Table of contents : Indice (Pierangelo Buongiorno / Sebastian Lohsse) Premessa Palingenesi (Clément Bur / Thibaud Lanfranchi) Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point Forme e tecniche (Umberto Laffi) Clausole di autoprotezione e clausole di autolimitazione cautelare nei testi di senatoconsulti di età tardorepubblicana (Elisabetta Todisco) Il contributo di Varrone alla conoscenza delle procedure di funzionamento del Senato Contenuti (Margherita Facella) Cicerone e il senatus consultum su Ariobarzane III di Cappadocia (Francesco Arcaria) Senatus consulta de servis fugitivis investigandis Indice delle fonti
Acta Senatus B. Studien und Materialien Herausgegeben von Pierangelo Buongiorno und Sebastian Lohsse Band 4
Manuskripte, die bei Acta Senatus eingereicht werden, unterliegen einem anonymisierten Begutachtungsverfahren (double blind peer review), das über eine Aufnahme in die Reihe entscheidet.
Miscellanea senatoria A cura di Pierangelo Buongiorno, Sebastian Lohsse e Francesco Verrico
Franz Steiner Verlag
Gedruckt mit freundlicher Unterstützung der Alexander von Humboldt-Stiftung.
e attività di ricerca e seminariali avviate nell’ambito del progetto PAROS (Palingenesie der römischen Senatsbeschlüsse [509 v. Chr. – 284 n. Chr.]) stanno portando alla pubblicazione di scritti di vario genere ed estensione, apparsi in prevalenza (ma non esclusivamente) nella collana Acta Senatus e tutti in qualche modo propedeutici al lavoro di palingenesi che verrà accolto nell’Abteilung A della collana . A integrare questo insieme di scritti giunge adesso un volume che raccoglie, dopo un processo di peer review, ricerche più brevi, condotte nel corso dell’ultimo biennio da studiosi variamente collegati al progetto PAROS e alcune delle quali presentate in occasione di conferenze svolte a Münster . Denominatore comune di questi studi sono l’attività e i meccanismi di funzionamento del senato romano, sin dai suoi esordi . Di qui il titolo del presente volume, Miscellanea senatoria, che se da un lato intende trasmettere l’idea della varietà dei profili indagati, dall’altro non trascura l’auspicio di poter conferire continuità a questa iniziativa editoriale . Le pagine che seguono sono articolate in tre sezioni, Palingenesi, Forme e tecni che, Contenuti . La prima accoglie un lungo studio, di Clément Bur e Thibaud Lanfranchi, che propone una ricostruzione delle deliberazioni del senato monarchico: quasi una premessa necessaria ai volumi a impianto palingenetico in programma in questa collana, oltre che un utile strumento di raffronto ai materiali inediti di Edoardo Volterra sull’attività del senato arcaico, oramai in avanzata fase di pubblicazione per i tipi dell’École Française de Rome . La seconda accoglie invece uno scritto di Umberto Laffi volto a indagare l’apparato di clausole di autoprotezione e di autolimitazione cautelare riscontrabili in alcuni testi di senatoconsulti di età tardo repubblicana noti dal corpus epistolare ciceroniano . A esso si affianca altresì uno scritto di Elisabetta Todisco che pone l’accento sul meccanismo di funzionamento dell’assemblea senatoria in epoca tardorepubblicana alla luce del frammentario – ma ben documentato da Gellio – Isagogico, composto da Varrone in occasione dell’avvento al consolato di Pompeo .
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Da ultimo, nella sezione Contenuti, sono accolti scritti che rivolgono la loro attenzione al portato di alcune deliberazioni senatorie e alla loro incidenza sul discorso politico e sull’assetto normativo di Roma fra età tardorepubblicana e imperiale . Così Margherita Facella esamina le testimonianze ciceroniane relative ai deliberati del senato nel 51 a . C . con riguardo al regno di Cappadocia e al suo dinasta, Ariobarzane III . Francesco Arcaria indaga invece finemente i problematici riferimenti di alcuni testi ulpianei a una serie di senatoconsulti in materia di servi fugitivi, fra i quali spicca l’oscuro senatus consultum Modesto consule factum . Questi scritti, nel loro insieme, arricchiscono il nostro panorama di conoscenze, ma non è irrilevante lo stimolo metodologico che da essi promana . Nella diversa sensibilità di ciascuno degli autori si rintracciano infatti nuove, preziose prospettive attraverso le quali esaminare, e quindi scomporre, i complessi problemi che la tradizione storico-giuridica, relativamente al senato, ci pone . Münster, aprile 2018
P . B . e S . L .
Palingenesi
Clément Bur / thiBaud lanfr anChi
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Sur l’histoire de la formation du Sénat romain, comme sur celle du collège des vestales et du corps des chevaliers au temps des rois, il n’y a ni vérité ni erreur historique que l’on puisse prouver ; il n’y a que des suppositions diverses et équivalentes, imaginées par les anciens pour expliquer le plan général de la constitution, dont nous essayons de fixer les principaux traits1 . Aber was unsre Quellen über die Einsetzung und ursprüngliche Zahl des romulischen Senates sagen, zeigt klar, daß sie nur Speculationen für Thatsachen ausgeben2 .
Senatus populusque romanus . En mettant ainsi sur un pied d’égalité le peuple romain et le Sénat, cette devise manifeste l’importance du Sénat à Rome et rappelle qu’il s’agit d’une des rares institutions romaines qui, à en croire nos sources, aurait perduré tout au long de l’histoire de l’Vrbs, de la fondation jusqu’à l’Empire . Sans surprise, la bibliographie qui lui est consacrée est colossale, même si une période de l’histoire du Sénat a moins retenu l’attention : l’époque royale . C’est précisément cette partie de l’histoire du Sénat que nous entendons ici explorer, en nous focalisant non sur le Sénat en tant que tel, mais sur les décisions attribuées par les sources antiques aux sénateurs pour la période de la monarchie, c’est-à-dire les sénatus-consultes . Que peuvent nous apprendre du Sénat de cette période les décisions que les sources lui attribuent ? Quelle image donnent-ils des rapports des rois de Rome au Sénat ? Que peut bien être un sénatus-consulte durant la monarchie ? Ces questions sont d’importance car il est évident que ces « sénatus-consultes » d’époque royale n’en sont pas . Nous les appelons ainsi par commodité de langage, 1 Belot, Chevaliers I 1866, 117 . 2 Ihne, Römische Geschichte I 1868, 19 .
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mais l’existence de sénatus-consultes au sens classique du terme, pour une si haute époque, est plus qu’improbable . Il n’en demeure pas moins intéressant de constater que nos sources en conservent la trace et qu’elles ont de la sorte recréé ce qu’elles estimaient avoir été l’activité sénatoriale durant la royauté . L’étude de ces décisions peut de la sorte enrichir notre connaissance du regard rétrospectif porté par les Romains sur le Sénat le plus archaïque, tout en offrant quelques indices pour une interprétation de cette institution à cette époque . En effet, s’intéresser à ce que les sources présentent comme des sénatus-consultes pour l’époque royale suppose de revenir au moins brièvement sur le rôle du Sénat à la même époque . Qu’est-ce que le Sénat d’époque royale et comment a-t-il été créé ? Pour les sources littéraires, l’origine du Sénat était sans ambiguité : après la fondation de Rome par Romulus, c’est le premier roi lui-même qui aurait créé le Sénat et nommé les premiers sénateurs3 . Existe donc une indubitable antériorité du roi sur le Sénat, laquelle explique et justifie la position dominante du premier par rapport au second . Cette antériorité mérite toutefois d’être interrogée en se tournant d’abord, pour cela, vers les reconstitutions historiques à ce sujet, avant d’en venir à ce que nous apprennent les « sénatus-consultes » conservés . Cet excursus historiographique se concentre sur les principaux ouvrages consacrés à ce problème et ne prétend nullement à l’exhaustivité . En particulier, le choix a été fait de laisser de côté certaines thèses aussi originales que peu crédibles, dont l’intérêt aujourd’hui n’est plus guère que documentaire4 . Par ailleurs, ce parcours historiographique délaisse volontairement le problème de l’équivalence potentielle entre sénateurs et patriciens à l’époque royale . Si cette question a fait l’objet d’une longue historiographie, elle n’a cependant plus guère de sens aujourd’hui puisqu’il est établi, au moins depuis les travaux de J .-Cl . Richard, que le patriciat naquit en réalité au début de la République, quand bien même il avait sans doute des racines royales5 . Il s’agit donc d’un faux problème sur lequel il est inutile de revenir pour notre propos6 . 3 Cic . rep. 2 .8(14) ; D . H . 2 .12 à 2 .13 .1 ; Liv . 1 .8 .7 . 4 Citons, e. g., R . E . A . Palmer qui considère que le plus ancien Sénat était composé des curions, en accord avec sa lecture globale du rôle des curies aux origines de Rome (Palmer, Archaic Community 1970, 253 : « I proposed above that the earliest senate comprised the thirty curions ») ou encore la théorie de R . E . Mitchell selon laquelle les patres voire les sénateurs de l’époque royale seraient des prêtres, d’où leur autorité magico-religieuse (Mitchell, Defi nition 2005, en particulier 133 : « Since religion and politics were undifferentiated during the regal period, it is reasonable to assume that the regal Senate was composed of priests, or officials with religious authority ») . 5 Richard, Origines 20152, cf . infra p . 19–20 . 6 Outre Richard, Origines 20152, bon résumé du problème et de l’historiographie dans De Martino, Storia I 19722, 66–84 ; Cornell, Beginnings 1995, 242–258 (avec une position très originale sur laquelle nous revenons infra p . 20–21) ; Smith, Roman Clan 2006, 251–280 ; Berthelet, Gouverner 2015 et Lanfranchi, Tribuns 2015, 22–26 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
I. Éléments d’historiographie La thèse classique sur le sujet, celle de Th . Mommsen, offre un bon point de départ . Elle est essentiellement développée dans l’Histoire romaine, où Th . Mommsen fournit une vision limpide du plus ancien Sénat de Rome . Selon lui, le Sénat était lié aux gentes et était primitivement composé des pères de famille : c’est ce conseil des anciens qui serait devenu le Sénat de Rome . Le lien entre les deux était si clair que Th . Mommsen indique que le nombre de ces « anciens » était fixe, égal à celui des gentes, et que le titre d’« ancien » était viager . La désignation de ces personnes revenait au roi, même si le juriste allemand reconnaît que ce choix, à l’origine, se portait probablement sur quelqu’un de la même gens que le disparu, ce qui sous-entend une sélection en partie contrainte7 . En raison de cette origine, le pouvoir du Sénat reposait sur le pouvoir des gentes, tout comme celui du roi au départ8 . Une telle présentation témoigne d’un potentiel rapport de forces des plus intéressants et, pour Th . Mommsen, le pouvoir principal du Sénat se manifestait dans son rôle de gardien des institutions et de conseil, d’où la comparaison avec un Conseil d’État (Staatsrat) . À l’en croire, ce rôle demeurait toutefois modeste au départ9, et il y a là une forme de contradiction entre l’origine qu’il donne au pouvoir du Sénat et son rôle effectif : comment le roi en vint-il à obtenir semblable prééminence au détriment des autres chefs de famille ? Cette précellence du roi, Th . Mommsen l’illustre par une citation de Romulus extraite de Dion Cassius10, citation qui reflète néanmoins plus le regard porté a posteriori par Dion Cassius sur le pouvoir royal, que la réalité de ce dernier . Dans son Droit Public, sans chercher à développer ces aspects, Th . Mommsen expose des idées similaires : le Sénat était bien un conseil de chefs de gens11, les sénateurs étaient nommés par le roi12, à vie13, mais 7 Mommsen, Römische Geschichte I 19029, 89–90 . 8 Mommsen, Römische Geschichte I 19029, 91 : « Die Befugnis dieses Rates der Ältesten beruht auf der Anschauung, daß die Herrschaft über die aus den Geschlechtern gebildete Gemeinde von Rechts wegen den sämtlichen Geschlechtsältesten zusteht, wenn sie auch, nach der schon in dem Hause so scharf sich ausprägenden monarchischen Grundanschauung der Römer, zur Zeit immer nur von einem dieser Ältesten, das ist von dem König, ausgeübt werden kann » et « Also ist diese Ältestenversammlung am letzten Ende die Trägerin der Herrschermacht (imperium) und des Gottesschutzes (auspicia) des römischen Gemeinwesens und in ihr die Bürgschaft gegeben für die ununterbrochene Dauer desselben und seiner monarchischen, nicht aber erblich monarchischen Ordnung » . 9 Mommsen, Römische Geschichte I 19029, 93 : « Die Anfänge indes sind unscheinbar » . 10 Dio 1 .5 .11 : Ὅτι ὁ Ῥωμύλος πρὸς τὴν γερουσίαν τραχύτερον διέκειτο καὶ τυραννικώτερον αὐτῇ προσεφέρετο, καὶ τοὺς ὁμήρους τοῖς Οὐηιένταις … καθ’ ἑαυτὸν καὶ οὐκ ἀπὸ κοινῆς γνώμης, ὥσπερ τὰ πολλὰ ἐγίγνετο· ἀγανακτοῦντάς τε ἐπὶ τούτῳ αἰσθόμενος ἄλλα τε ἐπαχθῆ καὶ τέλος εἶπεν ὅτι ‘ἐγὼ ὑμᾶς, ὦ πατέρες, ἐξελεξάμην οὐχ ἵνα ὑμεῖς ἐμοῦ ἄρχητε, ἀλλ’ ἵνα ἐγὼ ὑμῖν ἐπιτάττοιμι’ . M . 9 (p . 138) . 11 Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 12, 23 et 41 . 12 Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 25 . 13 Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 51–52 .
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avec possibilité d’un lien primitif aux gentes14 . Dans ce texte toutefois, à plusieurs reprises, Th . Mommsen indique qu’il n’est pas utile de s’attarder sur cet état très primitif du Sénat . Ces remarques sont intéressantes car elles révèlent qu’il s’agit là pour lui d’une situation quasi pré-historique, impossible à réellement reconstituer et qui, de toutes les façons fut dépassée lors de l’institution de la royauté romaine classique . En ce sens, le Droit public complète parfaitement l’Histoire romaine et permet de comprendre la contradiction apparente relevée : il y a en fait là, pour Th . Mommsen, une évolution chronologique et le stade le plus ancien du Sénat avait déjà disparu pour céder la place – suivant un mécanisme inconnu – au Sénat d’époque royale qu’il décrit . La contradiction potentielle est donc évacuée par la chronologie et le renvoi à une époque hors de portée de l’historien . Même s’il n’est pas sûr que cela suffise à emporter la conviction, soulignons que, comme bien souvent, les principales orientations interprétatives et les principaux problèmes potentiels sont déjà présents dans l’œuvre de Th . Mommsen . Vers la même époque, P . Willems reprend à la fois la tradition du synœcisme romain à partir des trois tribus originelles et celle du Sénat royal comme conseil des chefs de famille . En effet, les trois tribus auraient été divisées chacune en dix curies et chaque curie se composait de gentes entendues comme un groupe de familles patriciennes ou clientes . À la tête de chaque famille patricienne se tenait un paterfamilias, le seul à être sui iuris, de sorte que le Sénat royal aurait été à l’origine la réunion de tous les patres familiarum . En s’appuyant sur l’étymologie de senatus, P . Willems avance que le mos maiorum réclamait également une condition d’âge : il fallait avoir plus de quarante-cinq ans pour former un conseil de seniores . À l’instar de Th . Mommsen, P . Willems introduit dans son raisonnement une dimension évolutionniste, tant pour la composition du Sénat que pour ses pouvoirs : Quand le nombre des familles patriciennes s’accrut par l’augmentation naturelle de la population et par la naturalisation de familles étrangères, il ne fut plus possible d’admettre au Conseil royal tous les patres familiarum seniores ; le choix royal succéda au droit d’hérédité . En même temps le Conseil des Anciens dut partager ses attributions avec une réunion populaire, composée de tous les citoyens majeurs15 .
Enfin, d’après P . Willems, le roi était certainement le princeps senatus . Comme dans la suite de son ouvrage, P . Willems se concentre surtout sur la composition de ce Sénat royal et se penche assez peu sur ses pouvoirs . Il ne dit même rien des sénatus-consultes signalés pour la période . Outre Th . Mommsen et P . Willems, l’article d’A . O’Brien Moore rédigé pour la Realencyclopädie, constitue le troisième texte fondamental sur le Sénat . Cet article – essentiellement une synthèse de la littérature antérieure, bien visible dans la 14 Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 39–42 . 15 Willems, Sénat I 18852, 26 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
longue discussion sur le nombre de sénateurs – débute par une section sur le Sénat d’époque royale . A . O’Brien Moore y reconnaît comme probable l’existence, dès l’origine et durant toute la monarchie, d’un conseil des anciens dont les membres étaient appelés patres16 . L’existence d’un tel conseil soulève le problème de ses membres et A . O’Brien Moore rappelle l’existence de deux solutions : soit l’existence d’un État patricien dès l’origine (avec une citoyenneté limitée à ce groupe) avec à ses côtés une classe inférieure composée des plébéiens, soit l’existence d’une noblesse particulière (patricienne), qui émergea peu à peu et qui forma la classe dirigeante de l’époque royale17 . Il souligne sa préférence pour la deuxième solution (« Die zweite Deutung ist wahrscheinlich richtig »), en s’appuyant notamment sur l’existence de l’interregnum et de l’auctoritas patrum, refusant de voir dans le Sénat royal une assemblée des représentants des grands lignages (« es ist äußerst zweifelhaft, ob der S . jemals ein Rat von Vertretern der Geschlechter war ») : ce n’était déjà plus le cas, si cela l’avait jamais été . Les membres de ce conseil royal étaient librement choisis par le roi, sans considération des lignages, tandis que le nombre fixe de sénateurs interdit de penser à un lien strict avec ces grands lignages . Contrairement à Th . Mommsen ou E . Herzog, A . O’Brien Moore n’estime donc même pas nécessaire l’hypothèse d’un Sénat encore plus archaïque en quelque sorte, lié aux grandes familles de la Rome de l’époque . Les pouvoirs du Sénat d’époque royale ne sont pas pour lui un héritage de la position de ces familles, lesquelles n’acquirent un rôle effectif qu’à la fin de la monarchie, ce qui leur permit de chasser le roi18 . Pour finir, A . O’Brien Moore reconnaît trois fonctions principales au Sénat royal : la fonction de conseil, son rôle dans l’interrègne et l’auctoritas patrum . Sur ce dernier point, il estime que le roi avait besoin de s’appuyer sur un conseil pour
16 O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 660 . 17 O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 661 : « Jede weitere Konstruktion über Zusammensetzung des S . und seine Stellung im Staate zur Königszeit hängt von der Ansicht über die patri cii ab, ob sie eine Geschlechterbürgerschaft, Angehörige der patres = patres familias waren, oder eine Aristokratie von Senatorenfamilien, Angehörige der patres = senatores . » et « Nach der zweiten Deutung war das Patriciat keine ursprüngliche Bürgerschaft, sondern eine Nobilität, die allmählich mit der Entwicklung der Stadt emporkam, aus der die patres, die den königlichen Rat bildeten, wie alle anderen Beamten des Staates, genommen wurden » . 18 O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 662 : « Es ist jedoch nicht nötig, mit Mommsen (RF I 281) von dem nur Rat erteilenden patricisch-plebeischen S . der Republik einen ursprünglichen Geschlechter-S . als ‘eine collegialisch geordnete Magistratur der Gemeinde’ wegen dieser Machtbefugnisse genau zu unterscheiden, noch mit Herzog (Syst . I 86) in ihnen Rechte zu sehen, die dem S . als dem Vertreter der Geschlechter anhaften und die aus der frühesten Periode ererbt sind . » et « Die Stellung des S . als vollständiger Teil des Staates war eher ein erworbenes Gut, als eine Erbschaft » et « Nicht am Anfang, sondern erst am Ende der Königszeit erwarb der Rat diese unabhängige Stellung in der Verfassung, als Resultat der Vereinigung der gentes und ihrer Macht, bis sie allmählich den König verdrängten » .
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confirmer ou refuser une décision de l’assemblée et que cette pratique fut reprise par les rois étrusques19 . Si l’on se tourne vers les synthèses d’histoire romaine du début du XXe siècle, le tableau n’est guère modifié . G . De Sanctis, en particulier, fait ainsi classiquement du Sénat un conseil des anciens (qu’il compare à celui de Sparte) formé d’aristocrates romains, initialement tous patriciens20 . Le roi détenait le pouvoir de nommer les sénateurs, mais il devait le faire en tenant compte des hommes et des familles les plus importants . Les pouvoirs de ce Sénat – essentiellement de conseil et d’approbation des décisions de l’assemblée – n’étaient à l’origine pas contraignants et dépendaient du rapport de forces avec le monarque21 . Plus intéressant, G . De Sanctis explique l’interregnum par de simples considérations pratiques22 . En 1951, dans un long article, U . Coli propose une vision un peu différente des choses à partir d’une étude de la notion de regnum . Son point de départ réside dans une critique de l’unanimisme historiographique qui fait remonter à l’époque monarchique les concepts de ciuitas et de populus, aboutissant à reconnaître au roi un statut de magistrat, quoiqu’un peu spécial . Contre cette position, U . Coli insiste sur l’incompatibilité entre regnum, d’un côté, et ciuitas et populus, de l’autre . Dans le regnum, tout est chose du roi et il n’y a pas de libertas . Le roi n’est pas le représentant du groupe, il en est le chef et ce groupe n’est pas un sujet juridique mais l’objet sur lequel s’exerce son pouvoir . Pour U . Coli, l’analogie la plus heuristique pour rendre compte de cet état de fait est celle entre le roi et le paterfamilias . Dans ces deux cas, tous les droits se concentrent sur la personne du chef et la famille classique se présente comme une sorte de copie de l’État monarchique primitif, le paterfamilias offrant une image de l’antique rex23 . Ce n’est toutefois pour U . Coli qu’une simple analogie : les deux se situent sur des sphères juridiques différentes24 . La période royale différerait ainsi radicalement de la République, seule période pour laquelle les notions de populus et de ciuitas seraient valides . Évidemment, ces notions commencèrent à se former durant la royauté, avec une influence sans doute grande de la royauté étrusque en la matière25 . C’est ainsi durant la période étrusque que Rome aurait reçu l’idée de πόλις, l’organisation timocratique et la 19 O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 662 et 660 . 20 De Sanctis, Storia I 1907, 233 . 21 De Sanctis, Storia I 1907, 350–352 . 22 De Sanctis, Storia I 1907, 353 : « Questa istituzione, di cui non v’è traccia in Grecia, sorse evidentemente non in omaggio ad astratte teorie giuridiche sulla continuità degli auspici o dell’impero, cose di cui davvero non si dava carico un popolo semi-barbaro, ma per un motivo d’utilità pratica, quello d’impedire che uno Stato esposto a tanti pericoli rimanesse senza governo nelle lunghe vacanze che seguono talora nelle monarchie elettive alla morte d’un principe » . 23 Coli, Regnum 1951, 16 . 24 Coli, Regnum 1951, 22 . 25 Coli, Regnum 1951, 10–15 et 24–25 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
phalange hoplitique26 . Une telle vision du pouvoir royal entraîne, pour U . Coli, l’idée que le Sénat royal ne put avoir qu’un simple rôle de regium consilium, car il exclut la possibilité de réelles délibérations populaires et donc celle d’auctoritas sénatoriale au sens républicain27 . Le Sénat était la simple réunion des anciens autour du roi, lesquels lui fournissaient des conseils et d’éventuelles aides (cf . le cas du praefectus urbi) . Ces anciens formaient l’élite de la cité en raison de leur âge et de leur noblesse, et leur nom de patres dériverait d’une analogie avec les pères de famille, et non du fait qu’ils seraient les patres des gentes28 . Dans ce cadre, l’inter regnum s’explique par l’intransmissibilité du pouvoir royal : c’est une vacance du pouvoir . L’interrègne était assumé collectivement par les patres mais exercé individuellement à tour de rôle . En revanche, U . Coli refuse l’idée que le mécanisme de l’interregnum présupposerait la réunion d’une fédération de villages et de familles . La Rome royale n’aurait en effet nullement été le résultat d’une fédération de familles, mais une unité politique particulière articulée administrativement par les tribus et les curies29 . C’est pourquoi, chez lui, l’interregnum n’aboutit pas à un pouvoir des sénateurs potentiellement supérieur à celui du roi30 . Dans sa propre synthèse, U . von Lübtow évoque, à côté du roi, l’existence d’une noblesse qui ne dérivait pas de lui, et dont le pouvoir était fondé sur ce qu’il appelle une base magico-religieuse . C’est la proximité particulière de ces familles avec les dieux qui expliquerait qu’elles fussent seules à même de pouvoir interagir avec le divin via les auspices, fondant de la sorte leur position éminente sur ce qu’on appelle le charisme auspicial . Le roi serait issu de cette noblesse et on lui reconnaissait un charisme spécial le rendant apte à utiliser les auspices publics31 . Dans ce modèle, faire partie du conseil du roi, était un droit de naissance (« ein angeborenes Adelsrecht ») et c’est de là que naquit le Sénat : une assemblée de chefs de famille qui acceptèrent de se soumettre à un roi au moment de la naissance de la Ville . Contrairement à Th . Mommsen, U . von Lübtow tente d’avancer une explication à l’acceptation d’un roi, explication qu’il cherche dans un processus belliqueux révolutionnaire, en s’appuyant sur les travaux de M . Weber (ce dont témoigne l’importance qu’il accorde à la notion de charisme)32 . Le résultat fut ce Sénat issu 26 Coli, Regnum 1951, 31–32 . 27 Coli, Regnum 1951, 67 et 123 : « Non esistono nella monarchia deliberazioni del popolo o del senato » . 28 Coli, Regnum 1951, 68 . 29 Coli, Regnum 1951, 140 . 30 Coli, Regnum 1951, 72 . 31 Lübtow, Das römische Volk 1955, 142 : « Aus ihrer Reihe hebt sich heraus der Volkshäuptling, der rex, dem ein besonders gesteigertes Charisma zugeschrieben wird, und der nun allein berechtigt ist, den Rat um den Willen der Götter in den gemeinsamen Angelegenheiten zu erforschen (auspicia publica), während die Auspicia der einzelnen Sippe privaten Charakter (auspicia privata) annehmen » . 32 Lübtow, Das römische Volk 1955, 143–144 .
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des grandes familles et qui était aussi une représentation des lignées patriciennes (« Ursprünglich setzte sich der römische Senat aus allen adligen Geschlechtshäuptern zusammen, war also eine Repräsentation der patrizischen Geschlechter ») . Avec l’arrivée de nouvelles familles, une distinction aurait été établie entre patres maiorum et patres minorum gentium, en particulier sous le règne de Tarquin l’Ancien (suivant une procédure de Pairsschub) . Lorsque le nombre de sénateurs devint fixe, il se sépara du nombre de familles initiales et, dès lors, de représentant de l’ensemble des familles le Sénat se transforma en un conseil de la cité33 . En revanche, s’il était attendu du roi qu’il consulte cet organe, selon U . von Lübtow, il n’était nullement obligé de suivre ses avis . Quelques années plus tard, E . Meyer reconnaît aussi l’existence d’un Sénat royal, remplissant un rôle de conseil auprès du roi . Cet historien, plus circonspect quant à la façon dont ce conseil était formé – simple jugement du roi, ou bien choix contraint parmi les grandes familles –, opte plutôt pour la seconde solution, y reconnaissant une collectivité à part, issue des grandes familles, avec son pouvoir propre34 . En 1972, le tome un de la seconde édition de la monumentale Storia della costituzione romana de Fr . De Martino est publié, premier volume qui se penche longuement sur la Rome royale et sur le Sénat . Après un premier chapitre tout entier consacré à l’organisation gentilice primitive de Rome – car Fr . De Martino entend montrer que les gentes préexistaient à la cité-État romaine, laquelle n’était au départ qu’une fédération de gentes35 –, les chapitres suivants se penchent sur le fonctionnement institutionnel de la Rome royale . Dès le départ, Fr . De Martino reconnaît l’existence d’un Sénat d’époque royale dont il qualifie les pouvoirs d’« assai ampi », notamment parce que, via l’interregnum, ce Sénat se trouvait être le dépositaire du pouvoir souverain36 . Notons également que Fr . De Martino introduit une nette distinction dans l’histoire de la monarchie romaine entre une royauté correspondant à la phase pré-urbaine de formation de la cité-État, et une royauté fortement influencée par les Étrusques, correspondant à la phase proprement urbaine durant laquelle Rome devint une véritable cité-État37 . Durant cette seconde phase, le pouvoir du roi se serait très fortement affirmé, au préjudice de celui des gentes et de leurs chefs . Dans ce cadre, le Sénat le plus primitif était constitué des chefs de ces grandes gentes qui étaient à l’origine de Rome, lesquels se réunissaient pour discuter des problèmes collectifs et se choisir un chef commun, à savoir le 33 Lübtow, Das römische Volk 1955, 145 . 34 Meyer, Römischer Staat 19612, 26 et 202 : « Als solcher war er also auch nicht von der willkürlichen Berufung durch den König abhängig, sondern eine Körperschaft eigenen Rechts neben dem Könige » . 35 De Martino, Storia I 19722, 42 : « La comunità dalla quale è sorto lo stato cittadino romano fu in origine una federazione di gentes avvenuta nei modi propri del popolo latino » . 36 De Martino, Storia I 19722, 42 . 37 De Martino, Storia I 19722, 62 et 89–94 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
roi . Ce roi archaïque – probablement le chef de la gens la plus importante – voyait ses pouvoirs limités par le fait que la souveraineté résidait dans les grandes familles (cf . encore une fois l’interrègne avec son sytème de turnus) . L’appartenance au Sénat ne dépendait donc pas du roi mais de l’origine familiale38 . Il n’y avait alors pas d’assemblée du peuple39 . C’est avec la construction d’une véritable cité-État que la nécessité d’un pouvoir central fort vit le jour, entraînant, sous influence étrusque, un renforcement de la position du roi au détriment de l’aristocratie gentilice40, et donc au détriment du conseil des Anciens . Pour autant, Fr . De Martino estime que la structure fondamentale de ce conseil ne se modifia pas, sans quoi l’interrègne n’aurait plus été possible . Le Sénat continua donc d’être l’assemblée des patres des gentes . En revanche, le renforcement du pouvoir royal aurait permis aux monarques d’intervenir plus franchement dans la composition du Sénat, sans pour autant le transformer en simple organe de conseil41 . Paru pour la première fois en 1978, le livre de J .-Cl . Richard sur les origines de la plèbe romaine marque un tournant dans la réflexion sur le Sénat d’époque royale . Un de ses apports majeurs est d’avoir démontré de façon définitive que le dualisme patricio-plébéien, loin d’avoir été une réalité de l’époque royale, ne se cristallisa qu’avec le passage à la République . Auparavant, de nombreux auteurs couplaient leur réflexion sur le Sénat royal à une discussion sur la place du patriciat en son sein (cf . e. g. A . O’Brien Moore) . Avec les acquis du livre de J .-Cl . Richard, de telles discussions perdent leur sens puisqu’il n’y avait pas de plèbe et de patriciat au sens strict à l’époque royale, seulement une aristocratie gentilice42 . Le Sénat royal était donc un conseil formé de pères de famille (des patres familiarum, d’où ce nom de patres) venus des principales familles de Rome . Ces pères de famille utilisèrent leur présence dans ce conseil pour asseoir leur position politique et former de la sorte, petit à petit, une noblesse particulière dont est issu le patriciat du Ve siècle43 . Pour J .-Cl . Richard, la naissance de cette noblesse remonte à l’époque de la monarchie 38 De Martino, Storia I 19722, 62 et 95–97, 101, 103–106, 111–112 et 121 : « Il potere supremo era esercitato nella monarchia latina dal re per investitura dei patres, i capi dei gruppi gentilizi » . Fr . De Martino considère ce Sénat comme entièrement patricien . 39 De Martino, Storia I 19722, 106 . 40 De Martino, Storia I 19722, 101 : « Essa si spiega con la necessità di un potere centrale forte, che potesse cementare l’unità cittadina contro la forza centrifuga delle gentes primitive . Come vedremo questa concezione dell’imperium si venne formando durante il periodo della città etrusca ed in quei determinati rapporti fra le singole forze sociali trovò la sua ragion d’essere » et 102 : « L’evoluzione avvenne in senso del tutto opposto e cioè dal limitato potere del capo di una federazione gentilizia alla piena sovranità del capo di una comunità unita, di una polis e nuovamente, consolidata l’unità del comune, alla sovranità più o meno moderata delle città repubblicane » . Voir plus généralement le chapitre 6 . 41 De Martino, Storia I 19722, 144–146 . 42 Cf . infra p . 23 . 43 Sauf mention contraire, toutes les dates antiques s’entendent avant J .-C .
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dite latino-sabine et si le patriciat put s’en présenter comme le descendant c’est en particulier grâce au rôle de l’interrègne : les quelques familles qui purent exercer cette fonction en aurait en effet tiré un prestige particulier44 . Ce faisant, J .-Cl . Richard postule que certaines familles réussirent à se maintenir de façon héréditaire au Sénat, ce qui sous-entend que toutes ne le pouvaient pas . Pourquoi ? Probablement parce que la composition du Sénat dépendait aussi du roi qui, s’il ne pouvait refuser l’accès au Sénat aux plus grandes familles, demeurait libre de son choix pour les autres . La réflexion la plus originale sur le Sénat d’époque royale demeure toutefois celle de T . J . Cornell . Elle est liée à une proposition de réinterprétation du plébiscite ovinien (fin du IVe siècle) qui vise à montrer combien ce plébiscite transforma radicalement les conditions de nomination des sénateurs . Selon T . J . Cornell, à la suite de ce plébiscite (qui créa la lectio senatus des censeurs), les sénateurs se virent octroyer une place viagère au Sénat, laquelle ne pouvait plus être interrompue que par leur éviction de ce conseil, librement décidée par les censeurs suivants, pour des raisons morales notamment . Cette relecture du plébiscite ovinien entraîne, par contrecoup, une réinterprétation du Sénat antérieur qui, pour T . J . Cornell, ne peut correspondre aux affirmations de l’historiographie classique . Contrairement à la communis opinio, le Sénat royal n’était pas un organe stable, dans lequel les sénateurs siégeaient à vie, mais un conseil réuni au coup par coup, dont les membres étaient choisis par le roi, puis par le magistrat en exercice : « the Senate of the archaic age is an elusive entity, with no formal authority and an ill-defined membership . As far as we can judge, it was purely an advisory council whose members were chosen at the whim of the magistrates in office »45 . C’est toute la question du rapport entre le roi et son conseil qui est ici posée, et l’historien britannique insiste sur le fait que le Sénat était un simple consilium comme il en existait d’autres à Rome46 . Sans entrer plus en avant dans les questions historiques soulevées par ses idées, T . J . Cornell ouvre donc la voie à une réévaluation du rôle du Sénat et de son rapport avec le roi, qui s’éloigne fortement de la vision traditionnelle : le conseil en question n’existait pas en dehors de sa convocation par le roi . Une telle vision ne pouvant s’accorder à la vision classique de l’interregnum et de 44 Richard, Origines 20152, 232–238 mais aussi 263 : « En d’autres termes, le patriciat qui, au début du Ve siècle, se fermera sur lui-même et monopolisera le pouvoir n’est pas né du néant, mais d’une noblesse dont nous entrevoyons la constitution sous les rois latino-sabins » . 45 Cornell, Beginnings 1995, 369, mais aussi son très important Cornell, Lex Ovinia 2000, 69–89 . Voir aussi Cornell, Beginnings 1995, 246 : « The truth of the matter is that the annalists have grossly exaggerated the importance of the Senate in early Rome, and that modern scholars, almost all of whom define the patriciate as essentially a senatorial order, have been misled by this tendency of the tradition » . T . J . Cornell réfute également de façon convaincante l’équation sénateurs = patriciens . Sur le plébiscite ovinien, voir aussi Lanfranchi, Tri buns 2015, 331–337 et Bur, Citoyenneté dégradée 2018, 57–65 . 46 Cornell, Beginnings 1995, 247–248 et 445 nt . 22 .
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l’auctoritas patrum, T . J . Cornell suggère de l’expliquer par le fait que les titulaires de ces deux privilèges n’aient pas été des sénateurs, mais les seuls patriciens47 . Plus récement, Chr . Smith est revenu sur ce problème à travers la question du rapport patriciat/Sénat . Il discute les thèses de T . J . Cornell et semble les suivre, au moins en partie, puisqu’il admet que tous les sénateurs n’étaient pas patriciens et tous les patriciens n’étaient pas sénateurs48 . Dans son ouvrage consacré au Sénat royal et républicain (jusqu’à présent peu discuté), G . Mancuso fait également du Sénat des origines un consilium regium . Il distingue toutefois une seconde phase dans la période royale où émergea le sena tus . Le consilium, qui apparut en même temps que la communauté latine primitive, était composé des patres, c’est-à-dire les « capi sovrani e carismatici dei gruppi loro sottoposti » (familiae ou gentes selon les sources) et à ce titre membres légitimes du conseil . Ce dernier avait trois pouvoirs : le consilium lorsque le roi le demandait et qui ne semble pas avoir été liant ; l’auctoritas, « ‘incremento’ di forza rituale, nel quadro del procedimento di creazione del re e nei confronti di quest’ultimo »49 ; et l’interregnum . Ainsi, malgré son nom, ce consilium regium ne fonctionnait pas à l’image du consilium du paterfamilias ou de celui du magistrat, mais était bien un organe politique, contrairement à ce qu’avançait par exemple T . J . Cornell . Ainsi G . Mancuso explique l’introduction des patres minorum gentium au Sénat par le désir de Tarquin l’Ancien de s’y ménager des soutiens50 . Toutefois l’originalité de G . Mancuso réside dans son hypothèse sur la naissance du Sénat à proprement parler . Selon lui, c’est à Servius Tullius qu’il faudrait l’attribuer . L’adjonction des patres conscripti révélerait cette création qui se placerait dans la continuité des réformes censitaires de Servius51 . Pour cela, G . Mancuso s’appuie notamment sur un passage de Tite-Live expliquant que le titre de patres conscripti désignait ceux qui avaient
47 Cornell, Beginnings 1995, 249 : « The inescapable conclusion is that the patres who controlled the interregnum procedure, gave their approval to decisions of the comitia, and had reversionary possession of the auspices, cannot be adequately defined as senators, or even patrician senators » . Voir aussi Cornell, Beginnings 1995, 251–252 . On soulignera toutefois qu’après avoir dit que ces patriciens ne peuvent pas être définis de façon adéquate comme des sénateurs, l’historien britannique n’affirme pas expressément la conclusion qui nous semble être celle correspondant à sa démonstration . Pas plus qu’il n’explicite clairement ce que sont alors ces patriciens . 48 Smith, Roman Clan 2006, 253–258 . 49 Mancuso, Il senato romano 1997, 37 . 50 Mancuso, Il senato romano 1997, 34 . 51 Mancuso, Il senato romano 1997, 62–63 : « In effetti, nulla impedisce di ritenere che [la comparsa dei patres conscripti] si inquadri nella cornice medesima della riforma costituzionale compiuta, proprio sul finire dell’epoca regia, da Servio Tullio . Tanto più che, come si è veduto, talune testimonianze attribuiscono espressamente a codesto re la creazione dei nuovi senatori ; fatto, questo, che avrebbe determinato l’avvento di un nuovo senatus – come attesta Livio – o, più semplicemente, del senatus » .
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été recrutés dans le nouus senatus52 . Ce Sénat aurait remplacé le regium consilium de Romulus et aurait compté parmi ses membres non seulement les patres, mais aussi des seniores d’où son nom53 . De telles réformes, qui menaçaient la domination gentilice, valurent à Servius une image popularis . En effet, son choix ne se serait pas porté sur les seuls patres (les chefs de famille), mais se serait aussi étendu à des personnages qui n’avaient pas ce statut, tout en étant patriciens voire plébéiens54 . Et G . Mancuso de conclure : « Con Servio Tullio il potere regio rivendicava, contro ogni tendenza centrifuga, la piena e esclusiva titolarità nella condotta della res pu blica, e la conscriptio patrum ne fu, forse, la più significante manifestazione »55 . Soulignons alors que, en dépit de quelques points de dissenssions (la place des patriciens dans le Sénat par exemple, ou le problème des conscripti), il existe une certaine unité de vue quant au Sénat archaïque, bien résumée d’ailleurs par T . J . Cornell56 . Cette unité se manifeste dans la reconnaissance du fait que le Sénat dérivait primitivement du conseil formé par les chefs des principales familles de la Rome la plus archaïque57 . Ajoutons-y que, globalement, la recherche historique s’est attachée à remettre dans le bon ordre le rapport roi/Sénat . En effet, si, comme nous l’avons vu, pour la tradition, le roi est premier et le Sénat second, faire du Sénat l’émanation quasi naturelle des grandes familles romaines (les gentes) conduit presque naturellement (même si tous les historiens ne franchissent pas toujours clairement ce pas) à mettre le roi en position seconde . Ces grandes familles précédèrent chronologiquement le monarque . Rappelons, ce faisant, que la naissance des gentes est un phénomène ancien et non proprement romain . Une gens est un groupe de familles se disant issues d’un ancêtre commun, le fondateur de la gens, dont elles portaient le nom et auquel le paterfamilias rendait un culte . De façon plus générale, c’est un groupe de filiation dans lequel les membres étaient censés descendre, de manière putative ou réelle, d’un ancêtre commun (fictif le plus souvent) . L’idée centrale veut que tous les descendants de cet ancêtre se considéraient et étaient considérés comme un groupe autonome, ce pourquoi il s’agit d’une sorte de clan . Le système onomastique gentilice romain – système qui s’est mis en place dès le VIIe siècle et qui comportait un nom (nomen) et un prénom 52 Liv . 2 .1 .11 : conscriptos uidelicet nouum senatum, appellabant lectos . 53 Mancuso, Il senato romano 1997, 63–64 : « L’atteggiamento degli antichi induce, quindi, a ritenere verosimile che la comparsa dei patres conscripti coincidesse con la creazione non di un nuovo senato, bensì di un soggetto costituzionale che veniva a sostituire, come prodotto della riforma costituzionale serviana, l’antichissimo consilium romuleo . Di codesto nuovo consesso facevano ora parte non solamente i patres, ma i senes – o, più esattamente, i se niores – donde il nomen di senatus » . 54 Mancuso, Il senato romano 1997, 65 . 55 Mancuso, Il senato romano 1997, 66 . 56 Cornell, Lex Ovinia 2000, 72–73 . 57 Schwegler, Römische Geschichte I .2 18692, 659 parle de « Rath der Alten » . Voir aussi Herzog, Geschichte I 1884, 51 .
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(praenomen) – en dérivait . Cependant, la gens ne se composait pas seulement de ceux qui y étaient unis par la parenté . Aux divers descendants, il convient d’ajouter les clients et les esclaves de la gens (qui ne font pas partie de la famille au sens strict) si bien que ce type de famille élargie pouvait compter plusieurs centaines voire plusieurs milliers de personnes pour les plus imposantes . Point important, bien établi par l’historiographie, ces gentes n’étaient pas spécifiquement patriciennes au départ . Le patriciat est une création républicaine, issue de l’aristocratie gentilice d’époque royale, dont l’émergence est liée au contexte politique de la République naissante . On peut citer ici la façon dont R . Baudry résume l’histoire de cette aristocratie gentilice dans un article récent : Les gentes qui allaient former le patriciat auraient progressivement acquis le monopole des charges politiques et sacerdotales et auraient alors revendiqué le monopole de l’organisation en gentes (et se seraient auto-proclamés patricii, c’est-à-dire descendants des patres (sénateurs) du Sénat royal) rejetant les anciennes gentes, devenues ipso facto plébéiennes en dehors de l’organisation gentilice . « Donnée flottante » au moment du passage à la République, le patriciat se serait progressivement clos (ce n’est pas sans évoquer la « fermeture du patriciat (serrata del patriziato) » imaginée par De Sanctis, à condition de donner à cette fermeture une valeur « constitutive ») . Pour désigner cette aristocratie antérieure à l’institutionnalisation du patriciat, on peut parler, ainsi que le fait Yann Berthelet, de « noblesse gentilice » ou, pour éviter toute ambiguïté, d’« aristocratie gentilice », qu’il serait en effet erroné de qualifier de patricio-plébéienne, puisque ces catégories n’existaient pas encore58 .
Ce sont ces grandes familles, cette aristocratie gentilice qui, réunies en une forme de proto-Sénat, auraient décidé de se doter d’un roi . C’est très clairement énoncé par M . Humbert, lorsque ce dernier explique les rapports du roi aux grandes familles de l’aristocratie à l’époque royale : Une fois de plus, il faut garder avec la tradition un recul nécessaire . Lorsqu’elle prête à Romulus la création d’une assemblée de Cent membres choisis pour conseiller docilement le roi (Liv . 1 .8 .7), elle renverse à peu près exactement la réalité historique . De fait, le Conseil ou Sénat (de seniores, les Anciens) précéda le roi, puis l’installa et le domina . L’interrègne, déjà traité, n’est pas un expédient imaginé pour assurer rituellement la continuité des auspices (ce qu’il finira par devenir beaucoup plus tard) ; il donne la mesure exacte de la subordination de la royauté à l’aristocratie ou au Sénat . Le pouvoir, souverainement, appartient aux chefs des gentes59 . 58 Baudry, Familles de l’aristocratie 2017, 210–211 . Sur l’organisation gentilice, voir toujours De Martino, Storia I 19722, 1–41 ; Smith, Roman Clan 2006, passim et Berthelet, Gouverner 2015, passim . 59 Humbert, Institutions 201110, 228 .
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Une belle présentation de cette idée se trouve déjà chez J . Gaudemet : Le sénat fut d’abord la réunion des chefs de famille, les patres (le nom restera) qui, avant la fédération, étaient les vrais chefs de leur groupe . Leur nombre dépendait donc de celui des familles . Il fut sans doute pendant longtemps inférieur à 300 . En se fédérant, ces chefs avaient contribué à l’instauration du régime de royauté et par l’interregnum ils participaient à la désignation de chaque nouveau roi . Chefs des familles qui constituaient la communauté et fournissaient l’armée, ils représentaient une force que le roi ne pouvait négliger . Telles sont les raisons profondes de la place qu’occupait le sénat même dans une monarchie autoritaire . Mais aucune règle précise ne fixait ses attributions60 .
Cette réévaluation des rapports entre le roi et le Sénat, dont les prémisses avaient été posées auparavant, fut menée à son terme par T . J . Cornell, qui conclut cependant, lui, à la prééminence de la figure du roi . Il le fait en expliquant le Sénat comme un simple consilium de magistrat et en refusant à ce Sénat archaïque l’in terregnum et l’auctoritas patrum . On le voit, le fonctionnement du Sénat royal ne peut en aucun cas avoir obéi aux règles qui furent les siennes une fois la République fermement établie, et la notion même de sénatus-consulte ne saurait donc être transposée telle quelle à si haute époque . En effet, soit l’on accepte dans son intégralité la vision de T . J . Cornell (ou d’U . Coli), et il faut alors ôter tout pouvoir aux délibérations de cet organe ; soit l’on opte pour un Sénat initialement supérieur au roi, et il est tout à fait clair que ses délibérations, contraignantes, ne purent pas non plus prendre la forme classique d’un sénatus-consulte . Enfin, constat remarquable, l’existence de ce conseil, à si haute époque, obéit finalement à une sorte de constante de la vie publique (et familiale) romaine : la prise de décision assistée, que ce soit au sein du conseil de famille61, dans le conseil du magistrat (à Rome ou dans les provinces)62, ou dans le conseil du roi, à savoir le conseil de la cité63 . Cela offre peut-être un 60 Gaudemet, Institutions 1967, 273 . Même idée chez Valditara, Magister 1989, 156, qui l’explique en la rapprochant de l’esprit de la société latino-sabine et qui pense que les chefs des trois tribus primitives étaient sans doute choisis selon des modalités similaires . 61 Son existence est bien attestée par plusieurs sources . Pensons à Val . Max . 2 .9 .2 qui rapporte l’exemple d’un sénateur exclu du Sénat en 307 pour avoir renvoyé sa femme sans l’avis du consi lium domestique ; ou bien à Tac . ann. 2 .50 et 13 .32 qui fait référence à deux jugements de femmes par des tribunaux familiaux sous l’empire (Appuleia Varilla en 17 et Pomponia Graecina en 57 après J .-C .) en les présentant précisément comme des résurgences de pratiques archaïques . 62 Pensons, e. g. à Cic . Balb. 11 qui rapporte une décision d’octroi de la citoyenneté prise par Pompée en expliquant spécifiquement qu’elle fut prise en accord avec son conseil . 63 Cf . déjà Lange, Römische Alterthümer I 18763, 389–390 : « Es wurde schon bemerkt, daß der Senat sein Vorbild hat in dem Consilium von Verwandten, welches der Hausvater in gewissen Fällen anzuhören durch die Sitte verpflichtet war . Er wird daher seinem Wesen nach richtig als regium consilium bezeichnet » . Il en conclut : « Dem Könige gegenüber hat der Se-
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indice sur ce que pouvaient être ces sénatus-consultes : des avis rendus au roi sur sa sollicitation, dont le caractère contraignant dépendait sans doute du rapport de forces existant entre le monarque et les sénateurs . C’est ici qu’un détour par le corpus des sénatus-consultes d’époque royale attestés dans nos sources peut apporter quelques éléments supplémentaires . Ce corpus soulève toutefois de délicats problèmes de sources .
II. Des sources bien particulières Les sources concernant le Sénat d’époque royale présentent de nombreuses difficultés, ce qui explique à la fois que l’on s’y soit peu intéressé et les grandes divergences possibles d’opinion quant à l’histoire archaïque de cette institution . C’est très visible si l’on se focalise sur les sources mentionnant directement ou indirectement de possibles sénatus-consultes pour l’époque royale . Comme le soulignait déjà E . Herzog, nos sources sont toutes postérieures au plébiscite ovinien qui réorganisa profondément le Sénat, et même Fabius Pictor écrivait un siècle après . Par conséquent, « kein Senatsbeschluß, keine Schilderung einer Sitzung ist in authentischer Form aus der ersten überliefert [période antérieure au plébiscite Ovinien] »64 . Il faisait également remarquer que les délibérations en tant que telles ne sont jamais dépeintes65 . De la recension des quarante-quatre sénatus-consultes mentionnés dans les sources nous avons tiré ce tableau récapitulatif66 :
nat ebenso wenig bestimmte Rechte, wie das Consilium der Verwandten gegenüber dem Pater familias », suivant une image discutable d’un Sénat sans pouvoir . 64 Herzog, Geschichte I 1884, 867 . 65 Herzog, Geschichte I 1884, 89 . 66 Nous ne comptons qu’une fois les auteurs revenant à plusieurs reprises dans les sources d’un même sénatus-consulte .
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Sur ce total, vingt-neuf sénatus-consultes sont inférés67 et quinze non inférés68 . Sans surprise, Denys d’Halicarnasse – l’auteur dont nous avons conservé le plus grand nombre de pages sur la période monarchique – est notre source principale . Il nous renseigne sur les deux tiers des sénatus-consultes royaux (vingt-neuf ) et il est le seul à parler de douze sénatus-consultes69 . Son apport est d’autant plus précieux que, sur les quinze sénatus-consultes non inférés connus, il figure parmi les sources de treize d’entre eux70 et il est même notre seule source pour sept d’entre eux71 . Cela ne va pas sans poser de problèmes si l’on songe au légalisme de Denys d’Halicarnasse et à son intérêt excessif pour les procédures72 . Tite-Live, qui a consacré son premier livre à la royauté, arrive en deuxième place en nous renseignant sur douze sénatus-consultes73 dont cinq non inférés74 et il est notre seule source pour le sénatus-consulte n° 175 . Toutefois, en dehors du règne de Romulus, les sénatus-consultes évoqués ne concernent presque que les interrègnes, à l’exception du triomphe de Tarquin l’Ancien sur les Sabins76 . Le récit livien est certes plus détaillé pour le premier roi, mais les interventions sénatoriales mentionnées ne relèvent que du domaine diplomatique : societas et conubium avec les Latins, guerre contre Caenina, Crustumérie et Antemnes puis paix avec ces mêmes cités et guerre contre les Sabins77 . Il y a donc un réel partage : sénatus-consultes diplomatiques pour Romulus (deux sénatus-consultes sur cinq non inférés78) et d’interrègne pour le reste de la période (trois sénatus-consultes non inférés79) . Peut-être est-ce parce que la figure de Romulus était davantage discutée à l’époque où écrivait Tite-Live et que les débuts de Rome, annonciateurs de
67 Catégorie [IV] du corpus infra, correspondant aux sénatus-consultes n° 2, 3, 4, 5, 7, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 17, 20, 23, 24, 27, 28, 30, 31, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 42, 43 et 44 . 68 Catégories [I], [II] et [III] du corpus infra, correspondant aux sénatus-consultes n° 1, 6, 8, 9, 16, 18, 19, 21, 22, 25, 26, 29, 32, 33 et 41 . 69 Sénatus-consultes n° 2, 8, 10, 19, 20, 22, 25, 29, 30, 33, 37 et 41 . 70 Sénatus-consultes n° 6, 8, 16, 18, 19, 21, 22, 25, 26, 29, 32, 33 et 41 . 71 Sénatus-consultes n° 8, 19, 22, 25, 29, 33 et 41 . 72 Ainsi, D . H . 2 .14 « amplifi[e] le rôle traditionnellement dévolu aux sénateurs » d’après Ver Eecke, République 2008, 174 . Sur le légalisme de Denys d’Halicarnasse et sa reconstruction des procédures, voir aussi Lanfranchi, Tribuns 2015, 379 . Cela pose d’autant plus problème que, comme le soulignait déjà Lange, Römische Alterthümer I 18763, 303, Denys d’Halicarnasse ne fait pas une différence très claire entre auctoritas patrum et senatus consultum . 73 Sénatus-consultes n° 1, 3, 6, 7, 15, 16, 17, 18, 26, 27, 34 et 35 . 74 Sénatus-consultes n° 1, 6, 16, 18 et 26 . 75 Pour une synthèse sur la fiabilité du récit livien dans les cinq premiers livres à propos des délibérations sénatoriales, voir Scevola, Deliberazioni 2017, 1–13 . 76 Sénatus-consulte n° 34 . 77 Sénatus-consultes n° 1, 3, 6 et 7 . 78 Sénatus-consultes n° 1 et 6 . 79 Sénatus-consultes n° 16, 18 et 26 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
ses succès futurs, devaient être placés également sous le patronage du Sénat, tout cela éclipsant les règnes postérieurs . Les Fastes80, de même que Solin81, tiennent une place à part puisqu’ils indiquent simplement des triomphes qui nous permettent de déduire automatiquement l’existence d’un sénatus-consulte, l’aval du Sénat étant initialement indispensable pour triompher82 . Plutarque en revanche, dans ses Vie de Romulus et Vie de Numa, nous renseigne sur six sénatus-consultes83, et il est même le seul à laisser entendre une intervention du Sénat quant au sort de l’ager Veientibus et des otages véiens et à la consécration de Romulus84 . Les quatre autres sénatus-consultes concernent à égalité les triomphes de Romulus et l’interrègne qui suit sa mort . Cicéron ne parle de l’action du Sénat royal qu’à propos de l’interrègne85, qui constitue aussi la moitié des allusions de Dion Cassius/Zonaras86 tandis que Macrobe ne fournit d’indications que sur les triomphes de Tullus Hostilius87 et Valère Maxime sur celui de Servius Tullius sur les Étrusques88 . En revanche, il est significatif que C . Licinius Macer, ayant écrit dans la première moitié du Ier siècle, évoque l’accord du Sénat et de Romulus pour la deditio des Sabins dans l’épisode qui conduisit à la mort de Titus Tatius89 . Cela pourrait signifier que pour les annalistes le Sénat jouait un rôle sous la royauté et qu’il ne fallut pas attendre le contexte tardo-républicain de débat autour du pouvoir personnel pour que des auteurs comme Denys d’Halicarnasse et Tite-Live insistent sur la collaboration entre le Sénat et le roi90 . Par ailleurs, les détails contenus dans certains fragments de son œuvre tendent à prouver que C . Licinius Macer développa de façon plus importante que Tite-Live l’histoire de la période royale, puisant dans des sources inconnues ou délaissées par ce dernier91 .
80 Sénatus-consultes n° 4, 5, 28, 31, 32, 34, 38, 39, 40, 43 et 44 . 81 Sénatus-consultes n° 4, 5 et 11 . 82 Voir D . H . 3 .62 .2 . 83 Sénatus-consultes n° 4, 11, 12, 14, 15 et 16 . 84 Sénatus-consultes n° 12 et 14 . 85 Sénatus-consultes n° 15, 17 et 18 . 86 Sénatus-consultes n° 15, 18, 36 et 42 . 87 Sénatus-consultes n° 21, 23 et 24 . 88 Sénatus-consulte n° 38 . 89 Sénatus-consulte n° 9 . 90 Même si C . Licinius Macer avait vécu la dictature constituante syllanienne . En effet, même si l’on estime que C . Licinius Macer l’homme politique et C . Licinius Macer l’annaliste sont deux personnes différentes, ils vécurent à la même époque (cf . Cornell, Fragments I 2013, 322 sur ce point) . 91 Cornell, Fragments I 2013, 322–323 .
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Un fragment de l’Histoire de l’Italie d’Aristobule, historien dont on ne connaît rien si ce n’est le nom de son œuvre92, va dans le même sens puisqu’il indique que la querelle entre les sénateurs et Romulus qui aboutit à son meurtre tirait son origine de la décision du Sénat d’abolir des distributions de blé93 . Le texte d’Aristobule présente ainsi le Sénat comme un corps politique indépendant du roi, pouvant même s’opposer à lui . Aristobule et C . Licinius Macer sont en outre les seuls à suggérer l’existence de ces deux sénatus-consultes, et ne se faisaient donc pas l’écho d’un exemplum bien connu . La représentation d’un Sénat royal fonctionnant d’une manière proche de celui de l’époque classique ne datait donc pas de la toute fin de la République, mais semble s’enraciner plus profondément dans la tradition .
III. Esquisse d’analyse statistique On peut s’étonner avec U . Coli de ne trouver que quarante-quatre sénatus-consultes quand on pense à la longue présentation du rôle tenu par le Sénat royal chez TiteLive et surtout chez Denys d’Halicarnasse94 . Ce chiffre s’explique toutefois par le fait que nous n’avons pas supposé systématiquement un sénatus-consulte en plaquant la pratique républicaine sur l’époque royale . Si nous avons inféré un sénatus-consulte pour chaque triomphe, c’est parce que Tite-Live et Denys d’Halicarnasse affirment qu’avant 449, tous les triomphes avaient obtenu l’aval du Sénat, ce qui constitue un argument fort et permet une généralisation (cf . infra p . 29–32 .) . Rien de tel pour les autres affaires publiques et nous n’avons donc retenu que les cas où le rôle du Sénat est explicitement mentionné . Prenons par exemple le cas, rapporté par Tite-Live, d’une pluie de pierres tombée sur le mont Albain et expiée par une neuvaine95 . D . Briquel, s’appuyant notamment sur un passage du livre trentesix de Tite-Live indiquant que les décemvirs consultèrent les livres sibyllins ex se natus consulto pour savoir que faire à la suite d’une pluie de pierres, écrit ainsi que : Le passage décrit clairement la procéduire suivie à Rome devant de telles manifestations intempestives du divin : le prodige est annoncé au Sénat et celui-ci met en place un rituel d’expiation – en l’occurrence, une neuvaine qu’on retrouvera souvent après des pluies de pierres analogues96 .
Or Tite-Live mentionne seulement l’annonce des prodiges au roi et au Sénat et se demande s’il faut attribuer le choix du rite d’expiation à la voix divine ou à 92 93 94 95 96
Knaack, s . v . Aristobulos (n° 14 a) 1903, 133 . Sénatus-consulte n° 13 . Coli, Regnum 1951, 33–34 . Liv . 1 .31 .1–4 . Briquel, Tullus Hostilius 2004, 57 nt . 75 à partir de Liv . 36 .37 .5 notamment .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
la décision des haruspices, ce dernier point étant anachronique avant la royauté étrusque97 . Les indices nous ont ici paru trop minces pour supposer un sénatus-consulte, ce qui nous aurait en outre conduit à en inférer d’autres pour des prodiges pour lesquels le Sénat n’est pas même évoqué . Sur les quarante-quatre sénatus-consultes recensés, huit concernent l’interrègne98, seize le triomphe99, dix la diplomatie100 et dix la politique intérieure101 . La prédominance du triomphe disparaît dès lors qu’on s’intéresse aux sénatus-consultes non inférés (catégories [I], [II] et [III]) . On obtient alors une répartition plus équilibrée : quatre pour l’interrègne102, deux pour le triomphe103, cinq pour la diplomatie104 et quatre pour la politique intérieure105 . La question des triomphes soulève ainsi d’importants problèmes . Tout d’abord, la majorité des sénatus-consultes liés au triomphe sont inférés à partir de la seule mention du triomphe . En effet, comme cela a été dit, un texte de Tite-Live pour l’année 449 et un autre de Denys d’Halicarnasse indiquent que, pour la première fois, un triomphe fut décerné aux consuls par le peuple, sur avis du tribun de la plèbe L . Icilius et sans accord du Sénat, Tite-Live précisant : Ne reges quidem maiestatem summi ordinis imminuisse et, plus loin, tum primum sine auctoritate senatus populi iussu triumphatum est106 . On pourra y ajouter un autre passage de Denys d’Halicarnasse qui évoque également l’accord nécessaire du Sénat pour les triomphes107 . Il découle de telles affirmations que, pour ces auteurs, tous les triomphes antérieurs supposent un sénatus-consulte, même s’il n’est pas mentionné . Le second problème tient à l’origine du triomphe et se révèle particulièrement complexe . Le mot triumphus en lui-même ne pose guère de difficultés : il dérive très certainement, via l’étrusque, du grec θρίαμβος108, une acclamation dionysiaque, ce qui pointe vers une origine étrusque et/ou orientale . H . S . Versnel a vu dans le
97 Ogilvie, Commentary 1965, 125 et Musti, Tendenze 1970, 78 . 98 Sénatus-consultes n° 15, 16, 17, 18, 26, 29, 30 et 35, trois d’entre eux se rapportant même au premier interrègne . 99 Sénatus-consultes n° 4, 5, 10, 11, 21, 23, 24, 28, 31, 32, 34, 38, 39, 40, 43 et 44 . 100 Sénatus-consultes n° 2, 3, 6, 7, 8, 9, 12 (même si la confiscation des terres de Véies a des conséquences en politique intérieure puisqu’elles furent distribuées aux soldats), 22, 25 et 27 . 101 Sénatus-consultes n° 1 (qui relève aussi en partie de la diplomatie puisque des ambassadeurs furent ensuite envoyés aux Latins), 13, 14, 19, 20, 33, 36, 37, 41 et 42 . 102 Sénatus-consultes n° 16, 18, 26 et 29 . 103 Sénatus-consultes n° 21 et 32 . 104 Sénatus-consultes n° 6, 8, 9, 22 et 25 . 105 Sénatus-consultes n° 1, 19, 33 et 41 . 106 Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 11 .50 .1 . 107 D . H . 3 .62 .2 . 108 Varro . ling. 6 .68 . C’est aussi avec ce terme que Polyb . 6 .15 .8 désigne le triomphe . Mazzarino, Dalla Monarchia 19922, 38 insiste sur ce passage par l’étrusque pour expliquer la transformation du mot grec en son équivalent latin . Voir la synthèse de Bastien, Triomphe 2007, 126–127 .
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triomphe originel le dérivé d’une cérémonie de nouvel an, d’inspiration étrusque (inspirée des rites de la confédération étrusque au fanum Voltumnae) et aux racines orientales, sans doute importée à Rome par les Tarquins, et qui aurait aussi donné naissance aux ludi Romani109 . La provenance étrusque est aujourd’hui largement soutenue par l’historiographie, mais le reste de cette thèse a fait l’objet de critiques, même si F . Coarelli l’accueille favorablement110 . Dans ce cadre, L . Bonfante Warren, estime que Rome aurait connu une forme de cérémonie particulière, l’ovation, cérémonie latine archaïque antérieure à l’importation étrusque du triomphe, idée là aussi suivie par F . Coarelli qui voit dans la réapparition de cette cérémonie au début de la République une réaction oligarchique successive à l’expulsion des Tarquins111 . Pour R . M . Ogilvie, le triomphe aurait remplacé plutôt la consécration des spolia à la triade capitoline ( Jupiter Feretrius, Mars et Quirinus), tandis que la mise en place de la nouvelle cérémonie serait à rapprocher de l’institution du culte de Jupiter Optimus Maximus112 . Plus récemment, J . Rüpke a proposé de lier l’origine du triomphe à la pratique d’ériger des statues aux généraux victorieux, suggestion critiquée par H . S . Versnel113 . M . Beard adopte une position plus radicale114 . Tout en reconnaissant que l’idée d’une origine étrusque a de bons arguments pour elle, elle souligne qu’aucun de ces arguments n’est cependant décisif en soi (tous les éléments factuels sont qualifiés de « flimsy » et elle rappelle que seul Florus fait de la cérémonie quelque chose d’entièrement étrusque115) . Selon elle, finalement, c’est l’idée même d’« origine » qui pose problème116 . Quant à J .-L . Bastien, il suit la théorie de H . S . Versnel, complétée par F . Coarelli117, et considère que le triomphe 109 Versnel, Triumphus 1970, 255–303 . 110 Coarelli, Foro Boario 1988, 414–437 . 111 Bonfante Warren, Roman Triumph 1970 et Coarelli, Foro Boario 1988, 431 . Voir aussi Martin, Idée de royauté 1982, 84–85 et id ., Idée de royauté 1994, 280 qui parle de l’ovatio comme de la « forme primitive, romuléenne, du triomphe », tout en reconnaissant que l’origine étrusque du triomphe classique est la plus probable . 112 Ogilvie, Early Rome 1976, 37–38 . 113 Rüpke, Triumphator 2006 critiqué par Versnel, Red (herring?) 2006 . 114 Beard, Roman Triumph 2007, 305–318 . 115 Flor . 1 .1 (1 .5 .6) : Neque pace Tarquinius quam bello promptior. Duodecim namque Tusciae po pulos frequentibus armis subegit. Inde fasces, trabeae, curules, annuli, phalerae, paludamenta, prae textae ; inde quod aureo curru quatuor equis triumphatur ; togae pictae, tunicaeque palmatae, omnia denique decora et insignia, quibus imperii dignitas eminet. 116 Beard, Roman Triumph 2007, 312 : « The ‘origin’ of any ceremonial institution or ritual – ‘invented tradition’ or not – is almost always a form of historical retrojection » et « The ‘origin of the triumph’ is, in other words, a cultural trope » . 117 Bastien, Triomphe 2007, 121–149 et en particulier 122 : « Le triomphe romain aurait pour origine une cérémonie orientale de renouvellement du temps et de régénération du pouvoir royal qui se serait transmise à Rome par le biais des étrusques au VIe siècle . L’avènement de la République aurait abouti à une disparition temporaire du triomphe ‘à la mode étrusque’ dont Camille, au début du IVe siècle, aurait assuré la résurgence » .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
fut importé à Rome par les Tarquins au VIe siècle118 . Cette cérémonie se rattacherait, selon J . Martínez-Pinna, à la nouvelle conception de la royauté, centrée sur la figure de Jupiter, qu’aurait introduite Tarquin l’Ancien119 . Il semble donc qu’il y ait une relative unanimité pour accepter la tradition livienne120 de l’origine étrusque du triomphe ou, en tout cas, pour considérer que les triomphes antérieurs à la royauté étrusque ont de grandes chances d’être anachroniques, même si des rites primitifs latins accompagnaient peut-être les victoires militaires . En plus de la nature et de l’origine de cette cérémonie, le triomphe soulève la question de l’authenticité des guerres attribuées aux rois de Rome . Celles-ci répètent assez largement les campagnes menées dans les premiers temps de la République et la réitération de certaines victoires est suspecte . Ainsi, dès la période monarchique, et surtout au VIe siècle, Rome, grâce à ses victoires, apparaît en position de force dans le Latium et parfois comme un quasi ἡγεμών de la ligue latine . De manière générale, le cadre des guerres royales coïncide avec celui des guerres du Ve et surtout du IVe siècles . Comme l’écrivait P . M . Martin, La République, drapée dans les lambeaux de la pourpre royale, n’éprouvait pas de gêne à se poser militairement en continuatrice de l’œuvre des rois et en réalisatrice du destin de Rome dont ils avaient reçu l’annonce121 .
Sans en revenir aux thèses d’A . Alföldi qui nient toute importance politique à Rome au sein du Latium durant la période royale122, il est incontestable que projeter dans le passé le plus ancien ces victoires servait à annoncer la domination romaine à venir, ce que fit d’ailleurs explicitement, après sa mort, Romulus à Iulius Proculus dans le récit livien123 . En outre, comme le souligne M . Engerbeaud, « les auteurs antiques percevaient la victoire comme un attribut royal, et ils ont envisagé la royauté comme une période de gloire militaire », malgré la vision parfois négative des rois . Ce n’est ainsi qu’avec la République qu’apparaissent dans nos sources les premières défaites de Rome sur le champ de bataille124 . Tout cela suffit à jeter le doute sur les récits des guerres (toujours !) victorieuses des rois de Rome, tout du moins des quatre premiers125 . Bien entendu, la période monarchique ne fut pas 118 Bastien, Triomphe 2007, 148 . 119 Martínez-Pinna, Algunas observaciones 2008, 201–202 . 120 Sur celle-ci, voir Musti, Tendenze 1970, 34–37 . 121 Martin, Idée de royauté 1994, 208 et aussi 213–214 . Voir aussi Poucet, Rois 2000, 322–323 . 122 Alföldi, Early Rome 1963, 101–235 . 123 Liv . 1 .16 .7 : ‘Abi, nuntia’, inquit, ‘Romanis, caelestes ita uelle ut mea Roma caput orbis terra rum sit ; proinde rem militarem colant sciantque et ita posteris tradant nullas opes humanas armis Romanis resistere posse’ . 124 Engerbeaud, Rome devant la défaite 2017, 96 . 125 Cf . Beard, Roman Triumph 2007, 314 : « The message is clear: Rome was a triumphal city from its very birth; there was no Rome without the triumph, no triumph without Rome » .
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pacifique et il y eut assurément des conflits entre Rome et ses voisins . De même, l’importance acquise par Rome dans le Latium sous la houlette de ses souverains étrusques a de bons arguments pour elle, à commencer par le traité romano-carthaginois de 509 . Reste que l’identité des adversaires, l’issue des guerres et la manière de célébrer d’éventuelles victoires ont été largement réécrits par la tradition, rendant suspects l’ensemble des sénatus-consultes se rapportant à un triomphe . L’importance de l’interrègne s’explique assez facilement : la vacance du pouvoir laissait la place au Sénat qui devenait nécessairement le protagoniste principal du récit historique . En outre, le choix du nouveau roi était l’occasion de péripéties annonciatrices de son règne tandis que les délibérations et intrigues des sénateurs pouvaient rappeler la vie politique républicaine . Inversement, on peut s’étonner de trouver peu d’actes relevant de la diplomatie, en comparaison du nombre de triomphes et de guerres menées durant la période, alors que ce domaine est pourtant traditionnellement censé être celui du Sénat . Cette question a été analysée par Cl . Auliard qui expose qu’il y avait en fait un quasi-monopole royal dans la réception et l’envoi d’ambassades et, plus généralement, dans la diplomatie à cette époque126 . Elle tire cette idée d’une incompétence du Sénat d’époque royale sur les questions de politique étrangère à partir des travaux de P . M . Martin127 . En revanche le rôle du Sénat est inféré dans six problèmes de politique intérieure et attesté dans quatre – même si pour deux d’entre eux (conubium avec les Latins et désignation des Horaces) on pourrait les classer parmi les sénatus-consultes diplomatiques . Ces sénatus-consultes recouvrent des questions assez diverses : procès des assassins de Tarquin l’Ancien, intégration des esclaves libérés, insignes du pouvoir royal, approbation des lois de Servius Tullius réorganisant la cité, problèmes agraires ou religieux . On a ici l’image d’un Sénat intervenant dans tous les aspects de la vie civique, comme à l’époque classique . Nous pouvons nuancer ce tableau en observant la répartition des sénatus-consultes par roi . Pour plus de clarté, nous avons classé les sénatus-consultes d’interrègne dans une catégorie artificielle « interroi » :
126 Auliard, Diplomatie 2006, 102–104 et 106–107 . 127 Martin, Idée de royauté 1982, 204 . Idée similaire chez Coli, Regnum 1951, 44–45 . Voir aussi infra le corpus .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Naturellement le fondateur de Rome, dont le règne est le plus abondamment décrit, est celui sous lequel le plus de sénatus-consultes sont supposés, mais si l’on se concentre sur les seuls sénatus-consultes non inférés l’écart se réduit drastiquement . En outre ces quatre sénatus-consultes concernent prioritairement la diplomatie . Il en va de même pour Tullus Hostilius sous le règne duquel se situent également quatre sénatus-consultes non inférés dont deux voire trois pour la diplomatie et un pour le triomphe, donc d’une certaine manière, encore relatif à la politique étrangère . L’incompétence du Sénat quant aux relations extérieures n’est donc pas si évidente à en croire les sources . Elle s’expliquerait même plutôt mal si on accepte l’idée d’un Sénat composé de chefs de famille dont l’accord était nécessaire pour toute entreprise internationale . L’absence de sénatus-consultes connus pour le règne de Numa Pompilius, en dehors de celui pour l’interrègne classé dans la catégorie « interroi », ne doit pas étonner . Pas plus que Romulus le second fondateur de Rome ne fit appel au Sénat pour organiser la cité et cela d’autant plus qu’il mit en place les cultes romains,
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domaine sur lequel le Sénat était peu actif sous la République, laissant cette mission aux différents collèges de prêtres auxquels les sénateurs appartenaient bien souvent individuellement . Faut-il s’étonner de n’avoir conservé aucun sénatus-consulte non inféré pour les deux derniers rois et que les sénatus-consultes inférés pour le grand réformateur que fut Servius Tullius fussent, pour moitié, relatifs à ses triomphes ? Tarquin le Superbe est présenté comme un tyran ayant refusé de collaborer avec le Sénat128, ce qui ne l’empêche pas néanmoins de triompher à deux reprises . La quasi absence de sénatus-consulte sous son règne est donc en parfait accord avec la construction de son image dans nos sources . Le cas de Servius Tullius est différent . À son sujet, les sources s’attardent principalement sur les très importantes réformes politiques et militaires prêtées à ce roi, en insistant sur son implication dans ces évolutions . Cela ne pouvait que pousser à passer sous silence le rôle éventuel du Sénat dans ces transformations . Cela se voit bien au fait que les guerres menées par ce roi, qui auraient duré près de vingt ans à en croire Denys d’Halicarnasse (D . H . 4 .27 .3), ne nous sont pas contées en détail . En outre, l’arrivée au pouvoir de Servius Tullius et ses réformes ne se firent pas sans contestation parmi l’aristocratie129 . Son cas est cependant aussi à part en raison du (ou des) sénatus-consulte(s) n° 41 de validation de ses lois . Ce roi semble ainsi avoir cherché, au moins a posteriori, une forme d’approbation, par le conseil dépositaire de la souveraineté, de mesures qu’il avait imposées . Il n’en demeure pas moins que ces deux monarques eurent certainement moins recours au Sénat et il y a là une forme de cohérence dans nos sources . Cette diminution de l’activité sénatoriale nous renvoie aussi à la rupture que constitue le VIe siècle, marqué par l’arrivée des rois étrusques – avec ce qui semble bien avoir été un renforcement du pouvoir royal – et, surtout, par l’existence de ce qu’on a parfois appelé des condottieri (par analogie avec le Moyen Âge italien), c’est-à-dire des aristocrates à la tête d’armées privées, opérant en dehors de toute allégeance formelle à une cité en particulier, et s’emparant parfois du pouvoir . Si le cas de Servius Tullius/Mastarna est emblématique de ces processus, Porsenna en fournit aussi un bon exemple130 ou, plus tardivement encore, le lapis Satricanus . Même l’histoire de Coriolan pourrait bien tirer son origine de ce type de figure131 . 128 Liv . 1 .49 .6–7 . Sur la figure de tyran de Tarquin le Superbe, voir Coli, Regnum 1951, 31–33 ; Martin, Royauté 1982, 17, 53 et 277–281, Meyer, Prerepublican Rome 1983, 142 (qui le compare à Pisitrate) ; Valditara, Magister 1989 308 nt . 3 et la synthèse de Poucet, Rois 2000, 252–255 . 129 Liv . 1 .41–42 ; D . H . 4 .8 .2 ; 12 .3 ; 31 .2 ; 34 .5 et 40 . 130 D’autant que si l’on propose souvent de faire dériver le nom Mastarna de l’étrusque macstrna, qui serait une traduction du latin magister (voir Valditara, Magister 1989, 116–129 sur ce point), ou qui désignerait une « personne appartenant à un magister » (suivant une hypothèse de Pallottino, Fregio 1987, contra Valditara, Magister 1989, 129–136), Porsenna pourrait également être rapproché de l’étrusque purq (= praetor ?) . 131 Sur ce dossier, on se reportera, e. g., à Hus, Vulci 1971, 103–109 ; Thomsen, King Servius 1980, 67–114 ; Momigliano, Origins of Rome 1989, 97–99 ; Cornell, Beginnings 1995, 143–150 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Semblables cas pouvaient conduire à un roi de type différent, « populaire » en ce qu’il s’appuyait sur l’assemblée des guerriers (et donc le peuple), le tout en lien avec la diffusion du modèle hoplitique . T . J . Cornell écrit ainsi : « The history of the later regal period can be seen as a struggle between competing warlords, some of whom succeeded in asserting their rule, either by persuasion or by force »132 . Cela ne va évidemment pas sans rappeler le phénomène tyrannique du monde grec133 . Ajoutons que, avec le passage à la République, la tradition conserve bien le souvenir d’un retour aux affaires des aristocrates, écartés du pouvoir depuis deux règnes, grâce à la révolution de 509 . Cela est d’autant plus flagrant que pour la seule année 509 nous avons recensé une dizaine de sénatus-consultes mentionnés dans les sources134 .
IV. Quel Sénat pour l’époque royale ? Bien comprendre l’importance et le fonctionnement des sénatus-consultes à cette époque, suppose de revenir alors sur ce qu’était le Sénat sous la royauté . Nous avons vu que cette question a peu intéressé les historiens modernes qui ne pouvaient s’appuyer sur des sources aussi nombreuses que pour la période républicaine ou impériale135 . C’est cependant aussi le cas des historiens antiques qui n’osaient s’aventurer hors de la tradition pour cette période . Or la tradition rapportait principalement les guerres, la vie des rois ainsi que des étiologies . En outre, la tradition sur le Sénat royal évoluait selon le contexte et cette image était parfois instrumentalisée, parfois influencée par les idées philosophiques136, parfois rapprochée des autres conseils connus du monde antique, en particulier grec . Toutefois, il règne une certaine unanimité sur un premier point : le Sénat serait une institution aussi Contra, Forsythe, Critical History 2005, 102–106 se montre plus circonspect quant à cette reconstruction . 132 Cornell, Beginnings 1995, 144 . 133 Humbert, Institutions 201110, 231–236 . Cf . Valditara, Magister 1989, 158 qui présente le processus de l’arrivée des rois étrusques de la sorte : « Questo processo, mirante ad un graduale esautoramento delle gentes e ad una restrizione della loro influenza si realizzò non solo in campo militare, ma anche in quello religioso, con l’introduzione di nuove forme di culto cittadino che si proponevano in qualche modo di esaltare la figura del τύραννος, in campo politico con l’aumento del numero dei patres tratti anche dalle minores gentes, la svalutazione dell’istituto dell’interregnum e la marginalizzazione del ruolo del senato, la creazione delle nuove tribù territoriali e la politica in favore degli immigrati, degli artigiani e dei commercianti in prevalenza stranieri », et, 159–160, où il indique que le roi de cette période « giunto al potere senza rispettare le antiche regole che disciplinavano nell’ordinamento latino-sabino la successione al trono, basava il proprio potere più sulla forza che sul consenso dell’aristocrazia gentilizia » . Voir aussi Pallottino, Per una immagine 1990, 3–5 . 134 Pour le volume 1 du projet PaRoS à paraître . 135 Cf . supra p . 13–25 . 136 Smith, Roman Clan 2006, 253 .
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ancienne que l’Vrbs, fondée par Romulus lui-même . Comme le remarquait J . Poucet, non seulement Romulus jouait un rôle d’« aimant étiologique », mais en outre : il était difficile à un esprit romain d’imaginer que Rome ait pu vivre longtemps sans Sénat, sans curies, sans vestales, sans flamines ou sans calendrier . Bien sûr le découpage, trop nettement articulé (en gros, le politique à Romulus, le religieux à Numa), sent la construction artificielle, on l’a dit aussi137 .
De manière surprenante, la tradition semble avoir échappé aux influences grecques quant au fonctionnement du Sénat royal138 : pas de conseil similaire à ceux des poèmes homériques, pas d’imitation de la γερουσία spartiate ou de l’Aréopage . Seuls Cicéron et Denys d’Halicarnasse signalent une inspiration lacédémonienne dans les institutions romaines, mais celle-ci ne dépasse guère les grands principes139 : il y a peu de choses en commun entre le conseil de vingt-huit γέροντες, tel qu’il se laisse entrapercevoir pour les périodes archaïque et classique140, et le Sénat royal, si ce n’est la signification similaire de γερουσία et de senatus ainsi que la nature aristocratique de l’institution et la limitation du pouvoir royal141 . Il n’est d’ailleurs pas impossible que le rapprochement soit en réalité inverse : le Sénat romain a pu influencer les auteurs anciens dans le traitement de la γερουσία spartiate sur laquelle les informations étaient beaucoup plus minces142 . Naturellement, la différence avec la βουλή athénienne est telle qu’aucun parallèle n’est jamais proposé par les auteurs anciens143 . Certes, Denys d’Halicarnasse a tendance à rapprocher les modèles grecs des institutions des débuts de Rome, parfois de manière exagérée, mais en cela il reste isolé . Cela suggère un certain enracinement de la tradition qui reposait sur des particularités italiques bien connues, comme le système gentilice,
137 Poucet, Rois 2000, 349–351 (citation p . 349) . 138 Voir Poucet, Rois 2000, 245–283 pour les influences grecques sur la tradition sur l’époque royale . 139 Cic . rep. 2 .28(50) et D . H . 2 .12 .2–3 . Dans le même sens, d’après Plut . Rom. 6 .2 . ; D . H . 1 .84 .5 et Aur . Vict . or. gent. rom. 21 .3, Romulus connaissait le grec . Sur le rapprochement Lycurgue/Romulus, voir Delcourt, Lecture 2005, 177–180 qui montre que Denys d’Halicarnasse s’efforce de concilier l’opinion qui se répandait depuis le IIe siècle, faisant de l’organisation politique romaine le résultat d’une élaboration collective et d’une adaptation aux difficultés, et la nécessaire législation qu’implique la fondation d’une cité . 140 Sur la γερουσία, voir entre autres les synthèses de Lévy, Sparte 2003, 202–210 et Ruzé/ Christien, Sparte 2017, 56–58 et 62 . 141 Schnäbelé, Patriciens et sénateurs 1993, 144–145 et Delcourt, Lecture 2005, 182 . Voir Ferrary, Archéologie 1984, 87 pour une synthèse de la comparaison entre la constitution de Lycurgue et celle de Romulus . 142 Lévy, Sparte 2003, 206 qui prend l’exemple de Plut . Rom. 13 .3 . 143 Humbert, Institutions 201110, 325 parle même de différence « radicale » entre le Sénat et la βουλή .
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l’interrègne144 ou la monarchie non héréditaire (ou du moins pas en ligne agnatique) . Le Sénat royal faisait partie de ces institutions dont la tradition gardait un souvenir, romançant certains aspects, rajoutant des récits étiologiques au fil des siècles et des évolutions du système politico-social romain, mais conservant une trace des particularités de cette époque, tel l’interregnum ou l’auctoritas patrum . Plusieurs aspects concernant ce Sénat peuvent être plus ou moins partiellement précisés, en commençant par la question du nombre de sénateurs . Il sera ensuite possible de revenir sur le type de sénateurs (et les modalités de leur sélection), les rapports du Sénat et du roi et, pour finir, la question de l’auctoritas patrum et de sa signification pour le Sénat royal tel qu’il est possible de le reconstituer . 1. Combien de sénateurs ? La question de la taille du Sénat royal n’est pas anodine : qu’il comporte quelques membres et il pourrait apparaître comme un simple consilium, mais si au contraire il réunit des dizaines de sénateurs, alors il pourrait apparaître comme un organe politique indépendant . C’est sans doute la place centrale du Sénat aussi bien sous la République que sous le Principat qui explique que la seconde possibilité fut privilégiée par les auteurs anciens . En effet, on observe une seconde unanimité de la tradition autour de la taille du Sénat de Romulus qui aurait compté cent sénateurs145 . La division en trois tribus et trente curies, pourtant si importante dans la reconstruction des premiers temps de Rome, ne peut expliquer ce chiffre et cela peut apparaître comme un argument en faveur de son authenticité146 . Celle-ci a été également défendue par certains en s’appuyant sur la taille des curies municipales147 . En effet, à propos du lotissement des vétérans, Cicéron évoque le recrutement de cent décurions148 . Pourtant, de manière plus générale, Fr . Jacques conclut que « le nombre légal devait se situer entre 50 et 100, selon l’importance des cités ; mais il n’est pas certain que l’optimum légal ait été atteint dans les cités s’étant dépeuplées »149 . Ainsi, la lex 144 Cic . rep. 2 .12(23) . 145 Voir entre autres Liv . 1 .8 .7 ; D . H . 2 .12 .1–2 et 13 .1 ; Ovid . Fast. 3 .127 ; Prop . 4 .1 .14 ; Vell . 1 .8 .6 ; Plut . Rom. 13 .2 ; Fest . s . v . Patres, 288 L . ; Auct. de uir. ill. 2 .10 et Eutr . 1 .2 .1 . Cf . Willems, Sénat I 18852, 19 . 146 Selon Ogilvie, Commentary 1965, 64, si les trois cents sénateurs du début de la République découlaient de l’existence de trois tribus, alors il n’y avait que cent sénateurs lors de la fondation de Rome puisqu’il n’y avait alors qu’une tribu . Cette explication néglige cependant la réforme des tribus attribuée à Servius Tullius par la tradition et crée une contradiction et crée une contradiction avec l’explication traditionnelle du recrutement des trois cents equites par Romulus, chiffre découlant de l’existence de trois tribus originelles . 147 Bloch, Origines 1883, 104 ; Willems, Sénat I 18852, 23 ; Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 12–13 . 148 Cic . leg. agr. 2 .96 . 149 Jacques, Population de Saturnia 1993, 218 nt . 6 .
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Irnitana établit à soixante-trois le nombre de décurions d’Irni, reprenant la taille en vigueur au moment de la promotion au rang de municipe150 . Non seulement la taille du Sénat local variait selon le contexte, mais en outre il paraît curieux de ressusciter le Sénat originel de Romulus pour l’établissement des colonies plusieurs siècles après la disparition du premier roi de Rome . Ce chiffre, comme le reste de l’organisation politique attribuée à Romulus, est le résultat d’une reconstruction . Cent sénateurs peuvent être divisés en dix décuries de dix membres chacune, répartition que l’on retrouve au moment de l’interrègne d’après Tite-Live151 . C’est peut-être là qu’il faut chercher l’origine de la tradition sur la taille du Sénat de Romulus . En effet, on recourut encore ponctuellement à des interrois sous la République et cette antique procédure, presque inchangée, put servir à reconstruire le Sénat royal primitif . Certes, certaines sources évoquent un accroissement du Sénat à la suite de l’intégration des Sabins de Titus Tatius dans la cité . À la mort de Romulus ils étaient ainsi deux cents selon Denys d’Halicarnasse qui signale que d’autres auteurs parlent de cent-cinquante152, chiffre curieux repris par Plutarque153 . Toutefois, malgré cet accroissement des effectifs, il y avait toujours dix décuries, puisque Denys d’Halicarnasse parle de dix interrois . Mieux, le Sénat était divisé en dix decuriae à l’époque classique154 . Or étymologiquement, la décurie désignait un groupe de dix, de là il n’y avait qu’un pas à franchir pour imaginer qu’à l’origine le Sénat réunissait cent membres . La tradition des cent sénateurs de Romulus était née . Les réalités républicaines expliquent peut-être l’évolution des effectifs du Sénat décrite dans nos sources . En effet, sous la République, avant Sylla, l’effectif du Sénat était fixé à trois cents membres155 . On supposait que ce chiffre canonique remontait aux débuts de la République de sorte que le récit des origines se devait d’aboutir à ce chiffre . Cela expliquerait les augmentations du Sénat opérées par Romulus comme nous venons de l’évoquer, puis par Tarquin l’Ancien156, non sans quelques incohé-
150 Jacques, Quelques problèmes 1990, 385–386 à partir de la rubrique 31 de la loi citée et traduite p . 384 nt . 11 où Fr . Jacques affirme que soixante-trois correspond au nombre légal et non au minimum . 151 Liv . 1 .17 .5–6 . Notons qu’un tel chiffre évoque également le système décimal clisthénien . 152 D . H . 2 .47 .1–2 et 57 .1–2 153 Plut . Num. 2 .9 . Mais Plut . Rom. 20 .1 parle d’un doublement du Sénat avec l’ajout de cent nouveaux patriciens . Voir Willems, Sénat I 18852, 20 . 154 Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 12–13 et 21–22 . Pour Palmer, Archaic community 1970, 259 la division du Sénat en décuries daterait de 312 environ . 155 Les efforts de M . Fabius Buteo pour retrouver le chiffre de trois cents lors de sa lectio senatus exceptionnelle de 216 constituent un argument fort en ce sens (Liv . 23 .23 .3–7) . Cf . Humm, Appius Claudius 2005, 208 et 210–212 ; contra Cornell, Lex Ovinia 2000, 81–82 . 156 Cic . rep. 2 .20(35) .
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rences et divergences157 . Cette seconde augmentation est toutefois considérée par M . Humbert comme la trace d’une manœuvre politique de Tarquin l’Ancien pour affaiblir le Sénat en le peuplant de non nobles et d’Étrusques158, ou du moins, selon J . Martínez-Pinna pour maintenir son importance tout en y installant « una nueva nobleza que pudiera contrarrestar la influencia de las antiguas familias de la aristocracia gentilicia »159 . A . Guarino voit, lui, dans l’augmentation des effectifs du Sénat le souvenir de la fédération des tribus qui fédéraient elles-mêmes les gentes . D’après lui, le nombre devint fixe seulement durant la phase étrusco-latine, car les patres familiarum devinrent trop nombreux et il fallut choisir parmi ceux-ci160 . La tradition conservait donc le souvenir d’un Sénat largement peuplé dès l’origine et dont la taille avait augmenté à mesure que la cité s’accroissait . Elle fixait surtout un numerus clausus qui étonne . Ce faisant, elle projetait sur le Sénat des origines la réalité qui suivit le plébiscite ovinien de la fin du IVe siècle, lorsque le nombre des sénateurs se fixa à 300 (et 600 après Sylla) et que le Sénat acquit son indépendance161 . Avant cette date, il n’y avait pas un nombre fixé de sénateurs, un objectif à atteindre pour composer le Sénat . Il y avait simplement des sénateurs . On ne peut pas plus objecter l’existence d’un nombre d’or puisque la taille du Sénat varia à plusieurs reprises162 . Le numerus clausus fut donc intégré dans la tradition pour rapprocher le Sénat royal du Sénat classique afin sans doute de le légitimer par son caractère antique . Il s’agissait également d’attribuer à Romulus tous les actes du héros fondateur en s’inspirant des pratiques suivies lors des déductions coloniales ultérieures . Cicéron avait donc raison de se montrer prudent dans le De republica en ne donnant aucun chiffre . Il se contentait seulement de signaler le doublement de l’effectif du Sénat sous Tarquin l’Ancien163 . Toutefois, lorsqu’il compare le Sénat romain à la γερουσία spartiate, Cicéron loue Romulus de n’avoir pas imité Lycurgue et d’avoir sélectionné plus de vingt-huit membres, chiffre qui lui paraissait trop faible164 . Ainsi la tradition unanime fait du Sénat royal une assemblée assez largement peuplée, cent membres à l’origine puis cent-cinquante ou deux cents et enfin trois cents lors de la royauté étrusque . Dans son esprit, le Sénat était plus qu’un simple consilium du roi, entendu comme un groupe restreint de conseillers fiables l’aidant 157 Voir Bloch, Origines 1883, 43–55 ; Willems, Sénat I 18852, 20–21 ; Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 14 nt . 1 et Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 206–207 . 158 Humbert, Institutions 201110, 232 . Voir déjà Richard, Origines 20152, 319–348 et encore Scevola, Deliberazioni 2017, 75–76 . 159 Martínez-Pinna, Algunas observaciones 2008, 209 . Liv . 1 .35 .6 parle même de factio . 160 Guarino, Storia 199812, 105–106 . 161 Cornell, Lex Ovinia 2000, 74–75 . 162 Sur cette question, voir Bur, Mesures idéales 2018 . 163 Cic . rep. 2 .8–9(14–15) et 20(35) . 164 Cic . rep. 2 .28(50) .
