiento diferente. Las propiedades que singularizan, por ejemplo, a tarifa plana difícilmente se hallan en llave inglesa o en ley seca. Los rasgos que permiten describir gramaticalmente a tarifa plana, decidir su estatuto léxico y gramatical y explicar el proceso de lexicalización de un sintagma nominal en una locución nominal se encuentran, por un lado, en la clase de adjetivos que alcanza lexicalizaciones semejantes y, por otro, en el comportamiento gramatical de plano con respecto a los sustantivos que, como tarifa, se constituyen en núcleos de la formación léxica, como pies planos, hueso plano, talla plana, encefalograma plano, geometría plana, vientre plano, pero también planisferio, hidroplano, aeroplano, altiplano y semiplano, monoplano o extraplana. Se persigue la finalidad de delimitar las propiedades léxicas y gramaticales que reúne una clase de adjetivos capaces de transformar un sintagma nominal en una locución nominal y en un nombre compuesto. A diferencia de las anomalías que suelen atribuirse a los procesos generales de lexicalización morfológica o sintagmática, los adjetivos lexicalizantes, a los que llamaremos temáticos o vectoriales, pertenecen a un sistema ordenado, coherente y relativamente estable.

2. El sistema de los adjetivos temáticos Las referencias en la bibliografía a esta clase de adjetivos aun resultan dispersas sobre todo porque apenas se identifican las relaciones que contraen entre sí las formas adjetivas en los dos procesos de lexicalización en que intervienen como constituyentes de la locución y del compuesto nominal. En general, las observaciones al respecto suelen ser incidentales y poco precisas. Así, se atribuye a la «debilidad semántica» (Val Álvaro 1999: 4828) de determinados adjetivos antepuestos al sustantivo la transformación del compuesto sintagmático en léxico (como en mediodía) o se identifican como «cualitativos» o «valorativos» y «cuantitativos» los adjetivos antepuestos al nombre del compuesto

Lexicalización de adjetivos

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sintagmático nominal (alta tensión, media luna), pero se indica que «el tipo de adjetivo que aparece en AN es diferente del que figura en NA» (ib.) Por otra parte, se advierte que se «puede hallar adjetivos de todo tipo» en los compuestos léxicos adjetivales del tipo rabilargo con el adjetivo pospuesto al nombre (Buenafuentes 2007: 477). También se señala que en los compuestos léxicos nominales los adjetivos «acostumbran a ser siempre los mismos» (ib: 452), y se enumeran entre los más productivos alto, falso, malo, medio, rico, cien, mil, esto es, los calificativos o numerales, según la observación de Bustos Gisbert (1986: 128-129). Con todo, no suelen definirse las propiedades del adjetivo con respecto a la posición que ocupa en ambos tipos de composición. Así, acerca de la composición morfológica, se observa que «el adjetivo modifica y complementa al sustantivo al que acompaña, tanto si éste aparece antepuesto o pospuesto, al igual que en la composición sintagmática» (Buenafuentes 2007: 451). Pues bien, aquí se propone que hay un sistema de adjetivos temáticos formado por un grupo reducido de unos 40 adjetivos, aproximadamente, que toleran la posición prenominal en las locuciones nominales que forman, aunque casi ninguno de ellos selecciona como única esta posición (salvo quizá algún latinismo híbrido del tipo nuda propiedad o mero imperio). Tales adjetivos son, pues, los únicos que forman locuciones de secuencia tanto AN como NA y al mismo tiempo son los que se recategorizan en los temas adjetivales propios de la composición morfológica, en la que también pueden adoptar las dos posiciones. Cabe, pues, defender que la lexicalización del sintagma nominal constituido por sustantivo y adjetivo en una forma listada en el diccionario, bien como locución nominal o bien como nombre compuesto, depende sobre todo del adjetivo y, en gran parte, de su capacidad de integrarse en el sistema general de los adjetivos temáticos. Se trata de adjetivos que también cabría llamar vectoriales, en el sentido de que transportan el referente nominal (que vendría a ser el punto de aplicación) en varias direcciones de sentidos opuestos y admiten (como los vectores) magnitudes variables. Pero, quizá más propiamente, la denominación de adjetivos temáticos responde a su semejanza con los temas de la composición culta, pues, como estos, también se caracterizan por presentarse en las dos posiciones con acentuación variable. Así, el adjetivo pleno se antepone y pospone tanto en las locuciones como en los compuestos, donde puede presentarse átono o tónico, como en plena cimbra, dedicación plena, plenilunio y tutiplén. Del mismo modo se comportan algunos temas o elementos compositivos del léxico, como logopedia, filólogo, bibliófilo, autógrafo, grafología, alófono, fonología, sonómetro, unísono, litografía, megalito, etc. Una segunda característica acerca los adjetivos temáticos a los temas polimórficos, pues como constituyentes morfológicos básicos son ajenos a cualquier forma flexiva. De este modo, cabría considerar que los adjetivos temáticos requieren la flexión concertada con el nombre cuando forman parte de procesos locucionales (altos hornos, grandes almacenes, azúcar blanquilla) y, en cambio, requieren otro tema nominal cuando forman parte de procesos compositivos (altisonante, grandilocuencia). Las direcciones típicamente locucionales y, a la vez, compositivas, conducidas por el adjetivo vectorial son fundamentalmente las cuatro que se muestran en la Tabla. Cabe, pues, distinguir entre adjetivos privativos, genuinos y antónimos cuantitativos y cualitativos. Cada una de estas direcciones, además de reproducirse en el léxico mediante adjetivos como los seleccionados en la Tabla, se constituye en polo de atracción para otros atributos de significados afines.

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Margarita Lliteras ADJETIVOS TEMÁTICOS

LOCUCIONES NOMINALES Adj+N

N+Adj

COMPUESTOS NOMINALES Adj+N

N+Adj

PRIVATIVOS

falso franco libre

falsos amigos risa falsa franco bordo piso franco libre albedrío barra libre

falsarregla francotirador librecambio

vano

vana presunción cabeza vana

vanagloria

[pieza]falsa cubalibre, equilibre hilván, tejavana

GENUINOS

fuerte fuerte cosa justo justo título lleno, pleno plena cimbra puro pura potencia real, vero real gana santo santa palabra vivo

viva voz

caja fuerte precio justo luna llena ciencias puras pavo real guerra santa cal viva

fortepiano justiprecio plenilunio, pleamar purasangre veredicto, santiamén vivisección

aguafuerte (barajuste) tutiplén guipur cañavera camposanto, disanto tiovivo

ANTÓNIMOS CUANTITATIVOS

primo, er(o) doble

prima donna doble filo

materia prima primavera partida doble doblescudo

medio media luna clase media tercio, er(o) tercer grado orden tercera último, último grito fin último extremo ANTÓNIMOS CUALITATIVOS alto altos hornos temporada alta bajo bajos fondos horas bajas largo largo recorrido luces largas corto gran(de) pequeño buen(o) mal(o) nuevo, neo viejo mayor menor plano, llano curvo, hondo

corto circuito onda corta gran angular semana grande pequeña pantalla letra pequeña buen humor tío bueno malas lenguas ángel malo nuevo rico luna nueva vieja gloria perro viejo mayor edad colegio mayor menor edad caza menor pie plano plato hondo

mediodía terciopelo extremaunción

altavoz bajamano largometraje cortometraje grandilocuente pequeñoburgués buenaventura malagana neolatín, neonato (vejestorio) mayordomo planisferio curvilíneo

Tabla: Sistema de los adjetivos temáticos

alzaprima pasodoble, mandoble intermedio sestercio penúltimo

callialto cabizbajo rabilargo, barcolongo manicorto

nochebueno aguamala mundonuevo ropavieja [sargento]mayor pormenor aeroplano sabihondo

Lexicalización de adjetivos

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La dirección privativa representa la falta de alguna característica que se presupone habitualmente en la denotación del nombre. En general, las locuciones y los compuestos nominales de este tipo admiten una paráfrasis con sin o no es. Los adjetivos tienden a anular o reducir alguna propiedad implicada en el referente nominal mediante la adyacencia de falso, flaco, libre, vano. Pero esta lexicalización de orientación privativa puede extenderse a otros adjetivos de significados semejantes, aunque tal vez menos sistemáticamente, como ciego, hueco, loco, mudo, muerto, raso, remoto, roto, salvo, seco. Así, ilustrarían este proceso locuciones y compuestos como gallina ciega, burriciego; caña hueca, huecograbado; pájaro loco, tontiloco; cine mudo, tartamudo; vía muerta, mortinato; campo raso, balarrasa; control remoto, remota idea; bolsa rota, bancarrota; mansalva, salvoconducto; hielo seco, calseco. La dirección genuina o integral tiende a potenciar o encarecer alguna propiedad implícita en el referente nominal, de modo que revierte el significado del nombre a sí mismo legitimando su propia denotación. Las lexicalizaciones de este tipo, en general, admiten paráfrasis con todo o solo. Los temas adjetivales que más claramente se lexicalizan en esta dirección genuina son fuerte, justo, lleno o pleno, puro, real o vero, santo, vivo. Pero algunos otros significados afines a estos se lexicalizan también en compuestos y en locuciones mediante adjetivos como eterno, legítimo, perpetuo, pío. Así, el eterno femenino, sueño eterno, eviterno, sempiterno; pósito pío, obra pía, montepío y quizá caso recto, folio recto y retahíla (‹recta fila›). La dirección antónima cuantitativa tiende a ordenar, fraccionar o multiplicar el referente nominal, que representa la unidad, mediante la atribución de primer/o, segundo, tercer/o, etc., último, doble, triple, el antiguo multiplicativo simple y el fraccionario medio. A este mismo tipo de lexicalizaciones corresponden otros casos como los compuestos ciempiés, milhojas, milhombres, milrayas, cuatrimestre, sextaferia, etc., y locuciones nominales como cuatro gotas, quinta columna, tercera edad, mayoría simple, sexto sentido, etc. La dirección antónima cualitativa se rige por los pares de antónimos básicos, como son los de carácter circunstancial o eventivo, espacial, temporal o modal, que modifican el significado léxico del nombre mediante algún atributo que tiende a codificarse en la locución como intersectivo o absoluto, frente al sentido polar y relativo que es habitual en el sintagma nominal. En la Tabla se muestran algunos resultados de la lexicalización de estos pares de adjetivos antónimos que, con mayor o menos grado de productividad, transforman sintagmas nominales en locuciones y en compuestos nominales.

3. Posición del adjetivo temático Los dos sentidos posibles de estas cuatro direcciones vectoriales están representados por la posición del adjetivo temático. En un trabajo reciente (Lliteras 2009), hemos propuesto que la lexicalización de un sintagma nominal en una locución nominal supone la interpretación extensional o restrictiva del adjetivo en cualquiera de las dos posiciones, aun a costa del carácter intensional o evaluador del adjetivo antepuesto en la combinatoria sintagmática. Una prueba sencilla pone de manifiesto que el adjetivo modifica la extensión

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o referente nominal incluso en la anteposición siempre que esté lexicalizado. En la interpretación anafórica, se recupera necesariamente el referente de la locución completa (nuevo rico), pero solo el del nombre si el adjetivo es sintagmático o puramente intensional (nuevo alcalde), como se muestra en el contraste entre Este nuevo rico será como todos [= los nuevos ricos] y Este nuevo alcalde será como todos [= los alcaldes]. A su vez, el adjetivo en posición prenominal tiende a singularizar el atributo superlativo en la clase prominente de las entidades designadas por el nombre y representa la información nueva, mientras que en posición posnominal el adjetivo selecciona una clase de objetos denotados por el sustantivo. La anteposición se corresponde con el valor de los antiguos superlativos relativos latinos en -issimus, que equivalían a la expresión el (único) más seguido del adjetivo (RAE 1973: §2.4.9). Se explicarían así las variantes coloquiales de locuciones nominales, solo con adjetivos antepuestos, del tipo ni remota idea y ni la más remota idea, el santo suelo y el santísimo suelo, su real gana y su realísima gana, el último grito y el ultimísimo grito, un primer plano y un primerísimo plano, una bella persona y una bellísima persona, etc., y otras fijaciones de nombres propios o advocaciones como la Santísima Trinidad, la Purísima Concepción (*la Santa Trinidad, *la Pura Concepción).

4. Intersección y subsección La lexicalización de un sintagma nominal en una locución nominal y en un compuesto nominal selecciona el carácter intersectivo del adjetivo temático aun cuando prevalezca en su función sintagmática la interpretación subsectiva. La diferencia entre intersección y subsección (Bosque / Demonte 1999: §3.2.3) se aplica a dos clases de adjetivos. Por un lado, los adjetivos intersectivos asignan una propiedad al nombre en sentido absoluto porque no exigen conocer el objeto modificado. El adjetivo intersecta con la clase hiperónima de la designada por el nombre. Son adjetivos típicamente intersectivos los de color y forma, y en general los llamados categoremáticos, que tienen sentido por sí mismos, a diferencia de los sincategoremáticos, que lo tienen solo como elementos de relación. Así, negro o doble son adjetivos intersectivos (Un gato negro siempre es un animal negro; Un cristal doble son dos objetos). Una propiedad sintáctica de los adjetivos intersectivos o absolutos reside en su capacidad para adosarse unos a otros sin necesidad de coordinación (Un cristal oscuro doble). Esta característica explicaría las lexicalizaciones de dos adjetivos yuxtapuestos en locuciones nominales de ámbitos técnicos (máximo común divisor, mínimo común múltiplo, plano medio largo, pretérito perfecto simple) en las que, sin embargo, no intervienen adjetivos relacionales. Estos denominales pueden yuxtaponerse generalmente, tanto en la combinatoria sintáctica (agencia espacial europea) como en la locucional (auxiliar técnico sanitario, sistema métrico decimal, asistencia jurídica gratuita, etc.) y léxica (agua mineromedicinal). Por el contrario, los adjetivos calificativos primitivos sin alcance intersectivo requieren la coordinación en cualquier construcción sintáctica (Una niña lista y traviesa / *Una niña lista traviesa; Una voz alta y clara / *Una voz alta clara). Por su parte, los adjetivos subsectivos asignan una propiedad al nombre en sentido relativo. El adjetivo modifica al nombre, pero no al conjunto de la clase hiperónima a la

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que el nombre pertenece. Forman este grupo de adjetivos los que expresan dimensiones y propiedades físicas o valoraciones intelectuales. La interpretación de las cualidades que manifiestan depende de una «norma implícita» (Calvo 1986: 119) o «clase de comparación» (Moreno Cabrera 1991: 250-251). Los adjetivos subsectivos admiten con facilidad estructuras adversativas que evidencian su carácter relativo (Es un mosquito grande pero un bicho pequeño; Es un buen deportista pero un mal estudiante). En general, los adjetivos complementarios (como vivo / muerto) se comportan como categoremáticos o absolutos: Un gusano vivo es un organismo vivo. En cambio, los adjetivos antónimos, especialmente los polares y solapantes, son típicamente sincategoremáticos o relativos. Un niño alto no suele ser una persona alta y todos sabemos que lo que hoy es bueno para el colesterol mañana puede ser malo. Cabría preguntarse si se codifican estas dos relaciones semánticas también en las locuciones y en los compuestos nominales y, consecuentemente, interesaría saber si se distingue una lexicalización intersectiva de otra subsectiva. Pues bien, la lexicalización de un sintagma nominal en una locución nominal supone la cancelación de las relaciones subsectivas incluso en las locuciones formadas por adjetivos antónimos polares (no complementarios ni equipolentes), que corresponden típicamente a los de dimensiones y valoraciones, los más regulares, en cambio, en la codificación de las relaciones subsectivas en el sintagma. Así, una de las principales diferencias entre la atribución locucional o compositiva y la que no lo es reside en que la locución y el compuesto tienden a generalizar las relaciones absolutas o de intersección basadas en las acepciones categoremáticas de los adjetivos. Además, los adjetivos de dimensión y valoración suelen formar locuciones y compuestos pareados mediante los dos elementos que integran la antonimia polar, inhibiendo de este modo la relación subsectiva propia de la combinatoria sintagmática, como en buen humor y mal humor; colegio mayor y colegio menor; buenaventura y malaventura; largometraje y cortometraje, etc. Entre otras regularidades que se alcanzan en estos procesos de lexicalización, conviene resaltar las yuxtaposiciones de antónimos. En efecto, la formación de compuestos del tipo altibajos, claroscuro, agridulce e incluso el antiguo calofrío (moderno escalofrío), con los adjetivos antónimos yuxtapuestos, en sustitución de las formaciones anticuadas o desusadas altos y bajos, claro y oscuro, indica probablemente que la lexicalización requiere atributos intersectivos, que son los únicos que se presentan sin coordinación. La argumentación que aquí se defiende permite mostrar otras regularidades de interés. En primer lugar, la preferencia por la interpretación intersectiva inhibe la capacidad lexicalizante de muchos adjetivos de valoración que forman habitualmente parejas polares, como por ejemplo caro / barato, espeso / fluido, terso / flácido, fácil / difícil, etc., que muestran una productividad escasa o nula en la formación de locuciones nominales y, consiguientemente, tampoco forman compuestos nominales. Por otra parte, resulta relativamente frecuente que los adjetivos sintagmáticamente polares formen locuciones sueltas, no pareadas, pero mediante acepciones diferentes, no previstas en la polaridad. En otras palabras, si los adjetivos típicamente subsectivos, como son los antónimos polares, no forman parejas de locuciones, sino locuciones nominales sueltas, entonces es muy probable que el adjetivo en cuestión no sea estrictamente polar en esa acepción, sino más bien equipolente o complementario. De esta forma, el hablante prevé y codifica la idiomaticidad de algunas locuciones nominales. Así, por ejemplo, se accede al significado de la locución huevo duro como ‹huevo cocido› y del compuesto caradura como ‹sinvergüenza,

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descarado› por el efecto del carácter intersectivo de este adjetivo cuando forma parte de locución y la composición, aunque sintagmáticamente se comporte como subsectivo o polar. En suma, los adjetivos antónimos polares se comportan en las locuciones con el mismo carácter intersectivo o absoluto de los adjetivos relacionales, complementarios y antónimos comparativos, como son los equipolentes (del tipo caliente / frío). Se observa, finalmente, una clara tendencia de estos adjetivos complementarios y equipolentes a formar locuciones sueltas de uno solo de los adjetivos del par con cada sustantivo (perrito caliente / *perrito frío; gota fría / *gota caliente; avefría / *avecaliente, *avecálida; punto muerto / *punto vivo; tiovivo, etc.). Apenas se forman, de hecho, locuciones nominales pareadas con complementarios y equipolentes porque la única interpretación posible es entonces la intersectiva o absoluta.

5. Resumen y conclusiones El análisis propuesto trata de determinar algunas condiciones que el código léxico del español exige a ciertos adjetivos, y a las relaciones que estos mantienen con los nombres, para regularizar, primero, un tipo de lexicalización del sintagma nominal constituido por estas dos categorías y, después, un tipo de compuesto morfológico. La lexicalización recae preferentemente en los adjetivos adverbiales o eventivos junto con los numerales y con aquellos calificativos que más regularmente se someten a las relaciones de complementariedad y equipolencia. Estos adjetivos forman un sistema productivo y dinámico de adjetivos locucionales y compositivos. Es el grupo de adjetivos que hemos denominado vectoriales o temáticos. La productividad léxica de tales adjetivos sobrepasa el ámbito de la locución para llegar además a identificarse con los temas adjetivales representativos de la composición morfológica. Se trata de un conjunto ordenado de adjetivos que admiten las dos posiciones, con la particularidad de que proporcionan interpretaciones restrictivas o extensionales tanto en la posición prenominal como en la posnominal, de tal suerte que inhiben el sentido intensional que suele ser característico de la anteposición sintagmática. Esta restricción parece que no admite excepciones, pues aquellos adjetivos que no presentan otra interpretación que la intensional en cualquier posición, como son los elativos (espléndido, excelente, fabuloso, estupendo, horrible, etc.), no sirven ni como locucionales ni tampoco como temas morfológicos. En conjunto, los factores analizados permiten valorar el estatuto preciso de las combinaciones de nombres y adjetivos, la productividad de los adjetivos en la formación de locuciones y prever qué unidades resultan más aptas para intervenir en los procesos de composición morfológica. En este sentido, los resultados podrían reunirse en dos generalizaciones. En primer lugar, apenas hay temas adjetivales de la composición morfológica que no sean además adjetivos locucionales. Además, rara vez el adjetivo de la composición no pertenece a alguno de los grupos más productivos del sistema de las locuciones nominales, como son los adjetivos aspectuales, eventivos, complementarios y equipolentes, y los de color, que forman locuciones nominales antepuestos y pospuestos al

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nombre. En todos los casos, el adjetivo locucional designa un atributo individual, intersectivo y extensional, que a la vez puede participar en la composición morfológica.

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1. Obiettivi della ricerca Lo studio del lessico alimentare dell’italiano antico, documentabile a partire dagli inizi del ’300 (se ci si basa sulla tradizione scritta dei testi tecnici che lo tramandano), è il primo segmento di una storia linguistica della cucina italiana, in certa misura isolabile, dal momento che dal Rinascimento si registra un cambiamento radicale nei gusti e nelle abitudini alimentari e solo alcune delle ricette e quindi delle denominazioni dei primi secoli permangono e si radicano nelle tradizioni della penisola. Per ciò che riguarda la lingua dei ricettari antichi, quasi tutti in volgare, c’è un elemento locale che emerge solo in parte e che soggiace ad una spinta di conguaglio sovramunicipale fino al Cinquecento: la cucina antico-italiana è poco differenziata non solo perché ci sono pochi testi e quindi poca documentazione, ma perché si impongono nettamente, almeno nello scritto, alcune tradizioni interregionali. Se è indiscutibile che a contribuire all’uniformazione dei volgari già nel ’400 fu l’avvento della stampa, come si evince da una recente raccolta di saggi, Rinascimento dal basso (Trifone 2006), è vero anche che ci furono altri fattori unificanti, in parte già ben studiati: dalla lingua delle cancellerie a quella della predicazione religiosa, in parte ancora da approfondire, al diffondersi di testi tecnico-pratici, quindi di nuove tipologie testuali, che presentano linguisticamente un forte livellamento del colore locale verso forme di italianizzazione o koinizzazione. Nella scrittura di cucina ad essere adottato già nel ’400 è spesso un volgare toscano o toscanizzante con varianti regionali1, una lingua comune alle corti che assimila, nelle denominazioni dei piatti, usi linguistici locali e popolari; a fungere da collante ci sono poi modelli testuali che si impongono veicolando un’imitazione non solo del contenuto, ma anche della lingua: è il caso paradigmatico del ricettario quattrocentesco di Martino da Como, il De arte coquinaria2, che diventa una sorta di grammatica della cucina fino –un secolo dopo– ai Banchetti di Cristoforo di Messisbugo del 15493, che segnerà la svolta della cucina rinascimentale. ––––––– 1 2 3

Cf. Capatti / Montanari (2006: 221). Al quale è dedicato il volume importante di Laurioux (2006). Non mi soffermo su questi aspetti per i quali rinvio al mio intervento al convegno di Matera del 2004, dedicato ai linguaggi tecnico-scientifici tardomedievali; in tale occasione accennavo ad alcuni percorsi di ricerca sulla scrittura tecnico-pratica in volgare e in genere alla morfologia del testo di cucina medievale (Lubello 2006).

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2. Il corpus del DAGI 2.1 Una nuova ipotesi sulle tradizioni testuali Da ormai quasi un ventennio la storia della gastronomia e delle tradizioni alimentari è diventata non solo oggetto di studio, ma anche moda editoriale; una moda che ha prodotto edizioni spesso inutilizzabili per i linguisti e, in particolare, per i lessicografi. Il progetto di compilazione di un Dizionario dell’antica gastronomia italiana (DAGI) è nato alcuni anni fa a partire dall’edizione del ricettario più voluminoso di area italiana compilato prima del Rinascimento e ancora inedito, tramandato dal ms. WSM 221, London, Wellcome Institute of Medical History: la terminologia di cucina che risulta dalle oltre 400 ricette contenute nell’opera richiede necessariamente, perché si possa giungere a formulare ipotesi storico-etimologiche convincenti e fondate, uno sguardo allargato a tutti gli altri ricettari antico-italiani. Da questa esigenza è nato il progetto di un DAGI, agevolato, peraltro, dalla modesta ampiezza del corpus.4 Va da sé che, data l’ampia circolazione nel tardo Medioevo di testi di cucina in tutta l’Europa occidentale, con vari influssi reciproci da una tradizione all’altra e quindi con intricate storie e ‹migrazioni di termini›, sarebbe indubbiamente più opportuno un dizionario europeo, desideratum ma anche necessità, come dimostra in modo esemplare la storia linguistica di un piatto classico della cucina tardomedievale, il biancomangiare, probabilmente non francese come farebbe pensare il capostipite blanc mangier, ma occidentalizzazione di un piatto arabo avvenuta per opera dei Normanni francofoni in Sicilia, terra di conquista ma anche di contatto e di sincretismo in tutto il bacino del Mediterraneo.5 Le difficoltà nella compilazione del DAGI sono di natura filologica: la mancanza di buone edizioni, lo status ancora di inedito di alcuni ricettari e la non ancora definitiva ricostruzione delle tradizioni dei testi. In questa sede basti ricordare che il corpus è costituito da circa una ventina di fonti, in minima parte ancora inedite, tra cui un frammento di dieci ricette, provenienti da un solo foglio di un codice della prima metà del XIV sec. (Venezia, Bibl. Marciana, Lat. XIV, 232 - 4257 - n°142, c. 16). È il caso invece di soffermarsi solo su una delle due più antiche tradizioni peninsulari, quella del Liber de coquina, perché di recente oggetto di un importante studio, quello di Martellotti (2005), che ha capovolto completamente il quadro precedente avanzando

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Secondo Laurioux (1997: 219) prima del XIII sec. non si scrissero affatto libri di cucina, come risulta del resto da un censimento di non molti anni fa, relativo ai manoscritti medievali contenenti ricette di cucina. Si rinvia al §3. Il foglio è probabilmente l’unica carta superstite di un rotolo. Stilato sulla parte interna e posteriore di una pergamena che rivestiva originariamente una raccolta manoscritta di rime di Petrarca, di Boccaccio e di altri trecentisti (fino a poco tempo fa si riteneva di mano di Girolamo Dondi), è stato copiato nel primo Trecento in toscano probabilmente da scriba veneziano.

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un’ipotesi suggestiva sui primi libri di cucina italiani, con implicazioni importanti anche per lo studio linguistico.7 Alla tradizione del Liber appartengono due ricettari in latino – ma si tratta in realtà di un latino tardo fittamente intessuto di volgarismi, spesso solo travestimento di termini volgari – tramandati da due manoscritti conservati nella Biblioteca Nazionale di Parigi: – ms. lat. 7131, miscellaneo, redatto tra il 1308 e 1314 per Enrico di Mondeville, chirurgo di Filippo IV il Bello;8 il testo è stato reso disponibile dall’edizione di Mulon (1968) che aveva collazionato il testo (A) con l’altra copia (B) contenuta nel – ms. lat. 9328, miscellaneo, di mano italiana, che si apre con il Liber ruralium commodorum di Pietro de’ Crescenzi9, e contiene alle cc. 133v-139v il Liber de coquina; la miscellanea di questo manoscritto, più recente e databile al 1360-70, risulta abbastanza unitaria, incentrata com’è sull’alimentazione e più in generale sul versante medicosanitario, dietetica in primis. L’ipotesi dell’allestimento del codice alla corte angioina di Napoli, proposta e accettata da molti studiosi, è stata però più volte confutata da Bruno Laurioux.10 Mentre i due ricettari tramandati dai codici parigini sono copia dello stesso Liber de coquina, gli altri ricettari in volgare, ascritti a questa tradizione e in varia misura imparentati fra loro, sono stati considerati di volta in volta rimaneggiamenti, scampoli, rifacimenti successivi (anche se presentano indiscutibili coincidenze testuali); abbiamo: – il Libro de cocina, noto anche come Anonimo Toscano, che è il primo dei due ricettari in volgare toscano tramandati dal ms. 158 della Biblioteca Universitaria di Bologna, compilato a cavallo dei sec. XIV-XV, già edito nell’Ottocento a cura di Francesco Zambrini (1863);11 molti elementi inducono a considerare il Libro una traduzione dal latino;12 – una versione meridionale copiata in un ms. scritto nell’Italia del sud tra la fine del ’300 e gli inizi del ’400, ora presso la Biblioteca Internazionale di Gastronomia di Sorengo. Il ms. in realtà tràdita due ricettari, entrambi editi da Ingemar Boström (1985)13 con il titolo di Anonimo meridionale, ma solo il primo (alle cc. 1r-15v) appartiene alla tradizione del Liber;14 – un altro ricettario in latino, ancora inedito, tramandato dal ms. Palatino lat. 1768 della Biblioteca Vaticana;15 si tratta di un testo più tardo, redatto ad Heidelberg tra il 1461 e il

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Per il censimento dei testi rinvio a Laurioux (1996) e Lubello (2006). Cf. la descrizione fornita da Laurioux (1997: 24 sgg.). Al Liber ruralium è premessa la lettera dedicatoria (tra il 1305 e il 1309) di Pietro de’ Crescenzi a Carlo II d’Angiò. Cf. in particolare Laurioux (1996: 36). L’edizione Zambrini, che modernizza in modo non sistematico la grafia del manoscritto, è stata riproposta da Faccioli (1966: 18-57) dopo un controllo diretto sul ms. D’ora in poi Toscano. Cf. Boström (1985): il ricettario che appartiene alla tradizione del Liber e che l’editore chiama Libro A si trova alle pp. 1-31. D’ora in poi Meridionale. D’ora in poi Vaticano.

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1465 per Erhard Knab e che solo di recente è stato aggiunto alla famiglia del Liber de coquina.16 È rimasta finora indiscussa la ricostruzione della trafila dei testi. Si considera unanimamente il testo latino del Liber de coquina come il capostipite che precede le diverse versioni e i vari rimaneggiamenti in volgare toscano e meridionale. Va da sé che, data la complessità della tradizione, da intendere pertanto in senso largo a causa dei vari passaggi, interpolazioni e ristrutturazioni dei ricettari, si deve rinunciare a qualunque tentativo di ricostruzione ricorrendo ad uno stemma codicum peraltro ancora da verificare.17 Senza entrare nei particolari di quello che argutamente è stato definito una sorta di bricolage textuel, va tuttavia segnalato un importante studio recente, I ricettari di Federico II, di Martellotti (2005), che oltre a riconfermare l’ipotesi angioina del Liber ha rimesso in discussione le vicende della compilazione, trasmissione e circolazione dei testi. In particolare la studiosa ha prestato attenzione proprio al Vaticano, che mostra stringenti affinità con la versione parigina: esso non sarebbe un rimaneggiamento del Liber ma ne rappresenterebbe addirittura lo stadio preparatorio, mentre la redazione risultante dai codici parigini costituirebbe la fase conclusiva. Il ricettario toscano, a sua volta, apparterrebbe ad una fase antecedente al Vaticano: vale a dire, risalirebbe ad una prima versione latina, chiamata per comodità Liber amissus; a sé invece sembra porsi il Meridionale, bilingue (in latino e volgare meridionale) il cui assetto disordinato e il cui carattere composito risultano probabilmente dalla giustapposizione di brevi ricettari o dall’aggregazione di gruppi di ricette.18 La nuova ricostruzione è particolarmente suggestiva perché propone uno sviluppo testuale inverso a quello che si dava finora per scontato e che si basava sulla cronologia dei testi desunta dalla cronologia dei codici latori: il primo nucleo si troverebbe proprio nella redazione in volgare meridionale da cui sarebbe stata ricavata in un secondo momento una compilazione in latino, secondo una linea in costante evoluzione che va dal disordine del Meridionale al perfetto ordinamento del Parigino, mentre la versione toscana si collocherebbe come un ramo secondario derivato già al primo snodo: fenomeno, questo, del passaggio dal volgare al latino, non insolito e analogo a quello registrabile, per esempio, negli Enseignemenz qui enseingnent à apareillier toutes manières de viandes, traduzione di testi francesi in latino19, o nel De arte coquinaria di Maestro Martino che non rappresenta il pendant volgare di un trattato latino ma è proprio il modello di riferimento del De honesta

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In particolare cf. Spadaro di Passanitello (1989). Vanno inoltre aggiunti due testi tardi in latino, benché indipendenti dalla stretta tradizione del Liber, conservati rispettivamente nella Stiftsbibliothek di St. Florian, Ms. XI, 100 (databile tra la fine del XIV sec. e l’inizio del successivo, tramanda un Liber coquinarius imparentato con il Meridionale) e nella biblioteca Municipale di Châlons-sur-Marne, Ms. 319 (che tramanda la raccolta Hic est liber coquinarum bonarum che si rivela come un tardo rifacimento latino del Meridionale). Pur rinunciando a tale ricostruzione, Martellotti (2005) dedica un ampio paragrafo (Il copista distratto e il compilatore intendente, 55-81) alla collazione del Liber con i ricettari imparentati. Cf. Martellotti (2005: 22). Cf. Laurioux (1997: 31) che individua nelle Doctrine preparationis ciborum una versione latina degli Enseingnemenz.

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voluptate, il primo vero trattato di gastronomia che conosce l’Occidente, redatto a Roma negli anni ’60 del ’400 dall’umanista Bartolomeo Sacchi detto il Platina.20 Stando così le cose, si riesce finalmente a capire come mai molte delle caratteristiche del Liber si possano già individuare nel nucleo del Meridionale: il persistere di questa impostazione unitaria non può essere opera di secoli ma deve essersi realizzato, secondo Martellotti (2005: 80), in un arco di anni o decenni in un’unica officina di alto livello culturale in cui si scrivono ricette volgari e si traducono al contempo in latino, e dove, inoltre, sono diffuse buone conoscenze dell’arabo; l’opera deve essere stata incoraggiata e promossa da un’unica mente ispiratrice che trasforma l’originaria compilazione di un ricettario in volgare in un ambizioso disegno di trattato in latino. In conclusione, se la corte angioina ha avuto funzione di tramite, l’unico luogo in cui può essersi realizzato questo enorme lavoro resta la Sicilia di Federico II e la mente ispiratrice sarà stata quella dell’imperatore stesso, patrono di opere in volgare21 e intenzionato con molta probabilità a dotare la corte di una raccolta sistematica che radunasse le migliori ricette in uso, tanto di importazione greca e orientale allora in auge (molti sono non a caso i piatti a base di carne), quanto quelle di tradizione autoctona, insomma una sorta di summa della cucina del periodo svevo: l’esito dell’operazione si può ravvisare nell’assetto in cui si presenta il Meridionale, collocabile probabilmente nello stesso periodo della fioritura della lirica volgare, intorno al 124022, assemblato sul modello di raccolte arabe o di compilazioni redatte in francese alla corte normanna di Sicilia, forse sotto Guglielmo II.23 Nello stesso ambiente e sotto lo stesso patrocinio, aggiuntosi all'interesse culinario quello dietetico di più spiccata matrice araba, si fa viva l’esigenza di tradurre la raccolta in volgare nella forma di un vero trattato e perciò in una lingua più autorevole e di larga diffusione, il latino.

2.2 Il corpus collaterale Il cosiddetto corpus collaterale nelle fonti spogliate per il DAGI comprende altri ricettari, affini ma non propriamente di cucina, o testi tecnici importanti per lo spoglio lessicale. Ecco i principali tipi (con qualche testo paradigmatico da esempio per ciascuna categoria): a) ricettari di dietetica (e in parte serie di bevande, ricette di cosmetica): per tutti un esempio significativo è il Libreto de tutte le cosse che se magnano di Michele Savonarola (Nystedt 1987). All’interno di serie di ricette di bevande e conserve si possono trovare attestazioni importanti, come nel WMS 668 della Library del Wellcome Institute for the History of Medicine di Londra, della fine del XV sec., che oltre a ricette mediche in latino contiene, alle cc. 191r-208v, ricette in volgare di ––––––– 20 21

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Sul trattato e sulla figura del Platina cf. Laurioux (2006). Si deve peraltro al mecenatismo di Federico la traduzione del Tacuinum sanitatis di Butlan, capitolo importante dell’influsso arabo sulla cultura alimentare dell’occidente anche per l’indissolubile legame, di provenienza araba, tra dietetica e gastronomia. Cf. Martellotti (2005: 138). Furono gli antichi ricettari anglonormanni a fungere da tramite per la ricezione nei ricettari inglesi di piatti tipici arabi allora in voga: cf. Hieatt / Jones (1986).

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conserve e salse: codognata, salviata, a confectare zuche, a confectare meloni, marinata, marzapani, diversi sapori, sambucata, salsa di limonia; b) libri di spese per la mensa: un bell’esempio è fornito dal resoconto piuttosto dettagliato, conservato dal codice Laurenziano Ashburnham 1216, delle spese per la mensa dei priori di Firenze nel periodo 1344-1345, studiato da Frosini (1993), dopo la segnalazione di quasi un secolo fa di Curzio Mazzi. Esso offre molte prime attestazioni o colma lacune geolinguistiche importanti: documenta per es. cialda e cialdone, le pappardelle ‹tipo di pasta›, cacio parmigiano, pane impepato, fin da allora legato alla festività del Natale, e addirittura un termine importante, àrista ‹schiena e lombo del maiale›, di probabile origine greca, per molto tempo collegato alle vicende del concilio di Firenze del 1439 per colpa dell’Artusi, che cita l’episodio nella sua Scienza in cucina; si tratta invece di un taglio e di un piatto ben noto a Firenze fin dall’ultimo quarto del ’200, come si ricava dal Registro di Entrata e di Uscita del convento di Santa Maria di Cafaggio del 1287-8 (Frosini 2006: 43). Quest’ultimo registro fornisce peraltro le attestazioni più antiche di mostarda e di vermicelli ‹pasta filiforme›; c) libri di conti e registri contabili: per es. I quaderni di conti di un capitano di custodia (Firenze, Archivio di Stato, Carte del Bene, 42), lo scritto nel quale Francesco di Dingo segnò, nelle prime quattordici pagine, le spese di varia natura, soprattutto di vettovaglie, fatte per Iacopo di Francesco del Bene, capitano di custodia di Pistoia nel 1339, per il trimestre agosto-novembre 1339: anche qui è documentata l’àrista (come nel Libro per la mensa dei priori citato al punto b). Interessante risulta il registro dei Pasti nell’albergo della stella (Prato 1407-1416), uno dei dieci registri contabili tenuti da tre generazioni di albergatori, proprietari della più importante struttura ricettiva presente a Prato tra il 1394 e 1437; l’albergo offriva ai propri clienti pranzi a prezzo fisso (l’iscotto), pasti alla carta, colazione, vini; i registri documentano varie zuppe di carne, salsicce, pesce pregiato, paste alimentari, dolci, confetti, sofisticati metodi di cottura dalla crostata alla gelatina, ecc.; d) banchetti nuziali e apparati per nozze: tra i più spettacolari L’apparato de le nozze di Costanzo Sforza, che celebra il matrimonio con Caterina d’Aragona a Pesaro il 18 maggio 1475; il bell’incunabolo stampato a Vicenza nello stesso anno presso la tipografia Hermann Liechtenstein è conservato alla Biblioteca Nazionale di Firenze, Banco Rari 157, e documenta tra le varie specitalità: frittelle di sambuco, mortadelle, varie crostate dolci, pastelli di vitello, cialde, cotognate; e) norme suntuarie e statuti: interessante un frammentario testo pratese inedito, contenuto nelle Norme suntuarie di Prato, in latino, del 1350-1354 (Prato, sezione di Archivio di Stato, Comunale, 5, Statuti, s.d., cc. 30-33); questo testo offre un interessante spaccato sulle abitudini gastronomiche della città che le leggi suntuarie cercarono di limitare.

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3. La microstruttura nel DAGI La microstruttura di un lemma tipo nel DAGI include i campi seguenti: 1. esponente: forma, varianti, indicazioni grammaticali, definizione; 2. prime attestazioni: si isola la prima attestestazione, si indicano a parte le forme del latino medievale (ad eccezione del Liber de coquina che appartiene al corpus dei testi tecnici e quindi vale eventualmente come prima attestazione), note di toponomastica e onomastica; 3. discussione etimologica; 4. derivati (es. cialdone da cialda), composti, sintagmi lessicalizzati del tipo salsa a la todesca (tutti con indicazione della prima attestazione); 5. fonti tecniche: corpus dei ricettari antichi; 6. fonti collaterali: ricettari di dietetica, di cosmetica, libri per la spese, allestimenti di banchetti per nozze, registri di entrata e uscita, ecc.; 7. altra documentazione: letteraria e documentaria (separatamente); 8. fonti moderne, dopo il ’500 (si segnala se il termine resta nell’uso, fino a quando, ecc.) con indicazione eventualmente di un dizionario dell’uso di oggi (Gradit, Zingarelli, Devoto-Oli, ecc.); 9. documentazione non italiana (in primis i ricettari antichi di cucina di altri paesi europei, importanti per disegnare con più esattezza la storia non solo linguistica dei prestiti); 10. commento: marca d’uso, storia della parola, distribuzione diatestuale e geolinguistica (dati i problemi riguardanti la ricostruzione delle tradizioni testuali e quindi le difficoltà per una più precisa localizzazione e datazione dei testi, è opportuno circoscrivere la diffusione di un termine, quindi osservare in quale tipo di testi esso è presente); 11. dizionari di riferimento e bibliografia generale. Un dizionario di termini di cucina riguarda la storia linguistica dei nomi, ma non può prescindere dall’analisi anche dei tratti salienti dei referenti, cioè delle ricette (ingredienti, modi di preparazione, condimenti, fasi di cottura) utili per capire meglio i percorsi della parola e disporre perciò di dati significativi per individuare l’etimologia remota. Si veda un esempio concreto, un piatto tipico della cucina medievale, il biancomangiare, di origine almeno nel nome francese blanc mangier (1275-1300). Importanti sono le osservazioni che Carnevale Schianca (2005) ha fornito a proposito di uno studio sul Blancmanger di qualche anno fa, in cui Charle Perry stabiliva la connessione tra il biancomangiare della cucina italiana e un piatto simile della cucina araba chiamato isfidhabaj (cf. anche Martellotti 2001: 81); è vero che entrambi i vocaboli significano ‹cibo bianco›, che entrambi si compongono di carne cotta con latte di mandorle (ma la ricetta araba prevede anche ceci e uova sgusciate); è altresì condivisibile l’osservazione per cui bianco indica ‹senza aggiunta di condimento›, come prescrivono anche alcuni trattati di dietetica (si pensi, tra tutti, al De sanitate tuenda di Galeno che prescrive il brodo bianco per certe situazioni di convalescenza); resta il fatto che la ricetta araba consiste in un tipico brodo a base di

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spezzatino di carne stufato arricchito con ceci, cipolle, mandorle e aromatizzato con pepe, cumino, aneto e coriandolo. Passando all’italiano antico, dalla voce del TLIO, bramangiere (s.v.), limitata per lo più alla sola documentazione fiorentina, non traspaiono molti elementi concernenti la storia della parola24, anzi se ne potrebbe inferire che la forma con rotacizzazione (br-) sia la più antica, dando ragione all’ipotesi di Vollenweider (1963)25 che riconduce il tipo bramanger al germ *BRADO ‹pezzo di carne›, poi rimotivato in blanmangiere per influsso di blank. Tuttavia dallo spoglio dei ricettari risulta chiaro che la documentazione più antica, in entrambe le tradizioni della penisola, non presenta come maggioritaria la forma rotacizzata (come quelle fornite dal TLIO), ma la forma con nesso BL- (per es. nel frammento veneziano prima citato dei primi del ’30026): pertanto è ragionevole pensare che la diffusione della forma bra- dipenda oltre che dalla più fortunata filiera della tradizione toscana dei xii ghiotti, anche da un modello scritto importante, Boccaccio; del resto con nesso iniziale BL- sono le prime testimonianze dei ricettari coevi in area inglese e tedesca, della prima metà del ’300.27 La diffusione del nome (e della ricetta) nella cucina medievale inglese, nell’Italia del sud e in Germania circoscrive tutta l’area normanno-sveva, mentre sorprende che esso sia poco diffuso proprio nella manualistica culinaria francese, da cui si è pensato che sarebbe stato diffuso: si può allora individuare come più plausibile centro irradiatore ancora una volta la Sicilia normanna e spiegare il termine gallicus presente nel latino del Liber de coquina (de albo cibo: vocatur gallice blanc mangier) come riferito ai Normanni in Sicilia. Ciò comprova ulteriormente l’origine normanna di molte ricette contenute nei primi ricettari inglesi e fa pensare ad un tramite sotto l’imperatore svevo per i ricettari trecenteschi di area germanica, a partire dal più antico Buoch von guoter spise del ’300: non è un caso che successivamente, sotto Carlo I d’Angiò, saranno copiati non solo il Liber de coquina, insieme al Tractatus de modo preparandi et condiendi omnia cibaria et potus, ma anche l’operetta di Giambonino da Cremona, il Liber de ferculis, opera di grande importanza strettamente legata alla tradizione dietetica araba. A corroborare questa ipotesi si aggiunga, infine, un altro elemento significativo per circoscrivere i luoghi di produzione dei testi: nell’altra opera latina legata nella tradizione manoscritta al Liber de coquina, il Tractatus de modo preparandi et condiendi omnia cibaria et potus, forse si può intravedere l’ultimo tassello legato alla corte sveva: il latino, infatti, del trattato, dalla forte coloritura francese che ha fatto pensare alla Normandia anche ––––––– 24

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L’ipotesi del TLIO di bramangiare fiorentino del ’300 come influsso dell’allotropo biancomangiare si basa su una documentazione scarsa (la seconda forma è di un secolo successivo). Sull’etimologia dell’it. bramangiere / biancomangiare e sulla distribuzione italiana delle forme cf. Pfister (2007). L’articolo nel LEI (s.v. blank, in corso di stampa) distingue lo strato antico francesizzante bra-bla da quello quattrocentesco, in cui compare il calco bianco mangiare nell’opera di Maestro Martino, da un terzo strato iberizzante mangiare bianco, presente nei ricettari cinquecenteschi che risentono di chiari influssi iberici. La ricetta nr. 1: Se vuoy far blans mangier per xij persone, la ricetta nr. 3: se vuoy fare blansma(n)giere p(er) xij p(er)sone. I ricettari inglesi che recepiscono il gallicismo nel ’300 hanno blancmangere (1377) e blankmanger (1386), quelli tedeschi coevi blamenser, blamensi.

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per le analogie con la antica cucina inglese28, induce ancora una volta a pensare al sud d’Italia, in particolare ai Normanni di Sicilia, da cui l’Inghilterra ha assunto la componente mediterranea e araba che caratterizza la nascita della sua cucina. È molto probabile insomma che anche il Tractatus sia stato scritto in Sicilia (Martellotti 2005: 139) e che esso vada ad inserirsi bene nella fioritura meridionale di testi e compilazioni di argomento culinario e dietetico.

Bibliografia Boström, Ingemar (1985): Anonimo Meridionale. Due libri di cucina. Stockholm: Almqvist & Wiksell. Capatti, Alberto / Montanari, Massimo (2006): La cucina italiana. Storia di una cultura. Bari: Editori Laterza. Carnevale Schianca (2005): Brodo bianco, amorosa, ambrosino: alcune osservazioni. In: Appunti di gastronomia 47, 5-26. Faccioli, Emilio (ed.) (1966): Arte della cucina. Libri di ricette, testi sopra lo scalco, il trinciante e i vini dal XIV al XIX secolo. Milano: Il Polifilo. Frosini, Giovanna (1993): Il cibo e i signori. Firenze: Presso l’Accademia della Crusca. – (2006): L’italiano in tavola. In: Trifone, Pietro (ed.): Lingua e identità. Una storia sociale dell’italiano. Roma: Carocci, 41-63. Hieatt, Constance / Jones, F. Robin (1986): Two Anglo-Norman Culinary Collections Edited from British Library manuscripts additional 32085 and Royal 12.Cxii. In: Speculum 61, 4, 859-882. Laurioux, Bruno (1996): I libri di cucina italiani alla fine del Medioevo: un nuovo bilancio. In: Archivio Storico Italiano 154, 33-58. – (1997): Le règne de Taillevent. Livres et pratiques culinaires à la fin du Moyen Âge. Parigi: Publications de la Sorbonne. – (2006): Gastronomie, humanisme et sociétè à Rome au milieu du XVe siècle. Autour du ‹De honesta voluptate› de Platina. Firenze: SISMEL – Edizioni del Galluzzo. Lubello, Sergio (2006): La nascita del testo: un tipo testuale in diacronia. In: Librandi, Rita / Piro, Rosa (edd.): Lo scaffale della biblioteca scientifica in volgare (secoli XIII-XVI). Atti del Convegno di Studi (Matera 14-16 ottobre 2004). Firenze: SISMEL – Edizioni del Galluzzo, 389-404. Martellotti, Anna (2001): Il Liber de ferculis di Giambonino da Cremona. La gastronomia araba in Occidente nella trattatistica dietetica. Fasano di Puglia: Schena. – (2005): I ricettari di Federico II. Dal «Meridionale» al «Liber de coquina». Firenze: Olschki. Mulon, Marianne (1968): Deux traités inédits d’art culinaire médiéval. In: Bulletin Philologique et Historique 1, 369-435. Nystedt, Jane (ed.) (1987): Michele Savonarola, Libreto de tutte le cosse che se magnano. Stockholm: Acta Universitatis Stockholmiensis. Romanica Stockholmiensia. Pfister, Max (2007): Bramangiari e capirota: la prospettiva storico-etimologica. In: Castiglione, Marina / Rizzo, Giuliana (edd.): Parole da gustare: consuetudini alimentari e saperi linguistici. Atti del Convegno di Castelbuono – Palermo (4-6 maggio 2006). Palermo: Centro di studi filologici e linguistici siciliani, 219-225.

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Cf. Laurioux (1997: 39) che lo localizza verosimilmente nelle regioni del nord ovest della Francia.

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Spadaro di Passanitello, Carmelo (1989): La fonte vaticana dei primi libri di cucina italiani. In: Appunti di gastronomia 5, 5-13. TLIO: Tesoro della Lingua Italiana delle Origini. Diretto da Pietro Beltrami, http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/ (giugno 2008). Trifone, Pietro (2006): Rinascimento dal basso. Il nuovo spazio del volgare tra Quattrocento e Cinquecento. Roma: Bulzoni. Vollenweider, Alice (1963): Der Einfluß der italienischen auf die französische Kochkunst im Spiegel der Sprache. In: VR 23, 397-443. Zambrini, Francesco (ed.) (1863): Libro della cucina del secolo XIV. Testo di lingua non mai fin qui stampato. Bologna: Romagnoli.

Mª Jesús Mancho Duque

Testimonios de la tradición culta en el léxico matemático del Renacimiento*

1. Introducción A partir del siglo XVI comienza el despegue de la ciencia y de la técnica modernas, propiciado, en buena medida, por el papel desempeñado por las matemáticas. Esta ciencia, cultivada en las Universidades desde época medieval, comienza a saltar los muros de los claustros universitarios y a difundirse en castellano entre capas más extensas de la sociedad (Mancho 2007b; 2007c). Uno de los problemas más fuertes a que deben hacer frente los autores de esta literatura especializada es al establecimiento de una terminología vernácula. El acercamiento a estos textos deja al descubierto unas corrientes que tienen su origen en la tradición clásica, de marcado carácter culto, y, entreveradas junto a éstas, otras de procedencia árabe (Mancho 2007a) que mantienen su vigencia en determinadas parcelas de este ámbito científico, como el álgebra. Para la presente ocasión presentamos una muestra léxica de raíces latinas, extraída de un corpus (Mancho / Quirós 2005) en el que figuran obras de matemáticos tan renombrados como Núñez Salaciense, Marco Aurel, Pérez de Moya, Ortega, etc., poco conocidas por los historiadores de la lengua española, más inclinados normalmente hacia otra tipología textual. Junto a ellas también se hallan las de otros autores que utilizaban conocimientos matemáticos en otras áreas, como astrónomos, cosmógrafos o pilotos, hecho que confirma que «el desarrollo de la matemática en España durante los siglos XV y XVI tuvo como vertientes principales a la aritmética aplicada al cálculo mercantil y a la geometría, en particular la relacionada con el arte de la navegación y con las técnicas de guerra» (M. Esteban Piñeiro / F. Salavert Vicente 2002: 231). El interés que entrañan estos términos para la lexicología y lexicografía históricas, así como para la Historia de la Lengua Española explica el origen del proyecto de elaboración de un Diccionario de la Ciencia y de la Técnica del Renacimiento (DICTER), que se lleva a cabo actualmente en la Universidad de Salamanca.

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Este trabajo se integra en el marco del proyecto HUM2007-6070/FILO, del Ministerio de Educación y Ciencia.

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2. Los cultismos en el ámbito de la numeración Normalmente estos tratados renacentistas comenzaban con la presentación de las cifras (Mancho 2008), vocablo éste que aún no poseía el sentido actual, sino el de ‹cero›, por lo que para la primera acepción se utilizaban otros, como el de tradición medieval universitaria figura, del lat. FIGURA ‹configuración, estructura›, ‹figura, imagen›.1 Frecuente en todas las épocas, según el DCECH, designaba cada una de las primeras cifras del sistema arábigo, o, como se decía en la época, de la cuenta de guarismo, pero también las de la denominada cuenta castellana, equivalente a la numeración romana actual, acepciones antecedentes de la tercera, marcada, que ofrece Terreros, donde aparece explícita su relación con carácter y letra: «En la Aritmética, álgebra y escritura común, lo mismo que cifra o carácter»: Las diez letras o figuras son las siguientes: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0, (Aurel 1552: 1v). Trata de las figuras o caracteres de la cuenta castellana (Pérez de Moya 1589: 11v).

A veces, figura parece utilizarse en el sentido de ‹formato› y en los propios tratados se define como «hechura, delineación o forma», para equivaler a ‹signo con que se representa un número dígito›: Hemos dicho que tiene esta arte diez letras o characteres, que son estos que se siguen: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0, en cada una de las quales letras notarás tres cosas: orden, figura y poderío. Orden muestra los assientos convenientes a cada una, como se trata en el V capítulo d’este libro primero. La figura es la forma, o delineación o hechura de cada una. Poderío es valor que cada una por sí vale (Pérez de Moya 1562: 4).

Con esta segunda acepción figura alterna con carácter, y sus diferentes tipos o modalidades son presentados con erudición renacentista por los matemáticos más ilustres: El sumar en castellano se haze de la misma suerte que con las letras de guarismo se ha dicho. Sólo difieren en las figuras, porque, assí como para poner doze en guarismo se pone d’este modo: 12, en castellano se pone assí: XII. En lo demás, los precetos son generales, aunque los caracteres de los números sean diferentes (Pérez de Moya 1589: 20r). Para denotar diez, juntavan dos caracteres de los que se ha dicho que valen cinco, la punta del uno con la punta del otro, d’esta manera: X. Y porque esta figura parece a la letra que dezimos x, de aquí salió la causa que una qualquiera x valga diez. (Pérez de Moya 1589: 12r). Assimismo, advertimos que si uno quisiere contar con la pluma con esta cifra o modo, podrá usar de los caracteres que le pareciere, ya sean zeros, ya caracteres de música, ya de cuenta

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El uso en aritmética es atestiguado ya en Boecio, según datos extraídos de TLL: «De hia numeris […], qui circa -figuras geometricas […] versantur» (BOETH. arithm. 2, 4: 86, 12). Y en el Universal Vocabulario se lee s.v. figura: «et superficies in quantitate habetur». O, lo que es lo mismo: «y la sobrefaz está en la quantidad».

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guarisma, como en esta figura parece, la qual tiene tres partidas escritas con diversos caracteres, que qualquiera d’ellas vale 6789 (Pérez de Moya 1589: 81r). Trata de diversos characteres de números que usaron los romanos (Pérez de Moya 1562: 616). Trata de los characteres de cuenta que usaron los godos (Pérez de Moya 1562: 625).

El valor matemático es designado, además de con el verbo valer, mediante el verbo significar (1ª doc. En Berceo), acepción no recogida en ningún diccionario de los que hemos consultado, y con la propia voz significación: En este numerar ay una cierta y artificiosa representación, hecha de diez letras de differentes figuras, aunque la dezena y última no tiene valor ni por sí significa cosa alguna. (Aurel 1552: 1r). Las diez letras o figuras son las siguientes: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0, de las quales cada una por sí representa su mesma quantidad y valor. La primera se llama y significa uno (Aurel 1552: 1v). Ya que has visto la invención, propiedad y significación de los dichos 10 números o caracteres de una continua proporción y como para el presente no pienso serán menester más, no me alargo más (Aurel 1552: 70r). Síguese que tanto monta dezir 4 menos 1 censo, como menos 1censo menos 4 en la dicha significación. (Núñez 1567: 25v).

El adjetivo significativo aparece en nuestro corpus en 15 ocurrencias, aplicado preferentemente a figura, o formando sintagma con letras, conjunto del que estaba excluido el cero: Las nueve primeras se dizen figuras significativas, porque cada una por sí sola significa tanto quanto el assiento en que aora está representa; porque la primera que es d’esta manera, 1, vale uno; la segunda, que se figura assí, 2, vale dos; la tercera tres, la quarta cuatro, y assí consequtive hasta la novena, que vale nueve (Pérez de Moya 1562: 4-5). Solamente multiplica las letras significativas, las unas con las otras, como has visto (Aurel 1552: 7r). Lo quarto, si alguna ringlera fuere toda de zeros sin letras significativas, entiéndese esto contando de arriba para abaxo o de abaxo para arriba, aunque aya mill zeros, pondrás un zero debaxo de la raya en lugar de todos. (Pérez de Moya 1562: 20).

Otro de los términos indispensables en estas obras es el latinismo número, que se erige en el centro de una red léxica (Pascual / García: 2007), de la que seleccionamos, en primer lugar, numerar, utilizado con varias acepciones, entre las que predomina la tercera de Autoridades: «Contar o tener por uno de los que componen el número de personas o cosas de determinada o particular calidad», antecedente de la 2ª del DRAE: «expresar numéricamente la cantidad»: El numerar es para conoscer la representación de algún número prosupuesto, para saber quánto vale o significa. (Aurel 1552: 1r).

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Numerar es saber dezir o esplicar el valor de un qualquier número. (Pérez de Moya 1589: 8r). Ay en el octavo cielo tantas y tan innumerables estrellas quantas hasta oy ningún hombre ha podido numerar, aunque los antiguos, como fueron los caldeos, babilonios y egipcios, consideraron cierta quantidad d’ellas y para mejor numerarlas, teniendo atención también a los efectos que experimentaron de sus influencias, ordenáronlas en quarenta y ocho ymágines, donde son collocadas mil y veynte y dos estrellas, las más prefulgentes; toda la otra multitud queda ignota. (Anónimo 1554: XXr). Y por el orden susodicho se podrán numerar los valores de las cinco species de piedras que se an tratado. (Arphe y Villafañe 1585: 54r). Para numerar esta longitud los astrólogos y cosmógraphos dieron un principio de donde començassen a contarla y para esto stablecieron un meridiano, el qual pasasse por la parte más occidental de todo lo habitado. Y en aquellos tiempos, lo más occidental descubierto eran las Islas Fortunadas, que oy día llaman las Canarias, por lo qual imaginaron que el meridiano passasse por estas islas (Sacrobosco 1545: XLVIIIr).

Otro término de esta familia, numeración, no está documentado en el DCECH. En el CORDE2 el primer testimonio es de 1446, si bien parece estar realizado en el sentido de «paga actual de dinero», que trae Terreros.3 No es muy frecuente y en nuestro corpus las ocurrencias se hallan en obras de náutica, cosmografía o astronomía, según la única acepción recogida por Autoridades: «El acto de contar por el orden de los números», que corresponde a la primera del DRAE: «Acción y efecto de numerar». Es decir, todavía no aparece con el sentido de la segunda, que, con la marca Mat., trae: «Sistema para expresar de palabra o por escrito todos los números con una cantidad limitada de vocablos y de caracteres o guarismos»: Considera la latitud del lugar que buscas en el orden de los grados de latitud, la qual contarás en el señalador desde la equinoctial hazia el Mediodía o hazia Septentrión, según es la latitud de tu lugar. Y, al fin de la numeración d’estos grados de latitud, harás una señal en el instrumento, debaxo del dicho señalador, y allí, sin falta, es el sitio del lugar que buscavas. (Apiano 1575: 30v). Dízese que el áthomo es parte indivissible porque el entendimiento, puesto caso que entienda aquel processo en infenito, empero paresce dansar en la numeración de las tales partes y paresce con dificultad poderlas numerar. (Anónimo 1554: 5v). Se pondrán y señalarán en las orillas por sus números, començando desde su principio, que es el número de doze, desde Levante a Poniente, diziendo: treze, catorce, etcétera, hasta el fin

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Real Academia Española: Banco de datos (CORDE) [en línea]. Corpus diacrónico del español. http://www.rae.es. [22-VI-2007]. «De los quales dichos dozientos moravedís me otorgo por bien contento e pagado a toda mi voluntad por quanto los recibí realmente e de fecho e pasaron a mi libre poderío, e conosco que en la recebción e numeración d’ellos non ovo ni entreveno engaño ni fraude alguna». (Anónimo, Carta por la que Pedro Guerrero vende a Teresa Rodríguez, monja del monasterio de Santa María de Cañas. Pedro Sánchez-Prieto, Universidad de Alcalá 1999). [CORDE 22, VI, 2007]. Después, hay un salto hasta mediados del XVI, precisamente en los textos que configuran nuestro corpus.

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señalado, que será (según diximos) de ochenta. Y esta numeración se hará assí en el un cabo como en el otro (García de Palacio 1587: 75r). Otrosí, la una quarta del astrolabio podría graduarse a la portoguesa, conviene saber: començando la numeración dende el zenith al orizonte, de manera que la graduación uno, dos, tres, etcétera, principie en el zenit y fenezca el noventa en el orizonte (Poça 1585: 13v). Si desseo señalar en mi carta de marear el punto en que me hallo con mi nao, tomo por cada quatro minutos de tiempo que estoy más al Leste o Oeste que el puerto de la embarcación un grado, y con esta numeración de grados voy a la graduación Norte Sur de mi carta y abro un compás (Poça 1585: 39r).

En toda ciencia las principales unidades conceptuales se desglosan en una serie de tipos, que suele establecerse mediante unidades pluriverbales o compuestos sintagmáticos organizados en clases. Extraemos algunos relativos a la tipología numérica, como número dígito, con 47 ocurrencias en nuestro corpus. El DCECH documenta dígito en Autoridades, para designar los números que pueden contarse con los dedos. «Térm. de Arithmética. Cualquiera de los números que no llegan a diez, y assí los distinguen de otras sumas o cantidades compuestas». Terreros, escrito con «j» y en plural, ofrece: «Los números hasta nueve separados, o cada cual de por sí».4 El DRAE: «El que puede expresarse con un solo guarismo. En la numeración decimal lo son los comprendidos desde el cero al nueve, ambos inclusive»: Començarás de la mano derecha y juntarás toda la primera orden, que son unidades. De tal conjuncto procederá dígito, artículo o compósito; y si verná dígito que no llegare a diez, pornaslo debaxo de la raya travesada, en derecho de la primera orden (Aurel 1552: 2r). El número generalmente se divide en dígito, artículo y compuesto. Número dígito es aquél que no llega a diez, assí como 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. (Pérez de Moya 1562: 3). Porque en la primera de la mano derecha están y se aposientan los unos, que es el número llamado dígito, que simplemente significa lo que por tal letra será representado y por sí demonstrare. (Aurel 1552: 7r). La primera será enseñar partir por número dígito, que será quando los compañeros o partes en quien ovieres de dividir o partir alguna quantidad no llegaren a diez, a la qual differencia el vulgo dize medio partir. (Pérez de Moya 1562: 69).

Hemos hallado un único testimonio en nuestro corpus de la segunda acepción especializada, según Autoridades: «En la Astronomía son doce partes iguales en que se supone dividido el diámetro del Sol o de la Luna, en los cómputos de eclipses»: Y porque unos eclipses son particulares, quiero dezir que no es el cuerpo eclipsado todo, para declarar y dar a entender las quantidades de los tales eclipses, es a saber, la quantidad que se eclipsaría, dividieron los antiguos astrólogos el diámetro de qualquiera luminaria en doze partes yguales, y a cada una d'ellas llamaron dígito o punctos. (Sacrobosco 1545: CIIIr).

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También Picatoste, s.v. número, trae: «Los nueve primeros», en su clasificación dentro del artículo.

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Otro tipo corresponde a número racional. Ni Autoridades ni Terreros lo recogen.5 Según el DRAE, «Mat. El que se expresa como cociente de dos números enteros», si bien, parece más cercana la definición que ofrece Picatoste y Rodríguez (s.v.): «La cantidad que no tiene ningún radical ni exponente fraccionario, porque esta cantidad contiene un número exacto de veces a la unidad, o tiene una razón con ella»: Número racional es un número que tiene raýz discreta, quiero dezir justa, assí como 4, 9, 16, que sus raýzes son 2, 3, 4. (Pérez de Moya 1562: 454). Lo qual no acontesce con los irracionales, porque aunque se abbrevien o acrescienten a menor o a mayor denominación nunca harán número racional, y aunque se multiplique uno por otro el producto no será racional. (Pérez de Moya 1562: 455).

Para Autoridades, su antónimo, irracional, es «el que no tiene proporción que se pueda explicar con otro número, aunque se aprehende como si la tuviera: como la raíz cuadrada de 18, que es mayor que 4 y menor que 5».6 El DRAE no lo incluye, como tampoco su correspondiente metafórico, sordo: Quando alguna quantidad no tuviere raýz discreta y sobrare algo, tal número es llamado irracional y, de los práticos, número sordo, para con los quales no es necessario trabajar en hallarla, pues no la tiene, mas poco más o menos saber quál es su raýz mayor (Aurel 1552: 42r). Los irracionales son que cada uno por sí (de dos raýzes) no tiene raýz discreta, y, traýdos a menor denominación, no vienen a ser números quadrados, ni tampoco, multiplicando el uno con el otro, el producto será número racional o discreto […] De manera que por ninguna vía los podrás traer a racionales y que tengan raýz dable. Estos tales se llaman sordos o irracionales. (Aurel 1552: 44r). Números irracionales son unos números que no tienen raýz discreta, como 10, 12, y tros semejantes; d’estos números jamás por práctica se podrá dar su raýz discreta, si no fuesse por vía de línea, como se prueva por la novena proposición del sexto de Euclides. (Pérez de Moya 1562: 454).

Otros tipos de números incorporados en los diccionarios generales son los cúbicos y los sólidos. Los primeros, formados mediante un adjetivo latino de raigambre griega, documentado por el DCECH en 1719, y en nuestro corpus atestiguado ya en Ortega (1512)7, no se hallan todavía en Terreros. Autoridades lo define como «el que se produce por la multiplicación continuada de un mismo número, tomado tres veces: como 27, que ––––––– 5

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Según el Vocabulario Científico y Técnico, de la Real Academia de Ciencias Exactas y Naturales, es el «número que puede ser expresado como cociente de dos números enteros: es una extensión del conjunto de estos últimos para hacer válida la operación de división». La definición de Terreros, en plural, es muy semejante: «Los que no tienen proporción explicable con otro número, aunque se comprende como si la tuvieran, como la raíz quadrada de 34 sabemos que es mayor que 5 y menor que 6. Lat. Surdus vel irrationalis». Por lo que también una consulta al CORDE académico [22, VI, 2007]) ofrece esta misma datación.

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multiplicado el 3 por el 3, hace 9 y este, otra vez por el 3, 27». En cuanto a número sólido, según Autoridades, es «el que se produce por la multiplicación continua de tres números: como el 24, que nace de la multiplicación de los números 2, 3, 4, diciendo: 2 veces 3, son 6, y 4 veces son 24».8 Esta modalidad no es recogida por el DRAE actual: Otros números son dichos cubos9 o cúbicos, y son aquellos que proceden de la multiplicación de un número multiplicado por otro semejante dos vezes; (Pérez de Moya 1562: 330). Diffiere este número del número cúbico (como en el quinto artículo verás) en que el sólido es contenido de la multiplicación de 3 números differentes o semejantes, y el cúbico siempre de 3 semejantes. (Pérez de Moya 1562: 329).

Y la serie podría alargarse –mediante terminología culta–, como testimonia Molina Cano: Y muéstreme (si save) cómo su número 22 sea circular, superficial y quadrado, como lo es mi 25; y que su 7 sea número sólido y cúbico, como lo es mi 8; y, finalmente, le pido que haga, con sus agudos silogismos, que su número 22 sea el primero de los congruos, como lo es mi 25, y que sacando d'él su primer congruente, como saco yo al número 24, reste la muy perfecta unidad. Y, pues no lo save (ni puede hazer que entre el sí y el no aya un medio con que poder escaparse), ríndaseme, que le haré buena guerra. (Molina Cano 1598: 51r).

3. A modo de conclusión El análisis de estos latinismos pone de manifiesto el hondo espesor de la tradición universitaria de la que se nutre la terminología de este ámbito científico. Una aproximación a esta selección de vocabulario culto permite el establecimiento de redes léxicas, unas genéticas, como la que hemos mostrado con significar-significación-significativo; número numerar-numeración, o clasificatoria o tipológica, como la que surge a partir del núcleo número. Esta organización interna del léxico nos ha permitido detectar voces nuevas –como cúbico– y acepciones novedosas –incluso trasvasadas a otras materias colindantes, como el caso de la utilización de dígito en Astronomía–, entre las cuales se establecen relaciones semánticas de sinonimia: figura-carácter; significar-valer; incluso de índole metafórica: irracionales o sordos, o de antonimia: racionales-irracionales. En bastantes ocasiones se fija por primera vez la aparición de algunas de ellas; en otras, es posible proporcionar un sensible adelanto cronológico. Todos estos hechos redundan en un mejor conocimiento de la historia del léxico especializado, así como de la lengua española en su conjunto, y, finalmente, la de la propia disciplina matemática. ––––––– 8

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Definición muy próxima a la que ofrece Terreros: «El que sale de la multiplicación continua de tres números. v. g. 18 que sale de 2 por 3 y otra vez 3 por 6». Así, Picatoste, s.v. cubo, trae en su primera acepción: «El cubo o la tercera potencia de un número es el producto que resulta de tomar este número tres veces como factor. 8 es el cubo de 2, porque es igual a dos multiplicado por 2, multiplicado por 2».

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Pirates, Zombies, Chevaux de Troie L’effet de la cybercriminalité sur notre vocabulaire

1. Introduction générale L’Internet a bouleversé notre vie de tous les points de vue. L’un des aspects des changements radicaux qui se sont opérés dans notre vie quotidienne concerne les formes de délinquance et a donné naissance à ce qu’on appelle la cybercriminalité, la criminalité ou l’infraction informatique. Dans ce qui suit je voudrais examiner plusieurs phénomènes linguistiques liés à la cybercriminalité, notamment les questions suivantes: quels sont les nouveaux termes ou les anciens termes ressuscités dont la langue française s’est enrichie par cette activité, quelles sont les formes principales de leur formation, quelles sont les propositions officielles pour remplacer les termes anglais par des expressions françaises et enfin, je voudrais brièvement analyser quelle est la réaction soi-disant officielle à cette réalité, c’est-à-dire dans quelle mesure ces expressions sont déjà présentes dans le langage juridique.

2. La cybercriminalité Il est possible de définir la cybercriminalité par plusieurs aspects: – un type de criminalité, perpétrée à l’aide d’un ordinateur ou dans le cyberespace – toute activité criminelle portant atteinte aux données, au respect des droits d’auteur – toute action illicite associée à l’interconnexion des systèmes informatiques et des réseaux de télécommunication Les activités de cybercriminalité couvrent beaucoup de domaines, en voilà quelques-uns à titre d’exemple: – vol ou manipulation de données et de services par piratage – usurpation d’identité – fraude bancaire – harcèlement dans le cyberespace – prédation contre les enfants

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extorsion de fonds chantage manipulation des marchés boursiers espionnage industriel de haut niveau planification ou exécution d’activités terroristes (Source: www.symantec.com; 15-07-2007) La cybercriminalité se montre très inventive au niveau de la découverte de moyens toujours plus performants pour extorquer de l’argent aux victimes, mais elle est également très créative en ce qui concerne la dénomination de ces méthodes. Nous trouvons différentes formes de création de mots ou de changements de sens des mots déjà existants: a. reprise de mots anciens: pirate, piratage, chevaux de Troie b. création de nouveaux mots: hameçonnage c. restriction de sens: bidouiller, arnaque d. extension de sens: exploiteur, exploit, déni, renifler e. métaphore: racine, zombie, pot de miel f. procédés morphosyntaxiques: croque-escroc, cyberescroquerie, cyberescroc, hackeur, bot, compromission g. emprunts: spam, phishing – phisher, cracker, crasher, phreaker, sniffer Ce vocabulaire est extrêmement riche et en évolution constante. Parmi les exemples cités, je voudrais examiner quelques termes, surtout ceux qui se sont déjà intégrés dans la langue française.

3. L’analyse du vocabulaire de la cybercriminalité Préfixe cyberC’est l’élément le plus riche, le plus créatif et aussi le plus transparent de la formation des mots liés à ce type d’activité: – cyberespace: terme forgé par le romancier américain William Gibson en 1984, dans son livre Neuromancer pour décrire un lieu dépourvu de murs ou de dimensions physiques – cybercrime, cybercriminel – cybermilitant – cyberrésistant – cyberbandit – cyberterroriste – cybersquatting, cybersquatteur – cyberescroquerie, cyberescroc – cyberplainte (commissariat virtuel) – cyberpunk – cybercafé

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cyber-réfugié cybercasino cyberpolicier

3.1 Les auteurs des délits Hacker / hackeur C’est peut-être ce terme-là qui s’est implanté le plus tôt dans le français et cette implantation aura deux conséquences majeures. D’une part nous voyons une certaine confusion dans l’utilisation du terme, liée à son sens un peu vague. D’autre part il présente un paradigme dérivationnel relativement développé par rapport aux autres termes: hacker, hackeur, hactivisme, hacktiviste.1 Selon l’étymologie, le terme est un emprunt du verbe anglais ‹hack› qui signifie ‹hacher, tailler› et se réfère à la difficulté d’accès aux ordinateurs. Dans l’usage français, la définition proposée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (www.culture.gouv.fr/culture/dglf; 15-03-2007) –une institution chargée d’élaborer la politique linguistique du Gouvernement en liaison avec les autres départements ministériels–, est: une «Personne passionnée d’informatique qui, par jeu, curiosité, défi personnel ou par souci de notoriété, sonde, au hasard plutôt qu’à l’aide de manuels techniques, les possibilités matérielles et logicielles des systèmes informatiques afin de pouvoir éventuellement s’y immiscer». En ce qui concerne la confusion mentionnée, elle se présente dans le sens que le terme ‹hacker› est souvent utilisé en tant que synonyme du ‹pirate informatique›, mais en réalité son champ sémantique est beacoup plus étendu et il peut être considéré comme l’hyperonyme par rapport aux expressions suivantes: a) Script kiddie, un hacker, souvent jeune, pénétrant par effraction dans des systèmes, généralement pour se vanter à ses amis, en utilisant des programmes déjà prêts à l’emploi; b) Black hat hacker, un hacker qui pénètre par effraction dans des systèmes ou des réseaux dans un objectif personnel, souvent un gain financier; c) White hat hacker, un hacker qui pénètre par effraction dans des systèmes ou des réseaux dans l’objectif d’aider les propriétaires du système à mieux le sécuriser; d) Grey hat hacker, un hacker hybride entre les chapeaux blancs et chapeaux noirs; e) Phreakers, un hacker travaillant sur des réseaux téléphoniques, le terme ‹phreaking› désignant le piratage des lignes téléphoniques; f) Carders, un hacker attaquant les systèmes de cartes à puce (cartes bancaires), le terme ‹carding› désignant le piratage des cartes à puce. (Source: www.commentcamarche.net/attaques/typologie-pirates.php3; 27-07-2007) ––––––– 1

Hacktivisme: contraction de ‹hacker› et ‹activisme›. Le hacktiviste infiltre des réseaux pour répandre ses convictions politiques et organiser des coups de poing technologiques: piratage, détournements de serveurs, remplacement de pages d’accueil par des tracts. (Source: www.infoclick.fr; 15-08-2007).

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Dans le souci de francisation des termes étrangers, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France a proposé en 1999 le terme ‹fouineur› et ‹bidouilleur›, mais le premier n’a pas réussi à s’enraciner dans la langue dans ce sens-là, alors que le deuxième existe mais avec un sens différent. Donc si hacker ne peut pas être traduit comme ‹pirate informatique›, quel terme correspond à ce sens? Selon la proposition de la Délégation, ce serait le terme ‹cracker›: «Personne qui contourne ou détruit les protections d’un logiciel, d’un ordinateur ou d’un réseau informatique»; ou sa variante ‹crasher›: «Personne qui pénètre à l’intérieur d’un système informatique et détruit ses éléments par plaisir». Voilà un extrait pour illustrer son utilisation: Les systèmes de protection des jeux vidéos servent-ils plus à ennuyer les utilisateurs honnêtes qu’à empêcher les hackers de se livrer à leur sport favori? C’est en tout cas l’une des questions que se pose l’auteur de cet article: un cracker, un vieux de la vieille qui a connu les grands moments des années 80 où les groupes de pirates intégraient leur logo sur les disquettes de jeux craqués accompagnés de railleries et d’encouragements destinés à leurs homologues. (Source: www.tomshardwar.fr; 29-08-2007)

La cybercriminalité a fait renaître un terme vieilli: ‹pirate› et ses deux dérivés: ‹piratage› et ‹piraterie›. Etymologiquement ‹piraterie› désignait l’activité effective du pirate de mer, alors que ‹piratage› a été réservé à un usage figuré désignant le plagiat. Aujourd’hui, comme il n’y a plus de pirates de mer, ces deux termes sont utilisés comme des synonymes: Microsoft est à la recherche de solutions pour faire face à la piraterie dans toutes les zones du monde. [...] Le piratage informatique avait coûté, pour l’année 2006, plus de 29 milliards d’euros aux producteurs de logiciels informatiques. Microsoft a décidé de baisser le prix de ses logiciels en Chine afin d’endiguer la piraterie. [...] Business Software Alliance estime que 82% des logiciels installés dans ce pays sont des programmes piratés. [...] Microsoft lance également une offensive contre les autres pays «pirate» [...] Les experts se sont réunis [...] afin d’établir un plan anti-piratage. (Source: www.lefigaro.fr; 19-08-2007)

Enfin, parmi les termes désignant les auteurs des délits, un dernier exemple qui illustre bien l’extension de sens: Exploiteurs Attaquants amateurs qui identifient des ordinateurs victimes pouvant être utilisés pour héberger un site de hameçonnage. Les exploiteurs mettent en oeuvre un ‹exploit› (ils exploitent une vulnérabilité, c’est-à-dire un trou de sécurité).

3.2 Les actes Le premier exemple choisi montre un des rares cas où la francisation un peu forcée et venant de l’extérieur de la langue avait du succès: ‹phishing / hameçonnage›. Cette technique de fraude vise à obtenir des informations confidentielles, telles que des mots de passe ou des numéros de cartes de crédit, au moyen de messages ou de sites usurpant l’identité d’institutions financières ou d’entreprises commerciales Le mot est issu de l’anglais ‹fishing› (pêche) écrit avec un ‹ph› comme c’est souvent le cas dans le jargon des pirates informatiques. Il fait allusion à la pêche à la ligne et à l’océan

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des utilisateurs d’Internet, dans lequel le pirate essaie de piéger quelques poissons. La méthode se base sur l’envoi massif d’un faux courriel apparemment authentique, utilisant l’identité d’une institution financière ou d’un site commercial connu. Dans ce courriel, on demande aux destinataires de mettre à jour leurs coordonnées bancaires ou personnelles en cliquant sur un lien menant vers un faux site. En 2006, la Commission générale de terminologie et de néologie de France – www.culture.gouv.fr/culture/dglf/dispositif-enrichissement.htm; 15-05-2007– a proposé le terme ‹filoutage› pour remplacer l’anglicisme; en 2004, l’Office québécois de la langue française –www.olf.gouv.qc.ca; 17-05-2007– a, de son côté suggéré le terme ‹hameçonnage›. Il semble que ce dernier devienne de plus en plus populaire: en septembre 2004 quelques 950 pages l’attestaient, par contre en août 2007, le nombre s’est multiplié par dix pour arriver à 9610 pages à peu près. Une des raisons possibles de cette popularité est que hameçonnage vient d’un mot existant, clair, et exprime la même idée de pêche par une image métaphorique, et l’idée d’appât, de séduction est déjà présente dans le cas du verbe ‹hameçonner›, alors que ‹filoutage› manque de précision et de caractère expressif. L’enracinement du terme est aussi appuyé par l’apparition des dérivés, comme par exemple: courriel hameçon, hameçonneur, hameçonner. Voilà un exemple: En juillet, les banques américaines ont été la cible privilégiée des attaques par hameçonnage, même si leur part relative baisse légèrement. (Source: http://technaute.cyberpresse.ca; 30-082007)

Une autre trouvaille intéressante de la traduction française: ‹sniffing, sniffeur› / ‹renifler, renifleur›. Cette technique consiste à introduire, au niveau d’un serveur par lequel transitent de nombreuses données, un programme informatique spécifique qui a pour fonction de capturer des données. Scam – arnaque à l’Internet (‹ruse› en anglais) C’est une pratique frauduleuse d’origine africaine, consistant à extorquer des fonds à des internautes en leur faisant miroiter une somme d’argent dont ils pourraient toucher un pourcentage. L’arnaque du scam est issue du Nigéria, ce qui lui vaut également l’appellation «419» en référence à l’article du code pénal nigérien réprimant ce type de pratique. L’arnaque du scam est classique: vous recevez un courrier électronique de la part du seul descendant d’un riche africain décédé il y a peu de temps. Ce dernier a déposé plusieurs millions de dollars dans une compagnie de sécurité financière et votre interlocuteur a besoin d’un associé à l’étranger pour l’aider à transférer les fonds. Il est d’ailleurs prêt à vous reverser un pourcentage non négligeable si vous acceptez de lui fournir un compte pour faire transiter les fonds. (Source: www.commentcamarche.net/attaques/scam.php3; 11-08-2007)

L’origine du mot ‹arnaque› est assez obscure et a subi plusieurs altérations; ce mot existe sous les formes ‹arnache, arnac, arnacher, harnacher›, mais depuis l’apparition de ce type d’escroquerie, ‹arnaque› désigne exclusivement la fraude nigérienne.

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Déni de service Envoi des spams à la destruction de sites web, dans le cadre d’une attaque coordonnée. Ce syntagme reprend d’une part le déverbal ‹déni›, rare et à usage littéraire, et d’autre part le terme juridique déni de service, ‹refus de rendre justice à quelqu’un›. Cybersquatting Occupation illégale d’un nom de domaine.

3.3 Les moyens Quelques termes intéressants à titre d’exemples pour illustrer la créativité de la langue et sa force d’expressivité par le recours à des images métaphoriques: Bot Abréviation de ‹robot›, un type de logiciel criminel qui exécute un grand nombre de tâches automatisées pour le compte de leur maître. Troyen ou Cheval de Troie Constituant la première phase d’une attaque, les logiciels appelés ‹chevaux de Troie› restent cachés tandis qu’ils téléchargent et installent une menace plus sournoise, comme par exemple un bot. Zombie Ordinateur attaqué par un bot 3.4 Divers Déboguer – débogage ‹corriger les erreurs› Bogue (bug): une anomalie dans un programme informatique l’empêchant de fonctionner correctement. Ce mot existe depuis 1983, c’est une francisation du mot anglais ‹bug› (‹cafard, punaise›), utilisé aux Etats-Unis en informatique pour désigner un défaut de concept et faisant référence aux problèmes techniques causés par des insectes capturés dans les premiers ordinateurs. La francisation ne montre pas trop de créativité, surtout parce que ‹bogue› manque de référence informatique et d’expressivité, mais le mot a réussi à s’enraciner quand même et a déjà donné le verbe ‹déboguer› et le substantif ‹débogage›. Bidouiller ‹bricoler en électronique› Dérivé: bidouilleur Il vient de ‹bidule›, mot d’origine obscure, utilisé dans l’argot militaire de la Seconde Guerre dans le sens de désordre. Par extension dans l’usage courant, il est synonyme de machin, truc, son dérivé ‹bidouiller› veut dire arranger quelque chose en bricolant, spécialement dans l’argot des informaticiens. Compromission de machine Dérivé pour désigner le fait qu’un ordinateur a subi une attaque. Deux métaphores très expressives: Pots à miel Réseau de systèmes intentionnellement vulnérables qui sont utilisés pour capturer et étudier des attaques réelles.

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Croque-escrocs Certains internautes se sont spécialisées dans la lutte contre les arnaques, et notamment le scam africain. On les dénomme «croques-escrocs».

4. Réaction juridique Cette dernière partie de l’article cherche la réponse à la question de savoir si ces inventions langagières ont déjà pénétré le langage juridique.

4.1 La présence de la cybercriminalité dans la législation Pour classifier les infractions spécifiques aux technologies de l’information et de la communication, il faut recourir aux critères suivants: a) ces délits représentant dans la majorité des cas une atteinte aux systèmes de traitement automatisé de données générales (suppression ou modification de données, altération de fonctionnement, etc.) ou de données personnelles (collecte déloyale ou malgré opposition, détournement des fins, non anonymisation des données, etc.) b) ils constituent des infractions aux cartes bancaires c) ils se basent sur des chiffrements non autorisés ou non déclarés (refus de répondre à réquisition pour remise de clé de chiffrement) Il existe des infractions typiques facilitées par les technologies de l’information et de la communication, comme les escroqueries en ligne, les atteintes à la propriété intellectuelle et les délits liés aux jeux de hasard. (Source: www.dess-droit-internet.univ-paris1fr/bibliotheque/IMG/pdf/2005_avril_bases _legales_cybercriminalite _Tableau.pdf, 25-07-2007)

4.2 Caractéristiques du langage juridique Le langage juridique est souvent considéré comme archaïque, figé. En partie, c’est vrai pour le vocabulaire, la syntaxe et la morphologie aussi mais pour qu’il puisse suivre l’évolution des moeurs, le langage juridique doit évoluer continuellement. Il suffit de penser à l’élaboration du droit communautaire qui a enrichi le vocabulaire juridique de nouveaux termes correspondant à de nouvelles catégories juridiques. Le vocabulaire et surtout le sens exact des termes a un rôle primordial dans le cas du langage juridique, comme le détermine Gérard Cornu (2005: 59): La définition formelle ou terminologique, dans une loi, est donnée par une sorte de convention de langage, comme la préinterprétation officielle des termes de la loi, en indiquant le sens dans lequel ces termes doivent être pris pour l’application de cette loi.

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Selon la catégorisation de Cornu (2005: 107-108), il existe deux types de termes dans le langage juridique: a) des mots d’appartenance juridique exclusive Ils ont un sens technique très précis désignant un élément très spécifique du système juridique, connu uniquement par les initiés: litispendance, prud’hommes, dol, ducroire. b) des mots de double appartenance – ils ont dans le vocabulaire juridique leur sens principal et ont pris dans le langage courant un sens dérivé, souvent figuré (arbitre, sursis, tutelle) – ils ont leur sens général dans le langage commun et ont acquis un sens particulier dans le langage du droit (acte, abus) – les termes juridiques viennent d’une figure de sens (parquet, barreau) – rupture de sens entre le sens juridique et le sens extrajuridique (fruit, minute) Les formes de néologie juridique présentent une spécificité particulière: c’est que la plupart des créations sont forgées par les législateurs, ils baptisent une réalité juridique d’une manière artificielle et après elles sont «validées» par la loi. En ce qui concerne la cybercriminalité, il est possible de retracer certaines tendances dans le langage juridique, comme par exemple l’utilisation de ces termes dans les textes officiels et l’apparition de nouveaux termes juridiques ou de termes anciens avec une signification actualisée. Ainsi par exemple le 23 novembre 2001, le Conseil de l’Europe a adopté à Budapest une Convention sur la cybercriminalité, c’est la première convention pénale à vocation universelle destinée à lutter contre la cybercriminalité. (Elle est disponible sur le site: http://conventions.coe.int/Treaty/fr/Treaties/Html/ 185.htm; 12-07-2007) La convention s’est fixé trois objectifs principaux: – harmoniser les législations des Etats signataires en matière de cybercriminalité: à cette fin, elle établit les définitions communes de certaines infractions pénales commises par le biais des réseaux informatiques – compléter ces législations en matière procédurale – améliorer la coopération internationale L’examen de la convention nous permet de repérer l’apparition des premiers termes liés à la cybercriminalité dans un document juridique: ‹protéger la société de la criminalité dans le cyberespace›, ‹lutte contre la cybercriminalité›, ‹infractions informatiques›. Un autre exemple pour illustrer l’actualisation des termes déjà existants dans la législation à cause de l’Internet: Non-répudiation Selon la définition du dictionnaire de droit (2000: 339) ‹répudiation› est un terme spécialisé en droit qui existe depuis longtemps dans deux acceptions: – refuser sa femme ou sa fiancée (illégitime dans la législation française) – depuis le 19e siècle: refuser d’accepter un héritage, un fidéicommis, renoncer à un droit sur un bien La ‹non-répudiation› par contre est le fait de s’assurer qu’un contrat, notamment un contrat signé via internet, ne peut être remis en cause par l’une des parties. Dans l’économie globale actuelle, où les parties ne peuvent souvent pas être face à face pour signer un contrat, la non-répudation devient extrêmement importante pour le commerce.

L´effet de la cybercriminalité sur notre vocabulaire

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Concernant la sécurité numérique, la non-répudiation signifie la possibilité de vérifier que l’envoyeur et le destinataire sont bien les parties qui disent avoir respectivement envoyé ou reçu le message. Autrement dit, la non-répudiation de l’origine prouve que les données ont été envoyées, et la non-répudiation de l’arrivée prouve qu’elles ont été reçues. (Source: www.wikipedia.org; 22-06-2007) Dans les sentences proprement dites la dénomination des actes de cybercriminalité se réalise encore avec des paraphrases, mais dans les références et dans le jargon des juristes, certains commencent déjà à apparaître, comme par exemple ‹hameçonnage›. Le tribunal de grande instance de Paris a condamné un étudiant pour avoir contrefait la page d’enregistrement à MSN Hotmail, violant ainsi la marque et le droit d’auteur de Microsoft. Mais au-delà de la contrefaçon, le verdict sanctionne, sans le dire expressément, la pratique du phishing, qui consiste à attirer des internautes sur des sites frauduleux pour leur extorquer des données personnelles. Le tribunal a effectivement constaté que le prévenu a réalisé ‹une copie servile de la page d’enregistrement de MSN›. Tout en ajoutant que ce dispositif ‹permettait d’obtenir par fraude les données personnelles d’utilisateurs›. (Source: www.abcnetmarketing.com/article.php3?id_article=2410; 27-08-2007)

Sur la page dédiée à des juristes www.juripole.fr; 28-08-2007 nous trouvons sous la catégorie: ‹phishing et contrefaçon› un cas concret: Déclare B. coupable pour les faits qualifiés de: détention de produits revêtus d’une marque contrefaite, faits commis le 7 avril 2004, à Paris et sur le territoire national, usage ou apposition d’une marque sans l’autorisation de son propriétaire – contrefaçon, faits commis le 7 avril 2004, à Paris et sur le territoire national, contrefaçon par édition ou reproduction d’une oeuvre de l’esprit au mépris des droits de l’auteur, faits commis le 7 avril 2004, à Paris et sur le territoire national, contrefaçon par diffusion ou représentation d’oeuvre de l’esprit au mépris des droits de l’auteur, faits commis le 7 avril 2004, à Paris et sur le territoire national.

Voilà brièvement la situation actuelle concernant les changements produits dans la langue à cause de l’apparition de la cybercriminalité qui se présente comme une nouvelle source d’enrichissement de la langue. Je pense avoir pu démontrer que la langue française peut être très créative, elle réussit à trouver des formules très expressives et utilise les termes anglais seulement jusqu’au moment où elle trouve quelque chose de «bien français».

Bibliographie sommaire Cornu, Gérard (22005): Linguistique juridique. Paris: Montchrestien. Fontaine, Michèle / Cavalerie, Robert / Hassenforder, Jacques-André (22000): Dictionnaire de droit. Paris: Foucher. Lerat, Pierre (1995): Les langues spécialisées. Paris: PUF. Rey, Alan (ed.) (2000): Dictionnaire historique de la langue française. Paris: Robert.

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I motori di ricerca in Internet come fonte per la lessicologia e la lessicografia

La maggiore novità apparsa nella società contemporanea, per quanto riguarda gli ambiti comunicativi, è senza dubbio l’affermarsi di nuovi media, e in particolare di Internet, che ha conosciuto uno sviluppo e una diffusione forse inimmaginabili fino alla metà degli anni Novanta. Non sorprende il fatto che si stiano moltiplicando gli studi vòlti ad analizzare i vari generi di scrittura caratteristici di Internet, come le pagine di testo presenti nella maggior parte dei siti, le e-mail o le chat. Il materiale da analizzare è particolarmente abbondante: infatti l’avvento dei nuovi mezzi di comunicazione ha determinato, tra le altre cose, un ritorno prepotente della scrittura (sia pure una scrittura molto diversa da quella tradizionale) tra le attività quotidiane di parte della popolazione, soprattutto delle fasce più giovani. Nonostante sia uno dei paesi industrializzati in cui l’alfabetizzazione informatica è meno avanzata, anche l’Italia sta conoscendo il fenomeno della grande diffusione della scrittura in rete: per riprendere una brillante definizione di Antonelli (2007: 142), si può dire che «gli italiani stanno diventando un popolo di graforroici». I linguisti possono trovare così in Internet una mole gigantesca di testi appartenenti a quello che è stato chiamato «italiano digitato» (l’efficace etichetta è stata coniata da Gastaldi 2002). Un altro fenomeno significativo, anche questo non prevedibile almeno nelle sue dimensioni fino a 10-12 anni fa, è l’aiuto molto rilevante fornito da Internet agli studiosi di tutte le discipline: basti pensare a quanto le ricerche bibliografiche risultino oggi incomparabilmente più comode, veloci ed efficaci di prima. Per i linguisti, in particolare, sono preziosi alcuni tipi di risorse disponibili on line, come i dizionari e le banche dati testuali. Per citare solo strumenti relativi all’italiano, va ricordato l’ausilio offerto agli studi di storia della lingua dalla possibilità di consultare le voci del Tesoro della lingua italiana delle origini man mano portate a termine, e –ancora più importante– l’opportunità di compiere ricerche di vario tipo sul corpus dell’Opera del vocabolario italiano, imprescindibile per qualsiasi studio sui volgari dei primi secoli. Ma la rete sembra offrire altri interessanti materiali per la ricerca: oltre che come sterminato contenitore di testi da sottoporre ad analisi, Internet può essere utilizzato come una sorta di banca dati dalla quale ricavare informazioni sui più diversi usi linguistici. Attraverso i principali motori di ricerca è possibile infatti interrogare la rete come si fa comunemente con gli archivi testuali informatici. Le potenzialità di indagini di questo genere sono notevolissime, a patto di tener presenti i limiti posti dalla natura stessa di Internet, «organismo» sfuggente e non delimitabile. Naturalmente, la rete non è e non potrà mai essere un corpus: infatti è un insieme non definibile (nessuno può quantificare neanche approssimativamente il numero di pagine presenti on line, numero peraltro enormemente in

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crescita di giorno in giorno), un insieme i cui elementi –le singole pagine– non sono facilmente raggruppabili in categorie. Tutto ciò esclude, ad esempio, di poter procedere a qualsiasi tipo di valutazione statistica dei dati reperibili. Inoltre, i risultati restituiti da un’interrogazione su un motore di ricerca possono essere in certi casi talmente numerosi (anche parecchi milioni di pagine) da essere di fatto controllabili solo in minima parte. Ma se utilizzato senza dimenticare tali limiti, Internet offre straordinarie opportunità alla ricerca linguistica. In questa sede vorrei proporre, attraverso una serie di esempi, alcune concrete applicazioni lessicologiche e lessicografiche della consultazione dei motori di ricerca (nella fattispecie, mi sono servito del più diffuso: Google). Quello del lessico appare in effetti il campo in cui la fonte di Internet si rivela più utile; non sembra anzi eccessivo affermare che qualsiasi studio lessicologico o impresa lessicografica rivolti alla lingua contemporanea potrebbero avvalersene con profitto. Gli esempi che presenterò pertengono al lessico dell’italiano, ma mi propongo di farne scaturire spunti metodologici validi anche per le altre lingue romanze. Uno dei problemi maggiori che si pone nell’allestimento di un dizionario dell’uso è senza dubbio l’atteggiamento da prendere nei confronti dei neologismi. Non è facile trovare il giusto punto di equilibrio tra due tendenze opposte, entrambe comprensibili: il desiderio di documentare per tempo l’ingresso di parole nuove che arricchiscono il patrimonio lessicale (desiderio alimentato tra l’altro dal fatto che proprio la presenza di neologismi è la caratteristica di un dizionario che colpisce di più almeno i non addetti ai lavori, come si vede bene dalle recensioni giornalistiche, incentrate solitamente su quest’aspetto), e la cautela dettata dal timore di accogliere nel lemmario una serie di vocaboli destinati a cadere presto nel dimenticatoio, senza lasciare una traccia significativa nella lingua comune. Il problema in molte occasioni viene esplicitamente affrontato nel presentare un dizionario ai lettori; ecco ad esempio cosa si legge in Serianni / Trifone (2004: V): nel lavoro di aggiornamento abbiamo comunque sempre tenuto conto dell’estrema labilità delle parole o delle locuzioni che incontravamo: si pensi ai vari matusa e semifreddo (non il gelato ma la persona anziana), in auge nei gerghi degli anni Sessanta, o al paninaro degli anni Ottanta, oggi tutti praticamente scomparsi.