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dans sa prise de décision . Même si ce n’était sans doute pas le cas, la tradition le présente dès l’origine comme un organe politique stable165, jouissant d’une certaine indépendance vis-à-vis du roi, et fonctionnant, en raison du nombre élevé de sénateurs, comme une assemblée délibérative . Reste à savoir qui étaient ces sénateurs pour mieux saisir le fonctionnement du Sénat et donc des sénatus-consultes mentionnés par les sources . 2. Qui étaient les sénateurs et comment étaient-ils choisis ? L’unanimité autour de ce qui semble être un numerus clausus du Sénat royal implique également une sélection des sénateurs pour parvenir au chiffre résolu . TiteLive, embarrassé avec un Sénat romuléen qu’il juge trop étriqué, propose deux explications : siue quia is numerus satis erat, siue quia soli centum erant qui creari patres possent166 . La seconde raison invoquée par l’historien padouan sous-entend clairement le critère – anachronique avant le plébiscite ovinien – de dignité . De même, aux dires de Plutarque, Romulus aurait recruté les cent meilleurs (τοὺς ἀρίστους) de la cité, respectant à la lettre le plébiscite ovinien pourtant voté quatre siècles plus tard167 . La projection du Sénat classique sur le Sénat royal est ici totale . Denys d’Halicarnasse offre, lui, une explication bien plus originale pour concilier le chiffre de cent sénateurs et le rythme ternaire qui caractérise la fondation de Rome dans son récit : Ὁ δὲ Ῥωμύλος ἐπειδὴ ταῦτα διεκόσμησε βουλευτὰς εὐθὺς ἔγνω καταστήσασθαι, μεθ’ ὧν πράττειν τὰ κοινὰ ἔμελλεν, ἐκ τῶν πατρικίων ἄνδρας ἑκατὸν ἐπιλεξάμενος. Ἐποιεῖτο δὲ αὐτῶν τοιάνδε τὴν διαίρεσιν· αὐτὸς μὲν ἐξ ἁπάντων ἕνα τὸν ἄριστον ἀπέδειξεν, ᾧ τὰς κατὰ πόλιν ᾤετο δεῖν ἐπιτρέπειν οἰκονομίας, ὅτε αὐτὸς ἐξάγοι στρατιὰν ὑπερόριον· τῶν δὲ φυλῶν ἑκάστῃ προσέταξε τρεῖς ἄνδρας ἑλέσθαι τοὺς ἐν τῇ φρονιμωτάτῃ τότε ὄντας ἡλικίᾳ καὶ δι’ εὐγένειαν ἐπιφανεῖς. Μετὰ δὲ τοὺς ἐννέα τούτους ἑκάστην φράτραν πάλιν ἐκέλευσε τρεῖς ἐκ τῶν πατρικίων ἀποδεῖξαι τοὺς ἐπιτηδειοτάτους· ἔπειτα τοῖς πρώτοις ἐννέα τοῖς ὑπὸ τῶν φυλῶν ἀποδειχθεῖσι τοὺς ἐνενήκοντα προσθείς, οὓς αἱ φρᾶτραι προεχειρίσαντο, καὶ τούτων, ὃν αὐτὸς προέκρινεν, ἡγεμόνα ποιήσας τὸν τῶν ἑκατὸν ἐξεπλήρωσε βουλευτῶν ἀριθμόν168.
Une telle explication est hautement improbable169 . Elle contribue à ancrer Rome dans le monde grec par l’emploi de procédés mathématiques complexes pour ar165 Herzog, Geschichte I 1884, 83 . 166 Liv . 1 .8 .7 . 167 Plut . Rom. 13 .2 . 168 D . H . 2 .12 .1–2 . 169 Selon Ihne, Römische Geschichte I 1868, 19–20, Denys d’Halicarnasse essayait ici de concilier la tradition majoritaire faisant état de cent sénateurs dans le Sénat de Romulus et une version donnant trois cents sénateurs pour être en harmonie avec la division en tribus et curies .
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river à l’εὐνομία170 . Depuis M . Pohlenz, on considère généralement171 que dans les chapitres trois à vingt-neuf du livre deux, Denys d’Halicarnasse utilisait un pamphlet d’époque césarienne selon lui172, syllanienne selon E . Gabba dans un premier temps173, ou, de manière plus convaincante, de 30–28 selon A . von Premerstein174 . En particulier, l’épisode retraçant le recrutement du Sénat par Romulus aurait été destiné à légitimer la méthode par laquelle Sylla doubla les effectifs du Sénat en s’appuyant sur un supposé précédent romuléen175 . Au contraire, d’après R . M . Ogilvie, le caractère démocratique du procédé décrit par Denys d’Halicarnasse suggère d’en attribuer la paternité à C . Licinius Macer176 . Enfin, selon A . Delcourt, « Denys est bel et bien l’auteur de la Constitution de Romulus »177 . Ce procédé rappelle pourtant plus fortement celui qu’employa Auguste en 19–18 d’après Dion Cassius : Πράξας δὲ ταῦτα τὸ βουλευτικὸν ἐξήτασε· πολλοί τε γὰρ καὶ ὣς ἐδόκουν αὐτῷ εἶναι (πλήθει δὲ οὐδὲν ὑγιὲς ἐνεώρα), καὶ διὰ μίσους οὐχ ὅτι τοὺς κακίᾳ τινὶ ἐπιρρήτους, ἀλλὰ καὶ τοὺς κολακείᾳ ἐκφανεῖς ἐποιεῖτο. Καὶ ἐπειδὴ μήτε τις ἑκὼν ὥσπερ πρότερον ἀπηλλάττετο, μήτ’ αὖ μόνος ἐν αἰτίᾳ τινὶ γενέσθαι ἐβούλετο, αὐτός τε τριάκοντα ἄνδρας τοὺς ἀρίστους, ὅπερ που καὶ ὅρκῳ ἐπιστώσατο, ἐξελέξατο, καὶ ἐκείνους ἐκέλευσε προομόσαντας τὸν αὐτὸν ὅρκον κατὰ πέντε, πλὴν τῶν συγγενῶν, ἐς πινάκια γράψαντας ἑλέσθαι. Καὶ μετὰ τοῦτο τὰς πεμπάδας ἐκλήρωσεν, ὥσθ’ ἕνα καθ’ ἑκάστην τὸν λαχόντα αὐτόν τε βουλεῦσαι καὶ ἑτέρους πέντε ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς ἐγγράψαι. Ἔδει που καὶ τοὺς τριάκοντα ἔν τε τοῖς αἱρουμένοις ὑφ’ ἑτέρων καὶ ἐν τοῖς κληρουμένοις γενέσθαι. Ἐπειδή τέ τινες αὐτῶν ἀπεδήμουν, ἄλλοι ἀντ’ ἐκείνων λαχόντες τὰ ἐπιβάλλοντά σφισιν ἔπραξαν. Τὸ μὲν οὖν πρῶτον ταῦθ’ οὕτως ἐπὶ πλείους ἡμέρας ἐγένετο· ἐπεὶ δὲ ἐκακουργήθη τινά, οὔτε ἐπὶ τοῖς ταμίαις τὰ γραμματεῖα ἔτ’ ἐποιήσατο οὔτε ἔτι τῷ κλήρῳ τὰς πεμπάδας ἐπέτρεψεν, ἀλλ’ αὐτός τε τὰ λοιπὰ ἀνελέξατο καὶ αὐτὸς τοὺς ἐνδέοντας προςείλετο, ὥστε ἐς ἑξακοσίους τοὺς πάντας ἀποδειχθῆναι. Ἐβουλεύσατο μὲν γὰρ τριακοσίους αὐτοὺς 170 Pour Mommsen, Römische Forschungen I 1864, 261 nt . 18, il s’agit soit d’une fantaisie de Denys d’Halicarnasse (suivi par O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 663) soit d’une mauvaise lecture d’un annaliste (suivi par Willems, Sénat I 18852, 24) . Cornell, Lex Ovinia 2000, 70 souligne « That this highly artificial narrative derives from a late antiquarian reconstruction is beyond doubt » . 171 Contra Balsdon, Dionysius 1971 et Ver Eecke, République 2008, 172–176 qui fait un bilan historiographique auquel nous renvoyons . 172 Pohlenz, Tendenzschrift 1924 . Sordi, Costituzione di Romolo 1993 en fait un texte contemporain du de Republica . 173 Gabba, Studi su Dionigi I [1960] 2000, suivi par Ferrary, Archéologie 1984, 90 . 174 Premerstein, Vom Werden 1937, 8–12 qui s’appuie en particulier sur la similarité des vertus prêtées aux Romains de Romulus et figurant sur le clipeus uirtutis ainsi que sur les ressemblances entre les mesures du premier roi et les réformes augustéennes et sur le romulisme d’Auguste . 175 Gabba, Studi su Dionigi I [1960] 2000, 104–105 suivi en partie par Sordi, Costituzione di Romolo 1993, 115 . Ver Eecke, République 2008, 174–176 est plus sceptique . 176 Ogilvie, Commentary 1965, 64 . 177 Delcourt, Lecture 2005, 278 .
La structure de la procédure est la même : choix d’un premier sénateur ou groupe de sénateurs puis délégation du choix à des tiers (sénateurs ou corps organisés comme les tribus ou curies) . Le récit de Dion Cassius de la lectio augustéenne se distingue cependant par l’emploi du tirage au sort, absent chez Denys d’Halicarnasse . Les situations de Romulus, dans la tradition, et d’Auguste étaient en revanche les mêmes . Ils avaient besoin de se doter d’un Sénat solide, qu’on ne puisse accuser d’être peuplé de leurs créatures sous peine de passer pour un tyran . Ni l’un ni l’autre ne pouvaient demander à un tiers de se charger de recruter les sénateurs . Il était tellement impensable que Romulus partageât la fondation de Rome avec un autre, que son frère jumeau avait dû disparaître, non sans quelque embarras dans la tradition . Quant à Auguste, qui réorganisait alors les ordres supérieurs, il craignait de confier une telle mission et de se susciter ainsi un rival . Un tel parallélisme avait été perçu par les contemporains et naturellement la geste romuléenne fut instrumentalisée par Auguste . Sachant que Denys d’Halicarnasse arriva à Rome vers 30–29 et que la préface du livre un est datée de 7179, il est difficile de ne pas rapprocher cette reconstruction de l’action de Romulus et la réorganisation du Sénat opérée par Auguste à laquelle assista Denys d’Halicarnasse180 . En revanche, si Tite-Live est silencieux à ce propos, c’est sans doute parce qu’il écrivit le premier livre de l’Ab Vrbe condita avant 29181 . Qu’Auguste s’inspirât de l’hypothétique pamphlet sur la « Constitution de Romulus » paru vraisemblablement peu avant 27, d’une autre tradition ou qu’il inventât, dans tous les cas il inscrivait son action dans le cadre du modèle romuléen, lui qui aspirait à se présenter comme un nouveau Romulus182 et à s’inscrire dans une tradition pluriséculaire dont atteste le programme iconographique de son forum . Son action et la propagande qui l’accompagnait conduisaient à mettre en avant les traditions et les écrits sur le premier roi de Rome cohérents avec sa politique . Ce sont ces récits, qui favorisèrent l’identification d’Auguste à 178 Dio 54 .13 .1–14 .1 . 179 D . H . 1 .7 .2 . et 3 .4 . 180 Le rapprochement avec l’époque augustéenne est d’autant plus probant que le sénatus-consulte n° 37, sur les esclaves libérés, a été rapproché par E . Gabba d’un contexte augustéen et des leges Fufia Caninia de 2 et Aelia Sentia de 4 après J .-C . Cf . infra, corpus, n° 37 . 181 Bayet/Baillet, TiteLive 1940, XVI–XVIII concluent à une première publication en 31–29 et une « réédition imparfaitement remaniée, entre 27 et 25 » à partir de Liv . 1 .19 .3 et 4 .20 .7 . Voir aussi Arnaud-Lindet, Histoire et politique 2001, 196 . 182 Dio 53 .16 .5–8 . Voir en dernier lieu Ver Eecke, République 2008, 458–485 et Hurlet, Au guste 2015, 27–28 .
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Romulus, que Denys d’Halicarnasse utilisa pour expliquer la manière dont le premier roi de Rome composa le Sénat et, de manière plus générale, les succès de Rome183 . Denys d’Halicarnasse le fit d’autant plus volontiers que l’on discernait dans ces procédés de sélection une influence grecque qui servait la thèse principale de son œuvre184 . Rapprocher les deux manières de recruter les sénateurs conduisait à rapprocher également le rôle et le fonctionnement du Sénat royal de ceux du Sénat augustéen . Or Auguste proclamait une continuité avec la République de sorte que la représentation du Sénat romuléen était une fois encore calquée sur le Sénat classique en même temps qu’instrumentalisée . Déresponsabiliser le roi et le princeps du choix des sénateurs en reprenant un procédé de caractère démocratique permettait d’obtenir un Sénat indépendant de ce dernier – ou du moins de l’affirmer –, de présenter ce conseil presque comme un contre-pouvoir et donc de désamorcer toute accusation de tyrannie : « Romulus se trouve ainsi proposé à la fois comme inventeur de la Constitution mixte et comme précurseur du principat augustéen »185 . D’ailleurs, c’est lorsque Romulus commença à négliger les avis du Sénat que se serait amorcée la dérive tyrannique qui conduisit à son assassinat et démembrement en pleine curie186, version de la mort du premier roi vraisemblablement développée à la suite de la mort de César187 . Ces explications quant au recrutement originel des sénateurs n’ont donc rien d’historique, même si un texte de Festus, sur lequel il convient de revenir brièvement, offre peut-être des indices sur le recrutement du Sénat royal .
183 En ce sens déjà Premerstein, Vom Werden 1937, 8–12 ; Balsdon, Dionysius 1971 et la dernière étape de la pensée d’E . Gabba (Studi su Dionigi I [1960] 2000, 108 qui ajoute à son texte initial les lignes suivantes : « Tuttavia mi corre l’obbligo di dire che, proprio riguardo alla ‘costituzione’ di Romolo, ho in parte modificato il mio pensiero espresso nell’articolo del 1960 . Pur convinto della collocazione della ‘costituzione’ nell’età postsillana e in quel contesto politico-ideologico, credo ora che quei capitoli facessero parte di una generale ricostruzione annalistica dell’età monarchica che Dionigi ha tenuto presente ») . Voir aussi Ver Eecke, République 2008, 174–175 qui insiste sur l’influence du de Republica de Cicéron . 184 Voir aussi Musti, Tendenze 1970, 33 qui considère que, à propos de la répartition du peuple en curies et tribus, Denys d’Halicarnasse fait un effort de rationalisation et de normalisation de l’histoire romaine et veut attribuer à Romulus une plus large fonction législative . 185 Martin, Idée de royauté 1994, 410 . 186 Voir le sénatus-consulte n° 13 . 187 Ver Eecke, République 2008, 444 .
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3. Le Sénat d’époque royale, les sources et le plébiscite ovinien Le passage de Festus, un des plus importants quant à l’histoire du Sénat, se résume aux lignes suivantes : Praeteriti senatores quondam in opprobrio non erant, quod, ut reges sibi legebant, sublegebantque, quos in consilio publico haberent, ita post exactos eos consules quoque et tribuni militum consulari potestate coniunctissimos sibi quosque patriciorum, et deinde plebeiorum legebant ; donec Ouinia tribunicia interuenit, qua sanctum est, ut censores ex omni ordine optimum quemque curiati in senatum legerent . Quo factum est, ut qui praeteriti essent et loco moti, haberentur ignominiosi188 .
Les sénateurs étaient donc directement choisis par le roi pour former un consilium publicum . Selon T . J . Cornell, « the clear implication of the passage is that in early times the Senate was little more than an ad hoc body of advisers with a constantly changing membership, not a permanent corporation of lifelong members »189 . Que le Sénat ait toujours dépendu de la convocation d’un magistrat pour se réunir semble traduire cette origine de consilium des magistrats et autrefois du roi . C’est d’ailleurs ce que suggère Cicéron lorsqu’il parle de regium consilium composé des principes choisis par Romulus et Titus Tatius et, qu’après la mort de ce dernier, Romulus eut davantage recours à leurs avis tant et si bien que le consilium devint un quasi senatus : Post interitum autem Tatii cum ad eum dominatus omnis reccidisset, quamquam cum Tatio in regium consilium delegerat principes (qui appellati sunt propter caritatem patres) populumque et suo et Tatii nomine et Lucumonis, qui Romuli socius in Sabino proelio occiderat, in tribus tris curiasque triginta discripserat (quas curias earum nominibus nuncupauit, quae ex Sabinis uirgines raptae postea fuerant oratrices pacis et foederis) – sed quamquam ea Tatio sic erant discripta uiuo, tamen eo interfecto multo etiam magis Romulus patrum auctoritate consilioque regnauit . Quo facto primum uidit iudicauitque idem, quod Spartae Lycurgus paulo ante uiderat, singulari imperio et potestate regia tum melius gubernari et regi ciuitates, si esset optimi cuiusque ad illam uim dominationis adiuncta auctoritas . Itaque hoc consilio et quasi senatu fultus et munitus et bella cum finitimis felicissime multa gessit et, cum ipse nihil ex praeda domum suam reportaret, locupletare ciuis non destitit190 .
188 Fest . s . v . Praeteriti senatores, 290 L . 189 Cornell, Beginnings 1995, 248 . 190 Cic . rep. 2 .8–9(14–15) . Pour Ver Eecke, République 2008, 318–319, Cicéron parle de quasi senatus pour distinguer la constitution mixte romuléenne, instable car le roi l’emportait sur les sénateurs, de la constitution mixte républicaine où les trois principes étaient respectés .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Cicéron expliquait cette transition par la prise de conscience de Romulus de l’intérêt qu’il y avait à suivre l’auctoritas des optimi . Il faut souligner, dans ce texte, l’importance du balancement entre les principes du consilium et les optimi du quasi senatus : contrairement à optimi, principes ne renvoie pas nécessairement à une évaluation morale, mais à une position sociale191 . Dans la première phase, Romulus réunissait donc les principaux personnages de la cité pour le conseiller, ou peutêtre une sélection de ceux-ci, à la manière du paterfamilias réunissant son consilium . La seconde phase semble, elle, anachronique : Cicéron reprend mot pour mot (optimi cuiusque) l’expression du plébiscite ovinien transmis par Festus (optimum quemque) et cela ne peut être une coïncidence . Ce quasi senatus s’approche du Sénat classique . Il prend son autonomie par rapport au roi grâce à son excellence morale lui conférant une réelle auctoritas . Dans ce cadre, le roi agirait comme les censeurs classiques, recrutant les meilleurs citoyens au Sénat . En bon fondateur, et dans le contexte troublé dans lequel écrivait Cicéron, Romulus ne pouvait qu’avoir fondé un Sénat jouant un rôle central dans le gouvernement de Rome192 . Face aux tentatives des imperatores de s’emparer du pouvoir, le grand orateur rappelait le modèle du fondateur de l’Vrbs qui, pour être un souverain éclairé, recourait à l’avis des meilleurs de la cité193 . Néanmoins, le problème posé par le texte de Festus demeure . Une première solution conduit, comme le propose T . J . Cornell, à voir dans le Sénat un conseil, composé et recomposé par le roi selon son bon vouloir, convoqué ad hoc, et complètement soumis à ce dernier . Pour concilier cette faiblesse structurelle avec l’auctoritas patrum, l’interregnum et le retour des auspices, T . J . Cornell distingue, comme nous l’avons déjà vu, patres et sénateurs . Cette reconstruction conduit cependant à nier tout rôle au Sénat sous la monarchie, ce qui paraît peu vraisemblable . En effet, Tite-Live évoque à deux reprises le consilium du roi : la première fois en signalant que Tarquin l’Ancien participait aux consilia public et privé d’Ancus Marcius et la seconde pour condamner Tarquin le Superbe qui jugeait sine consiliis194 . La tradition distinguait donc bien le consilium du magistrat (le roi en l’occurrence) et le Sénat et il n’y a pas de raison de penser qu’elle se contentait là de 191 Ver Eecke, République 2008, 344 . 192 En ce sens Ver Eecke, République 2008, 341–347 . 193 Ferrary, Archéologie 1984, 94 sur la nécessaire alliance de l’imperium et du consilium dans la pensée cicéronienne du de Republica . 194 Liv . 1 .34 .12 et 1 .49 .4 . Ajoutons que quelques lignes plus loin, Liv . 1 .49 .7 indique que Tarquin le Superbe domesticis consiliis rem publicam adminitrauit, en une claire opposition avec le sine consiliis initial : ce roi a remplacé le conseil royal par son conseil familial . Martin, Idée de royauté 1982, 129–130 a aussi proposé d’interpréter la réunion autour de Brutus, après la mort de Lucrèce, comme une réunion du consilium regium et ce serait donc cet organe qui aurait décidé la déchéance du roi, avant de la faire valider par le peuple (cf . D . H . 4 .70–76, à comparer à Liv . 1 . 59–60 qui présente les choses bien différemment) . On pourra également relever que D . H . 1 .78 .4 fait état d’un semblable conseil, à Albe, lorsqu’il est question de dé-
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projeter la pratique républicaine sur la réalité monarchique . En outre, J . MartínezPinna fait remarquer l’incohérence entre un Sénat aussi faible et la construction d’un bâtiment pour ses réunions sur le forum au VIIe siècle195 . Il fait référence ici au fait que la tradition attribuait la construction de la première curie au roi Tullus Hostilius, même si ce bâtiment est surtout mentionné, dans les récits traditionnels, sous les rois étrusques196 . De fait, certaines découvertes dans la zone du comitium et en particulier des décorations en terres-cuites similaires à celles de la Regia, ne peuvent provenir que d’un édifice construit à proximité immédiate du comitium197 . Les indications archéologiques hésitent cependant entre le VIe siècle (date la plus suivie) et le VIIe siècle, pour lequel rien ne permet vraiment d’appuyer l’existence d’une curie . Que ces décorations soient les restes de la première curie est possible, mais ce n’est qu’une supposition liée au fait qu’une structure ornementée – probablement publique donc – à cet endroit, liée au comitium, a de fortes chances d’être la curie . Néanmoins, outre la contradiction relevée par J . Martínez-Pinna, existe alors aussi une forme de contradiction chronologique entre une tradition attribuant la première curie au VIIe siècle et l’archéologie qui la date au plus tôt du deuxième quart du VIe siècle, c’est-à-dire d’une époque où, avec la monarchie étrusque, le pouvoir royal semble bien s’être renforcé au détriment du Sénat . De tels programmes édilitaires ne sont toutefois pas forcément incompatibles avec un renforcement du pouvoir royal, bien au contraire198 . Ce pourrait être là un moyen d’honorer une institution tout en la rabaissant politiquement . Une datation au
cider du sort à réserver à la mère de Romulus et Rémus une fois sa grossesse découverte (ταῦτα λέγοντος αὐτοῦ τὸ μὲν τῶν συνέδρων πλῆθος ἐπείθετο) . 195 Martínez-Pinna, La monarquía 2009, 74 . 196 Varro . ling. 5 .155 ; Cic . rep. 2 .17(31) ; Liv . 1 .30 .2 ; et Musti, Tradizione storica 1990, 11 . Pour Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 142 l’attribution de la première curie à Tullus Hostilius découlerait d’un récit étiologique visant à expliquer le nom de curia Hostilia qui serait, selon lui, dû à un obscur membre de la gens Hostilia ayant réalisé des travaux au cours du IIIe siècle vraisemblablement . 197 Naissance de Rome 1977 (qui évoque l’hypothèse d’une première curie recouverte de chaume au VIIe siècle, suivie d’une première construction en dur à la toute fin du VIIe siècle, au début du règne de Tarquin l’Ancien) ; Coarelli, Foro Romano 1983, 120–122 et 225 (première phase de construction à fixer entre la fin du VIIe et le début du VIe siècle) ; Meyer, Prerepublican Rome 1983, 157–159 et 193 (pour qui les plus anciennes terres-cuites romaines dateraient de la seconde moitié du VIIe siècle) ; Cimino, Terrecotte 1990, 53–54 (présentation avec photo de ces terres-cuites, peu nombreuses au demeurant, datées selon les pièces entre le deuxième quart et la fin du VIe siècle) . Voir aussi Coarelli, Curia Hostilia 1993 suivi par Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 53–54, 140–142 qui utilise également les fouilles de P . Romanelli et Briquel, Lente genèse 2000, 76–77 . 198 Pallottino, Per una immagine 1990, 5 (à propos de Tarquin le Superbe) : « come per molti tiranni la sua politica implica anche un vigoroso impulso dato alle opere pubbliche e al progresso delle arti » .
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VIe siècle, durant la période des rois étrusques, marquée par une intense activité édilitaire ferait donc sens . Une seconde solution au problème soulevé par le texte de Festus consiste à supposer que cet auteur se contentait d’opposer deux principes de recrutement : tandis que le roi choisissait ses proches, ceux en qui il pouvait avoir confiance, pour son consilium publicum (faut-il le distinguer du Sénat ?), le plébiscite ovinien demandait de recruter au Sénat le fleuron de la cité . Ne pas être choisi par le roi n’était donc pas humiliant puisque son choix ne reposait pas sur des critères moraux . Cela explique le terme praeteritus qui désignait à l’origine le prétendant légitime au Sénat, car ayant géré une magistrature, qui se voyait refuser l’entrée par les censeurs et qui finit par désigner celui dont le nom avait été omis lors de la recitatio de l’album sena tus sur le forum199 . La définition mettant l’accent sur le caractère ignominieux ou non du refus de sélectionner (et de l’exclusion), c’est donc bien l’opposition entre choix de coniunctissimi et choix d’optimi qui structure la notice . Rien n’interdit alors de considérer que le Sénat était composé de membres viagers choisis par le roi et remplacés à leur mort (voire avant ?) par d’autres fidèles du roi200 . Il faut prendre garde de ne pas sombrer dans une histoire téléologique, avec le Sénat classique comme point d’aboutissement . Cicéron, pour défendre son idée d’une constitution mixte dès les origines de Rome201, évoquait ainsi la transition d’un consilium regium à un quasi senatus et à un senatus tout court202 . Il ne faut pas plus plaquer l’anacyclosis polybienne (monarchie-tyrannie-aristocratie) sur le récit des origines . Le Sénat put tout à fait jouir à l’origine d’une certaine supériorité sur le roi, avant d’être relégué au second plan par les rois étrusques, et de revenir en force avec l’instauration de la République comme le montre, dans nos sources, l’avalanche de sénatus-consultes qui suit la chute de Tarquin le Superbe . La répartition par règne des sénatus-consultes recensés évoquée plus haut et la quasi-absence de procédures d’interrègne sous la période étrusque vont dans ce même sens . L’exemple athénien de l’Aréopage témoigne de tels aléas : dominant au VIe siècle, ses pouvoirs furent réduits au Ve siècle avant d’être accrus au IVe siècle203 . Une telle reconstruction soulève cependant le problème des rapports du Sénat et du roi . Comment en effet concilier un Sénat qui choisirait le roi et un roi qui choisirait les sénateurs ? Et peut-on suivre U . Coli qui fait du roi le maître absolu de Rome, au vu de ce qui a été avancé ?
199 Bur, Citoyenneté dégradée 2018, 117–130 . 200 Ainsi Herzog, Geschichte I 1884, 85 accepte ce caractère viager, mais doute que le roi pût exclure un sénateur car cela aurait fragilisé l’équilibre entre les gentes . 201 Ferrary, Archéologie 1984, 90 et Ver Eecke, République 2008, 316–322 . 202 Cic . rep. 2 .8–9(14–15) ; 10(17) et 12(23) . 203 Hansen, Démocratie 2009, 331–338 .
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4. Les rapports du Sénat et du roi T . J . Cornell remarquait que les rois étaient bien souvent des outsiders204 . Cela garantissait un équilibre entre les grandes familles aristocratiques, qui à la mort de Romulus avaient été incapables de se mettre d’accord205, et permettait au roi de recruter des sénateurs sans être tenu par ses liens de parenté . D’un autre côté, le roi, isolé, avait besoin du soutien et des conseils de l’aristocratie locale206, créant ainsi un rapport de réciprocité . Dès lors les rapports de confiance, de gratia et même la uirtus pouvaient guider le choix du roi, qui se devait néanmoins de respecter un mos maiorum contraignant . En effet, ce choix était certainement tributaire des rapports de forces et de la coutume, comme l’était, après le plébiscite ovinien, celui des censeurs, garantissant ainsi une certaine indépendance au Sénat, comme l’indiquaient déjà Th . Mommsen ou J .-Cl . Richard207 . Le mos maiorum était vraisemblablement une limite du pouvoir royal, car son respect était garant de la prospérité collective et assurait une bonne fama qui renforçait son pouvoir208 . Parmi ces contraintes issues du mos, une différence intéressante avec le Sénat classique est sous-entendue dans nos sources : le Sénat royal était un conseil des anciens, comme l’indique clairement l’étymologie de senatus209 . Cette information est acceptée par les historiens modernes car elle s’accorde avec le titre de patres210 . Ce terme semble d’ailleurs avoir une valeur technique puisqu’on ne le trouve qu’au pluriel211 . Le critère d’âge peut être rapproché de la répartition des tâches militaires exposée par Denys d’Halicarnasse : tandis que les jeunes partaient en campagne, les seniores (plus de quarante-cinq ans) restaient à Rome en garnison212 et pouvaient donc assister aux séances du Sénat . À cette disponibilité s’ajoutait l’image de sages qu’avaient les anciens . Cette hypothèse est d’autant plus crédible que le conseil des anciens était une institution largement répandue . Dans les 204 Cornell, Beginnings 1995, 142 . 205 Cic . rep. 2 .13(25) ; Liv . 1 .17 et D . H . 2 .58 .1 . Dans le même sens, Herzog, Geschichte I 1884, 56 voit dans l’interregnum un moyen de garantir une certaine égalité entre les gentes . 206 Momigliano, Origins of Rome 1989, 102 . 207 Cf . supra p . 13–14 et 20 . 208 Coli, Regnum 1951, 124 . 209 Cic . rep. 2 .28(50) ; Sall . Cat. 6 .6 ; D . H . 2 .12 .2–3 ; Quint . Inst. 1 .6 .33 ; Fest . s . v . Senatores, 454 L . ; Eutr . 1 .2 ; Serv . ad Aen. 5 .758 ; Lyd . Mag. 1 .16 .1 ; Isid . Orig. 9 .4 .8 . 210 Herzog, Geschichte I 1884, 83 ; Willems, Sénat I 18852, 26 ; Mommsen, Römische Geschichte I 19029, 89–90 ; De Sanctis, Storia I 1907, 233 et 350 ; O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 660 ; Palmer, Archaic Community 1970, 197–198 et 206 ; Ogilvie, Early Rome 1976, 55 ; Humbert, In stitutions 201110, 228 . 211 Mancuso, Il senato romano 1997, 10 : « Come designazione del singolo senatore esso, in effetti, non viene mai usato al singolare ‘pater’, ma gli antichi, in questo caso, fanno ricorso a locuzioni quali ‘unus e patribus’, ‘unus patrum’ » . 212 D . H . 4 .16 .
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poèmes homériques ainsi qu’à Sparte, les conseillers étaient également nommés γέροντες . Comme le soulignait Fr . Ruzé : [Les Anciens] ont aussi le privilège de connaître le passé et, à ce titre, sont mieux armés pour juger du présent . … Cette connaissance, qui repose sur l’expérience, se rapproche de celle des devins qui, eux, ont une vision inspirée de l’avenir . Ces deux éléments – loisirs et connaissance – tous deux nécessaires au bon conseil, suffisent peut-être à expliquer le glissement sémantique par lequel un terme caractérisant les vieillards en est venu à désigner les conseillers .213
À Rome, ce critère d’âge s’explique cependant peut-être aussi par une raison juridique . Pour appartenir aux patres sénateurs il aurait fallu être soi-même un pater, c’est-à-dire être sui iuris . Les patres sont bien les pères au sens fort du terme . De la sorte, chef de famille ne signifierait pas chef de gens, mais renverrait bien à un statut juridique plus probable chez des personnes d’un certain âge214 . Cette condition d’âge (ou de statut juridique, être sui iuris) finit sans doute par disparaître à une date inconnue . Toutefois, faire des sénateurs des débuts de Rome des seniores va dans le sens d’un conseil des patres familiarum, plus précisément des chefs de famille de l’aristocratie gentilice . Cette idée, encore une fois, se marie mal avec celle d’un numerus clausus dès l’origine . « If the original Senate consisted of the heads of the principal families, it is incredible that it should have totalled any precise number, let alone the round number 100 » écrivait à juste titre R . M . Ogilvie215 . On pourrait objecter que les sénateurs pouvaient être des membres importants de l’aristocratie gentilice, sans être forcément les chefs de la gens et que, comme sous la République, toutes les grandes familles ne parvenaient pas nécessairement à conserver leur influence . Le roi était donc d’autant plus à même d’actualiser la situation réelle des gentes en composant le Sénat qu’il était lui-même choisi en dehors de celles-ci, ce qui aurait pu permettre d’aboutir à un chiffre fixe . En tout état de cause, que les sénateurs fussent recrutés par le roi216, ou des patres ayant 213 Ruzé, Délibération 1997, 64 . 214 Même s’il faut évidemment se méfier ici de toute barrière d’âge en raison de critères démographiques . Comme le rappelle Dixon, Roman Family 1992, 145, moins de deux tiers des Romains avaient encore leur père au moment où ils atteignaient les vingt ans . Elle cite aussi les travaux de R . Saller en la matière, selon lesquels 10 % des Romains avaient leur grand-père paternel encore en vie à la naissance et seuls 40 % avaient leur père en vie . 215 Ogilvie, Commentary 1965, 64 . 216 Willems, Sénat I 18852, 24 ; Mommsen, Römische Geschichte I 19029, 89–90 ; Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 41–42 ; De Sanctis, Storia I 1907, 350 ; O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 661 ; Meyer, Römischer Staat 1961, 26 et 202 ; Richard, Origines 20152, 232–238 ; Cornell, Beginnings 1995, 369 . Voir aussi Capogrossi Colognesi, Diritto 2007, 32 : « Proprio questo rapporto fra il monarca ed i patres induce a ritenere che la partecipazione a questo ‘consiglio del re’ fosse condizionata ad una scelta da parte di costui . Anche sulle forme di arruolamento del senato
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un droit héréditaire ou statutaire (lorsqu’ils devenaient chefs de la gens)217, ou bien qu’il y eut passage de l’un à l’autre218, le Sénat était vraisemblablement composé d’un nombre fluctuant de chefs de famille de l’aristocratie gentilice219 . Ce statut, qui leur confiait un certain charisme selon G . Mancuso, légitimait leur appartenance à ce conseil220 . Le mos maiorum obligeait même certainement le roi à choisir parmi eux les sénateurs221, et cela permet de comprendre les délicats rapport entre ces personnages et le monarque . En particulier, le roi nommait peut-être sénateur à l’issue d’une cooptatio222 . La situation serait alors similaire à celle que brosse E . Lévy pour la γερουσία spartiate : la sélection se rapprocherait en réalité d’une cooptation entre grandes familles, d’où peut-être le rapprochement effectué par Cicéron et Denys d’Halicarnasse223 . Certains historiens modernes, comme P . Willems, vont même jusqu’à imaginer que « du moins à l’origine le roi était tenu de choisir dans chaque curie un nombre égal de sénateurs . Mais la tradition ne fournit à ce sujet aucune indication précise »224 . Une telle rigueur dans la répartition nous paraît peu toutefois probable . Dans cette perspective, le Sénat primitif se rapprocherait aussi du conseil des βασιλεῖς qui était le résultat de synœcismes dans le monde grec archaïque selon J . Andreev : chaque βασιλεύς « renonce à son autorité locale monarchique en échange d’une participation au Conseil de la nouvelle communauté » et « le besoin monarchico la dottrina appare incerta e divisa . Da parte di molti autori si esclude infatti questo intervento del rex, sostenendosi che la partecipazione al senato derivasse dalla condizione obiettiva di essere un pater di una gens . È chiaro tuttavia che, caduta l’automatica identificazione fra patres e capi supremi delle varie gentes (la cui esistenza, del resto, non è storicamente attestata), entravano in giuoco altri fattori . Ma in questo modo, piuttosto che pensare ad un’investitura ‘dal basso’, da parte delle stesse gentes (o meglio, accanto ad una qualche gerarchia interna a tali gruppi) doveva avere un suo peso anche la scelta da parte del rex, come sanzione formale di una differenziazione che, nel tessuto sociale delle gentes, si era già verificata » . Un exemple de sénateur recruté par le roi est fourni par D . H . 3 .41 .1–4 qui décrit comment Ancus Marcius fit de Tarquin l’Ancien un sénateur . 217 Bloch, Origines 1883, 103–105 ; Humbert, Institutions 201110, 228 . 218 Willems, Sénat I 18852, 26 cité supra p . 14 et Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 23 et 41 . 219 En ce sens, Magdelain, De la royauté 1995, 34–36 et 47–48 dépeint même les patres comme des chefs de famille soumis à leur « suzerain », le pater patratus, réduit ad sacra quand un rex prit le pouvoir . Ce dernier fonda la cité à l’image du nomen Albanum et réunit les Quirites dans le pomerium, refoulant les clients dans l’ager . Cette reconstruction, peu étayée par les sources, a été peu suivie . 220 Mancuso, Il senato romano 1997, 12 . 221 Willems, Sénat I 18852, 25 et Briquel, Lente genèse 2000, 80–81 . 222 En ce sens Guarino, Storia 199812, 106 pour qui la sélection des sénateurs ne commence qu’avec les rois étrusques . 223 Lévy, Sparte 2003, 202–203 . Cic . rep. 2 .28(50) et D . H . 2 .12 .2–3 . 224 Willems, Sénat I 18852, 27 et encore Coli, Regnum 1951, 69 et de manière plus prudente Rieger, Tribus 2007, 107–112, 147 et 321 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
d’un βασιλεύς unique à la tête de la πόλις devait être d’autant plus évident que la nouvelle communauté était plus active militairement »225 . On suppose souvent un procédé similaire pour Rome qui serait le résultat de la fusion des communautés vivant sur les différentes collines dont le Septimontium conservait une trace226, de sorte que le Sénat serait l’héritier de cet ancien conseil des chefs de la communauté ayant accepté la fusion . Ce processus serait à rapprocher du dépassement de l’idéologie guerrière par celle du banquet à la fin du VIIIe siècle, comme le montre la riche vaisselle en argent des tombes Bernardini à Palestrina et Regolini-Galassi à Caere227 . Or la commensalité avait certainement une fonction politique de premier plan, en tant que moment propice à la discussion politique et au renforcement des liens entre aristocrates228, expliquant qu’elle devînt un marqueur de statut . Les sénatus-consultes recensés sont d’ailleurs cohérents avec une assemblée des chefs des grandes familles de l’aristocratie gentilice . Si le triomphe est automatiquement inféré et doit être mis de côté, l’interrègne constitue un argument central pour attribuer au Sénat un rôle de premier plan comme le rappelaient Fr . De Martino suivi par M . Humbert229 . Pourtant, P . M . Martin a souligné que la procédure n’est attestée réellement que pour la monarchie latino-sabine et qu’elle ne fonctionne plus durant la monarchie étrusque . Il en tire argument pour défendre une vision de l’interregnum restreinte au domaine religieux230 . Cette théorie est en réalité très fragile (même si elle s’appuie sur la règle de succession exogamique en ligne utérine suggérée par cet historien) et la différence entre monarchie latino-sabine et monarchie étrusque s’explique mieux par un renforcement du pouvoir royal, au détriment des grandes familles de l’aristocratie gentilice, renforcement visible dans les réformes attribuées tant à Tarquin l’Ancien qu’à Servius Tullius . P . M . Martin appuie aussi cette idée (et plus largement l’idée d’une précellence du roi sur le Sénat) par le fait que le Sénat aurait été totalement incompétent en matière de politique étrangère231 . La diplomatie, et donc la guerre, intéressait pourtant au plus haut point les grandes familles . C’étaient elles qui fournissaient les combattants, qui récupéraient le butin et qui avaient des terres à défendre (comme les citoyens les plus riches sous la République qui se prononçaient dans les comices centuriates) . Que le roi ait eu 225 Carlier, Royauté 1984, 508–509 à partir de Andreev, Könige 1979 . 226 Cf . supra les éléments d’historiographie . Sur le Septimontium, voir Varro ling. 5 .41 et 6 .24 et Fest . 458 et 476 L . 227 D’Agostino, Principi 1999 et Naso, Aristocrazie 2010, 188 . 228 Faut-il rapprocher cette commensalité de celle homérique, « devoir ‘royal’ fondé sur la réciprocité des services : contre le bon conseil qu’il attend de ses compagnons et dont la collectivité a besoin, le roi assure la nourriture » (Ruzé, Délibération 1997, 67) ? 229 Cf . supra p . 18–19 et 23 . Valditara, Magister populi 1989, 38–39 voit d’ailleurs dans l’exaltation de l’interrègne chez Denys d’Halicarnasse une influence de l’annalistique philo-sénatoriale du dernier siècle de la République . 230 Martin, Idée de royauté 1982, 201–203 . 231 Martin, Idée de royauté 1982, 204 .
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un rôle militaire important n’entre nullement en contradiction avec ce constat232 . Certes, c’est lui qui, ensuite, dirigeait l’armée et c’était là une part importante de sa fonction militaire . Il ne pouvait toutefois l’imposer tel quel, tout comme on ne peut en la matière, se contenter de supposer paresseusement une simple rétroprojection du Sénat républicain classique sur l’époque royale . La situation semble avoir été plus fluctuante, ce que P . M . Martin reconnaît d’ailleurs : même si, pour lui, le roi est le plus important, il faut supposer une certaine autorité à l’assemblée des patres233 . Notons, en outre, que pour les questions de politique intérieure, l’intervention du Sénat n’est signalée que pour des affaires pouvant remettre en jeu l’équilibre social ou politique entre les gentes ou entre celles-ci et le roi . Accorder le conubium aux Latins, distribuer les terres prises à Véies ou intégrer les esclaves libérés dans la cité menaçaient de bouleverser l’organisation gentilice234 . Les distributions de blé, la consécration de Romulus, la prise des insignes du pouvoir étrusques par Tarquin l’Ancien ou les réformes de Servius Tullius risquaient d’accroître le prestige du roi et d’affaiblir en réaction celui du Sénat235 . Il était donc nécessaire que ce dernier se prononçât, ne serait-ce que pour rappeler sa place vis-à-vis du roi et que celui-ci lui témoigne son respect . Lors des crises politiques, on en référait également au Sénat, comme lorsque Tarquin l’Ancien fut assassiné236, tandis que les affaires courantes qui ne pouvaient pas être réglées au sein des gentes étaient abandonnées au roi, le Sénat étant souvent absent du récit . L’idée générale était peut-être déjà de préserver le consensus, ou du moins la concorde237 . Rappelons que la volatilité des sociétés archaïques était extrêmement forte et il fallait absolument éviter le départ d’une partie du groupe . Or si l’époque royale est celle de la colonisation grecque, parfois suscitée par des troubles politiques, c’est aussi celle de nombreuses fondations de cités en Italie, à l’instar de Rome 232 En ce sens, pour Guarino, Storia 199812, 109–100, dans la phase latino-sabine, le roi se plaçait seulement comme chef de guerre, mais il n’avait pas à proprement parler d’imperium . 233 Martin, Idée de royauté 1982, 208–210 . Citons aussi, ici, le fait que Carlier, Royauté 1984, 182–183 évoque certains qui, comme Bréhier, Royauté homérique 1904, ou Finley, Monde d’Ulysse 1978, « estiment que le roi n’exerce une autorité contraignante qu’en temps de guerre ; entre les expéditions, le roi régnerait sans gouverner … toute vie politique disparaîtrait en temps de paix et chaque groupe – clan, village ou grande maison aristocratique – vivrait alors en autarcie » . Il est surprenant que personne n’ait réellement développé une telle conception de la royauté romaine alors même que la geste des rois est surtout une geste militaire sur laquelle se greffe des récits étiologiques des institutions . 234 Sénatus-consultes n° 1, 12 et 37 . En ce sens, pour le conubium, voir Scevola, Deliberazioni 2017, 18–19 . 235 Sénatus-consultes n° 13, 14, 33 et 41 . 236 Sénatus-consulte n° 36 . 237 C’est ce que sous-entend le récit livien du premier interrègne selon Scevola, Delibera zioni 2017, 21–22 . Voir aussi Martin, Idée de royauté 1982, 210 : « La consultation des patres, comme le suffragium populi, donne au pouvoir royal l’assise du consensus omnium » .
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elle-même . C’était une période d’intense circulation de personnes (notamment, mais pas seulement, de groupes aristocratiques), qu’il s’agisse de transferts de populations forcés à l’issue des guerres ou de mobilités volontaires avec, par exemple, l’arrivée des Tarquins à Rome ou celle des Claudii à la fin du VIe siècle238 . Consulter le Sénat revenait à prendre l’avis des grandes familles239 et permettait d’éviter la scission de la communauté240 . Le risque de segmentation est en effet bien connu des ethnologues pour les sociétés lignagères à laquelle s’apparentait encore la Rome royale241 . Cette divisibilité de la souveraineté dont parle A . Testart se retrouve avec l’une des versions du meurtre de Romulus : chaque sénateur, c’est-àdire chaque chef d’une des grandes gentes, repartit avec un morceau du cadavre du roi qui symbolisait une parcelle du pouvoir souverain . Cette priorité donnée à la concorde entre les gentes se retrouve aussi dans la structure gentilice de la première assemblée, les comices curiates . Les conseils homériques témoignent de ce souci de préserver l’unanimité sous peine de voir certains héros se mettre en retrait tel Achille . Fr . Ruzé parle même d’une « unanimité miraculeuse » : L’opinion la meilleure, celle qui s’imposera sous forme de décision, cesse d’être celle d’un homme pour devenir celle de tous . Grâce à la délibération, elle n’a pas à être d’abord celle du roi . Mais celui-ci en devient ensuite le dépositaire, à charge pour lui d’user de son autorité pour en assurer l’exécution .242
P . Carlier reconnait l’unanimité comme le mode de décision idéal dans le monde homérique, mais sa rareté obligeait de recourir au roi . Ce dernier convoquait l’assemblée pour « décid[er] en public », éventuellement prendre l’avis de ses conseillers . Toutefois « L’Assemblée crie son acclamation, se tait ou parfois s’agite, mais elle ne vote jamais »243 . En effet, l’adoption du vote majoritaire rendit le roi « superflu » et permit l’élection de magistrats244 . On peut supposer qu’à Rome également, 238 Cette question a fait l’objet d’études nombreuses . On pourra se reporter, pour ne citer que quelques études assez récentes et comportant des renvois à la bibliographie antérieure, à Cornell, Beginnings 1995, 81–118 ; Rieger, Tribus 2007, 24–82 ; Ampolo, Presenze etrusche 2009 ; Bourdin, Peuples 2012, 517–700 ; Della Fina, Mobilità geografica 2013 ; Lanfranchi, Tribuns 2015, 98–115 . 239 Herzog, Geschichte I 1884, 52 et encore Mannino, Auctoritas patrum 1979, 12 . 240 Ainsi lorsque Numitor envoie Romulus et Rémus fonder une nouvelle cité avec les anciens partisans d’Amulius est-ce parce qu’il craint une rébellion comme l’avance Denys d’Halicarnasse (D . H . 1 .85 .2) ou parce que celle-ci a déjà eu lieu ? De même, Carlier, Royauté 1984, 186 nt . 231 : « Il faut souligner cependant que non seulement la minorité ne s’incline pas devant la majorité, mais que la distinction entre une majorité et une minorité n’apparaît que quand la communauté se rompt » . 241 Testart, Éléments 2005, 87–88 . 242 Ruzé, Délibération 1997, 98 . 243 Carlier, Royauté 1984, 185–186 . 244 Carlier, Royauté 1984, 510 .
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le roi pallie l’absence d’unanimité entre les gentes soit en s’appuyant sur sa supériorité pour trancher, tel le roi homérique, soit, plus vraisemblablement, en faisant office d’arbitre pour aboutir au compromis préservant le consensus245 . La règle de la majorité accompagna le développement de la cité et de son caractère transcendant, reléguant peu à peu les intérêts familiaux derrière ceux de la communauté . Pour le monde grec, P . Carlier voyait derrière l’adoption du vote majoritaire, innovation responsable du déclin de la royauté, l’idée que le nombre était le plus important et ce principe découlait sans doute de la réforme hoplitique246 . De même qu’il fallait faire bloc dans la phalange, de même la minorité devait se rallier à la majorité après chaque vote . La réforme hoplitique et le vote majoritaire, fossoyeurs de la royauté archaïque selon P . Carlier, eurent sans doute des effets similaires à Rome, sur le système gentilice et la monarchie . La solidarité dans la phalange nécessitait de dépasser les divisions gentilices et de placer la cité au-dessus . Comme l’a écrit Fr . De Martino : « Come vedremo più oltre, tutta la storia della costituzione primitiva è quella del lento e faticoso superamento della struttura gentilizia verso forme unitarie »247 . Ce processus était d’ailleurs encore au cours au début de la République comme le montre l’épisode bien connu des 306 Fabii . Les rapports du roi et du Sénat furent donc très complexes . Une tendance générale vers un renforcement de la figure du monarque paraît claire (avec la grande importance des rois étrusques en la matière) et a pour elle que, si on laisse de côté la figure de Romulus, l’essentiel des épisodes de friction entre le roi et le Sénat sont situés par la tradition à l’époque de la monarchie étrusque248 . Toutefois l’impression générale donnée relève plus globalement d’une relation en constante réinvention en fonction d’une série de facteurs politiques, sociologiques et diplomatiques .
245 Cf . Godelier, Chefferies 1999, 21 : « Troisièmement, avoir pouvoir politique c’est avoir la capacité d’arbitrer . Entre les groupes qui composent une société, les clans et les tribus mêmes, il faut un lieu où les intérêts de chaque groupe puissent être représentés, confrontés et arbitrés au nom du tout (un arbitrage entre les clans, au nom de la tribu, ou entre les tribus au nom de l’empire) . La politique intervient pour que les conflits entre les morceaux, les parties, ne mettent pas en question la reproduction du tout comme tout » . 246 Carlier, Royauté 1984, 510 . 247 De Martino, Storia I 19722, 149 et aussi 162 : « L’ordinamento centuriato non è una semplice riforma dell’esercito od una semplice riforma dell’assemblea; esso è il punto di arrivo di un lungo sviluppo costituzionale, che assume per base dello stato non più la gens, ma il ciuis, in quanto membro del comune e membro dell’esercito . Perciò l’ordinamento centuriato è nient’altro che la costituzione dello stato-cittadino, che ha superato il fondamento gentilizio » . Voir aussi Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 87 . 248 Martin, Idée de royauté 1982, 211–214 .
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5. La question de l’auctoritas patrum Une telle idée est-elle compatible avec l’auctoritas patrum ? Selon Th . Mommsen, sous la République, « le sénatus-consulte primitif, dont le caractère a été déterminant pour le développement de ce droit (auctoritas patrum), n’est pas autre chose que la présentation au Sénat et l’approbation par ce dernier de la rogatio soumise aux comices par le magistrat et acceptée par eux »249 . L’auctoritas patrum s’apparentait donc à un droit de veto, ce qui en faisait une potentielle source de conflits . Selon S . P . Oakley, toutefois, l’auctoritas patrum était originellement liée d’abord au contrôle patricien sur les auspices et au droit qu’ils avaient de déclarer que tel ou tel événement avait reçu de bons augures . Elle n’aurait pris son caractère de veto sur la législation ou les élections qu’au cours des Ve et IVe siècles, dans le cadre du conflit des ordres et c’est ainsi qu’elle aurait été comprise par la suite250 . Pour G . De Sanctis suivi par A . O’Brien Moore, l’auctoritas patrum était le résultat du souhait des rois qui entendaient s’appuyer sur un conseil pour confirmer ou refuser les décisions de l’assemblée251 . Les interrègnes en offrent une illustration252 . Alors que les récits liviens confirment la lecture faisant de l’auctoritas patrum un frein à l’expression de la volonté populaire (regem populus iussit ; patres auctores facti253), à l’inverse, chez Cicéron et chez Denys d’Halicarnasse le peuple confirmait le choix des patres254 . Cette dernière reconstruction semble d’autant plus préférable que nous savons aujourd’hui que l’élection des magistrats républicains ne fut pas mise en place dès l’instauration de la République255 . Le peuple, non souverain256, approuvait le choix du roi comme plus tard celui du magistrat257 . On pourrait alors, avec E . Herzog, rapprocher la nomination du roi de celle du dictateur258 . L’élection ne fut introduite dans l’annalistique que pour renforcer la supériorité de la monarchie
249 Mommsen, Dr. publ. I 1892, 238 . Cf . Liv . 1 .17 .9 . 250 Oakley, Commentary 1998, 525–527 . 251 De Sanctis, Storia I 1907, 352 et O’Brien Moore, s . v . Senatus 1935, 662 . 252 Voir les sénatus-consultes n° 18, 26 et 35 . 253 Liv . 1 .22 .1 . 254 Voir par exemple Cic . rep. 2 .13(25) : regem alienigenam patribus auctoribus sibi ipse populus adsciuit et D . H . 3 .36 .1 : ἡ μεσοβασίλειος ὑπὸ τῆς βουλῆς ἀποδειχθεῖσα ἀρχὴ κατὰ τοὺς πατρίους ἐθισμοὺς αἱρεῖται βασιλέα τῆς πόλεως Μάρκιον ἐπίκλησιν Ἄγκον· ἐπικυρώσαντος δὲ τοῦ δήμου τὰ δόξαντα τῇ βουλῇ à comparer à Liv . 1 .22 .1 cité ci-dessus . 255 Voir sur ce point Mommsen, Dr. publ. I 1892, 242–245 ; Mommsen, Dr. publ. II 1892, 113– 117 ; Monnier, Quelques études 1953 ; De Francisci, Quelques remarques 1959 ; Gaudemet, Institu tions 1967, 332–333 ; Nicolet, Polybe 1973, 231–232 ; Richard, Origines 20152, 521–522 ; Humbert, Institutions 201110, 239–240 . 256 Magdelain, Auctoritas patrum [1982] 20152, 390 . Voir aussi Guarino, Storia 199812, 106–107 . 257 En ce sens, Mannino, Auctoritas patrum 1979, 32–40 et de même Scevola, Deliberazioni 2017, 40–53 considère peu plausibles les votes du peuple à l’occasion des interrègnes . 258 Herzog, Geschichte I 1884, 59 .
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romaine sur les monarchies héréditaires et rattacher la compétition aristocratique aux racines mêmes de la cité259 . À vrai dire, que le roi fût élu à Rome satisfaisait aussi bien les optimates que les populares d’où, sans doute, l’unanimité de la tradition . Selon P . M . Martin, « cette fiction républicaine en a engendré une autre … : le respect dans lequel les rois de Rome auraient tenu le Sénat »260 . L’auctoritas patrum ne visait donc pas à limiter les excès du peuple, mais à encadrer l’action du roi . Comme l’interregnum, elle était un vestige de la période au cours de laquelle le Sénat réunissait les grandes familles et contrôlait le roi qu’elles s’étaient donné261 . Conférer à un individu extérieur à l’aristocratie gentilice la royauté était un don qui créait une créance de gratia inextinguible, si bien que le roi se trouvait nécessairement dans une situation de débiteur vis-à-vis des aristocrates qui l’avaient choisi . On retrouve ici ce principe fondamental du système politico-social romain et ce n’est pas un hasard si Denys d’Halicarnasse attribuait à Romulus la mise en place des liens de clientèle262 . En revanche, en s’emparant du pouvoir, le roi (étrusque) se libérait de la tutelle du Sénat à qui il ne devait plus rien263 . Dans une telle perspective, le pouvoir du Sénat découlerait des pouvoirs qu’avaient ses membres en leur qualité de chefs de famille . Ainsi, pour V . Mannino : per chi accetti la teoria gentilizia [de De Martino], esiste la possibilità, rapportando la politicità della gens al generico potere di coercizione per la difesa del gruppo e delle sue ricchezze concentrato nelle mani dei patres, di collegare questi ultimi alla prerogativa di essere auctores264.
De manière similaire, R . Scevola voit dans l’auctoritas patrum la transposition d’un décret gentilice, valable pour tout le groupe (à l’instar du décret prohibant le prénom Marcus dans la gens Manlia rapporté par Liv . 6 .20 .13) et sa généralisation à l’ensemble de la cité, chaque gens prenant une décision identique265 . Du consensus
259 Martin, Idée de royauté 1994, 189 . 260 Martin, Idée de royauté 1994, 189 et 245–246 sur la vision positive des rois de Rome chez les populares . Rappelons que cet historien fait l’hypothèse de l’existence d’un principe de succession héréditaire particulier à la Rome royale : la succession exogamique en ligne utérine (cf . infra p . 86) . Martin, Idée de royauté 1982, 208 se fait par ailleurs de l’auctoritas patrum à l’époque royale la même vision que l’interregnum : quelque chose de purement religieux . 261 En ce sens, Herzog, Geschichte I 1884, 53 qualifie les deux derniers rois d’usurpateurs . 262 D . H . 2 .9–10 . 263 En ce sens, Mannino, Auctoritas patrum 1979, 139–140 constate une disparition de l’aucto ritas patrum pour la nomination des rois étrusques et une valorisation parallèle de l’intervention populaire . 264 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 6 . 265 Scevola, Deliberazioni 2017, 27–40 .
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des chefs de famille naissait donc la force contraignante de leurs décisions qui visaient à préserver la cohésion de la communauté . Ce droit de confirmer les décisions du roi (approuvées sans doute par le peuple plutôt que votées) témoigne de la prééminence, voire de la souveraineté, du Sénat, ou du moins de ses efforts en ce sens266 . Or cette confirmation, loin d’interdire une consultation préalable du Sénat, y incitait : il était préférable de prendre leur avis pour savoir si oui ou non les sénateurs conféreraient l’auctoritas patrum à la décision267 . Là résidait la dimension contraignante des avis du Sénat qui n’étaient cependant pas liants juridiquement268 . Ce n’était donc pas la supériorité morale des sénateurs qui conférait une auctoritas à leurs décisions, mais bien leur puissance, laquelle était liée à l’exercice d’un certain nombre de fonctions qui leur conféraient une sorte de pouvoir magico-religieux269 . L’auctoritas patrum impliquait une délibération préalable au Sénat (le consilium dont parle A . Magdelain270) pour aboutir à la proposition qui obtiendrait la sanction des patres après avoir été présentée au peuple . V . Mannino semble même douter de la confirmation par les patres : comme il le souligne à propos du récit livien de l’accession au pouvoir de Numa Pompilius, l’auctoritas patrum comme confirmation du choix du peuple était le souhait du Sénat, mais le peuple le laissa finalement choisir le roi . Et pourtant, Tite-Live applique aux deux rois suivants la procédure que les sénateurs avaient voulue sans succès pour Numa Pompilius . On a le sentiment de se retrouver face un récit étiologique ou du moins à une rétroprojection à l’époque royale d’institutions républicaines . V . Mannino conclut que « l’auctoritas, dunque, in occasione dell’elezione dei re della monarchia latino-sabina sarebbe stata anteriore a qualunque intervento popolare » et que par conséquent « il popolo intervenisse nella scelta del nuovo sovrano, ma in modo effimero »271 . Et cette intervention éphémère du peuple aurait été une une « acclamazione collettiva e non vincolante », sens originel de suf
266 Voir Mannino, Auctoritas patrum 1979, 141 qui parle de contrôle des magistrats et du peuple par le Sénat . 267 En ce sens, à côté de l’interregnum et de l’auctoritas patrum, fonctions dévolues aux « patres als selbständige Körperschaft », Herzog, Geschichte I 1884, 86–89 considère que le Sénat avait aussi une fonction de consilium regium . L’auctoritas patrum serait même selon lui (p . 62) l’indice de ce rôle de conseil du roi . 268 Ainsi comparant le Sénat au consilium du père de famille, Herzog, Geschichte I 1884, 88 ne considérait pas comme liant l’avis des sénateurs . Guarino, Storia 199812, 106 : « i sena tusconsulta sicuramente non ebbero carattere vincolante per il monarca » . 269 Magdelain, Auctoritas patrum [1982] 20152 . En ce sens aussi Mancuso, Il senato romano 1997, 44 : « Auspicia e auctoritas esprimono la duplice dimensione – divina e umana – del potere del pater » . 270 Magdelain, Auctoritas patrum [1982] 20152, 392 qui distingue consilium, avant l’action des magistrats, et auctoritas patrum qui suit le vote du peuple . 271 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 32 et 39 qui renvoie à Mommsen, Dr. publ. III 1893, 6 nt . 1 .
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fragium272 . En étant les auctores, les patres étaient en réalité ceux qui proposaient le roi (ou la loi), comme à l’époque classique l’auctor était l’auteur d’une proposition dans les délibérations sénatoriales273 . Dans tous les cas, on retrouve ici la procédure mise en évidence par Fr . Ruzé pour le monde homérique que nous avons déjà évoquée et que P . Carlier résumait ainsi : Les dieux ont donné à Agamemnon, avec le sceptre, le pouvoir de décider mais, comme ils lui ont refusé la clairvoyance et l’énergie, il lui faut toujours prendre conseil de plus avisé que lui . … Agamemnon sanctionne les décisions que d’autres lui inspirent (seul, il ne prend que des initiatives désastreuses) . La royauté paradoxale d’Agamemnon, c’est le sceptre sans charisme274 .
Le roi romain, de même, sanctionnait peut-être l’avis des patres après leur délibération . Par la suite, l’unanimité des patres, qui ne constituait peut-être pas l’intégralité du Sénat mais représentait sa partie la plus importante, serait même mise en scène par la déclaration de chacun « auctor fio »275 . Une telle déclaration engageait formellement l’aristocratie et préservait de ce fait l’unité de la cité et la concorde en son sein tout en « augmentant » la décision du roi (et non du peuple) . Dans ce cadre, ce fut peut-être l’introduction du vote majoritaire à l’assemblée qui renversa la procédure et fit que l’accord du Sénat intervint désormais après le vote, ce qui lui donnait une sorte de droit de veto pour s’assurer que les décisions de l’assemblée n’allassent pas à l’encontre des intérêts de l’aristocratie gentilice .
V. Conclusion Quelle image peut-on finalement se former du Sénat royal ? Décrire la réalité du Sénat archaïque sur la seule base des sources littéraires, toutes tardives et largement reconstruites, est chose quasi impossible, d’où le recours au comparatisme . De ce point de vue, il est fort dommage de disposer de si peu d’informations sur d’éventuels conseils similaires dans l’Italie archaïque . En tout état de cause, on peut suggérer que, dans un premier temps, la communauté formée par l’agréga272 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 41 qui s’appuie sur Ernout-Meillet, s . v . frango et suffra gor (qui se contentent d’établir le lien entre les deux mots) et de De Francisci, Primordia ciuitatis 1959, 383 nt . 121 et 582 nt . 110 . Voir aussi Coli, Regnum 1951, 66 : « Il primo suffragium fu forse appunto il clamore di queste arcaiche assemblee . Il consensus populi precedette storicamente il iussum populi » et Briquel, Lente genèse 2000, 81 qui songe au fracas produit par les armes qui s’entrechoquent dans une assemblée de guerriers . 273 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 32–33 et 139–140 . 274 Carlier, Royauté 1984, 514 . 275 Magdelain, Auctoritas patrum [1982] 20152, 392–393 suppose cette réponse individuelle à partir de la formule récurrente des sources .
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tion des villages des collines de Rome était dirigée par un roi assisté d’un conseil . Celui-ci était composé des patres (un nom technique si l’on suit G . Mancuso), c’està-dire les principaux membres des grands groupes familiaux qui dominaient la vie politique de la Rome primitive . Leur nombre n’était probablement pas fixé, le chiffre de cent n’étant qu’une reconstruction postérieure, cherchant toutefois à distinguer ce conseil d’un simple consilium comparable à celui des magistrats républicains . Les rapports roi-patres ressemblaient-ils à ce que l’on voit dans le monde homérique, c’est-à-dire une assemblée dirigée par le roi où seuls les conseillers (βασιλεῖς) étaient autorisés à prendre le sceptre et à parler ? Dans ce type d’assemblée, les débats étaient tranchés par le roi et sa décision acclamée par le peuple pour créer l’unanimité et éviter la στάσις, voire la rupture . On ne peut guère imaginer une telle pratique à Rome où il faut plutôt envisager des réunions limitées aux patres . En effet, les assemblées se réunirent toujours en plein air, quand le Sénat semble bien avoir privilégié des réunions à l’intérieur de bâtiments276 . Les situations grecques et romaines sont ici irréductibles l’une à l’autre et on touche là à l’idiosyncrasie du système politique romain . Les patres auraient représenté les intérêts de leur groupe lorsqu’ils décidaient ou non de participer aux décisions de la communauté . À cette époque, l’esprit civique et le patriotisme devaient être encore limités, et, à l’exception de la légende des Horaces, la tradition les fait d’ailleurs plutôt naître avec Porsenna (pensons aux héros romains Horatius Coclès, C . Mucius Scaevola et Clélie) . Dans ce cadre fédératif, propre à la royauté la plus ancienne, le roi aurait principalement été un chef militaire, comme pourrait le suggérer l’importance des guerres dans le récit livien de la royauté277 . Il jouait probablement aussi un rôle d’arbitre pour aboutir à un consensus entre les patres . À la mort du roi, ces derniers se mettaient d’accord pour en choisir un nouveau (parmi les descendants de la ligne exogamique utérine ?), ce qui explique leur contrôle sur celui-ci . Ce contrôle allait-il jusqu’à la possibilité de le démettre (ce qui expliquerait la mort brutale de certains rois déguisée par la tradition) ? Ce n’est pas sûr . Restent que leurs décisions – qui n’étaient pas des sénatus-consultes à proprement parler – étaient forcément écoutées . Ajoutons que si c’était le roi qui réunissait le Sénat, ce dernier pouvait aussi le faire de son propre chef avec l’interregnum – au moins pour la désignation du premier interroi – puisqu’il n’y avait alors pas de roi ni de magistrat pour le convoquer . C’est bien là le signe qu’une certaine forme de souveraineté résidait dans ces patres, laquelle s’imposait au roi même si son statut d’outsider lui conférait une intéressante marge de manœuvre vis-à-vis de l’aristocratie gentilice . Cette souveraineté est rappelée par la légende sur le démembrement du corps de Romulus qui tend à concilier le désir d’avoir un fondateur, lequel institua notam276 Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 106–107 . 277 Engerbeaud, Rome devant la défaite 2017, 93 nt . 1 fait ainsi remarquer que vingt-cinq des soixante chapitres du premier livre de Tite-Live sont consacrés à la guerre .
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ment les auspices, et la capacité des patres à s’en emparer pour exercer l’interregnum et une certaine auctoritas278 . Avec la période étrusque s’ouvrit un temps nouveau : celui de la gestation du futur Sénat républicain279 . De ce point de vue, on a insuffisamment insisté sur le fait que la tradition a conservé le souvenir que la curie principale ne fut pas construite sous Romulus (créateur du Sénat pourtant), mais qu’il fallut attendre le règne de Tullus Hostilius pour cela . S’il y a certes une incontestable dimension étiologique au récit qui attribue la curia Hostilia à Tullus Hostilius, la question des lieux primitifs de réunion du Sénat se pose néanmoins . Or, à l’exception de la mystérieuse curia Calabra du Capitole, potentiellement d’époque royale mais vraisemblablement pas destinée au Sénat280, aucun lieu spécifique n’existait avant la curia Hostilia . Romulus lui même aurait été assassiné dans le temple de Vulcain d’après Plutarque281 . Le même Plutarque explique ailleurs la localisation du sanctuaire d’Héphaïstos par une volonté d’avoir un lieu de réunion avec le Sénat à l’écart de l’assemblée282 . Cette unanimité de la tradition va de pair avec le fait que le premier édifice orné destiné au seul Sénat semble bien ne pouvoir être daté que de l’époque des rois étrusques283, ce qui irait dans le sens d’une évolution importante du rôle de cette institution à cette époque . De fait, plusieurs éléments se conjuguent pour expliquer la transformation du vieux conseil originel plus ou moins formel en un nouvel organe politique à cette époque, à commencer par la réforme hoplitique . Le règne de Tullus Hostilius – roi guerrier par excellence – correspond au moment de cette réforme dans le monde grec . En outre, les études sur l’art militaire à l’époque archaïque tendent à dater l’adoption du modèle hoplitique dans l’Italie tyrrhénienne vers la fin du VIIe siècle, et donc aussi probablement à Rome, ce qu’attestent des documents iconographiques comme l’olpè Chigi (d’environ 640) ou l’oinochoé de Tragliatella (d’environ 620) . S . Mazzarino avait mis en avant le rôle de la réforme hoplitique dans la mise en place du pouvoir du roi qui dirigeait désormais davantage d’hommes au combat, ce qui lui permettait de prendre son indépendance vis-à-vis des gentes . Ces soldats réclamaient un rôle politique accru et devinrent des ciues inscrits dans 278 Voir l’analyse de Fraschetti, Il corpo del fondatore 2002 qui date le développement de cette tradition de la période de clôture du patriciat, dans la première moitié du Ve siècle . 279 Guarino, Storia 199812, 105: « Il cd . senatus (denominazione probabilmente ancora estranea al periodo arcaico) fu inizialmente l’assemblea dei patres delle gentes quiritarie e si trasformò poi man mano, a partire dalla fase etrusca, in un consiglio del rex, costituito dai patres familia rum di maggior senno ed età (senes, senatores) nell’àmbito della categoria dei patricii » . 280 Ce bâtiment n’est connu que par de rares sources : Macr . sat. 15 .10, Varro ling. 5 .13 ou encore Lyd . Mens. 3 .10 . Voir Coarelli, Curia Calabra 1993 . 281 Plut . Rom. 27 .6, ce temple étant sans doute le Volcanal . 282 Plut . QR 47 = Mor. 276 B . Ce qui est curieux puisque, s’il s’agit bien du Volcanal, ce sanctuaire était a priori à ciel ouvert . Voir Coarelli, Volcanal 1999 . 283 Cf . supra p . 46–47 .
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de nouveaux cadres (celui des réformes serviennes ?) . De même, selon A . Momigliano : « Hellenization included the dualism of senate-popular assemblies, the hoplitic organization, the introduction of the census and of the local tribes »284 . Les rois étrusques, peut-être davantage hellénisés que les Romains (pensons à Démarate de Corinthe) ont pu faciliter l’importation de nouveaux modèles dans le contexte romain . Certes, D . Briquel invite à ne pas surestimer les transformations politiques liées à l’adoption de l’hoplitisme dans le monde étrusque, dans lequel il voit le maintien d’une idéologie aristocratique et le développement de phalanges gentilices, avec un armement identique orné du blason de la gens, conduites au combat par des chefs de clan à cheval285 . Toutefois, il reconnaît qu’à Rome, l’introduction des nouvelles techniques militaires a conduit à des changements politiques proches de ceux qu’a connus le monde grec, comme en témoignent les réformes censitaires attribuées à Servius Tullius . Pourquoi et comment des condot tieri étrusques, appelés selon certains historiens pour former les Latins aux nouveaux modes de combat, et ayant finalement pris le pouvoir286, ont bouleversé les cadres civiques romains et rompu avec le cadre gentilice de la phalange étrusque alors même que Rome connaissait également une structure gentilice ? On pourrait imaginer que ces personnages, s’imposant au pouvoir, eurent tout intérêt à s’appuyer sur une assemblée de guerriers et donc un modèle hoplitique civique, afin de marginaliser l’influence des grandes familles aristocratiques et des patres . À ce sujet, il est intéressant de rapprocher ces évolutions d’un fragment de Tyrtée indiquant que le combattant hoplite est un « bien commun » pour la cité : Ἥδ’ ἀρετή, τόδ’ ἄεθλον ἐν ἀνθρώποισιν ἄριστον κάλλιστόν τε φέρειν γίνεται ἀνδρὶ νέωι. Ξυνὸν δ’ ἐσθλὸν τοῦτο πόληΐ τε παντί τε δήμωι, ὅστις ἀνὴρ διαβὰς ἐν προμάχοισι μένηι νωλεμέως, αἰσχρῆς δὲ φυγῆς ἐπὶ πάγχυ λάθηται, ψυχὴν καὶ θυμὸν τλήμονα παρθέμενος, θαρσύνηι δ’ ἔπεσιν τὸν πλησίον ἄνδρα παρεστώς287.
Cette notion de « bien commun » (ξυνὸν δ’ ἐσθλὸν) pour qualifier le fait de tenir sa place dans la phalange, liée à l’adoption du combat hoplitique, fait évidemment penser à la res publica romaine qui aurait pu émerger de la même façon . M . Détienne indique d’ailleurs que l’association de δῆμος et de ξυνὸν « connote le moment où, dans l’activité militaire, dans la pratique de la phalange, s’opère la fusion
de la ville et de la campagne, où se forge la notion d’un ‘bien commun’, où se dégage l’idée nouvelle d’une communauté politique »288 . C’est dans ce cadre qu’émergea petit à petit un Sénat plus structuré dans un bain culturel commun qui se lit bien à la proximité des noms : senatus-γερουσία renvoient aux mêmes réalités . C’est aussi l’époque de grands législateurs et Servius Tullius en a la figure . On se trouve ainsi en présence de rois qui ressemblaient aux tyrans grecs, à des grands chefs militaires (cf . l’introduction du triomphe) et qui gouvernaient moins avec l’aristocratie (d’où moins de sénatus-consultes et un rôle moindre du Sénat dans la succession) . Cette aristocratie était d’ailleurs peut-être en proie à des mutations : l’enrichissement et les changements de circuits commerciaux n’ont-ils pu produire les mêmes crises qu’au sein de l’aristocratie grecque archaïque ? Enfin, davantage de Romains aspirèrent à entrer au conseil d’où les ajouts de Tarquin l’Ancien, qui se gagna ainsi des partisans tout en affaiblissant l’aristocratie gentilice traditionnelle . En gonflant, voire en fixant, le nombre des sénateurs, il créa aussi un organe politique au sein duquel le compromis était plus difficile à trouver, à une époque où le principe du vote majoritaire émergeait . Ce faisant, tout en créant un organe politique différent, doté d’un bâtiment principal, ces rois amoindrirent de facto le Sénat qui perdait prise sur eux, et s’affranchirent – au moins en partie – de sa tutelle . Néanmoins, comme dans bien des cités du monde méditerranéen, à la chute des tyrans, l’aristocratie prit sa revanche et le Sénat s’imposa peu à peu comme l’élément central de la République . En se donnant des magistrats issus de son sein, l’aristocratie gentilice créa les moyens de sa domination en permettant la collaboration entre Sénat et magistrats . Bien entendu, tout au long de cette histoire, les sénatus-consultes ne prenaient ni la forme comparable à celle que nous connaissons pour la période républicaine ni même, peut-être, de forme canonique289 . Le roi convoquait le Sénat pour les questions qui concernaient l’ensemble de la communauté comme l’organisation politique, les relations entre gentes, la guerre et la diplomatie . Le silence sur la justice (à l’exception du sénatus-consulte n° 36) est curieux . Est-ce parce que la vendetta primait encore ? Ou que le roi, extérieur aux gentes, pouvait jouer pleinement le rôle d’arbitre/juge ? Dès lors que la monarchie dériva en une sorte de tyrannie, le roi parvint à dépasser l’organisation gentilice et put se passer du Sénat, au grand dam de l’aristocratie gentilice . Néanmoins, tant que le roi faisait appel au Sénat, les décisions de ce dernier étaient contraignantes car l’équilibre de la cité et son intégrité étaient en jeu . Les débats dépassaient les conflits d’ambition, mais s’efforçaient de convaincre les gentes de ne pas faire passer leurs intérêts avant ceux de la cité . Les membres des grandes gentes parvenaient à un accord, préservant la 288 Détienne, La phalange 1999, 173–174 . 289 Ainsi, par exemple, le dépôt des sénatus-consultes au temple de Cérès que Tite-Live fait remonter à 449 (Liv . 3 .55 .13) est déjà considéré comme un anachronisme par Poucet, Rois 2000, 124 .
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concorde et l’équilibre fragile au sein de la cité, à charge pour le roi de le mettre en œuvre après acclamation éventuelle par le peuple . Le caractère contraignant de ces avis reposait non pas sur l’excellence morale des sénateurs, mais sur leur puissance : le Sénat réunissait les principes et non les optimi . À vrai dire, l’auctoritas fondée sur une uita acta au service de la res publica n’existait sans doute pas encore, même si certains personnages étaient jugés plus sages ou plus vertueux que d’autres . Comme nous l’avons dit la jeune cité ne pouvait compter sur le patriotisme ou le sens civique de ses membres . L’avis du Sénat était donc contraignant en ce qu’il débouchait sur la solution qui permettait d’aboutir à une unanimité, même de façade, et d’obtenir la participation de ces familles aux actions à entreprendre . Il permettait d’éviter le conflit . S’il ne faut pas plaquer les procédures républicaines sur le Sénat de l’époque royale, il n’en demeure donc pas moins que ses avis, sans être à proprement parler des sénatus-consultes, jouaient certainement un rôle important dans la vie civique . Les quarante-quatre « sénatus-consultes » que nous avons recensés en constituent des traces significatives jusqu’alors négligées .
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Corpus Ce corpus propose une recension de tous les sénatus-consultes d’époque royale mentionnés dans les sources . Les dates sont données suivant la chronologie classique de Varron présentée dans l’édition de la CUF du premier livre de Tite-Live . Sauf exception, elles s’entendent toutes avant J .-C . La typologie des sources reprend celle du projet PaRoS, à savoir : [I] [II]
= Ipsissima uerba, i. e. source rapportant le texte même du sénatus-consulte . = source mentionnant un sénatus-consulte et rapportant de façon indirecte son contenu . [III] = source mentionnant un sénatus-consulte sans donner le détail de son contenu . [IV] = source qui permet de supposer le vote d’un sénatus-consulte .
1 Sc. à propos du conubium et de la societas avec les Romains Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [III] Liv . 1 .9 .2 . Tum ex consilio patrum Romulus legatos circa uicinas gentes misit qui societatem conubiumque nouo populo peterent .
Décision de Romulus, prise à l’initiative (ou après consultation) du Sénat (la formule ex consilio patrum suppose un sénatus-consulte), envoyant des ambassadeurs pour essayer de convaincre les peuples voisins de Rome de contracter des mariages et une alliance avec les Romains . Ce passage suit la création du Sénat par Romulus, c’est donc le premier conseil donné par les Pères au roi dans le récit livien, ce qui, selon R . Scevola, témoigne de l’importance du Sénat et d’une conception non primitiviste chez l’historien padouan . La date exacte de la mesure est inconnue mais correspond sans doute, en raison de la date de l’enlèvement des Sabines, au début du règne, et probablement à l’année de fondation (753), peut-être durant le quatrième mois (Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict . frgt 6 Cornell)290, même si, Cn . Gellius propose, lui, une date durant la quatrième année du règne (Gell . frgt 290 Nous utilisons Cicéron uniquement pour la date de l’enlèvement des Sabines . Il ne constitue en revanche pas une source pour ce sénatus-consulte car Cicéron écrit iussit, ce qui sous-entend l’absence de sénatus-consulte . En outre, toujours selon Cicéron, le Sénat ne fut fondé qu’après, par Romulus et Titus Tatius .
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1 Cornell) . En effet, les peuples sollicités refusèrent l’offre, ce qui poussa Romulus au rapt des jeunes filles (en particulier les Sabines), après les avoir invitées à Rome à l’occasion des premières Consualia . Cl . Auliard estime invraisemblable la consultation du Sénat par Romulus en se fondant sur l’idée d’une incompétence du Sénat en matière de politique étrangère à l’époque royale, idée empruntée à P . M . Martin . Elle souligne aussi, à juste titre, que le but de cette démarche romuléenne était en fait d’offrir une justification au recours à l’enlèvement, par le refus insultant opposé aux demandes romaines . Cela renforce l’idée d’une invention ultérieure pour s’accorder à la notion de bellum iustum . Denys d’Halicarnasse ne mentionne pas ce sénatus-consulte et raconte directement l’enlèvement des jeunes filles, expliquant que Romulus aurait été persuadé que les peuples voisins n’auraient de toutes les façons jamais accepté librement semblables unions (D . H . 2 .30) . L’historien grec ajoute que le projet d’enlèvement aurait reçu l’approbation de Numitor . Notons cependant que, lorsqu’il cherche à expliquer les motivations de Romulus, Denys d’Halicarnasse fait lui-aussi état de la volonté de nouer des alliances, en écho à la notion de societas employée par TiteLive (D . H . 2 .31 .1 : Τῆς δὲ ἁρπαγῆς τὴν αἰτίαν οἱ μὲν εἰς σπάνιν γυναικῶν ἀναφέρουσιν, οἱ δ’ εἰς ἀφορμὴν πολέμου, οἱ δὲ τὰ πιθανώτατα γράφοντες, οἷς κἀγὼ συγκατεθέμην, εἰς τὸ συνάψαι φιλότητα πρὸς τὰς πλησιοχώρους πόλεις ἀναγκαίαν) . En revanche, comme le souligne R . Scevola, le récit livien ne signale pas d’intervention du Sénat à propos de l’enlèvement proprement dit, qui apparaît décidé par le roi à la demande de la Romana pubes (Liv . 1 .9 .6) . Bibliographie Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 1 et 8 n° 1 ; Auliard, Diplomatie 2006, 58, 85–86 et 90 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 ; Scevola, Deliberazioni 2017, 15–21 ; Volterra, Materiali 2018, n° 1 .
2 Sc. sur l’enlèvement des Sabines Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] D . H . 2 .30 .3 . Γνοὺς δὲ ταῦτα θεῷ μὲν εὐχὰς τίθεται πρῶτον ἀπορρήτων βουλευμάτων ἡγεμόνι, ἐὰν ἡ πεῖρα αὐτῷ χωρήσῃ κατὰ νοῦν θυσίας καὶ ἑορτὰς ἄξειν καθ’ ἕκαστον ἐνιαυτόν· ἔπειτα τῷ συνεδρίῳ τῆς γερουσίας ἀνενέγκας τὸν λόγον, ἐπειδὴ κἀκείνοις τὸ βούλευμα ἤρεσκεν, ἑορτὴν προεῖπε καὶ πανήγυριν ἄξειν Ποσειδῶνι καὶ περιήγγελλεν εἰς τὰς ἔγγιστα πόλεις καλῶν τοὺς βουλομένους ἀγορᾶς τε μεταλαμβάνειν καὶ ἀγώνων· καὶ γὰρ ἀγῶνας ἄξειν ἔμελλεν ἵππων τε καὶ ἀνδρῶν παντοδαπούς.
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Décision de Romulus, prise avec l’accord (ou après consultation) du Sénat (τῷ συνεδρίῳ τῆς γερουσίας), d’ordonner la tenue de fêtes et de sacrifices en l’honneur de Neptune (les premières Consualia) pour attirer les populations voisines de Rome dans l’Vrbs . L’objectif était de profiter de ces fêtes pour enlever les jeunes filles présentes et les marier de force aux Romains . Denys d’Halicarnasse ajoute que Romulus avait auparavant demandé l’avis de son grand-père Numitor qui approuva l’entreprise . Le roi fit également le vœu d’instituer des sacrifices et des fêtes annuelles si son plan réussissait . Si sénatus-consulte il y eut, il se contentait sans doute d’agréer aux volontés du monarque, le laissant libre d’organiser à sa guise l’enlèvement . La date exacte de la mesure est inconnue mais date probablement du début du règne, soit de la première année (753, Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict . frgt 6 Cornell), soit de la quatrième année (750, Gell . frgt 1 Cornell, cf . supra la notice n° 1) . Tite-Live (Liv . 1 .9 .6) ne mentionne pas ce sénatus-consulte . Il cite simplement un sénatus-consulte antérieur sur l’envoi de demandes officielles de mariage et d’alliance aux peuples voisins, demandes rejetées (cf . supra la notice n° 1) . C’est ce refus qui conduisit Romulus au choix de la violence . Le texte de Denys d’Halicarnasse est ici totalement inverse puisqu’il ignore le sénatus-consulte antérieur mentionné par Tite-Live, mais en présente un autre à l’origine des manigances de Romulus . Ces divergences témoignent de la réécriture de l’épisode qui fut « présenté comme fondateur du conubium » d’après M . Ver Eecke . Elle signale ainsi que l’enlèvement reçut une « triple caution, morale avec l’accord de Numitor, politique avec l’aval du Sénat et religieuse avec les promesses des oracles » . En revanche, si le Sénat n’intervient pas à propos de cet épisode dans le récit livien, c’est peut-être parce que Tite-Live le concevait comme une préfiguration des guerres civiles de la fin de la République, ce qu’illustrerait le discours des Sabins (Liv . 1 .13 .2) selon M . Ver Eecke . La version de Denys d’Halicarnasse serait donc postérieure et la mention d’un sénatus-consulte servirait à présenter sous un jour meilleur cette légende . En effet, selon D . Briquel, le rapt des Sabines constitue, avec l’asylum, le troisième épisode de fondation de la Ville après l’exploit initial du fondateur (Numitor restitué sur son trône), la fondation souveraine (la prise d’auspices avec les douze vautours), le sang versé (le combat fratricide avec Remus) . Cet épisode est bien sûr lié à la troisième fonction, les Sabines étant destinées à porter les enfants des premiers Romains . L’enlèvement mal compris et jugé embarrassant à l’époque classique (comme la mort de Rémus), fut remanié, ici avec l’ajout d’un sénatus-consulte . Soulignons également que dans les versions de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse, l’enlèvement ne concerne pas seulement des Sabines, mais d’autres peuples voisins, non mentionnés mais qui sont au moins les habitants de Caenina, Crustumérie et d’Antemnes puisqu’ils entrèrent en guerre contre Rome à la suite de l’enlèvement .
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Bibliographie Briquel, La triple fondation de Rome 1976, 170–175 ; Ver Eecke, République 2008, 82–84 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 ; Volterra, Materiali 2018, n° 2 .
3 Sc. sur la guerre contre Caenina, Crustumérie et Antemnes Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Liv . 1 .10 .4 . Sed effuse uastantibus fit obuius cum exercitu Romulus . [IV] D . H . 2 .32 .1–2 . Ὡς δὲ διεβοήθη τὰ περὶ τὴν ἁρπαγὴν τῶν παρθένων καὶ τὰ περὶ τοὺς γάμους εἰς τὰς πλησιοχώρους πόλεις, αἱ μὲν αὐτὸ τὸ πραχθὲν πρὸς ὀργὴν ἐλάμβανον, αἱ δ’ ἀφ’ ἧς ἐπράχθη διαθέσεως καὶ εἰς ὃ τέλος ἐχώρησεν ἀναλογιζόμεναι μετρίως αὐτὸ ἔφερον, κατέσκηψε δ’ οὖν ἀνὰ χρόνον εἰς πολέμους τοὺς μὲν ἄλλους εὐπετεῖς, ἕνα δὲ τὸν πρὸς Σαβίνους μέγαν καὶ χαλεπόν· οἷς ἅπασι τέλος ἐπηκολούθησεν εὐτυχές, ὥσπερ αὐτῷ τὰ μαντεύματα προεθέσπισε πρὶν ἐπιχειρῆσαι τῷ ἔργῳ πόνους μὲν καὶ κινδύνους μεγάλους προσημαίνοντα, τὰς δὲ τελευτὰς αὐτῶν ἔσεσθαι καλάς. Ἦσαν δὲ αἱ πρῶται πόλεις ἄρξασαι τοῦ πρὸς αὐτὸν πολέμου Καινίνη καὶ Ἄντεμνα καὶ Κρουστομέρεια, πρόφασιν μὲν ποιούμεναι τὴν ἁρπαγὴν τῶν παρθένων καὶ τὸ μὴ λαβεῖν ὑπὲρ αὐτῶν δίκας, ὡς δὲ τἀληθὲς εἶχεν ἀχθόμεναι τῇ κτίσει τε καὶ αὐξήσει τῆς Ῥώμης δι’ ὀλίγου πολλῇ γενομένῃ καὶ οὐκ ἀξιοῦσαι περιιδεῖν κοινὸν ἐπὶ τοῖς περιοίκοις ἅπασι κακὸν φυόμενον. [IV] D . H . 2 .33 .1 . Ἐπεὶ δ’ οὐδὲν ἐπέραινον ἀντικαθισταμένων αὐταῖς τῶν παρὰ τοῦ Ῥωμύλου πρεσβειῶν καὶ θεραπευουσῶν λόγοις τε καὶ ἔργοις τὸ ἔθνος, ἀχθόμεναι τῇ τριβῇ τοῦ χρόνου μελλόντων ἀεὶ τῶν Σαβίνων καὶ ἀναβαλλομένων εἰς χρόνους μακροὺς τὴν περὶ τοῦ πολέμου βουλὴν αὐταὶ καθ’ ἑαυτὰς ἔγνωσαν τοῖς Ῥωμαίοις πολεμεῖν, ἀποχρῆν οἰόμεναι τὴν οἰκείαν δύναμιν, εἰ καθ’ ἓν αἱ τρεῖς γένοιντο, μίαν ἄρασθαι πόλιν οὐ μεγάλην.
Après l’enlèvement des Sabines, les peuples voisins de Caenina, Crustumérie et d’Antemnes, ravagèrent le territoire romain . Romulus, sans doute avec l’accord du Sénat, leva une armée contre eux et les écrasa . Le sénatus-consulte n’est pas mentionné ici, mais la présentation donnée des institutions romaines par Tite-Live et Denys d’Halicarnasse (en particulier D . H . 2 .14 à comparer avec D . H . 4 .20 .2) permet de supposer l’existence d’un sénatus-consulte . Denys d’Halicarnasse ajoute que ces peuples utilisèrent l’enlèvement des jeunes filles comme prétexte pour attaquer une cité dont elles jalousaient la trop rapide prospérité (D . H . 2 .32 .2) . D’après M . Ver Eecke, cette précision appartient
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aux réécritures entreprises pour justifier cet épisode qui était utilisé par les adversaires de Rome, notamment lors de la Guerre Sociale, pour les critiquer . Elle faisait également remarquer que, tandis que Tite-Live présente systématiquement les guerres de Romulus comme défensives, Denys d’Halicarnasse attribue au premier roi l’initiative du conflit contre Antemnes et Crustumérie . Aussi le vote d’un sénatus-consulte permettrait-il de renforcer l’image de bellum iustum de ces conflits . Le texte de Denys d’Halicarnasse fait également mention d’ambassades envoyées par Romulus auprès des Sabins pour les dissuader de se joindre aux adversaires de Rome (D . H . 2 .33 .1) . Sous la République classique, une telle ambassade aurait nécessité un sénatus-consulte, mais rien ne permet de l’affirmer ici et nous préférons donc ne pas le retenir . Puisque le conflit succéda immédiatement à l’enlèvement des jeunes filles, on peut raisonnablement le dater de la même année du règne de Romulus, c’est-à-dire soit de la première année (753, Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict . frgt 6 Cornell), soit de la quatrième année (750, Gell . frgt 1 Cornell, cf . supra la notice n° 1) . La guerre contre Crustumérie et Antemnes est toutefois considérée par P . M . Martin comme un doublon des campagnes menées contre ces mêmes cités par Tarquin l’Ancien (Liv . 1 .38 .4 ; D . H . 3 .49–50), ce qui rendrait donc également anhistorique le sénatus-consulte approuvant la campagne de Romulus . Bibliographie Martin, Idée de royauté 1982, 164–165 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 1 et 8 n° 2 ; Ver Eecke, République 2008, 82–84 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 .
4 Sc. accordant un triomphe sur Caenina à Romulus Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . Romulus Martis f . rex ann . [I] / de Caeninensibus k . Mar[t .] . [IV] Plut . Rom. 16 .5–6 . Ὑπολαβὼν δὲ τῷ δεξιῷ τὸ τρόπαιον ὤμῳ προσερειδόμενον ὀρθόν, ἐβάδιζεν ἐξάρχων ἐπινικίου παιᾶνος ἐν ὅπλοις ἑπομένῃ τῇ στρατιᾷ, δεχομένων τῶν πολιτῶν μετὰ χαρᾶς καὶ θαύματος. Ἡ μὲν οὖν πομπὴ τῶν αὖθις θριάμβων ἀρχὴν καὶ ζῆλον παρέσχε, τὸ δὲ τρόπαιον ἀνάθημα Φερετρίου Διὸς ἐπωνομάσθη – τὸ γὰρ πλῆξαι φερῖρε Ῥωμαῖοι καλοῦσιν, εὔξατο δὲ πλῆξαι τὸν ἄνδρα καὶ καταβαλεῖν –, ὀπίμια δὲ τὰ σκῦλα, φησὶ Βάρρων, καθότι καὶ τὴν περιουσίαν ὄπεμ λέγουσι.
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
[IV] Solin . 1 .20 . De Caeninensibus egit primum triumphum, et Acroni regi eorum detraxit spolia, quae Ioui Feretrio primus suspendit et opima dixit . Rursum de Antemnatibus triumphauit, de Veientibus tertio . Apud Caprae paludem nonis Quintilibus apparere desiit .
Le premier triomphe attesté de l’histoire romaine fut celui de Romulus sur Caenina, même si Denys d’Halicarnasse signale d’abord un triomphe sur Antemnes (D . H . 2 .34 .1–2) . Inversement, Solin résume les trois triomphes de Romulus dans l’ordre suivant : Caenina, Antemnes, Véies . La présence du triomphe sur Antemnes dans les fastes est disputée car la deuxième ligne des triomphes attribués à Romulus est en effet complétée comme étant un triomphe de Camerineis par E . Pais (voir infra les notices n° 5 et 10), suivant l’ordre des triomphes donnés ailleurs par Denys d’Halicarnasse (D . H . 2 .54, voir infra la notice n° 10) . Cette correction a depuis été transformée en triomphe de Antemnatibus par A . Degrassi qui s’appuie sur l’ordre canonique des triomphes romuléens . Quel que soit l’ordre effectif (qui n’a de toute façon rien d’historique), ce triomphe est à placer lors de la première ou de la quatrième année du règne de Romulus, en fonction de la date retenue pour l’enlèvement des jeunes filles : première année (Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict . frgt 6 Cornell), quatrième année (Gell . frgt 1 Cornell, cf . supra la notice n° 1) . Les sources littéraires rapportent que, à l’occasion de ce premier triomphe, Romulus aurait inauguré cette cérémonie civique, également demeurée dans les mémoires pour avoir fourni le premier exemple de dépouilles opimes, à la suite de la victoire de Romulus sur Acron (Ampel . 21 .1 ; Auct. de uir. ill. 2 .4–5 ; Liv . 1 .10 .4–6 ; Plut ., Rom. 16 et Mar. 8 .6 ; Prop . 4 .10 .5 ; Serv . ad Aen. 6 .859 ; Val . Max . 3 .2 .3) . La victoire aurait également été suivie de la fondation du temple de Jupiter Feretrius (Liv . 1 .10-5-6) . Toutefois, comme le fait remarquer M . Ver Eecke, Plutarque, conscient de l’origine étrusque du triomphe, prend bien garde de préciser que Romulus était à pied, s’opposant au char dont parlait Denys d’Halicarnasse . F . Coarelli relève aussi cette différence en indiquant que Plutarque « polemizza con » Denys d’Halicarnasse et qu’en fait Romulus aurait triomphé selon le modèle latin archaïque de l’ovation, adoptant le schéma selon lequel ce modèle aurait précédé le triomphe classique d’importation étrusque . Pour M . Ver Eecke, on aurait ici une « romulisation » du triomphe, à la fois afin de l’enraciner davantage et parce qu’il était inconcevable que le premier roi n’ait pas eu cet honneur . Dans le même ordre d’idées, J . Poucet attribue cela au fait que Romulus agit comme un « aimant étiologique » pour de nombreuses institutions romaines . Si les Fastes mentionnent le triomphe de Romulus, ce serait à l’initiative d’Auguste selon J .-L . Bastien qui fait remarquer que le plus ancien nom de la liste des triomphateurs de Cicéron est Camille (Cic . Pis. 58) . Auguste aurait comparé le dépôt des enseignes parthiques non pas à la consécration des dépouilles opimes, mais à un triomphe . Comme l’écrit J .-L . Bastien (74) : « C’est à ce moment qu’Auguste dut se décider à faire réaliser la liste triomphale et à y faire
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inscrire un triomphe pour Romulus, cela lui permit de mettre en parallèle les épisodes de 753 et 19 . … Cela parachevait le monopole de l’empereur sur le triomphe » et renforcerait son identification avec le fondateur de Rome . Toutefois, quelques années plus tard, sur le Forum d’Auguste, Romulus était de nouveau représenté à pied portant le trophée qu’il allait dédier, d’où les remarques de Plutarque . C’est ainsi que la pompa accompagnant la dédicace des dépouilles opimes se mua en quasi-triomphe . Comme, en outre, la pompa triumphalis est très certainement d’origine étrusque, et que le premier triomphe mentionné par Tite-Live est celui d’un roi étrusque (cf . infra la notice n° 34), il faut tenir tous les triomphes antérieurs pour de simples reconstructions anhistoriques (cf . supra p . 29–31) . En tous les cas, en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe accordé pour la victoire sur Caenina . Comme ce triomphe, un tel sénatus-consulte n’en demeure pas moins anhistorique pour les raisons évoquées ci-dessus . Toutefois, D . Briquel n’exclut pas que la tradition ait ici conservé le souvenir d’une très ancienne victoire sur Caenina dont l’incorporation dans la ciuitas Romana est suggérée par la confrérie des sacerdotes Caeninenses . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 21–23 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 534 ; Coarelli, Foro Boario 1988, 430–432 ; Briquel, Lente genèse 2000, 42 ; Poucet, Rois 2000, 349–350 ; Bastien, Triomphe 2007, 67–74 ; Ver Eecke, République 2008, 107 en part . nt . 27 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 ; Volterra, Materiali 2018, n° 3 .
5 Sc. accordant un triomphe sur Antemnes à Romulus Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . [Ro]m[ulus] Marti[s f .] rex II / [de Antemnatibus ?---] a[nn/ I ?] . [IV] D . H . 2 .34 .1–4 . Τοῦτον δὲ τὸν τρόπον ἁλούσης τῆς πόλεως τὰ ὅπλα παραδοῦναι τοὺς ἁλόντας κελεύσας καὶ παῖδας εἰς ὁμηρείαν, οὓς ἐβούλετο, λαβὼν ἐπὶ τοὺς Ἀντεμνάτας ἐχώρει. Γενόμενος δὲ καὶ τῆς ἐκείνων δυνάμεως ἐσκεδασμένης ἔτι κατὰ τὰς προνομὰς τῇ παρ’ ἐλπίδας ἐφόδῳ καθάπερ καὶ τῆς προτέρας ἐγκρατὴς καὶ τὰ αὐτὰ τοὺς ἁλόντας διαθεὶς ἀπῆγεν ἐπ’ οἴκου τὴν δύναμιν, ἄγων σκῦλά τε ἀπὸ τῶν πεπτωκότων κατὰ τὴν μάχην καὶ ἀκροθίνια λαφύρων θεοῖς, καὶ πολλὰς ἅμα τούτοις θυσίας ἐποιήσατο. Τελευταῖος δὲ τῆς πομπῆς αὐτὸς ἐπορεύετο ἐσθῆτα μὲν ἠμφιεσμέ-
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Le triomphe de Romulus sur Antemnes est à placer lors de la première ou de la quatrième année du règne de Romulus, en fonction de la date retenue pour l’enlèvement des jeunes filles : première année (Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict . frgt 6 Cornell), quatrième année (Gell . frgt 1 Cornell, cf . supra la notice n° 1) . Il est mentionné par Solin et par Denys d’Halicarnasse, lesquels divergent sur l’ordre de ces triomphes . Sa mention dans les fastes triomphaux n’est pas certaine et repose sur la reconstruction de la deuxième ligne par A . Degrassi (voir supra la notice n° 4) . Tite-Live se contente d’évoquer la guerre contre Antemnes mais ne parle pas de triomphe (Liv . 1 .11 .1) . En tous les cas, en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe sur Antemnes . Cependant, pour les mêmes raisons que celles exposées à la notice précédente, l’historicité de ce triomphe est impossible . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 21–23 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 534 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 .
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6 Sc. sur la paix avec Caenina, Antemnes et Crustumerium Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Liv . 1 .11 .3–4 . Inde contra Crustuminos profectus bellum inferentes . Ibi minus etiam, quod alienis cladibus ceciderant animi, certaminis fuit . Vtroque coloniae missae : plures inuenti qui propter ubertatem terrae in Crustuminum nomina darent . Et Romam inde frequenter migratum est, a parentibus maxime ac propinquis raptarum . [II] D . H . 2 .35 .1–6 . Ὡς δ’ ἀπέδωκε τοῖς θεοῖς ὁ βασιλεὺς τὰς χαριστηρίους θυσίας τε καὶ ἀπαρχάς, πρὶν ἢ τῶν ἄλλων τι διαπράξασθαι βουλὴν ἐποιεῖτο περὶ τῶν κρατηθεισῶν πόλεων, ὅντινα χρηστέον αὐταῖς τρόπον, αὐτὸς ἣν ὑπελάμβανε κρατίστην εἶναι γνώμην, πρῶτος ἀποδειξάμενος. ὡς δὲ πᾶσι τοῖς ἐν τῷ συνεδρίῳ παροῦσιν ἥ τε ἀσφάλεια τῶν βουλευμάτων τοῦ ἡγεμόνος ἤρεσκε καὶ ἡ λαμπρότης τά τε ἄλλα ὅσα ἐξ αὐτῶν γενήσεται τῇ πόλει χρήσιμα οὐκ ἐν τῷ παραχρῆμα μόνον ἀλλὰ καὶ εἰς ἅπαντα τὸν ἄλλον χρόνον ἐπῃνεῖτο, συνελθεῖν κελεύσας τὰς γυναῖκας ὅσαι τοῦ τε Ἀντεμνατῶν καὶ τοῦ Καινινιτῶν ἐτύγχανον οὖσαι γένους, ἡρπασμέναι δὲ ἅμα ταῖς ἄλλαις, ἐπεὶ δὲ συνῆλθον ὀλοφυρόμεναί τε καὶ προκυλιόμεναι καὶ τὰς τῶν πατρίδων ἀνακλαίουσαι τύχας, ἐπισχεῖν τῶν ὀδυρμῶν καὶ σιωπῆσαι κελεύσας ἔλεξε· Τοῖς μὲν ὑμετέροις πατράσι καὶ ἀδελφοῖς καὶ ὅλαις ταῖς πόλεσιν ὑμῶν ἅπαντα τὰ δεινὰ ὀφείλεται παθεῖν, ὅτι πόλεμον ἀντὶ φιλίας οὔτε ἀναγκαῖον οὔτε καλὸν ἀνείλοντο· ἡμεῖς δὲ πολλῶν ἕνεκεν ἐγνώκαμεν μετρίᾳ χρήσασθαι γνώμῃ πρὸς αὐτοὺς θεῶν τε νέμεσιν ὑφορώμενοι τὴν ἅπασι τοῖς ὑπερόγκοις ἐνισταμένην καὶ ἀνθρώπων φθόνον δεδιότες ἔλεόν τε κοινῶν κακῶν οὐ μικρὸν ἔρανον εἶναι νομίζοντες, ὡς κἂν αὐτοί ποτε τοῦ παρ’ ἑτέρων δεηθέντες, ὑμῖν τε οὐ μεμπταῖς ὑπαρχούσαις μέχρι τοῦδε περὶ τοὺς ἑαυτῶν ἄνδρας οὐ μικρὰν οἰόμενοι ταύτην ἔσεσθαι τιμὴν καὶ χάριν. Παρίεμεν οὖν αὐτοῖς τὴν ἁμαρτάδα ταύτην ἀζήμιον καὶ οὔτε ἐλευθερίαν οὔτε κτῆσιν οὔτ’ ἄλλο τῶν ἀγαθῶν οὐδὲν τοὺς πολίτας ὑμῶν ἀφαιρούμεθα. Ἐφίεμεν δὲ τοῖς τε μένειν γλιχομένοις ἐκεῖ καὶ τοῖς μετενέγκασθαι βουλομένοις τὰς οἰκήσεις ἀκίνδυνόν τε καὶ ἀμεταμέλητον τὴν αἵρεσιν. Τοῦ δὲ μηδὲν ἔτι αὐτοὺς ἐπεξαμαρτεῖν μηδ’ εὑρεθῆναί τι χρῆμα, ὃ ποιήσει τὰς πόλεις διαλύσασθαι τὴν πρὸς ἡμᾶς φιλίαν, φάρμακον ἡγούμεθα κράτιστον εἶναι πρὸς εὐδοξίαν τε καὶ πρὸς ἀσφάλειαν τὸ αὐτὸ χρήσιμον ἀμφοτέροις, εἰ ποιήσαιμεν ἀποικίας τῆς Ῥώμης τὰς πόλεις καὶ συνοίκους αὐταῖς πέμψαιμεν αὐτόθεν τοὺς ἱκανούς. ῎Απιτε οὖν ἀγαθὴν ἔχουσαι διάνοιαν καὶ διπλασίως ἢ πρότερον ἀσπάζεσθε καὶ τιμᾶτε τοὺς ἄνδρας, ὑφ’ ὧν γονεῖς τε ὑμῶν ἐσώθησαν καὶ ἀδελφοὶ καὶ πατρίδες ἐλεύθεραι ἀφίενται. Αἱ μὲν δὴ γυναῖκες ὡς ταῦτ’ ἤκουσαν περιχαρεῖς γενόμεναι καὶ πολλὰ δάκρυα ὑφ’ ἡδονῆς ἀφεῖσαι μετέστησαν ἐκ τῆς ἀγορᾶς, ὁ δὲ Ῥωμύλος τριακοσίους μὲν ἄνδρας εἰς ἑκατέραν ἀποίκους ἀπ- έστειλεν, οἷς ἔδοσαν αἱ πόλεις τρίτην κατακληρουχῆσαι μοῖραν τῆς ἑαυτῶν γῆς.
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Décision du Sénat validant un projet de Romulus sur le sort à réserver aux cités de Caenina, d’Antemnes et de Crustumerium . Ces cités avaient été vaincues lors de la guerre suivant l’enlèvement des Sabines, ce qui avait permis à Romulus de réaliser le premier triomphe romain et le dépôt des premières dépouilles opimes . Ce sénatus-consulte a donc pour objet de valider le projet de Romulus d’envoyer des colonies de trois cents hommes dans les cités vaincues . Sur place, un tiers du territoire de chaque cité fut donné aux colons pour se le partager . En contrepartie, ces cités purent envoyer à Rome ceux de leurs habitants qui le souhaitaient . Le cas de Crustumerium semble avoir été un peu différent puisque, chez Denys d’Halicarnasse, il y a bien mention de colonie, mais pas de l’envoi de citoyens en contrepartie (évoqué par Tite-Live en revanche) . Selon F . Canali De Rossi, Crustumerium aurait été liée à Rome par un traité (D . H . 3 .49 .4), ce qui expliquerait l’envoi de nourriture lors de la famine qui survint quelques années plus tard (D . H . 2 .53 .2) . Tite-Live mentionne bien la création de ces colonies mais ne fait nulle mention d’un quelconque sénatus-consulte . Il insiste cependant sur la recherche de concordia qui fonderait cette décision, inspirée par Hersilia (Liv . 1 .11 .2), principe que l’on ne retrouve pas dans les autres récits . Selon B . Mineo, Tite-Live offrirait ainsi un parallèle entre les bases du pouvoir d’Octavien-Auguste et du fondateur de la cité auquel il entendait s’identifier . Enfin, il est impossible de préciser avec certitude s’il y eut un, deux ou trois sénatus-consultes . Comme le sort de ces trois villes fut similaire et qu’elles sont traitées ensemble dans nos sources, qui mettent à part les Sabins, on peut faire l’hypothèse (incertaine) d’un seul sénatus-consulte . J . Poucet considérait que ce lotissement de colons découlait de la transposition des problèmes de la fin de la République dans l’époque royale . E . Gabba faisait même dériver le récit de Denys d’Halicarnasse sur les distributions de terres d’un pamphlet syllanien qui, en attribuant une telle décision au premier roi de Rome, légitimait les lotissements des vétérans de Sylla . M . Ver Eecke y voit plutôt la continuité de la démonstration de Denys d’Halicarnasse qui s’efforçait d’expliquer les causes du succès romain : Romulus favorisait ainsi le modèle vertueux du paysan-soldat . P . M . Martin voit, lui, un « schéma absorption-colonisation » annonçant deux phénomènes importants découlant de la conquête : l’octroi de la citoyenneté aux vaincus, à condition qu’ils s’installent à Rome, et la déduction de colonies . La date exacte de la mesure est inconnue mais date probablement de la même année que l’enlèvement des jeunes filles puisque ces conflits sont présentés comme
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de courte durée dans les sources . Cela renvoie donc soit à la première année du règne de Romulus (753, Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict ., frgt 6 Cornell), soit à la quatrième année (750, Gell ., frgt 1 Cornell, cf . supra la notice n° 1) . Bibliographie Gabba, Studi su Dionigi I [1960] 2000, 105–106 ; Poucet, Rois 2000, 51 ; Martin, La tradition 2000, 68–71 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 1 en part . nt . 4 et 10 n° 9 ; Mineo, TiteLive 2006, 166–167 ; Ver Eecke, République 2008, 152–153 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 ; Volterra, Materiali 2018, n° 6 .
7 Sc. sur la guerre contre les Sabins Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Liv . 1 .11 .5 . Nouissimum ab Sabinis bellum ortum, multoque id maximum fuit . [IV] D . H . 2 .32 .1 . Ὡς δὲ διεβοήθη τὰ περὶ τὴν ἁρπαγὴν τῶν παρθένων καὶ τὰ περὶ τοὺς γάμους εἰς τὰς πλησιοχώρους πόλεις, αἱ μὲν αὐτὸ τὸ πραχθὲν πρὸς ὀργὴν ἐλάμβανον, αἱ δ’ ἀφ’ ἧς ἐπράχθη διαθέσεως καὶ εἰς ὃ τέλος ἐχώρησεν ἀναλογιζόμεναι μετρίως αὐτὸ ἔφερον, κατέσκηψε δ’ οὖν ἀνὰ χρόνον εἰς πολέμους τοὺς μὲν ἄλλους εὐπετεῖς, ἕνα δὲ τὸν πρὸς Σαβίνους μέγαν καὶ χαλεπόν· οἷς ἅπασι τέλος ἐπηκολούθησεν εὐτυχές, ὥσπερ αὐτῷ τὰ μαντεύματα προεθέσπισε πρὶν ἐπιχειρῆσαι τῷ ἔργῳ πόνους μὲν καὶ κινδύνους μεγάλους προσημαίνοντα, τὰς δὲ τελευτὰς αὐτῶν ἔσεσθαι καλάς.
À la suite de l’enlèvement des Sabines, Rome eut à mener une série de guerres contre des peuples voisins . Dans ce cadre, Tite-Live et Denys d’Halicarnasse tendent à nettement séparer la guerre contre Caenina, Crustumérie et Antemnes, d’un côté, et celle contre les Sabins, de l’autre . Cette guerre est présentée comme plus dure, et comme ayant été déclenchée plus tard (après le règlement du conflit avec ces trois autres cités) . Aucun sénatus-consulte n’est ici directement mentionné par nos sources, mais la présentation donnée des institutions romaines par Tite-Live et Denys d’Halicarnasse (en particulier D . H . 2 .14 à comparer avec 4 .20 .2) permet d’en supposer l’existence . Comme, en outre, ce conflit apparaît comme différent des autres (y compris dans sa résolution, cf . infra la notice n° 8), il est possible de faire l’hypothèse d’un sénatus-consulte à part . Puisque cette guerre succéda immédiatement à l’enlèvement des jeunes filles par les Romains, on peut raisonnablement la dater de la même année du règne de
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Romulus, c’est-à-dire soit de la première année (753, Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict . frgt 6 Cornell), soit de la quatrième année (750, Gell . frgt 1 Cornell, cf . supra la notice n° 1) . D . Briquel suggère de faire de cette guerre contre les Sabins un doublet de celles contre Antemnes, Caenina et Crustumérium . En effet, les conflits prévisibles contre ces proches voisines de Rome servaient de cadre aux récits étiologiques sur le triomphe de Romulus (cf . supra les notices n° 4 et 5) et son dépôt des dépouilles opimes, alors que la guerre contre les Sabins signifiait un « saut géographique autant que quantitatif » . Cette guerre offre également le cadre d’un récit étiologique faisant de Romulus le premier chef à recourir au vœu dimicatoire et à vouer ainsi un temple à Jupiter Stator291 . Suivant les travaux de J . Poucet, D . Briquel place l’insertion de l’élément sabin, et donc de cette guerre débouchant sur la double royauté, vers la fin du VIe siècle . Bibliographie Briquel, Lente genèse 2000, 32–34 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 .
8 Sc. sur la paix avec les Sabins Règne de Romulus (1ère ou 4e année du règne) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [II] D . H . 2 .45 .4 . Γίνεται δὴ μετὰ τοῦτο δόγμα τοιόνδε βουλῆς· ὅσαι τοῦ Σαβίνων γένους ἦσαν ἔχουσαι τέκνα, ταύταις ἐξουσίαν εἶναι καταλιπούσαις τὰ τέκνα παρὰ τοῖς ἀνδράσι πρεσβεύειν ὡς τοὺς ὁμοεθνεῖς, ὅσαι δὲ πλειόνων παίδων μητέρες ἦσαν ἐπάγεσθαι μοῖραν ἐξ αὐτῶν ὁσηνδήτινα καὶ πράττειν ὅπως εἰς φιλίαν συνάξουσι τὰ ἔθνη.
Sénatus-consulte qui prend place durant la guerre romano-sabine, faisant suite à l’enlèvement des Sabines . Face à l’enlisement du conflit, les Sabines vivant à Rome depuis leur rapt parvinrent à obtenir une audience au Sénat . À la suite de leur proposition, un sénatus-consulte fut voté les autorisant à aller jouer le rôle d’ambassadrices auprès de leur peuple pour rétablir la paix entre Romains et Sabins292 . 291 Voir en dernier lieu Aberson, Dire le vœu 2010, 493–497 et Engerbeaud, Rome devant la défaite 2017, 143 . 292 Cette version de l’histoire avec ambassade est notamment celle suivie par J . Poucet . Signalons cependant que Camous, Ancus Marcius 2004, 293–295 la récuse au profit d’une analyse de ces combats, et de l’intervention des Sabines, comme « un combat rituel entre chefferies primitives », rapproché de certaines données anthropologiques .
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Le sénatus-consulte leur laissait même toute liberté pour décider des conditions de paix . Leur action fut efficace et aboutit à un traité romano-sabin et à la double royauté assumée par Romulus et Titus Tatius (D . H . 2 .46 et Liv . 1 .13 .4–5) . Selon M . Ver Eecke, l’initiative des Sabines appartenait aux efforts de réécriture de la légende de l’enlèvement des Sabines pour en « gomm[er] la brutalité » et en faire une étiologie du conubium plus acceptable (à laquelle s’ajoutèrent les étiologies du mariage par raptus, du cri Thalassio…) . Cet adoucissement de l’épisode se retrouverait chez Denys d’Halicarnasse à la fois avec l’interdiction d’abuser des jeunes filles, édictée par Romulus (D . H . 2 .30 .4), et avec l’intervention des Sabines sous forme d’ambassades et non plus directement sur le champ de bataille comme dans le récit livien (Liv . 1 .13 .1–4) . Cet épisode pourrait également contribuer à effacer ce qui s’apparente à un désastre militaire face aux Sabins (prise de l’arx à la suite de la trahison de Tarpeia, échec de la contre-attaque menée par Hostius Hostilius qui y trouve la mort…) qui, selon M . Engerbeaud, « remet en cause in fine la souveraineté même du roi sur sa cité » (partage du pouvoir avec Titus Tatius) . Toutefois cette défaite a été perçue « par les historiens romains dans une dimension valorisante, car le récit de cet événement aboutit à renforcer la cohésion de la cité » . Avec cette ambassade et la paix retrouvée, l’issue de la guerre peut même apparaître comme victorieuse et fait remonter aux origines de Rome le refus de la défaite que l’on retrouve si souvent dans la tradition . Enfin, J . Poucet réfute ce sénatus-consulte qui serait une manifestation du légalisme excessif et gratuit de Denys d’Halicarnasse . La date exacte de la mesure est inconnue mais doit se situer au début du règne de Romulus, dans les mois voire les années qui suivent l’enlèvement des Sabines . Or ce dernier est daté soit de la première année du règne de Romulus (753, Cic . rep. 2 .12 ; D . H . 2 .31 .1 et Fab . Pict . frgt 6 Cornell), soit de la quatrième année (750, Gell . frgt 1 Cornell, cf . supra la notice n° 1) . Bibliographie Poucet, Rois 2000, 69 et 305 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 1 et 8–9 n° 4 ; Ver Eecke, République 2008, 81–82 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24 et 229 ; Engerbeaud, Rome devant la défaite 2017, 94–95 et 316–317 ; Volterra, Materiali 2018, n° 7 .
9 Sc. sur la deditio de Sabins Règne de Romulus, vers 745 (ou 741 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [III] Macer . hist. frgt 9 Cornell (= frgt 5 Peter = frgt 4 Walt = frgt 4 Chassignet, apud D . H . 2 .52 .4) .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Sénatus-consulte pris à l’initiative de Romulus et du Sénat à propos d’un conflit avec Lavinium . Des amis du roi Titus Tatius ayant commis des actes de brigandage en territoire laviniate, les habitants de cette cité envoyèrent une ambassade à Rome pour demander réparation . Romulus aurait décidé que les coupables devaient être livrés à Lavinium, ce à quoi s’opposa Titus Tatius . Sur le chemin du retour, les ambassadeurs laviniates déboutés furent même molestés par des Sabins proches de Titus Tatius . Certains furent tués et seuls quelques-uns parvinrent à s’enfuir . Une nouvelle ambassade vint alors se plaindre à Rome et Romulus imposa cette fois la livraison des coupables, ce qui conduisit à une crise entre lui et Titus Tatius . Ce dernier mena alors une expédition pour délivrer ses proches livrés aux Laviniates . C’est ce comportement qui expliquerait l’assassinat de Titus Tatius la même année lors d’un déplacement à Lavinium en compagnie de Romulus (voir F . Canali De Rossi pour le résumé et les sources sur ces ambassades) . Après avoir narré ces événements, Denys d’Halicarnasse ajoute un autre récit de la mort de Titus Tatius (toujours à Lavinium mais sans la présence de Romulus), dû à un certain Licinius qui est très certainement C . Licinius Macer . Selon lui, Titus Tatius serait venu seul à Lavinium pour convaincre les Laviniates d’abandonner toute idée de vengeance contre les coupables . Il y serait mort lapidé par la foule en colère . C’est dans ce passage que l’historien grec indique l’existence de ce sénatus-consulte – peut-être un simple décret judiciaire – en expliquant que le choix de livrer les Sabins avait été décidé par Romulus et par le Sénat . Cette décision sénatoriale reproduite par D . H . 2 .52 .4 était donc mentionnée dans le texte de C . Licinius Macer, ce qui tendrait à indiquer que, pour cet historien, le Sénat aurait bien fonctionné dès l’époque royale . M . Ver Eecke estime que Denys d’Halicarnasse utilisait cet épisode pour montrer le caractère « civilisé » de la Rome royale et « pour fonder l’exercice de la justice à Rome » . Cela expliquerait cette citation de C . Licinius Macer puisqu’un sénatus-consulte contribuait à donner l’image d’une justice véritable . C’est un passage d’importance puisqu’il s’agit d’un des rares sénatus-consultes d’époque royale qui nous soit rapporté par une source autre que Denys d’Halicarnasse ou Tite-Live . Ce dernier passe d’ailleurs rapidement sur cette affaire pour préserver l’idée d’une concordia entre les deux rois qu’il s’était efforcé de mettre en scène (Liv . 1 .13 .4–8), s’inspirant peut-être du discours augustéen de la fin des guerres civiles et surtout faisant de la concorde la cause du développement de Rome selon B . Mineo . Denys d’Halicarnasse indique que la mort de Titus Tatius se produisit après qu’il eut combattu trois ans Romulus puis régné avec lui cinq ans (D . H . 2 .52 .5) .
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Ces huit années permettraient de placer cet événement vers 745 . Toutefois, D . H . 2 .31 .1 (dans la foulée de Gell . frgt 1 Cornell) place l’enlèvement des Sabines durant la quatrième année du règne de Romulus et non en 753 . Suivant cette chronologie, il faudrait placer l’événement vers 741 . Bibliographie Poucet, Recherches 1967, 276–292 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 1 et 9–10 n° 5–8 ; Mineo, TiteLive 2006, 168 ; Ver Eecke, République 2008, 94–95 ; Cornell, Fragments III 2013, 23–24, 229 et 425–426 ; Volterra, Materiali 2018, n° 8 .
10 Sc. accordant un triomphe sur Caméria à Romulus Règne de Romulus, vers 745 (ou 741 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] D . H . 2 .54 .2 . Ἐκ ταύτης τῆς στρατείας καὶ δεύτερον θρίαμβον κατήγαγε καὶ ἀπὸ τῶν λαφύρων τέθριππον χαλκοῦν ἀνέθηκε τῷ Ἡφαίστῳ καὶ παρ’ αὐτῷ τὴν ἰδίαν ἀνέστησεν εἰκόνα ἐπιγράψας Ἑλληνικοῖς γράμμασι τὰς ἑαυτοῦ πράξεις.
Après la mort de Titus Tatius vers 745 (ou vers 741, cf . supra la notice n° 9), Romulus mena des campagnes contre Fidènes293 et contre Caméria . Cette dernière guerre lui valut un triomphe mentionné seulement par Denys d’Halicarnasse . La présence de ce triomphe dans les Fasti triumphales n’est pas certaine . E . Pais la supposait dans une ligne incomplète (la deuxième), mais, depuis, A . Degrassi a restauré cette même ligne en y voyant la mention d’un triomphe de Antemnatibus (voir supra la notice n° 5) . En tous les cas, si on conserve ce triomphe, en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte dans ce cas . On pourra y ajouter D . H . 3 .62 .2 qui évoque aussi l’accord du Sénat pour les triomphes . Il s’agissait de la deuxième campagne romuléenne contre Caméria . Soulignons que Romulus aurait utilisé le butin de cette guerre pour ériger un quadrige à Héphaïstos et une statue de lui-même ornée d’une inscription en grec (sic) listant ses exploits, ce qui est bien entendu une invention de la tradition .
293 Anachronique selon Poucet, Rois 2000, 314 avec la bibliographie nt . 157 . Engerbeaud, Rome devant la défaite 2017, 95 fait remarquer qu’à l’occasion de la guerre contre Fidènes, Plutarque (Plut . Rom. 25 .3) est le seul à signaler une défaite sous Romulus, mais il s’agit de l’armée qui n’est pas commandée par le roi, occupé sur un autre front .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Pour toutes les raisons évoquées supra p . 29–31 et à la notice n° 4 sur le premier triomphe attribué à Romulus, un tel triomphe est anhistorique . À cela s’ajoute le fait que la guerre contre Caméria elle-même est un « faux des plus évidents » d’après P . M . Martin qui met en avant la double conquête de la ville dans la tradition : par Romulus, d’abord avec Titus Tatius, ensuite seul, puis la conquête postérieure par Tarquin l’Ancien (D . H . 3 .51 .2) . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 21–23 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 534 ; Martin, Idée de royauté 1982, 164 ; Volterra, Materiali 2018, n° 4 .
11 Sc. accordant un triomphe sur Véies à Romulus Règne de Romulus, vers 745 (ou 741 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] D . H . 2 .55 .5 . Οὗτος κατήχθη τρίτος ὑπὸ Ῥωμύλου θρίαμβρος μακρῷ τῶν προτέρων ἐκπρεπέστερος. Καὶ μετ’ οὐ πολὺ Οὐιεντανῶν πρεσβείας ἀφικομένης περὶ διαλύσεως τοῦ πολέμου καὶ συγγνώμην τῶν ἁμαρτημάτων ἀξιούσης λαβεῖν δίκας ὁ Ῥωμύλος αὐτοῖς ἐπιτίθησι τάςδε· χώραν τε παραδοῦναι Ῥωμαίοις τὴν προσεχῆ τῷ Τεβέρει, τοὺς καλουμένους Ἑπτὰ πάγους, καὶ τῶν ἁλῶν ἀποστῆναι τῶν παρὰ ταῖς ἐκβολαῖς τοῦ ποταμοῦ, τοῦ δὲ μηδὲν ἔτι νεωτερίσαι τὸ πιστὸν παρασχεῖν ὅμηρα πεντήκοντα ἀγαγόντας. [IV] Plut . Rom. 25 .5–7 . Γενομένης δὲ τῆς τροπῆς, ἀφεὶς φεύγειν τοὺς περιόντας ὁ Ῥωμύλος ἐπ’ αὐτὴν ἐχώρει τὴν πόλιν· οἱ δ’ οὐκ ἠνέσχοντο μεγάλης συμφορᾶς γενομένης, ἀλλὰ δεηθέντες ὁμολογίαν ἐποιήσαντο καὶ φιλίαν εἰς ἔτη ἑκατόν, χώραν τε πολλὴν προέμενοι τῆς ἑαυτῶν, ἣν Σεπτεμπάγιον καλοῦσιν, ὅπερ ἐστὶν ἑπταμόριον, καὶ τῶν παρὰ τὸν ποταμὸν ἐκστάντες ἁλοπηγίων, καὶ πεντήκοντα τῶν ἀρίστων ὁμήρους ἐγχειρίσαντες. Ἐθριάμβευσε δὲ καὶ ἀπὸ τούτων εἰδοῖς Ὀκτωβρίαις, ἄλλους τε πολλοὺς αἰχμαλώτους ἔχων καὶ τὸν ἡγεμόνα τῶν Βηίων, ἄνδρα πρεσβύτην, ἀφρόνως δόξαντα καὶ παρ’ ἡλικίαν ἀπείρως τοῖς πράγμασι κεχρῆσθαι. Διὸ καὶ νῦν ἔτι θύοντες ἐπινίκια, γέροντα μὲν ἄγουσι δι’ ἀγορᾶς εἰς Καπιτώλιον ἐν περιπορφύρῳ, βοῦλλαν αὐτῷ παιδικὴν άψαντες, κηρύττει δ’ ὁ κῆρυξ Σαρδιανοὺς ὠνίους. Τυρρηνοὶ γὰρ ἄποικοι Σαρδιανῶν λέγονται, Τυρρηνικὴ δὲ πόλις οἱ Βήιοι. [IV] Solin . 1 .20 . De Caeninensibus egit primum triumphum, et Acroni regi eorum detraxit spolia, quae Ioui Feretrio primus suspendit et opima dixit . Rursum de Antemnatibus triumphauit, de Veientibus tertio . Apud Caprae paludem nonis Quintilibus apparere desiit .
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Après les campagnes contre Fidènes et Caméria, Romulus mena aussi une guerre contre Véies . Ce conflit, plus long que les précédents, s’acheva sur une victoire totale des Romains et un nouveau triomphe accordé à Romulus, le troisième selon nos sources (la liste de ces triomphes variant suivant l’auteur) . Plutarque ajoute à son récit de ce triomphe l’origine d’une coutume romaine (voir aussi Plut . QR 53 = Mor. 277 C–D sur cette coutume) . Aucune de ces deux sources ne mentionne explicitement de sénatus-consulte et ce triomphe n’est pas mentionné dans ce qui nous est conservé des Fasti triumphales (il manque des lignes à cet endroit) . Il l’est en revanche par Solin . En raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe sur Véies . Cependant, selon M . Ver Eecke, cette victoire sur Véies, ayant valu à Romulus un triomphe sur un quadrige tiré par des chevaux blancs (Prop . 4 .10 .11–12), est une invention en lien avec la figure de Camille . C’est ce triomphe grandiose que César aurait voulu imiter en 46 . P . M . Martin estime même que la corrélation entre Camille et Romulus sur ce point ne fut sans doute réalisée qu’après 46 et le triomphe de César . De fait, Tite-Live mentionne les campagnes militaires contre Véies mais pas le triomphe (Liv . 1 .15) . Le premier triomphe mentionné par Tite-Live est attribué à Tarquin l’Ancien, suivant l’hypothèse d’une origine étrusque de la pompa triumphalis (voir infra la notice n° 34), ce qui conduit à douter très sérieusement de l’existence des triomphes antérieurs (voir cf . supra p . 29–31) . À cela s’ajoute que la guerre contre Véies est considérée comme un anachronisme, une projection de la situation des VIe-Ve siècles dans la légende de Romulus294 . La guerre se serait conclue par un traité romano-véien prévu pour cent ans . Il prévoyait la livraison d’otages et sanctionnait la perte par Véies des Septem Pagi – un territoire de la rive gauche du Tibre – et de salines (cf . la notice suivante n° 12) . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 21–23 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 534 ; Martin, Idée de royauté 1982, 370–372 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 2 et 10–11 n° 12 et 13 ; Ver Eecke, République 2008, 379–380 ; Volterra, Materiali 2018, n° 5 .
12 Sc. sur l’ager Veientibus et sur les otages véiens Règne de Romulus, entre 745/741 et 717 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . 294 Alföldi, Early Rome 1963, 131–135 ; Ogilvie, Commentary 1965, 81 ; Martin, Idée de royauté 1982, 167–169 ; Poucet, Rois 2000, 314–316 .
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Décision de Romulus concernant le sort du territoire pris à Véies durant la guerre et le sort des otages véiens . Plutarque nous apprend que Romulus décida de distribuer le territoire aux soldats et de rendre à Véies les otages . Cette décision aurait été prise sans l’accord des sénateurs et contre leur volonté . Le texte de Plutarque n’est pas parfaitement clair et peut s’interpréter de deux façons : soit Romulus passa outre une décision du Sénat, soit il ne consulta pas le Sénat . Dans le premier cas, il faut donc supposer l’existence d’un sénatus-consulte, incertain il est vrai . Toutefois, dans les deux cas, il s’agissait de mettre en avant la dérive tyrannique du premier roi de Rome, avec peut-être une mise en parallèle de Romulus et de Camille selon M . Ver Eecke . La distribution du territoire de Véies est évoquée par Denys d’Halicarnasse (D . H . 2 .55 .5–6 et 3 .6 .1) sans aucune mention d’un sénatus-consulte, de même que Tite-Live qui évoque seulement la paix et la confiscation d’une partie du territoire (Liv . 1 .15 .5) . Il en va de même pour la question des otages véiens : elle est mentionnée par Dion Cassius (Dio 1 .5 .11 : Ὅτι ὁ Ῥωμύλος πρὸς τὴν γερουσίαν τραχύτερον διέκειτο καὶ τυραννικώτερον αὐτῇ προσεφέρετο, καὶ τοὺς ὁμήρους τοῖς Οὐηιένταις … καθ’ ἑαυτὸν καὶ οὐκ ἀπὸ κοινῆς γνώμης, ὥσπερ τὰ πολλὰ ἐγίγνετο) qui insiste sur le fait que Romulus prit la décision seul, sans l’accord du Sénat, ce qui irait plutôt dans le sens d’une absence de sénatus-consulte . Notons que D . Briquel « hésit[e] à conclure d’un épisode aussi légendaire … que les patres avaient un droit de regard sur les bénéfices de la guerre » . Enfin, pour A . Delcourt, en renvoyant les otages à Véies, Romulus « ne fait là rien d’autre que fonder l’hégémonie romaine sur la justice et le respect des populations vaincues » . De la sorte, Denys d’Halicarnasse transfigure la dérive tyrannique en acte fondateur positif et discrédite les régicides . La date de ce sénatus-consulte est inconnue mais prend place après la fin du conflit avec Véies qui eut probablement lieu à la fin des années 740, après la mort de Numitor (évoquée un peu auparavant par Plutarque) et avant la mort de Romulus (717) . Toutefois, comme l’épisode est rapporté vers la fin du récit de Plutarque, et que ce dernier indique que Romulus disparut peu de temps après, on peut supposer que l’historien le plaçait plutôt vers la fin de la vie de Romulus . Bibliographie Briquel, Lente genèse 2000, 80 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 2 n° 14 ; Delcourt, Lecture 2005, 259–261 ; Ver Eecke, République 2008, 233 ; Volterra, Materiali 2018, n° 10 .
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13 Sc. sur les distributions de blé Règne de Romulus, 717 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Aristob . Ital., in F Gr Hist 3 C, 830 .1 (apud Plut . Paral. Min. 32) . Δια τοὺς ἀστυγείτονας πολέμους ἡ σύγκλητος τῶν Ῥωμαίων τοῦ δήμου τὸ σιτόμετρον ἦρε· Ῥωμύλος δ’ ὁ βασιλεὺς βαρέως ἐνεγκὼν τῷ δήμῳ ἀπέδωκε· πολλοὺς δὲ τῶν μειζόνων ἐκόλαζεν. Οἱ δὲ φονεύσαντες αὐτὸν ἐν τῇ συγκλήτῳ βουλῇ καὶ διακόψαντες εἰς τοὺς κόλπους ἔβαλον. Ῥωμαῖοι δὲ μετὰ πυρὸς εἰς τὴν σύγκλητον ἔδραμον. Αἴλιος δὲ Πρᾶος τῶν ἐπισήμων ἀνὴρ εἶπε τὸν Ῥωμύλον ἐν ὄρει ἑωρακέναι μείζονα παντὸς ἀνθρώπου θεὸν γεγενῆσθαι. Ῥωμαῖοι δὲ πιστεύσαντες ἀνεχώρησαν· ὡς Ἀριστόβουλος ἐν τρίτῳ Ἰταλικῶν.
Un fragment de l’historien Aristobule, autrement inconnu, mentionne une décision de cesser les distributions de blé faites au peuple de Rome . Dans un premier temps, le passage ne parle pas du Sénat, mais de l’assemblée des Romains : ἡ σύγκλητος τῶν Ῥωμαίων . Il ne peut cependant s’agir ici que du Sénat puisque le texte explique que la décision provoqua la colère de Romulus qui rétablit les distributions et châtia plusieurs personnages puissants . Pour se venger du roi, ces derniers l’assassinèrent en plein conseil (le texte grec parle bien alors de la Βουλή) et le découpèrent en morceaux, ce qui fait référence ici à une des versions de la mort du premier roi de Rome . Par ailleurs, G . Forni a montré qu’à partir du IIe siècle, dans le langage officiel romain, on emploie σύγκλητος de préférence à Βουλή pour désigner le Sénat et Th . Mommsen relève également qu’il s’agit de l’appellation classique en grec . Ce texte semble donc conserver la trace d’un très ancien sénatus-consulte concernant des frumentationes . Denys d’Halicarnasse, qui présente pourtant plusieurs versions de la mort du premier roi, n’évoque pas ces distributions de blé et donne comme origine au conflit entre le roi et les sénateurs sa dérive tyrannique (D . H . 2 .56) . Or les distributions de blé appartiennent au registre des populares et permettent un parallèle avec M . Manlius Capitolinus ou Spurius Maelius, accusés tous deux d’adfectatio regni . La controverse autour des frumentationes rapportée par Aristobule exprimait également la dérive tyrannique d’un roi en fin de règne qui entendait se passer désormais de l’avis du Sénat et faire reposer son pouvoir sur le peuple . Denys d’Halicarnasse signale par ailleurs qu’on reprochait aussi à Romulus de traiter les nouveaux citoyens comme les anciens, donc d’élargir son assise populaire . Tous ces éléments tendent à présenter le meurtre de Romulus par les sénateurs comme une sorte de condamnation pour adfectatio regni, rapprochant la figure du premier roi de celle de Tarquin le Superbe295 . L’information d’Aristobule sur les frumentationes appar295 Martin, Idée de royauté 1994, 294–296 .
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tiendrait donc à une tradition antimonarchique sur la mort de Romulus similaire à celles mentionnées par Denys d’Halicarnasse et Tite-Live (Liv . 1 .16 .4) . Ajoutons que l’histoire du découpage du corps du roi fournit aussi un mythe étiologique à l’origine de l’auctoritas patrum et de l’interregnum . Ces morceaux du corps du roi emportés par chaque sénateur sont autant de témoignages charnels de leur aptitude ultérieure à gouverner . Ils manifestent que la souveraineté, en même temps que le corps démembré de Romulus, étaient désormais aux mains des patres296 . Bibliographie Mommsen, Dr. publ. VII 1891, 8–9 ; Forni, Ἰερά 1953, 56 ; Volterra, Materiali 2018, n° 11 .
Sénatus-consulte qui intervient au moment de la mort de Romulus et que Plutarque est seul à mentionner . La mort brutale de Romulus faisait l’objet de plusieurs versions contradictoires dès l’Antiquité, l’une d’entre elles l’attribuant aux sénateurs eux-mêmes297 . C’est cette version qui, selon Plutarque, explique ce sé296 Martin, Idée de royauté 1982, 229 parle du « transfert des forces magiques du roi-sorcier à son successeur » . Voir aussi Liou-Gille, Cultes héroïques 1980, 176 et Fraschetti, Il corpo del fondatore 2002 . 297 Pour Martin, Idée de royauté 1982, 210, cette vision de la mise à mort de Romulus par les sénateurs ne seraient pas antérieure à l’époque syllanienne . Sur les différentes versions de la mort de Romulus, voir aussi Capdeville, Volcanal 1995, 87–95, qui tend à préférer la version de la mort par fulguration qu’il rapproche de la figure de Vulcain .
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natus-consulte . En effet, inquiets des rumeurs leur attribuant l’assassinat de Romulus, les sénateurs décidèrent d’élever Romulus au rang de dieu et d’expliquer sa disparition de la sorte : il ne serait pas mort mais aurait été emporté au ciel où il serait devenu le dieu Quirinus (en ce sens aussi Cic . rep. 2 .10(20) qui est le premier à mentionner cette assimilation) . Une version un peu différente de l’événement (sans sénatus-consulte mais faisant intervenir le même Proclus appelé ici Julius Proclus) se trouve chez Ioann . Antioch . frgt 32 M . Selon B . Liou-Gille, l’assimilation de Romulus à Quirinus remonterait à la plus haute antiquité, avant la monarchie servienne, et s’expliquerait par la proximité des deux figures, liées chacune à l’instauration du monde civique et au développement de l’agriculture . Le culte du héros fondateur fut vraisemblablement instauré progressivement et ses premières traces apparaissent au IVe siècle . Par conséquent, la consécration ne devait certainement rien à une intervention du Sénat . Celle-ci pourrait être une invention tardive calquant le processus de divinisation de l’empereur à sa mort . Un tel sénatus-consulte rapporté par Plutarque a donc d’autant plus de chances d’être anhistorique que nous avons déjà observé que le Sénat intervenait peu dans les affaires religieuses (cf . supra p . 34) . Bibliographie Liou-Gille, Cultes héroïques 1980, 194–207 ; Volterra, Materiali 2018, n° 12 .
15 Sc. sur l’interrègne 717 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Cic . rep. 2 .12(23) . Ergo, inquit Scipio, cum ille Romuli senatus, qui constabat ex optimatibus, quibus ipse rex tantum tribuisset, ut eos patres uellet nominari patriciosque eorum liberos, temptaret post Romuli excessum ut ipse regeret sine rege rem publicam, populus id non tulit desiderioque Romuli postea regem flagitare non destitit ; cum prudenter illi principes nouam et inauditam ceteris gentibus interregni ineundi rationem excogitauerunt, ut, quoad certus rex declaratus esset, nec sine rege ciuitas nec diuturno rege esset uno nec committeretur, ut quisquam inueterata potestate aut ad deponendum imperium tardior esset aut ad optinendum munitior . [IV] Liv . 1 .17 .5–6 . Ita rem inter se centum patres, decem decuriis factis singulisque in singulas decurias creatis qui summae rerum praeessent, consociant . Decem imperitabant, unus cum
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Organisation du système de l’interrègne par les sénateurs à la mort de Romulus, procédure qui aboutit à son remplacement par Numa Pompilius . Rappelons que si les sources n’attribuent en général aucun enfant à Romulus (cf . D . H . 2 .56 .7),
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un certain Zénodotos de Trézène (cité par Plut . Rom. 14 .8, qui souligne que cette information est contredite par la plupart des historiens) rapporte pourtant qu’il aurait eu un fils (Aollius/Avillius) et une fille (Prima) avec la sabine Hersilia298 . Selon P . M . Martin, si les enfants potentiels de Romulus sont évacués de la succession, c’est « parce qu’il fallait qu’à Rome le roi fût élu sans que l’hérédité jouât aucune part » . Se jouait ici la singularité de la royauté élective à la romaine . Selon P . M . Martin toujours, derrière cette affirmation de royauté élective se cache en fait une règle de succession héréditaire : la succession exogamique en ligne utérine . Pouvaient ainsi succéder au roi son gendre, un fils de sa fille, de sa sœur ou de sa nièce (voire de la reine si elle avait connu deux lits) . L’élection ne servait alors qu’à départager ces prétendants299 . Cet historien n’explique cependant pas vraiment le choix d’une telle procédure . Ce refus d’une succession purement agnatique ne peut-il alors s’expliquer en raison de la patria potestas ? En effet, le fils qui deviendrait roi à la mort de son père passerait directement d’un statut de mineur à celui de chef suprême, ce qui serait pour le moins curieux . Romulus n’avait d’ailleurs pas de père : il était sui iuris de son propre fait, en fondant sa cité, un peu comme les parricides . Il était fratricide et c’est ainsi qu’il devint le seul roi, comme le parricide devient chef de famille de son fait d’après Yan Thomas . Tite-Live et Denys d’Halicarnasse décrivent tous les deux avec le plus de détails ce sytème relativement complexe en attribuant sa mise en place aux sénateurs (partage du Sénat en dix décuries avec choix d’un homme dans chaque décurie pour gouverner et avec un système de roulement), sans que l’on sache précisément si un seul sénatus-consulte ou plusieurs furent nécessaires . B . G . Niebuhr explique ce choix par le fait que les sénateurs se refusaient au départ à choisir un nouveau roi . Il n’est par ailleurs fait nulle mention d’un sénatus-consulte mais on doit nécessairement en supposer au moins un . C’est d’ailleurs ce que fait L . Gohary pour la République, en s’appuyant sur les procédures ultérieures : il est donc tout à fait compréhensible que nos auteurs en présupposent un . Ces deux auteurs diffèrent en revanche sur le rôle du peuple dans la procédure (cf . infra les notices n° 16 et 17) . Pour E . Friezer, suivi par R . M . Ogilvie, l’interrègne ne peut avoir existé avant l’expulsion des rois et la tradition rapportant un interregnum à la suite de la mort de Romulus remonterait au IIIe voire au IVe siècle . En effet, ce serait seulement lorsque le Sénat avait pris le contrôle du gouvernement et notamment de l’action des consuls, soit avant la fin du IIe siècle, que l’idée que les sénateurs devaient intervenir dans le choix du roi s’imposa . E . Friezer et R . M . Ogilvie attribuent donc 298 Plut . Rom . 17 .5 cite également un autre historien grec du nom d’Antigone, qui explique la mort de Tarpeia (considérée comme la fille de Titus Tatius), par le fait qu’elle aurait été la maîtresse de Romulus (Plutarque estime cette version invraisemblable) . Voir Capdeville, Volcanal 1995, 78–80 . 299 Martin, Royauté 1982, 58–67 y ajoute l’idée d’une association au pouvoir du futur roi par le roi en excercice .
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aux antiquaires syllaniens le peaufinage de cette tradition, lorsque l’interregnum fut ressuscité dans les années 80300 . Plus prudente, M . Ver Eecke pense que la propagande syllanienne put s’appuyer sur l’exemple de Numa Pompilius301 et des rois élus à l’issue d’un interrègne pour légitimer la dictature de Sylla . On insistera aussi, avec L . Capogrossi Colognesi, sur le fait que cette étrange institution ne trouve aucun parallèle dans le monde grec ou ailleurs et paraît strictement latine . Le texte de Plutarque conserve par ailleurs une variante originale (qualifiée de « phantastische Notiz » par A . O’Brien Moore) suivant laquelle les 150 sénateurs se seraient succédés toutes les douze heures, de façon à ce que chacun gouverne six heures du jour et six heures de la nuit . J . Jahn ne distingue pas les trois sénatus-consultes que nous distinguons et date l’interrègne de 713–712 . Bibliographie Niebuhr, Histoire I 1842, 220 et 329–332 ; Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970, 55 ; Martin, Idée de royauté 1982, 13 et 19–40 ; Caprogrossi Colognesi, Diritto 2007, 22–23 ; Ver Eecke, République 2008, 143 ; Gohary, Interregnum 2010, 33–44 ; Volterra, Materiali 2018, n° 13 .
16 Sc. sur l’interrègne 716 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [II] Liv . 1 .17 .9 . Decreuerunt enim ut, cum populus reges iussisset, id sic ratum esset si patres auctores fierent . [II] Liv . 1 .17 .10 . Quod bonum, faustum felixque sit, inquit, Quirites, regem create : ita patribus uisum est . [IV] D . H . 2 .57 .3–4 . Ἐπεὶ δ’ ἔδοξε τῷ δήμῳ παῦσαι τὰς δεκαδαρχίας ἀχθομένῳ ταῖς μεταβολαῖς τῶν ἐξουσιῶν διὰ τὸ μήτε προαιρέσεις ἅπαντας ὁμοίας ἔχειν μήτε φύσεις, τότε δὴ συγκαλέσαντες εἰς ἐκκλησίαν τὸ πλῆθος οἱ βουλευταὶ κατὰ φυλάς τε καὶ φράτρας ἀπέδωκαν αὐτῷ περὶ τοῦ κόσμου τῆς πολιτείας σκοπεῖν, εἴτε βασιλεῖ βούλεται τὰ κοινὰ ἐπιτρέπειν εἴτε ἀρχαῖς ἐνιαυσίοις. Οὐ μὴν ὅ 300 Sur la redéfinition de la place du Sénat dans la tradition, voir aussi Henderson, Potestas regia 1957 . 301 Rappelons ici la figure de modèle de Numa Pompilius, roi qui rechigne au pouvoir, écoute son père et proclame qu’il n’a rien de divin . Cf . Plut . Num. 5 .4–8 .
Ce sénatus-consulte porte cette fois sur le rôle du peuple dans la procédure de désignation du nouveau roi . Face à la prolongation de l’interrègne (un an à en croire D . H . 2 .62 .1, ce qui nous conduit en 716) et face au mécontentement du peuple envers ce système de rotation du pouvoir, le Sénat décida de réagir . À son initiative, le peuple fut consulté sur la forme de gouvernement à adopter mais refusa de se prononcer et s’en remit aux sénateurs . Le Sénat décida alors à l’unanimité de conserver un régime monarchique mais ne put s’entendre sur la façon de désigner le roi, en raison de dissensions en son sein (en particulier entre anciens et nouveaux sénateurs d’après D . H . 2 .62 .1–2 mais aussi, d’après Plutarque, division parfois présentée comme étant entre « vieux Romains » et Sabins) . Il n’est pas impossible que les sources augustéennes aient accentué la discorde pour faire écho aux guerres civiles qui accouchèrent du Principat302 . Nos deux sources principales divergent alors quant à la façon de présenter la décision du Sénat . Cette réflexion sur le meilleur des régimes réfléterait, selon J . Poucet, les préoccupations des annalistes républicains303 . Elle recoupe plus largement les débats causés par les guerres civiles, comme l’illustrent le de Republica de Cicéron ou le fameux dialogue entre Mécène et Agrippa censé avoir été tenu à l’aube du Principat augustéen . Tite-Live mentionne une simple décision sénatoriale pour un choix du roi par le peuple, mais avec accord obligatoire des pères ensuite . Selon R . Scevola, le terme decernere utilisé par Tite-Live « costituirebbe la riproposizione a livello superiore (ossia intergentilizio) dell’atto in cui venivano racchiuse le decisioni vincolanti all’interno di ciascuna gens »304 . Chez Denys d’Halicarnasse, on trouve cette querelle sur le mode de nomination du roi, avant le choix final d’un étranger (c’est-à-dire quelqu’un pris à l’extérieur du Sénat) présenté ensuite au peuple . La logique de Denys d’Halicarnasse est la suivante : le dernier interroi choisit le roi et l’annonce au peuple, lequel n’aurait donc pas de véritable rôle dans la procé302 En ce sens Martin, Idée de royauté 1994, 459–460 . 303 Poucet, Rois 2000, 52 . 304 Scevola, Deliberazioni 2017, 35 .
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dure . Toutefois, plus loin (D . H . 2 .60 .3), Denys d’Halicarnasse mentionne le vote du peuple en faveur de Numa Pompilius . Il s’accorde donc substantiellement avec Tite-Live sur un rôle important du peuple, en imaginant toutefois une procédure plus complexe (caractéristique des Antiquités romaines) qu’il est possible de résumer ainsi (comparer à D . H . 4 .40 .1–3 et D . H . 4 .80 .1–3, à peu près similaire, à l’exception de l’étape 5) : 1 .
Discussion au sein du Sénat sur le mode de choix, qui revient finalement aux anciens sénateurs puisqu’ils se sont engagés à choisir quelqu’un d’extérieur à leur groupe . C’est l’interroi qui s’en charge . 2 . Décision du Sénat : choix de Numa Pompilius . 3 . Annonce par l’interroi du choix de Numa Pompilius et envoi d’ambassadeurs désignés par l’interroi pour aller le quérir . 4 . Vote de confirmation du peuple . 5 . Confirmation des patriciens 6 . Consultation des augures On le voit, Denys d’Halicarnasse imagine une procédure très complexe, mélangeant plusieurs aspects de l’investiture des magistrats républicains dont il livre ici une sorte d’archéologie à laquelle Tite-Live n’oppose qu’une simple décision sénatoriale prévoyant le vote du peuple et une ratification sénatoriale a posteriori . Or cette décision, comme le souligne V . Mannino, n’est pas réalisée puisque le peuple préfère laisser au Sénat le choix du roi : la procédure dépeinte par Tite-Live ne s’éloigne donc pas tellement de celle des autres auteurs305 . Le récit livien témoigne ainsi du souvenir de trois éléments importants : la discorde entre les gentes, la rotation du pouvoir entre les patres et le fait que le Sénat choisisse le roi, le reste n’étant, selon R . Scevola, qu’« abbellimenti narrativi » adaptant l’organisation institutionnelle de la période républicaine à la désignation du roi latino-sabin306 . Néanmoins, du point de vue historique, la reconstitution de Tite-Live est plus crédible et, dans tous les cas, comme le rappelle Cl . Auliard, dans un contexte de vacance du pouvoir, seul le Sénat pouvait a priori se trouver chargé d’assurer la transition puisque la monarchie n’était pas conçue comme héréditaire . Ce particularisme de la royauté romaine est d’ailleurs symbolisé dans la tradition par le silence quasi unanime autour d’une éventuelle descendance de Romulus . Rappelons toutefois que, selon Plut . Num. 3 .8–9 Numa Pompilius aurait épousé Tatia, la fille de Titus Tatius qui avait été roi en même temps que Romulus . Son accession au trône respecterait donc la règle de succession exogamique en ligne utérine relevée par P . M . Martin . Comme Romulus aurait eu, selon au moins une tradition rapportée par Plutarque (cf . supra la notice n° 15) une fille (Prima), P . M . Martin avance 305 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 32 . 306 Scevola, Deliberazioni 2017, 24 et 49–50 .
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aussi l’hypothèse que la difficulté des sénateurs à se mettre d’accord pourrait s’expliquer par la difficulté à choisir entre la descendance de Prima et celle de Tatia307 . J . Jahn ne distingue pas les trois sénatus-consultes que nous distinguons et date l’interrègne de 713–712 . E . Pais estime que les éléments concernant le partage du pouvoir entre peuple et Sénat, dans le cadre de l’interrègne, ne sont que des reconstitutions tardives cherchant à expliquer les règles ultérieures de division des pouvoirs entre le peuple et l’auctoritas patrum . Quant à la durée particulièrement longue de ce premier interrègne – un an – il l’attribue aussi à de semblables reconstitutions érudites . M . Ver Eecke suppose également que les interrègnes de la période royale et en particulier celui ayant débouché sur l’élection de Numa Pompilius furent utilisés par la propagande syllanienne pour légitimer la dictature de Sylla . Elle estime également que Denys d’Halicarnasse se livrait ici à un topos, adaptant le débat entre Otanès, Mégabyze et Darius rapporté par Hérodote (Hdt . 3 .80–83) à la légende des origines romaine . De son côté, P . M . Martin insiste sur le fait que l’élément important de tous ces récits est la mise en avant du rôle du peuple, destinée à souligner la particularité de la monarchie élective romaine . Rappelons, enfin, que pour E . Friezer, suivi par R . M . Ogilvie, il n’y avait pas d’interrègne à l’époque royale (voir supra la notice n° 15) . Bibliographie Niebuhr, Histoire I 1842, 220 et 329–332 ; Pais, Storia d’Italia 1898, 240 et 282–283 ; Pais, Storia critica I .2 1913, 390 nt . 2 et 440–441 ; Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970, 55 ; Mannino, Auctoritas patrum 1979, 18–32 ; Martin, Idée de royauté 1982, 25–26, 45–47 et 59–60 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 2–3 et 11 n° 15 ; Auliard, Diplomatie 2006, 86–87 et 103 ; Caprogrossi Colognesi, Diritto 2007, 22–23 ; Ver Eecke, République 2008, 143 ; Scevola, Deliberazioni 2017, 21–40 ; Volterra, Materiali 2018, n° 14 .
17 Sc. sur l’interrègne 716 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Cic . rep. 2 .13(25) . Quibus cum esse praestantem Numam Pompilium fama ferret, praetermissis suis ciuibus regem alienigenam patribus auctoribus sibi ipse populus adsciuit eumque ad 307 Mentionnons aussi, pour mémoire, l’existence d’une hypothèse remontant à E . Pais, qui fait de Numa Pompilius et de Titus Tatius la même personne, le personnage du second étant un double fabriqué à partir du premier .
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regnandum Sabinum hominem Romam Curibus acciuit . Qui ut huc uenit, quamquam populus curiatis eum comitiis regem esse iusserat, tamen ipse de suo imperio curiatam legem tulit . [IV] Liv . 1 .17 .10–11 . Tum interrex contione aduocata, ‘Quod bonum, faustum felixque sit, inquit, Quirites, regem create : ita patribus uisum est . Patres deinde, si dignum qui secundus ab Romulo numeretur crearitis, auctores fient’ . Adeo id gratum plebi fuit ut, ne uicti beneficio uiderentur, id modo sciscerent iuberentque ut senatus decerneret qui Romae regnaret . [IV] Liv . 1 .18 .5 . Audito nomine Numae patres Romani, quamquam inclinari opes ad Sabinos rege inde sumpto uidebantur, tamen neque se quisquam nec factionis suae alium nec denique patrum aut ciuium quemquam praeferre illi uiro ausi, ad unum omnes Numae Pompilio regnum deferendum decernunt . [IV] Liv . 4 .3 .10 . En unquam creditis fando auditum esse, Numam Pompilium, non modo non patricium sed ne ciuem quidem Romanum, ex Sabino agro accitum, populi iussu, patribus auctoribus Romae regnasse ? [IV] D . H . 2 .60 .3 . Ἐκκλησίας δὲ μετὰ τοῦτο συναχθείσης, ἐν ᾗ διήνεγκαν ὑπὲρ αὐτοῦ τὰς ψήφους αἱ φυλαὶ κατὰ φράτρας καὶ τῶν πατρικίων ἐπικυρωσάντων τὰ δόξαντα τῷ πλήθει καὶ τελευταῖον ἔτι τῶν ὀρνιθοσκόπων αἴσια τὰ παρὰ τοῦ δαιμονίου σημεῖα ἀποφηνάντων παραλαμβάνει τὴν ἀρχήν.
Au terme de la longue procédure du premier interrègne (un premier sénatus-consulte a mis en place l’interrègne, un deuxième sénatus-consulte a décidé du mode de désignation du roi), Numa Pompilius est choisi comme roi . La procédure décrite tant par Tite-Live que par Denys d’Halicarnasse semble impliquer un accord du Sénat après le vote du peuple et, donc un troisième et dernier sénatus-consulte qui conclut le premier interrègne . Le récit de Tite-Live introduit cependant une nuance en ce que le peuple, sollicité pour donner son avis, décida de laisser le Sénat choisir seul . Cela signifierait, dans ce cas, qu’il n’y eut pas de confirmation du choix du peuple, mais un choix direct du Sénat, ce qui serait la procédure normale selon V . Mannino308 . J . Jahn ne distingue pas les trois sénatus-consultes comme nous le faisons et date l’interrègne de 713–712 . En revanche pour E . Friezer, suivi par R . M . Ogilvie, il n’y avait pas d’interrègne à l’époque royale (voir supra la notice n° 15) . Notons que, d’après M . Ver Eecke, Numa Pompilius fut le premier roi choisi par les hommes, Romulus ayant été choisi par les 308 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 32 et 40 .
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dieux . En outre, elle avance une tentative d’identifier Sylla à Numa Pompilius et, dans une moindre mesure aux autres rois élus à l’issue d’un interrègne, par la propagande syllanienne afin de justifier sa dictature . Bibliographie Niebuhr, Histoire I 1842, 220 et 329–332 ; Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970, 55 ; Ver Eecke, République 2008, 143 et 306 ; Volterra, Materiali 2018, n° 15 .
18 Sc. sur l’interrègne 673 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Cic . rep. 2 .17(31) . Mortuo rege Pompilio Tullum Hostilium populus regem interrege rogante comitiis curiatis creauit, isque de imperio suo exemplo Pompilii populum consuluit curiatim . [III] Liv . 1 .22 .1 . Numae morte ad interregnum res rediit . Inde Tullum Hostilium, nepotem Hostili cuius in infima arce clara pugna aduersus Sabonis fuerat, regem populus iussit ; patres auctores facti . [III] D . H . 3 .1 .1 . Τελευτήσαντος δὲ Πομπιλίου γενομένη πάλιν ἡ βουλὴ τῶν κοινῶν κυρία μένειν ἔγνω ἐπὶ τῆς αὐτῆς πολιτείας, οὐδὲ τοῦ δήμου γνώμην λαβόντος ἑτέραν, καὶ καθίστησιν ἐκ τῶν πρεσβυτέρων τοὺς ἄρξοντας τὴν μεσοβασίλειον ἀρχὴν εἰς ὡρισμένον τινὰ ἡμερῶν ἀριθμόν, ὑφ’ ὧν ἀποδείκνυται βασιλεύς, ὃν ἅπας ὁ δῆμος ἠξίου, Τύλλος Ὁστίλιος γένους ὢν τοιοῦδε· [IV] Zonar . 7 .6 .1 . Τοῦ δὲ Νομᾶ τελευτήσαντος καὶ μηδένα καταλιπόντος διάδοχον, Ὁστίλλιος Τοῦλλος ᾑρέθη παρὰ τοῦ δήμου καὶ τῆς βουλῆς.
À la mort de Numa Pompilius, un nouvel interrègne eut lieu, qui implique un nouveau sénatus-consulte, aboutissant au choix de Tullus Hostilius comme nouveau roi309 . Le texte de Tite-Live est conforme à la procédure imaginée pour la désigna309 Comme à la mort de Romulus, la descendance de Numa Pompilius est ici écartée du trône alors même que Plut . Num. 21 .1–2 indique qu’il eut une fille et, peut-être quatre fils . Comme ces fils sont présentés comme étant à l’origine de certaines gentes romaines, leur
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tion de Numa Pompilius : un choix du peuple avec ratification par le Sénat . Or, ce procédé, voulu par le Sénat, n’avait pas été suivi puisque le peuple avait laissé les sénateurs choisir le roi, c’est pourquoi V . Mannino suppose qu’en réalité les sénateurs ne confirmèrent pas le choix du populus mais proposèrent le nom du roi310 . De même, selon R . Scevola, Tite-Live « avrebbe adattato le procedure di designazione dei re latino-sabini ai modelli costituzionali posteriori », en particulier la potestas deliberandi du peuple sous la République et l’auctoritas patrum avant 339311 . Denys d’Halicarnasse insiste, lui, davantage sur le rôle du Sénat dans un premier temps, mais rappelle un peu plus loin le vote du peuple et la confirmation par les augures (D . H . 3 .1 .3), respectant donc le cheminement plus complexe exposé pour le choix du successeur de Romulus (cf . supra les notices n° 15, 16 et 17) . Cicéron présente une version un peu différente, sans mention d’un quelconque sénatus-consulte . J . Jahn date cet interrègne de 673–672 et dit qu’il fut inventé pour des raisons légalistes (« Sichtlich aus legalistischen Gründen erfunde »), sans avancer toutefois d’argument décisif . E . Volterra, lui, le situe en 672 puisqu’il date le précédent sénatus-consulte, sur le choix de Numa Pompilius, en 715 et qu’il compte 43 ans (D . H . 2 .76 .5) à partir de cette date, au lieu d’inclure la première année de règne selon le comput romain . Signalons que pour E . Friezer, suivi par R . M . Ogilvie, il n’y avait pas d’interrègne à l’époque royale (voir le sc. n° 15) . Bibliographie Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970, 55 ; Volterra, Materiali 2018, n° 16 .
19 Sc. sur la désignation des Horaces Règne de Tullus Hostilius . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu .
historicité est plus que douteuse . La figure de Tullus Hostilius n’en demeure pas moins intéressante car Martin, Royauté 1982, 26 rappelle qu’il serait le descendant de la Sabine Hersilia, avant que celle-ci n’épouse Romulus en secondes noces . En tant que fils d’une reine (quoique d’un premier lit), il respecterait la règle de la succession exogamique en ligne utérine . 310 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 32 et 40 . 311 Scevola, Deliberazioni 2017, 49 .
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Durant le règne de Tullus Hostilius, Albe et Rome entrèrent en conflit à l’instigation de l’albain Cluilius . Avant le début des hostilités, Cluilius mourut et fut remplacé par Mettus Fufetius, qui ouvrit des pourparlers de paix avec les Romains en raison de la menace d’une attaque conjointe de Véies et de Fidènes . Romains et Albains décidèrent de se réconcilier mais, pour décider quelle cité aurait désormais l’ascendant sur l’autre, les deux adversaires convinrent de s’en remettre à un duel entre des combattants de chaque camp . C’est dans ce contexte qu’une décision sénatoriale, prise en accord avec Tullus Hostilius, choisit les Horaces pour combattre les Curiaces, tout en leur laissant la possibilité de refuser s’ils préféraient ne pas combattre contre des personnes avec lesquelles ils se trouvaient avoir des liens de parenté . Denys d’Halicarnasse fait encore référence à cette décision sans mentionner le rôle du Sénat (D . H . 5 .23 .3) . Tite-Live mentionne de son côté un traité (foedus) préalable au combat et prévoyant que la cité dont les triplés seraient vainqueurs aurait autorité sur l’autre (Liv . 1 .24 .3) . Il ne fait en revanche nulle mention du Sénat . L’histoire des Horaces et des Curiaces fait partie des grands récits légendaires de l’histoire archaïque de Rome et est totalement anhistorique . Sur ce sujet, on se reportera en particulier aux nombreuses analyses de G . Dumézil . De même, il faut sans doute rattacher également aux légendes la cité d’Albe elle-même d’après A . Grandazzi312 . Bibliographie Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 3 et 11–13 n 18 et 19 ; Volterra, Materiali 2018, n° 17 .
312 Voir en dernier lieu Grandazzi, Alba Longa 2008 .
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20 Sc. de louanges pour les Horaces ? Règne de Tullus Hostilius . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] D . H . 3 .17 .6 . Οἱ μὲν δὴ χαίροντες ἐπὶ τῇ παρακελεύσει τοῦ πατρὸς ἀπῄεσαν καὶ προσελθόντες τῷ βασιλεῖ ἀναδέχονται τὸν ἀγῶνα, κἀκεῖνος συγκαλέσας τὴν βουλὴν καὶ πολλοὺς ἐπαίνους τῶν νεανίσκων διαθέμενος ἀποστέλλει πρέσβεις πρὸς τὸν Ἀλβανὸν τοὺς δηλώσοντας, ὅτι δέχονται Ῥωμαῖοι τὴν αἵρεσιν καὶ παρέξονται τοὺς Ὁρατίους διαγωνιουμένους ὑπὲρ τῆς ἀρχῆς.
Sénatus-consulte au contenu peu clair . Le texte de Denys d’Halicarnasse n’est ici pas explicite puisqu’il se contente d’indiquer que le roi Tullus Hostilius, ayant reçu l’accord des Horaces pour participer au duel contre les Curiaces, réunit le Sénat pour louer les trois frères d’avoir donné leur accord et indiquer qu’il est désormais possible d’envoyer les ambassadeurs . S’il n’est pas explicitement fait mention de décision sénatoriale, une simple réunion du Sénat sans sénatus-consulte serait dans ce cas pour le moins curieuse et on pourrait imaginer une décision officielle de louange comme il y en a plus tard sous la République313 . À la suite de la réunion, Tullus Hostilius envoie des ambassadeurs informer les Albains de l’accord des Romains quant au duel . Deux solutions sont donc envisageables : soit un sénatus-consulte de louanges, sorte d’ovation officielle avant l’heure, soit un simple sénatus-consulte de confirmation des mesures prises par le roi, sans qu’il soit possible d’en dire plus sur la nature de cette décision sénatoriale, dont l’historicité est, en tous les cas, très improbable . En effet, non seulement le duel entre triplés mais Albe elle-même se rattachent aux grands récits légendaires314 . Bibliographie Volterra, Materiali 2018, n° 18 .
21 Sc. accordant un triomphe sur les Albains à Tullus Hostilius Règne de Tullus Hostilius . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu .
313 Cf . Jacotot, Question d’honneur 2013, 283–286 . 314 Voir les travaux de G . Dumézil sur les Horaces et les Curiaces et Grandazzi, Alba Longa 2008 sur Albe .
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[III] D . H . 3 .22 .3 . Καταγαγόντι δὲ αὐτῷ τὸν ψηφισθέντα ὑπὸ τῆς βουλῆς θρίαμβον καὶ τὰ πολιτικὰ πράττειν ἀρξαμένῳ προσέρχονται τῶν πολιτῶν ἄνδρες οὐκ ἀφανεῖς τὸν Ὁράτιον ἄγοντες ὑπὸ δίκην, ὡς οὐ καθαρὸν αἵματος ἐμφυλίου διὰ τὸν τῆς ἀδελφῆς φόνον· [IV] Macr . sat. 1 .8 .1 . Tullum Hostilium, cum bis de Albanis, de Sabinis tertio triumphasset, inuenio fanum Saturno ex uoto consecrauisse et Saturnalia tunc primum Romae instituta : quamuis Varro libro sexto, qui est de sacris aedibus, scribat aedem Saturni ad forum faciendam locasse L . Tarquinium regem, Titum uero Larcium dictatorem Saturnalibus eam dedicasse . Nec me fugit Gellium scribere senatum decresse ut aedes Saturni fieret, eique rei L . Furium tribunum militum praefuisse .
Sénatus-consulte accordant à Tullus Hostilius un triomphe pour la victoire contre Albe . Ce sénatus-consulte peut apparaître plutôt généreux puisque, en réalité, le conflit contre Albe s’était réglé uniquement par l’affrontement des Horaces et des Curiaces et n’avait donné lieu à aucun engagement réel de troupes . Néanmoins, D . Briquel voit là la victoire de première fonction, celle du souverain capable de déléguer à des spécialistes de la deuxième fonction, et Tullus Hostilius commencerait ici la série de conflits victorieux liés chacun à une des trois fonctions indo-européennes . Toutefois, contrairement à d’autres rois, il ne commit pas de faute du guerrier à ces occasions, ce qui lui permet de s’imposer comme un chef « capable de se poser en vainqueur sur chacun des trois plans fonctionnels, traduisant ainsi une sorte de capacité de victoire totale » . Ce triomphe n’apparaît pas dans les Fasti triumphales mais, selon l’hypothèse d’E . Pais, se trouvait peut-être dans les onze lignes manquantes qui suivent les deux triomphes conservés de Romulus . Il est en revanche mentionné brièvement par Macrobe qui attribue à ce roi la construction du temple de Saturne, tout en reconnaissant que Varron et Gellius diffèrent sur ce point . À en croire Cn . Gellius, en particulier, la construction du temple aurait été due à un décret du Sénat, lequel est sans doute postérieur au sac de Rome, L . Furius étant alors L . Furius Medullinus, tribun militaire à pouvoir consulaire en 381 et 370 . Le premier triomphe mentionné par Tite-Live est attribué à Tarquin l’Ancien, suivant l’hypothèse d’une origine étrusque de la pompa triumphalis (voir infra la notice n° 34), ce qui conduit à douter très sérieusement de l’existence des triomphes antérieurs (cf . supra p . 29–31) . En outre, le sénatus-consulte serait, selon J . Poucet, seulement l’expression du légalisme excessif et gratuit de Denys d’Halicarnasse . Enfin les travaux d’A . Grandazzi font d’Albe une cité légendaire, rendant ainsi anhistorique cette guerre et les épisodes s’y inscrivant315 .
315 Voir en dernier lieu Grandazzi, Alba Longa 2008 .
Peu après l’épisode de l’affrontement des Horaces et des Curiaces, Rome et Albe durent affronter une nouvelle coalition armée composée de Fidènes et de Véies . Le chef albain Mettius Fufetius profita du conflit pour essayer de trahir les Romains mais Tullus Hostilius parvint à retourner le stratagème du général albain contre lui . Ayant appris la traîtrise de Mettius Fufetius après la victoire, il décida de n’en rien laisser paraître et convoqua le Sénat pour lui exposer la situation et solliciter son avis sur le traitement à réserver à Mettius Fufetius et aux Albains . Un sénatus-consulte pris en accord avec Tullus Hostilius (en suivant l’opinion du roi) régla le sort d’Albe et de Mettius Fufetius . Tite-Live (Liv . 1 .28) rend le roi seul responsable de toutes les décisions qui furent prises au camp, devant les soldats . Ainsi J . Poucet considérait que la consultation du Sénat n’était évoquée par Denys d’Halicarnasse qu’à cause de son légalisme excessif . Un détachement commandé par M . Horatius fut chargé de la destruction de la ville d’Albe – à l’exception de ses temples . M . Horatius refusa l’envoi d’une ultime ambassade albaine pour tenter d’échapper au châtiment . Aussi les habitants furent-ils transférés à Rome où le roi veilla à la construction de nouvelles habitations, mais ils conservèrent leurs terres . Les terres publiques d’Albe – à l’exception de celles des temples – durent, elles, être divisées et distribuées aux Albains qui n’en possédaient pas . Enfin, une série de familles furent intégrées au patriciat : les Iulii, Servilii, Curiatii, Quintilii, Cloelii, Geganii et Metilii . Les autres Albains durent être répartis dans les tribus et les curies . Albe ne fut plus jamais habitée . Concernant Mettius Fufetius, toujours en lui laissant croire que sa ruse avait réussi, Tullus Hostilius lui demanda la liste de ses compagnons qui méritaient récompense après la victoire . Ils furent tous jugés et condamnés à mort . Mettius Fufetius, en particulier, fut battu par les licteurs316 de Tullus Hostilius puis écartelé (D . H . 3 .30 .6–7)317 . 316 Rappelons qu’existent diverses traditions sur l’origine des licteurs . L’une les attribue à Romulus (cf . par exemple Liv . 1 .8 .1–3), l’autre les attribue précisément à Tullus Hostilius (cf . Macr . sat. 1 .6 .7) et la dernière les attribue à Tarquin l’Ancien (cf . infra les notices n° 32 et 33) . Cette dernière origine étant la plus probable, cela soulève des doutes supplémentaires quant à l’historicité de l’épisode . 317 Ce châtiment particulièrement brutal est analysé par Martin, Idée de royauté 1982, 251 comme faisant partie de la construction légendaire de l’image de Tullus Hostilius, notamment par l’opposition de son comportement à celui de Numa Pompilius .
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Denys d’Halicarnasse indique que la destruction d’Albe eut lieu 487 ans après sa fondation (D . H . 3 .31 .4) . Albe fut fondée, d’après la légende, 30 ans après Lavinium, cité elle-même fondée par Énée à son arrivée en Italie après sa fuite de Troie . En partant de la date classique de la destruction de Troie (1184), Albe aurait été fondée au plus tôt en 1154 et détruite au plus tôt en 667 (Tullus Hostilius ayant régné selon la tradition de 673 à 642) . La tradition situait donc ces événements dans les années 660 . Toutefois les travaux d’A . Grandazzi ayant abouti à nier à Albe le statut de cité et même de ville rendent cet épisode complètement légendaire318 . Bibliographie Poucet, Rois 2000, 305 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 4 et 13 nt . 22 ; Volterra, Materiali 2018, n° 20 .
23 Sc. accordant un triomphe sur Fidènes (et Albe ?) à Tullus Hostilius Règne de Tullus Hostilius (années 660) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] D . H . 3 .31 .6 . Γενόμενος δὲ τὸν τρόπον τοῦτον ὁ βασιλεὺς τῆς πόλεως κύριος τοὺς αἰτίους τῆς ἀποστάσεως ἀποκτείνας, τοὺς δὲ λοιποὺς ἅπαντας ἀπολύσας καὶ τὰ σφέτερα πάντα καρποῦσθαι τὸν αὐτὸν ἐάσας τρόπον τήν τε πολιτείαν, ἣν πρότερον εἶχον, ἀποδοὺς αὐτοῖς διέλυσε τὴν στρατιὰν καὶ παραγενόμενος εἰς Ῥώμην τὴν τροπαιοφόρον ἀπεδίδου τοῖς θεοῖς πομπήν τε καὶ θυσίαν δεύτερον ἐκεῖνον κατάγων θρίαμβον. [IV] Macr . sat. 1 .8 .1 . Tullum Hostilium, cum bis de Albanis, de Sabinis tertio triumphasset, inuenio fanum Saturno ex uoto consecrauisse et Saturnalia tunc primum Romae instituta : quamuis Varro libro sexto, qui est de sacris aedibus, scribat aedem Saturni ad forum faciendam locasse L . Tarquinium regem, Titum uero Larcium dictatorem Saturnalibus eam dedicasse . Nec me fugit Gellium scribere senatum decresse ut aedes Saturni fieret, eique rei L . Furium tribunum militum praefuisse .
Environ un an après la destruction d’Albe (cf . D . H . 3 .31 .5 : Βασιλεὺς δὲ Τύλλος τὸν ἐπιόντα χειμῶνα διαλιπὼν ἔαρος ἀρχομένου στρατὸν ἐπὶ Φιδηναίους πάλιν ἐξάγει), Tullus Hostilius mena une nouvelle campagne contre Fidènes à l’issue de laquelle il obtint un nouveau triomphe, le deuxième . Selon D . Briquel, cette victoire s’inscrit dans le schéma trifonctionnel et correspond à la deuxième fonction car les Ro318 Voir en dernier lieu Grandazzi, Alba Longa 2008 .
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mains durent affronter des mercenaires, c’est-à-dire des guerriers professionnels . Le récit ne reproduit cependant pas la légende des fautes du guerrier, mais sert à montrer « la perfection d’un chef qui était capable de se poser en vainqueur sur chacun des trois plans fonctionnels, traduisant ainsi une sorte de capacité de victoire totale » . Macrobe mentionne les triomphes de Tullus Hostilius sans évoquer Fidènes, et en citant deux triomphes contre les Albains . Comme le triomphe contre les Sabins est documenté par ailleurs (cf . infra la notice n° 24), le second triomphe albain de Macrobe doit correspondre à ce triomphe contre Fidènes . Les Fasti triumphales ne font pas état de ce triomphe qui se trouvait cependant peut-être, selon l’hypothèse d’E . Pais, dans les onze lignes manquantes qui suivent les deux triomphes conservés de Romulus . Le texte de Denys d’Halicarnasse ne mentionne pas de sénatus-consulte, mais en raison du passage de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse pour l’année 449 (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer ici un sénatus-consulte . On pourra y ajouter D . H . 3 .62 .2 qui évoque aussi l’accord du Sénat pour les triomphes . On peut situer ce conflit dans les années 660 à partir des indications temporelles laissées par Denys d’Halicarnasse (voir supra la notice n° 22) . En revanche, rappelons que le premier triomphe mentionné par Tite-Live est attribué à Tarquin l’Ancien, suivant l’hypothèse d’une origine étrusque de la pompa triumphalis (voir infra la notice n° 34) . Cette origine particulière du triomphe conduit à douter très sérieusement de l’existence des triomphes antérieurs (cf . supra p . 29–31) . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 23 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 534 ; Briquel, Le règne 1997, 17–18 et 20–22 ; Cornell, Fragments III 2013, 239 ; Volterra, Materiali 2018, n° 21 .
24 Sc. accordant un triomphe sur les Sabins à Tullus Hostilius Règne de Tullus Hostilius (années 650 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] D . H . 3 .32 .6 . Ἀπὸ ταύτης τῆς μάχης τὸν τρίτον κατήγαγε θρίαμβον ὁ βασιλεύς. [IV] Macr . sat. 1 .8 .1 . Tullum Hostilium, cum bis de Albanis, de Sabinis tertio triumphasset, inuenio fanum Saturno ex uoto consecrauisse et Saturnalia tunc primum Romae instituta : quamuis Varro libro sexto, qui est de sacris aedibus, scribat aedem Saturni ad forum faciendam locasse L . Tarquinium regem, Titum uero Larcium dictatorem Saturnalibus eam de-
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dicasse . Nec me fugit Gellium scribere senatum decresse ut aedes Saturni fieret, eique rei L . Furium tribunum militum praefuisse .
Peu après la guerre contre Fidènes, une autre guerre éclata entre Rome et les Sabins, au sujet de Romains fait prisonniers par des Sabins lors de la foire se tenant au lucus Feroniae (D . H . 3 .32 .1–3) . Les premiers engagements ne permirent pas de déterminer de vainqueur et, un an plus tard, le conflit redémarra et aboutit à une importante bataille près d’Eretum . Durant la bataille, Tullus Hostilius fit vœu de créer des fêtes en l’honneur de Saturne et d’Ops et de doubler le nombre des Saliens si les Romains venaient à l’emporter . Les troupes romaines l’emportèrent et Tullus Hostilius obtint un troisième triomphe . Selon D . Briquel, on serait ainsi en présence d’un conflit de troisième fonction en raison des divinités honorées, des pillages et des dédommagements obtenus, et cette victoire s’inscrirait dans le schéma général des trois victoires répondant aux trois fonctions . En revanche, Tullus Hostilius ne commit pas de faute du guerrier lors de ces guerres, et ces trois succès lui permettaient de proclamer une « sorte de capacité de victoire totale » . Ce triomphe est également mentionné par Macrobe mais est absent des Fasti triumphales . Dans ces derniers, d’après E . Pais, il pourrait s’être trouvé dans les onze lignes manquantes qui suivent les deux triomphes conservés de Romulus . Le texte de Denys d’Halicarnasse et celui de Macrobe ne mentionnent pas de sénatus-consulte, mais en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe sur les Sabins . Il est très difficile de dater ce sénatus-consulte qui intervint à la fin d’un conflit ayant duré deux ans selon Denys d’Halicarnasse . Une date dans les années 650, en fonction des sénatus-consultes précédents, conviendrait sans doute, sans qu’il soit possible d’être plus précis . Le premier triomphe mentionné par Tite-Live est attribué à Tarquin l’Ancien, suivant l’hypothèse d’une origine étrusque de la pompa triumphalis (voir infra la notice n° 34) . Cela conduit à douter très sérieusement de l’existence des triomphes antérieurs (cf . supra p . 29–31) . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 23 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 534 ; Briquel, Le règne 1997, 14–16 et 20–22 ; Cornell, Fragments III 2013, 239 ; Volterra, Materiali 2018, n° 22 .
25 Sc. sur l’amende infligée aux Sabins Règne de Tullus Hostilius (années 650 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
À l’issue de la guerre romano-sabine remportée par les Romains, un sénatus-consulte fut voté infligeant une amende aux Sabins . L’amende, décidée après la fin des hostilités, était censée compenser les pertes matérielles infligées aux Romains par les Sabins ainsi que les vols à l’encontre des Romains ayant conduit au conflit . Bibliographie Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 4 et 13–14 n° 23 et 24 ; Volterra, Materiali 2018, n° 23 .
26 Sc. sur l’interrègne 641–640 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [III] Liv . 1 .32 .1 . Mortuo Tullo res, ut institutum iam inde ab initio erat, ad patres redierat hique interegem nominauerant . Quo comitia habente Ancum Marcium regem populus creauit ; patres fuere auctores . [III] D . H . 3 .36 .1 . Μετὰ δὲ τὴν Ὁστιλίου Τύλλου τελευτὴν ἡ μεσοβασίλειος ὑπὸ τῆς βουλῆς ἀποδειχθεῖσα ἀρχὴ κατὰ τοὺς πατρίους ἐθισμοὺς αἱρεῖται βασιλέα τῆς πόλεως Μάρκιον ἐπίκλησιν Ἄγκον· ἐπικυρώσαντος δὲ τοῦ δήμου τὰ δόξαντα τῇ βουλῇ καὶ τῶν ἐκ τοῦ θεοῦ καλῶν γενομένων συντελέσας τὰ κατὰ νόμον ἅπαντα παραλαμβάνει τὴν ἀρχὴν ὁ Μάρκιος ἐνιαυτῷ δευτέρῳ τῆς τριακοστῆς καὶ πέμπτης ὀλυμπιάδος, ἣν ἐνίκα Σφαῖρος ὁ Λακεδαιμόνιος, καθ’ ὃν χρόνον Ἀθήνησι τὴν ἐνιαύσιον ἀρχὴν εἶχε Δαμασίας.
À la mort de Tullus Hostilius en 641 – assassiné par son successeur selon D . H . 3 .35 et la plupart de nos sources, mais foudroyé par Jupiter selon Pison319 –, un sénatus-consulte organisa l’interrègne et aboutit au choix d’Ancus Marcius comme 319 Sur cette version, cf . Cornell, Fragments 2013, II, 306–307, 309–311 (frgt 12 et 15) et III, 200–202 .
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nouveau roi320 . Comme pour les interrègnes précédents (cf . supra les notices n° 15, 16, 17 et 18), Tite-Live mentionne le choix du peuple ratifié par le Sénat, et son récit semble contenir – de façon très condensée – deux sénatus-consultes : celui de nomination de l’interroi et celui de ratification du choix du peuple . Il y a donc peut-être ici deux sénatus-consultes à le croire, à moins de ne considérer avec V . Mannino que les sénateurs ne furent auctores que dans le sens où ils proposèrent le nom du roi comme ce fut le cas pour Numa Pompilius321 . De son côté, Denys d’Halicarnasse insiste davantage sur le rôle joué par le Sénat en choisissant les interrois qui désignèrent Ancus Marcius, sans évoquer explicitement la ratification a posteriori . Cela s’expliquerait par le fait que Tite-Live « avrebbe adattato le procedure di designazione dei re latino-sabini ai modelli costituzionali posteriori », en particulier la potestas deliberandi du peuple sous la République et l’auctoritas patrum avant 339322 . Son récit ne semble donc évoquer qu’un seul sénatus-consulte . J . Jahn date cet interrègne de 640–639 et estime qu’il a été introduit dans la tradition pour des raisons légalistes (« Dies zeigt, daß dieses Interregnum ebenfalls aus legalistischen Gründen in die Erzählung eingeführt wurde . ») . En revanche pour E . Friezer, suivi par R . M . Ogilvie, il n’y avait pas d’interrègne à l’époque royale (voir le sc. n° 15) . Bibliographie Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970, 55–56 ; Volterra, Materiali 2018, n° 24 .
27 Sc. d’entrée en guerre contre les Latins Règne d’Ancus Marcius (après 632 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu .
320 Comme pour les rois antérieurs, les descendants de Tullus Hostilius (dont l’existence est très probable cf . D . H . 3 .35 .3) sont écartés du trône au profit d’Ancus Marcius : petit fils de Numa Pompilius (et, via Tatia, arrière-petit-fils de Titus Tatius), par sa mère toutefois . Par son ascendance, il s’inscrit dans la règle de succession exogamique en ligne utérine proposée par Martin, Royauté 1982, 19–40 (ici, plus particulièrement, 26–27 sur l’ascendance complexe de ce roi, et notamment son père Numa Marcius) . Liv . 1 .34 .6 fournit par ailleurs cette précision intéressante sur l’ascendance d’Ancus Marcius : Regnasse Tatium Sabinum, arcessitum in regnum Numam a Curibus, et Ancum Sabina matre ortum nobilemque una imagine Numae esse . 321 Mannino, Auctoritas patrum 1979, 32 et 40 . 322 Scevola, Deliberazioni 2017, 49 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
[IV] Liv . 1 .32 .14 . Hoc tum modo ab Latinis repetitae res ac bellum indictum, moremque eum posteri acceperunt .