La rete può fornire un aiuto importante per verificare la reale consistenza dell’uso di una parola in italiano. Riguardo ai vocaboli indicati da Serianni e Trifone, va detto che sulla base delle molte attestazioni rintracciabili attraverso la ricerca in Google non si può affatto decretare la morte di paninaro. È il fenomeno cui la parola si riferisce ad essere scomparso, non la parola stessa: per paninaro vale lo stesso discorso che si potrebbe fare per balilla o per hippy, vocaboli che rimangono in uso nonostante non esistano più i relativi designata. Tra l’altro, negli ultimi tempi parecchie manifestazioni di sottocultura degli anni Ottanta sono tornate di moda, ciò che probabilmente garantirà, almeno per un certo lasso di tempo, la relativa vitalità dei paninari nella memoria collettiva. Meno frequente, ma ancora non del tutto dimenticata è la parola matusa: a giudicare da ciò che emerge dalla rete il suo uso sembra comune soprattutto tra persone non giovanissime, ma non mancano eccezioni, tra le quali è interessante quella di un sito che intende dare spazio alla libera creatività adolescenziale (lo slogan di presentazione suona

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indicativamente «Benvenuto Nel Casino!!!») chiamato Lo Scorno Dei Matusa; chi ha scelto tale nome deve aver dato per certa la conoscenza della parola tra i ragazzi di oggi. Di semifreddo ‹persona anziana›, invece, non sembra effettivamente essere rimasta traccia, anche se è quasi impossibile fornire dati certi, visto che bisognerebbe controllare tutte le circa 380000 pagine web che emergono dall’interrogazione di Google. Mi sono limitato a prendere visione delle prime 1000 pagine trovate dal motore di ricerca, nelle quali non si trova neanche un’attestazione del significato che ci interessa: il semifreddo è sempre il dolce. Ho allora provato a raffinare la ricerca, unendo a semifreddo la parola anziano, ma anche in questo caso le prime 1000 pagine rintracciate non hanno fornito risultati utili: l’accezione che ci interessa sembrerebbe proprio essere uscita dall’uso. Il caso di semifreddo è interessante perché rende evidente un limite nell’uso dei motori di ricerca ai fini di analisi linguistiche: nel caso di più significati della stessa parola, la mole di pagine web da visionare può rendere di fatto irrealizzabile il reperimento dei dati; stesso discorso per i casi di omonimia: per far solo un esempio scelto a caso, chi volesse verificare l’effettiva presenza nell’italiano contemporaneo dell’ispanismo toldo ‹tenda tipica di alcune popolazioni di nativi americani› (accolto in De Mauro 1999) si troverebbe di fronte ad oltre 1800000 pagine (il numero così alto si deve alla popolarità del calciatore Francesco Toldo); è ben possibile che in alcune di quelle pagine si possano leggere attestazioni del nostro ispanismo, ma per saperlo bisognerebbe cercare il proverbiale ago nel pagliaio. Molto spesso effimere, come ricordano Adamo / Della Valle (2005: VI), sono quelle formazioni [...] legate a episodi che colpiscono l’immaginazione collettiva, grazie anche alla fantasia dei giornalisti che contribuiscono a crearle o a diffonderle, incontrando un favore e un successo immediati [...]. Si pensi alle parole che nascono sull’onda di eventi particolari, della diffusione di mode e tendenze, di momenti di celebrità, dei quali si affievolisce presto la memoria.

Ma è anche vero che proprio Internet può avere l’effetto di mantenere relativamente vivo il ricordo di eventi altrimenti destinati all’oblio, o di disseppellire fatti, cose o persone che pochi rammentavano, contribuendo di conseguenza a far rimanere o tornare in circolazione determinati vocaboli. Un esempio concreto. Nell’estate del 1996, i media seguirono con grande attenzione un’inchiesta giudiziaria che vedeva coinvolti alcuni personaggi televisivi, accusati di richiedere favori sessuali a ragazze che aspiravano ad entrare nel mondo dello spettacolo, e di aver usato violenza ad alcune giovani che non intendevano acconsentire. Uno degli indagati, tal Valerio Merola, si difese adducendo come prova a discarico le dimensioni fuori del comune del suo membro virile, che avrebbero di fatto reso impossibili rapporti sessuali con donne non consenzienti. In quel contesto nacque la parola merolone, che per un certo periodo conobbe una notevole fortuna in giornali e televisioni. Legata com’era ad un episodio preciso, la parola sembrava destinata a rapida obsolescenza; ma i risultati della verifica compiuta con Google dimostrano invece che essa conosce a tutt’oggi una qualche vitalità, non solo nel significato originario di ‹pene di grandi dimensioni› ma anche in quelli di ‹persona che approfitta della propria posizione di potere per ottenere favori sessuali› e di ‹persona molto stupida›: in quest’ultimo caso è un puro sinonimo di cazzone, quindi. Per quanto riguarda i vocaboli di più recente coniazione, la consultazione dei motori di ricerca consente di verificare molto facilmente il grado di diffusione. Naturalmente, il fatto

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che una parola sia piuttosto comune oggi non garantisce affatto che la stessa non uscirà dall’uso in un futuro magari anche prossimo. Ciononostante, appare utile distinguere tra occasionalismi legati ad un momento di creatività individuale di un singolo e mai più ripresi da altri, e parole che invece, almeno in un determinato periodo, conoscono una buona fortuna. Per offrire un esempio di una ricerca di questo tipo, si può interrogare Google per i primi dieci lemmi accolti con un solo esempio in Adamo / Della Valle (2005). Oltre a verificare la consistenza in italiano delle parole in questione, l’interrogazione del motore di ricerca permette di reperire informazioni interessanti sulla data di prima attestazione, sugli ambiti d’uso prevalenti e sull’eventuale presenza di varianti. Vediamo schematicamente i risultati ottenuti (le definizioni delle parole sono riprese dallo stesso repertorio): Abroga-leggi ‹che si propone di annullare leggi superflue o superate›: in rete si rintraccia una sola attestazione, risalente al 2003 (stesso anno di quella segnalata nel dizionario); la parola dunque non pare proprio aver attecchito in italiano. Accertatore ecologico ‹chi ha il compito di ispezionare e controllare il buon funzionamento degli impianti di raccolta e smaltimento ecologico dei rifiuti›: sembra avere carattere di dizione ufficiale, come si evince dal fatto che la sua presenza in rete (comunque poco rilevante: pochissimi gli esempi rintracciabili) è quasi esclusiva di bandi pubblici o altri documenti istituzionali emessi da comuni o simili. Acchiappacomete ‹sonda aerospaziale progettata per catturare e analizzare gli elementi organici che costituiscono una cometa›: si può retrodatare la voce (l’esempio riportato nel dizionario è del 2004) sulla scorta del sommario di Tuttoscienze - Inserto de La Stampa dell’8 gennaio 2003: «‹L’acchiappa comete› di Mario Di Martino; (NdR: fra circa una decina di giorni l’Ariane 5 lancerà la sonda europea Rosetta; speriamo non esploda anch’esso...)». La parola ha una certa circolazione in testi giornalistici o di divulgazione scientifica, e può riferirsi non solo a sonde spaziali ma anche ad astronomi specializzati nell’individuare comete prima sconosciute, come si vede ad esempio dal seguente passo del Corriere della Sera (21 agosto 2005), in cui peraltro compare con diversa grafia: «Toni Scarmato è stato proclamato il più famoso acchiappa-comete del mondo poiché è riuscito nell’impresa di catturare la millesima cometa vista attraverso il satellite artificiale Soho, in orbita intorno al Sole da 10 anni». Un ulteriore significato di acchiappacomete è attestato nel blog di Franca Rame, dove una persona che si firma antigone in un messaggio dell’8 aprile 2006 ha usato la voce nel significato di ‹persona inconcludente›, quindi quale sinonimo di voci simili come acchiappafarfalle, acchiappamosche o acchiappanuvoli: «magari siamo degli estremisti della speranza, degli acchiappacomete che non vogliono abituarsi all’inferno della banalità o arrendersi al pericolo che nessuno passerà illeso attraverso le guerre trasversali tra la cattiveria e la stupidità». Si apprende infine l’esistenza di un gioco infantile che avrebbe questo nome, sempre che non si tratti dell’invenzione estemporanea di chi ha scritto il seguente testo, che compare nel sito Ingegneria del Buon Sollazzo: «Acchiappacomete è invece il gioco di lanciare le comete in gruppo o tra due persone e riprendere al volo quelle degli altri: si ottengono in questo modo colorate coreografie» (le comete in questione, come si spiega nella stessa pagina web, sono particolari palle di carta, per esattezza «palle rotanti con lunghe code (comete) da lanciare in aria con movimenti di rotazione e lancio»).

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Adozione mite ‹adozione di minori tendente a assicurare l’assistenza, all’interno di un nucleo familiare, a bambini che non possono essere legittimamente adottati›: è una dizione oggi comunissima in contesti giornalistici, o in siti che forniscono un’informazione mirata ai cittadini potenzialmente interessati; la diffusione è favorita dal fatto che sull’istituto designato dalla voce si è scatenato un dibattito polemico. Inoltre, va segnalato che la polirematica ha avuto un avallo ufficiale dalla proposta di legge, presentata il 16 marzo 2005 da un gruppo di parlamentari, sotto la rubrica «Modifiche alla legge 4 maggio 1983, n. 184, in materia di adozione aperta e di adozione mite». Acchiappa-privacy ‹che cattura illecitamente immagini o momenti privati, riservati›: la ricerca in rete non dà alcun riscontro. Si tratterà di un’invenzione estemporanea dell’autore dell’articolo giornalistico citato nel dizionario. Action fantasy ‹film d’azione con ambientazione fantastica e immaginaria›: a giudicare da ciò che emerge da Google, si tratta di una voce ormai ben diffusa in italiano, anche come aggettivo; frequente anche la variante grafica action-fantasy. Adultescence ‹stile di vita di chi, entrato ormai nell’età adulta, continua a comportarsi da adolescente›; il termine, documentato nel dizionario con un esempio del 2005, si può retrodatare grazie ad un’attestazione nel rotocalco La Repubblica delle Donne del 2 aprile 2002: «Giovani, tra i 18 e i 24 anni: secondo la rivista francese L’Expansion, sono i protagonisti di una nuova età della vita, l’adultescence, lunga fase di passaggio tra l’adolescenza e l’età adulta». Si tratta di una parola di uso assai poco comune. Aennista ‹appartenente o sostenitore del partito politico di An›: è un vocabolo molto diffuso nel linguaggio giornalistico, il che peraltro non ne assicura una vitalità a lungo termine: esso potrebbe cadere nel dimenticatoio il giorno che il partito cambiasse nome, come è capitato a non poche parole dello stesso tipo nel recente passato. Affamatumori ‹che impedisce a cellule neoplastiche di essere nutrite, alimentate›: si rintracciano solo cinque attestazioni, tutte in siti di informazione medica (la grafia è in tre casi affama-tumori, negli altri due affama tumori); la voce sembrerebbe quindi di uso esclusivamente settoriale. Afghanizzare ‹in senso figurato, far passare in secondo piano, oscurare; con particolare riferimento agli sviluppi della situazione afgana, che appare progressivamente oscurata all’opinione pubblica›: nessun riscontro per il significato registrato nel dizionario; nelle poche occorrenze rintracciabili il verbo è usato nel senso di ‹creare in un paese una situazione simile a quella dell’Afghanistan› (si legga ad esempio il passo seguente, tratto da un articolo uscito nell’Internazionale del 20 luglio 2001, che costituisce la prima attestazione per adesso nota del termine: «L’appoggio di Islamabad alla guerriglia antisovietica prima e ai Taliban poi ha finito così per sortire l’effetto contrario a quello perseguito dall’Isi e dai generali pakistani: invece di pakistanizzare l’Afghanistan, ha finito per afghanizzare il Pakistan a tappe successive»). Tra i neologismi che continuamente entrano a far parte del lessico dell’italiano, com’è ampiamente noto, moltissimi sono gli anglicismi, ma anche gli pseudoanglicismi, cioè quelle parole che pur avendo, per così dire, un aspetto anglicizzante non hanno in realtà riscontro né in inglese né in angloamericano, almeno nel significato in cui vengono adoperate in italiano. Il fenomeno non è nuovo: sono parecchi gli pseudoanglicismi ben acclimati già da tempo, alcuni dei quali peraltro sono di uso molto comune, come footing, slip o smoking.

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Nell’individuazione dei falsi anglicismi, i dizionari –compresi quelli dei neologismi– non sempre procedono in modo soddisfacente; un apposito repertorio è annunciato da tempo per le cure di Cristiano Furiassi, che ha dedicato al problema un denso studio (Furiassi 2003). I motori di ricerca offrono in questo campo un aiuto prezioso. La caccia agli pseudoanglicismi non può fondarsi solo sulla consultazione dei migliori repertori dell’inglese, come l’Oxford English Dictionary, o, per l’angloamericano, il MerriamWebster: infatti, l’eventuale assenza di un termine (o di un’accezione) in quei dizionari non è in sé sufficiente, potendo trattarsi di una coniazione recente lì non ancora accolta. Per tutte quelle parole prive di riscontri lessicografici è necessario verificare l’eventuale presenza in rete nei siti in lingua inglese: solo se questo controllo dà esito negativo, si può avere la certezza di aver scovato uno pseudoanglicismo. Con questo sistema, è possibile accertare l’inesistenza in inglese di un certo numero di parole documentate in italiano nel già citato Adamo / Della Valle (2005), e lì interpretate come semplici prestiti, come ad esempio pink card ‹tessera rosa, che alcune istituzioni pubbliche rilasciano alle donne per l’acquisto di beni o servizi a condizioni di particolare favore› o skyplayer ‹giovane appassionato del gioco del calcio, che partecipa a partite spontanee e improvvisate, talvolta notturne e clandestine, sulle terrazze dei palazzi›. Mette conto notare come in più di un’occasione lo pseudoanglicismo nasca banalmente da un errore compiuto da chi, evidentemente, non ha una sufficiente conoscenza della lingua a cui pure vorrebbe fare riferimento. È il caso di forme come lightning consultant ‹architetto arredatore esperto nella scelta e nella disposizione delle fonti di luce negli ambienti› (lightning in inglese significa ‹fulmine›: per ‹illuminazione› si usa lighting), patting green ‹l’area ricoperta di un tappeto erboso, al di fuori del campo da golf utilizzato per le gare, sulla quale si prova il tiro della pallina in buca› (in luogo di putting green) e politically uncorrect ‹ciò che è politicamente scorretto› (in luogo di politically incorrect). Interessante il composto clipcomedy ‹spettacolo teatrale basato su una sequenza di scene di breve durata›, peraltro piuttosto ben diffuso in italiano, che potremmo definire un iperanglicismo: infatti, rispetto alla forma corrente nel mondo anglosassone, comedy clip, si è verificata un’inversione dei costituenti, per cui lo pseudoanglicismo presenta la sequenza determinante + determinato, notoriamente caratteristica dell’inglese. I dizionari contemporanei tendono ad accogliere una grandissima quantità di parole appartenenti alle lingue speciali. Naturalmente, in questo campo i lessicografi sono costretti a compiere delle scelte, essendo impossibile, e comunque non opportuno, accogliere per intero terminologie che in alcuni casi, come quelli della chimica o della zoologia, sono costituite da centinaia di migliaia di vocaboli. Il criterio seguito solitamente è quello di far spazio alle parole che abbiano qualche possibilità di trovarsi anche in contesti diversi da quelli iperspecializzati. Ad esempio, De Mauro (1999: 1163) dichiara di aver registrato quei «tecnicismi e parole e accezioni di raro uso produttivo generalizzato che tuttavia si affaccino a volte al nostro intendere in ambiti non strettamente specialistici venendo dalle più varie tecniche e scienze e specializzazioni». In realtà, se valutare la rilevanza di un tecnicismo nell’ambito della terminologia scientifica è piuttosto semplice (in fin dei conti basta il parere di un esperto in materia), non altrettanto semplice è determinare l’eventuale presenza della parola al di fuori di testi altamente specializzati destinati ai soli addetti ai lavori. A questo fine può certamente essere utile l’interrogazione dei motori di ricerca, purché, naturalmente, si abbia cura di non

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accontentarsi del nudo dato della quantità di attestazioni rintracciabili per ogni tecnicismo, ma si tengano presenti anche le modalità di impiego (tipologie dei testi in cui i vocaboli compaiono, eventuali usi figurati, ecc.). Compiendo questo tipo di verifica sulle parole che in De Mauro (1999) sono classificate come appartenenti al linguaggio dell’astrofisica (facilmente recuperabili dalla versione in CD-Rom del dizionario), si ottengono dei dati interessanti. Infatti, se alcuni dei tecnicismi in questione risultano largamente circolanti anche al di fuori della comunità scientifica degli astrofisici (è il caso di apocentro, eliopausa, protomateria, protopianeta, protosfera e protostella); in altri casi (apofuoco, astrospettrografo, astrospettroscopia, astrospettroscopio) si tratta invece di parole pressoché inesistenti in Internet e quindi, è legittimo immaginare, ben poco comuni forse anche tra gli scienziati (i quali notoriamente usano pubblicare in rete le proprie ricerche), parole che potrebbero perciò essere trascurate dai dizionari. Per quanto riguarda gammaastronomia, va detto che il vocabolo è sì comune, ma non nella grafia lemmatizzata da De Mauro (1999) bensì nelle varianti gamma astronomia e gamma-astronomia. Non sempre rappresentati quanto sarebbe opportuno nei dizionari sono alcuni linguaggi settoriali relativi non a vere e proprie discipline, ma ad ambiti di interesse che accomunano, a parte gli addetti ai lavori, grandi schiere di appassionati, permettendo così una buona o ottima diffusione della terminologia relativa. Si pensi ad esempio alla gastronomia, la cui importanza nella società contemporanea sembra in crescita esponenziale, come dimostra la fortissima presenza nei mezzi di comunicazione di massa (indicativo, per far solo un esempio, il fatto che i principali telegiornali accolgano una rubrica fissa dedicata a cibi e vini). Sono molti i tecnicismi gastronomici ignorati dai dizionari, ma che verosimilmente fanno parte della competenza almeno passiva della maggior parte delle donne e di un numero sempre crescente di uomini; tra di essi, particolarmente numerosi sembrano i forestierismi. Anche in questo caso è utile una verifica in rete: attraverso Google è facile accertare la grande frequenza di parole a tutt’oggi prive di riscontri lessicografici, come brunoise ‹dadolata di verdure›, cheesecake ‹dolce a base di formaggio cremoso›, citronette ‹emulsione di olio e limone con eventuale aggiunta di sale e spezie›, coupelle ‹pasta cotta in forno modellata a forma di coppetta per contenere crema, gelato o simili›, reblochon ‹tipo di formaggio svizzero›, rösti ‹pietanza a base di patate arrostite›. Un altro settore che riscuote molto successo presso una larga fascia di popolazione, quella costituita dai giovani di entrambi i sessi, è la galassia della musica rock e pop. Si può anzi affermare che per molti adolescenti si tratta di uno dei principali argomenti di discussione, come è facile verificare dall’altissima presenza in rete di forum, intensamente frequentati, dedicati a singoli gruppi o correnti musicali. Il lessico appartenente ai vari generi di musica amati dai giovani –formato, come è ovvio, per lo più da anglicismi– è poco o nulla presente nei dizionari dell’uso. Molti sono i vocaboli di cui la ricerca in rete permette di accertare la fortissima diffusione, e che hanno quindi le carte in regola per essere tenuti in considerazione dai lessicografi. Tra di essi si possono ricordare bonus track ‹brano aggiunto in una nuova versione di un CD›, downtempo ‹tempo lento›, drum machine ‹dispositivo elettronico programmabile per campionare sequenze di percussioni›, drumming ‹modo di suonare la batteria›, ghost track ‹brano di un CD, posto solitamente per ultimo, non indicato nella lista dei brani›, greatest hits ‹raccolta dei maggiori successi di un musicista o di un gruppo›, mixtape ‹nastro contenente musica mixata da un dj›, rock band

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‹gruppo che suona musica rock›, slide guitar ‹chitarra elettrica suonata col glissando ottenuto facendo scorrere un cilindro metallico sulle corde›. Per motivi di spazio mi sono limitato a portare esempi di vocaboli gastronomici o musicali, ma il discorso potrebbe continuare con altri settori che suscitano l’interesse di larghe fasce di popolazione, primo tra tutti quello dello sport. L’ultima utilizzazione dei motori di ricerca che vorrei proporre in questa sede riguarda la possibile verifica della frequenza di alcune varianti errate di parole comuni. A volte, certe forme scorrette sono segnalate, vista la loro frequenza, nei dizionari. Per esempio lo Zingarelli 2007 riporta, naturalmente accompagnandole con l’avvertenza che andrebbero evitate, forme come areoporto, colluttorio o redarre, tutte comunissime in rete. Dall’interrogazione di Google emerge con chiarezza la diffusione, in alcuni casi molto notevole, di forme che i dizionari ignorano. È il caso di accellerare, acchitto (nella locuzione di primo a.), avvallo ‹avallo›, ranicchiato. Particolarmente interessante il caso di rush cutaneo (in luogo di rash), dato che nella grande maggioranza dei casi la forma errata si trova in siti di informazione medica, in cui ci si aspetterebbe una maggiore accuratezza. L’errore deriva dalla scarsa dimestichezza con l’inglese, che porta a confondere due voci che nell’uso italiano presentano la stessa pronuncia [ra∫] (in luogo, rispettivamente, di [rΛ∫] e [ræ∫]). Anche solo dai pochi temi qui discussi emerge, se non m’inganno, l’importanza che l’interrogazione dei motori di ricerca può avere in alcuni tipi di studi lessicologici e nell’allestimento dei dizionari dell’uso. Questi ultimi, in particolare, si gioverebbero non poco di controlli sistematici in rete, il che tra le altre cose permetterebbe forse di mettere a punto in maniera più efficace il sistema delle marche d’uso (le indicazioni come raro, non comune, popolare, familiare e simili), che in molti repertori non appaiono utilizzate in maniera impeccabile. Verso Internet –come d’altronde capita frequentemente per le novità– sono molto diffusi due atteggiamenti antitetici, quello di chi ne magnifica le qualità, arrivando a conferirgli quasi un’aura di magia, e quello di chi manifesta un disinteresse o un’ostilità totali, negando qualsiasi potenziale uso positivo. Sostenitori sfegatati e detrattori accaniti mostrano in realtà il medesimo approccio acritico. Il compito degli studiosi è, all’opposto, cercare di sfruttare a fondo le risorse offerte dal nuovo mezzo, ciò che è possibile solo sforzandosi di individuare lucidamente tutti i punti deboli del mezzo stesso.

Bibliografia Adamo, Giovanni / Della Valle, Valeria (2005): 2006 parole nuove. Milano: Sperling & Kupfer. Antonelli, Giuseppe (2007): L’italiano nella società della comunicazione. Bologna: Il Mulino. De Mauro, Tullio (ed.) (1999): Grande dizionario italiano dell’uso (6 voll.). Torino: UTET. Furiassi, Cristiano (2003): False Anglicisms in Italian Monolingual Dictionaries: A Case Study of Some Electronic Editions. In: International Journal of Lexicography 16, 121-142. Gastaldi, Erika (2002): Italiano digitato. In: Italiano & Oltre 17, 134-137. Serianni, Luca / Trifone, Maurizio (edd.) (2004): Dizionario della lingua italiana di Giacomo Devoto e Gian Carlo Oli. Firenze: Le Monnier.

Marta Prat Sabater

La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas*

1. Introducción En la actualidad, la lengua española no dispone aún de un diccionario histórico completo. Ante tal carencia, se estima positivamente la importancia de los trabajos llevados a cabo por J. Coromines en sus sucesivas obras etimológicas (el Diccionario crítico etimológico de la lengua castellana y el Diccionario crítico etimológico castellano e hispánico, este último con la colaboración de J. A. Pascual) y de los materiales que por el momento la Real Academia de la Lengua Española pone a disposición de los usuarios en su página web, como el Corpus Diacrónico del Español (CORDE) o el Nuevo Tesoro Lexicográfico de la Lengua Española, en el que pueden consultarse todos los diccionarios académicos, entre los que se desea destacar, por el valor documental que posee, el primero, conocido como Diccionario de Autoridades. Ante este panorama incompleto de investigación histórica y documental, aunque no vacante de ella, no resulta inapropiado escoger elementos léxicos del español para sopesar la importancia que supone conocer la primera documentación de cada préstamo con objeto de poder contrastarla con el de las diferentes lenguas románicas implicadas en su proceso de transferencia e intentar definir de un modo preciso su trayectoria etimológica.

2. Voces de procedencia múltiple El diccionario etimológico más completo y de referencia de la lengua española es, en la actualidad, el de Coromines y Pascual (DECH). Es precisamente su amplitud de contenido la que propicia su estudio científico desde diferentes puntos de vista, al mismo tiempo que favorece el inicio de nuevos trabajos o la sucesión en la investigación de temas que, a pesar ––––––– *

La investigación necesaria para desarrollar este trabajo ha sido parcialmente financiada con la ayuda de la DGICYT para el proyecto «Banco de datos diacrónico e hispánico: morfología léxica, sintaxis, etimología y documentación» (nº de referencia HUM2005-08149-C02-01/FILO) y con el apoyo del Comissionat per Universitats i Recerca de la Generalitat de Catalunya concedido al Grup de Lexicografia i Diacronia (nº de referencia SGR2005-00568).

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Marta Prat Sabater

de haber sido tratados, no están suficientemente desarrollados o acabados por diferentes razones. Desde la perspectiva documental, por el momento resulta importante, por no decir esencial en algunos casos, tomar en consideración los datos cronológicos que facilita sobre el uso escrito de los lemas que recoge. Para el estudio de la primera documentación, no es posible obviar la propuesta que realiza, aunque no debe perderse la consciencia de la fragilidad con que debe interpretarse (como en cualquier otra obra), no sólo por razones del alcance de la investigación textual del tiempo en que fue recogida, sino por la individualidad que caracteriza los trabajos de Coromines que, aunque destaque por su condición de minuciosa, restringe inevitablemente un abanico más amplio de posibilidades. A pesar de esta precisión, se ha considerado indiscutible partir del corpus de voces de este diccionario para llevar a cabo este trabajo y, en concreto, por razones de espacio, restringir el estudio a dos préstamos de historia evolutiva compleja para poder profundizar más sobre el asunto. El resumen etimológico que encabeza todos los artículos lexicográficos del DECH los presenta como de etimología múltiple. Los lemas considerados de etimología múltiple son aquellos para los que no se propone una hipótesis etimológica que asegure su procedencia inmediata, sino que se ofrece más de una posible lengua transmisora en igualdad de condiciones. Es lo que ocurre para las palabras que nos disponemos a analizar: burdel y correo: burdel

«del cat. bordell o de oc. bordel íd., de origen incierto, probablemente derivados de bord ‹bastardo› en el sentido de ‹lugar de gente descastada, y donde se engendran bastardos›» (DECH, s. v. burdel)

correo

«término de civilización de carácter migratorio y de historia complicada: en castellano procede del cat. correu, oc. ant. corrieu ‹mensajero›, ‹correo›, que parece ser alteración del fr. ant. corlieu íd., compuesto de corir ‹correr› y lieu, ‹lugar›» (DECH, s. v. correo)

Como puede observarse en las voces seleccionadas, se presenta una posible procedencia catalana u occitana para la forma española, pero no se concreta con toda seguridad cuál de las dos es la más probable. Con estos ejemplos, se pretende analizar, para cada caso, la información textual de que se dispone (especialmente la primera documentación) de las lenguas que intervienen en su historia evolutiva. La finalidad fundamental de los siguientes apartados va a ser la de valorar si este tipo de datos pueden ser determinantes para priorizar una de las diferentes opciones propuestas de la lengua que ha transmitido el préstamo al español o si, por el contrario, es necesario hallar otros argumentos para poder corroborar la verosimilitud del proceso de transmisión que decide presentarse.1

––––––– 1

Para más información acerca de los problemas que puede plantear el establecimiento de la primera documentación y su consideración como argumento etimológico, cf. Clavería Nadal (1999).

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La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas

3. Las primeras documentaciones El DECH constituye el punto de partida de las primeras documentaciones de los préstamos escogidos (burdel y correo). Se ha reunido la información de este tipo ofrecida por este diccionario para el español, como es lógico, y para el resto de lenguas románicas implicadas en los respectivos procesos de transmisión. Todos estos datos se han complementado, siempre que ha sido posible, con materiales hallados en otras fuentes que permitieran anticipar la fecha (diccionarios, monografías o corpus textuales). Si esta información cronológica adicional no resulta útil por ser coincidente o posterior, se han mantenido exclusivamente los datos del DECH. Los testimonios recogidos se estructuran, para cada préstamo, en un cuadro ilustrativo en el que se indica la lengua románica a la que se hace referencia, la forma léxica correspondiente, la primera documentación, el autor o el título del texto en el que se ha hallado y la referencia de donde se ha extraído. Si alguno de los cuadros aparece en blanco, se justifica porque la fuente consultada no ofrece estos datos que desean proporcionarse.

BURDEL

LENGUA

español

catalán

FORMA LÉXICA

burdel

bordell

1ª DOC.

AUTOR Y/O TEXTO

REFERENCIA

1293

Anónimo, Castigos

CORDE2

s. XIV

Castigos e Documentos para bien vivir, ordenados por el Rey don Sancho IV

DECH

1201

ordinacions dels Templers

DECat.3

fin s. XIII

DECH

occitano

bordel

inicios s. XIII

DECH

francés

bordel

desde hacia 1300

DECat.

s. XIII

DECH

italiano

bordello

fin s. XIII

Novellino

DECat.

––––––– 2

3

Se trata de literatura sapiencial, publicada, según el CORDE, por Plamer, William / Frazier, Carig (1992): Hispanic Seminary of Medieval Studies (Madison). Información extraída de Joaquim Miret i Sans (1910-13): Les cases de templers y hospitalers en Catalunya, B. (DECat., «Indicacions bibliogràfiques», vol. I, p. XXXIII).

810

Marta Prat Sabater

portugués

bordel

hacia 1300

DECH

s. XV

DECH

El CORDE adelanta un poco la primera documentación del español y sitúa burdel en el s. XIII. El primer ejemplo semánticamente más claro debemos situarlo a finales de este siglo, en concreto, en el año 1293, en un documento anónimo: «E mando pregonar por toda la çivdat de Roma / que muger que non quesiese filar que fuese echada dela / çibdat & colocada & puesta con aquellas que non filan y estan / en el lugar desonesto que es el burdel».4 El propio Coromines, en su Diccionari etimològic i complementari de la llengua catalana (DECat.), adelanta prácticamente un siglo la primera documentación catalana. Sin embargo, no recoge en el texto en cuestión (1201) la forma bordell, sino un derivado: «frare ladre o bordeler o fornicador» (DECat., s. v. bordell). Bordell lo sitúa en el siglo XIII e indica su frecuencia de uso en Ramon Llull. Uno de los ejemplos que recoge es el siguiente: «estaven folles fembres de bordell, e en presència dels missatgers peccaven ab los hòmens».5 El DECat. (s. v. bordell) puntualiza que en francés se hallan primeras documentaciones desde hacia 1300 («potser ja una mica abans»), aunque el uso de esta palabra no va a ser habitual hasta el siglo XVII. Para el italiano, el DECat. (s. v. bordell) especifica la documentación a la que hace referencia en el DECH. Si se contrastan las lenguas románicas en que se utiliza esta voz, las documentaciones más tempranas son las de las lenguas occitana y catalana, aunque no destacan excesivamente del resto, a excepción de la portuguesa, que es bastante posterior (s. XV).

CORREO LENGUA

español

FORMA LÉXICA

correo

1ª DOC.

AUTOR Y/O TEXTO

REFERENCIA

1385-1396

crónicas de San Isidoro, de Don Lucas, Obispo de Tuy

CORDE6

fin s. XV

Nebrija

DECH

––––––– 4 5

6

La letra negrilla de este y del resto de ejemplos documentales que recojamos es nuestra. Merav. II, 123. En las «Indicacions bibliogràfiques» del primer volumen, detalla la siguiente información para esta obra: «Fèlix de les Meravelles del Món; ed. M. Aguiló i J. Rosselló, Palma de M., vers 1873; ed. J. Rosselló, Palma de M., 1903; ed. S. Galmés (Libre de Meravelles), 4 voll., NCL., B., 1931» (DECat., p. XXXI). Se trata de una obra anónima sacada de dichas crónicas. Información extraída, según el CORDE, del trabajo de Juan Manuel Cacho Blecua (2003), Universidad de Zaragoza (Zaragoza).

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La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas

catalán

correu

occitano ant.

francés

documento

DECH y DECat.7

corrieu princ. s. XI [correus (pl.)]

Canción de Santa Fe

DECH, DECat. y Colón (1967: 172)

corlieu

desde s. XII

Wace, Béroul, etc.

DECH8

courrier

s. XIV

canciones de gesta9

DECH

italiano

corriere

desde 1162

portugués

correio

1544

ant.

1196-1213

DECH Palmeirim

DECH10

El CORDE adelanta significativamente la primera documentación española (un siglo). El ejemplo que proporciona, de finales del s. XIV, procedente de una obra de contenido historiográfico, coincide semánticamente con la definición que indica el DECH al inicio del correspondiente artículo lexicográfico:11 «E como speras allj el auenjmjento de los enemjgos, subtosament por un correo supo que uno de los pus nobles duques de Francia, el qual hauje nombre Lop, era uenjdo assi como enemjgo en el terretorio de Beses». Se han hallado ejemplos anteriores con significado distinto. El más temprano es del segundo cuarto del s. XIV y forma parte del Libro de buen amor: «Non creades que es libro neçio, de devaneo, / nin tengades por chufa algo que en él leo: / ca, segund buen dinero yaze en vil correo, / ansí en feo libro está saber non feo» (1330-1343).12 Desde el punto de vista semántico, este ejemplo coincide con el del «cast. ant. correo ‹bolsa para guardar dinero›, seguramente de origen diferente» (DECH, s. v. correo). Esta es la razón por la que no lo hayamos incluido en el cuadro de primeras documentaciones. Para la primera documentación occitana, en el DECH (s. v. correo, nota 2), se precisa que el texto indicado (Canción de Santa Fe) «por su fecha arcaica todavía no conoce la diptongación» por lo que «tenemos correu, pero la e es abierta, como se ve por la rima con Deu, seu, y otras palabras que posteriormente diptongaron. Lo mismo en Arnaut de ––––––– 7

8

9

10

11 12

Información extraída, según las indicaciones bibliográficas de ambas fuentes, del Glossarium Mediae et Infimae Latinitatis, conditum a Carolo du Fresne, domino Du Cange; ed. nova a L. Favre, 10 voll., Niort, 1883-7. Se especifica que hace referencia al «tiempo de Pedro el Católico» (DECH, s. v. correo). Información obtenida de A. Tobler y E. Lommatzsch, Altfranzösisches Wörterbuch (publicado hasta la E), Berlín, 1915 ss. (DECH, «Indicaciones bibliográficas», vol I. p. LXIII). La elaboración de este diccionario terminó en el año 2002. En la actualidad puede consultarse también en DVD y CD-ROM (Stuttgart: Franz Steiner Verlag). Con influencia italiana (DECH, s. v. correo). Se indica además que el francés courrier «no vuelve a aparecer hasta 1464 y en el s. XVI». Información extraía de Domingos Vieira (1871-1874): Grande dicionário português (5 voll.). Lisboa. (DECH, «Indicaciones bibliográficas», vol I. p. LXIV). ‹El que tiene por oficio llevar la correspondencia› (DECH, s. v. correo). Información obtenida, según el CORDE, de la obra de Juan Ruiz o Arcipreste de Hita, editada por Alberto Blecua (1992), Cátedra (Madrid).

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Marta Prat Sabater

Carcassés [s. XIII] (corrieu rimando con leu)». En realidad, la forma exacta es el plural correus, que proporcionan el DECat. (s. v. correu) y Colón (1967: 172). La documentación románica más temprana de esta palabra es de la lengua occitana, según ha podido comprobarse. El DECH sólo especifica que aparece en textos de hacia el año 1000. Colón (1967: 172), más explícito, corrobora que «aparece ya muy pronto» y afirma que el plural correus se documenta en un cantar de gesta de la 2ª mitad del siglo XI.

4. Importancia del primer dato documental para la justificación de la lengua transmisora El interés por la consulta del DECH para un mayor conocimiento de los componentes léxicos de la lengua española no está sólo vinculado a la información histórica que proporciona, sino, y sobre todo, a la discusión de las hipótesis etimológicas que propone para los lemas mediante diferentes argumentos, tanto lingüísticos como extralingüísticos.13 Para esta comunicación resulta relevante atender a este segundo criterio, en concreto cuando, para llevarlo a cabo, se sirve de la cronología. Este tipo de argumentación puede ser tanto explícita como implícita. Puede utilizarse junto con otros argumentos, lingüísticos o extralingüísticos, pero en ocasiones se considera ya de por sí autosuficiente. Esto último es lo que ocurre en los ejemplos que hemos seleccionado (burdel y correo) y cuya información etimológica y documental ya hemos presentado en los epígrafes anteriores. La característica en común que poseen los dos préstamos es que no se dispone de suficientes razones para precisar la lengua inmediata al español que los ha transmitido, por lo cual, hasta que no se hallen nuevos datos, deben considerarse de procedencia múltiple. La transferencia más probable, desde la perspectiva etimológica, es la occitana o la catalana; desde la óptica documental, la occitana en ambos casos, además de la catalana en burdel. Si se inicia el análisis más detallado de burdel, puede comprobarse que el DECH (s. v. burdel) manifiesta que desde el punto de vista documental hay prácticamente coincidencia cronológica entre francés, occitano, catalán e italiano, como puede observarse en el cuadro del epígrafe anterior, que recoge la información de este diccionario. De todos modos, si se tienen en cuenta los datos recogidos del DECat. (s. v. bordell), ya es posible establecer dos grupos de lenguas (aunque sin demasiada distancia cronológica) por la mayor concreción del momento en que debe situarse la documentación francesa y por el adelanto de la catalana (a pesar de que la primera documentación sea un derivado): catalán y occitano (inicios s. XIII), y francés e italiano (fin s. XIII). Contribuye a esta partición que se propone la valoración del «arraigo» que, según el DECH, posee el préstamo en cada una de las lenguas. En este sentido, se descarta el italiano como posible lengua transmisora porque carece de la forma primitiva (bord) por lo que sería muy improbable su función como centro de expansión inicial. Si se dirige la atención hacia la forma francesa, se ha comprobado que «el fr. ant. bordel desapareció del uso hasta el S. XVII», dato que puede ––––––– 13

Para más información al respecto, cf. Prat Sabater (2003; 2005).

La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas

813

impedir que se configure como transmisor para el resto de lenguas. Estas observaciones corroboran que las lenguas catalana y occitana sean las transmisoras más probables para el español, que es lo que en este trabajo interesa. Sus respectivas primeras documentaciones son tempranas, ambas de inicios del siglo XIII (recordemos que el DECat. ha adelantado la del DECH) y, como se expresa en el DECat. (s. v. bordell), «l’àrea internacional del present tipus lèxic té el seu centre de popularitat màxima en occità i en català, i en gran part és des d’aquestes dues lengües que s’encomanà a les altres». La datación portuguesa es demasiado tardía (s. XV), por lo que más que lengua transmisora, debe considerarse receptora. La primera documentación española, según el DECH, es del siglo XIV por lo que se distancia considerablemente de la occitana y la catalana. Sin embargo, el CORDE la ha adelantado situándola a finales del siglo XIII, fecha equiparable a la del francés y el italiano. En español esta palabra no posee un uso habitual. Cabe destacar, además, que desde el punto de vista lingüístico, como se reconoce en el mismo DECH, resulta inexplicable la -u- de la forma española puesto que, según se concreta en el DECat. (s. v. bordell), «no pot ser ací degut a les evolucions fonètiques de la llengua originària». Especifica que quizá «hi hagué influència de l’adjectiu autòcton burdo ajudat pel mot indígena de la mateixa família, burdégano». Colón (1967: 169), en cambio, observa que «la -u- de la forma esp. tiene su correspondencia en el it. antiguo burdella, plural», y concluye, sin más comentario, que «dado que el fr. mod. bordel parece venir del occit. (¿o del it. bordello?), es probable que en esp. sea también occitanismo». No se han hallado más estudios acerca de esta palabra que puedan, por un lado, consolidar los datos cronológicos, y, por otro, dilucidar el inconveniente vocálico de la forma española. Aun prescindiendo de esta cuestión lingüística, es posible concluir que, a pesar de que las primeras documentaciones sean favorables a que las lenguas occitana y catalana sean las transmisoras para la lengua española (y prácticamente para el resto), la distancia cronológica entre todas ellas no es suficiente para presentarlo de forma indiscutible y menos para escoger entre occitano y catalán. Se precisa, por tanto, más investigación documental para que la argumentación cronológica del proceso de transmisión de burdel pueda resultar más sólida. Al inicio de la entrada lexicográfica de correo ‹el que tiene por oficio llevar la correspondencia›, en el DECH ya se advierte que se trata de un «término de civilización de carácter migratorio y de historia complicada» (s. v. correo). En el resumen etimológico, según puede comprobarse en el cuadro correspondiente (cf. §2), ya se propone un proceso de transmisión complejo puesto que son tres las lenguas que han intervenido: se ordena, como inmediato al español, el catalán (correu), seguido del occitano (corrieu) y, a continuación, del francés antiguo (corlieu). Tomando en consideración las primeras documentaciones de esta palabra en las diferentes lenguas, esta hipótesis presenta algunos problemas: como puede observarse en el cuadro documental del epígrafe anterior (§3), las formas catalana (correu: fin s. XII - principios s. XIII) y occitana (corrieu: s. XI) están lógicamente ordenadas en el proceso de transmisión. Sin embargo, en esta segunda lengua se documenta antes que en francés antiguo (corlieu: desde s. XII). En realidad, resulta complicado aceptar esta dirección inicial de transferencia (francés → occitano) por razones cronológicas, a menos que aceptemos el comentario de que en francés fue «seguramente anterior» (DECH, s. v. correo). La relación entre ambas lenguas se justifica por la posible

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Marta Prat Sabater

aparición de la forma francesa en un texto occitano (Girart de Rossilhon, s. XII), donde, sin más especificación, se afirma que formalmente «resultaba inexplicable».14 Este supuesto galicismo para el occitano, según se indica, se alteró en corrieu por influjo de córrer CURRERE; de ahí pasó, por una parte, a Italia, cambiándose en corriere debido a la rareza de la terminación (tal como oc. romieu ROMAEUS pasó a it. ant. y cast. romero); y, por otra parte, al cat. correu, que a su vez dió cast. correo y port. correio; finalmente olvidado ya en el Norte de Francia el arcaico corlieu, el idioma moderno tomó en préstamo la voz italiana, uno de tantos casos de «Rückwanderung» como notamos en esta gran comunidad lingüística que es la Romania (DECH, s. v. correo).

En cualquier caso, la documentación española es posterior a la catalana y occitana lo que convierte en aceptables estas lenguas como posibles transmisoras inmediatas. A pesar de que el CORDE haya permitido adelantarla un siglo (finales del s. XIV en lugar del XV), no propicia ningún tipo de alteración para el orden de transferencia. Si se acepta la «transparente» explicación lingüística que propone Coromines para el francés corlieu («cor lieu ‹corre-lugares›»), es preciso acelerar la investigación documental referente a esta palabra para aceptar, tanto desde el punto lingüístico como extralingüístico, el complejo proceso de transmisión propuesto.

5. Conclusiones A lo largo de este trabajo, ha podido comprobarse que no resulta menospreciable el empleo de las primeras documentaciones para confirmar la hipótesis de un determinado proceso de transmisión, sino que puede incluso llegar a ser esencial (correo). Las condiciones que conceden validez a este argumento cronológico son, por un lado, la consolidación de la hipótesis de transferencia por medio de criterios lingüísticos (fonéticos, morfológicos, semánticos..., o los que correspondan en cada caso), y, por otro, el hecho de poseer el máximo número de ejemplos textuales de diferentes épocas (cuanto más lejanas al presente, mejor). En el par de ejemplos, que en función del espacio de publicación concedido se han podido analizar (burdel y correo) y que deseamos ampliar en número en próximos trabajos, los avances en la investigación documental, no solo española, sino románica, en general, contribuirían a poder concretar la lengua transmisora más segura o incluso indiscutible para cada préstamo, en lugar de tener que conformarnos con ofrecer o aceptar propuestas de transferencia múltiple. Para el español, seguimos a la espera de un diccionario histórico completo. En este momento, estamos sin duda ansiosos de consultar los resultados del nuevo proyecto, que dirige el profesor J. A. Pascual, y que parece poseer, aparte de una calidad indiscutible, un término factible, a diferencia de los anteriores. ––––––– 14

El francés antiguo corlieu «en català i occità alterà la seva forma (incomprensible per al nostre poble) en correu, i des del català i occità es propagà després (en aqueixa forma alterada) a les llengües romàniques modernes» (DECat., s. v. correu).

La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas

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Referencias bibliográficas Clavería Nadal, Gloria (1999): La documentación en el diccionario etimológico. In: Blecua, José Manuel / Clavería, Gloria / Sánchez, Carlos / Torruella, Joan (edd.): Filología e Informática. Nuevas tecnologías en los estudios filológicos. Lleida: Milenio / Universitat Autònoma de Barcelona, 259-280. Colón, Germà (1967): Elementos constitutivos del español: occitanismos. In: Enciclopedia Lingüística Hispánica. Vol. 2. Madrid: CSIC, 153-192. CORDE = Real Academia Española. Banco de datos [en línea]: Corpus diacrónico del español. http://www.rae.es [agosto de 2007]. Coromines, Joan (1954-1957): Diccionario crítico etimológico de la lengua castellana (4 voll.). Madrid / Bern: Gredos / A. Francke A. G. DECat. = Coromines, Joan (1980-1991): Diccionari etimològic i complementari de la llengua catalana (9 voll.). Barcelona: Curial / La Caixa. DECH = Coromines, Joan / Pascual, José Antonio (1980-1991): Diccionario crítico etimológico castellano e hispánico (6 voll.). Madrid: Gredos. Prat Sabater, Marta (2003): Préstamos del catalán en el léxico español. URL: http://www.tdx.cesca.es/tdx-1114103-150818 [agosto de 2007]. Bellaterra: Universitat Autònoma de Barcelona. – (2005): La influència del català sobre el lèxic castellà: visió diacrònica. In: Llengua & Literatura 16, 363-387. Real Academia Española: Nuevo Tesoro Lexicográfico de la Lengua Española [en línea]. http://www.rae.es [agosto de 2007].

Natacha Reynaud Oudot

El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas

Este artículo se propone presentar el proyecto PILEI, Programa Interamericano de Lingüística y Enseñanza de Idiomas, y su utilización para realizar un estudio comparativo de léxico. A la hora de utilizar el corpus propuesto por el PILEI, cuyo objetivo es permitir una comparación entre la norma culta de varias ciudades, surgen muchas cuestiones e interrogantes, tanto positivas como negativas. Se trata de presentar aquí los aspectos más positivos en los que este corpus es útil, como los más problemáticos, proponiendo de hecho mejoras y explicitando lo que a nuestro juicio serían algunos fallos. Ilustraremos estos problemas y estas imprecisiones mediante ejemplos sacados de un análisis del campo léxico de la casa, en el que se comparan las denominaciones de Bogotá, San Juan de Puerto Rico, México DF y Madrid. El PILEI es un proyecto de estudio del habla culta de las principales ciudades de Hispanoamérica y España, que nació en 1964 en Bloomington. En esa ocasión, Juan Lope Blanch presentó un proyecto de estudio destinado a conocer el habla culta de las capitales hispanoamericanas y que tiene como finalidad analizar la fonología, la morfosintaxis y el léxico de la norma culta del español hablado en estas ciudades, que en la actualidad son las siguientes: Bogotá, Buenos Aires, Caracas, Córdoba (Argentina), La Habana, Lima, México, La Paz, Panamá, San José de Costa Rica, San Juan de Puerto Rico y Santiago de Chile en Hispanoamérica y Madrid, Granada, Las Palmas de Gran Canaria y Sevilla en España. Hasta ahora, sin embargo, no todos los proyectos se han llevado a cabo. En este texto tratamos exclusivamente de la parte del proyecto dedicada al léxico, que se presenta bajo forma de volúmenes que contienen el corpus recogido mediante un cuestionario de 4452 entradas divididas en veinte apartados: • • • • • • • • • •

el cuerpo humano la alimentación el vestuario la casa la familia y el ciclo de vida la salud la vida social y las diversiones la ciudad y el comercio los medios de comunicación la prensa, el cine, la televisión, la radio, el teatro y el circo

• • • • • • • • • •

el comercio exterior, la política nacional las profesiones y oficios el mundo financiero la enseñanza la iglesia la meteorología el tiempo cronológico el terreno los vegetales y la agricultura los animales y la ganadería

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Natacha Reynaud Oudot

Este cuestionario, que se presenta como una guía de preguntas, es un repertorio muy detallado de conceptos. En los volúmenes dedicados al léxico recogido aparecen el concepto y las ocurrencias, acompañadas por un número que indica la frecuencia de uso. Las listas léxicas publicadas deberían permitir y facilitar la comparación entre el léxico utilizado en las normas cultas de las diferentes ciudades en que se realizó la encuesta. Tal propuesta de permitir un trabajo lingüístico con acceso fácil a un corpus difícilmente recogible por un único investigador fue, de hecho, una meta muy novedosa y ambiciosa. Al trabajar con este corpus surgen, no obstante, muchos problemas y cuestiones que dificultan el trabajo y no permiten realmente una comparación ideal y exitosa. A continuación presentamos algunos puntos llamativos. Los ejemplos que proponemos para ilustrar las dudas y los problemas están extraídos de un análisis detallado del apartado casa de los corpus de Santafé de Bogotá, México DF, San Juan de Puerto Rico y Madrid. Este apartado contiene 370 conceptos (preguntas del cuestionario: 1072-1442), que abarcan la construcción (materiales, herramientas, trabajos, tipos), las partes de la casa y los objetos que se encuentran dentro de ella, las herramientas caseras, los habitantes de la casa y el alquiler. El primer interrogante que surge se encuentra ya en el título del programa: Proyecto de estudio del habla culta. Este planteamiento general causa un problema que va a tener consecuencias en el proyecto completo, puesto que nos podemos preguntar: ¿Qué es el habla culta?, ¿Puede ser considerada como una norma fija, que se pueda describir y definir con criterios rigurosos y aceptados por todos? En los textos que introducen los diferentes libros dedicados al corpus, no se trata este planteamiento general, ya que más bien se extienden en describir la manera de escoger a los informantes que van a ser los representantes de esta supuesta habla culta. Lope Blanch describe, en la introducción al tomo dedicado al español hablado en México, las características de estos informantes, aludiendo a las normas generales del Proyecto, que desgraciadamente no aparecen en los volúmenes publicados, lo que es un impedimento para los investigadores: Hombres y mujeres, representantes de tres generaciones sucesivas [...]; la pertenencia al ‹nivel culto› se determinó –de acuerdo con las normas generales del Proyecto– atendiendo a diversos factores: instrucción recibida por los informantes a través de estudios regulares o asistemáticos; profesión y ocupación; conocimiento de lenguas extranjeras; lecturas habituales; ambiente familiar y social; viajes y otras experiencias culturales. (Lope Blanch 1978: 8)

El cuestionario se aplicó a informantes, cuyo número no es el mismo en todas las ciudades (entre 12 y 25). Este número, tan variable, puede también suscitar interrogantes: ¿Es suficientemente representativo el número de 12 individuos que viven en una ciudad de millones de habitantes en que la multiculturalidad es enorme?, ¿Serán los criterios de selección de los informantes bastante precisos?, ¿Podemos pretender, basándonos en lo propuesto, hacer una generalización? El proyecto se centra de hecho en el habla culta urbana y no considera las hablas regionales, campesinas o rurales que también serían interesantes por cuanto tienen mayor léxico en determinadas áreas, como por ejemplo la agricultura, la naturaleza, la flora y la fauna o las herramientas. Sin embargo, podemos considerar que habría sido mucho más

El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas

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complejo y tal vez imposible interesarse por las hablas periféricas en un proyecto de tal envergadura y esto no habría permitido cumplir con los criterios básicos del proyecto, es decir, permitir y facilitar una comparación entre las variedades del español. Desde luego tanto un planteamiento general más preciso y con justificaciones y más detalles, como una información más amplia en la introducción de los volúmenes permitirían a los investigadores aprehender de manera más clara el léxico propuesto. Una única lista y descripción de los informantes por ciudad no nos parece suficiente para sacar conclusiones sobre qué es para los autores un informante culto y cómo definen el habla culta. El segundo punto que desarrollamos en este trabajo es de orden organizativo. La recolección de los datos y la publicación del léxico no se hicieron simultáneamente en los diferentes países, puesto que duró más de veinte años (México publicación del léxico en 1978, Lima publicación en 2002). Algunos países hasta hoy en día no han publicado su volumen y probablemente ya no lo van a hacer. Podemos cuestionar por lo tanto la validez de los datos en un estudio comparativo del léxico, que es la parte del lenguaje más sometida a modificaciones, que pueden ser relativamente rápidas. Otro problema de los corpora de algunas ciudades son las lagunas que aparecen en algunas entradas del cuestionario. Puerto Rico plantea en cuanto a esto muchos problemas, puesto que para numerosos conceptos no aparece ninguna voz, aunque parece ser un concepto muy sencillo, utilizado por todos. Por ejemplo los conceptos muro o somier: Concepto 1125 el muro

1278 el somier (tela metálica)

Bogotá paredes (19) muros (8) división (2) tapia (1)

Madrid el muro (8) la tapia (6) paredes (3) cerca (2) valla (1) somier (13) somier (14) colchón Pullmann (2) jergón (1) colchón resortado (2) anatómico (2) ø (2) +1

México Puerto Rico barda (20) muro (7) pared (2) muro divisorio (1) tambor (25)

No podemos creer que los puertorriqueños no sean capaces de denominar los objetos muro o somier. Además no aparece el signo ø que indicaría que los informantes no supieron contestar, signo en principio siempre acompañado por el número de personas. Este signo permite también verificar la validez del corpus:

––––––– 1

+: Significa que simplificamos los ejemplos del corpus, puesto que los informantes citan numerosas palabras con una frecuencia de uso muy baja (1).

820 Concepto 1281 el embozo de la sábana encimera (lo que se dobla)

Natacha Reynaud

Bogotá sobresábana (5) vuelta (2) doblez (2) embozo (1) cortesía (1) ø (14) Total informantes: 25

Madrid México Puerto Rico embozo de la cortesía (6) sábana (15) doblez (5) embozo (1) embozo (2) lo que sobra de la sábana (1) pechera (1) ø (10) Total Total informantes: Total informantes: 25 informantes:??2 16

En numerosos casos aparece una voz, pero el número de informantes no coincide, en particular en el corpus de Puerto Rico. Además los autores de San Juan no utilizaron en ninguna parte el signo usual para indicarlo (ø): Concepto 1148 el sótano

1247 el sillón

1276 el colchón

Bogotá sótano (24) semisótano (1) subterráneo (1) desván (1) sillón (16) poltrona (7) silla giratoria (2) silla de brazos (1) comóda (1) colchón (25) colchoneta (1)

Madrid sótano (14) bodega (4)

México sótano (25)

Puerto Rico sótano (3)

sillón (16) butacas (1)

sillón (25)

sillón (1)

colchón (15) colchón (25) colchón de lana (1)

matress (7)

No podemos saber, desde luego, si el resto de los informantes contestó la pregunta o no, si fue capaz de denominar el concepto o no, o si es un error. Algunas veces aparecen más ocurrencias que el número de informantes, puesto que los informantes pueden dar más de una respuesta. En la introducción menciona Humberto López Morales la falla puertorriqueña, sin dar explicación: «Del total de 4.452 puntos, 578 quedaron sin respuesta; es un altísimo porcentaje que sin duda obliga a un estudio monográfico» (López Morales 1986: 11). Podemos desde luego poner en cuestión el rigor y el valor del estudio del léxico puertorriqueño, que no permite realmente comparar las voces. No obstante sólo hemos estudiado los léxicos de Madrid, Bogotá, México y Puerto Rico, no podemos, desde luego, sacar conclusiones sobre la calidad de los volúmenes dedicados al léxico publicados en las otras ciudades. ––––––– 2

Se supone que en Puerto Rico entrevistaron a doce informantes para la encuesta.

El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas

821

El último punto que quisiera mencionar concierne el contenido del cuestionario, puesto que contiene algunas entradas que plantearon problemas a numerosos informantes. Una dificultad proviene del concepto que les fue propuesto a los informantes. Pueden observarse en el corpus unas voces que no parecen corresponder exactamente a lo que probablemente se quiso preguntar (y no sabemos aquí lo que se quiso preguntar exactamente): Concepto Bogotá 1166 el pavimento asfalto (18) pavimento (11)

Madrid suelo (13) piso (4) pavimento (3) baldosines (1) terrazo (1) sobresuelo (1) ø (1)

México piso (18) pavimento (6) suelo (2) firme (2)

Puerto Rico pavimento (5)

Si comparamos las respuestas, son numerosas y se confunden con las denominaciones de otros significados. El concepto es problemático, puesto que parece que en las diferentes ciudades no se pide o no se entiende la misma cosa (¿pavimento de calle, suelo en general, piso de la casa?). La pertinencia de este concepto puede ponerse en cuestión, ya que es muy vago y abierto, y deja a los informantes demasiada libertad en cuanto a la respuesta. No se pueden, desde luego, comparar los resultados obtenidos en un estudio contrastivo. Aparecen otros ejemplos, en los que no se pueden diferenciar dos conceptos, muy próximos, y que los informantes parecen utilizar sin distinción: Concepto 1256 el abrecartas

Bogotá cortapapel (17) abrecartas (5) estilete (1) cortador de papel (1) ø (1)

Madrid abrecartas (10) plegadera (6) abridor (2) abridor de cartas (1)

1257 la plegadera (utensilio para plegar y cortar papel)

cortapapel (12) plegadera (3) pisapapel (2) plegapapel (1) tijeras (1) ø (6)

plegadera (10) abrecartas (7) cortapapeles (2) abridor (1) cuchillo (1) ø (1)

México Puerto Rico abrecartas (10) abrecartas (3) plegadera (10) abridor (1) cortapapel (5) cuchillo abrecartas (1) abridor de cartas (1) plegadera (18) cortapapel (2) abridor de cartas (1) abrecartas (1) +

822 Concepto 1284 la colcha

1285 el cubrecama

Natacha Reynaud

Bogotá cubrelecho (20) edredón (6) cubrecama (4) colcha (2) sobrecama (2) cobertor (1) ø (1) cubrecama (11) sobrecama (5) edredón (3) cubrelecho (3) colcha (2) acolchado (1) ø (2)

1286 la sobrecama edredón (10) (acolchada) colcha (5) sobrecama (2) cubrecama (2) cubrelecho (2) ø (5) +

Madrid colcha (15) cubrecama (1) edredón (1)

México colcha (18) colchoneta (3) sobrecama (2) ø (4)

Puerto Rico colcha (8)

(el) cubrecama (5) colcha (4) edredón (2) colcha de encima (1) sobrecolcha (1) ø (4) colcha (4) edredón (3) cubrecama (1) ø (8)

colcha (20) cubrecama (4) sobrecama (3) ø (2)

cubrecama (1)

colcha (14) sobrecama (3) colchoneta (2) colcha ø (1) +

En ambos casos los informantes no son capaces de distinguir el sentido de los conceptos y de denominarlos con precisión. Para entender el por qué de tales problemas, sería útil saber exactamente lo que se les preguntó a los informantes para que evocasen el concepto. Sin embargo no fue posible encontrar el repertorio con las preguntas del cuestionario. Podemos de todos modos cuestionarnos sobre la pertinencia de muchos conceptos, que son muy vagos, abiertos, demasiado próximos o muy restrictivos y especializados: Concepto Bogotá 1076 el ayudante ayudante (15) (de albañil) ayudante de albañil (4) ayudante de albañilería (3) oficial (2) + 1077 el peón (de ayudante (11) albañil) obrero (8) peón (2) obrero raso (1) nungo (1) +

Madrid peón (9) ayudante de albañil (3) mozo (1) aprendiz (1) ø (2) + peón de albañil (12) aprendiz (2) albañil (1) maestro (1) ø (1)

México peón (10) ayudante de albañil (5) oficial (1) media cuchara (1) ø (8) + peón (12) ayudante (2) albañil (2) media cuchara (1) ø (2)

Puerto Rico

obrero (5) empleado (2) trabajador (2)

823

El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas

No podemos esperar de los informantes, que no están especializados en la construcción, que sean capaces de distinguir estas dos categorías de obreros o que conozcan las denominaciones de estas herramientas: Concepto 1092 la cumbrera

1093 la solera

1094 el cabrio

Bogotá ángulo (4) cumbrera (2) vigas (2) ø (7) + durmiente (8) viga (6) tablón (2) ø (4) + viga (7) columna (2) entremadero (1) ø (8) +

Madrid ø (16)

México cumbrera (3) mono (1) marco (1) ø (18)

solera (2) ø (14)

solera (11) trabe (1) cimbra (1) ø (10)

cabrio (1) ø (15)

andamio (2) cabrio (2) ø (21)

Puerto Rico 1092

Desde luego no parece útil proponer tales conceptos a informantes de habla culta no especializados, si esperamos obtener resultados utilizables en estudios comparativos. Lamentamos que el corpus presente esta tendencia a proponer un número muy alto de conceptos, quizá demasiado. Sería seguramente más interesante concentrarse en conceptos más generales y conocidos por todos y no extenderse por ejemplo en las herramientas, las clases de madera de construcción o los tipos de ropa de cama. Como acabamos de decir, es de lamentar el hecho de que no fuese fácil y evidente encontrar el repertorio del cuestionario con las preguntas que se les hicieron a los informantes para aludir a los conceptos y que este repertorio, o por lo menos una descripción de él, no se hallara en la introducción de los diferentes volúmenes. El conocimiento de la formulación exacta, si suponemos que fue la misma en todas las ciudades, facilitaría quizá el entendimiento de algunas ocurrencias algo curiosas, por ejemplo en el caso de pavimento, y permitiría a los investigadores realizar trabajos comparativos, cuyos resultados fueran más fiables. Quisiéramos destacar ahora algunos puntos positivos del proyecto PILEI, puesto que puede ser muy útil para numerosos trabajos. Es necesario, primero, subrayar y valorar el hecho de que facilita la realización de estudios comparativos, sin que el investigador tenga que pasar meses en recoger el corpus. Esto era sobre todo muy interesante en el siglo anterior, en que todavía no existían corpus online, que hoy en día facilitan mucho el trabajo y siempre son actualizados, como por ejemplo CORDE o CREA3 para el español o ––––––– 3

http://corpus.rae.es/cordenet.html y http://corpus.rae.es/creanet.html (consultados el 25.01.2008).

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Natacha Reynaud

COSMAS4 para el alemán, que permiten con rapidez y eficiencia hacer búsquedas y comparaciones. El PILEI fue a pesar de todo un proyecto muy ambicioso, tal vez demasiado, y sufre justamente de la diversidad y el tamaño del corpus que quiso proponer a los investigadores. De hecho, la calidad del corpus no es igual para todas las entradas del cuestionario: algunas partes proporcionan datos totalmente valiosos y otras mucho menos. Queremos añadir finalmente que el corpus fue relativamente poco utilizado en posteriores investigaciones, sobre todo en Hispanoamérica. Para concluir podemos subrayar el aspecto novedoso del proyecto, que, a pesar de las lagunas que contiene, fue un intento que tenemos que valorar. Sin embargo las fallas del cuestionario, la ambigüedad de numerosos conceptos o la cuestión del habla culta no permiten a los investigadores trabajar de manera óptima. Faltan datos e informaciones imprescindibles que los editores habrían tenido que incluir en los volúmenes de léxico. Finalmente destacamos no obstante otra vez el mérito del corpus, puesto que permite la realización de estudios comparativos que pueden contribuir a un conocimiento más preciso del léxico americano.

Bibliografía Corpus: De Torres Martínez, José C. (1981): Encuestas léxicas del habla culta de Madrid. Madrid: Consejo superior de investigaciones científicas / Instituto «Miguel de Cervantes». Lope Blanch, Juan M. (ed.) (1978): Léxico del habla culta de México. México: Universidad nacional autónoma de México. López Morales, Humberto (ed.) (1986): Léxico del habla culta de San Juan de Puerto Rico. San Juan de Puerto Rico: Academia puertorriqueña de la lengua española. Otálora de Fernández, Hilda (ed.) (1997): Léxico del habla culta de Santafé de Bogotá. Santafé de Bogotá: Instituto Caro y Cuervo.

Obras de referencia: Alvar Ezquerra, Manuel (ed.) (1987): Diccionario general ilustrado de la lengua española. Barcelona: Bibliograph. Buesa Oliver, Tomás / Enguita Utrilla, José María (1992): Léxico del español de América: su elemento patrimonial e indígena. Madrid: Mapfre. Corominas, Joan / Pascual, José A. (1980-1991): Diccionario crítico etimológico castellano e hispánico (6 voll.). Madrid: Gredos.

––––––– 4

http://www.ids-mannheim.de/kl/projekte/cosmas_I/ (consultado el 25.01.2008).

El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas

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Di Filippo, Mario Alario (1983): Lexicón de colombianismos. Bogotá: Banco de la República / Biblioteca Luis-Angel Arango. Haensch, Günther / Werner, Reinhold (1993): Nuevo diccionario de americanismos. Colombianismos. Vol. 3. Bogotá: Instituto Caro y Cuervo. Malaret, Augusto (1999): Vocabulario de Puerto Rico. Madrid: Arco Libros. Moliner, María (1989): Diccionario de uso del español (2 voll.). Madrid: Gredos. Moreno de Alba, José G. (1992): Diferencias léxicas entre España y América. Madrid: Mapfre. Morínigo, Marcos A. (1996): Diccionario de americanismos. Madrid: Muchnik. Ramos, Luis Fernando (1996): Diccionario del español usual en México. México: Colegio de México, Centro de estudios lingüísticos y literarios. Real Academia Española (1963-1964): Diccionario de Autoridades. Madrid: Gredos. – (222001): Diccionario de la lengua española. Madrid: Espasa Calpe. Richard, Renaud (ed.) (1997): Diccionario de hispanoamericanismos no recogidos por la Real Academia (formas homónimas, polisémicas, y otras derivaciones morfosemánticas). Madrid: Cátedra. Sala, Marius (ed.) (1982): El español de América. Léxico (2 voll.). Bogotá: Instituto Caro y Cuervo. Santamaría, Francisco J. (1992): Diccionario de mejicanismos: razonado, comprobado con citas de autoridades, comparado con el de americanismos y con los vocabularios provinciales de los más distinguidos diccionaristas hispanoamericanos. Méjico [sic]: Porrúa. Steel, Brian (1999): Breve diccionario de americanismos. Madrid: Arco Libros.

Fabio Rossi

Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950 (LesMu)

1. Dati del prodotto Il prodotto multimediale che si intende qui presentare è un cofanetto comprendente un dizionario di terminologia musicale in CD-ROM e un manuale di navigazione (bilingue: italiano e inglese) contenente anche una bibliografia delle fonti spogliate e le indicazioni di metodo sulla scelta del lemmario e sull’uso dei vari campi di ciascuna scheda. Il titolo del prodotto è Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950, d’ora in avanti LesMu, appena pubblicato (gennaio 2008) presso l’editore Franco Cesati di Firenze. I responsabili dell’opera sono i musicologi Fiamma Nicolodi e Renato Di Benedetto, il filologo e storico della lingua Paolo Trovato, con la collaborazione del musicologo Luca Aversano e dello storico della lingua che qui scrive. La parte informatica è stata curata da Eugenio Picchi, autore del programma DBT (Data Base Testuale) strutturato (vale a dire interrogabile per campi, a differenza del DBT già noto per la LIZ), e da Elisabetta Marinai. All’opera, di lunghissima gestazione (dal 1989), hanno collaborato in totale sessanta tra musicologi, linguisti, informatici e digitatori. L’estensione del corpus del LesMu non è enorme, se si pensa a corpora e repository full text, che oggi assommano tranquillamente a varie decine di milioni di parole. È elevata, invece, se comparata a corpora strutturati, annotati o lemmatizzati, quali ad es. i vocabolari di frequenza (LIF, LIP), che raramente superano il mezzo milione di unità. Come si vedrà in seguito, noi abbiamo voluto porci proprio su un terreno intermedio tra repository di ampie dimensioni, interamente interrogabile ma privo di valore aggiunto (senza definizioni, note, ecc.), e dizionario enciclopedico, con un certo spazio dedicato all’approfondimento critico dei lemmi più complessi. Il LesMu contiene 22.500 schede lessicografiche, ciascuna articolata in un massimo di 29 campi. Il totale delle parole (token) comprese nel corpus è 3.600.000; il numero dei lemmi schedati è 8.000. La banca dati contiene anche 2.000 immagini. Le opere spogliate sono in tutto 800.

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2. Esempio di scheda Come abbiamo già anticipato, il LesMu non è una base dati full text1, vale a dire che le opere schedate non sono state trascritte (o scannerizzate) per intero, bensì scomposte in porzioni di contesto significative atte a documentare l’uso di un determinato lemma in una determinata scheda. Naturalmente, specie per le opere più interessanti, sono state tratte numerose schede, mettendo insieme le quali, dunque, spesso si ottiene almeno il 70% del testo integrale. Ogni scheda ha campi obbligatori corrispondenti alla definizione, alle indicazioni grammaticali e ai riferimenti bibliografici relativi al contesto (o testo schedato). Quest’ultimo è talora breve (sempre, peraltro, più lungo degli esempi contenuti nei normali dizionari storici), ma può anche essere estremamente lungo e occupare più schermate. La diversa estensione del contesto varia secondo la scelta dello schedatore e, ovviamente, le peculiarità del testo schedato. Vediamo subito un esempio di scheda.

Vediamo ora in dettaglio i 29 campi, non necessariamente tutti presenti, di cui può, al massimo, essere composta una scheda LesMu: 1. Lemma 2. Accezione lemma ––––––– 1

Come per es., nell’ambito musicologico, quella dei Saggi musicali italiani. A Database for Texts on Music Theory and Aesthetics (http://www.chmtl.indiana.edu/smi/).

Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950 (LesMu)

3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

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Autore Data – Lemma – Numero di immissione Titolo Secolo Genere [trattato, romanzo, libretto e simili] Forma [la parola così come compare nel contesto, nella sua forma non tipizzata] Categoria grammaticale Alterato [nel caso in cui la definizione si riferisca a un diminutivo, a un accrescitivo, ecc., presente nel contesto: per es. scaletta, lemmatizzato come scala] 11. Locuzione / In locuzione [nel caso in cui la definizione si riferisca a una polirematica presente nel contesto: per es. basso continuo, lemmatizzato come basso] 12. Definizione 13. Sinonimi [solo se presenti nell’opera schedata] 14. Contrari [c.s.] 15. Destinatario [solo in caso di lettere] 16. Note [ogni informazione utile sulla definizione, sull’autore o sul contesto schedato] 17. Bibliografia [utile all’approfondimento di dati relativi alla definizione, all’autore o al contesto schedato] 18. Altri lemmi [termini o espressioni interessanti eventualmente presenti nel medesimo contesto schedato] 19. In [in caso di saggio contenuto in opera miscellanea, rivista o simili] 20. Annata [di rivista] 21. A cura di [curatore di raccolte di saggi] 22. Luogo anno [di edizione] 23. Editore 24. Pagine limite [nel caso di saggi contenuti in raccolte o riviste] 25. Data [di composizione del testo] 26. Lingua [italiano o latino] 27. Contesto [porzione di testo schedata] 28. Pagine [effettivamente schedate] 29. Schedatore Come al solito, la compilazione di un dizionario, lungi dal rimanere confinata entro i ranghi della lessicografia e della linguistica applicata, deborda necessariamente nella grammatica e nella linguistica teorica, inducendo a ritagliare porzioni di realtà. È il caso del campo Categoria grammaticale, nel quale, per es., abbiamo deciso di limitare il più possibile la dizione, spesso usata in modo opaco e improprio, di verbo riflessivo e di estendere quella, a nostro giudizio meno marcata e più corretta, di verbo pronominale. Più estesa rispetto all’usuale è anche la categoria di verbo sostantivato. Ma non è questa la sede per approfondire simili nozioni.

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3. Fonti schedate Abbiamo spogliato ottocento opere significative nella storia della musica, dai trattati ai libretti, dagli epistolari agli articoli, dalle recensioni alla narrativa d’argomento musicale. Abbiamo privilegiato quei testi che fornissero un qualche interesse dal punto di vista lessicale, vuoi per la documentazione di terminologia tecnica, vuoi per gli usi gergali o regionali, vuoi perché si trattava di testi antichi o poco noti. L’elenco completo delle fonti schedate è reperibile sia nel manuale d’accompagnamento al CD, sia all’interno del CD stesso, richiamabile da ciascuna scheda. Posizionandosi, per es., in una scheda tratta dall’autore Pietro Aaron, è possibile, con un click destro del mouse, richiamare la schermata con le opere di Aaron schedate, e, da queste, passare all’intera bibliografia del LesMu, ordinabile sia alfabeticamente per autore, sia per data di stesura. Non abbiamo schedato manoscritti, poiché ci siamo prefissi come terminus post quem la nascita della stampa, a partire dal primo trattato musicale noto: Francesco Caza, Tractato vulgare de canto figurato, Milano, Pachel, 1492. Abbiamo fatto un’eccezione per il manoscritto anonimo Trattato musicale di Vercelli, 1420-1447, perché recentemente edito (Un inedito trattato musicale del Medioevo. Vercelli, Biblioteca Agnesiana, cod. 11, a cura di A. Cornagliotti, M. Caraci Vela, Firenze, Sismel-Edizioni del Galluzzo, 1998), particolarmente interessante dal punto di vista lessicale. Dei pochi trattati d’epoca anteriore (J. Da Bologna, L’arte del biscanto misurato [sec. XIV], Firenze, Biblioteca MediceoLaurenziana, ms. Redi 71, cc. 41v-48v, in P.P. Scattolin, I trattati teorici di Jacopo da Bologna e Paolo da Firenze, in Quadrivium 15, 1, 1974, 9-79; Anonimo, Notitia del valore delle note del canto misurato [sec. XIV], Firenze, Biblioteca Mediceo-Laurenziana, cc. 13r23v, ed. a cura di A. Carapetyan, Roma, American Institute of Musicology, 1957; A. De Leno, Regulae de contrapunto [secc. XIV-XV], Venezia, Biblioteca Nazionale Marciana, lat. Z. 336, cc. 51v-64r, in C.E.H. De Coussemaker, Scriptorum de musica medii aevi novam seriem, 4 voll., Paris, Durand, 1864, vol. III, 307-328; G. Spataro, Honesta defensio [1491], in C. Vela, Materiali per la datazione di termini musicali (1491-1508), in Italica et Romanica. Festschrift für Max Pfister zum 65. Geburtstag, a cura di G. Holtus, J. Kramer, E. Schweickard, Tübingen, Niemeyer, 1997, 383-390), anche se non schedati, abbiamo comunque tenuto conto nelle note, indicando, di volta in volta, le eventuali prime attestazioni dei termini. Nel campo Note, infatti, abbiamo spesso segnalato la prima attestazione del lemma, anche qualora assente nel LesMu e presente in opere manoscritte modernamente edite. Benché la rincorsa alla prima attestazione non sia stata l’obiettivo primario del nostro lavoro, cionondimeno abbiamo fatto qualche scoperta, in questo campo, com’è per es. il caso di congiunzione semplice (‹intervallo compreso nell’ambito di un’ottava›) o di madrigale, entrambi schedati da noi nella prima attestazione finora nota, reperita nel citato Trattato musicale di Vercelli (1420-1447). L’elenco delle nostre prime attestazioni è facilmente reperibile mediante la ricerca della parola attestazione nel campo Note. Nonostante la vocazione alla sintesi del nostro LesMu, in casi specifici, per lemmi particolarmente rilevanti, per la loro polisemia, per l’evoluzione dei concetti che rappresentano e per le polemiche suscitate nei secoli tra gli studiosi, abbiamo sentito l’esigenza di fare chiarezza in un ambito lessicale e semantico assai complicato, quando

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non confuso, optando per definizioni e note il meno possibile ambigue. Ecco perché in talune schede armonia, modo, tono, tropo, ecc., abbiamo largheggiato nei campi Definizione, Note e Bibliografia. Tra le riviste, abbiamo ridotto lo spoglio a specimina significativi (alcune annate) di importanti testate otto-novecentesche (Gazzetta musicale di Milano, Rivista musicale italiana, La rassegna musicale, ecc.). Come terminus ante quem abbiamo scelto più o meno la metà degli anni Sessanta del Novecento, con sporadiche puntate agli anni successivi. Abbiamo cioè interrotto lo spoglio prima dello sviluppo della musica elettronica, della diffusione di massa della musica popolare e dell’enorme proliferazione di pubblicazioni di carattere musicologico. Molte schede del LesMu contengono anche un collegamento ipertestuale ad un’immagine scannerizzata del testo schedato. Può trattarsi di esempi musicali, di strumenti o di altro. Le immagini sono le uniche parti del testo ad essere state acquisite con lo scanner. Tutto il resto è stato trascritto manualmente, secondo criteri tendenzialmente conservativi sia nell’ortografia, sia nel corredo paragrafematico. Abbiamo distinto la u dalla v; normalizzato l’uso delle maiuscole e della segmentazione delle parole; eliminato gli acapo; ammodernato gli accenti.

4. Funzioni di ricerca Ad apertura del CD, si apre una mascherina di ricerca che consente di reperire, in tutti i campi o in campi preselezionati, una parola intera, oppure, grazie alla funzione del carattere jolly asterisco (*), una parte di parola, come un prefisso o un suffisso. Quest’ultima funzione è assai utile, per es. per saggiare il grado di accettazione e di stabilizzazione nell’uso di determinati nomi (anche propri) usati come derivati e scoprire pertanto le polemiche da essi suscitate. Si veda per es. un lemma come tristanismo, così definito: «adozione degli stilemi espressivi tipici del Tristan und Isolde di Wagner».

4.1 Polirematiche Un’altra funzione utile è quella della ricerca delle locuzioni. Circa un terzo delle schede del LesMu è costituito da locuzioni, espressioni, composti e simili. Questa ricchezza è in linea con gli ultimi orientamenti della linguistica e della nostra lessicografia (DELI, DISC, GRADIT, LEI), che assegnano alle polirematiche un ruolo essenziale (e fino ad ora negletto) nella compilazione dei vocabolari, e soprattutto di quelli settoriali che, tradizionalmente, trascurano la fraseologia.2 L’insieme delle espressioni (polirematiche, espressioni idiomatiche, locuzioni, collocazioni) schedate nel LesMu (oltre seimila) può essere reperito ricercando * nel campo ––––––– 2

Sull’utilità della lessicografia elettronica per il reperimento delle polirematiche cf. Lenci / Montemagni / Pirrelli (2005: 188-208) e Serianni (2006: 47, 55).

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Locuzione. Il campo In locuzione consente, invece, di reperire qualunque parola singola coinvolta in una locuzione (per es. collaterale in accordo collaterale di settima). Tuttavia, il numero complessivo delle collocazioni (o «sequenze di due o più parole caratterizzate da un forte legame di associazione reciproca»3) presenti nel nostro corpus supera di gran lunga, com’è facilmente comprensibile, quello dei sintagmi schedati nel campo Locuzione. Se, infatti, il lessico di ogni lingua naturale tende a strutturarsi in cooccorrenze e rapporti di solidarietà semantica4, ciò vale anche per molti lessici specialistici, come quello musicologico, fin dalle sue origini incline forse più alle espressioni che ai singoli termini.5 Per ricercare simili associazioni lessicali il DBT sembra lo strumento più adeguato, data la sua nota flessibilità. Così come per LIZ, infatti, il programma dispone della funzione ‹famiglia di parole›. Una volta ricercato un elenco di singole forme, in qualsiasi campo, l’utente può stabilire di ricercarne due o più in associazione, scegliendone sia la distanza (espressa a numero di parole interposte tra una forma e l’altra) sia la sequenza (per es.: basso buffo o buffo basso o entrambe). In questo modo è possibile combinare anche campi diversi, per es. per cercare la parola nota soltanto in testi secenteschi o di Vincenzo Galilei. All’interno della classe delle collocazioni sono comprese sia le espressioni completamente tecnificate (a cappella), sia le costruzioni a verbo supporto (dare soddisfazione, fare passaggi ‹vocalizzare›, fare transito ‹modulare›), tanto i nomi propri composti (Lino d’Amburgo ‹antonomasia per Händel›), quanto gli idiomatismi (fare fiasco) e anche i complementi tipici di un verbo (abbassare la voce). A proposito di questi ultimi, già più di vent’anni or sono Elio Durante e Anna Martellotti hanno mostrato l’utilità, per la storia della musica e della prassi esecutiva, dello studio delle reggenze di verbi come cantare e suonare (Ø, nel, sul, ecc.).6

4.2 Ordinamento Dopo aver ricercato una forma nell’apposita mascherina iniziale, il programma visualizza l’elenco delle schede (intitolate mediante data + lemma + numero di immissione) nelle quali compare la forma suddetta. Tale elenco è disposto, di default, in ordine cronologico, in base alla data di stesura dell’opera (campo Data). È tuttavia possibile, con un click destro del mouse, convertire l’ordine cronologico in ordine per accezione (campo Accezione, contenente il lemma seguito da un numero, ed eventualmente una lettera, atti a distinguere tra loro le diverse definizioni di uno stesso lemma ed eventualmente, la lettera, le diverse schede aventi la medesima definizione), disponendo pertanto le schede in modo tale da accorpare quelle che hanno stessa definizione ma contesto diverso. Può anche darsi il caso di una parola (per es. alto o cantabile) che figuri in più d’una categoria grammaticale. In casi simili, accanto alla parola-lemma (e accezione) comparirà un numero da 1 a 3 tra parentesi tonde: per es., alto (1 agg.), alto (2 sost.), alto (3 avv.). Il numero ––––––– 3 4

5 6

Lenci / Montemagni / Pirrelli (2005: 196). L’importanza della cooccorrenza è stata studiata, negli ultimi anni, soprattutto da Douglas Biber e dai suoi collaboratori (Biber / Conrad / Reppen 1998; Reppen / Fitzmaurice / Biber 2002). Per le caratteristiche del lessico musicologico mi permetto di rinviare a Rossi (1994; 1996). Cf. Durante / Martellotti (1985).

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(equivalente dunque alla cifra in esponente presente nei vocabolari cartacei, nei casi di omonimia) consente l’ordinamento delle diverse accezioni, nell’ambito di ciascuna categoria grammaticale. Le due immagini seguenti mostrano, rispettivamente, l’ordinamento cronologico e quello per accezione delle schede alto.

Nell’ordinamento per accezioni, un problema particolarmente spinoso è costituito dalla sistemazione delle locuzioni, che non sempre si prestano agevolmente ad essere disposte sotto accezioni determinate del lemma singolo. È questo uno dei tanti paradossi del lessico delle lingue storico-naturali: una parola in locuzione da un lato si specializza, dall’altro perde la possibilità di essere attribuita con certezza alle diverse accezioni del lemma singolo. Per evitare lo spiacevole doppio trattamento di alcuni dizionari, come il GDLI, che inseriscono talune polirematiche sotto le singole accezioni, talaltre alla fine del lemma, rendendo così particolarmente faticosa la consultazione di voci lunghe e strutturate,

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abbiamo optato per collocare, in ordine alfabetico, tutte le locuzioni alla fine della normale scansione delle accezioni del lemma singolo. Si veda per es. il nostro lemma aria, schedato ben 125 volte. Al termine delle accezioni facenti capo al lemma singolo (8 accezioni per un totale di 51 schede) e poi a tutte le locuzioni (fino alla numero 56), vengono elencati gli alterati in ordine alfabetico (ariaccia, arietta, ariettina arione), in seguito ai quali compaiono le locuzioni con alterato (arietta da battello, arietta da teatro, arietta di antitesi, arietta parlante, tutti subito dopo arietta). Il reperimento di locuzioni e alterati è agevolato anche dal fatto che il programma segnala queste forme premettendo loro (nei campi Lemma e Accezione) L (per le locuzioni), A (per gli alterati) o AL (per le locuzioni contenenti un alterato). Ma vediamo un esempio di incongruenza nel trattamento delle polirematiche nel GDLI: perché s.v. fresco 1 sostantivo alcune espressioni sono riportate sotto le accezioni 31 (‹temperatura›: per il fresco, sul fresco) e 33 (‹prigione›: essere, mettere o tenere al fresco ‹in prigione›) e altre, del tutto simili nella struttura, sotto l’accezione 37 dedicata alle locuzioni sia letterali sia metaforiche (di fresco, mettere al fresco, stare fresco, ecc.)? Non regge qui la pur labile distinzione tra locuzione, più grammaticalizzata, ed espressione, più lessicale, del resto, peraltro, mai resa esplicita, sebbene deducibile dagli esempi, dai compilatori del vocabolario.

5. Finalità del LesMu Non abbiamo tentato in alcun modo di sovrapporci ai tradizionali strumenti lessicografici finora utilizzati in ambito musicologico (dal DEUMM al Grove al MGG). Proprio per questo, le nostre definizioni sono, di norma, assai sintetiche e tarate sul contesto schedato, non astratte né deduttive bensì induttive.7 Il LesMu intende semmai fornire, grazie agli ampli contesti riportati per ciascun lemma, documentazione di materiale finora poco noto e accezioni finora trascurate anche dagli addetti ai lavori. Infatti opere quali le recensioni di Eugenio Montale, le novelle di Collodi, le memorie dei cantanti o gli epistolari dei compositori erano state finora pressoché trascurate dalla lessicografia musicologica, interessata esclusivamente ai termini tecnici, oppure alla storia delle idee (come l’ottimo HMT e il recentissimo Borio / Gentili 2007). Abbiamo tentato di far emergere, dunque, non tanto i tecnicismi specifici quanto quelli collaterali8, le espressioni gergali o anche gli usi personali, quando non idiosincratici, di singoli autori e correnti. La scelta del lemmario non è stata fatta a tavolino, ma ricavata dai gusti e dalle competenze dei singoli schedatori, anche se, ovviamente, collegialmente ridiscussa più volte. A scongiurare il rischio di escludere termini importanti hanno contribuito tanto la presenza del campo Altri lemmi, quanto, soprattutto, la possibilità di interrogare i campi Contesto, spesso, come s’è visto, decisamente estesi. La ricerca del ––––––– 7

8

Vale a dire che le nostre definizioni sono tutte corpus-driven, più che corpus-based (cf. Chiari 2007: 41-42). Secondo la nota distinzione delineata da Serianni (1989: 102-109).

Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950 (LesMu)

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gergale, del non già inventariato, del peregrino motiva la lemmatizzazione di espressioni quali daltonismo armonico, elefantiasi interpretativa o farmacista della musica. D’altro canto, l’elevato numero delle forme presenti nel corpus e l’ampiezza dell’arco cronologico rendono la banca dati preziosa anche per linguisti e storici della lingua, i quali, attraverso ricerche incrociate, possono reperirvi informazioni sulla formazione delle parole (le già commentate ricerche per prefissi e suffissi), sulle reggenze verbali, ecc. L’uso di marche atte a individuare gli usi traslati dei lemmi (da galanteria a mano, da piccionaia a tessitura), la presenza di campi adibiti all’elencazione di sinonimi e contrari e la funzione che permette di disporre le schede in ordine sia cronologico sia di accezione consentono anche di esemplificare alcune delle caratteristiche salienti del sottocodice musicologico, quali la spiccata tendenza alla polisemia (si pensi alle numerosissime accezioni di aria, canto, modo, tono, voce), alla sinonimia e all’uso metaforico dei termini.9 Riguardo a quest’ultimo, per reperire tutti gli usi traslati dei lemmi del LesMu, basterà ricercare l’abbreviazione fig nel campo Definizione. Analogamente dicasi per meton (per le metonimie), sinedd (sineddochi) e anton. (antonomasie). In conclusione, in accordo con le ultime acquisizioni della linguistica computazionale, della statistica linguistica e della linguistica dei corpora10, crediamo che l’utilità principale del LesMu risieda nell’estensione del campione schedato più che in quella del lemmario e quindi nella libertà della ricerca consentita proprio dalla varietà e dalle dimensioni del corpus, oltreché dall’estrema flessibilità del programma DBT strutturato. Si potrà obiettare che innumerevoli sono le assenze nel nostro lemmario, da voci organologiche ad altre relative all’estetica musicale. Oltre alle precisazioni già fatte sulla non equiparabilità del LesMu a un dizionario specializzato, basterà qui rispondere che, a parziale risarcimento di quelle lacune, contribuirà la possibilità di rispondere a domande su locuzioni e costrutti, prima d’ora inesistente, nel panorama musicologico, per via dell’assenza di un vasto corpus interrogabile di testi musicali e musicologici in senso lato.

Bibliografia Biber, Douglas / Conrad, Susan / Reppen, Randi (1998): Corpus linguistics: Investigating language structure and use. Cambridge: Cambridge University Press. Borio, Gianmario / Gentili, Carlo (edd.) (2007): Storia dei concetti musicali (2 voll.). Roma: Carocci. Chiari, Isabella (2007): Introduzione alla linguistica computazionale. Roma / Bari: Laterza. DEUMM = Basso, Alberto (1983-1988): Dizionario enciclopedico universale della musica e dei musicisti. Torino: UTET. Durante, Elio / Martellotti, Anna (1985): Terminorum musicae diffinitiones, ovvero puntualizzazioni sul lessico musicale del tardo Rinascimento e del Barocco. In: Annali della Facoltà di Lingue e Letterature straniere dell’Università di Bari 6 (3a serie), 147-170.

––––––– 9 10

Cf. Rossi (2002). Oltre ai riferimenti già citati, si vedano almeno Rossini Favretti 2000, Spina 2001 e Nuccorini 2002.

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Grove = Sadie, Stanley (ed.) (2001): The new Grove dictionary of music and musicians. London: Macmillan. HMT = Eggebrecht, Hans Heinrich (1972-2006): Handwörterbuch der musikalischen Terminologie. Stuttgart: Steiner. Lenci, Alessandro / Montemagni, Simonetta / Pirrelli, Vito (2005): Testo e computer. Elementi di linguistica computazionale. Roma: Carocci. LIF = Bortolini, Umberta / Tagliavini, Carlo / Zampolli, Antonio (1971): Lessico di frequenza della lingua italiana contemporanea. Milano: IBM. LIP = De Mauro, Tullio et al. (1993): Lessico di frequenza dell’italiano parlato. Milano: Etaslibri. MGG = Finscher, Ludwig (ed.) (1994-1998): Die Musik in Geschichte und Gegenwart. Allgemeine Enzyklopädie der Musik. Sachteil. Kassel / Basel: Bärenreiter. Nuccorini, Stefania (ed.) (2002): Phrases and Phraseology. Data and Descriptions. Bern: Lang. Reppen, Randi / Fitzmaurice, Susan M. / Biber, Douglas (edd.) (2002): Using corpora to explore linguistic variation. Amsterdam: John Benjamins. Rossi, Fabio (1994): La polisemia nel lessico della trattatistica musicale italiana cinquecentesca. In: Studi di lessicografia italiana 12, 73-121. – (1996): Qualche problema di lessicografia e di lessicologia musicali. In: Nicolodi, Fiamma / Trovato, Paolo (edd.): Tra le note. Studi di lessicologia musicale. Firenze: Cadmo, 1-21. – (2002): Tra musica e non-musica: le metafore nel lessico musicale italiano. In: Musica e storia 10, 101-137. Rossini Favretti, Rema (ed.) (2000): Linguistica e informatica. Corpora, multimedialità e percorsi di apprendimento. Roma: Bulzoni. Serianni, Luca (1989): Saggi di storia linguistica italiana. Napoli: Morano. – (2006): Gli archivi elettronici e la lessicografia storica. In: Schweickard, Wolfgang (ed.): Nuovi media e lessicografia storica. Atti del colloquio in occasione del settantesimo compleanno di Max Pfister. Tübingen: Niemeyer, 41-58. Spina, Stefania (2001): Fare i conti con le parole. Introduzione alla linguistica dei corpora. Perugia: Guerra.

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Il Cartulario del Monastero di Conversano. Lessico e stratigrafia linguistica*

1. Premessa Il ventesimo volume del Codice Diplomatico pubblicato dalla Società di Storia Patria per la Puglia rappresenta per più rispetti un punto di svolta, sancito apertamente anche dal cambiamento del nome della collana da Barese a Pugliese per sottolinearne il maggiore respiro. Cambia però anche la linea editoriale della collana, caratterizzata a partire da questo volume da un più attento esame filologico dei testi. Ciò rappresenta, per chi legge i fatti con la prospettiva della storia della lingua, un elemento decisivo per l’utilizzazione di questi preziosi documenti, che sono –è bene ricordarlo– l’unica testimonianza di una fase linguistica in cui il volgare non è ancora scritto come sistema, almeno in quest’area. I documenti di cui ci occupiamo sono stati pubblicati due volte. La prima edizione, risalente al 1892, si deve a un sacerdote, Domenico Morea. L’edizione dei testi non è impeccabile, ma il lavoro storico dell’erudito è assai notevole e va in molti casi recuperato senza moralismi. Numerosi sono gli errori di trascrizione e di interpretazione, come si deduce dal confronto con la successiva edizione del 1975, dovuta a Giuseppe Coniglio. Questa volta l’edizione è ottima, emendabile a nostro avviso solo in pochi punti in cui la conoscenza del lessico della cultura materiale avrebbe certamente consentito all’editore soluzioni migliori. Facciamo un paio di esempi, il primo probabile e il secondo sicuro. La lettura di sangumam nel passo «reticellam sangumam bonam novam» (Monopoli 1226, CDPugl XX, §174), già del Morea ma confermata nell’ed. Coniglio 1975, è a nostro avviso sospetta; proponiamo l’alternativa sanguinam, che restituirebbe un senso al passo ‹reticella rosso vivo›. Nel secondo caso non ci sono invece dubbi che il passo «et una cala vellata nova, et una menata1 cala» (Conversano 1110, CDPugl XX, §64), su cui di nuovo l’ed. Morea 1892 e l’ed. Coniglio 1975 concordano, contenga un errore di lettura. Il misterioso cala va in realtà letto caia, che significa ‹cuffia›, come in numerosi esempi non solo pugliesi ma anche campani. Il passo significa quindi ‹e una cuffia di velluto nuova e una usata›. Al di là dell’errore di lettura, l’esempio ci induce a ribadire ancora una volta, con Vincenzo Valente (1978), che le competenze coinvolte in un lavoro del genere devono essere molteplici ––––––– *

1

Il paragrafo 1 è da attribuire ai due autori, il paragrafo 2 a Michela Russo, il paragrafo 3 a Marcello Aprile. ‹usata›.

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(quella dei paleografi e degli storici della lingua, ma anche quella degli archeologi medievalisti, degli storici del diritto e degli storici tout court). Al di là di qualche margine di miglioramento, l’edizione Coniglio è di ottima qualità e ci consente di servirci senza esitazioni dell’abbondantissimo materiale fornito dalle pergamene del Monastero benedettino di Conversano, le più antiche della Puglia. La prima risale al 901 (periodo greco, nell’impero Leone), prima ancora della fondazione del Monastero, che va collocata tra gennaio e settembre del 957. L’ultima è del 10 dicembre 1265, regnante Manfredi. Si tratta quindi di documenti che coprono un arco temporale ampio, di oltre tre secoli e mezzo, in cui si succedono tre dominazioni diverse, bizantina, normanna e sveva. Un ulteriore volume, che coprisse la successiva dominazione angioina, era stato promesso ma purtroppo non è mai stato realizzato; dobbiamo quindi considerare ancora, per le carte residue, la vecchia edizione Morea e non disponiamo di alcun glossario per il lessico medievale. Le vicende storiche del monastero sono accuratamente ricostruite dal curatore nella parte introduttiva [V-LX] e consentono di rinviare senz’altro a questo studio per ogni approfondimento. Data l’importanza del corpus, che raccoglie le testimonianze scritte originali più antiche del Medio Evo pugliese, è sembrato opportuno sottoporre queste carte a spoglio linguistico. Il territorio interessato è relativamente ampio: Conversano era un centro strategico importante, perché permetteva di controllare la via interna che metteva in comunicazione l’Adriatico col Tirreno. Comprendeva un’ampia striscia, alle spalle di Polignano e Monopoli ed era costituita approssimativamente dai territori degli attuali comuni di Conversano e Castellana, che dovevano includere ampi possessi demaniali, molto spesso spopolati ed incolti (Coniglio 1975: VI).

2. Elementi lessicali, polimorfia e stratigrafia locale L’importanza di questi documenti è tale che ben due di essi (su 23 provenienti da tutta la penisola) sono stati scelti da Francesco Sabatini per un memorabile lavoro del 1965 su esigenze di realismo e dislocazione morfologica in testi che anticipano e preparano l’apparizione di testimonianze romanze (Sabatini 1965 / 1996: 111). Quanto all’indagine lessicale, diamo solo un limitatissimo saggio dell’interesse che questi testi possono assumere nel quadro di un’indagine sistematica sulla concezione del territorio e sulla cultura materiale del Medio Evo. Per quanto riguarda il territorio, lo spazio agricolo e la vegetazione abbiamo preziose testimonianze di parole; in particolare, quanto alla conformazione del terreno citiamo con allotropia del genere la coppia mediolatina clausuria / clausoria (e la forma dissimilata clisuria) ‹recinzione di un appezzamento coltivato (di solito albereto di ulivi o mandorli)› oppure per metonimia ‹appezzamento

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recintato e coltivato› / clausorium, i cui allotropi rimandano al tipo latino medievale clausura (clausura vinearum, clausura olivarum):2 in loco qui dicitur [Ca]stellano, in ipsa clausuria ubi Castelione dicitur (Monopoli 905, CDPugl XX, §2); et dare nobis in vicaria ipsa clausuria sua in loco Seda, qui bocatur clausuria Ianniperti (Conversano 915, CDPugl XX, §4); in sorte atvenit integra ipsa clausuria cum ipsa curte que vocatur da ipso Grabilione ([Castellana] 916 (?),CDPugl XX, §5)

e anche clausuria dominica ‹chiusura demaniale›: in primis ipsa clausuria dominica (Conversano 915, CDPugl XX, §3); ecc.

Ben 113 occorrenze. Sulla clausuria dominica cf. anche Filangieri di Candida 1927: 347 (= CDBar X, Glossario). trado atque concedo ei in vita sua quandam clausuram vinearum quam habemus prope Cupersanum in loco qui dicitur Ciutecula parietibus circumdatam cum arboribus (Conversano 1188, CDPugl XX, §128); ubi est terra nostri monast(erii) iuxta ipsam clausuram olivarum parietibus circumdatam (Conversano 1249, CDPugl XX, §199).

È attestato anche il tipo mediolatino femminile innovante clausoria con particolare evoluzione del vocalismo tonico e abbassamento della vocale etimologica: clausoriam unam olivarum parietibus cintam (Monopoli 1265, CDPugl XX, §220), parietibus dicte clausorie mediant(ibus) (ib.), ecc.

Accanto al quale riscontriamo anche un maschile altrettanto innovante clausorium: intus in clausorio vin(ee) (Altamura 1298, CDPugl XXIV, §8).

La coppia allotropica clausoria / clausorium è diffusa nella scripta mediolatina della Puglia settentrionale accanto a clausuria, ma essa è attestata anche nella scripta salentina, come si evince dalla documentazione proposta da Giuliani (2008), la quale ipotizza l’influenza del greco κλεισουρα sul tipo clausoria. Il cartulario di Conversano è probabilmente la fonte più importante per la conoscenza della preistoria del lessico dell’area che oggi denominiamo Puglia settentrionale. Ci troviamo quindi in un’area che, diversamente da quella salentina, non presenta chiusura incondizionata delle vocali medie. Le aree estreme, quella salentina inclusa, presentano, infatti, storicamente un vocalismo cosiddetto ‹siciliano› con chiusura incondizionata delle vocali medie, dovuta, secondo quanto dimostrato ineccepibilmente da Fanciullo (1991), all’interferenza tra vocalismo bizantino a cinque vocali e tre gradi di apertura e vocalismo ––––––– 2

A cui risale anche la formazione lessicale clausurea: «ab oriente est clausurea terre vacue» (Monopoli 1208, CDPugl XX, §158). Largamente diffuso è anche clausum / clusum, avente significato tecnico affine (viene indicato un appezzamento di terreno di dimensioni inferiori alla clausuria): «aud si ipsum clusum vinearum» (Polignano 1168, CDPugl XX, §117), «ab oriente est clausurea terre vacue et clusus vinearum cum pal[mento» (Monopoli 1208, CDPugl XX, §158) o: «quod clausum vinearum» (Converano 1221, CDPugl XX, §168), «a meridie est clausum vinearum domini Nicolai archipresbiteri» (Conversano 1245, CDPugl XX, §196).

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romanzo a sette vocali e quattro gradi di apertura, dato che in Italia meridionale sussisteva un «diasistema bilingue» romanzo-bizantino, quindi /i/ biz. – /i e/ rom.; /e/ biz. – /ε/ rom.; /a/; /o/ biz. – /çç/ rom.; /u/ biz. – /o u/ rom. Il lessema clausuria entra nella Puglia settentrionale in concorrenza con clausoria, tipo lessicale mediolatino salentino, frutto di un’interferenza greco-romanza che ne determina la particolarità nel vocalismo tonico, dovuta alla competenza bilingue. Nel contesto diglottico (con diasistema /u/ biz. – /o u/ rom.) va presupposta un’integrazione delle vocali chiuse del greco con la chiusura delle vocali medie del romanzo. Se partiamo da un tramite greco κλεισουρ  α tra clausoria e clausuria, le forme con sono il frutto di un’ipercorrezione. Veniamo al tipo latino medievale clausorium con particolare evoluzione del vocalismo tonico. Giuliani (2008) lo mette in relazione col derivato κλεισουρ  ιον e ci fornisce una documentazione salentina dalla quale si ricava che l’allotropo neutro è più antico di quello femminile clausoria. Stando così le cose, una retroformazione direttamente dal femminile clausoria, consolidato nella Puglia settentrionale, alla base della diffusione lessicale del tipo neutro clausorium è cronologicamente improponibile. La forma clausorium è probabilmente un’ipercorrezione mirata a raggiungere un travestimento latino, a partire da una forma greca (Giuliani 2008), oppure potrebbe essere un’ipercorrezione rispetto a un *clausurium giudicato metafonetico. Esempi di questo tipo non mancano nella scripta meridionale: si veda l’apertura del femminile Inclosa, ipercorrezione innescata da un CLŪSUS inteso come metafonetico: «in ecclesia Sancte Marie q(ue) nominatur ad illa Inclosa dentur exinde pro anima mea tari sex de auru» (Napoli 1230), (Russo 2007: 249). La derivazione lessicale è invece cronologicamente evidente tra i femminili clausuria e clausoria, quest’ultimo secondario e peculiare alla scripta notarile della Puglia centrosettentrionale. Il lessema clausoria rappresenta dunque in quest’ottica una neoformazione rispetto al lat. mediev. pugl. clausuria. Con le precedenti formazioni lessicali va poi senz’altro anche il diminutivo clisurella ‹piccolo appezzamento chiuso› con radicale dissimilato: et tote ipse holibe qua[n]te habeo inn eadem loco Ileiano et alie holibe quod habeo in ipsa clisurella de Sasso not(ario) (Polignano 1024, CDPugl XX, §36);

da confrontare infatti con la forma non dissimilata clausurella (8 occ. nell’intero volume): abet finem ipsum kasalem cum ipsa lama et clausurellam et vinealem a prima partem (Conversano 1115, CDPugl XX, §68); et iudicavi ut olive quas habeo in una clausurella iuxta ecclesiam sancti (Conversano? 1138, CDPugl XX, §86).

o clausuriella (in tutto 3 occ., ma nello stesso documento): pertinet michi una clausuriella in loco Tufomolli (Conversano 1089, CDPugl XX, §50).

La forma con dittongo certamente non metafonetico è dovuta probabilmente a un incrocio tra il tipo lessicale clausurella e il tipo lessicale clausurilla, quest’ultimo anch’esso attestato nel nostro spoglio:

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de una clausurilla et de casili (Conversano 964, CDPugl XX, §17), que est intus in eadem clausurilla (ib.), tradidit nobis ipsa predieta clausurilla (ib.),

oppure è derivato diretto di clausuria. Si osservi che la forma dissimilata è riscontrata anche senza suffisso diminutivale, clisuriam che equivale a clausuriam: unam clisuriam parietibus circumdatam (Polignano 1109, CDPugl XX, §63).

Il termine signaida ‹segno di confine dato da una pietra confitta› noto già a partire dal saggio di Aebischer 1944 è anch’esso relativo alla descrizione di confini. Si tratta in questo caso dell’incrocio tra il germanismo, più precisamente il longobardismo snaida, e il latino signare. Esso identifica, come illustrato da Giuliani (2008), un’area lessicale precisa, ovvero lo spazio longobardo (Campania, Puglia settentrionale e centrale): in lama ubi sunt ipse signaide [...]; et revolvit per parietem ipsum per viam anticam in pars occidentis ubi sunt alie signaide (Conversano 1087, CDPugl XX, §48); et ipsa prenominata domna a[bbatissa tulit ab ipsis fixis signai]dis in parte orientis et nec tulimus a prenotatis fixis [signaidis in parte solis occasus] [...]; a merid[ie sunt confixe signaide, a solis occasu] extra signaidis affixis est terra quam nos tulimus (Polignano 1135, CDPugl XX, §83).

Non sorprende pertanto l’assenza nei nostri documenti del tipo lessicale finaita (incrocio di snaida e del latino finis), il lemma diatopicamente complementare di signaida, ma che designa, secondo il parere convincente di Giuliani (2008), l’area lessicale romano-bizantina (Salento e Calabria). Nelle forme da noi riscontrate, l’occlusiva alveolare non è rappresentata come sorda , conformemente a quanto ci saremmo aspettati in base alla seconda rotazione consonantica, conseguenza forse di un influsso longobardo meno diretto rispetto a quello esercitato dai longobardi nel salernitano, nel benevento e a Spoleto (Pfister 1979). Il tipo con l’occlusiva sorda è, infatti, rintracciato a Salerno e a Nocera da Giuliani (2008), che restringe per questa ragione la diffusione lessicale del tipo con la sorda a quest’area dello spazio longobardo. Non a caso ulteriori riscontri effettuati sui volumi del codice barese confermano in diatopia attraverso il grafema le osservazioni appena formulate: sygnayde (Bari 962, CDBar IV §2); signaida (Bari 990, CDBar IV §4; Bari 1036, CDBar I §19; Molfetta 1083, CDBar VII §2); signaide (Bari 1030, CDBar I §16; Bari 1031, CDBar I §17; Conversano 1087, CDPugl XX §48; Noia 1134, CDBar V §82); petre sinaide (Canne 1035, CDBar VIII §11; Canne 1054, CDBar VIII §15); signaidis (Bisceglie 1130, CDBar X §9; Terlizzi 1158, CDBar III §80).

In relazione alle strade, ma anche ancora ai segnali di confine, troviamo semita : et ponit caput in ipsa semita que descendit da locum Pautiniano (s.l. 966, CDPugl XX, §19); iusta ipsa semita qua vadit in terre ipse (Conversano 1079, CDPugl XX, §43).3

––––––– 3

Cf. semitella (Molfetta 1171, CDBar VII, §49).

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Ad una base SĒMITA e figuratamente si ricollegano anche in napoletano medievale e moderno i continuatori di *SĒMITU, metaplastico di genere e declinazione, documentato ad esempio in Loise de Rosa (a. 1475) nella loc.avv. da simito , (cf. Formentin 1998: 118 e n. 269; 303; 341, con gli ulteriori riscontri alle carte mediolatine del Codex Cavensis, al Romanzo di Francia e al Di Falco; svariati riscontri mediolatini e moderni sono in Russo 2007: 328). Da Rohlfs (NDC) per il tipo simitu ricaviamo nella Calabria centro-settentrionale il significato di , ma lo studioso riconduce il lemma (così come la locuzione avverbiale , rintracciabile anche in area calabro-lucana) a una base *σήµατον. Quest’ipotesi non è tuttavia accolta da Formentin 1989 (cf. la discussione pp. 119-125): infatti l’estensione geografica di simitu è tangibilmente fuori dell’area sottoposta a influenza greca. Coesistono invece nello stesso territorio i tipi longizia e longara derivazioni di longus varianti omoradicali con allotropia del suffisso: (1) [in pars] meridie pertinet nobis una longece de terra parietibus circumdata, cum [una foveola] nunc [autem ] ipsa quam predixi longece de terra cum predicta foveola (Conversano 1116, CDPugl XX §70); longizza (de terra) (Molfetta 1083, CDBar VII, §2, Valente 1978); longizzam (Molfetta 1190, CDBar VII §75) (2) et longaram unam crudiam cum una fovea existente in eadem terra et puteum unum (Conversano 1182, CDPugl XX, §132); cum olivis et longaram cum fovea et puteum (ib.); medietatem peccie de terra que dicitur Longara et lamam que est iuxta ipsam Longaram ex parte occ(identis) (Polignano 1243, CDPugl XX, §192).

3. Un territorio aspro Motivi di spazio ci consentono solo un cenno al resto del lessico caratterizzante i settori chiave legati all’esame condotto nel §2: la geomorfologia del territorio (sia per opera della natura sia per opera dell’uomo) e la sua antropizzazione. L’individuazione dei referenti delle forme documentate presenta difficoltà. Parole come serra, lama, isca sono comuni nei dialetti meridionali, ma cambiano significato da luogo a luogo e anche attraverso il tempo. Il ricorso alle carte geografiche IGM potrà essere utile in alcuni casi, ma bisogna considerare che si tratta di aree sottoposte a profonda antropizzazione. Né aiuta la modalità di descrizione dei confini, i cui riferimenti sono in genere a proprietà di cui ovviamente non si serba alcuna memoria. Un territorio spesso aspro è fotografato dalle parole dei nostri documenti. Abbiamo area cutiza ‹strato di pietra arenaria o calcare che sporge dal terreno coltivato o saldo; terreno sassoso, roccioso› (Monopoli 1074, CDPugl XX, §42), -am -am (Polignano 1148, CDPugl XX, §98); cotiziem sost. ‹id.› (Conversano 1249, CDPugl XX, §199); Cuticella topon.

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‹luogo sassoso› (Polignano 1243, CDPugl XX, §193); Grabilione topon. ‹caverne sotterranee› ([Castellana] 916 (?),CDPugl XX, §5); gurgure pl. (Monopoli 1074, CDPugl XX, §42), in relazione con gurgo ‹suolo aspro, che piega dove le acque ristagnano› (Conversano 915, CDPugl XX, §4; + 2), Gurgus (Polignano 1208, §159; + 1), dimin. gurgitellum (Monopoli 1099, §60); il diffusissimo lama ‹terreno alluvionale in bassura o in pendenza› (prima attestaz.: Lama longa, [Castellana] 916 (?), §5), con il dimin. lamusscella (Monopoli 1099, CDPugl XX, §60); mortizo ‹parte di terreno che ricadeva al fisco› (Monopoli 1074, CDPugl XX, §42; + 1); mortizzi gen. (Conversano 1095, CDPugl XX, §57); mortizzis abl. (Conversano 1098, CDPugl XX, §58); pesco ‹roccia›, nel topon. Pescopalumbo (Monopoli 1099, CDPugl XX, §60); scraio ‹suolo extraurbano4 (prob. a pendìo o ricoperto di sassi sporgenti) disadatto alla coltivazione› (Conversano 915, CDPugl XX, §4; + 11); scrago (s.l. 1072, CDPugl XX, §41); scraios (Conversano 1115, CDPugl XX, §69); scraiorum (Conversano 1235, CDPugl XX, §182).– scragis m. o f. pl. (Conversano 1122, CDPugl XX, §75).– scraie f.pl. (Conversano 915, CDPugl XX, §3); scrage (Monopoli 1019, CDPugl XX, §35; +1); serra ‹altura› o ‹luogo sassoso› (Polignano 1243, CDPugl XX, §193), con serrulam (Conversano 1087, CDPugl XX, §48) e il topon. Serrone (Conversano 1165, CDPugl XX, §111); speccla ‹cumulo di massi radunati insieme› topon. (Conversano 915, CDPugl XX, §3); specla (Monopoli 1099, CDPugl XX, §60); Specla Terranea (Conversano 1117, CDPugl XX, §73) [ecc.]; specula (Conversano 1263, CDPugl XX, §218), anche con il suffisso collettivo speccletis (Conversano 1087, CDPugl XX, §48). Quanto a ysca, vale probabilmente ‹striscia di terra in una pietraia› (1183, CDPugl XX, §133); yscla (Monopoli 1265, CDPugl XX, CDPugl XX, §219). Da respingere l’ipotesi di Morea 1892: 249 n. che commenta, sulla base di DuCange, «da correggere, credo, Esca – Esca è stato anche il nome di una certa misura de’ campi […]. Esca nel linguaggio medievale ha significato altresì Glandatio […]; il frutto cioè della Quercia». Tra tante asperità ci imbattiamo in bucitina ‹pastura, luogo di pascolo› (Monopoli 1099, CDPugl XX, §60), in relazione con BUCĪTUM (secondo Morea 1892: 157 n., che però legge bucitiva); lummatas f.pl. ‹terre irrigabili da acque fangose› (Polignano 1109, CDPugl XX, §63); e matinus ‹terreno pianeggiante› (Conversano 1014, CDPugl XX, §33), con il dimin. (probabilmente topon.) Matinella (Conversano 1087, CDPugl XX, §48). Quanto allo spazio boschivo, la forma normale è, come in tutta l’area a quest’altezza cronologica, silva (per es., silbis che compare già nel primo documento, Conversano 901); ma meritano una segnalazione anche gualda ‹selva› (Monopoli 1099, CDPugl XX, §60) e macletella ‹macchia, fratta intricata› (Conversano 1117, CDPugl XX, §73). Non meno rilevante per la sussistenza delle popolazioni locali è la gestione dello spazio agricolo. Di clausuria e longeca si è già detto. L’ortalis è l’‹orto› o il ‹luogo di molti orti›, con numerose attestazioni (anche in altri volumi); a riprova della difficoltà di tracciare confini precisi, che invece esistevano, tra parole dello stesso campo semantico ricordiamo qui il berzarum, che dovrebbe essere l’‹albereto per frutta› (1187, §135), distinto da ortum che anche in questo caso, come in molti documenti della stessa area, ricorre nello stesso contesto; vale la stessa cosa viridiario (Monopoli 1074, CDPugl XX, §42), mentre viridiolum è un dimin. (Conversano 1169, CDPugl XX, §123). ––––––– 4

La parola ricorre sia in campagna sia vicino alle città.

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La qualità, buona o cattiva, della terra coltivabile è esplicitamente menzionata in donazioni e testamenti. Abbiamo cucibilina agg. ‹di terra fertile, che produce legumi di facile cottura›; riferito a curtis abbiamo cucibiline (gen.) (Polignano 992, CDPugl XX, §25), cocivelini (Conversano 1085, CDPugl XX, §46), cocibelini (pl.) (Conversano 1085, CDPugl XX, §46), cocivilinas (Conversano 1182, CDPugl XX, §132); o riferito a terre, cocibiline (Conversano 1092, CDPugl XX, §53), cocivilinas (Conversano 1154, CDPugl XX, §103; + 3); e agg. sost., cocibilina (Conversano 1117, CDPugl XX, §72), cocivilinam (Conversano 1207, CDPugl XX, §156). Il contrario di questa forma, attestata largamente fino ai nostri giorni, è cruda / crudia ‹poco fertile›: abbiamo crude (gen.), peraltro proprio in opposizione, nello stesso contesto, al cucibiline precedente (Polignano 992, CDPugl XX, §25), crudie (gen., come sopra) (Conversano 1092, CDPugl XX, §53), (longaram) crudiam (Conversano 1182, CDPugl XX, §132), (terras) crudas (Polignano 1243, CDPugl XX, §192 e 193); crodias (Conversano 1154, CDPugl XX, §103). Qualche struttura offre tracce delle attività di pastorizia, come interones ‹cumulo di pietre innalzato attorno all’abbeveraggio, perché gli animali minuti bevano più agevolmente alla conca, che di regola è più in alto› (Conversano 1052, CDPugl XX, §38), parola ancora viva nei dialetti ottocenteschi della Terra di Bari. Un cenno alla gestione delle acque. A parte il diffuso piscina ‹cisterna›, per i pozzi segnaliamo puteolo (da aquas) (Conversano 915, CDPugl XX, §4). La forma base, puteo, ricorre molto spesso, talvolta con la funzione (cum p. da aquas, Conversano 1014, CDPugl XX, §33). Un puteo carricato è ‹pieno di fango e di terra› (Conversano 1117, CDPugl XX, §72), come un puteum oneratum (Conversano 1166, CDPugl XX, §116) o una fobea deintus onerata (Conversano 1173, CDPugl XX, §128), talvolta puteum unum stercore oneratum (Conversano 1198, §146); aquarius sembra essere il nome generico del ‹serbatoio d’acqua› (-os, Conversano 1203, CDPugl XX, §153), aquarie gen. (s.l. 966, CDPugl XX, §19). Il senso di laco dev’essere ‹sistema formato da una serie di pozzi scavati l’uno vicino all’altro che con la pioggia possono essere facilmente sommersi, fino a formare una sorta di bacino› (Conversano 915, CDPugl XX, §4;5 ecc.; anche nel topon. Lacofetido, Conversano 915, CDPugl XX, §4). Altra forma di delicata interpretazione è fovea, a nostro avviso di solito ‹serbatoio d’acqua particolarmente largo e profondo› (prima att.: -am, Conversano 1079, CDPugl XX, §43), fobea (prima att.: -e pl., [Castellana] 916 (?), §5); in altre aree, la fobea / fovea può servire anche per la conservazione del grano (nei documenti coevi della Capitanata ha senz’altro questo significato).

––––––– 5

Coniglio 1975: 27 n. sostiene che si tratta di errore per loco, ma l’interpretazione non è necessaria.

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Michela Russo / Marcello Aprile

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Joan Torruella

Estudio contrastivo del léxico catalán, aragonés, castellano y leonés de los siglos XIII y XIV*

1. Presentación En un trabajo anterior (Torruella, en prensa), iniciamos el estudio comparativo del léxico medieval entre el catalán, el aragonés y el castellano; se trataba de observar el grado de afinidad o de divergencia lexemática que había entre dichas lenguas y de comprobar si, desde esta perspectiva, se podía trazar una frontera entre el galorrománico y el iberorrománico. Ciertamente, el aspecto léxico sólo es uno, y probablemente uno de los menos determinantes, de los diferentes aspectos que configuran la distinción entre lenguas. En este sentido tienen mayor relevancia los aspectos fonéticos, morfológicos y sintácticos1, pero, con todo, creemos que su estudio es importante para el conocimiento de la relación entre lenguas y de su evolución a partir del latín. En este trabajo quisiera extender dicho estudio comparativo a otra lengua más occidental de las que se hablaban en el norte de la Península Ibérica a finales de la Edad Media, el leonés, a partir de un corpus extraído de los documentos conservados en la Catedral de León (CDLC) y en el monasterio de Sahagún (CDMS). Así pues, nos proponemos presentar un estudio comparativo del léxico común en textos notariales y legales redactados en cuatro lenguas vecinas durante el periodo que abarca el siglo XIII y principios del siglo XIV. Somos conscientes de la dificultad o del atrevimiento que representa referirse a «lenguas vecinas» a finales de la Edad Media en la Península, ya que, en palabras de Penny (2004: 27), se trata de una cuestión [la de la diferenciación entre lengua y dialecto] que los lingüistas, como lingüistas, no pueden resolver, en primer lugar a causa de la dificultad insuperable de definir los conceptos de lengua y dialecto y en segundo lugar porque cualquier diferencia entre estos conceptos reside no en el campo de la descripción lingüística, sino en la apreciación social que se da a códigos de comunicación particulares.

––––––– *

1

La investigación necesaria para llevar a cabo este trabajo ha sido posible gracias a la ayuda de la DGICYT para el proyecto «Banco de datos diacrónico e hispánico: morfología léxica, sintaxis, etimología y documentación» (n. de referencia HUM2005-08149-C02-01/FILO) y con el apoyo del Comissionat per Universitats i Recerca de la Generalitat de Catalunya concedido al Grupo de Lexicografía y Diacronía (n. de referencia SGR2005-00568). Para una enumeración detallada de los diferentes rasgos de cada ámbito, cf. Bustos Tovar (2004).

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Joan Torruella

A pesar de esta dificultad, creemos que comparar el léxico de las diferentes «lenguas» hispánicas puede facilitar nuevas informaciones referentes a la formación de palabras y a su distribución en las lenguas que vengan a complementar las que actualmente tenemos.

2. El corpus Con la finalidad de poder disponer de datos reales que permitieran formular deducciones válidas de la época y localización de los vocablos, hemos querido basar nuestro estudio en fuentes directas (textos), relegando las indirectas (diccionarios y atlas) a un segundo nivel, para matizar los datos obtenidos o para complementarlos. Por ello, hemos usado como corpus una selección de textos del siglo XIII y de principios del XIV en la que fuera propicia la aparición de léxico de la vida cotidiana. Si bien la cantidad de textos analizados para este trabajo es reducida y, en consecuencia, no permite extrapolar ninguna conclusión, creemos que es posible apuntar ciertos rasgos lingüísticos que se podrán verificar a medida que se disponga de corpus más extensos –para que se puedan considerar representativos–, y estructurados –para que se puedan detallar las procedencias y especificar las dataciones de los vocablos.

2.1 Ámbito geográfico, temporal y tipológico Las cuatro lenguas que tratamos en este estudio son, durante el s. XIII y principios del s. XIV, lenguas vecinas que ocupan la zona noreste, la central y la noroeste de la Península Ibérica. Se trata de cuatro lenguas románicas nacidas del latín vulgar más o menos en la misma época, lo que comportó que hubiera relaciones estrechas y fuertes influencias entre ellas. Ello hace que a veces sea difícil saber si la utilización de una misma palabra en diversas lenguas se debe a un préstamo lingüístico o a su pervivencia en un área geográfica más extensa que la del territorio político y que forma parte del léxico común de dos, tres o cuatro lenguas vecinas. Ahora bien, a pesar de la estrecha vecindad entre las cuatro lenguas, la romanística actual considera que el leonés, el castellano y el aragonés pertenecen al área lingüística iberorrománica y el catalán al área lingüística galorrománica.2 El hecho de que el pequeño corpus con el que se ha trabajado esté compuesto por textos del siglo XIII y de la primera mitad del siglo XIV se debe a que en esta época, en la evolución de la lengua, destacan el cambio de norma (latín > romance), fenómeno que se verifica de manera definitiva en las muestras escritas pertenecientes al siglo XIII, y, desde el punto de vista lexicográfico, la relación entre la forma léxica de la norma latina y de la norma romance, las variantes formales

––––––– 2

Una buena contribución a esta polémica se halla en el trabajo de Stephan Koppelberg (1998).

Estudio contrastivo del léxico catalán, aragonés, castellano y leonés de los siglos XIII y XIV

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que se registran y la contribución de los documentos al establecimiento de la historia documental y evolutiva de la palabra. (Clavería 2007)

Así pues, la selección de textos escritos a finales del s. XIII y a principios del s. XIV responde al hecho de que en esta época las diferentes lenguas romances en su forma escrita ya se habían separado con claridad del latín y habían adquirido personalidad propia. Los textos seleccionados para este trabajo pertenecen al lenguaje jurídico y notarial. Aunque el estilo jurídico se desarrollaba sobre los modelos de la lengua escrita de tradición latinizante, en el caso de los fueros, al tratarse de textos que tenían que legislar los hechos de la vida cotidiana de una villa y que, además, tenían que ser entendidos por las clases populares, nos encontramos ante un tipo de texto que aporta un abanico de léxico bastante extenso y variado, léxico básicamente patrimonial, arraigado a la vida diaria y cotidiana. Lo mismo sucede en el caso de los textos notariales que «a pesar de ser muestras de lengua escrita limitadas en cierto sentido por la expresión formulaica que entrañan, resultan documentos de una importancia extraordinaria para el estudio de la historia del léxico de una lengua» (Clavería 2007). Este tipo de textos, sin embargo, en algunos casos pueden llevar a cierto engaño, por cuanto su léxico está filtrado por el notario o amanuense que a veces quiere darles un aire elevado utilizando palabras no usadas en la lengua hablada, cambiando sistemáticamente las voces patrimoniales por voces cultas, normalmente más latinizadas.3

2.2 Los documentos Los textos que se han utilizado para nuestro estudio son los siguientes: – para el leonés, la Colección documental del Archivo de la Catedral de León (CDLC) y la Colección diplomática del monasterio de Sahagún (CDMS), a partir de 1230; – para el castellano, El Fuero de Baeza (Victor Roudil 1962), de finales del siglo XIII; – para el aragonés, las cartas escritas por el Infant Pere, entre 1320 y 1336 (Girona 1933-34), y el Fuero de Teruel (Gorosch 1950), de la 2ª mitad del siglo XIII; – para el catalán, el Manual de Consells (Anyó 2001), de 1306 a 1326.

3. Afinidad entre las cuatro lenguas Del análisis de los diversos textos seleccionados, se obtuvo un corpus de 54 conceptos presentes en las cuatro lenguas de nuestro estudio. Se trata de palabras referentes a conceptos concernientes a campos semánticos relacionados con la vida diaria: ––––––– 3

Según Morala (2002: 11), éste es el motivo de la falta de correspondencia entre los textos medievales y el vocabulario recogido en las encuestas del ALCyL.

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alimentación, plantas, utensilios (armas, medidas, cocina), numismática, cargos y oficios, peletería, ropa, viticultura y animales. De todos estos campos semánticos, los más productivos en cuanto a encontrar afinidades lexemáticas –palabras que parten del mismo lexema y se configuran con las variantes fonéticas y gráficas propias de cada lengua– han sido los referidos a animales y a cargos y oficios.

3.1 Coincidencias En nuestro corpus, la afinidad de lexemas entre el leonés, el castellano, el aragonés y el catalán para expresar los mismos conceptos es muy alta. De las 54 ocurrencias que tenemos de un mismo concepto en las cuatro lenguas, 47 (el 87%) presentan el mismo origen y, por tanto, comparten el mismo lexema, aunque con las variantes formales propias de cada una de ellas. Hay que notar que, en algunos casos, en una misma lengua encontramos dos formas de lexemas distintos para expresar un mismo concepto, una de ellas comparte lexema con las otras lenguas y otra no lo comparte. Ejemplo: catalán

aragonés

castellano

leonés

vedell

becerro / ternera

vecerro

bezerro

3.2 Divergencias Más que interesarnos por las coincidencias, nos centraremos en la observación de las divergencias y en su cuantificación. Primeramente, hay que observar que en ninguno de los 54 casos de nuestro corpus hay discrepancia entre las cuatro lenguas. Las divergencias lexemáticas siempre se producen entre una lengua frente a las otras. Así entre el catalán y el aragonés los lexemas para un mismo concepto son diferentes en 10 de los 54 casos (el 18,5%); cuatro de ellos también presentan, sin embargo, en aragonés, una forma sinonímica coincidente con la catalana. Entre el catalán y el castellano los lexemas para un mismo concepto son diferentes en 9 de los 54 casos (16,6%); pero tres de ellos también tienen en castellano una forma sinonímica coincidente con la catalana. Y entre el aragonés y el castellano encontramos que sólo en 6 de los 54 casos (11,1%) son diferentes los lexemas para un mismo concepto. Además, todos ellos, en alguna de las dos lenguas, presentan una forma sinonímica coincidente con la otra lengua. Por lo que respecta a las divergencias entre el leonés4 y las otras lenguas, las relaciones son las siguientes:

––––––– 4

Quiero agradecer la inestimable y desinteresada ayuda del profesor José Ramón Morala, de la Universidad de León, en la detección y localización de los vocablos concernientes al leonés.

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Entre el leonés y el catalán los lexemas para un mismo concepto son diferentes en 9 de los 54 casos (el 16,6%); sin embargo, uno de ellos también tiene en leonés una forma sinonímica coincidente con la catalana. Entre el leonés y el aragonés los lexemas para un mismo concepto son diferentes en 6 de los 54 casos (el 11,1%); sin embargo, casi siempre existe otra forma sinonímica entre las dos lenguas. Y entre el leonés y el castellano los lexemas para un mismo concepto son diferentes en 4 de los 54 casos (el 7,4%); sin embargo, siempre existe otra forma sinonímica entre las dos lenguas. Así, las divergencias léxicas entre lenguas quedan reflejadas en porcentajes diferentes: El grado de divergencia entre el catalán y las otras lenguas es muy parecido. aragonés: 18,5%; castellano: 16,6%; leonés: 16,6%.

El aragonés presenta mayor divergencia con el catalán que con el castellano y el leonés. catalán: 18,5%; castellano: 11,1%; leonés: 11,1%.

El castellano presenta menos divergencias con el leonés que con el aragonés y mucho menos que con el catalán. leonés: 7,4%; aragonés: 11,1%; catalán: 16,6%.

Y, finalmente, el leonés presenta un mayor grado de divergencia según la lejanía geográfica con la otra lengua. castellano: 7,4%; aragonés: 11,1%; catalán: 16,6%.

Sorprende, aunque podría deberse al reducido número de voces de que consta el corpus, que el catalán presente mayor divergencia con el aragonés que con el castellano y el leonés. En cambio, parece lógico el creciente grado de divergencia del leonés con respecto a las otras lenguas en función de su lejanía geográfica. Observamos, en la Tabla de divergencias que sigue, cómo frecuentemente las divergencias son del catalán respecto del aragonés, del castellano y del leonés, mientras que entre el aragonés, castellano y el leonés suele haber coincidencia. Esto contradice la idea de que el castellano presenta soluciones innovadoras y que se extendió en forma de cuña rompiendo en dos el antiguo continuum lingüístico que, en muchos casos, presentaba soluciones comunes para el leonés, aragonés y mozárabe, pero refuerza la idea de que es entre el catalán y el aragonés donde se sitúa la frontera entre el galorrománico y el iberorrománico. CATALÁN

ARAGONÉS

CASTELLANO

LEONÉS

ordi (lat. HORDEUM) gerra (árab. GÁRRA) fuster (lat. FUSTIS) drap (lat. DRAPPUS) anyell (lat. AGNELLUS)

cevada tinaja carpentero panno cordero

cevada tenaja carpentero panno cordero / annino

ceuada /ordio tina carpentero paño cordero

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Joan Torruella CATALÁN

ARAGONÉS

CASTELLANO

LEONÉS

bestiar (lat. BESTIA) porch (lat. PORCUS) moltó (celta, MOLTON-) vedell (lat. VITELLUS) ca (lat. CANIS) fust / fusta (lat. FUSTIS)

ganado / bestiar tocino / puerco carnero becerro / ternera perro / can fust

ganado tocino / puerco carnero vecerro can fuste / madera

ganado porco (puerco) carnero bezerro canes madera

Tabla de divergencias En lo sucesivo convendría ampliar las lenguas del corpus hacia el norte (con el occitano y el francés, principalmente) para poder observar si realmente existe la frontera entre el galorrománico y el iberorrománico en la línea de isoglosas que separa el catalán del aragonés. También es de destacar la poca divergencia que existe entre el leonés y el castellano. Una posible explicación a este hecho la proporciona Morala en un estudio sobre la distribución del léxico leonés y castellano en el Atlas Lingüístico de Castilla y León (ALCyL) al observar que muchas isoglosas en esta área no actúan de norte a sur sino que actúan transversalmente, encontrando en el norte los derivados romances del latín y en el sur las variantes del arabismo (ej. robla / alboroque). Según Morala (2002: 11): el área norteña –sea leonesa o castellana– actúa del mismo modo y, paralelamente, lo mismo ocurre con la franja más meridional –con independencia también de su adscripción al leonés o al castellano–, que se decanta por el uso del arabismo.

Con todo, Morala destaca el hecho de que la presencia de arabismos en los cartularios medievales resulta mayoritaria en algunas colecciones documentales del norte de la meseta y justifica la falta de correspondencia entre estos textos medievales y el vocabulario que se recoge en el ALCyL por el hecho de que los notarios y amanuenses de la época considerarían que alboroque / albaroque era una voz más culta –o más propia de la lengua escrita– por lo que sistemáticamente sustituirían el término patrimonial robla, que sin duda utilizarían los declarantes de la venta correspondiente, por el arabismo (Morala 2002: 11).

De la Tabla de divergencias anterior es preciso matizar el grado de afinidad entre algunos términos o, cuando menos, se tiene que relativizar, ya sea por el número reducido de elementos léxicos estudiados en el corpus, ya sea por las interferencias entre algunas isoglosas y las fronteras políticas. Por una parte, existen vocablos que, si bien no han aparecido en nuestro corpus, se presentan en corpus más generales (Ordio / ordi – Cevada; Perro – Can / ca). Ello nos lleva a la necesidad de ampliar el corpus, ya sea para comprobar el uso real de la palabra, ya sea para verificar si el vocablo aparece en otros textos. Por otra parte, se debe tener en cuenta que no es tan significativo que una palabra se localice en una lengua sino que es más importante la zona geográfica concreta donde se encuentre, ya que, en muchos casos, las palabras de una lengua que se encuentran en la lengua vecina se registran solamente en localidades fronterizas. Normalmente las fronteras

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políticas no se corresponden con exactitud con las lingüísticas, lo que conlleva que en las zonas limítrofes siempre haya interferencias léxicas. Así, analizando en los atlas lingüísticos las voces catalanas que encontramos en Aragón y las aragonesas que encontramos en Cataluña comprobamos que siempre se registran solamente en poblaciones cercanas a la frontera: tinaja – gerra; cordero – anyell; tocino – porc; carnero – moltó; becerro – ternera – vedell; fusta – fust – madera.5

4. Conclusión Lo expuesto anteriormente permite advertir algunas tendencias respecto a la distribución del léxico en las lenguas del norte de la Península Ibérica y a las afinidades léxicas entre ellas, como se detalla, principalmente, en el epígrafe 3.2 de este trabajo: a. grado de divergencia muy parecido entre el catalán y las otras lenguas; b. mayor divergencia del aragonés con el catalán que con el castellano y el leonés; c. menor divergencia del castellano con el leonés que con el aragonés y mucho menos que con el catalán; d. mayor grado de divergencia del leonés con las otras lenguas según su lejanía geográfica. Además, este trabajo plantea una serie de dudas metodológicas respecto: a) Al valor de los atlas, puesto que se trata de obras realizadas en el siglo XX que, a veces, usamos como referencia para trabajar en el léxico de la época medieval. Si bien la distancia entre las dos épocas es considerable para estudiar cuestiones grafemáticas y fonéticas no lo es tanto para tratar cuestiones léxicas y semánticas, ya que la evolución en estos aspectos antes de la llegada de medios de comunicación tan globalizadores como la radio y la televisión era escasa, especialmente en las zonas rurales. b) Al valor de los textos, ya que, por un lado, se debe prestar atención al tipo de edición que se usa, puesto que si son ediciones hechas por y para historiadores, normalmente sin finalidades filológicas, no contemplan los aspectos grafemáticos de las transcripciones. Por otro lado, siempre se debe de tener presente que frecuentamente se trata de textos en los que el notario o el escriba quería dar un aire culto, utilizando vocablos latinizantes en lugar de sus equivalentes patrimoniales propios de la época y de la zona. Ya Máximo Torreblanca (1985: 107) advertía que «la geografía lingüística basada únicamente en documentos tiene un margen de error, pues un escriba medieval podía ejercer su profesión en un lugar distinto de donde había aprendido a hablar y escribir». Y José Manuel Fradejas (1996: 1064-65) hacía notar que la movilidad de los escribanos queda patente en el caso español a la vista de la documentación alfonsí recopilada por Manuel González Jiménez en el Diplomatario andaluz de Alfonso X en

––––––– 5

Cf. Penny (2004: 134-167).

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el que se puede constatar que el escribano Álvar García de Frómista caligrafía diplomas en Sevilla, Toledo, Burgos, Vitoria, Soria, Segovia, Valladolid, etc.6

c) A la relación entre atlas y textos, debido a que, como ya ha señalado José Ramón Morala (2002: 11-12), muchas veces existen divergencias entre las aportaciones de los atlas lingüísticos y los textos de los documentos medievales. Se debe tener en cuenta, también, que analizando detenidamente la distribución de palabras en la geografía peninsular encontramos isoglosas transversales que vienen a reforzar la idea del continuum entre las diversas lenguas. Este continuum igualmente se hace patente en las múltiples voces del catalán que hallamos en la zona fronteriza de Aragón y viceversa. Observamos que en muchos casos encontramos palabras de una lengua en el área fronteriza de la lengua vecina. Con respecto al catalán y al aragonés, muchas de las palabras de una lengua que se encuentran en la otra lo hacen sólo en localidades fronterizas, nunca en todo el territorio (tinaja – gerra; tocino – porc; carnero – moltó; becerro – ternera – vedell, etc.). También notamos que palabras de nuestro corpus, cuyos lexemas son divergentes respecto a sus equivalentes en las otras lenguas, tienen variantes sinónimas que coinciden con los lexemas de las otras lenguas en otros textos de la misma época que no figuran en nuestro corpus. Todo ello hace relativizar nuestros datos y apunta la necesidad de aumentar el corpus, pero, sobre todo, de estructurarlo en áreas geográficas pequeñas, de manera que se pueda confeccionar un atlas lingüístico del léxico de la Edad Media a partir de los textos.7 Para esta finalidad los textos analizados es preferible que sean de registro coloquial y de ámbito local, alejados del mundo literario y culto. En el futuro, los corpus para estos tipos de trabajos tendrán que estar estructurados por épocas, por áreas geográficas y por tipologías textuales, con el fin de poder presentar la composición de los léxicos en sus coordenadas diacrónico-geográficas y tipológicas. Habrá que complementar los datos obtenidos en los corpus con los extraídos de los diccionarios históricos y de los atlas lingüísticos. ––––––– 6

7

En este mismo sentido se expresó Vicente Lagüéns (en prensa) en su ponencia «El contacto lingüístico en la scripta aragonesa medieval», en el XXV Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes. Ya en el año 1993, José Manuel Fradejas (1996) presentó en el III Congreso Internacional de Historia de la Lengua Española un «Proyecto del Atlas Lingüístico del Español Medieval». Se trataba de un proyecto para «abordar de un modo serio y sistemático el estudio de los diplomas castellanos de la Edad Media» (Fradejas 1996: 1059), pero el proyecto era «más bien gramatical, tanto fonológico –con una gran parcela dedicada a la grafemática– como morfosintáctico, aunque en este último caso lo que abunde pueda ser más de carácter morfológico» (Fradejas 1996: 1067). En el XXV Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes se presentó, por parte de Maria-Pilar Perea y Germà Colón, el CD-ROM de la primera propuesta de atlas diacrónico informatizado de la lengua catalana. Se trata de una herramienta informática muy útil para la visualización de un atlas lingüístico organizado en estratos temporales y geográficos.

Estudio contrastivo del léxico catalán, aragonés, castellano y leonés de los siglos XIII y XIV

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En resumen, para estudiar el alcance temporal y la distribución geográfica de los léxicos de las diferentes hablas peninsulares y la relación entre ellos, habrá que trabajar con corpus de textos de registros próximos al habla viva y espontánea, estructurados en áreas muy pequeñas sobre todo en las zonas políticamente fronterizas. Creemos que los fueros y otros documentos del mismo cariz pueden ser una buena fuente, ya que se encuentran en muchas localidades y aportan una gran riqueza de léxico del día a día. Sólo así nos podremos aproximar al conocimiento del desarrollo de los léxicos medievales no solamente en las relaciones entre diferentes lenguas peninsulares sino en las diversas etapas diacrónicas y en las distintas áreas geográficas.

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Perea, Maria-Pilar / Colón, Germà (en prensa): Cronoestratigrafía dialectal. In: Actas del XXV Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes. Roudil, Jean Marie-Victor (ed.) (1962): El fuero de Baeza. S’Gravenhage [L’Haia]: G. B. van Goor Zonen’s U.M.N.V. Torreblanca, Màximo (1985): Sobre la antigua frontera lingüística castellano-navarra. In: Journal of Hispanic Philology. Vol. IX, n. 2, 105-119. Torruella, Joan (en prensa): Bases per a l’estudi contrastiu del lèxic català, aragonès i castellà dels segles XIII i XIV. In: Actes del XIVè Col·loqui Internacional de Llengua i Literatura Catalanes, Budapest 4-9 de setembre de 2006.

Index des auteurs Table générale

Index des auteurs

AARLI, Gunn: IV, 281-290 ABETE, Giovanni: II, 3-12 ACCIARDI, Daniela: IV, 291-300 AGUILERA, Vanderci de Andrade: IV, 269-278 ALBRECHT, Jörn: I, 487-498 ALFONZETTI, Giovanna: V, 3-12 ALMEIDA SANTOS, Isabel: III, 475-484 ALMEIDA, Maria Elisete: I, 499-508 ALTMAYER, Everton Leopoldino: I, 251-258 ALVAR EZQUERRA, Manuel: II, 605-612 ÁLVAREZ PÉREZ, Xosé Afonso: II, 613622 ALLETSGRUBER, Julia: VI, 3-10 AMENTA, Luisa: II, 251-262 AMORUSO, Chiara: IV, 3-12 ANDERSSON, Carina: IV, 301-310 ANDREI, Diana: V, 331-338 ANTELMI, Donella: V, 13-22 APARECIDA FERREIRA, Sandra: II, 593602 APRILE, Marcello: II, 837-846 AQUINO-WEBER, Dorothée: IV, 13-24 ARBOR ALDEA, Mariña: VI, 11-20 ARJOCA-IEREMIA, Eugenia: VI, 399-408 ARRANZ SANZ, María Isabel: III, 3-12 ATAYAN, Vahram: I, 500-518; I, 519528 AUGUSTO, M. Celeste: III, 13-22 AVOLIO, Francesco: IV, 25-36 AZEVEDO MAIA, Clarinda de: III, 485494 BAIWIR, Esther: IV, 37-46 BALAŞ, Oana Dana: VI, 409-418 BARBATO, Marcello: II, 13-22 BARBÉRIS, Jeanne-Marie: V, 339-346 BARBOSA MACHADO, José: VI, 21-30 BARBOSA, Plínio A.: II, 45-52 BARME, Stefan: VII, 303-310 BARONIAN, Luc: VII, 231-240

BASTARDAS RUFAT, Maria-Reina: III, 209-218 BATLLORI DILLET, Montserrat: II, 23-32; II, 419-430 BAUER, Roland: VII, 3-10 BECHET, Florica: VI, 419-428 BEGIONI, Louis: II, 263-272 BELLONE, Luca: VI, 31-42 BELLONIE, Jean-David: I, 259-268 BENACCHIO, Federica: VII, 41-50 BENARROCH, Myriam: II, 623-632 BENGTSSON, Anders: I, 529-538 BERNAL, Elisenda: VII, 361-374 BERNHARD, Gerald: III, 495-508 BILLIEZ, Jacqueline: IV, 47-56 BLANCO VALDÉS, Carmen F.: VI, 43-50 BLANCHE-BENVENISTE, Claire †: IV, 565-576 BLASCO FERRER, Eduardo: VII, 145-168 BLAUTH-HENKE, Christine: IV, 311-320 BLECUA FALGUERAS, Beatriz: II, 23-32 BOKAMBA, Eyamba G.: I, 269-278 BONHOMME, Marc: III, 509-518 BOUCHARD, Jacynthe: VI, 51-60 BOURMALO, Laetitia: V, 347-356 BOUTIER, Marie-Guy: III, 219-228 BRUMME, Jenny: III, 519-528 BUCHI, Éva: VI, 61-68 BUENAFUENTES DE LA MATA, Cristina: II, 633-642 BURIDANT, Claude: II, 273-290 BÜRKI, Yvette: V, 357-366 BUSON, Laurence: IV, 47-56 BUSQUET ISART, Núria: IV, 321-328 CAJOLET-LAGANIÈRE, Hélène: VII, 241250 CALATAYUD, Josep Vicenç: V, 143-152 CALVO RIGUAL, Cesáreo: VII, 375-384 CANAC-MARQUIS, Steve: VII, 273-282 CANO GONZÁLEZ, Ana María: III, 229238

860 CANTERO SERENA, Francisco José: II, 33-44 CARRERA DE LA RED, Micaela: III, 23-32 CARRERA, Aitor: IV, 57-70 CASANOVA, Emili: III, 239-248; VII, 385-394 CASCONE, Adriana: VI, 69-78 CATALÀ TORRES, Natàlia: III, 33-42 CÉU CAETANO, Maria do: VII, 395-404 CHAUVEAU, Jean-Paul: VII, 251-260 CIAMA, Adriana: VI, 429-438 CICOTTI, Claudio: I, 279-286 CLUA, Esteve: IV, 329-338 COIMBRA, Rosa Lídia: II, 45-52 COJOCARU, Vlad: I, 287-294 COLELLA, Gianluca: II, 651-660 CONDEI, Cecilia: IV, 339-348 CONGOSTO MARTÍN, Yolanda: II, 53-66; II, 661-672 CORAY, Renata: VII, 11-20 CORDIN, Patrizia: II, 291-300 CORNILLIE, Bert: V, 23-38 CORRADINI, Maria Sofia: VI, 87-96 CORRAL DÍAZ, Esther: II, 673-680 COSTĂCHESCU, Adriana: III, 43-52 CRESTI, Emanuela: IV, 349-358 CUREA, Anamaria: V, 367-376 D’ACHILLE, Paolo: VII, 405-414 DANLER, Paul: V, 377-386 DARDANO, Maurizio: VII, 415-424 DE BOER, Minne G.: I, 539-546 DE CONCA, Massimiliano: VI, 79-86 DE ROBERTO, Elisa: VI, 329-338 DELBECQUE, Nicole: III, 53-68; III, 6984; V, 23-38 DELL’AQUILA, Vittorio: I, 173-184; VII, 61-74 DEPAU, Giovanni: IV, 71-80 DERMARKAR, Cynthia: IV, 83-98 DÉTRIE, Catherine: V, 387-396 DEULOFEU, Henri-José: IV, 359-370 DEVILLA, Lorenzo: IV, 99-108 DI SALVO, Margherita: IV, 109-116 DI TULLIO, Ángela: II, 431-442; III, 5368

Index des auteurs

DÍAZ GÓMEZ, Liliana: II, 53-66 DIDRIKSEN, Anders Alvsåker: V, 323330 DINCĂ, Daniela: III, 249-258 DJURIN, Tatjana: I, 547-554 DOMÈNECH, Germà Colón: IV, 199-212 DOMÍNGUEZ FERRO, Ana Mª: VI, 43-50 DORNER, Daniela: I, 153-162 DÖRR, Stephen: VI, 97-104 DRĂGHICI, Gabriela - Mihaela: VI, 439448 DRAGOMIR, Camelia: VI, 449-466 DRAGOMIR, Mioara: VI, 467-480 DROUIN, Patrick: VII, 291-300 DUARTE, Isabel Margarida: V, 397-406 DUFRESNE, Monique: VI, 51-60 DUFTER, Andreas: II, 443-458 DUMITRESCU, Domnita: IV, 371-388 DUPUIS, Fernande: VI, 51-60 DUPUY, Estèle: VI, 105-114 DURIAGINA, Irina: IV, 389-396 DUTKA-MAŃKOWSKA, Anna: V, 407-416 EBERENZ, Rolf: III, 529-542 ECHENIQUE ELIZONDO, Mª Teresa: I, 295-304 EDESO NATALÍAS, Verónica: V, 417-426 EGGERT, Elmar: II, 681-690 ENGHELS, Renata: II, 301-310 ENRIQUE-ARIAS, Andrés: VI, 115-124 ERNST, Gerhard: III, 543-552 EUFE, Rembert: II, 459-470 FATTIER, Dominique: VII, 311-320 FELECAN, Daiana: III, 259-266 FELECAN, Nicolae: III, 259-266 FELECAN, Oliviu: III, 267-276 FERNANDES, Gonçalo: V, 39-48 FERNÁNDEZ, Mauro: I, 305-314 FERRER, Ramon: III, 239-248 FESENMEIER, Ludwig: III, 85-96 FEYRER, Cornelia: I, 555-564 FILIPPONIO, Lorenzo: II, 67-76 FINCO, Franco: VII, 21-30 FLOREA, Ligia Stela: V, 49-62 FLOREA, Marie-laure: V, 63-72 FLORESCU, Cristina: II, 691-700

Index des auteurs

FONT ROTCHÉS, Dolors: II, 33-44; IV, 397-406 FONTANOT, Roberto: VII, 31-40 FRANCESCHI, Temistocle: II, 701-712 FRANCESCHINI, Rita: VII, 549-552 FRANK, Birgit: V, 73-80 FRENGUELLI, Gianluca: VII, 425-434 FUERTES GUTIÉRREZ, Mara: III, 553-562 FUSCO, Fabiana: VII, 41-50 GADET, Françoise: IV, 117-126 GAGLIA, Sascha: II, 77-86 GALEOTE, Manuel: VI, 125-134 GALLO, Alessandro: III, 277-282 GAMBACORTA, Carla: II, 711-720 GARCÉS GÓMEZ, María Pilar: V, 81-90 GARCÍA BASCUÑANA, Juan F.: I, 565574 GARCÍA FOLGADO, María José: III, 553562 GARCÍA PÉREZ, Rafael: II, 721-730 GARCÍA SÁNCHEZ, Jairo Javier: VII, 435444 GARRAPA, Luigia: IV, 407-416 GÂłĂ, Anca: V, 427-436 GERMAIN, Jean: III, 283-290 GERNER, Hiltrud: VI, 185-192; VI, 213220 GERSTENBERG, Annette: IV, 417-426 GIAUFRET, Anna: V, 91-100 GIL, Alberto: I, 509-518 GIULIANI, Mariafrancesca: II, 87-96 GLEßGEN, Martin-Dietrich: VI, 135-150 GOICU, Viorica: VI, 481-490 GOLDBACH, Maria: II, 311-320 GONÇALVES, Miguel: V, 101-114; VII, 553-562 GONZÁLEZ I PLANAS, Francesc: II, 471480 GONZÁLEZ MARTÍNEZ, Déborah: VI, 151-162 GONZÁLEZ RODRÍGUEZ, Ruth: II, 53-66 GORDÓN, María Dolores: III, 291-298 GRECO, Paolo: II, 321-330 GRIMALDI, Lucia: III, 563-572 GRINSHPUN, Yana: V, 437-446

861 GROSSMANN, Maria: VII, 405-414 GRÜBL, Klaus: III, 573-582 GUARRO I PICART, Beatriu: V, 447-456 GUEX, Patrice: I, 451-460 GUIDO, Luca: III, 277-282; VII, 159-168 HAAS, Pauline: III, 97-106 HACK, Franziska Maria: VII, 83-92 HAQUE, Shahzaman: I, 163-172 HÄRMÄ, Juhani: V, 115-122 HARMEGNIES, Bernard: II, 127-136; II, 137-146 HASCOËT, Nathalie: IV, 427-436 HAßLER, Gerda: I, 575-588 HAVU, Eva: IV, 127-136 HEINEMANN, Sabine: VII, 51-60 HEINZ, Matthias: II, 97-106 HELKKULA, Mervi: V, 457-466 HERRERO INGELMO, José Luis: V, 123134 HERRMANN, Dorit: IV, 437-444 HILTY, Gerold: I, 3-18 HINZELIN, Marc-Olivier: II, 311-320; II, 331-340 HÖCHLE, Katharina: IV, 169-180 HOMMA, Yukiyo: III, 107-114 HUMMEL, Martin: IV, 445-462 IACOBINI, Claudio: II, 731-740 IANNÀCCARO, Gabriele: I, 173-184; VII, 61-74 IBBA, Daniela: I, 315-324 IEMMOLO, Giorgio: II, 341-350 IKEDA, Satoshi: II, 741-748 INGHAM, Richard: VI, 163-174 INGRASSIA, Giorgia: VII, 145-168 IRSARA, Martina: VII, 75-82 ISOSÄVI, Johanna: IV, 127-136 ISQUERDO, Aparecida Negri: IV, 137146 JALENQUES, Pierre: III, 115-124 JEŽEK, Elisabetta: VII, 445-454 JIMÉNEZ, Jesús: II, 107-116 JOHNEN, Thomas: I, 185-194 JOUET (LUNDSTRÖM), Maria: II, 481-490 KAISER, Georg A.: VII, 83-92 KAMINSKAÏA, Svetlana: I, 365-374

862 KEERSMAEKERS, Beatrijs: V, 23-38 KIESLER, Reinhard: II, 351-360 KISS, Sándor: II, 361-368 KLEIBER, Georges: I, 19-46 KLINGEBIEL, Kathryn: VI, 175-184 KONECNY, Christine: III, 125-134 KONZETT, Carmen: IV, 463-472 KRAMER, Johannes: VII, 321-332 KRISTOL, Andres: IV, 147-160 KUNSTMANN, Pierre: VI, 185-192 KUSZTOR, Mónika: I, 519-528 LAGERQVIST, Hans: V, 135-144 LAGÜÉNS GRACIA, Vicente: I, 325-336 LAMBERT, Patricia: IV, 161-168 LAVINIO, Cristina: VII, 169-178 LAVRIC, Eva: IV, 473-482 LAZARD, Sylviane: III, 583-594 LEHTINEN, Mari: II, 117-126 LEJEUNE, Pierre: III, 135-144 LEROY, Sarah: III, 299-306 LÍBANO ZUMALACÁRREGUI, Ángeles: II, 749-758 LIBROVA, Bohdana: VII, 455-464 LINDGREN, Charlotte: IV, 300-310 LIVESCU, Michaela: VI, 491-496 LLITERAS, Margarita: II, 759-768 LLORET, Maria-Rosa: II, 107-116 LLUNA, Xavier: V, 143-152 LO-CICERO, Minh Ha: I, 195-204 LÖFSTEDT, Leena: VI, 193-206 LÓPEZ BERNASOCCHI, Augusta: VI, 125134 LÓPEZ DÍAZ, Montserrat: V, 467-476 LOPORCARO, Michele: II, 497-506 LÖRINCZI, Marinella: I, 205-214 LUBELLO, Sergio: II, 769-778; III, 595604 LUCAS, Petronela: V, 477-484 LÜDI, Georges: IV, 169-180 LÜDTKE, Jens: III, 605-614 LUPŞAN, Karla: VI, 497-504 MADUREIRA, Sandra: II, 45-52 MAGDA, Margareta Manu: VI, 505-518 MAGRI-MOURGUES, Véronique: V, 153162

Index des auteurs

MAIDEN, Martin: II, 311-320 MAILLES, Alain: IV, 181-190 MAINGUENEAU, Dominique: V, 163-170 MAŃCZAK, Witold: VI, 207-212 MANCHO DUQUE, Mª Jesús: II, 779-788 MANES GALLO, M. Caterina: V, 485-494 MANNO, Giuseppe: V, 171-180 MANOLIU, Maria: I, 47-76 MARÁDI, Krisztina: II, 789-798 MARCELINO CARDOSO, Suzana Alice: II, 643-650 MARÍ TUR, Roser: IV, 321-328 MARÍN, Rafael: III, 97-106 MARONGIU, Maria Antonietta: I, 269278; VII, 179-188 MARTEL, Pierre: VII, 241-250 MARTIN, Robert: VI, 213-220 MARTÍNEZ LÓPEZ, Juan A.: IV, 281-290 MASSON, Chantal-Édith: VII, 241-250 MASTRACCI, Marcello: V, 189-198 MASTROFINI, Roberta: IV, 483-496 MATT, Luigi: II, 799-806 MATTHEY, Anne-Christelle: VI, 221-228 MATUTE, Cristina: VI, 135-124 MAZZIOTTA, Nicolas: VI, 229-238 MEKLENBORG SALVESEN, Christine: VI, 239-248 MELKA, Francine: III, 145-154 MELLET, Sylvie: V, 199-208 MENSCHING, Guido: VI, 87-96; VII, 189198 MEULLEMAN, Machteld: II, 369-378 MIHĂILĂ, Maria: III, 307-314 MILANI, Matteo: III, 615-628 MILANO, Emma: I, 337-346 MIOTTI, Renzo: VII, 93-104 MITURA, Magdalena: I, 589-598 MOLINA, Caterina: V, 513-522 MONEGLIA, Massimo: IV, 497-506 MORI, Olga: III, 315-324 MOTA, Jacyra Andrade: IV, 191-198 MOUTINHO, Lurdes de Castro: II, 45-52 MULLER, Claire: VI, 249-258 MUNTEANU COLÁN, Dan: VII, 333-342 MUNTEANU, Eugen: III, 325-336

Index des auteurs

NEUMANN-HOLZSCHUH, Ingrid: VII, 261-272 NICKLAUS, Martina: I, 599-612 NIKITIN, Sergey: III, 337-348 NISSILLE, Christel: VI, 221-228 NOCENTINI, Alberto: III, 349-354 O’NEILL, Paul: II, 311-320 OCTAVIO DE TOLEDO, Álvaro: II, 507522 OESTERREICHER, Wulf: VII, 563-578 OLESEN, Lone Elisabeth: VII, 199-206 OLIVEIRA, Ruth de: II, 491-496 OSTHUS, Dietmar: III, 629-642 OZOLINA, Olga: II, 379-386 PACIARONI, Tania: II, 497-506 PAGANI-NAUDET, Cendrine: III, 643-652 PAGLIARDINI, Angelo: VI, 259-268 PANUNZI, Alessandro: IV, 507-516 PAPA, Elena: III, 355-364 PARKIN, Christina: I, 613-622 PARPALĂ, Emilia: VI, 519-526 PASSAROTTI, Marco: VI, 269-278 PATERNOSTRO, Giuseppe: IV, 517-526 PATZELT, Carolin: III, 155-162 PELO, Adriana: VI, 279-288 PELLETIER, Julie: III, 163-172 PEÑA MARTÍNEZ, Gemma: V, 495-502 PEREA, Maria-Pilar: IV, 199-212 PEREIRA DE SOUSA, Germana H.: I, 665672 PÉREZ SALDANYA, Manuel: II, 585-592 PERKO, Gregor: VII, 465-470 PERTA, Carmela: I, 215-222 PESCHEUX, Marion: V, 209-218 PETITJEAN, Cécile: I, 223-232 PETREQUIN, Gilles: I, 347-356 PFÄNDER, Stefan: IV, 83-98 PICCALUGA, Myriam: II, 127-136 PIERNO, Franco: III, 653-662 PIGNATELLI, Cinzia: VI, 289-296 PIQUER FERRER, Esperança: III, 365-374 PITAR, Mariana: V, 503-512 PLOOG, Katja: I, 357-364 POCIÑA LÓPEZ, Andrés José: VII, 343358

863 PÖCKL, Wolfgang: VII, 471-476 POCH-OLIVÉ, Dolors: II, 127-136; II, 137-146 PODHORNÁ-POLICKÁ, Alena: IV, 213222 POIRÉ, François: I, 365-374 POLÁK, Petr: I, 681-690 POLETTO, Cecilia: VII, 105-112 POLZIN-HAUMANN, Claudia: III, 663-672 PONGE, Myriam: I, 623-632 PONS, Lídia: V, 513-522 POP, Liana: V, 219-230 POPESCU, Mihaela: VI, 297-310 PRAT SABATER, Marta: II, 807-816 PRŠIR, Tea: IV, 527-534 PURDELA SITARU, Maria: VI, 527-538 PUSCH, Claus: IV, 83-98 PUSTKA, Elissa: II, 147-156 RABATEL, Alain: V, 521-530 RAFEL, Joan: I, 375-390 RAIMONDI, Gianmario: III, 375-384 RAVAOARIMALALA, Elisabeth: I, 391400 REINHEIMER RÎPEANU, Sanda: VI, 539548 REMBERGER, Eva-Maria: VII, 189-198 REMYSEN, Wim: III, 673-684 RENDERS, Pascale: VI, 311-320 RENZI, Lorenzo: IV, 223-232 RÈTARO, Valentina: II, 3-12 REVELLI, Luisa: III, 385-394 REYNAUD, Natacha: II, 817-826 RÉZEAU, Pierre: VII, 273-282 REZENDE, Letícia M.: V, 181-188 RIATSCH, Clà: VII, 113-122 RIBEIRO, Sílvia: VII, 477-486 RICKETTS, Peter T.: VI, 79-86 RIDRUEJO, Emilio: II, 387-396; VII, 579584 RINCK, Fanny: V, 531-540 RINDLER SCHJERVE, Rosita: VII, 207216 RINGENBACH, Jean-Loup: VI, 321-328 RINN, Michael: V, 231-240 RIO-TORTO, Graça: VII, 477-486

864 RITTAUD-HUTINET, Chantal: IV, 233242; IV, 535-544 RIVIÈRE, Vincent: I, 401-410 RODRÍGUEZ PEDREIRA, Nuria: VII, 487498 ROEGIEST, Eugeen: I, 97-118 ROLANDO, Andrea: III, 395-406 ROMANO, Antonio: IV, 25-36 ROSENBERG, Maria: VII, 499-508 ROSSEBASTIANO, Alda: III, 407-416 ROSSI, Fabio: II, 827-836 ROST BAGUDANCH, Assumpció: II, 2332 RUGGIA, Simona: V, 199-208 RUGGIANO, Fabio: I, 633-642 RUHSTALLER, Stefan: III, 291-298; III, 417-426 RUSSO, Michela: II, 837-846 SALA, Marius: VI, 549-554 SAMPSON, Rodney: II, 157-164 SÁNCHEZ LANCIS, Carlos: II, 633-642 SÁNCHEZ MÉNDEZ, Juan: I, 232-240; III, 685-694 SÁNCHEZ, Cristina: II, 507-522 SANDRÉ, Marion: V, 251-260 SANT’ANNA, Marco Antônio Domingues: V, 261-270 SARDINHA, Maria da Graça: I, 241-248 SATORRE GRAU, Fco. Javier: II, 523-532 SAURA RAMI, José Antonio: III, 427-438 SCARPELLO, Iolanda: IV, 3-12 SCHIRRU, Carlo: II, 165-174 SCHIRRU, Giancarlo: II, 175-184 SCHMID, Stephan: II, 185-194 SCHMITT, Christian: I, 643-654; III, 695706 SCHREIBER, Michael: I, 655-664 SCHROTEN, Jan: II, 533-546 SCHWEICKARD, Wolfgang: VI, 61-68 SCURTU, Gabriela: VI, 555-564 SEARA, Isabel Roboredo: V, 241-250 ŠEGA, Agata: I, 411-420 SEGUÍ, Agustín: II, 195-202 SIMINICIUC, Elena: V, 271-280 SIMÕES MARQUES, Isabelle: I, 421-430

Index des auteurs

SINGY, Pascal: I, 451-460 SINNER, Carsten: III, 707-716 SIPPOLA, Eeva: I, 431-440 SIVERSEN, Annelise: II, 397-406 SKROVEC, Marie: IV, 83-98 SKUTTA, Franciska: V, 541-548 SMITH, John Charles: II, 311-320 SOARES DA SILVA, Augusto: III, 173186; IV, 243-256 SORNICOLA, Rosanna: II, 3-12; II, 547564 SOUSA FERNÁNDEZ, Xulio: IV, 257-268 SOUVAY, Gilles: VI, 185-192; VI, 213220 SPAMPINATO BERETTA, Margherita: V, 3-12 STAMULI, Maria Francesca: I, 441-450 STAN, Camelia: VI, 565-572 STEINFELD, Nadine: VI, 339-350 ŠTICHAUER, Jaroslav: II, 565-574 STOICHIłOIU-ICHIM, Adriana: VII, 509516 STOLOVA, Natalya I.: III, 187-196 STREBEL, Barbara: VII, 11-20 STRIK LIEVERS, Francesca: VII, 445-454 STROMBOLI, Carolina: VII, 517-526 SUFLEłEL-MOROIANU, Rodica: III, 439448 SUGETA, Shigeaki: VII, 217-228 SULSTAROVA, Brikela: I, 451-460 SUÑER, Avel·lina: I, 375-390, II, 431-442 SVENSSON, Maria: V, 281-290 SWEARINGEN, Andrew: II, 311-320 SZANTYKA, Izabela Anna: V, 549-558 SZLEZÁK, Edith: VII, 283-290 TAYALATI, Fayssal: III, 97-106 TELETIN, Andreea: V, 559-566 TELLES, Célia Marques: II, 203-212 łENCHEA, Maria: II, 575-584 TEODORESCU, Cristiana-Nicola: V, 567576 THIBAULT, André: VII, 291-300 THÖRLE, Britta: IV, 545-554 THORNTON, Anna M.: VII, 527-536 TIHU, Adina: VI, 573-582

Index des auteurs

TIMOTIN, Emanuela: VI, 583-592 TOMÁS ARIAS, Xavier: III, 449-456 TOMESCU, DomniŃa: III, 457-462 TORRENT-LENZEN, Aina: I, 673-680; II, 585-592 TORRUELLA, Joan: II, 847-856 TREMBLAY, Rémi: I, 365-374 TRIMAILLE, Cyril: IV, 99-108 TSIRLIN, Marc: VI, 351-360 TUCCI, Ida: IV, 555-564 TZANAVARI, Mirsini: III, 197-206 ULLOA, Azucena: VII, 537-546 VALENTE, Simona: II, 407-416 VAN DEYCK, Rika: II, 213-230 VAN DROM, Andy: III, 717-726 VAN PETEGHEM, Marleen: I, 77-96 VANDE CASTEELE, An: V, 291-300 VANDERSCHUEREN, Clara: II, 301-310 VANELLI, Laura: VII, 123-134 VAZ, Ana Margarida: II, 45-52 VÁZQUEZ TOURIÑO, Daniel: I, 681-690 VELANDO CASANOVA, Mónica: III, 727736 VELINOVA, Malinka: VI, 361-370 VELOSO, João: II, 231-240 VERVECKKEN, Katrien: III, 69-84

865 VIARO, Mário Eduardo: II, 593-602 VICARIO, Federico: VII, 135-142 VICENTE, Christian: I, 691-700 VIDESOTT, Paul: VI, 371-382 VIEJO LUCIO-VILLEGAS, María: II, 53-66 VÎLCEANU, Titela: I, 701-708 VINTILĂ-RĂDULESCU, Ioana: VI, 593602 VIREDAZ, Rémy: II, 241-248 VLAD, Daciana: V, 301-310 VLEJA, Victoria LuminiŃa: I, 709-718 VÖLKER, Harald: VI, 383-394 WEBER, Orest: I, 451-460 WIENEN, Ursula: I, 509-518 WILLEMS, Dominique: IV, 565-576 WIRTH, Aude: III, 463-472 WOTJAK, Gerd: I, 119-150 WÜEST, Jakob: V, 311-320 YANAPRASART, Patchareerat: IV, 169180 ZAFIU, Rodica: VI, 603-612 ZAMBONI, Alberto: II, 165-174 ZAMORA SALAMANCA, Francisco José: III, 737-746 ZIMMERMANN, Klaus: I, 461-474 ZLITNI, Mériem: I, 475-484

Table générale

TOME I

Conférences plénières Gerold Hilty La storia del romancio e la questione ladina…………………………………………...

3

Georges Kleiber Sémantique proverbiale: proverbe, dénomination et métaphore Le proverbe appelle la métaphore comme l’image les couleurs (Junji Idetako, Voyage au pays du proverbe levant)...............................................................................

19

Maria Manoliu Catégories cognitives, discours et grammaire romane……………..…………………..

47

Marleen Van Peteghem Sur l’assignation du datif dans quatre langues romanes……………………………......

77

Eugeen Roegiest Aspects de typologie syntaxique dans quelques langues romanes: les séquences des pronoms clitiques...............................................................................

97

Gerd Wotjak Un hueso duro de roer: El significado léxico. Enfoques y sugerencias para su descripción..........................................................................................................

119

Section 1 Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Présidents: AUGUSTO CARLI / RITA FRANCESCHINI / NATASCHA MÜLLER Daniela Dorner La situation linguistique en Lorraine germanophone…………………………………

153

868

Table générale

Shahzaman Haque Enjeux des politiques linguistiques: pratiques et comportements langagiers multilingues dans un pays monolingue.........................................................................

163

Gabriele Iannàccaro / Vittorio Dell’Aquila Pre-vedere il cambiamento: analisi e previsione dell’evoluzione degli usi dei codici in territori plurilingui...............................................................................

173

Thomas Johnen A semi-comunicação entre um paciente hispanofalante e sua intérprete portuguesa na conversação com uma médica alemã num hospital de Hamburgo........

185

Minh Ha Lo-Cicero Étude de la traduction portugais – français: problèmes de cohérence textuelle dans un fragment de discours amoureux – Cartas de Amor. Lettres à la fiancée de Fernando Pessoa……….……………………………………...

195

Marinella Lörinczi Ai confini orientali dell’Unione Europea. Interferenze del romeno nell’ungherese dei csángók moldavi………………………………………………….

205

Carmela Perta La varietà francoprovenzale della Puglia tra mantenimento e perdita linguistica.........

215

Cécile Petitjean Représentations linguistiques et plurilinguisme: enjeux et méthode............................

223

Juan Sánchez Méndez Pautas para el estudio del contacto histórico de lenguas en el mundo andino: a propósito del multilingüismo en el Quito colonial........................................

233

Maria da Graça Sardinha A lexicografia e a didáctica do português.....................................................................

241

Section 2 Contact linguistique: influences et interférences Présidents: MAURO FERNÁNDEZ / ALAN BAXTER / JÜRGEN LANG Everton Leopoldino Altmayer Perfil lingüístico da comunidade trentina da cidade de Piracicaba – Brasil..................

251

Table générale

869

Jean-David Bellonie Représentations et pratiques du français et du créole martiniquais d’élèves scolarisés au cycle 3.…………………………...……………………………

259

Eyamba G. Bokamba / M. Antonietta Marongiu L’analisi del code switching nel contatto tra lingue geneticamente imparentate..........

269

Claudio Cicotti Emprunts français et luxembourgeois dans la langue des Bieren (les Italiens du Luxembourg).............................................................................

279

Vlad Cojocaru Dynamique des champs toponymiques en zones bilingues...........................................

287

Mª Teresa Echenique Elizondo Locuciones adverbiales de origen románico en la lengua vasca...................................

295

Mauro Fernández La partícula con en el chabacano, el español de Filipinas y el taglish..........................

305

Daniela Ibba El paradigma habeo + participio en el Libro Verde del Racional del Archivio di Stato di Cagliari………………………………………...……………

313

Vicente Lagüéns Gracia Variación interna y contacto lingüístico en la scripta aragonesa medieval: a propósito de la alternancia de las formas de perfecto -aron y -oron........

325

Emma Milano Ai margini di una ricerca su lingua e dialetto nel centro di Napoli: questioni di metodo......................................................................................

337

Gilles Petrequin Les calques sémantiques et le vocabulaire des institutions parlementaires dans le français du XVIIe siècle............................................................

347

Katja Ploog Mécanismes discursifs entre contact de langues et dynamiques linguistiques..............

357

François Poiré / Svetlana Kaminskaïa / Rémi Tremblay Conséquences du contact avec l’anglais sur la réalisation de la liaison et du schwa en français de Windsor, Canada.................................................

365

870

Table générale

Joan Rafel / Avel·lina Suñer La interferencia de las L1 de los inmigrantes (chino, árabe y rumano) en la interlengua española en cuanto a la expresión de la definitud..............................

375

Elisabeth Ravaoarimalala L’usage post-colonial du français à Madagascar, une ancienne colonie de la France, pays membre de l’Union Européenne......................................................

391

Vincent Rivière Estudi d’un contact dialectau: Lo gascon tolosan.........................................................

401

Agata Šega La distribution spatiale des anciens romanismes en slovène………………………….

411

Isabelle Simões Marques Plurilinguisme et immigration dans la littérature portugaise contemporaine................

421

Eeva Sippola Sobre los marcadores discursivos en el chabacano de Ternate.....................................

431

Maria Francesca Stamuli Greco di Calabria e morte di lingua. Forme innovative e semi-parlanti……………...

441

Orest Weber / Brikela Sulstarova / Pascal Singy / Patrice Guex Contacts de langues et tabous sexuels: étude de l’imaginaire linguistique de personnes plurilingues d’origine subsaharienne vivant en Suisse romande..................

451

Klaus Zimmermann El manejo de las lenguas en contacto (interferencia, transferencia, préstamo, code switching etc.) desde la perspectiva del constructivismo neurobiológico............

461

Mériem Zlitni Impact du langage des métiers et professions des Italiens de Tunisie sur la variété dialectale d’arabe tunisien: réflexion sur un cas de contact de langues (XIXe- XXe siècles)........................................................................

475

Table générale

871

Section 3 Traductologie romane et historique Présidents: ALBERTO GIL / BRIGITTE LÉPINETTE / MARCELLO SOFFRITTI Jörn Albrecht Cicéron, Horace, Saint-Jérôme, Pierre-Daniel Huet et la traduction «libre». Histoire d’un malentendu millénaire……………..……………………………………

487

Maria Elisete Almeida Problemas na tradução em francês do sujeito gramatical português..............................

499

Vahram Atayan / Alberto Gil / Ursula Wienen Saarbrücker Übersetzungsbibliographie – un outil de recherche sur la traduction et l’interculturalité dans une perspective historique.…………………….

509

Vahram Atayan / Mónika Kusztor Come esplicitare l’esplicitazione? Qualche considerazione sull’ipotesi dell’esplicitazione nella teoria della traduzione...........................................

519

Anders Bengtsson La proposition participiale à travers deux traductions du XVe siècle.............................

529

Minne G. de Boer Quatre châteaux blancs. Comparaison des traductions romanes du roman Beyaz Kale d’Orhan Pamuk...........................................................................

539

Tatjana Djurin François Rabelais chez les Serbes – amour de la langue et une traduction inventive...

547

Cornelia Feyrer Diversification scientifique, interculturalité et mondialisation: des univers contradictoires? – Les traducteurs au croisement de la spécialisation technique et de la mondialisation du savoir....................................

555

Juan F. García Bascuñana Traduction et plurilinguisme au XVe siècle: à propos de Charles d’Orléans.................

565

Gerda Haßler La traduction des topics et focus de l’oralité simulée....................................................

575

Magdalena Mitura La déontologie du traducteur: entre Georges Mounin et Paul Ricoeur..........................

589

872

Table générale

Martina Nicklaus C’ha la fidanzata? – Hat er schon eine Freundin? Osservazioni sugli articoli in tedesco e italiano.............................................................

599

Christina Parkin La traduction à vue – une forme hybride entre l’interprétation et la traduction écrite...

613

Myriam Ponge Traduction de la ponctuation et contraintes linguistiques (à partir d’une étude comparée de traductions espagnoles de A la recherche du temps perdu)......................

623

Fabio Ruggiano Tra La vida es sueño e La vita è sogno: il genere scomparso del rimaneggiamento......

633

Christian Schmitt Bovelles traducteur de Bovillus....................................................................................

643

Michael Schreiber «Quelle hypocrisie!» La traduction des exclamations dans les discours politiques.......

655

Germana H. Pereira de Sousa Entre Quarto de despejo et Le dépotoir: le journal intime de Carolina Maria de Jesus au Brésil et en France………………………………….…….

665

Aina Torrent-Lenzen Hacia una teoría de la traducción de fraseologismos (tomando como ejemplo el par de lenguas español-alemán)..........................................

673

Daniel Vázquez Touriño / Petr Polák De marionetas españolas a robots centroeuropeos: la traducción y la puesta en escena de El señor de Pigmalión en Praga..............................................

681

Christian Vicente Lingüística de corpus y traducción especializada: aplicaciones a la traducción francés-español de la economía.........................................

691

Titela Vîlceanu Fidélité linguistique et culturelle dans la traduction.......................................................

701

Victoria LuminiŃa Vleja Proyección y traducción de Góngora en Romania.........................................................

709

Table générale

873

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

721

Table générale.................................................................................................................

729

874

Table générale

TOME II

Section 4 Phonétique et phonologie Présidents: MICHELE LOPORCARO / ALAN YVES CHARLES MORIN / FERNANDO SÁNCHEZ MIRET Giovanni Abete / Valentina Rètaro / Rosanna Sornicola Per un’ipotesi di setting arretrato in area napoletana: la /a/ tonica a Procida................

3

Marcello Barbato Dio mio. Un frammento di grammatica storica.............................................................

13

Montserrat Batllori Dillet / Beatriz Blecua Falgueras / Assumpció Rost Bagudanc Nuevas reflexiones sobre la existencia de la labiodental sonora en la evolución del español....................................................

23

Francisco José Cantero Serena / Dolors Font Rotchés Patrones melódicos coincidentes en español y en catalán.............................................

33

Rosa Lídia Coimbra / Lurdes de Castro Moutinho / Ana Margarida Vaz / Plínio A. Barbosa / Sandra Madureira Análise contrastiva dos contornos prosódicos de duas variedades do Português.........

45

Yolanda Congosto Martín / Liliana Díaz Gómez / María Viejo Lucio-Villegas / Ruth González Rodríguez Estudio contrastivo de la entonación del castellano de Don Benito y del asturiano de Mieres en el marco del Proyecto AMPER.......................................

53

Lorenzo Filipponio La quantità vocalica nei proparossitoni etimologici al confine tra toscano e gallo-italico..............................................................................

67

Sascha Gaglia La metafonesi come fenomeno d’interfaccia. A proposito di due dialetti meridionali.

77

Mariafrancesca Giuliani La notazione del raddoppiamento consonantico interno ai nessi clitici nelle scritture italoromanze delle origini................................................

87

Table générale

875

Matthias Heinz La diachronie des structures syllabiques en espagnol et en catalan: analyses quantitatives et textuelles................................................................................

97

Jesús Jiménez / Maria-Rosa Lloret Entre la articulación y la percepción: Armonía vocálica en la península Ibérica.........

107

Mari Lehtinen L’utilisation des traits prosodiques comme indices conclusifs dans des émissions radiophoniques...............................................................................

117

Myriam Piccaluga / Dolors Poch-Olivé / Bernard Harmegnies La transparence lexicale en modalité orale; le cas du couple espagnol – français........

127

Dolors Poch / Bernard Harmegnies Centralización y reducción en las lenguas románicas...................................................

137

Elissa Pustka Farrebique, Biquefarre – et l’accent aveyronnais d’aujourd’hui..................................

147

Rodney Sampson La qualité des voyelles prothétiques en roman..............................................................

157

Carlo Schirru / Alberto Zamboni Ancora sul vocalismo cisalpino: alcune caratteristiche del Trentino occidentale (in comparazione con l’area ladina dolomitica)............................................................

165

Giancarlo Schirru Alterazione di consonanti lunghe in italoromanzo........................................................

175

Stephan Schmid Les occlusives palatales du vallader.............................................................................

185

Agustín Seguí El sufijo átono ´-aro y el caso de los quechuismos epentéticos (chacra > chácara, chucru > chúcaro)..........................................................................

195

Célia Marques Telles Grafemas e fonemas: representação de africadas e fricativas no Castelo Perigoso......

203

Rika Van Deyck La disparition du phonème /ae/ issu du /a/ latin tonique et libre et l’avènement du mode antérieur en gallo-roman........................................................

213

876

Table générale

João Veloso Rimes /VGNS/ en position finale de mot en portugais: une contrainte «sensible au mot»..................................................................................

231

Rémy Viredaz Du vocalisme latin aux vocalismes romans: quel scénario reconstruire?.....................

241

Section 5a Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Luisa Amenta Avere a/da + infinito: un confronto tra siciliano e italiano….......................................

251

Louis Begioni Aktionsart et aspect verbal en français..........................................................................

263

Claude Buridant La substantivation de l’infinitif en français contemporain: aperçu historique et perspectives romanes, ou du «nerbe» au «vom» et réciproquement.........................

273

Patrizia Cordin La selezione dell’ausiliare per i verbi con l’infinito in -si in alcune varietà settentrionali dell’italiano: un percorso dal XV secolo ad oggi.........

291

Renata Enghels / Clara Vanderschueren La función sintáctica del participante percibido: un análisis contrastivo español-portugués.....................................................................

301

Maria Goldbach / Marc-Olivier Hinzelin / Martin Maiden / Paul O’Neill / John Charles Smith / Andrew Swearingen À la recherche de l’arbitraire dans la morphologie diachronique et comparative du verbe roman: syncrétisme et supplétisme verbaux..........................

311

Paolo Greco Sulla diatesi delle costruzioni participiali italiane alla luce di dati tardo-latini............

321

Marc-Olivier Hinzelin L’interpolation dans les langues romanes: aspects diachroniques................................

331

Giorgio Iemmolo La marcatura differenziale dell’oggetto in siciliano: un’analisi contrastiva.................

341

Table générale

877

Reinhard Kiesler À propos de la structure du groupe verbal dans les langues romanes...........................

351

Sándor Kiss Grammaticalisation du verbe pronominal à sens non-actif – du latin aux langues romanes...........................................................

361

Machteld Meulleman Les constructions existentielles en français, en espagnol et en italien..........................

369

Olga Ozolina Grammaticalisation et classes lexico-grammaticales dans la langue française (rapports attributifs).......................................................................................................

379

Emilio Ridruejo Sobre el proceso de gramaticalización de siquiera.......................................................

387

Annelise Siversen Los marcadores de infinitivo en la construcción incoativa con comenzar y cominciare – ¿Un caso de gramaticalización?....................................

397

Simona Valente Gli inserti velari nella morfologia verbale di alcuni testi campani antichi....................

407

Section 5b Morphologie et syntaxe Présidents: LENE SCHØSLER / ULRICH DETGES / ELISABETH STARK / FRANCE MARTINEAU Montserrat Batllori Dillet La periferia izquierda del sintagma nominal: artículo ante posesivo en español medieval...................................................................

419

Ángela Di Tullio / Avel·lina Suñer La extensión del artículo indefinido evaluativo ante nombres de cualidad en función de atributo: un estudio contrastivo.....................

431

Andreas Dufter Subordination et expression du sujet en ancien français...............................................

443

Rembert Eufe La genèse de que et la subordination en latin et français..............................................

459

878

Table générale

Francesc González i Planas La colocación de los clíticos pronominales en asturleonés...........................................

471

Maria Jouet (Lundström) L’ordre des mots dans le ms. Vu 20, le Roman d’Alexandre en prose (Kungliga Biblioteket, Stockholm)...............................................................................

481

Ruth de Oliveira Détachements thématiques en portugais du Brésil: fonctionnements et spécificités....

491

Tania Paciaroni / Michele Loporcaro Funzioni morfologiche dell’opposizione fra -u e -o nei dialetti del maceratese.............................................................................................

497

Cristina Sánchez / Álvaro Octavio de Toledo À propos de la distribution et de l’évolution des schémas de quantification interrogative et exclamative dans les langues romanes.................................................

507

Fco. Javier Satorre Grau «Todo», ¿adverbio? Estudio de la palabra simple y de las unidades fraseológicas de las que forma parte.................................................

524

Jan Schroten Pronombre tónico, pronombre átono y pronombre nulo: sus características en español........................................................................................

533

Rosanna Sornicola I dialetti italiani meridionali e la sorte del neutro: alcune riflessioni su una varietà siciliana......................................................................

547

Jaroslav Štichauer Evolution des prépositions et emplois locatifs en français préclassique et classique et la notion de locativité forte/faible..........................................................

565

Maria łenchea Les distributifs aléatoires en roumain et en français.....................................................

575

Aina Torrent-Lenzen / Manuel Pérez Saldanya Los activadores negativos en catalán antiguo...............................................................

585

Mário Eduardo Viaro / Sandra Aparecida Ferreira Sémantique diachronique du suffixe portugais -eiro.....................................................

593

Table générale

879

Section 6 Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques Présidents: MAURIZIO DARDANO / MANUEL ALVAR EZQUERRA / GERHARD ERNST Manuel Alvar Ezquerra Presencia de las lenguas románicas en el Nuevo Tesoro Lexicográfico del Español (s. XIV-1726)..............................................

605

Xosé Afonso Álvarez Pérez Notas dun modelo para o estudo dun campo léxico galego: o espiñazo da vaca..........

613

Myriam Benarroch L’apport des dictionnaires de Jerónimo Cardoso (XVIe siècle) à la datation du Dicionário Houaiss (2001)..................................................................

623

Cristina Buenafuentes de la Mata / Carlos Sánchez Lancis El género gramatical: norma y diacronía en el español en contraste con el catalán.....

633

Suzana Alice Marcelino Cardoso A expressão do «existencial» no português brasileiro: ter, haver e existir segundo dados do projeto Atlas Lingüístico do Brasil....................

643

Gianluca Colella I costrutti condizionali conversazionali in italiano........................................................

651

Yolanda Congosto Martín Historia lingüística del ár. QĀDÛS en iberorromance....................................................

661

Esther Corral Díaz Algunas prendas de amor en la lírica gallego-portuguesa.............................................

673

Elmar Eggert La variación de designaciones en el lenguaje específico del castellano del siglo XV (en dos traducciones independientes de la enciclopedia latina de Bartolomé el Inglés)..........................................................

681

Cristina Florescu Les particularités lexicales du roum. linişte ‹tranquillité; silence› vs. ses équivalents français............................................................................................

691

Temistocle Franceschi Una fratellanza occulta: «sèdano» e «prezzémolo»......................................................

701

880

Table générale

Carla Gambacorta Per una edizione critica della Fiorita chietina di Armannino giudice. Sondaggi sulla lingua....................................................................................................

711

Rafael García Pérez Los marcadores rectificativos en un diccionario histórico............................................

721

Claudio Iacobini Le parole per guerra e per duello nelle lingue romanze in relazione con le altre lingue europee: tipi morfologici e rapporti lessicali...............

731

Satoshi Ikeda A propos du lexème beau en français contemporain.....................................................

741

Ángeles Líbano Zumalacárregui El desarrollo industrial en la Baja Edad Media: análisis comparativo de la terminología navarro-aragonesa y vascongada...................

749

Margarita Lliteras Lexicalización de adjetivos en locuciones nominales y en nombres compuestos (de luna llena a plenilunio)............................................................................................

759

Sergio Lubello Le prime voci del DAGI (Dizionario dell’antica gastronomia italiana)........................

769

Mª Jesús Mancho Duque Testimonios de la tradición culta en el léxico matemático del Renacimiento..............

779

Krisztina Marádi Pirates, Zombies, Chevaux de Troie L’effet de la cybercriminalité sur notre vocabulaire.....................................................

789

Luigi Matt I motori di ricerca in Internet come fonte per la lessicologia e la lessicografia............

799

Marta Prat Sabater La primera documentación en el proceso de transmisión léxica entre lenguas románicas.......................................

807

Natacha Reynaud El proyecto PILEI y su aplicación al estudio comparativo del léxico: problemas y perspectivas...............................................................................................

817

Fabio Rossi Lessico della letteratura musicale italiana 1490-1950 (LesMu)....................................

827

Table générale

881

Michela Russo / Marcello Aprile Il Cartulario del Monastero di Conversano. Lessico e stratigrafia linguistica.............

837

Joan Torruella Estudio contrastivo del léxico catalán, aragonés, castellano y leonés de los siglos XIII y XIV....................................

847

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

859

Table générale.................................................................................................................

867

882

Table générale

TOME III

Section 7 Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Présidents: PETER KOCH / NICOLE DELBECQUE / ROLAND LANDHEER † María Isabel Arranz Sanz Fraseología rota en las letras de las canciones de Joaquín Sabina: musa y memoria...

3

M. Celeste Augusto Une gauche qui n’est pas ‹gauche›: parcours lexico-sémantique des notions de gauche dans les langues romanes.............

13

Micaela Carrera de la Red Pragmática de merced en la historia de las lenguas romances: el portugués y el español en la Edad Media..................................................................

23

Natàlia Català Torres Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva..........................................

33

Adriana Costăchescu Mode d’action et espace...........................................................……...…...…………...

43

Nicole Delbecque / Ángela Di Tullio Así como atributo adnominal comparativo-evaluativo..................................................

53

Nicole Delbecque / Katrien Verveckken La grille événementielle de mouvement et l’aspectualité. Le cas des verbes espagnols entrar et salir...................................................................

69

Ludwig Fesenmeier «Se souvenir» en français et en italien: différence(s) de centrage................................

85

Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs........................................

97

Yukiyo Homma Réflexion sur quelques emplois a priori insolites de la préposition SUR.....................

107

Table générale

883

Pierre Jalenques Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter......

115

Christine Konecny Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica........................

125

Pierre Lejeune Comment traduire en français le pretérito perfeito composto portugais.......................

135

Francine Melka L’entrée polysémique dans le dictionnaire monolingue et bilingue..............................

145

Carolin Patzelt La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas en las lenguas románicas..............................

155

Julie Pelletier La variation terminologique..........................................................................................

163

Augusto Soares da Silva Tirer le sens vers le haut et vers le bas: flexibilité et limites de la polysémie...............

173

Natalya I. Stolova La evolución del campo conceptual de movimiento: una perspectiva cognitiva onomasiológica....................................................................

187

Mirsini Tzanavari Analyse des profils cooccurrentiels dans le corpus romanesque d’Hervé Bazin..........

197

Section 8 Onomastique (toponymie et anthroponymie) Présidents: EVA BUCHI / ALBERTO NOCENTINI / FRANCISCO VILLAR LIÉBANA Maria-Reina Bastardas Rufat Les reflets du suffixe -ŪCEU dans l’anthroponymie romane. Productivité, chronologie, typologie.............................................................................

209

Marie-Guy Boutier Le nom de Spa, témoin d’un thermalisme antique dans la cité des Tongres. Sept étapes pour l’étymologie de Spa...........................................................................

219

884

Table générale

Ana María Cano González Antroponimia y diacronía en las lenguas románicas.....................................................

229

Emili Casanova / Ramon Ferrer Pervivència i mobilitat en toponímia: el cas de la Vall d’Albaida................................

239

Daniela Dincă Moyens d’expression des relations casuelles des noms propres de personne en français et en roumain....................................................

249

Nicolae Felecan / Daiana Felecan Structuri antroponimice şi toponimice în łara Oaşului................................................

259

Oliviu Felecan InterferenŃe româno-maghiare în antroponimia din nord-vestul României...................