Dans cette portion de son Histoire romaine, Tite-Live se livre à une description minutieuse du fonctionnement de la déclaration de guerre officielle des Romains, incluant le rôle du collège des féciaux . D’après R . M . Ogilvie, la source de Tite-Live serait C . Licinius Macer . En effet les antiquaires auraient redécouvert cette procédure à la fin du IIe siècle et Octavien la ressuscita pour déclarer la guerre à Cléopâtre, relançant les discussions à son sujet . Or cette description indique à plusieurs reprises de façon explicite qu’elle nécessite l’accord du Sénat et donc au moins un sénatus-consulte (Liv . 1 .32 .5–14)323 . R . M . Ogilvie doute de l’existence de cette guerre puisqu’il estime que les Prisci Latini mentionnés « are chosen purely as an exemple » . Il corrige également dans la formule senatusue en senatusque (Liv . 1 .32 .13 : Quod populi Priscorum Latinorum ho minesue Prisci Latini aduersus populum Romanum Quiritium fecerunt deliquerunt, quod populus Romanus Quiritium bellum cum Priscis Latinis iussit esse senatusue populi Ro mani Quiritium censuit consensit consciuit ut bellum cum Priscis Latinis fieret, ob eam rem ego populusque Romanus populis Priscorum Latinorum hominibusque Priscis Latinis bellum indico facioque), attribuant cette erreur à l’absence d’intervention du peuple dans le récit livien . Il justifie également l’absence du Sénat dans la formule conservée dans un fragment de L . Cincius (distinct de L . Cincius Alimentus et peut-être contemporain de Varron) cité par Aulu-Gelle (Gell . 16 .4 .1), soit pour des raisons politiques (contexte de défiance à l’encontre du Sénat après la guerre contre Jugurtha) soit pour sa latinité trop flagrante . La procédure requérait donc l’accord du peuple et du Sénat (D . H . 2 .72 .9 offre une présentation similaire) . Selon A . Magdelain cet accord du Sénat serait préalable, le Sénat étant consulté en entier, et ne prendrait donc pas la forme de l’auctoritas patrum . P . M . Martin s’est opposé à cette modification du texte de Tite-Live, « contre l’unanimité des manuscrits », en suggérant plutôt que le texte livien mélange deux époques différentes : « la Rome royale, où c’était le rex qui, au nom du peuple romain consulté par lui, déclarait la guerre, et une seconde, sous la République, où cette prérogative revenait au Sénat » . Le fragment de L . Cincius ne ferait de la sorte pas référence au Sénat précisément parce qu’il décrirait lui aussi cet état premier dans lequel le Sénat n’intervenait pas . Cela s’accorde à sa présentation de la Rome royale dans laquelle les opérations diplomatiques sont toutes entières tenues par le monarque . Une absence totale de consultation du Sénat pour de telles procédures paraît toutefois difficile à envisager, sauf peut-être dans le contexte de l’évolution de la monarchie sous les rois étrusques . Auparavant, l’accord des chefs des grandes 323 Dans l’édition CUF du premier livre de Tite-Live, J . Bayet écrit d’ailleurs (p . 55 nt . 2) que « Tite-Live se représente une séance classique du Sénat » .
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familles devait être d’autant plus difficile à éluder que le roi s’appuyait vraisemblablement sur eux pour mobiliser les troupes . Le passage de Tite-Live s’achève en indiquant que c’est ainsi qu’Ancus Marcius déclara la guerre aux Latins324 et il n’y a pas réellement d’argument pour abonder dans le sens de R . M . Ogilvie quant à la mention des Latins comme simple exemple . D’après F . Canali De Rossi, Ancus Marcius aurait été le premier à utiliser cette procédure325 . Tout cela doit amener à faire l’hypothèse, ici, d’au moins un sénatus-consulte . Ajoutons que J . Martínez-Pinna jugeait ces guerres plus vraisemblables en raison des mouvements de populations qui suivirent dans les décennies suivantes326 . Bibliographie Ogilvie, Commentary 1965, 128–129 et 135–136 ; Martin, Idée de royauté 1982, 132–133 ; Magdelain, Auctoritas patrum [1982] 20152, 393–395 ; Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 88–90 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 4–5 et 14 n° 26 .
28 Sc. accordant un triomphe sur les Sabins et les Véiens à Ancus Marcius Règne d’Ancus Marcius (après 632 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . [Ancus Marcius – f . – n . rex de an .--] / [Sabi]neis et [Veientibus ---] .
Les Fasti triumphales conservent la trace d’un triomphe attribuable à Ancus Marcius contre les Sabins et les Véiens . Les fastes ne font évidemment nulle mention d’un sénatus-consulte, mais en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut en supposer l’existence . Parmi nos autres sources, aucune ne fait référence à ce triomphe, même si Denys d’Halicarnasse et Tite-Live mentionnent des affrontements militaires qui pourraient correspondre (D . H . 3 .40–42 et Liv . 1 .33) . 324 Rappelons que si Tite-Live attribue l’invention de cette procédure à Ancus Marcius, D . H . 2 .72 fait de Numa Pompilius le créateur des féciaux, tout en s’accordant à l’historien latin pour ce qui concerne l’emprunt aux Équicoles . 325 Notons toutefois que les féciaux apparaissent déjà dans la guerre contre Albe sous Tullus Hostilius pour un foedus (Liv . 1 .24 .4–9), mais non pour l’indictio belli . Cf . Musti, Tendenze 1970, 75–77 . 326 Camous, Ancus Marcius 2004, 232–249 livre une analyse peu convaincante des guerres attribuées par la tradition à ce roi pour essayer d’en affirmer la rationalité et, donc, l’historicité, en cherchant à démontrer qu’il y aurait là une démarche cohérente ainsi qu’une authentique stratégie .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Il est très difficile de dater ce triomphe même si nos sources nous livrent quelques indications . En effet, à lire Denys d’Halicarnasse, Ancus Marcius affronta d’abord les Latins et Fidènes (dès la première année de son règne à en croire D . H . 3 .37 .2), puis les Sabins et Véies . Or il indique que Tarquin l’Ancien commanda la cavalerie romaine dans la guerre contre les Latins dans la neuvième année du règne d’Ancus Marcius, soit en 632 (D . H . 4 .6 .4), passage qui peut être croisé avec l’apparition de Tarquin l’Ancien – titulaire de cette fonction – dans le récit de ces guerres toujours chez Denys d’Halicarnasse (D . H . 3 .40 .4–5 et D . H . 3 .41 .3–4), soit avant la conclusion du conflit avec les Sabins et les Véiens . La logique du récit de Denys d’Halicarnasse va donc dans le sens d’un triomphe postérieur à cette date et indique que la tradition situait sans doute l’événement après 632, sans qu’il soit possible de fixer cette date avec plus de précision . Notons que ces guerres paraissent plus faciles à admettre à J . Martínez-Pinna en raison des mouvements de populations qui suivirent dans les décennies suivantes et du développement que connut Rome à la fin du VIIe siècle . Cela étant dit, il importe de rappeler que le premier triomphe mentionné par Tite-Live ne date de Tarquin l’Ancien (voir infra la notice n° 34) et que le triomphe avait très certainement une origine étrusque . Les triomphes antérieurs sont donc très douteux (cf . supra p . 29–31) . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 24 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 535 ; Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 88–90 ; Volterra, Materiali 2018, n° 25 .
29 Sc. sur l’interrègne 616 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [III] D . H . 3 .46 .1 . Μετὰ δὲ τὸν Ἄγκου Μαρκίου θάνατον ἡ βουλὴ πάλιν ἐπιτρέψαντος αὐτῇ τοῦ δήμου πολιτείαν ἣν ἐβούλετο καταστήσασθαι μένειν ἐπὶ τῆς αὐτῆς ἔγνω καὶ ἀποδείκνυσι μεσοβασιλεῖς. Οἱ δὲ συναγαγόντες εἰς ἀρχαιρεσίας τὸ πλῆθος αἱροῦνται βασιλέα Λεύκιον Ταρκύνιον. Βεβαιωσάντων δὲ καὶ τῶν παρὰ τοῦ δαιμονίου σημείων τὰ κριθέντα ὑπὸ τοῦ πλήθους παραλαμβάνει τὴν βασιλείαν ἐνιαυτῷ δευτέρῳ μάλιστα τῆς μιᾶς καὶ τετταρακοστῆς ὀλυμπιάδος, ἣν ἐνίκα Κλεώνδας Θηβαῖος, ἄρχοντος Ἀθήνησιν Ἡνιοχίδου.
À la mort d’Ancus Marcius en 616, la question de la succession se posa de nouveau . À en croire Denys d’Halicarnasse, le peuple romain aurait de nouveau confié au Sénat le choix du mode de gouvernement (après un vote ?), le Sénat choisissant
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de recourir à l’interrègne . Le texte de Denys d’Halicarnasse est ici curieux car il semble impliquer une nouvelle interrogation sur le mode de gouvernement en cas de vacance de pouvoir, alors qu’il a, pour les rois précédents, mentionné simplement la procédure d’interrègne . Le fait que ce texte corresponde au passage de la monarchie latino-sabine à la monarchie étrusque explique sans doute cette variation du texte de Denys d’Halicarnasse, qui réfléterait aussi, selon J . Poucet, les préoccupations des annalistes républicains327 . En revanche, selon A . Delcourt, Denys d’Halicarnasse insiste sur la continuité entre Tarquin l’Ancien et ses prédécesseurs, et sur l’absence de malice, contrairement au portrait livien qui met en avant la brigue électorale, pour « désétrusquiser » l’histoire de Rome . Il est donc probable qu’il y eut en réalité une procédure d’interrègne classique, en dépit d’une prise de pouvoir peut-être mouvementée (cf . infra la notice n° 30), laquelle prévoit plusieurs étapes chez Denys d’Halicarnasse, et au moins deux votes du Sénat328 . Le premier consiste en la nomination de l’interroi . S’ensuit la confirmation du choix du peuple (cf . infra la notice n° 30) . J . Jahn date cet interrègne de 616–615 et souligne qu’il n’est pas explicitement attesté par Tite-Live même si le récit livien ne l’exclut pas . J . Jahn ne distingue par ailleurs pas ce sénatus-consulte du suivant . En revanche, pour E . Friezer, suivi par R . M . Ogilvie, il n’y avait pas d’interrègne à l’époque royale (voir supra la notice n° 15) . Bibliographie Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970, 56 ; Delcourt, Lecture 2005, 314–322 ; Volterra, Materiali 2018, n° 27 .
30 Sc. sur l’interrègne 616 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu .
327 Poucet, Rois 2000, 52 . 328 Comme dans les cas précédents, cette prise de pouvoir par Tarquin l’Ancien se fit au préjudice des descendants du roi défunt . La particularité de cette transition est qu’Ancus Marcius ne semble pas avoir eu de fille et que l’application de la succession exogamique utérine semble avoir été impossible, d’où le choix d’une personnalité extérieure, associée au trône du vivant d’Ancus Marcius . Autre point significatif : nos sources nous y montrent explicitement Tarquin l’Ancien éloigner les fils d’Ancus Marcius de Rome pour permettre son accession au trône (cf . Liv . 1 .35 .1–2) . Voir Martin, Royauté 1982, 14, 27–28 et 49 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Une fois l’interroi choisi, la procédure suit son cours et Tarquin l’Ancien est désigné roi par le peuple . Si l’on se réfère à la première description de la procédure d’interrègne chez Denys d’Halicarnasse (cf . supra les notices n° 15, 16 et 17), le choix populaire est en principe suivi d’une confirmation sénatoriale, ce qui implique de supposer ici l’existence d’un autre sénatus-consulte . Tite-Live ne mentionne pas cette fois l’auctoritas patrum (Liv . 1 .35 .6) . Que Tarquin fût le premier à pratiquer des manœuvres électorales dans le récit livien (Liv . 1 .35)329, n’implique pas, selon J . Martínez-Pinna, une prise de pouvoir illégale puisque pendant sa campagne électorale, « el poder y los auspicios estaban en manos del Senado »330 . Cette particularité dans l’avènement de Tarquin contribuait sans doute à signaler la rupture entre royauté latine et royauté étrusque331, plus populaire, au même titre que le vote sur la nature du régime dans le récit de Denys (cf . la notice précédente) . Il pouvait aussi s’agir d’une édulcoration, la tradition « d’inspiration nationaliste », ayant présenté le souvenir d’une installation pacifique de Tarquin et de ses gens332 (idée acceptée par J . Martínez-Pinna et « not at all unbelievable » pour T . J . Cornell), alors qu’il s’agissait sans doute d’une « action extérieure, importante et massive », et sans doute brutale d’après J . Poucet . P . M . Martin pense aussi que derrière la 329 Pour Moles, Livy’s Preface 1993, 155–156, Tite-Live date du règne de Tarquin l’Ancien les débuts de l’ambitio à Rome . En revanche Denys d’Halicarnasse laisse entendre que les rois précédents avaient déjà recouru à de telles pratiques (D . H . 3 .67 .1), à l’instar de Tullus Hostilius (D . H . 3 .1 .4–5) . De manière plus générale, Mineo, TiteLive 2006, 184–185 considère que Tite-Live faisait du règne de Tarquin l’Ancien le moment où les vices comme la superbia, le goût des richesses et du pouvoir furent introduits à Rome . 330 Auct. de uir. ill. 6 .5 indique cependant : A quo tutor liberis relictus regnum intercepit et ita administrauit quasi iure adeptus fuisset . Cf . Valditara, Magister 1989, 69–70 et 139–150 suivi par Briquel, La civilisation étrusque 1999, 211 et Camous, Ancus Marcius 2004, 37–38 et 316–320, qui voient en Tarquin l’Ancien un chef de gens qui aurait mis son expertise militaire au service d’Ancus Marcius avant de finalement le remplacer, probablement en le trahissant, voire en le tuant . Il assimile donc Tarquin à ces condottieri étrusques connus ultérieurement, au premier rang desquels Servius Tullius/Mastarna et Porsenna . 331 En ce sens Panella, Ambitio 2004, 634 qui y voit également l’annonce de la dégénérescence de la monarchie . 332 Selon Martin, La tradition 2000, 74–75, la tradition sur la date d’installation de Tarquin à Rome pourrait avoir été remaniée lorsqu’en 187, les cités latines alliées se plaignirent qu’une partie de leurs habitants avaient bénéficié du ius migrandi dix-sept ans plus tôt .
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facade et la volonté d’être intronisé selon les formes classiques se cache sans doute un personnage dont la prise de pouvoir à Rome aurait pu être assez proche de celle que l’on peut reconstituer pour Servius Tullius . Le respect de la procédure signalerait alors une volonté de ne pas brusquer ses nouveaux sujets . J . Jahn date cet interrègne de 616–615 et souligne qu’il n’est pas explicitement attesté par Tite-Live même si le récit livien ne l’exclut pas . J . Jahn ne distingue par ailleurs pas ce sénatus-consulte du précédent tandis que pour E . Friezer, suivi par R . M . Ogilvie, il n’y avait pas d’interrègne à l’époque royale (voir la supra la notice n° 15) . Bibliographie Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970, 56 ; Martin, Idée de royauté 1982, 264–266 ; Cornell, Beginnings 1995, 157 ; Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 87 et 96–97 ; Poucet, Rois 2000, 212–215 ; Volterra, Ma teriali 2018, n° 28 .
31 Sc. accordant un triomphe sur les Latins à Tarquin l’Ancien Règne de Tarquin l’Ancien (598–595) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . L . [T]arquinius Damarati f . an . CLV[-] / Priscus rex de Latineis k . Quinct . [IV] D . H . 3 .54 .3 . Ὁ μὲν δὴ πρὸς Λατίνους συστὰς Ῥωμαίοις πόλεμος εἰς τοῦτο τὸ τέλος κατέσκηψε, καὶ βασιλεὺς Ταρκύνιος τὸν ἐπινίκιον ἐκ τοῦ πολέμου τούτου κατήγαγε θρίαμβον.
Après une guerre assez longue contre les Latins, Tarquin l’Ancien remporta finalement une victoire qui lui valut un triomphe, mentionné par les fastes triomphaux et par Denys d’Halicarnasse . D’autres auteurs évoquent des victoires contre les Latins ou le triomphe en général (Auct. de uir. ill. 6 .8 ; Flor . 1 .1 .5 ; Liv . 1 .35 .7 ; Plin . nat. 3 .70 et 33 .63 ; Zonar . 7 .8) . Aucune de ces sources ne fait mention d’un sénatus-consulte, mais en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe sur les Latins . Par ailleurs, en raison de la tradition qui attribue à Tarquin l’Ancien une augmentation du nombre de sénateurs, Cl . Auliard estime que « les choix politiques de Tarquin – y compris dans le domaine des relations extérieures –, ont dû être approuvés par les nouveaux sénateurs » . L’historienne semble ce faisant sous-entendre une forme d’approba-
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
tion systématique sans qu’il soit possible de la rattacher de façon certaine à des sénatus-consultes . Un bref passage d’Eutrope (Eutr . 1 .6 : Vicit idem etiam Sabinos et non parum agrorum sublatum isdem urbis Romae territorio iunxit, primusque triumphans urbem in trauit) fait référence à Tarquin l’Ancien comme ayant été le premier à triompher dans Rome, passant donc sous silence les triomphes attribués aux rois précédents . S’il est malheureusement impossible de savoir à quel triomphe précis Eutrope fait référence, il serait cependant logique que ce fût le premier d’entre eux, et donc celui-ci, même si le texte fait d’abord référence aux Sabins au début de la phrase . Ce passage s’explique toutefois peut-être plus simplement par une mauvaise lecture d’un extrait de Plutarque indiquant que Tarquin l’Ancien fut le premier à élever le triomphe à un haut degré de magnificence (Plut . Rom. 16 .8 : Ταρκύνιον γὰρ ἱστοροῦσι τὸν Δημαράτου τῶν βασιλέων πρῶτον εἰς τοῦτο τὸ σχῆμα καὶ τὸν ὄγκον ἐξᾶραι τοὺς θριάμβους) . Néanmoins, Tite-Live s’accorde à Eutrope et le premier triomphe qu’il mentionne est bien celui de Tarquin l’Ancien (cf . infra la notice n° 34), en accord avec l’origine probablement étrusque de la pompa triumphalis . D . Briquel doute de l’historicité de ce conflit qui relèverait plutôt d’un schéma de narration comparable à celui des règnes de Romulus et de Tullus Hostilius avec « une séquence de trois guerres victorieuses … ordonnées selon les trois fonctions de l’idéologie indo-européenne » . Il s’agirait ici d’une victoire sous le signe de la troisième fonction puisque les récits insistent seulement sur les gains économiques . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 24–26 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 535 ; Briquel, Tarquins de Rome I 1998 et Lente genèse 2000, 98 ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 5 et 15 n° 29 et 30 ; Auliard, Diplomatie 2006, 71 ; Volterra, Materiali 2018, n° 29 .
32 Sc. accordant un triomphe sur les Étrusques à Tarquin l’Ancien Règne de Tarquin l’Ancien (588) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . L . Tarquinius Damarati f . an . CLXV / Priscus rex II de Etrusceis [k . A]pr . [III] D . H . 3 .59 .3 . Ἐκ ταύτης τῆς μάχης μεγίστης τῶν προτέρων γενομένης, ὅσας πρὸς ἀλλήλους ἐπολέμησαν, τὰ μὲν Ῥωμαίων πράγματα θαυμαστὴν ὅσην ἐπίδοσιν ἔλαβε νίκην ἐξενεγκαμένων καλλίστην, καὶ βασιλεῖ Ταρκυνίῳ τὴν τροπαιοφόρον πομπὴν κατάγειν ἥ τε βουλὴ καὶ ὁ δῆμος ἐψηφίσατο.
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Sénatus-consulte (confirmé par un vote du populus Romanus) accordant un triomphe à Tarquin l’Ancien pour sa victoire contre une coalition de cités étrusques, après une guerre de neuf ans . Denys d’Halicarnasse mentionne ailleurs la durée du conflit et fait peut-être une allusion à ce triomphe (D . H . 3 .62 .2) . Florus, Pline l’Ancien et Zonaras évoquent aussi ces opérations, mais sans mention directe de ce triomphe (Flor . 1 .1 .5 ; Plin . nat. 33 .63 ; Zonar . 7 .8) . La date du triomphe, 588, est donnée par les Fasti triumphales . En raison de la tradition qui attribue à Tarquin l’Ancien une augmentation du nombre de sénateurs, Cl . Auliard estime que « les choix politiques de Tarquin – y compris dans le domaine des relations extérieures –, ont dû être approuvés par les nouveaux sénateurs » . L’historienne semble ce faisant sous-entendre une forme d’approbation systématique des actes de ce monarque sans qu’il soit possible de la rattacher de façon certaine à des sénatus-consultes . Ce triomphe et cette victoire sur les Étrusques semblent avoir eu une incidence particulière sur l’organisation de la cérémonie du triomphe . En effet, Denys d’Halicarnasse explique qu’à la suite de la paix, les envoyés des cités étrusques offrirent à Tarquin l’Ancien les insignes étrusques du pouvoir (décrits par D . H . 3 .61, voir aussi Strabo 5 .2 .2, cf . infra la notice n° 33) . Ces insignes auraient été conservés par les rois successifs puis par les consuls, à l’exception de la couronne et de la robe de pourpre qui n’auraient plus été revêtues que lors d’un triomphe (D . H . 3 .62 .2 et D . H . 4 .74 .1) . Th . Piel souligne que le contexte de défaite militaire qui aurait présidé à ce don n’est pas mentionné par toutes nos sources sur l’événement . On le retrouve chez Florus et Macrobe (Flor . 1 .1 [1 .5 .6] et Macr . sat. 1 .6 .7), mais pas dans les autres sources (Strabo 5 .2 .2 ; D . S . 5 .40 .1 et Sil . 8 .483–488) . D’après J . Martínez-Pinna, le silence de Tite-Live sur la guerre contre les Étrusques menée par Tarquin l’Ancien s’expliquerait par le fait qu’il attribue à Romulus l’introduction des insignes du pouvoir depuis l’Étrurie . Il refuse ainsi l’idée de P . M . Martin selon qui cette guerre serait une falsification de Fabius Pictor qui transposait à l’époque royale les guerres contre les Étrusques menées par son ancêtre Q . Fabius Maximus Rullianus . In fine, J . Martínez-Pinna juge préférable de suivre Denys d’Halicarnasse qui avait consulté l’historiographique étrusque puisqu’il projetait d’écrire sur ce peuple . P . M . Martin propose cependant une autre explication à ce silence livien : le fait que, chez Tite-Live, les rois de Rome ne font la guerre qu’à des ennemis d’un autre peuple que le leur . L’étrusque Tarquin ne pouvait ainsi pas avoir mené une guerre contre d’autres Étrusques . D . Briquel juge invraisemblable un tel conflit et considère que Tite-Live, au fait de l’origine étrusque du roi, en était déjà conscient . Selon lui, ce triomphe appartient à la « séquence de trois guerres victorieuses … ordonnées selon les trois fonctions de l’idéologie indo-européenne » : la victoire contre les Étrusques relève de la première fonction avec l’introduction des insignes du pouvoir . Enfin, pour D . Musti, cette omission livienne serait à l’inverse « in armonia con varî altri particolari della sua opera, che riflettono un atteggiamento benevolo o onesto verso gli Etruschi » . D’ailleurs,
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comme le faisait remarquer A . Delcourt, en faisant commencer le conflit contre les Étrusques dès les débuts du règne de Tarquin l’Ancien, Denys d’Halicarnasse continuait son entreprise de « désétrusquisation » en faisant de ce dernier un véritable roi romain, qui n’hésitait pas à combattre sa patrie d’origine . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 24–26 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 535 ; Lambrechts, Essai 1959, 29– 31 ; Musti, Tendenze 1970, 25 ; Martin, Idée de royauté 1982, 157–158 et 172–174 ; Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 23–24 ; Briquel, Tarquins de Rome I 1998 et Lente genèse 2000, 97–98 ; Piel, Principes IIb 2000, 676 nt . 50 et 769 (et plus généralement 665–689 pour une discussion critique sur l’origine étrusque des insignes romains du pouvoir dans la tradition littéraire, sans analyse du rôle du Sénat cependant) ; Delcourt, Lecture 2005, 318–319 ; Auliard, Diplomatie 2006, 71 ; Volterra, Materiali 2018, n° 31 .
33 Sc. sur les insignes du pouvoir Règne de Tarquin l’Ancien (587 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [III] D . H . 3 .62 .1 . Ταύταις ταῖς τιμαῖς ὁ Ταρκύνιος οὐκ εὐθὺς ἐχρήσατο λαβών, ὡς οἱ πλεῖστοι γράφουσι τῶν Ῥωμαϊκῶν συγγραφέων, ἀλλ’ ἀποδοὺς τῇ τε βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ τὴν διάγνωσιν εἰ ληπτέον αὐτά, ἐπειδὴ πᾶσι βουλομένοις ἦν, τότε προσεδέξατο καὶ πάντα τὸν ἐξ ἐκείνου χρόνον ἕως εἰς τὸ χρεὼν μετέστη στέφανόν τε χρύσεον ἐφόρει καὶ πορφυρᾶν ἐσθῆτα ποικίλην ἠμπίσχετο καὶ σκῆπτρον ἐλεφάντινον ἔχων ἐπὶ θρόνου ἐκαθέζετο ἐλεφαντίνου, καὶ οἱ δώδεκα ῥαβδοῦχοι τοὺς πελέκεις φέροντες ἅμα ταῖς ῥάβδοις δικάζοντί τε αὐτῷ παρίσταντο καὶ πορευομένου προηγοῦντο.
Après la victoire et le triomphe de Tarquin sur les cités étrusques, ces dernières offrirent aux Romains leurs insignes du pouvoir (cf . supra la notice n° 32) . Denys d’Halicarnasse précise alors que, contrairement à ce qu’affirment la plupart des historiens de Rome, Tarquin l’Ancien aurait sollicité l’accord du peuple et du Sénat avant de les accepter et de s’en revêtir . Il y aurait donc eu un sénatus-consulte autorisant Tarquin l’Ancien à avoir recours à ces insignia imperii . Selon E . Pais, cette affirmation suivant laquelle Tarquin l’Ancien n’aurait eu recours à ces insignes qu’une fois l’accord du Sénat voté vise uniquement à établir l’autorité du Sénat sur celle du roi pour les époques les plus anciennes . A . Delcourt attribue cette précision de Denys d’Halicarnasse à sa volonté de « désétrusquiser » Tarquin l’Ancien, « en attribuant à la volonté des Romains, et non à celle de leur souverain originaire d’Étrurie, l’introduction de coutumes tyrrhéniennes » .
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Outre Denys d’Halicarnasse, Florus, Strabon, Ampelius (qui ne retient que cela pour Tarquin l’Ancien) et Zonaras font de Tarquin l’Ancien le responsable de l’introduction des insignes du pouvoir étrusque333 . Une autre tradition attribuait cependant à Romulus (Tite-Live, Jean le Lydien) ou à Tullus Hostilius (Cicéron, Pline l’ancien,) les insignes du pouvoir étrusque334 . Selon D . Musti, cette variante découlerait d’un processus de « désétrusquisation », c’est-à-dire d’une volonté de rattacher aux rois « nationaux » latino-sabins les innovations des rois étrusques . Ce procédé est visible chez Macrobe qui place l’introduction des insignes par Tullus Hostilius également à la suite d’une victoire sur les Étrusques . Dans une perspective proche, J . Martínez-Pinna parle de la contamination de la tradition sur Romulus par celle de Tarquin l’Ancien qu’il considère comme « el auténtico ‘fundador’ de Roma »335, du moins un roi qui aurait introduit une nouvelle conception du pouvoir fondée sur de nouveaux insignes336 . Les insignes du pouvoir, et non plus du roi, auraient été rattachés à Romulus, en tant que fondateur et parce que la tradition suggérait une continuité entre ce dernier et la République . Il apparaît donc préférable de suivre la tradition sur Tarquin l’Ancien, d’autant plus que toutes les sources sont unanimes sur l’origine étrusque des insignes du pouvoir337 et que l’introduction de ces derniers peut se rattacher au passage de la royauté latino-sabine à la royauté étrusque . Par ailleurs, le récit de Denys d’Halicarnasse peut se prévaloir d’un atout de poids : il avait consulté l’historiographie étrusque parce qu’il projetait d’écrire sur ce peuple, si bien qu’on le qualifie parfois de « premier étruscologue »338 . Enfin, P . M . Martin suggère aussi que cette façon d’attribuer à Romulus des actions de Tarquin l’Ancien pourrait être le résidu d’une influence étrusque sur les débuts de l’annalistique, avant que la tendance anti-étrusque ne prenne le dessus339 . Dans son analyse de ce récit, Th . Piel indique que les sources antiques tendent à mêler insignes du pouvoir et insignes triomphaux et, dans le cas de Denys d’Halicarnasse, à accentuer l’aspect royal de ces insignes puisqu’il indique qu’après 509, les consuls les conservèrent tous à l’exception de la couronne d’or et de la toga picta . Il s’agirait ainsi de renforcer l’aspect monarchique des emblèmes de Tarquin l’Ancien dans un souci quelque peu malveillant . Dans le même ordre d’idée, U . Coli insiste sur l’idée qu’il faut distinguer ici insignia imperii proprement 333 Flor . 1 .1 (1 .5 .6) ; Strabo 5 .2 .2 (C .220) ; Ampel. 17 ; Zonar . 7 .8 . 334 Liv . 1 .8 .1–3 et Lyd . Mag. 1 .7 pour Romulus et Cic . rep. 2 .17(31) ; Plin . nat. 9 .136 ; Macr . sat. 1 .6 .7 et encore Cassiodore Chron. 83 pour Tullus Hostilius . 335 Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 30 336 Voir aussi Martin, Idée de royauté 1982, 85–87 . 337 Voir à ce propos la synthèse de Briquel, La civilisation étrusque 1999, 146–153 . 338 Ainsi Briquel, La civilisation étrusque 1999, 14 et encore 74 . 339 Delcourt, Lecture 2005, 320 : « Conscient de l’objection, Denys prend soin de la résoudre en imaginant que le premier roi imite la coutume étrusque, tandis que Tarquin se fait offrir les σύμβολα en reconnaissance de sa victoire » .
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dits (les faisceaux) et regia ornamenta . Th . Piel souligne aussi que l’acceptation de ces insignes faisait de Tarquin une sorte de praetor Etruriae . Cette idée est en réalité assez ancienne et se trouve, de façon implicite, chez B . G . Niebuhr . En effet, lorsque ce dernier rapporte l’histoire de Porsenna, il explique que l’envoi par Rome à Porsenna du trône d’ivoire et des autres insignes constitue l’aveu d’un hommage rendu par Rome à son suzerain, ajoutant : « car on nous apprend que c’est précisément de cette manière-là que les villes étrusques avaient reconnu L . Tarquinius Priscus pour leur prince » . D’ailleurs, Th . Schäfer faisait remarquer que θρόνος ἐλεφαντίνος pouvait désigner la sella curilis aussi bien que le solium (trône) . P . M . Martin va dans le même sens lorsqu’il écrit que Tarquin l’Ancien aurait « reçu de ses congénères vaincus le titre de roi, c’est-à-dire celui de chef de la confédération étrusque – zilath mechl rasnal – s’il y a quelque chose de vrai dans cette tradition »340 . En revanche, pour A . Guarino, ces insignes témoigneraient de l’introduction de l’imperium dans le système politique romain, le roi devenant désormais « capo ed arbitro supremo delle sorti del populus Romanus Quiritium » alors qu’auparavant, le roi latino-sabin n’aurait été qu’un chef de guerre sans imperium à proprement parler . Rappelons, en outre que, à cause de la tradition qui attribue à Tarquin l’Ancien une augmentation du nombre de sénateurs, Cl . Auliard estime que « les choix politiques de Tarquin – y compris dans le domaine des relations extérieures –, ont dû être approuvés par les nouveaux sénateurs » . Cette idée va dans le sens d’un sénatus-consulte dans ce cas, et il faudrait imaginer que Tarquin put de la sorte s’appuyer sur une forme de « parti » . De manière curieuse, E . Volterra place ce sénatus-consulte en 616, au tout début du règne de Tarquin donc, alors que Denys d’Halicarnasse dit explicitement que l’octroi des insignes découlait des victoires sur les Étrusques . Bibliographie Niebuhr, Histoire I 1842, 518 ; Pais, Storia critica I .2 1913, 767 nt . 4 ; Coli, Regnum 1951, 154–155 ; Lambrechts, Essai 1959, 29–31 ; Musti, Tendenze 1970, 84–85 ; Guarino, Storia 199812, 110 ; Martin, Idée de royauté 1982, 173 et 233–234 ; Schäfer, Imperii insignia 1989, 26 nt . 14 ; MartínezPinna, Dionisio 1993, 97–99 et Tarquinio Prisco 1996, 23–24 et 30 ; Piel, Principes IIb 2000, 676 nt . 50 et 769 (et plus généralement 665–689 pour une discussion critique sur l’origine étrusque des insignes romains du pouvoir dans la tradition littéraire, sans analyse du rôle du Sénat cependant) ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 6 et 16 n° 36 ; Delcourt, Lecture 2005, 320 ; Auliard, Diplomatie 2006, 71 ; Volterra, Materiali 2018, n° 30 .
340 Pour Briquel, Lente genèse 2000, 127 cette histoire est une « falsification » .
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34 Sc. accordant un triomphe sur les Sabins à Tarquin l’Ancien Règne de Tarquin l’Ancien (585) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . L . Tarquinius Damarati f . an . CLXVIII / Priscus rex III de Sabineis idib . Sext . [IV] Liv . 1 .38 .3 . Bello Sabino perfecto Tarquinius triumphans Romam redit . [IV] D . H . 3 .66 .1 . Καὶ ὁ βασιλεὺς Ταρκύνιος τρίτον ἐπὶ τῆς ἰδίας ἀρχῆς τὸν ἐκ τῆςδε τῆς μάχης κατήγαγε θρίαμβον.
Une fois le conflit contre les Étrusques achevé, Tarquin l’Ancien mena encore une série de guerres victorieuses contre les Sabins, lesquelles lui valurent son troisième triomphe (voir aussi, sans mention de ce triomphe : Auct. de uir. ill. 6 .8 ; Macr . sat. 1 .6 .8 ; Plin . nat. 33 .63) . Aucune de ces sources ne fait mention d’un sénatus-consulte, mais en raison du passage de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse pour l’année 449 (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut en supposer un ici . On pourra y ajouter D . H . 3 .62 .2 qui évoque aussi l’accord du Sénat pour les triomphes . Soulignons, avec D . Musti, que c’est le premier triomphe mentionné par TiteLive, qui ignore tous les précédents . D’après l’historien italien, ce pourrait être l’indice d’une croyance en l’origine étrusque de la cérémonie pour Tite-Live (« quasi a significarne un’origine etrusca ») . Il s’accorde en tous les cas à un bref passage d’Eutrope (Eutr . 1 .6 : Vicit idem etiam Sabinos et non parum agrorum sublatum isdem urbis Romae territorio iunxit, primusque triumphans urbem intrauit) faisant référence à Tarquin l’Ancien comme ayant été le premier à triompher dans Rome . Ajouté à ce que nous savons du contexte d’importation des insignia imperii (cf . supra les notices n° 32 et 33), tout cela va dans le sens d’un rôle important du premier Tarquin dans la mise au point de la cérémonie triomphale341, et explique le silence de Tite-Live quant aux triomphes antérieurs . En s’appuyant sur la tradition qui attribue à Tarquin l’Ancien une augmentation du nombre de sénateurs, Cl . Auliard estime que « les choix politiques de Tarquin – y compris dans le domaine des relations extérieures –, ont dû être approuvés par les nouveaux sénateurs » . Elle semble sous-entendre de la sorte une forme
341 Contra Poucet, Rois 2000, 335 estime qu’il s’agit d’un récit étiologique basique, se contentant juste de donner le nom de l’auctor .
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d’approbation systématique des actes de ce monarque sans qu’il soit possible de la rattacher de façon certaine à des sénatus-consultes . Notons que l’ordre des trois conflits (contre les Latins, les Étrusques et les Sabins) n’est pas exactement le même chez Denys d’Halicarnasse et chez Tite-Live . En revanche, pour D . Briquel, ces trois conflits s’inscriraient dans un schéma de narration que l’on retrouvait pour les règnes de Romulus et de Tullus Hostilius : trois guerres victorieuses pour les trois fonctions indo-européennes . En plus d’offrir une étiologie des Volcanalia, la victoire sur les Sabins relèverait de la deuxième fonction puisqu’elle est « marqué[e] par plusieurs traits importants sur le plan militaire (création de nouvelles centuries de cavaliers, institution de l’usage de brûler en l’honneur du dieu Vulcain les armes prises à l’ennemi) » . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 24–26 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 535 ; Musti, Tradizione storica 1990, 14 ; Briquel, Tarquins de Rome I 1998 et Lente genèse 2000, 98 (citation) ; Canali De Rossi, Le relazioni 2005, 6 et 16 n° 37 ; Auliard, Diplomatie 2006, 71 ; Volterra, Materiali 2018, n° 32 .
35 Sc. sur l’interrègne 579–578 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Liv . 1 .41 .6 . Seruius praesidio firmo munitus, primus iniussu populi, uoluntate patrum regnauit .
Tite-Live mentionne ici ce qui semble être un sénatus-consulte qui aurait validé la prise de pouvoir de Servius Tullius à la mort de Tarquin l’Ancien sans que, pour la première fois, le peuple ait été consulté342 . La transition fut en réalité passablement plus compliquée puisque rien de tel n’apparaît chez Denys d’Halicarnasse . Dans le récit de ce dernier, Servius Tullius prit simplement le rôle de tuteur des petits-fils de Tarquin à la mort de ce dernier et s’accapara ainsi le trône, sans aucune validation formelle, et grâce à l’aide de la veuve de Tarquin l’Ancien, Tanaquil, qui joua un rôle déterminant dans l’affaire343 . Cependant, selon la tradition romaine, 342 Tarquin pourrait bien avoir été le premier roi de Rome à finir assassiné si on écarte la tradition mythologique sur l’assassinat de Romulus par les sénateurs et celle sur le meurtre de Tullus Hostilius par Ancus Marcius . 343 Déterminant et largement légendaire . Il a en effet été montré depuis longtemps que Tanaquil a tout, ici, de ces divinités fémines faiseuses de roi, comme on en trouve dans l’Antiquité depuis au moins Sargon Ier . Voir à ce sujet Champeaux, Fortuna 1982, 295 et
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Servius Tullius aurait épousé une fille de Tarquin l’Ancien et était donc le gendre du roi . À ce titre, son accession au trône pouvait se prévaloir de la règle de succession exogamique en ligne utérine suggérée par P . M . Martin . La tradition étrusque sur l’origine de ce roi ne permet pas cette élaboration . D’ailleurs, selon A . Delcourt, chez Denys d’Halicarnasse, pour lequel le règne de Servius Tullius marque une vraie rupture, « avec l’intrusion des femmes dans le processus d’accession à la royauté, les intérêts du γένος en viennent à supplanter ceux du κοινόν » . Face à l’opposition montante des patriciens, Denys d’Halicarnasse expliquait donc que Servius Tullius réunit l’assemblée et se fit proclamer roi puis fut élu par le peuple en raison de diverses mesures prises en sa faveur (allègement des dettes, modification des modalités d’imposition, distribution de terres, égalité devant la justice, « like a popularis of the late Republic » comme l’écrit R . Thomsen) . Cette élection ne fit l’objet d’aucune validation a posteriori par le Sénat . Servius Tullius se passa donc de l’accord de cet organe grâce à un programme politique favorable au peuple de Rome et grâce à son habileté politique mise en avant par Denys d’Halicarnasse (cf . D . H . 4 .8 .2–3 ; D . H . 4 .10 .4–6 ; D . H . 4 .12 .3 ; D . H . 4 .27 .1 ; D . H . 4 .31 .2 ; D . H . 4 .34 .1–6 et D . H . 4 .40 .1–3) . On trouve une petite contradiction chez cet historien qui mentionne l’élection par le peuple mais qui, plus loin (D . H . 4 .31 .2), fait dire à Tarquin le Superbe que Servius Tullius n’a pas été élu par le peuple . Cette contradiction est peut-être due au fait que le second passage est un discours rapporté de Tarquin le Superbe, lequel avait tout intérêt à souligner l’illégalité du pouvoir de Servius Tullius . Le caractère illégal de cette prise de pouvoir est encore signalé par Cic . rep. 2 .21(37–38), avec la même expression primus iniussu populi qui insiste en particulier sur l’absence de consultation du Sénat et sur la décision du peuple . Il y a donc un processus absolument inverse de celui décrit par Tite-Live qui poussa P . M . Martin à proposer de corriger le texte livien en ajoutant sine devant uoluntate patrum . Toutefois, l’historien latin fournit plus loin un ajout d’importance (Liv . 1 .46 .1), puisqu’il rapporte les accusations contre Servius Tullius : être devenu roi sans l’aveu du peuple, ce qui poussa alors Servius Tullius, plus tard, à se faire élire par le peuple . Cette insistance sur l’absence d’élection par le peuple conduit M . Ver Eecke à s’opposer à la correction du texte livien proposée par P . M . Martin car elle affaiblirait le balancement entre l’absence d’élection populaire et l’accord des pères . Cet accord ne signifie par ailleurs pas nécessairement qu’il y eut un sénatus-consulte puisque, pour V . Mannino, uoluntas désigne ici simplement la faveur du Sénat, rien de plus . Ces grandes différences entre nos sources sont très certainement dues, comme le souligne R . Thomsen (en s’appuyant sur P . De Francisci), à l’absence de sources fiables sur cette transition . En outre, selon M . Ver Eecke, le récit livien semble 324–326 et Coarelli, Foro Boario 1988, 310–311 . Rappelons aussi les incertitudes de la tradition concernant Lucius et Arruns Tarquin, tantôt présenté comme les fils, tantôt comme les petits-fils de Tarquin l’Ancien .
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se rattacher à la tradition des optimates tandis que celui de Denys d’Halicarnasse pourrait trouver sa source chez C . Licinius Macer344 . En effet, deux Servius s’opposent : « the man of slave origins, with great popular support, whose first actions are those of a late Republican demagogue » et « the first king to rule without the people’s consent, who had been a protegé of the Tarquins » et dont le système censitaire donnait le pouvoir aux riches345 . Néanmoins, pour B . Mineo, le récit livien fait de Servius Tullius, second dux fatalis de l’histoire romaine, un homme du consensus . En effet, si Tite-Live s’efforce d’attribuer à Servius Tullius le soutien du Sénat (qui s’oppose au roi chez Denys d’Halicarnasse), ce serait pour en faire un princeps augustéen . L’historicité du sénatus-consulte mentionné par Tite-Live paraît donc très douteuse, relevant de la tradition démocratique, de même en réalité que l’intervention du peuple qui ne vise qu’à sauvegarder l’image du bon roi Servius telle que la tradition l’a élaborée . J . Poucet voit ainsi dans le récit de Denys d’Halicarnasse et de Tite-Live rapportant une succession proche de la légalité, avec l’aval du Sénat, des « arrangements de tendance nationaliste » visant à écarter « une intervention étrusque violente »346 . P . De Francisci indique d’ailleurs que le reste du récit de Tite-Live ne va guère dans le sens de ce rôle prêté au Sénat347 . La réalité historique de l’arrivée sur le trône de Servius Tullius fut plutôt une prise de pouvoir par la force, illégale (ce qui n’interdit pas une approbation postérieure du Sénat et du peuple, entendue comme une simple formalité348), dont ces sources trahissent en partie l’existence et qui s’accorde mieux à ce que l’on peut reconstituer par ailleurs de l’histoire de Mastarna/Servius Tullius : celle d’un condottiere étrusque qui se serait emparé du pouvoir à Rome349 . L’opinion radicale d’E . Friezer, suivi par 344 En ce sens, voir aussi Musti, Tendenze 1970, 93–94 . 345 Ridley, Enigma 1975, 150 à propos du récit cicéronien sur Servius Tullius . Voir aussi Martin, Idée de royauté 1994, 247–248 . 346 Poucet, Rois 2000, 210 . Dans la même perspective, Ridley, Enigma 1975, 156 suggère que l’éloge qui conclut le récit livien sur Servius Tullius (Liv . 1 .48 .8–9), avec l’allusion à une éventuelle abdication, serait une invention syllanienne, peut-être de Cornelius Sisenna . 347 Contra Martínez-Pinna, Algunas observaciones 2008, 208–210 voit en Servius Tullius, non pas un tyran, mais un roi aristocratique, se rapprochant davantage du législateur instaurant l’eunomie . 348 En ce sens Martínez-Pinna, Algunas observaciones 2008, 199 pour qui ce serait un signe de la « decadencia de la monarquía » . 349 Thomsen, King Servius 1980, 103 ; Fraschetti, Servio Tullio 1994, 137–140 et MartínezPinna, Tarquinio Prisco 1996, 273–286 identifient Mastarna et Servius Tullius alors que Coli, Regnum 1951, 52 émet des doutes sur cette identification, que Pallottino, Origini 1993, 250 est plus prudent et que Cornell, Beginnings 1995, 140 les distingue tout en les rapprochant . Poucet, Rois 2000, 211 conclut « qu’à l’évidence des Étrusques de Vulci ont joué un rôle important lors d’une succession royale dans la Rome du VIe siècle » . Pour un résumé des positions niant le rapprochement Servius Tullius/Mastarna, cf . Thomsen, King Servius 1980, 95–96 ; Valditara, Magister 1989, 92–103 et Briquel, Lente genèse 2000, 100–105 . L’assimilation des
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R . M . Ogilvie, selon laquelle il n’y avait pas d’interrègne à l’époque royale (voir le sc. n° 15), va indirectement dans le même sens . Bibliographie De Francisci, Primordia 1959, 642 ; Friezer, Interregnum 1959, 301–304, 308–309 et 329 ; Ogilvie, Commentary 1965, 87–88 ; Jahn, Interregnum 1970 ne le mentionne pas ; Mannino, Auctoritas patrum 1979, 47–57 ; Thomsen, King Servius 1980, 10–11 et 108–114 ; Martin, Idée de royauté 1982, 28, 50–53 et 273–275 ; Cornell, Beginnings 1995, 130–150; Martínez-Pinna, Tarquinio Prisco 1996, 273–286 (résumé général de l’histoire compliquée de ce roi) ; Poucet, Rois 2000, 192–211 (synthèse sur l’arrivée au pouvoir de Servius Tullius) ; Delcourt, Lecture 2005, 322–329 ; Mineo, TiteLive 2006, 189–198 ; Ver Eecke, République 2008, 152 nt . 253 ; Volterra, Materiali 2018, n° 33 .
36 Sc. sur le jugement des assassins de Tarquin l’Ancien Règne de Servius Tullius (sans doute la première année du règne, en 578) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Zonar . 7 .9 . Ἐγχειρισθεὶς οὖν ἐκεῖνος τὴν τῶν κοινῶν οἰκονομίαν, τὰ πλείω κατ’ ἐντολὰς δῆθεν διῴκει τοῦ Ταρκυνίου. Ὡς δ’ ἐν πᾶσιν ἑώρα πειθαρχοῦντας αὐτῷ, τοὺς αὐτόχειρας τοῦ Ταρκυνίου πρὸς τὴν γερουσίαν παρήγαγε διὰ τὴν ἐπιβουλὴν τάχα· ἔτι γὰρ ζῆν ἐκεῖνον προσεποιεῖτο. Καὶ οἱ μὲν καταψηφισθέντες ἀπέθανον, οἱ δὲ τοῦ Μαρκίου υἱοὶ φοβηθέντες εἰς Οὐολούσκους κατέφυγον.
Au moment de sa prise de pouvoir, alors que, sur la suggestion de Tanaquil, on laissait croire que Tarquin l’Ancien était encore en vie, Servius Tullius châtia les meurtriers de Tarquin350 . Denys d’Halicarnasse (3 .73 et 4 .5 .1–3) et Tite-Live (1 .40 et 1 .41 .7) font référence à l’événement sans mentionner l’intervention du Sénat : le premier évoque un procès sur le forum, le second se contente d’évoquer l’arrestation des complices et l’exil des fils d’Ancus Marcius . Seul Zonaras indique que deux personnages est cependant généralement acceptée . Ainsi, Valditara, Magister 1989, 59–61, 69–71 et 73–136 la soutient mais suggère que Servius Tullius ait été un prisonnier de guerre (fait qui serait à l’origine des traditions qui en font un esclave), d’origine latine (et « étrusquisé » par les sources étrusques), devenu favori de Tarquin l’Ancien auprès de qui il occupa d’importantes fonctions militaires, en particulier la charge de magister qui lui valut son nom étrusque . Récemment, Engerbeaud, Rome devant la défaite 2017, 208–214 considère que les fresques de la tombe François ne représentent pas une défaite historique des Romains et le renversement de Tarquin . 350 Signalons que Capdeville, Volcanal 1995, 36–37 voit dans le rôle des bergers, engagés par les fils d’Ancus Marcius pour assassiner Tarquin l’Ancien, un écho de la version étrusque de l’histoire de Mastarna/Servius Tullius et de sa prise de pouvoir avec les frères Vibenna .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
Servius Tullius choisit de les déférer devant le Sénat où ils furent condamnés à mort . A . W . Zumpt propose une reconstruction originale : en raison de la qualité des accusés (« wegen der ergriffenen Thäter » p . 130), Servius Tullius les interrogea devant le Sénat – n’osant pas agir sans son consentement en raison de sa posture difficile et pouvant le convoquer en tant que tribunus celerum –, mais le procès eut lieu devant une juridiction appropriée (« aber die förmliche Verurtheilung geschah ohne den Senat an ordentlicher Gerichtsstätte », p . 101) . Il est vrai que transformer le Sénat en cour de justice, pour une accusation qui s’apparentait à de la maiestas, rappelait à la fois les pratiques de l’Empire et le rôle des conseils aristocratiques des cités grecques archaïques (Aréopage athénien, γερουσία spartiate par exemple) . Cette double analogie pourrait expliquer que seul Zonaras précise cette comparution des meurtriers de Tarquin l’Ancien devant le Sénat . Néanmoins, que l’on suive ou non la reconstruction d’A . W . Zumpt, il demeure tout à fait possible que le Sénat ait émis un sénatus-consulte exprimant son avis quant à la manière de traiter les meurtriers du roi . La situation était suffisamment grave et la posture de Servius Tullius suffisamment fragile pour qu’il fût consulté et suivi . Les trois sources concordent toutefois sur le fait que les principaux commanditaires du meurtre (les fils d’Ancus Marcius) s’étaient enfuis avant le procès et furent condamnés à l’exil351 . Seuls leurs complices furent exécutés . L’importance de ce châtiment se comprend aisément s’agissant d’un régicide, mais elle s’explique peut-être aussi par la place prise par Servius Tullius auprès de Tarquin l’Ancien . Comme l’a souligné G . Valditara, la révolte qui poussa à l’assassinat du premier roi étrusque de Rome était sans doute en partie dirigée contre Servius Tullius, son principal lieutenant . À ce titre, la tradition qui attribue cette révolte aux fils du précédent roi, plus de trente ans après sa mort, déforme en fait, selon G . Valditara, une réalité plus complexe : une tentative des défenseurs de la vieille aristocratie gentilice (alliés à certains membres de la famille des Tarquins ?), peutêtre favorables à une politique philo-sabine et refusant la possibilité que Tarquin puisse se choisir son successeur . Cela expliquerait aussi l’importance attachée par Servius Tullius à la punition des coupables . Rappelons, enfin, que Denys d’Halicarnasse (D . H . 4 .25 .2) attribue à Servius Tullius la décision de faire juger les affaires privées par des juges pour ne réserver à la juridiction royale que les crimes publics . La compréhension par nos sources
351 Martin, Royauté 1982, 15 émet l’hyptohèse que cette peine plutôt légère pourrait être l’indice d’une complicité entre Servius Tullius et les fils d’Ancus Marcius mais cette hypothèse manque d’éléments en sa faveur . Nous sommes ici dans un cas classique d’exil choisi pour éviter précisément une peine plus lourde . Rappelons aussi, pour mémoire, la suggestion de Mazzarino, Dalla Monarchia 19922, 238 nt . 14 repris dans Pensiero storico II 1966, 275– 276, qui a proposé de voir dans le Marce Camitlna représenté sur une des parois de la tombe François un des fils d’Ancus Marcius, représenté en train de tuer Tarquin l’Ancien .
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du châtiment des assassins de Tarquin l’Ancien tient donc sans doute aussi compte de cette réforme . Bibliographie Zumpt, Criminalrecht 1865, 45, 100–101 et 130–131 ; Thomsen, King Servius 1980, 10 ; Valditara, Magister 1989, 64–67 et 107–108 ; Volterra, Materiali 2018, n° 34 .
37 Sc. sur les esclaves libérés Règne de Servius Tullius . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] D . H . 4 .22 .4 . Ὁ δὲ Τύλλιος καὶ τοῖς ἐλευθερουμένοις τῶν θεραπόντων, ἐὰν μὴ θέλωσιν εἰς τὰς ἑαυτῶν πόλεις ἀπιέναι, μετέχειν τῆς ἰσοπολιτείας ἐπέτρεψε. Κελεύσας γὰρ ἅμα τοῖς ἄλλοις ἅπασιν ἐλευθέροις καὶ τούτους τιμήσασθαι τὰς οὐσίας, εἰς φυλὰς κατέταξεν αὐτοὺς τὰς κατὰ πόλιν τέτταρας ὑπαρχούσας, ἐν αἷς καὶ μέχρι τῶν καθ’ ἡμᾶς χρόνων ταττόμενον διατελεῖ τὸ ἐξελευθερικὸν φῦλον, ὅσον ἂν ᾖ· καὶ πάντων ἀπέδωκε τῶν κοινῶν αὐτοῖς μετέχειν, ὧν τοῖς ἄλλοις δημοτικοῖς. [IV] D . H . 4 .23 .1 . Ἀχθομένων δὲ τῶν πατρικίων ἐπὶ τῷ πράγματι καὶ δυσανασχετούντων συγκαλέσας τὸ πλῆθος εἰς ἐκκλησίαν. [IV] D . H . 4 .23 .7 . Τοιαῦτα λέγοντος αὐτοῦ συνεχώρησαν οἱ πατρίκιοι τὸ ἔθος εἰς τὴν πόλιν παρελθεῖν, καὶ μέχρι τῶν καθ’ ἡμᾶς χρόνων ὡς ἕν τι τῶν ἱερῶν καὶ ἀκινήτων νομίμων διατελεῖ τοῦτ’ ἐν τῇ πόλει φυλαττόμενον.
Ce sénatus-consulte est lié à la décision de Servius Tullius accordant aux esclaves libérés les mêmes droits que les citoyens Romains s’ils choisissaient de demeurer à Rome . Les sénateurs s’y opposèrent dans un premier temps mais, après que Servius Tullius eut convoqué le peuple pour justifier sa démarche, ils finirent par accepter la mesure, sans doute par l’intermédiaire d’un sénatus-consulte . Denys d’Halicarnasse, qui, comme le faisait remarquer M . Ver Eecke, avait minimisé l’importance de l’asylum dans les débuts de Rome à la différence de Tite-Live, est pourtant notre principale source sur cette mesure de Servius Tullius . Celle-ci est également mentionnée par Zonaras (Zonar . 7 .9), sans que cet auteur fasse mention d’un sénatus-consulte .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
L’existence d’une telle mesure – et donc de ce sénatus-consulte – est particulièrement problématique et ce d’abord, parce qu’elle est souvent liée au discours des sources antiques sur l’origine potentiellement servile de Servius Tullius . E . Gabba a ainsi montré que ce passage est profondément lié à cette dimension ainsi qu’aux connotations populaires du règne de ce roi . Comme souvent, par ailleurs, cet historien estime qu’il y a une similitude de tonalité entre ce passage de Denys d’Halicarnasse (particulièrement la partie qui explique que ces affranchis bénéficieront aux patriciens en devenant des clients ou des soldats) et certains propos de Tiberius Gracchus ; une similitude « pur nella fondamentale contraddizione » cependant352 . Ce dernier rapprochement ne nous paraît pas convaincant en ce qu’il semble quelque peu plaqué, et qu’il correspond à une tendance parfois trop systématique d’E . Gabba à relever des thèmes gracquiens dans l’œuvre de Denys d’Halicarnasse . Plus convaincant est le rappel du fait qu’il s’agissait d’un thème d’actualité dans la Rome d’Auguste, si on pense à la lex Fufia Caninia de 2 ou à la lex Aelia Sentia de 4 après J .-C ., ce qui permet à E . Gabba de suggérer que ce passage fut écrit probablement avant la première de ces lois et que Denys d’Halicarnasse utilisa sans doute comme source une histoire aristocratique d’époque post-syllanienne . Il est aussi incontestable que le contexte de l’image populaire du roi et de son origine servile soulève des questions . Cette origine et cette mesure témoigneraient, selon P . M . Martin, d’une popularité de Servius Tullius auprès des affranchis353, qui instrumentalisèrent peut-être cette tradition pour défendre leurs intérêts et leur intégration dans la cité . De fait, G . Poma a également souligné les doutes pesant sur cette mesure en raison du jeu étymologique sur le nom de Servius Tullius (présent chez Denys d’Halicarnasse) et en raison du possible rapprochement avec la politique philo-plébéienne prêtée à ce roi . Elle propose aussi d’expliquer cette invention de l’historien grec par une erreur (de lui ou de ses sources), qui aurait conduit à étendre aux affranchis un privilège de concession de la citoyenneté qui aurait concerné en réalité la masse des artisans et des commerçants d’immigration récente . L’ensemble est d’autant plus suspect qu’il sert de support à un discours prêté à Servius Tullius dans lequel celui-ci explique qu’il n’y a en réalité pas de différence entre les esclaves et les libres, si ce n’est une fortune différente : c’est la τύχη qui explique la servitude, pas la nature . Cette dimension stoïcienne du discours du roi avait déjà été remarquée par E . Gabba et se retrouve, plus récemment chez H . Mouritsen .
352 Gabba, Studi su Dionigi II [1961] 2000, 121 : « Si direbbe che in polemica con i ragionamenti graccani si voglia rivalutare per finalità militari (e politiche!) lo schiavo manomesso, cioè il liberto . Certamente l’annalista, che Dionigi segue, aveva l’esperienza degli ampi arruolamenti di libertini in occasione della guerra Marsica » . 353 Martin, Idée de royauté 1994, 248 .
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De son côté S . Treggiari avance que si Denys d’Halicarnasse ne mentionne pas la manumissio censu en tant que telle, on peut raisonnablement supposer qu’elle était également attribuée par la tradition à Servius Tullius . Rappelons en outre que la tradition romaine lie l’apparition de l’affranchissement des citoyens à la mise sur pied de la République, ce qui indiquerait, d’après Th . Mommsen, que l’affranchissement n’existait pas durant l’époque royale . Se fondant sur ce point, R . Thomsen estime la mesure inventée en raison du nom même de Servius Tullius : elle serait à ranger avec les autres initiatives en faveur des esclaves attribuées à ce roi en raison de son prénom . Comme le faisait remarquer R . T . Ridley, la question des affranchis fut soulevée à deux reprises à propos du cens, en 312–304 et en 169, si bien que, en tant que fondateur du census, il était naturel que Servius Tullius fût confronté à ce problème354 . L’anhistoricité de la mesure entraîne celle du sénatus-consulte qui lui est lié . Enfin, il faut sans doute rapprocher cet épisode du rachat des dettes signalé par Cicéron, qui n’évoque pas le cas des affranchis, et Denys d’Halicarnasse355 . C’est peut-être cette mesure qui servit de matrice à celle sur les affranchis, en raison du caractère d’« aimant étiologique » que jouait Servius Tullius à propos du census356 . Là encore deux lectures pourraient être proposées de cette abolition des dettes : une interprétation popularis visant à présenter ce roi comme un démagogue ou une lecture plus aristocratique, rapprochant Servius Tullius de Solon qui avait aussi introduit la répartition censitaire à Athènes tout en supprimant l’esclavage pour dettes afin d’instaurer l’eunomia357 . Or les deux pouvaient être convoquées de la même manière pour le débat sur la place à attribuer aux affranchis . Bibliographie Mommsen, Dr. publ. VI .1 1889, 64–65 ; Gabba, Studi su Dionigi II [1961] 2000, 120–122 ; Treggiari, Freedmen 1969, 25–26 et 38 ; Thomsen, King Servius 1980, 238–239 et 243–244 ; Poma, Schiavi 1981, 84–86 ; Ver Eecke, République 2008, 73 ; Mouritsen, Freedman 2011, 15 ; Volterra, Materiali 2018, n° 35 .
38 Sc. accordant un triomphe sur les Étrusques à Servius Tullius Règne de Servius Tullius (571) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu .
354 355 356 357
Ridley, Enigma 1975, 161 . Cic . rep. 2 .21(38) : obaeratosque pecunia sua liberauisset et D . H . 4 .9 .6–7 . Poucet, Rois 2000, 351–358 . Ridley, Enigma 1975, 161–162 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
[IV] Fasti triumphales . Ser . Tullius rex de Etruscis VI k . Dec . a . CXXCII . [IV] D . H . 4 .27 .3 . Ἐν ἁπάσαις δὲ ταῖς μάχαις κατορθῶν ὁ Τύλλιος, ὅσαι κατὰ πόλεις τε καὶ πρὸς ὅλον τὸ ἔθνος αὐτῷ συνέστησαν, καὶ τρισὶν ἐπιφανεστάτοις κοσμηθεὶς θριάμβοις τελευτῶν ἠνάγκασε τοὺς οὐκ ἀξιοῦντας ἄρχεσθαι τὸν χαλινὸν ἑκόντας λαβεῖν. [IV] Val . Max . 3 .4 .3 . In Tullio uero fortuna praecipue uires suas ostendit, uernam huic urbi natum regem dando . Cui quidem diutissime imperium obtinere, quater lustrum condere, ter triumphare contigit . Ad summam autem unde processerit et quo peruenerit statuae ipsius titulus abunde testatur, seruili cognomine et regia appellatione perplexis .
Trois sources nous renseignent sur les triomphes du roi Servius Tullius . Elles s’accordent toutes sur leur nombre, trois, ce qui pourrait rappeler le schéma de narration des trois victoires relevant des trois fonctions indo-européennes selon D . Briquel . Seuls les Fasti triumphales et Denys d’Halicarnasse indiquent que ces trois triomphes eurent lieu après des guerres contre une coalition de cités étrusques, parmi lesquelles sont nommées Caere, Tarquinia et Véies . Tout en reconnaissant l’historicité d’un conflit au moins avec Tarquinia, P . M . Martin estime que ces guerres semblent avoir été inspirées de celles menées par Rome contre les mêmes cités au milieu du IVe siècle (358–353) . Aucune de ces sources ne mentionne un sénatus-consulte, mais en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe sur les Étrusques . La date du triomphe est tirée des Fasti triumphales . Notons que le texte de Denys d’Halicarnasse indique que la guerre contre les Étrusques dura vingt ans (D . H . 4 .27 .3) . S’il n’est pas dit explicitement que les triomphes eurent lieu au bout de ces vingt années (le texte semblant même plutôt les inclure durant le déroulement du conflit) on peut toutefois penser que ce fut au moins le cas du dernier – dont la date manque dans les fastes – ce qui conduirait à le placer en 558, sans certitude aucune . La date précise du premier triomphe serait le 25 novembre, choix dont la signification nous échappe . Le second est daté du 25 mai, dies natalis du temple de la Fortune du peuple romain, choix à mettre en rapport avec le lien particulier unissant Servius Tullius et la déesse Fortuna . Cette coïncidence conduisit R . Thomsen à nier l’existence de ces triomphes . En effet, comme le souligne cet historien, si l’existence de conflits entre Mastarna/Servius Tullius et les Étrusques est très probable, ils ne peuvent avoir eu le caractère de guerre nationale que leur donne Denys d’Halicarnasse et doivent être plutôt réinscrits dans l’histoire particulière de ce roi . Le texte de Valère Maxime a ceci d’intéressant qu’il fait mention d’une statue évoquée par d’autres sources (D . H . 4 .40 .7 ; Ovid . Fast. 6 .570 ; Plin . nat . 33 .24) . Pline
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l’Ancien y voit cependant une statue de la déesse Fortuna (Plin . nat. 8 .194 et 197) tandis que Tite-Live la décrit comme représentant Pudicitia (Liv . 10 .23 .3) . La mention des triomphes aurait pu se trouver sur l’inscription accompagnant la statue . Toutefois, pour M . Selhmeyer, « die ersten historisch gesicherten Ehrenstatuen » date de 338358 . Ajoutons que si toutes les sources mentionnant les guerres de Servius Tullius en font des guerres étrusques, Eutrope, très vraisemblablement à tort, parle de guerres contre les Sabins (Eutr . 1 .7 : Hic quoque Sabinos subegit) . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 26 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 535 ; Thomsen, King Servius 1980, 288–314 ; Martin, Idée de royauté 1982, 159–161 ; Briquel, Lente genèse 2000, 99 ; Volterra, Mate riali 2018, n° 36, n° 37 et n° 38 .
39 Sc. accordant un triomphe sur les Étrusques à Servius Tullius Règne de Servius Tullius (567) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . Ser . Tullius rex II de Etrusc(eis) VIII k . Iun . a . CXXCVI . Les autres sources sont les mêmes que pour la notice n° 37 .
Voir supra la notice n° 38 . Ajoutons simplement que la date du triumphe, le 25 mai, correspond à celle de la dédicace du temple de la Fortuna Publica conservée par Ovide (Ovid . Fast. 5 .729–730), ce qui ne peut être une coïncidence lorsque l’on songe aux liens étroits entre cette divinité et le sixième roi de Rome359 . Bibliographie Voir supra la notice n° 38 .
40 Sc. accordant un triomphe sur les Étrusques à Servius Tullius Règne de Servius Tullius (566–564 ? 558 ?) . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . 358 Sehlmeyer, Stadtrömische Ehrenstatuen 1999, 48 . 359 Ridley, Enigma 1975, 159 .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
[IV] Fasti triumphales . Ser . Tullius rex III ann CXXC[--] / de Etrusceis IIII non . [---] . Les autres sources sont les mêmes que pour les notices n° 37 et 38 .
Voir supra les notices n° 38 et 39 . Bibliographie Voir supra les notices n° 38 et 39 .
41 Sc. d’approbation des lois de Servius Tullius Règne de Servius Tullius . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [III] D . H . 4 .36 .2 . Ὅς γε καὶ τὴν ἐξουσίαν, ἣν ὑμεῖς ἐδώκατέ μοι πατέρων φυλάττοντες παραδοχάς, οὐχ ἅπασαν ἐβουλήθην ἔχειν, ἀλλὰ νόμους θ’ ὑπὲρ τῶν κυριωτάτων καταστησάμενος, οὓς ἅπαντες ἐπεκυρώσατε, κατὰ τούτους ὑμῖν ἀπέδωκα διδόναι τὰ δίκαια καὶ λαμβάνειν, καὶ αὐτὸς ἐξηταζόμην πρῶτος οἷς ὥρισα κατὰ τῶν ἄλλων δικαίοις ὥσπερ ἰδιώτης πειθόμενος·
Un passage d’interprétation difficile de Denys d’Halicarnasse fait peut-être référence à un ou plusieurs sénatus-consultes . Ce passage se trouve dans un discours rapporté de Servius Tullius, tenu devant le Sénat, au moment où Tarquin le Superbe contestait le pouvoir du roi . À un moment de son discours, Servius Tullius se tourna vers les sénateurs et leur rappela qu’ils avaient confirmé ses lois . Une telle confirmation implique au moins un sénatus-consulte . Le caractère particulièrement sibyllin du texte de Denys d’Halicarnasse empêche de préciser avec certitude s’il y eut un seul sénatus-consulte ou plusieurs, et de déterminer quelles lois reçurent de la sorte l’approbation des sénateurs . Que les lois de Servius Tullius obtinrent l’approbation de l’aristocratie gentilice découle de ce que, contrairement à ce qu’avançait la tradition démocratique sur son règne, les réformes censitaires donnaient le pouvoir aux plus riches, jetant même les bases de la future république aristocratique selon A . Fraschetti360 . Cependant, au vu de ce que l’on sait de la prise de pouvoir de Servius Tullius et de son action, semblable sénatus-consulte paraît hautement improbable et pourrait bien n’être qu’un artifice rhétorique du roi . Il est en effet possible de comparer 360 Fraschetti, Servio Tullio 1994, 141 et déjà Ridley, Enigma 1975, 150 et Martin, Idée de royauté 1994, 254 .
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ce point de son discours à celui prononcé juste auparavant par le futur Tarquin le Superbe . Ce dernier y accusait Servius Tullius non seulement de n’avoir pas reçu le pouvoir du Sénat, mais encore de n’avoir pas été élu par le peuple (D . H . 4 .31 .2), ce qui est en contradiction totale avec la présentation que Denys d’Halicarnasse lui-même donne de la passation de pouvoir (cf . supra la notice n° 35) . Ce rappel du rôle du Sénat pourrait alors relever du même type de déformation . M . Ver Eecke suppose que ce discours put servir de modèle à Sylla lorsqu’il abdiqua et qu’il dut défendre son œuvre . Bibliographie Ver Eecke, République 2008, 148 ; Volterra, Materiali 2018, n° 40 .
42 Sc. sur le pouvoir de Tarquin le Superbe 534 . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Zonar . 7 .9 . Ταρκύνιος δὲ τήν τε βασιλείαν εὐθὺς παρὰ τῆς βουλῆς ἔλαβε καὶ πέμψας τινὰς τὸν Τούλλιον κομιζόμενον οἴκαδε διεχρήσατο.
Les sources principales concernant la prise de pouvoir de Tarquin le Superbe insistent toutes sur la violence et l’illégalité de cette transition, en particulier Denys d’Halicarnasse et Tite-Live (Liv . 1 .49 .3 précise neque populi iussu neque auctoribus patribus) . Seul Zonaras conserve une version dans laquelle Tarquin se serait vu confier le pouvoir par le Sénat, ce qui suppose un sénatus-consulte . Cette version, bien isolée, est très improbable . Rappelons toutefois que Servius Tullius n’avait pas de fils, mais seulement deux filles et qu’il aurait eu l’intention de léguer le royaume à Tarquin le Superbe (cf . D . H . 4 .33 .1–3) . Ce dernier n’aurait pas eu la patience d’attendre, poussé à l’action par une des filles de Servius Tullius . En outre, que Tarquin le Superbe ait été un fils ou un petit-fils de Tarquin l’Ancien, son mariage avec une fille de Servius Tullius lui ouvrait automatiquement le droit à la succession en raison de la règle de succession exogamique en ligne utérine suggérée par P . M . Martin, même si, ici, l’aspect exogamique n’était plus respecté361 . La transition aurait donc dû être aisée, et c’est le caractère de Tarquin, préfiguration de son règne tyrannique, qui explique la fin violente de Servius Tullius et sa prise de pouvoir par la force . Cet 361 Martin, Royauté 1982, 37 avance l’hypothèse que Servius Tullius aurait été le premier à essayer, de la sorte à concilier filiation utérine et filiation agnatique .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
histoiren pense aussi fausse la filiation directe entre Tarquin l’Ancien et Tarquin le Superbe : tout en étant bien de cette famille, il ne serait pas descendu directement du premier roi étrusque . De manière plus générale, A . Delcourt, insiste sur le fait que « la gens Tarquinia est bel et bien, chez Denys, la véritable détentrice du pouvoir romain . … Pour Denys, à travers le Superbe, c’est toute une gens qui occupe le trône de l’Vrbs » . E . Volterra date de manière erronée ce sénatus-consulte de 556 en s’appuyant sur la datation grecque donnée par Denys d’Halicarnasse (D . H . 4 .41 .1) : la quatrième année de la 61e olympiade est 533, qui correspond à l’archontat de Thériclès (533–532) et, avec un léger décalage habituel lorsque l’on compare les récits dionysien et livien, à la date que nous avons retenue . Bibliographie Martin, Idée de royauté 1982, 28–30, 53, 277–278 ; Delcourt, Lecture 2005, 348–349 ; Volterra, Materiali 2018, n° 41 .
43 Sc. accordant un triomphe sur les Volsques à Tarquin le Superbe Règne de Tarquin le Superbe . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . L . Tarq[uinius Prisci f . ann .---] / Dama[rati n . Superb(us) rex de Volesceis---] .
Les fastes triomphaux rapportent l’existence d’un triomphe de Tarquin le Superbe sur les Volsques . Aucune autre source n’en fait mention (même si D . H . 4 .52 .3 et Liv . 1 .53 .2–3 rapportent la guerre contre les Volsques), et les fastes n’évoquent pas de sénatus-consulte . En tous les cas, en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe sur les Volsques . Inversement, Tite-Live indique que Tarquin le Superbe ne demanda jamais l’avis du Sénat durant son règne (Liv . 1 .49 .7), ce qui affaiblit l’historicité de ce sénatus-consulte . Par ailleurs, M . Engerbeaud fait remarquer que si les Volsques se sont installés dans le sud du Latium à la suite d’une conquête militaire entre la fin du VIe siècle et le début du Ve siècle, cela implique de nombreuses défaites latines, et donc romaines, passées sous silence par la tradition . Dans ce cadre, le triomphe de Tarquin serait surprenant . Les victoires prêtées à ce roi par la tradition sont bien plus nombreuses mais très incertaines sur le plan historique .
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Bibliographie Pais, Fasti 1920, 27 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 535 ; Engerbeaud, Rome devant la dé faite 2017, 126–127 ; Volterra, Materiali 2018, n° 42 .
44 Sc. accordant un triomphe sur les Sabins à Tarquin le Superbe Règne de Tarquin le Superbe . Lieu de réunion : inconnu . Nom des sénateurs impliqués et de l’auteur de la sententia : inconnu . [IV] Fasti triumphales . L . Tarqui[nius Prisci f . Damarati n . a .---] / Super[bus rex II de Sabineis---] .
Les fastes triomphaux rapportent l’existence d’un triomphe de Tarquin le Superbe sur les Sabins . Aucune autre source n’en fait mention (même si D . H . 4 .50–52 raconte la guerre contre les Sabins), et les fastes n’évoquent pas de sénatus-consulte . Cependant, en raison des textes de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse (Liv . 3 .63 .8–11 et D . H . 3 .62 .2 et 11 .50 .1, cf . supra p . 29), il faut supposer l’existence d’un sénatus-consulte pour le triomphe sur les Sabins . Les victoires prêtées à ce roi par la tradition sont bien plus nombreuses mais très incertaines sur le plan historique362 . Bibliographie Pais, Fasti 1920, 27 ; Degrassi, Inscriptiones 1947, 64–65 et 535 ; Volterra, Materiali 2018, n° 43 .
362 Engerbeaud, Rome devant la défaite 2017, 95–96 s’étonne même que la tradition n’ait pas « ajout[é] à la liste des défauts de Tarquin le Superbe son incompétence militaire . … Par conséquent, les historiens de la Rome antique ont écarté la défaite militaire des causes du renversement des rois » .
Sénat et sénatus-consultes à l’époque royale : essai de mise au point
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Forme e tecniche
umBerto laffi
Clausole di autoprotezione e clausole di autolimitazione cautelare nei testi di senatoconsulti di età tardorepubblicana Ottimi studi sono stati dedicati, anche recentemente, all’esame di quell’apparato autoprotettivo mediante il quale la lex si prefiggeva lo scopo di assicurare l’osservanza delle disposizioni in essa contenute . Si tratta di una serie di clausole, di solito inserite nella parte finale, che da un lato comminavano penalità a chi, magistrati o altri soggetti, trasgredissero il precetto della legge, ovvero tentassero di ostacolarne l’attuazione o anche rifiutassero di prestare il giuramento richiesto (si tratta di clausole autoprotettive in senso proprio), dall’altro regolavano il rapporto con altre leggi e con il ius (si tratta per lo più di clausole autolimitative) . Tutte queste clausole, quelle autoprotettive in senso proprio e quelle autolimitative, hanno comunque una stessa funzione: quella di assicurare efficacia alla legge nel suo insieme e quindi la sua osservanza da parte dei destinatari1 . Non trovo che in dottrina si sia dato finora il giusto rilievo al fatto che anche nei senatoconsulti di età repubblicana si incontrano clausole analoghe sotto il profilo generale della funzionalità autoprotettiva2 . La nostra indagine prenderà in esame quei senatoconsulti nei quali tali clausole sono presenti . Ma è necessaria una premessa . Nelle materie per le quali il senato non ha competenze esclusive, le deliberazioni di questo organo non hanno un’efficacia vincolativa diretta: per 1 Maganzani, La sanctio 2012, 53–113; Santalucia, Le clausole autoprotettive 2012, 115–137 . Ottimo e ancora utile per le approfondite analisi testuali, Moreau, La rogatio 1989, 151–178 . 2 Nessun riferimento a queste clausole ricorre nello schema tipico del senatoconsulto quale è fissato in Mommsen, StR III .2 1888, 1008 [= Dr. publ . VII 1891, 203]; così anche in O’ Brien Moore, s . v . Senatus consultum 1935, 802–803; Volterra, s . v . Senatus consulta 1969, 1054–1055 [= 217–218= 105–106]; sulla struttura del testo delle deliberazioni senatorie, vd . ora l’ottima messa a punto, frutto di una ricerca a tutto campo, di Buongiorno, Senatus consulta 2016, 17–60 .
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essere direttamente applicabili, le sue deliberazioni, e quindi anche la comminazione di sanzioni contro i trasgressori, devono essere assorbite da provvedimenti magistratuali o trasfuse per opera di un magistrato in una rogatio da trasformare in legge . In questo caso potremmo parlare di autotutela ‘imperfetta’ . Prendiamo, ad esempio, il cd . senatus consultum de Bacchanalibus (ILLRP 511) e, in particolare, la sententia che commina la pena capitale a chi trasgredisce le decisioni prese (ll . 24–25) . In realtà il documento che ci è pervenuto è un editto dei consoli che comunicano una serie di decisioni senatorie alle comunità locali: si tratta, per dirla con il Ferrary, di un editto ex sc .3 . La protezione delle decisioni prese dal senato non scaturisce in questo caso da un’efficacia autonoma del sc., ma dalla copertura edittale dello stesso, il che, appunto, conferisce forza imperativa anche alla senten tia sanzionatoria contenuta al suo interno . Vi sono però delle materie, numerose, per le quali il senato detiene un potere assoluto (Polibio, 6 .13, definisce questo potere κυρία) . Queste materie sono quelle che riguardano l’amministrazione delle finanze, la politica monetaria, l’attribuzione delle province, la suprema direzione della guerra, i rapporti internazionali, l’attività diplomatica . In queste materie il senato emette deliberazioni aventi un carattere di vincolatività diretta: per questi ambiti di competenza si può a giusto titolo parlare di clausole di autoprotezione e di clausole di autolimitazione .
I. Inizieremo prendendo in esame un certo numero di clausole di autoprotezione che sono contenute nei testi di senatus consulta e di auctoritates che troviamo incorporati nell’VIII libro della Corrispondenza di Cicerone: si tratta di testi trascritti alla lettera da M . Celio Rufo e trasmessi a Cicerone, allora proconsole in Cilicia (51 a . C .) . Sono testi molto importanti in quanto ci restituiscono, con gli ipsissima verba, testimonianze dirette dello schema di redazione di delibere senatorie per quel periodo . Terremo presente l’edizione di Alberto Cavarzere, Marco Celio Rufo . Lettere (Cic. fam. l. VIII). Testo apparato critico, introduzione, versione e commento. In appendice: i frammenti delle orazioni, Brescia 1983, alla quale rinviamo per tutte le questioni riguardanti la trasmissione e lo stato dei testi . In queste lettere Celio informa Cicerone, a più riprese, sul dibattito che si stava svolgendo in senato de provinciis consularibus, in pratica sulla successione a Cesare nelle Gallie . Le deliberazioni prese dal senato in quella specifica materia e in quei frangenti si rivestono di una forte coloritura politica . Ciò fa sì che esse siano espressione non tanto di un diritto astratto, quanto di un diritto usato in 3 Ferrary, La gravure 2009, 69; in questo senso, già Albanese, Per l’interpretazione 2001, 1–34 [= 843–876]; da ultimo, vd . l’ampia e accurata analisi di Gallo, Senatus consulta 2017, 519–540, spec . 533–535 .
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funzione della lotta politica: ma anche le più politicizzate, e caduche, fra tali deliberazioni senatorie ci trasmettono pur sempre degli schemi compositivi giuridicamente validi e applicati nella prassi . Ai primi di ottobre del 51 a . C . Celio riferisce che il 29 settembre era stato approvato un sc. che deferiva ogni discussione in senato sulla successione a Cesare a dopo il 1 marzo 50 e che tale sc. era stato approvato all’unanimità . Su questo sc., del quale Celio riporta integralmente il testo (Cael . ap. Cic . fam. 8 .8 .5), ritorneremo in seguito . Lo stesso Celio dà poi notizia di un altro sc. approvato nello stesso giorno4, al quale invece fu opposto il veto da parte di alcuni tribuni filocesariani . Anche di questo sc. Celio riporta il testo integralmente, che qui di seguito riproduciamo: Cael . ap. Cic . fam. 8 .8 .6 . Prid . Kal . Oct . in aede Apollinis scrib . adfuerunt L . Domitius Cn . f . Fab . Ahenobarbus, Q . Q . f . Metellus Pius Scipio, L . Villius L . f . Pom . Annalis, C . Septimius T . f . Qui ., , C . Scribonius C . f . Pom . Curio, L . Ateius L . f . Ani . Capito, M . Eppius M . f . Ter . Quod M . Marcellus cos . v . f .5 de provinciis, d . e . r . i . c .6, senatum existimare neminem eorum qui potestatem habent intercedendi impediendi moram adferre oportere quominus de r . p . p . q . 7 ad senatum referri senatique c . fieri possi; qui impedierit prohibuerit, eum senatum existimare contra rem publicam fecisse . Si quis huic s . c . intercesserit, senatui placere auctoritatem perscribi et de ea re ad senatum p . q . 8 referri . Huic s . c . intercessit C . Coelius, L . Vinicius, P . Cornelius, C . Vibius Pansa
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Una deliberazione del senato non si trasformava in un senatoconsulto, vale a dire non conseguiva efficacia, se veniva colpita da intercessio . Di fatto, nell’ultima età repubblicana, erano i tribuni quelli che ricorrevano (o semplicemente minacciavano di ricorrere) a questo strumento, o al momento della relatio o dopo la votazione, per impedire rispettivamente la prosecuzione dell’azione iniziata dal magistrato presidente o l’esecuzione della deliberazione approvata dai senatori . Per cercare di annullare o almeno contenere le conseguenze dell’intercessio tribunizia, il senato adottava delle misure cautelari di carattere autoprotettivo, che, tradotte in clausole specifiche, erano inserite nei testi stessi delle delibere . Il documento sopra 4 Alcuni autori datano questi senatoconsulti al 30 settembre . Ma prid. Kal. Oct. non può corrispondere al 30 settembre: il mese di settembre ha nel calendario pregiuliano soltanto 29 giorni . 5 v(erba) f(ecit) . 6 d(e) e(a) r(e) i(ta) c(ensuerunt) . 7 de r(e) p(ublica) p(rimo) q(uoque) (empore); rinvio all’apparato e al commento di Cavarzere, ad loc. 8 p(rimo) q(uoque) (empore) .
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riportato ci offre un primo esempio del ricorso a questa prassi . Lo esamineremo in dettaglio . Ma sia chiaro: in questa sede non intendiamo riprendere in esame il problema della lotta politica fra Cesare e Pompeo o definire il ruolo dei singoli personaggi menzionati in queste lettere . Per la trattazione di questi problemi disponiamo di una bibliografia sterminata, e anche di recente il tema è stato ripreso e trattato analiticamente in alcune monografie dall’argomento specifico, alle quali rinviamo per un inquadramento storico generale (vd ., ad es ., L . Gagliardi, Cesare, Pompeo e la lotta per le magistrature, anni 52–50 a. C., Milano 2011; da ultimo L . Fezzi, Il dado è tratto. Cesare e la resa di Roma, Bari 2017, spec . 141–147); per le questioni prosopografiche utili, e comode, indicazioni troviamo anche nel commento, sopra citato, di Cavarzere . Veniamo dunque all’esame del testo . Su proposta del console M . Marcello, il senato approva una delibera che diffida chiunque abbia il diritto di veto o di impedimento (qui potestatem habent intercedendi impediendi)9 a creare ostacoli a che siano portate in discussione in senato questioni riguardanti la res publica (in primo luogo si intende qui la destinazione delle province) e a che sia posto in essere un senatoconsulto10 . Con lo scopo cautelativo di conferire effettività a questa risoluzione, nel testo della delibera vengono inserite due clausole autoprotettive . Chi impedirà che la delibera sia portata a esecuzione sarà considerato come uno che avrà agito contro l’interesse dello stato (contra rem publicam)11 . Si tratta di una mera nota di biasimo12? O la formula usata evocava la minaccia di una ‘hostis-Erklärung’, gravida di possibili e reali conseguenze sotto il profilo criminale13? Comunque, in 9 L’opposizione che veniva esercitata al momento della relatio produceva come effetto quello di bloccare l’intera procedura; vd . Kunkel/Wittmann, Staatsordnung 1995, 217, 219 . Mommsen, StR I 18873, 281 nt . 1, 284 [= Dr. publ . I 1892, 321 nt . 1, 325] ritiene che l’intercessio tribunizia potesse aver luogo soltanto dopo che il senatoconsulto fosse stato votato: altri impedimenta non sarebbero suscettibili di essere inquadrati nella categoria delle intercessio nes; ma vd . contra De Martino, Storia II 19732, 252–253; Kunkel/Wittmann, Staatsordnung 1995, 217 nt . 405 . 10 L’intercessio impediva il sc. fieri; vd . anche Gell . 14 .7 .6, che attinge da un compendio di istruzioni su come convocare e consultare il senato, redatte da Varrone per Pompeo, console designato per la prima volta: intercedendi ne senatusconsultum fieret ius fuisse iis solis qui eadem potestate qua ii qui senatusconsultum facere vellent, maioresve essent . 11 L’uso di questa e analoghe dichiarazioni da parte del senato, sia per atti già compiuti che per atti progettati, è ampiamente documentato per l’età che ci riguarda: vd . Rhet. Her. 1 .21; Sall . Cat . 50 .3, 51 .43; Cic . post red. in sen. 27, de har. resp. 15, Sest. 129, Pis. 35, Mil . 12, Phil . 8 .33, Q. fr. 2 .1 .2, 2 .3 .3, Att. 1 .16 .12, 4 .2 .4 . Il ricorso a questa dichiarazione è già attestato in Liv . 25 .4 .7 per l’anno 212 a . C ., con riferimento a un cittadino privato . 12 In questo senso, limitatamente alla fase finale della repubblica, Mommsen, StR I 18873, 283 nt . 3 [= Dr. publ . I 18932, 323 nt .3]; StR III 1888, 1067–1069 [= Dr. publ. VII 1891, 271–273] . 13 Questa dichiarazione esponeva il tribuno al rischio di essere incriminato, una volta uscito di carica, per iniziativa di accusatori privati; vd . Bleicken, Senatsgericht 1962, 24; De Martino, Storia II 19732, 253; Kunkel/Wittmann, Staatsordnung 1995, 220 nt . 417; Allély, La
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previsione che questa prima clausola non arrivi all’esito desiderato, vale a dire nel caso che chi ha la potestas intercedendi impediendi non ottemperi alla richiesta di non opporsi alla confezione di un senatoconsulto, il senato si cautela approvando una seconda clausola e inserendola nel testo della delibera: si quis huic s. c. inter cesserit, senatui placere auctoritatem perscribi et de ea re ad senatum p. q. referri. La risoluzione resa inefficace dall’intercessio non può essere protocollata come senatoconsulto, ma viene ugualmente e ufficialmente registrata (perscripta) come senatus auctoritas14, dotata in quanto tale di un forte valore politico e morale15, e si stabilisce che la questione venga di nuovo portata all’esame del senato alla prima occasione possibile, come se la deliberazione del senato colpita da intercessio fosse diventata senatoconsulto (e, ripeto, anche dal punto di vista redazionale l’auctori tas perscripta non differisce da un vero e proprio senatoconsulto) . Nonostante le misure dissuasive votate dai senatori, alcuni tribuni opposero l’intercessio . Questo dato viene registrato in appendice al testo dell’auctoritas . L’uso di dar rilievo in déclaration 2012, 57–58 . Conseguenze ben più gravi, sino all’adozione di misure estreme e sommarie, comportava la dichiarazione di un atto o fatto come perpetrato contra rem publi cam quando tale dichiarazione figurava nel testo del cd . senatusconsultum ultimum, sospensivo delle garanzie costituzionali dei cittadini . Di questo tipo, del tutto particolare, di sena tusconsultum non ci occuperemo in questa ricerca . 14 Sull’uso del termine auctoritas in questo senso, vd . Dio 55 .3 .4–5: εἰ δ᾽ οὖν ποτε ἐκ συντυχίας τινὸς μὴ συλλεχθεῖεν ὅσους ἡ χρεία ἑκάστοτε ἐκάλει … ἐβουλεύοντο μὲν καὶ ἥ γε γνώμη συνεγράφετο, οὐ μέντοι καὶ τέλος τι ὡς κεκυρωμένη ἐλάμβανεν, ἀλλὰ αὐκτώριτας ἐγίγνετο, ὅπως φανερὸν τὸ βούλημα αὐτῶν ᾖ. τοιοῦτον γάρ τι ἡ δύναμις τοῦ ὀνόματος τούτου δηλοῖ· ἑλληνίσαι γὰρ αὐτὸ καθάπαξ ἀδύνατόν ἐστι … ἐναντιωθέντων τινῶν δημάρχων τὸ μὲν δόγμα οὐκ ἠδυνήθη γενέσθαι, τὴν δὲ δὴ γνώμην σφῶν οὐχ ὑπέμενον ἀποκρυφθῆναι, ἐνομίζετο· καὶ αὐτῇ μετὰ ταῦτα καὶ ἡ κύρωσις κατὰ τὰ πάτρια ἐπήγετο καὶ ἡ ἐπίκλησις ἡ τοῦ δόγματος ἐπεφέρετο . Per l’espressione auctoritatem perscribere, vd . anche Cic . fam. 1 .2 .4, 1 .7 .4; Att. 5 .2 .3; Cael . ap. Cic . fam. 8 .8 .4, 7, 8; Dio 41 .3 .1; 42 .23 .1 (sull’uso da parte di Cassio Dione, vd . Letta, Fonti scritte 2016, 252); cfr . inoltre Cic . Att. 4 .17 .3: senatus decreverat … si qui intercessisset res integra referretur: si può vedere un’allusione a questa pratica, proiettata in età arcaica, anche in Liv . 4 .57 .5 (vd . Scevola, Le deliberazioni 2017, 172–174) . Sulla senatus auctoritas in generale, vd . Thomas, Cicéron 1977, 189–210 (la forza morale e politica dell’auctoritas senatus non è intaccata da impedimenti procedurali: per quanto privata della sua forza obbligatoria, l’auctoritas senatus contiene in potenza «une efficacité qui se manifestera à la prochaine occasion»); Mancuso, «Senatus auc toritas» 1981, 12–25 (l’A . è dell’opinione che la locuzione senatus auctoritas non designasse esclusivamente il senatoconsulto inefficace, ma si applicasse a ogni sorta di deliberazione senatoria indipendentemente dal suo perfezionamento sotto l’aspetto formale, essendo l’auctoritas l’espressione del predominio politico-costituzionale effettivo conseguito dal senato); Bonnefond-Coudry, Le sénat 1989, 554–569 (con un nuovo esame delle testimonianze e discussione critica della letteratura); sull’inefficacia della senatus auctoritas «als ungültiger Senatsbeschluss» insiste Graeber, Auctoritas patrum 2001, 128–133 . 15 Nella sua costituzione ideale Cicerone formula la regola generale: eius decreta rata sunto: ast potestas par maiorve prohibessit, perscripta servanto (de leg. 3 .10); vd . Thomas, Cicéron 1977, 189–210; Dyck, A Commentary 2004, 468–469; Fontanella, Politica 2012, 103–109 .
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sede di verbalizzazione alla posizione assunta dai tribuni trova riscontro in una notizia che ci tramanda Val . Max . 2 .2 .7: veteribus senatus consultis C littera subscribi solebat eaque nota significabatur illa tribunos quoque censuisse16 . Puntualmente registrata, la posizione, di accordo o di opposizione, assunta dai tribuni veniva così a marcare la differenza fra un senatoconsulto efficace e una auctoritas . Lo stesso schema di redazione, con la presenza di una clausola tipica di autoprotezione, caratterizza il testo di altre due deliberazioni approvate dal senato nello stesso giorno, che Celio trascrive e trasmette a Cicerone: Cael . ap. Cic . fam. 8 .8 .7 . Item senatui placere de militibus qui in exercitu C . Caesaris sunt, qui eorum stipendia emerita aut causas, quibus de causis missi fieri debeant, habeant, ad hunc ordinem referri, ut eorum ratio habeatur causaeque cognoscantur . Si quis huic s . c . intercessisset, senatui placere auctoritatem perscribi et de ea re p . 17 ad hunc ordinem referri . Huic s . c . intercessit Coelius, C . Pansa tr . pl .