267

Alessandro Gallo / Luca Guido Una nuova banca dati sui toponimi della Sardegna.......................................................

277

Jean Germain Doit-on dater les lexèmes d’après des mentions anthroponymiques?...........................

283

María Dolores Gordón / Stefan Ruhstaller Colectivos mozárabes con sufijo -ĒTUM en nombres de lugar granadinos...................

291

Sarah Leroy Noms propres et transcatégorisations. Le cas des toponymes événementiels...............

299

Maria Mihăilă La formation des noms de personne en roumain...........................................................

307

Olga Mori Aspectos teóricos relevantes de las designaciones urbanas..........................................

315

Eugen Munteanu Le nid ethno-choronymique «juif» en roumain. Approche historique et systématique

325

Sergey Nikitin Teoria del segno toponomastico orale attraverso materiali raccolti sulla comunicazione quotidiana della città di Monza………………....................................

337

Alberto Nocentini Qualche riflessione sui toponimi prelatini con vocalismo in -a....................................

349

Table générale

885

Elena Papa GIS e toponomastica: un approccio complementare.....................................................

355

Esperança Piquer Ferrer Algunas reflexiones entorno a los conceptos «BONUS» y «MALUS» aplicados a la antroponimia medieval...........................................................................

365

Gianmario Raimondi Antroponimia familiare in un quadro diglottico: il caso della Valle d’Aosta...............

375

Luisa Revelli Cognomi come nomi, nomi come cognomi. Appellativi femminili in Piemonte e Valle d’Aosta......................................................

385

Andrea Rolando La toponymie et l’histoire des langues romanes...........................................................

395

Alda Rossebastiano Il dizionario dei nomi di persona in Italia: dubbi, scelte, problemi e risultati............

407

Stefan Ruhstaller Artículo modelo del Diccionario etimológico de los nombres de lugar de la provincia de Sevilla..............

417

José Antonio Saura Rami Glosas sobre toponimia prerromana altoaragonesa.......................................................

427

Rodica SufleŃel-Moroianu Termes géographiques d’origine latine et romane en roumain.....................................

439

Xavier Tomás Arias Quelques mots anciens de l’aragonais d’après la microtoponymie du Haut-Aragon (Espagne)................................................................

449

DomniŃa Tomescu Dérivation lexicale et dérivation onomastique dans les langues romanes....................

457

Aude Wirth Anthroponymie et scripta: le digramme «-ez» dans les anthroponymes lorrains du XIIIe au XVIe siècle.............................................

463

886

Table générale

Section 9 Constitution de la norme dans les langues romanes Présidents: FRANZ LEBSANFT / ANTHONY LODGE / ANDRÉ THIBAULT Isabel Almeida Santos Gramática e constituição da norma: o caso do vernacular português...........................

475

Clarinda de Azevedo Maia A selecção do dialecto da antiga província da Estremadura como modelo de língua exemplar na tradição gramatical portuguesa: fundamentos históricos da sua ‹excelência idiomática›……........................................

485

Gerald Bernhard Concezione e percezione dell’italiano standard nella regione della Ruhr (Germania).............................................................................

495

Marc Bonhomme Norme et formation du français classique. La position de Gilles Ménage....................

509

Jenny Brumme El castellano de Cataluña. Revisión de una norma constituyente a partir de la perspectiva histórica.....................

519

Rolf Eberenz El Universal vocabulario (1490) de Alfonso Fernández de Palencia y la norma del castellano cuatrocentista: latinismos y formación de palabras..............

529

Gerhard Ernst «qu’il ny a ny ortographe ny virgule encorre moins devoielle deconsol et pleinne delacunne»: la norme des personnes peu lettrées (XVIIe et XVIIIe siècles).................

543

Mara Fuertes Gutiérrez / María José García Folgado La concepción de la norma en las gramáticas del español del siglo XVIII...................

553

Lucia Grimaldi Dalla LSU alla LSC: Itinerari della standardizzazione del sardo...................................

563

Klaus Grübl Les multiples origines du standard: à propos du concept de koïnéisation en linguistique diachronique...............................

573

Sylviane Lazard Stabilité et fluctuation dans la langue documentaire milanaise à la fin du XVe siècle (analyse du testament de Ludovic le More)..................................................................

583

Table générale

887

Sergio Lubello Una norma per l’italiano dopo l’unità: tra Ascoli e Manzoni.......................................

595

Jens Lüdtke Acerca de la constitución temprana de la norma del léxico culto en América..............

605

Matteo Milani Panorama delle prime grammatiche tra latino e volgare italiano..................................

615

Dietmar Osthus L’histoire sociale et la constitution de la norme linguistique – les modèles français, espagnol et portugais................................................................

629

Cendrine Pagani-Naudet Ellipse, omission, pléonasme... À qui la faute?.............................................................

643

Franco Pierno Vers un nouveau modèle de planification linguistique? Analyse des récentes prescriptions de l’Église catholique en matière de minorités linguistiques..................

653

Claudia Polzin-Haumann À propos de la constitution de la norme dans l’enseignement des langues...................

663

Wim Remysen Le discours normatif des chroniqueurs de langage canadiens-français: arguments avancés pour justifier certains emplois qui ont cours en français du Canada...............

673

Juan Sánchez Méndez Modelos normativos e ideología: contribución a la historia de los modelos normativos en pugna en el siglo XIX hispanoamericano..............................................

685

Christian Schmitt La constitution de la norme linguistique et la formation du français, langue nationale: Henri Estienne...............................................................

695

Carsten Sinner ¿Es neutro el español neutro?........................................................................................

707

Andy Van Drom Le français québécois: l’expression d’une nation. Une exploration socio-linguistique du statut de la langue française au Québec...........

717

Mónica Velando Casanova La evolución de la norma morfosintáctica del español en las gramáticas de la RAE...

727

888

Table générale

Francisco José Zamora Salamanca Variedades nacionales del español estándar (con algunas reflexiones sobre los casos de Argentina y Chile)...................................

737

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

749

Table générale.................................................................................................................

757

Table générale

889

TOME IV

Section 10 Sociolinguistique et dialectologie Présidents: FRANÇOISE GADET / ROSANNA SORNICOLA / GEORGES LÜDI Chiara Amoruso / Iolanda Scarpello Il dialetto nei discorsi degli immigrati: intrecci di sistema e scelte d’uso.................…

3

Dorothée Aquino-Weber La lettre de la peu-lettrée des Mémoires d’un forban philosophe (1829) à la lumière des méthodes de la sociolinguistique historique........................................

13

Francesco Avolio / Antonio Romano Ai margini dell’area Lausberg: le varietà di Aliano e Alianello nei risultati di un’indagine dialettologica e fonetica.....................................................

25

Esther Baiwir L’impact relatif de la langue-toit sur une famille lexicale des dialectes locaux: les cas de ‹voisin›, ‹voisiner›, ‹voisinage› dans les dialectes de Wallonie....................

37

Laurence Buson / Jacqueline Billiez Quels parallèles entre les représentations du parler plurilingue et celles du parler pluristyle chez les enfants?.......……...…...…………...

47

Aitor Carrera El gascó a l’alta conca de la Garona: la Vall d’Aran entre el Comenge i el Coserans. Aproximació dialectològica.......................................

57

Giovanni Depau Osservazioni sul code switching italiano-dialetto nell’area urbana di Cagliari............

71

Cynthia Dermarkar / Stefan Pfänder / Claus Pusch / Marie Skrovec Le français global – émergence, variation, francoversaux: un nouveau corpus de la francophonie actuelle.............................................................

83

Lorenzo Devilla / Cyril Trimaille Variantes palatalisées/affriquées en français hexagonal: quel(s) statut(s) sociolinguistique(s) pour quel destin?.................................................

99

890

Table générale

Margherita Di Salvo La Campania dialettale: teorie dei parlanti sulla propria lingua....................................

109

Françoise Gadet Sociolinguiste dans une grammaire: la variation pour une grammaire du français......

117

Eva Havu / Johanna Isosävi Les stratégies d’adresse dans différents types de texte.................................................

127

Aparecida Negri Isquerdo Revisitando os conceitos de rural e urbano no português do Brasil: contribuições do Projeto ALiB......................................................................................

137

Andres Kristol Atlas linguistique audio-visuel du francoprovençal valaisan ALAVAL. La morphosyntaxe du clitique sujet et le problème de la notion pro-drop……...........

147

Patricia Lambert Différenciation et essentialisation sociolinguistiques: entrons dans un lycée…...........

161

Georges Lüdi / Katharina Höchle / Patchareerat Yanaprasart Dynamiques langagières et gestion de la diversité: l’exemple d’une grande entreprise pharmaceutique internationale basée en Suisse.....

169

Alain Mailles Exigences d’une linguistique scientifique en dialectologie...........................................

181

Jacyra Andrade Mota O valor estilístico de variantes estigmatizadas no português do Brasil, com base em dados do Projeto ALiB............................................................................

191

Maria-Pilar Perea / Germà Colón Domènech Cronoestratigrafía dialectal........................................................................…………...

199

Alena Podhorná-Polická Expressivité des «mots identitaires» dans l’argot des jeunes……………...………….

213

Lorenzo Renzi Come cambia l’italiano contemporaneo........................................................................

223

Chantal Rittaud-Hutinet La variation, le flou et les erreurs dans trois états d’un français régional.....................

233

Table générale

891

Augusto Soares da Silva Convergence et divergence entre le portugais européen et le portugais du Brésil: un projet de sociolexicologie cognitive……………………………………………….

243

Xulio Sousa Fernández Xeolingüística e cambio lingüístico: gheada e seseo no ALPI e no ALGa....................

257

Vanderci de Andrade Aguilera Crenças e atitudes lingüísticas: o que dizem os falantes das capitais brasileiras sobre os que falam diferente na localidade...............................

269

Section 11 Langue orale et langue écrite Présidents: CLAIRE BLANCHE-BENVENISTE † / EMANUELA CRESTI / DOMINIQUE WILLEMS Gunn Aarli / Juan A. Martínez López ¿Son las expresiones fijas elementos propios del lenguaje oral?..................................

281

Daniela Acciardi L’uso di perché nel parlato spontaneo (archivio C-ORAL-ROM)…...........................

291

Carina Andersson / Charlotte Lindgren Représentation de l’oral à l’écrit dans les traductions en français de livres suédois pour enfants.....................................................................

301

Christine Blauth-Henke Du nouveau sur la réduplication totale dans les langues romanes à l’âge des corpus...

311

Núria Busquet Isart / Roser Marí Tur Los dialectalismos en los chats en catalán.....................................................................

321

Esteve Clua Distancia lingüística entre los dialectos del catalán a partir de los datos del COD.......

329

Cecilia Condei Les dialogues romanesques: l’insertion de l’oral dans l’écrit.......................................

339

Emanuela Cresti Clitici e relazioni anaforiche nell’articolazione dell’informazione: una ricerca corpus-driven nel parlato italiano (C-ORAL-ROM)..................................

349

892

Table générale

Henri-José Deulofeu Portée sémantique et rattachement syntaxique vers l’amont des constituants périphériques non «phrastiques» en français parlé........................................................

359

DomniŃa Dumitrescu Sobre la atenuación cortés en español y rumano: unas estrategias comunes................

371

Irina Duriagina Certaines méthodes de distinction des ‹régionalismes› et des ‹dialectismes› dans les scriptae: Normandie.........................................................................................

389

Dolors Font Rotchés La entonación de las interrogativas absolutas: publicidad versus habla espontánea.....

397

Luigia Garrapa L’elisione vocalica ai confini di parola nel Fiorentino parlato e l’interazione fra morfologia, fonologia, frequenza d’uso e variazione di registro.............................

407

Annette Gerstenberg Question de genre, question de style. Quelques remarques sur la base d’un corpus oral.........................................................

417

Nathalie Hascoët Discours, gestes et intonation dans l’analyse conversationnelle...................................

427

Dorit Herrmann Le parlé dans l’écrit. L’usage de la langue française dans la presse quotidienne régionale à la frontière franco-suisse…...……...................

437

Martin Hummel La diachronie du système adverbial des langues romanes: tradition orale et tradition écrite....................................................................................

445

Carmen Konzett Chercheurs en débat: quelques caractéristiques des discussions scientifiques pendant des colloques de linguistique en France.....................................

463

Eva Lavric La chica esa – ton collègue là. Les auérismes ou: Comment co-construire les référents dans la conversation...........................................

473

Roberta Mastrofini Gradi di inaccusatività in italiano: parametri di individuazione e analisi su corpus.....

483

Table générale

893

Massimo Moneglia Predicati generali ad alta frequenza nei corpora orali delle lingue romanze.................

497

Alessandro Panunzi Il verbo essere nel parlato italiano: strutture semantiche e linee di variazione.............

507

Giuseppe Paternostro Per una sociolinguistica del parlato: profili di parlanti fra competenza comunicativa, competenza testuale, competenza linguistica....................

517

Tea Pršir L’apport de la prosodie à la reformulation et à la répétition lors du passage de l’écrit à l’oral...................................................................................

527

Chantal Rittaud-Hutinet Question orale: une concurrence verbale / vocale?.......................................................

535

Britta Thörle Le locuteur collectif revisité. A propos de la production collective des énoncés en espagnol.....................................

545

Ida Tucci La modalità nel parlato spontaneo e il suo dominio di pertinenza. Una ricerca corpus-based (C-ORAL-ROM Italiano).............................................…...

555

Dominique Willems / Claire Blanche-Benveniste † Verbes «faibles» et verbes à valeur épistémique en français parlé: il me semble, il paraît, j’ai l’impression, on dirait, je dirais........................................

565

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

579

Table générale.................................................................................................................

587

894

Table générale

TOME V

Section 12a Pragmatique synchronique et historique; analyse du discours et analyse conversationnelle Présidents: DOMINIQUE MAINGUENEAU / LIGIA STELA FLOREA / ALAIN RABATEL / VICENT SALVADOR Giovanna Alfonzetti / Margherita Spampinato Beretta L’arte dell’insulto o il ‹rispondere per le rime›.........................................................…

3

Donella Antelmi Comunicazione turistica: ethos e identità......................................................................

13

Bert Cornillie / Nicole Delbecque / Beatrijs Keersmaekers Compromiso vs involucración del hablante: una reflexión crítica a partir de dos casos de variación lingüística...............................

23

Gonçalo Fernandes O princípio da cortesia em português europeu..............................................................

39

Ligia Stela Florea Construction et fonctions du récit dans l’entretien médiatique.......……...…………...

49

Marie-laure Florea Portrait d’autrui et image de soi: l’éthos dans la nécrologie de presse..........................

63

Birgit Frank Les actes de langage indirects: une perspective prototypique…..…………………….

73

María Pilar Garcés Gómez El proceso de gramaticalización de los marcadores discursivos de correlación...........

81

Anna Giaufret Quand la casquette change: la négociation de l’ethos dans les interactions médiatiques..........................................

91

Miguel Gonçalves Opposition et rupture énonciative du discours: or, ahora bien et ora bem..............................................................................................

101

Table générale

895

Juhani Härmä Paratextes français dans les dissertations finlandaises des siècles passés: aspects textuels et énonciatifs........................................................................................

115

José Luis Herrero Ingelmo Reformuladores de recapitulación: de complementos de modo a marcadores del discurso (en resumen, en síntesis, en suma, en conclusión, en definitiva)....................

123

Hans Lagerqvist Prolégomènes à une théorie modale pour le français……………………………........

135

Xavier Lluna / Josep Vicenç Calatayud Análisis comparado de estructuras lingüísticas de los aforismos en catalán y en francés.......................................................................

143

Véronique Magri-Mourgues Construction du stéréotype et modalisation..................................................................

153

Dominique Maingueneau L’énonciation aphorisante.............................................................................................

163

Giuseppe Manno Comment quantifier le travail de figuration (face-work) dans les textes écrits directifs?......................................................................................

171

Letícia M. Rezende Nominalisation et discours ........................................................................…………...

181

Marcello Mastracci La lingua speciale della musica nelle recensioni musicali nei quotidiani italiani…….

189

Sylvie Mellet / Simona Ruggia Quand même, à la croisée des approches énonciatives.................................................

199

Marion Pescheux La focalisation anaphorique dans des discours définitionnels: pour une sémantique paradigmatique et syntagmatique................................................

209

Liana Pop «Bonjour // donc je me présente...» (Deci et donc: approche contrastive roumain-français)……………………………….

219

Michael Rinn Le scénario pathétique du marketing social..................................................................

231

896

Table générale

Isabel Roboredo Seara Le weblog: frontières d’un nouveau genre....................................................................

241

Marion Sandré Les mésaventures de l’interaction: l’interruption, signe d’une difficulté interactionnelle ou mécanisme de régulation?..…………………………...………….

251

Marco Antônio Domingues Sant’Anna Subversão de gêneros: Um modo de dizer, um modo de ser? – um estudo na parábola do Bom Samaritano...............................................................

261

Elena Siminiciuc L’ironie dans les éditoriaux de la presse satirique. Étude de cas..................................

271

Maria Svensson Analyse des marqueurs corrélatifs – application de l’analyse de discours genevoise..

281

An Vande Casteele Las construcciones apositivas en el artículo periodístico informativo: un análisis pragmático-discursivo.................................................................................

291

Daciana Vlad La polémique – phénomène discursif transgénérique...................................................

301

Jakob Wüest La structure des discours politiques..............................................................................

311

Section 12b Pragmatique synchronique et historique; analyse du discours et analyse conversationnelle Présidents: DOMINIQUE MAINGUENEAU / LIGIA STELA FLOREA / ALAIN RABATEL / VICENT SALVADOR Anders Alvsåker Didriksen L’utilisation de donc dans les articles de recherche……………..................................

323

Diana Andrei L’influence de la théorie de l’énonciation sur la non prise en charge dans le texte journalistique..................................................

331

Table générale

897

Jeanne-Marie Barbéris La deixis spatiale dans la narration à la troisième personne: là, un adverbe empathique?...........................................................................................

339

Laetitia Bourmalo Étude de la représentation sémantique de soldat dans le discours des chansons de tradition orale du pays de Guérande: présentation de la démarche d’étude et exemple de la construction discursive d’une sous-représentation du soldat, celle de la fille-soldat........................

347

Yvette Bürki Mecanismos argumentativos en textos de opinión en la prensa judeoespañola de entre siglos (ss. XIX-XX)................................................

357

Anamaria Curea Le concept de subjectivité dans trois approches de l’énonciation du XXe siècle: défis théoriques (Charles Bally, Emile Benveniste), défis analytiques (Catherine Kerbrat-Orecchioni)…….................................................

367

Paul Danler L’interface entre la valence et la pragmatique à l’exemple du français........................

377

Catherine Détrie Apostrophe nominale et dynamique textuelle...............................................................

387

Isabel Margarida Duarte Le discours rapporté dans la presse portugaise, le futuro perfeito et l’effacement énonciatif..........………………………………………………………

397

Anna Dutka-Mańkowska L’altérité énonciative dans des textes de presse français et polonais: le conditionnel journalistique et ses traductions en polonais........................................

407

Verónica Edeso Natalías La cohesión textual: el caso de ah.................................................................................

417

Anca GâŃă La dissociation argumentative dans l’étape de la confrontation...................................

427

Yana Grinshpun La structure syntaxique [Ô+GN] à l’épreuve des genres..............................................

437

Beatriu Guarro i Picart Valors i antivalors a la publicitat. Recursos lingüístics emprats en la seva reproducció....................................................

447

898

Table générale

Mervi Helkkula Continuité énonciative et débuts de texte……………………………...……...………

457

Montserrat López Díaz Quand un discours feint d’argumenter contre lui-même…………………...................

467

Petronela Lucas Macro-actes et dérivation. L’exemple du discours électoral du candidat socialiste Lionel Jospin...............................................................

477

M. Caterina Manes Gallo Créativité langagière et raison computationnelle..........................................................

485

Gemma Peña Martínez L’anaphore conceptuelle: organiser et expliquer la science..........................................

495

Mariana Pitar Type de texte et modalité. Le cas du texte injonctif......................................................

503

Lídia Pons / Caterina Molina Sintagmática interna, sintagmática externa y sintagmática contextual en la publicidad de televisión…………………...........................................

513

Alain Rabatel La scénographie énonciative johannique dans le récit de l’arrestation de Jésus (Jean, 18, 1-12)..................................................

521

Fanny Rinck Des genres textuels aux communautés discursives. La recherche en sciences humaines entre modèle scientifique et modèle savant..........

531

Franciska Skutta La cohérence cachée……...…..……………………………………………………….

541

Izabela Anna Szantyka I pronomi dimostrativi in italiano e in francese – gli elementi di un’analisi contrastiva (ricerca in corso).........................................................................................

549

Andreea Teletin Usages des formes allocutives dans le discours publicitaire français, portugais et roumain....................................................................

559

Cristiana-Nicola Teodorescu Distance et tension dans le discours politique communiste roumain.................……...

567

Table générale

899

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

579

Table générale.................................................................................................................

587

900

Table générale

TOME VI

Section 13 Philologie et linguistique des textes anciens; lexicographie diachronique Présidents: DAVID TROTTER / ANDREA BOZZI / FRÉDÉRIC DUVAL Julia Alletsgruber Approche du lexique de l’agriculture dans des chartes françaises du XIIIe siècle...…

3

Mariña Arbor Aldea Lais de Bretanha galego-portugueses e tradición manuscrita: as relacións entre B e L

11

José Barbosa Machado Marcadores temporais e espaciais na História do mui Nobre Vespasiano Imperador de Roma (Lisboa, 1496)..............................................................................

21

Luca Bellone «Mamma mia ‹ome tu sse› giallo! ‹Un tu avra› mmia le terizie?»: osservazioni lessicali sulle denominazioni dell’itterizia nella lingua e nei dialetti d’Italia............................................................................................

31

Carmen F. Blanco Valdés / Ana Mª Domínguez Ferro Francesco da Barberino y el Zibaldone Colocciano 3217.……...…………..………...

43

Jacynthe Bouchard / Fernande Dupuis / Monique Dufresne Le développement des clivées et la périphérie de gauche en français médiéval...........

51

Éva Buchi / Wolfgang Schweickard À la recherche du protoroman: objectifs et méthodes du futur Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom)…...………………………………………………….

61

Adriana Cascone Riflessioni sul latino del Codex Comanicus (ff. 1-55)...................................................

69

Massimiliano De Conca / Peter T. Ricketts La concordance de l’occitan médiéval et le troubadour Arnaut Daniel......................

79

Maria Sofia Corradini / Guido Mensching Les méthodologies et les outils pour la rédaction d’un Lexique de la terminologie médico-botanique de l’occitan du Moyen Age...............................

87

Table générale

901

Stephen Dörr Pour une lecture analytique et approfondie du Roman de la Rose................................

97

Estèle Dupuy La voix passive et les auxiliaires factitifs en moyen français: Maillage inter-verbal des systèmes valentico-référentiels............................................

105

Andrés Enrique-Arias / Cristina Matute El estudio morfosintáctico de la lengua de la Biblia de Alba: un acercamiento a la variación discursiva y dialectal del español en el siglo XV........

115

Manuel Galeote / Augusta López Bernasocchi Hacia una nueva edición del Vocabulario español-náhuatl (1555) de fray Alonso de Molina..............................................................................................

125

Martin-Dietrich Gleßgen Élaborations philologiques et linguistiques sur la base de corpus textuels en français ancien – architecture du projet.......................................................

135

Déborah González Martínez A expresión do conselho na lírica profana galego-portuguesa......................................

151

Richard Ingham L’anglo-normand et la variation syntaxique en français médiéval...............................

163

Kathryn Klingebiel Les mots grammaticaux dans la COM: causalité et conjonctions causales…………...

175

Pierre Kunstmann / Hiltrud Gerner / Gilles Souvay Dictionnaire électronique de Chrétien de Troyes: état actuel du projet…...………….

185

Leena Löfstedt Les guillemets, comment s’en passer............................................................................

193

Witold Mańczak Le problème de l’origine des langues romanes dans le livre de H. Lüdtke et celui de R. Kiesler...............................................................................

207

Robert Martin / Hiltrud Gerner / Gilles Souvay Présentation de la seconde version du DMF (Dictionnaire du Moyen Français).........

213

Anne-Christelle Matthey / Christel Nissille L’irruption de l’informatique dans la rédaction du FEW..............................................

221

902

Table générale

Nicolas Mazziotta Ponctuation de la proposition dans les chartes originales écrites en français à Liège..

229

Christine Meklenborg Salvesen «Ne sai que face» – le CP en ancien français……………………………...………….

239

Claire Muller Analyse textuelle et analyse phrastique du dispositif dans les plus anciennes chartes françaises: les relations entre structure interne et genre textuel........................

249

Angelo Pagliardini Banche dati testuali e biblioteche telematiche come implementazione tecnologica della filologia.................................................................

259

Marco Passarotti Per una treebank dell’italiano antico…………………………………………….........

269

Adriana Pelo La coordinazione esplicativa in italiano antico.............................................................

279

Cinzia Pignatelli De l’approche quantitative à l’interprétation philologique: en naviguant dans le «Projet Charrette».......................................................................

289

Mihaela Popescu L’expression du potentiel et de l’irréel en latin, français et roumain. Une reconsidération....................................................................................

297

Pascale Renders L’informatisation du FEW: quels objectifs, quelles possibilités?.................................

311

Jean-Loup Ringenbach La bibliographie du Dictionnaire de Godefroy.............................................................

321

Elisa De Roberto Estrazione e doppia dipendenza del relativo in italiano antico.....................................

329

Nadine Steinfeld Étymologie-origine, étymologie-histoire et déonomastiques: le cas de poubelle (avec une annonce de la création de la base des mots fantômes)....

339

Marc Tsirlin Construction VS en français d’aujourd’hui: un vestige de la norme antérieure ou un modèle syntaxique nouveau?..........................................

351

Table générale

903

Malinka Velinova Le relatif-interrogatif dont en ancien et en moyen français……..................................

361

Paul Videsott Le plus ancien document en français de la chancellerie royale capétienne – édition et considérations linguistiques..........................................

371

Harald Völker Edición de textos, hipertextos y lexicografía................................................................

383

Section 14 La place du roumain dans la Romania Présidents: MARLEEN VAN PETEGHEM / RODICA ZAFIU / SANDA REINHEIMERRIPEANU Eugenia Arjoca-Ieremia Les semi-adverbes du roumain. Regard spécial sur măcar…………………..................

399

Oana Dana Balaş Esp. tal y rum. asemenea. Correspondencias semántico-discursivas entre el español y el rumano..........……………………………

409

Florica Bechet Sur les noms roumains de la pupille..............................................................................

419

Adriana Ciama Verbos de deslocação: entrar / sair. Análise comparativa português-romeno.............

429

Gabriela-Mihaela Drăghici Verbos direccionales en español y rumano...................................................................

439

Camelia Dragomir La spécificité des périphrases verbales roumaines. Considérations sur le fonctionnement de quelques opérateurs aspectuels de phase inchoative......................

449

Mioara Dragomir Etnonime şi horonime în cronicile moldoveneşti..........................................................

467

Viorica Goicu Les verbes en -onner – empruntés en français et en roumain…………...……………

481

904

Table générale

Michaela Livescu ImportanŃa prepoziŃiilor de şi la pentru morfologia (istorică) a limbii române............

491

Karla Lupşan Urmările enclizei articolului hotărât românesc.............................................................

497

Margareta Manu Magda Limba română în «epoca integrării europene»..............................................................

505

Emilia Parpală «Le cirque politique»: la construction métaphorique dans le journalisme roumain actuel...............................................................................

519

Maria Purdela Sitaru «Latinisme» româneşti..................................................................................................

527

Sanda Reinheimer Rîpeanu Le roumain şi adverbial dans le groupe verbal……………………..............................

539

Marius Sala Le quatrième pied de la romanité: le roumain...............................................................

549

Gabriela Scurtu Autour de l’impersonnel (domaine français – roumain)...............................................

555

Camelia Stan L’articolo indefinito in rumeno……………………………………………………….

565

Adina Tihu Le haut degré en roumain: tendances dans le langage de la presse avec un regard spécial sur le domaine publicitaire....................................

573

Emanuela Timotin Les noms de la fièvre en roumain ancien (XVIe-XVIIIe siècles)..................................

583

Ioana Vintilă-Rădulescu Variantes littéraires libres en roumain et en français………………….……………...

593

Rodica Zafiu L’évolution des connecteurs adversatifs du roumain en perspective romane...............

603

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

615

Table générale.................................................................................................................

623

Table générale

905

TOME VII

Section 15 La place du romanche, du ladin dolomitique et du frioulan dans la Romania Présidents: HANS GOEBL / CLAU SOLER / FEDERICO VICARIO Roland Bauer Verifica dialettometrica della Ladinia di Graziadio Isaia Ascoli (a 100 anni dalla sua morte).............................….….…………………………….…..

3

Renata Coray / Barbara Strebel Biographies langagières rhéto-romanes. Une recherche en cours.................................

11

Franco Finco Per una retrodatazione della palatalizzazione di CA e GA in friulano............................

21

Roberto Fontanot L’Istria settentrionale fra veneto e friulano...................................................................

31

Fabiana Fusco / Federica Benacchio Contatto, convergenza, mixing: il caso friulano – italiano.…………..…...…………..

41

Sabine Heinemann Consonantizzazione e protesi in friulano.......................................................................

51

Gabriele Iannàccaro / Vittorio Dell’Aquila Survey Ladins. Usi linguistici nelle valli ladine…...………………………………….

61

Martina Irsara Il sistema dimostrativo avverbiale ladino......................................................................

75

Georg A. Kaiser / Franziska Maria Hack Sujets et sujets nuls en romanche..................................................................................

83

Renzo Miotti L’abbassamento vocalico in friulano, antico alto tedesco e spagnolo e il continuum «dittongo» ~ «vocale lunga» tra diacronia e sincronia. Un’interpretazione dinamica.........................................................................................

93

Cecilia Poletto Particelle frasali in ladino e in altre varietà italiane settentrionali................................

105

906

Table générale

Clà Riatsch Ideologia linguistica e maschera satirica. Reto Caratsch e Giuseppe Gangale.............

113

Laura Vanelli Ipotesi tipologiche sul friulano (e sul ladino dolomitico) su base morfologica: la formazione del plurale...............................................................................................

123

Federico Vicario Dal lessico all’antroponimia. Appellativi personali in carte friulane tardomedievali...

135

Section 16 La place du sarde dans la Romania Présidents: EDUARDO BLASCO FERRER / IOANA NICHITA / ROSITA RINDLERSCHJERVE Eduardo Blasco Ferrer / Giorgia Ingrassia Sardo e lingue romanze a confronto. Nuove prospettive per la genesi dell’accusativo preposizionale..................................

145

Luca Guido Il fattore linguistico e toponomastico in Sardegna: uno studio sul processo di romanizzazione..................................................................

159

Cristina Lavinio Indagini sociolinguistiche recenti in Sardegna..............................................................

169

Maria Antonietta Marongiu Il contatto sardo – italiano: un caso di language shift o di language loss?...................

179

Guido Mensching / Eva-Maria Remberger La periferia sinistra romanza: topicalizzazione, focalizzazione e interrogazione in sardo...........................................

189

Lone Elisabeth Olesen Il sardo scritto contemporaneo. Un progetto pilota di corpus linguistico.....................

199

Rosita Rindler Schjerve Code switching nel sardo – un segno di disintegrazione o di ristrutturazione socio-linguistica?..........................................................................

207

Shigeaki Sugeta Cento tratti distintivi del sardo tra le lingue romanze: una proposta……………….…

217

Table générale

907

Section 17 Le français du Canada et des États-Unis Présidents: PIERRE RÉZEAU / JEAN-PAUL CHAUVEAU / TOM KLINGLER Luc Baronian L’apport linguistique québécois en Louisiane...............................................................

231

Hélène Cajolet-Laganière / Pierre Martel / Chantal-Édith Masson

Le dictionnaire général du français de l’équipe FRANQUS: quelques aspects originaux de la description lexicographique......................................

241

Jean-Paul Chauveau Dialectes et français dans la formation des français expatriés en Amérique................

251

Ingrid Neumann-Holzschuh Nivellement linguistique et koïnèisation en Louisiane.................................................

261

Pierre Rézeau / Steve Canac-Marquis Matériaux du XVIIe siècle pour l’histoire du vocabulaire français dans les manuscrits de Louis Nicolas............................................................................

273

Edith Szlezák Les conséquences intralinguistiques de l’étiolement du français chez les franco-américains du Massachusetts.............................................

283

André Thibault / Patrick Drouin Le lexique de Joseph Zobel, auteur antillais: extraction semi-automatique des particularismes lexicaux...........................................

291

Section 18 Les langues créoles à base romane Présidents: DAN MUNTEANU COLÁN / MARIE-CHRISTINE HAZAËL-MASSIEUX / JOHANNES KRAMER Stefan Barme El origen del pronombre personal sujeto nan del papiamentu: materia ibero-románica, fonética africana.....................................................................

303

Dominique Fattier Comparaison entre un créole et sa base romane: ordre des mots et structure informationnelle des énoncés en créole haïtien.................

311

908

Table générale

Johannes Kramer Les langues créoles et la linguistique romane...............................................................

321

Dan Munteanu Colán Ruptura o continuidad en los criollos románicos..........................................................

333

Andrés José Pociña López A papiaçam de Macau: História e caracterização sociolinguística de um crioulo oriental de base portuguesa..

343

Section 19 Formation des mots et locutions Présidents: MARIA GROSSMANN / FRANZ RAINER Elisenda Bernal Nuevos prefijos: implicaciones para la morfología y la lexicografía............................

361

Cesáreo Calvo Rigual Trattamento nella lessicografia monolingue (italiana) e bilingue (italiano – spagnolo e catalano) dei verbi sintagmatici: panorama attuale e proposte future........................

375

Emili Casanova L’evolució dels prefixos des- i es- en català a la llum de la Romània..........................

385

Maria do Céu Caetano Da importância dos dicionários etimológicos para a análise morfológica. Os sufixos -eiro et -ário................................................................................................

395

Paolo D’Achille / Maria Grossmann I composti aggettivo + aggettivo in italiano......................…………..…...…………...

405

Maurizio Dardano Note su N-tore in italiano antico...................................................................................

415

Gianluca Frenguelli Nuove tendenze nella formazione delle parole dell’italiano………………………….

425

Jairo Javier García Sánchez Derivados regresivos de formas en -ĀTUS en español...................................................

435

Francesca Strik Lievers / Elisabetta Ježek Verbi sintagmatici in italiano antico e moderno: un’analisi corpus-based...................

445

Table générale

909

Bohdana Librova La particule séparable re – facteur de cohésion textuelle en français médiéval...........

455

Gregor Perko Le suffixe -issime dans le paysage dérivationnel du nom propre en français...............

465

Wolfgang Pöckl Le confixe: élément rebelle à vocation internationale………………………...............

471

Sílvia Ribeiro / Graça Rio-Torto Denominações compositivas de estrutura VN, NN, NprepN e NA: nexos intralexicais.........................................................................................................

477

Nuria Rodríguez Pedreira Les adjectifs préfixés négatifs en perspective contrastive français-espagnol...............

487

Maria Rosenberg Polysémie et effets de blocage des formations agentives en français...........................

499

Adriana StoichiŃoiu-Ichim Aspects de la composition allogène en roumain contemporain....................................

509

Carolina Stromboli L’alterazione ne Lo cunto de li cunti di Giovan Battista Basile………………………

517

Anna M. Thornton Il tipo fuggifuggi............................................................................................................

527

Azucena Ulloa Concurrencia histórica de los derivados agentivos en -dor y -nte….…………………

537

Table ronde Le plurilinguisme en Europe et l’avenir des langues romanes Rita Franceschini Le sfide a livello europeo: alcuni segnali positivi.........................................................

549

Miguel Gonçalves O português língua não materna em Portugal: Uma resposta aos desafios do plurilinguismo e da multiculturalidade....................................................................

553

Wulf Oesterreicher Le plurilinguisme européen, les univers scientifiques et les défis d’une

563

910

Table générale

hiérarchisation des langues……………………………..……………………………. Emilio Ridruejo L’avenir des langues romanes.......................................................................................

579

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

587

Table générale.................................................................................................................

595

Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes

TOME III

XXVe CILPR Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes 3–8 septembre 2007 Innsbruck

De Gruyter

Actes du XXVe Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes Innsbruck 2007 Éditeurs: Maria ILIESCU, Heidi SILLER-RUNGGALDIER, Paul DANLER

TOME III Section 7: Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Section 8: Onomastique (toponymie et anthroponymie) Section 9: Constitution de la norme dans les langues romanes

De Gruyter

ISBN 978-3-11-023197-7 (Tome III) Gesamt-ISBN 978-3-11-023191-5 (Tome I–VII) e-ISBN 978-3-11-023192-2 (Tome I–VII) Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet über http://dnb.d-nb.de abrufbar. © 2010 Walter de Gruyter GmbH & Co. KG, Berlin/New York Satz: Georg Rosensteiner Druck und Einband: Hubert & Co. GmbH & Co. KG, Göttingen ∞ Gedruckt auf säurefreiem Papier Printed in Germany www.degruyter.com

Avant-propos Le XXVe Congrès de la Société de Linguistique Romane s’est déroulé à Innsbruck, en Autriche, du 2 au 9 septembre 2007. 800 romanistes de 40 pays sont venus s’abriter au pied des sommets alpins, dans la vallée de l’Inn, pour y passer ensemble, dans la Romania submersa, les sept jours du Congrès. Dans les présents Actes les communications des 21 sections thématiques du Congrès destinées à la publication sont organisées comme suit: Tome I Section 1: Multilinguisme synchronique et diachronique, social, individuel, institutionnel et politique Section 2: Contact linguistique: influences et interférences Section 3: Traductologie romane et historique Tome II Section 4: Phonétique et phonologie Section 5a et 5b: Morphologie et syntaxe Section 6: Lexicologie et formation des mots; lexicographie avec prise en compte des médias électroniques Tome III Section 7: Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Section 8: Onomastique (toponymie et anthroponymie) Section 9: Constitution de la norme dans les langues romanes Tome IV Section 10: Sociolinguistique et dialectologie Section 11: Langue orale et langue écrite Tome V Section 12a et 12b: Pragmatique synchronique et historique; analyse du discours et analyse conversationnelle Tome VI Section 13: Philologie et linguistique des textes anciens; lexicographie diachronique Section 14: La place du roumain dans la Romania Tome VII Section 15: La place du romanche, du ladin dolomitique et du frioulan dans la Romania Section 16: La place du sarde dans la Romania Section 17: Le français du Canada et des États-Unis Section 18: Les langues créoles à base romane Section 19: Formation des mots et locutions

VI

Avant-propos

Les communications des sections 20 et 21 sont intégrées, avec l’autorisation des auteurs, aux sections 6, 13, 14 et 16 qui leur sont thématiquement proches. Chacun des volumes contient l’avant-propos des organisateurs, la table générale des matières et l’index des auteurs. Dans le premier volume se trouvent les communications des séances plénières, dans le septième volume celles de la table ronde. Nous savons gré à de nombreuses personnes sans l’aide desquelles nous n’aurions jamais pu ni mener à bien les travaux du Congrès, ni assurer la parution des Actes. Nos remerciements vont tout d’abord à notre comité d’organisation, c’est-à-dire à nos collègues Petra Braselmann, Barbara Hinger, Christine Konecny, Carmen Konzett, Eva Lavric et Werner Marxgut, qui tous nous ont accompagnés chaque jour et dont l’aide nous a été précieuse. Nous voudrions souligner ici l’apport de Werner Marxgut, qui nous a assuré son assistance dans toutes les questions informatiques du Congrès. Un grand merci à Paula Weitlaner, notre secrétaire administrative, qui a géré magistralement le côté financier. Nous sommes de plus très reconnaissants au groupe d’étudiants qui s’est tenu à la disposition de chaque section et qui a largement contribué au bon déroulement des travaux du Congrès. Un grand travail, difficile et très important, a été réalisé par les présidents et viceprésidents de chaque section. Ils ont poursuivi leur travail jusqu’à l’été 2008 et ont joué un rôle décisif pour garantir le niveau scientifique des communications imprimées dans les Actes. Notre Congrès n’aurait pas pu avoir lieu sans l’aide généreuse des sponsors: – Bundesministerium für Wissenschaft und Forschung – Universität Innsbruck; Zentrum für Kanadastudien der Universität Innsbruck; Frankreich Schwerpunkt der Universität Innsbruck – Istituto Italiano di Cultura (Innsbruck); Embajada de España (Vienne); Instituto Cervantes (Vienne); Istitut Ladin ‹Micurà de Rü› (San Martin de Tor/Bolzano) – Stadt Innsbruck; Land Tirol; Amt der Tiroler Landesregierung – Abteilung Kultur; Amt der Vorarlberger Landesregierung – Abteilung Wissenschaft und Weiterbildung – Innsbrucker Kommunalbetriebe; Tirol Werbung; Tourismusverband Innsbruck; Alpina Druck; Speck Handl Tyrol; Rauch Fruchtsäfte; Der Bäcker Ruetz La mise en page a été soigneusement revue par Georg Rosensteiner, étudiant à notre Université, après la lecture attentive et les corrections éventuelles, faites à l’aide de spécialistes compétents pour chacune des langues employées: Gilberte Tschirner Reynaud pour le français, Carla Leidlmair Festi pour l’italien, Isabel Arranz Sanz pour l’espagnol, António da Costa Pereira pour le portugais, Emili Casanova pour le catalan et Mercedes Brea pour le galicien. Nous avons beaucoup apprécié que la prestigieuse maison éditrice Walter de Gruyter se soit chargée de l’impression des Actes du Congrès de notre Société. Nos chaleureux remerciements s’adressent à Ulrike Krauß et à Cornelia Saier. Nous témoignons enfin notre gratitude aux personnes les plus concernées par le Congrès, les congressistes eux-mêmes. Un grand merci à tous.

Maria Iliescu, Heidi Siller-Runggaldier, Paul Danler

Sommaire

Section 7 Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Présidents: PETER KOCH / NICOLE DELBECQUE / ROLAND LANDHEER † María Isabel Arranz Sanz Fraseología rota en las letras de las canciones de Joaquín Sabina: musa y memoria...

3

M. Celeste Augusto Une gauche qui n’est pas ‹gauche›: parcours lexico-sémantique des notions de gauche dans les langues romanes.............

13

Micaela Carrera de la Red Pragmática de merced en la historia de las lenguas romances: el portugués y el español en la Edad Media..................................................................

23

Natàlia Català Torres Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva..........................................

33

Adriana Costăchescu Mode d’action et espace...........................................................……...…...…………...

43

Nicole Delbecque / Ángela Di Tullio Así como atributo adnominal comparativo-evaluativo..................................................

53

Nicole Delbecque / Katrien Verveckken La grille événementielle de mouvement et l’aspectualité. Le cas des verbes espagnols entrar et salir...................................................................

69

Ludwig Fesenmeier «Se souvenir» en français et en italien: différence(s) de centrage................................

85

Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs........................................

97

Yukiyo Homma Réflexion sur quelques emplois a priori insolites de la préposition SUR.....................

107

VIII

Sommaire

Pierre Jalenques Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter......

115

Christine Konecny Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica........................

125

Pierre Lejeune Comment traduire en français le pretérito perfeito composto portugais.......................

135

Francine Melka L’entrée polysémique dans le dictionnaire monolingue et bilingue..............................

145

Carolin Patzelt La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas en las lenguas románicas..............................

155

Julie Pelletier La variation terminologique..........................................................................................

163

Augusto Soares da Silva Tirer le sens vers le haut et vers le bas: flexibilité et limites de la polysémie...............

173

Natalya I. Stolova La evolución del campo conceptual de movimiento: una perspectiva cognitiva onomasiológica....................................................................

187

Mirsini Tzanavari Analyse des profils cooccurrentiels dans le corpus romanesque d’Hervé Bazin..........

197

Section 8 Onomastique (toponymie et anthroponymie) Présidents: EVA BUCHI / ALBERTO NOCENTINI / FRANCISCO VILLAR LIÉBANA Maria-Reina Bastardas Rufat Les reflets du suffixe -ŪCEU dans l’anthroponymie romane. Productivité, chronologie, typologie.............................................................................

209

Marie-Guy Boutier Le nom de Spa, témoin d’un thermalisme antique dans la cité des Tongres. Sept étapes pour l’étymologie de Spa...........................................................................

219

Sommaire

Ana María Cano González Antroponimia y diacronía en las lenguas románicas..................................................... Emili Casanova / Ramon Ferrer Pervivència i mobilitat en toponímia: el cas de la Vall d’Albaida................................ Daniela Dincă Moyens d’expression des relations casuelles des noms propres de personne en français et en roumain....................................................

IX

229

239

249

Nicolae Felecan / Daiana Felecan Structuri antroponimice şi toponimice în łara Oaşului................................................

259

Oliviu Felecan InterferenŃe româno-maghiare în antroponimia din nord-vestul României...................

267

Alessandro Gallo / Luca Guido Una nuova banca dati sui toponimi della Sardegna.......................................................

277

Jean Germain Doit-on dater les lexèmes d’après des mentions anthroponymiques?...........................

283

María Dolores Gordón / Stefan Ruhstaller Colectivos mozárabes con sufijo -ĒTUM en nombres de lugar granadinos...................

291

Sarah Leroy Noms propres et transcatégorisations. Le cas des toponymes événementiels...............

299

Maria Mihăilă La formation des noms de personne en roumain...........................................................

307

Olga Mori Aspectos teóricos relevantes de las designaciones urbanas..........................................

315

Eugen Munteanu Le nid ethno-choronymique «juif» en roumain. Approche historique et systématique

325

Sergey Nikitin Teoria del segno toponomastico orale attraverso materiali raccolti sulla comunicazione quotidiana della città di Monza………………....................................

337

Alberto Nocentini Qualche riflessione sui toponimi prelatini con vocalismo in -a....................................

349

Elena Papa GIS e toponomastica: un approccio complementare.....................................................

355

X

Sommaire

Esperança Piquer Ferrer Algunas reflexiones entorno a los conceptos «BONUS» y «MALUS» aplicados a la antroponimia medieval...........................................................................

365

Gianmario Raimondi Antroponimia familiare in un quadro diglottico: il caso della Valle d’Aosta...............

375

Luisa Revelli Cognomi come nomi, nomi come cognomi. Appellativi femminili in Piemonte e Valle d’Aosta......................................................

385

Andrea Rolando La toponymie et l’histoire des langues romanes...........................................................

395

Alda Rossebastiano Il dizionario dei nomi di persona in Italia: dubbi, scelte, problemi e risultati............

407

Stefan Ruhstaller Artículo modelo del Diccionario etimológico de los nombres de lugar de la provincia de Sevilla..............

417

José Antonio Saura Rami Glosas sobre toponimia prerromana altoaragonesa.......................................................

427

Rodica SufleŃel-Moroianu Termes géographiques d’origine latine et romane en roumain.....................................

439

Xavier Tomás Arias Quelques mots anciens de l’aragonais d’après la microtoponymie du Haut-Aragon (Espagne)................................................................

449

DomniŃa Tomescu Dérivation lexicale et dérivation onomastique dans les langues romanes....................

457

Aude Wirth Anthroponymie et scripta: le digramme «-ez» dans les anthroponymes lorrains du XIIIe au XVIe siècle.............................................

463

Sommaire

XI

Section 9 Constitution de la norme dans les langues romanes Présidents: FRANZ LEBSANFT / ANTHONY LODGE / ANDRÉ THIBAULT Isabel Almeida Santos Gramática e constituição da norma: o caso do vernacular português...........................

475

Clarinda de Azevedo Maia A selecção do dialecto da antiga província da Estremadura como modelo de língua exemplar na tradição gramatical portuguesa: fundamentos históricos da sua ‹excelência idiomática›……........................................

485

Gerald Bernhard Concezione e percezione dell’italiano standard nella regione della Ruhr (Germania).............................................................................

495

Marc Bonhomme Norme et formation du français classique. La position de Gilles Ménage....................

509

Jenny Brumme El castellano de Cataluña. Revisión de una norma constituyente a partir de la perspectiva histórica.....................

519

Rolf Eberenz El Universal vocabulario (1490) de Alfonso Fernández de Palencia y la norma del castellano cuatrocentista: latinismos y formación de palabras..............

529

Gerhard Ernst «qu’il ny a ny ortographe ny virgule encorre moins devoielle deconsol et pleinne delacunne»: la norme des personnes peu lettrées (XVIIe et XVIIIe siècles).................

543

Mara Fuertes Gutiérrez / María José García Folgado La concepción de la norma en las gramáticas del español del siglo XVIII...................

553

Lucia Grimaldi Dalla LSU alla LSC: Itinerari della standardizzazione del sardo...................................

563

Klaus Grübl Les multiples origines du standard: à propos du concept de koïnéisation en linguistique diachronique...............................

573

Sylviane Lazard Stabilité et fluctuation dans la langue documentaire milanaise à la fin du XVe siècle (analyse du testament de Ludovic le More)..................................................................

583

XII

Sommaire

Sergio Lubello Una norma per l’italiano dopo l’unità: tra Ascoli e Manzoni.......................................

595

Jens Lüdtke Acerca de la constitución temprana de la norma del léxico culto en América..............

605

Matteo Milani Panorama delle prime grammatiche tra latino e volgare italiano..................................

615

Dietmar Osthus L’histoire sociale et la constitution de la norme linguistique – les modèles français, espagnol et portugais................................................................

629

Cendrine Pagani-Naudet Ellipse, omission, pléonasme... À qui la faute?.............................................................

643

Franco Pierno Vers un nouveau modèle de planification linguistique? Analyse des récentes prescriptions de l’Église catholique en matière de minorités linguistiques..................

653

Claudia Polzin-Haumann À propos de la constitution de la norme dans l’enseignement des langues...................

663

Wim Remysen Le discours normatif des chroniqueurs de langage canadiens-français: arguments avancés pour justifier certains emplois qui ont cours en français du Canada...............

673

Juan Sánchez Méndez Modelos normativos e ideología: contribución a la historia de los modelos normativos en pugna en el siglo XIX hispanoamericano..............................................

685

Christian Schmitt La constitution de la norme linguistique et la formation du français, langue nationale: Henri Estienne...............................................................

695

Carsten Sinner ¿Es neutro el español neutro?........................................................................................

707

Andy Van Drom Le français québécois: l’expression d’une nation. Une exploration socio-linguistique du statut de la langue française au Québec...........

717

Mónica Velando Casanova La evolución de la norma morfosintáctica del español en las gramáticas de la RAE...

727

Sommaire

Francisco José Zamora Salamanca Variedades nacionales del español estándar (con algunas reflexiones sobre los casos de Argentina y Chile)...................................

XIII

737

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

749

Table générale.................................................................................................................

757

Sommaire

Section 7 Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations Présidents: PETER KOCH / NICOLE DELBECQUE / ROLAND LANDHEER † María Isabel Arranz Sanz Fraseología rota en las letras de las canciones de Joaquín Sabina: musa y memoria...

3

M. Celeste Augusto Une gauche qui n’est pas ‹gauche›: parcours lexico-sémantique des notions de gauche dans les langues romanes.............

13

Micaela Carrera de la Red Pragmática de merced en la historia de las lenguas romances: el portugués y el español en la Edad Media..................................................................

23

Natàlia Català Torres Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva..........................................

33

Adriana Costăchescu Mode d’action et espace...........................................................……...…...…………...

43

Nicole Delbecque / Ángela Di Tullio Así como atributo adnominal comparativo-evaluativo..................................................

53

Nicole Delbecque / Katrien Verveckken La grille événementielle de mouvement et l’aspectualité. Le cas des verbes espagnols entrar et salir...................................................................

69

Ludwig Fesenmeier «Se souvenir» en français et en italien: différence(s) de centrage................................

85

Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs........................................

97

Yukiyo Homma Réflexion sur quelques emplois a priori insolites de la préposition SUR.....................

107

VIII

Sommaire

Pierre Jalenques Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter......

115

Christine Konecny Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica........................

125

Pierre Lejeune Comment traduire en français le pretérito perfeito composto portugais.......................

135

Francine Melka L’entrée polysémique dans le dictionnaire monolingue et bilingue..............................

145

Carolin Patzelt La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas en las lenguas románicas..............................

155

Julie Pelletier La variation terminologique..........................................................................................

163

Augusto Soares da Silva Tirer le sens vers le haut et vers le bas: flexibilité et limites de la polysémie...............

173

Natalya I. Stolova La evolución del campo conceptual de movimiento: una perspectiva cognitiva onomasiológica....................................................................

187

Mirsini Tzanavari Analyse des profils cooccurrentiels dans le corpus romanesque d’Hervé Bazin..........

197

Section 8 Onomastique (toponymie et anthroponymie) Présidents: EVA BUCHI / ALBERTO NOCENTINI / FRANCISCO VILLAR LIÉBANA Maria-Reina Bastardas Rufat Les reflets du suffixe -ŪCEU dans l’anthroponymie romane. Productivité, chronologie, typologie.............................................................................

209

Marie-Guy Boutier Le nom de Spa, témoin d’un thermalisme antique dans la cité des Tongres. Sept étapes pour l’étymologie de Spa...........................................................................

219

Sommaire

Ana María Cano González Antroponimia y diacronía en las lenguas románicas..................................................... Emili Casanova / Ramon Ferrer Pervivència i mobilitat en toponímia: el cas de la Vall d’Albaida................................ Daniela Dincă Moyens d’expression des relations casuelles des noms propres de personne en français et en roumain....................................................

IX

229

239

249

Nicolae Felecan / Daiana Felecan Structuri antroponimice şi toponimice în łara Oaşului................................................

259

Oliviu Felecan InterferenŃe româno-maghiare în antroponimia din nord-vestul României...................

267

Alessandro Gallo / Luca Guido Una nuova banca dati sui toponimi della Sardegna.......................................................

277

Jean Germain Doit-on dater les lexèmes d’après des mentions anthroponymiques?...........................

283

María Dolores Gordón / Stefan Ruhstaller Colectivos mozárabes con sufijo -ĒTUM en nombres de lugar granadinos...................

291

Sarah Leroy Noms propres et transcatégorisations. Le cas des toponymes événementiels...............

299

Maria Mihăilă La formation des noms de personne en roumain...........................................................

307

Olga Mori Aspectos teóricos relevantes de las designaciones urbanas..........................................

315

Eugen Munteanu Le nid ethno-choronymique «juif» en roumain. Approche historique et systématique

325

Sergey Nikitin Teoria del segno toponomastico orale attraverso materiali raccolti sulla comunicazione quotidiana della città di Monza………………....................................

337

Alberto Nocentini Qualche riflessione sui toponimi prelatini con vocalismo in -a....................................

349

Elena Papa GIS e toponomastica: un approccio complementare.....................................................

355

X

Sommaire

Esperança Piquer Ferrer Algunas reflexiones entorno a los conceptos «BONUS» y «MALUS» aplicados a la antroponimia medieval...........................................................................

365

Gianmario Raimondi Antroponimia familiare in un quadro diglottico: il caso della Valle d’Aosta...............

375

Luisa Revelli Cognomi come nomi, nomi come cognomi. Appellativi femminili in Piemonte e Valle d’Aosta......................................................

385

Andrea Rolando La toponymie et l’histoire des langues romanes...........................................................

395

Alda Rossebastiano Il dizionario dei nomi di persona in Italia: dubbi, scelte, problemi e risultati............

407

Stefan Ruhstaller Artículo modelo del Diccionario etimológico de los nombres de lugar de la provincia de Sevilla..............

417

José Antonio Saura Rami Glosas sobre toponimia prerromana altoaragonesa.......................................................

427

Rodica SufleŃel-Moroianu Termes géographiques d’origine latine et romane en roumain.....................................

439

Xavier Tomás Arias Quelques mots anciens de l’aragonais d’après la microtoponymie du Haut-Aragon (Espagne)................................................................

449

DomniŃa Tomescu Dérivation lexicale et dérivation onomastique dans les langues romanes....................

457

Aude Wirth Anthroponymie et scripta: le digramme «-ez» dans les anthroponymes lorrains du XIIIe au XVIe siècle.............................................

463

Sommaire

XI

Section 9 Constitution de la norme dans les langues romanes Présidents: FRANZ LEBSANFT / ANTHONY LODGE / ANDRÉ THIBAULT Isabel Almeida Santos Gramática e constituição da norma: o caso do vernacular português...........................

475

Clarinda de Azevedo Maia A selecção do dialecto da antiga província da Estremadura como modelo de língua exemplar na tradição gramatical portuguesa: fundamentos históricos da sua ‹excelência idiomática›……........................................

485

Gerald Bernhard Concezione e percezione dell’italiano standard nella regione della Ruhr (Germania).............................................................................

495

Marc Bonhomme Norme et formation du français classique. La position de Gilles Ménage....................

509

Jenny Brumme El castellano de Cataluña. Revisión de una norma constituyente a partir de la perspectiva histórica.....................

519

Rolf Eberenz El Universal vocabulario (1490) de Alfonso Fernández de Palencia y la norma del castellano cuatrocentista: latinismos y formación de palabras..............

529

Gerhard Ernst «qu’il ny a ny ortographe ny virgule encorre moins devoielle deconsol et pleinne delacunne»: la norme des personnes peu lettrées (XVIIe et XVIIIe siècles).................

543

Mara Fuertes Gutiérrez / María José García Folgado La concepción de la norma en las gramáticas del español del siglo XVIII...................

553

Lucia Grimaldi Dalla LSU alla LSC: Itinerari della standardizzazione del sardo...................................

563

Klaus Grübl Les multiples origines du standard: à propos du concept de koïnéisation en linguistique diachronique...............................

573

Sylviane Lazard Stabilité et fluctuation dans la langue documentaire milanaise à la fin du XVe siècle (analyse du testament de Ludovic le More)..................................................................

583

XII

Sommaire

Sergio Lubello Una norma per l’italiano dopo l’unità: tra Ascoli e Manzoni.......................................

595

Jens Lüdtke Acerca de la constitución temprana de la norma del léxico culto en América..............

605

Matteo Milani Panorama delle prime grammatiche tra latino e volgare italiano..................................

615

Dietmar Osthus L’histoire sociale et la constitution de la norme linguistique – les modèles français, espagnol et portugais................................................................

629

Cendrine Pagani-Naudet Ellipse, omission, pléonasme... À qui la faute?.............................................................

643

Franco Pierno Vers un nouveau modèle de planification linguistique? Analyse des récentes prescriptions de l’Église catholique en matière de minorités linguistiques..................

653

Claudia Polzin-Haumann À propos de la constitution de la norme dans l’enseignement des langues...................

663

Wim Remysen Le discours normatif des chroniqueurs de langage canadiens-français: arguments avancés pour justifier certains emplois qui ont cours en français du Canada...............

673

Juan Sánchez Méndez Modelos normativos e ideología: contribución a la historia de los modelos normativos en pugna en el siglo XIX hispanoamericano..............................................

685

Christian Schmitt La constitution de la norme linguistique et la formation du français, langue nationale: Henri Estienne...............................................................

695

Carsten Sinner ¿Es neutro el español neutro?........................................................................................

707

Andy Van Drom Le français québécois: l’expression d’une nation. Une exploration socio-linguistique du statut de la langue française au Québec...........

717

Mónica Velando Casanova La evolución de la norma morfosintáctica del español en las gramáticas de la RAE...

727

Sommaire

Francisco José Zamora Salamanca Variedades nacionales del español estándar (con algunas reflexiones sobre los casos de Argentina y Chile)...................................

XIII

737

Index des auteurs / table générale Index des auteurs............................................................................................................

749

Table générale.................................................................................................................

757

Section 7 Sémantique paradigmatique, syntagmatique et cognitive; phraséologie / collocations

María Isabel Arranz Sanz

Fraseología rota en las letras de las canciones de Joaquín Sabina: musa y memoria

1. Presentación La admiración por la poética de las letras de Joaquín Sabina, su mordacidad, ironía y sarcasmo apoyados lingüísticamente en la intertextualidad y los juegos verbales, nos sirvió de estímulo para emprender el estudio de su creatividad a partir de lo considerado como lenguaje fijo, invariable, no creativo, es decir, de las unidades fraseológicas. Nuestro propósito en este trabajo es el estudio del recurso recurrente de las desautomatizaciones, un procedimiento utilizado de forma intencionada para manipular o modificar creativamente una unidad fraseológica.1 Se analizará la producción de este autor cuando parte de la reproducción y la combinación de la fuerza de la musa y la memoria. Con musa nos referimos a las desautomatizaciones de UFs, que representan la memoria.

2. La desautomatización La desautomatización es un proceso que se desencadena a través de las modificaciones creativas. El resultado es un refuerzo de su valor y de su identidad, pues para que la nueva unidad tenga efecto y comunique es imprescindible que se reconozca la UF base sin dificultad. De ahí que la UF meta tenga que poseer los suficientes rasgos formales y semánticos como para que pueda ser reconocida como transformación de la UF origen. Una condición indispensable para que se dé la variación es que exista fijación en la UF origen. Como indican Corpas Pastor y Mena Martínez (2003: 183), El rasgo de la fijación [...] permite en algunas ocasiones formas alternativas que trasgreden sus preceptos. Es decir, la variabilidad no ocurre «a pesar de» la fijación, sino que se presenta como una propiedad derivada, precisamente, de la existencia de esta característica.

Para establecer las UFs que vamos a analizar partimos de la división en tres grandes esferas que ofrece Corpas Pastor (1997): las colocaciones, las locuciones y los enunciados ––––––– 1

En adelante se usará UF para referirnos a unidad fraseológica y UFs para el plural.

4

María Isabel Arranz Sanz

fraseológicos.2 Todo tipo de UF puede, en principio y en un momento dado, constituir el objetivo de una modificación y, por tanto, de una desautomatización. La mayor parte de los estudios que se han realizado sobre las modificaciones escogen como ejemplos las locuciones. Así es el caso de Barz (1986), Wotjak (1992) y Zuluaga (2001), aunque Corpas Pastor (1998a) y Sabban (1998), por ejemplo, también analizan los refranes. Quizás la razón resida en que estas categorías de UFs son las que presentan este uso creativo en mayor medida. No obstante, se encuentran investigaciones que se hacen eco del uso modificado de las colocaciones. Sin embargo, este mecanismo creativo no es exclusivo de la fraseología, sino que extiende su influencia a todo tipo de unidades en las que sea posible reconocer algún tipo de composicionalidad o divisibilidad, como lo ilustran los siguientes ejemplos basados en una sustitución léxica con gran similitud fónica: pasarelas de hielo / para modelos / violadas por christian-dios (1998: La vida moderna)

Christian Dior (1905-1957) fue un influyente diseñador de moda. Pasa del apellido, Dior, a la identidad, Dios. Provoca una reflexión social con la siguiente connotación: Dios es el mejor, el Todopoderoso, el adorado por todos, como la dictadura de la moda que todo lo puede y nos convierte en sus servidores. No os paséis con la ley de «dímelo en la calle» / le dijo qué se yo a ciudadano quién (2002: Vámonos pa’l sur)

Se basa en el título de la película dirigida y protagonizada por Orson Welles en 1941, Ciudadano Kane, al que le aplica la sustitución del nombre por un pronombre. Obtiene el efecto opuesto al de la expresión original, dado que en la UF base se trata de una persona concreta, identificada con su apellido, y en la expresión modificada es anónimo, es un pronombre personal interrogativo sin referente explícito. Con ello alude a un hablar por hablar, sin contenido, vacío, marcado por el qué se yo a ciudadano quién. El autor, como veremos después, añade, combina, sustituye, omite, etc. determinados constituyentes de las unidades léxicas persiguiendo distintas finalidades. Utiliza todo tipo de UFs creativamente dada su naturaleza pluriverbal, su fijación y su, a veces, carácter idiomático. Las colocaciones, aquellas unidades fraseológicas formadas por dos unidades léxicas en relación sintáctica que, debido a su fijación en la norma, presentan restricciones de combinación establecidas por el uso, generalmente de base semántica (Corpas Pastor 1997: 66), combinaciones situadas a veces en la periferia de la fraseología por presentar un grado ––––––– 2

A pesar de que la locución es la unidad prototípica (posee las características de fijación e idiomaticidad en un grado elevado), incluimos las colocaciones y los enunciados fraseológicos aunque estos estén situados en la periferia de la fraseología (poseen un grado menor de fijación y apenas presentan idiomaticidad) ya que presentan los mismos rasgos que otras UFs.

Fraseología rota en las letras de Joaquín Sabina: musa y memoria

5

débil de fijación, no son una excepción y también participan de esta vertiente creativa. He aquí algunos ejemplos: Yo tenía […] / medio par de zapatos de clown (2002: La canción más hermosa)

Par, se combina con un, dos, tres (pares), ‹conjunto de dos cosas o personas de la misma especie› (DUEA3). Se trata de una sustitución léxica inusual: no existen medios pares, pues entonces se trata de unidades y no de pares. Marca la carencia, las limitaciones de las que partió en su vida, sus principios difíciles. En los dos siguientes ejemplos Joaquín Sabina nos presenta a la familia. Todo está mal, nada se corresponde con la idea de la familia feliz, y en el primer caso el abuelo es bastardo, con la característica de que este adjetivo solo se aplica a la descendencia y no a los progenitores ni a los predecesores; y en el segundo mi esposa no puede ser soltera puesto que el sustantivo implica que ha contraído matrimonio. Con la modificación pone énfasis en que en su familia todo es atípico, como en el primer ejemplo, no tiene nada que ver con lo que se sobreentiende por familia. Les presento a mi abuelo bastardo (2002: La canción más hermosa)

Bastardo, ‹cualquier hijo o hija nacidos fuera del matrimonio. Puede usarse despectivamente y como insulto› (DUEA). Les presento a […] mi esposa soltera (2002: La canción más hermosa)

Esposo,-a, ‹nombre que usa una persona para referirse a su propio cónyuge o al de otro› (DUEA). esta espuma de certeza (1999: Cerrado por derribo)

Espuma se combina con complementos de nombre como de mar, de cerveza (DCPEC). Espuma, ‹parte o cosa visible de algo, que queda de algo o que surge de ello, sin que constituya el todo que se menciona› (DUEA). Crecer/Subir como la espuma, ‹aumentar algo rápidamente› (DUEA). La sustitución, con gran similitud fónica porque solo cambia una consonante, permite cambiar un sentido real espuma de cerveza, por un sentido figurado espuma de certeza que se desborda, invade todo, como al autor le invade la certeza de que la relación ha llegado a su fin.4 Pasemos ahora a la segunda esfera, a las locuciones. Estos son algunos ejemplos que ilustran la desautomatización en este tipo de UF: ––––––– 3

4

Siglas para: Sánchez Pérez, Aquilino (2001): Gran Diccionario de Uso del Español Actual. Madrid: SGEL. También aparecen espuma de tristeza, valle de fábricas de tristeza, prueba de que la melancolía es uno de los mundos temáticos de Sabina.

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María Isabel Arranz Sanz

Parecen el cuento de nunca empezar (1999: Ahora que…)

El cuento de nunca acabar, (coloquial), un asunto cuyo término o solución se retrasa indefinidamente (DFDEA5). Se trata de una sustitución léxica mediante un antónimo. Sabina ha comentado en alguna ocasión que esta canción habla del mejor momento de una relación, el de antes de empezarla, el que cuenta con toda la magia. Así lo expresa con la desautomatización de esta UF «parece el cuento de nunca empezar». valle de fábricas de tristeza (1999: Cerrado por derribo)

Valle de lágrimas, ‹la vida, o lugar de sufrimiento del ser humano en este mundo› (DUEA), ‹lugar de sufrimiento. Generalmente referido al mundo› (DFDEA). Con una sustitución doble y con una contigüidad semántica, una relación causa-efecto, una fábrica de tristezas puede provocar lágrimas, nos hace ver cómo las lágrimas vienen provocadas por los sufrimientos y por las tristezas, que el desamor es una factoría de dolor y de tristeza. Es una canción destinada a cantar el fin de una relación y el dolor y la tristeza que ello conlleva. En la tercera esfera, los enunciados fraseológicos, las cosas no cambian sustancialmente. He aquí algún ejemplo: ‹¡hay dolores que matan!› (1999: Pero qué hermosas eran)

Hay amores que matan, refrán, hay amores que hacen daño, que hacen sufrir. Se trata de una sustitución con gran semejanza fónica. Hace referencia doble a las mujeres y al sufrimiento aunados en los amores del enunciado fraseológico debido al nombre propio Dolores, derivado del sustantivo común el dolor. Los dos, según el autor, pueden matar. (se nos sube a la cabeza) / […] / el azul galimatías / del cielo según san Juan (2002: El café de Nicanor)

Galimatías, ‹lenguaje confuso e incomprensible, por su mala redacción o por la confusión de conceptos que implica› y, por extensión, ‹situación confusa y embarazosa que es difícil de solucionar debido a su mala organización o a su desorden› (DUEA). El Evangelio según Juan es un libro de la Biblia en el Nuevo Testamento que contiene la historia de la vida de Jesucristo.6 El Apocalipsis7 quizás sea el escrito más rico en símbolos de toda la Biblia. La cantidad de símbolos, eventos y procesos complica la tarea de interpretar la totalidad de la revelacion y, como tal, ha sido objeto de numerosas ––––––– 5

6

7

Siglas para: Seco, Manuel / Andrés, Olimpia (2004): Diccionario Fraseológico Documentado del Español Actual. Madrid: Aguilar. El apóstol Juan, el evangelista, es considerado su autor, aunque dada la fecha supuesta de redacción parece que no es así (lo más probable es que fuera la comunidad fundada por dicho discípulo). El libro del Apocalipsis o Apocalipsis de San Juan es el último libro del Nuevo Testamento.

Fraseología rota en las letras de Joaquín Sabina: musa y memoria

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investigaciones, interpretaciones y debate a lo largo de la historia. El azul del cielo hace referencia al color del mismo. Hay una sustitución léxica (evangelio-cielo), adición de galimatías, no hay ningún tipo de transformación semántica. Existe referencia al simbolismo difícil de interpretar, a la profecía de la vida después de la muerte, a la lucha entre el bien y el mal.

3. Tipos de modificaciones Corpas Pastor y Mena Martínez (2003: 193-198) diferencian dos tipos de modificaciones: las externas y las internas, que encuentran ejemplos en todas sus variedades en las letras de Joaquín Sabina. Las modificaciones externas se basan en transformaciones semántico-contextuales y pragmáticas, que solo se aprecian si se analizan en el contexto en el que se encuentran. Para ello contamos con el texto completo de las canciones (que por motivos de extensión no aparecen en este trabajo). «Mediante este tipo de manipulación se respeta la estructura formal, pero el contenido semántico se ve alterado, pues, con ayuda del contexto, recibe prominencia uno de los planos semánticos o ambos a la vez» (Corpas 1997: 236). Así se crea un rico juego de posibilidades a través de la alusión. Para conseguir que tenga efecto la intención comunicativa del emisor del mensaje, el receptor tiene que ser capaz de establecer «conexiones entre aspectos semánticos y las más diversas configuraciones cognitivas del saber enciclopédico compartido» (G. Wotjak 2000: 124). Corpas Pastor y Mena Martínez las clasifican en dos subclases (2003: 136-139): A)

Prominencia del significado unitario. Se trata de la interpretación unitaria y global de una determinada UF, acompañada de la activación simultánea del significado compositivo, y por tanto independiente, de uno (o algunos) de sus componentes individuales o de la unidad entera por efecto de algún elemento del contexto. ni me caso con nadie, ni guardo pa’ mis nietos (2002: Camas vacías)

Casarse, ‹unirse dos personas en matrimonio› (religioso o civil) (DUEA). No casarse con nadie, ‹valor figurado: mantener uno su opinión o actitud propias con respecto a un asunto, no dejarse influir por razones de amistad, lazos familiares, etc.› (DUEA). Hace alusión a la independencia y autonomía de sus opiniones y/o actitudes y al significado compositivo de no unirse en matrimonio a otra persona. mi boca fue pasando / de las palabras a los hechos (1978: Tratado de impaciencia)

Pasar de las palabras a los hechos, pasar de la teoría a la práctica. Presenta el significado unitario de pasar de las palabras a los hechos como actuar y actualiza a la vez el compositivo de la boca dejó de usarse para hablar y empezó a besar, por ejemplo.

8 B)

María Isabel Arranz Sanz

Prominencia del significado compositivo. Manipulaciones creativas de carácter alusivo en las que se utilizan combinaciones libres de palabras homónimas de una determinada UF. [Se deslexicaliza la UF]. Felipe «el hermoso» por el talle (1984: Juana la loca)

Felipe I de Castilla el Hermoso (1478-1506).8 Se utiliza una combinación libre de palabras homónimas de una UF. Se reliteralizan los elementos integrantes. Este recurso le facilita la coherencia textual con Juana la Loca, título de la canción que trata sobre el reconocimiento público de la homosexualidad del protagonista. Las modificaciones internas se basan en el cambio del número de sus componentes o en la alteración de sus relaciones sintácticas con los cambios semánticos correspondientes. Las autoras las clasifican a su vez en seis subtipos. 1. Sustitución léxica. Este tipo de manipulación consiste en el cambio de uno o más componentes de la UF por otra(s) unidad(es) léxica(s). Con esta sustitución de un término por otro que al emisor le interesa resaltar, se establece entre el elemento sustituido y el sustituyente una relación semántica (de sinonimia, antonimia, hiperonimia, hiponimia, etc.) cuyo resultado es un proceso de carácter psicolingüístico consistente en tres partes: en primer lugar, el foco de atención del mensaje emitido es justamente el término que se ha introducido, por ser el elemento que destaca dentro de una combinación léxica esperada por el receptor; seguidamente, el interés de este pasa a esa unidad fija en el estado anterior a su transformación; y, finalmente, se produce una fusión de conceptos entre el que designaba la UF primitiva y el del elemento novedoso. Es evidente que el contexto situacional es imprescindible en la consecución del objetivo que el emisor del mensaje tiene en mente. Normalmente aparece combinado con otro fenómeno como puede ser la extensión y/o la modificación gramatical. Una al vino vino / y al pan con tumaca (1999: Como te digo una co te digo la o)

Al pan pan, y al vino vino, refrán que alude al acto de decir, con claridad y verdad, las cosas sin ambages ni eufemismos (DUEA). Con la sustitución se actualizan simultáneamente el plano literal y el traslaticio, y esto está provocado por la relación semántica del nuevo elemento (con tumaca) con palabras del contexto, como polaca, catalán. Se mantiene activo el valor unitario de la UF base, ‹decir, con claridad y verdad, las cosas sin ambages ni eufemismos› y, puestos a decir la verdad, ella prefiere el pan con tumaca, en ese punto hace una defensa de lo catalán. Con esto la modificación creativa aumenta su rendimiento, pues en una sola expresión suma dos valores semánticos. 2. Extensión. Este es uno de los recursos más usuales. Consiste en el aumento del número de constituyentes de una UF insertando otros elementos ajenos a la misma que modifican a algún componente de la UF. De esta forma el significado global se ve ––––––– 8

Archiduque de Austria (1482-1506) y rey de Castilla y de León (1504-1506) por su matrimonio con Juana, hija y heredera de los Reyes Católicos.

Fraseología rota en las letras de Joaquín Sabina: musa y memoria

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enriquecido por la aportación de un nuevo elemento y se puede cumplir la intención del emisor del mensaje que ha producido la UF modificada. aprendí a malvivir del cuento (2002: Vámonos pa’l sur)

Vivir del cuento, ‹vivir sin trabajar, generalmente aprovechándose de la generosidad, lástima, etc., de otro u otros› (DUEA). Con una sustitución morfológica mediante la prefijación de mal- ofrece una síntesis, la variación deja ver claramente la UF en la que se basa y solo introduce una especificación. Aprendió a vivir sin trabajar pero no pudo vivir con gran nivel o calidad de vida, de ahí el cambio de vivir por malvivir, que no deja de ser una manera de vivir. 3. Reducción. Es el fenómeno contrario a la extensión. Consiste en la supresión de alguno(s) de los elemento(s) de una UF. Corpas Pastor (1997) hace referencia a dos tipos: por acortamiento (típico de las paremias, frecuentemente introducidas por presentadores) o por alusión con una activación de los dos planos, el plano unitario y el compositivo. La UF incompleta evoca sin problema la expresión completa, pues la probabilidad de ocurrencia del resto de la UF es tan grande que su ausencia no produce pérdida de información (Zuloaga 1975: 245). Cuando se escuchan disparos y muere el apuntador (1984: Ocupen su localidad)

La UF base de esta expresión es Morir hasta el apuntador (‹morir muchas personas en la realidad o en la ficción› DUEA). Con esta combinación libre de palabras homónimas de la UF base se obtiene el significado contrario: aquí solo muere uno en lugar de todos o muchos. En este espectáculo tan original que presenta en la canción hace referencia a la persona que ejerce esa profesión, no a la expresión idiomática; y el significado, por tanto, es el contrario: morir una persona en vez de todas, en el significado de la UF. El efecto que se consigue es que en un primer momento el oyente realiza la interpretación unitaria aun cuando en la canción está empleada en su significado compositivo. 4. Modificación gramatical. El cuarto mecanismo se refiere a los casos de cambios que conciernen a la morfología de los miembros integrantes de la UF o a las relaciones sintácticas entre ellos. Es un fenómeno frecuente en las UFs y no dificulta reconocer la UF original que subyace en la estructura. Preferir…/ el vino peleón al jerez fino (1980: Manual para héroes o canallas)

Cambia la relación sintáctica entre fino y jerez. En la colocación Fino de Jerez, fino es el núcleo del sintagma, nombre propio, y Jerez es el complemento de nombre, en la manipulación creativa Jerez pasa a ser el núcleo y fino es adyacente. 5. Fusión o contaminación. Con frecuencia el uso de fraseología rota se basa en el uso simultáneo de varios procedimientos de modificación. Pero en el barrio había un general / que para colmo, lo vio salir de noche a probar / a buscarle tres patas a las gatas y dos peras al olmo (1996: El capitán de su calle)

Este ejemplo tiene tres tipos de modificaciones: (1) sustitución léxica en la primera parte de pies por patas (mismo campo semántico) sobre la base de buscar cinco/tres pies al gato,

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María Isabel Arranz Sanz

(‹empeñarse alguien en encontrar dificultades, inconvenientes o complicaciones› DUEA) y en la segunda pedir por buscar sobre la base de Pedir peras al olmo (‹exigir algo que no puede lograrse ni darse› DUEA); (2) modificación gramatical consistente en un cambio de género y número en la primera parte (gato-gatas); y (3) en la segunda el sustantivo peras en la UF base no tiene determinativos y aquí aparece el numeral dos (extensión). La canción describe a un ‹bicho raro›, un perdedor convencido que no encaja en lo establecido, en la ley. Se refiere a buscar lo imposible, lo ilógico, lo no racional, lo no establecido, reconocido, aceptado, quizás solo para la ley, no para él. 6. Combinación. Señalamos una posibilidad más, que es un aspecto especial de la combinación de procedimientos: la fusión de dos o más UFs que se unen para formar una sola unidad. Ponle un par de cuernos / a tu depresión (1987: Cuernos)

En el primer fragmento, las locuciones poner los cuernos a alguien, (‹ser alguien infiel a su cónyuge› DUEA) y pon sal/música/color a tu vida, se unen a partir del elemento formalmente idéntico a ambas (poner). Aparece una sustitución, a tu vida – a tu depresión y una extensión: un par de. El resultado de la transformación semántica es una síntesis, la transformación contiene una declaración cuya secuencia originaria es una UF. El par da el sentido de valor y decisión y, en vez de a la vida en general, se refiere a la depresión en concreto, al estado anímico que cuando se padece domina y ocupa la vida, con lo que puede pasar a ser sinónimo. Entonces se trata de engañar a la depresión con una cana al aire, con una relación extramatrimonial.

4. Conclusión La desautomatización es un fenómeno que indaga en los procesos creativos del autor, donde un lenguaje relativamente fijo, como el de la fraseología, despliega una impresionante creatividad en cuyo ámbito se remueve el mundo subterráneo de la memoria como caverna evocadora a través del eco de la UF base, originaria (la memoria) y multiplicando la fuerza vital, creadora de la lengua con la modificación (la musa). Y estos rasgos son los que se encuentran recogidos en la obra de Joaquín Sabina: 1-. Musa. Aunque el propio autor repetidamente manifiesta la diferencia existente entre canción y poema, no se pueden concebir las letras de sus canciones sin su gran dosis de poesía. Y si nos estamos refiriendo a la faceta poética, literaria, de sus letras, no podemos olvidarnos de la narrativa, pues tenemos canciones en que Joaquín Sabina es un verdadero contador de historias, un narrador, como en Peor para el sol, Viridiana, etc. 2-. Memoria. Junto al gran nivel literario y al ingenio compositivo, aparece el verso ripioso, la lengua del pueblo, el estereotipo, la rima fácil que utiliza para dar un tono desenfadado, juguetón y humorístico a algunas de sus canciones, como en Pero qué hermosas eran o Eva tomando el sol. Y esto se ve reflejado a nivel lingüístico con el empleo de un registro coloquial, la frase hecha, el refrán, la evocación de canciones populares, etc.

Fraseología rota en las letras de Joaquín Sabina: musa y memoria

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3-. Musa y memoria. En un tercer grado nos encontramos con la combinación de las dos facetas: parte de lo consabido, de lo estereotipado, el acervo común, que es trasladado con su sutileza y agilidad mediante un salto triple y lo eleva al cuadrado o al cubo, a una nueva imagen propia, pero que no podría funcionar si no contara con toda nuestra cultura y con nuestra idiosincrasia. Digamos que la musa (creatividad) y la memoria (repertorio de tópicos, imágenes, representaciones, expresiones que pertenecen y comparten los hablantes de una lengua o de una misma comunidad sociocultural) son las dos fuerzas que se aúnan en este recurso estilístico del autor. 4-. El instrumento que utiliza Joaquín Sabina para recurrir a la memoria del receptor son las UFs y utiliza absolutamente todas, desde las colocaciones (enemigos íntimos), hasta los enunciados fraseológicos (padre nuestro que estás en los hoteles de paso), pasando por las locuciones (valle de fábricas de tristeza). Y no solo se limita a estas tres esferas, sino que aprovecha cualquier elemento lingüístico con caracteres compositivos susceptible de ser dividido (El cabo de Poca Esperanza). 5-. Y partiendo de estas UFs les aplica diferentes recursos para desautomatizarlas y crear, con su musa, su propia imagen, incomprensible, como hemos dicho, sin conocer la UF base. Insistimos en este punto porque nos parece fundamental la complicidad cultural que se tiene que dar entre compositor y oyente. Si no se parte de esa idiosincrasia común, la letra no puede ser capaz de llegar al oyente/receptor.9

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Esto se refleja en el bajo grado de traductibilidad de los textos.

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María Isabel Arranz Sanz

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M. Celeste Augusto

Une gauche qui n’est pas ‹gauche›: parcours lexico-sémantique des notions de gauche dans les langues romanes

1. Introduction Dans sa deuxième étude (1979) sur la polarisation lexicale, en particulier le binôme gauche-droite, Y. Malkiel invitait le lecteur à reprendre le sujet; cet exposé représente ma première réponse à son défi. Quoique dans mon résumé j’aie mentionné aussi la notion de droite et que je sois consciente de l’importance d’approcher la gauche et la droite en tant que binôme illustrant un cas évident de polarisation lexicale1, je vais me limiter ici à traiter la notion de ‹gauche›, qui comme son opposé est relative. La verbalisation de la notion spatiale ‹gauche›, au contraire de celle de ‹droite›, nous paraît plus intéressante lexicalement et sémantiquement pour les raisons suivantes: 1) déjà en latin elle a été représentée par plusieurs unités lexicales assez différentes entre elles, qui se sont remplacées les unes par les autres; 2) à présent il y a une grande variété de segments linguistiques qui la véhiculent et qui diffèrent considérablement d’une langue romane à l’autre; 3) la plupart de ces segments sont plurisémantiques et renvoient à un univers socioculturel et magico-religieux plus riche que celui qui entoure la notion de ‹droite›, quoique nous vivions dans une société marquée par la dextralité. L’unité lexicale qui exprime la notion spatiale ‹gauche› dénote aussi fréquemment le référent main gauche de la même façon que les segments qui dénomment la main gauche peuvent dénommer la notion spatiale. Ceci, en effet, est confirmé par la majorité des auteurs qui ont écrit à ce sujet (cf. Fryklund 1907; Malkiel 1979)2 et par les données des Atlas Linguistiques. Par conséquent dans cette communication je me propose d’envisager ensemble ces deux sens du segment la gauche ainsi que les autres sens non spatiaux. Je ne considérerai pas les expressions synonymes comme «main de bride» (cf. Fryklund 1907) ni les notions de ‹gauche› dans un cadre politique. D’après Kourilsky / Grapin (1968: 3-4) la dissymétrie anatomique et fonctionnelle du corps humain se traduit par une latéralité et prédominance du côté droit3 laquelle à son tour ––––––– 1

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Suivant Malkiel (1951; 1979) je considère la polarisation lexicale comme l’influence qu’un mot exerce sur son opposé sémantique. D’après Buck (1949) les mots qui dénotent les notions spatiales de gauche et de droite étaient d’abord ceux qui dénommaient la main gauche et la main droite. Une donnée qui n’est pas scientifiquement prouvée. Selon Lhermite (1968: 6) «droiterie et gaucherie ne sont pas le résultat de l’éducation, mais répondent à une évolution biologique, dont la

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M. Celeste Augusto

conduit à une «prééminence» de ce dernier et à une sanction collective et sociale du côté gauche. Par contre, Lhermite (1968) indique que l’organe supérieur intellectuel est l’hémisphère gauche du cerveau et qu’il y a, malgré tout, environ 10% de gauchers contre 90% de droitiers.4 Mon exposé a pour but de mettre en évidence les parcours lexical et sémantique que la notion de gauche a suivis dans quelques langues romanes en partant de sa dénomination latine. Je ne prétends pas donner de nouvelles étymologies, je me propose de considérer les causes qui ont provoqué des changements sémantiques et de vérifier s’il y a eu une récurrence de motivations. Après cette présentation, au paragraphe 1, j’exposerai brièvement les préliminaires théoriques et méthodologiques sous-jacents à cette communication, je me référerai à l’importance d’une approche interdisciplinaire et ensuite, dans ce cadre, j’esquisserai un acte de divination. Le paragraphe 2 sera consacré à la présentation des unités lexicales, porteuses des notions spatiales et non spatiales de gauche, et à leur analyse et discussion. Le résultat de ce commentaire sera présenté, sous forme de réflexions finales, au paragraphe 3.

2. Préliminaires théoriques et méthodologiques Comme je l’ai annoncé plus haut et contrairement à la démarche habituelle, consistant à considérer le changement sémantique par rapport aux mécanismes métaphoriques et métonymiques qui l’accompagnent, je compte plutôt examiner ce qui l’a déclenché. De ce fait, le volet théorique qui supporte cet exposé a principalement été dégagé de Alinei (1982; 2005), de Dworkin (2006) et de Neerlich (1990). L’idée que chaque langue est constamment soumise à deux forces opposées – l’une, la conservatrice qui la maintient et l’autre, l’inventive et révolutionnaire qui la catapulte dans plusieurs directions, a été reprise par Alinei (2005); pour celui-ci, les mutations qui affectent une langue sont de deux types: celles qui entraînent des altérations au niveau de la grammaire nommées «structural or grammatical changes» et celles qui laissent le système grammatical intact et impliquent des changements sémantiques ou de vocabulaire. Ces dernières, qu’il appelle «culturallinguistic changes», sont aussi responsables du «cultural-linguistic renewal» d’une communauté et se caractérisent par des glissements de sens, par des resémantisations d’anciens mots, par l’emploi d’emprunts ou encore par des calques. Dans la présente étude, c’est ce deuxième type de changement qui nous intéresse, car 1) l’analyse qui sera menée prendra en compte l’univers culturel entourant la lexico-sémantique de la notion spatiale et non spatiale de gauche; 2) ce parcours n’implique aucun changement grammatical; 3) je défends que l’évolution subie par les différentes notions de gauche (spatiale et non spatiale), du point de vue tant lexical que sémantique, s’insère dans la ligne du «culturallinguistic renewal» signalé ci-dessus. ––––––– 4

source demeure un mystère». Cependant, il y en a qui soutiennent que chez le nouveau-né «la symétrie est la règle». Raymond et alii (1996) confirment ce pourcentage et ajoutent qu’il se maintient depuis le néolithique.

Une gauche qui n’est pas ‹gauche›

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Le remplacement, du latin aux langues modernes, des segments linguistiques qui expriment les différentes notions de gauche est la conséquence des changements de sens déclenchés par des opérations cognitives. Ces opérations s’accomplissent à travers des transformations du type sémasiologique et onomasiologique qui, selon Dworkin (2006), ne s’excluent pas et conduisent à une restructuration du lexique, comme nous le montre la sémantique diachronique des langues romanes.5 Méthodologiquement je mettrai en contraste le sens des différentes unités lexicales qui véhiculent et ont véhiculé les différentes notions de gauche mais, au préalable, j’aborderai l’exercice de la divination, à cause de son énorme rôle dans l’établissement du pluri-sémantisme de la notion de gauche.

2.1 Sémantique lexicale et interdisciplinarité Comme le souligne Alinei (2005), les changements de sens des unités lexicales résultent de facteurs extra-linguistiques et s’opèrent par rapport aux référents dénommés. Dans ce type de recherche, leur connaissance ainsi qu’une compréhension de l’univers qui les entourent sont indispensables. La sémantique lexicale est donc la scène où la connexion entre langue et culture peut être considérée comme parfaite. Nerlich (1990), en parlant de Whitney, de Bréal et de Wegener, dit que, quand on approche le changement linguistique, «il faut qu’on s’arrête d’envisager le langage comme une entité autonome». C’est pourquoi je plaide pour un recours à d’autres disciplines dans les recherches lexico-sémantiques comme celle que je présente ici. Dans le cadre du caractère multidisciplinaire de cette recherche, je me propose maintenant d’esquisser un acte de divination, d’abord selon les Étrusques et les Romains et ensuite d’après la technique grecque. Je me base, à cet effet, surtout sur Bouché-Leclercq (1882 / 1978) et sur Frothingham (1917). Aujourd’hui nous parlons de la gauche et de la droite par rapport à nous-même, à notre corps, mais ce n’était pas le cas dans l’Antiquité; le monde était alors le centre de l’orientation et les notions de gauche et de droite s’y rapportaient (cf. Frothingham I). Dans le monde ancien, tous les aspects de la vie concernant soit les hommes soit les dieux étaient gouvernés par les activités et les consultations des augures et des haruspices, et religion, politique, santé, tout dépendait de l’orientation. On sait aussi que pour tous les peuples, l’est, où le soleil se lève, était le point le plus important et la source de la vie et de la joie. Cependant, les modes d’orientation n’étaient pas les mêmes pour tout le monde et, suivant Frothingham (1917), on peut distinguer deux groupes: A – orientation face au sud en ayant à gauche l’est, le lieu de la joie. B – orientation face au nord en ayant à droite le lieu de la joie, c’est-à-dire l’est. Au groupe A appartenaient entre autres la Chine, l’Egypte, l’Étrurie et Rome qui suivait de près les Étrusques, qui leur étaient supérieurs; la Grèce, les Celtes et les Juifs s’incluaient dans le groupe B. Je renvoie à l’appendice où l’unité lexicale sinistra, qui désignait le côté de l’est ou pars familiaris, c’est-à-dire de gauche, avait alors aussi le sens de favorable. Ainsi, selon l’orientaion face au sud, le devin, dans ce cas un augure, se ––––––– 5

Sur cette matière, le Dictionnaire Étymologique des Langues Romanes, en production et coordonné par Peter Koch, sera le bienvenu.

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M. Celeste Augusto

plaçait au croisement des deux lignes le dos tourné vers le nord en ayant l’est à sa gauche et l’ouest à sa droite: comme intermédiaire, il interprétait le vol des oiseaux venant du côté gauche comme de bon augure, en revanche, celui qui arrivait du côté droit (pars hostilis) étaient considérés comme signes de mauvais augure et de malheur. Avec l’hellénisation de Rome, l’orientation face au nord et l’identification de la droite avec la joie ou ce qui est favorable entre en concurrence avec le mode d’orientation étrusque. Les innovations grecques ont graduellement influencé les élites, tandis que le peuple, surtout dans ses croyances, restait fidèle aux pratiques étrusques. En littérature par exemple, le remplacement a été plus rapide qu’en archéologie et en sculpture. Cicéron, qui était aussi augure, Virgile et d’autres encore, suivant le mode de divination des Étrusques, faisaient la différence entre la droite heureuse des Grecs et la gauche heureuse étrusque (laeva prospera disait Virgil); en ce temps-là, le mot sinister était pour les Romains synonyme de bonheur (cf. Frothingham II). De toute façon, le changement a eu lieu et il fut accepté et suivi, au début, certes, seulement par les couches les plus élevées. Voilà pourquoi aujourd’hui encore, nous associons les segments qui désignent la notion spatiale de gauche à ce qui est malheureux, négatif; ceci revient à dire que nous poursuivons la tradition grecque. Au fur et à mesure qu’on avance dans le temps, il est évident que les notions soit de gauche soit de droite se sont éloignées de l’art et des modes de divination, cependant elles, maintiennent un rapport sémantique correspondant, grosso modo, au malheur pour la première et au bonheur pour la seconde.

3. Les valeurs sémantiques des segments qui véhiculent les notions de gauche: approche lexico-sémantique Les matériaux et leur analyse: après ce renvoi essentiel de type interdisciplinaire, deux mots sur les matériaux. Les données qui ont servi d’objet de discussion ont été collectées dans les sources suivantes: 1) dictionnaires étymologiques; 2) monographies de la spécialité; 3) atlas linguistiques nationaux et régionaux de la péninsule ibérique. Pour chaque présentation de données, je commencerai par le portugais et ensuite je procéderai d’ouest en est, c’est-à-dire en indiquant, le cas échéant, le galicien, le castillan (ou variantes), le catalan, le provençal, le français (ou variantes), l’italien (ou variantes) et finalement le roumain. Tableau 1 – La notion de gauche en latin U. lexicale Laevus

Laeva, -ae Scaevus

Sens 1- courbé; 2- qui vient de gauche; 3- défavorable; 4propice (langue augurale) main gauche 1- gauche; 2- qui est à gauche; 3- heureux (langue augurale); 4maladroit, défavorable

Etymologie ? < racine *LAIUOS indogermanique

Sources Ernout / Meillet, IEW, Walde

?- emprunt au grec ?- parenté avec Lit. kairẽ ‹main gauche›

Ernout / Meillet, IEW, Walde

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Une gauche qui n’est pas ‹gauche›

Scaeva,-ae Scaeva, -ola Sinister

Sinistra

– présage, signe qui vient de gauche – gaucher 1- gauche; 2- qui vient de gauche; 3- propice (langue augurale); 4- défavorable (plus fréquent)

– lat. vg *sĭněxter –? à rapprocher: du grec, du véd. sániyãn, de sine (› irl. sain), etc. – euphémisme

Ernout / Meillet, REW, Walde

main gauche

En latin on avait donc trois segments pour exprimer gauche et main gauche, qui dénommaient à la fois ce qui est favorable et défavorable. Laevus et scaevus sont considérés comme anciens, surtout employés par les archaïsants et leur origine demeure incertaine. De la base indogermanique LAIUOS sont dérivés toute une série de mots slaves qui, comme lijevi (croate), levý (bohémien), lewy (polonais), désignent la gauche. Le radical qui a donné sinister n’est pas encore déterminé, toutefois il est incontestable qu’il a remplacé les deux autres mots qui le précédaient et qu’il était employé comme un euphémisme. On a rapproché sinister du lat. senior, ce qui peut être intéressant si on pense au provençal ma senega ‹main gauche›, littéralement main vieille. Une autre hypothèse mentionne la racine sine qui a donné l’irlandais sain ‹différent›; alors, la main gauche serait celle qui diffère de la droite.6 Les trois unités pouvaient véhiculer des sens diamétralement opposés, selon leur emploi dans la langue des augures ou dans la langue littéraire. Dans ce dernier cas, et suivant la tradition grecque concernant la divination, ils portaient un sens néfaste, négatif.7 Les usages grecs considéraient la droite et tout ce qui arrivait de ce côté comme propice; par contre, pour exprimer le sens opposé, la gauche et ce qui était néfaste, ils employaient un euphémisme comme άριστερός.8 Il est surprenant de constater que les mêmes mots chez les mêmes auteurs, lorsqu’il s’agissait d’un contexte religieux et augural, prenaient un sens favorable, comme on peut le vérifier chez Virgile (Éneide, II, 693) et Ovide (Fast. IV, 833-834) (cf. Pottier 1903).9 Pottier signale aussi que, c’est à travers l’archéologie, qu’on peut constater la préférence du côté gauche chez les Orientaux; les Égyptiens avaient même un seul mot pour désigner la gauche et l’Orient (où le soleil se lève) et un autre pour la droite et l’Occident.

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Pour plus de détails cf. Ernout / Meillet (41967) qui opinent que, de toute façon, sinister doit être un euphémisme. Cf. Cicéron Div., II, 39: «Ita nobis sinistra videntur, Grajis et barbaris dextra meliora» (apud Pottier 1903: 406). Selon Loth (1912: 256) il s’agit d’un mot avec une valeur anthiphrastique. À croire Pottier (1903: 406), ce dualisme a certainement prêté à confusion; il renvoie à cet égard à un passage de Catulle (Carm.XLV), à propos de l’éternuement comme signe de bon augure.

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M. Celeste Augusto

Tableau 2 – Continuateurs de laevus, scaevus et sinister Unité lexicale Laevus Scaevus Sinister

Continuateurs – surtout dans les termes scientifiques: levogiro, levofobia (port.), levógiro (cast.), lévogyre, (fran.), levogiro (ital.). – l’hypothèse de faire dériver esquerda / izquierda de scaevus est improbable. – avec le sens de sombre ou néfaste, se retrouve dans la majorité des langues, même germaniques. – exprimant une notion spatiale et la main gauche, se retrouve dans toutes les langues romanes, sauf en roumain. – fréquent au niveau des composés et dérivés et par opposition à dexter ‹droite›10

Au contraire de ce que le FEW nous informe, le segment laevus connaît des continuateurs même dans des langues non romanes mais seulement en tant que terme scientifique et par opposition à dexter, par exemple des substances lévogyres ou dextrogyres. Scaevus semble n’avoir laissé aucun descendant. D’après ce tableau, il est aussi évident que le segment sinister a été le plus répandu et le plus productif dans et hors de la Romania. Cette base est représentée dans toutes les langues romanes, soit comme notion spatiale et de main gauche, soit comme dénommant ce qui est sombre ou défavorable, exception faite du roumain dont le mot sinistru est un emprunt récent au français ayant aussi le même sens qu’en français moderne.11 Cependant, la situation changera et de même que sinister a remplacé laevus et scaevus, il donnera lieu à d’autres formations. Celles-ci ont eu lieu à différentes époques: le mot basque fut introduit à l’époque wisigothique d’après le DCECH12, le français gauche vers le XVe siècle d’après le FEW, etc.; les remplacements se produiront surtout au niveau du langage courant; sinister résistera, essentiellement, dans le sens de sombre, funeste ou encore dans les langages de spécialité, comme l’héraldique. Tableau 3 – Remplaçants / continuateurs du latin sinister Langue Portugais

Castillan

Andalou Aragón, N.y R.

Unité lexicale esquerdo adj. / subs. (mão) esquerda, canhota, sestra sestro adj. / subs. izquierdo adj. / subs. zurdo mano isquierda zoqueta, zocata, penca zurda, cucha, tonta, tuerta

Gauche / main gauche gauche main gauche gauche gauche gauche main gauche main gauche main gauche

Maladroit funeste + + +

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Les variantes de la base latine sinister, comme senexter, sont déclenchées par dexter et sont donc une conséquence de la polarisation lexicale, dont parlait Malkiel (1951; 1979). Je remercie ma collègue Carmen Scarlat de Grenoble pour ce renseignement. Selon le DCECH, le segment mano izquierda est documenté vers 1400 et à partir du XVIe siècle son usage est général.

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Une gauche qui n’est pas ‹gauche›

Catalan Français Gascon Provençal Italien Roumain

ezquerre mà esquerra, surda gauche querr / esquerr ma senega sinistro mano sinistra / stanca, mancina stâng mînǎ stîngǎ stângaci

gauche main gauche gauche gauche main gauche gauche main gauche gauche main gauche -

+

+

+

Dans le tableau 3 nous disposons d’un éventail de dénominations de gauche / main gauche qui n’est pas du tout exhaustif. Il nous manque, par exemple, les données des Atlas régionaux de la France et de la Wallonie. Cependant, les représentants inclus suffisent pour montrer que, dans la majorité des cas, sinister a été remplacé. On n’a que deux continuateurs, le portugais sestro qui appartient au vocabulaire régional et les formes italiennes qui, cependant, sont concurrencées par mancina et mano stanca. Tous les segments qui dénomment la main gauche ont en commun le fait de véhiculer un sens semblable de maladroit (canhota), funeste (sestra), grossier (zoqueta, zocata), vieux (senega), estropié (mancina), lourdaud (zurda), courbé (tuerta), insensé (tonta) ou affaibli (mano stanca, mînǎ stîngǎ). Les unités esquerdo et sestro (port.), izquierdo (cast.), gauche (fran.), sinistro (ita.) et stâng (roum.) qui renvoient à la notion spatiale de gauche ont aussi le sens de maladroit ou de funeste, sauf la donnée roumaine. Pour transmettre ce dernier sens, le roumain utilise un dérivé stângaci. Toute cette négativité autour de la main gauche se retrouvera dans la dénomination des gauchers, comme on le verra dans le tableau 4. Étymologiquement, le cas qui est le plus intéressant est celui de esquerdo, izquierdo ou ezquerre. Il a déjà fait couler beaucoup d’encre et les opinions diffèrent considérablement; la présence d’un élément basque est en général acceptée et, d’après la dernière étude sur ce sujet (cf. Schwerteck 1998), le basque ezker et ses correspondants romains ont, très probablement, leur origine dans les racines celtes *kel et *ker exprimant le sens de ‹tourner›. La distribution géographique des continuateurs de la forme basque est étendue et arrive à l’ouest jusqu’au Portugal et, selon le DCECH, à l’est, va même jusqu’à la Haute Auvergne. Tableau 4 – Dénominations de celui qui emploie de préférence la main gauche (langues et dialectes ibériques) Domaine linguistique Portugais Mirandais Galicien Andalou Aragonais Cantábro Catalan

Dénomination

Source

Canhoto, canho, esquerdino, coxo, coxaina, mano-coxa Esquerduço Zurdo, manzurdo, manecho, cocheno, manrevés, torcido, zoco, toco, manguto Choto, churdo, penco, tenco, zoco, zocato Zurdo Zurdo, choto Esquerrà, zurdo, [méŋgo], [maĦZinu], [sok'ato]

ALEPG ALEPG ALGa ALEA ALEANR ALEC ALDC

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Ce tableau, étant constitué de formes dialectales, présente des segments qui ne sont pas enregistrés lexicographiquement et d’autres qui n’ont qu’une forme phonétique. Ceci veut dire que beaucoup de formes ont un étymon qui sera difficile ou même impossible à reconstruire. La négativité signalée plus haut est ici renforcée, notamment par la grande quantité de segments. On constate qu’il y a une identité entre les formes qui dénomment la main gauche et celles qui se réfèrent à celui qui s’en sert préférentiellement. Ceci est fréquemment considéré comme un défaut physique ou une «mutilation» (cf. Hertz 2003). Il y en a même qui rapprochent les gauchers de la magie et de la sorcellerie, où la gauche est favorisée au détriment de la droite. Symbole des forces occultes, il devient dangereux de prononcer13 les noms qui la représentent, et de ce fait, ses noms ont été changés à commencer par le latin où laevus et scaevus ont été remplacés par sinister et, ensuite, celuici par toute la série de segments présentés plus haut. Ce tabou d’ordre magico-religieux a eu des conséquences linguistiques14, comme on vient de le démontrer, mais aussi juridiques, sociales, ainsi qu’au niveau des codes des bonnes manières et de l’étiquette.

4. Synthèse et réflexion finales Cette communication qui porte sur la linguistique a touché à l’art de la divination, au mode d’orientation, ainsi qu’à des conceptions magico-religieuses, en tant qu’outils interdisciplinaires essentiels dans les recherches de sémantique lexicale. Les remarques finales passent par deux plans: le sémantique et le multidisciplinaire et synthétisent les analyses présentées: 1. Étant donné mon but et laissant de côté la droite, je me suis concentrée sur le parcours lexico-sémantique des segments porteurs des notions de gauche et de main gauche. 2. Du latin à nos jours, les unités lexicales qui dénomment la gauche et la main gauche ont été sujets à des remplacements opérés par des opérations sémasiologiques et onomasiologiques, qui furent déclenchées par des motivations d’ordre magico-religieux. Leur remplacement atteste le pouvoir du mot et il est motivé par la force du mot prononcé et du mal qu’il peut entraîner. 3. Le rôle d’une approche interdisciplinaire a été illustré, surtout en ce qui concerne l’ambiguïté sémantique de la notion de ‹gauche›, comme résultat des pratiques divinatoires. 4. La négativité véhiculée par les dénominations de la main gauche et de celui qui s’en sert découle de l’univers magico-religieux qui les entoure. 5. Le pluri-sémantisme des segments qui dénomment, aujourd’hui, la gauche remonte aux traits sémantiques des antécédents classiques, qui étaient également polysémiques.

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C’est la croyance dans le pouvoir négatif du mot prononcé qui conduit à l’éviter et à le bannir et, ensuite, à le remplacer. Pour plus de détails sur le tabou à propos du mot ‹gauche› cf. Ducháĉek (1971).

Une gauche qui n’est pas ‹gauche›

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Appendice: La répartition du ciel selon la tradition étrusque À gauche: le secteur oriental, de bon auspice (pars sinistra ou familiaris); à droite: le secteur occidental, défavorable (pars dextra ou hostilis).

[source: Pallotino, Massino (61975): The Etruscans (revised and enlarged edition). London: Penguin Books, 145]

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Pragmática de merced en la historia de las lenguas romances: el portugués y el español en la Edad Media

1. Orígenes de una nueva categoría conceptual en la lengua latina En un trabajo anterior adoptamos la pragmática contextual1, corriente de la lingüística cognitiva que pone de relieve la conexión entre significados y contextos de uso, como marco teórico adecuado para estudiar la existencia de MERCED como ‹categoría› conceptual y léxica en el devenir de la historia de la lengua latina.2 Los sentidos y significados se toman de diccionarios y tesoros que, sin ser la lengua propiamente dicha, constituyen un testimonio de las palabras usadas en sus contextos (Dirven / Verspoor 1998 [2000]: 26).3 Las palabras latinas cuyos sentidos y significados intervienen en MERCED como categoría conceptual y léxico-semántica son merces, meritum, praemium, gratia y merx, esta última con un papel decisivo en los procesos de cambio. Señalamos los sentidos y significados prototípicos y los marginales del complejo conceptual que proporcionaba cada palabra, conscientes de que los cambios de contexto pueden convertir significados marginales en prototípicos (Allwood 2003: 47).4 El criterio para marcar los significados de las palabras como prototípicos o como marginales no fue otro que el orden de las acepciones, que normalmente proporcionan el primer significado, el más frecuente o el más básico (los tres

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Desde el discurso y la lingüística del texto, Anscombre (1995) y Ducrot (2000) –según referencias recogidas por García Negroni / Tordesillas (2000: 10-13)– practican el diálogo entre la semántica y la pragmática. Los trabajos de Koch (2001; 2004) aúnan también semántica y pragmática en el estudio de la historia de las lenguas romances. Allwood (2003: 42) afirma que «el significado de las palabras no cambia fuera del contexto: las palabras se aprenden en el uso». Sobre la validez de los diccionarios como materia de estudio en la semántica cognitiva, Taylor (2003: 6) afirma: «un diccionario nos proporciona ya claves con palabras polisémicas, lista los significados e intenta una caracterización. Si se trata de un lexicón de tipo histórico, proporcionará [además] una etimología». Traugott / Dasher (2002: 32) afirman que los diccionarios muestran las palabras camino del cambio: «más que fijar la lengua (objetivarla) [...] reflejan la lengua de la época (a veces con su historia) y las tendencias de los compiladores». En las taxonomías de los sentidos y del significado subyacen tres criterios: a) factores de mayor frecuencia de uso, b) el sentido primero en la mente de los hablantes, c) el sentido más básico de uno de los significados sobre los otros (Dirven / Verspoor 1998 [2000]: 30-46).

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criterios para fijar el significado prototípico), así como las marcas empleadas en los listados consultados.5 Según Grondelaers / Geeraerts (2003: 67-92), el estudio lexicológico se realiza con una visión integradora de las dos vertientes tradicionales: la onomasiológica y la semasiológica. En nuestro caso, se entresacan los sentidos y significados que conforman MERCED como categoría conceptual y, además, se hace un estudio del desarrollo histórico del lexicón –es decir, del léxico de una lengua informado por la forma y por la gramática– que fue configurando MERCED como dominio conceptual en la historia del latín, primero, y de las lenguas romances de forma progresiva a través de los siglos. Ese cotejo nos lleva a observar fenómenos de coexistencia y variación, con procesos de generalización y de especialización semánticas, impulsados por factores sociales, geográficos e históricos de diversa índole. El tratamiento del significado en el que se funden conceptos en apariencia distantes entre sí ofrece –tal como se ve en la Figura 1– una categoría conceptual MERCED, con ‹recompensa› como significado global o común (Gesamtbedeutung) (Allwood 2003), que contiene tres subtipos: I, con un elemento nuclear o prototípico, BENEFICIO, y otros periféricos (de aquí en adelante MERCED I); II, con un elemento prototípico MISERICORDIA, y los periféricos que lo integran (de aquí en adelante, MERCED II); III, con un elemento prototípico VOLUNTAD y otros periféricos (de aquí en adelante MERCED III). MERCED

(espacio categorial) MERCED I beneficio jornal paga renta galardón

‹recompensa› (significado gobal o común) Allwood (2003: 41)

MERCED III voluntad arbitrio servicio mandato

MERCED II misericordia favor gracia perdón dádiva

(sentidos y significados latino-medievales y romances)

Figura 1. Categoría MERCED (Carrera de la Red, en prensa) La configuración de esta categoría se produce en el devenir de la historia de la lengua latina. Durante la etapa del latín preclásico y clásico los cinco ítems (merces, meritum, praemium, gratia y merx) conformaban dos subtipos o subcategorías nocionales en torno a dos conceptos: BENEFICIO (subtipo o subcategoría I) y MISERICORDIA (subtipo o subcategoría II). Con la caída del Imperio Romano, entre otras causas por la irrupción de ––––––– 5

El diccionario de Gaffiot (1978) para el latín arcaico y clásico y el Glosario de Du Cange (18821887) para la baja latinidad, el latín merovingio, en especial, y el latín medieval, en general.

Pragmática de merced en la historia de las lenguas romances

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los pueblos germánicos, se produce un cambio drástico de contexto social, político e histórico y, en el dominio nocional que nos ocupa, las variables sociales y cognitivas distintas conducen a un cambio dentro de la categoría MERCED, que se traduce en la aparición de un tercer subtipo o subcategoría, MERCED – VOLUNTAD. Un paso importante para corroborar el hecho de que MERCED constituya una auténtica categoría conceptual es mostrar si los ítems y significados que componen la categoría conceptual MERCED son compartidos por más de una lengua. En terminología de Wierzbicka (1996), se trataría de comprobar que son conceptos transculturales (crosscultural concepts).6 Para ello se va a ver el comportamiento de esta categoría conceptual y de la estructuración de significados en portugués y español, con el compromiso de realizar un estudio en profundidad más adelante en catalán, en francés y en italiano, tres lenguas de las que cabe decir desde ahora que desde época de orígenes muestran una abundancia aplastante de contextos que favorecen enunciados ligados a MERCED II – MISERICORDIA.

2. Homonimia entre merx (merces) y merces En cuanto al portugués y al español, el primer cambio relevante se refiere a la redistribución de los ítems merces / mercedis y merx / mercis, que mostraban una homonimia peligrosa ya en latín. En portugués, al parecer, no se produjo la confusión de homónimos, sino que mantiene dos ítems distintos diferenciados formalmente únicamente por una tilde (circunflejo, índice de cierre vocálico) sobre una de ellas: merce y mercê. Se da la existencia de dos lexemas etimológicamente diferentes y, desde la semántica, con significados netamente distintos. Portugués merce < mercem < merx, -cis / mercê < mercedem (merces, -edis) merce . s.f. (lat. merce(m)). Mercadoria; todo o género próprio para o negócio mercê. s.f. (lat. mercede(m)) – Retribuição por um trabalho prestado [...]

Figura 2. Etimología de merce / mercê en portugués (Fontinha 1982) En el mismo esquema conceptual de merce ‹mercancía› entra el derivado mediante sufijación mercadoria7, con un matiz de significado, ‹pequeña mercancía›, ‹mercancía de ––––––– 6

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Entre la noción de concepto lingüístico universal y la de concepto específico de una lengua, Wierzbicka (2003) habla de conceptos de una «universalidad relativa», marcados por su carácter transcultural; según esta lingüista, la auténtica perspectiva de los estudios de semántica y de pragmática implica contrastar culturas, comprender otras realidades desde el conocimiento de las nuestras propias. El portugués ofrece hasta hoy: a merca ‹a acção de mercar›, o mercado ‹o lugar unde se compra e vende tudo o mais necessário na vida›, o mercador ‹aquele que merca›, a mercadoria ‹tudo aquilo que pode ser objeto de compra e venda›, etc. La revisión del lexicón portugués permite ver un gran

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pequeño tamaño›, que había generado en el latín medieval (Du Cange 1882-1887) la aparición de numerosos ítems: por un lado, mercandisia (formalmente vinculado a mercadoria) y por otro merceria, directamente derivado desde merx (*merces, mercis). Este último es en portugués el étimo de nuevos lexemas: 1) mercearia ‹loja onde se vendem géneros aliménticios, quer secos quer líquidos; armazém de provisões; comércio pouco importante [...] mercancias›, para el «lugar»; 2) merceeira – merceeiro (< lat. pop. merciarium ‹tendeiro›), para la «persona». El español, por el contrario, si nos atenemos a los diccionarios y glosarios (Corominas / Pascual 1980-1991, s.v. «merced»; Seco 2003, s.v. «mercede»), se presupone una fusión de los dos ítems latinos en una entrada única: merced, que se explica desde merces (< merces, -edis y merx, -cis). Español merced < merx, -cis / merces, -cedis merced . Descendiente semiculto del lat. merces, -edis ‹paga, recompensa›, derivado de merx, -cis ‹mercancía›

Figura 3. Etimología de merced en español (Corominas / Pascual 1980-1991) Onomasiológicamente el español cuenta tambien con gran cantidad de palabras con significados vinculados, si bien de manera algo borrosa, al prototípico de ‹mercancía›. Pero, al disponer de única forma léxica (merced), los conceptos tipo ‹transacción›, ‹negocio›, ‹intercambio› se convierten en español en un dominio ambiguo: algunos de sus sentidos se dirigen al verbo mercar y sus derivados nominales; en especial, en los siglos medievales, mercadería / mercaduría, hoy en desuso frente a mercancía. Menéndez Pidal (2005: 707) anota para el español dos formas en singular: mercé y merced y un plural: mercedes, que compondrían este apartado del lexicón español, bien es verdad que explica mercé como un «toledanismo» de Autos Viejos Toledanos, junto con virtú, verdá. Pero este criterio meramente dialectal no explica la falta de un doble soporte lexemático para sentidos y significados tan distantes como ‹salario›, ‹paga›, para el reconocido merced y ‹mercancía› para un hipotético ítem mercé. Respecto a palabras como mercedario, mercendero, mercería (equivalente a ‹mercancía›), se dice que empiezan a ser de uso frecuente del siglo XVII en adelante. Si embargo, en 1570, Cristóbal de las Casas, en su Vocabulario castellano / toscano (RAE 2001), sitúa el siguiente doblete: cast. Merced / tosc. mercede; cast. Mercería / tosc. merce, lo cual mostraría que en castellano se conservaba en el siglo XVI la conciencia de los dos significados y en italiano también su correspondiente forma lingüística. ––––––– número de palabras en cuyo étimo está el verbo mercar (< lat. mercare/mercari, relacionado a su vez con merx,-cis). En el devenir histórico del portugués, se puede encontrar un proceso de restricción del sentido de este verbo: en contextos medievales –según se recogió en el Elucidário (Viterbo 1865), un lexicón del portugués de finales del siglo XVIII a mediados del siglo XIX– el significado exacto de mercar es ‹obter com sacrifício e esforço›, y se ejemplifica con un texto del siglo XIV: «Damos-lhis comprido poder, que elles possan cambiar, e mercar com nosso Senhor ElRei de Portugal» (Documentos de Tarouca, 1306).

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Exista homofonía y evolución fonológica hacia la confusión total o no en español, lo que desde un planteamiento cognitivista queda claro en español es una notable vaguedad en los contenidos semánticos (Tuggy 2006: 273). Desde los orígenes del castellano se dio el inicio de la mezcla de dominios mentales (domain blending), y por tanto semántico-pragmáticos, entre distintos conceptos en un ámbito nuevo: el significado prototípico global de ‹recompensa› incluye conceptos como ‹intercambio›, ‹transacción›, ‹negocio›, lo que después cubrirá en parte mercancía. Por el contrario, en portugués medieval estos sentidos o significados –los más cercanos a lo meramente material– estaban lexicalizados de forma clara en la palabra merce.

3. Desplazamientos metonímicos en la categoría MERCED en español y portugués En español, frente a la ausencia de claridad testimonial de la pervivencia como lexema de la variante merce, desde merx (~ merces) mercis, con lo que se cuenta es un testimonio que nos permite señalar al menos el término post-quem en la subcategorización de MERCED en los tres subtipos indicados. Se trata del Vocabulario Latino-Romance de Nebrija (1495 [+1516]) (RAE 2001), que coloca dos entradas de la siguiente forma: Merced por misericordia . misericordia . ę Merced por beneficio . beneficium . ij

En otro momento (Carrera de la Red, en prensa) enumeramos los contextos mentales, de construcción del significado, en los que aparece la categoría MERCED: 1) el contexto de las relaciones laborales, área esencial de la actividad social intersubjetiva, que cambia mucho según el entorno específico o contexto; 2) el contexto espiritual de relación con Dios, el supremo «dador»; 3) el ámbito de la relación entre las voluntades, sobre todo de los superiores respecto a los inferiores: los grandes señores feudales, convertidos en reyes y emperadores durante el amplio período medieval europeo frente a sus súbditos.

Poníamos un cuarto contexto: «el desenvolvimiento del ser humano en las actividades del intercambio transaccional». Pero en estos momentos de la investigación, nos damos cuenta de que este más que un contexto concreto en realidad es el marco cognitivo general que favorece una visión conjunta de las relaciones sociales como un permanente intercambio en todos los niveles de la existencia humana. A continuación, pasamos a exponer algunos de los rasgos más sobresalientes de cada uno de los subtipos de la gran categoría mental del dominio del INTERCAMBIO, que pasará a ser MERCED en las lenguas portuguesa y española, durante toda la Edad Media y al menos hasta finales del siglo XVII.

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3.1 MERCED I – BENEFICIO La «contigüidad» léxico-semántica en lo que se refiere a los sentidos de MERCED I – es muy compleja. El portugués tiene la palabra amor, definida lexicográficamente por ‹benefício, favor, graça, merçê›. Para referirse a un «beneficio» material, y de la que se dice además «E era mui frequente» (Elucidário, 1. s.v. amor). BENEFICIO

Por este amor, que recebeo do dito Mostejro. Prazo de Salzedas de 1293. E dizem, que Abbadessas, que ouve em esse Moesterio Filhas d’algo, faziam prestança, e amor de pam, e de vinho, e d’outras cousas aos seus parentes, ááquelles com que aviam o devîdo, e quando hi vinhão (carta d’el-rei D. Denis de 1322. Documento de Reciam o Recião).8

El Elucidário de Viterbo (1865, Vol. 2) testimonia el desplazamiento metonímico de la palabra amor hacia el dominio semántico de MERCED I – BENEFICIO con la introducción de una pareja de expresiones fraseológicas: fazer amor e prestança, en cuyo significado se contiene otra expresión creada por similitud: «Emprestar ou, mais bem, fazer presente e mercê, y fazer prestança, que se define como ‹O mesmo que Fazer amor›». amor = presente; prestança = mercê, prestança = amor presente => mercê fazer mucho bien e mucha merced. Bien es una palabra a su vez polisémica, ya que encierra diversos sentidos según el referente que el hablante desee indicar, pero hay que decir que bien, al igual que otras palabras, como honra, provecho, con las que puede aparecer en un enunciado enumerativo, encierra, sin que carezca de cierta vinculación con un sentido y un significado de tipo moral, un contenido referencial de carácter eminentemente material. Sólo desde esa perspectiva es desde la que hay que leer y comprender enunciados como el siguiente de Alfonso X:

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El comentario de Viterbo (1865) contextualiza el último ejemplo: «[uma carta] em que proibe as comedorias e serviços, que alguns pretendiam ter no mosteiro de Reciam».

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E mando e digo a los sobredichos escolares que es bien su fecho e su honrra e que biuan en paz sin vuelta e sin pelea ninguna en que guarden e tengan todas las mias presturas asi como las yo puse e mande de guisa que yo aya voluntad de les fazer bien e merced e de les adelantar su onrra e su prouecho (1254 Carta de Alfonso X el Sabio)

Si el portugués medieval contaba con la palabra amor en el ámbito del beneficio, el español multiplica las palabras: honra, favor y bien.

3.2 MERCED II – MISERICORDIA En el polo opuesto al sentido y contenido semántico material antes indicado para merced, beneficio, bien, se encuentran los ejemplos en las que MERCED se aplica con sentido y significado del ámbito espiritual, religioso, vinculado a la intersubjetividad del hombre y la divinidad. Es el dominio de la «misericordia», de la «gratuidad», del «don» y aquellos contextos mentales en los que el sentido semántico de merced se relaciona estrechamente con la palabra gracia: El Dios de nuestro padre Abraham me aya merced… (Fazienda de Ultramar) Señor, merced te clamo, por ganar la tu gracia… (Berceo) -Ora, con uuestra merced -Vades, amigo, en Dios! (Cancionero de Estúñiga)

Alfonso X, en las Partidas, introduce más de uno de los artículos con la fórmula «Por la merced de Dios» (= Por la gracia de Dios): «Por la merced de Dios no auemos mayor sobre nos en el temporal. Por derecho, ca lo podemos probar por las leyes romanas…». Los documentos notariales recogen el traslado de esos conceptos divinos de MISERICORDIA a otros contextos conceptuales dentro de la comunidad viva: un proceso de generalización del sentido de misericordia entre hombres como ampliación del concepto de misericordia divina. El enunciado de La Fazienda de Ultramar «porque clamo merced al omne e no al criador» sería la evidencia de ese proceso de generalización y la correspondiente selección por acción del contexto adaptativo. Del mismo modo, la acogida en casa del Padre Dios encuentra su reflejo en la acogida al hermano: 1225. e prendo encomenda & en mj empara todas las cosas que son & que perteçen en la casa de la merçet de Ucles de Conca & de Velamco; et aforroles todo el portazgo de toda cosa que la casa de la merced conombrada, que dicen de Conca.

Otros conceptos periféricos de este subtipo MISERICORDIA son BENEVOLENCIA, PERDÓN, Los textos legales se relacionan con el concepto DERECHO, concebido como un conjunto de normas reguladoras de algunos comportamientos humanos en una determinada sociedad, y con el concepto JUSTICIA, concretada en la «justicia legal», que consiste en el cumplimiento de la ley y en el ordenamiento jurídico. En ese contexto conceptual del acuerdo intersubjetivo y racional de un marco legal debe haber lugar a una reprensión y castigo de las malas obras pero con BENEVOLENCIA para con el otro, para la PIEDAD y el PIEDAD.

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PERDÓN, es decir, para la MISERICORDIA entre personas. Las Siete Partidas de Alfonso X vuelven a ser el testimonio de estos sentidos y significados:

Mas entre piadat que se no torne en flaqueza & muy grand crueldad, deue tomar un tempramiento a que llaman justicia, que ha en si estas dos cosas merced & castigamiento & no deuen seer el una sin la otra… & tener en amas las balanças justicia & merced & no deue mouer se de ligero…mas uale que sea la sobeiania en fazer merced que no en crueldat

Y otro gran texto del registro legislativo, el Fuero Juzgo (1250-1560) ofrece epígrafes con ese concepto de justicia benevolente: «De la merced de los principes contra los culpados». La justicia debe ser benevolente, pero debe punir el mal que se comete: es la voluntad o merced de la autoridad que legisla. El rey Alfonso X el Sabio, en una carta dirigida al reino de León, se expresa así: et el alcalde que recibiere esta alcaldía sepa que perdera quanto oviere e sera el cuerpo a mi merced. E mando que las confradias que son fechas en esta raçon que se desfagan luego; si non, sepan que iran en esta penna sobredicha (1253)

3.3 MERCED III – VOLUNTAD La palabra merced, con el significado MERCED III – VOLUNTAD, va a especializarse con usos abundantes en todo este contexto de legislación medieval, dentro de una estructura social de relaciones asimétricas, en la que la justicia debe ser benevolente, pero debe punir el mal que se comete. El capítulo XIº del ordenamiento de las cortes celebradas en Alcalá de Henares (1348) aporta un contexto conceptual de VOLUNTAD Quando los alguaciles de la nuestra corte o alguno dellos no conplieren los que los nuestros alcaldes o alguno dellos los enbiaren mandar por sus alualaes […] que el ballestero que lo muestre a nos para que lo nos escarmentemos e mandemos sobrello lo que la nuestra merced fuere. […] e el que non oviere de que me peche el coto, sepa que yra en mi prision quanto fuere mi merced.

Es fácil concluir la equiparación semántica entre la palabra merced y el concepto Los conceptos PENA, CASTIGO también se explicitan mediante merced (una conexión conceptual que en épocas posteriores será motivo de manifestación de la ironía en manos de los más grandes escritores españoles de los siglos XVI y XVII). Cuando el destinatario de esta legislación, llena de órdenes expresadas mediante la palabra merced, con el significado prototípico que hemos llamado MERCED III – VOLUNTAD, pasa a ser hablante, añade otros términos vinculados al concepto de ‹favor›, de ‹gracia›, con los predicados son hazer(me), otorgar(me), todos ellos en la esfera del ‹dar›. Se trata de una manifestación lingüística de una auténtica labor de negociación: «cumplo el mandato, hago el servicio, pero a cambio he de percibir una merced, un favor», con enunciados que basculan entre el mandato que se da y el servicio que se hace, con el favor (= merced) como fiel de la balanza, enunciados que aparecen sistemáticamente repletos de términos MANDATO.

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relacionados con el concepto SERVICIO (servir, en serviçio, servidor, etc.). Esta palabra (en portugués, serviço y en español, servicio) poseía una gran polisemia, y en muchos casos sobre estos significados actúa la metonimia: comienzan en la esfera conceptual de la ‹gratuidad›, ‹don›, MERCED II – MISERICORDIA en un contexto de sociedad asimétrica esta vez del súbdito o vasallo hacia el superior (señor, señora, etc.) y pueden terminar en la esfera de la VOLUNTAD, ARBITRIO, como una orden, mandato en forma de ley o tributo. Históricamente, buena parte de esa estructura procede de la época de los pueblos germánicos (godos, longobardos, etc.). Existe otro ámbito de similitud en las dos lenguas en la sociedad feudal: el amor considerado como um serviço. Este léxico, que parte del proceso psicológico de relación entre autoridad y súbdito, tiene un uso muy frecuente en el mundo de la literatura.

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Micaela Carrera de la Red

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Natàlia Català Torres

Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva*

1. Introducción La explicación de las regularidades en la realización sintáctica de los participantes de un evento sigue siendo una cuestión fundamental tanto para las teorías proyeccionistas (Levin / Rappaport Hovav 1995), como para las (neo)construccionistas (Borer 2005). Las primeras asumen que la información que contienen las entradas léxicas es la que determina las propiedades sintácticas y, las segundas, que las relaciones temáticas se derivan de determinadas posiciones estructurales definidas sintácticamente. Para los proyeccionistas, son los patrones semánticos los que proyectan la estructura eventiva, mientras que, para los (neo)construccionistas, el aspecto es una característica configuracional asociada con determinadas características sintácticas; pero ambas aproximaciones distinguen entre un componente idiosincrásico –raíz/verbo– y un componente estructural –estructura eventiva/construcción– y sitúan las características eventivas de los verbos en la interficie léxico-sintaxis. Los trabajos realizados en los últimos años desde estas y otras perspectivas han supuesto un importante avance en la comprensión de las propiedades de verbos y oraciones, pero todavía nos somos capaces de identificar completamente los determinantes semánticos de la realización argumental y las relaciones de prominencia entre los argumentos, por lo que parece justificado examinar una vez más las diferencias interlingüísticas sistemáticas en la clase de los verbos transitivos.

2. Fundamentos teóricos Todas las lenguas tienen verbos de dos argumentos que se realizan sintácticamente como ‹sujeto› y ‹objeto directo› –los verbos transitivos–, pero algunas tienen más verbos transitivos que otras. ¿Podemos predecir qué verbos de dos argumentos serán transitivos en una determinada lengua? ––––––– *

La investigación que subyace a este trabajo ha sido financiada por los proyectos BSO2003-04854 y HUM2005-00312.

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Tsunoda (1985) propone una jerarquía de verbos de dos argumentos organizada en términos de la decreciente afectación del paciente: los verbos que ocupan un lugar más alto en la jerarquía tienen más posibilidades de realizarse como transitivos. Más concretamente, los verbos de dos argumentos que encajan en el esquema semántico ‹el agente actúa y causa un efecto en el paciente› son transitivos en todas las lenguas. Fuera de esta clase, pueden observarse variaciones sistemáticas. Por ejemplo, los verbos no-resultativos no son transitivos en todas las lenguas porque tienen un argumento que es un receptor de fuerza. Los verbos con tales argumentos se asocian con la implicatura cancelable de que el receptor de la fuerza sufre un cambio relacionado con el resultado de la acción, que crea la impresión de que estos verbos encajan en el molde agente-paciente (Talmy 2000). Una lengua que limita la clase de verbos transitivos a los verbos de agente-paciente muestra una proyección semántica-sintáctica más transparente que una que no lo hace. La transparencia semántica también se manifiesta en la elección del objeto. Mientras que el inglés permite que muchos papeles semánticos se realicen como objetos, en otras lenguas es el objeto el que determina la elección del verbo. Las estructuras eventivas complejas tienen dos participantes estructurales, uno por subevento, que se realizan como sujetos y objetos, mientras que las estructuras eventivas simples, tienen un participante estructural –que se realiza como sujeto– y otros argumentos legitimados por la raíz. Uno de esos argumentos puede realizarse como objeto. Los objetos de los verbos transitivos centrales –que tienen una posición privilegiada en la jerarquía de Tsunoda– ocupan una posición de estructura eventiva (Grimshaw 2005): la del participante estructural del segundo subevento de una estructura eventiva compleja. Los objetos de otros verbos transitivos –que no ocupan una posición de estructura eventiva– pueden mostrar realizaciones específicas en una lengua o pueden tener alguna clase de realización por defecto. Las raíces y las estructuras eventivas desempeñan, por tanto, un papel fundamental en las alternancias de objeto: las raíces asociadas con estructuras eventivas simples permiten las alternancias de objeto, porque, como el único participante estructural se realiza como sujeto, la elección de objeto es flexible; los verbos de cambio de estado y los verbos de cambio de posición, en cambio, no presentan alternancias de objeto porque son verbos eventivos complejos que tienen dos participantes estructurales. La conducta verbal se explica así por la interacción de ciertos tipos de raíces, estructuras eventivas simples y principios de legitimación de argumentos. El significado verbal tiene, desde esta perspectiva, dos componentes: un componente idiosincrásico –la raíz– y un componente estructural –la plantilla de estructura eventiva– que representa un tipo de evento (Borer 2005; Grimshaw 2005; Pinker 1989; Rappaport Hovav / Levin 1998; entre otros). Las raíces se asocian sistemáticamente con las estructuras eventivas mediante reglas de realización canónica. Esta concepción bipartita del significado verbal facilita la determinación de la realización argumental, pero no parece suficiente para explicar todas las alternancias que presentan los lexemas verbales. Quizás por ello, distintos marcos teóricos han optado por apelar a las jerarquías para explicar algunos fenómenos y establecer generalizaciones tipológicas. Y es que parece evidente que entre los coargumentos de un verbo existen diferencias con respecto a su potencial realización: que un papel semántico dado pueda ser sujeto u objeto en una lengua particular depende de qué otros papeles pueden ser sujetos u objetos. Las relaciones de prominencia

Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva

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semántica pueden desempeñar, por tanto, un papel en la realización argumental: los argumentos semánticamente más prominentes se proyectan en las posiciones sintácticas más prominentes. La geometría de la estructura eventiva determina la prominencia semántica relativa de los argumentos de los eventos complejos –los causantes son siempre semánticamente más prominentes que las entidades que cambian de estado–, pero no explica por qué hay también relaciones de prominencia entre los argumentos de los verbos eventivos simples de dos argumentos ni por qué surgen diversas interpretaciones de una misma realización argumental. Es preciso, por tanto, recurrir a los estudios interlingüísticos de la transitividad para evaluar la contribución relativa de otros determinantes semánticos. Las propiedades de los proto-papeles propuestos por Dowty (1991) señalan implícitamente una manera de imponer las relaciones de prominencia semántica a parejas de argumentos. Algunas propiedades del Proto-Agente y Proto-Paciente aparecen emparejadas: el Proto-Agente es el causante de un evento o cambio de estado en otro participante y el Proto-Paciente es el que sufre un cambio de estado; el Proto-Agente realiza un movimiento relativo a la posición de otro participante y el Proto-Paciente es estacionario en relación al movimiento de otro participante; el Proto-Agente existe independientemente del evento, mientras que el Proto-Paciente no existe independientemente del evento, o no existe en absoluto. Estas implicaciones identifican participantes con una relación semántica y reflejan una relación asimétrica entre participantes eventivos que podría contribuir a determinar la realización de sujeto y objeto cuando la estructura eventiva fuera insuficiente.

3. Los verbos de cambio de estado físico ¿Qué propiedades léxicas de los verbos de cambio de estado determinan el tipo de configuraciones sintácticas en las que aparecen?: (1)

Español a. María ha roto el vaso / El vaso se ha roto b. El viento ha abierto la puerta / La puerta se ha abierto

(2)

Francés a. Marie a brisé le verre / Le verre s’est brisé b. Le vent a ouvert la porte / La porte s’est ouverte

(3)

Catalán a. La Maria ha trencat el vas / El vas s’ha trencat b. El vent ha obert la porta / La porta s’ha obert

(4)

Italiano a. Maria ha rotto il vetro / Il vetro si è rotto b. Il vento ha aperto la porta / La porta si è aperta

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Estos ejemplos recogen una alternancia –la alternancia causativa / anticausativa– que ha sido objeto de muchas discusiones tipológicas y teóricas. Algunos autores sostienen que las variantes transitiva e intransitiva tienen una entrada léxica independiente, mientras que otros defienden una relación derivativa entre ellas. Las explicaciones de los que proponen una aproximación derivativa no son uniformes: mientras algunos consideran que la variante causativa deriva –por un proceso de causativización– de la variante anticausativa (Dowty 1979; Pesetsky 1995), otros piensan que los verbos que alternan son inherentemente diádicos y que la variante anticausativa carece de argumento externo implícito porque el proceso léxico de intransitivización crea una entrada intransitiva a partir de la transitiva. De esta última idea general surgen distintas propuestas, entre ellas la de Levin / Rappaport Hovav (1995) que plantea un análisis bieventivo: la representación léxica semántica de los verbos que participan en la alternancia incluye un predicado CAUSA que toma dos argumentos. En la variante transitiva la Causa y el Tema se proyectan en la estructura argumental y en la sintaxis, mientras que en la variante intransitiva la Causa no se proyecta. Las lenguas muestran diferencias tan sustanciales en la forma morfológica de la alternancia (Haspelmath 1993) que se hace difícil decidir sobre la dirección de la derivación. El punto de vista de la causativización no explica el hecho de que en muchas lenguas la variante anticausativa y no la causativa esté marcada por una morfología especial. Y la intransitivización plantea un problema similar con las lenguas que marcan la variante causativa de la alternancia. Además, hay lenguas en las que ambas formas se derivan de una raíz común, otras en las que se derivan de diferentes raíces y otras que solo cuentan con una forma. 3.1 Aunque todos los eventos se pueden conceptualizar desde una perspectiva causativa, porque todos admiten una perífrasis del tipo del español hacer + infinitivo1, algunos verbos de cambio de estado no admiten la variante causativa habitual: (5)

Ejemplos de Levin / Rappaport Hovav (1995: 97)

The cactus blossomed early / *The gardener blossomed the cactus / *The warm weather blossomed the cactus

Estos verbos describen cambios de estado de causa interna, a diferencia de los verbos con una variante causativa, que tienen una causa externa. Las lenguas difieren en cuanto a la gramaticalización de los eventos de causa interna. Labelle (1990) sostiene que en francés los verbos que expresan eventualidades de causa interna como maigrir ‹adelgazar›, moisir ‹enmohecer›, viellir ‹envejecer› tienen un comportamiento similar al de los verbos inergativos: seleccionan avoir como auxiliar y no pueden aparecer en la construcción impersonal con il. En esta lengua, además, nos encontramos no solo con verbos que pueden aparecer en una construcción incoativa intransitiva y en una construcción con se, sino también con verbos que pueden aparecer en ambas: (6)

a. Le pneu a éclaté b. Le verre s’est brisé c. Le fil a cassé / Le fil s’est cassé

––––––– 1

El calor hizo florecer los geranios / Los geranios florecieron.

Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva

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3.2 Mientras que las construcciones pasivas son compatibles con la expresión de causantes, agentes e instrumentos, las construcciones anticausativas solo aceptan causantes: (7)

a. The window was broken by John / by the storm / with a stone b. *The window broke by John / by the storm / with a stone

(8)

a. La ventana fue rota por / Juan / la tormenta / con una piedra b. *La ventana se rompió por / Juan / la tormenta / con una piedra2

(9)

a. The window / broke from the pressure b. *The door opened from Mary / from the key

(10) a. La ventana se rompió a causa de la presión b. *La ventana se abrió a causa de María / a causa de la llave

Chierchia (2004) y Levin / Rappaport Hovav (1995) argumentan que los modificadores compatibles con la pasiva reflejan la presencia del componente de causa en la representación léxica semántica de los verbos causativos, lo que apoyaría el análisis de la intransitivización. Como los anticausativos no contienen un argumento externo implícito temáticamente inespecificado como los causativos, los sintagmas preposicionales que denotan agentes, instrumentos y causantes, legitimados en los causativos correspondientes, no lo están en los anticausativos. 3.3 Los anticausativos legitiman, además, en inglés, el sintagma by itself con la interpretación ‹sin ayuda externa›: (11) The glass broke by itself

También en alemán y español pueden utilizarse expresiones equivalentes: (12) Die Vase zerbrach von selbst / El vaso se rompió solo

3.4 Alexiadou / Anagnostopoulou (2006) señalan que, aunque el núcleo de verbos que admiten la alternancia causativa es bastante estable, desde una perspectiva interlingüística, se producen variaciones en el dominio de las restricciones verbales y en el de las restricciones de selección. Con respecto al primer dominio, en inglés, hay verbos que no permiten la alternancia que permiten en otras lenguas: (13) a. John / the fire / the bomb killed Mary a’. *Mary killed b. Juan / el fuego / la bomba mató a María b’. María se mató3

––––––– 2

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En español, la agramaticalidad de estas secuencias está restringida a la lectura causativa; no afecta a la posible lectura de pasiva refleja. Esta secuencia puede tener una lectura causativa o una lectura reflexiva que implica volición.

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Con respecto al segundo dominio, ciertas combinaciones de V + Obj no permiten la alternancia: (14) a. He broke his promise b. *His promise broke

Levin / Rappapot Hovav (1995) argumentan que, respecto a los verbos transitivos que no pueden intransitivizarse, puede establecerse una generalización: (15) Los verbos transitivos que no pueden formar construcciones anticausativas admiten sujetos agentes –o agentes e instrumentos– pero no permiten sujetos causantes.

Así, un verbo como cut no permite una variante anticausativa porque selecciona un agente o un instrumento pero no un causante, mientras que break es compatible tanto con un sujeto agente, como con un sujeto instrumento o causante. Esta generalización es válida también para el español y otras lenguas románicas: (16) a. El camarero / El cuchillo cortó el pan b. *El pan se cortó (17) a. El gamberro / La piedra / La tormenta rompió el cristal b. El cristal se rompió

4. Los verbos de cambio de estado psicológico Si examinamos el comportamiento de los verbos de cambio de estado psicológico, observamos que algunas de las cuestiones expuestas en el apartado anterior son pertinentes también para la caracterización de este tipo de verbos, por lo que parece lógico concluir que pueden incluirse en el grupo de verbos transitivos centrales: (18) a. Los juegos aburren a los niños / Los niños se aburren b. Les jeux ennuient les enfants / Les enfants s’ennuient c. Els jocs avorreixen els nens / Els nens s’avorreixen d. I giochi annoiano i bambini / I bambini si annoiano e. The games bore the boys / The boys were bored

Lo único que diferencia a los dos tipos de verbos es que el argumento causante de los verbos de cambio de estado físico puede tener algún control sobre el cambio –alguien puede llevar a cabo voluntariamente una acción cuyo resultado sea un cambio en el estado del objeto–, mientras que el argumento causante de los verbos de estado psicológico nunca controla el evento. Por esa razón, estos verbos no pueden aparecer en ninguna construcción que requiera un agente implícito.

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5. Algunas conclusiones ¿Qué nos revelan los datos de diferentes lenguas respecto al comportamiento de los lexemas verbales que denotan un cambio de estado físico o psicológico? La necesidad de considerar la causatividad y la agentividad independientes, aunque puedan darse simultáneamente. Hemos visto que las construcciones del tipo Las ventanas se cerraron pueden tener una lectura pasiva en la que hay implícito un agente. Prueba de ello es que la adición de una subordinada final es posible. En cambio, si la lectura es anticausativa, solo es posible añadir adjuntos que realzan la espontaneidad del evento: (19) a. Las ventanas se cerraron para evitar que entraran los ladones b. Las ventanas se cerraron solas

Por tanto, como las construcciones causativas prototípicas presentan distintas interpretaciones según el tipo de argumento externo –siempre se trata de un argumento causante pero solo en ocasiones es agentivo–, las interpretaciones asociadas a las variantes anticausativas también serán distintas: si el causante es agentivo, la construcción tendrá una lectura pasiva, mientras que, si no lo es, tendrá una lectura anticausativa. Si el verbo admite a priori tanto un causante agentivo como un causante no agentivo, el uso intransitivo del verbo podrá recibir ambas interpretaciones. Las observaciones de autores como Reinhart (1997) acerca del paralelismo morfológico entre las construcciones inacusativas con se y las construcciones reflexivas encajarían en este planteamiento: ambos tipos de predicado se derivan de predicados transitivos por medio de una regla de reflexivización que convierte un predicado transitivo en un predicado intransitivo. De acuerdo con la propuesta de representación léxico-semántica de Levin / Rappaport Hovav, podemos asumir que las construcciones causativas reflejan una estructura bieventiva que incorpora la Causa como elemento de la estructura, por lo que la lectura no agentiva se impone por defecto. De la lectura agentiva –la opción marcada– depende la selección de determinados objetos4 y la imposibilidad de una variante anticausativa. Un verbo de cambio puede admitir, por tanto, causantes que controlan el evento y causantes que no ejercen ningún control sobre él. La elección de uno u otro tipo de causante está determinada por los rasgos del significado de la raíz. Hawkins (1986) sostenía que la variación interlingüística en diversos aspectos de la realización argumental es una manifestación de los diferentes niveles de transparencia de las lenguas. En cierto sentido, podríamos afirmar que, por lo que respecta a la expresión de la anticausatividad, las lenguas románicas son menos transparentes que el inglés, puesto que las construcciones que incorporan un clítico resultan a menudo ambiguas. Pero, si lo que consideramos es el grado de transparencia respecto a la transitividad, es decir, respecto a las clases de verbos de dos argumentos que se realizan sintácticamente como verbos transitivos, tendremos que concluir que el grado de transparencia es similar, porque casi todos los verbos de la jerarquía de Tsunoda pueden ser transitivos tanto en inglés como en ––––––– 4

Él rompió su promesa / *Su promesa se rompió.

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Natàlia Català Torres

las lenguas románicas examinadas. Lo que no implica que no podamos afirmar que el análisis del comportamiento de los verbos de cambio de estado parece corroborar la hipótesis de la estrecha relación de una estructura eventiva compleja con la manifestación de la transitividad. Y, como esa estructura eventiva compleja es compartida por los verbos de cambio de estado físico, por los de cambio de estado psicológico y, posiblemente, por los de cambio de posición, debería ser posible considerar que las tres clases semánticas se proyectan en la clase sintáctica de los verbos transitivos centrales. Por último, desde una perspectiva teórica, también parece evidente que, como apuntan algunos trabajos, las aproximaciones proyeccionistas y las construccionistas son complementarias y necesarias para explicar las alternancias sintácticas.

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Clases semánticas verbales: una aproximación contrastiva

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Adriana Costăchescu

Mode d’action et espace

1. Introduction Les rapports spatiaux entre divers objets sont exprimés dans la langue de façon relationnelle, sous la forme d’une prédication communiquant la position d’une certaine entité (la cible) par rapport à un lieu (le site). Par exemple dans l’enfant demeure caché derrière l’arbre le groupe nominal l’enfant représente l’entité à localiser, la cible (C), tandis que le groupe nominal l’arbre indique l’entité par rapport à laquelle on localise la cible, donc le site (S).1 Il est possible d’élaborer une théorie formalisante pour la modélisation de l’expression linguistique des relations spatiales en prenant comme point de départ une seule relation primitive, le plus souvent l’inclusion. Michel Aurnague a choisi comme primitive un rapport spatial très général, la connexion, une relation réflexive et symétrique. On considère que deux entités, x et y, sont spatialement connectées (a) si elles ont des zones en commun ou bien (b) si elles sont jointes par une partie de leurs surfaces (Aurnague / Vieu / Borillo 1997: 77). En partant de la connexion il est possible d’expliciter, à l’aide d’un certain nombre d’axiomes et de définitions, les deux types de relations spatiales entre la cible et le site: des relations topologiques, appelées aussi de localisation interne et des relations projectives, ou de localisation externe (Aurnague / Vieu / Borillo 1997; Borillo 1998).2 La cible et le site se trouvent dans une relation topologique si la cible est située dans une portion d’espace ayant une certaine coïncidence avec le site: la bouteille (C) est sur la table (S), la blouse (C) est dans l’armoire (S). Si la position de la cible est identifiée par rapport à un site qui lui est extérieur, on parle de relations projectives ou de localisation externe: la ––––––– 1

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Les termes de ‹cible› et de ‹site› ont été proposés par Vandeloise (1986), comme traduction des mots anglais ‹figure› et ‹ground› (Talmy 1983). Cette terminologie se retrouve dans la psychologie perceptive (‹figure› et ‹fond›) ainsi que dans la grammaire cognitive de Langacker (‹trajector› et ‹landmark›), où ‹trajector› désigne l’entité mobile sur une trajectoire, par rapport à une ‹borne› ou ‹point de repère› (‹landmark›) (Vandeloise 1986: 44). On pourrait ajouter, pour l’anglais, les termes ‹theme› vs. ‹reference object› (Jackendoff 1983). En français, Boons (1985) a proposé les termes ‹corrélat de lieu› vs. ‹lieu›, mais il parait que les termes corrélatifs ‹cible› vs. ‹site› sont les plus employés (Borillo 1998; Vandeloise 1986). Nous avons présenté ailleurs le cadre formel, qui reprend, modifie et développe celui d’Aurnague (cf. Costăchescu 2008).

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Adriana Costăchescu

maison (C) est aux environs de Versailles (S), Marie (C) est assise à gauche de sa mère (S), etc. (Borillo 1998). Les relations topologiques peuvent être subdivisées en deux catégories: (a) la relation de simple contact entre la cible et le site (Marie lui toucha le bras); de ce point de vue la zone de contact de la cible peut se situer (i) plus haut que la zone de contact du site (Contact 1); (ii) au même niveau que la zone de contact du site (Contact 2); (iii) plus en bas que la zone de contact du site (Contact 3). (cf. Aurnague / Vieu / Borillo 1997). Parfois le contact implique aussi une relation de support (le tableau (C) est suspendu au mur (S), il accroche son béret (C) au portemanteau (S)). On parle dans ce cas d’une relation portée (la cible) – porteur (le site);3 (b) la relation d’inclusion, exprimant le fait que la cible se trouve dans une portion d’espace qui a une certaine coïncidence avec le site (les assiettes sont dans le buffet, Paul court dans le jardin). Les relations de localisation externe peuvent être: (a) orientationnelles (l’arbre est derrière / devant / à gauche de la maison); (b) de distance (le magasin est à deux pas de la faculté, il y a des immeubles neufs aux alentours de notre ville, Bucarest est à deux heures d’avion de Paris). Les études consacrées à la codification linguistique des relations spatiales s’occupent, en grande majorité, des prédications statiques. Nous nous sommes proposé d’examiner, à l’aide d’un corpus électronique, les rapports spatiaux entre la cible et le site par rapport à l’ensemble des situations prédicatives, considérées dans une la classification tripartite: les états, caractérisés par le trait [- Dynamique] (l’enfant est couché prés de sa mère); les processus qui ont les traits [+ Dynamique], [- Télique] (l’enfant courait dans le jardin); les terminations4, définies par les traits [+ Dynamique], [+ Télique] (l’enfant est arrivé à l’école). Si on compare cette taxinomie avec la fameuse classification des modes d’action («Aktionsart») de Vendler (1967), on voit que les processus correspondent aux activités, tandis que les terminations réunissent tant les accomplissements que les achèvements. Si on examine le comportement des verbes et des syntagmes verbaux exprimant divers modes d’action par rapport à l’information spatiale, on constate que les oppositions dynamique vs. non dynamique et télique vs. non-télique ne sont pas symptomatiques. Pour les états et les processus, l’espace forme un arrière plan (dans le sens de Asher / Lascarides 1993), constituant une sorte de cadre, immobile, à l’intérieur duquel les prédications se manifestent. Dans le cas des états, la prédication spatiale exprime le fait qu’une ou plusieurs entité(s) occupe(nt) une certaine position dans l’espace (le site).

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La relation topologique peut consister d’un simple contact (les exemples de a.) ou bien le contact peut être accompagné par une relation de support (les exemples de b.). Contact 1: a. Les oiseaux effleurent l’eau. b. Le livre est sur la table. Contact 2: a. Marie appuie son front à la vitre. b. L’affiche a été posée sur le mur. Contact 3: a. Jean s’était frappé la tête au toit de l’auto. b. L’âne portait un grelot au cou. Pour éviter une confusion, on a forgé le mot ‹termination› pour désigner un mode d’action télique (Caudal 2000), pour laisser au mot ‹terminaison› son sens grammatical de ‹désinence› ou de ‹suffixe›.

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(1) C’était Mary-Ann, et derrière elle (S) était Dizzy (C), fardé, sépulcral, sa dernière boucle (C) teinte en noir et collée sur un front dégarni (S). (Maurois (1927): Disraëli. p. 248)

Le possible changement d’emplacement d’un processus se réfère au fait que l’entité en mouvement reste (exemple (2)) ou ne reste pas dans la même sous-partie du lieu (comme dans (3)): (2) Et vous (C) n’allez pas me laisser croire que vous n’employez ces fripes délicieuses que pour travailler au jardin (S). (Duhamel (1941): Suzanne. p. 143) (3) Longtemps avant l’aube, les mêmes lucioles (C) courront au ras de la Côte Basse (S), falots balancés au poing des pêcheurs. (Genevoix (1958): Routes avent. p. 189)

Du point de vue du rapport avec l’espace, il existe deux grandes classes de verbes téliques. Une première catégorie exprime un rapport spatial tout à fait similaire à celui qu’on trouve pour les états et les processus: les informations spatiales constituent le cadre de manifestation de la prédication, l’espace n’y est pas directement impliqué: (4) Ils apportent et disposent devant leur assiette (S), à table (S), une foule de flacons, de tubes et de boîtes (C) dont ils se partagent sourcilleusement le contenu. (Duhamel (1935): Nuit St-Jean. p. 172)

Dans le deuxième cas, l’information spatiale est une partie essentielle de la prédication, qui fait déplacer les cibles à l’indice temps × lieu. (5) À l’encoignure d’une de ces rues, ils (C) arrivèrent à ce petit bar (S), où les garçons et le patron reçurent amicalement l’inconnu [...]. (Proust: Jean Santeuil. p. 881) (6) Enfin, on (cible) se leva de table (S) et on (C) alla parler argent dans la chambre de M. Ligneul (S). (Drieu la Roch. (1937): Rêv. bourg. p. 80) (7) J’ai lancé l’avion en travers. Il (C) dérape brutalement vers la gauche (S), avec des vibrations craquantes. (Saint-Exupéry (1942): Pilote de guerre. p. 348)

Dans le cas des processus et des terminations du premier type, les énoncés expriment le déplacement non orienté de la cible dans des sous-parties de l’espace (Fig 1). Pour les prédications téliques de la deuxième catégorie, les adverbiaux expriment la localisation finale de la cible dans la phase résultante de la termination, au moment où elle atteint sa borne finale (Fig. 2). • t1 × l1

• t2 × l2

• t3 × l3

Fig. 1. La relation temps × espace avec un changement d’emplacement (le point représente la position de la cible à l’indice tn × ln indiqué)

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phase préliminaire

phase interne

phase / état résultant(e)

t1 × l1 t2 × l2 tm × lm •  •  • → • à/sur X

Fig. 2. La relation temps × espace avec un changement de lieu Pour des raisons d’espace, dans les pages qui suivent nous concentrerons notre attention sur les prédications dynamiques, à savoir sur les prédications où la cible change d’emplacement ou de lieu dans un intervalle temporel donné.

2. Les verbes à cible mobile Les prédications codifiées par les verbes de mouvement expriment un rapport complexe avec le temps et l’espace (l’indice temps × lieu), le déplacement de la cible ayant une sémantique spatio-temporelle intrinsèque (Asher / Sablayrolles 1995) tant pour les processus que pour les terminations. Les verbes téliques impliquant une cible en déplacement appartenant, du point de vue sémantique, à deux grandes catégories: il y a un agent qui met en mouvement la cible, ou bien l’entité à localiser a la capacité de se déplacer seule, coïncidant, donc, avec l’agent. Pour des raisons d’espace, les observations qui suivent concerneront seulement les prédications dynamiques avec des cibles auto-propulsives. Selon Asher / Sablayrolles (1995) dans l’analyse de la relation entre les verbes dynamiques et l’espace, on doit faire la distinction entre (i) le changement de lieu, comme dans (8) où la cible change de lieu par rapport à la chambre, (ii) le changement d’emplacement, comme en (9): l’entité en mouvement (la cible) reste dans le même lieu, mais elle ne reste pas dans la même sous-partie du lieu; (iii) le changement de posture qui consiste dans une modification de la relation physique spéciale entre une ou plusieurs parties de l’entité en mouvement (10a) ou un changement de relation spatiale entre des parties de la cible et le lieu (10b). (8) Paul est entré dans la chambre (9) Le joueur courait sur le terrain de football (10) a. Il s’appuya la tête dans la main b. Il s’accouda à la fenêtre

Sans faire des affirmations absolues, il faut remarquer que le changement de lieu et le changement de posture correspondent surtout aux prédications téliques, tandis que le changement d’emplacement correspond particulièrement aux processus.

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Nous nous sommes proposé d’examiner les rapports qu’on peut établir entre les éléments d’une géométrie cognitive comme celle d’Aurnague / Vieu / Borillo (1997) et les verbes de mouvement. Dans le cas des prédications dynamiques, le même énoncé peut codifier simultanément plusieurs relations spatiales. Les relations topologiques se retrouvent tant avec les changements de posture qu’avec le changement d’emplacement; dans ce second cas le contact implique aussi le rôle de support du site, représenté normalement par le support intrinsèque, le sol, dans ses diverses variantes (désignées par des mots comme sable, rochers, plage, berge,…). La majorité des énoncés du corpus expriment les changements d’emplacement: (11) [...] elle courut sur un sol qui était un peu mieux battu, abîmée, déchirée, salie à se faire peur, si elle avait pu se voir. (Duranty, L.-E. (1860): Le Malheur d’Henriette Gérard. p. 329) (12) L’intelligent animal allait et venait sur la berge, s’arrêtait soudain, et regardait les eaux, une patte levée, comme s’il eût été en arrêt sur quelque gibier invisible; puis, il aboyait avec fureur, en quêtant, pour ainsi dire, et se taisait subitement. (Verne, J. (1874): L’Île mystérieuse. p. 148)

Pour ce type de rapports spatiaux, les prédications téliques sont possibles, bien que rares, la cible se trouvant dans la phase finale dans une relation topologique avec le site: (13) Sans même que j’eusse pris conscience du chemin parcouru, j’étais parvenu sur la mince langue de sable qui barrait la lagune et longeait le front de mer. (Gracq (1951): Syrtes. p. 44) (14) […] il m’a débarquée de nuit sur une petite corne des Baléares, où c’est tout rochers, agaves et trucs qui piquent. (Colette (1940): Chambre d’hôtel. p. 105)

Une des différences essentielles entre les processus et les terminations concerne la présence de la direction dans le cas des changements de lieu (prédications téliques) et son absence dans le cas du changement des emplacements (prédications non téliques). Observons que dans tous ces cas l’idée d’un site conçu comme surface est rendue par l’occurrence de la préposition sur, qui peut être considérée comme prototypique pour l’expression du support avec un Contact 1. Pour l’expression de la relation topologique de connexion d’autres prépositions sont possibles, la présence des prépositions à et dans impliquant un Contact 1, tandis que la présence de la préposition contre conduit à la codification d’un Contact 2, souvent accompagné par une relation de support partiel: (15) Sans capote, par 8 degrés de froid, ils (C) marchaient dans la neige (S) avec de mauvais souliers. (France (1890): Vie littér. p. 183) (16) [...] L’aviatrice Amy (C), a atterri au Cap (S) à 1 h 33; à 1 h 34, les journaux de Londres connaissaient la nouvelle; Berlin et Bombay l’avaient reçue avant que le messager afrikander ait eu le temps de traverser la rue [...]. (Morand, P. (1933): Londres. pp. 279-280) (17) [...] il ne s’aperçut pas de la torpeur qui s’emparait de lui: ses muscles se détendirent, ses épaules (C) s’abandonnèrent contre le mur (S): il dormait. (du Gard, R. Martin (1923): Les Thibault, La Belle saison. p. 883)

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Le deuxième type de relation topologique, l’inclusion, présente comme préposition typique la préposition dans, parfois en alternance avec en, le site désigne le plus souvent un espace conçu comme tridimensionnel où se manifestent des processus (18) ou des terminations (19): (18) Vous rencontrez une jolie femme (C) galopant dans le parc (S) et le rival est fameux par ses beaux chevaux qui lui font faire dix milles en cinquante minutes. Dans cet état la fureur naît facilement; l’on ne se rappelle plus qu’en amour, posséder n’est rien, c’est jouir qui fait tout [...]. (Stendhal (1822): De l’Amour. pp. 106-107) (19) Le voyageur (C) peut se croire parvenu en ce jardin des Hespérides (S), dont les pommes d’or excitèrent les convoitises du vainqueur du monstre de Némée. (Leroux, G. (1908): Parfum. p. 37)

Au niveau des entités géographiques, donc avec une granularité très grande, les adverbiaux introduits par la préposition à expriment souvent une relation topologique. Nous pouvons présenter un grand nombre d’exemples d’adverbiaux ayant dans leur centre des noms de continents, îles, péninsules, pays, régions, villes, etc.: (20) Après l’insurrection de la Morée, en 1770, des familles grecques (C) se réfugièrent à la Floride (S) [...]. (de Chateaubriand, F.-R. (1848): Mémoires d’Outre-Tombe. Vol. 1. p. 335) (21) Il me dit comment. après avoir obtenu une place sur un vaisseau (C) qui allait aux Indes (S), au milieu des délices que lui faisait éprouver son voyage, il s’était réveillé la nuit, croyant voir sa mère en rêve, qui lui reprochait son départ [...]. (de Krüdener, B.-J. (1803): Valérie. p. 212) (22) Ils (C) allèrent à Pompéi, à Salerne, à Paestum (S), belles visions trop courtes qui laissaient dans l’esprit de blanches et confuses images comme un rêve à demi oublié. (Maurois (1923): Ariel. p. 257)

Nous avons montré que la localisation externe (projective) de la cible peut être réalisée en faisant référence à la distance ou à la direction. La relation de distance représente le lien entre les relations topologiques et les relations projectives, puisque le contact, interprété comme la manifestation d’une relation topologique, constitue aussi la distance minimale. L’interprétation de la relation entre la cible et le site comme projective est favorisée si l’énoncé reste ambigu entre un approchement avec contact et un avancement qui ne conduit pas à un contact: (23) [...] Séphora (C) court à la fenêtre (S) juste à temps pour voir Christian II franchir le perron d’un air vainqueur. Il plane, il a des ailes. (Daudet, A. (1879): Les Rois en exil. p. 426) (24) Et d’un bond ils (C) furent à la porte (S). M. Frédéric la gardait! Dégringolé de son comptoir avec la soudaineté d’une avalanche, il barrait la sortie, de ses jambes écartées et de ses abatis en croix. (Courteline, G. (1888): Le Train de 8 h 47. p. 179)

Le site peut constituer un simple repère identifiant, en termes de distance, le lieu où se trouve la cible:

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(25) Elle [Caroline] (C) passa ainsi non loin de la Roche-Rouge (S), et reconnut le dyke étrange, indestructible monument volcanique dont elle traversa l’ombre pâle projetée par la lune. (Sand (1861): Villemer. p. 178) (26) Il (C) s’avance à un mètre de la ligne de service (S) pour contrer la 2e balle, trop faible, d’Austin. (L’Auto, 31 juill. 1933, 1 ds Grubb, A.-O. (1937): French sports neologisms. p. 27)

La relation projective de direction connaît, comme nous avons vu, deux plans fondamentaux, un plan vertical et un plan horizontal. La localisation sur l’axe vertical (haut vs. bas) peut être déclanchée par la présence de certains verbes à orientation spécifique, comme monter, descendre, voler, ou par l’occurrence d’une préposition typique, comme sous: (27) Nous (C) montâmes la colline (S) du côté du couchant (S). Le soleil s’abîmait. (J. DE de Pesquidoux, J. (1932): Le Livre de raison. Vol. 3. p. 234) (28) Ils (C) s’emmitouflèrent et sortirent dans l’aube tiède, marchant deux par deux sous les arbres (S) qui dégouttaient. (Roy (1945): Bonheur occas. p. 169)

Le plan horizontal implique deux axes, un axe frontal et un axe latéral. L’axe frontal (devant vs. derrière) marque en général la direction intrinsèque de déplacement des cibles auto-propulsives: (29) L’ordonnateur nous donna nos places. Le curé (C) marchait en avant (S), puis la voiture (C). (Camus (1942): L’Étranger. p. 1133) (30) Ils (C) attaquaient derrière les tanks fascistes (S) quand ceux-ci n’avaient plus de munitions, où des types hurlants venaient demander l’urine pour refroidir les canons des mitrailleuses. (Malraux (1937): Espoir. p. 840)

Quant à l’axe latéral, il est caractérisé, lui aussi, par deux pôles: à gauche et à droite: (31) Le sang sembla jaillir de la tête d’un milicien (C) qui s’effondra à droite de Garcia (S). (Malraux (1937): Espoir. p. 541) (32) Dans la marche de cette machine, la navette (C) glisse, dans un petit couloir ou glissière (S), de droite à gauche et de gauche à droite (S). (Lar. mén. 1926, p. 780)

Les verbes de mouvement ont la capacité, dans certains contextes, d’exprimer plus d’une relation spatiale de la géométrie cognitive. Voici quelques unes des combinaisons trouvées dans le corpus: – un déplacement sur l’axe vertical peut avoir comme état résultant une relation topologique de support (33) ou d’inclusion (34): (33) [...] l’évêque (C), tenant l’évangile à la main, monta sur son trône (S) qui s’élevait au fond du sanctuaire, en face du peuple. (de Chateaubriand, F.-R. (1810): Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne. Vol. 2. p. 199)

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(34) Il me semblait avoir sous les yeux une de ces photographies qui vous sautent aux yeux dans les journaux du matin, et où l’on voit se hisser dans la carlingue (S) le ministre (C) qui dix minutes après s’abattra dans une catastrophe d’avion [...]. (Gracq (1945): Un Beau ténébreux. p. 71)

– un déplacement sur l’axe frontal résultant dans une relation topologique d’inclusion: (35) Dès que la richesse, les prix et la monnaie sont en cause, le pouvoir éprouve une résistance non saisissable. Le conscrit (C) se rend à la caserne (S) et le braconnier (C) à la prison (S). (Alain (1934): Propos. p. 1216)

– la relation projective de distance peut être simultanément accompagnée par un déplacement sur l’axe frontal: (36) Le rapide de Cherbourg ne s’arrête pas à Bourg-du-Mont. Je dus en descendre à Valognes afin de reprendre plus tard un train omnibus qui me (C) ramènerait sept kilomètres en arrière (S). (Billy (1939): Introïbo. p. 175)

Conclusions Les relations projectives et les relations topologiques se manifestent quel que soit le mode d’action ou l’aspect exprimés par l’énoncé. Dans le cas des prédications dynamiques, l’espace peut constituer seulement le cadre de la prédication, il n’est pas directement impliqué. La prédication liée aux verbes de mouvenents enferme directement plusieurs indices temps × lieu, focalisant sur la position finale de la cible (pour des verbes comme arriver, entrer, parvenir) ou, plus rarement, sur sa position initiale (pour des verbes du type partir, sortir, quitter, etc.) Notre recherche a relevé aussi un certain nombre d’ambiguïtés de la relation spatiale, les énoncés pouvant balancer entre les deux relations topologiques (support ou inclusion) ou entre les deux relations projectives (distance ou direction). L’application à un corpus électronique riche du cadre offert par des théories sémantiques formalisantes qui modélisent les relations spatiales, comme celles d’Asher / Sablayrolles (1995) ou Aurnague / Vieu / Borillo (1997) montrent le grand pouvoir explicatif de ces théories pour la sémantique linguistique.

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Así como atributo adnominal comparativo-evaluativo

Introducción Entre las varias funciones que desempeña el adverbio demostrativo de manera así, en esta contribución nos centraremos en un uso apenas mencionado en la bibliografía: el de atributo adnominal, en casos como una mujer así / mujeres así / las mujeres así. Los grupos nominales modificados por así requieren de una situación o de un contexto que proporcione la expresión predicativa a la que remiten. Si se usa una mujer así señalando a una persona presente en la situación, la expresión no es equivalente a esta mujer, sino que exige al destinatario un proceso de inferencia para reconocer el rasgo que caracteriza a ese tipo de mujeres. De manera similar, en el siguiente ejemplo una mujer así obliga a buscar en el contexto los rasgos caracterizadores: (1) Era una idiotez tomar en serio a una mujer que se desnudaba delante de una ventana sin cortinas, exponiéndose a miradas intrusas, y que mecía el cuerpo de manera provocadora. ¿Se puede confiar en una mujer así? (T.E. Martínez, El vuelo de la reina)

La interpretación deíctica de así concierne a propiedades, modos de ser o de hacer observables en la situación comunicativa; la anafórica incluye también acciones mencionadas previamente: por eso, una mujer así no caracteriza a un individuo concreto, sino a un tipo o subtipo que el individuo en cuestión ejemplifica –en este caso, el formado por ciertas mujeres. A su vez, esta construcción sólo parece insertarse en oraciones que cumplen una serie de condiciones. Así, en (1) forma parte de una pregunta retórica, modalizada por un auxiliar, de interpretación genérica. De este modo, así contribuye a la relación del grupo nominal con el contexto previo y, por lo tanto, a la coherencia discursiva, ya que supone conocimientos compartidos o expectativas relativos a los referentes del grupo nominal. El trabajo consta de tres partes. La primera parte está dedicada a los aspectos gramaticales de la construcción, tanto los relativos al grupo nominal como a los que atañen a la oración en su conjunto. La segunda parte describe el aporte semántico de la construcción, y la tercera se detiene en su funcionamiento discursivo. El análisis se basa en datos provenientes del Banco de Datos de la Real Academia Española (www.rae.es), sobre todo del Corpus de Referencia del Español Actual.1 ––––––– 1

Agradecemos a Katleen Van den Steen su ayuda en la recolección de los datos.

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1. Aspectos gramaticales 1.1 Funciones sintácticas El adverbio así puede desempeñar diferentes funciones en el predicado, como adjunto (Habló así), predicativo (Lo puso así; Se puso así) o atributo (Julio es así); también puede ser él mismo el predicado de oraciones reducidas (Con las cosas así; así las cosas), además de formar parte de construcciones comparativas (así...como) y de locuciones conjuntivas, como la ilativa así que o la concesiva así y todo. En las construcciones que aquí se analizan, en cambio, así2 está integrado al grupo nominal como modificador pospuesto. Los ejemplos de (2) ilustran su ubicación en diferentes niveles. En (2a), como adjunto del predicado, así puede ser respuesta a una pregunta (¿Cómo te gusta hacer las cosas?), mientras que en (2b) no puede disociarse del sustantivo al que modifica (¿Qué (tipo de) cosas te gusta hacer?): (2) a. A mí me gusta hacer las cosas así. b. A mí me gusta hacer cosas así.

Veamos ahora cuál es la posición estructural que así ocupa en el grupo nominal una mujer/cosa así, mujeres/cosas así. Como los determinantes, así es una palabra gramatical, con interpretación anafórica o deíctica, pero no referida a entidades físicas sino a objetos abstractos, los tipos, delimitados a partir de predicados. De hecho, así ocupa la posición posnominal, propia de los adjetivos, y realiza la mención cualitativa que corresponde a los adjetivos calificativos. Al sustituir al adjetivo calificativo, así resulta incompatible con este (*un médico prestigioso así, *gente simpática así, *en calles ruidosas así); en el orden inverso, en cambio, el adjetivo especifica la cualidad anticipada por así, como aposición restrictiva o no restrictiva: por ejemplo, en gente así (,) simpática, así recibe interpretación catafórica.3 A veces incluso se combinan ambos tipos de interpretación, la que remite al contexto previo y un modificador pospuesto, que precisa la mención cualitativa. En tales casos el grupo nominal queda en la posición intermedia. Por lo que le permite remitir ––––––– 2

3

Seguiremos hablando de adverbio, aunque en estos contextos la adscripción categorial de así sea polémica (Borrego 2005), ya que desempeña la función de modificador del sustantivo, típica del adjetivo, y se aproxima a los determinantes por su valor anafórico o deíctico. Este trabajo se limita al análisis de así como modificador del sustantivo, que, como ya hemos señalado, se caracteriza por su valor cualitativo. No nos ocuparemos aquí del así cuantitativo, como en un niño así de alto, aunque puedan estar relacionados tanto diacrónica como sincrónicamente. Mientras que el primero es básicamente anafórico, el segundo se interpreta como deíctico o catafórico, dado que el adjetivo precisa la dimensión que se cuantifica. En el español antiguo este grupo adjetival carecía de preposición, como se ve en los siguientes ejemplos: como Mango Cápac quisiese entablar sus fuerzas, para que no pudiese ser impedida su tiránica intención procuraba de allegar gente así suelta y holgazana, haciéndoles franquezas de lo ajeno (Sarmiento de Gamboa. Historia de los incas); ¿A qué vileza no se derrocara gente así ciega, que tan contra razón... (Fray Bartolomé de las Casas.); Amenazando tajos y reveses, Cadmo, que vio la gente así crüel, de ira y de furor llena y sangrienta (D. Hurtado de Mendoza, Poesía).

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anafóricamente a la oración anterior (concretamente, a las propiedades de ser enana, tener ojos negros, etc.), a la vez que completarse con la que le sigue, como en (3): (3) Si fueras una enana o si tuvieras ojos negros, o el pelo pegoteado, mal peinado y las pestañas descoloridas... o si fueras ronca, ahí nomás; si no tuvieras esa vocecita de paloma. A veces me dan ganas de querer a una mujer así ¿sabés? Una mujer que fuera lo contrario de lo que sos. Así estaría más tranquilo. (Silvina Ocampo, Cornelia ante el espejo)

En el mismo sentido se interpretan expresiones similares, que conmutan con así en algunos contextos: un médico prestigioso como ese, gente buena como ellos, en una calle ruidosa semejante. Por el contrario, así no interfiere en la modificación que realizan los adjetivos de relación u otros modificadores restrictivos, que no designan propiedades, como en un médico forense así, gente de campo así, en calles peatonales así. La incidencia de así en el grupo nominal se extiende a las funciones sintácticas que puede desempeñar. En efecto, el modificador así amplía las posibilidades sintácticas de los grupos nominales escuetos, ya que les permite aparecer en la posición de sujeto preverbal, como se ve en el contraste en los dos pares de ejemplos de (4): (4)

a. b. c. d.

Es una pena que hombres así se mueran. (Merino, Novela de Andrés) *Es una pena que hombres se mueran. Pues gente así es la que necesitamos. (J.J. Millás, El desorden de tu nombre) *?Gente es la que necesitamos.

La posición preverbal de los grupos nominales que contienen así en (4) favorece la remisión anafórica. Esta posición, además de los sujetos, pueden ocuparla también los objetos directos que estén informativamente marcados, como el foco en (5a) o el tópico, dislocado a la izquierda, en (5b). Mientras que el primero aparece destacado por su valor contrastivo (Hombres así necesito, no los que trabajan aquí), el segundo queda realzado por ubicarse en la zona periférica y disponer de un correlato pronominal, el clítico correferencial los. Nótese que a pesar de tratarse de objetos directos personales, carecen de la preposición a. Esta ausencia, no siempre sistemática, se explica por el carácter inespecífico de estas construcciones, que, como ya se ha señalado, no designan individuos concretos, sino entidades abstractas, los tipos. De hecho, cuando el objeto es obligatoriamente específico (Suñer 1993; Leonetti 2004), como en (5c) –caso de «doblado de clítico», característico del español rioplatense, en que el pronombre anticipa al objeto pospuesto– el resultado es agramatical. (5)

a. Hombres así necesito. (F. Santander, A propósito de Ramona) b. Hombres así, los necesito en mi hacienda. c. *No los necesito a hombres así.

También son constituyentes tematizados los adjuntos libres de (6a) y (6b), que se interpretan como oraciones condicionales (si uno está con / ante un hombre así...; cf. 3.1): (6)

a. con un hombre así no se puede ir a ninguna parte. (F. Herrera Luque, En la casa del pez que escupe el agua) b. Ante un hombre así, uno sólo tiene dos opciones (J. Volpi, En busca de Klingsor)

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En todos los casos anteriores, el modificador pospuesto remite a un predicado que define al tipo ejemplificado por el sustantivo. En otros casos como los de (7), en cambio, el grupo nominal modificado por así cierra una enumeración, indicando que cabe considerar casos similares del mismo tipo. El destinatario debe inferir el común denominador que el hablante ha establecido entre todos los elementos coordinados:4 (7)

a. Unos lo dejan y otros buscan chapucillas para ir tirando: repartir pizzas, descargar camiones, pintar paredes, cosas así. (La Voz de Galicia, 15/01/ 2004) b. entonces llegó con un baúl de dormilonas, y de batas y de encajes y de sábanas y manteles bordados y una cantidad de cosas así muy lindas, que todavía tiene. (Venezuela, muestra XX) c. ...y alternar con Mel Ferrer, con Ava Gardner y con gente así. Hay que poder pagar una cena. (Á. Palomino, Torremolinos, Gran Hotel)

1.2 El grupo nominal Los grupos nominales que contienen el modificador así designan tipos de entidades, y no individuos específicos. Dan lugar, por lo tanto, a la interpretación inespecífica que se realiza en el siguiente paradigma: a. b. c. d.

grupo nominal indefinido: una mujer así, cualquier mujer así. grupo nominal cuantificado: dos hombres así, pocos hombres así. grupo nominal escueto: mujeres así, gente así, pero no *mujer así. grupo nominal definido: las mujeres así, la gente así, pero no *la mujer así.

Como se advierte, el modificador así puede aparecer en los grupos indefinidos y cuantificados, así como en los escuetos y definidos que indican pluralidad, sea morfológica (mujeres) o semánticamente (gente). Por el contrario, es incompatible con los grupos nominales formados por un sustantivo individual en singular, como los que se señalan en (7b) *mujer así y en (7c) *la mujer así. Asimismo, es rechazado por las expresiones referenciales, como los nombres propios o las que contienen demostrativos y posesivos, puesto que el rasgo de especificidad que todos ellos contienen choca con así: *Federico así, *esta mujer así, *su hijo así. El mismo comportamiento se reconoce en los casos de elipsis: es posible con los grupos indefinidos (La gente admira a uno así), pero no con los definidos (*La gente admira a los así). Asimismo, con los indefinidos, pero no con los definidos, así puede recibir un adverbio de grado: una mujer muy así, *las mujeres muy así.5 La interpretación inespecífica es la única admitida por los grupos escuetos y por el cuantificador de indistinción cualquier (Busco diccionarios fraseológicos; Busco un diccionario fraseológico cualquiera), pero es una de las posibles tanto para los grupos ––––––– 4

5

Esta segunda construcción es la documentada desde más antiguo (todos los ejemplos del uso adnominal que aporta el Diccionario de construcción y régimen de R. J. Cuervo corresponden a este tipo). El uso predicativo se documenta en el CORDE a partir del siglo XVIII y, sobre todo, XIX. Agradecemos esta observación a Pablo Zdrojewski.

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nominales indefinidos como para los definidos. Los primeros dan lugar a ambigüedad entre la interpretación específica y la inespecífica; por ejemplo, el hablante que dice Busco un diccionario fraseológico puede tener en su mente uno particular o no, pero si dice Busco un diccionario fraseológico así se referirá a cualquiera que cumpla con la condición señalada o mencionada. Los definidos alternan entre la interpretación referencial y la genérica, como en Los perros destruyen el jardín. También aquí la presencia de así inhibe la lectura referencial: la oración Los perros así destruyen el jardín caracteriza el comportamiento de un tipo de perros, y no describe su comportamiento actual.

1.3 La oración La interpretación inespecífica requiere que en la oración se den ciertas condiciones léxicas, sintácticas y semánticas que la induzcan. Así, los verbos existenciales y presentativos contribuyen a esta lectura (8a-c), lo mismo que los que expresan alguna noción modal (8d-e). Como algunos verbos de reacción emotiva seleccionan sujetos u objetos genéricos, inducen esta interpretación en los grupos nominales definidos (8f-g): (8)

a. b. c. d. e. f. g.

Había pocas casas así Ya no existen médicos así A veces aparecen personajes así Hacen falta libros así Una secretaria así no sirve para nada Me encantan los hombres así Todos admiramos a la gente así

También favorecen esta interpretación los verbos que crean contextos opacos, como necesitar, querer, buscar y similares (9a). Otros contextos que suspenden la referencia son los vinculados a la modalización, sea a través de auxiliares (9b), sea a través de elementos léxicos (es posible, es deseable, es alentador, parece improbable: 9c). Incide en el mismo sentido el tipo de oración, sobre todo en las exclamativas (9d) y las interrogativas (9e), además de las preguntas retóricas (9f). Como se ve en algunos de los ejemplos de (9), a menudo se combinan en una misma oración dos o más de tales condiciones: (9)

a. b. c. d. e. f.

Yo no quiero estar casada con un hombre así. Kate pudo haber sido una mujer así... Parece imposible que haya mujeres así... ¡Cómo no amar a una mujer así! ¿Serías capaz de casarte con una mujer así? ¿Cómo no va a casarse una mujer así?

La inespecificidad es inducida también por los factores involucrados en la genericidad, como los sujetos indefinidos (10a) y (10b), las oraciones impersonales reflejas (10c) o modalizadas (10d) o las que tienen por sujeto algunos sustantivos colectivos (la gente):

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(10) a. Su marido sería un tanto excéntrico, pero, la verdad, una no se aburría con un hombre así. (M.Vargas Llosa, Elogio de la madrastra) b. Por una mujer así, cualquiera pierde el sentido común. (Ruiz Zafón, La sombra del viento) c. Con una mujer así, o se está o no se está. (F. Savater, Caronte aguarda) d. Cuando tienes una mujer así, hay que tener cuidado. (S. Puértolas, Queda la noche) e. cómo era posible que la gente olvidara a un hombre así. (R. Montero, Amado amo)

La lectura genérica que el modificador así confiere al grupo nominal en su conjunto selecciona los tiempos imperfectivos (presente o imperfecto), y no los perfectivos, como se ve en el contraste entre (11a) y (11b). La genericidad es sensible también a los tiempos verbales prospectivos, como el futuro (11c) o el condicional (11d). También se obtienen oraciones bien formadas con tiempos perfectivos, como en (11e), que admite tanto la interpretación deíctica como la anafórica. La negación de un tiempo perfectivo, en cambio, puede llegar a imponer la interpretación genérica (11f). (11) a. b. c. d.

Las mujeres así nunca hacen eso. *Las mujeres así ayer hicieron eso. Un hombre así siempre tendrá razón. (J.C. Onetti. Dejemos hablar al viento) ¿A dónde iría a parar un hombre así, nacido y criado en un mismo lugar? (R.Mª Britton. No pertenezco a este tiempo) e. Una mujer así lo dejó en la calle a mi padre. f. Nunca había visto a un hombre así, tan sencillo, tan bueno. (M. Viezzer, Si me permiten hablar)

2. Aporte semántico Como en sus demás usos, así señala una manera de ser apuntando a información contextualmente dada. En posición adnominal, es un mecanismo muy económico para agilizar el procesamiento de información (supuestamente) compartida. Las características gramaticales destacan que la función atributiva anafórica de así coincide con una interpretación inespecífica del grupo nominal al que confiere cierto grado de genericidad. En términos semánticos, la genericidad que el modificador confiere al nombre emerge como una subcategorización que procede de una agrupación particular en torno a una similitud modal (2.1). La modificación mediante así confiere al nombre una aptitud a la escisión categorial, sea cual sea su nivel de especificidad (2.2).

2.1 Subcategorización emergente: agrupación particular en torno a una similitud modal Al no ser léxica la especificación esperada, sino deíctica y modal, no se da una subcategorización hiponímica en el sentido habitual de un etiquetaje, sino que la delimitación emerge del contexto y se hace en términos de similitud. El pos-determinante

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así invita a tipificar a partir de propiedades derivables de los antecedentes del grupo nominal. Apela a enriquecer las pinceladas generalmente fragmentarias e indirectas dadas en el contexto para formar una imagen si no estereotipada, por lo menos representativa de algún modelo reconocible a partir de conocimientos culturalmente determinados y supuestamente compartidos con el receptor del mensaje. A partir de lo observable –o mejor dicho, lo observado por el hablante–, así «modula», condiciona la perspectiva sobre la clase que se pretende introducir: conduce a sacar una visión sinóptica a partir de las impresiones que se desprenden de la experiencia evocada por el hablante. Con así se pretende captar en términos categóricos los contornos de una imagen nebulosa que surge de una experiencia subjetiva y dinámica (12). (12) a. Sabía que me la estaba jugando, pero en momentos así no se piensa. Se reacciona y basta. (El País, 30/09/1997) b. Me siento, en lugares así, lleno de vigor y energía. (E. Che Guevara y A. Granado, Viaje por Sudamérica)

Con así, propiedades observadas en entidades individuales se convierten en parámetros definidores de un conjunto virtual. La inducción a partir de un ejemplar-modelo, o varios ejemplares, convierte la(s) entidad(es) de referencia (individuos, momentos, lugares, eventos particulares) en piedra de toque: encarnan un modo de ser (parecer, comportamiento, etc.) que les trasciende. A través de ellos, así introduce en el discurso un conjunto que no es identificable a partir de una relación de proximidad (como los demostrativos) sino que es accesible a base de una relación global de analogía en el modo de ser. A la(s) entidad(es) presente(s) en el contexto se le(s) asocia una clase cuyos miembros mantienen con ella(s) una relación de parecido familiar. Además de hacer intervenir una relación de similitud, como base de la agrupación de entidades individuales, el modificador atributivo así se distingue aun en otro respecto de los demás determinantes: hace emerger un grupo particular dentro de la clase designada por el nombre. Presenta esta clase como heterogénea, susceptible de ser fragmentada en subgrupos en función de los atributos que se manejen. Como modificador posnominal así no establece pues una relación referencial directa, a diferencia del demostrativo que apunta a una entidad individual que se identifica sin más como miembro de la clase de entidades designadas por el nombre, sin proceder a ninguna subdivisión dentro de esa clase (13a). Lo propio de así es que aporta una diferenciación a nivel de la clase: rompe con la imagen monolítica habitual de la clase nominal, llamando la atención en la existencia de un subgrupo particular. El carácter deíctico de así señala que, si bien la diferenciación parte de la perspectiva subjetiva del hablante, apela a un cierto reconocimiento intersubjetivo de la partición efectuada. Adviértase que los rasgos que destaca el interlocutor pueden divergir o sólo coincidir parcialmente con los que el hablante parece tener en mente (13b). (13) a. Supe que la tarjeta que me había sido entregada provenía de esa hija, la única en la que el hombre, Guardián del Castillo, podía confiar ya. (I. Padilla, Imposibilidad de los cuervos) b. – La crees una niña, no te diste cuenta que se volvió una mujercita –Manuel Alfonso

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hace tintinear los cubitos de hielo de su vaso–. Una linda muchacha. Estarás orgulloso de tener una hija así. – Por supuesto –y añade, torpe–: Ha sido siempre la primera de su clase. (M. Vargas Llosa, La Fiesta del Chivo)

Al tomar alguna(s) modalidad(es) particular(es) como base para una agrupación en el interior de la clase N (hijas en (13)), se implica que esta clase N no es homogénea sino que admite diferenciaciones y subdivisiones variables según el conglomerado de propiedades convocadas. La expresión un N así no determina qué rasgos se retienen como pertinentes, sólo señala que los hay. Habrá tantos perfiles posibles como rasgos atribuibles a una entidad N. Para saber si la configuración evocada corresponde a un perfil prototípico o antiprototípico (14a), si reúne características centrales, habituales o más bien periféricas, excepcionales (14b), si aparecen como deseables (14c) o indeseables (14d), el receptor debe confrontar la información contextual con sus propios modelos cognitivos (cf. los «idealized cognitive models» de G. Lakoff). (14) a. El presidente Clinton tiene gran atracción y aparece bien ante los jóvenes. Tiene una hija de nuestra edad. De no haber sido elegido presidente ella se hubiera graduado en esta misma escuela. Cuando vi que tocaba el saxo me impactó. Nunca había conocido a un presidente así, y encima era de Arkansas. Creo que los votantes jóvenes tuvieron mucho que ver con la victoria de Clinton en el noventa y dos, y lo mismo pasará este año. (Informe Semanal, 02/11/96, TVE 1) b. –¿Y qué tiene de raro eso? –preguntó doña Gualberta. – Estaba calato, lleno de cicatrices, el pelo como una selva y no sabe hablar –le explicó Lituma–. ¿De dónde puede venir un tipo así? – Del infierno –se rió la viejecita, recibiéndole el billete. (M.Vargas Llosa, La tía Julia y el escribidor) c. GENERAL Te digo que no. De Los Toldos era. De la gente de Coliqueo: Verón. Sargento Verón... Ya no vienen tipos así. Leales, carajo; de una sola pieza: «Para lo que mande, mi general»; «Para lo que usted diga, mi general...» (D. Viñas, Maniobras) d. Thomas, su cómplice musical, no rehuye la franqueza: «George W. Bush es un idiota y ha convertido nuestro país en un chiste». «Con un presidente así, la gente nos caricaturiza. Estamos hablando de alguien que no habla ni siquiera una segunda lengua y cuyos únicos viajes al extranjero en su vida privada fueron México y Canadá», critica el pianista (La Razón, 01/12/2004)

En suma, así eleva una(s) modalidad(es) particular(es) al rango de «subclasificador» hiponímico para la clase representada por el nombre. A partir de algún referente actualizado en el contexto el atributo deíctico modal limita el espacio conceptual del nombre a una subclase cuyo perfil emerge de la observación concreta. Al usar así, el hablante otorga un valor tipológico a las modalidades particulares que han llamado su atención.

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2.2 Clases heterogéneas de entidades contables y evaluables Así puede servir de atributo con nombres que designan entidades contables u otros que se asimilan a estos al integrarse en la construcción un N así. No hemos encontrado ejemplos con nombres continuos como líquido, metal, aceite, arroz, carne, arena. De darse su modificación mediante así recibirían una interpretación discontinua: en (15a) se evoca la imagen de un plato de arroz, en (15b) se piensa en una tipología de vinos. (15) a. Nunca he comido un arroz así b. Vinos así sólo se encuentran en esta parte del mundo

Además de tratarse de entidades cuantificables, o sea, susceptibles de ser inventariadas, también deben ser de alguna manera evaluables cualitativamente. Es el caso de la mayor parte de las entidades concebibles, desde las más concretas hasta las más abstractas. Sin embargo, los corpus de referencia apenas ofrecen ocurrencias con un nombre que denomine algún objeto particular que forma parte del entorno cotidiano. El que no se hayan registrado ejemplos como los de (16) probablemente se debe a que pertenecen al registro coloquial familiar y son deícticos situacionales: el receptor puede reconocer qué cualidades están en juego a través de la interacción del enunciador con el objeto que está al alcance de la mano, sin que haga falta ninguna aclaración, tanto menos cuanto que por la funcionalidad del objeto sólo suelen corresponderle un limitado número de calificaciones relevantes. (16) a. ¡Qué puedo hacer con un plato así!6 b. Sólo se pone un mantel así los días de fiesta (17) a. Un mueble así siempre decora b. Un aparato así nunca se estropea c. Un utensilio así no puede faltar en una casa

Por otra parte, al comentar alguna propiedad que va más allá del objeto concreto particular, el uso del término preciso refuerza el anclaje deíctico-situacional del enunciado en los quehaceres caseros (16). Acudir a un hiperónimo desarraiga la expresión un N así de la base deíctica y sugiere que no se trata de un objeto familiar (en (17a) un caballete de pintor, por ejemplo, y no una mesa, bufete, silla, sillón o sofá; en (17b) una cocinera al vapor o un microondas ultra sofisticado y no un frigorífico o lavaplatos; en (17c) un robot electrónico y no una simple sartén o cafetera). Entonces, no es seguro que el reconocimiento de los rasgos pertinentes se haga en el acto. ––––––– 6

En CREA sí se encuentran ejemplos donde plato no designa el objeto material sino un tipo de comida, e.o.: Un motivo para tomar una chicha era un plato muy curioso, ya desaparecido, se llamaba rocotos tapados. Era un picadillo con rocoto con venas y todo. Entonces pueden imaginarse qué le pasaba a uno después de comer un plato así, de inmediato sentía necesidad de pararse y tomar una chicha. Esa chichería además preparaba otros platos muy agradables. (A. Cisneros, El mestizaje gastronómico).