Il senato delibera che i casi dei soldati di Cesare che abbiano terminato il loro servizio o abbiano motivi validi per ottenere il congedo siano portati all’esame del senato, in modo che se ne tenga conto e si possano conoscere i motivi del congedo . Era facile prevedere una reazione negativa da parte dei tribuni cesariani . Il senato anche in questo caso si cautela introducendo quella clausola autoprotettiva che assicurava comunque alla sua deliberazione l’archiviazione nella forma di una auctoritas e la possibilità di una riproposizione anche immediata (si quis huic s. c. intercessisset, senatui placere auctoritatem perscribi et de ea re p. ad hunc ordinem referri) . Dalla verbalizzazione risulta che in effetti due tribuni cesariani, come comprensibile, posero il veto . Cael . ap. Cic . fam. 8 .8 .8 . Itemque senatui placere in Ciliciam provinciam, in VIII reliquas provincias quas praetorii pro praetore optinent, eos qui praetores fuerunt neque in provinciam cum imperio fuerunt, quos eorum ex s . c . cum imperio in provincias pro praetore mitti oporteret, eos sortito in provincias mitti placere; si ex eo numero quos s . c . in provincias ire oporteret ad numerum non essent qui in eas provincias proficiscerentur, tum, uti quodque conlegium primum praetorum fuisset neque in provincias profecti essent, ita sorte in provincias proficiscerentur; si ii ad numerum non essent, tum deinceps proximi cuiusque collegi qui praetores fuissent neque in provincias profecti essent in sortem coicerentur quoad is numerus effectus esset, quem 16 Vd . Mommsen, StR III .2 1888, 1009 nt . 8 [= Dr. publ. VII 1891, 204 nt . 7] (che rileva l’uso non corretto di censuere riferito ai tribuni) . In realtà non è sicuro che nel testo di Valerio Massimo figurasse la sigla C: alcuni editori preferiscono restituire la sigla T . Le due lezioni sono ora discusse in Marino, Uso e rappresentazione 2018, 396–399 . 17 p(rimo) (uoque) (empore).
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ad numerum in provincias mitti oporteret . Si quis huic s . c . intercessisset, auctoritas perscriberetur . Huic s . c . intercessit C . Coelius, C . Pansa tr . pl .
Il testo di questa delibera merita un’accurata esegesi, anche se il focus della nostra indagine si concentra sulle ultime righe . D’altronde, una corretta comprensione del contenuto dell’intera deliberazione senatoria ci aiuta a meglio intendere la ra tio dell’inserzione nel testo della clausola tipica autoprotettiva (e la susseguente intercessio da parte dei tribuni cesariani) . Il senato designa la Cilicia (allora governata come provincia consolare da Cicerone)18 come provincia pretoria, in aggiunta alle altre otto province pretorie che risultavano tali nel 51 a . C ., e fissa in via provvisoria l’attribuzione di queste province a ex pretori, in attesa che la lex Pompeia, approvata nella primavera del 52 a . C . potesse essere applicata regolarmente19: questa legge, come è noto, aveva introdotto un intervallo quinquennale tra l’esercizio di una magistratura urbana (consolato o pretura) e l’attribuzione di una promagistratura provinciale, e quindi sarebbe andata a regime soltanto a partire dal quinto anno . Le clausole che compongono il regolamento provvisorio elaborato dal senato per l’applicazione della legge durante il periodo interinale non sono di facile interpretazione . Pochi sono gli studiosi che hanno esaminato o soltanto sfiorato il problema, diverse le ricostruzioni proposte . Senza perdermi in discussioni che ci porterebbero troppo lontano, propongo qui quella che a me pare un’interpretazione plausibile del contesto . Come reclutare gli ex pretori che avrebbero dovuto essere spediti nelle province dichiarate pretorie sulla base delle disposizioni della lex Pompeia? In una prima fase – così si può interpretare il dettato della delibera – si selezionino tutti quegli ex pretori che abbiano rivestito la carica cittadina da almeno un quinquennio, il quinquennio appunto prescritto dalla vigente lex Pompeia (vale a dire, a partire dal 55 a . C ., per poi risalire)20 e non siano mai stati in una provincia con un imperium: questi ex pretori, che occorre inviare in provincia con il rango di propretore in virtù di un senatoconsulto (evidentemente un decreto del senato attuativo della lex Pompeia), siano inviati in una delle province pretorie disponibili, previo sorteggio . Nel caso che il numero dei più anziani ex pretori qualificati ad essere inviati in provincia in virtù del senatoconsulto di cui sopra non equipari il numero delle province disponibili (vale a dire sia inferiore), allora si può prescindere dal requisito dell’intervallo quinquennale fra l’esercizio della pretura e il comando provinciale: si mandino nelle province, previo sorteggio, quelli che abbiano fatto parte del primo collegio 18 Campanile, Provincialis molestia 2001, 243–274 . 19 Sulla lex Pompeia è ancora fondamentale Marshall, The lex Pompeia 1972, 887–921; vd . anche la nuova trattazione con aggiornamenti e discussione della letteratura in Ferrary, À propos des pouvoirs 2001, 103–108 [= 515–521] . 20 Questa puntualizzazione in Linderski, Q. Scipio 1996, 166 nt . 75 [= 154 nt . 75] .
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di pretori che si incontra a scalare dal 55 a . C . (vale a dire, in prima applicazione, i pretori del collegio del 54 a . C .) e che non abbiano mai governato una provincia . Nel caso che anche il numero di costoro non sia sufficiente, si ammettano al sorteggio anche quelli che abbiano fatto parte del collegio successivo di pretori (vale a dire, in prima applicazione, del collegio del 53 a . C .) e non abbiano mai governato una provincia, fino a che non venga raggiunto il numero di coloro che occorre inviare nelle province disponibili . Si trattava di un meccanismo ben congegnato, puramente tecnico; ma la decisione senatoria di indicare come provincia pretoria per il 50 a . C . la Cilicia, riducendo quindi le province consolari alla Siria e alle Gallie (oltre alle Spagne tenute da Pompeo), faceva temere ai tribuni cesariani che si volesse prefigurare una decisione sulle province di Cesare . I senatori non potevano ignorare questi timori dei cesariani e, per proteggere la delibera, introdussero quindi nel testo la clausola tipica autoprotettiva: si quis huic s. c. intercessisset, aucto ritas perscriberetur . Due tribuni cesariani, per rimanere sul sicuro, posero il veto al provvedimento nel suo complesso .
II. In altri senatoconsulti troviamo clausole cautelative di autolimitazione, nel senso che il senato, pur in materie di sua riconosciuta competenza, si cautela prospettando l’eventuale necessità di una ratifica popolare onde rendere effettiva una sua deliberazione o parte di essa . Non entrano in considerazione, ovviamente, quei senatoconsulti che si configurano come semplici ‘pareri’ con i quali i senatori, in risposta ad apposite richieste, invitavano il magistrato a presentare una rogatio in materie che costituivano riserva di legge (ad es . la decisione sulla guerra)21 . È chiaro che in questi casi il concetto di autolimitazione non avrebbe senso, trattandosi di limiti oggettivi ai quali il senato doveva adeguarsi in tutti i casi se voleva che la sua deliberazione, per quanto politicamente preminente, acquistasse forza coercitiva22 . Parliamo, ripeto, di limiti cautelari che il senato prospetta in materie 21 Laffi, Le concezioni 2016, 442–443, spec . 421–426 . 22 In questi casi poteva verificarsi che il testo del senatoconsulto richiamasse in una clausola aggiuntiva questo limite, che era oggettivo, in quanto la materia era riconosciuta di competenza delle assemblee popolari, e al loro voto la delibera doveva essere sottoposta per la necessaria ratifica . Indicativa di questa pratica senatoria (che per la verità non sappiamo quanto fosse comune) è la testimonianza che ci fornisce un noto passo di Asconio (Corn. 58 .3–11 Cl . = 47 .17–48 .4 St .) . Nell’intento di ridimensionare l’autorità del senato e di ripristinare lo stato originario del diritto, C . Cornelio, tribuno nel 67 a . C ., di tendenza antioligarchica promulga una rogatio, che ribadisce, in materia di dispensa dall’osservanza di una o più leggi, l’esclusiva competenza del popolo . Secondo l’argomentazione di Cornelio, la legge che egli proponeva non faceva che richiamare in vigore un antiquum ius: in tutti i senatoconsulti nei quali si deliberava che qualcuno fosse dispensato dall’osservanza di una legge si
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riconosciute di sua competenza ove sorga il dubbio che qualcuno possa obiettare che per qualche aspetto la deliberazione presa non sia suscettibile di efficacia normativa senza una ratifica popolare . Questa previsione di un limite all’effettività del proprio potere deliberativo scaturisce anch’essa in ultima analisi da un’esigenza pratica di autoprotezione, come vedremo nel proseguo dell’indagine . Un’importante testimonianza dell’uso di queste clausole ci offre il testo del primo senatoconsulto del 29 settembre 51 a . C ., trascritto da Celio Rufo per Cicerone, che abbiamo ricordato sopra e la cui trattazione avevamo lasciato in sospeso . Cael . ap. Cic . fam. 8 .8 .5 . Prid . Kal . Oct . in aede Apollinis scrib . adfuerunt L . Domitius Cn . f . Fab . Ahenobarbus, Q . Caelius Q . f . Fab . Metellus Pius Scipio, L . Villius L . f . Pom . Annalis, C . Septimius T . f . Qui ., C . Luci
us C . f . Pup . Hirrus, C . Scribonius C . f . Pom . Curio, L . Ateius L . f . Ani . Capito, M . Eppius M . f . Ter . [sal .] .
usava apporre la clausola: ut de ea re ad populum ferretur . Ma a poco a poco – aggiunge – il voto del popolo era passato in desuetudine ed anzi si era instaurata la consuetudine di non aggiungere nemmeno la clausola che prescriveva di portare la materia dinanzi al popolo (de rogatione ad populum ferenda), e gli stessi senatoconsulti venivano ormai approvati con il voto di pochi senatori: promulgavit legem qua auctoritatem senatus minuebat: ne quis nisi per populum legibus solveretur. Quod antiquo quoque iure erat cautum; itaque in omnibus S. C. quibus aliquem legibus solvi placebat adici erat solitum ut de ea re ad populum ferretur: sed paulatim ferri erat desi tum, resque iam in eam consuetudinem venerat, ut postremo ne adiceretur quidem in senatus consul tis de rogatione ad populum ferenda; eaque ipsa S. C. per pauculos admodum fiebant . Secondo questa testimonianza, tutti i senatoconsulti che concedevano dispense dall’osservanza di una o più leggi solevano presentare una prescrizione, aggiunta in calce, nella quale si riconosceva che la deliberazione senatoria non aveva un’efficacia autonoma e che occorreva sottoporre l’intera materia al voto del popolo: ut de ea re ad populum ferretur . Su questo episodio e più in generale sulla dispensa dall’osservanza di una legge, vd . Reduzzi Merola, Iudicium 2001, 97– 130; ead ., Aliquid de legibus 2007, 117–148; cfr . anche Laffi, Le concezioni 2016, 442–443 . Una configurazione ancora diversa del rapporto senatoconsulto/legge si ha nei casi in cui il senato invita i magistrati a presentare una legge riguardante la stessa materia oggetto della deliberazione senatoria, non perché la legge sia necessaria in funzione di ratifica, ma perché anche il popolo manifesti la stessa volontà del senato con una propria delibera: è questo il caso del senatoconsulto del dicembre del 19 d . C . sugli onori funebri da tributare a Germanico, riportato nella Tabula Siarensis, che invita i consoli designati a presentare una legge sullo stesso soggetto (RS, nr . 37, frg . (b), col . II, ll . 27–30: utique M(arcus) Messalla M(arcus) Aurelius Cotta Maximus co(n)s(ules) designati cum magistratum inissent primo quoque tempore cum per auspicia liceret sine binum trinumve nundinum prodictione legem ad populum de honoribus Germanici Caesaris ferendam curent); l’invito del senato, dettato dal proposito di far sì che unanime apparisse il cordoglio verso il defunto, fu accolto dai consoli designati (lex Valeria Aurelia del 20 d . C .); sul passo citato, vd . Fraschetti, Roma e il principe 20052, 95–99; sull’iter di conferimento degli onori postumi a Germanico, vd ., in generale, Buongiorno, Senatus consulta 2016, 53–55 .
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Quod M . Marcellus cos . v . f . de provinciis consularibus, d . e . r . i . c ., uti L . Paulus C . Marcellus coss ., cum magistratum inissent, [a . d .] ex [X] Kal . Mart .23 quae in suo magistratu futurae essent, de consularibus provinciis ad senatum referrent, neve quid prius ex Kal . Mart . ad senatum referrent neve quid coniunctim [de ea re referrentur a consiliis], utique eius rei causa per dies comitiales senatum haberet senatusque cons . faceret et, cum de ea re ad senatum referrent, ut a consiliis, qui eorum in CCC iudicibus essent, s . f . s .24 adducere liceret; si quid d . e . r . ad populum pl .ve lato opus esset, uti Ser . Sulpicius M . Marcellus coss ., pr ., tr .q . pl ., quibus eorum videretur, ad populum pl .ve ferrent; quod si non tulissent, uti quicumque deinceps essent ad populum pl .ve ferrent . I . u .25 .
Su proposta del console Marco Marcello, il senato delibera che la questione delle province consolari sia portata in discussione da Lucio Paolo e Gaio Marcello, i consoli dell’anno seguente (50 a . C .), a partire dalle calende di marzo, e che da questa data essi non presentino altre mozioni né prima di questa, oggetto della delibera, né insieme con questa (neve quid prius … neve quid coniunctim): in altri termini la discussione sulle province consolari dovrà avere la precedenza assoluta e non essere associata ad altri argomenti . Si consente altresì che i consoli convochino il senato anche in giorni comiziali e che, quando porteranno in discussione al senato la questione, abbiano la facoltà di richiamare dalle giurie, senza che ciò crei loro pregiudizio, quei senatori che appartengano alla decuria dei trecento giudici senatorii . Come è noto, la lex Aurelia iudiciaria, allora in vigore, stabiliva che l’album iudicum fosse composto per un terzo di senatori, un terzo di cavalieri, un terzo di tribuni aerarii: i trecento iudices a cui fa riferimento il senatoconsulto sono, come è evidente, quelli della componente senatoria . Segue una clausola, di tipo operativo ed estranea al contenuto propriamente normativo della deliberazione, che è per noi del massimo interesse e sulla quale concentreremo la nostra analisi: si quid d. e. r. ad populum pl.ve lato opus esset, uti Ser. Sulpicius M. Marcellus coss., pr., tr.q. pl., quibus eorum videretur, ad populum pl.ve ferrent; quod si non tulissent, uti quicumque deinceps essent ad populum pl.ve ferrent. Qual è il significato di questa clausola? Il De Martino così interpreta: «si diede autorizzazione preventiva ai consoli, pretori e tribuni della plebe per eventuali pro-
23 Per il testo, rinvio all’apparato e al commento di Cavarzere, ad loc . Le espunzioni risalgono al Gronovius e sono generalmente accolte . 24 s(ine) f(raude) s(ua) è un emendamento (risalente a Hirschfeld) del tràdito ses, paleograficamente semplice e plausibile in quanto restituisce una formula usuale nei testi giuridici: vd . apparato e commento di Cavarzere, ad loc . 25 Questa sigla, che è la lezione dei codici, è stata variamente sciolta o emendata . Lo scioglimento i(ta) u(niversi), accolto da Cavarzere, sembra anche a me accettabile . Si mette in rilievo che la decisione è stata unanime, lasciando così anche intendere che non vi fu inter cessio da parte dei tribuni .
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poste legislative ai comizi»26 . È un’interpretazione generica, che non coglie la sostanza e la specificità della clausola . Lo scopo non è quello di dare carta bianca ai magistrati per la presentazione di eventuali proposte legislative . Quale ragione poteva giustificare nel pensiero dei senatori la concessione di una delega così ampia e incontrollabile? Il Ferrary descrive la clausola come «une formule de caractère tralatice, contenant une invitation très générale aux magistrats (de l’année en cours ou de l’année suivante) de saisir le peuple en cas de besoin pour permettre la mise en oeuvre de la volonté du Sénat»27 . L’esegesi è fondamentalmente corretta, ma per lo scopo della nostra ricerca va precisata (ma sia chiaro, non si richiedeva all’A . di esplicitare che cosa implicasse l’espressione «en cas de besoin», trattandosi di una questione completamente marginale nel contesto argomentativo di fondo) . Per poter cogliere il significato più preciso di questa clausola, partiamo da una triplice considerazione . Si quid de ea re ad populum pl.ve lato opus esset: 1) la clausola si configura sub specie di un’ipotesi (si); 2) l’ipotesi riguarda una frazione (quid) di un tutto; 3) il tutto coincide con la deliberazione in oggetto (de ea re), di cui sono riportate le singole clausole . Ebbene, la clausola finale operativa che stiamo esaminando prescrive che qualora nella deliberazione presa sia contenuta una proposta che richieda una ratifica da parte del popolo o della plebe, i consoli, i pretori, i tribuni della plebe, a chiunque di loro sembri opportuno, portino tali proposte dinanzi al popolo o alla plebe; se non lo faranno loro, siano i loro successori a presentarla dinanzi al popolo o alla plebe . Chiediamoci a questo punto se esistesse il rischio concreto che qualcuno, non soltanto fra i tribuni, potesse obiettare che il senato non aveva la potestà di decidere in via definitiva su alcune delle proposte presentate . Si potrebbe pensare, ad esempio, che qualcuno ponesse in dubbio che il senato da solo potesse autorizzare i magistrati a convocare una seduta durante i giorni comiziali, in deroga alla lex Pupia, allora in vigore, che vietava la riunione simultanea dei comizi e del senato28 . In realtà, è più probabile che la clausola si quid de ea re ad populum pl.ve lato opus esset non avesse di mira circostanze specifiche in cui la previsione avrebbe potuto prendere corpo . In questo periodo questa clausola doveva essersi trasformata in una semplice clausola di stile . Lo dimostra il fatto che Valerio Probo la riporta abbreviata in sigle, con i relativi scioglimenti, nel suo de notis iuris: Val . Prob . litt. sing. 23 (in Girard/Senn, Textes de Droit Romain7 I, p . 12) . S . Q . M . D . E . R . A . P . P . V . L . O . E . COS . PR . TR . PL . Q . N . S . Q . E . V . A . P . P . V . F . Q . S . N . T . COS . PR . TR . PL . Q . D . E . Q . E . V . A . P . P . V . F . si quid mee (mss.) de ea re ad populum plebemve 26 De Martino, Storia III 19732, 197 . 27 Ferrary, L’iter legis 2012, 8–9 . 28 Sul contenuto della lex Pupia e le interpretazioni dei moderni, vd . l’ampia trattazione di Bonnefond-Coudry, Le sénat 1989, 229–256, altra letteratura in Rampazzo, Quasi praetor 2008, 43 nt . 122 . Mommsen, StR III .2 1888, 923 [= Dr. publ. VII 1891, 102] ritiene che il senato possedesse la facoltà di derogare alle prescrizioni della lex Pupia .
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lato opus est, cos . praetores tribuni plebis qui nunc sunt, quibus eorum videbitur, ad populum plebemve ferant: quod si non tulerint, cos . praetores tribuni plebis qui deinceps erunt, quibus eorum videbitur, ad populum plebemve ferant .
Aggiungendo al senatoconsulto questa clausola tipizzata e tralaticia, i senatori mettevano, per così dire, le mani avanti, concedendo che per qualche aspetto il senatoconsulto approvato potesse richiedere un ricorso suppletivo alle assemblee popolari: ma prevenendo possibili obiezioni su singoli punti, il senato salvaguardava in tutti i casi il nucleo essenziale della deliberazione stessa . In ultima analisi, anche questa clausola di autolimitazione cautelare rispondeva quindi a una finalità autoprotettiva: come con le clausole esaminate nel paragrafo precedente il senato si autotutelava nella previsione che qualcuno (un tribuno) opponesse un’interces sio, così con la clausola che concedeva la possibilità di un rinvio parziale al popolo, il senato si autotutelava nella previsione che qualcuno sollevasse un’eccezione di difetto di competenza . Questa delibera fu approvata all’unanimità . Nonostante la formula autolimitativa che abbiamo preso in esame abbia un carattere tralaticio, conosco un solo testo di senatoconsulto dove essa ricompare, sia pure redatta con una fraseologia in parte diversa e anche con qualche variante di significato . Si tratta di un frammento della traduzione greca di un senatoconsulto di età triumvirale, che faceva parte di un dossier, proveniente da Efeso, che conteneva anche il testo, sempre in traduzione, di un editto triumvirale . L’iscrizione fu incisa in età traianea; si ritiene che fosse esposta nell’edificio che doveva essere la sede del Mouseion, un’istituzione collegiale che riuniva παιδευταί e ἰατροί . Non si sa chi abbia curato la traduzione dei testi in greco, né se questa risalga all’età triumvirale o traianea . Il documento è raramente preso in considerazione in letteratura, forse per le enormi difficoltà di esegesi che presenta . Riproduco il testo della clausola in questione secondo l’edizione del dossier (o meglio di quello che rimane) da me curata: U . Laffi, L’iscrizione di Efeso sui privilegi di insegnanti, sofisti, medici (I. Ephesos, 4101), in B . Virgilio (cur .), Studi Ellenistici XIX, Pisa – Roma 2006, 453–521 (a cui rinvio anche per un commento dettagliato)29 . ll. 3–7. Ἐὰν δέ τις περὶ τούτου τοῦ πράγματος ἀνθίστηται‚ τῷ δήμῳ ἢ τῷ πλήθει προσανενενκεῖν δεήσει· ὕπατοι{ς} στρατηγοὶ δήμαρχ[οι] οἱ νῦν ὄντες οἷς ἂν αὐτῶν δόξῃ τῷ δήμῳ καὶ τῷ πλ[ή]θει προσανενενκάτωσαν.
Nelle linee precedenti si faceva riferimento alla concessione di immunità doganali per merci in entrata e in uscita . Nelle linee seguenti alla clausola riportata (ll . 7–11), il testo contiene un invito rivolto dal senato stesso ai triumviri a intervenire con 29 Testo riprodotto in SEG 56 (2006) 1219 e AE 2006, 1455 .
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un editto per rendere noto che è parere del senato che nessuno dei magistrati, in quanto investiti del ius agendi cum populo, presenti una rogatio rivolta a imporre una εἰσφορά a insegnanti, sofisti e medici . La clausola sopra riportata si apre, in questa formulazione come in quella in latino esaminata in precedenza, con una frase ipotetica, tranne che in questa il soggetto non è un quid, ma un quis . Se si verifica l’ipotesi contemplata nella protasi, allora si invitano i magistrati romani (in questo caso solamente quelli in carica) a portare la materia dinanzi al popolo o alla plebe . Ma qual è l’ipotesi contemplata? Che cosa significa: Ἐὰν δέ τις περὶ τούτου πράγματος ἀνθίστηται? Così interpretavo, op. cit., p . 471: «Il verbo, nella forma media, significa ‘opporsi’, ma non nel senso di dire semplicemente ‘no’, quanto piuttosto nel senso di presentare un’obiezione sostenuta con argomenti; questo è il significato anche del sostantivo corrispondente ἀντίστασις (vd ., ad es ., Sherk, RDGE, nr . 55, ll . 12–16; per l’espressione ἐξ ἀντικαστάσεως, vd . anche Sherk, RDGE, nr . 70, ll . 7–8; Ios . ant. Iud ., XIV . 246) . Quando non è usato assolutamente, il verbo è testimoniato di solito nella costruzione con il dativo o con πρός e l’accusativo della persona o della cosa a cui ci si oppone . La costruzione con περί e il genitivo induce a pensare che l’obiezione, inerente nel significato del verbo, si intenda bensì rivolta al senato, ma relativamente alla materia trattata: si prevede, in altri termini, che qualcuno obietti sulla competenza dell’organo chiamato a decidere a trattare quella materia30 . In questo caso, si stabilisce che la questione venga riferita al popolo o alla plebe, vale a dire ai comizi tributi o ai concilia plebis e si precisa che dovranno essere i consoli, i pretori, i tribuni in carica, quelli tra loro ai quali sembrerà opportuno, a riferire la questione al popolo o alla plebe . È proprio attraverso questa eventuale obiezione che verrebbe a integrarsi l’ipotesi: si quid de ea re ad populum ple bemve lato opus est» . Questa interpretazione, che finisce per sfociare nell’assimilazione sostanziale delle due versioni, quella con quid come soggetto dell’ipotetica (versione latina) e quella con quis (versione greca) mi appare ancora oggi sostenibile e la ripropongo nei termini con cui l’ho sopra esposta . Si sarà notato che il verbo che conclude la clausola è all’imperativo (προσανενενκάτωσαν) . Nei testi dei senatoconsulti non si usa l’imperativo, ma il congiuntivo: evidentemente il traduttore (non è detto che si tratti di una traduzione ufficiale) ha interpretato realisticamente il valore dell’invito espresso al congiuntivo, usando un imperativo che semplificava il testo, rendendolo più direttamente comprensibile anche a chi non conosceva o non apprezzava le sottigliezze del diritto e dello stile romani . Vorrei fare un’ulteriore considerazione . Come abbiamo ricordato, l’iscrizione contenente il dossier fu incisa a Efeso in età traianea e si ritiene che sia stata esposta nel Mouseion di Efeso per iniziativa dei παιδευταί e degli ἰατροί che ne facevano 30 Qualcuno, ad es ., avrebbe potuto obiettare che l’immunità dal portorium costituiva pur sempre un’alienazione a titolo gratuito di risorse pubbliche e che quindi fosse necessaria l’autorizzazione del popolo; vd . Laffi, L’iscrizione 2006, 471–472 .
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parte . Il governo romano nel corso dell’età imperiale era intervenuto a più riprese per regolare i privilegi, in particolare le immunità, di insegnanti, sofisti e medici . Queste potenti categorie erano gelose dei loro privilegi, li ostentavano e ne conservavano la memoria . Per questo i παιδευταί e gli ἰατροί del Mouseion di Efeso fecero pubblicare o ripubblicare questi documenti (il senatoconsulto e l’editto triumvirale), che comprovavano che vari privilegi di cui godevano queste categorie risalivano a un’età remota; un’iniziativa che doveva servire anche di ammonimento non solo per le autorità locali, ma anche per il governatore in carica e i futuri governatori . A giudicare dagli scarsi frammenti dei due documenti assemblati che l’iscrizione ci ha restituito, dobbiamo presumere che come editori i παιδευταί e gli ἰατροί abbiano scelto di riprodurre nella sua interezza contenutistica, sia pure con dei ritocchi formali, almeno il testo del senatoconsulto, senza operare alcuna selezione . Diversamente non si comprenderebbe per quale motivo abbiano riproposto all’attenzione di chi leggeva l’iscrizione una clausola che conteneva istruzioni procedurali e contingenti dell’età triumvirale, che risultavano non solo del tutto superate ma anche senza significato per le finalità che l’esibizione del testo intendeva perseguire . È grazie a questa scelta conservativa che abbiamo potuto recuperare un’ulteriore attestazione di questa formula-fossile di autolimitazione cautelare (si quid … si quis …), che doveva essere di uso corrente nei testi dei senatoconsulti dell’età tardorepubblicana, ma che risulta a noi così poco documentata .
III. Ci si chiede a questo punto perché l’apparato autoprotettivo che abbiamo riscontrato nei testi delle auctoritates e dei senatoconsulti sopra esaminati, per vari aspetti analogo a quello che si riscontra in testi legislativi, abbia ricevuto soltanto una men che debole attenzione in dottrina . La scarsezza delle testimonianze che ci sono pervenute non basta a spiegarlo . Il fatto che questo tipo di misure predisposte dal senato ben poco potesse nella pratica contro gli effetti paralizzanti dell’intercessio può avere contribuito almeno in parte ad allontanare l’interesse degli studiosi per un’analisi più approfondita . Ma il problema è più complesso, e occorre partire più da lontano, dallo Staatsrecht del Mommsen . Nel sistema concettuale-dogmatico del Mommsen, il senato, come è noto, non è soggetto di diritto: le sue deliberazioni hanno sì un forte peso politico ma non una rilevanza giuridica . Il Mommsen tendeva quindi a svalutare l’efficacia giuridica delle deliberazioni senatorie, presupponendo e dando per certa l’esistenza di leggi di ratifica anche quando queste non sono testimoniate . Questa impostazione, sia pure con diverse sfumature, continua ad avere ampia accoglienza in dottrina31: si comprende quindi come vi possa essere 31 Ho trattato il problema, principalmente con riferimento alle fondazioni coloniarie, in Laffi, Leggi agrarie 2012, 429–461; vd . anche la discussione in Peppe, I senatusconsulta 2012, 627–705 .
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una certa resistenza a riconoscere che un organo che è ritenuto privo di autonomia normativa e abilitato a prendere soltanto decisioni consultive abbia la facoltà di tutelare con sanzioni o altre misure autoprotettive queste sue decisioni o di delimitarne in via cautelativa l’ambito di applicazione . Ogni attenzione è spostata sulla legge di ratifica . Ora, non si vuol certo negare che questo tipo di approccio sia valido per le materie che costituiscono riserva di legge . Ma vi sono materie, come abbiamo sottolineato sopra più volte, per le quali il senato ha competenze assolute: in questi casi le deliberazioni che questo organo approva hanno una forza precettiva autonoma, ed è quindi comprensibile che esso ricorra, per assicurarne l’osservanza, a un apparato autoprotettivo funzionalmente analogo a quello della legge, pur riconoscendo in via cautelativa che la ratifica della legge possa essere richiesta in alcuni casi e per alcuni aspetti . Anche un atto di governo poteva ben contenere clausole di autoprotezione (funzionassero o meno): su queste abbiamo cercato di richiamare l’attenzione .
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Il contributo di Varrone alla conoscenza delle procedure di funzionamento del senato
I. Nella ricca antologia di testi che gli autori de antiquitatibus forniscono in relazione al senato e alle sue procedure di funzionamento occupa un posto di primo piano un rilevante contributo di Varrone, del quale dà notizia Gellio nel capitolo settimo del quattordicesimo libro1 delle sue Noctes Atticae2 . Gellio propone la sintesi di una o più epistole3 che Marco Terenzio Varrone indirizzava ad un certo Oppiano, la 1 14 .7 .1–11: Gnaeo Pompeio consulatus primus cum M. Crasso designatus est. Eum magistratum Pompeius cum initurus foret, quoniam per militiae tempora senatus habendi consulendique, rerum expers urbanarum fuit, M. Varronem familiarem suum rogavit, uti commentarium faceret εἰσαγωγικόν – sic enim Varro ipse appellat – ex quo disceret, quid facere dicereque deberet, cum sena tum consuleret. Eum librum commentarium, quem super ea re Pompeio fecerat, perisse Varro ait in litteris quas ad Oppianum dedit, quae sunt in libro epistolicarum quaestionum quarto, in quibus litteris, quoniam quae ante scripserat non comparebant, docet rursum multa ad eam rem ducentia. Primum ibi ponit, qui fuerint, per quos more maiorum senatus haberi soleret, eosque nominat: dicta torem, consules, praetores, tribunos plebi, interregem, praefectum urbi; neque alii praeter hos ius fuisse dixit facere senatusconsultum, quotiensque usus venisset, ut omnes isti magistratus eodem tempore Romae essent, tum quo supra ordine scripti essent, qui eorum prior aliis esset, ei potissimum senatus consulendi ius fuisse ait, deinde extraordinario iure tribunos quoque militares, qui pro con sulibus fuissent, item decemviros, quibus imperium consulare tum esset, item triumviros reipublicae constituendae causa creatos ius consulendi senatum habuisse. Postea scripsit de intercessionibus dixitque intercedendi, ne senatusconsultum fieret, ius fuisse iis solis, qui eadem potestate qua ii, qui senatusconsultum facere vellent, maioreve essent. Tum adscripsit de locis, in quibus senatusconsul tum fieri iure posset, docuitque confirmavitque, nisi in loco per augures constituto, quod ‘templum’ appellaretur, senatusconsultum factum esset, iustum id non fuisse. Propterea et in curia Hostilia et in Pompeia et post in Iulia, cum profana ea loca fuissent, templa esse per augures constituta, ut in iis senatusconsulta more maiorum iusta fieri possent. Inter quae id quoque scriptum reliquit non omnes aedes sacras templa esse ac ne aedem quidem Vestae templum esse.
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cui identità, tra svariate ipotesi, resta tuttora ignota . Le lettere confluirono nelle varroniane Epistolicae Quaestiones delle quali ben poco si può ricostruire . Varrone, stando a quanto Gellio scrive, ritornava ad occuparsi in questo scritto di un tema al quale si era dedicato in passato: il funzionamento del senato . Si trattava di uno scritto d’occasione: quarant’anni prima, gli era stata inoltrata richiesta da Pompeo, console per la prima volta per l’anno 70 a . C ., di redigere per lui un manualetto dal quale apprendere come convocare e gestire una seduta del senato; ne risultò quello che Varrone stesso definiva un commentarius εἰσαγωγικός . Il libretto, come il titolo esplicitamente dichiara, consisteva in una sorta di compendio introduttivo a tutto quel che è necessario conoscere intorno al senato . Come si apprende da Gellio questo scritto andò perduto: evento comprensibile se consideriamo che esso seguì le vicende di Pompeo al quale era destinato e forse anche di Varrone (qualora ne avesse posseduto una copia) che fu iscritto nelle liste di proscrizione nel 43 a . C ., e la cui biblioteca proprio in quella circostanza andò distrutta4 . La seconda versione, quella da cui Gellio trasse la sua sintesi, strutturata in forma epistolare, è successiva; verosimilmente essa risale, stando alle indicazioni che il testo offre, al periodo che corre tra la seconda metà del 29 e la prima parte del 28 a . C .5 . Spie lessicali, tra le quali con evidenza l’uso del verbo docere, mostrano che Varrone assume nel Post haec deinceps dicit senatusconsultum ante exortum aut post occasum solem factum ratum non fuisse; opus etiam censorium fecisse existimatos, per quos eo tempore senatusconsultum factum esset. Docet deinde inibi multa: quibus diebus haberi senatum ius non sit; immolareque hostiam prius auspicarique debere, qui senatum habiturus esset, de rebusque divinis prius quam humanis ad sena tum referendum esse; tum porro a referri oportere aut infinite de republica aut de singulis rebus finite; senatusque consultum fieri duobus modis, aut per discessionem, si consentiretur, aut, si res dubia esset, per singulorum sententias exquisitas; singulos autem debere consuli gradatim incipique a consulari gradu. Ex quo gradu semper quidem antea primum rogari solitum, qui princeps in senatum lectus esset; tum autem, cum haec scriberet, novum morem institutum refert per ambitionem gra tiamque, ut is primus rogaretur, quem rogare vellet, qui haberet senatum, dum is tamen ex gradu consulari esset. Praeter haec de pignore quoque capiendo disserit deque multa dicenda senatori, qui, cum in senatum venire deberet, non haec de pignore quoque capiendo disserit deque multa dicenda senatori, qui, cum in senatum venire deberet, non adesset. Haec et alia quaedam id genus in libro, quo supra dixi, M. Varro epistula ad Oppianum scripta executus est. Sed quod ait senatusconsultum duobus modis fieri solere aut conquisitis sententiis aut per discessionem, parum convenire videtur cum eo, quod Ateius Capito in coniectaneis scriptum reliquit. Nam in libro con. IIII Tuberonem di cere ait nullum senatusconsultum fieri posse non discessione facta, quia in omnibus senatusconsultis, etiam in iis, quae per relationem fierent, discessio esset necessaria, idque ipse Capito verum esse ad firmat. Sed de hac omni re alio in loco plenius accuratiusque nos memini scribere . 2 Per le questioni qui discusse riguardo al commentarius del 70 a . C . e alla Epistula ad Oppia num rinvio a Todisco, Dal Commentario 2016, 479–488; Todisco, Varro’s writings 2017, 49–60 . 3 Cfr . l’alternanza in Gell . 14 .7 di singolare e plurale in riferimento alle lettere ad Oppiano . 4 Su Varrone e la sua biografia Della Corte, Varrone 19702; Drummond, M. Terentius Varro 2013, 412–423 . 5 Todisco, Dal Commentario 2016, 479–488; ead ., Varro’s Writings 2017, 52–55 .
Il contributo di Varrone alla conoscenza delle procedure di funzionamento del senato
testo tono da maestro . Anche il rursum che accompagna docere per descrivere lo spirito con cui si dedicò alla stesura della lettera ad Oppiano potrebbe lasciar credere che l’atteggiamento fosse stato lo stesso (o almeno questo Varrone lasciava intendere) anche nello scritto del 70 . Quanto si legge nelle Noctes Atticae non è naturalmente che la sintesi o, se vogliamo, l’antologia dello scritto di Varrone contenuto nelle Epistolicae Quaestio nes . Oltre alla breve storia della composizione, Gellio riporta l’elenco di alcuni dei temi trattati, forse i principali o i più attuali; soltanto di alcuni, probabilmente i più dibattuti, riferisce un riassunto; stando a Gellio, Varrone si occupava nel testo di numerose altre questioni, che però rimangono fuori dalla sua sintesi . Gli argomenti sopravvissuti rispondono ad alcuni temi centrali: i rapporti magistrato-senato (ius convocandi; ius intercessionis), le modalità procedurali di convocazione (in relazione al calendario e ai luoghi delle riunioni) e di gestione delle sedute (ordine del giorno; votazione del senatoconsulto; diritto a parlare per primo), le sanzioni disciplinari per i senatori (pignora e multae per gli assenteisti) . Il documento dinanzi al quale Aulo Gellio pone il lettore può consentire molteplici riflessioni, a partire dalle ragioni che ne indussero una riscrittura; per poi porgli interrogativi sulla sensibilità, sull’esperienza e sul ruolo del suo autore al momento delle stesure; su ciascuna delle procedure che venivano presentate, spesso passate attraverso sopraggiunti cambiamenti del profilo politico-istituzionale romano; sul ruolo che questo scritto eventualmente svolse nelle sistemazioni successive che riguardarono il senato . Ciononostante questo capitolo di Gellio non trova un’adeguata trattazione nella storia degli studi sul senato repubblicano: la considerazione diffusa, e mai veramente discussa, della datazione di quanto Gellio tramanda all’anno 70, quasi che l’epistula fosse una copia anastatica del commen tarius, ha sottratto forza a questo documento; evidenti incongruenze tra i suoi contenuti e la datazione al 70 a . C . hanno piuttosto orientato la discussione su presunti errori ed omissioni di Varrone6 ovvero su altrettanto supposti aggiornamenti apportati da Gellio al testo7 . Si pone senz’altro la necessità di una riconsiderazione e discussione di ciascuno dei temi presenti nell’indice di Gellio e di una riflessione complessiva sul valore dell’Epistola ad Oppiano, in rapporto alla successiva generale rivisitazione dell’ordinamento e della composizione del senato avviata da Ottaviano nel 29 a . C .: un’analisi di questo genere andrà condotta parallelamente alla lettura dei rendi6 E. g. Bonnefond-Coudry, Le princeps Senatus 1993, 122–123; Ryan, Rank and Partecipation 1998, 254 («the contents of his letters to Oppianus accurately reflect the substance of the Commentarius he wrote for Pompeius»); Rafferty, Princeps Senatus 2011, 11 nt . 35: («However, Varro does mention that some revision have been made; my argument rests on the assumption that the relevant material was in the original manual»); cfr . anche Tansey, The princeps Senatus 2000, 18 nt . 74 . 7 Stevenson, The Roman Antiquarian 2004, 137 .
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conti delle sedute del senato in quegli anni, per lo più contenuti nelle epistole ciceroniane, ed anche in quel che rimane delle opere di Varrone o nelle glosse festine o nelle pagine di Gellio che rinviano a Varrone . Rispetto a questo articolato progetto8, in questa sede sarà posta attenzione su uno degli argomenti indicizzati da Gellio: i giorni in cui non fosse possibile convocare il senato . Si tratta di offrire un caso di studio esemplificativo delle potenzialità di questi testi anche in vista di una riflessione complessiva sulle dinamiche politiche che erano in corso .
II. È noto che il calendario romano presentava 193 giorni in cui fosse possibile convocare i comitia, i dies comitiales appunto; tuttavia, l’impossibilità di convocare i comizi nei giorni di mercato o in occasione dei giochi ne riduceva il numero a 1509 . L’intenzione di promuovere una maggiore partecipazione possibile dei cives alla vita istituzionale determinava l’esigenza di non sovrapporre comitia e nundinae (Plin . nat. hist . 18 .13: Nundinis urbem rivisitabant et ideo comitia nundini haberi non licebat ne plebes rustica avocaretur)10 . Per il senato, diversamente, com’è noto, non sussisteva alcuna limitazione in merito ai giorni di convocazione: dai dati raccolti ed elaborati da Marianne Bonnefond-Coudry nel 1989 risulta che prima del consolato di Cicerone solo il 17 % delle sedute cadeva nei giorni comiziali; dopo il consolato di Cicerone la percentuale sale al 30 %11 . Il dato, che pure non va acquisito in assoluto, considerata la natura e la disponibilità della documentazione12, può essere orientativamente indicativo della tendenza a non convocare il senato nei dies comitiales o almeno in quelli occupati da una assemblea . Muovendo dal testo di Gellio/Varrone si presti attenzione al motivo centrale della disposizione: habere senatum . Dalla rassegna compiuta nella documentazione letteraria delle ricorrenze di questo sintagma, si desume che esso indicava la convocazione da parte del magistrato dell’assemblea senatoria per discutere questioni ad essa spettanti13; andrà osservato che l’espressione adoperata quando il senato
8 Un primo esame complessivo di questo testo è ora in Todisco, Varro’s writings 2017, 49–60 . Chi scrive ha in corso un lavoro complessivo sullo scritto . 9 Taylor, Party Politics 1949, 78 . 10 Cfr . anche Verrio/Festo s . v . Nundinas, 176 L . 11 Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 229 . 12 Utili le osservazioni di Letta, rec. 1993 di Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 323, sulla modalità di organizzazione dei senatoconsulti nella tradizione liviana, sulla base dell’annalistica e soprattutto di Fabio Pittore . 13 La stessa espressione ricorre in relazione alla convocazione delle assemblee .
Il contributo di Varrone alla conoscenza delle procedure di funzionamento del senato
riceve gli ambasciatori esteri è generalmente senatum legatis dare/dari14 . Le due espressioni, delle quali la prima è più generica, risultano chiaramente distinte e l’una sembra escludere l’altra – come si osserva da alcuni casi dei quali si darà in seguito conto –: non si può pertanto habere senatum, quando si dovrà dare senatum legatis15 . Riflettendo sul calendario delle sedute senatorie Marianne Bonnefond-Coudry, considerando lo scritto di Varrone riferito da Gellio del 70 a . C . e la prima legge nota in materia di calendario delle sedute del senato, la Pupia, del 61 a . C ., riteneva che Varrone stesse qui richiamando la consuetudine di non convocare il senato nei giorni comiziali16 . Diversamente, circa un secolo prima, Theodor Mommsen, per 14 Si segnala la ricorrenza nella tradizione liviana (42 .48 .1) della espressione senatum prae beri legatis . 15 Tra le numerose attestazioni di senatum habere/senatus haberi si annoverano: l’epistola scritta da Cicerone nel gennaio del 56 a Publio Lentulo con richiamo alla possibilità di convocare il senato in riferimento alla legge Pupia (Cic . fam . 1 .4 .2: Senatus haberi ante Kalendas Februariis per legem Pupiam, id quod scis, non potest …); la lettera di Cicerone a Quinto in cui è evidente una distinzione di uso tra senatum habere e senatum legatis dare con il secondo che esclude il primo (Q. fr. 2 .12 .3: non impediri se lege Pupia quo minus habeat senatum et, quod Gabi nia sanctum sit, etiam cogi ex Kal. Febr. usque ad Kal. Mart. legatis senatum cottidie dare); per la formula senatum dare/senatus dari, tra le numerose ricorrenze, cfr . ps . Asconio, p . 244 St . (Hic est mensis, quo frequens senatus postulatis provinciarum legationibus audiendis datur); nel contesto della narrazione storica, cfr . Livio in riferimento al 167 a . C . (45 .20 .6: consulti ab M. Iunio consule patres stantibus in comitio legatis, an locum, lautia senatumque darent …) e al 172 a . C . (42 .26 .9: senatum [Rhodiis] non prius dari quam novi consules magistratum inissent placuit). In prospettiva lessicale cfr . Verrio/Festo, che cita Nicostrato, in cui il più generale valore di senatus haberi, nel senso di riunire il senato ha necessità di essere poi articolato nelle sue specificità d’uso (Festo s . v . Senacula, 470 L . [cfr . Festo/Paolo s . v . Senaculum, 455 L .]: Senacula tria fuisse Romae, in quibus senatus haberi solitus sit, memoriae [p]rodidit Nicostratus in libro, qui inscribitur de Senatu habendo. Unum, ubi nunc est aedis Concordiae inter Capitolium et Forum, in quo solebant magistratus dumtaxat cum senioribus deliberare; alterum, ad portam Capenam; quos tertium, citra aedem Bellonae, in quo exterarum nationum legatis, quos in Urbem admittere nole bant, senatus dabatur) . Per la scarsa affidabilità del testo di Nicostrato adoperato da Verrio/ Festo, Mason, Senacula 1987, 42–48 (con discussione della bibliografia precedente) . 16 Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 229, valuta che il sostantivo ius, adoperato da Varrone/Gellio, escluda il riferimento ad una legge; della medesima opinione era già Michels, The Calendar 1967, 45, per la quale ius equivarrebbe a mos . Una rassegna, della quale si riferiscono a seguire gli esiti, dell’uso di ius in quanto resta degli scritti di Varrone ne suggerisce un ampio valore d’utilizzo, difficilmente ancorabile al solo significato di mos . Nel de lingua Latina: 5 .165 in riferimento a quanto stabilito (ius) da Numa Pompilio in relazione alla porta di Giano (dicta ab Iano, et ideo ibi positum Iani signum et ius institutum a Pompilio, ut scribit in annalibus Piso, ut sit aperta semper, nisi cum bellum sit nusquam); 6 .13 in materia di diritto (ius) funerario (Fer[i]alia ab inferis et ferendo, quod ferunt tum epulas ad sepulcrum quibus ius [s]ibi parentare); 6 .25 in relazione all’uguale diritto (ius) di Romani e Latini di fruire delle carni delle vittime dei sacrifici del Monte Albano (similiter Latinae feriae dies conceptivus dictus a Latinis populis, quibus ex Albano monte ex sacris carnem petere fuit ius cum Romanis, a quibus
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il quale la legge Pupia risaliva alla metà del II secolo a . C ., aveva ritenuto che Varrone stesse citando proprio questa legge17 . L’interpretazione del passo varroniano è dunque fortemente condizionata dalla datazione del testo adoperato da Gellio (14 .7): la sua attribuzione alla seconda metà del 29-inizi del 28 a . C . impone inevitabilmente riconsiderazioni sia in questo caso sia in numerosi altri18 . Per quanto è noto, lo si diceva, è la Pupia la prima legge ad intervenire in materia di calendario delle sedute del senato; essa si data, con ampia verosimiglianza, al 61 a . C .; sull’argomento tornerà, all’interno di un quadro più ampio, la lex Iulia de senatu habendo del 9 a . C ., che, tra gli altri aspetti, individuerà come giorni dedicati alle sedute senatorie le Idi e le Calende di ogni mese (Svet . Aug . 35; Dio 55 .3 .1)19 Latinis Latinae dictae); 6 .53 in relazione alla definizione di giorni fasti e nefasti, in particolare in questi ultimi è vietato (ius non est) ai pretori di pronunciare certe formule legali e qualora lo facciano, devono poi farne ammenda (fasti dies, quibus verba certa legitima sine piaculo prae toribus licet fari; ab hoc nefasti, quibus diebus ea fari ius non est et, si fati sunt, piaculum faciunt); 6 .61 nel senso di di ius dicere (Ennius: ‘dico qui hunc dicare’; hinc iudicare, quod tunc ius dicatur; hinc iudex, quod iudicat accepta potestate); 6 .71 in riferimento al ius pretorium a supplemento della legge in relazione al valore della promessa di una propria figlia in sposa quod tum et praetorium ius ad legem et censorium iudicium ad aequum existimabatur); 9 .5, nel senso generico di statuto: del popolo, del poeta e dell’oratore (alia enim populi universi, alia singulorum, et de ieis non eadem oratoris et poetae, quod eorum non idem ius) . Nelle Antiquitates rerum humanarum: fr . 20 .10 Mirsch (Non . 2 .180) in merito al diritto spettante al magistrato di trarre gli auspicia (Eo die cis Tiberim redeundum est, quod de coelo auspicari ius nemini sit praeter magistratum); fr . 21 .2 Mirsch . (Gell . 13 .12 .6), qui nel senso di un diritto antico ed ancora vigente (Ego triumvi rum vocatus a Porcio tribuno plebis non ivi, auctoribus principibus, et vetus ius tenui), cfr . Mantovani, Quando i giuristi 2017, 272–273 e nt . 87; fr . 21 .3 Mirsch (Gell . 13 .13 .4) nel senso di citare in giudizio (Qui potestatem neque vocationis populi viritim habent, neque prensionis, eos magistratus a privato in ius quoque vocari est potestas. M. Laevinus, aedilis curulis, a privato ad praetorem in ius est eductus, nunc stipati servis publicis non modo prendi non possunt, sed etiam ultro submovent populum); de vita populi Romani 97 P .= 94 R .= 407 S ., nel senso di ius dicere (Aelius Paetus cum esset praetor urbanus et sedens in sella curuli ius diceret populo, picus Martius advolavit atque in capite eius adsedit) . 17 Mommsen, StR III .2 1888, 923 [= Dr. publ. VII 1891, 102] . 18 Rinvio a Todisco, Dal Commentario 2016, 484–487 per il ius primae sententiae; a Todisco, Echi 2018, 397 per i pignora e le multae . 19 La natura giuridica di questo provvedimento è dibattuta: Chastagnol, Le problème 1990, 159, pensava ad un senatoconsulto; Willems, Le Sénat II 1883, 144, 166, 223; Talbert, Augustus 1984, 55–63, e recentemente Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 256 e [Bonnefond-]Coudry, Loi Iulia 2007, sulla lex Iulia de senatu habendo in generale, ritengono che si tratti di una lex; Bonnefond cita a riguardo l’uso da parte di Cassio Dione del sostantivo νόμος (55 .3 .1), διενομοθήτεσε (55 .3 .2), ἐνομοθῆτεσεν (55 .4 .1) e di lex da parte di Seneca (braev. vitae 20 .4), Plinio il Giovane (ep. 5 .13 .5; 8 .14 .9; 8 .14 .20) e Aulo Gellio (4 .10 .1), il quale però non esplicita il richiamo alla Iulia, sebbene faccia esplicito riferimento ad uno degli aspetti disciplinati dalla legge, ossia la modalità di esprimere il voto per le questioni relative a faccende importanti (cfr . infra). S’intende che il potere in virtù del quale Augusto si fece promotore del provvedimento ne fa tecnicamente un plebiscito .
Il contributo di Varrone alla conoscenza delle procedure di funzionamento del senato
– senza escludere ovviamente la possibilità di riunioni in altri giorni, ma senza la facoltà di deliberare – . Il contenuto esatto della lex Pupia resta tuttora dibattuto20: i richiami che se ne rintracciano nei rendiconti ciceroniani delle sedute del senato raccontati per lettera e, in un caso, in un’orazione, la pro Sestio, e anche nel Commentario de bello civili di Cesare, ne restituiscono cenni difficilmente componibili in un quadro chiaro21 . Sono due le lettere di Cicerone in cui la legge è esplicitamente citata: la prima, del 16 gennaio del 56 a . C ., è indirizzata a Publius Lentulus, proconsole della Cilicia (1 .4 .2); l’altra, del 13 o 14 febbraio del 54 a . C ., al fratello Quintus (Q. fr. 2 .12 .3) . Nella prima Cicerone descrive ad Attico la seduta del senato del 15 gennaio, dedicata al tema della restaurazione di Tolomeo Aulete sul trono – evento del quale egli racconterà anche a Quinto per lettera, qualche giorno appresso, il 17 gennaio (cfr . infra 2 .2 .3) –: Senatus haberi ante Kalendas Februarias per legem Pupiam, id quod scis, non potest, neque mense Februario toto nisi perfectis aut reiectis legationibus .
Nella seconda delle due testimonianze Cicerone descrive la seduta del senato di quel giorno stesso (o del giorno prima) occupata dagli attacchi a Gabinio, proconsole della Cilicia; egli conclude con un richiamo alle dubbie intenzioni politiche di Appius Claudius Pulcher: Comitialibus diebus qui Quirinalia sequuntur Appius interpretatur non impediri se lege Pupia quo minus habeat senatum et, quod Gabinia sanctum sit, etiam cogi ex Kal . Febr . usque ad Kal . Mart . legatis senatum cottidie dare . Ita putantur detrudi comitia in mensem Martium . Sed tamen his comitialibus tribuni pl . de Gabinio se acturos esse dicunt22 .
Il contenuto della legge Pupia, senza una sua esplicita citazione, ritorna anche altrove: nella lettera già citata del 17 gennaio del 56, in cui Cicerone riferisce a Quinto della questione di Tolomeo Aulete: … sed per obtrectatores Lentuli calumnia extracta est . Consecuti sunt dies comitiales, per quos senatus haberi non poterat;
20 Cfr . Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 244–246 . 21 I documenti sono raccolti e discussi in Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 229–240 . 22 «Per i giorni Comiziali che seguono i Quirinalia, Appio ritiene che stando alla legge Pupia egli non ha alcun impedimento a convocare il senato ed anzi dal momento che così è sancito dalla legge Gabinia è costretto a concedere udienza quotidianamente al senato dal primo febbraio al primo marzo . Pertanto si ritiene che i comizi verranno rinviati a marzo . Tuttavia i tribuni ritengono che essi tratteranno la questione di Gabinio in quei giorni» .
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nel rendiconto di una seduta del 57 dedicata alla discussione sul rientro di Cicerone a Roma dall’esilio, riferito nella orazione pro Sestio del 56 a . C . (74): Consecuti dies pauci omnino Ianuario mense per quos senatum haberi liceret; sed tamen actum nihil nisi de me .
Indirettamente il divieto è evocato nella parte finale di un noto senatoconsulto del 51 a . C . relativo alle province consolari, esito della seduta del 29 settembre di quell’anno (anch’esso comitialis), del quale è Celio a trasmettere notizia a Cicerone agli inizi di ottobre (8 .8 .5): esso stabilisce che i consoli dell’anno successivo (il 50) convocheranno il senato in merito alle province consolari a partire dal primo giorno di marzo, adoperando anche i giorni comiziali: utique eius rei causa per dies comitialis senatum haberent senatusque cons . facere[n]t .
Infine, tuttora dibattuto23 è il racconto di Cesare sugli sviluppi convulsi del gennaio del 49 (de bello civili 1 .5 .4): il senatoconsulto fu infatti votato proprio in un giorno comiziale, il 7 gennaio; una circostanza che contrasta con la sospensione del dibattito senatorio nei giorni precedenti in quanto comiziali ricordata da Cesare: haec senatus consulto perscribuntur ante dies septem idus Ianuarias . Itaque quinque primis diebus, quibus haberi senatus potuit, qua ex die consulatum iniit Lentulus, biduo excepto comitiali et de imperio Caesaris et de amplissimis viris, tribunis plebis, gravissime acerbissimeque decernitur .24
In due dei casi elencati in questa rassegna di attestazioni, quello in cui Cicerone scrive a Quinto di Appio Claudio (Q. fr . 2 .12 .3) e nella lettera a Lentulo (fam . 1 .4 .2), la lex Pupia è accompagnata dalla lex Gabinia che fissa febbraio quale mese dedicato dal senato alla ricezione delle ambascerie. Nel primo caso le leggi sono accostate 23 Il problema riguarda la data di redazione del senatoconsulto: il 7 gennaio, cioè un giorno comiziale . La notizia che il senatoconsulto sia stato votato in un giorno comiziale contrasta con la precisazione fatta da Cesare che le sedute del senato sono state interrotte proprio durante i giorni comiziali, ossia il 3 e 4 gennaio . Le sedute si sono dunque svolte nei giorni 1, 2, 5, 6 e 7; tuttavia mentre 1, 2, 5 e 6 sono giorni Fasti e non comiziali, il 7 è comiziale . A fronte di numerose ipotesi avanzate a riguardo, resta tuttora convincente l’ipotesi di Theodor Mommsen, StR III .2 1888, 923 nt . 1 [= Dr. publ. VII 1891, 102 nt . 3], che il giorno 7 gennaio del 49 fosse per quell’anno un giorno nundinalis oppure dedicato ad una festività, dunque non utile per i comitia . Cfr . la discussione in Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 232–233 . 24 «Tali misure vengono assunte per senatoconsulto sette giorni prima delle Idi di gennaio . Nei primi cinque giorni, durante i quali si poté radunare il senato, eccetto i due giorni comiziali, a partire dal giorno in cui Lentulo assunse il consolato si delibera in maniera molto aspra e molto grave» .
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per contrasto (la Gabinia nella ricostruzione di Appio Claudio riferita da Cicerone mette in discussione la Pupia), nel secondo le due leggi sono assimilate in virtù del loro effetto, ossia non consentono di habere senatum, di procedere cioè alla convocazione dell’assemblea, per lasciare spazio rispettivamente allo svolgimento delle assemblee popolari (lex Pupia) e alla ricezione delle ambascerie (lex Gabinia) . In entrambi i casi le due leggi esprimono in negativo il loro contenuto: «non si può convocare il senato …»; è evidente che si tratta di limitare la possibilità dei magistrati di convocare il senato quando volessero . Prima di riflettere sulle relazioni che le due leges possono avere con lo scritto di Varrone dal quale si è partiti, converrà tornare a soffermarsi su ciascuno di questi provvedimenti e sul loro eventuale rapporto, considerato che sussistono, nonostante gli ampi e importanti studi a riguardo, zone di ombra25 . II.1. Abbandonata l’ipotesi di Mommsen che la legge Pupia risalisse a metà II a . C .26, l’idea corrente è che essa sia da ricondursi a M . Pupio Pisone, il console del 61 a . C ., e che costituisca uno degli strumenti in campo nella lotta politica in atto nel I a . C .27 . Resta tuttora incerto l’esatto dettato della legge; in particolare quel che risulta dibattuto è quali fossero i giorni colpiti dal divieto: se giorni o periodi comiziali specifici, in particolare quelli che ricadevano nei mesi di gennaio e febbraio28; ovvero giorni comiziali in cui fosse stata convocata un’assemblea – o, ancora più limitatamente, il periodo di svolgimento del comizio, sicché era possibile convo-
25 Vedi infra . 26 Mommsen, StR III .2 1888, 923 [= Dr. publ. VII 1891, 103], datava la legge alla metà del II a . C ., dal momento che non risultavano da questo momento al 91 a . C . riunioni nei giorni comiziali; Lange, Die Lex Pupia 1874, 324 e Botsford, Roman assemblies 1909, 424, la ponevano al 71 a . C ., al tempo della pretura di Pupio Pisone, in ragione di una sua precedenza rispetto alla Gabinia che datavano al 67 a . C .; Michels, The Calendar 1967, 43 nt . 20, riassume schematicamente i termini del dibattito e propende per il 61 a . C .; Rüpke, The Roman Calendar 2011, 149, ritiene che il contesto e le dinamiche di II secolo non giustifichino la produzione di questa legge . 27 Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 253–256 . 28 Willems, Le Sénat II 1883, 151–155, il quale, sulla base di quanto scritto da Cicerone a Quinto (2 .2 .3: per quos senatus haberi non poterat …), riteneva che la legge elencasse con precisione i giorni in cui non fosse possibile tenere le sedute, individuando il 3 e il 4 gennaio e alcuni giorni comiziali di marzo; in tutti gli altri giorni il calendario continuava a restare inalterato, prevedendo sospensioni soltanto in giorni speciali, dedicati cioè alla commemorazione di lutti, sconfitte e catastrofi; Michels, The Calendar 1967, 44–45, riteneva che la legge proibisse le riunioni durante i giorni comiziali di gennaio e febbraio, mentre negli altri periodi vigeva il mos preesistente di non sovrapporre sedute di comizi e senato .
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care il senato alla fine delle riunioni29 – o ancora i giorni comitiales tutti30, salvo una sospensione del divieto in circostanze di emergenza31 . Il senatoconsulto citato da Celio a Cicerone (fam. 8 .8 .5) stabilisce con chiarezza che è possibile, data l’urgenza della materia (le provinciae) su cui deliberare, convocare sine fraude il senato nei giorni comiziali del mese di marzo . La necessità di prevedere questa possibilità lascia pensare che fosse vigente anche a marzo il divieto di convocare il senato nei giorni comiziali . Questa clausola presente in un senatoconsulto, pur esso, lo si diceva, votato in un giorno comiziale, conferma l’idea che la legge Pupia riguardasse tutti i giorni comiziali dell’anno (non solo quelli di gennaio e febbraio), tanto che è necessario prevederne una deroga qualora il senato avesse dovuto esprimersi su questioni importanti32 . Essa, pertanto, doveva prevedere eventuali eccezioni . Stabilire l’esatto dettato della lex Pupia è evidentemente complesso allo stato della documentazione; sfugge una definizione univoca: quel che pare certo è che essa presentava senza dubbio margini, maglie larghe in cui inserirsi quando le circostanze lo richiedessero . Nella più volte citata epistola di Cicerone a Quinto in riferimento all’intenzione del consolo Appio Claudio Pulcro a ritardare i comizi33, egli attribuisce al disegno del console la sua interpretazione delle leggi Pupia e Gabinia (interpretatur) . La rassegna dell’utilizzo del verbo interpretor da parte di Ci29 Lange, Die lex Pupia 1874, 321–336; id ., Die promulgatio 1875, 388–397; Mommsen, StR III .2 1888, 922 [= Dr. publ. VII 1891, 102]; Botsford, Roman assemblies 1909, 425 (il quale precisa che la proibizione valeva per la durata del comizio); più di recente anche Lintott, The Constitu tion 1999, 75 . 30 Così Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 255 . 31 Manuwald, Cicero, Philippics II 2007, 537, che raccoglie tutte le ipotesi in merito e suppone che in periodi di crisi potesse essere sospesa l’osservanza della legge; ella lascia ad ogni modo aperta ogni via . 32 Michels, The Calendar 1967, 45, ritiene che l’assenza di un esplicito richiamo alla Pupia, non consenta di riferire il divieto a questa legge . 33 La questione è complessa e ampiamente discussa . Al centro dell’interesse politico è Gabinio; si riferiscono in sintesi in gran misura gli esiti della riflessione in Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 235–240, che recupera i termini ampi del dibattito . Gabinio è in Siria come proconsole e subisce le ostilità degli ambasciatori tiri, dei pubblicani e di alcuni senatori . L’attacco a Gabinio, indirettamente indirizzato a Pompeo, è in opposizione alla decisione di Gabinio di riportare sul trono di Alessandria Tolomeo Aulete, senza aver sentito il senato . Per Bonnefond-Coudry, Le Sènat 1989, 237, è il tribuno Memmio, sostenuto da popolo, ad essere ostile a Gabinio e probabilmente a contrapporsi ad Appio Claudio; i comitia dei quali parla Cicerone (de Gabinio agere non può indicare una contio) sono probabilmente comitia legislativi (e non elettorali come pure supposto) ovvero destinati alla votazione di una roga tio contro Gabinio già presentata (questa pare l’ipotesi più condivisibile) e della quale Appio vuole bloccare il voto tramite l’ostruzionismo . Non condivisibile, invece, la considerazione avanzata dalla studiosa dell’assenza di un rapporto logico e cronologico tra la legge Pupia e la legge Gabinia, sulla base delle argomentazioni nel testo .
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cerone in relazione a materia di diritto ne consegna efficacemente l’uso in connessione a documenti ambigui34, sicché il suo impiego in questa circostanza suggerisce che Appio Claudio si sta insinuando in quegli spazi oscuri non disciplinati dalla legge, scavalcandone evidentemente la interpretazione corrente . In sintesi, Appio ritiene che nei giorni comiziali successivi ai Quirinalia, la legge Pupia non gli impedisca la convocazione del senato e anzi la legge Gabinia lo costringa a dedicare l’intero mese di febbraio all’audizione delle ambascerie . L’argomentazione di Appio, a fondo indagata nella storia degli studi con lo scopo di comprendere cosa esattamente stabilisse la legge Pupia35, è utile semmai a segnalare l’esistenza di quelle zone di ombra alle quali si accennava: aspetti sui quali il dettato normativo non si esprimeva e che pertanto lasciavano la via a interpretazioni divergenti . Il discorso di Appio (nella sintesi di Cicerone) in questa circostanza non va generalizzato: innanzitutto Appio si sta riferendo esattamente ai giorni comiziali successivi ai Quirinalia che stanno per arrivare, dunque ad un caso specifico, in particolare ad un’area di intersezione tra la legge Pupia e la Gabinia evidentemente non chiaramente regolamentata . È verosimile che il testo della legge Pupia fissasse preliminarmente il principio, già stabilito dalla consuetudine, della opportuna tutela delle condizioni di partecipazione alla vita istituzionale e delle sue forme di garanzia36: esse si realizzavano evitando di convocare al contempo senato e comizi; il numero evidentemente minore di giorni riservati alle assemblee (e la loro progressiva erosione ad opera di una politica senatoria sempre meno rispettose delle regole consuetudinarie) determinò la decisione di salvaguardare normativamente i giorni ad essi squisitamente destinati (i comitiales appunto) . Ragioni giuridico-istituzionali e politiche lasciano ritenere probabile che la limitazione riguardasse i giorni comiziali in cui effettiva-
34 E. g. de inv . 2 .126–127: quo in loco iudici demonstrandum est, quid iuratus sit, quid sequi debeat: duabus de causis iudicem dubitare oportere, si aut scriptum sit obscure aut neget aliquid adversarius; cum et scriptum aperte sit et adversarius omnia confiteatur, tum iudicem legi parere, non interpretari legem oportere; de orat . 1 .140: tene factum esse videatur; exsistere autem controversias etiam ex scripti interpretatione, in quo aut ambigue quid sit scriptum aut contrarie aut ita, ut a sententia scriptura dissentiat; 2 .110: genere, in quo quale sit quid, ambigitur, exsistit etiam ex scripti interpre tatione saepe contentio, in quo nulla potes esse nisi ex ambiguo controversia . Esso è impiegato anche quando si cerca spiegazione per messaggi dal significato non evidente: segni celesti, o, più banalmente, le intenzioni altrui . 35 Per una ampia rassegna Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 233–240 . 36 Un motivo esistente, come evidenziato precedentemente, in relazione a comitia e nundi nae e che compare nella successiva lex Iulia de senatu habendo, già ricordata, in cui è disposto il divieto di convocare corti giudicanti nei giorni stabiliti per le riunioni del senato, per favorire la maggiore frequentazione possibile delle sue riunioni, le quali spesso andavano deserte (Dio 55 .3) .
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mente fossero previste riunioni delle assemblee37, che soprattutto in alcune fasi dovevano essere la maggior parte38 . Appio nella circostanza riferita da Cicerone gioca con le due leggi alle quali si richiama: la legge Pupia non gli impedisce, a suo parere, di convocare il senato39 e – c’è di più – egli ritiene di essere tenuto, in virtù della legge Gabinia, a destinare quo tidianamente il senato per tutto febbraio alla audizione degli ambasciatori . Come è stato supposto (e come si vedrà), è verosimile che la legge Gabinia stabilisse (forse vedremo con lo stesso spirito della Pupia) che febbraio fosse cottidie40 destinato agli ambasciatori, senza esplicitare nulla intorno alla destinazione dei giorni comiziali di febbraio, evidentemente lasciati alla disciplina della Pupia . La definizione di uso di questi giorni restava in qualche modo non esplicitata . Appio ritiene pertanto possibile forzando la legge Gabinia41, e forse prevedendo, come stabiliva la norma, il rinvio ovvero la conclusione delle audizioni entro i giorni comiziali, di poter convocare il senato; egli considerava che in questo la legge Pupia non lo ostacolasse, dal momento che la Gabinia prevedeva la destinazione di febbraio al senato . La posizione di Appio non rispondeva evidentemente alla interpretazione corrente delle leggi Pupia e Gabinia; non si comprenderebbe, diversamente, la ragione per cui i tribuni della plebe42 ritengono senza battere ciglio che essi adopereranno proprio quei giorni ai quali si riferisce Appio per trattare la questione di Gabi-
37 Cfr . supra; l’argomentazione generale di Lange, Die lex Pupia 1874, 321–336, in virtù delle ragioni giuridiche con le quali la sostiene resta tuttora convincente . Ma su questo in generale nt . 29 . 38 Steel, The Roman Political Year 2015, 144–146, riferisce di un calendario dei primi mesi dell’anno particolarmente fitto prima delle riforme sillane; il quadro sarebbe mutato con le riforme sillane che avrebbero spostato gli appuntamenti elettorali all’estate e avrebbero annullato l’importanza della elezione dei tribuni della plebe; stessa sorte per il rilievo dei primi mesi dell’anno per l’iniziativa legislativa dei tribuni . Certamente però il recupero dell’attività dei tribuni a partire dal 70 a . C . senz’altro restituì ai primi mesi dell’anno un certo fervore . 39 Si dovrebbe supporre, ma con difficoltà, che i comizi non fossero ancora stati convocati: complesso considerato l’esiguo intervallo di giorni; a spiegazione di questo intricato passaggio anche l’opinione di Gruen, Last generation 1974, 323, che i tribuni intendessero convocare una contio (cfr . Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 236) . 40 Shackleton Bailey, Cicero . Epistulae 1980, 195, sottolinea l’uso del cottidie a conferma della produzione della legge Gabinia dopo la Pupia della quale avrebbe chiarito alcuni aspetti . 41 Efficace a riguardo Mommsen, StR III .2 1888, 922 nt . 2 [= Dr. publ. VII 1891, 101–102 nt . 2: «nous ne connaissons pas les prétextes invoqués par le consul; nous savons seulement qu’il tortura en outre la loi Gabinia …»] . 42 Certamente anche in un clima di contrasto col senato, in sintesi Steel, The Roman Politi cal Year 2015, 153 per la relazione tra tribuni e senato tra il 60 e il 50 e la ridefinizione politica dei tribuni dopo la loro restaurazione con la legge del 70 .
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nio (de Gabinio agere)43 . Lo stesso Cicerone non sembra avvalorare la posizione di Appio al quale riserva, un efficace interpretatur . Va tuttavia a conferma dello spirito generale della legge, ossia la non sovrapponibilità tra assemblee popolari e riunioni del senato, la considerazione collettiva riferita da Cicerone, ossia lo slittamento dei comizi a marzo . II.2. La legge Gabinia è dunque chiamata in causa e sfruttata da Appio Claudio in questa precisa circostanza per annullare gli effetti della Pupia, ma non è in questo rapporto che le due leggi sono affiancate altrove . Sarà utile entrare con maggiore attenzione anche nello spirito di questa decisione per cogliere le eventuali relazioni che essa ebbe con la legge Pupia . Uno degli aspetti della lex Gabinia che ha sollecitato una più intensa discussione è chi fu il magistrato che la propose . Due le ipotesi avanzate: la prima, meno condivisa, è che si trattasse di Aulo Gabinio tribuno della plebe del 139 a . C . e rogator, in quell’anno, della lex tabellaria44; la seconda, ormai unanimemente acquisita, ritiene si trattasse di Aulo Gabinio tribuno della plebe nel 67 a . C . e pretore nel 61 . L’ipotesi che potesse trattarsi del tribuno del 139 a . C . si fonda principalmente sulla attestazione di audizioni di ambasciatori a Roma nel mese di febbraio ben prima del 67 a . C .45; tuttavia l’individuazione di questa consuetudine già alla fine 43 La questione risulta ampiamente dibattuta, per una sintesi cfr . Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 233–240; l’attenzione è stata concentrata soprattutto sul de Gabinio agere, interpretato da Stein, Die Senatssitzungen 1930, 47 nt . 258, riferito ad un intervento dei tribuni in senato, per Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 234–235, l’uso di agere all’attivo in relazione al senato esclude questa ipotesi (dal momento che in generale si trova al passivo in relazione al senato) e si riferisce alla convocazione dell’assemblea popolare . 44 Carcopino, Sur la loi romaine 1932, 120–132; Monaco, Persecutio 1996, 130–156, discute le ipotesi a riguardo e sostiene l’interpretazione di Carcopino di individuare in Gabinio il tribuno del 139; ella ritiene che l’identificazione con Gabinio tribuno del 67 sia stata influenzata dalla maggiore notorietà di questo Gabinio e dalla cronologia delle attestazioni nelle lettere di Cicerone . Diversamente, reputa che il fatto che Cicerone citi la legge senza menzionarne l’autore e che egli non riferisca mai la legge quando menziona il Gabinio amico di Pompeo e, ancora, che la legge di Gabinio contro i prestiti agli ambasciatori sia riferita senza alcun richiamo a questa norma più generale, rendano questa ipotesi difficilmente sostenibile . 45 Tra le fonti individuate: Cic . Verr. 2 .1 .90, 2 .2 .76; Ps . Ascon . 244 St .= 184 Or .; alle quali si aggiungano i senatoconsulti rivolti ai Giudei, tra il 137 e il 125 a . C . e ai Pergameni, intorno al 120 . A sostegno della datazione al 139 a . C ., sono apportate anche due espressioni contenute rispettivamente nella legge di Delfi (FIRA I2, nr . 9, 17–18): «ἐκτὸς τῆς σύνταξεως» in riferimento alla modalità di introdurre in senato gli ambasciatori di Rodi, e nel senatoconsulto di Stratonicea (Sherk, RDGE, nr . 18, ll . 5 ss .): «ἐκτὸς τοῦ στίχου» in riferimento al privilegio accordato da Silla alla città in occasione della guerra contro Mitridate e ratificato dal senato nell’81; anche a questo riguardo esistono due diverse linee interpretative: per Carcopino,
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della seconda guerra punica indebolisce questa supposizione46, mostrando che questa prassi risalisse a ben prima del 139 a . C . A determinarla potrebbe essere stata innanzitutto una esigenza di ordine istituzionale, cioè la presenza dei consoli a Roma soprattutto nei primi mesi dell’anno: le fonti trasmettono casi di ambasciatori che attendono a Roma l’entrata in carica dei nuovi magistrati e sono ricevuti in senato dopo che è stato votato il senatoconsulto ordinario di inizio anno, ossia poco prima della partenza dei consoli, salvo naturalmente sopraggiunte eccezioni47 . Gli ambasciatori, soprattutto quelli che arrivavano per mare, dovevano coordinare la necessità istituzionale con l’organizzazione del viaggio utile a raggiungere la città; per questi, in particolare, a determinare la tempistica erano le condizioni di navigabilità del Mediterraneo, che tra novembre e marzo era più rischioso a causa delle condizioni climatiche, sebbene, pare, lo fosse meno per gli assalti dei pirati48; gli ambasciatori è verosimile giungessero a Roma in anticipo, forse nel tardo autunno . Le fonti antiche ricostruiscono l’esistenza di un importante dibattito politico a Roma intorno alla ricezione degli ambasciatori, che si concentra sui fenomeni di corruzione in cui essi erano coinvolti . Estenuati dalle lunghe attese necessarie per essere ricevuti49, i legati erano disposti, per abbreviarle, a corrompere, tramite elargizioni di denaro, i magistrati responsabili della redazione del calendario degli appuntamenti, cioè i consoli50 . Arrivare in anticipo a Roma, sfruttando i tempi della navigazione favorevole, dunque verosimilmente in autunno, agevolava la tessitura delle relazioni utili51. Un tentativo di arginare il Sur la loi 1932, 122 nt . 1; e ora per Monaco, Persecutio 2006, 152–153, esse vanno intese come indicazione di una deroga alla legge Gabinia; per Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 338–339, condivisibilmente, esse significherebbero «fuori da un ordine di successione», ossia in deroga ad un ordine già fissato in una lista, secondo il valore di ordo ricorrente in espressioni quali e. g. ordo rogandi sententias . 46 Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 333–334 . 47 Battistoni, Une diplomatie informelle? 2015, 184–185 . 48 La navigazione era considerata sicura tra l’8 giugno e il 14 settembre; tra l’11 marzo e l’8 giugno e tra il 14 settembre e il 10 novembre non era molto sicura, ma neppure proibitiva, com’era invece tra l’11 novembre e il 10 marzo (Plin . nat. hist. 2 .47; Veg . epit. 4 .39), cfr . Battistoni, Une diplomatie informelle? 2015, 185 nt . 34; sebbene fosse questo il periodo con minore rischio di incursioni piratesche, Beresford, The Ancient Sailing 2013, 253 . 49 Di qui il valore di privilegio delle concessioni ricordate avanti . 50 Che i consoli fossero i responsabili lo si desume dalle linee 14–20 (copia di Delphi, B) della discussa (tra gli ultimi Giovannini, Date et objectifs 2008, 92–107) lex de provinciis praeto ris vulgo lex de piratis persequendis (Crawford, Roman Statutes I 1996, 231–270, nr . 12) . Vd . anche Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 340–343, con efficace riferimento, tra le fonti antiche, a Schol . ad Cic . pro Planc. 33: Nam legationes ab exteris populis missae ad senatum solebant ordinari pro voluntate consulum. Quas plerumque gratia, nonnumquam et accepta pecunia consules ordina bant ut introduci ad senatum possent . Da osservare il richiamo anche in questa citazione all’autonomia dei consoli in ordine alla redazione degli elenchi . 51 Battistoni, Une diplomatie informelle? 2015, 175–188 .
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fenomeno fu il senatoconsulto del 94 a . C . che introduceva la proibizione di prestare denaro ad interesse agli ambasciatori, ricordato dai senatori in risposta all’intervento di uno dei tribuni della plebe del 67 a . C ., C. Cornelius, che si opponeva ai prestiti agli ambasciatori (Asc . Pro Corn . 57 Cl .) . Il divieto verrà infine imposto da un provvedimento dello stesso Gabinio, che non è escluso fosse contenuto nella stessa legge della quale si sta qui discutendo52 . La legge Gabinia sulla ricezione degli ambasciatori a febbraio trova in questa atmosfera politica un terreno fertile: essa interveniva a stabilire in senato un tempo esclusivamente destinato alla ricezione delle ambascerie; limitava, almeno in parte – visto che naturalmente non è escluso, com’è stato ipotizzato, che i legati potessero essere ricevuti anche in altri periodi dell’anno – la facoltà assoluta dei magistrati di gestire le audizioni . Essa, in qualche maniera, come anticipato, interveniva nel calendario degli impegni del senato in relazione all’attività diplomatica ad integrazione di quanto stabilito dalla legge Pupia che forse non considerava questo aspetto dell’attività senatoria . Ci sono tre momenti nella carriera politica di Gabinio che possono essere legati a questa iniziativa: il tribunato della plebe nel 67, la pretura nel 61 o il consolato nel 58 a . C .53 . Eric Gruen opponeva alla datazione più condivisa della lex, il 67 a . C ., la difficoltà di supporre che il tribuno Gabinio l’avesse proposta nello stesso anno in cui un altro suo collega, il tribuno Cornelio, aveva sottoposto senza successo la questione al senato . Gabinio, andrà ricordato, era peraltro concentrato in quel famoso anno su un altro obiettivo politico: definire l’imperium da concedere per la campagna militare contro i pirati e l’attribuzione dello stesso a Pompeo; un’operazione che richiedeva la conquista del maggiore consenso possibile54 . Le riflessioni di Gruen a sfavore della datazione al 67 della lex continuano a restare condivisibili55; lo è meno la sua proposta di ritenere che la legge fosse stata votata 52 Griffin, The tribune 1973, 196–213 . Sulla legge Bonnefond-[Coudry], La lex Gabinia 1984, 61–99; Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 344–346 . 53 Sulle ipotesi di datazione avanzate, cfr . Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 33 nt . 139, la quale traccia la storia degli studi a riguardo da Mommsen, StR III .2 1888, 1156 [= Dr. publ. VII 1891, 375] che la collocava nel 67, ampiamente seguito (così, tra gli altri, Rotondi, Leges publi cae 1912, 373; Shackleton Bailey, Cicero’s Letters I 1965, 300; Williams, Aulus Gabinius 1973, 77) a Willems, Le Sénat II 1883, 156–157, che la considerava del 61 a Gruen, The last Generation 1974, che la poneva nel 58; così Steel, citato nella nota seguente . 54 Ferrary, Loi Gabinia 2014, ritiene che la lex Gabinia per il comando straordinario nella guerra contro i pirati sia stata una soltanto: essa definiva la natura e i poteri dell’imperium straordinario che veniva istituito e al contempo lo affidava a Pompeo . Per le dinamiche in atto nel 67 a . C ., gli interventi di Gabinio e Cornelio e le forze senatorie in campo, vd . Steel, The Roman political Year 2015, 152 . 55 Bonnefond[-Coudry], La lex Gabinia 1984, 95 reputava l’ipotesi di Gruen per nulla convincente e riteneva che Gabinio, dotato di una «personalité brutale», aveva un carattere tale da porsi oltre la bocciatura della proposta di Cornelio .
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nel 58, sostenuta dalla considerazione che essa sia da intendersi come una modifica della lex Pupia56 . Alcuni elementi indiziari consigliano piuttosto di anticiparne la datazione: essi sono contenuti da una lettera di Cicerone ad Attico (1 .18) risalente al gennaio del 60; è qui commentata l’azione politica di Catone contro la richiesta dei publicani di Asia di rivedere i contratti: Catone sta portando avanti una tattica ostruzionistica che costringerà a bloccare tutte le attività del senato fino a quando non sia fornita una risposta ai publicani: … Cato; qui miseros publicanos … tertium iam mensem vexat neque iis a senatu responsum dari patitur . Ita nos cogimur reliquis de rebus nihil decernere, ante quam publicanis responsum sit . Qua re etiam legationes reiectum iri puto .
La strategia di Catone, dunque, condurrà al blocco totale («niente si potrà decidere») dell’attività del senato fino a quando non si sarà risolta la questione dei publicani; aggiunge poi Cicerone: «credo che andranno rinviate anche le audizioni degli ambasciatori» . Diversamente, nella lettera scritta ad Attico il 13 febbraio del 61, sulla quale ritorneremo, Cicerone riferisce il senatoconsulto risultato da una infuocata seduta: si stabilisce la paralisi delle attività della curia fino a quando l’assemblea popolare non avesse deliberato intorno alla corte giudicante del processo a Clodio; nel testo del senatoconsulto riportato da Cicerone la ricezione degli ambasciatori è qui posta sullo stesso piano di tutte le altre attività del senato che verranno bloccate: de provinciis praetorum et de legationibus et de ceteris rebus . Nel 60, invece, le legazioni sono citate a parte da Cicerone: a fronte della difficoltà di ricevere le ambascerie nei tempi stabiliti, si ricorre alla soluzione di rinviarle, misura prevista nella legge Gabinia (nisi perfectis aut reiectis legationibus)57 . Se la legge Gabinia è, supponiamo, vigente nel 60 e non ancora nel gennaio del 58 61 , si può desumere che essa sia stata proposta da Gabinio in qualità di pretore proprio nel corso del 61; il 61 potrebbe diventare quindi l’anno di votazione sia della lex Pupia sia, a seguire, della Gabinia; quest’ultima avrebbe disciplinato, verosimilmente fra molti altri aspetti in materia di gestione degli ambasciatori59, anche i tempi delle audizioni, forse rispondendo alle medesime esigenze generali della lex Pupia .
56 Gruen, The last Generation 1974, 252, la lex Gabinia modificava 3 anni dopo la lex Pupia e rendeva possibili per questioni di politica estera le sedute a febbraio . 57 Anche il verbo adoperato da Cicerone nel 60 è il medesimo . 58 Willems, Le Sénat II 1883, 157 nt . 3, ritiene che, se la legge fosse già esistita, le legazioni avrebbero avuto una menzione a parte, tanto più che solo ad esse era dedicato il mese di febbraio . 59 Così l’ipotesi che la legge che vietava i debiti fosse la stessa che quella che stabiliva febbraio come mese per il ricevimento citata supra .
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II.3. In un brevissimo intervento ingiustamente dimenticato60, Santo Mazzarino invitava alla riflessione intorno al legame tra la legge Pupia e quella seduta del senato della quale Cicerone scrive ad Attico il 13 febbraio del 61 (1 .14 .5) cui abbiamo fatto riferimento; egli ne ascriveva la dinamica al problema della «collisione tra comizi e convocazione del Senato»61 . Mazzarino discuteva più distesamente i meccanismi in azione a proposito dell’episodio che vide coinvolto Q . Fulvio Flacco nel 184 d . C ., noto dalla tradizione di Livio (39 .39 .10)62 . Converrà pertanto fermare l’attenzione proprio su quella lettera ad Attico, in particolare sulla parte dedicata alla seduta citata . Cicerone fa precedere la narrazione dei fatti da un suo giudizio compiaciuto sulla forza del senato in quella circostanza: «Il Senato è un vero e proprio Areopago» . Nihil constantius, nihil severius, nihil fortius; passa poi alla descrizione di una turbolenta assemblea popolare dedicata alla costituzione della giuria del processo da intentare contro Clodio per essersi intrufolato in casa di Cesare, pontefice, in occasione delle celebrazioni per la Bona Dea . Pisone, console del 61, era stato indotto dal senato a presentare la proposta di legge, ma egli personalmente ne cercava la bocciatura . Lo svolgimento dell’assemblea popolare vede Pisone messo all’angolo dai duri interventi di opposizione di Catone, di Ortensio, di Favonio e di multi praeterea boni . A causa del costituirsi di un blocco di optimates, i comitia vengono sciolti e viene convocata una riunione del senato (comitia dimit tuntur, senatus vocatur) . Il testo non chiarisce chi abbia sciolto i comizi e chi abbia convocato il senato: si può tuttavia supporre che a sciogliere i comizi fosse stato il console Pisone evidentemente in difficoltà, invece a convocare il senato il console collega di Pisone, e pontefice, Messalla (raggiunto anch’egli insieme a Gaio Pisone, ad Ortensio ed a Lucullo dagli insulti di Clodio)63 . Il senato, riunitosi al 60 Non lo ricorda neanche Marianne Bonnefond-Coudry, sebbene si tratti dell’intervento di Santo Mazzarino alla discussione sulla sua relazione tenuta al Convegno Epigrafia e ordine senatorio, nel 1982; cfr . Mazzarino, Discussione 1984, 70–71 . 61 «un altro caso … in cui una seduta del senato si tenne a breve distanza dai comizi, è quello che si verificò nel 61, in occasione dell’affare Clodio … Anche in questo caso, per indicare lo scioglimento del comizi a cui segue la convocazione del senato, troviamo l’espressione comitia dimittuntur, senatus vocatur … Va notato che l’anno 61 è l’anno in cui è console Pupio: sarà, poi, l’anno della lex Pupia. Forse tutto ciò può aiutare a precisare la genesi (e la valutazione) della lex Pupia» . 62 L’episodio ruota intorno alla candidatura di Q . Fulvio Flacco, già eletto all’edilità, alla pretura, contestata da una parte dei tribuni della plebe . Si susseguono per ben due volte, in un clima di scontro tra console, tribuni (divisi tra loro) e candidato ambigue trattative, accesi comizi, sciolti dal console, dunque sedute del senato immediatamente convocate, fino a quando il senato delegittima di fatto i comizi e decide per la surroga del pretore . 63 Sulla facoltà dell’altro console a convocare, Willems, Le Sénat II 1883, 132; Mommsen, StR III .2 1888, 910 [= Dr. publ. VII 1891, 88] . Sul ruolo di Messalla, Wiseman, The Senate 19942, 361–362 .
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completo64, vota un senatoconsulto sfavorevole agli orientamenti di Pisone, Clodio e Curione: esso stabilisce, come già ricordato, che fino a quando il progetto di legge sulla costituzione della giuria non sarà stato presentato al popolo, il senato incrocerà le braccia . La descrizione della seduta chiarisce con efficacia i rapporti di forza in atto nell’assemblea senatoria e rende ragione del giudizio politico di Cicerone . Siamo in un quadro delle istituzioni a Roma chiaramente dominato dall’assemblea senatoria; gli strumenti adoperati, in particolare la pronta convocazione del senato, sciolti i comizi (evidentemente in un giorno comiziale) attraverso l’esercizio del potere magistratuale e il blocco delle attività dell’assemblea (con ovvie ricadute soprattutto sulla politica estera) attraverso la facoltà che ne avevano i senatori, oltrepassano la consuetudine istituzionale . L’azione di Pupio Pisone e di Gabinio, rispettivamente console e pretore di quell’anno, è comprensibile in opposizione a questa dinamica . Ricorrendo alla legge, essi formalmente e, si può pensare, di concerto, fissano inderogabilmente principi dapprima regolati dalla sola prassi e in concreto limitano la libertà di iniziativa di magistrati e senatori65 e il loro ricorso a pratiche ostruzionistiche messe in campo per esercitare il pieno controllo politico delle istituzioni . È verosimile pertanto scorgere proprio in questa circostanza che costituiva una vera e propria prova di forza per una parte dei senatori una spinta forte (e forse risolutiva) all’azione normativa di Pupio e poi di Gabinio, certamente già allineati in una comune direzione politica . .
III. Le tensioni politiche e le dinamiche descritte nei paragrafi precedenti non erano nuove, ma caratterizzavano la vita delle istituzioni a Roma, fra alti e bassi, almeno dalla metà degli anni cinquanta del II secolo a . C .66; la forma non scritta della costituzione romana rendeva possibile l’eversione e la manipolazione delle regole: 64 Per senatus frequens, Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 425–435 . 65 In merito alle infrazioni al principio di non sovrapposizione di assemblee e senato, si ricordi che assemblee e senato erano stati riuniti al contempo nel 133, poco prima della morte di Tiberio (Plut . Tib. Gr. 17–19) e nel 121, al momento della morte di Gaio (Dio 34–35, 28 .9), cfr . per una rassegna Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 240–244; per il 63 a . C ., cfr . De Martino, Storia III 19732, 321 nt . 74, probabilmente in considerazione della datazione della legge nella proposta di Mommsen, StR III .2 1888, 923 [= Dr. publ. VII 1895, 103], ritiene che siano due casi in deroga alla legge Pupia; quello del senatoconsulto che cancellò i comitia previsti per il giorno seguente, convocando una seduta del senato per discutere della congiura di Catilina (pro Mur. 25 .51) e quello riferito da Cicerone ad Attico nella lettera del 13 febbraio del 61 (ad Att. 1 .4 .5) . 66 Moatti, La raison 1997, 34, 323–324 ntt . 22–23 [= 21 e ntt . 34–35], che evidenzia la definizione dei due schieramenti in campo nella definizione di precise linee di azione, da una parte il tentativo di ridurre la capacità di azione delle assemblee (e. g. leggi Aelia e Fufia; lex
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un atteggiamento tenuto da entrambe le partes coinvolte nello scontro67 . Si trattò, dunque, in qualche modo di cercare, rotto il vecchio, un nuovo equilibrio politico . Alla dominanza del senato uscito dalla riforma sillana si contrappose lo sforzo di stabilire in concreto i limiti di potere di magistrati e senatori . Si cercò di farlo sia introducendo novi mores sia ribadendo i veteres tramite novae leges in un continuo succedersi di azioni alle quali ricorsero trasversalmente le partes coinvolte . Il tentativo di rafforzamento del senato da parte di Silla dittatore, tramite lo strumento normativo, fu annullato, a sua volta, dalle leggi prodotte nel decennio successivo alla sua abdicazione . La legge Aurelia del 75, quindi la legge Licinia Pompeia del 70 a . C ., diedero un contraccolpo al senato voluto da Silla e dai suoi sostenitori, restituendo padronanza d’azione politica al tribuno della plebe: una iniziativa che certamente raccoglieva un’istanza condivisa68 . Ma questi provvedimenti, tuttavia, non neutralizzarono la potentia del senato sillano, non alleggerirono il suo peso politico determinato dagli interventi del dittatore sulla composizione dell’assemblea . Se ne avverte, di traverso, l’eco in un’amara considerazione ciceroniana risalente al 59 a . C ., ma relativa a vicende di qualche anno prima, che raccoglie una comune e significativa percezione del ruolo e della condotta del senato in quegli anni (Att. 1 .29, ed . Einaudi, 16 o 17 aprile del 59): «E infatti se allora si guardò ostilmente la potestas del Senatus, ora che essa è passata non al popolo ma a tre uomini smodati cosa ritieni che avverrà?» . Proprio sui meccanismi politici descritti, che giocano sulle procedure istituzionali (non fissate una volta per tutte), intervengono le leggi e i plebisciti, proposti e votati dopo il 70 a . C ., in materia di specifiche procedure di funzionamento del senato, che tendono piuttosto a definire e vincolare le facoltà dei magistrati gestite a vantaggio del senato e a scapito delle assemblee popolari, spesso sancendo principi già esistenti ma disattesi . Così è per la legge Pupia e per la Gabinia; altri provvedimenti nello stesso spirito potrebbero essere ricordati: emblematico pochi anni prima quello proposto tra potenti contrasti dal tribuno Cornelio, il quale, nel 67, intervenne anche in merito alla solutio legibus69 . Lasciando da parte in queste pagine alcune dibattute questioni intorno alla duplice tradizione sulle circostanze Caecilia Didia), dall’altra leggi miranti a limitare l’azione del senato e l’arbitrio di senatori e magistrati (leges Corneliae del 67, lex Pupia del 61) . 67 Per l’età graccana cfr . Pina Polo, The ‘tyranny’ 2017, 5–33, che esamina gli evidenti strappi alla consuetudine istituzionale riscontrabili nella condotta del senato tra il 133 e il 123 a . C . 68 Ferrary, Cicéron et la loi judiciaire 1975, 326–328, per il quadro efficace sulle tendenze interne al senato con una parte schiacciata sulle riforme sillane e un’altra, nella quale convergono anche conservatori illuminati alla Cotta, che approva il ripristino di alcune prerogative istituzionali tradizionali cancellate da Silla, in particolare quelle del tribuno della plebe; in tal senso la legge di Pompeo e Crasso avrebbe riscosso un’approvazione ampia, senza che Pompeo, a questo punto, si schierasse politicamente in maniera aperta . 69 Moatti, La raison 1997, 323 nt . 23 [= 22 nt . 35], riconduce a quest’atmosfera anche il plebiscito Cornelio che vincola il pretore al rispetto del suo editto .