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Este fenómeno de distanciamiento se da aun en mayor medida cuando se acude a un término comodín, desprovisto de densidad léxica como objeto o cosa (18a). Con este último, el nivel de esquematización es tal que la construcción una cosa así/cosas así resulta ser mayoritariamente coordinativa y no alude a categorías de objetos inanimados concretos sino de entidades nocionales y, en particular, (series de) eventos (18b).7 (18) a. Si ésta es sólo la primera escena, cuántas cosas así vendrán después. (25/08/1996) b. Ejercían de ciudadanos normales, se ponían al teléfono, tomaban copas y cosas así... (Tiempo, 15/10/1990)

Tras cosa, el nombre más frecuente para todo lo inanimado, los nombres que con mayor frecuencia aparecen en la construcción un N así son hombre y mujer, seguidos de cerca por gente. Es significativa, por un lado, la escasez de los clasificadores más globales (persona, ser humano, individuo), y, por otro, el empleo exclusivo de hombre con el significado de varón y no de ser humano: hablando de individuos, el interés se enfoca prioritariamente en las personas en tanto entes sexuados, su modo de ser en cuanto hombre o mujer (cf. (3), (4), (9), (10)), su comportamiento (1) o apariencia (5). Como las clases distintivas básicas hombre y mujer presentan una gran latitud interpretativa, suscitan la expectativa de una especificación hiponímica. A partir de la entidad individual presente en el contexto anterior, generalmente el hombre o la mujer «puestos en escena» con su peculiar modo de hacer, la expresión un hombre así / una mujer así los erige en subtipo: se da a entender que su imagen encarna a los ojos del conceptualizador un cierto ‹tipo de› hombre o mujer. A diferencia de lo que pasa con objetos inanimados materiales, con los que pueden darse casos de deixis situacional (ad oculos), con los demás antecedentes prevalece la deixis am Phantasma (cf. Bühler 1934: 121-140). Los referentes no están presentes en la base deíctica (el hic et nunc) del hablante, e incluso cuando el nombre designa seres animados, el punto de partida es más complejo: no se conciben como simples entidades de primer orden, sino que a través de ellos se evocan entidades de segundo o tercer orden registradas en la mente del hablante.8 Por las predicaciones seleccionadas en el contexto antecedente, el hablante procura, en efecto, hacer surgir escenas, eventos, situaciones (2º orden) o contenidos proposicionales (3r orden) similares en la mente del receptor. Por lo cual, la indexación mediante así se enlaza con un conjunto de predicaciones que, por inestable que sea, viene instaurado desde la perspectiva subjetiva del conceptualizador-hablante (19). ––––––– 7 8

Cf. también (2) y (6a). La distinción entre entidades de primer, segundo y tercer orden se basa en Lyons (1991: 160 ss.). Se consideran entidades de primer orden seres animados y objetos concretos, así como lugares (el jardín, la oficina), fenómenos físicos (el (volumen del) sonido, el agua), instituciones (las profesiones liberales) y colectividades (el país), o sea, todo referente de índole sociofísica. Entidades de segundo orden, por su parte, designan primariamente eventos, acciones, procesos y estados de cosa, o sea, fenómenos que se desarrollan en el tiempo sin estar situados primariamente en el espacio; pueden venir en forma nominal, infinitiva u oracional. Contenidos proposicionales y nociones abstractas, en cambio, se definen como entidades de tercer orden al concebirse fuera del espacio y del tiempo.

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(19) La noticia ha resultado sorprendente para algunos. Para esos que se sorprenden de que la historia se repita, por ejemplo. O para los que ven juntarse dos con dos y no prevén que eso vaya a conducir inexorablemente a cuatro. Hay gente así. También en otras partes. (Hoy, 07-13/01/1981)

Si a priori el carácter desparticularizador e «incoloro» del nombre reviste la expresión un N así de un toque de objetividad, neutralidad y distanciamiento, la presencia del deíctico modal enseguida lo tiñe de subjetividad. Esto explica que los hiperónimos más frecuentes, hombre y mujer, sean vistos a menudo desde el punto de vista relacional, como pareja o compañeros (ver los ejemplos (1), (5), (9a-d)).9 La perspectiva subjetiva introducida mediante así conlleva pues una clara dimensión connotativa, como veremos con más detalle en el apartado 4. Los demás nombres que comúnmente reciben la modificación mediante así también tienen una gran amplitud extensional –son aptos para designar un alto número de referentes–, combinada con una base intensional más bien limitada: en su definición no se incluyen sino unas pocas propiedades, o sea, que son de escasa densidad léxica. Representan pues clases máximamente moldeables, que se dejan recortar al antojo del hablante. Como las cualidades, atributos, modos de ser y estar de los miembros pueden variar al infinito, también hay un sinnúmero de subdivisiones, agrupaciones, escisiones y diferenciaciones posibles. En los nombres de referencia animada –sean de parentesco (madre, padre, familia, tío, tía, hijo, hija, compañero), sean de oficio (presidente, profesor, maestro)– destaca de manera general la dimensión relacional y la anaforicidad discursiva también prevalece sobre la situacional (20). Con personas identificadas mediante nombres que realzan una realidad social (señor, señora, cuidadano, individuo) o representacional (tipo, tipa, personaje, figura), el posicionamiento del hablante-enunciador ante ellas es igualmente revelador del impacto que tienen sobre él o de la impronta que dejan en su mente. (20) Y eso que no tuve ni padre, pero sé quién fue y hasta se ocupó de mí en la montaña, pero no lo dijo nunca. Ni mi madre lo dijo y un padre así no contaba para los chicos de la escuela. (J.L. Sampedro, La sonrisa etrusca) (21) Te lo juro, iré, me cae muy bien esa mujer. Todo un carácter, personajes así no los encuentras en todas partes, dura como una piedra y elegante la cabrona, a sus años, a esa edad, mamá, la bebida ya no hace daño, mata más la soledad. Ésa es la que acabará con todos. (Á. Vázquez, La vida perra de Juanita Narboni)

En los demás nombres de uso relativamente común se dan distintos grados de esquematicidad: desde el simple anclaje situacional (situación, asunto, circunstancia, ambiente (22)), temporal (momento, instante, tiempo, época, período (12a)) o espacial (lugar, casa (12b)), pasando por la categorización epistémica de una sucesión de eventos (idea, cuento, historia (23)) o un estado de cosa (problema, oportunidad, suerte (24)), hasta ––––––– 9

Parecen ser mucho menos frecuentes las denominaciones de carácter más bien institucional, como novio, novia, esposo, esposa.

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la visión orgánica de entidades colectivas (país (25), pueblo (26)) y universos semióticos (obra, libro, estudio, espectáculo (27)). (22) Acá el gran peligro lo representan la gran velocidad y maniobrabilidad del escualo. En una circunstancia así, debemos contar con una dosis de sangre fría y algún arma contundente (R. Bojorge, La aventura submarina.) (23) La penúltima jornada de la Cumbre Flamenca 86, se cubrió con un interesante evento, que sobre el papel se presentaba atrayente: la reunión en escena de dos grupos flamencos, uno trianero y otro granadino, compuesto en su mayoría por veteranos intérpretes, muchos de ellos nunca vistos por estas latitudes. Una idea así siempre encandila a los buenos aficionados, que se sienten agradecidos ante los organizadores, por esa rara oportunidad de escuchar un cante rancio, o de contemplar un replente por bulerías de la casi legendaria viejecita de turno. (ABC, 28/04/1986) (24) El doctor Po dijo que Juan debería ser tratado en Viena. Ése era el mejor consejo que podía darles. En Viena el doctor Po había conocido al profesor Frankle. El profesor Frankle era discípulo de un discípulo de Freud. El profesor Frankle podría quitarle los temblores en unos cuantos meses. El doctor Po estaba seguro de ello. Para un problema así Viena ofrecía más garantías que ningún otro lugar. (I. Carrión, Cruzar el Danubio) (25) Uno se piensa uno piensa: ¿cómo pudo haber tenido Chile una Dictadura tan cruel, un país así, recivilizado, con una cultura democrática estupenda? (Entrevista 52, Paraguay) (26) La razón del sigilo del viajero se basa simplemente en el hecho de que Aviados se halla ya dentro del monte, alejado del cruce de la carretera, y en la constatación y la experiencia de que, en los pueblos así, los perros no suelen recibir con buenos modos, y menos por la noche, a los viajeros. (J. Llamazares, El río del olvido) (27) Wollstonecraft, activa luchadora feminista, definía a su obra como un alegato contra la sumisión femenina y así lo era en efecto. Hacia 1792, cuando eso ocurría, un libro así tenía que potenciar el furor de machistas misóginos como Walpole y erizar los ánimos de la conservadora sociedad británica, tal como ocurrió. (E. Noriega, El aborto)

Entre los nombres clasificadores más específicos –es decir, de alta densidad léxica– puede distinguirse entre los taxonómicos-funcionales y los abiertamente valorativos. Los primeros son tanto de referencia animada (tipo secretario, banquero, panadero, futbolista) como inanimada (tipo coche, lámpara, gafas, lápiz) (28a). La modificación por así señala que el hablante tiene en mente instancias que considera como encarnaciones un tanto peculiares con arreglo a expectativas y normas generales. Es posible alzar el grado de especificidad de N mediante un complemento restrictivo (28b) o un adjetivo de relación (28c). Como lo muestra la agramaticalidad de adjuntar otros calificativos (29), la calificación es completamente absorbida por el atributo así.

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(28) a. ¿Ya me ves con gafas así? b Este país nunca ha tenido un presidente de gobierno así. c. Con un subsecretario administrativo universitario así la institución anda mal parada. (29) *gafas rojas así, *un presidente vegetariano así, *un subsecretario calvo así

Con nombres valorativos, en cambio, que suelen ser de referencia animada (héroe, santo, loco, ladrón, traidor) la evaluación va repartida sobre nombre y modificador. Al darse ya una ‹calificación› en el N, puede producirse un deslizamiento en el atributo así hacia una interpretación intensificadora, análoga a la de un superlativo absoluto. Un [N valorativo] así adquiere entonces un valor similar a ‹un N de este calibre›, ‹un N por antonomasia›, ‹un N por excelencia›. El efecto de intensificación es parecido al que se da en los usos del tipo ‹un N así de grande / importante›. (30) Pasa que aquí anda cada cual en su vena y por sus propias razones, profesor. A Teodoro ya lo conoce, es un romántico, un poeta. Está obligado a darnos las órdenes, pero se necesita un loco así para que dé las órdenes. (J. Collyer, Cien pájaros volando)

Sea cual sea el N, así muestra que el hablante no está simplemente evocando y describiendo sino que está opinando y arguyendo.

3. Función discursiva La funcionalidad discursiva de así es más compleja que la recuperación de información categorizadora: no se trata de mantener la cohesión informativa sino de establecer una relación (retórica) inferencial de condición-consecuencia (o causa-efecto): si una cosa, una mujer, etc. es así, entonces... Mediante un N así se pasa, pues, de la descripción de propiedades y conductas a la condicionalidad que entraña, motiva, justifica un enunciado que trasciende el nivel particular y adquiere el carácter de una sentencia o un juicio apodíctico (3.1). En la medida que un N así añade una visión criteriológica a la categorización por similitud, puede decirse que así funciona como marcador evaluativo (3.2).

3.1 Función cohesiva causal-condicional de ‹un N así› Con la expresión un N así se parte de un caso individual que queda englobado en la generalización, pero no de toda la clase sino de un subconjunto de la clase que se recorta a partir de una(s) cierta(s) propiedad(es) y/o un(os) cierto(s) predicado(s) (Cf. el apartado 2). A diferencia de este tipo de N, un N así no pretende dar una visión limitativa, basada sólo en la observación y la correspondencia con una definición, sino que hace emerger, de manera insinuativa, un perfil con suficientes ingredientes sui generis para someterlo a juicio.

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Un N así es una construcción anafórica conectiva, cuya función cohesiva es de naturaleza causal-condicional: dispara una inferencia condicional que puede parafrasearse como ‹hombres, si son así, entonces...›, ‹mujeres por ser así...›. Desde el punto de vista argumentativo un N así forma parte de un razonamiento, invoca una premisa que orienta hacia una conclusión: asumiendo que un N es así, entonces cabe pensar que... De (31) se infiere que ‹si un pueblo es así, es capaz de...›, de (32) que ‹si un personaje como Roldán prospera, no tiene excusa›. (31) Si el nivel cultural es tan bajo que la gente vive contenta viendo telenovelas, entonces es fácil mantenerla tranquila. Un pueblo así es capaz de aceptar cualquier imposición sin chistar. (E. Gánem, Caminitos de plata) (32) Lluch cree incalificable que nadie reparara en la «catadura» de Roldán. El ex ministro dice que no tiene excusa que un personaje así prosperase a la sombra de la Administración socialista. (El Mundo, 02/08/1994)

Un N así cumple una función bisagra que ni este tipo de N, ni tales N pueden cumplir; y que es más cercana a la relación consecutiva expresada mediante tan... que... Incluso cuando la referencia es exclusivamente anafórica (cf. ej. (1)), un N así sirve de puente, da paso a una discusión más amplia. De ahí que el grupo nominal que contiene así a menudo vaya seguido de alguna elaboración explicativa. Pueden distinguirse esencialmente tres tipos de elaboración. Lo más corriente es que se redondee la información dispersa explicitando las propiedades que definen el subtipo (cf. (5), (11b-c), (21), (25), (33)). También se da el caso de que se pase a comentar el impacto sobre el propio hablante (cf. (12), (23), (34)). Y aun otra posibilidad es que aparezca la evocación de otra instancia del mismo subtipo o que se compare con una que pertenece a otra subclase (35). (33) y dio declaraciones en una radio con su típica forma grosera y vulgar de hablar, llamando a los que lo critican y que no están de acuerdo con él para ser presidente de la Asamblea «Ratas de albañal», solamente para llegar a Managua y empezar a calificar a ciertos del grupo Amigos de don Enrique, «Cucarachas que salen corriendo a esconderse a las rendijas» y amenazarlos con más terrorismo fiscal. Es difícil creer, que un hombre así, sin el menor concepto de la dignidad, pueda haber sido presidente de una república, o dirigente de un partido político importante, y peor aún, que tenga quién lo siga. (La Prensa de Nicaragua, 07/01/2002) (34) Pero es precisamente por eso, porque las últimas víctimas de ETA tienen una historia personal estrechamente ligada a nuestra historia colectiva, por lo que es fácil tener la sensación de que las balas buscarán en cualquier momento la nuca de cualquiera de nosotros. En momentos así, frente al cañón de una pistola cargada, no sé si cabe algo más que dejar constancia de una desoladora emoción. (El Mundo, 15/02/1996) (35) – Me gustaría vivir en un sitio parecido a éste –dijo. Se imaginaba un gran ventanal en una casa vieja de las que tenían galerías con la madera pintada de blanco:

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– Es más barato alquilar una casa así en un pueblo que un apartamento claustrofóbico en Madrid. (B. Gopegui, Lo real)

Sea cual sea la contextualización, suele presentar una dimensión evaluativa muy marcada.

3.2 Así: marcador evaluativo Al igual que otros clasificadores de similitud (adjetivos de comparación como similar, parecido, análogo, tal) así selecciona por vía analógica un subtipo de la clase denotada por el nombre que acompaña. La diferencia es que un N así añade una visión criteriológica a la categorización por similitud. Así señala que más allá del plano descriptivo el hablante va en busca de una lógica subyacente. A partir de la observación de fenómenos a veces aparentemente aleatorios e inconexos procura inducir mecanismos generalizables. A diferencia de relaciones de causalidad objetivas y objetivadas, así pone en juego una valoración axiológica. Señala que la actividad clasificadora parte del punto de vista subjetivo del hablante-conceptualizador. Al tiempo que pretende avanzar una evaluación de alcance intersubjetivo, señala mediante así que establece una generalización que estriba en modelos, escalas de valor, marcos de referencia, topoi10, cuya validez puede ser debatible si bien él aparenta darla por supuesta. El mecanismo discursivo que así pone en marcha explica que la expresión un N así no sea percibida como excluyente, drástica o polémica sino que, por el contrario, pone en escena un conceptualizador matizado, ponderado y razonable, que apoya su juicio en una (sólida) base empírica, sin hacer extrapolaciones incontrolables. Parece darse una combinación de ‹lógica› y ‹subjetividad›: así remite a condiciones evaluadas por el hablante como suficientes (‹basta que sea así...›) para incluir N en una subclase imaginada sobre la marcha y posiblemente ad hoc. En esto se diferencia de los complementos especificativos como de este tipo, de la misma índole, de tal naturaleza, que también son criteriológicos. A diferencia de así, sin embargo, instauran una genericidad basada en condiciones necesarias para la integración en una categoría. De ahí que no sean graduables, mientras que un N así sí lo es (un N muy así). Conviene destacar que en algunos textos no es raro que se confronten varias voces enunciativas, de orientación argumentativa divergente, sin que sea claramente reconocible la del autor. (37) Ejecutada en cera y con vestidos reales, aquella escultura causó un auténtico escándalo cuando se exhibió por primera vez en 1881 hasta el punto de que uno de los críticos escribió que una obra así sólo podría mostrarse en «un museo de antropología o de zoología, pero no de arte». (El Mundo, 10/11/2004) (38) ¡Qué ciudad! Fijáte, el noventa por ciento de los que viven ahí están plenamente convencidos de que Dios es argentino y que un muerto llamado Gardel cada día canta mejor.

––––––– 10

Para una discusión de la noción de topos, cf. Anscombre / Ducrot 1994.

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Nicole Delbecque / Ángela Di Tullio

No hace falta escribir ningún libro, Javier. Cualquier tipo con dos dedos de frente puede hacerse rico en un país así. Espejitos y vidrio a cambio de oro y piedras preciosas. Acá el tiempo no pasó y probablemente no pase nunca. (R. Fresán, Historia argentina)

Conclusión El modificador así combina la índole gramatical de los determinantes con la mención cualitativa de los adjetivos calificativos. Se explica así su incidencia en el significado inespecífico del grupo nominal y en el carácter genérico de la oración en que se inserta. El examen detallado de las condiciones de empleo de la expresión un N así, la variedad de nombres que admite y la orientación argumentativa que da a los contextos donde aparece corrobora su carácter gramaticalizado y su funcionalidad discursiva. El deíctico modal así destaca el alcance de una similitud modal como elemento suficientemente conglomerante para generar sobre la marcha una categoría de entidades que induce una toma de posición. El hablante señala que remite a una(s) modalidad(es) que condicionan y a sus ojos justifican su opinión sobre las entidades en cuestión. En próximos trabajos investigaremos si el adverbio correspondiente en las lenguas románicas que lo emplean presenta las mismas características gramaticales, semánticas y discursivas del español. Por razones de espacio, es imposible realizar este análisis aquí.

Referencias Anscombre, Jean-Claude / Ducrot, Oswald (1994): La argumentación en la lengua. Madrid: Gredos. Borrego Nieto, Julio (2005): La incidencia del adverbio sobre los sustantivos: el caso de así. In: Filología y Lingüística. Estudios ofrecidos a Antonio Quilis. Madrid: CSIC, UNED y Universidad de Valladolid. Vol. 1, 399-409. Bühler, Karl (1934): Sprachtheorie. Die Darstellungsfunction der Sprache. Jena: Fischer. Cuervo, Rufino José (1994): Diccionario de construcción y régimen de la lengua castellana. Bogotá: Instituto Caro y Cuervo. Delbecque, Nicole (1994): Las funciones de así, bien y mal. In: Revista Española de Lingüística 24, 2, 435-466. Fernández Ramírez, Salvador (1986): Gramática española, 3.1. El nombre. Edición de José Polo. Madrid: Arco-Libros. Leonetti, Manuel (2004): Specificity and Differential Object Marking in Spanish. In: Catalan Working Papers in Linguistics 3, 75-114. Lyons, John (1991): Natural language and universal grammar. Essays in linguistic theory. Vol. 1. Cambridge: Cambridge University Press. Santos Río, Luis (2003): Diccionario de partículas. Salamanca: Luso-Española de Ediciones. Suñer, Margarita (1993): El papel de la concordancia en las construcciones de reduplicación de clíticos. In: Fernández Soriano, Olga (ed.): Los pronombres átonos. Madrid: Taurus, 174-204.

Nicole Delbecque / Katrien Verveckken

La grille événementielle de mouvement et l’aspectualité. Le cas des verbes espagnols entrar et salir

Introduction Les verbes espagnols de mouvement entrar et salir, en gros ‹entrer› et ‹sortir›, sont particulièrement intéressants du point de vue de la deixis discursive et de l’aspectualité, et plus en particulier, de la tension entre le signifié central du verbe et les modulations auxquelles il se prête à d’autres niveaux que, pour faire court, nous appellerons le niveau d’élaboration et le niveau d’actualisation. Notre contribution est structurée de la façon suivante. En premier lieu, nous présentons les concepts principaux et nos hypothèses de départ (section 1). Ensuite, nous nous penchons sur les éléments constitutifs de la trajectoire et sur la notion de grille événementielle prototypique (section 2). Puis nous passons à la présentation de la signification schématique d’entrar et de salir (section 3), pour considérer ensuite les schémas de construction et leur distribution au niveau de l’élaboration (section 4). Au niveau de l’actualisation, nous évoquerons brièvement la relation entre l’ordre linéaire et l’agentivité (section 5), avant de commenter les modulations aspectuelles rencontrées (section 6). Faute d’espace, nous ne pouvons pas nous pencher ici sur la perspective variable ni montrer comment les différentes dimensions distinguées s’intègrent dans le réseau conceptuel autour de chaque verbe.

1. Lexème, construction, aspectualité: trois niveaux de conceptualisation Les liens entre entrar et salir et la deixis discursive sont de plusieurs ordres. Axés tous deux sur l’opposition espace extérieur / espace intérieur, ils pointent dans la direction converse. Le choix de l’un ou l’autre révèle dès lors le point de vue sur la progression attribuée à l’entité mobile. En ce qui concerne l’aspectualité, entrar et salir sont généralement classés parmi les verbes de déplacement perfectifs dénotant un achèvement (e.a. Cifuentes 1999).1 Les deux ––––––– 1

Nous traduisons par les termes ‹état›, ‹activité›, ‹réalisation› et ‹achèvement› les catégories vendleriennes ‹state›, ‹activity›, ‹accomplishment› et ‹achievement›.

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Nicole Delbecque / Katrien Verveckken

semblent désigner le franchissement d’une limite par auto-déplacement avec amalgamation de la Direction et du But. Il y a cependant un écart entre cette catégorisation typologique et l’image qui émerge de l’usage réel. La question se pose de savoir comment la schématisation d’ordre supérieur et les ajustements opérant à d’autres niveaux peuvent être conciliés d’une manière qui se justifie à la fois du point de vue empirique et théorique. En nous appuyant sur les acquis de la linguistique cognitive, en particulier sur les travaux de Langacker (1987; 1991), de Talmy (2000a; 2000b) et de Slobin (1999), nous analyserons la variété d’usages rencontrés dans un corpus de prose de fiction (tout en distinguant les auteurs espagnols des auteurs latino-américains (la composition du corpus sera précisée plus bas, cf. le Tableau 2)): (a) en termes de fenêtres d’attention, c’est-à-dire, si l’on considère que les composantes essentielles de la scène du mouvement sont l’espace Source, l’entité Mobile [± animée], la Trajectoire traversée et l’espace But, lesquels de ces éléments sont exprimés, lesquels sont passés sous silence, lesquels sont donnés ou à inférer du contexte; (b) en termes d’aspectualité, par quoi nous comprenons la ou les phase(s) profilée(s), en gros, dans une première approximation, les phases initiale (I), médiale (II) et finale (III); (c) en termes de perspective, c’est-à-dire, quelle est la position de l’observateur (éventuellement mobile) par rapport à l’entité mobile et le mouvement. Au lieu de raisonner en termes de polysémie, notre objectif est d’étudier la viabilité d’une monosémie schématique, admettant la polyréférentialité par le biais de modulations conceptuelles et de zones actives alternatives. La multiplicité au niveau de la référence se trouve ainsi assurée et l’interface grammaire-discours se charge du reste des modulations possibles. Ce point de départ nous permet de ranger le lexème verbal à un niveau schématique, et d’esquisser à partir de l’usage le tableau des réalisations les plus prototypiques et les plus périphériques sous la forme d’une catégorie radiale aux niveaux de l’élaboration et de l’actualisation. Le Tableau 1 donne un aperçu des notions clés appartenant aux trois niveaux de conceptualisation distingués, accompagnées des sens schématiques correspondants. Le fait de distinguer trois niveaux nous permet de poser que chaque fois que les verbes entrar et salir sont employés, ils véhiculent foncièrement le même signifié au niveau lexématique, chacun avec son propre schéma imagé. La base spatiale se caractérise par sa bipartition, ce qui du point de vue schématique résulte en une nette séparation entre un espace fermé et un espace ouvert, représentés respectivement en tant qu’intériorité et extériorité. Etant donné que le schéma d’action est transitionnel, le mouvement est caractérisé par le franchissement d’une limite, avec l’intériorité comme espace de référence. C’est dans l’orientation que les deux verbes divergent. Elle est converse au sens qu’avec entrar l’extériorité est préalable à intériorité alors qu’avec salir c’est l’inverse. Les deux partagent néanmoins la focalisation par défaut sur l’accomplissement, ce qui correspond à l’image d’inclusion et d’exclusion avec une double particularité pour les deux verbes: d’une part, l’espace source passe à l’arrière-plan (l’extériorité avec entrar, l’intériorité avec salir) et, de l’autre, trajectoire, direction et but sont amalgamés. La spécification du sens abstrait du lexème verbal au niveau de l’élaboration repose sur les schémas de construction (l’ossature) et se voit modulée par les éléments lexicaux combinés aux verbes (la musculature). Les composantes et la portée, telles qu’elles sont profilées par les schémas de construction, se prêtent à une variété de possibilités de

La grille événementielle de mouvement et l’aspectualité. Le cas des verbes espagnols entrar et salir

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balayage, captées par les schémas imagés des ‹fenêtres d’attention›. Les extensions métaphoriques et les abstractions qui dépendent des éléments lexicaux dénotant les différentes composantes de la scène sont, quant à elles, susceptibles de faire apparaître des valeurs connotées; la notion de mouvement fictif en est un cas particulier. L’extension métaphorique et l’abstraction peuvent être considérées comme transitoires entre le niveau d’élaboration et le niveau d’actualisation proprement dit. La mise en discours, finalement, repose sur les instruments d’actualisation. Parmi ceuxci figurent de façon prééminente l’ordre linéaire, les systèmes auxiliaires temporels et modaux, ainsi que la contextualisation au sens plus large. En termes de schémas imagés, l’actualisation implique des possibilités d’agentivité variable, de modulation aspectuelle et de perspectives alternatives sur la scène. Tout au long de l’analyse il est important de garder à l’esprit de quel niveau de conceptualisation il s’agit, et de ne pas perdre de vue les relations entre les différents niveaux. entrar / salir a. lexème

conceptualisation – base spatiale: bipartition

schémas imagés – espace fermé: intériorité / espace ouvert: extériorité

– mouvement: transitionnel

– passage d’une limite

– orientation: converse

– intériorité comme espace de référence – préséance à l’intériorité: salir / préséance à l’extériorité: entrar – entrar: inclusion / salir: exclusion

– focalisation par défaut sur l’accomplissement

– SOURCE: reléguée à l’arrière-plan – TRAJECTOIRE, DIRECTION & CIBLE: amalgamées fenêtres d’attention

– composantes déterminant le profil

– balayage variable de l’espace SOURCE, de l’entité MOBILE, de la TRAJECTOIRE et de l’espace CIBLE – indices minimisant/maximisant la limite

b. élaboration types de construction

– portée

spécification lexicale

– extension métaphorique – abstraction

c. actualisation

– iconicité de l’ordre linéaire – auxiliaires: temps, modes – mise en discours

– valeurs connotées: entrar: confinement / salir: éruption, délivrance – déplacement virtuel: entrar: intégration dans un ensemble / salir: dénouement – agentivité variable – modulation aspectuelle – perspective variable

Tableau 1. Vision d’ensemble de la construction du sens autour des verbes

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Les hypothèses principales sont au nombre de quatre: 1.

Il convient d’aborder entrar et salir essentiellement en tant que prédicats exprimant un changement d’état plutôt qu’un déplacement. Ceci concorde avec la caractérisation globale de l’espagnol comme étant une langue à cadrage verbal («verb-framed» dans la terminologie de Talmy; cf. également Slobin) et permet de maintenir constant le signifié central schématique à travers la variété d’usages possibles. 2. L’élaboration de la scène est une question de type de construction et de spécification lexicale. Dans tout changement d’état produit par un mouvement physique, la conceptualisation de la scène dépend, en effet, de manière cruciale de la catégorie de l’entité mobile, de la scène spatiale, et du script dont elle fait partie. Pour pouvoir esquisser le réseau conceptuel autour de chaque verbe, il est nécessaire de retracer les relations de co-occurrence préférentielles à l’usage. 3. Les verbes désignent par essence le passage d’un espace symbolique extérieur vers un espace symbolique intérieur (ou vice versa). Même si ce passage correspond à la phase médiale de la grille événementielle conçue en termes de dynamique de forces, il ne peut pas être assimilé à l’aspectualité. L’aspect n’est pas déterminé par le lexème verbal en tant que tel mais est une affaire de conceptualisation plus large.2 L’élaboration apportée par le type de construction et les choix lexicaux ne déterminent cependant pas entièrement l’interprétation aspectuelle. C’est plutôt une question d’actualisation, où l’ordre linéaire, le temps, le mode, la modalité et la mise en discours jouent un rôle crucial. 4. Les connotations, finalement, doivent s’expliquer à la lumière de l’orientation vers un but qui caractérise les deux verbes. Selon l’évaluation de l’état final, l’appréciation oscillera, pour entrar, entre l’intégration positive, la simple inclusion, l’ajustement neutre ou le confinement oppressif, et, pour salir, entre la libération émancipatrice, la simple sortie, l’exclusion ou l’éruption dramatique. Les données analysées proviennent de quatre textes de fiction, deux sont espagnols et deux américains: le roman de Carlos Ruiz Zafón, La Sombra del Viento, le témoignage romance de Jorge Semprún, Federico Sánchez se despide de ustedes, les nouvelles de Ángeles Mastretta publiées sous le titre Mujeres de ojos grandes, et la majeure partie des contes de Mario Benedetti inclus dans le volume Cuentos. L’identification des exemples se fait au moyen des initiales des auteurs. Comme le montre le Tableau 2, salir a ––––––– 2

Notre point de vue diffère de celui adopté par Carolin Patzelt (2007). D’une part, elle situe l’information concernant l’aspect (Aspekt) tant au niveau du contenu sémantique du verbe qu’à celui du temps de l’auxiliaire et du contexte. D’autre part, elle relègue l’expression du mode d’action (Aktionsart) aux périphrases verbales et au type de construction. Elle oppose ainsi la construction simple (e.g. estudiar ‹étudier›) à la construction analytique (Analytismus), constituée d’un verbe support (hacer ‹faire›) et d’un syntagme nominal (un estudio de ‹une étude de›), qu’elle compare aux périphrases. Les restrictions et chevauchements observés par Patzelt nous semblent toutefois assez aisément explicables dans l’approche que nous préconisons.

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systématiquement plus de chances d’apparaître qu’entrar. Dans notre corpus relativement petit la proportion globale est de 3 contre 2.3

total des occurrences entrar (201) salir (295)

Ruiz Zafón 154.336 89 135

Benedetti 89.680 53 78

Mastretta 47.392 43 65

Semprún 83.159 16 17

Tableau 2. La distribution d’entrar et de salir dans le corpus

Chaque auteur utilise les verbes dans une variété de constructions et de contextes, exploitant à sa manière le potentiel sémantique des verbes. Des tendances qui se dégagent au-delà des usages individuels et marginaux nous dirons qu’elles sont ancrées dans l’usage et font partie intégrante du système de la langue.

2. Structure événementielle prototypique En termes de mouvement, la base spatiotemporelle inclut les propriétés physiques des entités impliquées ainsi que les relations spatiales entre elles qui peuvent changer le long de l’axe temporel. Entrar et salir expriment le mouvement d’une entité en tant que Figure ou Trajecteur par rapport à un Fond, Base ou Repère (cf. Talmy 1985: 62). Etant donné que ce sont des verbes intransitifs, il y a coïncidence entre l’entité qui bouge (e) et l’initiateur du mouvement (i). La polarisation du mouvement se fait en des points différents de la trajectoire (T). Alors que la composante spatiale qui prévaut avec entrar est le domaine Cible, par exemple (1), il est également possible d’activer les composantes Direction (2) ou Trajectoire (3).4 Et alors que la composante spatiale qui ressort avec salir est l’Origine (4), l’activation de la Direction (5) ou de la Trajectoire (6) reste possible.5 (1)

Mi padre (entité/initiateur) entró en la biblioteca (T-destination) ‹Mon père entra dans la bibliothèque›

––––––– 3

4

5

Au-delà des différences de fréquence d’un texte à l’autre –explicables par des différences de contenu–, la proportion est semblable à celle enregistrée dans le corpus beaucoup plus étendu de ADESSE (entrar 851 / salir 1049). Et ce sont les mêmes constructions qui occupent les premiers rangs (cf. le Tableau 3). Il est rare de rencontrer d’autres combinaisons; par exemple, allant du moins marqué au plus marqué: Mi gato entró {por/ ?hasta/ ??desde/ ???hacia} la cocina ‹mon chat est entré {par, ?jusqu’à, ??de, ???vers} la cuisine›. La compatibilité de salir avec des prépositions telles que desde ‹depuis, a partir de› ou dentro de ‹à l’intérieur de› dépend de la nature dimensionnelle inhérente du repère: salir desde el campus / dentro del campus ‹sortir depuis le campus / à l’intérieur du campus›, par exemple, est plus facile à concevoir que desde la calle / dentro de la calle ‹depuis la rue / à l’intérieur de la rue›.

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(2)

Mi amigo entró a la biblioteca(T-direction) ‹Mon ami entra à la bibliothèque›

(3)

El ladrón entró(e/i) por el garaje(T-trajectoire) ‹Le voleur entra par le garage›

(4)

El vecino salió(e/i) de su casa(T-source) ‹Le voisin sortit de sa maison›

(5)

El niño salió {a la calle / hasta la calle / en dirección a la calle}(T-direction) ‹L’enfant sortit {à la rue / jusqu’à la rue / en direction de la rue}›

(6)

El gato salió(e/i) por el garaje(T-trajectoire) ‹Le chat sortit par le garage›

Les deux verbes dénotent le changement de localisation d’une entité d’un emplacement de départ (Origine) à un point d’arrivée (Cible). La structure événementielle de entrar est orientée «du dehors vers l’intérieur», celle de salir «de l’intérieur vers l’extérieur». Il est contre-intuitif de concevoir un espace extérieur comme Cible dans le cas d’entrar (7), et le déplacement exprimé par salir comme un mouvement vers l’intérieur d’un espace ouvert (8). Entrar associe le point d’arrivée à un Conteneur, salir fait de même avec le point de départ. Ils prennent donc tous les deux l’intériorité comme espace de référence. (7)

*Mi gato entró fuera de la biblioteca ‹*Mon chat entra en dehors de la bibliothèque›

(8)

*Mi gato salió dentro de la calle ‹*Mon chat sortit à l’intérieur de la rue›

Les notions d’intériorité et d’extériorité font figure de primitifs sémantiques caractérisant la structure sémantique des verbes du type entrar et salir, respectivement, dans la mesure où elles permettent de situer cette catégorie de verbes par rapport à la classe plus large des prédicats de déplacement: la direction du mouvement est déterminée par la composante Cible ou Source, selon le verbe, conçue comme un espace fermé, un domaine délimité (mais non pas un point dans l’espace). L’orientation inverse –adlative dans le cas d’entrar, ablative dans celui de salir– établit un lien conceptuel étroit entre les deux verbes.6 Les dimensions intérieure et extérieure occupent la position opposée dans les schémas événementiels correspondants, elles se voient associées à la composante contraire de la trajectoire des deux verbes: entrar met l’arrivée en point de mire, salir le point de départ. Par la sélection du repère opposé le mouvement se conceptualise de façon différente même s’il peut être fait référence au même déplacement dans le monde physique (9, 10). La distinction entre point de départ (a), point d’arrivée (b), trajectoire (c) et entité (d) est reprise dans les figures 1 et 2 pour visualiser cette différence schématique. ––––––– 6

En lexicographie on les trouve associés en tant qu’antonymes.

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(9)

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Eva entró en su despacho ‹Eva entra dans son bureau›

(10) Eva salió del salón ‹Eva sortit du salon›

Figure 1. Intériorité comme espace de référence d’entrar

Figure 2. Extériorité comme espace de référence de salir

La spécification de la Direction comme Trajectoire (3, 6), en revanche, ne semble pas faire partie intégrante du signifié des verbes entrar et salir; elle appartient plutôt à la représentation sous-jacente plus élaborée de la scène de mouvement. Ceci vaut également pour les composantes de manière, telles la façon de bouger, et pour les modalités kinétiques, comme le rythme et la vitesse ou, encore, l’orientation de l’entité mobile. D’autre part, la Cible avec entrar et l’Origine avec salir peuvent aussi rester implicites. Or, à la différence des autres composantes, celles-ci sont prises comme allant de soi, et reçoivent une interprétation par défaut lorsqu’elles ne sont pas connues par le contexte, l’échange intériorité/extériorité étant bel et bien la composante sémantique centrale.

3. La signification schématique d’entrar et de salir Dans la mesure où la notion de transition est cruciale, la représentation du signifié schématique des verbes doit intégrer à la fois la situation qui précède immédiatement le changement (temps 1, t1) et la situation obtenue juste après (temps 2, t2). Comme le reflète la Figure 3, entrar suppose la représentation d’un espace délimité, conçu comme un univers clos; en le symbolisant au moyen d’un carré, nous faisons abstraction de sa nature tridimensionnelle. La ligne en pointillé signale que l’Origine est reléguée à l’arrière-plan de la conceptualisation scénique: elle reste généralement

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inexprimée et il ne lui correspond pas de forme d’expression prototypique. L’épaisse ligne verticale indique la présence d’une limite qui opère comme une frontière, empêchant le participant de ‹voir› l’autre côté au moment t1. La trajectoire s’arrête dès que le seuil est franchi.

Figure 3. Signification schématique d’entrar

À un niveau plus abstrait, le passage d’un espace à l’autre est projeté sur la transition d’un espace mental, état ou situation, à un autre espace mental, état ou situation, qui tend à apparaître comme «nouveau» dans le discours. Du point de vue de l’entité qui en fait l’expérience, la nouveauté de l’état cible peut en tant que telle être préconçue. Dans le discours tout se passe comme si par la seule action d’entrar, le nouvel espace mental en venait à exister, comme s’il «entrait en existence» pour ainsi dire. La télicité du premier sous-événement est donc située au départ d’un changement d’état, autrement dit, en prenant fin il mène au déclenchement du second sous-événement, le moment initial d’une nouvelle situation. La structure sémantique de salir est plus complexe. Le plus souvent, salir ne dénote pas de mouvement physique et n’est pas associé à un participant humain. À la différence d’entrar, salir requiert un espace Source connu, et celui-ci n’est pas conçu comme un point mais comme un espace, état ou situation incluant, englobant l’entité. Le cercle de la Figure 4 symbolise l’abstraction idéalisée de l’‹ensemble› dont se détache une ‹partie›. Quant à la Trajectoire, partie intégrante de la structure événementielle (cf. Figure 2), elle ne se trouve qu’à peine profilée dans l’image schématique de salir. Comme le suggère la courte flèche, la schématisation du moment t2 est minimale: il est en effet fait abstraction de la distance qui sépare l’espace Source et le point d’arrivée. La dimension aspectuelle la plus exploitée dans les sens extensionnels est la soudaineté du franchissement du seuil. En corollaire d’une transition brusque, l’espace Cible passe souvent au premier plan. Alors qu’avec entrar il ne se présente que deux variantes pour exprimer le but, à savoir, la préposition locative en ‹dans› et la préposition directionnelle a ‹à›, salir admet plusieurs conceptualisations alternatives, comme en témoignent les prépositions alternantes (a ‹à›, hacia ‹vers›, hasta ‹jusqu’à›, rumbo a ‹en chemin vers›, en dirección a ‹en direction de›) et la variété de noms et d’infinitifs introduits par la préposition a.

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Figure 4. Signification schématique de salir

4. Schémas de construction et leur distribution La distribution des schémas de construction suggère que dans bien des contextes le sens schématique du verbe est suffisamment évocateur pour qu’aucune élaboration plus poussée ne soit requise. Entrar Entité mobile / affectée Sans obliques Destination / But en Oblique en Oblique & Trajectoire (por Obl) Source de Oblique de Obl & Trajectoire Direction / But a Oblique a Obl & Trajectoire (por Obl) Seulement Trajectoire por Oblique Accompagnement con Oblique con Obl & Trajectoire (por Obl)

Salir

82

40.5%

99

33.6%

76 1

38% 0.5%

2 --

0.68% --

---

---

101 1

34.2% 0.34%

33 2

16.5% 1%

77 --

26.1% --

6

3%

6

2.03%

1 --

0.5% --

8 1

2.71% 0.34%

Tableau 3. Distribution des types de construction d’entrar et de salir

Les verbes partagent la propension à ne profiler aucune des composantes de la trajectoire: dans à peu près un tiers des cas ils évoquent simplement le contraste intériorité / extériorité, sans autre spécification. Parmi les compléments obliques, le locatif en est emblématique d’entrar, l’élatif de de salir.

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Avec aucun des deux il n’est courant de spécifier plus d’une des composantes de la trajectoire en même temps. De toutes les composantes, la Trajectoire est celle qui est le moins souvent explicitée; au lieu de l’espace transitoire au sens propre, le passage est plutôt représenté par une simple ouverture, orifice ou accès (porte, fenêtre). Ceci confirme qu’il n’y a pas de trajectoire intermédiaire, autrement dit, que l’extériorité et l’intériorité sont conçues comme des espaces adjacents. Du fait de la compression de la notion de Trajectoire, elle s’en trouve réduite à un simple point de transition, pratiquement inexistant dans l’expression. Les mêmes schémas de construction produiront les mêmes effets sémantiques. La construction dative, par exemple, introduit le participant affecté, fusionné avec la composante Cible ou But, inhérente à la structure sémantique d’entrar, et avec la composante Source inhérente à celle de salir. L’analyse détaillée des constructions a pour objectif d’isoler le signifié constructionnel qui influence l’interprétation des verbes.7

5. Ordre linéaire et agentivité L’ordre linéaire n’est pas à proprement parler un critère pour catégoriser les schémas de construction, puisqu’il n’affecte pas fondamentalement l’interaction entre la signification schématique du prédicat verbal et le sémantisme de la construction. Au niveau de l’actualisation, cependant, il est clair que l’ordre des mots a un certain impact, notamment sur le degré d’agentivité attribué à l’entité sujet. La postposition du sujet a pour effet d’abaisser le degré de dynamicité, et en termes de perspective fonctionnelle de la phrase, elle coïncide le plus souvent avec l’introduction d’un élément nouveau à caractère rhématique. Ceci ressort notamment de la comparaison des exemples (11) et (12). (11) Ambas cosas las enviaba el señor Arqueros, con su devoción, sus respetos y la pena de no llevarlos él mismo porque su barco salía a Veracruz al día siguiente y él viajó parte de ese día y toda la noche para llegar a tiempo. (M, 10) ‹Les deux choses M. Arqueros les envoyait, avec son dévouement, son respect et le regret de ne pas les apporter lui-même parce que son bateau partait pour Veracruz le lendemain et il voyageait une partie de la journée et toute la nuit pour arriver à temps›. (12) Tengo que dejarte ahora, Clara, me entra un cliente. Te llamo un día de esta semana y quedamos para merendar. Felicidades otra vez. Colgué el teléfono y suspiré. (R, 72) ‹Je dois te laisser maintenant, Clara, il entre un client. Je t’appelle un de ces jours et nous fixons rendez-vous pour prendre un café. Mes félicitations encore une fois. Je raccrochai et soupirai›.

––––––– 7

Deux alternances présentent un intérêt tout particulier: celle entre les prépositions en et a, et celle entre les emplois non réfléchis et réfléchis (‹pronominaux›) du verbe. Pour des raisons d’espace, il est impossible d’en rendre compte ici.

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6. Modulations aspectuelles La structure événementielle prototypique comme nous l’avons représentée dans les Figures 1 et 2 se compose de deux sous-événements, à savoir, (i) le processus du mouvement et (ii) la localisation qui en résulte. Or, comme le montrent les exemples précédents, l’interprétation est assez variée et présente une latitude qui va bien au-delà de la distinction typologique entre ‹achèvement› et ‹état›.8 Le passage de l’intérieur à l’extérieur (ou vice versa) correspond à la phase médiale de la grille événementielle. Les espaces intérieur et extérieur sont conçus par défaut comme étant adjacents. C’est pourquoi le passage de l’un à l’autre tend à être perçu comme instantané. Le classement typologique vendlerien comme ‹achèvement› reste néanmoins un effet de prototypicité. L’approche en termes de grille événementielle permet une variation dans le balayage et le profil, et transcende dès lors les difficultés classificatoires auxquelles font face les définitions binaires de la durée, de la télicité et de la dynamicité. Or, on peut constater des différences de portée considérables au niveau des phases initiale et finale. Ceci justifie une sous-division plus poussée de la grille événementielle, avec notamment une distinction entre ‹mise en marche› et ‹acheminement›, d’une part, et entre ‹réalisation› et ‹finalisation›, d’autre part, afin de rendre compte de différences aspectuelles dans la conceptualisation, allant d’une lecture inchoative (rare) ou d’une lecture progressive aux interprétations perfective et résultative plus courantes. Cinq phases peuvent ainsi être distinguées: I: état initial ou transition initiale (enclenchement, mise en marche); II: activité orientée vers le but (le seuil comme point d’accomplissement); III: achèvement (dès que l’entité mobile franchit la limite qui sépare l’extériorité de l’intériorité (ou vice versa)); IV : réalisation au sens strict (dans un sens plus ample, cette phase comprend III et IV); V: résultat (le fait de se trouver à l’intérieur ou à l’extérieur). Il n’y a pas de relation univoque entre les cinq phases événementielles et la fragmentation aspectuelle. Comme le reflète le Tableau 4, la correspondance tient pour quatre des cinq phases.9 Dans la phase médiale, il peut se produire un étirement aspectuel dans les deux sens: l’élargissement de la phase II à la phase III se traduit aspectuellement par l’aspect ingressif, et l’extension de la phase III à la phase IV par l’aspect de réalisation. De plus, il reste également possible de transcender l’aspectualité en cernant le processus dans son ensemble. ––––––– 8

9

A titre d’illustration, la caractérisation aspectuelle sommaire ajoutée à l’exemple suivant souligne la nécessité de prévoir une approche plus systématique: El vecino entra en la librería de mi padre durante algunos minutos. ‹Le voisin entre dans la librairie de mon père pendant quelques minutes›. (accent sur l’état final). ¿Cuánto tiempo has necesitado para entrar en la biblioteca? ‹Combien de temps as-tu mis à entrer dans la bibliothèque?› (référence à la phase antérieure). ¿Desde cuándo entras en la librería? ‹Depuis quand entres-tu dans la librairie?› (lecture itérative). La phase I équivaut à l’aspect d’état initial, la phase II se retrouve dans l’aspect du mouvement initial, la phase III répond à l’achèvement, et la phase V devient l’aspect résultatif.

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phases événementielles I

1. état initial

II

2. mouvement initial

II+III III III+IV

3. ingressif 4. achèvement 5. réalisation

V I+II+III+IV+V

6. état final 7. globalisation

ASPECT

conceptualisation capacité initiale (in posse); disposition préparatoire (non nécessairement matérialisée) mise en marche, approche du seuil, activité orientée vers le but arrivée au seuil ou au point de transition transition ponctuelle achèvement plus une certaine durée (indéterminée) être à l’intérieur, resp. à l’extérieur balayage global du processus

Tableau 4. Les phases événementielles projetées sur la modulation aspectuelle

Pour chacun des sept aspects distingués nous présentons maintenant un exemple et nous en proposons une représentation visuelle. Faute d’espace, l’illustration est limitée au verbe entrar. Le potentiel aspectuel du verbe salir peut être visualisé de façon similaire. (13) -Santa Madre de Dios -murmuró la portera-. Aquí hay más mierda que en el palo de un gallinero. -Si lo prefiere, ya entro yo solo -sugerí. -Eso quisiera usted. Venga, tire palante, que yo le sigo. (R 13) ‹-Sainte Mère de Dieux – murmura la concierge-. Ici il y a plus de merde que sur le perchoir d’un poulailler. -Si vous le préférez, je peux entrer seul – suggérai-je. -C’est ce que vous voudriez. Allons, allez-y, en avant, je vous suis›. (état initial) (14) -Ven, encenderemos un fuego para que entres en calor. Me guió a través del corredor hasta la galería que presidía el patio interior de la casa. (R 49) ‹-Viens, nous allumerons un feu pour que tu entres en chaleur. Il me guida à travers le couloir jusqu’à la galerie qui domine la cour intérieure de la maison›. (mouvement initial) (15) Pero nosotros la conocíamos: sabíamos que necesitaba crearse un clima, entrar lentamente en caja. (B 15) ‹Mais nous la connaissions: nous savions qu’elle avait besoin de créer un climat, d’entrer lentement dans son rang›. (ingressif) (16) Ésta era la casa de los Aldaya, eso es todo lo que sé. ¿Cómo has conseguido entrar y cómo sabías...?- (R 48) ‹Ceci était la maison des Aldaya, c’est tout ce que je sais. Comment as-tu réussi à entrer et comment savais-tu…?› (achèvement) (17) Por la avenida central va entrando lentamente un cortejo. Ocho, diez, doce coches. Todo aquí va despacio. (B 53)

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‹Un cortège entre lentement le long de l’avenue centrale. Huit, dix, douze voitures. Ici, tout va lentement›. (réalisation) (18) Gómez se escurrió disculpándose con cara de hogar. Entraron a duras penas en el autito de Silva. Ruiz lo veía manejar por Colonia, siguiendo la milonga de la radio, pero lo hallaba natural, una pavada de tan fácil. (B 5) ‹Gómez disparut en s’excusant le visage impassible. Ils entraient à peine dans la petite voiture de Silva. Ruiz l’a vue circuler à travers Colonia, suivant la milonga à la radio, mais il le trouvait naturel, une sottise tout ce qu’il y a de plus facile›. (état final) (19) Aislaron a la niña en una sala de terapia intensiva. Un lugar blanco y limpio al que las madres sólo podían entrar media hora diaria. (M 43) ‹Ils isolèrent la fille dans une salle de thérapie intensive. Un endroit blanc et propre où les mères ne pouvaient entrer qu’une demi-heure par jour›. (globalisation)

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Figure 5. Lectures aspectuelles d’entrar

Le tableau 5 donne une vision d’ensemble de la répartition des différentes lectures aspectuelles dans le corpus. La première constatation qui s’impose est qu’aucune des lectures aspectuelles n’est exclue. A plusieurs égards, entrar et salir présentent des tendances convergentes: les deux interprétations prédominantes sont celles d’achèvement et de réalisation. Salir s’inscrit cependant plus dans la durée que entrar: alors qu’avec entrar l’achèvement occupe le rang un, il passe au deuxième rang avec salir, précédé de la réalisation et suivi d’assez près par l’état final, alors que entrar ne se centre sur l’état final que dans 6% des cas. Par ailleurs, la globalisation concerne 15,9% des occurrences de salir, tandis qu’elle ne touche que 11% de celles d’entrar. En revanche, entrar focalise l’attention

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nettement plus sur l’approche du seuil et sur son franchissement: entrar exprime l’aspect ingressif, en effet, pratiquement deux fois plus que salir, et la différence de fréquence pour l’expression de l’achèvement est également significative. Dans les catégories marginales, les deux verbes se retrouvent à nouveau: les deux derniers rangs vont à l’état initial et au mouvement initial, avec à peu près 2% et 4%, respectivement, pour les deux verbes. ASPECT

État initial (I) Mouvement initial (II)

entrar 4

salir 2%

7

2.4%

8

4%

13

4.4%

Ingressif (II + III)

32

16%

24

8.1%

Achèvement (III)

64

32%

69

23.4%

Réalisation (III + IV)

59

29%

84

28.5%

État final (V)

12

6%

51

17.3%

Globalisation

22

11%

47

15.9%

Tableau 5. Distribution des lectures aspectuelles des deux verbes

7. Perspective variable En contexte, le passage de l’intériorité à l’extériorité exprimé par le verbe se combine avec la perspective discursive que l’observateur impliqué adopte par rapport à la scène où se déroule le mouvement. Dans des textes de prose narrative, nous trouvons essentiellement six variantes. Comme le montre le Tableau 6, l’observateur peut aligner son mouvement sur celui de l’entité mobile (a), il peut voir la scène dans sa totalité (b), l’observer à partir de l’espace Cible (c), à partir de l’espace Source (d), à partir de la Trajectoire (e), ou encore, ne pas se situer quelque part sur la trajectoire mais se trouver dans un autre espace (par exemple, derrière une fenêtre) et faire comme s’il avait accès à la scène où a lieu l’événement (f). entrar

Perspective de l’observateur a. Coïncidence avec l’entité mobile b. Scène observée dans sa totalité c. Scène observée à partir de l’espace CIBLE d. Scène observée à partir de l’espace SOURCE e. Scène observée à partir de la TRAJECTOIRE f. Expansion métonymique du point de vue

58 53 59 19 1 11

28.86% 26.37% 29.35% 9.45% 0.50% 5.47%

Tableau 6. La perspective de l’observateur

salir 94 63 80 37 1 15

31.86% 23.05% 27.12% 12.54% 0.34% 5.08%

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Nicole Delbecque / Katrien Verveckken

8. Conclusion Nous avons voulu montrer qu’il convient de distinguer deux niveaux en dehors de celui de la schématisation, à savoir celui de l’élaboration et celui de l’actualisation. Cela permet de dépouiller le niveau lexématique de tout ce qui n’appartient pas au noyau dur de la signification du verbe. La contribution de la construction et des spécifications lexicales appartient au niveau intermédiaire de l’élaboration: selon les fenêtres d’attention que le locuteur choisit d’ouvrir, selon les composantes de la grille événementielle qui sont exprimées, le profil changera. Parmi les éléments qui n’en font pas partie, mais qui sont à situer au niveau de l’actualisation, nous ne rangeons pas seulement les variables liées à l’ordre linéaire et à la perspective, mais également les modulations aspectuelles. Nous avons montré que celles-ci dépendent de la mise en discours et sont bien plus variées que ne le laisse supposer une typologie aspectuelle d’ordre lexical. La notion de passage extériorité / intériorité, ou intériorité / extériorité, la signification schématique des verbes entrar et salir, est au cœur de toutes les élaborations et actualisations. La notion de passage sans espace transitoire explique pourquoi ces deux verbes sont généralement rangés parmi les achèvements. Or, il s’agit d’un effet de prototypicité, à ne pas confondre avec l’interprétation aspectuelle. Celle-ci se décide, en effet, au niveau de l’actualisation, où elle est en interaction avec l’agentivité variable et la perspective également variable.

Bibliographie ADESSE Base de datos de verbos, alternancias de diátesis y esquemas sintáctico semánticos del español. Universidad de Vigo. (En ligne: http://adesse.uvigo.es (03 02 09)). Cifuentes Honrubia, José Luis (1999): Sintaxis y semántica del movimiento. Aspectos de Gramática Cognitiva. Valencia: Instituto de Cultura, «Juan Gil-Albert». Langacker, Ronald W. (1987): Foundations of cognitive grammar. Vol. 1: Theoretical prerequisites. Stanford: Stanford University Press. – (1991): Foundations of cognitive grammar. Vol. 2: Descriptive application. Stanford: Stanford University Press. – (2002): Deixis and subjectivity. In: Brisard, Frank (ed.): Grounding: the epistemic footing of deixis and reference. Berlin / New York: Mouton de Gruyter, 1-28. Patzelt, Carolin (2007): Aktionsartdifferenzierung im spanischen Fachstil. Frankfurt am Main: Peter Lang. Slobin, Dan I. (1999): Two ways to travel: verbs of motion in English and Spanish. In: Shibatani, Masayoshi / Thompson, Sandra A. (edd.): Grammatical constructions. Their form and meaning. Oxford: Oxford University Press, 195-219. Talmy, Leonard (1985): Lexicalization Patterns: Semantic Structure in Lexical Form. In: Shopen, T. (ed.): Language Typology and Syntactic Descriptions. Cambridge / New York: Cambridge University Press, 57-149. – (2000a): Toward a cognitive semantics. Vol. 1: Concept structuring systems. Cambridge: The MIT Press. – (2000b): Toward a cognitive semantics. Vol. 2: Typology and process in concept structuring. Cambridge: The MIT Press.

Ludwig Fesenmeier

«Se souvenir» en français et en italien: différence(s) de centrage*

1. Introduction En 1965, Kurt Baldinger avait proposé pour la première fois sa fameuse «analyse conceptuelle» de ‹se souvenir›:1 en se plaçant dans une perspective onomasiologique, il s’interrogeait sur les différentes possibilités d’exprimer le concept ‹se souvenir› en français, qu’il définissait comme «‹la présence psychique› (PΨ) de quelque chose appartenant au passé (A←p) dans la mémoire d’un être vivant (MB)» (1984: 136). En appliquant cette définition au verbe se souvenir, par exemple, il en résulte les correspondances suivantes: 1. je | me souviens | de mon enfance B PΨ A

(cf. Baldinger 1984: 137)

Toutefois, il peut s’avérer nécessaire, selon Baldinger, de tenir compte d’un quatrième élément C, qui est «la cause qui évoque, qui provoque le souvenir» (1984: 137) et qui, le cas échéant, peut aussi être coréférent à B: 2. ce jouet / jei | mei | rappelle | mon enfance C B PΨ A

(cf. Baldinger 1984: 137)

À ce niveau de l’argumentation, on rencontre une première difficulté: Baldinger affirme que «‹je me souviens de mon enfance› est involontaire; rappeler [!], au contraire, a un caractère volontaire ou causal» (1984: 137); il admet toutefois que dans le cas de la coréférence entre C et B, son interprétation de se rappeler se base sur l’étymologie, le pronom clitique (me, te, se, etc.) n’étant plus librement commutable avec la forme tonique (à moi-même, à toi-même, à soi-même, etc.). On peut donc naturellement se demander quel avantage offre, pour l’analyse sémantique, une distinction entre se souvenir et se [!] rappeler sur la base d’une telle catégorie ‹mémoire volontaire vs. mémoire involontaire›. À cela vient s’ajouter un autre problème qui concerne la seconde différenciation proposée par Baldinger (1984: 138), à savoir celle entre «acte» (3) et «état» (4): ––––––– *

1

Je tiens à remercier Sandra Lhafi (Cologne) et Hélène Vinckel (Paris) pour la révision stylistique du texte. Il s’agissait de sa communication au XIe CILPR (Madrid), dont la partie dédiée au ‹souvenir› était d’abord parue dans les Cahiers de lexicologie (cf. Baldinger 1966b); ensuite, elle est devenue le chapitre II-3 de Baldinger 1970, que nous citons d’après l’édition française (Baldinger 1984).

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3. Enfin Bury releva la tête, parut m’entendre, se souvenir, [...]. (A. de Saint-Exupéry (1939): Terre des hommes; cf. Baldinger 1984: 146).2 4. Mais celui-ci ne devait pas se faire aussitôt oublier. Je me rappelle encore cet être singulier [...]. (Alain-Fournier (1913): Le grand Meaulnes; cf. Baldinger 1984: 148).

Une telle interprétation est sans doute valable pour ces exemples, mais, comme l’admet Baldinger lui-même (1984: 139), cette distinction pose aussi des problèmes, puisque certains exemples sont difficiles à catégoriser (5) et que d’autres relèvent plutôt d’une «catégorie itérative intermédiaire» (6): 5. [...] je l’entendais souvent se dire à elle-même: ‹Il faut que je me rappelle bien que je n’ai pas dormi› [...]. (M. Proust (1913): À la recherche du temps perdu; cf. Baldinger 1984: 139). 6. [...] ... je ne me rappelle jamais cette partie de plaisir sans un obscur regret, [...]. (AlainFournier (1913): Le Grand Meaulnes; cf. Baldinger 1984: 139, note 8).3

L’approche que nous souhaitons développer nous semble permettre d’éviter les problèmes mentionnés ci-dessus, autant que d’autres déjà remarqués autrefois.4

2. Se souvenir – se rappeler 2.1 Généralités Si les critères distinctifs proposés par Baldinger se sont révélés peu adéquats pour appréhender une éventuelle différence entre les quasi-synonymes se souvenir et se rappeler, c’est que dans son analyse, nous semble-t-il, l’auteur s’était placé à un niveau trop étroitement lié à l’état de choses désigné, alors qu’il faut bien distinguer ce niveau-là de celui de la représentation linguistique de tel état: en effet, comme l’a souligné Oesterreicher (1991: 351-353), à un même état de choses (en allemand Sachverhalt) peuvent correspondre des représentations linguistiques (Sachverhaltsdarstellungen) plus ou moins différentes. Pour ne citer qu’un exemple très simple: les deux phrases «Paul a vendu une voiture à Pierre» et «Pierre a acheté une voiture chez Paul» expriment toujours le ––––––– 2

3

4

Sauf indication contraire, toutes les citations littéraires sont extraites de Frantext, celles des textes de presse (français et italiens) de la Kölner französische Korpusdatenbank. De plus, il n’est pas difficile de trouver des contre-exemples; ainsi les exemples suivants (extraits du journal Le Monde 2002) contiennent respectivement un se souvenir «état» et un se rappeler «acte»: «On se souvient encore d’un précédent fâcheux, [...]»; «À Garges, le cabinet du maire cherche à se rappeler où est passée la ‹prime› Chevènement». Cf. à ce sujet par exemple Barrenechea 1972 / 1973 et Söll 1971.

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même état de choses; ce qui change, c’est la perspective, i. e. la façon dont celui-ci est présenté. Si pour un certain état de choses donné, il se peut que l’on ait le choix entre deux ou plusieurs représentations linguistiques, quels sont les facteurs qui président au choix de telle perspective aux dépens de telle autre? Dans le cas cité du ‹changement de la situation de propriété de la voiture›, on peut penser à des exigences inhérentes à la structure informationnelle: par exemple, on a déjà parlé de Paul (Pierre) et on veut fournir une information supplémentaire à son propos. Évidemment, dans de tels cas nous avons affaire à la structure thème-rhème, mais il existe aussi d’autres cas de figures: nous pouvons renvoyer, par exemple, à l’idée de Weinrich (1973: 107; c’est nous qui soulignons) «que les temps ont parfois pour fonction de donner du relief à un texte en projetant au premier plan certains contenus et en en repoussant d’autres dans l’ombre de l’arrière-plan» ou à celle de Hartmann (1984) qui analyse, dans cette optique, les fonctions de la coordination ou subordination syntaxiques. Le dénominateur commun à ces travaux est le recours au concept de la ‹mise en relief› discursive: selon les auteurs, certains moyens formels (passé composé vs passé simple; coordination vs subordination vs parenthèse) permettent au locuteur de donner à son texte un relief discursif déterminé, c’est-à-dire de «guide[r] le lecteur dans son attention et dans ses attentes» (Weinrich 1973: 107) d’une certaine manière – d’une manière, donc, qui aurait aussi pu en être une autre. L’hypothèse que nous voudrions défendre dans ce qui suit s’intègre dans le même ordre d’idées: nous souhaiterions montrer qu’il existe une différence sémantique entre se souvenir et se rappeler qui ne concerne pas l’état de choses désigné, mais la contribution spécifique que chaque verbe apporte à la mise en relief discursive. Plus précisément, cette contribution concernerait le type de centrage respectif que les deux verbes engendrent, où par «centrage», à la suite de Blumenthal (2006: 60), nous entendons la manière propre à chacun des deux verbes de caractériser un élément de l’état de choses désigné comme contextuellement plus important que les autres. À l’appui de l’expression proposée par Baldinger5, certes naïve mais suffisante pour servir notre objectif, d’une part et à partir de sa «formule de base: PΨ(A←p; MB)» (Baldinger 1984: 136-137) d’autre part, le rapport entre les deux verbes français peut être décrit en ces termes: se souvenir met en relief la présence psychique de quelque chose auprès du référent du sujet (PΨ(A←p; MB)), tandis que se rappeler focalise l’attention sur l’état de choses exprimé par le complément, c’est-àdire que c’est tel état qui mérite toute l’attention du lecteur (PΨ(A←p; MB)). Pour mieux cerner l’idée que nous venons d’esquisser, commentons les deux exemples suivants: 7. – Je te crois qu’ils [= les Allemands] sont venus. Je n’étais pas grande, je devais avoir six ans, mais je m’en souviens bien. Des Prussiens, que c’était. Et pas commodes. Ils avaient des casques à pointe. Il y en avait deux qui logeaient chez nous. Si je m’en souviens? Je pense bien que je m’en souviens. (B. Clavel (1964): Le cœur des vivants). 8. – Tu te rappelles, le coup des billes? gloussa Bouboule. Si Olivier se rappelait! Ce matinlà, tout de suite après la récréation, il avait glissé dans la case de son pupitre une chaussette de laine gonflée de billes, ce qui lui donnait l’aspect d’une grappe de raisin. [Il s’ensuit une

––––––– 5

Cf. supra, 1.

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description détaillée des événements successifs.] (R. Sabatier (1969): Les allumettes suédoises).

On peut affirmer, nous semble-t-il, que dans 7, tout le discours tourne autour de la question de savoir si –et dans quelle mesure– le locuteur a gardé en mémoire un certain état de choses (cf. en particulier la répétition du verbe à la fin de la citation), tandis que dans 8, ce qui importe au niveau contextuel, ce sont les détails du «coup des billes» dont ensuite Olivier fait aussi part au lecteur. Voyons encore un exemple de contexte synonymique au sens de Gauger (1972: 65-84): 9. Telle femme, incapable de se rappeler les événements les plus graves, se souviendra pendant toute sa vie des choses qui importent à ses sentiments. (H. de Balzac (1842): La femme de trente ans; cf. aussi Baldinger 1984: 150, note 13).

Selon l’idée des différents centrages opérés par les verbes se rappeler et se souvenir, avec se rappeler Balzac dirige l’attention du lecteur en particulier sur la gravité de certains événements, qui ne joue pourtant qu’un rôle peu pertinent par rapport au fait qu’une femme garde ce genre d’événements en mémoire; avec se souvenir, par contre, l’auteur vise à caractériser les femmes elles-mêmes. Si l’on inversait les deux verbes, il en résulterait une modification certaine du sens. Dans le même ordre d’idées peut être intégrée la juxtaposition apparemment paradoxale de se souvenir et de se rappeler dans l’Impression de printemps (1893) de Paul Verlaine: 10. Il est des jours – avez-vous remarqué? – Où l’on se sent plus léger qu’un oiseau, Plus jeune qu’un enfant, et, vrai! plus gai Que la même gaieté d’un damoiseau. / L’on se souvient sans bien se rappeler... Évidemment l’on rêve, et non, pourtant.

L’interprétation du vers en question par des locuteurs natifs s’est revélée conforme à l’idée que nous venons d’esquisser: le poète décrit un état affectif déterminé dont on ne saurait pourtant pas préciser l’élément déclencheur.

2.2 Les «niches» de se souvenir et se rappeler Dans le paragraphe précédent, nous avons essayé d’illustrer le concept de ‹centrage› et de faire valoir sa pertinence au moyen de quelques exemples, mais les résultats obtenus sont les fruits d’«efforts herméneutiques». Aussi, pour valider l’hypothèse selon laquelle une telle différence de centrage entre se souvenir et se rappeler ne relève pas seulement du niveau de la parole, nous faut-il trouver des «niches» propres à chaque verbe, c’est-à-dire des constellations sémantico-syntaxiques pour lesquelles le choix entre l’un ou l’autre des deux verbes est difficile, voire impossible, et ensuite motiver ces restrictions à l’appui de la différence de centrage que nous avons supposée.6 ––––––– 6

En effet, on peut comparer l’étude des mots quasi-synonymes (et non pas le phénomène en tant que tel) au fonctionnement d’une figure réversible (en allemand Kippfigur), dont l’effet repose de

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À cette fin, deux grands corpus électroniques ont été examinés: le premier se compose d’une partie des romans accessibles sur Frantext (tranche chronologique: 1950-2000), le second de l’année 2002 du journal Le Monde.7 Les résultats de cette étude confirment tout d’abord l’impression qui se dégage des dictionnaires, qui présentent se souvenir et se rappeler comme sémantiquement très proches:8 concernant leur comportement syntagmatique, à la fois collocatif et (morpho)syntaxique, les deux verbes sont caractérisés par une vaste zone d’intersection. Or, cette constation suggère aussi l’idée suivante: s’il n’y a, du moins en principe, que peu de restrictions relatives à la substituabilité réciproque des deux verbes, les «exceptions» à cette règle, les niches, devraient peser d’autant plus lourd. Quelles sont les niches dont il vient d’être question? Commençons par se souvenir: l’examen des échantillons a révélé, notamment, trois cas de figure intéressants.9 Seul se souvenir apparaît, par exemple, dans des constructions périphrastiques du type commencer à + inf., venir de + inf. et aller + inf.: 11. Il ne cherchait même plus à comprendre. Il commençait à se souvenir qu’il avait dû se tromper bien des fois. (J.-M.-G. Le Clézio (1963): Le procès-verbal). 12. [On discute du titre possible d’un livre:] Par exemple: Les Confessions d’un chauffeur mondain. Je venais de me souvenir de ce titre que j’avais lu dans un magazine d’avantguerre. (P. Modiano (1972): Les boulevards de ceinture). 13. Alors, j’ai été chez différents amis. – Ah oui? Quelle sorte d’amis? – Eh bien attends, je ne sais plus... Je vais certainement me souvenir, on ne peut pas dire que cela soit une chose ancienne... (F.-R. Bastide (1956): Les adieux).

Le verbe se rappeler semble, quant à lui, exclu dans des expressions telles que 14: 14. Aussi loin que je me souvienne, les jupons de Yasmina furent notre vraie mère. (D. Pennac (1989): La petite marchande de prose).

Enfin, seul se souvenir apparaît dans la construction illustrée sous 15: 15. [...] du reste de cette nuit, je me souviens comme d’un cauchemar. La route surgissant sous les phares, le visage immobile de mon père, la porte de la clinique... [...]. (F. Sagan (1954): Bonjour tristesse).

––––––– 7

8

9

manière fondamentale sur la nécessité de garder co-présentes, d’une certaine manière, toutes les «interprétations». Quelques précisions quantitatives: dans le corpus littéraire (~16,48 millions de mots), le rapport entre se souvenir et se rappeler est 3,4 : 1, dans l’année 2002 du Monde (~25,95 millions de mots) 5,4 : 1. Dans le TLFi, les paraphrases offertes aux entrées se souvenir1 II.A et rappeler III (= se rappeler) sont tout à fait identiques: «Avoir, garder, se remettre en mémoire». Ajoutons que même en élargissant la base empirique, les configurations exemplifiées sous 11-15 n’attestent se rappeler qu’au niveau de hapax.

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De toute évidence, les types de contexte respectivement exemplifiés sous 11-13, 14 et 15 font la part belle à l’expression d’une «modalisation» de la situation mnémonymique du référent du sujet: dans 11-13, celle-ci apparaît précisée par rapport aux circonstances «chronologiques»; dans 14, il s’agit de limiter la «responsabilité communicative» du locuteur par rapport à l’affirmation suivante; en 15, c’est la «manière» dont le référent du sujet se souvient d’un certain état de choses qui est exprimée. Ces niches de se souvenir plaident donc en faveur de l’idée défendue ici: se souvenir se caractérise par sa capacité de centrer l’attention sur le référent du sujet. Qu’en est-il des niches de se rappeler? La plus significative d’entre elles ramène l’attention sur le complément qui comporte un infinitif présent: 16. Il faudrait aussi se rappeler de ne jamais parler du pape qu’avec exécration, [...]. (M. Yourcenar (1968): L’œuvre au noir). 17. Rappelle-toi, avant d’offrir quelque chose qui se porte, de bien regarder la couleur de ses cheveux et de ses yeux. (R. Gary (1960): La promesse de l’aube).

Dans 16 et 17, le complément «désigne une action à faire dans l’avenir» (TLFi, rappeler III. A. 5. b) et l’acte illocutif consiste évidemment en l’exhortation à effectuer cette action (et non pas à bien retenir en mémoire la seule nécessité de l’effectuer). En français moderne, se souvenir ne serait pas conforme au standard hexagonal10 – même si cela n’a pas toujours été le cas, comme le montre le fait que cette construction est attestée jusqu’à la deuxième moitié du XVIIIe siècle: 18. Souvenez-vous, en parlant à la pupille, de les rendre tous plus noirs que l’enfer. (P.-A. de Beaumarchais (1775): Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile).

Si l’on tient compte de la chronologie de la genèse et de la montée du (se) rappeler mnémonymique à partir des années 40 du XVIIe siècle11, on constate que cela coïncide avec la disparition de se souvenir + inf. prés., ce qui plaide fermement en faveur de l’approche adoptée ici: la valeur communicative primordiale d’un tel énoncé est en corrélation avec l’illocution ‹il faut effectuer telle action›, donc avec le contenu du complément – et pour exprimer cette valeur communicative, se rappeler se révèle être alors plus approprié. Faisons un bref bilan: il nous semble tout à fait possible d’affirmer que les différentes niches d’usage que nous venons d’esquisser peuvent être motivées par le type de centrage différent qu’opèrent respectivement se souvenir (PΨ(A←p; MB)) et se rappeler (PΨ(A←p; MB)) et que, de ce fait, celui-ci appartient au niveau sémantique; en outre, notre hypothèse ne s’accorde pas seulement avec les faits empiriques du français moderne, mais s’avère également être à l’unisson avec les changements historiques.

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Mais cf. l’exemple suivant, provenant d’un site canadien: «Souviens-toi de faire marcher ton radar!» (http://www.sass.ca/french/safety.htm [2008 01 29]). C’est à Baldinger (1966a) que revient le mérite de l’avoir reconstruite dans ses grandes lignes.

«Se souvenir» en français et en italien: différence(s) de centrage

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3. Ricordare – ricordarsi (di) qc Concernant l’italien, les verbes qui, généralement, correspondent le mieux à se souvenir et se rappeler sont ricordare et ricordarsi, donc deux verbes étroitement apparentés du point de vue formel. Toutefois, la situation est encore plus complexe: en effet, ricordarsi peut se construire soit de manière transitive (ricordarsi qc), soit de manière intransitive (ricordarsi di qc);12 par ailleurs, on ne peut pas toujours décider d’emblée de quel ricordarsi il s’agit: 19. Il professore si era ricordato di spiegare la lezione del giornoi → se loi era ricordato (cf. Acquaviva 32001: 646, exemples 78 et 79) 20. Mario non si ricorderà mai di allacciarsi le cinturei → non se nei ricorderà mai (cf. Acquaviva 32001: 646, exemples 74a et 74b)13

Comme en témoignent les entrées respectives dans les dictionnaires, les verbes français et italiens partagent certes un bon nombre d’acceptions, mais ils présentent des différences encore plus remarquables qui méritent que l’on s’y attarde; ainsi, on ne pourrait traduire les exemples suivants ni par le biais de se souvenir ni par celui de se rappeler: 21. Mano a mano [...] esegue gli ordini che gli vengono impartiti: «Muovi un dito», [...]. Finché inizia a ricordare: «Come ti chiami?», [...]. (La Stampa 2002) 22. E come figlia? Si ricorda la Festa della Mamma? «Sì, si ricorda. [...]» (La Stampa 2002)

Notre analyse des verbes italiens repose sur un corpus composé de textes de presse plus important et plus diversifié que le corpus français, et ce, parce qu’il n’existe pas, pour l’italien, de banque de données de textes littéraires comparable à Frantext.14 Les résultats ––––––– 12

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14

Quant au rapport syntactico-sémantique existant entre ricordare, ricordarsi qc et ricordarsi di qc cf. infra. La situation lexicographique est plus que disparate: le DISC, par exemple, ne distingue qu’entre un ricordare «transitivo» et un ricordarsi «riflessivo» (dans les exemples avec complément nominal, le verbe est toujours suivi par la préposition); dans le Zingarelli 1999 l’on trouve un ricordare «tr[ansitivo]» («A») et un ricordarsi «intr[ansitivo] pron[ominale]» («B»; dans les exemples donnés, les compléments nominaux apparaissent soit avec, soit sans préposition); dans le Zingarelli 2006, enfin, l’on trouve un ricordare «t[ransitivo]» («A»), un ricordarsi «tr[ansitivo] pron[ominale]» («B») et un ricordarsi «intr[ansitivo] pron[ominale]»! Pour le statut syntaxique différent de di dans 19 et 20, cf. Acquaviva 32001: 641, 646-647. Une situation analogue se produit dans le cas d’une complétive introduite par che, come, si (cf. infra), etc. Il s’agit des années 1992 de La Repubblica (~23,8 millions de mots; dans ce cas, les extraits proviennent du «La Repubblica» Corpus), 1997 du Corriere della Sera (~37,6 millions de mots) et 2002 de La Stampa (~28,0 millions de mots). Dans La Repubblica et La Stampa, le rapport entre ricordare et ricordarsi (transitif et intransitif) est de 6,7 : 1, dans Corriere della Sera 3,5 : 1 (chiffres établis sur la base des 100 premières occurrences de ricordare / ricordarsi). Étant donné que dans certaines constellations syntaxiques (cf. supra, le commentaire des exemples 19 et 20 et

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de cette étude peuvent être résumés de la manière suivante: bien que les dictionnaires fassent l’impasse sur d’éventuelles différences sémantiques / restrictions d’usage, on constate des niches propres à ricordare, ricordarsi et ricordarsi di – plus nettement délimitables dans le cas du verbe simple que dans celui des verbes pronominaux. Parmi d’autres, il convient de retenir les restrictions et préférences suivantes:15 a. seul ricordare se trouve dans des parenthèses du type «come si ricorderà», «se ricordo bene»; b. à quelques exceptions près, c’est toujours ricordare qui est attesté en combinatoire avec une expression adverbiale comme bene ou encore con affetto, con nostalgia, etc. (ex.: «[...] Woody Allen, che ha affermato di ricordare con nostalgia gli anni in cui [...]» (Corriere della Sera 1997)); c. tandis qu’après le verbe transitif, les interrogations indirectes partielles peuvent être soit concealed exclamations, soit concealed questions au sens de Grimshaw (1979), ricordarsi di est toujours suivi de concealed exclamations (ex.: «Purtroppo però non mi ricordo più quanto tempo ho dovuto aspettare. So solo che alla fine la segreteria era ormai chiusa» (Corriere della Sera 1997) vs «Non sono l’unico a ricordarmi di quanto fosse speciale» (La Stampa 2002)); Par ailleurs, les réponses des locuteurs natifs interrogés sur une éventuelle différence entre les exemples «Insomma, se loi ricorda se è stato Corona o qualcunoi...» et «se nei ricorda se se ne parlò anchei...[?]»16 autorisent la synthèse suivante, qui exploite la «formule» de Baldinger: ricordarselo si correspond à «PΨ(A←p; MB)», ricordarsene si à «PΨ(A←p; MB)».17 Ce jugement s’accorde parfaitement, nous semble-t-il, avec certaines des autres observations, par exemple la co-occurrence de ricordarsi di et des concealed exclamations uniquement (c): dans de tels cas, la valeur communicative primordiale revient au contenu de la complétive, non aux capacités mémorielles du référent du sujet de ricordarsi.18 Si l’on accepte l’idée que les variantes transitive et intransitive de ricordarsi dirigent l’attention respectivement sur le référent du sujet (PΨ(A←p; MB)) et du complément (PΨ(A←p; MB)), qu’en est-il de ricordare? Les résultats mentionnés aux points a et b permettent, à notre avis, d’avancer l’hypothèse que le verbe simple focalise ce qu’il dénote: ––––––– 15 16

17 18

aussi infra), il est impossible de catégoriser ricordarsi comme transitif ou intransitif, nous avons dû renoncer à une analyse quantitative plus fine. Pour des raisons de place, l’italien est traité de façon plus synthétique. L’exemple de ricordarsi transitif provient de l’article «‹Coco? Gli tagliai lo stipendio per pagare le immagini› L’interrogatorio di Adriano Galliani», paru dans La Stampa du 15.3.2007, p. 7; celui de ricordarsi intransitif, d’un procès-verbal (cf. www.credfed.com/dibattimento/020228.pdf [2008 01 29]). Je tiens à remercier Nicoletta Santeusanio (Perugia) pour son aide. Qu’on relise sur le fond de cette différenciation l’exemple 22 et qu’on le confronte avec le suivant: «Altroché se si ricorda della Festa della Mamma. Ho la casa piena di piante che mi ha regalato lui...»; tandis qu’en 22, ricordarsi la festa della Mamma n’apparaît que comme propriété emblématique de la fille sage (cf. la réponse «Sì, si ricorda»), c’est la fête des mères elle-même (et ses «conséquences») qui importe dans l’exemple que nous venons de citer (extrait du même article).

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la présence psychique en elle-même (PΨ(A←p; MB)). Cette hypothèse s’avère en fait compatible avec l’idée avancée par Burzio (1986: 41) qui a proposé d’analyser le si dans ce cas19 «as a real reflexive: an indirect object, on a par with the indirect object of (54) [= «Giovanni gli ricorda la guerra»]»: la présence du pronom rend possible le codage explicite, au niveau linguistique, du rôle sémantique de l’expérient du procès dénoté par le verbe; cela entraînerait, dans notre perspective, le déplacement du centrage de l’attention du procès vers le référent du sujet. Or, en italien moderne, ricordarsi qc n’équivaut pas à ricordare qc a se stesso et la perspective proposée par Burzio n’est donc pas entièrement recevable, mais toujours est-il que d’un point de vue historique, ricordarsi qc semble une innovation de l’époque romane, encore faiblement documentée au Moyen Âge.20 Parmi les premières attestations, on trouve surtout des exemples tels que le suivant: 23. [...] l’altra mitade [de tute le mei staçone] laso alo fiio che fo de Nicholeto Odorigo mio nevo ch’io no me rechordo lo so nome e quele staçone debia esser partide per mitade [...]. (Cedola di Angelo Odorigo, 1315; cité d’après la banque de données textuelles du TLIO).21

L’insertion ch’io no me rechordo lo so nome ne sert pas à focaliser l’attention du lecteur sur la question du nom du petit-neveu du testateur, qui, elle, n’est pas thématisée par la suite; à vrai dire, la phrase n’informe que sur l’incapacité du testateur à s’en souvenir.

4. Conclusion Dans les paragraphes précédents, nous avons essayer de montrer que les verbes quasisynonymes français se souvenir et se rappeler ainsi que leurs homologues italiens ricordare, ricordarsi qc et ricordarsi di qc peuvent être différenciés en fonction du type de centrage qu’ils opèrent, c’est-à-dire en fonction de la «direction» dans laquelle ils guident l’attention ou les attentes du lecteur: selon notre hypothèse, se souvenir et ricordarsi qc opèrent un centrage sur le référent du sujet, se rappeler et ricordarsi di qc sur le référent du complément et ricordare sur le procès dénoté par lui-même. Cette interprétation s’est avérée susceptible d’expliquer un ensemble de «niches» propres à chaque verbe, c’est-àdire des restrictions ou, du moins, des préférences dans l’usage actuel des verbes, ainsi que certaines évolutions historiques. De plus, l’étude de l’extrait du poème de Verlaine a montré qu’une attention toute particulière accordée aux différents centrages, qu’engendrent

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Le pronom clitique dans le cas du ricordarsi di, lui, constituerait ce que Burzio (1986: 39), «following established terminology», a nommé «‹inherent (-reflexive) si›» (cf. aussi Burzio 1986: 39-42, 407-414 et passim). Cf. Colussi 2003: 296; Meyer-Lübke (1899: §363) ne parle que des origines de ricordare et ricordarsi di. Pour des exemples tout à fait semblables dans des textes espagnols du XVIe siècle, de provenance coloniale, cf. Schmidt-Riese 1998: 146.

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se souvenir et se rappeler, peut faciliter considérablement l’interprétation d’un texte littéraire. Si, dès le départ, il nous a paru pertinent de séparer l’étude des deux langues en question, c’est avant tout parce qu’il n’existe pas de correspondance bi-univoque entre se rappeler et ricordarsi di d’une part, et ricordarsi qc et se souvenir, d’autre part – même si ces verbes peuvent dénoter le même état de choses; en témoignent, par exemple, les échantillons 15 et 21-22.22 Une dernière observation plus générale nous ramène à nos «efforts herméneutiques».23 L’étude des niches a en effet permis de confirmer, d’«objectiver» les résultats auxquels nous étions parvenus à travers l’analyse de (dizaines de) morceaux de texte, et in fine de les compléter: c’est précisément dans les contextes autorisant les deux verbes que l’on se rend compte que l’emploi de l’un plutôt que de l’autre relève d’un choix, aussi inconscient qu’il soit: celui du «mot juste» afin de guider l’attention / les attentes du lecteur dans une direction particulière. Somme toute, l’existence de deux (ou plusieurs) mots quasisynonymes s’avère fondamentale, car seule garante de la possibilité –ceteris syntagmaticis paribus– d’opérer un tel choix. Ce qui, du reste, peut expliquer le maintien dans la langue de mots quasi-synonymes tels que les verbes français et italiens examinés ici.

Bibliographie Acquaviva, Paolo (32001): Frasi argomentali: completive e soggettive. In: Renzi, Lorenzo / Salvi, Giampaolo / Cardinaletti, Anna (edd.): Grande grammatica italiana di consultazione. Vol. 2: I sintagmi verbale, aggettivale, avverbiale. La subordinazione. Bologna: Il Mulino, 633-674. Baldinger, Kurt (1966a): «Se rappeler» – «se souvenir». In: Mélanges de grammaire française offerts à M. Maurice Grevisse pour le trentième anniversaire du Bon Usage. Gembloux: Éditions J. Duculot, 21-37. – (1966b): Sémantique et structure conceptuelle (le concept «se souvenir»). In: Clex 8, 5-46. – (1970): Teoria semántica. Madrid: Ediciones Alcalá. – (1984): Vers une sémantique moderne. Paris: Éditions Klincksieck. Barrenechea, Ana María (1972 / 1973): [Compte rendu de Baldinger 1970]. In: RPh 26, 396-405. Blumenthal, Peter (2006): Wortprofil im Französischen. Tübingen: Niemeyer. Burzio, Luigi (1986): Italian Syntax. Dordrecht / Boston / Lancaster / Tokyo: Reidel. Colussi, Giorgio (2003): Glossario degli antichi volgari italiani. Vol. 18-9. Foligno: Editoriale Umbra.

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Il s’avère donc que la capacité de centrage constitue une propriété sémantique individuelle de chaque verbe analysé; néanmoins, dès lors qu’on tient compte d’autres verbes, éventuellement appartenant à d’autres langues, on constate que c’est le même «outil» qui permet d’expliquer les faits relatifs: comme nous avons essayé de le montrer ailleurs, cela paraît être le cas pour savoir et cognoistre en français médiéval ou pour saber et conocer en espagnol moderne (cf. Fesenmeier 2008: en particulier 408-413). Cf. supra, 2.2.

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Fesenmeier, Ludwig (2008): Komplementsätze bei span. conocer (und saber). In: Stark, Elisabeth / Schmidt-Riese, Roland / Stoll, Eva (edd.): Romanische Syntax im Wandel. Tübingen: Narr, 399415. Frantext = Base textuelle Frantext. Accessible à l’adresse http://www.frantext.fr. Gauger, Hans-Martin (1972): Zum Problem der Synonyme. Tübingen: Narr. Hartmann, Dietrich (1984): Reliefgebung: Informationsvordergrund und Informationshintergrund in Texten als Problem von Textlinguistik und Stilistik. In: WW 34, 305-323. Kölner französische Korpusdatenbank. Mise en place par Damon Davison, Sascha Diwersy et Jörg Mielebacher. Cf. http://www.romanistik.uni-koeln.de/home/blumenthal/colloc-en.shtml. «La Repubblica» Corpus. Accessible à l’adresse http://sslmit.unibo.it/repubblica. Meyer-Lübke, Wilhelm (1899): Grammatik der Romanischen Sprachen. Vol. 3: Syntax. Leipzig: Reisland. Oesterreicher, Wulf (1991): Verbvalenz und Informationsstruktur. In: Koch, Peter / Krefeld, Thomas (edd.): Connexiones Romanicae. Tübingen: Niemeyer, 349-384. Schmidt-Riese, Roland (1998): Reflexive Oberflächen im Spanischen. Tübingen: Narr. Söll, Ludwig (1971): [Compte rendu de Baldinger 1970]. In: ZrP 87, 394-398. Weinrich, Harald (1973): Le temps. Paris: Éditions du Seuil. Zingarelli 1999 = Dogliotti, Miro / Rosiello, Luigi (edd.) (121999): Lo Zingarelli: Vocabolario della lingua italiana di Nicola Zingarelli. Ristampa 1999. Bologna: Zanichelli. Zingarelli 2006 = Lo Zingarelli: Vocabolario della lingua italiana di Nicola Zingarelli. Dodicesima edizione. Ristampa 2006. Bologna: Zanichelli.

Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati*

Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs

1. Introduction D’un survol rapide de la littérature sur la notion d’aspect en français et dans d’autres langues romanes, notamment, l’italien, l’espagnol, et le catalan, se dégage le constat suivant: la distinction aspectuelle majeure statif vs. dynamique opérant dans les quatre langues dans les domaines verbal et nominal ne semble pas se retrouver dans le domaine adjectival. Cependant, de nombreux faits linguistiques rassemblés dans cet article convergent vers la conclusion que la classe des adjectifs n’est pas homogène du point de vue du trait [statif / dynamique]. Deux grandes classes d’adjectifs semblent se dessiner dans ces langues: d’une part, celle des adjectifs qui dénotent des situations statives comme inquiet, petit, beau et leurs correspondants dans les autres langues, appelés «adjectifs statifs», et d’autre part, celle des adjectifs qui dénotent des situations dynamiques, c’est-àdire des comportements impliquant un agent, comme les adjectifs gentil, méchant, infidèle etc. et leurs correspondants dans les autres langues, appelés désormais «adjectifs dynamiques». Cette distinction est corrélée à une autre, largement reconnue dans le domaine adjectival, qui est l’opposition entre les adjectifs qui ont un sujet agentif et ceux dont le sujet est non agentif. Après un bref rappel des grandes distinctions aspectuelles relevées dans le domaine verbal en français1 (qui trouvent certainement un pendant dans les autres langues romanes), nous donnerons dans la première partie de cet article un ensemble de tests linguistiques, initialement proposés pour les verbes, qui mettent en évidence la dynamicité de certains adjectifs dans les quatre langues romanes étudiées. La deuxième partie de l’article rassemble d’autres arguments qui montrent que l’opposition statif vs. dynamique est corrélée à celle de l’agentivité (ou non) du sujet des adjectifs: le sujet des adjectifs statifs est non agentif contrairement à celui des adjectifs dynamiques. Enfin nous montrerons rapidement que les adjectifs dynamiques peuvent recevoir une interprétation stative et nous émettrons une hypothèse quant au lien entre les interprétation dynamique et stative de ces adjectifs. ––––––– * 1

UMR 8163 «STL» & Université de Lille 3. Le travail que nous exposons s’inscrit dans une recherche plus vaste sur les propriétés sémantiques et syntaxiques des adjectifs prédicatifs français. Cela explique que les arguments cités pour asseoir la distinction [statif / dynamique] dans le domaine adjectival soient tous tirés du français.

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2. La dynamicité dans le domaine adjectival 2.1 Etat des lieux L’aspect a surtout été étudié pour les verbes et la plupart des auteurs adoptent une classification quadripartite ou tripartite des types de verbes. La classification quadripartite la plus connue est celle de Vendler (1967), qui distingue entre états (aimer, craindre, détester, plaire, posséder), activités (caresser, chercher, conduire, pousser, se promener), accomplissements (arranger, accoucher, construire, réparer, traverser) et achèvements (arriver, attraper, découvrir, exploser, trouver, se réveiller). Les verbes d’état, contrairement aux trois autres types de verbes signalés par Vendler, n’impliquent pas de changement, c’est-à-dire, que leurs différentes phases sont identiques entre elles (cf. Comrie 1976: 49), alors que les verbes d’activité, d’accomplissement et d’achèvement impliquent un changement qui peut s’étendre dans le temps (cas des verbes d’activité et d’accomplissement) ou être momentané (cas des verbes d’achèvement). Les classifications tripartites (Mourelatos 1978, entre autres), quant à elles, opposent les états, les procès et les événements. Là encore, les états d’une part, et les procès et événements d’autre part, s’opposent en ce que les premiers sont statifs (absence de changement) alors que les seconds sont dynamiques (changement). L’on voit donc que, quelle que soit la classification choisie, l’opposition aspectuelle statif vs. dynamique occupe le premier plan des analyses portant sur les verbes.2 Cependant, toujours pour le français, lorsqu’on passe au domaine adjectival, cette distinction est laissée de côté au profit d’autres, notamment l’opposition entre permanent vs. transitoire3 (cf. Borillo 1998; Olsson 1976; Riegel 1985, entre autres). L’opposition statif vs. dynamique est, soit passée sous silence comme si elle n’était pas pertinente dans le domaine adjectival, soit évoquée pour être niée, comme le fait Riegel (1985: 65-68), qui soutient que tous les adjectifs français sont statifs. Pourtant, l’application de quelques tests empruntés au domaine verbal à certains adjectifs des langues romanes étudiées dans cet article montre que ces adjectifs sont concernés par la notion de dynamicité.

2.2 Tests de la dynamicité

2.2.1 Se passer On considère habituellement qu’une expression qui ne se combine pas avec se passer est stative (cf. De Miguel 1999). L’intuition sémantique qui sous-tend ce test est que seules les situations qui sont en rapport avec une progression peuvent «se passer». Les expressions ––––––– 2

3

La distinction statif vs. dynamique occupe cette place importante depuis les travaux pionniers de Lakoff (1970) et Bolinger (1967). Cette opposition est parfois exprimée en d’autres termes: prédicats individuels vs. épisodiques (cf. Carlson 1977 / 1980; Kratzer 1995, entre autres).

Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs

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statives, parce que leurs différentes phases sont identiques entre elles (Comrie 1976: 49) ne se combinent pas avec se passer comme le montrent les exemples de [1], contrairement aux expressions dynamiques [2], qui l’acceptent, parce qu’elles sont liées à l’idée de changement ou de progression: [1] [2]

*Ce qui s’est passé, c’est qu’il a détesté sa femme / il n’a pas su sa leçon. Ce qui s’est passé, c’est qu’il a frappé sa sœur / il n’a pas sorti la poubelle / il a désobéi.

Or, on peut noter le même contraste dans le domaine adjectival. A côté des adjectifs qui renvoient à des situations qui ne se passent pas, suggérant qu’ils sont statifs [3], on trouve aussi des adjectifs qui se combinent avec se passer, ce qui suggère leur caractère dynamique [4]: [3a] [3b] [3c] [3d]

Fr. Ita. Esp. Cat.

*Ce qui s’est passé, c’est qu’il a été triste / inquiet / petit / borgne. *Quello che è successo, è che è stato triste / inquieto / piccolo / guercio. *Lo que ha pasado es que ha sido triste / inquieto / pequeño / tuerto. *El que ha passat és que ha estat trist / inquiet / petit / borni.

[4a] [4b] [4c] [4d]

Fr. Ita. Esp. Cat.

Ce qui s’est passé, c’est qu’il a été méchant / malhonnête / imprudent / odieux. Quello che è successo, è che è stato cattivo / disonesto / imprudente / odioso. Lo que ha pasado es que ha sido desagradable / deshonesto / imprudente / odioso. El que ha passat és que ha estat desagradable / deshonest / imprudent / odiós.

Les adjectifs sont donc, comme les verbes, concernés par l’opposition aspectuelle statif vs. dynamique. Les adjectifs dynamiques sont ceux qui dénotent des comportements ou des actions. Par conséquent, il est tout à fait normal que ces prédicats qui, par leur sens comportemental appartiennent au domaine de l’agir, présentent des propriétés communes avec les verbes dynamiques. Les tests suivants rapprochent davantage les adjectifs qui expriment des comportements des verbes dynamiques et les séparent des adjectifs de [3], qui se rapprochent des verbes statifs [1].

2.2.2 Être sur le point de, venir de Ces constructions sont citées par Riegel (1985: 66) pour déterminer le caractère statif ou dynamique d’une expression en français. En effet, ces deux expressions expriment un changement qui est absent des situations statives et qui, par conséquent, ne leur sied pas. Les prédicats statifs [5], contrairement aux prédicats dynamiques [6], n’acceptent pas ces deux constructions réservées à l’expression de l’imminence ou du caractère récemment révolu d’un procès: [5] [6]

*Paul (était sur le point de / venait de) savoir sa leçon / détester sa sœur. Paul (était sur le point de / venait de) sauter par la fenêtre / sortir se promener / faire la vaisselle.

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Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati

L’application de ce test aux adjectifs montre que ces derniers ne sont pas tous statifs. Contrairement aux adjectifs de [7] qui ne se combinent pas avec ces constructions, ceux de [8], que le test précédent présentait comme dynamiques, les acceptent: [7a] [7b] [7c] [7d]

Fr. Ita. Esp. Cat.

*Paul (était sur le point d’être / venait d’être) triste / blond / idiot / heureux *Paolo stava per essere triste / biondo / idiota / contento. *Pablo (estaba a punto de ser / acababa de ser) triste / rubio / idiota / feliz. *El Pau (estava a punt de ser / acabava de ser) trist / ros / idiota / feliç.

[8a] [8b] [8c] [8d]

Fr. Ita. Esp. Cat.

Paul (était sur le point d’être / venait d’être) infidèle à sa femme / imprudent. Paolo stava per essere infedele a sua moglie / imprudente. Pablo (estaba a punto de ser / acababa de ser) infiel a su mujer / imprudente. El Pau (estava a punt de ser / acabava de ser) infidel a la seva dona / imprudent.

Les deux tests cités ci-dessus montrent donc clairement que certains adjectifs, ceux qui expriment des comportements, présentent des propriétés comparables à celles des verbes dynamiques et doivent être considérés comme des prédicats dynamiques.

3. Tests de l’agentivité: l’agentivité comme preuve de la dynamicité Aux tests de la dynamicité rassemblés dans la première partie s’ajoute une série de tests qui met en lumière l’agentivité du sujet des adjectifs de comportement, et qui confirme indirectement qu’ils sont dynamiques. Il est connu que les verbes dynamiques sont de deux types: ceux dont le sujet est interprété comme un agent (parler, marcher), et ceux dont le sujet est non agentif (l’herbe dans l’herbe est en train de pousser). Autrement dit, on admet que tous les verbes dynamiques ne sont pas agentifs, mais que tous ceux dont le sujet est interprété comme un agent sont dynamiques: l’agentivité du sujet est garante de la dynamicité du prédicat verbal. Les arguments qui suivent montrent que, dans les quatre langues étudiées, l’agentivité du sujet des adjectifs est corrélée à la dynamicité du prédicat.

3.1 Qu’est ce que tu as fait? L’un des arguments traditionnellement invoqués pour distinguer les verbes non agentifs des verbes agentifs est la réponse à la question avec faire qui présuppose, comme le souligne Riegel (1985: 65), que le sujet est l’agent d’une action. Le contraste présenté sous [9] montre que les verbes (statifs) de [9b] sont non agentifs parce qu’ils échouent à constituer des réponses à la question de [9a], alors que ceux de [9c] sont agentifs car ils répondent à cette question (et ils sont dynamiques selon les tests précédents): [9a] Qu’est-ce que tu as fait? [9b] *J’ai possédé une maison / j’ai détesté ma femme / j’ai su ma leçon. [9c] J’ai couru / j’ai parlé en classe / j’ai dessiné un mouton.

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L’application de ce test aux adjectifs montre que le sujet des adjectifs dont la stativité a été montrée dans la première partie est non agentif [10], alors que le sujet de ceux de [11] est interprété comme un agent. Cela appuie l’idée que, d’une part, les adjectifs de [10] dénotent des situations relevant du domaine de l’agir, plus précisément des comportements, et d’autre part, qu’ils sont dynamiques: Fr. [10a] [11a] Ita. [10b] [11b] Esp. [10c] [11c] Cat. [10d] [11d]

Qu’est-ce que Paul a fait (pour que Marie lui en veuille autant)? *Il a été triste / obèse / petit. Il lui a été infidèle / il a été méchant avec ses amis / il n’a pas été gentil avec les enfants. Cosa ha fatto Paolo (perchè Maria sia così arrabbiata con lui)? *È stato triste / obeso / piccolo. Le è stato infedele / è stato cattivo con i suoi amici / non è stato gentile con i bambini. ¿Qué ha hecho Pablo (para que María esté tan enfadado con él)? *Ha sido triste / obeso / pequeño. Le ha sido infiel / ha sido desagradable con sus amigos / no ha sido amable con los niños. Què ha fet el Pau (perquè la Maria estigui tan enfadada amb ell)? *Ha estat trist / obès / petit. Li ha estat infidel / ha estat desagradable amb els seus amics / no ha estat amable amb els nens.

Les notions «agentivité» et «dynamicité» semblent donc étroitement liées dans le domaine adjectival comme le prouvent les tests suivants.

3.2 La structure SN être ADJ de Vinf Le deuxième argument appuyant directement l’opposition adjectifs non agentifs vs. adjectifs agentifs, et indirectement celle entre adjectifs statif vs. adjectif dynamique, est tiré des contraintes qui pèsent sur la construction suivante: [12] Paul est gentil de reconduire Marie en voiture.

Il est connu depuis les travaux de Picabia (1978), Riegel (1985; 1997), Van de Velde (1997), Meunier (1999) entres autres, que les adjectifs qui entrent dans cette structure imposent une double contrainte. D’un côté, l’identité sur les sujets respectifs de l’adjectif et du prédicat de la complétive, ce qui explique l’agrammaticalité de [13]; de l’autre, le prédicat de la complétive doit être de ceux qui attribuent un rôle agentif à son sujet, d’où le contraste entre [14] et [15]: [13] *Paul est gentil que Marie reconduise Jean. [14] *Paul est gentil d’être battu par Marie. [15] Paul est gentil de s’être laissé battre par Marie.

Le fait que les verbes de [16] ne peuvent figurer comme prédicats principaux de la complétive montre qu’ils sont non agentifs, contrairement à ceux de [17]: [16a] *Paul est intelligent de savoir sa leçon.

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Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati

[16b] *Paul est gentil de posséder une maison. [17a] Paul est (méchant / cruel) de dire ce genre de choses devant Jean. [17b] Paul est déraisonnable de sortir par ce temps.

On trouve le même contraste par exemple en français et en italien: les adjectifs qui sont non agentifs selon le test précédent ne peuvent constituer les prédicats principaux de la complétive [18], alors que ceux qui répondent à la question avec faire –prouvant que leur sujet est un agent– le peuvent [19]: [18a] Fr. [18b] Ita.

*Paul est méchant d’être triste / inquiet / obèse / borgne. *Paolo è cattivo a essere triste / inquieto / obeso / guercio.

[19a] Fr. [19b] Ita.

Paul est méchant d’être infidèle à sa femme / est sage d’être prudent. Paolo è cattivo a essere infedele a sua moglie / è saggio a non essere disonesto.

On note que les adjectifs non agentifs sont ceux que les tests de la première partie catégorisent comme des prédicats statifs, et inversement, ceux qui sont agentifs sont catégorisés selon les mêmes tests comme dynamiques.

3.3 Combinaison avec les adverbes délibérément / volontairement Il est connu que les verbes dits non agentifs [20], contrairement à ceux qui sont agentifs [21], ne se combinent pas avec les adverbes délibérément4 et volontairement. Ces adverbes s’interprètent forcément en rapport avec un sujet agentif (qui plus est intentionnel) lexicalisé, et sont, par conséquent, incompatibles avec les verbes non agentifs. Le contraste suivant appuie cette idée: [20] *Paul a (délibérément / volontairement) aimé sa femme / su sa leçon. [21] Paul a (délibérément / volontairement) dessiné un cercle sur le mur / franchi la frontière.

Là encore, les données sont claires: les adjectifs non agentifs sont statifs [22] et les adjectifs agentifs sont dynamiques [23]: [22a] Fr. [22b] Ita.

*Paul a (volontairement / délibérément) été content / heureux / obèse / borgne. *Paolo è stato (intenzionalmente / deliberatamente) contento / felice / obeso / guercio. [22c] Esp. *Pablo ha (estado) (voluntariamente / deliberadamente) contento / feliz / obeso / tuerto. [22d] Cat. *El Pau ha estat (voluntàriament / deliberadament) content / feliç / obès / borni.

––––––– 4

Dans Vendler (1967: 106), la possibilité qu’offre un verbe de se combiner avec un adverbe tel que deliberately est analysée comme une preuve de dynamicité. Nous suivons Verkuyl (1989: 47) qui montre que ce test est plutôt une preuve d’agentivité.

Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs

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[23a] Fr. [23b] Ita.

Paul a (volontairement / délibérément) été infidèle à sa femme / malhonnête. Paolo è stato (intenzionalmente / deliberadamente) infedele a sua moglie / disonesto. [23c] Esp. Pablo ha sido (voluntariamente / deliberadamente) infiel a su mujer / deshonesto. [23d] Cat. El Pau ha estat (voluntàriament / deliberadament) infidel a la seva dona / deshonest.

3.4 Etre accusé de Un autre test qui appuie les conclusions précédentes est celui proposé par Vendler (1967) pour distinguer les verbes dynamiques des verbes statifs, alors qu’il nous semble qu’il faut plutôt le prendre comme un diagnostic de l’agentivité. La construction être accusé de5 refuse les verbes non agentifs [24] et accepte ceux qui sont agentifs [25]: [24] *Paul est accusé d’avoir détesté sa femme / de ne pas savoir sa leçon / d’avoir agonisé. [25] Paul est accusé d’avoir couru sans permission / de dessiner des obscénités.

Appliquée aux adjectifs, la construction en question exclut ceux qui répondent négativement aux tests de l’agentivité [26] et accepte ceux qui sont agentifs [27]: [26a] [26b] [26c] [26d]

Fr. Ita. Esp. Cat.

*Paul est accusé d’avoir été triste / anxieux / obèse / borgne. *Paolo è accusato di essere stato triste / ansioso / obeso / guercio. *Pablo está acusado de haber (sido / estado) triste / ansioso / obeso / tuerto. *El Pau està acusat d’haver estat trist / ansiós / obès / borni.

[27a] [27b] [27c] [27d]

Fr. Ita. Esp. Cat.

Paul est accusé d’avoir été méchant / malhonnête / lâche / infidèle à sa femme. Paolo è accusato di essere stato cattivo / disonesto / codardo / infedele a sua moglie. Pablo está acusado de ser desagradable / deshonesto / vago / infiel a su mujer. El Pau està acusat de ser desagradable / deshonest / mandrós / infidel a la seva dona.

Les faits rassemblés dans cet article convergent vers plusieurs conclusions. La première, classique, est que les adjectifs ne sont pas tous des prédicats non agentifs puisque plusieurs tests montrent que certains d’entre eux, ceux qui expriment des comportements, sont agentifs. La deuxième, qui va contre l’hypothèse que la stativité est un trait inhérent à tous les adjectifs, est que ces derniers sont concernés par l’opposition aspectuelle statif vs. dynamique.6 La troisième est qu’il y a une corrélation parfaite dans le domaine adjectival ––––––– 5

6

La construction être accusé de est sémantiquement marquée puisqu’elle n’est compatible qu’avec les prédicats à sens négatif, excluant ceux à sens positif. Cependant, il est intéressant de noter que seuls les prédicats agentifs (dynamiques) à sens négatif sont acceptés. La construction en question peut donc servir à repérer parmi les verbes et les adjectifs à connotation négative ceux qui sont agentifs et dynamiques. Parmi les tests présentés dans cet article, le nombre de tests de dynamicité et d’agentivité validés par les adjectifs de comportement est variable, ce qui laisse penser qu’il y a une gradation de la

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Pauline Haas / Rafael Marín / Fayssal Tayalati

entre, d’une part, la stativité et la non agentivité, et d’autre part, entre la dynamicité et l’agentivité: la dynamicité semble garante de l’agentivité, à moins que ce ne soit le contraire.

4. Quelques remarques sur l’interprétation stative des adjectifs dynamiques Nous avons montré l’existence d’adjectifs dynamiques dans quelques langues romanes. Cependant, ces adjectifs peuvent dénoter des qualités ou des propriétés7 notamment lorsque la copule être est à un temps duratif (par exemple, le présent ou l’imparfait de l’indicatif) et qu’ils ne sont pas accompagnés d’un complément. La lecture stative des adjectifs de comportement, largement reconnue dans la littérature, peut être vérifiée grâce à deux tests: (i) ils sont compatibles avec le verbe devenir: Paul est devenu gentil / méchant, et (ii) ils permettent de former des noms entrant dans la construction du génitif de qualité: Paul est d’une grande gentillesse / d’une grande malhonnêteté. Ces deux constructions excluent les prédicats qui expriment autre chose qu’une qualité: *Paul est devenu amoureux de sa femme, *Paul est d’une grande haine pour sa femme / d’une grande ivresse. Notre hypothèse est que ces adjectifs sont avant tout dynamiques mais que, dans certains contextes, ils perdent leur dynamicité. Faute d’espace, nous ne ferons que présenter cette hypothèse sans apporter d’arguments linguistiques et renvoyons à Haas / Tayalati (à paraître) pour une argumentation plus complète. Intuitivement, le sens d’une phrase telle que Paul est gentil se laisse appréhender en termes d’habitude. En effet, on ne dit pas de quelqu’un qu’il est gentil si cette personne n’a pas pour habitude d’effectuer des actions gentilles. Il est connu que les phrases à prédicats verbaux peuvent recevoir une interprétation habituelle uniquement si le verbe dénote une situation dynamique. La lecture habituelle se fonde alors sur l’itération fréquentative de l’action dénotée par le verbe (cf. Carlson 1982; Kleiber 1987, entre autres). Nous pensons que les adjectifs de comportement, parce qu’ils dénotent des situations dynamiques, peuvent fonder une itération donnant lieu à une lecture habituelle. Cependant cette lecture habituelle ne serait qu’une étape conceptuelle permettant le passage du sens dynamique au sens statif, l’habitude comportementale dénotant en fait une qualité du sujet.

––––––– 7

dynamicité de ces adjectifs. Par exemple, en français, le pôle le plus fortement dynamique serait incarné par infidèle alors que le pôle le moins dynamique pourrait être représenté par sage. Nous nous limitons au français pour les quelques remarques que nous allons faire sur la lecture stative des adjectifs de comportement.

Les adjectifs de comportement sont dynamiques et agentifs

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5. Conclusion Dans cet article, nous avons montré que, contrairement à l’idée la plus répandue, les adjectifs ne sont pas tous statifs. A partir de l’adaptation au domaine adjectival des tests aspectuels classiques, nous avons constaté l’existence d’adjectifs dynamiques et agentifs (e.g. gentil, infidèle), non seulement en français mais aussi dans d’autres langues romanes, notamment en italien, espagnol et catalan. L’existence d’adjectifs dynamiques nous amène à nous demander si les noms qui en dérivent (e.g. gentillesse, infidélité) héritent ou non de cette dynamicité.

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Yukiyo Homma

Réflexion sur quelques emplois a priori insolites de la préposition SUR

1. Introduction La préposition sur a intéressé et continue à intéresser beaucoup de linguistes d’autant plus qu’il n’est pas facile d’établir une transparence entre ses divers emplois. En effet, les emplois suivants sont difficilement explicables à l’aide des traits saillants entre les emplois spatiaux, à savoir des traits comme la verticalité, la superposition entre deux entités, le contact entre le site et la cible: (1) (Dans un restaurant, une Française dit en regardant une carte de dessert): «Moi, je prends la tarte aux fraises. Euh... l’île flottante ne serait pas mal non plus... Non, non, je reste sur mes fraises». (2) «[...] C’est fou, quand tu entends à un carrefour la sirène d’un SAMU, c’est trop tard, une seconde après, il est sur toi, tu n’as pas eu le temps de voir d’où il venait». (3) «Le Pentax Optio A20 joue sur les deux tableaux: photo et vidéo».1

Demandons-nous alors s’il est possible ou non de trouver une explication unitaire pour les emplois de sur. Cette contribution voudrait démontrer qu’il peut bien exister des principes généralisables à tous les emplois de cette préposition, même aux emplois comme (1)-(3), qui paraissent sans lien avec ses autres emplois. Soutenant l’hypothèse selon laquelle l’identité d’un terme se définit par tous ses emplois, notre travail consiste à extraire les principes qui transcendent tous les emplois de sur. Comme l’ont toujours indiqué Franckel / Paillard (2007: 12), et réaffirmé dans leur récent ouvrage, ce travail ne consiste pas à «figer la préposition dans le carcan d’une définition close», ni à «tenter de dégager une valeur moyenne ou un ‹plus petit dénominateur sémantiquement commun› à tous ses emplois», ni à «dégager un sens central autour duquel s’articuleraient tous les autres», mais à «constituer le principe organisateur de sa variation et la spécificité de la mise en œuvre des principes généraux qui soustendent cette variation». Dans un premier temps, nous présenterons notre hypothèse sur l’identité de la préposition sur suivie de démonstrations détaillées. Ensuite, dans un deuxième temps, nous prouverons que cette hypothèse est applicable aux emplois présentés ci-dessus. ––––––– 1

http://metrofrance.com/fr/article/2006/11/12/21/0003-35/index.xml (2008 01 28).

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2. Hypothèse sur l’identité de la préposition sur L’analyse d’un exemple permettra de présenter notre hypothèse sur l’identité de la préposition sur que l’on peut formuler dans un premier temps en ces termes: L’apparition de sur implique deux entités qui sont dans une relation déterminée, qui tient à la fois de la démarcation et de l’enchaînement.

Pour faciliter la compréhension, dans les lignes qui suivent, nous dénotons ces deux entités A et B. B correspond, dans la plupart des cas, à Y dans la forme X sur Y, Y étant l’entité représentée par le régime de la préposition. (4) Pour l’instant, cette équipe reste sur la défensive.

Dans cet exemple, le remplacement du GN la défensive par GN son offensive n’est pas très acceptable alors qu’il s’agit toujours d’une des postures possibles dans une compétition sportive. D’abord, il faut rappeler que, dans une compétition, chaque équipe est censée avancer vers le camp de son adversaire, c’est-à-dire prendre la posture dite offensive. Ainsi, l’offensive (A) est la posture de référence pour une équipe. Du coup, si c’est la posture de la défensive (B) qui est prise, cela rappelle l’existence d’une autre posture, à savoir la posture A (l’offensive), qui est écartée, mise en potentialité et à laquelle l’équipe devrait pouvoir éventuellement revenir. Or, l’inverse n’est pas vrai. Par le fait que la posture A (l’offensive) est la posture de référence, l’adoption de cette posture n’évoque pas sa relation avec l’autre posture potentielle. Dans l’énoncé en question, la posture B est ‹enchaînée› à la posture A: par leur relation en alternance, l’abandon éventuel de la posture B engendre automatiquement l’adoption de la posture A. Ainsi, ces deux postures, disponibles en alternance à une équipe, partagent un seuil où à la fois elles s’enchaînent et se démarquent. Plus précisément: un seuil où la relation d’enchaînement s’effectue là où il y a une démarcation entre elles. Dans la partie suivante, nous justifierons notre hypothèse sur l’identité de sur avec un échantillon d’exemples relevant d’emplois variés. Comme nous allons le voir, contrairement aux apparences, ce rapport d’enchaînement et de démarcation concerne aussi, par exemple, des expressions comme: sur votre gauche; Pierre est sur Paris; prendre sur son sommeil; tailler une jupe sur un patron; «Sur l’heure, il faut appeler la police», etc.

3. Justification de l’hypothèse à travers des emplois variés Commençons par l’exemple suivant: (5)

(Dans une émission de TF1 s’appelant J’ai une question à vous poser, le présentateur indique à Monsieur Bové qu’il y a une dame qui veut lui poser une question. José Bové, un des candidats présidentiels, est dans une sorte d’amphithéâtre.):

Réflexion sur quelques emplois a priori insolites de la préposition SUR

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«- Monsieur Bové, (en indiquant de la main) sur votre gauche».

Ici, le présentateur de l’émission indique à Monsieur Bové qu’il y a une personne à qui ce dernier doit s’adresser, et ce, comme l’enseigne l’emploi d’un déterminant possessif votre, dans la direction définie comme à gauche à partir de la position de Monsieur Bové prise au moment de l’énonciation. Cette définition de la direction par référence à Monsieur Bové est nécessaire dans l’énoncé eu égard au fait que le terme gauche ne désigne pas un endroit identique pour les personnes se trouvant dans l’amphithéâtre. D’où l’emploi de l’expression sur votre gauche, par opposition à à gauche qui suppose que l’énonciateur et son interlocuteur partagent le même point de vue concernant la direction. Dans l’énoncé, à la direction gauche pour Monsieur Bové (B) qui est représentée par votre gauche, est mise en rapport la position initiale (A) de ce dernier comme une entité s’inscrivant sur une même continuité que B. Cette continuité entre deux positions est censée être assurée par Monsieur Bové, le sujet qui pivote ou se déplace, pour s’ajuster à la bonne orientation. Sur cette continuité, au moment de la bonne orientation de Monsieur Bové, à savoir la position A, B est chassé et maintenu comme position potentielle, à laquelle Monsieur Bové est censé revenir après avoir répondu, en position A, à la question de la personne. Ainsi, nous retrouvons la même relation entre A et B caractérisable à la fois par leur enchaînement et leur démarcation. Maintenant, nous pouvons facilement expliquer l’énoncé suivant: (6) Pierre est sur Paris.

Ici, Pierre est conçu par exemple comme représentant (d’une société) qui s’est rendu provisoirement à Paris, alors que ce n’est pas le cas avec Pierre est à Paris ou Pierre est dans Paris. A partir de cette interprétation, nous pouvons supposer que, dans (6), est évoqué le retour de Pierre à son lieu de base, à savoir le lieu où se trouve sa société. C’està-dire que cet énoncé rappelle l’existence d’un lieu potentiel mis en rapport avec Paris (B). Ces deux lieux sont inscrits sur une même continuité de par le déplacement de Pierre entre ces lieux. Se situer à la fois à ces deux lieux étant impossible, la localisation de Pierre à Paris (B) engendre automatiquement sa conséquence pour A, c’est-à-dire le lieu de base de Pierre qui est dorénavant le lieu de sa présence potentielle et auquel Pierre est censé retourner. Ainsi, entre A et B, s’établit la relation d’enchaînement et de démarcation que nous avons vue jusqu’ici. Passons à l’analyse d’un autre type de cas où il est question de soustraire une partie de Y (entité représentée par le régime de sur): (7) Prendre sur son sommeil. (8) Impôt sur le revenu.

Il s’agit de soustraire une partie du temps du sommeil pour l’attribuer au temps pour veiller. La veille et le sommeil sont liés par un seuil commun sur un continuum temporel, la fin de la veille étant simultanément le début du sommeil. Le détournement d’une partie du

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temps du sommeil vers le temps de la veille concerne toujours ce seuil, qui permet aux deux constituants temporels d’être à la fois rattachés et démarqués. Quant à l’exemple (8), il s’agit d’une somme à soustraire à partir d’un revenu pour la mettre dans la caisse de la communauté. L’impôt est une entité impliquant le changement entre deux positions, à savoir entre deux lieux distincts le concernant, à savoir le lieu d’appartenance initiale, qui est ici le revenu (B) et une caisse extérieure (A), qui est la position visée pour l’impôt. Par le fait qu’il s’agit d’une même entité qui change d’appartenance, la somme à vocation d’impôt se déplaçant entre les deux lieux en question, traverse un seuil pour changer d’appartenance. Autrement dit, à ce seuil, les deux lieux d’appartenance partagent leur frontière. Ainsi, impôt est une entité par laquelle s’établit un seuil qui marque à la fois la rencontre et la démarcation entre A et B. Dans les deux exemples suivants, il n’est plus question d’une soustraction mais de la production d’une entité par référence à un modèle. Comme nous allons le constater, ils manifestent une configuration fortement ressemblante avec les deux exemples précédemment examinés: (9) Tailler une jupe sur un patron. (10) Commission Attali: prendre exemple sur les services professionnels.2

Il s’agit de découper un tissu en faisant suivre aux ciseaux le contour du patron d’une jupe afin d’obtenir un tissu découpé ayant la même forme que celle du patron. Dans le mouvement des ciseaux, A (pièce de tissu à obtenir), mis contre le patron (B), naît du contour qui prend forme au fur et à mesure sur le tissu. Il s’agit d’une coïncidence entre A et B. L’avancée sur le contour étant égale à l’avancée dans l’accomplissement de l’acte de découpage du tissu qui finit par se séparer d’avec le patron, nous pouvons dire que la ligne de la coïncidence entre A et B est aussi la ligne de leur séparation. Il en va de même pour l’exemple (10): A «la réalisation de la visée (mise en application de la référence)» ne peut s’effectuer que par référence à B, à savoir les services professionnels. Autrement dit, la future indépendance de A par rapport à B ne s’effectue que par la dépendance de A par rapport à B. Passons à l’analyse d’un emploi temporel étiqueté comme imminence dans les dictionnaires: (11) «Sur l’heure, il faut appeler la police».

La caractéristique de l’expression sur l’heure est le fait que la proposition principale (ici, il faut appeler la police) est interprétée comme exprimant un acte à effectuer immédiatement. Le régime de sur, à savoir l’heure, correspond ici à l’instant actuel du moment de l’énonciation. Le fait de dire qu’«il faut appeler la police» suppose que l’on n’a «pas encore appelé la police» (A) au moment de l’énonciation. Vu l’interprétation de ––––––– 2

http://www.dayone-consulting.com/Commission-Attali-prendre-exemple-sur-les-services-professi onnels_a136.html. (2007 01 28).

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l’énoncé, nous pouvons supposer que le moment de l’énonciation est conçu comme un seuil auquel la fin du stade A (ne pas avoir encore appelé la police) entraîne le passage au stade B, à savoir l’effectuation du procès appeler la police. Ainsi, Y est le seuil auquel se réalisent simultanément une relation indissociable et une démarcation entre A et B. Ensuite, dans l’exemple suivant, il est question d’une relation discriminante entre deux entités: (12) Le Real Madrid l’a emporté sur son adversaire.

Ici, ce qui est mis en jeu est la domination d’une des deux entités en rivalité, qui sont respectivement Real Madrid (A) et son adversaire (B). Etant deux rivaux, 1) A et B sont mis en rapport; 2) mais tant que le résultat de leur confrontation n’est pas donné, ce sont deux entités indépendantes réciproquement, qui ne sont pas encore régies par une hiérarchie. Le résultat de la confrontation, qui est ici la domination dans la confrontation, entraîne, à cause de la rivalité entre A et B, une hiérarchie entre ceux-ci qui se traduit comme respectivement dominant et dominé. Ainsi, entre A et B, s’établit un rapport hiérarchique. Dans ce rapport, d’une part, les entités A et B sont indissociables par leur implication réciproque, et d’autre part, elles se démarquent par leur caractère discriminante. Les exemples suivants relèvent du même type de configuration que l’exemple que nous venons d’examiner dans la mesure où il existe une entité qui prend avantage par rapport à une autre (d’autres) entité(s), en établissant, par conséquent, une hiérarchie entre elles: primauté de l’honneur sur l’intérêt; prendre l’avantage sur; victoire sur son adversaire. Ensuite, dans les exemples suivants, Y est porteur d’un facteur incertain, ce qui fait que deux possibilités co-existent relativement à un futur résultat unique: (13) miser sur un cheval (14) prêter de l’argent sur parole

Dans (13), il s’agit de jouer, concernant un cheval, sur deux possibilités discriminantes, à savoir gagner ou perdre. Le cheval est le porteur de ces deux possibilités (A et B), le résultat de la course n’étant pas encore donné. Dans ce cas, se produisent simultanément l’indissociabilité et la démarcation entre ces deux possibilités: indissociabilité par le fait qu’elles constituent des éléments complémentaire et indispensables pour qu’un cheval soit parié; puis démarcation par le fait qu’elles sont discriminantes dans le sens où elles ne sont pas simultanément attribuables à un cheval comme résultat d’une course. En résumé, l’acte de la mise consiste à s’investir, par le biais d’un cheval, dans cette relation entre deux possibilités. Ensuite, dans (14), par le fait que le prêt de l’argent a été effectué avec une garantie incertaine, qui est une parole, se produit une co-existence entre deux possibilités (A et B), à savoir retour ou non retour de l’argent, tandis qu’avec une garantie concrète de rendre l’argent, il n’y aurait qu’une seule possibilité: retour de l’argent. Dans (14), comme dans le cas précédent, il est question d’une relation entre deux possibilités à la fois complémentaires et discriminantes.

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Terminons cette partie par l’examen des exemples suivants: (15) Un livre sur la table (16) épingler une affiche sur le mur

Dans l’exemple (15), il est question que le livre trouve son équilibre en confiant son poids à la table, qui le subit, cette table étant préalablement stabilisée. Cette relation entre le livre et la table s’établit grâce à la loi de la gravitation, qui transcende ces deux entités. Plus précisément, c’est le livre qui rejoint la table en se trouvant régi par la loi de la gravitation, loi qu’a subi préalablement la table pour trouver sa stabilité. Ainsi, dans les cas où la loi de la gravitation intervient, c’est toujours Y (entité représentée par le régime de sur) qui se trouve en dessous de l’autre entité. Par cette loi, le livre et la table entrent ainsi dans une relation ordonnée, qui les caractérise respectivement comme stabilisé et stabilisant. L’établissement de cette implication réciproque s’effectue au seuil de la démarcation entre ces deux entités, caractérisé ici par leur surface commune. Dans le cas où le livre n’est pas en contact direct avec la table, par exemple à cause d’une pile de documents qui le ‹sépare› de celle-ci, il est évident que les mêmes phénomènes physiques de gravitation se réalisent. La table est toujours considérée comme entité principale permettant la stabilité du livre, la table et le livre étant toujours soumis à la loi physique, mais cette fois par l’intermédiaire de la pile de documents qui la subit également, affectée par la pression du livre. Dans l’exemple (16), il s’agit toujours de stabiliser une entité en profitant d’une autre entité, qui est déjà stable. La loi de la gravitation n’y intervient plus mais ces deux entités sont toujours structurées, cette fois par une épingle dans l’exemple en question. Le résultat distributionnel suivant est éclairant: (17) mettre une affiche (au / *sur le) mur (18) coller une affiche (au / sur le) mur (19) épingler une affiche (*au / sur le) mur

Si l’on compare les trois verbes, à savoir mettre, coller et épingler, on peut se rendre compte que, contrairement au verbe mettre, qui ne se combine pas avec sur, les deux derniers verbes impliquent l’existence d’un intermédiaire (respectivement, de la colle et une épingle) évoquant, entre l’affiche et le mur, une implication réciproque caractérisable par la relation ‹stabilisé – stabilisant›, qui s’établit, ici encore, à la rencontre de leur surface. Nous allons maintenant démontrer que la même identité de la préposition sur se manifeste dans les trois emplois présentés tout au début de cet article.

4. Analyse des emplois en question Commençons par l’exemple suivant:

Réflexion sur quelques emplois a priori insolites de la préposition SUR

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(1) (Dans un restaurant, une Française dit en regardant une carte de dessert): «Moi, je prends la tarte aux fraises. Euh... l’île flottante ne serait pas mal non plus... Non, non, je reste sur mes fraises».

L’énoncé «Non, non, je reste sur mes fraises» implique l’existence d’un autre dessert, à savoir ici l’île flottante, qui a été abandonné par le choix de mes fraises (Y). Le verbe rester est un indice de ce rapport entre deux desserts caractérisable comme ‹choix effectif – choix renoncé›: le verbe rester met en rapport deux positions, d’une part, la position actuelle, et, de l’autre, la position caractérisée par un déplacement envisagé mais non effectué. Ainsi, le fait de demeurer au premier choix contraint simultanément les deux desserts à une relation d’enchaînement, qui les définit respectivement comme choix effectif et choix renoncé. Cette relation se réalise dès que la décision du choix est prise, autrement dit dès qu’un éventuel ‹passage› vers un autre choix est bloqué. Ce blocage concernant la frontière entre deux desserts, nous pouvons dire que la relation d’enchaînement entre les deux desserts s’établit à leur démarcation. Cet exemple ressemble à celui de Pierre est sur Paris: rappelons que, dans cet exemple, Pierre est conçu comme se rendant provisoirement à Paris, Pierre étant, par exemple représentant de sa société non parisienne, vers laquelle son retour est potentiellement évoqué. Autrement dit, cet énoncé rappelle l’existence d’un autre lieu qui est mis en rapport avec Paris et où la présence de Pierre est mise en potentialité à cause de la présence à Paris de ce dernier. Ensuite, l’exemple suivant ressemble à celui de «Sur l’heure, il faut appeler la police» dans la mesure où il s’agit d’une imminence: (2) «[...] C’est fou, quand tu entends à un carrefour la sirène d’un SAMU, c’est trop tard, une seconde après, il est sur toi, tu n’as pas eu le temps de voir d’où il venait».

A priori, quand l’énonciateur entend la sirène d’un SAMU à un carrefour, il essaye de repérer la position du SAMU par rapport à sa propre position pour éviter une éventuelle collision avec son véhicule, parce que le SAMU, ayant la priorité dans la circulation, il peut surgir tout à coup. Vu la situation, il est question de savoir si le SAMU, qui, au départ, se trouve suffisamment à distance de l’énonciateur, vient ou non surgir très près de celui-ci. Dans le passage «[…] une seconde après, il est sur toi», l’énonciateur exprime que, dès que l’on repère un SAMU, celui-ci surgit très près de celui qui le repère, donc quasiment à la position de ce dernier. C’est-à-dire qu’il n’existe (quasiment) pas de temps dans le déplacement du SAMU entre «la position où il a été repéré initialement» (A) et «la position de celui qui l’avait repéré» (B) que le SAMU est amené à occuper. C’est comme si A et B étaient liés par un seuil de passage. Enfin, finissons nos analyses avec l’exemple suivant, qui manifeste une ressemblance avec l’exemple miser sur un cheval dans la mesure où il est question de la co-existence entre deux possibilités en opposition pour une seule entité (résultat ou objet): (3) «Le Pentax Optio A20 joue sur les deux tableaux: photo et vidéo».

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Yukiyo Homma

Il s’agit d’un produit mécanique ayant deux fonctions. Ces deux fonctions photo et vidéo sont liées par alternance pour un seul objet, le Pentax Optio A20. Puisqu’il est impossible de mobiliser simultanément ces deux fonctions, l’actualisation d’une des deux fonctions entraîne automatiquement la mise en potentialité de l’autre. Ainsi, ces deux fonctions sont enchaînées. Cette relation d’enchaînement s’effectue au seuil entre les deux fonctions, où l’entrée en fonction de l’une des deux implique la fin de la fonction de l’autre.

Conclusion Nous espérons avoir démontré qu’il est possible de proposer une explication unitaire entre divers emplois de sur, même pour des exemples qui paraissent, à première vue, insolites. Nous constatons qu’il n’existe pas de raison pour que les emplois spatiaux soient privilégiés. Comme nous l’avons dit au départ, il existe beaucoup d’emplois de sur que nous ne pouvons pas éclaircir avec les traits que nous dégageons à partir des emplois spatiaux tels que la verticalité, la superposition entre deux entités, etc. Au contraire, après avoir analysé divers emplois, même des emplois qui paraissent sans lien avec les emplois spatiaux, nous commençons à cerner des principes généraux qui permettent d’intégrer les traits physiques que nous venons de présenter pour les emplois spatiaux. Nous avons vu que la même identité de la préposition sur se manifeste de façons extrêmement diverses. Rappelons que, dans l’exemple un livre sur la table, la relation d’enchaînement et de démarcation entre le livre et la table est assurée par la loi de la gravitation. Dans l’exemple miser sur un cheval, c’est l’incertitude entre deux résultats possibles pour une course qui faire naître la relation précitée. Nous n’avons étudié, dans ce présent article, qu’un nombre très limité d’emplois. Les autres emplois nécessitent d’autres contributions.

Bibliographie Cadiot, Pierre (1997): Les prépositions abstraites en français. Armand Colin. Dendale, Patrick / De Mulder, Walter (1997): Les traits et les emplois de la préposition spatiale sur. In: Faits de langue 9. Paris: Ophrys, 211-220. Franckel, Jean-Jacques / Paillard, Denis (1998): Les emplois temporels des prépositions: le cas de sur. In: Cahier Chronos 3. Université du Littoral, 199-212. – (2006): De la couleur des prépositions dans leurs emplois fonctionnels. In: Modèles Linguistique 54, 51-66. – (2007): Grammaire des prépositions. Paris: Ophrys. Leeman, Danielle (1998): Les circonstants en question. Paris: Kimé. Paillard, Denis (2002): Prépositions et rection verbale. In: Travaux de Linguistique 44. Duculot, 5168. Vandeloise, Claude (1986): L’espace en français. Paris: Seuil.

Pierre Jalenques

Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter1

Le problème de la polysémie constitue, on le sait, un enjeu majeur de la recherche actuelle en sémantique lexicale. Nous aborderons la question à partir du verbe français monter, dont la polysémie est importante.2 L’enjeu ici ne sera pas de débattre sur le fond des analyses qui ont déjà été proposées pour monter (Desclès et al. 1998; Lebas / Cadiot 2003), mais de défendre une démarche d’observation en sémantique lexicale fondée sur la prise en compte des données distributionnelles. Notre démarche est liée à une conception constructiviste de la polysémie postulant que, en deçà de la diversité des acceptions d’une unité polysémique, on peut trouver une signification abstraite invariante.3 Cette approche de la polysémie fait l’objet de critiques de fond que nous rappellerons dans une première partie. Ensuite, nous présenterons notre démarche d’observations permettant de répondre à ces critiques. Enfin, nous illustrerons brièvement cette démarche à travers la mise au jour d’une des propriétés invariantes du verbe monter.

1. Le problème des significations abstraites trop puissantes Dans les approches holistes du sens des énoncés4, on considère que la portion de sens intuitivement attribuée à un mot est au moins partiellement déterminée par le cotexte.5 C’est cette hypothèse qui permet de distinguer entre d’une part le sens contextuel de l’unité, que nous appellerons ici l’acception, et le sens intrinsèque du mot, que nous appellerons ––––––– 1 2

3

4

5

Les réflexions présentées ici ont bénéficié de nombreuses discussions avec François Thuillier. Le dictionnaire des synonymes du laboratoire Crisco donne 103 synonymes pour ce verbe. Pour une analyse de l’organisation de ces synonymes, cf. François (2005). Pour une brève présentation du cadre théorique constructiviste que nous adoptons, cf. Culioli (1994), Franckel (2002). Pour une présentation plus complète, cf. Culioli (1990-1999). Cette conception du sens des énoncés s’oppose à l’approche atomiste. Pour une discussion générale, on pourra consulter Gosselin (1996), Fuchs / Victorri (1996). Nous appelons cotexte l’environnement textuel d’un mot; nous appelons contexte, la situation évoquée par l’interprétation de l’énoncé contenant le mot.

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invariant sémantique, celui-ci étant par hypothèse invariable à travers la diversité des emplois du mot. Dans une séquence comme sa vieille voiture a du mal à monter la côte, nous considérons que l’acception «déplacement vers le haut» correspond à une signification déterminée par le cotexte de monter et non au sens intrinsèque de ce verbe. Sans entrer dans la discussion ici, on peut par exemple envisager que l’idée de déplacement est induite par le terme voiture. En l’occurrence, lorsque le sujet du verbe désigne une entité fixe, il n’y a plus de déplacement exprimé (ces chaussettes montent jusqu’au genou). Avant d’aller plus avant dans la discussion, considérons quelques données supplémentaires sur le verbe monter. A la suite de Meunier (2003), on peut, en simplifiant, répartir les principaux emplois de ce verbe en trois grandes classes, respectivement illustrées par les séquences suivantes: (1) (2) (3)

la pression monte / Paul a monté le son / le prix du pétrole monte toujours Marie a monté les escaliers quatre à quatre / ces escaliers montent en colimaçon Paul a monté la tente / Alain veut monter une expédition scientifique en Antarctique

Dans les emplois de la classe (1), il est question d’accroissement quantitatif d’une grandeur physique ou abstraite; dans la classe (2), nous avons le domaine des emplois spatiaux; enfin, dans la classe (3), nous avons des emplois où monter est intuitivement proche de assembler ou organiser. Les invariants sémantiques postulés pour les mots très polysémiques sont généralement présentés comme nécessairement sous-déterminés, contenant très peu de propriétés, pour pouvoir être compatibles avec toute la diversité des acceptions du mot. Cette sousdétermination sémantique, jugée inévitable, conduit à la principale critique adressée à cette approche: les invariants sémantiques sont trop puissants. Par «trop puissants», on entend que leur contenu sémantique est tellement sous-déterminé qu’il peut s’appliquer à d’autres mots que le mot considéré (cf. Kleiber 1999: 48). En pratique, cette critique est souvent pertinente. Desclès et al. (1998: 42) propose l’invariant sémantique suivant pour monter: «une entité Y est située dans un espace muni d’un certain gradient orienté vers des valeurs positives; une valeur du gradient est attribuée à l’entité Y; cette entité Y passe d’un état à un autre état où la valeur du gradient attribuée à Y augmente». Il convient de préciser qu’ici, le terme espace ne renvoie pas à la spatialité mais est employé dans le sens abstrait qu’il a en topologie. Les emplois spatiaux ne sont donc pas considérés comme premiers. Ce sens unitaire semble en effet trop puissant car il pourrait s’appliquer à des verbes comme augmenter, s’accroître ou progresser qui, a priori, mettent aussi en jeu un gradient orienté vers des valeurs positives et un accroissement de la valeur de ce gradient pour une entité Y. Le problème peut être reformulé sur le plan distributionnel: l’invariant sémantique proposé est trop puissant s’il prédit une distribution de monter trop large par rapport aux données observables. L’invariant de Desclès et al. prédit la compatibilité de monter avec tous les termes pouvant être associés à une gradation orientée vers des valeurs positives; or, c’est loin d’être le cas. De nombreux termes se combinent difficilement avec le verbe monter, alors qu’ils se combinent naturellement avec augmenter. A côté de la pression / la température / la tension monte, les prix montent, nous avons difficilement:

Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter

(4)

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a. ?? son volume / son poids / l’accélération / sa longueur monte; ?? les impôts montent b. son volume / son poids / l’accélération / sa longueur augmente; les impôts augmentent

Ceci dit, les analyses sémantiques fondées sur une perception intuitive immédiate du sens de monter, plaçant au coeur de son sémantisme l’idée d’un déplacement vers le haut ne sont pas mieux loties. Il apparaît en effet que monter n’est pas compatible avec tous les cotextes qui évoquent une entité pouvant se déplacer vers le haut; par exemple, ce verbe se combine difficilement avec les noms de parties du corps, contrairement à lever: (5)

a. ?? il monta la main pour attraper la boîte sur l’étagère du haut b. ?? elle monta vers lui des yeux éplorés c. ?? il monta vers moi un poing menaçant

Par ailleurs, à côté des emplois transitifs attestables en (6) les séquences en (7) ne sont pas très naturelles: (6)

a. Paul a monté les valises au premier / Paul a monté le courrier à son grand-père b. je lui ai monté sa tisane à 21 h, comme chaque soir (à un inspecteur de police)

(7)

a. ?? Paul a monté ses livres sur l’étagère du haut b. ?? Alain a monté les objets fragiles en haut de l’armoire c. ?? Marie a monté les enfants sur la banquette arrière

Il apparaît donc tout un ensemble de contraintes distributionnelles liées à monter; on pourrait les multiplier pour chacune des acceptions de ce verbe (monter la tente / ?? monter la maison, monter un dossier / ?? monter un sujet d’examen, etc.). Les analyses lexicographiques traditionnelles n’en rendent pas mieux compte que les analyses proposant un invariant sémantique. Elles sont elles aussi trop puissantes! Revenons au problème de l’invariant sémantique: critiquer l’analyse sémantique proposée pour tel ou tel mot est une chose; rejeter, dans son principe, la possibilité même de pouvoir trouver un invariant sémantique suffisamment spécifique pour une unité polysémique, comme le laisse entendre Kleiber (1999), en est une autre. Nous défendons qu’il est possible de trouver un invariant sémantique suffisamment spécifique pour un mot comme monter, à condition de chercher cet invariant non pas à partir des acceptions mais à partir des contraintes distributionnelles du type illustré par les exemples ci-avant.

2. Pour une analyse sémantique fondée sur l’étude des contraintes d’emploi Nous faisons l’hypothèse que l’identité sémantique d’un mot est constituée par les contraintes que la présence de ce mot fait peser sur l’interprétation globale de chaque énoncé où il est employé. Il s’agit donc de contraintes sémantiques. Celles-ci sont par hypothèse invariantes. Les données du type (4a), (5) ou (6) rendent manifeste leur existence. Comme on le sait, dans une langue il n’y a pas deux mots qui aient exactement

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les mêmes propriétés distributionnelles.6 Si l’on fonde l’analyse à partir de ces propriétés, on peut donc espérer en déduire une hypothèse sémantique qui soit spécifique à monter. Autant notre intuition de locuteur nous donne directement accès aux acceptions intuitivement associées à monter, autant elle ne nous donne pas directement accès aux contraintes sémantiques imposées par le mot. Par exemple, dans une séquence comme la température monte, un locuteur sera bien en peine de dire quelles sont les contraintes interprétatives imposées par monter, le différenciant de augmenter ou s’accroître. Ainsi, la recherche des contraintes distributionnelles de monter est le moyen indirect qui permet de mettre au jour ces contraintes sémantiques non immédiatement accessibles à notre intuition. Notre démarche consiste donc fondamentalement à déplacer le lieu des observations: au lieu de décrire l’interprétation d’un énoncé contenant monter, on cherche à décrire les contraintes sur cette interprétation. C’est cette démarche que nous allons illustrer dans la troisième partie. Accepter ce déplacement revient à admettre que notre intuition de locuteur n’a pas accès au sens intrinsèque des mots. Etant donné que nous voulons étudier les limites combinatoires du verbe, nous nous intéressons aux énoncés qui sont à la marge de l’attestabilité. Notre postulat est le suivant: tout cotexte qui paraît peu naturel avec monter est un cotexte qui satisfait mal une ou plusieurs des contraintes sémantiques de monter. Tout le travail d’analyse consiste alors à mettre au jour cette ou ces contrainte(s). Cela passe par un travail de tâtonnement inévitable. La première étape du travail consiste donc à chercher des énoncés peu naturels avec monter. On peut les trouver principalement de deux façons: – on part d’énoncés acceptables, du type la pression monte et on cherche à établir la liste des termes qui peuvent a priori commuter avec pression; on s’appuie sur des outils lexicographiques du type dictionnaires de synonymes et thésaurus; c’est ainsi que nous avons trouvé les données en (4a); – on s’appuie sur des (para)synonymes locaux de monter, comme par exemple se lever (le brouillard monte / le brouillard se lève). On établit la distribution locale de ce (para)synonyme, ce qui permet de mettre au jour des cotextes peu naturels avec monter (le vent se lève / ? le vent monte). Nous avons obtenu les données en (5) de cette façon. La seconde étape du travail, la plus délicate, consiste, pour chaque énoncé peu naturel repéré, à mettre au jour la ou les contrainte(s) sémantique(s) de monter en cause dans cet énoncé. Là aussi, il y a un tâtonnement inévitable puisque ces contraintes échappent à notre intuition immédiate. La démarche consiste à chercher les modifications interprétatives à introduire pour que l’énoncé redevienne naturel. Si l’énoncé redevient naturel, c’est qu’il satisfait la contrainte sémantique de monter; c’est donc que la modification effectuée correspond à cette contrainte. Par exemple, la séquence Paul a monté la maison tout seul est peu naturelle, par différence avec Paul a monté la tente; elle devient naturelle si on interprète maison par ––––––– 6

Nous employons le terme «distributionnel» aus ens large: nous entendons par là l’ensemble des possibilités combinatoires d’un mot (sur l’axe syntagmatique), aussi bien sur le plan syntaxique que lexical (les ensembles de mots avec lesquels monter est compatible, selon ses différents emplois).

Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter

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exemple comme une petite maison en bois, préfabriquée. Le terme maison est compatible avec monter à condition de référer à une entité dont les parties (toit, murs, etc.) sont préfabriqués, ce qui est inhabituel pour une maison. Il s’agit d’une contrainte sémantique imposée par monter (on ne l’a pas avec le verbe construire). Une remarque sur les jugements d’acceptabilité. Etant donné le postulat que nous avons adopté (corrélation entre faible acceptabilité et contrainte sémantique) le faible degré d’acceptabilité d’une séquence ne signifie pas pour nous qu’elle a peu de chance d’être attestée, mais signifie qu’elle n’est attestable que dans des conditions restreintes, ce que nous appellerons les conditions de récupérabilité de la séquence. En l’occurrence, la plupart des séquences perçues comme peu naturelles avec monter sont largement attestées dans le corpus internet (sites en France), parfois autant que des séquences perçues comme naturelles. Ainsi, la séquence a priori peu naturelle le vent monte (que nous allons examiner ci-après) est attestée plus de 400 fois, tout autant que la séquence naturelle le vent forcit. Le point crucial est donc que les séquences jugées peu naturelles sont généralement attestées, mais à certaines conditions. Ce sont ces conditions de récupérabilité que l’on cherche à mettre au jour. L’observation systématique des données attestées sur internet contribue à leur mise au jour. De ce point de vue, selon nous, la linguistique de corpus7 et la linguistique à partir d’énoncés fabriqués ne s’opposent pas mais sont au contraire complémentaires (pour une discussion sur ce point, cf. Marandin 1984). Ceci dit, pour limiter le problème de fiabilité des jugements d’acceptabilité absolus (on se rappelle les nombreuses critiques adressées à la grammaire générative; pour un bilan, cf. Schutze 1996), nous ne travaillons que sur des jugements d’acceptabilité relatifs (comparaison d’énoncés ou de séquences infra-énoncé). Convention de notation: a) nous désignerons par les lettres X et Y respectivement le premier et le second argument (lorsqu’il existe) du verbe; b) les exemples que nous avons fabriqués sont notés en caractères droits, les exemples attestés, tirés d’internet, sont notés en italique.

3. Mise au jour d’une des contraintes interprétatives du verbe monter 3.1 Etude d’un emploi de la classe (1): le vent monte Examinons la distribution lexicale locale de se lever pour dégager un contraste avec la distribution locale du verbe monter. Dans le domaine des phénomènes naturels nous avons par exemple le jour se lève / le temps se lève, le brouillard se lève. Parmi les différentes ––––––– 7

Pour une réflexion sur l’usage d’internet comme corpus, on pourra consulter Kilgarriff / Grefenstette (2003).

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unités lexicales possibles en position sujet de se lever, le terme vent est perçu comme peu naturel avec le verbe monter: (8)

a. le vent se lève b. ? le vent monte

Alors que la séquence (8a) est spontanément acceptée par les locuteurs, la séquence (8b) leur paraît peu acceptable. La combinaison des deux mots leur paraît sémantiquement étrange. Nous avons donc dégagé une contrainte distributionnelle du verbe monter. L’enjeu est alors d’identifier ce qui rendrait la séquence (8b) sémantiquement plus naturelle. Pour cela, il faut se demander quels ajouts éventuels dans l’environnement textuel ou quelles spécifications du contexte peuvent rendre cette séquence davantage acceptable. Lorsqu’un locuteur compare le degré d’acceptabilité de deux séquences brèves, il raisonne souvent sur des situations de référence implicites qui peuvent influencer le jugement. Or, l’interprétation de la séquence (8a) immédiatement acceptée par les locuteurs induit une situation bien précise: au départ il n’y avait pas de vent puis on constate que maintenant il commence à y avoir du vent. Implicitement, les locuteurs mobilisent cette même situation (au départ il n’y a pas de vent) pour évaluer la séquence (8b). Or, c’est pour une telle situation que l’emploi de la séquence (8b) est peu attestable. La deuxième étape de l’analyse de cet emploi consiste alors à chercher un autre type de situation pour laquelle l’emploi de (8b) serait éventuellement plus naturel. La question posée au locuteur ne concerne plus le jugement d’acceptabilité mais la recherche d’une telle situation: «imaginons que quelqu’un vous dise ‹le vent monte›, à quel type de contexte pourriez-vous imaginer que le locuteur se réfère?». Dans le profil des situations proposées par les locuteurs, on relève toujours l’idée qu’il y a déjà du vent et que ce que l’on veut dire c’est que le vent forcit. Cette intuition, régulière d’un locuteur à l’autre, est corroborée par les données attestées. Sur Internet, on relève plus de 400 occurrences de la séquence le vent monte. Sur les cent premières séquences que nous avons examinées une à une, l’environnement textuel induit une interprétation du type le vent forcit pour 98 d’entre elles. En voici quelques-unes: (9)

– on réduit la surface de grand voile lorsque le vent monte. – si le vent monte d’un cran, retendez le hale bas et aplatissez la bordure. – sous chaque nuage, il y a un grain et le vent monte à 25/30 noeuds. – les spis sont envoyés plein vent arrière, le ciel se noircit, le vent monte.

Les deux séquences restantes correspondent à un autre emploi du verbe monter lié à l’idée d’un déplacement vers le haut, dans un texte de climatologie (le vent monte le long des pentes le matin). Donc dans tous les emplois attestés examinés, lorsqu’il est question du mode d’existence du vent dans l’interprétation, on observe à chaque fois qu’il y a déjà du vent au départ. Cette contrainte est corroborée par l’affinité du verbe monter avec des termes exprimant une grandeur physique qui par définition est une propriété toujours présente au départ de la situation envisagée: (10) a. la pression monte / la température monte b. *la pression se lève / la température se lève

Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter

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Une entité physique quelle qu’elle soit a toujours une certaine température, positive ou négative (le degré zéro est une valeur de température parmi d’autres et non une absence de température); il est difficile d’imaginer une situation où une entité n’aurait aucune température c’est-à-dire où l’existence même de la température serait en jeu dans l’interprétation. On ne part jamais d’une entité avec une absence de température. On constate ainsi l’inacceptabilité des séquences (10b) et l’affinité de monter avec ces termes.

3.2 Etude d’un emploi de la classe (2): monter + nom de partie du corps Nous avions vu à la section 2 que monter se combine difficilement avec des noms de partie du corps, en construction transitive (exemples (5)), à la différence du verbe lever qui fournit des séquences directement interprétables sans nécessiter un environnement textuel supplémentaire: (11) a. X lève le bras b. ? X monte le bras (11’) a. X lève la main / le doigt / le pied b. ?? X monte la main / le doigt / le pied

Sans cotexte supplémentaire, les séquences (11’b) sont peu naturelles. A nouveau, nous cherchons à identifier les contraintes interprétatives que les environnements cotextuel et contextuel doivent satisfaire pour que les séquences avec monter soient interprétables et attestables. Il apparaît que l’ajout d’une séquence comme plus haut avec le choix d’un contexte d’activité physique, comme le sport ou la danse rend l’emploi de monter beaucoup plus naturel: (12) a. allez, monte ton bras plus haut et tend le bien b. monte ta main un peu plus haut; elle doit être à la hauteur de tes yeux

Cette contrainte révèle qu’avec monter, on part d’une situation où Y s’interprète comme ayant déjà atteint une certaine hauteur.8 Avec monter, dans cet emploi, il ne s’agit pas d’aller vers le haut, il s’agit d’aller plus haut. En d’autres termes, du point de vue du mode d’existence de Y en terme de hauteur, on part d’une situation où la hauteur de Y a déjà un mode d’existence. Les données attestées sur Internet sont peu nombreuses, mais elles confirment la nature de la contrainte: (13) [sur un site d’arts martiaux] En effet, plus on monte le bras au-dessus de 90° plus le deltoïde se soulève du sol, c’est biomécanique

––––––– 8

Une comparaison entre le soleil se lève et le soleil monte conduirait à la même conclusion.

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On retrouve ainsi la même contrainte sémantique que celle mise au jour dans la classe d’emplois (1) mais relativement à un domaine sémantique différent: – dans le domaine sémantique de l’intensité, monter impose qu’au départ le vent a déjà atteint une certaine intensité; – dans le domaine sémantique spatial de la hauteur, monter impose qu’au départ le bras ou la main a déjà atteint une certaine hauteur.

3.3 Etude d’un emploi de la classe (3): X a monté l’armoire Abordons enfin la troisième classe d’emplois de monter sémantiquement assez éloignée des deux précédentes, à savoir celle où les énoncés sont sémantiquement proches de l’idée de élaborer, installer, assembler, organiser comme dans les exemples suivants: (14) a. monter un projet / une association / un spectacle / un dossier / un film b. monter la tente / le décor / des étagères / une armoire

Intéressons-nous aux emplois (14b). Comparons l’emploi du verbe monter avec l’emploi du verbe fabriquer: (15) a. Paul a fabriqué l’armoire tout seul b. Paul a monté l’armoire tout seul

Dans cette acception, le nombre de termes spontanément acceptés par les locuteurs est beaucoup plus restreint avec monter qu’avec fabriquer ou construire: (16) a. Paul a fabriqué (construit) un joli couteau / un siège / sa maison b. ? Paul a monté un joli couteau / un siège / sa maison

Que révèle cette différence de contraintes dans la distribution lexicale? Autant l’idée d’une armoire en kit, «en pièces détachées» vient aisément à l’esprit des locuteurs, autant l’idée d’un couteau ou d’un siège en kit est moins courante, d’où l’idée d’étrangeté pour (16b). Seul un environnement textuel et/ou situationnel explicite induisant l’idée d’un couteau en pièce détachée rend l’emploi de monter un couteau naturel. On relève ainsi de tels emplois sur des sites de ventes par correspondance sur Internet: (17) Nos couteaux sont fabriqués de A à Z par le même coutelier: 1- il prépare et ajuste les pièces métalliques du couteau (ressort, platines, lame...) 2- il ajuste à l’oeil et à main levée les manches sur chaque platine 3- il monte le couteau en une seule étape (ajustage du ressort et de la lame, cloutage et assemblage de l’ensemble des pièces)

Cette différence de contraintes révèle la caractéristique suivante: la séquence monter l’armoire ne peut pas s’interpréter comme fabriquer l’armoire, c’est-à-dire comme «on part d’une situation de départ où l’on a seulement un tas de planches à partir desquelles ont construit une armoire»; la séquence monter l’armoire s’applique à une situation où les éléments constituant l’armoire ont déjà été fabriqués et où il n’y a plus qu’à les assembler. Si les parties de l’armoire sont déjà fabriquées c’est que l’armoire a déjà un mode

Analyse sémantique et contraintes distributionnelles: l’exemple du verbe monter

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d’existence; on ne part pas de zéro! D’ailleurs on dit acheter une armoire en kit. Comparons encore les séquences suivantes: (18) a. ils sont en train de tourner le film / Marie a écrit une pièce de théâtre b. ils sont en train de monter le film / Marie a monté une pièce de théâtre

Du point de vue du mode d’existence, les séquences en (18a) s’interprètent comme «au départ, il n’y a pas de film / de pièce de théâtre», alors que les séquences (18b) avec monter induisent nécessairement que la film a déjà été tourné, donc qu’il a un mode d’existence, mais sous forme «non assemblée»; idem pour la pièce de théâtre qui a déjà un mode d’existence, elle a été préalablement écrite. On retrouve donc la même contrainte sémantique que dans monter l’armoire: il faut que Y ait déjà une existence. Ainsi, dans un domaine sémantique tout à fait différent de celui mobilisé dans la séquence le vent monte ou dans monter le bras, nous retrouvons exactement la même contrainte interprétative, à savoir que l’entité qui monte ou bien qui est montée doit déjà avoir un mode de présence du point de vue du domaine sémantique en jeu dans l’énoncé.

4. Bilan Nous avons défendu l’idée que les contraintes sur la distribution lexicale d’une unité polysémique loin d’être une collection de faits contingents, dus aux hasards historiques de l’évolution de la langue, manifestent au contraire, mais de façon indirecte, les propriétés constituant l’identité lexicale de cette unité. Si la séquence le vent monte est contrainte par rapport à le vent se lève, cela n’est pas un fait de hasard mais nous renseigne au contraire sur ce que signifie intrinsèquement le verbe monter. Les contraintes sur la distribution lexicale de l’unité constituent ce par quoi nous avons accès à l’identité lexicale du mot étudié, cette identité étant non accessible à notre intuition de locuteur. De plus, nous soutenons que les contraintes sur les distributions lexicales et contextuelles manifestent des régularités. En l’occurrence, l’analyse des contraintes distributionnelles a permis de dégager une propriété interprétative invariante à travers la diversité des emplois de monter. Cette démarche repose sur l’idée que l’identité sémantique invariante d’une unité polysémique comme monter est constituée par la conjonction des contraintes interprétatives que sa présence fait peser sur l’interprétation des énoncés où elle apparaît. Dans la troisième partie de ce texte, nous n’avons mis au jour qu’une seule de ces contraintes, qui, nous en sommes bien conscient, à elle seule ne fonde pas la spécificité de monter. Notre travail en est à ses débuts, mais nous postulons qu’il est possible de mettre au jour, par la démarche que nous défendons, plusieurs autres contraintes sémantiques invariantes, pour constituer, ensemble, l’identité spécifique de monter. Pour ne pas laisser le lecteur sur sa faim, nous voudrions terminer par l’évocation très rapide d’une autre contrainte interprétative de monter. Reprenons brièvement la séquence monter une pièce de théâtre. Outre qu’elle ne peut référer à écrire la pièce, elle ne peut référer non plus à jouer la pièce mais s’interprète

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Pierre Jalenques

nécessairement comme l’événement transitoire qui conduit à jouer la pièce. De même, des emplois comme monter une expédition / monter un coup réfèrent nécessairement à la phase préparatoire d’un événement et non à sa réalisation. Or, dans le domaine spatial, en construction transitive, les compléments locatifs de monter désignent eux aussi nécessairement un espace transitoire conduisant à un autre lieu (monter les escaliers / les marches (quatre à quatre), monter la côte avec difficulté).9 Lorsque le complément locatif ne s’interprète pas spontanément comme cela, il se combine plus difficilement à monter: ?? monter une route / monter un mur / monter la Tour Eiffel.

Références citées Culioli, Antoine (1990-1999): Pour une linguistique de l’énonciation (3 voll.). Paris: Ophrys. – (1994): Qu’est-ce qu’un problème en linguistique? Etude de quelques cas. In: Cahiers de l’Institut de Linguistique et des Sciences du Langage 6. Université de Lausanne, 7-16. Desclès, J.-P. / Falgeul, V. / Kekenbosch, C. / Meunier, J-M. / Richard, J-F. (1998): Sémantique cognitive de l’action: une approche théorique et expérimentale. In: Langages 132, 28-47. Franckel, Jean-Jacques (2002): Introduction. In: Langue Française 133, 3-15. François, Jacques (2005): Le fléchage synonymique de la polysémie verbale: questions de méthode. In: Cahiers du Crisco 20, 29-41. Fuchs, Catherine / Victorri, Bernard (1996): La polysémie. Construction dynamique du sens. Paris: Hermès. Gosselin, Laurent (1996): Le traitement de la polysémie contextuelle dans le calcul sémantique. In: Intellectica 22, 93-117. Lebas, Franck / Cadiot, Pierre (2003): Monter et la constitution extrinsèque du référent. In: Langages 150, 9-30. Kilgarriff, Adam / Grefenstette, Gregory (2003): Introduction to the Special Issue on the Web as Corpus. In: Computational Linguistics 29, 3, 333-347. Kleiber, Georges (1999): Problèmes de sémantique. La polysémie en questions. Lille: Presses Universitaires du Septentrion. Marandin, Jean-Marie (1984): Distribution et contexte dans une description lexicale. In: Cahiers de lexicologie 44, 137-149. Meunier, Jean-Marc (2003): La polysémie comme source d’analogie. L’exemple du verbe monter. In: Revue d’intelligence artificielle 17, 5-6, 855-868. Schutze, Carson T. (1996): The Empirical Base of Linguistics: Grammaticality Judgments and Linguistic Methodology. Chicago / London: University Of Chicago Press.

––––––– 9

Cette contrainte disparaît dans la construction transitive indirecte car le complément locatif n’y désigne plus le lieu parcouru mais le lieu visé à l’issue du parcours. Ainsi, Paul monte dans sa chambre ne signifie pas que, Paul étant dans sa chambre, il monte (cf. Paul marche dans sa chambre), mais signifie qu’il monte pour arriver dans sa chambre.

Christine Konecny

Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica

1. Preliminari Questo contributo si propone di analizzare le cosiddette collocazioni lessicali in italiano. Ma che cos’è una collocazione (lessicale)? Per questo termine, in linguistica, sono state proposte numerose definizioni da concezioni molto ampie come quella elaborata negli anni ’50 e ’60 nell’ambito del contestualismo britannico (cf. Firth 1957; Halliday 1966; Sinclair 1966), secondo cui una collocazione sarebbe ogni co-occorrenza di due o più parole, a concezioni molto ristrette come quella proposta da Franz Josef Hausmann (1979; 1984; 1985), che intende per collocazione una combinazione sintagmatica ricorrente ossia abituale di almeno due lessemi tra i quali esiste una relazione di ‹affinità› (1984: 398). Basandomi su una proposta avanzata per la prima volta da Hausmann (1979: 191), nel presente lavoro intendo partire da una concezione ristretta della collocazione come struttura binaria gerarchica, costituita da un elemento cognitivamente sopraordinato, la ‹base›, ed un elemento cognitivamente subordinato, il ‹collocatore›. In il sole tramonta, p.es., sole è la base e tramonta il collocatore, in abbracciare una professione professione è la base e abbracciare il collocatore, in naso camuso naso è la base e camuso il collocatore. Nonostante la vasta mole di contributi sulle collocazioni lessicali, finora sono pochi quelli che si occupano dei fattori semantici e cognitivi responsabili della stretta coesione tra i costituenti collocazionali (tra questi pochi si possono menzionare p.es. Grossmann / Tutin 2002: 12ss., Lengert 2001: 819ss. e Staib 1996: 178-182). Diversamente da altri, mi baserò sul presupposto che questa coesione non può essere ricondotta ad un’unica ragione, e che per una classificazione semantica delle collocazioni vanno considerati contemporaneamente diversi fattori. Seguendo una proposta formulata in nuce già da Aisenstadt (1979: 73; 1981: 57ss.) e Corpas Pastor (1996: 83; 2003: 132), ipotizzo che in sincronia, da un punto di vista semantico, possono essere individuati due tipi principali di collocazioni – almeno per quanto riguarda le collocazioni con una base sostantivale. Il primo tipo (a) sarebbe costituito da collocazioni il cui collocatore ha un significato molto specifico, di solito unico, e quindi con un raggio di combinabilità molto ristretto, come nel caso di digrignare i denti e il cane abbaia. Il secondo tipo (b), invece, comprenderebbe collocazioni con un collocatore polisemico, divenuto tale attraverso una sua modificazione semantica rispetto al significato di partenza, come nel caso di odio profondo e ammazzare il tempo. È mia intenzione esaminare se, attraverso l’analisi di esempi concreti di collocazioni lessicali italiane, la detta ipotesi possa essere confermata, e, se sì, come debba essere completata e precisata. Per quanto riguarda l’esemplificazione, mi limiterò a collocazioni dalle strutture ‹soggetto più verbo›, ‹verbo più oggetto diretto› e ‹sostantivo più aggettivo›. Per l’analisi

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Christine Konecny

dei singoli esempi, mi servirò della versione italiana del motore di ricerca Google. Il corpus del presente contributo è quindi costituito dal materiale del World Wide Web indicizzato da Google. Affinché da Google vengano elencati solo i contesti in cui le parole chiave compaiono in sequenza, esse devono essere messe tra virgolette doppie. I risultati delle singole ricerche verranno rappresentati in tabelle di frequenza.

2. Analisi di esempi concreti di collocazioni lessicali italiane 2.1 Il tipo semantico (a) Il primo esempio è digrignare i denti. Secondo il dizionario di Battaglia / Barberi Squarotti (1961-2002: s.v.), digrignare significa ‹mostrare i denti arrotandoli rabbiosamente in atto di mordere›. Ma denti non è l’unica base con cui digrignare può combinarsi. Infatti, vengono usate come basi talvolta anche bocca, muso, ceffo, mascella, gengive, volto, viso e faccia. Come dimostra però la tabella 1, la base denti è quella di gran lunga più frequente, per cui proporrei di chiamarla base «prototipica» di digrignare. L’uso delle altre basi, che possono essere chiamate «periferiche», è riconducibile ad un processo di metonimizzazione e quindi ad una relazione di contiguità con denti, in quanto anche i referenti di queste basi fanno parte del viso. Inoltre, alcune di queste basi sono semanticamente imparentate, come p.es. faccia, viso e volto. Tra esse intercorre una relazione di quasi-sinominia. Da quanto detto risulta che le collocazioni con il collocatore digrignare possono essere attribuite ad uno dei tipi semantici proposti, e cioè al tipo (a), il cui collocatore dispone di un significato molto specifico. È per questo che può essere combinato solo con poche parole. [18.12.2006] i denti la bocca il muso il ceffo la mascella le gengive il volto il viso la faccia

digrignare ... 19.200 24 0 3 19 2 0 0 0

digrignato … 114 0 0 0 1 0 2 3 0

digrigno/-ò … 833 1 0 0 0 2 0 0 1

digrigna … 12.400 11 3 0 1 7 2 5 1

Tabella 1: Analisi di frequenza delle possibili basi di digrignare (da Google – 18.12.2006)

La prossima collocazione presa in considerazione, il cane abbaia, costituisce per diverse ragioni un caso speciale all’interno del tipo (a). Il collocatore abbaiare implica già a priori l’agente cane, per cui abbiamo a che fare con un’‹implicazione› nel senso proposto da Coseriu (1967: 299). Questa collocazione, tuttavia, si distingue da altre anche per il fatto che la coesione tra i costituenti collocazionali non è dovuta solo a cause intra-, ma anche a cause extralinguistiche, in quanto l’abbaiare è un suono tipico dei cani. Inoltre, diversamente dalla maggior parte delle altre collocazioni, la cui coesione costituisce il

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Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica

risultato di una combinazione consolidata dall’uso, quindi convenzionalizzata e attribuibile alla ‹norma› nel senso di Coseriu (1970: 40), la collocazione il cane abbaia rappresenta l’esito di una «restrizione lessicale basata su una solidarietà semantica» (Ježek 2005: 171), ed è in una relazione oppositiva e quindi paradigmatica con altre collocazioni, come il gatto miagola e il cavallo nitrisce. Benché cane faccia già parte del significato di abbaiare, oltre a cane possono apparire come basi anche altri lessemi, e cioè iperonimi e iponimi, ossia – dal punto di vista della semantica cognitiva – termini dei livelli sopra- e sottoordinati, come p.es. animale e cagnolino. Come vediamo però dalla tabella 2, cane è la base più frequente, per cui si può ipotizzare che in collocazioni con sostantivi appartenenti ad una determinata tassonomia ci sia una preferenza per i termini di livello base.1 [20.03.2007] ... abbaia LIVELLO BASE un/una il/la/l’ cane 573 927 LIVELLO SOPRAORDINATO animale 0 8 bestia 1 1 branco 0 2

... abbaiava un/una il/la/l’ 535 1.120

... abbaiò un/una il/la/l’ 115 67

... che abbaia un/una il/la/l’ 863 402

0 0 0

2 2 0

0 0 0

1 0 0

2 1 0

5 0 0

4 1 0 0 0 0 0

43 15 1 0 0 0 6

1 0 0 0 0 0 0

7 4 0 2 4 0 0

65 4 1 6 0 3 5

9 2 6 3 0 12 1

LIVELLO SUBORDINATO

cagnolino cucciolo cagna cane da guardia cane da caccia pastore tedesco barboncino

12 1 1 0 0 1 3

50 18 7 4 0 15 9

Tabella 2: Analisi di frequenza delle possibili basi di abbaiare (da Google – 20.03.2007)

All’interno del gruppo (a) sono poi ravvisabili anche casi in cui diverse basi sono caratterizzate da alte frequenze, fatto evidenziato p.es. dalle collocazioni con i verbi stipulare e commettere. Stipulare significa ‹concludere in modo formale un contratto, una convenzione o un altro accordo legalmente vincolante› (cf. Battaglia / Barberi Squarotti 1961-2002: s.v.). Come risulta dalla tabella 3, le possibili basi appartengono quasi tutte ad uno stesso campo semantico, il cui arcilessema è rappresentato da accordo. Fanno eccezione solo pace e matrimonio, che però intrattengono con i sostantivi del campo semantico ‹accordo› una relazione di metonimia ossia di contiguità, in quanto denotano eventualità di solito connesse nella realtà extralinguistica con la stipulazione di un contratto. Nel significato di stipulare, quindi, non è implicito un singolo lessema, ma piuttosto un arcilessema e cioè tutto un campo semantico, per cui la relazione con le sue basi può essere considerata una ‹selezione› nel senso proposto da Coseriu (1967: 299). ––––––– 1

A volte, tuttavia, abbaiare può anche essere usato in un’accezione metaforica, in cui non si riferisce ai tipici versi brevi e iterati emessi dai cani, ma ad un suono simile, prodotto però da un soggetto umano o inanimato, come ad es. da una lavatrice (cf. Konecny 2007: 315ss.). Cf. anche Battaglia / Barberi Squarotti (1961-2002: s.v.): ‹Figur. Gridare, urlare a guisa di cani (a manifestare rabbiosa opposizione, fastidiosa maldicenza). – Anche tr.: dire con alta voce; esprimere con urla, con versacci›.

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Christine Konecny

[16.02.2007] contratto polizza assicurazione convenzione accordo protocollo patto trattato mutuo pace compromesso matrimonio

stipulare … un/una il/la/l’ 113.000 82.400 62.700 11.700 29.800 55.500 27.700 12.700 26.600 593 9.540 246 847 989 822 149 728 344 267 371 234 136 13 21

stipulato … un/una il/la/l’ 107.000 117.000 12.000 694 578 173 71.600 9.090 95.500 17.700 20.300 1.180 10.000 1.080 1.250 749 5.860 1.100 62 125 736 341 5 6

stipulo/-ò … un/una il/la/l’ 518 270 37 11 20 10 161 22 317 40 8 0 132 26 207 28 30 10 45 59 14 8 2 0

stipula … un/una il/la/l’ 23.700 33.600 1.150 503 222 10.300 808 645 868 9.340 99 10 450 102 147 38 921 114 84 130 57 2 3 6

Tabella 3: Analisi di frequenza delle possibili basi di stipulare (da Google – 16.02.2007)

Commettere significa ‹fare, compiere (per lo più un’azione colpevole, negativa)› (cf. Battaglia / Barberi Squarotti 1961-2002: s.v.); contiene quindi nel suo significato già a priori il tratto semantico [negativo]. Dando un’occhiata alle basi elencate nella tabella 4, è evidente che anch’esse per la maggior parte contengono questo tratto, come ad es. reato, errore, ecc. Ne divergono soltanto atto, azione, fatto e passo, che di per sé non contengono né il sema [negativo] né il sema [positivo]. Considerando però più da vicino gli esempi riportati da Google (cf. gli esempi sottocitati), si nota che in combinazione con commettere anche questi sostantivi assumono una sfumatura negativa, se evocata da attributi negativi. (1) [...] chi si trova di fronte ad un’aggressione ingiusta rivolta contro un qualsiasi diritto suo o di un terzo e non ha altra possibilità per difendersi che quella di commettere un fatto previsto come reato, è autorizzato a commetterlo. [...] (Puoti 2006) (2)

[...] lo zio aveva avanzato una domanda per licenziarsi [...]. La zia era rimasta sbalordita di quel fatto [...]. Allora lei aveva messo in allarme tutta la parentela perché salvasse lo zio dal commettere un passo sbagliato. [...] (Atanassov 2006)

Da quanto detto possiamo concludere che le possibili basi di commettere hanno in comune il tratto [negativo]. Alcune, però, presentano tra di loro una parentela più stretta, come ad es. i quasi-sinonimi errore e sbaglio, o crimine, omicidio, ecc., appartenenti a loro volta al campo semantico ‹reati›. [09.02.2007] reato delitto crimine errore sbaglio scorrettezza peccato omicidio furto

commettere … un/una il/la/l’ 28.700 23.400 17.500 782 777 516 21.900 31.000 673 557 126 4 593 2.140 969 419 1.470 1.590

commesso … un/una il/la/l’ 50.400 39.200 15.800 13.300 16.600 865 172.000 33.900 3.400 786 419 26 717 644 13.000 598 2.280 729

commetto … un/una il/la/l’ 1.880 42 44 10 268 13 1.710 270 78 21 8 0 62 124 205 1 48 1

commette … un/una il/la/l’ 27.000 12.800 989 479 867 207 36.300 15.900 898 237 318 17 2.160 548 6.760 38 1.280 89

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Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica

suicidio atto azione fatto passo

1.920 (senza arti.) 768 123 429 47 837 569 11.200 405

562 (senza arti.) 10.100 268 19.100 123 556 97.500 7.960 4

4 (senza arti.) 119 3 25 0 11 1 3 4

299 (senza arti.) 552 64 7.410 67 627 9.430 21 4

Tabella 4: Analisi di frequenza delle possibili basi di commettere (da Google – 09.02.2007)

2.2 Il tipo semantico (b) Diversamente dagli esempi finora analizzati, la collocazione odio profondo appartiene al tipo (b). Profondo è un aggettivo polisemico, il cui significato di partenza è ‹che presenta una notevole distanza fra il pelo dell’acqua e il fondo› (cf. Battaglia / Barberi Squarotti 1961-2002: s.v.). Nella collocazione con odio, invece, ha il significato metaforico di ‹sentito vivamente e appassionatamente, provato con grande intensità›, come d’altronde in combinazione con altri sostantivi denotanti ‹sentimenti›. In questa accezione ha quindi perso la concreta dimensione locale ed esprime soltanto un alto grado oppure una grande intensità. Tra la profondità dell’acqua e quella di un sentimento viene stabilita una relazione di similarità, in quanto il tratto [intensità] viene trasmesso dal frame ‹acqua› al nuovo frame ‹sentimenti›. Oggi, però, questa metafora è già del tutto lessicalizzata, per cui il grado di coesione tra base e collocatore è da considerarsi piuttosto basso. Le rispettive collocazioni tendono perciò verso lo status di combinazioni libere. [15.04.2007] odio amore dolore sentimento tristezza umiltà orrore sgomento disgusto

... profondo/-a (postnominale) 26.000 42.200 22.400 22.400 740 1.350 2.510 441 548

profondo/-a ... (prenominale) 9.400 39.000 54.000 27.300 38.400 10.700 1.140 1.150 791

Tabella 5: Analisi di frequenza delle possibili basi di profondo (da Google – 15.04.2007)

Al tipo (b) va assegnata anche la collocazione ammazzare il tempo. Nella sua accezione concreta, ammazzare significa ‹uccidere›; nella collocazione con tempo, invece, deve essere inteso nel senso di ‹fare qualcosa per non annoiarsi› (cf. Zingarelli 111990: s.v. tempo). La modificazione semantica rispetto al significato di partenza si basa di nuovo su un processo di metaforizzazione: il tempo viene «ammazzato», perché una determinata persona non è in grado di «riempirlo» con attività sensate. Il rispettivo tempo è quindi «perso». Questa metafora, però, è ovviamente meno trasparente di quella di profondo in odio profondo, per cui le rispettive collocazioni sembrano essere caratterizzate da un grado di coesione più alto ed avvicinarsi così alle espressioni idiomatiche. Il significato metaforico, però, risulta essere già del tutto lessicalizzato e tende verso un significato più ampio, paragonabile a quello di sprecare. Ciò è evidenziato anche dal fatto che, oltre a tempo, sono possibili come basi anche altri sostantivi semanticamente affini, come p.es. giornata. Questo sostantivo designa una determinata unità di tempo, per cui il termine tempo può essere considerato un

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Christine Konecny

suo olonimo. Per questa ragione le rispettive combinazioni, pur condividendo con le espressioni idiomatiche diverse caratteristiche, per la convenzionalizzazione del significato traslato del collocatore sono molto vicine alle combinazioni libere. [02.05.2007] il tempo la noia il tedio la giornata la serata la mattinata il pomeriggio la notte le ore i minuti i mesi

ammazzare … 44.200 2.300 6 6 14 4 1 6 21 8 1

ammazzato … 4.560 10 1 0 5 0 1 0 1 0 0

ammazzo/-ò … 3.420 59 0 0 2 1 0 0 1 0 0

ammazza … 5.720 497 0 0 0 0 0 0 1 0 0

Tabella 6: Analisi di frequenza delle possibili basi di ammazzare (da Google – 02.05.2007)

2.3 Altri tipi Mentre gli esempi finora esaminati sono assegnabili chiaramente ad uno dei due tipi semantici proposti, in altri casi il confine tra questi non è così ben delimitato. Ciò vale tra l’altro per marinare la scuola, la cui base è associabile al frame ‹scuola› oppure all’ambito referenziale più ampio ‹impegni›. Nel dizionario di Battaglia / Barberi Squarotti (19612002: s.v.) marinare è indicato come verbo polisemico. Il significato concreto è ‹preparare pesci o carni per conservarli e mangiarli freddi›. All’interno di marinare la scuola, invece, è usato con il significato di ‹evitare un’incombenza o un impegno, per lo più preferendovi un’attività più piacevole›. Questa accezione rappresenta l’esito di una modificazione semantica dovuta a una metaforizzazione del significato di partenza. La similarità tra il frame della cucina e quello della scuola consiste nel fatto che la scuola è vista come qualcosa che attraverso l’azione del marinare viene per un certo lasso di tempo accantonato, simile ad un pesce lasciato in una marinata per un certo periodo. Questa motivazione per un parlante nativo medio non è però più trasparente. Dal punto di vista diacronico la collocazione sarebbe quindi da attribuire al tipo (b), dal punto di vista sincronico, invece, al tipo (a). Si dovrebbe quindi partire piuttosto da un’omonimia tra due lessemi distinti marinare1 e marinare2 che non da una polisemia di un unico verbo marinare. [12.03.2007] la scuola il liceo l’università la lezione/le lezioni il corso/i corsi il seminario gli esami il lavoro l’ufficio la palestra

marinare … 16.200 5 3 11 / 179 3 / 18 0 1 142 5 4

marinato … 10.300 2 4 9 / 53 12 / 8 3 0 173 5 13

marinavo … 378 3 3 0/7 0/1 0 1 1 0 0

marinava … 726 3 1 1 / 22 0/0 0 0 4 2 0

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Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica

la messa il concerto il cinema

2 7 3

3 7 5

1 0 0

3 0 0

Tabella 7: Analisi di frequenza delle possibili basi di marinare (da Google – 12.03.2007)

Ci sono anche collocazioni con un collocatore associabile sia al tipo (a) che al tipo (b). Come esempio valga attizzare, la cui prima accezione è ‹ravvivare il fuoco, la fiamma› (cf. Battaglia / Barberi Squarotti 1961-2002: s.v.). Si tratta di un significato molto specifico, che permette al verbo di combinarsi solo con una classe molto ristretta di oggetti, e cioè con fuoco e alcuni sostantivi affini, come incendio, fiamma e brace. Le rispettive combinazioni sono quindi da classificare come collocazioni del tipo (a). [02.06.2007] il fuoco/i fuochi l’incendio/gli incendi la fiamma/le fiamme la brace/le braci il carbone/i carboni il rogo/i roghi

attizzare ... sing. plur. 655 22 21 2 113 82 23 145 3 85 3 0

attizzato ... sing. plur. 373 1 6 1 5 8 0 0 0 4 1 1

attizzo/-ò ... sing. plur. 208 0 1 0 1 5 1 3 0 0 0 0

attizza ... sing. plur. 810 2 3 2 42 34 15 24 1 0 6 0

Tabella 8: Analisi di frequenza delle possibili basi di attizzare nel suo significato di partenza (da Google – 02.06.2007)

In certi contesti, però, attizzare può essere usato anche nel significato metaforico di ‹eccitare, suscitare›, in cui viene per lo più combinato con sostantivi denotanti un sentimento, specialmente uno negativo, come ad es. odio e paura. A volte, però, possono comparire come basi anche sostantivi negativi appartenenti al campo semantico ‹scontro›, come guerra e polemica. La metaforizzazione consiste nel paragonare il fuoco ad un sentimento ossia ad uno scontro sempre più forte. Il tratto semantico [suscitare lo sviluppo di qualcosa ed incrementarlo] viene quindi trasmesso dal frame ‹fuoco› ai nuovi frames ‹sentimenti› e ‹scontro›. Le rispettive combinazioni sono quindi da classificare come collocazioni del tipo (b). [08.06.2007] l’odio il desiderio la paura l’ira

attizzare ... 481 6 3 2

attizzato ... 25 1 0 1

attizzo/-ò ... 2 0 1 0

attizza ... 65 9 1 2

la guerra una polemica una lite un conflitto

273 31 5 4

5 0 0 0

1 0 0 0

5 2 0 0

ci (attizzarci, attizzatoci, ci attizzo /-ò, ci attizza) gli occhi

41

0

1

367

0

0

0

1

Tabella 9: Analisi di frequenza delle possibili basi di attizzare nella sua accezione metaforica (da Google – 08.06.2007)

Si noti tuttavia che sono stati rinvenuti anche molti esempi per la combinazione di attizzare con ci, il clitico della prima persona plurale, ed un esempio per la combinazione

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Christine Konecny

con gli occhi (cf. gli esempi sottocitati). Nella sua accezione metaforica attizzare quindi non è limitato solo a lessemi dei campi semantici ‹sentimenti› e ‹scontro›, ma può combinarsi anche con diverse altre classi di oggetti. Perciò, le rispettive combinazioni non sono più classificabili come collocazioni, ma piuttosto come combinazioni libere. Il confine tra collocazione e combinazione libera è quindi fluido. (3) L’unica cosa che ci «attizza» è sapere chi è andato a letto con chi e perché. Chi ha ricattato chi perché e come. (Nandodallachiesa.it 2007) (4) Beniamino Pè si interrompe per un attimo, attizza gli occhi come a stimolare nuovi pensieri e riprende: [...] (Ascari 2003)

Un ultimo esempio: il rubinetto perde. A questa combinazione va senza dubbio attribuito lo statuto di collocazione, perché si tratta di una costruzione fissa tipica dell’italiano. Perdere è un verbo polisemico che può essere combinato con diverse classi di oggetti, per cui la collocazione non può essere assegnata al tipo (a). Ma non può neanche essere attribuita al tipo (b), perché perdere in combinazione con rubinetto non è stato sottoposto ad una modificazione semantica. La coesione tra base e collocatore sembra essere dovuta all’ellitticità della costruzione, in quanto perdere significa ‹perdere acqua›. L’oggetto diretto viene quindi omesso, ossia assorbito dal verbo stesso che è usato in modo assoluto. Con la resa esplicita dell’oggetto la struttura perderebbe il suo carattere di collocazione ed assumerebbe lo status di una semplice combinazione libera. Come dimostra la tabella 10, questa è però usata solo raramente. Per il suo carattere ellittico la collocazione il rubinetto perde deve quindi essere considerata un tipo semantico a parte. collocazione «il rubinetto perde» «perde il rubinetto» «il rubinetto ha perso» «il rubinetto perdeva»

numero 689 941 2 107

combinazione libera «il rubinetto perde acqua» «perde acqua il rubinetto» «il rubinetto ha perso acqua» «il rubinetto perdeva acqua»

numero 11 1 1 0

Tabella 10: Analisi di frequenza della collocazione il rubinetto perde rispetto alla combinazione libera il rubinetto perde acqua (da Google – 14.05.2007)

3. Conclusioni Da quanto discusso si possono trarre le seguenti conclusioni: • L’ipotesi di partenza dell’esistenza dei due tipi di collocazioni è stata confermata. • Alla classificazione proposta deve essere aggiunta, anche se meno frequente, la categoria

delle collocazioni ellittiche del tipo il rubinetto perde. • La distinzione tra i due tipi (a) e (b) è valida solo in prospettiva sincronica, fatto

evidenziato dalla collocazione marinare la scuola, che appartenente in partenza al tipo (b) è poi passata al tipo (a). In certi casi lo stesso lessema può fungere come collocatore di collocazioni di ambedue i tipi, come p.es. attizzare. • È di grande importanza anche la frequenza delle diverse combinazioni. Essa non costituisce, però, un criterio discriminante per l’identificazione di una collocazione,

Le collocazioni lessicali – proposta per una classificazione semantica













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come è stato osservato tra l’altro già da Hausmann (1985: 124). La frequenza gioca un ruolo importante solo all’interno delle singole strutture collocazionali, dove permette di individuare basi più o meno frequenti e quindi più o meno prototipiche. Tra le diverse basi di un determinato collocatore intercorrono spesso relazioni riconducibili a processi di metonimizzazione e di metaforizzazione, ossia a relazioni di contiguità e di similarità, ma anche a relazioni di carattere semantico-paradigmatico, tra cui in particolare a relazioni di ipero-/iponimia e di sinonimia. Se le basi di un determinato collocatore sono rappresentate da sostantivi appartenenti ad una determinata tassonomia, queste appartengono di preferenza al livello base, come nel caso di cane in il cane abbaia. All’interno del tipo (a) sono riscontrabili diversi sottotipi, che possono anche sovrapporsi: ci sono collocazioni con una base prototipica e basi a questa periferiche, collocazioni con basi appartenenti ad uno stesso frame o ad uno stesso campo semantico. All’interno del tipo (b) sono stati identificati due sottotipi: da una parte collocazioni con un grado di trasparenza piuttosto elevato e quindi con un grado di coesione rispettivamente basso; come tali tendono verso le combinazioni libere. Dall’altra ci sono collocazioni con un grado basso di trasparenza, ma alto di coesione, e perciò tendenti più verso le espressioni idiomatiche. Dal punto di vista diacronico, però, questi due tipi sembrano costituire solo particolari stadi di sviluppo di una combinazione lessicale sull’asse temporale, come dimostra l’esempio ammazzare il tempo. Questa collocazione si è costituita originariamente attraverso il non-rispetto della restrizione di selezione del significato di partenza, che prevede come oggetto del verbo ammazzare un sostantivo con il tratto [animato]. La combinazione, poi, si è lessicalizzata causando così una polisemia del verbo ammazzare. Di conseguenza, oggi non si è più consapevoli della violazione della restrizione di selezione, ed ammazzare viene usato nel significato di ‹sprecare› non solo con tempo, ma anche con altri sostantivi semanticamente affini. Ne risulta che i tre tipi semantici identificati, come le collocazioni lessicali in generale, non vanno considerati come categorie omogenee e discrete, ma piuttosto come categorie eterogenee e aperte con gradi di coesione semantica diversi tra i loro componenti e con limiti fluidi verso altre forme sintagmatiche. È necessario, quindi, partire da una visione dinamica del concetto di collocazione (cf. anche Siller-Runggaldier 2008). Sarà il compito di ulteriori analisi esaminare se ai tipi collocazionali individuati ne vanno aggiunti altri dovuti tra l’altro alla loro particolare tipologia morfo-sintattica, aspetto questo che, purtroppo, non si è più potuto prendere in considerazione in questo contributo.

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Pierre Lejeune

Comment traduire en français le pretérito perfeito composto portugais

1. Un passé composé au sémantisme original 1.1 Une valeur centrale de contiguïté à T0 sans construction d’état résultant Si le pretérito perfeito composto (PPC) portugais est formellement semblable au passé composé du français et des autres langues latines (verbe avoir ‹ter› au présent de l’indicatif + participe passé), il n’en présente pas moins des valeurs originales qui en font un cas particulier dans l’ensemble des langues romanes (galicien et certaines variantes latinoaméricaines de l’espagnol exceptés). Deux valeurs de base sont généralement reconnues au PC français: – l’aoriste du discours: (1) Il est né le 21 juillet 1969. ‹Nasceu a 21 de Julho de 1969›1

– le parfait avec construction d’un état résultant: (2) Ça y est, on est arrivés. ‹Já chegámos›

La première de ces valeurs est toujours dévolue en portugais à un temps simple, le pretérito perfeito simples («nasceu» en (1)); quant à la seconde, ce n’est que dans des cas très marginaux, relictuels pourrait-on dire, qu’on la retrouve avec le PPC. Il peut s’agir d’expressions figées comme cette formule ponctuant un discours: (3) Tenho dito. ‹J’ai parlé›

––––––– 1

Pour une question de concision, une grande partie des exemples de la section 1 sont fabriqués. La section 2 recourt davantage à des exemples authentiques, provenant des corpus Cetem-Público (CP; disponible sur le site http://www.linguateca.pt) et Davies-Ferreira (DF; site http://www.corpusdoportugues.org). Quant aux traductions (en italique), elles sont, à une exception près, de notre cru car il s’agit d’explorer le champ des traductions possibles. En ce qui concerne les traductions publiées, nous avons constaté l’emploi extrêmement restreint du PPC dans les traductions portugaises de textes français. Il serait intéressant d’effectuer une comparaison de fréquence avec des textes originaux en portugais.

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De même, dans certaine subordonnées, le PPC comporte une valeur d’état résultant d’un procès repéré par rapport à un Ti distinct du temps de l’énonciation T0:2 (4) Quando ele chegar, já tenho jantado. ‹Quand il arrivera, j’aurai déjà dîné› (5) Se tem feito isso, era diferente. ‹S‘il avait fait cela, ce serait différent›

Mis à part ces cas exceptionnels, la valeur de parfait avec construction d’un état résultant3 est tout comme la valeur aoriste de discours rendue par le pretérito perfeito simples comme dans l’exemple suivant: (2) Já chegámos.

Quant a la valeur centrale du PPC, on la trouve par exemple en (6) et (7): (6) Tem chovido. ‹On a eu de la pluie ces derniers temps› (7) O que tens feito? ‹Qu’est-ce que tu deviens?›

Dans de tels énoncés, elle ne construit pas d’état résultant. Nous proposerons de caractériser cette valeur de la façon suivante:

Le PPC localise le prédicat d’une façon homogène sur une classe de T délimitée par une borne gauche située en un point indéterminé du passé et une borne droite adhérant à T0, le présent de l’énonciation, sans inclure celui-ci. 1.2 L’itérativité: une valeur dérivée De cette valeur centrale du PPC, combinée avec le mode de procès du verbe, vont découler des valeurs d’itérativité (procès téliques et atéliques)4 ou de continuité (procès atéliques). Ces valeurs sont d’après nous la résultante d’une caractéristique du PPC (couvrir la période de façon homogène) et des caractéristiques lexicales du verbe (aktionsart).5 Avec les états ‹states› les deux valeurs sont possibles, continuité comme en (8) et itération comme en (9), où on a plusieurs manifestations étalées dans le temps de la qualité ‹être implacable›: ––––––– 2 3

4

5

Ti > T0 en (4); Ti en rupture avec T0 (plan fictif) en (5). Au sens d’une hétérogénéité notionnelle avec passage en Ti < T0 au complémentaire (p. ex. de «pas encore arrivés» à «arrivés» en (2)). Mutatis mutandis, on peut rapprocher l’effet itératif du PPC du «raboutage par itération» qu’évoque Franckel (1989: 194) pour des exemples comme «Depuis ce jour, je ne l’ai plus jamais vu» où l’homogénéité de l’intervalle couvert par depuis est garantie par un «traitement point par point [qui] correspond à une itération des localisations de P, de telle manière qu’elles occupent tout l’espace compris entre le premier point marqué par depuis et T0». La classification est celle de Vendler (1957).