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che condussero alla proposta e poi alla votazione di questa legge70, va sottolineata la ragione della iniziativa di Cornelio, riferita concordemente nelle due versioni dell’accaduto: ripristinare la consuetudine, ormai disattesa, in materia di solutio legibus; il senato si era infatti arrogato la prerogativa di concedere la solutio legibus senza passare dal popolo e persino in presenza di una manciata di senatori non rappresentativa dell’assemblea nella sua pienezza (Asc . 58 .5–11 Cl .; Dio 36 .39)71 . Si intravedono in questo disegno azioni portate avanti da tribuni, ma anche da consoli e da pretori che vediamo particolarmente attivi in questa fase72; il comune 70 La tradizione intorno alle circostanze che condussero alla sua proposta di legge relativa alla solutio legibus concessa dal senato è duplice: una è il commento di Asconio alla ciceroniana pro Cornelio (57 .8–59 .3 Cl .); cfr . Marshall, An Historical Commentary 1985, 215–221; Lewis, Asconius 2006, 262), l’altra è il racconto di Cassio Dione (36 .38 .1–40 .2) . Dal commento di Asconio si apprende che l’inizio del contrasto tra il tribuno ed il senato fu una relatio del primo in materia di prestiti ad interesse ai provinciali; respinta dal senato la mozione, in nome del senatoconsulto del 94 a . C . relativo ai Cretesi, Cornelio denunciò l’accaduto in una contio e propose una legge che stabiliva che il senato non potesse procedere ad una so lutio legibus se non con il consenso del popolo, stando ad un’antica consuetudine non più rispettata . Il testo fu male accolto dal senato e bloccato dal veto di un tribuno; il giorno dell’assemblea, Cornelio impedì di fatto il veto, sulla scorta dell’esperienza di Tiberio Gracco e poi del tribuno Manilio l’anno precedente; il console Pisone, postosi contro il popolo, uscì dall’assemblea coi fasci spezzati e preso a colpi di pietre . Cornelio a questo punto sciolse l’assemblea . Seguirono animati dibattiti in senato, fino a quando Cornelio propose e ottenne il voto su un testo più morbido: la solutio legibus poteva avvenire in senato in presenza di almeno 200 senatori; qualora qualcuno avesse voluto presentare la proposta al popolo, non vi sarebbe stato diritto di veto . Diversamente, nel racconto di Cassio Dione a far esplodere la questione è una rogatio di Cornelio in materia di ambitus: la proposta inaspriva le pene . A questa si contrappose la rogatio del console Calpurnio Pisone, sollecitato dal senato: essa sarebbe passata ai comizi senza rispettare i termini della legge Fufia, ossia prima delle elezioni . Questa posizione del senato non rispettosa delle regole e che soprattutto, come si legge da Cassio Dione, calpestava le prerogative del popolo, sollecitò un intervento del tribuno Cornelio: durante l’assemblea radunata per votare la legge, il popolo ruppe i fasci consolari di Pisone e lo fece oggetto di lanci di pietre; a questo punto Calpurnio interruppe l’assemblea . Alla ripresa egli avrebbe aggiunto alla legge una parte relativa alle procedure del senato in materia di solutio legibus . Nel dibattito in merito alla affidabilità dell’una o dell’altra versione, Griffin, The Tribune 1973, 196–213, ritiene senz’altro preferibile Asconio, il quale avrebbe integrato il testo di Cicerone con altre fonti e avrebbe seguito l’ordine della ricostruzione ciceroniana; diversamente da McDonald, The Tribunate 1929, 203, Kumaniecky, Les discours 1970, 3 ss ., propende per Cassio Dione . Andrà segnalato in entrambi i racconti, un continuo sorpasso della consuetudine costituzionale . 71 In entrambe le versioni l’idea centrale è quella di un presente irrispettoso delle regole di funzionamento delle istituzioni, stabilite per consuetudine, che da sempre avevano garantito l’equilibrio costituzionale . 72 Sulla concentrazione di leggi proposte dal pretore in questa fase Lintott, Violence 1968, 122–123, il quale cita ad esempio: la lex Plautia, tra il 78 e il 63 a . C .; la lex Aurelia iudiciaria nel 70 a . C .; la lex Caecilia nel 60 a . C .; la lex Fufia nel 59 a . C .
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orientamento che si scorge è quello di riproporre in maniera vincolante il rispetto della tradizione, proprio con lo scopo di limitare il raggio di azione di magistrati e senatori e di recuperare la pienezza dell’azione popolare, naturalmente passando attraverso il recupero pieno della figura del tribuno della plebe . Pompeo aveva già raccolto nel 70 a . C ., da console, queste spinte vive nel clima politico a Roma; questo progetto continuò poi, in sua presenza e in sua assenza, attraverso altri soggetti politici a lui prossimi uniti da una comune prospettiva in materia di equilibrio tra le istituzioni, soprattutto in risposta al decisivo intervento sillano73: tra questi Pupio Pisone e Aulo Gabinio dei quali si sta parlando . Nel quadro accennato, di mores calpestati, creati, ribaditi per leges, si comprendono anche le ragioni dello spazio occupato dalle antiquitates, o, meglio, dagli esperti di antiquitates . Già nel 71, quando il giovane Varrone, legato a Pompeo sin dai tempi delle spedizioni militari in Spagna74, fu incaricato di redigere l’Isagogico, la sua sapienza antiquaria certamente congiunta ad una visione politica coerente con quella di Pompeo e dei suoi, orientò la scelta del futuro console . Gli anni 70 vedevano il ceto politico a Roma confrontarsi, assumendo posizioni politiche differenti, lo si diceva, con la forza della res publica riformata da Silla, nel tentativo di ripristinare vecchi assetti (il concetto di restitutio si presta, è noto, a vari utilizzi) . Il commentarius scritto da Varrone per Pompeo per il 70 a . C . conteneva le procedure di funzionamento del senato previste dalla consuetudine costituzionale romana, stabilite dal mos, scritte nei costumi e disponibili alle conoscenze degli antiquari, ma anche, evidentemente, le nuove abitudini invalse in tempi recenti . Varrone le raccoglieva (primo manualetto di ius senatorium) . Le sue indicazioni funsero probabilmente da traccia per Pompeo, e verosimilmente non soltanto nello svolgimento pratico e rituale dei suoi compiti (disposizione di formule, rituali), ma per una riflessione politica generale sulla direzione che il funzionamento dell’assemblea riformata da Silla stava assumendo e sulle sue implicazioni sull’equilibrio complessivo che ne derivava; evidentemente esso forniva elementi alla riflessione sulle soluzioni da adottare75 . Quarant’anni dopo, sulle ceneri della guerra civile, Ottaviano inaugurava una nuova fase di recupero della tradizione della res publica come mostrano i manifesti della sua propaganda ideologica, che trovano nella restitutio la parola d’ordine . Il 29 egli avviava un’azione decisiva per il riordino del senato o meglio di quel che restava del senato alla fine delle guerre civili (Svet . Aug . 35): un’operazione che durò una ventina di anni, passando attraverso provvedimenti anche discussi e osteggiati
73 Gruen, The last Generation 1974, 253, parla di «amici di Pompeo» . 74 Della Corte, Il terzo lume 19702, 250, affianca il commentarius per Pompeo alle Ephemerides, la prima delle quali fu composta da Varrone al tempo della guerra in Spagna nel 77 a . C . Diversamente Moatti, La raison 1997, 337 nt . 44 [= 65 nt .102] . 75 Cfr . su questi aspetti i rinvii bibliografici indicati supra .
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da una parte dei senatori76 . La lectio del 29 apriva però, visibilmente, una fase di ristrutturazione del senato: disporre di uno strumento in cui confluissero forme e modi di funzionamento del senato sia secondo quanto stabilito dalla tradizione sia secondo quanto era sopraggiunto nel tempo trascorso, poteva rivelarsi utile . Non è forse una forzatura ritenere che l’opuscolo di Varrone fornì in quella circostanza un supporto a questo programma77; come supposto, non è escluso che esso fosse stato richiesto al vecchio erudito da qualcuno che era a conoscenza dell’esistenza dello scritto per Pompeo; e che, essendo il vecchio commentarius andato perduto, Varrone avesse atteso ad una sua nuova redazione. Per una seconda volta, tra vetus e novus mos, diritto ordinario e straordinario, il vecchio ‘antiquario’ (di sua iniziativa o sollecitato) produsse una sintesi delle procedure di funzionamento del senato, questa volta dandole struttura epistolare . Egli descriveva, per quel che è dato di leggere dalla sintesi di Gellio, ciascun aspetto, avendo cura di illustarne gli sviluppi: a proposito del ius di convocare il senato, egli aggiunge ai magistrati tradizionali more extraordinario i triumviri rei publicae constituendae causa; in materia di ius primae sententiae, egli aggiorna la pratica tradizionale che individuava quale primo a parlare il princeps Senatus (che egli ormai relega in un passato remoto: antea), segnalando quella invalsa ai suoi tempi, consistente nella individuazione del primo a parlare da parte del convocante sulla base della gratia e della ambitio . A ragione si deve ritenere che anche in materia di calendario delle sedute senatorie egli seguì lo stesso metodo, cioè inserì quanto in materia era stato prodotto dal 70 ai suoi giorni: alla buona pratica di non sovrapporre assemblee popolari e assemblea senatoria stabilita per consuetudine (tema probabilmente evocato nella prima stesura) egli aggiunse la disciplina stabilita dalle leggi Pupia e Gabinia che appunto stabilivano i giorni in cui non era ius habere senatum . Queste leggi, peraltro, Varrone doveva averle ben presenti, non soltanto in virtù della sua sapienza giuridica, ma perché negli anni in cui furono votate era un personaggio prossimo a Pompeo, dunque a Pupio Pisone, Gabinio, che si muovevano nel suo circolo . Non è possibile stabilire con certezza quanta importanza il testo di Varrone sul senato ebbe negli anni che seguirono, percorsi da un generale ripensamento del senato; certamente è noto che alcuni personaggi dell’entourage di Augusto ben conoscevano gli scritti di Varrone e che qualcuno di loro partecipò alla redazione della legge (si pensi ad Ateio Capitone)78; altri (che pure avevano ben presente la sua produzione) contribuirono con le conoscenze antiquarie di cui dispone-
76 Chastagnol, La crise 1980, 468, 470 e id ., Le problème 1992, 56; con prospettiva diversa Talbert, Augustus 1984, 57; ma si veda ora con ampia discussione bibliografica Scott Perry, The lex Iulia 2014, 48–64 . 77 Todisco, Echi 2018, 398–399 . 78 Todisco, Echi 2018, 398 .
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vano (Verrio Flacco) almeno alla costruzione ideologica del Principato79 . Si dovrà credere che l’autorevolezza riconosciuta a Varrone nelle ultime fasi del I secolo dai suoi contemporanei, sancita una volta per tutte con la sua statua (unica di un vivente) collocata nella Biblioteca organizzata da Asinio Pollione ebbe probabilmente il suo peso in un progetto politico che faceva del ripristino della tradizione il punto centrale80 . D’altro canto è nota l’autorevolezza riconosciuta a Varrone ancora nel II d . C . nel dibattito tra i giurisperiti81: un richiamo per noi a ricercare tuttora nella letteratura de antiquitatibus indicazioni, diversamente perdute, relative alle procedure di funzionamento delle istituzioni a Roma .
79 Cfr . Momigliano, Storia antica 1984, 9 [= (1955) 72]; Stevenson, The Roman Antiquarian 2004, 120; Todisco, Echi 2018, 400 con bibliografia precedente . 80 Per il ruolo di Varrone e il suo pensiero politico, Wiseman, Remembering 2009; Todisco, Varro’s Writings 2017, 56–59 . 81 Infra, Appendice .
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Appendice Il contributo degli autori de antiquitatibus alla conoscenza delle procedure istituzionali del senato. Per una prima rassegna Gli autori de antiquitatibus82 costituiscono, è noto, una fonte inesauribile di informazioni e documenti, altrove irreperibili, afferenti agli ambiti più diversi e orientati secondo interessi di volta in volta diversi . Un apporto significativo essi forniscono pure alla conoscenza del diritto pubblico romano83 . Un posto rilevante era loro riservato anche dagli antichi, come si coglie da notizie, riflessioni, aneddoti; si ricordi, tra gli altri, un noto passo, autobiografico, delle Noctes Atticae di Aulo Gellio84 dal quale trapela l’autorevolezza attribuita, nel II d . C ., al giudizio di Varrone: fu, infatti, proprio l’opinione di Varrone, contenuta nel libro XXI delle Antiquitates humanae, e riferita da Gellio fresco di studi, a porre fine ad una non otiosa quaestio, che a Roma stava animando la discussione tra docentes e respondentes di diritto, riguardante il ius vocationis del quaestor presso il praetor (Gell . 13 .13 .1–6)85 . Può diventare pertanto utile ricercare nelle pagine degli scritti de antiquitatibus indicazioni relative al senato . Quanto resta delle opere di Varrone86, il de verborum significatu di Festo, elaborazione dell’opera di Verrio Flacco, e le Noctes Atticae di 82 Momigliano, Storia antica 1984, 5–45 [= (1955) 67–106]; Stevenson, The Roman Antiquarian 2004, 119 . 83 Rawson, Intellectual Life 1985, 232–249; Wallace Hadrill, Mutatio morum 1997, 14–15; Stevenson The Roman Antiquarian 2004, 118–120; Pani, Sulle conoscenze costituzionali 2006, 727– 740; Glinister, Constructing 2007, 11–32 . 84 Il genere al quale ascrivere l’opera è discusso; per Momigliano, La filologia antica 1960, 465, essa si inserisce nel solco delle opere filologiche-antiquarie di età imperiale, caratterizzate da un progressivo allontanamento dalla politica e dallo sforzo di sistematicità che aveva caratterizzato la produzione successiva al II a . C .; Astarita, La cultura 1993, 19–23, sintetizza il dibattito (nt . 14) e ritiene, facendo sua la posizione di Steinmetz, Untersuchungen 1982, 239–291, che rientri nelle opere che intendono «insegnare dilettando e dilettare insegnando» («belehrende Unterhaltung-unterhaltende Belehrung»); Stevenson, The Roman Antiquarian 2004, 122, più ampiamente ritiene Gellio autore dagli interessi antiquari e la sua opera fonte di frammenti antiquari . 85 Cum ex angulis secretisque librorum ac magistrorum in medium iam hominum et in lucem fori prodissem, quaesitum esse memini in plerisque Romae stationibus ius publice docentium aut respon dentium, an quaestor populi Romani ad praetorem in ius vocari posset. … Sed ego, qui tum adsiduus in libris M. Varronis fui, cum hoc quaeri dubitarique animadvertissem, protuli unum et vicesimum rerum humanarum, in quo ita scriptum fuit: ‘Qui potestatem neque vocationis populi viritim habent neque prensionis, eos magistratus a privato in ius quoque vocari est potestas. M. Laevinus aedilis curu lis a privato ad praetorem in ius est eductus; nunc stipati servis publicis non modo prendi non possunt, sed etiam ultro submovent populum.’ … Hoc Varro in ea libri parte de aedilibus, supra autem in eodem libro quaestores neque vocationem habere neque prensionem dicit. Utraque igitur libri parte recitata in Varronis omnes sententiam concesserunt, quaestorque in ius ad praetorem vocatus est . 86 Per tutte le ricorrenze del lessico giuridico-istituzionale nelle opere di Varrone resta di riferimento Cenderelli, Varroniana 1973 .
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Aulo Gellio, in un formidabile incastro di citazioni (non di rado, come si vedrà, Gellio cita come sua fonte Verrio oppure Varrone e Verrio richiamano Varrone), specchio della composizione stratigrafica delle opere di questi autori, consegnano preziose informazioni relative alle procedure di funzionamento del senato; non mancano i riferimenti a testi di senatoconsulti, sebbene in numero esiguo, dei quali si dà conto di seguito . Le notizie, rintracciabili, dunque, in vari luoghi delle opere qui citate, nascoste nelle etimologie o paraetimologie di Varrone, nelle glosse del de verborum signifi catu di Festo87, nei racconti, diretti o indiretti, di Aulo Gellio88 restituiscono evidenze utili alla ricostruzione di parti perdute di quell’ambito del diritto pubblico che Plinio il Giovane nella sua lettera ad Aristone definiva ius senatorium (Ep. 8 .14) . In merito ai senatoconsulti, il numero rinvenuto è esiguo: si contano otto senatoconsulti e un decreto del senato; tutti i documenti, eccetto un senatoconsulto di età domizianea, risalgono all’età repubblicana . Di seguito un loro elenco, organizzato per temi89 . 87 Seguono alcuni esempi: per Verrio/Festo Numera senatum (Fest . s . v . Numera senatum, 174 L .), in cui è ricordata la procedura della richiesta di verifica del numero legale evidentemente in sessioni nelle quali fosse previsto un quorum di presenti (Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 407, cfr . 486, 526); Senatus decretum (454 L .) in cui è individuata, fonte Elio Gallo, la distinzione tra senatus consultum e senatus decretum, con l’idea che il decretum corrisponda alla parte fondamentale del senatoconsulto, da cui un’effettiva coincidenza tra le due (Buongiorno, Senatus consulta 2016, 23–25) . Sempre da Verrio/Festo si raccolgono notizie di due opere dedicate al senato: il de officio senatorio di Ateio Capitone e il de senatu habendo di Nicostrato (Festo s . v . Senacula, 470 L ., cfr . Festo/Paolo s . v . Senaculum, 455 L .), per la collocazione cronologica dell’ultimo dei due, una sintesi del dibattito è in Todisco, Dal Commenta rio isagogico 2016, 486 nt . 40, in cui si propende per l’attribuzione del giurista all’età di Verrio . Efficaci per una riflessione sul senato, i suoi meccanismi di funzionamento e, soprattutto, i suoi sviluppi, sono le notizie diffuse nelle pagine di quanto resta del de lingua Latina: tra le molte, in prospettiva etimologica, cfr . la definizione di senaculum e graecostasis (Mason, Se nacula 1987, 39–50; Bonnefond-Coudry, Le Sènat 1989, 185–192; Letta, rec. 1993 di Bonnefond-Coudry, Le Sénat 1989, 323); significativo dell’attenzione di Varrone al suo tempo e della sua intenzione di offrire il suo contributo alla risoluzione della crisi secondo le sue specificità è lo studio delle etimologie o paraetimologie proposte nei suoi scritti, colte anche nel loro confronto, cfr . curia nel de lingua Latina (6 .46) e nel de vita populi Romani (70 R . = 385 S . = 69 P .), cfr . su questo Todisco, Il frammento 2016, 489–497 . 88 E. g. il riferimento a Cesare che diede per primo il diritto di parola a Crasso; quindi a Pompeo dopo avergli promesso sua figlia in sposa (Gell . 4 .10 .5, tratto dal racconto di Tullio Tirone, liberto di Cicerone, e dal de officio senatorio Ateio Capitone); l’ostruzionismo di Catone a Cesare messo in atto tenendo la parola il più a lungo possibile, tanto da suscitare la reazione di Cesare stesso (Gell . 4 .10 .8, tratto dal de officio senatorio di Ateio Capitone); il rimprovero che Castricio, maestro di retorica sotto Adriano, muove ai suoi discepoli senatori a suo parere indecorosamente abbigliati con tunica, lacerna e galliche (Gell . 13 .22 .1) . 89 L’edizione seguita per Gellio è: A . Gellii Noctes Atticae, recognovit brevique adnotatione critica instruxit P .K . Marshall, Oxford Classical Text, Oxford 19902 .
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Guerra 1 . il senatoconsulto che autorizzò i Fabii a partire per la guerra: Fest . s . v . Religioni, 358 L . Religioni est quibusdam porta Carmentali egredi; et in aede Iani, quae est extra eam, senatum haberi; quod ea egressi sex et trecenti Fabii apud Cremeram omnes interfecti sunt, cum in aede Iani senatus consultum factum esset, uti proficiscerentur .
2 . il senatoconsulto che concede a Crasso la corona di mirto per il suo trionfo sugli schiavi fuggitivi; quindi su pressione dello stesso Crasso, scontento della decorazione a lui accordata, il senatoconsulto che gli attribuisce la corona di alloro: Gell . 5 .6 .23 . Ac murteam coronam M . Crassus, cum bello fugitivorum confecto ovans rediret, insolenter aspernatus est senatusque consultum faciundum per gratiam curavit, ut lauro, non murto, coronaretur .
Territorio 3 . il senatoconsulto che stabilisce la deduzione di Saticula (313 a . C .): Fest . s . v . Saticula, 458 L . um in Samnium captum est: quo iam deduxerunt triumviri M . Valerius Corvus, Iunius Scaeva, P . Fulvius Longus ex senatus consulto Kal . Ianuaris P . Papirio Cursore, C . Iunio II Cos .
Vita del senato 4 . il senatoconsulto (vetus) che vieta l’accesso dei figli in senato insieme ai padri, che Gellio trae da un’orazione di Catone in cui è citata la nota storia di Papirio Pretestato: Gell . pr . 1 .23 . Quis fuerit Papirius Praetextatus; quae istius causa cognomenti sit; historiaque ista omnis super eodem Papirio cognitu iucunda . Gell . 1 .23 . Historia de Papirio Praetextato dicta scriptaque est a M . Catone in oratione, qua usus est ad milites contra Galbam, cum multa quidem venustate atque luce atque munditia verborum . Ea Catonis verba huic prorsus commentario indidissem, si libri copia fuisset id temporis, cum haec dictavi . Quod si non virtutes dignitatesque verborum, sed rem ipsam scire quaeris, res ferme ad hunc modum est: mos antea senatoribus Romae fuit in curiam cum praetextatis filiis introire . Tum, cum in senatu res maior quaepiam consultata eaque in diem posterum prolata est, placuitque, ut eam rem, super qua tractavissent, ne quis enuntiaret, priusquam decreta esset . Mater Papirii pueri, qui cum parente suo in curia fuerat, percontata est filium, quidnam in senatu patres egissent . Puer respondit tacendum esse neque id dici licere . Mulier fit audiendi cupidior; secretum rei et silentium pueri animum eius ad
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inquirendum everberat: quaerit igitur compressius violentiusque . Tum puer matre urgente lepidi atque festivi mendacii consilium capit . Actum in senatu dixit, utrum videretur utilius exque republica esse, unusne ut duas uxores haberet, an ut una apud duos nupta esset . Hoc illa ubi audivit, animus compavescit, domo trepidans egreditur ad ceteras matronas . Pervenit ad senatum postridie matrum familias caterva; lacrimantes atque obsecrantes orant, una potius ut duobus nupta fieret, quam ut uni duae . Senatores ingredientes in curiam, quae illa mulierum intemperies et quid sibi postulatio istaec vellet, mirabantur . Puer Papirius in medium curiae progressus, quid mater audire institisset, quid ipse matri dixisset, rem, sicut fuerat, denarrat . Senatus fidem atque ingenium pueri exosculatur, consultum facit, uti posthac pueri cum patribus in curiam ne introeant, praeter ille unus Papirius, atque puero postea cognomentum honoris gratia inditum ‘Praetextatus’ ob tacendi loquendique in aetate praetextae prudentiam .
Costume e società 5 . un decreto del senato, risalente al 161 a . C ., che Gellio afferma di aver rintracciato nei Coniectanea di Ateio Capitone, che vieta i lussi a tavola in occasione dei Ludi Megalesi: Gell . pr . 2 .24 . De vetere parsimonia; deque antiquis legibus sumptuariis . Gell . 2 .24 .1–3 . Parsimonia apud veteres Romanos et victus atque cenarum tenuitas non domestica solum observatione ac disciplina, sed publica quoque animadversione legumque complurium sanctionibus custodita est . Legi adeo nuper in Capitonis Atei coniectaneis senatus decretum vetus C . Fannio et M . Valerio Messala consulibus factum, in quo iubentur principes civitatis, qui ludis Megalensibus antiquo ritu mutitarent, id est mutua inter sese dominia agitarent, iurare apud consules verbis conceptis non amplius in singulas cenas sumptus esse facturos, quam centenos vicenosque aeris praeter olus et far et vinum, neque vino alienigena, sed patriae usuros neque argenti in convivio plus pondo quam libras centum inlaturos . Sed post id senatus consultum lex Fannia lata est, quae ludis Romanis, item ludis plebeis et Saturnalibus et aliis quibusdam diebus in singulos dies centenos aeris insumi concessit decemque aliis diebus in singulis mensibus tricenos, ceteris autem diebus omnibus denos .
6 . il senatoconsulto, risalente al 161 a . C ., che espelleva da Roma i filosofi e i retori: Gell . pr . 15 .11 . Verba senatusconsulti de exigendis urbe Roma philosophis; item verba edicti censorum, quo inprobati et coerciti sunt, qui disciplinam rhetoricam instituere et exercere Romae coeperant .
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Gell . 15 .11 .1-2 . C . Fannio Strabone, M . Valerio Messala coss . senatusconsultum de philosophis et de rhetoribus factum est: ‘M . Pomponius praetor senatum consuluit . Quod verba facta sunt de philosophis et de rhetoribus, de ea re ita censuerunt, ut M . Pomponius praetor animadverteret curaretque, uti ei e republica fideque sua videretur, uti Romae ne essent’ . Aliquot deinde annis post id senatusconsultum Cn . Domitius Ahenobarbus et L . Licinius Crassus censores de coercendis rhetoribus Latinis ita edixerunt: ‘Renuntiatum est nobis esse homines, qui novum genus disciplinae instituerunt, ad quos iuventus in ludum conveniat; eos sibi nomen inposuisse Latinos rhetoras; ibi homines adulescentulos dies totos desidere . Maiores nostri, quae liberos suos discere et quos in ludos itare vellent, instituerunt . Haec nova, quae praeter consuetudinem ac morem maiorum fiunt, neque placent neque recta videntur . Quapropter et his, qui eos ludos habent, et his, qui eo venire consuerunt, visum est faciundum, ut ostenderemus nostram sententiam nobis non placere’ .
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il senatoconsulto del 94 d . C . che espulse i filosofi da Roma e dall’Italia sotto Domiziano: Gell . 15 .11 .3–5 . Neque illis solum temporibus nimis rudibus necdum Graeca disciplina expolitis philosophi ex urbe Roma pulsi sunt, verum etiam Domitiano imperante senatusconsulto eiecti atque urbe et Italia interdicti sunt . Qua tempestate Epictetus quoque philosophus propter id senatusconsultum Nicopolim Roma decessit .
Religione 8 . il senatoconsulto, risalente al 99 a . C ., che stabilisce un rito di espiazione, reso necessario dal movimento delle lance di Marte nel sacrario della reggia del quale Gellio dichiara di aver rintracciato notizia in veteribus memoriis: Gell . pr . 4 .6 . Verba veteris senatusconsulti posita, quo decretum est hostiis maioribus expiandum, quod in sacrario hastae Martiae movissent; atque ibi enarratum, quid sint ‘hostiae succidaneae’, quid item ‘porca praecidanea’; et quod Capito Ateius ferias quasdam ‘praecidaneas’ appellavit . Gell . 4 .6 .1–2 . Ut terram movisse nuntiari solet eaque res procuratur, ita in veteribus memoriis scriptum legimus nuntiatum esse senatui in sacrario in regia hastas Martias movisse . Eius rei causa senatusconsultum factum est M . Antonio A . Postumio consulibus, eiusque exemplum hoc est: ‘Quod C . Iulius L . filius pontifex nuntiavit in sacrario regia hastas Martias movisse, de ea re ita censuerunt, uti M . Antonius consul hostiis maioribus Iovi et Marti procuraret et ceteris dis, quibus videretur, lactantibus . uti procurasset, satis habendum censuerunt . Si quid succidaneis opus esset, robiis succideret’ .
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9 . il decreto del senato che stabilisce la sepoltura nel Volcanale sito sopra il Comi tium delle ossa di un tale, dapprima sepolto nel Gianicolo, colpito in Circo da un fulmine: Fest . s . v . Statua, 370 L . Statua est ludi eius, qui quondam fulmine ictus in Circo, sepultus est in Ianiculo . Cuius ossa postea ex prodigis, oraculorumque responsis senatus decreto intra Urbem relata in Volcanali, quod est supra Comitium, obruta sunt; superque ea columna, cum ipsius effigie, posita est .
10 . il senatoconsulto, che Gellio cita da Verrio, con il quale il senato demandò ai Pontefici la decisione intorno alla natura dei giorni successivi alle calende, alle none e alle idi: Gell . pr . 5 .17 . Quam ob causam dies primi post Kalendas, Nonas, Idus atri habeantur; et cur diem quoque quartum ante Kalendas vel Nonas vel Idus quasi religiosum plerique vitent . Gell . 5 .17 .1–4 . Verrius Flaccus in quarto de verborum significatu dies, qui sunt postridie Kalendas, Nonas, Idus, quos vulgus imperite ‘nefastos’ dicit, propter hanc causam dictos habitosque ‘atros’ esse scribit . ‘Urbe’ inquit ‘a Gallis Senonibus recuperata L . Atilius in senatu verba fecit Q . Sulpicium tribunum militum ad Alliam adversus Gallos pugnaturum rem divinam dimicandi gratia postridie Idus fecisse; tum exercitum populi Romani occidione occisum et post diem tertium eius diei urbem praeter Capitolium captam esse; compluresque alii senatores recordari sese dixerunt, quotiens belli gerendi gratia res divina postridie Kalendas, Nonas, Idus a magistratu populi Romani facta esset, eius belli proximo deinceps proelio rem publicam male gestam esse . Tum senatus eam rem ad pontifices reiecit, ut ipsi, quod videretur, statuerent . Pontifices decreverunt nullum his diebus sacrificium recte futurum’ . Ante diem quoque quartum Kalendas vel Nonas vel Idus tamquam inominalem diem plerique vitant . Eius observationis an religio ulla sit tradita, quaeri solet .
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Contenuti
margherita faCella
Cicerone e il senatus consultum su Ariobarzane III di Cappadocia*
I. Non furono poche le questioni che Cicerone dovette affrontare durante il suo proconsolato in Cilicia e tra queste fu magnum officium et necessarium la salvaguardia di Ariobarzane III e del regno di Cappadocia1 . Su questo episodio non abbiamo informazioni all’infuori di quanto si ricava dall’epistolario ciceroniano, a cui si aggiunge una breve notizia di Plutarco (Cic. 36) che da esso sembra derivare2 . Il racconto di Cicerone sul suo intervento in Cappadocia ha sovente attirato l’interesse degli studiosi e il riferimento a queste vicende non manca in ogni studio che si occupi dell’operato del governatore in Asia Minore fra 51 e 50 a . C . e in ogni indagine che * Ringrazio Pierangelo Buongiorno, Domitilla Campanile, Umberto Laffi, Eleonora Nicosia, Giovanni Nicosia, Andrea Raggi, Tommaso Ricchier e Chiara Tommasi che hanno avuto la gentilezza di discutere con me alcuni temi qui affrontati e di rileggere queste pagine . Sono molto grata a Pierangelo Buongiorno per aver accolto questo lavoro nella sua serie . La numerazione delle epistole ciceroniane qui seguita è quella tradizionale; l’edizione di riferimento, se non segnalato, è quella di Shackleton Bailey, Cicero 1977 per ad familiares e di Shackleton Bailey, Cicero’s letters 1964–1970 per ad Atticum . Le traduzioni, se non specificato, sono ad opera di chi scrive . 1 Cic . fam. 15 .2 .3: quo cum in loco castra haberem equitatumque in Ciliciam misissem, ut et meus adventus iis civitatibus, quae in ea parte essent, nuntiatus firmiores animos omnium faceret et ego mature quid ageretur in Syria scire possem, tempus eius tridui, quod in iis castris morabar, in magno officio et necessario mihi ponendum putavi . 2 Scettico su un uso diretto dell’epistolario ciceroniano per il cap . 36 della Vita di Cicerone (cioè la sezione relativa al proconsolato in Cilicia) era Gudeman, The sources 1902, 43, che parlava di «second- or third-hand character of Plutarch’s information» . Ma sull’uso delle opere di Cicerone da parte di Plutarco vedi le condivisibili osservazioni di Flacelière/Chambry, Plutarque 1976, 56–61 .
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riguardi il regno di Cappadocia nel I secolo a . C .3 Non mi sembra però che da parte degli studiosi moderni sia stato rivolto il giusto interesse all’accenno che Cicerone fa sulla singolarità delle decisioni del senato riguardo alla questione cappadoce (fam. 15 .2 .4), né mi sembra che questo accenno sia stato sempre inteso correttamente da traduttori e commentatori . È dunque mia intenzione analizzare questa testimonianza, definendo in primo luogo il contesto politico in cui Cicerone agì e il suo ruolo nella delibera senatoria in merito ad Ariobarzane III . Si cercherà poi di ricostruire le ragioni che indussero il senato ad assumere la tutela di questo regnante e infine di mettere in evidenza l’importanza di questo provvedimento per una migliore comprensione dei rapporti fra Roma e i reges socii et amici nel I a . C .
II. «Never in the history of the Roman Republic can a governor have set off to take command of a consular province with such marked reluctance as did Cicero»: con queste incisive parole Marshall cominciava il suo fondamentale studio sulla Lex Pompeia de provinciis (primavera del 52 a . C .), legge con la quale si riformava il sistema di assegnazione delle province ai promagistrati4 . Fu in seguito ad essa, come è noto, che a consoli e pretori venne imposto un intervallo di cinque anni tra la scadenza dell’esercizio della loro magistratura e il governo di una provincia . La preclusione dei giovani consolari ed ex-pretori a questo compito comportò il ricorso ad ex-magistrati più anziani che non avevano ancora ricevuto un governo provinciale5 . Tra questi era Cicerone, a cui fu assegnata per il 51 la Cilicia, indicata per quell’anno come provincia consolare . La decisione colse di sorpresa Cicerone, che accettò questo munus extraordinarium di mala voglia6: per l’oratore l’allonta-
3 La bibliografia su Cicerone proconsole in Cilicia è molto vasta: un’accurata raccolta degli studi più rilevanti pubblicati fino al secolo scorso si trova in Campanile, Provincialis molestia 2001, a cui si aggiungano Lintott, Cicero 2008, 253–267; Winsor Leach, Cicero’s Cilician Corre spondence 2016; Morrell, Pompey 2017, 238–243 . Nel corso di questo lavoro rinvieremo principalmente a lavori che hanno trattato nello specifico il tema qui in oggetto, o che hanno apportato ad esso un contributo di novità . 4 Vedi Marshall, The lex Pompeia 1972 e p . 887 per la citazione . Sui rapporti tra il senatus consultum e la legge di Pompeo è intervenuto di recente Gagliardi, Cesare 2011, 96–104 (a cui rinvio per la discussione sugli scopi di questo provvedimento e per la bibliografia precedente) . 5 Cfr . Cic . fam. 8 .8 .8; Caes . civ. 1 .85 .9; Dio 40 .46 .2 e 40 .56 .1 . Sulle modalità di reclutamento degli ex pretori si vedano le osservazioni di U . Laffi in questo volume (145–146) . 6 Sono istruttivi in proposito Cic . fam. 3 .2 .1 e Att. 5 .9 .1 . Linderski, Q. Scipio 1996, 153–154, osserva che la nomina a proconsole potrebbe essere avvenuta contra voluntatem e forse con tra spem, ma difficilmente praeter opinionem (fam. 3 .2 .1), visto che Cicerone non poteva esclu-
Cicerone e il senatus consultum su Ariobarzane III di Cappadocia
namento da Roma, dalla sua intensa vita sociale e politica, era solo una ingens molestia7 . Tra il conferimento dell’incarico (febbraio o marzo del 51)8 e la partenza di Cicerone verso la sua destinazione (fine aprile o inizi maggio del 51)9, fu approvata una delibera senatoria, di cui apprendiamo l’esistenza unicamente dall’epistolario ciceroniano10: in essa si riconosceva Ariobarzane III come rex di Cappadocia e si affidava la protezione della sua persona e del suo regno al nuovo proconsole di Cilicia . Cicerone adempì prontamente a questi ordini: giunto a Cibistra, dove aveva deciso di stabilire l’accampamento prima di far ingresso in Cilicia11, comunicò ad Ariobarzane III le decisioni del Senato e gli assicurò la sua protezione12 . Il re, compiaciuto e grato per l’interessamento del senato e del popolo romano alla sua salvezza, rassicurò il proconsole sull’assenza di pericoli imminenti e ritornò a Cibistra . Il giorno seguente però Ariobarzane si ripresentò di fronte a Cicerone insieme col fratello, Ariarate (X), per denunciare una congiura ai suoi danni: aveva infatti appreso dal fratello e da alcuni sudditi, incoraggiati a parlare dalla protezione offerta da Roma, che si ordivano trame contro di lui . Per far fronte a ciò il re chiedeva ai Romani quel soccorso che gli era stato promesso e dunque di poter disporre di una parte del loro esercito . Malgrado Cicerone sapesse perfettamente di avere non solo la possibilità, ma persino il dovere di agire (fam. 15 .2 .7: etsi intellegebam vestro senatus consulto non modo posse me id facere sed etiam debere), la sua decisione fu quella di non concedere forze armate . Nella lettera al senato questa scelta è ampiamente giustificata: l’incombente minaccia partica richiedeva di spostare l’esercito il più rapidamente possibile alla frontiera della Cilicia, senza che le fila romane venissero sguarnite . Del resto, dere che il suo nome venisse sorteggiato . Per questa segnalazione bibliografica ringrazio Umberto Laffi . 7 Cic . Att . 5 .2 .3 . Sulla riluttanza di Cicerone a questo incarico si veda più di recente Campanile, Provincialis molestia 2001, 243–247; Lintott, Cicero 2008, 253–256 . 8 Vedi Peppe, Note 1991, 24; Marinone, Cronologia 20042, 146 . 9 Cfr . Gelzer, Cicero 1969, 225; Marinone, Cronologia 20042, 146 . 10 Cic . fam. 2 .17 .7; 15 .2 .4–8; 15 .4 .6 . Bonnefond-Coudry, Le sénat 1989, 808 colloca il senatus consultum tra il marzo e il settembre del 51 . Da fam. 15 .2 si comprende che il senatus consultum è antecedente all’ingresso di Cicerone in Cappadocia (settembre del 51, su cui vedi Marinone, Cronologia 20042, 146–147), ma poiché non c’è menzione o traccia di una lettera ricevuta dal proconsole durante il suo viaggio, si presume che la delibera sia avvenuta quando ancora Cicerone era a Roma . Cfr . Magie, Roman Rule 1950, 395 . 11 Cic . fam. 15 .1 .3; Att. 5 .18 .1 . La scelta di Cibistra ai piedi del Tauro, come chiarito in 15 .2 .1–2 e 15 .4 .4, era dovuta a una serie di motivazioni strategiche per far fronte al pericolo di un’avanzata dei Parti . Sull’itinerario seguito e sul soggiorno a Cibistra è sempre utile Hunter, Cicero’s Journey 1913, 90–93 . 12 Sintetizzo qui di seguito il racconto di Cic . fam. 15 .2 .4–7 su cui cfr . Crawford, M . Tullius Cicero 1984, 235–237 . In generale su questi eventi si veda Magie, Roman Rule 1950, 395–396; Sherwin-White, Roman foreign policy 1984, 293–294 .
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una volta evitato il pericolo della congiura, le armate reali sarebbero state del tutto sufficienti alla difesa di Ariobazane . Non c’era quindi bisogno immediato di un aiuto militare da parte romana: la vera tutela – spiegava al re Cicerone – era costituita piuttosto da quel senatus consultum i cui contenuti erano noti a tutti e che, come tutti comprendevano, obbligava Cicerone ad intervenire in suo favore, se necessario (fam. 15 .2 .7: fore autem ut omnes, quoniam senatus consultum nossent, intelle gerent me regi, si opus esset, ex auctoritate vestra praesidio futurum) . Dalle parole di Cicerone emerge con chiarezza l’importanza di questo documento, dei suoi effetti politici all’interno del regno alleato e dei vincoli inusuali che, come vedremo, esso comportava per Roma . L’attenzione di coloro che più di recente si sono occupati di questo passo si è volta però principalmente a stabilire chi fosse il proponente di questa delibera . Da fam. 15 .4 .6 (lettera a Catone dalla Cilicia, fine 51-inizi 50 a . C .) sembrerebbe chiaro che il riconoscimento di Ariobarzane e il supporto alla sua stabilizzazione come regnante fossero state un’iniziativa di Catone . In questa lettera infatti Cicerone, nella speranza di ottenere appoggio per ottenere la supplicatio, riferisce di aver agito in linea col volere di Catone, auctor della decisione senatoria sulla tutela di Ariobarzane: Cum autem ad Cybistra propter rationem belli quinque dies essem moratus, regem Ariobarzanem, cuius salutem a senatu te auctore commendatam habebam, praesentibus insidiis nec opinantem liberavi neque solum ei saluti fui sed etiam curavi ut cum auctoritate regnaret .
Questo passo è stato messo a confronto con fam. 2 .17 .7 (lettera da Tarso al questore Sa[l]lustio, dopo il 18 luglio 50 a . C .) da D . R . Shackleton Bailey13 . Qui Cicerone, per fornire esempio del malanimo di Bibulo, proconsole di Siria, nei suoi confronti, scrive: illud vero pusilli animi et ipsa malevolentia ieiuni atque inanis, quod Ariobarzanem, quia senatus per me regem appellavit mihique commendavit, iste in litteris non regem sed regis Ariobarzanis filium appellat .
L’espressione per me – nota Shackleton Bailey – potrebbe essere intesa come «through my good offices», ma ciò non si accorderebbe con quanto detto in fam. 15 .4 .6, dove è Catone ad essere indicato quale proponente del decreto14 . La spie13 Shackleton Bailey, Cicero 1977, ep. 117, 460–461 . Sul questore Sallustio si veda Ryan, The Quaestor 1997, 281–285 . 14 Questa è, ad esempio, l’interpretazione di L .-A . Constans, da cui consegue che l’iniziativa del provvedimento è ora attribuita a Catone, ora a Cicerone: vedi Constans/Bayet, Cicéron IV 1950, 86, ep. 229 = fam. 15 .4 .6 («pendant ce temps le roi Ariobarzane dont le Sénat sur ton initiative m’avait recomandé la sûreté …») e 228, ep. 269 = fam. 2 .17 .7 («parce que
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gazione più probabile dunque è che per me si riferisca al fatto che «Cicero was commissioned to address Ariobarzanes by the royal title on behalf of the Senate, though this is not actually stated in XV .2 .4»15 . In una breve nota pubblicata nel 1982 David Braund respingeva questa interpretazione, rilevando che la contraddizione nei due passi su citati è solo apparente: «in our first letter (scil . fam . 15 .4 .6), Cicero does not say that Cato proposed Ariobarzanes’ recognition, only that the king’s safety be entrusted to Cicero . There seems, therefore, to be no obstacle to the traditional interpretation, according to which Cicero proposed the recognition»16 . Una paternità ciceroniana di tale riconoscimento, aggiunge Braund, spiegherebbe meglio l’atteggiamento dispettoso di Bibulo, che nelle lettere indirizzate a Cicerone chiama Ariobarzane «figlio di re» piuttosto che «re» . L’idea di Braund, dunque, è che questa delibera senatoria sia stata il frutto di due proposte: quella di Cicerone, che prevedeva il riconoscimento di Ariobarzane come rex, e quella di Catone, che affidava il re alla protezione del proconsole di Cilicia17 . Una interpretazione simile si riscontra anche nelle importanti pagine che Ronald Syme ha dedicato alla questione cappadoce, dove si parla di un «decree» per il riconoscimento di Ariobarzane, «sponsored or supported» da Cicerone, e di un «decree» sulla sua salvaguardia di cui era autore Catone18 .
c’est sur mon instance qu’Ariobarzane a reçu du Sénat le titre de roi») . Così anche Rusca, Marco Tullio Cicerone I 1978, 402, ep. 230 = fam. 15 .4 .6 («salvai da un imprevisto complotto che si tramava contro di lui quel re Ariobarzane la cui vita mi era stata raccomandata, per tua iniziativa, dal senato …») e 481, ep. 271 = fam. 2 .17 .7 («il senato su mia istanza aveva fatto re e mi aveva raccomandato Ariobarzane …») . 15 Shackleton Bailey, Cicero 1977, ep. 117, 461 . Alla luce di ciò la traduzione di quia senatus per me regem appellavit proposta da Shackleton Bailey nella raccolta del 2001 è «because the Senate had granted him the royal title through me» (vedi Shackleton Bailey, Cicero II 2001, ep. 117, 17 ad loc.) . Per una traduzione simile vedi W . G . Williams, The letters I 1927, 157 . Questa stessa interpretazione era stata avanzata già da Tyrrell/Purser, The corrispondence III 19142, 255, che notavano ad. loc.: «The Senate commissioned Cicero to address Ariobarzanes with the title of king» . 16 Vedi Braund, Cicero 1982, 39 e anche id ., Rome 1984, 25 . Come «traditional view» Braund cita esclusivamente il libro di P . C . Sands sui principi ‘clienti’ e un noto articolo di R . Sullivan sulla dinastia di Cappadocia . Ad onor del vero, Sands, The Client Princes 1908, 69–72 non è esplicito su questo punto e anche Sullivan, The Dynasty 1980, 1140 non prende una posizione netta («He [scil. Cicero] had moved, or at least supported, the prompt recognition of Ariobarzanes III by the Roman Senate») . Sulla stessa linea di Sullivan vedi già Jolliffe, Phases 1919, 65 . 17 L’interpretazione di Braund è accolta, ad esempio, da Garbarino/Tabacco, Epistole 2008, 636: «Da questo luogo si evince che fu Cicerone a fare al senato la proposta di riconoscere Ariobarzane come re di Cappadocia» . 18 Syme, Anatolica 1995, 139–146, in particolare p . 141 (per la citazione) e p . 145 dove è specificato che «as for Ariobarzanes III, Cicero claims credit for getting him recognized – that is to say, Cicero spoke in support of the motion» .
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L’intento dichiarato dell’articolo di Braund è solo quello di stabilire quale senatore stia dietro al riconoscimento di Ariobarzane . La soluzione avanzata, che si basa esclusivamente sull’analisi testuale dei passi su citati, attribuisce a Cicerone un ruolo determinante nella seduta senatoria . Come si vedrà, qui non è in discussione il fatto che Cicerone fosse favorevole al riconoscimento di Ariobarzane e agisse in linea con gli orientamenti dominanti in senato . Bisogna però appurare se davvero si possa attribuire all’oratore la paternità di questa iniziativa e se ne fosse fattualmente il proponente . Per far ciò è necessario soffermarsi sul dettato della delibera, esaminare i termini che Cicerone adopera in riferimento ad essa e infine delineare il contesto politico di cui essa è frutto, tenendo conto di tutta una serie di elementi (primo fra tutti quello degli interessi economici in gioco) da cui non si può prescindere per una corretta interpretazione .
III. In fam. 15 .2 .8 Cicerone è abbastanza esplicito sul contenuto del senatus consultum riguardante Ariobarzane III: iter in Ciliciam facere institui, cum hac opinione e Cappadocia discederem, ut consilio vestro, casu incredibili ac paene divino regem, quem vos honorificentissime appellassetis nullo postulante quemque meae fidei commendassetis et cuius salutem magnae vobis curae esse decressetis, meus adventus praesentibus insidiis liberasset .
Il senatus consultum dunque prevedeva in primo luogo il riconoscimento ufficiale di Ariobarzane, cioè l’appellatio a cui si accenna anche in fam. 2 .17 .7, e in secondo luogo la sua tutela ad opera del proconsole di Cilicia19 . Già nel 1871 O . Hirschfeld aveva compreso che in fam. 15 .2 .4 Cicerone riportava le parole del senatus consul tum, quando affermava ut ego regem Ariobarzanem Eusebem et Philoromaeum tuerer eiusque regis salutem incolumitatemque regni defenderem, regi regnoque praesidio essem, [scil . cum] adiunxissetisque salutem eius regis senatui populoque Romano magnae curae esse20. Lo stile e le numerose precisazioni non lasciano dubbi sul fatto che sia qui contenuto un escerto del decretum21 . A ulteriore sostegno di ciò, si può notare che l’espressione senatui magnae curae esse ricorre anche in Phil. 3 .39, dove ci è restituita
19 Diversamente Bonnefond-Coudry, Le sénat 1989, 442 e 808, limita la delibera alla protezione di Ariobarzane . 20 Hirschfeld, Zu Cicero’s Briefen 1871, 298: «Es kann nicht zweifelhaft sein, dass Cicero an der oben angeführten Stelle getreu die Worte des Senatsbeschlusses angeführt hat» . 21 Vedi anche Shackleton Bailey, Cicero 1977, ep. 105, 440; F . Boldrer in Cavarzere, Marco Tullio Cicerone 2007, 1576, nt . 25 .
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la sententia di Cicerone relativa al senatus consultum del 20 dicembre del 4422 . In fam. 15 .2 però è particolare l’insistenza sulla magna cura del senato per la salvezza del re di Cappadocia, cura che viene menzionata ben quattro volte nello spazio di pochi paragrafi23 . Sulle varie ragioni che inducevano il senato a proteggere il re Ariobarzane torneremo in seguito; per il momento mi preme solo sottolineare che la preoccupazione del senato traspare nella stessa lettera anche da alcune scelte semantiche . Notiamo che per introdurre la formulazione del senatus consultum, Cicerone afferma cum enim vestra auctoritas intercessisset (fam. 15 .2 .4) . La scelta del verbo inter cedere, seguito da ut, non è banale24: come è evidente dal contesto, il verbo non è adoperato in senso ‘tecnico’, cioè per indicare un impedimento alla deliberazione del senato (intercessio)25, bensì per denotare un intervento del senato in favore del re, che veniva così affidato alla tutela di Cicerone . Questo uso di intercedere nel senso di intervenire adiuvandi causa spicca nell’epistolario (dove predomina l’uso tecnico del verbo)26; mi sembra chiaro però che sia questa l’accezione da attribuirgli, come già rilevato da J . M . Gesner nel Thesaurus del 1749 e da C . T . Lewis and C . Short nel loro fondamentale dizionario27 . Cicerone dunque non descrive la delibera in termini neutri, ma rimarca la precisa volontà senatoria di agire a favore di Ariobarzane e del suo regno . Con vestra auctoritas si intende il senatus consultum, che Cicerone richiamerà in seguito e per il quale anche in seguito userà la stessa espressione (ex auctoritate vestra)28 . All’apprezzamento per questa decisione del se22 Cic . Phil. 3 .39: senatui magnae curae esse ac fore, ut pro tantis eorum in rem publicam meritis honores eis habeantur gratiaeque referantur . 23 Cic . fam. 15 .2 .4: salutem eius regis senatui populoque Romano magnae curae esse; 2 .5: senatui populoque Romano tantae curae esse salutem suam; 2 .8: cuius salutem magnae vobis curae esse de cressetis … ut non sine causa tantam curam in eius vos salutem diligentiamque videamini contulisse . 24 Ringrazio Umberto Laffi per aver attirato la mia attenzione su questa espressione e per l’aiuto essenziale che mi ha offerto nell’esegesi del passo . 25 Gell . 14 .7 .6 . Sull’intercessio si veda il quadro d’insieme tracciato da Umberto Laffi nel contributo in questo volume (140–146), che raccoglie un’ampia bibliografia precedente . 26 Così ho potuto verificare in un esame delle occorrenze del verbo basato su Oldfather/ Canter/Abbott, s . v . intercedo: su un totale di 44 occorrenze, sono 25 i casi in cui il verbo indica un’intercessio . 27 Si veda Gesner, s . v . intercedo e Lewis/Short, s . v . intercedo, dove il passo di fam. 15 .2 .4 è citato, insieme a Svet . Dom . 11, come esempio di «for or in behalf of a person to intercede, to interpose» . Per una simile interpretazione vedi anche Tyrrell/Purser, The corrispondence III 19142, ep. 219, 90: «for owing to the intervention of your formal resolution» . Anche nel The saurus Linguae Latinae (TLL) il nostro passo appare tra gli esempi di intercedo «cum respectu cuiuslibet auctoritatis interponendae» ed è accostato a Eutr . 9 .1 . 28 Locuzioni come vestra auctoritas o senatus auctoritas potevano infatti essere utilizzate come sinonimi di una delibera senatoria, indipendentemente dalla sua efficacia: si veda in proposito la ricca collezione di esempi (tra cui è citato anche fam. 15 .2 .4) in TLL, s . v . auctori tas, coll . 1225–1226, dove si specifica che auctoritas «plerumque voluntatem vel opinionem
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nato sono dedicate le parole conclusive di fam. 15 .2 dove il riconoscimento della regalità di Ariobarzane e la sua tutela sono presentate come una scelta motivata e lungimirante: «mi sembra di aver colto nel re Ariobarzane segni di valore, ingegno, fedeltà e buona disposizione d’animo verso di voi; per questo mi sembra che abbiate fatto bene a dedicare tanta cura e attenzione alla sua incolumità»29 . In una lettera formale di resoconto al senato, quale è fam. 15 .2, non stupisce il silenzio di Cicerone su chi fosse stato l’inspiratore della delibera a favore di Ariobarzane: l’accento, come è ovvio, è posto sull’obbedienza del proconsole al mandato e sul fatto che questa decisione comune si sia rivelata quanto mai opportuna30 . È dalla lettera privata di Cicerone a Catone, fam. 15 .431, che apprendiamo maggiori
senatus quaecumque ratione declaratam significat, ita ut vel pro senatus consulto, cui non intercessum est, dici possit». Così già anche in Gesner, s . v . auctoritas («Porro auctoritas Senatus vocatur Senatusconsultum») . Contro l’idea di un mutamento del nomen tecnico del senatus consultum in conseguenza della sua inefficacia vedi Mancuso, «Senatus auctoritas» 1981, 12–25 (a cui rinvio per la bibliografia): «il nomen di senatus auctoritas viene usato, e non soltanto da Cicerone – il che esclude che possa trattarsi di una peculiarità esclusiva del linguaggio dell’oratore – come denominazione tecnica del senatoconsulto pienamente valido ed efficace» (p . 14) . Cfr . anche il contributo di U . Laffi in questo volume, 143 nt . 14 . 29 Cic . fam. 15 .2 .8: quod ad vos a me scribi non alienum putavi, ut intelligeretis ex iis, quae paene acciderunt, vos multo ante, ne ea acciderent, providisse, eoque vos studiosius feci certiores, quod in rege Ariobarzane ea mihi signa videor virtutis, ingenii, fidei benevolentiaeque erga vos perspexisse, ut non sine causa tantam curam in eius vos salutem diligentiamque videamini contulisse . 30 In età repubblicana il fatto che il senatus consultum sia espressione di una volontà comune si riflette anche a livello redazionale nell’assenza del nome dell’auctor (cfr . già Mommsen, StR III .2 1888, 978 e 1009) . Questa indicazione compare solo nel principato e nei primi tempi solo quando il proponente era l’imperatore (per una cronologia più precisa si veda Buongiorno, Senatus consulta 2010, 68) . In questo caso troviamo generalmente nelle fonti l’espressione sententia dicta ab illo (Volterra, s . v . Senatus consulta 1969, 1055) oppure, per le delibere senatorie provocate dal principe, il termine auctor . Come ha ben chiarito Buongiorno «la costanza con cui l’indicazione del principe come auctor emerge dalle fonti induce a ritenere che tale precisazione avesse soppiantato i primi tentativi di menzionare l’autore della relatio mediante l’uso dell’aggettivo referens/referentes, indicandosi con il sostantivo auctor, in modo omnicomprensivo, tutte le tipologie di intervento che il principe poteva svolgere in senato, allo scopo di provocare un senatus consultum, ossia la pronuncia di una oratio, lo svolgimento di una relatio come magistrato convocante o in forza del ius relationis, la pronuncia di una sententia in ragione del ius primae sententiae dicendae, l’invio di un libellus e altre forme simili mediante cui si esplicava il ius agendi cum patribus» (Buongiorno, Senatus consulta 2016, 41) . 31 Per un’analisi della struttura narrativa e della tecnica retorica di fam. 15 .4, si vedano Wistrand, Cicero imperator 1979, 10–18 e Hutchinson, Cicero’s Correspondence 1998, 86–100 . Sulle epistole del libro XV si confrontino le osservazioni di Winsor Leach, Cicero’s Cilician Corre spondence 2016, 517–523 .
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particolari32 . Come abbiamo visto Catone è qui chiamato auctor della decisione senatoria di proteggere la vita di Ariobarzane . Considerato che siamo nell’ambito di un senatus consultum, è ragionevole intendere auctor nel senso specifico di auctor sententiae33, ovverossia come il proponente della sententia che era stata adottata ed era divenuta senatus consultum34 . Catone dunque, col suo autorevole parere35, aveva convinto l’assemblea ad intervenire in favore di Ariobarzane . Questo interesse di Catone si comprende bene proseguendo nella lettura dei paragrafi successivi di fam. 15 .4, che rivelano l’esistenza di legami tra l’oratore e il regno di Cappadocia . In questi paragrafi si accenna al fatto che Catone aveva raccomandato a Cicerone la sorte di due cortigiani, Metra e Ateneo, che erano stati condannati all’esilio dalla regina madre Atenaide36 . Cicerone riferisce di averli riportati nelle grazie del re cappadoce e poi, con maggior dovizia di particolari rispetto alla sua lettera al senato, illustra a Catone come avesse rafforzato l’autorità e il potere di Ariobarzane, soprattutto tramite l’allontanamento del sommo sacerdote di Comana, temibile avversario politico del re . L’insistenza sull’impegno profuso da Cicerone sulla questione cappadoce rivela quanto essa stesse a cuore a Catone . Ciò risulta ancora più chiaro dal penultimo paragrafo della lettera, dove il regno di Cappadocia è accostato alla
32 Sul rapporto fra lettere ‘pubbliche’ e lettere ‘private’ di Cicerone si vedano le osservazioni di Morello, Writer 2013, 207 a proposito di fam. 15 .1 e fam. 15 .3 e 4 . Cfr . anche Winsor Leach, Cicero’s Cilician Correspondence 2016, 517–518, dove a proposito del libro XV si sottolinea come questa selezione lasci intravedere l’uomo di stato nella sua veste ufficiale, un’immagine diversa da quella informale che appare nei libri precedenti . Sull’operazione editoriale che sta dietro il libro XV vedi ora Martelli, The Triumph 2017 . 33 L’assenza della specificazione (sententiae) non fa difficoltà, visto che è deducibile dal contesto e che trova paralleli: si veda in particolare Cic . Phil . 10 .23 (Cui quidem, patres conscripti, vos idem hoc tempore tribuere debetis, quod a. d. XIII Kalendas Ian. D. Bruto, C. Caesari me auctore tribuistis, quorum privatum de re publica consilium et factum auctoritate vestra est comprobatum atque laudatum) ed anche Cic . post red. ad Quir. 6 .15 (eodemque P. Lentulo auctore et pariter refe rente conlega frequentissimus senatus, uno dissentiente, nullo intercedente, dignitatem meam quibus potuit verbis amplissimis ornavit, salutem vobis municipiis coloniis omnibus commendavit) . 34 Così intendono ad esempio Shuckburgh, The letters 1917, ep. 237, 102 («I rescued king Ariobarzanes, whose safety had been entrusted to me by the senate on your motion»); W . G . Williams, The letters III 1929, 251 («I delivered King Ariobarzanes, whose safety had been entrusted to me by the Senate at your instance»); Magie, Roman Rule 1950, 395; Bonnefond-Coudry, Le sénat 1989, 442; Lintott, Cicero 2008, 261 e molti altri . Sul procedimento di consultazione dei senatori rinvio alla sintesi di Nicosia, Lineamenti 1989, 251–253 . 35 L’influenza di Catone in senato (di cui questa lettera stessa è prova) è ben nota . Su di essa si veda ora Morrell, Pompey 2017, 236–250 . 36 Cfr . Cic . fam. 15 .4 .6 e ss . Su Atenaide si veda Sullivan, Near Eastern Royalty 1990, 176–177, 181 .
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comunità di Cipro ed entrambi sono definiti come clientelae di Catone37 . I rapporti con la corte cappadoce potrebbero essere stati stretti da Catone in occasione del suo viaggio in Asia del 66 a . C . e poi rafforzati con ambascerie durante il soggiorno a Cipro nel 58 a . C .38 . In ogni caso, deduciamo che fu attraverso questi contatti che Catone venne a sapere di una congiura contro Ariobarzane, notizia che comunicò al senato inducendolo ad intervenire39 . Il ruolo di Catone nell’approvazione della delibera a tutela di Ariobarzane è dunque chiaro, mentre rimane da definire quello di Cicerone, se cioè fu davvero lui il promotore del riconoscimento del re, come vorrebbero Braund e Syme . La struttura di questo senatus consultum non può essere ricostruita con sicurezza: è possibile che fosse composto da due decreta (un primo che riconosceva Ariobarzane come legittimo monarca di Cappadocia e un secondo che lo affidava alla tutela del proconsole di Cilicia) o alternativamente da uno solo, dove l’appellatio del re era implicita in quanto condizione necessaria a giustificare l’intervento di protezione romano40 . È certo però che nell’ambito di questo provvedimento Cicerone non si accomuna mai a Catone come auctor di una sententia in favore di Ariobarzane . Se questo fosse stato il caso, Cicerone non avrebbe esitato a ricordare il suo impegno a quel senatore di cui cercava in ogni modo di conquistare la benevolenza e che teneva informato con lettere private41 . Non ci sono poi indizi che facciano pensare a legami tra Cicerone e la corte cappadoce antecedenti alla sua missione in Cilicia; al contrario la chiusa di fam. 15 .2 lascia intuire che Cicerone non conoscesse Ariobarzane prima del loro incontro a Cybistra e che solo dopo questa occasione ne avesse apprezzato le doti42 . Ciò è confermato da Att. 13 .2a, dove la necessitudo con Ariarate è fatta risalire all’operato di Cicerone ai tempi del suo proconsolato43 . 37 Cic . fam. 15 .4 .15 . Ciaceri, Cicerone 1941, 200 parla di amicizia fra Catone e Ariobarzane . È interessante ricordare la notizia di Plutarco secondo cui il figlio di Catone trascorse del tempo in Cappadocia (Plut . Cat. Min. 73 .2–5) . Su ciò cfr . Bellemore, Cato 1995, 376 nt . 2 e Syme, Anatolica 1995, 145 . 38 Così Fehrle, Cato 1983, 225 . Non ci sono prove che Catone, in occasione della sua missione a Cipro, si fosse poi recato in Cappadocia (vedi Bellemore, Cato 1995, 376–379 e più in generale su questa missione Oost, Cato 1955, 98–112; Badian, M. Porcius Cato 1965, 110–121; Tiersch, Von personaler Anbindung 2015, 254–259) . 39 Che il senato fosse stato informato di tale congiura si evince da Cic . fam. 15 .4 .6 (Att. 5 .20 .6) e dal dialogo tra Cicerone e Ariobarzane in fam . 15 .2 .5 . . 40 Sulla possibilità che un singolo senatus consultum potesse contenere anche più decreta si veda ora Buongiorno, Senatus consulta 2016, 22–23 (con fonti e ampia bibliografia) . 41 Si veda ad esempio fam. 15 .3 (lettera a Catone da Iconio dell’agosto del 51 a . C .) . Sul rapporto fra Cicerone e Catone è sempre utile Fehrle, Cato 1983, 224–234 e il recente studio di Morrell, Pompey 2017 . 42 Cfr . fam. 15 .2 .8 . 43 Cic . Att . 13 .2a .2: verum tamen, quod mihi summo beneficio meo magna cum fratre illius necessi tudo est …
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In assenza di ulteriori elementi, attribuire a Cicerone la proposta del riconoscimento regale di Ariobarzane appare poco giustificabile . Questa ipotesi si basa esclusivamente sull’interpretazione della frase Ariobarzanem, quia senatus per me regem appellavit (fam. 2 .17 .7) e su nessun altro dato . Come però Shackleton Bailey e altri hanno inteso, l’espressione può semplicemente riferirsi alla fase esecutiva del mandato, cioè al momento in cui Cicerone comunicava al re che il senato lo aveva riconosciuto come monarca . Un’ulteriore osservazione può aiutarci a comprendere meglio quanto fosse importante questo ruolo di tramite svolto da Cicerone e a dar così maggior senso al comportamento di Bibulo . Notiamo infatti che il caso del riconoscimento di Ariobarzane è singolare in quanto, come dice esplicitamente Cicerone, non faceva seguito a una richiesta formale del re (fam. 15 .2 .8: quem vos honorificentissime appellassetis nullo postulante) . Solitamente erano i sovrani che volevano rafforzare la propria posizione politica a chiedere al senato romano di essere riconosciuti come monarchi44 . È noto che Tolemeo XII Aulete dovette attendere ben vent’anni per il riconoscimento a re d’Egitto (59 a . C .) e dovette pagare profumatamente Cesare e Pompeo (6 .000 talenti) perché spingessero il senato ad accordargli questo titolo e a stringere alleanza con lui45 . Per Ariobarzane invece l’iniziativa partì dal senato, che decise di riconoscere il re e di porlo sotto l’ala protettrice di Roma . Questa appellatio non sollecitata è considerata un grandissimo onore da Cicerone e da Ariobarzane, che ringrazia il senato e il popolo romano per l’interesse mostrato verso di lui e il proconsole di Cilicia per l’impegno che si era assunto46 . Il riconoscimento di Ariobarzane è stato ritenuto frutto di corruzione e Cicerone vittima della propria vanità nel credere che il re avesse ricevuto il titolo nullo postulante47 . In effetti, come si ricava dalla succitata vicenda di Tolemeo XII Aulete e da molte altre testimonianze, in questi anni a Roma la pratica di corrompere influenti uomini politici da parte di re per veder riconosciuto il proprio titolo 44 Vedi soprattutto Sands, The Client Princes 1908, in particolare p . 71–74; Cimma, Reges socii 1976, 233–239; Braund, Rome 1984, 23–27; Raggi, The first Roman citizens 2010, 81–83 . 45 Sul riconoscimento di Tolemeo XII Aulete e sul suo debito si veda in particolare: Cic . Verr. 2 .2 .76; Strabo 17 .1 .11 (796); Plut . Caes. 48 .4; Svet . Iul. 11 e 54; Dio 39 .12 .1; sul trattato di alleanza di Tolemeo con Roma vedi sotto . Per un quadro dettagliato e aggiornato dei rapporti fra questo re e i Romani si veda Siani-Davies, Ptolemy XII 1997 e in particolare tra il re e Pompeo, Christmann, Ptolemaios XII. 2005 . Gli equilibrismi politici di Tolemeo sono stati lucidamente analizzati da Hekster, Kings 2012, 191–199 . 46 Cic . fam. 15 .2 .5 . Da fam. 15 .2 .4 si ricava che il re aveva già assunto l’epiteto Philorhomaios, che appare su iscrizioni e monete . Su di esso si vedano le osservazioni di Muccioli, Gli epiteti 2013, 268–275 e in particolare p . 270 sulla sua adozione da parte dei dinasti cappadoci . 47 Così Jolliffe, Phases 1919, 71 . Di contro Magie, Roman Rule 1950, 1249 ritiene che «monthly interest-payments of 33 talents at the usual rate of 12 % mean an indebtedness of 3300 talents, and it is scarcely credible that so large a sum would have been paid for the usual formality of recognition» .
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era molto diffusa48; non possiamo dunque escludere che parte del denaro preso in prestito da Ariobarzane sia servito ad assicurarsi il riconoscimento ufficiale di Roma . D’altro canto non bisogna dimenticare che fam. 15 .2 è un resoconto indirizzato al senato e dunque contiene informazioni verificabili . Ciò comporta che la precisazione che il re fosse stato riconosciuto nullo postulante non può essere un’invenzione, facilmente smentibile, di Cicerone: corruzione o non corruzione, non ci fu nessuna richiesta ufficiale di riconoscimento al senato da parte del re di Cappadocia . L’eccezionalità di questo provvedimento spiega dunque perché il ruolo di Cicerone fosse così essenziale: come rilevava Sands, «Cicero’s communication to Ariobarzanes, viz . the decree by which he himself as proconsul was empowered to look after the king’s safety, was evidently in place of the more formal recognition»49 . Non deve allora stupire che la nomina di Cicerone a svolgere questo incarico (nomina che risponde in primo luogo a ragioni strategico-militari)50 possa aver suscitato la stizza del collega Bibulo, che forse si aspettava, o per lo meno sperava per via dei suoi legami, di essere lui il prescelto51 . A questo punto è inevitabile chiedersi come mai l’interesse da parte romana verso la Cappadocia e il suo re fosse così forte, al punto da procedere ad un’appel latio del monarca in assenza di una sua richiesta formale e da mettere le proprie forze in campo per la sua tutela . Sicuramente queste decisioni furono in buona parte dettate dalla situazione politica in Oriente, in particolare dalla necessità di far fronte alla minaccia partica52 . La Cappadocia occupava una posizione strategica importante per il controllo delle vie di comunicazione tra est ed ovest e per la difesa dei territori romani53 . Non si poteva rischiare che questo regno si schie48 Ho trattato questo tema in Facella, Advantages 2010, 191–195, a cui, per brevità, mi permetto di rinviare per la raccolta delle fonti antiche e della bibliografia moderna . 49 Sands, The Client Princes 1908, 72 . 50 Sul legame tra Cappadocia e Cilicia vedi Freeman, The province 1986, 258 e per quanto riguarda le vie di comunicazione (soprattutto dopo il trasferimento della Cibistratide al regno di Cappadocia) vedi Sherwin-White, Roman foreign policy 1984, 290–291 . Sull’importanza stategico-militare della Cilicia per il controllo della Siria si veda Syme, Observations 1939, 303–305 . 51 Cfr . Tyrrell/Purser, The corrispondence III 19142, 255: «It was because they gave this commission to Cicero that Bibulus showed his little bit of weak spite» . La proposta che Pompeo fosse eletto come console unico per il 52 era venuta da Bibulo, genero di Catone . Sui legami fra Bibulo, Catone e Pompeo e sull’influenza di certi matrimoni politici su queste decisioni vedi Gruen, The Last Generation 1974, 353; Syme, Anatolica 1995, 141 . Secondo Jolliffe, Phases 1919, 65, l’interesse di Bibulo per la questione cappadoce era motivato dalle prospettive di guadagno che queste missioni spesso offrivano . 52 Vedi Jollife, Phases 1919, 65; Syme, Anatolica 1995, 141 . L’atteggiamento di Cicerone verso i Parti è stato esaminato da Engels, Cicéron 2008 . 53 Cfr . Liebmann-Frankfort, La provincia Cilicia 1969, 283 e Sullivan, Near Eastern Royalty 1990, 51–52 . Più in generale sul valore strategico della Cappadocia durante il principato e in
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rasse, per scelta o per necessità, con gli avversari . L’alleanza e la solidità di questo regno dunque non era una questione secondaria per i Romani e come tale sarà stata presentata ai senatori che approvarono la delibera in favore di Ariobarzane54 . L’importanza di un alleato riconoscente non doveva sfuggire a Pompeo che, come Cicerone scrive, putatur ad bellum Parthicum esse venturus55 . Ma Pompeo aveva più di una ragione per volere il riconoscimento di Ariobarzane e la sua protezione . L’informazione ci proviene, ancora una volta, da alcune lettere di Cicerone dove si parla del grosso debito che il re aveva nei confronti di Pompeo56 . L’origine di questo debito e il capitale iniziale preso in prestito non sono noti, ma è certo che si trattasse di somme ingenti che il re non era in grado di restituire . Cicerone riferisce infatti che Ariobarzane elargiva mensilmente a Pompeo ben 33 talenti attici, ma che questo denaro non era nemmeno sufficiente a ripagare l’interesse mensile della somma presa in prestito57 . Secondo Jolliffe, l’amicizia e il riconoscimento di Ariobarzane furono frutto delle manovre di Pompeo, che fece esporre Cicerone come ‘sponsor’ del re e lo fece nominare suo guardiano58 . Che Pompeo stesse dietro a tutto ciò è fuor di dubbio, ma, come abbiamo visto, non ci sono indizi per supporre che fosse stato Cicerone il promotore in senato di questo provvedimento . Per altro l’influenza di Pompeo e l’auctoritas di Catone erano probabilmente sufficienti ad assicurare l’approvazione del senatus consultum59 . L’appoggio di Cicerone era essenziale per la fase esecutiva del mandato, così che effettivamente si tutelassero Ariobarzane e gli interessi di chi lo sosteneva .
epoca imperiale vedi Mitford, Cappadocia 1980 e Teja, Die römische Provinz 1980 . 54 Come acutamente osservava Syme, Observations 1939, 327: «It was not the strength but the weakness of the vassal states that menaced the security of the Roman rule, as was evident during the Parthian invasion of 40 B . C .» . 55 Cic . Att . 6 .1 .3 . 56 Cic . Att. 6 .1 .3 e 6 .3 .5 . 57 Badian, Roman imperialism 19682, 83, calcola una somma iniziale di 3 .300 talenti, ma ci sono troppe incognite per accettare questo risultato (si confronti il caso dei Salamini e le giuste considerazioni di Vivenza, Il 48 % del ‘virtuoso’ Bruto 1984, 218 e Campanile, Provincia lis molestia 2001, 267) . È possibile infatti che a contrarre il debito non sia stato Ariobarzane III, ma il padre oppure il nonno (così ad es ., oltre a Badian, Magie, Roman Rule 1950, 390; Leach, Pompey 1978, 89; Sullivan, The Dynasty 1980, 1142; Braund, Rome 1984, 60–61) . Come ho notato altrove (cfr . Facella, Genealogies i . c . s .), Ariobarzane cominciò a regnare nel 52 a . C ., sotto la tutela della madre, ed era già pesantemente indebitato verso Pompeo e Bruto quando Cicerone lo incontrò nel 51 a . C . (Cic . fam. 2 .17 .7) . Malgrado si possa immaginare che siano stati applicati degli interessi molto alti, un anno di regno, o poco più, sembra un lasso di tempo troppo breve per accumulare un debito così ingente . 58 Jolliffe, Phases 1919, 70–71 . 59 Morrell, Pompey 2017, 234–236, sottolinea che almeno tre dei proconsoli scelti per quell’anno, tra cui Cicerone, avevano legami personali con Catone .
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Non sarà mancata occasione a Pompeo di affidare a Cicerone, con cui ci fu sempre uno scambio epistolare anche dalla Cilicia60, la sua clientela asiatica61 . A questo proposito ricordiamo che nei giorni precedenti alla sua partenza, Cicerone ebbe occasione di un lungo incontro privato con Pompeo a Taranto . Quest’incontro fu atteso con speranza dal proconsole, desideroso di ricavare chiarimenti sulla situazione politica a Roma e consigli utili per il suo incarico, fonte di grande preoccupazione (Att. 5 .5 .2; 5 .6 .1) . Sul contenuto delle conversazioni tarantine non abbiamo informazioni precise da parte del cauto Cicerone, che nelle lettere si limitava ad esprimere un generale apprezzamento verso Pompeo e una certa fiducia nelle sue mosse future62 . Nella risposta a Celio, che gli chiedeva notizie sull’incontro63, Cicerone rimarcava che la discussione aveva riguardato solo affari pubblici (nisi de re publica)64, ma come Andrew Lintott ipotizza, Pompeo avrà certo raccomandato al proconsole di Cilicia i vicini regnanti con cui il generale aveva stretto legami65 . Pompeo non era però l’unico romano che avesse dei crediti insoluti in Cappadocia . Sempre dalle stesse lettere apprendiamo che Ariobarzane era in debito anche con Bruto il quale, smanioso di recuperare il denaro, aveva dato incarico a Cicerone di occuparsi della questione66 . In Att. 6 .1 .3 si parla infatti di un libellum che Cicerone aveva ricevuto da Bruto, prima della partenza, dove erano annotate una serie di commissioni da svolgere per conto di questi . Cicerone era stato avvertito in anticipo da Attico di queste richieste ed è con lui che si vanta di averle scrupolosamente portate a termine, con la speranza che i suoi sforzi venissero apprezzati dall’amico e soprattutto da Bruto . La prima questione alla quale si era dedicato era quella del recupero dei crediti da Ariobarzane: ho fatto tanta pressione su Ariobarzane perché gli desse i … talenti di cui prendeva impegno con me . Finché il re fu con me, la questione era in un’ottima situazione . Poi ha iniziato ad essere pressato da un numero infinito di procuratori di Pompeo (Att. 6 .1 .3) .
60 Cfr . Att. 6 .1 .14 . 61 Da Att. 6 .1 .6 veniamo a conoscere che Pompeo aveva chiesto a Cicerone di concedere una prefettura a un certo Sesto Stazio . 62 Cic . Att. 5 .7 .1 . 63 Cic . fam. 8 .1 .3 . 64 Cic . fam. 2 .8 .2 (lettera da Atene, 6 luglio del 51 a . C .): neque enim fuit quod tu plus providere posses quam quivis nostrum in primisque ego, qui cum Pompeio compluris dies nullis in aliis nisi de re publica sermonibus versatus sum: quae nec possunt scribi nec scribenda sunt. Tantum habeto, ci vem egregium esse Pompeium et ad omnia quae providenda sunt in re publica et animo et consilio paratum . 65 Lintott, Cicero 2008, 255 . 66 Cic . Att. 6 .1 .3; 6 .3 .5, con il commento di Allegri, Bruto 1977, 21–28 . Sulle raccomandazioni di Bruto a Cicerone vedi Deniaux, Clientèles 1993, 110 . Bruto aveva servito come questore quando Appio Claudio Pulcro governava in Cilicia (de vir. ill. 82 .3); cfr . Broughton, The Ma gistrates III 1986, 112 .
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La lettera prosegue illustrando ad Attico la pessima situazione finanziaria del re di Cappadocia, che non dispone di un tesoro o di rendite regolari . Le imposte straordinarie servono a raggranellare la somma dell’interesse dovuto a Pompeo, l’unico a cui Ariobarzane elargisca dei soldi, ma i proventi non sono nemmeno sufficienti a ripagare integralmente gli interessi . In effetti il re ha alcuni amici molto facoltosi, ma questi sono attenti a mantenere il loro patrimonio . Pompeo è abbastanza indulgente sui pagamenti e così dovrebbe essere anche Bruto, secondo Cicerone . Del resto anche gli agenti del re Deiotaro, incaricati di trattare l’affare di Bruto, erano tornati a mani vuote, perché a giudizio di Cicerone il re era perpauper e non c’era nihil illo regno spoliatius, nihil rege egentius67 . Malgrado ciò, Cicerone non avrebbe smesso di far pressione sul re attraverso le sue lettere . Bruto però poteva essere soddisfatto delle prefetture che, per intercessione di Attico, erano state concesse da Cicerone a Marco Scaptio e Lucio Gavio, i quali curavano i suoi affari in Cappadocia68 . Ma Bruto, contrariamente a quanto sperato da Cicerone, non si accontentò dei risultati raggiunti: in Att . 6 .3 .5 il proconsole è costretto a ribadire quanto si fosse impegnato riguardo al debito di Ariobarzane, sottolineando che pro ratione pecuniae liberius est Brutus tractatus quam Pompeius. Bruto curata hoc anno talenta circiter c, Pompeio in sex mensibus promissa cc. Alla luce di queste informazioni, la decisione del senato sulla questione cappadoce appare più chiara . Perché Pompeo e Bruto potessero recuperare i loro crediti era necessario che Ariobarzane disponesse di un regno a cui imporre delle tasse e da cui trarre dei profitti69 . Il riconoscimento di Ariobarzane come re e la sua salvaguardia erano dunque una priorità per due dei più autorevoli politici del tempo, i quali non avevano difficoltà ad orientare le scelte del senato nella loro direzione . Come Tyrrell e Purser hanno efficacemente sintetizzato nell’Introduction alla seconda edizione della corrispondenza di Cicerone, «the throne of Ariobarzanes had its foundations, not in the hearts of his subjects, but in the pockets of his powerful Roman creditors»70 . 67 Cic . Att. 6 .1 .4 . L’insistenza sulla povertà di Ariobarzane III da parte di Cicerone ha fatto pensare che sia Ariobarzane «il re di Cappadocia ricco di schiavi ma povero di denaro» a cui allude Orazio (ep. 1 .6: mancupiis locuples eget aeris Cappadocum rex): così ad es . Kiessling, Q . Horatius 19575, 64; Villeneuve, Horace 19614, 64; La Penna, Satire 19672, 233; Marasco, s . v . Cappadoci 1996, 432 . Ma la questione è dibattuta, perché altri ritengono che possa trattarsi di Archelao, il re di Cappadocia contemporaneo ad Orazio (vedi da ultimo Cucchiarelli, Orazio 2015, 132) . 68 Cic . Att. 6 .1 .3–4 . Cfr . Deniaux, Clientèles 1993, 300 . 69 Cfr . Magie, Roman Rule 1950, 395 . 70 Vedi Tyrrell/Purser, The corrispondence III 19142, xix . La bibliografia moderna degli ultimi cinquant’anni non sempre collega l’approvazione del senatus consultum per Ariobarzane con queste ragioni di interesse privato (ne sono esempio Braund, Rome 1984, 60–61, 107; Sullivan, Near Eastern Royalty 1990, 177–180; Muñiz Coello, Cicerón 1998, 230–235; Morrell, Pompey 2017, 189–190) . Diversamente invece quella più antica: si veda ad esempio Frey,
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IV. Dietro l’approvazione del senatus consultum su Ariobarzane c’erano dunque non solo ragioni politico-militari71, ma anche vincoli clientelari e interessi economici privati . Tutto ciò spiega bene la magna cura del senato e la singolarità di questo provvedimento . Nella sua lettera al senato Cicerone infatti rimarca che una delibera come quella fatta a tutela di Ariobarzane III di Cappadocia non aveva precedenti (fam. 15 .2 .4: quod nullo umquam de rege decretum esset a nostro ordine) . Questo commento, estremamente rivelatore, è stato poco considerato, a volte persino mal inteso, dagli studiosi moderni . Così, ad esempio, Léopold Constans intende quod … decretum esset non come una decisione o una delibera del senato, ma come una «déclaration»72: la singolarità così non riguarderebbe il provvedimento in sé, ma l’espressione di interesse del senato contenuta nel provvedimento . Il testo però è chiaro e la mancanza di precedenti è da riferire alla risoluzione del senato, che si impegnava nella difesa di Ariobarzane e del suo regno . In effetti l’assolutezza di questa affermazione può lasciare a prima vista interdetti, soprattutto quando si pensa a vari sovrani amici e alleati che ricevettero sostegno da Roma in età repubblicana73 . Bisogna però considerare che questo sostegno raramente equivalse ad un impegno militare, come invece è implicito nel decreto per la salvaguardia di Ariobarzane . L’intervento di milizie romane a supporto di questi sovrani era solitamente il frutto di un trattato, che comportava dei vincoli per i contraenti, o di una specifica delibera del senato74; un rapporto di semplice amicitia internazionale non prevedeva, di norma, un trattato, né implicava degli obblighi militari per Roma75 . Naturalmente un sovrano appellato rex Ausgewählte Briefe 1873, 117; d’Hugues, Une province 1876, 260; Hunter, Cicero’s Journey 1913, 92; Drumann/Groebe, Geschichte Roms VI 19292, 112 . Secondo Hofmann, Ausgewählte Briefe I 18987, 171, Catone si sarebbe interessato alla Cappadocia solo per via del grosso credito che suo nipote Bruto doveva riscuotere da Ariobarzane . 71 Non bisogna però esagerare l’importanza delle ragioni strategiche, dal momento che, come ha ben mostrato Sherwin-White, Roman foreign policy 1984, 291–297, non ci sono indizi di un interesse del senato nel rafforzare il potenziale militare in Oriente (Cilicia e Siria) negli anni dopo Carre . Fa riflettere infatti quanto notato in Sherwin-White, op. cit., 293, cioè che «it is characteristic of the Senate’s management of the east at this time that the sole matter on which it gave explicit advice concerned the treatment of the king [scil. Ariobarzane]» . 72 Constans/Bayet, Cicéron IV 1950, ep. 220, 53, ad loc.: «vous aviez ajouté que le peuple et le Sènat s’intéressaient beaucop au salut de ce roi, déclaration qui n’avait encore jamais été faite par notre assemblée au sujet d’aucun roi», seguito da F . Boldrer in Cavarzere, Marco Tullio Cicerone 2007, 1579, ad loc. 73 Si veda in generale Cimma, Reges socii 1976 . 74 Trattando dei doveri di Roma verso i re ‘clienti’ Sands, The Client Princes 1908, 112 concludeva che «if help were given to a client, it resulted from a vote of the senate» . 75 Come è noto, l’idea che l’amicitia sia il risultato di un accordo espresso nella forma di un foedus risale a Mommsen, Das römische Gastrecht 1864, 326–354 e id ., StR III .1 1887, 591–597 .
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(e dunque entrato automaticamente nella sfera d’amicizia romana)76 poteva rivolgersi a Roma in situazioni di difficoltà, ma non poteva esser certo che la sua richiesta di aiuto si concretizzasse in un invio di truppe sulla base del rapporto di amicitia . Un esempio di come l’amicitia con Roma fosse condizione necessaria, ma non sufficiente per ottenere appoggi militari è offerto da Cesare (Gall . 1 .35) . In questo passo si richiama un senatus consultum del 61 a . C . che consentiva al governatore della Gallia di difendere gli Edui e gli altri amici populi Romani, qualora fosse vantaggioso per lo stato romano77 . Perché un governatore intervenisse non era dunque sufficiente che un re o una popolazione fosse inclusa tra gli amici dei Romani, ma occorreva una specifica delibera da parte del senato: le varie iniziative di Cesare, di inviare truppe ad alcuni re citra senatus populique auctoritatem78, erano considerate una violazione della norma e un abuso di potere . Il caso del senatus consultum del 61 a . C . in favore degli Edui è stato giustamente accostato a quello di Ariobarzane, visto che in entrambi si incarica un governatore della difesa di amici del popolo romano79 . Ci sono comunque delle specificità nelle due situazioni che le rendono differenti e che è opportuno evidenziare . In primo luogo, il senatus consultum relativo alla Gallia transalpina riguardava alcune popolazioni, mentre quello riguardante Ariobarzane aveva per oggetto il riconoscimento di un re, la tutela della sua persona e del suo regno . Poi, da quanto possiamo ricavare dal passo di Cesare, l’azione del governatore in Gallia era prevista nella misura in cui andasse a vantaggio della repubblica (quod commodo rei publicae facere posset), mentre nessuna restrizione di questo genere è applicata all’intervento di Cicerone in Cappadocia . Al contrario Cicerone è tenuto ad intervenire ed è per questo che ha bisogno di giustificare di fronte al senato la decisione di non fornire truppe ad
L’ipotesi però non trova conferma nelle fonti ed è respinta dai più: per un rapido quadro mi permetto di rinviare a Kaizer/Facella, Kingdoms 2010, 22–26, e alla bibliografia lì citata, a cui si aggiunga Cursi, Amicitia 2013, 195–197 (con una sintesi aggiornata) e Laffi, Le concezioni 2016, in particolare p . 432 («Non risulta che il riconoscimento di re e regoli e la costituzione di un rapporto di amicitia internazionale, in quanto distinto da un rapporto di alleanza vera e propria che comportava fra l’altro l’assunzione da parte dei contraenti di precisi obblighi militari, richiedessero un trattato in forma di legge») . 76 Cfr . Braund, Rome 1984, 24, dove si osserva che non abbiamo alcun esempio di re riconosciuto da Roma che non sia al contempo annoverato come amico ed alleato . D’altra parte però – sottolinea Braund – dobbiamo fare i conti con l’imprecisione delle nostre fonti . 77 Caes . Gall. 1 .35: si [scil . Caesar] non impetraret, sese, quoniam M. Messala, M. Pisone consuli bus senatus censuisset uti quicumque Galliam provinciam obtineret, quod commodo rei publicae fa cere posset, Haeduos ceterosque amicos populi Romani defenderet, se Haeduorum iniurias non ne glecturum . 78 Svet . Iul. 28 . Sulle competenze del senato e dei comizi in questo e in altri campi della politica estera si veda ora Laffi, Le concezioni 2016 . 79 Così Kunkel/Wittmann, Staatsordnung 1995, 381 .
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Ariobarzane . Il senatus consultum in favore degli Edui dunque non costituisce un precedente e non smentisce l’affermazione di Cicerone quod nullo umquam de rege decretum esset a nostro ordine . Questa notazione di Cicerone è dunque un’importante ed esplicita testimonianza che Roma «non si assumeva normalmente un impegno formale ad intervenire a difesa dei re clienti»80 . Sono numerosi gli esempi nel II e I secolo a . C . che mostrano come Roma non si sentisse obbligata a proteggere con le armi i re amici81 . Del resto anche l’esistenza di un trattato non era garanzia assoluta di un impegno militare da parte di Roma e ragioni d’ordine superiore potevano essere invocate per il mancato intervento: ne è esempio il caso di Tolemeo XII, amicus et socius populi Romani82, che per questioni religiose si vide negato dal senato l’invio di truppe per riconquistare il trono83 . Se Ariobarzane III e il suo regno possono contare sull’appoggio militare di Roma, ciò è il risultato della delibera senatoria, non un effetto automatico del rapporto di amicitia con Roma84 . La testimonianza che ci offre Cicerone sul senatus consultum in favore di Ariobarzane III mi sembra di notevole interesse per la discussione sui doveri che l’ami citia tra Roma e gli altri stati vicendevolmente comportava85 . Studi recenti hanno posto l’accento sulle pressioni morali («moral imperatives»)86 che spingevano Roma a rispondere alle richieste d’aiuto e sulla fides che governava questi rapporti di amicitia internazionale, accostati ancora una volta ai rapporti interpersonali di amicitia e clientela87 . Cicerone ci conferma che, in assenza di un trattato, la prote80 Cimma, Reges socii 1976, 236 . 81 Si veda la raccolta di Sands, The Client Princes 1908, 155 nt . 2 e per l’epoca posteriore il caso esemplare di aiuto negato a Vannio (Tac . ann. 12 .29) su cui vedi Pitts, Relations 1989, 47–48 . 82 Caes . civ. 3 .107 .2; Cic . Sest. 57; pro Rab. Post. 3 .6; Att . 2 .16 .2 . Sul foedus tra Tolemeo XII e Roma, approvato dal senato e ratificato dal popolo, cfr . Mommsen, StR III .2 1888, 1172 nt . 4; Rotondi, Leges publicae 1912, 391; Sánchez, On a souvent besoin 2009, 235; Westall, Date 2009, 81–82, 85; Laffi, Le concezioni 2016, 430 . 83 Da una consultazione dei libri sibillini (indotta dalla caduta di un fulmine sulla statua di Giove sul Monte Albano) era infatti emerso che se i Romani avessero aiutato con le loro forze il re egizio, avrebbero corso grandi pericoli (Dio 39 .15–16 e sull’episodio Santangelo, Divination 2013, 145–146) . Sarà poi Gabinio nel 55 a . C . a reinsediare sul trono il re, agendo però su iniziativa di Pompeo e senza l’approvazione del senato (Dio 39 .55 .1 e ss .): cfr . Fantham, The Trials 1975; R . S . Williams, Rei publicae causa 1985; Hölbl, History 2001, 228–229 . Sullo scarso valore che il titolo di socius et amicus populi Romani ebbe per Tolemeo al fine di ottenere aiuto dai Romani vedi anche Christmann, Ptolemaios XII. 2005, 125 . 84 Vedi già Sands, The Client Princes 1908, 18 . 85 Per un’utile panoramica degli studi che si sono occupati di questo tema e dell’amicitia internazionale in generale si veda Coşkun, Roms auswärtige Freunde 2005 . 86 Così Burton, Friendship 2011, 228–234 . 87 Vedi da ultimo Wendt, More clientium 2015, dove si riprendono alcune conclusioni di Dahlheim, Struktur 1968, 260–274, secondo cui ci sarebbe stata una trasformazione dell’ami
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zione che Roma offriva ai propri amici era indefinita e nella pratica l’aiuto militare era l’extrema ratio . Come notato da Paul Burton, «naturally the Romans were expected to respond in some way to calls for protection from existing amici regardless of circumstances-ideally with military force, but most often with embassies, commissions, and fact-finding missions as the first – and often the only – resort»88 .
V. Cicerone portò a termine la sua missione di salvaguardare Ariobarzane e il suo regno senza impiego di truppe in Cappadocia . Orgogliosamente scriverà all’amico Attico: Ariobarzanes opera mea vivit, regnat; ἐν παρόδῳ consilio et auctoritate et quod insidiatoribus eius ἀπρόσιτον me non modo ἀδωροδόκητον praebui regem regnumque ser vavi89 . Il re riuscì a conservare il trono per una decina d’anni . Schieratosi a fianco di Pompeo a Farsalo90, fu confermato monarca da Cesare e vide aggiunta al suo territorio una porzione dell’Armenia sottratta a Deiotaro91 . L’uccisione di Cesare e la richiesta di alleanza da parte di Bruto e Cassio lasciarono interdetto Ariobarzane che, alla stregua dei Rodiesi e dei Lici, non sostenne i tirannicidi92 . Secondo Cassio Dione il buon trattamento che Cesare aveva riservato a tutti costoro93, destò in Bruto e Cassio il sospetto che essi parteggiassero per il nemico e che la loro neutralità si sarebbe presto tramutata in aperta rivolta94 . Cassio procedette allora ad arrestare e mettere a morte Ariobarzane (42 a . C .) . Nel suo racconto Appiano specifica che i cavalieri inviati da Cassio, dopo aver ucciso il re, si impossessarono di molte ricchezze che consegnarono al loro comandante95 . Da ciò deduciamo citia in clientela nel II secolo e una conseguente trasposizione della «Schutzverpflichtung» di Roma dalle comunità federate agli amici . Per una prospettiva simile si veda anche Nörr, Die Fides 1991, 2–6 . 88 Burton, Friendship 2011, 229 . 89 Cic . Att. 5 .20 .6 . 90 Caes . civ. 3 .4; Flor . 2 .13 .5; App . civ. 2 .49 e 2 .71 . 91 Cic . Phil. 2 .94; Deiot. 8; Dio 41 .63 .3; 42 .45 .3 . 92 Dio 47 .33 .1–4; App . civ. 4 .63 . 93 Per quanto riguarda Ariobarzane, non soltanto Cesare aveva ampliato il suo territorio, ma lo aveva anche difeso da gravi minacce esterne e da difficoltà interne . Attraverso Gneo Domizio Calvino era stata infatti recuperata la parte di Cappadocia occupata da Farnace II del Ponto (Dio 42 .45 .3; bell. Alex. 34 .1; cfr . Magie, Roman Rule 1950, 408) . Inoltre Cesare aveva cercato di evitare dissapori fra Ariobarzane III e suo fratello Ariarate X assegnando a quest’ultimo dei territori da governare (bell. Alex. 66 .6 su cui vedi Sullivan, The Dynasty 1980, 1145 e 1147 nt . 112; id ., Near Eastern Royalty 1990, 179–180) . La soluzione però non sembra aver funzionato, perché nel 45 Ariarate è a Roma alla ricerca di un regno (Cic . Att. 13 .2a .2) . 94 In App . civ . 4 .63 Cassio elimina Ariobarzane perché ordiva trame contro di lui (vedi sotto) . 95 App . civ . 4 .63: τοὺς δὲ ἱππέας προύπεμψεν ἐς Καππαδοκίαν, οἳ Ἀριοβαρζάνην τε ἄφνω κατέκανον ὡς ἐπιβουλεύοντα Κασσίῳ καὶ χρήματα πολλὰ τὰ ἐκείνου καὶ τὴν ἄλλην κατασκευὴν ἐς
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che le finanze reali erano migliorate in questi anni, per ragioni che possiamo solo intuire: il principale creditore del re, Pompeo, era scomparso nel 48 e al regno di Cappadocia erano stati annessi nuovi territori . Non sappiamo poi come il re si fosse comportato nei confronti dell’altro creditore romano negli anni successivi al proconsolato di Cicerone . È possibile che Ariobarzane non avesse saldato il debito con Bruto e che questo mancato pagamento fosse un ulteriore motivo per una spedizione contro il re96 . Se così fosse, sarebbe ironico l’esito della vicenda di Ariobarzane: quel debito che aveva avuto un peso così determinante per il riconoscimento e la tutela del re da parte di Roma, avrebbe contribuito, dieci anni dopo, alla sua eliminazione .
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Senatus consulta de servis fugitivis investigandis I. Come è noto, una delle tematiche più studiate della schiavitù romana è quella dei servi fugitivi, in relazione alla quale sono state condotte numerose indagini – e da ultima una monografia del Klingenberg1, al quale va riconosciuto, tra gli altri, il merito di avere censito, tradotto e commentato ben 296 testi giuridici riferentisi appunto agli schiavi fuggitivi2 – che hanno avuto modo di sviscerare i complessi aspetti giuridici e le non poche implicazioni etiche, sociali ed economiche di un fenomeno che, come è attestato anche dalle fonti letterarie3, epigrafiche4 e papirologiche5, si esplicò lungo un ampio arco temporale ricompreso tra l’età repubblicana e l’epoca tardoimperiale . Così, in relazione ai primi, numerose sono state le ricerche aventi ad oggetto tanto il diritto privato6 e, in particolare, l’esatta individuazione del concetto stesso
1 Servus fugitivus 2005 . 2 Servus fugitivus 2005, 33–218 . 3 Per l’esame di alcune delle quali vd . Roberti, La lettera 1933, 35 ss ., 63 ss .; Verdam, St.Paul 1946, 210 ss .; Giangrande, Calímaco 1993, 25 ss .; Graverini, Memorie virgiliane 1998, 123 ss .; Cascione, ‘Fugitivarii’ 2007, 503 ss ., 514 ss ., 520 ss . 4 Si vedano, ad esempio, l’emptio puellae del 139 d . C . (FIRA III, nr . 87) e l’emptio pueri del 142 d . C . (FIRA III, nr . 88): Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 147 ss . E, più in generale, i 37 documenti censiti ed esaminati dal Thurmond, Some Roman Slave Collars 1994, 462–485 . 5 In particolare, per un attento esame dei papiri del II sec . d . C . vd . Bieżuńska Małowist, Les esclaves fugitifs 1971, 75 ss . e, in specifico riferimento a P . Harris I 62 del 151 d . C ., Llewelyn, P. Harris I 62 1997, 245 ss . Si vedano, inoltre, l’emptio puellae Pamphilica del 151 d . C . (FIRA III, nr . 133) e l’emptio pueri Ascalonita del 359 d . C . (FIRA III, nr . 135): Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 149 ss . 6 Per un’accurata rassegna della letteratura in argomento vd . Cascione, ‘Fugitivarii’ 2007, 502 s . nt . 3 .
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di fuga e, quindi, di servus fugitivus7, la distinzione tra servus fugitivus e colonus fu gitivus8, il possesso9, la compravendita10 e la redhibitio11 del servus fugitivus, quanto il diritto pubblico e, specialmente, l’accesso ad alcuni particolari sacerdozi12, alla
7 Nella dottrina più recente si è giustamente evidenziata la grande attenzione prestata dalla giurisprudenza romana, fin dal I sec . a . C ., al problema dell’enucleazione degli elementi necessari per la definizione della figura del servus fugitivus, e ciò sulla scorta della chiara consapevolezza dei giuristi che non tutti gli allontanamenti dovessero essere qualificati come fuga, con la conseguenza che la fattispecie del servus fugitivus era tenuta ben distinta dalla diversa figura dell’erro, cioè il mero ‘vagabondo’, dal momento che il primo si allontanava dalla casa del dominus senza l’intenzione di farvi più ritorno ed il secondo, pur allontanandosi da essa, vi faceva ritorno dopo avere bighellonato: Donadio, Sulla comparazione 2004, 138 ss .; Reduzzi Merola, Schiavi fuggitivi 2007, 326 s .; Ortu, ‘Aiunt aediles …’ 2008, 191 ss ., 205 ss . (ivi ampia letteratura citata); Reduzzi Merola, La fuga 2009, 1041 ss .; Rizzelli, Il fugiti vus 2010, 253 ss .; Reduzzi Merola, La fuga 20102, 64 ss .; Reduzzi Merola, Il servus fugitivus 2012, 226; Gamauf, Erro 2014, 269 ss .; Reduzzi Merola, Servus fugitivus 2014, 47 ss .; Hassan, La poe sia 2014, 157 ss .; Reduzzi Merola, Orazio 2016, 259 ss . 8 Łapicki, La transformation 1971, 364 . 9 E ciò sia nel senso che un tale servo possa essere considerato, o meno, ancora in possesso del dominus e sia nel senso che il fugitivus continui, o meno, ad acquistare al dominus il possesso delle cose che egli apprende mentre si trova in fuga: Rotondi, Possessio 1921, 46 ss .; Arnò, In tema di servus fugitivus 1926, 263 ss .; Albertario, I problemi possessorî [1929] 1941, 271 ss .; Rabel, Zum Besitzverlust 1936, 220 ss .; Carcaterra, Il servus fugitivus 1938, 158 ss .; Pringsheim, Acquisition 1948, 603 ss .; Pringsheim, Servus fugitivus 1951, 279 ss .; Maschi, Tre momenti 1960, 1089 ss .; Longo, Il possesso 1961, 1 ss .; Bonetti, In tema di servus fugitivus 1964, 1095 ss .; Stolfi, Studi II 2001, 331 ss .; Klingenberg, Der servus fugitivus 2006, 112 ss ., 116 ss .; Klingenberg, Die agnitio 2010, 35 ss .; Ferretti, Animo possidere 2017, 59 ss ., 116 ss ., 161 ss . In ogni caso, per un quadro completo ed accurato delle diverse opinioni espresse in merito e delle fonti sulle quali esse si fondano e, insieme, per una convincente critica delle prime ed un’attenta e scrupolosa analisi delle seconde vd ., ampiamente e per tutti, Nicosia, L’acquisto 1960, 397 ss . 10 Levy, Pauli Sententiae 1945, 111 ss .; Daube, SlaveCatching [1952] 1991, 502 ss .; Molè, s . v . Plagio 1966, 118 s .; Longo, Crimen plagii 1974, 419 ss .; Lambertini, Plagium 1980, 132 ss .; Lederle, Mortuus redhibetur 1983, 64 ss .; Watson, Roman Slave Law 1987, 65 s . 11 Manthe, Zur Wandlung 1976, 133 ss . 12 Quale, ad esempio, il caso del Rex Nemorensis, singolare ed inconsueta figura di re-sacerdote custode del bosco e del santuario sacri a Diana, alla cui carica – di estrema arcaicità e documentata fino al II sec . d . C . – poteva accedere lo schiavo fuggitivo che, rifugiatosi nel bosco di Nemi, periferia di Ariccia, avesse sfidato a duello e vinto il precedente detentore, nel passato servus fugitivus a sua volta . La libertà così ottenuta era però soltanto temporanea, dal momento che era condizionata dalla capacità di resistere ai possibili scontri con altri eventuali successori, aspiranti all’effimera carica di ‘Re del bosco’, sul quale incombeva dunque la continua potenziale minaccia di nuovi aggressori e la perdita non solo della sua supremazia sul territorio, ma anche della sua stessa vita: Lucidi, Memorie storiche 1796, 94 ss .; Bernardi, L’interesse di Caligola 1953, 273 ss .; Bennett Pascal, Rex Nemorensis 1976, 23 ss .; Montepaone, Lo spazio del margine 1999, 77 ss .; Green, Roman Religion 2007, 147 ss .; Bianchi, Il rex
Senatus consulta de servis fugitivis investigandis
pretura13 ed a cariche militari14 degli schiavi fuggitivi, il loro diritto di asilo15 e la figura e le attività dei fugitivarii16 . sacrorum 2010, 92 ss .; Capogrossi Colognesi, Il ‘rex Nemorensis’ [2013] 2017, 257 ss .; Diosono, Alle radici del rex nemorensis 2104, 73 ss . (ivi ampia letteratura citata) . 13 Si tratta del celebre caso – ben noto anche agli studiosi dell’odierno diritto amministrativo come precedente storico della figura del ‘funzionario di fatto’ e verificatosi probabilmente nel 39 a . C . – dello schiavo Barbarius Philippus, che, sottrattosi al proprio dominus con la fuga, si recò a Roma e qui, nascondendo il suo stato servile, come ricorda Ulpiano in Ulp . 38 ad Sab., D . 1 .14 .3, praeturam petiit et praetor designatus est . A quanto ci è riferito nel prosieguo del testo (Sed nihil ei servitutem obstetisse ait Pomponius, quasi praetor non fuerit: atquin verum est praetura eum functum. Et tamen videamus: si servus quamdiu latuit, dignitate praetoria functus sit, quid dicemus? Quae edixit, quae decrevit, nullius fore momenti? An fore propter utilita tem eorum, qui apud eum egerunt vel lege vel quo alio iure? Et verum puto nihil eorum reprobari: hoc enim humanius est: cum etiam potuit populus Romanus servo decernere hanc potestatem, sed et si scisset servum esse, liberum effecisset. Quod ius multo magis in imperatore observandum est), Pomponio avrebbe ritenuto che l’essere schiavo non ostasse all’assunzione della carica e sembrerebbe che Ulpiano, proprio sulla base di questo ragionamento, propendesse per la validità degli atti compiuti da Barbario appoggiandosi all’utilitas ed all’humanitas ed osservando che il popolo romano, che aveva investito Barbario della pretura, avrebbe ben potuto, se a conoscenza del suo stato servile, renderlo libero, ciò che valeva, a maggior ragione, per l’imperatore: Lucifredi Peterlongo, Barbarius Philippus 1965, 1 ss .; Cerami, Strutture costituzionali romane 1969, 27 ss .; Cerami, Problemi storicodogmatici 1970, 377 ss .; Aru, Una congettura 1971, 653 ss .; Voci, D. 1,14,3 1975, 59 ss .; Guarino, Frustula iuris Romani V 1988, 265 ss .; Knütel, Bar barius Philippus 1989, 345 ss .; Navarra, Ricerche 2002, 141 ss . (ivi altra letteratura citata); Rampazzo, Quasi praetor 2008, 357 ss . (ivi altra letteratura citata); Trisciuoglio, Diritti umani 2015, 58 . La Poma, Servi fugitivi 1987, 149 ss ., ritiene convincentemente che lo schiavo pervenuto alla pretura menzionato, senza specificazione dell’identità, in Dio 48 .34 .5 – che peraltro ricorda un altro schiavo di nome Massimo, il quale, designato alla questura, non assunse però la carica in seguito alla scoperta del suo stato servile – fosse appunto Barbario Filippo . 14 In Dio 67 .13 .1 leggiamo infatti che Domiziano, nel 93 d . C ., scoprì e restituì al proprio dominus lo schiavo fuggitivo Claudio Pacato, che era riuscito a diventare centurione . E, invero, che alcuni schiavi, e tra questi quindi anche i fugitivi, come appunto Claudio Pacato e Barbario Filippo, ricordato nella nota precedente, aspirassero con sfrontatezza a cariche pubbliche è attestato da C . 7 .16 .11 (Diocl . et Max ., a . 293) di Diocleziano e Massimiano, i quali puntualizzano che non mutant servi statum, si ad civiles honores illicite atque improbe ad spiraverint . 15 Si tratta dei servi fugitivi confugientes ad statuas e ad ecclesiam di epoca classica, postclassica e giustinianea: Gioffredi, Ad statuas 1946, 187 ss .; Bellen, Studien 1971, 64 ss .; Hermann, Kai serliche Erlasse 1983, 255 ss .; Manfredini, Ad ecclesiam 1986, 39 ss .; Dumont, Servus 1987, 137 ss .; Barone Adesi, Servi fugitivi 1990, 695 ss .; Gamauf, Ad statuam 1999, passim; Melluso, La schia vitù 2000, 268 ss .; Melluso, In tema di servi fugitivi 2002, 61 ss . 16 Incaricato della caccia agli schiavi fuggiti ai loro padroni, il fugitivarius, del quale si hanno in verità poche notizie nelle fonti, dovette costituire un rimedio assai diffuso nella realtà economico-sociale tardorepubblicana, nella quale si verificò un’espansione dell’allevamento degli schiavi e, dunque, delle famiglie servili che dovette accrescerne la difficoltà di controllo . E, appunto in relazione a questa sua competenza, controversa ancora oggi in
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In relazione alle seconde, sulla scia dell’attenta disamina del Bellen17, è stato evidenziato il notevole rilievo sociale del fenomeno, costante ed in continua espansione, della fuga degli schiavi, senza dubbio preoccupante anche per le sue molteplici ricadute su una economia che, per tradizione consolidata, continuava a fondarsi, ancora in età classica, sull’apporto servile . In questo senso, l’endemica fuga della manodopera servile, che dovette toccare meno gli schiavi che svolgevano i propri servizi nelle città alle dipendenze di artigiani e bottegai ed i nati nella famiglia padronale (i quali, in tale contesto domestico, potevano vivere in maniera integrata, raggiungendo non di rado una certa autonomia economica ed aspettan-
dottrina è la sua configurazione, giacché a chi, per la verità la maggioranza, ha pensato che il fugitivarius fosse un vero e proprio ‘professionista’ alla stregua del moderno ‘detective’ (Nicosia, L’acquisto 1960, 466 nt . 278; Bellen, Studien 1971, 1 nt . 5, 7, 52; Finley, Schiavitù antica 1981, 148, 150; Thurmond, Some Roman Slave Collars 1994, 461; Gamauf, Ad statuam 1999, 71; Schiavone, Spartaco 2011, 7) – e, non di rado, assai poco ‘professionale’, stanti il suo reclutamento tra i gestori delle locande meno rispettabili, i comandanti di navi imperiali dediti al contrabbando, i mercanti di schiavi, i lenoni ed i gladiatori, e, ancora, l’ambiguità di certi suoi comportamenti, connotati da inganni e violenze e, soprattutto, da illegali connivenze sfocianti talora in losche operazioni di racket che certo di questo ‘accalappiaschiavi’ o ‘cacciatore di schiavi’ non facevano un galantuomo o, comunque, una persona dalla considerazione sociale elevata od ispirante fiducia (Daube, SlaveCatching [1952] 1991, 501; Finley, Schia vitù antica 1981, 150; Poma, Servi fugitivi 1987, 160; Ruggiero, Il maestro 2012, 500) – e, quindi, che avesse un qualche rilievo pubblicistico, si è contrapposto chi ha ritenuto invece che si trattasse di un ‘investigatore’ inserito nel contesto di un’organizzazione privata della ricerca degli schiavi fuggitivi e, precisamente, nell’ambito delle grandi proprietà, i cui titolari disposero di un servizio autonomo di ricerca e raccolta dei servi fugitivi che dovettero affidare anche a propri servi di fiducia o, comunque, a liberti (Guizzi, Professionisti 1964, 238 s .) . Per un quadro completo degli autori che si sono schierati in favore di queste due diverse opinioni vd . Cascione, ‘Fugitivarii’ 2007, 508 ss ., il quale sembra in qualche modo operare una mediazione puntualizzando che la caccia agli schiavi, in un’ottica che non esclude la specializzazione, «significò concorrenza di metodi diversi, pubblici (attraverso l’azione magistratuale, ma anche quella dell’esercito nei casi più gravi, com’è a tutti noto) e privati» (512 s .) . Peraltro, assai note sono le crudeli modalità di trattamento degli schiavi fuggitivi che venivano ripresi, i quali venivano marchiati a fuoco sulla fronte (nella quale figuravano così la sigla ‘FHE’, che stava per fugitivus hic est, od altre lettere indicanti il crimine commesso), senza contare poi che, a scopo preventivo ed appunto al fine di facilitare il recupero del fu gitivus, oltre all’utilizzo di catene, era invalso l’uso di saldare al collo degli schiavi un collare di metallo con la scritta servus sum, tene me, ne fugiam, et revoca me ad dominum meum oppure fugi, tene me; cum revocaveris me domino meo, accipis solidum: De Rossi, Dei collari 1874, 41 ss .; Ricci, Collari 1892, 11 ss .; Pani, Note 1984, 113 ss .; Sotgiu, Un collare 1973–1974, 688 ss . Come ben si vede, i proprietari non erano certo disposti a tollerare a cuor leggero l’eventuale perdita di uno schiavo, con la conseguenza che, in caso di fuga, essi offrivano ricompense o, meglio, vere e proprie taglie dandone pubblicità e giungendo perfino a consultare oracoli, astrologhi ed interpreti di sogni: Boulvert/Morabito, Le droit 1982, 105 . 17 Studien 1971, 126 ss .
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dosi magari di essere manomessi)18 e gli schiavi degli ergastula e delle grandi concentrazioni urbane e, soprattutto, rustiche, ebbe pesanti riflessi, in generale, sulle attività economiche e, in particolare, sull’agricoltura, fortemente depauperata da schiavi pastori ed agricoltori, che, datisi alla macchia, si raggruppavano in bande di fuorilegge o, comunque, si univano a briganti (latrones)19, divenendo così un serio pericolo per la sicurezza ed il regolare svolgimento del lavoro nei campi, nelle cave e nelle miniere20 . E ciò, a maggior ragione quando la fuga divenne un fenomeno di massa21, assumendo conseguentemente una valenza diversa, nel momento in cui entrò in crisi l’assetto politico della res publica, che venne scossa, nel I sec . a . C ., da quegli intensi sommovimenti sociali sfociati nelle grandi rivolte degli schiavi, le quali certo costituirono una delle tante motivazioni della fuga servorum22, rinvenibili non solo 18 In proposito, va ricordato che, secondo il Morabito, Les esclaves privilégiés 1985, 486 nt . 18, sotto gli Antonini si sarebbe raggiunto, almeno nella riflessione giuridica, il momento di maggiore sviluppo della mobilità sociale degli schiavi attraverso il riconoscimento ad essi di funzioni direttive, nel quale può vedersi il tentativo dei padroni di fronteggiare una crisi del sistema schiavistico attestata dalla recrudescenza della delinquenza servile e da un’accresciuta tensione tra domini e servi . L’idea della delinquenza servile come sintomo di tensioni e conflittualità tra padroni e schiavi è stata condivisa dal Capogrossi Colognesi, Discussione 1985, 639 s ., ma a condizione di isolare quei tipi di comportamenti degli schiavi che, in quanto tali, li oppongono al mondo dei padroni, sicché la fuga o l’uccisione del padrone sono atti che, in sé considerati, esprimono una tensione che oppone il servus in quanto tale all’ordinamento giuridico ed all’organizzazione sociale che lo condannano a questo suo stato . Con specifico riferimento alla fuga servorum, si tratta allora di vedere se le preoccupazioni dei giuristi romani e dei proprietari riguardassero soprattutto gli schiavi degli strati più elevati o la grande massa di schiavi dei livelli più bassi, con la conseguenza che sarebbe assai interessante verificare se la tendenza alla fuga fosse diffusa anche tra gli strati più privilegiati e tra coloro che, ad esempio, potevano riscattare la propria libertà con gli strumenti che gli stessi Romani avevano predisposto o tra coloro che, disponendo di denaro e di altri beni facilmente trasportabili, avevano maggiori prospettive di fuggire e sottrarsi così alle ricerche dei loro proprietari, magari mimetizzandosi nel variegato mondo dei liberi . Quanto poi alla convinzione che l’aggressività e la propensione a delinquere di un gruppo particolare di schiavi (i ‘privilegiati’), si esprime «un cauto scetticismo sulla possibilità di estrapolare direttamente certe linee di tendenza della società romana da ricorrenze e frequenze maggiori o minori limitate a un tipo fondamentale ma troppo uniforme di documentazione come quella costituita dal Digesto» (639) . 19 Sul punto e, in particolare, sull’assimilazione dei servi fugitivi ai latrones vd . Grünewald, Räuber 1999, 82 ss . Ma vd . pure, successivamente, Annequin, Fugitivi 2007, 45 ss . 20 Finley, Schiavitù antica 1981, 150 s .; Poma, Servi fugitivi 1987, 159; Bieżuńska Małowist, La schiavitù 1991, 178 s . 21 Si pensi, ad esempio, ai 917 schiavi fuggitivi nella Sicilia del 139 a . C .: Schumacher, Skla verei 2001, 96, 287 . Sulla composizione delle masse di schiavi coinvolte nella prima (139–132 a . C .) e nella seconda (104–101 a . C .) guerra servile siciliana vd . Canfora, L’invidia 1985, 157 ss . 22 Cf . Orena, L’elemento sociale 1978–1979, 144 ss .
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nell’innegabile tendenza dello schiavo a considerarla come la via più diretta verso la libertà e nelle generiche opportunità che gli si presentavano in maniera assolutamente contingente ed imprevista, ma anche, di volta in volta, nell’aspirazione a mutare il proprio luogo di lavoro, nella nostalgia della patria di origine, nell’insofferenza verso i padroni23, nella vendita ad altro padrone, nei maltrattamenti subiti24, nel timore delle pene e nei delitti commessi25 . Anche se va detto che il destino dei servi fugitivi che approfittavano della circostanza di una guerra servile, come quella di Spartaco, o di una guerra civile, come quelle che lacerarono l’ultimo secolo della repubblica romana o, ancora, dell’invito alla libertà rivolto loro dal nemico in una guerra esterna finiva per dipendere in maniera pesante dall’esito di tali conflitti, sicché gli schiavi in fuga che vi prendevano parte potevano contare su deboli garanzie26 . Ed è stato merito ancora del Bellen27 l’avere evidenziato il progressivo affermarsi di un interesse pubblicistico e di interventi statali nell’attività di ricerca e di cattura degli schiavi fuggitivi, originariamente considerata di appannaggio esclusivo dei domini, ai quali i fugitivi dovevano essere restituiti . Anche se già solo i numerosi provvedimenti normativi emanati lungo tutto l’arco del II sec . d . C .28 per rendere estremamente difficile l’eventualità che il servo uscisse effettivamente e duraturamente dalla sfera d’azione del dominus – che, peraltro, avevano avuto dei precedenti in disposizioni analoghe rinvenibili presso altri diritti dell’antichità29 – dimostrano che la lotta contro questo fenomeno, a dispetto delle misure preventive e repressive poste in essere per combatterlo30, fu poco efficace . Infatti, i servi fugitivi, che fuggivano in gran numero anche oltre i confini dell’impero per trovare rifugio presso i barbari, spesso finivano per lavorare alle dipendenze dei pubbli-
23 Boulvert/Morabito, Le droit 1982, 106; Reduzzi Merola, Il servus fugitivus 2012, 225 . 24 Sul punto vd ., ampiamente, Annequin, Fugitiva (?) 1989, 91 ss . 25 Guarino, Spartaco 1979, 97; Poma, Servi fugitivi 1987, 159 . 26 Finley, Schiavitù antica 1981, 149 . 27 Studien 1971, 116 ss . 28 Per una valutazione statistica dell’incidenza del fenomeno endemico della fuga degli schiavi nel periodo ricompreso tra il I sec . a . C . ed il IV sec . d . C . vd . Morabito, Les réalités 1981, 261 s . 29 Ovviamente, non è certo questa la sede per addentrarsi in una loro disamina, sicché si può qui rimandare alla letteratura in argomento diligentemente passata in rassegna dal Nicosia, L’acquisto 1960, 465 s . nt . 277, il quale si limita a ricordare sinteticamente che norme sui servi fugitivi furono dettate dal Codice di Hammurabi (§§ 16–19), dalle leggi Ittite, di Eshnunna e di Lipit-Ishtar e da clausole di trattati internazionali (tavolette di Alalah), dal diritto greco e dalla legge di Gortina, mentre diverso fu invece l’atteggiamento del diritto ebraico . In particolare, sulla legislazione di Atene e di Gortina vd . De Pascali, I servi fuggitivi 2012, passim . 30 Su tali misure vd ., ampiamente, Bellen, Studien 1971, 5 ss .
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cani31 e, comunque, erano sempre ben accetti nelle grandi aziende nelle quali era costantemente avvertita la necessità di forza-lavoro e presso le quali gli schiavi fuggitivi finivano per diventare lavoratori salariati32 . Ora, nonostante l’esemplarità dell’indagine del Bellen «per completezza di informazioni, vastità di impianto, acutezza (e prudenza) di osservazioni, asciuttezza di stile»33 e l’ampiezza ed accuratezza di quelle ad essa successive, che, come si è già ricordato, hanno illuminato non pochi aspetti del fenomeno della fuga degli schiavi, a me sembra tuttavia che, in relazione ad alcuni senatoconsulti emanati in tema di ricerca dei servi fugitivi, sussistano ancora dei dubbi e delle zone d’ombra, che occorre dissipare, derivanti dal fatto che la dottrina romanistica non ha sufficientemente affrontato e discusso e, comunque, risolto in maniera soddisfacente alcuni problemi nascenti dall’esatta individuazione di tali provvedimenti senatori, dalla loro successione nel tempo e dal coordinamento delle norme da essi dettate con quelle sancite da alcune costituzioni imperiali che furono ugualmente emanate per disciplinare la ricerca degli schiavi fuggitivi . Scopo della presente indagine è allora quello di prestare una rinnovata attenzione agli interrogativi ora ricordati, che possa condurre, nei limiti del possibile, a risultati più sicuri di quelli di cui oggi disponiamo e, di conseguenza, ad una visione più completa di quello che è sicuramente uno degli aspetti più significativi del fenomeno della fuga servorum .
II. I testi che verranno esaminati sono tre frammenti di Ulpiano, due provenienti dal primo dei libri ad edictum ed uno dal settimo dei libri de officio proconsulis, inseriti sotto il quarto titolo, ‘De fugitivis’, dell’undicesimo libro del Digesto: Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .1 . Senatus censuit, ne fugitivi admittantur in saltus neque protegantur a vilicis vel procuratoribus possessorum et multam statuit: his autem, qui intra viginti dies fugitivos vel dominis reddidissent vel apud magistratus exhibuissent, 31 Come è chiaramente attestato da Ulp . 38 ad ed., D . 39 .4 .12 .2: Familiae autem appellatione hic servilem familiam contineri sciendum est. Sed et si bona fide publicano alienus servus servit, ae que continebitur: fortassis et mala fide, plerumque enim vagi servi et fugitivi in huiusmodi operis etiam a scientibus habentur … 32 Štaerman/Trofimova, La schiavitù 1975, 256 ss .; Morabito, Les réalités 1981, 260 s ., il quale, proprio a proposito dell’incitamento alla fuga esercitato nei confronti degli schiavi dai grandi proprietari terrieri nei periodi di scarsità di manodopera, critica la tesi del Bellen, Studien 1971, 134, secondo cui si tratterebbe di ‘lavoro nero’, e ciò perché «cette vision, bien que méritant d’être prise en considération, cantonne l’esclave dans un rôle par trop passif, ne correspondant pas avec la réalité que nous livrent les les textes du Digeste» . 33 Guarino, Tagliacarte 1973, 110 .
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veniam in ante actum dedit: sed et deicenps eodem senatus consulto impunitas datur ei, qui intra praestituta tempora, quam repperit fugitivos in agro suo, domino vel magistratibus tradiderit . Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .2 . Hoc autem senatus consultum aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum (cui rei etiam lex Fabia prospexerat et senatus consultum Modesto consule factum), ut fugitivos inquirere volentibus litterae ad magistratus dentur, multa etiam centum solidorum in magistratus statuta, si litteris acceptis inquirentes non adiuvent . Sed et in eum, qui quaeri apud se prohibuit, eadem poena statuta . Est etiam generalis epistula divorum Marci et Commodi, qua declaratur et praesides et magistratus et milites stationarios dominum adiuvare debere inquirendis fugitivis, et ut inventos redderent, et ut hi, apud quos delitescant, puniantur, si crimine contingantur . Ulp . 7 de off. proc ., D . 11 .4 .3 . Divus Pius rescripsit eum, qui fugitivum vult requirere in praediis alienis, posse adire praesidem litteras ei daturum et, si ita res exegerit, apparitorem quoque, ut ei permittatur ingredi et inquirere, et poenam eundem praesidem in eum constituere, qui inquiri non permiserit . Sed et divus Marcus oratione, quam in senatu recitavit, facultatem dedit ingrediendi tam Caesaris quam senatorum et paganorum praedia volentibus fugitivos inquirere scrutarique cubilia atque vestigia occultantium .
Nel primo testo si afferma che il senato deliberò che gli schiavi fuggitivi non fossero accolti nei saltus e protetti dai vilici e dai procuratores dei possessori e stabilì una multa (Senatus … statuit) . Accordò però il perdono per ciò che era stato commesso in precedenza a chi, entro venti giorni, avesse restituito i fuggitivi ai padroni oppure li avesse esibiti ai magistrati (his … dedit) . Ma anche in forza dello stesso senatoconsulto fu data inoltre l’impunità a chi, entro i termini stabiliti, da quando trovò i fuggitivi nel proprio campo, li avesse consegnati al padrone od ai magistrati (Sed … tradiderit) . Nel secondo testo leggiamo che questo senatoconsulto diede anche adito ad un soldato o ad un civile di ricercare lo schiavo fuggitivo nei fondi dei senatori e dei civili (ciò che era stato previsto anche dalla lex Fabia e da un senatoconsulto approvato sotto il consolato di Modesto), in modo che a chi intendesse ricercare i fuggitivi si dessero delle litterae per i magistrati (Hoc … dentur), e fu pure stabilita una multa di cento solidi per i magistrati che, pur avendo ricevuto le litterae, non avessero prestato aiuto agli inquirentes (multa … adiuvent) . Ma la stessa sanzione fu stabilita anche per chi avesse proibito che fossero fatte perquisizioni presso di sé (Sed … statuta) . Una generalis epistula di Marco Aurelio e Commodo aveva poi stabilito che sia i governatori delle province sia i magistrati e sia i milites stationa rios dovessero aiutare i padroni nella ricerca degli schiavi fuggitivi, restituire quelli trovati e punire coloro presso i quali essi si nascondevano, se avessero partecipato al crimine (Est … contingantur) .
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Nel terzo testo vengono menzionate due costituzioni imperiali, delle quali, la prima, un rescritto di Antonino Pio, stabilì che chi intendesse cercare uno schiavo fuggitivo nei fondi altrui poteva adire il governatore della provincia, il quale gli avrebbe dato delle litterae e, ove la situazione lo avesse richiesto, anche un appa ritor, affinché gli fosse consentito di entrare e svolgere le sue ricerche, e che lo stesso governatore avrebbe stabilito una sanzione contro chi non avesse permesso le ricerche (Divus … permiserit) . Ma anche un’oratio di Marco Aurelio recitata in senatu diede a chi volesse cercare servi fugitivi la facoltà di entrare nei fondi tanto dell’imperatore quanto dei senatori e dei civili e di scrutare i nascondigli e le tracce di quelli che li occultavano (Sed … occultantium) . Sembrerebbe dunque chiaro che i provvedimenti senatori di cui discorre Ulpiano siano tre: a) un senatoconsulto, del quale il giurista non specifica il periodo in cui fu emanato (Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .1: Senatus censuit … eodem senatus consulto; Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .2: Hoc autem senatus consultum); b) un senatoconsulto Modesto consule factum (Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .2); c) un senatoconsulto, del quale Ulpiano sottolinea invece l’emanazione in seguito ad un’oratio di Marco Aurelio (Ulp . 7 de off. proc ., D . 11 .4 .3: divus Marcus oratione, quam in senatu recitavit) . Tuttavia, il condizionale è d’obbligo, giacché, come subito si dirà, diversi autori che hanno avuto modo di occuparsi di questi tre testi hanno negato o, comunque, ritenuto assai poco probabile che le norme sulla ricerca degli schiavi fuggitivi esaminate da Ulpiano risalissero a tre distinti interventi senatori, dovendosi piuttosto pensare che tali disposizioni fossero contenute in un solo senatoconsulto . E ciò, da un lato, sulla scorta della convinzione che la menzione del senatus consultum Mo desto consule factum fosse un’aggiunta giustinianea e, dall’altro lato, sulla base dell’idea che il senatoconsulto di cui ad Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .1 ed Ulp . 1 ad ed ., 11 .4 .1 .2 fosse, in realtà, l’oratio Marci in senatu recitata di cui ad Ulp . 7 de off. proc ., D . 11 .4 .3 .
III. L’inciso senatus consultum Modesto consule factum di cui alla prima parte di Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .2 è stato ritenuto un’aggiunta operata dai compilatori giustinianei tanto dalla dottrina più risalente quanto da quella più recente . Il Dell’Oro34 ha ritenuto la frase cui rei etiam lex Fabia prospexerat et senatus consultum Modesto consule factum un evidente glossema, dal momento che, se è normale trovare aggettivato e riferito a senatus consultum il nome del console proponente (Largianum, Pegasianum, Trebellianum, Vellaeanum, Apronianum, Silanianum), non è mai riportato il solo nome proprio di questo, che è invece sempre accompagnato da quello del collega, a volte precedendolo (Pegaso et Pusione consulibus, Trebellio Maximo et Annaeo Seneca consulibus, Quintus Iulius Balbus et Publius Iuventius 34 Mandata 1960, 30 s . e nt . 98 .
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Celsus Titius Aufidius Oenus Severianus consules) ed a volte seguendolo (Lupo et Largo consulibus, Marcus Silanus et Vellaeus Tutor consules), senza che in questi casi, in cui è menzionata la coppia consolare, il riferimento venga fatto all’anno, trattandosi quasi sempre di consules suffecti . Di conseguenza, anche ammesso che Modestus fosse un consul suffectus35, vi sarebbe comunque una singolarità della citazione di tale personaggio, il cui nome non risulta, allo stato delle fonti di cui disponiamo, nell’elenco consolare del periodo anteriore ad Ulpiano . Il solo console Modesto conosciuto, per la precisione Q. Aiacius Modestus Crescentianus, fu tale per la seconda volta con collega M. Maccius Probus nel 228 d . C .36, ma a questo Modestus non può attribuirsi il senatoconsulto di cui parla Ulpiano, poiché è noto che tale giurista scrisse i libri ad edictum sicuramente sotto Caracalla37 e, cioè, undici anni prima del consolato di Modesto . Pertanto, sembrerebbe rivivere l’assai risalente opinione del Breuning38, secondo cui il senatoconsulto risalirebbe al principato di Antonino Pio, anche se non può scartarsi la possibilità che esso sia stato approvato durante il primo consolato di Modesto, che ben potrebbe averlo ricoperto prima della morte di Caracalla39 . Tuttavia, la menzione del senatus consultum Modesto consule factum trova la sua più plausibile spiegazione nel fatto che un Modesto Taurino risulta destinatario di un rescritto di Antonino Pio (Marcian . l. s. de delat., D . 48 .21 .3 .8)40, il quale, come si evince dal più sopra riportato Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3, rescrisse anche in materia di ricerca di schiavi fuggitivi, ed un Egnazio Taurino, che potrebbe essere sempre lo stesso personaggio non indicato da alcuna fonte extragiuridica, è destinatario di un’epistula di Adriano (Ulp . 7 de off. proc., D . 48 .8 .4 .1 ed Ulp . 7 de off. proc. s. t. de sic. et ven., Coll . 1 .11 .1–3)41, sicché può immaginarsi che il 35 Groag, s . v . Modestus (nr . 5) 1932, 2321 . 36 Groag, s . v . Modestus (nr . 6) 1932, 2321; Degrassi, I fasti consolari 1952, 63; Samuel, Greek and Roman Chronology 1972, 272; Petersen, PIR V .2 1983, 302 (nr . 658) . 37 Lenel, Palingenesia II 1889, 421 nt . 2; Fitting, Alter 19082, 104 ss .; Krüger, Geschichte 19122, 242; Honoré, The Severan lawyers 1962, 211 . 38 Prolus. 1755, 4 . 39 Secondo il Degrassi, I fasti consolari 1952, 59, 207, nel 204–208 o, più probabilmente, nel 212–217 d . C . 40 … divus Pius Modesto Taurino rescripsit, si parati sint heredes defensiones suscipere, non esse bona publicanda, nisi de crimine fuerit probatum . 41 Ulp . 7 de off. proc., D . 48 .8 .4 .1: Cum quidam per lasciviam causam mortis praebuisset, compro batum est factum Ignatii Taurini proconsulis Baeticae a divo Hadriano, quod eum in quinquennium relegasset . Ulp . 7 de off. proc. s. t. de sic. et ven., Coll . 1 .11 .1–3: Cum quidam per lasciviam causam mortis praebuisset, comprobatum est factum Taurini Egnati proconsulis Baeticae a divo Hadriano, quod eum in quinquennium relegasset. Verba consultationis et rescripti ita se habent: ‘Inter Clau dium, optime imperator, et Evaristum cognovi, quod Claudius Lupi filius in convivio, dum sago iactatur, culpa Mari Evaristi ita male acceptus fuerit, ut post diem quintum moreretur. Atque adpa rebat nullam inimicitiam cum Evaristo ei fuisse. Tamen cupiditatis culpa coercendum credidi, ut ceteri eiusdem aetatis iuvenes emendarentur. Ideoque Mario Evaristo urbe Italia provincia Baltica in quinquennium interdici et decrevi, ut impendi causa duo milia patri eius persolveret Evaristus, quod
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glossema sia stato male incorporato e mal inteso dagli editori successivi, i quali probabilmente alterarono il riferimento ad un rescritto in cui ci si appoggiava ad un senatoconsulto per rispondere Modesto consulenti . Tale ricostruzione è stata fatta propria dal Longo42, il quale, in favore dell’idea che si tratti di un glossema, adduce, ugualmente, la circostanza che il console Modesto non sarebbe identificato od identificabile e, inoltre, l’evidente rilievo formale del prospexerat al singolare riferito però a due soggetti (lex Fabia e senatus consultum Modesto consule factum), sicché, tolta tale frase, il periodo precedente si ricollegherebbe bene e scorrevolmente con il seguito, senza contare poi che, in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, Ulpiano, come del resto anche in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3, esponeva la cronologia e l’evoluzione degli interventi imperiali, per cui un richiamo alla legge Fabia sarebbe stato fuori luogo . E, invero, che la frase tra parentesi cui rei etiam lex Fabia prospexerat et sena tus consultum Modesto consule factum e, più in generale, la prima parte di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 possano essere state oggetto di un pesante intervento dei compilatori giustinianei è opinione anche del De Vilosa43, del Voigt44 e, soprattutto, del Bellen45, secondo cui «die Interpunktion dieses Paragraphen in den Ausgaben ist nicht in Ordnung . Die Klammer (cui rei etiam lex Fabia prospexerat et senatus consul tum Modesto consule factum) trennt den an prospexerat sich anschließenden (konsekutiven) Nebensatz ut fugitivos inquirere volentibus litterae ad magistratus dentur ab und macht ihn stattdessen von dem vor der Klammer stehenden Satz: Hoc autem senatus consultum aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum abhängig, was grammatikalisch bedenklich (zwei persönliche Dativobjekte im selben Satzgefüge), vor allem aber sachlich nicht gerechtfertig erscheint . Denn die vor der Klammer stehende Feststellung bedarf keiner Explikation, wohl aber der in den Klammer stehende Hinweis, zumal cui rei nur allgemein auf das aditum dare geht» . E tale ricostruzione è stata pienamente condivisa, più recentemente, anche dal Domingo46 . In precedenza, l’Huvelin47 aveva ritenuto genuino l’inciso cui rei etiam lex Fabia prospexerat e, invece, un’aggiunta giustinianea il solo prosieguo et senatus consultum Modesto consule factum . E ciò, oltre che per la già evidenziata impossibilità di identificare tale Modesto con il Modesto Crescenziano console nel 228 d . C ., anche a causa dell’impiego del verbo prospexerat al singolare e, quindi, riferentesi, nel testo
manifesta eius fuerat paupertas’. Verba rescripti: ‘Poenam Mari Evaristi recte, Taurine, moderatus es ad modum culpae: refert enim et in maioribus delictis, consulto aliquid admittatur an casu’ . 42 Rec. 1972 di Bellen, Studien 1971, 179 e, specialmente, Crimen plagii 1974, 425 . 43 Tractatus 1674, 148 . 44 Über die lex Fabia 1885, 340 . 45 Studien 1971, 10 nt . 48 . 46 Estudios III 1995, 55 s . e nt . 168 . 47 Études I 1915, 112 ss .
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originario, alla sola lex Fabia – che nel suo terzo capo avrebbe introdotto la prima procedura appunto per la ricerca degli schiavi fuggitivi nei fondi nei quali essi si nascondevano, differenziandola probabilmente dalla quaestio privata lance licioque, dal momento che la prima prevedeva l’intervento della forza pubblica – e, ancora, in base al rilievo che il nome Modesto non era un nomen gentilicium, ma un semplice cognomen di uso corrente nelle gentes Asconia, Aufidia, Claudia, Domitia, Gabinia, Geminia, Iulia e Mettia, che, conseguentemente, non poteva servire, se non via del tutto eccezionale, ad identificare un magistrato . E tale soluzione più conservativa è stata accolta dal Lambertini48, il quale, pur concordando sul fatto che il prospexe rat al singolare è predicato di due soggetti, ha ritenuto l’inciso cui rei etiam lex Fabia prospexerat formalmente inappuntabile ed assolutamente non fuori luogo, ciò che, del resto, è confermato dal fatto che un’espressione pressoché identica è utilizzata dallo stesso Ulpiano in un altro testo proveniente dai medesimi libri ad edictum, cioè Ulp . 71 ad ed., D . 43 .29 .3 pr .: quod et lex Fabia prospexit . Ora, nonostante l’ampiezza degli argomenti addotti dalla dottrina testé passata in rassegna in favore dell’idea che l’inciso senatus consultum Modesto consule factum sia un’aggiunta dei compilatori giustinianei, credo invece che tale frase sia genuina49 e, quindi, che Ulpiano discorresse tanto della legge Fabia quanto di tale senatoconsulto . In primo luogo e, in via generale, va detto che questi argomenti non spiegano perché mai tale frase non potesse essere presente nel testo originario ulpianeo e, comunque, non chiariscono per quale motivo i compilatori giustinianei l’avrebbero inserita, risultando così indimostrata l’incompatibilità del richiamo del giurista al senatoconsulto de quo e, così pure, alla legge Fabia ad esso collegata rispetto alla tematica, appunto quella della ricerca degli schiavi fuggitivi, trattata in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 . E, invero, la menzione della frase in questione sembra trovare riscontro in quello che appare un preciso indirizzo metodologico riconducibile al pensiero di Ulpiano nel testo in esame e così pure in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3, cioè quello di passare in rassegna tutti i provvedimenti normativi, senatoconsulti e costituzioni imperiali, che erano stati emanati nel tempo per disciplinare la ricerca dei servi fugitivi, sicché, in tale contesto, non vi è motivo di attribuire lo scrupolo storico di ricordare anche la regolamentazione più risalente, quale appunto quella della lex Fabia e del senatus consultum Modesto consule factum, ai commissari giustinianei anziché ad Ulpiano . In secondo luogo, sul piano strettamente formale, non mi sembra convincente ritenere la frase in questione un glossema sulla base del fatto che il verbo prospexe rat al singolare sia riferito a due soggetti, la legge Fabia ed il senatoconsulto, dal 48 Plagium 1980, 15 nt . 9 . 49 Così, ma senza alcuna motivazione, anche Domingo, Estudios III 1995, 56 nt . 169, in critica alla ricostruzione dell’Huvelin, e, più recentemente, Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 38 e nt . 106 .
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momento che tale conclusione sarebbe condivisibile solo ove il prospexerat fosse posto all’inizio od alla fine della frase: cui rei etiam prospexerat lex Fabia et senatus consultum Modesto consule factum oppure cui rei etiam lex Fabia et senatus consultum Modesto consule factum prospexerat . Collocato invece a metà frase e, seppure riferito alla sola legge Fabia, tale verbo non autorizza ad ipotizzare la non genuinità della menzione del senatoconsulto, giacché la frase direbbe «a ciò anche la legge Fabia aveva provveduto e così un senatoconsulto emanato sotto il consolato di Modesto»50 . Pertanto, come ha sottolineato il Lambertini51, seppure in aperta contraddizione con quanto da questo stesso autore sostenuto – come più sopra si è già ricordato – a proposito del carattere glossematico dell’inciso riguardante il senatoconsulto emanato sotto il consolato di Modesto (e non anche la legge Fabia), «il verbo al piuccheperfetto (prospexerat) si riferisce anche al senatus consultum Modesto consule factum; né, a mio avviso, vi sono motivi per non prestar fede al giurista autore del passo» . In terzo luogo, fare discendere l’intervento giustinianeo dalla circostanza che, in riferimento ai senatoconsulti, non è mai riportato il nome di un solo console, ma sempre anche quello del collega, non appare giustificato alla luce del fatto che, se è vero che Ulpiano in nove luoghi52 utilizzi tale modalità, è altrettanto vero però che egli, oltre che nel nostro Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, in altri due luoghi53, seppure riferentisi a costituzioni imperiali, menzioni il nome di un solo console . E, in aggiunta a ciò, può anche significativamente evidenziarsi che, dei dodici luoghi ora ricordati, solamente due, e cioè Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 (in cui si menziona il solo console Modesto) ed Ulp . 35 ad ed., 27 .9 .1 .1 (in cui si menzionano i consoli Tertullo e Clemente), provengono dai libri ad edictum . Sulla scorta di tali ricorrenze,
50 Così, giustamente, traduce anche il Lambertini, Plagium 1980, 15 . Sull’utilizzo del verbo prospicere in riferimento ad un senatoconsulto, e precisamente al Macedoniano, vd . I . 4 .7 .7: Illud proprie servatur in eorum persona, quod senatus consultum Macedonianum prohibuit … Quae ideo senatus prospexit … 51 Plagium 1980, 140 s . nt . 241 . 52 Ulp . l. s. de off. quaest., D . 1 .13 .1 .2: ex senatus consulto, quod factum est Decimo Druso et Por cina consulibus; Ulp . 1 de off. proc., D . 1 .16 .4 .2: senatum Cotta et Messala consulibus censuisse; Ulp . 33 ad Sab., D . 24 .1 .32 pr .: senatui censendi Fulvio Aemiliano et Nummio Albino consulibus; Ulp . 35 ad ed., D . 27 .9 .1 .1: oratio in senatu recitata est Tertullo et Clemente consulibus; Ulp . 5 ad Sab., D . 30 .41 .1: senatus censuit Aviola et Pansa consulibus; Ulp . 3 fideic., D . 36 .1 .1 .1: senatus consultum temporibus Neronis octavo calendas Septembres Annaeo Seneca et Trebellio Maximo consulibus; Ulp . ad Sab ., D . 38 .4 .1 pr .: Senatus consulto, quod factum est Claudianis temporibus Velleo Rufo et Osterio Scapula consulibus; Ulp . 5 fideic., D . 40 .5 .26 .7: senatus consulto, quod factum est tempori bus divi Traiani Rubrio Gallo et Caelio Hispone consulibus; Ulp . 5 fideic., D . 40 .5 .28 .4: senatus consultum Aemilio Iunco et Iulio Severo consulibus . 53 Ulp . 13 ad Sab., D . 38 .17 .2 .47: rescriptum ab imperatore nostro Antonino Augusto et divo patre eius Mammiae Maximinae pridie idus Apriles Plautiano iterum consule; Ulp . 8 de off. proc., Coll . 13 .3 .1: divus Hadrianus Terentio Gentiano XVII k. Sept. se III consule rescripsit .
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additare l’inciso senatus consultum Modesto consule factum come un evidente glossema non appare dunque giustificato . Infine, ed è questo, in buona sostanza, l’argomento più rilevante addotto in favore dell’intervento dei compilatori giustinianei, concludere in tal senso sulla base dell’impossibilità di individuare il console Modesto menzionato da Ulpiano non sembra in alcun modo condivisibile . Infatti, se è indiscutibile che tale Modesto non può essere il più sopra ricordato Modestus Crescentianus, console per la seconda volta nel 228 d . C ., per il semplice e già rammentato motivo che Ulpiano scrisse i libri ad edictum sicuramente sotto Caracalla e – aggiungerei – anche per il fatto che egli era probabilmente morto già prima di quella data54, ed a maggior ragione il Modestus Sabinius, governatore della Mesia nel 241 d . C . e poco prima consul suffectus55, è altrettanto incontestabile la possibilità di individuare aliunde il Modesto ulpianeo56, il quale, tra l’altro, erroneamente è stato identificato nel più sopra ricordato Modesto Taurino, destinatario di un rescritto di Antonino Pio (Marcian . l. s. de delat., D . 48 .21 .3 .8), per il fatto che egli, ammesso che non si tratti di un privato stante l’assenza di una sua ulteriore qualifica in tale testo (divus Pius Modesto Taurino rescripsit), rivestì forse la carica di praeses provinciae57, ma non quella di consul58 . Così, scartando l’ipotesi – avanzata senza la benché minima motivazione e, soprattutto, senza nemmeno tentare di identificare il Modesto console di cui discorre Ulpiano – che il senatoconsulto de quo risalisse al principato di Antonino Pio59 od a quello di Marco Aurelio60 oppure, più genericamente, ad un periodo ricompreso tra il I ed il II sec . d . C . (e, comunque, prima di Ulpiano)61 o tra la fine del I e la prima metà del II sec . d . C .62 o tra la fine del I e la seconda metà del II sec . d . C .63, si potrebbe pensare64 al legato d’Arabia Lucius Claudius Modestus, probabilmente
54 Come è noto, si è per lungo tempo ritenuto in dottrina che Ulpiano fosse morto nel 228 d . C ., quindi nello stesso anno del consolato di Q. Aiacius Modestus Crescentianus, e tuttavia indagini più recenti hanno anticipato la data della morte del giurista al 223 d . C . Sul punto vd ., ampiamente e per tutti, Faro, Sull’anno della morte di Ulpiano 2002, 251 ss . 55 Hanslik, s . v . Modestus (nr . 1) 1969, 1378 . 56 Contrariamente a quanto ritenuto dall’Hüttl, Antoninus Pius I 1936, 93 nt . 61, secondo cui «die Zeit dieses Senatskonsults läßt sich jedoch nicht mit Sicherheit bestimmen» . 57 Così, ma dubitativamente, Petersen, PIR V .2 1983, 304 (nr . 664) . 58 Come invece ha ritenuto il Voigt, Über die lex Fabia 1885, 335, 340 e nt . 55 . Cf . Domingo, Estudios III, 58 nt . 179 e Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 56 nt . 189 . 59 Breuning, Prolus. 1755, 4; Glück, Ausführliche Erläuterung 1809, 321 nt . 97, 476 . 60 Peters, D. 11.4 1999, 20 e nt . 2 . 61 Degrassi, I fasti consolari 1952, 130, 207 . 62 Bellen, Studien 1971, 10; Llewelin, New Documents 1998, 26; Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 38 e nt . 107 . 63 Marotta, Multa de iure 1988, 271 . 64 Così Talbert, The Senate 1984, 452 s . (nr . 161) .
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consul suffectus nel 152 d . C .65 . E, tuttavia, il fatto che Ulpiano richiami il senatus con sultum Modesto consule factum insieme ad una fonte così risalente nel tempo, quale la lex Fabia, emanata nel I sec . a . C .66, induce a ritenere che tale senatoconsulto fosse stato emanato ben prima della metà del II sec . d . C . E, invero, come segnalato già dal Mommsen67 e ribadito più recentemente dal Domingo68, CIL III 355 e Plin . ep . 1 .5 .5 recano la notizia di un Mettius Modestus, consul suffectus nel 103 d . C .69, che era stato relegato in esilio da Domiziano (Metti Modesti, optimi viri: is tunc in exilio erat, a Domitiano relegatus) . Il Modesto ulpianeo non sembra però potere essere identificato con questo personaggio, dal momento che il Vidman70 ed il Petersen71 hanno immaginato che si trattasse, con ogni probabilità, di quel Mettius Modestus che fu consul suf fectus nell’82 d . C .72 e di cui abbiamo notizia grazie ai Fasti Ostienses73 . E tale supposizione è stata confermata dall’Eck74, il quale, sottoponendo per un verso ad un’attenta analisi l’epistula pliniana ora ricordata75 e ricostruendo per altro verso 65 CIL XIV 245; AE 1958 234 . 66 L’esatta collocazione cronologica della legge Fabia è, allo stato delle fonti, impossibile . Se l’unico punto fermo è l’anno 63 a . C ., come dies ante quem, stante la menzione di tale lex in Cic . pro Rab. perd. 3 .8, si può immaginare che essa fosse stata emanata nel periodo immediatamente successivo alla guerra sociale (dies post quem 90 a . C .): Molè, s . v . Plagio 1966, 117 (ivi altra letteratura citata); Molè, Ricerche 1966, 140 s .; Longo, Crimen plagii 1974, 393 ss . (ivi altra letteratura citata); Lambertini, Plagium 1980, 34 ss . (ivi ampia letteratura citata); Santalucia, Diritto 19982, 131 nt . 87 . 67 Digesta I 1870, 345 e nt . 1 . 68 ¿Existió un título 1994, 646 ed Estudios III 1995, 58 . 69 CIL XIV 245: Fluss, s . v . Modestus (nr . 3) 1932, 2321 e s . v . Mettius (nr . 9) 1932, 1501; Vidman, Fasti Ostienses 1957, 18, 44, 55; Petersen, PIR V .2 1983, 277 s . (nr . 568) . 70 Fasti Ostienses 1957, 15, 44, 55 . 71 PIR V .2 1983, 276 (nr . 565), 302 (nr . 657) . 72 Dessau, ILS II .1 1892, 543 (nr . 6126); Fluss, s . v . Modestus (nr . 2) 1932, 2321; Degrassi, I fasti consolari 1952, 24 . 73 CIL XIV 245: Degrassi, I fasti consolari 1952, 24 . 74 Epigraphische Untersuchungen 1980, 53 ss ., specialmente 56 ss . 75 1 .5: Vidistine quemquam M. Regulo timidiorem, humiliorem post Domitiani mortem? … Rustici Aruleni periculum foverat, exsultaverat morte, adeo ut librum recitaret publicaretque, in quo Rusti cum insectatur… Agnoscis eloquentiam Reguli. Lacerat Herennium Senecionem tam intemperanter quidam, ut dixerit ei Mettius Carus: ‘quid tibi cum meis mortuis? Numquid ego Crasso aut Came rino molestus sum?’ Quos ille sub Nerone accusaverat. Haec me Regulus dolenter tulisse credebat ideoque etiam, cum recitaret librum, non adhibuerat. Praeterea reminiscebatur, quam capitaliter ipsum me apud centumviros lacessisset. Aderam Arrionillae, Timonis uxori, rogatu Aruleni Rustici; Regulus contra. Nitebamur nos in parte causae sententia Metti Modesti, optimi viri: is tunc in exilio erat, a Domitiano relegatus. Ecce tibi Regulus: ‘quaero’, inquit, ‘Secunde, quid de Modesto sentias’. Vides, quod periculum, si respondissem ‘bene’, quod flagitium, si ‘male’. Non possum dicere aliud tunc mihi quam deos adfuisse. ‘Respondebo’, inquam, ‘si de hoc centumviri iudicaturi sunt’. Rursus ille: ‘quaero, quid de Modesto sentias’. Iterum ego: ‘solebant testes in reos, non in damnatos interro
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l’albero genealogico della famiglia dei Mettii76, ha escluso categoricamente che il Mezzio Modesto menzionato da Plinio fosse il console del 103 d . C . ed ha invece dimostrato che si trattasse del Mezzio Modesto console nell’82 d . C ., ritenendo così che quest’ultimo fosse senza alcun dubbio proprio il Modesto consule menzionato da Ulpiano . Da quanto precede mi sembra quindi potersi concludere che la frase senatus consultum Modesto consule factum non sia attribuibile ai compilatori giustinianei, ma fosse invece contenuta nel testo originario di Ulpiano, e che tale senatoconsulto fosse stato emanato all’inizio del principato di Domiziano e, precisamente, nell’82 d . C .
IV. Un secondo problema che occorre ora affrontare è costituito dalla menzione, in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1 (Senatus censuit … eodem senatus consulto) ed in Ulp . 1 ad ed., 11 .4 .1 .2 (Hoc autem senatus consultum), di un altro senatoconsulto, del quale Ulpiano non specifica il periodo in cui fu emanato, e, in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3 (divus Marcus oratione, quam in senatu recitavit), di un ulteriore senatoconsulto, del quale il giurista sottolinea invece l’emanazione in seguito ad un’oratio di Marco Aurelio, che, sulla scorta della convinzione che il primo senatoconsulto fosse in realtà l’oratio Marci in senatu recitata, non sono stati ritenuti in dottrina come due provvedimenti distinti . Il Voigt77, il Bellen78, il Longo79, il Lambertini80 ed il Klingenberg81 hanno fatto discendere l’identità del senatus consultum e dell’oratio Marci dalla sostanziale corrispondenza testuale di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 ed Ulp . 7 de off. proc., 11 .4 .3, come in effetti sembrerebbe evincersi dalla semplice lettura della parte iniziale del primo gari’. Tertio ille: ‘non iam, quid de Modesto, sed quid de pietate Modesti sentias, quaero’. ‘Quaeris’, inquam, ‘quid sentiam; at ego ne interrogare quidem fas puto, de quo pronuntiatum est’ … 76 Il capostipite, M. Mettius Modestus, che fu procurator Syriae sotto Claudio, ebbe due figli: il già ricordato Mettius Modestus, consul suffectus nell’82 d . C ., e M. Mettius Rufus, che ricoprì la carica di praefectus Aegypti dall’89 al 91 d . C . Quest’ultimo ebbe a sua volta due figli: il già ricordato Mettius Modestus (o, meglio, C. Trebonius Proculus Mettius Modestus), praeses Lyciae nei primi anni del principato di Traiano e consul suffectus nel 103 d . C ., e M. Mettius Rufus, che fu proconsul Achaiae in un periodo non meglio determinabile . Come ben si vede, il console Mezzio Modesto dell’82 d . C . era dunque zio paterno del console Mezzio Modesto del 103 d . C .: Eck, Epigraphische Untersuchungen 1980, 60; Petersen, PIR V .2 1983, 277 . 77 Über die lex Fabia 1885, 335 e nt . 40, 341 e nt . 56 . 78 Studien 1971, 10 nt . 48, 11 nt . 54, 52 e nt . 359, 119 e nt . 31, 120 e nt . 40, 134 e nt . 59 . 79 Rec. 1972 di Bellen, Studien 1971, 175 . 80 Plagium 1980, 141 s . nt . 241 . 81 Das Edictum 1987, 196 e nt . 51 e, specialmente, Servus fugitivus 2005, 15, 19, 55 e nt . 183, 56, 60 .
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(Hoc autem senatus consultum aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum) e della parte finale del secondo (di vus Marcus oratione, quam in senatu recitavit, facultatem dedit ingrediendi tam Caesaris quam senatorum et paganorum praedia volentibus fugitivos inquirere scrutarique cubilia atque vestigia occultantium) . E tale conclusione è stata fatta propria, acriticamente, da Talbert82, Domingo83, Cavallini84, Nogrady85 e Cascione86 . A mio avviso, però, esistono diversi argomenti che consentono di sposare la tesi opposta, e cioè che Ulpiano non discorresse affatto del medesimo provvedimento senatorio e, quindi, che il senatoconsulto menzionato in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 non risalisse affatto al principato di Marco Aurelio, come invece è stato ritenuto, prescindendo dal raffronto tra Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 ed Ulp . 7 de off. proc., 11 .4 .3 e, comunque, senza alcuna altra motivazione, anche dal Volterra87 e, più recentemente, dal Peters88 e dal Knütel89 . Infatti, se si presta attenzione al contenuto di questi due testi, ci si accorgerà che essi solo apparentemente sembrano coincidere, mentre, in realtà, differiscono in più punti . E, invero, a differenza di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, in cui Ulpiano afferma che il senatoconsulto aveva consentito ad un militare o ad un privato anche l’accesso ai fondi dei senatori o dei privati per ricercare il servo fuggitivo (Hoc autem senatus consultum aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum), in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3 (divus Marcus oratione, quam in senatu recitavit, facultatem dedit ingrediendi tam Caesaris quam senatorum et pagano rum praedia volentibus fugitivos inquirere scrutarique cubilia atque vestigia occultantium) lo stesso giurista, a proposito dell’oratio Marci, specifica, in primo luogo, che la facultas ingrediendi riguardava non solo i fondi dei senatori e dei privati, ma anche quelli dell’imperatore; in secondo luogo, che questa facultas era stata concessa non soltanto ai milites ed ai pagani, ma a chiunque (volentibus) volesse fugitivos inquirere, e cioè a tutti; in terzo luogo, che tale facoltà permetteva non solo di ricercare gli schiavi fuggitivi, ma anche di perquisire i nascondigli e scrutare le tracce degli occultatori . La fattispecie disciplinata dall’oratio Marci era dunque diversa da quella regolamentata dal senatoconsulto in quanto più generale, e ciò appunto perché Ulpiano, per un verso, rimarcava la maggiore ampiezza della facultas ingrediendi, sia in rife82 The Senate 1984, 447 (nr . 113) . 83 ¿Existió un título 1994, 646 e nt . 62 ed Estudios III 1995, 54 s ., dove, peraltro, si attribuisce erroneamente siffatta conclusione anche al Waldstein, Operae libertorum 1986, 208 nt . 29 . 84 Legge 1994, 78 nt . 24 . 85 Römisches Strafrecht 2006, 39 e nt . 110 . 86 ‘Fugitivarii’ 2007, 517 e nt . 84 . 87 S . v . Senatusconsulta 1940, 43 (nr . 174) e Senatus consulta 1969, 1075 (nr . 181) . 88 D. 11.4 1999, 19 e nt . 4 . 89 Ungerechter, gerissener oder kluger Haushalter? 2014, 19 .
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rimento al suo oggetto (in quanto ricomprendeva anche i praedia Caesaris) e sia in relazione ai suoi titolari (non solo milites e pagani, ma chiunque), e, per altro verso, si soffermava sulle pratiche messe in atto dai servi fugitivi per nascondersi90 . Né, in senso contrario, può addursi la supposizione che la mancata menzione dei praedia Caesaris in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, in cui si puntualizza che le norme del senatoconsulto ora ricordate fossero state precedute da quelle previste dalla legge Fabia e dal senatus consultum Modesto consule factum, possa essere imputata al fatto che «Ulpiano, volendo inserire il ricordo di analoghe norme dettate dalla lex Fabia, intendeva isolare quanto vi era di comune, e certo la legge repubblicana non avrebbe potuto occuparsi dei praedia Caesaris»91 . Infatti, tale congettura può ritenersi fondata solamente ove si ritenga un’aggiunta giustinianea l’inciso senatus consultum Modesto consule factum, ma se, come si è cercato di dimostrare nel paragrafo precedente, tale frase è invece genuina, il senatoconsulto Modesto consule factum e, quindi, anche il senatoconsulto ad esso successivo, avrebbero potuto benissimo contenere il riferimento ai fondi imperiali . Se, però, Ulpiano, in riferimento alle norme da essi dettate non ne faceva alcun accenno, al contrario di quel che accadeva invece in relazione all’oratio Marci, ciò vuol dire che i due senatoconsulti avevano disciplinato unicamente l’ingresso nei praedia senatorum et paganorum . Pertanto, il quid novi introdotto dall’oratio Marci consisteva, oltre che nel consentire «a tutti» la ricerca degli schiavi fuggitivi ed «ovunque questi avessero trovato rifugio»92, anche nel non privilegiare i praedia Caesaris rispetto alle proprietà dei senatori e dei privati cittadini93 . E, del resto, che vi fosse stata una stratificazione di norme sul punto e, quindi, che la facultas ingrediendi avesse avuto ad oggetto inizialmente, appunto con i due senatoconsulti ora ricordati, solamente i praedia senatorum et paganorum ed in seguito, appunto con l’oratio Marci, anche i praedia Caesaris, mi sembra potersi dedurre anche da Paul . Sent . 1 .6a .5, in cui, pur non indicandosi la fonte normativa94 che aveva introdotto il principio95, leggiamo 90 In questo senso vd . anche Cascione, ‘Fugitivarii’ 2007, 517 s . 91 Lambertini, Plagium 1980, 142 nt . 241 . 92 Che anche le tenute imperiali fossero considerate dagli schiavi fuggitivi, ma a torto, luoghi idonei nei quali rifugiarsi è testimoniato da SHA Pertin. 8 .8, da cui apprendiamo che degli schiavi si erano rifugiati nel palazzo imperiale al tempo di Commodo e che, però, vennero restituiti da Pertinace ai propri padroni: Reddidit praeterea dominis eos, qui se ex pri vatis domibus in aulam contulerant . 93 Così anche Marotta, Multa de iure 1988, 271 . 94 Che viene individuata dal Buckland, The Roman law 1908, 268 nt . 9, dal Barrow, Slavery 1928, 54 e dal Thurmond, Some Roman Slave Collars 1994, 461, in via assolutamente ipotetica e senza fornire alcuna prova, nella medesima oratio Marci contenente la previsione dei prae dia Caesaris . 95 Sicuramente in epoca classica, secondo il Levy, Pauli Sententiae 1945, 116, sulla scorta appunto di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 ed Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3, nonché di Paul . imp. sent. in cogn. prolat. ex lib. sex lib. secundo, D . 40 .1 .10: Aelianus debitor fiscalis Evemeriam ancillam ante
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che Fugitivi in fundis fiscalibus quaeri et comprehendi possunt, e cioè che la ricerca dei servi fugitivi poteva riguardare anche i praedia fisci e, dunque, che norme diverse erano state emanate nel tempo per disciplinare la tipologia dei fondi nei quali era permesso l’ingresso dei cercatori di schiavi96 . Inoltre, l’idea che il senatoconsulto di cui ad Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 fosse un provvedimento distinto dall’oratio di Marco Aurelio mi sembra possa trovare conferma, sul piano logico, ove si pensi che, laddove Ulpiano avesse voluto riferirsi al medesimo provvedimento, avrebbe dovuto avere la cura di qualificare il senatoconsulto di cui ad Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 anch’esso come oratio Marci o, in ogni caso, di specificare che tale senatoconsulto era stato emanato in seguito ad un’oratio Marci, al pari di quanto aveva fatto in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3 (di vus Marcus oratione, quam in senatu recitavit), od al tempo di Marco Aurelio . E tale mancata indicazione assume un particolare significato alla luce del fatto che lo stesso Ulpiano si preoccupa di fornire al lettore precise notizie sulla paternità di tutti i provvedimenti normativi intervenuti nel tempo a disciplinare la ricerca degli schiavi fuggitivi, giacché menziona nella parte iniziale di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 la lex Fabia ed il senatus consultum Modesto consule factum di età domizianea e, in quella finale, una generalis epistula divorum Marci et Commodi e, nella parte iniziale di Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3, un rescritto di Antonino Pio (Divus Pius rescripsit) e, in quella finale, l’oratio Marci in senatu recitata . E, in aggiunta a ciò, va infine evidenziato che, ove si fosse trattato del medesimo provvedimento, avremmo dovuto rinvenire la menzione dei praedia Caesaris, presente nell’oratio Marci, anche nel senatoconsulto ad esso conseguente di cui ad Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 . E ciò perché, se è provato97 che il senato – come si evince da Pap . 10 resp ., D . 20 .2 .198 ed Ulp . 31 ad ed., 17 .2 .52 .1099 – estese le norme di
annos multos emerat hac lege, ut manumitteret, eamque manumiserat: procurator cum bona debito ris non sufficientia quaereret, etiam Evemeriae status quaestionem faciebat. Placuit non esse iuri fi scali locum, quo omnia bona debitorum iure pignoris tenerentur, quia ea lege empta est, et, si non manumitteretur, ex constitutione divi Marci ad libertatem perveniret . Cf . Klingenberg, Servus fu gitivus 2005, 153 . 96 Sul punto vd ., ampiamente, Ruggiero, Il maestro 2012, 519 ss ., secondo cui «nella comparazione fra interessi confliggenti – i privilegi dei fondi fiscali da un lato e la ricerca, nonché la cattura, del servus fugitivus dall’altro – si afferma la netta prevalenza, seppur con alcune cautele, del primo, condiderato di gran lunga superiore» (522) . 97 Musca, Da Traiano 1985, 15 s ., 22 . 98 Senatus consulto quod sub Marco imperatore factum est pignus insulae creditori datum, qui pe cuniam ob restitutionem aedificii exstruendi mutuam dedit, ad eum quoque pertinebit, qui redemp tori domino mandante nummos ministravit . 99 Papinianus respondit: socius, qui cessantis cessantiumve portiones insulae restituerit, quamvis aut sortem cum certis usuris intra quattuor menses, postquam opus refectum erit, recipere potest exigendoque privilegio utetur aut deinceps propriam rem habebit, potest tamen pro socio agere ad hoc, ut consequatur quod sua intererat. Finge enim malle eum magis suum consequi quam dominium
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un’oratio di Marco Aurelio in materia di pignus ed usurae, non può ragionevolmente immaginarsi ed in effetti non è attestato che, sotto questo imperatore, l’assemblea dei patres avesse la forza di restringere il contenuto dell’oratio dell’imperatore proponente e, quindi, nel nostro caso, di cassare il riferimento di Marco Aurelio ai fondi imperiali .
V. La conclusione alla quale si è giunti nel paragrafo precedente, e cioè che il senatoconsulto di cui discorreva Ulpiano in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 non può essere identificato nell’oratio Marci esaminata dallo stesso giurista in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3, pone conseguentemente all’interprete un terzo ineludibile interrogativo consistente nel chiedersi a quale periodo risalga il primo provvedimento . Va subito detto che tale quesito non appare certo di facile soluzione, dal momento che, a differenza dei numerosi provvedimenti normativi menzionati ed esaminati in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 ed Ulp . 7 de off. proc., 11 .4 .3, dei quali – come or ora si è rilevato – abbiamo da Ulpiano precise indicazioni che consentono di risalire, direttamente (come per la lex Fabia, la generalis epistula divorum Marci et Com modi, il rescriptum divi Pii e l’oratio Marci) od indirettamente (come per il senatus consultum Modesto consule factum dell’82 d . C .), alla loro paternità o, comunque, al periodo in cui furono emanati, del senatoconsulto ora in considerazione lo stesso giurista non fornisce alcuna informazione circa la sua datazione o risalenza . Tuttavia, fermo restando che l’arco temporale nel quale collocare la sua possibile emanazione è ricompreso tra il principato di Traiano (stante il fatto che il senatus consultum Modesto consule factum rimonta al principato di Domiziano) e quello di Antonino Pio (vista l’oratio Marci che aveva esteso la facultas ingrediendi del nostro senatoconsulto anche ai praedia Caesaris), tre precisi indizi consentono, a mio avviso, di congetturare che esso venne emanato in età antoniniana e, quindi, di accogliere una datazione che è stata sì prospettata da parte di alcuni autori100, ma, a dire il vero, in via assolutamente ipotetica e senza alcun tentativo di dimostrazione . In primo luogo, può rilevarsi come, nel lasso di tempo ora indicato, il fenomeno degli schiavi fuggitivi fu oggetto di diverse costituzioni imperiali e, preciinsulae. Oratio divi Marci idcirco quattuor mensibus finit certas usuras, quia post quattuor domi nium dedit . 100 Buckland, The Roman law 1908, 169 e nt . 8; Barrow, Slavery 1928, 54; Štaerman/Trofimova, La schiavitù 1975, 230; Morabito, Les réalités 1981, 262 e nt . 1191; Boulvert/Morabito, Le droit de l’esclavage 1982, 106; Morabito, Les esclaves privilégiés 1985, 486 nt . 18; Thurmond, Some Roman Slave Collars 1994, 461; Drew Harrington, «Res» 1994, 240 e nt . 17; Llewelin, New Docu ments 1998, 26 .
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samente, di due rescritti di Adriano101 e di un’epistula e due rescritti di Antonino Pio102, che, però, come si evince dalle frasi consultus a quibusdam praesidibus pro 101 Menzionati testualmente nel sesto liber de cognitionibus di Callistrato: Call . 6 de cogn., D . 48 .15 .6 pr . (Non statim plagiarium esse, qui furti crimine ob servos alienos interceptos tenetur, divus Hadrianus in haec verba rescripsit: ‘Servos alienos qui sollicitaverit aut intercepterit, crimine plagii, quo illi intenditur, teneatur nec ne, facit quaestionem: et ideo non me consuli de ea re oportet, sed quod verissimum in re praesenti cognoscitur, sequi iudicem oportet. Plane autem scire debet posse aliquem furti crimine ob servos alienos interceptos teneri nec idcirco tamen statim plagiarium esse existimari’) e Call . 6 de cogn., D . 48 .15 .6 .1 (Idem princeps de eadem re in haec verba rescripsit: ‘Apud quem unus aut alter fuerit fugitivus inventus, qui operas suas locaverint ut pascerentur, et utique si idem antea apud alios opus fecerint, hunc suppressorem non iure quis dixerit’) . 102 La prima ricordata in ben quattro testi: Gai 1 .53 (… ex constitutione imperatoris Antonini qui sine causa servum suum occiderit, non minus teneri iubetur, quam qui alienum servuum occide rit. Sed et maior quoque asperitas dominorum per eiusdem principis constitutionem coercetur; nam consultus a quibusdam praesidibus provinciarum de his servis, qui ad fana deorum vel statuas prin cipum confugiunt, praecepit, ut si intolerabilis videatur dominorum saevitia, cogantur servos suos vendere …), Ulp . 8 de off. proc., D . 1 .6 .2 (Si dominus in servos saevierit vel ad impudicitiam turpem que violationem compellat, quae sint partes praesidis, ex rescripto divi Pii ad Aemilium Marcianum proconsulem Baeticae manifestabitur. Cuius rescripti verba haec sunt: ‘Dominorum quidem potesta tem in suos servos illibatam esse oportet nec cuiquam hominum ius suum detrahi: sed dominorum interest, ne auxilium contra saevitiam vel famem vel intolerabilem iniuriam denegetur his qui iuste deprecantur. Ideoque conosce de querellis eorum, qui ex familia Iulii Sabini ad statuas confugerunt, et si vel durius habitos quam aequum est vel infami iniuria affectos cognoveris, veniri iube ita, ut in potestate domini non revertantur. Qui si meae constitutioni fraudem fecerit, sciet me admissum seve rius exsecuturum’ …), Ulp . 8 de off. proc. s. t. de dom. saev., Coll . 3 .3 .1–3 (Si dominus in servum saevierit vel ad inpudicitiam turpemque violationem conpellat, quae sint partes praesidis, ex re scripto divi Pii ad Aemilium Marcianum proconsulem Baeticae manifestatur. Cuius rescripti verba haec sunt: ‘Dominorum quidem potestatem in suos servos inlibatam esse oportet nec cuiquam homi num ius suum detrahi: sed dominorum interest, ne auxilium contra saevitiam vel famem vel intole rabilem iniuriam denegetur his, qui iuste deprecantur. Ideoque conosce de querellis eorum, qui ex familia Iuli Sabini ad statuas confugerunt, et si vel durius habitos, quam aequum est, vel infami iniuria adfectos cognoveris, venire iube, ita ut in potestatem Sabini non revertantur. Quod si meae constitutioni fraudem fecerit, sciet me admissum severius exsecuturum’) ed I . 1 .8 .2 (… ex constitu tione divi Pii qui sine causa servum suum occiderit non minus puniri iubetur, quam qui servum alienum occiderit. Sed et maior asperitas dominorum eiusdem principis constitutione coërcetur. Nam consultus a quibusdam praesidibus provinciarum de his servis, qui ad aedem sacram vel ad statuas principum confugiunt, praecepit ut, si intolerabilis videatur dominorum saevitia, cogantur servos bonis condicionibus vendere … Cuius rescripti ad Aelium Marcianum emissi verba haec sunt: ‘Do minorum quidem potestatem in suos servos illibatam esse oportet, nec cuiquam hominum ius suum detrahi. Sed dominorum interest, ne auxilium contra saevitiam vel famem vel intolerabilem iniu riam denegetur his, qui iuste deprecantur. Ideoque conosce de querellis eorum, qui ex familia Iulii Sabini ad statuam confugerunt, et, si vel durius habitos, quam aequum est, vel infami iniuria affec tos cognoveris, veniri iube, ita ut in potestatem domini non revertantur. Qui Sabinus, si meae consti tutioni fraudem fecerit, sciet me admissum severius exsecuturum’) . I secondi in Thryph . 1 disp ., D . 11 .4 .5 (Si in harenam fugitivus servus se dederit, ne isto quidem periculo, discriminis vitae tan tum, sibi irrogato potestatem domini evitare poterit: nam divus Pius rescripsit omnimodo eos domi
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vinciarum e divus quoque Pius saepissime rescripsit che ricorrono rispettivamente in Gai 1 .53 = I . 1 .8 .2103 ed in Marcian . l. s. de delat., D . 39 .4 .16 .4104, dovette emanarne in materia molti altri . Come ben si vede, allora, fu proprio quest’ultimo imperatore ad interessarsi particolarmente della tematica dei servi fugitivi e ad intervenire normativamente per regolamentarne non pochi suoi aspetti, sicché può ragionevolmente pensarsi che, in questo contesto, anche il senato si fosse determinato, motu proprio o sollecitato appunto da Antonino Pio, in tal senso, dettando una precisa disciplina dell’attività di ricerca e di cattura degli schiavi fuggitivi . E, invero, e veniamo così al secondo indizio, se si presta attenzione alla struttura di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 ed Ulp . 7 de off. proc., 11 .4 .3, si può notare come la normativa sulla ricerca degli schiavi fuggitivi fosse presentata da Ulpiano in un ordine cronologico connotato da due precisi ‘blocchi’ di disposizioni risalenti a Marco Aurelio, da solo in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3 (divus Marcus oratione) e con Commodo in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 (epistula divorum Marci et Commodi), e, in precedenza, al nostro senatoconsulto e ad Antonino Pio (Divus Pius rescripsit) . L’impressione che si ricava da questa successione di norme nel tempo è allora che il giurista esaminasse, indicandone le linee evolutive, la disciplina dettata durante il principato di questi due imperatori e, quindi, che, come in Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3 egli raffrontasse il rescriptum di Antonino Pio e l’oratio di Marco Aurelio, così in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 comparasse un senatoconsulto emanato in età antoniniana e l’epistula di Marco Aurelio e Commodo . Infine, che il senato di età antoniniana mostrasse una particolare sollecitudine per lo scottante problema dei servi fugitivi è dimostrato anche dall’esistenza di un altro senatoconsulto avente ad oggetto la compravendita di tali schiavi, le cui norme sono riferite in Paul . 6 ad Sab., D . 10 .3 .19 .3105, Gai . 10 ad ed. prov ., D . nis suis reddere sive ante pugnam ad bestias sive post pugnam, quoniam interdum aut pecunia inter versa aut commisso aliquo maiore maleficio ad fugiendum inquisitionem vel iustitiam animadversio nis in harenam se dare mallent. Reddi ergo eos oportet) e nel più volte citato Ulp . 7 de off. proc ., D . 11 .4 .3 (Divus Pius rescripsit eum, qui fugitivum vult requirere in praediis alienis, posse adire praesidem litteras ei daturum et, si ita res exegerit, apparitorem quoque, ut ei permittatur ingredi et inquirere, et poenam eundem praesidem in eum constituere, qui inquiri non permiserit …) . 103 Nelle istituzioni gaiane leggiamo consultus a quibusdam praesidibus provinciarum de his ser vis, qui ad fana deorum vel statuas principum confugiunt, praecepit, ut si intolerabilis videatur domi norum saevitia, cogantur servos suos vendere ed in quelle giustinianee consultus a quibusdam prae sidibus provinciarum de his servis, qui ad aedem sacram vel ad statuas principum confugiunt, praece pit ut, si intolerabilis videatur dominorum saevitia, cogantur servos bonis condicionibus vendere . 104 Servi, qui in fuga sunt, in commissum non cadunt, cum sine voluntate domini fines egressi sunt: et ita principalibus constitutionibus cavetur, sicut divus quoque Pius saepissime rescripsit, ne, inquit, in potestate servorum sit invitis vel ignorantibus dominis fugae se trahendo potestati dominorum se subtrahere . 105 Iudex communi dividundo, item familiae erciscundae de servo qui in fuga est pubere debet liceri eos inter quos iudex est tunc eum adiudicare, penes quem licitatio remansit: nec erit periculum, ne ex senatus consulto poena legis Fabiae committatur .
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18 .1 .35 .3106 ed Ulp . 9 de off. proc., D . 48 .15 .2 .2–3107, C . 9 .20 .6 (Diocl . et Max ., a . 287)108, Paul . Sent . 1 .6a .2109 e Fragm . de iure fisci 1 .9110, che, allo scopo di osteggiare la fuga servorum, scoraggiava le collusioni tra schiavi e persone di pochi scrupoli che convincevano i primi a fuggire per poi spuntare un basso prezzo dai padroni che disperavano del loro recupero, evitava, al contempo, che i proprietari dei servi fugi tivi si disinteressassero del tutto della loro ricerca, coinvolgendoli in tal modo nella loro caccia, e bandiva infine le speculazione aleatorie fondate su una mera spes111 . Ora, in questa sede non interessa tanto esaminare il contenuto di tali norme, che è stato peraltro oggetto di diverse ed approfondite indagini112, quanto piuttosto sottolineare, per un verso, che tale provvedimento senatorio – poiché era noto a Gaio, che lo cita nel decimo libro del commento all’editto provinciale (Gai . 10 ad ed. prov ., D . 18 .1 .35 .3) – non è posteriore ad Antonino Pio113 e, per altro verso,
106 Si quis amico peregre eunti mandaverit, ut fugitivum suum quaerat et si invenerit vendat, nec ipse contra senatus consultum committit, quia non vendidit, neque amicus eius, quia praesentem vendit: emptor quoque, qui praesentem emit, recte negotium gerere intellegitur . 107 Amplius dicendum est et si quis Titio mandaverit servuum fugitivum adprehendendum, ut, si adprehendisset, eum emptum haberet, cessare senatus consultum. Hoc autem senatus consulto do mini quoque continentur, qui fugam servorum suorum vendiderunt . 108 In fuga servum constitutum neque vendere neque donare licet. Unde intellegis te in legem inci disse, quae super huiusmodi delictis certam poenam fisco inferendam statuit, exceptis coheredibus et sociis, quibus in divisione communium rerum licitationem de fugitivo servo invicem facere permis sum est. Ita vero liceat fugitivum vendere, ut tunc venditio valeat, quando ab emptore requisitus fuerit deprehensus . Nessun dubbio esiste in dottrina in ordine al fatto che, con il termine le gem, Diocleziano e Massimiano si riferissero al senatoconsulto di cui ci stiamo occupando e non alla lex Fabia: vd ., per tutti ed ampiamente, Lambertini, Plagium 1980, 169 s . 109 Contra decretum amplissimi ordinis fugitivum in fuga constitutum nec emere nec vendere per missum est, inrogata poena in utrumque sestertiorum D milium . 110 Absentes fugitivos venum dari aut comparare amplissimus ordo prohibuit denuntiata in empto rem venditoremque poena sestertiorum quinquaginta, quae hodie fisco vindicatur . 111 Su tali finalità vd . Lambertini, Plagium 1908, 138 . 112 Hellmann, Zur Terminologie 1902, 391; Vassalli, La vendita 1913, 276 nt . 1; Levy, Paulus 1930, 289; Levy, Pauli Sententiae 1945, 111 ss .; Albertario, Delictum [1924] 1936, 153; Berger, Note criti che 1938, 283 ss .; Pringsheim, Servus fugitivus 1951, 286 e nt . 2; Daube, SlaveCatching [1952] 1991, 502 ss .; Calonge, La compravenda civil 1963, 44 ss ., 120; Molè, s . v . Plagio 1966, 117 nt . 10, 118 s .; Volterra, s . v . Senatus consulta 1969, 1075 (nr . 170); Bellen, Studien 1971, 7 e nt . 21, 52 s . e ntt . 363–365, 367, 56 e nt . 390, 120 e nt . 42; Longo, Crimen plagii 1974, 419 ss .; Longo, Delictum 1976, 48 s .; Lambertini, Plagium 1908, 132 ss ., 147, 155 s ., 169 s ., 173; Watson, Roman Slave Law 1987, 65 s .; Klingenberg, Die licitatio 1998, 103; Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 50 s ., 74, 138, 152 s ., 159, 199; Donadio, Responsabilità 2005, 494 s ., 510 s . ntt . 77–79; Nogrady, Römisches Straf recht 2006, 305 ss .; Ruggiero, Il maestro 2012, 503 ss . 113 Così Daube, SlaveCatching [1952] 1991, 502 e nt . 4, Lambertini, Plagium 1908, 132 nt . 218 e Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 305 .
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che diversi autori114 hanno ritenuto che esso fosse lo stesso senatoconsulto di cui discorreva Ulpiano in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 . Opinione, quest’ultima, che, nonostante la diversità della materia disciplinata dai due senatoconsulti (la ricerca dei servi fugitivi nell’un caso e la compravendita degli schiavi fuggitivi nell’altro), potrebbe trovare un appiglio, a mio avviso, nel fatto che entrambi i provvedimenti si riconnettevano alla lex Fabia, richiamandone (come in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2: cui rei etiam lex Fabia prospexerat) o, addirittura, ampliandone (come in Paul . 6 ad Sab., D . 10 .3 .19 .3: nec erit periculum, ne ex senatus consulto poena legis Fabiae committatur) la disciplina115 . In conclusione, appare dunque verosimile ritenere che il senatoconsulto oggetto dell’attenzione di Ulpiano in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 fosse stato emanato durante il principato di Antonino Pio .
VI. Dimostrata l’infondatezza della communis opinio secondo la quale le norme sulla ricerca degli schiavi fuggitivi esaminate da Ulpiano fossero contenute in un solo senatoconsulto e, al contrario, la plausibilità dell’idea che tali disposizioni risalissero a tre distinti provvedimenti senatori, il compito dell’interprete non può però dirsi concluso, dal momento che si impone un’ulteriore indagine che abbia ad oggetto, nei limiti del possibile, la ricostruzione del contenuto della regolamentazione dettata in materia di persecutio, su iniziativa pubblica o privata, della fuga servorum, durante l’arco temporale di due secoli e mezzo ed in aggiunta a quella prevista dall’editto pretorio ‘De fugitivis’ (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–8a), dai ben sei provvedimenti normativi ricordati da Ulpiano, che sono, nell’ordine: 1 . la lex Fabia (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2); 2 . il senatus consultum Modesto consule factum di età domizianea (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2); 3 . il senatus consultum di età antoniniana (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2); 4 . il rescriptum di Antonino Pio (Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3); 5 . l’oratio di Marco Aurelio (Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3); 6 . l’epistula di Marco Aurelio e Commodo (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2)116 .
114 Voigt, Über die lex Fabia 1885, 335 nt . 40, che, però, fa risalire il senatoconsulto al principato di Marco Aurelio; Berger, s . v . Lex Fabia 1940, 390 s .; Dell’Oro, I libri de officio 1960, 189 e nt . 330; Molè, s . v . Plagio 1966, 118 . 115 Sull’estensione della previsione normativa della legge Fabia ad opera di tale senatoconsulto vd . Lauria, Accusatio 1934, 22 e nt . 3; Berger, Note critiche 1938, 285 ss .; Molè, s . v . Plagio 1966, 118 s .; Molè, Ricerche 1966, 142 e nt . 113, 146 e nt . 129; Longo, Crimen plagii 1974, 420 s .; Lambertini, Plagium 1980, 132, 137 s . 116 Sulla successione cronologica di tali provvedimenti, compreso l’editto pretorio, vd . anche Lauria, Accusatio 1934, 22 e nt . 3; Lambertini, Plagium 1980, 140–143 nt . 241; Domingo, ¿Existió un título 1994, 645 s .