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(8) Tenho estado doente. ‹Je suis malade en ce moment› (9) Este ano, o professor tem sido implacável com os alunos. ‹Depuis le début de cette année, le professeur s’est montré implacable envers ses élèves›

Il en va de même avec les procès atéliques ‹activities›: (10) Tem chovido toda a semana. ‹Depuis le début de la semaine, il a plu sans arrêt / il y a eu de nombreuses averses›

En revanche, pour les procès téliques ‹accomplishments› comme en (11) et les événements ‹achievements› comme en (12), l’interprétation itérative est la plus courante: (11) O presidente do Sporting, Sousa Cintra, não tem poupado críticas à direcção da Federação Portuguesa de Futebol [...]. ‹Ces derniers temps, le président du Sporting Sousa Cintra n’a pas été avare de critiques envers la direction de la FFP› CP (12) O FC Porto tem ganho o campeonato. ‹Ces dernières années, c’est le FC Porto qui a remporté la championnat la plupart des fois›

Notons que, pour les procès téliques, une autre possibilité se présente: leur transformation en procès atélique par le PPC, du fait de la valeur homogénéisante de celuici, comme en (13): (13) Tenho lido o teu livro. / Tenho estado a ler o teu livro. ‹Je suis en train de lire ton livre / J‘ai commencé à lire ton livre›6

1.3 La question de l’inclusion de T0 De nombreux auteurs défendent la position selon laquelle avec le PPC le procès est validé enT0.7 Pour nous, le PPC parle certes d’un temps contigu à T0 mais il ne dit pas que le procès continue d’être validé en T0 et au-delà. Il est vrai que présentant un point de vue pertinent en T0 sur le sujet ou plus généralement sur le thème de l’énoncé, le PPC laisse la porte ouverte à une variété d’enchaînements et d’inférences se rapportant au présent ou au futur. (14) Tem tido bons resultados. ‹Il a eu de bons résultats récemment›

(14) peut suivant le contexte permettre des inférences comme «Il n’y pas de raison pour qu’il ne continue pas à avoir de bons résultats», ou «Il a peut-être eu beaucoup de chance jusqu’ici: pour la suite on verra». Mais cela n’implique nullement que le procès lui-même ait à être validé en T0 comme le montre l’exemple suivant, où le PPC construit un point de vue positif global sur João qui n’est pas invalidé par un accident de parcours. ––––––– 6 7

On comparera ces traductions à J’ai lu ton livre (cas d’une lecture achevée). Cf. par exemple Campos 1997b.

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(15) O João tem tido bons resultados mas ontem chumbou num exame. ‹Ces derniers temps, il a eu de bons résultats, mais hier il a raté un examen›

Il en va de même en (16), où il est clair que estar calado n’est pas validé en T0 pour l’énonciateur puisque celui-ci est en train de parler, même si «tenho estado calado» qualifie globalement le comportement de l’énonciateur pendant la réunion en cours: (16) Tenho estado calado porque queria ouvir os outros antes de falar. ‹Jusqu‘ici je me suis tu / taisais car je voulais entendre les autres avant de parler›

En (17) de même, la question de la localisation de l’interlocuteur ne se pose évidemment plus au moment où on l’interroge. (17) - Como estás, João Afonso? Por onde tens andado ‹Où est-ce que tu traînais?›, que ninguêm te vê? Pareces mais magro. DF

1.4 Un rapprochement avec le present perfect continuous Le PPC permet de prédiquer une qualité à propos du thème de l’énoncé, généralement le sujet mais pas toujours car il peut s’agir de la situation en général: (6) Tem chovido. ‹On a eu de la pluie ces derniers temps›

Il s’agit d’une caractérisation du sujet / thème pertinente en T08 (mais découlant de manifestations avérées dans le temps, par définition antérieures à T0), ce qui permet d’orienter le discours vers des considérations actuelles. Ainsi (18) peut-il sous-entendre «Je suis en forme»: (18) Tenho treinado muito. ‹Je me suis beaucoup entraîné ces derniers temps›

De même, (19) peut impliquer «Je ne peux pas te donner d’informations à son sujet»: (19) Não tenho visto a Maria. ‹Je n’ai pas rencontré Maria récemment›

Identiquement, (20) suggère que la situation actuelle est meilleure que l’antérieure: (20) Tem havido menos acidentes em Portugal. ‹Le nombre d’accidents au Portugal est en diminution›

On peut rapprocher ce fonctionnement de celui du present perfect continuous anglais, lequel contraste avec celui du present perfect simple:9 (21) You have cleaned the car. (Ça y est, la voiture est propre: construction d’un état résultant)

––––––– 8

9

C’est sans doute cette caractéristique qui permet de comprendre la position assez radicale défendue dans Campos 1997b. Je remercie Kazuro Oguma de m’avoir suggéré ce rapprochement.

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(22) You have been cleaning the car! (Tes mains sont dans un bel état: attribution d’une qualité au sujet de l’énoncé)

2. Comment traduire en français le PPC? Dire qu’on traduit un temps verbal par un autre est un abus de langage: d’une part, la valeur temporelle se combine avec la valeur lexicale du prédicat, de l’autre, l’activité traduisante se joue au niveau d’énoncés intégrés dans un contexte, les équivalences globales s’obtenant à travers des mécanismes de compensation qui, s’agissant de la valeur aspecto-temporelle de l’énoncé, impliquent en particulier les adverbiaux et les déterminants. Pour les énoncés dont le verbe est au PPC, tantôt la traduction pourra épouser assez fidèlement la structure de l’énoncé-source, tantôt le recours à des déterminations supplémentaires sera nécessaire −avec un coût, la lourdeur de la traduction− pour coller au sens de l’original. En raison des traits qu’ils partagent avec le PPC, les deux principaux temps du français susceptibles d’apparaître dans les traductions d’énoncés contenant un PPC sont l’indicatif présent et le passé composé.10 Le présent peut servir à caractériser des états / procès en cours en T0 (et donc initiés avant T0), tandis que, rappelons-le, le PPC indique que le procès commence dans le passé et, en l’absence d’indications contextuelles en sens contraire, laisse ouverte la possibilité de sa validité en T0 et au-delà de T0. Il est en outre compatible avec la valeur d’itérativité: (23) O ano passado, fazia karaté. Este ano tem feito judo. ‹Cette année il fait du judo›

Quant au passé composé, dans la plupart de ses emplois11, il sélectionne, tout comme le PPC, une sous-classe de T repérée par rapport à T0 (fonctionnement déictique).

2.1 L’indicatif présent La traduction du PPC par un présent ne sera envisageable que si aucun élément contextuel ne fait obstacle à ce que la validité du procès s’étende au moins jusque T0. Elle n’aurait évidemment pas de sens en (16) ou (17), où c’est la valeur complémentaire qui est validée en T0. En fait, il suffit que le procès soit construit comme validable au-delà de T0 pour que le présent soit impossible: (24) O médio-centro da Ovarense, que tem sido suplente nos encontros efectuados pela equipa nacional, vê agora a sua convocatória ameaçada ‹Le demi-centre d’Ovarense, qui récemment

––––––– 10 11

Ce ne sont pas les seuls: v. (17) et (24). Certains passés composés «génériques» n’impliquent pas de repérage par rapport à T0 («Quand il a bu, il est impossible»).

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avait été remplaçant [...] voit maintenant sa convocation menacée› pelas pressões do presidente do clube, Leonardo Azevedo, junto de António Oliveira. CP

En (25), le procès ‹défendre› est bien validé en T0 mais l’est au moyen du présent «defendo»; le PPC renvoie par contraste exclusivement à une période antérieure, ne pouvant être traduit par un indicatif présent. (25) O que eu defendo, e sempre tenho defendido, é que é urgente e indispensável a descentralização e a desconcentração do poder administrativo. ‹Ce que je défends, et que j’ai toujours défendu, c’est que la décentralisation et la déconcentration du pouvoir administratif sont urgentes› DF

En revanche, l’emploi du présent sera légitime dès lors que la validation du procès en T0 et au-delà est inférable du contexte: Ce cas de figure concerne des états: (26) JN - Como tem passado os dias, uma vez que ainda não pode treinar? ‹Comment passezvous vos journées, puisque vous ne pouvez pas encore vous entraîner?› FS - Agora tenho estado em férias ‹Pour l’instant, je suis en vacances›. Andei por aí, fui até à Holanda ver um concerto dos U2 e fui uma semana para o Algarve. DF

On le retrouve également avec des procès itératifs: (27) Só mais tarde minha mãe perguntou: - E tens escrito? ‹Tu écris ces temps-ci?›12 - Sim respondo laconicamente […]. DF

Il faut remarquer toutefois que l’indicatif présent, en portugais comme en français, donne une perspective quelque peu différente de celle du PPC: là où en l’absence de déterminations temporelles extraverbales l’indicatif présent attribue au sujet une qualité sans ancrage temporel explicite, le PPC marque une inscription du procès dans le temps. Ainsi le glissement temporel entre question et réponse de (28) est-il significatif de l’insistance de l’interviewé (un politicien) sur ses actes: (28) JN - E em termos de política salarial, o que é que defende? ‹Et en termes de politiques salariales, que défendez-vous?› AS - Temos defendido a contenção salarial. ‹Jusqu’ici, nous avons défendu la modération salariale› DF

Parfois, le traducteur doit opter là où le texte original laisse planer une indéfinition. Dans l’extrait suivant, où le socialiste Jaime Gama évoque ses relations avec son adversaire politique le commissaire européen João de Deus Pinheiro, le traducteur, selon qu’il opte pour le présent ou le passé composé, présentera l’attitude de Gama comme pacificatrice ou potentiellement conflictuelle (au sens de ‹jusqu’ici tout va bien, après on verra›), alors que dans l’original on se situe en-deçà de ces deux positions: ––––––– 12

«Ces temps-ci» permet de conférer au présent «écris» la valeur d’habitude (par opposition à des valeurs comme «tu es écrivain» ou «tu es en train d’écrire à l’instant où je te parle»).

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(29) Deus Pinheiro não representa directamente o país, ou o Governo, embora seja escolhido nessa base. Temos mantido um diálogo interessante com ele a nível do Governo ‹Nous entretenons avec lui un dialogue intéressant / Nous avons entretenu jusqu‘ici un dialogue intéressant›, o mesmo se passando com todos os outros comissários.

2.2 Le passé composé En rendant le PPC par un passé composé, le traducteur devra se prémunir contre trois types d’effets indésirables car incompatibles avec la valeur du PPC: 1º la construction d’un état résultant: (13) Tenho lido o teu livro / Tenho estado a ler o teu livro. ‹Je suis en train de lire ton livre / *J‘ai lu ton livre›

2º la fermeture de l’intervalle de validation en un Ti antérieur en T0: (30) Tenho-me dado bem com ela. ‹Je m’entends bien avec elle en ce moment / *Je me suis bien entendu avec elle›

3º la substitution d’une valeur ponctuelle à la valeur itérative: (31) Tenho ido ao cinema. ‹Je suis allé plusieurs fois au cinéma dernièrement / *Je suis allé au cinéma›

Dans sa traduction de l’oeuvre d’Eça de Queiros les Maias, Paul Teyssier omet de marquer la multiplicité des occurrences (ce qu’il aurait pu faire par exemple en insérant «obstinément» pour obtenir «a obstinément refusé»): (32) O Sr. Tompson não tem querido ultimamente emprestar nem mais um real ao genro. ‹*Dernièrement M. Tompson a refusé de prêter un sou de plus à son gendre›

Souvent heureusement, le texte portugais contient déjà des éléments qui, une fois traduits, permettent d’éviter les écueils précités. Ainsi en va-t-il dans les cas suivants, avec les expressions «até agora» en (33), «desde» en (34), «nestes últimos tempos» en (35), «ao longo destes anos» en (36) et «sempre» en (37)13 qui établissent une contiguïté avec T0 et suggèrent une couverture homogène de la période, par elles-mêmes («ao longo destes anos»), ou via l’indication par ailleurs d’une pluralité d’occurrences du procès (pluriels «contactos» en (35) et «muitas despesas» en (36), pluralité d’actes de locution suggérée par «j’ai toujours défendu» en (25)): (33) Até agora, a acção do Estado tem sido apenas desenvolvida pela via judiciária. ‹Jusqu’ìci, l’action de l’État n’a emprunté que la voie judiciaire› CP

––––––– 13

Ces expressions ne sont pas interchangeables, se prêtant à des enchaînements discursifs variables: opposition avant / après pour «até agora», opposition passé lointain / passé récent pour «desde» et «nestes últimos tempos», continuité passé / présent pour «sempre» et «ao longo destes anos».

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(34) JN - Qual tem sido a posição da Siemens perante a câmara desde que se desencadeou a polémica em torno da localização da fábrica? Tem havido contactos? ‹Quelle a été la position de Siemens face à la municipalité depuis le déclenchement de la polémique concernant la localisation de l’usine? Y a-t-il eu des contacts?› DF (35) Tenho tido muitas despesas nestes últimos tempos. ‹J’ai eu beaucoup de dépenses ces derniers temps› DF (36) Como é que te enquadras nestes projectos que, ao longo destes anos, te tens dedicado? ‹Comment te situes-tu par rapport à ces projets auxquels tu t’es consacré au fil des ans?› DF (25) O que eu defendo, e sempre tenho defendido, é que é urgente e indispensável a descentralização e a desconcentração do poder administrativo. DF

Ce n’est pas toujours le cas. En (37) la présence de «já» dans le texte portugais, traduit par «déjà», permet certes un raccord avec T0, conférant à l’énoncé une valeur de passé d’expérience. Mais ici, la couverture homogène de la période n’est pas garantie, et la traduction devra suggérer l’existence de plusieurs occurrences étalées dans le temps («à plusieurs reprises»). (37) Como eu próprio já tenho dito ‹Comme moi-même je l’ai déjà dit à plusieurs reprises›, ele esforçou-se para este combate, agora vamos à guerra para tentar vencê-la. DF

De même en (38) est-il nécessaire de rajouter un «jusqu’ici» à la fois pour assurer la contiguïté avec T0 et la couverture homogène de la période via l’itération: (38) Sou curioso, mas tenho procurado não te embaraçar com a minha curiosidade. ‹Je suis curieux, mais jusqu’ici j’ai essayé de ne pas t’embarrasser avec ma curiosité› DF

Dans l’exemple suivant, traduire «tens espoliado» par «tu as dilapidé» construirait illégitimement dans la traduction un état résultant (il ne reste plus rien de l’héritage), d’où le choix de la forme périphrastique au présent «es en train de dilapider»: (39) Na Alemanha há jogo colossal. Numa noite salvas o perdido e ganhas a futura herança de Mário, que tens espoliado. ‹En une nuit tu récupères ce que tu as perdu et regagnes l’héritage de Mário, que tu es en train de dilapider› DF

Enfin, dans le dialogue de présentations (40), «J’ai entendu parler de vous» qui serait plutôt la traduction de «Ouvi falar de si» (pretérito perfeito simples), signifierait quelque chose comme «Votre nom me dit quelque chose» (une seule occurrence de «entendre parler»), nettement plus sec que «Tenho ouvido falar de si», qui suppose une pluralité d’occurrence, et prend valeur de compliment («Votre réputation n’est plus à faire»). (40) - Raimundo Castoalto, proprietário, ao seu dispor. - Tenho ouvido falar de si ‹J’ai beaucoup entendu parler de vous›, senhor Casteloalto. DF

Comment traduire en français le pretérito perfeito composto portugais

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3. Conclusion Bien que leurs valeurs de base soient somme toute assez éloignées, le passé composé français et le pretérito perfeito composto portugais partagent un certain nombre de traits morphologiques (combinaison d’un auxiliaire au présent de l’indicatif et d’un participe passé) et sémantiques (fonctionnement déictique avec validation de la relation prédicative sur une classe de T < T0). De plus, moyennant un contexte phrastique approprié (adverbiaux), on obtient souvent, en traduisant un PPC par un indicatif présent, des phrases sémantiquement équivalentes à l’original. Souvent mais pas toujours. C’est là que le linguiste peut servir de garde-fou au traducteur: en tentant de démêler dans les énoncés ce qui relève du fonctionnement propre d’un marqueur (ici un grammème discontinu mais ce type d’analyse s’avère productif pour d’autres marqueurs, discursifs notamment, relevant d’une sémantique «instructionnelle»), il s’agit pour lui de signaler les conditions dans lesquelles le marqueur correspondant en langue d’arrivée soit ne fait pas l’affaire soit requiert une opération de compensation contextuelle.

Bibliographie Boléo, Manuel de Paiva (1937): O perfeito e o pretérito em português em confronto com as outras línguas românicas. Coimbra: Biblioteca da Universidade. Campos, Henriqueta (1997a): Pretérito perfeito simples / pretérito perfeito composto: uma oposição aspectual e temporal. In: Campos, Henriqueta: Tempo, Aspecto e Modalidade. Porto: Porto Editora, 9-51. − (1997b): O pretérito perfeito composto: um tempo presente? In: Campos, Henriqueta: Tempo, Aspecto e Modalidade. Porto: Porto Editora, 115-122. − (1998): Sur les formes composées du prétérit en portugais. In: Engelbert, Annick / Pierrard, Michel / Rosier, Laurence / Van Raemdonck, Dan (edd.): Actes du XXIIème Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes. Tübingen: Niemeyer, 57-63. Franckel, Jean-Jacques (1989): Étude de quelques marqueurs aspectuels du français. Genève: Droz. Peres, João Andrade (1996a): Sobre a semântica das Construções Perfectivas em Português. In: Duarte, Inês / Leiria, Isabel (edd.): Actas do Congresso Internacional sobre a Língua Portuguesa. Lisbonne, 11-12 avril 1994. Vol. 2. Lisboa: APL / Colibri, 33-58. − (1996b): Reconsidering perfectives in DRT or being fair to the past participle. In: Cadernos de Semântica 19. Lisboa: Faculdade de Letras da Universidade de Lisboa, 23-37. Süter, Alfred (1984): Das portugiesische Pretérito Perfeito Composto. Bern: Francke Verlag. Vendler, Zeno (1957): Verbs and Times. In: The Philosophical Review 66, 2, 143-160. Wigger, Lars-Georg (2005): Die Entwicklungsgeschichte der romanischen Vergangenheitstempora am Beispiel des Pretérito Perfeito Composto im Portugiesischen. Thèse. Universität Tübingen.

Francine Melka

L’entrée polysémique dans le dictionnaire monolingue et bilingue

1. Introduction Je présenterai, dans cet article, une partie d’un travail en cours qui porte sur le traitement de l’entrée polysémique dans le monolingue et le bilingue. Mon analyse s’appuie sur un petit nombre de propositions venant de théories différentes, mais susceptibles d’être utilisées dans le cadre d’un dictionnaire livre. Je me place donc clairement dans la perspective du lexicographe. Les concepts d’homonymie et de polysémie réfèrent tous deux à une unité lexicale à sens multiples. Les cas d’homonymie évidente (cf. les homophones sain et sein ou les homographes maquereau) ne présentent, en fait, aucune difficulté lexicographique: nous avons à faire à deux unités lexicales ou plutôt deux concepts qui, par hasard, ont le même signifiant; ces cas sont peu intéressants. Par contre, dans la plupart des cas, la distinction polysémie / homonymie est une affaire d’intuition sémantique. Les locuteurs ressentent dans les cas de carte, grue ou poulet soit un cas de continuum sémantique, et on parle alors de polysémie, soit une multiplicité de sens, et il est question d’homonymie. Je ne ferai pas ici de distinction entre ces deux notions et m’intéresserai donc aux polysèmes au sens large, c.-à-d. aux cas que les locuteurs peuvent considérer comme polysèmes ou homonymes. La définition du polysème, qui semble être acceptée par presque tous, mais qui, néanmoins, reste vague, est formulée ainsi: une unité lexicale dont deux ou plusieurs sens sont plus ou moins reliés entre eux. Mon point de départ est la constatation suivante: en comparant deux dictionnaires d’apprentissage, le monolingue Le Micro-Robert (Rey 1998) et le bilingue françaisnéerlandais Van Dale Handwoordenboek (Bogaards 1994), tous deux de même taille, environ 35.000 entrées, et s’adressant à un même public, on remarque que le bilingue propose sept sens et le monolingue deux seulement (cf. les exemples de cabinet sous (1) et (2)). En étudiant le type de traductions, on s’aperçoit que la multiplicité des traductions ne correspond pas à une multiplicité de sens, mais plutôt à une multiplicité d’usages, d’emplois ou d’interprétations possibles. On peut donc prédire que, de ces sept traductions, certaines sont des sens et d’autres des interprétations particulières. (1) cabinet (Micro-Robert, 1998) I petite pièce située à l’écart (~ de toilette, ~ de travail, ~ de médecin, ~ d’aisances) II le gouvernement (~ du ministre)

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(2) cabinet (Van Dale Handwoordenboek F-N, 1994) 1. (zij)kamertje, hokje ‹petite pièce attenante›, 2. kantoor (ambstvertrek) ‹bureau (officiel)›, 3. clientèle (v. advocaat), praktijk (v. arts) ‹clientèle d’avocat, de médecin›, 4. kabinet (van regering) ‹cabinet du gouvernement›, 5. kabinet (v.minister) ‹cabinet de ministre›, 6. ‹au pluriel› toilet ‹cabinet (d’aisances)›, 7. verzameling (museum, cabinet) ‹cabinet (dans musée)›

Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les questions qu’on se pose sont les suivantes: Comment le lexicographe décide-t-il des sens? Selon quelles règles ou quels critères? Y a-t-il un sens primaire et des sens secondaires ou simplement des sens? Comment représenter une entrée polysémique qui signalerait des sens polysémiques reliés entre eux, comment montrer le passage d’un sens à l’autre?

2. Deux approches contradictoires: le fixisme et le constructivisme Actuellement deux théories sur la polysémie s’affrontent. Dans la conception fixiste, la polysémie est un phénomène de langue, elle énumère, recense des sens stables, autonomes. C’est la comparaison d’un énoncé et des divers sens du dictionnaire qui permet, par des procédés de filtrage (cf. Robert Martin 2005: 167), de réduire la polysémie à un seul sens, celui qui est possible dans l’énoncé en question. Ainsi, dans: (3) elle habite le quartier depuis 20 ans

le dictionnaire propose trois sens et c’est le sens 2 qui sera sélectionné par ce que Robert Martin (2005: 167) appelle des «procédés de filtrage» et Putsejovky (1996) des «règles de narration»: c’est le contexte et, dans ce cas l’emploi de «habiter» qui décidera du sens de «quartier». L’approche constructiviste ou dynamique se situe à un niveau pragmatique, discursif. Ainsi, dans l’exemple de quartier, Robert Martin propose idéalement la construction d’un sens discursif. Le contenu sémantique de quartier pourrait être la «partie d’un tout». De ce sens, on pourrait dériver 1. la partie d’une chose concrète, 2. la partie d’une ville, 3. la partie d’un espace, 4. la partie d’une prison. (4) quartier (Robert Martin 2005: 168): 1. partie d’une chose concrète (~ de viande, ~ de fromage, ~ d’orange); 2. partie d’une ville (~ résidentiel); 3. partie d’un espace… (les quartiers d’hiver d’une armée); 4. partie d’une prison (~ des femmes)

L’avantage ici, c’est qu’à partir d’un contenu, la «partie d’un tout», on passe par l’intermédiaire de restrictions contextuelles à des sens divers et, ainsi, on rend compte de ce continuum sur lequel se fonde la polysémie. Pourtant, cette approche souple et dynamique se heurte à un gros problème: elle ne peut se généraliser à tout le lexique, ce qui serait souhaitable, cf. l’exemple de rampe ci-dessous.

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(5) rampe (Robert Martin 2005: 169): 1. plan incliné…; 2. balustrade d’un escalier… qui sert d’appui…; 3. alignement d’objets…au théâtre…, rangée de sources lumineuses…

Les trois sens de rampe ne peuvent se dériver l’un de l’autre en utilisant des procédés d’analogie, de métonymie, d’extension, etc. Il y a ici difficulté à trouver ‹un contenu›. Une autre difficulté concerne le fait que les règles de dérivation, les extensions ne sont pas toujours possibles et que rien ne semble indiquer la (non) prédictibilité: quartier d’orange / de pomme est possible, mais quartier *d’heure / *de jour / *de symphonie ne l’est pas. Ces indications doivent donc apparaître dans le lexique et le dictionnaire. La solution de Robert Martin, c’est de joindre les deux théories (fixe et dynamique). Dans le dictionnaire livre, on indique les sens autorisés par la langue, ce sont les sens stéréotypiques. Il faut que le continuum des sens, pour être représentable, soit délimité ou balisé (cf. Robert Martin 2005: 170-171). Ce sont les extrêmes, les pôles qui vont devoir être fixés. La question de balisage est l’affaire du dictionnaire. Quant aux sens discursifs, ils seront définis par l’approche constructiviste. Ainsi, selon Robert Martin (2005: 171), d’un côté, on a la langue de contenu abstrait, et l’inventaire de tous les sens, de toutes les acceptions «conçus comme des pôles sémantiques, qui permettent de baliser l’espace sémantique...» et qui se retrouvent dans le dictionnaire, et, de l’autre, «dans le discours, le sens construit sera plus ou moins proche de l’un ou l’autre des pôles que le dictionnaire prévoit». C’est la division du travail que propose Martin. Mais, il n’indique pas comment ces sens stéréotypiques seront définis, ni dans quel ordre ils figureront dans le dictionnaire. En résumé, l’approche fixe, qui énumère les sens, n’indique ni la relation entre les sens ni comment se fait le passage de l’un à l’autre. Les sens sont autonomes, existent côte à côte sans se toucher, sont arbitraires. L’approche dynamique, au contraire, présente la polysémie comme omniprésente dans la langue de tous les jours; elle indique que les changements de sens ne sont pas arbitraires mais dus à des principes sous-jacents cognitifs reflétant notre organisation conceptuelle. Le passage d’un sens à l’autre est prédictible: poulet a, par exemple, le sens de ‹volatile›, puis par extension celui de ‹viande›.

3. Rôle de l’intuition et les fonctions de Nunberg (1979; 1995) Justement, à propos d’exemples comme poulet ou Picasso, Nunberg (1978; 1979) parle de sens conventionnel accepté par tous les locuteurs: poulet dans le sens de ‹viande› est dérivé de poulet ‹volatile› (1979: 166) et Picasso dans le sens de ‹œuvre› du nom propre du peintre. Les exemples (6a) et (6b) seraient considérés par les locuteurs comme des énoncés conventionnels et non déviants. (6) a. j’ai mangé du poulet; b. je travaille dans un journal.

En même temps, il semble que le locuteur qui produise ou comprenne de tels énoncés (poulet viande et journal institution) soit conscient qu’il se réfère à l’autre sens de poulet

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volatile et journal publication. La relation se fait normalement. Il est donc habituel de s’en remettre à l’intuition pour distinguer les sens conventionnels des sens déviants. C’est d’ailleurs ce que fait le lexicographe. Dans le cas de (7), l’intuition semble être moins claire. Est-ce que fenêtre indique d’abord l’ouverture ou d’abord la vitre qui masque l’ouverture? (7) fenêtre ---) ouverture / fermeture au moyen d’une vitre

De toute façon, ce phénomène d’intuition doit être expliqué et testé de façon opérationnelle (pour des cas comme fenêtre). Toutefois, le fait que tous les locuteurs s’accordent sur les relations entre les sens (et leur passage de l’un à l’autre) prouve bien que ces relations ne sont pas arbitraires. La seule façon d’expliquer les intuitions partagées par les locuteurs (et aussi certaines possibilités syntaxiques), c’est de considérer que beaucoup de polysèmes ont un sens conventionnel, plus d’autres sens générés de façon pragmatique (cf. les exemples (8), (9), (10) et (11) qui ne sont ni agrammaticaux, ni asémantiques). (8) The newspaper has decided to change its format (Nunberg 1979: 150) (9) John’s dissertation, which weighs five pounds, has been refuted (Nunberg 1979: 150) (10) Yeats did not enjoy hearing himself read aloud (Nunberg 1979: 150) (11) Jean a travaillé pour le journal que tu es en train de lire

Dans ces exemples, un item a été pronominalisé sur un sens sous l’identité d’un autre sens, sans que la phrase ne soit bloquée (journal: papier, institution; thèse: livre, thèse). On a déjà vu qu’une forte intuition fait dire aux locuteurs qu’un sens est basique et l’autre pas. Mais ce n’est pas tout: Nunberg (1979: 156) argue qu’il y a entre les deux sens un lien fonctionnel très fort, très évident qu’il nomme «a salient functional link», qui relie le premier sens à un autre. Ces liens, une liste fermée, selon lui, sont des fonctions qui soustendent le passage d’un sens à un autre: ‹source de›, ‹cause de›, ‹type de›, ‹possesseur de›, etc. La fonction ‹source de› va indiquer le passage de «arbre» à «bois». Ces fonctions sont dominantes, elles font partie des connaissances du monde que nous, locuteurs, partageons. La fonction qui lie le sens zoologique de poulet à celui de poulet viande est aussi désignée comme «grinding rule» (Nunberg 1995: 117), elle indique que les noms comptables se transforment en noms massifs et autorise des expressions telles que: «sac en porc», «table en acajou», «pull (en) angora» ou encore «boire une prune / une poire». Pourtant, certaines phrases comme «boire * une pomme / * une orange» sont bloquées. Ceci suggère qu’il faudrait d’autres règles qui spécifieraient ce qui est possible et ce qui ne l’est pas; en attendant le lexique et le dictionnaire doivent mentionner ces exceptions.

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4. Willy Martin et les frames ou scénarios Une autre proposition de type constructiviste décrivant une entrée polysémique idéale est proposée par Willy Martin (1994; 1997). Il emprunte à Minsky (1977) les notions de «frames» et de scénarios. Ces frames ou schèmes sont des structures qui contiennent une connaissance implicite, stéréotypique qui est nécessaire pour comprendre des concepts ou des sens mais aussi pour les produire. Les frames représentent la connaissance des entités ou des objets, les scénarios la connaissance des événements. Minsky explique ainsi cette notion: «When one encounters a new situation […] one selects from memory a structure called a frame. This is a remembered framework to be adapted to fit reality by changing details as necessary. It is a data structure for representing a stereotypical situation […] it is an organized matrix of slots for given states of affairs […]» (Minsky 1977: 355). Le frame ou schème, c’est non seulement la connaissance stéréotypique, mais aussi le format ou la présentation en «slots» ou cadres, c’est-à-dire une série de catégories générales et conceptuelles qui sont spécifiées par des informations ou «fillers». Le frame n’est pas fixe et a un caractère procédural, c’est-à-dire que grâce à des procédures («use of declarative knowledge»), mais aussi des questions, par exemple, on peut spécifier et modifier l’information à l’intérieur d’un «slot». Le frame n’est pas une collection hétéroclite d’informations toutes mises sur le même plan et les fillers ne sont pas non plus des items d’une check-list, où chaque item fonctionne comme une caractéristique nécessaire et suffisante. Chaque slot a un degré plus ou moins important de nécessité. Ainsi, certaines «slots» sont remplies obligatoirement, d’autres sont optionnelles ou restent vides. Pour renard, lapin, détruire, les spécifications, respectivement ‹animal›, ‹rongeur› et ‹action›, ont un statut spécial par rapport aux autres. La théorie des frames a déjà été utilisée dans des buts lexicographiques par Wegner (1985; 1989) et plus tard par Willy Martin (1994). Voici l’exemple de voyageur d’après Wegner (1985: 68) et de animal d’après Willy Martin (1994: 248). Reisende(r) Frame type: personne Lexème: voyageur Synonymes: passager Personnes interagissant avec R: conducteur, contrôleur, chef de gare… Groupes interagissant avec R: passagers, voyageurs Objets typiques utilisés par R: valises, sacs de voyage, billet de train… Animaux / plantes interagissant avec R: / Décor: train, gare, wagon, wagon restaurant... Actions typiques de R: voyager, changer de train…

On remarque que toutes les slots ne sont pas forcément remplies, car certaines ne sont pas pertinentes et aussi que le frame voyageur ressemble plus à un scénario.

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Animal Zoocentric slots – subtype – sex, – size, – shape, – skin – design, – color, – age – has_qual – has_part – type action – type ability – move, – sound, – lives off – habitat, – birth… Anthropomorphic slots – has stereotypical_qualities (ex: le lion est fort, la vache stupide, le chat paresseux…) – function_man (fonctions associées à l’homme) – human activity related to animal (ex: chasse, élevage) – a part of the animal related to human activity (ex: chair, fourrure, peau…) – similar to

Willy Martin suggère que les dictionnaires ne devraient plus présenter leurs entrées en séparant les sens (polysémiques), mais que, au contraire, l’entrée doit former un tout, c’està-dire montrer son caractère holistique et relationnel. Comme le suggère l’exemple de fox tiré du CIDE (Procter 1995), la définition est un scénario, une histoire. Animal: A wild mammal belonging to the dog family which has a pointed face and ears, a wide furry tail and often reddish-brown fur. Fox is also the skin of this animal used to make coats and hats. Foxes are traditionally thought to be clever and good at deceiving people, so humans are sometimes compared to them. Woman: a sexually attractive woman.

(D’autres dictionnaires proposent des définitions moins relationnelles, comme par exemple: 1. l’animal; 2. une personne fourbe, déloyale; 3. la chair, la fourrure; 4. une bombe sexuelle.) L’intéressant dans la description du CIDE, c’est qu’on voit le passage d’un sens à un autre: SKIN ----) PRODUCT MADE FROM SKIN OF ANIMAL ANIMAL STEREOTYPICAL QUALITY OF ANIMAL ----) PEOPLE HAVING QUALITY

Cette description sémantique est tout à fait dans l’esprit du frame et montre comment on passera d’un sens à l’autre. Grâce au caractère récursif du frame, le filler peut à son tour devenir frame: ‹animal› devient ‹peau› qui devient ‹produit›. Les relations entre les divers éléments du frame ne sont pas forcément des relations directes entre le mot (nucleus) et ses satellites. Il y a une relation en chaîne: porc (animal), cuir (de l’animal), produit fait (du

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cuir) (de l’animal), etc. Le passage se fait par l’intermédiaire de dérivations ou extensions (métonymiques ici). Willy Martin (1997: 69) propose pour rabbit les descriptions suivantes: Zoocentric slots – subtype: rodent – size: small – skin: furry – move: jump (on hind legs) – has_qual: quick – habitat: rabbit hole, rabbit hutch Anthropomorphic slots – has stereotypical_qualities: shy, impatient – function_man – human activity related to animal: hunting, breeding – a part of the animal related to human activity: meat, fur – similar_to: hare

Il faut noter dans ce dernier exemple que la première caractéristique (subtype ou catégorie) est fixe (ici «rongeur»), les autres sont optionnelles et pourraient se modifier. Mais, ce sont ces caractéristiques optionnelles qui vont jouer un rôle dans l’expression de la polysémie. Vache, par exemple, est lié taxonomiquement au type ou à la catégorie plus générale «mammifère», mais peut aussi, par l’intermédiaire d’un slot optionnel «has_ sterotypical qualities ---) stupide», donner naissance à une nouvelle catégorie: «femme stupide». Ces types ou concepts sont des indicateurs de catégories comme dans les exemples de fox du CIDE ou de vache. Ils peuvent discriminer les polysèmes des homonymes (animal et femme), mais aussi des catégories grammaticales: bear ‹animal› et bear ‹to carry› (cf. Willy Martin 1997: 67). On peut donc conclure ici que ce qui permet la polysémie, c’est la flexibilité des slots, la flexibilité dans les fillers et le caractère récursif des fillers.

5. Propositions et conclusions Les propositions de Robert Martin n’apportent pas vraiment de solutions au problème du traitement de la polysémie dans le dictionnaire. Comment, dans la pratique, imaginer les pôles qui restreindraient l’espace sémantique dont parle Robert Martin? Celui-ci ne propose aucun procédé, aucun critère, aucune règle qui décrirait la façon de procéder pour trouver ces sens fixes. D’autre part, Robert Martin ne propose rien non plus pour indiquer le passage d’un sens à un autre: le cœur du problème polysémique. Cette relation entre deux sens et le passage de l’un à l’autre n’est guère mentionnée dans le travail de Robert Martin. C’est pourtant une notion qui a son importance dans le dictionnaire d’apprentissage. L’énumération des sens fixes (sans rapport les uns avec les autres) n’est pas satisfaisante.

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Quant aux propositions de Willy Martin, elles peuvent s’appliquer au dictionnaire informatisé (et je pense que son approche des frames vise d’abord le dictionnaire informatisé), mais elles pourraient aussi bien être adaptées au dictionnaire livre (cf. la définition de fox, mais aussi beaucoup d’autres dans ce même dictionnaire). Le frame offre une structure suffisamment souple pour qu’on puisse passer d’un sens à un autre, c’est-à-dire, pour que certaines slots puissent générer de nouveaux frames. Ainsi, des sens métonymiques découleront des slots telles que «skin», peau de porc, peau de serpent. Et pour reprendre l’exemple de cabinet proposé au début, on peut dire que la slot «fonction» motivera le passage de cabinet «pièce» à cabinet «fonction», c’est-à-dire à la fonction qui s’exerce dans ce cabinet. Ces slots, certaines en tout cas, donnent naissance à de nouvelles catégories ou de nouveaux types référentiels (cf. renard et personne rusée; cabinet et gouvernement). Certaines slots sont probablement responsables des sens métonymiques (grâce au rapport de contiguïté), d’autres des sens métaphoriques. Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. Le fait que le frame de chat, par exemple, contienne toutes sortes de spécifications qui se rapportent au comportement de l’animal par rapport à un autre animal (ici «souris», «chien») permet aussi d’intégrer des métaphores que le lexicographe range souvent sous une rubrique fourre-tout qu’il nomme formes idiomatiques. Ainsi, des métaphores comme se comporter comme chien et chat ou jouer au chat et à la souris, qui mettent en scène une souris ou un chien, seront spécifiées dans une partie du scénario chat dans la slot ou le cadre «comportement habituel». Cette approche permet non seulement d’intégrer ces métaphores, mais encore permet à l’utilisateur du dictionnaire de mieux les comprendre dans un cadre unitaire et de les reproduire. Pourtant, les propositions de Willy Martin ne sont pas sans comporter certaines défaillances: l’impossibilité à généraliser cette application de la théorie du frame à tout le lexique (quel serait le frame des mots grammaticaux, par exemple?). Mais, ce reproche n’est pas spécifique à la théorie des frames, on le retrouve dans presque toutes les théories sémantiques.

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Nunberg, Geoffrey (1979): The non-uniqueness of semantic solutions: Polysemy. In: Linguistics and Philosophy 3, 143-184. – (1995): Transfers of meaning. In: Journal of Semantics 12, 109-132. Procter, Paul (ed.) (1995): CIDE, Cambridge International Dictionary of English. Cambridge. Putsekovsky, James / Boguraev, Branimir (1996): Introduction: Lexical semantics in context. In: Lexical semantics, the problem of polysemy. Clarendon paperbacks, 1-14. Rey, Alain (ed.) (1998): Le Robert Micro. Paris: dictionnaires Le Robert, édition de poche. Wegner, I. (1985): Frame-Theorie in der Lexikographie. Tübingen: Niemeyer. – (1989): Lexicographische Definition und frame Theorie im allgemein einsprachigen Wörterbuch. In: Hausman, F.J. / Reichman, O. / Wiegand, H.E. / Zgusta, L. (edd.): Wörterbuch, Dictionaries, Dictionnaires. Berlin: Mouton de Gruyter, 893-899.

Carolin Patzelt

La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas en las lenguas románicas

1. Introducción Una característica de las lenguas románicas es que disponen de las así llamadas perífrasis verbales (auxiliar + participio / gerundio / infinitivo) para expresar la ‹Aktionsart› [= a veces traducido al español como manera de acción] de un verbo. Ejemplo: [1] Los soldados

se ponen a marchar están marchando siguen marchando

[= comienzo] hacia la frontera. [= duración] [= continuidad]

Sin embargo, también existe otra construcción, en la que no se ha profundizado tanto, que consiste en una estructura analítica similar –‹auxiliar + verbo nominalizado› (N°)– y es así capaz de adquirir funciones idénticas con respecto a la ‹Aktionsart›: la así llamada construcción verbo-nominal. Ejemplo: [2] Los soldados

se ponen en marcha están en marcha siguen en marcha

[= comienzo] hacia la frontera. [= duración] [= continuidad]

Debido a la posibilidad de intercambiar las perífrasis verbales y las construcciones verbo-nominales en [1] y [2], esta ponencia se propone investigar la situación de competencia que se da entre ambas construcciones en el campo de expresar ‹Aktionsart›. En la literatura se ha afirmado a menudo que es imposible elaborar una comparación directa entre las perífrasis verbales y las construcciones verbo-nominales, debido a la diferencia existente en la segunda parte de su composición (nominalización frente a verbo infinito).1 Sin embargo, en el presente trabajo se adopta una perspectiva onomasiológica, es decir, lo que interesa no es el significado de las estructuras ‹auxiliar + INF / GER / PART› y ‹auxiliar + N°›. Más bien, la pregunta es cuáles de las diversas construcciones verbales (analíticas) son capaces de expresar una determinada ‹Aktionsart›. Partiendo de esta perspectiva, las construcciones verbales en [3] demuestran un comportamiento muy similar: [3] Los soldados [están marchando – están en marcha] hacia la frontera.

––––––– 1

Cf., por ejemplo, Detges (1997).

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Carolin Patzelt

En este ejemplo, el auxiliar de ambas construcciones es estar, el verbo principal también es idéntico: marchar. El mensaje de ambas construcciones es que un grupo de soldados está en vías de acercarse a la frontera (AHORA); la Aktionsart en ambas oraciones es, pues, la de la duración. Por supuesto, esta duración se expresa por medio de rasgos diferentes, debido a la diferencia estructural en la segunda parte de la construcción (sustantivo contra verbo); la perífrasis verbal utiliza el gerundio para expresar la ‹duración›, mientras que la construcción verbo-nominal expresa esta característica por medio de una preposición: estar en. El punto decisivo, sin embargo, es que ambas construcciones disponen de cierta característica para agregar el sentido de la ‹duración› al verbo principal ‹marchar›. Es decir, dos características morfológicas distintas –una terminación verbal y una preposición– adquieren la misma función en la expresión de Aktionsart: ambas expresan duración. Por lo tanto, sí tiene sentido comparar el sistema de Aktionsart expresado por perífrasis verbales y construcciones verbo-nominales.

2. Límites de la equivalencia El ejemplo [3], ‹estar marchando – estar en marcha›, sugiere una situación de competencia absoluta entre las perífrasis verbales y las construcciones verbo-nominales. Sin embargo, si en vez de la duración consideramos la Aktionsart de la repetición, los ejemplos [4] y [5] demuestran que las construcciones verbo-nominales no pueden competir con perífrasis verbales aquí: [4] Los soldados suelen marchar hacia […]. Los soldados *suelen en marcha hacia […].

[5] Los soldados vuelven a marchar [...]. Los soldados *vuelven en marcha [...].

Por lo visto, el valor repetitivo no se puede expresar por una construcción verbonominal. – Entonces, parece que no todas las categorías de Aktionsart representan una situación de competencia entre las dos construcciones; también hay categorías que se representan solamente por una de las dos. Y esto todavía no es todo, como demuestran los ejemplos siguientes: [6] Poco a poco los soldados

están marchando *están en marcha

hacia la frontera.

[7] Poco a poco los soldados

siguen marchando *siguen en marcha

hacia la frontera.

Según demuestran [6] y [7], la adición de ‹poco a poco›, una expresión adverbial de valor [+ progresivo], destruye la situación de competencia que se descubrió en [3] entre las perífrasis verbales y las construcciones verbo-nominales de valor durativo: la perífrasis verbal puede agregar una expresión adverbial de valor [+ progresivo], es decir, además del valor durativo también puede adoptar un valor durativo-progresivo, mientras que una construcción verbo-nominal se limita al valor puramente durativo. Tal situación de competencia restringida también se da en otras construcciones que parecen idénticas a

La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas

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primera vista, p.ej. ‹ponerse a marchar / en marcha›. Ambas construcciones sugieren un comportamiento idéntico en oraciones simples como la siguiente: [8] Los soldados

se ponen a marchar se ponen en marcha

hacia la frontera.

Sin embargo, si ampliamos el contexto por la noción de ‹comienzo›, la situación de competencia desaparece, porque la extensión en [9] sólo es posible con la construcción verbo-nominal: [9] Los soldados

empiezan a *ponerse a marchar ponerse en marcha

hacia la frontera.

Por lo tanto, la competencia entre perífrasis verbales y construcciones verbo-nominales no sólo se limita a ciertas categorías enteras de Aktionsart, de modo que se pueda constatar: «las perífrasis verbales y las construcciones verbo-nominales compiten en la expresión de la característica X, mientras que la característica Y se expresa solamente por una de ellas». Más bien, también ocurren restricciones a la situación de competencia dentro de ciertos valores de Aktionsart. Resumiendo, es posible que una situación de competencia que se da en cierto contexto (semántico), no exista en un contexto diferente. Por lo tanto, al investigar los valores de Aktionsart expresados por perífrasis verbales y construcciones verbonominales, es importante comprobar un comportamiento aparentemente idéntico en diversos contextos y aplicar diversas pruebas de extensión.2

––––––– 2

Hay que añadir que puede detectarse en algunos casos una distribución complementaria entre las funciones de las perífrasis verbales y las construcciones verbo-nominales ya sin prestar atención al contexto: Los obreros están construyendo un nuevo puente. Los obreros *están en construcción de un nuevo puente. correcto: Un nuevo puente está en construcción. Los soldados siguen examinando la situación. Los soldados *siguen en examinación (de) la situación. correcto: La situación sigue en (proceso de) examinación. Según ilustran estos ejemplos, algunas construcciones con el auxiliar «estar / seguir» experimentan una conversión en voz pasiva si la perífrasis verbal es sustituida por una construcción verbonominal. La decisión entre la perífrasis verbal y la construcción verbo-nominal puede, así, afectar no sólo al sentido requerido en un contexto dado, sino también a la estructura sintáctica de la oración analizada. Un análisis sistemático de la situación de competencia entre ambas construcciones por lo tanto tiene que abarcar muchas características léxicas, sintácticas y semánticas.

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Carolin Patzelt

3. Construcciones verbales analíticas con ‹ponerse› y ‹estar› En un trabajo anterior más complejo, investigué la pregunta por qué y bajo qué circunstancias las perífrasis verbales compiten con las construcciones verbo-nominales y bajo cuáles no.3 Encontré que hay dos sistemas complementarios de Aktionsart, los cuales no puedo presentar por completo aquí por limitaciones de extensión. Sin embargo, voy a ilustrar los resultados con dos construcciones representativas: ‹ponerse› y ‹estar›. – Volvamos al problema demostrado en [9] y echemos una mirada a los ejemplos siguientes, que presentan posibles usos de las construcciones con ‹ponerse›: [10] Poco a poco

el nuevo producto el equipo

se puso en uso. se puso en marcha.

[11] Poco a poco

el nuevo producto el equipo

*se puso a usarse. se puso a marchar.

(El cliente X se puso a ?usar / se puso a estudiar el producto). [12] El nuevo producto El equipo

empezó a

ponerse en uso. ponerse en marcha.

[13] El nuevo producto El equipo

empezó a

*ponerse a usarse. (X *empezó a ponerse a estudiar ...) *ponerse a marchar.

3.1 Construcciones verbales analíticas con ‹ponerse› Como demuestran los ejemplos [10] y [11], tanto la perífrasis verbal como la construcción verbo-nominal con ‹ponerse› permiten una expresión adverbial de valor progresivo (‹poco a poco›)4, porque el auxiliar ‹ponerse› es capaz de enfatizar la continuación / el desarrollo de la acción después de su punto de comienzo. Según Quesada (1994), este valor distingue ‹ponerse a + INF› de ‹empezar a + INF›, como demuestra el ejemplo siguiente: Sí, eso es lo que dicen ahora, pero yo a veces

me pongo a pensar *empiezo a pensar

¿cómo saben? [Quesada 1994: 127]

Entonces, si el valor de ‹ponerse› es [- puntual], ¿por qué no es posible añadir un segundo auxiliar ingresivo, de valor [+ puntual], en las perífrasis verbales de [13]? – Una contemplación más profunda sugiere que el valor [+/- puntual] del comienzo expresado por el auxiliar no es decisivo. Más bien, es de suponer que la noción de ‹comienzo› –que ––––––– 3 4

Para el análisis completo, cf. Patzelt (2007). Aunque en [11] se observa que las perífrasis verbales con «ponerse a» se limitan a construcciones activas y favorecen la combinación con verbos télicos (estudiar, analizar, etc.). A lo largo de la ponencia volveremos a este punto.

La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas

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originalmente se atribuiría a ambas construcciones, ‹ponerse a + INF› y ‹ponerse en + N°›– tiene un valor diferente en cada una de las dos: La perífrasis verbal ‹ponerse a + INF› marca el comienzo concreto de una acción, por eso, los ejemplos [11] favorecen un agente concreto y un verbo télico. El ejemplo [14] demuestra que la construcción verbo-nominal tiene un valor algo diferente: [14] A partir de los años 70,

se ha puesto en uso una nueva estrategia. ?el equipo se ha puesto en marcha. *se ha puesto a usarse una nueva estrategia. *el equipo se ha puesto a marchar.

La construcción ‹ponerse en + N°› se combina con verbos átelicos (usar, etc.) y se refiere a una temporada prolongada (‹a partir de›), indicando el desarrollo hacia cierto estado o meta, generalmente de larga duración: [15] A partir de los años 70, se ha puesto en uso una nueva estrategia. = Durante esta época, [las empresas] han empezado a usar (‹ir usando›) una nueva estrategia.

Este desarrollo engloba varias acciones, es decir, en [15] la estrategia se usa muchas veces, por muchas personas, durante el período de tiempo indicado. Por lo tanto, la diferencia entre los ejemplos [12] y [13] es que la perífrasis verbal en [13] se refiere a una acción concreta, mientras que el desarrollo expresado por la construcción verbo-nominal en [12] implica varias acciones individuales, adoptando una perspectiva global sobre la situación representada. Es por eso que ‹ponerse en + N°› está en voz pasiva, evitando mencionar un agente concreto, y puede combinarse con un auxiliar adicional de valor ingresivo ([12]), porque más que un punto de comienzo, la construcción indica el desarrollo de una situación global. Por supuesto, este desarrollo puede contemplarse en su comienzo ([12]). Según lo ilustrado por la paráfrasis muy complicada y artificial en [15], el empleo de una perífrasis verbal no es posible para expresar tal vista global. Y como la función que adopta la construcción verbo-nominal tampoco puede expresarse por cualquier otra construcción verbal en español, ‹ponerse en + N°› llena aquí un hueco en el sistema de Aktionsart en español: un verbo átelico como ‹usar(se)› se transforma en una construcción télica si se combina con un auxiliar como ‹ponerse (en)›, que indica el comienzo de un proceso. El resultado del proceso ‹ponerse en uso› es el estado ‹estar en uso›. Es interesante que la construcción verbo-nominal ‹ponerse en + N°› puede adquirir un valor [+ progresivo], mientras que el estado que resulta de este comienzo progresivo –‹estar en + N°›– no puede tener la característica [+ progresivo]. (Cf. ejemplos [6] y [7]). Si, además, se toma en cuenta que la perífrasis verbal ‹estar + GER› sí puede expresar un valor [+ progresivo], es obvio que el valor [+ progresivo] demuestra una distribución complementaria en perífrasis verbales y construcciones verbo-nominales con ‹ponerse› y ‹estar›: Tabla 1: El valor [+ progresivo] en perífrasis verbales y construcciones verbo-nominales con ‹ponerse / estar›

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Carolin Patzelt

[+ progresivo] ponerse en + N° estar + GER

[- progresivo] estar en + N° ponerse a + INF

3.2 Construcciones verbales analíticas con ‹estar› El ejemplo [6] mostró que –en oposición con ‹estar + GER›– ‹estar en + N°› no puede ser [+ progresivo], probablemente porque la construcción verbo-nominal no expresa una acción, sino un estado (temporal). Los ejemplos siguientes muestran que este estado puede convertirse en una construcción dinámica, si el contexto implica un período de tiempo algo más largo. En tal caso, la acción expresada por N° adquiere la característica [+ repetición]: [16] Durante dos meses

*la nueva estrategia se ha puesto en uso. *el equipo se ha puesto en marcha. la nueva estrategia está en uso. el equipo está en marcha.

El producto ha estado en uso durante muchos años. = El producto ?ha estado siendo usado muchas veces, por mucha gente durante este tiempo.

Abstrayendo de una sola acción concreta, la construcción verbo-nominal ‹estar en + N°› adquiere la función de presentar una situación dada de la perspectiva externa; esto significa que la construcción implica la totalidad de varias acciones individuales que ocurran durante un determinado período de tiempo. Igual que la perífrasis ‹estar + GER›, la construcción verbo-nominal indica algo ‹momentáneo›. Sin embargo, la construcción verbo-nominal sustituye la acción concreta por un estado general. Consecuentemente, [+/- concreto] es la característica que distingue ‹estar en + N°› de ‹estar + GER›. Evidentemente, el valor [- concreto] caracteriza a ambas construcciones verbonominales, ‹ponerse en + N°› y ‹estar en + N°›, y las distingue sistemáticamente de las perífrasis verbales correspondientes: en [12] se constató que ‹se pone en uso› expresa un ‹comienzo› [- puntual, + progresivo] o desarrollo, implicando la misma cantidad de procesos individuales como ‹estar en uso›. La diferencia entre ambas construcciones es que ‹ponerse en + N°› expresa el desarrollo hacia un estado ([+ transformativo]), mientras que ‹estar en + N°› describe el estado como tal ([+ estático]). Por lo tanto, se llega a la conclusión de que las perífrasis verbales ‹ponerse a + INF› y ‹estar + GER› indican las fases ingresiva y durativa de una acción o un proceso, adoptando una perspectiva interior. Las construcciones verbo-nominales ‹ponerse en + N°› y ‹estar en + N°›, en cambio, adoptan una perspectiva exterior, y como tal no distinguen diversas fases de la acción / del proceso, sino que el rasgo decisivo es [+/- transformativo].

La expresión de «Aktionsart» como función sistemática de las construcciones verbales analíticas

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Es curioso que la diferencia entre las oposiciones ‹ponerse en / estar en + N°› (= perspectiva externa) y ‹ponerse a + INF / estar + GER› (= perspectiva interna) es más grande, cuanto de forma más explicita las construcciones verbo-nominales expresan una acumulación de acciones individuales. Los ejemplos siguientes demuestran esto: [17] La nueva estrategia todavía

está en discusión. *está siendo discutida.

[18] La nueva estrategia todavía

está en uso. ?está siendo usada.

[19] El equipo

se pone en marcha hacia [...]. se pone a marchar hacia [...].

En construcciones como ‹estar en discusión› la distancia es bastante grande, porque la construcción verbo-nominal expresa una situación abstracta que abarca varios procesos / varias acciones individuales; en [17] algo es ‹un punto de discusión general›, lo cual implica muchas discusiones en muchos lugares diversos, y por diversas personas. La perífrasis verbal ‹estar discutiendo / estar siendo discutido›, al contrario, referiría a una discusión concreta, momentánea. Lo mismo es cierto para ‹estar en uso› ([18]); un producto se vende muchas veces, a mucha gente en muchos lugares, así que la construcción verbonominal implica una serie de acciones individuales de uso. En verbos de movimiento como ‹marchar› la distancia es menos, porque la continuidad no se puede dividir en una serie de acciones individuales. Por eso parece que construcciones como ‹estar marchando› / ‹estar en marcha› compiten la una con la otra o que expresan exactamente el mismo valor de Aktionsart. Tabla 2: Distinción de las perspectivas interna y externa por las construcciones con ‹ponerse / estar en› perspectiva externa ponerse en uso estar en uso ponerse en marcha estar marchando perspectiva interna

estar usando [+ progr.]

estar en marcha ponerse a marchar ponerse a usar [- progr.]

4. Resumen Para resumir, tanto las perífrasis verbales como las construcciones verbo-nominales parecen disponer de una diferenciación sistemática de Aktionsart. La diferencia entre las dos es que las perífrasis verbales expresan categorías de la perspectiva interna, mientras

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Carolin Patzelt

que las construcciones verbo-nominales son responsables de expresar la Aktionsart de la perspectiva externa. Por lo tanto, se ha demostrado que la diferencia entre ‹ponerse a usar› –‹estar usando› es la de las fases ingresiva y durativa de la acción, mientras que la diferencia entre ‹ponerse en uso›– ‹estar en uso› consiste en el rasgo [+/- transformativo].

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Julie Pelletier

La variation terminologique

Pour une approche descriptive des phénomènes de variation terminologique Dans notre thèse de doctorat, les phénomènes de variation terminologique sont étudiés à partir d’une approche entièrement descriptive, inspirée de la socioterminologie, de la terminologie communicationnelle1 et fonctionnelle2, visant ainsi à mieux les comprendre d’une part et à mieux les gérer d’autre part. Tout comme le mentionnait Gaudin, il est temps «que l’on réintègre la variation, essentielle dans toutes les interactions, et nullement absente des vocabulaires professionnels. Il convient donc, au lieu de la combattre en la minorant, de comprendre cette variation et de l’étudier» (1993: 296). Les phénomènes qui retiendront notre attention dans cet article sont donc: la variation dénominative, la variation conceptuelle et la variation polysémique.3 Il convient de mentionner que notre corpus porte sur onze échantillons de textes spécialisés du domaine de la gestion et du traitement des matières résiduelles en français du Québec et en français de France. Les textes proviennent de sociétés d’État, de ministères de l’environnement et d’établissements publics.

1. Notre conception de la terminologie et de la variation terminologique La terminologie, selon nous, ne peut être réduite à un vocabulaire particulier ou être vue seulement comme une sous-discipline d’une autre. Au cours des dernières années, elle a fait l’objet de réflexions théoriques et appliquées approfondies (pensons aux propositions de ––––––– 1

2

3

La terminologie communicationnelle de Cabré (2000) permet un traitement multidimensionnel des termes (linguistique, cognitif et pragmatique). La terminologie fonctionnelle de Faulstich (2001) offre une approche hautement conceptuelle des termes. Les règles développées par Faulstich révèlent le concept du terme, ce qui peut apporter un éclairage majeur dans certains cas complexes lors de l’analyse. En raison du nombre restreint de pages de cette publication, il nous sera impossible de couvrir l’intégralité de notre communication orale présentée lors du CILPR 07. Dans cet article, nous nous concentrerons donc sur les trois types de la variation terminologique découverts dans le cadre de notre thèse de doctorat. Pour en savoir plus, nous vous proposons de consulter notre thèse lors de sa parution ou nos publications à venir.

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Julie Pelletier

Temmerman (2002); Cabré (1998); Diki-Kidiri (2000); Faulstich (1998)) et elle doit être envisagée comme un tout: Étude théorique, méthodique et appliquée des notions et des termes, de leur fonctionnement social et de leur valeur à l’intérieur d’un savoir spécialisé, et en relation avec de nombreuses disciplines du savoir humain et de la linguistique.

Les objets de l’étude terminologique, les termes et les notions, ne peuvent être dissociés les uns des autres; ils doivent être étudiés conjointement. Dans cette perspective, la plupart des études terminologiques requièrent donc une combinaison des approches onomasiologique et sémasiologique. La terminologie, qu’elle réponde à besoin ponctuel, à une recherche thématique ou systématique, ne peut plus être envisagée en dehors des réflexions théoriques, et des applications de ses activités de recherche. Par ailleurs, les méthodes établies selon les besoins de chaque étude découlent pour autant d’une forme de pensée préalable, indissociable donc d’une école de pensée ou d’une base théorique (que celle-ci soit normative ou descriptive) en fonction des besoins visés. Or, si la recherche terminologique se fait dans un besoin d’harmonisation, les résultats seront complètement différents de ceux qui seraient obtenus dans le cadre d’une recherche descriptive, où les objectifs sont la description d’une situation réelle afin de mieux l’expliquer. Par ailleurs, comment pourrait-on négliger la valeur et les fonctions de ces termes en contexte de communication? Chaque terme revêt autant de valeurs que le contexte le demande ou le commande. C’est donc le contexte social et le cotexte linguistique qui donnent sa valeur au terme. Celui-ci est donc perméable aux contextes et cotextes dans la mesure où il peut acquérir une gamme infinie de valeurs en fonction des situations de communication, d’où l’incroyable capacité du terme-concept à évoquer tout en nuance. Si nous récapitulons, la valeur est donc «le sens que peut revêtir un concept et la dénomination que peut prendre un terme en fonction de son contexte social et de son cotexte linguistique en vue de répondre à des besoins communicationnels précis». Puis, il ne faut pas oublier que la terminologie traite de tous les domaines spécialisés du savoir humain, lesquels sont tous interreliés. Le rapprochement entre la terminologie et la linguistique constitue aussi un atout considérable et ne peut, selon nous, être écarté.

1.1 La variation terminologique: une composante à trois volets Parmi les phénomènes de variation terminologique, nous incluons la variation dénominative, la variation conceptuelle et la variation polysémique. À l’intérieur de la variation polysémique sont intégrées les métaphores terminologiques. La variation dénominative ou la synonymie, pour ceux qui préfèrent ce terme, correspond à l’existence de deux ou plusieurs dénominations différentes liées à un même concept et à un même référent. La variation conceptuelle représente le phénomène selon lequel un concept peut revêtir plusieurs signifiés selon la conception, selon la perception ou l’usage qu’en font les locuteurs (destination, point de vue, objectif, etc.) et correspondant à un même référent. C’est exactement là que réside la différence principale entre la variation conceptuelle et la variation polysémique. Dans le cas de la variation polysémique, une dénomination a

La variation terminologique

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plusieurs signifiés différents et correspond aussi à des référents différents. Nous donnerons des exemples détaillés de ces phénomènes dans les sections à venir.

1.1.1 Schéma de la variation terminologique

2. La variation dénominative ou la synonymie La terminologie employée pour décrire les phénomènes de synonymie varie énormément selon les auteurs. Le terme synonymie provient de la théorie de la linguistique et le terme variation est issu de la sociolinguistique. Selon les auteurs et selon leurs approches respectives, certains vont privilégier la forme synonymie et d’autres, la forme variation. Kocourek (1991), par exemple, utilisera le terme synonymie pour décrire ce phénomène dans la langue technique et scientifique, mais avec une approche proprement linguistique. Certains auteurs vont parler de synonymie absolue et de synonymie partielle ou approximative. La synonymie peut avoir deux acceptions différentes: ou bien deux termes sont dits synonymes quand ils ont la possibilité de se substituer l’un à l’autre dans un seul énoncé isolé (pour un mot donné, la liste des synonymes est alors importante); ou bien deux termes sont dits synonymes (synonymie absolue) quand ils sont interchangeables dans tous les contextes, et alors il n’y a pratiquement plus de véritables synonymes sinon entre deux langues fonctionnelles […]. De plus, deux unités peuvent avoir le même référent et ne s’employer que dans des contextes différents […]. C’est plutôt en terme de degrés qu’on peut parler de synonymie […]. La synonymie peut donc être complète ou non, totale ou non. (Dubois et al. 1973: 476)

Pour Kocourek, «les termes synonymes sont des termes interchangeables dans le définiendum de la même définition» (2001: 267). Selon le degré de parenté formelle, il sera

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Julie Pelletier

alors question de synonymie paronymique (termes formellement apparentés) ou de synonymie hétéromorphe (termes sans parenté formelle). Dans le même ordre d’idées, c’est ce que Natanson appelait synonymie homogène et synonymie hétérogène. Pour Kurysko, l’étude de la synonymie s’orientait autour des doublets, c’est-à-dire autour d’une paire formée à partir d’un terme russe et d’un terme équivalent ayant une base latine. Selon Kurysko, les doublets étaient des synonymes absolus et parfaitement interchangeables (D’après Freixa 2002: 94). Nous sommes plutôt d’avis qu’il n’existe pas de synonymie absolue, mais bien des variantes dénominatives qui rendent compte des nuances propres aux situations de communication, qui elles sont multiples. C’est pourquoi nous privilégions la forme variante dénominative à celle de synonyme pour une raison idéologique, d’une part, puisque que cette forme est issue du courant variationniste et de la socioterminologie à laquelle nous adhérons dans cette étude et pour une raison historique, d’autre part, puisque la synonymie a longtemps été associée à une approche prescriptive de la terminologie; ce qui a eu pour conséquence de la rejeter ou de la minimiser, et ce jusqu’au début des années 90. Pour des idéaux de monosémie, il existait une certaine façon de faire de la terminologie qui consistait en un classement homonymique et en un cloisonnement des domaines. Ce qui avait, bien sûr, pour conséquences, de réduire ou d’éliminer la synonymie. Malgré la mise en place d’une socioterminologie en faveur d’une approche descriptive des usages réels, il existe encore aujourd’hui de nombreuses banques de terminologie qui affichent des modèles normatifs et qui utilisent encore cette façon de faire. Pour toutes ces raisons et par souci de se dissocier de cette contrainte normative, nous privilégions la forme variante dénominative. Par ailleurs, les formes variation dénominative et variante dénominative nous permettent de distinguer les trois phénomènes de variation terminologique observés dans notre étude. Ces termes rendent compte des différences notionnelles implicites entre la variation dénominative, la variation conceptuelle et la variation polysémique. Ces termes sont plus transparents et correspondent mieux à notre conception de la variation terminologique. Nous concevons la variation dénominative dans le sens large défini dans Dubois et al. sous synonymie: Sont synonymes des mots de même sens ou approximativement de même sens, et de formes différentes (1973: 465).

La variation dénominative correspond donc à deux ou plusieurs dénominations différentes liées à un même concept et à un même référent. Cependant, il faut insister sur le besoin de considérer les facteurs sociaux qui causent cette variation en contextes et les relations que ces termes entretiennent avec d’autres disciplines du savoir humain. Dans notre thèse, la typologie employée dans l’analyse des variantes dénominatives est celle que Freixa avait développée dans sa thèse de doctorat. Sa classification se divise en quatre grands groupes: la variation graphique et orthographique (incluant les symboles, les formules chimiques, les sigles, les abréviations), la variation morphosyntaxique (absence et présence de l’article, changement de préposition, de nombre ou de genre, changements

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d’affixe, changement de structure), la variation par réduction (réduction de la base, de l’extension et autres réductions) et la variation lexicale (changement de la base ou de l’extension).

2.1 Exemples de variantes dénominatives rencontrées dans notre corpus: 1. Variation graphique et orthographique Ex. centre d’enfouissement technique / CET 2. Variation morphosyntaxique Ex. coût de la collecte / coût de collecte; production de déchets / production des déchets; déchets ménagers / déchets des ménages 3. Variation par réduction Ex. valorisation énergétique / valorisation; déchets inertes / inertes 4. Variation lexicale Ex. résidu (QC) / déchet (FR); encombrant (FR) / monstre (FR-QC); fibre cellulosique (FR) / emballage (QC); ordure ménagère / déchet ménager (FR) / matière résiduelle (QC)4

L’analyse de Freixa constitue donc notre référence la plus complète en cette matière. Les causes de la variation dénominative selon sa typologie sont divisées en cinq grands groupes: causes dialectales, causes fonctionnelles, causes discursives, causes interlinguistiques et causes cognitives. Pour plus de détails à ce sujet, veuillez consulter la thèse de Freixa et notre thèse à paraître.

3. Notre conception de la variation conceptuelle et de la variation polysémique Les phénomènes de variation conceptuelle et de variation polysémique sont très présents dans les textes spécialisés, mais ils sont peu étudiés et c’est précisément pour cette raison que nous nous y sommes intéressée dans la thèse. La variation polysémique renvoie à «la propriété qu’a un même signifiant de présenter plusieurs signifiés» (Mounin 1993: 264) tandis que dans la variation conceptuelle, la modification de sens s’effectue à partir de la perception, de la conception en fonction des objectifs des sujets ciblés contextuellement. Ces changements de sens relèvent donc avant tout de la conception, de la perception. ––––––– 4

Le sigle QC renvoie aux termes provenant de textes québécois et le sigle FR aux termes des textes français.

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À partir d’un exemple de notre corpus5, nous illustrons ici nos propos. Ainsi, le déchet, selon la perception du locuteur, peut être vu comme un ‹résidu› pour celui qui s’en débarrasse ou comme une ‹matière valorisable› pour celui qui le collecte ou le marchande après sa valorisation. Dans ce cas, bien entendu, seul le contexte peut nous éclairer, mais il s’agit d’un cas typique de variation conceptuelle. Nous définirions donc la variation conceptuelle comme étant la possibilité qu’a une même dénomination de revêtir des ‹sens différents›, c’est-à-dire les énoncés rendent compte du signifié qui varie en fonction de la perception du locuteur, sans qu’il y ait un changement de référent. Alors que les variantes polysémiques renvoient, elles, à des référents différents. Dans le cas de la variante polysémique, prenons l’exempe de monstre dans notre corpus, ce dernier signifie les ‹électroménagers› et non l’‹être difforme› ou l’‹animal mythologique›. Dans le cas du déchet, qu’il signifie en contexte la ‹matière à éliminer› ou la ‹matière à valoriser›, il a le même référent, il s’agit toujours du même objet dans la réalité mais visiblement perçu ou conçu différemment selon l’usage que l’on veut en faire. Alors que le monstre, lui, a des référents bien distincts. Les schémas 3.1 et 3.2 de la page 8 illustrent clairement les différences entre les deux types de variation. Dans le premier schéma, l’exemple de déchet permet d’illustrer la variation conceptuelle, qui selon les contextes sera mise en lumière. Dans le deuxième schéma, l’exemple de monstre permet d’illustrer la variation polysémique. En comparant les schémas, la distinction qui se fait au niveau du référent entre les deux phénomènes de variation est claire. Par ailleurs, nous souhaitons aussi illustrer le processus de la métaphorisation terminologique qui engendre automatiquement de la variation polysémique. Nous reprendrons en conclusions l’exemple de monstre pour illustrer le transfert de sème employé dans ce processus (représenté par le schéma 3.3 en page 8).

Conclusions Dans le cadre de notre doctorat, nous avons donc pu identifier et décrire les phénomènes de variation terminologique et y inclure la variation conceptuelle et la variation polysémique. De plus, nous avons pu établir une distinction claire entre la variation conceptuelle et la variation polysémique à l’aide d’exemples concrets, reflétant des situations de communication spécialisée et répondant à des besoins précis dans le domaine de la gestion et du traitement des matières résiduelles (corpus sur lequel nous avons travaillé). À l’aide de nos réflexions sur le signe linguistique, nous avons été en mesure d’illustrer ces phénomènes et de bien les distinguer. C’est d’ailleurs nos recherches sur les métaphores terminologiques, un autre aspect de notre corpus qui a ouvert une boîte de pandore, qui nous ont menée tout droit à la variation polysémique. Grâce à une étude diachronique des métaphores et à partir d’une adaptation visuelle de l’étude d’Assal (1995) ––––––– 5

Exemples provenant du texte intitulé Recyclage et valorisation des déchets ménagers du Sénat français (cf. Miquel dans la bibliographie).

La variation terminologique

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en sphères métaphoriques6, nous avons pu observer le processus de métaphorisation terminologique qui permet un transfert de tout sème (essentiel ou secondaire) afin de répondre au besoin de la situation de communication. C’est-à-dire que non seulement le noyau sémantique invariable (NSI) peut faire l’objet d’un transfert, mais aussi tout trait secondaire lorsqu’il est apte à conceptualiser. Dans le cas de monstre, par exemple, le trait transféré est ‹énorme›. Assal affirmait qu’il s’agissait de polysémie lorsque seul le noyau sémantique invariable faisait l’objet d’un transfert tandis qu’il parlait plutôt de métaphorisation terminologique dans le cas où les traits secondaires tout comme le NSI pouvaient être transférés. Or, nous avons pu établir que dans un cas comme dans l’autre, la métaphorisation terminologique mène à la variation polysémique. Le processus de métaphorisation terminologique, hautement conceptuel et cognitif, engendre de la polysémie. C’est donc sur ce point que nous divergeons d’Assal7 (cf. schéma 3.3 illustrant la métaphorisation terminologique à la page 8). À partir donc d’une étude à la fois synchronique et diachronique de la terminologie, jumelée à une révision importante du concept et du terme, à l’importance de la situation de communication et de la recherche contextuelle, la variation terminologique se voit décrite de plus en plus et ouvre sur une perspective plus près de la sociolinguistique que de la normalisation. À la lumière de nos études, les phénomènes de variation terminologique ne sont certes plus sources d’ambiguïté mais bien sources d’enrichissement lexical. Les termes signifient et dénomment, ils prennent autant de valeurs que le contexte et la situation de communication l’exigent. Forts de leur potentiel conceptuel, et en cela il se distinguent des figures de style de la rhétorique classique, ils sont aptes à évoquer tout en nuance. Les ‹termes-concepts› vus comme un ensemble inséparable sont circulaires, pluridisciplinaires tels des éléments modernes et flexibles, ils s’ajustent en fonction des besoins des langagiers. La variation polysémique existe bien en terminologie telle qu’elle se présente aussi dans la langue générale, elle se manifeste souvent sous la forme de métaphores terminologiques, de transferts et de glissements sémantiques tout comme elle peut parfois trouver son origine dans la néologie sémantique. Finalement, nous avons pu établir un lien entre la variation conceptuelle et la variation dénominative. Plus il existe de variantes dénominatives pour un concept, plus il s’agira en vérité de variantes conceptuelles. Ce phénomène s’explique par un flou conceptuel. Plus un concept est flou ou nouveau, plus il engendre une infinité de variantes dénominatives pour en exprimer toutes les subtilités en fonction des situations de communication, des auteurs, des spécialistes, des écoles de pensée, etc. Il s’agit donc d’observer ces phénomènes (variations dénominative, conceptuelle et polysémique) comme un tout tel qu’il convient d’étudier conjointement le terme et le concept comme deux faces d’une même entité, d’où là l’immense pouvoir évocateur de la terminologie.

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À ce sujet, un chapitre de notre thèse de doctorat est consacré aux métaphores terminologiques et à l’adaptation de la théorie d’Assal (1995). Veuillez vous référer à l’article d’Assal (1995) et à notre thèse de doctorat (à paraître) pour de plus amples détails au sujet de la métaphorisation terminologique et de la variation polysémique.

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Julie Pelletier

3.1 Schéma de la variation conceptuelle

3.2 Schéma de la variation polysémique

3.3 Schéma de la métaphorisation terminologique à partir de l’exemple de monstre

La variation terminologique

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Bibliographie Assal, Allal (1995): La métaphorisation terminologique. In: L’Actualité terminologique 28, 2, 22-24. Cabré, Teresa M. (1998): La Terminologie: Théorie, méthode et applications. Ottawa: Presses de l’Université d’Ottawa / Armand Colin. Traduit du catalan et adapté par Monique C. Cormier et John Humbley. – (2000): Terminologie et linguistique: la théorie des portes. In: Terminologies Nouvelles 21. Diki-Kidiri, Marcel (2000): Terminologie et diversité culturelle. In: Terminologies Nouvelles 21. Dubois et al. (1973): Dictionnaire de linguistique. Paris: Larousse. Faulstich, Enilde (1998 / 1999): Principes formels et fonctionnels de la variation en terminologie. In: Terminology 5. – (2001): Aspectos de terminologia geral e terminologia variacionista. In: TradTerm 7, 11-40. Freixa, Judit (2002): La variació terminológica. Anàlisi de la variació denominativa en textos de diferent grau d’especialització de l’àrea de medi ambient. Thèse de doctorat. Barcelone: Universitat Pompeu Fabra, Institut Universitari de Lingüística Aplicada, Sèrie Tesis 3. Gaudin, François (1993): Socioterminologie: du signe au sens, construction d’un champ. In: Méta 38, 2, 293-301. Kocourek, Rotislav (21991): La langue française de la technique et de la science: Vers une linguistique de la langue savante. Wiesbaden: Oscar Brandstetter Verlag. – (2001): Essais de linguistique française et anglaise: Mots et termes, sens et textes = Essays in French and in English Linguistics: Words and Terms, Meanings and Texts. Louvain: Peeters. Miquel, Gérard (2001): Recyclage et valorisation des déchets ménagers. In: Sénat français, http://www.senat.fr/rap/o98-415/o98-415.html (2001 10 10). Mounin, Georges (ed.) (1993): Dictionnaire de linguistique. Paris: Quadrige / Presses Universitaires de France. Pelletier, Julie (2007): Le trio de la variation terminologique: variation dénominative, variation conceptuelle et polysémie. Congrès International de Linguistique et de Philologie Romanes (CILPR), Université d’Innsbruck, 3-8 septembre 2007. Temmerman, Rita (2002): Towards New Ways of Terminology Description. The Sociocognitive Approach. Amsterdam / Philadelphia: John Benjamins. Von Wartburg / Oscar Bloch (edd.) (2002): Dictionnaire étymologique de la langue française (25 voll.). Paris: Quadrige / PUF.

Augusto Soares da Silva

Tirer le sens vers le haut et vers le bas: flexibilité et limites de la polysémie

1. Combien de sens? Quand est-ce que deux usages d’une même forme linguistique prennent un sens différent? Combien de sens différents peut avoir un mot ou toute autre unité linguistique? À quel niveau de généralité ou d’abstraction existe la polysémie? Ces différentes questions conceptuelles et méthodologiques de la polysémie (et probablement les plus importantes) restent jusqu’à présent sans réponse (Kleiber 1999; Soares da Silva 2006a; Taylor 1992; 2003; 2006). Dans cette étude, nous démontrerons suivant le cadre théorique de la Linguistique Cognitive et en particulier suivant le principe que le sens linguistique possède une nature flexible et encyclopédique, qu’il est nécessaire de tirer le sens aussi bien vers le haut que vers le bas. C’est-à-dire qu’il faut nécessairement rechercher le sens schématique d’une unité linguistique, et en même temps analyser les usages contextuels particuliers, psychologiquement (plus) réels, sans toutefois exagérer les différences de sens. C’est à partir de cette idée que nous discuterons l’hypothèse traditionnelle du sens unitaire générique et abstrait, paradigmatiquement défendue par Ruhl (1989), et l’hypothèse du potentiel du sens, récemment théorisée par Allwood (2003), et nous nous efforcerons de démontrer que la première hypothèse tout comme la deuxième ne répondent pas de façon satisfaisante au problème. Nous appuierons ensuite notre argumentation sur les résultats obtenus lors de nos études descriptives sur quatre catégories polysémiques différentes de la langue portugaise: le verbe deixar, le marqueur discursif pronto, le diminutif et l’objet indirect (Soares da Silva 2006a). Les deux premières catégories illustrent, respectivement, les limites supérieures et inférieures de la polysémie.

2. De l’hypothèse du sens unitaire à l’hypothèse du potentiel du sens – deux réponses non polysémistes Trois idées caractérisent l’hypothèse du sens unitaire (invariant sémantique ou sens fondamental). Premièrement, les mots sont fondamentalement monosémiques et contextuellement polysémiques. Deuxièmement, chaque mot ne possède qu’un seul et unique sens dans le lexique mental, ce qui fait de la polysémie un épiphénomène. Troisièmement, en tirant le sens vers le haut, donc vers la généralisation et l’abstraction, nous y trouverons le sens fondamental, la définition idéale, tout en suivant la trajectoire du

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développement cognitif et de l’activité scientifique. C’est l’opinion défendue par de nombreux philosophes (par ex. Searle 1983), psychologues (Caramazza / Grober 1976) et linguistes (Bierwisch 1983; Jakobson 1936; Ruhl 1989). Voici trois problèmes de l’hypothèse du sens unitaire. Premièrement, les sens abstraits ou schématiques peuvent devenir incontrôlables car il est difficile de les interpréter et de vérifier leur pertinence; ils sont tellement abstraits qu’ils peuvent s’appliquer à d’autres mots. Deuxièmement, l’hypothèse du sens unitaire doit tenir compte de trois conditions: la généralité sémasiologique ou condition de la généralité maximale, la distinctivité onomasiologique ou condition de la particularité minimale et la pertinence psychologique ou réalité de la représentation mentale. Troisièmement, l’hypothèse du sens unitaire apporte le préconçu monosémique, qui consiste à dire que ce qui est abstrait est meilleur, ainsi que le principe fallacieux de la généralité, dans la mesure où l’on ne parvient pas à établir l’équivalence entre l’abstraction du linguiste et la représentation mentale des locuteurs. Par exemple, définir le verbe deixar ‹laisser› comme un ‹opérateur négatif› ou postuler un tout autre super-schéma revient à tirer trop fort vers le haut puisqu’on se trouve en présence de quelque chose qui n’est ni sémasiologiquement unitaire –on y retrouve très difficilement les différents sens du verbe–, ni onomasiologiquement distinctif – puisqu’il est impossible de le distinguer d’autres verbes. Un autre exemple, apparemment plus simple: le verbe correr ‹courir›. Il est tout à fait possible de penser à un sens schématique de correr capable de rendre compte de tout ce qu’il y a de commun entre les réalisations de mouvements rapides effectués avec deux jambes par les êtres humains, et qui puisse en même temps distinguer le fait de courir de celui de marcher, sauter ou nager, etc. Mais si nous changeons ce sens abstrait pour faire en sorte de l’adapter à d’autres usages de correr, comme lorsqu’on applique ce verbe aux chats, robinets d’eau, fleuves, voitures, sociétés commerciales, aux hommes politiques engagés dans une campagne électorale, nous risquons de ne pas pouvoir exclure la possibilité de dire aussi que les merles courent ou que les micro-ondes courent (Taylor 2003). D’après l’hypothèse du potentiel du sens, toute unité lexicale possède un potentiel du sens qui contient l’ensemble de l’information que ce mot exprime lorsqu’il est véhiculé par un individu ou une communauté, et qui correspond à l’ensemble de ses usages mémorisés individuellement ou collectivement. L’actualisation des sens dans un contexte spécifique est le produit de l’activation de la mémoire et de l’application de certaines opérations cognitives et/ou linguistiques sur les potentiels du sens. C’est l’hypothèse formulée par Allwood (2003) et d’autres, comme Zlatev (2003) dans le champ de la Linguistique Cognitive. Bien que cette nouvelle hypothèse admette la nature continue de la signification et évite plusieurs problèmes rencontrés lors de la précédente, elle semble néanmoins en créer d’autres. Premièrement, l’idée du sens lexical en tant que terrain continu de potentiel sémantique est une idée vague et insuffisamment discrète. Deuxièmement, cette même idée ne semble pas s’adapter à ce qui est stable: l’existence indubitable des degrés de saillance, le fait que certains usages soient bien ancrés dans le lexique mental des locuteurs et conventionnellement établis, le fait que certaines relations d’association des sens soient évidentes. Troisièmement, bien que les métaphores de continuité soient plus explicatives du langage que les métaphores de discontinuité, cela ne signifie pas que la discontinuité n’existe pas. Voyons, par exemple, le double effet des prototypes: en adaptant certaines

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catégories à de nouveaux contextes et en interprétant de nouvelles réalités en recourant à une connaissance préexistante, on joint la flexibilité à la stabilité structurelle. Langacker (2004) propose ce qui nous paraît un juste mélange de discontinuité et de continuité avec la métaphore du sommet de la montagne: Counting the senses of a lexical item would then be analogous to counting the peaks in a mountain range: how many they are depends on how salient they have to be before we count them, and they appear discrete in the first place only because we ignore how they grade into one another at lower altitudes. (Langacker 2004: 48)

3. Une proposition: tirer le sens vers le haut et vers le bas La flexibilité du sens et l’instabilité qui caractérise la polysémie (cf. Geeraerts 1993) impliquent que nous tirions le sens aussi bien vers le haut que vers le bas. Tirer le sens vers le haut c’est rechercher le sens schématique d’une unité linguistique; c’est aussi découvrir les facteurs qui constituent sa cohérence sémantique. Nous ne devons pas, cependant, concevoir les contenus schématiques comme des significations unitaires et essentielles, ni d’ailleurs comme des conditions individuellement nécessaires et conjointement suffisantes à leur définition. Cette neutralité caractérise la notion de schéma et le niveau supérieur du modèle de réseau schématique introduit par Langacker (1987). Un réseau ne se construit pas dans le sens descendant, mais ascendant; et le schéma ne fonctionne pas comme générateur de sens, mais comme une structure intégrée incorporant la généralité de ses membres (Langacker 1987: 371). Tirer le sens vers le bas c’est le tirer jusqu’aux usages contextuels spécifiques, psychologiquement (plus) réels; l’entraîner jusqu’aux usages périphériques, mais qui ont leur importance lorsqu’il s’agit d’appréhender la flexibilité caractéristique des objets polysémiques. En décidant de privilégier ce niveau, l’analyse risque de faire exploser les sens, de se priver de la structure de la catégorie et d’engendrer le principe fallacieux de la polysémie. Cela signifie que le niveau supérieur n’est pas plus important que le niveau inférieur, ce qui s’oppose à l’idée que ce qui est abstrait est meilleur (préconçu monosémique) et que le niveau inférieur n’est pas plus important que le niveau supérieur, ce qui contrarie le préconçu polysémique de certaines analyses, cognitives en particulier. Les deux niveaux sont nécessaires. La transition se fait en passant par le centre prototypique qui révèle la manière dont le centre d’une catégorie relativement stable se transforme en de multiples interprétations. Il importe de comprendre que la sémantique d’une unité lexicale ou grammaticale n’est pas un amas de sens, mais un réseau de plusieurs sens structuré de manière prototypique et schématique et sensible aux effets contextuels. La sémantique cognitive a développé deux modèles de réseaux de description sémantique: le modèle de réseau radial («radial network»), popularisé par Lakoff (1987), et le modèle de réseau schématique («schematic network»), introduit par Langacker (1987). Le modèle de Langacker a l’avantage de réunir prototypes et contenus schématiques.

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Les modèles de réseau font néanmoins l’objet de sérieuses critiques: des questions très pertinentes se posent quant à certains détails descriptifs et à leur réalité psychologique. Certaines critiques soulignent le manque de critères clairement définis lors de l’établissent des noeuds et des relations, ou le fait qu’une même catégorie fasse l’objet de différentes analyses ou que le modèle en soi favorise la multiplication des sens (cf., par exemple, Sandra / Rice 1995). En outre, les études menées sur l’acquisition ne semblent pas confirmer le modèle de réseau: lors d’une étude réalisée sur l’acquisition des divers sens de neuf prépositions différentes par deux enfants britanniques, Rice (2003) a pu vérifier que chacun de ces enfants a acquis et enregistré les différents usages de ces prépositions de façon fragmentée, idiomatique et sur la base de la construction grammaticale, et non par extension sémantique unidirectionnelle qui aurait été conduite par des procès tels que la métaphorisation ou la schématisation. Chacun de ces enfants au cours de cette expérience a pris son propre point de départ au sein de la catégorie lexicale, qui ne correspondait pas forcement à l’usage conceptuellement fondamental. Mais la question essentielle reste celle de l’interprétation correcte et de la manipulation du modèle de réseau. La métaphore du réseau devient inadéquate si l’on conçoit les sens comme des îles bien délimitées ou si l’on prétend inclure ou observer dans le réseau la totalité des détails. De plus, les réseaux ne sont pas bidimensionnels (ils ne sont pas composés d’un centre prototypique et d’un contenu schématique auxquels sont reliés d’autres usages), mais sont multidimensionnels. C’est-à-dire que la véritable nature de la structure sémantique d’une catégorie, et surtout d’une catégorie polysémique, prend la forme d’un espace multidimensionnel: un sens particulier peut résulter de l’union de deux ou plusieurs dimensions et, inversement, une dimension peut être présente dans différents sens. C’est cette analyse de la multidimensionnalité structurelle qui est absente de certaines descriptions cognitives des catégories sémantiques complexes, comme, par exemple, dans le cas de la fameuse préposition anglaise over.

4. Études de cas: l’évidence de quatre catégories polysémiques du portugais Nous présentons ci-dessous une très brève description des résultats obtenus lors de nos études sur les catégories polysémiques citées (ces études ainsi que d’autres sont réunies dans Soares da Silva 2006a).

4.1 Le verbe deixar Le verbe deixar ‹laisser› présente deux ensembles de sens sous tension homonymique: le premier signifie ‹suspendre l’interaction avec ce qui est construit comme statique› (complément nominal), comme dans l’exemple (1), et le second ‹ne pas s’opposer à ce qui se présente comme dynamique› (complément verbal), comme dans l’exemple (2). Le premier ensemble s’organise autour du prototype ‹abandonner› et le second autour du prototype ‹ne pas intervenir›.

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(1) deixar P2 ou deixar P2 dans un lieu/dans un état/à P3 (2) deixar P2 V (ou deixar V P2)

À ces deux ensembles de sens correspondent deux dynamiques de forces opposées (selon la conception de Talmy 2000). Les deux groupes accomplissent le même schéma de forces: une entité plus forte, l’Antagoniste (codifié par le sujet du verbe), n’exerce aucune force susceptible d’interférer sur la disposition naturelle d’une seconde entité, l’Agoniste. L’opposition concerne la disposition de l’Agoniste: dans le premier groupe (deixarI) l’Agoniste tend à être immobile, alors que dans le deuxième groupe (deixarII) l’Agoniste tend au mouvement (ou, de façon plus générique, au changement). Où se trouve alors la cohérence sémantique interne, qui empêche l’homonymie entre les deux groupes? Il faut maintenant tirer le sens vers le haut. Premièrement, la cohérence sémantique se trouve dans une structure multidimensionnelle, comme l’illustre le Tableau 1. En plus de la dimension de la construction conceptuelle du participant objet (‹statique› vs. ‹dynamique›), il existe la dimension du degré d’activité de ce participant, qui oppose les cas où le sujet assume une attitude ‹active› et les cas où il assume une attitude ‹passive›. Mais, dans le premier cas, il faut encore distinguer les emplois où cette activité est précédée d’une intervention préalable sur l’objet. activement deixarI suspendre l’interaction avec un objet statique

passivement

sans intervention préalable 1. s’en aller 2. ne pas emporter/emmener 3. abandonner relation 4. ne pas modifier/changer

avec intervention préalable 5.faire rester après avoir déplacé 6.faire rester une partie de soi 7.faire rester après avoir modifié 8.faire rester une partie de soi 9.transférer la possession

10. ne pas s’approcher 11. ne pas emporter 12. ne pas prendre 13. ne pas modifier/changer 14. ne pas prendre en poss.

16. permettre, autoriser

17. lâcher (cesser d’empêcher)

15. ne pas empêcher

deixarII ne pas s’opposer à un objet dynamique

Tableau 1. Champ d’application sémantique du verbe deixar

Deuxièmement, la cohérence sémantique se trouve dans une structure de transformations des schémas d’image (SI), illustrée par la Figure 1, et qui est une réinterprétation du tableau précédent. P1 désigne le participant sujet et P2 le participant objet; les flèches indiquent le mouvement. En ce qui concerne les pôles supérieurs de la structure, et donc la catégorie de l’objet statique (deixarI), c’est le participant sujet (P1) qui réalise le mouvement. Au contraire, dans le cas des pôles inférieurs, et donc dans la catégorie de l’objet dynamique (deixarII), c’est le participant objet (P2) qui réalise le mouvement. Dans le cas des pôles à gauche, lorsque le sujet est ‹actif›, le point de départ du procès est une situation de contact entre P1 et P2. Par contre, dans le cas des pôles à droite, c’est-à-dire lorsque le sujet est ‹passif›, P1 e P2 sont séparés et continuent à l’être. En ce qui concerne la dynamique des forces, l’opposition se fait entre la cessation de l’influence (ou enlèvement de la barrière) dans les usages actifs et la non-manifestation de cette influence (absence de barrière) dans les

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usages passifs. Si les deux groupes de sens s’opposent par la diversité de leurs schémas d’image, ils se trouvent néanmoins systématiquement liés par une transformation des schémas d’image d’inversion du participant dynamique: les schémas d’image sous-jacents à l’une des catégories représentent l’inversion des schémas d’image de l’autre catégorie. activement deixarI suspendre l’interaction avec un objet statique

deixarII ne pas s’opposer à un objet dynamique

passivement

sans intervention préalable

avec intervention préalable

SI 1 (s’en aller)

SI 2 (faire rester après avoir déplacé)

SI 3 (ne pas s’approcher)

P2 P2

P1

P1->P2 P2

SI 4 (permettre)

P1

SI 5 (lâcher)

P1

SI 6 (ne pas empêcher)

P2

P2

P1

P2 P1

P2

P1

Figure 1. Schémas d’image (SI) du verbe deixar

Troisièmement, nous retrouvons la cohérence sémantique dans les projections métaphoriques et métonymiques des schémas d’image présentés. Les projections métaphoriques se manifestent dans divers domaines, celui des relations interpersonnelles et fonctions sociales (comme dans le cas de l’abandon ou de la rupture), la mort (deixar a vida ‹quitter la vie›), la possession, la modalité (comme la permission), la conduite négative (comme la passivité, la négligence, le laxisme), l’activité mentale (comme l’omission d’une partie latérale d’un acte mental), le temps (comme l’ajournement et la postérité), etc. On peut aussi trouver d’autres relations entre les deux groupes, surtout métonymiques. L’une d’elle est la relation métonymique, par perspectivation d’une implication, entre la catégorie deixarII et le sens de ‹transférer la possession›: celui qui n’intervient pas donne à un autre la possibilité ou le droit d’intervenir, il lui transmet le droit d’employer, de posséder, d’être responsable ou encore d’autres droits d’intervention sur l’objet. Une autre relation est celle de l’extension métonymique-métaphorique qui va de ‹s’en aller› jusqu’à deixarII ‹ne pas intervenir›: il existe une extension métonymique dans le sens où celui qui s’éloigne cesse d’avoir la possibilité d’intervenir. Finalement, comme nous l’avons déjà dit, on retrouve la cohérence sémantique dans le schéma de la dynamique des forces de non-opposition ou causation négative. En résumé, l’homonymisation du verbe deixar entre les ensembles ‹abandonner› et ‹ne pas intervenir› n’est pas encore consommée, en raison surtout des transformations des schémas d’image qui relient les deux ensembles de sens, tout particulièrement la transformation de

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l’inversion du participant dynamique (cf. Soares da Silva 1999, 2003a pour une analyse détaillée et Soares da Silva 2003b sur la structure sémantique de ‹laisser› dans les langues romanes).

4.2 Le marqueur discursif pronto Le mot pronto présente un vaste ensemble d’usages pragmatico-discursifs actualisés lors du discours oral spontané. La polysémie fonctionnelle de pronto, qui n’a aucun autre équivalent dans les autres langues romanes (pas même l’italien pronto), est le résultat d’un récent procès de grammaticalisation de l’adjectif pronto ‹terminé›, ‹prêt›. Nos meilleurs dictionnaires ne reflètent pas la polysémie fonctionnelle de pronto. La fonctionnalité discursive de pronto est perçue comme un marqueur d’incompétence orale. D’un autre côté, les chercheurs de la polysémie des marqueurs discursifs, comme Fischer (2000) et Travis (2005), pourraient défendre un ‹invariant› sémantique qui permettrait de comprendre pourquoi pronto assume certaines fonctions et pas d’autres. Où se trouve donc la polysémie du marqueur discursif pronto? Nous devons dans ce cas tirer le sens vers le bas. Les exemples (3) et (4) illustrent les deux principaux sens dénotationnels de l’adjectif pronto: le sens de ‹terminé, achevé, fait› s’appliquant à une chose, comme dans l’exemple (3), et le sens d’‹être prêt pour (une action, une utilisation)› dans le cas d’une personne, comme dans l’exemple (4), ou d’une chose, comme dans l’exemple (5). (3) Garanto que o fato está pronto amanhã. ‹Je vous garantis que le costume sera prêt demain› (4) Os soldados estão prontos para o pior. ‹Les soldats sont prêts pour le pire› (5) O jantar está pronto; venham para a mesa! ‹Le dîner est prêt; à table!›

Les deux sens dénotationnels de pronto illustrent deux schémas d’image (SI), représentés dans la Figure 2: le SI conclusif, rétrospectif et anaphorique d’un procès achevé et le SI inceptif, prospectif et cataphorique d’un procès disponible. La relation entre les deux SI peut se construire dans les deux directions. Du SI rétrospectif vers le SI prospectif: un objet ‹terminé› se trouve, par implication, ‹préparé, disponible› pour une action ou une utilisation. Par exemple, un costume qui est prêt dans le sens où il est fait, devient prêt aussi à être utilisé. Et inversement, du SI prospectif vers le SI rétrospectif: un objet ‹préparé, disponible› présuppose –rétrospectivement– la conclusion du procès de préparation. Ainsi, le dîner est prêt à être servi lorsqu’on aura terminé de le préparer et les soldats seront prêts à combattre l’ennemi après avoir été préparés physiquement et psychologiquement. C’est ici que le sens de l’adjectif pronto devient potentiellement ambivalent. Mais cet argument ne confirme pas l’existence d’un ‹invariant›, mais plutôt celle d’un effet de flexibilité propre au sens.

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.. .... pronto ‹terminé› SI rétrospectif

pronto ‹prêt› SI prospectif

SI ambivalent Figure 2. Schémas d’image (SI) de pronto

Les divers usages