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1. Per ciò che concerne la lex Fabia, tutto quel che apprendiamo da Ulpiano (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2) si riduce purtroppo alla mera constatazione che la norma del senatoconsulto di età antoniniana che aditum etiam dedit militi vel pagano ad investi gandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum non fosse affatto nuova, giacché tale previsione era già contenuta etiam nella legge Fabia (cui rei etiam lex Fabia prospexerat), il che, come ben si vede, rende assai difficile, se non proprio impossibile117, tanto l’esatta individuazione del disposto legislativo quanto i suoi rapporti con la medesima disciplina riproposta dal senatoconsulto . In generale, va riconosciuto che, se nel diritto classico i senatoconsulti e le costituzioni imperiali ora ricordati, sul presupposto di non concedere tregua al servus fugitivus e di fare terra bruciata attorno alla sua persona, cercarono in vario modo di fronteggiare il fenomeno della fuga degli schiavi con disposizioni finalizzate a facilitarne la ricerca ed a prescrivere obblighi e diffide nei confronti di chiunque entrasse in contatto con essi, tali norme non riguardavano direttamente il tema del plagio, per quanto si muovessero in un’area finitima . E, tuttavia, che esistesse un preciso nesso tra questi provvedimenti normativi e la legge Fabia è proprio dimostrato da Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, che ne serba un vago ricordo118, sulla scorta del quale non può quindi accogliersi l’opinione di chi119 ha ritenuto che le norme sulla ricerca degli schiavi fuggitivi esorbitassero dall’ambito originario di tale lex, sebbene vi fossero state sussunte da giuristi, senatoconsulti e costituzioni imperiali, che, pur regolando fattispecie affini a quelle previste dalla legge Fabia, avrebbero riguardato situazioni distinte ed avrebbero avuto di mira finalità diverse da essa e, qualche volta, addirittura opposte . In particolare, poi, il Voigt120 e l’Huvelin121 hanno ritenuto che la lex Fabia constasse, oltre che dei suoi primi due capi122, anche di un terzo contenente ap117 Così Levy, Pauli Sententiae 1945, 111 nt . 535, secondo cui «the indefinite citation in Ulp . Dig . 11 .4 .1 .2 is insufficient to permit the inference that the Lex Fabia had already dealt with mere fugitivi . The lex probably included measures designed to expedite the location od abducted persons» . 118 Così, giustamente, Lambertini, Plagium 1980, 140 e, in precedenza, più limitatamente Berger, Note critiche 1938, 284 . 119 Lauria, Appunti 1932, 200 s . 120 Über die lex Fabia 1885, 331 s ., 341 . 121 Études I 1915, 107, 112 s . 122 Sui quali vd . Molè, s . v . Plagio 1966, 117 s . Compreso nelle ipotesi del secondo capo della lex Fabia era anche il celare servos alienos invito domino, che, come ricorda Ulpiano nel princi pium di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 (Is qui fugitivum celavit fur est), costituiva furtum: Molè, Ricerche 1966, 133 nt . 70; Longo, Crimen plagii 1974, 438; Lambertini, Plagium 1980, 116 . Peraltro, Ulpiano in Ulp . 11 ad ed., D . 4 .3 .7 .7 ricorda che Labeone si era chiesto se dovesse essere accordata l’actio de dolo contro chi avesse sciolto i legami del servo altrui per consentirgli di fug-
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punto delle norme sulla ricerca dei servi fugitivi, ma, in senso contrario, si è convincentemente dimostrato che «non esistono gli estremi per scomodare un terzo capo di cui le fonti non parlano . Le disposizioni relative all’investigatio dei fuggitivi possono benissimo ricondursi ad una postilla del secondo caput, ove si vieta la persuasione del servo altrui ed il celamento di schiavi – fuggitivi compresi – contro la volontà del padrone»123 . Ora, poiché si è ritenuto che tale legge avesse istituito una quaestio perpetua per il delitto di plagio124, si potrebbe immaginare che questa corte funzionasse, oltre che per gli scopi per i quali era stata istituita, anche per reprimere criminalmente il fenomeno della fuga servorum, ma, in realtà, le fonti sembrano avvalorare l’idea che questa lex avesse istituito un procedimento per multa di carattere privato, promovibile da qualunque cittadino per mezzo di un’azione popolare125 . Questo rilievo può allora consentire, a mio avviso, di immaginare che la lex Fabia fosse richiamata da Ulpiano non solo allo scopo di rendere noto che, come si è detto, essa aveva già previsto la norma, poi reiterata dal senatoconsulto di età antoniniana, in base alla quale al militare od al civile era consentito anche l’accesso ai fondi dei senatori o dei privati per ricercare gli schiavi fuggitivi, ma anche al fine di chiarire che questa legge era intervenuta a disciplinare pure la ricerca e la cattura dei servi fugitivi prevedendo, anche in questo caso, unicamente l’irrogazione di una sanzione pecuniaria, che è giocoforza ritenere avesse come destinatari tutti coloro che si fossero frapposti per impedire la ricerca e la cattura degli schiavi fuggitivi126 . E che questa non sia una mera congettura mi sembra confermato dalla parte iniziale di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1, nella quale lo stesso Ulpiano ci informa che il senatoconsulto di età antoniniana censuit, ne fugitivi … protegantur a vilicis vel procura toribus possessorum et multam statuit, e dalla parte centrale di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, gire ed a tale quesito aveva risposto un non meglio individuato giurista Quinto, il quale aveva ritenuto che contro l’agente si sarebbe potuta esperire un’actio furti se non avesse agito con misericordia ed un’actio in factum se indotto da misericordia: Idem Labeo quaerit, si compeditum servum meum ut fugeret solveris, an de dolo actio danda sit? Et ait Quintus apud eum notans: si non misericordia ductus fecisti, furti teneris: si misericordia, in factum actionem dari de bere . Su questo notissimo testo vd ., ampiamente e per tutti, Manfredini, Misericordia ductus 1992, 206 ss . (ivi ampia letteratura citata) . 123 Lambertini, Plagium 1980, 16 . Ma, già in precedenza, vd . Molè, s . v . Plagio 1966, 117 nt . 10 . 124 Per un’accurata rassegna della letteratura sul punto vd . Lambertini, Plagium 1980, 9 s . nt . 2, che condivide l’ipotesi della creazione di una quaestio permanente de plagio . 125 In questo senso vd ., per tutti, Santalucia, Diritto 19982, 131 s . e nt . 87, che riprende un’opinione già espressa in passato dal Mommsen e dal Pugliese (ivi citati) e che, tra l’altro, bolla come estremamente discutibile la singolare ipotesi del Niedermeyer, Crimen plagii 1930, 381 ss ., secondo cui la lex Fabia avrebbe represso solo il plagio commesso a Roma a danno di cittadini e di loro schiavi o liberti (crimen legis Fabiae), e non anche quello commesso in ambiente provinciale (plagium), che sarebbe stato invece perseguito extra ordinem . 126 Contra Bellen, Studien 1971, 10 nt . 50, secondo cui «vielleicht setzte erst das SC Modesto consule factum, nicht schon die lex Fabia die Buße fest» .
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nella quale il giurista puntualizza che il medesimo senatoconsulto multa etiam cen tum solidorum in magistratus statuta, si … inquirentes non adiuvent. Sed et in eum, qui quaeri apud se prohibuit, eadem poena statuta . Quindi, tale provvedimento senatorio, nel dettare le quattro disposizioni (riguardanti l’accesso ai fondi dei senatori o dei privati da parte dei soldati o dei privati, l’obbligo per i magistrati di prestare aiuto agli inquirentes, l’impossibilità per chiunque di vietare la ricerca presso di sé e la previsione della multa in tutti questi tre casi), si era rifatto ed ispirato a quel preciso precedente rappresentato appunto dalla lex Fabia, la quale, occupandosi della fuga servorum in esclusiva considerazione della sua pericolosità sociale (come è appunto provato dal contenuto della norma sull’accesso ai fondi dei senatori e dei privati riproposta in seguito dal senatoconsulto)127, aveva peraltro già costituito il punto di partenza dal quale aveva preso le mosse il pretore nell’emanare, nella seconda metà dell’ultimo secolo della Repubblica, l’edictum de fugitivis128, che, a sua volta ed insieme alla stessa legge Fabia, dovette rappresentare la fonte ispiratrice del senatus consultum Modesto consule factum di età domizianea . 2. In ordine al contenuto di questo provvedimento senatorio, nulla di sicuro può dirsi, dal momento che Ulpiano, in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 ed in maniera assai stringata, si limita ad informarci che la disposizione del senatoconsulto di età antoniniana che aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum era stata già prevista, oltre che dalla legge Fabia, anche dal senatoconsulto ora in esame (cui rei etiam lex Fabia prospexerat et senatus consul tum Modesto consule factum), rendendo così impraticabile e velleitario ogni tentativo volto anche ad individuare i suoi rapporti con la medesima disciplina dettata prima dalla lex Fabia e reiterata poi dal senatoconsulto di età antoniniana . Così, vi è stato chi129 ha ritenuto «probabile che non si trattasse di un mero doppione del disposto della lex Fabia, ma le eventuali varianti non ci sono note», chi130 ha immaginato che l’appena ricordata multa menzionata da Ulpiano in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 fosse stata forse introdotta dal nostro senatoconsulto e, addirittura, chi131 ha attribuito a quest’ultimo (invece che al senatoconsulto di età antoni127 Così, giustamente, Lambertini, Plagium 1980, 28 s . 128 Così Domingo, Estudios III 1995, 64, secondo cui «como el edicto de fugitivis fue conocido por Labeón, del que habla en el primer libro de su comentario ad edictum, y muy posiblemente su finalidad no fue sino la de desarrollar la ley Fabia, es posible que fuese incorporado al album, como tantos otros edictos, en el siglo I a . C ., en el período comprendido entre la promulgación de la ley Fabia y el comentario ad edictum de Labeón» . 129 Lambertini, Plagium 1980, 140 nt . 241 . 130 Bellen, Studien 1971, 10 nt . 50 . 131 Voigt, Über die lex Fabia 1885, 340 s .: «Somit sind es fünf Punkte, welche das S . C . Modestianum ordnete . a . zum Zwecke der quaestio servi fugitivi wird, gleichwie bei quaestio
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niana) le diverse disposizioni menzionate da Ulpiano immediatamente dopo la sua citazione, mediante una ricostruzione testuale di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 fondata sull’eliminazione della parentesi contenente la menzione della lex Fabia e del senatoconsulto approvato sotto il consolato di Modesto: prospexerat – senatusconsultum Modesto consule factum, ut fugitivos inquirere volentibus litterae ad magistratus dentur, multa etiam sestertium centum milia in magistratus statuta, si litteris acceptis inquirentes non adiuvent. Sed et in eum, qui quaeri apud se prohibuit, eadem poena statuta . Ora, tralasciando le prime due opinioni, che si appalesano come delle vere e proprie congetture, va detto che la terza – in verità prospettata già nel diciassettesimo secolo dal De Vilosa132 ed accolta, seppure acriticamente, dalla dottrina più recente133 – si basa su una ricostruzione del testo ulpianeo che è frutto di una soppressione della parentesi, a mio avviso, assolutamente ingiustificata ed arbitraria . Infatti, se Ulpiano avesse voluto effettivamente attribuire la paternità delle furti und wegen plagium der Eintritt in ein fremdes Grundstück freigegeben; b . zum Eintritt in das fremde Grundstück hat der Aussuchende den ius dicens um eine Legitimation anzugehen, welche in verschiedener Weise ertheilt wird; nämlich aa . bei Aussuchung in Grundstücken, welche dem Gerichtsorte eingehörig oder benachbart sind, giebt der Magistrat dem Aussuchenden einen apparitor bei; bb . bei Aussuchung in entfernteren Grundstücken ertheilt der Magistrat dem Aussuchenden ein Patent, durch welches die Localmagistrate angewiesen werden, dem Aussuchenden einen apparitor zu stellen; cc . die Nichtbefolgung solchen Patentes Seitens des Localmagistrates wird mit einer Geldstrafe von 100000 Sesterzen bedroht; dd . die Behinderung der quaestio Seitens der betreffenden GrundstücksBewohner wird ebenfalls mit einer Straf klage auf 100000 Sesterzen bedroht . Somit sind von diesen letzteren Vorschriften die unter aa und dd denen von Cap . III der lex Fabia nachgebildet, wogegen die unter bb und cc als ganz neue Ordnungen von dem Senatusconsult eingefürt sind» . 132 Tractatus 1674, 148 . 133 Bellen, Studien 1971, 10 nt . 48, secondo cui i due autori citati nelle due note precedenti «richtig (ohne Klammer, neuer Satz mit cui rei, der bis adiuvent durchgeht) lasen und verstanden die Stelle»; Volterra, s . v . Senatus consulta 1969, 1075 (nr . 180), secondo il quale il «Sc . emanato Modesto consule … prescrive di concedere a coloro che volessero andare in cerca di schiavi fuggitivi, delle litterae per i magistrati, sotto pena a questi di pagare una multa se, avendo ricevuto le litterae, non prestino aiuto ai ricercatori . Sottopone alla medesima pena chi si rifiuta di far compiere delle ricerche nel proprio fondo»; Marotta, Multa de iure 1988, 271, secondo cui «la lex Fabia e un senatoconsulto, emanato tra la fine del primo secolo d . C . e la seconda metà del secondo, avevano imposto ai magistrati municipali di coadiuvare i proprietari nella ricerca dei fugitivi, irrogando loro, se non collaboravano con i padroni degli schiavi, una multa di 10 .000 sesterzi (100 aurei)»; Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 19, il quale, dopo avere precisato che «schon die lex Fabia und ergänzend dazu ein SC unter dem Konsulat des Modestus sahen vor, dass dem dominus ein Schreiben ausgestellt wird, in dem die lokalen Magistrate zur Unterstützung bei der Suche aufgefordert werden», puntualizza che «die Einführung des amtlichen Schreibens mit der Aufforderung an die lokalen Magistrate zur Hilfe bei der Suche und der Festsetzung einer multa geht wohl … auf das SC unter Modestus züruck; diese Maßnahmen bezogen sich auf Italien» (56 s .) .
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disposizioni ricordate in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 alla lex Fabia ed al senatoconsulto approvato sotto il consolato di Modesto, piuttosto che al senatoconsulto di età antoniniana, si sarebbe dovuto collocare la parentesi contenente la menzione della legge Fabia e del senatus consultum Modesto consule factum a conclusione dell’enumerazione di tali norme, sicché avremmo letto: Hoc autem senatus consultum aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paga norum, ut fugitivos inquirere volentibus litterae ad magistratus dentur, multa etiam se stertium centum milia in magistratus statuta, si litteris acceptis inquirentes non adiuvent. Sed et in eum, qui quaeri apud se prohibuit, eadem poena statuta (cui rei etiam lex Fabia prospexerat et senatus consultum Modesto consule factum) . Se, invece, il giurista inserisce il ricordo della lex Fabia e del senatus consultum Modesto consule factum prima di tale disciplina normativa, questa non può essere allora ad essi ricondotta, bensì al senatoconsulto di età antoniniana, del quale, stante la collocazione della parentesi subito dopo la menzione della disposizione che aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum, solo quest’ultima previsione era già contenuta tanto nella legge Fabia quanto nel senatoconsulto approvato sotto il consolato di Modesto . Alla luce di ciò, può quindi ribadirsi sconsolatamente che il contenuto di questo provvedimento senatorio è destinato a rimanere un mistero e, semmai, quel che può evincersi dalla circostanza, debitamente sottolineata da Ulpiano, che la disciplina dettata dal senatoconsulto di età antoniniana, avente ad oggetto il permesso concesso al militare od al civile di accedere ai fondi dei senatori o dei privati per ricercare gli schiavi fuggitivi, fosse stata già prevista prima dalla lex Fabia e poi dal nostro senatoconsulto, è che per tale norma, introdotta dalla legge Fabia, la reiterazione, operata per ben due volte appunto dai due successivi senatoconsulti, si fosse resa necessaria a causa di una sua evidente trasgressione o, comunque, di una sua scarsa osservanza, che possono essere spiegate alla luce del fatto che il permesso di accedere riguardava, oltre i fondi dei privati, anche quelli dei senatori . Infatti, come bene è stato evidenziato dal Marotta134, «la penuria di manodopera e la rarefazione delle fonti di approvvigionamento degli schiavi rendevano il problema della fuga servorum particolarmente grave . Soprattutto i grandi proprietari terrieri – non ultimi i membri delle famiglie senatorie – più di altri, potevano trarre giovamento dalla fuga degli schiavi, a scapito di quelli più deboli e poveri . La vasta ristrutturazione produttiva, già in atto nel secondo secolo, e l’affermarsi di nuove forme di organizzazione del lavoro, in luogo della villa schiavistica, garantirono ai servi fugitivi sicuri rifugi . Nei latifundia, costoro, trasformatisi in coloni, ottenevano soccorso e protezione da potenti proprietari» . Ecco allora che i proprietari e gli amministratori dei saltus privati e pubblici, consenzienti, finivano per nascondere nelle proprie terre gli schiavi fuggitivi, acquisendo così nuova forza-lavoro a proprio vantaggio, ciò che «ci fa pensare a una 134 Multa de iure 1988, 270 s .
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certa mancanza di solidarietà all’interno stesso del ceto dei proprietari fondiari e ad una competizione perseguita anche con metodi illeciti per acquisire nuova mano d’opera»135 . Se i servi fugitivi erano dunque accolti con benevolenza nelle grandi aziende nelle quali era avvertita in maniera sempre più crescente la necessità di nuova forza-lavoro136, ciò doveva avvenire, in particolare modo, per quelle gestite dai senatori, i quali finivano così per dare loro una via di scampo e, insieme, un’occasione lavorativa a dispetto di ogni minaccia di punizione sancita normativamente contro chiunque desse asilo ai fuggiaschi . Pertanto, dovettero essere proprio i comportamenti elusivi delle disposizioni emanate dal potere centrale in materia di ricerca degli schiavi fuggitivi messi in atto dai senatori, i quali, a causa del loro status137, potevano certo contare sulla connivenza di funzionari disposti a chiudere un occhio su una raccolta di servi fugitivi che rasentava talora l’incetta, che costrinsero il senato ad intervenire per riproporre, tanto nel I quanto nel II sec . d . C . (rispettivamente con il senatoconsulto approvato sotto il consolato di Modesto e con quello emanato durante il principato di Antonino Pio), una norma che era stata dettata per la prima volta nel I sec . a . C . dalla legge Fabia . E, invero, quanto dovesse essere diffusa la prassi contra legem di dare ricovero ai servi fugitivi da parte dei senatori al fine di farli lavorare nei propri latifondi mi sembra potersi dedurre anche dalla circostanza che la norma in esame concedeva l’accesso ai praedia dei senatori e dei privati, oltre che ai privati, anche ai soldati . Il che potrebbe significare che la resistenza, la riottosità o, comunque, l’insofferenza dei senatori nei confronti di tale disposizione necessitavano addirittura dell’intervento dell’esercito . Conclusione, questa, che sembra essere avvalorata dalla suggestione che Ulpiano, laddove ricordava che la norma de qua aveva ad oggetto le coppie militi vel pagano e senatorum vel paganorum, intendesse forse chiarire al lettore che essa, facendo riferimento ai soldati ed ai senatori da un lato ed ai civili dall’altro, avesse stabilito, in realtà, che il permesso ad investigandum fugitivum fosse 135 Capogrossi Colognesi, Discussione 1985, 642 . Cf . Morabito, Discussione 1985, 646, secondo cui è vero che, con Antonino Pio, vi sarebbe stata una volontà dello stato romano di lottare contro una vera e propria forma di ‘lavoro nero’ e, tuttavia, «il est difficile de faire de ce phénomène un caractère essentiel de la fuit, tout comme il est délicat de le relier à une diminution sensible du nombre des esclaves . Il reste en effet à prouver que la reproduction familiale est incapable de renouveler de manière satisfaisante le ‘réservoir’ servile» . 136 Sul punto vd . Štaerman/Trofimova, La schiavitù 1975, 257 . 137 Del quale si ha un’eco in B . 60 .7 .1 .2 (p . 2801, A VIII Sch .), in cui non compare più il riferimento specifico ai praedia senatorum, bensì quello più generico agli ἀγροῖς τῶν ἀξιωματικῶν (espressione, questa, che ricorre anche in B . 60 .7 .3 = D . 11 .4 .3 [p . 2802, A VIII Sch .]), cioè ai fondi dei ‘dignitari’, degli ‘ufficiali’, delle ‘persone altolocate’: Schenkl/Brunetti, 92; Montanari, 260; Liddell/Scott, 128; Rocci, 173, tutti s . v . ἀξιωματικός .
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stato concesso ai milites per la ricerca nei fondi dei senatori ed ai privati per quella nei fondi di altri privati . 3. Una dettagliata disciplina normativa sulla ricerca e cattura degli schiavi fuggitivi venne poi dettata dal senatoconsulto di età antoniniana oggetto della precipua attenzione di Ulpiano in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1 (Senatus censuit … eodem senatus con sulto) e nella prima parte di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 (Hoc autem senatus consultum)138 . Tale provvedimento senatorio stabilì innanzitutto che gli schiavi fuggitivi non fossero ammessi nei pascoli e che non fossero nascosti dai vilici o dai procuratores possessorum, e fissò una multa (Senatus censuit, ne fugitivi admittantur in saltus neque protegantur a vilicis vel procuratoribus possessorum et multam statuit) . Concesse però il perdono per quanto commesso in precedenza a coloro che, entro venti giorni, o avessero restituito i servi fugitivi ai loro proprietari o li avessero esibiti ai magistrati (his autem, qui intra viginti dies fugitivos vel dominis reddidissent vel apud magistratus exhibuissent, veniam in ante actum dedit) . Ma dallo stesso senatoconsulto fu inoltre concessa l’impunità a chi, entro i termini prestabiliti, da quando trovò gli schiavi 138 In Senatus censuit 1992, passim, ho cercato di dimostrare che il senato di età imperiale, in aggiunta ad una competenza criminale di primo grado, ebbe anche una competenza civile d’appello per le questioni riguardanti l’aerarium, nonché avverso le sentenze dei giudici dell’ordo e dei consules, e che dell’esercizio di tale giurisdizione vi siano tracce consistenti nella compilazione giustinianea, nella quale non poche decisioni senatorie qualificate dall’espressione ‘senatus censuit’ sono, in realtà, dei provvedimenti giudiziari, e ciò perché era proprio quest’ultima la ‘forma’ della quale si servirono giuristi e cancelleria imperiale per individuare la sentenza senatoria (tanto civile d’appello quanto penale di primo grado), differenziandola così dagli altri provvedimenti senatori che tale contenuto non avevano, accomunati tutti nell’unica figura del senatus consultum . In questo contesto, vengono poi in considerazione diversi testi nei quali la stessa decisione senatoria è espressamente qualificata tanto come ‘senatus censuit’ quanto come ‘senatus consultum’ e si tratta di senatoconsulti assolutamente sconosciuti o, comunque, di provvedimenti senatori tali che non si possa accertare o non sia stata accertata in dottrina la natura e l’origine extragiudiziaria . In tutti questi casi si potrebbe allora immaginare che giuristi e cancelleria imperiale avessero finito per qualificare terminologicamente come ‘senatus consultum’ anche dei provvedimenti giudiziari senatori, che, in quanto tali, non avrebbero dovuto esserlo, e ciò in omaggio alla tendenza a fare rientrare nell’unitaria ‘categoria’ del senatus consultum deliberazioni e risoluzioni senatorie di qualsivoglia natura, origine e contenuto . E potrebbe essere proprio questo il caso anche del provvedimento senatorio di cui ad Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 . Tuttavia, in senso contrario mi sembrano deporre, da un lato, la circostanza che il senatoconsulto ora in esame, dettando una disciplina di natura ‘amministrativo-regolamentare’, non possa ricollegarsi in alcun modo alla competenza civile d’appello e criminale di primo grado dei patres, e, dall’altro, il fatto che tale normativa senatoria avesse una portata ‘generale’ che mal si concilia con quella ‘particolare’ e ‘circoscritta’ tipica di ogni sentenza .
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fuggitivi nel suo fondo, li avesse consegnati al proprietario od ai magistrati (sed et deicenps eodem senatus consulto impunitas datur ei, qui intra praestituta tempora, quam repperit fugitivos in agro suo, domino vel magistratibus tradiderit) (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1) . Come appare evidente, il senatoconsulto, prendendo atto della circostanza che le fugae servorum erano «facilitées par l’incitation qu’exerçaient les grands propriétaires aux époques où la main-d’oeuvre faisait défaut»139 attraverso appunto i vilici140 ed i procuratores possessorum menzionati da Ulpiano, usava nei loro confronti il bastone e la carota, giacché, per un verso, ne reprimeva i comportamenti finalizzati all’occultamento dei servi fugitivi con l’irrogazione di una multa e, per 139 Morabito, Les réalités 1981, 261 nt . 1170 . 140 Su di essi vd . Sergeenko, Villicus 1986, 191 ss . e, più ampiamente, Carlsen, Vilici 1995, passim, che distingue vilici horti, vilici urbani e vilici rustici e li differenzia dai coloni, in riferimento alle proprietà senatorie ed imperiali . In particolare ed assai di recente, il Capogrossi Colognesi, Quinto Cervidio Scevola 2015, 115 ss ., esaminando alcuni passi di Cervidio Scevola, ha evidenziato come il modello tradizionale della villa schiavistica gestita dal dominus attraverso una massa servile governata dal vilicus si sia da tempo stemperata all’interno di una molteplicità di nuovi filoni problematici, nei quali vengono oggi sottolineati gli aspetti di continuità, ma anche le microfratture intercorrenti tra forme insediative e produttive diverse, dalla piccola e media fattoria, sino alla grandissima proprietà fondiaria senatoria ed imperiale (res Caesaris) sfociante nella forma del latifondo . In questo contesto, sia il vilicus preposto dal proprio dominus alla gestione della sua proprietà fondiaria e sia la massa schiavile impiegata nel lavoro dei campi vengono allora quasi sempre concepiti come meri in strumenta fundi . E, in questo senso, i testi di Scevola si appalesano particolarmente utili dal momento che ci fanno comprendere meglio la fisionomia del vilicus, quasi sempre di condizione servile ed intimamente legato alla gestione del fondo, in un rapporto, più o meno diretto, con il proprietario e caricato talvolta di responsabilità non lievi . Da qui, un’ambivalenza di tale figura, che, per un verso, rientra a pieno titolo tra gli institores, cioè quei particolari tipi di schiavi preposti a specifiche attività economiche facenti capo al dominus e, per altro verso, è inglobata, anche in questo caso a pieno titolo, appunto tra gli instrumenta del fondo da lui stesso amministrato, al pari, insomma, di tutti gli altri schiavi . E questo spiega la relativa ‘marginalità’ di tale figura rispetto al complesso sistema di actores e procuratores e di altre varie figure servili preposte ad attività institorie per conto del dominus . Così, è assai significativo che, nel caso di pluralità di fondi appartenenti al medesimo proprietario, tutte queste unità fondiarie, sia che rimanessero distinte e sia che fossero organizzate nella forma di una sola unità aziendale, cioè di un’unica villa, fossero rette da un unico vilicus, che apparirebbe allora come una sorta di generale sorvegliante e factotum del proprietario, quasi avvicinabile ad un procurator (come, in effetti, sembra evincersi anche dal testo ulpianeo ora in esame, nel quale il giurista menziona appunto i vilici ed i procuratores possessorum), piuttosto che quel sovrintendente legato alla quotidiana lavorazione e coltivazione di una sola unità fondiaria, come si tende in genere a concepirlo . E quanto ciò sia vero è confermato, a mio avviso, dalla traduzione del termine vilici con οἰκονόμοι, cioè ‘amministratori’, ‘economi’, di B . 60 .7 .1 .1 (p . 2801, A VIII Sch .): Schenkl/Brunetti, 602; Montanari, 1448; Liddell/ Scott, 885; Rocci, 1289, tutti s . v . οἰκονόμος .
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altro verso, ne favoriva il ravvedimento operoso prevedendo una veniam in ante actum141 in loro favore laddove avessero restituito gli schiavi fuggitivi ai legittimi proprietari od ai magistrati entro il ragionevole lasso di tempo di venti giorni . Anche se va detto che, ad onta di ciò, siffatto atteggiamento dovette risultare assai 141 Il Volterra, «Delinquere» 1930, 119 s . nt . 2, ha ritenuto interpolati l’intera frase his autem, qui intra viginti dies fugitivos vel dominis reddidissent vel apud magistratus exhibuissent, veniam in ante actum dedit – così anche s . v . Senatus consulta 1969, 1075 s . (nr . 181) – e gli incisi intra prae stituta tempora, quam e fugitivos, dal momento che la ripetizione della norma apparirebbe superflua e caratteristica dei compilatori giustinianei, allorquando introducono un nuovo principio, denotando inoltre la mano dei bizantini il termine di venti giorni, che non è ricordato in altri testi, lo stile pesante della frase sospetta vel dominis reddidissent vel apud magistra tus exhibuissent, che contrasta con lo stile semplice e breve della frase seguente domino vel magistratibus tradiderit, e la forma contorta veniam in ante actum dedit . E, già in precedenza, era stata ritenuta un glossema la frase finale sed et deicenps eodem senatus consulto impunitas datur ei, qui intra praestituta tempora, quam repperit fugitivos in agro suo, domino vel magistrati bus tradiderit: Bonfante/Fadda/Ferrini/Riccobono/Scialoja, Digesta 1908, 280 e nt . 3 . Opinione, quest’ultima, ritenuta «probable» dal Domingo, Estudios III 1995, 54 nt . 162 e fatta propria dal Bellen, Studien 1971, 11 nt . 56, che, però, spiegandola con il fatto che la frase «expliziert nur das veniam in ante actum dedit des vorigen», ha ritenuto genuina quella precedente nella quale si fa appunto menzione della venia, la cui risalenza al testo originario ulpianeo è stata convincentemente dimostrata da più di un autore: Waldstein, Untersuchungen 1964, 144, secondo cui nel testo in esame «bedeutet die venia den Nachlaß der multa . Dieser Inhalt der venia wird im weiteren Text mit impunitas wiedergegeben, woraus erhellt, daß sie als Strafnachlaß verstanden wurde . Auch wenn der Ausgangsfall ein Privatdelikt war – im pr . des fr . 1 sagt Ulpian: is qui fugitivum celavit fur est –, so läßt doch diese Maßnahme des Senats das öffentliche Interesse an der Verfolgung dieser Fälle erkennen . Dazu kommt, daß in dieser Zeit die Verfolgung gewisser Diebstahlsfälle im Kriminalverfahren möglich war . Die veniam in ante actum, die an ein rechtzeitiges straf befreiendes Verhalten (‘tätige Reue’) geknüpft ist, steht daher der strafrechtlichen Begnadigung nahe . Es handelt sich um eine ähnliche Zusicherung der Straffreiheit wie in Cic . Phil . 8, 32»; Longo, rec. 1972 di Bellen, Studien 1971, 175; Longo, Crimen plagii 1974, 424 s .; Longo, Delictum 1976, 110, secondo cui la frase sed … tradiderit andrebbe mantenuta, non ravvisandosi il perché della sua non genuinità, e, inoltre, la venia si accorderebbe con motivi non sospettabili della politica imperiale del tempo, denotando un maggior impegno pubblicistico nell’opera di ricerca e di cattura dei servi in fuga e di repressione dei correlativi illeciti ed indicando, altresì, specifici aspetti normativi di tale impegno, con la conseguenza della non accoglibilità dei già ricordati sospetti di interpolazione avanzati dal Volterra; Lambertini, Plagium 1980, 142 nt . 241, che sottolinea l’importanza del richiamo di Ulpiano alla venia, «che può riguardare anche un caso di plagio; ma solo se, s’intende, commesso su un servo fuggitivo»; Boulvert/Morabito, Le droit 1982, 106 nt . 27; Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 55 e nt . 186, secondo cui in senso contrario alla non genuinità della frase sed … tradiderit può rilevarsi «dass es sich nicht bloß um eine gedankliche Fortführung des vorangehenden veniam in ante actum dedit, sondern um die selbstständige Bestimmung mit anderem Adressatenkreis handelt» (55 s . nt . 187); Knütel, Ungerechter, gerissener oder kluger Haushalter? 2014, 19 . Sull’inciso quam repperit vd . i rilievi del Pescani, Studi 1981, 167 .
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poco efficace se tale sanzione pecuniaria venne reiterata dal potere imperiale in epoca postclassica, come è attestato da CTh . 5 .17 .3 (sine imperatore et die)142 e da LRB 6 .2143, che dimostrano palesemente che le resistenze dei grandi proprietari terrieri nei confronti del disposto del senatoconsulto di epoca classica non fossero state affatto debellate, perpetuandosi appunto ancora nel tardo impero144 . Come si è già avuto modo di ricordare, il senatoconsulto ribadì inoltre le disposizioni, già previste dalla lex Fabia e dal senatus consultum Modesto consule factum (cui rei etiam lex Fabia prospexerat et senatus consultum Modesto consule factum), che consentivano al militare ed al privato l’accesso ai fondi dei senatori o dei privati al fine di ricercare lo schiavo fuggitivo (Hoc autem senatus consultum aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum), in modo che a coloro che intendessero ricercare i servi fugitivi fossero date delle litterae per i magistrati (ut fugitivos inquirere volentibus litterae ad magistratus dentur) . Fissò poi una multa di cento solidi per i magistrati che, ricevute le litterae, non prestassero aiuto agli inquirentes (multa etiam centum solidorum in magistratus statuta, si litteris acceptis inquirentes non adiuvent) ed anche per chiunque avesse vietato la ricerca presso di sé (Sed et in eum, qui quaeri apud se prohibuit, eadem poena statuta) (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2) . Ora, a prescindere dal giusto rilievo che la multa non potesse ammontare a cento solidi, bensì a cento aurei (cioè, a 10 .000 sesterzi)145 e dalla possibilità che la sua efficacia deterrente fosse collegata al fatto che «some magistrates were crooked or where themselves involved in an illegal slave trade»146, occorre mettere in rilievo che il nostro senatoconsulto aveva previsto, a carico dei magistrati, l’obbligo di collaborare con i ricercatori degli schiavi fuggitivi147, il che costringe 142 Quod si dominus servum aut colonum alienum regionis dumtaxat nostrae sciens in domo vel in agro suo consistentem iudicibus non praesentat aut admonitus a fugitivi domino eum adsignare dissimulat, multam retentatoris incurrat . 143 Quod si dominus servum aut colonum alienum, regionis dumtaxat nostrae, sciens in domo vel in agro suo consistentem iudicibus non praesentat, aut admonitus a fugitivi domino eum adsignare dissimulat, multam retentatoris incurrat, sicut ultima Theudosiani lege: De fugitivis et colonis, in quilinis et servis, legitur constitutum, ad Florencium comitem sacrarum largitionum data . 144 Sulla costituzione del Codex Theodosianus poi ripresa dalla Lex Romana Burgundionum vd ., per tutti e recentemente, Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 163, 179 . 145 Lenel, Palingenesia II 1889, 423 e nt . 2; Mommsen, Römisches Strafrecht 1899, 749 nt . 5, 886 e nt . 2; Bellen, Studien 1971, 10 e nt . 49; Morabito, Les réalités 1981, 262 nt . 1191; Marotta, Multa de iure 1988, 271; Domingo, Estudios III 1995, 56 nt . 170; Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 38 . Erroneamente il Voigt, Über die lex Fabia 1885, 331, 339 s . nt . 54, ha supposto che 100 aurei corrispondessero a 100 .000 sesterzi . 146 Fuhrmann, Policing 2012, 32 . 147 Secondo il Bellen, Studien 1971, 10 nt . 48, l’obbligo di collaborare con i ricercatori degli schiavi fuggitivi imposto ai magistrati per mezzo delle litterae e la correlativa multa in caso di una sua inosservanza sarebbero stati invece previsti già dalla lex Fabia e tale collaborazione, secondo il Domingo, Estudios III 1995, 56, «se concretaría fundamentalmente en la
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l’interprete a chiedersi chi fossero questi magistratus ripetutamente citati da Ulpiano tanto in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1 (apud magistratus exhibuissent … magistratibus tradiderit) quanto in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2 (litterae ad magistratus dentur … multa etiam centum solidorum in magistratus statuta) . In dottrina148 si ritiene che essi fossero i magistrati municipali e, invero, tre sono gli indizi in tal senso . In primo luogo, Ulpiano, il quale menziona dei magistratus, senza ulteriore specificazione, anche in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .4 (Et merito monentur magistratus eos diligenter custodire, ne evadant) ed in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .8a (Eorumque nomina et notae et cuius se quis esse dicat ad magistratus deferantur), ha invece cura di chiarire in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .6 (In publicum deduci intelleguntur qui magistratibus municipali bus traditi sunt vel publicis ministeriis) che gli schiavi fuggitivi catturati dovevano essere consegnati ai magistrati municipali, i quali avrebbero dovuto custodirli fino a quando non fossero stati condotti dal praefectus vigilum149, evidentemente a Roma, o dal praeses provinciae (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .8: Tamdiu autem custodiuntur, quamdiu ad praefectum vigilum vel ad praesidem provinciae deducantur) . E quest’ultima previsione è ricordata anche da Paolo in Paul . 1 sent., D . 11 .4 .4 (1 sent .: … Magistratus municipales ad officium praesidis provinciae vel proconsulis conpraehensos fugitivos recte transmittunt) = Paul . Sent . 1 .6a .4 (Magistratus municipales ad officium praesidis pro vinciae vel proconsulis comprehensos fugitivos recte transmittunt)150 . Che i magistratus publicación de un decreto de búsqueda y captura con los datos facilitados por el dueño, y en la no-denegación de los recursos jurisdiccionales pertinentes (sobre todo interdictos) para entrar en los fundos en los que se sospechase que pudiera haber fugitivos escondidos» . 148 Zachariä v . Lingenthal, Aus und zu den Quellen 1889, 277; Mommsen, Römisches Strafrecht 1899, 749 nt . 5, 886 e nt . 2; Levy, Pauli Sententiae 1945, 110, 114 ss .; Pringsheim, Servus fugitivus 1951, 291; Morabito, Les réalités 1981, 262; Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 56 . 149 Il quale, secondo un’epistula di Settimio Severo e Caracalla indirizzata al praefectus vigi lum Giunio Rufino e riportata testualmente dallo stesso Ulpiano in Ulp . l. s. de off. praef. urbi, D . 1 .15 .4, avrebbe dovuto fugitivos conquirere eosque dominis reddere . Ordine, (reddere debes), questo, che, secondo il Santalucia, Incendiari 2012, 396 nt . 51, «indubbiamente ricalca precedenti direttive imperiali dello stesso tipo» . Secondo poi Paul . Sent . 1 .6a .6, fugitivi, qui a do mino non agnoscuntur, per officium praefecti vigilum distrahuntur . Sul rapporto tra questi due testi vd ., ampiamente, Ruggiero, Il maestro 2012, 522 ss . Infine, per un stretto collegamento che esisterebbe tra Ulp . l. s. de off. praef. urbi, D . 1 .15 .4, Ulp . 7 de off. proc., D . 1 .18 .13 pr . ed Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3 vd . Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 30 e nt . 69, 40 e nt . 112 . 150 Il Domingo, Estudios I 1992, 37 s ., tra i testi facenti riferimento a tematiche municipali, annovera giustamente Paul . 1 sent., D . 11 .4 .4, ma erroneamente Thryph . 1 disp ., D . 11 .4 .5, giacché, come si evince dalla sua semplice lettura (Si in harenam fugitivus servus se dederit, ne isto quidem periculo, discriminis vitae tantum, sibi irrogato potestatem domini evitare poterit: nam divus Pius rescripsit omnimodo eos dominis suis reddere sive ante pugnam ad bestias sive post pu gnam, quoniam interdum aut pecunia interversa aut commisso aliquo maiore maleficio ad fugien dum inquisitionem vel iustitiam animadversionis in harenam se dare mallent. Reddi ergo eos opor tet), non esiste in questo frammento alcun indizio che possa suffragare tale conclusione . Su
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ricordati da Ulpiano fossero quelli municipali non è dunque dubbio e può aggiungersi che deputati ad essere consegnatari e custodi dei servi fugitivi catturati erano anche altri pubblici ufficiali, qualificati genericamente come publici ministerii sempre in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .6 e individuati nei sorveglianti dei porti e nei soldati di guarnigione ancora in Paul . 1 sent., D . 11 .4 .4 (Limenarchae et stationarii fugitivos depraehensos recte in custodiam retinent) = Paul . Sent . 1 .6a .3 (Limenarchae et stationarii fugitivos deprehensos recte in custodiam retinent), i quali, però, come si evince appunto dalla loro generica qualificazione come publici ministerii da parte di Ulpiano e dalla voluta distinzione operata tra loro ed i magistrati municipali da Paolo, non erano dai due giuristi assimilati a questi ultimi, ai quali soli, come si deduce ancora una volta dal passo di Paolo, competeva la trasmissione degli schiavi fuggitivi catturati al praefectus vigilum od al praeses provinciae ed al proconsul151 . E quanto ciò sia vero – e veniamo così al secondo indizio – è dimostrato, a mio avviso, dalla parte finale di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, nella quale Ulpiano, esaminando il contenuto di una generalis epistula divorum Marci et Commodi della quale si dirà più avanti, chiarisce che a prestare aiuto al dominus nella ricerca dei propri servi fugitivi dovessero essere et praesides et magistratus et milites stationarios, cioè gli stessi soggetti coinvolti, come ora si è visto, a vario titolo nella ricerca, cattura, consegna e custodia degli schiavi fuggitivi, in un ambito però esclusivamente provinciale (come si evince dalla mancata menzione del praefectus vigilum), nel quale, accanto al governatore della provincia ed agli stationarii, operavano anche i magistratus, che non potevano che essere quelli municipali152 . Infine, con riferimento all’editto pretorio ‘De fugitivis’, al quale si riferisce il quarto titolo dell’undicesimo libro del Digesto153 e che viene commentato da Ulpiano nel primo lungo frammento (Ulp . 1 ad ed., D . 1 pr .-8a)154 inserito al suo inUlp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .8, Paul . 1 sent., 11 .4 .4 e Paul . Sent . 1 .6a .4 vd ., ampiamente e per tutti, Ruggiero, Il maestro 2012, 516 ss . 151 Sulla regolamentazione della custodia dei servi fugitivi catturati da parte dei magistrati municipali e dei funzionari locali e sulla loro rimessione al praefectus vigilum ed al praeses provinciae vd ., ampiamente e per tutti, Bellen, Studien 1971, 12 ss . e, più recentemente, Gamauf, Ad statuam 1999, 48 ss . (ivi ampia citazione di fonti e letteratura) . 152 Così anche Bellen, Studien 1971, 11 . 153 Sul punto vd . Domingo, Sobre las supuestas rúbricas edictales 1991, 292 . 154 In realtà, il Lenel, Palingenesia II 1889, 423, attribuisce all’intero frammento Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 due numeri distinti, il 185, nel quale colloca il principium ed i primi due paragrafi, ed il 186, nel quale inserisce i rimanenti sette (3–8a) . E ciò perché, come è stato sottolineato dal Domingo, Estudios III 1995, 53, «en efecto, en estos primeros párrafos, Ulpiano parece referirse a la regulación extraedictal de los fugitivos en tanto que en el resto del fragmento (§§ 3–8a) comenta ciertas palabras que formaban parte del edicto sobre los fugitivos; de ahí que sea muy probable que estos párrafos hayan sido empalmados por los propios Compiladores» . Ora, se è incontestabile che in Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 il giurista riporta la regolamentazione normativa succedutasi nel tempo (la legge Fabia, il senatoconsulto di età domizianea, il senatoconsulto di età antoniniana ed una costituzione di Marco Aurelio e Com-
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terno, contrariamente a quanto sostenuto dal Rudorff155, secondo cui tale editto si sarebbe riferito all’obbligo di consegnare il servus fugitivus ai magistrati gravante su chiunque lo avesse catturato, il Lenel156 ha invece dimostrato che esso avrebbe sancito l’obbligo, imposto dal pretore a carico dei magistrati municipali, di custodire diligentemente lo schiavo catturato, la cui nozione di ‘fugitivus’, secondo il Pernice157, sarebbe stata fissata e delimitata dallo stesso editto allo scopo di rendere più agevoli le complicate ricerche degli organi ad esse preposti . La ricostruzione leneliana è stata accolta in dottrina158 e, in particolare, dal Domingo159, che, ricostruendo il possibile contenuto dell’editto ‘De fugitivis’ e facendo risalire la sua emanazione ad un non meglio precisabile anno ricompreso tra la lex Fabia ed il commentario ad edictum di Labeone, ha chiarito che la scarsità di fonti che ad esso fanno riferimento non mette in dubbio la sua esistenza e trova la sua spiegazione, per un verso, nel fatto che tale editto non era altro che uno sviluppo della lex Fabia, della quale possediamo invece numerose testimonianze, e, per altro verso, nella circostanza che esso venne offuscato dai numerosi interventi normativi senatori ed imperiali più volte ricordati . E, inoltre, ha dimostrato che, nei paragrafi 3–8a di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1, Ulpiano, in realtà, commentava alcuni lemmi dell’editto160, che avrebbe avuto come destinatari i magistrati municipali, sicché «se puede conjeturar que el edicto impodría a los magistrados municipales un plazo de custodia interina de los fugitivos, a contar desde su captura . Una vez cumplido el plazo sin que hubiese reclamación por parte de los dueños, procedería el traslado de los fugitivos a Roma . Como en muchas ocasiones el número de fugitivos trasladados era elevado y los magistrados municipales disponían de poco personal subalterno, es probable que del traslado efectivo se responsabilizara el modo), è anche vero però che nel principium non si fa alcuna menzione di altri provvedimenti normativi, limitandosi Ulpiano ad affermare laconicamente che Is qui fugitivum celavit fur est . Pertanto, come nei paragrafi 3–8a, così anche nel principium egli commentava l’editto ‘De fugitivis’ . 155 De iuris dictione 1869, 30 . 156 Beiträge 1881, 29 ss . e Das Edictum perpetuum 19273, 54 . 157 Labeo II .1 18952, 106 s . 158 Bellen, Studien 1971, 12, secondo cui «was der Titel de fugitivis des prätorischen Edikts wirklich enthielt, bleibt unklar, wahrscheinlich nur einen Hinweis auf die Hilfe, die der Prätor dem Eigentümer bei der Suche gemäß der Lex Fabia gewärte (litterae ad magistratus, Dig . 11, 4, 1, 2) . Es fällt ohnehin auf, daß der Digestentitel de fugitivis nach dem principium: Is qui fugitivum celavit fur est in l . 1 sofort ein SC erwähnt, während z . b . der vorige Titel (de servo corrupto, 11, 3) mit einem Zitat aus dem Edikt (Ait praetor. …) beginnt» (12 nt . 60); Gamauf, Ad statuam 1999, 50; Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 54 . 159 Estudios III 1995, 58 ss ., 64 s . 160 Erroneamente, perciò, il De Robertis, Sulla efficacia normativa [1941] 1987, 240, ha ritenuto che Ulpiano, in tali paragrafi, commentasse i singoli capi della generalis epistula di Marco Aurelio e Commodo menzionata dallo stesso giurista nella parte finale di Ulp . 1 ad ed ., D . 11 .4 .1 .2 .
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propio praefectus vigilum, que, avisado por el magistrado municipal, enviaría una escolta para recoger y llevar a Roma a los fugitivos … Así, pues, en este edicto de fugitivis se concedía una acción in factum contra el magistrado municipal que por negligencia impedía o no facilitaba a los respectivos dueños la búsqueda y captura de los esclavos fugitivos en terrenos municipales . Actuaba negligentemente el magistrado municipal que omitía, por ejemplo, el anuncio público con los rasgos de los fugitivos; que negaba los recursos jurisdiccionnales pertinentes para facilitar la captura de fugitivos –por ejemplo, unos interdictos para entrar en fincas en las que pudiesen hallarse–; o que no custodiaba con diligencia a los fugitivos capturados hasta su traslado a Roma»161 . Pertanto, il sicuro riferimento ai magistrati municipali da parte dell’editto ‘De fugitivis’ e, ancora a distanza di tempo dalla sua emanazione, dello stesso Ulpiano e, insieme, le considerazioni da ultimo richiamate in ordine ai rapporti tra i magistrati municipali ed il praefectus vigilum consentono, a mio avviso, di ritenere che, al pari di tale editto, della precedente legge Fabia e del successivo senatoconsulto di età domizianea, anche il senatoconsulto di età antoniniana si muovesse nella medesima prospettiva non provinciale e, quindi, che le sue disposizioni valessero per la sola Italia162 . 4. Questa conclusione permette allora di ritenere che tale senatoconsulto fosse stato emanato prima del rescritto di Antonino Pio menzionato sempre da Ulpiano nella prima parte di Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3: Divus Pius rescripsit eum, qui fugitivum vult requirere in praediis alienis, posse adire praesidem litteras ei daturum et, si ita res exegerit, apparitorem quoque, ut ei permittatur ingredi et inquirere, et poenam eundem praesidem in eum constituere, qui inquiri non permiserit . L’imperatore aveva stabilito che chi intendesse ricercare uno schiavo fuggitivo nei fondi altrui potesse adire il governatore della provincia (Divus Pius … praesidem)163, il quale gli avrebbe dato delle litterae (litteras ei daturum)164 e, se il caso lo avesse richiesto, anche un apparitor (si … apparitorem quoque), affinché gli fosse permesso di entrare e fare le sue ricerche (ut … inquirere), e che lo stesso governatore stabilisse una pena contro chi non gli avesse consentito le ricerche (et poenam … non permiserit)165 . 161 Estudios III 1995, 62 s . 162 Così, ma in maniera non argomentata, anche Marotta, Multa de iure 1988, 271 e Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 57, e, motivatamente, Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 38 . 163 Sull’inciso adire praesidem, che ricorre in tale frase, vd . Kantor, Procuratorial Jurisdiction 2011, 115 e nt . 6 . 164 Le litterae sono intese come «mandato» dal Dell’Oro, I libri 1960, 147 e dal Lambertini, Plagium 1980, 141 nt . 241 e come «ordre de perquisition» dal Morabito, Les réalités 1981, 262 . 165 A proposito dei termini permittatur e permiserit che ricorrono nel testo, il De Bonfils, «Honores» 1998, 214 s . e ntt . 53–55, ha evidenziato, per un verso, che il verbo permitto, ricor-
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Come ben si vede, la fattispecie esaminata da Antonino Pio era pressoché uguale a quella del senatoconsulto di età antoniniana, dal momento che in entrambe si fa menzione della datio litterarum a chi volesse ricercare i servi fugitivi nei fondi altrui e, ancora, si prevede una poena contro chiunque avesse ostacolato tali ricerche, differenziandosene invece, per un verso, perché la regolamentazione imperiale riguardava il praeses e, quindi, un ambito provinciale e, per altro verso, perché contemplava la possibilità, ove la situazione lo richiedesse, della nomina di un apparitor che aiutasse i ricercatori degli schiavi fuggitivi . Appare dunque evidente che, nel frammento ora esaminato, Antonino Pio, da un lato, aveva ribadito il contenuto del senatoconsulto (litterae e poena)166 e, dall’altro, ne aveva interpretato il disposto, avente vigore unicamente per Roma e l’Italia, estendendone l’applicabilità anche a tutte le province dell’impero167, sicché, mentre nelle prime era il pretore a dare le litterae ai ricercatori dei servi fugi tivi affinché le consegnassero ai magistrati municipali chiamati a coadiuvarli nelle loro indagini, nelle seconde era invece il governatore provinciale che provvedeva a dare le litterae ai ricercatori, i quali le rimettevano non più ai magistrati municipali, bensì all’apparitor eventualmente incaricato di aiutarli nelle loro ricerche dallo stesso praeses provinciae .
rente nel linguaggio di Ulpiano un numero elevatissimo di volte, sembra essere utilizzato da questo giurista in misura molto maggiore rispetto agli altri giurisi precedenti o coevi e, per altro verso, che il suo utilizzo da parte di Ulpiano lascia l’impressione che egli sentisse quasi una necessità psicologica di aggiungere alle sue affermazioni la forza derivante da un’autorità esterna . E ciò è riscontrabile, in special modo, nei libri de officio proconsulis, nei quali i casi in cui Ulpiano adopera permittere sono undici e, di questi, solo una volta non viene indicata esplicitamente la fonte autoritativa di riferimento, mentre nei rimanenti alla base della permissio vi sono la lex, l’edictum, il princeps e l’organo giusdicente . 166 Il Bellen, Studien 1971, 10 nt . 48, ha ritenuto invece che la datio litterarum fosse stata introdotta per la prima volta proprio dal rescritto di Antonino Pio, e ciò sulla base dell’erronea convinzione, che si è già avuto modo di confutare più sopra nel testo, che il senatoconsulto di età antoniniana di cui ad Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2 fosse stato emanato durante il principato di Marco Aurelio . Cf ., inoltre, Voigt, Über die lex Fabia 1885, 340 . Secondo il Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 39, «interessant ist hierbei, dass die Tatbestände fast wörtlich mit denen SC Modesto consule factum übereinstimmen, die zu verhängende Strafe aber nicht . Während die römisch-italische Regelung bloß Geldstrafe vorsah, erhielt des Statthalter im Reskript von Antoninus Pius unbeschränkte Straf befugnis nach Ermessen» . 167 Così, giustamente, anche Bellen, Studien 1971, 10 s . e nt . 52; Marotta, Multa de iure 1988, 270 s .; Gamauf, Ad statuam 1999, 129 nt . 70; Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 57, 60; Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 38 s .
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5. Se è quindi indubbio che il rescritto di Antonino Pio concernesse esclusivamente la realtà provinciale168, ciò che appare confermato anche dalla provenienza del frammento ora esaminato dai libri de officio proconsulis169, lo stesso può dirsi allora, alla luce dei suoi contenuti di cui subito si dirà, per l’oratio di Marco Aurelio menzionata da Ulpiano alla fine del medesimo frammento170: Sed et divus Marcus oratione, quam in senatu recitavit, facultatem dedit ingrediendi tam Caesaris quam senatorum et paganorum praedia volentibus fugitivos inquirere scrutarique cubilia atque vestigia occul tantium . Anche tale imperatore, con un’oratio in senatu recitata (Sed … recitavit)171, aveva dato la facoltà di entrare tanto nei fondi imperiali quanto in quelli dei senatori e di privati (facultatem … praedia) a coloro che volessero ricercare gli schiavi fuggitivi e scrutare i nascondigli e le tracce di quelli che li occultavano (volentibus … occul tantium) . Come più sopra si è già ampiamente evidenziato, qui Ulpiano non discorreva affatto del senatoconsulto di età antoniniana di cui ad Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .1–2, giacché, a differenza di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2, in cui affermava che tale senatocon168 Così anche Mantovani, Il bonus praeses 1993–1994, 245 e nt . 182 . Lo stesso invece non può dirsi per un altro rescritto di tale imperatore ricordato in Thryph . 1 disp ., D . 11 .4 .5: Si in ha renam fugitivus servus se dederit, ne isto quidem periculo, discriminis vitae tantum, sibi irrogato potestatem domini evitare poterit: nam divus Pius rescripsit omnimodo eos dominis suis reddere sive ante pugnam ad bestias sive post pugnam, quoniam interdum aut pecunia interversa aut commisso aliquo maiore maleficio ad fugiendum inquisitionem vel iustitiam animadversionis in harenam se dare mallent. Reddi ergo eos oportet . 169 Il Marotta, Ulpiano II 2004, 187 s . nt . 4, ha puntualizzato che, fra le fonti normative richiamate in quest’opera (leges e, soprattutto, constitutiones principum), un posto di rilievo spetta anche ai senatoconsulti, le cui modalità d’impiego variano, ovviamente, secondo i contesti, in alcuni dei quali Ulpiano propone il contenuto di senatus consulta assai simili nella loro struttura compositiva alle leges publicae, trattandosi, come è noto, di provvedimenti emanati per estendere a situazioni originariamente non previste dalla legge istitutiva della quaestio, quale, ad esempio, quella testamentaria nummaria, la poena legis, sicché è proprio per questo motivo che il dettato normativo del senatoconsulto riprende da vicino lo stile legislativo tardorepubblicano od altoimperiale, mentre, più raramente, come in Ulp . 1 de off. proc., D . 1 .16 .4 .2, il giurista presenta senatoconsulti il cui contenuto normativo si risolve in una decisione di valore e significato quasi esclusivamente politici . 170 Così, giustamente, anche Mantovani, Il bonus praeses 1993–1994, 246 e nt . 186, il quale, dopo essersi chiesto se Ulpiano nel De officio proconsulis facesse, o meno, uso strategico di materiale normativo in origine non connesso specificamente con la realtà provinciale, conclude che l’oratio Marci di cui al testo fu certamente emanata ab initio per disciplinare un aspetto del governo provinciale e, quindi, ebbe sin dall’origine un’efficacia estesa alle province . 171 Sul quam, che compare in tale frase, vd . i rilievi formali del Pescani, Origine 1982, 232 .
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sulto aveva consentito ad un militare o ad un privato anche l’accesso ai fondi dei senatori o dei privati per ricercare lo schiavo fuggitivo (Hoc autem senatus consultum aditum etiam dedit militi vel pagano ad investigandum fugitivum in praedia senatorum vel paganorum), in Ulp . de off. proc., D . 11 .4 .3 egli, a proposito appunto dell’oratio Marci, specificava che la facultas ingrediendi riguardasse non solo i fondi dei senatori e dei privati, ma anche quelli dell’imperatore, che questa facultas era stata concessa non soltanto ai milites ed ai pagani, ma a chiunque (volentibus) volesse fugitivos inquirere, e cioè a tutti, e, infine, che tale facoltà permetteva non solo di ricercare gli schiavi fuggitivi, ma anche di perquisire i nascondigli e scrutare le tracce degli occultatori . La fattispecie disciplinata dall’oratio Marci era perciò diversa da quella disciplinata dal senatoconsulto in quanto più generale, e ciò appunto perché Ulpiano, per un verso, rimarcava la maggiore ampiezza della facultas ingrediendi, sia in riferimento al suo oggetto (in quanto ricomprendeva anche i praedia Caesaris) e sia in relazione ai suoi titolari (non solo milites e pagani, ma chiunque), e, per altro verso, si soffermava sulle pratiche messe in atto dai servi fugitivi per nascondersi . Chiarito il rapporto esistente tra l’oratio Marci ed il precedente senatoconsulto di età antoniniana, particolare attenzione deve essere prestata a quello tra la stessa oratio ed il rescriptum di Antonino Pio di cui or ora si è detto, che può essere meglio compreso alla luce delle considerazioni del Mantovani172, secondo cui, nel De officio proconsulis di Ulpiano, «un ruolo molto importante fu affidato all’organizzazione cronologica delle costituzioni imperiali . In particolare, il criterio cronologico mi pare sia stato impiegato dal giurista in due direzioni, concettualmente distinte, che corrispondono ad una funzione esegetica e ad una funzione dispositiva … Se, per così dire, la disposizione delle costituzioni lungo l’asse del tempo, per individuare quelle in vigore, è un’operazione eminentemente esegetica, che appartiene alla fase di preparazione dell’opera, alla determinazione dei suoi contenuti, essa – in funzione questa volta espositiva – ha lasciato traccia anche nella scrittura, a conferma della reciproca implicazione fra contenuti e forma nel De officio proconsulis . Infatti, mi pare si possa dire che tutte le volte in cui si succedono del De officio proconsulis costituzioni che vertono su un medesimo tema, l’ordine di successione degli imperatori che le hanno emanate è anche l’ordine della loro disposizione» . Quest’ultima affermazione, in particolare, consente perciò di affermare che, disciplinando la medesima materia della fuga servorum e, in relazione ad essa, il delicato problema dell’ingresso nei fondi altrui da parte di chi fosse sulle tracce di servi fugitivi tanto il rescriptum divi Pii (qui fugitivum vult requirere in praediis alienis) quanto l’oratio Marci (tam Caesaris quam senatorum et paganorum praedia volentibus fugitivos inquirere), l’elemento di differenziazione tra i due provvedimenti consistesse, come è stato bene messo in luce dal Cascione173, nel fatto che, mentre la costituzione di Antonino Pio appare rivolta principalmente all’atteggiamento che 172 Il bonus praeses 1993–1994, 250 s . 173 ‘Fugitivarii’ 2007, 517 s .
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il praeses provinciae deve tenere nei confronti di chi stesse ricercando un proprio servus fugitivus e volesse perciò svolgere le sue ricerche in praediis alienis, l’oratio di Marco Aurelio, laddove descrive l’ampiezza della facultas ingrediendi174 ed indugia sulle abitudini di nascondimento degli schiavi fuggitivi, sembra avere invece una portata più generale e, dunque, riferirsi anche ai ricercatori non proprietari . In questo senso, l’oratio di Marco Aurelio costituisce allora un preciso indicatore dell’atteggiamento tenuto da questo imperatore nei confronti di uno degli aspetti più delicati della questione della schiavitù, quale appunto quello della fuga servorum, giacché, proprio laddove consentiva con tale provvedimento la ricerca degli schiavi fuggitivi ovunque questi avessero trovato rifugio e, quindi, «senza distinguere o privilegiare i praedia Caesaris rispetto alle proprietà dei senatori e dei privati cittadini»175 e sanciva, di conseguenza, che tutti questi diversi tipi di fondi «ne constituent plus des asiles»176, rassicurando così i domini servorum, egli, facendosi garante delle istituzioni e degli equilibri sociali vigenti, «non intendeva suscitare allarme fra la cittadinanza con eventuali critiche a quella dominica potestas che da secoli costituiva uno dei fondamenti dello stato romano»177 . Ed è importante rilevare che questa politica normativa attuata da Marco Aurelio nei confronti della schiavitù non fosse altro che un’intensificazione di quella posta in essere dal suo immediato predecessore Antonino Pio, connotate entrambe 174 Come bene è stato evidenziato dal Marrone, La facultas restituendi 1970, 540 e ntt . 13–14 (ivi fonti citate), nelle fonti giurisprudenziali romane il termine facultas è adoperato in vario senso, esprimendo il concetto, di volta in volta, del diritto soggettivo, della potestà giuridica, della facoltà come contenuto di un diritto soggettivo, della legittimazione attiva e dell’autorizzazione (sia legale, sia magistratuale, sia imperiale – come, appunto, nel nostro testo – e sia anche di un privato, ma in ogni caso rilevante giuridicamente) o, comunque, l’idea della giuridica possibilità o capacità, mentre in altri casi rende l’odierno concetto di ‘onere’, nel senso di facoltà di compiere qualcosa per conseguire un certo risultato o per evitare un danno, oppure, come facultas exibendi o restituendi, è presupposto di legittimazione passiva o, comunque, di responsabilità . 175 Marotta, Multa de iure 1988, 271 . Cf . Voigt, Über die lex Fabia 1885, 341 e nt . 56 . Secondo il Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 39, il provvedimento di Marco Aurelio «zeigt zweierlei: Trotz des Reskripts von Antoninus Pius weigerten sich Statthalter weiterhin, Eigentümer entflohener Sklaven bei der Suche zu unterstützen, vor allem wenn es um die Durchsuchung von Grundstücken einflussreicher Personen ging, oder sie beschränkten die Nachforschung auf eine oberflächliche Untersuchung . Ferner profitierten in hohem Maße Großgrundbesitzer, die größtenteils Mitglieder von Senatorenfamilien waren, von der Sklavenflucht, denen sich sogar Provinzstatthalter nur ungern entgegenstellten» . 176 Morabito, Les réalités 1981, 262 . 177 Cavallini, Legge 1994, 78 . Secondo il Nogrady, Römisches Strafrecht 2006, 39 s ., «die beiden Bestimmungen der Kaiser Antoninus Pius und Marc Aurel über die Hilfspflicht der Statthalter bei der Suche nach servi fugitivi … hatten zum Ziel, schwächere Herren von Verlust ihrer Sklaven zu schützen, aber auch, Großgrundbesitzer davon abzuhalten, entflohene Sklaven ohne Konsequenzen aufzunehmen» .
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da una concreta, pur se prudente, apertura e disponibilità del princeps nei riguardi del mondo degli schiavi controbilanciata, però, come è attestato appunto dal re scriptum divi Pii e dall’oratio Marci finalizzati ad impedire la fuga degli schiavi e ad agevolarne la ricerca e la cattura, da alcuni interventi di segno repressivo178 . E ciò, a conferma del fatto che, al di là di un sicuro influsso esercitato dal principio filosofico-morale di ‘umanità’ che ispirò non pochi provvedimenti di Marco Aurelio179, questo imperatore non fu soltanto quella figura di imperatore-filosofo la cui idealizzazione resisterà incontrastata sino ad oggi, ma anche un uomo di governo pronto a sobbarcarsi a tutte le fatiche che il ruolo di princeps comportava, dimostrando non di rado abilità ed autorità per risolvere questioni importanti e delicate, quali quelle che frequentemente si verificavano nell’ambito delle incombenze imperiali, con un piglio perentorio mascherato da un atteggiamento sapientemente accondiscendente . Quasi, cioè, che l’imperatore-filosofo avesse piena coscienza della circostanza che, come il filosofo ha i suoi principii, anche l’imperatore ha le sue esigenze e, soprattutto, deve ammettere, seppure talvolta – come appunto nel caso di Marco Aurelio – controvoglia, che l’indiscriminata applicazione di quei principii può recare nocumento allo Stato . 6. E quanto ciò sia vero è dimostrato da un’altra costituzione emanata dallo stesso Marco Aurelio e da Commodo, della quale ho avuto modo di occuparmi più volte in passato180, che viene menzionata da Ulpiano nella seconda ed ultima parte di Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2: Est etiam generalis epistula divorum Marci et Commodi, qua declaratur et praesides et magistratus et milites stationarios dominum adiuvare debere in quirendis fugitivis, et ut inventos redderent, et ut hi, apud quos delitescant, puniantur, si crimine contingantur . Con una generalis epistula, gli imperatori stabilirono che sia i governatori provinciali sia i magistrati sia i soldati di guarnigione avrebbero dovuto aiutare il padrone nella ricerca degli schiavi fuggitivi (qua declaratur … inquirendis fugitivis), restituire quelli trovati (et … redderent) e punire quelli presso i quali si nascondevano, se avessero partecipato alla commissione del crimine (et … contingantur) . Il problema principale che si è posto in dottrina ha riguardato il modo di intendere la qualifica di generalis che il giurista attribuisce all’epistula e, correlativamente
178 Così, giustamente, Cavallini, Legge 1994, 79 s . e nt . 29 . 179 Pap . 10 resp., D . 2 .14 .8; Call . 1 de cogn., D . 5 .1 .36 pr .; Marcell . 29 dig., D . 28 .4 .3; Ulp . 6 fi deic., D . 40 .5 .37; Call . 3 de cogn., D . 48 .10 .31; Ulp . 8 de off. proc ., D . 48 .18 .1 .27; Scaev . 2 inst., D . 50 .1 .24; C . 6 .27 .2(1) (Ant ., a . 169) . 180 Sul potere normativo 1997, 321 s ., Referre 2000, 43 ss . ed Oratio Marci 2003, 135 ss .
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a ciò, come giustamente è stato sottolineato dall’Orestano181, della maniera nella quale devono essere valutate le altre epistulae che di tale qualifica sono prive . Ora, frutto di interpolazione è stata ritenuta dall’Albertario182, che ha puntato i suoi strali sul termine delitescant, la frase finale che va da et ut inventos a contingan tur, e ciò sulla base dell’evidente sgrammaticatura declaratur … ut inventos redderent e della sconcordanza debere … redderent . Ma, in senso contrario, il Longo, che pure in un primo momento si era convinto della non autenticità di questa parte del testo limitandola però alla frase et ut hi … contingantur ut inventos redderent in quanto l’inciso et ut inventos redderent sarebbe in perfetta armonia con il precedente svolgimento apparso genuino183, ha convincentemente dimostrato che «sul piano formale e logico, il contenuto dell’epistola sembra concluso con le parole precedenti; ma, sempre in linea di logica, è concepibile che il testo soggiungesse la menzione di riconsegna dei fugitivi catturati e di condanna dei favoreggiatori . L’epistula, in epoca ampliatrice della ricerca dei fuggitivi, come esplicazione di attività statuale, e delle relative sanzioni repressive, poté affermare – secondo i principî originari – l’obbligo di rendere i servi ai domini parallelamente alla persecuzione pubblica dei favoreggiatori . Né è sicuro che ‘si crimine contingantur’ alluda necessariamente a una compartecipazione a un delitto privato, il che renderebbe la frase innocua per l’Albertario . Altrimenti, il testo, non espungendo la chiusa, è contro di lui . Formalmente, osservo che deli tescere è in Cicerone, in Livio, in Cesare . Quindi, delitescere, riferito al fuggiasco, che si nasconde, può essere stato usato da Ulpiano . Crimine contingantur, data la comprensività del verbo contingere (gradu, sanguine; amicitia attestati) può significare che i favoreggiatori ammettono il crimine in relazione al fatto imputabile ai servi»184 . E, sulla sua scia, il Lambertini185 ha ribadito che «‘delitescere’, nel senso di nascondersi, poiché è questo il significato da attribuirgli nel brano ‘in’ questione, è tutt’altro che infrequente» . Nonostante ciò, non può però escludersi che il termine generalis, riferito all’e pistula, possa essere opera dei compilatori giustinianei186, i quali potrebbero averlo inserito per specificare che il principio contenuto originariamente nell’epistula dovesse essere inteso di portata generale nell’epoca in cui scrivevano . E neppure può escludersi che sia stato lo stesso UIpiano ad avere inserito il termine generalis, in sede di commento interpretativo dell’epistula, oggetto della sua attenzione187 . 181 Il potere normativo 1951, 114 . 182 Delictum [1924] 1936, 185 . 183 Crimen plagii 1974, 425 s . 184 Delictum 1976, 109 s . 185 Plagium 1980, 143 nt . 241 . 186 Che il lemma generalis sia indizio di interpolazione è tesi già sostenuta dal Guarneri Citati, Indice 1927, 41 e, successivamente, dal Dell’Oro, Mandata 1960, 31 s . 187 Così Spagnuolo Vigorita, rec. 2001 di Arcaria, Referre 2000, 250 nt . 16 .
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Con la conseguenza che il provvedimento, emanato per risolvere un caso pratico, sarebbe stato assunto dalla giurisprudenza, come accadeva in altri casi, quale principio generale valevole per tutte le situazioni simili che in futuro si fossero verificate188 . A queste conclusioni può però ragionevolmente replicarsi che la regolamentazione prevista dalla generalis epistula di Marco Aurelio e Commodo aveva effettivamente una portata generale, come chiarisce lo stesso Ulpiano laddove afferma che in questo provvedimento declaratur et praesides et magistratus et milites stationarios dominum adiuvare debere inquirendis fugitivis . In altri termini, ove si fosse trattato di una normale epistula, al massimo si sarebbe avuta la menzione di quella categoria di magistrati o funzionari alla quale apparteneva il suo richiedente e destinatario, e non di tutte le altre . La dottrina189, sulla scia del v . Savigny190, ha allora immaginato che, con il termine generalis, Ulpiano intendesse riferirsi ad un provvedimento imperiale portato a conoscenza di tutti i magistrati e funzionari dell’impero sotto forma di ‘circolare amministrativa’, sicché il valore generale di queste disposizioni imperiali non sarebbe disceso da un’espressa previsione imperiale, bensì dal fatto che esse venivano inviate a tutti coloro che erano tenuti a farle osservare . In definitiva, saremmo di fronte non ad un’epistula, bensì ad un mandatum . Conclusione, questa, che non deve stupire più di tanto ove si pensi che, come è noto191, ogni tipo di constitutio principis poteva essere emanato nella forma dell’epistula . Ora, benché questa ricostruzione appaia convincente, non può tuttavia sottacersi la circostanza che la menzione della generalis epistula nella parte finale del frammento è preceduta, nella parte iniziale di quest’ultimo, da quella, più sopra già ampiamente esaminata, della lex Fabia, del senatus consultum Modesto consule factum di età domizianea e del successivo senatoconsulto di età antoniniana . La regolamentazione dettata dall’epistula riguardava cioè una materia già oggetto dell’intervento di tre provvedimenti aventi sicuramente efficacia generale, sicché, a mio avviso, è più verosimile ritenere che Marco Aurelio e Commodo, nel ridisciplinarla, si fossero serviti di un provvedimento che aveva sì carattere casistico, quale appunto l’epistula, ma il cui valore normativo era stato consapevolmente potenziato dagli stessi imperatori con l’espressa attribuzione ad esso della qualifica e, quindi, della portata generalis192 . 188 In questo senso vd . Dell’Oro, Mandata 1960, 31 . 189 De Robertis, Sulla efficacia normativa [1941] 1987, 240; Orestano, Il potere normativo 1951, 114; Samper, Rescriptos preadrianeos 1978, 472; Marotta, Mandata principum 1991, 80 nt . 28 . 190 System I 1840, 131 e nt . d . 191 Vd . la letteratura e le fonti citate in Arcaria, Referre 2000, 2 ntt . 5–6 . 192 Come è stato apoditticamente sostenuto dallo Spagnuolo Vigorita, rec. 2001 di Arcaria, Referre 2000, 250 nt . 16, non vi è allora motivo di immaginare che il provvedimento di Marco Aurelio e Commodo fosse un editto . Ciò che, ad onor del vero, avevo ritenuto in precedenza (Referre 2000, 47) e, prima ancora, era stato ipotizzato, seppure senza motivazione,
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Può quindi ritenersi – ed è proprio questa la risposta più ovvia ed immediata che sembrerebbe doversi dare all’interrogativo che si cela dietro l’espressione ge neralis epistula193 – che, nel caso oggetto dell’attenzione di Ulpiano, il principio di diritto enunciato dall’autorità imperiale, a differenza di quanto accadeva per tutte le altre epistulae, trascendesse il caso singolo ed acquistasse valore generale per espressa volontà di Marco Aurelio e Commodo, i quali, operando non come interpreti, bensì come legislatori, avevano autorizzato sin dall’origine l’utilizzazione dell’epistula, oltre che per il caso specifico per il quale era stata emanata, anche in tutte le altre situazioni rientranti nella fattispecie considerata . Così, grazie all’espressa previsione degli stessi imperatori emananti, che a ciò avevano provveduto servendosi di una sorta di clausola generalizzatrice del disposto imperiale, la disciplina contenuta nell’epistula avrebbe avuto un’applicazione non limitata al singolo caso concreto esaminato194 . Quanto ora evidenziato a proposito della portata generale dell’epistula di Marco Aurelio e Commodo consente allora all’interprete di comprendere appieno il contenuto e l’importanza di tale provvedimento, che venne emanato per ampliare ulteriormente la disciplina dettata precedentemente tanto dal senatoconsulto di età antoniniana quanto dal rescritto di Antonino Pio e, al contempo, per eliminarne o, comunque, limitarne alcuni effetti distorsivi . Così, in riferimento al primo aspetto, mentre questi due provvedimenti avevano sancito l’obbligo di aiutare i ricercatori degli schiavi fuggitivi a carico rispettivamente dei magistrati municipali e del governatore provinciale, la costituzione di Marco Aurelio e Commodo, laddove prescriveva che et praesides et magistratus et milites stationarios dominum adiuvare debere inquirendis fugitivis, da un lato ribadiva la cogenza del dovere di collaborazione gravante sugli uni e sull’altro e, dall’altro, si spingeva ben oltre tale conferma, dal momento che prevedeva anche l’intervento dei milites stationarii195 . Ciò dimostra evidentemente che l’applicazione della regolamentazione stabilita dal senatoconsulto di età antoniniana e dal rescritto di Antonino Pio, resa ancora più efficace dall’oratio dello stesso Marco Aurelio, dal Marotta, Multa de iure 1988, 271, il quale, però, sembra ritenere altrove (Mandata princi pum 1991, 80 nt . 28) trattarsi di un mandatum . 193 Così anche Giglio, L’epistola 1981, 587 . E, in proposito, il Sargenti, Considerazioni 1984, 2643, ha rilevato giustamente che, pur avendo la diversità di forme degli interventi imperiali naturalmente il suo peso, sarebbe un errore «sopravvalutarla ed ipostatizzarla, segnando un netto distacco tra provvedimenti di carattere generale, quali gli editti, e decisioni particolari contenute in rescritti e decreti» . 194 Secondo il Fuhrmann, Policing 2012, 32, l’epistula avrebbe trovato applicazione tanto in Italia quanto nelle province . Cf . Osgood, Nuptiae 2006, 424 s . 195 Il Morabito, Les réalités 1981, 262, non tenendo in alcun conto il rescritto di Antonino Pio, erroneamente ritiene che l’epistula divorum Marci et Commodi avesse esteso l’obbligo di aiutare i ricercatori dei servi fugitivi, oltre che ai milites stationarii, anche ai praesides provin ciarum .
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aveva trovato forti resistenze da parte dei proprietari dei fondi nei quali effettuare la ricerca dei servi fugitivi e, soprattutto, dai possessores più potenti ed influenti, che cercavano di ostacolare in ogni maniera sia l’attività di ricerca da parte dei domini servorum e sia l’aiuto ad essi prestato dai magistrati municipali e dai governatori provinciali, a proposito dei quali è assai significativo che, a distanza di oltre un secolo, e precisamente nel 294 d . C ., Diocleziano e Massimiano fossero stati costretti a ribadire laconicamente e, al tempo stesso, perentoriamente, che requirendi fugi tivos potestatem fieri dominis praesidalis officii est (C . 6 .1 .2, Diocl . et Max ., a . 294)196 . E fu proprio per superare tali difficoltà che la generalis epistula di Marco Aurelio e Commodo affiancò a questi ultimi i milites stationarii, il cui intervento nella ricerca degli schiavi fuggitivi «rimarcava il rilievo e la pericolosità sociale della fuga servorum . Il provvedimento intendeva contrastare due fenomeni di pari gravità: impedire, per un verso, il depauperarsi dei padroni economicamente più deboli, incapaci di introdurre, nelle loro aziende produttive, forme di organizzazione del lavoro alternative allo sfruttamento degli schiavi; ostacolare, per altro, un fenomeno da cui traeva alimento costante il brigantaggio»197, alla cui lotta, già durante i primi anni del Principato e nell’ambito delle loro funzioni di polizia e di ordine pubblico esercitate tanto in Italia quanto nelle province, erano stati preposti appunto gli stationarii (e, insieme ad essi, gli irenarchi, incaricati della sicurezza e della tranquillità di una città o di una regione), i quali, nell’espletamento dei compiti inerenti alla ricerca e cattura dei servi fugitivi, spettanti ad essi ed ai limenarchi (che si occupavano della sorveglianza dei porti)198, oltre ad informare i giudici dello svolgimento di attività criminose, erano chiamati anche a promuovere l’azione
196 Anche secondo il Klingenberg, Servus fugitivus 2005, 189, «Diokletian schärft hier nochmals ein, was bereits eine generalis epistula von Mark Aurel und Commodus angeordnet hatte» . 197 Marotta, Multa de iure 1988, 272 . 198 Paul . 1 sent ., D . 11 .4 .4 (Limenarchae et stationarii fugitivos deprehensos recte in custodiam retinent …) = Paul . Sent . 1 .6a .3 (Limenarchae et stationarii fugitivos deprehensos recte in custo diam retinent) . Secondo la Zanon, Le strutture accusatorie 1998, 132 nt . 86, poiché gli stationarii non erano competenti a procedere all’incarcerazione dei colpevoli, si deve ritenere che il termine custodia, ricorrente in questi due testi, avesse un significato diverso da carcer e, pertanto, «si potrebbe forse ipotizzare che agli stationarii fosse riconosciuto il compito di trattenere in vinculis gli schiavi fuggitivi fino all’arrivo dei padroni, ovvero fino alla consegna all’autorità pubblica sovraordinata» . Secondo la Ruggiero, Il maestro 2012, 516, la figura dello stationarius – e così pure quella del limenarcha – presentava contorni evanescenti, in quanto valido aiutante nella ricerca di servi fugitivi e latrones, ma anche soldato di infimo ordine, se non addirittura tagliaborse, sicché, proprio in relazione alle sue mansioni specifiche, si può pienamente comprendere l’esigenza di fissare delle precise limitazioni all’esercizio di tali poteri vietando appunto che tanto gli stationarii quanto i limenarchae trasformassero i locali della loro statio in un carcer .
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penale davanti all’organo giusdicente competente199, sia di propria iniziativa – o su ordine dell’autorità dalla quale dipendevano – e sia in seguito a richieste o segnalazioni provenienti dai cittadini200 . L’epistula di Marco Aurelio e Commodo interpretava invece restrittivamente il disposto del senatoconsulto di età antoniniana201 e del rescritto di Antonino Pio in ordine alla pena prevista per chi avesse frapposto ostacoli alla ricerca degli schiavi fuggitivi nei propri fondi, giacché, mentre questi due provvedimenti si erano limitati a sanzionare genericamente il comportamente di qui quaeri apud se prohibuit (Ulp . 1 ad ed., D . 11 .4 .1 .2) e di qui inquiri non permiserit (Ulp . 7 de off. proc., D . 11 .4 .3), essa disponeva che ciò potesse avvenire (hi, apud quos delitescant, puniantur) solamente si crimine contingantur, cioè laddove vi fosse stata una compartecipazione alla commissione del crimine . E, allora, si comprende bene la ratio di questa disposizione, che, avendo ben presente l’abilità del delitescere, cioè del nascondersi, dei servi fugitivi, tutelava chi in buona fede non avesse permesso le ricerche sul proprio fondo e, al contrario, puniva chi avesse avuto contezza della presenza di tali schiavi nel proprio fondo e ne favorisse l’occultamento, e ciò appunto perché lo schiavo «può nascondersi nel fondo di Tizio senza che egli ne sia al corrente: in tal caso quest’ultimo non commette alcun illecito»202 .
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199 Secondo il Voigt, Über die lex Fabia 1885, 341, l’epistula di Marco Aurelio e Commodo «die Pflicht zur Unterstützung der quaestio wegen plagium auch die milites stationarii ausdehnt» . 200 Sulla competenza degli stationarii, degli irenarchi e dei limenarchi vd ., ampiamente e per tutti, Zanon, Le strutture accusatorie 1998, 111 ss ., 132 ss . Su quella dei soli milites stationarii vd . anche Bellen, Studien 1971, 12 s . e nt . 62 . 201 Che tale senatoconsulto costituisse il precedente al quale si rifece la costituzione di Marco Aurelio e Commodo è ritenuto anche dal Bellen, Studien 1971, 52 nt . 360, secondo cui quest’ultima «scheint die Regelung des Senatsbeschlusses vorauszusetzen» . 202 Lambertini, Plagium 1980, 143 nt . 241 .
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AriStoBuloS Italica (F Gr Hist, Jacoby) 830, frg . 1 ASConiuS (Clark; Stangl) In Cornelianam I 57 Cl .= 47 St . 57 .8–59 .3 Cl . = 47 .9–48 .16 St . 58 .5–11 Cl . = 47 .18–48 .4 St . 58 .3–11 Cl . = 47 .17–48 .4 St .
114 .333 69
basilica 60 .7 .1 .1 60 .7 .1 .2 60 .7 .3
246 .140 244 .137 244 .137
209 .90 209 .90 209 .92; 209 .94; 209 .95
CaeSar Bellum civile 1 .5 .4 1 .85 .9 3 .4 3 .107 .2
164 192 .5 209 .90 208 .82
Bellum Gallicum 1 .35
207; 207 .77
PSeudo CaeSar Bellum Alexandrinum 34 .1 66 .6
209 .93 209 .93
CalPurniuS PiSo Frugi (Cornell) frg . 12 frg . 15
103 .319 103 .319
CaSSiodoruS Chronica 83
114 .334
CaSSiuS Dio Historiae Romanae 1 .5 .11 1 .6 .1 .1 28 .9 34–35 36 .38 .1–40 .2 36 .39 39 .12 .1
13 .10; 81 85 174 .65 174 .65 176 .70 176 201 .45
82
171 176 .70 176 146 .22
PSeudo ASConiuS (Stangl; Baiter, in Orelli V/2) In Verrinam II liber I 244 St .= 184 Or . 161 .15; 169 .45 PSeudo AureliuS ViCtor De viris illustribus v . De viris illustribus Origo gentis Romanae 21 .3
De vita populi Romani (Pittà; Riposati; Salvadore) 69 P .= 70 R .= 385 S . 181 .87 97 P .= 94 R .= 407 S . 162 .16 VegetiuS Epitoma rei militaris 4 .39
170 .48
VelleiuS PaterCuluS Historiae Romanae 1 .8 .6
37 .145
ZonaraS Epitome historiarum 7 .6 .1 7 .8 7 .9
93 110; 112; 114 .333 120; 122; 128
Indice delle fonti
II. Fonti epigrafiche e papirologiche L’Année éPigraPhique 1958, 234 2006, 1455
229 .65 150 .29
Codex HammuraBi §§ 16–19
220 .29
CorPuS InSCriPtionum Latinarum III, 355 229 XIV, 245 229 .65; 229 .69; 229 .73 FaSti TriumPhaleS (Pais; Degrassi, Inscr.It. XIII .1) p . 3 P . = 65 D . 68; 70; 106; 110; 111; 116; 125; 126; 127 p . 4 P .= 65 D . 129; 130 FonteS IuriS Romani AntejuStiniani2 I . Leges (Riccobono) 9 169 .45 III . Negotia (Arangio-Ruiz) 87 88 133 135
215 .4 215 .4 215 .5 215 .5
InSChriften von EPheSoS 4101, ll . 3–7 150 4101, ll . 7–11 150 InSCriPtioneS Latinae LiBerae Rei PuBliCae (illrp, Degrassi) 511 140 InSCriPtioneS Latinae SeleCtae (ILS, Dessau) II .1, nr . 6126 229 .72 PaPyri HarriS I 62
215 .5
Roman DoCumentS from the Greek EaSt (RDGE, Sherk) 18 169 .45 55 151 70 151 Roman StatuteS (RS, Crawford) 12 37
170 .50 147 .22
SuPPlementum EPigraPhiCum GraeCum 56 (2006) 1219 150 .29 *** *** EPiStula ProConSuliS ad ChioS (RDGE, nr . 70) ll . 7–8 151 EPiStula P . Servilii ISauriCi ad PergamenoS (rDge, nr . 55) ll . 12–16 151 Lex de ProvinCiiS PraetoriS Sive Lex de PiratiS PerSequendiS (RS, nr . 12; FIRA2 I, nr . 9) Delphi, frg . (b), ll . 14-20 170 .50 Delphi, frg . (b), ll . 17–18 169 .45 SenatuS ConSultum de BaCChanaliBuS (illrp, nr . 511) ll . 24–25 140 SenatuS ConSultum de StratoniCenSiBuS (rDge, nr . 18) ll . 5 ss . 169 .45 TaBula SiarenSiS (RS, nr . 37) frg . (b), col . II, ll . 27–30
147 .22
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Edoardo Volterra
Senatus Consulta A cura di Pierangelo Buongiorno, Annarosa Gallo, Salvatore Marino
acta SenatuS | B — vol. 1 gli editori Pierangelo Buongiorno è professore associato di Diritto romano all’Università del Salento e dirige all’Universität Münster il progetto «Palingenesie der römischen Senatsbeschlüsse». Annarosa Gallo è ricercatrice t.d. in Storia romana all’Università di Bari. Salvatore Marino è Wissenschaftlicher Mitarbeiter all’Universität Münster.
L’avvio dei lavori del progetto «Palingenesie der römischen Senatsbeschlüsse (509 v.Chr. – 284 n.Chr.)», ai quali la collana «Acta Senatus» è connessa, ha reso necessaria una riconsiderazione della esperienza scientifica di Edoardo Volterra. Volterra si dedicò infatti allo studio dei senatus consulta per circa mezzo secolo, già a partire dalla metà degli anni «30» aspirando ad una «edizione completa dei senatus consulta», assente in dottrina; tuttavia, per una serie di contingenze, da ultima la morte, il progetto conobbe diverse battute d’arresto. La ripubblicazione, in forma anastatica, delle due stesure (1940 e 1969) della voce «Senatus consulta» – corredate da note di lettura che tengono altresì conto di una prolungata ricerca d’archivio sui materiali preparatori e sui epistolari conservati dallo studioso – tenta di ricostruire l’evoluzione di questa vicenda, intellettuale ed umana ad un tempo, cercando di tracciarne un primo bilancio. L’indice ragionato delle fonti permette infine di passare in rassegna le edizioni di fonti adoperate da Volterra, di correggere alcune imperfezioni e, si spera, di fornire un utile strumento di lavoro.
2017 222 pagine 978-3-515-11370-0 rilegato
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Sebastian Lohsse / Salvatore Marino / Pierangelo Buongiorno (Hg.)
Texte wiederherstellen, Kontexte rekonstruieren Internationale Tagung über Methoden zur Erstellung einer Palingenesie, Münster, 23.–24. April 2015
acta senatus | b – band 2 die herausgeber Sebastian Lohsse ist Professor für Römisches Recht und Vergleichende Rechtsgeschichte, Bürgerliches Recht und Europäisches Privatrecht an der Universität Münster. Salvatore Marino ist wissenschaftlicher Mitarbeiter an der Universität Münster und Mitglied in der Nachwuchsgruppe „Palingenesie der römischen Senatsbeschlüsse“. Pierangelo Buongiorno ist Professor für Römisches Recht an der Universität Salento (Lecce) und Nachwuchsgruppenleiter des Projektes „Palingenesie der römischen Senatsbeschlüsse“ an der Universität Münster
Zu den unabdingbaren Voraussetzungen historischer Forschung zählt die Kenntnis der Quellen – ihre Erschließung gehört daher zu den vornehmsten Aufgaben des Historikers. In den meisten Fällen sieht sich der Rechtshistoriker jedoch mit einer Fülle weit verstreuten Materials konfrontiert. Dass die Zusammenstellung dieser Zeugnisse und sodann auch Versuche zur Rekonstruktion der Rechtsquellen seit längerem zu den Kernanliegen rechtshistorischer Forschung gehören, nimmt deshalb kaum wunder. Die Abteilung B der Reihe Acta Senatus macht die in Abteilung A veröffentlichten Materialien zugänglich: Dieser Band widmet sich den dabei auftretenden grundsätzlichen methodischen Herausforderungen. Die Beiträge führen in Plan und Methode des Gesamtvorhabens ein und befassen sich mit den einzelnen methodischen Herausforderungen, die mit der Erarbeitung einer Palingenesie in der frühen Republik einerseits und im 2. und 3. Jahrhundert andererseits verbunden sind. Des Weiteren erörtern sie die Herangehensweisen, die für die Erarbeitung vergleichbarer Zusammenstellungen anderer Rechtsquellen in jüngerer Zeit gewählt worden sind. mit beiträgen von Sebastian Lohsse, Pierangelo Buongiorno, Thibaud Lanfranchi, Aliénor Lardy, Jean-Louis Ferrary, Étienne Famerie, Francesca Lamberti, Luigi Capogrossi Colognesi, Simon Corcoran, JeanPierre Coriat, Dario Mantovani
2017 192 Seiten mit 4 Dokumenten und 7 s/w-Abbildungen 978-3-515-11725-8 leinen 978-3-515-11727-2 e-book
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Andrea Balbo / Pierangelo Buongiorno / Ermanno Malaspina (ed.)
Rappresentazione e uso dei senatus consulta nelle fonti letterarie della repubblica e del primo principato
acta SenatuS | b – vol. 3 gli editori Andrea Balbo è professore aggregato di Lingua e Letteratura Latina all’Università di Torino; insegna anche all’Università della Svizzera Italiana a Lugano. Pierangelo Buongiorno è professore associato di Diritto romano all’Università del Salento; dirige all’Universität Münster il progetto “Palingenesie der römischen Senatsbeschlüsse”. Ermanno Malaspina è professore associato di Lingua e Letteratura Latina all’Università di Torino; è presidente del Consiglio scientifico della SIAC (Société Internationale des Amis de Cicéron).
Si pubblicano, con alcuni innesti, i frutti di un seminario interdisciplinare organizzato presso l’Institut für Rechtsgeschichte dell’Università di Münster nel dicembre 2015. Lo scopo, imprescindibile per l’obiettivo finale della palingenesi dei senatus consulta, è quello non solo di avviare l’esame sistematico delle fonti letterarie greche e latine alla ricerca di testi utili all’analisi dell’attività senatoriale romana e ancora fragmenta e, soprattutto, testimonia dei senatus consulta, ma soprattutto di tracciare linee di indirizzo per l’interpretazione di tali fonti. Non a caso, già dal titolo il volume si richiama alle nozioni di ‘rappresentazione’ (Darstellung) e ‘uso’ (Gebrauch), ritenendosi opportuno insistere sui due principali aspetti delle diverse forme di impiego (in chiave argomentativa, documentaria, etc.) delle deliberazioni senatorie nei vari generi letterari. L’attenzione è centrata sugli autori di età repubblicana e del primo principato; un’epoca, quest’ultima, in cui era peraltro ancora forte l’ideologia della res publica restituta. contributori Maria Teresa Schettttino, Gesine Manuwald, Christine LehneGstreinthaler, Andrea Balbo, Luca Fezzi, Lisa Piazzi, Alfredina Storchi, Francesca Cavaggioni, Salvatatore Marino, Eleanor Cowan, Ermanno Malaspina, Cosimo Cascione